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Full text of "Journal des connaissances utiles"

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in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/journaldesconnai1836pari 


kiv  ième  année.  1836- 
IQdition  française. 


EMAIm 


Deuxième  Sdrie. 
—  Première   Année. 


JDKIJ 


nniussAicEs  UTILES. 

DICTIONNAIRE  MENSUEL  ET  PROGRESSIF. 
Répertoire  usuel 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,  ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intéressant  directement 

L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle  ; 

L'exercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales  ; 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

PRIX,  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANGE, 

PAR  AN  SIX  FRANCS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT -GEORGES,  N»  11. 
Une  livraison  de  trente  deux  pages  par  mois,  contenant  un  demi-volume  in-S'*. 

LessouscriDteurs  éunl  aulorisés  à  retenir  —  sur  le  prix  de  six  francs  —  fallranchissement  de  leur  lettre  et  le 
coût  de  la  reconnaissance  de  poste;  l'abonnement  n'est,  de  fait,  quede  CUSQ  FRANCS  netspour  la  sectété. 

Numéro  It  —  Janvier  1836. 


REPERTOIRB    CIVIL. 

Conseils généraïu.—EnSum  trouvés,!.— Maisons  de 
retraites  pour  les  classes  ouvrières,  2.  —  Conseils  com- 
munaux: Moyens  d'organiser  des  écoles  primaires 
dans  les  campagnes,  3.— Contribuables  .Contributions 
directes,  7.  —  Gardes  Nationaux:  Discipline,  id.  — 
Gouvernons  :  Grave  sujet  de  méditation  sur  ce  que 
peut  une  volonté  éclairée,  id.  —  7u^é«;  Signature  né- 
cessaire, 8.—  Maires:  De  la  police  communale,  id. 
répkrtoihe  domestique. 

£/j/an5.— Modèles  brevetés  d'écriture,  9.  —  Prytanée 
Je  Ménars,  id.  —  De  certaines  substitutions  permises 
aux  pères  et  mères,  12.— Soins  à  prendre  des  rhumes  ; 
traitement  des  engelures,  I3.— Des  vins  et  des  liqueurs 
dans  leurs  rapports  avec  ia  santé,  15. 


REPERTOIRE  PROFESSIOWNEL. 

Encre  (fabricant  d')  :  Encre  de  Chine,  il.  — Forges 
(maitres  de)  :  De  la  production  du  fer  en  France,  id.— 
Houilles  françaises  :  Etat  de  leur  exploitation.  Résul 
latdu  droit  de  53  centimes,  20. —Téléçraphes  marili 
lues,  id. —  Médecins  :  Nouveau  caustique.  —  Négo 
dans:  Production  des  colons,  21. — Opium,  id. — Thés, 
id.  —  Propriétaires  ruraux:  Culture  de  l'osier,  54. — 
Propriétaires  urbains  .-Contravention  punissable,  id 
—  Teinturiers  :  Nouvelle  teinture  jaune,  24. 

RÉPERTOIRE  MENSUEL  i < 

De  la  conversation  etde  la  lecture  .•Alger,25. — Armées  \ 
françaises,  id. — Banque  de  France,  26. — Canavi,  id. — 
Hôpitaux  ethospices  de  France.id. — Justice  criminelle, 
id. — Justice  militaire,  27. — Légiond'honneur,  28.— Loi» 
franc.,  id. — Loteries,  id. — Prêts  faits  au  comm.  en  1830. 


C  0 

Jours 

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delà 

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semaine. 

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364 

2 

samedi. 

363 

3 

DIMANCHE. 

362 

4 

lundi. 

361 

5 

mardi. 

360 

6 

mercredi. 

359 

1 

jeudi. 

358 

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vendredi. 

357 

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samedi. 

356 

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DIMANCHE. 

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lundi. 

354 

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mardi. 

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mercredi. 

352 

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jeudi. 

351 

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vendredi. 

350 

16 

samedi. 

349 

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DIMANCHE. 

348 

13 

lundi. 

347 

19 

mardi. 

346 

20 

mercredi. 

345 

21 

jeudi. 

344 

22 

vendredi. 

343 

23 

samedi. 

342 

24 

DIMANCHE. 

341 

35 

lundi. 

340 

28 

mardi. 

339 

2T 

mercredi. 

338 

28 

jeudi. 

337 

29 

vendredi. 

336 

30 

samedi. 

535 

31 

DIMANCHE. 

^oMS 

des 

SAINTS. 


INTERETS 

de 

fr.  100 

à  s  p.  o/„. 


REVENU 


Par 
an. 


Par 
jour. 


EMPLOI 


Dépense! 

9/10     I 


Epargne 
1/10 


PRODUIT 

de  1/10 

épargné 

au  bout  dt 

20  ans. 


CIRCONCISION. 

s.  Basile,  évêque. 
ste  Geneviève. 

Rigobert. 
ste  Aimée. 
L'EPIPHANIE. 
s.  Théau. 
s.  Lucien,  évêque. 
s.  Furcy,  abbé. 
s.  Paul,  ermite. 

Théodose. 

Arcadius. 
Baptême  de  N.  S. 
s.  Hilaire,  évêque. 
s.  Maur,  abbé. 
s.  Guillaume, 
s.  Antoine. 
Chaire  s.  P.  à  R. 
s.  Sulpice,  évêque. 

Sébastien, 
ste  Agnès,  vierge. 

Vincent. 

Ildephonse. 
s.  Babylas. 
Conv.de  s.  Paul, 
ste  Paule,  vierge. 
s.  Julien,  évêque. 
s.  Charlemagne. 
s.  François  de  S. 
ste  Balhilde. 
SEPTUAGESIME. 


Le  i^r  lev, 
10 
20 
31 


13 
14 

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29 
30 
31 

du  soleil  7  h.  44  m.  coucher  4  h.  15  ni. 
7   51     —    4    8 

■ 7   55      —    4    5 

7   53      _    4    7 


Jours.   r.  c. 


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I.  c. 
301  24 
453  SO 
606  10 
756  50 
909  15 
1060  50 
1212  18 
1462  59 
1515  22 
1666  74 
1818  26 
1969  70 
2121  30 
2272  86 
2424  34 
2575  86 
2727  38 
3078  90 
3030  42 
3181  94 
3333  50 
3485  02 
3636  54 
2788  OS 
393g  SS 
4091  10 
4242  62 
4.S94  15 
4545  66 
4637  20 
4848  70 


P.  L.  le    5  à  5  heures  46  minutes  du  matin. 

D.  O-le  12  5  2  du  soir. 

N.  L.  le  19  0  26  du  matin. 

P.  Q.  le  27  7  42  du  malin. 


.j^  -  jAai^atKkâM^ 


Se  la  lotkbie  et  des  pbimes  données  eomme  prix  D'cncouBAGEHKirr  aux  LBCnuaf. 

(l"  lettre.) 


La  Loterie  est  définie  en  ces  termes  par  le  diction- 
naire de  l'Académie  française. 

LOTERIE.  «  Sorle  de  jeu  de  hasard  où  l'os  fait 
»  DES  MISES,  pour  lesquelles  on  reçoit  des  billets  p«r- 
»  tant  des  numéros:  celui  ou  ceux  de  ces  numéros 
»  qu-  sortent,  lorsque  le  tirage  a  lieu,  donnent  droit  à 
»  un  lot,  à  la  propriéléd'un  objrt. 

»  Il  se  dit  plus  parliculiérïment  d'une  espèce  de 
»  banque  établie  par  quelques  eouverncmens,  dans  la- 
»  quelle  les  parliculîws  'roiit  des  mises,  et  courent  la 
I)  chance  de  pkrdre  lkcr  argent  eu  de  gagner  des 
»  sommesplusou  moins  considérables.  » 

La  PRIME  est  définie  par  le  même  dictionnaire  en 
ces  termes  : 

PRIME  «  se  dit  d'une  somme  accordée  par  forme 
8  de  bénéfice  pour  encourager  quelque  opération  de 
»  finance  ou  de  commerce.  » 

Ce  qui  caractérise  donc  bien  nettement  la  loterie 
proprement  dfte,  c'est  pour  le  plus  grand  nombre  la 
probabililé,  la  presque  certitude  même  de  perdre  sa 
mise,  et  pour  un  ou  plusieurs  seulement,  la  chance 
de  gagner  une  somme  ou  un  objet  d'une  valeur  plus 
considérable  que  celle  de  la  mise  effectuée. 

Ce  qui  a  justement  fait  taxer  d'immoralité  la  loterie, 
c'est  lorsque,  passant  de  l'état  de  jeu  simple  à  celui  d'im- 
pôt prélevé  sur  l'ignorance  par  les  gouvernemens,  il 
est  crée  en  leur  faveur  un  nombre  de  chances  tel , 
qu'alors  même  que  les  gouvernemens  perdent,  ils 
gagnent  encore!... 

Ce  qui  constitue  entre  la  loterie  de  France  et  la 
prime  instituée  par  la  ville  de  Paris,  par  exemple, 
une  didérence  fondamentale,  c'est  qu'en  aucun  cas 
les  porteurs  de  ses  obligations  ne  peuvent  perdre,  et 
que  ceux  auxquels  les  primes  échoient  n'en  sont  dé- 
pouillés d'aucune  portion  par  la  ville  de  Paris. 

L'administration  de  la  loterie  de  France,  en  dehors 
des  avantages  qui  résultentde  ses  combinaisons,  joue  ; 
car  à  ses  tirages  les  numéros  mis  peuvent  ne  pas  sortir. 
Il  en  est  autrement  de  la  ville  de  Pari-i;  elle  ne  peut 
jamais  gagner  au  détriment  des  porteurs  d'obliga- 
tions. 

La  loterie  et  la  prime  sont  donc  très-judicieusement 
définies  l'une  et  l'autre  par  l'Académie  française;  les 
confondre  ce  serait  s'exposer  à  priver  le  crédit  publie, 
l'industrie  et  le  commerce,  d'un  levier  dont  un  seul 
lait  suffira  pour  permettre  d'apprécier  toute  la  puis- 
sance. 

Au  mois  de  mars  I83i,  la  ville  de  Paris,  contrainte 
de  recourir  à  un  emprunt  de  quinze  millions,  et  en 
ayant  exclu  l'allrait  de  la  prime,  ne  put  l'effectuer  ; 
l'année  suivante  elle  porta  à  quarante  millions  le  cliif- 
fre  de  son  emprunt,  en  réduisit  le  taux  de  l'intérêt  à 
4  p.  0  '0,  capitalisa  la  retenue  de  86  centimes  pour  cent 
sur  l'intérêt,  pour  en  composer  la  prime,  et  son  em- 
prunt s'effectua,  avec  un  bénéfice  de  14  centimes. 
Ainsi  d'une  part  l'on  voit  que  la  ville  de  Paris  par  ce 
mode  ne  donne  rien  de  plus  ni  rien  de  moins,  et  que 
le«  souscripteurs  de  son  emprunt  n'y  trouvent  d'autre 
avantage  que  celui  de  mettre  en  commun  une  faible 
portion  de  l'intérêt  pour  la  tirer  au  sort  au  profit  de 
quelques-uns  seulement,  au  lieu  de  se  la  répartir  égale- 
ment. 

C'est  à  ce  mode  financier  que  les  quatre  canaux  et 
le  canal  du  Rhône  au  Rhin  doivent  la  formation  de 
leur  compagnie. 

C'est  à  ce  mode  financier  encore  qu'est  dû  le  suc- 
cès de  plusieurs  emprunts,  et  notamment  de  l'emprunt 
royal  d'Espagne,  et  des  emprunts  de  Piémont  etdeSar- 
daigne. 

C'est  enfin  à  ce  mode  financier  que  plusieurs  dépar- 
temens  doivent  l'avantage  d'avoir  contracté  avec  faci- 
lité des  emprunts  qui  leur  étaient  nécessaires. 

Mais  la  question  de  la  prime,  en  ce  qui  concerne 
son  application  à  la  librairie,  telle  qu'elle  a  été  faite 
par  les  Editeurs-unis,  apparaît  encore  plus  favorable- 
ment. 

Ici  aucune  retenue  n'est  faite  au  public,  le  prix  des 
livres  que  lui  vendent  les  éditeurs  n  est  pas  augmenté, 
il  n'est  pas  supérieur  à  celui  des  livres  vendus  par  li's 
éditeurs  qui  ne  délivrent  point  de  primes;  l'avantage 
qu'y  trouve  le  public  est  donc  constant. 

La  répartition  égale  entre  tous  de  25  ou  5o  centi- 
mes de  remise  sur  le  prix  d'un  livre  de  5  francs  se- 
rait insensible  et  inaperçue  ;  capitalisée,  cette  faible  re- 
mise suffit  pour  former  une  somme  considérable. 

Ainsi  capiialisée,  la  remise  a  h  puissance  et  Paî- 
trait que  donne  Viniérêl  capitalisé,  à  l'amurlissement 
et  aux  caisses  d'épargnes. 

Assurément,  s'il  est  utile  d'encourager  l'épargne,  il 
est  également  légitime  d'encourager  la  consommation, 


particulièrement  lorsqu'elleprofiteà  rinatructiond'un 
peuple. 

Quiconque  a  fait  de  la  profession  d'éditeur  une  élude 
quelque  peu  approfondie,  reconnaîtra  l'exactitude  des 
observations  suivantes. 

En  France,  on  écrit  beaucoup,  on  lit  peu,  on  loue 
les  livres,  on  ne  les  achète  plus.  ■  -      ' 

Il  y  a  plus  d'auteurs  que  de  lecteurs. 

Les  livres  sent  encore  un  luxe,  non  un  besoin. 

Le  goût  de  la  lecture  peu  développé  a  besoin  d'être 
activement  entretenu  et  énergiquement  encouragé. 

Accroître  le  nombre  ('."s  lecteurs  est  l'unique  moyen 
de  réduire  le  prii,des  livres  ;  tel  est  le  butde  la  prime 
instituée  par  les  Editeurs-unis ,  la  solution  hasardeuse 
du  problême  par  la  proposition  inverse  exigeant  des 
capitaux  considérables  dont  manque  généralement  le 
commerce  de  la  librairie. 

La  prime  des  Editeurs-unis  n'est  donc,  en  résumé, 
qu'une  application  à  leur  industrie,  d'un  moyen  de 
crédit  dont  l'expérience  a  constaté  les  utiles  effets 
sans  que  sa  moralité  fût  jamais  mise  en  doute.  Depuis 
de  longues  années,  diverses  primes  sont  cotées  tous 
les  jours  sur  le  cours  authentique  de  la  Bourse  de  Pa- 
ris... L'application  nouvelle  d'un  principe  ou  d'un 
procédé  en  altère-t-elle  le  fond  lorsqu'elle  n'y  change 
rien. 

Cette  manière  ingénieuse  d'associer  un  grand  nom- 
bre de  lecteurs  parle  lien  d'un  intérêt  commun  sans 
danger  d'aucune  solidarité,  sans  contribution  ni  sacri- 
fice aucun  de  leur  part,  n'eût-elle  pas  tous  les  avanta- 
ges qui  viennent  d  être  énumérés,  mériterait  encore 
l'assenliinenl  du  gouvernement  et  de  tous  les  hommes 
éclairés,  pour  deux  motifs:  le  premier  en  raison  de  la 
grave  atteinte  qu'elle  porte  aux  contrefaçons  étrangè- 
res ;  les  livres  auxquels  la  prime  sera  jointe  jouiront 
ainsi  du  même  avantage  qu  ils  ont  lorsque  des  vignet- 
tes sont  intercalées  ou  jointes  à  leur  texte;  l'infériorité 
de  la  contrefaçon,  dans  ce  cas,  lui  est  obstacle ,  le  se- 
cond, en  raison  de  la  diversion  faite  par  des  primes 
aux  loteries  étrangères  qui  viennent  enlever  à  la 
France  des  capitaux  considérables  et  aux  loteries  oc- 
cultes si  dangereuses  pour  l'ignorance  et  la  cupi- 
dité. 

Il  faut  reconnaître  ce  fait,  qu'on  ne  saurait  se  flatter 
d'avoir  instantanément  détruit,  par  un  vote  législatif, 
la  confiance  de  l'homme  dans  le  hasard,  passion  con- 
vertie en  habitude  et  exploitée  pendant  de  longues  an- 
nées par  une  administration  publique.  Comprimer 
trop  fortement  et  trop  brusquement  un  tel  penchant, 
ne  sera-ce  point  le  livrer  dans  l'ombre  à  toutes  les  sé- 
ductions de  la  fraude  ?  Ne  sera-ce  point  seulement  le 
contraindre  à  aggraver  sa  manière  de  se  satisfaire  en 
s'adonnant  à  des  jeux  dont  le  hasard  est  souvent  le  seul 
loyal  adversaire  que  rencontre  l'homme  de  bonne  foi 
qui  le  tente? 

Donner  à  ce  besoin  de  l'homme  une  issue  régulière 
en  elle-même,  d'une  facile  surveillance,  utile  au  dé- 
veloppemeiU  d'une  ou  de  plusieurs  industries  propa- 
geant l'instruction,  n'est-ce  pas,  au  contraire,  une  hei;- 
reuse  transition?  Le  nier,  ce  serait  méconnaître  les 
laissions  de  l'iiumanité  et  se  déclarer  incapable  de  les 
diriger.  Les  déclamations  pastorales  et  philanthropi- 
ques appartiennent  à  une  autre  époque  ;  ce  n'est  plus 
sur  elles  que  se  fonde  l'art  de  gouverner  ies  hommes. 

Assurément  les  primes  auront  leur  abus;  mais  le 
mauvais  livre  qu'on  vend  très-cher  n'en  est-il  pas  un' 
mais  les  alimens  et  les  boissons  falsifiés  dans  toutes  les 
glandes  villes  en  doivent-ils  empêcher  l'approvision- 
nement? De  tous  les  moyens  de  répression  contre 
l'abus  qui  sera  fait  des  primes,  les  plus  sûrs  et  les  plus 
effectifs  seront: 

i»  De  les  admettre  sans  contestation ,  afin  de  les 
pouvoir  contrôler  sans  difficulté; 

2»  D'exiger  d'elles,  par  une  loi,  certaines  garanties, 
telle  que  le  dépôt  authentique  et  le  tirage  en  présence 
de  commissaires  officiels; 

3"  D'en  restreindre  l'emploi  par  un  impôt  considé- 
rable, analOjîue  à  celui  dont  sont  grevés  les  spectacles 
au  profit  des  ho«pices. 

Flétrir  les  primes  en  les  taxant  d'immoralité,  en  les 
confondant  à  tort  avec  les  i.oteribs,  ce  serait  priver 
les  gouvernemens  et  l'industrie  d'un  moyen  de  crédit 
public  dont  la  puissance  n'est  encore  qu'imparfaite- 
ment connue;  réprimer  les  primes  lorsque  la  consti- 
tution en  est  publique  et  irréprochable,  ce  serait  vou- 
loir les  interaire  pour  encourager  les  loteries  clandes- 
tines elles  jeux  dont  le  hasard  est  le  plus  rare  danger  et 
l'escroquerie  le  plus  commun. 

Emilb  SB  GHURDIN.  , . 


REPERTOIRE  CIVIL* 


Z.  Intérêts  gènérauv.  —  II.  Morale  et  instruction  publique.  — 
m.  Devoirs  et  droits     civils  et  politiques. 


CoNSEiLS-GiirrÊRAcx.  —  Des  enfans  trouvés. 

Une  des  questions  qui  ont  le  plus  vivement 
occupé  les  conseils-généraux,  est  celle  con- 
cernant les  enfans  trouvés.  Malheureuse- 
ment, on  s'est  attaché  beaucoup  plus  à  son- 
der la  profonileur  de  la  plaie  qu'à  indiquer 
le  remède  efficace  pour  la  cicatriser.  Cepen- 
dant, ce  qui  manque  surtout,  c'est  une  force 
préventive  qui  atteigne  le  mal  dans  sa  sour- 
ce. C'est  donc  uniquement  sous  ce  point  de 
vue  que  nous  allons  examiner  la  question , 
en  présentant  toutes  les  objections  qui  ont 
été  faites ,  soit  pour  maintenir  ,  soit  pour 
changer  l'état  de  choses  actuel. 

Quelques  renseignemens  statistiques  aide- 
ront au  développement  de  notre  proposition, 
et  montreront  combien  il  serait  urgent  d'ar- 
rêter cette  progression  effrayante  dans  le 
nombre  des  enfans  trouvés,  en  le  comparant 
partout  avec  celui  des  naissances  totales. 

Au  i"  janvier  1824,  le  nombre  des  enfans 
trouvés  existans  dans  les  hospices  et  dans  les 
maisons  qui  en  dépendent  était  de     i  ic,  i57 

De  cette  époque  au  31  décembre 
1833,  c'est-à-dire  pendant  une  pé- 
riode décennale,  les  admissions  ont 
été  de 356,292 


Total 452,749 


1824        1825 


1826 


Sur  lesquels  I98,49r>  enfans  sont\ 
morts,  soit  aux  hospices,  soit  chez 

les  nourrices,  ci 192,505  j 

Retirés  par  les  parens, 

ou  desbienfiiiteurs 46,025\ 

Arrivés   à  l'âge  où  ils  '      '*52,749 

cessent  d'être  à  charge 

aux  hospices 78,590  ' 

Restent  aux   hospices 

ou  en  nourrice I29,629i 

La  dépense  totale  s'est  élevée  à  97,775,613 
francs,  le  terme  moyen  annuel  du  nombre 
des  enfans  ayant  été  de  119,230,  la  moyenne 
do  la  dépense  annuelle  de  chacun  d'eux  est 
de  82  francs. 

Mais  ce  qui  prouve  le  vice  de  l'organisa- 
tion, et  ce  donf  on  ne  peut  se  rendre  comp 
te,  c'est  que  tandis  que  dans  le  département 
de  la  Haute-Loire  la  dépense  n'est  que  de 
SO  fr.  33  c;  de  51  fr.  50  c.  dans  la  Creuse: 
de  52  fr.  99  c.  dans  l'Allier;  elle  s'élève  a 
156  fr.  35  c.  dans  le  département  du  Pas-de- 
Calais;  à  158  fr.  r.5  c.  dans  le  Bas-Rhin;  et 
enfin  à  1C4  fr.  32  c.  dans  l'Yonne. 

On  vient  de  voir  qu'au  !«•■  janvier  1824,  !c 
nombre  des  enfans  trouvés  était  de  116,457  : 
au  l*"' janvier  1834,  il  était  de  127,507;  aug- 
mentation, 11,050,  ce  qui  donne,  par  année, 
1105,  en  moyenne. 

Nous  donnons  ici  le  tableau  ,  par  année  , 
des  naissances  des  enfans  légitimes,  des  eit 
fans  naturels  et  des  enfans  trouvés  de  182'« 
à  1833. 

1S27    1828    1829   1830   1831   1832   1833 


70,704 
35,749 


70,704     69,551 
33,749     33,141 


69,247 
35,884 


71,411 

35,884 


(Enfans  légitimes.     912,978  904,594  920,720  909,428  905,843  895,176  898,577  915,298  870  509 
HùSSàMCe]      —        naturels..       7I,174     69,392     72,471 
V      —        trouvés...       33,792     32,278     32,876 

On  voit,  par  ce  résultat,  que  les  enfans  trou- 
vés augmentent  dans  une  proportion  inverse 
avec  le  nombre  des  naissances  légitimes.  En 
1824 ,  il  y  avait  un  enfant  trouvé  contre  27 
naissances  légitimes  ;  maintenant ,  il  y  en  a 
on  sur  24. 

Les  tours  seront-ils  maintenus  ou  suppri- 
més? tel  est  le  point  essentiel  de  la  question, 
telle  que  l'ont  posée  les  journaux  quotidiens, 
etrautoritéelle-même.  Leur  suppression,  ont 
ditles  uns.va  élever  le  nombre  des  infanticides, 
lesfllles-mères  ne  pouvant  plus  cacher  la  honte 
de  leur  faiblesse  (  ou  leur  conflance  en  de 
vaines  promesses),  chercheront  à  faire  dispa- 
raître le  fruit  de  leurs  amours,  et  les  cours 
d'assises  prouveront  cop»J)ien  la  mesure  est 


67,677 
35,435  33,lfil 


vicieuse.  Conservez  les  tours,  ont  dit  les  au 
très,  mais  faites  présenter  les  enfans  qui  y 
seront  déposés,  afin  de  prévenir  les  abus  qu'on 
a  signalés  souvent,  du  dépôt  d'enfans  légiti- 
mes que  les  véruabk^  mères  recevaient  en- 
suite à  titre  de  nourrices  salariées. 

Comme  on  le  voit,  il  s'agit  seulement  là 
des  moyens  à  employer  pour  empêcher  les 
crimes  qui  pourraient  être  la  conséquence 
d'une  première  faute,  et  non  pas  de  prévenir 
ces  premières  fautes,  dont  les  coupables,  selon 
la  loi,  sont  loin  de  l'être  au  même  degré, en 
moral,,  d'après  l'organisation  sociale. 

Si  les  enfans  déposés  dans  les  tours  étaient 
tous  le  fruit  de  la  débauche,  du  libertinage, 
de  la  faiblesse  même,  on  concevrait  que  leur 


suppression  doit  être  prononcée  ;  mais  ii"y 
a-t-il  (Jonc  que  les  mères  coupables  qui  aban- 
donnent leurs  enfans?  La  misère,  cette  plaie 
hideuse  d'une  société  qui  se  Qatie  de  marcher 
à  la  tête  de  la  civilisation,  la  misère,  disons- 
nous,  n'a-t-elle  donc  pas  aussi  ses  tristes  et 
humiliantes  prérogatives? 

Que  les  tours  existent  ou  soient  supprimés, 
peu  importe.  Mais  ne  permettez  pas  que  le 
mystère  favorise  l'abandon  des  enfans  confiés 
désormaisàlacharité  publique.  Pourquoi  rou- 
girait-on de  sapauvrelé?Que  le  père  et  lamèrc, 
que  la  misère  oblige  à  se  priver  de  leur  enfant, 
puissentavouerleur  position;  que  leurs  enfans 
ne  soient  pas  considérés  comme  des  parias  ; 
mais  que  l'adoption  que  la  nation  en  fera  soit 
une  marque  de  sympathie  pour  ces  douleurs 
si  poignantes. 

Le  déplacement  des  enfans  a  paru  offrir  de 
grands  avantages,  en  ce  sens  qu'il  a  dévoilé 
les  abus  quj  s'étaient  glissés  dans  les  adop- 
•^ions  d'enfans  dojinés  ensuite,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  à  leurs  propres  mères,  en 
qualité  de  nourrices  ;  mais  qu'est-il  arrivé  ? 
c'est  que  deux  ou  trois  années  après  l'exécu- 
tion de  cette  mesure ,  il  existait  encore  un 
nombre  égal  d'enfans  déposés  de  la  même 
manière.  H  faudrait  donc  alors  que  le  dépla- 
cement ait  lieu  tout-à-coup,  alin  d'oter  aux 
mères  l'espérance  de  recevoir  leurs  enfans, 
autrement  la  mesure  devient  illusoire. 

La  crainte  ,  que  l'absence  de  tours  aug- 
mente les  infanticides,  est  mal  fondée.  Dans 
toutes  les  causes  de  ce  genre  qui  se  sont  pré- 
sentées aux  assises,  il  n'est  encore  arrivé  que 
deux  ou  trois  fois  que  cette  absence  ait  été 
alléguée  comme  motif  du  crime  ,  et  encore 
même  la  fausseté  en  a  été  démontrée.  Sans 
doute  il  faut  compatir  aux  misères  humaines; 
•  mais  il  est  aussi  impolitique  qu'immoral  de 
donner  en  quelque  sorte  une  prime  à  la  fai- 
blesse, pour  prévenir  le  crime. 

Que  les  tours  soient  supprimés,  nous  le 
concédons  ;  que  les  déplacomens  aient  lieu , 
nous  en  reconnaissons  les  avantages;  mais,  en 
tous  cas,  que  ceux  qui  n'ont  pas  été  arrêtés 
dans  la  crainte  de  donner  l'existence  à  un  être 
qu'ils  n'oser.xent  avouer,  l'e  le  soient  pas  non 
plus  par  l'aveu  de  leur  faute.  La  patri«  peut 
l)ien  adopter  les  infortunés  que  le  hasard  a 
placés  en  naissant  sous  la  protection  de  la 
charité  publique  ;  mais  elle  ne  peut  vou- 
loir que  ceux  qui  en  sollicitent  et  qui  en 
reçoivent  le  bienfait,  viennent  en  réclamer 
l'effet  avec  la  menace  de  faire  pire  en  cas  de 
refus. 


Création  (îe  ^Sa'.sî^n;  ^:-   Hctraïte  pouf 
ies  classes  ouvrières. 

Les  caisses  d'épargne  sont ,  sans  nul 
doute,  l'une  des  institutions  les  plus  fécon- 
des, les  plus  inorales  de  l'époque  actuelle, 
et  assurément  celles  qui  méritent  le  plus 
d'être  encouragées.  Mais,  lorsque  K's  ou- 
vriers, les  artisans,  les  domestiques,  auront, 
pendant  15  ou  -20  ans,  porté  dans  ces  éta- 
blissemens  les  économies  qu'ils  auront  pu 
faire,  quelle  ressource  trouveront-ils  quand 
ils  seront  affaiblis  par  l'Age  ou  les  infirmi- 
tés, et  par  conséquent  huis  d'état  de  se  li- 
vrer à  une  occupation  quelconque  ?  Ce  qu'ils 
auront  amassé  sera  suffisant  peut-être  pour 
les  aider,  mais  oe  saurait  pourvoir,  dans  les 
cas  les  plus  généraux,  à  leurs  besoins,  et  le 
but  de  l'institution  ne  sera  atteint  que  d'une 
manière  incomplète . 

Telles  sont  les  considérations  qu«  M.  Ba- 
telle,  chef  de  bureau  à  l'administration  des 
hospices  de  Paris,  a  fait  valoir,  dans  un  rap- 
port à  la  société  des  établissemens  charita- 
bles de  la  capitale,  et  par  lesquelles  il  in- 
siste sur  la  nécessite  de  fonder  de  nou- 
veaux hospices  où  l'on  puisse  être  admis 
en  payant,  soit  une  somme  déterminée,  soit 
une  pension  annuelle. 

Ainsi,  par  exemple  ,  il  existe  à  Paris  qua- 
tre établissemens  où  les  individus  sont  re- 
çus gratuitement  :  l'hospice  de  la  Vieillesse, 
hommes  et  femmes,  et  celui  des  Incurables, 
également  pour  les  deux  sexes.  Ces  mai- 
sons contiennent  8,890  lits,  et ,  si  on  ajoute 
à  ce  nombre  les  310  lits  réservés  à  l'hos- 
pice des  Ménages  pour  les  pauvres  hors 
d'état  de  payer,  on  arrive  seulement  au 
chiffre  de  9,i>00  lits  ,  c'est-à-dire  qu'il  n'y 
a  qu'une  place  gratuite  par  87  habitans. 

Les  établissemens  ou  l'on  est  admis 
moyennant  un  capital  ou  un  prix  de  pen- 
sion, sont  Sainte-Périne,  les  Ménages,  La 
Rochefoucault,  qui  ne  possèdent  que  757 
lits.  Cette  disproporlioi»  entre  les  places 
gratuites  et  les  places  payantes,  et  de  l'une 
et  de  l'autre  avec  la  population  de  la  ca- 
pitale, dispense  de  tout  commentaire  et  suf- 
lirait  seule  pour  prouver  combien  est  fon- 
dée la  demande  de  M.  Batelle. 

Cette  insuffisance  des  maisons  hospitaliè- 
res où  l'on  est  admis  moyennant  un  prix, 
n'avait  point  échappé  non  plus  aux  admi- 
nistrateurs des  bureaux  de  bienlàisance. 
Dans  le  rapport  fait  par  eux  au  préfet  de 
la  Seine  et  au  conseil-général  des  hospices, 
dans  la  séance  du  14  mai  183-4,  ou  lit  le 

I'  passage  suivant  : 
«  Pour   pouvoir   entrer  à  l'hospice    des 


Ménages,  le  délai  entre  l'h^scription  et  l'ad- 
mission est  quelquefois  de  deux  années. 
Pour  l'hospice  de  La  Rochefoucault,  c'est 
pis  encore.  Un  septuagénaire  est  souvent 
condamné  à  attendre  cinq  et  six  années  que 
son  tour  d'entrée, arrive,  et  pour  la  plupart 
des  inscrits  il  n'arrive  jamais;  car  la  mort 
vient  presque  toujours  les  surprendre  avant 
le  terme  de  l'expectance.  » 

Par  une  juste  appréciation  des  convenan- 
ces, M.  Batelle  voudrait  que  ces  établisse- 
mens  fussent  appelés  maisons  de  retraite  , 
afin  de  respecter  tous  les  scrupules  dans  un 
pays  où  les  dénominations  ont  une  si  grande 
importance  sur  l'esprit  du  peuple.  Quant 
aux  moyens  de  les  fonder,  il  veut  qu'on  s'a- 
dresse d'abord  à  la  bienfaisance  publique, 
et  que  l'on  complète  les  fonds  nécessaires 
par  l'admission  immédiate  de  tous  ceux  qui 
consentiraient  à  ajouter  au  capital  exigé  ou 
au  prix  de  pension,  une  somme  de  500  francs 
une  fois  payée.  Ce  moyen  n'a  rien  qui  puis- 
se répugner  ;  un  placement  qui  aurait  lieu 
aussitôt,  serait  le  prix  de  ce  sacrifice,  et  un 
grand  nombre  d'individus  s'empresseraient 
probablement  de  profiter  de  cet  avantage. 
D'après  le  nombre  des  demandes  d'admis- 
sion dans  les  établissemens  où  l'on  est  ad- 
mis en  payant,  aujourd'hui  même  que  l'ex- 
pectative est  si  longue,  on  peut  juger  que 
ce  nombre  serait  plus  que  triple,  si  le  ter- 
me de  l'attente  ne  dépassait  pas  quel-  j 
ques  mois  ,  car  on  voit  fréquemment  I 
des  personnes  des  deux  sexes  entrer,  moyen- 
nant pension,  dans  les  deux  hospices  de  la 
vieillesse,  en  attendant  qu'il  y  ait  des  places 
■\acantes  à  Montrouge. 

Le  prix  de  pension  dans  ces  maisons  de 
retraite  pourrait  être  de  450  francs  pour  les 
hommes  et  de  400  pour  les  femmes ,  en 
laissant  à  chacun  la  faculté  de  payer  soit  la 
pension  annuelle ,  soit  un  capital  gradué 
suivant  l'âge,  ainsi  que  cela  se  pratique 
pour  Sainte-Périne  et  La  Rochefoucault. 

Les  résultats  d'une  telle  institution  se- 
raient immenses,  et  l'établissement  des  mai- 
sons de  retraite  nous  paraissent  devoir  être 
une  conséquence  logique  de  celui  des  cais- 
ses d'épargne.  Il  faut,  comme  le  dit  M.  Ba- 
tello,  que  l'adunnistralion  favorise,  encou- 
rage de  tous  ses  moyens,  le  sentiment  de 
l'économie  ,  comme  garantie  d'ordre ,  des 
bonnes  mœurs  et  de  la  prospérité  publique. 
Peu  de  moyens  paraissent  plus  efficaces, 
plus  moraux,  plus  dignes  d'être  tentés,  que 
celui  qui  consisterait  à  pouvoir  toujours  of- 
frir un  asile  à  l'artisan  qui  se  serait  imposé 
toutes  sortes  de  privations  au  profit  de  ses 
vieux- ans,  et  de  manière  qu'il  en  se  trouvât 


pas  refoulé,  contre  son  gré,  contre  son  es- 
poir, dans  des  établissemens  dont  on  obtient 
difficilement  l'entrée,  et  qui  d'ailleurs  sont 
entièrement  à  la  charge  de  la  société. 

Conseils    Commonacx   .-    Moyens  d'organiser 
des  écoles  primaires  dans  les  campagnes. 

La  loi  a  imposé  à  toutes  les  commu- 
nes l'obligation  d'entretenir  une  école,  et 
de  pourvoir  à  l'instruction  pfimaire  et  à  l'é- 
ducation morale  des  enfans  qui  les  habitent. 
Une  contribution  spéciale,  que  les  com- 
munes ne  peuvent  ni  suspendre  ni  détour- 
ner de  son  objet,  a  été  affectée  aux  dépen- 
ses de  l'école  communale  et  au  traitement 
du  maître.  11  ne  reste  donc  plus  aux  con- 
seils municipaux  que  le  soin  d'organiser  et 
de  surveiller  leur  école. 

Nous  allons  voir  que  l'on  peut  établir  et 
entretenir  à  peu  de  frais,  dans  nos  campa- 
gnes, de  petites  écoles  dirigées  d'après  les 
meilleures  méthodes  d'enseignement;  et 
que  les  ressources  ordinaires  des  commu- 
nes, même  des  plus  pauvres,  sont  suffisan- 
tes pour  satisfaire  au  vœu  bienfaisant  de  la 
loi,  lorsque  l'on  sait  y  apporter  une  écono- 
mie convenable  et  des  soins  bien  entendus. 

Il  faut  pour  une  école  quelconque  : 

1»  Un  emplacement  ou  un  local  ; 

20  Un  matériel  (tables,  livres ,  ardoises)  ; 

30  Enfin  uo  instituteur. 

l'^Du  local  ou  de  la  salle  d'école. 

Ce  serait  une  erreur  bien  funeste  de  croi- 
re qu'on  ne  peut  établir  une  école  mutuelle 
sans  avoir  un  grand  et  vaste  local,  en  carré 
long,  éclairé  par  le  haut,  ayant  une  estrade, 
un  préau,  etc.  ;  car  la  plupart  des  écoles 
mutuelles  qui  existent  depuis  long-temps 
en  France,  à  Paris  même,  ont  été  établies  dans 
des  greniers,  des  hangars,  dans  des  églises 
ou  des  bâtimens  abandonnés  ,  qui  étaient 
loin,  sans  doute,  de  réunir  toutes  les  con- 
ditions désirables  pour  une  école. 

Pour  une  école  de  campagne  on  ne  doit 
pas  être  embarrassé  de  trouver  un  local , 
puisqu'il  suffit  d'une  seule  chambre  ordi- 
naire. 

En  effet,  si  l'on  porte  à  trois  ou  quatre 
cents  habitans  la  population  d'un  village  ou 
d'une  commune  rurale  de  moyenne  étendue, 
le  nombre  des  enfans  des  deux  sexes  en  âge 
de  fréquenter  les  écoles  (de  6  à  15  ans)  for- 
mant environ  le  dixième  de  la  population 
totale,  ce  nombre  pourra  s'élever  à  ôO  ou 
40  enfans  environ,  dont  15  à  20  garçons  et 
15  à  20  filles. 

Or,  3  ou  4  bancs  ordinaires  de  10  à  12 


4 

pieds  de  loiigcur,  placés  au  fond  ou  au  pour- 
tour d'une  chambre  ordinaire  ayant  15  à  16 
pieds  de  coté,  suffiront  pour  recevoir  les 
enfans  d'une  commune  de  400  habitans. 

Le  prix  de  location  d'une  chambre  ou 
d'une  autre  pièce  de  1 5  à  1 6  pieds  de  côté,  ne 
flépasserait  pas  12  ou  15  fr.  par  année,  dans 
la  plupart  de  nos  campagnes;  ce  prix  serait 
encore  réduit  de  beaucoup,  si  l'école  avait 
lieu  seulement  pendant  le  semestre  d'hi- 
ver. 

La  seule  condition  que  l'on  doit  ne  pas 
perdre  de  vue,  c'est  que  cette  chambre  soit 
saine,  bien  aérée,  bien  éclairée,  située  au 
rez-de-chaussée,  dans  un  emplacement  com- 
mode et  central. 

2»  Du  matériel  et  du  mobilier  de  l'école. 

Dans  une  école  rurale  pour  40  élèves  ,  il 
faut,  comme  nous  l'avons  dit  : 

5  bancs  simples  de  12  pieds  de  longueur 
chacun,  et  de  7  à  9  pouces  de  largeur.  De 
plus,  1  banc  avec  une  table  pour  6  à  8  élè- 
ves écrivant  sur  le  papier  ; 

Une  chaise  et  une  petite  table  pour  le 
maitre; 

ôO  ardoises  à  28  fr.  le  cent.  .  8  fr.  40  c. 

30  porte-crayons  et    crayons 
d'ardoise 4        » 

2  tableaux  syllabaires  et  20  vo- 
lumes de  la  Méthode  naturelle 
de  lecture 6      25 

Papier,  plumes,  encre 1       » 

Arithmétique  des  petites  écoles  »      r.o 

Total 20  fr.  15  c. 


Ainsi,  moyennant  une  vingtaine  de  francs, 
non  compris  la  valeur  des  bancs,  qui  cxis- 
tentdéja  dansplusieurs  communes,  ou  qu'on 
peut  s'y  procurer  àpeude  frais,  on  subvien- 
drait à  la  dépense  du  mobilier  de  l'école , 
et  à  la  fourniture  des  élèves  pendant  plus 
d'une  année. 

Les  bancs,  la  table,  les  ardoises,  les  ta- 
bleaux, pouvant  durer  fort  long-temps,  les 
frais  d'entretien  de  l'école,  pour  crayons, pa- 
piers livres  usés,  ardoises  à  remplacer,  etc., 
ne  s'élèveront  guère  au-delà  de  6  à  7  francs 
par  année. 

30  De  l'instituteur. 
La  loi  a  pourvu  au  sort  de  l'instituteur  : 
une  contribution  spéciale  a  été  établie  pour 
former  le  trailemeul  ou  la  rétribution  du 
maître,  et  subvenir  aux  frais  de  l'école.  Cette 
contribution  n'en  serait  pas  moins  payée, 
quand  même  il  n'y  aurait  ni  école  n'y  insti- 
taleur  dans  la  conomune:  et  'es  fonds  affec- 


tes à  rinslructioQ  primaire  ne  peuvent  être 
détournés  de  leur  destination  pour  aucou 
motif,  quel  qu'il  soit.  Les  conseils  munici- 
paux, les  préfets  eux-mêmes,  n'ont  pas  ce 
droit. 

Quantauchoix  dé  l'instituteur,  les  conseils 
municipaux  et  les  comités  d'instruction  pri- 
maire devront  préférer  les  personnes  jouis- 
sant de  l'estime  et  de  la  considération  publi- 
ques, quand  même  ces  personnes  n'auraient 
pas  tout-à-fait  le  degré  d'instruction  requis 
par  les  réglemens. 

Moyens  d'économie.  —  i»  On  peut  réu- 
nir dans  le  même  local  les  enfans  des  deux 
sexes  (1). 

20  On  peut  établir  l'école  dans  un  local 
vacant  ou  dépendant  de  l'église  ou  du 
presbytère,  ou  dans  une  pièce  qu'une  per- 
sonne bienfaisante  prêterait  gratuitement 
pour  quelques  mois. 

50  Lorsqu'il  s'agira  d'établir  l'école ,  ne 
pourrait-on  point  trouver  dans  l'église  deux 
ou  trois  bancs  superflus?  Les  propriétaires 
aisés  se  ret'useront-ils  à  donner  quelques 
planches  pour  en  former  des  bancs  ? 

4"  Deux  ou  même  trois  villages  voisins 
peuvent  s'entendre  pour  avoir  une  école 
commune,  ou  bien  un  instituteur  qui  tien- 
drait classe  deux  ou  trois  fois  par  semaine 
dans  chacun  de  ces  villages. 

50  L'école  peut  n'avoir  lieu  que  pendant 
les  six  mois  d'hiver,  ou  à  la  rigueur,  pen- 
dant quatre  mois  seulement. 

50  Un  ancien  employé,  un  militaire  en  re- 
traite, une  femme  et  spécialement  la  femme 
du  garde-champètre ,  peuvent  diriger  l'école 
tout-à-fait,  ou  du  moins  la  surveiller  pendant 
les  jours  où  le  maitre  serait  absent. 

70  Enlin  les  conseils-généraux  des  dépar- 
temens,  M.  le  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique, la  Société  pour  l'instruction  élémen- 
taire de  Paris,  les  Associations  charitables 
formées  dans  les  provinces,  accordent  des 
secours  aux  écoles  rurales. 
De  l'Enseignement  dans  les  petites  écoles. 

L'enseignement  mutuel,  qui  est  bien  su- 
périeur et  bien  préférable  à  l'enseignement 

(I)  L'éducation  des  filles  est  beaucoup  trop 
négligée  aujourd'hui;  elles  n'ont  pas  moins  be- 
soin que  les  homnies  de  savoir  lire,  écrire  et 
compter.  Elles  sont  appelées  à  aider  leurs  maris, 
à  tenir  les  comptes  d'un  ménage,  d'une  ferme  ; 
elles  peuvent  être  employées  comme  domesti- 
ques ou  femmes  de  confi'^nce,  etc.  Il  serait 
d'autant  plus  coupable  de  les  priver  d'instruc- 
tion dans  les  campagnes,  qu'une  école  conte- 
nant vingt  garçons  et  vingt  filles  ne  coûte  pas 
plus  cher  à  entretenir  que  s'il  n'y  ayait  que 
vingt  gar(ons  seulement. 


simultané,  est  sans  contredit  le  plus  avan- 
tageux (juc  l'on  puisse  adopter  dans  les 
ccuics  rurales. 

C'est  là  même  sa  plus  intéressante  et  sa 
plus  utile  application,  en  ce  qu'un  seul 
uiaitre  peut  enseigner  à  la  fois  plusieurs 
classes  d'élèves  de  forces  différentes  ;  et 
qu'en  l'absencri  du  maître,  l'école,  surveil- 
lée par  un  étranger  ou  par  une  femme,  et 
dirigée  par  les  cnfans  eux-mêmes,  peut 
marcher  aussi  bien  que  si  l'instituteur  était 
présent.  Avantage  bien  précieux  pour  les 
écoles  rurales,  où  les  maîtres  ne  peuvent  se 
rendre  que  deux  ou  trois  jours  par  semaine. 

Le  petit  nombre  des  élèves  n'est  point 
un  empêchement  ni  un  obstacle  (ainsi  que 
voudraient  l'insinuer  certaines  personnes)  à 
remploi  de  l'ingénieuse  méthode  d'ensei- 
gnement mutuel. 

Pour  s'en  convaincre,  que  l'on  examine 
attentivement  une  grande  école  mutuelle, 
et  l'ou  verra  qu'elle  est  partagée  par  ban- 
des ou  groupes  de  dix  enfans,  ayant  à  leur 
tète  un  moniteur  ou  élève  plus  savant 
qu'eux,  lequel  les  dirige,  les  surveille  et 
les  instruit  ;  ce  qui  forme  autant  de  petites 
écoles  séparées  et  distinctes  qu'il  y  a  de 
groupes  d'enfans. 

Ainsi  donc,  toutes  les  fois  que  l'on  peut 
former  un  groupe, composé  de  huit  à  douze 
enfans  d'une  force  à  peu  près  égale,  on  peut 
appliquer  avec  succès  le  principe  delà  mu- 
tualité, et  en  obtenir  les  résultats  les  plus 
heureux. 

On  devra  se  rapprocher,  autant  que  les 
circonstances  le  permettront,  de  ce  qui  est 
adopté  dans  les  écoles  mutuelles,  tant  pour 
la  disposition  de  la  salle,  des  bancs  et  des 
tables  ,  que  pour  le  mode  d'enseignement , 
qui,  nous  le  répétons,  est  le  meilleur  de 
tous  ceux  qui  sont  en  usage  aujourd'hui. 

L'école  rurale  sera  divisée  en  quatre  clas- 
ses, distinguées  par  le  degré  de  force  ou 
d'instruction  plus  ou  moins  élevée  des  en- 
fans. 

11  y  aura  quatre  classes  de  lecture,  qua- 
tre classes  d'écriture  et  quatre  classes  d'a- 
rithmétique. 

Le  temps  consacré  à  l'élude  devant  être 
d'au  moins  trois  heures  le  malin  et  trois 
heures  l'après-midi,  les  travaux  seront  ré- 
partis de  la  manière  suivante  : 

,     ,  ,  (  3i4  d'h.  assis. 

Lecture....!  heure  irij  ,[4  d'h.  debout. 

Ecriture....  ô|4  d'heure assis. 

Arithmétique.  ôi4d'heure  debout  ou  assis. 
Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  : 
1>  Que   1Ǥ  ressource!  ordinaires  des 


communes  rurales,  même  les  plus  pauvres, 
suffisent  pour  remplir  le  vœu  de  la  loi ,  et 
pour  assurer  aux  eafans  qui  les  habitent, 
une  éducation  solide,  convenable,  pouvant, 
en  un  mot,  satisfaire  à  leurs  besoins  moraux 
et  intellectuels. 

20  Les  petites  écoles  peuvent  être  insti 
tuées  et  dirigées  avec  le  plus  grand  succès 
d'après  la  méthode  d'enseignement  mutuel, 
qui  est  bien  supérieure  et  bien  préférable 
aux  autres  modes  d'enseignement,  surtout 
parce  qu'elle  est  très-économique,  qu'elle 
facilite  beaucoup  les  progrès  des  élèves,  et 
qu'elle  abrège  considérablement  le  temps 
des  études. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  des  écoles  de 
campagne  peut  s'appliquer  parfaitement  aux 
petites  écoles  des  villes. 

Nous  regrettons  vivement  que  l'on  négli- 
ge aujourd'hui  ces  modestes  écoles,  où  une 
vingtaine  d'enfans  du  voisinage ,  réunis 
presque  sous  les  yeux  et  dans  la  demeure 
même  de  leurs  parens,  sont  confiés  aux 
bons  soins  d'une  femme  respectable,  moyen- 
nant une  rétribution  très-légère. 

Si  les  petites  écoles  des  villes  n'offrent 
pas,  comme  les  grandes,  une  économie  con- 
sidérable dans  les  dépenses  ;  si  elles  ne 
présentent  pas  ce  coup  d'œil  imposant,  cet 
ensemble  si  régulier  que  l'on  admire  dans 
les  écoles  nombreuses,  on  ne  peut  néan- 
moins disconvenir  que  les  petites  écoles 
auraient  le  précieux  avantage  de  se  répan- 
dre et  de  se  multiplier  partout  et  à  peu  de 
frais  ;  qu'elles  peuvent  être  dirigées,  à  des 
prix  très-modiques,  par  des  femmes  ou  des 
employés  en  retraite  ;  qu'elles  peuvent 
remplacer  avantageusement  les  salles  d'é- 
ducation ou  asiles  pour  les  petits  enfans; 
que,  sous  les  rapports  de  la  surveillance  et 
de  la  tenue  des  enfans,  de  la  rapidité  des 
progrès,  de  la  nature  et  de  la  solidité  de 
l'instruction ,  elles  ne  le  cèdent  en  au- 
cune manière  aux  écoles  les  plus  nombreu- 
ses ;  enfin,  que  dans  les  villes,  où  les  gran- 
des écoles  sont  ordinairement  très-éloignées 
de  la  demeure  des  enfans  qui  les  fréquen- 
tent, les  parens  préféreraient  sans  contredit 
avoir  leurs  enfans  dans  de  petites  écoles  qui 
viendraient  à  s'établir  dans  leur  voisinage,  ce 
qui  leur  serait  beaucoup  plus  commode,  et 
leur  présenterait  beaucoup  plus  de  sécurité 
que  les  autres  établissemens  éloignés. 

Nous  ne  saurions  trop  exhorter  l'adminiS' 
tration  à  favoriser  et  à  encourager  l'établis- 
sement de  ces  petites  écoles  matuelles  dans 
les  villes. 


riAîf   F160RAI1F   d'ORE  ECOLE   DE    CAMPAGîfE   PODB    QUAEASTE  ÉLÈVES. —PIGURF.  V*, 

iSpieds. 


Passage. 


Banc— 4c  classe. 

) 

Table  à  écrire. 

) 

Passage. 

Banc. — 3f  classe. 

) 

Passage. 

Banc. — 2'  t  Ins.ie. 

Passage. 

Banc...   12  pic.ls.— Il 

-■  c/as.se. 

^ 

oooooooooo 


classe.    I     J          '■-'•'.■^         ( 
/  ' I 


.ff 


16  pic.ls. 
ADIRE    DiSTi'.lBUTlON    TOUR    LNE    tCOLE    lîE    QUAR.'.KTE    ÉLÈVES.— FIGURE    II. 

16   pick. 


-aflyii 


.1 A 


10   iiicd 


ï.a  salle  a  la  forme  d'un  carré  de  seize 
pieds  de  côté. 

Les  bancs  onl  douze  pieds  de  longueur  et 
contiennent  chacun  dix  cnfans,  dont  la  place 
est  marquée  par  des  points  (ooo)- 

La  disposition  dos  groupes  est  figurée  par 
dos  flemi-ccrilcs  ;  la  place  de  chaque  enfant 
y  est  marquée  par  un  point  (o). 

Dans  la  ligure  2,  les  bancs  snnt  disposés 
autour  d«  la  salie.  —  11  y  a  près  du  niaiiro 


une  table  un  peu  large  sur  laquelle  écrivent 
les  cnfans  de  la  4«  classe. 

Au  milieu  de  la  salle  est  un  support  au- 
quel sont  attachés  2  tableaux  de  lecture  ou 
d'arithmétique,  pour  2  classes  différenles. 

La  disposition  des  groupes  est  figurée  par 
des  demi-cercles  ;  la  place  de  chaque  enfant 
y  est  marquée  par  un  point  (o). 

L'échelle  est  de  5  Iigne<;  pour  i  pied. 
'i;-.n.r!>'. 


CoNTBiBHABLES  :  Contributions  directes. 

Kii  1817,  le  produit  des  qua- 
tre contributions  directes  ,  en 
principal,  ccntiiucs  additionnels 
et  centimes  de  perception  réu- 
nis, était  de 575,815,700 

Les  dégrcvemens  opérés,  de- 
puis 1818  jusqu'en  1827  ,  ont 
été  de 8G, 456,500 

Reste  donc ii89,5S2,400 

Mais  en  1855,  le  montant  s'é- 
lève à 5G0, 554,400 

dilTércncc  en  plus ^. .     71,152,000 

Encore,  bien  que  le  montant  total  des  cen- 
times additionnels  soit  moindre,  en  1855 
qu'en  182",  ainsi  qu'on  le  voit  par  le  tableau 
ci-dessous,  celui  de  l'impôt  est  cependant 
plus  élevé.  Cela  s'explique  par  ce  fait,  que 
î'augnienlation  de  six  ceiUimes  sur  l'impôt 
foncier  porte  sur  un  capital  de  189  millions, 
tandis  que  la  diminution  de  5G  centimes,  sur 
les  portes  et  fenêtres,  n'est  applicable  qu'à 
un  capital  de  vingt-deux  millions. 
Centimes  additionnels  perçus  pour  le  tré- 
sor sur  les  contributions. 

Lois  Personnelle  Portes 

des  Foncière.         et  et       Patentes.     Total, 

années.  mobilière,  fenêtres. 


100   —  100   —    5    —   255 

50  —  100  —  5  —-  205 

50  —  100  —  5  —  200 

50.—  100  —  5  —  195 
47  —     94  —  5  —  185 

31   —  55  —  5  —   122 

57  —  21  —  0  —  104 

50  —  19  —  9  —  102 


Gardes  nationaux  :  Sîsciplîne. 

ÏJn  conseil  de  discipline  ne  peut  condamner 
un  prévenu  pour  refus  de  désobéissance  à  des 
ordres  de  serjiice  reçus  depuis  qu'il  est  en  ins- 
tance pour  obtenir  sa  radiation  des  contrôles  jus- 
qu'à ce  qu'il  ait  été  définitivement  statué  sur 
celte  demande.        (Cour  de  cass.,  6  juin  1835.) 

Les  militaires  en  congé  sont  exempts  du  ser- 
vice de  la  garde-nalionale. 

(Gourde  cassation,  l.'S  juin  1836.) 

Devant  un  conseil  de  discipline  de  la  garde 
nationale,  le  prévenu  a  le  droit  de  demander 
qu'il  lui  soit  donné  lecture  du  rapport  dressé 
contre  lui.  Le  relus,  de  la  part  du  conseil,  d'ob- 
tempérer à  cette  demande,  est  une  violation  du 
droit  de  défense,  qui  emporte  nullité  du  juge- 
ment. [Cour  de  cass.,  13  juin  1835.) 


1817 

—  50  — 

1818 

—  50  — 

1819 

—  45  — 

1821 

_  40  — 

1825 

—  37  — 

1827 

—  51  — 

1852 

—  57  — 

1855 

—  57  — 

Le  conseij  dé  discipliiic,  en  condamnant  à 
remprisoniienient  un  sous-officier  de  la  garde- 
nalionale,  (lui  a  déjà  cncourru  une  [leine  sem- 
blable dans  la  même  année,  ne  peut  î^c  dispen- 
ser d'ajuutcr  à  celte  peine  la  piivationdu  grade. 

Le  refus  par  un  g;irde  national  de  se  présen- 
ter avec  son  uniforme  pour  faire  son  service, 
lorsqu'il  existe  un  règlement  légal  portant  que 
les  gardes  nationaux  habillés  et  armés  pour  le 
service  qui  leur  est  cnmmandé,  constitue  une 
infraction  punissable  d'uprés  l'art.  89,  n.  I"',  de 
la  loi  du  22  mars  1831. 

(Cour  de  cass.,  27  juin  1835.) 
GoovzBNANS  I  Grave  sujet  de  méditations. 

'    .  Meniliuns         Mis 

ou  en 

indigcns.     sUrveil, 

Dans  les  villes  au-dessus  de 

50,000  amcs,   et  dans  les 

huit  déparlcniciis  auxquels 

elles    appartiennent  ,     on 

compte,   sur  10,000  liabi- 

lans 1,040        170 

Dans  les  26  départemens  qui 

oiit  des  villes  au-dessus  de 

20,000  âmes,  toujours  sur 

10,000  habitans 5G0         150 

Dans  les  51  départemens  qui 

ont  des  villes  au-dessus  de 

6,000  ame-s 490         110 

Dans  la  Creuse,  qui  n'a  point 

de  ville  au-dessus  de  5,000 

âmes .*. 550  60 

La  moyenne  ,  pour  la  population  de  la 
France  entière,  est  de  590meiidians  ou  indi- 
gens  pour  10,000  âmes,  et  de  120  surveillés 
sur  le  même  nombre. 

Les  départemens  les  plus  industriels  et 
qui  paient  proportionnellement  la  plus  forte 
somme  pour  l'impôt  des  patentes  (10  francs 
par  habitant),  sont  aussi  ceux  où  les  crimes 
contre  les  personnes  et  les  propriétés  sont 
les  plus  nombreux. 

Ainsi,  en  mettant  d'une  part,  comme  dé 
partcmens  manufacturiers,  l'Aube,  les  Ar  ■ 
dcnnes.lcBas-iihin.les  Bouches-du-Rhône, 
la  Gironde,  l'Hérault,  le  Loiret,  la  Marnc^ 
la  Meuse,  le  Rhône,  la  Seine-ïnférieurc,  la 
Seine,  Seine-ct-Oise  ,  Seine-et-Marne,  et, 
comme  départemens  plus  étrangers  que  tous 
les  autres,  les  suivans:  Aveyron,  Cantal, 
Creuse,  Corrèze,  Corse,  Côtes-du-Nord,  Fi- 
nistère, Lot,  Lozère,  Mayenne,  Morbihan, 
\  Puy-de-Dôme,  on  trouve  les  rapports  su» 
vans  : 

Pour  les  dcpartemm? 


Crimes  contre  la  propriété, 
Délits  de  toute  sorte, 
Suicides , 
Mise  à  la  loterie, 


1   pre'venu  siii- 
1  prévenu  sur 
1  suicide,  sur 
par  tête 


Industriels. 

3,150  habitans 
100         id. 

7,000        id. 
40  francs 


Non  Industriels. 

9,136 

600 

60,000 


CO  cent. 


Ce  que  peut  une  volonté  éclairée. 
(Décret  du  16  janvier  1812.) 

Napoléon  combattait  l'Angleterre,  la  Fran- 
ce avait  perdu  toutes  ses  colonies;  nos  chi- 
mistes reçurent  l'ordre  de  les  lui  faire  re- 
trouver dans  son  propre  sein. 

Le  décret,  dont  nous  consignons  ici  la 
date,  organise,  sur  une  immense  échelle,  la 
fabrication  du  sucre  de  betteraves;  il  ouvre 
des  écoles  spéciales  réparties  dans  cinq  vil- 
les de  l'empire,  et  destinées  à  former  cent 
élèves.  Il  fonde  quatre  fabriques  impériales, 
et  enjoint  au  mitiistre  de  l'intérieur  de*  pren- 
dre des  mesures  pour  affecter  cent  mille  ar- 
pens  métriques  à  la  culture  des  bette- 
raves. 

En  1830,  la  France  a  produit  dix  milliers 
de  kilogrammes  de  sucre  brut  au  prix  de 
revient  de  Ô5  à  40  centimes!... 

Jurés  :  Signature  nécessaire. 

Le  procès-verbal  du    tirage  au  sort  des  jurés 
du  jugement  est  nul,  si,  bien  que  signe  du  pré- 
sident, il  ne   porte  pas  la  signature  du  grellier. 
(Arrêt  de  la  cour  de  cass.  du  II  juin  1835.) 

ÏVIaibes  :  De  la  police  communale. 

Par  un  préjugé  que  rien  ne  justifie,  on 
prétend  aux  champs  qu'il  ne  s'échappe  au- 
cun miasme  du  fumier  des  bestiaux  ;  cette 
assertion  est  crronnéc.  Toute  fermentation 
amène  un  dégagement  de  gaz;  celui  qui  s'é- 
chappe des  trous  à  fumier  et  des  mares  ne 
peut  être  d'une  nature  salubre,  et  c'est  à  lui 
qu'on  doit  attribuer  ces  fièvres  souvent  si 
tenaces  qui  désolent  si  fréquemment  les 
campagnes. 

On  a  quelque  soin  dans  les  villages  des 
routes  communales  qui  sont  indispensables 
aux  rapports  commerciaux  ;  on  trouve  des 
fonds  pour  les  réparer  et  du  temps  pour  les 
entretenir.  Ne  pourrait-il  pas  en  être  de 
même  pour  les  rues  et  ruelles  au  bord  des 
quelles  sont  groupées  les  habitations  rurales? 
Partout  elles  sont  dépourvues  de  rigoles 
pavées,  nécessaires  à  l'écoulement  des  eaux; 
partout  on  les  laisse  encondircr  d'immon- 
dices oii  se  forment  des  foyers  d'infection  ; 
partout  on  rencontre  des  ornières  remplies 
d'eaux  croupissantes;  partout  enfin  des  mares 
des  llaqucs  infectes,  allèrent,  par  leurs  éma- 
nations la  pureté  et  la  salubrité  de  l'air. 

Est-il  donc  hors  du  pouvoir  des  maires  de 
contraindre  les  habitans  d'une  commune  à 


entretenir  la  portion  de  la  voie  publique  qui 
borde  leurs  propriétés  dans  un  étal  qui  soit 
favorable  à  la  salubrité.  Nous  repoussons 
l'arbitraire  avec  force ,  mais  le  Code  admi- 
nistratif offre  des  moyens  légaux  au  magis- 
trat qui  voudra  agir  dans  l'intérêt  public. 

Depuis  cinquante  ans  on  a  éloigné  du  cen- 
tre de  nos  villes  le^imetières ,  qui,  quelque 
bien  entretenus,  bien  surveillés  qu'ils  soient, 
étaient  toujours  un  foyer  d'insalubrité.  Mais 
dans  la  plupart  des  villages  ils  sont  encore 
placés  au  centre  des  habitations  :  appelons 
sur  cet  objet  l'attention  des  conseils  munici- 
paux. 

Au  village,  les  chevaux,  les  bestiaux,  sont 
nombreux;  fréquemment  la  mort  vient  les 
décimer.  Qu'arrive-t-il  alors?  On  traîne  le 
cadavre  à  quelques  toises  des  habitations  ;  ou 
labandonnc  sur  le  bord  d'une  route  ,  sur  la 
lisière  d'un  bois. 

Le  boucher  du  village  tient-il  sa  tuerie 
proprement?  c'est  ce  dont  personne  ne  s'in- 
quiète; ne  vend-il  pas  de  la  viande  dani- 
maux  qui  ont  succombé  à  la  maladie  ?  c'est 
ce  que  nul  ne  surveille  :  et  cependant  le  vil- 
lage compte  au  moins  deux  magistrats. 

La  nature  des  eaux  qui  servent  à  l'a/Zmen- 
tatlon  a  une  grande  influence  sur  la  santé  ; 
et  cependant  trop  souvent  celles  dont  on  se 
sert  à  la  campagne  sont  puisées  dans  des 
puits  qu'on  ne  récure  jamais,  ou  dans  des 
mares  privées  d'eau  courante  assez  rapide 
pour  neutraliser  les  mauvais  effets  de  la  stag- 
nation. Les  communes  mêmes  qui  sont  assi- 
ses sur  les  bords  d'un  cours  d'eau  sont  sou- 
vent privées  d'eau  salubre.  On  laisse  encom- 
brer son  lit  par  des  amas  d'immondices  ;  on 
permet  d'y  établir  le  rouissage,  si  contraire 
à  la  salubrité;  en  un  mot,  nulle  précaution 
n'est  prise  pour  conserver  aux  eaux  toute 
leur  pureté.  Il  serait  cependant  si  facile  d'é- 
tablir dans  chaque  commune  rurale  un  filet 
d'eau  courante  :  partout  on  rencontre  des 
sources,  et  il  suffirait  de  quelques  journées 
bien  employées  pour  les  réunir,  les  diriger 
au  milieu  des  habitations, 

Les  incendies  ne  sont  que  trop  souvent  le 
résultat  du  manque  absolu  de  surveillance, 
les  secours  cf.  la  souscription  ne  réparent 
qu'imparfiiitement  des  désastres  qui  n'ont 
pas  lieu,  lorsque  le  premier  magistrat  de  la 
conmiune  remplit  ses  devoirs.  C'est  quel- 
que chose  que  de  réparer  ;  mais  en  fait  de 
malheurs,  il  faut  prévenir. 


RÉPERTOIRE  DO^IESTIQUE. 


I.  Education  de     'enfance.  —  H.  Morale  et  bien-être  des  familles. 
—  m.  Economie  usuelle. 


Enfars  :  I.  Nouveau  mode  d'enseignement 
élémentaire  ,  professionnel  et  productif  : 
modèles  brevetés  d'écriture.  —  II.  Visite 
au  prytanée  de  Ménars,  fondé  par  le 
prince  Joseph  de  Chimay. 


L'instruction  qu'un  père  ou  .qu'une  mère 
donne  à  ses  enfans  doit  toujours  être  pro- 
ductive, et  représenter  au  moins  l'intérêt 
des  capitaux  qu'elle  a  coûtés. 


Tout  enseignement  qui  n'assure  pas  à 
l'enfant  qui  le  reçoit,  à  défaut  d'une  profes- 
sion'spéciale,  au.  moins  un  état  modeste 
qujii  puisse  toujours  exercer,  est  un  sacri- 
ticc  regrettable,  imposé  à  la  majorité  des 
familles. 

Il  fait  sortir  inconsidérément  le  fils  de 
la  condition  du  père,  il  appauvrit  inutile- 
ment le  présent  de  l'un,  il  expose  impru- 
demment l'avenir  de  l'autre. 

Le  propre  des  parens  étant  généralement 
de  supposer  leurs  enfans  doués  d'émiiientes 
facultés  intellectuelles,  tous  pensent  que 
développer  ces  facultés  par  l'instruction, 
c'est  mettre  la  destinée  de  leur  fils  à  l'a- 
bri des  vicissitudes  sociales,  c'est  leur  assu- 
rer infailliblement  un  honorable  moyen  de 
pourvoir  aux  nécessités    de  leur  existence. 

Ils  se  trompent  ! 

L'enseignement  des  écoles  primaires  est 
encore  trop  imparfait  pour  atteindre  ce 
but,  et  l'enseignement  des  collèges  ferme 
aux  jeunes  générations  plus  de  carrières  qu'il 
ne  peut  lui  en  ouvrir; 

Ainsi,  pour  l'accès  qu'il  donne  à  la  jeu- 
nesse parmi  trois  ou  quatre  professions 
obstruées,  il  l'éloigné  de  tous  les  arts  ma- 
nuels, qui,  pour  devenir  plus  lucratifs  et 
moins  pénibles,  n'attendent,  de  la  part  de 
ceuj  qui  les  exercent,  que  des  connaissan- 
ces qui  leur  soient  judicieusement  appro- 
priées. 

Ce  que,  dans  tontes  les  conditions  so- 
ciales ,  il  importerait  de  savoir  parfaite- 
ment, e?t  précisément  ce  que  les  collèges 
négligent  d'enseigner. 

Voyez,  après  cinq  années  d'études,  s'ou- 
vrir les  portes  d'un  collège  communal  ;  —sui- 
vez le  flot  desjeunes  gens  qui  le  quittent;— ils 
sont  pleins  de  confiance  dans  l'instruction 
qu'ils  eut  acquise,  et  c'est  luie  exception 


lorsqu'ils  savent  parler  correctement  leur 
langue  maternelle  ;  —leur  écriture  est  infor- 
me et  illisible,  —aucun  d'eux  ne  serait  en 
état  de  soumettre  la  fortune  ou  l'industrie 
de  sa  famille  à  l'ordre  et  aux  formes  d'une 
comptabilité  régulière... 

Ceux-ci,  dont  les  parens  peuvent  conti- 
nuerl'instruction  universitaire, — et  relative- 
ment c'est  le  très-petit  nombre,— s'éloignent 
de  leurs  familles  poursuivre  les  cours  d'une 
faculté  de  droit  ou  de  médecine.  Vingt  mille 
francs  et  dix  années  au  moins  d'études  :  tel 
est  le  prix  qu'auront  à  payer  les  plus  labo- 
rieux et  les  plus  économes  avant  d'avoir  mê- 
me mesuré  les  carrières  auxquelles  les  ad- 
met leur  diplôme. 

Ceux-là,  plus  pressés  de  retirer  le  pro- 
duit du  capital  consacré  à  leur  instruction, 
s'abusent  jusqu'à  supposer  qu'une  apostille, 
qu'une  pétition,  qu'un  voyage  leur  suffiront 
pour  obtenir  accès  dans  l'une  des  adminis- 
trations publiques. 

Plusieurs  années  s'écoulent  en  sollicita- 
tions et  en  démarches,  que  le  plus  souvent, 
leurs  vœux  ne  sont  pas  satisfaits  ,  et  que 
leurs  illusions  ne  sont  pas  encore  détrui- 
tes !  le  désespoir  les  saisit,  le  besoin  les 
presse,  il  leur  faut  enfin  changer  de  réso- 
lution! 

Oh  !  C'est  alors  seulement,  qu'entre  eux, 
plus  d'un  se  surprend  à  regretter  et  la  pro- 
fession de  son  père  avec  sa  clientclle,  et  les 
10,000  francs  consacrés  à  l'acquisition  d'une 
instruction  incomplète  et  impuissante... 

Que  feront-ils?..  La  possession  d'une  lan- 
gue morte  et  l'exercice  d'une  profession 
autre  que  celles  désignées  sous  le  nom  de 
libérales  paraissent  inconciliables  ...  Dans 
leur  esprit,  le  collège  et  l'atelier  s'excluent, 
et  au  fait ,  l'instruction  incomplète  qu'ils  ont 
reçue  n'a  jamais  été  pour  eux  ce  qu'elle  de- 
vrait toujours  être,  —  l'apprentissage  d'une 
profession. 

Après  avoir  abandonné  l'espoir  d'obtenir 
la  place  qu'ils  sollicitaient  dans  une  admi- 
nistration publique ,  ils  se  flattent  d'être 
plus  heureux  auprès  de  quelques  grandes 
administrations  privées  ;  ils  s'abusent  encore, 
toutes  les  places  y  sont  envahies  ;  long- 
temps ils  cherchent,— eufiniis  trouveiitaccèa 


10 

dans  une  maison  de  commerce  ;  la  mora- 
lité connue  de  leurs  familles,  est  une  con 
sidération  dignement  appréciée  ,  leur  avenir 
eniin  ne  va  plus  dépendre  que  de  la  con- 
fiance qu'ils  sauront  inspirer  par  leur  apti- 
tude et  leur  zèle...  Mais,  fatal  contre-temps, 
ils  ont  le  litre  de  bachelier  ès-letlres ,  et 
jamais  l'art  de  tenir  une  comptabilité  ne 
leur  acte  enseigné;  — trois  emplois  sont  va- 
cans ,  celui  de  dépositaire  de  la  caisse  so- 
ciale,  celui  de  chef  de  la  correspondance, 
celui  enfin  d'expéditionnaire  ;  —  ils  ne  sau- 
raient en  remplir  aucun  des  trois...  Dans  la 
composition  de  leurs  thèmes  latins  et  de 
leurs  versions  grecques ,  dans  leurs  illu- 
sions de  futurs  «  hommes  remarquables  ,  » 
ils  ont  négligé  d'apprendre  à  écrire  lisible- 
ment... Ils  ont  dédaigné  de  s'appliquer  au 
seul  art  qui  devait  un  jour  rendre  leur  ins- 
truction productive  ! 

Il  est  à  remarquer,  à  ce  propos,  que,  par 
suite  du  sot  préjugé  qui  s'est  attaché  à  l'art 
calligraphique  ,  —  en  raison  peut-être  de 
l'importance  de  mauvais  goût  qu'il  a  com- 
mencé par  se  donner,  —  les  jeunes  gens  les 
plus  heureusement  doués  de  la  faculté  dap- 
prendre  ,  sont  d'ordinaire  ceux  qui .  dar'S 
l'enfance,  se  sont  appliqués  à  écrire  le  plus 
imparfaitement,  il  en  résulte  par  suite 
qu'ils  sont  souvent  les  premières  victimes 
des  études  par  lesquelles  ils  se  sont  fait 
distinguer. 

L'art  matériel  de  bien  écrire  ,  dont  il  est 
fait  si  peu  d'estime  dans  les  collèges,  est , 
hors  de  là,  dans  toutes  les  transactions  de 
la  vie  d'autant  plus  apprécié ,  qu'en  France 
il  est  aussi  rare  qu'en  Angleterre  ,  en  Bel- 
gique ,  en  Hollande ,  il  est  général. 

Aussilorsque  beaucoup  d'hommes  instruits 
ne  peuvent  obtenir  le  plus  modeste  emploi, 
les  bons  expéditionnaires  sont-ils  générale- 
ment recherchés;  toutefois  peu  de  considé- 
ration leur  étant  accordée,  attendu  qu'ils 
sont  communément  dépourvus  d'éducation, 
d'instruction  et  d'intelligence,  il  arrive  qu'en 
méme-Icmps  qu'il  y  a  surabondance  de  jeu- 
nes gens  sans  emploi,  il  y  a  dans  le  commerce 
disette  d'auxiliaires  jeunes,  sûrs,  actifs,  ins- 
truits et  moraux,  en  état  de  dresser  un 
compte,  d'écrire  ou  de  transcrire  une  lettre, 
avec  la  correction  et  la  netteté  qui  attestent 
l'ordre  d'une  bonne  administration. 

L'art  d'administrer,  cependant  est  néces- 
saire dans  toutesles  conditions  sociales,  qu'on 
soit  appelé  à  régir  sa  fortune  ou  bien  à  la  faire, 
d'autre  part,  le  commerce  est,  de  toutes  les 
carrières  la  plus  vaste  et  celle  qui  présente  en 
France  le  plus  d'avenir,  il  embrasse  l'agri- 
cuUure  et  l'industrie,  il  lie  entre  eux  tous  les 


arts  manuels;  s'il  exige  de  la  part  de  ceux 
qui  s'y  destinent  beaucoup  de  qiialilés,  en 
refour  il  ne  leur  demande  qu'une  instruction 
peu  dispendieuse  à  acquérir. 

Si  nous  insistons  autant  sur  la  question  ma- 
térielle du  prix  que  coûte  l'instruction  des 
enfans,  c'est  que  son  importance  sociale  est 
plus  grande  qu'on  ne  le  suppose,  sous  l'em- 
pire des  dispositions  du  code  qui  régissent 
les  successions. 

En  résumé,  de  l'opinion  qui  précède,  tout 
système  d'enseignement  ne  méritera  de  noire 
part  le  nom  de  rationnel  et  de  progressif, 
qu'autant  que  nous  le  pourrons  dire  de  lui 
»  qu'il  est  un  placement  d'argent  solide  et 
»  productif  fait  par  les  parcns  sur  la  tète  de 
»  leurs  enfiuis.  » 

C'est  le  but  que  se  propose  le  nouveau  mo- 
de denseignenicnt  élémentaire  professionnel 
et  productif  que  nous  nous  empressons  de 
porter  à  la  connaissance  de  toutes  les  famil- 
les, dont  il  mérite  au  plus  haut  degré  l'attcn- 
tion  et  l'inlérét. 

Ce  mode  ingénieux,  simple  et  économique, 
auquel  a  été  donné  le  nom  àeP  olytechno- 
(j^raphie  ,  consiste,  par  une  heureuse  union 
des  sciences  et  des  arts,  à  faire  suivre  à  l'en- 
fant en  même  temps  qu'ilacquiert  de  bonne, 
heure  l'habitude  d'une  écriture  régulière  et 
pure,  un  cours  gradué  d'études  variées;  les 
méthodes  d'écritures  pratiquées  jusqu'à  ce 
jour,  ont  deux  graves  inconvéuiens  :  le  pre- 
mier, d'exciter  syns  nécessité,  chez  les  en- 
fans,  l'ennui  et  le  dégoût  qu'inspire  la  repro- 
duction Continue  de  mots  prives  de  sejis  et 
de  liaison;  le  second,  celui  denepiéscnier  à 
la  mémoire  que  des  phrases  tronquées  ,  si 
faciles  à  retenir  que,  pour  les  copier,  les  en- 
fans  ne  sont  pas  obligés  de  consulter  les  mo- 
dèles placés  sous  leurs  yeux. 

L'attention  des  enfiins  ne  s'obtient  qu'en 
captivant  leur  intelligence.  Ne  leur  demander 
qu'un  travail  purement  manuel,  c'est  vouloir 
qu'ils  fassent  machinalement  et  sans  applica- 
tion. Peut-être  est-ce  au  mode  radical  des  mé- 
thodes calligraphiques  qo  il  convient  d'attri- 
buer le  mépris  iïichcux  dans  lequel  est  lom- 
béc  la  pratique  de  ses  principes. 

C'est  en  cela  que  le  procédé  polytechnogra- 
phique  a  pu  être  considéré  comme  un  art 
tout  nouveau,  digne  d'un  brevet  d'invention; 
la  voie  qu'il  trace  est  assurément  neuve,  car 
elle  est  diamétralement  opposéeàcehe  frayée, 
et  suivie  jusqu'à  ce  jour. 

Par  ce  mode  ,  l'enfant  simultanément  ap- 
prend a  écrire  ,  acquiert  d'utiles  notions  sur 
les  arts  et  les  sciences,  se  forme  à  l'étude  de 
la  langue  française,  et  se  familiarise  avec  la 
pratique  du  dessin. 


Pour  50  former  une  idée  exscle  de  cette 
nouvelle  ruclliodc.il  suffitd'imagiiier  un  grand 
album  obloiig,  contenant  cent  vignettes  gra- 
vées sur'acicr  par  les  premiers  graveurs, aussi 
gracieuses ,  aussi  soignées  dans  leur  exécu- 
tion que  celles  des  plus  luxueux  ouvrages. 

Ces  vignettes  sont  placées  en  marge  du 
modèle  d'écriture,  et  se  raj)porlent  toujours 
aux  sujets  dont  il  contient  la  description  sur 
deux  grandes  pages. 

Ainsi  s'agit-il  d'un  trait  d'histoire?  la  gra- 
vure reproduit  le  lieu  de  la  scène  et  les 
personnages,  avec  les  costumes,  le  caractère 
et  les  motmmeiis  de  l'époque...  S'agit-il  d;*, 
la  vie  d'un  homme  utile?  en  regard  de  sa 
biographie  se  trouve  son  portrait.  S'agil-il 
d'arts  ?  ce  qui  peut  les  rendre  sensibles  à 
l'esprit  et  aux  yeux  est  doublement  repro- 
duit; ainsi  un  enfant  peut,  en  se  jouant,  se 
former  de  cette  façon  une  idée  exacte  de  la 
charrue,  de  la  machine  à  vapeur,  des  chemins 
de  fer,  de  la  boussole.  S'agit-il  de  sciences?  le 
zodiaque,  les  plantes,  les  trois  règnes  de  la 
nature,  dans  ce  qu'ils  ont  de  plus  utile  à  con- 
naître, sont  placés  sous  les  yeux  de  l'enfant 
pendant  qu'il  en  reproduit  les  descriptions. 

Chacun  des  cent  modèles  contient  ainsi 
un  sujet  et  un  dessin  dilïérens  auxquels  se 
rapporte  toujours  la  description  qui  sert 
d'exemple  d'écriture  ;  cette  description,  em- 
pruntée aux  sujets  les  plus  variés  des  scien- 
ces naturelles,  des  arts  utiles,  des  arts  d'a- 
grément, des  beaux-arts,  de  l'histoire ,  de 
la  géographie,  des  voyages  et  des  sciences 
morales,  est  toujours  à  la  fois  une  utile  notion 
acquise  et  une  excellente  leçon  de  modèle 
de  style,  d'ortographe,  d'écriture  et  de  dessin. 

Au  moyen  d'un  livret  spécial  à  ce  mode 
d'enseignement,  l'enfant,  lorsqu'il  a  terminé 
sa  copie,  est  interrogé  par  son  maître  ou  ses 
parens,  lesquels,  à  l'aide  de  ce  questionnaire, 
peuvent  ainsi  toujours  s'assurer  que  l'en- 
fant, en  même  temps  qu'il  a  exercé  sa  ma!n, 
a  exercé  sa  mémoire  et  son  iiitelligence. 

C'est,  sans  aucune  espèce  d'exagération, 
dans  les  termes  que  nous  exprimons,  la  con- 
viction dans  laquelle  nous  sommes  que  l'a- 
doption des  modèles  brevetés  au  sein  des 
familles,  des  écoles  primaires,  des  maisons 
d'éducation  et  des  collèges,  sera  la  plus  im- 
portante réforme  et  le  plus  utile  progrès  que 
puisse  recevoir  l'enseignement  : 

Ce  nouveau  mode  a  trois  avantages  capi- 
taux qui  le  recommandent  : 

1»  11  réduit  à  une  surveillance  facile  l'cdu- 
calion  n'.aternellc  et  familière; 

2°  li  améliore  et  complète  l'instruction 
primaire  des  écoles  communales  dans  ce 
qu'elle  avait  de  plus  imparfait- 


11 

"0  Enfin,  il  assure  à  l'instruction  classique 
un  moyen  d'être  au  besoin  utile  et  produc- 
tive, sinon  complètement  professionnelle;  ce 
dernier  résultat  ne  pourra  s'obtenir  que  par 
une  réorganisation  générale  des  maisons 
d'éducation  et  des  collèges  basée  sur  le  prin- 
cipe hiérarchique  et  progressif  de  la  spécia- 
lité des  études. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  éloge  d'un 
mode  d'enseignement  conforme  à  nos  idées, 
sans  nous  empresser  d'exprimer  la  vivo  sa- 
tisfaction que  nous  a  fait  éprouver,  en  le  vi- 
sitant, le  vaste  établissement  d'instruction 
publique,  fondé  à  Ménars  (près  de  Biais, 
Loir-et-Cher),  parle  prince  Joseph  de  Chi- 
may, sous  le  titre  de  Puytanée,  établissement 
qu'il  dirige  et  surveille  lui-même  ,  avec  un 
zèle  qui  communément  ne  se  puise  que  dans 
un  intérêt  de  spéculation. 

Un  plus  noble  usage  d'une  grande  fortune 
ne  saurait  être  fliil;  un  demi-million  a  été 
consacré  à  la  fondation  de  cette  utile  et  gran- 
de institution  qui  mérite  un  compte-rendu 
'spécial  que  nous  lui  consacrerons.  —  Qu'il 
noussuftise  de  dire  dans  cet  article,  que  l'ap- 
plication du  principe  de  la  spécialité  des  élu- 
des, en  raison  de  la  carrière  à  laquelle  les 
enfans  Sont  destinés  par  leurs  parens,  y  est 
judicieusement  observée;  que  toutes  les 
convenances  sociales  y  sont  ménagées,  en 
même  temps  qu'il  y  est  fait  la  plus  heureuse 
alliance  entre  trois  enseignemcns  qui,  par- 
tout ailleuvs,  s'étaient  jusque-là  toujours 
exclus  : 

I,e  premier,  l'enseignement  dniversi- 
TAiRE  comprenant  l'élude  des  lettres  et  celle 
des  langues  mortes,  indispensable  à  ceux 
qui  veulent  suivre  les  cours  des  facultés  de 
droit  et  de  médecine; 

Le  second,  l'enseignement  intermé- 
diaire, comprenant  l'étude  des  sciences  et 
celle  des  langues  vivantes  qu'il  convient  et 
qu'il  suffit  d'enseigner  aux  jeunes  gens  des- 
tinés à  l'administration  ,  au  commerce  ,  et 
enfin  à  celles  des  professions  qui  n'exigent 
pas  d'apprentisage  spècid; 

Le  troisième  ,  l'enseignement  primaire 
PROFESSIONNEL,  comprcuant  l'étude  théo- 
rique et  pratique  des  principaux  arts  et 
métiers. 

Cette  application  du  principe  de  la  divi- 
sion du  travail ,  faite  à  un  établissement 
d'instruction  publique,  est  une  innovation 
judicieuse;  entreprise  sur  une  aussi  grande 
échelle,  il  semblait  que  le  gouvernement 
seul  put  en  donner  l'exemple:  maintenant  ce 
qu'il  a  de  mieux  à  faire,  c'est  de  le  suivre. 

Dans  un  second  article,  nous  dirons  aux 
pères  de  familles  de  quel  intérêt  il  est  pour 


12 

la  santé,  l'éducation  et  l'instruction  de  leurs 
fils  que  nous  ayons,  en  revenant  du  dépar- 
leinent  de  la  Creuse  ,  visité  le  prvtaxée  de 
Mknabs.  Emile  de  Gikardin. 

De  certaines  substitutions  permises  aux 
pères  et  mères. 

Lé  Code  civil  contient  des  dispositions 
qui  ne  sont  ignorées  de  personne,  lorsqu'elles 
règlent  d'une  manière  générale  et  uniforme 
les  droits  des  citoyens;  mais  il  en  est  d'ex- 
ccplionncUcs  qui,  par  cela  seul,  sont  moins 
bien  sues  quoique  aussi  importantes  :  telles 
sont  les  dispositions  permises  au  donateur 
ou  testateur  en  faveur  de  ses  pelils-enfans 
ou  des  enCins  de  ses  frères  et  sœurs. 

Il  n'est  aucun  chef  de  famille  qui  ne  soit 
instruit  du  droit  que  lui  confère  la  loi  de 
priver  ses  enfans  ingrats  ou  dissipateurs  de 
la  moitié  de  ses  biens ,  lorsqu'il  ne  laisse  à 
son  décès  qu'un  seul  enfant  légitime ,  du 
tiers  s'il  cm  laisse  deux  ,  et  du  quart  s'il  eu 
laisse  trois  ou  un  plus  grand  nombre  (art. 
910C.C.);  mais  beaucoup  usent  de  ce  droit 
pour  donner  gratuitement  à  des  étrangers 
la  quotité  disponible,  et  punir  à  tort  et  irré- 
vocablement leur  postérité,  qui  est  inno- 
cente des  fautes  de  ses  auteurs. 

J.e  donateur  ou  le  testateur,  qui  méccn- 
nait  ainsi  les  oblig;itions  que  lui  impose  la 
nature  ,  soit  pour  punir,  soit  pour  éviter  que 
ses  biens  soient  dissipés  sans  être  transmis 
à  ses  descendans,  atteint  sans  doute  le  pre- 
mier de  ces  buts,  mais  ne  remédie  point  au 
second,  le  plus  important  et  le  plus  juste 
peut-être. 

Et,  dans  sa  sévérité,  il  ignore  le  plus  sou- 
vent que  la  même  loi  qui  donne  le  châtiment 
en  arrête  kes  conséquences,  et  qu'en  accor- 
dant le  droit  de  priver  des  enfans  d'une  part 
de  biens,  elle  offre  un  moyen  de  la  faire  par- 
venir à  des  petits-enfans. 

Le  même  droit  à  l'égard  de  ses  frères  et 
sœurs  ,  et  la  même  faveur  à  l'égard  de  ses 
neveux,  à  qui  il  porte  ordinairement  l'affoc- 
tion  d'un  père,  ont  été  accordés  à  l'oncle 
l;)rsqu'il  n'a  pas  de  postérité. 

Les  pères  et  mères  qui  veulent  priver 
leurs  enfaiié  de  la  portion  de  leurs  biens 
dont  ils  peuvent  disposer  ,  c'est-à-dire  de  la 
moitié,  du  tiers  ou  du  quart,  selon  qu'ils  lais- 
sent, à  leur  décès,  un,  deux  ou  trois  enfans 
légitimes, peuvent,  par  actes  entre  vifs  ou 
testamentaires,  donner  cette  portion  à  un  ou 
plusieurs  de  leurs  enfans ,  mais  en  insérant 
la  charge  de  rendre  ces  biens  aux  enfans 
nés  ou  à  naître,  au  premier  degré  seule- 
ment, desdils  donataires  (art.  lOiSC.C). 
De  même  aussi  sera  valable,  en  cas  de 


mort  sans  enfans,  la  disposition  que  le  dé-> 
funt  aura  faite,  par  actes  entre  vifs  ou  testa  « 
mentaires ,  au  profit  d'un  ou  plusieurs  de 
ses  frères  ou  sœurs ,  de  tout  ou  partie  des 
biens  qui  ne  sont  point  réservés  par  la  loi 
dans  sa  succession,  avec  la  charge  de  rendre 
ces  biens  aux  enfans  nés  et  à  naître  ,  au  pre- 
mier degré  seulement ,  desdits  frères  ou 
sœurs  donataires  (art.  10-49  C.C). 

Ces  dispositions  ne  peuvent  être  valables 
qu'autant  que  la  charge  de  restitution  sera 
au  profit  de  tous  les  enfans  nés  ou  à  naître 
du  grevé ,  sans  exception ,  ni  préférence 
d'âge  ou  de  sexe  ;  cependant  il  n'est  pas  ab- 
solument nécessaire  que  la-charge  de  rendre 
soit  au  profit  de  tous  les  enfans  nés  et  à 
naître;  il  suffit,  pour  la  validité  de  la  substi- 
tution, que  des  termes  du  testament  on  puisse 
induire  que  telle  a  été  l'intention  du  testa- 
teur ;  il  n'est  pas  non  plus  nécessaire  pour 
la  validité  de  la  disposition  qu'à  l'époque  où 
elle  a  été  faite  ,  un  enfant  soit  né  ou  grevé. 

Les  dispositions  ci-dessus,  qui  sont  de  vé- 
ritables substitutions,  sont  permises  à  la  rè- 
gle générale  tracée  par  l'art.  89G  du  C.  C, 
aussi  faut-il  bien  se  garder  d'y  introduire  des 
nuances  étrangères  qui  leur  donneraient  le 
caractère  prohibé  des  substitutions  et  les 
feraient  ainmler;  telle  serait  la  disposition 
que  ferait  une  persoime  qui  n'a  pas  de  des- 
cendans de  tout  ou  partie  de  ses  biens  ,  au 
profit  de  l'un  de  ses  frères ,  à  la  charge  de 
rendre  les  biens  donnés,  mokié  à  ses  enfans, 
moitié  aux  enfans  d'un  autre  frère.  Le  vice 
résultant  de  la  substitution  partiellement 
faite  au  profit  des  neveux,  infecterait, d'après 
l'art.  89li  du  Code  civil,  non-seulement  l'iti- 
stitution,  mais  encore  la  substitution  partiel- 
lement faite  au  profit  des  enfans ,  quoique 
valable  en  elle. 

Même  aux  termes  de  l'article  1049. 

La  loi  accorde  aux  pères ,  mères  ou  on- 
cles qui  (ont  les  dispositions  ci-dessus,  de 
compléter  leur  bienfait  en  nonnnant  par  le 
même  acte  ,  ou  par  un  acte  pustérieur,  en 
forme  authentique  ,  un  tuteur  chargé  de 
l'exécution  de  ces  dispositions;  à  défaut  de 
cette  nomination ,  il  en  est  nommé  un  dans 
la  forme  ordinaire  à  la  diligence  du  grevé 
ou  de  son  tuteur,  s'il  est  lui-même  mineur. 
Mais  l'exercice  du  droit  ci-dessus  est  plus 
sage  et  conforme  à  la  prudence  des  pre- 
mières précautions  qui  n'auraient  aucune 
efficacité,  si  le  grevé  déterminait  la  nomina- 
tion d'un  tuteur  qu'il  pourrait  diriger,  et 
dont  la  position  rendrait  illusoire  la  respon- 
sabiUté  personnelle  imposée  par  la  loi. 

Il  est  encore  un  point  qui  doit  fixer  l'at 
tenlion,  si  l'on  veut  mettre  à  l'abri  de  toutei 


chances  la  portion  de  biens  Ir.msniise  ;  le 
grevé  doit,  dans  le  délai  de  six  mois ,  à 
compter  du  jour  de  la  clôture  de  ''inven- 
taire, faire  emploi  des  deniers  comptans,  de 
ceux  provenant  du  prix  des  meubles  et  ef- 
fets actifs,  tels  que  billets  à  ordre  ,  recon- 
naissances; et,  dans  le  délai  de  trois  mois 
après  leur  réception,  des  effets  actifs  recou- 
vrés et  des  rentes  remboursées;  cet  emploi 
ne  peut  être  fait,  aux  termes  de  la  loi,  qu'en 
immeubles  ,  qui  offrent  toujours  une  plus 
grande  sécurité  ,  ou  en  prêt ,  en  assurant 
leur  remboursement  par  des  privilèges  ou 
hypothèques  sur  des  immeubles ,  pourvu 
toutefois  qu'aucun  privilège  ou  aucune  hy- 
pothèque antérieure  ne  passe  avant  cette 
créance  et  n'en  diminue  la  sûreté  ;  mais  cet 
emploi  peut  être,  à  l'avance  déterminé  et 
ordonné  par  l'auteur  de  la  disposition  et  sa 
volonté  doit  être  religieusement  exécutée; 
c'est  encore  là  une  sage  mesure  pour  en- 
chaîner la  conduite  d'un  tuteur  imprudent  ou 
rendre  facile  la  tâche  du  tuteur  de  son  choix. 

Après  avoir  parlé  des  avantages  qui  peu- 
vent être  faits  parle  donateur  ou  le  testateur, 
et  des  principaux  moyens  protecteurs  qu'il 
peut  employer  pour  qu'ils  soient  transmis 
intacts,  un  mot  sur  l'époque  à  laquelle  doivent 
être  rendus  les  biens  grevés  de  restitution. 

Les  appelés  sont  propriétaires  des  biens 
grevés  de  restitution  à  l'instant  où ,  par 
quelque  cause  que  ce  soit,  la  jouissance  de 
lenfant,  du  frère  ou  de  la  sœur,  grevés, 
cesse;  cet  instant  est  déterminé  par  la  mort 
naturelle  ou  par  la  mort  civile  du  grevé ,  par 
l'abandon  anticipé  de  sa  jouissance  au  pro- 
fit des  appelés  ou  l'abus  qu'il  fait  de  cette 
jouissance,  enûn  par  l'arrivée  du  terme  fixé 
ou  l'accomplissement  de  la  condition  sous  la- 
quelle la  disposition  était  faite. 

outefois,  il  est  important  de  remarquer 
qu'après  l'époque  qui  opère  la  transmission 
(les  biens  entre  les  mains  des  appelés  ,  l'ac- 
quisition n'en  est  point  définitive  ,  et  que  , 
s'il  survient  encore  des  enfans  au  grevé , 
leurs  droits  ne  seront  pas  perdus  et  ils  pour- 
ront réclamer  de  leur  frère  leur  part  dans 
les  biens  qui  ne  peuvent  et  ne  doivent  être 
donnés  qu'au  profit  de  tous  les  enfans  nés  et 
à  naître. 

Le  législateur  a  mis  l'a  dernière  main  à 
cette  matière  dans  de  prévoyantes  disposi- 
tions qui  peuvent  être  consultées  ou  expli- 
quées ;  le  rôdactenr  de  cet  article  ne  s'est 
imposé  que  la  lâche  d'indiquer  une  route 
peu  battue  qui  concilie  la  sévérité  avec  la 
morale  et  la  ju'^lice,  il  croira  l'avoir  remplie 
si  cette  route  est  fréquentée. 

Payot. 


Soins  à- prendre  des  rhumes. 

Le  rhume  proprement  dit  mérite  à  peine 
le  nom  d'indisposition  :  il  ne  cause  ordinai- 
rement aucune  fièvre,  et  n'exige  ni  un  ré- 
gime rigoureux  ni  un  traitement  véritable. 
Il  offre  seulement  d'assez  grands  inconvé- 
niens  pour  ceux,  qui  ,  par  état  ,  sont  appe- 
lés à  parler  ou  à  chanter  en  public  :  il  pro- 
duit presque  toujours  de  l'enrouement  ou 
même  l'aphonie.  Il  importe  donc  d'en  pro- 
curer promptement  la  guérison,  surtout 
chez  les  personnes  qui  ont  la  poitrine  faible 
ou  qui  porte  des  tubercules.  Que  de  phthi- 
sies  mortelles  ont  eu  pour  cause  des  rhumes 
qu'on  regardait  d'abord  comme  insigni- 
fians  ! 

Ne  pas  parler,  éviter  le  froid  et  l'humidité, 
faire  usage  de  boissons  muciiagineuses  tiè- 
des  et  sucrées  ,  préférer  à  tout  le  reste 
une  infusion  de  bourrache  ou  de  capillaire, 
une  décoction  de  dattes  ou  de  jujubes , 
boissons  qu'on  peU  couper  avec  du  lait 
et  qu'il  est  bon  d'édulcorer  avec  le  sirop 
de  gomme  ou  de  guimauve  ;  voilà  quels 
sont  les  moyens  qui  réussissent  le  mieux 
et  qui  suffisent  presque  toujours. 

Les  infusions  de  bourrache  ,  de  sureau 
ou  de  violettes  sont  préférables  à  tout  le 
reste,  à  raison  de  la  transpiration  abon- 
dante qu'elles  ont  coutume  de  procurer  aux 
enrhumés.  Mais  pour  en  obtenir  plus  sûre- 
ment cet  effet,  il  faut  avoir  soin  de  les 
prendre  le  soir,  long-temps  après  avoir 
mangé ,  et  assez  chaLdes  pour  qu'elles 
excitent  aussitôt  la  sueur,  résultat  qu'on 
devra  encore  favoriser  en  couchant  aussitôt  le 
malade  dans  unlitbienchaud  et  bien  couvert. 
Ce  cas  est  un  de  ceux  où  les  malades  doi- 
vent peu  craindre  de  boire  abondanmient. 

Mais  si  le  rhume  va  jusqu'à  la  fièvre, 
s'il  y  a  pesanteur  de  tête,  toux  violente  et 
vives  pulsations,  chaleur  brûlante,  soif,  op- 
pression ;  si  le  malade  ne  crache  pas  ou 
crache  du  sang,  alors  il  faut  recourir  aux 
saignées  ,  à  une  diète  sévère,  aux  boissons 
douces,  peu  chaudes  et  peu  chargées,  aux 
loochs  huileux  et  quelquefois  même  à  l'o- 
pium. 

Le  rhume  menace-t-il  de  persévérer  sous 
forme  chronique  ;  il  faut  alors  employer 
les  vésicatoires  sur  la  poitrine  ,  ou  les  fric- 
tions au  moyen  de  la  pommade  émétisée. 
Celle  pommade  a  pour  effet  de  susciter 
l'éruption  de  larges  boutons  assez  ressem- 
blans  à  ceux  de  la  vaccine.  Quelquefois 
alors  les  pastilles  de  lychcn,  de  soufre  ou 
d'ipécacuanha  produisent  de  bons  effets; 
d'autres  fois  il  faut  réitérer  les  vésicatoires. 


u 

recoOrir  aux  eaax  sulfureuses  ou  à  l'eau  de 
goudron,  ou  se  résigner  aux  caulères  ou 
aux  sétons.  Les  gilets  de  flanelle,  les 
emplâtres  de  poix  de  Bourgogne,  l'air  du 
midi,  l'infusion  de  lychen,  l'eau  de  Bonnes 
et  le  vin  de  Bordeaux  ont  guéri  beaucoup 
de  rhumes  chroniques  qu'on  regardait  com- 
me incurables  ;  tandis  que  l'usage  trop  réi- 
téré des  adoucissans,  etla  prolongation  d'une 
diète  sévère  et  du  lait  ont,  au  contraire, 
occasioné  beaucoup  de  phlhisies  raor- 
tellej. 

Les  convalescens,  les  personnes  pâles  et 
nerveuses  ,  les  scrophuleux  et  les  gens 
maigres,  sont  au  rang  de  ceux  qui  doivent 
le  plus  redouter  les  rhumes  chroniques  et  la 
phthisie ,  ce  sont  ceux  également  qui  doi- 
vent le  moins  insister  sur  les  boissons  adou- 
cissantes. 

Il  a  quelquefois  suffit  d'un  voyage  à 
Montpellier  ou  à  Marseille  et  d'un  régime 
succulent  piur  empêcher  le  retour  de 
rhumes  qui  revenaient  périodiquement  une 
ou  deux  fois  chaque  année.  Nous  pourrions 
citer  des  exemples  irrécusables.  D'un 
autre  côté,  on  a  vu  beaucoup  de  jeunes 
gens  qui  ne  sont  devenus  phlhisiqucs  que 
pour  avoir  trop  bu  de  lait,  trop  jeûné,  trop 
sué,  trop  veillé ,  ou  trop  usé  de  la  vie  ; 
or,  il  faut  bien  remarquer  que  la  vie  s'use 
aussi  vite  par  les  privations  que  par  les 
excès,  aussi  vite  par  les  plaisirs  que  parles 
déceptions  bu  les  chragrins.  La  toux  es- 
corte presque  constamment  les  passions  et 
les  maladies  des  femmes. 

Le  rhume  des  bronches  ou  la  bronchite 
a  presque  toujours  pour  cause  le  contact 
d'un  air  humide  et  froid,  le  froid  aux  pieds, 
un  simple  rhume  négligé,  et  quelquefois 
des  tubercules  pulmonaires  ou  la  phthi- 
sie. 

D'autrefois  la  bronchite  provient  des  corps 
pulvérulens  dont  est  chargé  l'air  qu'on  res- 
pire, «1  alors  la  maladie  est  moins  intense 
et  plus  facile  à  maîtriser. 

Il  n'est  pas  rare  qu'à  la  suite  de  discours 
faligans  ou  de  chants  réitérés,  après  une 
course  à  cheval  par  un  temps  froid ,  et 
souvent  après  des  cris  ou  des  efforts 
prolongés ,  il  n'est  pas  rare  que  le  la- 
rynx soit  le  siège  d'une  inflammation  lente 
et  chronique.  Cette  maladie  si  grave  li'est 
souvent  qu'un  symptôme  de  la  pulmonie, 
mais  elle  est  aussi  quelquefois  primitive  et 
sans  altération  des  poumons.  C'est  à  elle 
qu'on  a  donné  le  nom  de  phthisie  laryngée 
primitive  :  c'est  la  maladie  des  crieurs  pu- 
blics, des  avocats,  des  orateurs,  des  chan- 
teurs, etc.  ;  c'est  d'elle  que  mourut  M.  de 


Serre ,  ce  fat  elle  qui  força  Casimir  Périer 
à  garder  le  silence  pendant  quatre  ans ,  et 
M.  Vlllemain  à  interrompre  ses  improvisa- 
tions. 

Dans  cette  maladie  la  voix  est  altérée, 
souvent  douleureuse  ,  quelquefois  nulle  , 
quelques  effoctsqu'on  fasse  pour  se  faire  en- 
tendre. On  sent  une  douleur  vers  le  larynx, 
à  peu  près  au  niveau  de  la  pomme  d'Adam; 
la  toux  est  sèche,  laborieuse,  singulière,  et 
quelquefois  elle  donne  lieu  à  l'expectoration 
de  grumeaux  jaunâtres  et  à  de  petits  cra- 
chats noirs  ou  purulens.  Les  boissons  chau- 
des, surtout  le  lait  et  le  café,  excitent  beau- 
coup plus  de  toux  que  les  boissons  froides, 
l'étal  d'un  malade  a  été  souvent  très-amé- 
lioré  en  lui  conseillant  uniquement  de 
boire  et  de  manger  froid. 

Traitement  des  engelures. 

Les  engelures  ne  persistent  guère  après 
l'âge  de  la  puberté,  mais  le  prurit  opiniâ- 
tre qu'elles  occasionent  est  une  incommo- 
dité insurportable  contre  laquelle  on  a  con- 
seillé inutilement  bien  des  remèdes  de 
bonne  femme. 

Les  formules  suivantes  peuvent  être  em- 
ployées sans  aucun  danger;  leur  variété 
fournira  à  chacun  le  moyen  de  chosir  le 
remède  qui  s'accommodera  le  plus  à  sa 
constitution  propre  ;  mais,  et  ce  conseil  n'ad- 
met point  d'exception,  on  doit  éviter  avant 
tout  de  laveries  parties  affectées  d'engelures 
avec  de  l'eau  tiède,  de  faire  sur  elles  des 
applications  émollientes,  relâchantes,  et  de 
les  laisser  habituellement  couvertes  de  vè- 
temens  humides. 

Prenez  :  Baume  de  Fioravenli. . .  4  onces. 

Acide  muriatique 52  gouttes. 

Mêlez  pour  frictionner  matin  et  soir  les 
parties  malades, 

**■      Jj'o  2. 

Prenez  :  Alcool  vulnéraire.... .  2  onces. 
Hydriodate  de  potasse.  2  gros. 

iode 8  grains. 

Eau  distillée 7  onces. 

Mêlez,  filtrez.  Employez  comme  ci-des- 
sus. 

N"  5. 

Prenez  :  Eau  distillée 4  onces. 

Sous-acétate  de  plomb.  i|2  once. 
Alcool  de  mélisse  com- 
posé ....  » \\^  once. 

Même  usage. 

N»  4. 

Prenez  :  Eau  distillée 4  onces. 

Acide    muriatique    ou 


hydrochlorique.  <........: ....  1  once. 

Même  usage. 

N05. 

Prenez  :  Eau  distillée 4    onces, 

Muriate  d'ammonia- 
que   ll2  once. 

Alun  (  sulfate  d'alu- 
mine)      1  once. 

Alcool  de  romarin. .     3  gros. 
Même  usage. 

NO  6. 

Prenez:  £au-de-\ie  camphrée...  2  onces. 
Teinture  de  benjoin...   1  once. 

Mêlez.  On  enduit  avec  un  pinceau  ou  les 
barbes  d'une  plume  les  parties  tuméfiées 
par  les  engelures,  et  on  laisse  sécher. 

Ces  deux  préparations  employées  sé- 
parément ont  souvent  réussi. 

PATE  d'AMAKDES     composée  COMRE  LES 
ENGELCSES     NAISSANTES. 

Prenez:  Amandes  amères  mondées.  l|2  liv. 

Miel  pur 6  onc. 

Alcool   saturé  \ 

de  camphre.  L      j^ 
Faruiederaou- 1  ^         *■ 

tarde  noire. . } 

Alun   dissous\ 
dans  un  peu  i 

d'eau >  de  chaque ,  2  gros. 

Olibanenpou-  \ 

dre J 

Jaunes  d'œufs 

Faites  une  pâte  bien  homogène  (  bien  liée 
et  sans  grumeaux),  et  servez- vous -en 
comme  d'une  pâte  d'amandes  pour  laver , 
matin  et  soir,  les  mains  avec  de  l'eau  froide. 
Cette  pâte  est  excellente;  mais  elle  exige 
un  grand  soin  pour  sa  préparation. 

REMÈDE  COUTEE  LES  ENGELCBES  CLCÉBÉES. 

NO   1. 

Prenez  :  Miel  blanc.  \ 

Onguent    de  >  de  chaque,  quantité 

styrax j  suffisante. 

Mêlez  exactement  et  pansez  les  plaies 
avec»un  plumasseau  de  charpie-  enduit  de 
ce  mélange.  En  peu  de  jours  les  ulcérations 
sont  cicatrisées, 

No  2.    . 

Prenez  ;  Huile  d'aman-  ] 

des   douces,  [de  chaque  2  onces. 
Eaudechaux.) 

Teinture  d'iode 1  gros. 

Laudanum  de  Rousseau. .  2  gros. 
Mêlez.  On  panse  les  ulcérations  soir  et 
matin. 


Des  vins  st    des  liqueurs   spiritueuses  dans 
leurs  rapports  avec  la  santé. 

(Premier  Article.  1 

L'action  du  vin  sur  l'économie  humame 
dérive  principalement  de  la  plus  ou  moins 
grande  proportion  d'alcool  qu'il  contient.  A 
cet  égard ,  les  liqueurs  spiritueuses  diffè- 
rent entre  elles  considérablement,  comme 
•e  tableau  suivant  en  donne  la  preuve. 

Sttr  cent  parties,  le  viti, 

10  de  Lysa  contient 25,  41  d'alcool 

20  de  raisin  sec 2?;,  12 

ôo  de  Marsala 25,  09 

40  de  Madère 22,  IT 

50  d'Andalousie  Xérès..  19,  IT 

60  de  Ténériffe 19,  79 

70  des  Colures  contient.  19,  75 

8°  de   Lacryma-Chrisli..  19,  70 

9''  de   Constance  blanc.  19,  75 

100  id         rouge.  18,  92 

110  (je   Lisbonne 18,  94 

120  de  Malaga  (1666) 18,  94 

130  Buciilas 18,  49 

140  Madère   rouge 20,  35 

150  Muscat  du  Cap 18,  95 

160  Madère  du  Cap 20,  03 

iTo  Grappe 18^  11 

180  Calcavilla là,  65 

19°  Vidodia 19,  23 

200  Alba-flora 17,  26 

210  Makiga 17,  26 

220  Hermitage  blanc 17,  43 

230  Roussillon 18,  13 

240  Clairet  (1) 15,  52 

250  Malvoisie  de  Madère..  16,  40 

260  Lunel 15,  10 

270  Schiras 15,  S2 

280  Syracuse 23,  28' 

290  Sauterne 14,  22 

300  Bourgogne 14,  57 

310  du  Khin 12,  08 

320  de  Nice 14,  63';; 

330  Barsac 13,  8-6 

540      id.  vieux 13,  00 

350  Champagne 12,  61 

360  iiermilage  rouge 12.  32 

370  Grave 12,  80 

380  Frontignan 12,  79 

59°  Côte-Rotie 12,  32 

400  vin  de  groseilles 11,  81 

410  vin  d'oranges  fait  par 
un  fabricant  de  Lon- 
dres   11,  26 

420  Xokai 9,  88 

430  de  sureau 9,  87 

(1)  Probablement  le  vin  de  Bordeaux,  que  les 

Anglais  appellent  Clarec 


44°  cidre 9,  8" 

4o°  poiré 9,  87 

46°  hydromel 7,  52 

470  aile 6,  87 

48»  bière  forte 6,  80 

49°  porter  de  Londres....    4,  20 

50*  eau-de-vie iWiiw.;  5ô,  39 

510  rhum .ii!.. 53,  68 

52»  genièvre 51,  60 

530  wiskey 54,  32 

Ce  tableau,  que  l'on  doit  à  M.  Brande, 
célèbre  chimiste  anglais ,  fournit  l'une  des 
premières  bases  sur  lesquelles  on  doit  as- 
seoir l'action  existante  des  vins.  On  y  voit 
que  ce  liquide  varie  beaucoup  selon  les  di- 
vers pays  d'où  il  provient  ;  mais  il  varie  aussi 
infiniment  selon  làgc.  Un  vin  vieux  est  beau- 
coup plus  léger,  quel  que  soit  d'ailleurs  son 
terroir,  que  lorsqu'il  est  jeune.  Sous  ce  rap- 
port ,  la  différence  est  grande  entre  les  vins 
d'un  an  et  ceux  qui  ont,  comme  ont  dit, 
plusieurs  feuilles.  Mais  il  convient,  pour  l'ob- 
jet qui  nous  occupe,  d'entrer  dans  des  dé- 
tails plus  positifs  et  plus  circonstanciés. 

Le  vin  peuL-èlre  regardé  comme  un  com- 
posé d'alcooi,  de  matière  sucrée,  d'acide 
malique ,  d'acide  tartarique  ,  de  tartrale  aci- 
dulé de  potasse  ou  tarire  ,  d'acide  acétique, 
d'une  matière  colorante  extraclive  plus  ou 
moins  amèrc  et  en  partie  résineuse  ,  et  quel- 
quefois d'un  principe  aromatique  (1).  Ces  ma- 
tériaux, excepté  l'alcool,  se  trouvent  tout 
formés  dans  le  raisin  ;  cependant,  une  partie 
de  l'acide  acétique  se  forme  également  pen- 
dant la  fermentation.  La  matière  extraclive 
colorante  ne  se  rencontre  que  dans  les  vins 
rouges.  L'alcool  provient  de  la  décomposi- 
tion de  la  matière  sucrée  ;  mais  iil  reste  tou- 

(1)  Alcool,  esprit  devin  produit  parla  fermen- 
tation. C'esl  à  l'alcool  que  les  vins  doivent  leur 
force  et  Icir  propriété  enivrante. 

Matière  sucrée  ou  sucre.  Tous  les  fruits  con- 
tiennent une  matière  sucrée,  le  raisin  plus  que 
les  autres  ;  la  plus  grande  paille  se  délruil  dans 
la  fermentation  pour  produire  de  l'alcool  ;  les 
vins  dits  sucrés  en  conliennenl  beaucoup,  même 
après  avoir  fermculé. 

yicide  malique,  iic\<lc  de  la  pomme;  il  existe 
dans  le  raisin ,  dans  la  plupart  des  fruits,  et  on 
le  retrouve  dans  lé  vin. 

L'acide  lariarique  ou  tarlrique ,  et  sa  combi- 
naison avec  la  potasse  qui  l'orme  le  tartrale  acide 
de  potasse,  sont  des  sels  propres  au  raisin  et  à 
quelques  autres  fruits. 

Matière  colorante.  C'est  ce  qui  donne  la  cou- 
leur auv  vins  ,  elle  est  d'abord  bleue  et  devient 
rouge  par  son  contact  avec  les  acides  du  vin  ; 
elle  est  de  nature  résineuse,  se  dissout  à  l'aide 
de  l'alcool. 

Principe  aromatique.  C'est  le  bouquet  propre 
à  chaque  espèce  de  vin  .  les  chimistes  l'ont  con- 
sidéré comme  un  huile  volatile,  mais  ils  ne  l'ont 
point  isolé  jusqu'à  présent. 


jours,  ap  es  la  fermentation,  une  quantité 
variable  de  sucre  non  décomposé,  parce  que 
l'alcool,  une  fois  formé  e:<  certaines  propor- 
tions ,  s'oppose  à  la  fermentation.  La  quan- 
tité de  sucre  non  décomposée  est  d'autant 
plus  grande  dans  le  vin,  qu'il  y  en  avait  da- 
vantage en  dissolution  dans  le  moût.  Cepen- 
dant ,  les  raisins  donnent  en  général  un  vin 
d'autant  plus  alcoolique  qu'ils  sont  plus  su- 
crés ;  tels  sont  les  raisins  des  pays  méridio- 
naux. Lorsqu'on  veut  que  ces  vins  conser- 
vent, après  la  fermentation,  une  proportion 
assez  considérable  de  matière  sucrée  pour 
avoir, une  saveur  douce,  souvent  on  fait  éva- 
porer une  portion  du  moùl  jusqu'à  consis- 
tance sirupeuse  ,  et  on  la  mêle  avec  l'tiutre 
portion  avant  la  fermentation  :  c'esl  ainsi  que 
se  font  les  vins  de  Malaga  ,  de  Rota  et  tous 
les  vins  cuits. 

Quelquefois ,  outre  les  divers  matériaux 
dont  nous  venons  de  faire  mention  ,  les  vins 
contiennent  de  l'acide  carbonique  qui  les 
rend  mousseux;  c'cs-t  ce  qui  a  lieu  quand  on 
les  met  en  bouteille  avant  que  la  fermenta- 
tion soit  achevée. 

Les  vins  n'acquièrent  qu'au  bout  de  quel- 
que temps  toutes  les  qualités  dont  ils  sont 
susceptibles,  et  ils  finissent  ensuite  par  s'al- 
térer; ii  y  en  a,  et  ce  sont  les  plus  faibles, 
qui ,  au  bout  de  six  mois  ,  un  an,  ont  toute 
l'éjiergic  qu'ils  doivent  avoir;  mais  il  en  est 
d'autres  qui  continuent  à  se  bonifier  pendant 
un  grand  nombre  d'années  :  cette  propriété 
se  remarque  dans  les  vins  qui  soiit  riches  en 
mucoso-sucré  [l],  ou  en  matière  extraclive, 
OM  en  tartre.  En  effet ,  le  sucre  qui  a  échappé 
à  la  première  fermentation  en  éprouve  une 
seconde,  qui  se  fait  lentement,  et  le  con- 
vertit peu  à  peu  en  alcool;  à  mesure  que  la 
proportion  de  l'alcool  augmente  ,  le  tartre  , 
ou  tartrale  acidulé  de  potasse,  n'étant  pas  so- 
lublc  dans  ce  liquide  ,  se  précipite,  et,  en  se 
précipitant ,  il  entraine  une  partie  de  la  ma- 
tière colorante  extraclive.  Voilà  pourquoi  les 
vins  rouges ,  en  vieillissant,  deviennent  moins 
amers ,  moint  acides  et  plus  chauds  :  c'est 
parce  q-ue  le  tartre  n'est  pas  soluble  dans  l'al- 
cool ,  que  les  vins  généreux  en  contiennent 
très-peu  :  tels  sont  les  vins  d'Espagne,  qui 
ont  l'avantage  de  se  conserver  très  long-temps. 


(1)  Mucoso-sucré.  C'est  la  matière  muqueuse 
unie  au  sucre.  Celle  matière  muqueuse  résulte 
di's  débris  membraneux  des  cellules  dans  les- 
quelles le  jus  de  raisin  se  trouve  enfermé  et  d'où 
on  rexlr.iit  par  l'écrasement.  Klle  joue  le  prin- 
cii)al  rôle  dans  la  fermentation  qu'elle  déter- 
mine, cl  c'esl  à  SCS  dépens  connue  aux  dépens 
du  sucre  ,  que  l'alcool  se  trouve  formé.  C'est 
peul-élre  à  l'excès  du  mucoso-sucré  que  certains 
vins  doivent  défiler. 


17 


RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 


Z.  Agpriculture.  —  II.  Arts  libéraux.  —  IH.  Commerce. 


Cncbe  (fabrique  d')  :  Encre  de  Chine. 

M.  Stanislas  Jullien ,  professeur  de  lan- 
gue chinoise  au  collège  de  France  ,  vient 
de  traduire,  d'une  Encyclopédie  chinoise 
des  arts  et  métiers,  conservée  à  la  biblio- 
thèque royale ,  un  article  relatif  à  la  fabri- 
cation de  l'encre  de  Chine  dont  on  ignorait 
jusqu'ici  la  composition ,  et  qu'on  cro-yait 
être  fabriquée  avec  la  liqueur  noire  du  poulpe 
ou  de  la  sèche.  Toute  espèce  d'encre,  dit 
cette  encyclopédie ,  se  fait  avec  du  noir  de 
fumée  épaissi  et  moulé  en  forme  de  pains. 
La  dixième  partie  de  l'encre  fabriquée  en 
Chine  se  fart  avec  du  noir  de  fumée  d'huile 
de  tong  (  Bigonia  iomentosa) ,  d'huile  pure 
et  de  graisse  de  porc.  Les  neuf-dixièmes 
de  l'encre  de  Chine  se  font  avec  du  noîr 
de  fumée  de  l'arbre  song  (  Pin  Silvestre , 
Finiis  silvestris  ).  Qu'on  brûle  de  l'huile 
pour  en  obtenir  du  noir  de  fumée  ,  elle 
donne  par  livre  environ  une  once  de  noir 
de  fumée  de  première  qualité.  On  la  recueille 
à  mesure  qu'elle  se  forme.  Une  personne 
vive  et  adroite  peut  faire  le  service  de  200 
lampes.  Si  on  recueille  le  noir  avec  trop  de 
lenteur,  il  se  calcine  et  on  perd  à  la  fois 
l'huile  et  le  noir  qu'on  voulait  en  obtenir. 
Voici  comment  se  fait  l'encre  ordinaire  avec 
du  noir  de  fumée  de  pin.  On  commence  par 
dépouiller  le  pin  de  toute  sa  résine ,  ensuite 
on  abat  l'arbre.  S'il  restait  la  plus  légère 
partie  de  résine ,  l'encre  faite  avec  le  noir 
de  fumée  de  ce  bois  ne  pourrait  se  dissou- 
dre parfaitement  dans  l'eau  et  encrasserait 
le  pinceau.  Lorsqu'on  veut  dépouiller  un 
pin  de  sa  résine  ,  on  pratique  un  trou  con- 
cave au  pied  de  l'arbre ,  et  on  y  place  une 
lampe.  Le  bois  s'échauffe  peu-à-peu ,  et 
bientôt  tout  le  suc  de  l'arbre  découle  par  la 
saignée  qu'on  a  faite.  Les  morceaux  de  pin 
que  l'on  brûle  pour  en  obtenir  du  noir  de 
fiimée  doivent  être  minces  et  avoir  environ 
un  pied  de  long.  Le  lieu  destiné  à  recevoir 
le  noir  de  fumée  est  une  longue  cage  en  bam- 
bous tressés  ;  elle  a  100  pieds  de  long.  On 
la  revêt  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur  de  pa- 
pier collé.  Ce  travail  terminé ,  on  pratique 
plusieurs  cloisons  percées  de  petits  trous 
pour  donner  passage  à  la  fumée.  On  garnit 
le  sol  de  terre  et  de  briques,  et  après  avoir 


achevé  le  conduit  qui  doit  faire  arriver  la  fu- 
mée jusqu'à  la  dernière  cloison  ,  on  brûle  à 
l'entrée  des  morceaux  de  pin  pendant  plu- 
sieurs jours.  Quand  le  feu  est  éteint,  on  en- 
tre dans  la  cage  pour  recueillir  le  noir.  Le 
noir  de  fumée  qui  s'attache  aux  parois  de 
la  première  et  de  la  seconde  cloison ,  en 
commençant  par  la  fin ,  est  le  plus  léger  et 
le  plus  délié  :  il  sert  à  faire  la  meilleure  en- 
cre de  noir  de  fumée  de  pin.  Le  noir  de  la 
cloison  du  milieu  est  très-épais  ;  on  l'em- 
ploie à  fabriquer  de  l'encre  commune.  Quant 
à  celui  de  la  première  et  de  la  seconde  cloi- 
son ,  en  partant  de  l'entrée,  on  en  fait  du 
noir  pour  les  imprimeurs.  Pour  juger  de  la 
qualité  de  l'encre  faite  avec  du  noir  de  fu- 
mée de  pin ,  il  suftit  de  la  laisser  tremper 
dans  l'eau  pendant  quelque  temps  ;  elle  est 
médiocre  si  elle  surnage  ,  eVe  est  d'autant 
meilleure  qu'elle  s'enfonce  davantage  dans 
l'eau.  Lorsque  l'encre  a  été  liée  avec  de  la 
colle  animale  ,  et  qu'elle  est  suffisamment 
sèche,  on  en  casse  un  bâton  avec  un  mar- 
teau, et  l'on  juge  de  son  degré  de  dureté  , 
selon  qu'elle  se  divise  en  plus  ou  moins  de 
morceaux.  Il  y  a  des  personnes  qui  dorent 
l'encre  et  y  mêlent  du  musc  ;  mais  cette  ad- 
dition ,  qui  dépend  de  la  volonté  du  fabri- 
cant, n'ajoute  rien  à  la  qualité  de  l'encre. 

Forges  (  maîtres  de  )  :  Be  la  production   du 
fer  en  France. 

De  toutes  les  industries,  celle  des  fers  oc- 
cupe le  premier  rang  ajuste  titre;  aussi 
toutes  les  questions  qui  se  rattachent  à 
cetie  exploitation  soulèvent-elles  des  intérêts 
nombreux.  Les  uns,  guidés  par  cette  idée  que 
le  commerce  doit  être  libre  entre  tous  les 
peuples, voudraient queles  fers  nous  arrivas- 
sent des  pays  étrangers  sans  droit  aucun  ;  les 
autres ,  ceux  qui  ne  jugent  que  par  esprit  de 
localité ,  demandent  le  maintien  d'un  droit 
protecteur  qui,  en  définitive,  tourne  à  leur 
avantage.  Ces  deux  questions  résolues  affir- 
mativement d'une  manière  absolue  auraient 
de  graves  inconvcniens;  quelques  notions 
générales  sur  l'exploitation  de  ce  minerai 
vont  vous  le  prouver. 

La  consommation  de  la  France  est  dans 
les  proportions  suivantes 


18 

0  Fers  ordinaires  laminés  qui  sont  spo- 
cialemenl  consacrés  auxbâtimeiis,  à  la  grosse 
serrurerie,  et  fabriqués  avec  des  fontes  au 
bois  et  à  la  houille  'et  affinés  à  la  houille. 
45,000  tonnes  n»  i . 

2o  Fers  laminés  fins 
et  demi-fins  pour  la 
serrurerie,  la  chau- 
dronnerie, le  charro- 
nage,  la  corderie,  les 
tôles  communes ,  la 
clouterie r,M,000      id.    n»   2. 

50  Fers  entièrement 
fabriqués  en  bois,  qui 
se  divisent  en  fers  à 
grains  ou  durs,  à  neuf 
ou  très-doux  et  très- 
iTialléables,  employés 
dans  l'agriculture,  les 
arsenaux  de  la  marine 
et  de  l'artillerie,  dans 
le  carrossage,  les  acié- 
ries, les  Iréfileries  , 
dans  h  fabrication  des 
tôles  fines,  ferblancs, 
feuillards 60,000      id.    n»  7,. 


Total 140,000  tonnels, 

auxquelles  il  faut 
en  ajouter  35  mille 
pour  fontes  montées 
en  première  et  deu- 
xième fusion. 

Le  prix  de  revient 
de  ces  différentes  pro- 
ductions est,  en  Fran- 
ce, de 65,550,000  fr. 

Si  l'approvisionne- 
ment avait  lieu  à  l'é- 
tranger, ces  mêmes 
fers  ne  reviendraient 
qu'à 50,550,000 

Différence  en  fa- 
veur de  l'étranger. . .     1 5,000,000 

A  ne  considérer  que  le  chiffre  ,  nul  doute 
qu'il  serait  avantageux  à  la  France  de  re- 
noncer à  s'approvisionner  de  fers  ,  puisqu'on 
définitive  il  y  aurait  économie  de  ~>o  p.  0[0 
entre  le  prix  d'achat  et  celui  de  revient. 

Mais  en  admettant  celte  hypothèse  ,  et 
encore  bien  que  nos  approvisionnemens  se 
fissent  simultanément  en  Kussic ,  en  Suède, 
et  en  Angleterre,  il  est  certain  que  bientôt 
l'élévation  du  prix  des  fers  étrangers  nous 
placerait  dans  une  position  aussi  défavora- 
ble que  celle  actuelle,  puisqu'alors  ce  serait 
forcément  que  nous  aurions  recours  ù  l'in- 
dustrie étrangère. 


Sons  ce  point  de  vue  déjà ,  il  est  facile  de 
voir  que  l'avantage  serait  précaire  et  d'une 
complète  éventualité. 

Si,  maintenant,  on  veut  s'arrêter  au  détri- 
ment que  cette  mesure  porterait  à  l'industrie 
française  ,  indépendamment  de  la  non  pro- 
duction des  i4o  milles  tonnes  de  fer  et  de 
fontes ,  on  arrive  à  ce  ré<?ultat  : 

Il  y  a  en  coupes  réglées  en  France  environ 
5,600,000  hectares  de  bois  à  450  f.,  ce  qui 
donne  un  totaUde  2,520,000,000  f.  Si  nos 
forges  étaient  anéanties ,  il  est  certain  que, 
sur  les  forêts ,  il  en  résdlterait  une  moins 
value  d'un  dixième,  ce  qui  porte  la  perte 
sur  cet  objet  à. . .  „ 252,000,000  f. 

Les  capitaux  immoblisés  en 
achat  de  terrain,  construc- 
tions ,  machmes  ,  voies  de 
communication,  peuvent  être 
portés  à  150  millions,  qui,  par 
suite  de  la  ruine  des  forges 
et  en  cas  de  vente,  se  trouve- 
raient réduits  ,  ainsi  que  des 
exemples  analogues  le  prou- 
vent,  à  environ  i|G,  soit  25 
millions ,  ce  qui  élève  la  perte 
sur  ces  capitaux  à 125,000,000 

Perte  sur  les  capitaux  enga- 
gés en  mobiliers ,  matières 
premières,  fers  invendus...     23,000,000 

Le  capital  composant  la  ri- 
chesse industrielle  de  la  Fran- 
ce serait  donc  dimiimé  de. . .  400,000,000 

L'industrie  des  forges  occupe  environ 
soixaiite  mille  familles  ;  on  peut  au  minimuni 
porter  leurs  dépenses  annuelles ,  résultant 
de  leur  emploi,  à  600  fr.  pour  chacune,  ce  qui 
fait  36  nn'llions  qui  sortent  de  la  consom- 
mation. S'il  est  permis  d'espérer  que  ces 
mêmes  ouvriers  trouveraient  ailleurs  à  s'oc- 
cuper, cependant  on  ne  peut  admettre  qu'un 
nombre  aussi  considérable  de  bras  puissent 
trouver  immédiatement  de  l'ouvrage,  et  alors 
il  est  facile  de  prévoir  quolles  seraient  les 
conséquences  de  cette  initiative  forcée,  chez 
des  individus  qui  travaillent  la  veille  pour 
assurer  leur  existence  du  lendemain. 

Il  y  aurait  donc  une  perte  pour  les  capi- 
talistes, pour  les  ouvriers  ,  pour  tous  les  in- 
térêts qui  se  rattachent  à  l'industrie  des  fers , 
si  nos  approvisionnemens  avaient  lieu  à  l'é- 
tranger pour  la consommatien annuelle  delà 
France. 

Quand  il  dépend  de  l'ouvrier  de  mieux 
faire  ;  quand  il  peut,  avec  de  la  persévérance 
et  de  ra|)titu(ie,  arriver  à  soutenir  une  con- 
currence rivale  et  étrangère,  il  peut  étr© 
d'une  bonne  politique  de  le  stimuler  par  la 


Crainte  de  se  voir  surpasser  par  ses  voisins  ; 
mais  il  n'en  saurait  cire  de  même  des  fers  ; 
il  ne  dépend  pj>s  eulièrement  do  l'ouvrier 
français  de  luUcr  avec  l'ouvrier  suédois  ou 
anglais;  l'avantage  qu'ont  ces  derniers  r-ésulle 
non  du  travail  plus  opiniâtre  ou  mieux  com- 
biné, mais  uniquement  des  ressources  na- 
turelles que  présente  le  pays.  Ainsi,  par 
exemple,  pense-t-onque  l'Angleterre,  sans 
ses  houillères  presque  inépuisables,,  eût  pu 
tirer  du  sol  tous  les  trésors  métalliques  qu'il 
renferme  ;  une  des  causes  principales  qui  ont 
contribué  aux  succès  des  manufactures  an- 
glaises est  l'abondance  des  matières  premiè- 
res. Que  les  mêmes  avantages  se  trouvent 
de  ce  coté  du  détroit ,  et  nous  n'aurons  rien 
à  envier  à  nos  voisins.  L'état  prospère  de 
l'industrie  anglaise  vient  de  ces  inachines  ; 
s'il  avait  fallu  que  les  Anglais  importassent 
lesmétauxavec  lesquels  elles  sont  fabriquées, 
ils  n'auraient  pu  acquérir  cette  supériorité 
qu'on  ne  peut  serapécher  de  leur  reconnaî- 
tre sur  ce  point. 

Or,  comme  il  est  impossible,  au  moins 
quanta  présent,  de  compenser  ces  avantages, 
on  ne  peut  donc  exiger  que  la  production 
française  soit  en  rapport  direct  avec  la  pro- 
duction anglaise.  C'est  dans  la  différence  for- 
cée qui  existe  dans  les  moyens  de  produire 
que  le  gouvernement  doit  chercher  une  li- 
mite ,  de  manière  à  ce  que ,  tout  en  tenant 
compte  de  ce  que  le  sol  nous  refuse  ,  nous 
soyons  placés  dans  la  même  position  que  les 
producteurs  anglais. 

Il  en  est  de  même  pour  les  autres  pays 
d'oii  nous  tirons  les  fers. 

Dans  les  contrées  septentrionales  de  son 
territoire ,  la  Russie  possède  d'immenses  fo- 
rêts, qui  ne  peuvent  être  utilisées  que  par  le 
travail  des  métaux.  Les  forges  russes  ont 
ainsi  leurs  combustibles  sans  concurrence  et 
au  plus  bas  prix  possible.  Les  mines  de  fer 
situées  près  de  leurs  forêts,  sont  d'une  pu- 
reté et  d'une  richesse  qui  ne  laissent  rien  à 
désirer.  Voilà  des  avantages  dus  à  la  nature, 
et  que  nous  ne  possédons  pas  ;  tous  les  ef- 
forts de  l'art  ne  pourraient  jamais  les  con- 
tre-balancer.  Si  l'on  considère,  en  outre,  les 
avantages  de  main  -  d'œuvre  que  la  ,Jlussie 
retire  de  l'état  de  servitude  où  se  trouve  la 
majeure  partie  de  la  population  ouvrière , 
le  peu  de  valeur  des  alimens  de  première 
nécessité,  on  comprendra  aisément  pourquoi 
les  prix  de  revient  sont  incomparablement 
plus  bas  dans  ces  contrées  qu'en  France. 

La  Suède  possède  à  peu  près  les  mêmes 
avantages  nativ  «^Is  que  la  Russie. 

Toutefois,  h  libre  concurrence  des  fers 
russes  et  suédois ,  tout  eu  portaut  un  grand 


19 

préjudice  à  notre  pays ,  n'animerait  pas  l'a- 
nùanlissenient  complet  ni  total  des  forges 
françaises,  parce  que  la  production  du  fer 
au  bois  ne  peut  dépasser  certaines  liuiites 
en  Suède  et  en  Russie,  et  que  l'clévalionde 
prix,  dans  le  cas  de  commandes  considéra- 
bles, permettrait  à  nos  maîtres  de  forges  de 
soutenir  la  lutte  ;  mais  il  n'en  serait  pas  de 
même  à  l'égard  de  l'Angleterre,  qui  pour- 
rait aujourd'hui  fournir,  à  bas  prix,  des  fers 
laminés  au  monde  entier.  En  1789,  elle  pro- 
duisait 70  mille  tonnes  de  fonte;  cette  pro- 
duction sest  élevée  à  24.';,0()0  tonnes  en 
180G;  à  740,000  en  182G;  elle  passe  900,000 
aujourd'hui.  A  mesure  que  la  production  sui- 
vait cette  progression  ascendante,  le  prix 
des  produits  marchait  en  sens  inverse.  Ainsi 
la  tonne  qui  coûtait  550  f.  en  1788,  ne  coû- 
tait plus  que  5C5  f.  en  1826;  en  1832  elle 
est  tombée  à  120  f. 

En  France,  la  production  du  fer  en  barres 
aétéde  74,000  tonnes,  en  1825  de  110,000, 
en  1828  de  140,000. 

Mais  il  est  une  considération  puissante  qui 
donune  la  question.  Nous  sommes  arrivés  à 
donner  aux  produits  de  nos  forges  une  qua- 
lité supérieure  à  ceux  qui  sortent  des  usi- 
nes les  mieux  perfectionnées  de  l'Angleterre. 
n  faut  s'en  remettre  au  temps  pour  com- 
penser par  ce  moyen  les  avantages  que  le 
sol  nous  refuse. 

Les  frais  de  transport  des  combustibles  et 
des  produits  obtenus,  entrent  pour  beaucoup 
dans  l'élévation  du  prix  de  revient.  Tandis 
que  le  maître  de  forge  français  ne  peut  pro- 
duire (avec  la  fonte  au  bois)  les  fers  laminés 
qu'avec  une  dépense  de  241  fr.,  le  maître  de 
forge  anglais  les  obtient  pour  121  fr.  Les 
droits  protecteurs  ne  sauraient  faire  dispa- 
raître cette  différence. 

Or,  l'établissement  des  chemins  qui  faci- 
literaient les  communications  entre  les  bas- 
sins houillcrs  et  les  centres  de  consomma- 
tion ,  amènerait  bientôt  une  diminution  dans 
les  frais,  dont  l'élé'vation  est  si  préjudiciable 
à  l'industrie.  Pourquoi  alors  ne  demande- 
rait-on pas  à  l'étranger  une  certaine  quan- 
tité de  fers  pour  l'établissement  de  ces  che- 
mins ,  en  limitant  cette  introduction  selon 
les  besoins  actuels?  Pourquoi  ne  pas  fixer 
le  droit  d'entrée  à  la  somme  qui  représente 
la  différence  du  prix  de  revient  entre  la 
France  et  l'étranger,  en  tenant  compte  des 
désavantages  du  sol  qui  existe  chez  nous? 
On  obtiendrait  aussi  facilement  la  parité  re- 
lative entre  la  France  et  l'Angleterre,  en 
encourageant  la  production  de  la  fonte  à  la 
houille,  afm  de  proscrire  en  grande  partie 
les  fontes  au  bois  de  la  fabrication  des  fers  la- 


mines.  Mais  ce  qui  serait  non  moins  impor- 
tant ,  c'est  un  régime  de  douanes  qui  (ixât 
pour  une  certaine  durée  le  sort  des  indus- 
tries. Les  capitalistes  craignent,  avec  raison, 
d'engager  des  fonds  dans  une  entreprise 
dont  la  perte  et  le  suecès  dépendent  d'une 
ordonnance  ministérielle  ;  il  faut  de  la  fixité 
dans  Fa  loi  pour  donner  de  la  sécurité,  et 
quand  l'industrie  peut  redouter  les  oscilla- 
tions des  ministères ,  tout  s'arrête  ou  dé- 
périt. Le  progrès  veut  de  la  sécurité,  et 
l'industrie  des  fers  est  celle  qui  en  a  le  moins 
et  qui  en  réclame  le  plus. 

Nous  avons  puisé  une  partie  des  faits  ci- 
dessus  dans  une  brochure  que  M.  Cabrol, 
ancien  élève  de  l'école  polytechnique  ,  a  pu- 
Dliée  sur  îe  tarif  à  l'entrée  en  France  des 
fontes  et  des  fers.  Il  est  impossible  de  mieux 
traiter  une  question  que  ne  l'a  fait  M.  Ca- 
brol à  l'égard  des  fers.  Tout  est  clair,  concis, 
parfaitement  bien  établi,  et  prouve  chez 
l'auteur  une  portée  de  vue  qui  fait  honneur 
à  son  patriotisme  et  à  ses  connaissances  pra- 
liques. 

HociLLEt   FRANÇAISES  :  Zjtat  de  leur   exploi- 
tation. 

Encore  bien  qu'il  soit  exploité  des  mines 
de  houille  dans  52  départemens  de  la  France, 
cette  industrie  n'a  cependant  pris  une  cer- 
taine activité  que  dans  ceux  de  la  Loire,  du 
Nord,  de  Saône-et-Loire  et  de  l'Avcyron, 
lesquels  donnent  environ  les  quatre-cinquiè- 
mes de  la  production  totale  du  pays.  Au  se- 
cond rang,  et  suivant  l'ordre  de  quantité  de 
houille  extraite  pendant  l'année  1835,  on  doit 
mettre  le  Gard,  le  Calvados,  la  Ilaute-Saùne, 
la  Haute-Loire,  le  Bas-Rhin,  le  Tarn,  et  la 
Loire-Inférieure.  Le  nombre  des  mines  de 
houille  s'élève  à  210;  la  quantité  extraite  à 
été,  en  1855,  de  15,741,500  quintaux  métri- 
ques valant,  sur  le  carreau  de  la  mine  , 
15,009,741  francs,  ce  qui  porte  le  terme 
moyen  à  96  centimes  le  quintal  métrique , 
ou  71  centimes  l'hectolitre.  Le  nombre  des 
ouvriers  employés  à  cette  exploitation  est  de 
14,125.  La  totalité  des  machines  employées 
à  cette  industrie  est  de  190,  qui  représentent 
une  force  de  4,165  chevaux. 

Résultat  du  droit  de  33  centimes  par  quin- 
tal sur  les  houilles. 

Le  droit  de  55  centimes  par  quintal  mé- 
trique, imposé  aux  houilles  de  la  Belgique, 
offre  les  résultats  suivans  dans  les  fabrica- 
tions où  ce  combustible  est  employé  en 
France,  comme  force  locomotive. 

Pour  une  machine  à  coton ,  de  la  force  de 
30  chevaux,  il  faut  par  heure,  iio  kilog.  de 


charûon.  La  journée  étant  de  15  heures,  en 
en  consomme  donc  1 450  kilog.  Celte  machine 
met  en  mouvement  18,000  broches  qui  pro- 
duisent 1 200  livres  de  coton  à  2  francs,  chaîne 
et  trame  le  produit  est  donc  de  2,400  f.  Le  droit 
est  de  4  f.  72  c.  c'est-à-dire  un  centime  pour 
vingt  aunes  de  calicot. 

Dans  une  huilerie  de  la  force  de  vingt  che 
vaux,  on  consomme  1500  kilog.  de  charbon 
de  terre,  dont  le  droit  est  de  4  f.  95  c.  Les 
produits  consistent  en 

58  hectolitres  d'huile,  à  77 f.  50     294S  f. 

5000  kilog.  de  tourteau,  à H      550 

Total 3495  f. 

Le  droit  est  de  1  f.  42  c.  par  mille  francs  de 
valeur  produite- 
Dans  une  sucrerie  où  l'on  consomme  65 
quintaux  métriques  de  houille,  le  produit  est 
de  15  mille  kilogrammes  de  sucre  blanc,  ver- 
geoise  et  mé'lasse,  d'une  valeur  totale  d'en- 
viron 22,000  francs  ;  le  droit  pèse  alors  de 
un  franc  par  mille  francs  de  production. 

Marins   :  Télégraphie  maritime. 

Les  difficultés  qui  ont  jusqu'ici  empêché 
l'adoption  d'une  langue  maritime  univer- 
selle, doivent  être  principalement  attribuées, 
d'afeord,  à  la  diversité  des  systèmes  de  si- 
gnaux en  usage  sur  les  bâtimens  de  toutes 
les  nations,  puis  à  la  dispendieuse  compli- 
cation des  systèmes  généraux  qui  ont  été 
proposés.  Un  autre  obstacle  qui  s'est  oppose 
à  l'adoption  d'un  système  de  signaux  uni- 
versels, c'est  que  les  auteurs  de  ceux  qui  ont 
été  jusqu'ici  proposés,  ont  négligé  de  les  pu- 
blier en  plusieurs  langues.  Cependant,  on 
sait  que  la  plupart  des  marins  du  midi  de 
l'Europe  ne  possèdent  que  rarement  d'au- 
tres langues  que  la  leur.  S'il  arrive  qu'on 
en  rencontre  quelques-uns  qui  parlent  l'an- 
glais, par  exemple,  comme  c'est  assez  com- 
mun parmi  les  marins  du  Nord,  leur  pronon- 
ciation est  si  défectueuse,  qu'on  a  de  la 
peine  aies  comprendre  quand  ils  hèlent,  il 
en  doit  résulter  de  graves  erreurs;  il  y  a  peu 
de  marins  qui  n'aient  eu  l'occasion  de  s'en 
convaincre. 

M.  Lovin-Ivergen  Rohde ,  capitaine  de 
vaisseau  au  service  du  roi  de  Danemarck, 
etc.,  vient  depublior  un  système  de  signaux 
de  jour  et  de  nuit,  à  l'aide  des  moyens  les 
plus  si;T»ples  qui  se  trouvent  ordinairement 
à  bord  de  chaque  bâtiment,  et  qui  nous  pa- 
raît réunir  toutes  les  conditions  d'ua  succès 
complet. 

Ces  signes  consistent  dans  les  moyens  sui- 
vans: 

io  Le  pavillon  national;  2»  un  autre  pa- 


vilIon,  n'importe  lequel,  soit  de  Beaupré, 
soit  de  quariiutaine  ;  ô»  un  guidon  (cor- 
nette), ou  une  bande  d'étoffe,  d'une  couleur 
quelconque,  pourvu  qu'elle  ait  la  forme  d'un 
guidon  et  non  celle  d'un  pavillon  ordinaire; 
40  deux  pavillons  blancs  ou  une  paire  de 
draps  de  lit,  ou  deux  nappes ,  ou  enlin,  à  dé- 
faut de  tout  cela,  deux  chemises  blanches. 

Pour  siujplilier  ce  système,  M.  Kohde 
s'est  appliqué  à  exprimer,  par  divers  signaux, 
des  phrases  et  non  des  syllabes  et  des  mots. 
Or,  le  signe  représentatif  de  la  phrase  étant 
le  même  pour  tous,  il  en  résulte  qu'il  suffit 
d'avoir,  en  chaque  langue,  l'explication  de 
chaque  signe  pour  correspondre  avec  n'ira- 
porte  quelle  nation. 

Déjà  l'ouvrage  existe  en  français  et  en 
danois;  il  s'imprime  en  anglais,  et  paraîtra 
sous  peu  en  hollandais  et  en  espagnol.  Les 
traductions  sont  faites  par  MM.  ConstantVll 
soët,  traducteur  de  la  légation  de  France  en 
Danemarck,  et  Meldona,  interprète-traduc- 
teur assermenté  pour  les  langues  d'Europe. 

Il  nous  est  impossible  d'indiquer  ici  les 
combinaisons  à  l'aide  desquelles  les  marins 
de  toutes  les  nations  pourront  désormais 
communiquer  entre  eux;  il  nous  suffira  de 
dire  que  M.  Rohde  a  reçu  les  encourage- 
mens  les  plus  flatteurs  de  M.  le  ministre  du 
commerce  et  de  M.  l'amiral  Duperré,  qui  ont 
souscrit  l'un  et  l'autre  à  un  nombre  d'exem- 
plaires pour  le  service  de  leur  département 
respectif. 

liSÉoEciNS  :  INouveau  caustique. 

Un  orfèvre  portait  un  bouton  cancéreux  à 
la  joue  ;  comme  il  était  occupé  à  opérer  une 
dissolution  d'or  dans  l'eau  régale,  il  toucha 
plusieurs  fois  de  ses  doigts,  imprégnés  de 
ce  caustique,  le  mal  de  nature  suspecte,  qui, 
à  dater  de  ce  moment,  prit  un  meilleur  as- 
pect et  se  guérit.  M.  Récamier,  soupçon- 
nant la  cause  de  cette  modification  insolite, 
essaya  les  applications  de  chlorure  d'or  chez 
une  femme  affectée  d'un  carciHome  utérin, 
et  la  partie  frappée  de  dégénérescence  re- 
vint bientôt  à  l  état  sain.  Deux  ou  trois  au- 
tres malades  sont  actuellement  en  traitement, 
à  l'Hôtel-Dieu  à  Paris,  dans  le  service  de  M. 
Récamier,  qui  pense  obtenir  un  plein  suc- 
cès. L'application  de  ce  nouveau  caustique  a 
lieu  avec  toutes  les  précautions  connues 
pour  l'emploi  de  ce  genre  de  topiques  ;  sa 
préparation  se  fait,  en  combinant  l'acide  ni- 
tro-chlorique  avec  le  chlorure  d'or,  dans  les 
prouortions  d'une  once  d'acide  sur  9  grains 
de  wHlorure  d'ordienpur. 

lîi^ociANS  :  Productioo  des  cotons. 

La  production    générale  des  colons  est 


évaluée  à  27,0  millions  de  kilogrammes,  sa- 
voir; aux  Etats-Unis  d'Amérique,  175  mil- 
lions; dans  l'fnde,  ôO  nn'llioiis  ;  au  Rrésil, 
12  millions;  dans  les  colonies  de  Bourbon, 
Cayenne  et  autres,  ô  millions  ;  en  Egypte 
et  dans  le  Levant,  10  millions.  —  La  con- 
sommation se  partage  ainsi  :  en  Angleterre, 
l.'iO  millions;  en  France,  40;  aux  Etals- 
Unis,  18  ;  en  Chine,  1.%  millions,  c'est-à-dire 
la  moitié  de  la  récolte  de  l'Inde  ;  en  Saxe, 
en  Suisse,  en  Prusse  et  en  Belgique,  17; 
t-atal,  240  millions.  La  consommation  de  10 
millions  de  kilogrammes  qui  dépasse  la  pro- 
duction, explique  la  diminution  annuelle  des 
approvisionnemcns ,  et  conséquemment  !a 
hausse  des  prix. 

Opium. 

M.  ïexier  a  transmis  de  Consfantinople  à 
Paris  des  détails  sur  la  culture  de  l'opium 
dans  le  pachalik  de  Kara-Hissor  (Asie  Mi- 
neure). On  commence  à  travailler  la  terre 
en  décembre  à  l'aide  d'un  hoyau,  et  quelque- 
fois avec  la  chirrue.  Les  sillons  ont  une  lar- 
geur suffisante  pour  que  l'on  puisse  circuler 
dans  le  champ  sans  toucher  les  liges  de  pa- 
vots. Le  champ  offre  l'aspect  de  plates-ban- 
des larges  de  i™  20  et  séparées  par  un  petit 
sentier;  la  graine  de  pavot  est  semée  comme 
le  grain,  mais  beaucoup  plus  clair.  Une 
coque  de  graine  est  suffisante  pour  ense- 
mencer 1,600™  carrés;  peu  de  jours  après 
que  la  graine  est  tombée,  des  hommes  et 
des  fejiin>es  fendent  horizontalement  la  tête 
de  pavot,  en  ayant  soin  que  la  coupure  ne 
pénètre  pas  à  l'intérieur  de  la  coque.  Aussi- 
tôt une  substance  blanche  s'écoule  par  gout- 
telettes, et,  le  lendemain,  avec  de  larges 
couteaux  peu  Iranchans,  on  va  recueillir 
l'opium  autour  de  la  tôle  des  pavots.  Ainsi 
récolté,  l'opium,  sous  forme  d'une  gelée 
gluante  et  glanuleuse,  est  déposé  dans  de 
petits  vases  de  terre  dans  lesqaels  on  le  pile 
en  crachant  dessus.  Il  est  ensuite  enveloppé 
dans  des  feuilles  sèches  et  livré  au  commer- 
ce. M.  Texier  pense  que  cette  culture  pour- 
rait être  introduite  dans  le  midi  de  la  France. 

Thé. 

L'arbre,  ou  plutôt  l'arbrisseau,  dont  les 
feuilles  produisent  cette  boisson  agréable 
que  l'on  nomme  thé,  croît  en  Chine  et  au 
Japon.  Il  est  toujours  vert  comme  le  myrte, 
avec  lequel  il  a,  au  premier  aspect,  quelques 
points  de  ressemblance,  cl  il  s'élève  de  trois 
à  six  pieds  de  hauteur.  Il  s'accommode  des 
températures  les  plus  diverses,  puisqu'on  le 
cultive  également  dans  les  environs  de  Cau- 


ton,  où  les  chaleurs  sont  quelqucfoi?  telles 
que  les  naturels  même  peuvent  à  peine  les 
supporter,  et  autour  des  murs  de  Pékin,  où 
l'hiver  est  quelquefois  oussi  rude  que  dans  le 
nord  de  l'Europe.  Les  meilleures  espèces 
cependant  se  trouvent  dans  les  climats  tem- 
pérés; c'est  dans  la  province  de  Nankin  que 
se  récoltent  les  thés  les  plus  fins,  et  la  plus 
grande  partie  de  ceux  que  l'on  vend  au 
marché  de  Canton,  aux  négocians  d'Europe, 
pro\-ient  do  la  province  de  Fokien,  située 
sur  la  côte  de  la  mer  au  nord-est  de  Canton. 
Cet  arbrisseau  se  plaît  dans  les  vallées,  ou 
surleflnnc  des  montagnes  exposées  au  so- 
leil, et  surtout  sur  les  bords  des  rivières  ou 
des  ruisseaux. 

Giova-nni  Botero  est  le  premier  écrivain 
d'Europe  qui  ait  fait  mention  du  thé.  Ce  sa- 
vant Italien  publia,  on  1590,  un  ouvrage  sur 
la  grandeur  et  la  richesse  des  villes.  Il  ne 
désigne  pas  le  thé  par  son  nom,  mais  il  le 
décrit  de  telle  sorte  qu'il  est  impossible  de 
ne  pas  le  reconnaître.  «  Les  Chinois,  dit-il, 
possèdent  une  plante  dont  ils  extraient  un 
jus  d'une  saveur  fort  agréable,  et  qui  leur 
sert  de  boisson  au  lieu  de  vin  ;  elle  conser- 
ve aussi  leur  santé,  et  les  met  à  l'abri  de 
tous  les  maux  qu'entraîne  chez  nous  l'usage 
immodéré  du  vin.  » 

Cette  plante  se  sème,  et  on  creuse  à  cet 
effet  dans  la  terre  des  trous  parfaitement 
alignés  et  placés  à  des  dislances  égales;  on 
dépose  dans  chaque  trou  six  et  même  douze 
graines,  parce  qu'il  n'en  lève  en  général 
que  la  cinquième  partie.  Jusqu'à  ce  que  la 
plante  soit  sortie  de  terre,  on  l'arrose  avec 
soin,  et  quoiqu'alors  elle  pût  se  passer  de 
toute  autre  culture,  les  propriétaires  les 
plus  industrieux  fument  la  terre  tous  les 
ans,  et  arrachent  les  mauvaises  herbes  à 
mesure  qu'elles  paraissent. 

On  a  dit,  entre  autres  contes,  que  quel- 
ques-unes de-3  espèces  de  thés  les  plus  re- 
cherchées croissaient  sur  le  penchant  de 
montagnes  entrecoupées  de  précipices  et 
entourées  de  rochers,  en  sorte  que  l'honnne 
ne  pouvait  les  récolter  sans  courir  risque 
de  la  vie,  cl  que  les  Chinois,  pour  ne  pas 
perdre  cette  riche  moisson,  lançaient  des 
pierres  à  des  singes  qui  habitaient  ces  re- 
traites inaccessibles,  alin  de  les  engager  à 
jeter  en  retour  aux  assaillans  des  branches 
couvertes  des  feuilles  précieuses.  Ce  conte 
se  réfute  de  lui-même:  le  thé,  qui  vaut  la 
peine  d'être  recueilli,  est  une  plante  culti- 
vée et  non  une  plante  sauvage,  et  là  où 
l'homme  ne  pourrait  approcher  pour  faire 
la  récolte,  il  ne  pourrait  certainement  ni 
semer,  ni  arroser,  ni  fuaier  la  terre. 


Cet  arbrisseau  ne  rapporte  qu'au  bout  de 
trois  ans;  les  feuilles,  à  celte  époque,  sont 
d'une  délicatesse  extrême  et  très  abondan- 
tes. Il  s'élève  ordinairement,  à  sept  ans,  à 
la  hauteur  de  cinq  pieds,  et  ses  feuilles  de- 
viennent rares  et  dures.  On  le  coupe  alors 
jusqu'au  tronc,  qui,  l'été  suivant,  poussent 
de  nouveaux  jets,  et  produit  une  ample 
moisson  de  feuilles.  On  diffère  cependant 
quelquefois  celle  opération  jusqu'à  la  dixiè- 
me année. 

La  récolte  du  thé  exige  la  plus  grande 
propreté  et  beaucoup  de  soin.  Chaque 
feuille  est  détachée  séparément  de  la  bran- 
che ;  on  veille  <ivec  une  attention  sévère  à 
ce  que  les  mains  de  celui  qui  les  cueille  ne 
soient  pas  salies  par  la  moindre  souillure, 
et  lorsqu'il  récolte  les  plus  belles  espèces, 
il  ose  à  peine  respirer  sur  la  plante.  A 
Udsi,  dans  l'ile  du  Japon,  s'élève  une  mon- 
tagne dont  T'cxposition  favorise  particuliè- 
rement la  venue  du  thé.  Tout  ce  que  la 
terre  en  produit  dans  cet  endroit  est  mis  en 
réserve,  et  l'empereur  seul  peut  en  dispo- 
ser. Un  fossé  large  et  profond,  creusé  au- 
tour de  la  colline,  la  rend  inaccessible  ;  les 
gardiens  des  trésors  qui  la  couvrent  peu- 
vent sauls  en  approcher.  Tous  les  arbris- 
seaux sont  soigneusement  épousselés  et 
mis  à  l'abri  des  intempéries  de  la  saison. 
Les  ouvriers  sont  obligés  de  s'abstenir  de 
toute  nourriture  grossière  quelques  semai- 
nes avant  de  cueillir  les  feuilles,  de  peur  de 
nuire  à  leur  parlum  ;  ils  portent  des  gans 
d'une  étoffe  très-One,  et  se  baignent  deux 
ou  trois  fois  par  jour  pendant  tout  le  temps 
que  dure  la  récolte. 

Quelque  minutieux  que  soit  le  travail,  le 
cultivateur  peut  recueillir  quatre,  dix,  ou 
même  quinze  livres  de  thé  par  jour.  Trois 
ou  quatre  récoltes  ont  lieu  pendant  la  sai- 
son, savoir,  à  la  fin  de  février  ou  au  com- 
mencement de  mars,  en  avril  ou  mai,  vers 
le  milieu  de  juin,  et  au  mois  d'août.  C'est 
de  la  première  récolte,  qui  se  compose  de 
feuilles  nouvelles  et  très-tendres,  que  pro- 
viennent les  thés  les  plus  estimés,  tels  que 
le  thé  vert,  qu'on  nomme  poudre  à  canon, 
et  le  thé  noir  ou  thé  Pékao.  Le  produit  de 
cette  première  récolte  se  nomme  en  Chine 
thé  impérial.  C'est  probablement  parce 
qu'on  le  réserve,  à  cause  de  sa  qualité  su- 
périeure, ou  d'après  une  disposition  de  la 
loi,  pour  la  consommation  de  l'empereur  cl 
de  sa  cour.  La  seconde  récolte  fournit  les 
thés  verts  que  nous  nommons  heysvcn  et 
■impérial,  cl  les  thés  noirs  souchong  et  con- 
gou.  Les  feuilles  légères  qui  se  séparent ,  er^ 
vananl,  du  thé  haysven,  forment  un  thé  dé- 


signé  sous  le  nom  iVheysven'Shine,  dont 
les  Américains  font  grand  usage.  La  qua- 
trième récolte  produit  les  thés  communs , 
tels  le  thé  bohca  ou  Ihé-bout,  que  l'on  mé- 
lange avec  les  thés  de  qualité  inférieure  et 
avec  celui  qui  ne  s'est  pas  vendu  l'année 
précédente. 

La  terre  est  tellement  divisée  en  Chine 
que  les  plantations  ne  peuvent  pas  être 
rî'une  grande  étendue.  Aussi  le  propriétai- 
re, aidé  de  sa  famille,  suffit-il  à  leur  cul- 
ture. Le  produit  de  chaque  recolle  est  im- 
médiatement porté  au  marché,  et  vendu  aux 
personnes  qui  se  chargent  de  recueillir  les 
feuilles  et  de  les  faire  sécher. 

Cette  dernière  opération,  qui  doit  avoir 
lieu  aussitôt  que  possible  après  la  récolte, 
diffère  selon  la  qualité  du  thé.  Quelques- 
uns  sont  seulement  exposés  sous  un  hangar, 
aux  rayons  du  soleil,  et  fréquemment  retour- 
nés. Le  procédé  que  nous  allons  décrire  ne 
s'applique  guère  qu'aux  thés  verts. 

Un  séchoir  renferme  de  cinq  à  vingt  pe- 
tits fourneaux  sur  chacun  desquels  on  place 
(les  plaques  de  fer  poli.  Lorsque  les  plaques 
sontchauffées  à  une  température  convenable, 
on  jette  dessus  les  feuilles  nouvellement 
cueillies  ;  elles  pétillent  à  mesure  qu'elles 
sentent  la  chaleur,  et  il  faut  avoir  grand 
soin  de  les  remuer  avec  la  main  aussi  rapi- 
dement que  possible,  jusqu'à  ce  qu'on  ne 
puisse  plus  les  toucher  sans  se  brûler.  Alors 
on  les  retire  avec  une  espèce  de  pelle  qui  a 
la  forme  d'un  van,  et  on  les  verse  sur  des 
nattes  dont  les  tables  longues  et  basses  sont 
recouvertes.  Ensuite  on  les  prend  par  pe- 
tites quantités  à  la  fois  ,  et  on  les  roule 
avec  la  paume  de  la  main  ,  toujours  dans  la 
même  direction.  Pendant  ce  temps,  d'autres 
ouvriers  les  rafraîchissent  avec  des  évantails, 
afin  de  les  refroidir  plus  vite  etdeleur  faire 
conserver  plus  long-temps  le  pli  qu'on  leur 
a  donné.  On  répète  trois  ou  quatre  fois  cette 
opération,  et  même  davantage  si  cela  est 
nécessaire,  en  diminuant  la  chaleur  des 
plaques  par  degrés,  jusqu'à  ce  que  toute 
l'humidité  soit  évaporée.  Le  feuilles  sont 
alors  partagées  en  différentes  classes  ,  et  li- 
vrées au  commerce.  On  a  supposé  dans  un 
temps  que  l'on  faisait  sécher  les  thés  verts 
sur  des  plaques  en  cuivre  ,  et  que  c'était 
'  à  ce  procédé  qu'ils  étaient  redevables  de 
cette  belle  couleur  qui  les  distingue.  On  a 
conclu  qu'il  était  dangereux  pour  la  santé 
d'en  faire  usage.  Mais  celle  opinion  n'est 
point  fondée  ;  des  expériences  réitérées  ont 
constaté  qu'il  ne  se  trouvait  pas  la  moindre 
parcelle  de  cuivre  dans  l'infusion, 

î,u!i'iue  !c  îhé  a   subi  taules  ces  opéra- 


is 

lions,  on  le  livre  aux  marchands ,  qui , 
après  avoir  trié  et  séparé  les  diverses  qua- 
lités, le  font  sécher  encore  une  fois,  et  le 
renferment  dans  des  boîtes. 

L'usage  du  thé,  en  Chine,  remontent  à  la 
plus  haute  antiquité  ;  depuis  l'empereur 
jusqu'au  dernier  paysan ,  tout  le  monde  en 
prend  ;  la  qualité  seule  varie.  Il  parait  que 
celui  que  consomme  le  bas  peuple  est  non- 
seulement  d'une  espèce  inférieure,  mais 
qu'il  est  encore  très-faible,  puisque  les 
Chinois,  qui  étaient  attachés  au  service  de 
lord  Makatney,  pendant  son  ambassade,  de- 
mandaient comme  une  faveur  qu'on  leur 
donnât  les  feuilles  qui  avaient  déjà  servi, 
parce  qu'en  les  faisant  infuser  de  nouveau, 
ils  se  procuraient  une  boisson  préférable 
à  celle  qu'ils  prenaient  habituellcmeut. 

Tous  les  Chinois  prenent  le  thé  au  moins 
trois  fois  par  jour,  mais  ceux  à  qui  leur 
fortune  le  permet  en  boivent  beaucoup  plus 
souvent.  On  le  fait,  comme  chez  nous ,  en 
versant  de  l'eau  bouillante  sur  les  feuilles 
desséchées  ;  mais  les  Chinois  n'y  mettent 
ni  lait  ni  sucre 

Au  Japon  ,  où  le  thé  est  une  boisson 
commune  à  presque  toutes  les  classes  ,  on 
le  réduit  en  une  poudre  très-fine  ;  on  en 
prend  une  petite  quantité  sur  la  pointe  d'un 
couteau,  et  on  la  jette  dans  la  lasse  rem- 
plie d'eau  bouHIante. 

Les  Hollandais,  dit-on,  apportèrent  du 
thé  en  Europe  vers  le  commencement  du 
dix-septième  siècle,  mais  rien  ne  prouve 
qu'il  ait  été  connu  en  Angleterre  avant  l'an- 
née 1650.  En  1664,  2  livres  2  onces  de  thé 
étaïcnt  regardées  par  la  compagnie  des 
Indes-Orientales  comme  un  présent  qui  n'é- 
tait pas  indigne  d'être  offert  au  roi  (  Charles 
II),  et,  en  1667,  celte  compagnie  ordonna  à 
ses  agens  de  lui  en  acheter  cent  livres  du 
meilleur  que  l'on  pourrait  se  procurer.  Le 
prix  de  celui  que  quelques  gentilshommes 
de  la  cour  de  Charles  II  apportèrent  ,  vers 
cette  époque,  de  Hollande,  s'élevait,  dit-on, 
à  60  schellings  la  livre  (72  fr.). 

î-o  commerce  du  thé  fit  peu  de  progrès 
en  Angleterre  pendant  les  premières  années 
du  dix-huitième  siècle;  car  de  1700 à  1710, 
la  quantité  que  l'on  importa  fut  au-dessous 
de  800,000  livres.  C'était  encore  un  objet 
de  luxe  dont  les  riches  seuls  pouvait  jouir. 
On  le  faisait  infuser  dans  de  petites  théières 
de  porcelaine  précieuse  qui  ne  contenaient 
pas  plus  d'une  demi  -  chopine,  et  on  le  ser- 
vait dans  des  tasses  dont  la  capacité  ne  s'é- 
levait pas  au-delà  d'une  cuillerée  à  bouche. 
C'est  probablement  à  celle  époque  qu'il 
faut  (me  remooter  l'anctdocte   relative  à 


2» 

cMrle  fl.ime  qui ,  ayant  reçu  en  cadeau 
une  petite  quantité  de  thé,  et  ignorant  en- 
tièrement l'usage  qu'elle  en  devait  faire  ,  le 
prit  pour  un  légume  étranger,  le  fit  bouillir 
pour  l'attendrir  ,  et  quand  elle  crut  l'avoir 
laissé  assez  long-temps  sur  le  feu  ,  elle  jeta 
l'eau,  et  essaya  ensuite  de  manger  les 
feuilles. 

Nous  terminerons  cet  article  en  ajoutant 
que,  de  l'io  à  1810,  les  thés  importés  en 
Angleterre  se  sont  élevés  à  7.';o  millions  de 
livres,  dont  plus  de  630  millions  ont  été 
consommées  dans  l'intérieur  du  royaume. 
De  1810  à  1828,  l'importation  s'éleva  au- 
delà  de  427  millions  de  livres ,  ce  qui  fait 
à  peu  près  de  23  à  -2i  millions  par  ar»  ;  et 
cri  4831  ,  la  quantité  importée  a  été  de 
26,043,223  livres. 
Propriétaires  rdbacx  :  Culture  de  l'osîcr. 

Voici  la  meilleure  manière  de  former  el 
d'entretenir  une  oseraie. 

Choisir  un  terrain  humide  qui  ne  soit  ar- 
rosé que  temporairement  ou  à  volonté;  le  sé- 
jour constant  des  eaux  nuirait  à  la  vègéla- 
tion  du  plant. 

Le  labourer  el  le  fumer  pour  faire  une 
première  récolte  de  navels  (lurneps,  rulaba- 
ge,  pois  vesce  ou  avoine). 

Labourer  après  celle  récolte,  planter  des 
plançons  pris  dans  les  branches  assez  gros- 
ses pour  faire  des  civclels  de  dix-huit  pouces 
de  long,  laisser  six  pouces  hors  de  terre, 
couper  l'extrémité  en  biseau  ,  placer  le  bi 
seau  en  regard  du  sol  pour  empêcher  la 
pluie  de  le  faire  pourrir,  incliner  les  pinn- 
çons  en  les  plantant,  et  laisser  entre  chacun 
seize  pouces  d'inlervalle. 

Sarcler  â  la  houe  celle  plantation,  à  l'été 
et  à  l'automne. 

On  peul,  après  quelques  années,  rendre  à 
la  plantation  une  nouvelle  vigueur,  en  la  ra- 
battant au  niveau  du  terrain. 

L'osier  d'unrouge  brun  parait  le  plus  pro- 
ductif. 

Débarrasser  annuellement  les  liges  de  bois 
mort,  ne  leur  laisser  qu'autant  de  branches 
qu'elles  en  peuvent  couvrir  :  -  )  ■■■■'■  \es 
chicots  forts,  extirper  les  plus  faibles;  ne 
laisser  que  deux  œils  sur  ceux  que  l'on  con- 
serve :  telles  sont  les  précautions  à  prendre. 

Quand  un  pied  péril,  le  remplacer  par 
un  plançon  de  deux  pieds  six  pouces  de  long, 
el  laiser  dix-huit  pouces  au-dessus  du  sol. 

On  tond  les  osiers  chaque  aimée  quand  la 
feuille  est  tombée,  et  on  distribue  les  brins 
en  trois  las  differens,  suivant  leur  grandeur 
et  leur  grosseur.  Sur  le  premier,  on  place 
les  brius  les  plus  longs  et  les  plus  gros;  iiâ 


servent  à  lier  les  cercles.  Ceux  de  dix  à 

douze  décimètres  de  long  composent  le  se 
cond  tas,  ils  servent  à  lier  de  gros  treillages 
et  autres  ouvrages;  on  les  estime  d'avanta- 
ge, alors  qu'ils  sont  plus  minces.  On  fait 
trois  las  de  petits  brins  qui  n'ont  pas  un  mè- 
tre de  long,  et  l'on  met  les  autres  au  rebut. 

Les  osiers  étant  triés  et  épluchés,  on  les 
lie  par  poignées  pour  ne  pas  les  mêler,  et 
on  les  divise  avec  le  fendoir  en  deux,  trois 
ou  quatre  parties,  selon  la  force  du  brin  que 
l'on  soumet  à  cette  opération,  que  selon  l'ex- 
pression d'Olivier  de  Serre,  pour  l'espar- 
gne  l'un  fait  les  jours  pluvieua;,  le  soir, 
et  autres  heures  perdues. 

L'osier  se  vend  par  boites  ou  meules  qui 
sont  des  paquets  de  douze  décimètres  de  long, 
contenant  trois  cents  brins  quand  il  estfendu. 

Il  est  très-cher,  parce  qu'onencullive  peu. 

Les  vignerons  se  servent  des  osiers  pour 
attacher  la  vigne  ;  les  jardiniers  pour  palis- 
ser les  arbres  et  faire  des  berceaux;  les  ton- 
neliers pour  lier  les  cercles,  et  enfin  les  van- 
niers emploient  les  plus  fins  pour  faire  des 
paniers. 

La  culture  de  l'osier  est  surtout  lucrative 
dans  les  vallées  où  il  existe  des  manufactures. 

Les  enfans  des  cultivateurs  pourraient  être 
employés  utilement  à  peler  et  dresser  l'osier. 

Urbains  :  Propriétaires. — Coutravention 
punissable. 

L'autorité  municipale  ayant  le  droit  de  défen- 
dre de  rien  placer  dans  la  façade  des  maison.s 
sans  autorisation,  il  y  a  conlravenlion  punissa- 
ble à  un  arrélé  qui  porte  celle  défense,  de  la 
part  de  celui  qui  ("ail  placer  une  enseigne  dans 
la  l'inade  de  sa  maison  sans  observer  les  condi- 
lioiis  seus  lesquelles  l'aulorisalion  lui  en  a  été 
donnée,  tout  aussi  bien  qu'il  avait  fait  placer 
l'enseigne  sans  autorisation. 

(.Cour  de  cass.  du  19  juin  1836.) 

TciNTuniERS  :  Nouvelle  teinture  jaune. 

M.  Jella  (G.),  de  Crosse-Mosso  (Piémont), 
indique  le  procédé  suivant  pour  la  teinture 
en  jaune  de  la  laine  :  Pour  8  parties  de 
laine,  prenez  8  parties  de  la  plante  nommée 
Jlhus  radicans,  L.,  préalablement  cuite, 
i  partie  d'alun,  1(6  crème  de  tartre,  l  dis- 
solution d'acide  hydrochlorique.  La  laine 
ayant  cuit  3|i  d'heure,  on  aura  un  jaune 
doré  magnifique.  D'après  differens  essais  , 
M.  Jella  a  remarqué,  avec  surprise,  qu'en 
traitant  le  Jlhus  radicans  séché  par  le  mê- 
me procédé,  on  obtenait  un  jaune  paille  ti- 
rant sur  le  noisette  ;  ainsi  on  voit  que 
dans  le  i®''  cas  il  faut  l'employer  aussitôt 
après  la  récolte.  La  dissolution  d'acide  hy- 
drochlorique charge  sa  couleur  et  la  dore  ; 
la  crème  de  tartre  l'éclaircit.  Celle  couleur 
résisle  au  savon  et  au  soleil,  amssi  bien  que 
les  autres  jaunes  solides  ;  elle  acquiert  plus 
de  solidité,  si  on  laisse  la  laine  12  heures 
dans  le  boia  après  qu'elle  a  cuit. 


2S 


REPERTOIRE  MENSUEL 


os  LA  CONTKRSATION  ET  DE  LA  LECTURE- 


A. 


En  ce  moment  où  l'attention  est  portée  de 
nouveau  d'une  manière  toute  particulière 
sur  nos  possessions  dans  le  nord  de  l'Afri- 
que, voici  quelques  documens  qui  prouvent 
combieii  la  conservation  de  cette  conquête 
doit  devenir  importante  pour  la  France .  C'est 
le  relevé  des  perceptions  des  douanes  pen- 
dairtles  dix  années  de  1825  à  1834  inclusi- 
vement. Nous  avons  mis  en  regard  les  pro- 
duits dans  la  Méditerranée  et  dans  l'Océan, 
afin  de  démontrer,  par  le  rapprochement,  que 
l'augmentation  des  revenus,  qui  est  à  l'avan- 
(age  de  la  première,  provient  de  notre  éta- 
blissement sur  les  côtes  africaines ,  et  non 
d'un  accroissement  général  dans  les  affaires; 
car,  dans  ce  cas,  le  résultat  aurait  été  propor- 
tionnellement le  même  sur  l'une  et  l'autre  de 
ces  mers. 


Dans  l'Océau. 

Dans  la  Méditerranée 

1825     . 

..   49,60-7,305 f. 

..    20,713,345  f. 

1826     . 

..    58,902,912   . 

.  .    22,623,734 

1827     . 

..    53,525,754   . 

. ..    21,967,679 

1828     . 

. .   60,156,593   . 

..    25,824,370 

1829     . 

. .   60,662,248   . 

. .    22,093,789 

1830     . 

..    56,944,249   . 

..    24,103,791 

1831     . 

. .    55,419,151   . 

..   24,076,359 

1832     . 

. .    58,137,370   . 

..    29,730,043 

1833     . 

. .    55,493,842   . 

..   28,590,088 

1834     . 

..    50,312,250   ., 

..    28,267,589 

Comme  on  le  voit,  la  moyenne  du  produit 
des  douanes  pendant  les  cinq  années  qui  ont 
précédé  celle  de  l'expédition  d'Alger,  à  été 

de 56,548,902  f 22,644,987  f. 

Elle  a  été  de  54,614,487 28,862,570 

dans  les  années  1832,  1833,  1834,  période 
pendant  laquelle  on  a  commencé  à  pfrofiter 
de  l'occupation. 

Ilenrésultedoncque,  dans  l'Océan,  les  pro- 
duits de  douanes  ont  éprouvé  annuellement 
une  diminution  de  1,954,415  f.  tandis  que, 
dans  la  Méditerranée,  ils  offrent  une  augmen. 
tationde  6,217,395  f.  Cet  accroissement  com- 
pense d'autant  les  charges  de  l'occupation , 
et,  en  outre,  présente  un  mouvement  de 
soixante  cinq  raillions  de  marchandises,  dont 
la  plus  forte  partie  est  produite  par  1  uidus- 


A  BUÉES   FBANÇAISBS 

Le  nombre  des  remplaçans  admis  par  les 
conseils  de  révision,  a  été,  de  1824  à  1833 
inclusiv.,  de  122,984.  Le  terme  moyen,  par 
classe,  de  1824  à  1829,  a  été  de  11,346  sur 
un  contingent  de  60,000  hommes,  et  de 
15,726  également  par  classe,  sur  un  contin- 
gent de  80  mille  hommes,   de  1850  à  1833. 

Durant  les  15  années  écoulées  de  1820  à 
1834  inclusivement,  121,509  engagemens  vo- 
lontaires ont  été  contractés,  ce  qui  donne 
une   moyenne  annuelle  de  8,100.  Mais,  en 

1850,  il  y  en  a  eu  11,409;  en  1831,  le  nom- 
bre s'est  élevé  à  50,309,  ce  qu'il  faut  sans  dou- 
te attribuer  à  l'occupation  d'Afrique  et  aux 
appréhensions  de  guerre  que  les  journées 
de  juillet  avaient  fait  naître.  Le  chiffre  le 
plus  bas  est  celui  de  l'année  1824;  il  ne 
s'est  élevé  qu'à  2084  ;  l'année  précédente  , 
il  avait  été  de  12,984. 

Le  nombre  des  réengagemens  contractés 
en  1852,  1853  et  1854,  a  été  de  9,147,  dont 
6,808  par  des  sous-officiers,  et  2,559  par 
des  caporaux  et  soldats. 

Sur  cent  individus  présens  sous  les  ar- 
mes, on  compte  17  engagés  volontaires,  2 
réengagés,  23  remplaçans  et  58  appelés 
pour  leur  compte. 

Le  nombre  d'insoumis  restant  à  recher- 
cher au  i*""  janvier  1855,  sur  les  classes  de 
1821  à  1852  inclusiv.,  était  de  10,557. 

Sur  859,  260  jeunes  gens  inscrits  sur  les 
tableaux   de   recensement   des  classes    de 

1851,  32  et  53,  on  en  compte  57,700  sa- 
chant lire  seulement  ;  386,549  sachant  lire 
et  écrire,  406,116  ne  sachant  ni  lire  ni 
écrire.  Parmi  les  282,985  conscrits  appelés 
à  concourir  au  tirage  en  1829,  il  s'en  trou- 
vait 125,522  seulement  sachant  lire  et  écrire  ; 
d'où  il  résulte  que  l'instruction  primaire 
est  en  progressive  croissante,  puisque,  d'a- 
près la  dernière  proportion,  on  ne  devrait 
trouver  que  372,610  individus  ayant  reçu 
un  commencement  d'instruction  pour  les 
trois  classes  ci-dessus,  tandis  que  le  nombre 
est  de  424,249. 

En  1831, 27,060  soldats  ont  suivi  les  cours 
des  écoles  régiraentaires  ;  en  1832,  le  nom- 
bre s'est  éleyé  à  ôO^lTO,  et  à  52,450  en 


36 

1833.  Sur  ces  89,9?i0  soKiats  qui  ont  reçu 
les  bienfaits  de  l'inslruction,  il  s'en  est 
trouvé  22,740  d'assez  instruits  pour  passer 
à  l'école  des  sous-officiers. 

B.  BAIfQUE   DE   FRANCE. 

Pour  compléter  les  documcns  que  nous 
avons  publiés  sur  la  Banque  de  France  (1834. 
p.  27),  nous  donnons  aujourd'hui  le  chiffre 
de  ses  opératious  depuis  l'époque  de  son  ori- 
gine, en  l'an  VIII,  jusqu'au  31  décembre  1834 
inclusivement.  Durant  le  cours  de  cette  pé- 
riode ,  la  banque  a  escompté  des  effets  de 
commerce  pour  une  valeur  de  14  milliards, 
610  millions,  910,100  francs,  dont  les  bénéfi- 

.  ces  d'escompte  ont  été  de  117,4G6,100  f.  Le 
taux  moyen  annuel  des  billets  escomptés  est 
par  conséquent,  de  417,454,574  f.  et  celuides 
bénéfices 'sur  cette  seule  opération,  a  été  de 
3,070,460  f.  Les  sommes  passées  à  profit  et 
pertes  éventuelles  de  portefeuille,  ne  se  sont 
pas  élevées  à  deux  millions,  soit  1,975,000  f. 
depuis  l'origine  du  compte  d'effets  en  souf- 

,'    france,  en  l'an  XI,  c'est-à-dire  pendant  une 

>    période  de  52  ans. 

f        Sur  1  milliard ,   209  millions ,  900  mille 

\  francs  de  billets  émis  par  la  Banque ,  il  en  a 
été  retiré  et  annulé  pour  956  millions.  Il  en 
reste  donc  en  circulation  pour  252,900,00§  f. 

t  Le  montant  total  des  billets  faux  rembour- 
sés par  la  Banque  de  France,  et  souvent  en 
connaissance  de  cause,  pour  suivre  à  la  trace 
les  faussaires,  ne  s'est  élevé  qu'à  80,000  fr. 
Depuis  1831,  elle  est  parvenue  à  produire 
des  billets  qui  déjouent  toutes  les  tentatives 
d'imila  talion. 

C.  CANAUX. 

Depuis  l'origine  des  travaux  jusqu'au  ler 
janvier  1855,  les  dépenses  faites  pour  les 
canaux  actuellement  en  voie  de  construc- 
tion, s'élèvent  à  241,975,527  francs  qui  se 
répartissent  de  la  manière  suivante  • 

Canal  du  Rhône  au  Rhin. .  26,685,059  fr. 

■>:. —    de  la  Somme 10,767,839 

'    —    des  Ardennes 15,407,242 

—  de  Bourgogne 49,050,898 

—  de  Nantes  à  Brest.. .  40,597,055 

—  d'Ille-el-Ronce 13,560,700 

—  du  Blavel 4,851,306 

—  d'Aires  à  Bouc...  11,000,056 

—  du  Nivernais 25,005,279 

—  du  Berry 16,856,746 

—  latéral    à  la  Loire..  22,155,277 
Navigation  de  l'Isle 4,256,642 

—         de  l'Oise 4,819,717 

La  loi  du  27  juin  1853  a  ouvert  un  dcr- 
Vier  crédit  de  4't  millions,  sur  lesquels  il 


était  dépense,  au  31  décembre  1854,  la  som- 
me de  15,998,772  francs. 

Le  système  de  navigation  ci-dessus  pré- 
sente un  développement  de  2,467,000  mè- 
tres, ou  617  lieues,  sur  lesquelles  cinq  cents 
étaient  livrées  à  la  navigation  au  l"  janvier 
1835. 

Parmi  ces  canaux,  il  en  est  dont  la  cons- 
truction remonte  à  plus  d'un  demi-siècle  ; 
tel  est  celui  de  Bourgogne.  Les  28  millions 
qui  restaient  disponibles  à  cette  même  épo- 
que ne  sauraient  suffire  à  la  dépense  qui 
reste  à  faire,  et  on  a  calculé  qu'il  en  fau- 
drait encore  au  moins  40,  attendu  que  les 
anciennes  constructions,  non  encore  termi- 
nées, tombent  en  ruines  et  demandent  des 
frais  d'entretien  considérables.  ]1  en  résul- 
tera que,  terme  moyen,  chaque  lieue  de 
cours  aura  coûté  un  demi-million,  sans  te- 
nir compte  de  l'intérêt  du  capital  engagé,  et 
au  double  si  on  porte  en  dépense,  comme 
cela  doit  être,  les  intérêts  composés;  car 
les  plus  récens  canaux  remontent  à  1820. 

H.       HOPITAUX  ET  HOSPICES  DE  FRANCE. 

On  compte  en  France  1 ,329  hôpitaux  et  hos- 
pices. En  1833,  leurs  recettes  se  sont  élevées 
à  51,222,065  f . ,  leur  dépense  à  48,842,063  f. 
Ces  établissemens  ont  un  revenu  propre  de 
18  millions  600,000  f.  Les  subventions  et 
allocations  sont  de  18  millions  900,000 f.  Les 
autres  recettes  se  composent  de  legs  et  de  dons, 
du  produit  du  travail  des  indigens  qui  y  sont 
admis,  et  des  recettes  diverses  et  imprévues 
dont  le  chiffre,  pour  1835 ,  s'est  élevé  à  plus 
de  12  millions.  Il  existe  dans  tout  le  royaume 
6,275  bureaux  de  bienfaisance,  qui  ont  un 
revenu  propre  de  6,250,158  f. 


J. 


JUSTICE    CRIMINELLE. 


Les  cours  d'assises  ont  statué  conlradic- 
loiremcnt,  en  1855,  sur  5,504  accusations  , 
dont  115  pour  crimes  politiques,  et  4,891 
pour  crimes  ordinaires.  Sur  ce  dernier  nom- 
bre, 1414  avaient  pour  objet  les  personnes 
et  5, 477  les  propriétés.  Le  total  des  accusés 
a  été  de  6964  qui  se  repartissent  ainsi  d'a- 
près leur  âge  :  98  étaient  âgés  de  moins  de 
16  ans;  2,170  de  16  à  25  ans  ;  2505  de  25  à 
55;  2591  au-dessus  de  55  ans  dont  48  sep- 
tuagénaires et  6  octogénaires. 

Sur  les  696  i  accusés  de  crimes  dont  les 
cours  d'assises  connaissent  habituellement , 
2,859  ont  été  acquittés,  et  4,105  condamnés 
aux  peines  suivantes  :  42  à  mort  ;  dont  50 
ont  subi  leur  arrêt;  127  aux  travaux  forcés 
perpétuels  ;  774  aux  travaux  forcés  à  temps: 
l'Hi  il  la  réclusion;  'i,  ioi  à  des  pciues  cor- 


rectionnelles  ;  2S  enfans  âgés  de  moins  de 
•16  ans,  et  détenus  par  voie  de  correc- 
tion. 

Les  jurés  ont  déclaré  l'existence  de  cir- 
constances atténuantes  en  laveur  de  1,185 
condamnés. 

Le  nombre  total  des  affaires  soumises  à 
la  juridiction  correctionnelle  s'est  élevé, 
dans  la  même  année,  à  104,0.^0,  dans  les- 
quelles 200,814  individus  étaient  impliqués; 
20,722  ont  été  acquittés  ,  177,092  condam- 
nés, dontô2,22G  à  l'emprisonnement,  144,753 
à  l'amende  seulement,  77  à  la  surveillance, 
TiSS  à  être  détenus  par  voie  de  correc- 
tion. 

Sur  le  total  des  individus  jugés  en  1835, 
il  s'en  trouvait  en  élatde  récidive  8,450:1,318 
étaient  accusés  de  crimes ,  7,312  prévenus 
de  délits  correctionnels. 

Les  tribunaux  de  simple  police  ont  jugé 
1 13,291  procès  où  figuraient  150,158  indi- 
vidus. Il  y  a  eu  déclaration  d'incompétence 
à  l'égard  de  1,096;  24,830  ont  été  acquittés; 
5149  condamnés  à  l'emprisonnement ,  et 
1 19,082  à  l'amende  seule . 

Sur  les  1,637  individus  qui,  par  la  nature 
de  leur  condamnation ,  avaient  encouru 
l'exposition ,  40  en  ont  été  dispensés  en  rai- 
son de  leur  âge  et  653  par  les  arrêts  rendus 
contre  eux.  Cette  peine  accessoire  a  reçu 
son  exécution  à  l'égard  de  944  condam- 
nés. 

Le  nombre  des  individus  détenus  renvoyés 
des  poursuites  par  les  chambres  du  con- 
seil ou  d'accusation  ,  a  été  de  10,819  ;  celui 
des  individus  acquittés  par  les  tribunaux 
correctionnels,  acquittés  ou  absous  par  les 
cours  d'assises ,  s'est  élevé  à  6,584.  Dans 
ce  chiffre  total  de  17,203  prévenus  ou  accu 
ses,  10,902  avaient  été  détenus  moins  d'un 
mois,  et  6,301  au-delà  de  ce  terme. 

Sur  les  351  individus  accusés  de  crimes 
politiques  en  1833,  18  appartenant  à  la  ca- 
tégorie de  Marseille,  48  à  celle  de  Paris, 
285  avaient  participé  aux  attentats  de 
l'Ouest.  Il  y  a  eu  234acquittemens,  117  con- 
damnations aux  peines  suivantes  ;  à  mort  8 
(4  ont  été  exécutés  ;  lejury  les  avaitdéclarés 
coupables,  non-seulement  d'attentat  à  la  sû- 
reté de  l'état  qui  formainet  le  principal 
chef  d'accusation,  mais,  en  outre,  d'assassi- 
nat accompagné  ou  suivi  d'autres  crimes)  ; 
aux  travaux  forcés  à  perpétuité  ,  14  ; 
aux  travaux  forcés  temporaires,  18  ;  à  la  ré- 
clusion, il;  à  la  déportation,  4  ;  à  la  déten- 
tion, 21;  à  des  peines  correctionnelles,  16  ; 
à  la  surveillance  seule,  conformément  à 
l'article  100  du  Code  pénal,  25. 

Les  délits  de  la  presse  jugés  par  les  cours 


87 

d'assises,  ont  été  do  179;  les  délits  poliii 
ques  étaient  de  177  ;  dans  ces  356  affaires, 
590  individus  étaient  impliqués  :  449  ont  été 
acquittés;  I4l  condainnés,  dunt  12  à  l'a- 
mende et  129  à  l'emprisonnement. 

Sur  les  179  délits  de  la  presse,  51  avaient 
été  commis  au  moyen  de  livres,  brochures, 
gravures  et  lithographies  ,  128  étaient  impu- 
tés à  la  presse  périodique.  Sur  ce  dernier 
nombre,  34  ont  été  jugés  par  la  cour  d'as- 
sises de  la  Seine. 

JUSTICE    MILITAinE. 

En  1833,  sur  un  effectif  de  398,281  nom- 
mes, y  compris  la  garde  municipale  et  les 
sapeurs-pompiers  de  la  capitale,  6881  mili. 
taires  ont  été  mis  en  jugement  pour  les 
causes  suivantes:  désertion,  1198;  insou- 
mission ou  désobéissance  à  la  loi  du  recru- 
tement, 1663  ;  trahison,  espionnage,  embau- 
chage, 15;  insubordination,  depuis  le  refus 
formel d'obéissancejusqu'aux  voies  de  fait  en- 
vers des  supérieurs,  560  ;  vol,  escroquerie, 
infidélité,  malversation,  pillage,  faux,  958; 
ventes  d'effets,  1562  ;  délits  militaires  autres 
que  ceux  ci-dessus  indiqués,  448;  fausse  mon- 
naie, 6;  meurtre,  22;  assassinat,  29  ;  coups 
et  blessures  volontaires,  199  ;  viol,  attentat 
aux  mœurs,  27. 

Sur  ces  7881  individus,  2209  ont  été  ac- 
quittés, et  4672  condamnés,  savoir  :  93  à 
mort,  dont  23  exécutés  ;  309  aux  travaux 
forcés  et  aux  fers  ;  140  à  la  réclusion  ;  400 
au  boulet;  762  aux  travaux  publics;  2961  à 
l'emprisonnement;  7  à  l'amende  seule. 

En  outre,  1343  individus  ont  été  envoyés 
dans  les  compagnies  de  discipline. 

Dans  le  nombre  des  condamnés  se  trou- 
vent 32  indigènes  d'Afrique. 

Sur  100  militaires  mis  en  jugement,  il  y 
a,  terme  moyen,  42  enrôlés  volontaires,  25 
remplaçans  et  23  provenant  des  appels. 

Les  officiers ,  sur  un  effectif  local  de 
21,477,  ont  eu  14  prévenus;  les  sous-offi- 
ciers, comprenant  25,524  hommes,  ont  eu 
127  prévenus  ;  les  brigadiers^  au  nombre  de 
30,947,  en  ont  eu  155;  les  soldats,  musi- 
ciens, tambours,  ouvriers,  dont  le  total  est 
de  320,363,  ont  compté  6,547  prévenus. 

Des  6,881  prévenus  misenjugement,3,i54 
savaient  lire  et  écrire,  3727  étaient  com- 
plètement illettrés. 

La  proportion  des  prévenus,  suivant  les 
différentes  armes  dans  lesquelles  ils  ser- 
vaient, ont  donné  les  résultats  suivans:  les 
ouvriers  du  génie  et  les  chasseurs  d'Afri- 
que, 1  sur  10  ;  les  compagnies  de  disci- 
pline, 1  sur  11;  la  légion  étrangère,  1  sur 
12;  —  Les  Zouaves,  i  sur  24;  artillerie,  i 


2S 


sur  8f  ;  cavalerie,  1  snr  408  ;  train  des  équi- 
pages, ouvriers  da  train  des  équipages  et 
ceux  d'administration,  les  soldats  d'ambu- 
lance ,  1  sur  il2  ;  pontoniers  ,  ouvriers 
d'artillerie,  train  de  parcs  d'artillerie,  i  sur 
127;  le  génie,  i  sur  140;  les  invalides,  1 
sur  1440,  la  gendarmerie,  la  garde  munici- 
pale, les  sapeurs-pompiers,  1  sur  1557. 

L.  lègion-d'honnedr. 

Au  30  septembre  1854,  le  nombre  des 
membres  de  la  légion-d'honneur  s'élevait  à 
50,003,  savoir  :  grand'croix,  104  ;  grands-of- 
ficiers, 204;  commandeurs,  827;  officiers, 
4,555;  chevaliers,  44,315. 

Sur  ce  nombre,  26,363  membres  reçoivent 
un  traitement,  et  23,640  n'en  ont  aucun.  — 
En  vertu  de  l'article  6  de  la  loi  du  21  avril 
1832,  sauf  le  cas  de  guerre,  il  ne  peut  être 
annuellement  accordé  de  décorations  avec 
traitement  que  jusqu'à  concurrence  du  tiers 
de  la  somme  produite  par  l'extinction  des  lé- 
gionnaires de  tous  grades. 

Dans  la  seule  année  qui  s'est  écoulée  du 
1«'  octobre  1833  au  30  septembre  1834,  on 
compte  1,820  nominations  ou  promotions. 
Pour  1835,  le  traitement  des  membres  de 
l'ordre  est  porté  à  8,47  4,000  francs. 

tOIS   FRANÇAISES. 

Le  nombre  des  lois,  décrets,  ordonnances 
et  arrêtés,  publiés  depuis  17S9  jusqu'au  20 
septembre  1835,  s'est  élevé  à  7tt,7:.s  qui 
ont  été  publiés  aux  époques  suivantes  : 

4°  Assemblée  constituante 3,402. 

2°  —  législative 2,078. 

30  Convention  nationale 14,034. 

40  Directoire 2,049. 

50  Gouvernement  consulaire 3,846. 

60  Empire 10,254. 

70  Louis   XVin   (i»"^  avril  — 19 

mars  1815) 841. 

8°  Les  cent-jours  et  le  gouverne- 
ment provisoi  re 318. 

90  Louis  XVIII  (25  juin  1815  — 

8  septembre  1824) 17,812. 

10»  Charles  X 15,801. 

11°  Louis-Philippe,jusqu'au 20 sep- 
tembre 1835 6,523. 

Total 76,758. 

Durant  cette  période  d'un  peu  plus  de 
46  années  (du  6  mai  1789  am  20  septembre 
1835),  on  a  publié  138  lois  ou  ordonnances 
par  mois,  terme  moyen. 

LOTGBIES. 

Le  trésor,  en  1836 ,  ne  perdra  qu'une 
somme  très-faible  par  la  suppression  de  la 
loterie. 

Depuis  dixans  les  bénéfices  bruts  de  la  lo- 
terie ont  été  chaque  année  d'environ  lOmil- 
tions;  ces  10  milUpos  soit^  la  différence  entre 


50  mimons  de  mises  et  20  millions  de  lots 
payés.  Mais  sur  ces  10  millions,  il  faut  dé- 
duire 2  millions  de  frais;  il  est  donc  resté  8 
millions,  dont  ce  jeu  funeste  a  augmenté 
les  recettes  annuelles  du  trésor  public. 

Mais,  depuis  que  les  idées  d'ordre  et 
d'économie  ont  fait  des  progrès,  depuis 
surtout  que  les  caisses  d'épargne  ont  pris 
un  grand  développement,  les  recettes  de  la 
loterie  ont  considérablement  diminué;  au 
lieu  de  8  millions,  comme  les  années  précé- 
dentes, les  bénéfices  nets  de  la  loterie  en 
)83i  n'ont  été  que  de  5,800,000  francs, 
ainsi  qu'on  le  voit  aux  pages  53  et  686  du 
compte  de  l'administration  des  finances  de 
l'année  !834. 

Le  montant  des  mises  a  été 
celte  année  de 23,601 ,000  f . 

Les  lots  payés  ont  monté  à     18,091,000 

Keste,  pour  bénéfice  brut 

de  l'état  ou  perte  des  joueurs,      5,583,000 

Mais  il  faut  déduire: 

34", 000 f.  pour  frais  d'admi- 
nistration centrale  à 
Paris, 

276,000  f.  pour  frais  de  ser- 
vice dans  les  dépar- 
temcns, 

1,157,000  f,  pour  remise 
aux  buralistes. 

Total  des  frais,  francs 1,780,000 


Reste  pour  le  profitde  l'état.  3,803,000 
En  1834,  les  bénéfices  de  la  loterie  ont 
diminué  de  près  de  5  millioiïs,  et  les  verse - 
mens  de  la  caisse  d'épargne  ont  augmenté 
par  contre  de  plus  de  8  millions,  compara- 
tivement à  l'année  précédente. 

La  recette  de  l'année  1835  sera  encore 
moins  considérable,  à  en  juger  parle  résul- 
tat inséré  dans  le  Moniteur. 

P.    PRÊTS   FAITS    AD   GOUMEBCE  EN    1830. 

Les  prêts  faits  au  commerce  et  à  l'indus 
trie ,  pour  lesquels  la  loi  du  17  octobre  1830 
avait  ouvert  un  crédit  de  30  millions,  ont, 
en  définitive ,  donné  lieu  à  une  avance  de 
29,911,329  f.  ;  mais  les  intérêts  et  les  frais 
judiciaires  des  poursuites  contre  les  emprun- 
teurs ,  ont  porté  la  créance  du  trésor  à  la 
somme  totale  de  31,393,437  f.  Les  recouvre- 
mens  effectués  au  l""  janvier  1835,  s'élevaient 
à  16,085,721  f.,  ce  qui  réduisait  le  solde  dû 
au  trésor  à  15,313,716  f.;  surcette  somme,  il 
existe  8,244,997f.,  de  créances,  dont  le  recou- 
vrement paraît  assuré  ;  le  surplus,  de  7  mil- 
lions, 068,819  f.  se  compose  de  prêts  dont  les 
chances  de  réalisation,  pour  le  trésor,  sont 
plus  ou  moins  douteuses. 


Oc  LA  LOTERIE  et  DES  PRIMES  doDDées  comme  PRtx  d'encodragcsixnt  aux  tKcraunt. 


(2»  lettre,  en  réponse  à  celle  de 

Dans  toutes  les  discussions  qui  ont  pour  but  d'éclai- 
rer ropiiiiou  pul)lique,  rimparlinlilé  dnil6lie  le  pre- 
mier devoir  de  la  puhlicHc,  la  bonne  foi  la  nremiôre 
condition  de  la  polémique;  par  diverses  considérations, 
il  m'importe  que  les  pjw'wrv  aux  lecteitra  ne  soient 
pas  confondues  avec  la  lolerir,  tout  autant  qu'il  peut 
importer  à  mon  honorable  coHôgue,  M.Benj.  Dolessert, 
que  la  commission  de  Banque  ne  soit  pas  insidieuse- 
ment confondue  avec  l'usure  prohibée  par  les  lois, 
ou  bien  les  transactions  de  prùts  sur  consignation  avec 
les  o[iérations  illicites  de  prèis  sur  gages. 

En  effet,  quelle  garantie  la  société  a-l-elle  que  le 
prêt  légal  ne  deviendra  point  usuraire  ? 

Les  délits  d'usure  pour  être  si  rarement  punis  font- 
ils  donc  S!  peu  nombreux?...  Et  cependant  la  société, 
afin  de  prévenir  l'abus,  n'a  pas  supprimé  le  droit... 

Assurément  il  se  peut  faire  que  l'obligation  de  prime 
donnée  par  l'éditoui',  soit  ensuite  vendue,  mais  ne  peut- 
il  pas  également  arriver  que  la  facilité  offerte  au  Com- 
merce par  la  Banque  de  France  de  se  procurer  de 
l'argent  à  quatre  pour  cent,  aboutisse  à  le  prêter  à 
huit  pour  cent,  et  plus  !... 

Tel  cependant  n'a  pas  été  l'esprit  de  cette  institution 
financière;  et  parce  qu'elle  aura  donné  lieu  à  un  tra- 
fic d?  ce  genre,  la  devra-t-on  attaquer  et  détruire? 

Evidemment  non;  et  restreindre  ainsi  dans  ces  ter- 
mes la  question  du  prêt  à  intérêt,  de  l'escompte  de 
banque,  du  prêt  sur  consignation,  etc.,  etc.,  ce  serait 
les  altérer,  ce  serait  confondre  le  principe  et  l'erreur, 
le  droit  et  l'abus. 

Toute  l'argumentation  de  l'honorable  M.  Delessert 
repose  sur  l'erreur  suivante  commise  par  lui  : 

«  L'acheteur  de  livres  acquiert  deux  choses  en 
»  même  temps  ;  d'abord  le  livre,  et  ensuite  un  bulletin 
»  déprime'.  » 

Cela  n'est  point  exact,  car  le  livre  qu'il  paiera  fie- 
main  cinq  francs,  avec  obligation  de  prime,  il  l'ache- 
tait hier  cinq  francs  sans  obligation  de  prime  ;  et  s'il 
ne  lui  convient  pas  de  participer  à  la  remise  collective 
instituée  en  vue  du  «  grand  nombre  »,  aucune  remise 
particulière  ne  lui  serait  faite. 

«  Mais  si  l'ooCtqation  de  prime  qu'il  a  gratuitement 
»  reçue  il  la  vend  zo  cent.,  le  prix  effectif  du  livre  ne 
»  sera  plus  réellement  que  4  fr.  70  c,  et  non  5  />.  » 

Cette  seconde  objection  est-elle  sérieuse  et  impor- 
tante? Elle  ne  l'est  pas. 

De  deux  choses  l'une  :  ou  la  vente  d'une  obligation 
sera  un  fait  isolé  et  exceptionnel,  et  alors  il  n'aura  pas 
plus  de  conséquence  que  s'il  s'agissait  d'un  livre  de 
10  fr.,  orné  de  vignettes,  dont  l'acheteur  delachorait 
les  gravures  pour  les  vendre  ou  les  échanger...  Ou  bien 
la  vente  des  obligations  de  primes  s'établira  à  l'instar 
de  ces  bureaux  dont  les  afficlies  placardées  sur  tous  les 
murs  de  Paris,  annoncent  qu'on  y  achète  les  recon- 
naissances du  Mont-de-Piété.'..,  C'est  là  sur  la  misère 
de  l'ouvrier  un  scandaleux  trafic,  toléré  à  la  porte 
d'une  institution  créée  pour  soulager  sa  gène  ! 

Eh  bien  !  dans  le  cas  qui  vient  d'être  supposé,  les 
Editeurs-Unis,  fondateurs  de  la  prime  aux  lecteurs, 
seraient  les  premiers  à  appeler  sur  un  pareil  abus  la 
vigilance  du  ministère  puolic  et  la  répression  de  la 
loi!...  Il  suffirait  d'une  seule  condamnation  pour  met- 
tre un  terme  à  une  spéculation  prohibée  qui,  à  dan- 
ger égal,  ne  produirait  jamais  à  ceux  qui  s'y  livreraient 
les  avantages  attachés  au  placement  actuel  des  billets 
de  loterie  clandestine. 

Il  n'y  a  donc  point  de  danger  que  «  de  pauvres  ou- 

»  vriers  privent  leurs  enfans  d'un  morceau  de  pain 

»  pour  courir  ta  chance  de  gagner  un  lot  '.  » 

De  celte  première  objection  je  passe  à  la  suivante  : 

«  Le  public  n'a  pas  de  garantie.  Le  nombre  de  bil- 

»  lets  n'est  point  indiqué.  » 

L'acte  constitutif  des  Editeurs-Unis  (dont  la  Cham- 
bre du  Commerce  aurait  pu  prendre  communication, 
si  elle  avait  bien  voulu  admettre  les  Editeurs-Unis  a 
4ui  donner  des  explications  avant  de  les  constituer  en 
étal  de  prévention,  par  sa  lettre  du  3  décembre  à  M. 
le  garde-des-sceaux),  leur  acte  constitutif  contient,  au 
contraire  à  cet  égard,  trois  clauses  expresses  : 

Dépôt  préalable  du  capital  affecté  au  service  de  leurs 
obligations  de  prime  ; 
Limite  numérique  posée  à  l'émission  des  obligations. 
Interdiction  formelle  à  leur  égard  de  participer  aux 
tirages. 

Le  capital  de  75,000  fr,  versé  préalablement  par  les 
Editeurs-Unis  est  entre  eux  la  reprcsentation  du  mou- 
vement d'affaires  fait  par  leurs  maisons  dans  l'an- 
née 1834,  s'élevant  à  i,250,300  fr,,  il  suppose,  à  raison 
de  six  pour  cent,  un  maximum  de  30,ooo  obligations 
délivrées. 


AT.  Benjamin  Delessert,  député.}, 

Les  obligations  sontdélivrécs  jour  par  jour  &  cha- 
cun des  éditeurs  au  fur  et  à  mesure  de  ses  jplucejnens, 
par  un  agent  spécialement  commis  à  cet  erfel  par  l'U- 
nion. 

<,)uelque  minime  que  puisse  être,  à  l'époque  des 
tirdgcs,  le  nombre  des  obligations  émises,  le  tirage  a 
lieu  en  présence  des  porteurs  d'obligations,  les  Édi- 
teurs-Unis courent  donc  seuls  un  risque  commercinl, 
celui  du  non  placement  de  toutes  leurs  obliga-lions, 
dans  lequel  cas  la  rtnnise  faite  au  public,  au  lieu  de 
n'être  que  de  six  pour  cent,  serait  alors  plus  élevée. 
Si,  par  l'effet  de  la  prime,  ou  pir  celui  de  toute  autre 
circonstance,  toutes  les  obligations  des  Editeurs-Uni- 
se  trouvaient  épuisées,  leur  ucte  constitutif  élablii 
dans  ce  cas  que  la  prime  de  75,ooo  fr.  sera  publique- 
ment déclaré!'  close  et  immédiatement  tirée; sauf,  s'il 
y  a  lieu,  .i  en  fonder  une;  seconde. 

Ainsi  donc,  rien  de  plus  légal,  au  fond  et  dans  la 
forme, que  la  prime  instituée  par  les  Editeurs-Unis. 

Le  tirage  des  obligations  de  la  ville  de  Paris  se  fai' 
en  présence  de  cinq  personnes  seulement  :  du  préiVi 
de  la  Seine,  de  deux  incmbresdu  conseil  municipal, 
et  de  deux  actionnaires  déslgnéspar  le  pré/cl;  le  ti- 
rage des  obligations  des  Editeurs-Unis  n'aura  pas  lieu 
avec  des  garanties  moindres. 

Je  dois  rendre  à  l'honorable  M.  Delessert  la  justice 
de  reconnaître  qu'il  est  parfaitement  conséquent  avec 
lui-môme,  lorsqu'atlaquant  les  ventes  avecprime,  il  dé- 
clare qu'il  a  également  blâmé  les  emprunts  avec  jyriiin: 
effectués  par  la  ville  de  Paris;  mais  il  oublie  un  fai'l 
qu'il  importe  de  lui  rappeler,  c'est  qu'en  mars  I83i, 
ce  fut,  grâce  au  triomphe  de  son  opinion  contre  le;- 
primes,  que  la  ville  de  Paris  ne  put,  à  cette  époque, 
emprunter  i,5  millions  dont  elle  avait  besoin. 

En  mars  1832,  lorsqu'au  lieu  de  quinze  millions, 
quarante  millions  lui  devinrent  nécessaires,  elle  n'eut 
donc  pas  le  ch>..ix,  il  lui  fallut  subir  la  volonté  des 
prêteurs,  et  la  ville  de  Paris  s'en  trouva  bien;  car,  a- 
prês  avoir  infructueusement  offert  cinq  pour  cent  d'in- 
térêt, son  emprunt  s'effectua  à  quatre  pour  cent  ei 
quatre-vingt-six  centimes  seulement,  convertis  en 
primes. 

L'aversion  qu'éprouve  l'honorable  M.  Delessert 
pour  cet  agent  de  crédit  public  l'égaré  assurément, 
lorsqu'il  l'assimile  «  au  jeu  de  bourse,  aux  ventes  u 
»  termes  sur  l'huile,  le  savon,  l'eau-de-vie,  qui  ont 
»  ruiné  d'honnêtes  néqocians.  »  Les  prêteurs  d'obli- 
gations de  la  ville  de  Paris  ne  se  ruinent  point  à  ne  p;iç 
gagner,  ils  reçoivent  l'intérêt  de  leur  argent  au  même 
Vaux  que  celui  auquel  la  Banqu»  de  France  fait  ses 
emprunts. 

]|  y  a  là  éventu.-;Iité,  mais  non  point  sgiolage;  ilpeui 
y  avoir  gain,  n>ais  jamais  perte  ;  il  y   a  chance  ;dé:i- 
loire  de  gagner,  mais  il  n'y  a  point  risque  de  perdre. 
Les  placemens  en  viager  ne  sont-ils  pas  essentielle- 
ment aléatoires? 

Et  les  compagnies  d'assurances  sur  la  vie  des  hom- 
mes, formées  à  Paris  sous  le  patronage  des  premières 
m;.;sons  de  banque,  à  les  considérer  avec  lès  yeux 
prévenus  d'un  puiitain,  ne  seraient-elles  point  fort 
exposées  à  être  traitées  de  véritables  loteries;  car,  à 
l'instar  de  la  loterie  royale,  l'art  des  chiffres  a  su  in- 
troduire, dans  le  calcul  des  probabilités,  une  chance 
inégale  d'au  moins  quinze  pour  cent  en  faveur  des 
compagnies  autorisées  par  ordonnance  royale. 

Dans  un  article  publié  par  le  Moniteur  du  Com- 
merce (Voir  la  l'e  lettre),  après  avoir  établi  en  quel? 
points  la  Prime  et  la  Loterie  différaient,  j'ai  dit  que 
les  primes  auraient  leur  abus,  et  <>n  même  temps  j'ai 
indiqué  des  moyens  sûrs  de  les  prévenir  et  de  les  ré- 
primer; mais  j'admets  que  l'abus  qui  en  sera  fait  soit  tel, 
qu'aux  mêmes  prix  et  à  qualités  égales,  «  bois  de  chauf- 
«  fage ,  souliers,  chapeaux,  pain,  viande,  sucre,  se 
«  vendent  avec  primes;»  de  ce  scandale  dont  s'effraie 
l'hoiiorabie  M.  Delessert,  que  résultera-t-il  ?... 

Il  en  résultera  qu'au  lieu  de  se  priver  de  souliers, 
de  chapeaux,  de  pain,  de  viande,  de  bois,  afin  de 
mettre  à  la  loterie,  l'ouvrier  achètera,  sans  auiimen- 
lulion  de  prix,  les  objets  de  consommation  qui  lui  se- 
ront nécessaires ,  et  satisfera  une  passion  aveugle, 
qu'émoussera  'bientôt  l'habitude  du  bien-être...  On 
sait  que  Ivîs  privations  sont  le  plus  actif  stimulant  des 
passions. 

L'expérience  des  siècles  montre  : — qu'opprimer  les 
passions  de  l'homme  ce  n'est  point  les  détruire,  c'est  le 
plus  souvent  les  fortifier,  et  que  gouverner  n'est  pas 
autre  chose  que  l'art  de  s'emparer  des  penchans  d'un 
peuple ,  de  les  diriger,  de  les  anoblir  ou  de  les  mo- 
raliser. 
Deux  foia,  en  1789  et  en  1793,  la  loterie  fut  snppri- 


mée,  deux  fois  elle  a  élé  rétablie,  parce  qu'à  ces  deux 
époques  on  négligea  de  donner  à  une  passion  long- 
temps cultivée  comme  un  champ  fertile,  un  moyen 
moral  de  se  reproduire  !        

Veul-on  rendre  le  retour  de  la  loterie  impossible:" 
Par  une  pente  habilement  ménagée  vers  le  bien-être 
et  l'instruction,  il  faut  essayer  de  détourner  des  loteries 
étrangères  et  clandestines^  des  jeux  de  hasard,  qui  ne 
tarderaient  pas  à  se  multiplier,  les  53,076,924  fr  ,  qui 
depuis  l'an  vi,  époque  du  rétablissement  de  la  loterie, 
jusqu'à  l'an  1834,  forment  la  moyenne  annuelle  des 
capiUux  accoutumés  à  suivre  la  route  facile  et  dan- 
gereuse que  leur  frayait  l'EUt  ! 

Celte  considération  mérite  qu'on  l'examine  atten- 
tivement. ... 

Aussi  n'est-ce  point  la  légalité  de  la  prime  que  cette 
lettre  s'est  proposée  de  démontrer  ;  la  légalité  n'a  ja- 
mais présenté  de  doutes  que  dans  l'esprit  de  ceux  qui 
ont  fait  confusion  àes  ventes  et  emprunts  accompagnés 
déprimes  avec  les  prime,*  sous  forme  de  loteries  ;  ce 
que  je  veux  m'attacher  à  prouver,  c'est  qu'en  accep- 
tant la  responsabilité  morale  d'une  prime  à  la  fonda- 
lion  de  laquelle  je  déclare  avoir  indirectement  con- 
tribué, je  reste  fidèle  aux  idées  dont  je  poursuis  de- 
puis plusieurs  années  l'actif  développement. 

Lorsqu'on  i83i,  m'efforçant  d'attiédir  les  passions 
politiques  en  ravivant  les  intérêts  matériels,  je  fus  le 
premier  à  donner  aux  caisses  d'épargnes,  l'impulsion 
qui  les  a  multipliées  dans  les  déparlemens,  n'ai-je 
point  eu  à  les  défendre  contre  les  accusations  intéres- 
sées de  fanatiques  perfides,  et  contre  les  scrupules  res- 
pectables d'hommes  religieux!... 

Ils  disaient  qu'encourager  le  goût  de  l'épargne  et 
de  la  prévoyance  par  des  institutions  spéciales,  c'é- 
tait tarir  le  principe  de  la  charité  chrétienne,  c'était 
affaiblir  la  foi  de  l'homme  en  la  providence  de  Dieu; 
c'était  matérialiser  le  cœur  humain,  c'était  encoura- 
ger sa  propension  à  l'égoïsmc,  c'était  le  priver  de  son 
plus  noble 'intérêt,  —  la  compassion  .'... 

Ceux-là  disaient  que  c'était  rendre  les  ouvriers 
moins  serviables  entre  eux  ;  que  c'était  les  rendre 
trop  indépendans  des  chefs  d'ateliers,  ceux-ci  objec- 
taient que  placer  ainsi  les  Classes  ouvrières  dans  la 
dépendance  directe  du  trésor  public,  c'était  énerver 
le  peuple,  c'était  enlever  à  l'agriculture  et  à  l'industrie 
des  capitaux  utiles 

Ce  que  de  telles  objections  présentaient  d'argumens 
spéciaux,  je  les  combattis  par  une  publicité  tiès-élen- 
due;par  une  correspondance  infatigable,  je  créai  l'é- 
mulation par  l'exemple.  Voilà  comment  j'entrepris  de 
combattre  la  loterie  ;  plus  tard,  quand  sa  suppression 
fut  résolue,  j'exprimai  le  vœu  qu'au  lieu  de  l'abolir,  on 
affectât  ses  produits,  jusqu'à  leur  entière  extinction,  à 
la  dotation  de  l'instruction  primaire  et  à  la  suppres- 
sion du  timbre  des  journaux 

Celte  manière  progressive  d'abolir  la  loterie  en 
augmentant  les  forces  de  ses  adversaires  naturels, 
m'a  toujours  paru  la  seule  rationnelle  et  vraiment  gou- 
vernementale ;  sa  suppression  par  voie  de  concession 
philanthropique,  laisse  dans  le  cœur  de  beaucoup 
d'hommes  un  vide  que  l'instruction  n'a  pas  encore 
rempli,  et  où  il  est  à  craindre  que  beaucoup  de  pas- 
sions mauvaises  ne  viennent  résider. 

Les  meilleur»  institutions  peuvent  donc  soulever 
contre  elles  des  objections  graves!... 

En  France,  ce  qu'il  importe,  selon  moi,  le  plus  de 
développer,  c'est  le  goût  de  l'instruction  et  de  la  lec- 
ture; s'il  est  difficile  à  un  gouvernement  absolu  de 
contenir  dans  l'ignorance  les  classes  intermédiaires  ; 
assurément  il  est  plus  difficile  encore  à  un  gouverne- 
ment libéral  de  porter  l'instruction  parmi  les  classes 
inférieures  dont  le  travail  épuise  les  forces  physiques, 
qu'une  alimentation  substantielle  vient  trop  rarement 
réparer... 
Aussi  l'imprimerie  et  la  librairie  n'ont-elles  pu  en- 


core passer  de  l'état  d'ateliers  au  rang  de  grandes  ms- 
nufaclures,  ni  perleciionner  leurs  procèdes  beaucoup 
trop  coûteux  oe  fabrication  ;  aussi  quelque  élevé  que 
soit  le  prix  d'un  livre,  la  publication  en  est-elle  tou- 
jours une  opération  éxtrêmenient  hasardeuse. 

Une  consommation  régulière  n'est  point  assurée; la 
fabrication  est  arriérée,  les  débouchés  sont  étroits  et 
encombrés,  les  transports  sont  coûteux  et  les  inter- 
médiaires peu  sûrs  : 

Donner  un  attrait  à  la  consommation  des  livres  n'est 
qu'un  moyen  d'élargir  la  voie  étroite,  difficile  et  tor- 
tueuse d'une  industrie  à  laquelle  il  reste  à  faire  tous 
les  progrès  remarquables  obtenus  depuis  vingt  années 
par  l'industrie  des  tissus  imprimés,  particulièrement 
sous  le  rapport  de  la  réduction  des  prix.' 

En  résumé  la  prime  ne  m'a  paru  qu'un  mode  tran- 
sitoire, opportun  et  mora!  dans  son  application,  de 
réduire  a  son  prix  réel,  durable  et  fixe,  la  feuille 
d'impression  qui  se  fabrique  et  se  paie  trop  cher  et  se 
vend  trop  peu. 

Si  l'on  savait  que  les  meilleurs  livres  et  les  plus 
consciencieux  sont. généralement  ceux  dont  la  vente 
ne  compense  point  les  frais  de  U  fabrication  ! 

A  défaut  d'appât  matériel  tel  qu'une  prime  d'argent 
distribuée  par  le  sort,  jusqu'à  ce  jour,  qu'a  fait  la  li- 
brair-e  pour  stimuler  la  vente  deslivres?  Trop  souvent 
elle  lu-  a  donné  l'aopàt  immatériel  de  l'esprit  de  parti, 
l'attrait  immoral  du  scandale  ou  de  la  diffamation  dé- 
guisée sous  les  noms  de  mémoires,  de  révélations^  de 
biographies  et  autres  titres. 

Mais  si  l'avantage  des  pubticalions  à  grand  nombre, 
dont  l'initiative  appartient  aux  éditeurs-unis,  est  pré- 
cisément d'exclure  l'esprit  étroit  de  parti  et  de  coterie, 
et  ces  hostilités  de  personnes  qui  n'intéressent  ja- 
mais ^u'un  petit  nombre;  l'inconvénient  contre  le- 
quel ces  publications  ont  à  lutter,  est  celui  de  paraître 
manquer  d'à-propos  et  de  nouveauté.... 

Un  moment,  un  seul  moment,  à  sa  naissance,  l'ex-r 
IrCme  ton  marche  par  son  audace  excita  l'engouement; 
mais  des  contrefaçons  plutôt  que  des  concurrence* 
vinrent  bientôt  émousser  et  détruire  un  goût  qui  ne 
commençait  encore  qu'à  poindre. 

-Alainienant  le  bon  marché  d'un  livre  utile  ne  suffit 
plus  pour  lui  mériter  l'aitention  et  la  faveur  publiques; 
déjà  les  prix  tendent  sensiblement  à  reprendre  leur 
ancien  cours,  et  à  circonscrire  de  nouveau  les  lecteurs 
à  d'infiniment  petits  nombres. 

Dans  cet  étal  de  choses,  pense-t-on  que  par  le  fait 
de  !a  réduction  de 30  cenlimes  sur  le  pnxdéjà  si  ré- 
duit de  leurs  livres,  les  Editeurs-Unis  eussent  quel- 
que peu  élargi  le  cercle  de  leurs  souscripteurs?  Assu* 
rément  non;  que  paraîtrait  au  public  une  réduction 
de  60  centimes  sur  le  prix  de  tel  volume  de  lOfr.  des 
Editeurs-Unis,  qui  contient  huit  volumes  vendus  50  fr. 
par  la  librairie  ordinaire? 

Ne  pouvant  donc  réduire  avec  utilité  les  prix  de  leur i 
livres,  et  ne  voulant  point  les  augmenter,  c'est  alors 
que  les  Editeurs-Unis  se  sont  demandé,  si,  dans  la  voie 
neuve  qu'ils  s'étaient  frayée,  ils  ne  pouvaient  s'appro- 
prier judicieusement  une  combinaison  financière 
dont  l'expérience,  faite  à  propos,  de  la  ville  de  Paris 
avait  montré  la  toute  puissance. 

En  ce  qui  me  concerne,  il  m'a  paru  qu'un  moyen 
dont  l'effet  était  d'aider  à  l'élargissement  sphérique 
de  la  Politique  et  de  la  Littérature,  et  à  leur  élévation 
au-dessus  du  petit  trafic  des  petites  passions,  était  di- 
gne et  moral  ;  les  attaques  faussement  dirigées  dont  il 
a  été  l'objet  n'ont  point,  à  cet  égard ,  affaibli  mes  con- 
victions; elles  m'ont  seulement  prouvé  de  nouveau  à 
l'occasion  des  primes  ce  que  précédemment  j'avais 
eu  lieu  de  remarquer  pour  les  caisses  d'épargnes, 
c'est  jusqu'à  quel  point  certains  rigoristes  peuvent 
prendre  des  erreurs  de  leur  esprit  pour  des  scrupules 
de  leur  conscience. 

Emile  de  GIRARDIN. 


Note:  L'intérêt  qui  s'attache  en  ce  moment  à  la  question  des  Remises  de  librairie  ca- 
pitalisées sous  le  titre  de  Primes,  à  l'effet  de  multiplier  leslecteurs  et  de  les  associer  par  le  lien 
d'une  éventualité  commune,  nous  a  fait  penser  que  les  deux  lettres  qui  précèdent  seraient 
lues  arec  intérêt. 

Avis  :  MM.  les  fldèles  souscripteurs  à  qui  cette  livraison  parviendra  sont  ])riés  de  vouloir 
bien  informer  ceux  des  anciens  sociétaires  qu'ils  connaîtraient  et  qui  n'auraient  pas  encore 
renouvelé  leur  abonnement,  (\u'une  quittance  de  six  francs ,  accompagnée  d'une  Obligation 
de  kl  prime  de  soixante-quinze  mille  francs,  leur  sera  présentée  du  15  au  30  janvier  ISôb;  im- 
médiatement après  qu'ils  l'auront  acquittée,  les  livraisons  publiéeslcur  seront  adressées. 


IMPRIMERIE  DE  GRÉGOIRE,  RUE  DU  CROISSANT,  IG. 


.-  —  ..-■■.- 


Sixième  année.  1836. 
Édition  françaiie. 


•rOVRKA.L 


Seuxiéme  Série. 
' —  Première  Année. 


M3Wim 


DICTIONNAIIΠ MENSUEL   tl    PROGUESSIF. 

Répertoire  usuel 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,  ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intéressant  directement 

L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-êlre  des  familles,  l'économie  usuelle; 

L'exercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales  ; 

L'oxéculion  des  lois  par  l'accomplissemenl  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

PRIX,  FRANC  UE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE, 

PAR  AN  SIX  FEAÎVCS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT -GEORGES,  N»  11. 
[Tne  hWaison  de  trente  deux  pages  par  mois,  contenant  un  demi-volume  În-S". 

Les  souscripteurs  étanl  autorisés  à  retenir  —sur  le  prix  de  six  (rancs  —  l'alfranchissement  de  le.ur  lettre  et  le 
cota  de  la  reconnaissance  de  poste,  l'abonnemenl  n'est,  de  lait,  que  de  CINQ  FRANCS  nelspottr  la  Société. 

Numéro  2  :  —  Février  1836. 


REPERTOIRE    CIVIL. 

Citoiiens:  Délits  forestiers,  29;  délits  de  pêche,  id.; 
revendication,  id. —  Conseils  conimunaitx  :  Propaga- 
tion des  salles  d'asilr,  id.;comptabiIilc  communale,  ao; 
péremption,  id.;  difTanialion,  3i.  —  Coniribiuible.s  :  Ce 
que  coûie  en  France  la  force  publique,  id.;  impôts 
anciens  comparés  aux  impôts  actuels,  id. —  tiouver- 
nans  :  Grave  question  morale  et  fiscale  des  maisons  de 
jfu,  33. —  Inslr action puhlifjtic  primaire  :  Liberté  de 
l'instruction  rflisieuse,  34. —  Jurés  :  Leur  dénombre- 
:!ient,  36. —  Maires:  Moyens  de  donner  de  l'inslruc- 
lion  aux  enfans  trouvés  et  orphelins  placés  dans  les 
hospices,  id.;  limites  du  pouvoir  municipal,  id. 

RÉrERTOinE  DOMESTIQUE. 

Enfans  :  Education  des  filles,  37.  —  Des  vins  et  des 
liqueurs,  41.  — Ongles  incarnés,  44. 


REI-EnrolRE  PROFESSIONNEL. 

Chimistes  :  Action  de  la  vapeur  d'eau  pour  décom- 
poser la  galène,  45.  —  Corrorjcurs  :  Dégras.  —  Forges 
\ma\tres  de)  :  Procédé  pour  fabriquer  la  fonte  et  le  fer 
en  barres,  46. —  Imprimeurs-lithographes  :  Conserva- 
lion  des  dessins  sur  pierre,  49.  —  Sucres  (fabricans 
de):  I. Sucre  indigène,  id.;  II.  Sucre  colonial,  50.  — 
Tissus  {fabricans  d<^)  :  i)e  la  destruction  des  tissus  dans 
le  blanchiment  et  la  teinture,  el  des  moyens  d'en  pré- 
venir les  causes,  51. 

RiirEiaoïuE  mensuel  delà  conversation. 

Argent,  53.  —  Cadastre,  id.  —  Chemins  de  fer,  ca- 
naux, 54.  —  Chevaux  et  bestiaux,  importation  et  ex- 
portation, .S5.  —  Monts-de-pielé,  id.  —  Morcellament 
des  propriétés,  id.  —  Population,  56.  — Variations  du 
temps,  id. 


Jours 

de  la 

semaine. 


NOMS 

des 
SAINTS. 


INTERETS 

de 

fr.  100 

à  5  p.  <./o. 


REVENU 


Par 

an. 


Par 
jour. 


EMPLOI 
Dépenscl  Epargne 

9/10      I      l/IO 


rnoDuir 
de  1,-10 
épargné 
au  bout  de 
20  ans. 


334 

1 

lundi. 

333 

2 

mardi. 

332 

3 

mercredi. 

331 

4 

jeudi. 

330 

5 

vendredi. 

329 

6 

samedi. 

328 

7 

niJIAKCHE 

327 

8 

lundi. 

326 

9 

mardi. 

325 

10 

mercredi. 

324 

11 

jeudi. 

323 

12 

vendredi. 

322 

13 

samedi. 

321 

14 

DIMANCHE 

320 

15 

lundi. 

319 

16 

mardi. 

318 

17 

mercredi. 

317 

18 

jeudi. 

3i6 

19 

vendredi. 

315 

20 

samedi. 

314 

21 

DIMANCHE 

313 

22 

lundi. 

312 

23 

mardi. 

311 

24 

mercredi. 

310 

25 

jeudi. 

309 

26 

vendredi. 

308 

27 

samedi. 

307 

28 

DIMANCUE 

306 

29 

lundi. 

Le  1 

"  lev. ( 

iu  soleil  7  h 

0         - 

—              7 

20 

—             7 

51 

—            6 

s.  Ignace,  évèque. 
PURII  ICATJON. 
s.  Biaise, 
ste  Aj^atlie. 
s.  Pliiléas. 
s.  Vaasi ,  évêque. 
SEX.ACKSIME. 
s.  Jean  de  Matha. 
ste  Apolline, 
ste  Scolasliquc. 
s.  Séverin,  abbé. 
s.  Mélécc. 
s.  T  ézin. 

QUINQUAGESIM. 
s.  Valentin. 
s.  Furcy. 

Théoduie. 
s.  Siméon.  évéque. 
s.  Gabin. 
s.  Eieuther. 
QUADRAGESIME 
ste  Isabelle. 
s.  Méraiilt. 
LES  CENDRES. 
s.  Viclorin. 
s.  Porphire,  4  T. 
SIC  Honorine,  4  T. 
REMENISCERE. 


Jours. 
32 
33 
34 
35 
36 
37 
38 
39 
40 
41 
42 
43 
44 
45 
46 
47 
4S 
49 
50 
51 
52 
53 
54 
55 
56 
57 
53 
59 
60 


»  35 

..  36 

i>  37 

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»  39 

o  40 

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»  47 

»  48 

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»  50 

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20 

4 

68 

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5 

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4 

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2000 

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47 

4 

93 

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2050 

5 

61 

5 

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2100 

5 

75 

5 

17 

»     57 

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5 

89 

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2200 

6 

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5 

43 

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6 

16 

5 

54 

»     61 

2300 

6 

30 

5 

67 

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2350 

6 

43 

5 

79 

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2400' 

6 

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28 

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2600 

12 

6 

41 

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26.50 

26 

6 

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6 

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),     76 

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7 

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3000 

8 

21 

7 

39 

»     82 

3050 

8 

35 

' 

52 

i>     83 

5000  21 
5151  76 
5303  28 
5454  SO 
5606  32 
5757  84 
5909  36 
6060  88 
6212  40 
6363  95 
6515  47 
6666  99 
6818  51 
6970  03 
7121  55 
7273  07 
7424  59 
7576  11 
7727  63 
7879  15 
8030  67 
8182  ;9 
8333  71 
8485  23 
8626  75 
8788  27 
8939  79 
9091  35 
9242  87 


P.  L.  le    2  à  c  heures  59  minutes  du  soir. 

D.  Q.  le  10  2  1  du  matin. 

N.  L.  le  16  8  27  du  soir. 

P.  Q.  le  24  u  52  du  malin. 


Avi«  des  Édîteur«-Uni«  aux  porteurt  de  leurs  obligations  de  la  prime 
de  SOIXAMTB-QUIZf  ZB  MII.I.E  francs. 

lêH  présentation  d'une  loi  portant  prohibition  des  primes  quelles  qu'elles  soient ,  n'é- 
tant plus  douteuse  ,  les  éditeurs- unis,  placés  entre  le  respect  de  la  loi  et  celui  non  moins 
impérieux  qu'ils  doivent  aux  engagemens  publics  contractés  par  eux,  n'ont  point  dû  hé- 
•i>ter  à  remplir  ce  double  devoir  ,  quelque  sacrifice  que  pût  leur  imposer  la  résolu- 
tion suivante  qu'ils  ont  prise  à  l'unanimité  : 

Cinq  tirages  restaient  à  effectuer.  Le  premier,  au  29  février  1836,  le  second  au  31  mai, 
le  troisième  au  31  août,  le  quatrième  au  50  novembre,  le  cinquième  enfin  au  28  février 

1837. 

Ces  tirages  ne  devaient  avoir  lieu  que  dans  le  délai  de  quatorze  mois  ,  ils  seront  tous 
opérés  dans  le  délai  de  quatue  mois,  et  plus  tôt  encore,  le  jour  même  de  la  promulgation 
de  la  loi  annoncée,  si  ses  termes  l'exigent  des  Editeurs-Unis 

En  conséquence,  les  62,000  francs  restant  à  répartir  seront  tirés,  savoir  : 

Le  29  février  183G,  12,000.  —  I.e  30  mars,  5,000.  —  Z.e  15  avril,  5,000.  —  I.e  31  avril, 
5,000  francs,  et  le  30  mai,  35,000  francs.  Zae  tout  formant  41  lots,  dont  un  seul  de  30,000 
francs. 

Au  premier  tirage  qui  a  eu  lieu  le  31  décembre  dernier,  le  lot  principal  de  10,000  francs 
est  échu  à  M-  Dardeiet,  modeste  rentier,  dont  il  est  ve-nu  presque  doubler  la  fortune. 
Nous  reproduisons  sa  lettre  publiée  par  tous  les  journaux. 

Monsieur  le  Rédacteur, 
Je  vous  prie  de  vouloir  bien  annoncer  qn'apnt  reçu,  le  i<2  décembre,  en  souscrivant  à  un  exemplaire  de 
l'utile  Livret  des  Ménages,  l'obligation  de  prime  des  éditeurs-unis,  portant  le  numéro  69-1—16'  série,  à  laquelle 
est  échu  ie  premier  lot  de  io,ooo  l'r.;  cette  somme  m'a  été  payée  à  presenUition  par  le  déposilatre,  M.  A.  Cléeiuann, 
rue  Saint-Georges,  il, avec  une  bonnefoi  elUHC  ponctualité  auxquelles  la  publicité  doit  hommage. 
Agréez,  monsieur,  mes  salutations  empressées,  L.Dardelet, 

Demeurant  à  Gironville  (Seine-el-Oise). 

Un  des  six  lots  est  échu  à  M.  Régnier,  chef  d'institution  à  Saint-Cloud,  pour  une  souscrip- 
tion au  Musée  des  Familles. 

Les  cinq  autres  lots  n'ont  pas  encore  été  réclamés  ;  les  noms  des  personnes  qui  les  ont 
gagnés  seront  publiés  aussitôt  qu'elles  se  seron^fait  connaître. 

AVIS  IBSPORTANT 

aux  personnes  qui  ont  souscrit 
A  LA  COLLECTION  DE  20  FRANCS  DU   JOURNAL  UES    CONNAISSANCES  UTILES. 

Les  personnes  qui  recevront  cette  livraison,  et  à  qui  le  ballot  contenant: 

1»  Les  cinq  années  du  Journal  des  Connaissances  ntiles,  reliées  en  deux  volumes; 

20  1  :Almanach  de  France  ; 

3"  V Atlas  de  France  ; 

40  L'Atlas  universel; 

.')0  La  Géographie  moderr.e  ; 
ne  serait  pas  encore  parvenu,  sont  priées  de  s'abstenir  de  toute  réclamation  qui  leur  occasion-, 
nerait  des  frais  inutiles.  Telle  a  été  l'afUuence  considérable  et  imprévbe  des  demandes 
de  cette  collecLion,  que  la  reliure  des  volumes  s'est  rencontrée  comme  obstacle  à  leur  ex- 
pédition avant  le  31  décembre. 

Chaque  jour  un  dôparlement  est  expédié  au  fur  et  à  mesure  que  des  volumes  sont  re- 
liés en  nombre  suffisant. 

Toutes  les  colleclions  seront  parvenues  avant  le  25  février  au  plus  tard  ;  passé  le  der- 
nier jour  de  ce  mois  ,  aucune  demande  de  20  francs  ne  sera  plus  reçue,  afin  de  mettre  un 
terme  final  aux  expéditions.  Quant  aux  bulletins  de  primes  qui  devaient  être  joints  aux 
collections ,  tous  ont  été  rcreiis,  avant  le  tirage  du  31  décembre  dernier,  à  MiM.  Duclosel 
frères  et  de  Rostaing,  banquiers,  à  Paris ,  rue  Notre-Dame-des-Vicloires ,  u.  34,  avec 
mission  de  les  faire  parvenir  par  la  voie  de  leurs  agens  à  tous  les  souscripteurs  inscrits  an 
térieurcmetit  au  30  décembre;  s'ils  ne  l'ont  point  fuit,  c'est  à  ces  agens  que  devra  en  être 
adressé  le  reproche,  lorsqu'ils  se  présenteront  pour  remettre  aux  souscripteurs  la  collec- 
tion de  20  francs  et  en  recevoir  le  prix. 

Nous  n'avons  épargné  aucun  sacrifice  pour  que  les  collections  de  20  fr.  parvinssent  avant 
le  31  décembre,  époque  du  premier  tirage  de  la  prime;  la  preuve  de  cette  assertion  se 
trouve  :  l«>  dans  l'envoi  parlicul  ier  de  l'obligaliun  de  prime,  que  nous  avons  prié  MM.  Du- 
closel et  de  Rostaing  de  faire  p  arvenir  aux  ayant-droit  ;  2"  dans  1  envoi  que  nous  avons  fait 
aux  souscripteurs,  avant  cncais  >emciit,  des  deux  premières  livraisons  de  1836. 

Nous  aimons  à  croire  que  la  bonne  toi,  dont  le  rapprochement  des  tirages  de  la  prime 
dejr.,0Uo  francs  est  une  preuve  éclatante,  sera  égale  des  deux  parts. 

En  terminant,  nous  renouvelions  l'engagement  de  considérer  comme  nulle  toute  de- 
mande d'une  collection  de  20  firancs  qui  ne  serait  pas  remise  à  son  souscripteur  avant  le 
deuxième  tirage  de  la  prime  de  soixajnie-qoinze  mille  francs,  qui  aura  lieu  le  29  février 
prochain. 


29 


REPERTOIRE  CIVIL. 


X.  Intérêts  généraux.  —  XI.  Morale  et  instruction  publiques.  — 
m.  Devoirs  et  droits     civils  et  politiques. 


CiTOYCNs  :  Sélîts  forestiers. 


La  jurisprudence  est  la  loi  en  actions;  en 
extraire  ce  qu'elle  a  de  plus  généralement 
usuel,  c'est  appliquer  la  méthode  mutuelle 
à  renseignement  élémentaire  de  la  loi. 


La  cour  de  cassation  a  rendu,  le  12  décem- 
bre dernier,  un  arrêt  qui,  bien  que  se  rat- 
tachant à  une  simple  coiitravention,  est 
d'une  haute  importance,  quant  au  point  de 
droit  qu'il  établit.  Un  individu,  inculpé  d'un 
délit  forestier,  s'était  inscrit  en  faux  contre 
le  procès-verbal  de  l'agent  (orostier,  seul  et 
ttnique  clément  de  culpabilité  dans  la  cause. 
Les  magistrats  avaient  sursis  à  statuer  jusqu'à 
décision  à  intervenir  sur  la  poursuite  en 
faux»  et,  au  préalable,  exigé  l'autorisation 
du  conseil  d'état  pour  la  mise  en  cause  de 
l'agent  signataire  de  ce  procès-verbal.  Cette 
autorisation  ayant  été  refusée,  l'inscription 
de  faux  se  trouva  paralysée  parle  fait,  et  le 
prévenu  fut  de  nouveau  traduit  devant  le 
même  tribunal  correctionnel,  qui  ne  voulut 
poinlse  prononcer  jusqu'à  ce  que  l'inscription 
de  faux  fut  admise  ou  rejetée.  Le  ministère 
public  s'étant  pourvu  en  cassation  contre  ce 
jugement,  il  est  intervenu  l'arrêt  remarqua- 
ble que  nous  citons  textuellement  comme 
fixant  la  jurisprudence  sur  une  question  qui 
intéresse  tout  particulièrement  la  sécurité 
des  citoyens. 

«  Attendu  qu'une  demande  en  insciiption  de 
faux  contre  un  procès-verbal  des  agens  de  l'ad- 
ministration forestière  est  un  moyen  légal  de 
défense,  et  que  le  tribunal  saisi  de  l'action  prin- 
cipale est  seul  juge  de  l'exception; 

»  Attendu  que  si,  dans  l'intérêt  de  l'adminis- 
tration, la  poursuite  doit  être  autorisée  par  le 
conseil  d'état,  il  ne  s'ensuit  pas  que  le  refus 
d'autorisation  anéantisse  la  demande  ;  que  ce 
refus  ne  peut  avairpour  effet  que  de  mettre  les 
fonctionnaires  publics  à  l'abri  de  toutes  pour- 
suites personnelles,  mais  qu'il  ne  peut  avoir  ce- 
lui d'anéantir  l'exception  et  d'enlever  ainsi  au 
prévenu  un  moyen  de  défense  que  la  loi  lui 
donne  ; 

»  Que  la  poursuite  judiciaire  ne  peut  être  pa- 
ralysée par  le  défaut  d'autorisation;  d'où  il  suit 
qu'il  doit  être  procédé  incidemment  sur  la  de- 
mande en  iuscription  de  taux,  conformément  à 
l'artieie  459  du  Code  d'ins:ruction  crimineile, 
marche  qui  doit  être  suivie,  non-seulement  dans 


les  cas  de  décès  ou  de  proscription  dent  parle 
l'article  4G0du  mémeCode,  mais  encore  par  voie 
d'analogie  dans  tous  les  cas  où  il  existe  un  obs- 
tacle légal  à  l'action  publique  ayant  pour  efifet 
de  l'anéantir  ou  de  le  paralyser; 

»  Attendu  qu'en  jugeant  le  contraire  et  en  or- 
donnant un  sursjs  indéfini  à  l'action  corrcctio- 
nelle  de  l'administration,  le  tribunal  ds  Tarbes 
a  omis  de  prononcer  sur  l'inscription  de  faux, 
et  a  ainsi  violé  les  articles  précités; 

»  Par  ces  motifs,  la  cour  casse,  etc.  » 

{Cour  de  Cassation,  12  décembre  1835.) 

—  Délii  de  pêche. 

La  prohibition  faite  aux  mariniers  qui  fré- 
quentent les  rivières  navigables  d'avoir  dans 
leurs  bateaux  aucun  filet  ou  engin  de  pèche, 
s'applique  à  tous  les  individusqui  ne  sont  ni  fer- 
miers de  la  pêche  ni  porteurs  de  licence,  et  com- 
prend, par  conséquent,  le  propriétaire  d'un  ba- 
teau portant  un  moulin  et  qui  est  constamment 
amarré  sur  une  rivière  navigable. 

{Cour  de  Cassation,  Q  mai  1835.) 

—  Revendication. 

La  revendication  autorisée  par  l'article  2379 
du  Code  civil,  au  cas  de  vol  d'un  objet  mobilier, 
n'est  pas  applicable  au  cas  d'escroquerie.  Dès 
lors,  celui  qui  a  été  dépouillé  par  ce  dernier 
moyen  ne  peut  revendiquer  la  chose  contre  le 
tiers  qui  l'a  achetée  de  bonne  foi  de  l'escroc. 

Cet  arrêt  de  la  Cour  de  Cassation,  du  20  mai 
1835,  est  basé  sur  ce  considérant  que  le  vol  ne 
peut  être  confondu  avec  l'escroquerie,  vu  que 
dans  ce  dernier  cas  l'individu  frustré  a  suivi  la 
foi  de  celui  qui  l'a  trompé,  et  que,  par  la  vente 
qui  lui  a  été  faite,  il  lui  a  donné  un  titre,  in- 
dépendamment de  la  possession  ;  qu'il  n'en  est 
pas  de  nîème  de  la  chose  volée ,  à  l'égard  de  la- 
quelle il  n'y  a  eu  ni  vente,  ni  remise  volontaire, 
et  qui,  au  contraire,  a  été  prise  par  une  voie  de 
fait  quelconque. 

(Cour  de  Cassation,  20  mai  iS'ib.) 

CoRiiciLs  ComiBCNAox  :  Salles  d'asile. 

Depuis  long-temps,  en  France,  oh  sentait 
la  nécessité  d'ouvrir  des  élablissemens  où 
la  mère  de  famille  pauvre  piit  déposer  ses 
enfans  en  bas  âge,  qu'un  travail  assidu  et 
souvent  lointain  la  force  à  confier  à  des 
mains  négligentes,  ou  à  traîner  pénible- 
ment avec  elle  jusqu'à   la  fin  de  la  journée. 

Plusieurs  fois  et  notamment    dans  notre 

numéro   de   février    1830,    page    32,   nous 

,  avons  indiqué  tous  les  avantages  qui  doivent 


50 

résulter  (l'une  telle  inslitulion,  et  nous 
avons  vu  avec  satisfaction  que  nos  vœux 
n'ont  point  clé  stériles.  L'idée  de  fonder, 
sous  le  nom  de  salles  d'asile,  des  maisons 
tout  à  la  fois  d'éducation  et  d'hospitalité 
pour  les  enfans  trop  jeunes  encore  pour 
être  admis  dans  les  écoles  communales, 
commence  à  porter  généralement  ses 
fruits;  les  grandes  villes  ont  donné  l'exemple 
aux  communes  rurales. 

C'est  beaucoup,  sans  nul  doute,  que  la 
charité  s'exerce  de  cette  manière;  mais  il 
serait  à  souh.iiter  que  le  législateur  ou  du 
moins  l'administration  réglementât  la  fonda- 
lion  et  la  direction  des  salle  d'asiles,  qui 
ont  des  rapports  avec  lasanté  et  l'instruction. 
Le  caractère  de  la  bienfaisance  y  domine 
et  doit  y  dominer,  car  ce  sont  surtout  des 
ctablissemens  destines  au  plus  jeune  âge, 
à  des  enfans  poi<r  lesquels  les  soins  physi- 
ques sont  plus  nécessaires  que  ceux  de  la  j  enfaiis  et  les  soins  à  leur  donner  peuvent 
pédagogie.  L'éducation  qu'on  y  reçoit  est  !  bien  ne  pas  présenter  de  l'uniformité  dans 
celle  que  donnerait  une  mère  pendant  les  '  toutes  les  localil es;  mais  tous,  néanmoins, 
premières  années  de  la  vie  à  son  enfant  si  j  ont  pour  but  principal  de  préserver  les 
elle  pouvait  disposer  de  son  temps,  et  si  ;  enfasis  en  bas  âge  des  dangers  physiques  ou 
elle  avait  les  qualités  intellectuelles  et  mo 


Sans  doute,  elles  peuvent  présenter  des  or- 
ganisations différentes,  mais  toutes  se  trou- 
vent sous  la  protection  de  comités  qui  ont 
procédé  avec  les  secours,  soit  des  munici- 
palités, soit  des  administrations  d'hopisces, 
soit  des  bureaux  de  chanté,  soit  de  simples 
particuliers.  Toutes  sont  sous  l'autorité  mu- 
nicipale et  départementale;  le  ministre  de 
l'instruction  publique  n'est  intervenu  que 
pour  accorder  des  secours. 

Ainsi  à  Paris,  les  salles  d'asile  ont  été 
ouvertes  avec  le  concours  du  conseil  de 
l'administralion  des  hospices  et  du  comité 
des  dames  que  celte  administration  a  insti- 
tué. Les  réglemens  sur  l'organisation  et  la 
gestion  de  ces  salles  ont  été  établis  par  ce 
conseil  et  soumis  à  l'approbation  du  préfet, 
du  jninistre  de  l'intérieur  et  de  celui  de 
l'inslruclion  publique. 

Les  réglemens  concernant  l'admission  des 


raies  qui  coriviennent  à  la  direction  de  la 
première  enfance. 

Cependant,  jusqu'à  ce  jour,  aucune  or- 
donnaiice  royale,  aucune  décision  minis- 
térielle n'ont  tracé  les  règles  des  salles  d'a- 
sile. Seulement,  dans  une  circulaire  du  2 
juillet  iS">,  envoyée  en  exécution  de  la 
loi  du  28  juin  précédent  sur  l'inlruclion 
primaire,  le  ministre  de  l'inslruclion  publi- 
que a  déclaré  que  celle  loi  aurait  une 
grande  inlluencc  sur  les  premières  écoles 
de  l'enfance.  En  effet,  l'ordonnance  royale 
du  26  février  1835  qui  crée  des  inspecteurs 
de  l'instruction  primaire,  a  compris  les 
salles  d'asile  dans  le  nombre  des  établis- 
scmens  qu'ils  doivent  visiter. 

A  la  vérité,  on  peut  s'expliquer  pour- 
quoi le  gouvernement  ne  s'est  pas  encore 
occupé  spécialement  des  salles  d'asile 
comme  il  l'a  fait  des  écoles  primaires.  Pour 
que  la  législation  puisse  s'occuper  d'éta- 
blissemens  publics,  il  faut  que  leur  carac- 
tère, leur  but,  leur  objet  soient  bien  dé- 
finis; que  leur  existence  soit  assurée,  que 
l'expérience  en  ait  démontré  les  avantages 
et  les  inconvéniens.  Mais  en  attendant  qu'u- 
ne loi  ou  du  moins  qu'une  ordonnance  ait 
tracé  d'une  manière  générale  les  règles  con- 
cernant ces  maisons,  nous  croyons  devoir 
dire  aux  fonctionnaires  qui  voudraient  en 
ouvrir  dans  leurs  localités  que  toutes  celles 
créées  jusqu'à  ce  jour  se  sont  établies  sous 
des    formes    de    bicnviellancc    muternelle. 


moraux   auxquels    les  expose    le  délaisse- 
ment volontaire  ou  forcé  de  leurs  parens. 

—  Comptabilités  communales. 

Il  suffit  que  les  revenus  d'une  commune 
s'élèvent  à  lo  mille  francs  pour  que  celui 
qui  s'est  immiscé  dans  le  maniement  des  de- 
niers de  celte  commune  soit  justiciable  de 
la  cour  des  comptes,  sans  qu'il  y  ait  à  s'oc- 
cuper de  la  qui'Stion  de  savoir  si  la  compta- 
bilité occulte  elle-même,  présente  une  im- 
portance de  plus  ou  moins  de  10  mille 
francs. 

Lorsque  celui  qui  s'est  immiscé  dans  la 
perception  des  revenus  communaux  ne  rend 
pas  son  compte  dans  le  délai  qui  lui  est  fixé, 
il  doit  y  être  contraint  par  le  séquestre  de  ses 
meubles  et  immeubles,  et,  sans  attendre  le 
résultat  des  comptes,  une  inscription  doit 
élre  prise  sur  ses  biens. 

Il  n'y  a  pas  lieu  à  la  révision  des  comptes 
du  receveur  municipal  lorsqu'il  n'est  pas  dé- 
montré qu'il  ait  eu  connaissance  des  percep- 
tions faites  par  un  autre. 

{Conseil  d'Etat,  décembre  183a.  ) 

—  Péremption. 

L'autorisation  donncc  à  une  commune  pour 
iiilcnter  une  action  ou  pour  y  détendre,  s'clend 
à  tous  les  incidens  auxquels  cette  action  peut 
donner  lieu  ;  et,  spécialement,  elle  comprend  le 
droit  de  consentir  à  ce  que  le  jugement  déflnilif 
d'une  cause  pendante  devant  le  jugcdc  paix,soit 
renvoyé  au-delà  du  délai  de  quatre  mois  du  jour 
d'un  iulerlocutoire. 


Dans  les  instances  de  justice  de  pais,  les  par- 
lies  peuvent  v;i'«blement  consentir  à  ce  que  le 
jugement  déGnilif  soit  renvoyé  après  le  délai  de 
quatre  mois,  à  partir  d'un  interlocutoire.  Ka 
pareil  cas,  la  péremption,  qui,  sans  ce  consente- 
ment, aurait  lieu  de  plein  droit,  ne  doit  pas  être 
prononcée  par  les  juges. 

Loi  (lu  14  dccembyc  1789,  art.  5G;  Code  de  pro- 
cédure, art.  15;  Cour  de  Cassation,  17  mars 
1S35.; 

—-  Diffamation. 

Les  propos  diffamatoires  tenus  dans  un  con- 
seil municipal  peuvent,  suivant  les  circonstan- 
ces, être  réputés  tenus  dans  un  lieu  public,  et 
punis  comme  tels. 

(Cour  royale  d' Orléans,  \9i  juillet.) 

Observation.  —  Il  s'agissait ,  dans  lespèce , 
de  propos  tenus  dans  une  séance  du  conseil  mu- 
nicipal avec  adjonction  des  plus  imposés. 

CoHTBtBVABLES  :  X7e -quc  coûte   en  Prance  la 
farce  publique. 

L'effeclU  des  troupes  de  toutes  armes  em- 
ployées, soit  dans  les  divisions  territoriales 
de  l'intérieur,  soit  à  Ancône  et  dans  les 
possessions  Irançaises  du  nord  de  TAIrique, 
est  de  308..498  hommes  et  de  56,993  che- 
vaux. La  dépense  relative  à  la  solde  et  à  l'en- 
tretien de  l'armée  est  évaluée,  pour  1836,  à 
188,797,994  trancs. 

Le  terme  moyen  de  la  dépense  par  homme 
monté,  pour  les  troupes  à  cheval,  ou  non 
monté  pour  les  troupes  à  pied,  est  dans  la 
proportion  suivante,  scion  les  armes,  tous  les 
grades  confondus  :  * 

En  France.      En  Afrique. 

Etats-majors 3884  f.  5831  f. 

Gendarmerie 2101  1318 

Infanterie 427  4G3 

Cavalerie 919  991 

Artillerie 803  818 

Génie 5C0  595 

Equipages  militaires...      761  1121 

Vétérans 415  488 

Moyenne  générale 613  G28 

Le  montant  total  du  budget  de  la  guerre, 
pour  1836,  s'élève  à  22", '■283, 210  fr.  pour 
tous  les  services  qui  ressortissent  à  ce  minis- 
tère. 

—  Impôts  anciens  compares 
aux  impôts  actuels. 

Les  impositions  étaient  divisées  en  cinq 
classes  principales  : 

l»  Les  impositions  directes,  qui  compre- 
naient les  dîmes  ,  la  taille  réelle  ,  les  ving- 
tièmes, la  taille  personnelle  et  la  capita- 
tion  ; 

2«  Les  impositions  de  monopole  et  de  pri- 
vilège exclusif,  qui  étaient  la  gabelle  dans 
les  deux  tiers  du  royaume ,  le  tabac  qui 


31 

s'étcndail  presque  sur  sa  tolalilé,  la  vente 
de  l'eau-de-vie  et  d'autres  boissons  dans  ua 
petit  nombre  de  provinces.  On  peut  ranger 
aussi  dans  cette  clasr.e  ce  qae  le  trésor  pu- 
blic retirait  des  jurandes  et  des  maîtrises 
d'arts  et  métiers,  par  lesquelles  l'état  ne 
faisait  pas  directement  le  monopole  ,  mais 
vendait  celui  de  chaque  profession  ; 

5"  Les  impositions  qu'on  appelait  à  l'exer- 
cice sur  différentes  espèces  de  consomma- 
tion et  d'industrie ,  tels  que  les  droits  d'ai- 
des sur  les  boissons  dans  un  tiers  du  royau- 
me; ceux  de  même  nature,  nommés  équi- 
valent en  Languedoc ,  impôts ,  billots  et 
devoirs  en  Bretagne  ,  et  des  quatre  mem- 
bres en  Flandre  ;  ceux  d'inspecteurs  aux 
boucheries  ,  qui  embrassaient  presque  tou- 
tes les  provinces  ;  ceux  de  marque  des  cuirs 
et  à  la  fabrication  des  cartes  et  des  ami- 
dons ;  ceux  de  marque  des  fers  et  à  la  fa- 
brication des  îiuiles; 

4»  Les  impositions  sur  le  transport  des 
marchandises  ,  qui  comprenaient  les  droits 
à  l'entrée  et  à  la  sortie  du  royaume ,  les 
péages  ,  une  multitude  incroyable  de  droits 
de  traite  de  toute  dénomination  ,  au  passage 
d'une  province  à  l'autre,  et  ceux  d'entrée  * 
dans  les  villes  ; 

f)0  Enfin  ,  les  impositions  sur  les  actes, 
droits  de  contrôle ,  insinuation ,  centième 
denier,  formules,  greffes,  consignations, 
lettres  de  ratification,  etc.,  etc. 

L'assemblée  nationale  ne  conserva  d'im- 
positions qui  portassent  sur  les  capitaux, 
dans  lintérieur  du  royaume  ,  que  celles  qui 
correspondaient  à  cette  cinquième  classe, 
les  droits  d'enregistrement,  de  timbre  et 
d'hypothèque. 

Mais  en  adoptant  cette  espèce  d'imposition 
sur  les  actes ,  on  s'appliqua  à  en  simplifier 
le  plan  et  la  législation. 

Seize  droits  différens  étaient  agravés  par 
une  foule  de  lettfes-patentes ,  d'arrêts  du 
conseil ,  d'ordonnances  et  de  décisions  con- 
tradictoires qui  s'obscurcissaient ,  se  com- 
pliquaient mutuellement  ;  leur  interpréta- 
tion était,  en  outre  ,  livrée  à  tout  juge  d'at- 
tribution devant  lequel  le  redevable  n'avait 
point  d'accès ,  et  qui  écrivait  son  jugement 
sous  la  dictée  du  percepteur  même. 

Tout  ce  qu'il  y  avait  de  clair  dans  ces  lois 
était  au  désavantage  du  pauvre  :  les  cent 
premières  livres  d'un  acte  payaient  double 
droit;  on  payait  le  droit  simple  depuis  100 
fr.  jusqu'à  10,000;  et,  ce  droit  acquitté, 
toutes  les  sommes  qui  excédaient  n'étaient 
assujéties  qu'à  un  droit  léger. 

Ces  seize  droits  anciens  ont  été  réunis  en 
un  seul ,  sous  le  titre  de  droit  d'enregistré- 


3« 

ment  auquel  a   été  joint  celui  de  timbre. 

Le  droit  d'hypothèque  avait  lieu  sur  les 
biens-fonds  seulement  et  s'exerçai't,  lors  de 
la  vente ,  par  les  oppositions  que  les  créan- 
ciers pouvaient  mettre  à  l'expédition  des 
lettres  de  ratification  données  au  nom  de 
l'état ,  pour  consolider  les  ventes  et  préser- 
ver les  acquéreurs  de  toute  répétition.  Mais 
il  fallait,  pour  prendre  rang  parmi  les  créan- 
ciers, avoir  stipulation  d'hypothèque;  celte 
stipulation  se  faisait  par  des  actes  ignorés 
de  chacun  de  ceux  qui  en  avaient  de  pa- 
reils ;  elle  était,  d'ailleurs  ,  générale  ,  et  les 
créanciers  ne  sachant  pas  toujours  en  quelle 
province  leurs  débiteurs  possédaient  des 
biens,  ceux-ci  pouvaient  être  vendus  et  les 
lettres  de  ratification  accordées  sans  qu'ils 
en  eussent  connaissance.  Le  nouveau  mode, 
tout  imparfait  qu'il  soit  encore,  a  fait  dis- 
paraître ces  vices  de  l'ancienne  législation. 

Le  revenu  de  la  poste  aux  lettres  est  la 
seule  partie  de  l'ancien  système  financier 
qui  ait  paru  à  l'assemblée  nationale  ne  de- 
voir souffrir  aucrfne  altération. 

Le  droit  actuel  de  patentes  correspond 
aux  jurandes,  aux  maîtrises,  aux  vingtiè- 
mes d'industrie ,  à  la  portion  de  taille  per- 
sonnelle qu'on  faisait  payer  aux  artisans  et 
aux  marchands  de  plus  qu'aux  autres  ci- 
toyens, et  aux  droits  d'entrée  des  villes. 
Anciennement,  lorsqu'un  individu  voulait 
faire  un  métier  dans  une  ville  ,  il  était  oblige 
de  débourser  ,  pour  sa  maitri-re ,  une  som- 
me considérable  qui  lui  aurait  clé  très-utile 
pour  son  commerce.  Si,  pour  une  cause 
quelconque,  il  ne  réussissait  pas,  s'il  était 
obhgé  de  quitter,  ou  même  s'il  venait  à 
mourir,  le  capital  employé  à  sa  maîtrise 
était  perdu  pour  lui  et  pour  ses  enfans.  Si, 
croyant  trouver  plus  de  ressources,  espé- 
rant plus  de  succès  dans  un  autre  métier  ou 
im  autre  commerce,  il  se  déterminait  à  les 
embrasser  ;  si ,  étendant  ses  combinaisons  , 
il  voulait  en  cumuler  plusieurs,  il  fallait, 
pour  chacun  d'eux ,  payer  une  nouvelle 
maîtrise,  et  déplus,  il  ne  pouvait  l'exercer 
que  dans  la  ville  où  il  avait  été  reçu  ;  s'il 
passait  dans  une  autre  ville,  il  lui  fallait 
une  maîtrise  nouvelle;  et,  dans  chacune  de 
ces  villes ,  il  était  soumis ,  pour  sa  propre 
consommation,  celle  de  ses  ouvriers,  com- 
mis ou  compagnons,  et  pour  plusieurs  mar- 
chandises de  son  commerce  ,  à  payer  des 
droits  d'entrée. 

La  contribution  foncière  et  la  contribu- 
tion mobilière  ont  été  substituées  aux  dîmes, 
à  la  taille  réelle  ,  à  la  taille  de  propriété, 
aux  fouages  et  autres  impositions  analogues, 
aux  vingtièmes,  aux  décimes,   à  la  taille 


personnelle ,  à  la  taille  mixte ,  à  celle  d'ex- 
ploitation, à  la  taille  personnelle,  à  la  capi- 
lalion,à  la  gabelle,  au  tabac,  aux  droits 
d'aides  sur  les  boissons ,  les  bestiaux ,  la 
marée ,  au  droit  de  marque  des  cuirs  ,  à 
celui  de  marque  des  fers  et  à  celui  de  fabri- 
cation sur  les  huiles  et  les  savons. 

Aucun  privilège  exclusif  ne  fut  réservé  , 
si  ce  n'est  celui  de  frapper  monnaie,  parce 
qu'il  est  politique  que  l'autorité  publique 
en  constate  et  certifie  le  titre  et  le  poids;  et 
celui  de  la  fabrication  et  des  magasins  de 
poudre  à  tirer,  parce  que  celte  espèce  de 
munition  de  guerre  intéresse  essentielle- 
ment la  sûreté  publique. 

Quant  aux  anciennes  impositions  territo- 
riales et  personnelles ,  elles  furent  abolies, 
car  aucune  d'elles  n'était  générale ,  et  au- 
cune d'elles  non  plus  n'avait  une  bonne 
régie  d'assiette  et  de  répartition  ,  ainsi  qu'il 
est  facile  de  le  démontrer. 

1"  Les  dîmes  ne  portaient  pas  sur  toutes 
les  productions  ;  elles  pesaient  inégalement 
sur  celles  qu'on  y  avait  assujéties,  en  ce 
sens  que  le  taux  de  la  dîme  variait  dans  le 
royaume,  et  selon  les  localités,  depuis  le  7^ 
jusqu'au  02»,  et  que,  en  outre,  elle  était 
prélevée  sur  le  produit  total ,  avant  qu'on 
en  eût  défalqué  les  frais  de  culture  ,  lesquels 
variaient  selon  le  plus  ou  moins  de  fertilité 
du  sol.  Ainsi,  par  exemple,  dans  une  bonne 
terre  ,  où  240  fr.  de  récolle  ne  coûtaient 
que  120  fr.  de  frais  ,  la  dîme  au  15«  prenant 
^6  fr.,  ce  n'était  que  le  8^  du  revenu,  tan- 
dis que  dans  une  terre  médiocre,  où  ces 
240  fr.  de  récolte  avaient  coûté  160  fr.  de 
frais,  la  dime  de  16  fr.  était  le  5*  du  revenu, 
qui  n'était  que  de  80  fr, 

20  La  taille  réelle  n'avait  lieu  que  dans 
quelques  provu;ces,  et  encore  elle  ne  frap- 
pait que  sur  certains  héritages ,  et  d'autres 
en  étaient  exempts. 

50  La  taille  personnelle  ou  mixte  était 
divisée  en  taille  de  propriété  que  les  privi- 
légiés ne  payaient  jamais,  et  en  taille  d'ex- 
ploitation qu'ils  ne  payaient  point  pour  leurs 
prés,  leurs  vignes,  leurs  bois,  ni  pour  qua- 
tre charrues  de  terre  labourables,  lorsqu'ils 
les  faisaient  valoir  eux-mêmes;  qu'ils  ne 
payaient  qu'indirectement  lorsqu'ils  don- 
naient leurs  terres  à  loyer.  Les  autres  ci- 
toyens qui  semblaient  soumis  à  cette  impo- 
sition avec  un  principe  d'égalité  entre  eux, 
ne  l'étaient  au  contraire  qu'avec  beaucoup 
d'inégalité.  Plusieurs  villes  en  étaient  exem- 
ptes ,  et  leurs  habitans  ,  en  faisant  dans  ces 
villes  leurs  Pâques  et  quelques  actes  publics 
de  domicile ,  étendaient  leurs  exemptions  à 
la  campagne,  au  moins  pour  la  taille  de 


propriété ,  et  même  assez  ordinairement , 
pour  rexploitatioii  de  leurs  prés  et  de  leurs 
bois  ,  quand  ils  la  faisaient  de  leurs  mains. 
Les  liabitans  des  autres  villes ,  et  en  géné- 
ral les  riches  qui  avaient  des  biens-fonds 
éloignés  du  lieu  de  leur  domicile  ,  n'acqui- 
taicnt  presque  jamais  la  taille  de  propriété, 
parce  que  l'imposition  suivant  les  personnes, 
on  ne  faisait  payer,  dans  le  lieu  de  la  situa- 
lion  des  biens,  que  la  taille  de  leurs  exploi- 
tations ;  et  quoique  les  propriétaires  dus- 
sent être  imposés  à  leur  do:-.iicile ,  pour 
la  taille  des  facultés  que  leur  procuraient 
leurs  domaines ,  quelque  part  qu'ils  fussent 
situés,  comme  on  ignorait  quelles  étaient 
leurs  propriétés  lointaines,  on  ne  pouvait 
leur  en  demander  la  légitime  imposilion. 
Ainsi,  les  pauvres,  qui  n'avaient  de  terres 
que  dans  une  seule  communauté  ,  où  toutes 
leurs  facultés  étaient  connues  ,  portaient  ri- 
goureuse.Bcnt  la  taille  de  propriété  et  celle 
d'exploitation ,  tandis  que  les  riches  ne 
payaient,  le  plus  ordinairement,  que  celte 
deruière  ,  pour  toute  la  portion  de  leurs 
biens  dont  on  n'avait  pas  connaissance  dans 
la  communauté  qu'ils  habitaient. 

4°  La  taille  personnelle  était  arbitraire  , 
et  les  citoyens  craignaient  de  se  procurer 
quelques  agrémens ,  parce  que  tout  sigrie 
d'aisance  attirait  sur  eux  D.ie  augmentation 
excessive  d'imposition. 

h^  La  capitation  était  divisée  en  trois 
branches  :  l»  celle  des  taillables,  dans  les 
pays  de  taille  personnelle  et  aiixte,  était 
répartie  au  marc  la  livre  de  la  taille  ,.et  en 
partageait  toutes  les  injustices  ;  2°  celles  dos 
villes  franches  était,  pour  les  artisans,  une 
addition  aux  frais  de  jurandes  ;  pour  les  au- 
tres citoyens ,  c'était  une  taxe  purement 
arbitraire  ;  Z°  celles  des  officiers  publics  et 
des  privih-giés  ,  au  lieu  de  suivre  l'échelle 
des  fortunes ,  seule  base  équitable  de  toute 
imposition  ,  était  réglée  par  les  titres.  Enfin 
les  ecclésiastiques  en  étaient  entièrement 
exempts ,  quoiqu'ils  y  eussent  été  soutnis 
dans  son  origine,  et  qu'aucune  loi  n'eût 
formellement  prononcé  leur  exemption. 

60  Les  vingtièmes  même ,  qui  étaient  la 
moins  imparfaite  et  la  moins  ve\atoire  des 
anciennes  impositions,  puisqu'elle  présen- 
tait une  borne  qui  ne  pouvait  pas  êtxe  excé- 
dée, étaient  encore  répartis  d'une  manière 
très-inégale.  Les  ecclésiastiques,  formant 
ce  que  l'on  appelait  le  clergé  de  France  , 
ne  les  payaient  pas  ;  quelques  pays,  quel- 
ques villes,  quelques  corporations  ,  et  mê- 
me des  particuliers  puissans  avaient  obte- 
nu des  aboiincmens  tout-à-fait  dispropor- 
tionnés avec  leurs  revenus ,  et  avec  la  char- 


53 

ge  qae  supportaient  les  autres  citoyens. 
Les  riches  surtout  étaient  parveims  à 
échapper  à  cet  impôt ,  et  plusieurs  parle- 
mens  n'avaient  pas  eu  honte  de  prétendre 
que  c'était  un  délit  que  de  perfectionner  la 
répartition  ;  ils  avaient  effrayé  les  directeurs 
et  contrôleurs,  et  il  en  résultait  que  les 
pauvres  acquittaient  les  vingtièraesavec  exac- 
titude; mais  que  aucun  noble,  aucun  ma- 
gistrat, aucun  officier  public,  ne  payaient 
plus  de  moitié  ou  des  deux  tiers  de  ce  qu'ils 
auraient  dû. 

Tels  étaient  les  inconvéniens  et  les  vices 
des  anciennes  lois  financières  dont  l'assem- 
!)lée  nationale  a  fait  justice  ,  en  posant  les 
bases  de  l'ordre  qui  s'est  établi  depuis  qua- 
rante ans  dans  le  système  administratif. 

GocvxRRANS  :  Grave  question  morale  et 
fiscale  des  maisons  de  jeu. 

M.  Humann,  en  sa  qualité  de  rapporteur  de 
la  commission  du  budget  des  recettes  de  i  832, 
disait,  en  demandant  la  suppression  de  la  lo- 
terie ,  que  «  le  gouvernement  manque  à  sa 
»  noble  mission,  lorsque  lui-même  il  entre- 
»  tient  et  exploite  les  mauvais  penchans  de 
»  l humanité.» 

Cet  avis  est  le  nôtre. 

La  législature  de  1835  a  fait  justice  de  cet 
impôt  prélevé  sur  l'ignorance;  mais  il  est  à 
craindre  quecet  ulcère  social,  extérieurement 
et  brus<|uement  supprimé,  sans  avoir  préala- 
blement reçu  aucun  traitement  moral  interne, 
ne  se  fasse  jour  sous  une  autre  l'orme  plus 
grave  encore,  sous  celle  de  la  fréquentation 
des  maisons  de  jeux  où  ,  pour  le  plus  grand 
nombre  de  cas,  on  entre  dupe  pour  en  sortir 
fripon.  Leur  suppression  sous  le  triple  rap- 
port de  la  légalité ,  de  la  morale  et  de  la  fis- 
calité, est  une  question  de  morale  publique  , 
dont  l'examen  est  tout-à-fait  opportun. 

L'article  7  de  la  loi  sur  la  police  municipale 
du  19  juillet  1791  porte  que  les  jeux  de  ha- 
sard où  l'on  admet,  soit  le  public,  soit  des 
affiliés,  sont  défendus,  et  que  les  délinquans 
seront  punis  d'une  amende  de  1000  à  3000  f. 
avec  confiscation  des  fonds  trouvés  exposés 
au  jeu,  et  d'une  peine  qui  ne  pourra  excéder 
un  an.  D'après  l'article  i«''du  décret  du  24 
juin  1806  :  Les  maisons  de  jeux  de  hasard 
sont  prohibées  dans  l'étendue  du  royaume. 
Les  préfets,  maires  et  commissaires  de  police 
sont  chargés  de  veiller  à  l'exécution  de  cette 
disposition.  La  loi  du  5  octobre  1810  déclare 
que  l'individu  convaincu  d'avoir  tenu  une 
maison  de  jeu  de  hasard,  ne  peut  être  excusé, 
sous  le  prétexte  qu'il  connaissait  Içs  personnes 
admises  au  jeu,  et  que  les  sommes  que  l'on 
jouait  étaient  peu  considérables.  Enfin,  la  loi 


34 


du2avriU8i9  prononce  contre  les  Jançwi«rs  |  ce  qui  est  cependant  trop  certain,  c'est  que 
des  maisons  de  jeux,  les  peines  portées  à  j  le  plus  grand  nombre  des  condamnés,  s'en 
l'article  410  du  Code  pénal.  !  reposant  aux  chances  du  jeu,  ne  s'inquiètent 

Sous  le  rapport  de  la  légalité,  on  le  voit,  |  nullement  des  moyens  à  l'aide  desquels  ils 
rien  ne  s'oppose  à  ce  que  les  maisons  de  jeux  ;  pourront  se  procurer  les  premiers  besoins  de 
ne  soient  pas  immédiatement  fermées;  car,    la  vie,  certains  qu'ils  sont,  d'après  des  corn 


par  jeux  de  hasard,  encore  bien  que  le  mot 
de  loterie  se  trouve  placé  dans  l'article  410  du 
Code  pénal,  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  sur 
l'expressiou  générique  des  mots  :  jeux  de  ha- 
sard ;  en  admettant  même  que  cette  défense 
ne  s'appliquât  uniquement  qu'aux  loteries  , 


biriaisons  infaillibles,  selon  eux,  de  se  procu- 
rer des  ressources  là  où  ils  ne  trouvent  que 
les  occasions  d'une  rechute,  sans  pour  cela 
leur  faire  perdre  l'illusion. 

Ainsi  donc,  soit  par  le  nombre  des  récidi- 
ves dont  le  jeu  a  été  la  cause,  soit  par  celui 


leur  suppression  doit  logiquement  amener  |  des  premiers  écarts  qui  en  sont  la  conséquen- 
dès  lors  la  fermeture  de  toutes  maisons  de  ce,  on  peut  évaluer  à  quatre  millions,  les 
■  I  économies  que  la  fermeture  des  maisons  de 

Sous  le  rapport  de  la  morale  tout  a  été  dit;  j  fux  procurerait,  sous  le  rapport  seul  de  la 
d'ailleurs,  c'est  trop  r:»rementsouscepointde    justice  crimm^Ue. 

vue  aue  les  hommes  d'état  ont  l'habitude  \  ^'.  ce  que  nous  sommes  lom  d  espérer,  les 
d'examiner  les  questions  sociales.  Mais  il  ;  maisons  de  jeux  ne  cessent  point  d'être  ou- 
u'cn  saurait  être  de  même  sous  le  rapport  '  vertes  comme  elles  le  sont  à  toutes  les  intel- 
liscal  et  puisque  le  motif  concluant  pour  !  Itgences,  l'autorité  devrait,  par  urisentiment 
maintenir  toutes  ces  sources  de  dépravation  ;  de  pudeur,  prendre  des  mesures  qui  arrêtas- 
est  l'impossibilité  de  trouver  un  moyen  de  |  sent  le  mal  en  partie.  Amsi ,  par  exemple, 
remnlacer  ce  qu  il  rapporte  à  la  ville  de  Pa-  I  ces  maisons  ne  devraient  être  ouvertes  qu'a- 
ris  nous  allons  essayer  de  prouver  que,  mé-  ;  P^-ès  le  fermeture  des  caisses  publiques  ou 
me'  en  ce  sens,  le  raisonnement  est  aussi  er-  |  ^c  commerce,  afin  que  les  porteurs  de  fonds 
roné  qu'immoral.  :  "'^  *'"^^'^"^  P^^  ^''^"''^  P^'"  ''^PP^^  *^'""  ^ain 

l.a  enne  des  jeux  paie  à  la  ville  six  mil-  H^'/^^^f  ^^J^"-;^'  '"^  ^.é«"*l've,  aux  mailres 
lions  o:j  mille  francs  par  an,  plus  seize  mille  ''«^  '"P"^^'  ^^  '"'^^  '''"  J*^"  P^^'-''^'^  «""^  P^^' 
francs  pour  Irais  de  police  ,  pour  avoir  le 


droit  d'exercer  le  monopole  le  plus  avilissant. 

Cette  somme  de  6,055,000  francs  que  la  loi 

du  19  juillet  1820  a  concédé  à  la  ville  de  Pa- 
ris, ne  profile  pas  à  la  capitale,  car  elle  verse 

annuellement  au  trésor  public  une  somme 

Je 5,500,000  f. 

les  frais  d'administration  à  la 

charge  de  la  ville  sont  de. . . ..      129,000 
total  5,629,000 

soustraits  des  6,055,000,  ce  qui  réduit  le  res- 
tant à  la  ville,  à  la  somme  de  426,0(i0  francs. 
L'administration  ne  voit  en  cette  mesure  qut 

l'avantage  appa^-cnt  de  remplir  sa  caisse,  peu    sises,  sinon  sur  les  dalles  de  la  Morgue, 
lui  importe  la  source  impure  d'où  provien-  j 

nent  les  écus  :  c'est  une  recette,  donc  il  faut      I«"n«cT.o»  puBt.Qw  p».ma.« 
maintenir  le  privilège.  Mais  ce  que  M.  le  mi-  1  1  instruction  rehg.euse. 

nistre  de  la  justice  n'a  point  noté  dans  son  i  La  loi  du  20  juin  isr^ô  porte,  article  1"  : 
compte-rendu  de  la  justice  criminelle  et  ce-  |  «  L'instruction priuraire  élémentaire  coni' 
peiulant  ce  qu'il  était  si  nécessaire  de  con-    »  prend  nécessairement  l'instruction  mo- 


por- 
tcc  à  dix  francs  au  minimum  et  à  vingt  pour 
le  maximum.  Le  pauvre  et  le  riche  seraient 
également  frappés  par  cette  mesure.  Enfin  , 
on  pourrait  exiger  que  chaque  joueur  donnât 
avant  d'entrer  une  carte ,  un  passeport  ou 
livret  qui  indiquât  son  individualité ,  cl  les 
noms  transcrits  sur  un  registre  ad  hoc,  se- 
raient portés  à  la  police,  où  l'on  pourrait  re- 
courir ,  le  cas  échéant ,  pour  cunnaUre  la 
conduite  de  certains  individus.  La  crainte  de 
la  publicité  serait  un  frein  puissant  contre 
une  passion  qui  fait  journellement  des  vic- 
times, que  l'on  retrouve  ensuite  sur  les  bancs 
de  la  police  correctionnelle  et  de  la  cour  das- 


Ziiberté  do 


naître ,  c'est  le  nombre  de  crimes  commis 
par  suite  de  la  fréquentation  des  maisons  de 
jeux.  En  i8"^ ,  les  dépenses  des  condam- 
nations eo  récidives  seulement  s'élevait  à 
5,600,000  francs;  les  récidives  probables  d'a- 
près les  condamnations  de  185".,  ensuivant 
la  proportion  des  années  antérieures,  donnent 
le  chiffre  effrayant  de  4  millions. 
Ce  que  le  gouvernement  parait  ignorer,  et 


))  raie  et  religieuse  ;  »  art.  2  :  «le  vœu  des 
»  pères  de  famille  sera  toujours  consulté  et 
»  suivi  en  ce  qui  concerne  la  participation 
»  de  leurs  enfans  à  V instruction  reli- 
n  gieuse.  » 

La  loi  a  donc  voulu  assurer,  aux  enfanj 
cl  aux  écoles,  la  réalité  et  la  liberté  de  l'in- 
struction religieuse. 

Mais,  quand  il  s'agit  de  croyances  en  mi- 


norité,  il  est  difficile  d'accomplir  ce  vœu  de 
la  loi  et  de  garantir  aux  enfans  des  familles 
qui  professent  ces  croyances  l'inslruclion 
religieuse  qui  leur  est  nécessaire. 

Quelques  mesures  spéciales  et  une  sur- 
veillance constante  sont  indispensables  pour 
atteindre  ce  but,  et  elles  sont  l'objet  de 
courtes  instructions  ministérielles  dont  voici 
le  résumé  presque  entièrement  textuel. 

Considérées  sous  les  rapports  religieux,  les 
école»  primaires  peuvent  être  ou  mixtes,  c'est- 


rcclcurs  doivent  donc  veiller  avec  soin  à 
l'accomplissement  des  dispositions  suivantes 
concernant  les  élèves  des  écoles  primaires 
qui  professent,  quel  qu'en  soit  le  nombre, 
un  culte  différent  de  celui  des  instituteurs 
et  de  la  majorité  des  élèves. 

1°  Que  dans  aucun  cas  ils  ne  soient  contraints 
de  participer  à  l'enseignement  religieux,  ni  aux 
actes  du  culte  de  la  majorité; 

2»  Que  les  parens  de  ces  enfans  soient  tou- 
jours admis  et  invités  à  leur   faire  donner,  par 


à-dire  réunissant  des  enfans  de  diverses  crgyan-  i  «n  nrinistre  de  leur  religion,  ou  par  un  laïque 


ces,  ou  particulièrement  affectées  à  l'un  des 
cultes  reconnus  par  l'état,  comme  l'autorise  l'ar- 
ticle 9  de  la  loi  du  29  juin. 

Quant  à  ces  dernières  écoles,  il  ne  faut  point 
les  multiplier  inutilement,  et  lorsqu'elles  ne 
sont  pas  clairement  réclamées  par  le  vœu  des 
diverses  parties  de  la  population;  mais  il  faut 
aussi. veiller  à  ce  qu'elles  ne  soient  pas  injuste- 
ment refusées  là  où  elles  sont  nécessaires.  Plus 
d'une  fois  les  conseils  municipaux  ont  repoussé 
l'établissement  d'écoles  spécialement  affectées 
à  un  culte  autre  que  celui  qui  dominait  dans 
leur  sein,  quoique   cet  établissement  fût  vive 


régulièrement  désigné  à  cet  effet,  l'instruction 
religieuse  qui  leur  convient  ; 

3"  Qu'aux  jours  ctheuresde  la  semaine  déter- 
minés parle  ministre  ou  les  parens,  ces  enfans 
soient  conduits  de  l'école  au  temple  ou  dans 
tout  autre  édifice  religieux,  afin  d'y  assister  aux 
instructions  et  aux  actes  du  culte  dans  lequel  ils 
sont  élevés. 

Dans  les  écoles  normales,  ou  le  nombre  des 
élèves-maîtres  appartenant  à  un  culte  autre  que 
celui  de  la  majorité  n'est  pas  assez  considérable 
pour  qu'un  enseignement  y  soit  institué  pour  leur 
usage,  le  recteur  doit  veiller  à  ce  que  la  liberté 


ment  sollicité  par  la  minorité  de  la  population  !  religieuse  de  ces  élèves-maîtres  soit  scrupuleu 


et  pût  seul  satisfaire  àses  besoins  religieux.  Par- 
tout où  les  recteurs  rencontrent  de  tels  obsta- 
cles, ils  doiveut  faire  tous  leurs  efforts,  de  con- 
cert avec  l'administration  générale,  pour  ame- 
ner les  conseils  municipaux  à  des  dispositions 
plus  justes  et  plus  libérales. 

Partout  où  des  écoles  particulières  à  tel  ou  tel 
culte  sont  ou  seront  établies,  ils  doivent  veiller 
à  ce  qu'elles  reçoivent  la  même  protection  et 
les  mêmes  bienfaits  que  les  autres,  et  donner 
toutes  les  facilités  désirables  pour  que  l'instrui*- 
lion  religieuse  y  soit  régulièrement  organisée  , 
et  pour  qu'elles  puissent  être  visitées  et  inspec- 
tées par  des  personnes  de  la  croyance  religieuse 
à  laquelle  elles  appartiennent. 

Les  écoles  mixtes  sont  les  plus  nombreuses, 


sèment  respectée,  et  à  ce  que  rien  ne  les  empêche 
de  recevoir  d'un  ministre  de  leur  communion 
l'instruction  religieuse  dont  ils  ont  besoin. 

Quant  aux  collèges,  soit  royaux,  soit  commu- 
naux, les  mêmes  maximes  d'instruction  et  de 
liberté  religieuses  y  doivent  être  appliquées. 
Déjà  dans  plusieurs  collèges  royaux,  notamment 
dans  ceux  de  Strasbourg,  Nîmes,  Tournon,  et 
dans  le  collège  Louis-le-Grond,  à  Paris,  des  au- 
môniers en  titre,  et  jouissant  d'un  traitement 
fixe,  ont  été  institués  pour  donner  aux  élèves 
des  communions  protestantes  l'enseignement 
religieux.  Les  collèges  de  Piouen,  de  Nantes,  de 
Bordeaux  et  de  Toulouse  sont,  quant  à  présent, 
ceux  auxquels  celte  mesure  paraît  le  plus  con- 
venablementappliquable.  Dans  les  autres  collèges 


et  aussi  celles  où  il  est  le  plus  difficile  d'assurer,  !  royaux  ,  toutes   les    fois    qu'il  se  trouvera  des 


pour  les  familles  de  croyances  diverses,  la  réa- 
lité et  la  liberté  de  l'instruction  religieuse.  On  a 
pensé  quelquefois  que,  pour  y  réussir,  il  sulTisail 
de  substituer  aux  leçons  et  aux  pratiques  spé- 
ciales de  chaque  culte  des  leçons  et  des  prati- 
ques susceptibles  en  apparence  de  s'appliquer  à 
tous  les  cultes.  Dételles  mesures  ne  répondraient 
au  vœu  réel  ni  des  familles  ni  de  la  loi;  elles 
tendraient  à  bannir  des  écoles  l'enseignement 
religieux  positif  et  efficace,  pour  mettre  à  sa 
place  un  enseignement  vague  et  abstrait.  Ce  que 
veut  la  charte,  c'est  que  chacun  professe  sa  re- 
ligion avec  une  égale  liberté,  et  obtienne  pour 
son  culte  la  même  protection;  ce  que  veut  la  loi 
du  28  juiri,  c'est  que  les  enfans  reçoivent  dans 
les  écoles  l'instruction  religieuse  prescrite  par 
le  culte  de  leurs  familles.  Il  faut  atteindre  ce 
but,  et  non  l'éluder  par  des  prescriptions  qui 
porteraient  une  égale  atteinte  à  la  réalité  de  l'ins- 
truction religieuse  et  à  sa  liberté. 

Les  comités  d'instruction  primaire  et  les 


élèves  appartenant  à  l'un  des  cultes  reconnus 
par  la  loi,  et  s'il  existe  dans  la  ville  une  église 
de  ce  culte,  le  recteur  doit  faire  en  sorte,  d'ac- 
cord avec  le  consistoire  et  avec  les  parens,  qu'un 
des  pasteurs  soit  appelé  pour  donner  à  ces  élè- 
ves l'instruction  religieuse,  et  que  toutes  les  fa- 
cilités nécessaires  lui  soient  assurées  pour  cette 
instruction  et  pour  les  pratiques  de  son  c-ulte. 

Toutes  les  fois  que  le  nombre  des  élèves  ainsi 
confiés  aux  soins  d'un  pasteur  s'élèvera  a  dix, 
une  indemuité  lui  sera  allouée. 

Quel  que  soit  le  nombre  des  élèves,  acuun  pas- 
teur ne  sera  admis  à  donner  dans  un  collège 
l'instruction  religieuse  sans  que  le  ministre  de 
l'instruction  publique  en  ait  été  préalablement 
informe  et  sans  qu'il  ait  donné  son  approbation. 

Par  suite  de  préventions  long-temps  fondées 
sur  de  puissans  motifs,  l'instruction  religieuse 
est  encore,  même  pour  de  bons  citoyens,  l'objet 
de  quelque  méfiance;  mais  ,  grâce  à  des  institu- 
tions fortes  et  vraies,  et  sous  un  gouvernement 
sincère,  cette  méfiance  se  dissipera  de  jour  ea 


36 

jour.  L'instruction  religieuse,  comme  la  religion 
elle-même,  ne  peut  avoir  désormais  d'autre  des- 
sein ni  d'autre  effet  que  de  faire  pénétrer  dans 
toutes  les  classes  de  la  population,  et  jusqu'au 
fonds  des  âmes,  ces  instincts  d'ordre,  ces  goùls 
honnêtes,  ces  habitudes  de  respect  moral  et  de 
paix  intérieure  qui  sont  le  gage  le  plus  sûr  de  la 
tranquillité  sociale  comme  de  la  dignité  indivi- 
duelle. 

Gaboe  national  :  Discipline. 

La  juridiction  correctionnelle  ne  peut 
connaître  desiniractionsàla  discipline  qu'au- 
tant qu'elles  ont  eu  lieu  à  l'occasion  tle  ser- 
vice d'ordre  et  de  sûreté,  et  qu'elles  ont  été 
réitérées  six  fois  dans  le  cours  de  la  même 
année.  Si  après  un  jugement  pour  le  refus 
de  service  d'ordre  et  de  sûreté ,  suivi  d'un 
autre  jugement  pour  manquement  à  des  re- 
vues, non  qualillées  revues  pour  inspection 
d'armes,  survient  une  troisième  infraction 
pour  désobéissance  et  insubordination  ,  il 
n'y  a  point  Hku  à  renvoyer  devant  la  police 
correctionnelle  ,  le  conseil  de  discipline 
n'ayant  point  épuisé  sa  juridiction. 

{Cour  de  cassalion,  lî  juin  1835.) 

—  Obligation  de  service. 

Nul  ne  peut  se  soustraire  au  service  de  la 
garde  nationale  dans  le  canton  où  il  a  son  do- 
micile réel.  Il  importerait  peu  qu'il  eût  ac- 
cepté des  fonctions  d'oflicier  dans  un  canton 
étranger,  qu'il  y  eût  été  installé  et  qu'il  y  eût 
prêté  serment  :  il  ti'en  serait  pas  moins  obliigé 
à  (aire  le  service  dans  son  domicile  réel ,  si 
son  inscripîion  y  est  maintenue  sur  les  con- 
trôles par  les  autorités  compétentes. 

Dans  l'espèce,  la  décision,  qui  mainliert 
l'inscription,  emporte  exécution  provisoire 
jusqu'à  révocation  de  ladite  décision  par  qui 
de  droit.   {Courdecassation,iôaoûtiS'35.) 

Deux  prccédens  arrêts  de  la  Cour  de  cas- 
salion ont  décidé  qu'un  citoyen  domicilié  dans 
une  ville  et  nommé  officier  dans  un  batail- 
lon formé  de  deux  communes  voisines  de 
cette  ville  cl  Tiisanl  partie  du  même  can- 
ton, no  pouvait  être  astreint  à  faire  le  ser- 
vice de  simple  garde  national  dans  la  ville. 

Par  l'arrêt  qui  précède,  la  cour  restreint 
ce  qu'aurait  eu  d'irrégulier  une  pareille  doc- 
trine interprétée  d'une  manière  trop  large. 
La  cour  dit  en  effet  d'une  manière  précise 
que  cette  latitude  de  faire  le  service,  hors 
de  son  domicile,  ne  peut  être  laissée  que 
lorsqu'il  s'agit  soit  d'un  même  canton,  soit 
d'une  ville  composée  de  plusieurs  cantons. 

Le  principe  admis  par  la  cour  en  ce  qui 
concerne  les  villes  qui  comprennent  plu- 
sfeurs  cantons  ou  arrondisscmcns.  vient  à 


l'appui  de  l'opinion  souvent  exprimée  par 
M.  le  ministre,  relativement  à  la  ville  de  Pa- 
ris, et  qui  a  pour  but  de  laisser,  jusqu'à  un 
certain  point,  aux  citoyens  domiciliés  danS 
un  arrondissement  la  faculté  d'être  élus  à  des 
grades  dans  un  autre. 

«foRss  :  Xieur  dénombrement. 

La  liste  générale  du  jury,  d'après  les  der- 
niers recensemens,  est  de  187,921  indivi- 
dus, dont  169,702  sont  jurés  électeurs  et 
18,219,  non  électeurs.  Ces  derniers  se  com- 
posent des  catégories  suivantes  : 
Fonctionnaires  publics  nommés  par  le   roi    et 

exerçant  des  emplois  gratuits..     .    .        847 
OtTiciersdes  armées  de  terre  et  de  mer 
en  retraite,  jouissant  d'une  pension 

de  1200  fr.,  au  moins 4370 

Eocteurs  et  licenciés  des  facultés  de 
droit,  de  sciences  et  de  lettres.    .     .      3209 

Docteurs  en  médecine 350G 

Membres  etcorrcspondans  de  l'institut 
et  des  autres  sociétés  savantes.    .    .       291 

Notaires 4780 

Plus  imposés  pour  compléter  le  nom- 
bre de  800.  .........      1156 

Total 18219 

Sur   les  169,702  jurés    électeurs,   on   en 
compte  4,516  âgés  de  moins  de  50  ans. 

Maires  :  Moyens  de  donner  de  l'instruction 
aux  enfans  trouvés  et  orphelins  placés 
dans  les  hospices. 

Par  la  circulaire  du  ministre  de  l'instruc- 
tion publique  en  date  du  6  novembre  isriS, 
les  préfets  doivent  inviter  les  maires  des 
communes  où  seraient  placés  des  orphelins 
ou  des  "nfans  trouvés,  à  prendre  les  mesu- 
res nécessaires  pour  que  ces  enfans  soient 
admis  gratuitement  à  l'école  publique  con- 
formément au  §  T)  de  l'art.  14  de  la  loi  du 
28  juin  18ÔÔ,  et  pour  qu'en  outre  ils  parti- 
cipent à  la  dislriljulion  des  livres  élémen- 
taires destinés  aux  élèves  indigens. 

On  ne  saurait  donner  trop  d'éloges  à  cette 
dispo-^ition  de  M.  le  inin'strc  de  l'instruction 
publique,  qui  a  compris  combien  il  était 
important  de  fournir  à  ces  enfans,  si  dignes 
d'intérêt ,  les  moyens  de  recevoir  l'instruc- 
tion primaire  élémentaire. 

—  Iiimites  du  pouvoir  municipal. 

L'aulirilé  municipale  ne  peut,  sans  exc-cs  de 
pouvoir,  déclarer  dans  ses  arrêtés  qu'eile  fera 
o!ie-même  Cïécuter  aux  frais  des  prévcntis,  les. 
démolitions  ou  réparations  qu'elle  croira  néces- 
s.iires.  Celte  mesure  ne  peut  cire  prise  qu'en  cas 
de  péril  imminent  pour  la  sûreté  publique. 

{Couy  de  Cassalion.) 


37 


REPERTOIRE  DOaiESTIQUE. 


s.  Éducation  de  l'enfance.  —  II.  Morale  et  bien-être  des  famîlleit 
—  m.  Economie  usuelle. 


Cnfans  :  Bducation  des  filles. 
C'est  à  former  la  raison  de  sa  fille  que  doi- 
vent s'attacher  les  premiers  soins  d'une  mè- 
re. Pins  celle  fille  apprendra  de  bonne  heure 
que  les  femmes,  par  L  faiblesse  de  leur  na- 
ture, sont  destinées  à  n'occuper  que  la  se- 
conde place  dans  l'ordre  social,  comme  à  vi- 
vre sous  la  dépendance  et  l'appui  de  leurs 
parens  ou  de  leur^  maris,  plus  elle  éprouvera 
le  désir  et  le  besoin  d'ennoblir  son  sort,  en 
mettant  à  profit  les  nombreux  avantages  qu'il 
lui  réserve.  La  mère  de  famille  élève  ses 
enfans,  conduit  la  maison,  gouverne  et  dirige 
les  domestiques  ;  souvent  même  elle  dispose 
de  la  forlufie,  ou  pour  le  moins  elle  est  con- 
sultée sur  la  manière  d'en  disposer.  Tous 
ces  devoirs  à  remplir  ne  sont-ils  pas  assez  im- 
portans?  N'exigetil-ils  pas  un  fond  de  raison, 
de  lumières  et  de  connaissances  très-rares,  et 
qui  s'acquiert  difficileinent?  C'est  vers  l'ac- 
complissemeiil  de  ces  devoirs  qu'il  faut  diri- 
ger toule  l'éducation  d'une  fille;  car  de  là 
nailra  pour  sa  jeunesse  du  bonheur,  de  la 
considération,  et  pour  ses  vieux  jours  la  sa- 
tisfaction d'avoir  bien  vécu.  —  L'éducalion 
des  femmes  offre  beaucoup  plus  de  fa<iliié 
que  l'éducation  des  hommes,  Dès  les  premiè- 
res années  de  sa  vie,  un  petit  garçon  entame 
des  relations  sociales  ,  ses  jeux  turhulens  lui 
font  rechercher  des  camarades,  tandisqu'une 
petiiite  fille  se  tient  de  préférence  au- 
près de  sa  mère.  Vos  rapports  avec  elle 
étant  continuels,  c'est  de  vous  qu'il  dé- 
pend que  son  esprit  ne  reçoive  que  des 
idées  justes.  Si  jeune  qu'elle  soit,  répon- 
dez à  toutes  ses  queUions  avec  franchise; 
qu'elle  ne  puisse  jamais  recoimailre  la  faus- 
seté, ou  même  douter  de  ce  que  vous  avez 
dit.  Ceci  est  d'autant  plus  facile  que,  si  la 
question  était  embarrassante,  on  sait  qu'aucun 
enfant  n'insiste  après  avoir  entendu  ces  mots  : 
«  Je  vous  répondrai  quand  vous  serez  plus 
grande.  »  Le  plus  mauvais  système,  au  reste, 
est  de  cacher  à  sa  fille  une  foule  de  choses 
qu'elle  apprend  presque  toujours.  Ces  con- 
naissances dérobées  occupent  alors  beaucoup 
plus  son  esprit  que  celles  dont  vous  désirez 
le  remplir.  —  Il  est  donc  désirable  qu'une 
filie  cause  avec  sa  mère  sur  tout  ce  que  son 
âge  la  met  à  portée  de  comprendre.  Si  cette 


fille  est  jolie,  par  exemple,  je  voudrais  qu'on 
ne  s'cntétât  point  à  vouloir  lui  persuader 
qu'elle  est  laide,  puisqu'on  ne  peut  empê- 
cher que  dans  la  rue  ou  dans  une  promenade 
elle  n'entende  un  passant  faire  l'éloge  de  sa 
charmante  figure.  Mais  c'est  le  cas  de  lui  dire 
la  vérité,  toute  la  vérité.  Qu'elle  sache  d'a- 
bord que  la  beauté,  quoiqu'elle  soit  un  avan- 
tage, est  bien  loin  d'être  le  premier;  qu'une 
maladie,  un  accident,  peuvent  vous  en  priver 
subitement,  et  qu'en  outre,  une  femme  peut 
vivre  octogénaire,  tandis  que  la  beauté  dure 
vingt  ans  au  plus.  Ne  lui  cachez  pas  d'ailleurs 
que,  pendant  ces  vingt  ans,  elle  se  verra  en- 
tourée d'hommages,  qu'une  foule  d'hommes 
chercheront  à  lui  plaire,  et  tenteront  de  la 
séduire;  mais  qu'elle  apprenne  aussi  que  les 
chagrins,  les  humilialions  s'attachent  à  la  vie 
d'une  femme  galante;  que  toute  liaison  illi- 
cite finit  promplement  et  finit  presque  tou- 
jours mal,  ne  laissant  à  notre  âge  mûr  que  le 
regret  amer  d'avoir  perdu  l'estime  publique, 
la  confiarice  de  notre  mari  et  le  respect  de 
nos  enfans.  —  Toutes  les  femmes  resteraient 
vertueuses  si  l'on  pouvait  les  convaincre  du 
peu  d'importance  que  les  jeunes  gens  a'ta- 
chent  à  nue  intrigue  galante,  maintenant , 
que  la  plupart  des  hommes  sont  obligés  de 
se  créer  une  fortune,  que  tous  pretnient  un 
état  ou  remplissent  des  fondions  publiques, 
et  quedes  conversations  politiques  abs.>rbent 
le  peu  d'instans  qui  leur  restent  disponibles, 
tant  d'intérêt  de  haute  portée,  tant  d'obliga- 
tions, amenées  par  le  travail  ou  les  affaires, 
occupent  leur  vie,  que  cequ'ils  appellentl'a- 
mourn'arrivepoureux  qu'en  vingtième  ligne. 
Voilà  tout  ce  qu'il  faut  dire  à  une  fille,  dès 
que  le  développement  de  sa  raison  lui  per- 
met de  l'apprendre  ;  car  on  ne  saurait  trop 
tôt  pénétrer  son  esprit  fies  vérités  qu'on  vient 
de  lire,  puisque  son  repos  et  sa  considération 
à  venir  en  dépendent.  Une  mère  doit  s'ef- 
forcer de  la  convaincre  du  peu  d'avantage  que 
l'on  trouve  à  cesser  d'être  honnête  fenrme, 
tantôt  par  ses  discours,  tantôt  en  lui  citant 
des  exemples,  que  malheureusement  ne  lui 
fourniront  que  trop  que'ques  femmes  de  la 
société;  et,  pour  assurer  son  succès,  elle  doit 
se  presser  de  prendre  avec  son  enfant  l'en- 
gagement solennel  de  ne  lui  faire  épouser 


qu'un  homme  qui  puisse  lui  plaire.  Toutes 
ces  conditions  remplies,  elle  pourra  conduire 
sans  crainte  sa  fille  à  l'autel.  — Si  j'ai  parlé 
d'abord  du  besoin  d'inspirer  à  une  jeune  per- 
sonne l'aversion  d'une  mauvaise  conduite  , 
c'est  que  je  considère  ce  point  comme  la  pre- 
mière base  de  son  bonheur,  attendu  qu'un 
mari  est  toujours  disposé  à  excuser  dans  sa 
femme  quelques  défauts  ou  quelques  torts 
quand  elle  est  sage  ;  mais  de  ce  que  la  vertu 
améliore  prodigieusement  la  situation  d'une 
femme  dans  son  ménage  aussi  bien  que  daos 
la  société,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'elle  la  dis- 
pense des  outres  devoirs  qu'elle  est  cppelée 
à  remplir  dans  la  communauté  qu'établit  le 
mariage.  Dès  son  plus  jeune  âge  ,  il  est  bon 
qu'elle  soit  pénétrée  de  l'idée  que  l'emploi  de 
tenir  une  maison  est  une  des  affaires  les  plus 
importantes  de  la  vie  d'une  femme. Ne  lui  fai- 
tes pas  de  longs  discours  sur  ce  sujet:  mon- 
trez-lui avec  une  grande  évidence  les  avanta- 
ges qui  résultent  pour  vous,  pour  votre  mari, 
pour  vosenfans,  d'une  pratique  constante  de 
l'ordre  et  de  l'économie.  Chargez-la  de  très- 
bonne  heure  du  soin  de  vous  aider  dans  quel- 
ques détails  du  ménage.  Mille  occasions  se 
présenteront  tout  naturellement  de  lui  faire 
sentir  combien  vous  contribuez  au  bien-être, 
à  l'aisance  de  la  famille  ,  et  lui  donneront  le 
désir  de  vous  imiter,  car  beaucoup  de  fem- 
mes ne  négligent  les  devoirs  de  ce  genre  que 
faute  d'en  avoir  reconnu  toute  l'importance, 
que  faute  de  pouvoir  apprécier  au  juste  le 
tortde  celles  qui  s'en  dispensent,  et  le  mérite 
de  celles  qui  les  remplissent.— Ce  sont  prin- 
cipalement les  qualités  qu'engendrent  une 
raison  éclairée,  un  jugement  sain,  qu'il  faut 
s'appliquer  à  développer  dans  une  fille;  tou- 
tes celles  qui  naissent  du  cœur  sont  données 
à  notre  sexe  par  la  nature. Une  femme  qu'on 
ne  trouve  passusceptible  de  pitié, d'abandon, 
de  dévouement,  est  une  sorte  de  monstre 
très-rare  ;  mais,  par  malheur,  il  est  fort  com- 
mun d'en  rencontrer  qui  manquent  de  pru- 
dence, de  patience,  de  discrétion  et  de  cou- 
rage contre  le  sort.  —  Je  voudrais  donc 
que  l'on  prit  soin  d'habituer  une  fille  à  se 
taire,  en  confiant  d'abord  à  sa  jeune  raison 
quelques  petits  secrets,  sur  lesquels  on  la 
louerait  hautement  d'avoir  gardé  le  silence; 
plus  tard,  il  sera  facile  de  lui  faire  recon- 
naître que  c'est  principalement  sous  le  rap- 
port de  la  discrétion  que  les  femmes  peuvent 
se  montrer  égales,  et  peut-être  supérieures 
aux  hommes,  car  cette  faculté  qu'elles  ont 
de  s'ilcnlificr,  pour  ainsi  dire,  à  toutes  les 
peines  du  cœur,  cette  puissance  de  conso- 
lation qu'elles  possèdent  à  un  si  haut  degré, 
leur  attirent  chaque  jour  les  confidences  de 


leurs  amis,  et  souvent  même  celles  de  gens 
qu'elles  connaissent  à  peine  :  elles  sont  donc 
sans  cesse  appelées  à  faire  usage  d'une  des 
qualités  les  pins  propres  à  faire  naître  l'es- 
time. —  Quant  à  la  bonté,  il  ne  faut  qu'a- 
voir élevé  dos  enfans,  ou  même  avoir  ob- 
servé des  éducations,  pour  être  convaincu 
que  la  bonté  s'apprend;  elle  s'apprend  mê- 
me avec  une  facilité  qui  fait  venir  la  douce 
pensée  que  les  hommes  naissent  naturelle- 
ment bons.  L'exemple  de  parens  bienfai- 
sans  et  sensibles  suffit  pour  l'imprimer  à 
jamais  dans  une  jeune  ame;  aussi  est-il  de  la 
plus  haute  importance  qu'un  enfant  ne  fré- 
quente point  de  mcchans.  Une  mère  doit 
avoir  jugé  sous  ce  rapport  tous  ceux  qui 
l'approchent,  tous  ceux  qui  l'entourent, 
et  principalement  ses  domestiques.  Or  , 
rien  n'est  plus  facile  à  reconnaître  que 
la  méchanceté  :  il  ne  faut  qu'un  mot  pour 
trahir  un  mauvais  cœur.  —  Il  existe  en- 
core une  qualité  dont  l'attrait  dans  une 
femme  no  peut  être  trop  vanté  ,  c'est  la  dou- 
ceur. La  douceur  porte  avec  elle  un  si  grand 
charme  qu'elle  crée  une  seconde  beauté,  au 
point  que  toute  figure  qui  l'exprime  à  un 
haut  degré  n'est  jamais  laide.  Le  cas  le  plus 
ordinaire  est  qu'une  jeune  fille  soit  naturel- 
lement douce  ;  toutefois, un  caractère  vif,  une 
imagination  susceptible  de  s'exaltcr,viennent 
trop  souvent  combattre  ce  charme  originel. 
C'est  alors  qu'une  mère  ne  saurait  trop 
réprimer  dans  son  enfant  tout  ce  qui  res- 
semble à  l'emportement,  à  la  colère.  Le 
penchant  à  la  colère  cède  moins  difficile- 
ment que  beaucoup  d'autres  :  l'homme  le 
plus  violent  ne  se  met  jamais  en  colère  de- 
vant le  roi.  Employez  la  tendresse,  la  crain- 
te, s'il  le  faut,  employez  aussi  la  dérision , 
si  puissante  sur  un  petit  amour  féminin  , 
pour  forcer  votre  fille  à  se  contenir  tou- 
jours en  votre  présence.  La  contrainte  qu'el- 
le s'imposera  ainsi  pendant  plusieurs  heu- 
res de  ses  journées  doit  suffire  à  la  longue 
pour  modifier  sa  façon  d'être,  et  pour  qu'eu 
dépit  de  son  caractère,  elle  devienne  douce 
par  habitude.  —  Je  ne  saurais  avoir  écrit 
ce  dernier  mot  sans  parler  ici  des  immen- 
ses ressources  qu'offre  l'jiabitude  pour  l'é- 
ducation en  général.  Un  adage  plein  de  vé- 
rité, comme  le  sont  tous  ceux  qui  devien- 
nent populaires,  c'est  que  l'habitude  est 
une  seconde  nature.  Aussi  est-elle  le  pre- 
mier ressort  qu'on  doive  mettre  en  jeu  pour 
élever  un  enfant.  L'enfant  est  encore  à  la 
mamelle  qu'il  a  déjà  contracté  des  habitudes, 
et  plus  tard,  il  ne  fait  jamais  pour  une  fois 
une  action  bonne  ou  mauvaise.  Grâce  à  une 
active  surveillance,  il  devient  possible  de  le 


39 


diriger  vers  les  unes  en  secondant  ce  pcn- 
chaiil  à  raccoulumaiice  qui  naît  avec  nous, 
tandis  qu'on  prend  soin  de  le  dérouter  des 
autres  par  la  distraction  ;  car,  avec  les  cn- 
fans,  la  distraction  est  presque  toujours  une 
recette  infaillible.  —  La  première  habitude 
qu'il  convient  de  donner  à  une  tille  est  celle 
(le  vivre  toujours  occupée  :  c'est  communé- 
ment de  l'oisiveté  que  naissent  les  erreurs, 
les  torts,  et  par  suite  le  malheur  des  femmes. 
Mais  pour  mettre  les  filles  à  l'abri  de  l'ennui, 
gardez-vous  de  compter  avant  tout  sur  les  ta- 
lens  agréables.  D'abord,  parce  qu'il  est  dou- 
teux qu'une  jeune  personne  en  acquiert  qui 
soient  assez  perfectionnés  pour  qu'elle  ne  les 
abandonne  pas  le  jour  de  son  mariage  ;  ensui- 
te, les  talens  d'une  femme,  comme  sa  beau- 
té, n'ont  qu'un  temps,  passé  lequel,  la  mu- 
sique et  la  danse,'  par  exemple,  ne  sont  plus 
d'aucune  ressource.  Or,  il  faut  élever  une 
femme  pour  son  âge  mùr  et  sa  vieillesse 
aussi  bien  que  pour  son  jeune  âge.  C'est 
donc  principalement  des  occupations  conve- 
nables à  toutes  les  époques  de  la  vie,  et  sur- 
tout de  celles  qui  n'exigent  point  le  secours 
du  monde,  qu'il  faut  inspirer  le  goût  à  une 
jeune  fille.  De  ce  nombre  sont  le  travail  à 
l'aiguille  et  la  lecture.  Le  goût  du  travail  à 
l'aiguille  est,  pour  ainsi  dire ,  inné  dans  la 
femme  :  toute  petite  encore,  son  principal 
amusement  est  de  coudre  les  vètemens  de 
sa  poupée.  Servez-vous  de  ce  penchant  pour 
la  rendre  habile  à  tous  les  ouvrages  d'agré- 
ment comme  à  tous  les  ouvrages  utiles,  sans 
en  excepter  la  façon  de  ses  robes,  de  ses  cor- 
sels,  etc.,  en  un  mot,  qu'elle  puisse  tout  faire 
elle-même  dans  l'occasion.  Pour  moi,  je  ne 
sais  rien  qui  me  plaise  à  voir  davantage 
qu'une  jeune  et  jolie  femme  travaillant 
aux  habits  de  ses  enfans.  Quant  à  la  lec- 
ture, comme  elle  est  la  source  de  toutes 
nos  connaissances,  que  nous  lui  devons  le 
développement  de  notre  esprit,  l'étendue 
de  notre  jugement  ,  il  est  bien  inutile 
d'insister  sur  l'avantage  qui  résulte  pour 
une  jeune  fille  d'aimer  à  lire.  Toutefois , 
on  peut  indiquer  quelques-uns  des  moyens 
qui  doivent  réussir  à  lui  donner  ce  goût. 
En  général ,  j'ai  toujours  remarqué  que 
l'on  racontait  beaucoup  trop  d'histoires 
aux  enfans.  Quand  ils  ont  pris  l'habilu- 
tude  de  cette  jouissance  qui  ne  leur  coûte 
aucune  peine ,  ils  sont  infiniment  moins 
disposés  à  la  chercher  dans  la  lecture , 
sans  compter  qu'alors  ils  se  font  dire  des 
contes  par  tout  le  monde  ,  ce  qui  n'est 
pas  sans  inconvénient  ;  car  bien  peu  de 
personnes  respectent  ce  devoir  sacré  de 
ne  mettre  dans  la  tête   d'un  enfant  aucune 


idée  fausse,  aucune  image  propre  à  éga- 
rer son  jugement.  La  plupart  ,  au  con- 
traire ,  songeant  plutôt  à  s'amuser  elles- 
mêmes  qu'à  devenir  utiles  à  l'intéressante 
petite  créature  qui,  les  yeux  ouverts,  la  bou- 
che béante,  écoute  leurs  mensonges,  pour  eu 
tirer  souvent  les  conséquences  les  plus  er- 
ronnées.  Ainsi,  dès  que  votre  fille  saura  lire, 
il  faut  l'habituer  à  venir  chercher  dans  des 
livres,  que  l'on  peut  si  facilement  choisir 
avec  soin,  un  plaisir  sans  danger,  et  une  ins- 
truction préférable  à  toute  autre,  attendu 
que  notre  mémoire  retient  surtout  ce  que 
nous  avons  appris  seuls  et  sans  distraction. 
—  On  sent  de  quelle  importance  est  le  choix 
des  livres  que  l'on  met  dans  les  mains  de  sa 
fille.  II  faut  d'abord  ne  lui  permettre  aucun 
roman,  non  qu'il  n'en  existe  quelques-uns 
propres  à  développer  de  bons  sentimens  dans 
l'ame;  mais,  outre  que  ceux-ci  sont  en  fort 
petit  nombre,  leur  lecture  affadit  toute  au- 
tre lecture  :  les  faits  véritables  semblent 
froids  à  un  esprit  rempli  de  faits  imaginaires 
Accoutumée  ainsi  dès  son  jeune  âge  à  la 
gravité  de  l'histoire,  au  charme  du  vrai, 
votre  fille  n'éprouvera  de  répugnance  pour 
aucune  lecture  instructive.  Un  si  grand  ai- 
trait  s'attache  au  savoir  qu'une  vérité  trivia- 
le est  que  plus  on  sait  plus  on  veut  ap' 
'prendre  ;  une  fois  son  esprit  formé,  ne 
craignez  pas  qu'elle  préfère  jamais  les  ro- 
mans aux  bons  livres  :  la  preuve  en  est  que 
les  hommes  qu'une  éducation  forte  éloigne 
dans  leur  jeunesse  de  l'habitude  de  lire 
des  romans  lisent  par  goût  tout  autre 
ouvrage  quand  ils  sont  devenus  maîtres 
de  choisir. — L'étude  d'une  langue  étrangère 
étant  fort  utile  pour  bien  apprendre  la  sienne, 
je  voudrais  que  de  bonne  heure  on  donnât  à 
une  jeune  fille  un  maître  de  latin.  L'univer- 
salité du  français  fait  qu'il  est  bien  rare  qu'une 
femme  éprouve  la  nécessité  ,  ou  même  trouve 
occasion  de  parler  l'anglais  ou  l'italien  ;  et 
puisqu'il  ne  s'agit  que  de  lire,  ce  qui  me 
fait  préférer  la  langue  latine  à  toute  autre , 
c'est  qu'il  en  résulterait  qu'une  mère  pour- 
rait avoir  l'avantage  et  la  jouissance  d'en 
donner  les  premières  leçons  à  son  fils.  De 
plus ,  chacun  peut  remarquer  que  l'étude 
du  latin  fait  acquérir  aux  hommes  une  pro- 
priété de  termes,  une  élégance  de  langage 
que  ne  donnent  point  les  langues  vivantes. 
Comme  les  femmes  ,  en  France  ,  ne  sont  ja- 
mais exclues  de  la  société  (pas  même  au 
dessert,  ainsi  qu'il  arrive  chez  les  Anglais), 
qu'elles  prennent  habituellement  part  à  la 
conversation,  il  est  désirable  qu'elles  par- 
lent bien.  —  Je  ne  doute  pas  que  ce  que  l'on 
vient  de  lire  ne  fasse  naître  dans  plus  d'un 


40 

esprit  la  crainte  qu'une  fille  élevée  de  cefte  l  cet  article,  les  observations  qu'il  renferme 
manière   ne  soit   une  pédante  ;  mais  bien     "--•=■-'-  ._i-:. -„.„-. ..-a        .  r^^... 

pénétrée  du  caractère  de  sa  mission  ici- 
bas,  connaissant  parfaitement  la  nature 
de  son  métie-r  de  femme,  elle  saura  que 
ses  connaissances,  tuut-à-fait  inapplicables 
pour  elle  à  un  talent  de  barreau  ou  de 
tribune,  lui  ont  été  données  uniquement 
comme  un  moyen  d'étendre  les  facultés  de 


sont  judicieuses  et  méritent  assurément  d'être 
louées;  mais  peut-être  pourrait-on  lui  re- 
procher de  ne  contenir  que  des  considéra- 
lions  d'une  part  trop  générales  et  de  l'autre, 
trop  exclusives  en  ce  sens  qu'elles  ne  sont 
justement  applicables  qu'à  certaines  classes 
de  la  société. 
La  question  de  l'éducation  des  femmes 


son  esprit,  et  d'élever  sa  raison  au  point  i  se  réduit,    selon  nous,  à  des  termes   très- 
qu'elle  put  remplir  dignement  les  véritables     simples,  bien  qu'à  notre  avis  ce  soit  la  pre- 
condilions  de  sa  destinée.  Bien  loin  alors  de  |  mière  question  morale  et  politique  du  siècle 
s'enorgueillir  de  ce  qu'elle  sait,  un  jugement  1  et  de  la  société  dans  lesquels  nous  vivons, 
échiré  l't'.ui^nera  du  désir  de  tenter  plus  j      Commençons   d'abord  par  déclarer  qu'en 


qu'elle  ne  peut  et  qu'elle  ne  doit.  On  con- 
viendra qu'il  est  bien  plus  déplacé ,  bien 
plus  choquant  de  voir  une  femme  se  mêler 
d'intrigues  politiques,  donner  des  places, 
faire  des  ministres,  ainsi  qu'on  l'a  vu  si  sou- 
vent, que  de  l'entendre  citer  par  hasard 
un  vers  d'Horace.—  Il  faut  réfléchir  d'ailleurs 
que  si  quelques  femmes  qui  ont  appris  le 
latin  ont  parfois  la  sottise  de  s'en  prévaloir, 
c'est  que  cette  connaissance  les  distingue  de 


France,  toute  tentative  d'émancipation  de 
la  femme  ou  des  femmes  ne  saurait  jamais 
être  sérieuse,  le  ridicule  lui  sera  toujours 
un  insurmontable  obstacle;  de  fait  les  lois 
françaises,  en  harmonie  avec  la  nature  et 
à  la  hauteur  de  la  civilisation,  n'asservissent 
point  les  femmes,  elles  les  respectent  et 
les  protègent. 

La  condition  légale  des  femmes  n'appelle 
donc  point  de  reformes  importantes;  il  n'en 


la  grande  majorité  de  leur  sexe  ;  mais  si  ce  ;  est   point  ainsi  de    leur  éducation    sociale 
savoir  devenait  commun  à   toutes  les  filles  \  trop   négligée  d'un  gouvernement  qui  s'est 


bien  élevées,  aucune  ne  songerait  a  s  en 
montrer  plus  fière  qu'elle  ne  l'est  de  savoir 
broder.  —  Le  but  de  l'éducation  qu'on  vient 
q'indiqucr  rapidement  ici  (car  la  dimension 
de  cet  article  ne  permet  pas  les  développe- 
mens  )  est  donc  qu'une  femme  ,  par  la  bonté 
de  son  cœur,  l'élévation  de  son  caractère, 
la  douceur  et  la  pureté  de  ses  mœurs ,  s'as- 
sure la  tendresse  et  l'estime  de  tous  ceux 
ui  lui  sont  chers.  Qu'elle  vive  occupée 
avant  tout  des  soins  que  réclament  sa  fa- 
mille et  son  ménage,  et  qu'elle  possède 
assez  d'instruction  pour  que   la  lecture ,  la 


attribué  la  direction  de  l'instruction  publi- 
que 

Dans  l'éducation  des  femmes,  c'est  moins 
encore  le  bonheur  de  leur  existence  que 
l'utilité  de  leur  mission  qu'il  faut  considérer  : 
dans  toutes  les  descriptions  et  les  disserta- 
tions, la  fcnune  n'a[)parait  jamais  qu'en  se- 
cond ordre,  de  là  l'imperfection  de  l'éduca- 
tion qu'elle  reçoit,  quelque  poétique  que  soit 
le  nom  qu'on  lui  doiuie  de  «  douce  compagne 
de  l'homme.» 

Considérée  sous  ce  point  de  vue  plus  pas- 
toral  que  social,  l'instruction  superficielle 


conversation,  la  représentation  d'une  bonne  |  des  fennnes  s'cx[)lique;  il  n'est  pas  néces- 
pièce  de  théâtre  suffisent  à  charmer  ses  loi-  i  saire,en  effet,  que  leur  instruction  soit  plus 
sirs.  —  Il  est  certain  qu'une  fille  élevée  ainsi  |  profonde  si   leur  destinée  doit  se  borner  à 
aurait  déjà  la  chance ,  une  fois  entrée  dans  j  cette  condition  accessoire  et  passive. 
le  monde  ,  de  vivre  plus  satisfaite  ,  plus  con-  j      Mais  si,  à  l'idylle  du  poète,  vous  substituez 


sidérée,  en  un  mot,  plus  heureuse  que  la 
plupart  des  femmes.  11  ne  s'ensuit  pas  néan- 
moins que  l'on  doive  répudier  complètement 
les  talons  agréables  :  les  vertus,  les  quali- 
tés les  plus  solides  ne  dispensent  point  une 
femme  du  besoin  qu'elle  a  de  plaire ,  non- 
seulement  dans  sa  jeunesse,  mais  encore  à 
tout  âge,  ne  fut-ce  alors  que  par  l'aménité 
etl'agrément  de  toutes  ses  manières. 

M"E  DE  Bawr. 

L'article  qui  précède  est  extrait  du  Dic- 
tionnaire de  la  conversation,  dont  le  Jour- 
nal des  Connaissances  titilcs  a  déjà  fait 
plusieurs  fois  l'éloge,  les  vues  qu'exprime 


la  pensée  du  législateur,  si  vous  délaissez 
le  passé  pour  l'avenir,  si  à  la  place  de 
l'épouse  vous  ne  voyez  plus  que  la  mère, 
les  rôles  aussitôt  changeront,  —  à  la  femme 
appartiendra  le  prenn'er,  —  à  l'homme  le  se- 
cond; dans  ce  dernier  vos  yeux  ne  verront 
plus  que  le  fils  élevé  par  sa  mère!. . . . 

C'est  alors  que  l'éducation  de  la  femme  vous 
paraîtra  incomplète  et  superficielle,  en- 
tièrement contraire  au  but  qu'elle  devrait 
se  proposer;  c'est  alors  qu'involontairement 
votre  esprit  se  surprendra  faisant  justice 
de  ces  lieux  communs,  qui  étiolent  les  so- 
ciétés, tels  que  ceux-ci  :  «  La  femme  est 
faite  pour  plaire  et  pour  aimer ...  La  femme 


douce  moitié  de  l'homme Compa- 
gne de  sa  vie  , . .  etc.,  etc.;  »  c'est  alors  que 
votre  esprit  s'empressera  de  reconnaître, 
que  des  deux  conditions  de  la  femme,  celle 
de  mère  est  la  première,  que  celle  d'épouse 
n'est  que  la  seconde;  la  maternité  est  sa  vo- 
calion,  elle  l'élève  au-dessus  de  l'homme, 
le  mariage  n'est  qu'une  fonction  qui  la  met 
au  contraire  dans  sa  dépendance. 

Pour  déterminer  judicieusement  quelle 
est  l'educalion  et  l'inslruclion  que  doivent 
recevoir  les  femmes,  il  importe  donc  avant 
et  par-dessus  tout  de  se  rendre  un  compte 
rigoureusement  exact  de  la  mission  que 
leur  préparent  les  tendances  de  la  société. 

Les  femmes  portent  l'avenir  des  sociétés 
dans  leur  sein  ;  jamais  il  n'y  aura  de  pro- 
grès rapides  et  réels  que  ceux  qui  leur  se- 
ront dus. 

L'amélioration  du  sort  des  classes  popu- 
laires et  leur  moralisalion  se  lient  étroite- 
ment à  l'amélioration  de  l'instruction  des 
flammes;  l'uii-e  ne  sera  possible  qu'après  que 
l'autre  aura  été  réalisée. 

Satis  renouveler  la  discussion  de  l'action 
réciproque  des  mœurs  et  des  lois,  disons, 
pour  trancher  la  queslion  indécise,  qu'aux 
mères  de  l'ainille  plus  qu'aux  lois,  il  appar- 
tient d'exercer  une  salutaire  influence  sur 
les  mœurs  du  peuple  et  les  progrès  de  la 
raison  humaine. 

Former  des  mères  dignes  de  ce  nom, 
capables  d'exercer  avec  discernement  celle 
première  des  fondions  sociales,  tel  doit  être 
le  but  de  l'inslruclion  des  filles;  former  des 
épouses  qui  snicnt  des  compagnes  douces, 
agréables  et  fidèles,  sera  tout  naturellement 
le  résultat  de  la  bonne  éducalii.n  puisée 
au  sein  de  la  famille;  celte  éducation  sera 
d'autant  meilleure  qu'elle  sera  plus  com- 
mune, qu'elle  aura  pour  rudiment  des 
exemples  plus  souvent  que  des  préceptes, 
sans  yavoirété  systémaliquement  préparée, 
soyez  assuré  que  !a  tide  sera  toujours 
bonjie  épouse  si  l'éducation  d'une  bonne 
mère  l'a  faite  à  son  image. 

Considérée  sous  ce  point  de  vue  tout 
maternel,  quelles  sont  les  réformes  que  doit 
subir  l'inslruclion  des  filles?  que. les  con- 
naissances nouvelles  leur  faudra-t-il  acquérir? 

A  toutes  les  questions  qui  peuvent  élre 
faites,  nous  répomJrons  par  une  seule  ligne 
qui  renferme  tout  noire  programmne  de 
l'éducation  des  filles  : 

«  IL  FADT  APPRENDRE  AUX  FEMMES  CE 
qu'elles  doivent  PLDS  tard  ENSEIGNER 
AUX    ENFANS    QUI  NAITRONT    D'ELLES.    )) 

En  d'autre  termes: 

Il  faut  donner  aux  filles  et  aux  garçons, 


41 

nés  dans  la  même  condition,  la  même 
instruction,  afin  que  dans  l'avenir  les  filles 
devenues  mères  accomplissent  ce  que  VU-- 
niversité  ne  fait  qu'à  demi,  dispendieuse- 
ment,  et  révolutionnairement,  et ,  qu'ainsi, 
soient  assurées  et  l'éducation  et  l'instruction 
des  enfans,  sans  nuire  au  bien-être  de  la 
famille  et  sans  troubler  la  hiérarchie  sociale 
telle  que  la  comportent  l'egalilé  civile  et 
la  liberté  politique.      Emile  de  GinAUDiN. 


Des  vins  et  des  liqueurs  spiritueuses  dans 
leurs  rapports  avec  la  saotè,  d'après  les 
observations  de  HalIé. 

(Deuxième  article.) 

Les  différences  que  présentent  les  vins 
dans  leurs  qualités  et  dans  leurs  effets  sur  l'é- 
conomie animale  dépendent  des  proportions 
de  leurs  principes  immédiats,  et  principa- 
lement de  celles  de  l'alcool ,  du  mucoso-su- 
cré,  de  la  matière  colorante  exlraclive ,  du 
tartre  et  des  acides  qu'ils  contiennent. 

Les  vins  faibles  dalcool ,  imparfaitement 
fermentes  et  chargés  d'acides,  désaltèrent 
bien ,  mais  stimulent  faiblement  l'eslomac. 
Bus  en  trop  grande  quantité,  au  milieu  d'une 
alimenta.'ÎMi  abondaute ,  ou  reçus  dans  des 
estomacs  faibles  ,   ils  donnent  d'abord   des 
:  rapports  aigres,  puis  des  colliques   iiitesti- 
j  nales  ;   bus  en  quantité  assez  grande  pour 
1  causer  l'ivresse  ,   ils  occasionent  l'assoupis- 
sement suivi  d'indigestion ,  qui  se  termine 
par  des  vomissemens  aigres  ;  ils  ne  convien- 
\  nent  point  aux  estomacs  Hiibles,  chargés  de 
j  glaires,  dont  les  digestions  sont  lentes  et  su- 
!  jettes  à  engendrer  des  aigreurs  ;   tels  sont 
les  vins  de  la  Brie  et  de  la  plupart  des  envi- 
rons de  Paris,  et  de  quelques-uns  de  l'Or- 
léanais quand  ils  sont  imparfaitement  pré- 
parés. 

Les  vins  généreux  contenant  beaucoup 
d'alcool  et  bien  fermentes,  désaltèrent  moins, 
stimulent  davantage  et  accélèrent  la  diges- 
tion ;  ils  échauffent  promptement  ;  leur 
ivresse  est  forte,  mais  elle  ne  cause  pas  si 
constamment  des  indigestions  et  des  vomis- 
semens ;  ils  conviennent,  en  qualité  modé- 
rée, aux  estomacs  faibles  et  sur  la  fin  des 
repas  ;  ils  ne  conviennent  pas  aux  personnes 
irritables  dont  la  tête  se  trouble  aisément  et 
dont  la  circulation  s'accélère  par  la  moindre 
excitation  ;  tels  sont  les  vins  du  Languedoc 
et  du  Roussillon  bien  fermentes,  et  la  plu- 
part des  vins  de  Portugal  et  d'Espagne. 

Les  vins  les  plus  favorables  à  la  digestion, 
et  dont  la  quantité  et  l'abus  présentent  en 
même  temps  le  moins  d'inconvéniens ,  sont 
ceux  qui,  lescrcment  acidulés  et  suflisara- 


42 

ment  généreux ,  contiennent  des  quantités 
modérées  d'alcool,  peu  de  mucilage  sucré, 
et  qui  ne  sont  pas  très-chargés  de  partie  ex- 
tractive  et  colorante ,  ni  d'une  trop  grande 
quantité  de  tartre.  Ainsi,  les  vins  de  Bor- 
deaux vieillis  et  dépouillés  par  le  temps 
d'une  partie  de  leur  substance  colorante  et 
extractive  ,  les  vins  de  Bourgogne,  les  vins 
de  Champagne  méridionale,  bien  fermentes, 
plus  acidulés  cependant  et  plus  légers  que 
les  vins  de  Bourgogne;  enfin  les  vins  du 
Nord,  comme  ceux  du  Bar  et  du  Rhin  ,  qui 
ont  loiig-temps  vieilli  et  se  sont  dépouillés 
de  leur  àpreté  en  déposant  leur  tartre,  sont 
les  vins  qui  conviennent  à  un  plus  grand 
nombre  d'estomacs. 

Les  vins  qui  tardent  long-temps  à  se  faire 
et  qui,  dans  leur  état  de  perfection,  conser- 
vent toujours  un  peu  d'àpreté,  comme  les 
vins  de  Bordeaux  rouges  et  blancs ,  mais 
principalement  les  rouges  ,  sont  toniques  , 
très-peu  stimularis  et  n'enivrent  qu'à  grande 
dose  ;  ils  conviennent  aux  personnes  dont 
l'estomac  est  faible  et  qui  sont  très-irritables. 
Dans  une  alimentation  modérée,  ils  soutien- 
nent les  forces  digestives  ;  mais  ils  n'excitent 
pas  assez  et  ne  suffisent  pas  dans  les  excès 
de  table ,  encore  qu'ils  n'aient  pas  les  incon- 
véniens  de  l'ivresse  qui  suit  l'usage  peu  mo- 
déré des  vins  plus  généreux ,  dans  lesquels 
l'alcool  est  plus  développé. 

Les  vins  blancs ,  plus  légers  en  général  que 
les  vins  rouges,  quand  ils  ne  contiennent 
pas  beaucoup  de  mucoso-sucré  et  qu'ils  ne 
sont  pas  d'ailleurs  très-généreux ,  tels  que 
les  vins  blancs  de  Bourgogne  et  ceux  de 
Champagne  ,  étanchent  très-bien  la  soif,  s'é- 
coulent facilement  par  les  urines,  et,  pris 
en  excès,  ne  causent  qu'une  ivresse  prompte, 
mais  peu  durable,  moins  dangereuse  et  sur- 
tout moins  longue  que  celle  qui  suit  l'excès 
des  vins  rouges  et  de  ceux  qui  sont  très- 
chargés  ou  de  mucoso-sucré,  ou  de  partie 
extractive,  ou  de  tartre. 

Les  vins  légers,  mis  en  bouteille  avant  la 
l'ermenlalion  terminée  ,  achevant  ainsi  leur 
fermentation  alcoolique  dans  les  vaisseaux 
fermés,  s'impreignent  d'une  grande  quan- 
tité d'acide  carbonique  qui  les  rond  mous- 
seux, stimulent  vivement  et  proniptement , 
désaltèrent  bien  ,  échauffent  peu  ,  donnent 
lieu,  même  pris  en  petite  quantité,  à  une 
ivresse  instantanée  qui  se  borne  à  égayer  , 
étonner  et  étourdir ,  mais  qui  se  termine 
promptemcnt  sans  troubler  la  digestion  et 
sans  avoir  de  conséquences  funestes. 

Les  vins  qui  étant  très-chargés  de  mucoso- 
sucré  et  très-alcooliques  contiennent  en  ou- 
tre une  partie  aromatique  amère,  comme  les 


vins  de  Malaga  et  de  Rota ,  sont  des  stimu- 
lans  d'autant  plus  utiles  qu'ils  sont  plus  vieux 
et  qui  leur  reste  moins  de  mucoso-sucré; 
ils  sont  utiles  aux  personnes  dont  l'estomac 
est  faible  et  la  digestion  lente,  ou  dont  les 
forces  digestives  ne  sont  pas  proportionnées 
à  la  quantité  d'alimens  solides  nécessaires  à 
leur  restauration  ;  mais  on  ne  doit  les  pren- 
dre qu'en  petite  quantité. 

Les  vins  sucrés  aromatiques  non  amers  et 
peu  alcooliques ,  comme  les  vins  muscats , 
ceux  de  Hongrie  ,  les  vins  grecs,  contenant 
encore  beaucoup  de  parties  fermentescibles, 
conviennent  peu  aux  estomacs  faibles  dont 
les  digestions  sont  ordinairement  lentes,  im- 
parfaites et  sujettes  à  donner  des  aigreurs; 
ils  conviennent  moins  encore  quand  l'alimen- 
tation a  excédé  la  mesure  convenable. 

Les  vins  généreux,  pris  purs  ou  mélangés 
d'eau ,  sont  bons  pour  ceux  dont  la  digestion 
est  lente,  î'estomac  chargé  de  glaires,  et 
qui  sont  aisément  incommodés  par  l'abon- 
dance des  boissons. 

Les  vins  étendus  d'eau,  et  rendus  ainsi 
très-légers,  sont  meilleurs  pour  ceux  qui 
prennent  habituellement  beaucoup  de  boisson 
et  dont  la  digestion  n'a  pas  besoin  d'être  ex- 
citée :  les  vins  pris  de  cette  dernière  manière 
sont  plus  utiles  dans  le  cours  du  repas. 

Les  vins  purs  valent  mieux ,  comme  sti- 
mulans  ou  excitans,  soit  avant,  soit  à  la  fin 
des  repas. 

L'usage  de  plusieurs  vins  dans  les  repas  est 
souvent  nuisible,  surtout  lorsqu'on  fait  suc- 
céder les  vins  sucrés  doux  à  des  vins  acidulés, 
des  vins  qui  ont  beaucoup  de  corps ,  c'est-à- 
dire  beaucoup  de  matière  colorante  extrac- 
tive à  des  vins  légers ,  spécialement  après 
une  alimentation  abondante. 

Les  vieux  vins  généreux  et  secs ,  c'est-à- 
dire  ceux  qui  ont  peu  de  mucoso-sucré  et 
de  matière  colorante  extractive ,  et  les  vins 
légers  mousseux  suffisamment  fermentes , 
n'ont  pas  les  mêmes  inconvéniens ,  parce 
qu'ils  ne  font  qu'ajouter  à  l'excitation  qui  ac- 
célère la  digestion  ;  que  les  uns  ne  sont  plus 
susceptibles  de  fermentation  et  ne  passent 
pas  aisément  à  l'aigre  ,  et  que  les  autres,  en 
raison  de  leur  légèreté,  séjournent  peu  dans 
nos  organes  ;  mais  ces  variétés  de  vins  ne 
peuvent  être  utiles  que  comme  compensant 
les  désavantages  d'une  alimentation  trop  forte, 
soit  à  raison  de  la  quantité  d'alimens ,  soit 
en  raison  delà  faiblesse  de  l'estomac.  Ainsi,; 
un  semblable  usage  appartient  toujours  à  un 
défaut  de  sobriété  qui  doit  être  banni  du  ré- 
gime habituel  et  journalier. 

Le  mélange  de  ralcool  aux  vins  peu  gêné- 


reux  ne  produit  qu'une  combinaison  impar- 
faite qui  enivre  promptement. 

Les  vins  de  cabaret ,  qui  sont  souvent  des 
mélanges  de  vins  aigres  avec  de  l'eau-dc-vie 
et  de  vins  très-charges  de  matière  colorante, 
produisent  le  double  effet  d'enivrer  promp- 
tement et  de  causer  des  indigestions. 

La  bière  est  le  produit  de  la  fermentation 
de  l'orge  qu'on  a  fait  germer  pour  y  dévelop- 
per un  principe  sucré,  et  torréfier  pour  lui 
donner  do  l'amertume  et  de  la  couleur.  Sou- 
vent on  ajoute  à  l'orge  du  seigle,  du  froment 
et  quelquefois  de  l'avoine.  On  augmeiîte  l'a- 
mertume de  la  bière  et  on  la  rend  aromati- 
que avec  le  houblon  et  quelquefois  avec  d'au- 
tres plantes. 

La  petite  bière  étanche  très-bien  la  soif  et 
d'une  manière  durable  ;  en  même  temps  elle 
nourrit,  elle  excite  légèrement  les  organes 
digestifs  et  la  sécrétion  des  urines.  Sydenham 
la  recommande  aux  goutteux  ;  il  était  lui- 
même  atteint  de  la  goutte  et  sujet  aux  cal- 
culs rénaux  ;  et  il  se  trouvait  très-bien  de 
celte  boisson.  Il  attribue  la  propriété  de  pré- 
venir le  pissement  de  sang  qu'occasione 
la  présence  des  calculs  dans  les  voies  uri- 
naires. 

Les  bières  fortes,  telles  que  le  porter  et 
l'aie,  dont  les  Anglais  font  un  grand  usage  , 
contiennent  plus  de  matières  nutritives  et 
plus  d'alcool  que  la  petite  bière;  leur  usage 
renouvelle  promptement  le  sentiment  de  la 
soif,  beaucoup  moins  promptement  cepen- 
dant que  les  vins  très-alcooliques  ;  elles  dis- 
posent les  personnes  qui  en  abusent  à  la  ca- 
chexie lymphatique  et  énervent  leurs  facul- 
tés mentales. 

Le  cidre  et  le  poiré  présentent  des  quali- 
tés différentes  :  l'un  et  l'autre  contiennent 
plus  de  matière  sucrée  que  la  bière  ;  ils  con- 
tiennent beaucoup  d'acide  malique ,  principe 
qu'on  ne  trouve  pas  dans  la  bière  ;  ils  con- 
tiennent aussi  l'acide  acétique  mais  point  de 
tartre.  Le  poiré  est  plus  acide  ,  un  peu  plus 
alcoolique  et  moins  sucré  que  le  cidre  ;  ce- 
pendant il  s'altère  plus  promptement  :  il  faut 
le  boire  peu  de  temps  après  sa  préparation  , 
tandis  que  le  bon  cidre  peut  se  conserver 
deux  ou  trois  ans.  On  doit  le  renfermer  dans 
des  celliers  dont  la  température  soit  toujours 
au-dessus  de  zéro,  car  il  se  congèle  facile- 
ment et  alors  il  est  perdu.  Le  cidre  et  le  poiré 
désaltèrent  bien,  nourrissent  moins  que  la 
bière  et  enivrent  facilement.  Le  poiré  agace 
les  nerfs  de  beaucoup  de  personnes,  comme 
les  vins  blancs  et  surtout  ceux  qui  sont  mous- 
seux. 

Les  liqueurs  alcooliques,  quelle  qu'en  soit 
l'espèce,  prises  en  très-petite  quantité  et  de 


4Z 

manière  à  agir  exclusivement  sur  la  mu- 
queuse de  la  bouche  et  sur  les  organes  sali- 
vaires  ,  sollicitent  une  excrétion  modérée  de 
salive,  font  cesser  le  sentiment  de  la  soif  et 
peuvent  ainsi  convenir,  comme  nous  l'avons 
déjà  observé,  toutes  les  fois  qu'il  y  aurait 
quelque  inconvénient  à  porter  à  la  fois  dans 
les  voies  digeslives  une  grande  quantité  de 
liquide  ;  à  très-petites  doses  ,  elles  ont  aussi 
l'avantage  de  modérer  la  sueur  dans  les  cli- 
mats très-chauds.  Dans  les  voyages  ou  autres 
circonstances  où  l'on  est  privé  d'alimens  pen- 
dant un  temps  plus  ou  moins  long ,  un  peu 
d'eau-de-vie,  soit  pure,  soit  étendue  d'eau, 
calme  très-bien  le  tourment  de  la  faim;  mais 
dans  l'habitude  ordinaire  de  la  vie,  on  doit 
être  extrêmement  réservé  sur  l'usage  de  ces 
liqueurs  pendant  les  repas;  elles  ne  convien- 
nent que  comme  assaisonnement  aux  consti- 
tutions humides  et  chargées  de  glaires  ,  sur- 
tout dans  certaines  contrées  septentrionales, 
où  l'on  fait  peu  usage  du  vin ,  à  cause  de  sa 
rareté.  Prises  alors  en  petite  quantité  ,  elles 
favorisent  et  accélèrent  la  digestion  et  exci- 
tent en  même  temps  toute  l'économie  ;  à  gran- 
des doses,  elles  détermineraient  une  ivre;se 
durable  et  de  grands  désordres  dans  la  di- 
gestion. 

Très-concentrées,  les  liqueurs  alcooliques 
peuvent  enflammer  l'estomac.  Leurusage  ha- 
bituel ,  même  à  un  degré  modéré  de  concen- 
tration ,  émousse  la  sensibilité  des  organes 
gastriques,  durcit  leurs  parois,  altère  les 
sucs  que  ces  organes  sécrètent ,  rétrécit  le 
calibre  des  vaisseaux  absorbans ,  endurcit 
les  glandes  mésentériques ,  et  finit  par  étein- 
dre la  sensibilité  générale.  Aussi,  les  hom- 
mes qui  font  abus  de  liqueurs  spirilucuses 
perdent  l'appétit ,  digèrent  mal ,  ne  tardent 
pas  à  avoir  des  obstructions  et  périssent  hy- 
dropiques et  dans  un  abrutissement  complet 
de  leurs  facultés. 

Les  ratafias,  ou  infusions  aromatiques  fai- 
tes dans  l'alcool  et  sucrées  ,  sont  légèrement 
nourrissans  en  raison  de  la  quantité  de  su- 
cre qu'ils  contiennent.  Les  aromates  qu'on  y 
fait  entrer  leur  donnent  des  propriétés  parti- 
culières suivant  leur  différente  nature.  C'est 
ainsi  que  la  vanille  donne  aux  liqueurs  qui 
en  contiennent  une  saveur  extrêmement 
agréable  et  semble  les  rendre  un  peu  aphro- 
disiaques :  c'est  ainsi  que  celles  qui  sont  spé- 
cialement aromatisées  par  la  cannelle  stimu- 
lent et  échauffent  ;  que  celles  que  caractérise 
la  partie  amèrede  l'absynthc,  de  l'écorce  d'o- 
range ou  du  citron,  excitent  particulièrement 
les  fonctions  de  l'estomac  et  sont  en  consé- 
quence de  très-bons  toniques;  enfin,  c'est 
ainsi  que  les  liqueurs  où  domine  la  partie 


44 


aromatique  des  amandes  amères,  comme  le 
kirsch,  ont  sur  le  système  nerveux  une  action 
particulière  qui  semble  les  rapprocher  des 
substances  narcotiques.  Outre  ces  iiiconvé- 
niens,  qui  sont  particuliers  à  chacune  d'elles, 
ces  liqueurs  ont  encore  ceux  qui  résultent 
de  ralcool  qui  en  forme  toujours  la  base. 

Ongles  incarnés . 

Au  nombre  des  inconvéniens  qui  résul- 
tent d'une  chaussure  trop  étroite  ,  on  doit 
mettre  au  premier  rang  l'affection  désignée 
sous  e  nom  d'ongle  incarnée  ,  ongle  entré 
dans  les  chairs ,  qui  se  manifeste  aux  doigts 
des  pieds  et  communément  au  gros  orteil. 
Un  des  bords  de  l'ongle  ,  se  recourbant  sur 
lui-même  ,  entame  la  chair  sous-jacente  , 
et  entretient  des  douleurs  aiguës  ,  contre 
lesquelles  la  médecine  a  échoué  le  plus  or- 
dinairement. Le  remède  le  plus  or(Jiiiaire- 
mcnt  employé  contre  cette  affection  est  de 
couper  l'ongle  fréquemment ,  et  de  manière 
à  ce  que,  par  le  défaut  de  croissance,  il  ne 
puisse  toucher  les  chairs  attaquées.  Mais 
quand  une  fois  l'ongle  a  pris  une  direction 
vicieuse  ,  ou  qu'il  est  trop  recourbé  ,  il  con- 
serve cette  direction  à  tel  point  que  s'il  ve- 
nait à  tomber  par  une  cause  quelconque  , 
il  reprendrait  ,  en  naissant  ,  la  même  forme 
qu'il  avait  acquise.  Cela  est  si  vrai  que  sou- 
vent on  a  vu  des  malades  garder  le  lit  après 
l'avuhion  de  l'ongle  incarné  ,  et  plus  lard 
user  de  chaussures  larges  et  souples  ,  sans 
pour  cela  empêcher  une  nouvelle  déviation. 
Quelques  personnes  ,  au  lieu  d'attaquer 
l'ongle  ,  retranchent  ,  avec  le  bistouri  ,  toute 
la  partie  charnue  qui  avoisine  la  portion  ren- 
trante de  longle  ;  d'autres  enfin,  arrachei-l 
l'ongle  entier  et  après  l'avuhion,  cautérisent 
par  le  fer  rouge  les  parties  mises  à  décou- 
vert,  pour  empêcher  qu'il  renaisse  un  on- 
gle nouveau. 

Mais  tous  ces  moyens  ,  dont  les  résultats 
sont  iiislantnnés  ou  accompagnés  de  dangers 
graves  ,  n'oUrent  point  l'eflicacilc  qu'on  doit 
attendre  de  la  pralique  d'un  art  aussi  habi- 
lement cultivé  que  l'est  la  chirurgie  en  Kran- 
ce.  Tels  sont  les  motifs  qui  o!it  porté  M.  le 
docteur  Vésignié  à  chercher  un  procodé 
curatif  qui  réunit  à  la  fois  la  simplicité  , 
la  sûreté  dans  l'opération,  et  put  se  conci- 
lier avec  le  besoin  de  se  livrer  à  ses  affai- 
res tout  en  en  faisant  l'application. 

Comme  on  le  conçoit ,  il  s'agissait  de  ren- 
dre à  l'ongle  sa  forme  naturelle ,  en  dinn- 
nuant  sa  troj)  grande  courbure ,  c'est-à-dire 
de  redresser  la  portion  incarnée.  Voici  le 
procédé  à  l'aide  duquel  M.  Vésignié  a  at- 
teint ce  but. 

Trois  petites  plaques  d'argent  de  six  mil- 
limètres de  longueur  ,  sur  quatre  de  lar- 
geur, un  quart  de  millimètre  d'épaisseur, 
articulées  ensemble  sur  leur  bord  le  plus 
long ,  par  de  petites  charnières  ,  forment 
une  chaîne  plate  d'environ  12  millimè- 
tres de  longueur  sur  six  de  largeur.  Les 
charnières  privées  de  point  d'arrêt  permet- 


tent le  mouvement  sur  ces  deux  faces ,  mais 
n'offrent  leur  saillie  que  sur  l'une  d'elles. 
Des  deux  extrémités  de  ces  plaques  réunies, 
l'une  est  recourbée  d'un  millimètre  en  ma- 
nière de  crochet  ou  de  gouttière  ,  du  côté  où 
les  charnières  n'ont  pas  de  saillie  ,  et  l'autre 
porte  dans  le  sens  opposé  au  petit  talon  qui 
la  renforce  assez  pour  qu'en  cet  endroit  on 
puisse  la  percer  et  la  tarauder  suivant  le  sens 
de  la  longueur.  On  introduit  l'extrémité  à 
gouttière  de  celte  espèce  d'agrafe  articulée 
sous  le  bord  incarné  de  l'ongle  ,  qui  se  trou- 
ve ainsi  accroché  ;  ensuite  on  pbce  sous  le 
bord  opposé  une  pareide  agrafe,  et  on  réu- 
nit les  deux  à  laide  d'une  vis  en  argent ,  à 
tête  fraisée  ,  ayant  un  millimètre  de  diamè- 
tre et  dix  millimètres  de  longueur.  On  serre 
alors  la  vis  pour  fixer  les  deux  agrafes  et 
on  coupe  avec  une  pince  incisive  sa  partie 
excédante  et  deverme  inutile. 

Une  fois  cet  appareil  convenablement  ap- 
pliqué, le  reste  du  traitement  appartient 
au  malade  qui  serre  graduellement  la  vis  , 
quand  il  le  juge  opportun;  du  reste,  l'appli- 
cation des  agrafes  ne  présente  aucune  difli- 
culle  ,  il  suffit  de  prendre  les  précautions 
suivantes  : 

Avant  de  procéder  à  l'application  des  a- 
grafes  ,  il  convient  de  racler  le  dos  de  l'on- 
gle du  côté  malade  ,  pour  l'affaiblir  et  faci- 
liter son  redressement  ,  ensuite  on  fait  la 
place  de  l'agraffe  qui  doit  être  mise  sur  le 
côlé  sain  en  soulevant  l'ongle  ,  et  on  essaie  la 
gouttière  sur  son  bord  ,  en  la  poussant  jus- 
qu'à l'endroit  oii  celui-ci  cesse  d'être  lii.re  , 
afin  de  voir  à  quelle  distance  la  vis  pourra 
se  tr.>uver  ,  et  si  l'espace  sera  suffisant  pour 
Ibrnier  un  point  d'appui  convenable.  Il  suf- 
fit que  la  portion  libre  du  bord  de  l'ongle 
offre  seulement  une  ligne  d'étendue.  On 
procède  ensuite  au  placement  de  l'agrale 
du  côté  malade  soit  en  l'introduisant  par  le 
eùlé  libre  de  l'angle  ,  soit  en  l'insinuant  en- 
tre le  bourrelet  charnu  et  le  bord  incarné. 

La  première  agrafe  étant  placée  sous  le 
bord  incarné  de  longle  ,  d  faut  essayer  la 
seconde  ,  ei  ,  ainsi  que  cela  se  voit  presque 
toujours  ,  si  la  vis  qu'elle  porte  ne  tombe 
pas  exactement  en  regard  du  trou  taraudé, 
on  retranche  de  l'extrémité  croisée  ,  à  l'aide 
d'une  lime  ou  d'une  tenaille  incisive  ,  une 
portion  suffisante  de  l'ongle  qui  gène. 

Les  deux  agrafes  étant  placées  ,  et  les 
trous  de  leurs  talons  se  trouvant  en  regard 
l'un  de  l'autre  ,  on  introduit  la  vis  qui  sert 
de  clé  et  on  la  serre.  Par  ce  mécanisme  , 
les  deux  bords  de  l'ongle  se  redressent  à 
l'instant.  Il  suffit  de  prendre  garde  de  trop 
serrer  la  vis  ,  dans  la  crainte  de  casser  le 
bord  que  l'agrafe  soulève.  Si  l'ongle  offrait 
de  la  résistance  ,  on  plongerait  le  pied  dans 
l'eau  tiède  ,  pour  ramollir  la  substance  cor- 
née, et  faciliter  l'eflet  de  l'appareil. 

Une  fois  que  l'orteil  est  armé  de  ces  liens 
métalliques ,  la  douleur  cesse  ,  le  bourrelet 
charnu  s'affaise  et  l'ulcératiou  est  prompte- 
ment  cicatrisée. 


45 


RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 


I.  Agriculture,  -^  12.  Arti  libéraux.  —  HZ,  Commerce. 


Chimistes  :   Action  de  la  vapeur  d'eau  pour 
décomposer  le  sulfure  de  plomb. 

M.  Jordan  (  de  Clausthal,  au  Hartz)  a  ré- 
pété les  expériences  de  Pallinson  sur  la  dé- 
composition de  la  galène  par  la  vapeur  d'eau, 
à  une  haute  température.  En  opérant  sans 
le  contact  de  l'air,  il  a  obtenu  des  résultats 
dont  il  déduit  les  conséquences  qui  suivent, 
et  qui  se  trouvent  dans  le  journal  de  chimie 
d'Erdmann  :  1°  une  portion  de  sulfure  de 
plomb  indécomposé  fut  entraînée  par  le  cou- 
rant de  vapeur  d'eau,  et  se  déposa,  pour 
forme  cristaline,  dans  une  partie  peu  échauf- 
fée du  cube  servant  à  l'expérience.  2°  Une 
autre  portion  de  galène  a  décomposé  l'eau, 
à  une  haute  température,  et  il  s'est  dégagé 
du  gaz  hydrogène  sulfuré  et  du  gaz  acide 
sulfureux;  en  conséquence,  il  y  a  eu  une 
petite  quantité  de  plomb  mise  en  liberté,  et 
qui  se  montrait  à  la  surface  de  la  galène  res- 
tée indépomposée  et  à  la  même  place. 
'  Des  expériences  ont  été  faites  également 
pour  vérifier  celles  de  Paltinson  sur  le  même 
sujet,  et  en  laissant  un  libre  accès  à  l'air 
atmosphérique;  mais  par  suite  de  cette  der- 
nière inconstance,  il  y  eut  grillage  de  sul- 
fure de  plomb  et  formation  de  sulfate;  il  y 
eut  aussi  du  métal  de  produit  en  même  temps 
que  de  l'oxide  jaune. 

Pour  s'opposer  autant  que  possible  à  ces 
effets  d'oxidalion,  M.  Jordan  fit  l'expérience 
qui  est  décrite  dans  un  article  imprimé  dans 
le  journal  que  nous  venons  de  citer  et  qui  a 
été  traduit,  pour  la  première  fois  et  publié 
en  français  par  M.  Guenyveau,  auquel  nous 
empruntons  ces  détails. 

Pour  empêcher  la  formation  de  l'oxide 
jaune  de  plomb,  on  crut  devoir  mélanger  la 
galène  de  poussière  de  charbon  ;  on  amena 
dessus  de  la  vapeur  d'eau  et  de  l'air  atmos- 
phérique, et  l'opération  ayant  été  continuée 
pendant  3  heures,  il  se  dégagea  plus  de  gaz 
hydrogène  sulfuré,  et  moins  d'acide  sulfu- 
reux que  dans  les  expériences  précédentes, 
où  la  galène  n'était  pas  mélangée  de  charbon. 
Les  effets  doivent  certainement  être  attri- 
bués à  la  présence  du  charbon  et  à  son  affi- 
nité avec  l'oxigène. 

Voici  ce  qu'on  observa  dans  les  tubes 
après  les  avoir  brisés.  Des  parties  de  galène 


avaient  été  volatilisées,  et  celle  qui  était  res- 
tée au  fond  du  tube  était  mate  et  parsemée, 
à  sa  superficie,  de  très-petites  globules  dé 
plomb  métallique. 

Il  résulte  de  cette  expérience  que,  bien 
que  la  présence  du  charbon  préserve  le 
plomb  réduit  de  toute  oxidalion  ultérieure, 
et  s'oppose  à  la  formation  de  l'acide  sulfu- 
reux, du  moins  tant  que  ce  charbon  n'est 
pas  compièlement  brûle,  l'opération  du  gril- 
J'igH  est  cependant  très-prolosigée. 

11  semblerait  donc  convenable,  d'après  cela, 
(l'ajouter  de  la  poussière  de  charbon  dans  l'o- 
pération du  grillage  exécutée  en  grand,  lors- 
que les  morceaux  de  minerai  ont  été  com- 
plètement grillés,  et  afin  de  recueillir  le  plus 
possible  de  plomb  métallique  dans  le  four- 
neau de  grillage. 

Si  l'on  n'introduit  que  de  l'hydrogène  pur, 
même  pendant  plusieurs  heures  et  sans  ad- 
mettre l'air,  sur  de  la  galène  portée  à  la  cha- 
leur rouge  ,  il  se  dég-ige  également  de 
l'hydrogène  sulfuré,  et  il  y  a  du  plomb  de 
réduit  en  proportion  de  celui-ci;  mais  ce 
moyen  est,  de  sa  nature,  fort  lent.  Si  l'on 
faisait  agir  de  l'hydrogène  seul  sur  de  la  ga- 
lène, dans  le  fourneau  à  réverbère  où  l'on 
traite  ce  minerai,  le  travail  en  serait  peu 
accéléré  ;  mais  en  y  laissant  pénétrer  en 
même  temps  l'air  atmosphérique,  l'action  de 
l'hydrogène  pourra  être  annulée  ,  si  la  tem- 
pérature est  suffisamment  élevée  dans  le  four- 
neau. 

Au  lieu  de  cela,  dans  un  fourneau  à  ré- 
verbère, on  a  beaucoup  plus  à  attendre  de 
l'action  de  la  vapeur  d'eau  de  celle  de  la 
poussière  de  charbon,  et  de  l'air,  en  les  em- 
ployant à  des  époques  convenables.  Quant 
au  refroidissement  que  pourrait  occasioner 
l'introduction  de  la  vapeur,  il  n'y  a  aucune 
crainte  à  avoir.  L'oxigène  doit  toujours  être 
l'agent  principal  de  la  séparation  du  plomb 
d'avec  le  soufre,  dans  le  traitement  de  la  ga- 
lène au  fourneau  à  réverbère. 

CoRROYECBs  :  Ségras. 

Matière  employée  dans  la  courroierie 
pour  donner  de  la  souplesse  aux  cuirs  et 
le  rendre  imperméable.  On  connaît  deux 
espèces  de  dégras  dans  le  commerce  :  celui 


i6 

dit  de  pays  et  celui  de  Niort.  1-e  premier  ' 
est  un  produit  immédiat  du  chamoisage  des 
peaux.  Lorsqu'elles  sont  débourrées  etde- 
fleurées,  on  les  imprègne  d'huile  dont  on 
enlève  l'excès  par  la  potasse  en  liqueur;  il 
en  résulte  une  dissolution  qui  contient  non- 
seulement  du  savon,  mais  encore  de  la  gé- 
latine. Cette  dissolution,  évaporée  à  siccilé, 
donne  pour  résidu  le  dégras  du  pays. 

A  Niort,  on  la  décompose  par  l'acide  sul- 
furique;  on  en  précipite  le  dégras  qui  porte 
le  nom  de  celte  ville,  et  qui  n'est  autre 
que  de  l'huile  oxygénée.  On  donne  à  l'huile 
de  poisson  toutes  les  propriétés  de  ce  der- 
nier dégras  en  faisant  boullir  pendant  cinq 
minutes  une  livre  de  cette  huile  avec  une 
1  [2  once  d'acide  nitrique  à  25  degrés. 

Forces  (maîtres  de)  :  Procédé  pour  fabriquer 
la  fonte  et  le  fer  en  barres  ,  par  Z^.  Gue- 
nyveau,  ingénieur  en  chef  et  professeur  de 
minéralogie  à  l'Ecole  royale  des  Mines  de 
France. 

Depuis  iO  ar-s,  un  assez  grand  nombre  de 
forges  à  l'anglaise  se  sont  élevées  à  grands 
frais,  et  les  25  ou  ôO  millions  qu'on  y  a  em- 
ployés n'ont  pas  produit  de  grands  avan- 
tages à  leurs  propriétaires.  Les  sacrifices  faits 
par  eux  ont  tourné  uniquement  au  profit  des 
consommateurs  par  l'abaissement  du  prix 
des  fers  en  barres,  même  de  ceux  de  pre- 
mière qualité,  fabriqués  avec  le  charbon  de 
bois. 

Les  circonstances  favorables  dans  lesquel- 
les se  trouve  placée  l'Angleterre  dans  l'in- 
dustrie du  feu  lui  donnent  une  supériorité 
incontestable  sur  le  prix  de  revient,  surtout 
par  la  réunion  sur  un  même  point  (souvent 
dans  une  même  exploitation)  de  la  houille 
et  du  minerai  de  fer  de  bonne  qualité,  quel- 
quefois aussi  de  la  castine,  ce  qui  ne  s'est 
pas  encore  rencontré  dans  aucun  autre 
pays. 

L'imitation  des  procédés  anglais  n'ayant 
pas  réussi  complètement  chez  nous ,  au 
moins  sous  le  rapport  économique,  i!  faut 
chercher,  dans  de  nouvelles  méthodes  d'o- 
péralioils,  le  moyen  de  suppléer  aux  autres 
avantages  qui  nous  manquent  :  c'est  ce  qu'a 
entrepris  M.  A.  Guenyveau. 

La  fabrication  de  la  fonte  et  du  fer  en 
birrcs,  dans  l'état  actuel  des  procédés,  com- 
prend trois  parties  bien  différentes  : 

10  Le  traitement  des  minerais  pour  ob- 
tenir de  la  fonte,  soit  pour  le  recoulage,  soit 
nour  la  forge  ; 

20  L'affinage  de  la  (onte  pour  la  convertir 
en  fer  ductile  ; 


30  Le  cinglagc  des  loupes  et  rétirage  du 
fer  en  barres  de  divers  calibres. 

10  Traitement  des  minerais  de  fer  pour  en 
obtenir  de  la  fonte. 

Dans  les  grandes  usines,  où  plusieurs 
fourneaux  à  coke  sont  alimentés  par  de  puis- 
santes machines  soufflantes,  pourvues  d'im- 
menses régulateurs,  on  est  frappé  de  la 
grandeur  des  appareils,  comme  de  la  masse 
de  leurs  produits,  et  cela  donne  une  haute 
idée  de  la  puissance  de  l'honfime  et  du  pro- 
grès des  arts. 

Cependant,  lorsqu'on  entre  dans  les  dé- 
tails, on  reconnaît  qu'il  y  a  encore  beaucoup 
à  faire  pour  arriver  à  la  perfection  possi- 
ble. 

Sans  doute,  quelques  fourneaux  travail- 
lent pendant  un  certain  temps  d'une  manière 
assez  régulière,  mais  il  existe  beaucoup  de 
causes  qui  viennent  paralyser  la  volonté,  les 
connaissances  pratiques  de  l'ouvrier.  On 
sait  que  la  grosseur  des  morceaux  de  mine- 
rai ou  de  combustible,  l'état  en  grain  ou 
pulvérulent  de  l'un  ou  de  l'autre,  influent 
considérablement  sur  l'allure  de  tous  les 
fourneaux  à  cuve.  Il  faut  encore  tenir  compte 
des  changemens  de  température  et  d'état 
hygrométrique  qu'éprouve  l'air  aspiré  par 
les  machines  soufflantes,  les  dégradations 
de  l'intérieur  de  fourneaux,  enfin  divers 
événemens  tout-à-fait  accidentels  qui  résul- 
tent de  l'arrangement  fortuit  des  morceaux 
de  minerai  et  de  combustible  dans  l'espace 
rétréci  qu'on  appelle  Vonvrage,ci  d'où  pro- 
viennent des  accrochages,  puis  des  chutes 
de  minerai  non  préparé,  jusque  vers  la 
tuyère  ou  même  dans  le  creuset,  circons- 
tances qui  viennent  s'opposer  à  ce  qu'on  ob- 
tienne l'espèce  de  fonte  demandée  avec  la 
moindre  consommation  de  combustible, 
seul  problème  qu'un  fondeur  est  chargé  de 
résoudre. 

L'ensemble  des  opérations  qui  constituent 
le  traitement  des  nnnerais  de  fer  pour  en 
obtenir  de  la  fonte,  se  divise  en  deux  par- 
ties :  1"  Préparation  des  matières  premières 
(combustible  et  minerais)  avant  leur  intro- 
duction dans  l'ouvrage  ;  2»  fusion  complète 
de  ces  derniers.  Selon  M.  Guenyveau,  on 
peut  exécuter  chaque  genre  d'opérations 
dans  des  fourneaux  particuliers,  et  d'une  ma- 
nière plus  assurée,  plus  complète  et  plus 
économique  qu'on  ne  le  fait  actuellement.  Il 
y  aurait  alors,  pour  le  combustible  et  le  mi- 
nerai, des  préparations  qui  remplaceraient 
la  carbonisation  et  le  grillage,  et  à  ce  der- 
nier succéderait  la  réduction,  au  moins  par- 
tielle, des  minerais,  et  ensuite  l'échauffé- 


ment  de  ces  matières  avant  leur  inlroduclion 
dans  les  fourneaux  de  fusion.  Succéderait 
immédiatement  la  fusion  dans  un  fourneau  à 
courant  d'air  forcé,  comme  à  l'ordinaire,  où 
le  combustible  étant  carbonisé,  déposé  par 
lits  ainsi  que  le  minerai  préparé,  serait 
brûlé  par  le  vent  des  machines  soufOantes, 
et  produirait  la  chaleur  et  la  température 
nécessaires  pour  opérer  la  carburation  du 
'  fer,  ainsi  que  la  fusion  du  métal  et  des  matiè- 
res terreuses. 

M.  Guenyveau  décrit  de  la  manière  sui- 
vante ces  deux  genres  d'opération  : 

10  Préparation  des  matières. 

La  carbonisation  du  combustible,  le  gril- 
lage des  minerais  et  la  réduction  de  l'oxide 
de  fer,  ne  peuvent  être  mieux  exécutés  que 
dans  des  fourneaux  à  réverbère  où  l'on  trouve 
toutes  les  facilités  pour  suivr-î  les  change- 
mens  qu'éprouvent  les  matières,  et  sur  les- 
quelles on  peut  d'ailleurs  travailler  avec  le 
rable  et  le  ringard,  pour  le  remuer  et  bras- 
ser à  volonté. 

Ces  fours  seront  chauffés  par  la  flamme  et 
le  gaz  combustibles  qui  sortent  de  l'appa- 
reil de  fusion,  ayant  grand  soin  de  profiter 
de  ces  gazs,  pris  à  d'oxigènc  libre,  et  très- 
échauffés,  pour  carboniser  ce  combustible, 
et  ensuite  pour  réduire  l'oxide  de  fer  du  mi- 
nerai. 

Les  fours  à  réverbère,  à  sole  un  peu  in- 
clinée, seront  disposés  à  la  suite  des  four- 
naux  de  fusion,  de  manière  à  recevoir  sur 
celte  sole,  la  flamme  et  la  chaleur  qui  s'é- 
chappent des  fourneaux.  Le  combustible  et 
le  minerai  sont  placés ,  chacun  dans  des 
fours  séparés,  où  sur  une  sole  distincte,  l'un 
pour  être  carbonisé,  l'autre  pour  être  grillé 
et  réduit,  en  Jes  soumotlant  aux  diverses 
manipulations  que  l'on  jugera  les  plus  con- 
venables, et  au  moyen  de  portes  ménagées 
à  cet  effet. 

Les  minerais  mélangés  de  fondans,  placés 
d'abord  à  une  assez  grande  distance  de  l'en- 
droit où  arrive  la  flamme,  commenceront  par 
se  dessécher  et  s'échauffer;  puis,  par  une 
chaleur  croissante,  s'opéreront  le  grillage, 
et  enfin  la  réduction  de  l'oxide  de  1er.  Tout 
cela  aura  lieu  successivement,  en  faisant  des- 
cendre peu-à-peu  la  matière  sur  la  sole,  et 
la  portant  vers  l'orifice  du  fourneau  de  fusion 
«lans  lequel  elle  devra  tomber  définitive- 
ment; 

Les  diverses  manipulations  auxquelles  on 
devra  soumettre  le  minerai,  devront  avoir 
pour  objet  de  séparer  autant  que  possible 
les  matières  volatiles,  le  souffre,  la  décom- 
position des  sulfures  et  sulfates  et  celle  du 


Al 

phosphore  des  phosphates  de  fer,  que  Von 
peut  espérer  de  décomposer  par  le  charbon 
ou  par  l'oxide  de  manganèze  dans  les  four- 
neaux dont  il  s'agit. 

Il  parait  convenable  de  carboniser  et  de 
griller  les  minerais,  dans  la  quantité  qui  doit 
former  une  charge,  afin  d'éviter  des  mesu- 
rages,  opérations  toujours  pénibles  à  exé- 
cuter sur  des  matières  chauffées  au  rouge. 

2°  De  la  fonte  des  minerais  préparés,  et  des 
fourneaux  de  fusion. 

Le  combustible,  bien  carbonisé  et  forte- 
ment écIiauCfé,  sera  introduit  dans  le  four- 
neau de  manière  à  y  former  un  lit  sur  lequel 
on  versera  le  mélange  de  minerais  et  de 
fondans;  l'opération,  ainsi  préparée,  se  con- 
tiimeraà  peu  près  comme  elle  a  lieu  main- 
tenant. 

L'appareil  ou  nouveau  fourneau  de  fusion 
ne  diffère  guère  de  celui  qu'on  emploie 
maintenant  que  parla  suppression  de  la  cuve 
qui  est  remplacée  par  les  fours  de  prépara- 
tion :  il  ne  reste  que  le  creuset,  Vouirage  et 
les  étalages,  de  sorte  que  le  chargement  se 
fait  immédiatement  entre  ces  étalages. 

On  conçoit  que  la  chaleur  du  gaz  qui  sort 
d'entre  les  étalages  pour  être  introduit  im- 
médiatement dans  les  fours  de  préparation, 
sera  beaucoup  plus  abondante,  et  que  les  gazs 
seront  à  une  température  bien  plus  élevée 
qu'on  ne  l'observe  maintenant  à  l'orifice  du 
gueulard. 

La  hauteur  des  nouveaux  fourneaux  de  fu- 
sion étant  réduite  à  celle  où  se  trouve  le 
ventre  dans  ceux  actuels,  ne  sera  plus  guère 
que  le  tiers  de  l'élévation  totale  de  ceux-ci, 
c'est-à-dire  de  cinq  mètres  au  plus,  pour  les 
fourneaux  à  coke.  On  projette  de  l'air  chauf- 
fé, en  taisant  passer  ce  fluide  dans  des  tuyaux 
de  fonte  placés  au-dessus  des  étalages.  La 
quantité  d'air  à  projeter  dans  le  fourneau 
doit  être  la  même  que  dans  ceux  actuels. 

Les  avantages  qui,  selon  M.  Guenyveau, 
doivent  résulter  de  l'emploi  des  procédés  ci- 
dessus  pour  la  préparation  des  combustibles 
et  des  minerais,  et  pour  effectuer  la  fusion  de 
ces  derniers,  se  résument  ainsi  : 

10  La  houille  sera  carbonisée,  et  les  mine- 
rais grillés  et  échauffés,  sans  aucune  dépense 
en  combustible  ; 

■20  On  pourra,  dans  les  mêmes  fours  de 
préparation,  et  après  le  grillage,  opérer  im- 
médiatement la  réduction  des  minerais; 

0°  Pendant  le  grillage,  la  réduction  et  ré- 
chauffement des  minerais,  on  pourra  em- 
ployer divers  moyens  pour  les  purifier.  Des 
brassages  répétés,  des  changemens  de  place 
sur  la  sole,  permettront  d'exciter  diverses 


48 

réactions  utiles  à  l'amélioration  des  fontes  ; 

40  Le  peu  d'élévation  des  fourneaux  de 
fusion  permettra  de  diminuer  les  frais  de 
construction  ; 

50  La  faculté  de  pouvoir  changer  immédia- 
tement dans  Vouvrage  (c'est-à-dire  dans  la 
partie  du  fourneau  où  se  fait  la  fusion)  les  ma- 
tières qui  produiront  la  fonte  de  fer,  influe- 
ra sur  la  qualité  et  sur  la  quantité  du  pro- 
duit journalier,  etc. 

o<>  De  l'affinage  de  la  fonte  pour  en  obtenir 
du  fer  en  barres. 

La  fonte  de  fer  tst  convertie  en  fer  mal- 
léable et  fondable  par  un  procédé  d'oxida- 
tion  qui  consiste  à  brûler,  au  moyen  de  l'air 
atmosphérique,  les  matières  étrangères  et 
nuisibles  qui  s'y  trouvent  combinées.  Ainsi, 
l'air  ou  l'oxigcne  libre  qu'il  renferme,  est  le 
véritable  agent  de  purification  de  la  fonte  ; 
mais  comme  elle  ne  peut  avoir  lieu  sans  que 
l'action  de  cet  agent  ne  se  porte  en  même 
temps  sur  le  fer,  le  mérite  d'un  procédé  con- 
siste à  ne  faire  éprouver  au  métal  que  le 
moins  de  déchet  possible,  tout  en  épargnant 
le  combustible. 

Du  reste,  quel  que  soit  le  procédé  dont 
on  fasse  us;ige,  ce  déchet  varie  de  16  à  28 
p.  Oio  du  poids  de  la  fonle  employée. 

Deux  méthodes  sont  actuellement  en  usa- 
ge, et  se  rappurteiit  à  l'emploi  de  deux  sor- 
tes de  combustibles  (charbon  de  bois  et 
houille)  que  l'on  brûle  dans  des  appareils 
appropriés  à  leur  nature,  savoir:  Le  foyer 
ou  /eu  d'affineric,  et  le  fourneau  à  réver- 
bère, ou  four  de  puddlage. 

Dans  ces  deux  procédés,  c'est  toujours 
l'air  atmosphérique  qui  sert  à  oxider  les  ma- 
tières condiinécs  avec  le  fer  dans  la  fonle. 
Dans  l'un,  l'air  est  lancé  à  l'aide  d'une  ma- 
chine soufflinle;  dans  l'autre,  il  parvient 
sur  le  métal  par  l'effet  d'un  tirage  ou  courant 
naturel.  Toutefois,  dans  les  deux  cas,  c'est 
toujours  l'oxigène  resté  libre  dans  cet  air, 
qui  est  le  vérilable  agent  do  purification,  et 
l'on  cherche  à  en  augmenter  ou  à  en  dimi- 
nuer la  proportion,  alin  de  faire  varier  l'é- 
nergie de  roxidation,aux  diverses  époques 
de  l'opération. 

On  a  été  amené  à  partager  l'affinage  de 
la  fonle  obtenue  avec  le  combustible  miné- 
ral, en  deux  opérations  distinctes  ;  le  ma- 
zéage  ou  finage  qui  exige  un  courant  d'air 
forcé,  et  le  puddlage,  qui  s'exécute  au  moyen 
du  courant  d'air  naturel  dans  le  four  à  ré- 
verbère. Le  fer,  au  sortir  de  ce  dernier  appa- 
reil, est  cinglé  et  converti  en  grosses  bar- 
res; mais  comme  la  purification  du  métal 
n'est  pas  encore  parfaite,  ou  parce  qu'il  n'est 


pas  homogène  ou  mal  fondé,  il  est  fragile, 
et  doit  être  soumis,  le  plus  ordinairement, 
à  un  rechauffage  suivi  d'un  corroyage  qui 
en  fait  du  fer  marchand. 

Le  nouvel  agent  d'oxidation  que  M.  Gue- 
nyveau  propose  d'employer  à  l'affinage  de  la 
fonte  de  fer,  ainsi  qu'à  quelques  autres  usa- 
ges, consiste  en  un  mélange  d'air  atmos- 
phérique et  de  vapeur  d'eau,  en  propor- 
tions variables  à  volonté,  élevé  à  une  cer- 
taine température ,  et  que  l'on  projette  sur 
le  métal  suffisamment  échauffé. 

On  chauffe  le  métal  chargé,  comme  à  l'or- 
dinaire, sous  la  sole  du  fourneau,  et  de  ma- 
nière à  l'amener  à  l'état  pâteux  où  il  convient 
qu'il  se  trouve  pour  qu'on  procède  au  pud- 
dlage, proprement  dit.  Alors,  on  projette  le 
mélange  d'air  et  de  vapeur  pour  produire 
une  oxidalion  plus  ou  moins  forte  et  rapi- 
de. Dans  la  dernière  période  de  l'affinage, 
celle  où  s'exécute  la  réunion  et  le  soudage 
des  particules  de  fer  pur,  et  qui  exige  une 
haute  température  et  une  Qanmie  peu  on 
point  oxidante,  on  supprime  la  projection 
de  vapeur  \  d'air,  pour  donner  au  four- 
neau (à  l'aide  d'une  grille  bien  chargée, 
avec  un  registre  suflisamment  abaissé), 
une  forte  chaleur  et  un  peu  de  moyens  d'oxi- 
dilion,  ainsi  qu'on  le  pratique  mainte- 
nant. 

11  en  résulte  que  le  chargement  impor- 
tant, dans  la  manière  actuelle  d'opérer, 
n'est  que  pendant  la  période  d'oxidation. 

Ouant  aux  moyens  de  se  procurer  le  nou- 
vel agent  d'oxidation,  M.  Guenyveau  cite  les 
observations  de  M.  Pellelan,  professeur  de 
physique  à  l'académie  de  médecine  de  Pa- 
ris, et  qui  se  résument  ainsi; 

«  Un  jet  de  vapeur  projeté  dans  un  canal 
»  cylindrique,  ou  (uyau  plein  d'air,  commu- 
»  i;ique  à  celle  colorme  d'air  la  force  vive 
»  dont  elle  est  anitnée,  sans  d'autre  perte 
»  que  celle  du  frotlement  du  tuyau.  »  Ain- 
si, par  exemple,  un  jet  de  vapeur  sortant  par 
une  ouverture  de  1  m.  de  diamètre,  sous  une 
pression  de  5  atmosphères ,  possède  une 
vitesse  de  559  m.  par  secondes. 

40  Etirage  du  fer  en  barres. 

Les  trains  de  laminoirs  servant  à  fabri- 
quer le  fer  en  barres,  sont  imités  de  ceux 
qu'on  a  long-temps  employés  à  confection- 
ner la  tôle  ;  ils  sont  composés  de  deux  cy- 
lindres placés  horizontalement  l'un  au-des- 
sous de  l'autre,  et  tournant  en  sens  con- 
traire, de  manière  que  la  rainure  de  l'un 
correspond  toujours  avec  celle  de  l'autre, 
pour  présente»"  constamment  un  vide  dont 
la  figure  soit  invariable  dans  chaque  échao- 


crare.  Ainsi,  ce  sont  toujours  des  assemblages 
de  deux  cylindres  horizontaux,  excepté  dans 
le  cas  de  la  fabrication  de  fer  de  petit  échan- 
î  lion,  poi;r  lequel  on  fait  souvent  usage  de 
trois  cylindres  superposés. 

M.  Guenyveau  propose  de  placer  les  cy- 
lindres-lamineurs dans  une  position  verti- 
cale, de  la  faire  tourner  autour  d'un  axe 
également  vertical,  de  sorte  que  le  travail 
des  trousses  ou  des  barres,  se  faisant  de  la 
même  manière  qu'à  présent,  elles  seront ma- 
nœuvrées  en  montant  ou  en  descendant , 
pour  entrer  dans  les  diverses  rainures  d'un 
même  système  de  cylindres  Afin  qu'on  n'ait 
jamais  besoin  de  faire  revenir  les  barres  au 
point  du  départ,  sans  qu'elles  aient  passé 
dans  les  cannelures,  il  faut  qu'il  y  ail  tou- 
jours trois  cylindres  assemblés  ensemble. 

Par  ces  nouvelles  'disposilions,  on  obtient 
pour  loupes  et  pour  les  barres  de  toutes  les 
grosseurs,  les  mêmes  avantages  qui  sont 
maintenant  bornés  au  petit  fer  que  l'on  fa- 
brique avec  le  laminoir  à  trois  cj  lindres. 

On  ne  peut  faire  usage  du  laminoir  triple 
horizontal  que  pour  de  gros  fers,  parce  que 
le  diamètre  que  doivent  avoir  les  cylindres, 
dans  ce  cas,  élève  au-dessus  de  la  portée  du 
bras  de  l'ouvrier  les  cannelures  des  cylindres 
supérieurs  ;  mais  pour  ne  pas  retomber  dans 
le  même  inconvénient  à  l'égard  des  canne- 
lures supérieures,  il  fnut  que  leur  hauteur 
ne  dépasse  pas  trois  pieds  ;  il  en  résultera 
une  moindre  longueur  des  cylindres,  et  par 
suite  une  plus  grande  résistance,  et  des 
ruptures  moins  fréquentes  dans  ces  ma- 
chines. 

Les  avantages  qui  dérivent  du  nouveau 
système  des  Vrains  de  laminoir  de  M.  Gue- 
nyveau sont  les  suivans  : 

lo  I.e  plus  important  de  tous,  celui  qui 
résulte  de  la  position  verticale  des  cylin- 
dres, consiste  dans  la  possibilité  de  placer 
toujours  trois  cylindres  l'un  h  côté  de  l'au- 
tre, et  dans  une  même  cage  ;  cette  disposi- 
tion permet  de  presser  les  plus  grandes  piè- 
ces d'un  côté  et  de  l'autre,  sans  perte  de 
temps,  et  par  conséquent  de  chaleur  :  en 
un  mot,  les  avantages  des  laminoirs  triples 
peuvent  s'étendre  à  la  fabrication  de  toute 
espèce  de  fer. 

2»  Tous  les  engrenages  et  les  mécanis- 
mes, y  compris,  si  l'on  veut,  la  machine  à 
vapeur  et  son  volant,  peuvent  être  établis 
au-dessous  du  sol  de  l'atelier  (sorte  de  plan- 
cher en  fer  et  en  fonte) ,  sur  lesquels  sont 
placés  les  ouvriers  pour  travailler  le  fer  ap- 
porté des  fours,  et  le  faire  passer  entre  les 
cylindres  qui  sont  saillans  au-dessus  de  ce 
plancher,  et  autour  desauels  la  manœuvre 


49 

'  s'exécute  sans  embarras  el  sans  danger. 

30  Enfin,  les  divers  trains  de  laminoirs 
exigés  pour  une  grande  fabrication,  sont 
disposés  sur  une  circonférence  de  cercle 
correspondante  à  celle  de  la  grande  roue' 
dentée  horizontale,  ce  qui  permet  de  dimi- 
nuer considérablement  l'espace  couvert  qui 
constitue  la  forge.  Il  en  resuite  une  dimi- 
nution notable  dans  les  dépenses,  toujours 
si  considérables  dans  la  construction  des 
forges. 

11  est  fâcheux  qae  M.  le  directeur-géné- 
ral des  ponts  et  chaussées  n'ait  pu  permet- 
tre à  M.  Guenyveau  de  faire  des  essais  de 
ses  pro-cedés  dans  les  importantes  usines 
que  le  gouvernement  possède.  L'intérêt 
particulier  peut  très-rarement  s'exposer  à 
(les  tentatives  de  ce  genre,  et  cette  difficul- 
té est  de  nature  à  laisser  inaperçues  des  dé- 
couvertes qui,  comme  celles  de  M.  Gueny- 
veau, offrent  un  intérêt  immense  pour  l'in- 
I  dusine  du  pays. 

IiHPKiMEURs-LiTtiocRAPHES  :    Conservatïon  des 
dessins  sur  pierre. 

Dans  notre  numéro  du  mois  de  mars  1853, 
page  84,  nous  avons  fait  connaître  le  moyen 
de  doubler  les  épreuves  d'une  pierre  litho- 
graphique écrite  ou  dessinée  à  la  plume: 
nous  allons  maintenant  indiquer  le  moyen 
de  conserver  les  dessins  sur  pierre,  d'après 
le  procédé  de  M.  Lemercicr,  lithographe 
distingué  de  la  capitale:  Blanc  de  baleine,  5 
onces  ;  poix  de  Bourgogne,  4  onces  6  gros; 
huile  d'olives,  5  onces;  cire  blanche,  1  otice; 
térébenthine  de  Venise,  i  once.  On  fait  fon- 
dre le  tout  ensemble,  et  la  con)position  est 
étalée  sur  la  pierre  avec  le  rouleau.  On  peut 
supprimer  le  gommage,  et  niême  dans  ce 
cas,  l'enduit  présente  toute  sécurité.  Des 
pierres  couvertes  de  cette  composition  et 
exposées  à  l'humidité  des  caves  et  des  cours, 
ont  fourni,  après  plusieurs  mois  de  séjour 
dans  ces  différens  lieux,  des  épreuves  qui  ne 
laissaient  rien  à  désirer  soit  pour  la  netteté 
du  dessin,  soit  pour  la  conservation  des 
traits  les  plus  dé  icnts. 

Ce  procédé  pré\ient  l'altération  des  pier- 
res, et  par  conséquent  de  tous  les  inconvé- 
niens  qui  en  résultaient. 

SccBEs  (fabrîcans  de)  :  I.  Sucre  indigène. 

En  1830,  on  comptait  en  France,  250  su- 
creries de  betteraves,  produisant  10  raillions 
kilogrammes  de  sucre  brut,  qui  revenait  de 
33  à  40  centimes. 

Voici  sur  quellesbases  était  établi  le  revient. 
Coût  des  racines,  à  raison  de  8  f.  les  500  kilog. 


80 

soit  pour  1000  kilog 16  f. 

Ciais  de  fabrication.  .  r •♦  20 

Le  rendement  étant  de  5  CjO,  le  coût 

des  50  kilog.  était  de 36 

à  quoi  ajoutant  pour  bonification,  5  0^0 
sur  la  taxe,  et  5  OiO  d'escompte  sur  40  f.  »»    ^ 

ce  qui  portait  à  40  f.  le  prix  auquel 
pouvait  vendre  sans  perte  le  fabricant, 

^  Ci.... ;    40f. 

Dans  ce  chiffre  ne  sont  pas  compris  Ven- 
•  -etien  et  la  détérioration  du  matériel ,  l'inté- 
rêt du  capital  engagé,  frais  qui  étaient  cou- 
verts parle  produit  de  la  pulpe,  de  la  mélasse 
cl  du  noir  d'engrais. 

Le  rapport  d'un  hectare  était  estimé,  terme 
moyen,  de  20  à  25  mille  kilog.  de  racines. 

Les  racines  se  vendent  aujourd'hui ,  da-ns 
!e  département  du  Nord,  7  f.  les  500  kilog. , 
le  rendement  varie  de  6  à  7  0\0 ,  et  le  produit 
de  l'hectare  de  50  à  40,000  kilog. 

En  examinant  les  immenses  progrès  qu'a 
faits  la  culture  depuis  cinq  années,  on  ne 
peut  douter  que  la  fabrication  se  soit  éga- 
Icruent  améliorée ,  par  une  diminution  de 
frais  ;  mais  en  admettant  qu'un  rendement 
plus  fort  obtenu  a  nécessite  un  accroisse- 
ment de  dépenses ,  et  conservant  alors  par 
conspensalion  les  bases  établies  en  1850,  on 
arrive  à  ce  résultat. 

Pour  1000  kilog.  de  racines,  à  7  f . 
les  500  kilog 14  f. 

Frais  de  fabrication 20 

Différence  de  tare  et  d'escompte. . . .     4 

Coût  de  60  à  70  kilog.  de  sucre  brut.  58 
Autrement  dit,  au  rendement  de  6  0|0  les 

50  kilogrammes  coûtent 51  f.  67  c. 

de  7  0[0 27     14 

On  n'est  pas  encore  bien  fixé  sur  les  cir- 
constances agricoles  du  terrain,  d'engrais  et 
de  culture  qui  peuvent  influer  sur  la  richesse 
saccharine  des  betteraves,  mais  il  est  proba- 
ble que  cette  industrie  est  encore  loin  du  de- 
gré de  perfcct-ion  auquel  elle  peut  atteindre. 
Ainsi,  on  doit  croire  que  quand  la  culture  se 
sera  étendue  et  perfectionnée,  ces  deux  cau- 
ses réunies  feront  baisser  le  prix  des  racines 
à  5  francs,  et  que  le  rendement,  par  l'appli- 
cation des  découvertes  de  la  chimie  et  de  la 
mécanique,  pourra  s'élever  à  8  0|0  ,  ciiiffre 
bien  inférieur  encore  à  l'analyse  chimique. 

Dans  ce  cas,  et  tout  en  conservant  les  mê- 
mes bases  pour  frais  de  fabrication ,  on  a 
1.0  f. -1-20-4-4  X  -iO 

■ ' ■ =21  f.  25,  prix  de  50 

80  ' 

kilog.  de  sucre. 

Quantaux  craintes  exprimées  par  quelques 
personnes  sur  l'exécution  doiuiéc  à  celte  cul- 
turc,  elles  sont  exagérées, 

La  quantité  de  sucre  indigène  livré      la 


consommation  en  1835,  est  évaluée  à  20  mil- 
lions kilogrammes,  qui  au  rendement  de  6  OiO 
seraient  le  produit  de  355,533,355  kilog.  de 
racines,  récoltés  sur  11,111  hectares,  en  es- 
timant le  rapport  à  50  milles  kilogrammes , 
ou  sur  8,554,  en  estimant  le  rapport  à  40  mille 
kilografnmes.  Le  terme  moyen  serait  donc  de 
9,722  hectares.  Or,  la  superficie  totale  de  la 
France  est  de  52,760,298  hectares,  sur  les- 
quelles on  compte ,  en  terres  labourables , 
25,559,152. 

La  consommation  actuelle  de  la  France  ne 
nécessiterait  une  culture  de  betterave  que  de 
48,610  hect.,  c'est-à-dire  la  lOSo»  partie  du 
sol,  et  la  525"  des  terres  labourables. 

Les  droits  de  douanes  sur  le  sucre  brut 
colonial  étant  de  49  f.  50  c.  pour  le  sucre  des 
Antilles  et  de  la  Guyanne,  42  f.  55  c.  pour  le 
sucre  de  Bourbon,  qui  entre  pour  Ii4  dans 
l'importation  générale  ,  la  moyenne  du  droit 

49  f.  50  X  ^  -■-  '^-  f-  ^^ 
est  de =  47f.7lc.li4 

4 

par  100  kilog.  Par  conséquent,  les  20  millions 
de  sucre  indigène  versés  dans  la  consomma- 
tion d'une  année,  ont  privé  le  trésor  d'une 
recette  de  9,542,500  francs.  A  la  vérité,  il  fau- 
drait tenir  compte  des  recettes  faites  par  le 
fisc  par  suite  de  cette  industrie  ;  mais  nous 
avons  dû  faire  connaître  ce  résultat ,  afin  de 
présenter  la  question  sous  toutes  ses  faces. 

IX.  Sucre  colonial. 

Le  prix  du  sucre  Guadeloupe  et  Martini- 
que, nuance  bonne  4^  était  de  97  f.  en  1815; 
de  91  f.  en  1817;  en  1823,  époque  de  la 
guerre  d'Espagne,  il  s'éleva  de  66  à  85  francs; 
mais  en  1826,  sous  la  nouvelle  législation  sur 
les  primes,  il  tomba  à  77  f.,  puis  à  75  f.  deux 
ans  après,  quand  le  sucre  de  betterave  prit 
un  certain  débouché.  Depuis  lors,  voici  quel 
a  été  le  prix  moyen  du  sucre,  d'après  les 
importations  générales. 

Marlinique  Prix 


Guadeloupe. 


Bourbon. 


Poids  net. 


bar.  dcSOOk.  Sacsde60k.  Kilog. 

1828  155,500  221,280     81,026,800    75  f. 

1829  142,700  234,472     85,418,520    73 
1850  123,600  381,347 

1831  143,900  341,337 

1832  121,500  305,352 

1833  112,000  319,515 
1854  128,300  312.850 


84,680,820  72 

92,430,220  6(! 

79,069,920  70 

75,170,900  68 

82,921,000  66 


Totaux.  905,500  2,116,133  580,717,980  » 
MoKnno.l29,6i3  302,305  82,859,570  70  f. 
On  voit  que,  depuis  1828 ,  le  cours  des  su- 
cres bruts  en  France,  a  été  constamment  en 
baisse.  Le  malaise  général  du  commerce, 
après  les  journées  de  juillet,  avait  provoqué 


51 


une  diminulion  considérablt;  dans  le  prix , 
qui  s'est  relevé  en  I8r)2,  pour  suivre  do  nou- 
veau une  marche  descendanle  en  1855 et  1855. 
La  cause  principale  de   la  baisse  pour  ces 
deux  dernières  années,  estallribuécà  la  nio- 
dificalion  qu'a  subie  la  prime  à  loxporlalion 
du  sucre  raffiné  en  1855;  mais  comme  il  esl  | 
à  peu  près  évident  aujourd'hui  que  celle  i 
prime,  qui ,  dans  les  années  1S2S  à  1852,  à  ' 
fait  sortir  du  trésor  des  sommes  importantes, 
n'avait  d'autres  résultats  que  d'alimenter  et  ; 
enrichir  la  France,  on  ne  peut  méconnaître 
que  le  sucre  indigène  qui,  en  1850,  n'entrait  | 
que  pour  ijfl  à  ijlO  dans  la  consommation  i 
générale  de  la  France  ,  et  en  iSô-i  déjà  pour  i 
1,5,  n'ait  puissamment  contribué  à  la  baisse 
du  sucre  colonial.  ! 

Tisstis  (fabricans  de)  :  De  la  destructàon  des  | 
tissus  dans  le  blanchiment  et  !a  teinture,  i 
et  des  moyens  d'en    prévenir    les    causes, 
par  va.  Gréau  aîné  (S.J., 

Le  travail  de  M.  Gréau  est  de  la  plus  haute  j 
importance  pour  tous   ceux  qui  s'occupent  \ 
du  blanchiment  ou  de  la  teinture  des  tissus.  : 
Il  doit  tout-à-fail  régénérer  celte  partie  de  ; 
nos  arts  industriels,  et  exercer  la  plus  heu- 
reuse influence  sur  les  produits  qui  seront  i 
livrés  cl-orénavant  à  la  manutention  et  au  corn-  ; 
mercc.  Par    un   sentiment  qui  fait  le  plus  | 
granrl  honneur  à  son  patriotisme,  M.  Grôau 
a  publié   sans  réserve  loules  ses  découver- 
tes, el  semble  même  regretter  de  n'avoir  pas 
assez  fait  pour  l'intérêt  général. 

1»  Noyen  de  nettoyer  les  tissus  teints  ou 
imprimés  en  faux  teint. 

Lorsque  les  tissus  sonl  teints  ou  imprimés  en 
faux  teint,  ils  se  salissent,  el,  par  celle  seule 
raison ,  on  cesse  d'en  faire  usage  ;  c'est 
une  perte  réelle  qu'on  peut  éviter  en  em- 
ployant le  procédé  suivant,  qui  est  fondé 
sur  la  propriété  que  possède  l'hydrate  de 
fécule  de  pomme  de  terre  de  former  avec 
les  corps  gras  une  sorte  de  savonnade. 

On  prend,  pour  10  litres  d'eau  légère- 
ment tiède,  125  grammes  ou  4  onces  de  fé- 
cule de  pomme  de  terre  ,  qu'on  délaie  dans 
im  demi-litre  d'eau  de  rivière  ;  on  fait  chauf- 
fer le  mélange  peu  à  peu ,  en  agitant  et  en 
faisant  tourner  la  liqueur  avec  une  spatule 
ou  une  cuiller  jusqu'à  ce  qu'elle  se  trans- 
forme Cil  une  gelée  de  faible  consistance  ; 
alors  on  dissout  celte  gelée  dans  les  dix  litres 
d'eau  légèrement  tiède  ,  et  on  obtient,  de 
celte  manière,  une  eau  gluante  et  douce  au 
toucher.  On  savonne  le  tissu  sale  dans  cette 

(i)  Au  bureau  de  la  Société  poljlechnique,  ^uc^'c•u- 
ve-dcs-Capuciiies,  13  bis,  à  Paris;  prix  3  fr. 


eau,  et  il  reprend  presque  son  éolal  pri- 
mitif, à  moins  que  les  couleurs  ne  soient  al- 
térées par  quelque  acide  ;  on  rince  ensuite 
à  l'eau  froide. 

Les  tissus  teints  on  couleurs  unies ,  soit 
en  fil,  soit  en  coton,  qu'on  peut  nettoyer 
avec  l'hydrate  de  fécule  deponmiesdc  terre, 
sont  les  suivantes  :  tissus  chamois,  nankin 
clair,  vert  américain,  fauve  etyris  divers. 
Le  nettoyage  peut  s'appliquer  parliculière- 
ment  aux  gants  de  fil  d'Ecosse  dont  les  cou- 
leurs ne  sont  pas  assez  solides  pour  résister 
à  desagens  plus  détersifs. 

LA  SOCDE  EST  PRÉFÉUABLE  A  LA  POTASSE 
POUR  BLANCHIR. 

La^  potasse  donne  de  la  dorcté  à  la  mar- 
chandise :  elle  ouvre  et  gonfle  trop  le  tissu; 
c'est  en  général  le  défaut  des  alcalis  caus- 
tiques ;  la  soude  Ml  exception  ;  elle  agit  plus 
à  la  manière  des  savons  qui  donnent  de  la 
douceur  et  du  moelleux.  En  outie,  la  soude 
factice  qu'on  fabrique  maintenant  esl  beau- 
coup plus  pure  que  la  meilleure  potasse  du 
commerce.  Celte  dernière  contient  des  sels 
calcaires  et  de  l'oxide  de  fer  qui  sont  coa- 
contraires  au  blanchiment. 

l'aréomètre  r;E  peut  servir  a  mesurer 

NI  LES  lessives  M  LES  BAIAS. 

Jusqu'à  présent  les  ouvrages  qui  ont  traité 
du  blanchiment  ont  désigné  la  force  des  les- 
sives alcalines  par  leurs  degrés;  mais  cette 
manière  de  mesurer  peut  indiquer  sou- 
i  vent  le  même  degré  pour  des  alcalis  bien 
I  différons  en  qualité  ,  et  quelquefois  les  plus 
basses  qualités  indiquent  le  degré  supérieur. 

■  M.  Gréau  s'en  est  convaincu  par  des  expô- 
1  ricnces  réitérées.  Ayant  pesé,  par  exemple, 

cinq  grammes  de  soude  de  trois  quaiilés 
I  diflVrentcs,  et  ayant  fait  dissoudre  séparé- 
I  niciit  chacune  d'elles  dans  50    millimètres 

■  d'eau,  les  trois  solutions  marquaient   égale- 
,  ment  10"  aréomélriques.  1-a  même  quanti- 

lé  de  liquide  et  de  sel  brut ,  essayée  à  l'al- 
I  calimctre,  marquait,  pour  la  première  solu- 
'  lion,  50  degrés,  la  deuxième  40,  la  troisième 
(iO,  ce  qui  a  prouvé  l'importance  de  cet  in- 
strument dont  voici  l'explication. 
I      DE  l'alcalïmétuie.  L'alcalimélrie  est  fon- 
dée  sur  la  propriété  qu'ont  la  soude  et  la 
!  potasse  de  former ,  avec   l'acide  sulfurique, 
I  des  sels  appelés  sulfate  de  soude  et   sulfate 
I  potasse,  c'est-à-dire  de  se   neutraliser  réci- 
I  proquement. 

j      La  quantité  d'acide  sulfurique  absorbée 
I  détermine  la  force  relative  des  alcalis  qu'on 
essaie,  et,  par  des  calculs  ultérieurs,  on  peut 
évaluer  le  poids  réel  de  ces  alcalis. 

Soit  donc  un  litre  de  verre  qui  contient 
mille  subdivisions  appelées  niilliraètres.  Si 


52 

dans  ce  litre  on  verse  trois-quarts  d'eau  pure  l  sulfurique  à  66<»,  et  qu'ensuite  on  complète 
auxquels  on   ajoute  cent  grammes  d'acide  1  le  litre  d'eau  suffisante,  il  est  évident  que 
1000  millimèlres  du  mélange  contiennent. ......  lOO  grammes  acide  sulfurique. 

100  id.        ^  10«  partie,  10  id. 

50  id.  206  5  id. 

1  id.  1000«  0,10  id. 

1/2  id.  2000»  o,0o  id. 

Prenant  un  vase  du  tube  cylindrique  en 


verre  S  de  25  centimètres  de  longueur  sur 
16  millimètre  de  diamètre,  on  divise  ses  ca- 
pacités en  100  parties  égales  de  chacune  un 
1^2  millilitre,  qu'on  remplira  delà  liqueur 
du  méLmge  acide;  ces  100  demi-millilitre 
contiendront  r>  grammes  d'acide,  et  chaque 
demi-miililitrc  en  contiendra  5/100 

Si,  avec  ce  mélange  d'eau  et  d'acide  sul- 
furique, qu'on  nomme  liqueur  d'épreuve , 
on  veut  connaître  la  force  alcaline  d'une  po- 
tasse de  commerce,  on  fait  dissoudre  cinq 
grammes  dans  un  autre  vase  R,  plus  grand 
que  S,  contenant  100  demi-millilitres  d'eau; 
on  aura  alors  deux  vases  S  et  U  dont  le  pre- 
mier contiendra  cinq  grammes  d'acide  sul- 
furique dissous  dans  100  parties  d'eau,  et 
l'autre  R,  cinq  grammes  dépotasse  dissoute 
également  dans  iOO  parties  d'eau. 

Si,  pour  neutraliser  la  potasse  par  l'acide 
sulturique,  on  verse  dans  le  vase  R,  r>0  par- 
lie  ou  oO  demi-milliliire  de  l'acide  contenu 
dans  le  tube  S,  on  dira  que  cette  potasse  est 
à  500.  On  s'aperçoit  de  la  saturation  de  la 
potasse  par  le  virement  du  bleu  au  rouge 
d'un  p;ipier  de  tournesol  qu'on  aura  préala- 
blement lait  plonger  dai:.s  la  liqueur. 

Si  les  alcalis  absorbaient  des  parties  égales 
d'acide  pour  ftirmer  des  sulfates,  on  pourrait 
dire  que  la  potasse  d'essai  contient  moitié 
de  son  poids  d'alcali  proportionnelle  au 
nombre  de  parties  d'acide  neutralisées.  Il 
faut  117  parties  996  ou  près  de  118  parties 
de  potasse  pour  en  neutraliser  100  d'acide 
sulfuriijue,  d'où  ressort  la  proportion  :  100  : 
118  :  :  "iU  :  X  —  59  p.'irties  de  potasse  rcolhi 

Au  lieu  d'essayer  de  la  potasse  ,  si  on  eut 
soumis  de  la  soude  à  l'expérience,  et  que  100 
parties  d'acide  eussent  été  absorbées,  il  n'y 
aurait  dans  la  liqueur  alcaline  qu'environ  79 


250  litres  d'eau  ; 
5  kilog.  proto-sulfate  de  fer  oU  coupe- 
rose verte  du  commerce; 
2  1/2  kilog.  indigo  broyé; 
1  1/2   id.    chaux  éteinte  â  l'air , 
1/2   ùl.    soude  ou  potasse. 

Mais  lorsqu'on  teint  le  coton  avec  cette 
liqueur,  il  y  a  toujours  une  portion  de  chaux 
qui  s'y  attache  et  en  ternit  la  couleur. 

L'opération  tendant  à  enlever  cette  chaux 
est  ce  qu'on  appelle  avivage. L'acide  hydro- 
chlorique  et  l'acide  acéiique  que  M.  Gréau 
emploie  à  cet  usage  donnent  des  résultats 
préférables  à  ceux  obterms  par  l'acide  sulfu- 
rique qui  dissous  une  portion  de  la  couleur 
et  avec  lequel  on  s'expose,  en  outre,  aux  plus 
grands  accidens.  Il  a  obtenu  un  très  b"l 
avivage  en  moulinant  le  coton  à  plusieurs 
reprises  dans  un  bain  composé  de  5'2  gram. 
d'acide  hydrochlorique  à  2'2o,  ou  42  grammes 
d'acide  acétique  à  12*>  dissous  dans  10  litres 
d'eau  :  c'est  environ  une  once  d'acide  hy- 
drochlorique, ou  une  once  l/">  d'acide  acé- 
tique ou  cinq  onces  de  vinaigre  ,  marquant 
20  1/2  à  l'aréomètre.  Après  ce  moulinuge, 
il  est  essentiel  de  rincera  grande  eau. 

TEINTURE  EN  NOIR.  —  Pour  la  tcinturc 
en  noir  ,  le  sulfate,  l'acétate  et  le  pyroli^^natc 
de  1er  soi.-i,  les  principaux  sels  de  cette  base 
dont  on  fait  usage  ,  mais  ils  ne  peuvent  for- 
mer de  beaux  noirs  que  dans  le  cas  ou  le 
fer  y  est  bien  oxidé. 

Si  l'on  emploie  le  sulfate  de  fer^  l'acide  sul- 
furique est  niis  à  nu  par  l'acide  gallique  con- 
tenu dans  la  noix  de  galle  ou  les  autres  subs- 
tances quiiaremplacent.il  se  forme  un  gallatc 
(le  fer  qui  teint  la  marchamlise  en  noir  ;  une 
partie  de  l'acide  sulfurique,  mis  en  liberté  el 
suspendu  dans  la  liqueur, est  absorbe  parle 
tissu  et  peut  le  brûler.  On  peut  donc  main- 


parties   d'alcali  réel;   car  78  parties  1S7  de  i  tenant  s'expliquer  la  cause  de  la  détériora 


soude  neutralisent  100  parties  d'acide. 

Les  degrés  alcalimétriques,  ou  les  quanti- 
tés d'acide  iieutraliséc,  n'indiquent  donc  que 
les  quantités  proportionnelles  d'alcali  conte- 
nues dans  les  substances  mises  à  l'essai. 
Ainsi, dans  le  cas  où  une  potasse  marquerait 
50®,  lorsqu'une  autre  en  marquerait  25  ,  la 
première  serait  deux  fois  p\as  riche  que  la 
deuxième  en  puissance  alcaline. 

TEINTURE   EN    BLEU  SCR   COTON.  — On   mcl 

dans  une  tonne: 


lion  trop  réitérée  des  draps  noirs  et  des  tis- 
sus de  la  même  couleur,  soit  en  fil,  soit  en 
coton. 

Il  faut  renoncer,  dans  les  teintures  en  noir, 
à  la  substance  qui  contient  l'acide  sulfurique, 
pour  n'employer  que  les  acétates  ou  pyroli- 
gnates  de  fer  dont  les  acides  ne  sont  pas 
destructeurs  du  tissu  et  peuvent  d'ailleurs 
disparaître  plus  facilement  par  le  lavage. 


5S 


RÉPERTOIRE 

DE  LA  CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


ARGENT. 

Ce  métal,  dont  l'importance  est  universel- 
le, se  trouve  dans  la  nature  à  différens  états. 
Au  Pérou  et  au  Mexique  ,  on  le  rencontre 
Iré  jueinment  à  l'état  natif,  plus  fréquem- 
ment encore  à  celui  de  chlorure,  connu  sous 
le  nom  d'argent  corné.  Dans  d'autres  con- 
trées ,  il  existe  combiné  avec  le  plomb  ou  le 
cuivre  et  le  souffre.  Si  l'argent  exislaii  tou- 
jours à  l'état  natif,,  il  serait  très-facile  de 
l'exp'oiler,  mais  quand  il  est  combiné  avec 
d'à  lires  corps,  on  est  da^is  la  nécessité  de 
recourir  à  des  procédés  pour  l'extraire.  Voi- 
ci le  mode  employé  au  Pérou  et  au  Mexique 
pour  cette  opération.  Après  avoir  réduit  le 
mi..erai  en  poudre,  on  l'humecte  et  on  le 
répand  sur  le  sol  d'une  cour  dallée  en  pier- 
re, en  y  mêlant  du  sel  marin  ;  on  y  ajoute  de 
la  chaux  éteinte  ou  de  la  pyrite  de  fer  et  -le 
cuivre  grillée,  selon  que  la  masse  s'échaulfe 
plus  ou  moins,  et ,  après  quelques  jours  de 
repos,  on  y  verse  du  mercure  et  l'on  (ait  niar- 
cher  dans  la  masse  des  hommes  ou  des  mu- 
lets ;  ie  mercure  s'approprie  l'argent,  et  on 
le  lave  pour  séparer  tous  les  corps  étrangers. 
On  comprime  l'amalgame  dans  des  tissus  de 
coutil  :  une  grande  quantité  de  mercure  re- 
tenant très-peu  d'argent  passe  au  travers, 
et  dans  l'intérieur  reste  un  amalgame  solide 
qui,  conspquemment,en  renferme  beaucoup. 
On  le  distille  dans  des  fourneaux  appropriés 
à  ce  genre  d'opération;  le  mercure  se  sé- 
pare, l'argent  reste  et  il  suffit  de  le  fondre 
pour  le  verser  dans  le  commerce. 

Lorsque  l'argent  existe  en  petites  quanti- 
tés dans  des  pyrites,  on  grille  celles-ci  avec 
du  sel  marin,  et  on  agite  ensuite  la  masse 
avec  du  mercure  et  des  rognures  de  fer  dans 
des  tonneaux,  L'amalgame  se  traite  ensuite 
comme  ci-dessus. 

Pour  séparer  l'argent  du  sulfure  de  plomb, 
on  pile  la  mine,  on  sépare,  par  le  lavage,  les 
corps  étrangers,  et  on  fond  la  galène  qui 
s'empare  du  souffre  et  laisse  le  plomb  se 
réunir  en  un  bain,  d'où  il  est  facile  de  le  re- 
tirer. On  le  chauffe  ensuite  dans  un  four 
particulier  où  ,  absorbant  l'oxigène  ,  il  se 
transforme  en  litage  qui  s'écoule  dans  des 
bassins,  et  l'argent  reste  sous  forme  d'un 
culot. 


L'argent  devient  immédiatement  cassant, 
par  son  contact  avec  le  mercure;  si  néan- 
moins ce  contact  est  de  courte  durée ,  il 
suffit  de  chauffer  légèrement  l'objet  détério- 
ré pour  dégager  le  mercure,  mais,  dans 
tous  les  cas,  le  métal  a  perdu  son  éclat ,  et 
il  a  besoin  d'être  bruni  pour  le  reprendre. 

Les  sels  d'argent  colorent  en  brun  les 
substances  organiques  ;  cette  teinture  est 
inaltérable;  et,  quand,  par  exemple,  elle  est 
empreinte  sur  la  peau  ,  il  faut  enlever  l'épi- 
derrae  pour  que  la  marque  disparaisse.  Les 
sels  d'argent  sont  un  poison  très-actif,  mais 
cependanl  on  peut  en  paralyser  les  effets  en 
buvant  de  l'eau  salée. 

CADASTRE. 

Durant  les  quinze  années  qui  suivirent  l'é- 
tablissement du  cadastre,  divers  systèmes 
d'exécuiion  furent  infructueusement  tentés. 
Ce  n'est  qu'en  JSOSquc  le  gouvernement 
s'arrêta  au  mode  du  cadastre  parcellaire,  le- 
quel consiste  à  exprinicr  sur  le  plan  d'une 
commune  les  différentes  parties  ou  pièces 
d'héritage  de  chaque  propriétaire,  et  à  for- 
mer un  tableau  indicatif  de  leurs  contenan- 
ces, sur  lequel  sont  ensuite  portés  l'évalus- 
tion  du  reveiLU  de  ces  propriétés,  et 
l'impôt  qu'elles  doivent  supporter. 

Les  propriétaires  ont  dû  considérer  le  ca- 
dastre comme  étant  le  moyen  certain  de 
pouvoir  en  tout  temps  établir  d'une  manière 
précise  l'étendue,  la  configuration,  la  valeur 
de  leurs  immeubles;  mais  l'inslilution  a  été 
tellement  faussée  que,  dans  beaucoup  de  lo- 
calités, on  ne  pourrait  plus  aujourd'hui  re- 
connaître sur  les  plans  les  bases  qui  ont 
originairement  servi  à  asseoir  l'impôt,  ces 
mêmes  plans  ne  se  trouvant  plus  en  rap- 
port avec  la  figure  actuelle   des  terrains. 

L'année  dernière,  l'administration  des 
contributions  directes,  pressée  par  les  nom- 
breuses réclamations  auxquelles  cet  état 
de  choses  donne  lieu,  demanda  que  des  con- 
trôleurs, pris  dans  son  sein,  fussent  char* 
gés  de  la  partie  d'art  du  cadastre.  Le  ^-on- 
seil  d'état  a  fait,  il  est  vrai,  justice  de  celte 
prétention;  mais  la  persistance  de  l'adminis- 
tration des  contributions  directes  a  jeté  un 


54 

complet  découragement  parmi  les  géomètres 
des  départemens  où  le  cadastre  n'est  pas  ache- 
vé. Déçus  de  l'espoir  légitimement  acquis  que 
îa  conservation  de  leurs  travaux  serait  confiée 
à  ceux  d'entre  eux  qui  en  seraient  reconnus 
capables  ,  ils  cherchent  à  s'utiliser  ailleurs 
et  abandonnent  une  partie  qui  ne  leur  oITre 
plus  d'avenir. 

L'exécution  du  cadastre  et  la  nécessité 
de  conserver  les  plans  ne  devaient  être 
qu'une  seule  et  même  pensée;  et  le  tort  le 
plas  grave  à  adresser  à  l'administration, 
c'est  d'avoir  attendu  prcsqu'à  la  fin  de  celle 
immense  opération  pour  savoir  comment  et 
par  qui  se  ferait  la  conservation  des  minu- 
tes. 

Le  mot  de  conservation  paraîtrait  même 
avoir  été  compris  uniquement  dans  son 
acceplion  grammaticale,  c'est-à-dire  qu'il 
suffisait  de  garder,  de  conserver  les  plans  et 
les  matrices  pour  empêcher  que  ces  deux 
pièces  principales  ne  se  gâtent  ou  ne  se  dé- 
tériorent. Le  principal  objet  de  la  conser- 
vation est  de  pouvoir  rectifier  les  erreurs 
qui  peuvent  se  conunetlre  dans  l'exécution 
des  plans  parcellaires  et  de  la  matrice  cadas- 
trale; d'enlreleiiir  les  plans  de  manière  à  ce 
qu'ils  offrent  cotist^ment  la  configuration 
du  territoire  qu'ils  représentent  ;  de  tenir 
les  matrices  dans  un  ordre  tel,  que  les  arti- 
cles présentent  l'état  des  propriétés  fonciè- 
res que  chaque  individu  possède  dans  la 
commune. 

Frappé  du  désordre  qui  règne  dans  celte 
partie  si  importante  de  l'écononmie  politique, 
et  menacée  aussi  arbitrairement  dans  leur 
avenir,  des  géomètres  en  chef,  et  des  arpen- 
teurs experts  ont  exposé  leurs  griefs  à  la 
chambre  des  députés,  qui,  sur  les  conclu- 
sions de  sa  commission,  a  renvoyé  ces  péti- 
tions à  M.  le  ministre  des  finances.  Parmi  ces 
dernières,  la  plus  précise  est  sans  contredit 
celle  de  M.  Barrau  ,  géomètre  en  chef  du 
département  des  Basses-Pyrénées  ,  et  à  la- 
quelle ont  adhéré  ses  collègues  des  départe- 
mens de  Seine-et-Oise,  de  l'Oise,  de  Seine- 
et-Marne  ,  de  la  Somme,  du  Morbihan  et  des 
Hautes  -  Pyrénées.  M.  Cirrau  demande 
qu'il  soit  formé  une  commission  composée 
d'un  délégué  de  chaque  ministère  ,  pour 
discuter  et  arrêter  les  bases  de  la  conserva- 
tion du  cadastre. 

Ce  vœu  est  celui  exprimé  déjà  par  M  Cal- 
mon,  au  nom  de  la  commission  du  budget  de 
ISUk  lequel  s'exprimait  ainsi  dans  la  séance 
dirW  avril  isr,4. 

«  On  voit  quelles  sommes  énormes  aura 
»  coûté  le  cadastre(li">,ri7 1,000  fr.)  à  mesure 
»  qu'ilse  termine;  il  s'agit  de  savoir  comment 


»  on  peut  le  conserver.  C'est  un  soîn  que 
»  réclame  toute  la  sollicitude  de  l'adminis- 
»  tration;  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  le  fruit 
»  de  tant  de  travaux  et  dedépenses.» 

L'idée  de  choisir  un  délégué  dans  chaque 
ministère  pour  former  un  conseil  chargé  de 
présenter  un  mode d'î conservation  cadastrale 
est  toute  rationnelle.  Le  cadastre  fournit  à 
l'administration  de  la  guerre  les  documens 
que  nécessitent  la  levée  des  plans  et  l'éta- 
blissement des  cartes  du  royaume;  il  intéresse 
le  commerce  et  l'industrie,  parles  routes  et 
chemins  et  tous  autres  moyens  de  communi- 
cations ;  la  marine  a  intérêt  à  connaître  l'éten- 
due et  la  nature  des  bois  et  forêts;  en  un  mot, 
lagriculture  ,  la  salubrité  ,  tous  les  services 
publics  enfin  sont  intéressés  à  ce  que  le  ca- 
dastre soit  confié  à  des  hommes  spéciaux. 

Sous  l'empire,  un  commissaire  central  du 
cadastre,  adjoint  à  l'administration  des  con- 
tributions directes,  avait  la  haute  direction 
de  la  partie  d'art.  Nous  sommes  portés  à 
croire  que  ce  moyen  ou  un  analogue  aurait 
de  semblables  résultats  à  ceux  obtenus  alors 
et  dont  on  a  été  à  même  d'apprécier  tous  les 
avantages. 

Il  est  urgent  que  le  ministre  des  finances 
prenne  une  décision  définiiive  sur  la  question 
(lu  cadastre:  il  comprendra  qu'il  est  tie  loulc 
justice  de  fixer  le  sort  des  géomètres  ,  et 
«i'allribuer  à  chacun  d'eux  la  part  qui  lui  est 
dévolue  en  raison  de  sa  capacité  et  de  ses  ser- 
vices antérieurs. 

CHEMINS  DE  FER.  —  CANADX. 

Le  tableau  suivant  du  nombre  de  chevaux 
nécessaires  pour  transporter,  en  Angleterre, 
24  tonnes  de  marchandisi  s  (2-4,075  kdog.), 
dans  une  heure  de  distance ,  sur  un  canal 
et  sur  un  chemin  de  fer,  offre  des  résultats 
qu'il  n'est  pas  sans  importance  de  connaî- 
tre. 

CHEVAUX   ISUCESSAinES 


Diitance  par  heure. 

Pour  ua  canal. 

Siii-  un  clicmitt 
(le  fir. 

2 

1,2 

3,0 

T> 

ô,4 

4,5 

4 

8,2 

6,r> 

5 

18,0 

8,7 

K 

51,8 

10,6 

7 

27,0 

15,0 

8 

22, (> 

16,0 

9 

18,0 

18,7 

!0 

i4,r. 

21,0 

il 

10,0 

23,0 

12 

6,r. 

26,0 

13 

4,0 

28,8 

14 

2,0 

31,0 

m 

1,0 

33,5 

Il  résulte  donc  que,  lorsqu'on  veut  aller 
très-doucement,  il  y  a  une  grande  économie 
de  force  à  employer  la  voie  d'eau  ,  puisque 
pour  faire  deux  milles  à  l'heure  sur  un  canal, 
la  force  d'un  cheval  et  2;lO  suffit,  tandis 
qu'il  faut  trois  chevaux  sur  un  chemin 
de  fer.  Quand,  au  contraire,  on  veut  aller 
extrémemement  vite,  l'économie  est  prodi- 
gieuse, un  seul  cheval  suffisant  pour  faire 
parcourir  à  24  tonneaux  15  milles  à  l'heure, 
tandis  qu'il  faut  la  force  de  53  chevaux 
1/2  pour  obtenir  le  même  résultat  par  un 
chemin  de  fer.  En  résultat,  on  voit  qu'il 
n'y  aurait  avantage  à  se  servir  du  chemin  de 
fer  qu'autant  qu'on  tiendrait  à  faire  la  roule 
dans  un  temps  donne  ,  ni  plus,  ni  moins,  et 
que  ce  chemin  serait  calculé  à  raison  de  4  à 
8  milles  à  l'heure  ,  circonstance  qui  se  pré- 
sente rarement,  puisqu'il  est  plus  avantageux 
de  parcourir  dans  le  même  temps,  et  avec  la 
même  dépense,  la  plus  grande  distance  pos- 
sible. 


S5 


CHEVAUX   ET   BESTIAUt.  —  ÎMPOBTATIOU   ET 
EXPORTATION. 

Itiiportalioli. 

Chevaux  entiers 475 

—  hongres 4,480 

Jiimens 987 

Poulains  et  pouliches 4,02G 

Béliers,  brebis  et  moutons    ....  124,395 

Agneaux 34,181 

Bœuf» 6,G8(> 

Taureaux 1,991 

Bouvillons  et  taurillons.    .    .    •    .    .  522 

Vaches 9,0G4 

Génisses 1.092 

Veaux 9,231 

Porcs 6,787 

Cochons  de  lait 176,131 

Exportation. 

Chevaux  entiers 4 

—  hongres 1,775 

Jumens I,fi65 

Poulains  et  pouliches 692 

Béliers,  brebis  et  moutons 29,006 

Ai'neaux 5,022 

Bœufs. 6,069 

Taureaux 1^3 

Bouvillons  et  taurillons 267 

Vaches 2,475 

Génisses 104 

Veaux 1,1=^3 

Porcs 13,515 

Cochons  de  lait 22,254 


MONTs-DE-piÉTÉ.  —  ToMeau  des  prêts  faits  par  les  divers  monts-de-piélé  de  France. 

SOSIMK  MOVENNE  ANNUELLE. 


VILLES. 

Paris 

Lyon 

Bordeaux 

Marseille 

Strasbourg.  .  .  . 

Nantes 

Kouen 

Besancon 

Metz.  '. 

Dijon 

Avignon 

Nimes 

Brest  (du  i^rmai; 


Années. 

d8l5-1S".ô. 
1815-1853. 
1812-1833. 
1815-1833. 
1828-1834. 
181  G- 1834. 
18 18-1854. 
1 835- 1 834. 
1801-1833. 
1822-1833. 
181 1-1834. 
1829-1834. 
4931-1834. 


Nombi-e  d'articles. 

21,166,840. 

1,405,517. 

1,912,820. 

1,134,211. 

746,751. 

460,137. 

2,504,095. 

529,443. 

1,435,422. 

111,081. 

294,366. 

35,411. 

20,494. 


MORCELLEMENT  DES   PROPRIÉTÉS. 

Plusieurs  fois  déjà  nous  nous  sommes  oc- 
cupés de  l'extrême  division  des  propriétés 
et  des  inconvéniens  qu'elle  peut  avoir  pour 
effet.  Il  est  facile  de  concevoir  que,  com- 
parativement ,  les  frais  s'élèvent  en  raison 
directe  de  la  petite  étendue  du  sol  ;  mal- 
heureusement ,  la  routine  domine  toujours 
dans  la  plus  grande  partie  de  la  France  ;  et 
il  y  a  même  des  pays,  où,  par  un  sentiment 
de  respect  pour  la  ménioire  de  leurs  auteurs, 
les  héritiers  se  font  un  scrupule  de  prendre 
chacun  la  part  qui  lui  est  affectée  dans  la 
succession. 

L'autorité  ne  pourrait-elle  pas  ,  officieu- 
sement d'abord  ,  éclairer  les  individus  sur 


So'ntites  avancées. 

376,372,453  f. 

24,016,075 

28,595,119 

21,067,705 

4,611,824 

7,284,483 

25,395,491 

4,876,418 

16,184,362 

1,977,145 

4,372,949 

1,261,008 

502,208 


Des  avances. 

19,808,076  f. 

1,264,004 

1,299,778 

1,108,826 

658,832 

583,394 

1,473,852 

-  487,641 

490,439 

164,762 

182,206 

210;16S 

82,420 


Des  articles, 
17  f.   78  C. 


17 
14 
18 

6 
15 
10 

8 
11 
17 
14 


08 
94 
57 
17 
83 
14 
29 
27 
59 
85 


14   75 


leurs  propres  intérêts  bien  entendus?  Sans 
doute  ,  avec  notre  système  de  liberté  ,  on 
ne  peut  prescrire  à  un  propriétaire  de  dis- 
poser de  la  chose  autrement  qu'il  désire  , 
aussi  n'est-ce  point  en  ordonnant  ,  mais  en 
éclairant  que  l'intervention  que  nous^  récla- 
mons pourrait  avoir  lieu  efficacement. 

Ce  morcellement  des  propriétés  ,  lequel 

provient  aussi  de  ce  désir  si  vif  aujourd'hui 

de  pouvoir   se  dire  propriétaire  ,  va  dans 

I  une    progression    tellement   grande  ,    que 

j  plusieurs   parcelles  de  terre  soiit   à  peine 

I  susceptibles  de  recevoir  la  moindre  façon. 

Voici  ,  au  reste  ,  à  l'appui  de  ce  que  nous 

avançons  ,  le  relevé  des  cotes  dans  deux  dé- 

partemens  à  des  époques  qui  permettent  de 


66 

comparer  l'effet  de  ce  pernicieux  usage. 

Dans  le  département  de  l'Arriége ,  il  y 
avait  ; 

59,000  cotes  en  1793 
68,000  -^  en  1803 
76,000  —  en  1813 
80,520  —  en  1823 
92,375  —  en  1833 
Dans  les  Pyrénées-Orientales,  la  progres- 
sion est  dans  les  mêmes  termes. 

En  1821  ilyavait  41,885  cotes. 

—  1825   —   48,015 

—  1830   —   50,405 

—  1832   —   51,490 

—  1834   —   54,310 

Les  autres  déparletnens  ofd'ent  des  ré- 
sultats analogues. 

POPCLATION. 

La  civilisation  paraît  être  parliculicrcnient 
favorable  aux  fennncs,  puisque  c'est  dans 
les  pays,  dans  les  lieux  les  plus  civilises  , 
qu'elles  sont  communément  les  plus  nom- 
breuses. 

Dans  les  lieux  de  la  terre  où  la  population 
a  elc  dénombrée,  on  a  presque  toujours 
trouvé  plus  de  femmes  que  d'hommes, 
lorsque  l'cmigralion ,  ou  bien  une  circons- 
tance violente  n'y  avait  pas  changé  les  rap- 
ports naturels  des  sexes ,  et  cela  quel  que 
fjt  le  sort  ou  la  conuilion  de  chacun  d'eux. 

Il  y  a  par  conséquent  natureîlement^lus 
de  femmes  que  d'hommes. 

En  Europe,  il  parait  y  avoir,  terme  moyen 
général,  1,050  à  1,055  femmes  environ  pour 
1,000  hommes,  ou  I7à2ude  ceux-ci  con- 
tre 19  à  21  de  celles-là. 

Mais  ces  proportions  s'éloignen-t  vraisem- 
blablement un  peu  des  proportions  naturel- 
les ,  qui  ne  sauraient  être  déterminées  avec 
exactitude. 

1°  Le  quart  des  vlvans  a  communément  moins 
de  10  ans. 

2»  La  moitié  n'atteint  pas  .30  ans  dans  les 
pays  où  la  population  est  la  plus  heureuse,  ni 
20  dans  reux  où  elle  ne  l'csl  point. 

3»  Au-dessous  de  40  ans,  il  faut  compter  des 
sept-dixièmes  aux  huit-dixièmes  de  la  popula- 
tion totale. 

4'  Passé  l'âge  de  50  ans,  c'est  un  cinquième  a 
un  huitième,  à  un  neuvième  de  tous  les  vivans. 

5°  I>assc  l'âge  de  60  ans,  c'est  un  neuvième  à 
un  neuvième  et  demi. 

6°  Passe  l'âge  de  70  ans,  on  ne  pourrait  pas 
trouver  plus  d'un  trentième  à  un  vingt-cin- 
quième. 

Enfin,  sur  100  vivans,  il  n'y  en  a  jamais  plus 
d'un  qui  ail  80  ans  ou  davantage. 

Mainleiiant,  en  examinant  comparative- 
ment la  distribution  par  âge  dans  les  deux 
sexes,  nous  avons  reconnu  : 


1"  Le  sexe  masculin  domine  jusque  vers 
l'âge  de  15  ans. 

sopassé  20  ans,  les  femmes  l'emportent  sur 
leshommes,  principalement  dans  la  vieillesse. 

30  Après  l'âge  de  80  ans,  il  y  a  bien  trois 
femmes  pour  deux  hommes, etdans  plusieurs 
pays,  près  de  deux  femmes  pour  un  homme. 

Exemple.  —  France. 

Hommes.  Femmes. 

De  GO  à  70  ans  472,098  620,856 
De  78  à  80  ans  206,652  312,017 
Passé  90  ans  56,567        74,957 

Paris. 
De  60  à  70  ans         23,043        23,087 
De  70  à  80  ans  7,017  8,730 

De  80  à  90  ans  1,038  1,624 

Passé  90  ans  43  92 

Enfin  partout,  du  moins ,  quand  on  consi- 
dère un  pays  entier  ,  l'âge,  qui  sépare  les 
vivans  en  deux  moitiés  égales,  l'une  au-des- 
sous l'autre  au-dessus,  arrive  plutôt  pour  les 
hommes  que  pour  les  femmes. 

VILLERMÉ. 
YABIAXIONS   DU   TEMPS. 

Quand  le  sommet  de  la  colonne  de  mer- 
cure d'un  baromètre  est  convexe,  c'est  qu'il 
se  dispose  à  monter,  et  alors  on  doit  esi  érer 
du  beau  temps;  s'il  est  concave,  c'est  tout 
le  contraire. 

Quand  le  mercure  monte  au-dessus  du  va- 
riable, il  annonce  le  sec,  le  beau  temps;  au 
dessous,  les  résultats  sont  opposés. 

Lorsqu'il  y  a  en  même  temps  deux  vents, 
l'un  près  de  terre  et  l'autre  dans  la  région 
supérieure  de  l'atmosphère,  si  le  venl  le  plus 
bas  est  nord  et  le  plus  élevé  sud,  il  ne  pleu- 
vra pas ,  quoique  le  baromètre  puisse  êlre 
très-bas  ;  mais  si  le  vent  le  plus  élevé  est  nord 
et  le  plus  bas  sud,  il  pourra  pleuvoir,  quoi- 
que le  baromètre  puisse  êlre  alors  très-haut. 

Dans  un  temps  chaud  ,  l'abaissement  du 
mercure  annonce  le  lonnenVi;  et  s'il  descend 
beaucoup  et  avec  rapidité,  on  doit  craindre 
l'arrivée  d'une  tempête. 

Quand  le  mercure  monte  en  hiver,  c'est 
signe  de  gelée  ;  si  ensuite  il  descend  on  doit 
s'allcndre  à  un  dégel  ;  mais  s'il  monte  encore 
pendant  la  gelée,  on  est  sûr  d'avoir  de  la 
neige. 

Toute  variation  brusque  et  rapide  indique 
un  changement  de  courte  durée;  toute  va- 
riation lente  et  continue  assure  la  durée  du 
changement  qu'elle  présage. 

Quand  le  mercure  monte  la  nuit,  c'est  si- 
gne de  beau  temps.  Si  le  thermomètre  est 
fixe  tandis  que  le  baromètre  baissi*.  c'est.un 

E résage  de  pluie.  Si  le  thermomètre  et  le 
aromèlre  baissent  tous  deux  sensiblement, 
c'est  un  signe  de  grande  pluie.  Si,  au  con- 
traire, le  baromètre  et  le  tucrmomètre  mon- 
tetit  sensiblement,  c'est  l'annonce  d'un  temps 
sec  et  serein. 


AVIS  QU'IL  FAUT   LIRE. 


Le  succès  sans  exemple  qui  accueillit  le  Jour- 
nal des  Connaissances  utiles ,  il  y  a  cinq  années  , 
semble  vouloir  se  renouveler,  au  moins  en  par- 
lie  ,  pour  sa  seconde  période  quinquennale  ;  ses 
fondateurs  un  moment  découragés,  et  résolus 
d'en  abandonner  la  direction,  reçoivent,  de 
toutes  parts,  des  lettres  pressantes  qui  leur  énu- 
mèrent  les  services  qu'ils  ont  rendus,  et  font  un 
énergique  appel  au  retour  de  leur  actif  dévoue- 
ment. 

Plus  de  justice  est  maintenant  rendue  à  la  ré- 
daction de  ce  recueil ,  qui  a  été  l'objet  de  cri- 
tiques si  contradictoires. 

Le  nouveau  plan  de  rédaction  adopté  pour  la 
deuxième  période  quinquennale  dans  laquelle 
entre  le  Journal  des  Connaissances  utiles,  veut, 
pour  être  bien  compris  et  convenablement  ap- 
précié ,  quelques  éclaircissemens  sur  lesquels 
nous  appelons  l'attention  de  ses  lecteurs. 

La  divisi-on  adoptée  —  1°  Répertoire  ci- 
vil ,  2"  RÉPE.RTOIRE  DOMESTIQUE,  3°  RÉ- 
PERTOIRE PROFESSIONNEL,  —  Correspond  à 
celle  idée  puisée  dans  l'ordre  fondamental  de 
toutes  les  sociétés,  savoir:  1°  la  vie  publique,  2 
la  vie  privée  ,  3'  la  profession  ,  qui  est  la  vie  spé- 
ciale ou  le  classement  hiérarchique. 

Quelque  simple  qu'elle  paraisse  ,  celte  division 
présente  néanmoins  des  difficultés  lorsque  ses 
bases  ne  sont  pas  suffisamment  connues  et  com- 
prises. 

Ainsi,  par  exemple,  le  Magistrat,  le  Notaire, 
l'Instituteur  Primaire,  le  Ministre  du  Culte,  en 
ce  qui  les  concerne,  doivent-ils  être  renvoyés  an 
Répertoire  civil  ou  bien  au  Répertoire  profes- 
sionnel? 

Les  fonctions  publiques,  lorsqu'elles  réunis- 
sent ces  trois  caractères ,  1°  salaire  ou  produit, 
2o  permanence,  3°  incompatibilité  de  leur  exer- 
cice avec  celui  d'une  profession,  constituent  réel- 
lement une  profession. 

Le  Procureur  du  roi  et  l'Avocat  exercent  tous 
les  deux  une  profession  ;  l'Électeur,  le  Maire,  le 
Juré,  le  Député,  remplissent  des  fonctions  ;  ces 
fondions  résultent  de  leur  qualité  de  contribua- 
bles, mais  elles  ne  sont  inconciliables  avec  au- 
cune profession.  Un  seul  exemple  suffira  pour 
faire  comprendre  toute  notre  pensée. 

On  suppose  qu'il  s'agit  du  classement  de  plu- 
sieurs articles  sur  l'instruction  primaire  ;  les  uns 
appellent  principalement  l'altention  des  Conseils 
communaux,  des  Maires  et  des  Comités  de  sur- 
veillance d'instruction  primaire  ;  ceux-là  pren- 
nent leur  place  dans  le  Répertoire  civil  ;  d'au- 
tres sont  exclusivement  relatifs,  soit  à  des  mé- 
thodes d'éducation  que  les  parens  peuvent  ap- 
pliquer sans  le  secours  d'aucun  maître,  soit  à  la 
direction  qu'il  peut  leur  être  utile  de  donnera 
l'instruction  de  leurs  enfans  ;  ces  articles  relatifs 
à  Vcducation  plutôt  qu'à  Vinsiruction  de  l'enfance, 
sont  classés  dans  le  Répertoire  domestique,  afi:i 
d'appeler  sur  eux  les  méditations  de  la  famille; 
enfin  ,  d'autres  articles  intéressent  directement 
l'exercice  de  la  profession  d'instituteur,  soit  qu'il 
s'agisse  de  réglemens  émanés  des  autorités  sous 
le  pouvoir  desquelles  ils^  sont  placés,  soit  qu'il 
s'agisse  de  notions  utiles  à  l'art  de  l'enseigne- 
ment dans  les  écoles,  ces  articles  sont  alors  pla- 
cés dans  le  Répertoire  Professionnel,  à  la  rubri- 
que ;  Instilulcars  Primaires. 

Ainsi  donc  chaque  article,  on  le  voit,  porte 
avec  lui  son  adresse,  comme  s'il  s'agissait  d'une 
lettre. 

Ce  que  l'auteur  de  ce  classement  s'est  surtout 
proposé  pour  fin  ,  c'est  que  tout  fait  utile  parvînt 
toujours  àsa plus  directe  et  principale  destination 


Un  dernier  doute  restait  encore  à  trancher, 
c'était  la  question  de  savoirdans  lequel  des  trois 
Répertoires  seraient  classés  les  propriétaires  ur- 
bains et  ruraux  ;  le  fait  de  la  possession  patri- 
moniale ne  constituant  ni  une  fonction,  ni  une 
profession,  mais  simplement  une  qualité. 

La  propriété  urbaine  et  rurale  semblait  tout 
naturellement  devoir  s'allier  à  l'économie  usuelle 
dans  le  Répertoire  Domestique;  en  la  plaçant  au 
contraire  dans  le  Répertoire  Professionnel,  voici 
quels  ont  été  nos  motifs  : 

Ne  considérer  la  qualité  de  propriétaire  fon- 
cier que  comme  un  état  passif ,  c'était,  en  quel- 
que sorte  adhérer  d'une  part  à  l'opinion  qui  pré- 
tend n'y  trouverquele  fuit  d'un  odieux  priviléte, 
;  d'autre  part  c'était  presque  encourager  ceux  à 
I  qui  cet  avantage  est  échu,  sans  qu'il  soit  In  ré- 
I  compense  de  leur  propre  travail,  à  n'y  voir  qu'une 
prime  d'encouragement  à  l'oisiveté. 

Il  n'en  doit  pas  être  ainsi  de  la  qualité  de  pro- 
priétaire patrimonial;  elle  a  ses  devoirs  et  ses 
obligations  qui  ne  sauraient  être  méconnus  sans 
dommage  porté  au  fonds  social  qui  forme  la  ri- 
chesse publique. 

Qu'il  soil  donn^  aux  fils  de  propriétaires 
l'instruction  spéciale  que  cette  qualit;>  comporte, 
et  Von  verra  si  elle  ne  devient  pas  l'une  des  [ilus 
utiieset  actives  industries;  il  y  a  dans  cette  m.i- 
nière  de  considérer  la  propriété  patrimoniale 
une  grande  pensée  de  hiérarchie  sociale!... 

Qu'ici  il  nous  suffise  de  dire, en  peu  de  !ii;nes, 
que  le  jour  où  l'on  se  pénétrera  de  la  nécessité 
de  donner  aux  {ils  de  propriétaires  une  ins- 
truction qui  les  melle  en  état  de  tirer  de  la 
gestion  de  leurs  patrimoines  l'augmentation  de 
produit  qui  résulte  toujours  de  l'union  d'une  in- 
dustrie et  d'un  capital, les  professions  lib  raies, 
les  fonctions  et  emplois  publics  salarias,  vers 
lesquels  affluent  tous  l(o  fils  de  propriétaires, 
verront  leur  encombrement  se  dissiper  au  profil} 
des  fils  de  famille,  qui  n'auront  reçu  de  leurs | 
parens  en  patrimoine  que  l'instruction  ad  hoc. 

En  résumé,  tout  citoyen,  soit  que  la  loi  lui  im- 
pose des  devoirs  ou  bien  qu'elle  lui  confère  des 
droits,  soit  que  l'élection  lui  attribue  certaiiies 
prérogatives,  trouvera  dans  le  R'^perloire  Civil 
lin  Code  progressif  et  familier  de  li^gislation.  de 
jurisprudence,  de  droit  administratif  et  d'éco- 
nomie politique,  qu'il  devra  parcourir  allcntive- 
ment  chaque  mois. 

Les  intérêts  de  la  famille  ;  les  moyens  d'en  ac- 
croître le  bien-èlre  par  la  prévoyance  cl  l'écono- 
mie; l'éducation  de  l'enfance,  telles  sont  les  li 
.'.'lites  trac!''es  au  Rf^pertoire  Domestique. 

La  vie  publiçie  et  la  vie  privée  ont  ainsi  cha- 
cune leur  domaine  distinct. 

Enfin,  le  Répertoire  de  la  Lecture  et  de  la  Con- 
rcrsaiion  comprend  tout  ce  qui  ne  s'adresse  p.TS 
(lircctement  au  citoyen,  soit  dans  l'exercice  de 
ses  droits  et  de  ses  devoirs  civils,  soit  au  sein  de 
sa  famille,  soit  dans  la  pratique  de  sa  profession  ; 
c'est  un  résumé  substantiel  de  tout  ce  que  la 
presse  périodique  produit  chaque  mois  de  faits 
;uopres  à  rectifier  certaines  erreurs ,  à  multiplier 
le  nombre  des  idées  justes  en  circulation,  en  un 
mot,  à  éclairer  l'opinion  puhlique,  au  milieu 
des  partis  et  des  systèmes  qui  se  la  disputent 
pi ur  l'égarer. 

1°  Leg.\lité,  2o  Economie,  3^  Progrès, 
i"  VÉRITÉ  ,  tel  est  le  cadre  tracé  aux  quatre  Ré- 
pertoires du  Journal  des  Connaissances  utiles;  le 
remplir,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  ce  sera 
venger  hautement  leur  litre  commun  des  atta- 
ques et  des  épigrammes  dont  il  a  été  l'objet. 


CORRESPONDANCE  DES  AMIS  DE  L'INSTRUCTION  ET  DES  PROGRES.' 


Parmi  les  arlirles  publiés  dans  l'inestimable 
Journal  des  Connaissances  miles ,  il  en  est  un  sur 
lequel  je  me  permettrai  de  vous  soumettre  quel- 
ques observations,  c'est  celui  où  l'on  traite  des 
moyens  de  détruire  la  fougère.  L'auteur  de  cet 
article  n'ayant  pas  réussi  à  détruire  cette  plante 
en  défonrant  les  terres  qui  en  sont  infestées, 
conclut  que  ce  moyen  est  non-seulement  dispen- 
dieux, mais  inutile.  Une  expérience  successive  et 
non, interrompue  de  douze  années  a  produit  des 
résultats  entièrement  oppos('s ,  dans  des  terres 
lellenient  envahies  par  la  fougère  qu'on  avait  re- 
noncé à  en  cultiver  une  partie;  et  l'autre  donnait 
les  produits  les  plus  minimes,  presqu'entière- 
ment  absorbas  par  les  frais  de  culture  et  de  sar- 
clage. Ces  terres,  extrêmement  profondes,  ont 
clé  d  foncées  à  deux  pieds  et  plus,  enfin  jusqu'au- 
dessous  des  racines  de  fougères ,  qui  ont  été  to- 
talement extraites  ;  et  cette  plante  n'a  plus  repa- 
ru. Ces  terres  ont  non-seulement  eu  l'avantage 
d'en  être  débarrassées ,  mais  encore  celui  d'être 
renouvelées  ;  et  le  laboureur  a  ensemencé  une 
terre  vierge  qui  lui  a  rendu  le  double  et  souvent 
le  triple  des  produits  antérieurs;  puisque  après 
ce  travail  les  récoltes  de  froment  ont  donné  jus- 
(ju'à  24  et  même  30  bcctolitres  par  hectare.  La 
(lifférence  est  la  même  po-ir  les  autres  céréales 
et  les  pois,  et  plus  grande  encore  pour  les  pom- 
mes de  terre.  C'est  au  point  que,  depuis  12  ans, 
ce  mode  de  culture,  qui  n'était  point  connu  dans 
le  canton  ,  y  est  devenu  général ,  et  que  proprié- 
taires et  fermiers  défoncent  également  toutes  les 
terres ,  de  quelque  nature  qu'elles  soient,  certains 
d'obtenir  de  grands  bénéfices.  Lorsqu'il  n'y  a 
pas  de  fougère,  la  dépense  est  diminuée  de 
moitié;  car  alors  on  se  sert  de  fortes  charrues 
ini  enlèvent  la  première  couche  de  terre  à  la 
irofondeur  d'un  pied  ,  et  les  hommes  disposés 
i!o  distance  en  dislance,  bêchent  dans  cette 
coupe  et  achèvent  le  labour,  qui  a  dans  les  ter- 
res profondes  au  moins  20  pouces.  De  celle  ma- 
iiicrc  14  hommes  et  un  fort  nltel.tge  dans  un 
terrain  ord'iiaire,  défoncent  GO  arcs  par  jour. 
Dans  les  chamjjs  envahis  par  la  i'oiigère  ,  p^ur 
réussir  plus  compk' tcnicnl ,  on  ne  travaille  qn'a- 
\ec  les  hommes;  et  le  hiboureur  en  emploie  seu- 
lement huila  dix  ensemble,  afin  de  les  mieux 
surveiller  et  de  s'assurer  que  toutes  les  racines 
sont  enlevées  et  étendues  sur  la  surface  du  sol , 
où  elles  se  desséchent,  pour  être  ensuite  ramas- 
sées et  employées  comme  combustibles.  Ces  ra- 
cines donnent  une  grande  quantité  de  cendre 
qui ,  surtout  dans  les  localités  où  l'on  cultive  le 
sarra/.in,  est  un  excellent  engrais,  .\insi  traitée, 
la  fougère  fertilise  le  sol  qu'elle  avait  é|)uisé. 
(J'ai  vu  enlever  jusqu'à  cinq  à  six  charretées  de 
racines  par  hectare.)  Si  l'on  ajoute  à  tous  ces 
avantages  que  ce  travail  ,  qui  se  fait  depuis  le 
mois  de  janvier  jusqu'à  la  fin  de  mars,  dispense 
des  autres  labours  ordinaires  de  printemps  et  de 
tout  sarclage  (la  terre  élant  pour  long-temps 
purgée  d'herbes  parasites),  on  verra  que  la  dé- 


pense du  cullivateurest  diminuée  de  moitié.  Les 
propriétés  qui  avoisinent  les  côles  où  il  se 
trouve  des  grèves  marneuses  ont  un  grand  avan- 
tage. Celte  marne  fertilise  toutes  les  terres;  mais 
elle  réussit  particulièrement  dans  celles  qui  sont 
froides  et  humides ,  et  celles  qu'on  a  défoncées. 
Un  champ  bien  marné  s'en  ressent  pendant  20 
à  30  ans  ,  et  donne  des  produits  bien  supérieurs, 
en  continuant  toutefois  d'y  mettre  les  engrais 
ordinaires.  .\vec  celte  marne  on  obtient  des  tré- 
fleà  presque  partout,  et  des  luzernes  dans  beau- 
coup d'endroits  où  elles  ne  viendraient  point 
sans  ce  secours.  La  quantité  à  répandre  sur  le 
champ  ne  peut  guère  se  déterminer,  elle  est  su- 
bordonnée à  la  qualité;  dans  l'arrondissement 
deDinan  ,  où  l'usage  en  est  fort  répandu,  on  met 
de  tren'e  à  quarante  charretées  par  hectare  (la 
charretée  peut  peser  environ  2,000  liv.) 

L'agriculture  a  fait  de  grands  progrès  dans  la 
majeure  partie  du  département  des  Côtes-du- 
Nord  (quoiqu'il  y  ait  encore  beaucoup  à  faire), 
et  je  me  plais  à  signaler  que  ces  améliorations 
sont  particulièrement  dues  aux  propriétaires  de 
fermes  à  mo!lié;et  je  crois,  malgré  l'opinion  des 
détracteurs  de  ce  mode  de  fermage,  qu'il  est  le 
plus  avantageux  dans  certaines  localités,  et  même 
généralement  partout  où  les  propriétaires  aisés 
habitent  la  campagne;  car  beaucoup  entendent 
assez  leurs  intérêts  pour  stimuler  leurs  fermiers 
et  les  encourager  en  faisant  les  frais  des  premiè- 
res expériences  ,  et  contribuant  pour  moitié  aux 
dépenses  extraordinaires  que  nécessitent  les  in- 
novations. Voilà  ce  qui  a  fait  faire  des  progrés 
remarquables  à  l'agriculture  dans  ce  pays;  car 
le  fermier  par  argent  comme  celui  à  moitié  n'est 
pas  assez  riche  pour  supporter  les  frais,  souvent 
dispendieux ,  des  expériences  ;  n'a  pas  assez 
d'insiruction  pour  connaître  les  innovations  uti- 
les ,  et  par  celle  ignorance  même ,  conserve  des 
habitudes  routinières  qui  ne  cèdent  qu'à  l'évi- 
dence matérielle.  On  pourrait  objecter  qu'on 
trouverait  un  remède  à  ces  inconvéniens  en  ins- 
truisant le  peuple;  mais  on  ne  peut  disconvenir 
que  l'instruction  pratique  fait  faire  des  progrès 
bien  plus  raiiides  que  la  théorie.  Ces  considéra- 
tions me  portent  à  croire  qu'il  serait  avantageux^ 
au  lieu  de  jeter  de  la  délaveur  sur  les  baux  a 
moitié,  d'engager  les  propriétaires  à  maintenir 
cet  usa.;e  dans  les  localités  où  les  fermiers  ont 
besoin  de  leurs  lumières  et  de  leurs  capitaux,  et 
il  sullira  de  faire  voir  aux  premiers  les  avanta- 
ges qu'ils  en  retireront,  pour  qu'ils  s'empressent 
d'aider  leurs  fermiers  avec  d'autant  plus  de  zèle 
que  leurs  intérêts  seront  communs,  car  on  ne 
craint  pas  de  partager  les  frais  quand  on  est 
certain  d'avoir  part  aux  bénéfices. 

Je  vous  transmets,  messieurs,  ces  réflexions, 
fruit  de  quelques  années  d'expérience,  avec  le 
désir  qu'elles  puissent  être  utiles,  et,  du  reste, 
pour  en  faire  l'usage  qui  vous  conviendra. 

Leforestier. 


POLY  ItCHNOGRAPHIE, 

Modèles  brevetés  d'ei-rilure  cursivc  el  de  dessin  ;  Leçons  simultanées  sur  la  rcilgiou  el  la  morale,  la  géogra- 
phie universelle  et  les  voyapes,  la  lillcrature,  lesscienccs,  les  ans  el  le  conimercc  ;  Exercices  manuels,  mné- 
nioinçiues  el  inlfllectuels  d'Orllionraplie,  de  Calligrapliie,  do  Dessin,  do  Stylo  el  de  Composition  écrite  , 
soumis  à  la  révision  el  à  l'approbation  du  plusieurs  membres  de  l'Inslruclion  publique  et  de  l'Inslitut  de 
France.  —Le  cours  annuel  se  compose  decinquanle-deux  triples  niorlèles  d'écriture  et  de  dessin  tracés  par 
les  premiers  maitres  eleontcnani cent  fois  la  matière  des  cahiers  ordinaires  d'écriture;  de  soixante-quinze 
yif^iirucs  marginales  gravées  sur  acier  parles  premiers  artislesdc  t^aris  et  de  Londres  ;  el  d'un  questionnaire 
a  j'nsagi»  des  parens  «?t  des  maîtres,  el  à  l'aide  duquel  les  parens  pourront  faire  répéter  avec  fruit,  dans  la  fa- 
mille.les  leçons  de  l'école  el  y  suppléer  au  besoin. —Le  premier  de  chaque  mois  paraissent  quatre  ou  cinq 
modèles,  selon  le  nombre  des  semaines.  —  Prix  de  la  Souscription  aux  cinquante-deux  modèles  de  l'année: 
vingt-six  francs.  —On  souscrit  chez  /l.Desrez,  rue  St-Gèorges,  n»  u. 

imprimerie  DE  GREGOIRE,  RUE  DU  CROISSANT,   IC. 


Mntètne  année.  1836^ 
Édition  française. 


smi^NàSa 


Beuxième  Série. 
—  Première  Année^ 


jL^miam 


DlCilOÎVi\AIKt;  Alt:.\SUEL   El   PROGUESSIF. 

Répertoire  usuel 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,  ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intéressant  directement 

L'édacalion  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle  ; 

L'exercice  et  le  progrés  de  toutes  les  professions  sociales; 

I/exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

PRIX,  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE, 

PAR  AN  SIX  FRAi^^CS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT -GEORGES,  No  11. 
Une  livraison  de  trente  deux  pages  par  mois,  contenant  an  demi-volume  m-8°. 

Les  souscripteurs  étant  autorisés  à  retenir  — sur  le  prix  de  six  francs  —  l'ailranchissemenl  de  leur  lettre  el  le 
cota  de  la  reconnaissance  de  poste,  l'abonnement  n'est,  de  fait,  quede  GIJNOFRAZsCS  neSspour  la  Société. 

Numéro  3  :  —  Mars  1836. 


REPERTOIRE    CIVIL. 

Rembourssment  de  la  rente  5  o/o,  57.  —  Projet  de 
loi  sur  rinstructiou  secondaire,  5k.  —  Résumé  des 
principales  délibérations  des  comités  de  surveillance 
d'instruction  primaire,  59.  — Traitement  des  institu- 
teurs primaires,  61.  —  Instituteurs  révoqués  en  i835, 
id.  —  Produit  des  douanes  en  1835,  id.  —  Effets  de  la 
durée  de  la  vie  sur  la  prospérité  générale,  id.  — Effets 
du  renvoi  des  repris  de  justice  sous  la  surveillance  de 
la  police,  62. 

RÉPERTOIRE  DOMESTfytJE. 

Des  partages  entre  des  descendavis  de  !a  part  de 
leurs  auteurs,  6:.  — Les  prénoms,  o5. — Considérations 
sur  le  jeûne,  id.  —  Noyés  et  asphyxiés,  68.  —  Corsaux 
pieds,  69.  —  Amadou,  id.  —  Blanchiment  du  coton,  iJ. 
—  Cire  à  cacheter  les  bouteilles,  id.  —  Eau  de  fleurs 
d'oranger,  id.  — Enduit  en  plâtre  coloré,  70.  — Collage 


du  papier  de  tenture,  id.  —Diverses  fabrications  de 
frornagps  anglais,  id.  —  Pommes  de  terre  gelées,  72. — 
Scellage  du  fer  dans  les  pierres,  id.  —  Gale  el  Poux 
des  bestiaux,  id. 

RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL  . 

Acier,  75.  —  Amidonniers,  id. — Responsabilité  des 
a'-chilectes,  id.  —  Poids  du  pain,  tolérance,  id.  — Des 
différentes  sortes  de  colles,  id.  —  Livres  de  commerce, 
7.j.  —  Hypothèque  légale  de  la  femme  d'un  commer- 
çant, id.  —  Ardoises,  id.  —  Feuilles  de  moutarde  blan- 
che employées  comme  fourrage,  76. —  Culture  du  pas- 
tel, id.—  Chou  marin,  78.  —  Nouvelles  ferrures,  fer- 
metures, id. 

RÉPERTOIRE  MENSUEL  DE  J.K  CONVERSATION. 

Alcools,  81.  —  Chaleur,  id.  —  Couleurs,  82.  —  Pè- 
che delà  baleine,  83. —  Résine,  84. 


Jours 

de  la 

semaine. 


NOMS 

des 
SAINTS. 


INTERETS 

de 

fr.  100 

à  5  p.  o/o. 


REVENU 


Par 
an. 


Par 
jour. 


EMPLOI 


Dépense! 
9/10    I 


Epargne 

1/10 


ruoDuiT 
dei/io 
I   épargné 
au  bout  db 

20  ans. 


305 

304 
303 
302 
301 
300 
299 
298 
297 
296 
295 
294 
293 
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291 
290 
289 
28S 
287 
286 
285 
284 
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282 
281 
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279 
278 
277 
276 
275 


6 
7 
8 
9 
10 
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12 
13 
14 
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18 
19 
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21 
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23 
24 
25 
26 
27 
28 
29 
30 
31 

Le  1"  lev. 
10 
20 
31 


S.Aubin. 

s.  Simplice. 

Mérault. 
s.  Casimir. 

Drauslin. 
GGUI.I. 
sle  Perpétue, 
sle  Rose. 
ste  Françoise. 

Slanchard. 

Pol,  évèque. 
ste  Euphrasie. 
LjETARE. 
s.  Zacharie. 
s.  Araham. 
s.  Pairice. 

Alexandre. 
s.  Joseph, 
s.  Joachim. 
LA  PASSION. 
s.  Paul,  évèque. 
s.  Eusùbe. 
s.  Oihon. 
s.  Vère. 

ANNONCIATION. 
s.  Rupert. 
LES  RAMEAUX. 
s.  Contran, 
s.  Cyrille. 
s.  Paster. 
s.  Amos. 


mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DIMAXCIIE. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

01MA^CHE. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

D1M\^■CHE. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DIMANCUE. 

lundi, 
mardi, 
mercred 
jeudi. 

du  soleil  6  h.  44  m.coucher  S  h. 

6   26     —  5 

6    5     —  6 

é   42     —  6 


Jours. 

61 
62 
63 
64 
65 
66 
67 
6$ 
69 
70 
71 
72 
73 
74 
75 
76 
77 
78 
79 
80 
81 
82 
83 


r.  c. 

»  66 

»  67 

»  69  f 

»  70 

»  71 

»  72 

»  7,3 

»  74 

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»  76 

»  77 

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»  98 


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f. 

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76 

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3450 

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9 

00 

1  00 

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10 

41 

9 

36 

1  04 

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10 

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1  05 

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9 

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10 

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10 

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4050 

11 

09 

9 

93 

1  10 

4  00 

11 

23 

10 

10 

1  12 

4150 

11 

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10 

23 

1  13 

4200 

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50 

10 

35 

1  15 

42.50 

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1   16 

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78 

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60 

1   17 

4350 

u 

91 

10 

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1  19 

4400 

12 

05 

10 

84 

l  20 

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12 

19 

10 

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1  21 

4500 

12 

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11 

Oi 

1  23 

4550 

12 

46 

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1  24 

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12 

60 

11 

34 

i  26 

f.  c. 
9394  40 
9543  90 
9697  45 
9828  "95 
(0000  45 
10152  00 
10, 03  50 
10155  05 
10605  50 
10757  05 
10908  55 
llOf)  05 
11211  60 
11363  10 
11514  60 
1F666  15 
11817  65 
li9fiy  20 
12120  70 
12272  20 
12(23  75 
12575  25 
12726  55 
12878  30 
17029  80 
13i8l  35 
13332  85 
13484  35 
13G35  90 
1374S  40 
13938  85 


42  m. 

55 
U 

28 


P.  L.  le    3  à  10  heures   i  minutes  du  soir. 

D.  Q.  le  10  9  55  du  malin. 

N.  L.  le  17  9  13  du  soir. 

I'.  O.  le  25  8  33  du  matin. 


DE   75,000    FRANCS, 

DES 


PREMIER    TIRAGE    DU    31    DECEMBRE    iSÔS. 

-  Numéros  et  Séries  gagnans 


l'o  prime. 

2  — 

3  — 

4  — 

5  — 
(>  — 
7  — 


10000  fr. 
5G0 
500 
ROO 

r.oo 

500 
500 


Série  IC. 


54. 

65. 


6.S. 
8. 


Kamcros  694. 
ICI. 
447. 
992. 
915. 
532. 
782- 


Sloins  des  gagnans  connus. 

JOI.  Dabdelet,  à  Gironville  (Soine-e(-Oisc)  :  S.  16,  N.  694,  10000  fr.  {Livret  desMénages) 
RKVGMEn,   à  Saini-Cloiit]  (Oise):  S.  65,  N.  092,      5i  0        (Musée  des  Famitles) 

C.cie  BIGMCOCKT,  ;i.Neii.l.-s.-Aisr.e  (Aisne):S.  Sô,  N.  6I."i,      500        {(iraiiun.     Landais) 


iiO 
00 
Pelissonmer,  à  S:iiiil''-Foi\  (Arriégc):  S.  54,  N.  447,  500  {Die.  de  législation). 
Les  lots  porisnl  les  Nuniéro.s  S..',  K.  IM,— S.  (S,  IS\  522,— S.  f*.  N.  7n  ,  soiil  à  réclamer. 
Les  tirages  successif»  seronl  puliliés  par  le  Journal  des  Connaissances  Utiles. 


Le  29  février  1836. 


Le  30  mars  1836. 


Le  15  avril  1836 


Tirage 

neuf  primes 
do 


Tirage 

de 

sept  primes 

de 


Tirage 

de 

sept  primes' 

de 


8,000 
500 
500 
500 
500 
500 
500 
500 
500 

2,000 
500 
500 
500 
fiOO 
500 
500 

2,300 
500 
500 
300 
500 
500 
500 


12,000 


5,000 


5,000 


Report 22,000 


Le  30  avril  1836. 


Le  31  mai  1836. 


'     Tirage     | 

de 
sept  primes  ' 
de         i 


'     Tirage     ] 

de        ,1 

onze  primes^ 

do         i 


5,000 


35,000 


TOT.iUX 


23  primes  ;  fr.  22,000 


Totaux 


41  primes  :  f.  62,000 


AVIS.' 
I. 

Aux  Souscriptettrs  sur  le  retard  du  service  de  Janvier  et  Février. 

L'administration  des  postes  s'clant  refusé  au  transport  des  Obligations  de  Primes  encarlces 
dans  les  livraisons  du  Journal  des  Connaissances  Utiles,  un  re'ard  considérable  s'en  est  suivi. 
Il  a  fallu  désigner  toules  les  livraisons,  et  remettre  les  Obligations  sous  enveloppe,  ce  qui  n'a 
pas  été  seulement  un  grave  retard,  mais  encore  une  grande  dépense. 

II. 

Aux  Souscripteurs,  français  à  la  collection  de  20  francs. 

Chaque  jour  partent  un  grand  nombre  de  collections  reliées  ;  toutes,  nous  en  renouvelons 
rcng.igemcnt,  seronl  reniisos  emballées  avant  le 'JO  février  à^ni.DucIosel  et  deRoslaing,  mais 
nous  prévenons  (es  Souscripteurs  (jue  la  distribution  des  ballots  dans  un  département  présente 
plus  de  Jiilicultés  et  de  relards  qu'ils  ne  peuvent  le  croire,  surtout  à  cette  époque  de  l'année. 

III. 

Aux  Souscripteurs  étrangers:  Suisses  ,  Italiens,  Espagnols,  Allemands,  etc.,  etc. 

Nous  les  prévenons  que  ne  pouvant  leur  faire  parvenir  h  domicile  leur  collection,  nous 
les  prions  de  nous  indiquer  à  Paris  une  maison  de  commission  où  jiousles  puissions  remettre 
contre  la  somme  de  2()  francs.  A  défaut  de  réponse  d'ici  au  10  mars,  le  Journal  des  Connais^ 
nances  Utiles  cessera  de  leur  être  envoyé. 


REPERTOÎRE  CIVH 


87 


Z.  Intérêts  généraux.  —  U.  Morale  et  instruction  publîquen.  —^ 
Xn.  Devoirs  ^t  droits     civils  et  politiques. 


Chambres  législatives  :  Remboursement  de 
la  Rente  5  pour  0;0. 

Le  droit  de  remboursement  est  formelle- 
ment exprimé  dans  la  loi  du  24  août  I79ô, 
qui  a  fonilé  la  dette  publique  et  le  grand- 
livre;  ce  droit  est  en  outre  établi  dans  les 
discours  d'alors,  et  notamment  dans  le  rap- 
port fiiit  le  14  août  1T!>j  par  Cambon,  rap- 
port qui  est  une  sorte  d'instruction  sur  l'o- 
pération financière  qui  était  l'objet  de  la  loi 
précitée. 

Bette  publique  s'entend  de  celle  dont 
l'état  est  grevée,  soit  envers  des  particuliers, 
soit  envers  des  communes,  des  hospices  ou 
des  établissemens  publics  quelconques. 

Voici  quelles  étaient ,  au  î^''  janvier  1834, 
les  diverses  natures  de  rentes  inscrites  : 


5  0|0 
4  l|2 
4  OiO 
3  OiO 


146,623,104  fr. 
1,026,600 
3,121,146 

3.3,9.Jl,48a 


Total     184,702,333  fr. 

Comme  il  ne  s'agit,  quant  à  présent,  que 
delà  rente  5  p.  0|0,  nous  négligerons  dans 
nos  calculs  tout  ce  qui  se  rattache  aux  au- 
tres renies  ci-dessus  indiquées. 

Voici  comment  se  classe  la  rente  5  p.  OiO, 
sous  le  rapport  des  parties  prenantes  : 

Caisse  d'cmorlissement  l2,54i,ooo  fr. 

Légion-d'Honneur  6,77i,ooo 

Université  royale  529, ooo 

Caisse  des  invalides  de  la  marine  4,623,000 

Caisse  des  retraites  962,009 

Rentes  appartenant  aux  communes  2,832,000 
—            —       aux  fabriques , 

établissemens  bienlaisans  et  re-  v 

ligieux  8,454,000 

Caisse  des  dépôts  et  consignations  2,095,000 

Majorats  à  litre  gratuit  607,000 

Caisse  de  prévoyance  et  tontines  i, 560,000 


Divers  titulaires 


Total, 


40,974,000 
105,649,000 


Total.         146,623,000 

Pour  établir,  autant  que  possible,  la  véri- 
table position  de  l'Etat  vis-à-vis  des  posses- 
seurs primitifs  des  rentes  5  p.  Oio,'nous  al- 
lons indiquer  le  montant  des  emprunts  con- 
tractés à  ce  litre  depuis  i Si  5,  le  taux  auquel 
ils  ont  été  adjugés,  et  les  adjudicataires  qui 
en  ont  opéré  la  négociation. 


Epoques.        '^T'  ^^r  '^r,f 

rent.  aliénées.négociations.     emprunts 
'815  3,50O,000fr.     5lfr.23         35,8e3,200fr. 


duirnaii8i6 

au  1  av. 1817  6,000,000 

'817  669,755 

1817  et  1818  30,000,000 

1818  27,238,933 
Juin  1821  401,942 
AoiU  1821  12,51  i,220 
Juillet  I8J2  23,114,516 
Avril  1831  7,142,858 
Août  1832  7,614,213 


57 
59 
57 
66 
87 
S5 
8S 
84 


26  69,763,000 

l'>  7,924,035 

51  345,065,001) 

75  362,909,400 

"7  7,000,00» 

■■>•'>  21  i, 118, 304 

55  413,980,931 

'0  150,000,014 

50  150,000,000 


Total.     113,196,437  1,726,623,034 

Le  taux  moyen  des  négociations  est  de  73  o4. 
Ces  rentes  ont  été  négociées,  en  capital, 
de  la  manière  suivante  : 
Aux  maisons  Rothschild,  Davilliers  et 

aottinger  150,000,000  f. 

Aux  maisons  Hope  et  Comp.  et  Baring 

a''^^^^^-  tt      .  165,000,000 

Aux  maisons  Hottinger ,  Baguenault 

etDelessert  2i4,ii8,304 
Ala maison  Rothschild  frères,  seule  413  yso  ssi 
Yenaues  sur  place  656!5''4'635 
Négociées  à  divers  7,ooo,'ooo 
Compagnie  formée  de  divers  ban- 
quiers et  receveurs-généraux  120,000,014 

Egal,         l,72G,6i3,934 

On  vient  de  voir  que  le  taux  moyen  des 
emprunts  contractés  a  été  de  7-;,04,  c'est- 
à-dire  que  les  possesseurs  primitifs  des  ren- 
tes émises  dans  ces  diverses  époques,  ont 
bénéficié,  sur  le  capital ,  de  26  fr.  96  sur 
100  fr.,  et  en  supposant  qu'ils  fussent  en- 
core porteurs  des  inscriptions  de  ces  rentes, 
les  cinq  francs  qu'ils  percevraient  pour  cha- 
cune d'elles,  équivaudraient  à  un  intérêt  de 
6  85  p.  OiO. 

Pour  compléter  les  renseignemens  sur 
cette  face  de  la  question,  nous  allons  donner 
le  taux  moyen  des  rentes  5  p.  Ojo  à  diver- 
ses époques  : 

1799  ôo  trimest.  8  62  l|2  minimum  du  taux 
4804         —      57  ««  le  plus  bas. 

1814  1"    —       31  25 
1824  —       98  90 

1834  —     105  SO 

Si  on  pouvait  savoir  sur  que-s  emprunts 
l'amortissement  s'opère,  il  serait  facile  de 
supputer  les  catégories  qui  restent  en  comp- 
te à  l'état  ;  mais  comme  le  rachat  se  fait  sans 
distinction  des  origines,  il  en  résulte  qu'on 
ne  peut  savoir  à  quelle  création  appartien- 
nent les  inscriptions  actuelles  de  la  rente 


58 

5  p.  0|0.  A  la  vcritô,  do  ce  qu'un  emprunt  a 
été  conlrai'tc  à  un  taux  bien  inférieur 
au  pair,  il  ne  s'ensuit  pas  que  le  iJcleiileur 
actuel  du  titre  ne  l'ait  pas  acheté  au-dessus 
du  pair  ;  m:iis,  toujours  est-il  qu'on  arrive- 
rait à  connaître  d'une  manière  rigoureuse 
quel  est,  pour  les  rentes  dont  lélatsc  trouve 
encore  grevé,  le  taux  moyen  des  inscrip- 
tions ;  et  comme  la  mesure  financière  du 
remboursement  ou  de  la  diminution  de  l'hi- 
térêt  est  d'un  intérêt  général,  ce  serait  éga- 
lement en  généralisant  qu'on  pourrait  avoir 
la  moyenne  de  ce  qu'en  définitive  les  déten- 
teurs actuels  ont  déboursé  pour  acquérir  la 
propriété  de  leurs  titres.  Ce  serait  donc  à  la 
commission  nommée  par  la  Chambre  des  dé- 
piH«#,  à  rechercher:  l"  l'origine  des  rentes 
i^xistantcs;  S»  l'époque  de  leurs  translérts, 
autant  que  cela  est  dans  la  possibilité ,  afin 
de  partir  de  ces  deux  bases  pour  apprécier 
l'eifct  de  la  réduction  ou  du  remboursement 
sur  les  titulaires.  Il  est  bien  de  remarquer 
néanmoins  que  les  rentes  5  p.  OjO  sont  de 
i4G,G2ô,in4  fr.,  et  que  celles  émises  depuis 
I8l5étant  de  MS,l9f),437,  il  doit  peu  y  en 
avoir  maintenant  de  celles  provenant  de  la 
conversion  en  tiers  consolidé  qui  se  trou- 
vaient dans  les  mains  des  propriétaires  ou 
ayant  droit  des  titulaires,  à  cette  époque  dé- 
sastreuse. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  malgré  les  différen- 
tes allégations  faites  à  la  tribune  et  dans  les 
journaux  quotidiens,  il  parait  positif  qu'au 
premier  janvier  1854,  c'est-à-dire  à  l'époque 
où  les  calculs  ont  été  établis  parle  ministère, 
le  nombre  des  parties  inscrites  pour  le  'i  p. 
i)[f>  était  de  178,982,  entre  lesquelles  il  fau- 
drait partager  les  105,649,000  fr.  qui  leur 
sont  afiérens  dans  la  fixation  ci-dessus, 
soit,  par  titulaire  59o  fr.  27,  en  supposant 
qu'ils  le  fussent  tous  dans  une  proportion 
égale. 

Nous  avons  dû  retrancher  du  total  des 
renies  les  40,974,000  appartenant;!  des  éla- 
hlissemens  publics  ou  qui  établissent  des 
droits  acquis  et  exceptionnels  à  ceux  à  qui 
ils  s'appliquent,  attendu  que  pour  ces  der- 
niers il  parait  équilable  de  ne  point  leur  faire 
.subir  ladinùnutiDn.ct  que,  d'une  autre  pari, 
lis  ne  peuvent  oblemporer  entre  cette  for- 
malité ou  le  remboursement ,  ce  dernier 
mode  MC  leur  étant  pas  applicable.  Ainsi 
donc  la  mesure,  en  la  réduisant  à  cette  somme 
do  103,049,000  fr.,  présenterait  encore  une 
économie  de  21,129,800  fr. 

On  a  parlé  d'annuités,  mais  c'est  tout  sim- 
plement rejeter  la  conversion  à  une  époque 
plus  éloignée,  c'est  donner  d'im  colé  pour 
reprendre   de   l'autre,  et    ou  cuunait  cet 


I  axiome  de  droit ,  que  la  raison  confirme  : 

Donner  cl  retenir  ne  vaut. 
\      Retarder  l'accomplissement  de  la  mesure, 
1  en  se  basant  sur  le  froissement  qu'elle  opé- 
j  rera  dans  les  fortunes  privées,  c'est  cacher 
;  une  fin  de  non  recevoir  sou*  une  sensibilité 

apparente.  Aujourd'hui,  l'an  prochain,  dans 
I  dix  années,  les  résultats  de  la  mesure  se- 
i  ronl  les  mêmes.  Si  donc  l'opération  est  bon- 
j  ne,  pourquoi  en  retarder  l'exécution  ?  Si  elle 

blesse  la  justice,  ce  n'est  point  un  ajourne- 
'  ment  qu'il  faut  prononcer ,  c'est  un  rejet 
'  furmel 

C'est  ce  qu'a  parfaitement  compris  la 
I  Chambre  des  députés,  en  déclarant  qu'elle 
j  prenait  en  considrration  la  proposition  de 
;  l'un  de  ses  membres. 

i  Chambres    législatives.    Projei    de    loi    sur 
j  l'instruclioniserondaire. 

Aux  termes  formels  du  §  8  de  l'article  69  de 

la  charte  constitutionnelle,  portant  qu'il  sera 

j  danslepluscourl  délai  possible  présente  une 

I  loi  sur  l'iNSTRCCTlON  PCBLIQCE  ET  LA  LIBERTÉ 

I  DE  l'einseignemem,  M.liuizot  a  enfin  apporté 
i  un  projet  de  loi  sur  l'instruction  secondaire. 
,       Ce  projet,  bien  que  précédé  d'un  exposé 
Ides  motifs    remarquable,  quoique   souvent 
I  erronné,  est  si  iiicomplel,  si  imparfait,  qu'il 
'  est  plus  que  douteux  qu'il  soutienne  l'é- 
preuve de  ta  discussion. 
[      Ce  projet  de  loi  accuse,  de  la  part  de  son 
I  auteur,   une   impuissance  dont   il   y  a  peu 
d'exemples,  et  qui  ne  s'explique  pas,  lors- 
qu'on se  souvient  que  l'auteur  d'une  œuvre 
.  si  mesquine,  si  chétive,  si  déceptionnelle, 
i  est  à  la  fois  un   professeur  renommé,    un 
I  écrivain  distingué,  un  orateur  remarquable, 
!  et  un  chef  de  doctrine... 
!      Pour  nous  livrer  à  l'appréciation  d'une  si 
!  pauvre  loi,  nous  attendrons   le  rapport  de 
I  la  commission  chargée  de  son  examen. 
I      On  sait  quelles  sont  sur  l'instruction  pu- 
I  blique  nos  observations  et  nos  vues;  pour 
compléter  les  documens  que  nous  avons  dé- 
jà publiés,  nous  citerons  le  fragment  suivant 
I  (l'une  réponse  de  iM.  tmile  de  Girardin.dé- 
I  puté  de  la  Creuse,  à  une  lettre  de  félicitation 
qui  lui  fut  adressée  par  un  estimable  pro- 
I  fesseur  de  (luérel. 

«  En  France ,  les  éducateurs  de  la  jeu- 
nesse n'occupent  pas  dans  la  hiérarchie  ad- 
ministrative et  sociale  la  place  que  leur  assi- 
gne l'importance  de  leur  mission. 

C'est  moins  par  des  lois,  presque  toujours 
cxclusivemcntmotivées  sur  certaines  circons 
lances,  sur  certains  intérêts  actuels,  que  les 
mœurs  d'un  peuple  s'améliorent ,  que  par 
une  éducation  convenablement  appropriée  à 


la  conslifulion  qui  le  régit  ou  doit  le  régir  ; 
cotte  affirmation  d'une  vérité  que  ^e  or(»is 
absolue,  reçoit  encore  une  applicalion  plus 
direcle,  lorsqu'il  s'a^Mt  d'un  pays  qui,  de  la 
forme  monarchique  absolue,  passe  au  régime 
représentatif  monarchique. 

Depuis  long-temps  je  soutiens  qu'un  gou- 
vernement qui  se  transforme,  ne  se  fonde, 
ne  se  perpétue  que  par  un  système  d'édu- 
cation mis  en  harmonie  avec  ses  principes 
fondamentaux  ;  qu'ainsi,  dais  un  gouvcrne- 
raent  représentatif,  dont  la  base  est  l'élec- 
tion, l'instruction  publique  doit  tendre  essen- 
tiellement à  préparer  la  jeunesse  par  des  étu- 
des spéciales  à  l'exercice  des  droits  .qui  l'at- 
tendent et  à  la  pratique  des  devoirs  que 
l'intérêt  commun  et  communal  lui  imposera. 

Dans  un  gouvernement  représentatif,  l'ins- 
truction-primaire-  SPÉCIALE  -  COMPLÉMEN- 
TAIRE doit  être  essentiellement  parlemen- 
taire :  inculquer  aux  générations  au  berceau 
l'amour  et  le  respect  de  la  constitution  fon- 
damentale, et  les  formera  l'habitude  de  la 
parole ,  voilà  quel  en  devrait  être  le  caractère 
-distinctif. 

Chez  un  peuple  doïit  le  code  prescrit  l'é- 
galité des  partages  de  succession ,  et  tend 
conséquemment  à  la  division  indéfinie  des 
fortunes  les  plus  compactes  ;  chez  un  peu- 
ple dont  l'esprit  en  est  venu  à  ce  point  de 
ne  plus  admettre  aucune  idée  de  privilè- 
ges héréditaires ,  l'éducation  ne  doit  plus 
rester  ce  qu'elle  était  à  l'époque  où  les  for- 
lunes  étaient  inféodées ,  les  carrières,  obli- 
gées, les  vocations,  contraintes,  où  certaines 
classes  étaient  privilégiées  à  l'exclusion  des 
autres.  —  L'éducation  doit  alors  cesser  d'ê- 
tre uniforme  pour  devenir  aussi  variée  que 
les  professions  diverses  ;  elle  doit  cesser  d'ê- 
tre classique  pour  devenir  professionnelle  , 
car  plus  les  torluncs  se  diviseront,  plus  l'o- 
bligation de  spécialiser  l'instruction  devien- 
dra rigoureuse. 

L'époque  n'est  pas  éloignée  où  sous  peine 
de  voir  dépérir  l'instruction  publique  et  re- 
naître l'ignorance  dans  les  classes  moyennes, 
il  faudra  abaisser  le  prix  que  coûte  l'acqui- 
sitionde  l'instruction  publique;  c'est  une  dé- 
pense de  10  à  13,000  fr.,  qui  déjà  ne  repré- 
sente plus  son  équivalent,  car  les  carril-res 
qu'ouvrait  l'instruction  universitaire  sont 
maintenant  obstruées,  et  quant  au  petit  com- 
merce et  aux  arts  manuels,  il  n'y  a  pas  de 
doute ,  que  pour  y  prospérer  et  assurer  le 
bien-être  d'une  famille ,  un  petit  capital  de 
de  to  à  15,000  fr.  ne  soit  plus  utile  que  le 
diplôme  de  bachelier-ès-lettres. 

PARLEMENTAIRE   ET   PROFESSIONNELLE,   ES- 

pÉDiTivE  EX  Eco.>oMiQUE  ,  tcllc  doil  être  dé- 


K9 
sormais  rinslruction  publique  en  Franc<?,pour 
s'accorder  avec  nos  institutions  nouvelles  ; 
telle  elle  doit  être  si  l'on  veut  prévenir  l'ai' 
ternalive  des  révolutions  périodiques  et  des 
régimes  oppressifs. 

Ce  qui  manque  à  la  consolidation  du  gou- 
vernement représentatif  en  France,  ce  n'est 
pas  une  nouvelle  réforme  électorale  ;  il  faut 
attendre  pour  demander  des  fruits  à  l'arbro 
qu'il  ait  poussé  des  racines ,  et  les  racines 
de  l'arbre  représentatif,  ce  sont  :  le  régim*» 
municipal  et  l'éducation  parlementaire  ;  se» 
fruits,  ce  seront  des  droits  politiques,  accor 
dés— si  on  le  veut— à  tous  les  contribuables, 
mais  alors  seulement  que  tous  les  contribua 
blés  auront  été  préalablement  mis  en  état  d» 
les  exercer  judicieusement.  Alors  on  pourra 
dire  qu'à  l'Instruction  populaire  la  Raison 
publique  doil  son  triomphe,  et  l'Intrigue 
élecrtoalc,  sa  chute. 

Emile  de  giuardin.  » 

Comités    de    surveillance    d'Instruction 
primaire. 

Résumé   des  principale  délibérations  du   conseil 
royal   de  l'inslruciion  publique  pendant  le  cours 
de  1835,  et  qui  ont  reçu  i approbation  minislé 
rie  lie. 

En  janiier.—Les  directeurs  d'écoles  normales 
primaires  ne  peuvent  concourir  pour  les  mé- 
diiilles  d'encouragement  avec  les  instituteurs 
primaires  (6).  Un  élève  evciu  de  l'école  normale 
primaire  ne  doit  plus  jouir  du  bénéfice  de  l'en- 
gagement décennal  pour  la  dispense  du  service. 
iM-^^  (9).  Il  n'appartient  pas  à  un  comité  de  dé- 
clarer qu'un  individu  ne  peut  être  admis  dans 
rense!;ïnemenl;  le  comité  peut  seulement,  si  cet 
individu  lui  est  présenté  pa»-  un  conseil  municipal, 
déclarer  qu'il  ne  veut  point  le  nommer  institu- 
teur (13). 

Les  élèves  des  écoles  primaires  supérieures  ne 
sont  point  soumis  à  la  rétribution  du  vingtième. 

Le  certificat  de  moralité  délivré  par  le  supé- 
rieur-général à  un  frère  des  écoles  chrétiennes, 
ne  lui  suffit  pas  pour  être  reçu  instituteur  com- 
munal, attendu  que  nul  certificat  ne  peut  rem- 
placer celui  de  moralité,  délivré  par  le  maire  sur 
l'attestation  de3  conseillers  municipaux,  que  la 
loi  exige  de  tout  individu  qui  veut  être  institu- 
leiir  primaire  (CD). 

Février.  —  La  retenue  actuelle,  ordonnée  pat 
l'arcicie  là  de  la  loi  du  18  juin  1833,  doit  avoir 
lieu  sur  les  traitemens  fixes  des  instituteurs 
communaux  qui  seraient  membres  de  congréga- 
tions religieuses,  comme  sur  les  traitemens  fixes 
de  tous  autres  instituteurs  communaux.  A  l'é- 
gard des  frères  des  écoles  chrétiennes  et  des 
autres  congrégations  religieuses,  la  retenue  est 
faite  au  profit  du  chef  de  l'école  (24). 

Nul  sous-maître  n'est  admis  à  participer  aux 
dispenses  du  service  militaire,  s'il  ne  remplit 
toutes  les  conditions  imposées,  sous  ce  rapport, 


60 

aux  roembres  de  l'instruction  publique.  Les  frè- 
res, autres  que  le  directeur  de  l'école,  sont  ré- 
putés sous-maîlrcs  (24). 

La  loi  n'a  pas  distingué  les  écoles  tenues 
par  des  associations,  ou  les  écoles  tenues  pardes 
individus;  elle  n'a  pu  voir  partout  que  des  écoles  et 
des  instituteurs, cl  les  soumet  au\  mêmes  règles 
et  à  la  rnénic  surveillance.  En  conséquence,  les 
instituteurs  dirigeant  les  écoles  ouvertes  dans 
un  hospice,  doivent  remplir  les  formalités  im- 
posées il  tous  les  instituteurs;  et  les  comités  lo- 
caux et  d'arrcndissemens  doivent  surveiller  les 
écoles  elles  instituteurs  (27). 

Juin.  —  Les  élèves-maîtres  ne  peuvent  être 
admis  dans  une  école  primaire  qu'au  commence- 
ment de  l'année  scolaire  (2). 

Sur  la  demande  motivée  du  directeur  de  l'é- 
tole,  et  en  vertu  d'une  délibération  de  la  com- 
mission de  survcillîînce,  approuvée  par  le  minis- 
tre, il  peut  être  fait  exception  aux  dispositions 
du  règlement  du  14  septembre  1S32  qui  pres- 
crit deux  ans  de  séjour  des  élèves-maîtres  dans 
les  écoles  normales  primaires.  Celte  exception 
peut  être  demandée  soit  en  faveur  des  élèves- 
maîtres,  qui,  à  raison  de  l'instruction  dont  ils 
auront  fait  preuve  lors  de  leur  examen  d'entrée, 
auront  été  jugés  capables  de  suivre  sur-le- 
champ  le  cours  de  seconde  année,  soit  en  fa- 
veur d'un  élève-maitre  qui,  étant  déjà  pourvu 
du  brevet  de  capacité  pour  l'instruction  primaire 
élémentaire,  serait  appelé  par  une  commune  pri- 
vée d'instituteur  (23). 

■Conformément  au  §  1"  de  l'art.  22  de  la  loi 
sur  l'instruction  primaire,  les  séances  des  co- 
mités primaires  ne  sont  pas  publiques;  les  délé- 
gués des  comités  ont  seulement  droit  d'assister 
aux  séances  où  il  est  question  des  écoles  dont 
ils  ont  fait  l'inspection  (2G). 

Les  élèves-maîtres  d'une  école  normale  pri- 
maire, déjà  pourvus  de  brevet  de  capacité  élé- 
mentaire, peuvenlétre  admisà  concourir  avant 
leur  sortie  de  l'école,  pour  des  places  d'institu- 
teurs d'écoles  élémentaires  (30). 

Un  instituteur  privé  ne  peut  être  ni  suspendu 
ni  révoqué  par  le  comité  d'arrondissement  pour 
cause  d'incapacité  ou  de  négligence,  attendu 
que  l'article  23  de  la  loi  du  28  juin  1833  ne  con- 
cerne que  l'instituteur  communal. 

Juillet.  —  Les  fonds  déi.>artementaux  ne  doi- 
vent être  employés  au  traitement  des  instituteurs 
que  pour  compléter  et  assurer  le  minimum  légal 
de  200  fr.  pour  les  écoles  élémentaires,  et  de 
400  fr.  pour  les  écoles  supérieures. 

Oclobie.  —  L'engagement  décennal  des  élèves- 
maitres  ne  peut  être  borné  au  service  d'un  dé- 
parlement en  particulier,  il  doit  être  contracté 
d'une  manière  générale  et  pour  la  France  (3). 

Conformément  à  la  décision  du  5  décembre 
iSTA,  un  instituteur  communal  qui  a  quitté  son 
poste  sans  lettre  d'exeat,  ne  peut  être  ni  nommé 
ni  restitué  valablement  pour  aucune  autre  école 
communale  (27). 

IVovcmbre.  —  Les  inspecteurs  primaires  ne 
peuvent  régulièrement  assister  aux  séances  des 
comités  avec  voix  délibéraiive-,,  attendu  que  la 
loi  du  28  juin  1833  (art.  22)  n'accorde  la  voik 


délibéraiive  qu'aui  délégués  du  comité  même 

Un  conseil-général  de  déparlement  peut  exiger 
que  les  élèves-maîtres  auxquels  des  bourses  ont 
été  accordées  servent,  après  leurs  cours  normals, 
un  certain  nombre  d'années  dans  le  départe- 
ment en  qualité  d'instituteurs  communaux  (2i). 

Décembre.  —  Le  comité  supérieur,  en  nom- 
mant un  instituteur  communal,  ne  peut  lui  im- 
poser l'obligation  de  demeurer  un  certain  nom- 
bre d'années  dans  la  commune,  attendu  qu'un 
pareil  engagement  d'un  instituteur  envers  une 
commune  doit  être  tout-à-fail  libre  et  volontai- 
rement consenti  de  part  et  d'autre,  et  qu'il  ne 
saurait  être  imposé  par  un  comité  supérieur 
comme  condition  aux  candidats  qui  sont  pré- 
sentés ù  sa  nomination. 

Obligations  imposées  aux  élèves  des  écoles  nor- 
males ■primaires. 

Les  élèves-maîtres  boursiers,  qui  n'obtiennent 
que  des  portions  de  bourse,  ne  peuvent  être 
admis  à  l'école  normale  qu'après  avoir  déposé 
entre  les  mains  des  directeurs  un  acte  par  lequel 
ils  s'obligent, ou,  s'ilssont  mineurs,  leurs  parens 
s'obligent  de  payer  la  portion  de  bourse  qui 
reste  à  leur  charge. 

Semblable  engagement  sera  pris  pour  la  tota- 
lité de  la  pension,  à  l'égard  des  pensionnaires 
libres. 

Ces  actes  seront  préalablement  présentés  au 
maire  de  la  commune  dans  laquelle  résident  les 
parens  ou  le  tuteur  de  l'élève.  Ce  fonctionnaire 
attestera  qu'ils  ont  le  moyen  d'acquitter  la  pen- 
sion ou  la  portion  de  bourse  à  leur  charge. 

Avant  d'être  reçu  à  l'école  normale,  les  élèves- 
maîtres  boursiers  déposeront  entre  les  mains  du 
directeur  un  acte  par  lequel  ils  s'engageront,  ou, 
s'ils  sont  mineurs,  leurs  parens  ou  tuteurs  s'en- 
gageront à  rembourser  le  prix  de  la  bourse  ou 
de  la  portion  de  bourse  qui  leur  aurait  été  ac- 
cordée sur  les  fonds  du  département  ou  de  l'état, 
dans  le  cas  où,  sans  l'autorisation  du  ministre 
de  l'instruction  publique,  ils  renonceraient  à 
leurs  études  avant  la  fin  du  cours,  ainsi  que  dans 
celui,  où,  après  être  sortis  de  l'école,  ils  ne  rem- 
pliraient pas  l'engagement  par  eux  contracté  de 
servir,  pendant  dix  ans  au  moins,  comme  insti- 
tuteurs communaux. 

Les  pensionnaires  libres  doivent  aussi  prendre 
l'engagement  de  servir  pendant  dix  ans  au  moins 
dans  l'instruction  publique  ;  mais  ils  restent  li- 
bres d'être  instituteurs  communaux  ou  institu- 
teurs privés.  S'ils  ne  remplissaient  pas  l'engage- 
ment de  servir  pendant  le  temps  prescrit,  ils 
doivent  rembourser  le  prix  de  l'instruction 
qu'ils  ont  reçue  et  celui  des  fournitures  qui  leur 
ont  été  faites,  et  qui  sont  fixées  à  60  Çr.  par  an, 
pour  livres,  papier,  etc. 

Pour  mettre  les  inspecteurs  de  l'instruction 
primaire  à  même  de  vérifier  si  les  élèves-maî- 
tres sortis  des  écoles  normales  primaires,  tien- 
nent leurs  engagemens,  ces  fonctionnaires  au- 
ront un  registre  spécial,  sur  lequel  ils  inscriront 
les  noms  des  élèves-maîtres  pour  lesquels  cet 
engagement  aura  été  souscrit.  Ils  y  porteront 


successivement  les  noms  des  diverses  communes 
dans  lesquelles  ces  maîtres  exerceront  les  fonc- 
tions de  l'enseignement.  Dans  le  cas  où  des  ins- 
tituteurs sortis  de  l'école  normale  ne  rempli- 
raient pas  leur  engagetncnt,  l'inspecteur  en  don- 
nera avis  au  directeur  de  l'école,  qui,  après  les 
avoir  mis  en  demeure  de  se  libérer  dans  un  délai 
déterminé,  fera,  s'il  y  a  lieu,  diriger  contre  eux 
des  poursuites. 

Les  somines  qui  seront  remboursées  seront 
versées  dans  la  caisse  de  l'économe  de  l'école,  si 
le  service  des  bourses  y  est  fait  par  régie,  et 
dans  la  caisse  de  Van  des  receveurs  des  finan- 
ces de  département,  si  le  service  des  bourses  y 
est  fait  par  abonnement.  Dans  le  premier  cas,  les 
sommes  remboursées  resteront  la  propriété  de 
l'école  j  dans  l'autre,  elles  feront  retour  au  dé- 
parlement, si  l'instituteur  était  boursier  du  dé- 
partement ou  élève  libre,  et  au  trésor,  s'il  était 
boursier  de  l'état. 

Toutes  ces  dispositions  seront  également  ap- 
plicables aux  écoles  normales  primaires  qui  ne 
sont  encore  que  des  externats. 

(Circulaire,  18  septembre  1835.) 
Traitement  des  Instituteurs  primaires. 

Il  résulte  d'une  décision  du  ministre  de 
l'instruction  publique,en  date  du  lO  décembre 
1835,  que  l'instituteur  public  d'une  com- 
mune rurale  qui,  à  l'époque  des  travaux  de  la 
campagne,  va  suivre  le  cours  d'une  école 
normale  primaire,  doit  continuer  à  jouir  de 
son  traitement  fixe  et  de  l'indemnité  de  loge- 
ment pour  le  temps  pendant  Icq-ael  il  s'est 
absenté  de  sa  résidence,  attendu  que  cette 
absence  ayant  lieu  dans  l'intérêt  du  service 
et  de  la  commune,  et  à  une  époque  de  l'an- 
née où  les  écoles  ne  sont  pas  fréquenlées,  il 
ne  pourrait  y  avoir  d'interruption  dans  la  jouis- 
sance des  avantages  q-ui  lui  sont  accordés 
par  la  loi. 

STombre  des  instituteurs  primaires  révoqués 
eu   £835. 

Ce  nombre  est  de  36,  qui  l'ont  été  pour 
les  causes  suivantes: 
13    pour  intempérance  et  conduite  immo- 
rale ; 
S    pour  violences  exercées  contre  les 
élèves  ; 
pour  négligence  habituelle  ; 
pour  incapacité  notoire  ; 
pour  avoir  abandonné  son  école  sans 
autorisation; 
1    pour  fait  de  concussion. 

Contribuables. 

r»ouANES.  —  Le  tableau  récapitulatif  des  ré- 
sultats du  commercede  France  avec  ses  colonies 
et  les  puissances  étrangsres,  présente  les  résul- 
tais suivans  pour  l'année  ISSi  : 


10 
8 
1 


61 

Marchandises  entrées.  .  .  .  .  .      720,104, 33Gf. 

—    mises  en  consommation.      &03,933,0i8 

Exportations 714,706,038 

Entrées  en  entrepôt 409,330,503 

Sorties  d'entrepôt 438,008,771 

Transit 123,770,328 

Primes  à  l'exportation 0,272,221 

Le  mouvement  du  numéraire, 
qui  n'est  pas  compris  dans  le 
relevé  ci-dessu?,  s'élè^'e,  pour  ce 
qui  a  pu  être  constaté,  à  ....      5192,408,884  f. 

Pour  les  entrées,  à 97,286,744 

Les  marchandises    saisies  s'é- 
levaient à 1,315,022 

Dans  celte  même  année  1834,  il  est  entré  dans 
nos  ports  10,089  navires,  dont  3,965  français;  il 
en  est  sorti  0,304,  dont  4,221  nationaux. 

GrocvERNANs  :  eSTef.s  de  la  durée  de  la   vio 
sur  la  prospérité  générale. 

Une  nation  est  croissante   en  prospérité 
lorsqu'elle  produit  lo   moins   de   citoyens, 
mais  les  conseï  ve  le  plus  long-temps.  Cette 
condition  est  entièreriient  à  l'avantage  de  la 
population  ;  car,  si  le  nombre  des  naissances 
est  plus  petit,  les  sujets  utiles  sont  plus 
abondans,  et  les  générations  ne  se  sont  pas 
ainsi  fréqueinment  renouvelées  au  détriment 
de  l'Etat.  L'homme ,  dans  ses  jeunes  années, 
vit  aux  dépens  de  la  société  ;  il   contracte 
une  dette  qu'il  doit  payer  un  jour  à  venir, 
et  s'il  ne  rend  pas  à  la  société  ce  qu'elle  lui 
a  prêté,  son  existence  n'aura  été  qu'une 
charge  pour  son  pays.  Chaque  individu ,  dès- 
lors  qu'il  survit  enfant,  contracte  une  sorte 
de  dette  qui  ne  peut  pas  être  moindre  de 
1,000  fr.  Celte  somme  est  payée  par  la  so- 
ciété pour  chaque  enfant,  lorsqu'on  les  aban- 
donne à  la  charité.  En  France ,  les  naissan- 
ces annuelles  montent  à  06n,OOO,  desquels 
il  meurt  les  9/20"  avant  d'atteindre  l'âge  ou 
ils  pourraieiit  être  utiles  à  la  société.  Ces 
430,000  infortunés  peuvent  être  considérés 
comme  des  étnngers  qui,  en  dehors  de  la 
fortune  ou  de  l'industrie  ,  prennent  une  part 
dans  la  consommation  générale ,  et  partent 
en  ne  laissant  d'autre  trace  de  leur  passage, 
sinon  d'éternels  regrets.  La  dépense  de  leur 
entretien,  sans  compter  le  temps  qu'ils  ont 
préoccupé ,  s'élève  à   l'énorme   somme  de 
432  millions.  Ce  que  l'on  ne  peut  trop  répé- 
ter, c'est  que  la  prospérité  des  nations  con- 
siste moins  dans  le  très-grand  nombre  que 
dans  la  longue  vie  moyenne  des  membres 
qui   les  composent.  Cette  réflexion  prend 
un  nouvel  intérêt  dans  le  long  débat  qui  exis- 
te entre  le  genre  humain  et  ses  gouvernans 
sur  les  guerres  inutiles,  que  beaucoup  con- 
sidèrent encore  comme  nécessaires,  quoique 
dans  le  fuit  elles  soient  nuisibles,  puisque 


éi 

c'est  réllte  dfe  la  populniion  fravnillnnte  qui  ] 
est  déiruile,  tandis  que  les  inutiles  restent.  ; 

QUETELET.         i 

1 

G(  >trvERRANS  :   Sur  la  surveillance  à  laquelle  i 
sont  assujctis   les  repris  de  justice.  j 

tJnc  des  plus  grandes  plaies  sociales  est 
•mns  contredit  celle  des  condamnés  libérés, 
surtout  ceux  qui  sont  assu  élis  à  la  surveil- 
lance de  la  haute  police  de  i'Elal.  En  185^, 
"la  législature  a  apporté  quelqueschangemens 
de  peu  d'importance  sur  celle  partie  si  es 
senlielle  de  notre  droit  public  ;  mais  l'expé- 
rience ayant  malheureusement  prouvé  que 
les  résultats  n'étaient  point  tels  qu'on  devait 
s'yattendre,nousnoushasarderonsà  indiquer 
cjuelestlebut  qu'on  doit  chercher  à  atteindre 
dans  l'application  de  cette  mesure  de  sûreté. 
Les  indiviilus  comlamnés  correctionnel- 
lement,  sont  quelquefois  assujétis,  à  l'expi- 
ration de  leur  peine,  à  une  surveillance  tem- 
poraire de  5  à  10  années  ;  ceux  condamnés 
pour  crime  ,  c'est-à-dire  aux  travaux  forcés 
à  temps  et  à  la  réclusion  ,  sont  placés  de 
droit,  et  pendant  toute  leur  vie,  sous  la 
surveillance  de  la  haute  police  de  l'Etat,  d'a- 
près les  dispositions  de  l'article  47  du  code 
pénal. 

L'effet  du  renvoi  sous  la  surveillance  de 
la  haute  police,  est  de  donner  au  gouverne- 
ment le  droit  de  déterminer  certains  lieux 
dans  lesquels  il  est  interdit  aux  condamnés 
de  paraître  après  qu'ils  ont  subi  leur  peine. 
En  outre,  le  condamné  doit  déclarer,  avant 
sa  mise  en  liberté,  le  lieu  où  il  veut  lixer  sa 
résidence  ;  il  reçoit  une  feuille  de  route  ré- 
glant l'itinéraire,  dont  il  ne  peut  s'écarter,  et 
la  durée  de  son  séjour  dans  chaque  lieu  de 
son  passage.  Il  est  tenu  de  se  présenter  dans 
les  24  heures  de  son  arrivée  devant  le  maire 
de  la  commune  ;  il  ne  peut  changer  de  rési- 
dence sans  avoir  indiqué  ô  jours  à  l'avance 
à  ce  fonctionnaire  le  lieu  où  il  se  propose 
d'aller  habiter,  et  sans  avoir  reçu  de  lui  une 
nouvelle  feuille  de  route.  (Art.  44  C.  P.) 

El»  cas  de  désobéissance  aux  dispositions 
prescrites  par  l'article  précédent,  l'individu 
mis  sous  la  surveillance  de  la  haute  police, 
est  condamné  par  les  tribunaux  correction- 
nels à  un  emprisonnement  qui  ne  peut  ex- 
céder cinq  ans.  (Art.  43  C.  P.) 

La  question  ainsi  nettement  posée,  il  reste 
à  examiner  si  la  mesure  qu'on  a  prise  ré- 
pond au  but  que  le  législateur  s'est  pro- 
posé. 

En  présentant  à  la  chambre  élective  la  loi 
du  28  avril  1852 ,  contenant  des  modifica- 
lions  au  code  pénal  et  au  code  d'inslrucliun 


criminelle ,  M.  Barthe  ,  garde-des-sceaux  , 
s'exprimait  de  la  manière  suivante  relative- 
ment à  la  surveillance  : 

«  Le  renvoi  sous  la  surveillance  de  la 
haute  police  ne  pouvait  pas  être  supprimé; 
la  sûreté  des  personnes  et  des  propriétés  est 
intéressée  à  ce  que  le  criminel  ne  vienne  pas, 
après  la  consommation  de  sa  peine,  porter 
l'épouvante  dans  les  localités  qui  lui  sont 
coimues,  et  exercer  contre  les  plaignans,  les 
jurés,  les  témoins,  d'atroces  vetigeances;  il 
y  a  aussi  nécessité  de  briser  les  liens  de  ces 
associations  menaçantes  qui  s'établissent  si 
aisément  entre  les  repris  de  justice.  Les 
moyens  ordinaires  de  surveillance  dont  la 
police  dispose  ne  suffisent  pas  pour  mettre 
la  société  en  défense  contre  de  si  grands  pé- 
rils. » 

La  crainte  exprimée  ici  pour  les  plaignans, 
les  jurés,  etc.,  ne  peut  exister  en  réalité  que 
pour  les  cas  tout-à-fail  exceptionnels.  Nous 
ajouterons  même  qu'elle  est  mal  fondée. 
Qu'on  parcoure  les  annales  de  la  justice,  on 
ne  trouverapeut-étr-e  pas  dix  exemples  qu'un 
plaignant  ou  un  juré  ait  été  exposé  à  la  ven- 
geance de  celui  à  la  condanmalion  duquel 
ils  ont  pris  part.  En  général,  les  malfaiteurs  ne 
sont  pas  excités  parla  haine  contre  tel  ou  tel 
individu;  ils  en  veulent  à  la  fortune  d'autrui, 
abstraction  faite  de  ceux  qu'ils  dépouillent. 
D'ailleurs, si  effectivement  le  sentiment  de 
la  vengeance  déterminait  seul  au  crime,  la 
défense  de  paraître  en  certains  lieux  ne  se- 
rait point  un  obstacle  à  sa  consommation  ; 
on  braverait  tout  pour  obéir  à  ce  désir,  car 
il  prend  un  caractère  impétueux  chez  un 
repris  de  justice:  les  individus  de  cette  classe 
n'éprouvent  rien  à  demi;  l'expression  de 
leurs  sentimens,  quels  qu'ils  fussent ,  est 
toujours  portée  à  lexlrême. 

Loin  de  briser  les  liens  de  ces  associations 
menaçantes  qui  s'établissent  entre  les  repris 
de  justice,  la  loi  les  favorise.  Tout  libéré 
pouvant  habiter  le  lieu  qui  lui  plaît,  à  l'ex- 
ception de  quelques-uns  qui  lui  sont  inter- 
dits ,  il  lui  est  plus  facile  de  se  réunir  à 
d'autres,  et  c'est  alors  que  les  moyens  or- 
dinaires de  surveillance  dont  la  police  dis- 
pose, ne  suffisent  plus  pour  mettre  la  société 
en  défense  contre  de  si  grands  périls. 

L'ariicle  44  du  code  pénal  exige  que  l'in- 
dividu renvoyé  sous  la  surveillance  de  îa 
haute  police  de  l'Etat,  ne  puisse  changer  de 
résidence  sans  avoir  indique  trois  jours  à 
l'avance  au  maire  de  la  commune  où  il  se 
trouve,  le  lieu  où  il  se  propose  d'aller  habi- 
(er,  et  sans  avoir  reçu  de  ce  fonctionnaire  une 
nouvelle  feuille  de  roule  pour  celle  deslina- 
liun. 


6S 


Mais  si,  par  le  fait  seul  de  cette  indication, 
le  libéré  peut  changer  de  résidence,  la  for- 
malité devient  illusoire,  car  il  choisira  tou- 
jours l'endroit  qui  lui  permettra  de  se  livrer 
avec  plus  de  facilité  au  genre  de  vie  qu'il  se 
propose  de  suivre.  Si,  au  contraire,  l'autori- 
sation peut  être  refusée  par  le  fonctionnaire 
à  qui  elle  est  demandée,  il  ne  faut  pas  dire 
que  le  libéré  qui  désirera  changer  de  rési- 
dence devra  indiquer  le  lieu  où  il  voudra  ré- 
sider, mais  il  faut  lui  prescrire  de  demander 
la  permission  de  s'y  rendre.  Cette  distinction 
dans  le  mot  change  tout  l'esprit  de  la  loi, 
qu'on  le  remarque  bien:  si  l'autorité  ne  veut 
point  délivrer  la  feuille  de  route,  sous  le 
prétexte  que  le  lieu  indiqué  est  au  nombre 
de  ceux  qui  sont  interdits,  il  faudra  donc  fai- 
re connaître  d'avance  ces  derniers,  car  au- 
trement il  pourra  se  faire  que  l'autorité,  au 
moyen  de  cette  dénomination  évasive  de  cer- 
tains lieux,  interdise  au  libéré  d'aller  par- 
tout où  il  demandera  à  se  fixer. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  encore.  M.  Barthe, 
voulant  justifier  la  conception  de  cette  par- 
tie de  ce  projet  de  loi,  ajoutait:  «  D'un  aulre 
côté,  le  mode  actuel  de  surveillance  élève 
des  obstacles  presque  insurmontables  contre 
l'amendement  des  criminels.  Les  mesures 
prises  par  la  police  pour  s'assurer  que  le  li- 
béré occupe  réellement  la  résidence  qui  lui  a 
été  assignée,  donnent  au  fait  de  la  condam- 
nation une  publicité  inévitable.  Surveillé  par 
des  agens  subalternes,  signalé  à  la  défiance 
des  maîtres,  à  la  jalousie  et  au  mépris  des 
ouvriers,  suspect  de  tous  les  crimes  qui  se 
commettent  dans  le  lieu  où  il  se  trouve,  le 
libéré  ne  trouve  plus  de  travail  ;  l'impossibi- 
lité de  gagner  honnêtement  son  pain  étouffe 
en  lui  toute  résolution  d'une  vie  meilleure  ; 
ia  misère  rappelle  et  entretient  les  anciens 
penchans  au  crime,  et  il  se  jette  da.ns  la  ré- 
cidive autant  par  désespoir  que  par  perver- 
sité. Les  libérés  qui  veulent  s'amender  es- 
saient par  tous  les  moyens  d'échapper  au  sup- 
plice de  \n surveillance  parla  haute  police  ». 

La  mesure  est  donc  vicieuse  parelle-cnéme, 
si  elle  est  contraire  dans  ses  résultats  au 
but  qu'on  voulait  atteindre.  Dès  lors,  si,  com- 
me l'assertion  ministérielle  le  prouve,  elle 
s'oppose  au  retour  du  condamné  à  une  vie 
meilleure,  il  faut,  sinon  la  supprimer,  du 
moins  la  rendre  telle,  qu'elle  offre  des  avan- 
tages réels  et  immédiats  qui  ne  soient  aucu- 
nement balancés  par  de  grands  dangers , 
et  c'est  ce  qu'on  n'a  pas  fait  encore  jusqu'à 
ce  moment. 

Toujours  d'après  i'exposé  des  motifs,  les 
mesures  prises  [)ar  la  police  pour  s'assurer 
que  le  libéré  occupe  réellement  la  résidence 


assignée,  donnent  au  fait  de  la  coiidamnalion 
une  publicité  inévitable.  Mais  si  l'auturité 
exige  qu'un  individu  réside  dans  uu  endroit 
plutôt  que  dans  un  autre,  ce  n'est  pas  uni- 
quement poui'  l'éloigner  des  localités  qui  lui 
sont  conrmes,  car  alors  il  suffirait  de  dire 
que  le  libéré  aura  le  droit  de  résider  partout, 
à  l'exception  du  lieu  où  il  aura  commis  son 
crime;  mais  elle  veut  aussi  s'assurer  des  ac- 
tions du  repris  de  justice,  et  pour  obtenir 
les  renseignemens  nécessaires  en  pareil  cas, 
il  faut  recourir  aux  agens  subalternes  de  la 
police,  et,  par  contre-coup,  le  repris,  le  libé- 
ré subira  toutes  les  conséquences  de  sa  posi- 
tion, et  se  trouvera  continuellement  exposé 
à  tous  les  incon-véniens  signalés  comme  étant 
un  obstacle  à  son  amendement,  et  comme 
justifiant  les  modifications  qu'on  croit  avoir 
faites  dans  cette  partie  de  la  condamnation 
des  repris  de  justice. 

D'après  l'art.  45  cité  plus  haut,  l'indi- 
vidu assujetti  à  la  surveillance  ,  peut  être 
condamné  à  un  emprisonnement  qui  pourra 
s'élever  à  5  années,  en  cas  de  désobéissance 
aux  dispositions  relatives  à  la  surveillance. 
Si  c'est  un  délit  que  de  désobéir  à  l'art. 
44  du  code  pénal,  punissez  le  coupable;  mais 
il  faut  prendre  garde  d'outre-passer  le  but, car 
plus  d'un  libéré,  après  avoir  rompu  son  ban, 
ont  commis  exprés  un  délit,  certains  qu'ils 
étaient,  dansce  dernier  cas,  d'être  punis  d'une 
manière  moiiis  sévère  que  pour  l'autre  délit. 
Sans  doute,  beaucoup  de  libérés  allèguent 
que,  n'ayant  pu  trouver  de  l'occupation  où 
ils  étaient  en  surveillance,  ils  ont  été  obli- 
gés d'en  partir  furlivemet)l,  tandis  que,  le 
seul  motif  de  cette  fuite  est  le  désir  de  trou- 
ver un  théâtre  plus  vaste  et  qui  leur  per- 
mette d'exercer  leur  coupable  industrie. 
Mais  celui  qui  n'a  voulu  que  se  créer  des  res- 
sources par  des  moyens  licites,  est  victime 
de  son  désir  bien  légitime  de  s'affranchir  de 
l'esclavage  où  le  retient  le  gouvernement , 
et  qui  est  un  supplice  qui  s'oppose  à  son 
amendement. 

Grâce  à  l'activité  de  la  police,  peu  de  cri- 
mes restent  impunis.  Tous  les  coupables 
cependant  ne  sont  pas  mis  sous  la  main  de 
la  justice  par  le  fait  qu'ils  étaient  assujettis 
à  la  surveillance  :  comment  alors  arrête- 
rait-on ceux  qui  faillissent  pour  une  pre- 
mière fois  ?  Le  plus  grand  nombre  des 
indiviilus  arrêtés  en  état  de  récidive,  ne 
l'ont  pas  été  non  plus  par  l'effet  de  cette 
mesure  :  donc,  elle  n'offre  que  peu  ou  point 
d'utilité. 

il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  une  dernière' 
considération:  on  peut  porter  h  'il.o  le  nom- 
bre des  individus   détenus,    terme  moyen, 


64 

pour  infraction  à  la  surveillance  ;  mais  on 
n'en  coraptera-it  pas  quatre  qui  n'ayent  été 
arrêtés  soit  en  flagrant  délit,  soit  autrement, 
mais  par  cela  seul  qu'ils  étaient  soumis  à  la 
surveillance. 

On  objectera  peut-être  qu'en  payant  le 
cautionnement  fixé,  on  peut  obtenir  la  le\ée 
de  la  surveillance.  Certainement  il  y  a  une 
apparence  de  philanthropie  dans  cette  facul- 
té ;  mais  est-il  permis  à  tous  d'en  profiter  ? 
J-e  montant  du  cautionnement  varie,  dans 
les  cas  ordinaires,  de  100  à  500  fr.,  et,  au 
préalable,  on  exige  l'acquittement  des  frais 
du  procès,  dont  le  chiffre  est  toujours  ex- 
orbitant. Et  d'ailleurs  cette  disposition  est- 
ellc  bien  équitable,  surtout  à  la  considérer 
du  côté  moral  ? 

Enj-ésumé,  la  surveillance,  telle  qu'elle 
existe,  occasione  plus  de  récidives  que  sa 
suppression  ne  laisserait  de  fautes  impu- 
nies. Si,  cependant ,  on  Tcut  absolument 
suivre  le  libéré  pour  s'assurer  de  sa  conduite, 
que  ne  lui  impose  t-on  seulement  une  sur- 
veillance temporaire  ?  et  si,  par  une  con- 
duite irréprochable,  il  se  montre  digne  de 
prendre  rang  parmi  la  société ,  pourquoi  ne 
pas  l'affranchir  de  cette  contrainte  ?  On  pour- 
rait même,  pour  les  cas  où  cette  faveur  se- 
rait méritée,  l'accorder  à  celui  qui  pendant 
sa  captivité  même  aurait  donné  des  preuves 
sincères  de  son  retour  au  bien. 

Voici,  selon  nous,  le  mode  de  surveillance 
qui  offrirait  en  même  temps  plus  de  garantie 
pour  la  société  et  de  sécurité  aux  libérés  : 

10  Point  de  surveillance  pour  une  première 
condamnation,  à  moins  qu'elle  ne  soit  de  10 
ans  au  moins.  Dans  ce  cas,  la  durée  de  cette 
mesure  serait  de  5  ans  au  plus. 

20  Excepté  dans  ce  cas,  la  surveillance  ne 
serait  prononcée  qu'après  un  second  juge- 
ment ,  et  cela  pour  3  à  5  années. 

5°  Après  une  troisième  condamnation  , 
elle  serait  prononcée  pour  5  ans  au  moins, 
et  10  ans  au  plus. 

-i"  Après  une  quatrième  condamnation,  la 
surveillance  serait  à  vie. 

50  Dans  les  deuxième  et  troisième  cas  , 
on  s'affranchirait  de  la  surveillance  après 
avoir  tenu  une  conduite  régulière  pendant 
5  ans  au  moins,  conduite  attestée  par  des 
personnes  établies,  ou  notablementconnues. 

6°  A  l'exception  de  quelques  endroits 
principaux  ,  tels  ,  par  exemple  ,  que  les  ré- 
sidences royales,  le  libéré  aurait  le  droit  de 
choisir  lui-même  le  lieu  de  sa  résidence ,  en 
faisant  cependant  connaître  les  motifs  de  ce 
choix,  motifs  dont  l'aulorilé  apprécierait  la 
convenance.  Si,  cependant,  l'individu  avait 
«ies  personnes  qui  répondissent  pour  lui,  ou 


bien,  si  mieux  encore,  sa  famille  habitait  dans 
le  lieu  d'une  résidence  royale  et  qu'elle  vou- 
lût bien  le  recevoir,  il  pourrait  obtenir  l'au- 
torisation de  résider  où  elles  se  trouveraient. 
70  Tout  libéré  qui  serait  arrêté  sur  un  lieu 
autre  que  celui  indiqué  pour  sa  résidence 
obligée  ,  serait,  pour  ce  fait,  condamné  à  un 
emprisonnement  de  j  mois  à  1  an.  En  cas 
de  récidive,  le  maximum  serait  prononcé 
de  droit  ;  et  après  une  deuxième  condamna- 
tion pour  ce  fait,  l'emprisonnement  pourrait 
être  élevé  à  deux  années,  et  alors  le  libéré 
serait  tenu  de  résider  désormais  dans  un  en- 
droit indiqué,  c'est-à-dire  qu'on  lui  retirerait 
la  faculté  de  l'indiquer  lui-même  ,  comme 
dans  le  cas  précédent. 

80  Si,  après  avoir  rompu  son  ban,  le  libéré 
commettait  un  délit  ou  un  crime  ,  il  serait 
puni ,  non  seulement  pour  l'infraction  à  la 
surveillance  ;  mais,  en  réparation  du  crime 
ou  délit  dont  il  serait  reconnu  l'auteur  ,  on 
lui  appliquerait  toujours  \e  maximum  ùc  la 
peine  que  1*^  délit  ou  le  crime  aurait  encou- 
rue dans  les  cas  ordinaires 

90  Comme  il  pourrait  arriver  que  par  le 
fait  de  la  récidive  d'un  crime  ou  d'un  délit  , 
un  individu  en  surveillance  se  trouvât  dans 
le  cas  de  se  voir  appliqué  ,  par  cela  seul  , 
le  maximu-^n  de  la  peine,  dans  le  cas  précé- 
dent ,  il  serait  condamné  à  la  peine  immé- 
diatement au-dessus ,  excepté  toutefois  la 
peine  capitale.  Alors  la  peine  serait  celle 
des  travaux  forcés  perpétuels  ,  mais  avec 
exclusion  de  la  grâce,  à  moins  de  circons- 
tances très-extraordinaires  qui  intéressassent 
en  faveur  du  condamné. 

Mais,  par  la  même  raison  qu'une  grande 
facilité  lui  serait  donnée  de  pourvoir  ù  ses 
besoins,  il  faudrait  être  sévère  pour  répri- 
mer toute  infraction  à  l'ordre  social  ;  c'est 
pourquoi  le  maximum  serait  toujours  aj)- 
pliqué  pour  les  crimes  et  délits  qu  le  libéré 
commettrait  dans  les  lieux  autres  que  ceux 
indiqués  par  lui  pour  sa  résidence  légale. 

Chiffre  moyen  des  individus  placés  sous 
la  surveillance   de  la  haute  police. 

Forçats 15,150)   Surveillance 

Réciusionn.  9,GOo)àvie 22,750 

Détentionn.  8,GC0' 
Aladisposi-  ] 
tion  du  gou- 
vernement. . . 
Vagab.  et 
mendians  con- 
damnés com- 
me tels 7,500 

Total 38,860 


Surveillance 
temporaire...  1 6,1 10 


REPERTOÎHE  DOMESTIQUE. 


3t,  fidncation  de   l'enfance.  —  R.  Morale  et  bîen-être  des  familles. 
—  ÏIZ,  Economie  usuelle. 


JCnrAKs  :  Des  partages  faits  par  père,  mère, 
ou  autres  asoendans  ,  entre  leurs  descen- 
dans. 

Est-il  une  matière  qui  donne  naissance  à 
plus  de  dissensions  que  celle  des  sjcces- 
sions  et  du  partage  des  biens  qui  les  compo- 
sent? 

Que  de  familles,  unies  jusqu'à  la  mort  de 
l'un  de  leurs  auteurs,  se  sont  séparées,  dé- 
sunies, après  les  opérations  de  partage 
d'une  succession  commune;  ce  n'est  pas 
que  la  loi  n'ait  fixé  dans  de  sages  disposi- 
tions, les  bases  proportionnelles  des  droits 
de  chacun,  mais  c'est  que  nul  ne  les  ac- 
cepte et  ne  s'y  conforme  que  lorsqu'il  ne 
peut  plus  les  entraver. 

Elle  est  donc  prévoyante  la  disposition 
de  nos  lois  qui  donne  aux  père  et  mère  et 
autres  ascenclans  le  droit  de  faire,  entre 
leurs  enfans  et  descendans,  le  partage  et  la 
distribution  de  leurs  biens. (Art.  1075,  C.  C.) 

Lorsque  usant  de  cette  faveur  de  la  loi , 
ils  composent,  à  l'avance,  à  chacun,  des  parts 
distinctes  et  favorables  à  leur  état  ou  à  leur 
position,  ils  satisfont  à  l'intérêt  de  tous  et 
écartent  ainsi  des  difficultés  que  suscite  et 
entretient  toujours  dans  les  familles  l'esprit 
de  jalousie  et  d'animosité. 

Sans  parler  des  frais  considérables,  des 
lenteurs  et  des  chicanes  auxquels  sont  as- 
sujélis  les  partages  judiciaires,  l'utilité  de 
ce  droit  se  fait  sentir  sous  une  foule  de 
rapports. 

Ils  ne  sont  donc  pas  sans  intérêt  et  utili- 
té les  enseignemens  qui  atteignent  le  double 
but  d'instruire  les  pères  et  mères  de  famille 
de  principes  de  droit  qui  tiennent  si  étroi- 
tement aux  principes  sacrés  du  bonheur  des 
familles  et  de  la  morale  ? 

Et  d'abord,  nous  devons  nous  hâter  d'a- 
vertir que  les  ascendans  ne  jouissent  pas 
seuls  du  bénéfice  accordé  par  l'article  î075 
précité,  quoique  ses  termes  dussent  sembler 
formels  et  exclusifs;  il  est  de  jurisprudence 
certaine  que  d'autres  que  les  père  et  mère 
et  les  ascendans  peuvent  faire  le  partage  de 
leurs  biens  entre  leurs  héritiers. 

Ce  mode  de  disposition  est  le  seul  duquel 
il  peut  résulter  un  avantage  en  faveur 
d'un  des  enfans,  quoiqu'il  n'y  eût  point  de 


dispense  de  rapport,  contre  la  règle  ordi- 
naire, qui  exige  quo  la  dispense  du  rapport 
soit  expresse  pour  que  l'avantage  produise 
son  effet;  cependant  il  ne  faudrait  pas,  et 
ceci  est  important  pour  l'existence  du  parta- 
ge, que  l'avantage  fait  par  l'ascendant  excé- 
dât le  quart  de  ses  biens,  car  dans  ce  cas 
le  partage  pourrait  être  attaqué  aux  termes 
de  l'article  1079,  et  annulé  aux  termes  de  ce- 
lui 887  du  code  civil. 

Le  principe  général  posé,  il  faut  dire  les 
formes  qui  en  sont  la  garantie: 

Les  partages  doivent  être  faits  par  actes 
entre-vifs  ou  testamentaires ,  avec  les  forma- 
lités, conditions  et  règles  prescrites  pour 
les  donations  entre-vifs,  ou  testamens.  Les 
partages  faits  par  actes  entre-vifs  ne  peuvent 
avoir  pour  objet  que  les  biens  présens.  (1076, 

ce.) 

Or,  la  donation  entre-vifs  ne  peut  être 
faite  que  devant  notaire,  en  minute,  et  ne 
produire  aucun  effet  si  elle  n'est  acceptée 
en  termes  exprès  par  le  donataire,  du  vivant 
du  donateur;  elle  ne  doit  avoir  pour  objet 
que  les  biens  présens ,  parce  que  les  dona- 
tions ne  peuvent  comprendre  que  ces  sortes 
de  biens.  Le  testament  doit  être  fait  dans 
l'une  des  trois  formes,  prescrites  par  la  loi, 
des  testamens  olographes ,  ou  par  acte  pu- 
bUc  ou  mystique,  et  peut  comprendre  non- 
seulement  les  biens  présens,  mai  encore 
les  biens  à  venir.  Toutefois,  ces  derniers  biens 
ne  peuvent  y  être  compris  que  par  quoti- 
tés, puisque  l'on  ne  peut  désigner  des  ob- 
jets que  l'on  n'a  pas  encore. 

I.e  père  et  la  mère  ne  doivent  pas  faire  le 
partage  de  leurs  biens  respectifs  parle  même 
testament,  l'article  968  du  code  civil  s'y  op- 
pose; mais  ils  le  peuvent  par  le  même  acte 
enlre-vifs. 

Il  n'est  pas  indispensable  que  tous  les  biens 
que  l'ascendant  laisse  au  jour  de  son  décès 
soient  compris  dans  le  partage:  ceux  de  ces 
biens  qui  auraient  été  omis  seront  partagés 
conformément  à  la  loi,  et  le  partage  légal 
du  surplus  des  biens  ne  trouble  aucunement 
celui  fait  par  le  défunt. 

Il  est  au  contraire  d'une  grande  importan- 
ce que  l'ascendant  n'omette  aucun  enfant 
dans  la  distribution  anticipée  de  ses  biens» 


«6 

car  si  à  l'époque  de  son  décès,  un  seul  de 
ses  descendans  s'en  trouvait  exclu,  ses 
libéralités  seraient  nulles  pour  le  tout.  Et, 
dans  ce  cas,  un  nouveau  partage,  dans  la  for- 
me légale,  pourrait  être  provoqué  par  l'hé- 
ritier déshérilé,  ou  même  par  ceux  que  le 
partage  aurait  gratiOés. 

Un  des  bienfaits  de  celle  mnlicre  est  le 
droit  accordé  aux  pèr''S  et  mères  d'avanta- 
ger saus  dispense  de  rapport  un  ou  plusieurs 
de  leurs  enfans,  nous  l'avons  dit  plus'  haut, 
comme  aussi  que  cet  avantage  ne  pouvait,  à 
peine  de  nullité,  dépasser  le  quart  de  leurs 
biens.  Nous  devons  ajouter  que  le  partage 
pourrait  aussi  être  attaqué  dans  le  cas  où  il 
en  résulterait,  ainsi  que  des  dispositions  fai- 
tes par  préciput,  que  l'un  des  co-partagés 
aurait  un  avantage  plus  grand  que  la  loi  ne 
le  permet  dans  les  termes  de  l'article  913 
du  code  civil. 

L'ascendant  doit  écarter  avec  soin  les  deux 
vices  sus-indiqués,  qui  rendraient  vaines  ses 
précautions  ou  mettraieni  ses  descendans 
sous  le  coup  d'une  action  en  rescision  qui 
dure  dix  années  (1304,  C.  C.)- 

Nous  ne  pouvons  terminer  ces  réflexions 
sans  signaler  une  erreur  grave  ei  commune: 
souvent  dans  un  partage  d'ascendans,  peut- 
être  pour  empêcher  qu'il  ne  soit  attaqué,  on 
stipule  que  celui  qui  en  demandera  l;i  nul- 
lité sera  privé  de  la  portion  disponible,  la- 
quelle appartiendra  par  préciput  à  celui  qui 
le  respectera. 

Cette  clause  est  en  contradiction  avec  l'es- 
prit de  nos  lois  et  semble  réprouvée  par  les 
articles  900  et  1172  du  code  civil;  il  faut  dès 
lors  se  garder  de  l'insérer,  car  elle  serait  ré- 
putée non  écrite  et  tromperait  l'espoir  de 
son  auteur. 

Il  est  facile  à  comprendre  que  si  elle  pou- 
vait être  obligatoire,  elle  aurait  l'effet  de 
maintenir  un  acte  que  les  lois  réprouvent,  et 
de  forcer,  par  la  crainte,  les  parties  intéres- 
sées à  le  respecter;  enlin  elle  constituerait 
une  disposition  gratuite  des  biens  ab  iralo  ou 
par  exécution  de  clauses  pénales,  ce  qui  se- 
rait contraire  aux  principes  sains  de  la  rai- 
son, du  droit  et  de  la  morale.     Denis  Payot. 

Des  prénomi. 

Anciennement  on  ne  donnait  qu'un  prénom 
aux  enfans  en  naissant,  c'était  celui  du  p.ir- 
rain  ou  de  la  marraine,  et  il  en  résultait 
quelquefois  que  des  individus  du  même  nom 
portaient  aussi  le  même  prénom. 

Pour  évitercel  inconvénient,  on  a  cru  devoir 
en  donner  deux,  trois,  ou  mè.ne  davantage  ; 
mais  on  a  fait  na:lre  d'autres  difficultés,  car 


souvent  l'ordre  des  prénoms  est  interverti, 
ou  lorsque  l'on  en  a  un  trop  grand  nombre, 
on  n'en  prend  qu'un  seul  dans  certains  actes, 
ou  bien  si  la  persoime  qui  en  a  plusieurs  les 
fait  tous  connaître,  on  en  retranche  quelque- 
fois une  partie  dans  l'enregistrement  des 
actes,  sur  les  tables  alphabétiques,  dans  les 
états  que  l'autorité  rédige,  etc.,  etc.  De  là 
des  actes  de  notoriété  très-dispendieux  afin 
d'établir  l'identité  ,  des  procès  dans  lesquels 
on  peut  succomber  à  défaut  d  énonciation 
exacte  des  prénoms. 

Il  semble  donc  convenable  d'en  revenir  à 
l'ancien  mode  et  de  ne  donner  qu'un  seul 
prénom,  surtout  lorsque  la  famille  n'est  pas 
trop  nombreuse,  en  ayant  soin  de  ne  jamais 
donner  aux  enfans  mâles  le  même  prénom 
que  celui  de  leur  père  ou  de  leurs  frères  ou 
oncles. —  Si  la  famille  comporte  beaucoup 
de  membres,  on  peut  en  donner  deux,  mais 
jamais  plus. 

On  doit  aussi  éviter  très  soigneusement 
de  donner  aux  enfans  du  sexe  masculin  les 
prénoms  que  portent  ordinairement  les  filles, 
et  à  ces  dernières  les  prénoms  des  garçons. 

R.  x\' 

Hygièni:  :  considérations  sur  le  jeûne  et  par- 
ticulièrement sur  le  carême  dans  set  rap- 
ports avec  la  santé. 

L'homme  mange  beaucoup  plus  qu'il  ne 
devrait  habituellement  manger,  surtout  dans 
l'état  de  civilisation  et  de  loisir,  qui  dissipe 
peu;  aussi  devient-il  plus  fréquemment  ma- 
lade que  les  animaux,  et  le  premier  secours 
que  réclament  ses  maladies,  c'est  la  diète, 
c'est  le  jeune,  qui  souvent  suffisent  au  réta- 
blissement de  la  santé. 

Cette  pléthore  malsaine,  résultat  de  la 
gourmandise  etde  l'art  culinaire,  est  principa- 
lement entretenue  parla  nourriture  de  chair, 
par  les  liqueurs  excitantes  ou  fermentées , 
comme  le  vin  ;  c'est  pourquoi  les  législateurs 
sacrés  en  défendirent  sagement  l'usage  à 
diverses  époques  de  l'année,  avant  les  gran- 
des fêtes,  soit  pour  rendre  les  corps  plus 
sains,  plus  allègres,  soit  pour  tempérer  et 
adoucir  les  bouillonnemcns  des  passions  fou- 
gueuses. 

C'était  pour  ramener  l'homme  vers  ce  gen- 
re de  >ic  simple  et  primitif,  que  des  sages 
instituèrent  ces  jeûnes  universels.  La  fruga- 
lité, la  sobriété,  présidaient  à  ces  modestes 
repas,  où  l'abstinence  du  jeûneur  tournait 
en  réfection  pour  le  pauvre;  où  la  prière, 
le  retour  de  l'ame  vers  l'auteur  de  son  exis- 
tence, disposaient  les  humains  à  s'aimer  en 
frères,  à  se  pardonner  leurs  mutuelles  in- 
jures, comme  étant  les  enfans  d'un  même 


67 


père.  L'esprit  recevait  plus  de  nouniluro 
que  le  corps;  les  passions  étaient  plus  mo- 
destes et  plus  tendres  ;  les  fonctions  de  la 
vie  s'exerçaient  avec  plus  de  régularité  et 
de  lenteur;  jamais  d'indigestions,  de  trou- 
bles dans  le  sommeil,  de  fièvres  ardentes,  ne 
consumaient  la  vie  ;  l'intelligence  toujours 
sereine  pouvait  s'occuper  sans  cesse  des  plus 
heureuses  conlemplalions. 

il  n'y  a  point  de  peuple  institué  sous  des 
lois  ou  sorli  de  la  barbarie,  qui  n'ait  eu  be- 
soin de  ces  grands  préceptes  d'hygiène  pu- 
blique. Aussi  trouvc-t-on  desjeùnes  prescrits 
dans  toutes  les  religions  de  la  terre.  Les 
philosophes  qui  n'ont  vu  dans  ces  rites  que 
des  pratiques  purement  de  dévotion,  n'ont 
pas  suffisamment  observé  les  effets  physio- 
logiques que  ces  abstinences  exercent  sur 
récoiiomie  animale.  Le  jeune  et  la  sobriété 
furent  toujours  des  moyens  salutaires,  puis- 
que l'homme,  écoutant  trop  ses  appé!its,ou 
les  aiguisant  encore  par  les  apprêts  de  l'art 
culinaire,  dépasse  presque  toujours  les  limi- 
tes de  la  nature. 

Aussi  tous  les  médecins  ont-ils  fait  l'éloge 
de  la  tempérance  comme  étant  la  mère  de 
la  santé. 

Jl  faut  manger  peu,  et  travailler  beau- 
coup pour  se  bien  porter,  disent  liippocrate 
et  Aristote.  L'étude  de  la  santé  consiste 
à  ne  point  se  rassasier  d'alimens,  dit  Ga- 
Victi;  le  jeûne  évite  des  maladies,  en  pré- 
venant toute  crudité  d'estomac  (  Galien, 
de  tuendd  sanitate,  L.  \)  ;  les  individus 
délicats  ou  faibles  de  naissance  parvien- 
nent à  une  grande  vieillesse  en  conservant 
leurs  sens  bons,  encvitantles  douleurs,  au 
moyen  de  la  diète  exacte  (  ib.  de  aliment., 
l.  ri  ) .  On  sait  que  la  vacuité  de  l'estomac 
aiguise  d'ailleurs  les  sens  et  nos  facultés  in- 
tellectuelles, autant  que  la  plénitude  des 
copieux  repas  les  assoupit  de  stupidité. 

La  sobriété  diminuant  la  masse  des  liqui- 
des, le  jeu  des  solides  devient  prédominant, 
leurs  oscillations  s'opèrent  plus  librement  ; 
de  là  vient  qu'oîi  a  vu  par  elle  céder  sans 
peine  des  affections  catarrhales,  des  toux 
humides,  tenaces,  la  goutte  et  les  rhumatis- 
mes, des  migraines,  des  vertiges,  et  même  la 
léthargie ,  l'apoplexie.  On  a  un  éclatant 
exemple  des  effets  salutaires  de  la  sobriété 
par  le  fameux  Louis  Cornaro,  noble  véni- 
tien, qui  se  réduisant  à  douze  onces  d'ali- 
mens solides  et  quatorze  de  liquides,  chaque 
jour,  rétablit  sa  santé  délabrée,  et  parvint 
à  quatre-vingt-quinze  ans  et  plus.  En  considé- 
rant la  longue  carrière  des  pères  du  désert  et 
de  tous  les  ermites  si  sobres,  le  jésuite  Les- 
sius  regarde  Iejeû4ic  comme  le   plus  beau 


don   qu'eut  fait  à  l'homme  la  religion  pour 
conserver  ses  jours. 

La  longueur  de  la  vie,  suite  de  la  tem- 
pérance, est  un  fait  remarquable  et  prouvé 
par  l'expérience  des  temps  anciens.  Çui 
abstinens  est  adjiciet  vitam  (  Ecclesiast. 
c.  17  ).  Dans  une  apologie  du  jeûne  on  a 
compté  la  vie  de  cent  cinquante  anachorè- 
tes pris  sous  tous  les  climats  et  en  différens 
siècles  ;  elle  a  donné  onze  mille  cinq  cent  qua- 
tre-vingt-dix-neuf ans,  ou  pour  chacun,  la 
durée  moyenne  de  soixante -seize  ans  trois 
mois.  Cent  cinquante  académiciens,  pris  par- 
mi les  sciences  et  les  lettres,  n'ont  présenté 
que  dix  mille  cinq  cent  onze  ans,  ou  soixan- 
te-neuf ans  deux  mois  d'une  vie  moyentie. 
Ainsi,  la  sobriété  habituelle  est  encore  plus 
propre  à  la  longévité  que  la  vie  régulière 
et  laborieuse  des  personnes  qui  cultivent 
leur  intelligence. 

Voyez,  au  contraire,  la  voracité  des  Alle- 
mands, des  Belges,  des  Anglais,  dit  Frédé- 
ric Hoffmann;  Diim  laciant,  mactant ;  les 
nourrices  les  tuent  à  force  de  les  allaiter. 

Les  vieillards  supportent  le  jeûne  plus 
aisément  que  les  enfans  ;  les  femmes,  plus 
que  les  hommes;  les  oisifs,  plus  que  les  la- 
borieux, et  les  replets,  plus  que  les  maigres 
ou  que  ceux  qui  font  des  déperditions  par 
la  saignée,  ou  la  sueur,  ou  l'allaitement,  ou 
les  veilles, etc. Si  Ion  mange  moins  en  été, 
il  faut  des  réfections  plus  fréquentes,  quoi- 
que petites,  qu'en  hiver,  où  l'on  peut  pren- 
dre des  repas  plus  copieux.  Ceux  qui  boivent 
beaucoup,  mangent  moins  ;  les  potages  dimi- 
nuent la  faim,  ainsi  que  les  boissons  chaudes 
et  les  substances  vomitives  à  petite  dose, 
les  narcotiques,  etc.  Les  alimens  gras,  hui- 
leux, fades,  douceâtres,  rassasient  bientôt, 
tandis  que  les  salaisons  ,  les  substances 
acres,  amères,  mais  principalement  les  aci- 
des et  le  froid,  excitent  une  faim  vive. 

Le  jeûne  rend  le  corps  plus  perméable, 
ouvre  les  conduits  obstrués,  facilite  la  mar- 
che des  sécrétions  et  des  excrétions,  dissipe 
ou  cuit,  pour  ainsi  parler,  les  matières  vis- 
queuses et  saburralcs  qui  engorgeaient  les- 
voies.  Par  la  soustraction  des  nourritures,  la 
pléthore  diminuée  laisse  un  cours  plus  libre 
au  sang,  comme  au  moyen  de  la  saignée  et 
avec  moins  d'inconvéniens;  le  mouvement  vi- 
tal, qui  étaitaccablé  par  lasurcharge  d'alimens- 
ou  la  turgescence  des  humeurs,  renaît  avec 
plus  de  vigueur.  Voyez  combien  d'embarras 
viscéraux,  avec  le  dégoût,  la  bouche  pâteuse» 
lorsque  l'estomac  est  farci  de  matières  glai- 
reuses et  d'humeurs  qu'il  ne  saurait  digérer  ; 
on  reste  abattu,  lourd,  tandis  que  tout  se 
dissipe  par  la  diète.  Ainsi,  les  personnes 


ayant  des  chairs  humides,  des  obstructions 
abdominales,  des  squirres  à  la  rate  ou  des 
empâlemens,  peuvent  se  rétablir  par  des  jeû- 
nes (  d'après  Hippocrate,  Aviceiine,  Mercu- 
riali  et  les  modernes  ).  Les  catarrhes,  le 
coryza,  même  les  affections  soporeuses,  la 
céphalagie,  la  mélancolie,  l'épilepsie,  peu- 
ventcéder,  dit  Celse,  à  la  diète,  avec  de  forts 
exercices.  Valescus  de  Tarente  ôtait  le  sou- 
per aux  goutteux,  et  Sydenham  assure  qu'ils 
se  trouvent  très-bien  de  l'abstinence,  laquelle 
produit  encore  d'excellens  effets  contre  les  af- 
fections spasmodiques  des  membres  {Oper., 
p.  479  j. 

L^es  ulcères,  l'élcphantiasis,  les  dartres, 
ont  besoin  du  jeûne  pour  être  guéris;  les 
hydropiques,  Icshémorroïdaires,  les  cachec- 
tiques moux  et  humides,  ne  doivent  rien 
espérer  sans  cette  pénitence.  Quelle  que 
soit  la  maladie,  un  genre  de  vie  réglé  ou 
une  diète  appropriée  offriront  toujours  les 
plus  puissans  secours,  qui  ne  pourraient  être 
remplacés  par  aucun  médicament,  quelque 
héroïque  qu'on  le  suppose. 

Ces  grands  hommes  qui  Crent  descendre 
des  cieui  les  lois  des  carêmes  et  des  jeûnes  par- 
mi les  nations  qu'ils  voulurent  civiliser,  s'en- 
tendaient donc  un  peu  plus  en  hygiène  que 
ne  le  croient  quelques  modernes  philoso- 
phes, qui  n'y  ont  vu  que  de  ridicules  prati- 
ques d'austérités.  La  chair  de  porc  a  pu  être 
rejelée  par  la  loi  de  Moïse,  comme  l'église 
a  pu  établir  son  principal  carême  au  com- 
mencement du  printemps,  époque  où  les  hu- 
meurs entrent  en  turgescence.  Il  était  utile, 
d'ailleurs,  de  laisser  aux  animaux  un  répit 
profitable  pendant  la  saison  de  leurs  amours, 
et  de  remplir  les  vœux  les  plus  sacrés  de 
la  nature,  en  suspendant  les  chasses  et  les 
massacres.  Il  convenait  avant  les  solennilés 
de  détendre  et  de  rafraîchir  les  corps,  ou  de 
les  purifier  par  les  abstinences,  afin  que  les 
hommes  s'approchassent  dcsautelsavec  plu? 
de  modestie  et  de  tranquillité  d'esprit,  et 
qu'ils  se  livrassent  ensuite  avec  plus  de  joie 
aux  festins  et  aux  divcrtissemens  des  fêtes. 
L'homme  devient  plus  maître  de  lui-même 
ou  plus  tempéré  par  les  jeûnes,  qui  répri- 
ment les  bouillonnemens  de  ses  passions,  et 
les  sallies  d'un  tempérament  impétueux. 
C'est  ainsi  qu'il  réglera  sagement  ses  in- 
clinations. Pythagore  savait  que  l'abstinence 
de  la  chair  facilite  les  opérations  intellectuel- 
les, puisqu'il  est  vrai  de  dire  qu'une  ame , 
comme  suffoquée  sous  la  graisse  et  le  sang, 
ne  saurait  s'élancer  à  des  idées  élevées. 
Voyez,  en  effet,  combien  sont  grossiers  et 
brutaux  ces  épais  Vilellius  qui  s'emplissent 
de  viandes  et  dé  vins  plusieur»  fuis  le  jour. 


jusqu'à  rendre  leur  gorgée  pour  manger  en- 
core ;  leur  cervelle  est  encroûtée  ou  ense- 
velie sous  une  lourde  stupidité  ;  à  peine 
s'ils  peuvent  lier  deux  idées  de  suite;  com- 
me les  idiots  voraces  qui  ne  font  que  se 
remplir  et  dormir,  puis  engendrer  à  la  ma- 
nière des  brutes  ;  car  la  gourmandise  a  tué 
plus  d'hommes  aue  l'épée ,  plus  gula  quàm 
gladius. 

Il  est  donc  manifeste  que  le  mouvement  vi- 
tal,modéré  et  réglé  par  l'abstinence,  doit  beau- 
coup ralentir  le  cours  des  années,  et  susciter 
moins  de  maladies  aiguës  qu'une  copieuse 
alimentation.  L'on  ne  doit  doncpoint  être  sur- 
pris de  l'ey.trême  longévité  des  anachorètes; 
mais  il  faut  compter  une  autre  cause  à  la- 
quelle les  auteurs  n'ont  pas  assez  donné 
d'attention  :  c'est  que  l'abstinence  diminue 
non-seulement  ces  ardentes  émotions  qui 
dissipent  les  forces  à  l'extérieur,  elle  retient 
dans  la  tranquillité,  la  solitude,  la  vie  inté- 
rieure, mais  surtout  elle  fait  un  besoin  ût 
la  continence  ou  de  la  chasteté,  vertus  qui 
conservent  et  fortifient  beaucoup  l'organis- 
me, comme  on  le  sait. 

Concluons  donc  que  le  jeûne  et  les  carê- 
mes observés  avec  modération,  suivant  le 
climat,  l'âge  et  les  autres  circonstances  , 
sont  des  institutions  d'hygiène  salutaires  aux 
nations  et  aux  individus;  que  les  hommes 
reçoivent  la  santé  ;  que  ces  pratiques  adou- 
cissent d'ailleurs  le  moral  et  ramènent  l'es- 
prit vers  des  sentimens  d'humanité ,  de 
modestie,  et  contribuent  à  la  civilisation  et  à 
la  pureté  des  mœurs.  La  médecine  est  toute 
d'accord  avec  ces  principes,  qu'une  dévo- 
tion souvent  mal  entendue  pousse  jusqu'à 
des  austérités  nuisibles,  comme  elle  doit  les 
défendre  contre  les  sophismes  qui  repous- 
sent mal  à  propos  d'utiles  abstinences. 
Docteur  Virey, 
membre  de  la  chambre  des  députés. 

Secours  à  donner  auxnoyés  et  aux 
asphyxiés. 

Un  moyen  très-simple  pour  rappeler  à  la 
vie  les  noyés  ,  c'est  de  leur  frictionner  le 
ventre.  Le  sang  stagnant  dans  les  vaisseaux 
de  l'abdomen  et  de  la  poitrine  est  alors 
poussé  vers  le  cœur  et  les  poumons,  et  la 
respiration  se  rétablit.  La  chaleur  étant  non 
moins  importante  à  rappeler  que  la  respi- 
ration, il  faut,  dès  qu'un  individu  est  retiré 
de  l'eau  ,  changer  ses  vêtemens  contre 
d'autres  secs  et  chauds. 

Dans  l'asphyxie  du  charbon  ,  le  docteur 
Marc  recommande  les  alfasions  d'eâa  fraîche 
comme  étant  le  moyen  le  i>lus  efficace  pour 


ranimer  la  sensibilité  ;  et  pour  celle  de  la 
foudre,  les  bains  de  terré  soni  encore  c-e 
qu'il  y  a  de  mieux. 

Mais  ce  dont  il  faut  surtout  avoir  soin,  c'est 
de  n'abandonner  les  noyés  et  asphyxiés  que 
quand  les  hommes  de  l'art  ont  reconnu  que 
tous  les  soins  seraient  ii  utiles  ;  car  on  a 
vu  de  ces  malheureux  reprendre  leurs  sens  | 
après  plusieurs  heures  de  secours  qui  avaient 
paru  d'abord  infructueux. 

Guèrison   des   cors  aux  pîeds. 

M.  Orancé  nous  indique  à  ce  sujet  une  j 
méthode  dont  l'expérience  lui  a  démontré 
l'efficacité  ;   elle  consiste ,  après  avoir  en-  | 
levé  à  l'aide  dur»  canif  toute  la  partie  molle  | 
et  calleuse  des  cors,  de  les  laver  avec   une  | 
teinture   d'aloès  et  d'y    appliquer   ensuite 
une  compresse  imbibée  de  ce  même  liquide;  | 
on  répète  plusieurs  fois  par  jour  celte  opé- 
ration, et  bientôt  les  cors  ne  tardent  point  à 
disparîùlre  pour  toujours  ;  si ,  contre  toute 
attente,  ils   reparaissaient ,  ce  qui  ne  peut 
avoir  lieu  cependant  que  long-temps  après  , 
il  faudrait  recommencer  le  même  traitement 
qui,  cette  fois,  ne  manquerait  pas  son  effet. 

Economie  usuelle.    Amadou. 

Cette  substance  est  généralement  prépa- 
rée avec  différentes  espèces  du  genre  bolet, 
mais  plus  ordinairement  on  emploie  celle 
nommée  amadourier.  On  se  sert  aussi  des 
matières  végétales  de  structure  celluleuse  , 
tenaces  et  pouvant  se  feutrer,  telles  que  la 
vesse  protée  ,  la  vesse  ciselée,  la  vesse  gi- 
gantesque. Quanta  l'amadourier,  on  le  dé- 
pouille de  son  écorce,  puis  on  le  coupe  par 
morceaux  plats  8e  différentes  épaisseurs,  et, 
qu'après  avoir  fait  tremper  dans  l'eau,  on 
bat  sur  unbiliol  de  bois  avec  un  maillet  de 
fer  ;  pour  en  détacher  les  fibres  ligneuses, 
réduites  en  parcelles  par  la  percussion,  on 
frotte  ces  morceaux  entre  les  mains  ,  et  on 
les  fait  sécher  quand  il  sont  souples  et  doux. 
Le  bolet  ainsi  préparé  se  nomme  agaric  des 
chirurgiens,  et  est  employé  pour  arrêter 
les  hémorrh^.gies.  Quand  on  veut  en  obtenir 
de  l'amadou  proprement  dit,  on  le  macère  , 
etoTiiç  fait  bouillir,  à  2  ou  5  reprises,  dans 
un  soluté  aqueux  de  sel  de  nitre  (nitrate  de 
potasse)  ou  de  chlorate  de  potasse,  puis  en- 
îin  on  le  bat  de  nouveau  quand  il  a  été  bien 
séché.  Il  est  essentiel  de  préserver  l'ama- 
dou de  toute  humidité.  Les  briquets  phos- 
phoriques  ont  porté  un  grand  préjudice  au 
commerce  d'amadou  ;  mais  cependant  on  en 
fabrique  encore  une  certaine  quantité,  celte 
substance  étant,  comme  nous  venons  de  le 


69 

dire  ,  nécessaire  dans  quelques  cas  de  cbw 
rurgie. 

Blanchiment  du  coton. 

Les  toiles  de  coton ,  avant  leur  blanchi- 
ment, sont  généralement  recouvertes  ou  im- 
prégnées de  substances  solubles,  soit  dans 
l'eau,  soit  dans  la  soude  caustique,  soit  l'eau 
de  chaux.  Le  procédé  suivant,  dû  à  M.  Pe- 
not,  de  Mulhouse,  réunit  toutes  les  conditions 
qu'on  peut  désirer  pour  l'opération  si  essen- 
tielle au  blanchiment  :  1°  trempage  pour  en- 
lever toutes  les  matières  étrangères  que  les 
toiles  ont  retenues;  2°  dégorgeage  pour 
les  purger  des  matières  qu'elles  ont  conser- 
vées ;  50  débouiili  dans  un  lait  de  cliaux , 
pour  faire  disparaître  le  gluten  ;  4°  bain  de 
soude  caustique,  qui  dissout  les  savons  de 
cuivre  et  de  chaux,  les  matières  grasses  et 
autres;  5°  bain  de  chlorure  de  chaux  pour 
acidifier  la  matière  colorante,  et  immersion 
dans  une  eau  acidulée  ou  exposition  sur  le 
pré;  6"  nouvelle  lessive  de  soude  ,  qui  dis- 
sout la  matière  colorante  deshydrogénée; 
70  vilriclage  au  bain  d'acide  sulfurique  Irès- 
étendu  et  tiède,  afin  de  dissoudre  le  fer 
et  les  matières  terreuses. 

Cire  à  cacheter  les  bouteilles. 

La  meilleure  composition  à  employer  pouf 
fermer  hermétiquement  des  bouteilles  de 
verre  qui  contiennent  des  liqueurs  suscepti- 
bles de  s'évaporer,  est  la  suivante  : 

Quatre  parties  de  colophane, 

El  quatre  parties  de  poix-résine. 

On  fait  fondre  la  cire ,  on  y  ajoute  les  rçsi- 
nes ,  et  quand  le  tout  est  bien  liquide,  on  y 
plonge  le  goulot  des  bouteilles,  et  l'on  tour- 
ne la  bouteille  sur  elle-même  horizontale-'^" 
ment ,  afin  que  la  couche  de  goudron  s'étende  ^ 
avec  égalité  . '.  " 

Quelques  négocians  de  la  Champagne  don- 
nent de  la  tran'^arence  et  une  couleur  agréa- 
ble au  goudron,  en  ajoutant  deux  parties  de 
gomme  laque  au  mélange  indiqué  ci-dessus; 
cette  substance  aide  k  la  transparence  et 
rend  le  goudron  moins  friable.  J.  D. 

Eau  de  fleurs  d'orangers. 

L'importance  du  commerce  dont  est  lob- 
jet  l'eau  de  fleurs  d'orangers,  donne  lieu  à  de 
nombreuses  falsifications,  dont  il  n'est  pas 
toujours  facile  de  s'assurer.  Avec  le  procédé 
suivant,  dû  aux  expériences  de  M.  E.  Adcr, 
on  peut  prévenir  les  perles  qui  résultent  de 
celle  fraudé,  en  la  déjouant. 

Quelques  gouttes  d'acide  nitrique  concen* 
trc  versées  sur  une  petite  quantité  d'eau  de 


70 

fleurs  d'orangers  bien  préparée,  délerniine 
chez  celle-ci  une  belie  couleur  rose  ,  après 
quelques  minutes  de  contact.  Si  on  augmente 
la  quantité  de  l'acide,  la  couleur  paraît  plus 
promplement  encore  et  avec  une  teinte  un 
peu  plus  foncée  ;  si  l'on  emploie  une  quan- 
tité d'acide  égale  au  volume  d'eau,  il  se  pro- 
duit une  belle  couleur  rouge, qui  se  conserve 
sans  altération  pendant  plusieurs  jours:  elle 
passe  au  cramoisi,  si  l'on  chauffe  légère- 
ment le  mélange  ,  ou  si  l'on  emploie  deux 
parties  d'acide  sur  une  d'eau.  Il  est  à  remar- 
quer que  la  teinte  se  développe  plus  promp- 
lement quand  leau  est  versée  sur  l'acide , 
que  lorsqu'on  ajoute  celui-ci  par  petites  por- 
tions. 

Les  acides  sulfuriques  ,  hydrochloriques 
et  phosphoriques  purs,  ne  changent  que  peu 
ou  point  la  couleur  de  l'eau  de  fleurs  d'oran- 
gers, et  selon  la  quantité  d'acide  employée. 
Toutefois,  ils  ne  la  font  jamais  passer  au  r.ose 
foncé.  L'acide  sulfurique  de  commerce  la  co- 
lore très-promptement  en  rose  clair;  mais 
il  ne  donne  qu'une  légère  teinte,  après  l'avoir 
fait  bouillir  pendant  un  certain  temps. 

Enduit  ea  plâtre  coloré. 

On  remarque  dans  le  domaine  de  M. 
Leroux,  à  Franconville  (Oise),  un  nouveau 
mode  de  décorer  à  peu  de  frais  l'inléricur 
des  appartcroens  enduits  de  plâtre  ,  par  un 
procédé  qui  consiste  à  mêler  de  la  couleur 
au  plâtre  au  moment  où  on  le  gâche.  On 
donne  aux  appartemens  la  couleur  qu'on 
Vent  et  une  couleur  très-solide,  puisqu'elle 
est  dans  le  plâtre  même.  En  mariant  les 
plâtres  de  dive,-ses  couleurs  ,  on  imite  aussi 
assez  bien  l'aspect  de  plusieurs  espèces  de 
marbre,  sans  que  la  main-d'œuvre  soit  pres- 
que augmentée.  Plusieurs  salles  étaient 
peintes  en  marbre  parle  bas  ;  l'une  d'elles 
présentait,  dans  toute  sa  hauteur,  l'aspect 
d'une  chambre  garnie  de  coutil  rayé.  Celle 
méthode  d'orner  un  appartement  a  un 
grand  avantage  sur  le  papier,  c'est  d'être 
bien  plus  solide,  de  durer  par  conséquent 
beaucoup  plus  long-temps  ,  et  enfin  de  pou- 
voir être  ravivée  à  très-peu  de  frais  ,  puis- 
que ,  si  le  plâtre  vient  à  se  salir,  il  suffit  de 
le  gratter  légèrement  pour  lui  redonner 
loule  sa  vivacité  et  sa  fraîcheur.  Il  faut  ce- 
pendant pour  cela  qu'il  n'ait  pas  été  placé 
dans  une  localité  humide.  (Ann.  dcVAgric 
française,  oct.  1835.) 

Collage  des  papiers  de  tenture. 

Il  y  a  trois  espèces  principales  de  toile  en 
asagc  pour  la  tenture  des  papiers   peints; 


elles  sont  connues  sous  le  i^om  de  ireilles 
et  ne  diffèrent  que  par  la  longueur  qu'elles 
ont.  Le  papier  gris  sert  pour  le  collage  sur 
toile  avant  l'application  du  papier  d'ornement. 
Le  coUeur  divise  son  rouleau  de  tenture  en 
bandes  de  la  longueur  des  pans  du  mur,  de- 
puis la  plinthe  qui  soutient  la  bordure  jus- 
qu'au plafond.  Après  avoir  étalé  chaque  ban- 
de bien  uniment  sur  une  table,  on  la  couvre 
sur  l'envers  d'une  couche  de  colle  à  la  bros- 
se, avec  le  plus  de  légèreté  et  d'égalité  pos- 
sible ;  on  attend  que  la  bande  soit  bien  impré- 
gnée de  l'humidité  de  la  colle ,  et  quand  la 
couleur  du  fond  du  papier  est  deveime  bien 
uniforme,  on  saisit  la  bande  par  ses  deux 
extrémités,  qu'on  réunit  sous  les  doigts, 
colle  sur  colle,  c'est-à-dire  la  fleur  du  pa- 
pier en  dehors.  Le  colleur  prend  la  bande  à 
deux  mains  et  l'ajuste  d'abord  sur  la  toile  , 
le  papier  gris  ou  le  mur ,  en  commençant 
par  le  haut  de  l'appartement,  et  laissant 
s'affaisser  le  reste  de  la  bande, qui  se  déplie 
par  son  propre  poids;  il  fixe  ensuite  la  pose, 
en  s'aidanl  d'un  chiffon  bien  net ,  que  l'on 
fait  descendre  en  tamponnant  de  haut  en  bas  , 
d'abord  sur  la  zone  da  milieu  ,  et  successive- 
ment sur  chacun  des  côtés.  Le  papier ,  en  sé- 
chant, prend  du  retrait,  d'où  résulte  une  ten- 
sion qui  produit  une  surface  bien  unie.  En 
posant  une  bande  près  de  celle  qui  est  déjà 
posée,  il  faut  donner  un  peu  de  recouvre- 
ment, car  les  dessins  que  porte  le  papier  ne 
s'étendent  pas  jusqu'en  ses  bords,  cl  c'est  le 
recouvrement  qui  doit  en  raccorder  les  par- 
lies;  c'est  dans  la  juste  mesure  de  ce  recou- 
vrement que  consiste  principalement  l'art  du 
colleur. 

Les  bordures  du  haut  se  posent  les  premfè- 
res,  puis  celles  du  bas  et  celles  des  côtés,  en 
se  guidant  sur  les  lambris,  quand  il  y  en  a, 
ou  d'après  les  dessins  du  papier. 

Moyens  de  fabriquer  les  fromages  anglais 
les  plus  estimés  ,  d'après  sir  John  Twam- 
ley. 

Fromage  Brick-lat,  ou  briquetotis. 

Les  fromages  brick-bat  on  briquetons  ti- 
rent leur  nom  de  la  forme  qu'on  leur  donne. 
On  les  fait  généralement  en  septembre  ,  de 
la  manière  suivante  : 

Prenez  2  gallons  ou  10  pintes  de  lait 
nouveau,  et  1  pinte  1/4  de  bonne  crème  , 
que  l'on  a  élevée  à  la  température  du  lait. 
Mêliez  2  ou  r»  cuillerées  de  présure  ;  laissez 
cailler  pendant  au  moins  deux  heures  ,  et 
même  davantage,  jusqu'à  ce  que  le  petit- 
lail  ait  pris  une  teinte  verdàtre.  Quand  le 
caillé  est  bien  formé  ,  rompcz-le  et  mcllez- 
le  dans  des  moules  de  bois  en  forme  de  bri- 


.]ue  ;  pressez  ensuite  un  peu  ,  et  faites  sé- 
cher. Ces  fromages  ne  sont  bons  à  manger 
qu'au  bout  d'un  an. 

On  fabrique  principalement  les  briquctons 
dans  le  Willshire;  on  leur  donne  aussi  des 
formes  de  lupins,  de  lièvres,  de  dauphins, etc. 

Fromage  de  Dunlop,  comté  d'Ayr. 

On  en  fait  d'également  bons,  et  en  bien 
plus  grande  quantité,  dans  les  paroisses  en- 
vironnantes. Ces  fromages  sont  de  diverses 
grosseurs,  depuis  !20  jusqu'à  GO  livres. 

Dans  le  district  où  l'on  fait  le  fromage  de 
Durdop,  les  vaches  sont  petites  ;  elles  ne 
pè>ent  que  de  5  à  ^00,  et  l'on  fait  une  at- 
tention particulière  à  leur  race.  On  les 
nourrit  dans  des  enclos,  et  depuis  mai  jus- 
qu'en octobre  elles  ne  sont  jamais  à  l'abri, 
excepté  pendant  qu'on  les  trait.  Le  meil- 
leur fromage  sort  de  chez  les  fermiers  qui 
ont  au  moins  12  vaches,  et  qui  peuvent  faire 
un  fromage  par  jour  avec  le  lait  frais  trait  le 
matin,  et  avec  la  traite  du  soir  précédent. 

La  manière  de  faire  ce  fromage  est  très- 
simple  :  après  qu'on  a  amené  autant  que 
possible  le  ISit  de  la  veille  à  la  chaleur  du 
lait  fraicbcment  trait,  on  le  verse  dans  un 
grand  vase  ;  on  y  met  la  présure  et  on  cou- 
vre. Quand  il  est  coagulé  (ce  qui  ,  lorsque 
la  présure  est  bonne,  doit  être  au  bout  de 
•10  ou  12  minutes),  on  remue  doucement 
le  caillé.  Le  petit-lait  commence  alors  à  se 
séparer;  on  le  retire  à  mesure,  jusqu'à  ce 
que  le  caillé  ait  pris  de  la  consistance  ;  on 
le  met  arUh-s  dans  un  égouttoif  dont  le  fond 
est  percé  de  petits  trous  ,  et  on  met  dessus 
un  rond  de  bois  avec  un  poids.  Après  que 
le  caillé  est  resté  quelque  temps  dans  cet 
égouttoir,  et  qu'il  est  à  peu-près  privé  du 
pelit-lait ,  on  le  remet  dans  le  baquet,  et  on 
le  coupe  en  très-petits  morceaux  avec  une 
espèce  de  couteau  à  3  ou  4  lames,  et  on  le 
sale,  en  mêlant  bien  le  sel  au  caillé  avec  la 
main  ;  on  le  met  ensuite  dans  une  éclissc, 
avec  un  linge  eiitre  le  caillé  et  l'cciisse  ;  on 
le  place  sous  la  presse  ,  d'où  on  retire  sou- 
vent le  fromage  pour  changer  le  linge. 
Quand  il  est  certain  qu'il  ne  reste  plus  de 
petit-lait ,  on  relire  le  fromage  de  l'éclisse, 
et  on  le  met  sur  le  plancher  ;  on  retourne 
souvent  les  fromages  ;  on  les  frotte  avec  un 
linge  neuf  et  grossier,  pour  empêcher  les 
mites  de  s'y  mettre.  On  ne  colore  pas  le 
fromage  de  Dunlop. 

Fromage  de  sauge,  ou  fromage  verl. 

On  le  fait  de  la  manière  suivante:  on  mol, 
le  soir,  dans  une  certaine  quantité  de  lait  de 
la  sauge  ,  moitié  autant  de  feuilles  de  (leurs 
de  souci  et  un  peu  de  persil,  le  tout  haché; 


71 

le  lendemain  tnalin,  on  jjasse  ce  lait ,  et  on 
le  mêle  avec  environ  un  tiers  de  la  quan- 
tité totale  de  lait  qu'on  destine  à  faire  du 
fromage.  On  fait  cailler  ce  lait  vert  et 
l'autre,  chacun  séparénienl;  on  ne  réunit  ces 
deux  cailles  qu'en  les  mettant  dans  l'éclisse. 
On  peut  les  mettre  par  couches  régulières, 
ouïes  mêler  tout-à-fait,  suivant  la  volonté  du 
fabricant;  on  fait,  du  reste,  ce  fromage  com- 
me le  fromage  ordinaire  ;  on  en  fabrique 
dans  la  vallée  de  Gloucestcr  et  dans  le  Wil- 
lshire. Deux  poignées  de  sauge  ,  une  de 
souci  et  une  de  persil,  préparées  comme 
nous  l'avons  dit ,  suftisent  pour  1  fromage 
de  10  à  12  livres. 

Fromage  mou,  ou  fromage  sans  croûte. 

Il  se  fait  de  la  manière  suivante  :  prenez 
7  à  8  pintes  de  lait  chaud  de  vache,  le  lait 
dernicT  sera  le  meilleur  ;  mettez-y  2  cuille- 
rées de  présuic  ;  laissez  prendre  pendant 
Ô/-4  d'heure  ,  ou  jusqu'à  ce  que  le  caillé 
soit  bien  formé  ;  mcltez-lc  dans  une  éclissc 
avec  une  cuiller,  sans  le  casser  ,  en  l'ap- 
puyant sur  un  rond  de  bois  ;  pressez  avec 
un  poids  de  quatre  livres  ,  et  si  cela  était 
trop  lourd  et  devait  faire  le  fromage  trop 
ferme  ,  mettez  un  poids  plus  léger  ;  retour- 
nez et  mettez  dans  un  linge  sec  ,  toutes  les 
heures;  quand  ce  fromage  a  pris  de  la  con- 
sistance ,  il  faut  le  mettre  sur  de  l'herbe  ou 
sur  des  feuilles  fraîches,  et  les  changer  tous 
les  jours.  Il  sera  bon  à  manger  au  bout  de 
10  ou  15  jours,  plutôt  même  si  le  temps  est 
chaud.  Quelques  personnes  font  ces  froma- 
ges dans  des  clayons  au  lieu  d'éclisses;  mais 
à  moins  qu'on  ne  les  porte  dedans  au  mar- 
ché, les  éclisses  sont  préférables.  La  quan- 
tité de  lait  nécessaire  pour  faire  une  livre  de 
beurre  fait  en  général  deux  livres  de  fro- 
mage. 

Fromage  de  stilton. 

Ce  fromage,  que  l'on  nomme  le  parme- 
san de  l'Angleterre,  à  cause  de  sa  saveur 
et  de  sa  bonté,  se  fait  de  la  nwnière  sui- 
vante : 

On  mêle  la  crème  du  lait  de  la  veille  au 
soir  au  lait  de  la  traite  du  matin  ,  et  l'on  y 
met  de  la  présure.  Quand  le  caillé  est  formé, 
0!i  ne  l'écrase  pas  comme  pour  faire  d'autre 
fromage:  mais  on  le  met  entier  dans  un  ta- 
mis, où  il  égoutte.  Quand  il  a  égoutté,  on  le 
presse  doucement  ,  jusqu'à  ce  qu'il  devien- 
ne ferme  :  alors  on  le  met  dans  uneéclisse 
ou  espèce  de  boite  ;  ce  fromage  est  si  cré- 
meux, que,  sans  cette  précaution,  il  se  fen- 
drait et  coulerait  ;  ensuite  on  le  met  sur 
des  ronds  de  bois  sec,  et  on  les  entoure  de 
bandes  de  linge  ,  que  l'on  serre  toutes  les 


72 

fois  que  cela  est  utile  ;  on  les  retourne  tous 
les  jours.  Quand  ils  ont  assez  de  consistance, 
oa  ôte  le  linge  qui  les  enveloppait  ;  on  les 
développe,  on  les  brosse  tous  les  jours 
pendant  "i  ou  3  mois  ,  et  si  le  temps  est  hu- 
mide, on  les  frotte  deux  fois  par  jour.  On 
pratiquait  même  celte  opération  sur  l'une  1 
et  l'autre  face  du  fromage,  avant  que  les 
linges  qui  entouraient  les  côtés  eussent  été 
ôlés. 

Les  fromages  de  Stilton  tirent  leur  nom 
de  la  ville  où  ils  sont  exclusivement  vendus. 
On  les  fabrique  principalement  dans  le  Ley- 
cestershire,  quoique  l'on  en  fasse  aussi  dans 
les  comtés  de  Hunlingdon  ,  Rutland  et  Nor- 
thamphton.  Dans  quelques  endroits,  on  fait 
ces  fromages  dans  des  moules  qui  ont  la  j 
forme  de  clioux,  ce  qui  leur  en  donne  la  fi-  j 
gure  ;  mais  ils  ne  sont  ni  aussi  bons  ni  aussi 
savoureux  que  ceux  faits  dans  les  éclisses  ; 
ils  ont  aussi  la  croûte  plus  épaisse,  et  n'ont 
pas  ce  moelleux  qui  fait  que  les  autres  sont 
si  recherchés.  Les  fromagesde  Stilton  passent 
pour  n'être  bons  à  manger  qu'au  bout  de  2 
ans.  Ils  ne  sont  vendables  que  lorsqu'ils 
ont  l'air  de  se  gâter,  qu'ils  sont  bleus  et 
moites.  Il  y  a  beaucoup  d'endroits  où,  pour 
les  faire  plus  rapidement ,  on  les  lyM  dans 
des  bosquets,  que  l'on  couvre  de  fumier  de 
cheval.  On  dit  aussi  que  pour  assurer  la 
maturité  de  ce  fromage ,  on  mêle  ,  en  le 
faisant,  du  vin  au  caillé. 

Fromage  de  Suffolk,ou  fromage  écrémé. 

On  le  fait  avec  du  lait  écrémé,  cl  tire  son 
nom  du  comté  où  il  se  fabrique  principale- 
ment: du  reste  ;  il  se  fiiit  par  les  mêm^s 
procédés  généraux  que  nous  avons  indi- 
qués. 

Les  fromages  écrémés  font  toujours  par- 
tie des  provisions  des  vaisseaux,  parce  qu'ils 
supportent  mieux  la  chaleur  que  les  fro- 
mages gras,  et  qu'ils  sont  moins,  sujets  à 
se  gâter  pendant  de  longs  voyages.  Les  fro- 
mages écrémés  doivent  é'-re  tenus  chaude- 
nient ,  tant  qu'ils  sont  nouveaux  ,  et  au 
(rais,  quand  ils  sont  aiiciens.  Quoique  peu 
d'art  soit  nécessaire  pour  la  fabrication  de 
ces  fromages  ,  il  y  en  a  dont  la  qualité  est 
ircs-dilférente  les  uns  des  autres,  et  cela  dé- 
pend du  degré  de  soin  qu'on  a  mis  à  les 
faire. 

La  manière  de  nettoyer  et  soigner  ces 
fromages  varie  suivant  les  laiteries.  Dans 
quelques-unes,  on  essuie  seulement  les  bords 
des  fromages  faits  l'été  ;  la  chemise  bleue 
se  forme  bicHlùt  cl  couvre  la  croûte  grossière. 
Dans  d'auires,  oti  les  gratte  ;  on  les  lave  et 
les  brosse   sans  les  gratter.  Des  planches. 


sur  lesquelles  on  les  a  placés  d'abord,  on 
les  transporte  dans  le  magasin  ou  grenier , 
ou  on  les  dépose  sur  le  plancher  ,  que  l'on 
a  bien  nettoyé,  en  le  frottant  avec  des  tor- 
chons, mais  que  l'on  n'a  pas  frotté  avec  des 
feuilles  ou  des  herbes,  excepté  dans  les  en- 
droits où  l'on  doit  déposer  les  fromages  vo- 
lumineux et  anciens  ;  car  cette  opération 
de  frotter  le  plancher  avec  des  herbes  sert  à 
détruire  les  mites,  qui  souvent  abîment  les 
fromages  avant  qu'ils  soient  assez  faits  pour 
être  portés  au  marché.  Ce  que  l'on  emploie 
principalement  dans  ce  cas,  ce  sont  des  feuil- 
les de  sureau.  J.  Twamley. 

Pommes  de  terre  gelées. 

H  suffit  d'étendre  les  tuoercules  gelés  sur 
un  champ  ou  sur  un  pré,  à  l'air  libre,  en 
ayant  attention  que  ce  ne  soit  à  Torabre  d'au-  ■ 
cun  arbre,  et  d'éviter  que  les  pommes  de 
terre  ainsi  exposées  se  touchent.  On  les  lais- 
se ainsi  geler  et  dégeler  successivement; 
puis,  quand  elles  sont  bien  sèches,  on  les  ren- 
tre ,  on  les  casse,  et  on  les  réduit  en  fécule 
aussi  bonne  qu'aucune  autre  pour  la  confec- 
tion des  potages  et  des  bouillies,  ou  pour 
entrer  ,  mêlée  avec  de  la  farine  des  céréales, 
dans  la  fabrication  du  pain. 

Scellage  clu  fer  dans  la  pierre. 

Pour  assujettir  du  fer  dans  la  pierre,  il 
Huit ,  dans  le  trou  pratiqué  dans  cette  der- 
nière ,  poser  la  barre  de  fer,  remplir  le  trou 
de-soufre  fondu,  et  y  jeter ,  p^ur  l'éteindre, 
de  la  cendre,  de  la  terre  ou  du  sable;  après 
quelques  minutes  seulement ,  la  barre  de  fer 
est  tellement  scellée,  qu'il  serait  impossible 
de  la  retirer  sans  casser  la  pierre. 

Remède    contre   la  gale  et    les   poux  des 
bestiaux. , 

On  met  dans  un  pot  de  terre  4  onces  de 
(leur  de  soufre  et  une  livre  d'huile  de  noix  ; 
©n  place  le  pot  sur  un  (eu  assez  soutenu  sans 
être  trop  ardent;  on  agite  avec  un  morceau 
de  bois  le  mélange, jusqu'à  ce  qu'une  partie 
de  la  fleur  de  soufre  soit  dissoute,  et  que 
l'huile  ait  acquis  une  couleur  rouge  brune  : 
alors ,  on  ôte  le  pot  du  feu ,  et ,  avant  l'entier 
refroidissement ,  on  ajoute  4  onces  d'essence 
de  térébenthine  ;  on  agite  encore  quelques 
instans  pour  bien  incorporer  le  mélange ,  et 
le  baume  est  fini. 

On  trempe  la  barbe  d'une  plume  dans  ce 
baume,ct  on  en  frotte  légèrement  les  parties 
infectées  de  vermine. 


75 


EÉPEETOIRE  PROFESSîOl^XEL, 


£.  Agriculture.  —  II.  Arts  libéraux.  —  TH.  Commerce. 


Acier.  (  Moyen  de  le  durcir.)  —Pour  durcir 
l'acier,  lanlôlÔn  le  frotte  avec  du  savon  avant, 
de  le  chauffer,  tantôt  on  le  place  avec  de  la 
corne  râpée,  du  poussier,  du  sel  marin  et  du 
charbon  de  terre  pulvérisé,  dans  un  vase  déterre 
clos  et  bien  lutté,  que  l'on  chauffe  convenable- 
ment. On  casse  le  vase  au-dessus  du  liquide  à 
Iretnper .-  la  masse  y  tombe  cl  le  rcfroidissemeni 
est  rapide.  Si  la  trempe  doit  être  moins  forte, 
on  jette  le  vase  dans  le  liquide  ;  celui-ci  ne  peut 
pénétrer  dans  son  intérieur,  et  le  refroidissement 
n'a  lieu  qu'après  celui  de  ses  parois. 

Quand  on  veut  tremper  de  l'acier  IravaHlc,  on 
le  recouvre  d'une  couche  d'argile  d'un  demi-pouce 
d'épaisseur;  celte  couche  empêche  encore  que 
l'eau  ne  le  refroidisse  trop  promptement  et  ne 
le  rende  cassant.  Ok  peut  préalablement  tremper 
l'argile  avec  de  l'urine,  cl  ajouter  au  mélange  du 
se!  marin. 

On  trempe  souvent  dans  de  l'huile  la  pointe  et 
le  tranchant  des  instrumens  d'acier  ;  mais  un 
mélange  de  savon,  d'urine ,  de  suif  et  d'huile 
d'olive  est  préférable. 

.Atnidocnîers. 

E\GRAîs  DES  cocKOXs.  —La  parlie  la  plus 
nourrissante  du  froment  est  le  gluten,  qu'on 
enlève  pour  le  lavage ,  et  qui  est  perdu  dans  les 
labriques  d'amidon.  Un  industriel  anglais  a  eu 
l'heureuse  idée  d'utiliser  ce  gluten,  qu'il  mé- 
lange avec  des  pommes  de  terre,  du  son  ou  d'au- 
tres substances,  dont  on  forme  une  pâtée  pour  les 
cochons,  qui  engraissent  et  grossissent  prompte- 
ment à  l'aide  de  ce  régime,  qui  devient  une 
économie  importante  pour  les  fabricans  d'ami- 
don. On  a,  en  outre,  l'avantage  de  détruire  une 
des  causes  d'insalubrité  qu'occasione  le  gluten 
à  l'état  de  puUéiaction ,  à  cause  de  l'azote  qu'il 
contient. 

iïirchitecles. 

Cas  de  responsabiï,ïté.  —  L'architecte 
qui  a  entrepris  la  reconstruction  partielle  d'un 
édifice,  el  qui,  après  avoir  signalé  au  proprié- 
taire, dans  les  constructions  anciennes,  une 
cause  imminente  de  ruine,  à  laquelle  ce  dernier 
s'est  refusé  de  remédier,  continue  néanmoins 
ses  travaux,  peut  être  déclaré  responsable  de  la 
perte  de  ces  mêm.es  travaux,  occasionée  par  la 
chute  de  l'édiCcc  ancien. 

Il  doit  d^ailleurs  être  déclaré  responsable , 
comme  ayant  manqué  à  l'exécution  de  ses  obli- 
gations, si  par  le  devis  des  travaux  à  faire  il  s'é- 
tait engagé  à  rétablir  l'édifice  ,  autant  que  possi- 
ble, dans  un  état  parfait  de  solidité. 

Cour  de  Cassation,  fà'riei<  lS3o.) 


Boulangers. 
DÉFAUT  DE   POIDS.   —  CAS   D'EXCEPTIOX. 

Lorsqu'un  arrêté  de  l'aulorilé  municipale,  qui 
fixe  le  poids  que  doit  avoir  le  pain  mis  en  vente 
chez  les  boulangers,  ajoute  qu'un  certain  déficit 
pourra  être  toléré  pour  le  painjugé  ires-cidt,\e.  tri- 
bunal de  police  ne  peut  se  dispenser  de  punir  les 
contrevenans  à  cet  arrêté,  qu'autant  qu'il  aurait 
jugé  lui-même  et  formellement  déclaré  que  les 
pains  saisis  comme  n'ayant  pas  le  poids  prescrit, 
étaient  trop  cuits. 

[Cour  deCassation,  2  mai  1833.) 

Bes  di&érentes  sortes  de  colle. 
Colles  (Fabricant  de). 

L'industrie  des  colles  a  deux  branches  prin- 
cipales: l'une  a  pour  objet  l'approvisjonnement 
des  matières  géiatineuscs,  les  préparations  qu'on 
leur  fait  subir  pour  les  rendre  inaptes  à  la  fer- 
raeulalion  putride  et  pour  leur  complète  desfi- 
calion,  état  dans  lequel  elles  peuvent  être  con- 
servées indéfiniment.  C'est  là  ce  qu'on  appelle 
le  commerce  des  colles-matières  sèches.  Ces 
matières  consistent  en  brochettes  (  pellicules 
mimes  que  le  mégissier  enlève  sur  les  ijeaux); 
en  effleurures  (épiderme  séparée  par  les  butltî- 
liers);  rognure.'?  des  cuirs  appelés  Buenos- Ayres; 
patins  (gros  tendons  des  4  pieds  des  bœufs 
el  des  vaches),  qu'on  enlève  avec  les  petits  os; 
abats  ou  nerfs  de  bœufs  (  portion  de  parties  gé- 
niales de  l'animal);  peaux  des  lapins,  dépouil- 
lées du  poil  employé  dans  la  chapellerie;  ro- 
gnures des  parcheminiers,  dites  peaax  d'ànc; 
rognures  des  tamecises,  oreilles  de  moutons  et 
de  veaux,  pieds  de  moutons  avec  les  tendors, 
les  petits  os  cl  les  ergots,  les  parties  déchirées 
de  la  peau;  enfin  les  parties  dites  tètes  de  veaux, 
que  les  corroyeurs  retranchent  avant  de  com- 
mencer le  travail  auquel  ils  soumettent  les 
peaui.  On  fait  aussi  usage  de  vieux  gaût?,  des 
snrons  d'indigo,  c'est-à-dire  des  peaux  qui  re- 
couvrent les  ballots  de  cet  ingrédient. 

Le  travail  des  conservations  des  colles- ma- 
tières consiste  à  les  faire  macérer  pendant 
une  quinzaine  de  jours  daT;s  un  lait  de  chaux 
renouvelé  3  ou  4  fois;  c'est  ce  qu'on  appelle 
l'échaudage.  Ensuite,  on  étend  sur  un  pavage 
en  plein  airpour  égoutter  et  sécher,  ea  remuant 
et  retournant  souvent  à  la  fourchette.  Après  la 
dessicatioa  complète,  on  met  eu  balles,  ayant 
soin  de  classer  distinctement  chacune  des  ma- 
tières que  nous  venons  d'énuraérer,  caries  va- 
leurs vénales  diffèrent  ea  raison  de  la  différence 
d<es  produits  eu  colle.  C'est  par  ces  matières  que 


7*  . 

a'eierce  la  fabrication,  à  proprement  parler. 
On  le»  soamel  d'abord  à  un  premier  trempage 
au  lait  de  ehauj,  et  on  les  lai-sc  complètement 
s'en  pénétrer.  Ensuite,  on  rincT  dans  l'eau  de 
rivière  pour  enleNer  soigneusement  toute  la 
chaux,  ceUe  substance  nuisant  totalement  à  la 
fabrication.  L'acrage  subséijuent  par  expo:  ition 
sur  un  dullage  procure  la  conversion  en  craie  in- 
soluble de  ce  qui  pourrait  avoir  échappé  de 
chaux  au  lavage  de  rivière,  et  alors  cette  ctiaux 
cesse  d'être  aussi  nuisible.  Toutefois,  avant  que 
les  matières  soient  entièrement  8cch8.s,  on  les 
porte  à  la  chaudière. 

La  chaudière  des  fabricans  de  colle  est  ordi- 
nairement de  cuivre  et  d'un  diamètre  égal  à 
peu  prè»  à  la  profordeur.  Le  for.d  d«it  cire 
plus  épais  que  les  côtés,  et  exposé  tout-à-fait 
à  l'action  du  feu.  Pour  ménager  ce  fond  ,  on 
le  rèvet,  à  l'intérieur,  d'an  faux  fond  en  tôle, 
percé  de  trous  comme  une  écumoire,  qui  reste 
susf.enria  sur  un  trépied  à  3  ou  4  pouces  de  hau- 
teur. Cette  précaution  a  pour  objet  de  garantir 
lebriilnge  des  matières  qui  sont  suit  ttes  S  s'at- 
tacher au  fond  de  la  chaudière,  laquelle  doit  être 
remplie  d'eau  jusqu'aux  deux  tiers  en>iron. 
I-es  eaux  de  rivière,  et  surtout  celles  de  pluie, 
sont  préférées  à  cause  de  l'absence  dps  sels  ter- 
reux, qui  sout  suscci-tiblcs  de  se  combiiiCr  avec 
la  gélatine. 

Les  matières  crues  doivent  occuper  dans  la 
chaudière  un  volume  plus  grand  que  sa  capa- 
cité, et  de  sorte  qu'elles  d^passeU  de  beaucoup 
les  bords  ou  chauOc  graduel  ement  jutiqu'.*^  l'é- 
bull  tion;  les  matières  *'aflai»serit  peu  à  peu,  le 
liquide  augmente  de  volume,  et,  après  quelques 
heures  de  beuiilage,  toutes  les  matières  solides 
se  trouvent  submergées.  11  faut  cependant  con- 
tinuer sans  interruption,  ea  détachant  de  temps 
en  temps  les  portions  qui  adhèrent  aux  parois 
de  la  chaudière. 

Comme  la  gélatine  s'altère  de  plus  en  plus 
par  l'exposition  à  une  haute  température,  il  est 
év  dent  que  moins  le  bouillage  durera  et  plu* 
pur  sera  \s  produit.  Mais,  comme  la  dissolu- 
liou  detoute  la  partie  gélatineuse  contenue  dsns 
les  colles-matières  ne  .*e  fait  pas  simult.inément 
et  à  la  fois,  et  que,  pour  extraire  la  totalité,  il 
est  nécessaire  d'un  temps  plus  ou  moins  long, 
on  a  pris  le  parti,  pour  éviter  toute  détériora- 
tion de  la  portion  la  prentlère  extraite,  de  frac- 
tionner les  produits. 

Dés  que  le  liquiv'e  est  devenu  assez  visqueux 
pour  se  coaguler  par  le  lefroidissemcnt ,  au 
point  de  pouvoir  être  coupé  par  tranches  et 
exposé  sur  les  fllels,  on  l'enlève  et  on  y  substi- 
tue de  nouvelle  celle.  On  finit  par  extraire  de 
cet'e  manièie  toute  la  gélatine  qu'on  peut  ob- 
tenir économiquement. 

La  colle  dite  de  Flandre,  nu  de  Hollande  se  taïl 
en  deux  cuUcs.  Il  faut  rincer  à  plusieurs  eaux 
cl  détremper  pendant  un  temps  suffisanl  les  col- 
les-iiiat'èrei(,  après  les  avoir  long-temps  aérées 
pour  saturer  l'acide  carbonique  et  rendre  in- 
soluble et  inerte  la  chaux  employée  dans  leur 
préparition.  Il  faut,  en  outre,  éviter  que  la  îo- 
luiion  gélatineuse  bouille  trop  long-lemps;  car,  j 


on  ne  «aurait  tnip  le  remarquer,  la  gélatine,  de 
même  que  le  sucre,  s'altère  considérablement 
par  l'ébiillition. 

La  collti  façon  anglaise  est  beaucoup  plus  cuite 
que  celle  de  Flandre. 

La  colle  de  Givei  exige  une  lente  ébullition. 
Avant  le  soutirage,  ou  laisse  foudre  la  totalité 
des  matières,  ayant  soin  d'é\iier  sioigiicustment 
tout  ce  qui  pourrait  troubler  la  transparence  de 
la  solution  gélatineuse. 

Pour  toutes  les  colle?,  il  faut  avoir  le  soin 
d'enlever  de  la  surface  liquide  la  combinaison 
de  graisse  et  de  -ohaux  qui  surnage;  on  se  Jert 
d'une  écumoire  pour  cette  opération. 

La  colle  an  baquet  est  celle  dont  les  peintres 
en  bâtiment  font  le  plus  usage  pour  la  détrempe. 
Ce  n'est  qu'une  dissolution  de  gélatine,  qui  n'a 
pas  été  assez  concentrée  pour  pou»oir  cire  cou- 
pée en  tranche. 

La  colle  de  poision  se  fait  presque  exclusive- 
ment en  Russie;  elle  est  composée  avecla  messie 
du  poisson,  entr'autres  celle  de  l'esturgeon.  La 
colle  de  première  qualité  est  ordinairement  rou- 
lée et  a  la  forme  d'un  serpent  ou  d'un  cœur;  la 
seconde  qualité  est  plit^e  par  feui  le*  comme 
ceux  d'un  livre;  celle  de  moindre  valeur  se  fait 
sé-her  sans  précaution  aucune.  La  bonne  colle 
de  poisson  est  blanche,  K'gèrement  transparente, 
sèche,  composée  de  membranes,  pas  trop  épaisse 
et  absolument  inodore.  Elle  cslemployée  comme 
réactif  pour  constater  la  présence  du  tannin, 
qji'elle  précipite  à  l'état  d'm^olubil  té. 

Dans  les  port»  de  France,  on  pourrait  uti- 
liser la  grande  quantité  de  vessies  aérienne*  de 
divers  poissons,  qui  se  perdent,  et  principale- 
ment celle»  des  grands  congres;  mais  ce  sont 
les  vessies  qu'il  faudail  employer  et  non  les 
parties apouévrotiques  et  te^dineufcs  des  pois- 
son*. M.  Peloiize  père  a  tenté  ce  dernier  es  ai, 
mais  n'a  point  réussi;  il  a  obtenu,  il  est  vrai,  une 
belle  colle,  isicolore  et  tran'parente,  mais  qui 
ne  possède  pas  la  propriété  de  clarifier  le*  li- 
queurs. Cet  effet  est  dii  aux  fibrilles  impercep- 
tibles qui  sont  disséminées  dans  la  gélat  ne  des 
vessies,  et  qui  se  combinent  avec  les  substances 
qu'elles  eiitraincnt  en  dépôt. 

MM.  Pclouze  ont  beaucoup  écrit  sur  la  fabri- 
cation des  colles,  et  leurs  mémoires  méritent  d'ê- 
tre lus  par  ceux  qui  s'occupent  de  cette  indus 
trie. 

Lorsque  la  colle  est  fabriquée,  on  la  coule  or- 
dinairement dans  des  boîtes  en  sapin,  peu  éva- 
sées dans  le  haut,  afin  de  faciliter  le  dégage- 
ment du  pain  de  colle  après  refroidissement. 
Au  moment  du  coulage,  on  place  toutes  les  boî- 
tes à  côté  les  unes  des  autres,  sur  des  chantiers 
de  niveau.  On  pose  sur  la  boile  un  entonnoir  à 
fond  plat,  dans  lequel  on  introduit  un  tamis  de 
crin,  ou,  ce  qui  est  préférable,  de  toile  métalli- 
que, sur  lequel  on  verse  la  colle,  et  qui  relient 
les  impuretés  et  les  substanc-es  flottantes. 

Il  est  essentiel  que  l'atelier  du  coulage  soit 
très-frais  et  entretenu  très-proprement  par  de 
nombreux  lavages,  pour  éviter  la  fermentation, 
ce  qui  est  extrêmement  pernicieux,  et  afin  aus- 
si de  ne  rien  perdre  de  ce  qui  peut  tomber  à 


terre.  Ordinairement  il  faut  12  heures  de  s'^jour 
dans  les  boites,  quand  la  pièce  est  nouvellement 
distribuée,  pour  que  la  colle  se  coagule  parfaite- 
ment. Le  lendemain,  ces  boites  sont  renversées 
brusquement  sens  dessus  dessous  sur  des  tables 
mouillées,  pour  éviter  radhérciice,  et  qui  sont 
placées  dans  un  séchoir,  ouvert  à  tout  vent.  On 
divise  le  pain  de  colle  par  feuillets  horizontaux, 
au  moyen  d'un  Gl  de  cuivre,  tendu  sur  une  sorte 
de  monture  de  scie.  Ces  feuillets  sont  enlevés 
avec  dextérité  et  étendus  aussitôt  sur  des  filets 
tendus  dans  le  séchoir.  La  colle  étant  sèche  con- 
serve l'empreinte  du  filet;  pour  le  lustrer,  on 
trempe  les  feuillets,  un  à  un,  dans  de  l'eau 
chaude,  mais  peu  de  temps,  et  on  les,  frotte  vi- 
vement avec  une  brosse  douce,  humectée  d'eau 
tiède.  Les  feuillets,  ainsi  nétoyés  et  polis,  sont 
rangés  sur  une  claie,  puis  portés  à  l'étuve,  si  le 
temps  n'est  pas  sec.  Un  jour  après,  la  colle  a 
p«rdu  l'eau  du  lustrage,  et  est  mise  en  tonneaux 
pour  être  expédiée. 

La  fabrication  de  la  colle,  quand  elle  est  bien 
entendue,  etque  d'ailleurs  le  temps  la  favorise,  est 
très-lucrative  ;  mais  la  dessication  des  feuiljpts 
est  sujette  à  bien  des  accidens  qui  peuvent  gâ- 
ter totalement  le  produit  dans  les  premiers  jours 
de  leur  exposition  sur  les  filets.  Il  sulBt  pour 
cela  delà  moindre  fermentation  que  l'intempé- 
rie de  l'air  peut  occasioner,  et  qui  perd  tout; 
le  brouillard  est  aussi  très-nuisible,  l'eau  qu'il 
porte  à  la  surface  des  feuillets  y  déterminant  la 
moisissure;  l'orage  est  surtout  à  redouter.  C'est 
donc  avec  les  plus  grandes  précautions  et  quand 
on  possède  des  notions  précises  sur  cette  indus- 
trie ,  qu'on  doit  se  livrer  à  la  fabrication  des 
colles. 

Commerçans. 

Livres  de  commerce.  — La  réclamation  du 
jury  qu'un  commerçant  n'a  pas  tenu  des  livres 
ou  en  a  tenus  qui  ne  présentaient  pas  sa  vérita- 
ble situation  active  et  passive  ,  ne  sufBt  pas 
pour  constituer  le  crime  de  banqueroute  frau- 
duleuse; il  est  nécessaire  de  constater  que  celte 
omission  a  été  frauduleuse. 

{Cour  de  Cassation,  2S  mai  1835.) 

Hypothèque  légale.  —  La  femme  d'un 
commerçant  n'a  pas  plus  d'hypothèque  légale 
sur  les  biens  advenus  au  mari  depuis  le  mariage, 
iiiiti-e  cjraiidi,  même  en  succession  directe,  que 
sur  ceux  acquis  à  titre  onéreux;  l'article  551  du 
code  de  commerce,  qui  restreint  l'hypothèque 
légale  de  la  femme  aux  immeubles  qui  apparie- 
naieni  au  mari  lors  du  mariage,  soustrait,  sans 
distinction  à  l'hypothèque,  tous  ceux  qu'il  ac- 
quit plus  tard,  à  quelque  titre  que  ce  soit. 

[Cour  de  Cassation,  9  avril  1835.) 

Couvreurs  en  bàtimens. 

Arooises.— L'ardoise  est  une  sorte  de  schiste 
qui  se  trouve  par  bancs  dans  le  sein  de  la  terre, 
et  qui  sert  à  des  usages  trop  connus  pour  être 
détaillés  ici.  Le  bloc  restant  intact,  c'est-à-dire 
sans  être  divisé,  est  employé  pour  la  bâtisse,  en 
place  de  la  pierre  ;  quand  les  feuilles  ont  assez 
de  consistance,  on  en  fabrique  des  carreaux,  des 


7S 

dalles  pour  les  vestibules;  divisées  en  lames 
minces,  elles  servent  à  la  couverture  des  mai- 
sons. Les  ardoises  qui  réunissent  la  dureté  à  la 
pesanteur,  sont  les  plus  recherchées;  on  rejette 
avec  soin  celles  qui  s'infiltrent  d'eau.  On  re- 
connaît CCS  dernières  ,  quand  l'ardoise  dont 
un  bord  a  séjourné  vingt-quatre  heures  dans 
l'eau,  n'est  point  atteinte  par  l'humidité  d'un 
centimètre  au-dessus  de  la  surface  du  li- 
quide; la  mauvaise  qualité  de  l'ardoise  est  eu 
proportion  de  la  facilité  avec  laquelle  elle  a  été 
inabibée  d'eau.  Pour  aujçmcnter  la  dureté  des 
ardoises,  il  faut  les  faire  cuire  dans  un  four  à 
brique,  et  les  chauffer  jusqu'au  rouge  pâle.  Elles 
sont  alors  susceptibles  de  durer  une  fois  plus  de 
temps,  mais  elles  ne  peuvent  plus  être  ni  taillées 
ni  pressées. 

Ardoises  artificielles.  —  Plusieurs  substances 
sont  nécessaires  pour  fabriquer  celte  espèce  d'ar- 
doises: 1»  terre  bolaire  blanche,  ou  ferrugi- 
neuse ;  2»  craie  ;  ô"  colle  forte  ;  4»  pâte  de  papier; 
b°  huile  de  lin. 

La  première  opération  est  de  piler  séparé- 
ment dans  un  mortier  les  terres  bolaires  et  la 
craie,  qu'il  faut  ensuite  passer  au  tamis  de  soie. 
Il  est  préférable  d'employer  pour  la  pâle  de  pa- 
pier des  rognures  de  livres  et  des  débris  de 
papier  blanc,  que  l'on  fait  bouillir  pendant  24 
heures,  et  dont  il  faut  avoir  le  soin  d'extraire 
l'eau. 

On  mêle  dans  un  mortier  la  masse  de  papier, 
la  terre  bolaire,  la  craie  et  la  colle  dissoute,  et 
après  que  ic  tout  a  été  battu  fortement,  on  l'imbi  be 
d'huile  de  lin  crue,  pour  le  rendre  maniable.  Les 
feuilles  fabriquées  avec  cette  composition  se 
font  dans  un  moule  de  bois  composé  d'une  plan- 
che à  rebords,  et  au  fond  duquel  on  place  une 
feuille  de  papier;  quand  la  cavité  est  rempile, 
on  place  une  autre  feuille  de  papier  dessus,  et 
quand  le  tout  a  été  pressé  avec  une  autre  plan- 
che, on  extrait  le  feuilleté;!  renversant  le  moule, 
et  on  le  met  sécher  sur  une  table  saupoudré  de 
sable  fin.  Pour  faire  disparaître  les  parties  ra- 
boteuses qui  se  trouvent  fréquemment  à  la  sur- 
face de  ces  cartons ,  on  les  passe  au  laminoir  ; 
et  quand  ils  ont  été  enduits  d'huile  delin  bouil- 
lie, on  les  soumet  à  l'action  d'une  presse.  Voici 
dans  quelle  proportion  les  substances  que  nous 
venons  d'indiquer  doivent  entrer,  selon  les  qua- 
lités que  l'on  désire  obtenir. 

loPour  un  carton  dur  et  très-lisse:  2  parties 
de  terre  bolaire ,  1  de  craie ,  1/2  de  colle,  1  de 
pâle  de  vieux  papiers,  1  delin. 

2°  Carton  classique  et  très-beau  :  1  partie  de 
pâte,  1  de  colle,  3  de  terre,  1  d'huile. 

3»  Carton  supérieur  pouvant  recevoir  des  em- 
preintes :  1  partie  de  pâle,  1  1/2  de  colle,  3  de 
terre,  1  de  craie,  1  1/2  d'huile. 

Les  ardoises  artificielles,  ou  cartons  pierres 
ont  la  propriété  de  résister  à  l'action  du  feu,  qui 
les  noircit  et  augmente  leur  dureté,  mais  ne  les 
atteint  pas  autrement:  elles  peuvent  aussi  sé- 
journer plusieurs  mois  dans  l'eau,  sans  éprouver 
aucunealtération;  elles  sont  même  imperméables, 
à  ce  point  que  leur  poids  ne  s'augmente  pas 
malgré  celte  immersion  jiroiongée. 


76 


Propriétaires  ruraur.  Feuilles  de  xnoutarcle 
blanche  employées  comme  fourrage. 

M.  le  Comte  d'Aubigny,  voyant  la  pénurie 
des  fourrages  en  1854,  a  fait  semer  sur  ja- 
chères de  !a  moutarde  blanche,  à  raison  de 
vingt  livres  par  arpent  métrique.  La  végéta- 
tion a  duré  quarante  jours  pour  que  la 
plante  fût  en  état  d'être  fauchée,  l.c  revient 
a  été ,  malgré  la  grande  sécheresse ,  dans  la 
proportion  de  280  bottes  de  iri  livres,  par 
arpent.  Ce  fourrage ,  ajoute  M.  d'Aubigny, 
est  de  bonne  qualité,  et  les  bestiaux  parais- 
sent le  préférer  à  tout  autre.  La  plante  doit 
être  fauchée  quand  elle  est  à  moitié  fleurie; 
aptrement  la  tige  se  dépouillerait  de  ses  feuil- 
les, et  la  terre  en  souffrirait  par  la  nourri- 
ture qu'elle  serait  obligée  de  donner  à  la 
graine. 

Propriétaires  rcradx. 

Pastel  ou  Gdède.  Cette  plante,  qui  ap- 
partient à  la  famille  des  crucifères  (1),  est 
appelée  à  jouir  d'une  grande  importance 
dans  la  culture  française,  soit  co-aime  pro- 
curant un  fourrage  excellent ,  soit  en  rai- 
PDH  de  ses  feuilles  qui ,  convcjiablemeat 
préparées,  fournissent  à  la  teinture  une 
couleur  bleue  très-recherchée,  autant  par 
sr.  liuance  que  par  sa  solidité. 

Comme  plante  fourragère,  le  pastel  se  rc- 
coînniande  surtout  par  son  extrême  préco- 
cité. Les  frimas  n'apportent  aucun  obstacle 
à  sa  végétation,  excepté  quand  les  gelées  sont 
très-fortes,  et  en  mars,  souvent  même  en  fé- 
vrier, clic  présente  un  développement  re- 
marquable. Le  pastel,  cultivé  comme  devant 
servir  à  la  nourriture  des  animaux,  doit  être 
semé  à  la  volée,  dans  des  terrains  secs,pré- 
lérablement  à  ceux  humides.  On  le  sème 
assez  ordinairement  au  printemps,  quelque- 
fois à  la  fin  de  l'été,  et  dans  la  proportion  de 
-iO  livres  par  hectare.  Les  terres  médiocres, 
même  celles  de  nature  très-calcaire,  lai  con- 
viennent quand  il  reçoit  celte  destination. 

Mais  une  terre  substantielie  et  profonde 
est  celle  qui  convient  exclusivement  au  pas- 
tel destiné  à  la  teinture,  parce  que  plusses 
feuilles  sont  larges  et  nombreuses,  et  plus 
il  y  a  de  produit  à  en  tirer;  il  faut  aussi  que 
la  tarre  ne  soit  pas  trop  argileuse  ni  humide; 
dans  le  premier  cas,  les  racines  ne  pourraient 

(1)  Famille  de  plantes  qui  a  pour  caractère,  1° 
un  calice  de  quatre  folioles;  2>  une  corolle  d^ 
quatre  pétales  disposés  cri  croix;  >  six  éta- 
mincs,  dont  2  plus  courtes  que  les  4  autres  ;  4* 
un  ovaw-c  supérieur;  5»  une  silique  ou  une  si- 
licule.  Le  chou,  la  rave,  la  moutarde,  le  cresson, 
la  camclineo  en  font  également  purlic. 


pas  pénétrer  avec  assez  de  facilité;  dans  l'au- 
tre cas,  les  feuilles  pourriraient. 

Avant  les  semailles,  il  faut  procédera  trois 
labours;  les  deux  premiers  avant  et  pendant 
l'hiver;  le  troisième  précède  l'ensemence- 
ment; la  terre  doit  être  pourvue  de  fumier 
avec  abondance,  le  produit  en  feuilles  étant 
en  proportion  de  la  quantité  de  fumier  que 
la  plante  a  trouve  dans  le  sol.  Celui  prove- 
nant de  gros  bétail  est  préférable;  les  fienles 
d'oie  lui  font  un  tort  immense. 

Il  est  convenable  de  diviser  le  terrain  en 
planches  bonibées,  de  3  à  i  pieds  de  large, 
et  préparer,  au  besoin,  l'écoulement  des 
eaux,  au  moyen  de  rigoles  convenablement 
disposées.  Chaque  pied  du  pastel  occupant 
18  à  20  pouces  de  diamètre,  il  faut  que  la 
graine  .soit  répandue  très-clair.  Dans  quel- 
ques pays  on  le  sème  en  rayons.  On  met  or- 
dinairement 23  livres  par  hectare. 

Lorsque  le  pastel  est  levé  et  qu'il  a  acquis 
une  certaine  force,  c'est-ù-dire  vers  le  mois 
d'avril,  selon  qu'il  a  été  semé  plus  ou  moins 
tard,  il  faut  enlever  les  pieds  qui  sont  faibles 
ou  trop  rapprochés  des  autres,  et  lui  donner 
un  binage. 

Des  pustules  jaunes  se  développent  quel- 
quefuio  sur  les  feuilles  du  pastel;  il  faut  en- 
lever celles  de  ces  dernières  qui  en  sont  at- 
taquées, et  les  brûler,  pour  empêcher  la 
maladie  de  prendre  de  développement. 

On  reconnaît  que  les  feuilles  du  pastel  sont 
assez  avancées  pour  être  cueillies, lorsqu'elles 
ne  peuvent  plus  se  soutenir  droites  et  qu'el- 
les perdent  la  teinte  vert-bleuâtre  qu'elles 
possèdent,  et  tirent  au  jaune.  On  coupe 
avec  une  faucille  les  feuilles  qu'on  juge  être 
parvenues  au  degré  convenable,  et  on  les 
étend  sur  un  gazon  propre  et  ombragé,  au- 
tant que  possible,  afin  de  leur  faire  perdre 
un  peu  de  leur  eau  de  végétation  sans  se 
crisper  ni  se  dessécher.  On  les  porte  alors 
sous  une  meule  semblable  à  celle  dont  on 
fait  usage  pour  écraser  les  graines  oléagi- 
neuses ou  pour  pulvériser  le  plâtre,  et  on  les 
réduit  en  une  pàtc  bien  onctueuse,  sans  gru- 
meaux cl  la  plus  homogène  possible,  et  qu'on 
met  en  monceaux  dans  un  endroit  sec  et 
à  l'abri  du  soleil;  on  la  pétrit  sous  le?  pieds, 
et  on  a  soin  de  bien  polir  l'extérieur  du  tas 
avec  une  pelle,  et  de  préparer  des  paillas- 
sons afin  d'en  couvrir  le  monceau, en  cas  de 
piuico  La  masse  i-ie  tarde  pas  à  fermenter;  ii 
il  se  forme  habituellement  des  crevasses  à 
l'extérieur;  il  faut  les  fermer  aussitôt,  afin 
de  ne  pas  donner  de  conduit  à  l'air,  qui 
provoquerait  l'éclosion  de  vers  blanchâtres 
qui  dégradent  la  pâte  du  pastel.  Le  plus  dif- 
licilc  de  l'oijéralion  est  au   moment  ou  il 


s'agit  d'arrêter  la  fcrmenlalion  au  point  con- 
venable ;  si  elle  a  été  putride  ou  acide,  le 
pastel  est  perdu  ;  elle  arrive  ordinairement 
au  degré  voulu  au  bout  de  8  à  15  jours ,  se- 
lon la  teuipérature. 

Lorsqu'on  juge  que  la  fermentation  est 
assez  avancée,  on  moule  la  pâte  en  peFottes 
de  la  grosseur  du  poing,  en  alongeawt  un 
peu  les  deux  extrémités  en  forme  d'œuf. 
On  fait  sécher  ces  pelottes  sur  des  claies 
dans  un  lieu  où  l'air  puisse  librement  circu- 
ler ;  quand  elles  sont  sèches ,  elles  forment 
ce  qu'on  nomme,  en  style  de  commerce  , 
pastel  en  coques.  Le  montage  se  fait  à  la 
main  ou  dans  des  formes  en  bois .  On  reconnaît 
que  la  pâle  a  cessé  de  fermentera  la  dimi- 
nution de  son  odeur  ammoniacale  d'hydro- 
gène phosphuré  ;  qui,  dans  les  premiers 
jours,-  affecte  d'unmanière  si  pénible  l'odo- 
rat et  les  yeux. 

11  paraîtrait  résulter  d'expériences  renou- 
velées, que  les  feuilles  de  pastel  simplement 
desséchées  et  réduites  en  poudre,  deviennent 
préférables,  comme  ferment ,  dans  le  trai- 
tement des  cuves  de  teinture,  à  celles  qui 
ont  été  converties  en  coques. 

On  fait,  pendant  l'été,  3  ou  4  coupes  de 
pastel  et  plus  même,  suivant  que  le  climat 
est  plus  ou  moins  chaud  ,  la  fertilité  du  sol, 
et  selon  aussi  que  la  saison  est  favorable 
ou  non  à  la  culture  de  cette  plante.  La  pre- 
mière récoite  est  la  meilleure  ,  en  qualité 
et  en  quantité  ;  les  suivantes  vont  toujours 
en  perdant.  Un  arpent  bien  garni  de  plant 
lournit  de  la  graine  pour  en  ensemencer 
vingt. 

Il  faut  i)ien  faire  attention  à  ne  pas  effeu?!Ier 
les  pieds  que  l'on  destine  à  porter  semence; 
car  la  tige,  épuisée  parlarécolte  des  feuilles, 
ne  donnerait  que  des  graines  mal  dévelop- 
pées. 

Les  semences  du  pastel  donnent  une  huile 
assez  semblable  à  celle  que  produit  le  lin  ; 
mais  on  en  retire  une  si  petite  quantité, 
que  cette  industrie  ne  présenterait  aucun 
profit. 

D'après  M.  Antoine  de  Roville  ,  voici 
le  montant  des  frais  et  des  produits  qu'occa- 
sione  la  nature  du  pastel. 

Dans  un  bon  sol  et  avec  des  soins  conve- 
nables, on  obtient,  de  moyenne,  oo  à  GO 
quintaux  de  pastel  en  coque  par  hectare  _. 
dont  le  prix  ordinaire  est  de  12  à  15  fr.  le 
quintal.  De  sorte  que  le  produit  brut  de 
l'hectare  est  de  660  à  900  fr.,  soit,  en  terme 
moyen  ,  780  fr.  Les  frais  de  production 
sont  de  717  fr;  savoir  ;  2  labours,  36  fr.  ; 
2  hersages ,  8  fr.  :  semailles,  20  fr.  ;  semen- 
ces, 35  fr.  ;  1  binage  à  la  main  et  éclairierj 


77 

40  fr.  ;  2  binages  à  la  boue  ,  8  fr.  ;  coupe 
des  feuilles,  150  fr.  ;  manipulation,  95  fr.  ; 
fumier  180  fr.;  rente  ou  loyer  du  sol,  80  fr.j 
total,  652  fr.,  plus  G5f.  pour  l'intérêt  à  lOp. 
0/0,  ce  qui  donne  une  dépense  totale  do 
717  francs. 
j  La  vente  des  coques  s'élève  à  780  fr.  ; 
lesgraincs  et  liges,  50  fr.;  le  fumier  restant, 
00  fr.;  total,  920.  ;  reste  donc  pour  le  béné- 
fice net,  203fr.Cc  résultat  n'est  point  outré, 
car  les  moyennes  de  55  quintaux  pour  le 
produit  d'un  hectare  est  peu  élevé;  souvent 
il  est  de  70  et  même  de  80  quintaux  de  co- 
ques bien  sèches. 

En  été,   et  surtout  dans  les  contrées  du 

midi,  le  pastel  est  envahi  par  des  nuées  de 

sauterelles  qui  y  font  des  dégâts  considéra- 

,  blés.   L'impossibilité  de  se  garantir  de  ce 

fléau  d'une  manière  absolue  ne  permet  pas 

j  de  tenter  de  leur  donner  la  chasse,  mais 

j  lorsqu'on  est  certain    qu'elles  ont  disparu, 

on  coupe  avec  attention  les  feuilles  qu'elles 

ont  entamées,  et  la  plante  ne  tarde  pas  à  en 

donner  de  nouvelles. 

En  Angleterre,  quand  les  plantes  com- 
mencent à  monter,  on  pince  la  tige  médiane 
pour  provoquer  l'émission  d'un  plus  grand 
noinbre  de  feuilles. 

Après  le  pastel,  l'on  peut  mettre  toutes 
les  plantes  que  l'on  veut,  pourvu  qu'on  ne 
l'ait  pas  laissé  venir  en  graine,  car,  dans  ce 
cas,  il  est  assez  épuisant. 

La  graine  de  cette  plante  conserve  pen- 
dant deux  ans  sa  faculté  gerininative,  cepen- 
dant la  plus  nouvelle  est  plus  recherchée. 
I  On  la  laisse  aussi  long-temps  que  possible 
attachée  aux  liges  mêmes  qu'on  a  coupées 
au  moment  de  sa  maturité,  et  transportées 
dans  un  grenier. 
Le  froment  (C-st  la  plante  qu'on  fait  succé- 
j  der  ordinairement  au  pastel;  cet  assolement 
■  parait  convenable,  la  terre  étant  nette  par 

les  binages  qu'elle  a  reçus. 
'      Malgré  les  avantages  que  pourrait  procu- 
rer la  culture  du   pastel,  on  ne  saurait  ce- 
pendant apporter  trop  d'attention  avant  de 
se  décider  à  l'introduire,  car  elle  demande 
,  des  soins  et  une  surveillance  qui  ne  peuvent 
se  ralentir.  D'un  autre  côté,    la  manipula- 
tion demande  des    connaissances   pratiques 
qu'on  ne  trouve  pas  communément  dans  les 
\  campag[-.es,  et ,  d'ai'.leurs ,   le  débit    serait 
,  peut-être  d'abord,dif/icile,en  raison  du  pré- 
j  jugé  des    consommateurs  contre  le  pastel 
:  qui  ne  provient  pas  des  sources  ordinaires 
!  de  la  production. 


Propriétaires  ruraux.  Chou  marin,  ou  crambè 
maritime. 

Ce  légume,  qui  est  l'objcl  d'une  grande  culture 
en  Anglelerro,  pourrait  être  cultive  en  France 
avec  succès;  il  a  en  outre  l'avantage  de  pou- 
voir être  consommé  soil  bouilli,  soit  assaisonné 
au  beurre,  comme  le  chou-fleur  et  l'asperge.  Il 
peut  aussi  remplacer  la  pomme  de  terre  dans 
l'alimentation. 

Le  chou-marin  se  cultive  â  peu  prés  comme 
l'asperge,  et  demande  la  même  espèce  de  terrain. 
La  graine  se  sème  en  rayon  dans  le  courant  d'a- 
vril; quand  le  plant  est  levé,  on  l'éclairoit  et  on 
sarcle  avec  soin.  A  l'approche  de  l'hiver,  on  le 
butte  pour  le  préserver  du  froid.  F/été  suivant, 
on  éclairi  il  les  plantes  une  seconde  fois ,  et  on 
laisse  les  plus  vigoureuses,  qu'on  espace  à  envi- 
ron dix-huit  pouces.  Vers  Noël ,  on  détache  tou- 
tes les  feuilles  mortes  ou  languissantes,  et  on 
couvre  chaque  plante  d'un  pot  à  fleurs  sur  lequel 
on  jette  une  épaisse  couche  de  feuilles,  pour  en- 
tretenir une  température  douce  et  pour  garantir 
de  la  gelée.  Au  mois  d'avril,  quand  on  enlève  les 
pots,  on  les  trouve  entièrement  garnis  de  pousses 
tehdres,  blanches  et  délicates,  qu'on  peut  couper 
à  peu  de  distance  de  lerre,  puis  on  recouvre  le 
pied,  qui  doit  donner  une  nouvelle  racine. Cette 
opération  est  répétée  deux  ou  trois  fois  pendant 
six  semaines,  jusqu'à  ce  que  la  b-dle  saison  per- 
mettant à  la  plante  de  croître  librement,  lui 
donne  les  moyens  de  nourrir  ses  racines  pour 
la  recrue  de  ses  feuilles,  et  répare  ainsi  ses  for- 
tes pour  la  reproduction  de  l'année  suivante. 

Ce  n'est  que  deuv  ou  trois  ans  après  sa  plan- 
tation que  le  chou-marin  devient  productif.  Ses 
premières  pousses  paraissent  en  avril  et  mai  ; 
on  les  butte  à  mesure  qu'elles  s'élèvent  de  lerre, 
pour  les  faire  blanchir.  Quand  elles  sont  parve- 
nues à  la  hauleur  de  huit  à  neuf  pouces,  à  par- 
tir de  la  patte  ou  de  la  racine,  on  peut  les  couper 
pour  en  faire  usage. 

On  peut  aussi  faire  croître  le  chou-marin  sur 
un  sol  artificiel,  qu'on  prépare  de  la  manière  su - 
vante.  Enj-anvier,  on  défonce  une  place  de  ter- 
rain à  deux  pit'ds  et  demi,  et  on  mêle  diffé- 
rens  terreaux  dans  les  proportions  suivantes  : 
moitié  sable  de  mer  ou  de  rivière,  deux  sixiè- 
mes de  bonne  terre  franche,  un  tiers  de  même 
gravier,  de  curage  de  route,  ou  de  cendre  de 
mer  de  grosseur  moyenne  et  pas  trop  menue.  Si 
le  fond  est  humide  eu  hiver,  il  faut  le  défricher 
complètement,  le  chou-marin  ne  prenant  que 
dans  une  couche  de  terre  légère,  mais  subsltin- 
tielle  cl  bien  sèche.  Le  terrain  ainsi  préparé,  doit 
être  ensuite  divisé  en  planches  de  quatre  pieds 
de  large,  séparées  par  des  sentiers  de  dix-huit 
pouces.  A  la  distante  de  deux  pieds  en  tous 
sens,  on  forme  un  cercle  d'environ  quatre  pou- 
ces de  diamètre,  c'est-à-dire  de  la  dimension  'u 
pot  qui  doit  recouvrir  la  plante,  etonenfon^^ 
tout  autour,  à  2  pouces  de  prof  jndeur  et  à  dis- 
tancïs  égales,  h  ou  G  graines  de  semences. 

Si  la  i^raine  est  de  bonne  qualité,  les  pointes 
commencent  à  se  liionlrer  en  mai  ou  juin;  et, 
dès  qu'elles  ont  trois  ou  quatre  feuilles,  on  ne 
laisse  plus  dans  chaque  cercle  que  trois  des  plus 


fortes  plantes  (le  surplus,  dontil  faut  autant  que 
possible  ménager  la  racine  ou  le  pivot,  peut  être 
gardé  comme  réserve).  Si  les  mois  de  juin  et  de 
juillet  sont  secs,  il  cîl  indispensable  d'arroser 
fréquemment  les  rayons.  En  novembre,  on  dé- 
barrasse les  plantes  de  leurs  feuilles  fortes,  et  on 
couvre  chaqMc  plante  d'un  pouce  de  bonne  terre 
mélangée  de  sable,  bien  préparée  et  bien  retour- 
née à  trois  reprises  différentes  au  moins,  dans 
le  courant  de  l'été. 

La  préparation  delà  première  année  se  termine 
en  éparpillant  sur  la  couche  sablonneuse  environ 
six  pouces  de  fumier  d'écurie  peu  chargé. 
Au  printemps  de  l'année  suivante,  quand  les 
j  plantes  commencent  à  végéter,  on  enlève  avec  le 
I  râteau   toute  cette  couche  de  fumier,  dont  on 
I  enterre  la  partie  ia  plus    consommée  dans  les 
j  allées  ;  on    répand  ensuite  un  autre  pouce  de 
bonne  terre  mêlée  de  sable.  Quelle  que  soil  la  vi- 
!  gueur  du  plant,  on  ne  doit  pas  le  couper  ceUcse- 
j  conde  année,  et  on  le  traite  ,  à  l'arrière  saison, 
j  comme  l'année  précédente. 
I      Au  troisième  printemps,  après  avoir  enlevé  le 
I  fumier  d'hiver,  on  le  remplace  par  un  pouce  d'é- 
paisseur de  sable  bien  pur  et  bien  sec,  mêlé  de 
I  gravier  très-menu  ;  enfin,  on  couvre  chaque  bou- 
1  quel  d'un  pot  à  fleurs,  qu'on  a  bien  soin  d'enfon- 
I  cer  dans  la  terre,  afin  d'exclure  l'air  et  la  lumière 
qui ,  l'un  et  l'autre,  altèrent  d'une  manière  sen- 
sible la  couleur  et  le  goût  du  chou-marin. 

Quand  le  potager  se  trouve  dans  le  voisinage 
d'un  parc,  d'une  plantation  ou  d'un  verger,  on 
en  ramasse  les  feuilles  à  l'arrière-saison,  et  on 
en  couvre  les  plantes ,  en  variant  l'épaisseur  des 
couches  de  feuilles  depuis  cinq  pouces  jusqu'à 
un  pied,  suivant  l'àne  du  plant,  en  observant 
de  couvrir  davantage  le  plus  vieux.  On  peut  ré- 
pandre sur  celle  couche  de  feuilles,  du  fumier, 
!  qui  les  contient  et  empêche  qu'elles  ne  soient 
I  enlevées  par  les  venls.  On  déplace  ce  couvert  à 
mesure  que  l'on  coupe  les  recrues  de  chaque 
i  planche,  laquelle  doit  être  bêchée  aussitôt  qu'elle 
i  a  été  récollée.  On  procède  ainsi  successivement, 
j  en  commençant  par  le  plant  le  plus  âgé,  et  on  est 
I  sur  d'obtenir  des  pousses  nombreuses,  bien  blan- 
!  chies,  très-délicates,  la  couche  végétale  qui  les  a 
i  recouvertes  les  ayanl  préservées  de  toute  mau- 
j  valse  saveur. 

i  On  ne  doit  couper  les  jets  que  quand  ils  sont 
j  d'au  moins  trois  pouces  dehors  de  la  terre,  à  la 
!  manière  des  asperges  ;  leur  hauteur  est  quelque- 
fois de  huit  et  dix  pouces.  Il  faut  bien  se  garder 
d'endommager  les  boutons  intérieurs.qui  ne  lar- 
deront pas  à  se  développer,  parce  qu'ils  profite- 
ront de  la  sève,  qui  se  porlerailaillleurs;  on  peut 
continuer  celle  coupe  pendant  six  semaines.  Les 
(leurs  doivent  êlre  pincées  et  enlevées  sitôt  qu'el- 
les se  montrent,  on  ne  conserve  que  celles  dont 
on  désire  avoir  des  graines. 

PROPRIÉTAIRES      URBAINS. 

Crémones-Françaises,  ou  nouvelles  ferrures-ferme' 
lures  pour  croisées ,  persiennes,  portes  à  un  ou 
deux  venlanx,  et  reiiiplaçaiil  les  espagnolettes  et 
verroux,  tant  en  feuillure  qu'à  placards. 

Le  système  actuel  des  ferrures-fermetu- 


res  des  portes  et  croisées  offre  des  inconvé- 
iiieiis  graves,  sous  le  double  rapport  de  l'c- 
Icgaiicc  cl  de  la  solidité. 

1»  Le  châssis  donnant  de  toute  croisée 
neuve  à  laquelle  on  ;)ppiique  utje  espagno- 
lette est  d'ahord  enlanié  au  milieu  de  la 
pièce  d'appui  et  de  la  traverse  haute,  pour 
former  les  gâches  des  crochets;  puis  le  cram- 
pon vient  diminuer  encore  la  force  du  bois 
sur  et  au  même  endroit  de  la  mortaise; 

ti"  Les  bàlis  dormans  et  montans  de  cette 
croisée  sont  également  affamés  chacun  en 
deux  endroits,  par  l'entaille  obligée  et  né- 
cessairement grande  pour  loger  les  aggraf- 
fes  et  les  pannetons  des  volets  ; 

ôo  Le  montant  de  droite  du  châssis  vitré 
de  toute  croisée  ainsi  ferrée,  et  portant 
gueule  de  loup,  est  aassi  percé  de  part  en 
part  à  trois  ou  quatre  endroits,  dans  une 
hauteur  de  6  pieds  ,  pour  les  lacets  et  les 
écroux  encastrés  extérieurement  ; 

4»  Le  montant  de  gauche  du  même  châssis, 
et  portant  la  noix,  est  encore  percé  de  part 
en  pari  pour  le  support  de  la  poignée  des- 
pagiiolelle,  lequel  est,  ainsi  que  les  hcels, 
fixé  extérieurement  par  un  écrou  encastré  ; 

î)0  En  ouvrant  ou  en  fermant  la  croisée, 
le  jeu  continuel  de  l'espagnolette  agrandit  le 
jour  des  boulons  et  lacets,  et,  pour  empê- 
cher l'air  de  pénétrer  dans  les  appartemens, 
on  est  obligé  d'y  remédier  par  du  mastic  qui 
n'est  pas  de  longue  durée  ; 

6°  Enfin,  le  tassement  forcé  de  toute  cons- 
truction vieille  ou  neuve  oblige  constam- 
ment à  changer  les  gâches  et  les  crampons 
en  affamant  le  bois  des  bâtis  ;  au  soudage  et 
raccommodage  après  dépose  des  espagno- 
lettes, des  poignées  forcées  ou  cassées  par 
suite  d'efforts  ;  au  calfeutrement,  devenu 
presque  nécessaire  chaque  année  autour  des 
bâtis  dormans,  par  suite  de  l'ébranlemenl  des 
croisées;  à  la  réfection  ou  au  raccords  de 
la  peinture,  devenus  indispensables  par  ces 
inconvéniens  ;  au  remplacement  continuel 
des  vitres  brisées,  et  enlin  à  l'embarras  d'a- 
voir souvent  à  souffrir  ces  réparations. 

Les  verroux  à  placards  ou  en  feuillures 
n'offrent  pas  moins  d'inconvéniens  par  la 
difficulté  inhérente  à  tous,  pour  les  faire 
jouer,  et  par  la  destruction  conlinuelie  des 
boulons,  ce  qui  oblige  à  les  changer  entière- 
ment. Ce  travail  entraine  après  lui  des  dé- 
penses de  raccords  en  peinture,  et  l'ennui 
de  recommencer  souvent  quelques  jours 
après. 

C'est  à  éviter  des  inconvéniens  qui  sont 
de  continuelles  dépenses,  que  les  Cré- 
mones-Françaises sont  destiiiées,  en  rem- 
plaçant le  système  vicieux  des  espaguolet- 


79 

tes  cl  des  verroux  en  feuillures  et  à  placards. 

Un  travail  raisonné  a  mis  l'inventeur  des 
crémones,  M.  rtR.vGts,  serrurier-mécani- 
cien, rue  St-tieorges,  n.  'il, h  même  de  ré- 
soudre le  prohèlme  allaché  à  toute  inven- 
tion ou  perfection  nouvelles,  c'est-à-dire  de 
pouvoir  offrir,  à  prix  moins  élevé  que  ne 
coûte  aujourd'hui  le  système  de  ferrures- 
fermetures  des  portes  et  croisées,  celui  des 
Crémones-Françaises,  bien  que  d'une  exé- 
cution plus  soignée. La  supériorité  du  systè- 
me des  ferrures-fermetures  des  Crémones 
est  déjà,  à  sa  naissance,  reconnue  réelle  et 
préférable  à  tout  ce  qui  a  été  fait  jusqu'ici, 
n'en  jugeât-on  que  par  l'application  qui 
vient  d'en  être  ordonnée  par  M.  le  Directeur 
des  Travaux  publics  au  Conservatoire  di-s 
Arts  et  métiers  (croisées  neuves  des  gran- 
des gah'ries),  sur  le  rapport  et  sous  les  or- 
dres de  M.  Alavoine,  architecte  du  gouver- 
nement. 

MODÈLE -ler. 

Crémone-Françaisemn^\Q ,  à  lige  appa- 
rente et  demi-ronde,  avec  conduits  et  bou- 
tons pour  croisée  et  placard,  de  six  pieds  et 
au-dessous,  toute  posée lO  fr. 

Pour  chaque  j)ied  de  tige  en  plus..  50    c. 
MODÈLE  —2. 

Crémone- Française  apparente ,  avec  le» 
vier  à  console  sur  modillon  en  cuivre,  forme 
simple,  poignée  torse,  de  six  pieds  de  long 
et  au-dessous,  prix 52  fr.  50 

La  même,  avec  pannetons  à  la 
tige,  pour  volets 35 

Pour  chaque  pied  de  lige  en  sus, 
avec  ou  sans  pannetons \         25 

Les  Crémones -Françaises  varient  de 
prix  selon  le  métal  choisi  pour  les  éta- 
blir ;  le  fer  doux  et  travaillé  à  la  lime,  pour 
celles  de  plus  de  six  pieds;  la  fonte  douce, 
pour  celles  de  petites  dimensions;  les  cui- 
vres, pour  gâches  et  coulisseaux,  de  préfé- 
rence au  fer,  seront  toujours  employés  uti- 
lement, écoi'omiquement  et  avec  succès. 

Le  brunissage  cl  le  poli,  pour  le  fer  des 
liges,  devra  aussi  être  préféré  au  vernis 
noir,  qui  encrasse  les  conduits,  et  arrête  le 
jeu  des  liges  en  disparaissant. 

Enfin  ce  nouveau  système  de  ferrures- 
fermetures,  sous  le  nom  de  Crémones-Fran- 
çaises, pour  croisées,  persiennes,  volets, 
jjortes  et  placards,  à  un  ou  deux  ventaux, 
offre  l'avantage,  quelle  que  soit  la  hauteur  de 
la  porte,  croisée,  etc.,  auxquels  on  fera  l'ap- 
plication, de  pouvoir  placer  le  mécanisme- 
moteur  de  la  Crémone,  à  tel  endroit  qu'on 
voudra,  sans  craindre  d'affamer  les  bois,  e' 
de  façon  à  en  faire  un  des  principaux  orne 
meus  de  l'appartement. 


80 


n 


U 


^ 


B     ' 


i^»^ 


\auhv.r^ 


KODÎaE— 2. 


MODbLE — i. 


$1 

=4 


REPEnTOlEE 

DE    LA     CONVERSATION     ET     DE     LA     LECTCRC. 


—  ALCOOLS. 


Toutes  les  liqueurs  fermenlées  donnent , 
par  la  distillation  ,  un  liquide  spiritueux  qui 
porte  le  nom  d'alceol,  esprit  de  vin  ou  eau- 
de-vie.  Ce  liquide  a  des  propriétés  qui  sont 
constamment  les  mêmes  ;  mais  il  en  présente 
en  outre  quelques-unes  de  particulières, 
selon  l'espèce  de  liqueur  ferraentée  d'où  on 
l'a  retiré,  et  qui  aident  à  connaître  son  ori- 
gine. C'est  ainsi,  par  exemple,  que  l'eau-de- 
vie  de  mélasse  ou  rhum ,  celle  de  cerises 
noires  ou  kirsch-wasser  ,  celle  de  grains ,  se  1 
distinguent  de  l'eau-de-vie  de  vin.  ! 

L'alcool  pur  ne  diffère  de  l'eau-dc-vic  que 
par  la  quantité  d'eau  que  celle-ci  renferme;  ; 
cependant  on  trouve  une  très-gratide  diffé-  j 
rence  de  saveur  entre  un  mélange  d'alcool  j 
et  d'eau  et  de  l'eau-de-vie  au  même  degré  1 
de   force.  L'alcool  pur  est  incolore ,  d'une  ^ 
saveur  forte  et  brûlante,  d'une  odeur  agréa-  j 
hle.  îl  brùleavec  lo  plus  grande  facilité  quand 
on  approche  une  lumière ,  et  pourrait  don- 
ner lieu  à  des  accidens  graves  si  on  le  trans- 
vasait en  grande  quantité  près  d'une  chan- 
delle allumée.  Sa  namnie  ne  bisse  pas  dé- 
poser le  noir  de  fumée ,  comme   le   font  j 
d'autres  substances  très-combustibles.  Son  } 
poids,  en  rapport  avec  celui  de  l'eau,  est  [ 
comme  791  :  JGOO.  | 

L'alcool  bout  à  uiîe  température  d'autant  ; 
moins  élevée  qu'il  est  plus  pur;  celui  qu'on 
appelle  alcool  absolu  (  parce  qu'il  est  sup- 
posé ne  pas  renfermer  d'eau  )  bout  à  78», 
tandis  quele  point  d'ébullitioti  de  l'eau  est  à 
100"  du  thermomètre  centigrade.  Si  on  fait 
chauffer  un  mélange  d'eau  et  d'alcool ,  il  se 
séparera  d'abord  une  portion  de  celui-ci , 
mêlée  d'une  petite  quantité  d'eau  ;  à  mesu- 
re que  l'on  avancera,  la  proportion  de  l'eau 
deviendra  plus  grande,  par  conséquent 
l'alcool  s'affaiblira,  de  sorte  que  les  derniè- 
res portions  seront  à  peine  alcooliques.  C'est 
sur  ce  principe  que  l'art  de  la  distillation 
est  fondé. 

Si  on  place  un  mélange  d'aicool  et  d'eau 
dans  un  vase  dont  on  ferme  l'o'jverture  avec 
un  morceau  de  vessie,  on  trouve,  après 


quelque  temps  ,  que  la  liqueur  a  acquis  de 
la  foTe,  parce  que  l'eau  se  réduisant  en  va- 
peur, traverse  plus  facilement  la  vessie  que 
l'alcool. 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  des  liqueurs 
fermentées  soient  potables, pour  qu'on  puisse 
en  exiraire  l'alcool.  Ce  liquide,  à  ses  divers 
degrés  de  force ,  est  employé  soit  comme 
boisson,  soit  pour  la  préparation  d'un  grand 
nombre  de  substances  utiles  dans  les  arts 
ou  médicamciis  ;  on  en  fait  surtout  une 
grande  consommation  pour  les  vernis. 

Quoique  l'usage  trop  fréquent  des  liqueurs 
alcooliques  présente  de  graves  inconvéniens 
pour  la  santé,  il  ne  résulte  néanmoins  pas 
d'accidens  inunédiats  de  leur  emploi,  tandis 
que  l'alcool  concentré  pourrait  en  produire 
et  donner  la  mort,  si  on  en  avalait  souvent 
ou  une  quantité  assez  considérable.  Cet  effet 
est  dû  à  la  facilité  avec  laquelle  il  s'empare 
de  l'eau  ;  dans  ce  cas,  il  agit  sur  les  tissus 
animaux,  et  les  racornit. 

Quand  lalcool  est  abandonné  dans  l'air, 
il  en  attire  l'humidité  et  perd  plus  ou  moins 
de  sa  force  ;  il  en  résulte  un  effet  semblable, 
si  on  le  mêle  avec  de  l'eau  ;  mais  il  offre  ce 
phénomène  singulier ,  que  le  mélange  oc- 
cupe plus  ou  moins  de  volume  que  les  deux 
liqueurs  réunies,  selon  sa  proportion,  et  que 
sa  densité  varie  aussi. 

La  force  des  liqueurs  alcooliques  déter- 
minant leur  valeur.  Pour  la  connaître  d'une 
manière  précise ,  on  se  sert  d'instrumens 
appelés  aréomètres,  mais  qui,  pour  cet 
usage  particulier ,  sont  habituellement  dési- 
gnés sous  le  nom  d'alcoomètres. 

—  CHALEQB. 

Un  Anglais ,  M.  Rulter  de  Lymington ,  a 
obtenu  un  brevet  d'invention  pour  le  procé- 
dé qu'il  vient  de  découvrir  pour  produire 
la  chaleur.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est 
que  l'eau  est  le  principal  agent  de  ce  com- 
bustible. Il  suffit  d'ajouter  un  liquide  ,  tel 
que  le  goudron,  l'huile  de  baleine,  et  géné- 
ralement tout  corps  contenant  une  grande 
proportion  de  carbone.  Ces  substances,  in- 


8S 

Iroduitcs  simuUanémcnl  dans  un  fourneau, 
se  décomposent  ;  l'une  fournit  le  carbone  et 
l'autre,  rhjclrogcne  ;  il  est  nécessaire,  en 
outre,  que  l'état  de  combustion  soit  maiti- 
tcnu  au  moyen  d'une  petite  quantité  d'air 
almosphérique.  Ce  que  ce  procodé  offre 
d'avantageux,  c'est  l'absence  de  toute  fumée, 
vl  par  conséquent  de  l'odeur,  qui  se  fait 
sentir  près  des  él.dilissenicns  où  tout  autre 
combustible  est  employé. 

— COULECRS. 

Dans  la  nature,  il  n'existe  réellement  que 
trois  couleurs  simples  :  le  jaune,  le  rouge  et 
le  bleu.  Ccpendint  la  lumière  offre,  par  sa 
décomposition,  sept  rayons,  dont  lescouleurs 
sont  au  nombre  de  7  :  violet — indigo — bleu 
— vert — ^jauiie — orange  —  rouge.  Toutes  les 
autres  couleurs  ne  sont  que  des  combinai- 
sons de  ces  dernières.  Le  blanc  est  la  ré- 
flexion de  la  lumière  qui  n'est  pas  absorbée; 
le  noir  est  au  contraire  l'absorption  des 
couleurs  qui  ne  sont  pns  rclléchies.  Sous  le 
rapport  de  leur  intensité,  les  couleurs  se 
classent  ainsi  :  rouge,  orange,  jaune,  verl, 
bleu,  indigo,  violet;  c'est-à-dire  qu'un  corps 
rouge,  par  exemple,  se  voit  à  une  plus 
grande  dislance  que  le  jaune,  etc. 

Lescouleurs  se  d'gradent à mesuvc  qu'on 
s'éloigne  de  l'objet  qui  les  réflccliit  :  un 
corps  de  couleur  rouge,  vu  de  très-loin, 
peut  sembler  noir.  Elles  varient  quand  les 
corps  cbangent  d  état,  ou  qu'ils  se  combinent 
avec  d'autres  substances  :  de  l'acier  trempé 
et  poli  prend  la  couleur  jaune,  bleue,  etc. , 
selon  le  degré  de  chaleur  qu'on  lui  donne. 
Le  cuivre  rouge  ,  allié  avec  du  zing  (couleur 
blanche),  prend  une  couleur  jaune  (le  lai- 
ton) ;  les  acides  rougissent  la  couleur  du 
tournesol.  En  général,  les  oxydes  ont  la 
propriété  de  ramener  au  bleu  la  couleur  qui 
a  été  rougie  par  un  aciilc. 

Les  matières  colorantes ,  dont  on  fait 
usage  en  peinture  et  en  teinture,  se  trouvent 
dans  les  trois  règnes  de  la  nature.  Le  règne 
minéral  fournit  le  plus  grand  nombre  des 
couleurs  employées  dans  la  peinture;  celles 
du  règne  végétal  sont  plus  souvent  mises  en 
usage  par  les  teinturiers. 

Le  blanc  provient  des  oxydes  de  plomb 
et  de  zing,  ainsi  que  des  différentes  espèces 
de  craies  ,  dont  la  plus  ordinaire  est  celle 
du  Bougiral,  dite  blanc  d'Espagne  ;  le  blat.c 
decéruse  est  un  oxyde  de  plomb.  Pour  les 
jaunes  on  emploie  principaleiuent  des  ocres, 
matières  terreuses,  colorées  par  loxyde  de 
fer,  que  l'oM  trouve  abondamment  en  Hour- 
gogue.  On  lire  aussi  du  jaune  du  safran  de 


la  fleur  de  carthame  ou  safran  bàlard ,  du 
curcuma  ou  souchet  des  Indes,  dont  la  ra- 
cine en  poudre  produit  une  belle  couleur, 
et  enfin  de  la  gaude,  plante  qui,  dans  son 
entier,  donne  une  couleur  jaune  lorsqu'elle 
est  desséchée ,  et  dont  on  fai.t  un  grand  em- 
ploi en  teinture. 

Les  rouges  sont  produits  aussi  par  des 
ocres  ou  terres  combinées  avec  le  fer  dans 
un  élal  plus  avancé  d'oxydation  ;  quelques- 
uns  portent  les  noms  de  rouge  de  Prusse  et 
de  rouge  d'Angielcrre.  Les  oxydes  de  plomb 
et  de  mercure  donnent  aussi  des  rouges  très- 
beaux,  que  l'on  emploie  sous  les  noms  de 
minium  et  de  cinabre  ou  vermillon.  La  co- 
chenille fournit  aussi  un  très-beau  rouge  qui 
sert  à  la  composition  du  carmin  et  de  la 
coque.  Le  règne  végétal  fournit  abondam- 
ment des  rouges  tirés  de  la  garance,  du  car- 
thame et  du  bois  de  Brésil. 

Les  biens  minéraux  sont  tirés  du  fer,  sous 
le  nom  de  bleu  de  Prusse  ;  du  cuivre,  sous  le 
nom  de  cendre  bleue;  du  cobalt  et  de  lapis 
lazuli  (pierre  lazulite),  ordinairement  nommé 
outre  mer.  Enfin,  l'indigo  et  le  pastel  four- 
nissent du  bleu  dont  on  fait  un  grand  usage 
principalement  d  ins  la  teinture. 

Les  noirs  ne  se  trouvent  pas  dans  la  na- 
ture ;  on  les  fabrique,  et  le  Feul  qui  appar- 
tienne au  règne  minéral  est  composé  avec  le 
résidu  des  opérations  du  bleu  de  Prusse.  On 
fait  de  beaux  noirs  avec  de  l'ivoire  et  des 
os  brûlés.  Les  noirs  plus  communs  se  font 
avec  des  charbons  de  sarment  de  vigne,  d'é- 
corce  de  liège,  de  noj'aux  de  pêche;  mais 
celui  dont  on  fait  le  p4us  d'usage ,  se  vend 
sous  le  nom  de  noir  de  fumée  et  de  noir 
d'Allemagne.  Il  est  le  produit  de  la  volalili- 
salion  d'une  malière  résineuse  ,  brûlée  dans 
des  cheminées  ou  dans  des  chambres  fiiles 
exprès  et  garnies  de  toiles  sur  lesquelles  le 
noir  de  fumée  s'arrête  et  est  facilement  re- 
cueilli. 

Toutes  ces  matières  colorantes  sont  ordi- 
nairement mises  en  poudre  et  porphyrisées, 
c'est-à-dire  broyées  sur  une  table  de  por- 
phyre ou  autre  pierre  dure ,  avec  une  mo- 
lette de  même  matière.  Lorsque  les  couleurs 
ont  été  mises  en  pà'e  avec  de  l'eau,  et 
broyées  avec  plus  ou  moins  de  soin,  suivant 
l'usage  auquel  on  les  destine  ,  elles  sont  mi- 
ses en  petit  tas  de  la  forme  d'un  cône  nom- 
mé trochisque.  Pour  faire  des  couleurs  à 
l'huile,  on  les  reprend  après  leur  parfaite  des- 
sication  pour  les  broyer  de  nouveau  avec  ce 
liquide,  et  on  les  conserve  alors  dans  des 
vases  vernissés  ,  ou  bien  on  les  enveloppe 
dans  des  morceaux  de  vessie.  Ces  petits 
[K^quels  portent  le  tiom  de  noucts. 


Les  couleurs  pour  la  miniature  sont  cgiilc- 
ment  reprises  et  broyées  de  nouveau  avec 
de  la  gomme;  celle  opi-ralion  se  l'ail  sur 
une  g'.icc ,  avec  une  niolclio  de  même  ma- 
tière. Il  y  a  des  couleurs  qu'il  est  sidifiicilo 
de  bien  préparer,  que  quelques  peintres  les 
broient  eux-mêmes. 

— BALriNE  fpèohe  de  la). 

La  grande  extension  donnée  à  la  pêche  de 
ce  cétacé,  nous  engage  à  publier  quelques 
détails  sur  celte  pêche  et  sur  les  bâ-limcns 
qui  sont  destinés  à  celle  exploitation. 

Un  navire  baleinier,  outre  les  objets  d'ar- 
mement qui,  de  même  qu'à  bord  des  autres 
batimens,  doivent  lui  assurer  les  moyens  de 
tenir  longtemps  la  mer,  se  munit  de  ce  qu'on 
appelle  un  appareil  de  pêche,  et  qui  se  com- 
pose principalement  des  objets  suivans  : 
10  des  harpons  et  lances  pour  piquer  et  tuer 
le  poisson  ;  des  ligues  et  cables  destinées  à 
amener  les  pirogues  sur  la  baleine  et  à  l'as- 
sujélir  le  long  du  bord  pour  la  dépecer  ; 
2°  des  instrumens  qui  servent  à  enlever  le 
gras  de  la  baleine  ;  S»  des  pirogues  avec  les- 
quelles on  chasse  les  baleines  ;  4»  des  four- 
neaux et  des  chaudières  dans  lesquelles  on 
convertit  en  huile  le  gras  du  poisson  ;  5"  des 
pièces  ou  fùls  destinés  à  j:ecevoir  l'huile 
tondue,  et  à  être  arrimés  dans  la  cale. 

Les  pirogues  baleinières  sont  des  embar- 
cations longues ,  légères ,  terminées '  en 
pointe  aux  deux  extrémités  ,  et  réunissant 
toutes  les  conditions  nécessaires  pour  mar- 
cher le  plus  possible  à  î'aviron,  et  se  ma- 
nœuvrer avec  la  plus  grande  facilité.  Chaque 
baleinier  porte  1j  nombre  de  pirogues  pro- 
portionné à  son  toimage  et  à  la  torce  méca- 
nique de  son  équipage  ;  elles  sont  placées 
sur  le  pont  et  sur  les  côtés.  Chaque  pirogue 
est  ordinairement  armée  de  six  hommes , 
dont  un  la  gouverne  avec  l'aviron  ,  c'est  le 
chef  de  pirogue  ;  un  autre  se  place  sur  l'a- 
vant, c'est  le  harponneur;  les  autres  sont 
employés  à  ramer. 

Ordinairement,  le  nombre  de  ces  chalou- 
pes est  de  six  à  sept,  et  chacune  est  nmnie 
de  sept  pièce-s  de  corde  appelées  ligues,  de 
600  pieds  chaque,  de  3  harpoîis  et  de  6 
lances. 

Le  harpon  est  destiné  ,  non  à  tuer  la  ba- 
leine ,  mais  à  pénétrer  dans  son  corps,  et  à 
y  demeurer  fixé  au  moyen  de  son  fer  barbe- 
lé, de  manière  à  empêcher  le  poisson  d'é- 
chapper. Cet  instruînenl  est  en  fer  très- 
n;alléable  de  3  pieds  de  longueur  et  épais 
d'un  doigt;  il  est  terminé  par  une  pointe 
triangulaire  de  la  forme  du  piquant  d'une 


8S 

flèche.  Un  long  manche  en  bois ,  sur  lequel 
on  amarre  la  ligue  qui  cf)t  cueillie  dans  l'em- 
barcalion  ,  serl  à  donner  au  harpotmeur  la 
facililé  néccss.iiic  pour  huiccr  le  trait. 

La  lance,  qui  sert  à  tuer  la  baleine,  est 
un  instrumciil  de  1er,  revêtu  à  son  extrémi- 
té d'un  fer  semblable  à  un  écu  de  six  francs 
qui  serait  aiguisé  sur  les  bords.  Cette  extré- 
mité de  la  lance  fait  corps  avec  la  lance  elle- 
même,  au  bout  de  laquelle  on  adapte  aussi 
un  long  manche  en  bois.  Elles  ont  jusqu'à 
15  pieds  de  longueur  ,  dont  5  de  fer. 

Les  navires  baleiniers  des  mers  du  nord 
ont  de  105  à  120  pieds  de  long,  ôO  de  large 
et  12  de  profondeur.  Ils  sont  doublés  d'un 
bordage  de  chêne  assez  fort  pour  résister  au 
choc  des  glaces.  L'équipage  se  compose  de 
40  hommes,  50  quelquefois. 

Dans  les  mers  du  sud ,  le  personnel  et  le 
matériel  sont  moins  considérables  ;*24  hom- 
mes d'équipage  et  j  pirogues  peuvent  y  suf- 
fire. Les  navires  pouvant  y  rester  des  mois 
entiers  à  l'ancre,  les  graisses  sont  fondues  à 
bord,  tandis  que  dans  l'Océan  on  rapporte 
au  port  d'armement  la  graisse  de  l'animal , 
ou  la  fonte  en  est  opérée  pour  en  extraire 
l'huile.  Un  navire  de  400  tonneaux  ne  peut 
pas  contenir  plus  de  240,000  kilogr.  de 
graisse;  par  la  fonte  et  par  l'épuration,  on 
éprouve  un  déchet  du  tiers  environ  de  son 
poids  brut. 

Les  procédés  de  la  pêche  différant  très-peu 
dans  les  mers  où  elle  a  lieu ,  il  nous  suffira 
d'indiquer  brièvement  la  manière  dont  elle 
s'opère  le  plus  conmiunément. 

Dès  que  la  baleine  est  aperçue,  plusieurs 
canots  sont  aussitôt  mis  à  la  mer.  L'un  d'eux 
rame  directement  vers  l'animal ,  et  quand  il 
est  assez  approché,  le  harponneur  lance  son 
harpon  avec  force,  tâchar/.  de  frapper  le 
poisson  à  l'oreille,  sur  le  dos,  ou  dans  quel- 
que partie  vitale.  Dès  qu'il  se  sent  blessé,  il 
plonge  et  fuit  ordinairement  avec  une  gran- 
de rapidité  ;  sa  vitesse  est  de  onze  mètres 
environ  par  seconde.  A  mesure  que  la  ba- 
leine s'enfonce  et  s'éloigne  ,  on  laisse  aller 
la  ligue  à  laquelle  le  harpon  est  attaché,  ayant 
bien  attention  que  la  corde  se  déroule  et 
glisse  facilement ,  car  si  la  ligue  éprouvait 
le  moindre  arrêt,  pêcheurs  et  embarcation, 
tout  disparaîtrait  à  l'instant.  Le  frotlement 
de  la  ligue  le  long  du  bord  est  si  rapide,  que 
pour  empêcher  le  bois  de  prendre  feu,  on 
est  obligé  de  le  mouiller  sans  cesse. 

Une  baleine  harponnée  demeure  sous  l'eau 
plus  ou  moins  de  temps,  ordinairement  une 
demi-heure  ;  puis  le  besoin  de  respirer  la 
ramène  à  la  surface,  etsouvent  fort  loin  de 
l'ciiUroit  où  elle  a  été  alleiute.  A  sa  réapa- 


84 

rution,  on  se  hâte  de  lui  lancer  un  nouveau 
harpon,  quelquefois  deux,  et  l'on  attend 
qu'elle  reparaisse  encore.  Pendant  cet  in- 
tervalle, les  canots  se  disposent  à  l'attaquer, 
et  sitôt  qu'elle  se  montre ,  ils  l'assaillent  à 
coups  de  lance.  Quand,  à  force  de  perdre  du 
sang,  elle  se  trouve  épuisée  et  vaincue,  elle 
se  tourne  sur  le  dos  ou  sur  le  côté,  frappe 
la  mer  à  petits  coups  précipités  de  ses  deux 
nageoires  latérales,  dont  le  mouvement  dure 
peu,  et  expire. 

Dès  que  l'animal  est  mort,  les  canots  le 
remorquent  jusqu'au  bâtiment  et  l'amarrent 
fortement  à  l'un  do  ses  flancs.  Les  marins 
chargés  du  dépècement,  s'habillent  de  vcte- 
mens  de  cuir,  et  garnissent  leurs  bottes  de 
crampons  de  fer,  pour  pouvoir  se  Icnir'ferme 
sur  la  peaa  de  la  baleine,  qui  n'est  ni  moins 
unie,  ni  moins  glissante  que  celle  de  l'an- 
guille. Munis  de  couteaux  de  bon  acier, 
nommés  Iraiiclians ,  dont  la  lame  a  2  pieds 
et  le  manche  G  de  long,  ils  commencent  leur 
besogne  par  le  derriènc  de  la  lêle  du 
cétacé.  I.a  première  pièce  de  lird  qu'ils 
coupent  est  levée  dans  toute  la  longueur  du 
corps  du  poisson  ;  toutes  les  autres  se  cou- 
pent en  tranches  parallèles  d'un  pied  et  demi 
de  large,  toujours  de  la  télé  à  la  queue.  On 
partage  ces  dilPérentes  tranches  en  morceaux 
pesant  environ  un  millier,  qu'on  tire  sur  le 
pont  et  que  l''o.i  place  dan-s  la  cale.  Quand 
tout  le  lard  est  enlevé, on  dépouille  la  lêle, 
et  particulièrement  la  langue  qui,  à  elle 
seule ,  fournit  quelquefois  six  tonneaux 
d'huile;  la  lèvre  inférieure,  une  des  parties  j 
les  plus  chargées  de  graisse  ,  rend  quelque- 
fois jusqu'à  t;,()()0  Lilogr.  d'huile.  Quand  le 
dépècement  est  terminé,  la  carcasse  de  l'a- 
nimal et  les  immenses  lambeaux  de  chair 
qui  y  restent  attachés,  sont  poussés  à  la  mer. 
On  s'occupe  ensuite  à  bord  de  débarrasser  le 
lard  de  la  couenne  qui  le  couvre  ;  on  le  di- 
vise en  morceaux  de  onze  pouces  carrés,  et 
on  les  encaquc  dans  les  loiines. 

L'huile  de  baleine  sert,  comme  on  le  sait, 
à  toutes  sortes  d'usages  ,  à  l'éclairage,  à  la 
préparation  des  cuirs,  à  la  fabrication  du 
savon,  à  l'apprêt  des  étoffes,  etc. 

Les  Anglais  font  une  spéculation  princi- 
pale de  la  pèche  de  la  baleine,  dont  les  pro- 
duits annuels  sont  do  40  millions.  En  l"r;;iice, 
elle  conimencc  à  preiidro  un  cert;iin  déve- 
loppement qui  promet  de  grands  avantages 
pour  le  pays. 

Une  loi  du  mois  d'avril  1832  a  maintenu, 


sauf  quelques  modifications,  le  système  de 
primes  antérieurement  établi  en  faveur  des 
armateurs  et  marins  français  qui  se  consa- 
crent à  la  pêche  de  la  baleine. 

— RÉSINE. 

Des  renscignemens  statistiques  exacts 
prouvent  que  l'Europe  n'a  pas  besoin  de 
l'Amérique  pour  les  plus  fortes  consomma- 
tions de  résine.  Cependant,  on  suppose  que 
Paris,  quinze  grandes  villes  de  France  et  les 
principales  villes  de  Belgique  soient  éclairées 
par  cette  substance,  il  faudrait  alors  une 
consommation  de  Ô4  à  35  millions  de  kilog. 
La  résine  s'obtient  par  une  incision  ou 
saignée  faite  dans  le  pin.  C'est  aujourd'hui 
la  branche  d'industrie  exploitée  seulement 
dans  les  Pyrénées  -  Orientales  et  dans  les 
Landes.  On  se  borne  ,  dans  ces  deux  dépar- 
temens  à  soigner  annuellement  sept  à  huit 
arbres  sur  cent,  et  si  l'on  triplait  la  sai- 
gnée, ce  qui  peut  se  faire  sans  inconvénient, 
on  obtiendrait  dans  ces  seules  localités  14 
millions  de  kil.  La  plupart  des  départemens 
du  midi  et  de  l'est  de  la  France  sont  couverts 
depin^,  les  Pyrénées,  les  Alpes,  les 'Vosges, 
qui  produiraient  le  décuple  de  cette  quan- 
tilé.  11  faut  comprendre  encore  Alger  et  la 
Corse ,  comme  produisant  abondamment  la 
résine. 

L'Espagne  et  l'Italie  sont  abondantes 
en  arbres  résineux.  L'Allemagne  cl  la  Russie 
en- produisent  abondanunent. 

Voici  quelques  renscignemens  recueillis 
tout  récenunent  sur  l'arrondissement  de  Uax 
seulement  (département  des  Landes).  II 
s'agit  de  la  récolte  de  1854. 

On  saigne  les  pins  depuis  la  lin  de  février 
jusqu'à  la  (in  de  novembre.  Voici  les  pro- 
duits : 

7  à  8,000  barriques  de  goudron;  100,000 
pains  de  résine  de  80  kil.;  10,000  de  brai 
sec;  400  de  poix  noire,  et  700  barriques  d'es- 
sence de  térébenthine. 

On  extrait  encore  des  pains  de  la  térében- 
thine purifiée,  et  enfin  du  galipot.  Ces  deux 
articles  se  sant  élevés,  pour  1834,  à  500,000 
kil.  Nous  avons  extrait  ces  détails  des  meil- 
leures sources  statistiques  du  midi  de  la 
France.  Il  en  résulte,  pour  un  seul  arron- 
dissement, un  total  (le  M  à  12  millions  île 
kil.  de  matières  propres  à  fournir  le  gaz. 

Il  ne  faudrait  donc  pas  même  sortir  de 
France  pour  alimenter  un  éclairage,  quelque 
général  qu'on  le  suppose. 


I 


AUX  PERES  DE   FAMILLE  ET  AUX  UVSTiTUÏEURS. 


Polytechnographici 


Modèles  brevetés  d'écriture  cursive  et  de  dessin.  —  Leçons  sirnaltanées  sur  la  religion  et  la  morale,  l'histoire, 
la  rjéograjihic  universelle,  la  littérature,  les  sciences,  les  arts  et  le  commerce.  —  Exercices  manuels,  mnémo- 
niques et  intellectuels  d' Orthographe,  de  Calligraphie,  de  Dessin,  de  Style  et  de  Composition  écrite,  soumis 
à  ta  révision  et  à  l'approbation  de  plusieurs  membres  du  Comeil  de  l'instruclionpublique  et  de  l'Institut  de 
Fmnce. 


L'art  de  bien  écrire  nVsl  plus  comme  aiilrcfois  le 
partage  exclusif  d'un  petit  noml)ro  de  personnes  chez 
lesquelles  les  plus  pures  traditions  de  la  calli^raphio 
semblaient  s'iHre  réfugiées.  Le  n'est  plus  un  talent  de 
luxe,  dont  l'étude  était  touiours  assez  complète,  parce 
que  les  esprits  étroits  et  à  petite  portée  visaient  seuls, 
disaii-onj  à  la  perfection  en  ce  genre.  Aujourd'hui  une 
bi'lieécrUure,  dégagée,  dans  la  tti»'orie,  de  ces  défini- 
lions  étranges  de  coulée,  de  bâtarde, de  gothique  el  de 
ronde;  dans  k  pratique,  de  ces  tours  de  force  de  la 
plume  qui,  pour  la  niôinc  lettre  devaient  emprunter 
cinq  ou  six  formes  contradictoires ,  est  une  nécessité 
aussi  bien  comprise  que  bien  appréciée;  c'^stunedes 
l«ses  sur  lesquelles  doit  reposer  toute  éducatii^n  pro- 
ductive ;  c'est  un  germe  fécond  semé  dans  l'enfance  et 
dont  l'dge  mûr  recueillera  les  fruits. 

Combien  d'hommes,  en  effet,  dans  la  carrière  admi- 
nistrative, n'ont  pas  eu  de  plus  [uissante  protection 
que  iei^r  écriture  élégante  ou  correcte  ;  combien  d'au- 
tres, au  contraire,'ont  eu  le  regret  de  rencontrer  tou- 
jours devant  eux,  comme  un  obstacle  insurmontable, 
leur  écriture  disgracieuse ,  illisible,  véritable  cliaosde 
lettres  informes  sur  lesquelles  les  yeux  et  l'esprit  s'ar- 
rôtcnl  fatigués  !  F.l  d'ailleurs,  la  réputation,  l'honneur, 
la  fortune  et  l'avenir  d'une  famille  n'ont-ils  pas  sou- 
vent été  mis  en  jeu  sur  un  mot  mal  écrit,  sur  une 
LETTUB  mal  formée,  et  cela,  parce  que  ce  mot,  cette 
lettre,  altéraient  le  sens  d'une  phrase,  ou  qu'ils  tom- 
baient sous  l'analyse  de  la  mauvaise  foi  ? 

Il  est  vrai  que"  jusqu'à  ce  jour  les  élémens  de  la 
calligraphie  ont  été  présentés  sous  les  formes  les  plus 
arides  et  les  plus  confuses  ;  arides,  puisque  l'esprit  et 
l'intelligence  ne  sont  pas  intéresses  dans  l'imitation 
matérielle  des  lignes  droites  ou  courbrs  qu'on  a  sous 
les  yeux; confuses,  puisque  la  divergence  dfs  métho- 
des et  la  multiplicité  des  bizarres  variations  que  subis- 
sent les  lettres,  ne  permettent  pas  de  distinguer  le  type 
invariabied'une  écriture  belle  etsimple.  Qu'arrive-t-il 
à  l'élève  placé  devant  ces  modèles  entourés  de  gu'r- 
landes  et  surchargés  de  traits  à  la  plume?  Il  perd  d'a- 
bord un  temps  considérable  dans  la  repiodiiction 
burlesque  d'ornemens  prétentieux  et  insignilians  ; 
puis,  comme  il  apprend  à  la  première  vue  les  mots 
sans  but  et  sans  liaison  alignés  sur  ces  exemples,  que 
les  adverbes  enrichissent  ordinairement  de  leur  mo- 
notone terminaison,  il  écrit  de  souvenir  les  mots  qu'il 
ne  regarde  même  plus; de  In,  imperfection  de  lettres, 
orthographe  tronquée  etdéfigurée,  pertede  temps  pour 
lui,  d'argent  pour  sa  famille  .' 

Il  est  temps  enfin  de  vivifier  etd'animei- la  nomen- 
clature froide  et  décolorée  des  lettres,  d'exciter  la  cu- 
riosité de  l'élève,  de  lui  donner  le  désir  d'apprendre  ; 
quand  il  aura  pris  ce  désir  pour  but,  il  oubliera,  pour 
l'atteindre,  la  longueur  et  les  fatigues  de  la  route. 

Le  moyen  est  simple:  il  consiste  à  faire  passer  succes- 
sivement sous  ses  yeux  une  série  de  uiodeles  d'écriture 
présentant,  dans  un  cadre  uniforme,  l'ensemble  de 
toutes  les  connaissances  humaines. 

Ces  modèles,  dus  à  l'alliance  du  dessin  el  de  la  cal- 
ligraphie, sont  ornés  de  vignettes  placées  en  regard  du 
texte  explicatif,  dont  la  rédaction  simple,  claire  et 
concise, estdégagéc de  toutes  lessuperfiuilésdu langage. 
Les  vignettes  sont  empruntées  à  l'organisation  du 
monde  physique,  aux  connaissances  géograpliiqiies, 
aux  sciences  naturelles,  à  l'histoire,  au  génie  des  in- 
ventions. Ici,  c'est  la  description  fidèle  d'un  bateau  à 
vapeurjlà,  c'est  le  portrait  d'un  homme  célèbre,  un 
grand  acte  historique:  par  suite  une  grande  leçon  :  Sur 
ce  modèlp,  c'est  une  plante  utile  avec  ses  translorma- 
tions  ;  sur  cet  autre,  c'est  le  roi  des  forêts  ou  le  roi 
des  airs.  Tantôt  l'/est  l'œuvre  de  la  nature,  une  de 
ces  sublimes  merveilles  qui,  en  prouvant  l'existenee 
d'un  Dieu  tout-puissant,  élèvent  notre  ame  et. 'igran- 
dissent  le  domaine  de  la  pensée  ,•  tantôt  c'est  nnt»  œu- 
vre des  hommes,  œuvre  de  persévérance  et  de  travail. 
Devant  lui  se  déroulent,  comme  un  immensf  pano- 
rama, des  objets  de  tous  choix  :  choses  modenus,  an 
ciennes,  animées,  inanimées,  civilisées,  sauvages,  ap- 
parienantà  la  terre,  à  la  mer,  au  ciel,  A  tous  les  temps, 
a  tous  les  pays,  formant  autant  do  tableaux  disiinets 
et  séparés.  La  curiosité  naturelle  à  l'élève  lui  fait  lire 
l'explication  de  la  vignette;  le   texte  qu'il   copie  est 


précisément  un  modèle  d'écriture;  mais  il  voit  autre 
chose  que  des  jambages,  que  des  traits  de  plumes  ;  il 
anime  l'action  mécanique  de  la  main,  de  tout  l'intérêt 
que  lui  offre  le  fait  nouveau  qui  se  présente.!  lui,  et 
voilà  pourquoi  il  reproduit  son  modèle  avec  fidélité; 
son  attention  a  été  soutenue  par  le  plaisir  d'«pprendre, 
et  il  a  obtenu  plusieurs  avantages  d'une  seule  étude; 
il  s'est  perfectionne  dans  r.ïrt  d'écrire,  familiarisé  avec 
la  pratique  (lu  dessin,  avec  l'orthographe  usuelle,  enfin 
formé  le  style  en  même  temps  qu'il  a  acquis  la  con- 
naissance d'un  fait  jusqu'alors  inconnu  pour  lui.  L'é- 
criture, tant  est  vif  et  puissant  l'allrait  d'un  semblable 
enseignement,  u'auraélé  pour  lui  que  le  point  d'ap- 
pui, auquel  l'intelligence  aura,  comme  un  levier,  em- 
prunté sa  force  d'action. 

Qu'on  lui  demande,  plusieurs  jours  après  qu'il  a 
copié  un  modèle,  une  rédaction  écrite  sur  le  sujet 
traité,  il  la  fera  d'un  seul  jet,  sans  hésitation,  met- 
tant dans  son  récit  de  l'ordre,  de  la  clarté,  de  la  préci- 
sion :  cette  même  rédaction,  qu'on  'a  demande  à  un 
autre,  les-  faits  relatés  seront  nécessairement  les  mê- 
mes, mais  l'expression  sera  différente,  car  chacun  des 
élèves  exercés  par  cette  méthode,  a  son  style,  sa  ma- 
nière qui  lui  est  propre. 

On  le  voit,  à  l'aide  de  ces  modèles,  un  temps  précieux 
qui  jusqu'ici  a'été  entièremeiit  perdu,  sera  employé 
d'une  manière  fiuctueuse  :  cette  heure  d'écriture,  tant 
redoutéede  l'enfance,  paire  qu'elle  lui  paraissait  es- 
cortée d'ennui  et  de  dégoût,  devient  pour  l'élève  une 
heure  déplaisir  etde  travail  utile.  Il  acquiertde  bonne 
heure,  pour  la  conserver  toujours,  une  écriture  sim- 
ple, élégante,  rapide,  invariable  dans  ses  formes  et 
qui  lui  donnera  siircnieiit  un  jour  les  moyens  d'amélio- 
rer son  sort.  Il  puise  dans  la  lecture  et  dans  la  copie 
des  modèles  une  instruction  variée,  amusante,  solide, 
qui  l'inilieà  toutes  les  grandes  choses  des  siècles  pas- 
sés, à  toutes  les  idées  saines  de  son  siècle  ;  qui  le  met 
à  même  de  ne  pas  rester  entièrement  étranger  aux 
conversaliohs  des  hommes  écLirés,  aux  entreliens  de 
la  famille.  Par  les  exercices  fréquemment  répétés  de 
l'interrogation,  il  prend  l'habitude  df  se  rendre  compte 
de  ses  idées,  de  les  exprimer  facilement  devant  les 
autres,  et  de  les  revêtir  de  formes  convenables  dans 
les  rédactions  également  écrites.  Enfin,  cette  instruc- 
tion, si  bien  faite  pour  lui,  si  leronde  dans  ses  résultats, 
lui  donne  la  conscience  c'e  ses  forces,  lescerei  de  tou- 
tes les  ressources  de  son  intelligence,  élève  ses  pensées 
et  impiime  àses  penchans  une  heureuse  direction. 

Telle  estl'efficacité  rer;)nnue  de  cet  ingénieux  mode 
d'enseign»nienl,  que  ni  l'âge,  ni  l'habitude,  ni  la  main 
la  plus  rebelle,  n'ont  pu  lui  résister  encore  ;  que  toute 
mèriï  peut,  au  sein  de  sa  famille,  le  mettre  seule  en 
appliciition,  et  n'a  besoin  pour  réussir  que  de  zèle  et 
de  patience. 

Ce  (juia  manqué  jusqu'à  ce  jour  aux  familles,  c'est 
un  bon  ouvrage;  à  l'aide  de  celui-ci,  elles  vont  pou- 
voir lornier  et  diriger  tout  à  la  fois  la  main,  l'esprit  el 
le  cœur  de  leur  enfant,  t'our  cela,  elles  n'ont  qu'à  se 
pénétrer  de  nos  instructions,  et,  enpeude  temps,  leur 
enfant  aura  acquis  une  écriture  élégante  el  facile,  — 
contracte  l'habituderie  résumer  et  d'anal\ser,  puisque 
la  série  dit  questions  auxquelles  il  sera  soumis  à  la  suite 
de  l'exercice  calligraphique,  le  forcera  toujours  à  ren- 
dre comptedu  fait  matériel  eldu  sentiment  moral  qui 
l'auront  frappé.  L'usage  d'une  rédaction  facile  lui  de- 
viendra faïuiiier,  parcequesa  plume  n'aura  pas  tracé 
de  lettres  .1  l'aventure,  —  parce  que  ses  lèvres  n'auront 
pas  pflleurc  les  mots  pour  les  livrer  au  vent,,mais  parce 
que,  au  contraire,  il  se  sera  enrichi  de  maté'riaux  choi- 
sis avec  s,. in,  classés  avec  ordre,  et  sur  lesquels  se  se- 
ront arrêtés  sans  contrainte  et  sans  ennui,  ensemble 
et  iour-3-tour,  ses  mains,  ses  yeux,  sa  mémoire  et  son 
intelligence. 

Parmi  les  différens  genres  qui  partagent  les  calli- 
graphes,  nous  avons  fait  choix  de  l'écriture  anglaise 
cursive,  simple,  rapide,  gracieuse,  quoique  dépourvue 
d'ornemep":;  cette  écriture  donne  à  la  main  une  seule 
direction, —  ne  lui  imprime  qu'un  mouvement  uni- 
forme,—  repousse  toutes  les  règles  équivoques  de  la 
roulée  et  (le  la  bâtarde,  —  n'oblige  pas  à  tourner  la 
plume  pour  obtenir  de-  liaisons,  — à  la  changer  pour 
proiluire  divei  ses  grosseurs  de  caractère;  —  eiie  est. 


en  un  mol,  soumise  à  des  règles  fixes  et  invariables, 
qui  repoussent  toute  forme,  toute  diîlancc,  toute  di- 
mension arbitraires. 

Ce  genre,  adopié  exclusivement  en  Angleterre  et 
en  Hollande,  a  rei'idu  pour  ainsi  dire  l'écriliire  katio- 
."«ALE  par  son  élégante  uniformité.  L'exclusion  de  toute 
plume,  autre  que  les  plumas  métalliques  di>  M.  Gulh- 
bert,  a  aussi,  il  est  vrai,  puissamment  contribué  à  ob- 
tenir ce  résultai. 

L'élève,  une  fois  initié  aux  principes  de  celle  écri- 
ture Tvoir  le  i'^>-  modèle,  !■■'■  sari'"),  ropiera  chaque 
jour  correclement  un  modèle  et  lira  à  liauie  voix  sa 
copie,  qu'il  racontera  ensuite  avec  toute  l'exaclilude 
dont  il  sera  capable. —  On  exigera  de  lui  qu'il  parle 
avec  assurance,  — que  sa  narration  soit  claire,  précise, 
elqu'il  évite  ces  répétitions  incessantes  qui  témoignent 
toujours  rfil  peu  d'atteniion  de  l'élève  ou  d'un  défaut 
d'ordre  et  de  neltelé  dans  ses  idées.  —  C'est  après  celte 
narration  que  commence  de  la  part  du  maître  la  série 
de  questions  dont  le  spécimen  ci-joint  ofl"re  un  couri 
I  exemple,  car  elles  peuvent  nécessairement  se  mulli- 
î  plier  encore  à  l'inrini.— Leur  limite  est  le  plus  ou  moins 


;  d'âge  et  d'aplilude  de  l'élève  ;  mais  ce  dont  il  importe 
I  de  se  bien  pénétrer,  c'est,  dans  la  solution  de  ces  ques 


lions  diverses,  de  l'aire  di-pariiitre  son  savoir,  si  on  en 
aj  de  laisser  l'enfant  entièrement  livré  à  ses  seules  ins- 
pirations;— de  se  contenter  d'appeler  son  attention  sur 
le  fait  ;  de  le  lui  présenter  sous  diverses  formes,  mais 
de  nejamaissc  substituer  à  lui,  et  de  lui  faire  croire 
que  son  intelligence  avait  besoin  d'aide,  qiiaml  au  con- 
traire avec  de  l'attention,  quelque  peu  de  réflexion, 
il  aurait  pu  répomlre  d'une  manière  satisfaisante. 

L'interrogatoire  terminé,  on  remet  à  l'élève  unC 
feuille  de  papier,  sur  laquelle  il  fait  la  rédaction  éirile 
I  du  sujet  qu'il  a  lu,  copié,  raconté  et  exploré  en  tous 
sens.  La  nature  même  des  questions  qui  lui  aurontélé 
[  faites  lui  permettra  de  donner  à  sa  cd.npLisition  beau- 
coup do  développement,  de  la  rendre,  pour  ainsi  dire, 
originale. 

On  peut,  du  reste,  chaque  jour  se  convaincre  de 
celte  vérité  dans  l'institution  de  M.  Morin  et  chez 
Mme  Bachelley,  rue  Louis-le-Grand,  29  et  S3,  oii  300 
élèves  passent  mensuellement  en  revue  une  série  de 
faits  dont  l'ensemble  se  trouve  résumé  dans  la  classi- 
fication suivante,  adoptée  pour  les  modèles  que  nous 
publions. 

Les  journaux  rendront  compte  prochainement  des 
résultats  extraordinaires  obtenus  également  en  peu 
de  temps  par  les  divers  établissement  d'instruclion  qui 
ont  adopié  ce  mode  si  simple  et  si  rationnel  a'ensei- 
gneraent. 

Série  1 .  —  Principes  d'écriture  et  de  dessin. 
Dessin  linéaire.  Figure. 

Perspective.  Paysage. 

Série  2.  —  Sciences. 
Histoire  naturelle.  Géologie. 

Mineralo^iie.  Aslrouoinio. 

Botanique.  Pliysi;|ue. 

Zoologie.  Chimie. 

Analomie.  (;eo;iiélrie. 

Physiologie.  Mécanique  céleste. 

Série  3.  —Arl-i  miles. 
Agriculture.  Métallurgie. 

Ans  et  métiers.  (îommeice. 

Manufactures.  Caïupi.ibilii.é. 

Industrie  agricole.  Tenue  de  livres. 

Série  4.  —  A>7y  d'aijréinent. 
Musique.  Kscriine. 

Inslrumens  desdiv.  peu-    Equilalion. 

pies. 
Danse. 
Natation. 

Série.   5.   —  B eaux-Arts. 
Architecture  ancienne  et    Peinture. 

moderne,  civile  et  mi-    Gravure. 

iitaire.  Lithographie. 

Sculpture. 

Série  C.  —  Histoire. 
Grands  actes  historiques.    Archéolgie. 
Grands  hommes  de  tous    Monnaies    anciennes    et 

les  pays.  modernes. 

Ordres  religieux,  civils  et    Mytholome. 

séculiers.  Cei  éiiioMies  religieuses  des 

Chevalerie.  anciens. 

Costumes  à  diverses  épo-    Blason,  couronne  et  pa- 

ques.  Villon. 


Gymnastique. 
Connaissances  apré.ibic.s. 


I  Série  7.  —  Armées  de  terre  et  de  mer. 

Costumes  militaires.  Gréement  d'un  vaisseau. 

I  Armes  diverses.  Fortilications. 

Machines  de  guerre.  Tactique. 

Série  S.  —  Géographie. 

Statistique  générale.  Défini  lion  des  termes  géo- 

Mœurs  et  usages  de  cer-       graphiques. 

tains  hanilans  du  globe.    Description  des  monumons 
Caries.  et  des  villes. 

Série  9.  —  Foyages. 
Merveilles  de  la  nature.     Productions. 
Curiositér;  naturelles.  Merveilles  de  l'art. 

Plantesspéciales  à  chaque    Exploitation  des  mines, 
pays. 

Série  10.  —  Sciencesmorales. 
Salles  d'a&ile. 


Religion  et  morale. 
Devoirs  des  divers  étals. 
Etablissemens  mile.?. 
Actes  d'humanité. 
Cai.sses  d'épargnes. 


Ho'pices,  leurs  fondateurs. 
Prisons,  bagnes. 
Esclavage. 
Traite  des  noirs. 
Le  cours  annuel  se  compose: 
De  cinquante-deux   triples  modèles  d'écriture  et  de 
dessin  ti  aces  par  les  premiers  maîtres  ,  et  contenant 
cent  fois  la  matière  des  cahiers  ordinaires  d'écriture; 
De  soixante-quinze  vignettes  marginales  gravées  sur 
acier  par  les  premiers  artistes  de  Paris  et  de  Londres; 
l'^t    d'un  questionnaire  à  l'usage  des  parens  et  des 
maîtres,  et  à  l'aide  duquel  chacun  pourra  faire  répéter 
avec  fruit,   dans  la  famille,  les  leçons  de  l'école  et  y 
suppléer  au  besoin. 

Prix  de  la  Souscription  aux  cinquante-deux  modèles 
de  l'année  :  20  francs.  —  6  fr.  50  cent,  par  trimestre. 
On  souscrit  chez  A.  Desrez,  libraire-éditeur,  rue 
Saint-Georges  ,  n.    u  ,  à  Paris  ,  et  chez  M.   Cullibert , 
rue  Croix-des-Petits-Champs,  n.  25. 

13  modèles  sont  en  vente,  formant  le  premier  tri- 
mestre de  I  année. 

Pour  éviter  le  froissement  du  transport  par  lapoMe. 
les  familles  qui  (iésireraient souscrire  sont  invitées  a 
s'adresser  de  préférence  aux  libraires  des  villes  qui 
ont  l'occasion  de  faire  venir  les  livraisons  par  ballots. 

Des  dépôts  sont  déjà  établis- 
A  CiiAULEviLLE,  clicz  MM.  LluDjer  et    Bonalel,  li- 
braires. 
A  LvoN,  rue  de  la  Prérecture,  n.  5,  chez  AL  Henri  de 

Payait. 
A  Rouen,   quai  du  Havre,  n.    ,  chez  M.  Girard. 
A  Besançon,  rue  Neuve,  n.  20,  chez  M.  Lacroix. 
A  Avignon,  place  du  Change,  chez  M.  Campaii, 
.\  BonoEAUX.  rue  Gouvion,  chez  M.Duprat. 
A  BonuGEs,  chez  M.  fioyer. 
A  Metz,  rue  Fournirue,  chez  M.  Brenon. 
A  Blois,  chez  M.  Jrnautl. 

A  CiiAHTUEs,  cloître  Notre-Dame,  chez  M.  Figneron. 
A  Aix,  chez  M.  -lubin. 
A  Amiens,  chez  M""  V^-  Darras. 
A  Mf.tz,  chez  M""'  V'-  Dcvilly. 
A  AiJXONNE,  chez  M.  Saunié. 
A  NA.vrEs,  chez  M.  Suircau. 
A  Angeus,  chez  M.  Launuy  Gaynot. 
A  Nancy,  chez  M""-  V'^  liiners. 
A  MonTAGNE,  place  Notre-Dame,   chez  M.  Longln. 
Au  Havue,  cliez  m.  Lenormnnd de  l'Osier. 
A  PËiti'i(;i\AN,  chez  M.  Lambert. 
A  Limoges,  ruedeVaulry,n.i3,chezM.  Ilo.ioréArnoiil. 
A  Rennes,  chez  M.  I>é\ial  t'ubry. 
A  Camuraï,  chez  m.  Ilalla. 
A  Stuasdourg,  chez  M.  Erltmann. 
A  Toulouse,  chez  M.  Malpcl. 
A  Bavo.nne,  chez  M.  Hertcrréclic. 
A  CiiATEAunou.\,chez  M.  Délibéré  Duret. 
A  La  Rochelle,  chez  M.  Frilz. 
A  iii-.E^T,  chez  M.  Oe.-iliayi-. 
A  CiiArEAU-'JiiiEiir.v,  chez  M""  V«  Venet. 
A  OiilÉans,  chez  M.  J.  Garnier. 
\  Nanies,  chez  M.  Planson. 
A  LuNEviLLE,  grandi;  rue,  n.  23,  chez  M.  Creusât. 
A  Toulon,  chez  M.  hellue. 
\  Bar-le-1>lc,  chez  M.  Giyault  d'Olincourt. 
A  CoLMAi»,  chez  M.  /iiù/'/ciiyt-r. 
A  Bourges,  chez  M.  Just  Bernard. 
.\  Valenciennes,  chez  M.  Giard. 
A  Grenoble,  chez  M.  Prudliumme. 
A  Liège,  chez  M.  Weaujoys. 
A  Liège,  chez  M.  Di.soer. 
A  Florence  ,  chez  M.  Guylielmo  Piatti. 
A  Bekke,  chez  M.  Hollieii. 


IMPRIMERIE  DE  GRÉGOIRE,  RUE   DU  CROISSANT,   IG. 


Sixième  année.  1SÔ6. 
Bdition  française. 


jmmNÂii 


Xkeuxième   Série. 
—  Première   Année. 


K»mj 


DiCiiO.WAIiîJ::   AILIAStLL    El     lUlOlilŒSSIF. 

2lépertoiro  usuel 

DE    TOUS    LES    FAITS    UTILKS,    KCONUMIQL'ES    ET    NOUVEAUX  , 

intéressant  directement 

L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle  ; 

rf  I/cxercice  et  le  pr.)grès  de  toutes  les  professions  sociales  ; 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

PRIX,  FP.ANC  DE  POI\T   POUR  TOUTE   LA  FRANGE, 

PAR  A^  SIX  FIIAM]S. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT -GEORGES,  N"  11. 
Une  hïra/son  /ie  trejite  deux  pages  par  mois,  contenant  un  deini-vohirne  ïn-&*, 
Lessouscripteurs  étant  autorisés  à  retenir  — sur  le  prix  de  six  francs  —  l'nllrnnchissement  de  leur  lettre  et  le 
eoûi  de  la  reconnaissance  de  ■poste,  l'abonnement  n'est,  de  fait,  que  de  CINQ  FI^ANCS  nets  pour  la  Société. 


SSfuméro  4  »  — 

nEPinTOlRE    CIVIL. 

Contribuai/les  :  sur  le  monopole  du  tabac ,  S5.  — 
Cotiscils  ijénéraux  :  Enfans  trouvés  en  Franci-,  87. 
— Gouvernails:  Conséquences  financières  de  nos  lois 
pénales  ,  88.  —  Propagation  de  la  Connaissance  du 
système  métrique,  91. — ^/aices .-Anciennes  adminis- 
trations mnnicipales ,  92.  —  Culte  :  Manifeslalion  in- 
térieure du  culte,  9'î. 

RÉrERTOIRK    DOMESTIOtJE. 

)     Des  prêts  hypolliét-aires,  93.  — Héritiers  sous  béoé- 

jfice  d'inventaire,  9i.  —  De  rinfluence  de  la  lumière 

sur  la  santé,  96. — De  l'eau  considérée  comme  boisson, 

97.  —  Des  propriétés  alimeiilaircs  du  Chocolat,   98. 

—  Fabricalion  du  fromage.  Présure  ,  99. —  Couvertu- 
res des  maisons,  lOO.  —  Calendrage  des  étoffes  ,  1 00. 

—  Bougie  diaphane,  lOO. 

KÉr-ERTOlRE  PROFESSIONKEL. 

Doreur  sur  mélaux  ,  lOi.  —  Ecarisscurs,  lOl.  — 
Faïence  (fabricantde)  102.  —  Fondeurs  de  métaux,  102. 


Avril  1836. 

—  Luthiers,  102. —Médecins ,  102.  —Notaires,  102. 

—  Meuniers,  103.  —Peintres  en  miniature  1,  I03.  — 
Pharmaciens,  lot.  —  RalTineurs,  103.  — Teinturiers, 

104.  —  Propriétaires  ruraux.  — Abeilles.  — Asperges, 

105.  —  Belterave  (préparation    de   la   graine    de  )  , 

106.  —  Cours  d'eau  ,  106.  —  Culture  simultanée  , 
de  trèfle  incarnat  et  des  navets  ,  lOfi.  —  Garance,  106: 

—  Genêt  (toile  de\  106.  Méléorisalion  des  ruminans, 
106.  —  Oiseaux  entomovores,  i07. — Semoirs  à  chaux, 
107. —  Terres  blan'hes,  107.  —  Truffe  (culture  de  la). 

—  Vi-'nes  :  gelées  printannières ,  108. —  Moyen  défaire 
réussir  les  boutures,  108. 

r.ÉPERTOIRK    MENSUEL. 

Caisses  d'Epargnes,  109. —  Haut  Enseignement  à 
Paris,  109:  —  Machines  à  vapeur,  109:  —  Voitures, 
§  1.  —  Conducteurs,  S  2.  —  Attelages  ,  S  3.  —  Lon- 
gueur et  largeur  de  trains,  hauteur  et"^  volumes  du 
ch,.rge(nent,  §  4.  Guides,  S  5.  —  Rénage,  S  6. — 
OEllières,  §  6,  109. 


Jours 

de  la 

semaine. 


NOMS 

des 
SA1^TS. 


LNTERETS 

de 

fr.  100 

â  5  p.  <>/•• 


REVENU 


Par 


Par 
jour. 


EMPLOI 


Dépense! 
9/10     I 


Epargne 
1/10 


PRODl'lT 

de  1/10 

épargné 

au  bout  de 

20  ans. 


s.  Hugues. 

s.  François  de  P. 

PAQUKS. 

.  Aiiibroise. 

.  Perpétue,  év. 
s.  Guillaume. 
s.  Hcgébippe. 
s.  Eiîèse. 
s.  Fulbert. 
Quasiinodo. 
s   1  éon,  pape. 
s.  Jules. 
s.  Paterne,  év. 
s.  Fructueux, 
s.  Anicet,  pape. 
La  Cène. 
s.  Elphege. 
ste  Hildegondc. 
s.  Anseluie. 
ste  Opportune. 
s.  Beôrges. 
ste  Beuve. 
s.  Marc,  évangél. 

s.  Clet,  pape. 

s.  Polyearpe. 

s.  Vital,  martyr. 

s.  Robert. 

s.  Pierre,  martyr. 
le  Marie,  égyjji. 

s.  Eulrope. 


Jours. 

92 
93 
94 
95 
96 
97 
9j 
99 
100 
101 
102 
103 
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105 
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107 
108 
l.)9 
110 

m 
112 

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119 

120 
121 


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16 
17 
18 
19 
20 
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31 
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595.0 
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6100 


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13  42 

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14  79 

14  93 

15  06 
15  20 
15  .34 
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15  36 

16  43 
16  57 


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11 

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28 

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12 

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34 

12 

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35 

12 

32 

36 

12 

45 

38 

12 

57 

39 

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41 

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42 

12 

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45 

13 

19 

46 

13 

31 

47 

13 

43 

49 

13 

56 

50 

13 

68 

52 

13 

80 

53 

13 

93 

54 

l4 

05 

5fi 

14 

17 

58 

14 

3» 

59 

14 

42 

60 

71 


14  67 

14  79 

14  91 

15  04 


1  61 
t  63 
I  64 


f.  c. 
14087  31 
14240  90 
41392  40 
14,543  95 
14695  r5 
H846  50 
14998  00 
151.i0  05 
15301  50 
15553  05 
15604  55 
15- se  05 
15907  60 
16059  10 
16210  65 
16962  15 
16413  65 
16665  25 
16316  75 
16--G8  30 
1T1I9  80 
17271  30 
17422  83 
17574  35 
17425  85 
17877  10 
1S028  90 
18180  45 
18332  00 
iSiSS  50 


PRIME 

DE    7S,000    rRA]\CS, 

DES 


DEUXIÈME  TIRAGE  DU  20  FEVRIER  1836. 


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prime 8000  fr. 

—      500 


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Le  30  oaars  1836. 


Le  15  anil  1836  < 


Tirage 

de 

sept  primes 


Tirage 

de 

sept  primes  ' 


2,000  ^ 
500 
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500  )      5,000 
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Série 


230. 

114. 

53. 

108. 
116. 
246. 
225. 
108. 


Numéros 


2,000  ^ 
500 
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TOIAUX 


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Le  30  avril  1836. 


Le  31  mai  1836. 


Tirage 

de 

sept  primes  ' 


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onze  primes  ' 


'130: 


000^ 
500 
500  I 
500 
500  I 
500 
500, 
,000' 
500 
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500 
500  I 
500 
500  I 
500' 
500 
500 
500/ 


900. 
996. 
623. 
797. 
465. 
820. 
7,3 1. 
340. 
120. 
0 
10,00 


•5,000 


35,000 


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41  primes  :  f.  50,000 


PANTHEON  LITTERAIRE, 


COLLECTION  UNIVERSELLE 


DES    CHEFS-D'OEUVRE    DE    L'ESPRIT    HUMAIN. 

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FROISSART  ET  BOUCICAtJT, 

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DE   LA  TIIÉMOUILLE, 

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A  chacun  de  ces  volumes  aussi  remarquables  par  leur  luxe  que  par  l'écoBomie  de  leur  prix, 
sont  joinls  deux  bulletins  de  prime.  Lorsqu'on  demande  au  moins  5  volumes  à  la  fois,  ou  l«s 
reçoit  franc  de  port  par  la  diligence,  avec  JO  LuUetii  s  de  prime  ;  on  paie  les  volumesau  coa- 
ducteur  de  la  diligeuce  en  les  recevant.  Lorsque  l'on  ne  souscrit  que  pour  un  volume,  il  faut 
ajouter  3  francs  pour  In  port  et  envoyer    13  fr.mcs  d'avance. 

Chez  A.  DliSKKZ,  lilirnire  éditeur,  rue  Saint-Georges,  11°  11.  \ 

it^-^^  •■        —  ~~  "~  '     ■     ~ 


8S 


REPERTOIRE  CIVIL. 


X.  Intérêt*  généraux.  —  XI.  Morale  et  instruction  publiques.  — 
m.  Devoirs  et  droits     civils  et  politiques. 


Contribuables.    Sur  le  monopole  des  tabacs. 

L'impôt  sur  le  tabac  réunit  toutes  les  con- 
ditions qui ,  dans  un  bon  système  de  finan- 
ces ,  constituent  les  matières  imposables. 
Comme  il  n'atteint  ni  l'utile  ni  le  nécessaire, 
on  ne  saurait  justement  le  critiquer,  les  bé- 
néfices qu'il  procure  nu  trésor  venant  d'autant 
en  diminution  des  charges  qui  pèsent  sur 
les  contribuables. 

Cependant  le  monopole  dont  lesiabacs  sont 
l'objet  de  la  part  du  gouvernement,  a  toujours 
été  vivement  attaqué,  sans  pour  cela,  peut- 
être  ,  qu'on  se  soit  jamais  rendu  compte  du 
mérite  des  reproches.  Ce  n'est  pas  comme 
monopoliseur  proprement  dit,  que  l'Etat 
nous  paraît  mériter  les  blâmes  qui  lui  sont 
adressés,  c'est,  ainsi  que  nous  allons  l'établir 
par  l'autorité  des  chiffres,  en  ne  rendant  pas 
ce  privilège  aussi  avantageux  qu'il  devrait 
l'être,  si  on  ne  faisait  entrer  dans  la  consom- 
mation une  aussi  grande  partie  de  tabacs  in- 
digènes, le  prix  de  revient,  dans  ce  cas,  étant 
de  beaucoup  supérieur  à  celui  d'achat  des 
tabacs  exotiques. 

De  1815  à  18Ô3,  les  recettes  brutes  de  la 
régie  des  tabacs  se  sont  élevées 
à 1,231,664,420  f. 

et  les  dépenses  à 443,688,817 

Le  bénéfice  a  été  de 788,975,.606 

Ce  qui  donne,  pour  les  pro- 
duits nets,  une  moyenne  de  4i, 525,033 
pour  les  dix-neuf  années  ci-dessus.  Mais  il  y 
a  une  grande  différence  entre  le  bénéfice  de 
chaque  année  ,  et  il  va  toujours  en  augmen- 
tant. Ainsi,  en  1815,  il  a  été  de  32,l23,303f., 
et  en  1833,  de  49,230,280  f.  Celte  différence 
en  plus  dans  les  produits  résulte  de  l'accrois- 
sement de  la  consommation,  des  perfection- 
nemens  introduits  dans  la  fabrication  et  de  la 
réduction  opérée  sur  les  remises  des  débi- 
lans, confûrmémentàl'ordonnancedu  18  mars 
1832,  laquelle  réduction  a  produit,  pendant 
le  trimestre  de  cette  même  année,  une  somme 
de  892,532  francs. 

Le  produit  brut  de  la  vente  de  tabacs  à 

été  de 67,488,166  f.  en  1832 

de 09,648,545     en  1833 

etde 72,644,522    en  1834 

Différence  en  plus  sur 

deux  années  5,136,356 


Le  service  d'exploitation  des  tabacs,  pour 
I83fî,  est  évalué  à  la  somme  totale  de 
20,908,000  fr. ,  dont  6,408,000  fr.  pour  frais 
d'exploitation,  et  14,500,000  fr.  pour  achats 
de  tabacs  indigènes  et  exotiques.  Il  en  ré- 
sulte donc  que  les  bénéfices  annuels  s'élèvent 
à  plus  de  vingt-un  millions. 

Après  ces  aperçus  généraux,  duis  les- 
quels nous  avons  dû  entrer,  nous  allons  éta- 
blir quels  seraient  les  résultats,  si  l'approvi- 
sionnement était  proportionnellement  moins 
élevé  en  tabncs  de  France. 

Loin  de  nous  la  pensée  de  chercher  à  aug- 
menter les  recettes  du  trésor  au  préjudice 
des  intérêts  généraux;  mais,  tout  en  respec- 
tant le  droit  acquis,  nous  croyons  cependant 
qu'on  doit  faire  taire  l'intérêt  privé  quand  il 
y  a  avantage  pour  le  plus  grand  nombre.  Ce 
ne  serait  pas  d'ailleurs  subitement  qu'il  fau- 
drait opérer  les  changemens,  s'i's  étaient  re- 
connus avantageux;  mais  une  fois  le  principe 
établi,  son  application  ne  serait  plus  qu'une 
question  secondaire. 

Il  résulte  des  comptes  publiés  par  la  ré- 
gie, que  les  «abacs  indigènes  lui  reviennent 
à  plus  de  40  pour  cent  que  les  tabacs  étran- 
gers. Or,  les  achats  aux  planteurs  français 
étant  moyennement  de  huit  millions  et  demi, 
sur  cette  seule  opération  le  trésor  est  forcé 
en  dépense  pour  une  somme  annuelle   de 

3,400,000  f. 

Dans  les  six  millions  restant 
pour  achats  de  tabacs  étrangers, 
il  faut  tenir  compte  de  la  quan- 
tité qu'on  est  obligé  de  se  [yco- 
curer  pour  mélange  nécessaire 
avec  le  nôtre ,  lequel  sans  cela 
ne  pourrait  être  vendu.  Cette 
nécessité  est  moyennement  éva- 
luée à  10  ,  50  OjO  de  la  récolte  , 
et  donne  par  conséquent  un 
surcroît  de  dépenses  de 800,000 

Le  transport  des  magasins 
des  départemens  aux  manufac- 
tures peut  coûter  annuellement  1,000,000 

La  suppression  des  magasins 
des  départemens,  du  traitement 
des  employés  à  la  surveillance, 
à  la  vérification ,  des  exports, 
donnerait  encore  au  moins. . . .      850,000 


Total. 


6,050,000 


S6 

Mais  à  ces  économies,  qu'il  est  facile  d'é- 
valuer, i!  y  en  a  beaucoup  d'auîres  que  nous 
devons  énuraérer,sans  pouvoir  toutefois  en 
indiquer  l'importance  en  chiffres. 

La  contrebande  s'exerce  avec  beaucoup 
plus  de  facilité  ,  au  moyen  de  la  culture  ,  et 
par  la  proximité  de  la  frontière  des  départe- 
inens  où  cette  plante  est  cultivée.  Dans  les 
comptes  rendus  par  la  régie,  on  en  a  une 
preuve  évidente.  Ainsi,  par  exemple,  dn  y 
voit  que  dans  les  départcmcns  où  la  culture 
a  lieu  ,  la  consommation  connue  est  de  G84 
grammes  par  habitaiit  dans  le  Bas-Rhin,  et 
de  58:>,  dans  riUe-ct-Villaine;  tandis  que 
dans  le  Haut-Rhin  elle  s'élève  à  1 ,01 1  gram.- 
ines,  dans  le  Morbihan,  à  530,  et  dans  les  Cô- 
tes-du-Nord,  à  555.  Voici  pour  la  contrebande 
à  l'intérieur,  c'est-à-dire  celle  résultant  de  la 
culture  en  France. 

En  185:.,  les  douanes  ont  saisi  288,400  k. 
de  tabac  ;  en  admettant  que  la  surveillance 
ait  été  active,  c'est  à  peu  près  le  di.vièaïc  des 
marchandises  entrées  en  fraude.  Or,  en  cal- 
culant ce  qui  entre  ainsi  ou  ce  qui  est  réi*an(lu 
dans  le  commerce  provenant  des  plantations, 
on  arrive  aisément  au  chiffre  important  de 
8  millions,  lesquels,  ajoutés  aux  u, 050, 000 
ci-dessus,  portent  l'économie  qui  résulterait 
de  la  cessation  de  la  culture  en  France  ,  au 
chiffre  total  de  14,050,000  francs. 

A  Li  vérité ,  ceUe  mesure  n'empêcherait 
pas  que  1-a  fraude  aux  frontières  se  fit  encore  ; 
mais  ce  serait  dans  une  proportion  bien  mi- 
îiime,  soit  par  l'effet  de  la  dilficulté  de  trans- 
port de  la  frontière  à  Paris,  par  exemple,  soit 
par  la  diminution  qui  pourrait  dès  lois  avoir 
iieu  dans  le  prix  des  tabacs. 

A  l'extérieur,  nos  tabacs  à  priser  sont  re- 
eherchés;  mais  c'est  tout  le  contraire  pour 
nos  tabacs  à  fumer.  Or,  connne  les  t.abacs 
étrangers  sont  d'une  qualité  supérieure  à  ceux 
de  France,  l'approvisionnement  en  feuilles 
étrangères  amènerait  nécessaiiement  une 
très-grande  augmentation  de  tabacs  à  priser, 
et  viendrait  encore  ajouter  aux  chiffres  des 
bénéfices,  puisque  le  prix  de  revient  n'est  que 
de  1  fr.  78  c.  par  kil.  et  que  le  prix  de  vente 
est  de'  fr.  Oie,  compris  lesbénéricesalloués 
aux  dctaillans. 

Dans  l'état  de  choses  actuel,  deux  partis 
restent  h  prendre  :  —  Affranchir  la  culture 
du  tabac  en  France  de  toutes  entraves  ;  — 
Supprimer  la  production  des  tabacs  indigè- 
nes, et  s'approvisionner  à  l'él ranger. 

Dans  le  premier  cas  ,  le  lise  craindra  la 
fraude,  ol  par  conséquent  de  voir  ses  bénéfi- 
ces se  réduire  à  peu  de  chose.  Mais  ne 
pourrait-on  pas,  au  lieu  de  cette  surveillance 
^iaclive,  si  humiliante,  à  laquelle  se  soumet- 


tent les  planteurs,  les  imposer  à  un  droit  fixe 
par  arpent  cultivé  en  tabacs?  Il  est  bien 
difticile  d'empêcher  que  des  feuilles  ne  soient 
dérobées  à  la  vigilance  des  eniployés,  tandis 
qu'au  moyen  de  l'arpentage,  on  peut  toujours 
s'assurer  de  Li  quantité  de  terre  livrée  à  cette 
culture.  Ain^i ,  en  prenant  le  terme  moyen 
de  la  production,  on  aurait  aisémeiit  la  quo- 
tité de  l'impôt  à  établir,  et  le  planteur,  à  ses 
risques  et  périls ,  se  livrerait  alors  à  cette 
exploitation  comme  bon  lui  semblerait.  Si, 
enfin,  on  lui  achetait,  non  pas  toute  sa  ré- 
colte, comme  cela  se  fut  à  peu  près  partout, 
mais  seulement  les  tabacs  d'une  qualité  exi- 
gée, il  aurait  intérêt  à  donner  de  bonnes  ré- 
coltes, puisque,  dans  le  cas  contraire ,  il  ne 
recevrait  rien  en  retour  de  l'impôt  qu'il  au- 
rait acquitté. 

Craindrait-on  enfin  que  par  l'effet  de  cette 
mesure,  les  feuilles  refusées  par  la  régie  ne 
fussent  livrées  au  commerce?  Mais  il  serait 
facile  d'obvier  à  cet  inconvénient  en  élevant 
l'impôt  à  un  tel  taux ,  que  même  en  faisant 
lui-même  usage  de  sa  recolle,  le  planteur  ne 
pût  pas  obtenir  d'aussi  grands  avantages  que 
si  la  régie  s'en  emparait.  D'ailleurs,  oi!  pour- 
rait prononcer  de  fortes  amcrules  et  la  pri- 
vation même  du  droit  de  cultiver  cette  plante, 
à  celui  qui  en  récolterait  d'une  qualité  assez 
inférieure  pour  ne  pouvoir  être  livrée  à  la 
consommation,  quand  il  serait  reconnu  que 
cela  provient  de  son  fut. 

Dans  les  dix  années  de  1824  a  1855,  il  a 
été  acheté  pour  81,004,000  f.  de  tabac  indi- 
gène, ce  qui  donne  par  an  8,100,400  f. ,  les- 
quels répartis  sur  0,520  hectares,  donnent 
pour  chaque  hectare  8"0f.0r,  dès  l'instant  que 
le  taux  de  la  production  des  tabacs  indigènes 
est  limilé,  pourquoi  ne  diviserait-on  pas,  en 
moyenne,  la  quolité  de  l'impôt  à  payer  par 
chaque  planteur,  d'après  le  nombre  d'arpens 
qu'il  aurait  autorisation  de  cultiver  ?  J.a  ré- 
gie ne  perdrait  rien,  et  les  planteurs  devien- 
draient libres  de  leur  industrie  :  les  résultats 
seraient  les  mêmes ,  moins  les  vexations  du 
lise. 

L'idée  d'accorder  la  libre  culture  du  tabac 
en  France  n'est  pas  une  innovation.  L'assem- 
blée nationale,  jiar  un  décret  du  14  février 
noi,  avait  détlaré  qu'il  était  libre  <à  toute 
personne  de  cultiver,  fabriquer  et  débiter  du 
tabac  dans  le  royaume;  que  l'importation 
du  tabac  étranger  fd^viqué  continuerait  à 
être  prohibé ,  et  que  le  tabac  étranger  en 
feuilles  pourrait  être  importé  moyennant  une 
taxe  de  25  livres  par  quintal,  réduite  aux  5|4 
pour  les  navires  français  qui  importeraient 
du  tabac  de  l'Aniérique.Nous  ne  demandons 
point  que  la  fabrication  et  la  vente  des  tabacs 


87 


soient  enlevées  à  la  régie,  nous  exprimons 
seulement  l'opinion  que  l'une  des  doux  hypo- 
thèses doil  êlre  la  liberté  de  culture  de  la 
part  des  planteurs. 

Peut-être  craindrait-on,  et  non  sans  raison, 
qu'en  nous  approvisionnant  uniquement  à 
l'étranger,  le  prix  des  tabacs  ne  s'élevât  alors 
au  même  taux  que  le  tabac  indigène.  Sans 
doutecerésulti'.t  pourrait  avoir  lieu,  mais  il  ne 
s'agit  point  de  changer  lout-à-coup  notre 
mode  d'approvisionnement  ;  on  pourrait  ré- 
duire au  tiers,  par  exemple,  la  quantité  de- 
mandée aux  planteurs;  et  d'ailleurs,  puisque 
les  étrangers  sont  nos  tributaires  pour  nos 
tabacs  en  poudre,  ils  auraient  intérêt  à  nous 
ménager,  puisque  nous  pourrions  leur  faire 
payer  en  produits  fabriqués  ce  qu'il  y  aurait 
de  leur  part  de  trop  élevé  dans  le  prix  de 
leurs  marchandises. 

Quant  à  l'interdiction  générale,  si  elle  avait 
lieu ,  elle  offrirait  aisément  des  compensa- 
tions. L'approvisionnement  à  l'étranger  four- 
nirait à  notre  marine  des  développemens  qui 
méritent  d'être  pris  enconsidératioi!,  et  dont 
elle  est  privée  par  la  révolution  qui  s'opère 
dans  la  production  du  sucre;  en  outre,  le  dé- 
bouché de  nos  vins  et  de  nos  produits  manu- 
facturiers s'élargirait  probablement  dans  les 
pays  où  nous  irions  nous  approvisionner  de 
tabac.  Peut-être  même  dans  cette  mesure , 
que  nous  nous  sommes  bornés  à  indiquer, 
trouverait-on  la  solution  de  plusieurs  des 
questions  de  douanes  qui  s'agitent  entre  la 
France,  la  Belgique,  le  grand-duché  de  Bade 
et  l'Amérique. 

CoNSEiLs-GÉNÉnAvx.  —  Enfans    trouvés    en 
France. 

Depuis  4  811  jusqu'à  présent,  le  nombre 
des  enfans  trouvés  a  plus  que  doublé;  le  rap- 
port entre  les  deux  époques  est  de  1  à  2  l\:,. 
D'après  les  documens  statistiques  sur  la 
France  publiés  par  le  ministère  du  com- 
merce, le  nombre  de  ces  enfans  actuelle- 
ment à  la  charge  de  l'Etat  est  de  129,G29, 
nombre  qui  se  renouvelle  à  peu  près  par 
quart  chaque  auiiée.  Ainsi,  le  chiffre  des 
admissions  a  été,  pour  1833,  de  35,01-4,  et 
selon  une  moyenne  de  dix  années,  il  est  de 
33,r;oo  par  an.  La  dépense  a  aussi  plus  que 
doublé  depuis  iSll;  cette  dépense  totale, 
supportée  par  les  départemens,  les  commu- 
nes et  les  hospices,  s'élève  aujourd'hui  à 
10,2-'tO,2G2  fr.  par  an.  Si  le  mal  continuait 
à  croître  dans  la  même  progression,  on  ne 
sait  pas  quelles  bornes  il  ne  pourrait  pas  dé- 
passer. 

L'administration  a  imaginé  deux  moyens 
de  combattre  cet  effrayant  accroissement  du 


nombre  des  enfans  trouvés  :  la  suppression 

d'un  certain  nombre  de  tours  et  le  déplace- 
ment des  enfans. 

Ain.  —  Le  conseil  géne'ral  c'mct  le  vœu  que 
le  gouvernement  prenne  à  sa  ch;>rge  les 
frais  de  layettes  et  Yètures.  (  Session  de 
1831.) 

Alpes  (Hautes).  —  Demande  que  le  gou- 
vernement allège  les  cltiipges  que  fait  pe- 
ser sur  le  département  l'entretien  des  en- 
fans trouvés.  (Session  de  1831.) 

AiîiÙGE.  —  La  dépense  des  enfans  trouvés 
et  abandonnés  devrait  être  à  la  charge  du 
gouvernement.  (  Sessions  de  1818,  1819, 
1831.  )  Une  partie  de  ces  enf;ins  n'est  pas 
née  dansla  classe  indigente  (  ;S21). 

Aude.  —  Emet  le  vœu  qu'il  soit  fourni  à  la 
dépense  des  enfans  trouvés  en  prélevant 
une  somme  déterminée  sur  les  centimes 
additionnels  de  tous  les  départemens.  (Ses- 
sion de  1819.) 

AvEYKO>'.  —  Vœu  pour  que  les  dépenses 
occasionées  par  l'entretien  des  enfans 
trouvés  soient  mises  à  li  charge  de  l'Etat 
(1824). 

BoucHEs-DU-RuôxE.  —  Lc  conseil  uuit  son 
vœu  à  ceux  de  plusieurs  autres  conseils 
généraux,  pour  obtenir  que  les  dépenses 
des  enf.^ns  trouvés  soient  mises  enti.;re- 
ment  à  la  charge  du  trésor  (I82'i,  lS2b). 

CoKUÈzE.  —  Former  un  fonds  commun,  au- 
quel tous  les  dép  rtemens  contribueront 
en  proportion  de  leurs  irapo>i!ions  (Jî'21). 

Garonne  (Haute).  — Déclarer  dépenses  de 
l'Etat  les  dépenses  des  enfans  trouvés,  et 
les  mettre  à  la  charge  du  trésor  (i8l7). 

Geus.  —  Mettre  la  dépense  des  enfans  trou- 
vés à  1  »  charge  de  lEt  t,  sauf  à  imposer  les 
départemens  pour  les  sommes  nécessaires, 
au  marc  le  franc  de  leur  contribution 
(1832). 

Gir.oNDE.  —  Mettre   la  dépense   entière  des 
enfans   trouvés  à  la  charge  du  gouverne-- 
ment,  en  y  affectant  le  produit  des  centimes 
départementaux  (1817.) 

Landes.  —  Emet  le  vœu  que  la  dépense  des 
enfans  trouvés  soit  portée  à  l'avenir  au 
budget  de  l'État  (1828). 

Loike-Infériel're.  —  Les  enfans  trouvés 
n'appartiennent  pas  tous  au  lieu  de  l'expo- 
sition. Dès-lors  il  semble  convenable  d'af- 
fecter la  dépense  de  tous  ces  enfans  sur  un 
fonds  commun  centralisé  entre  les  mains 
du  ministre  (1820). 

Lot.  —  Demande  que,  dés  que  la  situation 
du  trésor  le  pcrrdettra,  le  gouvernement 
acquitte  la  dépense  des  enfans  trouvés  et 
abandonnés  (182n). 

LozÈiiE.  —  Emet  le  vœu  que  1 1  dépense  de 
enfans  trouvés    soit   mise   désormais  à  la 
ch;.rge  de  l'Élat.  (Sessions  de  1823,  24,  25^ 
2G,  27,- 28,  2:J.) 

Mayenne.—  Désire  que  l'État  se  charge  «I® 
l'entretien   des  enfans  trouvés  (  1823  ). 

Melkthe. —  Demande  que  la  dépense  soit 
considérée  coinmo  dépense  commune  entre 


S8 
touiles  départemens.  (1820,  23,  24,2a,  20, 
21.  )' 
Moselle.  —  Pourvoir  à  la  dépense  des  en- 
faùs  trouvés,  au  moyen  :  i'>  des  revenus 
«Jui  leur  sont  propres;  2o  d'un  prélèvement 
sur  tous  les  établissemens  de  cluirité  du 
royaume;  3"  d'un  prélèvement  sur  toutes 
les  communes;  i"  d'un  fonds  commun  dé- 
partemental (1819). 

Nord.  —  Demande  que  la  dépense  des  enfans 
trouvés  soit  mise  à  la  charge  du  trésor  pu- 
blic (18^0,  1832). 

Oise.  —  Mettre  à  la  charge  de  l'État  toutes 
les  dépenses  des  enfuns  trouvés  (  1823 , 
1826). 

Or>e.  —  Emet  le  vœu  que  la  dépense  des 
enfans  trouvés  soit  mise  à  la  charge  du 
trésor  (IS'^o,  1826). 

Pas-de-Calais.  —  Emet  le  vœu  que  la  dé- 
pense des  enfans  trouvés  soit  déclarée  dé- 
pense de  l'État,  et  acquittée  par  le  trésor 
public  (1826). 

pYRÉ>'ÉES  (Basses).— Il  serait  à  désirer  que 
les  dépenses  occasionées  par  les  enfans 
trouvés  fussent  à  la  charge  de  l'État  (1827, 
1«28). 

Pyrénées  (Hatites).— La  dépense  des  enfans 
trouvés  devrait  être  imputée  sur  les  fonds 
généraux  de  l'État  (i8-26,  1827). 

Somme.  —  Faire  supporter  par  le  trésor  les 
dépenses  des  enfans  trouvés,  à  l'exception 
de  celles  de  ces  dépenses  qui  doivent  res- 
ter à  la  charge  de  certains  établissemens 
dotés  pour  ce  service  (1817). 

Vaucluse.  — Kécessité  démettre  la  dépense 
des  enfans  trouvés  à  la  charge  de  l'État. 
(18-27,  1828,  1831.) 

Vienne  (Haute).  —  Demande  que  la  dé- 
pense des  enfans  trouvés  soit  déclarée 
charge  générale  de  l'État,  et  qu'il  soit  pré- 
levé, pour  y  faire  face,  une  somme  déter- 
minée sur  les  centimes  additionnels  (1818). 

Yonne.  —  Mettre  la  dépense  des  enfans  trou- 
vés à  la  charge  du  gouvernement.  Faire 
contribuer  à  cette  dépense  tous  les  dépar- 
teinetis  (1819). 

Vingt-sept  conseils  généraux  demandent 
formellement  que  la  charge  relative  aux  en- 
fans trouvés  devienne  une  charge  commune. 

Ées  cahiers  d'analyse  d'où  ce  qui  précède 
est  extrait,  témoignent  que.le  besoin  d'une  lé- 
gislation nouvelle  est  généralement  senti. 
On  citera  comme  s'élant  plus  parliculière- 
ment  prononcés  sur  ce  point,  les  conseils  gé- 
néraux des  départemens  ci-après. 

Aisne  (Session  de  1827).  —  Allier  (1823). 
Basses-Alpes  (  1821,  18i8).  —  ARiÉGE(i821). 

—  AVEYKON  (1821).  —  CUEU  (l831).  —  COR- 
RLZE   (182S).  — EURE-ET-LOIRE     (1827,   1832). 

—  FiNiSTÎiRE  (  1821,  1826,  1827).  —  Gers 
(  1832).  —  Indre  (  il  émet  le  vœu  qu'on  place 
les  enfans  trouvés  sous  la  surveillance  d'une 
administration  intéressée  à  en  diminuer  le 
nombre    (1820).  —  Indre-et-Loire    (1826). 

—  Landes  (  1S28  ).  —  Mayenne  (  1820,  1820). 


—  Morbihan  (1824).  —  Nord  (1S2G).— Rhône 
(1821).  —  Seine  (1825). 

Enûn,  on  remarque  encore,  parmi  les  dé- 
libérations des  conseils  généraux,  un  nom- 
bre très-considérable  d'adhésions  an  système 
du  dépla-cfement  des  enfans,  d'arrondissement 
à  arrondissement,  pratiqué  comme  mesure 
d'économie. 

OocntRNAîrs    :    conséqtiences   fmancîères   d* 
nos  lois  pénales  (X). 

Le  montant  annuel  des  frais  de  la  jus- 
tice criminelle  s'élèvent  à 3,30€,000  fr. 

Sur  cette  somme  ,  les  frais 
avancés  par  l'état,  sauf  le  re- 
cours contre  les  condamnés, 
sont  de  2,(>S0,(iOM  francs  ;  mais 
leur  remboursement  est  si  éven- 
tuel, qu'il  ne  ligure  au  budget 
que  pour  mémoire.  Toutefois  , 
nous  les  ferons  ressortir  ici  pour 
un  dixième,  ce  qui  donne 208,000  fr. 

Reste  donc  à  la  charge  de 
l'état 3,032,000  fr. 

A  diviser  entre  les  individus  ci-après  : 

\o  Prévenus  traduits  devant  les  tri-' 
bunaux  correctionnels 35,486 

20  Accusés  devant  les  cours  d'assi- 
ses  "7,315 

30  Renvoyés  des  poursuites  par  les 
chambres  du  conseil 10,044 

40  Renvoyés  des  poursuites  par  les 
chambres  d'accusation "i"^ 

Total.    .     ,     .    33,620 

Ce  qui  fait  pour  chacun  d'eux  une  moyenne 
de  56  francs  55  centimes,  non  compris  la  dé- 
pense du  personnel  de  l'administration  de  la 
justice  ,  attendu  que  la  suppression  entière 
ou  partielle  des  condamnations  en  récidive, 
ne  diminuerait  pas  de  beaucoup,  dans  les  pre- 
miers temps  surlout,  les  membres  de  la  ma- 
gistrature. 

L'évahiation  fie  la  dépense  moyenne  an- 
nuelle par  indiviilu  condamné,  est  portée  à 
200  fr.  ;  mais  il  y  a  en  outre  les  dépenses  ad- 
ministralives,  celles  pour  réparations  et  en- 
tretiens des  maisons,  plus,  enfin,  rintérèt  du 
capital  engagé  dans  les  constructions  et  le 
matériel  :  c'est  pourquoi  nous  portons  la  dé- 
pense des  détenus  dans  les  prisons  autres 
que  les  bagnes,  à  250  francs. 

En  1833,  les  individus  arrêtés  et  renvoyés 
sans  jugement  par  les  chambres  de  conseil, 
avaient  subi  une  captivilc  préventive  don- 

(1)  Les  calculs  qui  suivent  ont  pour  base  la 
dépense  de  t833,  comme  étant  la  moyenne 
à  peu  prèségale  de  celle  des  années  antérieu- 
res, et  comme  étant  en  outre  l'année  où  les 
frais  de  justice  ont  été  proportionnellement 
les  moins  élevés. 


nanl  en  totalité  une  durée  de      7,910 mois. 

Les  prévenus  également 
renvoyés  [jm  les  clianibres 
d'accusation  ,  avaient  été  in- 
carcérés pendant 1,670  id. 

Les  individus  jugés  par  les 
tribunaux  correctionnels,  ont 
été  détenus  avant  leur  jugc- 
ijient 3  4,490  id. 

Les  accusés  traduits  devant 
les  cours  d'assises,  sont  restés 
en  prévention  pendant.  .   .   .      26,550  id. 

Total.  .  .  70,420  m. 
Soit.  .  5,869  ans. 
Lesquels,  à  raison  de  250  francs,  portent  la 
dépense  à  1 ,4G7,2S0  francs,  lesquels  répartis 
entre  les  53,620  individus  qui  ont  nécessité 
cette  dépense,  portent,  pour  chacun,  la  dé- 
pense moyemne  à 27  f.  35c. 

Les  frais  de  justice  s'elevanlà.  56    55 

La  somme  de.    .83     90 
représente  donc  la  dépense  moyenne  de  tout 
individu  arrêté,  jusqu'au  moment  de  la  mise 
en  liberté  avant  jugement  ou  par  acquitte 
ment. 

Pendant  les  dix  années  écoulées  de  1821 
à  1830  inclus,  le  terme  moyen  des  libérés 
d'une  année,  a  été,  savoir  : 

Pour  les  bagnes,  de 4,135 

Pour  les  maisons  centrales,  de.  .    .   5,080 
Pour  les  maisons  de  correction  et 
les  prisons  soumises  au  même  régime 
que  les  maisons  centrales,  de.    .   .   •      280 

Total.    .    .   6,495 

Durant  cette  même  période  ,  le  nombre 

des  individus  poursuivis  en  état  de  récidive, 

a  été  dans  les  proportions  suivantes.  Avec  les 

les  libérés  des  bagnes. .    .   51  ] 

—  Maisons  centrales..  33  >   p.  0[0  (1). 

—  Autres  maisons...   51  ) 

D'après  les  sorties  annuelles  ci-dessus  in- 
diquées, il  résulte  que  les  individus  en  état 
de  récidive  sont  de 

392  pour  les  libérés  des  bagnes. 
4,676  pour  les  libérés  des  maisons 
centrales. 
1-43  pour  les  libérés  des  autres  pri- 
sons. 

Total    2,171 

(1)  Dans  le  rapport  sur  l'adDiinistration  de 
la  justice  en  18:.3,  on  fait  observer  que  celte 
proportion  est  un  peu  trop  élevée,  par  suite 
d'erreurs  y  indiquées,  mais  néanmoins  nous 
la  considérons  comme  exacte,  si  uon  infé- 
rieure,  attendu    que  beaucoup   de  repris  de 

ustice  échappent  à  la  conséquence  de  la  ré- 
cidive, soit  en  changeant  de  nom,  soit  pour 

ouïe  autre  cause. 


Ce  qui  prouve  l'exactitude  des  calculs  ci- 
dessus,  c'est  que,  en  1831,  les  réciiJives  de 
celte  catégorie  ont  élé  de  2,156,  provenant 
des  Hbc-.e»  Uo  y.^tiuùe  précédente. 

Mais  il  ne  s  ensuit  pas  o^  a.  ^„-;i  u  y  au, 
année  moyenne,  que  2,171  individus  environ 
en  état  de  récidive;  il  faut  ajouter  à  ce 
nombre  les  libérés  des  maisons  départemen- 
tales, qui  ne  sont  point  classés  ci-dessus,  et 
les  récidives  provenant  des  libérés  des  an- 
nées antérieures  à  l'année  précédente. 

Ainsi,  par  exemple,  les  récidives  totales, 
en  1831  ,  ont  été  de  6,777  ;  celles  de  1832 
étaient  de  7,544;  en  1853,  elles  se  sont  éle- 
vées à  8,450,  ce  qui,  dans  l'espace  de  deux 
années,  présente  une  augmentation  de  1,673. 

Ces      8,450  individus  étaient  libérés. 

f    640  des  travaux  forcés, 
Egal     8,450  j     448  de  la  réclusion, 

(  7,265  des  peines  correclionn. 
1,"1S  ont  été  poursuivis  pour  crimes. 
7,132  pour  délits. 

8.450 

825  ont  été  acquittes,  7,627  condamnésaux 
peines  suivantes  : 

A  mort.  8\ 
Aux  travaux  forcés 

à  temps.  587 
Aux  travaux  forcés 

à  perpétuité.  37    ,  ,  ,  .     ,    _„„ 

A  la  réclusion.  ^»_i  ^lotal  égal:  1621. 

A  la  déportation.  1  \ 

A  la  détention.  2  ] 

A  la  prison.  6,514  1 

A  l'amende.  457/ 

Les  dépenses  résultant  des  condamna- 
tions en  récidive  prononcées  en  1835,  s'é- 
lèvent donc  à  5,714',637  francs.  En  voici  le 
détail  : 

8,450  Individus  dont  la  dépense  moyenne 
a  été  jusqu'au  moment  de  leur 
mise  en  liberté  ou  de  leur  jugement 
de  83  fr.  90  centimes,  pour  les  cau- 
ses  énoncées   plus  haut,    ce    qui 

(1)  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  les  récidi- 
Tcs  offrent  les  mêmes  rapports  dans  les  di- 
Terses  maisons  où  sont  placés  les  condamnés. 
Dans  les  10  années  ci-dessus  rehlées,  cette 
proportion  a  été,  en  moyenne  annuelle,  de 
18  sur  0  0  à  Cadillac,  de  20  à  Fonlevrault,  de 
55  au  Mont-Saint  Michel,  de  i2  à  Melun  et  à 
Limoges,  de  67  à  Poissy  et  de  146  à  Bicélre, 
prés  Paris.  (A). 

A.  Ce  rapport  de  US  sur  0/0  tient  à  ce  que  les  pei- 
nes subies  à  Eicêtre  étant  en  général  de  courte  durée, 
il  arrive  fréquemment  que  les  mêmes  individus  y  soat 
revenus  plusieurs  fois,  à  raison  de  nouvelles  condam- 
nalions,  dans  le  cours  des  dix  années  servant  à  établir 
la  moyenne  qui  forme  le  terme  de  comparaison. 


90 

donne  un  total  de.  .  70S,95o  fr. 
37  Condamnés  aux  Ira- 
Taux  forcés  à  vie,  les- 
nueis,  à  rai««"  fi'""<i 
i,<,j,!ivite  moyenne  de 
],*;  années  pour  cha- 
cun, donneiit  oSo  ans 
à  28"  francs  25  ccnti- 
mes  l'an  (i) -159,425  fr, 

ôé"  Condamnés  aux  tra- 
vaux forcés  h  temps , 
en  comptint  7  années 
pour  clncun  d'eux  , 
ce  qui  fiit  2,709  an- 
nées également  à 
287  fnmcs  2r;  cent.    .      778,i60  fr. 

521  Condamnés  à  la  réclu- 
sion, terme  moyen.  6 
anj,  donnant  un  total 
de  !,r>26  années  à  250 

francs 551,500  fr, 

6,oli  Condamnés  h  la  pri- 
son, dont  ia  durée  est 
de  moins  d'une  aiinés 
jusqu'à  10  ans  et  plus, 
ce  qui  donne  approxi- 
malivenient  (;,!)4G  an- 
nées à  250  fr,  fune..    1,75^,500  fr. 

Cette  somme  de..  5,714,540  fr. 

Représente  la  dépense  que  les  condamna- 
lions  en  récidive  ont  exigé  dans  une  seule 
année. 

En  1855  ,  le  nombre  des  individus  ou  ac- 
cusés jugés  conlradictoirement ,  s'est  élevé 
à 210,778 

Sur  lesquels  il  y  en  a  eu  d'ac- 
quittés    '       29,581 

Ce  qui  réduit  le  chiffre  des  con- 
danniés  à 181,197 

Mais  il  convient  d'en  soustraire 
ce'cix  qui  ont  été  condamnés  pour 
contraventions,  pour  refus  de  ser- 
vice dans  la  garde  nationale,  pour 
port  d'armes,  etc.,  et  généralement 
tous  ceux  qu'on  ne  peut  considé- 
rer comme  criminels ,  et  parmi 
lesquels  on  ne  doit  point  compter 
les  récidives;  ce  nombre  s'élève  à.     -150,209 

Reste.    .    .    .        50,988 

(1)  D'aprèsle  V.iulgel,  les  dépenses  relalives 
aux  chiourmos  sont  de.    .     .  '.    2,227,01.0  fr. 

Sur  celle  somme  il   faut  dé- 
duire celle  de 21U,0U0 

pour  sdairs  des  condanmés  om- 
ploycs  dans  les  poits  claleliers 
des  b;*gncs,  luiiiellc  figure  d.ms 
la  somme  principale,  cl  r»  pré- 
senle  une  valeur  induslrielle 
équivalcnle,  ce  qui  réduit  1;;  de- 

pentoà 2,011,000  (r. 

à  diviser  entre  7,0(^)0,  nomlrc  de  forçais  indi- 
«îuéi  .u  Lu(!g:«>t,  ce  cui  donne,  pour  chacun. 

une  Uépw'issc  ui()j«nac  Je  287  fr;  iv  3  £8  cent, 


individus  qui  ont  été  condamnés  aux  peine^ 
suivantes  : 

A   mort.  42\ 

Aux   travaux   forcés  \égal:  50,988 

perpétuels.  127  1  condamnés 

Aux  travaux   forcés  j pour  crimes 

temporaires.  'Si\ordtnaires , 

A  la  réclusion.  726;  les  délits  ou 

A  des  peines  correc-  l  crimes  poli- 

tionnelles  28,898  A  tiques  non 

Eifans  détenus  par  compris, 

voies  de  correction.    .       415/ 

Si,  niaiiilenant ,  d'après  le  chiffre  des  ré- 
cidives antérieures,  on  calcule  le  nombre  pro- 
bable de  celles  qui  résulteront  des  condam- 
nations de  1855  (pour  crimes  ordinaires), 
on  arrive  au  résultat  suivant. 

911     Forçats    dans    la  propor- 
tion de  51  p.  OjO 282 

726     Rédusionnaires  de   55   p. 

0|0 240 

7,477  Condamnés  à  un  an  et  plus 
de  prison,  et  qui  par  con- 
séquent subiront  leur  peine 
dans  les  maisons  centrales, 
où  le  rappart  des  récidives 
est  de  55  p.  0[0  avec  les  li- 
bérés, ci 2,4C7 

21,419  Condamnés  à  moins  d'un 
an  de  prison,  et  qui  subi- 
ront leur  captivité  dans  les 
autres  maisons  que  celles 
indiquées  ci-dessus,  et  oiz 
les  récidives  sont  de  51  p. 
OjO 10,923 

415    Enfans,  pour  mémoire. 

Total.    .   .     15,912 

individus,  qui,  en  calculant  tontes  les  ré- 
cidives ultérieures  auxquelles  ils  donneront 
lieu,  se  classent  de  la  manicrc  suivante,  par 
nature  de  condamnations  : 

A  mort ....  15 

Aux  travaux  forcés  à  perpétuité.  45 

Aux  travaux  forcés  à  temps.   .    .  278 

A  la  réclusion 258 

A  des  peines  correctioiinellcs.    .     10,578 
A  des   peines   de   simple  police, 
non  portées  en  dépense 999 

Total  des  condamnatio!is.    .    .   .    '11,904 
Acquittés.  .    .    .        !,948 

Égal.  .  15,912 
Or,  en  calculant  la  dépense  d'après  les  ba- 
ses fixées  ci-dessus,  il  résulte  que  les  réci- 
dives auxquelles  donneront  lieu  les  seules 
coiidamnations  de  1855,  grèveront  l'état 
d'une  somme  totale  de  4,^75,000  francs. 
Ainsi  donc,  si  par  en  mode  qucIconqu« 


de  rôprossion  ,  on  pouvnit  arriver  à  rendre 
les  cas  de  rociilivo  exirèmoiiieiit  rares,  les 
dépenses  pour  ia  juslicecrimiîiolle  (iiniiiiiic- 
raJent  de  cinq  millions,  atiiiuell(M)ioiil,  puis- 
que le  rliilTre  va  toujours  en  progressant. 
D'ailleurs,  romnie  on  a  pu  le  remarquer  ,on 
n'a  pas  porté  en  compte  les  dépenses  pour 
les  condamnés  à  mort,  à  partir  du  jour  de 
leur  jugement  <à  celui  de  leur  exécution  ;  il 
faudrait  aussi  tenir  compte  de  ceux  d'en- 
tre eux  qui  ont  été  comujués  à  une  autre 
peine,  et  qui  dès  lors  rentrent  dans  la  classe 
de  ceux  pour  lesquels  on  a  établi  les  calculs. 
,  Peut-être  objeclcra  t-on  que  les  condam- 

nés ne  font  pas  (ouïe  leur  peine,  grâce  à  la 
clémence  du  roi.  Oui,  sans  doute  cela  se  voit 
souvent ,  mais  comme  il  s'agit  ici  des  con- 
damnés, en  récidives,  il  est  dès  lors  inutile 
de  diminuer  le  chiffre  des  dépenses  qu'elles 
occasionent ,  puisqu'elles  se  trouvent  pla- 
cées, en  quelques  sorte  ,  hors  de  la  classe 
où  l'on  choisit  habituellement  les  individus 
qui  participent  à  la  clémence  royale. 

Enfin ,  il  est  une  dernière  considération 
à  faire  valoir  pour  justifier,  au  besoin,  l'é- 
lévation du  chiffre  ci-dessus. 

En  vertu  de  l'article  66  du  code  pénal,  les 
enfans  âgés  de  moins  de  seize  ans,  qui  sont 
considérés  comme  ayant  dès  lors  agi  sans 
discernement,  sont,  en  cas  de  culpabilité,  dé- 
tenus dans  ui-ie  maison  de  correction  jusqu'à 
ce  qu'ils  aient  atteint  leur  dix-huit  ième  année. 
Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'examiner  s'il 
est  de  bonne  justice  de  punir,  par  le  fait, 
plus  sévèrement  l'enfant  qui  est  reconnu 
pour  avoir  agi  sans  discernement,  que  celui 
qui  a  compris  l'importance  de  son  action  : 
nous  ne  voulons  considérer  la  question  que 
sous  le  rapport  financier. 

D'après  des  relevés  faits  sur  une  période 
de  20  années,  il  r/sulte  que  l'individu  détenu 
d'abord  comme  enfant  et  à  titre  de  correc- 
tion, a  subi,  à  l'âge  de  45  ans,  quatre  arresta- 
tions et  dix  années  de  condamnation,  dont 
cinq  dans  les  bagnes. 

Ainsi  donc,  tout  condamné  de  cette  caté- 
gorie coûte  à  l'état  3,8oC  francs  !  Parmi  ces 
enfants,  les  récidives  étaient  de  42  p.  0[0! 
Nous  avons  porté  les  enfans  pour  mémoire, 
parce  que  depuis  quelques  années  une 
maison  particulière  leur  a  été  consacrée  , 
et  que  tout  fait  espérer  que  les  rechutes 
seront  exlrêmement  rares  parmi  les  jeunes 
condamnés ,  grcàcc  au  soin  qu'on  prend  de 
les  réhabiliter  moralement  à  leurs  propres 
yeux. 

On  a  calculé  qu'il  coûterait  ÔO  millions 
pour  établir  en  France  des  pénitentiaires  en 
nombre  suffisant.  En  admettant  que  par  ce 


9i 

mode  de  répression  on  obtînt  seuleriient 
une  diminution  de  moitié  dans  les  récidi- 
ves, on  voit  qu'il  y  aurait  encore,  abstraction 
fuie  du  côté  moral,  une  grande  économie 
à  l'ensployer,  puisque  le  ca[)ital  que  présen- 
terait celte  diminution  dans  la  dé[)ensc,  s'é- 
lèverait à  50  millions. 

CouvERNANs.  —  Propagation  de    la  connals- 
sanee    du  système  métrique. 

Pour  obtenir  le  but  désirable  de  faire 
adopter  généralement  les  nouvelles  mesures, 
on  propose  dans  la  livraison  d'octobre  1834, 
de  contraindre  chaque  particulier  à  vendre 
chez  lui  ses  denrées  avec  des  mesures  mé- 
triques: il  est  à  criindre  que  l'application 
de  cette  loi  ne  parût  trop  difficile,  trop  ve- 
xatoire  et  ne  dégénérât  en  inquisition. 

Vn  moyen  de  répandre  la  connaissance  deS 
nouveaux  poids  et  mesures,  c'est  de  la  rendre 
nécessaire  k  tous  les  Français  qui  savent  lire 
(et  bientôt  ce  sera  le  plus  grand  nombre)- 
Pourcelailsuffiraildeproscrirejusqu'aunom 
même  des  anciennes  mesures, dans  tout  écrit 
imprimé, ûc  quelque  mtnre  qu'il  fût, depuis  la 
simple  annonce  jnsqu'auxonvragesde science 
et  même  de  littérature.  L'amende  srrait  là 
pour  avertir  l'imprimeur;  et  alors  force  serait 
h  l'écrivain  et  aux  lecteurs  de  se  familiariser 
avec  un  système  si  beau ,  si  connnode  et  si 
avantageux. 

On  devrait  étendre  la  défense  aux  ouvrages 
modernes  déjà  imprimés;on  exigerait  que  dans 
toute  réimpression,  <à  côté  de  la  dénomination 
ancienne,  l'éditeur  plaçât  la  nouvelle,  et  même 
aux  traductions  des  ouvrages  anciens  et  étran- 
gers; pour  ceux-ci ,  cela  offrirait  une  autre 
utilité,  celle  d'enseigner  au  lecteur,  qui  l'i- 
gnore toujours,  lerapportavec  les  nôtres  des 
mesures  des  anciens  et  des  peuples  étrangers. 

On  est  étonné  de  voir  encore  dans  les  admi- 
nistrations publiques,  et  notamment  dans  les 
opérations  cadastrales,  travaux  importans  qui 
sont  faits  en  grande  partie  pour  les  générations 
qui  viennent,  employer,  au  lieu  d'hectare,  la 
dénomination  d'arpent,  mot  nouveau  dans 
beaucoup  de  pays,  synonyme  toléré  à  la  vérité, 
mais  essentiellement  transitoire,  qui  ne  fait 
que  compliquer  l'étude  du  syslème  et  augmen- 
ter l'éloignement  qu'on  a  de  l'apprendre,  et 
qui  devrait,  après  40  ans,  être  entièrement 
hors  d'usage. 

Une  amélioration  d'un  autre  ordre,  qui  con- 
tribuerait aussi  à  hâter  la  connaissance  du  nou- 
veau système,  consisterait  dans  la  disposition 
qui  confierait  au  vérifirateur  les  poursuites 
dt^s  délits  et  contraventions  constatés  par  lui 
ou  par  les  maires;  il  remplacerait  efficacement 
pour   cet    objet   le  commissaire  de  police  > 


93 


et  dans  les  cantons  ruraux  le  maire  du  chef- 
lieu,  à  qui  les  fondions  de  ministère  public  ré- 
pugnent en  générai.  11  ferait  auprès  des  tri- 
bunaux de  paix,  en  matière  de  poids  et  me- 
sures, l'office  des  agens  forestiers  auprès  des 
tribunaux  correctionnels  en  matière  d'eaux 
et  forêts.  A.  hosicnol. 

BCaires.    —   Anciennes    administrations 
municipales. 

Arant  la  révolution,  les  provinces  étaient 
administrées  par  des  états  provinciaux,  des 
assemblés  provinciales  et  des  intcndans  et 
commissaires  départis  dans  des  généralités. 

L'assemblée  constituante  ,  voulant  mettre 
de  l'uniformité  dans  l'administration,  divisa 
la  France  en  départemens  ,  districts  et  can- 
tons. 

Elle  établit  dans  chaque  département  une 
assemblée  administrative  supérieure;  dans 
chaque  district  une  assemhlce  administra- 
live  inférieure,  et  une  munici;)alité  dans 
chaque  ville,  bourg,  paroisse  ou  comnmnauté 
de  campagne. 

Chaque  administration  de  département 
était  divisée  en  deux  sections.  L'une,  sous  le 
titre  de  conseil  de  département ,  ne  tenait 
qu'une  cession  annuelle;  l'autre,  sous  le  ti- 
tre de  directoire  de  département,  était  tou- 
jours eu  activité  pour  l'expédition  des  affai- 
res. 

Il  y  avait  aussi  pour  chaque  administra- 
lion  de  district  deux  sections,  sous  le  litre 
de  conseil  de  district  et  le  directoire  de 
district,  'et  dans  chaque  commune  un  con- 
seil général  de  la  commune  cl  un  corps 
municipal. 

La  constitution  de  l"9r>  conservait  dans 
chaque  commune  une  administration  muni- 
cipale; dans  chaque  district,  une  administra- 
tion Hitermédiaire;  et  dans  chaque  départe- 
ment, une  administration  centrale. 

Mais  tout  fut  changé  par  l'établissement 
du  gouvernement  révolutionnaire,  le  A  fri- 
maire an  2.  j^cs  corps  constitués  furent  mis 
sous  la  surveilllancc  immédiate  du  comité 
de  salut  public.  Les  autorités  départemen- 
tales furent  paralysée?  et  ne  rcs'èrent  pres- 
que plus  chargées  que  de  répartir  les  iaipo- 
sitioiis.  Les  conseils-généraux  de  départe- 
ment, les  procureurs-syndics  et  les  prési- 
dens  furent  sujipiimés. 

Dans  les  districts,  raulorioés'accruL.  Leurs 
procureurs-syndics  et  ceux  des  conununes 
furent  supprimés  et  remplacés  dans  chaque 
district  et  dans  chaque  comnmnc  par  des 
agens  nationaux  qui  correspondaient  direc- 
tement avec  les  comités  de  salut  public  et 
de  sûreté  générale,  pour  l'exécution  des 
mesures  dites  révolutionnaires. 


Les  lois  furent  adressées  directement  aux 
municipalités  et  à  des  comités  révolution- 
naires, dont  la  France  fut  couverte  de  toutes 
parts. 

Un  décret  du  28  germinal  an  5,  rétablit 
les  administrations  de  département  et  de 
district,  et  leur  rendit  les  fonctions  qui  leur 
avaient  été  déléguées  par  les  lois  antérieu- 
res au  51  mai  1795.  Cette  organisation 
nouvelle  subsista  jusqu'à  la  constitution  de 
l'an  5. 

Pendant  ces  temps  de  trouble  et  d'anar- 
chie, la  municipalité  de  Paris  eut  une  in- 
fluence extraordinaire  sur  les  affaires  publi- 
ques, et  même  sur  la  convention.  Le  con- 
seil-général de  cette  commune,  devenu  per- 
manent, les  assemblées  de  section,  les  co- 
mités civils  et  révolutionnaires  réunissant 
cette  influence  à  celle  de  la  société  des  Ja- 
cobins, dictèrent  souvent  des  lois  au  pou- 
voir législatif  lui-même. 

Le  9  termidor  an  2  détruisit  cette  muni- 
cipalité; et  la  constitution  de  l'an  5,  au  lieu 
d'un  seul  corps  municipal,  on  établit  plusieurs 
dans  le  canton  de  Paris:  le  nombre  fut  fixé 
à  12  administrations  municipales, qui  furent 
formées  et  distinguées  par  une  loi  du  1» 
vendémiaire  an  4. 

La  constitution  de  l'an  5  établit  dans  cha- 
que département  une  adiuinistration  cen- 
trale de  cinq  membres,  renouvelée  par  cin- 
quième tous  les  ans.  Les  districts  furent 
supprimés,  et  il  fut  créé  une  administration 
municipale   au  moins  dans  chaque  canton. 

Chaque  commune  de  r),oon  à  100,000  ha- 
bitans  eut  une  administration  municipale; 
dans  les  comn)unes  de  5,000  hahitans,  il  y 
eut  un  agent  munici|)al  et  un  adjoint.  La 
réunion  des  agens  municipaux  de  chaque 
commune  de  canton  formait  la  municipalité 
de  canton.  Dan?  les  communes  ayant  plus  de 
100.000  habilans,  il  y  eut  plusieurs  adminis- 
trations municipales  ,  et  un  bureau  central 
pour  les  objets  jugés  indivisibles  par  le 
corps  législatif. 

Le  (lirecloire  exécutif, créé  parcelle  com- 
mission, nommait  un  commissaire  auprès  de 
cha(juc  administration  centrale  et  munici- 
pale. 

Cet  état  de  choses  a  duré  jusqu'à  la  cons- 
titulinn  del'nn  8,  qui  a  ramoné  l'ordre  et  l'u- 
nité dans  l'administration,  par  l'établissement 
des  préfectures,  sous-préfectures  et  des  mai- 
ries. 

I^Ainxs.    —  Culle,  TCanifestation  extérieure. 

Le  fait  d'un  curé  qui  contrevient  à  un  ar- 
rêté municipal  portant  défense  de  faire  pas- 
ser la  procession  de  la  Fête-Dieu  dans  certai- 
nes rues,  constitue  un  cas  d'abus  justiciable 
seulement  du  conseil  d'étal,  et  non  une  con- 
travention (le  la  compétence  du  tribunal  de 
police. 
(Loi  du  18  germinal,  an  X,art.  G,  cass.,  25 

déc.  1853. ) 


REPERTOIRE  DOMESTIQUE. 


X.  Éducation  de    l'enfance.  —  XI.  Morale  et  bien-être  des  famille*. 
—  III.  Economie  usuelle. 


Des  prêts  hypothécaires. 

Parmi  les  différentes  sûretés  qui  peuvent 
tranquilliser  sur  l'exécution  des  engagemens, 
l'hypothèque  est  regardée  ,  avec  raison , 
comme  une  des  plus  satisfaisantes.  Concilier 
l'intérêt  du  créancier  et  du  débiteur,  tel  est 
le  double  avantage  qu'elle  présente ,  et  tel 
doit  être  aussi  le  but  de  toute  loi  sur  cette 
matière.  Il  est  égrilenient  juste  et  politique 
que  le  débiteur  n'éprouve  aucun  dommage 
des  précautions  qu'un  prêteur  est  autorisé 
de  prendre. 

Pour  obtenir  ce  double  résultat,  il  faut  se 
former  des  idées  précises  sur  la  naîure  du 
droil''1iypothécaire  et  sur  la  manière  de  le 
constater  et  de  le  maintenir. 

Comme  il  s'agit  d'assurer  une  garantie  im- 
mobilière ,  il  devient  également  utile  de 
prendre  toutes  les  précautions  convenables 
po.ur  la  consolidation  des  propriétés,  et  pro- 
pres à  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  qualité 
de  celui  qui  veut  s'en  aider  pour  établir  son 
crédit. 

Enfin,  ce  ne  serait  point  assez  d'avoir  ainsi 
prévu  ce  qui  peut  corroborer  les  conven- 
tions. Ce  premier  avantage  deviendrait  nul, 
si  la  discussion  n'est  point  rendue  fiicilc  et 
si  sa  réalisation  se  trouve  assujétie  à  des  for- 
Cies  lentes  et  pénibles  ,  qui  exposent  le 
créancier  à  des  retards  multipliés  et  à  des 
dépenses  onéreuses. 

Mais  ce  qui  importe  surtout  à  la  société 
entière,  c'est  qu'un  droit  qui  gêne  la  dis- 
ponibilité des  propriétés,  ne  s'exerce  qu'en 
vertu  de  titres  authentiques,  contre  lesquels 
il  ne  puisse  s'élever  de  doutes,  de  présomp- 
tions apparentes.  Le  trouble  que  des  pro- 
priétaires éprouveraient ,  sous  le  prétexte 
de  prétentions  souvent  mal  fondées  et  tou- 
jours susceptibles  de  débats  plus  ou  moins 
longs,  produirait  une  défuveiw  pour  la  pos- 
session des  propriétés  foncières,  et  qui  ra- 
lentirait sensiblement  le  cours  de  leurs  mu- 
tations. Toujours  le  placeincnt  des  capitaux 
se  tourne  vers  l'emploi  qui  présente  le  moins 
d'obstacles  pour  la  jouissance. 

En  thèse  générale  ,  le  droit  d'engager  une 
chose  en  suppose  la  disponibilité  légale  dans 
les  mains  de  celui  qui  veut  donner  un  pareil 
consentement;  mais  ce  principe  est  surtout 


de  rigueur  dans  l'affectation  hypothécaire, 
qui  emporte^  si  ce  n'est  une  aliénation  ae- 
luelie,  au  moins,  dès  à  présent,  le  droit, 
en  faveur  du  créancier,  de  réaliser  le  gage 
par  l'expropriation  de  la  chose  hypothéquée. 
Mais  la  capacité  d'aliéner,  et  [)ar  conséquent 
d'hypothéquer,  n'appartient  pointa  tout  pro- 
priétaire.Lorsqu'il  est  incapable  de  donner  un 
consentement  libre  et  réfléchi ,  ses  intérêts 
doivent  être  protégés  par  l'autorité  publi- 
que; elle  est  confiée  h  un  tiers,  qui  n'agit  que 
contorménient  aux  pouvoirs  qu'on  lui  délè- 
gue. Ainsi,  un  miiieur,  un  interdit,  un  ab- 
sent, sont  représentés  par  leurs  tuteurs  op 
curateurs  ;  mais  ceux-ci  n'ont  aucune  capa- 
cité personnelle  pour  aliéner  ni  hypothé- 
quer. 

D'autres  n'ont  qiu'une  incapacité  relative , 
telles  que  les  femmes  mariées  ,  qui  ne  con- 
tractent valablement  que  sous  l'autorisation 
de  leurs  maris.  Les  lois  romaines  leur  lais- 
saient, il  est  vrai ,  la  libre  disponibilité  de 
tous  biens  paraphernaux,  non  constitués  en 
dot  ;  maisiune  déclaration  de  lt>64,  observée 
dtns  le  ressort  du  ci-devant  parlement  dje 
Paris ,  iQur  a  .enleyé  cette  faculté. 

Les  mutations  de  propriétés  doivent  être 
aussi  considérées  comme  contrat  civil ,  sous 
deux  rapports  essentiels  à  saisir  ,  et  dont 
l'ensemble  peut  seul  maintenir  la  balance 
entre  tous  les  intérêts  généraux.  Les  con- 
ventions se  trouvent,  à  l'égard  des  parties 
qui  les  forment ,  complètes,  par  le  seul  fait 
de  leurs  volontés  respectives  ,  et  de  simples 
règles  d'équité  naturelle  suffiraient  pour  en 
déterminer  l'effet.  Mais  l'influence  quelles 
peuvent  avoir  sur  les  autres  obligations  déjà 
consenties  ,  ou  qui  le  seraient,  soit  par  l'an- 
cien propriétaire,  soit  par  le  nouveau,  exige 
des  dispositions  législatives  propv.es  à  ga- 
rantir les  biens  de  toute  atteinte. 

Un  édit  de  Louis  XîV  avait  défendu 
d'exercer  l'action  hypothécaire  sur  les  mai- 
sons qui  seraient  bâties  à  Versailles,  et  bien- 
tôt cette  ville  fut  embellie  par  des  hôtels. 
En  assurant  de  grands  moyens  de  crédit  à 
l'agriculture,  bientôt  le  résultat  tournera  au 
profit  de  la  société  entière.  Les  capitaux  ne 
circulent  librement  et  avec  avantage  pour 
tous,  que  quand  une  législation  sagement 


:94 


combinée  garantit  contre  toute  espèce  din- 
quiélude,  de  pertes  et  d'embarras. 

Malheureusement ,  ces  principes  de  sim- 
ple équité  n'ont  pas  toujours  été  consacrés 
dans  les  lois  sur  la  matière, ou  plutôt  ils  ont 
été  éludés  par  l'esprit  de  chicane  et  la  mau- 
vaise foi;  et  maintenant  il  n'y  a  ,  pour  ainsi 
dire,  aucun  cas  d'hypothèque  qui  offre  une 
garantie  positive ,  ainsi  que  nous  allons  le 
prouver  par  quelques  exemples,  que  nous 
prendrons,  soit  dans  des  arrêts  rendus  sur 
la  matière,  soit  dans  un  ouvrage  très-remar- 
quable, publié  par  M.  Dccourdemanche,  sur 
le  Danger  de  prêter  sur  hypothèque. 

i°  11  peut  arriver  qu'un  acquéreur  de 
bonne  foi  et  déjà  mis  en  possession,  soit 
évincé  par  un  acquéreur  précédent,  encore 
i)icn  que  ce  dernier  n'ait  point  fait  connaître 
son  titre,  et  quand  même  l'adjudication  au- 
rait eu  lieu  sur  expropriation. 

2o  Un  acquéreur  ou  un  créancier  hypothé- 
caire peut  être  tenu  de  souffrir  un  usu- 
fruit dont  on  ne  lui  a  pas  donné  connais- 
sance. 

50  L'acquéreur  d'un  bien  vendu  par  ex- 
propriation ,  peut  se  trouver  dans  l'obliga- 
tion d'exécuter  des  baux  qui  auraient  été 
consentis  avant  la  poursuite  ,  quand  bien 
même  on  les  lui  aurait  laissé  ignorer. 

40  Un  acquéreur  peut  être  contraint  à  dé- 
laisser un  immeuble  à  lui  vendu ,  lorsqu'il 
se  présente  des  créanciers  auxquels  ce  même 
immeuble  aurait  été  précédcmnientdonné  en 
anlichrèse,  ou  si  la  vente  a  été  consentie  par 
ua  interdit,  quelle  que  soit  l'ignorance 
où  l'acquéreur  était  sur  l'étal  civil  de  son 
cédant. 

h^  L'adjudicataire  d'un  immeuble  peut  être 
tenu  de  souffrir  des  servitudes  qui  dimiiment 
la  valeur  de  la  propriété,  quand  bien  même 
son  vendeur  les  lui  aurait  cacliécs. 

6°  Un  préteur  sur  hypothèque  peut  perdre 
sa  créance,  si  un  ancien  vendeur  était  en- 
core créancier  de  tout  ou  partie  de  l'immeu- 
ble engagé. 

Comme  en  achetant  une  créance  hypothé- 
caire ,  on  n'a  aucun  moyen  de  s'assurer 
qu'elle  n'a  pas  déjà  été  vendue  à  un  autre, 
l'hypothèque  peut  devenir  illusoire,  si  le 
débiteur  vend  en  détail  i'innneuldc  hypothé- 
qué ;  cet  inconvénient  se  fait  surtout  sentir 
à  l'égard  de  l'hypothèque  légale  des  femmes. 

7"  Une  hypothèque  consentie  sur  un  im- 
meuble indivis  par  suite  de  succession,  peut 
devenir  illusoire,  si  celui  qui  a  consenti 
1  hy})othèque  a  à  faire  à  la  succession  des 
rapports,  qui  absorberont  sa  part,  ou  si  le 
créancier  n'a  pas  le  soin  de  surveiller  le 
partage  de  la  succession ,  pour  empêcher 


que  l'on  ne  mette  que  des  meubles  dans  le 
lot  de  son  débiteur. 

8°  Lorsqu'il  existe  une  hypothèque  géné- 
rale sur  |)lusieurs  immeubles,  le  créancier 
qui  n'a  exigé  d'hypothèque  spéciale  que  sur 
l'un  des  immeubles  affectés  à  l'hypothèque 
générale  ,  est  exposé  à  voir  absorber  toute 
la  valeur  du  seul  immeuble  qui  est  sa  ga- 
rantie, par  le  paiement  du  montant  de  l'hy- 
pothèque générale  qui  le  prime. 

90  En  cas  d'incendie  d'une  maison  assu- 
rée, les  créanciers  hypothécaires  n'ont  au- 
cune préférence  sur  le  montant  du  sinistre, 
s'ils  n'ont  pas  eu  le  soin  de  se  faire  transpor- 
ter ce  sinistre  dans  la  prévoyance  de  l'in- 
cendie. 

10°  Enfin,  un  créancier  est  exposé  à  per- 
dre l'hypothèque  la  plus  importante  et  la 
plus  soliilc  :  l'^S'il  n'a  pas  la  précaution  de 
bien  s'assurer  que  tous  les  biens  qui  lui 
sont  affectés  sont  réellement  situés  dans 
l'arrondissement  indiqué  paît  l'acte  ;  i>o  S'il 
omet  de  comprendre  dans  son  bordereau 
d'inscription,  ou  dans  ceux  du  renouvelle- 
ment, une  seule  des  éiioncialions  exigées 
par  l'article  2148  du  code  civil;  3»  S'il  oublie 
de  renouveler  son  inscription  tous  les  dix 
ans. 

Ce  qu'il  y  a  surtout  de  remarquable,  c'est 
que  les  nouvelles  lois  hypothécaires  aient  pris 
mille  précautions  pour  rendre  publiques  les 
hypothèques  spéciales,  et  quelles  n'en  pren- 
nent aucune  pour  la  publicité  de  celte  foule 
d'actes  qui  ,  en  modilianl  la  capacité  des 
personnes  ,  ne  portent  pas  seulement  at- 
teinte à  la  propriété  d'un  innueuble  spécial, 
mais  encore  à  celle  de  tous  les  biens  qu'un 
individu  possède  dans  l'étendue  du  terri- 
toire. 

La  régie  générale  de  !a  publicité  des  droits 
réels,  proclamée  par  le  code,  succombe 
sous  les  exceptions  qui  la  modifient  ,  et 
l'existence  de  privilèges  et  d'hypothèques 
légales,  pour  une  somme  déterminée,  peut 
devenir  une  source  d'abus  sans  nondire  ; 
aussi  a-ton  généralement  peu  de  eonllance 
dans  les  transactions  hypoihécaircs  :  ce  qui 
le  prouve,  c'est  que  l'enqiiêîe,  qtii  a  précédé 
rétablissement  de  la  caisse  hypothécaire  ,  a 
démontré  que  le  taux  moyen  de  l'intérêt 
des  prêts  sur  hypothèque  ,  était  de  12  1(2 
pour  0(0. 

Mais  encore,  bien  que  les  imperfections  de 
notre  système  hypothécaire  aient  été  signa- 
lées à  différentes  époques,  ce  n'est  cepen- 
dant qu'en  i826  qu'elles  devinrent  l'objet 
dune  attention  particulière.  M.  C.  Périer, 
prenant  l'initiaiive,  créa  un  prix  de  5,000  fr. 
pour  l'auteur  du  mémoire  qui  indiquerait  le 


iTiicux  les  vices  et  les  licunes  des  disposi- 
tions législalivcs  et  adniiiiisiratiYes  concer- 
nant les  prêts  hypotliccaires,  et  les  obstacles 
qui  s'opposent  à  la  direction  des  capitaux 
vers  celte  nature  d'emploi.  Vn  grand  nombre 
de  mémoires  furent  adressés  ;  mais  les  évé- 
nemens  politiques  qui  survinrent ,  et  surtout 
la  mort  de  l'honorable  C.  Périer,  rendirent 
infructueux  les  efforts  des  concurrens ,  la 
famille  de  l'auteur  de  la  proposition  n'ayant 
pas  cru  devoir  donner  suite  aux  intentions 
de  ce  dernier. 

M.  Decourdcmanche,  que  des  travaux  de 
législation  ont  placé  en  premier  rang  parmi 
les  jurisconsultes  de  notre  époque,  est  un  de 
ceux  qui  ont  répondu  à  cet  appel ,  et ,  dans 
le  livre  dont  nous  venons  d'indiquer  le  titre, 
il  a  signalé  les  vices  des  lois  sur  la  matière, 
et  indiqué  les  moyens  de  les  faire  disparaître, 
en  combinant  entre  eux  le  régime  hypothé- 
eaire  et  le  cadastre. 

Pour  remédier  à  tous  les  vices  que  nous 
venons  de  signaler,  il  faut  surtout,  selon  M. 
Decourdcmanche,  conserver  les  avantages  de 
la  spécialité  de  l'iiypothèque,  et  donner  une 
publicité  plus  efficace  à  tous  les  actes  qui 
ont  pour  objet  de  constater  ou  modifier  l'é- 
tal ou  la  capacité  des  personnes,  ou  de  cons- 
tater ou  modifier  la  propriété  des  biens  im- 
meubles en  générai. 

On  pourrait  espérer  d'obtenir  ce  double 
résultat,  en  donnant  plus  d'étendue  aux 
fonctions  des  conservateurs  des  hypothèques, 
et  en  faisant  concourir  le  cadastre  au  but 
qu'on  se  propose.  Des  conservateurs  spé- 
ciaux du  cadastre  seraient  chargés  de  suivre 
et  de  constater  sur  les  plans  et  sur  les  autres 
pièces  cadastrales  ,  toutes  les  mutations 
qui  peuvent  survenir  dans  la  propriété  im- 
mobilière. De  leur  côté,  les  conservateurs  des 
Inpothèques  ,  sous  le  litre  de  conservateurs 
des  hypothèques  e»  de  l'état  civil,  inscri- 
raient par  extrait,  sur  leurs  registres  ,  tous 
les  actes  ayant  pour  objd  de  constater  la 
capacité  des  citoyens  ou  la  propriété  de  leurs 
biens. 

En  un  mot ,  ks  conservateurs  du  cadastre 
certifieraient  quels  ont  été  les  propriétaires 
successifs  de  chaque  immeuble,  et  les  coi!- 
servateurs  des  hypothèques  el  de  l'état  civiî, 
quelles  sont  toutes  les  circonstances  qui  ont 
pu  modifier  la  capacité  de  ces  divers  proprié- 
taires ,  et  grever  les  propriétés  qu'ils  ont 
possédées. 

Ce  serait  surtout  dans  la  publicité  rigou- 
reuse de  tout  acte  ,  généralement  quelcon- 
que, qui  modifie  ou  constate  l'état  ou  la  ca- 
pacité des  personnes  et  la  propriété  des 
biens  immeubles,  qu'on  préviendrait  la  plu- 


95 

part  des  moyens  de  fraude  qui  se  rencon- 
trent dans  les  transactions  hypothécaires. 
Si,  à  peine  de  nullité,  tout  acte  de  cette  na- 
ture était  soumis  au  conlrùle  de  la  publicité, 
il  en  résulterait  une  confiance  qui,  en  défi- 
nitive, tournerait  à  l'avantage  des  prêteurs 
et  des  emprunteurs. 

Ces  principes  sont  développés  dans  un 
projet  de  loi,  contenajit  136  articles,  que 
les  bornesde  cette  feuille  nous  empêchent  de 
faire  connaître  autrement  que  par  le  som- 
maire qui  précède. 

Héritier    sous    bénéfice   d'inventaire. 

On  donne  ce  litre  à  l'individu  qui  n'a  ac- 
cepté l'héritage  à  lui  dévolu ,  que  dans  le 
cas  échéant  d'un  aranlage  réel  à  en  recueil- 
lir. Les  jurisconsultes  définissent  ainsi  ce 
droit  :  c'est  un  privilège  accordé  par  la  loi  à 
l'héritier,  et  qui  consiste  à  l'admettre  à  la 
succession  du  défunt ,  sans  lui  imposer  des 
charges  plus  grandes  que  la  valeur  des  biens 
dont  cette  succession  est  composée,  pourvu. 
qu'il  ait  fait  inventaire  dans  le  temps  déter- 
miné par  ces  lois,  c'est-à-dire,  d'après  l'ar- 
ticle 795  du  code  civil,  dans  les  trois  mois,  à 
compter  du  jour  de  l'ouverture  de  la  suc-  ^ 
cession. 

En  général,  tout  héritier  majeur  et  jouis- 
sant de  ses  droits ,  peut  exercer  son  choix; 
entre  l'acceptation  pure  et  simple  et  le  bé- 
néfice d'inventaire.  La  déclaration  doit  être 
faite ,  aux  termes  de  l'article  "9"  du  code 
précité  ,  au  greffe  du  tribunal  de  l""*  instance 
dans  l'arrondissement  duquel  la  succession 
s'est  ouverte.  Il  est  cependant  des  cas  où 
l'héritier  qui  réunit  les  conditions  exigées, 
peut  être  privé  ou  déchu  du  bénéfice  d'in- 
ventaire; par  exemple,  s'il  s'est  rendu  cou- 
pable de  recel ,  en  détournant  ou  cachant 
quelques  effets  de  la  succession;  s'il  a  pris 
le  titre  et  fait  acte  d'héritier  absolu.  Dans 
ces  hypothèses ,  ii  perd  la  faculté  de  renon- 
cer ,  il  demeure  héritier  pur  et  simple,  et 
même  il  ne  peut  prétendre  à  aucune  part 
dans  les  objets  divertis  ou  recelés. 

Légalement,  le  droit  d'opter  entre  la  suc- 
cession simple  et  celle  qui  présente  des 
avantages,  peut  être  exercé  par  tout  héri- 
tier ;  la  loi  a  voulu,  par  ce  moyen,  prévenir 
les  résultats  fâclieux  qui  résulteraient  pour 
des  héritiers  qui ,  en  défifiitive  ,  n'auraient 
que  des  charges  à  supporter,  au  lieu  d'avoir 
des  avantages  3  recueillir;  mais,  quand  l'é- 
tat de  fortune  de  ces  derniers  leur  permet 
de  ne  point  s'arrèti^r  aux  résultats  purement 
matériels,  la  morale  publique  leur  prescrit 
le  devoir  d'honorer  la  mémoire  de  leur  au- 


leur,  en  satisfaisant  aux  charges  qui  pèsent 
sur  la  succession  :  c'est  user  de  la  manière 
la  plus  noble  du  titre  d'héritier. 

X>e  i'influence  de  la  lumière  sur  la  santé. 

La  lumière  est  un  des  principaux  élémens 
de  rorganisalion.  Celle-ci  n'existe  que  dans 
i«s  lieux  où  elle  pénètre ,  et  l'on  peut  suivre 
le  décroisscnient  de  l'organisation,  son  affai- 
blissement progressif,  par  la  diminution  de  la 
lumière.  Non  seulement  elle  verse  la  vie, 
mais  elle  pare  les  corps  qu'elle  en  a  doués 
des  plus  riches  couleurs.  On  les  voit  se  dé- 
colorer et  périr  dans  If  s  lieux  dépourvus  de 
ce  principe  fécondant.  Cet  effet  est  surtout 
remarquable  sur  les  végétaux  :  ils  sont  revê- 
tus des  couleurs  les  plus  intenses  lorsqu'ils 
sont  exposés  à  Tinsalalion  ;  ils  s'étiolent  lors- 
qu'on les  prive  de  la  lumière. 

C'est  par  ce  moyen  qu'on  en  décolore  et 
qu'on  en  attendrit  un  grand  nombre  pour 
notre  usage.  Alors  ils  perdent  non  seulement 
leur  couleurs,  mais  encore  leur  saveur.  En 
effet ,  ils  abandonnent  leur  amertume ,  leur 
arôme  et  leur  résistance  ,  propriétés  qui  les 
rendaient  impropres  à  noire  alimentation. 
C'est  à  la  lumière,  autant  qu'à  la  chaleur, 
que  les  plantes  doivent  leurs  parfums  et  leur 
saveur.  Les  plantes  qu'on  fait  croître  dans 
le»  serres,  en  élevant  beaucoup  la  tempéra- 
ture, n'ont  jamais  l'arôme  ni  la  saveur  de 
celles  qui  croissent  à  l'air  libre,  ce  qu'on 
doit  attribuer  à  ce  qu'elles  sont  privées  du 
bienfait  de  la  lumière. 

Ce  fluide  n'exerce  pas  une  influence  moin- 
dre sur  les  animaux.  Les  animaux  du  nord 
sont  pâles  et  blafards,  décolores,  bruns, 
fauves  ou  blancs;  ceux  des  pays  où  la  lumière 
abonde  sont  éclatans  de  pourpre,  d'or  et 
d'azur.  Tels  sont  les  beaux  papillons  et  la 
plupart  des  oiseaux  des  régions  tropicales. 
Celte  iaflucnce  n'est  pas  moins  sensible  sur 
l'homme:  il  pâlit,  s'étiole  et  se  décolore 
connne  les  végétaux  lorsqu'il  est  privé  des 
rayons  du  jour.  Dans  les  rues  basses  ,  étroi- 
tes ,  où  l'air  cii'culc  à  peine,  où  la  lumière  ne 
pénèlrejamr.is,  les  habilans  ont  une  figu- 
re sépulcrale ,  et  tous  jeurs  organes  languis- 
sent dans  l'atonie.  L'honnne  vit-il,  au  con- 
traire ,  dans  un  air  péiiélré  des  rayons  vivi- 
Cans  du  soleil,  il  se  colore;  il  devient  fort, 
agile,  dispos;  ses  fonctions  s'exécutent  avec 
énergie  :  d'où  l'on  peut  conclure  que  la  lu- 
mière agit  comme  un  excitant  et  convient 
merveilleusenicntauxindiviiius  dont  la  cons- 
titution est  caractérisée  par  la  faiblesse  des 
divers  appareils ,  aux  femmes  molles  et  délir 
cales,  aux  cnfans  débiles.   Elle  pourra  nui- 


re aux  personnes  douées  des  qualités  con- 
traires. C'est  à  la  lumière,  bien  plus  qu'à  la 
chaleur,  que  les  habilans  des  diverses  cen- 
trées du  globe  doivent  les  nuances  qui  les 
distinguent.  Voltaire,  méconnaissant  le  pou- 
voir des  climats,  admettait  des  races  d'hommes 
doués  de  caractères  originels  indépendants 
de  leur  influence.  Il  est  cependant  hors  de 
doute  qu'ils  peuvent  avec  le  temps  méta- 
morphoser entièrement  la  constitution.  C'est 
donc  h  la  force  de  la  lumière  que  la  couleur 
plus  ou  moins  intense  du  corps  est  due.  Les 
peuples  du  nord  sont  blancs  ;  ceux  des  pays 
tempérés  sont  plus  bruns  et  mélangés  ;  ceux 
qui  s'approchent  du  midi  sont  basanés  ; 
ceux  des  tropiques  sont  cuivreux,  mulâtres 
ou  noirs,  suivant  que  l'influence  de  la  lu- 
mière est  plus  ou  moins  modifiée  par  d'au- 
tres causes  locales.  On  peut  dire  qu'en  géné- 
ral l'espèce  humaine  noircit  au  feu  du  soleil, 
et  blanchit  à  la  lumière  douteuse  des  pôles. 
Il  nous  serait  facile  d'étayer  ces  propositions 
par  des  exemples. 

C'est  avec  raison,  selon  nous,  que  l'on  a 
attribué  à  l'absence  de  la  lumière  les  paro- 
xysmes qui  arrivent  ordinairement  dans  les 
maladies  au  moment  où  le  soleil  abandonne 
l'horizon.  L'électricité  joue  un  grand  rôle 
dans  ces  phénomènes  singuliers.  Nous  som- 
mes portés  à  croire  aussi  que  l'air  qui 
reçoit  l'influence  de  la  lumière  est  bien 
plus  propre  à  la  respiration  que  celui  qui  en 
est  privé,  bien  qu'elle  ne  pénètre  pas  avec 
lui  dans  la  cavité  pulmonaire,  et  nous  nous 
fondons  sur  ce  que ,  dans  les  maladies  de 
poitrine,  et  surtout  dans  celles  des  organes 
de  la  circulation  qui  domient  lieu  à  des  étouf- 
femcns  périodiques,  la  difficulté  de  respi- 
rer est  bien  plus  grande  le  soir,  dans  la  nuit, 
et  surtout  le  matin,  lorsqu'il  y  a  plus  long- 
temps que  l'obcurité  règne  sur  l'horizon,  et 
dans  riiivcr,  que  dans  les  circonstances  op- 
posées. Dans  la  plupart  des  cas,  ce  n'est  que 
dans  ces  momcns  que  la  suffocation  survient, 
et  les  exceptions  sont  bien  rares  où  les  ma- 
lades n'étoufTont  que  le  jour  ou  durant  l'été. 
Engénéral,  ladinicullé  de  respirer  se  dissipe 
à  mesure  que  la  lumière  se  répand  avec  plus 
d'abondance. 

Mais  e-st-ce  à  l'absence  do  la  lumière  qu'on 
doit  attribuer  les  effets  surprenans  que  les 
écli[)ses  produisent  sur  les  animaux?  Com- 
ment expliquer  ce  sentiment  de  terreur  ins- 
tinctif qui  plonge  les  êtres  qui  respirent 
dans  l'abûltemeiit  le  plus  profond?  Les  ani- 
maux (le  nos  basses-cours  fuient  avec  préci- 
pitation, et  cherchent  à  se  cacher.  Les  per- 
sonnes délicates  éprouvent  des  défaillances, 
des  syncopes,  des  convulsions.  Les  exemples 


9t 


de  ce  genre  sont  très  nombreux  dans  les  au- 
teurs. Le  plus  remarquable  est  celui  de  Ba- 
con de  Véruiam,  qui  tombait  en  défaillance 
lorsqu'il  y  avait  une  éclipse  de  lune,  lors 
même  qu'il  ne  l'avait  pas  prévue.  Cotte  espè- 
ce de  bouleversement  des  lois  de  la  nature 
cesse  au  retour  de  la  lumière. 

C'est  à  l'obscurité  et  au  silence  que  nous 
ramène  la  nuit,  que  nous  devons  le  repos  de 
nos  organes  et  un  sommeil  bienfaisan-t  et  ré- 
parateur. 

Se  l'eau  considérée  coaime  boisson. 

t'ean  p«re,  de  bonne  qualité,  est  sans 
contredit  la  plus  salutaire  de  toutes  les  li- 
queurs ;  dans  le  midi  de  la  France ,  elle  com- 
pose l'unique  boisson  des  femmes. 

L'absence  de  toute  propriété  excitante, 
lorsqu'elle  est  prise  à  une  température 
moyenne,  fait  de  ce  liquide  le  délayant  le 
plus  propre  à  faciliter  la  digestion  des  subs- 
tances alimentaires.  Mais  son  action  est  in- 
suffisante pour  les  estomacs  paresseux;  il 
faut  à  ceux-ci,  pour  opérer  une  digestion 
régulière,  l'excitation  que  produit  une  dose 
modérée  de  liqueurs  fermentées.  C'est  une 
vérité  banale  sur  laquelle  il  est  inutile  d'in- 
sister, parce  qu'elle  est  comprise  et  prati- 
quée de  tout  le  monde.  Nous  devons  nous 
"borner  à  indiquer  ici  les  moyens  de  distin- 
guer les  eaux  salubres,  et  faire  connaître 
comment  on  peut  les  corriger  quand  elles  ne 
le  sont  pas;  car  tous  les  pays  ne  jouissent 
pas  de  l'avantage  d'en  avoir  de  telles.  Hip- 
pocrate  a  composé  sur  ce  sujet  un  traité 
particulier,  intitulé:  de  l'air,  des  eaux  et 
des  lieux,  qui  forme  encore  aujourd'hui  un 
code  presque  parfait  auquel  les  professeurs 
d'hygiène  n'ont  ajouté  que  très-peu  d'arti- 
cles. 

Les  eaux  potables,  pour  être  salubres, 
doivent  réunir  les  trois  conditions  suivantes  : 
1°  Elles  ne  doivent  point  tenir  en  dissolu- 
tion des  matières  animales  ou  végétales  dé- 
composées; à  ce  titre,  celles  des  marais  et 
des  étangs  doivent  être  rejetées.  En  quel- 
que faible  quantité  que  ces  matières  s'y  ren- 
contrent, ces  eaux  ne  sont  jamais  saines; 
aussi  voit-on  leurs  effets  nuisibles  se  mani- 
fester avec  plus  ou  moins  d'intensité  sur  les 
habitans  des  pays  marécageux.  L'on  sait  de- 
puis long-temps  que  les  fièvres  intermitten- 
tes qui  y  sont  endémiques,  tirent  leur  sour- 
ce de  l'usage  de  ces  eaux  autant  et  plus 
peut-être  que  de  l'atmosphère  pernicieuse 
dans  laquelle  vivent  ces  habi'.ans. 

2»  Elles  ne  doivent  contenir  que  la  plus 
petite  quantité  possible  de  sulfate  de  chaux. 
La  présence  de  ce  sel  s'y  manifeste  par  la  dif- 


ficulté que  l'on  a  d'y  faire  cuire  les  légumes 
et  d'y  dissoudre  le  savon,  dont  une  partie  se 
caillcbotte  par  la  comlrinaison  de  son  huile 
avec  la  chaux.  Ces  eaux  rendent  les  digestions 
pénibles  aux  estomacs  faibles,  qui  s'habituent 
cependant  à  la  longue  à  leur  usage. 

3"  Enfin,  les  eaux  salubres  doivent  con- 
tenir de  l'air  atmosphérique  en  dissolution  : 
ce  gaz  leur  donne  la  saveur  agréable  qui  les 
distingue.  On  sait  combien  l'eau  est  fade 
quand  ellecst  distillée  ou  qu'on  l'a  fait  boul- 
lir;  on  sait  aussi  combien  l'eau  chaude  pèse 
sur  l'estomac  quand  elle  ne  contient  aucune 
substance  étrangère,  soit  nutritive,  comme  le 
sucre, soit  simplement  aromatique,  comme 
le  thé,  etc.  Tout  cela  tient  à  l'absence  de 
l'air,  que  la  distillation  ou  l'ébullition  ont  fait 
évaporer.  C'est  sur  la  difficulté  que  l'estomae 
éprouve  à  digérer  l'eau  chaude  qu'est  fondé 
le  conseil  de  l'administrer  avec  abondance 
aux  personnes  chez  lesquelles  on  veut  exci- 
ter le  mouvement  aoti-péristaltique. 

En  considérant  la  présence  de  l'air  dans 
l'eau  comme  une  condition  indispensable  de 
sa  salubrité ,  on  sera  porté  à  croire  que  l'eau 
de  pluie  est  la  plus  salutaire.  C'est  aussi  ce 
qu'il  faut  reconnâtre  ;  car  outre  qu'en  tra- 
versant l'atmosphère  elle  s'est  chargée  de 
beaucoup  de  molécules  gazeuses,  elle  est 
aussi,  plus  que  toute  autre,  privée  de  ma- 
tières salines,  et  par  ces  deux  raisons  elle 
doit  être  préférée.  Toutefois  ,  dans  les  pays 
où,  soit  par  nécessité  ,  soit  par  goût ,  on  la 
met  en  usage,  il  est  une  précaution  indis- 
pensable qu'il  faut  prendre  pour  la  conserver 
plus  long-temps  pure  dans  les  citernes.  Eii 
effet ,  lorsque  les  eaux  de  pluie  commencent 
à  tomber  et  que  le  temps  a  été  long-temps 
serein,  elles  rencontrent  dans  la  partie  la 
plus  basse  de  l'atmosphère  et  sur  les  toits 
des  habitations,  des  substances  étrangères 
qu'elles  entraînent  avec  elles  et  qui  font 
qu'elles  croupisseiit  plus  ou  moins  prompte- 
ment.  On  évite  cet  inconvénient  par  une 
précaution  que  l'on  prend  dans  certaines 
villes  maritimes  où  les  eaux  douces  sont  ra- 
res. A  Cadix,  où  chaque  habitation  a  une  ci- 
terne, le  conduit  par  lequel  l'eau  entre 
dans  ce  réservoir,  porte  un  robinet  au  moyen 
duquel  la  première  eau  qui  tombe  s'écoule 
au  dehors;  et  dès  que  l'atmosphère,  les 
toits  des  habitations  et  les  canaiix  sontné- 
toyés  par  celte  espèce  de  lavage ,  on  tourne 
le  robinet  pour  faire  arriver  dans  la  citerne 
l'eau  qui  continue  de  tomber  et  qui  ;ie  peut 
plus  entraîner  de  saletés. 

Les  eaux  de  rivière  sont,  après  l'eaa  de 
pluie,  celles  qui  réunissent  le  plus  de  condi- 
tions de  salubrité.  On  préfère  avec  raison 


S8 

celles  qui  roulent  sur  un  lit  de  sable  et  de 
graviers.  Il  faut  cependant  faire  observer  à 
leur  égard  que  les  rivières  de  long  cours, 
en  traversant  des  pays  fertiles  et  de  grandes 
villes,  se  chargent  d'une  grande  quanlilé  de 
matières  putrescibles,  d'abord  par  la  décom- 
position du  terrain  végétal  qui  les  borde, 
ensuile  par  le  mélange  des  immondices  des 
égouts  qui  viennent  déboucher  dans  leur  lit. 
Cet  inconvénient  est  surtout  très-marqué  en 
ce  qui  concerne  la  Seine  ,  et  il  faut  convenir 
que  la  pompe  à  feu  de  Chaillot,  qui  s'alimen- 
te sur  l'un  des  points  les  plus  bas  de  celle 
rivière,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  a  reçu  tous 
les  égouts  de  la  capilalç ,  doit  fournir  à  ceux 
qui  s'en  servent  une  eau  beaucoup  moins  sa- 
lubre  que  celle  qui  serait  prise  au  pont 
d'Auslerlitï,  par  exemple,  ou  à  tout  autre 
endroil  de  la  rivière ,  pourvu  que  ce  fût  à  son 
entrée  dans  Paris.  Heureusement,  la  chimie 
a  fourni  les  moyens  de  corriger  les  mauvai- 
ses qualités  de  cette  eau,  et  parmi  ceux  qui 
doivent  être  le  plus  recommandés,  nous  ci- 
terons les  iillrcs  de  charbon,  bien  préféra- 
bles pour  cet  objet  aux  filtres  de  sable  ou  de 
pierre  poreuse,  parce  que  le  charbon  jouit 
d'une  propriété  particulière  pour  absorber 
es  gaz. 

Nous  recommanderons  aussi  une  précau- 
tion semblable  pour  rendre  potables  les 
eaux  des  étangs  et  des  marais;  mais  pour  les 
assaillir  d'une  manière  encore  plus  positive  , 
on  devra  les  faire  bouillir,  et  lorsqu'elles 
seront  refroidies,  les  agiter  dans  l'atmosphè- 
re pour  leur  rendre  l'air  qu'elles  auront  per- 
du, enfin  les  filtrer  à  travers  le  sable  ou 
plutôt  à  travers  le  charbon  en  poudre.  L'ébuî- 
lition,  dans  cîcas,  cuit  les  matières  organi- 
ques et  force  les  principes  gazeux  insalu- 
bres à  se  dégager. 

Les  eaux  de  puits  sont  dans  une  autre 
condition  que  les  eaux  de  rivière  et  les  eaux 
tombantes.  Elles  contiennent  ordinairement 
xin  grand  nombre  de  principes  salins,  et  elles 
sont  peu  aérées.  Leur  impureté  dépend  aussi 
en  grande  partie  du  sol  dans  lequel  ils  sont 
creusés  et  de  la  nature  des  matériaux  qui 
entrent  dans  leur  construction.  Dans  un  ter- 
rain siliceux,  à  travers  lequel  filtrerait  une 
eau  assez  pure,  si  on  construit  un  puits  en 
pierres  calcaires,  ces  pierres,  sur  lesquelles 
l'eau  devra  séjourner  ,  en  altéreront  la  pure- 
lé.  Il  est  doi!C  préférable  de  construire  au 
moins  la  partie  du  puits  à  laquelle  peut  s'éle- 
ver l'eau,  en  pierres  siliceuses  et  s;uis  mortier. 
Mais  il  est  indispensable  de  ne  pas  les  cons- 
truire auprès  des  lieux  où  se  trouvent  des 
immondices;  les  écuries,  les  cloaques,  les 
tgouts,  les  lieux  d'aisances,    sont  de  mau- 


vais voisinage  pour  les  réservoirs  d'eau  pota- 
ble. 

L'eau  des  puits  de  Paris  contient,  en  plus 
grande  quantité,  à  peu  [.rès  les  mêmes  ma- 
tières étrangères  que  l'eau  de  la  Seine  ;  l'une 
et  l'autre  tiennent  en  dissolution  des  sulfate», 
dos  niuriatcs  et  des  carbonates  de  chaux  et 
de  magnésie;  l'eau  de  puits  contient  de  plus 
un  peu  de  sel  de  nitre  et  de  carbonate  d'am- 
moniaque. Ce  dernier  selestdii  à  la  décom- 
position des  matières  organiques  qui  filtrent 
à  travers  la  terre. 

L'eau  de  source  tient  le  milieu  entre  les 
eaux  de  puits  et  les  eaux  de  rivière;  elle 
se  rapproche  bcrmcoup  cependant  de  l'eau 
de  pluie  lorsqu'elle  n'a  été  en  contact 
qu'avec  des  roches  siliceuses,  sur  lesquelles 
elle  n'a  aucune  action.  D'un  autre  côté, 
elle  peut  aussi  tenir  en  dissolution  un  grand 
nombre  de  gaz,  de  sels  et  de  sublances  orga- 
niques, lorsqu'elle  a  traversé  des  terrains 
d'une  nature  différente,  et  elle  constitue 
alors  une  eau  minérale. 

Se*  propriétés  alimeataires    du   ekooolat. 

—  Dans  notre  numéro  du  mois  de 
juillet  18Ô4  (page  17^),  nous  avons  consa- 
cré quelques  lignes  à  cet  aliment,  que  nous 
avons  présenté  comme  offrant  une  substancû 
énergique  et  salutaire  à  toute  les  classes  de 
la  société.  Sans  détruire  ce  que  nous  avons 
avaycé  alors,  mais  pour  prouver  combien 
nous  tenons  à  être  toujours  prêts  à  signaler 
les  nouvelles  découverles  ou  les  innovations 
progressives,  nous  croyons  cependant  devoir 
un  peu  restreindre  notre  opinion,  quant  à 
son  emploi  en  général,  par  des  personnes 
d'un  tempérament  divers.  Nous  donnerons 
d'abord  quelques  détails  sur  la  fabrication  et 
la  composition  de  cet  aliment. 

Le  chocolat  est ,  comme  on  sait ,  obtenu 
des  amendes  île  cacao  rôties  et  réiluilcs  ea 
pâte,  avec  du  sucre  et  d^s  aromates.  Les 
cacaos  de  Soconasco  et  de  Caracas  (dit  Cara- 
que),  de  Maracaïbo,  passent  pour  les  meil- 
leurs et  les  plus  doux.  Toutefois,  pour  en 
corriger  la  fadeur,  il  convient  d'y  mêler  d'au- 
tres sortes.  Ainsi ,  sur  4  parties  de  cacao  ca- 
raque  lerré  ,  c'est-à-dire  adouci  par  un  sé- 
jour de  quelques  semaines  sous  la  terre  hu- 
mide ,  on  ajoute  une  partie  de  cacao  des 
iles  Antilles,  ou  de  Maragnon  et  du  Para. 

Les  mélanges  de  cacao  torréfié  sont  ré- 
duits en  une  pâle  butircuse  ou  grasse,  soit 
entre  des  pierres,  soit  au  moyen  d'un  rou- 
leau de  fer  sur  un  proi)hire  échauffé  au-des- 
sous par  de  la  braise  allumée.  Il  faut  que  le 
broiement  s'opère  bien;  et  pour  cela,  on  a  la 
précaution  de  séparer  le  germe  de  l'amande 


99> 


du  cacao.  11  faul  incorporer  la  pàtc  avec  une 
parlie  égale  de  sucre,  le  tout  mélangé  le  plus 
parfailcaienl  possible. 

Cuiunie  le  cacao  contient  une  matière 
grasse  ou  beurre  végétai  de  près  de  moitié 
de  son  poids  ,  et  qui  rendrait  dilTicile  la  di- 
gestion du  chocolat,  il  faut  y  ajouter  une  pe- 
tite quantité  d'écorce  de  canelle  en  poudre 
Irès-tine.  On  fait  aussi  des  chocolats  avec  des 
cacaos  d'où  l'on  a  séparé  préalablement  une 
portion  de  leur  beurre;  ou  bien  encore  l'on 
ajoute  à  la  pâle  de  chocolat  soit  du  salep  de 
Perse,  soit  des  fécules  de  tapioca  ou  d  ar- 
row-root.  Les  chocolats  communs  sont  mêlés 
de  farine  de  maïs,  ou  de  fécule  de  pomme  de 
terre,  ou  de  fèves  et  de  pois,  ou  de  semences 
d'arachis,  dites  pistaches  de  terre. 

M.  J.  J.  Virey  ,  médecin  de  la  faculté  de 
Paris,  a  fait  connaître  les  avantages  et  les 
iiiconvéniens  de  cet  aliment,  lesquels  peu- 
vent se  résumer  aux  suivans. 

Le  chocolat  trompe  aisément  la  faim,  à 
cause  de  ses  parties  grasses  et  de  sa  lente 
digestion  ;  il  est  adoucissant  et  tempérant,  et 
convient  dans  les  pays  chauds  et  secs.  Il  favo- 
rise la  paresse,  augmente  le  calme  de  l'esprit, 
mais  aussi,  en  apaisant  le  système  nerveux, 
il  redonne  toute  prépondérance  aux  affec- 
tions corporelles.  Cet  aliment  convient  peu 
aux  individus  gros,  remplis  de  lymphe,  ou 
pituiteux,  car  il  augmente  ces  dispositions  ; 
son  usage  convient  peu  aux  tempéramens 
épais,  sujets  aux  empàtemens  du  foie,  à  ces 
obstructions  qui  se  décèlent  par  un  teint 
blême,  ou  pour  de  pâles  couleurs,  chez  les 
personnes  du  sexe  principalement.  Sil  res- 
taure le  voyageur,  l'homme  fatigué  et  échauf- 
fé de  longs  travaux,  il  augmente  trop  l'apa- 
thie chez  les  femmes  sédentaires,  les  enfans 
empâtés,  les  vieillards  languides  ou  replets. 
L'emploi  constant  du  cliocolat  aurait  pour 
résultat  de  modifier  profondémei.t  l'organis- 
me. En  résumé,  s'il  répare  les  perles  cau- 
sées par  lépuisement,  il  diminue  l'intelli- 
gence en  augmentant  la  propension  aux  plai- 
sirs sensuels. 

Fabrication  an  Fromage.  Préparation  de 

la   Frisure. 

La  fabrication  du  fromage  dépend  de  la 
préparation  de  la  présure  ,  du  choix  de  la 
matière  colorante,  de  l'emploi  du  caillé  et  de 
l'action  de  la  presse.  Tout  le  monde  sait  que 
le  lait  se  caille,  par  l'action  du  suc  gastrique, 
aussitôt  qu'il  entre  dans  l'estomac  ;  or,  la 
présure  n'est  autre  chose  que  l'estomac  d'un 
animal ,  dans  lequel  les  sucs  gastriques  sont 
conservés  par  le  moyen  du  sel.  La  meilleure 
présure  est  fournie  par  l'eslomac  d  un  jeune 


veau  qui,  ayant  tété,  a  reçu  la  mort  avant  que 
sa  digesliiin  ne  fût  achevée. 

M.  Marshall ,  dans  son  Économie  rurale 
du  comté  de  Norfolk,  recommande  le  moyen 
suivant ,  comme  étant  le  meilleur  pour  la 
préparation  de  la  présure.  On  prend  l'esto- 
mac d'un  jeune  veau,  et,  après  l'avoir  bien 
lavé  et  bien  salé  en  dedans  et  en  dehors,  on 
le  laisse  dans  sa  saumure  pendant  trois  ou 
quatre  jours;  on  le  suspend  ensuite  pendant 
un  pareil  nonibre  de  jours.  On  le  sale  de 
nouveau  et  on  le  place  dans  un  pot  de  terre, 
couvert  d'un  papier  percé  par  un  trou  d'é- 
pingle. Dans  cet  élat,  la  présure  peut  se  con- 
server plus  d'une  aimée.  Lorsqu'on  veut  en 
faire  usage,  on  fait  bouillir,  pendant  un  quart 
d'heure,  dans  un  gallon  d'eau,  deux  ou  trois 
poignées  de  feuilles  de  ronces  et  de  marjo- 
laine avec  ô  ou  -4  poignées  de  sel  ;  on  coule 
cette  liqueur,  et ,  après  l'avoir  fait  refroidir, 
on  y  trempe  la  présure  qui  a  été  préparée 
comme  on  vient  de  le  voir.  Si  on  veut  don- 
ner à  cette  préparation  un  parfum  agréable, 
on  ajoute  un  quart  d'once  de  clous  de  giro- 
fle et  un  citron  entier. 

La  force  de  cette  liqueur  est  en  proportion 
du  temps  que  la  présure  y  a  séjourné.  Un 
quart  de  litre  de  cette  préparation  suffilpour 
•i-lb  litres  de  lait.  C'est,  du  moins,  la  quan- 
tité ordinaire  employée  dans  le  comté  de 
Glocester  ,  pour  la  coagulation  du  lait  et  la 
fabrication  des  fromages. 

Emplot  du  fer  dans  les  constructions.    • 

Dans  leurs  grands  ouvrages  de  maçonne- 
rie ,  les  Romains  avaient  coutume ,  comme 
on  le  sait,  de  lier  les  pierres  de  chaque  as- 
sise par  de  forts  crampons  de  fer,  qui,  en 
en  les  tenant  lixées  d'une  manière  solide, 
mettaient  empêchement  aux  écartemens  si 
fréquens  daiis  les  constructions  modernes  et 
qu'on  appelle /e:;ard('.s';  mais  comme  le  fer 
s'oxide  facilement  à  l'air  et  plus  facilement 
en  terre  et  à  l'humidité;  pour  prévenir  cet 
inconvénient,  qui  aurait  fini  par  compromet- 
tre la  solidité  de  leurs  édifices,  ils  avaient 
soin  de  recouvrir  ces  agrafes,  chaînes  ou 
crampons  ,  d'une  feuille  fort  épaisse  de 
plomb,  sur  lequel  l'humidité ,  n'a  ,  pour 
ainsi  dire  ,.  aucune  prise  ;  c'est  ce  dont  on 
vie:it  d'acquérir  la  certitude  à  Moirans 
(Jura). 

Le  propriétaire  d'un  grand  terrain  où 
subsistent,  sous  le  nom  ûcPonî-cles-Jrches, 
les  débris  de  ce  double  aqueduc  qui  excite 
encore  l'étonnement  de  tous  les  amateurs, 
d'antiquités,  vient  de  faire  effectuer  des  fouil- 
les aux  environs  de  ces  débris,  à  l'emplace- 
ment où  le  père  Dunod,  eti  reconstruisant 


la  ville  d'Autec,  place  les  bains  publics  :  on 
a  extrait  de  ce  lieu ,  et  on  a  employé  à  la 
clôlure  des  champs  plusieurs  pierres  taillées 
bien  carrément  sur  chaque  face  ,  d'une  gran- 
de dimension,  et  pesant  chacune  un  millier 
au  moins;  toutes  ces  pierres  étaient  unies 
les  unes  aux  autres  au  moyen  de  ces  cram- 
pons de  fer  recouverts  de  pio.nb,  et  si  soli- 
dement incrustés  qu'il  a  fallu  faire  usage  de 
la  poudre  pour  les  détacher.  Le  fer  était, 
après  18  siècles,  parfaitement  conservé,  et 
nul  doute  que  cette  conservation  ne  soit  at- 
tribuée au  plomb  qui  l'entourait. 

Un  morceau  de  ce  fer  avec  son  enveloppe  a 
été  déposé  au  musée  départemental  du  Jura. 

(Couverture  des  maisons,)  utile  précaution. 

Lorsque  les  combles  sont  en  place,  os 
cloue  au-dessous  des  lattes  de  chêne  pareil- 
les à  celles  dont  on  fait  usage  pour  le  po- 
sage  des  tuiles.  Les  entre-deux  des  combles 
sont  remplis  de  roseaux  bien  secs  et  bien 
pressés.  Si  c'est  en  panne  que  l'on  couvre , 
on  latte  le  dessus,  comme  on  le  fait  ordi- 
nairement ,  en  ayant  soin  de  battre  et  de 
comprimer  les  roseaux  entre  les  combles  ; 
ensuite  on  pose  les  pannes  ou  les  tuiles , 
comme  à  l'ordinaire,  et  on  les  répare  avec  de 
bon  mortier,  dans  lequel  il  doit  entrer  de  la 
bourre. 

Si  on  couvre  en  ardoises,  au  lieu  de  lattes, 
on  cloue  sur  les  combles  les  planches  et  les 
ardoises  par-dessus. 

Les  roseaux  sont  préférables  à  la  paille, 
psrce  qu'ils  ont  les  feuilles  dures,  tranchan- 
tes ou  piquantes,  et  que  les  rats  ,  etc.,  ont 
garde  d'en  approcher,  dans  la  crainte  de  s'y 
blesser.  On  peut  aussi  faire  plafonner  en  gris 
et  blanchir  les  greniers  où  l'on  désire  que 
la  propreté  règne,  ce  qui  a  l'avantage  de  dé- 
truire les  araignées  et  autres  insectes  qui 
auraient  pu  s'y  introduire. 

Ce  genre  de  toiture  oflre  des  avantages 
immenses  contre  les  incendies,  la  fermenta- 
lion  des  graines,  les  ouragans  même,  atten- 
du qu'il  ne  laisse  aucuns  passages  par  les- 
quels le  vent  puisse  s'engouffrer,  pour  en- 
lever une  pn.rlie  ou  la  totalité  des  couvertu- 
res, ainsi  que  cela  se  voit  communément. 

Calandrage  des  Étoffes. 

Les  toiles  de  coton,  destinées  à  divers 
usages  pour  lesquels  il  est  nécessaire  qu'elles 
présentent  un  lustre  et  une  raideur  qui  di- 
minuent leur  propension  à  se  plisser,  sont 
soumises  à  une  opération  particalière ,  qui 


dispose  leur  surface  de  la  manière  la  plu* 
convenable,  et  qui  consiste  en  un  frottement 
exercé  par  le  moyen  de  corps  pesans.  Ainsi, 
les  toiles  employées  pour  doublures  d'habits, 
par  exemple,  sOnt  calandrées  après  qu'elles 
ont  été  soumises  à  toutes  les  opérations 
préliminaires  qui  sont  nécessaires  pour  leur 
donner  les  qualités  que  l'on  y  recherche. 

Si  on  se  contentait  de  faire  passer  entre 
deux  cylindres,  qui  les  comprimassent ,  les 
toiles  de  coton  apprêtées  ,  leur  surface  s'u- 
nirait ,  mais  le  tissu  ne  recevrait  pas  ce 
glacis  qui  le  préserve  de  l'altération  à  la- 
quelle sont  soumises  les  étoffes  employées 
dans  lesvètemens  et  à  divers  autres  usages. 

Le  calandrage  par  blocs  de  marbre  est 
celui  auquel  on  donne  maintenant  la  préfé- 
rence ,  comme  recevant  un  mouvement  de 
va-et-vient  par  une  action  très-simple.  L'é- 
toffe, é  endue  sur  une  table  de  marbre,  est 
soumise  au  frottement  de  ces  blocs,  et  prend 
en  peu  de  temps,  sous  l'action  combinée  du 
poids  et  de  la  friction,  le  lustre  qu'on  cher- 
che à  lui  procurer  et,  en  même  temps  ,  du 
corps  qui  lui  donne  plus  de  solidité  et  de 
résistance. 

Bougie  diaphane. 

Pour  fabriquer  la  bougie  diaphane,  on  fond 
du  blanc  de  baleine  dans  une  chaudière, 
chauffée  à  la  vapeur  ou  au  b;:."n-marie,  afin 
d'éviter  une  trop  grande  élévation  de  tem- 
pérature ;  on  y  ajoute  5  p.  0|0  environ  de 
cire  blanche  ;  on  agite  le  mélange,  que  l'on 
coule  ensuite  dans  des  moules  d'élain  assez 
semblables  h  ceux  que  les  fabricans  de  chan- 
delles employent ,  à  cette  différence  près, 
qu'ils  sont  mis  dans  des  caisses  de  bois  et 
surmontés  d'un  godet  commun. 

Les  bougies  colorées  s'obtiennent  en  mê- 
lant au  blanc  de  baleine  du  carmin,  du  jaune 
de  chrome  ,  de  l'oulrcmer  ,  du  verdet  :  ces 
C(v«;leurs  sont  celles  qui  altèrent  le  moins  la 
transparence,  tout  en  produisant  une  nuance 
vive. 

La  lumière  que  donne  la  bougie  de  blanc 
de  baleine,  est  sendîlable  cà  celle  que  dégage 
la  bougie  de  cire  ,  comme  l 't,  VO  est  à  lô,61; 
cl  bien  que  le  binnc  de  biilcine  se  fonde  à 
une  température  moindre  que  lacire,  comme 
il  entre  en  vapeur  aussi  beaucoup  plus  tôt, 
l;i  bougie  de  bhnc  de  baleine  coule  générale- 
n)enl  moins  que  l'autre.  Son  défaut  principal 
élait  de  charbonner  facilement;  m:us  les 
mèches  nattées  de  M.  Cambacérès  ont  fait 
disparaître  tout-à-fait  cet  inconvénient. 


RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 


ï.  Agriculture.  —  II.  Art»  libéraux.  —  m.  Conaxnerce. 


101 


Doreurs  sur  métaux. 

L'objet  que  l'on  veut  dorer,  et  qui  a  été 
fondu  ou  coulé  en  bronze,  est  porté  au  cise- 
leur ou  au  tourneur.  Lorsqu'il  est  terminé  , 
il  est  livré  à  l'ouvrier  doreur,  qui  le  f.àl 
reluire,  et  le  décoche  en  dissolvant  la  surface 
oxidée  du  métal  avec  de  l'acide  nitrique  ou 
de  l'acide  siilfurique  affaibli.  Lorsque  le  mé- 
tal est  bien  netloyé,  que  le  décapage  est  com- 
plet, et  tju'il  présente  partout  l'cclal  métalli- 
que, on  le  lave  à  grande  eau,  et  on  le  fait 
sécher,  soit  on  l'essuyant  avec  des  linj,'es 
propres,  soit  en  le  roulant  dans  la  tannée 
sèche,  et  dans  du  son  ou  de  la  sciure  de 
bois. 

Le  doreur  prépare  l'amalfaaie  d'or  et  do 
mercure,  et  l'applique  ensuite  sur  la  pièce 
au  moyen  d'une  espèce  de  pinceau  fait  avoc 
des  fils  de  laiton,  et  appelé  grattt-brosse, 
qu'il  mouille  avec  un  peu  d'acide  nitrique 
contenant  un  peu  de  mercure  en  dissolution  ; 
il  étale  l'amalganie  le  plus  également  possi- 
ble, en  ayant  soin  de  charger  davantage  les 
endroits  qui  doivent  être  mis  au  mat  ou  en 
or  moulu,  et  de  ne  charger,  au  contraiie,  que 
légèrement  les  parties  qui  doivent  être  bru- 
Jiies.  Le  doreur  lave  ensuite  la  pièce  à  l'eau, 
la  fait  sécher,  et  l'élève  peu  à  peu  jusqu'à  la 
température  nécessaire  peur  décomposer  l'a- 
malgame d'or  et  pour  volatiliser  tout  le  mer- 
cure, sans  faire  rougir  le  bronze.  Il  faut 
avoir  soin,  pendant  celte  opération,  de  reti- 
rer souvent  li  pièce  du  feu,  pour  la  brosser 
en  tous  seas  arec  l;-  brosse  ordinaire,  afin 
d'y  étendre  également  l'amnlgame,  qui  de 
vient  plu-  fluide  en  s'cchauffaut,  et  qui  res- 
sort alors  des  pores  du  cuivre. 

Lorsque  tout  le  mercure  est  volatilisé,  on 
recouvre  la  pièce,  si  on  le  )i  go  convenable, 
d'une  nouv^lbi  couche  d  amalgame;  on  la 
passe  de  nouveau  au  feu,  et  on  recommence 
cette  opération  autant  de  fois  qu'il  est  néces- 
saire pour  obtenir  la  dorure  demandée. 

Quand  la  pièce  est  terminée,  on  la  lave 
dans  de  l'eau  acidulée  avec  du  vinaigre,  et 
on  l'y  nettoie  en  la  frottant  avec  des  grattes- 
brosses  neuves  et  rudes  ;  on  passe  de  l'eau 
claire  dessus;  on  la  sèche  en  la  roulant  dans 
la  tannée,  dans  la  sciure  de  bois,  ou  dans  du 
son  bien  sec,  et  on  la  nettoie  avec  du  linge 
propre  ou  avec  une  brosse.  Arrivée  à  co  point, 
la  pièce  a  une  couleur  jaune-pàle  ,  el  peut 
recevoir  à  volonté  le  mat,  la  couleur  d'or 
moulu,  le  bronze,  ou  la  couleur  d'or  rouge. 


Ecartsseurs. 

De  l'Ecarissage  des  chevaux.  —  Pour 
abattre  les  chevaux  qui  leur  sont  vendus  ou 
amenés  vivans ,  les  écarisseurs  emploient  trois 
manières  diff'crcntcs  :  on  saigne  l'animal,  en 
ouvrant  l'aorte, ou  grandcartère,  avec  un  couteau, 
ou  bien  en  le  plongeant  entre  l'occipital  et  la 
première  vertèbre  jusque  dans  la  moelle  épi- 
aièrej  d'autres  fois  on  les  assomme,  en  leur 
assénant  un  coup  de  massue  sur  le  milieu  du 
haut  du  crâne.  Une  fois  abattu  elmissur  le  dos, 
on  df^pouille  l'animal  en  lui  faisant  une  incision 
longitudinale  depuis  le  milieu  de  la  mâchoire 
inférieure  jusqu'à  l'anus,  et  en  lui  enlevant  la 
peau  avec  un  très-grand  soin.  Ces  peaux  sont 
immédiatement  livrées  aux  tanneurs;  si  on  est 
obligé  de  les  conserver,  on  les  met  deux  à  deux, 
chair  contre  chair,  avec  une  forte  couche  de 
se!  marin  entre  elles,  afin  de  les  préserver  de  la 
corruption. 

Les  tendons  et  les  pieds  sont  vendus  esicore 
frais  aux  fabricans  de  colle  forte,  qui  achètent 
les  tendons  el  rognures  desséchés  au  prix  de  60  L 
les  100  kilog.  ;  les  sabots  et  les  cornes  passent  aux 
aplatisseurs  pour  les  fabricans  de  peignes:  ils  se 
vendent  de  12  à  15  fr.  les  100  kilog.  ;  les  défec- 
tueux ne  se  paient  que  10  fr.les  100  kiiog.Quant 
à  la  graisse,  elle  est  extraite  avec  le  plus  grand 
soin  ;  elle  est  fort  utile  pour  les  lampes  d'émail- 
leur,  parce  qu'elle  ne  doBue  point  de  fumée  en 
brûlant  et  qu'elle  ne  s'épaissit  point;  les  hon- 
groyeurs  et  les  bourreliers  en  font  usa? e  avec 
avantage  pour  assouplir  les  cuirs.  Enfin,  les  os 
sont  vendus  aux  fabricans  de  produits  ammo- 
niacaux et  de  noir  animal.  Le  squelette  d'un 
cheval  pèse,  en  moyenne,  40  kilog.;  ce  poids 
diminue  de  moitié  quand  les  os  se  dessèchent. 

M.  rayen,  auquel  la  chimie  df)il  d'importan- 
tes découvertes,  recommande  de  dessécher  le 
sang,  afin  de  le  faire  servir  comme  engrais,  ou 
de  le  vendre  aux  raffineurs  de  sucre,  mélangé 
avec  huit  fois  son  volume  de  terre  sèche,  ou  de 
le  faire  servir,  dans  ce  même  état,  à  fertiliser  8 
mètres  en  superficie  de  terre  par  litre  de  sang. 
Les  écarisseurs  passent  habituellement  7  à  S 
heures  à  retirer  la  graisse  qui  se  trouve  autour 
des  muscles  et  des  boyaux  d'un  cheval  en  bon 
état;  M.  Payen  fait  couper  la  viande  par  mor- 
ceaux, casser  les  os,  et  le  tout  es-t  bouilli  avec  de 
l'eau  dans  une  chaudière;  on  relire  l'huile  au 
fur  et  à  mesure  qu'elle  surnage  à  la  surface  du 
liquide. 

Un  cheval  de  taille  ordinaire  el  du  poids 
ir.oyen  d-3  500  kilog.  peut  rendre  Ô4  kilog.,  ou  lô 
fr.  de  peau  fraîche  ou  passée  au  lait  de  chaux  ; 
1  kilog.  ou  un  fr.  de  crins  j  9  kilog.  ou  2  à  ofr. 


102 


de  sang  dc??éch6;  J  kilog.  1/2  oi!  2  fr.  de  sabots  ; 
8  kilog.  ou  2  fr.  d'asticots,  n'  s  de  la  d-^composi- 
tiondes  viscères;  20 kilog.  ou  un  fr.  de  vidanges  ; 
1/2  kilog.  ou  50  cent,  de  tendons  desséchés  au 
lait  de  chaux;  4  kilog.  1,  4  ou  5  fr.  de  graisse 
fondue;  100  kilog.  ou  "5  fr.  do  chair  cuite  poui- 
la  nourriture  des  volailles  ou  des  chiens,  ou  pour 
engrais,  et  4G  kilog.  ou  2  fr.  d'os,  en  tout  C4  à 
65  fr. ,  somme  ([ne  M.  Payen  élève  même  à  114 
et  115,  quand  le  cheval  est  en  bon  état.  Les  éraris- 
seursnerelirent,  terme  moye.a  ,  (juc  "8  à  40  fr. 
^u  mênic  animal. 

Fondour  de  métaux  (1). 

Les  ouvriers  employés  au  grillade  et  à  la 
fonte  des  métaux  oui  exposés  à  des  mala- 
dies très-dangereuses.  Le  feu  dont  ils  se  ser- 
vent dans  leur  travail  rédwil  une  partie  des 
métaux  en  vapeurs,  et,  m.lgré  les  précau- 
tions ([u'ils  prennent,  ils  absorbent  unt»  assez 
g:rande  (lusnlilé  d'émanations  ,  qui  occasio- 
nent  des  maladies  touvcnt  mortelles.  Les  fon- 
dcuis  sont,  en  outre,  affectés  de  ra.ladies  que 
produit  chaque  métal  tn  particulier;  ainsi 
le  plomb  leur  donne  la  colique  métallique  ; 
le  mercure,  le  tremblement  convnlsif;  le 
cuivre  et  l'arsenic,  des  coliques  iuteslin.;les, 
de  l'amaigr  issement  et  de  la  lièvre. 

Si  la  fonte  et  le  grillage  des  méliux  se  font 
à  l'air  libre,  les  ouvrier>  doivent,  pour  se  ga- 
rantir des  vapeurs  métalliques,  s'attacher 
une  éponge  mouillée  sur  la  bouche  et  sur 
le  nez;  si,  au  contraire,  ces  opérations  se 
praliiiuent  d  ins  un  atelier,  il  serait  av.iiila- 
geu\  d'y  ctatliruno  cheminée  manie  d'un 
fourneau  d'appel. 

Les  fondeurs,  (Manl  exposés  aux  inconvc- 
niens  d'une  grande  chaleur,  peuvent  se  ra- 
fraîchir avec  de  l'oxvcral;  ils  doivent  soigneu- 
seraeui  éviter  les  hcissuns  Iroides. 

Faïeoce  (  fabricani  de  ),  improeion  sur 
fnience. 

Les  procédés  pour  opérer  les  impressions 
sur  fa'i'ence  se  divisent  en  cinq  opérations 
principales,  qui  sont  la  mixtion,  la  prépara- 
tion du  [lapier,  la  couleur,  l'application  el  la 
cuisson. 

10  La  mixtion  se  compose  d'une  partie  de 
gomme  clasliqne,  de  vernis  et  de  térében- 
Ihine.  Ces  trois  matières  combinées  el  cuites 
s'appliquenl  sur  l'ém  .il  ou  autres  objets  qu'on 
veul  imprimer  ,  en  imbibant  un  linge  de  la 
composition  et  en  frott/inl  sur  la  pièce,  que 
l'on  fail  ensiiilc  séclier,  soit  au  feu,  soit  à 
l'air. 

2"  L'eau  pour  la  préparation  du  papier  se 
compose  avec  du  iiel  de  carpe  et  de  la  po- 
tasse mêlée  el  de  l'eau  en  quantité  suffisante 
pour  obtenir  un  bain  savonneux  el  liltré. 
Celte  eau  t-erl  à  tremper  le  papier  sur  le- 
quel ou  imprime. 

(1)  V.  pour  dilTorenles  autres  professions,  li'  numéirT 
de  janvier  iS33,  page  2o  el  suivantes  Ju  Journal  des 
Connaissances  Utiles. 


ôo  La  couleur  dont  on  se  sert  pour  rem- 
plir la  taille  des  planches  se  compose,  pour 
le  noir,  de  sulfate  de  m  inganèse  passé  à  l'état 
de  carbonate;  de  sulfate  Je  cuivre,  ou  cristaux 
devenus  cristallisés  et  grillés,  puis  passés  à 
l'étal  de  carbonate  et  de  cobalt  de  Suède. 

i»  On  tire  l'épreuve  sur  du  papier  Joseph, 
que  l'on  trempe  d.ins  l'eau  préparée  comm» 
il  est  dit  ci-dessus,  el  qu'on  laissa  arriver  à 
une  humidité  convenable  ;  ensuite  on  jette 
l'épreuve  sur  la  surface  de  cette  même  eau, 
el  on  la  relève  un  quart  d'heure  après,  en 
la  niollanl  ressuyer  de  nouveau  sur  du  papier 
non  collé,  et  on  l'applique  sur  la  pièce  en- 
duite de  la  mixtion  ;  puis,  à  laide  d'un  petit 
tampon  de  papier  Joseph  imbibé  de  celle 
eau,  on  appuie  sur  l'épreuve  jusqu'à  par- 
faite impression. 

•'>"  La  cuisson  s'effectue  dans  des  moufles, 
comme  pour  la  porcelaine,  jusqu'à  ce  que 
l'impression  soit  pasv,ée  -ous  l'ém  '.il. 

Les  résultats  qu'on  obtient  par  ces  procé- 
dés sont  d'offrir  des  objets  bien  imprimés, 
avec  l'avantage  de  donner  -ux  émaux  plus  de 
dureté  et  de  solidité  par  unenouvelle  cuisson, 
notamment  sur  la  f  ù  nce  dite  terre  de  pipe, 
dont  l'émail,  f  ibriiiué  en  France,  est  très 
tendre,  si  on  en  excepte  quelques  fabriques. 

XaUthiers. 

Colophane.  —  r.ésine  cuite  et  privée  d'huile 
essentielle,  donl  on  frotte  les  crins  des  archets 
des  instrumens  à  vent.  On  fail  f(»ndre  dans  une 
chaudière  de  fonte  un  mélange  de  deux  parties 
de  résine,  résidu  de  la  distillation  de  la  U'réhcii- 
thine  avec  une  partie  de  poix  blanche.  On  lient 
iong-lemps  ce  mélangea  petit  feu, en  le  remuant 
de  temps  a  autre  avec  une  spatule,  afin  de  re- 
nouveler les  surfaces  dislillanles  el  d'eftipècher 
que  la  matière  ne  s'attache  au  fond  de  la  chau- 
dière. Toute  l'essence  finil  par  se  di^gagcr.  On 
s'assure  que  la  colophane  est  bien  purgée,  en  en 
faisant  reiroidir  une  goutte,  qui,  à  l'état  de 
perfection,  doit  èlre  sèche  el  pulvérulente.  Par 
le  refroidissement  de  la  masse  dans  la  chaudière, 
toutes  les  impuretés  des  résines  tombent  au 
fond;  on  écume  alors  avec  soin,  et  on  coule  la 
matière  dans  des  moules  disposés  à  cet  efl'et.I.es 
résidus  servent  dans  la  fabrication  du  noir  de 
fumée. 

Mkdecixs.  —  Emploi  du  soufre  dans  le  cas  de 
rhnmutismc.  Xous  appelons  l'attention  des  méde- 
cins sur  le  fail  suivant  affirmé  jiar  un  journal 
anglais  digne  de  foi  :  le  soufre  a  ét'^  employé 
avec  succès  contre  le  rburaal'sme  par  de  sim- 
ples frictions  à  la  jiarlie  aft'eilée,  el  sur  laiiuelle 
il  faut  ensuite  contenir  le  soufre.  Quelques  mi- 
nutes suflisent,  dit  M.  TucKer,  pour  apporter 
une  ann-lioration  sensible  dans  l'état  du  malade, 
el  les  ilouleurs  disparaissent  sans  retour. 

NoTAiniîS  { responsabilité  des).  —  Le  notaire 
chargé  d'eiïectuer  un  placement  de  fonds  dont 
il  est  dépositaire  ,  ne  peut  pas  les  rcmeltre  à 
l'emprunteur  avant  que  les  justifications  de  ga- 
rantie   hypothécaire  stipulées  dans  le  contrat 


aient  6U'  remplies,  sous  peine  de  responsabilité. 
[Cour  de  Caisation,  i  dticeinùie  1S35.J 

S^eunïers. 

Nouveau  PROCÉDr;  pour  obtetviu  i.a  f.v- 
BïNE  DE  GUI  AU.  Au  moyen  d'nnc  inoulo  en 
grès  ou  en  bois  de  !S  pouces  de  diamèlre  , 
suscepli!  le  de  tourner  i'io  fois  à  la  niinule  , 
on  opère  le  pcrl-gc;  cetlB  meule  est  enve- 
loppée d'une  chemise  de  môms  forme,  en 
tôle  ,  percée  comme  une  râpe  ;  les  grains  de 
froment,  au  sortir  du  tarare  ,  tombent  par  le 
haut  de  la  chemise  sur  In  •^urfice  fiorizontale 
supérieure  de  la  meule,  qui ,  en  yrrlu  do  son 
mouvement  de  rotalion  ,  les  lance  vers  la 
circonférence,  011  ils  viennent  couler  entre  les 
parois  perpendiculaires  de  la  tôle  immobile 
et  de  la  meule  qui  tourne  ,  et  c'est  d.ms  ce 
mouvement  inccssnnt  et  rapide  qu'ils  se  per- 
dent en  s'arrondissaut  ;  cet  effet  s'obtient 
par  une  perte  rie  substance  qui  n'est  pas 
plus  considérable  que  dnns  le  sassage  ,  et 
d'ailleurs  ces  déchets  peuvent  être  utilisés 
comme  firinc  dç  qu  lité  inférieure.  Après 
avoir  perlé  suffis  :mmeut  b^s  grains ,  il  ne 
res'e  plus  de  soi  que  ce  qu'en  contient  la 
rainure  du  tVoment ,  et  celle  rainure,  se  dé- 
tachant en  entier  sous  la  meule,  le  blutage 
suffit  pour  l't  nlever.  On  transporte  les  grains 
perlés  sous  la  meule  o;din.  ire  ut  on  Itlute  à 
froid.  M.  ilaspail  ,  auteur  de  ce  procédé  , 
pense  que  dans  le  cas  de  germination  des 
grains,  la  portion  allérce  ,  étant  alors  celle 
qui  est  atteni-nte  à  la  surface  de  l'embryon  , 
•n  enlevant  celte  portion  par  le  perlige,  on 
obtiendrait  du  reste  du  péiisperiue  une  fa- 
rine aussi  peu  altérée  que  des  grains  non 
germes. 

Peintre»  en  miniature. 

Préparation  du  fiel  de  p.oeuf.  —  M.  Du- 
potet,  otïicier  d'arlillerie,  vient  de  découvrir  un 
procédé  pour  la  préjiaralionilii  fiel  de  breuf  épuré, 
doiillespeintresenniinialurefont  usage  pour  don- 
ner de  la  solidité,  deréclatetdeladiiréeaux  cou- 
leurs qu'ils  niellent  en  usage  pour  la  peinture  sur 
papier  et  sur  ivoire.  On  jilace  le  fiel  de  b(euf  sur 
le  feu;  lorsqu'il  a  bouilli,  on  le  jette  sur  un 
blanchet  ou  sur  un  linge  fin  ,  qui  conserve  une 
écume  épaisse  et  les  autres  impuretés.  On  remet 
la  substance  sur  le  feu,  et  on  la  sature  d'alun 
en  poudre,  artanl  que  la  liqueur  jeut  en  dis- 
soudre; ensuite  on  la  relire  du  feu,  on  la  filtre; 
et,  pendant  qu'elle  est  encore  chaude,  on  y  pro- 
jetie  de  la  craie  pulvérisée,  qui  produit  une  vive 
eft'ervescence,  et  lorsqu'elle  cesse  d'opérer,  on 
jette  le  tout  sur  le  filtre.  Une  dernière  filtration 
en  papier  gris  fournit  une  liqueur  toul-à-fait 
limpide.  Le  fiel  ainsi  préparé  enlève  la  mine 
de  plomb,  et,  si  on  en  buniecte  un  papier  (lue 
l'on  pose  en  pressant  légéreiiient  sur  un  dessin 
de  mine,  on  peut  enlever  2  et  3  épreuves  ou  fac- 
similé  très-réguliers. 

Pharmaciexs.  —  Spécifique  contre  les  maux 


103 

de  dents.  —  Le  brevet  de  M.  Roux,  pharmacien, 
étant  épuisé,  et  son  spécifique,  connu  sous  le 
nom  de  rar.igiiay-noux ,  contre  les  mauv  de 
dents,  tiinibaiit  d.ins  le  domaine  public,  voici  la 
formule  de  celte  coniposilion  : 

Feuilles  et  Peurs  d'inulabifrons 1  partie. 

Fleurs  de  spilanlos  olcracca 4 

Tiacine  de  pyrèlbre 1 

Alcool  à  Zt,  degrés 8 

Concasse/,  le  tout  séparément  et  mettez-'eensuite 
dans  un  vase  clos;  faites  macérer  pendantquinze 
jours,  filtrez  ensuite  et  conservez  la  composition 
dans  des  vases  bien  bouchés. 

Raffineurs. 

Des  appareils  employés  pour  la  fa- 
buicatiox  et  le  raffinage  du  sucre.  — 
Divers  appareils  évaporatoires ,  dont  plu- 
sieurs opèrent  au  moyen  du  vide  et  un  seul 
par  insufflation  d'air  chaud,  ontété  appliqués, 
dans  ces  derniers  temps,  à  la  concentration 
du  jus  sucré  et  à  la  cuisson  des  sirops  à 
basse  température. 

Celte  question  est  d'un  haut  intérêt,  et  mé- 
rite de  fixer  l'attention  sérieuse  des  fabricans 
et  raffineurs  de  sucre,  seuls  et  véritables  ju- 
ges compélens  en  cette  matière,  maintenant 
ï.urtout  qu'il  est  reconnu  que  le  ch;;uffage  à 
nu  et  l'ébullilion  des  dissolutions  sucrcps  à 
une  température  élevée,  nuisent  au  sucre. 
D'ailleurs,  une  législation  nouvelle  leur  im- 
posant la  nécessité  de  recourir  à  des  procé- 
dés évapor.toircs  autres  que  ceux  dont  ils  ont 
fait  usage  jusqu'à  présent,  il  est  utile  de  com- 
parer les  divers  modes  d'appareils  de  concen- 
tration  et  de  cuissonà  basse  température,  qui 
ont  pour  eux  déjà  la  sanction  de  grandes 
entreprises  industrielles. 

M.  Degrand  ,  ingénieur  civil  ,  inventeur 
d'un  de  ces  appareils,  vient  de  publier  une 
notice  dans  laquelle  il  discute  les  résultats 
obtenus  dans  les  fabriques  où  ces  appareils 
ont  été  montés,  et  les  compare  entre  eux  sous 
les  rapports  des  frais  d'établissement,  des  dé- 
penses (l'eau  et  de  combustible,  ainsi  que 
sous  celui  des  inconvéniens  attachés  à  leur 
mise  en  œuvre. 

L'appareil  Howard  est  le  type  primitif  des 
appareils  évaporatoires  à  l'abri  de  la  pres- 
s.on  de  l'atmosphère;  ra.iis  sa  dépense  jour- 
nalière d'eau  f.oide  est  si  considérable  (elle 
équivaut  à  dix-neuf  fois  le  poids  de  l'eau  qu'on 
extrait  des  sirops)  qu'on  ne  peut  l'établir  que 
dans  les  lociilités  où  l'on  dispose  d'énormes 
masses  de.  u  ,  et  qui  se  prêtent  à  leur  éva- 
cuation après  qu'on  les  a  ucdies  par  leur  em- 
ploi. 

Les  calculs  qui  suivent  sont  applicables  à 
une  f.ibrique  -le  sucre, qui,  râpant  cl  pressant, 
f  il  une  campagne  ds  cinq  millions  de  kilo- 
gr.  mmesdelielteravescn  U(»  jours  de  travail. 

L'appareil  Brame-Chevalier  coûte  113,700 
fr.;  celui  de  M.  Pelletan  et  celui  de  M.  Roth, 
y6,7u0  fr.  ;  tandis  que  l'appareil  Degrand  ne 
revient  qu'à  55,"()0  fr.  La  dépense  en  com- 
bustible pour  la  concentration  et  la  cuisson 


104 


pendant  la  campagne  (le  charbon  étant  cal- 
culé au  prix  moyen  de  quatre  centimes  le 
kilof .),  est  de  54,500  fr.  pour  le  premier  de 
ees  appareils  ,  do  37,000  fr.  pour  les  deux 
suivans,  de  1^^,500  fr.  pour  le  dernier.  La 
dépense  journalière  d'eau  froide  pour  la  con- 
densation des  \apeurs ,  offre  des  résultats 
analogues.  L'appareil  de  M.  Rotti  et  celui 
de  M.  Pellet.m  demandent  4,800  et  4,600  hec- 
tolitres d'eau;  celui  de  M.  Brame-Chevalier 
n'en  dépense  pas,  non  plus  que  celui  Degrand, 
mais  ce  dernier  fournil  par  jour  150  hecto- 
litres d'eau  chaude  propre  à  diffërens  usages. 

La  même  proportion  existe  dans  l'applica- 
tion de  ces  appareils  à  une  fabrique  qui, 
macérant,  fait  une  camp;igne  de  cinq  millions 
dekilog.  de  betteraves  en  "  jours  de  travail. 
Dans  ce  cas,  l'appareil  Degrand  coûte  (i2,<'00 
fr. ,  l'appareil  Roth ,  -lod.ooo  fr.  ,  celui  d« 
Brame-Chevalier  ,  au-delà  de  i2(Hi,000  fr.  La 
dépense  en  combustible  est,  pour  le  premier 
appareil,  de  22,500  fr.,  de  44,800  pour  le 
deuxième,  et  de  60,000  fr.  pour  le  dernier. 

L'appareil  Degrand  parait  donc  satisfaire  à 
toutes  les  conditions  essentielles,  étant  celui 
qui  coûte  le  moins  ch»r  «t  dont  les  dépen- 
ses journalières  g»«t  les  plus  bassBS  ;  il  se 
plie, d'ailleurs,  à  toutes  les  exigences  manu- 
facturières ,  et  il  est  en  outre  applicable  à 
toutes  les  localités. 

DÉcoLOKiMÈrRE.  —  Lc  ckftrbon  animal  ou 
noir  animal  sert  à  la  décoloration  d'un  grand 
nombre  de  produits,  par  exemple,  du  sucre, 
soit  par  le  mode  suivi  pour  sa  préparation, 
soit  par  le  mélange  de  quelques  substances 
étrangères;  il  r.e  décolore  pas  toujours  éga- 
lement, et  lorsqu'Tin  f;;bricantse  sert  du  noir 
animnl  comme  agoni  de  décoloration,  il  lui 
importe  de  savoir  quel  degré  do  farce  il  peut 
présenter.  On  peut  arriv-er  à  évaluer  celle 
propriété  par  comparaison,  -en  faisant  passer 
du  sirop  ou  du  caramel  d'une  intensité  de 
couleur  donnée  sur  une  quantité  égale  d'un 
charbon  d«  très-bonne  qualité  et  de  celui 
qu'on  veut  essayer,  jusqu'à  ce  qu'on  ait  ob- 
tenu le  maroimum  de  décoloiation  avec  l'un 
et  l'autre,  et  en  comparant  les  teintes  obte- 
nues. Pour  arriver  à  ce  résultat  d'une  ma- 
nière assez  rigoureuse,  M.  Pavf.n  a  imaginé 
un  instrument  qu'il  nomme  décoiorimèire,  et 
qui  se  compose  osseutiellemenl  d'un  tube  de 
verre,  dans  lequel  on  introduit  un  volume  de 
caramel  qui  a  clé  agité  avec  une  quinlilé 
donnée  do  charbon  à  essayer,  et  dont  on 
compare  la  Icinle  avec  du  caramel  décoloré 
par  la  mome  proportion  de  noir  .inimal  pur. 
Cet  instrument,  qui  offre  beaucoup  d'avan- 
tages, n'a  d'autre  inconvénient  que  son  prix 
élevé,  qui  sera  nécessairomenl  uueentrave  à 
sa  propagation. 

Teinturiers. 

Préparations  nu  fcROTox  nu  teinturier 
ou  TOCUNESOL.  — Celle  plante,  qui  croil  na- 
turellement dans  le  midi  de  laFri.ncc,  où  elle 
«l  connue  sous  le  nom  de  ma«re//t',  est  très- 


utile  aux  arts  par  la  teinture  qu'on  obtient 
de  son  suc.  —  Le  croton  croît  dans  les  terres 
les  plus  arides  et  même  rocailleuses  ;  il  ne 
demande  pas  d'engrais,  et  n'a  besoin  qae 
d'une  simple  culture ,  encore  bien  que  l'un 
et  l'autre  aient  des  résultats  avantageux,  si 
surtout,  dans  les  chaleurs,  on  l'arrose  à  pro- 
pos. Dans  ce  cas,  les  produi;s  sont  considé- 
rables. En  no4,  M.  Montel  a  fait  connaître 
quelques  préparations  du  tournesol  dans  un 
mémoire  inséra  diuus  le  volume  de  l'acadé- 
mie des  sciences  de  Paris,  année  175 'i,  et  in- 
diqué dans  la  pharmacopée  de  Baume,  1790, 
page  458.  Voici  les  principales  :  on  broie  d'a- 
bord la  mau relie  sous  une  moule  dis,posé.e 
comme  dans  les  moulins  qui  servent  à  écra- 
ser les  olives  ou  les  pommes  à  cidre,  ayant 
soin  de  choisir  pour  cela  un  jour  où  le  soleil 
ait  de  l'ardeur  et  où  la  température  est  sè- 
che. Quand  les  plantes  sont  bien  écrasées, 
on  en  remplit  un  cabas  fait  de  jonc,  et  sem- 
blable à  ceux  dont  on  so  sert  pour  mettre 
les  olives  au  pressoir.  Le  cabas  est  soumis  à 
une  forte  pression,  et  le  suc  qui  s'en  exprime 
est  reçu  dans  des  vases  ;  quand  U  n'y  a  plus 
de  suc,  on  relire  Je  cahas,  et  on  jette  le  marc, 
qui  passe  pour  être  un  excellent  fumier. 
Avant  cette  opéralien,  on  fait  provision  de 
toile  qui  ait  déjà  servi,  mais  qui  n'ait  pas 
encore  été  blanchie  par  la  rosée  ou  la  lessive. 
Si  elle  est  salle,  on  la  lave  et  on  la  fait  sé- 
cher. Toute  toile  est  bonne,  si  elle  est  de 
chanvre. On  la  divise  en  plusieurs  morceaux. 
Ce  travail  est  réservé  aux  femmjes.  Chacune 
a  devant  elle  un  baquet  de  bois  pareil  à  celjji 
dont  les  blanchisseuses  se  servent  pour  sa- 
V(  nner  le  linge;  elle  prend  une,  deux  ou 
trois  pièces  de  toile,  selon  qu'elles  sont  plusou 
moins  grandes,  el  elle  les  met  dans  le  baqjiiel. 
Elle  verse  ensuite  pwr  dessus  un  pot  de  suc 
de  crolon,  cl  elle  froisse  la  toile  de  manière 
à  ce  qu'elle  soit  partout  imbibée  de  ce  suc. 
Ensuite,  on  étend  ces  drapeaux  %\it  desUaies 
exposées  au  soleil  ardent,  et  quand-ils  sont 
secs,  on  en  forme  des  tas. 

Une  deuxième  préparation  consiste  à  ex- 
poser ce.s  drapeaux  à  la  vapeur  de  l'urine  ou 
du  fumier,  ce  qui  leur  fait  prendre  la  cou- 
leur Lieue. A  cet  offol,  on  rassemble,  un  mois 
à  rav;'nce,  de  l'urine  dans  des  cuves  en  pierre; 
on  en  laisse,  au  moment  de  l'opération,  «•n- 
viron  ôO  pots,  forn>anl  une  épaisseur  de  5  à 
()  pouces;  on  y  jette  5  à  c;  livres  de  chaux 
vive  (quelques-unes  y  ajculent  une  livre  d'a- 
lun); on  remue  bien  le  mélange  avec  un  bâ- 
ton ;  on  place  au-'lessi!s  de  l'nriiK-  des  ro- 
seaux croisés  sur  lesquels  on  étend  7  à  8 
drapeaux  imbibés  de  fuc  et  séchés  les  uns 
sur  les  autres;  puis  on  couvre  la  cuve  d'un 
drap  ou  dune  couvcriure.  Les  drapeaux  res- 
IlmiI  ainsi  exposés  à  la  vapeur  de  la  liqueur 
pendant  plus  ou  moins  de  temps,  en  raison 
de  sa  force,  mais  généralement  pendant  -24 
heures.  Il  faut  avoir  soin  de  les  relonrner 
et  d'éviter  qu'ils  ne  trempent  dans  l'urine,  la- 
quelle détruirait  à  l'instant  la  matière  colo- 


rante.  Chaque  fois  qu'on  expose  de  nouveaux 
drapeaux  à  la  vapeur  de  l'urine,  il  f;inl  l.i 
remuer  :  pendant  que  dure  celte  préparation, 
on  met  tous  les  jours  de  l'urine  dans  la  cuve, 
mais  on  n'y  met  que  trois  fois  de  la  chaux 
viveel  de  l'alun. 

Lorsqu'on  est  ohligé  de  suppléer  à  'l'urine 
par  le  fumier  ,  on  doit  prendre  de  grandes 
précautions,  attendu  que  les  drapeaux  doivent 
être  retournés  et  retirés  dès  qu'ils  ont  pris  la 
couleur  bleue  ,  ce  qui  arrive  parfois  au  bout 
d'une  heure  ;  une  trop  longue  exposition  à  la 
vapeur  du  fumier  pourrait  détruire  la  cou- 
leur et  tout  perdre,  ce  que  l'on  n'a  pas  à 
craindre  avec  l'urine. 

Quand  on  veut  exposer  les  drapeaux  à  la 
vapeur  du  fumier,  on  en  étend  une  couche 
dans  un  coin  de  l'écurie;  on  couvre  légère- 
ment cette  couche  de  paille  brisée,  on  met 
par-dessus  les  chiffons  entassés  les  uns  sur 
les  autres,  et  on  les  couvre  immédiatement 
d'un  drap,  comme  dans  l'autre  procédé.  Le 
fumier  qu'on  emploie  est  celui  de  cheval,  de 
mule  ou  de  mulet;  quelquefois  aussi  on  met 
les  drapeaux  entre  deuxdraps,et  ceux-cientre 
deux  couches  de  fumier. 

liés  que  les  drapeaux  sont  sufGsamraent 
irr^prégnés  de  lalcali  volatil  qui  se  dégage 
de  l'urine  ou  du  lumier,  on  les  imbibe  une 
second»  fois  de  nouveau  suc  de  raaurelle  ;  et 
si,  après  celte  opération,  ils  sonl  d'un  Lieu 
foncé  tirant  sur  le  noir,  on  en  reste  là.  Si  les 
«biffons  n'ont  pas  cette  couleur  foncée,  on  les 
imbibe  de  nouveau  jusqu'à  ô  et  4  fois  si  cela 
est  nécessaire. 

Quand  les  drapeaux  ou  chiffons,  ainsi  pré- 
parés, sont  bien  secs,  ou  les  emballe  dans  de 
grands  sacs,  où  ils  sont  serrés  et  pressés, 
puis  on  fiiit  un  second  emba!l:;ge  dans  d'au- 
tres sacs,  ou  dans  de  la  toile  avec  de  la 
paille ,  et  on  en  forma  des  ballots  de  5  à  4 
quintaux,  qui  d'ordinaire  sont  expédiés  en 
Hollande. 

Le  bleu  de  la  morelle  n'est  pas  aussi  beau 
que  celui  qu'on  retire  du  pastel  ou  de  l'indi- 
go. En  Allemagne,  en  Hollande  ,  eu  Angle- 
terre, on  en  colore  les  conserves,  les  gelées 
et  diverses  liqueurs;  on  s'en  sert  aussi  pour 
donner  au  vin  la  couleur  qui  lui  manquis,  et 
pour  tcindrele  gros  papier  à  sucre. 

La  teinture  de  tournesol otl'un des  réactifs 
les  plus  fréquonimeut  einployést^par  les  cbi- 
mis  t  s  parce  qu'elle  a  la  propriélé  de  rougir 
sur  le  chiiîup  dès  qu'on  la  racle  avec  une 
subslance  ;;cide  quclcoiique,  dont  elle  décèle 
ain  i  la  présence.  Les  Holl.-mdais  l'emploient 
pour  colorei  enviolellacroùîede  leurs  froma- 
ges. C'est  avec  la  matière  première  que  nous 
leur  fournissons,  c'esl-à-dire  le  tournesol  en 
driii>eaux,qu'ilspréparentlefO!(j7ie4o/fnpatJi5, 
que  l'on  débite  sous  la  forme  de  pâte  sèche, 
qui  est  en  usage  dans  divers  arts,  et  avec  le- 
quel on  fait  des  espèces  de  pierres  à  dessiner. 
TissiBANDs.  Encollage  économique. 

On  fait  bouillir  pendant  dix  minutes  six 
onces  de  graine  de  lin  dans  trois  litres  d'eau  ; 


10S 

on  passe  ensuite  cette  fusion  à  travers  une 
toile  forte  cl  serrée,  de  mariicrc  à  co  cjn»  la 
graine  rcsfce  au  linge.  On  délaie  ensuite  14 
onces  de  farine  de  blé  dans  un  litre  d'eau  , 
jusqu'à  ce  que  cela  acquiert  la  consistance 
d'une  bouillie  épaisse,  et  on  la  verse  dans  la 
décoction,  que  l'on  place  sur  le  feu  jusqu'à 
ce  qu'on  ail  obtenu  une  bonne  cuisson.  Sept 
livres  de  ce  parement  sufliscnl  pour  encoller 
une  pièce  de  toile  fine  de  soixante  aunes , 
pour  laquelle  on  emploie  ordinairement  neuf 
livres  de  colle  ordinaire,  d'un  prix  plus  élevé. 
Afin  que  la  partie  muqueuse  du  résidu  puisse 
s'extraire  d'une  manière  complète ,  il  faut 
pulvériser  le  marc  de  lin  avant  de  l'employer. 
Ce  parement  a  en  outre  l'avantage  de  per- 
mettre de  travailler  sans  inconvénient  hors 
des  caves  et  à  toutes  les  températures.  Divers 
fabricans  de  toile  du  Mans  ont  déjà  employé 
cet  encollage  sur  des  chaînes  de  coton  ,  de 
lin  et  de  chanvre,  et  lui  ont  reconnu  les  quali- 
tés suivantes  :  11  donne  à  la  chaîne  plus  de 
souplesse,  de  force  et  d'élasticité  que  l'encol- 
lage ordinaire  ;  S"  le  grain  de  la  toile  devient 
plus  saillant,  plus  beau  et  plus  net,  ce  qui 
est  dû  à  la  petite  quantité  de  colle  employée; 
ô»  Le  tour  du  parent  laisse  pas  apercevoir 
la  teinte  rembrunie  que  l'on  attribue  à  une 
piqûre  dans  les  toiles  écrues,  et  il  facilite  le 
passage  des  fils  entre  les  lames  sans  les  en»- 
crasser;  4^  Chaque  pièce  demande  moins  de 
matière,  sa  fraîcheur  se  perd  moins  prorap- 
temcnt ,  et  on  peut  remettre  sa  tissure  au 
lendemain;  r.o  lia  encore  la  qualité  inappré- 
ciable de  pouvoir  élre  conservé  long-temps 
sans  souffrir  d'altération. 

M.  le  comte  Perrochel,  inventeur  de  ce 
procédé,  a  la  délicatesse  de  reconnaître  que 
le  parement  hygrométrique  au  lichen ,  qui 
est  dû  à  M.  Morin,  a  toutes  les  qualités  qu'on 
lui  attribue  ;  son  but,  en  cherchant  un  nou^ 
veau  procédé,  a  été  de  procurer  des  résultats 
analogues  avec  des  substances  d'un  prix  peu 
élevé  et  qui  surtout  puissent  se  rencontrer 
partout. 

pROPltlÉTAIRES   RD9!ACX    :  AbeiIleS. 

Quelques  cultivateurs ,  aussitôt  que  les 
grands  froids  sont  passés ,  ne  iHanquent  pas 
d'exposer  leurs  ruches  à  l'influence  des  rayons 
du  soleil;  cette  méthode  est  très  pernicieuse, 
en  ce  qu'elle  fait  sortir  trop  tôt  l'insecte  de 
son  engourdissement  ;  il  ne  peut  supporter 
ensuite,  sans  ïouffiir  beaucoup,  le  froid  des 
nuits  et  les  gelées  du  matin.  Les  abeilles  no 
doivent  être  exposées  au  soleil  que  quand  les 
arbres  bourgeonnent,  et  lorsqu'elles  trou- 
vent autour  d'elles  une  r    ture  sunis:;n!e. 

Un  peu  de  sel  et  de  n  lasse  en  dissolution 
dans  de  l'eau  de  source  est  un  excellent  remè- 
de contre  une  espèce  de  dyssenlerie  à  laquel- 
le ces  intéressans  aniraïux  sont  fort  sujets  à 
la  suite  des  hivers  rigoureux. 

Asperges. —  Pour  garantir  les  asperges  du 
ver  blanc  dn  hanneton,  il  faut  placer  près  du 
pliul  des  laitues,  dont  ce  ver  est  Irès-friand  ; 
quand  la  laitue  se  fjne  ,  ou  trouve  au  pied 
de  cette  plante  le  ver,  que  l'on  pourra  dès-lors 
facilement  détruire. 


106 
Betterave  pour  scmek  (préparation   de  la 

GkAINC  DCy. 

jXon-seulemcnl  la  gr.,iiie  de  betterave  blan- 
che est  rare  dans  la  commerce,  raiis  il  esl  en- 
core plus  difficile  lie  s'en  procurer  en  quanlilé 
suffisante,  attendu  la  grande  extension  que 
prend  la  f.ibrication  du  sucre. 

Yoici  comment  M.  Cliartier  supplée  à  celte 
insuffisance.  Il  mel  dans  une  sébile  de  bois 
une  certaine  qu.intité  de  graine,  qu'il  frappe 
vivement  au  moyen  dun  pilon  de  bois  de  la 
forme  do  ceux  employés  par  les  pliarm  icieus, 
ayant  soin  de  déplacer  la  graine  avec  la  main 
quand  le  mouvement  oscillaloiie  de  la  sébile 
ne  les  déplace  pas  suffisamirent.  Lorsque  ces 
graines  sont  débarrassées  des  premières  aspé- 
rités, on  les  passe  dans  un  crible  ou  dans  une 
passoire  de  cuisine,  ce  qui  vaut  encore  mieux, 
et  l'on  pile  de  nouveau  jusqu'à  ce  que  Ton 
soit  arrivé  à  ne  trouver  que  peu  de  graines 
adhérentes  à  d'autres  petites  giaines. 

Une  livre  de  graines  propres,  paul,  après 
l'opération  complète  ,  perdre  ,  il  esl  vrai  , 
environ  un  tiers  du  sun  poids,  m  is  il  y  a  tou- 
tefois grande  économie  à  suivre  ce  procédé. 
D'une  part,  on  évite  la  germiQ;ition  de  trois 
ou  qu  tre  graines  à  la  même  pla.e,  et  consé- 
quemment  li  nécessité  de  faire  enlever  les 
plants  surabondans.  L'autre  avaut;igo  con- 
siste dans  l'économie  de  la  semence.  Lu  pla- 
çant les  rayons  à  une  distance  de  titi  centimè- 
tres, et  la  graine  à  10  ou  11  centimètres  sur 
les  lignes  ,  le  kilog.  ,  contenant  -4ii  où  v')(),UUO 
graines  (ians  l'état  ordinaire,  il  eu  faudrait, 
par  hectare, environ  trois  kilogrammes;  après 
les  avoir  fait  piler,  deux  kilogrammes  sont 
sufûsans. 

Cours  d'eau. — Compètemce. 
Dans  les  contestations  entre  les  riverains 
d'un  cours  d'e.iu,  relativement  à  la  hauteur 
des  eaux,  c'est  à  l'autorité  judiciaire  qu'il 
appartient  de  statuer,  lorsqu'il  ne  s'agit  que 
de  l'application  des  litres  respectifs;  mais  en 
l'absence  des  titres,  et  lorsque  li  décision 
pourrait  avoir  le  caractère  d'un  règlement 
d'intérêt  général  sur  la  hauteur  des  eaux, 
c'est  à  l'administration  qu'il  appartient  de 
statuer.  Un  arrêt  ne  viole  donc  pas  aucune- 
ment les  règles  de  compétence,  lorsque,  d  ms 
ane  contestation  dénature,  il  >talue  d'après 
les  titres  produits  entre  les  riverains  que  ces 
litres  concernent,  et  renvoie  les  autres  devant 
l'autorité  adniinistr.ilive  pour  en  obtenir  un 
réglcmoiU  sur  la  hauteur  des  eaux  dans  ui 
intérêt  géncr.l.  (C.  de  Cassation,  4  juin  187)5.) 

CULTUIIE  SIMULTANÉE  l)U  TIÎKILE  INC  AKNAT 

ET  DES  NAVET.S. —  Un  cullivatcur  de  la  Flan- 
dre ,  voulant  essayer  du  trèlle  imamat ,  et 
doutant  do  la  bonté  de  l'innovation  ,  joignit 
des  navets  à  ce  trèfle,  pour  que,  dans  le  cas  où 
celui-ci  ne  réussirait  pas,  ses  soins  no  fussent 
pas  entièrement  perdus.  L'essai  a  été  double- 
ment heureux.  H  a  obtenu  des  navets  pour 
la  nourriture  des  bestiaux,  et  le  trèfle  n'en  a 
as  été  moins  beau.  De  celle  sorte,  la  terre 


produit  une  récolle  de  navels  pendant  l'hiver, 
une  récolte  en  trèfle  au  mois  de  mai  ,  et  une 
autre  récolte  en  betteraves,  carottes  ou  autres 
plantes  analogues  ,  en  septembre  ;  au  total, 
on  a  obtenu  trois  récolles  au  lieu  d'une  seule. 

Garakce  (  Arrachage  de  la  ) 
On  place  un  cabest  in  à  l'extréiniié  delà 
pièc?  de  terre  que  l'on  veut  labourer,  et  l'on 
tonela  charrue  sur  ce  cabestan  m  in«jpuvrépar 
une  seule  béîe.  Ce  procédé  extrêmement 
simple  produit  une  très-granJe  économie  de 
fr.is:  d'dbord  il  s'jpplce  parfaitement  à  l'em- 
ploi des  trois  paires  de  bœufs  exigées  par 
chaque  charrue;  il  épargne  en  outre  des  frais 
considérables  dejournaliers:  tel  champ  planté 
de  gar  ince  qui  coulait  150  fr.  d'arrachage, 
n'en  coûte  plus  que  ">(j  par  cette  méthode. 

Genêt  (Toile  de). 
Le  genêt  dont  en  fait  le  fil  est  le  genêt 
d'Espagne  [genesta  hispanica),  qu'on  sème  en 
septembre  et  qu'on  laisse,  à  l'âge  de  deux 
ans,  pdlurer  parles  troupeaux.  A  ti  ou  7  ans, 
on  coupe  toutes  les  tiges  rez-de-terre,  à  la  fin 
de  février  ;  il  en  sort  des  rejetons  qui,  en 
août  et  en  septembre,  ont  acquis  une  lon- 
gueur de  18  à  i4pouces.Onles  coupe  à  la  serpe, 
«•ton  les  expose  nu  soleil  pendant  !S  à  lujours, 
par  gerbes  d'environ  4  pouce*  de  diamètre. 
Ob  frappe  ensuite  ces  gerbes  avec  un  rou- 
leau de  bois  pour  les  aplatir,  ouvrir  et  faire 
tomber  en  partie  la  première  écorce  et  pré- 
parer les  germes  pour  l:i  fermentalien.  Dans 
une  fosse  carrée  à  portée  d'une  eau  courante, 
on  les  place  debout  et  bien  serrées,  en  pre- 
nant la  précaution  de  couvrir  les  côtés  et  le 
dessus  du  tas  de  p.iille  mouillée,  afin  de  les 
garantir  du  contact  de  l'air  ;  on  charge  ce  tas 
de  grosses  pierres  plates,  et  on  l'arrose  2  ou 
3  fois  par  jour,  peuilanl  S  à  !'>  jours. 

Enfin,  après  ces  préparatifs,  les  gerbes 
sont  bien  lavées  à  l'eau  courante,  frappées 
avec  un  battoir  qui  enlève  la  première  écorce 
et  laisse  les  filamens  à  découvert,  que  l'on 
fiit  sécher  au  soKil.  Quand  on  veut  s'en  ser- 
vir, on  extrait  la  Classe  bûche  par  bûche  ; 
en  prenant  parla  base,  tout  part  i  la  fois,  et 
la  moelle  sert  à  faire  des  allumettes.  La  filasse 
est  peignée  comme  celle  de  chanvre  et  (ilce 
à  la  quenouille.  Elle  foKrnit  de  bonne  toile 
de  ménage,  dont  on  a  fait  usage  dans  les  Cé- 
vonnes,  et  dont  il  serait  à  désirer  que  1 1  pro- 
duction se  répandît  en  France,  ce  li:isu  épais 
et  serré  pouvant  être  utilement  emp'.oyé  en 
vêlement. 

Météorisation  des  ruminans. 
Nous  avons  piécédemment  indiqué  (I)  quel- 
ques moyens  pour  remédier  à  cette  maladie 
si  désastieuse  dans  les  campagnes;  l'expé- 
rience en  a  démotilni  l'eflicacité.  Voici  un 
nouveau  procédé  qui,  déjà  mis  eu  usage,  a 
donné  des  résultats  sali>f,ii»an».  On  introduit 

(i)  .Vnuée  1SJ3,  avril  et  uovciiibre,  pages    107,  et 
293. 


107 


dans  le  rectum  de  l'animnl  une  seringue  vide 
et  fermt^e,  avec  laquelle  on  aspire  les  g;tz  re- 
tenus dans  les  inlcstius  et  le  rumen.  Deux 
ou  trois  opéralioiis  suffisent  habiliU'llom?nt 
pour  mettre  hors  de  d:;nger  l'animal  attaqué, 
et  alors  l'evlraction  etr.îît  devenue  facile,  l'a- 
nimal rend  bientôt  le  reste  des  gaz  nuisiLles. 
Ce  procédé,  mis  en  pratique  par  M.  David, 
agriculteur  à  Hélàbre,  est  exptidilif  et  nulle- 
ment dispendieux. 

Autre  remède  : 

Esprit  d'ammoniaquiî,  1  partie. 

Huile  de  pétrolle  noir,  2  p. 

Ces  deux  substances  sont  fortement  battues 
pn.4enible^pour  opérer  un  mélange  complet. 
Pour  en  faire  usage,  on  étend  une  cuillerée 
du  mélange  entre  deux  tranches  de  pain  qu'on 
enfonce  dams  le  got-ier  de  la  bOte  malade,  en 
lui  tenant  la  tète  haute,  jusqu'à  ce  qu'elle  ait 
ayalé  ;  on  lui  passe  ensuite  dans  la  bouche 
un  lien  de  paille  ,  qu'elle  mâche  ;  l'air  s'é- 
chappe en  abond.ince,  et  d.ns  un  quart- 
d'heure  la  béte  est  guérie.  Ce  remède  est 
communiqué  par  J.  Sculotter,  vétérinaire  à 
Unterhallen,  canton  de  Scbafhausen,  en  Suis- 
se, lequel  atteste  que,  dam  une  longue  pra- 
tique, il  l'a  toujours  employé  avec  succès, 
même  dans  les  cas  de  météorisalion  les  plus 
dangereux. 

Oiseaux  entomovoues  (qui  se  nourrissent 
d'insectes). —  En  France,  on  a  géuérarement 
l'habitude  de  détruire  ces  sortes  d'oiseaux  , 
par  l'idée  qu'on  a  qu'ils  sont  préjudiciables 
aux  semences.  En  Angleterre  ,  on  a  le  soin, 
au  contraire  ,  de  les  conserver.  Ainsi  ,  par 
exemple  ,  les  corneilles  pullulent  ds  l'autre 
côté  du  détroit,  et  on  les  laisse  p.ùsiblemeut 
se  nicher  dc;ns  les  h.intes  futî.ies  qui  «voisi- 
nent les  principales  habitations.  A  l'époque 
des  travaux  champêtres  ,  ces  oiseaux  s'abat- 
tent par  volées  sur  les  sillons  fraîchement 
remués,  et  mangent  avec  avi  îité  les  insectes 
qui  s'y  trouvent.  Ay  ni  ouvert  le  gosier  de 
ces  oiseaux,  on  a  reconnu  qu'ils. ne  mangent 
pas  le  blé,  mais  seulement  les  insectes. 
îSemoir  à  cliaiix. 

Celte  machine,  inventée  par  M.  ]\oii:ha>d, 
a  la  forme  d'un  tomî.ereau  lcj,'er,  et  sur  le  cy- 
lindre qui  sert  d  essieu,  se  trouve  une  auge 
ou  trémie  qui  embr;  :rse  toute  la  largeur  de 
la  voiture  ,  et  dans  l  '.quelle  lo  conducteur  du 
cheval  verse  la  chaux  à  naesnre  qne  la  tré- 
mie se  désemplit.  Devant  celte  caisse  est  un 
petit  tour  qui  lient  un  régulateur  destiné  à 
élargir  ou  à  diminuer  i'cuvcrîure  ;  devant  et 
derrière  est  un  plancher  pour  tenir  les  sacs 
de  chaux,  etc.,  ei  les  vider  sans  descendre 
de  voiture.  En  y  adaptant  d'autres  cylind:  es  , 
celte  machine  peut  également  servir  à  toute 
espèce  de  semailles.  Traîné  au  pas  ordin.:ire 
d'un  cheval,  il  paraît  que  ce  semoir  répand 
:2û  heclol.  de  ch;;ux  éleinle  sur  2  hectares  en 
1  heure.  Le  prix  de  celte  machine  ,  à  Cache 
(pour  chevaux)  ou  à  brancards  (pour  bœufs), 
est  de  250  francs.  On  la  ti  ouve  à  la  ma«ufac- 
tuie  de  M.  J.  RAFn.x,  à  Nevcrs. 


Terres  blanches. 


MovE.N  n'iyy  tireiî  p^ini.  —  Un  de  mes 
amis,  propriétaire  de  quelijues  terres  blan- 
ches incultes,  abandonnées  à  la  vaine  pàtiire 
et  ne  produis. ni  que  de  mauvaises  herbes 
éliolét's,  et  par-ci  par-là  des  plantes  rabou- 
gries de  genévrier,  tenta  vainement  de  les 
rendre  productives  au  moyen  des  engrais. 
Une  portion  fut  labourée  et  ensemencée 
en  céréales  et  en  plantes  fourragères,  qui, 
après  une  germination  lente,  ne  purent 
prendre  aucun  accroissement.  Une  autre  por- 
tion fui  plantée  en  bois  taillis  el  en  Joncs-ma- 
rins; ils  moururent  presque  aussitôt.  Enfin 
on  lui  cnseilla  do  semer  dans  ces  terrains 
un  plan  de  cilisc  [trifoUum),  arbrisseau  très 
connu  pour  ornement  dans  la  distribution 
d'un  jardin  anglais.  Celte  fois,  il  eut  lepla-i- 
sir  de  voir  pousser,  en  masse,  de  jeunes  et 
vigoureux  sujets,  qui,  au  bout  de  doux  ans, 
étaient,  pour  la  plupart,  de  la  hiuteur  d'un 
tit^rs  de  métro.  Encouragé  par  ce  premier 
succès,  qui  donnait  l'espoir  de  tirer  avanta- 
geusement parti  d'un  terrain  jusqu'alors 
considéré  comme  de  nulle  va'eur,  il  lit  plu- 
sieurs semis  de  gr.iinei  de  cilise  sur  des  ler- 
raius  tout-à-fait  blancs  ;  partout  les  pousses 
furent  vigoureuses  ;  et,  chose  digne  de  re- 
marque, dans  les  parcelles  de  bonne  terre 
qui  se  sont  rencontrées  au  milieu  des  rut i es, 
les  ci  lises  ont  pris  un  moindre  développe- 
ment. 

J'ai  vu  graduellement,*  et  les  semis,  et  les 
soins,  et  la  coupe  de  ces  t^illi.';,  si  riches  de 
leurs  belles  tleurs  en  grappes  jaunes,  lors- 
que le  piintemps  vient  d'éclore,  et  ma  con- 
viction a  été  bientôt  parfaite,  (lu'il  y  a  un 
grand  avantage  à  faire  de  semblables  .'émis. 

On  doit  d'abord  labourer  la  terre  que  l'on 
destine  à  celte  production  et  y  semer  la 
graine  au  mois  de  mars,  dans  la  proportion 
de  sept  à  huit  kilogrammes  par  acre  :  on  fera 
bien  d'y  somor  en  même  femps  de  l'avoine  ; 
le  peu  qui  en  poussera  sera  coi:pé  très  haut 
lors  de  sa  m,  luiilé,  elle  piad  servira  de  ga- 
rantie el  d'engrais  aux  jeunes  sujets:  à  par- 
tir de  cet  instant,  et  jusqu'à  ce  que  le  taillis 
ait  acquis  un  cerU-sin  accroissement,  il  faut 
avoir  soin  d'en  écarter  les  moutons,  cl  lorsque 
les  jeunes  pousses  ont  six  à  sept  pieds  de 
h  ut,  il  est  prudent  de  h^s  couper,  afin  que 
les  racines  prennent  plus  d'çxleniion. 

Après  cette  première  coupe,  les  subséqni?n- 
tes  se  font  tous  les  six  ans,  et  prod-iisent  d*(  x- 
cellent  com!)Uslilile,  dont  on  fait  des  fagots. 

Ce  genre  de  bois  se  dél'cnd  lui-même  et 
contre  les  voleu'  s  qui  iraient  de  nuit,  et  con- 
tre les  cnf^ns  qui  voudraient  en  cueillir  les 
fleurs,  car  il  de\ienl  liés  épais  et  ses  blan- 
ches sont  armées  d'éjiines  courtes  (jai  tom- 
bent quand  le  bois  vieillit.  J';;i  vu,  à  l'âge  de 
dix  ans,  faire  220  francs  d'une  acre  de  ces 
bois;  be.u  revenu  pour  un  premier  essai 
sur  des  objets  qui  ne  pro  iiùsaient  rien! 

0»  treure  des  grainss  choztous 'es  graine- 


108 

tiets,  et  d'ailleurs  on   en  récolte  beaucoup 
soi-même. 

Rien  de  plus  beau  que  ces  taillis  verts  et 
ces  massifs  de  fleurs  jaunes.  Le  citise  est  un 
bois  qui  con-vient  aux  tourneurs  par  sa  beau- 
té et  sa  pesanteur.  Mollet. 
Truffe  (culture  de  la). 
Dans  le  siècle  dernier  on  a  essayé  à  plu- 
sieurs reprises  de  cultiver  et  de  propager  les 
truffes.  Les  essais  qu'on  a  faits  depuis  en 
France,  en  Italie  et  en  AUemajine,  ont  été 
plus  heureux  ;  et  quoique  la  culture  de  ce 
tubercule  soit  assez  difficile  ,  on  parviendra 
sans  doute,  à  force  desoins,  de  zèle  et  d'in- 
telligence ,  à  l'introduire  dans  la  plupart  de 
nos  départeraens  ,  et  à  créer  ainsi  des  truffes 
artificielles,  après  lesquelles  soupirent  beau- 
coup d'amateurs  dont  la  bourse  n'est  pas 
toujours  en  rapport  avec  la  sensualité. 

D'après  un  naturaliste  allemand  distingué, 
M.  Alex.  Bornholz,  on  peut  cultiver  les  truf- 
fes dans  les  jardins  et  surtout  dans  les  forêts. 
Selon  lui,  les  terres  renfermant  une  grande 
quantité  de  bois  et  de  feuilles  de  chêne  en  dé- 
composition ,  ont  autant  d'influence  sur  la 
production  et  l'accroissement  de  ce  tubercule 
que  le  fumier  de  cheval  sur  les  champignons 
de  couche  ;  il  faut  rassembler  en  grande 
quantité  ces  matières  premières  sur  le  terrain 
qu'on  destine  aux  plants  artificiels,  et  choi- 
sir un  bas-fond  un  peu  humide,  un  sol  léger 
d'une  nature  ferrugineuse  et  calcaire.  Si  la 
terre  est  trop  compacte,  on  y  ajoute  du  sable; 
si  elle  est  trop  légère,  on  la  corrige  avec  de 
la  glaise  ou  de  la  terre  à  four.  Lorsqu'elle 
manque  de  parties  ferrugineuses,  on  y  ajoute 
de  la  mine  de  fer,  que  l'on  écrase  soigneuse- 
ment, ei  qu'on  mêle  dans  le  rapport  d'un  tiers 
avec  l;i  terre  naturelle. 

Les  truffes  qu'on  destine  à  être  transplan- 
tées, doivent  être  de  moyenne  grandeur,  plei- 
nes de  vigueur  et  de  force  viUile.  On  les  récolte 
au  printemps  ou  au  commencement  de  l'au- 
tomne, enveloppées  dans  la  petite  masse  de 
terre  qui  les  environne  ,  et  on  les  met  dans 
des  caisses  bien  fermées,  dont  on  a  rempli  les 
interstices  avec  de  la  terre  humide  prise  sur 
les  lieux.  De  cette  manière,  on  peut  les  trans- 
porter sans  danger  à  quelque  distance  ;  mais 
quand  le  voyage  doit  durer  plusieurs  jours  , 
il  est  nécessaire  d'ouvrir  les  caisses  do  temps 
à  outre,  de  leur  donner  de  l'air  et  de  les  hu- 
mecter avec  de  l'eau  de  rivière  ,  afin  d'empê- 
cher la  truffe  de  se  moisir  ou  de  se  pourrir. 
Quand  les  caisses  sont  arrivées  à  destination, 
on  les  ouvre  par  un  beau  jour,  à  l'ombre; 
on  humecte  un  peu  le  sol  qui  doit  recevoir 
la  truffe,  que  l'on  plante  le  plus  promptement 
possible  ,  dans  des  trous  pratiqués  3  2,4  et 
souvent  6  pouces  de  profondeur  ,  et  qu'on 
achève  de  remplir  avec  de  la  terre  prise  dans 
la  truffière  naturelle.  On  recouvre  ensuite 
toute  la  tranchée  où  l'on  a  établi  le  plant,  de 
branches  de  chêne  ou  do  hêtre  blanc  (cirpi- 
nus  belulus),  jetées  de  loin  en  loin.  On  plante 
également  tout  le  terrain  consacré  aux  truf- 


fes, do  jennes  arbrisseaux  de  la  même  espèce , 
mais  à  une  certaine  distance  les  uns  des  au- 
tres, de  manière  qu'ils  ombragent  le  terrain, 
sans  nuire  à  la  libre  circulation  t'e  l'air. 

Les  truffières  éti'.nt  ainsi  établies  ,  ne  doi- 
vent plus  être  touchées;  on  se  borne  à  ar- 
racher les  végétations  trop  fortes  qui  pour- 
raient épuiser  le  sol,  lequel  doit  toujours  être 
dans  un  état  de  fraîcheur. 

Les  truffes  raultipliv'nt  peu  la  première  an- 
née, ce  tubercule  ayant  alors  trop  peu  de 
force  pour  entraîner  le  terrain  à  la  repro- 
duction. Si  la  transplantation  a  été  ft;ite  au 
printemps,  on  pourra  trouver  en  automne 
quelques  jeunes  truffes  Je  la  grosseur  d'une 
nois^itte  ou  d'une  petite  noix,  ayant  uoe  peau 
jaunâtre  et  une  chair  spongieuse,  qui  deman- 
deront à  rester  quelque  temps  en  terre  pour 
acquérir  de  la  maturité  et  se  colorer  conve- 
nablement; mns  leur  apparition  est  le  signe 
certain  que  le  plant  a  réussi,  et  que  les  ré- 
coltes seront  nombreuses  et  abondantes  pen- 
dant*des  années. 

M.  le  comte  de  Noé,  pair  de  France,  a 
fait  une  épreuve  qui  a  été  couronnée  de 
succès,  bien  qu'au  premier  aperçu  elle  pa- 
raisse inexplicable.  Après  avoir  fait  nettoyer 
un  terrain  sous  des  charmes  et  des  chéaes, 
et  y  avoir  déposé  les  pelures  et  résidu  de 
truffes  que  son  cuisinier  allait  jeter  à  la  basse- 
cour,  il  les  fit  recouvrir  de  terreau  et  de 
feuilles  mortes.  L'année  suivante,  on  oublia 
d'examiner  si  l'essai  avait  réussi;  mais  la  2» 
année,  le  sol  était  soulevé  dans  l'endroit 
même  où  l'on  avait  semé,  et  les  truffes  pa» 
rurent  de  suite  près  de  la  surface.  Elles 
étaient  noires^  sèches,  chagrinées  et  do  bon 
goût. 

Vigne.    Moyen    de    la  fNréeerver  des  gelées 
printanoières. 

Dans  la  partie  méridionale  de  la  Russie  et 
en  Moldavie,  le  vigneron  n'aurait  presque  ja- 
mais l'espoir  d'une  récolte,  s'il  n'avait  le 
soin,  en  labourant  la  vigne,  de  coucher  le 
sarment  cl  de  le  couvrir  de  deux  ou  trois 
doigts  de  terre,  pour  ne  le  redresser  qu'à  l'é- 
poque où  les  gelées  ne  sont  plus  à  craindre. 

Nos  vignerons  et  propriétaires  de  vignes 
ne  feraient-ils  pas  bien  d'employer  ce  moyen 
de  conservation?  Il  peut  se  trouver  inutile 
sans  doute  ;  mais  aussi  il  pool  changer  les 
chances  d'une  mauvaise  année  et  eu  donner 
une  très  bonoe. 

Moyens  de  faire  iiÉussin  les  boutcbes 
DE  la  viGXE. —  On  emploie  souvent  la  pomme 
de  terre  pour  faire  réussir  les  boutures  de  la 
vigne  ,  en  fixant  dans  ce  tubercule  le  bout 
qui  doit  être  enterré.  Mais  la  pomme  de 
terre,  au  lieu  de  pourrir,  croît  souvent  elle- 
même,  et  ne  remplit  pas  le  but  qu'on  se  pro- 
pose en  l'employant.  Le  navet  pourrit  tou- 
jours lorsqu'il  est  en  foin  ,  entretient  le  plant 
par  son  humidité  fraîche  et  muqueuse  ,  et 
par  sa  fermentation  active  stimule  plus  éner- 
giquemenl  la  sève  de  la  bouture. 


109 


REPERTOIRE 


DE  U\.     CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


—  Caisses  d'épargnes. 

Pendant  l'année  IS"^,  les  placemens  faits 
au  trésor  par  les  caisses  d'épargne  de  France 
se  sont  élevés  à  i7,5iG,ouo  francs,  dont 
13,670,000  fr.  par  les  caisses  de  Paris,  et 
lô,84(i,000  f.  par  celles  des  départeraens. 

Au  M  décembre  1835,  le  fonds  des  lo5 
caisses  d'épargne  au  trésor  était  de  &2,!iT9,000 
fr.  Les  verseniens  mensuels  vont  toujours 
en  augmentant,  et  si  la  progression  se  main- 
tient, on  peut  évaluer  à  4U  millions  les  ver- 
seniens de  l'année  1836.  Ce  chiffre  est  la 
meilleure  réfutation  des  attaques  dirigées 
coTitre  l'une  des  institutions  les  plus  philantro- 
piques  de  notre  époque,  mais  qui  cependant 
n'a  pas  trouvé  grâce  devant  cerUiines  per- 
sonnels, qui  ont  oublié  sans  doute  que  l'éco- 
nomie est  une  vertu  dont  il  faut  encourager 
le  développement. 

—  Haut  enskigwemekt  a  Paris. 

Voici  le  résumé  de  la  statistique  du  haut 
enseignement  à  Paris  pour  l'année  scholaire 
1835  —  1836: 

'L'école  de  Droit  compte  cette  année 
3,434  élèves;  Yévole  de  Médecine,  4,300  (il 
a  été  pris  cette  année  2,470  inscriptions 
avant  le  15  novembre);  école  Normale,  67 
élèves;  collège  Saint-Louis,  290  interneset 
573  externes,  en  tout  865  élèves;  collège 
Louis-le- Grand,  500  internes  et  500  exter- 
nes, en  tout,  1,000  environ;  collège  Charle- 
magne,  794  externes.  Partout  il  y  a  eu  aug- 
mentation d'élèves,  sur  Tannée  dernière , 
d'unl5«à  un  20"  environ. 

—  Machtî^e  a  vapeur. 

On  évalue  la  force  d'une  machine  à  va- 
peur par  le  nombre  de  chevaux  dont  elle 
supplée  les  efforts  et  le  travail.  En  vapeur, 
une  force  de  cheval  équivaut  à  l'élévation 
d'un  poids  de  53  mille  livres  à  un  pied  de 
terre  par  minute,  et  la  force  animale  d'un 
cheval,  à  la  même  élévation,  d'un  poids  de 
23  mille  livres  seulement.  Mais  un  cheval 
ne  peut  donner  que  8  heures  de  travail  sur 
22;  une  machine  à  vapeur  ne  repose  jamais. 
Ainsi,  pour  rendre  la  force  animale  égale  à 
la  force  mécanique,  il  faut  un  relai  et  demi 
à  chaque  cheval  en  3  fois  24  heures,  ce  qui 
fait  4  chevaux  li2  par  jour;  il  en  résulte  donc 


qu'une  machine  de  la  force  de  GO  chevaux 
de  vapeur,  fait  l'ouvrage  de  4  ou  5  fois  60 
chevaux,  ou  de  270  chevaux. 

—  vowïjhes. 

S  1  Conducteurs.  Confier  un  cheval  à  un 
homme  qui  ne  s'est  jamais  mis  en  selle  e^ 
une  imprudence  blâmable  et  que  la  loi  punit 
dans  les  conséquences  fâcheuses  qu'elle  oc- 
casione  souvent;  mais  commettre  des  che- 
vaux, une  voiture  et  des  voyageurs  à  l'igno- 
rance ,  à  l'impéritie  ,  à  l'inattention ,  à  l'ivTes- 
se,  c'est  le  comble  de  la  déraison. 

Lorsque  linsuccès  d'une  profession  habi- 
tuelle, un  caprice  ou  l'instinct  d'une  voca- 
tion décident  un  homme  à  l'état  de  charre- 
tier, de  cocher ,  de  postillon,  il  est  admis 
à  l'exercer  immédiatement. 

Cependant  la  conservation  des  chevaux, 
des  harnais  ,  des  voitures  ,  nécessite  des  pré- 
cautions, des  pratiques  nombreuses  ,  variées 
et  changeantes  ;  et  pour  les  remplir  conve- 
nablement et  avec  aptitude,  il  faut  connaître 
la  nature  et  les  fonctions  de  ces  divers  agens, 
les  moyens  à  employer  dans  toutes  les  cir- 
constances possibles, et  celles  dans  lesquelles 
ils  se  trouvent  placés. 

Il  faut  savoir  au  moins  les  faits  les  plus  or- 
dinaires de  l'hygiène  et  de  la  pathologie  du 
cheval ,  connaître  les  fourrages ,  les  grains 
dont  on  le  nourrit,  et  le  genre  ,  la  quantité, 
l'opportunité  des  distributions  ;  distinguer  la 
qualité,  les  fonctions  des  harnais,  entendre 
le  mécanisme  de  la  voiture  ,  les  moyens  de 
la  démonter,  de  la  graisser,  de  la  nétoyer, 
de  l'entretenir,  de  la  charger  et  de  l'atteler, 
juger  le  fonds  des  chevaux ,  le  parti  qu'il 
convient  d'en  tirer  dans  chaque  position,  et 
comprendre  les  manœuvres  d'obliquer  ,  de 
reculer,  de  suivre  toutes  les  directions,  tou- 
tes les  vitesses  ,  même  dans  les  passages  les 
plus  étroits. 

La  connaissance  de  tous  ces  faits  repose 
sur  la  pratique  ;  elle  seule  peut  donner  l'ap- 
titude d'opérer  sans  hésitation,  sans  danger, 
mais  elle  ne  peut  indiquer  que  bien  lente- 
ment comment  on  doit  s'y  prendre  ;  et  l'art 
de  reculer  obliquement ,  que  le  raisonne- 
ment et  le  dessin  indiqueront  en  dix  minutes, 
deiîianderait  un  exercice  suivi  pendant  plu 
sieurs  mois. 


110 

La  découverte  des  moyens  les  plus  sim- 
ples nécessite  une  longue  habitude;  or  l'uli- 
lilé  de  Tart ,  c'est  d'abréger  le  travail  de  ceux 
qui  veulent  étudier. 

L'art  indique  ce  qu'il  (aut  faire,  ce  qu'il 
faut  éviter,  et  lorsqu'un  cocher  le  possède, 
il  ne  lui  reste  à  contracter  que  l'habitude, 
l'adresse  et  la  dextérité. 

§  2  AUduges.  Soit  au  départ,  soit  pendant 
le  trajet,  les  chevaux  exercent  tous  un  tira- 
ge inégal  en  direction,  en  intensité  ,  en  vi- 
tesse et  en  durée.  La  somme  des  efforts  suc- 
cessifs de  l'un  d'eux  n'est  jamais  égale  à  celle 
de  l'autre,  et  cette  différence  accroît  l'habi- 
tude paresseuse  du  retardataire  et  la  fatigue 
du  plus  arilent;  la  correction  diminue  celte 
inéj^aiîté  detravr.il;  mais  quelques  chevaux 
simulent  assez  bien  l'ardeur  qu'il  n'ont  pas, 
pour  tromper  la  vigilance  du  cocher. 

On  a  parfois  l'attention  d'atteler  les  che- 
vaux pi  us  ou  moins  courts  suivant  leurs  pro- 
priétés particulières  ;  mais  elle  est  insufli- 
sanle,  et  deux  chevaux  semblables  en  appa- 
rence tirent  toujours  inégalement  de  front, 
de  quelque  manière  qu'ils  soient  attelés. 

Le  palonnier  égalise  le  tirage  des  traits, 
cl  la  pression  du  collier  est  invariablement 
la  même  sur  les  deux  épaules  du  cheval  dans 
toutes  ses  positions  et  dn-ns  tous  ses  mouve- 
raens  ;  un  grand  palonnier  supportant  les 
deux  autres ,  oppose  au  cheval  en  retard 
«ne  résistance  égale  à  l'effort  de  l'autre; 
raais  les  proportions,  la  forme,  l'ajustage 
convenable  de  ces  trois  pièces,  constituent 
l'avantage  qu'elles  procurent,  et  leur  em- 
ploi ,  si  favorable  lorsqu'elles  fonctionnent 
bien,  est  préjudiciable  quand  elles  sont  im- 
parfaites. 

Il  est  indispensable  que  les  deux  branches 
de  cliisquc  palonnier  soient  ex;'Ctoment  éga- 
les. L'effort  qu'elles  reçoivent  est  horizontal 
d'arrière  en  avant;  elles  doivent  être  mi-pla- 
tes, et  diminuer  de  largeur  vers  Us  extré- 
mités*. 

Le  milieu  de  chaque  petit  palonnier  lour- 
r*  à  frottement  doux  autour  d'un  boulon  ver- 
tical fixé  dans  l'une  des  extrémités  du  grand; 
et  celui-ci  tourne  lui-même  autour  d'un  bou- 
lon monté  sur  le  tinioi.'. 

Les  extrémités  du  grand  pdonnier  sont 
un  peu  courbées,  pour  que  les  traits  fixés  aux 
exlrémilés  dos  deux  petits  ne  l'accrochent 
pas  en  fonclioimant  d'avant  en  arrière. 

Ces  sortes  de  palonniers  sont  appliqués 
aux  cb.ariots  de  plusieurs  déparlemens  fran- 
çais, aux  voitures  de  luxe  de  qiiebpies  con- 
trées de  l'Allemagiie  et  des  Êtals-l'nis;  ils 
sont  presque  partout  exécutés  en  bois  cl  fort 


légers;  mais  une   longue  expérience    nous 
fait  préférer  ceux  en  fer. 

Cette  disposition  est  plus  durable,  moins 
lourde  ,  plus  gracieuse  que  l'ancienne  ;  elle 
partage  exactement  la  résistance  entre  les 
chevaux,  à  tous  les  mouvcmons,  et  quelles 
que  soient  leur  vitesse,  leur  direction  ou  la 
position  relative  dans  laquelle  ils  se  trou- 
vent placés. 

§  3  Longueur  des  trains.— On  est  géné- 
ralement convenu  que  plus  les  essieux  sont 
rapprochés  et  pluslesvoitures  sont  roulantes; 
celte  erreur  est  peut-être  la  plus  gros- 
sière et  la  plus  funeste  de  toutes  cel- 
les que  les  constructeurs  ont  adoptées  ; 
elle  accroît  la  résistance  des  voitures , 
elle  augmente  l'élévation  des  chargemens, 
diminue  la  stabilité  de  la  caisse,  et  occasionc 
la  plupart  des  accidens  que  chaque  jour  nous 
avons  à  déplorer, 

L'écartement  de  deux  essieux  accroît  la 
base ,  en  éloignant  le  premier  point  d'appuî 
des  deux  autres ,  diminue  le  déviage  et  l'é- 
branlement de  l'arrière-train  contre  les  obs- 
sacles,  avec  la  pression  latérale  qui  en 
résulte  ;  dans  le  passage  dos  flachcs ,  il  éloi- 
gne les  uns  des  autres  les  balancemens  suc- 
cessifs et  opposés,  il  limite  leur  étendue  et 
réduit  ainsi  la  résistance ,  les  chances  de  ver- 
sement ,  d'avarie  des  transports  et  des  dégra- 
dations des  routes. 

Le  tableau  des  expériences  de  Edgeworth, 
sur  la  résistai.ce  des  trains  courts  et  longs, 
prouve  les  avantages  de  ceux-ci  sur  les  au- 
tres. 

«  On  objectera,  dit  Storrs-Fry,  qu'en  allon- 
))  géant  les  voilures  et  en  abaissant  la  charge, 
»  les  chevaux  éprouveront  plus  de  fatigue  ; 
»  je  n'espère  pas  convaincre  de  tels  confra- 
»  dicteurs:  ce  sont  des  routiniers  totalement 
))  étrangers  aux  principes  de  la  physique, 
»  Croire  que  les  trains  rapprochés,  les  trains 
))  courts  ,  les  chargemens  élevés  dimiimenl 
»  la  résistance  des  voitures ,  sont  des  erreurs 
»  complètement  réfutées  par  Richard  ,  Lo- 
»  wel,  Edgeworth,  etc.  Lorsque  les  roues  de 
»  devant  tond)enl  dans  un  cassis,  ou  une  Da- 
»  che  de  six  pouces  de  profondeur,  une  gran- 
»  de  portion  du  poi  !s  qui  portait  sur  les  roues 
»  de  derrière  est  violemment  rejetée  sur  les 
»  roues  de  devant;  elle  déforme  les  ressorts, 
))  brise  les  essieux,  défonce  la  route,  et  pro- 
»  duit  un  choc  sur  le  poitrail  des  chevaux; 
»  mais  dès  que  les  roues  de  devant  ont  franchi 
»  l'obstacle  ,  et  que  le  poids  s'est  également 
»  réparti  sur  les  qualres  roues,  celles  de  dcr- 
»  rièrc  tombent  à  leur  tour  dans  la  dépres- 
»  sion  ;  une  partie  du  poids  porté  par  l'avant 


»  li'<.iii  est  rejeté  sur  elles,  compromet  les 
»  ressorts,  l'essieu  de  derrière,  rlcprinie  le 
»  sol  cl  fatigue  les  chevaux  d'une  nouvelle 
»  percussion.  Cette  portion  de  charge  rejetée 
»  succossivenient  sur  les  deux  essieux, cL  tous 
))  lesinconvénicns  qui  en  résultent  sont  inver- 
»  ses  de  la  longueur  du  train.  » 

Le  changenicnl  de  position  de  la  diligence 
détériore  le  chargement ,  incommode  les 
voyageurs,  et  ces  effets  s'accroissent  comme 
la  hauteur  de  la  voiture  et  le  rapprochement 
de  ses  essieux. 

L'effort  nécessaire  à  modifier  et  à  entre- 
tenir la  direction  du  mouvement,  et  les  ef- 
fets des  erremens  inévitables  des  moteurs, 
sont  inverses  de  la  longueur  des  brancards 
ou  du  timon. 

Largeur  des  Crains.  Les  résistances 
simultanées  des  deux  roues  sont  toujours 
inégales  sur  le  sol  et  sur  l'essieu  ;  la  ten- 
dance latérale  et  les  frottemens  qu'elles  pro- 
duisent sont  relatifs  à  la  largeur  de  la  voie 
et  à  l'oscillation  continuelle  du  timon. 

Insensiblement  la  voio  des  voitures  dimi- 
nuera, et  la  largeur  des  rues  et  des  chaus- 
sées se  trouvera  relativement  accrue  ;  si  la 
longueur  des  essieus  était  de  1  m.  250 ,  et  la 
largeur  des  routes  8  m.  000,  le  prix  de  la 
viabilité  serait  beaucoup  moindre. 

Hauteur  du  chargement.  L'étendue  des 
balancemens  d'un  équipage  s'accroît  comme 
sa  hauteur;  lorsqu'elle  est  doublée,  la  quan- 
tité de  mouvement  qui  sollicite  à  verser,  à 
dévier,  la  pression  ou  le  choc  sur  l'essieu, 
sur  la  roue  et  sur  l'ornière ,  l'impression  de 
l'air  et  conséquemment  sa  résistance,  sont 
nécessairement  doubles. 

«  L'application  des  ressorts  aux  voitures 
»  publiques  a  produit  une  grande  et  dange- 
7)  reuse  conséquence  quant  à  la  hauteur  des 
»  voitures.  Du  moment  que  les  passagers  et 
»  le  bagage  avaient  été  placés  sur  l'impériale, 
»  les  cochers  avaient  trouvé  leurs  voitures 
»  plus  roulantes  :  n'imaginant  pas  que  cet 
»  avantage  put  être  dû  aux  ressorts  sur  les- 
»  quels  lacaisse  était  suspendue,  ilsTattribuè- 
»  rent  à  ce  qu'ils  avaient  augmenté  la  hau- 
»  leur  et  raccourci  la  longueur  de  leurs 
»  voitures.  Limités  dans  l'emploi  du  premier 
»  moyen  par  la  hauteur  des  portes  de  ville 
»  et  autres,  ils  se  rejetèrent  sur  le  second, en 
»  faisant  leurs  traits  aussi  courts  que  possi- 
»  ble,  supposant  qu'il  devait  y  avoir  quelque 
»  secrète  propriété  dans  une  grande  dispro- 
»  portion  entre  la  hauteur  des  voilures  à 
»  quatre  roues  et  la  longueur  dé  leur  train. 
j»  C'est  sans  doute  à  ces  belles  idées  qu'on 
»  est  redevable  de  l'absurde  élévation  de  nos 
»  voitures  publiques.  Que  des  particuliers 


111 

»  exhaussent  leurs  phaétons  et  leurs  carioles 
»  au-dessus  de  la  région  de  poussière  iia 
»  villeslqu'ilsleurfassent  dominer  les  haies  qui 
»  bornent  les  chemins  et  la  vue,  c'est  un  luxe 
»  inutile  cl  périlleux ,  mais  qui  n'affecte  en 
»  rien  le  public.  L'invention  de  ce  hardi  et 
»  meurtrier  véhicule  que  les  malins  Irlandais 
»  ont  baptisé  du  nom  île  suicide,  ne  sera  pro- 
»  bablement  guère  imité  par  des  chrétiens,  et 
»  heureusement  nus  lois  ont  fixé  le  maxi- 
»  muni  de  la  hauteur  que  l'absurdité  des 
»  cochers  ou  des  enlrepreneurs  pourrait 
»  donner  aux  malles-poste.  Il  y  a  quelques 
»  années,  une  révolution  subite  s'opéra  dans 
»  la  hauteur  des  voilures  particulières.  Ou 
»  en  voyait  dans  Bond-Strecl  de  tellement 
»  basses,  que  les  dansîys  à  pied  caus:iient 
»  avec  les  dames  en  voiture,  sans  même  être 
»  obligés  de  se  lever  sur  la  pointe  du  pied  ; 
))  mais  les  causeurs  s'étant  bientôt  aperçus 
»  que  les  allans  et  veiians  prêtaient  loreille 
»  à  leurs  dialogues  ,  les  caisses  remontèrent 
»  innnédiatemenl  à  leur  élévation  première. 

rt  On  parviendrait  à  préserver  bien  des 
»  existences  et  encore  plus  de  bras  et  de 
»  jambes ,  si  le  public  était  bien  convaincu 
»  que  l'élévation  et  le  raccourcissement  d'u- 
»  ne  voilure  n'influent  pas  de  la  valeur  d'un 
»  cheveu  sur  sa  vélocité,  ou  sur  la  facilité 
»  de  son  tirage.  Si  celte  conviction  pouvait 
»  une  fois  s'établir  bien  généralement ,  il  y 
»  aurait  lieu  d'espérer  que  la  législature  , 
»■  par  son  intervention  ,  protégerait  enfin  les 
»  voyageurs  coiitre  les  effets  homicides  d'un 
»  si  absurde  préjugé. 

Volume  du  chargement.  La  résistance 
que  l'air  oppose  au  mouvement  d'une  voilure 
est  toujours  relative  à  sa  surface  d'impres- 
sion ;  elle  est  presque  nulle  lorsque  l'équi- 
page chemine  lentement  et  que  l'atmos- 
phère est  tranquille;  mais  elle  s'accroit  lors- 
que leurs  mouvemens  sont  rapides  et  oppo- 
sés ,  jusqu'à  faire  équilibre  au  plus  grand 
effort  des  moteurs. 

Les  vents  d'arrière  n'ajoutent  pas  aux 
mouvemens  de  l'équipage  la  force  qu'ils  lui 
opposaient  dans  la  direction  contraire  ,  car 
ils  sont  plus  ou  moins  plongeans,  et  le  pres- 
sent obliquement  du  haut  en  bas. 

Mais  latéralement,  la  stabilité  de  l'équipagg 
est  moindre,  sa  surface  d'impression  est 
plus  considérable  ;  et  sur  un  sol  incliné  ,  glis- 
sant ou  inégal ,  l'effort  des  vents  peut  causer 
le  déviage  et  même  le  renversemeiit. 

Le  bagage,  placé  directement  sur  l'essieu 
à  hauteur  des  pieds  des  voyageurs  ,  soit  dans 
le  siège,  soit  à  l'avant  ou  à  l'arrière,  n'exerce 
pas  de  tangage  et  de  roulis  sur  les  ressorts  ; 
ainsi,  les  chevaux  se  fatiguent  moins,  la  roule 


H2 


se  conserve  mieux,  la  voiture  ne  peut  verser. 

§  4.  &uides.  Ce  sont  les  guides  qui  établis- 
sent les  rapports  entre  rinlelligente  volonté 
du  postillon  et  les  mouvomens  aveugles  des 
rhevaux;  c'est  par  elles  qu'il  les  modère,  les 
dirige  et  les  arrête  à  son  gré. 

De  mauvaises  roues,  un  essieu  paillcux, 
des  ressorts  trop  secs,  des  ferremens  mal 
conçus ,  mal  exécutés,  peuvent  manquer; 
un  chargement  irrégulier,  inégal,  élevé, 
peut  rompre  l'équilibre:  alors  un  détour, 
une  aspérité,  une  dépression,  peuvent  occa- 
sioner  un  accident  si  l'on  ne  conduit  avec 
prudence  ;  mais  ,  si  les  guides  sont  embar- 
rassées, rompues  ou  débouclées,  les  chevaux 
n'ont  plus  de  maître  ,  plus  de  direction  ,  le 
péril  est  éminent ,  et  les  voyageurs  sont  habi- 
tuellement perdus. 

Il  vaut  mieux  rompre  l'essieu  que  la  gui- 
de; il  manque  bien  plus  rarement  qu'elle;  et 
pourtant  elle  est  bien  plus  facile  à  essayer 
et  à  renouveler  que  lui. 

Dans  la  confection  des  guides,  les  cuirs 
ont  malheureusement  prévalu  sur  les  cordes 
imperméables  de  chanvre  ou  de  soie ,  quoi- 
qu'à  poids  égal ,  elles  Soient  beaucoup  plus 
fortes  ,  plus  légères  ,  plus  durables ,  plus 
économiques.  LeT  est  bien  plus  économique, 
plus  fort,  plus  simple  et  plus  prompt  à  bou- 
tonner que  les  boucles  dont  les  ardillons 
sont  si  tenus  et  si  fragiles,  et  dont  les  cou- 
tures sont  si  faibles;  tous  les  colliers  de 
chien  en  fournissent  rcxempte.  On  peut  en- 
core employer  au  bout  des  guides  des  cro- 
chets longs  à  ressort  et  les  porte-mousque- 
lons,  etc. 

On  sait  IcsinconvénieiiS,  les  dangers  qu'oc- 
casione  l'emploi  des  guides  en  cuir  aux 
boucles  des  ardillons  des  passans.  On  con- 
çoit qu'avec  un  rouleau  de  cordons  de  chan- 
vre teint  ou  de  soie  et  quelques  T ,  on  pré- 
viendrait les  accidens  les  plus  funestes  ;  mais 
nous  sommes  si  aveugles,  si  routiniers! 

Un  cordon  ,  une  guide,  ses  boucles  et  ses 
coutures  doivent  résister  au  moins  à  l'effort 
de  lOOkilog. 

§  rj  Rênagc.  -—  Le  rênagc  élève  la  tête  du 
cheval  au-dessus  de  la  hauteur  convenable  à 
son  travail  et  à  son  organisation  ;  on  le  jus- 
tifie par  des  absurdités  contradictoires  et  dé- 
menties par  l'expérience.  J.a  nio  le  des  har- 
nais compliqués  l'a  fait  naitre ,  le  goût  con- 
traire va  le  faire  abandonner. 

A  chaque  pas  le  cheval  rétablit  son  équi- 
libre en  modifiant  la  longueur,  la  direction 
et  la  configuratinn  de  son  col;  aussi  dès  qu'il 
est  rêne  ,  sa  marche  est  laborieuse  ,  incer- 
taine et  fatigante  ;  son  effet  utile  est  médio- 


cre ,  il  perd  une  partie  de  sa  puissance ,  de 
son  adresse,  de  sa  docilité  et  de  son  ardeur. 
Les  chevaux  sont  comme  les  hommes ,  la 
contrainte  les  rend  malades,  sournois,  ma- 
ladroits et  méchans. 

La  plus  grande  partie  des  peuples  de  l'Eu- 
rope ignore  l'emploi  du  rênage  ;  les  chevaux 
de  selle,  de  guerre  ,  de  charrois  ,  n'y  sont 
point  soumis  ;  et  encore  ceux  que  le  luxe 
asservit  à  cette  absurde  méthode,  sont  dérê- 
nés  dans  les  longues  courses ,  dans  les  pas- 
sages difficiles  et  dans  la  station. 

Les  chevaux  renés ,  même  avec  modéra- 
tion ,  perdent  au  moins  un  septième  de  leur 
effet  utile  journalier;  ils  sont  plus  difficiles 
à  gouverner  et  à  retenir;  ils  font  plus  fré- 
quemment des  faux  pas  et  des  chutes  que 
lorsque  leur  col  est  libre  dans  ses  mouve- 
mens. 

§  G  Oeillères.  —  L'œillère  est  un  plateau 
de  cuir  fixe  sur  la  bride  à  hauteur  de  1  œil  du 
cheval. 

L'objet  des  œillères  est  d'empêcher  le  che- 
val de  voir  les  mouvemens  de  l'homme  qui 
le  conduit ,  et  généralement  tout  ce  qui 
pourrait  l'effrayer ,  de  préserver  ses  yeux 
des  intempéries  et  des  coups  de  fouet ,  et 
enfin  de  fixer  son  attention  sur  le  chemin 
qu'il  doit  parcourir. 

Le  cheval  ne  craint  rien  de  ce  qui  lui  est 
familier,  les  perceptions  subites  et  inaccou- 
tumées le  troublent,  l'égarent  et  l'elfrayent; 
ainsi  tout  ce  qui  le  surprend  sans  qu'il  puisse 
le  vérifier  ,  lui  cause  de  la  terreur. 

Le  cheval  affublé  d'œillères  ne  peut  voir 
les  autres  chevaux,  le  cocHer,  l'attelage,  la 
voiture  et  le  chemin  ;  il  ignore  ce  qui  se 
passe  autour  de  lui,  ce  qu'il  doit  faire,  ce 
qu'il  doit  éviter,  et  timide,  incertain,  il  mar- 
che au  hasard  connue  on  le  conduit;  mais 
dès  qu'il  n'a  plus  d'œillères,  son  goût  d'imi- 
tation et  d'émulation  se  réveille,  son  ardeur 
et  son  assurance  s'accroissent,  et  le  postillon 
ne  s'épuise  plus  de  ses  guides,  de  son  fouet 
ou  de  sa  voix  pour  le  diriger  et  le  retenir. 
Comprend-on  un  cocher  qui  chaque  jour 
cuirasse  prudemment  les  yeux  de  ses  che- 
vaux contre  les  effets  de  sa  maladresse  et  de 
sa  brutalité? 

Les  œillères  éloignent  les  eaux  e(  la  pous- 
sière lancées  par  les  vents  «farrière  ;  mais 
elles  répercutlent  et  chasserjt  dans  le^s  yeux 
celles  qui  viennent  de  toutes  les  autres  direc- 
tions; elles  se  déplacent,  se  déforment, 
s'applalisscnt ,  louchent  l'œil ,  le  blessent 
cruellement  et  l'obligent  à  se  fermer  ;  elles 
échauffent  le  cheval ,  l'exposent  à  croire  ce 
qu'il  craint,  ce  qu'il  désire,  à  braver  le  dan- 
ger qu'il  ignore,  et  à  connnetlre  des  accidens. 

l/œillère  occasione  l'aveuglcnient  ,  la 
maladresse,  l'hésit  ilion,  la  terreur  et  l'insu- 
bordination (les  chevaux;  aussi  des  qu'on 
les  affranchit  de  (;e  ridicule  appareil ,  leur 
vue  s'aiïennit  ,  leurs  cmporteniens ,  leurs 
frayeurs  se  calment,  cl  le  postillon  les  dirige 
inîlniuicnl  mieux. 


CORRESPOA'DAXCE    DES    AMIS  DE   L'IXSriTUTlOIV  ET  DES    PROCnÈS. 


AuxoNifE  (Côte-d'Or). 
Essai  sur  un  nouveau  mode  d'éclairage  par 
le  gaz    retiré  de  la  suie. 

Toiil  le  monde  sait  que  dans  un  foyer  où 
l'on  hrùle  du  bois,  la  conibuslion  n'a  pas  lieu 
entièrement,  puisqu'il  se  dég.igc  sous  le  nom 
de  fumée  une  substance  pyroligiieuse  qui 
eontieul  encore  beaucoup  de  matières  inflam- 
mables, composées  principalement  d'hydro- 
gène carboné,  car  il  n'est  personne  qui  n'ait 
rctaarqué  que  très  souvent,  à  quelques  pou- 
ces au-dessusdu  foyer,  il  s'opère  une  nouvelle 
combustion,  qui  n'est  autre  chose  que  de  l'hy- 
drogène c;irboné  très  pur,  et  c'est  cette  pe- 
tite flamme  bleuâtre  qui  scintille,  comme 
nous  l'avons  dit,  à  une  certaine  hauteur  du 
foyer. 

L;".  fume'e  est  d'autant  pVjs  abondante  que 
l'incandescence  est  moins  rapide  et  par  la 
même  raison  le  foyer  moins  intense. 

On  peut  donc  dire  d'iiprès  ce  simple  ex- 
posé, que  s'il  était  possible  de  brûler  de  nou- 
veau le  dégagement  qui  a  lieu,  ou  lu  fumée 
proprement  dite,  que  de  calorique  (1)  ne  re- 
tirerait-on pas  et  que  d'économie  dans  la 
combustion  du  bois  qui,  de  jour  en  jour,  de- 
vient plus  rare,  puisque,  par  un  système  po- 
litique qui  a  peut-être  son  avantage  d'un  au- 
tre côté,  on  défriche  nos  forêts,  et  l'on  voit 
de  toutes  parts  s'élever  des  usines  où  s'en- 
gloutiront bientôt  le  peu  de  bois  qui  bous 
reste  ? 

Pour  en  revenir  au  sujet  qui  m'occupe,  le 
gaz  qui  se  dégage  pendant  la  combustion  du 
bois  n'est  point  entièrement  perdu  ,  puisqu'il 
se  condense  en  partie  aux  parois  de  la  che- 
minée et  forme  ce  qu'on  appelle  la  suie. 

Comme  on  le  sait  vulgairement,  ce  produit 
est  assez  inflammable, par  conséquent  il  pour- 
rait être  employé  comme  bon  moyen  d'éclai- 
rage; du  moins,  des  essais  que  je  Us  il  y  a  une 
douzaine  d'années,  me  tirent  pressentir  que  la 
suie  pourrait  devenir  un  jour  de  quelque  uti- 
lité, expériences  que  je  me  proposais  de  vé- 
rifier plus  tard,  attendu  qu'à  celte  époque 
mon  appareil  était  loin  d'être  complot,  puis- 
que je  n'avais  qu'une  cornue  en  grès  pour 
tube  conducteur,  la  moilié  d'un  canon  de  fu- 
sil, allongé  do  deux  tubes  de  branches  de 
sureau  privées  de  moelle,  bien  entendu. 

Depuis,  mes  occupations  comme  pharma- 
cien m'ont  empêché  et  me  privent  encore 
aujourd'hui  du  plaisir  de  terminer  des  ess;:is 
qui  auraient  peut-être  un  résultat  favorable. 
J'oserai  donc  employer  la  voie  de  l'excellent 
journal  desConnaissances  utiles,que  l'on  n'ap- 
précie pas  assez,  pour  donner  plus  de  publi- 
cité à  mes  essais  et  engager  d'autres  person- 
nes à  vouloir  bien  faire  d«  nouvelles  expé- 
riences pour  constater  la  validité  des  mien- 
nes, ce  qui  peut  facilement  se  faire  à  Paris, 
par  exemple,  où  des  appareils  sont  tout  dis- 
posés pour  l'éclairage  par  le  gaz  hydrogène. 

J'avouarai  que  la  flamme  que  j'obtins  était 
loin  d'être  nette,  mais  aussi  il  est  vrai  de  dire 
que  mon  faible  appareil  ne  pouvait  me  don- 
ner les  moyens  de  laver  mon  gaz  dans  l'eau 
de  chaux,  comme  il  est  d'usage  de  le  faire  en 
pareil  cas. 

Comme  nous  vivons  dans  un  siècle  où  l'on 
peut,  avec  juste  raison,  considérer  la  terre 
comme  un  vaste  laboratoire  de  chimie  où  tout 


(i)  Je  dis  que  de  calorique,  car  il  est  prouvé  en 
physique  que  la  combustion  des  gaz  produit  beau- 
coup plus  (le  chaleur  q'je  les  corps  solides. 


est  employé  et  rien  n'est  perdu,  je  crois  que, 
puisque  la  fumée  contient  de  l'acide  acétique,' 
la  suiodoil  en  contenir  ;ussi.  Par  consé(;uent^ 
en  fiisant  pisser  le  produit  de  la  combuslion 
dans  une  cuve  tenant  eu  suspension  soit  des 
oxidcs  de  plomb  ou  de  cuivre,  ou  l'une  ou 
l'iiulreen  feuilles  à  l'état  métallique,  on  pour- 
rait cetlainement  en  retirer  des  acétates. 

Comment  se  fait-il  aussi  que  par  le  même 
principe  la  fumée  que  l'on  perd  dans  bien 
des  usines  où  l'on  consomme  une  énorme 
quanlilé  de  bois,  comment  se  fait-il,  dis-je, 
que  l'on  n'ait  point  pensé  jusqu'à  présent  à 
s'emparer  de  l'acide  acétique  quelle  contient 
dans  des  proportions  considérables? 

Je  désire  donc  sincèrement  que  le  nouveau 
combustible  puisse  être  utilisé,  car,  dans  ce 
cas,  celui  qui  pourrait  par  de  nouvelles  ex- 
périences faire  apprécier  une  pareille  subs- 
tance, que  l'on  rejette  de  toutes  parts,  rendrait 
un  griind  service,  puisqu'il  ouvrirait  une 
branche  de  commerce  inconnue  jusqu'à  co 
jour. 

Dans  tous  les  cas,  si  mes  suppositions  sur 
l'éclairage  par  la  suie  ne  présentent  aucune 
probahilité  de  succès,  elles  donneront  certai- 
nement lieu  à  faire  quelques  essais  prélimi- 
naires dans  les  grandes  usines  ,  pour  retirer 
l'acide  acétique  de  la  fumée,  qui  est  eu  pure 
perte  jusqu'à  présent.         N.  Maurion. 

Damvilleks  (Meuse).— m  Berteaux  nous 
adresse  les  observations  suivfc^tes,  que  nous 
recommandons  particulièrement  aux  faabitans 
des  campagnes.  Dans  les  années  1852 et  1834, 
trois  cents  gios  chênes  furent  arrachés  d»>ns 
le  bois  de  cette  commune;  les  trous  prove- 
nant de  cet  enlèvement  furent  bientôt  rem- 
plis d'eau  par  les  pluies  d'hiver  et  du  prin- 
temps. Les  pàquis  d'où  cet  arbre  furent  ar- 
rachés servent  de  pâturage  aux  troupeaux 
depuis  celte  dernière  époque  jusqu'à  la  fenai- 
son. En  18ûô,  douze  v.iches  moururent  du 
charbon  ;  25  eurent  le  même  sort  l'année  sui- 
vante, et,  en  1«",5,  plus  de  50  pièces  de  bétail, 
bœufs,  vaches  et  génisses,  succombèrent  à  la 
même  maladie. 

Enfin,  on  reconnut  que  cette  mortalité 
provenait  des  eaux  qui  se  trouvaient  conte- 
nues dans  les  trous  qu'avaient  laissés  les  chê- 
nes arrachés,  et  qui,  par  suite  de  la  putréfac- 
tion des  racines  de  l'arbre  et  de  leur  sève 
avaient  acquis  une  qualité  meurtrière  des  plus 
funestes. 

Quand  le  temps  était  serein,  les  eaux  per- 
daient de  leur  influence  maligne,  mais  si  un 
orage  venait  à  éclater,  les  causes  de  mortalité 
se  reproduisaient  avec  une  énergie  que  l'a- 
bondance des  eaux  semblait  encore  accroî- 
tre. 

Depuis  que  les  trous  ont  été  bouchés,  la 
mortalité  a  cessé  et  n'a  plus  été  soumise  qu'à 
ses  chances  ordinaires. 

GiE X  (Loiret  ) .  —  Il  existe  dans  le  département 
de  l'Allier,  prés  de  Moulins,  une  mine  de  bois 
pétrifié.  Le  hasard  m'a  fait  découvrir  au  fond 
d'un  ravin  creusé  par  les  pluies  des  arbres  entiers 
de  cette  substance  curieuse;  j'en  ai  gardé  long- 
temps des  pièces  d'une  forte  dimension. 

Celte  pierre,  qui  a  conservé  la  forme,  la  couleur 
et  l'apparence  parfaite  du  bois  dont  elle  a  pris 
la  place,  m'a  parue  susceptible  de  recevoir  le 
poli,  et  d'être  travaillée  comme  le  marbre.  Je 
soupçonne  toutefois  qu'elle  est  de  nature  un 
peu  siliceuse;  à  la  vérité,  elle  ne  s'ccaille  pas 
en  fragmens  vitreux  comme  l'agathe  et  la  pierre 
à  ùi<\\,  mais  elle  fait  feu  sous  le  r.i.-^rîenu,  et  lors 


qu'on  la  sort  de  terre,  il  s'en  exhale  en  la  cas- 
sant une  forte  odeur  d'hydrogène  sulfura,  qui 
indique  la  présence  d'un  acide  minéral  dans  la 
terre  calcaire  dont  celle  matière  est  composée  ; 
malheureusement,  le  temps  et  l'occasion  m'ont 
manqué  pour  la  soiimettre  à  l'action  des  réactifs, 
et  je  ne  [lUis  en  dunner  ici  une  analyse  certaine; 
mais  tout  me  porte  à  croire  que  ma  découverte 
suivie  avec  zèle  par  des  personnes  instruites  pour- 
rait élre  utile  au\  arts. 

Je  suis  prcs(iue  sur  qu'en  faisant  des  fouilles 
sur  lepoinloùj'ai  trouvéces  belles  pétrifications, 
on  découvrirait  des  amas  considérables  et  peut- 
être  d'une  grande  dimension  d'arbres  couchés 
par  la  révolution  terrestre  qui  paraît  avoir  bou- 
leversé le  sol  de  l'Auvergne,  et  vous  comprenez 
tout  le  parti  que  l'on  pourrait  tirer  de  ces  bois 
anlidiluviens  convertis  en  marbres,  conservant 
leurs  belles  nuances,  leurs  nanids,  leurs  accidens, 
et  une  telle  apparence  ligneuse,  qu'une  personne 
à  qui  j'en  montrais  des  échaistillons  voulut  abso- 
lument les  mettre  au  fi>u  peur  se  convaincre  que 
c'était  bien  de  la  pierre. 

Ce  serait  un  nouveau  genre  d'industrie  lucra- 
tive que  des  dessus  et  des  revêtemens  de  meubles 
d'un  beau  poli,  présentant  les  nuances  du  chêne, 
du  nover,  de  l'orme,  etc.,  ainsi  que  celle  foule 
de  iictits  objets  que  l'on  livrerait  à  l'adresse 
ingénieuse  de  l'ébéniste  et  du  tourneur.  On  pour  - 
rait  d'ailleurs  découvrir  des  espèces  d'arbres  et 
de  grands  végétaux  qui  n'existent  plus  ou  qui 
ont  été  modifiés  pendant  la  nombreuse  suite 
de  siècles  écoulés  depuis  le  bouleversement  qui 
a  laissé  à  la  surface  du  globe  les  traces  de  sa 
puissance. 

Je  vous  fais  hommage  de  cette  idée  comme 
un  tribut  digne  de  votre  belle  et  noble  entre- 
prise d'instruction  et  de  progrès. 

il  vous  appartient,  monsieur,  de  stimuler  le 
zèle  de  nos  savans.  I.n  lisant  les  articles  si  re- 
minjuables  signés  de  vous  dans  le  Journal  des 
C  UMiaissances  Utiles,  je  me  suis  écriérCourage! 
Voilà  la  vraie  manière  d'all'ranchir  le  peuple. 

SAURAI  TOT, 

Directeur  des  contributions  indirectes. 

Paris  (Seine).  —  Nous  avons  eraprnnlé 
dans  noire  numéro  de  décembre  isr)*;,  un  fiit, 
f.iux  en  ce  (]ui  eonccrnnit  la  comp;ignie  du 
Plié[iix  ,  publié  dans  le  numéro  d'août  \^7,:\ 
delà  France  Dc/jarlunicululo  ;  ce  f.iit  étant 
resié  <iuatre  mois  sans  déinonti  ,  nous  avions 
dû  le  croire  exa'l.  I^a  reclificalion  ijue  vient 
de  publier  ce  journal  ,  nous  apprend  que 
le  fait  iuipulé  à  la  compagnie  du  !>li('niv  est 
faux  en  ce  qui  la  comerne.  Eu  réparation  du 
(loniin  ge  que  nous  iivons  pu  iuvolonlairement 
lui  porter, nous  nous  plai-ons,  on  celte  circons- 
t  nce,  à  décl.irer  qui-  p,;:ini  les  conipagaios 
à  prime,  celle  du  Phénix,  autant  p  ir  son  an- 
(iennelé  que  p  ir  sa  pouttualité,  est  une  de 
celles  qui  a  le  plus  do  droits  à  lu  confiance 
publique. 

OiîKK  Bi:p.Giiri?,î  (IT'.ul-Rhin).  —  L'intérêt 
que  je  porte  à  vo:.  puiiliiali"ns  diverses,  qui  oui 
pour  Itase  le  bien-èlre  de  1 1  «ociclc,  m'cng  gs 
à  vous  préscnler  le  procédé  ?'iiiv:'iil,  donlj'ap- 
préi  ie  moi-même  luliliié  p  r  un  usage  jour- 
nilier,  et  que  je  désirerais  bien  voir  répandu 
pour  le  bien  public,  par  l'organe  de  votre 
Journil,  au(iuel  je  suis  attaché  et  abonné  de- 
puis son  exislcncc. 

Votre  zèle  pour  rinsîmcl^on  primnire  m'est 

un  foirant    bien  sur  que  vous  ne  mépriserez 

pis  le  soi-disa7H  in\  eiiiciir  d'un  pro.^édé  aussi 

impie,    aussi  pratique,  et  qui  doit  être  si 


connu;  mais  pourtant  si  ignoré  de  ceux  qui 
sauraient  en  tirer  tant  d'avantages. 

Depuis  un  an  que  j'ai  ouyert  et  organisé 
une  école  primaire  (encore  privée)  à  Ober- 
Bergheim  (Ffaut-Rhin),  j'ai  senti  le  besoin 
très  réel  de  saToir  mettre  en  vernis  les  ob- 
jets de  l'enseigiieraent  des  écoles,  tels  que  : 
tableaux  de  lecture,  d'arilhmélique.'les  exem- 
ples décrilure,  pour  les  garantir  des  taches 
d'cncfe  et  de  noirceur,  carie  prix  de  ir)()fr. 
que  l'on  m'a  fait  payer  pour  vernir  une  carte 
géographique  de  dimension  ordinaire  m'a 
paru  exorbitant. 

Procédé  très  simple  et  très  économique  pour 
mettre  en  vernis  les  objets  des  écoles  ou  tou- 
tes sortes  de  papier. 

On  fait  de  la  colle  avec  de  l'amidon,  que  l'on 
délaie  dans  le;  u  froide  et  en  versant  dessus 
de  l'eau  bouillante  ;  on  remue  et  on  laisse  re- 
froidir; puis  avec  un  pince.'uon  prend  de  celte 
colle  dont  on  frotte  bien  le  tableau  ou  l'objet 
que  l'on  veut  mettre  en  vernis  ;  on  laisse  sé- 
cher et  l'on  recommence  une  seconde  fois, 
en  laissant  encore  sécher  ;  ensuite,  avec  un 
autre  pinceau  que  l'on  Irempe  dans  du  vernis 
de  térébenthine,  (jue  l'on  trouve  partout,  l'on 
opère  de  la  même  manière  et  votre  objet  aura 
un  éclat  superbe. 

Pour  ne  pas   changer  la  blancheur  du  pa- 

fii*r  et  ne  pas  le  jaunir,  il  faut  avoir  soin  que 
e  vernis  soit  toujours  bien  bouché,  afin  qu'il 
ne  devienne  pas  trop  épais. 

Un  second  moyen  encore  plus  commode, 
que  je  viens  d'essayer,  c'est  d'employer  de 
l'eau  fortement  gommée,  au  lieu  de  la  colle 
d'amidon,  ce  qui  est  encore  préférable,  en  ce 
que  les  objets  vernissés  dessus  conservent 
mieux  leur  éclat  dans  le  lavage,  et  une  seule 
couche  suffit  en  baissant  sécher. 

Je  recommande  ce  procédé  âmes  collègues, 
qui  doivent  eu  avoir  déjà  senti  la  nécessité, 
et  pour  lesquels  l'application  sera  très  agréa- 
ble, ainsi  qu'à  tous  ceux  qui  ont  dans  leur  ca- 
binet d'étude  toutes  sortes  de  tableaux  ;  car 
avec  lOcenlimes  d'amidon  (la  gomme  n'est 
pas  plus  chère)  et  aut/nt  de  vernis,  j'ai  collé 
et  mis  en  vernis  une  coUectioH  de  tableaux 
de  dessin  linéaire,  d'arpentage, de  géométrie, 
d'histoire,  etc.,  ce  que  j'aurais  pour  le  moins 
payé  il)  francs  !... 

Avec  une  éponge  mouillée,  on  peut  tou- 
jours faire  passer  les  taches  d'encre  et  les 
uKttre  à  neuf.  IIallet,  instituteur. 

ScîiELEDSTADT  (Bas  Rhin.) 

J)u  notaire  en  second  et  de  la  nécessité  de 
moiiifier  l'article  0  de  la  loi  du"-!'',  renldsn  an 
XI;  tel  est  le  titre  d'un  ouvrage  que  vient  de 
faire  pnaîtrc  M.  Charles  Drion.  juge  aiu  tri- 
bun;.! civil  de  Seheledstadl  ;  M.  Charles  Drion 
a  été  long-temps  l'un  ^]ef^  plus  zélés  corres- 
pond;'ns  (fu  Journal  des  Con)taiss<inces  utiles; 
c'est  un  de  ces  citoyens  animés  du  plus  loua- 
ble esprit  public,  comme  nous  voudrions 
ou'une  instruction  njicux  distribuée  en  accrut 
le  nombre. 

Une  question  «nii  intéresse  toutes  Icslran- 
saclions  de  f  mille  au  plus  haut  degré,  niéri- 
fnit  de  fixer  l'alleu  ion  des  législateurs.  M. 
Drion  l'a  traitée  avec  le  t  lent  et  la  conscience 
que  le  déiir  d'être  utile  donne  presiiue  tou- 
jours. 

Ce  livre  se  vend  à  Paris,  chez  "Videcocq, 
rue  du  Panthéon,  (i,  et  à  Colmar,  chez  L. 
Reiffeuger. 


iM?r.iM£:aiE  de  grégoirk,  rve  du  croissant,  16. 


iSâxièms  année.  1S3S. 
J^ditton  française. 


JOVIUVA.!. 


Beuxième  Série. 


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QMMISSMGES  Dm 

Répertoire  usuel 

DE   TOUS   LES   FAITS    UTILES,    ÉCONOMIQUES   ET   -NOUVEAUX, 

intéressant  directement 

L'éducation  de  l'enfance,  la  momie  et  te  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle; 

L'exercice  et  le  progrii  de  toutes  les  professions  sociales  ; 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

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coM  de  la  reconnaissance  de  ponte,  l'abonnement  n'est,  de  fait,  que  de  CINQ  FRANCS  nelsptur  la  Sociili 


et'le 


Muméro  5  i  - 

RBPBRTOIRE    CIYIL. 

Citoyens  :Jié\\i  de  pêche,  ii3.  —  Prsscriptionhy- 
pothecaii  e,  i  a.  —  Ceiitribtiahtef  :  Capilalion,  1 13.  — 
InUruclion  primaire:  Franttiise  de  la  correspondan- 
ce, 113. —  Liberté  Ciiirmierciale  :  hTTèl  remarquabe 
delà  cour  de  cassation,  lu.  — Morale  publique  :  B^- 
nonciation,  iH. 

RÉPERTOIRE    DOMEST10U8. 

Sur  le  régime  du  vert  pour  leschevaux,  114.—  Al- 
tération du  vert,  ii5.  —  Plinits  nuisibles,  iit>.  —  Epo- 
que favorable,  116. —EffeUsdu  vert,  116.  — Signes  des 


Tfïm.  1836. 


bons  effets  du  vert,  ii6.  — Caractères  qui  annoncent 
que  le  vert  tsi  nuisible,  117.  —  Précautions  à  prendre, 
117.  —  Mode  d'ailiuinittration,  117,  —  Dose,  H8.  — 
Durée  du  régime  ,  ii'S. 

RÉPERTOIRE  PROFESSTOMWBL. 

Débitans   de  boissons,   119.  — Dégraisseurs,  119. — 
Peaussiers,!  0. —  Propriétaires  ruraux,   120. — Pro-f 
priélairesurbains,  121.  — Selliers,  121. 

RÉPERTOIRE    MEIUSUEL. 

Air  atmosphérique,  123.  —  Chimie,  123.  —  Entrepôt, 
124. 


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Jours 

de  la 

semaine. 


^0MS 

des 

SAINTS. 


INTERETS 

de 
fr.  100 

à  5  p.  V«. 


REVENU 


Par 
an. 


Par 
jour. 


EMPLOI 


Dépensel 
9/10  I 


Epargne 
1/10 


PRODUIT 

de  1/10 

épargné 

au  Dout  db 

20  ans. 


244 
243 
2.2 
241 
340 
239 
238 
237 
236 
235 
234 
233 
232 
231 
230 
229 
228 
227 
2.6 
225 
224 
2'J3 
222 
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22 

23 
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30 
31 


DIMANCHE. 

lundi. 

mardi. 

mercrfdi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

D1M*^CHB, 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DIMANCHE. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlMA^cnE, 

lundi. 

mardi. 

mer(redi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlM. 

lundi, 
mardi. 


».  Jacques,  s.  Phil, 
s.  Anatliase. 
Inv.  stp Croix, 
ste  Hélène. 
s.  I-orlunat. 
s.  Jean  P. -Latine, 
s.  Sianislas. 
s.  Désiré. 
Roijatiuns. 
s.  (jorditn. 
s   Mf.niert,  év. 
ASCKN.slON. 
s.  Boniface. 
s.  Isidore, 
s.  Honore, 
s.  Taipé. 
s.  l-élix. 

s.   Pierre-Céleslin. 
s.  Bernardin. 
sle  Julienne. 
sle  !■  mille. 
PEMKCOTE. 
s.  Didiers. 
s.  Donat. 
s.  Urb;iin. 
s.  Jeai  ,  prêtre. 
s.  Bermain,  4  T. 
jste  Liévine. 
Trinité 
s.  Maximin. 
.sle  Pélronille. 


1  Jours. 

f.  c. 

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1  33 

123 

1  34 

124 

1  35 

125 

1  36 

126 

1  38 

127 

1  3» 

128 

1  40 

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130 

1  42 

131 

1  43 

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1  58 

134 

1  47 

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1  49 

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6500 
6550 
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6900 
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7000 
7050 
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7150 
7900 
7250 
7300 
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7500 
7550 
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7650 


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17  55 
17  67 
17  80 

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18  21 
18  35 
18  49 
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18  90 

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1  68 

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1  72 

1  73 

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1  78 

1  78 


1  87 

1  89 

1  90 

1  91 

1  93 

1  94 

1  95 


f.   C. 

18635  «5 
187  6  55 
18939  le 
19089  «0 
I92fl  10 
19.192  65 
19:;44  15 
19395  «5 
198(7  ïO 
19998  70 
20150  2S 
20i0l  75 
2040ii  30 
20'>(>4  80 
20756  30 
20!,'07  85 
210S9  35 
21210  90 
VI 362  SO 
21513  90 
21G66  45 
2  81S  95 
21965  50 

22i'-'0  ee 

22271  50 
22423  »» 
22574  55 
22726  10 
22877  60 
23029  10 
23179  55 


Le  iT  Icv.  du  soleil  4  h.  4»  m. coucher  S  h.  29  m. 

10         4       2t  —         6       42 

20         4        2—  79       57 

30         4       43         _  ,2 


P.  L. 
D.  0. 
N.  L. 
P.  Q. 


le    1  à  lO  heures  15  minutei  du  soir, 

le    8  4  10  du  matin. 

ie  15  11  12  du  soir, 

le  24  2  i  du  matin. 


zsc 


asïsa^aa 


BULLETIN  DES  ACTIONS  INDUSTRIELLES. 


II  importe  à  la  moralité  des  sociétés  en  couMnanditc  et  par  actions  'qu'il  soit  bien  cons- 
tant que  si  ce  genre  de  placement  offre  souvent  des  risques  de  perte,  ils  sont,  au  demeu- 
rant, plus  que  balancés  par  les  avantages  qu'ils  ont  donnés.  Assurément,  tout  compte 
fait,  il  n'a  pas  été  perdu  dans  des  entreprises  par  actions  la  moitié  des  capitaux  qu'elles 
jut  fait  gagner;  pour  s'en  convaincre,  il  suffit  d'en  passer  la  revue,  -ainsi  que  nous  l'avons 
fait. 

YoiTLRES —  Les  actions   des  Messageries  royales  ont  produit  en  1835  —  32  p.  0;0. 

On  en  trouve  difficilement  à  acheter. 
Les  aclionsdes  Messncjeries  LolJUie  ont  produit  en  1835  —  13  p.  OiO. 

Les  actions  des  0»iw7w*  et  celles  des  Favoriies  oi.  tipro(^'itèDifi35—  20p. 

0|0,  etc.,  etc. 

Ponts. —  Les  troispouts  sur  Sellée  ont  produit  en  1836  —  10  IjlO  p.  0(0. 

Le  ponl  du  Carrousel  a  produit  en  18"6  —  I07il0  p.  0[0. 

Bateaux  a  vapeur.  —  L'Hirondelle  a  produit  en  lf-'3o  —  33  p.  0[0  ;  —  en  Î836 —  28  p.  OîO. 

THEATRES —  Le  Gymnase  dramatique  a  produit  en  1835  — 28  3(4  p.  0(0. 

Le  Palais- lioynl  a  produit  en  1835  —  111  p.  OiO. 

Journaux —  Les  actions  du  Const'waionnel,  primitivement  de  3,000  f.,  valent  187,000  f. 

Les  actions  du  Courrier  français,  primilivem.  de  3,000  f.,  valent  8,400  f. 
Les  actions  de  la  C«zf«edess-7Vj7)«H«M.r,  primiliv.de  500  f.,  valent  20,000f. 
Les  actions  du  Magasin  Pittoresque,  priniitivem.  de  500  f.,  valent  6,000  f. 
Les  actions  do  JournuldesNoiaires,  primilivem.  de  7,000  f.,  valent  1 6,000  f. 
Les  actions  du  Musée  des  Familles  ont  produit  en  18-35  —  18  p.  0(0. 
Les  actions  du  Droit,  créées  à  250  f.,  valent  1,600  f. 

Lorsqu'on  fait  le  compte  que  le  Constitutionnel,  créé  avec  3,060  f.,  représente  TROIS 
MILLIONS;  que  la  Gazelle  des  Tribunaux,  créée  avec  quelques  cents  frawc*,  repré- 
sente SEPT  CENT  MILLE  FRANCS;  que  \eJotirnal  desDcbals,  la  Gazette  de  France, 
etc.,  etc.,  représentent  plusieurs  millions,  on  voit  combien  d'entreprises  aventureuses  ont 
pu  dévorer  de  capitaux,  sans  que  cependant  on  soit  fon/lc  à  ne  considérer  que  légèrement 
les  entreprises  industrielles,  particulièrement  celles  qui  ont  la  Presse  pour  objet. 

M.  Gosselin,  libraire,  doit  sa  fortune  aux  œuvres  de  Walter  Scott  ;  M.  Pankoucke 
doit  la  sienne  à  l'ouvrage  des  Victoires  et  Conquêtes;  Bérenger,  seul,  a  fait  la  fortune  de 
son  édilcur,  M.  Pcrrolin  ;  V Histoire  de  la  Révolution  française,  de  M.  Thiers,  vendue  par 
livraisons,  s'est  enlevée  à  16,000  exemplaires  en  deux  mois  et  a  fait  la  fortune  de  l'édi- 
teur, M.  Lecointe  ;  on  dit  que  MM.  Pourrai  ont  déjà  réalisé  un  bénéfice  de  400,000  fr. 
sur  l'édition  des  œuvres  de  CAa/cauôr/and,  qu'ils  vendent  256  fr.,  lorsque  les  mêmes 
œuvres  n'entrent  que  pour  50  fr.  dans  la  collection  du  Pan/Ae'on  Littéraire. 


ii; 


REPERTOmE  CUIL. 


La  jurispruiJonce  esl  la  lui  en  arlions  ;  en 
extraire  ce  qu'elle  a  de  plus  généralement 
usuel ,  c'est  applii|uer  la  luélli ode  mutuelle  i 
l'enseignement  él-menlaire  de  la  loi. 

Citoyens  :   Sélits  de  pCche. 

Lorsqu'un  procès-verbal  dressé  contre  un 
prévenu  en  matière  de  pèche  n'établit  pas 
expressément  qu'un  barrage  et  des  nasses 
ou  paniers,  par  lui  établis  dans  une  rivière, 
aient  pour  effet  d' empêcher  entièrement  \t 
passage  du  poisson,  les  juges  ne  peuvent  en 
i  iduire  ce  fait  sans  violer  la  règle  qui  leur 
défend  d'admettre  aucune  preuve  entre  ou 
contre  le  procès-verbal.  Dans  ce  cas,  il  ap- 
partient à  la  cour  de  cassation  d'apprécier 
les  énonciations  du  procès-verbal  dans  ses 
rapports  avec  le  jugement  de  condamnation, 
€l  de  casser  ce  jugement  s'il  ne  repose  que 
sur  une  contravention  qui  ne  ressort  pas  du 
procès-verbal.  [Cour  de  Cassation,  22  août 
I8ô5.) 

I»rescrîp'cion  hypothécaire. 

La  prescription  de  dix  ans  établie  par  l'ar- 
ticle 1 14  de  la  coutume  de  Paris  contre  l'ac- 
tion hypothécaire,  a  commencé  à  courir  au 
profit  du  légataire  de  l'immeuble  soumis  à 
l'hypothèque,  et  d'ailleurs  grevé  d'un  usu- 
fruit, non  du  jour  où  l'usufruit  a  pris  fin, 
mais  du  jour  où  le  légataire  a  obtenu  l'envoi 
en  possession  de  son  legs.  (  Cour  de  Cas- 
sation, 23  août  1855.) 

CoTTTRfBUABLES  =   Capitation. 

Cet  impôt  personnel,  basé  sur  le  revenu 
foncier  ou  industriel  de  chaque  individu,  est 
fort  ancien.  Dans  l'Exode  et  dans  le  livre  des 
Rois,  on  voit  queMoïse  avait  soumis  les  Israé- 
lites à  payer  un  demi-sicle  (environ  seize 
sous  de  notre  monnaiej  par  této  à  chaque 
dénombrement  du  peuple.  En  France,  cet 
impôt  fut  établi,  sous  le  règne  du  roi  Jean, 
par  les  états-généraux  assemblés  à  Paris  le 
4«"  mars  1Ô5(;  ;  on  l'appela  capitation  géné- 
rale; il  devait  être  proportionné  à  la  valeur 
des  biens  et  fixé  à  4  p.  0|q  sur  tes  revenus  de 
400  livres,  à  2  p.  ^\o  pour  les  revenus  au- 
dessous  de  100  livres,  à  l  p.  0|o  au-dessous 
de  40  livres.  Les  princes  du  sang,  le  clergé, 
la  noblesse,  y  furent  assujélis  ;  on  n'exempta 
que  les  veuves,  les  cnfms  en  tutelle,  les 


I.  Int*r5t«  gf^néraui.  -  II.  Morale  et  ms:ruotion  putlique».  — 
IH.  devoirs  «t  droits  c.v'û»  «t  politiques. 

religieusts,  les  moines  clôturiers  et  les  men- 
dians. 

Cet  impôt,  qui  n'était  que  temporaire  et 
spécial,  fut  maintenu  pendant  la  captivité  du 
roi  Jean,  pour  fournir  aux  frais  de  la  guerre 
et  au  paiement  de  sa  rançon. 

La  capitation  fut  rétabl'ic  par  une  déclara- 
tion de  Louis  XÎV,  en  janvier  l69o;  suppri- 
mée en  1698,  elle  fut  rétablie  en  noi  pour 
fournir  aux  frais  de  la  guerre  de  la  Succes- 
sion. Elle  devait  être  payée  par  tous  les 
Français,  prêtres,  nobles  et  roturiers  :  Le 
clergé  en  fut  néanmoins  exempté,  moyen- 
nant 150, 000  fr.  pour  la  première  année,  et 
sous  la  promesse  de  payer  quatre  millioas 
pour  les  huit  années  suivaiUes.  D'autres 
exemptions  purement  gratuites  furent  en- 
suite accordées  à  la  noblesse,  à  la  mrigistra- 
ture,  de  manière  que  cet  impôt  posa  de  tout 
son  poids  sur  la  bourgeoisie,  le  commerce  et 
les  ouvriers,  qui  étaient  taxés  à  10  p.  oj^,  jç 
leurs  gages  ou  du  prix  de  leur  travail. 

Enfin  la  capitation,  conliimée  par  des  édits 
ultérieurs,  n'a  été  supprimée  qu'après  1789, 
sur  la  demande  exprimée  dans  beaucoup  de 
cahiers  des  trois  ordres,  par  le  motif  qu'elle 
avait  été  ét.ibiie  par  Louis  W\  sans  le  con- 
sentement de  la  nation. 

iMïTHucno?!  PRIMAIRE  :  Franchise  de  la  cor- 
respondance. 
Par  décision  du  ministre  des  finances  en 
date  du  26  octobre  I8ô5,  les  instructeurs  des 
écoles  primaires  sont  autorisés  à  correspon- 
dre en  franchise,  sous  bande,  savoir  :  dans 
les  départemcns,  avec  le  préfet,  le  sous-pré- 
fet, les  maires,  les  présidens  des  comités 
d'arromlissement,  les  présidens  des  comités 
communaux,  les  instituteurs  primaires,  les 
présidons  des  consistoir'^s,  les  receveurs-gé- 
néraux et  particuliers,  les  percepteurs.  — 
Dam  la  circonscription  académique  ,  avec, 
le  recteur,  les  ins|»ecteurs  de  l'Académie  en 
tournée.  —  Bans  le  diocèse  ,  avec  les  arche- 
vêques et  les  évéques. 

LiosnTÎ  conMSRciALE  ;  Arrêl  remarqtable  de 
la  Cour  de  Cassation. 

Beaucoup  de  correspondans  zélés  du  joi^r- 
naldcs  Connaissances  Utiles  et  de  plusieurs 
autres  publications  se  proposant  le  même 
but,  ont  été  inquiétés  par  les  tracasseries 
que  leur  ont  suscitées  quelques  libraires,  ja- 
loux d'un  prétendu  privilège  exclusif  qu'ils 
demand lient  à  ce  règlement   de  1723  qui. 


114 

il  y  a  quelques  années,  servit  de  prétexte  à 
de  nombreux  procès,  intentés  bien  plus 
dans  un  but  de  chicane  que  pour  mauitcnir 
des  droits  acquis.  La  Cour  de  Cassation,  en 
audience  solciuiellc,  vient  enfin  de  fixer  la 
jurisprudence  sur  celle  grave  matière,  par 
l'arrél  dont  nous  allons  faire  connaître  le 
texte,  et  qui  abroge  le  règlement  du  28  fé-  ^ 
•vrier  172">.  .      | 

Toutefois,  avant  de  transcrire  cet  arrêt, 
nous  allons  entrer  dans  quflques  détails  sur 
la  jurisprudence  en  vigueur  jusqu'à  ce  jour 
sur  le  conniierce  de  la  librairie. 

Le  plus  ancien  règlement  sur  le  conmicrce 
de  la  librairie  porte  la  date  du  2i  août  iG86, 
dont  l'article  o  est  conçu  en  ces  termes:  Dé- 
fendons à  toutes  personnes  autres  qu'aux 
înipi  inicurs  et  libraires  de  vendre  et  débi- 
ter aucuns  livres,  à  peine  de  Tioo  livres  d'a- 
mende et  de  confiscation  desdils  livres. 

Des  125  arlielcs  contenus  en  l'arrêt  du 
conseil  du  27  février  172-,  un  seul,  l'article 4 
du  litre  2,  a  renoutelé  les  dispositions  de 
l'article  précité  de  l'èdit  de  IGSG. 

Mais  alors  ,  et  ce  qu'on  r)'avail  pas  voulu 
voir  jusqu'à  présent,  la  librairie  était  orga- 
nisée en  maîtrise  et  en  jurandes,  qui  ont 
été  abolies  en  1791,  de  même  que  toutes 
les  redevances  personnelles,  la  féodalité  et 
tout  ce  qui  tenait  à  l'ancien  régime  politique. 
Et  quand  bien  même  ce  motif  ne  serait  pas 
suffisant  pour  établir  rimpossibililé  d'expli- 
quer légalement  l'article  1 4  de  l'arrêt  de  1 72r,, 
son  énoncé  offrirait,  seul,  une  anomalie  qui 
ne  peut  résister  au  moindre  examen.  Par  la 
charte  et  le  code  la  confiscation  est  abolie, 
et  les  délits  ne  peuvent  être  réprimés  cl  pu- 
nis que  conformément  aux  lois.  Or,  cet  arti- 
cle 14  prononce  non-seulement  la  confis- 
cation, maisajoule  que  lesconlrcvenans  su- 
Liront  une  punition  exemplaire,  (^est  tout 
simplement  de  l'arbitraire,  et  l'arbitraire  ne 
peut  se  trouver  ni  dans  nos  lois  ni  dans  nos 
mœurs. 

Les  arrêtésdu  24mars  1744  et  6  mai  1789 
ont  renouvelé  celui  de  février  t72r>.  Puis 
vint  la  lui  de  mars  1791  qui,  ainsi  que  nous 
venons  de  le  dire,  supprima  tous  les  mono- 
poles pour  établir  le  régime  légal  des  pa- 
tentes. 

Le  décret  du  r.  février  1810,  la  loi  du  21 
octobre  1814,  portent,  en  effet,  que  les  li- 
braires seront  brevetés  et  a<îserinenlés,  mais 
sans  toutefois  établir  aucune  pénalité  en  cas 
de  contravention.  C'est  cependant  d'après 
cette  disposition  que  l'on  a  conclu  que  les 
Jbrevets  ayant  été  rétablis,  la  pénalité  des 
réglenicns  de  l»)S6,  l72->  cl  1744  se  trouvait 
remise  implicitement  en  vigueur.  Une  telle 
interprélalion  a  rencontré,  il  est  vrai,  un 
concours  de  résistance  devant  les  tribunaux. 
Des  juridictions  différenics,  sans  concert 
entre  elles,  se  sont  refusées,  en  différens 
tcmps.àradmcltre  •  neufeoi:rs  royales,  celles 
de  Paris,  d  Amiens,  d'Angers,  de  Rennes, 
de  Ik'sançon,  de  Rouen  ,  de  Dijon,  de  Col- 
inar,  de  Poitiers,  ont  été  d'accord  pour  re- 


pousser une  telle  interprétalion.  C'est  par 
suite  de  ces  résistances  rationnelles,  de  ces 
difficultés  manifestées  par  un  tel  concours 
d'expérience  et  de  déclaration  de  principes 
que  la  cour  souveraine  a  été  appelée  à  se 
prononcer,  et  qu'est  intervenu  l'arrêldu  ISfé- 
vrier  dernier, dont  voici  les  dispositions: 

Attendu  qucleréglement(lu28février  1723, 
virtuellement  abrogé  par  l'article  2  de  la  loi 
des  2  et  17  mars  I79i,  n'a  été  remis  en  vi- 
gueur ni  par  le  décret  du  î>  février  1810  ni 
par  la  loi  du  2i  octobre  18I4;  que  l'ordon- 
nance royale  du  l»""  septembre  1827  n'a  été 
rendue  que  dans  le  but  spécial  et  restrictif 
déterminé  par  l'avis  du  conseil-d'élat  du  27 
novembre  1827,,  approuvé  le  17  décembr* 
suivant  ;  que  l'arlicle  11  de  la  loi  du  21  oc- 
tobre 1814  ne  contient  pas  la  sanction  pé- 
nale de  sa  disposition  ;  d'où  il  suit  que  son 
infraction  ne  peut,  dans  l'état  actuel  de  la 
législation,  enirainer  contre  le  cont/revenant 
1  application  d'aucune  peine;  la  cour  rejette 
le  pourvoi. 

Nous  croyons  devoir  signaler  cet  arrêt 
comme  un  pas  fait  par  la  jurisprudence  vers 
le  véritable  progrès,  c'esl-à-dire  vers  l'abo- 
lition des  en!  raves  apportées  trop  souvent  au 
développement  des  facultés  intellectuelles 
de  l'homme,  et  à  celui  des  diverses  indus- 
tries qui  ont  besoin  d'une  entière  et  com- 
plète liberté  pour  suivre  la  marche  de  l'es- 
prit humain. 

Morale  pcdliqdc  =    Uénonciation» 

On  ne  saurrail  donner  trop  de  publicité  à 
l'arrcl  suivant ,  car  il  arrive  mallieureuse- 
ment  presque  liMJJours  qu'une  dénonciation 
faite  contre  un  individu  laisse  planer  sur  lui 
des  soupçons  que  toute  son  innocence  ne 
peut  toujours  dissiper  enlièremcnl.  La  Cour 
de  Cassation  a  reconnu  par  un  arrêt  Oai  S  août 
18"^,  qu'une  ordoiuiancc  de  la  chambre  du 
conseil  qu'il  n'y  a  lieu  à  suivre  sur  des  faits 
dénoncés  établit  suffisanunent  la  preuve 
que  la  dénonciation  était  fausse  ou  calom- 
nieuse. 

Nous  saisirons  cette  occasion  pour  appe- 
ler l'atlcnlion  des  magistrats  sur  la  l'ormule 
employée  dans  ces  sortes  de  cas.  Souvent  ils 
reconnaissent  qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  suivie, 
l)arcc  que  la  preuve  légale  de  fait  n'est  point 
donnée,  et  cepend.int  leur  décision  est  for- 
mulée de  la  même  manière.  Ne  serait-il  donc 
pas  mieux  de  dire,  par  exemple,  dans  un  cas: 
Attendu  qu'il  n'y  a  pas  preuve  suffisante, 
etc.  ,  cl  dans  l'autre  cas  :  Atîemlu  qu'il  ré- 
sulte que  Ici  ou  tel  est  innocent  du  délit  à 
lui  imputé?... 

Dans  la  première  hypothèse,  il  resterait 
toujours  contre  l'inculpé  une  présomption 
dont  on  pourrail  même  au  besoin  se  servir 
légalement  devant  les  tribunaux  ;  et  dans 
i'aulre,  les  poursuites  dont  un  individu  au- 
rait pu  être  l'objet  par  le  seul  effet  d'une 
vengeanie  particulière,  ne  sauraient  ternir 
sa  réputation,  juiisque  à  côté  de  la  dénon 
cialion  on  verrait  la  preuve  de  la  calomnie 


Hî 


REPERldRE  DOMESTIQUE. 

I.  sducation  de    l'enfance.  —  II.  Morale  et  bien-être  des  familles. 
—  m.  Economie  ucuelle. 


Sur  le  régime  du  vert  pour  les  chevaux , 
par  M.  EiEVRAT  ,  médecin-vétérinaire -juré 
à  Iiausanne. 

Donner  le  vert,  mettre  aie  vert ,  mettre  à 
Therbe,rrgimc  du  vert, soni  des  expressions 
vulgaires,  synonymes,  qui  désignent  l'action 
de  soumettre  les  cfievaux  au  régime  de  la 
nourriture  verte  produite  par  les  plantes  des 
prairies  naturelles  ou  artilicielles. 

Le  régime  du  vert  est  généralement  re- 
connu d'une  grande  utilité  à  une  foule 
de  chevaux  qui  ont  souffert  soit  par  des 
travaux  forcés,  soit  par  le  froid,  la  mauvaise 
nourriture  et  les  maladies  de  longue  durée:' 
personne  ne  songerait  à  contester  les  grands 
avantages  que  l'on  en  relire  pour  remettre 
les  chevaux  ruinés  en  bon  état. 

Mais  il  esta  observer  que,  suivant  la  ma- 
nière dont  on  fait  l'application  de  ce  régime, 
il  peut  produire  des  effets  différens,  et  par 
cela  même  manquer  le  but  pour  lequel  on 
l'emploie. 

C'est  donc  dans  l'intention  d'être  de  quel- 
que utilité  aux  propriétaires  de  chevaux  et 
de  leur  éviter  de  commettre  des  erreurs, 
que  je  m'empresse  de  leur  f lire  part  de  mon 
expérience  et  de  leur  donner  quelques  direc- 
tions à  cet  égard,  en  traçant  les  règles  qu'ils 
doivent  observer  dans  l'application  de  ce 
régime  pour  les  chevaux. 

Pour  l'intelligence  du  sujet,  nous  exami- 
nerons : 

l"  Quelles  sont  les  altérations  que  peut 
éprouver  la  nourriture  verte  et  quelles 
sont  les  plantes  nuisibles  à  la  santé  des  che- 
vaux ; 

20  Quelle  est  l'époque  la  plus  favorable 
pour  faire  suivre  le  régime  du  vert  ; 

50  Quels  sont  les  effets  qu'il  produit 
sur  les  chevaux,  dans  quels  cas  il  leur  est 
utile  ,  et  quels  sont  ceux  où  le  vert  est  con- 
tre-indiqué  ou  nuisible  aux  animaux  ; 

40  Quelles  sont  les  précautions  à  prendre 
à  l'égard  des  chevaux  qu'on  veut  soumettre 
à  ce  régime  ; 

50  Quels  sont  les  divers  modes  d'admi- 
nistration du  vert,  la  quantité  qu'on  peut  en 
donner  à  un  cheval  pendant  vingt -quatre 
heures  ; 


60  Quelle  doit  être  la  durée  de  ce  régime  ; 

■0  Enfin,  quelles  sont  les  précautions  que 
l'on  doit  prendre  à  l'égard  des  chevaux  qui 
passent  du  régime  au  vert  et  du  repos  au 
fourrage  sec  et  au  travail. 

altération  au  tTr^— L'herbe  des  meilleu- 
res prairies  naturelles  peut  s'altérer  au  point 
d'acquérir  des  qualités  nuisibles  à  la  santé 
des  animaux  ;  si  on  la  récolte  pendant  la 
rosée  ,  si  elle  est  entassée  long-temps  avant 
de  la  distribuer  aux  chevaux,  elle  fermente, 
s'échauffe  et  cause  des  dérangemens  plus 
ou  moins  notables  dans  les  fonctions  digesti- 

ves,  qui  peuvent  devenir  très-graves  et  causer 
la  mort, 

Le  régime  vert  peut  aussi  devenir  nui- 
sible aux  chevaux,  lorsqu'il  est  récolté  sous 
des  frênes  sur  lesquels  ii  y  a  beaucoup  de 
mouches  cantharides  (  cantharis  vesica- 
toria  )  ,  qui,  en  tombant ,  se  mêlent  parmi 
l'herbe  que  les  chevaux  mangent,  et  leur 
causent  une  irritation  dans  les  iiitestins  et 
les  organes'^urinaires  qui  peut  devenir  dan- 
gereuse pour  leur  vie. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas ,  les  lavemens 
émolliens  tièdes ,  les  breuvages  de  même 
nature  ,  légèrement  camphrés  ou  vinaigrés  , 
e(  les  saignées,  si  l'irritation  est  intense,  sont 
les  moyens  à  employer  pour  remédier  aux 
accidens  qui  en  résultent:  la  diète ,  l'eau 
tiède  blanchie  avec  de  la  farine  d'orge ,  for- 
meront le  régime  auquel  les  chevaux  malades 
doivent  être  soumis  jusqu'au  retour  de  la 
santé. 

Le  trèfle  et,  dans  certains  cas,  la  luzerne 
peuvent  produire  des  indigestions  graves  et 
le  météorisme,  si  les  animaux  en  prennent 
en  trop  grande  quantité  ,  surtout  q'iand  ces 
plantes  sont  mouillées  ou  en  fermenlalion. 
Dans  le  cas  où  elles  déterminent  le  gonfle- 
ment, les  breuvages  d'eau  froide  salée,  à  la- 
quelle on  ajoute  deux  cuillerées  d'élher, 
soit  dcini-once  sur  une  bouteille  d'eau  ,  que 
l'on  réitère  de  dix  en  dix  minutes,  une  ou 
deux  cuillerées  d'eau  de  javelle  ou  d'am- 
moniaque liquide  dans  une  bouteille  d'eau 
froide,  les  lavemens  d'eau  vinaigrée  ou  de 
savon  dans  le  début,  auxquels  on  substitue 
ceux  d'eau  de  mauve  tiède  dès  que  le  gon-^ 


116 

flement  dimin«e,  la  promenade  a«  pas,  le 
boachonneinent  du  ventre,  laspersion  de 
l'eau  froide  sur  les  flancs,  pour  diminuer  l'ex- 
pansibililé  des  gaz  contenus  dans  les  intes- 
tins, le  régime  diététique  après  la  cessation 
du  méléorismc,  soirt  les  moyens  thérapeuti- 
ques que  l'on  met  en  usage  dans  les  gonfle- 
mens  occasionés  par  ces  plantes  fourra- 
geuses. 

Planiea  nuiffibles  à  la  tatilé  des  chevaux. 
—  Les  chevaux  lâchés  en  liberté  dans  la  prai- 
rie choisissent  les  plantes  qui  conviennent  à 
leur  nourriture  ;  il  n'en  est  pas  de  même 
lorsqu'ils  sont  pressés  par  la  faim,  s'il  y  a  ra- 
reté de  l'herbe  ,  ou  si  on  leur  donne  l'hcrhe 
à  l'écurie. 

Celle  des  prairies  naturelles  peut,  suivant 
sa  composilion,  contenir  une  plus  ou  moins  1 
grande   quantité  de  plantes  qui,  sans  être 
dépourvues  de  principes  nutritifs,  possèdent  | 
des  propriétés  nuisibles  à  la  santé  dos  a:ii- 
maux  qui  en  mangent  une  certaiisc  quantité. 
Dans-  le  nombre  des  plantes  nuisibles  ,  il 
en  est  qui  agissent  mécaniquement  en  irri- 
tant la  bouche  ,  lestomac  et  le  tube  iiites- 
tinal-:  tels  sont  l'ononis  ou  arrête-bœuf,  les 
joncsi  les  sonclt-ets,  les  carex  et  les  la-ches, 
la  prêle  ou  queue  de  cheval;  d'autres,  qui 
contiennent  un   principe  irritant ,  peuvent 
occasioner  l'inflammation  de  la  muqueuse 
des  voies  digeslives  :  telles  sont  les  renon- 
.cules  ,  la  coirhiquc  ,  la  sauve  et  les  prairies 
où   prédominent  les   plantes  aromatiques, 
telles   que  le  thym,  l'origan,  la  bétoine, 
l'ivelte,  la  cataire,  l'hysope,  etc.  ,  qui  don- 
nent un  fourrage  trop  échauffant  pour  les 
chevaux  qui  ny  sont  pas  habitués  ;  enfin,  il 
y  a  sur  q«e!qnes  prairies  des  plantes  stupé- 
fiantes ou  vénéneuses  ,  qui ,  mangées  par  les 
chevaux  en  grande  quantité  ,  sont  de  véri- 
tables poisons:  tels  sont  les  ciguës,  les  pa- 
vots ,  la  renoncule  scélérate  ,  les  tithymales 
!a  jusquiame  ,  ranémono  des  bois  ,  les  ellé- 
bores cl  autres.  Les  chevaux  qui  sont  affec- 
tés de  maladies  pir  l'usage  de  ces  plantes 
vénéneuses  ,  nianifesteiit   de   lanxl'té  ,  de 
légères  coliques  ou  tranchées,  ou  bien  ils 
sont  plongés  dans  un  état  de  stupeur  ;   le 
ventre  est  plus  ou  moins  douloureux  ,  dur 
et  quelquefois  ballonné:  le  vinaigre  à  forte 
dose,  donné  en  bouteille,  de  qunrt  d'heure 
en  quart  d'heure,  les   breuvages   mucilagi- 
neux  donnés  dans  les  intervalles,  et  les  lavc- 
mcns  de  mémo  nature,  sont  les  antidotes  de 
ces  poisons  v'-gélaux  ;  dins  le  cas  de  gon- 
flement, quelque   cuillerées   d'élhcr   admi- 
nistrées dans  ('."  l'caa  froide,  peuvent  pro- 
duire un  boiî   effet. 
Epoque   la  plus  favorailc  pour  faire 


suivre  le  régime  du  vert.  —  Le  printemps 
étant  le  réveil  de  la  nature,  le  stimulant  de 
ldvégétation,c'est  à  cette  époque  que  Iherbe 
possède   le   plus  de   qualités   nutritives  et 
qu'elle  produit  le  meilleur  effet  sur  les  che- 
vaux. Le  moment  où  la  floraison  des  plantes 
commence   est  bien  celui  où  elles  contien- 
nent le  plus  de  principes  nutritifs  ;  mais  com- 
me le  but  qu'on  se  propose  en  administrant 
le  vert  aux  chevaux, varie  suivant  l'effet  qu'on 
désire  qu'il  produise,  il  faut  par  conséquent 
avoir  égard  à  l'état  de  la  végétation:  ainsi, 
s'agil-il  de  produire  une  médication  laxalive? 
on  donnera  le  vert  tendre  avant  la  floraison: 
si  l'on  veut  éviter  qu'il  produise  le  relâche- 
ment, de  peur  de  débiliter  l'animal  auquel 
on  le  donne,  on  atlendr.i  l'époque  de  la  flo- 
raison ;  et  même  celle-ci  sera  complète  s'il 
s'agit  de  donner  le  vert  à  de  vieux  chevaux. 
Effets  du  vert  swr  les  chevaux.,  son  uti- 
lité et  dans  quel  cas  il  est  contreindiqué. — 
En  général,  le  vert  est  utile  aux  jeunes  che- 
vaux et  à  ceux  qui  ne  sont,  pas  d'un  âge  très- 
avancé,  lorsqu'ils  ont  été  fii tiques  et  épuisés 
par  l'excès  du  travail,  le  froid,  la.  mauvaise 
nourriture  et  les  maladies  inflmimatoires  et 
de  longue  durée. 

Les  chevaux  qui  maigrissent  ou  qui  sont 
dégoûtés  sans  apparence  de  maladie,  et  ceux 
qui  ont  des  vers,  réclament  le  régime  du 
vert; il  est  souvent  le  plus  sûr  remède  contre 
les  maladies  verminenscs  et  les  affections  de 
la  peau. 

Les  signes  qui  indiquent  l'usage  du  vert 
se  tirent  de  la  sécheresse  et  do  l'adhérence 
de  la  peau  sur  les  côtes,  du  poil  terne,  pi- 
qué ou  hérissé;  la  tristesse  de  l'animal,  son 
état  de  maigreur,  la  bouche  sèche  et  chaude,  ' 
la  dureté  des  crottins,  sont  autant  d'indices 
qui  annoncent  le  besoin  du  régime  vert. 

Signes  des  bons  effets  du  vert.  —  Lorsque 
|(>  vert  produit  un  effet  salutaire  sur  l'éco- 
nomie  animale,  les  chevaux  présentent  un 
étal  différent  de  celui  qu'ils  avaient  avant 
ce  nouveau  régime  :  les  évacuations  alvines 
deviennent  plus  fréquentes;  le  poil,  de  terne 
qu'il  était,  devient  lisse  et  luisant;  la  peau 
se  détache  des  côtes ,  s'assouplit  ;  la  gaîté 
renaît  au  bout  de  cinq  à  six  jours  d'admi- 
nistration du  vert;  la  peau  se  recouvre  d'une 
poussière  grasse  ,  produite  par  la  perspira- 
tion  cutanée;  elle  s'assouplit  on  raison  directe 
de  l'embonpoint  qtie  prend  l'animal.  Le 
relâchement  que  produit  1:>  vert  les  pre- 
miers jours  de  son  admiîiistration,  ne  tarde 
pas  à  tlimimier,  puis  il  disparaît  sans  être  suivi 
de  consti|)ation  ;  les  urines  coulent  toujours 
abondamment  et  l'appétit  se  soutient.  Il  n'en 
est  pas  de  même  lorsque  le  vert  est  contre- 


indiqué  :  cette  nourriture  est  nuisible  aux 
vieux  chevaux  en  général  (  quoiqu'il  y  ait 
des  exceptions ,  connue  j'ai  eu  occasion  de 
!e  remarquer  quelquefois)  ;  elle  ne  convient 
pas  aux  chevaux  qui  ont  des  maladies  cliro 
niques  où  les  forces  générales  sont  affai- 
'blies ,  telles  que  les  affections  de  poitrine 
anciennes,  qui  ont  une  tendance  à  i'hydro- 
pisie,  l'engorgement  œdémateux  du  ventre 
et  des  membres  chez  les  vieux  chevaux ,  le 
Carcin  ancien,  la  morve  chronique  ,  et  toutes 
les  affections  qui  naissent  par  un  état  de 
faiblesse  générale  ,  qui  tend  à  relâcher  et  à 
débiliter  les  tissus  de   l'économie   animale. 

Caractères  qui  annoncent  que  le  vert  est 
nuisible  aux  chevaux. —  Les  caractères  qui 
annoncent  que  le  vert  est  nuisible  à  un  che- 
val ,  sont  :  la  diarrhée,  qui  continue  au-delà 
des  huit  premiers  jours  de  son  admiiiislra- 
tion  ;  le  poil  terne  ou  hérissé,  la  tristesse,  le 
dégoût,  la  faiblesse,  la  pâleur  des  membranes 
muqueuses,  le  flanc  retroussé  ou  cordé,  le 
ventre  flasque  ,  la  fétidité  des  matières  féca- 
les mal  digérées,  l'engorgement  des  mem- 
bres et  du  fourreau.  Ces  signes  annoncent 
•que  le  vert,  loin  d'être  salutaire  à  l'animal, 
produit  sur  lui  de  mauvais  effets  et  qu'il 
faut  aussitôt  le  remettre  au  régime  sec.  Si 
le  cheval  que  l'on  met  au  vert  est  affecté 
d'une  maladie  par  état  de  faiblesse  ,  c'est-à- 
dire  que  ses  forces  générales  tendent  à  dimi- 
nuer, l'effeL  du  vert,  en  l'affaiblissant  davan- 
tage ,  augmentera  la  maladie  et  servira  à 
démontrer  que  ,  dans  ce  cas ,  comme  pour 
les  précédens,  cette  nourriture  est  coulre- 
indiquée. 

Précautions  à  prendre  avant  de  soumet- 
tre les  chevaux  au  vert.  —  On  a  l'habitude 
dans  certaines  contrées  de  saigner  les  che- 
vaux que  l'on  veut  mettre  au  vert ,  ou  de 
pratiquer  cette  opération  à  la  fin  de  ce  régi- 
me. Les  uns  conseillent  de  donr:-er  du  son 
pendant  les  premiers  jours  de  l'administra- 
tion du  vert;  d'autres,  de  l'avoine  et  du  pain, 
etc.  Tous  ces  moyens,  qui  souvent  sont  très- 
mal  appliqués,  et  qui ,  dans  bien  des  cas, 
sont  fort  inutiles ,  ne  peuvent  être  mis  en 
usage  que  dans  certaines  circonstances  où 
l'on  a  bien  jugé  de  leur  utilité. 

Ainsi  la  saignée  ne  peut  être  utile  aux 
chevaux  que  l'on  veut  mettre  au  vert,  qu'au- 
tant qu'ils  sont  dans  un  état  de  pléthore 
sanguine  :  il  en  est  de  même  si  les  animaux 
sont  échauffés  au  point  de  faire  craindre  une 
maladie  inflammatoire,  lorsqu'ils  ont  le?  pieds 
douloureux,  etc,  etc.;  mais  si  l'animal  est 
en  bonne  santé ,  et  qu'il  soit  maigre,  la  sai- 
gnée, si  elle  n'est  pas  décidément  nuisible, 
fist  au  moins  inutile.  Le  son  mouillé  n'est 


117 
utile  qu'autant  que  les  animaux  qu'on  veat 
mettre  an  vert  sont  constipés  ou  font  des 
crottins  durs;  dans  ce  cas,  le  son  bien  mouillé, 
en  relâchant  le  tube  digestif,  f;ivorise  l'effet 
di;  vert,  qui,  sans  cette  précaution,  pourrait 
causer  des  coliques  ou  tranchées. 

L'avoine  peut  être  utile  pendant  la  durée 
de  la  nourriture  verte,  dans  le  cas  où  l'herbe 
donnée  trop  tendre  relâche  trop"  les  intes- 
tins, ou  lorsque,  par  sa  composition,  ou  en 
raison  de  la  disposition  du  cheval,  elle  pro- 
duit une  diarrhée  qui  persiste  au-delà  du 
terme  où  le  vert  doit  cesser  de  produire  son 
effet  laxatif;  dnns  ce  cas,  le  pain  rassis  est 
un  excellent  correctif,  et  son  usage  ne  tarde 
pas  à  arrêter  la  diarrhée.  L'avoine  ,  donnée 
à  la  dose  de  trois  picotins  par  jour,  pendant 
la  durée  du  régime  du  vert,  soutient  les 
forces  des  chevaux  qui  doivent  cowtinuer 
leur  travail  ordinaire  :  c'est  ainsi  que  des 
chevaux  de  carrosse  et  de  selle  ont  pu  soute- 
nir un  travail  suivi  pendant  toute  la  durée 
du  régime  du  vert  sans  en  être  incommodés, 
et  qu'ils  ont  acquis  de  l'embonpoint  et  de 
la  vigueur,  au  moyen  de  ce  supplément  de 
nourriture  ;  mais  lorsque  les  chevaux  r>e 
travaillent  pas  et  qu'ils  ne  sont  pas  trop 
relâchés  par  le  vert,  l'avoine  est  inutile. 

Le  cheval  que  Ton  veut  mettre  à  l'herbe, 
soit  à  la  prairie,  soit  à  la  crèche,  doit  passer 
gratlueîîement  du  régime  sec  au  régime  du 
vert:  pour  cela,  on  mêle,  pendant  les  premiers 
jours,  une  partie  d'herbe  au  foin;  on  aug- 
mente chaque  jour  l'herbe  et  l'on  diminue 
proporlioni^elfement  le  foin,  de  manière  à  ce 
que  le  vert  soit  donné  pur  au  bout  de  huit 
jours  :  en  procédant  ainsi,  on  évite  les  acci- 
dens  qui  peuvent  résulter  du  passage  subit 
d'un  régime  à  un  autre  qui  lui  est  opposé. 

Mode  d' administration  duvert.—Uherbei 
des  prairies  naturelles  peut  être  prise  par 
Je  cheval  de  deux  manières:  1°  sur  le  sol  à 
la  prairie  ;  ii"  à  l'écurie.  Il  y  a  plusieurs  mé- 
thodes employées  pour  faire  pâturer  les 
cheva-tix  dans  les  prairies  :  la  première  con- , 
siste  à  les  y  lâcher  en  liberté  sur  les  pâtu- 
rages; la  seconde,  de  diviser  la  prairie  en 
plusieurs  compartimcns,  que  l'on  fera  par 
des  claies  ou  cloisons  de  diverses  natures, 
et  que  l'on  change  de  place  en  place  au  fur 
et  à  mesure  que  l'herbe  y  est  consommée  ; 
ou  bien  on  lixe  le  cheval  à  un  pieu  au  moye48 
d'un  grand  cordeau  qui  tient  à  un  caveçon 
qu'on  a  placé  à  la  tête  de  l'animal,  et  on  !e 
change  de  place  lorsqu'il  a  mangé  l'herbe 
du  circuit  où  il  est  fixé.  On  dorme  le  vert 
au  râtelier,  soit  sous  des  hangars  pourvus;de 
ràte!iersetd'auges,oùIeschevatJXSOiit  libres, 
soit  à  l'écurie  même:  ces  hangars  sont  en!ou- 


rés  de  clôtures  pour  former  une  cour  où 
les  chevaux  peuvent  se  promener  et  pren- 
dre au  râtelier  la  nourriture  verte  qu'on 
leur  dislr  bue  à  chique  repas. 

Les  avantages  et  les  iiiconvéniens  de  ces 
■diverses  métholes  sont  faciles  à  saisir  et 
dépendent  d'une  foule  de  circonstmces  qui 
doive:it  êtres  prises  en  considération  dans 
l'application  qu'on  veut  en  faire.  Je  laisse  à 
l'inlelligence  des  propriétaires  le  soin  d'ac- 
corder la  préférence  à  la  méthode  qui  leur 
paraîtra  la  plus  avantageuse  selon  les  cir- 
constances a  ricoles  <lans  lesquelles  ils  se 
trouvent,  suivant  l'exigence  des  cas  et  le  but 
qu'ils  se  proposent  d'atteindre.  Je  me  bor- 
nerai à  dire  que  l'expérience  a  prouvé  que 
l'herbe  prise  par  les  chevaux  sur  le  pâturage 
leur  était  plus  profit  dile  que  celle  qui  esi 
récoltée  long-temps  avant  d'être  mangée. 

Dose  du  vcrl  pour  un  cheval  pendant 
ringt-qualre  heures.—  La  quantité  d'herbe 
que  l'on  peut  donner  aux  chevaux  pendnnt 
viiigl-quatre  heures  varie  selon  la  stature 
des  animaux,  la  qualité  de  l'herbe,  et  suivant 
aussi  qu'on  leur  doime  ou  non  une  nourri- 
ture supplémentaire  en  gr.iines,  son,  farine 
ou  pain  :  néanmoins  on  en  a  fixé  la  moyenne 
à  6(1  livres,  et  celte  quantité  peut  en  effet 
servir  de  base  pour  diriger  les  agriculteurs 
sur  la  quantité  qu'il  convient  de  donner 
aux  chevaux,  selon  leur  stature  et  selon  la 
qualité  et  la  nature  du  vert  qu'on  leur  des- 
tine. 

Les  trèfles  et  la  luzerne,  qui  sont  les  four- 
rages verts  les  plus  échauffans,  ne  peuvent 
être  donnés  en  aussi  grande  quantité  aux 
chevaux  que  l'herbe  des  prairies  natureilos, 
parce  (jue  ces  plantes  él  int  plus  nutritives 
et  plus  stimulantes  que  les  autres,  occasio- 
nent  plus  facilemenl  aussi  des  indigestions  , 
qui  sont  d'autant  plus  dangereuses  qu'elles 
se  compliquent  souvent  de  méléurisme  et 
d'iidlammalion  des  gros  intestins. 

Pendant  la  <Iuréc  du  régime  du  vert,  il  est 
nécessaire  de  bien  obscrv<r  les  effets  qu'il 
produit  sur  les  chevaux,  alhi  de  pouvoir  le 
continuer  avec  certitude  de  succès,  s'il  est 
avantageux,  ou  remédier  aux  mauvais  effets 
qu'il  peut  prodtiire. 

Les  chevaux  qui  ne  font  aucun  travail 
pendant  tout  le  temps  qu'ils  prennent  le  vert 
à  l'écurie,  doivent  être  exercés  tous  les  jours, 
afin  de  leur  donner  du  mouvement  et  éviter 
par  là  les  effets  nuisibies  qui  résultent  pour 
la  santé  des  animaux  de  l'inactio!)  trop  pro- 
longée. 

JJurée  du  régime  du  x'crl.  —  Le  vert  étant 
de  qualités  très  difl'é^el!le^,  suivant  les  loca- 
lités ,  et  l'icxpérience  ayant  appris  que  li 
même  qua/lé  produit  des  résultats  variés, 
dont  les  elTets  sont  plus  ou  moins  tardifs  à 
se  manifester,  sn:;":Uit  le  tempérament  et  la 
disposition  des  indi  viilus,  il  suit  de  là  qu'il 
•est  impossible  de  fwer  dune  manière  i)ré- 
.  cisc  !a  durée  de  la  noiirrilnre.  Lorsqu'on 
•r.ûit  qu'il  a  produit  sur  les  animaux  les  bons 


effets  qu'on  en  attendait,  soit  par  le  retour 
de  leur  santé,  soit  par  leur  embonpoint  ;  en 
un  mot,  lorsque  l'animal  est  en  parfaite  con- 
dition,c'est  alors  qu'il  convient  de  le  remettre 
graduellement  à  la  nourriture  sèche,  en  pro- 
cédant d'une  manière  inverse  à  celle  par 
laquelle  on  a  débuté  pour  l'administration 
du  vert ,  c'est-à-dire  en  diminuant  chaque 
jour  la  quantité  d'herbe  dans  la  même  pro- 
portion qu'on  augmente  celle  du  foin. 

Prrcatitions  que  l'on  doit  prendre  à  l'é- 
gard des  chevaux  qui  ont  été  mis  au  régi- 
me  du  vert  et  au  repos,  pour  les  remettre 
au  régime  sec  et  au  travail. —  Les  chevaux 
qui  sortcfit  des  pâturages,  ceux  qui  ont  été 
sounn's  au  régime  du  vert  à  l'écurie,  exigent 
quelques  précautions  avant  de  les  remettre 
au  régime  sec  et  aux  travaux  ordinaires. 

On  a  généralement  l'habitude  de  saigner 
les  chevaux  qui  ont  pris  le  vert,  sans  consul- 
ter les  hommes  de  l'art  pour  savoir  si  cette 
o[)éralion  est  nécessaire  ou  si  elle  est  inu- 
tile ou  nuisible;  certes  on  a  tort  d'agir  ainsi: 
je  conseille  donc  de  réclamer  les  lumières 
d'un  vétérinaire,  qui  jugera  ce  qu'il  convient 
de  faire,  selon  l'étal  du  cheval.  Cependant 
on  peut  établir  comme  règle  que  les  jeunes 
chevaux  auxi]uels  le  régime  du  vert  a  pro- 
c  uré  de  l'embonpoint  et  beaucoup  de  vigueur, 
et  principnleinent  ceux  qui  sont  d'une  cons- 
titution pléthorique,  réchment  la  saignée 
incessammeid  après  la  cessation  du  vert, 
avant  de  les  soumettre  à  leur  travail  accou- 
tumé. La  saignée  est  contre-indiquée  pour 
les  vieux  chevaux  en  général,  ainsi  (jue  tous 
ceux  auxquels  le  régime  du  vert  n'a  pas  été 
bien  profitable  et  n'a  que  faiblement  aug- 
menté leur  embonpoint.  Soit  que  les  che- 
vaux aient  été  saignés,  soit  qu'ils  ne  l'aient 
pas  été,  dans  l'un  et  l'autre  cas  il  convient 
de  ne  les  remettre  aux  travaux  accoutumés 
qu'avec  précaution,  pour  éviter  les  accidens 
qui  résultent  du  passage  trop  brusque  du 
repos  au  travail  pénible.  Ainsi,  il  faut  com- 
niencer  par  de  légers  tr.ivaux  pour  les  che- 
vaux de  trait  ,  et  par  un  exercice  modéré 
pour  les  chevaux  de  selle  ;  ©n  augmente 
graduillementla  durée  du  travail  et  de  l'exer- 
cice, et  de  cette  manière  on  évite  aux  che- 
vaux les  malailies  qui  sont  souvent  la  consé- 
quence d'un  changement  brusque  de  régime 
et  de  condition.  En  outre  de  ce,  il  est  à 
observer  que  les  chevaux  qui  ont  été  trois 
semaines  ou  un  n)ois  au  régitne  du  vert 
(  surtout  si  ce  régime  leur  a  élé  profitable) 
sont  vils  et  turbulens  les  premiers  jours 
qu'ofi  s'en  sert  ;  par  consé(iuenl,  ils  s'échauf- 
fent beaucoui)  et  ils  peuvent  être  attaqués 
de  Iburbure ,  d'inflammation  de  poitrine  ou 
d'enirailles,  de  maux  d'yeux,  etc.,  etc.,  et 
dans  leur  pétulance,  ces  chevaux  [)euveiit 
se  faire  des  effort"?,  des  distensions  plus  ou 
moins  graves,  qui  les  rendent  boiteux  et  les 
mettent  hors  de  service  pour  longtemps: 
ces  efforts  peuvent  être  tels  qu'ils  dimi- 
nuent cniisiilérablemcnt  le  mérite  dis  che- 
vaux, leurs  qualités  et  leur  valeur  vénale; 


La  réforme  qu'entreprit  et  qu'opéra  le  Journal  des  Connaissances  utiles 
dans  la  presse  périodique  en  1831,  le  Panthéon  littéraire  vient  l'accomplir 
dans  la  librairie  avec  l'expérience  acquise  par  cinq  années  de  travaux  et 
d'essais  et  avec  le  concours,  que  nous  espéronset  que  nous  invoquons  hautement, 
de  tous  ceux  qui  après  s'être  empressés  de  nous  accorder  leur  suffrage,  nous  ont 
fidèlement  conservé  leur  confiance. 

C'est  leur  souvenir  toujours  présent  à  notre  pensée  qui  nous  a  suggéré  l'idée 
fondamentale  de  l'association  dont  nous  nous  empressons  de  les  entretenir ,  afin 
qu'ils  en  puissent  exclusivement  recueillir  les  avantages,  si  elle  obtient  d'eux 
l'approbation  qu'elle  a  déjà  reçue  des  plus  respectables  maisons  de  banque  de 
Paris,  de  MM.  André  et  Cottier  ,  Rougemont  de  Lowïjiberg  ,  OprERjiANN,  etc. 

Nous  voulions  que  les  amis  qui  nous  aideraient  dans  l'exécution  de  l'œuTrc 
de  réforme  que  nous  poursuivons  avec  persévérance ,  reçissent  la  récompense 
de  leur  concours  sans  s'exposer  à  aucun  risque  de  perte,  qu'ils  fusseat  nos 
associés  sans  hasarder  aucune  mise  de  fonds;  les  moyens  de  concilier  ces  deux 
exigences  et  de  réaliser  ce  vœu  paraissaient  d'abord  chimériques  :  bous  les 
avons  enfin  trouvés  et  soumis  à  l'exactitude  rigoureuse  des  formules  d'un  acte 
de  société. 

Assurément,  dans  le  nombre  des  souscripteurs  que  compte  encore  le  Journal 
BES  Connaissances  utiles,  il  s'en  trouvera  mille  au  moins  que  décideront  l'avan- 
tage de  recevoir  —  d'abord  une  valeur  égale  à  la  somme  qu'ils  verseront, —  en- 
suite, et  à  TITRE  GRATUIT,  une  action  de  milh  francs,  ajant  pour  base  un 
matériel  acquis  d'une  valeur  de  690,000  francs  et  susceptible  de  produire  pen- 
dant longues  années  un  revenu  considérable. 

11  s'agit  de  renouveler  l'ancienne  librairie ,  de  s'emparer  de  son  exploitation 
exclusive,  de  lui  rendre  à  l'étranger  lesimportans  débouchés  qu'elle  avait  avant 
que  l'exagération  de  ses  prix  ne  les  lui  fît  perdre  en  donnant  naissance  aux 
contrefaçons  étrangères. 

Tous  nos  lecteurs  comprendront  que  lorsqu'un  éditeur,  au  mojen  de  pages 
blanches,  de  caractères  démesurément  spacieux ,  d'interlignes  considérables , 
de  marges  infinies,  met  en  six  ou  huit  volumes  la  matière  d'un  seul,  par  ce  fait, 
d'une  part,  il  excite  l'étranger  à  réimprimer  ces  six  ou  huit  volumes  en  un  seul, 
pour  en  diminuer  le  prix  et  en  accaparer  la  vente;  d'autre  part,  il  restreint  à  l'in- 
térieur les  acheteurs  à  un  infiniment  petit  nombre,  qu'il  finit  bientôt  même  par 
perdre  en  absorbant  rapidement  la  portion  de  leur  budget  affectée  à  cette  na- 
ture de  dépense,  en  encombrant  leur  bibliothèque  d'un  grand  nombre  de  vo- 
'umes  et  d'un  petit  nombre  d'auteurs,  le  contraire  précisément  de  ce  qu'il  eût- 
été  judicieux  de  faire. 


C'est  ainsi  qu'à  l'eitérieur  1^  librairie  française  a  perdu  tous  ses  débouchés 
et  ses  relations;  c'est  ainsi  qu'à  l'intérieur,  bien  que  protégée  par  la  surveillance 
des  douanes,  elle  est  arrivée  à  encombrer  ses  magasins  de  volumes  danslamêmc 
proportion  qu'elle  diminuait  le  nombre  des  consommateurs  de  livres. 

Tel  est  le  point  auquel  cet  abus  a  été  poussé,  que  pour  le  prix  que  coûterait 
ja  SEULE  RELIURE  d'uuc  bibliothèque  ordinaire  composée  des  œuvres  de  Vol- 
taire, Rousseau,  Laharpe,  Molière  ,  Corneille  et  quelques  autres  ;  on  pourra  ac- 
quérir CEAT  volumes  du  Panthéon  littéraire,  en  contenant  mille  ,  les  faire 
relier,  et  économiser  encore  une  somme  importante. 

Voici  le  compte  : 

4, 000  volumes  ordinaires  à  relier  UNIQUEMENT  coûteraient  2,500  francs. 

Cent  volumes  du  Panthéon  littéraire,  en  contenant  mille. 

Ne  coûteront  [  ^'^cû^''^"ion  que  4 ,000  j ^^.^  ^  ^50  francs. 
(  DE  reliure  que         soO  j 

Economie  donc  sur  le  seul  prix  de  la  reliure,  sans  aucun  frais  d'achat  des  vo- 
lumes :  750  francs. 

Ces  quelques  mots  doivent  suffire  pour  faire  apprécier  toute  la  portée  com- 
merciale et  littéraire  du  Panthéon. 

Pour  le  prix  seul  do  la  reliure  d'un  ouvrage,  à  l'avenir  on  aura  et  l'ouvrage 
et  la  reliure,  et  on  économisera  encore  25,  50  et  souvent  même  100  pour  100 
sur  le  prix  de  vente. 

Une  réforme  si  radicale,  si  avantageuse,  conciliée  avec  un  luxe  remarquable 
d'impression,  avec  un  caractère  d'une  grande  lisibilité,  avec  une  correction  des 
textes  supérieure  à  celle  des  éditions  précédentes,  ne  permet  point  de  douter  qu'en 
dix  années  la  collection  du  Panthéon  Littéraire  ne  s'écoule  à  13,000  exemplaires 
au  moins,  nombre  qui  assure  le  partage  entre  les  actionnaires  d'une  somme  de 
UN  MILLION  SEPT  CENT  CINQUANTE  MILLE  FRANCS,  snn?'}  comprendre 
la  valeur  que  conserveront  encore  après  ce  tirage  les  clichés  de  cent  volumes. 

Peu  de  personnes  savent  ce  que  c'est  que  des  clichés  :  elles  en  trouveront  ci- 
après  l'explication  dans  l'Exposé  des  motifs  de  l'acte  de  société.  Il  suffira  de  leur 
dire  eu  ce  moment  qu(!  c'est  un  moyen  de  conserver  les  caractères  qui  ont  été  em- 
ployés à  la  composition  d'un  livre,  de  telle  sorte  que  l'on  puisse  toujours  s'en  ser- 
TÎr  pour  des  éditions  nouvelles.  C'est  grâce  à  la  juste  application  de  ce  procédé, 
que  le  Panthéon  littéraire  devra  d'être  non  seulement  un  grand  et  durable  mo- 
nument, mais  encore  un  vaste  et  fécond  domaine  donnant  annuellement  des  re- 
venus réguliers. 

Depuis  deux  années  que  nous  préparons  les  matériaux  de  cette  grande  entre- 
prise, nous  nous  sommes  surtout  appliqués  à  réunir  sous  les  rapports  littéraire, 
moral,  matériel,  typographique,  commercial  et  lir.ancier,tout  ce  que  l'art,  l'ima- 
gination et  l'expérience  pouvaient  offrir  de  plus  propre  à  lui  assurer  le  plus  écla- 
tant succès 

Dès  le  commencement  nous  avons  atteint  notre  but. 


Sols  le  rapport  littéraire  :  nous  a"von«  pour  auxiliaire  un  'érurlrt  d'un  goût 
aussisùrq.ue  sou  travail  est  coQsciencieu\.  Il  rmus  suffira  de  noinmer  IVI.Buchon, 
à  qui  le  pays  doit  déjà  la  belle  collection  des  Chroniques  Nationales  Françai- 
ses, imprimée  en  18i21.  et  que  M.  de  Martignac,  en  4828,  choisit  pour  inspec- 
ter toutes  les  archives  et  les  bibliothèques  publiques  de  France. 

Sous  le  raf'port  moral:  les  maisons  de  banque  les  plus  dignes  de  commander  la 
confiance  publique  ont  accordé  au  Panthéon  littéraire  leur  puissant  patro- 
nage. 

Sou:  le  rapport  «atériel  :  le  seul  fait  de  l'appropriation  du  clichage  à  la 
collection  du  Panthéon  littérairis  lui  donne  une  Talenr  incalculable,  il  n'est 
pas  inijx)ssible  qu'elle  ne  s'élève  au-delà  de  plusieurs  raillions  dans  une  période 
de  dix  années. 

Sous  le  rapport  typographique  :  Nous  ne  noas^ommes  point  demandé  si  les 
caractères  et  le  format  que  nous  choisissions  étaient  le  plus  en  Togu«,  mais  le 
plus  rationnels  :  nous  ne  nous  sommes  décidés  qu'après  nous  être  convaincus 
par  une  suite  d'essais  qu'il  n'ét;nt  pas  possible  de  mieux  concilier  le  plus  grand 
luxe  et  le  meilleur  marché  possible. 

Sous  le  rapport  commercial  :  nous  n'avions  à  consulter  que  notre  propre  ex- 
périence pour  être  assurés  qu'en  réduisant  de  90  sur  100  le  prix  des  livres ,  nous 
augmentions  le  nombre  des  consommateurs  dans  la  proportion  de  iOO  à '900  au 
moins. 

Sous  LK  rapport  FINANCIER  :  uous  avons  voulu  que  l'œuvre  de  réforme  fût  en- 
tière, que  contrairement  à  ce  qui  se  pratique  vulgairement,  les  premiers  qui  fe- 
raient le  succès  de  l'entreprise  en  partageassent  avec  nous  les  fruits,  sans  les  leur 
faire  pt}  er  par  aucun  sacrifice  préalable. 

Dans  une  aussi  vaste  entreprise,  deux  cboses  étaient  également  nécessaires  : 
des  actionnaires  qui  fissent  des  avances  de  fonds  et  des  souscripteurs  qui ,  pour 
les  rembourser,  fissent  des  recettes. . .  Sans  actionnaires,  les  souscripteurs  n'avaient 
point  de  garantie  de  la  durée  et  de  l'achèvehient;  sans  souscripteurs,  les  action- 
naires perdaient  leur  mise  de  fonds. 

Faire  que  les  actionnaires  et  que  les  souscripteurs  se  servissent  à  eux-mêmes 
de  garantie  mutuelle  ,  que  l'un  profitât  de  sa  propre  souscription,  et  que  l'au- 
tre se  couvrît  de  son  capital,  tel  était  le  problème  à  résoudre.  Sa  solution 
était  difficile  eu  ce  qu'elle  n'était  possible  qu'au  prix  d'un  sacrifice  :  nous  l'avons 
fait  sans  hésiter. 

Pour  MILLE  francs  que  verse  le  souscripteur  du  Panthéon  littéraire,  cent 
volumes  valant  mille  francs  lui  sont  donnés;  s'il  les  verse  intégralement  par  an- 
ticipation, il  en  reçoit  l'intérêt  à  5  pour  OiO.  Voilà  donc  la  société  parfaitement 
quitte  envers  lui;  mais  par  le  fait  seul  qu'il  fut  du  nombre  des  mille  premiers  sous- 
cripteurs, elle  lui  est  redevable  de  l'avantaçe  de  pouvoir  procéder  avec  certitude 
et  célérité;  c'est  pour  ce  fait  seul  qu'il  reçoit  sans  rien  débourser  «ne  action  de 


4 

mille  francs,  laquelle,  aussitôt  que  le  clichage  des  100  volumes  sera  achevé,  sera 
assise  sur  une  valeur  matérielle  de  690,000  francs  et  vaudra  plus  que  son  pair 
jïominal. 

Quant  au  placement  de  mille  actions  sur  de  pareilles  bases,  avec  le  patronage 
des  maisons  de  banque  le  plus  justement  considérées,  il  n'est  l'objet  d'aucun 
doute;  déjà  même  il  serait  effectué  si  nous  avions  pu  vouloir  les  livrer  à  l'agio- 
tage. 

Mais  agir  ainsi,  c'eût  été  manquer  —  et  de  foi  à  la  pensée  mère  de  notre  acte 
social — et  de  reconnaissance  e-nvers  des  amis  à  l'égard  desquels  nous  étions  impa- 
tiens de  nous  acquitter.  Jamais  nous  n'oublierons  ceux  qui  se  sont  constamment 
associés  à  nos  efforts  et  qui,  à  une  époque  difficile,  ont  accepté  le  titre  d'AMis 

1>K  NOS  DOCTRINES. 

À  ceux-là,  donc,  avant  tous  autres,  appartiennent  la  soumission  des  actions 
jusques  à  la  dernière  ;  mais  leur  réponse  doit  être  prompte  ,  catégorique  ;  déjà 
nos  mesures  sont  prises  pour  faire  affluer  des  soumissions  étrangères  de  toutes 
parts  et  en  tel  nombre  que  nous  puissions  établir  que  c'est  réellement  uue  juste 
préférence  que  nous  leur  avons  offerte  et  accordée. 

Là  où  il  n'j  a  point  un  seul  risque  de  perte  à  faire  encourir,  et  seulement 
des  bénéfices  à  répartir,  celui  qui  le»  offre  a  la  parole  aussi  libre  que  la  con- 
science, il  peut  hautement  s'exprimer  et  défier  la  malignité  des  commentaires... 
C'est  ce  que  nous  faisons. 

A  tous  ceux  des  amis  que  nous  comptons  dans  le  nombre  de  nos  souscrip- 
teurs, à  tous  ceux  d'entre  eux  qui  ont  un  peu  de  loisir  et  qut^  que  épargne,  qui  se 
délassent  du  travail  par  l'étude,  et  qui  peuvent  disposer  d'un  petit  capital  pour 
satisfaire  leur  goût,  sans  pourtant  le  dépenser,  nous  venons  donc  dire  avec  con- 
fiance: t  Soyez  des  nôtres;  l'avantage  que  vous  en  retirerez  nous  le  partagerons 
également,  car  il  aura  pour  effet  de  resserrer  des  liens  que  la  malveillance  n'a 
pu  rompre  ni  par  la  violence  ni  par  le  temps.   > 

EMILE  DE  GIRARDIN. 


BANQUIERS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Chez  lesquels  les  souscriptions  sont  reçues  et  les  fonds  déposés  •• 

MM. 

ANDRÉ  ET  COTTIER,  J  ROUGEMONT  DE   LOVVEMBERG  ' 

Rue  des  Peliles-Ecuries,  40.  |  Rue  Rergère,  7. 

OPPERMANN, 
rue  Sainl-Georges ,  2. 

NOTAIRES  DE   LA  SOCIÉTÉ: 
<X)TELLE,  notaire,  maire  du  (;«  arrondissement,  |  Dl'.EUX,  notaire  à  Paris, 

rue  Sainl-Denis,  :j74.  |  I.ouis-le-Grand,  7. 

AGENS  DE  CHANGE  DE  LA  SOCIÉTÉ  : 

:8AGNIERFS,  agent  de  ctiange,  |  CAILLAT,  agent  de  change. 

Cité  d'Antin,  6.  j  Rue  de  Clioiseui,  4  bis. 


PANTIIEOÎV  LITTERAIRE 

COLLECTION    UNIVERSELLE    DES 

CHEFS-d'oeI  VRE    DE    L  ESPRIT    HUMAIN, 

100  VOLUMES  IN -40  JÉSUS  VÉLIN,  COUTANT  FRANCS  :  1,000 
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Ce  qui,  de  fait,  réduit  à  un  Tr.  environ 
les  volumes  ordinaires  de  25  feuilles  du  prix  de  7  l'rancs  50  cent. 

Direction  cénéralk  :  M.  EMILE   DE    GIRARDIN  ,  dépnlé. 

RjsvisiOK  LITTÉRAIRE  :  M.  BUCHON,  cdit.  de  la  CoWecl.  àtsChroniquesnationales  françaises. 

Administration  et  ve.me  :  M.  A.  DESREZ,  libraire-éditeur,  il,  rue  Si-Georges. 


EXPOSÉ  DES  MOTIFS  DE  L'ACTE  DE  SOCIÉTÉ. 


Tels  qu'ils  existent,  les  livres,  en  raison  de 
l'exorbilanre  de  leur  prix,  de  leur  super- 
fétation  de  volumes,  des  frais  multipliés  de 
reliure  qu'ils  occasionent,  de  l'espace  con- 
sidérable qu'ils  occupent,  ne  sont  plus  en 
rapport  avec  la  généralité  des  fortunes  ;  de 
là  le  nombre  décroissant  des  bibliothèques 
et  la  progression  contraire  des  cabinets  de 
lecture  ;  aussi,  pendant  que  les  nouveautés 
littéraires  se  Jouentxl  se  lisent,  les  autorités 
littéraires  ne  s'achètent  point  et  s'oublient  ; 
le  goût  se  corrompt,  l'esprit  l'emporte  sur 
le  génie,  et  les  livres,  en  vogue  un  moment, 
sur  les  ouvrages  consacrés  par  les  siècles. 

Cet  état  de  choses  appelle  une  réforme. 

Problème  ttpograpbiqde  :  Par  l'adoption 
rationnelle  d'un  format-type  —  au  moins 
«n  ce  qui  concerne  la  réimpression  générale 
-et  uniforme  des  œuvres  de  l'esprit  humain 
déjà  en  possession  de  la  postérité  ou  dignes 
d'y  être  transmises  —  et  par  le  choix  judi- 
cieux d'un  caractère  compact  d'une  lecture 
facile  : 

I.  Accroître  le  nombre  des  bons  ouvrages 
en  circulation,  en  réduisant  celui  des  volu- 
mes qu'ils  forment  ; 

IL  Mettre  un  terme  à  l'anarchie  des  for- 
mats inégaux,  incommodes  et  dispendieux 
qui  s'oppose  au  classement  méthodique  des 


livres  dans  les  bibliothèques,  les  fait  volu- 
mineuses et  chères,  difficiles  à  consulter, 
difficiles  à  transporter,  et  restreint  ainsi  au 
lieu  de  l'étendre  le  nombre  des  amateurs  de 
livres  ; 

III.  Concilierle  luxe  et  l'économie  de  l'im- 
pression par  une  application  judicieuse  des 
perfectionnemens  de  l'art  typographique  et 
des  progrès  de  la  fabrication  du  panier,  en 
prenant  pour  point  de  départ  ce  qui  en 
Angleterre  s'exécute  en  ce  genre  de  plus 
rationnellement  conçu  ; 

IV.  Réduire  de  80  pour  100  au  moins  le 
prix  exorbitant  des  livres  et  les  frais  con- 
sidérables de  reliure,  démesurément  mul- 
tipliés par  l'abus  numérique  de  volumes 
établis  sans  discernement  et  sans  conscience: 

Tel  est  le  premier  problème  économique 
et  typographique  que  s'est  proposé  le  Pan- 
théon liltéraire  et  que  l'exécution  matérielle 
a  pleinement  résolu. 

Élégant  et  sévère,  contenant  beaucoup 
dans  peu  d'espace,  le  format  et  les  disposi- 
tions typographiques  du  Panthéon  littéraire 
sont  les  mêmes  que  ceux  adoptés  par  leg 
meilleurs  éditeurs  de  Londres  et  de  Paris 
pour  les  réimpressions  des  au  leurs  classiques, 
dont  les  ouvrages,  après  avoir  servi  à  l'ins- 
truction de  la  jeunesse,  sont  encore  à  toutes 


les  époques  c'e  la  vie  liltéraire  des  aulorilés 
utiles  à  consulter  souvent. 

Proïlème  financier  :  Par  une  partici- 
pation offerte  dans  les  bénéfices  aux  mille 
premiers  souscripteurs  à  la  collection  com- 
plète du  Panthéon  Ultéraire: 

I.  Faire  quau  lieu  de  leur  coûter  cette 
souscriptior:  leur  rapporte,  et  qu'.'.u  lieu  d'être 
une  dépense,  utile,  il  est  vrai,  elle  soit  pour 
eux  un  placement  avantageux  et  sur,  une 
rente  annuelle  ; 

II.  Appeler  un  grand  nonibre  d'inféressés 
à  concourir  au  prompt  achèvement  de  ce 
monument  élevé  au  génie  littéraire  : 

Tel  est  le  second  problème  financier , 
entièrement  nouvcaa  dans  ses  termes,  que 
vient  résoudre  le  Panlhcon  littéraire. 

Pour  se  rendre  d';ibord  un  compte  exact 
de  limporlance  du  premier  des  deux  pro- 
blèmes posés,  il  suffit  de  comparer  la  réim- 
pression de  l'un  des  ouvrages  admis  dans 
la  collection  du  Panthéon  liltéraire  avec 
les  autres  éditions  en  vente  dans  le  commerce 
de  la  librairie  :  chaque  ouvrage  du  Pan- 
ihéon  littéraire  porte  avec  lui-même  sa 
preuve,  car  il  n'est  aucun  de  ses  volumes 
qui  n'en  contienne  huit  et  souvent   dix. 


Machiavel  {librairie  ordinaire). 

12  volumes  à    7  fr.  50  c ^^  ^^-^  in  fr 

Demi-rel.,  »  2  f.  par  vol.   .   .  24  \      *     ' 

Le  même  ouvrage,  collecUondu  Pn^j-  ] 

lliéou.-i\ol.à  10  fr.  .   .    20  [26 

Belle  demi-rel,  à  3  fr.  par  vol.    6  ) 

Différence 8S  fr. 

Fhois»A.RT  {librairie  ordinaire). 

16  volumes,*  j  fr.  k»  c »6  '  "J 

BouciCAi'T,  I  vol.  in-4,àiO >0  'i:sfr. 

Demi-reliure,  à  2  fr.  par  vol.   .  3î  ) 

Les  mêmes  ouvrages,  coileciion  du  \ 

PaniliéniiyZ  vol  ,  à  19.    .     0  >    39- 

Belle  demi-rel.,  à  3  f.  par  vol.    9  ; 

Différence 99 

Thucydide  {librairie  ordinaire). 

3  vol.  in-».   ......     36  \    ., 

XÉNOPIION.    10        —         4 140  ) 

Les  tuâmes  ouvrages  ,  collection  du  \ 

Panthéon,  1  vol.  i  10.  .10  [    i3 

Belle  demi-rel.,  à  îf.  par  Tol.  .     3  j 

Différence 163 

PcLTEB   {librairie  ordinaire'). 

6  vol.  in- 1.- 40  ^ 

Hérodîe:*,  I     —      17 5  /    .. 

ZOZIME,      6      —      12 18  i    °* 

Demi-rel.,  à  2  fr.  par  vol 20  ; 

Les  mêmes  «uvrages,  coUeelion  du  \ 

Panlliéun,  1   vol.  i  10      10  [    i3 

Belle  demi-rel.  *  3  fr.  .   .  .       3  ) 

Différence 70 

CnATBAi'iM.AND   {édition  de  M.  Pourrai). 

32  vol.  à  8  fr 2-,6  )  „  . 

Demi-rel.  à  2  fr.  .  .     64  )  "''"' 
Les  œuvres  du  même  auteur  aussi  com- 
plètes,  collection  du  Pantliion  ,              * 

4  vol.  à  10  fr 49  )    ,, 

Demi-rel.  à  3  tr I2  )    ^* 

Différence.  ...    278 


^  re  l  Révision  Je  l'ouvrage,  acqui.'iiLion  desdiverses  é'iilions  :  1, 000  f. 

■5.2  ' 

■^  g  1  Composition  et  corrections,  50  feuilles  à  60  fr.  lune.  3,!)00 

•o  \Clichages  de  50  feuilles,  à  43  fr.  l'une 2,400 

I 
^  f  Papier  i  as  fr.  U  rame,  lOO  rames  pour  1,000  exempl. .  2,S00  f.  \ 

2  ?  '  Tirage  4  7  fr.  50  c.  dilo  dito         dilo 7.50     [ 

^  £  /  Saiinage  et  brochage,  à  25  c.  lerol  ,par  i,oooexempl..    259     \ 


EAR  1,000 

.TAK  2,000 

PA»  3,000 

exemplaires. 

exemplaires. 

exemplaires 

8,, 100     f. 

6,900     f. 

6,S00fr. 

3,500 

7,000 

10,500 

10,400 

13,900 

17,t00 

Pour  bien  concevoir  maintenant  îe  second 
problème,  qui  sert  de  base  à  l'acte  d'associa- 
tion qui  suivra,  il  est  nécessaire  de  se  livrer 
attentivement  à  l'étude  et  à  l'examen  préala- 
ble des  détails  et  des  calculs  approfondis 
qui  suivent. 

Les  frais  dont  se  compose  tou'.c  publica- 
tion sont  de  deux  natures  : 

Les  frais  compror.anl  les  droits  d'auteur 
ou  de  réciscur,  la  composition,  les  cor- 
rections et  le  clichage,  s'appellent  frais  dé- 
CBOissAîcs,  ce  qui  veut  dire  qu'ils  diminuent 
en  proportion  du  succès  qu'ohiient  l'ouvrage 
publié,  qu'ils  sont  d'autant  moins  sensibles 
et  apparcns  qu'ils  se  répartissent  sur  un 
plus  grand  nombre  d'exemplaires  écoulés. 

Les  frais  romprenaiit  le  papier,  le  tirage, 
le  satinage  et  le  brochage,  s'appellent  frais 


PROGRESSIFS,  ce  qtii  veut  dire  qu'en  aucun 
cas  d'abord  ils  ne  se  décroissent,  et  qu'au  con- 
traire ils  s'augmentent  toujours  en  raison  pro- 
portionticUe  du  débit  du  livre  :  l'application 
de  ces  principes  à  la  publication  d'un  volu- 
me de  la  collection  du  Panthéon  littéraire 
présente  les  résultats  suivans  : 

Des  chiffres  qui  précèdent  il  résulte  qu'au 
prix  de  7  francs  le  volume,  net  de  tous  les 
frais  de  magasin,  de  vente ,  de  profits  et 
pertes,  et  de  remises  aux  libraires  commis- 
sionnaires, estimés  ~0  pour  cent  du  prix, 
l«s  frais  d'impressiim  ne  sont  couverts  qu'à 
deux  mille  exemplaires  ;  nviis  il  convient 
d'ajouter  qu'à  ce  nombre,  les  clicitbs,  d'une 
valeur  de  2,4G0  francs  par  volume,  sont 
acquis. 

Par  CLICHÉS  il  faut  entendre  une  empreinte 


nioulce  d'abord  en  plâtre  et  ensuite  en 
métal. 

Ce  procède,  qui  s'est  considérablement 
perfectionné,   offre  les  avantages  suivans  : 

10  II  permet  de  ne  tirer  à  la  fois  que  le 
nombre  d'exemplaires  dont  le  placement  est 
à  peu  près  à  l'avance  assuré  ;  il  met  aijisi 
l'éditeur  à  l'abri  de  deux  erreurs  contraires 
également  fâcheuses  :  celle  d  un  tirage  in- 
suffisant, et  ceîle  d'un  tirage  surabondant  ; 
dans  le  premier  cas,  il  évite  des  réimpres- 
sions successives  très  coûteuses  et  d'un 
débit  toujours  incertain  ;  dans  le  second  ca^, 
il  prévient  tout  encombrement  ruineux  de 
papiers,  d'un  écoulement  lent  et  difflcile. 
Les  clichés  peuvent  être  considérés  comme 
une  double  police  d'assurance  cor.tre  le  re- 
vers et  le  succès  imprévus  d'un  livre. 

2*  11  permet  d'arriver  successivement  à 
une  correction  typographique  que  plusieurs 
éditions  ne  sauraient  jamais  atteindre,  à  quel- 
que sévères  révisions  qu'elles  soient  sou- 
mises. Cela  s'explique  :  à  chaque  édition 
d'un  livre,  des  fautes  nouvelles  se  commet- 
tent et  échappent  à  la  correction  ;  à  chaque 
tirage  sur  cliché,  les  fautes  signalées  dis- 
paraissent, aucune  faute  nouvelle  ne  peut  se 
glisser. 

Tels  sont  sommairement  les  avantages  gé- 
néraux que  présente  le  clichage;  mainte- 
nant, voici  les  conditions  desquelles  ces 
avantages  dépendent  ;  ils  ne  sont  réels  : 

1»  Qu'autant  que  beaucoup  de  volumes 
sont  contenus  dans  peu  d'espace,  car  le  prix 
du  clich  igu  n'étaût  pas  comme  celui  de  la 
composition  en  raison  du  nombre  de  lettres 
contenues  dans  une  page,  mais  en  raison  du 
nombre  de  pages  renfermées  dans  un  volume, 
il  s'ensuit  que  dès  qu'un  livre  contient  peu 
de  matière  dans  beau^^oup  de  pages,  le  cli- 
chage ne  lui  est  pas  rationnellement  appli- 
cable. Exemple  :  un  volume  du  Panthéon 
littéraire  de  huit  cents  pages  coûte  à  clicher 
2,400  francs:  il  contient  huit  volumes  ayant 
ensemble  quatre  mille  p^ges  au  moins,  les- 
quels, s'ils  étaient  ainsi  divisés,  coûteraient 
à  clicher  12, non  francs. 

Ces  notions,  quelque  incomplètes  qu'elles 
soient,  doivL-nt  suffire  à  la  démonstralion^es 
avantages  matériels  inhérens  au  clichage, 
et  à  la  prévision  des  résultats  financiers  qu'ils 
comportent  lorsque  l'application  en  est  ju- 
dicieusement faite  à  une  vaste  et  durable 
collection. 

En  effet,  les  clichés  du  Panthéon,  litté- 
raire, après  la  publication  des  cent  volumes 
dont  il  doit  se  composer,  ne  représenteront 
pas  seulement  210, "00  francs,  qu'ils  auront 
coûté,  mais  sn  capital  réel  de  690,000  francs, 


valeur   déboursée.  (  P^oir  Frais  déc»ois  • 

SANS.  ) 

Aux  termes  de  l'article  4  de  l'acte  d'asso- 
ciation, les  mille  premiers  souscripteurs  à  la 
collection  complète  du  Panthéon  littéraire, 
étant,  par  le  seul  fait  de  leur  souscription 
et  en  reconnaissance  de  leur  concours,  con- 
sidérés connue  ACTiojiNAiaEs  -  commaxdi- 
TAiEEs,  et  à  ce  titre  admis  chacun  pour  un 
millième  dans  la  moitié  de  la  propriété  des 
clichés  dojit  il  vient  d'être  parié,  et  égale- 
ment dans  la  répartition  annuelle  de  la  moiti« 
desbénéfiCesrésuUanldes  tirages  successifs, 
recevront  en  réalité,  sans  être  un.  seul  ins- 
tant exposés  au  plus  lég^r  risqua,  de  perte, 

DEUX  CAPITAUX  POUR  VU. 

Soit: 

1»  Cent  volumes  in-J,»  contenant  8<>0  à 
1,000  volumes  in-so,  d'une  valeur  nominale 
de  1,000  francs  et  d'une  valeur  réelle  de 
7,000  francs  au  moins  ; 

2«  Une  action  de  mille  francs  représentant 
le  millième  (soit  690  francs)  d'utie  valeur 
matérielle  et  intégrale  de  090,000  fra-ics,  qui 
leur  sera  délivrée  à  TITRE  GRATUIT,  sans 
responsabilité  ni  solidarité  d'aucune  nature. 

Le  Panthéon  littéraire  est  une  œuvre 
d'art,  de  progrès  et  de  réfuruie,  qui  aspire 
à  n'avoir  point  d'égale  dans  le  passé  ;  toute- 
foi«,  s'il  n'était  qu'une  entreprisesomptueuse, 
son  but  serait  manqué;  il  ne  serait  ni  un 
utile  problème  résolu,  ni  un  puissant  exem- 
ple donné,  ni  un  véritale  progrès  acquis; 
dans  une  entreprise  de  ce  genre,  un  capital 
qui  reste  stérile  est  un  capital  mal  employé  ; 
l'art  et  l'inrluslrie  peuvent  s'allier  ;  les  for- 
mes de  l'un  et  les  chiffres  de  l'autre  ne  s'ex- 
cluent pas:  IcPanlhéonlitterairescpropose 
de  le  prouver. 

Les  cLicHss,  avons-nous  dit,  après  l'achè- 
vement des  cent  volumes,  représentèrent  un 
capital  de  690,000  francs  :  voici  niaintenanl 
quel  sera  le  revenu  de  ce  capital. 

A  2,000  exemplaires,  les  frais  de  fabriea- 
tior!  et  de  vente  n'étant  plus  par  volume  que 
de  e  francs  50  centimes  sur  10  francs,  500 
colleclions  annuellement  vendues  produi- 
ront vi\  bénéfice  annuel  de  175,000  francs. 

Il  n'y  pas  d'ouvrage  classique  écon:mi- 
qucment  établi  qui,  dans  un  temps  donné, 
ne  s'écoule  à  10,000  exemplaires  ;  en  admet- 
tant que  dix  années  fussent  nécessaires  pour 
écouler  8,000  exemplaires  de  îa  collection 
du  Panthéon  litiéraire,  surces8,000  exem- 
plaires (  en  retranchant  les  1 ,000  exemplaires 
afférens  aux  actions  et  les  2,000  nécessaires 
à  l'extinction  des  frais  décroissans  )  ,  5,000 
exemplaires  produiront  donc  875,000  francs. 


Un  cliché  peut  tirer  25,000  exemplaires 
sans  être  altéré. 

A  15,000  exemplaires,  \e  Panthéon  litté- 
raire produirait  1,750,000  francs!  Pour 
parvenir  à  ce  résultat,  peut-être  suffirait-il 
de  prélever  10  pour  100  et  de  les  consacrer 
à  faire  connaître  partout  cette  précieuse  col- 
lection. 10  pour  100  de  la  somme  ci-dessus 
ferait  un  Capital  d'annonces  de  17  5,000 
francs!... 

L'exactitude  des  chiffres  et  des  prévisions 
qui  précèdent  ne  sera  contestée  que  par  ceux 
qui  ne  se  seront  pas  préalablement  rendu 
compte  : 

1 0  De  la  consommation  annuelle  des  livres, 
malgré  les  obstacles  que  lui  opposent  la  di- 
versité des  formats,  la  multiplicité  des  édi- 
tions, l'élévation  des  prix  et  lexorbilance 
des  frais  de  reliure  ; 

S«De$  avantages  matériels  inhérens   au 


format  et  au  caractère  adoptés  pour  la  col- 
lection du  Panthéon  littéraire; 

50  De  la  difficulté  pour  la  concurrence  de 
lutter  jamais  contre  une  collection  de  mille 
volumes,  entièrement  achevée,  représentant, 
par  la  valeur  seule  de  ses  clichés,  un  ca- 
pital de  690,000  francs  et  pouvant  consacrer 
successivement  une sDninie  de  175,000  francs 
à  étendre  sa  popularité  et  ses  relations  par 
des  annonces  fréquemment  répétées  et  par 
des  voyageurs  intéressés  ; 
.  4«  Enfin,  de  l'impossibilité  de  concilier 
plus  rationnellement  le  luxe  de  l'exécution 
et  l'économie  d'acquisition. 

En  résumé,  le  Panth'On  littéraire  sera 
pour  l'ancienne  librairie  ce  que  furent  nos 
codes  pour  l'ancienne  législation  :  un  ordi  "■ 
de  chose»  nouveau  par  la  méthode  et  l'u- 
nité. 


PANTHEON  LITTERAIRE. 


ACTE  DE 

Par  devant  M«    Louis  -  Edouard  Dreux 
et  son  collègue,  notaires  à  Paris,  soussignés, 
A  comparu 

M.  Emile  db  Girardin,  membre  de  la 
ehambre  des  députés,  demeurant  à  Paris,  rue 
Saint-Georges,  n<*  il; 

Lequel,  voulant  donner  à  la  Collection 
universelle  des  chefs-d'œuvre  de  l'esprit 
humain,  publiée  sous  le  litre  de  Paistbéon 
Littéraire,  et  dont  il  est  devenu  seul  pro- 
priétaire, une  constitution  dont  l'effet  suit 
de  faire  jouir  les  mille  premiers  souscripteurs 
des  avantages  résultant  de  la  qualité  d'aclion- 
naires-conunandilaires,  a,  pour  atteindre  ce 
but,  résolu  de  faire  de  la  publication  de  celle 
collection  l'objet  dune  société  par  actions. 
En  conséquence,  les  statuts  fondamentaux 
de  celte  association  ont  été  réglés  et  arréiés 
ainsi  qu'il  suit  : 

But,   Durée,  Siège  et  Raison    de  la  So- 
ciété. 

Article  pbemiek.  Une  société  en  com- 
mandite pour  la  publication  de  cent  volumes 
in-40  renfermant  la  matière  de  huit  cents  à 
mille  volumes  ne  cnùtanl  que  mille  francs,  et 
conlenanl,  sous  le  titre  de  Pa>tiiéon  litté- 
raire, la  Collection  universelle  des  chefs- 
d'œuvre  de  l'esprit  humain,  est  formée  en- 
tre M.  (uTiilcde  (lirardin  cl  les  souscripteurs 
qui,  jusqu'à  concurrence  du  nondjrc  de  mil- 
le, s'obligeront  au  paiement  de  cent  volumes. 


SOCIETE. 

Art.  2.  La  durée  de  la  Société  est  fixée  à 
dix  années,  qui  commenceront  le  l»''  avril 
1836. 

Art.  3.  Le  siège  de  la  Sociélc  est  fixé  ru« 
Saint-Georges  ,  n«>  il,  à  Paris. 

La  raison  sociale  se  composera  des  mots: 
Société  du  Panthéon  littéraire,  avec  le 
nom  de  M.  Emile  de  Girardin  ou  celui  du 
successeur  qu'il  aura  le  droit  de  se  choisir, 
en  raison  de  l'axt.  5  ci-après. 

Noh>rc,  Avantages  et  Garantie  des 
Actions  de  mille  francs. 

Art.  i.  Mille  actions  de  mille  francs  cha- 
cune sont  créées  pour  être  délivrées  aux 
mille  premiers  souscripteurs  contre  le  paie- 
ment pur  et  simple  de  leur  souscription  aux 
cent  volumes  parus  ou  à  paraître,  soit  mille 
francs. 

Tout  commanditaire  réunissant  ainsi  la  dou- 
ble qualité  d'ACTioNNAiREeldesouscRipTECR, 
recevra  donc  : 

1°  L'équivalent  de  son  capital  par  le  fait 
de  sa  souscription; 

îi»  Une  action  représentant,  savoir:  un  mil- 
lième dans  la  moilié  de  tous  les  bénéfices 
résultant  des  tirages  successifs  et  de  la  vente 
des  volumes  parus  el  à  paraître  ;  également 
un  millième  dans  la  moitié  de  la  propriété 
des  clichés  représentant  une  valeur  de  6,900 
francs  par  volume,  et  généralement  enfin  un 
millième  dans  la  moilié  de  la  propriété  des 


volumes  en  magasin  et  de  tout  le  matériel  ac- 
quis. Le  surplus  de  la  propriété  et  de  ses  re- 
venus appartiendra  à  M.  Kniile  de  tiirardiii 
et  aux  divers  auxiliaires  qu'il  lui  sera  néces- 
saire de  s'adjoindre. 

Les  actions  seront  nominatives  et  transfé- 
rables par  voie  de  simple  endos;  elles  ne  se- 
ront passibles  d'aucun  appel  de  fonds. 

Elles  seront  détachées  d'un  livre  à  sou- 
che, signées  et  paraphées  par  M.  Emile  de 
Girardin. 

Le  paiement  de  leurprix  s'effectuera  de  la 
manière  et  dans  les  formes  qui  seront  con- 
venues. Toutes  les  facilités  seront  à  cet  égard 
données  aux  souscripteurs. 

Lesaclioimaires  qui  verseront  intégrale- 
ment le  prix  de. leur  souscription,  en  rece- 
vront immédiatement  le  titre  régulierportant 
obligation  expresse  et  personnelle  de  la  part 
de  M.  Emile  de  Girardin,  dans  le  cas  où  des  cir- 
constances majeures  et  imprévues  viendraient 
•'opposer  à  ce  que  le  nombre  de  cent  volu- 
mes leur  fût  complété,  de  leur  rembourser, 
à  raison  de  dix  francs  l'un,  tous  ceux  man- 
quant à  ce  nombre. 

La  Société  n'en  continuerait  pas  moins 
d'avoir  son  effet  pour  tous  les  volumes  fa- 
briqués, tr.nt  à  l'égard  des  bénéfices  annuels 
auxquels  donnerait  lieu  leur  écoulement  suc- 
cessif, qu'à  l'égard  de  la  valeur  matérielle 
des  clichés  lors  de  leur  licitation. 

De  plus,  un  compte  portant  intérêt  à  cinq 
pour  cent  l'an,  sera  ouvert  à  chacun  des  ac- 
tionnaires qui  verseront  ainsi  par  anticipation 
le  prix  de  leur  souscription.  Cet  intérêt  dé- 
croîtra nécessairement  dans  la  progression 
du  prix  des  volumes,  successivement  porté  à 
leur  débit. 

Par  suite  de  conventions  et  d'échanges 
entendus  avec  les  éditeurs  de  plusieurs  ou- 
vrages déjà  réimprimés  par  eux  dans  le  même 
format  et  avec  les  mêmes  caractères  que 
ceux  du  Panthéon  littéraire,  les  souscrip- 
teurs-actionnaires jouiront  de  la  faculté  de 
choisir  les  cent  volumes  qu'ils  préféreront  sur 
un  nombre  de  cent  cinquante  environ.  Dès 
ce  jour,  cinquante  volumes  sont  à  leur  dispo- 
sition, soit  en  totalité,  soit  en  partie,  ce  qui 
forme  déjà  la  contre-valeur  de  la  moitié  du 
prix  de  leur  action. 

Coupons  d'actions  de  S'O  fuancs  (1). 
Chaque  action  de  1 ,000  francs  sera  divisée 
en  4  coupons  d'actions   de  250  francs  l'un; 


(1)  Chaque  action  est  fractionnée  en  4  coupons  por- 
tant les  lettres  A.  B  C  D.  Au  premier  paiement  de  2.',0 
francs  effectué  par  l'un  des  premiers  souscripteurs,  le 
coupon  A  lui  est  remis,  au  second  paiement  le  cou- 
pon B,  et  ainsi  successivemienl. 


de  sorte  que  le  porteur  d'une  action  de 
1,000  francs  qui  ne  voudra  souscrire  qu'à 
■25,  î>0  ou  7.S  volumes,  pourra  rétrocéder  à 
son  gré,  par  voie  de  simple  endos,  t,  2  ou  5 
de  ses  coupons. 

Tout  actionnaire  a  la  faculté  de  demander 
autant  d'exemplaires  qu'il  le  voudra  des 
mêmes  ouvrages,  à  valoir  sur  le  nombre  de 
100  volumes.  Quatre  personnes  pourront 
donc  se  réunir  pour  souscrire  à  4  exemplaires 
des  mêmes  ouvrages  parmi  les  volumes  en 
vente,  jusqu'à  concurrence  de  quatre  fois  le 
nombre  25,  sauf  ensuite  à  se  partager  entre 
elles  les  couponsde  leur  action.  Cette  action 
leur  sera  évidemment  délivrée  à  TITRE 
GRATUIT,  puisqu'elles  recevront  ainsi,  sans 
courir  un  seul  moment  la  plus  légère  chance 
d'éveiitualité,  la  contre-valeur  réelle  de  leur 
versement  de  1,000  francs. 

Objets  des  Actions. 

Les  actions  qui,  sur  le  nombre  de  1,000 
fixé,  ne  seront  pas  placées,  resteront  la  pro- 
priété de  M.Emile  de  Girardin,  seul  chargé 
de  subvenir  aux  avances  de  capitaux,  les 
actions  émises  n'étant  dans  la  réalité  qu'un 
échange  de  valeur  et  non  un  versement  de 
fonds,  qu'une  aliénation  gratuite  et  volon- 
taire de  la  moitié  de  la  propriété  du  matériel 
et  des  bénéfices  de  l'entreprise  consentie  par 
M.  Emile  de  Girardin  au  profit  des  souscrip- 
teurs, à  l'effet  d'assurer  le  prompt  achève- 
ment du  Panthéon  littéraire. 

Direction    générale. 

Art,  5.  M.  Emile  de  Girardin  se  réserve 
expressément  de  s'adjoindre,  soit  pour  la  di- 
rection littéraire,  soit  pour  l'administration 
générale,  plusieurs  auxiliaires;  dans  le  cas 
de  démission  de  sa  part,  tous  pouvoirs  lui 
sont  doiuiés  dès  ce  jour  par  le  présent  acte 
pour  la  nomination  légale  du  successeur, 
qu'il  présentera,  dans  ce  cas,  à  l'assemblée 
générale  des  actionnaires,  convoqués  extra- 
ordinairement  à  cet  effet. 

Art.  6.  Chaque  année,  le  51  juillet,  les 
comptes  seront  soumis  aux  souscripteurs- 
actioimaires  en  assemblée  générale. 

Tout  porteur  d'une  action  ou  de  4  coupons 
aura  le  droit  de  s'y  présenter. 

Ces  comptes  consisteront  à  produire, 
d'une,  part: 

1"  Les  déclarations"  de  tirage  des  impri- 
meurs de  la  Société  signées  par  eux  et  cer- 
tifiées. 

2«  La  déclaration  conlradicloire  signée  et 
certifiée  du  libraire  de  la  Société,  portant 
le  nombre  d'exemplaires  écoulés  par  son 
entremise  en  conformité  avec  ses  livres  de 
commerce. 


10 


30  L'inventaire  général  des  magasins  de 
la  Société. 

D'autre  part,  les  comptes  consisteront  à 
justifier  que  toutes  sommes  provenant  des 
ventes  ont  été  exactement  portées  au  crédit 
de  la  Société. 

Ces  comptes  seront  arrêtés  pir  cinq  com- 
missaires que  les  actionnaires  présens  à 
l'assemblée  générale  devront  nommer  à  la 
pluralité  des  voix. 

L'exemplaire  attribué  à  chaque  actionnaire 
neserapascomprisdynsle  nombre  des  exem- 
plaires dont  le  libraire  de  la  Société  aura 
à  lui  tenir  compte.  Il  y  aura  lieu  à  la  réparti- 
lion  d'un  dividende  dès  que  le  nombre  des 
exemplaires  vendus  par  son  entremise  dé- 
passera deuy  mille.  Ce  dividende  peut,  dès 
à  présent,  être  aveccerlitude  évalué  à  â5,ooo 
fr.  par  chaque  cent  exemplaires  de  la  collec- 
tion qui  s'écoulera  au-delà  du  nombre  de 
deux  mille  reconnu  nécessaire  à  l'extiiic- 
tion  des  frais  dits  décroissans.  Lst  répartition 
annuelle  des  bénéfices  se  fera  le  31  juillet 
d'après  état  arrêté  au  1*''  du  même  mois. 

Dispositions  géïtérales. 

Art.  7.  En  cas  de  décès  de  M.  Emile  de 
Girardin,  la  Socrélé  ne  sera  pas  dissoute. 
L'administrateur  qu'il  se  propose  de  s'ad- 
joindre le  remplacera  de  d  oit,  s'il  n'a  pu 
soit  confirmer  dans'  celte  fonction,  soit  en 
désigner   un  autre  à  sa  place. 

Art.  8.  Son  successeur  sera  tenu  person- 
nellement envers  la  Soi^élé  de  remplir  les 
cngagcmens  stipulés  dans  le  présent  acte, 
ainsi  que  ceux  contractés  envers  les  héri- 
licrs  de  M.  Emile  de  Gir.irviin.  Faute  par 
lui  de  faire  convenablement,  les  intéressés 
pourront  r(!qucrir  le  président  du  tribunal 


de  commerce  de  la  Seine  de  lui  nommer  an 
remplaçant. 

Apr.  9.  Lors  de  la  dissolution  de  la  Scziété, 
le  mrjtAriel  se  composant  des  clichés,  volu- 
mes en  magasin,  seront  licites,  pour  le  prix 
en  être  partagé  entre  chacun  des  ayant  droit 
dans  les  proportions  fixées  en  l'article  4  ci- 
dessus. 

Art.  10.  Toutes  difficultés  qui  pourront 
survenir  seront  jugées  par  arbitres  à  l'aoïia^ 
ble  et  en  dernier  ressort. 

Art.  il.  {]n  conseil  composé  de  MM, 
CoTELLE  et  Dbeux  ,  notaires  ;  Crémieux, 
avocat  aux  conseils  du  roi  ;  Paillard  de 
ViLLEKEcru,  Callet  DE  St-Pacl,  avocats  ; 
CoLLOT,  avoué  ,  assistera  le  directeur  de  la 
Société  dans  la  rédaction  de  tous  les  actes, 
traités  et  marchés  qui  l'engageront. 

MM.  André  et  Cottier  ,  Rougemont  de 
LowEMSEKG,  Oi'PERUANîc,  banquiers;  Bai- 
«NÈxcs  et  Caillât,  agcns  de  change,  à  l'ap- 
probation desquels  le  présent  acte  a  été. 
soumis  ,  reconnaissant  qu'aucun  risque  de 
perte  n'est  encouru  pir  les  soumissIoBr 
naires  d'actions,  puisqu'ils  reçoivent  la  con- 
tre-valeur de  la  somme  qu'ils  versent,  et  que 
d'autre  part  des  chances  de  bénéfice  con- 
sidérable peuvent  résulter  pour  eux  de  l'ex- 
ploitation exclusive  décent  volumes  clichés, 
se  sont  chargés  du  placement  des  actions; 
le«i  demandes  devront  être  adressées;  à  l'un 
d'eux. 

ELECTIOX    de    DOltICILE. 

Pour  l'exécution  des  présentes,  M.  Emile 
dcGirardia  fsil  élection  de  do:nicile  au  siège 
de  la  Société,  à  Paris,  rue  St-Georges,  n.  H. 

Dont  acte  fait  et  passé  à  Paris,  le  vingjl- 
trois  mars  18r>6. 


EX  i  RAÎT  DE   L 'L\[TR0D:JCTI0.V   GÉXÉRALE 


Aussitôt  que  l'homme,  devenu  maître  de 
la  direction  de  ses  travaux,  a  acquis  les  élé- 
mens  nécessaires  de  l'art ,  du  métier,  de  la 
science  auxquels  il  dévoue  son  avenir,  sa  pre- 
mière pensée  se  tourne  vers  les  moyens  de 
faire  servir  la  science  des  autres  à  la  sienne, 
afin  de  faire  le  plus  possible  en  moins  d'heu- 
res données,  de  ne  pas  user  ses  efforts  à  in- 
venter ou  à  exécuter  ce  qui  a  été  exécuté  et 
iiiveiité  avant  lui,  et  de  faire  ai.isi  la  plus 
profitable  des  économies,  celle  du  temps. 
C'est  à  ce  preiiiier  degré  des  études  libres 
qu'apparliennent  le»  diclio;inaires  de  tous 
les  genres ,  les  manuels ,  les  compilations 


d'actes  ci  de  faits ,  serres  d'outils  indispen- 
sables à  chaque  profession. 

Bientôt  on  sent  qu'on  se  meut  avec  plus 
de  facilité  dans  la  sphère  qu'on  s'est  tracé*"; 
on  tourne  ses  regards  autour  de  soi;  on  veut 
se  mêler  avec  les  autres  hommes,  parler  la 
même  latigue  qu'eux,  peser  leurs  idées  pour 
les  rejeter  ou  les  adopter  avec  fruit ,  savoir 
enfin  si  ce  qu'on  vante  ou  ce  qu'on  blâme, 
ce  qu'on  néglige  ou  ce  qu'on  recherche  ar- 
demment ,  mérite  en  effet  ce  blâme  ou  ces 
éloges,  ces  sacrifices  ou  cet  oubli.  C'est  pour 
répondr*  à  cotte  direction  que  preiment  les 
idées  d'un  peuple  qui  avance  ,  que  se  sont 


nmUîpliccs  et  se  nuiltiplioronl  long-leiiips 
encore,  sous  loufes  les  formes,  pour  tous  les 
goùls,  cl  iiïèiiic  pour  toutes  les  passions  et 
tous  les  caprices  les  plus  mobiles,  1rs  jour- 
naux el*>nblicatioiis  périodiques  de  littéra- 
ture, de  science,  de  politique,  de  conversa- 
lion  ,  d'art ,  d'utilité  ou  de  mode  ,  véritable 
encyclopédie  progressive  qui  multiplie  indé- 
finiment les  rapports  entre  les  intelligences 
des  hommes,  instrument  puissant  de  contact 
et  d'uiiion.  Pondant  que  beaucoup  se  créent 
ainsi  un  fond  cunwnun  d'idées  par  ces  lectu- 
res journalières  ,  régularisent  leurs  éludes  , 
rectifient  leurs  notions  et  acquièrent  le  goût 
des  livres,  d'autres,  plus  aisés  ou  plus  aran- 
rés,  commencent  l'édifice  d'une  petit*  biljlio- 
thèque.  L<à ,  à  côté  des  manuels  et  diciion- 
•  oaireâ  de  leurs  études  spéciales  ,  et  des 
journaux  de  leur  affection,  viennent  se  grou- 
per peu  à  peu  les  écrivains  récens  qui  ont  eu 
une  vive  action  sur  notre  société  :  les  Déran- 
ger, les  Chateaubriand,  les  Benjamin  Cons- 
tant, les  Lamennais,  les  Lamartine,  déjà  élevés 
au  rang  de  classiques,  puis  tout  ce  qui  se  rap- 
porte à  l'homtnc  colossal  dont  le  génie  occupe 
si  puissamment  l'entrée  du  xix»  siècle. 

Ici  commence  la  composition  réelle  d'une 
bibliothèque  :j'jsque-lcà  on  avait  des  volumes; 
<m  n'avait  pas  de  lien  qui  les  rattachât  et  en 
fit  un  corps.  Le  moment  tarde  peu  de  vouloir 
connaître  à  leur  tour  les  hommes  qui  ont 
imprimé  à  notre  société  moderne  ce  rapide 
mouvement  intellectuel  qui  la  pousse  en 
avant  :  les  Voltaire,  les  Rousseau  ,  les  Mon- 
tesquieu ,  de  la  tète  desquels  s'échappent , 
comme  d'une  auréole  ,  les  rayons  qui  nous 
éclairent  encore.  Uiie  fois  les  tablettes  gar- 
nies de  ces  héros  littéraires  de  Dotre  temps, 
l'esprit  national  s'agrandit,  et  les  grands  clas- 
siques fraiiçais  du  siècle  de  Louis  XIV  vien- 
aent  prendre  un  rang  d'honneur  à  côté  de 
leurs  disciples  et  de  leurs  émules. 

Jusqu'ici  tout  se  classe  avec  ordre  et  sim- 
plicité. Arrivé  à  ce  point,  toute  facilité  cesse, 
et  on  ne  rencontre  p'us  qu'obstacles  de  tout 
genre. 

Sur  ces  lableUes^  que  sont  venus  succes- 
sivement orner  tous  les  chefs  d'ordre  de 
rinteliigenee  nationa'e  depuis  Louis  XIV, 
aspirent  à  venir  prendre  rang,  comme  une 
escorte  digne  de  leur  faire  cortège  ,  les  plus 
beaux  génies  des  nations  antiques  et  étran- 
gères dont  I;î  gloire  a  nationalisé  le  nom  parmi 
nous  ,  et  quelques  hommes  do  tdent  supé- 
rieurs parmi  If's  liôtres,  auxquels  il  n'a  man- 
qué souvent  que  la  bonne  fortune  d'un  meil- 
leur format  pour  prendre  place  à  côté  de  leurs 
plus  glorieux  ou  plus  utiles  compatriotes. 
Mais  comment  choisir,  comment  établir  un 


peu  d'ordre  dans  ce  chaos  de  noms  et  de  volu- 
mes divers  ,  surchargés  ,  comme  le  sont  la 
plupart  ,  d'un  lourd  fardeau  d'érudition  ,  et 
obscurcis  encore  par  l'appareil  des  textes  et 
le  pédantisme  des  gloses  et  conmientaires? 
Qu'une  femme  désireuse  de  saine  instruction, 
qu'unjeune  homr.ic  avide  de  savoir  pour  la 
première  fois  ce  qu'il  y  a  au  fond  de  tous  ces 
chefs-d'œuvre  qui  ont  fatigué  sa  distraction 
de  collège,  veuillent  lire,  par  exemple,  les 
historiens  ,  orateurs  ,  philosophes  grecs  et 
latins,  et  ils  ne  leur  apparaîtront  que  dans 
d'énormes  in-folio,  ou  de  pondércux  in-40, 
ou  des  in-8*  sans  fin,  embarrassés  de  notes 
et  textes  en  regard.  Est-ce  sur  les  chefs- 
d'œuvre  des  langues  modernes  qu'ils  veulent 
porter  leurs  études?  les  volumes  se  multi- 
plient avec  une  effrayante  prodigalité;  et  pour 
peu  qu'on  sorte  du  cercle  des  écrivains  con- 
temporains, le  prix  \énal  des  ouvrages  gros- 
sit d'une  manière  effrayante  pour  ceux  même 
qui  échappent  au  luxe  des  reliures.  Voulez- 
vous  avoir  un  Bacon?  ce  sont  quinze  minces 
volumes,  assez  rares,  que  vous  paierez  1 20  f.; 
un  Descartes?  vous  surchargerez  vos  tablet- 
tes de  onze  volumes  qui  vous  couleront  90  f.; 
un  Shakespeare  traduit  ?  vous  aurez  treize 
volumes;  un  Froissart?  vous  en  aurez  seize. 
Et  pour  l'amateur  parisien  ce  haut  prix  s'ac- 
croîtra encore  du  prix  des  nouvelles  pièces 
qu'il  sera  forcé  d'ajouter  à  son  appartement, 
sous  peine  de  se  voir  arrêté  dans  la  satisfac- 
tiot)  d'un  goût  raisonuoble. 

Le  Panx:  ioN  Littéraire  présentera  dans 
les  différons  siècles  tout  ce  qui  a  secondé 
et  hâté  le  mouvement  progressif  de  l'intelli- 
gence humaine  ;  mais  il  ne  présentera  rien 
qui  ne  soit  sanctionné  par  l'admiration  des 
homnics  de  tous  lestempselde  tous  les  lieux. 
Suivre  la  marche  de  l'esprit  humain,  depuis 
le  jour  où  l'homme  put  se  continuer,  pour 
ainsi  dire,  en  transmettant  à  ses  descendans 
sa  parole,  sa  pensée,  son  individualité  parle 
secours  d'une  langue  écrite,  épurée  par  une 
civilisation  avancée,  c'est  tracer aussiàgrands 
traits  l'historique  de  cet!e  collection. 

Ce  sont  les  Grecs  qui  ouvrent  la  lice  litté- 
raire, et  à  la  tête  de  tous  brille,  par  droit  de 
génie  comme  par  droit  d'antiquité ,  le  vieil 
Homère,  père  de  la  belle  langue  hellénique, 
père  de  la  poésie  universelle.  A  côté  de  lui 
par  l'ordre  des  temps,  mais  bien  éloigné  par 
l'ordre  de  l'intelligence,  marche  le  bon  Hé- 
siode ,  classificateur  des  dieux  de  l'Olympe 
antique.  Jusqu'au  grarid  siècle  où  les  héroï- 
ques balaiiles  de  Marathon  et  des  Thermo- 
pyles  assurèrent  ,  cinq  cents  as'.s  après  , 
l'indépendance  des  petites  républiques  grec- 
ques, on  'lit  surgir  sans  doute  un  grand  nom- 


18 


hre  de  philosophes  et  de  poêles  du  second 
ordre  ;  mais  le  génie  semblait  prendre  un 
instant  de  repos  pour  pouvoir  s'élancer  en- 
suite d'un  seul  essora  loule  sa  hauteur.  Tous 
les  gran'ls  écrivains  grecs  parurent  alors  en 
même  temps,  et  ces  hardis  essais  dans  l'his- 
toire, r.-^rt  dram  ilique,  la  poésie  lyrique,  la 
philosophie  et  l'éloquence,  sont  rcsiés  des 
modèles  qu'aucun  écrivain  n'a  encore  sur- 
passés. 

Tout  génie  comme  toute  scienre  et  toute 
philosophie  n'étaient  pas  toutefois  concen- 
trés exclusivement  sur  ce  seul  point  du 
monde,  et  à  la  même  époque  nous  voyons,  à 
un  siècle  l'un  de  l'autre,  apparaître  en  Asie 
les  deux  philosophes  Confucius  et  Meng- 
Tsius,  comme  pour  protester  en  faveur  de  la 
répartition  universelle  et  égale  des  facultés 
de  l'intelligence  à  tous  les  fils  des  hommes. 

Un  nouveau  peuple  va  réclamer  sa  part  à 
la  gloire  littéraire.  Rome  a  conquis  la  (irèce, 
en  lui  laissant  comme  un  appât  le  nom  sonore 
de  liberté  proclamé  dans  les  jeux  islhmiques, 
et  avec  la  Cirèce  elle  a  conquis  les  arts  et  les 
lettres,  qui  peuvent  la  corrompre  on  l'im- 
morlaliser.  I^a  littérature  romaine  csl  toute 
d'imita.tioii  grecque  :  PlaUtc  et  Térence  com- 
mencent avec  éclat  celte  série  d'auteurs 
cminens,  si  glorieusement  accrue  par  les  trois 
grands  poètes  de  la  période  augustine,  tandis 
que  Cicéron  fait  parler  pour  la  première  fois 
au  latin  assoupli  la  noble  langue  île  l'élo- 
quence et  de  11  philosophie,  et  que  César  et 
Salluste  lui  fraient  une  voie  où  il  doit  lui 
survenir  ensuite  tant  d'homieurs,  lorsqu'elle 
sera  suivie  par  le*  Tite-Live  et  les  TacHe. 

Pendant  la  marche  ascendante  de  sa  rivale 
de  Rome,  cette  (Irèce,  où  depuis  trois  mille 
ans  ne  s'est  jamais  complètement  éteint  le 
flambeau  des  lettres,  continue  à  jeter  encore 
d'intervalle  à  autre  quelques  vifs  éclats  de  lu- 
mière. 

Mais  notre  monde  vient  de  changer  d'as- 
pect; de  simples  et  obscurs  pêcheurs  sont 
devenus  les  dépositaires  de  la  science  et  de 
!a  philosophie  nouvelles.  Saint  Paul  s'est  fait 
entendre  dans  les  écoles  d'Athènes  ;  saint  Jé- 
rôme et  saint  Augustin,  deux  des  plus  hauts 
esprits  des  siècles  passés,  ont  fait  respecter 
1  e  caractère  scientilique  des  apôtres  du  chris- 
tianisme ;  Conslanlin  l'a  assis  à  côté  de  lui 
sur  le  trône  ,  et  c'est  mainlenant  dans  cette 
direction  que  va  marcher  l'inlelligence  de  la 
Grèce  et  de  Rome.  Saint  Jean-Chrysostôn)e, 
dans  l'éloquence  grecque,  saint  (îrégoirc  et 
Boèce ,  dans  l'éloquence  et  la  philosophie 
latines,  rappellent  souvent  les  belles  époques 
de  l'antiquité.  Toutefois  ,  l'histoire  .  qui  vit 
d'une  critique  indépendante,  et  In  poésie,  qui 


aime  à  se  créer  le  monde  où  elle  va  libre- 
ment déployer  ses  ailes,  restèrent  plusieurs 
siècles  ensevelies,  comme  des  objets  profa- 
nes, sous  les  ruines  du  paganisma  Le  génie 
littéraire,  honteux  d'aspirer  à  la  vanité  de  la 
gloire  ,  se  condamwa  lui-même  à  un  pieux 
silence,  sous  la  discipline  absolue  de  la  règle 
chrétienne.  Mais  le  droit  au  génie  ne  peut 
se  prescrire ,  et ,  en  même  temps  que  le 
monde  européen  semblait  frappé  de  torpeur. 
un  grand  homme  imprimait  un  mouvement 
commun  aux  races  dispersées  de  l'Arabie  , 
leur  domiait  une  religion,  un  code,  une  lan- 
gue ,  une  poésie.  Pendant  l'affaissement  du 
génie  grec  et  latin  ,  du  vii«  au  xn»  siècle  , 
l'arène  littéraire  n'est  occupée  avec  honneur 
que  par  les  poètes  ,  les  savans  ,  les  philoso- 
phes de  l'école  de  Mahomet ,  qui  réagissent 
à  la  fois  sur  nous  par  leurs  conquêtes  en  Es- 
pagne et  dans  les  Deux-Siciles ,  et  par  les 
nôtres  sur  eux  au  temps  des  croisades. 

Il  fallait  peut-être  ce  long  repos  intellec- 
tuel à  l'Europe  pour  laisser  aux  matériaux 
qui  allaient  composer  les  langues,  les  littéra- 
tures et  la  civilisation  modernes,  le  temps  de 
s'élaborer  et  de  s'assimiler  entre  eux.  Les 
peuplades  guerrières  du  Nord  avaient  dis- 
persé les  lambeaux  du  vieux  sol  romain  ;  de 
nouvelles  lois,  de  nouvelles  mœurs,  de  nou- 
velles langues  allaient  prendre  une  existence 
et  un  nom.  C'est  au  xn*  siècle  qu'on  aperçoit 
poindre  presquepartoul  les  germes  des  fruits 
que  nous  cueillons  aujourd'hui.  A  la  Provence 
revient  la  gloire  d'avoir  fait  ses  premières 
armes  dans  la  lice  et  d'avoir  enseigné  les 
lois  du  combat.  Le  xii»  et  le  xiii*  siècle  sont 
r<âge  d'or  des  troubadours  de  la  Provence  ; 
et  c'est  de  là  que  l'art  de  poétiser  se  répan- 
dit en  Sicile  et  en  Catalogne  ,  pour  hâter  le 
développement  des  belles  langues  italienne 
et  castillane. 

Ce  fut  un  prince  grandi  sur  notre  sol , 
GuilIanme-le-Bâtard,  qui  eut  l'honneur  d'en- 
courager les  premiers  bégaiemens  de  la  muse 
française.  La  cour  des  rois  anglo-normands 
devint,  du  xn«  au  ?;iv«  siècle,  le  rendez-vous 
de  tous  les  poètes  de  la  France  du  nord.  C'est 
en  Angleterre  que  Wace  et  Benoist  de  Saint- 
More  ont  écrit  leurs  poèmes  cycliques,  et  Ma- 
rie, ses  lais  armori-ains. 

Déjà  l'élan  était  donné  partout;  l'Europe 
sortait  du  pénible  enfantement  de  la  société 
moderne;  toutes  les  nations  s'élançaient  avec 
ardeur  dans  la  lice,  l'Italie  en  première  ligne, 
fière  de  présenter  à  sa  tête  pour  son  coup 
d'essai  des  hommes  tels  que  le  Dante  ,  Pé- 
trarque, Boccaccet  Villani  ;  puis  la  péninsule 
hispanique  avec  ses  trois  langues  rivales,  de 
la  Castillc  ,  du  Portugal  et  de  la  Catalogne; 


15 


puis  la  France,  heureuse  d'avoir  à  offrir  dès 
sa  naissance  des  images  gracieuses ,  comme 
celle  (lu  roman  delà  Rose,  si  copié,  si  lr;iduit, 
si  envié,  si  oublié  aujourd'hui ,  et  un  historien 
tel  que  le  poétique,  le  consciencieux,  le  naïf 
Froissart ,  qui  réunit  le  charme  le  plus  en- 
traînant (lu  style  à  l'intérêt  (ont  dramatique 
du  sujet. 

La  littérature  anglaise  ne  naît  qu'un  peu 
plus  lard.  Il  arriva  alors  en  Angleterre  ce 
qui  était  arrivé  en  France  à  l'extinction  des 
dcscend.ins  de  Charlemigne.  La  langue  ger- 
manique, idiome  des  souverains  français  de 
race  allemande  ,  avait  été  remplacée  par  le 
français,  tout  informe  encore,  qui  était  l'idio- 
me des  nouveaux  souverains  de  race  plus  na- 
tionale. En  Angleterre  aussi ,  à  la  mort  des 
cnfinsdeGuillaume-lc-Bàtanl  et  des  premiers 
conquérans ,  le  frani^ais  tomba  en  désuétude , 
comme  langage  habituel,  même  avant  qu'E- 
douard en  eût  interdit  l'usage  dans  les  tribu- 
naux ,  et  l'anglais  commença  à  s'élever  da 
peuple  aux  grands.  Chaucer,  chantre  de  cour, 
est  en  même  tenips  écrivain  populaire. 

De  tels  succès  dans  les  langues  nationales, 
et  avec  des  élémens  purement  nationaux , 
faisaient  présager  le  plus  bel  avenir  à  toutes 
ces  littératures  spontanées.  Le  moyen-<âge 
avait  obtenu  son  drame,  son  épopée,  sa  poé- 
sie, son  histoire,  comme  sa  sculpture  et  son 
architecture  civile  et  religieuse,  lorsque  tout- 
à-coup  la  résurrection  des  modèles  antiques, 
sortis  de  la  poussière  humide  des  bibliothè- 
ques, l'invention  de  i'imprimerie,  qui  en  pro- 
pagea la  connaissance  ,  et  la  dispersion  (ïans 
toutes  les  écoles  des  bannis  de  Constantino- 
ple  ,  qu'accueillait  la  sympathie  universelle 
de  la  chrétienté,  frappée  en  eux  ,  rejetèrent 
l'esprit  humain  .  de  la  voie  nationale  où  il 
commençait  à  marcher  dans  sa  force  et  dans 
sa  liberté,  dans  la  voie  d'imitation  de  modè- 
les bien  plus  purs  ,  mais  moins  appropriés, 
de  l'arl  antique. 

L'individualité  du  moyen-âge  ne  s'éteignit 
pas  toutefois  si  rapidement,  et  les  premiers 
honmies  de  la  renaissance  conservent  encore 
un  haut  caractère  d'indépendance.  En  An- 
gleterre, Shakespeareet  Bacon;  en  Italie,  Ma- 
chiavel et  l'Arioste  ;  en  Portugal ,  Gil  Vicente 
et  Camoëns;  en  Espagne,  Cervantes  et  Lope 
de  Vega  ;  dans  les  pays  de  race  allemande  , 
Erasme  et  Luther,  et  en  France,  Rabelr.K  , 
Montaigne  et  Calvin  ,  conservent  tous  dans 
leur  allure  la  libre  fierlé  du  génie. 

Ce  génie  tendait  à  s'affaiblir  en  se  régulari- 
sant ,  surtout  lorsqu'il  était  forcé  de  marcher 
dans  les  voies  tracées  par  les  anciens  :  c'est 
ce  gui  arriva  au  genre  tragique,  à  l'histoire, 
à  l'épopée.  Les  genres  nouveaux  permirent 


un  plus  indépendant  essor ,  et  la  comédie  , 
l'apologue  et  l'éloquence  sacrée  purent  se 
créor  leurs  ftirmes  et  leur  langage.  Aux 
grands  spectacles  du  moyen-âge,  où  tout  se 
passait,  comme  dans  l'antiquité,  sur  les  pla- 
ces publiques,  avaient  succédé  les  jeux  moins 
bruyans  d'une  société  choisie.  Le  salon  allait 
remplacer  le  forum  et  les  cours  plénières. 
Le  grand  siècle,  le  siècle  de  Louis  XIV  se 
présente  avec  son  élégance  de  cour,  qui  dis- 
simule mal  d'abord  le  vieil  esprit  de  la  Ligue 
et  (le  la  Fronde,  et  avec  toute  sa  pompe,  dans 
laquelle  se  confondent  toutes  les  individua- 
lités en  présence  de  l'éclat  d'un  seul  homme. 
Le  reste  de  l'Europe  semble  conquis  <à  tant 
de  gloire,  et  sa  littérature  n'est,  pour  ainsi 
dire,  pendant  cent  ans  qu'un  reflet  effacé  de 
la  ntjtre. 

A  la  mort  de  Louis  XIV,  qui  était  deve- 
nu pendant  sa  longue  domination  le  point 
culminant  de  l'unité  monarchique,  religieuse 
et  littéraire,  chacun,  peuple»  et  individus, 
cherche  à  rentrer  dans  son  indépendance. 
Les  premiers  jours  semblent  comme  une 
anarchie  de  la  pensée;  mais  après  la  régence, 
la  guerre  des  sept  ans,  l'expulsion  des  jésui- 
tes de  Portugal  et  l'établissement  paisible 
de  la  maison  de  Brunswick  en  Angleterre, 
l'esprit  humain  ,  assuré  désormais  de  son 
triomphe  sur  des  ennemis  obstinés  à  dé- 
fendre une  cause  déjà  perdue,  apprend  à 
régulariser  sa  marche.  Voltaire,  Rousseau  et 
Montesquieu,  en  France  ;  Beccaria,  Vico  et 
Filangieri,  en  Italie;  Feijoo,  Campomanes  , 
Jovellanoset  lepère  Isia,  enEspagne;  Locke, 
Gibbon  et  Robertson,  en  Angleterre;  Frank- 
lin, dans  le  Nouveau-Monde,  ont  annoncé 
l'ère  nouvelle  de  la  régénération  de  la  pen- 
sée. La  révolution  française  achève  d'apla- 
nir les  obstacles  qui  arrêtaient  encore  sa 
marche,  et  un  nouveau  pays  se  présente 
déjà  tout  glorieux  dans  la  lice,  soutenu  de 
ses  Leibnitz,  de  ses  Klopslock,  de  ses  Schil- 
ler et  de  ses  Goethe. 

Nous  veici  parvenus  parmi  nos  contempo- 
rains, au  milieu  de  celte  littérature  mili- 
tante qui  se  cherche  partout  un  point  d'ap- 
pui, en  même  temps  que  la  société  elle- 
même  cherche  les  croyances  sur  lesquelles 
elle  doit  le  faire  poser.  Maîtres  du  passé, 
nous  deviendrons  meilleurs  juges  des  débats 
du  présent,  et  notre  esprit,  agrandi  par  l'é- 
tude des  classiques  de  l'antiquité ,  de  la 
France  et  de  l'étranger,  pourra  suivre  avec 
plus  d'intérêt  les  efforts  de  chacun  vers  le 
but  auquel  doivent  tendre  tous  les  efforts  : 
l'utilité  et  l'amélioration  de  tous. 

Le  but  que  nous  nous  sommes  proposé 
étant  l'utihté  de  tous,   il  fallait  que  notre 


travail  fut  d'abord  consciencieux  et  bien  fait, 
el  qu'ensuite,  pir  son  mode  ije  publicaîion, 
il  s'adressât  au  public  le  plus  nombreux. 
Plus  jaloux  de  repamlre  flans  la  nation  en- 
tière une  itistrurliw  éleridue.  variée  et  so- 
lide, que  le  goùl  des  formes  purement  liltç- 
raires;  plus  j.duux  d'élever  un  moniinicnl 
accessible  à  tùu«,  qu'un  sanctuaire  réservé 
à  la  classe  spéciale  des  pbilulogucs ,  nous 
laisserons  de  côié  les  textes,  et  nous  nous 
contenterons  de  donner  les  meilleures  tra- 
ductions. 

Un   luxe  plus  inutile  encore  est  de  snr- 
charger   les    œurres    d'un    grand   écrivain 
d'une  foule  de    proiiuctions  médiocres  ou 
insignifiantes,  par  l'unique  n.ison  que,  dans 
un  jour  néfaste,  elles  cH-happèrcntà  sa  plume 
trop  facile,   ou   qu'elles  furent  le   premier 
bégaiement  ou  le*  dernièrps  réminiscences 
de  son  talent,  fruits  sans  saveur  de  l'arbuste 
encore  débile  ou  du  vieil  arbre  d'où  la  sève 
s'est  retirée.  Nous  évoquerons  tous  les  gé- 
nies; nous  ferons   appel  k   tous   Les  morts 
illustres;  mais  de  tout  ce  qu'ils  ont  dit  nous 
ne  leur  ferons  redire  que  ce  qu'eux-mêmes 
signeraient    de    nouveau  ,     dans     l'unique 
intérêt    de    leur    gloire.  On    conçoit    que 
le  même  sentiment  de  convenance  nous  in- 
terdira plus  ri.8;ourcusement  enco,'e  les  pro- 
ductions apocryphes,  ainsi  que  les  lourds  et 
diffus  comment.iires   que  la  oupidilié   mer- 
cantile ou  le  [)édantisn>e,  bien  plus  que  l'a- 
mour écl'jiré  de  la  scicmc,  ont  réussi  par- 
fois à  faire  marcher  à  la  suite  d'un  chef- 
d'œuvre,   et  qu'il  est  devenu  ,  on  ne  sait 
pourquoi,  d'usage  de  reproduire   d'édition 
en  édition.  Nous  serons  sobres  de  travaux 
accessoires  et  de  notes,  et  nous  ne  les  ad- 
mettrons que  là  où  ils  seront  vraiment  indis- 
pensables, nous  engageant  à  apporter  dans 
leur  choix  ou  dans  leur  confection  l'cxpmen 
le  plus  sévère.   Nous  jious  bornerons  ,  en 
général,  à  une  courte  biogrnphie  et  à  une 
notice  dans  lai(uelle,  à  la  suite  des  produc- 
tions par  nous  publiées,  nous  mentionnerons 
avec    soin  ioulcs  les  autres  du  même  auteur 
qui  nous  ont  paru   moins  dignes  d'être  re- 
cueillies. Nous  analyserons  les  plus  iiiipor- 
tarilcs   et   signalerons    les    meilleures  édi- 
tions. De  celle  manière,  sans  qu'il  soit  be- 
soin de  se  latiguer   à  l'invesligalion  minu- 
tieuse d'une  foule  de  pièces,  plus  judicieu- 
sement réservées  à  l'insatiable  curiosi(é  de 
rérudit,  on    ne   sera  cependant  étrjnger  à 
aucun  écrivain  el  à  aucune  œuvre  un  peu 
célèbre. 

Dans  l'ct't  actuel  de  la  librairie,  l'honuiie 
du  monde  qui,  pour  son  usage,  entrepren- 
drait de  former  une  scnddahle  collection, 
consumerait  peut-être  une  année  entière 
en  demandes  et  en  courses  fastidieuses,  et 
encore,  après  avoir  inlerrogé  tous  les  cata- 
logues de  la  librairie  nouvelle,  fouillé  tou- 
tes les  arrière  -  boutiques  de  l'ancieime  , 
exploré  les  parapets  de  Ions  les  quais  de  la 
capitale  pour  se  procurer  des  éditions  cor- 
rectes ou  devenus  rares,  ne  parviendrait-il 


qu'à  obtenir  un  amas  informe  de  livres,  la 
plupart  inélégans ,  de  tout  âge  ,  di"  toute 
édition,  de  tout  forma!;  il  en  est  même  quel- 
ques-uns qu'il  serait  impossible  de  <;e  pro- 
curer, «cl  que  nous  serons  les  premiers  à 
offrir  au  public  dans  notre  langue. 

A  tout  homme  jaloux  de  cultiver  son  es- 
prit, nous  présenterons  ainsi  la  nourriture 
intellectuelle  la  plus  variée,  la  plus  saine  el 
la  plus  substantielle.  Est-il  homme  de  pen- 
sée? Qu'il  soit  poète,  savant,  artist»,  avocat, 
publiciste,  médecin,  notre  collection  devient 
la  base  indispensable,  la  pierre  angulaire 
sur  laquelle  il  iriseoira  les  fondemens  de  sa 
I  ibiiotlièque  ,  limitée  et  choisie  d'abord, 
mais  qu'il  pourra  étendre  ensuite  avec  mé- 
thode dans  h  direction  plus  parliculière- 
menl  adaptée  à  ses  connaissances  ou  à  la 
nature  de  son  esprit.  Est-il  homme  d'action, 
emporté  dans  le  tourbillon  de  la  vie  posi- 
tive, et  regrettant  de  ne  pouvoir  donner  à 
l'étutie  que  de  courts  inslans  'Ae  loisir  ?  une 
semblable  collection  sera  à  la  fois  la  plus 
complèle  et  de  l'usage  le  plus  commode, 
cnr  elle  exige  peu  de  frais  de  reliure;  e'Ie 
ne  forme  pas  une  masse  endjarrassanle;  elle 
peut  se  caser  dans  un  meuble  de  la  dimen- 
sion la  plus  ordinaire,  et  se  transporter  de 
la  ville  à  la  campagne. 

Généralement,  toutes  les  grandes  entre- 
prises commencent  par  inspirer  le  doute 
qu'HIes  arrivent  à  leur  fin  ;  un  avantage  qui 
est  particulière  la  collection  du  Panthéon 
Littéraire, c'est  de  ne  pas  faire Haitre  celle 
crainte. 

Il  ne  s'agit  point  en  effet  de  la  réimpres- 
sion longue  et  dispendieuse  d'un  ouvrage 
volumineux,  mais  de  la  publicaticcn  succes- 
sive d'auteurs  différens  ,  auxquels  on  est 
libre  de  souscrire  séparément,  «le  telle  sorte 
que  ch  icun  peut  choisir  soit  un  ensemble 
de  philosophes,  d'historiens,  d'orateurs  ,  de 
poètes,  dans  une  ou  dans  toutes  les  littéra- 
tures, soit  même  un  seul  écrivain  dans  la  spé- 
cialité ou  la  litérature  qui  manque  à  ses  be- 
soins ou  qui  est  l'objet  de  sa  prédilection. 

Aussi  on  peut  dire  du  PAiXTuio:^  Litté- 
BAiiiE  qu'il  est  moins  un  monument  qu'une 
ville  consacrée  aux  letlres.  car  chaque  ouvra- 
ge à  lui  seul  est  un  édifiée  achevé  et  le  plus 
souvent  l'œuvre  d'un  homme  de  génie. 

La  foule  s'y  portera  pour  la  parcourir,  et 
ne  se  composât-elle  que  de  lecteurs  d'élite, 
elle  sera  encore  très  nond)rruse,  car  toute 
la  jeunesse  dignc'et  studieuse  en  fera  partie. 
En  résumé,  les  avantages  saillans  de  celle 
r;!sle  et  précieuse  collection  seront  : 
t'ai  for  mil  ée.Irhoix  des  meilleures  édUions; 
Abrégé  scientifique    de.f   produciions    de 

deuxième  et  troisième  ordre; 
Précis  biOliograpliiqur  destiné  à  servir  de 
guide  à  tous  /r.s  amateurs  d'ceucrcs  com- 
plètes; 
Economie  de  mille  pour  cent  ,  quant  au 
PRIX  d'acquisition,  à  l'btendue  de  l'em- 
placement et  ADX  FRAIS  DE  RELICKE. 

J.-A.-G.  BccHoif. 


YOLOÏES  PtlRLlES   ou  SOi:S  PFtESSE 

l'ARilI  LESQUIîUS  l'EUVE^T  DÉS  A  ITxÉSEINT    CHOISin  LKS   SOL'MISSIOKNAIRKS  d'aCTIONS. 
VOÉSIE. 


La  Fuiilai  ic.    .'.... 

Boilcaii.  .  * 

MalhcrS-p.  .  ', 

J.-B.  Rousseau.  .  *  .  .  . 

Delillc.  .  .  * 

TÎIEATKK. 

Molière.  .  * 

P.   el  Th.  Corncir.c.   .  ' 
Racine.    .  * 

Bourdaloue. .  * 3 

Massillon.  .  .  * 2 

Fénéloii.  ...  * 3 


Démoithènes. 
EschiHC.  .  .  . 
Isocrate.  ,  .  . 

Isée 

Lysjas 

Etc 

Oral, 
politiq. 


1    ' 


-.  ,„^  (  1789-1814. 
f""î-  h8l4-JS30. 
anglais  et  anu-ric. 

f.ant.  !  "'"'''■"■ 


CUV ,  apg]3,g 

PaiLOvSOPHIE. 

Alonnmens  primilifs  de  l'église 

orthodoxe  (iill.  grecque). 
Apologie  de  vSt.  Justin,  .  . 
Stiomates  deSl.  Cl'.Tieiit.  . 

Apologie   d'Ori^énc j 

Démonstration  d'Eiisèbe.  ./ 

Saint  Aîhanaso f 

Cathrchèse  de  St.  Cyrille.. .  > 
St.  Grégoire  de  Xazijnze.  . 

Saint  C.'.silc 

St.  Grégoire  de  Nysse.  .  .  . 

Saint  Chrysoslôiiie 

Saint  Jean  de  Damas.  .  .  . 

Li'.iéialare  laniu- 
Apolog'ti'i.  de  Tertullicn.  . 
Octa>ius  Minutius  F  lix.  . 
Unité  de  l'Egl.  parS.Cyprien 
Div.  I 
De 

Lettre 
Ci 
Du  Gouvernementde  Dieu, 

deSahien l 

iMstilutio^^s  des  sciences  di-s 

vines,  par  C  ssiodore.  .  .  \ 
Règlcdes Pasteurs,  p«r  saint  ' 

Grégoire j 

Viemonasliqne,  parCassie».'' 

Choix  de  mtjsiiqnns  latins- 
Saint  A;;gustin.   .  *  .  .  .  .\ 

Boece.     .  .  .  ' i 

Saint  Bcitiard.  ..'...  .J 
Imitation  de  Jésas-CtoiSît.*  > 
Cardinal  Bona.  .  * 

Tailler. » 

Louis   de  Bteis.  * 

Choix  de  Mystiques  français 
Saint  Frano'.isdeSalcs,  etc.  . 
Choix  de  Aîifsiiqiies  éirattgars. 

Sainte  Thérèse  ,  etc 

Monumens  priiniHfn  dts  Eglises 
réformées. 

CîHin ) 

Luther,  etc ) 


Mcnumens  ])rimilifs  des  rcli- 
(jio)is  de  l'Asie. 

I-ois  de    Almou 

Chou-Kliig 

Cli^-Kinf;. 

V-.'\iiig.,    • 

/.eiid-.\ve.'^ta 

C-oran 

Montaigne.  * 

Pascal.    ' 

Laroche'rtucaull    .*.... 

Labruyère.   *  

Vau^cnargues.  * 

HLSïOIiŒ. 

I.  ISistoira  nationale. 

ïlll--    SIÈCLE. 

Chroiiiqne  de  Morée.  .  .  . 

Bamuii  .Muntancr 

Chroniques  de  Procida.  .  . 
— delaguflrre  desiAlblgeoiSi 

Villehardoin 

Henri  de  Valenciennes.  .  . 
Joinville 

Xl\"   SIÈCLBT. 

J.  Froissart.   .  ' 

Boucicaut.    * 

Chronique  de' Flandres.  .  . 

Du  Gucsclin 

D'OroiiyilIe 

ChiHstine  de  Pisan 

XV    SIÈCLE. 

Philippe  de  Commines.  *  . 
Guillaume  de  Villeneuve.  *  i 
Olivier  de  la  Marche.  *  .  .  ' 
Georges  Chaslelaiii.  *  .  .  .  \ 

J.  Bouchot.  " ' 

G.  Chaslelais!  (inédit).  .  .  . 

Pierre  de  Fenin \ 

J.  d'un  Bourgeois  lie  Paris,  i 
JMémoires  de  Piichemcnd.  .  / 

Mathieu,  de  Coucy '- 

Chronique  û.i  la  Puceller  .  l 

Procès  de  la  Pucelle l 

Mémoire'^  de  J.  du  Clercq.  .  j 

KCLE. 


Div.  Listilut.  par  Laitance,  i  xvi»  siix 

De  la  Foi,  p,tr  St.  Aip.hroise.  f        B.iyard 

Lettres  de  St.  .I.'rôme.  •  -  •[    i  '  Fle'urange 

Cil,- deDieu,deS.Aiigustjn^.^      I  Louise  de  Savoie. 
Du  Gouvernementde  Dleii ,  /       'Martin  du.  Bel  la  v. 


Martin  du. 

Babutin.    ........ 

Biaise  de  Montluc.  .  *  . 
Mar  chai  do  Vieilicville. 
9aul\  de  TavaDHes.  *  . 

Du  Villars.  * 

F.-néion.    

Coligny 

La  Chaslrc 

Rochechouart 

Cjf-tolnau 

Merjey 

Lanoue 

Camon 


Philippi ."  .  .  >  1 

L.itour  d'Auvergne. 
Guillaume  de  Saulx, 

Cheverny. 

P.  Huraull 

Marguerite 
De  Thou.  . 
Choisnin.  . 
Merle.  .  .  . 


de  Valois. 


Nombre  des  volumes  ci-dessus  :  9S  ;  prêts  à  livrer  :  50. 
Tous   ceux   suivis  d'un' ont  paru  ; 'les  autres  se  succéderont 


Brantôme.  . 
l'aima  Cajet 


Duc  d'Angouléine.  .  .  . 

XVII'  SIÈCLK. 

La  Place 

L'Esloile-. 

t'-égnior  de  la  Planche. 

Villerov 

D'Aubigné 

Sitire  Menippée 

DupU'ss  £-Mornay.  .  .  . 

(MIot.  .  .  • 

Croulard 

Marillac 


•y 


La  note  dél.iillée  de  clmrun  de 
ces  volumes  se  trouve  au  pros- 
pectus. Les  ih  volumes  de  cette 
section  comprennent,  outre  plu 
sieurs  ouvrages  nouvaux  ctiné- 
dilï  ,  ioule  la  l'e  série  rie  M. 
Petilot,  et  une  bonne  partie  des 
chroniques  publiées  par  M.  J.- 
A.  Buchon.  Les  volumes suivans 
conli(  ndront  la  2' série  de  M. 
Petilot,  à  laquelle  ont  été  ajoutés 
de  nouveaux  mémoires. 

II.  Historiens  anciens. 


Grecs. 


Hérodote. 
Ctésias.  . 
Arrien.  . 
Thucydide 
Xénophon, 
Polybe.  . 
^  Hérodien. 
Zozime.  . 
Denis  d'Halycarnas. 

Aiipien 

Diodore  de  Sicile. 
Fi.:\vius  Joseph.  . 


\Plularque 2 

Rollin,  histoire  ancienne.  .    3 
£13.  Sistorians  étrangers. 


Italietis. 


Espagnols, 


Anglais 


Allemands. 


(  Machiavel. .  . 
\  Guicciardini. 
'  Moncada.  .  . 
1  Mendoza.  ,  . 
i  P.  de  la  liita. 
VF.  de  Meîo,  . 
(  Robertson.  *  . 
(  Gibbon.   .  *  . 

J.  de  Mulier. 

Niebuhr.     .  . 

Savigny.  .  .  . 
aunier. .  .  . 


VR 
POLYGllAriïîE. 


Rabelais.* 

Madame  de  Sévigno. 
Montesquieu.   '  .   .  . 

Voltaire  * 

J.-J.  Rousseau.  *  .  . 

La  Harpe.  * 

Beaumarchais 


vres  de  VoUiiire  sont  publiés.  — Les  œuvres  de  Chateaubriand  sont  sous  presie. 


Chateaubriand.  * 4       X 

rapidement.  5  volumes  des  ceu- 


ADHESION  DE  SOUSCRIPTEUR  ACTIONNAIRE. 


Rien  de  plus  simple  que  l'adhésion  à  transmettre  pour  être  compris  parmi  les 
mille  premiers  souscripteurs  qui  sont  considérés  comme  actioanairks  ,  et 
pour  jouir  sans  risque  aucun  et  sans  mise  de  foi^ds  des  avantages  afférens  à  la 
qualité  de  commanditaire. 

Il  suffit  : 

i.  De  déclarer  que  l'on  souscrit  pour  100  volumes  à  choisir  parmi  ceux 
parus  ou  à  paraître  dans  le  nombre  de  150  environ  ; 

2.  De  désigner  parmi  les  volumes  publiés,  au  nombre  de  50,  à  ce  jour  ,  ceux 
qu'on  désire  immédiatement  recevoir  ; 

3.  De  joindre  à  sa  lettre  de  demande  un  mandat  du  trésor  ou  un  effet  de 
commerce  de  500  francs  et  pour  solde  deux  engagemens  de  250  fr.  l'un,  conçus 
en  ces  termes  : 

c  Au  {"janvier  i8Z7 ,  je  paierai  à  M.  Clc'emann,  directeur-adjoint  du  Panthéon 
LITTÉRAIRE,  OU  à  SOU  Ordre,  la  somme  de  deux  cent  cinquante  francs  pour  prix 
du  ù*  coupon  C.  de  l'action  souscrite  en  mon  nom ,  et  contre  remise  qui  m'en  sera- 
faite  en  même  temps  que  le  présent  engagement  me  sera  présenté  à  l'acquit.  » 

(  Demeure.  —  Date.  —  Signature.  ) 

(  Pour  le  deuxième  engagement  on  substituera  la  date  du  1"  ayrll  1837  à  celle  du  1"  janvier 
et  la  lettre  D  du  4«  coupon  à  la  lettre  C.  du  troisième.) 

Immédiatement  l'on  recevra  : 

i .  Les  volumes  désignés  par  le  souscripteur-actionnairk; 

2.  Les  deux  premiers  coupons  A.  et  B.  de  l'action  de  1,000  francs.  Les  deux 
autres  coupons  C.  D.  seront  délivres  en  même  temps  que  seront  présentés  à  l'ac- 
quit les  deux  engagemens  échéant  au  1"  janvier  et  1"  avril  1837. 


Ces  conditions  de  paiement  sont  celles  que  nous  faisons  à  toutes  les  demandes  d'actions  qui 
nous  parviennent  chaque  jour  sur  la  seule  annonce  de  la  formation  delà  société  |)ubliée  par  les 
journaux  de  Paris.  Toutefois  ,  autant  qu'  1  nous  sera  possible,  nous  les  soumelirons  volontiers  à  la 
eonvenance  de  ceux  de  nos  amis  à  qui  s'adresse  particulièrement  le  Journal  dks  (:o:«iinaissances 
UTILES;  nous  leur  réitérons  l'avis  qne  leur  réponse  doit  être  provipie  et  cutéijorique  ,  <ar  les  al- 
lions sont  en  ce  moment  à  Paris  l'objet  d'une  faveur  extraordinaire;  l'effet  produit  par  la  seule 
annonce  dans  les  journaux  de  Paris  de  la  société  en  commandite  et  par  aclions  du  i'Antiiéon 
littéraire  a  dépassé  tout  ce  qu'il  était  raisonnable  d'en  attendre.  Un  fait  à  peine  croyable, 
c'est  que  les  premières  maisons  de  libraiuie  de  Paris ,  au  lieu  de  se  lifjuer  contre  cette  en- 
treprise ,  qui  commence  par  une  Piéforme  pour  finir  par  un  Monopole,  ont  préféré  en  dev^'nir  âc- 
lioimaires.  Parmi  ces  maisons,  l'on  compte  MM.  leieuvue  ,  iurne,  I'AUlin  ,  pougi.n.postel, 
LAViG.\E ,  etc.,  etc. 


PARIS.  Imprimerie  Grégoire,  rue  du  Croissant,  16. 


H/ 


REPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 

I.  Agriculture.  —  XI.  Arts  libéraux.  —  IH.  Cocnmeree. 


Débîtans  de  boissons. 

Le  débitant  de  boissons  qui  prétend  aroir 
cessé  son  commerce  n'en  continue  pas  moins 
d'être  soumis  à"  toutes  les  obligations  impo- 
sées aux  débitaris,  et  notamment  à  l'obliga- 
tion de  représenter  les  expéditions  des  bois- 
sons introduites  dans  son  domicile,  tant  qu'il 
n'a  pas  (ait  une  déclaration  régulière  de  ces- 
ser son  débit ,  surtout  si  depuis  sa  prétendue 
cessation  il  a  constamment  acquitté  le  prix 
annuel  de  sa  licence,  continué  d'avoir  un 
compte  ouvert  avec  la  régie  et  souffert  ses 
exercices. 

(Cour  de  Cas.,  il  juillet  1835.) 

Ségraisseurs. 

—  Les  vêlcmens  sont  exposés  à  se  trou- 
ver tachés  par  le  contact  d'un  grand  nombre 
de  substaiices  qu'il  est  plus  ou  moins  difli- 
cile  de  faire  disparaître  ;  souvent  même  la 
couleur  se  trouve  trop  fortement  altérée 
pour  qu'il  soit  possible  d'en  rétablir  la  teinte. 

Dans  la  plupart  des  cas ,  les  taches  sont 
produites  pir  des  substances  grasses  qui, 
si  elles  n'étaient  pas  mêlées  avec  d'autres 
matières ,  seraient  facilement  enlevées  au 
moyen  de  légères  dissolutions  savonneuses 
ou  alcalines  :  mais  la  poussière  qui  s'attache 
aux  différens  vétemens  rend  plus  difficile 
leur  séparation,  et  si  de  la  boue,  des  oxydes 
et  des  sulfures  métalliques,  comme  dans  le 
cambouis  provenant  des  roues  de  voitures 
ou  d'autres  substances  analogues  ,  s'y  ren- 
contrent en  même  temps,  on  parvient  avec 
peine  à  les  enlever. 

Voici  les  moyens  les  plus  simples  pour 
nétoyer  les  étoffes. 

Les  tissus  blancs  en  colon  ,  laine,  chanvre 
ou  lin,  peuvent  être  lavés  et  se  prêtent  plus 
facilement  au  nctoyage.  Les  taches  de  fruits 
s'enlèvent  par  un  léger  lavage  à  l'eau ,  en 
exposant  ensuite  la  place  à  l'action  de  l'acide 
sulfureux,  que  l'on  obtient  en  brûlant  au-des- 
sous quelques  allumettes  ou  un  peu  de 
soufre. 

Les  lacîies  d'eiicre  récentes  disparaissent 
par  l'emploi  de  l'eau  de  javelle  ou  d'un  peu 
de  sel  d'oseille;  mais  celles  qui  sont  ancien- 
nes, ou  les  taches  de  rouille,  exigent  l'emploi 
d'autres  moyens;  le  suivant  est  d'un  effet 
certain:  On  imbibe  d'eau  la  place  laclîée,  on 


la  pose  sur  un  objet  quelconque  en  étain,  et, 
après  y  avoir  répr.ndu  un  peu  de  sel  d'i.seille, 
on  verse  dessus  un  peu  d'eau  bouillante; 
après  un  instant  de  contact,  on  frotte  légè- 
rement et  on  passe  dans  l'eau  chaude  :  on 
renouvelle  d'action  jusqu'à  ce  que  la  tache 
soit  enlevée.  Au  lieu  de  sel  d'oseille  on 
peut  employer  l'acide  oxalique,  qui  produit 
une  action  plus  forte.  Si  l'étoffe  sur  laquelle 
il  existe  des  taches  d'encre  était  colorée  en 
totalité  ou  sur  quelques  points,  il  serait  im- 
possible de  les  enlever  sans  altérer  la  cou- 
leur ;  on  parviendrait  cependant  à  rendre 
cette  altération  f;nble,  en  se  servant  d'une 
dissolution  d'acide  oxalique  avec  laquelle  on 
imbiberait  légèrement  la  tache  au  moyen 
d'un  pinceau  ,  en  ayant  soin  de  laver  promp- 
tement  après  avec  de  l'eau  tiède  et  renou- 
velant la  même  action  à  diverses  reprises,  si 
cela  était  nécessaire. 

Les  taches  de  graisse  et  d'huile  s'enlèvent 
facilement  sur  les  divers  tissus,  soit  avec  des 
pierres  à  détacher,  soit  avec  du  savon  sec, 
que  l'on  passe  sur  l'endroit  taché,  soit  avec 
de  faibles  dissolutions  de  savon  ou  de  soude 
que  l'on  y  répand  au  moyen  d'une  brosse. 

Les  acides  végéiaux,  com  ne  le  jus  de  ci- 
tron, d'orange,  produisent  souvent  sur  les 
étoffes  de  soie  des  taches  jaunâtres  que  l'on 
peut  faire  disparaître  dans  beaucoup  de  cas 
en  les  imprégnant,  au  moyen  d'un  pinceau, 
avec  une  légèreeau  ammoniacale,  ou  mieux 
avec  un  peu  de  carbonate  d'ammoniaque , 
parce  que,  susceptible  de  saturer  les  acides, 
il  n'altaque  pas  sensiblement  les  couleurs, 
ce  que  f lil  souvent  l'ammoniaque ,  même 
très  faible. 

On  fait  fréquemment  usage  de  quelques 
huiles  volatiles  pour  enlever  des  taches  de 
graisse  sur  la  soie.  Celle  de  térébenthine, 
comme  étant  la  moins  chère  ,  est  employée 
le  plus  ordinairement,  mais  son  odeur  se 
conserve  long-temps;  i'huile  de  citron  serait 
préférable,  si  ce  n'était  l'élévation  de  son 
prix.  Ces  huiles  dissolvent  facilement  les 
matières  grasses  et  les  reiident  susceptibles 
de  s'imbiber  ensuite  dans  du  papier  non  col- 
lé, par  exemple,  que  l'on  comprime  dessus 
avec  un  fer  légèrement  chauffé.  En  renou- 
velant   ce  procédé    à   plusieurs  'reprises, 


120 

on  enlève  complètement  la  tache,  donli!  faut 
ensuite  couvrir  la  place  avec  des  cendres  ta- 
misées ou  de  la  terre  glaise  en  poudre. 

La  cire  pure  s'enlève  facilcnicrit  de  dessus 
les  étoffes  en  les  iinbibaiit  d'alcool  ou  de  li- 
quides alcooliques,  comme  l'eau  de  colognc, 
de  mélisse,  etc.;  ce  n'est  pas  en  dissolvant 
la  cire  que  l'alcool  agit ,  c'est  en  pénétrani 
le  drap  et  faisant  soulever  l'écr.illc  de  cire. 
Si,  comme  cela  arrive  souvent,  celle  sub- 
stance était  mêlée  avec  du  suif,  la  tache  ne 
disparailrait  pas  entièrement ,  la  matière 
grasse  ne  pouvant  être  erdevée  que  par  les 
moyens  indiqués  plus  hauî. 

La  liqueur  qui  dégouUe  des  tuyaux  de 
poêles  forme  des  taches  qui  ne  peuvent  èlre 
enlevées  qu'après  des  opérations  successives 
du  procédé  suivant  :  on  lave  à  l'eau  tiède 
la  partie  tacliée,  on  fait  ensuite  usage  de 
savon  et  d'alcali  et  enfin  de  crème  de  tartre. 

Les  taches  de  café  s'eidèvent  avec  du  gaz 
Sulfureux  après  un  lavage  à  l'eau  tiède.  On 
doit  employer  le  gaz  avec  beaucoup  de  pré- 
caution si  l'étoffe  est  d'une  couleur  facile  à 
s'altérer. 

Parmi  les  prccédés  indiques  par  5fM.  Gaul- 
tier de  Claubry  et  Lenormand,  le  suiviint 
paraît  être  le  plus  efficace  pour  détacher  les 
draps. 

On  délaie  dans  l'eau  de  la  (erre  à  foulon 
pour  en  séparer  le  s:ible  qu'elle  peut  conte- 
nir, on  décante  l'eau  qui  la  lient  en  suspen- 
sion et  on  laisse  sécher.  A  un  kilogramme 
de  terre  on  ajoute  ^250  grammes  de  carbo- 
nate de  soude,  autant  de  savon  et  huit  jaunes 
d'œufs  battus  dans  2rjo  grammes  de  fiel  de 
bœuf.  On  broie  sur  le  porphyre  la  soude  et 
le  savon,  auxquels  on  ajoute  peu  à  peu  la  fiel 
de  bœuf  dans  lequel  on  a  niclc  les  jaufies 
d'œufs  ;  quand  le  mélange  est  bien  complet, 
on  le  moule  en  boules  ou  en  tablettes,  qu'on 
laisse  sécher,  et  dont  on  racle  de  petites 
quantités  pour  les  délayer  au  moment  d'en 
faire  usage. 

On  s^  sert  aussi  avec  succès  de  fie)  de 
bœuf  |)i)ur  eidever  un  grand  nombre  déta- 
ches. Ce  liquide  ne  réagit  pas  sur  les  cou- 
leurs, niais  comme  il  éprouve  facilement  une 
altération  putride,  il  donne  souvent  aux  tis- 
sus une  odeur  désagrc  tble  qui  se  conserve 
long-temps.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  fiel  de 
bœuf  ne  s'emploie  jaunis  pur,  on  l'étcnd  tou- 
jours au  moins  de  son  volume  d'eau;  on' en 
imprègne  les  taches  ,  cl,  après  avoir  frotté 
l'étoffe  à  plusieurs  reprises,  o;^  opère  le  la- 
vement. 

Quaiid  les  taches  de  graisse  sont  ancien- 
nes et  qu'elles  ont  pénétré  Jans  le  tissu  ,  et 
surtout  quand  l'huile  est  mêlée  avec  diver- 


ses substances,  comme  dans  la  peinture,  il 
faut  les  couvrir  de  beurre  et  chauffer  légè- 
rement pour  l'imbiber;  après  quoi  on  les  en- 
lève avec  les  pierres  à  détacher. 

Lorsqu'on  opère  sur  des  parties  de  vête- 
ment détachées,  il  faut,  après  les  avoir  mouil- 
lées, les  attacher  sur  un  cadre  recouvert  de 
drap  ou  de  toile.  Les  étoffes  de  soie  et  les 
rubans  ont  besoin  d'être  lustrés.  Pour  cette 
dernière  opération  ,  on  passe  dessus  l'é- 
toffe une  légère  eau  de  gomme-atlragant  e* 
on  attac^ie  <à  la  rame.  Pour  les  rubans  ,  on 
emplcie  également  une  dissolution  légère 
de  colle  de  poisson  et  on  les  pa-^se  ensuite 
entre  deux  feuilles  de  papier  sous  un  fer 
chaud. 

Enfin  ,  si  des  taches  ont  été  enlevées  sur 
une  teinte  en  cramoisi,  il  y  reste  de  petites 
marques  d'un  ton  vineux.  On  leur  rend  la 
cou'eur  primitive  en  les  imbibant  d'un  peu 
de  jus  de  citron,  en  les  frottant  avec  de  la  râ- 
pure  d'écorce  de  ce  fruit. 

Peacssieks,  —  Préparation  en  laine,  suivant 
la  méthode  anglaise. 

Apres  avoir  lavé  les  peaux  dans.un  courant 
d'eau,  on  les  étend  sur  des  chevalets  et  on 
enlève  toutes  les  parties  défectueuses  qui  se 
trouvent  sur  leurs  bords.  Quand  elles  ont  été 
néloyécs  du  côté  intérieur  avec  le  couteau, 
on  les  retourne;  la  kiine  qui  se  trouve  au- 
dessus  est  couverte  d'une  dissolution  bouil- 
lante de  sumac  îîans  les  proportions  suivan- 
tes :  sumac,  une  livre  ;  eau,  un  litre.  Pour 
hàlcr  l'action  de  cette  dissolution,  on  foule, 
gratte  et  presse  la  laine  et  la  peau  en  tous 
sens.  Lorsque  les  peaux  et  la  laine  sont  sè- 
ches, on  les  lave  dans  une  foîleeau  de  savon 
vert,  pour  leur  enlever  tout  le  suint  qui  pour- 
rait encore  s'y  trouver,  et  on  les  fait  sécher 
an  grand  air.  Enfin,  on  emploie  l'eau  de  su- 
mac une  seconde  fois ,  et  lorsque  la  laine 
est  sèi  lie,  on  la  frotte  et  on  l'adoucit  avec  la 
pierre  ponce. 

Si  la  laine  doit  être  blanche,  on  pla'ce  les 
peaux  do.;t  la  laine  serait  légèrement  hu- 
mectée lî.uis  un  tonneau  bondonné  herméti- 
quement et  da!!S  lequel  on  fait  brûler  sur 
des  charbons  ardens  du  soufre,  qui  dégage 
du  gaz  acide  sulfureux  qui  amène  la  peau  à 
un  grand  éclat  de  blancheur.  Les  peaux  qu'on 
remarque  dans  les  voilures  anglaises  jouis- 
sent d'une  grande  beauté,  et  elles  ne  sont 
pas  traitées  d'une  autre  manière.  On  achève 
de  parer  la  toison  en  la  peignant  avec  soin. 

pRorRiÉTAinKS  KunAcx.  AUuvîcn.  I»égîïlatîon. 

On  appelle  alluvion  les  atlerrissemens  et 
;ici-roissemcns    qui  se  font;cnt    successive- 


121 


mciit  el  iinperrcpliblenient  aux  fonds  rive- 
rains d'un  fleuve  ou  d'une  rivière.  L'allu- 
vion  profile  au  propriétaire  riverain  quand  il 
s'agit  d'un  fleuve  ou  d'une  rivière  naviga- 
ble ,  flottable  ou  non  ,  à  la  charge  ,  dans  le 
premier  cas,  de  laisser  le  marche-pied  ou 
cheiniii  de  htiagc.  (  Article  o'IG  du  code 
civil.) 

Il  en  est  de  même  des  relais  que  forme 
1  eau  courante  qui  se  relire  insensiblement 
de  l'une  de  ses  rives  en  se  portant  sur  l'au- 
tre; le  propriétaire  de  la  rive  découverte 
profite  de  l'alluvion  sans  que  le  riverain  du 
coté  opposé  puisse  venir  réclamer  le  ter- 
rain qu'il  a  perdu.  Ce  droit  n'a  pas  lieu  à 
l'égaré  desrelnis  d.e  la  mer.  (Art.  557.) 

L'alluvion  n'a  pas  lieu  à  l'égard  des  lacs 
et  étangs,  dont  le  propriétaire  conserve  tou- 
jours le  terrain  que  l'eau  couvre  quand  elle 
est  à  la  hauteur  de  la  décharge  de  l'étang, 
encore  que  le  volume  d'eau  vienne  à  dimi- 
nuer. 

Réciproquement,  le  propriétaire  de  l'é- 
tang n'acquiert  aucun  droit  sur  les  terres 
riveraines  que  son  eau  vient  à  couvrir  dans 
les  crues  extraordinaires.  (Art.  558.) 

Si  un  fleuve  ou  une  rivière,  navigable  ou 
non,  enlève,  par  une  force  subite,  une  par- 
tie considérable  et  reconnaissable  d'un 
champ  riverain,  et  le  porte  vers  un  champ 
inférieur  ou  sur  la  rive  opposée,  le  proprié- 
taire'de  la  partie  enlevée  peut  réclamer  sa 
propriété;  mais  il  est  tenu  de  former  sa 
demande  dans  l'année;  après  ce  délai,  il  n'y 
sera  plus  recevable,  à  moins  que  le  proprié- 
taire du  champ  auquel  la  partie  enlevée  a 
été  unie,  n'ait  pas  encore  pris  possession 
de  celle-ci.  (Art.  559.) 

Les  îles,  îlots  ,  atlcrrisscmcns  qui  se  for- 
ment dans  le  lit  des  fleuves  ou  des  rivières 
navigables  ou  flottables,  appartiennent<à  l'E- 
tat, s'il  n'y  a  titre  ou  prescription  contraire. 
(Art.  5G«.) 

Les  îles  etatterrissomens  qui  se  forment 
dans  les  rivières  non  navigables  et  non  flot- 
tables, appartiennent  aux  propriétaires  ri- 
verains d»  côté  ou  Vile  s'est  formée:  si  l'île 
n'est  pas  formée  d'un  seul  côté,  elle  appar- 
tient aux  propriétaires  riverains  des  deux 
côtés,  à  partir  de  la  ligne  qu'on  suppose 
tracée  au  milieu  do  la  rivière.  (Art.  561  .) 

Si  une  rivière  ou  un  fleuve,  en  se  formant 
un  bras  nouveau  ,  coupe  et  embrasse  le 
champ  d'un  propriétaire  riverain,  cl  en  fait 
une  île,  ce  propriétaire  conserve  la  propriété 
de  son  champ,  encore  que  l'île  se  soit  for- 
mée dans  un  fleuve  ou  dans  une  rivière  na- 
vigable ou  flottable.  (Art.  552.) 
Si  un  fleuve  ou  une  rivière  navigable,  flot- 


table ou  non,  se  forme  un  nouveau  cours 
en  abandonnant  son  ancien  lit,  les  proprié- 
taires des  fonds  nouvellement  occupés 
prennent  à  titre  d'indemnité  l'ancien  lit 
abandonné,  chacun  dans  la  proportion  du 
ti'rrain  qui  lui  a  été  enlevé.  (Art.  t'tdZ.) 

Telles  sont  les  règles  générales  applicables 
MiX  modifications  que  peuvent  subir  les  pro- 
priétés immobilières  par  suite  datlerrisse- 
ment  ou  d'alluvion.  Nous  avons  cru  devoir  les 
rapporter  en  raison  des  graves  difficultés 
qu'elles  présentent  dans  leur  application. 

pBOPKiÉrAinKs  vKBAiTit.  —  Contravention. 

Le  fait  seul  d'agrandissement  d'une  croi- 
sée sans  autorisation  préalable  du  maire, 
dans  un  bâtiment  situé  sur  la  voie  publique 
et  sujet  à  reculement,  suffit  pour  consti- 
tuer une  contravention  à  un  règlement  de^ 
police  municipale  qui  défend  aux  habitans 
de  la  ville  d'entreprendre  aucune  construc- 
tion ou  reconstruction  sans  autorisation. 
{Cour  de  Cassation,  îl  août  1835.) 

Selliers.  —  Sellea  à  la  Hocheforî. 

—  Il  est  peu  d'objets  qui  aient  donné  lieu 
à  plus  de  recherches  que  la  sellerie  et  sur- 
tout la  sellerie  régimentaire  ;  des  hommes 
remarquables  de  tous  les  pays  n'ont  pas  cru 
cet  objet  au-dessous  de  leur  attention  :  en 
France,  des  concours  ont  été  ouverts ,  des 
récompenses  et  des  prix  ont  été  promis  à 
ceux  qui  inventeraient  une  selle  tout  à  la  fois 
légère  et  solide  ,  et  dont  l'usage  fut  sans 
danger  pour  las  chevaux.  Depuis  50  ans,  un 
grand  nombre  de  modèles  ont  été  proposés, 
mais  le  problème  restait  encore  à  résoudre. 
Récemment  encore,  on  a  importé  d'Angle- 
terre une  selle  que  l'artillerie  a  adoptée, 
mais  elle  est  loin  de  réunir  toutes  les  quali- 
tés désirées. 

En  1852  ,  M.  Rochefort,  officier  de  cava- 
lerie, a  obtenu  un  brevet  d'invention  pour  la 
confection  d'une  selle  qui  est  désignée  sous 
le  nom  de  l'auteur,  et  qui  remédie  cà  beau- 
coup des  vices  des  selles  dont  on  faisait  alors 
usage.  M.  Rochefort ,  qui  a  une' véritable 
passion  pour  son  métier  et  pour  tout  ce  qui 
tient  au  cheval ,  vient  tout  nouvellement  de 
perfectionner  son  œuvre  de  la  manière  la 
plus  complète. 

Jusqu'à  présent,  on  s'est  persuadé  que  le 
moyeu  le  plus  sur  d'éviter  les  blessures  du 
cheval  ,  était  de  placer  entre  la  selle  et  le 
dos  de  l'animal  un  corps  souple  ou  rembour- 
ré ,  soit  fixe,  soit  mobile,  tels  que  les  cous- 
sins appelés  panneaux  ou  des  couvertes  en 
laine,  que  l'on  a  portées  à  des  épaisseurs 
énormes  dans  la  cavalerie  légère.  C'est  en 
parlant  de  cette  base  que  tous  les  arçons 


122 

connus  ont  été  confectionnés,  et  M.  Ro- 
chefort  lui-même  ,  imbu  de  ce  projugé,  s'é- 
tait borné  à  supjjrimer  les  panneaux,  tout  en 
conservant  l'usage  des  couvertes;  mais  aprc^ 
des  recherches  approfondies  et  de  nwuvcllei 
expériences  faites  depuis  l'obtention  de  son 
brevet,  M.  Uochefort  a  été  amené  à  recon- 
naître que  tous  les  corps  souples  et  intermé- 
diaires, loin  d'être  de^  préservatifs,  présen- 
tent, au  contraire,  de  graves  inconvéniens; 
cette  observation  est  le  motif  qui  lui  a  fait 
prendre  une  route  tout-à-fait  opposée  à  celle 
de  ses  devanciers,  et  qui  l'a  conduit  à  sup- 
primer les  panneaux  et  les  couvertes  ,  en 
prenant  pour  point  de  départ  les  faits  sui- 
vans  : 

Les  panneaux  et  les  couvertes  changent 
dans  les  marches  plus  ou  moins  de  forme,  et 
finissent  par  laisser  le  bois  de  la  selle  peser 
uniquement  sur  l'une  ou  l'autre  partie  de 
dos  du  cheval.  C'est  alors  que  ces  parties, 
déjà  ramollies  par  la  chaleur,  s'entament  et 
qu'il  s'y  fonne  des  blessures  dangereuses  et 
souvent  mortelles.  — Toutes  les  fois  qu'un 
cheval  fait  une  longue  route  ou  un  exercice 
violent  et  continu,  il  maigrit  d'abord  et  finit 
par  engraisser.  Ces  deux  cas  provoquent  un 
changement  dans  les  pa.'meaux ,  qu'il  faut 
rembourrer  et  puis  dégarnir.  —  Les  parties 
des  panneaux  mouillées  par  la  sueur  du 
cheval  et  imprégnées  de  crasse,  acquèrent 
une  dureté  et  une  inégalité  dont  l'el^fet  sur 
la  peau  (lu  cheval  est  toujours  nuisible.  — 
Enlin  ,  les  panneaux  sont  faits  de  manière 
que  la  selle  ne  porte  pas  sur  les  reins  (qui 
sont  la  partie  la  plus  forte  et  la  plus  char- 
nue), mais  bien  sur  le  milieu  des  cotes,  c'est- 
à-dire  sur  la  partie  la  plus  susceptible  d'être 
blessée.  Ces  vices  ou  autres  analogues  exis- 
tent dans  les  selles  Liongroises  et  dans  celles 
dont  l'artillerie  fiit  usage. 

M.  Uochefort,  a,jrès  une  étude  approfon- 
die de  la  construction  et  de  l'anaîomie  du 
cheval,  a  remarqué  que  le  muscle  qui  porte 
le  nom  de  grand  dorsid  et  qui  s'étend  de 
chaque  côté  du  rachis,  est  tellement  épais 
qu'il  a  l'air  d'un  coussin  rembourré  destiné 
par  la  nature  à  porter  les  fardeaux.  C'est 
donc  uniquement  sur  ce  imiscle  que  la  selle 
nouvelle  rep()'^e,  ayant  soin  d'isoler  toutes 
les  ))ariies  susceptibles  d  cire  blessées,  telles 
que  le  garrot,  les  rognons,  les  côtes,  parties 
sur  lesquelles  pèsonl  princii)alemenl  les  an- 
ciennes selles. 

La  selle  à  la  Rochefort  présente,  autant 
que  possible,  la  contre-partie  du  dos  en  sui- 
vant la  direction  du  grand  dorsal;  ainsi  les 
lames,  au  lieu  d'être  droites  et  plates,  sont 
un  peu  cintrées  cl  presque  dcmi-cjlindri- 


ques,  plus  larges  vers  le  siège  el  échancrées 
vers  la  partie  sur  laquelle  repose  la  cuisse  du 
cavalier.  Elles  sont  rapprochées  l'une  de 
l'autre,  de  manière  à  ce  que  l'épine  dorsale 
reste  libre;  mais  il  faut  que  la  partie  supé- 
rieure dépasse  un  peu  les  vertèbres,  tout  en 
étant  très  éviJée.  L'arcade  de  devant  estréu- 
^(  nie  aux  lames  par  des  pointes  qui  doivent  se 
confondre  avec  elles,  et  qui  sont  relevées  de 
manière  à  ne  jaunis  pincer  le  cheval.  Il  faut 
que  la  liberté  du  garrot  soit  très  prononcée, 
l'ouverture  du  poulet  assez  échancrée  pour 
ne  pas  porter  sur  l'épine  dorsale,  et  il  ne 
doit  y  avoir  que  très  peu  de  jeu  entre  l'ar- 
cade et  le  garrot. 

L'arçon  remplit  la  dépression  qui  se  trouve 
entre  la  pointe  de  l'humérus  et  les  appophi- 
ses  qui  forment  le  garrot  ;  il  faut  surtout 
qu'il  soit  arrondi  et  évidé  sur  toutes  ses  fa- 
ces extérieures,  p:;rce  qu'il  est  destiné  à  être 
placé  à  nu  sur  le  dos.  Les  lames  prolongées 
en  arrière  ne  doivent  avoir  entre  elles  qu'un 
pouce  d'intervalle  environ,  clrearromlies  sur 
leur  face  interne  et  très  relevées  de  derrière. 

L'arçon  est  en  bois  de  hêtre  collé  et  ner- 
vé  (mais  il  pourrait  être  en  toute  autre  ma- 
tière dure),  recouvert  en  entier  d'une  peau 
très  forte  et  très  mince.  La  couture  de  celte 
espèce  de  gaîne  dans  laquelle  l'arçon  est 
renfermé,  doit,  aulml  que  possible,  être 
contournée  vers  la  partie  supérieure,  afin  de 
Jie  |)réscnter  aucune  aspérité. 

Il  est  essentiel  (jue  la  ferrure  ne  présente 
aucune  saillie,  caria  peau  qui  recouvre  l'ar- 
çon doit  être  le  seul  corps  intermédiaire 
entre  le  bois  de  la  selle  et  le  dos  du  cheval. 

Nous  ne  détaillerons  pas  autrement  la  selle 
à  la  Hocherurl  perfecliomiée;  nous  nous  bor- 
nerons à  ajouter  qu'il  y  a  une  différence 
notable  dans  le  but,  dans  la  construction  et 
dans  les  résultats,  non-seulement  avec  tou- 
tes les  selles  connues,  mais  même  avec  celle 
pour  laquelle  l'auteur  a  obtenu  un  brevet 
en  I8ôi.  Les  avantages  qu'elle  présente 
pour  l'armée  ressortent  des  conditions  sui- 
vantes ;  les  économies  reposent  principale- 
ment sur  le  prix  des  selles  ,  sur  leur  durée , 
sur  la  suppression  des  panneaux  et  des  cou- 
vertes ,  sur  l'entretien  qu'ils  exigeaient ,  sur 
la  nourriture  et  les  frais  d'inlirnierie  des 
chevaux  que  des  blessures  mettent  hors  de 
service,  sur  le  prix  de  ceux  qui  périssent  par 
<uite  de  ces  blessures. 

11  est  à  souhai;er  que  l'invention  de  M. 
Kocheforlsoit  accueillie  et  encouragée  com- 
me elle  mérite  de  l'être  ;  c'est  là  une  de  ces 
innovations  qui  doivent  trouver  un  assenti- 
ment général,  el,  à  ce  titre,  nous  la  recom- 
ina:  dons  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'a- 
mélioration des  races  de  chevaux  en  rrance* 

M.  Ferret, sellier,  rueSaint-Honoré.n. 341, 
est  spécialement  chargé  de  la  confection  des 
i  selles  à  la  Uochefort. 


12J 


KEPERTOÏRE 


DE     LA     COiNVERSATION     ET     DE      LA      LECTURE. 


AIR    ATMOSPHÉRIOIE. 

L'atmosphère  terrestre  est  le  mélange  de 
tous  les  gaz  qui  enveloppent  le  globe.  Deux 
de  ces  gaz,  l'oxygène  ot  l'azote  ,  en  forment 
la  majeure  partie  et  constituent  ce  qu'on 
appelle  l'air  pur.  I.e  rapport  de  l'azote  à  l'o- 
xygène est  de  79  contre  21  en  volume,  c'est 
à  dire  que  '■21  litres  d'oxygène  se  trouvent 
constamment  mélangés  dans  79  litres  d'a- 
zote. 

Un  troisième  g^z  joue  un  rôle  importartt 
dans  l'atmosphère  ,  c'est  la  vapeur  d'eau. 
Elle  varie  en  chaque  lieu  suivant  le  degré 
de  la  chaleur  et  de  la  proximité  soit  des 
masses  d'eau,  soit  des  corps  humilies.  A  Pa- 
ris, on  trouve  moyennement  un  litre  de  va- 
peur d'eau  mélangé  à  lôl  litres  dair. 

Un  quatrième  giz  se  trouve  constam- 
ment mêlé  aux  deux  premiers,  mais  dans 
une  proportion  variahie  ,  c'est  l'acide  car- 
bonique, qui  est  une  combinaison  du  char- 
bon pur  avec  l'oxygène.  Sur  un  million  de 
litres  d'air,  il  y  en  a,  terme  moyen,  515  d'a- 
cide carbonique. 

L'air  est  bleu.  Comme  beaucoup  de  sub- 
stances dont  la  couleur  est  peu  intense  ,  tel 
que  le  verre  à  vitres,  par  exemple,  il  parait 
incolore  quand  il  ne  forme  pas  une  couche 
très  épaisse.  En  l'absence  des  nuages,  cette 
couleur  bleue  ,  que  l'on  attribue  vulgaire- 
ment à  une  voûte  céleste  imaginaire,  se  mon- 
tre dans  toute  sa  netteté.  Non  seulement 
l'air  a  une  couleur  propre ,  mais  il  possède 
encore  de  la  saveur  et  de  l'odeur.  L'habitude 
oij  nous  son)mes  de  le  respirer  dès  notre 
naissance,  peut,  il  est  vrai,  annihiler  ces  sen- 
sations, mais  cependant  bien  des  personnes 
reconnaissent  une  grande  différence  entre 
le  goût  de  l'eau  qui  contient  de  l'air  et  celui 
de  l'eau  qui  en  est  privée. 

La  facilité  avec  laquelle  l'air  se  déplace  a 
long-teinps  empêché  qu'on  ne  s'aperçût  que 
c'était  une  matière  jouissant  comme  les  corps 
solides  et  liquides  de  la  propriété  d'être 
impénétrable.  Un  corps  qui  se  meut  dans 
l'air  ne  l'ail  que  déranger  un  certaiii  nombre 
des  particules  de  ce  dernier,  sans  pénétrer 
sa  substance.  Il  en  est  de  ce  déplacement 
comme  de  celui  de  l'eau  dans  laquelle  se 
meut  un  poisson.  En  changeant  de  place  ,  il 
laisse  derrière  lui  un  vide  que  remplissent 
aussitôt  d'autres  molécules  d'eau  qu'il  chasse 
de  leur  position  à  mesure  qu'il  avance. 

L'air  est  soumis  à  l'attraction  générale  c^i 
s'exerce  entre  tous  les  corps  et  que  l'on  dé- 
signe sous  le  nom  de  gravitation.  Le  globe 
en  particulier  agit  sur  chacune  de  ses  molé- 


cules et  tend  à  les  faire  tomber  vers  son  cen- 
tre. A  la  force  répulsive  dos  molécules  de 
l'air  et  à  leur  pesanteur  se  joint  une  troisiè- 
me force  qui  agit  constamment  sur  elles  , 
c'est  la  force  centrifuge,  qui  provient  de  la 
rotation  du  globe  et  de  son  atmosphère,  et 
tend  à  projeter  loin  de  l'axe  de  la  terre  tou- 
tes ces  moléculos.  (]etle  force  étant  très  fai- 
ble, on  en  fait  ordinairement  abstraction  ,  et 
l'on  dit  que  la  force  élastique  de  chaque  cou- 
che d'air  est  égale  au  poids  des  couches  supé- 
rieures. Ce  poids  de  l'atmosphère  sur  la  sur- 
face du  corps  d'un  homi'ie  de  moyenne  taille 
est  d'environ  l(;,of)0  kil.jg.  Ce  chiffre  ne  doit 
pas  étonner,  car  les  gaz  qui  so!it  conleims 
dans  les  cavités  du  corps,  dans  la  poitrine  , 
la  vessie,  les  liquides  qui  remplissent  los  lis- 
sus  se  inellent  en  équilibre  avec  cette  pres- 
sion extérieure. 

L'air  joue  trois  rôles  extrêmement  impor- 
(ai!s  sous  le  rapport  de  la  chaleur  qui  nous 
vient  du  soleil  : 

1°  Il  en  absorbe  une  partie  qui  se  partage 
ainsi  :  les  2[7  entrent  dans  l'air  à  l'état  de 
chaleur  latente,  les  cinq  autres  sont  immé- 
diitemetit  sensibles;  ni,:is  quand  le  soleil  a 
disparu,  les  deux  septièmes  réapparaissent, 
et  compensent  en  partie  l'absence  de  l'astre. 
L'atmosphère  tend  par  conséquent  à  régu- 
lariser la  température  du  sol. 

20  La  chaleur  qui ,  venue  du  soleil  à  l'é- 
clat lumineux,  a  été  absorbée  par  la  terre  , 
n'en  ressort  ensuite  qu'à  l'état  obscur  et 
ne  peu!  plus  traverser  l'air  aussi  facilement 
que  la  première  fois.  11  y  a  donc  accu- 
mulation de  chaleur  à  la  surface  du  sol  ; 
m:!is  elle  se  dissipe  ensuite  pendant  les  mo- 
mens  où  nous  sommes  privés  de  la  vue  du 
soleil. 

ôo  Le  mouvement  perpétuel  de  l'atmo- 
sphère, en  faisant  passer  l'air  des  régions  plus 
chaudes  dans  les  régions  plus  froides,  et  ré- 
ciproquement, modiîie  la  température  de  ces 
lieux  et  empêche  qu'elle  ne  varie  régulière- 
ment en  passant  d'un  jour  à  l'autre  dans 
le  cours  de  l'anfiéc,  connue  cela  devrait  avoir 
lieu  d'après  la  régularité  du  mouvement  de 
la  (erre  dans  son  orbite. 

La  pression  de  l'air  varie  sans  cesse  err 
chaque  point  du  globe;  cependant,  vers  les 
régions  de  l'équateur,  ces  variations  s'opè- 
rent régulièrement  dans  chaque  journée  ^ 
de  telle  sorte  qu'à  la  hauteur  du  baromè- 
tre on  peut  dire  l'heure.  Plus  on  avance  vers 
les  pôles,  plus  ces  variations  sont  faibles  et 
plus  elles  sont  difiiciies  à  discerner  au  milieu 
des  change-.nens  accidentels.  Pour  les  recou- 


124 

naîlre,  il  faut  observer  le  baromètre  penrlant 
un  cerlain  nombre  de  jours,  et  prendre  ce 
qu'on 'appelle  les  moyennes  des  observations 
faites  aux  mêmes  heures. 

En  général,  les  vents  froids  augmentent 
la  pression  de  l'air,  et  les  vents  chauds  la  di- 
minuent. Elle  augmente  enrore  au  mon)enl 
de  la  pluie,  et  s'affaiblit  après  la  cimte.  l.cs 
pluies  d'orage  so:it  ordinairenicnt  précé- 
dées et  accompagnées  d'un  violent  conrant 
d'air,  que  le  nuage  en  tombant  pousse  de- 
vant lui. 

CHIM'Te. 

La  chimie  tend  tellement  à  se  popularis'cr, 
les  mots  de  cet  art  reviennent  si  fréquem- 
ment dans  les  moindres  formules  ou  pres- 
criptions, qu'il  est  utile  de  conniitre  en 
partie  la  nomenclature  chimique,  afin  d'a- 
voir quelques  notions  sur  des  substances  em- 
ployées journellement  et  dont  le  nom  se 
trouve  écrit  dans  les  livres  les  plus  élémen- 
taires. 

On  ne  reconnaissait  autrefois  qtie  quatre 
élémens  indécomposables  :  l'air,  le  feu,  la 
terre  et  l'eau.  On  compte  aujourd'hui  cin- 
quante-six élémens  constitutifs  des  corps, 
qu'on  désigne  sous  le  nom  de  corps  simples, 
métalliques  et  non  métalliques.  Les  diver- 
ses combinaisons  de  ces  corps  forment  tous 
les  autres. 

On  appelle  oxydes  les  composés  formés 
d'oxygène  et  d'un  corps  simple  qui  ne  rou- 
gissent pas  l'infusion  de  tournesol  et  n'ont 
pas  une  saveur  aigre.  On  appelle  acides  les 
composés  d'oxygène  et  de  corps  simples  qui 
ont  les  qualités  contraires. 

Quand  l'oxygène,  en  se  combinant  avec  un 
corps  simple  forme  un  seul  acide,  on  ajoute 
la  terminaison  ^(7)7e  au  nom  des  corps;  exf;m- 
ple  :  acide  carbonique.  S'il  y  a  deux  acides, 
le  moins  oxygéné  est  désigné  par  la  termi- 
naison ei/.T  .'aride  sulfureux.  S'il  y  en  a  trois  , 
le  nom  du  moins  oxygéné  est  précédé  du 
mot  fiypo;  ainsi  on  dit  :  acide  hypophos- 
phorique. 

Quand  un  corps  est  mêlé  avec  de  l'hydro- 
gène, on  ajoute  le  mot  hydro ,  ainsi  :  acide 
hylro  cldorique.  Les  produits  non  acides 
formés  d'hydrogène  et  d'une  substance  sim- 
ple sont  appelés  hydrurcs.  Quand  deux  corps 
simples  se  coml;inent  ensemble ,  le  nom  du 
composé  se  termine  en  vre  :  chlorure  d'ar- 
gent. 

I^es  sels  composés  d'un  acide  et  d'une  ou 
de  deux  bases  reçoivent  des  iioms  qui  expri- 
ment leur  nature.  Si  i'aciîle  est  (crminé  en 
irjiir ,  on  change  la  terminaison  en  o(c,  et  en 
'//(',  s'il  est  terminé  en  eux.  Ainsi  on  dit:  car- 
bonate de  cJKiux  ,  tartritc  de  potasse,  etc. 
Les  sels  avec  excès  d'acide  s'a])pellenl  sur- 
sels, ainsi  on  dit  :  sur-sulfate  do  pro'.oxy^Ie 


de  potassium.  Les  sels  avec  excès  de  la  base 
sont  des  sous-se's. 

ENTREPOT. 

On  donne  communément  le  nom  d'entre- 
pôt aux  lieux  où  les  marchandises  sont  dé- 
posées, en  attendant  que  les  besoins  de  1b 
consommation  viennent  les  y  chercher.  Mais 
la  dénomination  d'entrepôt  s'applique  de 
nos  jours  <à  une  autre  déterminaliou;  c'est 
dans  la  langue  usuelle  dil  commerce ,  un 
lieu  où  les  marchandises  sont  soustraite^ 
momentinément  aux  exigences  du  fisc. 

On  distingu"^  deux  sortes  d'entrepôts  :  le 
réel  et  le  fictif.  Le  premier  est  le  cas  où  ta 
marchandise  est  réellement  déposée  dans  les 
magasins  du  gouvernement;  l'entrepôt  est 
fictif,  losque  le  versement  s'opère  dans  les 
magasins  du  négociant ,  sous  la  condition 
de  représenter  à  toute  réquisition  la  mar- 
chandise entreposée  ou  le  certificat  d'ac- 
quiltement  des  droits  auxquels  elle  est  sou- 
mise. 

Le  but  de  ces  deux  espèces  d'entrepôt 
est  d'éviter  au  commerce  la  nécessité  de  faire 
des  avances,  souvent  très  considérabi  s,  des 
taxes  établies  sur  les  produits  qui  en  sont 
l'objet.  On  ne  paie  ainsi  les  droits  qu'au 
moment  de  la  vente,  au  lieu  de  les  payer  au 
moment  de  la  réception,  et  le  négociant  peut 
dès  l^rs  attendre  avec  plus  de  succès  le  rrK)- 
ment  favorable  à  la  vente  de  ses  marchan- 
dises. 

Les  entrepôts  sont  surtout  favorables  au- 
genre  de  commerce  connu  sous  le  nom  de 
transit.  Comment,  en  effet,  le  commerce 
pourrait-il  importer  des  marchandises,  pour 
les  revendre  au  dehors,  s'il  n'avait  la  dispo 
sition  d'une  sorte  de  terrain  neutre  où  ces 
mardi  mdiscs  peuvent  attendre  le  moment 
de  la  venle?  L'entrepôt  réel  et  l'entrepôt 
fictif  répondent  à  ce  be^oin.  Dans  l'entrepôt 
réel,  moyennant  un  droit  de  magasinage  éta- 
bli par  un  tarif,  le  négociant  fait  surveiller 
sa  marchandise;  dans  l'entrepôt  fictif,  il  la 
surveille  lui-même.  L'autorité  accorde  cette 
dernière  faveur  aux  négocians  bien  famés 
ou  à  ceux  qui  fournissent  caution  du  paie- 
ment du  droit. 

Malheureusement,  les  entrepôts  sont  à 
peine  compris  en  France;  on  les  considère 
comme  de  simjile  magasins  où  les  formalités 
à  remplir  sont  un  peu  moins  gênantes  que 
les  exigences  immédiiites  de  la  d<mane,  et 
rien  de  plus;  tandis  qu'on  devrait  les  consi- 
dérer comme  ouv»-anl  des  débouchés  im- 
menses à  tous  les  produits  de  tous  les  pays, 
et  par  conséquent  comme  les  élémens  indis- 
pensables du  commerce  digne  d'une  grande 
nation. 


DE    7S,000    FRANCS, 

DES 

TROISIÈME  TIRAGE  DU  51   MARS   I8ÔG. 


('•îpTlme 

Kum 

....   2,000  fr. 
....     '5C0 
....      -500 
....       500 
....      500 
....      500 
....       ECO 

éros 

et 

Séries 

gage  an  s. 

Séri«  leo 

.  .  .       'Kmnéros  Toi 

121 

.  .  .                         616 

5         

57 

97 

50 

64 

235 

...                             524 

4          —       ... 

.  .  .                            193 

5           —       .   .   .  . 

.  .  .                             656 

6            —       .       .  . 

•  .   .                             945 

7            —       .    .   .  . 

6G3 

QUATRIEME    TIRAGE  DU  iS   AVRIL    1836. 


1"'  pritne 2,000 

2  —  600 

3  —  uOO 

4  ^  500 

5  — 600 

6  —  500 

7  —  600 


Numéros  et  Séries  gagnans. 

fr Série    27. 

261. 

: 3;î9. 

336. 

265. 

;38. 

140. 


DERNIERS  TIRAGES  A  EFFECTUER. 


Le  30  avril  1836,  . 


Tirage 

de 

sept  primes 


2,000  ' 

500 

500 

500  ;>       S,000 

500 

500 

500, 


îS'innéros  5S6. 
109. 
S69. 
694. 
773. 
277. 
933. 


/  30,000  > 


Le  31  mai   1836. 


'      Tirage 

de 
onze  primes 


35,000 


Totaux 


18  primes  :  f.  i0,ooo 


LIVRET  DES  MÉNAGES. 


Pour'  recevoir,  franc  de  port,  cet  indispensable  et  économique  classeur  de  toules  les  dé- 
penses domestiques,  il  suffit  d'envoyer  à  l'adresse  de  31.  A.  BESPiEZ,  libraire,  rue  Saint- 
Georges,  n»  11,  une  reconnaissance  de  poste  de  six  francs. 

Ux  scLLETix  DE  LA  PRIME  DES  Éditeces-U«îs  Sera  envojé  courrier  par  courrier  su 
souscripteur. 


DB 


75,000  FRANCS. 


DERIVIER  TIRAGE. 


AVIS  qu'il  faut   lire. 

C'est  le  31  mai  prochain  qu'aura  lieu  la  clôture  de  la  prime  de  75,000  francs 
des  Editeurs-Unis,  par  le  tirage  d'un  dernier  lot  de  TRENTE  MILLE  FRANCS 
et  de  dix  primes  de  o(X)  francs. 

La  ponctualité  et  la  loyauté  avec  lesquelles  s'est  opéré  chacun  des  tirages, 
ont  commandé  à  un  si  haut  point  la  confiance  publique,  que  les  détracteurs 
intéressés  de  ce  mode  de  prime  d'encouragement  se  sont  d'eux-mêmes  réduits  au 
silence.  Les  tribunaux  et  la  Cour  royale  de  Paris  appelés  à  prononcer  sur  des 
loteries  entraînant  perte  d'une  mise  de  fonds,  n'ont  point  hésité  à  proclamer  of/i- 
cieusement  qu'elles  ne  pouvaient  s'assimiler  à  la  prime  des  Éditeurs-Unis  ,  qui 
ne  constituait  en  aucune-façon  une  loterie.  Ainsi  s'est  trouvée  confirmée,  indi- 
rectement, OFFICIEUSEMENT,  l'opiniou  émisc  par  les  savans  jurisconsultes  ODILON 
BARROT,  PHILIPPE  DUPIN,  DALOZ,  PARQUIN,  J.-B.  DUYERGIER... 

Onayait  reconnu  l'importance,  exagérée,  ridicule,  donnée  par  un  faux  philan- 
tropisme  à  un  fait  simple  en  lui-même,  équitable  et  moral;  tous  ces  prétendus 
abus  qui  deyaient  naître,  et  dont  quelques  intérêts  froissés  avaient  fait  si  grand 
bruit,  étant  restés  dans  l'imagination  qui  les  avait  conçus,  force  avait  été  à  tou- 
tes les  déclamations  boursoufflléesdc  s'évanouir  par  le  vide,  force  ayaitélé  de  re- 
connaître que  les  acheteurs  de  certains  ouvrages  avaient  la  liberté  et  le  droit 
de  se  réunir  pour  mettre  en  commun  et  tirer  entre  eux,  parla  voie  du  sort,  la  re- 
mise dont  il  convenait  à  quelques  éditeurs  de  les  faire  jouir  en  considération  de 
leur  nombre  et  atin  de  l'accroître  cncore.il  a  fallu,  pour  que  la  loi  annoncée  en 
décembre  dernier  fût  piés(>ntée,  que  de  yÉnixABLEs  loterjes  s'instituassent  à 
l'instar  de  cellesd' Allemagne,  etque  deux  jugemens  reconnussent  qu'aucune  loi 
n'existait  qui  les  répiinuit  et  qui  défendît  aux  journaux  les  annonces  de  loteries 
étrangères.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  la  loi  présentée  ne  sera  point  promulguée 
avant  le  31  mai.  Toutefois,  si  elle  l'était  ayant  cette  époque,  le  tirage  de  la  prime 
des  Editeurs- inis  aurait  alors  lieu  le  jour  de  la  promulgation  de  la  loi. 

Jamais,  nous  le  répétons,  la  Piume  des  Editeurs-Unis  n'a  été  autre  chose  qu'une 
REMisEde  0  p.  0[0  sur  le  prix  de  leurs  livres,  calculée  sur  le  montant  de  leur  ycnte 
coMi'osÉE  au  lieu  d'être  simple,  distribuée  à  quelques  uns  par  la  voie  du  sort, 
au  lieu  d'être  également  répartie  à  tous. 

1^'idée  nous  est  ven'ie,  à  l'occasion  de  la  loi  présentée,  de  donner  aux  sou- 
scripteurs du  Journal  des  Connaissances  itiles  les  mo}ens  de  concourir  deux 
fois,  au  lieu  d'une,  pour  le  dernier  tirage  de  3o,0tJ0  fr.,  au  51  mai  prochain  :  ils 
n'auront,  s'ils  le  désirent ,  qu'à  jeter  à  la  poste  le  mandat  c} -joint,  payable  le  15 
décembre  1H3G,  pour  reccyoir  immédiatement  une  seconde  obligation  de  prime. 

Nos  souscripteurs  savent  que  nous  n'avons  pas  attendu  qu'ils  nous  adressent 
la  demande  d'une  obligation  de  prime  pour  la  leur  transmettre  en  même  temps 
(jue  leur  manc'ro,  et  incluse,  bien  que  le  pUis  grand  nombre  eût  déjà  renouyelé  et 
que  nous  ne  nous  }  fussions  point  engagés. 

'    l.MrRîMLRlE  DE  GREGOIRE,    RUE   DU  CROISSANT.   16. 


sixième  année.  1836. 
Édition  française. 


JOURNAL 


Deuxième  série. 
—  Première  année. 


DES 


COIAISSMCES  UTILES 

DICTIONNAIRE  MENSUEL  ET  PROGRESSIF, 
Répertoire  usuel 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,  ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intéressant  directement 

L'éducation  de  l'enfance  ,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles ,  l'économie  usuelle; 

L'exercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales; 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent; 

PRIX ,  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE , 

PAR  AN,  SIX  FRANCS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,   RUE   SAINT-GEORGES,   N»    11. 

Une  livraison  de  trente-deux  pages  par  mois ,  contenant  un  demi-volume  m-8°. 
Numéro  6.  —  Juin  1836. 


RÉPERTOIRE  CIVIL. 
Sur  l'éducalion ,  page  94.  —  Endiguement  des  fleuves 
et  des  rivières ,  100.  —  Construction  des  maisous  com- 
munes, 105. 

RÉPERTOIRE  DOMESTIQUE. 
Méthode  simple  pour  analyser  les  terres ,  106.  —  Des 
terreaux  et  engrais ,  m.  —  Culture  du  figuier,  ibid.  — 
Culture  des  jacinthes,  ii3.  —  Sur  la  greffe,  ibid.  —  Ta- 
bleau des  meilleurs  arbres  fruitiers  pour  la  composition 


d'un  jardin  ou  d'un  verger,  ii4.  —  Faits  nouveaux  sut 
l'éducation  des  vers  à  soie,  115. 

RÉPERTOIRE  DE  LA  CONVERS.\TION. 
De  quelques  combustibles  économiques,  IIT. — Pet-  ! 
fectionneraent  des  poêles-,  116.  —  Sur  la  conservation  i 
des  racines  tuberculeuses,  ii9. — Des  citernes  et  de  l'6 
puralion  de  l'eau  ,  iiià.— Essais  culinaires  sur  la  strat> 
ficalion,  120.  —  École  préparatoire  de  médecine,  -i 
Paris,  121. 


213 

1 

212 

2 

211 

■i 

210 

A 

209 

S 

208 

6 

207 

7 

206 

8 

205 

9 

204 

10 

203 

11 

202 

12 

201 

13 

200 

14 

199 

15 

198 

16 

197 

17 

198 

18 

195 

19 

194 

20 

193 

21 

192 

22 

191 

23 

190 

24 

189 

25 

188 

26 

187 

27 

186 

28 

185 

29 

184 

30 

JOURS 

de  la 
semaine. 


Le  1  lev. 
10  — 
20  — 
30    — 


mercredi, 
jeudi, 
vendredi, 
samedi. 

DIH. 

undi. 
mardi, 
mercredi, 
jeudi, 
vendredi, 
samedi. 

DIM. 

lundi. 

mardi. 

mercredi, 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlM. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DIH. 

lundi, 
mardi, 
mercredi.  ! 

^jeudi.        j 

du  sol.  4  h. 

S 

3 

4 


FETES  ET  NOMS 

des 

SAIKTS. 


S.  Potin. 

FÉTE-DIED. 

S.  Pamphile. 
S.  Richard. 

Boniface. 

Claude. 

Robert. 

Médard. 
Ste.  Pélagie. 
S.  Basile. 
S.  Barnabe. 
S.  Onufre. 
S.  Basilide. 
S.  Ruffin. 
S.  Agnan. 
S.  Leug. 
S.  Hervé. 
Ste.  Marine. 
S.  Gervais  S.  Pf. 
S.  Vital. 
S.  Lenfroy. 
S.  Alban. 
Ste.  Marie  d'Og. 
N.  S.  Jean-Bapt. 
S.  Éloi. 
S.  Jean  S.  P. 
S.  Sixte. 

VIGILE-LE-JEUNE. 

SS.  Pierre  et  Paul. 
Comm.  S.  Paul. 

2  m.,  couch.  7  h. 

58 8 

58 8 

2 8 


REVENU 


par 
an. 

~  f. 

7700 
7750 
7800 
7850 
7900 
7950 
8000 
8050 
8100 
8150 
8200 
8250 
8300 
8350 
8400 
8450 
8500 
8550 
8600 
8650 
8700 
8750 
8800 
8850 
8900 
8950 
9000 
9050 
9100 
9150 


par 
jour. 


f.  c. 
21  09 
21  33 
21  36 
21  50 
21  64 
21  78 

21  91 

22  05 
22  19 
22  32 
22  46 
22  62 

22  73 
Q2  87 

23  01 
23  15 
23  28 
23  42 
23  55 
23  69 
23  83 

23  97 

24  10 
24  24 
24  38 
24  52 
24  65 
24  79 

24  93 

25  06 


EMPLOI. 


Dépense 

Épargne 

9;  10. 

1710. 

f.  c. 

f.  c. 

18  98 

2  10 

19  10 

2  12 

19  23 

2  13 

19  35 

2  15 

19  47 

2  16 

19  60 

2  17 

19  72 

2  19 

19  84 

2  20 

19  97 

2  21 

20  09 

2  23 

20  21 

2  24 

20  31 

2  26 

20  46 

2  27 

20  58 

2  28 

20  71 

2  80 

20  83 

2  3l 

20  95 

2  32 

2i  08 

2  34 

21  20 

2  35 

21  32 

2  36 

21  45 

2  38 

21  57 

2  39 

21  69 

2  41 

21  82 

2  42 

21  91 

2  43 

22  06 

2  45 

22  19 

2  46 

22  31 

2  47 

22  43 

2  49 

22  56 

2  50 

PRODUl* 

de  1/10 

épargné 

au  bout  d0 

20  ans. 


f. 

23331 
23482 
28634 
23785 
23937 
24088 
24240 
24391 
24544 
24695 
24847 
24999 
25150 
25302 
25453 
25605 
25756 
25908 
26068 
26210 
26361 
26513 
26664 
26816 
26967 
27119 
27270 
27322 
27573 
25725 


P    L.  le    6  à  10  h.  16  m.  du  soir. 

D.  Q.  le    8  à  4  10        du  matin. 

N.  L.   le  15  à  11  12        du  soir. 

P    Q    le  24  à  2  4        du  matin. 


AVIS. 

Le  présent  numéro  est  destiné  à  remplacer  dans  la  collection  du  Journal  des  Con- 
naissances utiles  le  numéro  adressé  aux  abonnés  pour  le  mois  de  juin  1836,  et  qui, 
ne  contenant  que  des  matières  étrangères  au  plan  suivi  ordinairement  pour  la 
rédaction  du  Journal,  laissait  dans  l'ensemble  de  cette  rédaction  une  lacune  qu'il 
s'agissait  de  faire  disparaître. 

La  nouvelle  administration  du  Journal  des  Connaissances  utiles  n'a  pas  voulu 
laisser  plus  long-temps  inaccomplie  la  promesse  qui  avait  été  faite  par  l'ancienne 
administration  de  remplacer  ce  numéro.  L'éditeur  du  Journal  des  Connaissances 
utiles  prend  l'engagement  de  donner,  à  titre  de  supplément ,  et  sans  porter  aucune 
atteinte  à  l'ordre  habituel  de  la  rédaction  ,  les  publications  étrangères  au  Journal , 
et  qu'il  aurait  cependant  intérêt,  par  la  suite,  à  porter  à  la  connaissance  des 
abonnés.  Ces  sortes  de  publications  seront  toujours  séparées  du  corps  du  Journal. 


LE  JOURNAL  DES  CONNAISSANCES  UTILES 

SUIDE   DD  CONSOMMATEUR   ET   DU   PRODUCTEUR. 

La  nonvelle  administration  du  Journal  a  cru  devoir  introduire  dans  le  plan  général  de  ce  recueil 
et  dans  la  division  des  articles  dont  il  se  compose,  quelques  modifications  importantes  qui  se  ratta- 
chent essentiellement  à  la  nature  même  de  cette  publication. 

Le  Répertoire  de  la  conversation  et  de  la  lecture  sera  remplacé  par  des  Annonces  critiques  et 
raisonnées  sur  tous  les  objets  d'industrie  ,  sur  les  entreprises  commerciales  et  induslrietles  ,  par 
l'eiamen  sérieux  et  impartial  des  annonces  publiées  dans  les  journaux  de  Paris  et  de  la  province  ; 
enfin  par  la  libre  discussion  des  statuts  des  sociétés  en  commandite  par  actions.  Les  annonces  font 
connaître  aux  acheteurs  tout  ce  que  l'industrie  met  au  jour  et  offre  à  la  consommation  ;  aux  capi- 
talistes, toutes  les  entreprises  qui  appellent  à  leur  aide  la  puissance  de  l'argent.  Le  Journal  des 
Connaissances  utiles  indiquera  la  supériorité  ou  l'infériorité  des  produits  mis  en  vente,  les  avan- 
tages ou  les  inconvéniens  des  procédés  nouveaux  ,  leè  chances  favorables  ou  défavorables  des  en- 
treprises industrielles,  de  telle  sorte  que  le  Journal  profilera  tout  à  la  fois  aux  intérêts  du  produc- 
teur et  du  consommateur.  Pour  que  notre  travail  soit  plus  complet  et  plus  utile  ,  nos  investigations, 
nos  recherches  et  notre  opinion  porteront  sur  toutes  les  associations ,  sur  tous  les  objets  dont  on 
fait  commerce,  quelle  que  soit  d'ailleurs  leur  nature,  —  d'un  usage  rare  ou  d'un  usage  vulgaire,  — 
d'un  prix  élevé  ou  d'un  bas  prix.  Ainsi,  et  pour  donner  une  idée  plus  précise  de  ce  vdrilable  guide, 
nous  voulons  que  les  agriculteurs  connaissent  les  meilleurs  instruniens  aratoires  cl  leur  prix  ;  que 
les  chefs  d'usines  et  de  manufactures  arrêtent  leur  choix  sur  les  machines  les  plus  économiques , 
sur  les  métiers  les  plus  actifs;  nous  voulons  que  chaque  mcre  de  famille  ,  placée  à  la  télé  de  l'ad- 
ministration domestique,  sache  où  l'on  vend  les  meilleurs  meubles  et  les  meilleurs  ustensiles  de 
ménage;  quels  sont  les  meilleurs  modes  de  cliaufTage  et  d'éclairage,  etc.,  etc.  ;  tout  en  indiquant 
aux  consommateurs  les  objets  bons  ou  mauvais  ,  objets  dont  la  bonne  valeur  ou  les  défauts 
seront  jugés  par  des  hommes  spéciaux  et  instruits  que  nous  appellerons  à  notre  aide,  nous  tien- 
drons nos  lecteurs  en  garde  contre  les  mille  pièges  tendus  à  leur  crédulité.  C'est  ainsi  que  nous 
ajouterons  au  Journal  un  nouveau  degré  (ïutitité. 

Sous  le  titre  de  Méthodes  d'enseignement,  nous  examinerons  avec  un  soin  scrupuleux  ,  soit  les 
nouvelles  méthodes  qui  naissent  chaque  jour,  soit  les  livres  recommandés  aux  familles  pour  l'édu- 
cation et  l'instruction  des  cnfans.  Les  observations  que  nous  publierons  sur  ces  graves  matières 
auront  toujours  été  contrôlées  par  l'expérience,  et  nous  nous  occuperons  plus  souvent  de  l'éduca- 
tion pratique  que  des  théories  sur  l'éducation. 

Chaque  numéro  du  journal  commencera  par  un  article  d'utilité  générale.  Ces  articles,  parla  va- 
riété des  sujets  auxquels  ils  seront  consacrés,  et  par  leur  forme  littéraire,  remplaceront  le  Réper- 
ioire  de  la  conversation  et  delà  lecture. 

Nous  publierons  régulièrement  la  liste  des  brevets  qui,  par  l'expiration  du  terme  fixé  pour  leur 
durée,  tombent  dans  le  domaine  public,  et  nous  ferons  connaître  les  principaux  brevets  qui  auront 
été  obtenus. 

Nous  indiquons  ici  quelques-unes  des  améliorations  qui  seront  introduites  dans  le  journal,  nous 
féservant  d'accueillir  toutes  celles  dont  la  nécessité  nous  serait  démontrée,  soit  par  l'expérience, 
soit  par  les  conseils  de  nos  abonnés  correspondans  ,  ou  que  nous  suggérerait  notre  constant  désir 
de  conserver  à  cette  feuille  une  part  de  l'immense  faveur  qui  l'accueillit  à  son  origine. 

Décembre  1 837.  Le  Directeur, 

Auguste  DESREZ. 


97 


HEPEUTOIEE  CIVIL, 


SUR  L'EDUCATION, 


«  Il  est  universellement  re- 
j;onnu  que  l'éducation  est  la 
première  condition  du  bon- 
heur, et  que  l'inslruclion  ,  sa- 
gement conduite  et  habilement 
combinée  avec  l'éducation,  est 
la  seconde.  « 

i(  Si  nous  interrogions  tous 
ceux  qui  se  sont  distingués, 
soit  en  bien,  soit  en  mal,  soyez 
sûrs  qu'ils  nous  répondraient  : 
C'est  notre  éducation  qui  nous 
a  faits  ce  que  nous  sommes.  » 

On  a  tant  écrit  sur  l'édiicalion ,  que  nous 
n'oserions  vraiment  aborder  encore  ce  sujet,  si 
nous  n'élions  convaincus  qu'il  faut  répéîer  in- 
cessamment certaines  vérités  ,  quoiqu'elles 
soient  lentes  k  asseoir  leur  empire,  quoiqu'elles 
ne  trouvent  dans  la  plupart  des  esprits  qu'un 
difficile  accès.  Selon  nous,  l'éducation,  sur  la- 
quelle repose  le  bonheur  individuel,  est  encore 
la  base  de  toute  réforme,  de  toute  amélioralion 
sociale  ,  et  jamais  nous  n'avons  pu  nous  défen- 
dre d'un  sentiment  pénible,  lorsque  nous  avons 
vu  que  cette  base  menaçait  ruine,  et  que  toutes 
les  familles,  à  part  de  trop  rares  exceptions, 
faisaient  entrer  l'éducation  dans  une  voie  qui , 
fausse  h  son  point  de  départ ,  ne  présentait 
qu'une  fatale  issue.  Mais,  dira-t-on,  si  les  pa- 
rens  se  trompent,  ne  sont-ils  pas  au  moins  de 
bonne  foi  dans  leur  erreur  ;  tous  ne  veulent-ils 
pas  également,  avec  sincérité,  le  bonheur  des 
enfans  que  Dieu  a  placés  sous  leur  tutelle  et  con- 
fiés à  leurs  soins  ?  Eh  bien  !  c'est  précisément 
parce  que  nous  croyons  à  la  bonne  foi  et  h  l'af- 
fection des  parens  ,  que  nous  osons  leur  dire 
que  leur  erreur  est  souvent  fatale  à  leurs  en- 
fans  ;  qu'ils  ne  considèrent  pas  assez  l'éduca- 
tion comme  une  de  ces  choses  saintes  et  sacrées 
qu'on  ne  peut  traiter  ni  à  la  légère,  ni  à  l'aven- 
ture ;  qu'ils  acceptent ,  sans  en  mesurer  l'élen- 
due,  sans  en  calculer  la  portée,  la  responsabilité 
qui  pèse  sur  eux  ;  qu'ils  font  chaque  jour  des 
expériences  nouvelles  en  matière  d'éducation , 
comme  s'ils  pouvaient  effacer  et  réparer  le  len- 
demain les  essais  de  la  veille  ;  et  que  les  moyens 
dont  ils  se  servent  pour  assurer  à  ces  enfans  la 
vie  heureuse  qu'ils  rêvent  pour  eux ,  ne  pro- 
duisent trop  souvent  que  des  effets  opposés  à 
leurs  plus  constans  désirs. 

Quelle  est,  en  général,  l'idée  dominante  du 
père  ou  de  la  mère  de  famille  ? 

Le  père  de  famille  pense  à  l'instruction  qu'il 
donnera  à  son  fils ,  au  rang,  à  la  posilion,  aux 


avantages  que  celte  instruction  lui  offrira  ;  il 
oublie  l'enfant ,  et  voit  déjà  le  jeune  homme  , 
l'homme  fait. 

La  mère  de  famille  s'occupe  h  l'avance  des 
taleus  que  sa  fille  doit  acquérir,  des  succès  que 
lui  mériteront  ces  talons  à  son  entrée  dans  le 
monde  ;  elle  aussi  oublie  l'enfant,  elle  voit  dans 
sa  fille  une  jeune  personne,  une  femme. 

Et  au  milieu  de  ces  pensées  d'avenir,  on  dé- 
laisse le  présent. 

On  songe  d'abord  à  l'instruction  des  enfans, 
comme  si  l'éducation  ne  devait  pas  précéder 
l'instruction  ;  comme  si  la  culture  du  cœur  ne 
devait  pas  l'emporter  sur  la  culture  de  l'esprit  ; 
comme  si,  dans  la  vie,  l'esprit  n'élait  pas  tou- 
jours un  guide  moins  siir,  moins  utile  que  le 
cœur.  On  ne  saurait  trop  le  redire  :  à  force  de 
travail  et  de  persévérance,  un  homme  peut  tou- 
jours apprendre.  Il  n'est  jamais  trop  tard  pour 
qu'il  puisse  s'inilier  aux  connaissances  humai- 
nes ;  tandis  qu'il  est  un  âge  où  la  raison  la  plus 
sévère  est  impuissante  à  corriger  les  mauvais 
penchans  du  cœur,  ou  les  défauts  du  caractère, 
lorsqu'on  les  a  laissés  naître  et  grandir  en  nous. 
L'éducation  doit  donc  commencer  réellement 
avec  l'enfance.  Voilà  ce  que  les  familles  ne  sa- 
vent pas,  ou  ce  qu'elles  feignent  d'ignorer.  Et 
cependant  n'ont-elles  pas  en  elles  tous  les  élé- 
mens  nécessaires  pour  donner  aux  enfans  une 
éducation  morale  puissamment  organisée,  pour 
semer  dans  ces  jeunes  âmes  les  germes  féconds 
dont  un  âge  plus  avancé  portera  les  fruits,  pour 
que  ces  plantes  tendres  et  fragiles  puissent  pren- 
dre racine  dans  une  terre  qui  n'étoufîe  pas,  qui 
ne  dessèche  pas  leur  sève, 

On  connaît  l'éloquente  prédication  de  Rous- 
seau sur  l'éducation.  On  sait  qu'il  veut  qu'une 
mère  soit  le  premier  instituteur  de  son  enfant. 
Le  philosophe  avait  raison  ;  il  comprenait  que 
c'était  violer  les  lois  de  la  nature  que  de  confier 
cet  enfant  à  des  mains  mercenaires,  tandis  que 
l'amour  et  les  caresses  de  sa  mère  le  réclamaient. 
Quel  cœur  remplacerait  le  cœur  d'une  mère  ! 
Voyez-la  attentive  près  du  berceau  de  son  fils, 
protégeant  son  sommeil  au  dépens  de  son  re- 
pos ;  voyez-la  s'associer  à  ses  premières  joies 
et  à  ses  premiers  chagrins  ;  voyez-la  épiant  sur 
le  visage  de  son  enfant  les  moindres  émotions 
qu'il  peut  ressentir,  et  dites-nous  si  l'enfanf 
peut  être  mieux  placé  que  sous  l'égide  de  sa 
mère  ;  si  le  cœur  d'une  mère  n'est  pas  en  vérité 
«  le  chef  d'amour  de  la  création.  »  Quelle  pa- 
tience !  quel  dévouement!  quelle  tendresse! 


98 

C'est  un  amour  à  part  que  ne  connaissent  pas 
ceux  mêmes  qui  ont  le  plus  ardemment  aimé;  c'est 
un  amour  qui  ni  ne  meurl,  ni  ne  s'éteint,  ni  ne 
s'aiïaiblit.  Cette  mère  qui  surveille  les  progrès  et 
les  développemens  physiques  de  son  enfant, 
n'est-elle  pas  dans  les  conditions  les  plus  avan- 
tageuses pour  surveiller  les  progrès  et  les  déve- 
loppemens de  son  cœur  et  de  son  esprit? 

«  Les  mères,  dit  Rollin,  ne  peuvent  s'excuser 
sur  leurs  grandes  occupations  ;  elles  ont  beau- 
coup de  loisirs.  Le  soin  de  l'éducation  des  en- 
fans,  jusqu'à  l'âge  de  six  à  sept  ans,  roule  prin- 
cipalement sur  elles  ,  et  fait  partie  de  ce  petit 
empire  domestique  que  la  Piovidence  leur  a 
spécialement  assigné.  Leur  douceur  naturelle , 
leuis  manières  insinuantes,  si  elles  savent  y 
joindre  une  autorité  douce ,  mais  ferme  ,  les 
mettent  à  même  d'instruire  avec  succès  leurs 
enfans.  Nous  connaissons  plusieurs  mères  qui 
ont  rempli  parfaitement  ce  devoir  ;  une  entre 
autres  qui  n'a  jamais  laissé  son  enfant  seul  avec 
les  domestiques ,  et  qui  l'a  elle-même  parfaite- 
ment instruit  de  tout  ce  qu'un  enfant  peut  ap- 
prendre jusqu'à  l'âge  de  six  ans.  »  Si,  dans  ce 
passage  que  nous  empruntons  à  un  homme  qui 
comprit  l'enfance  et  la  jeunesse,  le  mot  éducation 
est  seulement  prononcé,  c'est  qu'ailleurs  l'au- 
teur avait  déjà  parlé  de  la  première  éducation 
en  termes  qui  attestaient  assez  l'importance  ex- 
trême qu'il  y  attachait.  Et,  qu'on  veuille  bien 
le  remarquer,  il  n'est  em^ore  ici  question  que  de 
la  mère,  car  l'intervention  du  père  dans  l'édu- 
cation de  son  fils  n'a  lieu  que  lorsque  la  raison 
jette  ses  premières  lueurs.  Quant  aux  mères 
qui  doutent  d'elles-mêmes  à  ce  point  de  ne  pas 
se  charger  de  l'éducation  de  leurs  enfans,  et  qui 
achètent,  à  prix  d'argent,  une  surveillance  et 
une  direction  qu'elles  refusent  d'accepter,  nous 
leur  dirons  :  Malheur  à  vous  !  car  vous  pouvez 
faire  l'éducation  de  vos  enfans  ,  et  vous  ne  le 
voulez  pas.  Malheur  à  vous  !  cir  vous  abdiquez 
le  plus  beau  des  droits  dont  vous  puissiez  être 
fières.  Malheur  à  vous  !  car  c'est  à  vous  que 
Dieu ,  que  la  société  ,  que  vos  maris  demande- 
ront rompte ,  au  nom  de  vos  enfans ,  de  votre 
peu  de  courage  ou  de  votre  indifférence.  Il  est 
évident  que  nous  ne  voulons  établir  que  des  gé- 
néralités. Nous  savons  que,  sous  l'empire  de 
certaines  nécessiti'S  impérieuses,  un  grand  nom- 
bre de  mères  sont  tristement  forcées  de  confier 
à  des  personnes  étrangères  l'allaitement  et  l'é- 
ducation de  leurs  enfans.  Aussi  nous  adressons- 
nous  plus  spécialement  aux  familles  qui  peuvent 
se  vouer  à  ce  grand  œuvre  de  l'éducation. 

Toutefois,  en  indiquant  ici  quel(]ues-unes  des 
principales  bases  sur  lesquelles  s'appuie  essen- 
tiellement toute  bonne  éducation,  nous  n'avons 
pas  la  prétention  de  nous  pi'ésenter  avec  un 
système  nouveau,  complet,  arrêté;  nous  savons 
même  que  la  plupart  des  principes  que  nous 


proclamons  n'ont  pas  le  mérite  de  la  nouveauté, 
qu'ils  sont  admis  en  théorie  et  délaissés  dans  la 
pratique,  etlemalheurestlà.  Seulement,  comme 
nous  avons  en  ces  principes  une  entière  foi , 
parce  qu'ils  ont  été  contrôlés  par  une  expérience 
personnelle  ;  comme  nous  croyons  que  tout 
père  de  famille  rend  service  à  la  société  alors 
qu'il  lui  apporte  le  tribut,  moins  de  ses  propres 
lumières  que  des  faits  expénmentés,  nous  n'a- 
vons pas  hésité  à  publier  nos  observations.  Ne 
fussent-elles  utiles  qu'à  une  seule  famille,  nous 
aurions  atteint  notre  but!  La  Journal  des  Con- 
naissances utiles  se  présentait  naturellement 
pour  être  notre  organe,  car  ce  recueil  contient 
déjà  de  nombreux  enseignemens  sur  l'éduca- 
tion, considérée  dans  ses  rapports  avec  le 
bonheur  individuel ,  les  liens  de  famille  et  la 
morale  publique. 

Lorsque  l'enfant  se  déprend  des  bras  de  sa 
mère  et  de  sa  nourrice ,  lorsque  ses  forces  phy- 
siques se  développent,  gardez-vous  bien  de 
croire  que  ses  passions  ne  soient  pas  en  jeu. 
Ces  passions  naissantes  doivent  être  observées 
pour  être  comprises ,  et  comprises  pour  être  di- 
rigées. Ce  serait  une  fatale  idée  que  celle  qui 
conduirait  le  père  ou  la  mère  de  famille  à  vou- 
loir comprimer  violemment  l'élan  de  ces  pas- 
sions :  elles  ne  demandent  qu'à  être  sagement 
réglées,  qu'à  être  engagées  dans  une  bonne 
route.  Les  enfans  sont  faibles  ;  pour  eux,  toutes 
les  pentes  sont  rapides;  ils  descendront  aussi 
promptemcnt  vers  le  bien  que  vers  le  mal  ;  gui- 
dez-les, mais  surtout  ne  croyez  pas  à  l'absurde 
calomnie  qui  tend  à  établir  que  les  enfans  sont 
naturellement  enclins  au  mal.  On  pourrait  dire, 
avec  plus  de  vérité,  que  les  parents  sont  enclins 
naturellement  à  une  coupable  indifférence,  qui 
leur  fait  trop  souvent  négliger  l'élude  du  cœur 
de  leurs  enfants.  Certes,  il  serait  superflu  d'ana- 
lyser ici  les  passions  qui  déjà  tyrannisent  ces 
faibles  créatures.  Ne  luttent-elles  pas  déjà  con- 
tre la  jalousie,  contre  la  vanité,  contre  la  colère.? 
Il  faut  surveiller  le  développement  hâtif  de  ces 
défauts,  leur  opposer  une  digue  salutaire,  cl 
chercher  si  ces  défauts  eux-mêmes  ne  contien- 
draient pas  le  principe  de  quelques  nobles  et  gé- 
néreuses qualités.  Changez,  par  exemple,  l'en- 
têtement et  l'obstination  d'un  enfant  en  une  vo- 
lonté ferme  et  persévérante  ;  changez  sa  vanité 
ou  son  orgueil  en  un  légitime  amour-propre; 
en  un  mot,  ne  permettez  pas  aux  passions  de 
prendre  une  mauvaise  tendance. 

Tandis  que  votre  enfant  grandit,  et  à  mesure 
que  ses  passions  se  manifestent  au  dehors  par 
des  symptômes  irrévocables ,  vous  avez  encore 
un  développement  à  suivre  :  le  développement 
de  la  raison.  Ne  croyez  pas  que  cette  raison 
soit  douteuse  ou  incertaine  ;  ce  serait  une  erreur. 
Ne  croyez  pas  que  cette  raison  soit  déjà  telle 
que  se  la  représentent  souvent  l'aveugle  ten- 


I 


dresse  ou  l'orgiicil  d'une  mère  ;  ce  sfiail  une 
autre  erreur.  Nous  savons  qu'il  est  diflicilc  de 
discerner  la  qualité,  la  valeur,  et  l'étendue  de 
cette  raison,  et  c'est  précisément  pour  cette 
cause  que  nous  recommandons  aux  parens  «  de 
ne  raisonner  qu'avec  ce  que  l'enfant  a  déraison.» 
C'est  là  la  clé  de  l'éducation.  Ainsi  il  ne  faut  pas 
craindre  de  confier  quelque  semence  à  cette  rai- 
son naissante  ;  mais  il  ne  faut  pas  exiger  qu'elle 
produise  des  fruits  qu'elle  ne  saurait  encore 
porter.  Pour  nous,  nous  ne  professons  qu'une 
admiration  médiocre  pour  les  petites  merveil- 
les, et  pour  les  talens  de  serre  chaude ,  vé- 
ritables jouets  qui  peuvent  flatter  l'amour-propre 
d'une  mère,  obtenir  des  applaudissemens  que 
l'urbanité  et  la  galanterie  décernent,  mais  qui 
n'avancent  pas  la  solution  des  problèmes  que 
présente  ['éducation.  C'est  ici  qu'il  convient  de 
placer  une  observation  importante  :  les  mères 
de  familles ,  lorsqu'elles  se  trouvent  au  vis-à-vis 
des  devoirs  que  leur  impose  l'éducation  de  leurs 
enfans,  sont,  en  quelque  sorte,  prises  au  dé- 
pourvu, parce  qu'elles  n'ont  pas,  à  l'avance, 
porté  leur  attention  sur  la  haute  mission  qui  doit 
leur  être  confiée  :  elles  hésitent  entre  les  prin- 
cipes les  plus  opposés,  parce  qu'elles  n'ont  pas 
cherché  à  se  rendre  compte  de  la  supériorité  de 
tels  principes,  de  l'infériorité  de  tels  autres. 
Peut-être  nous  demandera-t-on  quel  est  alors 
notre  plan  d'éducation  ;  peut-être  s'étonnera-t- 
on que  nous  ne  formulions  pas  un  système  ar- 
rêté. L'examen  comparé  des  divers  systèmes 
suivis  pour  l'éducation,  serait  sans  doute  une 
tâche  au-dessus  de  nos  forces,  et  ne  pourrait 
être  que  mal  à  l'aise  dans  le  cadre  rétréci  d'un 
article  de  journal  ;  bornons-nous  à  dire  :  «  En 
tout,  les  vrais  principes  sont  ceux  que  dicte 
souverainement  la  nature  même  des  choses,  ceux 
que  saisit  le  plus  universellement  le  sens  com- 
mun. Consulter  à  la  fois  la  nature  et  la  raison , 
réunir  les  vérités  qui  conviennent  également  à 
tous ,  et  à  chacun  en  particulier,  suivant  sa  po- 
sition sociale,  telles  sont  les  règles  primordiales 
qui  doivent  aider  à  former  un  homme ,  lequel, 
du  moment  ou  vous  aurez  senti  poindre  sa  rai- 
son, ne  doit  plus  avoir  rien  de  l'enfant,  que  la 
petitesse  du  corps  et  les  tendres  années.  » 

Vous  l'entendez  !  voilà  précisément  ce  que 
nous  disions  :  il  faut  épier  le  moment  où  la  rai- 
son d'un  enfant  se  produit ,  même  par  les  indices 
les  plus  frivoles  ;  en  apparence,  il  faut  se  servir 
de  cette  raison  au  profit  de  l'âme  et  de  l'esprit, 
au  profit  de  l'âme  surtout.  Etudiez  les  premières 
émotions  ,  les  premiers  sentiments  de  l'enfance, 
nous  allions  dire ,  étudiez  ses  premiers  regards, 
car  «  comme  chez  les  enfans  l'intelligence  pré- 
cède la  parole  »,  leurs  yeux  et  leur  physionomie 
vous  diront  souvent  ce  que  leur  langue,  muette 
encore,  ne  peut  exprimer. 

n  convient ,  avant  tout ,  de  s'occuper  de 


99 

l'ànie  ;  la  raison  doit  en  régler  tous  les  mou- 
vement. 

Le  père  et  la  mère  de  famille  doivent  donc 
principalement  travailler  au  développement  de 
cette  raison,  à  son  développement  progressif , 
afin  qu'elle  ne  soit  épuisée  par  d'inutiles  efforts. 
La  vie  morale  et  l'existence  physique  ont  entre 
elles  de  grandes  analogies.  Les  parens  qui  re- 
doutent les  dilTormilés  du  corps,  craindraient- 
ils  moins  les  difformités  de  l'âme;  préfèreraient- 
ils  que  leuis  enfans  fussent  beaux ,  et  qu'ils  ne 
fussent  pas  bons?  Eh  bien  !  les  facultés  naissan- 
tes du  corps  et  de  l'âme  ont  toutes  besoin  d'être 
observées ,  réglées ,  dirigées  ,  et  trop  souvent 
des  hommes  expient,  dans  l'àgc  mûr,  les  fu- 
nestes habitudes  contractées  pendant  l'enfance, 
et  que  l'éducation  aurait  dû  plutôt  encore  pré- 
venir que  réformer. 

Souvent  on  a  dit  que  les  enfans  étaient  privés 
de  raison.  Rousseau  a  peut-être  contribué  à 
propager  cette  opinion,  en  écrivant  :  «  Le  chef- 
d'œuvre  d'une  bonne  éducation  est  de  faire  un 
homme  raisonnable  ;  et  prétendre  absolument 
élever  un  enfant  par  la  raison ,  c'est  commencer 
par  la  fin.  »  Et  cependant  on  ne  peut  nier  que 
les  enfans  n'aient  un  fond  de  raison ,  qui,  très- 
limitée  d'abord ,  fait  successivement  des  acqui- 
sitions et  des  conquêtes.  Ne  pas  admettre  que 
la  raison  existe,  grandit,  se  développe,  mûrit, 
ce  serait  donner  à  penser  que  la  raison  se  pro- 
duit tout  à  coup,  que  l'enfant,  aujourd'hui  sot  et 
inepte,  se  réveillera  demain  raisonnable.  En  vé- 
rité, cette  thèse  serait  trop  absurde.  Maintenant 
faut-il  prouver  par  des  exemples ,  que  les  enfans 
donnent  souvent  des  preuves  d'une  raison  que 
nous  n'abaisserons  pas  au  niveau  de  l'instinct? 
Mais  il  suffit,  en  vérité,  d'étudier  un  enfant, 
bien  jeune  encore ,  sur  les  genoux  de  sa  mère, 
si  vous  voulez,  et  à  chaque  instant  vous  verrez 
jaillir  les  étincelles  d'une  raison  que  trop  sou- 
vent on  conteste,  pour  s'épargner  le  soin  de  la 
cultiver.  Cette  étude  de  l'enfance,  on  la  néglige  ; 
c'est  un  tort.  Voilà  pourquoi  les  principes  d'é- 
ducation restent  stationnaires. 

En  se  contentant  de  soutenir,  par  suite  d'une 
erreur  accréditée  par  une  sorte  de  funeste  tra- 
dition, que  la  raison  chez  les  enfans  n'est  qu'u- 
ne fiction,  les  parens  se  dispensent  tout  natu- 
rellement d'intervenir  dans  la  direction  qu'il  im- 
porte d'autant  plus  de  donner  à  la  raison,  que 
celle-ci,  faible  encore,  ne  peut  faire  un  pas  sans 
appui.  Nous  voudrions,  nous,  qu'on  procédât 
tout  autrement  :  nous  voudrions  par  exemple, 
que  les  parens,  au  lieu  de  laisser  aller  au  ha- 
sard les  idées  qu'un  enfant  peut  avoir,  et  les 
jugemens  qu'il  peut  porter,  exerçassent  sans 
cesse  sur  ces  idées  un  utile  contrôle;  qu'ils  s'as- 
surassent non-seulement  que  l'enfant  comprend 
ce  qu'il  veut  dire  ,  mais  encore  qu'il  ne  dit  rien 
qu'il  ne  comprenne,  et,  croyez-le  bien,  si  les 


100 

parents  exigeaient  que  leurs  fils  ou  leurs  filles, 
toujours  questionneurs  et  curieux  et  qui  dési- 
rent connaître  et  savoir,  ne  s'arrêtassent  pas 
exclusivement  dans  leur  éternel  bavardage , 
sur  des  pensées  obscures,  fausses  et  dangereu- 
ses ,  mais  qu'ils  parlassent  avec  justesse  sur 
des  choses  qu'ils  peuvent  concevoir,  qui  sont 
à  leur  portée  (  et  le  nombre  en  est  grand  ) ,  l'es- 
prit des  enfans  acquerrait  une  rectitude  que  les 
années  et  la  réflexion  rendraient  toujours  plus 
profonde;  et,  il  faut  en  convenir,  un jugeincni 
sain  et  droit  est  une  chose  assez  rare  pour 
qu'elle  mérite  d'être  souhaitée.  11  serait  donc  à 
désirer  qu'une  des  réformes  à  introduire  dans 
l'éducation,  portât  sur  la  nécessité  de  rendre  la 
raison  des  enfans  active,  agissante, —  sur  le 
danger  de  leur  raconter  de  stupidcs  histoires  de 
revenans  ou  de  sorciers,  —  sur  l'inconvénient 
de.  prolonger  chez  les  enfans  tous  les  mots  qui 
prennent  place  dans  le  vocabulaire  des  nourri- 
ces et  des  bonnes  d'enfans.  Quand  un  enfant  se 
rend  un  compte  exact  de  ce  qu'il  voit,  exigez  de 
lui  qu'il  s'habitue  à  s'exprimer  correctement  et 
qu'il  quitte  ces  locutions  baroques  qui  semblent 
se  perpétuer  dans  la  famille  avec  un  religieux 
respect  ;  exigez  que  les  mots  qu'il  emploie  s'ap- 
pliquent à  quelque  chose  ;  exigez  encore  qu'il 
s'exerce  à  prononcer  ces  mots  d'une  manière 
exacte,  et  cela  le  plus  tôt  possible.  Emancipez 
vos  enfans;  c'est-ii-dire,  donnez-leur,  dès  l'âge 
le  plus  tendre,  la  conscience  de  leur  intelli- 
gence et  leur  volonté.  Les  enfans  aiment  tou- 
tes les  distinctions  qui  les  rapprochent  des  hom- 
mes dits  raisonnables  ;  ils  aiment  ainsi  que 
cela  se  dit  trivialement  :  «  faire  comme  les 
grandes  personnes,  jj  Profitez  donc  habilement 
de  cette  heureuse  disposition  d'esprit  pour  leur 
démontrer  que  ces  grandes  personnes  ne  se 
servent  pas  des  locutions  que  vous  blâmerez,  et 
n'ont  pas  les  habitudes,  les  manies  que  vous  vou- 
drezcombattre.  Les  enfans  sont  observateurs,  ils 
ont  une  merveilleuse  aptitude  pour  comparer. 
Mettez  toujours  sous  leurs  yeux  de  bons  mo- 
dèles. C'est  là  peut-être,  après  tout ,  l'un  des 
meilleurs  secrets  d'une  bonne  éducation. 

Les  enfans  sont  dans  le  monde  comme  des 
voyageurs  qui  airivcnt  sur  une  terre  étrangère; 
ils  veulent  tout  voir  ;  ils  s'informent  de  tout  : 
ils  aiment  beaucoup  les  dessins,  les  images,  et 
surtout  celles  qui  sont  ornées  de  couleurs,  parce 
que  l'àme,  qui  est  faite  pour  l'ordre,  est  agréa- 
blement frappée,  lorsque  la  symétrie  des  objets 
remue  régulièrement  les  organes. 

Il  faut  savoir  tirer  avantage  de  ces  deux  in- 
clinations naturelles  à  l'àme  de  l'enfant,  le  dé- 
sir de  connaître  est  l'amour  de  l'ordre  alors 
que  ces  inclinations  sont  plus  ardentes  ;  et,  loin 
de  réprimer  les  mouvemens  de  l'âme  dans  les 
enfans  ,  il  faut  savoir  les  diriger  vers  quelque 
chose  utile,  eu  leur  présentant  des  objets  qui, 


plus  que  leurs  jeux  ordinaires,  les  instruisent 
et  les  divertissent.  Quoique  les  diverlisscracns 
de  l'enfance  paraissent  une  sorte  de  folie  et  de 
dérèglement  de  l'imagination ,  il  est  cependant 
vrai  que  les  enfans  y  cherchent  toujours  quel- 
que chose  d'extraordinaire.  Tels  sont  les  ar- 
rangemens  des  châteaux  en  cartes  qu'ils  bâtis- 
sent avec  un  soin  et  une  attention  qui  suspen- 
dent leur  légèreté  naturelle  ;  tels  sont  les  mou- 
vemens réguliers  d'une  balle  ,  d'un  volant,  d'un 
sabot ,  qu'ils  considèrent  pendant  des  heures 
entières  ;  telles  sont  enfin  ,  les  bulles  d'eau  de 
savon  ,  avec  l'admirable  éclat  des  couleurs  de 
l'arc-en-ciel.  Toutes  ces  choses,  dont  les  en- 
fans ignorent  la  cause  et  la  nature,  sont  autant  de 
miracles  pour  eux  ,  tant  l'ordre  de  tous  ces  pe- 
tits phénomènes  a  de  pouvoir  sur  leur  âme. 

L'exemple  est  un  maître  puissant  ;  aussi  ne 
dites  rien ,  ne  faites  rien  autour  de  l'enfant  par 
rapport  à  lui  et  à  vous,  qui  ne  soit  honnête, 
juste  et  raisonnable.  On  doit  rester  devant  les 
enfans  dans  la  plus  scrupuleuse  réserve,  et  cela 
est  vrai  :  si  vous  voulez  que  l'enfant  vous  em- 
prunte les  expressions  de  votre  langage  ,  pures, 
correctes  ,  décentes  ;  si  vous  voulez  qu'il  imite 
vos  manières,  votre  tenue,  comment  cet  en- 
fant distinguerait-il ,  enclin  qu'il  est  à  l'imila- 
liou  ,  ce  qu'il  doit  accepter  et  repousser;  com- 
ment choisirait-il  les  alimens  délicats  qui  con- 
viennent à  son  esprit ,  à  son  cœur,  et  les  ali- 
mens grossiers  ou  malsains  qui  seraient  dange- 
reux pour  lui  ?  Chose  étrange ,  en  vérité  !  vous 
dites  à  votre  enfant  :  Prie  Dieu  ;  et  peut-être 
devant  lui  vous  aurez  blasphémé  le  nom  révéré 
de  Dieu...!  Devant  lui,  vous  proférerez  un  mot 
violent  ou  emporté  ;  devant  lui ,  vous  vous  met- 
trez en  colère ,  puis  vous  serez  surpris  quand 
votre  enfant  à  son  tour  frappera  la  terre  du  pied, 
s'irritera  jusqu'aux  cris  ,  jusqu'aux  larmes ,  et 
s'il  vient  à  dire  quelque  mol  obscène  et  ignoble, 
vous  vous  demanderez  où  donc  cet  enfant  a-l- 
il  apj)ris  cela?  —  A  votre  école.  On  est  devant 
les  enfans  sans  retenue,  sans  défiance.  Quand 
donc  voudra-l-on  prendre  la  peine  de  remarquer 
avec  quelle  attention  soutenue  les  enfans  écou- 
tent souvent  une  conversation  ;  avec  quelle  mé- 
moire ils  conservent  des  traits  ?  Nous  avons 
connu  des  femmes  qui  se  rappelaient  de  scan- 
daleuses anecdotes  et  des  propos  scandaleux 
échangés  devant  elles ,  enfans  encore ,  anec- 
dotes et  propos  que,  femmes,  elles  n'eussent 
pas  osé  redire  sans  que  leur  pudeur  en  fût  offen- 
sée !  Triste  conséquence  de  l'opinion  que  nous 
avons  signalée  :  à  savoir  qu'on  agit  comme  si  l'on 
ignorait  que  les  enfans  doivent  giandir  et  prendre 
rang  dans  le  monde  ;  qu'on  les  traite  comme 
s'ils  étaient  privés  de  raison  et  d'intelligence, 
comme  si  l'enfance  commençait  par  l'imbécillité. 

Songez  qu2  tout  plan  d'éducation  est  compro- 
mis si  l'enfant  s'aperçoit  que  vos  actions  dé- 


mentent  vos  paroles  ;  songez  encore  que  les 
mauvais  exemples  laisseront  un  souvenir  plus 
profoud  que  les  conseils  salutaires.  «  Les  bonnes 
habitudes  et  les  bons  exemples  ,  voilà  les  fon- 
demens  de  l'éducation  morale,  m 

L'éducation  dont  nous  nous  occupons  en  ce 
moment  est  celle  que  ie(;oivent  les  enfaus  jus- 
qu'à l'âge  de  six  ans.  Long-temps  avant  que 
cette  première  péiiode  de  la  vie  soit  accomplie, 
vous  aurez  pu  vous  convaincre  que  la  raison 
de  l'enfant  est  réelle  et  positive,  et  que  le  juge- 
ment ,  quoiqu'il  se  produise  moins  activement, 
existe  déjà  depuis  long-temps.  Soyez  égale- 
ment persuadé  que  la  conscience  de  l'enfant 
s'est  révélée ,  et  que,  déjà  distinguant  le  bien 
et  le  mal,  il  se  posera  votre  juge.  Cela  vous 
étonne,  n'est-il  pas  vrai  ?  et  poui  tant  cela  est 
vrai.  «  Tenez-vous  dès  cet  instant  sur  vos  gar- 
des ;  votre  enfant  veille  sur  vous  ;  et  malheur 
il  qui  lui  apportera  le  scandale  !  11  n'a  cepen- 
dant pas  encore  idée  des  devoirs  ni  de  son 
droit,  et  vous  allez  le  voir  s'irriter  contre  les 
apparences  de  la  moindre  injustice...  Vous  le 
punissez  :  si  le  malheur  voulait  que  vous  eus- 
siez châtié  injustement,  oh  !  cette  idée  devrait 
vous  faire  trembler  d'épouvante  !  Si  vous  avez 
châtié  injustement,  rappelez-vous-le  bien  :  l'en- 
fant, un  jour,  cet  enfant,  dont  vous  avez  trahi 
la  conscience,  en  appellera  à  Dieu  de  votre  ju- 
gement d'homme.  C'est  que  l'enfant  a  senti  sur 
le  sein  de  sa  mère  ou  dans  les  bras  de  sa 
nourrice  poindre  ses  premières  émotions ,  et 
que  la  première  émotion  que  vous  venez  de  lui 
donner,  c'est  l'émotion  de  l'injustice.  » 

Les  punitions  et  les  récompenses  tiennent 
ime  grande  place  dans  l'histoire  de  l'éducation. 
Les  punitions  ne  sont  applicables  et  ne  produi- 
sent d'effet  sur  un  enfant,  qu'autant  qu'il  peut 
comprendre  qu'il  a  mérité  le  châtiment  qu'on 
lui  inflige  ;  et  à  ce  sujet,  qu'on  nous  permette 
un  conseil.  Nous  pensons  qu'il  ne  faut  jamais 
punir  un  enfant  au  moment  même  où  il  commet 
une  faute  ;  il  faut  lui  donner  le  temps  de  ren- 
trer en  lui-même ,  de  voir  ses  torts ,  de  les 
avouer,  et  de  reconnaître  que  c'est  à  juste  ti- 
tre qu'on  lui  adresse  une  remontrance,  ou  qu'on 
lui  impose  une  punition.  Nous  ne  voulons  pas 
écrire  ici  le  Code  des  délits  de  l'enfance,  ni 
fixer  une  pénalité.  Nous  dirons  «  que ,  pour 
les  enfans ,  tout  châtiment  est  châtiment.  « 
Toutefois ,  nous  nous  élèverons  avec  une  éner- 
gique conviction  contre  les  coups  et  la  violence, 
contre  les  peines  qui  blessent  l'amour-propre. 
«  J'accuse,  dit  Montaigne,  toute  violence  en 
l'éducation  d'une  âme  tendre ,  qu'on  dresse 
pour  l'honneur  et  la  liberté;  il  y  a  je  ne  sais 
quoi  de  servile  en  la  rigueur  et  en  la  contrainte.  » 
Les  chàtimens  serviles  n'arrêtent  que  pour  un 
moment  la  volonté  déréglée  de  l'enfant  ;  ils  lui 
font  haïr  ceux  qui  le  frappent,  et  il  prend  en 


101 

un  invincible  dégoût  ce  qu'on  veut  lui  faire 
faire  par  ce  moyen.  Nous  signalons  ici  un  écueil 
dangereux  :  le  but  des  punitions  est  d'agir  sur 
l'âme  de  l'enfanl,  et  de  rendre  sa  volonté  plus 
docile  :  or,  il  perdra  cette  exquise  sensibilité 
s'il  est  soumis  à  des  chàtimens  rigoureux  ;  il 
est  même  à  craindre  qu'il  ne  devienne  opiniâtre 
par  fierté  ;  qu'il  ne  mette  sa  gloire  à  résister 
aux  coups  dont  on  le  frappe,  par  exemple  ;  et 
comme,  en  définitive,  au-delà  de  ces  peines 
corporelles,  il  n'y  a  plus  de  punitions  possibles, 
s'il  est  inébranlable,  s'il  résiste,  vous  êtes 
vaincu  ;  vous  êtes  désormais  un  maître  sans 
puissance  ;  tant  il  est  vrai  que  la  violence 
donne  la  mort  à  tous  les  pouvoirs  !  Le  père  et 
la  mère,  instituteurs  nés  de  leurs  enfans,  doi- 
vent commander  avec  une  fermeté  qui  s'allie  à 
la  douceur;  les  enfans  doivent  obéir,  non  parce 
qu'ils  sont  placés  sous  l'empire  de  la  crainte, 
mais  parce  qu'ils  aiment  et  respectent  leurs  pa- 
rens.  Nous  voudrions  qu'on  discernât  les  fautes 
qui  méritent  d'être  punies  avec  celles  qui  peu- 
vent être  pardonnées.  Vous  armerez-vous  de 
rigueur  contre  le  caractère  volage  de  l'enfant, 
son  étourderie,  sa  négligence  ?  Son  ignorance, 
sa  faiblesse,  ne  sont-elles  pas  souvent  de  légi- 
times excuses?  Quelle  que  grande,  d'ailleurs,  que 
soit  votre  indulgence,  vous  aurez  encore  assez 
à  punir.  Si  votre  enfant  est  indocile,  s'il  com- 
met avec  réflexion  une  méchante  action  ,  s'il 
s'emporte  en  gestes  ou  en  paroles  contre  qui 
que  ce  soit,  oh  !  alors  soyez  sévères  ;  mais 
n'exécutez  pas  votre  sentence  de  punition  ,  si 
la  seule  honte  de  l'avoir  méritée  rend  votre  en- 
fant confus  et  tremblant;  s'il  expie  sa  faute  par 
les  reproches  de  sa  conscience.  Sa  conscience! 
voila  le  juge  suprême  ! 

La  plus  douce  récompense  qu'un  enfant 
puisse  recevoir,  c'est  la  satisfaction  qu'il  trouve 
dans  les  yeux  de  sa  mère ,  dans  une  nouvelle 
caresse  ;  mais,  indépendamment  de  ces  témoi- 
gnages d'amitié;  les  récompenses  sont  néces- 
saires :  elles  semblent  un  salaire  dû  aux  efforts 
tentés  par  les  enfans  pour  remplir  les  petits 
devoirs  auxquels  ils  sont  assujettis. 

Les  récompenses  doivent  être  rares  pour 
conserver  leur  valeur  :  il  faut  qu'elles  soient 
employées  à  propos.  Quelles  qu'elles  soient, 
ces  marques  de  bienveillance  et  d'approbation 
doivent  être  accordées  de  telle  sorte  qu'elles 
excitent  l'émulation  de  l'enfant,  et  qu'elles  fas- 
sent descendre  dans  son  âme  un  juste  sentiment 
de  fierté,  sans  y  faire  naître  l'amour  d'un  vil 
intérêt  ;  mais  if  faut  toujours  que  le  plus  grand 
prix  qu'il  puisse  recevoir  soit,  après  la  pensée 
de  plaire  à  ses  parons,  ou  aux  personnes  char- 
gées de  son  éducation,  la  satisfaction  intérieure 
qu'il  éprouve.  Sa  conscience  est  encore  là  :  elle 
sait  le  punir;  elle  saura  le  récompenser. 


102 


De  toutes  les  observaiions  qui  précèdent  on 
peut  conclure  : 

Que  l'éducation  est  l'art  de  former  prorapte- 
ment  de  bonnes  habitudes  dans  l'homme  ; 

Qu'il  faut  donner  aux  enfans,  après  la  pre- 
mière éducation  du  berceau,  une  éducation  mo- 
rale, c'est  à-dire  celle  qui  nous  rend  meilleurs, 
celle  qui  nous  apprend  les  devoirs  que  nous 
avons  à  remplir  envers  Dieu,  nos  semblables  et 
nous-mêmes  ; 

Que  cette  éducation  morale  doit  nous  don- 
ner le  pouvoir  de  surmonter  nos  penchans  ,  et 
que  ce  pouvoir  s'acquiert  et  se  perfectionne 
par  une  heureuse  coutume  d'en  faire  usage  ; 

Que  l'éducation,  ainsi  comprise,  s'adressant 
surtout  au  cœur,  doit  nécessairement  précéder 
l'instruction,  parce  qu'il  faut  «  nourrir  et 
sanctifier  le  cœur  »  avant  de  s'occuper  de  l'es- 
prit ; 

Que  l'éducation  ,  confiée  naturellement  aux 
pères  et  mères,  ne  doit  pas  avoir  d'autre  règle, 
ni  suivre  d'autre  méthode  que  celles  indiquées 
par  la  nature  elle-même  ; 

Qu'elle  doit  aider  et  accélérer  tous  les  mou- 
vemens  de  la  nature,  et  ne  jamais  la  forcer; 

Que  tous  les  moyens  que  l'éducation  emploie 
pour  arriver  à  ses  fins  doivent  être  empruntés, 
soit  au  propre  fond  de  l'enfant,  soit  à  la  nature 
des  objets  que  l'on  fait  agir  sur  ses  organes  ; 

Que  ces  objets  doivent  être  proportionnés  , 
ou  par  eux-mêmes,  ou  par  la  manière  dont  on 
les  présente,  soit  aux  parties  de  l'âme  que  l'on 
veut  émouvoir,  soit  aux  sentimens  qu'on  veut 
y  faire  naître  ; 

Qu'il  nefaut  pas  faire  agir  confusément  tous 
les  ressorts  de  l'esprit  ;  mais  qu'il  faut  donner 
une  impulsion  successive  à  ceux  qui  communi- 
quent le  mouvement  aux  autres,  jusqu'à  ce  que 
la  machine  se  meuve  d'elle-même  ; 

Que  les  parens  ne  sauraient  apporter  trop 
d'attention  à  étudier  chez  leurs  enfans,  les  pre- 
mières manifestations  de  la  raison,  afin  de  tirer 
de  celte  raison  toutes  les  ressources  qu'elle  pré- 
sente ; 

Qu'il  convient  principalement ,  à  l'égard  des 
enfans,  de  joindre  les  bons  exemples  aux  bon- 
nes maximes,  de  ne  dire  et  de  ne  faire  devant 
eux  que  ce  que  l'on  permettrait  qu'ils  disent  et 
fissent  eux-mêmes  ; 

Que  l'autorité  d'un  père  de  famille  doit  être, 
malgré  une  juste  fermeté,  tempérée  et  modifiée 
de  telle  sorte  qu'il  soit  toujours  le  meilleur  ami 
de  son  fils  —  enfant,  — jeune  homme ,  —  ou 
homme  fait  ; 

Qu'enfin  l'art  de  former  et  de  gouverner  les 
hommes  et  les  enfans  n'est  autre  chose  que  l'art 
de  punir  et  de  récompenser  ;  et  que  le  s'îcret  de 
toute  bonne  éducation  ,  c'est  de  savoir  garder 
«ne  juste  mesure  entre  un  amour  aveugle  qui 
flatte  les  enfans  ,  les  gâte  et  les  perd ,  par  une 


coupable  tolérance  de  leurs  fautes,  et  un  e«i* 
pire  violent,  capricieux  et  tyrannique,  qui,  ne 
s'appuyant  (]ue  sur  la  crainte  qu'il  inspire  , 
irrite  les  enfans  ,  aigrit  leur  caractère  ,  et  les 
rend  souvent  dissimulés  ou  rampans. 

Nous  terminerons  ces  considérations  géné- 
rales par  une  importante  remarque  :  la  plupart 
des  familles  donnent  à  leurs  enfans  une  édu- 
cation que  ,  franchement,  nous  nommerons 
mauvaise  ,  et  cela  ,  parce  que  ,  dans  l'espace 
de  quelques  années  ,  ils  changent  le  système 
et  les  principes  que  d'abord  ils  ont  donnés 
pour  base  à  l'éducation  :  occupés  sans  cesse  à 
démolir  pour  réédifier  ,  ils  n'arrivent  à  rien 
construire.  Une  maison  s'est-elle  jamais  éle- 
vée sur  des  fondations  sans  cesse  retournées  ! 
Quel  que  soit  le  plan  d'éducation  que  vous  au- 
rez adopté,  il  faut  le  suivre  avec  persévérance, 
avec  obstination  ;  il  faut  n'admettre  les  modifi- 
cations qu'avec  la  plus  excessive  réserve ,  et 
seulement  lorsqu'elles  sont  reconnues  néces- 
saires, indispensables.  Le  père  et  la  mère  doi- 
vent être  d'accord  sur  le  système  à  suivre  ; 
leur  pouvoir  sera  d'autant  plus  fort  qu'il  ne 
sera  pas  divisé;  et  si ,  par  malheur,  quelque 
dissentiment  les  partageait  au  sujet  du  plan 
d'éducation  adopté  et  suivi  pour  leurs  enfans  , 
qu'ils  évitent  avec  soin  de  soulever  devant 
ceux-ci  les  questions  qui  les  divisent ,  et  de 
s'engager  ainsi  dans  d'imprudens  débats.  Tout 
est  perdu  le  jour  où  reniant  peut  en  appeler 
auprès  de  sa  mère  du  jugement  et  de  l'opinion 
de  son  père,  et  réciproquement.  Tout  est  en- 
core perdu  le  jour  où  l'enfant  trouve  dans  son 
père  ou  sa  mère  un  défenseur  toujours  prêt  à 
l'excuser  hautement,  à  le  défcndie,  aie  proté- 
ger et  à  crier  en  son  nom  à  l'injustice.  Voilà 
pourtant  ce  qui  se  passe  dans  un  grand  nom- 
bre de  familles  ,  où  l'on  dirait  en  vérité  qu'il  y 
a  plusieurs  degrés  de  juridiction ,  et  que  l'en- 
fant peut  toujours  se  pourvoir  par  voie  d'appel 
ou  de  cassation  contre  les  arrêts  qui  le  frap- 
pent! Aussi ,  que  d'éducations  incomplètes, 
fausses  et  dangereuses  !  que  d'existences  jouées 
au  hasard  !  Chaque  jour  on  parle  de  réformes 
sociales  et  politiques...  eh  !  commençons  donc 
par  la  réforme  Is  plus  urgente  ,  la  plus  ration- 
nelle ,  par  celle  de  l'éducation;  et  disons-le 
encore  =  n  Si  nous  interrogions  tous  ceux  qui 
se  5ont  distiugués  ,  soit  en  bien  ,  soit  en  mal , 
soyez  sûrs  qu'ils  nous  répondraient  :  C'est  no- 
tre éducation  qui  nous  a  faits  ce  que  nous 
sommes.» 

Nous  nous  arrêtons.  Nous  sommes  convain- 
cus que  notre  travail  est  incomplet.  Mais  peut- 
être  aurons-nous  l'occasion  de  revenir  sur  ces 
intéressantes  matières.  Après  avoir  parlé  de 
l'éducation  en  général ,  ne  nous  reste-t-il  pas  à 
examiner  quelle  doit  être  l'instruction  qui 
peut   marcher    de    front    avec  V édiication , 


quelles  connaissances  les  cnfans  peuvent  ac- 
quérir jusqu'à  six  ans,  et  quelle  est  la  incil- 
leure  niélhode  à  suivre  pour  leur  donner  les 
premières  notions?  Si  nous  osons  ahorder  un 
jour  un  sujet  semblable,  nous  mettrons  en  pra- 
tique les  théories  que  nous  avons  développées 
aujourd'hui.  Auguste  DESREZ. 

EnDIGUEMENÏ    des    fleuves    et    des   RIVIERES.    

Iles,  îlots,  atterrisseme.ns. — Lais  et  re- 
-    lais  ce  mer. 

Au  nombre  des  parties  administrées  par  la 
direction  générale  de  l'enregistrement  et  des 
domaines ,  on  compte  pour  peu  de  chose  les 
lies,  ilôts  ,  atterrlssemens  ,  lais  et  relais  de  la 
mer  ;  néanmoins ,  nous  allons  prouver  que 
cette  partie  presque  abandonnée  est  suscepti- 
ble de  produits  tout-à-fait  importans  ,  et  que 
l'on  peut  évaluer  à  plusieurs  millions  de  re- 
venu. 

Il  faut  le  dire  bien  haut,  les  ressources  d'un 
état  ne  doivent  pas  être  toutes  dans  les  impots 
qui  ne  sauraient  dépasser  certaines  limites  ;  si 
elles  s'augmentent  du  crédit,  qui  est  le  fruit 
d'une  sage  administration  ,  le  crédit,  comme  les 
impôts,  n'étant  qu'un  appel  aux  fortunes  pri- 
vées ,  nous  croyons  de  notre  devoir,  dans  l'in- 
térêt commun ,  d'indiquer  de  quels  moyens  le 
gouvernement  pourrait  disposer  pour  accroître 
les  revenus  du  pays. 

L'endiguement  des  fleuves  et  rivières,  les 
îles,  îlots  et  atlerrissemens  sur  les  fleuves  et  les 
rivières  navigables ,  les  lais  et  relais  de  mer, 
devraient  être,  pour  une  haute  administration, 
de  véritables  sources  de  prospérité,  en  facili- 
tant les  débouchés  de  l'industrie  ou  des  pro- 
duits agricoles,  en  rendant  à  la  culture  des  mas- 
ses de  terrains,  et  en  assurant  à  l'état,  presque 
instantanément,  des  produits  très-considé- 
rables. 

Un  système  de  travaux  pour  rendre  naviga- 
bles les  rivières  qui  en  sont  susceptibles ,  et 
pour  perfectionner  la  navigation  des  grands 
fleuves,  était  une  des  idées  philanthropiques  de 
Turgot  :  ce  ministre  considérait  avec  raison 
la  réalisation  de  son  système  comme  le  seul 
moyen  de  donner  au  commerce  de  l'intérieur 
l'activité  nécessaire  au  progrès  de  la  culture  et 
de  l'industrie,  et  de  mettre  par  une  circulation 
plus  étendue  les  subsistances  du  peuple  et  le 
succès  des  manufactures  plus  à  l'abri  des  acci- 
dens. 

Les  circonstances  ne  permirent  point  à 
Turgot  de  faire  pour  la  réalisation  de  son 
projet  des  entreprises  considérables  ;  il  y  con- 
sacra néanmoins  quelques  fonds  du  Trésor,  les 
appliquant,  dans  sa  sollicitude,  à  suivre  son 
plan  de  navigation  et  à  préserver  quelques  lo- 
calités des  ravages  des  torrens. 


103 

Un  rappoi't  de  I\I.  le  baron  de  la  Doucette,  à 
la  Société  royale  d'agriculture  ,  fait  connaître 
que  des  travaux  d'endiguement ,  dont  le  gou- 
vernement supportait  les  deux  tiers  de  la  dé- 
pense, avaient  été  exécutés  avant  1789  dans  le 
département  des  Hautes-Alpes,  pour  resserrer 
le  lit  de  la  Durance.  Cette  rivière  impétueuse  a 
un  cours  de 

13G,000  mètres  dans  les  Hautes-Alpes. 
70,000     —     dans  les  Basses-Alpes. 
80,000     —     dans  les  Eouches-du-Rhône 
et  de  Vaucluse. 

Et  d'après  un  calcul  approximatif ,  on  peut 
lui  enlever  18,000  hectares,  ou  54,000  arpens 
de  terrains  engraissés  par  le  limon  de  la  rivière, 
et  d'une  irrigation  facile,  donnant  une  valeur  de 
plus  de  cinquante  millions  de  capital. 

L'auteur  du  rapport,  M.  de  la  Doucette,  qui 
avait  administré  le  département  des  Hautes- 
Alpes  ,  privé  des  ressources  qui  aui  aient  as- 
suré le  succès  d'une  si  noble  entreprise,  n'a  pu 
faire  exécuter  les  ouvrages  d'art  nécessaires 
pour  encaisser  le  lit  de  la  Durance  ;  mais  il 
signalait  la  haute  intelligence  de  M.  Fiard  aîné, 
architecte  à  Gap  ,  qui,  depuis  1826,  était  par- 
venu à  enlever  à  cette  rivière  ,  en  la  resserrant 
dans  une  partie  de  son  cours,  -2,200  mètres  ou 
99  hectares  de  terres  de  première  qualité.  Les 
procédés  de  cet  architecte,  aussi  simples  qu'éco- 
nomiques ,  ont  obtenu  ce  résultat  moyennant 
une  dépense  de  37,831  francs,  tandis  qu'une 
digue  continue  aurait  coûté  182,000  francs,  et 
l'hectare  de  terrain  lui  revenait  à  191  francs.  Un 
si  bel  exemple  a  trouvé  quelques  imitateurs 
dans  les  communes  voisines  ;  la  Société  royale 
d'agriculture  s'est  bornée  à  décerner  sa  mé- 
daille d'or  à  M.  Fiard. 

Ce  fait  est  une  démonstration  évidente  du  se- 
cours qne  le  gouvernement  trouverait  dans 
l'industrie  particulière  s'il  revenait  sérieusement 
au  projet  de  Turgot  ;  mais  cette  industrie, 
si  puissante  dans  notre  siècle,  doit  être  pro- 
voquée par  la  sollicitude  du  pouvoir  lorsqu'il 
s'agit  d'intérêts  généraux,  et  son  action  est  in- 
dispensable pour  réaliser  l'accomplissement 
d'un  système  de  travaux  propres  à  assurer  à 
la  France  les  ressources  immenses  d'une  navi- 
gation intérieure. 

Le  système  d'endiguement  adopté  pour  le 
Rhin  ne  serait-il  donc  point  applicable  aux  fleu- 
ves et  aux  rivières  du  royaume  ;  et  ne  peut-on 
pas  espérer  toutes  les  améliorations  désirables, 
aujourd'hui  que  l'instinct  de  la  société  la  pousse 
plus  fortement  que  jamais  vers  une  augmen- 
tation de  bien  être  ? 

Le  gouvernement  possède  dans  le  savoir  du 
corps  du  génie  civil  tous  les  moyens  d'exécu- 
tion possibles  ,  pourvu  qu'il  veuille  bien  aider 
l'industrie  particulière.  La  presse  viendra  ,  au 
besoin  ,  jeter  ses  lumières  dans  la  discussion. 


104 

d'une  question  vitale  pourle  pays  ;  tout  est  dis- 
posé pour  la  réalisation  d'un  plan  qui  doit  èlre 
la  conquête  la  plus  digne  de  notre  civilisation. 

Le  choix  du  meilleur  procédé  pour  régler  le 
cours  des  fleuves  et  des  rivières ,  ne  doit  pas 
embarrasser  le  gouvernement.  La  grande  ques- 
tion sera  nécessairement  dans  les  moyens  pé- 
cuniaires pour  mener  h  bien  une  si  haute 
entreprise  :  voilii  la  partie  législative.  On  discu- 
tera s'il  convient  d'imposer  à  cet  effet  les 
propriétaires  riverains  ;  s'il  est  préférable  d'éta- 
blir un  droit  de  navigation  dans  le  cas  oîi  celui 
qui  existe  serait  insuffisant  ;  ou  si  l'on  peut  af- 
fecter à  cette  dépense  une  partie  du  capital  des 
rentes  rachetées  par  la  caisse  d'amortissement. 

Il  ne  doit  point  d'ailleurs  exister  de  difficultés 
insurmontables,  lorsque,  pour  lépéter  les  paro- 
les de  Turgot,  il  s'agit  de  donner  au  com- 
merce de  l'intérieur  l'activité  nécessaire ,  de 
mettre  les  subsistances  du  peuple  et  le  pro- 
duit des  manufactures  plus  à  l'abri  des  acci- 
dens.  Qu'on  joigne  à  ce  résultat  celui  de  con- 
quérir au  profit  de  l'agriculture  de  nombreuses 
terres  d'alluvions ,  d'assainir  des  livages  char- 
gés de  miasmes  lorsq\ie  les  rivières  changent 
leur  courant ,  et  l'on  comprendra  toute  l'utilité 
d'une  entreprise  au  succès  de  laquelle  chaque 
Français  est  intéressé. 

Une  fois  l'impulsion  donnée,  lorsque  la  pu- 
blicité aura  proclamé  les  premiers  résultats,  on 
verra  l'exemple  de  ce  qui  s'est  fait  dans  les 
Hautes-Alpes  se  propager  dans  les  départe- 
mens  et  dans  les  communes  aujourd'hui  tribu- 
taires des  torrens.  Les  nombreuses  sociétés  in- 
dustrielles qui  se  naturalisent  dans  notre  belle 
patrie ,  vivifieront  partout  l'activité ,  l'intelli- 
gence au  profit  du  bien-être,  et  ce  que  le  gou- 
vernement aura  entrepris  sur  une  grande  échelle, 
portera  ses  fruits  jusque  dans  les  villages. 

Si  l'endiguement  des  fleuves  et  des  rivières 
promet  des  résultats  qu'on  ne  pourrait  espé- 
rer de  la  conquête  d'une  colonie  ,  nous  pou- 
vons affirmer  que  l'administration  peut  créer 
de  grandes  ressources  au  Trésor ,  en  portant 
son  attention  sur  les  îles,  îlots,  atlerrissemens 
des  fleuves  et  des  rivières,  et  sur  les  lais  et 
BELAIS  de  mer. 

Pv'oLre  monardsie  du  xvi«  siècle  mettait  déjh 
au  rang  du  domaine  public  les  fleuves  et  leurs 
aflerrissemens  ;  mais  les  ordonnances  concer- 
nant la  réintégration  de  cette  nature  de  biens 
usurpes  restaient  incxéciUées,  parce  qu'elles  at- 
taquaient directement  les  hauls  seigneurs  et  le 
clergé.  Depuis,  notamment  sous  i.ouis  3ilY  et 
sous  Louis  XV,  les  lais  et  relais  de  mer,  dont 
encore  il  n'avait  jias  été  question,  furent  aussi 
déclarés  partie  inti'>grante  du  domaine  public , 
sans  que  l'état  se  trouvât  enrichi  de  la  valeur  de 
ws  nouvelles  propriétés. 

On  sait  comment,  à  ces  difiereotes  époques, 


l'usurpation  des  grands  était  protégée  par  la  fa- 
veur, comment  l'inlrigue  obtenait  de  la  cou- 
ronne des  concessions  moyennant  des  redevan- 
ces disproportionnées  à  la  valeur  de  la  chose 
concédée  et  sous  des  conditions  dont  l'exécu- 
tion était  éludée.  C'est  ainsi  que  l'immensité 
des  terres  vagues,  des  landes  et  des  marais 
qui  couvraient  la  France,  devinrent  la  propriété 
des  maisons  puissantes  ou  des  ordres  religieux, 
sans  profit  pour  le  Trésor,  sans  avantage  pour 
la  nation  qui  a  retrouvé  après  1789  presque 
tous  ces  grands  déserts  tels  qu'ils  étaient  aux 
époques  où  le  gouvernement  en  avait  fait  l'a- 
bandon. Ces  terres ,  landes  et  marais  étaient 
alors  désignés  sous  le  nom  de  petit  domaine, 
pour  les  distinguer  du  domaine  productif;  et 
les  îles,  îlots,  attérissemens,  lais  et  relais  de 
mer,  se  trouvaient  compris  dans  la  même  dé- 
signation parce  qu'ils  ne  produisaient  pas  de 
revenus. 

La  môme  faveur,  la  même  insouciance  de  la 
fortune  publique  dépossédait  l'état  de  terrains 
accidentellement  conquis  sur  les  eaux.  Quel- 
quefois ,  cependant ,  on  reconnut  la  nécessité 
d'arrêter  l'usurpation  de  cette  nature  de  biens  , 
en  ordonnant  la  réunion  au  domaine  de  ceux 
possédés  sans  titres  ;  d'autres  fois ,  on  a  de- 
mandé le  paiement  d'une  légère  somme  arbi- 
trée d'après  un  revenu  fictif,  pour  maintenir 
les  possesseurs.  L'abus  dominait  presque  tou- 
jours les  mesures  administratives. 

Jusque-là,  la  législation  de  ce  qu'on  nom- 
mait le  petit  domaine  n'olfrait  ni  garantie  ni 
fixité.  Les  ordonnances  se  succédaient,  se  con- 
trariaient, fi'appant  d'abord  tous  les  possesseurs 
indistinctement,  admettant  plus  tard  des  ex- 
ceptions, et  annonçant  par  leur  multiplicité 
avec  quelle  facilité  on  en  neutralisait  l'exécu- 
tion. Cependant  un  édit  de  1717  partit  de- 
voir arrêter  les  abus  ,  en  déclarant  qu'il  ne 
serait  plus  procédé  à  l'aliénation  du  petit  do- 
maine qu'à  titre  d'engagement  et  h  faculté  de 
rachat  perpétuel.  Cet  édit,  qui  proclamait  sans 
exception  le  principe  de  l'inaliénabilité  des 
biens  de  l'état ,  était  en  vigueur  à  l'époque 
de  hi  révolution  de  1789,  et  la  cour  de  cas- 
sation a  proclamé  de  nouveau  ce  principe  de 
l'inaliénabilité ,  par  un  arrêt  rendu  le  G  avril 
1835,  dans  l'afl'aire  de  Grammont,  dont  tous 
les  journaux  ont  rendu  compte. 

i)e  ce  qui  précède,  il  résulte  que  l'état  pou- 
vait, avec  é.|uilé,  rentrer  dans  la  projjriété 
d'une  nature  de  biens  dont  l'arbitraire  l'avait 
presque  toujours  dépossédé ,  sauf  à  faire  de.i 
conditions  de  justice  aux  détenleiirs  de  bonne 
foi  ;  aussi  la  loi  du  l"""  décembre  1790  a-t-ello 
déclaré  révocable  toute  concession,  toute  dis- 
traction du  domaine  public  antérieure  à  15C6, 
n'admettant  d'exceptions  que  pour  les  terres 
vaines  et  vagues ,  les  landes ,  Inuyèic^ ,  palus, 


marais  et  terrains  en  friche,  à  une  distance  dé- 
terminée des  forèls.  Cependant  il  n'a  été  pris 
aucune  mesure  à  l'égard  des  possesseurs  de  la 
nature  des  biens  dont  nous  nous  occupons  ;  la 
loi  du  li  ventôse  an  vu,  sur  les  domaines  en- 
gagés, a  au  contraire  formellement  excepté  de 
ses  dispositions  les  îles,  îlots,  lais  et  relais,  en 
déclarant  qu'il  serait  statué  sur  ces  objets  par 
des  lois  particulières. 

Ces  lois  sont  encore  à  venir  -.  amsi,  on  né- 
glige depuis  si  long-temps  une  ressouice  aussi 
certaine  que  productive.  Ces  masses  de  ter- 
rains qu'on  peut  hardiment  évaluer  à  plu- 
sieurs milliers  d'hectares  sont  possédés,  en 
grande  partie;  par  des  propriétaires  sans 
titres  :  il  est  même  peu  de  concessionnaires , 
en  ce  qui  concerne  les  lais  et  relais  de  mer,  qui 
ne  se  tiouvent  possesseurs  d'une  plus  grande 
étendue  de  sol  que  celle  énoncée  dans  les  actes 
de  concession ,  parce  que  ces  propriétaires  ont 
profité ,  au  préjudice  de  l'état,  des  rivages  suc- 
cessivement abandonnés  parles  eaux.  11  en  est 
d'autres,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  qui,  ayant 
acquis  moyennant  quelques  prestations  féoda- 
les,aujotird7a«sMppnme'e5,  possèdent  la  chose 
sans  acquitter  la  faible  redevance  qui  était  cen- 
sée en  représenter  la  valeur.  Il  y  aurait  enfin  à 
examiner  si  tous  ces  détenteurs  ont  rempli  les 
conditions  imposées  pour  mettre  en  état  de  cul- 
ture les  terrains  concédés. 

Si  l'appréciation  des  sommes  que  le  gouver- 
nement pourrait  se  procurer  en  recherchant 
cette  nature  de  propriétés  est  difficile  à  établir, 
au  moins  tombe-t-il  .sous  les  sens  qu'on  de- 
vrait s'en  promettre  de  grands  résultats ,  et 
dans  un  moment  où  les  besoins  de  l'état  font 
recourir  à  des  économies  mesquines  qui  tou- 
chent à  tant  d'eccistences ,  il  serait  rationnel 
de  remonter  à  une  source  dont  la  fécondité  ne 
saurait  être  douteuse. 

Il  n'a  été  question  encore  que  des  îles,  îlots, 
attérissemcns,  lais  et  relais  usurpés  ou  concé- 
dés antérieurement  à  1790.  Beaucoup  ont 
échappé  à  cette  espèce  de  spoliation  publique , 
et  depuis  bientôt  un  demi-siècle ,  la  masse  de 
ces  propriétés  a  dû  s'acnroître  considérable- 
ment. On  n'a  rien  fait  pour  les  mettre  en  va- 
leur, en  retiier  un  revenu ,  ou  les  concéder 
utilement  pour  le  Trésor. 

On  sait  que  des  lits  de  sable  subitement  for- 
més dans  les  courans  des  fleuves  ou  des  riviè- 
res, peuvent  disparaître  aussi  facilement  qu'ils 
sont  apparus ,  si  l'industrie  n'en  prend  pour 
ainsi  dire  possession.  Des  plantations  doivent 
présenter  une  digue  aux  eaux  ,  et  de  nouveaux 
sables  entraînés  dans  les  crues  extraordinaires, 
trouvant  un  point  de  résistance,  l'île  s'exhausse 
et  s'agrandit.  Si  l'on  n'oppose  cette  barrière  au 
caprice  des  courans  ,  les  bancs  nouvellement 
formés  ge  (Jispersent  et  comblent  le  basaiu  des 


105 

fleuves  ;  forcés  alors  d'étendre  leura  lits  ils  de- 
vicruienl  dangereux  dans  ces  passages  par  le 
défaut  de  profondeur.  ]\ous  citerons  pour  mo- 
dèle de  ces  sortes  de  propriétés,  l'île  possé- 
dée par  le  Roi,  en  face  son  château  de 
Neuilly,  qui  n'eût  pas  valu  2,000  francs  il 
y  a  quinze  ans,  et  dont  la  valeur  a  été  cen- 
tuplée au  moins  par  les  soins  de  son  pro- 
priétaire. 

On  sait  encore  que  les  terrains  abandonnés 
par  la  mer  doivent  subir  des  préparations  pour 
devenir  propres  à  la  culture  :  il  faut  les  purger 
de  l'excès  des  sels  qu'ils  contiennent,  les  fécon- 
der par  des  eaux  douces  ,  s'il  est  possible  ;  de 
là  les  travaux  souvent  considérables  qui  précè- 
dent l'exploitation. 

Il  est  donc  évident  que,  même  dans  l'intérêt 
delà  navigation,  il  faudrait  s'emparer  des  îles, 
îlots  et  atterrissemens ,  presque  au  moment  de 
leur  formation ,  et  chercher  dans  l'industrie 
particulière  les  moyens  de  tirer  le  meilleur  parti 
possible  des  anciens  rivages  de  la  mer. 

L'administration  de  l'enregistrement  et  des 
domaines,  dont  la  surveillance  est  ordinairement 
en  tout  point  si  exacte  et  si  sévère,  marche  avec 
les  lois  sans  pouvoir  y  suppléer  ,  et  celte  admi- 
nistialion  chargée  des  plus  grands  intérêts  du 
pays ,  est  loin  d'exercer  l'influence  qu'on  aime- 
rait à  liii  voir  relativement  aux  choses  qui  sont 
dans  ses  attributions  ;  l'on  va  juger  s'il  lui  est 
possible  de  vainci'e  les  difficultés  qui  frappent 
de  stérilité  la  masse  des  propriétés  dont  nous 
nous  occupons,  et  qu'elle  régit. 

La  première  loi,  depuis  celle  du  14  ventôse 
an  vn ,  qui  fasse  mention  des  îles,  îlots,  lais  et 
relais  de  mer,  est  celle  du  IG  septembre  1807. 
Elle  dit,  titre  9,  art.  41,  que  le  gouvernement 
pourra  accorder  des  concessions  de  ces  ter- 
rains :  la  forme ,  les  conditions  de  ces  aliéna- 
tions ne  sont  pas  déterminées,  et  cette  incerti- 
tude a  subsisté  jusqu'à  l'ordonnance  du  23 
septembre  1825  ,  qui  contient  toute  la  législa- 
tion sur  la  matière. 

Conformément  à  celte  ordonnance,  les  con- 
cessions doivent  être  précédées  : 

1°  De  pians  vérifiés  et  approuvés  par  les  in- 
génieurs des  ponts-et-chaussées  ; 

2"  D'un  mesurage  et  d'une  description  exacte, 
avec  évaluation  en  revenu  et  capital  ; 

3°  D'une  enquête  administrative  de  corn- 
modo  et  incommodo  ; 

4°  D'un  arrêté  pris  par  le  préfet,  après  avoir 
pris  l'avis  des  ingénieurs  des  ponts-et-chaus- 
sées, ainsi  que  au  directeur  des  domaines  et  ce- 
lui du  directeur  du  génie  militaire,  lorsque  les 
objets  à  concéder  seront  situés  dans  la  zone 
des  frontières,  ou  aux  aboi'ds  des  places  fortes  ; 

5°  De  l'avis  respectif  des  directeurs-généraux 
des  poQt&-et-cbau5sées  et  des  ^naaiiies  ; 


106 


6°  De  l'avis  du  ministre  de  la  guerre  dans 
l'intérêt  de  la  défense  du  royaume; 

7°  D'un  examen  en  ronseil  d'état  (comité  des 
finances)  des  demandes  en  concession,  ainsi 
que  des  charges  et  conditions  proposées  de 
part  et  d'autre. 

Pour  peu  que  l'on  soit  familiarisé  avec  la 
marche  des  affaires  administratives  ,  on  recon- 
naîtra que  l'accomplissement  de  ces  diverses 
formalités  exige  au  moins  cinq  ans  ,  et  c'est  là 
le  plus  grand  vice  de  cette  législation. 

Car  de  quoi  s'agit-il  ? 

De  livrer  à  l'agriculture  un  sable  ou  un  gra- 
vier ;  et  lorsque  l'urgence  de  la  prise  de  pos- 
session est  imminente,  on  la  soumet  à  un  pro- 
tocole interminable. 

Nous  demanderons  de  quelle  utilité  est ,  par 
exemple,  l'intervention  des  ponts-et-chaussées 
tant  qu'il  ne  s'agit  pas  de  l'exécution  des  tra- 
vaux auxquels  la  navigation  est  intéressée  ? 

Un  atterrissement  se  forme  :  vaut-il  mieux 
l'affermir  par  des  plantations  ou  les  laisser  à  la 
merci  des  courans  ?  Si  l'intérêt  de  la  navigation 
exige,  comme  nous  l'avons  dit,  une  occupation 
immédiate,  la  question  est  résolue,  et  le  génie 
civil  est  appelé  sans  motif. 

Pourquoi  encore  cette  formalité  anticipée  de 
mesurage,  lorsqu'il  était  si  simple  d'accorder  la 
concession  à  raison  de  tant  par  hectare,  sauf  à, 
en  faire  ensuite  constater  le  nombre  contradic- 
toirement  entre  le  domaine  et  le  concession- 
naire? 

Que  signifie  le  revenu  d'une  chose  toujours 
improductive  d'abord  ? 

Que  prétend-on  prévenir  par  un  arrêté  du 
préfet  préparc  avec  tout  cet  appareil,  et  après 
avoir  épuisé  toutes  les  cérémonies  administra- 
tives de  l'ordre  inférieur? 

Enfin  quel  grand  intérêt  oblige  donc  à  cou- 
ronner le  pompeux  et  inutile  échaffaudage  par 
les  directeurs-généraux,  le  ministre  de  la  guerre 
et  le  conseil  d'état?  Aucun. 

L' expérience  apprend  qu'il  est  toujours  dan- 
gereux de  mettre  en  contact  plusieurs  adminis- 
trations qui  ont  généralement  la  faiblesse  de 
vouloir  rivaliser  d'importance! 

Demandez  au  génie  militaire  s'il  convient  de 
concéder  un  terrain  situé  dans  la  zone  d'une 
frontière  ou  d'une  place  forte  ;  prenez  l'avis  du 
génie  civil  sur  le  même  objet,  en  ce  qui  concer- 
ne ses  attributions,  la  réponse  sera  sûrement 
négative,  parce  que  chacun  se  fait  un  méiite  de 
la  prévision. 

C'est  ainsi  que  depuis  un  grand  nombre 
d'années  plus  de  deux  mille  hectares  de  ter- 
rains restent  en  friche,  parce  que  leur  proxi- 
mité du  port  de  lîoulogne  a  fait  penser  aux  in- 
génieurs des  ponts-et-chaussées  qu'on  pourrait 
les  affecter  h  l'usage  ou  à  l'amélioration  de  ce 
port. 


C'est  sans  doute  aussi  par  le  même  mo" 
tif  qu'un  célèbre  fabricant  de  papier  a 
vainement  demandé  pendant  quinze  ans  la 
concession  d'un  lais  du  Havre  pour  douze 
années ,  s' engageant  à  le  rendre ,  à  cette 
époque ,  en  étal  de  culture  ,  et  devant  pro- 
duire TRENTE  A  QUARANTE  MILLE  FRANCS  DE 
REVENU. 

Cette  manie  de  formalités  tient  à  un  vice  réel 
d'administration  ,  et  ce  vice  est  la  centralisation 
excessive. 

Il  a  pris  naissance  sous  le  gouvernement  de 
l'homme  gigantesque,  dont  la  large  main  vou- 
lait tout  tenir,  depuis  la  paix  du  monde  jusqu'à 
la  réparation  d'un  presbytère.  Le  grandiose  de 
son  action  gouvernementale  a  disparu  ;  il  n'en 
reste  plus  que  les  infirmités.  N'est-il  pas  dé- 
plorable qu'une  pauvre  commune  ne  puisse 
disposer  d'un  revenu  de  quelques  dizaines  de 
francs  ;  qu'une  autre  ne  puisse  acquérir  une 
masure  pour  son  école  ,  sans  s'engager  dans  un 
torrent  qui  tombe,  des  bureaux  d'un  ministère 
dans  l'Océan  ?  Misérable  importance  de  la  bu- 
reaucratie que  le  Trésor  paie  par  le  traitement 
d'un  surcroît  de  commis,  et  que  l'état  paie  plus 
cher  encore,  parce  que  l'administration  des  do- 
maines n'est  point  affranchie  de  ces  forma- 
lités ! 

Un  fait  servira  de  preuve. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  exerçant  les 
fonctions  de  receveur  de  l'enregistrement  dans 
un  bureau  des  environs  de  Paris,  je  découvre 
un  bien  vacant  usurpé  par  une  espèce  de  vaga- 
bond. Je  prends  possession  de  l'immeuble  au 
nom  de  l'état,  et  la  maison  est  louée  pour  neuf 
années  à  un  marchand  de  vin,  au  prix  annuel 
de  400  fr.,  payables  d'avance  par  semestre. 
Une  réparation  d'urgence  à  la  toiture  fut  esti- 
mée 40  fr.  ;  et  malgré  le  zèle  que  je  pus  y  met- 
tre, l'autorisation  de  faire  cette  dépense  se  fil 
attendre  deux  ans  ;  mais  alors  le  bAtiment  exi- 
geait une  autre  réparation  ;  elle  fut  portée  à 
400  fr.  par  un  nouveau  devis,  et  si  le  locataire 
ne  s'était  pas  décidé  à  faire  l'avance  de  cette 
somme,  il  est  présumabic  qu'à  la  réception  de 
l'ordonnancement ,  il  aurait  fallu  relever  les 
murs.  Voilà  ce  qui  s'est  passé,  à  la  porte  de  la 
capitale,  pour  un  domaine  de  l'état.  Qu'on  juge 
du  préjudice  que  peut  éprouver  une  commune 
éloignée,  sans  patronage. 

On  voit  que  ce  n'est  point  lout-à-fait  h  l'ad- 
ministration des  domaines  qu'il  faut  demander 
compte  de  la  non-valetu'  des  iles,  îlots,  atterrisse- 
mens,  lais  et  relais,  puisque  les  lois  elles-mê- 
mes s'opposent  à  une  bonne  exploitation  de  ces 
biens. 

Aux  observations  précédemment  faites  sur 
llinopportunilé  des  mesures  prescrites  par  l'or- 
donnance de  182.S,  on  ajoutera  que  la  législa- 
tion a  prévu  les  cas  où  le  sacrifice  des  proprié- 


lés  privées  est  commande!  par  l'inléièt  géiui-al. 
j^g  civil,  comme  le  génie  militaire,  peu- 

vent alors  faire  sûrement  valoir  leurs  prtlen- 
tloDS.  Mais  la  prévoyance  qui  arrête  la  mise 
en  culture  d'un  terrain  ,  sous  prclexle  qu'il 
peut  être  utile  pour  tel  ou  tel  objet,  est  une 
sorte  d'arbitraire  extrêmement  nuisible  au 
pays  et  qu'il  faut  absolument  éviter. 

Le  sol  sera  toujours  W;  laissez-le  provisoire- 
ment mettre  en  valeur.  Il  vaut  mieux  exposer 
dans  un  long  avenir  le  gouvernement  à  payer 
peut-être  un  peu. cher  ce  qu'il  aurait  aliéné  bon 
marché,  que  de  tolérer  un  veto  pour  protéger 
des  déserts. 

Mais,  d'ailleurs,  nous  n'admettons  même  pas 
entièrement  la  nécessité  des  aliénations  perpé- 
tuelles. 

N'est-il  pas  contraire  à  l'esprit,  comme 
au  texte  de  notre  constitution,  qu'une  or- 
donnance règle  les  formes  des  concessions 
des  biens  de  l'état?  Nous  pensons  (et  nous 
comptons  sur  l'adhésion  des  esprits  réfléchis) 
qu'une  loi  est  nécessaire  sur  un  pareil  sujet. 

Sauf  les  modifications  que  la  discussion  pour- 
rait introduire,  il  nous  semble  que  le  projet  sui- 
vant remplirait  le  but  que  nous  nous  proposons. 

TITRE  I". — Iles,  îlots,  atterrissemens  dans 
les  fleuves  et  les  rivières  navigables. 

Art.  1".  Aussitôt  après  la  promulgation  de 
la  présente  loi,  les  îles,  îlots,  atterrissemens  dans 
les  fleuves,  rivières  ou  torrens  faisant  partie  du 
domaine  public,  actuellement  possédés  par  l'é- 
tat et  non  affermés,  seront  donnés  à  bail,  en 
suivant  les  formes  usitées  pour  la  location  des 
biens  domaniaux  ;  mais ,  par  exception  ,  ces 
baux  ne  pourront  être  passés  pour  moins  de 
neuf  années. 

Art.  2.  Les  affiches  mentionneront,  indé- 
pendamment des  indications  ordinaires ,  les 
plantations  qui  devront  être  mises  à  la  charge 
des  fermiers,  en  spécifiant  le  nombre  et  l'es- 
sence des  plants  à  employer  chaque  année.  Les 
gardes  forestiers  seront  chargés  de  surveiller 
ces  plantations,  et  les  fermiers  en  exigeront  un 
certificat  qui  sera  remis  par  eux  au  receveur 
des  domaines. 

Art.  3.  A  mesure  que  de  nouveaux  atterris- 
semens, îles  ou  îlots  se  formeront,  les  gardes 
généraux  ou  particuliers  des  forêts  en  prévien- 
dront officiellement  le  receveur  des  domaines 
du  chef-lieu  du  canton ,  sans  que  nc.mmoins 
cette  communication  soit  regardée  comme  in- 
dispensable par  le  receveur  s'il  a  personnelle- 
ment connaissance  de  l'atterrissement. 

Art.  4.  Dans  le  cas  de  l'article  précédent, 
le  receveur  prendra  immédiatement  possession 
de  la  nouvelle  propriété  domaniale  ;  et ,  eu 
égard  à  son  étendue,  il  s'assurera  quel  peut  être 
le  nombre  des  plants  nécessaires  pour  la  pro- 


107 

téger  contre  les  eaux.  S'il  y  a  urgence  pour  les 
plantations,  attendu  la  saison,. le  directeur  des 
domaines  du  département  pourra,  sur  le  rap- 
port du  receveur,  autoriser  provisoirement  la 
dépense.  Dans  le  cas  contraire,  l'autorisation 
sera  donnée  par  le  préfet ,  sauf  à  régulariser 
toujours  la  dépense  en  se  conformant  aux  rè- 
glemens  en  vigueur  sur  la  comptabilité. 

Art.  5.  Dans  l'année  qui  suivra  celle  de  la 
prise  en  possession,  le  receveur  fera  les  diligen- 
ces nécessaires  pour  sa  mise  en  location  ,  qui 
pourra  cependant  être  suspendue  un  an  encore 
s'il  paraissait  plus  utile  que  les  employés  du 
domaine  conservassent  la  surveillance  de  l'île. 
Dans  ce  cas,  le  receveur  devrait  faire  procéder 
à  une  nouvelle  plantation  ,  comme  il  est  dit  à 
l'art.  4. 

Art.  6.  Pour  tous  les  baux  qui  seront  suc- 
cessivement passés  par  l'administration  des  do- 
maines ,  au  fur  et  à  mesure  des  prises  de  pos- 
session, il  y  aura  lieu  de  se  conformer  aux 
articles  1  et  2. 

TITRE  II.  —  Lais  et  relais  de  mer. 

Art.  7.  Les  lais  et  relais  de  mer  actuellement 
régis  par  l'administration  de  l'enregistrement 
et  des  domaines,  seront  par  elle  mis  en  adjudi- 
cation ,  aussitôt  après  la  promulgation  de  la 
présente  loi. 

Art.  8.  Ces  adjudications  seront  des  conces- 
sions temporaires  dont  la  durée  variera  selon 
les  dispositions  de  l'art.  10.  La  redevance  en 

sera  fixée  à  raison  de par  hectare;  et  si  la 

contenance  annoncée  par  l'administration  des 
domaines  était  contestée  par  l'adjudicataire, 
celui-ci  pourra  faire  procéder  à  un  nouvel  ar- 
pentage. En  cas  de  discordance,  un  tiers  expert 
nommé  par  le  préfet  statuera  en  dernier  ressort. 
Les  frais  d'arpentage  et  de  réarpentage  seront  à 
la  charge  des  adjudicataires. 

Art.  9.  Les  travaux  de  dessèchement,  d'en- 
diguage  et  autres  devront  être  faits  dans  les  trois 
années  qui  suivront  l'adjudication,  et  les  con- 
cessionnaires en  justifieront  par  un  certificat 
des  ingénieurs  des  ponts-et-chaussés.  L'o- 
bligation de  faire  ces  travaux,  en  se  confor- 
mant d'ailleurs  aux  lois  sur  la  navigation,  sera 
une  des  charges  de  l'adjudication. 

Art.  10.  Les  concessions  seront  faites 
pour  9,  12  ou  15  années,  selon  l'étendue  des 
terrains  mis  en  adjudication.  Ceux  d'une  con- 
tenance de  500  hectares  et  au-dessous,  seront 
concédés  pour  9  ans;  au-dessus  de  cette  conte- 
nance jusqu'à  1000  hectares,  la  durée  de  la 
jouissance  sera  de  12  ans,  et  de  15  ans  pour 
les  lais  et  relais  qui  contiendront  plus  de  lOOO 
hectares.  Les  adjudicataires  ne  pourront  pré- 
tendre à  une  plus  longue  concession  qu.e  celle 
de  9  ou  12  années  lors  môme  que,  d'après  l'ar- 
pentage facultatif  accordé  par  l'art.  8,  letcr-H 


108 

rain  concédé  aurait  plus  de  600  ou  plus  de 
iOOO  hectares. 

Art.  1 1 .  Les  adjudicalions  seront  annoncées 
par  trois  affiches  apposées  à  vingt  jours  d'in- 
tervalle l'une  de  l'autre.  Un  exemplaire  de  la 
ppemière  sera  adressé  par  le  directeur  des  do- 
maines du  département  aux  officiers  du  génie 
civil  et  militaire,  afin  que  si  le  service  public  ré- 
clamait l'emploi  immédiat  de  tout  ou  partie 
d'un  terrain  mis  en  adjudication,  on  ne  le  pré- 
sentât pas  aux  enchères.  Dans  ce  cas,  le  reirait 
devrait  être  motivé  par  une  ordonnance  royale, 
s'il  ne  s'agissait  pas  d'une  destination  à  régler 
par  une  loi,  ou  si  les  chambres  n'étaient  point 
réunies. 

Art.  12.  Les  concessionnaires  qui  n'auraient 
pas  exécuté  dans  le  délai  fixé  les  travaux  dont 
il  est  fait  mention  à  l'art.  9,  seront  déchus,  par 
le  seul  fait  de  ce  retard,  sans  pouvoir  prétendre 
â  aucune  indemnité.  « 

Art.  13  et  dernier.  A  l'expiration  du  temps 
fixé  par  chaque  concession,  les  immeubles  dont 
il  s'agit  rentreront  sous  la  main  de  l'administra- 
tion de  l'enregistrement  et  des  domaines  qui 
les  régira  comme  les  autres  biens  de  l'état. 

En  adoptant ,  sinon  tous  les  articles,  du 
moins  le  sens  exact  de  ce  projet  de  loi ,  on 
mettrait  presque  de  suite  en  valeur  une  na- 
ture de  propriétés  actuellement  incultes. 

Des  concessions  temporaires,  sans  doute 
d'un  faible  produit  pendant  quelques  années, 
ménageraient  à  l'état  un  capital  foncier  dont  on 
ne  tarderait  pas  à  apprécier  l'importance,  et 
l'administration  des  domaines  ne  verrait  point 
dépérir  entre  ses  mains  une  partie  notable  de  la 
fortune  publique. 

Cette  admmistration  placée  si  haut  dans  l'opi- 
nion, mériterait  de  trouver  plus  de  défenseurs; 
nous  espérons  qu'il  s'en  trouvera  lorsque,  dans 
un  second  article,  nous  ferons  envisager  la  posi- 
tion de  ses  employés  comme  substituts  né- 
cessaires du  ministère  public,  et  garants  gé- 
néraux des  actes  de  toute  la  société. 

DESPRÉAUX , 

Employé  supérieur  de  l'enregistrement  et 
des  domaines. 

CONSTRUCTION  DES  MAISONS   COM- 
MUNES. 

La  maison  commune  est  le  lieu  où  s'inscri- 
vent les  actes  de  l'élat  civil ,  où  s'assemblent 
et  le  conseil  municipal  pour  veiller  aux  intérêts 
de  la  conmiune ,  et  la  force  publique  pour  les 
protéger  et  les  défendre.  C'est  là  encore  où  les 
enfans  viennent  apprendre  les  devoirs  que  la 
société  leur  impose  et  puiser  l'instruction  qui 
doit  les  mettre  à  même  de  remplir  plus  tard  di- 
gnement dans  ce  même  lieu ,  leurs  devoirs  de 
cïtoven. 


La  destination  de  cet  établissement  est  trop 
grave  et  intéresse  trop  le  bonheur  et  la  sûreté 
de  tous  pour  qu'il  soit  permis  de  douter  de  son 
utilité. 

Les  nouvelles  institutions  qui  nous  régissent, 
le  besoin  de  répondre  aux  améliorations  appor- 
tées dans  l'instruction  publique  par  la  nouvelle 
loi ,  ont  d'ailleurs  rendu  la  maison  commune 
indispensable  au  plus  petit  village.  En  effet, 
chaque  commune  ,  chargée  aujourd'hui  plus 
particulièrement  du  soin  de  sa  défense  et  de  ses 
intérêts,  a  besoin  de  ce  lieu  de  réunion,  qui, 
propriété  de  tous,  comme  son  nom  l'indique, 
et  accessible  à  tous  ,  représente  sans  cesse  aux 
habitans  et  leur  rappelle  cette  commune ,  au 
bien-être  de  laquelle  tous  aujourd'hui  sont  ap- 
pelés à  concourir. 

Quelle  amélioration  physique  et  morale  tout 
à  la  fois,  cet  établissement  ne  doit-il  pas  appor- 
ter partout ,  et  combien  celte  maison ,  destinée 
h  être  l'âme  et  l'histoire  de  tout  village,  ne  de- 
vra-t-elle  pas  tous  les  jours  devenir  plus  chère 
à  ses  habitans  par  les  souvenirs  qui  s'y  ratta- 
cheront ,  souvenirs  d'histoire  et  souvenirs  d'en- 
fance ! 

L'endroit  le  plus  convenable  pour  établir  une 
maison  commune  est  le  centre  même  du  vil- 
lage, et ,  autant  que  possible ,  cette  maison  de- 
vra être  isolée,  ou  au  moins  précédée  d'une 
place,  car  c'est  de  ce  lieu  qu'en  cas  d'incendie 
ou  de  péril  quelconque,  doit  partir  le  cri  d'a- 
larme, et  c'est  autour  de  cette  maison  que  doi- 
vent venir  alors  se  grouper  tous  les  habitans, 
pour  de  là  être  dirigés  avec  ordre  sur  les  points 
où  leur  secours  est  nécessaire. 

Elle  devra  contenir  :  !*■  une  salle  assez 
vaste  pour  y  pouvoir  dresser  les  actes  de -la 
mairie  où  l'audition  des  témoins  est  néces- 
saire, réunir  le  conseil  municipal,  et  renfermer 
les  archives  dont  le  dépôt  et  la  garde  peuvent 
être  confiés  au  maître  d'école  ;  2°  un  corps  de- 
garde  et  son  violon  ;  3°  une  salle  d'école  ;  4"  le 
logement  du  maître.  Enfin ,  cette  maison  devra 
être  surmontée  d'un  clocheton  ou  campanil , 
pour  appeler  les  enfans  aux  heures  des  classes, 
et  sonner  au  besoin  l'alarme. 

Cette  maison  devra  toujours  avoir  un  aspect 
simple  et  grave  tout  à  la  fois  ;  elle  devra  être 
construite  solidement  et  le  plus  possible  en  ma- 
tériaux incombuslibles. 

Bien  qu'on  ne  puisse  mdiquer  aucune  dispo- 
sition plus  convenable  que  d'autres ,  les  loca- 
lités et  le  plus  ou  moins  d'importance  et  de 
moyens  de  la  commune  devant  la  faire  varier  à 
l'infini ,  il  n'est  cepend.'nt  pas  inutile  d'entrer 
dans  quelques  délaiis. 

La  salle  de  la  mairie  devra  être  vaste ,  bien 
éclairée,  et  près  du  logement  du  maître  chargé 
de  la  garde  des  archives  qui  doivent  y  être 
renfermées  ;  le  corps-de-garde  devra  être  placé 


au  rez-de-chaussée,  et  avoir  son  entrée  directe 
sur  !a  rue. 

Quant  à  la  partie  du  bâtiment  destinée  h  l'in- 
struction des  enfans ,  c'est-à-dire  l'école,  elle 
réclame  une  attention  très-grande,  parce  qu'elle 
renferme  pendant  des  journées  entières  et  con- 
sécutives toute  la  jeunesse,  devant  former  un 
jour  la  population  du  village,  dont  on  compro- 
mettrait pour  l'avenir  l'état  sanitaire  en  risquant 
dans  une  salle  malsaine  la  santé  des  enfans. 

La  salubrité  des  salles  d'école  dépend  beau- 
coup de  leur  ventilation  et  du  système  de  leur 
chauITage. 

Un  système  de  ventilation,  et  en  même  temps 
de  cbauirage  pendant  l'hiver,  très-simple,  et  qui 
coûterait  très-peu,  serait  par  exemple  d'établir 
au  milieu  delà  classe  un  petit  poêle  calorifère 
en  briques,  avec  un  conduit  d'air  souterrain, 
passant  sous  le  plancher  et  allant  prendre  l'air 
par  une  large  ouverture  placée  au  nord.  L'air 
extérieur  entrant  dans  ce  conduit,  y  serait  ra- 
fraîchi l'été  et  attiédi  l'hiver,  passerait  par  le 
poêle  calorifère,  et  son  coffre  de  chaleur  en  sor- 
tirait frais  l'été  et  chaud  l'hiver  (  le  poêle  étant 
chaufTé  }  par  des  bouches  percées  dans  le  cou- 
ronnement de  ce  poêle.  Puis,  pour  enlever 
promplement  l'air  vicié,  on  réserverait  au  pla- 
fond, h  l'endroit  où  il  est  traversé  par  le  tuyau 
du  poêle  pour  sortir  de  la  classe,  une  ouver- 
ture autour  de  ce  tuyau  ,  qu'on  envelopperait 
depuis  cet  endroit  jusque  sur  le  toit  d'unsecond 
tuyau  en  t(Jle  ,  de  quatre  pouces  plus  fort  de 
diamètre,  de  manière  à  laisser  un  espace  de 
deux  pouces  de  vide  tout  autour  du  tujviu 
du  poêle.  L'air  vicié  tendant,  toujours  comme 
on  le  sait ,  à  monler  et  à  sortir  par  les  par- 
ties les  plus  élevées ,  trouvant  une  issue  par 
celte  ouverture  au  plafond  ,  passerait  dans  le 
tuyau  d'enveloppe  autour  du  tuyau  de  poêle, 
et  irait  sortir  sur  le  toit.  L'hiver,  cette  ventila- 
tion serait  très-activée  par  la  chaleur  que  pro- 
duirait dans  le  tuyau  d'enveloppe,  le  passage 
du  tuyau  de  poêle.  On  devra,  pour  le  chauffage 
des  salles  d'école,  rejeter  l'usage  des  poêles  en 
fonte ,  la  chaleur  produite  par  ces  poêles  étant 
toujours  très-malsaine. 


109 

La  vue  des  enfans  étant  un  de  leurs  organes 
les  plus  faibles,  on  devra  aussi  porter  l)eau- 
coup  d'attention  h  la  distribution  du  jour  dans 
les  classes.  Il  devra,  autant  que  possible,  y  être 
distribué  par  des  châssis  vitrés  ou  fenêtres  pla- 
cées dans  le  haut  seulement  des  murs  latéraux 
et  ouvrant  à  éventail  sur  la  traverse  du  bas,  de 
telle  sorte  que  les  enfans  reçoivent  toujours  d'en 
haut,  un  jour  oblique,  et  qu'en  ouvrant  les 
croisées,  l'air  extérieur  ne  puisse  jamais  leur 
tomber  sur  la  tête.  Il  faut  aussi  éviter  qu'aucune 
de  ces  croisées  soit  exposée  au  soleil  du  midi. 

La  salubrité  des  salles  d'école  est  encore  plus 
à  recommander  si  (  comme  cela  existe  dans 
beaucoup  d'endroits  )  le  peu  de  moyens  de  la 
commune  ne  lui  permettant  pas  d'avoir  en  ou- 
tre une  salle  d'asile,  la  salle  d'école  est  destinée 
à  remplir  ce  double  but  et  à  renfermer  alors 
tant  de  santés  encore  si  délicates. 

Le  préau  pour  la  récréation  des  élèves  devra 
être  bien  aéré  et  planté  d'arbres. 

On  devra  établir  aussi  des  latrines  pour  les 
deux  sexes,  et  les  placer  de  manière  à  pouvoir 
être  surveillées  par  le  maître. 

Quant  au  logement  du  maître,  l'humanité  dic- 
tera mieux  que  nous  tout  ce  qu'on  doit  y  réunir 
pour  les  commodités  d'une  vie  sédentaire  et 
presque  d'esclavage. 

L'établissement  d'une  maison  d'école  renfer- 
mant toutes  les  conditions  ci-dessus  énoncées, 
et  pour  un  village  d'une  population  moyenne  , 
c'est-à-dire ,  de  quinze  ou  dix-huit  cents  âmes 
peut  être  fait,  en  prenant  un  terme  moyen  d'a- 
près toutes  les  constructions  de  ce  genre  déjà 
élevées  dans  les  difTérens  départemens,  pour 
la  somme  de  quatre  mille  cinq  cents  francs  en- 
viron. On  sait  que  dans  cette  circonstance  ,  le 
gouvernement  vient  souvent  au  secours  des 
communes,  et  que  plusieurs  conseils  généraux 
de  département  suivant  aussi  cet  exemple,  ac- 
cordent des  secours  à  ceux  de  leurs  villages 
non  aisés  qui  veulent  former  un  établissement 
de  cette  nature,  dont,  il  faut  l'espérer,  aucune 
commune  ne  sera  bientôt  plus  privée. 

Paliard  ,  architecte. 


HEFEMTOmE    BOHIESTI^UE. 


MÉTHODE  SIMPLE  POUR  ANALYSER  LES  TERRES. 

Les  terres  qui  se  rencontrent  ordinairement 
dans  les  sols  cultivés  sont  principalement  la  si- 
lice ou  terre  de  cailloux  ,  l'alumine  ou  matière 
pure  de  l'argile,  et  la  magnésie.  Le  silex  forme 


une  partie  considérable  des  sols  durs  grave- 
leux ,  des  sols  durs  sablonneux,  et  des  terrains 
pierreux.  L'alumine  abonde  dans  les  sols  argi- 
leux et  les  terres  marneuses ,  et  même  on  la 
trouve  généralement  dans  les  parties  du  sol  le 
plus  divisé,  unie  avec  la  silice  et  l'oxyde  de  fer  j 


110 

la  chaux  se  rencontre  toujours  dans  les  sols  k 
l'état  de  combinaison,  et  principalement  avec 
l'acide  carbonique.  Le  carbonate  de  cbaux 
forme  ,  dans  son  plus  grand  état  de  dureté  ,  le 
marbre,  et  dans  son  état  le  moins  serré,  la  craie. 
La  chaux,  unie  avec  l'acide  sulfurique,  consti- 
tue le  sulfate  de  chaux,  gypse  ou  plâtre  ;  avec 
l'acide  phosphorique,  le  phosphate  de  chaux  ou 
terre  des  os.  Le  carbonate  de  chaux  mêlé  avec 
d'autres  substances  compose  les  sols  crayeux 
et  les  marnières  ,  et  il  se  trouve  dans  les  sols 
mous  sablonneux.  La  magnésie  ne  se  rencontre 
que  rarement  dans  les  sols,  et  elle  y  est  combi- 
née avec  l'acide  carbonique  ou  avec  la  silice  et 
l'alumine.  La  matière  animale  en  décomposition 
existe  sous  différcns  états  et  contient  beaucoup  de 
substances  carbonacées,  de  l'ammoniaque,  des 
produits  gazeux  inflammables  et  de  l'acide  car- 
bonique; elle  se  trouve  principalement  dans  les 
terrains  labourés.  La  matière  végétale  en  dé- 
composition contient,  pour  l'ordinaire,  encore 
plus  de  substances  carbonacées,  et  diffère  sur- 
tout de  la  matière  animale  en  ce  qu'elle  ne  pro- 
duit point  d'ammoniaque  :  elle  forme  une  grande 
proportion  de  toutes  les  tourbes,  abonde  dans 
les  sols  fertiles,  et  se  trouve  en  plus  ou  moins 
grande  quantité  dans  tous  les  terrains.  Les  com- 
posés salins  sont  peu  nombreux  et  en  petites 
proportions  ;  ce  sont  principalement  l'hydro- 
chlorate  de  soude  ou  de  sel  marin,  le  sulfate  de 
magnésie,  l'hydrochlorate  et  le  sulfate  de  po- 
tasse, le  nitrate  de  chaux,  et  quelques  substan- 
ces alcalines  peu  caustiques.  L'oxyde  de  fer,  qui 
est  le  même  que  la  rouille  dont  le  métal  se  re- 
couvre par  son  exposition  k  l'eau  et  à  l'air,  fait 
partie  de  tous  les  sois;  mais  il  est  surtout  abon- 
dant dans  les  argiles  jaunes  et  rouges,  ainsi  que 
daiK  les  sables  siliceux  de  ces  mêmes  couleurs. 

Les  instrumens  qu'exige  l'analyse  des  sols 
sont  en  petit  nombre.  Une  paire  de  balances  ca- 
pables de  peser  100  grammes,  et  trébuchant  à 
un  demi-décigramnie  quand  les  deux  plateaux 
sont  chargés;  une  boîte  de  poids  divisés;  un 
tamis  métallique  d'une  perce  assez  grosse  pour 
laisser  passer  un  grain  de  poivre  ;  une  lampe 
d'Argand  avec  son  support  ;  quelques  fioles  de 
Terre ,  creusets  de  hesse  et  capsule  en  porce- 
laine avec  son  pilon  ;  quelques  filtres  faits  avec 
une  demi-feuille  de  papier  non  collé  et  plié  de 
manière  à  contenir  un  domi-litre  de  liquide,  et 
graissés  à  leur  extrémité  ;  un  couteau  d'os  et 
une  cuve  hydro-pneumatique. 

Les  réactifs  nécessaires  sont  l'acide  hydro- 
chlorique,  l'acide  sulfurique,  l'ammoniaque  li- 
quide, une  dissolution  d'hydrorianate  de  po- 
tasse, de  l'eau  de  savon,  des  dissolutions  de  car- 
bonate d'ammoniaque,  d'hydrochloratc  d'am- 
moniaque, de  carbonate  neutre  de  potasse,  et  de 
nitrate  d'ammoniaque. 

V  Lorsqu'il  s'agit  de  reconnaître  la  nature 


générale  du  sol  d'un  champ,  il  faut  en  prendre 
des  échantillons  en  différens  endroits,  à  six  ou 
huit  centimètres  de  profondeur  ;  et,  en  exami- 
nant comparativement  les  propriétés  ;  il  arrive 
quelquefois  que,  dans  les  plaines,  tout  le' sol  su- 
périeur, c'est-à-dire  la  couche  supérieure  du 
terrain,  est  de  la  même  espèce,  et,  dans  ce  cas, 
une  seule  analyse  suffira.  Mais  dans  les  vallées 
et  dans  le  voisinage  des  rivières,  il  y  a  de  gran- 
des différences  :  il  se  trouve  par  fois  qu'une 
partie  de  champ  est  calcaire  et  qu'une  autre 
partie  est  siliceuse.  Dans  ce  cas  et  ceux  analo- 
gues, il  faut  prendre  des  portions  différentes  de 
chaque  espèce  de  terre ,  et  les  soumettre  sépa- 
rément à  l'expérience. 

Lorsqu'on  ne  peut  pas  examiner  immédiate- 
ment les  portions  de  sol  recueillies  pour  en  faire 
l'analyse,  on  les  conservera,  sans  qu'ils  éprou- 
vent de  changement,  en  les  mettant  dans  des 
fioles  qu'on  a  soin  de  remplir  tout  à  fait ,  et  de 
fermer  ensuite  avec  des  bouchons  de  verre.  La 
quantité  de  sol  la  plus  convenable  pour  une 
analyse  parfaite  est  celle  de  douze  à  vingt-quatre 
grammes.  Cet  échantillon  doit  être  pris  par  un 
temps  sec,  et  il  faut  l'exposer  à  l'air  jusqu'à  ce 
qu'il  ne  manifeste  plus  d'humidité  au  toucher. 
On  peut  constater  la  pesanteur  spécifique  d'un 
sol  en  introduisant  dans  une  fiole,  qui  contien- 
dra un  poids  connu  d'eau ,  des  volumes  égaux 
d'eau  et  de  terre  ;  mélange  qui  peut  aisément  se 
faire,  en  versant  d'abord  de  l'eau  pure  dans  la 
fiole  jusqu'à  moitié  de  sa  contenance,  et  en  y 
ajoutant  ensuite  la  terre  du  sol,  jusqu'à  ce  que 
le  liquide  se  soit  élevé  à  son  orifice.  La  diffé- 
rence entre  le  poids  de  l'eau  et  celui  du  sol  don- 
nera la  différence.  Si,  par  exemple,  la  fiole  con- 
tient vingt-quatre  grammes  d'eau,  et  que  ce 
poids  augmente  de  douze  grammes  lorsqu'elle 
contient  seulement  moitié  de  sa  capacité  d'eau, 
et  l'autre  moitié  de  terre  du  sol,  la  pesanteur 
spécifique  de  ce  sol  sera  deux,  c'est-à-dire  qu'il 
sera  deux  fois  plus  pesant  que  l'eau  ;  et  si  l'aug- 
mentation de  poids  n'avait  été  que  de  dix  gram- 
mes ,  la  pesanteur  spécifique  du  sol  serait  de 
1,833,  celle  de  l'eau  étant  1,000.  Il  est  impor- 
tant de  connaître  la  pesanteur  spécifique  du  sol, 
na^c»  qu'elle  fournit  une  indication  de  la  quan- 
tité de  matière  végétale  et  animale  que  le  sol 
contient,  ces  substances  étant  toujours  les  plus 
abondantes  dans  les  sols  les  plus  légers.  Il  con- 
vient également  d'examiner  les  autres  propriétés 
phvsiques  des  sols,  avant  d'en  faire  l'analyse, 
parce  qu'elles  dénotent,  jusqu'à  un  certain  point, 
leur  romposii  ion  ,  et  servent  de  guide  pour  se 
diriger  dans  les  expériences.  Ainsi,  les  sols  si- 
liceux sont  généralement  rudos  au  toucher,  et 
ils  raient  le  verre  lorsqu'on  les  fi-otte  dessus  ; 
les  sols  argileux  adhèrent  fortement  à  la  langue, 
et  lorsque  l'on  souffle  dessus,  ils  émettent  très 
sensiblement  un«  odeur  terreuse  ;  les  sols  cal- 


caires  sont  doux  au  toucher  :  ils  adhèrent  beau- 
coup moins  que  les  sols  argileux. 

2°  Les  sols,  lorsqu'ils  sont  aussi  secs  qu'ils 
peuvent  le  devenir  par  leur  simple  exposition  à 
l'air,  retiennent  encore  une  quantité  d'eau  con- 
sidérable, qui  y  adhère  avec  une  grande  force  et 
n'en  peut  être  chassée  que  par  un  très-haut  de- 
gré de  chaleur.  La  première  opération  de  l'ana- 
lyse est  de  dépouiller,  autant  que  possible,  de 
celte  eau  ,  un  poids  donné  du  sol ,  en  prenant 
garde.,  toul-efois,  de  ne  pas  affecter,  sous  d'autres 
rapports,  sa  composition  ;  et  cela  peut  se  faire 
en  chauffant  un  échantillon  du  sol  pendant  dix  à 
douze  minutes  sur  une  lampe  d'Argand ,  dans 
une  capsule  de  porcelaine  ,  à  une  température 
d'environ  160  degrés  centigrades;  dans  le 
cas  où  on  ne  ferait  pas  usage  d'un  thermomè- 
tre, on  s'assurerait  aisément  du  degré  conve- 
nable de  chaleur,  en  tenant  un  morceau  de  bois 
en  contact  avec  le  fond  de  la  capsule.  Tant  que 
la  couleur  du  bois  n'est  pas  altérée,  la  chaleur 
n'est  pas  trop  forte  ;  mais  lorsqu'il  commence  à 
se  charbonner,  il  faut  arrêter  l'opération.  Sir 
Humphry  Davy,  dans  plusieurs  expériences, 
recueillit  l'eau  qui  fut  dégagée  par  cette  tempé- 
rature ;  il  la  trouva  constamment  pure,  et  il  ne 
s'était  produit  sensiblement  aucune  autre  ma- 
tière volatile.  Il  faut  noter  avec  soin  la  perte  de 
poids  qui  résulte  de  la  dessication;  et  si,  sur  400 
parties  du  sol,  elle  s'élève  à  50,  on  peut  considé- 
rer ce  sol  comme  étant  absorbant  au  j)lus  haut 
degré  ,  comme  retenant  l'eau  ;  et  l'on  trouvera 
généralement  qu'il  contient  une  grande  propor- 
tion d'alumine.  Si  Ja  perte  de  poids  n'est  que  de 
20  à  10  parties,  on  conrlura  que  le  sol  n'est 
que  légèrement  absorbant,  qu'il  retient  peu  l'eau 
et  que  la  terre  siliceuse  y  domine. 

3°  On  ne  doit  point  séparer  du  sol,  dans  l'état 
où  il  se  trouve  ,  les  pierres  ,  le  gravier  ou  les 
fibres  végétales,  jusqu'à  ce  que  l'eau  en  ait  été 
expulsée  ;  car  ces  corps  sont  souvent  eux-mê- 
mes très-abondans  et  susceptibles  de  retenir 
l'eau  ;  ils  influent  par  conséquent  sur  la  fertilité 
du  terroir.  Cependant,  cette  opération  devra  se 
faire  immédiatement  après  l'opération  du  dessè- 
chement, et  on  l'effectuera  aisément  au  moyen 
d'un  tarais,  le  sol  ayant  été  modérément  broyé 
dans  un  mortier.  Il  faudra  noter  séparément  les 
poids  des  fibres  végétales  ou  bois ,  du  gravier 
et  des  pierres,  et  s'assurer  de  la  nature  silieeuse 
de  celles-ci.  Si  ces  pierres  sont  calcaires,  elles 
feront  effervescence  avec  les  acides  ;  si  elles  sont 
de  nature  siliceuse ,  elles  seront  assez  dures 
pour  rayer  le  verre  ;  et  si  ce  sont  des  pierres  de 
la  classe  ordinaire  de  celles  argileuses,  elles  se- 
ront douces  au  toucher,  susceptibles  d'être  ai- 
sément coupées  au  couteau  ,  et  incapables  de 
faire  effervescence  avec  les  acides 

4°  Les  sols  contiennent ,  pour  le  plus  grand 
nombre,  outre  le  gravier  et  les  pierres,  de  plus  ou 


111 

moins  grandes  proportions  de  sable  de  différens 
degrés  de  finesse  ;  la  première  opération  qui 
doit  suivre  dans  le  procédé  de  l'analyse,  est  de 
séparer  ces  substances  des  parties  h  l'état  de 
plus  petites  divisions,  telles  que  l'argile,  la 
glaise,  la  marne  et  la  matière  animale  ou  végé- 
tale. On  peut  y  parvenir  d'une  manière  suffi- 
samment exacte,  en  agitant  le  sol  dans  l'eau  ;  le 
sable  grossier  se  séparera  généralement  alors 
dans  une  minute  ,  et  le  plus  fin  dans  deux  ou 
trois  minutes,  tandis  que  les  parties  terreuses, 
très-ténues,  la  matière  animale  ou  végétale,  res- 
teront pendant  beaucoup  plus  long-temps  en  état 
de  suspension  mécanique;  de  sorte  qu'en  dé- 
cantant l'eau  avec  précaution  ,  au  bout  d'une  , 
deux  ou  trois  minutes,  le  sable  sera  principale- 
ment séparé  des  autres  substances  :  l'eau  qui 
les  tient  en  suspension  étant  mise  sur  un  filtie, 
elles  s'y  trouveront  déposées  après  que  l'eau 
l'aura  traversé.  On  pourra  alors  rassembler  ces 
substances,  les  sécher  et  les  peser  ;  le  sable  sera 
également  pesé,  et  il  sera  pris  note  du  poids  des 
quantités  respectives.  L'eau  qui  a  filtré  doit  être 
conservée,  parce  qu'elle  se  trouvera  contenir  la 
matière  saline  et  le-s  matières  animales  et  végé- 
tales solubles,  s'il  en  existe  dans  le  sol 

5°  Une  analyse  particulière  du  sable  ainsi  sé- 
paré n'est  jamais  ou  que  très-rarement  néces 
saire;  on  en  peut  reconnaître  la  nature  de  la 
môme  manière  que  celle  des  pierres  ou  du  gra- 
vier :  c'est  toujours  ou  du  sable  siliceux,  ou  du 
sable  calcaire,  ou  un  mélange  de  l'un  et  de  l'au- 
tre; s'il  consiste  entièrement  en  carbonate  de 
chaux,  il  se  dissoudra  rapidement  et  avec  effer- 
vescence dans  l'acide  hydiochlorique  ;  mais  s'il 
est  composé  en  partie  de  cette  substance  et  en 
partie  de  matières  siliceu.ses,  on  en  peut  déter- 
miner les  quantités  respectives  en  pesant  le  résidu 
après  l'action  de  l'acide,  dont  il  faut  augmenter 
la  dose  jusqu'à  ce  que  toute  effervescence  ait 
cessé  et  que  la  liqueur  ait  acquis  une  saveur 
acide  ;  ce  résidu  est  la  partie  siliceuse  ;  il  faut, 
après  l'avoir  lavé  et  fait  sécher,  l'exposer  à  une 
forte  chaleur  dans  un  creu.set.  La  difféience 
entre  le  poids  de  ce  résidu  et  le  poids  total  du 
sable,  indiquera  la  position  du  sable  calcaire. 

C°  La  matière  trcs-divisée  du  sol  est  ordinai- 
rement de  nature  frè?-composée  ;  elle  contient 
quelquefois  les  quatre  terres  primitives  des  sols, 
ainsi  que  de  la  matière  animale  et  végétale;  et  ce 
qu'il  y  a  de  plus  difTirile  dans  cet  examen,  c'est 
de  déterminer  les  proportions  de  ces  substan- 
ces d'une  manière  suffisamment  exacte.  La  pre- 
mière opération  à  faire  dans  cette  partie  de  l'a- 
nalyse est  de  soumettre  la  matière  très-divisée 
du  sol  à  l'action  de  l'acide  hydrochlorique  ;  il 
faut  verser  de  cet  acide  sur  la  m.itière  terreuse 
dans  un  bassin  propre  à  l'évaporation,  en  quan- 
tité ég»ile  à  deux  fois  le  poids  de  la  teiTe,  mais 
l'acide  doit  être  étendu  d'un  volume  d'eau  qui 


112 


soit  double  du  sion.  Après  avoir  remué  souvent 
le  mélange,  on  le  laissera  reposer  pendant  une 
heure  et  demie  avant  de  l'examiner.  S'il  existe 
dans  le  sol  du  carbonate  de  chaux  oU  de  ma- 
gnésie ,  il  aura  été  dissous  par  l'acide  ,  qui  se 
charge  également  quelquefois  d'un  peu  d'oxyde 
de  fer,  mais  très-rarement  d'une  portion  d'a- 
lumine. Après  avoir  fdtré  la  liqueur,  la  matière 
solide  restée  sur  le  filtre  sera  lavée  avec  de  l'eau 
de  pluie,  puis  sécbée  à  une  douce  chaleur  et  en- 
suite pesée.  Ce  qu'elle  aura  perdu  de  son  poids 
indiquera  la  matière  solide  enlevée.  On  réunira 
l'eau  de  lavage  à  la  dissolution,  et  si  la  liqueur 
n'a  pas  de  saveur  acide,  elle  sera  rendue  telle  en 
y  ajoutant  une  nouvelle  quantité  de  l'acide.  On 
mêlera  alors  le  tout  avec  un  peu  de  dissolution 
d'hydrocianate  de  potasse.  S'il  se  manifeste  un 
précipité  bleu,  ce  sera  une  indication  de  la  pré- 
sence d'oxyde  de  fer  ;  et  dans  ce  cas  il  faut  ajou- 
ter, goutte  à  goutte,  de  la  dissolution  d'hydro- 
cianate ,  jusqu'à  ce  qu'elle  cesse  de  produire 
aucun  eiïct.  Pour  reconnaître  ensuite  la  quan- 
tité de  précipité,  après  l'avoir  recueilli  comme 
d'autres  précipités  solides ,  on  le  chauffera  au 
rouge  ;  le  résultat  sera  de  l'oxyde  de  fer.  Dans 
le  liquide  ainsi  débarrassé  de  l'oxyde  de  fer,  on 
ver.se.'a  de  la  dissolution  de  carbonate  de  po- 
tasse neutre,  jusqu'à  ce  que  toute  effervescence 
ait  cessé,  et  que  l'odeur,  ainsi  que  la  saveur  du 
liquide,  indiquent  un  excès  considérable  de  sel 
alralin.  Le  précipité  qui  s'est  décomposé  est  du 
carbonate  de  chaux  ;  après  l'avoir  recueilli  par 
fillralion,  on  le  fera  sécher  à  une  chaleur  au- 
dessous  de  rouge.  On  fait  ensuite  bouillir  la  li- 
queur fdtrée  pendant  un  quart  d'heure  ;  s'il 
existe  de  la  magnésie,  cette  terre  se  précipitera 
à  l'état  de  combinaison  avec  l'acide  carbonique, 
et  l'on  pourra  reconnaître  la  quantité  de  la 
même  matière  que  pour  le  carbonate  de  chaux. 
Si,  par  quelques  circonstances  particulières,  une 
très-petite  portion  d'alumine  avait  été  dissoute 
par  l'acide ,  elle  se  trouvera  dans  le  précipité 
avec  le  carbonate  de  chaux  dont  on  pourra  la 
séparer  en  la  faisant  bouillir  pendant  quelques 
minutes  avec  une  quantité  de  potasse  caustique 
suffisante  pour  recouvrir  la  matière  solide.  La 
potasse  caustique  dissout  l'alumine  sans  atta- 
quer le  carbonate  de  chaux.  Lorsque  le  sol  très- 
divisé  est  d'une  nature  assez  calcaire  pour  don- 
ner lieu,  avec  les  acides,  à  une  très  vive-eficr- 
vescence,  on  peut,  dans  tous  les  cas  ordinaires, 
reconnaître  la  quantité  de  carbonate  de  chaux 
qu'il  contient  par  un  procédé  très-simple  et  suf- 
fisamment exact.  Le  carbonate  de  chaux,  dans 
ses  divers  états,  contient  une  proportion  déter- 
minée d'acide  carbonique,  c'est-à-dire  environ 
quarante- cinq  pour  cent.  Ainsi  ,  lorsque  la 
quantité  de  ce  fluide  élastique  ,  dégagé  du  sol 
pendant  la  dissolution  de  sa  matière  calcaire 
dans  un  acide,  est  connue,  soit  en  poids,  soit  en 


mesure,  la  quantité  de  carbonate  de  chaux  s'en 
infère  aisément.  Lorsqu'on  veut  procéder  par 
réduction  de  poids,  on  pèse  deux  portions  de 
l'acide  dans  une  fiole,  et  une  portion  de  la  ma- 
tière du  sol  dans  une  autre,  et  on  mêle  ensuite 
ces  deux  portions  très-lentement,  jusqu'à  cessa- 
tion d'effervescence  ;  la  différence  de  poids , 
avant  et  après  l'expérience ,  indique  la  quantité 
d'acide  carbonique  qui  s'est  dégagée  ;  car  qua- 
tre parties  et  demie  de  cet  acide  doivent  repré- 
senter dix  parties  de  carbonate  de  chaux.  On 
peut  encore  lecueillir  l'acide  carbonique  dans  la 
cuve  hydro-pneumatique.  L'évaluation  est,  pour 
chaque  31  centimètres  cubes  d'acide  carboni- 
que, 13  centigrammes  de  carbonate  de  chaux. 

7°  On  parvient ,  avec  une  précision  suffi- 
sante, à  déterminer  la  quantité  de  matière  ani- 
male et  végétale  insoluble  ,  en  portant  la  masse 
en  état  de  forte  ignition  dans  un  creuset,  sur 
un  feu  ordinaire  jusqu'à  ce  qu'on  n'y  aperçoive 
plus  de  noir,  et  en  remuant  fréquemment  avec 
une  spatule  de  métal  ;  la  perte  de  poids  qu'elle 
éprouve  indique  la  quantité  de  matière  ani- 
male et  végétale  qui  y  était  contenue,  mais 
non  pas  le  rapport  de  chacune  de  ces  substan- 
ces. Lorsque  l'odeur  qui  s'exhale  pendant  l'ig- 
nilion  ressemble  à  celle  des  plumes  brûlées , 
c'est  une  indication  certaine  de  quelque  ma- 
tière, animale  ;  et  la  production,  dans  le  même 
temps,  d'une  flanmie  bleue  abondante,  dénote 
presque  toujours  une  portion  considérable  de 
matière  végétale.  Dans  les  cas  qui  nécessitent 
que  l'expérience  soit  promptcment  achevée,  la 
destruction  des  matières  décomposables  peut 
être  aidée  par  l'action  du  nitrate  d'ammonia- 
que, jeté  peu  à  peu,  pendant  l'ignition,  sur  la 
masse  chauffée,  en  quantité  de  vingt  parties 
par  cent  parties  du  sol  résidu  ;  ce  sel  n'affec- 
tera point  les  résultats,  car  il  est  lui-même  dé- 
composé et  s'évapore. 

8°  Les  substances  qui  restent  après  la  des- 
truction de  la  matière  animale  et  végétale,  sont 
généralement  des  particules  de  matières  ter- 
reuses, consistant  ordinairement  en  alumine, 
en  silice  et  en  oxyde  de  fer.  Pour  séparer  ces 
substances  les  unes  des  autres,  il  faut  faire 
bouillir  la  masse  pendant  deux  ou  trois  heures 
avec  de  l'acide  sulfurique ,  étendu  de  quatre 
fois  son  poids  d'eau  ;  la  quantité  de  l'acide  se 
règle  par  la  quantité  du  résidu  solide  sur  le- 
quel on  doit  le  faire  agir,  en  comptant,  pour 
cent  parties  de  ce  résidu,  cent  vingt  parties 
de  l'acide  ;  la  substance  qui  reste  après  l'ac- 
tion de  l'acide  peut  être  considérée  comme  si- 
liceuse ;  il  faut  la  sépar  r  et  s'assurer  de  son 
poids,  après  l'avoir  lavée  et  fait  sécher  comme 
à  l'ordinaire.  L'alumine  et  l'oxyde  de  fer,  s'il  en 
existe,  sont  dissous  l'un  et  l'autre  par  l'acide 
sulfurique  ;  on  peut  les  séparer  par  une  addi- 
tion de  carbonate  d'ammoniaque  en  excès ^ 


l'alumine  est  précipite,  et  l'oxide  de  fer,  qui 
reste  en  dissolution,  peut  être  séparé  de  la  li- 
queur en  la  faisant  bouillir.  Si  quelques  por- 
tions de  chaux  et  de  magnésie  ont  échappé  à  la 
dissolution  dans  l'acide  hydrochloriquc,  on  les 
trouvera  dans  l'acide  sulfurique.  C'est  cepen- 
dant ce  qui  n'arrive  presque  jamais;  mais  le 
moyen  d'en  découvrir  la  présence  et  d'en  re- 
connaître les  quantités,  est  le  même  dans  l'un 
et  l'autre  cas.  La  méthode  d'analyse  par  l'acide 
sulfurique,  est  suffisamment  exacte  pour  tous 
les  cas  ordinaires;  cependant,  si  l'on  voulait 
une  très  grande  précision ,  il  faudrait,  après 
avoir  incliné  le  résidu,  le  traiter  par  la  potasse, 
et- agir  comme  dans  l'analyse  des  pierres,  ainsi 
que  nous  l'avons  décrit  au  commencement  de 
cet  article. 

9°  Si  l'on  suppose  la  présence  dans  le  sol 
de  quelque  matière  saline,  ou  de  matière  végé- 
tale ou  animale  soluble,  on  les  trouvera  dans 
l'eau  de  lavage  qui  a  servi  à  séparer  le  sable  ; 
cette  eau  doit  être  évaporée,  jusqu'à  siccité,  à 
une  chaleur  inférieure  h  celle  de  i'éhuHitiou.  Si  la 
matière  solide  obtenue  est  de  couleur  brune  et 
inflammable,  on  peut  la  considérer  comme  étant 
en  partie  un  extrait  végctal.  Si,  lorsqu'elle  est 
chauffée  ,  elle  répand  une  odeur  forte  et  fétide, 
elle  contient  une  substance  animale  muciiagi- 
neuse  ou  gélatineuse  ;  si  celte  matière  est  bbn- 
che  et  transparente,  elle  peut  être  considérée 
comme  étant  principalement  saline.  La  présence 
du  nitrate  de  potasse  ou  du  nitrate  de  chaux, 
dans  cette  matière  saline ,  se  reconnaît  h  la 
scintillation  sur  des  charbons  ardens.  Le  sulfate 
de  magnésie  peut  être  indiqué  par  sa  saveur 
amère,  et  le  sulfate  de  potasse,  en  ce  qu'il  ne 
produit  aucun  changement  dans  la  dissolution 
de  carbonate  d'ammoniaque,  mais  qu'il  préci- 
pite la  dissolution  d'hydrochlorate  de  barite. 

10°  S'il  y  a  lieu  de  soupçonner  qu'il  existe 
dans  le  sol  du  sulfate  ou  du  phosphate  de  chaux, 
il  faut  avoir  recours  à  un  procédé  particulier 
pour  s'en  assurer.  On  chauffera  au  rouge  pen- 
dant une  demi-heure,  dans  un  creuset,  une 
quantité,  comme  cent  parties,  par  exemple, 
de  la  matière  du  sol,  mêlée  avec  trente-trois 
parties  de  poussière  de  charbon  ;  on  fera 
bouillir  le  mélange  pendant  un  quart  d'heure, 
dans  un  quart  de  litre  d'eau ,  et  après  avoir 
filtré  la  liqueur,  on  la  laissera  pendant  quelques 
jours  exposée  à  l'air  libre  dans  un  vaisseau  ou- 
vert. S'il  existait  dans  le  sol  une  quantité  solu- 
ble quelconque  de  siilfate  de  chaux,  il  se  for- 
merait peu  à  peu  dans  la  liqueur  un  précipité 
blanc,  dont  le  poids,  après  dessication,  indique- 
rait la  quantité. 

Après  celte  séparation  du  sulfate  de  chaux , 
on  procédera,  ainsi  qu'il  suit,  à  celle  du  phos- 
phate de  chaux  ;  s'il  en  existe  dans  le  sol,  on 
mettra  l'échantillon  du  sol  sur  lequel  on  opère, 


113 

en  digestion  dans  une  quantiliî  d'acide  hydro- 
chloriquc plus  (jue  sufiisante  pour  saturer  les  ter- 
res solublcs.  Après  avoir  évaporé  la  liqueur,  ou 
versera  sur  la  matière  solide  de  l'eau,  qui  dis- 
soudra les  composés  terreux  formés  par  l'acide 
hydrochloriquc,  et  laissera  intact  le  phosphate 
de  chaux. 

11°  Lorsque  l'examen  d'un  sol  est  complè- 
tement achevé,  il  faut  classer  les  produits,  et 
ajouter  ensemble  leurs  quantités;  si  la  somme 
est  à  peu  près  égale  à  la  quantité  du  sol  mis 
en  expérience,  l'analyse  peut  être  considérée 
comme  exacte.  Il  faut  cependant  remarquer 
que,  si  le  phosphate  ou  le  sulfate  de  chaux  a 
été  trouvé  parle  procédé  n.  lO,  il  convient  de 
faire  une  correction  ,  en  déduisant  le  poids  de 
la  quantité  de  carbonate  de  chaux  obtenue  par 
la  précipitation  de  l'acide  hydrochloriquc .  En 
arrangeant  les  produits,  il  faut  les  établir  dans 
l'ordre  des  expériences  d'où  ils  sont  résultés. 
Ainsi,  quatre  cents  parties  d'un  sol  sablonneux 
siliceux  peuvent  être  supposées  contenir  : 

Eau  d'absorption 1 8  parties. 

Pierre  et   gravier  principale- 
ment siliceux 42 

Fibres  végétales  non  décom- 
posées        10 

Sable  fin  siliceux 203 

Matières  très  divisées,  séparées 
par  Cltralion,  consistant  en  : 

Carbonate  de  chaux 25 

Carbonate  de  magnésie ...     4 

Matière  destructive  par  la 
chaleur,  principalement 
végétale 10( 

Silice 40126 

4lumine 33 1 

Oxide  de  fer 41 

Matière  soluble,  principale- 
ment sulfate  de  potasse 
et  extrait  végétal 6 

Sulfate  de  chaux 3 

Phosphate  de  chaux 2, 

Total  des  produits 399 

Perle i 

400 

Dans  cet  exemple,  la  perte  est  supposée  très 
petite  ;  mais  en  général,  en  effectuant  les  expé- 
riences, elle  sera  trouvée  beaucoup  plus  grande 
à  raison  de  la  difficulté  de  recueillir  les  quanti- 
tés totales  des  ditTérens  précipités  ;  et,  tant  que 
la  perte  n'excède  pas  une  trentaine  de  parties 
sur  quatre  cents,  il  n'y  a  pas  lieu  de  soupçon- 
ner qu'elle  puisse  être  provenue  du  défaut  de 
précision  convenable  dans  les  opérations. 

12"  Lorsque  celui  qui  fait  des  analyses  sera 
familiarisé  avec  les  divers  instrumens,  les  pro- 
priétés des  réactifs  et  avec  les  rapports  qui 
qui  existent  entre  les  qualités  extérieures  et 
les  qualités  chimiques  des  sols,  il  trouvera 
très  rarement  nécessaire  de  faire  toutes  les  opé- 


114 

rations  qui  viennent  d'être  décrites.  Lorsque, 
par  exemple,  le  sol  ne  contient  pas  une  quan- 
tité notable  de  matière  calcaire,  on  peut  se  dis- 
penser de  l'emploi  de  l'acide  hydrochiorique, 
paragraphe  6  ;  dans  l'analyse  des  sols  tourbeux, 
il  devra  principalement  porter  son  attention  sur 
l'opération  par  le  feu  et  par  l'air,  paragraphe  7; 
et  en  opérant  sur  des  sols  de  craie  et  de  glaise, 
l'analyse  se  trouvera  souvent  dans  le  cas  de  né- 
gliger l'expérience  par  l'acide  sulfurique ,  para- 
graphe 7. 

BOITARD. 

DES    TERREAUX   ET  EXGRAIS. 

Ou  nomme  engrais  tout  ce  qui  peut  servir 
à  l'amendement  des  teires,  c'est-à-dire  les  dé- 
tntus  d'animaux  et  de  végétaux  ,  et  quelques 
matières  minérales,  telles  que  marne,  plâtre, 
chaux,  etc.;  ces  derniers  étant  fort  peu  em- 
ployés en  horticulture,  nous  n'en  traiterons  pas 
ici. 

Les  détritus  d'animaux  sont  très-rarement 
employés  purs,  si  on  en  excepte  la  râpure  de 
corne.  Ils  ont  une  grande  activité  ;  mais  on 
prétend  qu'ils  peuvent  communiquer  aux  lé- 
gumes une  odeur  désagréable.  Ce  fait ,  selon 
notre  opinion ,  est  loin  d'être  suffisamment 
prouvé.  Les  détritus  de  végétaux,  feuilles,  ra- 
cines, marcs,  etc.,  agissent  avec  moins  d'éner- 
gie, mais  leur  effet  se  fait  sentir  très-long- 
temps. 

Enfin,  les  engrais  les  plus  employés  sont  les 
fumi'^rs  composés  de  la  paille  dont  on  fait  li- 
tière aux  animaux  domestiques  ,  de  l'urine  et 
des  excrémens  qu'ils  y  déposent.  Tous  les  fu- 
miers ne  doivent  pas  être  employés  indistinc- 
tement. Celui  de  cheval,  de  mulet  et  d'âne,  est 
sec,  léger  et  très-chaud  ;  il  convient  par  con- 
séquent dans  les  terres  fortes,  un  peu  humides 
et  froides.  Le  fumier  de  vache  est  gras  et  frais; 
on  l'emploie  très-avantageusement  dans  les 
terres  sèches  et  très-chaudes. 

Ces  fumiers  agissent  d'abord  en  divisant  la 
terre  ,  en  la  mettant  en  fermentation  ;  puis  , 
lorsqu'ils  sont  entièrement  décomposés ,  en 
fournissant  aux  plantes  des  sels  nutritifs.  On 
doit  éviter,  surtout  pour  ceux  de  cheval ,  de 
mulet  et  d'âne ,  de  les  mettre  en  contact  avec 
les  racines  des  plantes ,  avant  qu'ils  aient  jeté 
leur  premier  feu  ;  car  sans  cela  ils  les  brûle- 
raient infailliblement. 

Les  fumiers  de  lapins,  de  poules  et  de  pigeons 
sont  les  plus  chauds  de  tous  :  aussi  ne  les  em- 
ploie-t-on  qu'avec  circonspection  ,  et  à  très- 
petites  doses.  Celui  de  cochon,  au  contraire, 
est  extrêmement  frais,  et  on  ne  doit  s'en  ser- 
vir, à  moins  que  ce  ne  soit  dans  une  terre  brû- 
lante ,  qu'après  l'avoir  laissé  en  tas  au  moins 
pendant  dix-huit  mois  ou  deux  ans.  Il  est  mor- 
tel pour  les  plantes  Kliacées. 


On  nomme  terreau  ou  humus  les  fumiers 
eu  engrais  animaux  et  végétaux  entièrement 
décomposés  et  réduits  à  l'état  de  terre.  Dans 
cet  état,  ils  conservent  peu  de  temps  leur  fer- 
tihté,  si  on  n'a  pas  le  soin  de  les  revivifier  par 
de  nouveaux  mélanges.  Ils  sont  extrêmement 
employés  pour  la  culture  des  plantes  délicates, 
parce  que  leur  extrême  légèreté  permet  aux 
jeunes  racines  de  s'y  étendre  facilement ,  et 
qu'étant  très-poreux  ,  ils  laissent  un  passage 
aisé  aux  influences  atmosphériques.  On  s'en 
sert  aussi  beaucoup  dans  les  mélanges  pour  al- 
léger les  terres  fortes. 

CULTURE   DU  FIGUIER. 

Tout  le  monde  connaît  le  fruit  délicieux  du 
figuier,  et  cependant,  si  l'on  en  excepte  quel- 
ques villages  des  environs  de  Paris,  on  ne  cul- 
tive cet  arbre  d'une  manière  véritablement  utile, 
presque  nulle  part  au-desssus  du  44®  degré  de 
latitude.  Cela  vient  de  ce  que,  ne  connaissant 
pas  sa  culture  ,  on  s'imagine  qu'elle  serait  in- 
fructueuse ,  ce  qui  n'est  pas  ;  car  il  ne  faut  pas 
en  juger  par  ceux  que  l'on  relègue  dans  quelque 
coin  de  jardin ,  et  que  l'on  abandonne  sans  au- 
cun soin. 

Nous  signalerons  d'abord  les  variétés  les 
meilleures  parmi  celles  qui  peuvent  se  cultiver 
dans  toute  la  partie  moyenne  de  la  France.  Ce 
sont  les  figues  : 

1°  Blanche ,  ou  grosse  blanche  ronde, 
aussi  large  que  longue,  de  deux  pouces  de  dia- 
mètre ,  d'un  vert  pâle  ou  blanchâtre.  Les  fruits 
d'automne  sont  meilleurs  que  ceux  du  prin- 
temps. 

2°  D'Jrgenlettil ,  presque  semblable  à  la 
précédente,  mais  l'arbre  plus  rustique. 

3"  Coucourelle  blanche,  angélique  ou  mé- 
lette,  plus  longue  que  large  ,  de  dix-huit  lignes 
de  longueur,  blanche,  relevée  de  nervure.  Les 
fruits  de  printemps  sont  meilleurs  que  ceux 
d'automne. 

4°  Royale,  figue  de  Versailles,  plus  lon- 
gue que  large ,  de  deux  pouces  de  longueur. 

5°  Fioleite  ou  moitissonne ,  plus  longue 
que  large  ,  excellente  ;  fruits  de  printemps ,  de 
vingt-six  lignes  de  longueur  ;  ceux  d'automne 
un  tiers  plus  petits. 

G"  Poire  ,  de  Bordeaux ,  petite  cubique  , 
d'un  violet  foncé,  plus  longue  que  large,  la  base 
allongée  en  pointe  ;  vingt-six  à  trente-deux  li- 
gnes de  longueur  et  quinze  à  vingt-deux  de  dia- 
mètre. 

Les  figuiers  ne  sont  pas  très-sensibles  aux 
gelées  ordinaires,  et  résistent  assez  bien  aux 
hivers  de  Paris  ,  moyennant  quelques  précau- 
tions dont  nous  parlerons.  Ils  aiment  en  géné- 
ral une  terre  légère,  sablonneuse,  chaude;  mais 
ils  réussissent  assez  bien  partout.  Dans  le  Nord, 
on  les  voit  pousser  vigoureusement  dan?  les 


115 


décombres,  au  pied  des  murs  au  midi,  et  même 
dans  les  cours  pavées.  Dans  le  Midi,  ils  se  plai- 
sent dans  les  sols  les  plus  arides ,  et  on  les 
rencontre  jusque  dans  les  fissures  des  rochers 
et  les  trous  des  vieilles  murailles. 

On  peut  les  multiplier  de  plusieurs  manières.- 
1°  par  leurs  graines  ;  2°  par  rejetons  ;  3°  par 
marcottes  ;  4°  par  boutures  ;  5"  enfin  par  la 
greffe. 

Le  moyen  du  semis  est  long  ,  et  surtout  in- 
certain dans  ses  résultats  ,  parce  que  les  varié- 
lés  ne  se  reproduisent  pas  franches,  mais  c'est 
la  seule  manière  d'en  acquérir  de  nouvelles.  On 
choisit  les  meilleures  espèces ,  et  seulement 
parmi  celles  qui  sont  très-mùres,  ou  plutôt  qui 
se  sont  flétries  sur  l'arbre  ;  on  les  écrase  dans 
un  vase  plein  d'eau,  et  on  ne  recueille  que  les 
graines  qui  se  précipitent  au  fond  :  celles  qui 
surnagent  doivent  être  rejetées.  Dans  le  Midi  on 
se  contente  de  les  semer  en  pleine  terre  bien 
ameublée,  de  les  peu  recouvrir  et  de  les  arro- 
ser. En  peu  de  temps  elles  lèvent  et  fournissent 
de  jeunes  arbres  qui  ne  demandent  aucun  soin 
particulier.  Dans  le  Nord ,  il  n'en  est  pas  de 
même  :  il  faut  semer  sur  couches  et  en  terri- 
nes, afin  de  pouvoir  rentrer  le  plant  en  orange- 
rie, au  moins  pendant  le  premier  hiver.  Au 
printemps  suivant ,  on  peut  le  placer  en  pleine 
terre  et  le  traiter  comme  les  autres  sujets. 

Les  rejetons  se  détachent  des  vieux  pieds 
avant  qu'ils  soient  assez  gros  pour  les  épuiser 
mais  cependant  quand  ils  sont  assez  forts  pour 
ne  pas  faire  attendre  trop  long-temps  leurs 
fruits.  Le  plus  ordinairement  ils  sont  bons  à 
lever  à  l'âge  de  deux  ans. 

Les  marcottes  se  font  en  mars  ou  avril ,  sur 
des  branches  à  fruit  âgées  de  deux  ans.  Ou  les 
couche  dans  la  terre  sans  autres  précautions  , 
ou  on  les  fait  en  pot  et  en  panier  pour  pouvoir, 
lorsqu'on  les  détache,  les  planter  avec  la  moite. 
Au  printemps  ,  on  les  sèvre  de  la  mère  ,  on  les 
plante  dans  des  trous  de  deux  pieds  de  largeur 
et  de  profondeur  ,  et  on  leur  donne  quelques 
arrosemens  jnsqu'à  parfaite  reprise. 

Les  boutures  se  font  en  mars  et  en  avril,  avec 
du  bois  de  deux  ans.  On  choisit  une  branche, 
longue  de  deux  pieds  et  demi  à  trois  pieds , 
munie  dans  le  bas  d'un  ou  deux  rameaux ,  que 
l'on  se  garde  bien  de  couper  ,  car  ce  sont  eux 
qui  fourniront  les  racines  les  plus  vigoureuses. 
On  ménagera  aussi  le  bouton  ou  œil  supérieur, 
parce  que  c'est  lui  qui  doit  fournir  la  tige  ,  les 
autres  ne  donnant  que  de  faibles  bourgeons.  On 
prépare  un  trou  comme  nous  l'avons  dit  pour 
la  marcotte  ,  et  on  y  enfonce  la  bouture  de  ma- 
nière à  ce  qu'il  y  ait  six  pouces  au  plus  qui  dé- 
passent à  la  surface.  On  arrose,  surtout  si  le 
printemps  est  sec ,  jusqu'à  ce  que  la  reprise 
soit  opérée. 

Si  l'on  en  excepte  les  greffes  en  approche , 


toutes  les  autres  généi'alemont  employées  pour 
les  arbres  fruitiers  peuvent  se  pratiquer  sur  le 
figuier  ;  cependant  on  donnera  la  préférence  à 
celles  en  fente,  en  couronne  et  en  sillet.  On 
aura  la  précaution  de  fixer  à  un  tuteur  les  jeu- 
nes bourgeons  des  greffes,  car  sans  cela  le  vent 
les  romprait  avec  la  plus  grande  facilité. 

Le  figuier  est  d'une  reprise  assez  difficile  à 
la  transplantation  ;  ainsi  on  ne  doit  jamais  éle- 
ver les  jeunes  plants  en  pépinière  comme  les  au- 
tres arbres  fruitiers,  mais  en  place.  Dans  les 
provinces  méridionales  ,  sa  culture  est  extrê- 
mement facile  :  il  ne  demande  que  quelques  la- 
bours, à  être  débarrassé  des  rejetons  (jui  crois- 
sent au  pied  et  l'épuisent.  Dans  les  parties  de 
la  France  où  il  peut  être  atteint  par  les  gelées , 
il  faut  l'en  préserver ,  et  pour  cela  on  emploie 
deux  moyens.  Le  premier  consiste  à  l'envelop- 
per de  paille;  et  le  second,  que  nous  allons  dé- 
crire, à  l'enterrer;  mais  on  ne  peut  user  de  ce 
procédé  que  dans  les  terres  sèches  et  saines. 
Dès  qu'on  se  voit  menacé  de  fortes  gelées,  on 
nettoie  l'arbre  des  feuilles  et  des  fruits  qui  peu- 
vent encore  y  être  ,  on  creuse  une  petite  fosse  à 
son  pied  ;  en  courbant  les  branches  sans  ef- 
forts brusques,  et  doucement  afin  de  ne  pas  les 
rompre  ,  on  vient  aisément  à  bout  de  les  y 
coucher,  alors  on  les  recouvre  de  six  pouces 
de  terre  au  moins  ,  on  butte  les  parties  que  l'on 
n'a  pas  pu  courber  ;  et  ,  si  la  saison  devient 
très-rigoureuse  ,  on  jette  dessus  de  la  litière, 
des  feuilles  ou  de  la  fougère  sèches.  On  peut 
laisser  l'arbre  dans  cet  état  pendant  deux  mois 
et  demi  ou  trois  mois  sans  lui  faire  le  moindre 
dommage.  Quand  les  froids  sont  passés  ,  on  le 
déteire  et  on  redresse  ses  branches.  A  Argen- 
teuil,  près  de  Paris  ,  où  l'on  cultive  des  champs 
immenses  de  fig^uiers,  les  habitans  n'ont  pas 
d'autres  méthodes  pour  les  préserver  du  froid. 
S'il  s'en  trouve  dégelés,  ils  les  coupent  jusque 
sur  le  collet  de  la  racine  ,  ainsi  que  les  branches 
devenues  trop  fortes  pour  être  pliées  ,  et  ces 
arbres  poussent  rapidement  de  nouveaux  jets , 
qui  donnent  des  fruits  au  bout  de  deux  ans. 

Les  figues  sont  souvent  sujettes  à  tomber 
avant  leur  maturité  ;  on  les  en  empêche  en  pin- 
çant le  bouton  terminal  du  rameau  qui  les  porte, 
ou  en  arrosant  l'aibre  si  cet  effet  provient  de  la 
sécheresse  de  la  terre ,  ce  qui  arrive  assez  fré- 
quemment. Si  on  veut  les  avoir  mûres  quinze 
jours  avant  l'époque  ordinaire,  ou  même  s'en 
assurer  la  récolte  dans  les  années  tardives,  on 
pique  leur  tête  avec  une  épingle  trempée  dans 
l'huile  ;  ou,  mieux  ,  quand  les  fruits  sont  au 
tiers  de  leur  grosseur  ,  avec  la  pointe  d'un  ca- 
nif on  cerne  la  partie  de  la  tète  où  se  trouvent 
les  fleurs  mâles,  et  on  l'enlève.  La  plaie  se  re- 
couvre ,  et  la  figue  n'en  est  pas  moins  grosse. 

Les  autres  soins  consistent  à  détruire  les  her- 
bes parasites  autour  de  son  pied,  à  le  nettoyer 


116 

de  son  bois  mort,  à  supprimer  les  branches 
faibles  ,  et  à  pincer  les  forles  pour  les  forcer  à 
se  ramifier. 

L.  Noisette. 

CULTURE    DES  JACINTHES. 

Depuis  un  assez  grand  nombre  d'années  la 
culture  d'une  de  nos  plus  belles  plantes  an- 
ciennes, de  la  jacinthe,  semble  se  perdre  dans 
les  environs  de  Paris.  Cela  vient  sans  doute  de 
ce  que  les  amateurs  se  sont  persuadés  qu'elle 
ne  pe'.it  réussir  dans  notre  sol,  et  ils  se  trom- 
pent. La  jacinthe  n'est  point  difficile  sur  la 
qualité  du  terrain  ,  mais  elle  l'exige  toujours 
pur  et  rigoureusement  sans  mélange.  Si  on  la 
plante  dans  une  terre  quelconque,  soit  franche, 
sableuse,  de  bruyère,  etc.,  etc.,  pourvu  qu'elle 
ne  retienne  pas  l'huiiiidité,  et  qu'aucun  mélange 
d'engrais,  terreau,  ou  autre  terre,  n'amène  une 
fermentation  qui  lui  est  toujours  mortelle,  elle 
réussira  aussi  bien  à  Paris  qu'eu  llollande  : 
j'en  ai  fait  l'expérience  pendant  plus  de  vingt 
ans.  On  duit  l'enterrera  six  pouces  de  profon- 
deur ,  et  ne  la  relever  que  tous  les  trois  ans 
pour  en  séparer  les  caïeux  ;  on  les  replante 
aussitôt,  ou,  au  plus  tard,  vers  le  15  septembre. 

L'oignon  de  jacinthe  ne  fleurit  que  cinq  fois, 
après  (juoi  il  meurt,  quelque  soin  qu'on  en  ait. 
Les  Hollandais  ,  qui  connaissent  cela  parfaite- 
ment, ont  soin  de  ne  nous  l'envoyer  qu'après  la 
quatrième  floraison  ,  qui  est  toujours  la  plus 
belle  ;  et  toujours  nous  attribuons  au  terrain,  ou 
à  un  défaut  de  culture ,  la  perte  que  nous  en 
faisons,  et  qui  n'est  le  plus  souvent  qu'une  suite 
nécessaire  des  lois  invariables  de  la  nature.  Au 
moyen  de  la  culture  que  je  viens  d'indiquer, 
on  fera  très-bien  fleurir  les  caïeux,  obtenus  de 
graines  ou  par  séparation,  et  l'on  aura  des  fleurs 
aussi  belles  qu'en  Hollande. 

SUR    LA    GREFFE. 

J'ai  fait  connaître  dans  quelques  ouvrages 
l'opinion  des  anciens  sur  les  cITets  qu'ils  attri- 
buaient h  la  greffe.  Sans  prétendre  que  les  ana- 
logies parfaites  de  famille  fussent  une  condition 
indispensable  pour  sa  réussite ,  je  pense  que 
cette  opéialion  mérite  toute  l'attention  des  phy- 
siologistes: car  de  nos  jours  encore,  on  lui  croit 
des  résultats  tout  autres  que  ceux  ([ue  l'expo 
rience  confirme.  Ou  lit,  par  exemple,  dans  la 
réimpression  d'un  livre  assez  connu,  la  phrase 
suivante  :  «  Si  (pour  le  poirier)  l'on  se  servait, 
i>  pour  semis  ,  de  pépins  provenus  d'arbres  en- 
»  tièrement  sauvages,  les  fruits  que  l'on  gref- 
»  ferait  dessus  seraient  moins  beaux ,  et  leur 
»  saveur  se  ressentirait  plus  ou  moins  de  celle 
«  des  fruits  du  sujet.  « 

Je  ne  puis  me  dispenser  de  combattre  cette 
opinion,  qui  tend  à  établir  que  le  sujet  modifie 
ou  change  la  forme  et  la  saveur  du  fruit  de  la 


greffe.  J'ai  fait  à  cet  égard  de  nombreuses  expé- 
riences, qui  m'ont  démontré  que  cette  assertion 
était  erronée,  et  je  me  contenterai  de  rapporter 
ici  ce  que  j'ai  déjà  dit  ailleurs. 

«  Dans  le  plus  grand  nombre  de  végétaux , 
»  et  particulièrement  ceux  qui  reprennent  de 
»> boutures,  de  marcottes,  et  qui  se  prêtent  à 
«  la  greffe  (peut-être  dans  tous) ,  toutes  les  par- 
)j  ties  qui  les  composent  sont  douées,  par  l'effet 
M  de  leur  organisation  particulière ,  de  la  faculté 
«  d'élaborer  les  sucs  nourriciers  qui  leur  sont 
u  transmis  par  des  matières  quelconques,  ei  de 
»  les  assimiler  à  leur  propre  nature ,  sans  que 
»  ces  sucs  conservent  jamais  la  moindre  analo- 
»  gie  avec  ce  qu'ils  étaient  avant.  La  seule  in- 
D  fluence  qu'ils  peuvent  avoir  sur  un  végétal , 
»  c'est  de  produire  sur  lui  un  plus  grand  déve- 
)>  loppement  de  végétation,  s'ils  sont  abondans, 
u  et  cela  par  la  seule  raison  que  la  plante  s'en 
»  approprie  uue  plus  grande  quantité.  C'est 
»  ainsi  qu'un  arbre  planté  dans  un  bon  sol 
»  prendra  des  dimensions  beaucoup  plus  consi- 
w  dérables  que  s'il  était  planté  dans  une  terre 
»  médiocre  ou  mauvaise. 

»  Ce  principe  de  physiologie  végétale  est 
»  prouvé  par  l'expérience,  et  nous  ne  concevons 
i)  vraiment  pas  comment  on  a  pu  le  mettre  en 
«  doute ,  lorsque  l'on  s'est  demandé  si  la  sève 
j>  d'un  sujet  sur  lequel  on  a  placé  une  greffe , 
M  influerait  sur  la  forme,  la  couleur  et  la  saveur 
»  d'un  fruit,  au  point  d'en  faire  une  nouvelle 
"  espèce,  ou  au  moins  une  nouvelle  variété.  La 
»  sève  du  sujet  agira  sur  la  greffe,  précisément 
j)  de  la  même  manière  que  les  sucs  nourriciers 
}>  de  la  terre  agissent  sur  une  bouture  ou  sur 
»  une  marcotte.  Que  ces  sucs  soient  fournis  à 
i>  un  végétal  par  de  l'argile,  de  la  silice  ,  de  l'a- 
M  lumine  ;  par  une  terre  caicaire,  sablonneuse 
»  ou  giûnitiijue,  par  un  humus  provenant  de  la 
:>  décomposition  animale  ou  végétale,  dès  l'ins- 
ii  tant  qu'ils  seront  absorbés  par  la  bouture,  ils 
a  se  métamorphoseront  en  sa  propre  substance, 
»  ils  deviendront  de  même  essence  qu'elle,  sans 
»  égard  pour  ce  qu'ils  étaient  avant  l'absorption; 
»  et  l'œil  le  plus  exercé  n'apercevra  aucune  dif- 
u  férence  dans  les  formes  et  les  tissus  des  deux 
»  boutons  de  même  espèce  croissant  dans  des 
»  terrains  de  nature  différente. 

»  Pour  s'assuicr  de  la  vérité  de  cette  asser- 
»  tion  ,  il  ne  s'agit  que  de  prendre  un  arbre 
»  greffé,  à  quelque  âge  que  ce  soit ,  et  de  dé- 
»  coller  ses  greffes  ;  on  verra  très-bien  que  les 
»  fibres  des  vaisseaux  séveux  du  sujet  et  de  la 
»  greffe  sont  superposes ,  mais  jamais  conti 
u  nens.  Autre  preuve  plus  convaincante  encore: 
a  si  la  greffe  n'était  pas  parasite,  lorsque,  par 
»  exemple,  elle  est  placée  à  moitié  de  hauteur 
«  de  tige  sur  un  sujet  de  trois  ans,  ayant  déjà 
»  six  couches  ligneuses,  vingt  ans  après  elle  ne 
»  pourrait  plua  se  décoller,  parce  qu'il  y  aurait 


»  quaraaies  couches  ligneuses  non  interrom- 
»  pues,  depuis  la  racine  de  l'aibrc  jusqu'à  sa 
»  tète,  et  que  les  six  premières  couches  super- 
»  posées  se  trouveraient  renfermées  sous  les 
»  quarante  autres  couches  continues.  Il  n'en  est 
»  point  ainsi  :  chaque  couche  ligneuse  partant 
»  de  la  racine  conservera  la  nature  du  sujet 
»  jusqu'à  la  greîTc  ;  là  il  y  aura  solution  de  con- 
»  tinuitc  ;  non-seulement  elle  changera  de  na- 
wture,  mais  elle  s'inleriompra  hrusquement , 
wct  une  autre  couche  tout-à-fait  distincte  ,  et 
»  de  la  nature  de  la  greire,  sera  superposée  de 
»  manière  à  s'emparer  de  ses  sucs  nourriciers, 
«  sans  qu'il  y  ait  prolongement  de  la  première, 
»  nimèmelemoindre  entrecroisement  dans  leurs 
»  fibres  réciproques.  Une  greffe,  enfin,  ne  tient 
w  au  sujet  que  par  une  espèce  d'engrenage  et 
n  un  engluement  particulier. 

»  Nous  concluons  de  tout  ceci,  que  la  sève  du 
))  sujet  n'a  aucune  influence  sur  la  forme ,  la 
M  saveur,  la  couleur  des  fruits  ;  qu'elle  ne  peut 
»  modifier  la  nature  de  la  greffe,  et  que  le  sujet 
»  n'influe  sur  elle  que  par  la  quantité  plus  ou 
»  moins  grande  de  nourriture  qu'il  lui  fournit.» 

Le  passage  que  je  viens  de  reproduire  doit 
suffire,  ce  me  semble,  pour  démontrer  l'erreur 
consignée  dans  la  phrase  citée  plus  haut.  Si  le 
fait  rapporté  était  vrai,  cela  proviendrait  uni- 
quement de  ce  que  le  sujet  étant  très-vigou- 
reux, la  greffe  l'emporterait  en  bois,  et  fournirait 
par  cette  raison  des  fruits  moins  beaux  et  moins 
bons.  Tout  le  monde  sait  qu'un  arbre  qui  pousse 
beaucoup  en  bois  produit  des  fruits  petits  et  peu 
nombreux.  Enfin  je  ferai  remarquer  que  les 
fruits  provenus  de  greffe,  sur  cognassier,  sont 
superbes  et  excellens,  et  sans  aucun  rapport  de 
saveur  ou  de  forme  avec  le  coing ,  si  aromati- 
que et  si  aceibe  ;  et  que  l'olivier  greffé  sur 
frêne  donne  des  olives  sans  analogie  de  forme 
et  de  goût  avec  les  baies  que  produit  cet  ar- 
brisseau. 

Depuis  quatre  ans,  je  fais  greffei-  dans  mes 
pépinières,  situées  dans  le  département  de 
l'Yonne,  des  pêchers  sur  prunelliers  ,  prunus 
spinosa.  L.  Quelques  sujets  portent  depuis 
quelques  années  des  fruits  de  très-bonne  qua- 
lité, et  qui  ne  participent  en  rien  de  la  saveur 
acre  et  acerbe  que  produit  le  prunellier.  Cet 
arbre  nous  fournit  un  sujet  de  plus  pour  fixer 
nos  variétés  de  pèches,  et  surtout  dans  un  mau- 
vais sol. 

Quelques  personnes  prétendent  encore  môme 
que  les  cerisiers  greffés  sur  le  prunus  niahaleh 
ou  Sainlc-Lucie,  sont  amers.  J'ai  greffé  dans 
le  même  terrain,  et  à  la  même  exposition  ,  sur 
le  prunus  avium  ou  merisier,  et  sur  le  maha- 
leb,  les  mêmes  espèces,  et  j'ai  remarqué  e.fffc- 
livement  que,  dans  certaines  années,  les  fruits 
que  portaient  quelques  sujets  de  mahaleb 
étaient  amers  ;  mais  j'ai  renconti-é  le  même  in- 


117 

cidcnl  sur  des  espèces  greffées  sur  le  merisier. 
Ces  aibrcs  ([ui  ont  porté  des  fruits  amers  pen- 
dant une  ou  deux  années,  en  ont  produit  en- 
suite de  Irès-bons.  Cela  tient  donc  à  des  circon- 
stances tout-à-fait  indépendantes  de  l'influence 
du  sujet  de  la  gi-elfe. 

L.  Noisette. 

TABLEAU  DES  MEH.LEURS  AIIERES  FRUITIERS  DEVANT 
ENTRER    DANS    LA    COMPOSITION    d'uN    JARDIN    OU 

d'un  verger. 

Nous  avons  pensé  que  cette  liste  serait  très- 
utile  aux  propriétaires,  ne  fùl-ce  que  pour  les 
prémunir  contre  les  exagérations  de  certains 
catalogues  ;  car,  nous  devons  le  dire  ,  le  charla- 
tanisme ,  fils  de  la  cupidité,  s'introduit  partout. 
Nous  pouvons  affirmer  hardiment  que  ce  ta- 
bleau contient  les  noms  de  toutes  les  bonnes 
variétés  de  fruits,  sans  exception,  connues  jus- 
qu'à ce  jour  ;  cependant  nous  ne  garantissons 
les  qualités  de  ces  espèces  qu'autant  (ju'on  se  les 
procurera  chez  ies  premiers  négocians  de  la 
capitale,  et  en  particulier  chez  M.  L.  Noi- 
sette, rue  du  Faubourg-Saint-Jacques,  où  nous 
les  avons  vues  et  étudiées  pendant  plus  de 
quinze  années  ;  car  il  est  très  facile  de  se  trom- 
per sur  le  faciès  des  variétés  et  de  confoncjre 
l'une  avec  l'autre.  Nous  aiarquerons  d'une  as- 
térique  (*)  les  espèces  excellentes  ,  et  qui,  pour 
cette  raison,  méritent  la  préférence. 

1°  Abricots  .•  de  Hollande,  ou  amande-ave- 
line; de  Portugal;  abricotin;  ""abriccL  vineux; 

*  abricot-pêche  ;  angoumois  ,  royal ,  inusch- 
nnisch. 

2"  Amandes  -.  de  Tours  ;  *  princesse  ou  des 
dames  ;  sultane. 

3"  Cerises  .-  grosse  guigne  noire  ;  *  grosse 
guigne  blanche  ;  guigne  rose  hâtive  ;  grosse 
guigne  noire  à  court  pédoncule  ;  guigne  à  ra- 
meaux pendans  ;  *  grosse  guigne  noir-luisant  ; 

*  gros  bigarreau  rouge  ;  *  gros  bigarreau  blanc  ; 
bigarreau  belle  de  Rocmout  ;  bigarreau  couleur 
de  chair  ;  *  bigarreau  gros  cœuret  ;  *  cerise  de 
Hollande  ;  cerise  de  Prusse  ;  *  grosse  cerise  de 
Montmorency;  cerise  gros  gobet;  *  cerise  am- 
brée de  Villènes;  cerise  royale  tardive;  *  cerise 
de  la  Paîembre;  cerise  deVarenne;  "grosse 
cerise  blanche  ;  cerise  de  la  ÎJadeleine;  "cerise 
cherry-duck;  grosse  cerise  tardive.    ' 

4°  Châtaignes  -.  *  cgaiade;  ganiuade  ;  royale 
blanche;  pourtalonne;  "marron  de  Lyon. 

6°  Coins  ;  de  Poi'tugai  ;  *  d'Angers. 

6°  Figues  .-  *  blanche;  d'Argenteuil;  cou- 
courelle  blanche  ;  royale  :  *  violette  ;  poire. 
Nous  remarque!  ons  que  nous  ne  croyons  de- 
voir citer  ici  que  les  variétés  qui  peuvent  se  cul- 
tiver sous  le  climat  de  Paris  et  plus  au  nord. 

1°  Framl'oises  .-  à  gros  fruits  rouges;  *  à 
gros  fruits  couleur  de  chair  ;  des  Alpes  de  tous 
les  mois;  '  blanche  ami>rée. 


118 

8°  Groseilles  :  *  groseiller  à  gros  fruits  rou- 
ges; groseiller  à  fruits  couleur  de  ctiair;  *  gro- 
seiller perlé;  à  fruits  noirs  ou  rassis  :  —  gro- 
seilles à  maquereau  .-  *  grosse  olive  ;  grosse 
pourprée  hérissée  ;  très  grosse  longue  lisse  ; 
couleur  de  chair  longue  lisse. 

9°  Mûres  :  *  mûrier  noir;  mûrier  rouge; 
mûrier  d'Italie  à  fruits  roses. 

10°  Nèfles  :  néflier  à  fruits  précoces;  à 
fruits  sans  pépins;  '  à  gros  fruits  ronds. 

11°  Noiseites  .-  *  noisetier  franc  à  amande 
blanche  ;  noisetier  à  truits  rouges  ;  aveline  de 
Provence  ;  grosse  aveline  de  Prov.ence  ;  noise- 
tier avelinier  rouge;  *  noisetier  à  fruits  ovales; 
à  fruits  en  grappes. 

1 2°  Noiœ  :  *  noyer  commun  ;  noyer  mé- 
sange ;  à  fruits  anguleux  ;  *  à  gros  fruits  longs  ; 
noix  à  bijoux  ;  noix  mucronée. 

1 3°  Pêches  ■  *  vineuse  de  Fromentin  ;  belle 
hausse;  *  grosse  mignonne  ;  *ahricolée;  duhois- 
violette  ;  *  de  Malte  ;  madeleine  de  courson  ; 
'admirable;  alberge  jaune;  chevreuse  hâtive; 
chancelière  ;  chevreuse  tardive  ;  madeleine  à 
moyennes  fleurs  ;  *  galande  ;  bonne  grosse  ; 
*  boiirdine  ;  téton  de  Vénus  ;  nivette  ;  *  royale; 
pavie  madelaine  ;  pèche  plate  de  la  Chine  ;  vio- 
lette hûtive. 

1 4°  Poires  (  fruits  d'été)  .-  amiré  joannet  ; 
petit  muscat  ;  muscat  Robert  ;  orate  ;  bourdon 
musqué  ;  rousselet  hàtif  ;  madeleine  ;  cuisse  ma- 
dame; gros  blanquel;  '  bellissime  d'été;  gros 
hàtiveau;  petit  blanquel-;  blanquette  à  longue 
queue  ;  *  épargne  ;  poire  sans  peau  ;  *  salviati  ; 
orange  musquée  ;  orange  rouge  ;  belle  de  Bruxel- 
les ;  *  rousselet  de  Reims  ;  médaille  ;  bon  chré- 
tien d'été;  ah!  mon  Dieu;  épine  d'été;  berga- 
motte  d'été.  (Fruits  d'automne)  .-  beurré  du 
coloma  ;  orange  tulipée  ;  gros  rousselet  ;  doyenné 
blanc;  caillou  rosat;  *  beurré  gris;  *  beurré 
d'Angleterre;  grosse  angleterre  de  noisette; 
calebasse  ;  sucrée  hàlive  ;  *  crassane  ;  verte  lon- 
gue ;  *  doyenné  galeux  ;  bézi  de  la  motte  ;  ber- 
gamotte  d'automne  ;  poire  de  vigne  ;  *  messire 
Jean  ;  vermillon  ;  sucré-vert  ;  jalousie  ;  syl- 
vange  ;  *  martin  sec  ;  rousseline  ;  *  beurré  d'A- 
rembert  ;  *  duchesse  d'Angoulème  ;  bon  chré- 
tien d'Espagne  ;  Sabine  ;  *  saint-germain  ;  *  vir 
gouleuse;  marquise;  *  bézi  de  chaumonlel; 
ambrette;  échassery;  poire  de  Sicile.  (Fruits 
d'hiver)  .-  royale  d'hiver  ;  bonne  ente  ;  passe- 
colmar  ;  bcrgamotlo  de  Pâques  ;  *  colmar  ;  *  bon 
chrétien  d'hiver  ;  bon  chrétien  h  bois  jaspé  ; 
muscat  l'allemand  ;  bon  chrétien  de  Bruxelles  ; 
colmar  doré  ;  impériale  à  feuilles  de  chêne  ;  ber- 
gamotte  de  Soulers  ;  bergamotte  de  la  Pente- 
côte. 

ib° Pommes.  (Fruits d'été)  .-  calville  d'été; 
postophe  d'été;  montalivet  ;  rcinctle  jaune  hâ- 
tive; belle  d'août.  (Fruits  d'automne)  .-  pomme 
dus  quatre  goûts  ;  non  pareille  ;  de  deux  goûts  ; 


*  reinette  du  Canada  ;  reinette  grise  du  Canada  ; 
'  reinette  de  Hollande  ;  reinette  tendre  ;  rei- 
nette rousse  ;  groë  pigeonnet  ;  petit  pigeonnet  ; 
maltranche  rouge  ;  *  calville  rouge  d'hiver  ;  rei- 
nette naine.  (Fruits  d' hiver)  .-  calville  blanche  ; 
cœur  de  bœuf;  '  api;  double  api;  gros  api; 

*  fenouillet  gris  ;  *  pomme  d'or;  *  reinette  d'An- 
gleterre ;  *  reinette  dorée;  reinette  de  Caux 

*  reinette  grise  de  Granville  ;  *  postophe  d'hiver 

*  haute  bontée;  reinette  grise  bec  de  lièvre 
montalivet;  fenouillet  rouge;  reinette  rouge 

*  reinette  d'Espagne. 

1C°  Prunes  .-  de  Catalogne;  précoce  de 
Tours;  bifère;  *  monsieur;  monsieur  hâtif; 
prune-pêche  ;  *  royale  de  Tours  ;  damas  mus- 
qué ;  damas  maugcron  ;  *  reine  Claude  ;  *  reine 
Claude  dauphine  ;  *  reine  Claude  violette  ;  *  pe- 
tite mirabelle  ;  *  grosse  mirabelle  ;  prune  de  Jé- 
rusalem ;  damas  de  septembre  ;  monsieur  tar- 
dif; brignole;  sainte  Catherine;  diaprée  blanche, 
surpasse  monsieur  ;  perdrigon  blanc  ,  perdri- 
gon  rouge. 

17°  liaisins  .-  chasselas  de  Fontainebleau; 
'  chasselas  de  Bar-sur-Aube  ;  chasselas  Clou- 
tât ;  *  muscat  blanc  ;   muscat  d'Alexandrie  ; 

*  mornain  blanc;  griset  blanc  ;  cornichon  blanc, 
cette  variété  est  fort  curieuse  par  la  forme  de 
ses  baies  ;  mais  elle  mûrit  rarement  h  Paris  ,  où 
on  la  trouve  excellente  pour  la  mettre  à  l'eau- 
de-vie);  chasselas  panaché  (variété  curieuse 
et  assez  bonne  )  ;  précoce  de  la  Madeleine  (son 
mériteconsiste  à  mûrir  en  juillet  et  août)  ;  *  mus- 
cat violet  ;  *  pineau  fleuri. 

FAITS    NOUVEAUX    SUR    l'hDUCATION    DES    VERS 
A    SOIE. 

L'industrie  sétifère  prend  aujourd'hui  un  tel 
développement,  tant  de  propriétaires  éclairés 
s'en  occupent  utilement ,  qu'on  peut  croire  avec 
raison  à  une  heureuse  révolution  qui  s'opérera 
dans  nos  magnaneries,  et  qui  dans  peu  nous  dé- 
livrera sans  doute  du  tribut  que  paient  encore  à 
l'étranger  les  fabriques  de  soie  de  Lyon  et  d'au- 
tres villes  de  France,  pour  se  procurer  la  ma- 
tière première.  Nous  allons  donner  ici  quelques 
observations  de  M.  Darcet ,  qui  nous  paraissent 
du  plus  haut  intérêt  pour  les  personnnes  qui 
s'occupent  de  ce  genre  d'industrie. 

M.  Darcet  pense  que,  lorsque  l'on  aura  le 
choix  de  l'emplacement  pour  bâtir  une  magna- 
nerie ,  on  devra  la  disposer  de  manière  à  ce  que 
son  grand  axe,  ou  si  l'on  veut  sa  plus  grande 
longueur ,  soit  sur  la  ligne  du  Nord  au  Midi. 
Par  ce  moyen  les  deux  grandes  façades  rece- 
vront l'influence  du  soleil  chacune  à  son  tour 
et  pour  ainsi  dire  également. 

Au  moment  de  la  montée ,  on  a  remarqué  que 
les  vers  à  soie  entraient  volontiers  dans  les  ou- 
vertures inégales  des  gaines  supérieures  de  ven- 
tilation ;  il  faudra  donc  isoler  les  bruyères  de  ces 


trous  au  moyen  d'une  claie  serrée ,  ou  garnir 
ces  ouvertures  de  toile  métallique  avant  la  mon- 
tée, ou  bien  placer  les  gaines  supérieures  de 
rentilatioa  au-dessus  des  passages  de  la  ma- 
gnanerie. 

Si  les  claies  les  plus  proches  de  l'enlrée  de 
l'air  chaud  dans  la  magnanerie,  dit  M.  Darcet, 
recevaient  une  température  trop  élevée,  on  re- 
médierait à  cet  inconvénient  en  plaçant  sur  delà 
volige  ou  sur  du  carton ,  le  rang  des  claies  placé 
immédiatement  au-dessus  des  gaines  inférieures 
de  ventilation ,  près  du  sol  de  la  magnanerie. 

Si  le  plancher  de  la  magnanerie  n'était  pas 
épais,  et  qu'il  ne  fût  construit  qu'en  planches, 
il  serait  bon  d'en  éloigner  le  plafond  de  la  cham- 
bre à  air ,  pour  ne  pas  trop  échauffer  de  ce  côté 
l'intérieur  de  l'atelier  ;  dans  ce  cas,  on  ferait  par- 
tir du  dessous  de  la  chambre  à  air  des  gaines 
verticales  qui  iraie&t  se  réunir  aux  gaines  hori- 
zontales placées  sous  le  plancher  de  la  magna- 
nerie ;  ce  serait  alors  dans  ces  gaines  verticales 
que  l'on  aurait  à  placer  les  tirettes  servant  à  iso- 
ler ces  gaines  de  la  chambre  à  air  et  les  cha- 
tières qui  doivent  servir  à  introduire  à  volonté, 
dans  ces  gaines ,  un  courant  d'air  moins  chaud 
que  ne  le  serait  celui  qui  aurait  à  traverser  la 
chambre  à  air  antérieurement  échauffée. 

La  cheminée  qui  sert  à  établir  la  ventilation 
de  la  magnanerie  ne  doit  pas  être  rétrécie  à  son 
sommet  ;  son  orifice  doit  être  garanti  de  la  pluie 
au  moyen  d'un  chapeau  en  tôle  assez  grand  et 
placé  horizontalement  à  deux  ou  trois  centimè- 
tres au-dessus  de  l'ouverture  de  cette  cheminée. 

Dans  les  localités  où  la  tuile  est  rare ,  si  l'on 
voulait  couvrir  la  magnanerie  en  paille  ou  en 
chaume ,  il  faudrait  rendre  celte  toiture  plus  im- 
perméable et  moins  sujette  à  l'incendie  en  la  re- 
couvrant entièrement  d'une  couche  de  mortier 
fait  avec  un  mélange  parfait  de  sept  parties  de 
terre  glaise ,  une  de  sable ,  une  de  crottins  de 
cheval  et  une  de  chaux  vive. 

D'après  M.  Darcet ,  les  feuilles  de  mûriers 
sont  composées  de  32  parties  sèches  et  de  68 
parties  d'eau.  100  parties  de  feuilles  de  mûrier 
sèches,  contiennent  5,58  d'azote,  ce  qui  consti- 
tue une  nourriture  très  azotée.  Ceci  semblerait 
expliquer  l'impossibilité  où  l'on  s'est  trouvé  jus- 
qu'ici de  nourrir  des  vers  à  soie  avec  des  feudles 
d'autres  arbres. 

Dans  tout  le  cours  de  sa  vie,  un  ver  à  soie  ne 
mange  que  29  grammes  de  feuilles  fraîches ,  ce 
qui  fait  9  grammes  de  feuilles  sèches;  il  ne 
trouve  dans  cet  aliment  que  G  gramme  518  d'a- 
zote, et  cette  quantité  est  la  même  que  celle 
contenue  dans  4  grammes  572  de  soie  ;  cepen- 
dant le  cocon  d'un  ver  à  soie  ne  pèse ,  sans  sa 
chrysalide,  que  G  gramme  327.  Si  M.  Darcet 
paraît  étonné  de  cette  différence ,  c'est  qu'il  ne 
tient  pas  assez  compte  de  l'azote  qui  forme  une 


119 

des  bases  constituantes  de  k  matière  virante  de 
la  chrysalide  et  du  papillon. 

En  renfermant  douze  vers  à  soie  avec  quel- 
ques feuilles  dans  un  appareil  fermé,  l'air  est 
bientôt  devenu  très-alcalin,  et  les  vers  ont  rapi- 
dement perdu  leur  activité  et  leur  bonne  santé. 
Au  bout  de  84  heures,  l'air  du  bocal  avait  un 
peu  diminué  de  volume  et  contenait  sur  100 
parties  : 

Azote 79,11. 

Acide  carbonique.  .     17,50. 
Oxigène 3,39. 


100,00 


Cet  air  était  donc  complètement  vicié ,  puis- 
que les  proportions  de  l'air  respirable  ou  pur  ont 
toujours  été  trouvées  de  79  parties  d'azote  et  20 
à  21  parties  d'oxigène  ;  l'acide  carbonique  ne 
s'y  trouvant  guère  en  mélange  que  pour  1/500*. 

Les  parois  du  vase  étaient  couvertes  de  goutte- 
lettes d'eau  qui  étaient  très  fortement  ammonia- 
cales ,  comme  on  peut  le  croire ,  puisque  l'azote 
est  la  base  de  l'ammoniaque.  Quant  aux  vers  à 
soie ,  un  était  mort  ;  les  autres  raccourcis ,  de 
couleur  jaune-gris  sale,  et  presque  sans  mouve- 
ment. Trois  sont  morts  peu  après  à  l'air  et  sur 
des  feuilles  fraîches;  les  huit  autres  ont  peu 
mangé.  Trois  ont  fait  un  peu  de  soie  avant  de 
mourir  ;  deux  se  sont  convertis  eu  chrysalides 
sans  filer ,  et  les  trois  autres  sont  morts  sans  fi- 
ler et  sans  se  convertiV  en  chrysalide.  Il  est  à 
remarquer  que  ces  douze  vers  étaient  bien  por- 
tans  et  arrivés  à  toute  leur  croissance  lorsqu'ils 
ont  été  mis  dans  l'appareil  clos.  Que  l'on  juge 
d'après  cela  de  l'influence  fatale  que  doit  avoir 
sur  l'éducation  des  vers  à  soie  le  séjour  de  ces 
insectes ,  pendant  toute  leur  vie ,  dans  une  ma- 
gnanerie non  ventilée. 

M.  Darcet  dit,  en  opposition  à  ce  qui  précède, 
qu'en  1 835  l'air  a  été  constamment  pur  dans  la 
magnanerie  ventilée  de  M .  C.  Beauvais,  jusqu'au 
moment  de  la  montée  ,  et  qu'en  1 836  les  essais 
endiométriques  ont  prouvé  que,  dans  la  magna- 
nerie des  Bergeries  et  dans  celle  du  roi  à  Neuilly, 
l'air  contenait  les  21/100  d'oxigène,  qui  doit  s'y 
trouver  pour  qu'il  soit  parfaitement  pur. 

Ici  se  terminent  les  excellentes  observations 
de  M.  Darcet ,  auxquelles  j'en  ajouterai  seule- 
ment une  autre.  Comme  je  crois  l'avoir  suffisam- 
ment prouvé  dans  le  Traité  de  l'éducation  des 
vers  à  soie,  que  j'ai  publié,  il  y  a  cinq  ou  six 
ans ,  chez  le  libraire  Rousselon ,  malgré  les  ven- 
tilateurs et  la  propreté  la  plus  scrupuleuse,  il 
arrive  parfois ,  surtout  quand  le  temps  est  lourd 
et  l'air  chargé  d'électricité,  que  l'atmosphère  de 
la  magnanerie  se  charge  d'azote  et  d'acide  car- 
bonique, ce  qui  incommode  beaucoup  les  vers, 
surtout  ceux  qui  ont  passé  la  dernière  bnlïe  et 


qui  se  disposent  à  monter.  Il  faut  donc,  outre  |  j'ai  enseigné  dans  l'ouvrage  cité,  Mais  trop  .on 


les  ventilateurs  ,  employer,  pour  rendre  à  l'air 
sa  pureté ,  le  moyeu  chimique  et  très-facile  que 


guementpour  être  rapporté  ici. 

COITARD. 


REPERTOIRE    MENSUEL 

DE  LA.  CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


BE  QUELQUES  COMBUSTIBLES   ECONOMIQUES. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  combustibles 
naturels  ,  tels  que  le  bois,  le  charbon,  la  houille 
ou  charbon  de  terre ,  la  lignite,  mais  bien  de 
ceux  que  l'on  prépare  artiûciellement  pour  leur 
donner,  autant  qu'il  est  possible,  les  propriétés 
économiques  des  quatre  espèces  que  nous  ve- 
nons de  citer,  tout  en  les  mettant  à  un  prix  re- 
latif plus  bas.  Nous  extrairons  cet  article  d'un 
excellent  ouvrage  de  M.  de  Fontcnay,  ouvrage 
couronné  par  la  société  d'agriculture  de  Paris. 

1°  Boulettes  inflammables  de  iM.  Rumford. 
Ces  boules  sont  composées  d'égales  portions  de 
terre  glaise  ,  de  charbon  de  terre  ,  et  de  char- 
bon de  bois ,  réduits  en  poudie.  Dn  mêle  bien  le 
tout  après  l'avoir  humecté  ;  on  en  forme  des 
boules  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  et  on 
les  fait  bien  sécher. 

On  peut  les  rendre  inQammables  au  point  de 
prendre  feu  à  la  moindre  étincelle ,  en  les  trem- 
pant dans  une  forte  dissolution  de  nitrc,  et  les 
laissant  sécher  ensuite. L'auteur  pense  qu'on  peut 
y  ajouter  avec  avantage  de  la  paille  hachée  ou  de 
la  sciure  de  bois.  Les  avantages  de  ce  chauffage 
sont  la  propreté  et  l'économie. 

2"  Briquettes  économiques.  Prenez  deux 
parties  de  terre  argiletise  dont  il  faut  ôtcr  toutes 
les  pierres  ,  et  une  partie  de  charbon  de  terre 
écrasé  et  passé  au  crible  ;  mêlez  bien  le  tout  et  le 
mouillez  suffisamment  pour  en  faire  une  pâle  ; 
faites-en  des  boules  ou  des  tourteaux  ,  de  trois 
il  quntrç  pouces  de  diamètre,  et  laissez-les  sé- 
cher. Étant  parfaitement  séchés,  si  on  les  met 
sur  un  feu  bien  allumé,  elles  s'enflamment  aus- 
sitôt et  donnent  une  forte  chaleur.  Cette  espère 
de  chauffage  coûte  le  quart  du  charbon  et  fait 
un  tiers  d'usage  de  plus. 

3"  Autres  briquettes  économiques.  Prenez  à 
peu  pièsen  égales  proportions,  de  la  terre  glaise, 
de  la  fiente  de  vache,  de  la  bouc  des  rues,  de  la 
sciure  de  bois  ,  du  gazon ,  du  crottin  de  cheval, 
de  la  paille  et  surtout  des  débris  de  tan  ;  on  peut 
y  ajouter  du  verre  en  poudre  ,  de  la  poix  ,  du 
goudron  ,  du  marc  d'huile ,  ou  tout  autre  com- 
bustible à  bon  marché  ;  on  fait  un  trou  rond  , 
en  terre  ,  du  diamètre  de  cinq  à  six  pieds  ,  et 
dont  le  fond  est  pavé  en  briques. 


Il  faut  d'abord  y  délayer  une  certaine  quan- 
tité de  terre  glaise,  puis  on  y  ajoute  une  partie 
des  autres  ingrédiens,  que  l'on  mêle  bien;  on 
remet  de  la  terre ,  ensuite  de  ces  mêmes  subs- 
tances, et  on  continue  à  remuer  et  à  ajouter  de 
la  terre  chargée  des  autres  ingrédiens ,  jusqu'à 
ce  que  le  tout  soit  bien  mêlé  et  prenne  une  con- 
sistance telle  qu'on  ne  puisse  plus  le  remuer  ;  on 
laisse  reposer  le  mélange  et  évaporer  l'humidité 
jusqu'à  ce  que  la  masse  puisse  être  divisée  en 
morceaux. 

On  a  des  moules  de  bois  d'environ  quatre  pou- 
ces de  diamètre  ;  on  en  mouille  l'intérieur  pour 
que  la  masse  ne  s'y  attache  pas  ;  on  saupoudre 
cette  masse  avec  de  la  sciure  de  bois,  et  on  la  met 
dans  des  moules  par  parties  que  l'on  fait  enfin 
sécher  en  plein  air  ou  sous  des  hangards. 

4°  Briques  de  charbon  de  terre,  d'après  M 
Carrey.  En  Flandre  on  est  dans  l'usage  de  con- 
sommer du  charbon  de  terre  sous  la  forme  do 
petites  briques  ou  de  boules  de  la  grosseur  d'un 
boulet  de  canon  de  dix  à  douze  livres.  En  voici 
la  composition  : 

On  prend  un  baquet,  ou  futaille  coupée  eu 
deux  ,  qu'on  remplit  jusqu'au  tiers  avec  de  la 
bonne  argile.  On  achève  de  remplir  ce  baquet 
avec  de  l'eau,  jusqu'à  cinq  pouces  près  du  bord, 
et  on  délaie  cette  argile  avec  cette  eau  le  mieux 
possible.  On  prend  ensuite  du  charbon  de  terre 
bien  pilé,  même  passé  à  la  claie  ;  on  en  fait  un 
tas  au  milieu  duquel  on  pratique  un  trou  rond, 
comme  quand  on  veut  faire  fuser  de  la  chaux. 
On  remue  l'eau  du  baquet,  afin  qu'elle  soit  bien 
chargée  de  glaise  ;  on  en  verse  un  seau  sur  le 
trou  rond  du  charbon  de  terre.  On  mène  et  ra- 
mène ensuite  ce  charbon  de  la  circonférence  au 
centre  et  du  centre  à  la  circonférence,  avec  un 
rable  ou  une  truelle  à  long  manche,  comme  où 
fait  pour  le  mortier  de  chaux  et  de  sable,  jus- 
qu'à ce  que  le  tout  soit  en  consistance  de  mor- 
tier un  peu  épais. 

Alors  on  procède  à  en  fabriquer  des  briques 
ou  des  boulets.  Les  briques  se  fabriquent  com- 
me dans  les  tuileries  ;  les  boulets  se  font  avec 
les  mains.  On  met  les  unes  et  les  autres  sécher  à 
l'ombre.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures  on 
peut  les  relever  et  les  mettre  en  pile  à  l'abri  de 
l'injure  du  temps.  Quinze  jours  après,  elles  sont 


bonnes  à  brûler.  Si  le  feu  du  charbon  de  terre 
peut  durer  cinq  heures,  le  feu  de  ces  briques  ou 
boulets  peut  en  durer  huit. 

5°  Bûches  économiques.  On  pétrit  ensemble 
moitié  de  terre  glaise  et  moitié  les  deux  tiers  ou 
le  quart  de  charbon  de  terre ,  selon  que  l'on  veut 
que  les  bûches  soient  plus  combustibles  et  brû- 
lent plus  vite  ,  ou  soient  moins  combustibles  et 
durent  plus  long-temps  au  feu.  Dans  ce  cas  on 
diminue  même  la  quantité  de  charbon  et  on  la 
réduit  à  un  sixième,  à  un  huitième  ;  mais  moins 
il  y  a  de  charbon  plus  il  faut  que  le  mélange  soit 
parfait. 

Oh  donne,  soit  avec  des  moules  en  bois,  soit 
avec  les  mains,  la  forme  que  l'on  désire  ;  c'est 
ordinairement  celle  d'une  grosse  bûche  de  ron- 
din qui  serait  scié  longitudinalement  par  le 
milieu.  On  fait  sécher  à  l'ombre,  et  tout  se 
borne  là. 

Quand  on  veut  se  servir  d'une  bûche  écono- 
mique, on  la  place  sur  les  chenets,  contre  la  pla- 
tine, au  fond  du  foyer,  et  par  son  moyen  on  peut 
bâtir  son  feu  avec  une  seule  huche  de  bois  qui 
brûle  trèsbien  pourvuqu'elle  soiten  contact  avec 
la  bûche  artificielle  qui  rougit,  brûle  très  lente- 
ment, et  néanmoins  communique  assez  de  cha- 
leur pour  entretenir  sa  combustion. 

Depuis  quelque  temps  on  fait  un  très  grand 
usage  à  Paris  de  ces  bûches  économiques,  et  on 
les  fabrique  de  telle  manière  qu'une  seule  peut 
durer  un  mois  ou  deux,  et  quelquefois  davan- 
tage si  l'on  a  la  précaution  de  ne  pas  y  toucher 
avec  la  pelle  ou  les  pincettes. 

PERFECTIOXSEJIE>'T    DES    POELES. 

M.  le  docteur  Kretchmann,  de  Dcssau,  a 
proposé  de  remplacer  les  grilles  en  usage  pour 
porter  le  bois  dans  les  poêles,  par  des  barres 
creuses  étabhcs  dans  le  poêle,  soit  en  long,  soit 
en  travers  ;  ces  cylindres  déboucheraient  dans 
l'appartement  à  travers  les  parois  extérieures  du 
poêle  ;  on  adapterait  à  l'une  de  leurs  extrémités, 
vers  le  bas,  un  entonnoir  en  fer  blanc  dont 
l'orifice  serait  très-près  du  sol,  l'ouverture 
opposée  serait  dirigée  vers  le  haut  de  l'apparte- 
ment. Le  feu  étant  allumé  dans  le  poêle,  les 
cylindres  s'échauffent  très-promplemeut;  l'air 
qu'ils  contiennent  étant  raréfié,  sera  chassé  par 
l'air  froid  qui  arrive  naturellement  par  l'enton- 
noir, et  celui-ci  géra  échauffé àson  tour  en  tra- 
versant les  cylindres  ;  par  ce  moyen  l'apparte- 
ment gagne  en  peu  de  temps  une  température 
agréable,  quand  même  les  cylindres  ne  seraient 
que  médiocrement  échaufTés.  Il  est  évident 
d'ailleurs  que  plus  les  cylindres  auront  de  lon- 
gueur et  d'élévation,  plus  l'effet  désiré  s'obtien- 
dra promptement. 

On  voit,  dans  quelques  établissemens  de 
Paris,  des  poêles  dont  les  tuyaux  ne  sont  pas 
apparens  et  dits  à  tuyaux  renversés;  leur 


121 

emploi  deviendrait  précieux  et  pourrait  facile- 
ment s'adapter  pour  chaud'er  un  grand  nombre 
d'ouvriers  ou  de  domestiques,  etc.  Ils  se  pla- 
cent ordinairement  au  centre  de  la  pièce  ou 
salle  de  réunion  ,  et  n'ont  point  d'autre  appa- 
rence que  celle  d'une  table  carrée  ou  rectangu- 
laire, couverte  eu  marbre  ou  en  fer  coulé,  haute 
de  trois  à  quatre  pieds,  plus  ou  moins.  L'inté- 
rieur est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  est 
le  foyer  où  l'on  allume  le  feu  comme  dans  tout 
autre  poêle,  la  deuxième  est  vide  et  destinée  au 
passage  de  la  fumée;  ces  deux  parties  sont  sé- 
parées par  un  diaphragme  qui  s'élève  du  fond 
jusqu'à  trois  ou  quatre  pouces  de  la  plaque  su- 
périeure du  poêle  ;  au-dessous  du  sol  est  un 
conduit  horizontal,  communiquant  à  la  moitié 
vide  du  poêle,  et  aboutissant  au  tuyau  d'une 
cheminée  dans  une  chambre  voisine. 

On  rendrait  ces  poêles  plus  économiques  si, 
comme  le  dit  M.  de  Fonlenay,  au  lieu  de  les 
séparer  en  deux  parties  inégales  par  un  dia- 
phragme vertical ,  on  les  séparait  en  deux  par- 
ties inégales  par  un  grillage  de  fer  horizontal. 
»  En  effet,  dit  cet  auteur,  supposons  ce  gril- 
lage à  trois  ou  quatre  pouces  seulement  au-des- 
sus du  conduit  souterrain  horizontal  destiné  à 
conduire  la  fumée  dans  la  cheminée  de  la  cham- 
bre voisme,  si  on  met  quelques  charbons  al- 
lumés sur  celte  grille  et  ensuite  quelques  co- 
peaux de  bois  sec,  pour  peu  que  la  petite  porte 
du  poêle,  qu'on  laisse  ouverte  ordinairement, 
soit  élevée  au-dessus  de  ces  copeaux,  et  que 
la  cheminée  voisine  soit  échauffée,  à  l'instant 
il  s'établira  un  courant  d'air  assez  vif  à  tra- 
vers le  poêle  et  dans  le  tuyau  souterrain  hori- 
zontal qui  y  communique  ainsi  qu'à  la  chemi- 
née :  les  copeaux  s'allumeront,  la  flamme  sera 
renversée  à  travers  la  grille,  et  la  fumée  sera 
brûlée  entièrement  sur  le  charbon  avant  de  les 
avoir  quittés  ;  le  bois  qu'on  substitue  aux  co- 
peaux fera  de  même,  et  l'on  aura  un  poêle  fu- 
mivore  dont  la  fumée  ne  salira  jamais  les  tuyaux. 

»  C'est  d'après  cette  idée,  ajoute  M.  de  Fon- 
tenay,  que  j'ai  fait  construire  sous  mes  yeux, 
par  un  maçon  de  campagne,  dans  ma  salle  à 
manger,  un  poêle  ou  fourneau  fumivore  avec 
des  briques  de  terres  crues  ou  cuites,  un  peu  ar- 
rondies, liaisonnées  avec  du  plâtre  et  quelques 
cercles  de  fer.  Ce  poêle  a  deux  tuyaux  en  terre 
cuite,  avec  emboilure,  et  chauffe,  non  seule- 
ment ma  salle  à  manger,  mais  mon  salon  qui  en 
est  voisin,  et  une  chambre  haute,  où  les  deux 
tuyaux  se  trouvent  réunis,  et,  par  un  coude  en 
tùle,  entrent  ensemble  dans  une  cheminée  voi- 
sine; les  deux  tuyaux  ont  chacun  une  clé  tour- 
nante propre  à  intercepter  le  cours  de  la  fumée 
réduite  en  vapeur  et  à  conserver  la  chaleur  al- 
ternativement dans  l'une  ou  l'autre  chambre  ; 
ils  ne  sont  jamais  garnis  de  suie  ;  à  peine  sont 
ils  un  peu  noircis  de  la  vapeur  qui  les  parcourt. 


122 

et  cette  fumée  ne  reflue  point  dans  les  salles, 
pour  peu  qu'on  coupe  un  copeau  ou  une  feuille 
de  papier  au  bord  d'un  des  tuyaux  (  où  j'ai  mé- 
nagé une  petite  porte  à  cette  intention)  avant 
d'allumer  le  feu  au  bas  du  poêle  par  la  grille. 
C'est  un  véritable  fumivore,  qui  consomme  peu 
de  bois  au  moyen  de  clés  tournantes  avec  les- 
quelles on  peut  en  modérer  la  combustion  ;  bien 
entendu  que  dans  son  ascension  j'ai  préparé  au 
résidu  de  la  fumée  plusieurs  détours  qui  la  for- 
cent à  y  déposer  presque  tout  son  calorique,  et 
à  le  communiquer  aux  appartemens  avant  de  ga- 
gner le  tuyau  de  la  cheminée  supérieure.  « 

M.  de  Fontenay  a  emprunté  cette  idée  à 
MM.  Robertson  de  Glasgow,  en  Ecosse,  qui, 
les  premiers,  en  ont  ont  fait  l'application  au 
foyer  des  pompes  à  feu. 

ACIÉRAGE  DES  SOCS  DE  CHABBCES. 

On  commence  à  parler  beaucoup,  dans  les 
sociétés  d'agriculture,  d'un  nouveau  procédé , 
trouvé  par  M.  Dussaut  Lebreton,  consistant  à 
aciérer  les  socs  et  contres  de  charrue ,  d'une 
manière  très-smiple,  très-facile ,  et  nullement 
coûteuse.  Les  agriculteurs  auxquels  l'entretien 
des  instrumens  aratoires  occasionne  annuelle- 
ment des  dépenses  considérables ,  concevront 
toute  l'importance  d'une  telle  découverte. 

Il  n'est  personne  qui  ne  sache  qu'un  millième 
de  charbon  absorbé  par  du  fer  suffit  pour  con- 
vertir ce  dernier  en  acier,  et  c'est  sur  ce  prin- 
cipe que  M.  Dussaut  a  basé  ses  expériences. 
Son  procédé  consiste,  comme  il  le  dit  dans  son 
mémoire,  à  faire  absorber  par  le  frottement 
d'une  pièce  en  fonte  de  fer,  quelques  particules 
de  charbon  au  soc  soumis  à  l'expérience.  Pour 
cela  on  fait  chaufTer  jusqu'au  blanc  un  morceau 
quelconque  de  fonte  de  fer,  et  on  le  frotte  avec 
attention  contre  le  fer  de  la  charrue ,  préalable- 
ment chauffé  jusqu'au  rouge  cerise  ;  après  cette 
opération  ,  on  trempe  comme  à  l'ordinaire. 

M.  Dussaut  Lebreton  assure,  dans  son  mé- 
moire, que  différentes  pièces  aciérées  de  cette 
manière  sont  devenues  assez  dures  pour  résis- 
ter à  l'action  de  la  lime.  Il  serait  peut-être  avan- 
tageux, dans  cette  opération,  de  se  servir  de 
fonte  grise  au  lieu  de  fonte  blanche ,  parce  qu'il 
est  reconnu  qu'elle  contient  plus  de  charbon,  et 
que,  par  conséquent,  elle  s'en  dépouillerait  plus 
aisénaent  pour  le  communiquer  au  fer. 

SUR  LA  CONSERVATION  DES  RACINES  TUBERCULEUSES. 

Les  agriculteurs  savent  combien  il  est  diffi- 
cile de  conserver  d'une  récolte  à  l'autre  les  tu- 
bercules de  pomme  de  terre ,  les  betteraves , 
carottes,  etc.,  etc.,  et  combien  cependant  une 
bonne  méthode  de  conservation  serait  utile  pour 
la  nourriture  du  bétail  à  l'écurie,  et  précieuse  h 
différeus  genres  d'économie.  V^iinoment  on  a 
fait ,  depuis  plusieurs  années  ,  une  foule  de  ten- 
tatives pour  parvenir  à  ce  but  j  vainement  les 


journaux  ont  publié  une  quantité  d«  méthodes, 
toutes  ont  plus  ou  moins  échoué  avec  la  pratique, 
et  nous  sommes  à  peu  près  aussi  peu  avancés 
que  nous  l'étions  sur  cette  matière. 

Voici  un  mode  nouveau  de  conservation  pu- 
blié par  un  agriculteur  anglais  qui  dit  atoir  par- 
faitement réussi ,  surtout  pour  les  pommes  de 
terre.  Il  creuse  une  fosse  dans  un  terrain  sec,  il 
en  garnit  le  fond  avec  du  goudron  de  charbon  de 
terre ,  précisément  de  la  même  manière  que  l'on 
fait  aujourd'hui  pour  les  trottoirs  des  rues  de 
Paris  ;  il  étend  par  dessus  une  couche  de  tan 
consommé ,  de  trois  pouces  d'épaisseur  envi- 
ron, et  c'est  sur  ce  tan  qu'il  place  les  tubercules. 
Il  les  recouvre  ensuite  d'un  lit  de  paille  de  fro- 
ment ,  d'une  épaisseur  convenable,  et  il  abrite 
le  tout  de  l'eau  des  pluies  et  de  l'humidité  péné- 
trante des  frimats. 

Il  a  commencé  cette  expérience  en  1835,  et 
la  fosse  a  été  ouverte  en  1836.  Il  assure  que  les 
tubercules  étaient  dans  un  état  très-satisfaisant. 
Cette  année  il  a  ouvert  une  nouvelle  fosse  rem- 
plie l'année  dernière,  et  les  résultats  ont  été  les 
mêmes.  Il  fait  remarquer  qu'on  ne  doit  jamais 
replacer  dans  une  fosse  nouvelle  le  tan  qui  a  ser- 
vi à  une  autre  fosse ,  mais  le  renouveler  chaque 
année.  Si  on  en  croit  le  cultivateur  anglais ,  le 
tan  qui  a  servi  est  un  excellent  engrais  pour  les 
fromens,  mais  il  faut  le  répandre  en  petite 
quantité ,  à  la  surface ,  à  la  manière  du  plâtre  et 
delà  chaux. 

DES     CITERNES     ET    DE     l'ÉPURATION    DE    l'kAU. 

Lorsqu'une  localité  se  refuse  absolument  à  la 
construction  d'un  puits  quel  qu'il  soit,  ou  que 
la  dépense  est  au-dessus  des  facultés  du  proprié- 
taire, il  n'y  a  pas  d'autre  moyen,  pour  s'y  pro- 
curer de  l'eau,  que  celui  de  réunir  dans  un  ré- 
servoir souterrain  et  voûté  les  eaux  pluviales  qui 
égouttent  des  toits;  ce  réservoir  s'appelle  citerne. 

Une  citerne  doit  être  enfoncée  en  terre  comme 
une  cave  ,  tenir  parfaitement  l'eau,  et  la  conser- 
ver potable  au  moins  autant  de  temps  que  peu- 
vent durer,  dans  la  localité,  les  plus  longues  sé- 
cheresses de  l'année.  A  moins  qu'on  ne  manque 
absolument  d'eau,  il  faut  avoir  l'attention  de  n'y 
pas  introduire  celles  des  premières  pluies  qui 
tombent  après  une  grande  sécheresse  ou  pen- 
dant un  orage  ,  parce  qu'elles  entraînent  beau- 
coup de  limon,  et  s'imprègnent  des  exhalaisons 
de  la  terre,  élevées  et  suspendues  dans  l'atmo- 
sphère. Les  meilleures  sont  celles  que  l'on  re- 
cueille des  toits  au  printemps  et  h  l'automne,  et, 
dans  l'été  ,  celles  des  pluies  qui  succèdent  aux 
orages,  parce  qu'alors  l'atmosphère  est  épurée, 
les  toits  des  habitations  sont  lavés,  et  que  toutes 
les  ordures  accumulées  dans  les  tuyaux  et  dans 
les  gouttières  ont  été  entraînées. 

La  grandeur  de  la  citerne  se  calcule  sur  les 
besoins  du  ménage  j  il  vaut  mieux  qu'elle  soit 


plus  profonde  et  moins  large  et  d(?passe  les  be- 
soins que  d'être  trop  petite.  On  l'entoure  de  deux 
murs,  à  18  pouces  l'un  de  l'autre,  et  on  remplit 
l'intervalle  de  terre  glaise  bien  pétrie,  quand  on 
ne  peut  se  procurer  de  la  chaux  hydraulique  ou 
du  béton  ;  le  fond  doit  être  d'abord  un  massif  de 
moellons  de  dix-huit  pouces  d'épaisseur  ,  puis 
un  lit  de  terre  glaise  également  épais ,  avec  un 
petit  pavé  par-dessus ,  lié  avec  du  sable  de  ri- 
vière, sans  chaux  ni  ciment.  Le  fond  doit  être  un 
peu  en  pente  pour  faciliter  le  nettoiement  de  la 
citerne  au  moins  une  fois  chaque  année.  On 
couvre  la  citerne  avec  une  voûte  au  milieu  de  la- 
quelle on  laisse  un  trou  pour  puiser  de  l'eau  et  y 
descendre  au  besoin. 

On  ne  doit  pas  négliger  de  construire  à  côté 
de  la  citerne  un  citerneau  dans  lequel  les  eaux 
puissent  déposer  avant  de  passer  dans  la  citerne. 
Son  établissement  exige  les  mêmes  précautions, 
et ,  pour  la  construction  de  tous  ces  murs  ,  il 
faut  se  servir ,  sinon  de  béton ,  au  moins  de  ci- 
ment de  tuiles  bien  cuites  et  de  chaux  vive  ou 
fraîchement  éteinte. 

Il  est  fâcheux  que  celle  espèce  de  construction 
ne  soit  pas  à  la  portée  du  pauvre ,  car  une  bois- 
son saine  est  indispensable  à  tout  ménage  ;  mais 
si  la  dépense  est  trop  forte  pour  chaque  parti- 
culier ,  il  serait  encore  possible  d'établir  une 
grande  citerne  commune  dans  chaque  village  qui 
aurait  une  église  ou  autre  bâtiment  public,  et 
son  eau  serait  exclusivement  destinée  à  la  bois- 
son des  habitans.  Dans  tous  les  cas,  les  pauvres 
ne  devraient  pas  ignorer  les  moyens  simples 
qu'on  emploie  pour  ôter  aux  eaux  les  plus  crues 
ou  les  plus  malsaines  leurs  qualités  nuisibles. 

On  y  parvient  souvent  en  faisant  bouillir  ces 
mauvaises  eaux  et  en  y  plongeant  un  fer  rougi 
au  feu,  ou  en  les  faisant  filtrer  à  travers  un  lit  de 
charbon  concassé  ;  mais  le  procédé  à  la  fois  le 
plus  sûr  et  le  plus  économique  est  l'emploi  de 
vases  de  bois  charbonnés  intérieurement. 

L'opération  du  charbonnage  d'un  tonneau, 
par  exemple  ,  est  très-facile  :  on  commence  par 
les  fonds  ;  on  y  met  du  sarment  bien  sec  ou  des 
brindilles  de  bois  ;  on  les  allume  et  on  entre- 
tient le  feu  jusqu'à  ce  que  tous  les  points  du  fond 
soient  carbonisés  à  l'épaisseur  de  deux  lignes 
au  moins  ;  on  carbonise  également  le  pourtour, 
et  quand  la  futaille  est  refoncée,  on  la  lave  exac- 
tement. Le  charbon  ayant ,  comme  on  sait,  la 
propriété  de  purifier  l'eau,  tout  vase  ainsi  car- 
bonisé servira  très  bien,  pendant  deux  ou  trois 
mois ,  à  rendre  très-potable  l'eau  qui  y  aura  été 
déposée  ;  mais  ,  passé  ce  temps  ,  il  faudra  re- 
nouveler ,  au  moins  partiellement,  cette  opéra- 
tion. 

XSSAIS    CULINAIBBS    SU»    LA    STRATinCATIOS. 

Avant  d'enseigner  les  procédés  par  lesquels 
je  suis  parvenu  à  manger,  pendant  l'hiver  et  jus- 


qu'en  mai ,  des  amandes,  des  noix  et  des  châ- 
taignes fraîches,  des  pois  et  des  haricots  frais,  et 
généralement  toutes  les  graines  et  fruits  que  l'on 
a  l'habitude  de  manger  secs,  il  faut  que  j'initie 
un  peu  mes  lecteurs  dans  les  mystères  de  la  ger- 
mination des  plantes,  car  il  est  toujours  néces- 
saire de  comprendre  ce  que  l'on  fait. 

Quand  vous  confiez  à  la  terre  une  graine  ou 
un  fruit ,  par  exemple ,  un  pois  et  une  amande , 
pour  en  obtenir  une  plante  et  un  amandier,  voi- 
ci ce  qui  se  passe.  L'humidité  pénètre  dans  l'in- 
térieur de  la  graine,  avec  de  l'oxigène;  l'eau 
commence  une  fermentalion  putride  (lui  détrui- 
rait bientôt  la  graine  si  elle  y  était  entièrement 
plongée,  mais  qui  se  trouve  bientôt  changée  en 
fermentation  spiritueuse  dès  que  l'air  a  pu  y  pé- 
nétrer. Le  périsperme  farineux  d'une  graine  est 
élémentairement  composé  de  quantités  détermi- 
nées d'oxigène,  d'hydrogène  et  de  carbone,  et 
toutes  les  fécules  contiennent  les  mêmes  prin- 
cipes ;  en  cet  état  elles  sont  insolubles  dans  l'eau. 
L'oxigène  de  l'air  s'empare  du  carbone,  l'équi- 
libre est  rompu,  la  quantité  d'oxigène  contenue 
dans  la  fécule  domine,  se  combine  de  nouveau  , 
et  le  périsperme  cesse  d'être  farineux  pour  pas- 
ser à  l'état  de  sucre  soluble  dans  l'eau.  La  na- 
ture agit  ici  comme  le  chimiste  qui  oxide  une  fé- 
cule avec  l'acide  sulfurique  pour  en  faire  du  su- 
cre, seulement  les  moyens  sont  différens.  Ce 
sucre ,  ou  plutôt  cette  liqueur  sucrée ,  renfermée 
dans  les  cotylédons  de  la  plantule,  est  destinée 
par  la  nature  à  la  nutrition  de  la  jeune  plante  jus- 
qu'à ce  qu'elle  ait  des  racines  capables  de  tirer 
sa  nourriture  de  la  terre. 

Comme  on  vient  de  le  voir,  une  graine  qui 
commence  à  germer  se  ramollit  et  devient  su- 
crée, à  peu  près  comme  elle  l'est  au  moment  où 
on  la  cueille,  un  peu  avant  sa  parfaite  matu- 
rité. 

Une  fois  le  principe  connu  de  moi ,  voici  com- 
ment jai  fait,  après  quelques  tàtonnemens  dont 
il  est  inutile  d'entretenir  mes  lecteurs.  En  dé- 
cembre, dans  une  cave  chaude,  je  disposai  des 
caisses  de  sapin  remplies  de  sable  de  rivière  bien 
pur  et  bien  lavé.  J'enterrai  dans  ce  sable  à  une 
très-petite  profondeur,  i°  des  pois,  2°  des  hari- 
cots, 3°  des  amandes,  4°  des  noix,  ù"  des  noi- 
settes. J'arrosai  ensuite  légèrement,  et  tout  le 
temps  que  dura  l'opération  j'eus  soin  de  tenir  le 
sable  frais  sans  trop  d'humidité. 

Les  pois  furent  les  graines  qui  se  gonflèrent 
les  premières,  et  après  quatre  jours  je  les  trou- 
vai propres  à  être  employés  à  la  cuisine.  Néan- 
moins ,  je  ne  détermine  pas  ce  laps  de  temps 
comme  devant  être  fixe,  par  la  raison  fort  sim- 
ple que  les  graines  germeront  d'autant  plus  vite 
que  la  cave  sera  plus  chaude.  On  accommoda  ces 
pois  de  la  même  manière  qu'on  le  fait  ordinaire 
ment  pour  les  pois  verts,  on  les  trouva  doux,  su- 
crés, excellens. 


124 


Les  haricots  farent  un  peu  plus  tard  retirés 
du  sable,  lavés  à  l'eau  tiède  comme  les  pois,  ac- 
commodés de  la  m6me  manière  que  des  haricots 
blancs  nouvellement  cueillis  ;  et  on  leur  trouva 
le  même  goût. 

Quant  aux  amandes  ,  aux  noix  et  aux  noiset- 
tes, leur  enveloppe  osseuse  ne  permettant  pas  de 
juger  du  moment  précis  auquel  on  doit  les  reti- 
rer du  sable ,  j'en  cassai  un  noyau  tous  les  deux 
ou  trois  jours,  et  par  ce  moyen  très  simple  je 
connus  juste  le  moment  de  les  consommer;  c'est 
celui  ou  l'amande  s'élant  ttn  peu  gonflée,  mais 
non  ouverte,  la  pellicule  qui  la  recouvre  se  dé- 
tache avec  assez  de  facilité  sans  cependant  pou- 
voir être  enlevée  d'un  seul  coup.  Dans  cet  état, 
ces  fruits  ont  repris  la  saveur  et  la  douceur  qu'ils 
avaient  au  moment  où  on  les  cueillait  sur  l'arbre. 

Je  terminerai  par  une  observation  indispen- 
sable, c'est  que,  si  on  laisse  passer  le  moment 
précis  de  sortir  chacune  de  ces  graines  du  sable, 
la  germination  étant  plus  avancée,  les  pois  et  les 
haricots  prennent  une  saveur  et  une  odeur  her- 
bacée assez  désagréable,  tandis  que  les  amandes 
de  toutes  les  espèces  de  noyaux  contractent  une 
saveur  très  amère  et  une  légère  odeur  de  moisis- 
sure. 

Il  faudra  donc,  surtout  quand  on  fera  pouria 
première  fois  de  ces  stratifications  dans  une  ca- 
ve dont  on  ignorera  le  degré  précis  de  tempéra- 
ture, avoir  soin  de  surveiller  la  germination  jour 
par  jour,  et  de  s'assurer  chaque  fois,  en  retirant 
une  ou  deux  graines,  qu'elle  n'avance  pas  trop. 
J'ai  remarqué  qu'elle  est  trop  avancée  lorsque 
la  radicule  commence  à  pointer  sous  son  enve- 
loppe. 

Du  reste,  je  ne  donne  pas  cette  méthode 
comme  tout-à-fait  neuve  et  de  mon  invention  , 
car  M.  Bosc,  il  y  a  plusieurs  années,  l'avait  déjà 
signalée  dans  ses  cours  d'agriculture  ,  et,  plus 
nouvellement  M .  Poiteau  l'a  i  econimandce.  Mais 
ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  enseigné  la  stratification 
comme  l'unique  moyen  d'atteindre  le  but  :  car, 
en  se  contentant  défaire  tremper  les  grainesdans 
de  l'eau  comme  ils  semblent  le  dire  ,  on  est  bien 
loin  de  l'atteindre. 

Placard  d'AUVROT. 

ÉCOLE  PRÉPARATOIRE  DE  MÉDECINE 

FONDÉE   A   PARIS  EN   1835  (l). 

Cet  établissement  qui,  dès  son  début,  a  mé- 
rité la  faveur  publique  et  l'approbation  des  mé- 
decins, les  meilleurs  de  tous  les  juges  en  pa- 
reille matière ,  nous  paraît  être  une  des  plus 
peureuses  innovations  qui  aient  été ,  dans  ces 
derniers  temps,  introduites  dans  l'enseignement 
public.  L'intention  du  fondateur  a  été  de  réali- 
ser une  partie  du  vaste  plan  d'éducation  pr.o- 

FESSIONNELLE    ET    SPECIALE  ,    objCt   dCS  VOCUX    de 

(l)  Cette  écolo  a  été  fondée  et  est  dirigée  par  M.  Ra- 
ticr,  docteur  en  médecine  de  la  Faculté  de  Paris,  méde- 
cin ra  chef  du  collège  RoUin,  etc.,  etc. 


tous  les  gens  éclairés  et  amis  du  pays.  Deux  di- 
visions bien  distinctes  existent  dans  son  école  ; 
la  première,  qu'il  regarde  en  quelque  sorte 
comme  transitoire ,  est  destinée  aux  jeunes 
gens  qui ,  après  avoir  fait  leurs  classes  dans  les 
collèges  ordinaires,  se  dirigent  vers  la  carrière 
médicale.  Là,  une  direction  judicieuse  pour  leurs 
études,  des  répétitions  et  des  explications  de 
tout  genre  leur  sont  offertes ,  en  même  temps 
qu'une  surveillance  active  et  paternelle  garantit 
aux  familles  le  bon  emploi  d'un  temps  précieux 
et  d'un  argent  qui  leur  coûte  si  souvent  de 
grandes  privations. 

Mais  c'est  dans  la  seconde  division  que  se 
révèle  bien  la  pensée  fondamentale,  savoir  :  la 
nécessité  de  spécialiser,  dès  le  commencement, 
les  études  qui  doivent  conduire  à  une  profession 
essentiellement  distincte  de  toutes  les  autres. 
En  effet,  M.  Ratier  dit  aux  médecins  :  <f  S'il 
»  est  vrai ,  comme  l'expérience  le  démontre  , 
»  que  dans  notre  profession ,  plus  que  dans 
»  aucune  autre ,  le  père  désire  voir  son  fils  lui 
»  succéder  ;  s'il  est  vrai,  comme  le  prouve  le 
»  succès  des  écoles  ecclésiastiques,  militaires, 
u  industrielles,  etc.,  que  les  études  des  enfans 
»  doivent,  le  plus  tôt  possible,  être  dirigées  vers 
»  la  profession  que  veulent  embrasser  les  jeunes 
»  gens ,  confiez-moi  vos  fils  dès  Vâge  de  douze 
»  ans.  En  quatre  ans  environ  ,  par  un  cours 
»  d'études  combinées  d'nne  manière  particulière 
«  et  suivi  avec  zèle  et  persévérance,  vos  enfans 
»  auront  fait  les  études  classiques  exigées  pour 
»  les  baccalauréat  es  lettres ,  tout  comme 
»  dans  un  collège  royal,  et  de  plus  celles  qui 
»  mènent  au  baccalauréat  es  sciences  ,  et  au 
»  premier  examen  de  médecine.  Or,  ou  bien  vos 
»  fils  auront  une  vocation  pour  l'état  de  méde- 
»cin,  et  alors  dans  mon  établissement,  plus 
»  qu'ailleurs ,  cette  vocation  pourra  se  confir- 
»  mer  ou  se  développer  ;  ou  bien  ils  n'auront 
»  de  penohant  prononcé  ni  pour  ni  contre  ;  il 
»  sera  donc  facile  de  les  diriger  de  préférence 
»  vers  la  profivsion  que  vous  désirez  leui-  voir 
n  adopter.  Enfin,  s'il  se  trouvait  chez  eux  une 
»  de  ces  répugnances  insurmontables  qui  nais- 
«  sent  ordinairement  d'un  goût  décidé  pour  une 
»  autre  carrière,  n'y  auroit-il  pas  un  avantage 
»  réel  à  la  constater  de  bonne  heure  pour  s'é- 
))  pargner  ces  fausses  directions  par  lesquelles 
»  ont  été  compromises  tant  d'existences,  u 

Puisque  la  question  financière  se  présente  là 
comme  partout,  nous  ferons  remarquer  qu'il  y 
a  dans  cette  mesure  une  véritable  économie  de 
temps,  et  par  conséquent  d'argent.  Le  prix  de 
la  pension  n'étant  que  de  1,100  fr.  pour  cette 
division,  c'est-à-dire  le  même  prix  à  peu  près 
que  dans  les  collèges  royaux  de  Paris ,  il  s'éta- 
blira une  compensation  tout  à  l'avantage  des 
familles,  puisque  un  temps  moins  long  sera  con- 
sacré aux  études ,  pour  obtenir  cependant  les 
mômes  résultats.  Dans  la  première  division,  le 
prix  est  de  1,200  fr.  Dans  l'une  et  dans  l'autre 
division,  les  élèves  qui  ne  sont  pas  fils  de  mé- 
decin payent  300  fr.  de  plus. 

Nous  aurons  l'occasion  de  nous  occuper  avec 
détails  d'un  établissement  dont  l'organisation 
rentre  dans  les  principes  émis  par  le  Journal 
des  Connaissances  utiles. 


Imprimerie  et  Librairie  de  Auguste  BX2SREZ, 

ÉDITEUR  DU  PANTHÉON  LITTÉRAinE ,  RUE  SAINT-GEORGES,  N.  Il,  A  PARIS. 
INTRODUCTION  A  L'HISTOIRE  UNIVERSELLE. 

HISTOIRE  DES  CLASSES  OUVRIÈRES 

ET  DES  CLASSES  BOURGEOISES-, 

Par  M.  GRANIER  DE  CASSAGNAC.  —  Un  volume  in-S».  —  Prix  :  7  fr.  50  c. 


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ou  DE  LA  CIVILISATION  DU  GENRE  HUMAIN  PAR  LES  FEMMES. 

Nouvelle  édition  augmentée  de  plusieurs  chapitres.  Ouvrage  couronné  par  l'Académie  française  comme  le  pim 
utile  aux  mœurs.  Par  L.  AIMÉ-MARTCV. 
Un  vol.  in-8o  demi-compacte,  contenant  deux  volumes  in-S"  ordinaires.  —  Prix  :  7  (V, 


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PAR  S.  HEN*RY  BERTHOUD. 

Un  vol.  in-8°  orné  de  gravures  sur  bois. —  Prix  :  7  fr.  50  c. 


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CONSIDÉRÉ    DANS    SES    RAPPORTS    AVEC    LA    THÉORIE    PENALE  DU    CODE  ; 

Par  MOREAU  CHRISTOPHE.  —  Un  volume  in-8».  —  Prix  :  7  fr.  50  c. 


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Avec  Bonaparte,  premier  consul  et  empereur,  pendant  onze  années  (1802  à  1813), 
publiées  par  l'auteur.  3  vol.  in-S".  —  Prix  :  22  fr.  50  c. 


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la  lecture  des  voyages  les  plus  modernes,  dessiné  par  Heck.  et  gravé  sur  pierrp 
sous  sa  direction  ;  contenant  64  cartes  in-folio ,  élégamment  relié.  —  Prix 
I  franc  de  port  pour  les  abonnés  des  Connaissances  utiles)  :  40  fr. 


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Leçans  simultanées  sur  la  religion  et  la  morale,  l'histoire,  la  géographie  universelle  et  les  voyages 
la  littérature,  la  physique,  la  chimie,  l'histoire  naturelle,  l'agriculture,  l'industrie,  le  commerce 
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de  dessin ,  de  style  et  de  composition  écrite. 

52  modèles  d'écriture  et  de  dessin  gravés  par  les  f)remiers  maîtres  ;  75  vignettes  marginalea  gravée»  sur  enivre 
par  les  premiers  artistes  de  Paris  et  de  Londres  ; 

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HISTOIRE  DE  FRANCE  D'ANQUETIL, 

Avec  la  continuation  jusqu'en  1830  par  Léonard  Gallois 
4  beaux  volumes,  ornés  de  gravures  sur  acier.  —  Prix  :  60  fr. 

DICTIONNAIRE  DE  L'ACADÉMIE  FRANÇAISE, 

Abrégé  d'après  la  dernière  édition  publiée  en  1835  ;  contenant  :  1°  tous  les  mots 
et  définitions  donnés  par  l'Académie  ;  2°  un  certain  nombre  de  mots  consacrés 
par  l'usage;  3°  les  étymologies;  4°  les  principes  de  grammaire  française  extraits 
du  Dictionnaire  de  l'académie;  par  P.  Lorain  ,  professeur  de  rhétorique  au 
collège  royal  de  Louis-le-Grand ,  et  professeur  suppléant  d'éloquence  latine 
à  la  Faculté  des  Lettres.  2  beaux  vol.  grand  in-8°  à  2  col.— Prix  :  20  fr. 

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Par  M.  Despréaux,  employé  supérieur  de  l'enregistrement;  suivi  du  CODE  DE  LA  FA- 
MILLE, ou  Entreliens  sur  l'état  des  personnes,  —  la  propriété  et  les  différentes  manières  de 
l'acquérir  et  de  la  transmettre,  — les  contrats  et  obligations:  par  M.  Louis  Bellkt. 
Un  vol.  grand  in-l6.  —  Prix  :  i  f.  50  c. 

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Toitures  publiques,  Fabricans  de  sucre,  Receveurs  buralistes,  Debilans  de  tabacs,  Employés  de  la  Régie  etc. 

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BIBLIOTHEQUE  DES  PROFESSIONS  ET  DES  MÉNAGES,  contenant  : 

!•  MANUEL  de  la  Cuisinière,  2»  de  la  bonne  Ménagère,  3°  du  «apeur-Pompier,  i"  du  Charron,  5»  du  Ferblan- 
tier-Lampiste, 6o  du  Serrurier,  7»  du  Bourrelier-Sellier,  8»  du  f'harpentier,  9°  du  Menuisier,    10»  du  Pâtissier, 
U"  du  Tapissier-Décorateur,  la»  du  Poêlier-Fumiste,  i3o  du  Boi^langer.  ta  vol.  iD-32,  prix    i  fr. 
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Atlas  de  France.  —  P*ix  :  1  fr. 

Atlas  classique  universel.         Prix  :  2  fr. 

Géographie  ou  texte  de  l'Atlas  uni  ersel.  —  Prix  i  X  fr 


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droits  qu'elles  doirent  à  la  Régie,  depuis  5  cent,  du  prix  de  ven";  >  par  litre  jusqu'à  i  fr.   et  depuis  1  litr« 
jusqu'à  1,000  litres.  —  Double  tableau  grand-in- 1    cartonné.  —  Prix  :  iO  cent. 

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Le  deuxième  vol.     1833 
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Le  cinquième  volume  1836  .....  6 

Le  sixième  volume      1837  .    .    .    ,    ,  ft 

Le  septième  volume    1838  .    ,    ,    .    ,  6 


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SIXIÈME  ANMÉE.  1836. 
Édition  française. 


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DEUXIÈME  SÉRIE. 

—  Premièro  année. 


m3wam 


DICTIONNAIRE  MENSUEL  ET  PROGRESSIF. 

aZPISRTOIiiJE:    USVEI. 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES  ,   ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX  , 

inléressaul  direcleiuent 

L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usucll  e; 

L'e\ercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales  ; 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescriven 

PMX  :  FRAi>G  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE, 

PAR  AN  SIX  FRANCS. 

ON  SOL'SCRIT  A  PARIS,  RUE  SaINT-GEORGES,  N»  H. 

Une  livraison  de  trente-deux  pages  par  mois ,  conlenant  un  demi-volume  in  - 

Les  souscripteuTs  étant  antorisés  à  retenir— sur  le  prix  des  six  francs— i' "panchissemeni  de  leur  lettre 
.ont  de  la  reconnaissance  de  posle^  l'abouiiement  n'est,  de  fait,  que  de  CINQ  FRANCS  nets  pour  lu  Société. 
■ •— »  rx»^<K>  «-ri 1 — . .  - 

NUMÉRO  7  :  JUILLET  1636. 


t. 


8^ 

eUe 


RÉPERTOIRE    CIVIL. 

Contribuable,  eselavage,  garde  nationale,  droits  des 
communes,  propriétaires,  remplaçaiis,  cens  électoral, 
page  123.  —  Cession  de  biens,  126. —Eviction,  pro- 
priétés de  rétal,  127.  —  Détrichemsnt  des  forêts,  128. 

—  lastruction  publique,  130. 

StPERTOlRE    DOMESTIQUE. 

Farine,  harengs,  œufe,  tomates,  viande  de  bœaf, 
fromage  de  brebis,  page  133  —  Beurre  de  Hollarnde, 
tapis  en  papier,  chute  des  cheveux,  transpiration,  134. 
Coucher,  purgjatif,  veilleuse  économique,  nettoyage 
_„s  gants,  emploi  des  cendres,  cirages,  133.  —  Chiens 
ampoisonnés,  breuvage  pour  les  animaux  malades,  136. 

—  Calorifère,  157.  —  Incendies,  porcs,  délits  ruraux. 


»  voitures  publiques,  destruction  des  souris,  mastic  pour 
bouteilles,  utilité  du  tournesol,  158.  —  Cachou,  abeil 
les,  chaux,  159. 

RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 

Prairies  artifieielles,  algue  marine,  culture  du  câ- 
prier, page  140.  —  Engrais  liquide,  141.  —  Destruction 
des  mulots,  142.  —  Arbres  fruitiers,  143.  —  Ananas, 
amandier,  144.  —  Badigeon,  145.  —  Carton  pierre, 
acier  .i  veine  de  dama»,  lHà.  —  Dérouillage,  acidesj 
arbitrage,  147.  —  Machines  à  vapeur,  148. 

UErERTOIRE  DE  LA  CONVERSATION. 

Baromètre  sous-marin,  maladies  nerveuses,  149,— 
Télégraph»,  131.  —  Population,  132. 


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JOURS. 

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NOMS 

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Le    1  lev.  du  soleil 
10  — 

20  — 

51  — 


B.  Thibaud. 
Visitât,  de  \â  V. 
8.  Hyacinthe. 
Tr.  de  S.  .Martin 
s.  Martial. 
g.  Tranquillin. 
Tr.  s.  Thomas. 
s.  Raphaël. 
s.  Cyrille- 
7  frères  martyrs 
s.  Pie ,  pape. 
s.  Nabor. 
s.  Anclet. 
s.  Bonaventure. 
s.  Jacques,  év, 
g.  Uilaire. 
s.  Alexis, 
s.  Symphorien. 
ste  Radegonde. 
ste  Marguerite, 
sic  Praxéde. 
ste  Madeleine. 
8.  Apollinaire, 
ste  Christine. 
ss.  Jacq.  et  Chr. 
ste  Ann«. 

Fétts 

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g.  Abdon ,  mart. 
s.  Ignace. 

4  h.    2  m.  j  Couch 
4         9  — 

4        50  — 

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INTÉRÊTS 

de 

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à  4  p.  OiO. 


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201 
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204  2  25 
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207  2  26 

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210  2  30 

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26  38 


D.  Q.  le    5,  à  5  heures  44  minutes  du  soir. 

N.  L.   le  15,  8  58  dH  loir. 

P.  Q.  le  2t,  S  14  du  wir. 

P    1.   le  SS,  5  K  4u  mât!n. 


mÉFOX^SE  A  NOS  DÉTRACTEURS. 


Êo  commençant  Tœuvre  à  laquelle  nous  nous  sommes  voués  avec  une  persévérance  qui 
nous  a  valu  les  témoignages  les  plus  flatteurs,  nous  ne  nous  étions  pas  abusés  sur  les 
rivalités  que  nous  allions  exciter.  Depuis  six  ans,  nous  n'avions  répondu  que  par  le  silence 
du  dédain  aux  sarcasmes  et  aux  attaques  dont  nous  étions  Fobjet-,  mais,  récemment 
encore  une  feuille  quotidienne  s'étant  livrée,  à  notre  égard,  à  des  imputations  calom- 
nieuses', nous  avons  cru  devoir  recourir  à  Tautorilé  judiciaire,  pour  mettre  un  terme  à 
des  attaques  que  nous  ne  voulons  pas  qualifier.  Quelque  honorable  que  puisse  être  pour 
nous  la  décision  des  magistrats  saisis  de  Taffaire,  nous  ne  pourrions  en  être  plus  fl-attés 
que  du  témoignage  public  rendu  à  nos  principes  par  le  signataire  de  la  lettre  suivante , 
que  nous  livrons,  sans  commentaire,  à  Timparlialilé  de  nos  lecteurs,  à  celle  de  tous 
les  hoaaètes  gens  qui  veuleat  bien  nous  honorer  de  leurs  sympatliies. 

Paris ,  4  juillet  1836. 
«  A  Monsieur  Emile  de  Girardin. 

«Monsieur,  m    .    , 

«Je  suis  depuis  long-temps  vos  utiles  travaux  avec  un  consiint intérêt,  dont  jeviens 
vous  donner  le  témoignage  à  l'occasion  du  nouveau  journal  que  vous  fondez  sous  le  litre 
de  LA  PRESSE.  J'aime  ceux  qui  savent  exécuter  ce  qu'ils  osent  concevoir. 

u  J'avais  lu    il  y  a  trois  ans,  dans  le  Journal  des  Connaissances  utiles,  l'article  ap 
profond!  dans  lequel  vous  démontriez  par  des  chiffres  la  possibilité  de  réduire  à  40  francs 
ie  prix  des  journaux  quotidiens;  j'avais  regretté,  je  vous  l'avoue,  que  vous  n'entre 
prissiez  pas  une  réforme  dont  vous  étaWissiez  si  nettement  l'utilité,  l'urgence,  l'imman 
quable  succès. 

«  Maintenant  que  vous  vous  êtes  enfin  décidé  à  réaliser  une  idée  si  féconde,  puisque 
la  concurrence  s'en  est  si  vite  emparée,  permettez-moi  de  m'associer  à  votre  œuvre 
pour  la  somme  de  cent  mille  francs,  que  je  vous  envoie. 

((  Les  quatre  cents  actions  auxquelles  me  donnera  droit  cette  somme  ne  me  seront 
point  remises;  vous  les  garderez,  monsieur,  ou  les  mettrez  en  dépôt  chez  votre  notaire. 

«  Je  renonce,  pour  mon  compte  personnel,  à  l'intérêt  de5  pour  0;0,  à  tout  dividende 
et  à  toute  restitution  du  capital  par  voie  de  remboursement;  je  désire  que  ces  sommes 
cumulées  soient  placées  chaque  année,  par  vos  soins,  le  plus  avantageusement  possible, 
pour  les  intérêts  capitalisés  concourir  pendant  vingt-cinq  années  (durée  de  la  société  de 
LA  Presse)  à  l'accroissement  du  capital  primitif  de  cent  mille  francs. 

«Dès  que,  par  le  fait  progressif  de  cette  capitalisation  annuelle  des  intérêts,  le  capital 
primitif  se  sera  élevé  à  cinq  cent  mille  francs ,  vous  l'appliquerez ,  Monsieur,  à  la  dotation 
d'une  banque  spéciale  en  laveur  des  classes  ouvrières,  dont  l'objet  sera  de  prêter  à  l'ou- 
vrier économe  qui  voudra  s'établir  ou  se  marier,  une  somme  égale  à  celle  qu'il  aura 
préalablement  versée  à  la  Caisse  d'épargne. 

((  L'intérêt  de  ces  prêts  ne  devra  point  excéder  2  pour  0?0. 

K  Je  désire.  Monsieur,  que  la  destination  que  jedoimeàlapart  d'intérêt queje prends 
dans  «LA  Presse  lui  rallie,  parmi  les  classes  ouvrières,  un  grand  nombre  de  lecteurs; 
que  ce  journal  devienne,  s'il  est  possible,  exclusivement  le  leur  :  je  le  désire,  parce  que 
je  pense  que  l'indépendance  et  la  modération  dont  tous  vos  écrits  portent  l'empreinte,  et 
dont  LA  Presse  a  déjà  su  revêtir  le  double  caractère,  sont  plus  favorables  au  large  déve- 
loppement du  travail  qu'une  opposition  systématique  contre  les  hommes ,  sans  système 
arrêté  sur  les  choses,  et  qui  n'a  pour  effet  que  d'accroître  les  préoccupations  politiques, 
de  relarder  le  jour  où  la  liberté  et  la  moralité  des  peuples  se  mesureront  sur  le  bien-être 
général  dont  ils  seront  redevables  à  quelques  hommes  utiles. 

((  Je  terminerai  par  un  vœu.  Monsieur  :  c'est  de  voir  plusieurs  de  mes  concitoyens 
s'associer  à  ma  pensée,  se  grouper  autour  de  vous,  et  contribuer  à  la  dotation  de  la 
BANQUE  des  travailleurs  ,  afin  que  l'accroissement  de  son  capital  lui  permette  de 
commencer  le  plus  tôt  possible  ses  utiles  opérations. 

«  Veuillez  bien  considérer  ma  participation  dans  la  fondation  de  la  Presse  comme  le 
témoignage  de  testimeet  de  la  confiance  que  vous  avez  méritées  par  vos  travaux. 

((  Signé  Pierre  'WOLF, 
Propriétaire ,  ancien  négociant,  à  Pans,  » 

Cette  lettre  est  déposée  chez  M.  Lehon  ,  notaire ,  rue  du  Coq-Saint-Foneré  à  Paris 


imprimerlede  d'urtubie  et  worms,  17,  bue  st-pierre-montmartre. 


sJv 


1^ 


REPERTOIRE  CIVIL. 


L  INTÉRÊTS  GÉNÉRAUX.  —  H.  MORALE  ET  INSTRUCTION  PUBLIQUES.  — 
III.  DEVOIRS  ET  DROITS  CIVILS  ET  POLITIQUES. 


CONTRIBUABLES. 

Le  conseil  d'état,  par  arrêt  du  7  avril 
1836,  vient  de  décider,  contrairement  aux 
prétentions  de  M.  le  ministre  des  finances, 
qu'aux  termes  de  l'art.  13  de  la  loi  du  21 
avril  1832,  lorsque,  par  suite  de  changement 
de  domicile,  un  contribufjjle  se  trouve  im- 
posé dans  deux  communes,  quoique  n'ayant 
qu'une  seule  habitation,  il  ne  doit  la  contri- 
l(ution  que  dans  la  fommune  de  sa  nouvelle 
résidence.  Les  contribuables  qui  se  trouvent 
dans  ce  cas  doivent  demander  leur  radia- 
tion au  conseil  de  préfecture  de  leur  ancien 
domicile,  en  produisant  la  cote  qui  constate 
leur  inscription  sur  les  rôles  de  leur  nouvelle 
résidence;  et,  faute  d'obtenir  justice  devant 
le  conseil  de  préfecture,  ils  peuvent  se  pour- 
voir devant  le  conseil  d'état. 

ESCLAVAGE; 

D'après  le  droil  public ,  tout  esclave  qui 
îïiel  le  pied  sur  le  sol  français  recouvre  à 
l'instant  sa  hberté.  Mais  jusqu'ici  ce  droit 
a'était  pas  tellement  obligatoire  qu'on  n'ait 
vu  des  nègres  retomber  en  esclavage ,  après 
être  retournés  dans  nos  colonies.  Une  ordon- 
aance  royale ,  datée  du  1  avril  1836,  con 
sacre  l'émancipation  pleine  et  entière  de 
tous  les  esclaves  introduits  en  France,  du 
consentement  de  leurs  maîtres ,  et  fait  ainsi 
cesser  l'incertitude  qui  régnait  encore  sur 
im  point  important  de  notre  législation  ci- 
vile. 

GARDE  NATIONALE. 

Ui»garde  national  ne  peut  fctre  condamné 
â  la  peiûe  de  la  prison  pour  des  manque- 
snens  à  des  services  d'ordre  et  de  sûreté 
qtii,  remontant  à  plus  d'une  année,  se  trou- 
vent couverts  par  la  prescription. 

(Arrêt,  cass.  18  sept.  1835.) 

SROITS  DES  COMMUNES.   —  PILLAGES  A 
MAIN  AKMÉE. 

La  chambre  civile  de  la  cour  de  e^ssa- 


tion  vient  de  prononcer,  sur  les  pourvois  for- 
més parla  ville  de  Paris,  contre différens 
arrêts  de  la  cour  royale  de  cette  ville,  qui 
avaient  accordé  une  indemnité  à  des  mar- 
chands d'armes,  dont  les  magasins  avaient 
été  pillés  dans  les  événemens  de  1832,  un 
arrêt  qui  mérite  d'être  connu.  Cette  cham- 
bre, conformément  aux  conclusions  de  M.  le 
procureur-général ,  a  cassé  ces  arrêts ,  en 
se  fondant  sur  ce  que  la  loi  du  10  vendé- 
miaire an  IV,  qui  rend  les  communes  res- 
pousables  de^  pillages  et  dévastations  com- 
mis sur  leur  territoire  par  des  rassemble- 
mens  tumultueux  ,  n'était  pas  applicable 
lorsque  ces  rassemblemens  avaient  eu  pour 
but  direct  le  renversement  du  gouverne- 
ment. Elle  s'est  fondée  subsidiairetp'- î  :sar 
ce  que  la  ville  de  Paris  avait  empïoyé,  dans 
cette  circonstance,  tous  les  moyens  en  «on 
pouvoir  pour  prévenir  et  empêcher  ces  pil- 
lages. 

PROPRIÉTAIRES.  —  PRIVILEGE. 

Le  propriétaire  peut  être  autorisé  à  pré- 
lever sur  le  prix  des  meubles  de  son  loca- 
taire, par  préférence  aux  droits  de  l'admi- 
nistralion  des  contributions  indirectes,  le 
montant  des  réparations  locatives  qui  lui 
sont  dues,  si  ces  réparations,  jointes  au  der- 
nier terme  du  loyer,  ne  s'élèvent  pas  à  plus 
de  six  mois  de  loyer ,  pour  lesquels  la  loi 
accorde  pri>7lége  au  propriétaire  avant  la 
régie. 

(Arrêt,  cour  de  cassât. ,  ISjuill,  1835.) 

REMPLAÇANT. 

Le  fait  de  substitution  de  personne  enlre- 
deux  individus ,  dont  l'un  se  fait  enrôler 
pour  le  service  militaire  sous  le  nom  de 
l'autre ,  constitue  le  crime  de  faux  de  la 
part  du  remplaçant ,  et  de  complicité  de 
faux  de  la  part  du  remplacé. 

(Arrêt,  cass.  17  sept.  183S4. 

CENS  ÉLECTORAL  ET  D'ÉLIGIBILITÉi 

Le  cens  était  jadis  une  rélribuUoa  an. 


126 

nuelle  et  seigneuriale  dont  étaient  grevés  i 
les  héritages  censiers,  originairement  éta- 
blis par  le  seigneur  qui  avait  concédé  le 
fonds.  Ce  sens  était  payable  en  argent  ou 
en  nature,  suivaut  l'acte  de  concession.  Les 
censives,  qui  ne  différaient  du  cens  propre- 
■raent  dit  qu'en  ce  qu'elles  étaient  dues  so- 
lidairement par  plusieurs  co-lenanciers,  ont 
«té  supprimées  comme  tous  les  autresdroits 
féodaux.  Seulement  les  cens  ou  ccnsives 
-qui  avaient  eu  pour  cause  une  concession 
déterminée,  et  qui  n'étaient  pas  enlacliés  de 
féodalité,  furent  déclarés  raclietables,  et  le 
mode  de  rachat  fut  régularisé  par  les  lois 
du  28  mars  1790  et  autres  postérieures.  Le 
Tnot  cens,  tel  que  l'entendaient  nos  pères, 
n'a  plus  qu'une  seule  acception,  et  elle  est 
essentiellement  politique. 

A  l'époque  de  l'affranchissement  des  com- 
munes, au  XP  siècle,  toutes  les  fonctions 
pubhqucs  devinrent  électives  et  temporai- 
res sinon  de  fait,  du  moins  de  droit,  et  le 
droit  d'élection  appartint  aux  bourgeois. 
La  bourgeoisie  était  octroyée,  non  par 
le  prince,  mais  par  l'autorité  municipale  de 
la  comnmne,  ainsi  qu'il  résulte  d'une  or- 
donnance de  rbilippe-le-Bel,  rendue  en  1287. 
A  celle  époque  aussi  ,  le  droit  de  bour- 
geoisie ou  de  cité  n'était  pas  déterminé  par 
ie  chiffre  de  l'impôt,  mais  par  la  valeur  de 
la  propriété.  Depuis  lors,  le  cens  électoral 
<»t  d'éligibihté  a  reçu  de  notables  changc- 
inens;  mais  nous  ne  parlerons  que  de  ceux 
<jui  dalent  de  notre  régénération  politique. 

La  constitution  de  1791  n'admettait  aux 
assemldécs  primaires,  pour  le  choix  des  ma- 
gistrats municipaux  et  des  électeurs,  que 
les  citoyens  actifs  ,  c'est-à-dire  les  Français 
qui  payaient  une  contribution  égale  à  la  va- 
leur de  trois  journées  de  travail;  elle  exi- 
jgeait  pour  être  électeur  dans  les  villes  au- 
dessBiv  de  6,000  liabitans,  un  revenu  égal  à 
la  valei'ir  locale  de  deux  cents  journées  de 
fravail;  dans  les  villes  au-desPou5  de  6,000 
âmes,  la  propriété  ou  l'usufruit  d'un  bien 
évalué  sur  les  rôles  à  un  revenu  de  cent 
cinquante  jo  urnécs  de  travail,  ou  une  loca- 
tioa  de  cent  journées;  dans  les  communes 
iwrales,  la  propriété  ou  l'usufruit  d'un  bien 
évalué  à  un  revenu  de  cent  cinquante  jour- 
nées do  travail,  •ou  le  fermage  d'un  bien  éva- 
lué au  prix  de  quatre  cent  journées;  d'ail- 
leurs, nulle  autre  fondition,  pour  l'éligibi- 
lilé  i  l'assemblée  nationale,  que  celle  d'être 
citoyen  actif. 

Par  la  constitution  de  1793,  la  quahté  de 
citoyen  français   el  les  droits  attacliés  à 


ee  titre  n'étaient  subordonnés  à  aucun  cens 
de  contribution. 

Le  droit  d'élire  çl  d'être  élu,  d'après  la 
constitution  de  l'an  111,  appartenait  à  loot 
Français,  âgé  de  21  ans ,  qui  payait  une 
contribution  quelconque.  Toutefois^  les  mi- 
litaires qui  avaient  fait  une  campagne  pour 
la  défense  de  la  répubhque  n'étaient  pas 
soumis  à  la  condition  de  contribution. 

La  constitution  du  22 frimaire  an  viii  dé- 
truisit le  droit  d'élection;  les  citoyens  ne 
furent  plus  appelés  qu'à  voter  des  listes 
de  candidats  pour  toutes  les  fonctions  pu- 
bliques, depuis  la  moindre  municipalité  jus- 
qu'au sénat  conservateur.  En  d'autres  ter- 
mes, le  prétendu  droit  d'élection  ne  fut 
qu'une  déception,  et  il  fut  réservé  à  utt 
nonduG  déterminé  des  plus  imposés  de  cha- 
que commune,  arrondissement  et  déparle- 
ment. 

Les  sénatus-consulles  organiques  du  16 
thermidor  an  x  et  du  28  floréal  au  xir 
confirmèrent  cette  usurpation  du  plus  beau 
droit  de  cliaque  citoyen. 

L'article  6  de  la  charte  de  1814  fixait  le 
cens  électoral  à  300  fr.  de  contributions  di- 
rectes, le  cens  d'éligibilité  à  1_,000  fr.  Le 
roi  Louis  XYIII  s'était  réservé  la  nomina- 
tion directe  à  toutes  les  fonctions  adminis- 
tratives et  judiciaires. 

Le  seul  changement  apporté  dans  la 
charte  amendée  de  1830  est  la  réduction 
du  cens  électoral  de  300  à  200  fr.,  et  de  ce- 
lui d'éligibilité  de  1,000  à  500  fr.  La  nou- 
velle loi  sur  les  élections  a  admis  quelques 
adjonctions  en  faveur  desUcenciés  en  droit, 
des  docteurs,  des  membres  des  sociétés  sa- 
vantes autorisées  par  le  gouvernemenl;raais 
ces  réductions,  dans  la  quotité  du  cens,  ces 
adjonctions  de  capa-cité  n'ont  agrandi  que 
bien  faiblement  le  cercle  des  citoyens  ad- 
mis à  la  jouissance  des  droits  politiques;  ils 
ne  forment  qu'une  minorité  extrêtnemeut 
incomplète,  cette  loi  est  tout  à  l'avantage 
de  l'aristocratie  de  la  richesse.  •" 

CESSIONS  DE   BlEiXS. 

L'article  1265  du  code  civil  définit  celte 
espèce  de  contrat  :  l'abandon  qu'un  débiteur 
fait  de  tous  ses  biens  à  ses  créanciers,  lors- 
qu'il ?e  trouve  hors  d'état  de  payer  ses  det- 
tes. Pour  Mre  admis  au  bénéfice  de  cession, 
il  faut  prouver  le  malheur  et  la  bonne  foi.  Si 
la  cession  est  volontaire,  c'est-à-dire  si  elle 
est  le  réi^ult.it  d'un  arrangement  fait  libre- 
ment entre  le  débiteur  et  h  créancier,  il  est 


(oui  simple  qiie  les  effets  en  soient  réglés  par 
racte  même  qui  intervient  entre  les  parties. 
Mais  si  les  créanciers  refusenl  leur  consen- 
tement, la  loi  arrive  au  secours  du  débiteur 
maUieureux;  alors  la  cession  prend  un  autre 
caractère;  de  libre  qu'elle  était  elle  devient 
en  quelque  sorte  forcée,  et  on  la  définit  dans 
ce  cas  :  un  bénéfice  que  la  loi  accorde  au  dé- 
biteur de  bonne  foi,  auquel  il  est  permis, 
pour  avoir  liberté  de  sa  personne,  défaire  en 
justice  Tabandou  de  tous  ses  biens  à  ses 
créanciers ,  nonobstant  toute  stipulation 
contraire. 

Le  débiteur  qui  veut  être  admis  au  béné- 
fice de  cession  doit  se  pourvoir  devant  le  tri- 
bunal de  son  domicile  et  déposer  au  greffe 
son  bilan,  ses  livres,  sMl  en  a,  et  ses  titres  ac- 
tifs. La  demande  doit  être  communiquée  au 
ministère  public,  et  néanmoins  les  poursui- 
tes dirigées  contre  le  débiteur  ne  sont  pas 
suspendues;  car  il  serait  possible  que  cette 
demande  ne  fût  qu'un  prétexte  pour  entra- 
ver l'action  de  la  loi.  Toutefois,  en  cer- 
tains cas,  les  juge?  peuvent  ordonner  un 
sursis  provisoire.  Lorsqu'ils  ont  cru  devoir 
accueillir  cette  demande,  l'admission  n'a 
lieu  qu'à  la  charge  par  le  débiteur  de  réité- 
Tersa  cession  en  personne,  ses  créanciers 
appelés  à  l'audience  du  tribunal  de  com- 
merce, ou  à  la  maison  commune,  un  jour  de 
séance.  Dans  ce  dernier  cas,  sa  déclaration 
est  constatée  par  un  procès-verbal  dressé  par 
un  huissier  et  signé  par  le  maire. 

La  cession  de  la  totalité  de  sa  fortune  ne 
libère  pas  le  débiteur  d'une  manière  irrévo- 
cable. La  loi,  en  l'autorisant  à  céder  ses 
biens,  suppose  qu'il  est  dans  l'impossibilité 
actuelle  de  faire  davantage  pour  ses  créan- 
ciers ;  mais  s'il  lui  en  survient  d'autres,  il  est 
obligé  de  les  abandonner  jusqu'au  parfait 
paiement,  aux  termes  de  l'article  1270  de  ce 
même  code. 

Si,  après  la  cession,  le  débiteur  fait  avec 
ses  créanciers  un  contrat  d'atermoiement 
par  lequel  ils  consentent  à  lui  remettre  une 
partie  de  sa  dette,  ce  contrat  devient  alors  la 
loi  des  parties,  et  le  débiteur  rentre  dans  la 
jouissance  de  ses  droits.  A  plus  forte  raison 
doit-il  en  recouvrer  la  plénitude,  s'il  parvient 
à  payer  tous  ses  créanciers.  Dans  ce  cas,  il 
peut  même  obtenir  un  jugement  de  réhabili- 
tation. 

ÈVICTIOX. 

Dépossession  d'un  immeuble  ordonnée  au 
profit  du  véritable  propriétaire,  au  préjudice 
de  celai  qui  possédait  en  vertu  d'uu  acte  de 


127 

vente,  d'écliangeoa  de  partage,  consenti  par 
un  individu  réputé  propriétaira.  L'évictroa 
donne  toujours  lieu  à  la  restitution  du  prix 
de  l'immeuble,  de  la  part  du  vendeur  aa 
profit  de  l'acquéreur,  à  moins  que  celui-ci 
n'ait  connu,  lors  de  la  vente,  le  danger  de 
l'éviction,  et  qu'il  ait  acheté  à  ses  risques  et 
périls.  Elle  est  seulement  une  cause  de  rési- 
liation ('e  h\  vente  lorsqu'elle  n'a  lieu  que 
pour  une  partie  de  l'immeuble  vendu,  et 
qu'elle  est  d'une  telle  conséquence,  relati- 
vement au  tout,  que  l'acquéreur  n'eût  point 
acheté  sans  la  partie  dont  il  est  évincé.  Dans- 
ce  cas,  et  lorsque  la  résiliation  n'a  pas  lieu  , 
l'acquéreur  a  droit  au  remboursement  du 
prix  de  la  portion  dont  il  est  évincé  suivant 
sa  valeur  à  l'époque  de  l'éviction. 

PROPRIÉTÉS   DE   L'ÉTAT. 

L'administration  de  l'enregistrement  et 
des  domaines  a  publié  pour  la  première  fois 
les  tableaux  généraux  des  propriétés  de  l'é- 
tat, au  1  juillet  1835.  En  voici  le  résumé. 

1.  Propriétés  immobilières  non  affectées  à 

des  services  jniblics. 

Chambre  des 'pairs.  .  .  .      6,3^S,393  fr. 
Chambre  des  députés.  .  .       8,450,000 

Justice  et  cultes 39,926,373 

Affaires  étrangères. .  .  .      2,951,492 
ïhotruction  publique.  .  .    28,625,343 

Intérieur 57,578,423 

Commerce 22,302,182 

Guerre 205,441,309 

Marine 125,944,099 

Finances 38,439,160 

Totaux,    8778   articles 

évalués 536,096,774  fr. 

2.  Immeubles  affectés  à  des  services  pu— 

bHos'. 

Forêtsdomaniales,  32con- 
servations,  1,019,140  hecta- 
res évalués  approximative- 
ment  726,993,456  fr» 

Propriétés  régies  parl'ad- 
minist.  des  domaines  ,  évs» 
luées  approximativement. .      8,685,.570 

Propriétés  comprises  dans 
le  bail  des  sabues  de  l'Est , 
53  articles  dont  l'évaluation 
approximative  est  de 3,795,83§ 

Total  de  cette  partie. .  .  .  739,474,865 
Total  ci-dessus 536,096,774- 


328 

Valeur  approximalive  to- 
tale de  toutes  les  propriétés 
de  l'état 1,275,571,539  f. 

DÉFRICHEMENT  DES  FORETS. 

En  principe  d'équité,  chacun  est  maître 
«le  disposer  de  sa  chose  comme  bon  lui  sem- 
ble. Jl  est  cependant  des  circonstances  où  le 
gouvernement  croit  devoir  intervenir  :  c'est 
quand  il  considère  les  intérêts  des  particu- 
liers comme  se  rattachant  aux  intérêts  gé- 
néraux du  pays.  Dans  ce  cas  ,  et  une  fois  le 
principe  admis,  la  critique  de  celle  inter- 
vention officielle  ne  peut  s'exercer  que  sur 
le  mode  d'exécution ,  en  tant  qu'il  porte  at- 
teinte au  développement  du  commerce  et  de 
rinduslrie. 

Tel  esll'état  de  la  question  relative  au  dé- 
frichement des  forêts. 

Jusqu'au  16e  siècle ,  les  régleniens  admi- 
nistratifs, concernant  les  forêts,  n'étaient  en 
TÏgueur  qu'à  l'égard  de  cellesdu  domaine  de 
l'État  et  des  communautés.  Déjà  cependant 
«n  les  appliquait  aux  forêts  possédées  par 
les  particuliers.  L'ordonnance  de  1G69,  qu'on 
peut  considéref  compie  le  premier  code  fo- 
restier de  France  ,  défendit  de  défricher  les 
bois  et  même  d'y  rien  entreprendre  qui  pût 
eu  <;hansér  la  nature. 

Mais  dès  lors  aussi  une  lutte  s'engagea 
entre  le  pouvoir  et  les  citoyens  ;  et  malgré, 
ou  plutôt  à  cause  des  innombrahles  lois  et 
réglemens  sur  la  matière,  dans  l'espace  de 
moins  d'un  siècle,  c'est-à-dire  de  17G0  à 
1789,  un  million  d'hectares  de  bois  fut  dé- 
friché. A  la  vérité,  il  était  facile  d'exphquer 
les  désobéissances  à  la  loi  par  les  motifs  qui 
les  avaient  provoquées.  Le  désir  de  Hvrer  à 
la  culture  des  terres  fertiles,  l'ouverture 
de  roules  nouvelles,  etc.,  étaient  autant  de 
causes  que  faisaient  valoir  les  seigneurs  et 
le  clergé  pour  justifier  ces  diverses  infrac- 
tions. 

L'assemblée  constituaiite ,  tombant  dans 
un  excès  contraire,  flt  cesser  toutes  les  en- 
traves, et  la  liberté  la  plus  entière  fut  laissée 
aux  propriétaires  de  bois  pour  les  ex- 
ploiter. 

Mais  bientôt  les  dévastations  dont  les  fo- 
rêts furent  l'objet  attirèrent  l'atlenlion  sé- 
Jdeuse  de  l'autorité,  et  la  loi  du  18  février 
1803  pourvut  à  la  défense  des  forêts  de 
l'État  contre  les  entreprises  de«  usagers;  peu 
de  temps  après,  c'est-à-dire  le  29  avril  sui- 
vant, une  autre  loi  prescrivit  formellement 
^ue  le  défrichement  des  forêts  n'aurait  lieu 


que  6  mois  après  la  déclaration  qui  en  seraîl 
faite  par  le  propriétaire  devant  le  conserva- 
teur forestier  de  l'arrondissement.  Cette 
défense  n'était  pas  applicable  aux  bois  noja 
clos,  d'une  étendue  moindre  de  deux  hee- 
tares. 

Les  prohibitions  prononcées  par  ces  lois 
devaient  cesser  après  un  laps  de  vingt  an» 
nées;  mais  le  code  forestier  du  21  mai  1^7 
prolongea  pour  vingt  années  encore  la  pro- 
lùbilion  à  l'égard  des  bois  appartenant  aux 
citoyens;  d'où  il  résulte  qu'elle  ne  doit  cesser 
qu'en  18i7.  L'art.  219 ,  qui  prononce  celle 
disposition,  est  ainsi  conçu  : 

(c  Pendant  20  ans ,  à  dater  de  la  promul- 
gation de  la  présente  loi,  aucun  parlicuher 
ne  pourra  arracher  ni  défricher  ses  bois 
qu'après  en  avoir  fait  préalablement  la  dé- 
claration à  la  sous-préfecture,  au  moins  six 
mois  d'avance ,  durant  lesquels  l'adminis- 
tration pourra  faire  signifier  au  propriétaire 
soii  opposition  au  défrichement.  Dans  les 
fjx  mois ,  à  dater  de  cette  signiOcation ,  il 
sera  statué  sur  l'opposition  par  le  préfet, 
sauf  le  recours  au  ministre  des  finances.  Si, 
dans  les  six  mois  après  la  signification  de 
l'opposition,  la  décision  du  ministre  n'a  pas 
été  rendue  et  signifiée  au  propriétaire  des 
bois ,  le  défrichement  pourra  être  effec- 
tué. » 

En  cas  de  contravention  à  cet  article,  le 
propriétaire,  d'après  l'art.  220,  est  condaiB- 
ué  à  une  amende  calculée  à  raison  de  500 
fr.  au  moi-os  et  de  1500  fr.  au  plus  par  hec- 
tare de  bois  défriché ,  et,  eu  outre,  à  rét*- 
blir  les  Heux  en  nature  de  bois,  dans  un  d»- 
lai  qui  ne  peut  excéder  trois  années. 

Sont  exemptés  des  dispositions  de  l'art. 
219  ci-dessus  : 

1.  Lesjeunes  bois, pendant  les 20  premiè- 
res années  après  leur  semis  ou  plantation , 
excepté  quand  ils  ont  eu  lieu  par  suite 
de  jugement ,  en  remplacement  de  bois  dé-^ 
friches; 

2.  Les  parcs  ou  jardins  clos  et  attenant 
aux  habitations; 

3.  Les  bois  non  clos ,  d'une  étendu©  an- 
dessous  de  4  hectares ,  lorsqu'ils  ne  font 
point  partie  d'un  autre  bois  qui  compléte- 
rait une  conleuance  de  4  hectares,  ou  qu'ils 
ne  sont  pas  situés  sur  le  sommet  ou  la 
pente  d'une  montagne. 

Enfin,  par  l'article  225,  les  semis  et  plan- 
tations de  bois  surlesommet  et  le  penchant 
des  montagnes  et  sur  les  dunes,  sont  exempts 
de  tout  impôt  pendant  20  ans. 

Les  conmiunes  et  établissemens  publia 


De  peuvent  faire,  non  plus,  aucun  défriche- 
ment de  leurs  bois  sans  une  autorisation 
expresse  et  spéciale  du  gouvernement. Ceux 
quiTauraient  ordonné  ou  effectué  sans  cette 
autorisation  seraient  passibles  des  peines 
portées  contre  les  particuliers,  pour  les  con- 
traventions de  même  nature.  (Art.  91.) 

Les  motifs  d'utilité  publique ,  allégués 
pour  le  maintien  de  l'état  de  choses  actuel, 
soji^t,  1.  la  nécessité  de  pourvoir  aux  be- 
soins de  la  consommation  ,  et  d'assurer  les 
approvisionnemens  de  bois  pour  le  combus- 
tible et  les  constructions. 
.  2.  Prévenir  le  d-éboisement  de  certaines 
locahtés  dans  des  intérêts  physiques  de  sû- 
reté, tels  que  le  soutien  des  terres  en  pente, 
l'alimentation  des  sources,  la  défense  contre 
les  vents  ou  sables  de  mer,  etc. 

La  question  posée  de  cette  manière,  il  est 
facile  d'y  répondre ,  mais  avant  nous  de- 
vons faire  une  observation  ,  qui  tient  au 
fond  de  cette  question. 

S'il  s'agissait  aujourd'hui  d'imposer  des 
restrictions  à  l'exploitaticn  des  forêts  et  des 
bois ,  on  concevrait  qu'une  telle  mesure , 
devant  blesser  des  droits  acquis,  pourrait 
être  combattue  avec  le  seul  raisonnement 
de  la  justice;  mais  il  n'en  est  point  ainsi. 
Sans  doute  le  système  actuel  est  Aicieux; 
mais  enfin  il  n'a  point  porté  atteinte  à  la 
propriété  individuelle ,  puisque  les  con- 
tractans,  soit  en  vendant,  soit  en  achetîoit, 
ont  agi  avec  la  connaissance  parfaite  de  l'é- 
tat de  choses,  et  que  ,  conséquemment ,  ils 
ont  dû  en  tenir  compte  dans  leurs  transac- 
tions. 

Les  propriétaires  de  bois  seront  d'autant 
plus  autorisés  à  se  plaindre  de  l'état  de  cho- 
ses actuel  qu'ils  auront  été  plus  ou  moins 
froissés  dans  leurs  intérêts.  Or,  depuis  le  29 
avril  1803,  époque  où  l'autorité  dut  arrêter 
les  dévastations  des  forêts,  jusqu'au  1  jan- 
vier 1835,  le  nombre  d'hectares  dont  le  dé- 
frichement a  été  demandé  est  de  197j2ô3 , 
sur  lesquels  des  autorisations  ont  été  accor- 
dées pour  116,16^4;  quantité  qui  représente 
le  29e  du  sol  forestier  ,  évalué  à  6,377,600 
tect.,  qui  se  classent  ainsi  sous  le  rapport 
de  la  propriété  : 

Bois  domaniaux.  .  .  1 ,002,31a  h.  taiU.  et  fut. 

Bois  des  communes 
et  des  établissemens 
publics 1,823,283        id. 

Bois  de  la  liste  civi- 
le d^s  princes 250,000        id. 

Bois  des  particuliers  3,300,000       id. 

Total  égal.  .  6,377,600 


1^ 

On  voit  que  les  bois  des  particuliers, ceux 
sur  lesquels  le  gouvernement  conserve  une 
action  de  surveillance  ,  s'élèvent  à. plus  de 
moitié  de  la  totalité  de  ceux  existans  en 
France. 

Les  adversaires  du  système  actuel,  et 
nous  sommes  nous-mêmes  loin  de  l'admettre 
sans  restriction  ,  allèguent  qu'il  ne  peut  en 
être  de  même  de  la  culture  et  du -com- 
merce du  bois  que  de  toute  autre  industrie, 
et  qu'il  faut  laisser  à  l'iutérêt  particulier  à 
décider  ce  qui  est  le  plus  à  son  avantage. 

L'obj  ection  pourrait  être  faite  avec  autant 
de  justesse  pour  tous  les  cas  dans  les- 
quels l'interyention  de  l'autorité  a  lieu; 
mais  l'on  conçoit  qu'il  ne  puisse  en  ètve  au- 
trement ,  soit  comme  mesure  d'ordre ,  soit 
comme  chargé  du  maintien  des  intérêts  gé- 
néraux. D'ailleurs ,  il  n'en  est  pas  du  bois 
comme  de  la  culture  de  tout  autre  produc- 
tion du  sol.  On  peut  aisément,  et  dans  une 
période  rapprochée ,  changer  la  nature  des 
assoleraens  d'une  terre,  mais  il  faut  20  ans 
au  moins  pour  qu'un  bois  commence  à  don- 
ner des  produits  partiels. 

A  la  vérité,  le  tarif  des  douanes  porte  une 
atteinte  grave  à  l'intérêt  des  propriétaires 
forestiers  ,  puisqu'il  prohibe  l'exportation 
des  bois,  non-seulement  sous  leur  forme 
première,  soit  pour  brûler,  soit  pour  cons* 
truire,  mais  sous  toutesles  formes  possibles, 
de  charbon  ,  de  merrain  ,  de  futailles  ,  d'è» 
corces  et  même  de  cendre,  tandis  que  d'au* 
tre  part  il  leur  est  expressément  interdit  de 
changer  la  culture,  en  sorte  qu'il  leur  est  en- 
joint,  pour  ainsi  dire,  de  produire  et  défeii- 
du  de  vendre. 

Hors  des  cas  indiqués  ci-dessus,  nous  peu' 
sons  que  les  bois  devraient  être  affranchis 
de  ces  entraves  minutieuses  qui  paralysent 
cette  industrie  entre  les  mains  des  propriô^ 
taires.  Ainsi,  quand  le  défrichement  aurait 
pour  résultat  la  chute  des  terres,  de  voir 
disparaître  avec  la  forêt  une  source  qui 
fournit  l'eau  nécessaire  aux  habitans  d'une 
commune  ou  d'un  village  ou  hameau;  quand 
la  forêt  qui  couvre  les  sables  de  la  mer  en- 
tretient une  utile  cohésion,  voilà  de  ces  cau- 
ses qui  doivent  autoriser  le  gouvernement 
à  intervenir  dans  un  intérêt  général. 

Quand  bien  même,  ce  qui  ne  sera  pas,  on 
autoriserait  dès  à  présent  les  propriétaires 
desbois  aies  défricher,  comme  bon  leur  sem- 
blerait ,  pense-t-on  que  tous  spontanément 
profiteraient  de  cette  autorisation  ?  non , 
certes;  car  l'intérêt  leur  ferait  comprendre 
aussitôt  qu'une  baisse  énorme  dans  les  prix 


130 

dimiauerait  la  valear  de  leurs  proprié- 
tés. Le  fonds  reste ,  il  est  vrai  ;  mais  ce 
ne  serait  qu'après  de  longues  années  qu'il 
arriverait  à  donner  en  produits  ce  qu'il  offre 
dans  l'état  actuel,  comme  bois  ou  forêt. 

Craint-on  que  la  pénurie  des  bois  de  con- 
SlructioH  nous  rende  tributaires  de  l'étran- 
ger ?  mais  cela  existe  déjà;  ce  ne  serait  donc 
qu'une  augmentation  dans  le  chiffre.  D'ail- 
leurs, les  forêts  des  domaines,  celles  des  prin- 
ces, des  communes,  des  élablissemens  pu- 
blics pourraient  être  régies  d'après  des  lois 
ou  régleraens  particuliers  ;  et ,  par  la  force 
des  choses,  les  propriétaires  viendraient  se 
ranger  sous  ces  mêmes  lois  et  réglemens  si, 
par  le  fait,  il  en  résultait  des  avantages  ma- 
tériels pour  l'État, 

On  «ait  à.  combien  s'élève  la  consomma- 
tion annuelle  du  bois  pour  construction  et 
pour  combustible;  l'on  sait  pareillement 
quelle  est  la  production  moyenne  des  focèts, 
lu  moyen  des  aménagemens;  or  ,  ne  pour- 
rait-on pas  limiter  l'étendue  des  coupes , 
celle  des  défricheracns  ,  en  faire  le  par- 
tage proportionnel,  et  laisser  ensuite  à  l'in- 
dustrie particulière  le  soin  de  faire  ou  de  ne 
pas  faire,  selon  qu'elle  y  trouverait  de  l'in- 
térêt ou  du  préjudice? 

En  résumé,  nous  pensons  que  les  dispo- 
sitions suivantes  sont  de  nature  à  satisfaire 
toutes  les  exigences: 

1.  On  déclarerait  que  les  bois  ou  partie 
de  bois  placés  dans  une  condition  voulue 
pourraient  être  défrichés  dans  une  propor- 
tion fixée;  2.  Quand  il  y  aurait  des  incon- 
vénicns  à  ce  que  cette  mesure  eût  lieu ,  les 
propriétair«s  seraient  tenus  de  faire  la  de- 
mande d'autorisation.  Dans  le  délai  de  deux 
mois ,  par  exemple ,  l'autorité  devrait  ré- 
■  pondre  par  l'acceptation  ou  le  rejet  de  la 
demande,  tandis  que  maintenant  la  non  ad- 
liésion  seule  est  signifiée,  et  que  l'autorisa- 
tion se  connaît  par  le  silence  gardé  sur  l'op- 
position. An  moyen  de  ce  mode  administra- 
tif, une  année  peut  s'écouler  entre  la  de- 
mande et  la  réponse. 

Les  autres  articles  du  code  forestier  de 
1827  seraient  appliqués  dans  les  cas  pres- 
crits. 

INSTRUCTION   PUBLIQUE. 

Le  fait  d'avoir  tenu  une  école  primaire  , 
sans  autorisation,  ne  peut  être  excusé  sous 
le  prétexte  que  le  prévenu  n'y  recevait  que 
ses  petiLs-flls  et  un  petit  nombre  d'cufans  de 
ses  plus  proches  parens. 

(Cour  de  cass.,  24  sept.  1835.) 


ORDONNANCE   BU    ROI,  CONCERNANT  LE» 
ÉCOLES  DE  FILLES. 

TITRE  I. 

De  rinslruction  primaire  dans  les  écoles  de 
filles  et  de  son  objet. 

Art.  i.  L'instruction  primaire  dans  les  écoles 
de  filles  est  élémentaire  ou  supérieure. 

L'instruction  primaire  élémentaire  com- 
prend nécessairement  l'instruction  morale  et 
religieuse,  la  lecture  ,  récriture,  les  élémcns 
du  calcul,  les  élémens  delà  langue  française, 
le  chant,  les  travaux  d'aiguille,  et  les  élé- 
mens dn  dessin  linéaire. 

L'instruction  primaire  supérieure  comprend, 
?n  outra,  des  notions  plus  étendues  d'arithmé- 
tique et  de  langue  française  ,  et  particulière- 
ment de  l'histoire  et  de  la  géographie  de  la 
France. 

Art.  2.  Dans  les  écoles  de  l'un  et  de  l'autre 
degré  ,  sur  l'avis  du  comité  locaî  et  du  comité 
d'arrondissement.l'instruction  primaire  pourra 
recevoir,  avec  l'autorisation  du  recteur  de  l'A- 
cadémie, les  développemens  qui  seront  jugés 
convenables,  selon  les  besoins  et  les  ressources 
des  localités. 

Art.  3.  Les  art.  2  et  3  de  la  loi  du  28  juin  t838 
sont  applicables  aux  écoles  primaires  de  filles. 

TITRE  IL 

Des  écoles  primaires  pn©«i». 

Art.  4.  Pour  avoir  le  droit  de  tenir  uneecdlf 
primaire  de  filles,  il  faudra  avoir  obtenu* 

lo  Un  brevet  de  capacité ,  sauf  le  cas  prévu 
par  l'article  13  de  la  présente  ordonnance; 

20  Une  autorisation  pour  un  lieu  déterminé. 

§  1.  Du  brevet  de  capacité'. 

Art.  5.  Il  y  a  deux  sortes  de  brevets  de  capa- 
cité, les  uns  pour  l'instruction  primaire  élé- 
mentaire ,  les  autres  pour  l'instruction  pri- 
maire supérieure. 

Ces  brevets  seront  délivrés  après  des  épreuves 
soutenues  devant  une  commission  nommée 
par  notre  ministre  de  l'instruction  publique, 
cl  conformément  à  un  programme  déterminé 
par  le  conseil  royal. 

Art.  6.  Aucune  postulante  ne  sera  admise 
devant  la  commission  d'examen  ,  si  elle  n'est 
âgée  de  vingt  ans  au  moins.  Elle  sera  tenue  de 
présenter  :  lo  son  acte  de  naissance  ;  si  elle  est 
mariée  ,  l'acte  de  célébration  de  son  mariage  ; 
si  elle  est  veuve  ,  l'acte  de  décès  de  son  mari  ; 
2o  un  certificat  de  bonnes  vies  et  mœurs,  dé- 
livré ,  sur  l'attestation  de  trois  conseillers  mu- 
nicipaux ,  par  le  maire  de  la  commune  ou  de 
chacune  des  communes  où  elle  aura  résidé 
depuis  trois  ans. 


A  Paris,  le  certificat  sera  délivré,  sur  l'af- 
lestatiou  de  trois  notables,  par  le  maire  de 
i'arrondissement  municip^al,  ou  de  chacun  des 
arronid-^semcns  niuuicipauv  où  l'impétrante 
■aura  résidé  depuis  trois  ans. 

§  2.  De  l'autorisation. 

Art.  7.  L'autorisation  nécessaire  pour  tenir 
une  école  primaire  de  filles  sera  délivrée  par 
le  recteur  de  l'Académie. 

Cette  autorisation ,  sauf  le  cas  prévu  par 
J'art.  13,  sera  donnée,  après  avis  du  comité 
local  et  du  comité  d'arrondissement,  sur  la 
présentation  du  brevet  de  capacité  et  d'un  cer- 
tiGcat  attestant  la  bonne  conduite  de  la  pos- 
tulante depuis  l'époque  où  elle  aura  obtenu  le 
brevet  de  capacité". 

Art.  8.  L'autorisation  de  tenir  une  école  pri- 
maire ne  donne  que  le  droit  de  recevoir  des 
élèves  externes  ;  il  faut  pour  tenir  pensionnat 
21  ne  autorisation  spéciale. 

TITRE  III. 

Des  écoles  primaires  publiques. 

Art.  9.  Nulle  école  ne  pourra  prendre  le  titre 
d'école  primaire  communale  quaulant  qu'un 
logement  et  un  traitement  convenables  auront 
été  assurés  à  l'institutrice,  soit  par  des  fonda- 
tions, donations  ou  legs  faits  en  faveur  d'éta- 
blissemens  publics,  soit  par  délibération  du 
<?onseil  municipal  dûment  approuvée. 

Art.  10.  Lorsque  le  conseil  municipal  allouera 
4m  traitement  fixe  suffisant,  la  rétribution 
mensuelle  pourra  être  perçue  au  profit  de  la 
<;ommune ,  en  compensation  des  sacrifices 
qu'elle  s'impose. 

Seront  admises  gratuitement  dans  l'école 
publique  les  élèves  que  le  conseil  municipal 
aura  désignées  comme  ne  pouvant  payer  au- 
cune rétribution. 

.1  Art.  H.  Les  dispositions  des  articles  4  et  sui- 
Tans  de  la  présente  ordonnance  ,  relatives  au 
brevet  de  capacité  et  à  l'autorisation  ,  sont 
applicables  aux  écoles  primaires  publiques. 

Toutefois,  à  l'égard  de  ces  dernières,  le  rec- 
teur devM  se  faire  remettre ,  outre  les  pièces 
mentionnées  en  l'article  6  ,  une  expédition  de 
la  délibération  du  conseil  municipal,  qui  fixera 
le  sort  de  l'institutrice. 

Art.  12.  Dans  les  lieux  où  il  existera  des 
écoles  communales  distinctes  pour  les  enfans 
des  deux  sexes,  il  ne  sera  permis  à  aucun  in- 
stituteur d'admettre  des  tilles ,  et  à  aucune  in- 
stitutrice d'admettre  des  garçons. 

TITRE  IV. 


13f 

congrégation  religieuse  dont  les  slalu.ts,  régu- 
lièrement approuvés ,  renfermeraient  l'obli- 
gation de  se  livrer  à  l'éducation  de  l'enfance, 
pourront  être  aussi  autorisées  par  le  recteur  à 
tenir  une  école  prima-re  élémentaire,  sur  lo 
vu  de  leurs  lettres  d'obédience,  et  sur  l'indi- 
cation par  la  supérieure  de  la  commune  où  les 
sœurs  seraient  appelées. 

Art.  14.  L'autorisation  de  tenir  une  école 
primaire  supérieure  ne  pourra  être  accordée 
sans  que  la  postulante  justifie  d'un  brevet  d«» 
capacité  du  degré  su-péricur  obtenu  dans  la 
forme  et  aux  conditions  prescrites  par  la  pré- 
sente ordonnance. 

TITRE  V. 

Des  autorités  préposées  à  l'instruction 
primaire. 

Art.  1.5.  Les  comités  locaux  et  les  comités 
d'arrondissemens  établis  en  vertu  de  la  loi  du 
28  juin  1833  et  de  l'ordonnance  du  8  novem&re 
de  la  même  année,  exerceront  sur  les  écoles 
primaires  des  filles  les  attributions  énoncées 
dans  les  articles  21,  §  1,  2,  3,  4  et  5  ;  22,  §  ],  3. 
3,  4  et  5  ;  23,  §  1,  2  et  3  de  ladite  loi. 

Art.  16.  Les  comités  feront  visiter  les  écoles 
primaires  de  filles  par  des  délégués  pris  parmi 
les  membres  ou  par  des  dames  inspectrices. 

Art.  17.  Lorsque  les  dames  inspectrices  se- 
ront appelées  à  faire  des  rapports  au  coraiîft. 
soit  local ,  soit  d'arrondissement,  concernant 
les  écoles  qu'elles  auront  visitées ,  elles  assis- 
teront à  la  séance  avec  voix  délibérative. 

Art.  18.  Il  y  aura  dans  chaque  départe- 
ment une  commission  'd'instruction  primafre 
chargée  d'examiner  les  personnes  qui  aspi- 
reront aux  brevets  de  capacité. 

Les  examens  auront  lieu  publiquement. 

Des  dames  inspectrices  pourront  faire  partie 
desdites  commissions. 

Ces  commissions  délivreront  des  certificats 
d'aptitude,  d'après  lesquels  le  recteur  de  TAca- 
démie  expédiera  le  brevet  de  capacité ,  saus, 
l'autorisation  du  ministre. 

Dispositions  transitoires. 

Art.  10.  Les  institutrices  primaires  commu- 
nales ou  privées,  actuellement  établies  eu 
vertu  d'autorisations  régulièrement  obtenues, 
pourront  continuer  de  tenir  leurs  écoles  sans 
avoir  besoin  d'aucun  nouveau  titre;  elles  de- 
vront seulement  déclarer  leur  intention  an 
comité  local  d'ici  au  1er  septembre  prochaia. 


Jht  écoles  primaires  de  filles,  dirigées  par  des        ,         ...        ,     „.     .       .•  li- 

congrégations  religieuses.  ^^^  ministre  de  Imslractioa  publique   a 

adressé  le  5  juillet  1836  aux  préfets  et  aux 
ArU  13.  Les  institutrices  appartenant  à  une  |  recteurs  le  rapport  fait  à  la  chambre  des  dé- 


132 

^pulés  sur  de  projet  c!e  loi  concernant  Tin- 
slnicUon  secondaire,  le  projet  de  loi  «t  les 
amendemens  proposés  par  la  commission. 

La  discussion  n'ayant  pu  avoir  lieu  dans  la 
Bcssion  qui  vient  d'être  close,  M.  le  ministre 
a  pensé,  avec  raison,  qu'il  serait  avantageux 
d'appeler  sur  cette  importante  matière  l'at- 
'  lention  de  toutes  les  peisonnes  qui  peuvent 
«clairer  la  question.  11  serait  à  désirer  que 
cet  examen ,  par  le  pays,  eût  lieu  pour 
toutes  les  lois  d'un  intérêt  aussi  général, 
ainsi  que  cela  se  pratique  en  Angleterre. 
IVos  codes,  qui  font  l'admiralion  des  étran- 
gers, ont  été  ainsi  préparés,  et  cette  espèce 
de  concours  ne  peut  que  tourner  au  per- 
fectionnement de  ces  lois  (1) . 

Voir  l'extrait  de  cette  circulaire. 

J.e  projet  de  loi  a  pour  objet  principal  de 
atisfaire  à  l'article 69  de  la  Charte,  paragraphe 
8,  qui  annonce  une  loi  sur  l'inslruclion  publi- 
que et  la  liberté  de  l'enseignement. 

Le  litre  premier  établit  celte  liberté  par 
trois  dispositions  principales  : 

«Tout  individu  quiréunira  les  conditions  de 
capacité  et  de  moralité  exigées  pourra  d'ésor- 
inais  établir  une  maison  d'éducation,  sous  l'au- 
torisation de  l'université. 

«  Celte  maison,  une  fois  établie,  ne  pourra 
plus  être  fermée  que  par  arrêt  de  la  justice. 

«  Les  maîtres  de  pension  ne  seront  plus 
obligés  d'envoyer  leurs  élèves  dans  les  collèges 
royaux. 

«  Ces  dispositions  veulent  être  examinées 
BOUS  [  c  rapport  littéraire  et  scientifique,  cl 
tous  le  rapport  moral  et  politique. 

•  Quelle  influence  pensez-vous  que  puisse 
avoir  leur  adoption  sur  l'état  des  sciences  et 
des  Icltres  ? 

«  Quelle  influence  sur  l'éducation,  dans  ce 


C^J  Voir  Journal  des  Connaissances  utiles  , 
xaaxi  I8;>C,  p.  58. 


qui  intéresse  la  morale  elle  gouvernement? 

«  Que  pensez-vous  qu'il  en  puisse  résulter 
pour  l'existence  des  collèges  royaux  et  com- 
munaux? 

«  Ces  questions,  vous  le  voyez,  sont  dignes 
du  plus  sérieux  examen  ;  elles  embrassent  les 
plus  chers  intérêts  da  pays  ;  sa  gloire  litté- 
raire, dont  le  maintien  dépend  d'un  bon  sys- 
tème aéludes  ;  sa  paix  et  sa  prospérité,  qui  se 
ressentiront  nécessairement  des  principes  dans 
lesquels  on  élèvera  sa  jeunesse. 

•  Le  titre  deuxième,  moins  important  dan& 
ses  conséquen';es,  traite  des  collèges  commu- 
naux. Il  en  fait  deux  classes.  La  première  sera 
organisée  plus  fortement  que  par  le  passé  , 
sous  le  rapport  des  études,  pour  pouvoir  sou- 
tenir la  concurrence  que  lui  feront  les  èta- 
blissemens  libres.  La  deuxième,  réduite,  pcui 
les  langues  anciennes,  aux  classes  de  gram- 
maires, réalisera  le  vœu  des  personnes  qui 
trouvent  que,  pour  certaines  classes  de  la  so- 
ciété ,  les  langues  anciennes  tiennent  une 
trop  grande  place  dans  l'enseignement. 

«  Indépendamment  des  poinls  sur  lesquels  le- 
projet  de  loi  statue,  il  en  est  un  qu'il  passe 
sous  silence,  mais  à  l'égard  duquel  le  rapport 
de  la  commission  demande  qu'on  prenne  un 
parti  :  ce  sont  les  petits  séminaires.  Il  s'agit  de 
faire  que  les  petits  séminaires  remplissent  le  but 
important  pour  lequel  ils  ont  été  institués, 
qui  est  le  recrutement  du  clergé,  sans  profiter 
de  l'exeraplion  d'impôts  qui  leur  est  accordée 
pour  attirer  à  eux  les  jeunes  gens  qui  ne  se-  / 
destinent  point  à  l'église,  au  détriment  des  au- 
tres établissemens  d'instruction,  qui  ne  jouis- 
sent pas  des  mêmes  immunités.  Les  avis  ont 
été  partagés  dans  la  commission  sur  le  parti  à 
prendre  à  cet  égard.  La  majorité  a  pensé  qu'il 
fallait  laisser  toute  liberté  aux  petits  séminai- 
res, mais  en  retirant  les  privilèges  dont  ils 
jouissent.  La  minorité,  au  contraire,  a  cru 
qu'on  devait  continuer  de  les  exempter  de 
l'impôt,  en  prenant  les  précautions  nécessaires 
pour  empêcher  l'abus  dont  on  s'est  plaint. 
Vous  verrez,  dans  le  rapport,  par  quels  motifs- 
chaque  opinion  a  été  soutenue.» 


■m 


13î 


REPEUTOIllE   DOMESTIQUE. 

-=tB>®C-«= 

ÉDUCATION  DE  L'ENFANCE. -lï.  MOTIALE  ET  BIEN-ETRE  DES  FAMILLES, 
-III.  ÉCONOMIE  USUELLE. 


FARINE  DE  FROMENT  FRELATEE. 

M.  Morin,  pharmacien  à  Rouen,  a  décou- 
vert le  moyeu  de  s'assurer  si  la  farine  de  fro- 
menl  esl  frelatée  par  la  fécule  de  pomme 
de  terre.  Il  suffit  de  mettre  dans  un  mortier 
de  verre  un  gramme  environ  de  cette 
farine  avec  quelques  gouttes  d'acidç  sulfu- 
rique  pur;  bientôt  il  se  dégage  une  odeur 
semblable  àcelie  qu'exhale lapomme de  terre 
cuite  sou-s  la  cendre.  Quelie  que  soit  la  quan- 
tité de  fécule  mêlée  à  la  farine  de  fi'oment , 
on  parvient  ainsi  à  en  constater  la  présence; 
les  farines  de  riz,  de  mais,  de  pois,  de  lentil- 
les, ne  donnent  point  d'odeur  analogue  à 
celle  que  fournit  ce  mélange  placé  sous  Tin- 
3uence  de  l'acide  sulfuriquc. 

HARENGS   SALÉS. 

Pour  leur  rendre  les  quahtés  du  hareng 
frais,  il  suffit  de  les  dessaler  et  de  les  faire 
tremper  pendant  24  heures  dans  du  lait 
chaud. 

» 

OEUFS  (Conservation  dès). 

En  Ecosse,  on  conserve  les  oeufs  de  la  ma- 
nière suivante  :  Ils  sont  p!>ongés  pendant  une 
minute  ou  deux  dans  de  l'eau  bouillante,  de 
manière  à  coaguler  une  petite  partie  du 
blanc  et  à  former  ainsi,  dans  le  pourtour  de 
l'oeuf,  une  couche  mince  qui  en  protège  l'in- 
térieur contre  l'accès  de  l'air. 

TOMATES  (Conservation  des 

On  place  les  tomates  dans  un  pot  de  terre 
vernissé,  que  l'on  remplit  entièrement  avec 
de  l'eau  salée,  et  de  manière  que  les  fruits 
baignent  dedans;  on  recouvre  le  vase  avec 
une  assiette  creus-e,  de  telle  sorte  que  le 
fond  presse  sur  les  points  qui  se  trouvent  à 
la  superficie  de  l'eau.  Quand  on  veut  se  ser- 
vir des  tomates,  il  faut  avant  les  faire  trem- 
per quelques  heures  dans  de  l'eau  ordi- 
naire. On  reconnaît  que  l'eau  est  suffisara- 
ment  saturée  quand  un  œuf  plongé  dans  le 
vase  qui  contient  l'eau  remonte  à  sasurface. 


VLVNDE  DE  BOEUF  (Conservation  de  la; 

En  Amérique,  on  suspend  ,  à  l'aide  d'une 
corde  à  la  voule  d'une  cave  privée  d'humi- 
dité le  morceau  de  bœuf  que  l'on  veut  cou- 
server.  Après  un  mois  ou  deux,  la  viande  t 
acquis  des  qualités;  elle  est  plus  tendre,  plue 
succulente ,  et  possède  un  fumet  que  l'on  ne 
lui  trouve  pas  dans  son  état  de  fraîcheur. 
L'expérience  est  assezsimple  pour  que  cha- 
'"un  puisse  s'assurer  du  résultat.  La  viande 
de  bœuf  peut  se  conserver  ainsi  pendant  plur 
sieurs  mois. 

MOUCHES  (iloyen  de  les  éloigner  de  h. 
viande). 

Les  bouchas  de  Genève  garantissent  let 
viandes  qu'ils  étalent  de  l'approche  des  mou- 
ches, en  endu-isant  les  murs  et  les  boiseries 
de  leurs  boutiques  d'huile  de  laurier. 

CONSERVATION  DU   LAIT. 

Les  vaisseaax  de  zinc  sont  substitués  ave>; 
avantagea  ceux  d'étain  ou  d'autres  matièrei 
dans  lesquelles  on  conserve  le  lait.  Le  lait 
conservé  dans  le  zinc  ne  se  caille  que  quatre 
ou  cinq  heures  plus  tard  que  celui  qu'on  mel 
dans  d'autres  vases,  ce  qui  permet  à  toute 
la  crème. de  s'en  séparer;  en  outre,  cette 
crème  fournit  du  beurre  en  plus  grande  quaE- 
lité  et  de  meilleure  qualité, 

FROMAGES  DE  BREB'is  (Fabrication)  dans  fe 
Bas-Languedoc. 

Au  commencement  d'avril,  lorsque  1er 
agneaux  sont  à  leur  quatrième  mois  et  déjà 
forts,  on  commence  à  les  sevrer. On  les  sépa- 
re dès  lors  chaque  fois  de  leurs  mères,  pouj 
ne  les  leur  rendre  que  le  lendemain  vers  ie 
milieu  dujour  et  après  que  celles-ci  ont  été 
traites  au  retour  du  pâturage:  ils  tètenllëîaif 
qui  reste,  et  on  les  laisse  ensemble  jusqu'a-e 
soir.  On  ne  doit  pendant  quelque  temps  traire, 
les  brebis  qu'une  fois  parjour,etue  sevi*er 
les  agneaux  que  peu  à  peu,  dans  ia  crainte 
de  nuire  à  leur  accrcissement. 

Le  lait  qu'on  a  tiré  est  passé  dans  une  été 


13» 

mine  ou  un  linge  très  propre;  on  le  verse  ITeau  en  sorte  parfailemenl  claire.  Par  cette 
ensuite  dans  de  grands  pois  de  grès;  on  y 
jette  sur-le-champ  la  présure    nécessaire, 
sans  chercher  à  retirer  le  beurre  q;:i  est  en 
trop  pelite  quantité. 

De  quelque  présure  qu'on  se  serve,  il  faut 
toujours  avoir  lallenlion  de  mettre  le  lait 
dans  un  endroit  frais,  quand  il  fait  chaud,  et 
de  le  tenir,  au  contraire,  chaudement  lors- 
qu'il fait  froid,  afin  de  faciliter  Tiiffcrmisse- 
raeat  du  caillé.  Il  est  essentiel  que  Fcadroit 
où  on  le  fait  et  les  ustensiles  soient  tenus 
dans  la  plus  grande  propreté.  Les  person- 
nes qui  y  travaillent  doivent  avoir  toujours 
les  mains  très  propres. 

Aussitôt  que  le  lait  est  caillé,  on  lc\hrise 
et  on  le  mêle  avec  une  cuillère  percée  ou 
avec  la  main-,  il  est  rais  ensuite  dans  des 
éclisses  de  grès  ou  moules  de  six  pouces  de 
diamètre,  d'un  pouce  de  profondeur,  et 
percées  de  quelques  petits  trous,  afin  que  le 
fromage  s'égoulle.  On  remplit  ces  moules 
de  caillé  bieu  divisé  qu'on  y  laisse  jusqu'à 
ce  qu'il  soit  un  peu  plus  ferme,  ce  qui  a 
lieu  à  peu  près  ?«  l>out  de  sept  ou  huit  mi- 
nutes. On  retourne  alors  les  fromages  dans 
les  moules,  où  ils  restent  jusqu'à  ce  qu'ils 
puissent  être  renversés  sur  de  la  paille 
longue  et  bien  nette,  ou  sur  des  joncs.  En- 
fin, quand  ils  ont  bien  pris  leur  forme,  qu'ils 
ont  été  retournés  plusieurs  fois  et  qu'ils 
sont  bien  égouttés,  on  jette  sur  chaque  côté 
un  peu  de  sel  menu. 

Un  troupeau  de  400  brebis  peut  fournir 
six  à  sept  douzaines  de  fromages  par  jour. 

BEURRE  DE  HOLLAXDE  (Manière  de  le  fa- 
briquer). 

La  qualité  supérieure  du  beurre  de  Hol- 
lande ne  vient  pas  seulement  de  la  bonté 
des  pâturages  de  ce  pays-,  elle  \nenl  encore 
à  la  méthode  mise  eu  usage  pour  le  fabri- 
quer. Après  avoir  laisse  refroidir  le  lait  dans 
des  baquets,  on  le  remue  deux  ou  trois  fois 
par  jour  avec  une  spatule  de  bois  pour  em- 
pêcher la  crème  de  se  séparer  du  lait;  on 
renouvelle  l'opération  jusqu'à  ce  que  le  lait 
offre  assez  de  consistance  pour  que  la  spa- 
tule ne  puisse  plus  s'enfcncer.  On  met  alors 
le  tout  dans  une  baratte,  et  on  le  bat  pen- 
dant UHC  heure.  Lorsque  le  beurre  com- 
mence à  se  former,  on  verse  de  l'au  froide 
en  proportion  de  la  quantité  du  lait,  et  jus- 
qu'à ce  que  celui-ci  soit  séparé  du  beurre. 
Après quelebeurreaétéretiréde  la  baratte, 
on  le  lave  en  le  pétrissant  jusqu'à  ce  que 


méthode  bien  simple,  du  reste,  on  obtient 
plus  de  beurre  d'une  même  quantité  de  lait; 
le  beurre  est  plus  ferme,  plus  doux,  et  il 
se  conserve  plus  Ions-temps  que  lorsqu'on 
sépare  la  crème  du  lait. 

T.1PIs1n  PAPIER. 

On  colle  sur  le  plancher  un  papier  à  dessin 
élégant,  et  on  en  couvre  la  surface  de  trois 
couches  successives  de  vernis  indien  qui 
rond  ce  tapis,  d'un  nouveau  genre,  uni  et 
brillant  et  impénétrable  à  l'eau.  On  peut 
«ussi  substituer  au  papier  peint  le  papier 
couvert  d'une  feuille  d'or  ou  d'argent  bruni, 
et  on  obtient  une  surface  à  reflets  métalli- 
ques d'un  bel  effet.  On  nettoie  ce  tapis  en  le 
lavant,  sans  aucune  précaution,  comme  on 
le  ferait  d'un  marbre. 

RAMOXAG£  VÉGÉtAL. 

On  a  fait  l'essai,  en  Angleterre,  d'un  nou- 
veau système  de  ramonage,  qui  consiste  à 
remplacer  au  printemps  les  cendi'fes  du  foyer 
par  de  la  terre  dans  laquelle  on  sème  des 
plantes  grimpantes,  telles  que  gobéas,  clé- 
matites, houblon,  etc.  Ces  plaales  s'élèvent 
jusqu'au  faîte,  et,  quand  arrive  le  mois 
d'octobre,  on  assemble  les  racines,  ou  les 
tire,  et  la  cheminée  est  neHoyée.  Une  mé- 
daille d'or  de  1,200  francs  a  été  donnée  à 
l'inventeur  de  ce  singulier  procédé. 

CHEVEUX  (Pommade  pour  les  empêcher 
de  tomber). 

iMoëlle  de  bœuf  préparée.  .     .    6    onces. 

Huile  d'amandes  douces.     .    .    2        Id. 

Rhum  vieux 4        id. 

On  fait  fondre  la  moelle  de  bœufaubain- 
marie,  on  ajoute  l'huile,  et  on  retire  du  fen. 
Le  rhum  s'ajoute  en  battant  le  tout  dans  un 
mortier  de  marbre.  Si  l'on  fait  usage  de 
vin  vieux  au  lieu  de  rhum ,  il  faut  alors 
augmenter  d'un  tiers  la  quantité  de  ce 
hquide. 

TRA\SPiRATio>'  DES  PIEDS  (Remède  cofltrc 
la). 

11  faut  avoir  soin  de  les  essuyer  avec  un 
linge  sec  en  sortant  du  lit  et  lorsqu'ils  sont 
encore  en  moitaur,  puis  de  jeter  dessus 
quelques  gouttes  d'eau-de-rie.  Les  pores 
absorbent  cet  esprit  qui  imprime  du  ton 
au  système  général,  et  lui  donne  la  force 
de  s'assimiler  une  évacuation  lucommode. 


13i 


COUCHER  (Matelas  et  traversins  composés 
de  plantes  marines  du  genre  zoslère. 

MM.  Pasleurs  D'Etrcillis  et  A.  Dannuicn 
ont  fait  une  découverte  qui  est  appelée  à  pren- 
dre place  parmi  les  iiiveulious  «lui  ont  pour 
objet  la  santé  ou  le  bien-èlre  de  toutes  les 
classes  de  la  société.  îl  s'agit  de  remplacer  la 
laine,  le  crin  et  la  plume  dont  se  composent 
les  lits,  fiar  l'emploi  des  feuilles  de  la  zchs'crc. 
Cette  plante  est  éminemment  souple,  é'hsli- 
çue,  peu  résistante.  On  peut  la  remuer  sans 
la  casser,  et  il  suffit  de  l'agiter  eu  faisant  le 
lit  pour  lui  rendrp  toute  sa  souplesse.  Sans 
doute  elle  n'offre  pas  le  moelleux  de  la  laine, 
mais  on  y  est  beaucoup  plus  mollement  que 
sur  le  crin. 

La  zostère  ne  contracte  jamais  la  moindre 
edeur  ;  l'eau  glissant,  pour  ainsi  dire,  à  la  sur- 
face, les  sueurs  abondantes  et  les  arrosemens 
qui  proviennent  si  souvent  des  voies  uriuai- 
res  passeut  en  travers  sans  qu'il  se  puisse  éta- 
blir de  corruption  ;  l'eau  douce  qu'on  y  jette 
dessus  fait  di>;paraîlrc  jusqu'aux  moindres  tra- 
ces et  prévient  tonte  altération,  car  il  suffit 
d'étendre  la  zoslère  comme  une  litière  pour 
qu'elle  sèche  un  peu  d'heures  sans  occasion- 
ner la  moindre  odeur.  Les  insectes  ne  s'éta- 
blissent jamais  dans  les  matelas  de  zostère,  et 
il  paraîtrait  même  qu'elle  a  le  privilège  d'éloi- 
gner les  souris. 

Un  autre  avantage ,  et  ce  n'est  pas  le  moin- 
dre, est  celui  du  bas  prix  auquel  on  peut  éta- 
blir les  mati/as  formés  dos  feuilles  de  cette 
plante.  Ils  coûtent  de  J3  à  30  francs,  selon 
leur  largeur  et  l'étolTe  que  l'on  emploie,  c'est- 
à-dire  la  toile  à  damier  ou  le  coutiL 

Les  magasins  de  31.  d'Elreille  et  A.  Dam- 
mien  sont  établis  rue  Bellefonds,  n.  19,  à  Pa- 
ris. 

PURGATIF    RAFnAICHISSAIVT. 

Sucre  râpé.     .     .    3  onces. 

Zestes  de  citron.      1  pinc-ée. 

Eau  bouillante.       1  pinte. 
Crème  de  tartre  soluble.  i  ©nce  et  demie. 

On  verso  Teau  bouillante  sur  les  autres 
substances,  et  chaque  quart  d'heuue  ou 
boit  une  tasse  ordinaire  de  ce  liquide  qui  est 
aussi  agréable  qu'uBe  limonade. 

VEILLEUSE  ÉCONOMIQUE. 

On  pèle  un  marron  et  ou  le  fait  tremper 
pendant  vingt-quatre  heures  dans  de  Tlmile 
à  brûler,  après  Tavoir  percé  de  pert  en  part 
avec  une  vrille.  Quand  on  veut  en  faire 
usage,  on  passe  dans  ce  trou  une  mèche 
de  la  longueur  du  petit  doigt,  pu>j  on  met 
le  marron  dans  un  vase  rempli  d'eau,  et  la 
jBjèche  reste  toute  la  nuit  allumée. 


VIN  EX  PIECE. 


Afin  den'èlrc  pas  obligé  de  remplir  coa- 
stivmnii'nt  les  pièces  de  vin  en  vidanges,  on 
introduit  par  la  bonde  des  cailloux  bien  la- 
vés, en  quantité  suffisante  pour  remplir 
la  capacité  formant  le  vide. 

GAXTS   DE   COULEUR   CL.VIRE 

(Nettoyage  de}. 

On  place  les  gants  sur  une  main  de  bois, 
ou,  à  défaut,  sur  sa  propre  main,  et  avec 
une  petite  épongé  imbibée  de  lait  tiède,  et 
que  Ton  passe  ensuite  sur  du  savon  blanc, 
on  frotte  le  gant  qui  se  nettoie  facilement 
par  ce  procédé.  Quand  le  gant  est  '.égère- 
ment  imbibé,  on  l'essuie  avec  un  linse  doux 
et  l'opération  est  terminée. 

CEXDHES  (leur  emploi;. 

Les  meilleures  «cndres  sont  celles  dubei»" 
des  arbres  fruitiers,  et  celle  de  Forme  et 
du  cliêne;  puis  celles  de  tremble  et  de 
charme.  Les  tiges  de  vigne  et  de  groseiîlers 
donnent  des  cendres  très  actives  qui  pour- 
raient altérer  le  linge,  si  on  n'en  tempérait 
la  causticité  par  des  cendres  de  bois  blanc 
Les  tiges  d'oseille,  de  fèves,  de  haricots, 
les  coquilles  d'œufs,  le  gazon  séché,  le 
marc  de  vendange,  donnent  de  très  bonnes 
cendres. 

Le  sel  qui  so  dépose  dans  la  lessive  ré 
duite  s'appelle  saîiu;  blanchi  par  la  calcina  - 
lion,  il  prend  le  nom  de  potas?-c.  Le  sel  des 
cendres  de  plantes-marines  s'appelle  soude. 
Les  cendres  de  bonne  qualité  doivent  pro- 
duire dix  hvres  de  potasse  par  cent  livres. 
Les  cendres  de  bois  résineux  donnent  très 
peu  de  salin;  celles  du  bois  pourri  en  four- 
nissent en  abondance.  Les  cendres  des  bois 
flottés  contiennent  d'autant  moins  de  po- 
tasse qu  ils  sont  restés  plus  long-temps  sous 
l'eau. 

Parmi  les  cendres ,  on  distingue  celles  les- 
sivées et  celles  dites  alcalines.  On  les  em 
ploie  l'une  et  l'autre  comme  engrais  :  la 
première,  de  préférence,  dans  les  lerraius 
froids  et  compacts;  la  seconde  dans  les 
lieux  bas,  humides  et  encombrés  de  plantes 
nkarécageuses.  Plus  les  plantes  sont  jeunes, 
plus  l'engrais  est  fécond;  la  qualité  des  cen- 
dres s'accroît  par  le  mélange  avec  l'huile  ou 
les  débris  d'animaux. 

CIRAGE. 

La  recftlte  qui  donne  le  cirage  de  bonne 


596 


qualité  et  au  plus  bas  prix,  doit,  sans  niiljsihle,  et  à  plusieurs  reprises,  chaque  fois 


doute,  être  préférée -,13  suivante  paraît  reu 
air  ces  deux  avantages. 

Noir  d'ivoire 5  hiJogr. 

Mélasse  de  canne  . 2      » 

Acide  sulfuriquc  à  66©  ...  .  400  gr. 
Noix  de  galle  concassée  ...  120  id. 

,  Sulfate  de  fer  , ^20  id. 

Eau 2  litres. 

La  mélasse  étant  versée  dans  un  vase  de 
la  contenance  de  dix  litres  au  moins,  on  y 
iéîaie  peu  à  peu  le  noir  d'ivoire.  Oa  fait 
Ibouillir  un  litre  d'eau  dans  laquelle  on  fait 
sifuser  la  noix  de  galle  pendant  une  heure, 
■^  que  Ton  passe  dans  un  hnge.  Dans  le  res- 
tant de  Teau,  on  dissout  le  sulfate  de  fer 
{ians  le  quart  ou  la  moitié  de  cette  dissolu- 
iSon  à  laquelle  on  ajoute  l'acide  sulfuriquc; 
îe  reste  est  mêlé  immédiatement  avec  le 
3ïoir  d'ivoire  et  la  mélasse.  On  y  ajoute  en- 
suite, peu  à  peu ,  l'acide  sulfurique,  en  agi- 
teiUcontinuellement.  Le  volume  de  la  masse 
•augmente  sensiblement  et  s'épaissit  en  même 
îlemps.  On*y  ajoute  enfm  l'infusion  de  noix 
^e  galle. 

On  obtient  ainsi  une  pâte  molle.  Si  on 
•ajoute  de  la  gomme  au  cirage,  celui-ci  se 
solidifie  par  la  com.binaison  de  la  gomm.e 
avec  l'oxyde  de  fer.  Si  on  veut  avoir  du  ci- 
Mige  liquide,  il  faut  délayer  la  pâte  dans 
îînq  litres  d'eau,  l'agiter  et  la  verser  rapi- 
ècement dans  des  bouteilles. 

Le  noir  animal  doit  être  choisi  du  plus 
ieau  noir  possible  et  être  bien  pulvérisé; 
(S'est  de  sa  qualité  que  dépend  la  beauté  du 
«îirage.  L'indigo  est  employé  pour  donner  un 
îon  bleuâtre  au  cirage,  mais  "l'élévation  de 
son  prix  ne  permet  pas  d'en  faire  toujours 
Bsage.  On  peut  le  remplacer  avantageuse- 
ment par  le  sulfate  de  fer  et  la  noix  de  galle 
fui  produisent  à  peu  près  le  môme  résultat. 
Quand  on  ajoute  des  matières  gra.sses  au 
-sirage,  il  faut  les  délayer  avec  le  noir  et  la 
mélasse  avant  d'ajouter  l'acide  sulfurique, 
autrement  elles  se  sépareraient  et  produi- 
iraient  un  mauvais  effet.  On  peut  remplacer 
îa  mélasse  par  de  la  fécule  que  l'on  fait 
Isouillir  avec  uu  mélange  d'eau  et  d'acide 
r>alfurique. 

saiENS  EMPOISONNÉS.    (Moyen  de  guérir 

les). 

Imprégner  un  linge  d'eau  de  javelle,  ou 
asseux  de  solution  de  chlore,  et  la  faire  res- 
3>îrer  à  l'animal  en  la  plaçant  sous  le  nez  et 
i^resque  dans  la  bouche;  lui  faire  couler  dans 
!a  bouclie  ou  lui  faire  avaler,  si  cela  est  pos- 


un  quart  de  verre  d'eau  dans  laquelle 
on  aura  versé  plein  un  dé  à  coudre  d'eau 
de  javelle  ou  de  solution  de  chlore;  conti- 
nuer ce  moyen  jusqu'à  ce  que  l'animal 
puisse  se  lever,  le  soigner  ensuite  et  lui  don- 
ner un  peu  de  lait.  Il  faut  renouveler  sou- 
vent l'eau  de  javelle  sur  le  hnge.  M.  Pisto- 
rius,  pharmacien,  qui  indique  ce  remède, 
en  a  fait  lui-même  l'expérience,  et  a  obtenu 
la  parfaite  guérison  de  l'animal  ainsi  traité. 

BRE'J  VAGES  POUR  LES  ANIMAUX  MALADES. 

10  Breuvage  adoueissant  simple. 

Gomme  arabique 2  onces. 

Miel 4       id. 

Eau  commune 1  pinte. 

On  fait  dissoudre  la  gomme  et  le  miel  dans 
l'eau.  La  gomme  peut  être  remplacée  par  des 
décoctions  de  graine  de  lin,  de  guimauve  ou 
de  réglisse  ;  on  peut  aussi  y  ajouler  des  tètes 
de  pavots,  pour  communiquer  à  ce  breuvage 
des  propriétés  calmantes  ;  dans  ce  cas ,  il  faut 
environ  4  têtes  par  litre  de  breuvage.  On  l'em- 
ploie pour  combattre  les  inflammations  aiguës 
de  l'estomac  et  de  l'intestin  des  chevaux. 
2o  Breuvage  fompérant  simple. 

Feuilles  ('•?  bourrache.   ...    6  onces. 

Oximel  simple 8       id. 

Eau  commune 2  litres. 

On  fait  d'abord  infuser  la  bourrache  pen- 
daat  une  heure  ;  on  passe  le  liquide  à  travers 
un  linge,  et  on  ajoute  ioximel. 

3o  Breuvage  contre  les  mélcorisnlions  (gonfle- 
ment) des  bêtes  à  cornes. 

40  Ammoniaque  liquide 4  gros. 

Eau  froide 2  litres. 

On  administre  ce  breuvage  à  grosses  gor- 
gées, et  on  le  renouvelle  plusieurs  fois,  si  cela 
est  nécessaire,  dans  la  même  journée. 

20  Eau  de  javelle 1  cuillerée. 

Lessive  de  cendre i  pinte. 

Faire  avaler  très  vite  cette  potion. 
4o  Breuvage  stimulant. 

lo  Extrait  do  genièvre 2  onces. 

Thériaque 4  gros. 

Vin  vieux 1  pinte. 

On  délaie  le  tout  dans  le  vin  tiédi,  et  on 
le  fait  boire,  en  une  seule  fois,  à  l'animal.  Ce 
breuvage  convient  aux  femelles  qui  ont  un 
accouchement  laborieux  par  faiblesse. 

2o  Menthe  poivrée 2  onces. 

Camomille  romaine. 4  gros. 

Eau  commune 3  livres. 

Faire  prendre  cette  infusion  chaudement. 
So  Breuvage  contre  les  coliques  et  les  indi- 
gestions 
Fleurs  de  tilleul i  onceetdemie 


Elhcr  sulfuriqne.    ...    4  gros. 
Eau 1  pinte. 

On  fait  infuser  les  fleurs  de  tilleul,  et  quand 
le  liquide  est  froid,  on  y  ajoute  l'élher.  Ce 
breuvaîje  doit  être  pris  en  une  fois  ;  on  le 
renouvelle  au  besoin. 

6"  Breuvage  tonique. 

Racine  de  gentiane.  ...    2  onces. 

Petite  centaurée 1      id. 

Absinth» 4  gros. 

Eau  commune 1  pinte  et  dem. 

Faire  bouillir  le  tout  jusqu'à  réduction  d'une 
ipinte,  tirer  au  clair- et  faire  avaler  tiède. 
70  Breuvage  anti-putride. 

lo  Quinquina  jaune  concassé..  .  3  onces. 

Acétate  d'ammoniaque 4    id. 

Camphre 1  gros. 

Eau 2  pintes. 

Faire  une  décoction  avec  le  quinquina ,  la 
tirer  à  clair,  et  y  ajouter,  quand  elle  est  froide, 
l'acétate  et  le  camphre,  préalablement  divisé 
dans  un  jaune  d'œuf;  on  fait  prendre  ce  breu- 
vage en  deux  doses  danla  journée.  I!  convie  nt 
surtout  dans  le  traitement  des  maladies  char- 
bonneuses. 

2o  Racine  de  gentiane 1  once. 

Ecorce  de  chêne 1     id. 

Camomille  ror.^aine 6  gros. 

Eau  commune 3  livres. 

Acide  sulfurique 2  gros. 

On  fait  une  décoction  avec  la  racine  et  l'é- 
corce,  on  ajoute  sur  la  fin  la  camomille ,  on 
couvre  le  vase,  et  quand  le  breuvage  est  re- 
froidi on  le  passe  à  travers  un  linge,  et  on 
ajoute  l'acide  sulfurique. 

8.  Breuvages  purgatifs. 
îo  Pour  le  cheval  : 

Aloës  succotrin  en  poudre.  .    1  once. 
Sulfate  de  soude  ou  de  magné- 
sie  4     id. 

Eau 1  pinte. 

2»  Pour  le  bœuf: 

Sulfate  de  soude.  ...    12  onces. 
Décoction  de  graine  de 

lin 1  pinteetdem. 

Donner,  en  une  seule  dose,  le  matin  à  jeun. 
3o  Pour  la  chèvre  : 

Séné 2  gros. 

Sirop  de  Nerprun 2  onces. 

Eau 1  verre. 

Faire  infuser  le  séné,  passer  à  travers  un 
linge  et  ajouter  le  sirop. 

90  Breuvage  vomitif  pour  les  chiens. 

Émétique 2  grains. 

Eau  distillée 1  demi  verre. 

Faire  avaler  en  une  fois. 

lOo  Breuvage  diurétique. 

Sel  de  nitre 1  once. 

î>écoction  de  graine  de  lin.    1  pinte. 


i3r 

Faire  avaler  en  une  fois,  et  répéter  la  dose 
s'il  y  a  lieu. 

Ho  Breuvage  calmant  et  narcotique. 

Extrait  aqueux  d'opium.  .  .  2  gros. 

Décoction  d'orge i  pinte. 

Miel 4  onces. 

A  prendre  en  une  dose. 

12o  Breuvage  sudorifique. 

Foie  d'antimoine 1  once. 

Infusion  de  fleur  de  sureau.    1  pinte. 

Miel 2  onces.- 

A  prendre  en  une  fois. 
130  Breuvage  vermifuge  pour  le  cheval. 

Huile  empyreumatique 

animale 1  once  et  demie» 

Racine  de  fougère  mâle.  2  onces. 

Eau  commune 2  pintes. 

Miel 2  onces. 

Jaune  d'œuf. 2     id. 

Faire  bouillir  la  racine  dans  l'eau  jusqa'à 
réduction  de  moitié;  passer,  délayer  dans  la 
décoction   le  miel  et  l'huile  ,  préalablement 
mêlée  avec  les  jaunes  d'œufs,  et  (a.[  re  nendre 
en  une  seule  dose. 

140  Breuvage  vermifuge  pour  le  chien. 

Mousse  de  Corse 1  once. 

Huile  empyreumatique. .  .    10  gouttes. 

Alcool 4  gros.       ♦ 

Eau  commune 1  verre. 

Faire  infuser  la  mousse,  passer,  ajouter 
l'huile  délayée  dans  l'alcool,  et  faire  avaler  eu 
une  fois.  Le  lendemain  on  purge  avec  uaa 
once  d'huile  de  ricin. 

Ces  recettes  sont  indiquées  dans  les  ouvrages 
publiés  par  MM.  Bourgelat,  Moirond,  Lebasi 
et  Yatel. 

CALORIFÈRES. 

Ce  nom ,  pris  dans  sa  plus  grande  généra- 
lité, appartient  à  tous  les  appareils  propres  à 
échauffer  les  appartemens,  les  étuves,  ate- 
liers, etc.;  mais  généralement,  on  le  réserve 
aux  appareils  destinés  à  échauffer  de  grande 
masses  d'air  dans  un  espace  fermé ,  et  à  lea 
porter  ensuite  dans  les  lieui  où  elles  doivent 
être  utilisées.  Ils  conviennent  surtout  aux  ma- 
nufactures et  aux  édifices  publics. 

On  emploie  trois  sortes  de  calorifères:  les  ca- 
lorifères à  air,  à  vapeur,  h  eau  chaude-  Les  pre- 
miers se  composent  d'une  chambre  de  cna'Tage 
et  de  tuyaux  destinés  à  porter  l'air  échauffé  et 
la  fumée  ;  la  seconde  d'une  chaudière  pour  la 
production  de  la  vapeur,  et  de  tuyaux  de  con- 
duite, de  condensation  et  de  dégorgement  ;  les 
derniers  sont  formés  d'une  chaudière  et  de 
tuyaux  dans  lesquels  l'eau  bouillante  se  renou— 
velle  lorsqu'elle  a  cédé  à  l'air  ambiant  ïuxtt 
quantité  déterminée  de  sa  chaleur. 

Dans  ces  trois  systèmes ,  on  peut  obtenir  les 


138 

mêmes  effets  de  la  môme  quantité  de  combus- 
tible ,  quand  les  surfaces  de  chauffe  sont  de 
dimensions  convenables.  Cependant,  les  calo- 
rifères à  vapeur  ont  sur  ceux  à  air  chaud  l'a- 
vantage de  conserver  une  température  à  pou 
près  constante  dans  toute  l'étendue  de  leurs 
tuyaux,  et  de  ne  jamais  échauffer  l'air  qu'à 
une  température  inférieure  à  100  degrés.  Les 
calorifères  à  eau  chaude  sont  plus  compliqués 
que  les  deux  autres  modes;  les  tuyaux  sont 
beaucoup  plus  chargés,  mais  comme  ils  con- 
servent fort  long-temps  la  chaleur,  on  en  a 
t'ait  une  heureuse  application  à  riucubation 
artificielle  des  œufs,  et  à  l'enlretien  d'une 
température  moyenne  dans  les  serres. 

Les  tuyaux  à  travers  lesquels  on  fait  circuler 
'air  chaud,  la  vapeur  ou  l'eau  bouillante, 
sont  en  fonte  ou  en  cuivre.  La  fonte  élanl  sus- 
ceptible de  tacher  les  tissus,  on  n'emploie  que 
'*  cuivre  dans  les  fabriques  d'étoffes  ;  mais 
Jans  tout  autre  cas,  il  vaut  mieux  employer 
la  fonte,  parce  que  'e  cuivre  échauffé  répand 
une  odeur  désagréable  et  malsa-ine.  La  dépense 
est  à  peu  près  la  même  pour  les  deux  métaux. 

INCENDIES. 

M.  Gaudin,  calculateur  au  bureau  des  lon- 
gitudes a  fait  des  recherches  qui  l'ontmcnéàla 
découverle  d'un  procédé  pour  se  rendre  maî- 
tre des  incendies.  Ce  procédé  consiste  à  répan- 
dre sur  les  matières  enflammées  une  dissolu- 
/tion  de  chlorure  de  calcium. 

roRCS  (  Nourriture  des). 

M.  Payen  a  fait  des  expériences  sur  la  nour- 
riture des  porcs  de  diverses  variétés  avec  des 
■substances  animales.  On  avait  déjà  rcmaïqué 
jjue  la  chair  musculaire  donnée  crue  rend  la 
chair  des  porcs  molle  et  non  susceptible  d'être 
conservée  par  la  salaison;  M.  Payen  a  constaté 
que  l'influence  de  la  viande  cuite  est  toute  dif- 
férente et  présente  l'avantage  d'engraisser  ces 
animaux  bien  plus  proraptement  que  les  sub- 
«lances  végétales  ,  et  de  donner  à  leur  chair 
-d'excellenlcs  qual.tés.  D'après  ces  essais,  il  est 
reconnu  que  la  variété  dite  du  Hampshire,  pré- 
férée déjà  par  MM.  SLigendie  et  Yvart,  s'cn- 
treJient  pendant  la  croissance  même  ,  à  l'état 
g^pas,  et  que  la  chair  est  d'une  qualité  supé- 
rieure, soit  fraîche,  soit  salée,  à  celle  des 
j>ows  soumis  à  tout  autre  régime  alimentaire. 
Chez  M.  Payen,  l'engraissement  des  porcs  a 
lieu  avec  la  chair  des  chevaux  abattus  ,  mise 
immédiatement  dans  un  autoclave  à  vapeur 
pour  en  opérer  la  cuisson  ;  il  en  résulte  que 
celle  chair  n'est  ni  pulrébée  ni  repoussante; 
M.  le  I)sron  Larrey  lui  a  même  trouvé  une 
apparence  égale  à  celle  du  bouilli  sortant  du 
vase  dans  lequel  il  a  été  cuit.  M.  Payen  em- 
ploie au  même  usage  différentes  parties  des 
.  moutons,  uotammenl  les  tètes,  qui  étant  con- 
^SÊommées  en  moindre  proportion  que  les  côte- 


lettes et  les  gigots,  restaient  sans  autre  em- 
ploi que  l'extraction  de  la  graisse  et  des  os. 

I3'aprcs  ces  essais ,  qui  sont  pleinement  jus- 
tifiés par  l'expérience,  il  n'y  a  aucun  doulc 
qu'on  peut  utiliser  avec  profit,  de  cette  ma- 
ni*.'re,  les  matières  qui  sont  quelquefois  per- 
dues dans  les  élablissemens  agricoles,  et  qu'on 
peut  améliorer  la  nourriture  végétale  et  usuelle, 
en  y  ajoutant  une  proportion  quelconque  de 
chair  et  de  tendons  cuit'S. 

DÉLITS  IIURACX. 

Le  flélil  (le  dépaissancc  dans  un  bois  ne 
peut  êlre  excusé  sous  prctoxlc  que  le  bois 
était  défcnsable,  ou  que  le  propriélaire  des 
moulons  était  fondé  en  titre. 

(Arrêl,  Cass.  5  septembre  1835.) 

Le  fait  de  glanage  dans  un  champ  ouvert 
non  encore  eiiticremcnl  dépouillé  de  sa  ré- 
colte, no  peut  être  excusé  sous  prétexte  que 
le  propriétaire  avait  permis  aux  glaneurs  de 
s'y  introduire. 

(Arrêt,  Cass.  5  septembre  1835.) 

voiTURKS  PUBLIQUES  (Entrepreneurs  de). 

Ne  peuvent  être  considérées  comme  voya- 
geant à  petites  journées  les  voitures  publi- 
ques partant  à  jour  et  heure  fixes  et  par- 
courant plus  de  dix  lieues  de  poste,  dont 
sept  sur  une  route  de  poste  :  les  entrepre- 
neurs de  ces  voitures  sont  dès-lors  assujétis 
au  paiement  de  Findemnité  fixée  par  la  loi 
du  15  ventôse  an  XIIÎ. 

(Cour  de  cassation,  27  mars  1835). 

DESTRUCTIOX   DES   SOURIS   DES  CHAMPS, 

Il  suffit  de  mélanger  de  la  noix  vomique 
finement  râpée  et  non  pilée  avec  le  double 
de  farine  de  nia'is  ou  de  froment  fraîche.  Oi> 
pose  cette  composition  de  place  en  [dace,  et 
ce  mo- en  arrête  les  ravages  avec  efficacité. 

MASTIC   POUR   LES  BOUTEILLES. 

KixWairche     1     en  égale  proportion. 
RougïSePrusse  î  de  chacun  un  huiWème. 
UTILITÉ  DU  TOURXESOL. 

Celte  plante,  dont  les  semences  sont  oléa=' 
gineuses,  produisant  en  même  temps  beau- 
coup de  bois,  est  un  des  plus  utiles  combus- 
til)lc?pour  iespetiles  métairies.  On  prétend 


que  les  tournesols  exhalant  une  grande  i 
quantité  d'oxygène,  si  ou  les  cultive  en 
grand  dans  les  contrées  les  plus  malsaines, 
ils  préservent  des  fièvres  les  habit  ans  des 
contrées  marécageuses.  Plantés  dans  uu  sol 
fumé  avec  des  débris  d'animaux ,  ils  for- 
ment beaucoup  de  salpêtre-,  dans  un  sol 
maigre  et  fumé  avec  des  matières  végétales, 
ils  se  chargent  d'une  grande  quantité  d  hy- 
drochlorate de  potasse.  En  Prusse,  sur  un 
arpent,  on  récolte  une  quantité  de  tiges, 
qui,  par  la  combustion,  fournissent  88  li- 
vres de  potasse  blanche,  c'est-à-dire  dix 
fois  plus  que  il'en  donnerait  un  poids  de  bois 
dur  dix  fois  plus  considérable.  11  faut  écos- 
ser  la  graine  sous  un  moulin  à  écosse  avec 
Ijlô  de  vesces  :  le  résidu  que  laisse  l'ex- 
traction de  riiuile  est  une  bonne  nourriture 
pour  la  volaille.  Les  graines  de  tournesol 
donnent  40  0[0  d'huile.  On  peut  planter  au- 
tour des  tiges  de  tournesol  des  petits  pois. 
On  enlève  les  branches  latérales  et  les  feuil- 
les flétries,  et  l'on  ne  laisse  subsister  qae 
les  plus  grosses  fleurs. 

CACHOU,  suc  résineux,  extrait  de  la  noix  de 
l'arec  (acac/a  cathecu). 

Il  y  en  a  de  trois  espèces  :  le  cachou  rou- 
geâlre,  le  brun  et  le  brun-foncé.  Le  cachou 
est  très  astringent  :  il  convient  dans  les  ca- 
tarrhes et  les  héraorrhagies.  On  en  fait  du 
sirop,  des  pilules,  des  pastilles  dans  les- 
quelles ou  l'associe  à  diverses  substances 
amères  ou  aromatiques.  Les  pilules  sont 
prescrites  dans  les  diarrhées,  la  dyssenterie. 
Ou  les  prépare  en  les  mêlant  avec  moitié  de 
sucre  et  de  l'eau  gommée;  on  y  mêle  aussi 
de  l'iris  dont  le  cachou  a  le  goût,  de  la  vio 
lette,  de  l'ambre  gris,  de  la  fleur  d'oranger, 
de  l'esprit  de  vanille,  de  l'essence  de  can- 
nelle et  de  la  cannelle  en  poudre. 

Le  cacliou  en  décoction  donne  une  belle 
couleur  dont  les  nuances  varient  depuis  le 
jaune  feuille-morte  jusqu'au 'brun-savoyard, 
suivant  que  la  décoction  est  plus  ou  moins 
concentrée.  On  la  fixe  sur  le  colon,  la  soie 
et  la  toile,  au  moyen  des  sels  de  cuivre  et 
des  nitrates  qu'on  emploie  ordinairement 
dans  les  terres. 

ÉDUCATION  DES  ABEILLES. 

Les  ruches  en  mauvais  état  et  sans  miel 
cOLtLnnent  un  grand  nombre  de  bourdons; 
a  réunion  des  abeilles  d'une  ruche  trop 
pleine  à  une  ruche  faible]  a  pour  résultat 
de  rendre  celle  Ueriiière  rucîie  mcapahie  de 


139 

supporter  le  surcroît  de  population.  Dans- 
une  bonne  ruche,  le  nombre  ajoute  à  la 
prospérité,  et  le  nombre  des  différentes 
abeilles  est  uu  rapport  convenable;  dans 
une  ruelle  pauvre,  le  malaise  produit  un 
effet  tout  différent,  les  abeilles  s'y  détrui- 
sent les  unes  les  autres. 

Si  les  abeilles  sont  placées  en  quartier 
d'hiver  convenable,  elles  restent  complète- 
ment engourdies  et  eu  léthargie  pendant 
cette  saison.  Le  choix  d'une  bonne  exposi- 
tion pour  l'hiver  exerce  d'ailleurs  une  grande 
influence  sur  les  succès  du  printemps  et  de 
1  été  suivans.  En  plaçant  les  ruches  dans  uu 
endroit  froid  et  sec,  exposé  au  nord,  loin 
du  bruit  et  des  odeurs  désagréables,  les 
abeilles  restent  engourdies  tout  l'hiver.  Il 
faut  aussi  les  préserver  des  changemens 
soudains  dans  l'air  atmosphérique;  ces  tran- 
sitions nuisent  beaucoup  aux  ruches,  en  leur 
faisant  contracter  une  mauvaise  odeur;  en 
outre,  tous  ces  changemens  sont  préjudi- 
ciables aux  abeilles.  Si  ces  dernières  restent 
dans  le  même  lieu  en  tout  temps,  l'humidité 
et  la  chaleur  de  l'atmosphère  les  font  sor- 
tir parfois  de  leur  engourdissement;  elles 
mangent  trop  tôt  le  miel,  et  avant  que  la 
saison  des  fleurs  soit  arrivée,  u,écessaire- 
ment  al-ors  elles  souffrent;  elles  s'' exposent  â 
Tair  quand  le  soleil  échauffe  la  ruche,  et 
souvent,  subitement  saisies  par  le  froid, 
elles  tombent  par  milliers  sur  la  terre  et  de- 
viennent la  proie  des  poules,  des  oiseaux. 

Machine  pour  répandre  la  cJiaux. 

Celte  machine,  inventée  par  M.  Normand, 
a  la  forme  d'un  tombereau  léger;  et  sur  le 
cyhndre  qui  sert  d'essieu  se  trouve  une  auge 
ou  trémie  qui  embrasse  toute  la  largeur  de 
la  voiture,  et  dans  laquelle  le  conducteur 
du  cheval  verse  la  chaux  à  mesure  que  la 
trémie  se  désemplit.  Devant  cette  caisse  est 
un  petit  tqur  qui  tient  un  régulateur  destiné 
à  élargir  ou  à  diminuer  l'ouverture;  devant 
et  derrière  est  un  plancher  pour  tenir  les 
sacs  de  chaux,  et  les  vider  sans  descendre 
de  voiture.  En  y  adaptant  d'autres  cyhKdres, 
cette  machine  peut  également  servira  toute 
espèce  de  semailles.  Traîné  au  pas  ordinaire 
d'un  cheval,  il  paraît  que  ce  semoir  répand 
20  hectolitres  de  chaux  éteinte  sur  2  hec- 
tares en  1  heure.  Le  prix  de  cette  machine, 
à  flèche  (pour  chevaux)  ou  à  brancards 
(pour  bœufs),  est  de  250  francs.  On  la  trouve 
à  la  raanufactuje  de  M,  Jean  Raf£n,  à 
Nevers. 


140 


REPERTOIRE  PROFESSIOIM^EL- 


I.  AGRICULTURE. -II.  ARTS  LIBERAUX. -III.  COMMERCE. 


PRAIRIES  ARTIFICIELLES  (  Plâtrage  des  ). 

Tous  les  cultivateurs  connaissent  reffica- 
cité  de  ce  mode  de  fécondité,  mais  tous  ne 
savent  pas  dans  quelle  proportion  il  faut 
l'employer.  Le  plâtre  agit  pluspromptement 
et  d'une  manière  plus  efficace,  selon  qu'il 
est  réduit  en  poudre  plus  ou  moins  fine.  Il 
résulte  d'expériences  nombreuses,  qu'ainsi 
préparé  et  répandu  à  raison  de  3  à  400  li- 
vres par  hectare,  il  produit  tout  l'effet  dé- 
sirable. Des  trèfles  plâtrés  avec  120  livres 
seulement  par  hectare  étaient  de  très  peu 
inférieurs  à  d'autres  dans  les  mêmes 
pièces,  sur  lesquels  on  avait  répandu  le 
même  amendement  dans  la  proportion  de 
240,  360  et  480  livres,  et  qui  tous  étaient 
magnifiques,  tandis  que  la  partie  non  plâ- 
trée n'était  pas  fauchable.  On  peut  réduire 
à  200  ou  250  livres  la  quantité  à  répan-dre 
sur  les  vesces  ou  autres  plantes  qui  ne  doi- 
vent donner  qu'une  seule  coupe. 

Le  moment  le  plus  convenable  pour  le 
plâtrage  des  prairies  arfificielks  est  lorsque 
les  feuilles  des  plantes  sont  déjà  assez  dé- 
veloppées pour  retenir  la  pouse;ière  du  plâ- 
tre, lorsqu'elles  commentent  à  couvrir  le 
terrain,  c'est-à-dire  vers  la  fin  d'avril  ou  les 
premiers  jours  de  mai;  l'on  doit  choisir  un 
temps  calme  et  autant  que  possible  le  malin 
ou  le  soir,  quand  les  plantes  sont  couvertes 
de  rosée. 

îl  est  indifférent  que  le  plâtre  soit  cru  ou 
cuit.  La  cuisson  ne  fait  que  lui  enlever  l'eau 
de  la  cristallisation  qu'il  renferme,  et  lui 
laisse  les  autres  éléraens  constitutifs;  de 
sorte  qu'une  quantité  de  100  livres  de  plâ- 
tre, réduite  après  la  cuisson  à  69  livres,  n'a 
perdu  que  21  livres  d'eau  qui  se  sont  éva- 
porées pendawt  cette  opération. 

Pour  s'assurer  si  le  plâtre  vendu  comme 
étant  pur  ne  contient  pas  un  mélange 
de  pierre  ou  de  craie,  on  jette  la  substance 
dans  eu  vinaigre;  si  le  plâtre  est  pur  l'effer- 
vescence est  légère;  elle  est  vive  si  la  craie 
domine. 

Algue. 

On  comprend  sous  ce  nom  les  plantes 
lûarines  qui  sont  rejetées  par  les  flots,  c'est- 


à-dire  une  réunion  de  coiiferves,  d'ulves,  de 
fucus  et  surtout  de  varces,  dans  laquelle  il 
se  trouve  beaucoup  (î'animaux  marins  morts 
et  même  putrifiés.  C'est  en  en  brûlant  ces 
plantes  qu'on  en  obtient  des  cendres  qui, 
étant  à  deral-fondues,  portent  le  nom  de 
soude  bryte  naturelle.  Quand  ces  cendres 
sont  lavées  et  évaporées,  le  résidu  de  l'éva- 
poration  porte  le  nom  de  soude  naturelle  : 
elle  est  inférieure  aux  sels  de  soude  arti- 
ficiels. 

Les  algues  sont  plus  généralement  em- 
ployées comme  engrais,  et  alors  on  les  stra- 
tifié à  leur  sortie  de  la  mer  avec  de  la  terre 
blanche,  par  couches  alternatives  de  6  pouces 
chaque.  Afin  d'accélérer  la  décomposition 
et  augmenter  l'action  de  ces  lits  d'algues, 
on  les  saupoudre  de  chaux.  On  peut  égale- 
ment en  faire  des  tas  d'une  grosseur  quel- 
conque, en  ayant  soin  de  battre  l'extérieur 
pour  le  rendre  uni  et  imperméable  à  l'eau 
des  pluies.  La  fermentation  qui  s'établit 
à  l'intérieur  et  la  décomposition  qui  la  suit 
produisent  au  bout  d'une  année  un  excel- 
lent engrais  propre  à  toute  espèce  de  terre. 
Lorsqu'on  ne  met  pas  de  chaux,  il  faut  ar- 
roser fortement  le  tas  pendant  les  chaleurs, 
et  l'on  est  quelquefois  obligé  alors  d'atten- 
dre deux  ans  pour  arriver  au  môme  ré- 
sultat. 

Cette  espèce  d'engrais  est  si  énergique 
qu'il  fait  parfois  verser  ces  grains,  mais  il 
est  facile  d'en  tempérer  l'activité  en  le  ré- 
pandant en  moindre  quantité  et  à  des  épo- 
ques plus  reculées. 

CAPRIER  (  culture  du  ). 

La  culture  des  câpriers  est  simple;  un 
labour  au  printemps  leur  suffit  ;  en  automne, 
pour  les  abriter,  on  coupe  les  montans  à 
environ  6  pouces  de  terre ,  et  l'on  couvre 
toute  la  plante  avec  la  ferre  des  entre-deux; 
on  la  laisse  tout  l'hiver  sous  ces  abris.  An 
printemps,  on  les  découvre,  on  les  tail- 
le encore,  c'est-à-dire  qu'on  finit  par  recou- 
vrir les  vieux  jets  jusqu'au  haut  du  collet 
des  plantes,  qui  bientôt  en  repoussent  do 
nouvelles;  ils  ne  tardent  pas  à  fleurir  an 
commencement  de  l'été ,  et  continuent  4 


porter  des  flears,  tant  que  les  fraîcheurs 
(les  nuits  ue  ressèrent  pas  leur  sève. 

Tous  les  matins  on  recueille  les  boutons, 
parce  que  la  grosseur  de  la  câpre  en  dimi- 
nue la  valeur;  une  fois  avancées  et  grossies, 
elles  ne  sont  bonnes  que  pour  être  hachées 
étant  trop  dures  si  on  les  laissent  en- 
tières. Quelques  précautions  qu'on  apporte 
dans  la  cueillette,  il  y  a  toujours  des 
fleurs  qui  échappent  et  fleurissent;  on  les 
laisse  venir  en  graines,  et  lorsque  les  cap- 
sules encore  vertes  et  grosses  comme  une 
ehve  sont  assez  fortes,  on  les  cueille  et 
on' les  confit;  elles  forment  alors  le  corni- 
chon-câpre. 

A  mesure  que  Ton  apporte  ces  récoltes 
jouruahères,  on  Mes  jette  dans  des  ton- 
neaux remplis  de  vinaigre,  où  Ton  ajoute 
un  peu  de  sel  pour  empêcher  que  la  partie 
aqueuse  du  bouton  n'affaiblisse  le  vinaigre, 
et  ces  différentes  récoltes  passent  des  mains 
des  cultivateurs  dans  celles  des  saleurs 
comnierçans. 

La  simplicité  de  la  culture  de  cette  plante 
doit  en  faire  répandre  Tusage;  elle  réussi- 
rait dans  les  jardins,  plantée  au  pied  des 
murailles  exposées  au  midi;  en  hiver,  on 
pourrait  la  couvrir  avec  des  cosses  de  pois 
ou  de  la  paille.  Si  on  plaçait  les  câpres  au  pied 
des  murs,  on  devrait  toujours  les  rabattre 
avant  les  pois,  les  butter  abondamment  de 
paille ,  et  les  recouvrir  d'une  couverture 
quelconque  qui  les  garantit  de  la  trop  grande 
humidité.  Au  moyen  de  cette  culture  en 
petit,  chacun  pourrai-t  aisément  recueillir  sa 
provision. 

Dans  la  culture  en  grand,  ou  dans  les 
plantations  en  rase  campagne,  on  place  les 
câpriers  en  quinconce,  à  environ  10  pieds 
de  distance  les  uns  des  autres;  comme  ils 
multiplient  beaucoup,  que  la  motte  grossit 
continuellement  par  des  œilletons  qui  s'ap- 
pliquent to-ujours  aux  rejetons  précédens, 
l'on  s'en  procure  la  plante  en  déchargeant 
les  mères.  Les  plantations  réussissent  pres- 
que toujours,  la  plante  craignant  peu  la  sé- 
cheresse et  la  chaleur;  elle  redoute  un  froid 
trop  fort  et  surtout  l'ombre. 

ENGRAIS  LIQUIDES. 

Nous  avons  déjà  consacré  plusieurs  arti- 
cles aux  diverses  sortes  d'engrais  qui 
peuvent  être  employées  avec  efficacité  dans 
les  cultures  de  toutes  sortes;  mais  l'impor- 
tance de  ce  sujet  nous  engage  à  communi- 
quer à  Hîs  lecteurs  tous  les  procédés  nou- 


141 

veaux  qui  peuvent  apporter  quelque  amé- 
lioration dans  les  travaux  si  honorables  et 
si  peu  lucratifs  de  l'agriculture  pratique. 

Dans  un  grand  nombre  de  localités,  il 
existe  des  eaux  pourries,  corrompues,  ou 
qui  ont  fermente  avec  quelques  substances 
animales  ou  végétales,  et  qu'on  nomme 
eaux  végétatives.  Le  plus  ordinairement  on 
les  emploie  mal  à  propos  pour  abreuver  les 
besîiaux,  tandis  qu'elles  seraient  plus  utile- 
ment employées  sur  les  prés  et  les  champs , 
selon  le  besoin. 

Toutes  les  eaux  stagnantes  ou  sans  mou- 
vement, qui  existent  en  petite  quantité  dans 
les  mares,  au  fond  des  fossés  et  dans  quel- 
ques étangs,  renferment  dc«  matières  ani- 
mables  et  des  substances  végétales  plus  ou 
moins  corrompues  ou  décomposées ,  propres 
également  à  fertiliser  le  sol.  Les  cultiva- 
teurs, à  la  portée  desquels  ces  mares  ou 
fossés  se  trouvent,  pourraient  y  déposer  les 
mauvaises  herbes  qui  nuisent  â  leurs  récol- 
tes, telles  que  les  chardons,  les hièbles,  etc., 
quinze  à  vingt  jours  dans  les  temps  chauds, 
ug  mois  ou  deux  dans  d'autres  temps  suffi- 
raient pour  convertir  ces  matières,  par  la 
fermentation,  en  un  bon  engrais  dont  la  force 
serait  proportionnée  à  la  quantité  des  ma- 
tières ajoutées  à  l'eau.  On  pourrait  aussi  se 
servir  avec  avantage  des  eaux  corrompues 
pour  arroser  le  fumier  trop  sec,  et  pour 
humecter  les  engrais  desséchés  ou  les  com- 
posts. 

(Les  composts  sont  des  engrais  formés 
avec  de  la  terre,  du  fumier,  un  peu  de 
choux  et  de  mauvaises  herbes.  Quand  ce 
mélange  est  fait,  on  'arrose  immédiate- 
ment, puis  tous  les  quinze  jours.  Six  se- 
raîiaes  ou  deux  mois  après  le  mélange,  on 
le  remue,  afin  d'en  bien  mêler  toutes  les 
parties;  puis  on  continue  l'arrosement  comme 
avant.  Quatre  ou  six  mois  dans  la  belle  sai- 
son suffisent  pour  bien  préparer  cet  engrais, 
que  l'on  emploie  de  La  même  manière  que 
les  fumiers  ordinaires. ~1 

Les  eaux  grasses  de  c-iiisines,  de  lessives, 
de  savonneries,  de  sucreries;  celles  prove- 
nant des  établissemens  dans  lesquels  on  em- 
ploie des  matières  animales  ou  des  substan- 
ces végétales,  renferment  des  parties  grasses 
propres  à  être  csuverties  en  engrais  dans 
très  peu  de  temps,  car  un  commencement 
de  fermentation  suffit  pour  dégager  ou  ren- 
dre libres  les  matières  fertilisantes  qui  se 
trouvent  mêlées  à  l'eau. 

Le«  urines  des  hommes,  ainsi  que  celles 
des  grands  animaux  domestiques,  conliea- 


142 

nent  en  dissolution  ou  en  suspension  beau- 
coup de  matières  animales  muqueuses,  des 
sels  neutres,  du  souffre,  de  Taiumoniac, 
etc.,  qui  sont  autant  de  principc;s  ferlilisans 
dont  on  piiuriait  tirer  aussi  un  excellenl 
parti  en  agriculture,  avec  la  simple  précau- 
tion de  rassembler  et  de  faire  fermenter 
convenablement  ces  liquides,  pour  les  con- 
vertir en  engrais. 

L'engrais  urélique  ou  d'urines  convient  à 
'  lous  les  sols  et  à  toute  espèce  de  culture. 
Son  emploi  doit  avoir  lieu  en  forme  d'irri- 
c;alio.n,  au  moyen  d'un  tonneau  garni  de 
son  arrosoir.  Tendant  la  durée  des  chaleurs, 
c'est  le  soir  qu'il  doit  être  répandu  sur  les 
terres;  dans  les  autres  saisons,  toutes  les 
heures  de  la  journée  sont  également  pro- 
pres à  cette  opération.  Il  convient  surtout 
d'employer  ce  liquide  au  printemps,  pour 
ranimer  les  blés  el  les  seigles  qui  auraient 
souffert  en  liiver,  et  dont  la  végétation  se- 
rait languissante-,  il  convient  aussi  aux  or- 
ges et  aux  avoines  quand  elles  connnencent 
à  pousser.  Les  prairies  naturelles  et  artifi- 
cielles, au  comiiiencemenl  de  la  pousse  de 
rhcrl)e  et  après  chaque  coupe,  se  trouve- 
raient à  merveille  de  cet  engrais.  Pour  les 
semailles  d'automne,  il  doit  être  répandu 
avant  les  labours  de  semis  sur  les  terres 
légères,  et  après  les  mêmes  labours  sur 
les  terres  fortes,  pour  être  micu..  en  rap- 
port avec  les  graines  ou  semences. 

On  peut  encore  utilement  faire  us:,.,e  de  cet 
engrais  pour  les  plantes  que  Ton  cultive  dan.> 
les  jardins  el  sur  les  jachères,  eu  ayant  soin 
de  le  répandre  au  pied  de  chaque  plau!e, 
lorsqu'elle  se  trouve  isolée  comsie  dans  la 
culture  du  mais,  de  la  pomme  de  terre,  du 
choux,  etc.,  afin  que  l'engrais  soit  à  la  portée 
desracines.  Eu  général,  il  est  emplojéavec 
succès  à  !'('., il  1(1  (U-s  plantes  textiles,  connue 
le  chanvre  et  le  lin,  ainsi  (juc  pour  les  [ilanles 
oléagineuses,  comme  les  navettes  et  le  col- 
za, qui  ont  besoin,  pour  croître  et  se  déve- 
lopper, d'un  terrain  meuble,  frais  et  fer- 
tile. 

Les  eaux  naturelles  des  fumiers  consli- 
lueni  un  engrais  excellent,  qui  pourrait  être 
utile  à  la  culture,  et  qui  a  les  mêmes  ver- 
tus et  la  même  action  que  l'engrais  uré- 
tique.  Quand  les  fosses  ou  places  à  fumier 
sont  bien  élablies,  il  est  facile  d'en  rassem- 
bler les  eaux.  Un  simp-le  creux  ou  une  ci- 
terne, élabl  ià  pnoxinnté  du  fumier,  suffi-. 
rait  pour  en  recueiliir  le  liquide,  dont  on 
fait  usage  à  volonté.  Pendant  les  grandes 
chaleurs   c'esl  le  soir  et  sur  une  jeune  vé- 


gétation que  cet  engrais  doit  être  répandu. 

Non  seulement  il  ne  faut  pas  laisser  per- 
dre les  eaux  données  naturellement  par  les 
fumiers,  mais  il  serait  avanlaireux  de  cher- 
cher à  en  augmenter  la  quantité  en  lavant 
les  fumiers  avec  de  l'eau  simple,  ou  mieux 
encore  avec  de  l'eau  de  chaux  à  une  tem- 
pérature de  trente  à  qitarante  degrés.  Cette 
opération  servirait  à  dissoudre  et  entraîner 
l'humus  ou  les  parties  fertilisantes  que  l'en- 
grais renferme,  el  permettrait  de  se  servir 
de  suite  du  liquide  sur  les  terres  qui  au- 
raient le  plus  iiesoin  d'être  fertilisées.  On 
profiterait  ainsi  de  l'entrais  à  mesure  qu'il 
se  formerait,  el  on  évilerail^le  danger  de 
laisser  détériorer  les  fumiers,  comme  cela 
arrive  quand  ils  deviennent  vieux,  ou  lors- 
qu'ils subissent  une  fermentation  trop  forte 
et  trop  longue. 

Celte  opération  ne  doit  avoir  lieu  que 
trois  fois  par  an  sur  le  môme  fumier,  parce 
qu'il  faut  que  les  matières  animales  et  vé- 
gétales qui  le  composent  puissent  se  conver- 
tir en  engrais,  par  la  décomposition  que 
leur  fait  subir  la  ferraentalic«:i  végéto-ani- 
male,  qui  donne  à  l'engrais  le' caractère  de 
mucosi't'é.  Il  est  bon  d'ajouter  que  l'opéra- 
tion est  beaucoup  plus  profitable  lorsque  les 
firniiers  sont  couverts  que  lorsqu'ils  se  trou- 
vent exposés  au  soleil  et  à  la  pluie. 

MOYEN   DE  PRÉSERVER    LE.S    PLAÏNTS  D'.VR- 
TICHAUTS  DE  L' ATTAQUE  DES  MULOTS. 

Ou  enlève  avec  une  bêche,  le  plus  com- 
plètcment  possible,  la  terre  qui  entoure  la 
racine-,  on  applique  contre  celte  dernière 
une  couche  de  suie  de  deux  à  trois  pouces 
d'épaisseur,  en  commençant  par  le  bas  de 
la  racine  jusqu'au  niveau  du  socle,  puis  cm 
remet  la  terre  en  place. 

HOIITICULTURE.    VINCEMEXT  DES  PLANTES. 

C'est  par  le  pincement  que  les  fleuristes 
-parviennent  à  avoir  d'aussi  jolies  plantes 
basses,  bien  garnies  et  couvertes  de  fleurs; 
c'est  en  pinçant  les  rameaux  dans  leur  plus 
tendre  jeunesse  qu'on  ol>lieiil  ces  résultats. 

Le  pincement  consiste  à  supprimer  l'ex- 
trémité du  rameau,  et  il  a  pour  but  de  re- 
fouler la  sève  atiii  de  la  fixer  à  la  partie  in- 
férieure; en  effet,  la  sève  ayant  une  ten- 
dance naturelle  et  constante  à  se  porter  à 
la  partie  supérieure,  elle  ne  trouve  plus 
alors  de  canal  qui  facilite  son  ascension ,  et 
se  trouve  arrêtée,  refoulée  dans  la  partie 
inférieure.  Cette  déviation  du  mouvement 
ascensionnel  de  la  sève  délerraine  la  forma- 


lion  de  nouveaux  rameaux,  qui,  par  ce 
moyen,  se  niulliplioiil  à  rinfini,  el,  dans 
certaines  plantes,  deviennent  autant  de  ra- 
meaux florifères.  Quand  les  plantes  ne  sont 
point  soumises  à  cette  opération,  elles  ne 
forment,  pour  ainsi  dire,  qu'une  seule  tige 
el,  par  conséquent,  ne  donnent  que  peu  de 
fleurs,  tandis  qu'avec  le  pincement,  elles  se 
garnissent  d'un  plus  grand  nombre  de  tiges. 
Le  pincement  pcui  se  pratiquer  en  toute 
saison;  son  avantage  peut  être  considéré 
sous  deux  points  de  vue:  1.  Le  pincement 
des  plantes  qui  se  maintiennent  basses  et 
qui  ne  nécessitent  pas  ce  qu'on  appelle  rap- 
prochement; 2.  le  pincement  qui  précède 
ce  rapprochement. 

On  rapproche  une  plante,  quand,  trop 
élancée,  on  veut  la  réduire  à  une  moindre 
stature.  Il  résulte  de  ce  rapprochement  un 
développcuieut  plus  abondant  de  rameaux 
qui  rend  la  plante  plus  trapue.  ?A  on  ne 
pinçait  pas  ces  nouveaux  rameaux,  ils  pren- 
draient une  croissance  qui  occasionorait 
une  perte  de  sève  considérable,  et  qui,  au 
Keu  d'être  profitable  à  la  plante,  lui  serait 
préjudiciable. 

Si  le  pincement  a  été  bien  fait,  il  y  a  pour 
la  formation  de  la  plante  une  très  grande  fa- 
cilité,etonpeutse  dispenser  de  lui  donner des 
soutiens.  Il  est  bon,  si  cela  se  peut,  de  lais- 
ser un  ou  deux  rameaux  le  long  de  la  tige, 
à  l'effet  d'y  appeler  la  sève  et  de  la  fixer  en 
faveur  de  son  équilibre,  pour  la  régularité 
du  développement. 

En  thèse  générale,  toutes  les  fois  qu'on 
dépote  une  plante,  si  le  pot  est  enterré  ou 
posé  simplement  sur  le  sol ,  il  est  d'ordinaire 
de  remarquer  que  les  racines  aient  traversé 
le  vase   qui  les  contient  pour  s'implanter 
dans  la  terre;  après j avoir  supprimé  ces  ra- 
cines, quand  le  rempotage  est  terminé,  on 
doit  considérer  qu'il  faut  mettre  en  rapport 
la  suppression  des  racines*  avec  la  partie 
aérienne  de  la  plante;  c'est  à  cet  effet  que 
le  rapprochement  est  mis  en  usage.  Par  le 
rapprochement  on  met  les  racines  en  équi- 
libre avec  les  ramifications  aériennes,  on 
refait  un  arbuste ,  el  on  lui  donne  un  aspect 
de  vie  el  de  s,Mnlé,   parce  que,  quelque 
temps  après,  la  végétation  se  rétabht.  Une 
plante  façonnée    de    celte    sorte    fleurira 
deux  el  quelquefois  trois  années  plus  tôt 
qu'une  même  plante  à  laquelle  ou  n'aura 
point  fait  subir  cette  préparation. 

H  y  a  des  plantes  qui  ne  nécessitent  point 
le  pincement;  par  exemple,  les  pelargo- 
luum,  qai  fleurissent  abondammeot  ;  mais 


143 

elles  doivent  être  néanmoins  rapprochées 
après  la  floraison.  Cette  opération  les  rend 
infiniment  plus  beaux;  et,  au  lieu  d'avoir 
des  pieds  gigantesques,  mais  difformes  et 
sans  aspect,  on  a  de  jolis  arbustes,  bien 
faits,  régulièrement  garnis  et  se  couvrant 
de  fleurs. 

Pour  l'orancer,  le  pincement  el  quelque- 
fois le  rapprochement  deviennent  indis- 
pensables, non  compris  la  taille  babil uelle 
que  l'en  pratique  sur  cetto  essence. 

ARBRES  FRUITIERS. 

Procédé  pour  renouveler  ceux  qui  donnent  de 
mauvais  fruits. 


Beaucoup  de  propriétaires  et  de  cultiva- 
teurs font  arracher  des  arbres  fruitiers  bien 
vcnans ,  parce  qt'ils  produisent  de  mauvais 
fruits  ,  ou  n'en  donnent  que  de  tv'^s  médio- 
cres. Par  suite  d'expériences  faites  pendant 
phisieurs  années,  M.  Chasscriau,  lieutenant  de 
vaisseau  en  retraite  ,  s'est  assuré  qu'il  vaut 
beaucoup  nii-c'ux  renouveler  ces  arbres  en 
place  ,  suivant  la  méthode  du  ravalement. 

Dès  que  les  feuilles  commencent  à  tomber, 
il  faut  réduire  le  sujet,  lui  soustraire  toutes 
les  branches  qui  forment  la  charpente;  si  c'est 
une  quenouille  ,  on  scie  à  un  pouce  du  tronc 
celles  qui  convienr.«3nt  et  on  fait  disparaître 
les  autres.  On  laisse  provisoirement  une  oh 
deux  branches  supérieures,  pour  qu'au  prin- 
temps la  sève  puisse  circuler   aisément  ,   et 
donner  des  bourgeons  aux  branches  retran- 
chées et  ailleurs.  Si  c'est  un  espalier,  on  re- 
tranche également  les  branches  mères  sur  un 
drageon  de  6  pouces  de  longueur  de  chaque 
côté  et  bien  piacé  en  V  ouvert,  pour  rempla- 
cer les  deux  branches-mères  et  former  l'espa- 
lier. Il  faut  abattre  tous  les  drageons  qui  pa- 
raissent en  dehors  de  ces  deux  branches.  Tout 
ce  qui  aura  été  fixé  doit  être  parfaitement' uni 
et  poli  par  la  serpette  et  graissé  immédiate- 
ment avec  de  l'onguent  de  Saint-Fiacre,  ou 
mieux  encore  avec  celui  de  Forsyth,  pour  que 
les  plaies  se  recouvrent  d'une  nouvelle  écorce: 
il  convient  que  ces  plaies  regardent  plutôt  le 
nord  que  le  midi. 

En  automne  et  lors  des  pluies ,  on  ôte  aux 
arbres  renouvelés  leur  vieille  écorc-3  écaillée, 
sans  attaquer  le  vif,  à  moins  que  le  chancre 
et  les  insectes  qui  y  séjournent  ne  forcent  à 
agir  autrement.  Après  cette  opération,  on  lave 
avec  une  petite  brosse  forte  toutes  les  parties 
raclées,  soit  avec  du  chlorure  soit  avec  uneeaa. 
savonneuse;  ensuite  on  graisse  le  bout  avec  de 
l'onguent.  Il  faut  avoir  la  précaution  d'erjîe- 
ver  les  copeaux  provenant  de  l'arbre  ré,paré, 
car  ils  empoisonneraient  le  terre,  si  on  labourait 
par  dessus,  et  nuiraieat  aux  racines  et  aux  ra- 
cidules  des  arbres. 
Au  printemps,  lorsque  les  drageons  sont  dé- 


yeloppés  ,  on  soustrait  ceux  qui  ne  convien- 
nent pas  ou  qui  sont  mal  placés  ;  cette  opéra- 
lion  doit  avoir  lieu  pendant  tout  le  temps  de 
la  végétation.  Il  faut  également  surveiller  les 
branches  laissées ,  les  rabattre  souvent  sur  un 
ou  deux  drageons  bicu  vigoureux  et  porter 
toute  son  attention  sur  ceux  qui  doivent  for- 
mer des  branches  à  bois,  afin  de  pouvoir  les 
écussonner  en  juillet  ou  a-oùt,  à  œil  dormant  , 
de  la  qualité  du  fruit  que  l'on  désire  obtenir. 
Si  à  la  pousse  du  printemps  de  l'année  sui- 
vante les  écussons  faits  donnent  signe  de  vie 
sur  les  nouvelles  b-ranches,  on  laisse  dévelop- 
per un  ou  deux  drageons  au  dessus  de  l'écus- 
son,  pour  que  ce  dernier  pousse  avec  vigueur; 
car  si  on  laissait  l'écussou  seul  il  languirait  et 
peut-être  mourrait. 

Vers  la  lin  dejuin,  e'est-à-dire  vers  le  temps 
où  s'arrête  la  première  sève,  on  retranche  à 
un  pouce  au  dessus  de  l'écusson  des  branches 
qui  ont  été  écussonnécs  ,  ]>.irce  qu'alors  les 
écussons  sont  assez  forts  pour  vivifier  l'arbre. 
On  ne  doit  pas  négliger  les  vieilles  branches 
supérieures  ,  laissées  de  manière  à  donner 
deux  nouvelles  pousses,  pour  être  écussonnées 
l'année  suivante  ;  il  faut  aussi  refaire  les 
écussons  qui  auraient  avorté  dans  le  courant 
du  printemps.  Lorsque  toutes  les  nouvelles 
braiî  -hes  obtenues  et  écussonnées  sont  dans 
un  état  prospère,  on  détruit  tout  ce- qui  naî- 
trait du  vieux  bois. 

Ce  procédé  ,  s'il  est  bieti  exécuté,  dit  M. 
Chasseriau,  doit  être  considéré  comme  très 
économique  et  d'une  grande  ressource  pour 
les  productions.  Il  a,  en  outre,  l'avantage  de 
détruire  pour  long  -  temps  le  chancre  et  la 
mousse  qui  s'attachent,  en  général,  à  tous  les 
arbres  fruitiers. 

ANANAS. 

On  multiplie  cette  plante  par  graines,  œille- 
tons et  couronnes.  Les  graines  sont  semées 
dans  la  terre  de  bruyère  en  pots ,  et  ceux-ci 
placés  sur  une  couche  dont  l'intérieur  doil 
avoir  de  30  à  36  degrés  de  chaleur.  La  cloche 
qui  couvre  le  pot  est  elle-même  préservée  de 
l'action  trop  vive  de  la  lumière  et  du  soleil 
par  un  léger  abri  quelconque.  La  graine  étant 
très  petite  ne  doit  être  recouverte  que  de 
quelques  lignes  de  terre. 

Les  œùlctons  et  la  couronne  sont  plantés  en 
pois  ou  en  pleine  terre,  sous  châssis,  dans  un 
lit  de  terre  couiposé  de  la  manière  suivante 
et  fait  sur  une  couche  de  .30  à  36  degrés  de 
chaleur  :  terre  franche,  une  partie;  terre  do 
bruyère,  trois  parties;  terreau  ,  une  partie.  Il 
est  indifférent  que  cette  couche  soit  faite  de 
lau,  de  litière ,  de  feuilles ,  de  mousse  ou  de 
loùt  autre  matière  ;  l'essentiel  est  qu'elle  pos- 
sède la  chaleur  indiquée.  Plus  la  couche  sera 
réchauffée  ou  renouvelée  souvent,  plus  elle 
approchera  de  la  chaleur  constante  ci-dessus 
f  t  plus  il  montera  d'anauas  à  fruit. 


Ordinairement  l'ananas  à  fruit  monte  au 
14e  mois,  qHielquefois  plus  tôt  ;  mais  si  on  ne 
tient  pas  à  avoir  des  fruits  trop  tôt ,  on  peut 
ne  pas  réchauffer  ni  renouveler  les  couches  , 
les  ananas  venant  également  bien  à  une  cha- 
leur de  dix  à  douze  degrés  et  au  dessous;  ils 
ne  donnent  pas  de  fruits  dans  oe  cas  ;  mais 
quand  on  veut  en  obtenir  il  suffit  de  procu- 
rer à  leurs  racines  une  chaleur  «le  30  à  40  de- 
grés. Comme  à  celte  époque  il  leur  faut  plus 
de  nourriture,  on  les  place  dans  une  terre 
composée  d'une  partie  de  terreau  consommé  , 
d'une  partie  de  terre  de  bruyère  et  de  trois 
parties  de  terre  franche. 

La  tige  de  l'ananas  ne  produit  ordinaire- 
ment qu'un  fruit  et  qu'une  couronne;  cepen- 
dant il  est  arrive  que  cette  plante,  cultivée  en 
pleine  terre  de  couche  ,  ou  dont  les  racines 
sorties  du  pot  avaient  vécu  aux  dépens  d'une 
terre  de  cette  nature,  a  produit  jusqu'à  huit 
ou  dix  petits  fruits,  placés  immédiatement  sur 
le  fruit  principal  et  surmontés  d'autant  de 
petites  couronnes.  Quelquefois  aussi  ,  cette 
rareté  se  'produit  à  la  partie  inférieure  de  la 
tige,  tout  près  du  collet  des  raciues,  d'où  l'on 
voit  sortir  une  multitude  de  petits  ananas  sur- 
montés d'autant  de  petites  couronnes,  sans 
pour  r,s]a  cependant  que  rien  ne  se  soit  oppo- 
sé au  développement  du  fruit  principal. 

L'ananas  doit  indispensablement  être  culti- 
vé sous  verre,  et  être  placé  le  plus  près  possi- 
ble des  vitraux,  soit  qu'on  le  cultive  enserre 
chaude,  en  demi-serre ,  en  hache,  soit  qu'on 
le  place  dans  de  grands  châssis  dits  à  ananas, 
ou  dans  des  coffres  à  melons.  Cette  plan;>3  a 
autant  besoin  d'arrosement  que  de  t'ualeur;  et 
si  on  tient  à  avoir  de  beaux  fruits,  il  est  néces- 
saire de  placc^  les  ananas  à  une  grande  dis- 
tance et  de  manière  à  être- très  aérés. 

Les  ananas  sont  quelquefois  attaqués  par  la 
cochenille  des  serres  ou  pou  d  ananas  ,  qui  se 
loge  à  l'aisselle  dos  feuilles;  on  détruit  cet  in- 
secte en  le  touchant  avec  de  l'huile. 

AJ^iANDiER.  —  Sa  culture. 

Les  avantages  de  toutes  sortes  qu'on  peut 
retirer  de  cet  arbre  nous  engagent  à  cousu- 
crer  quelques  lignes  à  sa  culture...  L'a- 
mandijcr  commun,  à  gros  fruits,  est  celui 
auquel  on  donne  généralement  la  préfé- 
rence, surtout  dans  les  pays  méridionaux 
où  son  fruit  est  Tobjet-  d'Eu  commerce 
considérable,  ainsi  que  celii-i  de  l'amandier 
à  coque  tendre.  Toutes  les  espèces  de  cet 
arbre  aime.vt  les  collines  sèches  et  arides 
et  les  terres  légères,  sableuses  chaudes  et 
caillouteuses.  Les  plants  provenant  de  se- 
mis d'amandes  stralifiées  étant  bien  con- 
duits, sont  bons  à  greffer  dès  la  première 
année  -,  celte  opération  est  nécessaire  quand 


©n  tient  aux  espèces  et  aux  beaux  fruits, 
parce  qu'où  n'est  jamais  certain  que  Va- 
ïiiandc  semée  reproduise  exactement  son 
type:  cette  greffe  s'exécute  sur  prunier 
dans  les  terrains  gras  et  humides.  L'au- 
tomne est  la  saison  la  plus  favorable  pour 
la  transplantation  des  arbres  aux  lieux 
-où  ils  doivent  rester. 

La  récolle  des  amandes  se  fait  à  la  fin  de 
l'été.  Celles  qui  tombent  naturellement  de 
l'arbre  sont  les  plus  grosses  et  les  meil- 
leures. Les  amandes  cueillies  sont  mises  à 
sécher,  soit  sur  place,  soit  au  grenier,  et 
quand  tous  les  brous  sont  ouverts,  on  les 
tire  une  à  une,  et  après  les  avoir  encore 
laissées  sécher  quelques  jours,  on  les  met 
dans  des  sacs  où  on  les  conserve  jusqu'à 
la  vente,  avec  la  précaution  de  les  garan- 
tir de  toute  humidité.  Celles  à  coque  dure 
se  cassent  en  partie  sur  les  lieux,  pour 
être  expédiées  au  loin;  les  autres  se  ven- 
dent avec  leur  coque. 

Quand  on  ne  veut  pas  faire  usage  du 
feu  pour  retirer  Thuils  des  amandes,  on 
commence  par  les  secouer  dans  un  sac  à 
claire  voie,  pour  en  enlever  la  pellicule  ou 
au  moins  la  poussière;  ensuite  on  les  pile; 
et  la  pâle,  mise  dans  un  sac  de  toile  forte, 
est  soumise  à  une  pression  suffisante 
pour  faire  couler  l'huile'.  Le  résidu  se  vend 
sous  le  nom  de  pâte  d'amande,  et  contient 
une  huile  qu'on  peut  encore  extraire  sous 
la  pression  de  plaques  de  fer  chauffées, 
après  avoir  jeté  dessus  de  l'eau  bouillante. 
Les  amandes  douces  servent  à  faire  des 
dragées  ou  du  Tiougat,  Leur  éraulsion,  mê- 
lée avec  de  l'eau  d'orge  et  du  sucre,  forme 
Korgeat.  On  fait  avec  les  amandes  amères 
des  massepains,  des  pâtisseries  et  des  su- 
creries. 

Les  feuilles  de  l'amandier  formant  une 
excellente  nourriture  pour  les  bestiaux,  sur- 
tout pour  les  chèvres  et  les  moutons,  il  se- 
rait à  désirer  sous  ce  rapport  que  la  cul- 
ture de  cet  arbre  fût  plus  généralement 
répandue,  surtout  dans  les  localités  où  le 
fourrage  est  peu  commun.  Le  bois  de  l'a- 
mandier est  dur  et  sert  pour  Tébénisterie; 
on  remploie  de  préférence  pour  fabriquer 
les  manches  d'outils. 

BADIGEON. 

Les  constructions  en  pierre  conservent  peu 
de  temps  la  teinte  qu'elles  présentaient  primi- 
tivement. Diverses  variétés  de  pierres  d'ap 


145 

forte  altération,  et  après  un  temps  plus  ou 
moins  long,  il  devient  nécessaire  de  leur 
rendre  leur  couleur  primitive  en  grattant 
à  vif  leur  surface.  Mais  cette  opération  of- 
fre de  grands  inconvéniens  :  elle  détruit  ou 
altère  les  formes  et  les  proportions  des  or- 
nemens  des  constructions  monumentales; 
exécuté  sur  des  parties  en  pierres  dures  ,  ce 
grattage  est  excessivement  coûteux;  expo- 
sées à  l'air,  les  surfaces  extérieures  de  ces 
pierres  se  durcissent  et  forment  une  espèce 
de  croûte  conservatrice  que  le  gra-ltage 
fait  disparaître,  au  préjudice  des  construc- 
tions. 

Dans  quelques  pays,"notamment  en  Bel- 
gique et  en  Hollande  on  peint  à  l'huile  les 
murs  extérieurs  des  maisons,  mais  cette 
opération  est  fort  coûteuse. 

En  France,  après  avoir  gratté  la  furface 
des  murs  altérés  par  l'action  du  temps,  on 
fait  communément  usage  d'une  espèce  de 
peinture  connue  sous  le  nom  de  badigeon, 
et  qui^se  compose  de  chaux  et  de  recoupe 
de  pierres  délayée  dans  l'eau,  à  laquelle 
on  mêle  une  certaine  quantité  d'alun.  Ap- 
pliquée à  !a  brosse,  cette  peintur-e  adhère 
assez  fortement,  râais  délayée  peu  à  peu 
par  l'eau,  elle  abandonne  bientôt  les  murs 
sur  lesquels  on  l'avait  fixée,  et  les  laisse 
dans  un  état  plus  désagréable  à  la  vue 
qu'ils  n'étaient  auparavant. 

Un  badigeon  préservateur  doit  résister  â 
l'eau,  adhérer  à  la  pierre  sans  s'écailler,  être 
assez  consistant  pour  boucher  exactement 
les  pores ,  assez  liquide  pour  s'étendre  en 
forme  de  lavis  sur  toutes  les  parties  sail- 
lantes et  rentrantes. 

La  peinture  au  fromage  est  sans  contre- 
dit l'une  des  meilleures  comme  une  des  plus 
économiques  de  tous  les  badigeons  dont  on 
peut  faire  usage;  son  emploi  ne  présente 
aucune  difficulté,  et  les  preuves  acquises 
sur  sa  durée  ne  laissent  rien  à  désirer  sur 
son  efficacité.  Le  fromage  le  plus  avanta- 
geux est  celui  qui  est  le  mieux  débarrassé 
du  beurre  et  du  sérum  ;  le  fromage  à  la  pie 
desséché  peut  être  aussi  employé,  mais  avec 
moins  d'avantage  que  le  fromage  frais  bien 
égoutté.  La  qualité  du  fromage  dépend  de 
l'état  dans  lequel  on ^ie  prend,  et  ne -peut 
être  déterminée  que  par  ce  degré  de  con- 
sistance. 

Une  commission  de  l'institut  s'est  arrêtés 
au  procédé  suivant  qui  lui  a  fourni  des  ré- 
sultats incontestables  :  chaux  vive,  28;  plâ- 
tre cuit,  12;céruse,  10.  Onéleiaîlachaux 


pareil  surtout  éprouvent  très  rapidement  une   dans  le  moins  dVau  poitiMe,  et  on  la  passe 


146 

à  travers  un  tamis  peu  serré;  on  la  broie 
avec  lefromageenconsislancede  pâle  molle; 
ou  ajoute  le  plâtre  cuit  et  la  cérule,  et  on 
broie  à  la  mollette  en  ajoutant  un  peu  d'eau 
pour  former  une  bouillie  un  peu  épaisse 
que  l'on  délaie  au  moment  de  s'en  servir 
pour  l'appliquer  à  la  brosse. 

Pour  mettre  en  harmonie  de  ton  des  pier- 
res nouvelles  avec  d'autres,  on  y  parvient 
en  les  mouillant  de  la  manière  suivante,  jus- 
qu'à ce  qu'on  ait  obtenu  le  ton  désiré  : 

1.  Avec  une  dissolution  de  sulfate  decldo- 
Turc  ou  d'acétate  de  maniïanèvsc; 

2.  Avec  une  dissolution  de  sulfate  et  une 
de  noix  de  galle; 

3.  Avec  l'acétate  de  plomb  et  l'acide  hy- 
dro-sulfurique; 

4.  Dissolution  de  brou  de  noix  dans  l'am- 
inoniaque. 

On  pourrait  se  servir  aussi  d'une  disso- 
lution de  suie  dans  l'eau  chaude ,  mais  cette 
leinte  n'a  pas  de  solidité. 

CARTOX-PIEURE. 


Les  recherches  nombreuses  faites  dans 
le  but  de  trouver  pour  la  couverture  des 
bâiimens  une  matière  incombustible  a  con- 
duit à  la  fabrication  d'une  sorte  d'ardoise 
artificielle  ou  de  carton-pierre,  qui  semble 
pouvoir  être  substituée  avec  beaucoup  d'a- 
vantage à  tout  autre  moyen.  Cette  substance 
qui  a  d'ailleurs  le  mérite  de  ne  charger  que 
très  peu  la  charpente,  est  imperméable  à 
l'eau  et  tout-à-fait  incombustible,  ainsi  que 
cela  a  été  prouve  par  des  expériences  nom- 
breuses exécutées  en  divers  pays. 

Les  substances  employées  sont  :  l.la  terre 
bolaire,  rougeàtre  et  ferrugineuse;  2.  la 
craie;  3.1a  colle-forte  dite  d'Angleterre; 
4.  la  pâle  de  papier  grossier;  5.  Thuile  de 
lin  crue.  Quand  la  masse  de  pâte  a  été 
mêlée  avec  la  solution  de  colle-forte  dans 
on  grand  mortier,  on  y  ajoute  la  terre  bo- 
laire et  le  carbonate  de  chaux;  oh  bat  le 
tout  assez  longuement ,  et  on  y  verte  en- 
suite, peu  à  peu,  l'huile  de  lin.  On  prend 
une  certaine  quantité  de  co  mélange  fait 
bien  intimement;  on  l'étend  avec  une  spa- 
tule sur  une  planche  garnie  d'un  rebord 
propre  à  marquer  l'épaisseur  de  l'ardoise  , 
ayant  soin  préalablement   de    couvrir  la 
planche  d'une  feuille  de  gros  papier;  et,  par 
dessus  la  couche  de  pâte  qui  forme  le  car- 
ton-pierre ,  ou  pose  une  seconde  feuille  de 
papier  sur  laquelle  on  couche  encore  une 
planche.  On  renverse  alors  le  tout;  on  en- 


lève la  planche  à  rebord  ainsi  que  la  pre- 
mière feuille  de  papier,  après  quoi  on  ren- 
verse de  nouveau  le  cartonnage  sur  un 
plancher  saupoudré  de  sable  très  fin,  puis 
on  laisse  sécher  complètement.  On  les  re- 
dresse dans  une  espèce  de  laminoir,  au  sor- 
tir duquel  on  les  entasse  sous  le  plateau 
d'une  forte  presse;  ils  en  sortent  bien  pla- 
nes, bien  unis,  très  régufiers.  Il  reste  enfin 
à  les  imprégner  et  à  en  enduire  fortement 
la  surface  avec  de  l'huile  de  lin  cuite  et 
rendue  siccative  par  la  lilharge.  Cette  der- 
nière opération  se  fait  au  pinceau. 

La  seule  objection  à  faire  contre  ce  car- 
ton, est  le  prix  assez  élevé  des  ingrédîens 
dont  il  est  composé;  mais  les  avantages  si 
iniportans  qu'il  présente  sous  tous  les  au- 
tres rapports  doivent  l'emporter  sur  cet 
unique  inconvénient. 

Voici,  d'après  M.Pclouze  père,  des  pro- 
portions d'ingrédiens  éprouvées  qui  ont 
donné  d'excellens  résultats  : 

1.  Lue  partie  de  pâte  provenant  de  vieux 
papiers  et  rognures  de  livres,  une  demi- 
partie  de  colle,  une  partie  de  craie  ,  deux 
de  terre  ijolaire,  une  d'huMe  de  lin  (cartou 
mince,  dur  et  très  îi'^^c),  2.  une  partie  et 
demie  de  pâte  de  papier,  une  partie  de 
colle,  une  de  terre  l)olaire  rouge-hlanchà- 
tre,  une  d'huile  de  lin  (carton  très  beau, 
très  dur  et  très  uni);  3.  une  partie  et  demie 
de  papier ,  deux  parties  de  colle ,  deux  de 
terre  bolaire  blanchâtre,  deux  de  craie, 
une  d'huile  de  lin  (carton  uni,  aussi  dur 
que  l'ivoire  )  ;  4.  une  partie  de  pâte  de  pa- 
pier, une  de  colle,  trois  de  terre  bolaire, 
une  d'huile  de  lin  (carton  très  beau  et  qui 
est  élastique);  5,  une  partie  de  pâte  de  pa- 
pier ,  une  demi-partie  de  colle ,  trois  par- 
ties de  terre  bolaire  blanchâtre ,  une  de 
craie  ,  une  et  demie  d'huile  de  lin  (  carton  le 
meilleur  de  tous).  Teint  avec  un  peu  d& 
bleu  de  Prusse ,  il  affecte  une  couleur  verte 
fort  agréable. 


ACIER  A  VEINES  DE  DASiAS  (Moyen  d'ob- 
tenir l'). 

On  mêle  ensemble,  dans  un  creuset» 
vingt-quatre  parties  de  zinc,  quatre  de  nic- 
kel et  une  d'argent.  On  couvre  la  surface  do 
ce  mélange  avec  du  charbon  en  poudre,  en 
ferme  hermétiquement  le  couvercle  du 
creuset  pour  prévenir  toute  évaporaUen, 
et  on  expose  ce  creuset,  ainsi  disposé,  à  la 
[chaleur  d'un  fourneau,  jusqu'à  ce  que  les 
1  métaux  enlrcirt  en  fusion,  5  l'alliage  ainsi 


fermé  est  versé  dans  l'eau  froide  pour  le 
rendre  plus  cassant;  on  le  réduit  en  petits 
morceaux  lorsqu'il  est  refroidi.  C'est  avec 
cette  préparation ,  dite  poudre  météore, 
qu'on  obtient  l'acier  perfectionné ,  en  l'em- 
ployant de  la  manière  suivante  : 

On  place  dans  un  creuset  ordinaire  vingt- 
quatre  livres  d'acier ,  huit  onces  de  poudre 
météore ,  six  onces  de  chromate  de  fer  en 
poudre ,  une  once  de  poussier  de  charbon  , 
deux  onces  de  chaux  vive  et  deux  onces 
d'argile  à  porcelaine.  On  soumet  ces  matiè- 
res à  l'action  du  feu,  et  il  en  résulte  un  acier 
d'excellente  qualité,  et  qui  présente  les  ca- 
ractères apparens  de  l'acier  de  Damas. 

On  apporte  des  variations  dans  l'appa- 
rence extérieure  de  cette  composition  ,  en 
introduisant  plus  ou  moins  de  poudre  mé- 
téore, et  on  obtient  plus  ou  moins  de  dureté, 
suivant  la  quantité  de  charbon  dont  on  fait 
usage  -,  à  cet  égard  ,  les  quantités  que  l'on 
emploie  dépendent  en  quelque  sortp  de  la 
quantité  de  l'acier  prise  pour  base  de  la  com- 
position. 

Pour  faire  ressortir  davantage  les  nuan- 
ces sur  les  surfaces  des  objets  fabriqués 
avec  l'acier  météore,  on  en  polit  d'abord  la 
surface  que  l'on  frotte  ensuite  avec  un  acide, 
et  l'on  voit  les  nuances  se  prononcer  d'au- 
tant plus  fortement  que  l'on  frotte  plus  de 
temps  avec  l'acide.  Ce  que  l'on  peut  em- 
ployer de  mieux  pour  cet  objet  est  un  mé- 
lange de  dix-neuf  parties  de  vnaigre  distillé 
avec  une  partie  d'acide  nitrique.  Aussitôt 
que  l'apparence  de  la  surface  de  l'ouvrage 
est  parvensse  au  point  désiré ,  on  lave  avec 
soin  cette  surface,  on  la  fait  sécher  ,  et  l'on 
a  un  acier  qui  ressemble  à  celui  des  lames 
damassées. 

DÉROCILLAGE. 

L'enlèvement  de  la  rouille  dans  la  répa- 
ration des  raacliines  ou  des  instrumens  en 
fer  présente!  souvent  de  grandes  difficultés. 
La  hme  est  nuisible,  en  ce  que,  maintes 
fois,  elle  enlève  des  parties  que  la  rouille 
n'a  pas  attaquées,  et  qu'il  est  nécessaire 
deconserver  dans  des  dimensionsprimitives; 
l'emploi  du  papier  à  émeri  demande  trop 
de  temps;  l'acide  sulfurique  présente  lin- 
convénient  d'altérer  le  fer  dans  les  parties 
que  la  rouille  a  respectées.  Il  était  donc  à 
désirer  qu'on  découvrit  un  procédé  qui 
n'eût  aucun  de  ces  désavantages,  et  voici 
c^lui  indiqué  par  M.  Boqaillon.  Le  sous- 
earbonale  de  potasse,  qui  s'est  liquéfié  en 


147 
attirant  l'humidité  de  l'air,  qu'on  dé  igné 
communément  dans  le  commerce  sous  le 
nom  d'huile  de  tartre  par  défaillance,  dis- 
sout la  rouille  qu'on  enlève  facilement  aa 
moyeu  d'un  lavage  à  l'eau,  et  paraît  n'a- 
voir que  faiblement  d'action  sur  le  fer  lui- 
même,  qui,  à  la  vérité,  reste  de  couleur 
brune,  et  ne  reprend  son  éclat  que  sous  l'ac- 
tion de  1  émeri  ou  des  moyens  mécaniques 
ordinairement  employés. 

ACIDES. 

On  appelle  de  ce  nom  des  substances  com- 
posées, qui  ont  en  général  la  propriété  de 
rougir  certaines  couleurs  bleues  végé- 
tales, celle  du  tournesol,  par  exemple. 
Ils  se  forment,  pour  la  plupart,  de  gaz 
oxigène  d'un  corps  simple.  Les  acides  sont 
plus  ou  moins  so lubies  dans  l'eau,  ils  ont 
une  saveur  aigre  ou  caustique,  s'unissea 
aux  alcalis  ,  qu'ils  neutralisent,  et  par  les- 
quels ils  sont  neutralisés.  Long-temps  on  a 
cru  que  l'oxygène  seul  avait  la  propriété  de 
former  des  acides,  en  se  combinant  avec 
certaines  substances,  mais  il  est  reconnu 
maintenant  qu'il  existe  des  composés  acides 
dans  lesquels  l'oxygène  n'entre  pour  rien. 

Les  acides  sont  gazeux,  hquides  ou  soli- 
des. Les  corps  dont  on  les  sépare  les  ont 
fait  distinguer  en  acides  animaux,  A'égétaux^ 
minéraux  et  métalliques.  La  plupart  sont 
des  poisons;  mais  on  en  peut  neutrahser 
les  effets  par  l'usage  abondant  de  substances 
alcalines,  salines  ou  -terreuses,  l'eau,  les 
mucilages,  administrés  le  plus  promptemeat 
possible. 

COMMERCE.— ARBITRAGE. 

L'arbitrage  est  une  juridiction  devant  la- 
quelle, en  certains  cas,  des  différens  sont 
renvoyés.  Cette  institution  est  divisée  en  ar- 
bitrage volontaire  et  en  arbitrage  forcé.  Le 
premier  est  particulier  aux  individus  noa 
commerçans;  ses  règles  sont  tracées  dans 
le  code  de  procédure  civile;  le  second,  qui 
s'applique  principalement  aux  négocians, 
est  soumis  aux  dispositions  des  articles  51 
à  64  du  code  de  commerce. 

C'est  sous  le  règne  de  François  II,  que 
l'arbritage  en  Franee  devint  forcé  pour  les 
procès  entre  marchands  et  à  raison  de  leur 
commerce;  pour  les  différens  sur  partage 
de  succession  entre  proches  parens;  pour 
les  comptes  de  tutelle  et  quelques  autres 
cas.  L'ordonnance  de   Louis  XV,  rendue 


14« 

en  1673,  institua  l'arbitrage  forcé  pour  les 
G)nLestalions  entre  associés;  et  c'est  dans 
celte  ordonuauce  que  les  rédacteurs  de  no- 
tre code  ont  puisé  les  dispositions  princi- 
pales qui  régissent  la  matière. 

L'arbitrage  forcé  a  l'avantage  d'amener 
des  décisions  plus  promptes,  d'occasioner 
des  frais  moins  considérables  et  de  débar- 
rasser les  tribunaux  de  l'examen  d'une 
foule  de  comptes  et  de  pièces  dont  la  vér>- 
fication  retarderait  le  cours  des  affaires  et 
la  marche  de  la  justice.  Aussi  toutes  con- 
testations qui  s'élèvent  entre  associés  et 
pour  raison  de  la  société  doivent  être  sou- 
mises au  jugement  d'arbitres  qui  représen- 
tent en  quelque  sorte  le  tribunal  de  com- 
merce, et  qui  lui  sont  même  substitués  pour 
le  premier  degré  de  juridiction. 

Les  arbitres  so-nt  des  citoyens  choisis  pour 
donner  leurs  opiirionssur  lehlige  qui  leur  est 
déféré,mais  cette  opinion  n'acquierlforce  de 
jugement  qu'après  avoir  reçu  de  l'autorité 
compétente  l'ordonnance  d'exécution.  Il 
faut  bien  distinguer  les  arbitres  proprement 
dits  de  ceux  appelés  amiables  comjwsi- 
teurs,  lesquels  peuvent  se  dispenser  de  sui- 
vre strictement  les  règles  de  droit.  Le  tiers- 
arbitre  ou  sur-arbitre  est  celui  qui  est  ap- 
pelé en  cas  de  partage  d'opinion  des  arbi- 
tres, soit  en  arbitrage  volontaire,  soit  en 
arbitrage  forcé. 

Tout  co-associé  qui  refuse  de  désigner  son 
arbitre  dans  un  délai  fixé,  peut  être  assigné 
devant  le  tribunal  de  commerce  pour  voir 
dire  qu'il  sera  obligé,  audience  tenante,  de 
le  nommer,  sinon  il  en  est  nommé  un  d'of- 
l^e  par  le  tribunal. 

Un  arbitre  choisi,  quia  accepté  la  mission 
qu'on  lui  a  confiée,  et  qui  se  refuse  à  la 
remplir,  sans  excuse  valable,  peut  être 
contraint  par  le  juge  à  payer  des  domma- 
ges-intérêts, sauf  même  la  prise  à  partie, 
en  cas  de  vol,  fraude  ou  concession. 

Le  code  de  commerce  porte  que  les  par- 
ties remettent  leurs  pièces  et  mémoires  aux 
arbitres,  sans  aucune  formalité  de  justice. 
La  partie  en  retard  de  remettre  les  mé- 
moires et  pièces  est  sommée  de  le  faire 
daos  les  dix  jours;  mais  les  arbitres  peu- 
vent, suivant  l'exigence  des  cas,  proroger 
ce  délai. 

Le  jugement  arbitral  doit  être  motivé  et 


déposé  an  greffe  du  tribunal  de  commerce. 
Il  doit  être  prononcé  en  présence  des  par- 
ties, afin  qu'elles  puissent,  au  besoin,  rele- 
ver les  erreurs  matérielles  ou  autres  qui  s'y 
trouveraient. 

Dans  l'arbitrage  forc-é,  les  arbitres  ne 
peuvent  commettre  à  des  tiers,  comme  les 
juges  ordinaires  en  ont  la  faculté,  le  soin 
d'examiner  les  comptes,  les  livres,  les  cor- 
respondances et  autres  pièces  qui  leur  ont 
été  déposées."  Toutefois,  en  cas  de  visite  ou 
estimation  de  marchandises,  les  arbitres  ont 
le  droit  de  nommer  d^office  des  experts 
chargés  de  faire  leur  rapport,  lorsque  les 
arbitres  ne  se  croient  pas  les  connaissances 
nécessaires  pour  prononcer  sur  le  point  en 
litig.e. 

Le  jugement  arbitral  est  rendu  exécu- 
toire sans  aucune  modification  et  transcrit 
sur  les  registres,  en  vertu  d'une  ordomiance 
du  président  du  tribunal,  lequel  est  tenu  de 
la  rendre  p«re  et  simple,  et  dans  le  délai 
de  trois  joirrs  du  dépôt  au  greffe.  On  peut 
se  pourvoir  contre  les  jugemens  arbitraux 
par  la  voie  d'appel,  quand  la  renonciation 
à  ce  droit  n'a  pas  été  stipulée. 

MACHIIVES  A  VAPEUR.  ^ 

Depuis  qu'on  a  réussi  à  appliquer  la  vapeur 
à  la  mécanique,  on  a  vainement  cherclié  un 
moyen  d'en  prévenir  les  accidens  d'une  ma- 
nière sûre  et  facile.  L'expérience  a  prouvé  qaè 
les  soupapes  de  sûreté,  les  plaques  de  métal 
fusible  à  un  haut  degré  de  chaleur  pouvaient 
n'êlre  pas  sufflsantes,  puisqu'il  est  connu  que 
les  explosions  sont  moins  le  résultat  d'un  excé- 
dant de  vapeur  que  celui  du  manque  d'eau 
dan*  la  chaudière. 

Un  maître  chaudronnier  de  Neufchàtel  (Ni- 
colas Hob),  alsacien  d'origine,  vientde trouver 
un  remède  au  mal.  Il  a  imaginé  d'introduire 
dans  la  chaudière  un  petit  flotteur  qui  nage 
sur  le  volume  d'eau  qu'elle  doit  régulièrement 
contenir.  Dès  que  l'eau  vient  à  manquer,  ce 
flotteur,  en  descendant,  ouvre  une  petite  soOr 
pape  et  donne  u;  essor  k  la  vapeur^  qui,  s'é- 
chappant  par  un  tube  à  sifflet,  produit  uû 
sifflement  assez  aigu  pour  être  entendu  dans 
les  bàtimcns  contigus  et  avertir  les  personnes 
chargées  de  la  surveillance  da  la  machine. 
Cet  avertisseur  se  recommande  par  sa  fr*nde 
simplicité,  et  vaudra  sans  doute  un  brevet 
d'inveulion  au  premier  mécanic!«n  qui  l'intro- 
.duira  en  France  on  eu  A.Dgleterre. 


149 


REPERTOIRE 

DE  LA  CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


BAROMETRE  SOUS-MARIPT. 

Cet  instrument,  dû  à  M.  Payne ,  consiste 
en  un  tube  de  verre  ou  de  fer ,  fermé  à  la 
partie  supérieure  et  rempli ,  à  la  pression 
eommune  de  l'atmosphère,  avec  de  l'air  at- 
mosphérique ou-du  gaz  hydrogène.  La  pres- 
sion de  l'eau  sur  la  surface  du  mercure  dans 
la  cuvette  a  lieu  de  la  même  manière  que 
celle  de  l'atmosphère  sur  la  surface  du  mer- 
cure dans  le  baromètre  ordinaire;  seulement 
TOQè  membrane  fine  empêche  le  contact  im- 
médiat entre  l'eau  et  le  mercure.  La  com- 
pression de  l'air  dans  le  tube  est  marquée 
par  un  curseur  analogue  à  celui  des  ther- 
JDométrographes.  Le  tube  de  verre  est  gra- 
dué eh  atmosphères  et  en  dixièmes  d'at- 
mosphère, avec  des  tables  de  correction 
pour  la  température,  le  degré  de  salaison  de 
î'eau,  etc.  L'instrument  est  divisé  de  1  à  45 
atmosphères ,  et  peut  servir  à  mesurer  des 
profondeurs  jusqu'à  247  brasses. 

MALADIES  NERVEUSES.  SOINS  HYGIENIQUES 
JET   MORAUX  qu'elles  RECLAMENT. 

(Par  le  docteur  Ferrus.) 

Coucher.  Rien  de  ce  qui  concerne  le  trai- 
tement des  aliénés  ne  saurait  être  négligé , 
et  le  coucher  surtout  mérite  un  soin  parti- 
Quller.  Dans  la  manie  aiguë,  tout  cède  ordi- 
nairement à  la  violence  du  délire  :  les  mate- 
las, les  couvertures ,  les  draps  sont  rais  en 
lambeaux  ;  les  bois  de  lit  les  plus  forts,  les 
mieux  arrêtés  sont  arrachés  des  murs  et 
brisés;  mais  comnae  il  est  souvent  préféra- 
ble de  laisser  le  malade  s'agiter  et  se  rouler 
4ans  sa  loge  que  de  le  fixer,  on  doit  étendre 
sur  le  sol  une  couche  de  paille  fraîche,  et 
alors  on  peut  abandonner,  sans  inconvé- 
nient, à  la  manie  de  tout  briser,  cette  es- 
pèce de  litière  qu'on  renouvelle  chaque  j  our, 
en  ayant  soin,  en  outre,  de  baigner  le  ma- 
lade tous  les  matins ,  et  de  lui  appliquer, 
dans  la  journée,  la  camisole  de  force.  On 
prévient  ainsi  beaucoup  d'accidens  céré- 
braux aigus  qui  pourraient  devenir  très 
graves,  et  l'on  combat  l'arrivée  prochaine 
de  la  démence  et  de  la  paralysie  générale, 
que  l'immobilité  et  le  séjour  du  lit  sout  plus 
propres,  que  toute  autre  chose,  à  développer. 


A  la  vérité,  il  résulte  quelquefois  de 
cette  mesure  un  gonflement  œdémateux 
des  membres  abdominaux  provenant  de  la 
position  du  malade,  qui,  presque  toujours, 
reste  debout  quand  il  est  agité  par  le  dé- 
lire; mais  aussi  ce  gonflement  est  ordi- 
nairement favorable  à  la  guérison ,  et  il  im- 
porte seulement  que  l'action  d'un  froid  vif 
ne  vienne  frapper  les  membres  ainsi  tumé- 
fiés par  la  stase  des  liquides. 

Classement. 

Des  questions  médicales  du  plus  haut  in- 
térêt viennent  ajouter  aux  considérations 
hygiéniques  qui  résultent  du  classement  des 
aliénés.  Les  hommes  de  l'art  savent  que  le 
délire,  les  convulsions,  tous  les  sjTnptômes 
des  maladies  du  système  nerveux  ne  sont 
pas  seulement  pénibles  à  observer  pour 
toutes  les  personnes  dont  la  sensibilité  est 
très  développé*,  mais  que  ce  spectacle  n'est 
pas  sans  danger.  Quels  effets,  dès  lors,  ces 
symptômes  effrayans  ne  doivent-ils  pas  pro- 
duire sur  des  individus  affaibhs  par  la  ma- 
ladie? L'imitation  peut  devenir  prompte- 
ment  la  suite  de  ces  impressions  trop  vives. 
Il  serait  donc  à  désirer  que  dans  tous  les 
étabîissemens  destinés  aux  traitemens  des 
maladies  du  système  nerveux,  des  salles 
particuhères  ou  plutôt  une  section  spéciala 
fût  disposée  de  telle  sorte  que  l'on  put  y 
placer  tous  les  malades  agités  par  un  délirç 
fort  intense,  et  y  étudier  le  principe  de  leur 
délire,  pendant  le  temps  nécessaire  à  un 
examen  approfondi. 

Chauffage. 
Encore  bien  que  quelques  maniaquefl  agi- 
tés paraissent,  dans  le  fort  de  leur  délire, 
insensibles  aux  impressions  extérieures  (et 
il  est  certain  que  leur  sensibilité  de  relation 
est  alors  fort  diminuée) ,  il  arrive  bien  fré- 
quemment cependant  que  leura  membres 
sont  atteints  par  la  congélation  dans  les  éta- 
bîissemens où  la  prétendue  insensibiUté  des 
ahénés  est  devenue ,  à  leur  égard ,  une  règle 
de  conduite.  Tous,  d'ailleur»,  sont  loin  de 
vouloir  braver  les  intempéries  des  saisons, 
et  les  aliénés  mélancoUques,  surtout ,  sont 
extrêmement  frileux.  11  faut  donc  que  les 


150 

pièces  communes  dans  lesquelles  se  réunis- 
sent les  malades  pendanlle  j  our,  soient  chauf- 
fées convenablement.  Quant  aux  dortoirs, 
cette  précaution  est  inutile  et  même  insa- 
lubre ;  il  suffit  de  clore  avec  soin  les  loges 
du  côté  de  l'air  extérieur,  et  surtout  d'en 
couvrir  le  solpar  une  couche  de  paille,  quand 
il  n'est  pas  parqueté.  Mais  ce  qui  est  le  plus 
important,  c'est  de  préserver  les  fous  de 
l'humidité.  La  maladie  la  plus  commune , 
dans  les  maisons  d'aliénés ,  est  le  scorbut  ; 
et  rien  n'est  plus  propre  à  le  prévenir  que 
la  sécheresse  et  la  ventilation  des  lieux  ha- 
bités. 

Propreté.  La  propreté  est,  pour  les  aliénés 
SHrtout,  Hn  puissant  moyen  de  guérisonj 
mais  souvent ,  dans  les  grands  étabhssemens, 
l'eau  suffit  à  peine  aux  besoins  intérieurs  et 
aux  bains,  qui  sont  si  nécessaires  à  ces  in- 
fortunés. 

Habillement.  Presque  tous  les  fous  sont 
vains  et  orgueilleux;  pour  le  plus  grand 
nombre  ils  ont  eu ,  avant  l'invasion  de  leur 
maladie,  une  vie  pleine  de  vicissitudes  j  sou- 
vent aussi  ils  ont  possédé  quelque  fortune 
que  le  désordre  de  leur  esprit  les  a  portée 
à  dissiper.  Les  vèlcmens  en  mauvais  état 
humilient  extrêmement  leur  amour-propre, 
et  même  quelquefois  augmentent  leur  dé- 
lire ;  il  y  en  a  qui  préfèrent  rester  nus  plutôt 
que  de  porter  des  haillons;  et  rien,  dans  ce 
cas,  ne  saurait  vaincre  leur  obstination.  Des 
vêtemens  eu  étoffes  grossières  et  solides, 
mais  taillés  sur  un  modèle  et  entretenus  avec 
propreté  ménageraient  les  vanités  puériles 
delà  folie,  et  l'amour-propre  bien  placé  des 
personnes  qui  viennent  visiter  ceux  des  leurs 
qui  se  trouvent  dans  cette  situation. 

Régime  alimentaire.  Sous  le  point  de  vue 
général  ,  le  régime  alimentaire  doit  être 
abondant  et  sain  dans  les  maisons  d'aliénés; 
car  ces  malades  se  hvreut  à  beaucoup  d'exer- 
cice et  d'agitation,  ou  bien  étant  peur  la 
plupart  épuisés  de  longue-main  par  des  pri- 
vations ou  des  excès  de  tout  genre,  une 
nourriture  substantielle  et  variée  leur  est 
nécessaire ,  ne  fiit-ce  que  pour  prévenir  le 
scorbut  et  toutes  les  maladies  aloniques  qui 
sont  celles  auxquelles  les  ahénéssont  le  plus 
sujets. 

Moyens  de  répression,  de  distraction  on 
d'encouragement  qni peuvent  être  mis  en 
tisage. 


une  grande  douceur  dans  ses  relations  avec 
les  ahénés;  mais  il  est  cependant  nécessaire 
qu'il  ait  à  sa  libre  disposition  quelques  moyens 
coercitifs ,  qui  lui  permettent  de  réprimer 
toute  infraction  à  la  règle  établie  pour  le 
bien-être  des  infortunés  confiés  à  ses  soins. 
Si,  pour  habituer  les  aliénés  à  l'ordre, 
à  la  discipline ,  on  feint  de  punir  leurs  écarts, 
tout  sentiment  de  rigueur  et  surtout  de 
vengeance  doit  être  soigneusement  écarté, 
et  l'expédient  mis  en  usage  pour  réprimer 
doit  devenir  curatif,  s'il  est  appliqué  avec 
discernement  et  dicté  par  l'humanité.  Il  faut 
surtout  que  les  punitions  elles  récompenses 
soient  immédiates,  car  elles  produisent  d'au- 
tant moins  d'effet  qu'elles  s'éloignent  davan- 
tage de  l'action  qui  les  a  provoquées.  Les 
moyens  les  plus  convenables  sont  les  sui- 
vans,  classés  d'après  leur  degré  d'impor- 
tance :  l'isolement ,  la  privation  du  travail  , 
ou  bien  de  quelque  ahment  pour  lequel  le  • 
malade  parait  avoir  de  la  préférence,  Ift 
camisole  ou  gilet  de  force  pour  un  certais 
temps,  et  enfin,  si  la  saison  et  l'état  de* 
malades  le  permettent,  les  douches  d'ea» 
froide  sur  la  tête. 

La  possibilité  de  changer  de  dortoir  ou  dO: . 
loge  un  individu,  de  lui  donner  quelques  dis- 1 
tractions  nouvelles,  de  rompre  les  habitudes 
qu'il  peut  avoir  contractées  sont  des  mryeilS 
qui ,  soit  comme  répression,  soit  comrre  ré- 
compense, suffisent  quelquefois  pour  ame- 
ner au  calme  et  à  la  docilité  un  malade  fort 
exigeant  ou  fort  agité.  L'isolement  indivî- 
viduel  et  complet  des  aliénés  n'est  point 
d'une  nécessité  absolue  ;  ce  qu'il  importe^ 
c'est  de  les  éloigner  des  personnes  avec  les- 
quelles ils  ont  des  rapports  habituels,  et  qui, 
par  des  soins  mal  entendus,  des  exhortations 
intempestives,  ou  des  reproches,  même  mé- 
rités, peuvent  aggraver  ou  faire  éclater  ft 
délire. 

En  général,  et  dans  l'emploi  des  n:ioyens 
de  répression  dans  le  traitement  moral  des 
aliénés,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vu  e  que  la 
plus  grande  partie  d'entre  ces  m^alades  ne 
sont  pas  absolument  privés  de  raison,  c'est- 
à-dire  qu'ils  sont  accessibles  à  la  crainte,  ft 
l'espérance ,  et  même  aux  sentimcns  affec- 
tueux. L'objet  principal  est  de  leur  appli- 
quer en  quelque  sorte  un  nouveau  système 
d'éducation ,  de  rompre  leur^  habitudes  et 
de  donner  une  nouvelle  tlirection  à  leurs 
idées;  il  faut  les  subjueruer  d'abord  pouc 
prendre  sur  eux  un  ascendant  favorable;  les 
encourager  ensuite,  exciter  leur  bienveil- 
Sans  nul  doute,  le  médecin  doit  apporter  l  lance  par  les  molnles  les  plus  puissans,  sans. 


15i 

employer  «UG  rigneur  qui,  non  seulement  1  les  élablisscmcns  où  son!  sculemonl  admis  les 
serait  inuliic,  mais  qui,  en  stimulant  chez  j  aliénés  d'un  rang  supérieur  ou  d  une  classe 
eux  les  passions  vindicative»,  prolongerait  [  opulente,  et  dans  lesquels  on  ne  pratique 

aucun  exercice  de  ce  genre.  Dans  plusieurs 
établissenicns  d'Angleterre,  et  principale- 
ment à  Wackefield  et  à  York,  dans  la  mai- 
sons des  quakers ,  le  travail  est  considéré 
comme  un  des  moyens  curalifs  les  plus  fa- 
vorables au  traitement  des  aliénés.  C'est 
avec  raison  que  l'on  considère  le  travail 
corporel  comme  étant  encore  plus  indis- 
pensable aux  fous  qu'aux  autres  hommes; 
il  agit  efficacement  pour  calmer  l'esprit 
agité  des  maniaques;  il  rompt  leur  préoc- 
cupation constante,  détruit  les  mauvaises 
habitudes  et  procure  quelques  heures  d'un 
repos  bienfaisant  à  des  malheureux  qui, 
généralement,  sont  privés  de  l'influence  gai- 
lutaire  du  sommeil. 

Les  épileptiques  incurables,  mais  non 
aUénés,  et  dont  les  accès  ne  sont  pas  fré- 
quens,  peuvent  être,  ainsi  que  les  imbéciles 
ou  idiots  jouissant  d'une  bonne  santé,  obli- 
gés au  travail  dans  l'intérêt  même  de  leur 
santé  et  de  leur  propre  existence. 

Les  fous  ont  généralement  de  la  pénétra- 
tion, de  la  finesse;  ils  causent  ou  plutôt 
discutent  avec  chaleur;  il  faut  les  écouter 
patiemment  pour  apprécier  avec  exactitude 
l'état  de  leur  iateUigence  et  de  leurs  facul- 
tés; aussi  la  carrière  que  doit  suivre  un 
médecin  d'aliénés  est  semée  de  tant  de  dif- 
ficultés que  pour  la  parcourir  il  faut  y  con- 
sacrer tous  ses  instans.  Chez  lui ,  les  quali- 
tés morales  doiven-t  être  réunies  à  celles 
qui  donnent  au  caractère  la  force,  la  dou- 
ceur et  la  persévérance;  la  finesse  et  la  sa- 
gacité d'esprit  ne  sont  nulle  part  plus  néces- 
saires; et  nulle  part,  non  plus,  la  considé- 
ration qui  s'attache  à  l'instruction  et  au 
véritable  mérite  n'est  plus  indispensable  au 
succès,  ni  plus  difficile  â  conserver.  Il  se- 
rait on  ne  peut  plus  avantageux  que  cette 
partie  importante  de  l'art  de  guérir  devînt 
plus  généralement  l'objet  d'études  spéciales, 
et  que  les  élèves  qui  s'y  hvreraient  fussent 
dédommagés,  par  certains  avantages,  de» 
sacrifices  qu'ils  auraient  à  faire  pour  acqué- 
rir ce  genre  d'instruction,  et  se  mettre  en 
état  d'offrir  les  garanties  que  l'on  doit  exi- 
ger d'un  médecin  d'aliénés. 


la  durére  de  leur  maladie.  Dans  la  première 
période  du  traitement,  les  moyens  les  plus 
efficaces  pour  soumettre  les  aliénés  sont  la 
douceur  mêlée  de  fermeté,  les  distractions, 
puis  le  travail. 

Visites.   On    ne    saurait    apporter    de 
trop  grands  ménagomens  dans  la  faculté 
accordée  aux  ahénés  de  communiquer  avec 
leurs  parens  ou  amis ,  car  souvent  ce  sont 
ceux-ci  qui  ont  provoqué  la  folie  chez  ceux 
qui  en  sont  atteints.  Pour  quelques  ahénés, 
il  est  vrai,  l'isolement  complet  serait  nui- 
sible, et   la   permission  de  voir  quelqu'un 
leur  est  parfois  d'une  grande  utihté;  mais, 
en  tout  ras,  le  moment  opportun  pour   ce 
genre  de  communication  est  difficile  à  sai- 
ar.  Le  médecin  seul  peut  en  être  l'apprécia- 
teur, et  il  serait  bien  que  les  localités  lui 
permissent  d'observer,  sans  être  aperçu, 
l'effet  produit  par  une  première  entrevue. 
Les  étrangers  qui  visitent  les  maisons  d'a- 
liénés, s'ils  sont  accompagnés  par  le  méde- 
«a,  et  si  leur  but  est  de  s'instruire  et  non 
de  satisfaire  une  indiscrète  curiosité,  peu- 
Yent  contribuer  à  donner   une  distraction 
^  aux  malades.  La  présence  des  visiteurs  qui 
Be  sont  connus  d'aucun  des  ahénés  n'offre 
donc  point  de  danger  réel,  ayant  soin  ce- 
pendant qu'il  n'existe  pas  de  différence  en- 
tre les  sexes,  car  les  impressions  que  cela 
cause  sont  vives  chez  les  aliénés. 

Emblèmes  religieux.  Les  pratiques  reli- 
gieuses, et  surtout  celles  auxquelles  on  se 
Kvre  en  commun ,  doivent  être  sévèrement 
interdites  dans  les  étabUssemeus  destinés 
aux  ahénés.  Il  faut  aussi  s'abstenir  de  pla- 
cer des  croix,  des  images  ou  autres  emblè- 
mes dans  les  salles  communes;  ils  ont  l'in- 
convénient grave  de  blesser  les  malades  qui 
suivent  une  autre  rehgion ,  d'augmenter  le 
délire  des  maniaques  rehgieux,  et  de  porter 
à  toutes  sortes  de  désordres  les  maniaques 
indévots.  Il  est  cependant  bien,  et  à  titre  de 
récompense ,  de  conduire  quelques  malades 
aux  exercices  du  culte  qu'ils  professent, 
mais  il  faut  que  cela  ait  lieu  dans  une  clia- 
pelle  séparée.  Dans  ce  cas,  l'exercice  du 
culte  peut  devenir  une  occasion  de  dominer 
la  versatilité  de  leur  esprit  et  de  leur  inspi- 
rer de  la  réserve. 

Du  travail.  Il  a  été  remarqué  dans  tous 
fes  pays  que,  dans  les  maisons  où  les  ahé- 
Bés  sont  souKiis  à  un  travail  corporel ,  les 
guérisous  sont  plus  nombreuses  que  dans 


TELEGRAPHES. 


Nous  avons  pensé  que  nos  lecteurs  nous 
sauraient  gré  de  leur  donner  quelques  ex- 
plications  jsur  celte  invention  dont  l'idée 


152 


première  n'appartient  pas,  comme  on  le  dit  1  gnaux  qu'il  voit  à,mesnre  qu'il  les  répète^ 


souvent,  aux  frères  Chappe,  mais  quon 
doit  attribuer  à  un  célèbre  physicien  nom- 
mé Amoutous. 

Le  télégraphe  exprime  trois  signes  princi- 
paux ainsi  désignés  :  le  33,  le  90  et  Toblus, 
Chacundeces  signes  produit  trente-trois  sub- 
divisions, c'est-à-dire  un  nombre  égal  à  celui 
des  sons  et  des  inflexions  de  la  langue  fran- 
çaise. Les  employés  de  celte  machine  ingé- 
nieuse communiquent,  au  moyeu  des  signes 
qu'ils  répètent,  les  ordres  transmis  par  cette 
voie,  mais  ils  en  ignorent  totalement  le  con- 
tenu. A  rextrémité  de  chaque  Hgne,  il  y  a 
un  traducteur  qui  seul  connaît  la  valeur  des 
mots.  Il  ne  faut  pas  croire  que  le  même 
signe  ait  toujours  la  même  interprétation; 
en  conçoit  dès  lorsqu'il  serait  possible  à  la 
longue  et  avec  une  attention  soutenue  de 
déchiffrer  les  dépêches  télégraphiques;  il 
faut  pour  cela  les  expliquer  selon  le  dic- 
tionnaire auquel  ils  se  rapportent. 

A  la  rigueur  même,  le  gouvernement 
pourrait  transmettre  des  ordres  par  celte 
voies-ans  que  les  traducteurs  en  connussent 
le  contenu;  il  c>uffirail  dans  ce  cas  que  les 
signaux  fussent  couvenus  d'avance  avec 
celui  à  qui  on  les  adresse. 

Il  y  a  cependant  des  signes  connus  de  tous 
les  employés;  ce  sont  ceux  qui,  en  quelque 
sorte,  leur  sont  adressés;  ainsi,  par  exem- 
ple, ceux  qui  expriraeut  repos,  dérange- 
ment dans  la  macliine,  urgence  de  Paris  ou 
de  tel  autre  endroit.  11  est  convenu  que  lors- 
que deux  signes  viennent  des  extrémités  de 
la  ligne ,  c'est  toujours  celui  de  Paris  qui  se 
transmet  le  premier,  à  moius  de  cas  graves , 
et  alorsl'exlrémité  opposée  l'exprime  par  le 
signe  :  urgence.  Le  guetteur  de  chaque  télé- 
graphe enregistre  chaque  signal,  qu'il  exé- 
cute, et  atlend,  pour  faire  le  suiv.int,  qu'il  ait 
la  certitude  que  le  précédent  a  été  bien  com- 
pris cl  fidèlement  imité.  De  là  encore  la  né- 
cessité pour  lui  de  pouvoir  connaître  la 
manœuvre  qui  exprime  qu'on  a  mal  inter- 
prété son  signe.  Il  y  a  aussi  des  cas  où  le 
préposé  est  averti  qu'il  doit  copier  les  si- 


afin  de  les  lire  ensuite,  lorsqu'ils  sont  de 
ceux  dont  il  a  la  clé,  ou  de  les  conserver 
pour  les  montrer  aux  inspecteurs. 

Les  transmissions  par  la  voie  télégra- 
phique, quand  le  temps  ne  s'y  oppose  points 
se  font  avec  une  rapidité  à  laquelle  rien  ne 
peut  être  comparé.  De  Paris  à  Lille  on  peal 
transmettre  la  demande  et  avoir  la  répoaso 
en  trois  minutes;  les  nouvelles  de  Calais 
arrivent  en  quatre  minutes  cinq  secondes^ 
de  Strasbourg  en  cinq  minutes  cinquante- 
deux  secondes;  de  Toulon,  en  treize  minu- 
tes cinq  secondes;  de  Brest,  en  six  minâ- 
tes cinquante  secondes. 

POPULATION  (Progression  de  la). 

En  France ,  les  mouvemens  de  populalio» 
paraissent  se  résumer  de  la  manière  sui- 
vante :  de  1754  à  1772,  par  année  moyenne^ 
augmentation  de  6  habitans  sur  mille;  — 
1772  à  1787,  plus  de  8  sur  mille;  ~  d6 
1787  à  1791 ,  seulement  1  sur  mille;  — 
puis  de  1791  à  1798 ,  diminution  de  2  sur 
mille,  perle  irréparable.  En  définitive,  de 
1754  à  1800,  augmentation  de  1  sur  millej 
~  de  1800  à  1813,  accroissement  de  7  sar 
mille;  ~  de  1813  à  1820,  plus  de  8  pour 
mille;  —  de  1820  à  1830,  plus  de  6  sur  mille. 
—  Depuis  le  commencement  du  siècle  (de 
1800  à  1830)  aug.menlation  de  6  milliona 
d'habitans  en  30  ans,  ou ,  année  moyenne, 
près  de  8  sur  mille ,  de  même  qu'avant  1787. 
~  Enfin,  de  1783  à  1835,  accroissement  de 
près  d'un  tiers  des  habitans,  8  millions  eu 
totalité  m  52  ans.  ~  Ainsi,  sur  de  longues 
périodes,  la  raison  de  la  progression  an- 
nuelle, toutes  compensations  faites,  offre 
peu  de  différences  ;  mais  les  années  diset^ 
teuses,  calamiteuses  et  d'épidémies  appor- 
tent de  grandes  perturbations  partielles. 

En  1790,  la  durée  moyenne  de  la  vie  était 
de  28  années  31  centièmes  ;  elle  était  de  35 
années  30  centièmes  en  1830.  C'est,  pen- 
dant une  période  de  40  ans,  une  augmeiir- 
tation  de  sept  années  dans  U  vie  moyennei 

d'un  Français, 


CORRESPONDANCE. 


Les  questions  suivantes  nous  sont  adres- 
sées. Noos  prions  ceux  de  nos  correspen- 
dans  que  Texpérience  a  mis  en  mesure  d'y 
répondre,  de  nous  transmettre  tous  les  ren- 
seignemens  dont  ils  disposeront. 

1.  Est-il  avantageux  ou  préjudiciable  de 
faire  rendre,  au  moyen  de  conduits,  l'urine 
des  bestiaux,  des  étables  et  des  écurie»,  dans 
le?  fosses  à  fumier? 

2.  Doit-on  danger,  des  fosses  à  fumier 
dans  les  prairies,  les  urines  qui  s'y  trouvent 
en  trop  grande  quantité,  pour  arroser  les 
terres  en  herbe  ? 

S.Dansle  cas  de  l'affirmative  de  la  seconde 
question,  quelle  serait  l'époque  où  les  irri- 
gations devraient  îvoir  lieu  et  pendant  com- 
bien de  temps  devrait-on  arroser? 

4.  Quelle  serait  la  machine  ou  l'instru- 
ment qui  pourrait  remplacer  la  faulx  ? 

5.  Procédé  pour  la  cuisson  de  la  chaux. 

6.  Moyen  de  détruire  des  papillons  appe- 
lés allucettes  en  certaines  contrées,  et  qui 
s'attachent  ordinairement  aux  blés. 

Un  de  nos  abonnés  nous  adresse  l'explica- 
tion d'une  balance,  avec  prière  de  la  pubher. 

Cette  balance,  pour  laquelle  il  n'y  a  pas 
besoin  de  poids,  se  compose  d'un  tube  re- 
courbé de  deux  branches;  la  branche  prin- 
cipale, celle  où  se  meut  le  piston,  d'un  dia- 
mètre plus  grand  que  celui  du  tube  gradué  ; 
à  l'extrémité  de  ce  tube  (  gradué  )  est  pra- 
tiqué un  orifice  assez  petit  pour  permettre 
l'introduction  de  l'air  et  pour  empêcher  le 
mercure  de  s'écouler  au  dehors.  A  côté  de 
ce  tube  on  a  adopté  une  échelle  qui  sert  à 
apprécier  le  poids  des  corps  soumis  à  l'expé- 
rience. Le  tube  principal,  est  muni  d'un 
piston  très  léger  et  surmonté  d'une  cap- 
sule qui  sert  à  recevoir  les  corps  que  l'on 
veut  peser;  le  tout  est  enveloppé  d'ua  man- 
chon d'acier  ou  de  bois,  sauf  l'extrémité  gra- 
duée. 

Le  jeu  de  cet  instrument  est  très  simple, 
le  tube  gradué  est  assez  large  pour  que  les 
variations  de  l'atmosphère  n'influent  que 
très  peu  sur  le  mercure. 

GOaSEayATIOTÎ  DES  MEMBRANES  ANQULES, 
FOETUS  ,  etc. 

Le  procédé  suifant  nous  est  indfqué  par 


M.  Leclerc,  pliarmacien  à  Montbard,  au- 
quel nous  sommes  déjà  redevables  d'arti- 
cles utiles  publiés  dans  ce  recueil.  Pour  con- 
server dfiS  membranes  animales  très  minces 
et  préserver  la  transparence  naturelle  de 
l'opacité  que  leur  communiquent  la  plupart 
des  hqueurs  ou  solutions  conservatrices  ha- 
bituellement employées,  il  faut  suspendre 
l'objet  à  conserver  à  l'aide  d'un  fil  ou  d'un 
crin,  dans  un' mélange  de  250  gramm.  de 
chlorure  de  soude  (chlorite)  et  de  Z2  gram. 
alcool,  à  22  degrés.  On  renouvelle  cette  h- 
queur  au  bout  d'une  semaine,  puis  on  gou- 
dronne le  goulot  du  vase  bien  bouché.  Il 
faut,  pour  avoir  une  bonne  Hqueur,  pren- 
dre un  chlorure  pur  alcalin,  et  tel  que  celui 
préparé  dans  les  pharmacies  par  le  pro- 
cédé de  double  décomposition  indiqué  par 
M.  Payen. 

Depuis  trois  ans  M.  Leclerc  conserve  un 
fœtus  de  veau  daiis  ses  enveloppes.  Le  U- 
quide  ne  s'est  nullement  coloré ,  et  la  mem- 
brane a  acquis  une  transparence  qui  permet 
de  voir  très  distinctement  le  foetus.  On  sait 
qu'il  est  impossible  de  conserver  cette  dia- 
phanéité  au  foetus  humain  dans  son  œuf, 
soit  par  l'alcool  faible,  soit  par  le  moyen 
des  solutions  de  sublimé  corrosif,  d'hydro- 
chlorate  d'ammoniac  ou  d'alun,  etc.  Il  est 
facile  de  concevoir  toute  l'utilité  du  procédé 
indiqué  par  M.  Leclerc,  pour  la  conserva- 
tion d'une  multitude  de  sajets  d'anatomie 
et  d'histoire  du  r,ègne  animal. 

M.  Leclerc  fait  remarquer  ^ue  les  pro* 
duits  gélatino-albumineux  altèrent  un  peu 
la  limpidité  de  la  légion  chlorurée,  surtout 
l'albumine  de  l'œuf,  qui  la  colore  en  jaun^ 
la  vitrine  ou  l'humeur  vitrée  de  l'œil,  le 
cristallin ,  la  cornée  transparente,  la  colo- 
rent beaucoup  moins,  c'est-à-dire,  que  la 
base  oxidésadique,  en  réagissant  sur  l'albu- 
mine, donne  lieu  à  sa  coloration.  Quelqpies 
essais  faits  par  M.  Leclerc  le  portent  à 
croire  que  le  chlorure  de  soude  qu'il  pro- 
pose, n'a  pas  d'action  décolorante  sur  la 
peau  des  reptiles,  à  en  juger  par  une  vipère 
qu'il  tient  plongée  depuis  ua  au  dans  ce  li- 
quide aleoolisé; 


lÉLAGAGE   OU  EBRANCHEMEKT   DES   ARBRES 
rORESTlERS. 

L'élagage  consiste  coramanément  à  cou- 
iper,  à  des  époques  plus  ou  moins  rappro- 
ekées,  les  brandies  d'un  arbre  depuis  le  sol 
jusqu'à  une  hauteur  qui  varie  selon  les  di- 
vers modes  en  usage. 

Il  est  prouvé  qu'un  arbre  vit  et  par  ses 
racines  et  par  ses  feuilles,  que  ces  deux  ap- 
pareils lui  sont  absolument  nécessaires  pour 
exister,  et  que  jamais  il  ne  profile  plus  que 
lorsqu'ils  sont  en  parfaite  harmonie.  C'est 
donc  ce  principe  qu'il  faut  conserver  ou  du 
moins  déranger  le  moins  possible  dans  les 
modes  d'élagage. 

Un  arbre  a  deux  sortes  de  branches  bien 
distinctes  ;  les  grosses  ou  gourmandes ,  qui 
ont  point  d'insertion  très  larije  sur  le  tronc, 
et  les  branchilles  qui  en  ont  un  faible.  En 
coupant  toutes  Qcs  brandies  indistinctement, 
on  étabUt  donc  un  grand  nombre  de  plaies 
dont  celles  des  premières  très  difficiles  à  ci- 
catriser; de  là  aussi  ces  défauts,  ces  loupes, 
comme  on  les  appelle,  lorsqu'on  débite  des 
vieux  bois.  Ensuite,  la  sève  montante  n'é- 
tant plus  en  harmonie  avec  la  sève  descen- 
dante ,  afflue  vers  la  portion  supérieure  dont 
les  branches  sont  restées  ;  ces  branches  pous- 
sant alors  considérablement  se  chargent  de 
feuilles  et  cassent  souvent  par  les  vents, 
attendu  que  le  tronc  est  obligé  de  plier  à 
leur  naissance.  D'un  autre  côté  la  sève , 
qui  n'a  pas  assez  de  débouchés  par  le 
trop  peu  de  branches  restantes,  finit  par 
sortir  par  une  infinité  de  jets  depuis  le  sol 
jusqu'à  cette  cîrne  conservée,  ainsi  que  par 
les  racines  traçantes  :  mais  en  tout  cas ,  on 
a  perdu  une  année  de  croissance  de  l'arbre, 
puisque  l'harmonie  n'a  point  été  conservée 
autant  que  possible,  et  alors  on  a  du  bois 

(d'inférieure  quahté  puisqu'il  est  rempli  de 
cicatrices,  de  gourmes  ou  gormes,  ainsi 
qu'on  le  dit  vulgairement. 
Il  est  plus  avantageux  de  diriger  l'arbre 
en  cône  depuis  la  cime  jusqu'à  une  certaine 
distance  du  sol ,  suivant  la  grossenr  de  l'ar- 
bre :  ainsi  l'élagueur,  monté  à  la  cime,  exa- 
mine laquelle  des  fortes  branches  de  cette 
cime  pousse  plus  droit  et  en  rapport  avec 
le  corps  de  l'arbre  j  il  coupe  les  branchilles 
qui  sont  à  celte  branche  à  une  certaine  di- 
stance de  son  corps,  et  toujours  en  augmen- 
tant la  longueur  à  mesure  qu'il  descend  j 
arrivé  aux  autres  branches  qui  avec  celle-là 
formaient  la  cime  ou  houppe,  il  les  coupe 
suivant  leur  grosseur^  à  cinquante,  soixante 
et  quatre-vingts  centimètres,  en  ayant  soin 
de  les  couper  toujours  au  dessus  de  quel- 
ques branchilles-,  en  descendant,  il  coupe 
en  ergots  de  plus  en  plu»  longs  toutes  les 
fortes  branches  qui  emporteraient  trop  de 
sève  ,  et  conserve  religituseincnt  toutes  les 
petites  branches  ou  branchilles  qui  tiennent 
au  corps  de  l'arbre;  enfin,  il  coupe  près  du 
tronc  toutes  les  branches  des  dernières  cou- 
ronnes ,  sans  distinction,  de  manière  qu'il 
y  ait  au  moins  trois  à  quatre  mètres  de  tronc 
i-ans  bronches. 


L'arbre  dispose  ainsi  pourra,  au  premier 
élagage  de  ce  genre,  ne  pas  paraître  beau, 
ces  troncs  de  .grosses  branches  ou  ergots  lé 
défigu-rant  pour  ainsi  dire  ;  mais  on  com- 
prendra qu'aussitôt  que  les  feuilles  auront 
poussé ,  l'arbre  deviendra  conique  ,  quel 
l'harmonie  sera  aussi  parfaite  que  possible 
entre  les  feuilles  et  les  racines ,  et  que  la 
sève  n'étant  plus  attirée,  principalement 
dans  les  fortes  branches  «u  gourmandes , 
se  répandra  dans  tout  le  corps  de  l'arbre  et 
le  fera  profiter  également  depuis  sa  base 
jusqu'à  sa  cime  :  cette  sève  trouvant  ensuite 
tous  ces  tronçons  et  les  branchilles  qui  l'at- 
tireront en  grande  quantité,  ne  poussera 
pas  ou  presque  pas  de  rejets  au  dessous  et 
sur  les  racines  traçantes.  Un  arbre  cepen 
dant  poussant  encore  quelques  remets,  il 
faut  les  faire  couper  vers  le  mois  d'août  et 
rarement  après  il  en  repousse. 

Une  chose  digne  de  remarque ,  c'est  que 
ces   troncs  de  grosses  branches,  quoique 
poussant  beaucoup  de  bois  à  leurs  extré 
mités  tronquées ,  ne  profitent  plus  en  gros- 
seur et  ne  servent  plus,  pour  ainsi  dire 
que  de  canaux  pour  faire  arriver  la  sève 
aux  branches  de  ces  extrémités,  de  manière 
que^  lorsque  par  la  hauteur  que  l'arbre 
atteindra  on  montera  en  proportion  la  hau 
leur  du  tronc  sans  branches ,  et  qu'on  cou 
pera  ces  tronçons  ou  ergots,  la  plaie  ne 
sera  pas  très  forte  et  se  cicatrisera  promp 
tement  :  donc  du  bois  de  bonne  qualité 
facile  à  vendre  cher. 

Un  premier  élagage  ainsi  fait,  comme 
l'arbre  croîtra  promplementet  avec  vigueur, 
il  faudra  ne  pas  être  plus  de  trois  ans  sans 
faire  monter  dessus  et  procéder  de  la  même 
manière ,  en  ayant  soin  cependant  de  couper 
rasle  corps  quelques  uns  des  plus  forts  tron- 
çons. 

Par  cette  manière,  on  récoltera  plus  de 
bois  que  par  la  manière  ordinaire ,  puis 
qu'en  conservant  toujours  l'harmonie  entreH 
les  deux  sèves  en  ne  perd  pas  comme  par 
celle-ci  une  année  sur  cinq  au  moins  ;  de 
plus,  on  n'a  que  de  bon  bois,  soit  en  bour- 
rées, soit  en  bois  de  travail. 

Ce  serait  une  grande  amélixiration  et  un 
véritable  bienfait  que  l'administration  des 
Ponls-et-Chaussés  provoquât  une  loi  qui 
forçât  les  propriétaires  riverains  des  routes 
et  chemins  à  ne  pas  laisser  de  branches  plus 
bas. que  3,  4,  et  même  5  mètres,  suivant  la 
grosseur  des  arbres,  de  cette  manière  les 
vents  dessécheraient  facilement  les  routes, 
en  même  temps  que  les  arbres  donneraient 
de  l'ombrage  et  que  leurs  branches  infé- 
rieures ne  iforceraient  plus  les  voyageurs  à 
ne  pouvoir  circuler  qu'à  4  ou  5  mètres  de 
la  ligne  des  arbres. 

Ce  qui  précède  peut  s'appliquer  à  presque 
tous  les  arbres  forestiers  et  en  rangées  :  si 
l'administration  des  Eaux-et-Forôts  suivait 
ce  mode  pour  les  baliveaux  et  les  modernes, 
nous  aurions,  sans  nul  doute,  déplus  belle 
charpente  que  celle  que  nous  obtenons  par 
la  méthode  ordinaire.     S.  T. 


SIXIÈME  ANNÉE.  1S3G. 

Édition  française. 


DEUXIÈME  SÉRIE. 

Première  année. 


DICTIONNAIRE  MENSUEL  ET  PROGIÎESSIF. 

IiéFî:RTOin.£    USUEZ. 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,   ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intéressant  directement 
L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle; 

L'exercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales  ;  i, 

L' exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 
PRIX  :  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE 

PAR  AJS  SIX  FRANCS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT-GEORGES,  No  H. 

Une  livraison  de  trente-deux  pages  par  mois,  contenant  un  demi-volume  tn-S" 

Les  souscripteurs  étant  autorisés  à  retenir— sur  le  prix  des  six  iidiXics—r  a  (franchissement  de  leur  leiire  et  le 
oiil  de  In  reconnaissance  de  poste,  l'abonnement  n'est,  de  fait,  que  de  CINQ  FRANCS  nets  pour  la  Société. 
■^0^»C^<»^B^-  . 

NUMERO  8  :  AOUT  1836. 


RÉPERTOIRE   CIVIL. 

Loi  sur  les  cheniins  vicinaux  ,  ISo.— Circulaire  mi- 
nistérielle, 150.— Elections  municipales,  1G1  —Papier 
timbré.  162.— Garde  nationale,  ;7y(rf.— Hypothèques, 
ihid.—  Infanticide,  ibid.—  Responsabilité  des  notaires, 
ibid.—  Témoignagne  en  justice,  ibid.  —Boissons,  ji/rf. 

RÉPERTOIRE    DOMESTIQUE. 

Éducation  de  l'enfance,  165.  —  Paupérisme  et  so- 
briété, 164.— Glace  artificielle,  163.  —  Egg-nog,  166.— 
Moyen  de  nourrir  les  veaux,  167. — Moyen  pour  recon- 
naître les  œufs  mâles  ou  les  femelles,  ibid.—  Tableau 
de  la  gestation  des  animaux,  ibid.  —  Des  pommes  de^ 


terre  employées  à  la  nourriture  des  chevaux,  1G8, 

RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 

Artichauts  de  primeurs,  170.— De  la  bréde  comparée 
à  l'épinard,  171.  —  De  quelques  plantes  potagères  nou- 
velles ,  172.  —  Arrachoir  à  bascule  ,  175.  —  Cbarrue- 
taupe  et  charrue  à  rigoles  ,  174.  —  Tisserands  ,170.- 
Ferblantier,  ;/'/</.-  Procédé  pour  la  fabrication  du  fer 
forgé,  177.— [Pink-colour  laque  minérale,  178. 

RÉPERTOIRE  DE  LA  CONVERSATION. 

Recherches  sur  l'inilueuce  du  prix  des  grains  sur  la 
mortalité,  les  naissances,  les  mariages,  etc. 


ci  1 

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JOURS. 

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132 

lundi. 

151 

2 

mardi. 

150 

5 

mercredi. 

149 

4 

jeudi. 

148 

S 

vendredi. 

147 

6 

samedi. 

140 

7 

DIM. 

145 

8 

lundi. 

114 

9 

mardi. 

U5 

10 

mercredi 

142 

11 

jeudi. 

141 

12 

vendredi. 

140 

15 

samedi. 

17,9 

14 

DIM. 

158 

15 

lundi. 

1.-7 

16 

mardi. 

1.-6 

17 

mercredi. 

15.S 

18 

jeudi. 

1.54 

19 

vendredi. 

155 

20 

samedi. 

152 

21 

DIM. 

l.-l 

22 

lundi. 

150 

2.1 

mardi. 

129 

24 

mercredi. 

128 

2o 

jeudi. 

127 

26 

vendredi. 

126 

27 

samedi. 

12.S 

28 

DIM. 

12* 

29 

lundi. 

125 

50 

mardi. 

122 

31 

mercredi. 

NOMS 
des 

SAINTS. 


Le 


1  lev.  du  soleil 
10  — 

20  — 

51  — 


s.  P.-ès-Liens. 
ste  Marie-des-A. 
Inv.  s.  Etienne. 
s.  Dominique. 
s.  Yon,  martyr. 
Transfigur.  N.S. 
s.  Donat. 
s.  Justin,  martyr. 
s.  Spire. 
s.  Laurent. 
ste  Suzanne. 
ste  Claire. 
s.  Hippolyte. 
Vk.ile-Jelne. 
ASSOMPTION. 
s.  Roch. 
s.  Libérât, 
s.  Agapit. 
s.  Louis,  év. 
s.  Rernard. 
s.  Philibert, 
s.  Symphorien. 
s.  Sidoine, 
s.  Barthélemi. 
8.  Louis,  roi. 
s.  Zéphyrin. 
s.  Césaire. 
s.  Augustin, 
s.  Mery,  abbé, 
s.  Fiacre, 
s.  Ovide. 

4  h. 


INTERETS 

de 

fr.  100 

à  4  p.  OiO. 


J.  fr 

214  S 

215  5 

216  S 


54 


219 

220 


56 

217  2  57 

218  2  58 

2 

2 

221  2  41 

222  2  42 
225  2  45 

224  2  44 

225  2 
2-26  2 

227  2 

228  2  48 

229  2  49 
259  2  50 
251  2 


59 
40 


46 
47 


252 


51 

52 


2.55  2  55 


254 
25o 


54 
55 


256  2  56 

257  2  57 
S58  2  58 
2.59  2  59 

240  2  60 

241  2  61 

242  2  62 
245  2  65 
244  2  64 


REVENU 


Par  an. 


Par  j  our. 


EMPLOI. 


55  m.  J  Couch.  7  h.  57  m. 

4  ?9    —    7   23 
.S    1    —    7    S 

5  Iri    —    0   45 

.*.!..  ...  i,.i'.t..  I  il.  .i'  I  \.t  !■•   -cs=; 


fr.  fr.  c. 

107.SO  29  45 

10800  29  58 

10850  29  72 

10900  29  86 

10950  50  00 

10000  50  15 

10050  50  27 

10100  50  41 

10150  50  54 

16200  50  68 

10250  50  82 

1050fJ  50  9S 

10550  51  09 

10400  5i  23 

10450  51  56 

10500  51  50 

105.i0  31  64 

10600  51  78 

10650  51  91 

10700  32  03 

11750  3-2  19 

118l;0  52  5-2 

11850  52  46 

1 1900  5-2  e;o 

11950  52  75 

1-2000  52  87 

1-20S0  35  01 

12100  55  15 

12150  33  28 

12-200  55  4-2 

1-2230  35  56 

D.  Q.  le  4,  à  7  heures  20  minutes  du 

N.  L.  le  1-3.  îi      SI       (ju 

P.  0.  le  19.  i(,      25      (lu 

P.  L.  le  tiS,  o      Y^               du 


dépense 

épargne 

9ll0 

l|10 

fr.  c. 

fr.  c. 

20  50 

2  94 

26  63 

2  9.S 

26  73 

2  97 

26  87 

2  98 

27  00 

3  00 

27  12 

3  01 

27  24 

3  0-2 

27  56 

3  04 

27  49 

3  03 

27  61 

3  06 

27  73 

3  08 

27  86 

5  09 

27  98 

3  10 

28  10 

3  12 

28  23 

3  13 

28  33 

5  13 

28  47 

3  16 

28  60 

5  17 

28  72 

5  19 

28  84 

3  20 

28  97 

5  21 

29  09 

3  23 

29  21 

3  24 

29  54 

3  26 

29  46 

5  27 

29  58 

5  28 

29  71 

5  30 

29  83 

5  51 

29  93 

5  52 

.-.0  08 

3  54 

30  20 

5  5S 

PRODUIT 

de  1|I0 

épargné 

au  bout  de 

20  ans. 


fr.  c. 
32574  00 
52723  50 
52877  03 
55028  55 
35180  15 
55331  65 
534S5  13 
55654  63 
.55786  13 
5-957  65 
34088  13 
.54259  65 
34,591  20 
34542  70 
34694  23 
5484S  70 
34997  50 
33148  80 
55500  30 
53431  80 
55603  34 
33734  83 
55906  58 
56057  90 
56209  43 
50500  94 
■"65 12  50 
56664  00 
308 15  50 
56-07  03 
57711  53 

soir, 
hoir, 
soir, 
matin. 


GORRESPQMDANGE. 


Paris  possède  une  société  centrale  des 
naufrages  ,  dont  M.  le  duc  de  Montmo- 
rency est  président,  et  qui  compte  dans  son 
sein  les  hommes  les  plus  marquans  et  les  plus 
philantropes  parmi  toutes  les  notabilités  de 
la  capitale.  Lu  des  membre  de  son  conseil 
d'administration  nous  adresse  la  lettre  qui  suit: 
A  monsieur  le  rédacteur  du  Journal  des  Con- 
naissances uUks. 
Monsieur , 
Un  journal  comme  le  vôtre  ,  entièrement 
consacré  à  ce  qui  est  bon  et  utile  ,  se  fera  saus 
doute  un  plaisir  d'employer  une  de  ses  colon- 
nes à  répandre  la  publicité  d'un  trait  de  cou- 
rage et  de  vertu  d'autant  plus  admirable  que 
c'est  un  enfant  qui  en  a  donné  l'exemple.  Je 
suis  persuadé  que  vos  abonnés  seront  bien  aises 
aussi  de  trouver  en  action  ,  en  exemple  ,  dans 
votre  excellent  recueil ,  un  fait  de  celte  morale 
pure  et  courajreuse  dont  vous  enseignez  les 
préceptes.  La  connaissance  en  a  été  trausmise 
à  la  Société  Centrale  des  >"aufrages  par  M.  le 
Préfet  de  la  Meurthe. 

Joseph-Auguste-César  de  Rochefort,  aujour- 
d'hui âgé  de  treize  ans,  est  né  de  pauvres 
cultivateurs  habitant  la  commune  de  Vaudri- 
gny,  arrondissement  de  Nancy.  Il  descend 
d'une  ancienne  et  noble  famille  delà  Lorraine; 
son  aïeul  «lait  capitaine  d'empire ,  et  lieute- 
nant du  prince  de  Lorraine  ,  en  l'Hli. 

A  l'âge  de  douze  ans ,  c'est-à-dire  en  1835 , 
César  tle  Rochefort  se  baignant  avec  desenfans 
d".  son  âge  ,  sauva  la  vie  au  jeune  Gourjaudé, 
àf'é  de  10  ans,  mais  ce  fait  passa  presque  ina- 
perçu. Le  -12  mai  dernier,  en  revenant  de 
faire  paître  les  vaches  qu'il  conduit  aux 
champs  chaque  jour ,  il  entend  des  cris  d'a- 
larmes ;  il  accourt.  Euphrasie  Gourjaudé,  sa 
cousine,  Agée  de  cinq  ans,  venait  de  tomber 
d'un  «ont  dans  la  rivière  de  Madon ,  torrent 
très-rapide  et  fort  dangcreu:;.  Rochefort  s'é- 
lance nage,  plonge,  saisit  l'enfant  disparu, 
le  ramène  à  la  Slirfece  et  s'efforce  de  gagner 
le  bord  eu  nageant  li'unc  main,  fea  force  ne 
répond  pas  à  son  courage  :  tous  deux  sont  en- 
traînés par  le  courant  vers  un  abîme  ou  1  eau 
s'engouffre  en  tournovaiit.  et  tous  deux  dispa- 
raissent. Néanmoins  il  lutte  avec  intrépidité 
et  revient  à  la  surface,  mais  sa  cousine  lui  est 
échappée.  Il  respire  et  ses  forces  se  raniment; 
il  cherche,  il  plonge  de  nouveau,  il  la  saisit 
lorsque  la  rapidité  du  courant  les  emporte, 
les  roule  de  tourbillon  eu  tourbillon,  cl  le 
choc  d'une  roche  lui  fait  encore  une  fois 
lâcher  prise.  Ce  n'est  plus  le  courage  d'un 
homme  qui  brûle  dans  le  cœur  d  un  enfant, 
c  est  la  persévérante  intrépidité  d  un  héros 
de  l'humanité.  Il  s'élance,  fend  les  ondes  nui- 
ffissantes ,  atteint  la  victime,  et,  par  un  puis- 
sant mais  dernier  effort ,  gagne  la  rive  et  ter- 
mine une  lutte  effrayante  qui  s  est  proloqgee 
dans  un  espace  de  tiO  toises. 

L'exaltation  de  ses  nobles  sentiraens  avait 
vaincu  Vàge  et  la  nature  :  sur  le  Lord  ,  l'un  et 
1  l'autre  reprirent  leurs  droits.  Les  nombreux 
témoins  de  celle  scène  emportèrent  les  deux 
enfans  évanouis ,  mais  on  fut  assez  heureux 
■  oour  les  rappeler  à  la  vie. 
'  Voilà ,  monsieur ,  un  bel  exemple  de  vertu 
que  la  société  se  propose  de  récompenser  di- 

gneine    j.^j  j.|jQj,neur,  etc. 

Macqu ET ,  membre  du  conseil 
Â' administra  lion 


A  monsieur  le  rédacteur. 
Monsieur."  • 

Je  m'empresse ,  pour  remplir  vos  désirs,  de 
X'ous  envoyer  les  renseignemens  que  vous  me 
demandez  relativement  au  poirier  greffé  sur 
pommier,  que  vous  avez  vu  chez  moi  il  y  a 
deux  ans.  C'est  presque  entièrement  au  hasard 
quejetîois  cette  singulière  expérience.  En  aoûl 
1S3U ,  je  préparai  une  cinquantaine  d'écussons 
de  poirier  Sl-(icrmaiu  pour  greffer  autant  de 
sujets  sauvageons  que  j'avais  dans  ma  pépi- 
nière. Quand  mon  opération  fut  terminée  sur 
les  sujets  de  poirier  ,  il  me  resta  un  bel  écusson 
qu'à  tout  hasard  je  plaçai  sur  unsujet  de  pom- 
mier doucin,  faute  d'autre;  je  ne  mettais 
ajucune  importance  à  ce  fait,  bien  persuadé 
que  ma  greffe  ne  reprendrait  pas. 

Au  printemps  suivant ,  je  rapprochai  mes 
sujets  sur  mes  greffes  sans  trop  faire  attention 
à  ce  qu'était  devenue  celle-ci.  Dans  le  cours 
de  l'année  je  la  vis  sans  trop  d'étonnement 
pousser  un  jet  vigoureux,  de  dix-huit  pouces 
de  longueur,  ce  qui  arrive  assez  souvent  aux 
greffes  hétérogènes  qui  ne  laissent  pas  de  périr 
la  seconde  ou  la  troisième  année  au  plus  tard. 

Eu  1>S3;J,  la  greffe  continuant  à  pousser  avec 
vigueur  ,  je  la  soumis  à  la  taille  atin  de  former 
le  sujet  eu  quenouille ,  et ,  pour  ne  pas  courir 
la  chance  de  la  perdre  par  la  transplantation 
je  la  laissai  dansnia  pépinière  où  elle  est  encore. 
C'est  alors  que  vous  la  vîtes,  et  que  l'inspec- 
tion de  deux  ou  trois  brindilles  du  sujet  qui 
étaient  poussées  au  pied  de  l'arbre  vous  con- 
vainquit d'une  manière  formelle  qu'il  était 
bien-réellement  greffé  sur  doucin.  Ces  brin- 
dilles existent  encore  et  je  les  conserverai.  En. 
1834  mon  poirier  marqua  quel<iues  boutons  à 
fleurs,  mais  ils  coulèrent.  Enfin  ,  l'année  der- 
nière ,  j'eus  le  plaisir  de  cueillir  dessus  une 
demi-douzaine  de  poires  fort  bonnes,  fort 
belles,  nullement  graveleuses,  et  la  récolte  de 
celte  année  sera  plu»  abondante.  Le  sujet 
est  piaulé  dans  une  terre  noire,  lourheusc,un 
peu  froide  ;  néanmoins  il  forme  une  pyramide 
assez  régulière  ,  d'une  végétation  un  peu  plus 
vigoureuse  que  celle  des  mêmes  poiriers 
greffés  sur  cognassier.  Je  pense  en  foruicr  un 
bel  arbre. 

J'ai  l'honneur,  etc. 

JoLV  ,  cultivateur-pépiniériste,  à 
Wissous,  près  Antony. 

On  nous  écrit  de  Caen  : 

L'emploi  des  sapeurs  flamands  à  la  récolte 
des  grains  va  être  essayé  pour  la  première 
fois  dans  noire  pays.  Déjà,  depuis  long-temps, 
la  faux  ordinaire  y  a  remplacé  partout  la 
faucile,  et  un  homme  abataujourd'hui  autant 
de  blé  que  quatre  hommes  en  coupaient  au- 
trefois. Mais  le  faucheur  a  encore  besoin  d'une 
javeleuse,  qui  reçoive  le  blé  coupé,  et  le 
range  sur  les  sillons.  Le  sapeur  flamand  fait 
lui  seul  ce  double  travail.  Armé  ,  d'une  main, 
de  sa  petite  faux  à  manche  court,  appelée 
sape,  dont  l'extrémité  applatie  sert  d'appui  à 
sou  bras,  il  tient  de  l'autre  un  crochet  qui 
reçoit  le  blé  à  mesure  qu'il  le  coupe,  ai, 
comme  on  l'assure,  à  celle  économie  de  temps 
se  joint  l'exécution  supérieure  du  travail,  il 
n'y  a  pas  de  doute  que  la  sape ,  employée  gé- 
néralement dans  les  environs  de  Paris ,  ne 
se  répande  promptement  dans  nos  campa- 
gnes. 


15& 


REPERTOIRE  CIVIL. 


I.  mTÉRÊTS  GÉNÉRAUX.  -  II.  MORALE  ET  INSTRUCTION  PUBLIQUES. 
III.  DEVOIRS  ET  DROITS  CIVILS  ET  POLITIQUES. 


La  nouvelle  loi  des  chemins  vicinaux  réclamée  de  toutes  parts  par  Tinsuffisance 
de  celle  de  1834,  a  été  votée  dans  cette  cession.  Celte  loi  qui  laisse  encore  à  désirer 
dans  beaucoup  de  ses  dispositions,  doit  cependant  exercer  une  grande  influence  sur 
la  prospérité  de  notre  agriculture  et  de  notre  commerce  intérieur.  Nous  la  repro- 
duisons texluelicmenl  en  la  faisant  suivre  de  quelques  extraits  d'une  circulaire  adressée 
aux  préfets  par  le  ministre  de  1  intérieur  et  qui  trace  des  règles  à  suivre  pour  l'exécution 
de  la  loi,  ainsi  que  les  formalités  à  observer  pour  accomplir  ses  prescriptions. 


SECTION  Ire. 

Chemins  vicinaux. 

ARTICLE  1er.  Les  chemins  vicinaux  léga- 
lement reconnus  sont  à  la  charge  des  com- 
munes, sauf  les  dispositions  de  l'art.  7,  ci- 
après. 

ART.  2.  En  cas  d'insufGsance  des  ressources 
ordinaires  des  communes,  Usera  pourvu  à  l'en- 
tretien des  chemins  vicinaux  à  l'aide ,  soit  de 
prestations  en  nature,  dont  le  maximum  est 
fixé  à  trois  journées  de  travail,  soit  de  cen- 
times spéciaux  en  addition  au  principal  des 
quatre  contributions  directes,  et  dont  le  ma- 
ximum est  fixé  à  cinq. 

Le  conseil  municipal  pourra  voter  l'une  ou 
l'autre  de  ces  ressources,  ou  toutes  les  deux 
concurremment. 

Le  concours  des  plus  imposés  ne  sera  pas 
nécessaire  dans  les  délibératious  prises  pour 
l'exécution  du  présent  article. 

ART.  3.  Tout  habitant,  chef  de  famiUe  ou 
d'établissement ,  à  titre  de  propriétaire,  de  ré- 
gisseur, de  fermier  ou  de  colon  partiaire, 
porté  au  rôle  des  contributions  directes ,  pourra 
être  appelé  à  fournir,  chaque  année,  une 
prestation  de  trois  jours  : 

loPour  sa  personne  et  pour  chaque  individu 
mâle  valide ,  âgé  de  dix-huit  ans  au  moins  et 
de  soixante  ans  au  plus ,  membre  ou  serviteur 
de  la  famille  et  résidant  dans  la  commune. 

2o  Pour  chacune  des  charrettes  ou  voitures 
attelées ,  et ,  en  outre ,  pour  chacune  des  bétes 
de  somme ,  de  trait ,  de  selle ,  au  service  de  la 
famille  ou  de  l'établissement  dans  la  com- 
mune. 

ARTv  4.  La  prestation  sera  appréciée  en  ar- 
gent, cnnformément  à  la  valeur  qui  aura  été 
attribuée  annuellement  pour  la  commune  à 
chaque  espèce  de  journée  par  le  conseil-géné- 
ral, sur  les  propositions  des  conseils  d'arron- 
dissement. 

La  prestation  pourra  être  acquittée  en  na- 
ture ou  en  argent ,  au  gré  du  contribuable. 
Toutesles  fois  que  le  contribuable  n'aura  pas  op- 


té dans  les  délais  prescrits ,  la  prestation  sera 
de  droit  exigible  en  argent. 

La  prestation  non-rachelée  en  argent  pourra 
être  convertie  en  tâches ,  d'après  les  bases  et 
évaluations  de  travaux  préalablement  fixées 
par  le  conseil  municipal. 

ART.  5.  Si  le  conseil  municipal,  mis  en  de-« 
meure ,  n'a  pas  volé ,  dans  la  session  désignée 
à  cet  effet ,  les  prestations  et  centimes  néces- 
saires ,  ou  si  la  commune  n'en  a  pas  fait  em- 
ploi dans  les  délais  prescrits ,  le  préfet  pourra, 
d'office ,  soit  imposer  la  commune  dans  les  li- 
mites du  maximum,  soit  faire  exécuter  les 
travaux. 

Chaque  année,  le  préfet  communiquera  au 
conseil  général  l'état  des  impositions  établies 
d'office  en  vertu  du  présent  article. 

ART.  6.  Lorsqu'un  chemin  vicinal  intéres- 
sera plusieurs  communes,  le  préfet ,  sur  l'avis 
des  conseils  municipaux,  désignera  les  com- 
munes qui  devront  concourir  à  sa  construc- 
tion ou  à  son  entretien ,  et  fixera  la  propor- 
tion dans  laquelle  chacune  d'elles  y  contri- 
buera. 

SECTION  II. 

Chemins  vicinaux  de  grande  communication. 

ART.  7.  Les  chemins  vicinaux  peuvent,  se- 
lon leur  importance ,  être  déclares  chemins  vi- 
cinaux de  grande  communication  par  le  con- 
seil général,  sur  l'avis  des  conseils  munici* 
paux,  des  conseils  d'arrondissement,  et  sur 
la  proposition  du  préfet. 

Sur  les  mêmes  avis  et  proposition ,  le  con- 
seil général  détermine  la  direction  de  chaque 
chemin  vicinal  de  grande  communication ,  et 
désigne  les  communes  qui  doivent  contribuer 
à  sa  construction  ou  à  son  entrelien. 

Le  préfet  fixe  la  largeur  et  les  limites  du  che- 
min, et  détermine  annuellement  la  propor- 
tion dans  laquelle  chaque  commune  doit  con- 
courir à  l'entretien  de  la  ligne  vicinale  dont 
elle  dépend  ;  il  statue  sur  les  offres  faites  par 
les  particuliers ,  as&ociations  de  partieulicr;  oq 
de  coouQuDes, 


155 

ARt.  8.  Les  chcmin«  vicinaux  de  grande 
commnnication  ,  et ,  dans  des  cas  extraordi- 
naires,  les  autres  chemins  ricinaux,  pourront 
recevoir  des  subventions  sur  les  fonds  dépar- 
tementaux. 

Il  sera  pourvu  à  ces  subventions  an  moyen 
des  centimes  facultatifs  ordinaires  du  dépar- 
tement ,  et  de  centimes  spéciaux  votés  annuel- 
lement par  le  conseil  {général. 

La  distribution  des  subventions  sera  faite,  en 
ayant  égard  aux  ressources ,  aux  sacriOces  et 
aux  besoins  des  communes ,  par  le  préfet ,  qui 
en  rendra  compte ,  chaque  année,  au  conseil 
général. 

Les  communes  acquitteront  la  portion  des 
dépenses  mises  à  leur  charge  au  moyen  de 
leurs  revenus  ordinaires ,  et ,  en  cas  d'insuffi- 
sance ,  au  moyen  de  deux  journées  de  presta- 
tions sur  les  trois  journées  autorisées  par  l'ar- 
licle  2 ,  et  des  deux  tiers  des  centimes  votés 
par  le  conseil  municipal  en  vertu  du  même 
article. 

ART.  9.  Les  chemins  vicinaux  de  grande 
communication  sont  placés  sous  l'autorité  du 
préfet.  Les  dispositions  des  art.  i  et  5  de  la 
présente  loi  leur  sont  applicables. 

Dispositions  (/énérales. 


ART.  10.  Les  chemins  vicinaux  reconnus  et 
maintenus  comme  tels  sont  imprescriptibles. 
ART.  11.  Le  préfet  pourra  nommer  des  agens 
Toyers. 

Leur  traitement  sera  flxé  par  le  conseil  gé- 
néra). 

Ce  traitement  sera  prélevé  sur  les  fonds  af- 
fectés aux  travaux. 

Les  agens  voyers  prêteront  serment  ;  ils  au- 
ront le  droit  de  constater  les  contraventions 
et  délits ,  et  d'en  dresser  des  procès-verbaux. 
ART.  12.  Le  maximum  des  centimes  spé- 
ciaux qui  pourront  être  votés  par  les  conseils 
généraux,  en  vertu  de  la  présente  loi,  sera 
déterminé   annuellement  par   la   loi    de   li- 

jiances. 

ART.  13.  Les  propriétés  de  l'état,  productives 
de  revenus ,  contribueront  aux  dépenses  des 
chemins  vicinaux  dans  les  mêmes  proportions 
que  les  propriétés  privées,  et  d'après  un  rôle 
spécial  dressé  par  le  préfet. 

Les  propriétés  de  la  couronne  contribueront 
aux  mêmes  dépenses ,  conformément  à  l'ar- 
ticle 13  de  la  loi  du  2  mars  1832. 

ART.  14.  Toutes  les  fois  qu'un  chemin  vici- 
nal ,  entretenu  à  l'état  de  viabilité  par  une 
commune  ,  sera  habituellement  ou  tcmporai- 
TCment  dégradé  par  des  exploitations  de  mines, 
de  carrières ,  de  forcis  ou  de  toute  entreprise 
industrielle  appartenant  à  des  particuliers,  à 
des  étahUsscmcns  publics ,  à  la  couronne  ou  à 
l'état ,  il  pourra  y  avoir  lieu  à  imposer  aux  en- 
trepreneurs ou  propriétaires,  suivant  que 
l'exploitation  pu  les  transports  auront  eu  lieu 
pour  les  uns  ou  les  autres,  des  subveutloûs  spé-. 


ciales ,  dont  la  quotité  sera  proportionnée  à  la 
dégradation  extraordinaire  qui  devra  être  at- 
tribuée aux  exploitations. 

Ces  subventions  pourront ,  au  choix  des  sub- 
venlionnaires,  être  acquittées|en  argent  ou  en 
prestations  en  nature,  et  seront  exclusivement 
affectées  à  ceux  des  chemins  qui  y  auront 
donné  lieu. 

Elles  seront  réglées  annuellement ,  sur  la 
demande  des  communes,  par  les  conseils  de 
préfecture,  après  des  expertises  contradictoires 
et  recouvrées  comme  eu  matière  de  contribu- 
tions directes. 

Les  experts  seront  nommés  suivant  le  mode 
déterminé  par  l'article  17  ci-après. 

Ces  subventions  pourront  aussi  être  déter- 
minées par  abonnement  ;  elles  seront  réglées, 
dans  ce  cas,  par  le  préfet  en  conseil  de  pré- 
fecture. 

ART.  l.'i.  Les  arrêtés  du  préfet  portant  re- 
connaissance et  (ixalion  de  la  largeur  d'un 
chemin  vicinal  allribueut  définitivement  au 
cheminée  sol  compris  dans  les  limites  qu'ils 
déterminent. 

Le  droit  des  propriétaires  riverains  se  résout 
en  une  indemnité,  qui  sera  réglée  à  l'amiable 
ou  par  le  juge-dc-paix  du  canton ,  sur  le  rap- 
port d'experts  nommés  conformément  à  l'ar- 
ticl(»  17. 

ART.  1(5.  Les  travaux  d'ouverture  et  de  re- 
dressement des  chemins  vicinaux  seront  auto- 
risés par  arrêté  du  préfet. 

Lorsque,  pour  l'exécution  du  présent  ar- 
ticle, il  y  aura  lieu  de  recourir  à  l'expropria- 
tion .  le  jury  spécial ,  chargé  de  régler  les  in- 
demnités, ne  sera  composé  que  de  quatre  ju- 
I  rés.  Le  tribunal  d'arrondissement,  en  pronon- 
çant l'expropriation  ,  désignera,  pour  présider 
et  diriger  le  jury  ,  l'un  de  ses  membres  ou  le 
juge-de-paix  du  canton.  Ce  magistrat  aura 
Toix  délibérative  en  cas  de  partage. 

Le  tribunal  choisira ,  sur  la  liste  générale 
prescrite  par  l'article  29  de  la  loi  du  7  juillet 
1833,  quatre  personnes  pour  former  le  jury 
spécial,  et  trois  jurés  supplémentaires.  L'ad- 
minisli'ation  et  la  partie  intéressée  auront 
respectivement  le  droit  d'exercer  une  récusa- 
tion péremptoire. 

Le  juge  recevra  lesacquiescemens  des  par- 
ties. 

Son  procès-verbal  emportera  translation 
définitive  de  propriété. 

Le  recours  en  cassation,  soit  contre  le  ju- 
gement qui  prononcera  l'expropriation,  soit 
contre  la  déclaration  du  jury  qui  réglera  lin- 
demnité,  n'aura  lieu  que  dans  les  cas  prévus 
et  selon  les  formes  déterminées  par  la  loi  du 
7  juillet  1833. 

Art.  17.  Les  extractions  de  matériaux,  les 
dépôts  ou  cnlèveniensde  terre, les  occupations 
temporaires  de  terrains,  seront  autorisés  par 
arrêté  du  préfet,  lequel  désignera  les  lieux; 
cet  arrêté  sera  notifié  aux  parties  intéressées 


au  moins  dix  jour»  avant  que  son  exécution 
puisse  être  commencée. 

Si  l'indemnité  ne  peut  être  fixée  à  l'amiable, 
elle  sera  refilée  par  le  conseil  de  préfecture , 
sur  le  rapport  d'experts  nommés,  l'un  par  le 
soHs-prét'et,  et  l'autre  par  le  propriétaire. 

En  cas  de  discorde,  le  tiers-expert  sera 
nommé  par  le  conseil  de  préfecture. 

Art.  18.  L'action  en  indemnité  des  pro- 
priétaires pour  le5  terrains  qui  auront  servi  à 
la  confection  des  chemins  \icinaux,  et  pour 
extraction  de  matériaux,  sera  prescrite  par  le 
laps  de  deux  ans. 

Art.  10.  En  cas  de  chanj^ement  de  direc- 
tion ou  d'abandon  d'un  chemin  vicinal,  en 
tout  ou  partie,  les  propriétaires  riverains  de 
la  partie  de  ce  chemin,  qui  cessera  de  servir 
dévoie  de  communication,  pourront  faire  leur 
soumission  de  s'en  rendre  acquéreurs  ,  et 
d'en  payer  la  valeur,  qui  sera  lixée  par  des 
experts  nommés  dans  la  l'orme  déterminée 
par  l'article  17. 

Art.  20.  Les  plans,  procès-verbaux,  certi- 
ficats,  significations,  jugemens ,  contrats, 
marchés,  adjudications  de  travaux,  quittances 
et  autres  actes  ayant  pour  objet  exclusif  la 
construction,  l'entretien  et  la  réparation  des 
chemins  vicinaux,  seront  enregistrés  moyen- 
nant le  droit  fixe  de  un  franc. 

Les  actions  civiles  intentées  par  les  com- 
munes ou  dirigées  contre  elles  ,  relativement 
à  leurs  chemins,  seront  jugées  comme  affaires 
sommaires  et  urgentes  ,  conformément  à 
l'article  -405  du  Code  de  procédure  civile. 

Art.  21.  Dans  l'année  qui  suivra  la  pro- 
mulgation de  la  présente  loi ,  chaque  préfet 
fera,  pour  en  assurer  l'exécution ,  un  règle- 
ment qui  sera  communiqué  au  conseil  géné- 
ral, et  transmis,  avec  ses  observations,  au  Mi- 
nistre de  l'intérieur,  pour  être  approuvé,  s'il  y 
a  lieu. 

Ce  règlement  fixera,  dans  chaque  départe- 
ment, le  maximum  de  la  largeur  des  chemins 
vicinaux  ;  il  fixera,  en  outre,  les  délais  né- 
cessaires à  l'exécution  de  chaque  mesure,  les 
époques  auxquelles  les  prestations  eu  nature 
devront  être  faites,  le  mode  de  leur  emploi  ou 
de  leur  conversion  en  tâches,  et  statuera,  en 
même  temps,  sur  tout  ce  qui  est  relatif  à  la 
confection  des  rôles,  à  la  comptabilité,  aux 
adjudications  et  à  leur  forme,  aux  aligncinens, 
aux  autorisations  de  construire  le  long  des 
chemins,  à  l'écoulement  des  eaux,  aux  plan- 
tations, à  l'élagage,  aux  fossés,  à  leur  curage, 
et  à  tous  les  autres  détails  de  surveillance  et 
de  conservation. 

Art.  22.  Toutes  les  dispositions  de  lois  an- 
térieures demeurent  abrogées  en  ce  qu'elles 
auraient  de  contraire  à  la  présente  loi. 

La  présente  loi,  discutée,  délibérée  et  adop- 
tée par  la  Chambre  des  Pairs  et  par  celle  des 
Députés,  et  sanctionnée  par  nous  cejourd'hui, 
sera  exécutée  comme  loi  de  l'État. 


157 
DONXOXS  EN  MANDEMENT  à  nos  Cours  et 
Tribunaux,  Préfets,  (^orps  administratifs  et 
tous  autres,  que  les  présentes  ils  gardent  et 
maintiennent,  fassent  garder  ,  observer  et 
maintenir,  et,  pour  les  rendre  plus  notoires 
à  tous,  ils  les  fassent  publier  et  enregistrer 
partout  où  besoin  sera;  et,  afin  que  ce  soit 
chose  ferme  et  stable  à  toujours,  nous  y  avons 
fait  mettre  notre  sceau. 

Fait  à  Paris,  au  palais  des  Tuileries,  le  21a 
jour  du  mois  de  mai,  l'an  l.s;i(j. 

Signé  LOUIS-PHILIPPE. 

CIRCULAIRE  MINISTÉRIELLE 

Sur  l'application  de  la  loi  du  21  mai  1836. 

«  ^lonsieur  le  préfet,  la  révision  de  la  légis- 
lation sur  les  chemins  vicinaux  était  depuis 
long-temps  demandée  ;  la  loi  du  21  mai  l^'AG 
vient  de  satisfaire  à  ce  besoin. 

La  longue  discussion  dont  cette  loi  a  été  l'ob- 
jet dans  les  deux  chambres,  pourrait  au  besoia 
y  servir  do  commentaire.  Vous  l'aurez  suivie, 
je  n'en  doute  pas,  avec  l'intérêt  que  com- 
mandaient des  débats  où  venaient  se  résoudre 
les  plus  importantes  questions  de  l'adminis- 
tration pratique; vous  l'aurez  suivie  avec  l'in- 
térêt que  pouvait  y  porter  un  administrateur 
chargé  d'appliquer  bientôt  la  législation  nou- 
velle, et  qui,  avant  d'en  étudier  les  détails,  de- 
vait en  saisir  l'esprit  dans  son  ensemble. 

«  Le  caractère  principal  de  la  loi  dont  le 
pays  vient  d'être  doté,  c'est  qu'elle  n'est  pas 
une  loi  de  théorie  ;  c'est  une  loi  de  pratique. 
Ses  dispositions  ne  sont  que  le  résumé  de  l'ex- 
périence acquise  depuis  plusieurs  années  ;  les 
changemens  qu'elle  apporte  à  la  législation 
précédente  ne  sont  pas  le  fruit  de  seules  études 
spéculatives  ;  ils  avaient  tous  été  réclamés  par 
les  administrateurs  dont  les  efforts  étaient  trop 
souvent  paralysés  par  l'inefficacité  des  moyens 
mis  à  leur  disposition;  ils  ne  sont,  pour  la 
plupart  enfin,  que  la  traduction  en  articles  de 
loi  de  ce  qui  se  fait  depuis  long-temps  sur  tous 
les  points  du  royaume,  de  ce  que  les  besoins 
de  l'époque  avaient  suggéré  d'améliorations 
au  zèle  des  administrateurs,  au  bon  esprit  des 
administrés. 

.  La  législation  précédente  avait  fait  de  la 
réparation  et  de  l'entretien  des  chemins  vi- 
cinaux une  charge  communale,  mais  elle  l'avait 
laissée,  pour  ainsi  dire,  au  rang  des  dépenses 
facultatives,  en  ne  donnant  à  l'autorité  supé- 
rieure qu'un  droit  de  surveillance  dépouillée 
de  tout  pouvoir  coërcitif.  Désormais  l'entretien 
des  chemins  vicinaux  est  classé  au  nombre 
des  dépenses  ordinaires  et  obligées  des  com- 
munes ;  les  préfets  sont  investis  du  droit  de 
faire  suivre  le  conseil  par  l'injonction  ;  ils 
pourront  supi>léer  par  l'action  directe,  s'il  le 
faut,  àliudifférence  ctà  finerlie,  et  silsdoiven  t 
n'user  de  ce  pouvoir  nouveau  qu'avec  une 
sage  véserve,  ils  sauront  cependant  eu  faire 


458 

usage  (lès  que  l'intérêl  du  pays  le  commaii-  \ 

dera. 

t  Trop  peu  de  liberté  avait,  d'un  autre 
côté,  été  laissée  à  l'autorité  municipale  dans 
le  choix  des  moyens  à  employer  pour  la  ré- 
paration des  chemins  vicinaux.  La  prestation 
en  nature  devait  toujours  être  employée  avant 
qu'il  fût  permis  aux  conseils  municipaux  de 
voter  des  centimes  additionnels;  il  leur  sera 
loisible  maintenant  de  donner  préférence  à 
celle  de  ces  ressources  dont  l'emploi  leur 
paraîtra  le  plus  conforme  aux  intérêts  de  la 
commune,  ou  même  de  les  employer  simul- 
tanément. 

«  L'isolement  des  efforts  des  communes 
n'était  pas  le  moindre  obstacle  qu'avait  laissé 
subsister  l'ancientne  législation  à  l'améliora- 
tion des  communications  vicinales.  Si  c'est 
Tin  principe  incontestable  que  l'entretien  des 
chemins  vicinaux  est  d'abord  une  charge 
communale,  il  faut  pourtant  reconnaître  qu'il 
est  de  ces  voies  publiques  qui,  par  les  dé- 
penses qu'elles  exigent,  sont  au  dessus  des 
ressources  d'une  seule  commune,  et  qui,  par 
leur  étendue,  intéressent  plusieurs  communes. 
La  nécessité  avait  donc  amené  les  conseils 
généraux  et  les  préfets  à  appliquer  de»  fonds 
départementaux  à  des  travaux  que  la  loi  re- 
gardait comme  une  charge  exclusivement 
communale,  et  l'administration  supérieure 
avait  été  contrainte  de  tolérer  cette  déroga- 
tion à  la  législation  existante.  Une  faculté  lé- 
gale remplace  aujourd'hui  une  simple  tolé- 
rance, et  l'affectation  des  fonds  départemen- 
taux comme  fond  s  de  concours  est  maintenant 
autorisée  par  la  loi,  mais  dans  de  justes  limites, 
avec  les  précautions  et  les  formes  nécessaires 
pour  en  assurer  l'utile  emploi. 

«  L'absence  d'agens  spéciaux  chargés  de 
préparer  et  de  diriger  les  travaux  se  faisait 
vivement  sentir,  et  si,  dans  quelques  dépar- 
lemens,  leur  réaction  avait  devancé  la  loi, 
les  agens  que  l'administration  employait  sous 
divers  titres  étaient  restés  sans  caractère  offi- 
ciel et  légal;  il  leur  manquait  surtout  le  droit 
de  constater  les  contraventions.  La  loi  nou- 
Yelle  remplit  cette  lacune,  et  partout  où  Je 
zèle  et  les  lumières  des  ingénieurs  et  agens 
des  ponts  et  chaussées  ne  pourront  être  em- 
ployés au  service  des  communications  vici- 
nales, les  préfets  pourront  aujourd'hui  choisir 
et  comraissionncr  des  agens-voycrs  qui  rece- 
vront d'eux  un  caractère  officiel  et  qui  assu- 
reront le  succès  des  projets  conçus  par  l'ad- 
ministration. 

Les  droits  de  l'administration  avaient  été 
incomplètement  définis  jusqu'à  présent,  quant 
à  la  reconnaissance  des  chemins  vicinaux,  à 
la  fixation  de  leur  largeur,  et  à  l'occupation 
des  terrains  nécessaires  à  l'élargissement  de 
ces  chemins.  Il  fallait  rechercher  péniblement 
quelques  articles  épars  de  lois,  de  décrets  et 
d'ordonnances  plus  ou  moins  applicables,  et 
former  ainsi  une  jurisprudence  par  voie  de 


simple  induction.  La  loi  du  S4  mai  1836  a  ré- 
uni et  coordonné  les  principes  consacrés  déjà, 
elle  les  a  complétés  comme  le  demandait 
l'expérience,  et  l'administration  n'aura  plus  à 
craindre  de  tomber  dans  l'arbitraire  on  faisant 
ce  que  lui  commande  rintérét  de  la  viabilité. 

Enfin  ,  M.  le  préfet,  et  c'est  là  une  de»  dis- 
positions les  plus  importantes  de  la  législation 
nouvelle ,  la  loi  du  21  mai  1836,  générale  dans 
tout  ce  qui  est  du  domaine  des  principes  gé- 
néraux ,  est  devenue  aussi  une  loi  locale ,  si 
je  puis  m'expriraer  ainsi ,  par  la  faculté  laissée 
aux  administrateurs  de  faire  des  règlemens 
spéciaux  pour  l'application  de  ces  principes, 
décentralisant  ainsi  dans  une  juste  et  sat^e 
mesure  cette  portion  de  l'action  administrative 
qui  peut  sans  inconvénient  être  reportée  du 
centre  aux  extrémités. 

La  loi  du  21  mai  1S36,  si  impatiemment  at- 
tendue et  si  mûrement  délibérée ,  ne  man- 
quera donc  pas  aux  espérances  du  pays  ;  elle 
prendra  place  au  rang  des  travaux  législatifs 
les  plus  importans  de  l'époque  actuelle  ;  mais 
si  elle  doit  être  pour  notre  agriculture  surtout 
une  source  de  prospérité  ,  elle  est  aussi  pour 
l'administration  un  gage  de  la  confiance  du  roi 
et  des  chambres.  Cette  confiance,  nous  la 
justifierons  en  nous  dévouant  à  son  exécution, 
en  consacrant  tous  nos  efforts  à  l'amélioration 
A<}  la  branche  du  service  public  qui  vient 
d'être  régénérée,  et  dans  le  compte  annuel 
que  j'aurai  à  rendre  au  roi  de  l'emploi  des 
ressources  que  la  loi  nouvelle  met  à  notre  dis- 
position ,  je  serai  heureux  de  pouvoir  lui  si- 
gnaler les  administrateurs  de  tous  les  rang» 
qui  sauront  se  aistingucr  par  un  zèle  éclairé, 
par  une  volonté  ferme  et  soutenue,  par  des 
succès  marqués  dans  la  voie  d'amélioration  où 
nous  venons  d'entrer. 

»  La  prestation  en  nature  a  été  rangée  par 
l'art.  2  de  la  loi  du  21  mai  1836  au  nombre 
des  ressources  que  les  communes  pouvaient 
appliquer  à  l'entretien  et  à  la  réparation  de» 
chemins  vicinaux.  L'art.  3  a  pour  objet  de 
désigner  quels  sont  les  citoyens  qui  doivent 
être  imposés  à  celte  contribution  d'une  nature 
toute  spéciale. 

•  L'application  de  l'article  dont  nous  nous 
occupons  est  facile ,  quelque  compliquée  que 
puisse  paraître  sa  rédaction  ,  lorsqu'on  a  bien 
saisi  l'esprit  dans  lequel  il  a  été  conçu  ,  lors- 
qu'on a  bien  compris  la  distinction  à  faire 
entre  l'obligation  imposée  à  l'habitant  , 
comme  habitant  et  en  vue  de  sa  personne  seu- 
lement ,  et  l'obligation  iniposéi-  à  tout  individu 
en  vue  de  la  famille  dont  il  est  le  chef,  ou  de 
l'élablissenient  agricole  ou  autre  dont  il  est 
propriétaire  ou  gérant  à  quelque  titre  que  ce 
soit.  Dans  le  premier  cas,  l'obigation  est  per- 
sonnelle et  directe ,  en  ce  sens  qu'elle  n'est 
plus  imposée  au  contribuable  pour  sa  personne 
seule  ;  dans  le  second  cas,  l'obligation  est  in- 
directe ,  en  ce  sens  qu'elle  n'est  plus  imposée 
au  contribuable  pour  la  personne,  mais  bien 


pour  les  moyens  d'exploitation  de  son  établis- 
sement ,  lesquels  se  composent  dos  membres 
de  sa  famille  et  de  ses  serviteurs,  et  encore  de 
ses  inslrumens  de  travail ,  tels  que  charrettes  , 
voitures  ,  bêtes  de  somme  ,  de  trait  et  de 
selle. 

»  Ainsi  donc  tout  habitant  peut  être  imposé 
à  la  prestation  en  nature  ,  directement  et  pour 
sa  personne,  s'il  est  porté  au  rôle  des  contribu- 
tions, mâle,  valide  ,  et  àffé  de  dix-huit  ans  au 
moins  et  de  soixante  ans  au  plus.  Dans  ce  cas, 
l'habitant  est  considéré  comme  individu  ,  et  la 
prestation  en  nature  lui  est  demandée ,  seule- 
ment comme  membre  de  la  communauté  ,  in- 
téressé par  conséquent  à  tout  ce  qui  peut  con- 
tribuer à  sa  prospérité  ,  notamment  au  bon 
état  des  chemins.  Voilà  l'obligation  person- 
nelle ,  l'obligation  directe  ,  résultant  de  la  seule 
qualité  d'habitant  de  la  commune  ,  et  abstrac- 
tion faite  de  toute  qualité  de  propriétaire  ,  de 
chef  de  famille  ou  d'établissement. 

Mais  s'il  a  une  famille  ,  s'il  est  propriétaire, 
s'il  gère  une  exploitation  agricole ,  comme  ré_ 
gisseur,  fermier  ou  colon  partiaire  ,  s'il  admi- 
nistre un  établissement  industriel,  cet  habitant 
a  nécessairement  un  intérêt  plus  étendu  à  la 
prospérité  de  la  communauté  et  au  bon  état 
des  communications;  d'ailleurs  l'exploitation  de 
son  établissement,  quelqu'ilsoit,  nepeutse faire 
sans  dégrader  les  chemins  de  sa  commune , 
et  il  est  juste  qu'il  contribue  à  la  réparation 
ordinaire  de  ces  chemins  dans  la  proportion 
des  moyens  d'exploitation  qui  les  dégradent. 
La  loi  permet  donc  de  lui  demander  la  pres- 
tation en  nature  pour  chaque  membre  ou  servi- 
teur de  la  famille,  mâle,  valide,  âgé  de  dix-huit 
ans  au  moins  ,  et  de  soixante  ans  au  plus,  ré- 
sidant dans  la  commune ,  et  encore  pour  cha- 
que charelte  ou  voiture  attelée  ,  pour  chaque 
bête  de  somme,  de  trait  et  de  selle,  au  service 
de  la  famille  ou  de  l'établissement  dans  la 
commune. 

»  Voilà  l'obligation  ,  non  plus  directe  et  im- 
posée personnellement  en  vue  de  la  seule  qua- 
lité de  membre  de  la  communauté ,  mais  indi- 
recte et  imposée  en  vue  de  la  famille  et  de 
l'exploitation  agricole  ou  industrielle.  A  vrai 
dire,  c'est  dans  ce  cas  l'exploitation  ou  l'éta- 
blissement qui  sont  imposés  eu  raison  de  leur 
importance  et  de  leur  intérêt  présumé,  au  bon 
état  des  chemins  et  de  l'usage  qu'ils  en  font , 
et  c'est  le  chef  de  la  famille  ,  de  l'exploitation 
agricole  ,  ou  de  l'établissemeni  industriel,  qui 
doit  acquitter  la  contribution  assise  sur  ce  qui 
lui  appartient ,  on  sur  ce  qu'il  exploite. 

•  Il  s'ensuit  donc  évidemment  que  pour 
qu'une  exploitation  agricole  ou  industrielle 
puisse  être  imposée  dans  tous  ses  moyens  d'ac- 
tion ,  dans  tousses  instrumens  de  travail-,  il 
n'est  plus  nécessaire  que  le  chef  de  l'exploitci- 
tion  ou  de  l'établissement  soit  mâle,  valide 


159 

la  commune,  qui  doit  la  prcslallon,  abstrac- 
tion faite  du  sexe  ,  de  l'âge  et  de  l'état  de  vali- 
dité du  chef  de  l'exploitation  ou  de  l'élabliàse- 
menl  ;  ce  chef,  sans  doute,  ne  sera  pas  imposé 
personnellement  s'il  ne  réunit  pas  les  condi- 
tions nécessaires  pour  que  sa  cote  personnelle 
lui  soit  demandée  ;  inais.il  sera  ,  dans  tous  les 
cas,  teuu  d'acquitter  {la  prestation  imposée 
dans  les  limites  de  la  loi ,  pour  tout  ce  qui  dé- 
pend de  l'exploitation  agricole  ou  de  l' établis- 
sement industriel  situé  dans  la  commune. 
»  En  résumé  : 

•  1»  La  prestation  en  nature  est  due  pour  sa 
personne  ,  par  tout  habitant  de  la  commune  , 
qu'il  soit  célibataire  ou  marié  ,  et  quelle  que 
soit  sa  profession  ,  si  d'ai.*;eurs  il  est  porté  au 
rôle  des  contributions  directes,  mâle',  valide, 
et  âgé  de  dix-huit  ans  au  moins,  et  soixante 
ans  au  plus  ; 

2  '  La  prestation  en  nature  est  due  par  tout 
habitant  de  la  commune  ,  qu'il  soit -célibataire 
ou  marié  ,  s'il  est  porté  au  rôle  des  contribu- 
tions directes ,  mâle  ,  valide  ,  âgé  de  dix-huit 
ans  au  moins  et  de  soixante  ans  au  plus ,  chef 
de  famille  ou  d'établissement ,  à  litre  de  pro- 
priétaire, de  régisseur,  de  fermier  ou  de  colon 
partiaire.  Dans  ce  cas,  il  doit  la  prestation 
pour  sa  personne  d'abord,  puisqu'il  remplit 
toutes  les  conditions  nécessaires  ;  il  la  doit,  eu 
outre  ,  pour  chaque  individu  mâle,  valide,  âgé 
de  dix-huit  ans  au  moins  et  de  soixante  au 
plus  ,  membre  ou  serviteur  de  la  famille  ,  et 
résidant  dans  la  commune  ;  il  la  doit  encore 
pour  chaque  charrette  ou  voiture  attelée  ,  et 
pour  chaque  bête  de  somme  ,  de  trait  ou  de 
selle  ,  au  service  de  la  famille  ou  de  l'établis- 
sement dans  la  commune. 

•  30  La  prestation  en  nature  est  due  par 
tout  individu ,  même  non  porté  nominatire- 
ment  au  rôle  des  contributions  directes  de  la 
commune ,  même  âgé  de  moins  de  18  ans  et 
de  plus  de  60  ans  ,  même  invalide  ,  même  du 
sexe  féminin  ,  même  enGn  n'habitant  pas  la 
commune,  si  cet  individu  est  chef  d'une  fa- 
mille qui  habile  la  commune,  ou  si ,  à  litre  de 
propriétaire  ,  de  régisseur,  de  fermier  ou  de 
colon  partiaire  ,  il  est  chef  d'une  exploitation 
agricole  ou  d'un  établissement  situé  dans  la 
commune.  Dans  ce  cas  ,  toutefois,  il  ne  devra 
pas  la  prestation  pour  sa  personne  ,  puisqu'il 
n'est  pas  dans  les  conditions  voulues  par   la 
loi ,  mais  il  la  devra  pour  tout  ce  qui ,  per- 
sonnes ou  choses,  dans  les  limites  de  la  lo\, 
dépend  de  l'établissement  dont  il  est  proprié- 
taire ou  qu'il  gère  à  quelque  titre  que  ce  soit. 
.  Tels  sont,  monsieur  le  préfet,   les  prin- 
cipes qui  doivent  servir  de  base  à  l'assiette  de 
cotte   nature  de   contribution.  Tous  les    cas 
possibles    rentrent    dans   l'un  des    trois    ci- 
dessus  posés  ,  et  il  ne  me  paraît  pas  qu'il  puisse 
rester  la  moindre   incertitude  sur  les  obliga- 


é  de  dix-huit  à  soixante  ans,  ni  même  résidant  lions  qui  résultent  do  l'article  3  de  la  loi.  Je 
dans  la  commune.  C'est  l'exploitation  agricole,  nai  plus  qu'à  appeler  votre  attention  sur 
c'est  l'établissement  industriel  existant    dans!  quelques-uns  des  termes  de  cet  ailicle. 


160 

»  Le  mot  hahilant  a  été  d'abord  l'objet  de 
quelque  hésitalion.  On  a  demandé  à  quel  ca- 
ractère positif  on  peut  reconnaître  qu'un  in- 
dividu est  habitant  d'une  commune,  et  on  a 
tité  le  cas  d'un  propriétaire  qui  partage  son 
année  entre  plusieurs  communes  où  il  a  des 
propriétés. 

»  Pour  résoudre  cette  difGcuUé,  il  faut  d'a- 
bord  remarquer   que  le  législateur  a   évité 
d'employer  le  mot  de  domicile ,  parce  qu'il 
aurait  pu  être  la  cause  de  difficullés  en  rai- 
son de  la  différence  qui  peut  exister  entre  le 
■domicile  légal  ou    de  droit.  On  s'est  servi  à 
dessein  du  mot  habitai  ion,  parce  que  l'habi- 
tatiou  est  la  principale  cause  qui  rend  impo- 
sable à  la  prestation  en  nature  ;  c'est  là  ce  qui 
ronslitue  en  premier  ordre  l'intérêt  au  bon 
t'tat  des  chemins  et  l'obligation  de  contribuer 
à  leur  entretien.   Lors  donc   qu'un  proprié- 
taire a  plusieurs  résidences  qu'il  habile   alter- 
nativement, et  qu'il  s'agit  de  reconnaître  dans 
laquelle  il  doit  être  imposé  à  la  prestation  en 
nature  pour  sa  personne,  il  faut   rechercher 
quelle   est  celle  des  résidences  où   il  a  son 
principal  établissement,  et  qu'il  habite  le  plus 
long-temps  ;  c'est  là  qu'il  devra  être  imposé, 
f'i,   du    reste ,  il  y  a  à  cet  égard,   entre  un 
propriétaire  et  une  commune,  une  contesta- 
tion  qui  ne  puisse  être  résolue  à  l'amiable, 
elle  devra  être  jugée  dans  les  mêmes  formes 
et  d'après  les  mômes  règles  qui  ser'i  iraient  s'il 
y  avait  double  emploi  dans  l'imposition  per- 
sonnelle :  la  prestation  en  nature  rentre  ici, 
l'n  effet ,  dans  la  catégorie  de  la  contribution 
personnelle,  puisque  c'est  à  la  personne  qu'elle 
l'st  demandée. 

»  Cette  interprétation  nous  conduit  à  expli- 
quer ces  mots  qui  terminent  l'art.  3  :  «  au 
SMvicedela  famille  ou  de  l'établissement  dans 
la  commune.  »  En  effet,  si  ce  propriétaire  a 
«lans  chacune  de  ses  résidences  un  établisse- 
ment permanent  en  domestiques,  voitures  ou 
Lètes  de  somme  ,  de  trait  ou  de  selle  ,  il  devra 
f'tre  imposé  dans  chaque  commune,  et  dans 
les  limites  de  la  loi,  pour  ce  qui  lui  appartient 
^ans  celte  commune  ;  si  au  contraire  ses  do- 
mestiques, scschevauv  et  ses  voilures  passent 
a^ec  lui  temporairement  d'une  résidence  à 
une  autre,  il  ne  devra  èlrc  imposé  pour  ses 
moyens  d'exploitation  que  dans  le  lieu  de  son 
principal  établissement,  ainsi  (juil  a  été  dit 
plus  haut.  Celte  règle  s'appliquerait  au  cas  où 
un  citoyen  exploiterait  plusieurs  élablissemens 
agricoles  ou  industriels,  soit  coinwu^  proprié- 
taire ,  soit  comme  régisseur,  fermier  ou  colon 
partiaire. 

»  Au  second  paragraphe  de  l'article  3,  on  a 
également  remplacé  i)ar  les  mois  :  membres 
ffe  la  famille  ceux  de  ses  fils  rivatil  avec  lui, 
qui  se  trouvaient  dans  la  loi  de  1824.  Souvent 
un  chef  de  famille  a  avec  lui  des  neveux  ou 
autres  parens  qui  ne  pouvaient  èlre  atteints; 
ils  le  seront  aujourd'hui  par  l'appellation  plus 
étendue  dan»  Jaqu.«^llc  ils  sont  évidemment 


compris.  Il  faut  pourtant  qu'ils  vésidenl  arec 
le  chef  de  l'établissement,  car  s'ils  avaient 
une  autre  résidence,  ils  ne  pourraient  pas 
être  atteints  dans  la  résidence  du  chef  de  fa- 
mille. 

»  Le  mot  de  domestique  avait  aussi  donné 
lieu  à  quelques  difficullés  dansson  application  : 
il  a  été  remplacé  par  celui  de  serviteurs,  qui  a 
une  signification  moins  restreinte  et  s'étend 
à  tous  les  individus  qui  reçoivent  du  chef  de 
famille  un  salaire  annuel  et  permanent.  Il 
faut  pourtant,  pour  êlre  imposable ,  que,  de 
même  que  pour  les  membres  de  la  famille  , 
les  serviteurs  résident  dans  la  commune  ;  s'ils 
étaient  attachés  d'une  manière  permanente 
à  un  établissement  appartenant  au  même 
maître,  mais  situé  dans  une  autre  commune, 
ce  serait  dans  la  commune  de  la  situalion  de 
cet  établissement  qu'ils  seraient  imposés.  Les 
ouvriers,  laboureurs  ou  artisans,  qui  travail- 
lent à  la  journée  ou  à  la  lâche,  ne  sont  évi- 
demment pas  compris  dans  la  catégorie  des 
serviteurs  ;  il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  les  im- 
poser, au  moins  comme  attachés  à  l'établis- 
sement de  celui  pour  le  compte  duquel  ils 
travaillent.  Il  restera  à  examiner  si  ces  ou- 
vriers doivent  la  prestation  cojume  chefs  de 
famille  ;  mais  ce  serait  alors  pour  leur  propre 
compte  et  en  qualité d'habilans. 

»  Quant  aux  charrettes  et  voitures,  la  loi 
ne  permet  de  les  imposer  que  si  elles  sont 
attelées,  et  par  celle  expression  on  doit  en- 
tendre celles  (jui  sont  réellement  et  effective- 
ment employées  au  service  de  la  famille  ou 
de  l'élablissemenl.  Celles  qui  ne  seraient  ja- 
mais ou  i)resque  jamais  employées,  qui  ne 
seraient  enfin  qu'un  meuble  mis  en  réserve  , 
nepeu\ent  pas  êlre  imposées. 

»  Une  distinction  analogue  doit  étic  faite 
pour  les  bêles  de  somme,  de  trail  ou  deselle. 
Pour  èlrc  imposables,  il  faut  (fu'elles  servent 
au  possesseur,  ou  pour  son  usage  i)ersonnel  , 
ou  pour  celui  de  sa  famille  ;  ou  pour  l'exploi- 
tation de  son  établissement,  soit  agricole,  soit 
industriel.  Si,  au  contraire,  ces  animaux  ne 
sopt  pas  destinés  à  cet  usage,  s'ils  sont  un  objet 
de  conunerce,  ou  s'ils  sont  destinés  seulement 
à  la  consommation  ou  à  la  reproduction,  ils 
ne  peuvent  donner  ouverture  à  la  prestation 
en  nature  ;  car  ils  ne  sont  réellenu'nt  pas  , 
comme  le  veulent  les  termes  de  la  loi,  em- 
ployés pour  le  service  de  la  famille  ou  de 
rétablissement.  Il  en  serait  de  même  si  ces 
animaux,  même  destinés  aux  travaux  de  l'ex- 
ploitation, étaient  cependant  trop  jeunes 
pour  y  êlre  encore  employés.  » 

.  Si  chacun  de  ces  élablissemens  est  garni , 
d'une  manière  permanente,  de  tout  ce  qui  est 
nécessaire  à  son  exploitation  ,  la  prestation  est 
due ,  dans  les  limites  de  la  loi ,  pour  tout  ce  qui 
sert  à  l'exploilalion  dans  cbac^ue  commune; 
si ,  au  contraire ,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  un 
petit  nombre  de  localités,  le  propriétaire, 
fermier  ou  exploitant,  quel  qu'il  soit,  traus- 


<ére  successivemonl  lous  »c»  moyens  |d'e\|)lio- 
tation  d'un  établissement  dans  un  autre  ,  il  est 
évident  qu'il  ne  peut  être  imposé  ,  pour  ce  fait, 
dans  chacune  des  communes  où  il  travaille  ou 
l'ait  travailler  temporairement:  il  y  aurait 
double  emploi ,  puisque  la  loi  ne  lui  impose 
que  trois  journées  au  plus  pour  chacun  de  ses 
moyens  d'exploitation,  et  qu'il  se  trouverait  im- 
posé pour  six  ou  neuf  journées  s'il  était  atteint 
simultanément  dans  chacun  de  ces  deux  ou 
trois  établissemens.  Dans  ce  cas,  ce  sera  donc 
au  lieu  de  son  principal  établissement ,  au  lieu 
de  sa  résidence  habituelle  ,  qu'il  sera  imposé 
pour  sa  personne ,  s'il  y  a  lieu  ,  et  pour  ce  qui 
lui  appartient. 

•  Vous  avez  remarqué ,  monsieur  le  préfet, 
que'  le  second  paragraphe  de  l'article  qui  nous 
occupe  a  modiflé  les  limites  d'âge  posées  par 
la  loi  du  28  juillet  1824.  A  dix-huit  ans  un 
jeune  homme  se  livre  déjà  aux  travaux  de  la 
campagne  ;  il  pouvait  donc  ,  sans  inconvénient, 
être  appelé  à  prendre  part  aux  travaux  faits 
dans  l'intérêt  de  la  commune  :  d'un  autre  côté  ^ 
on  a  cru  devoir  limiter  celte  obligation  à  l'âge 
de  soixante  ans ,  parce  que ,  bien  qu'à  cet  âge 
l'homme  ne  soit  pas  généralement  dans  un  état 
d'invalidité  habituelle ,  il  est  cependant  de- 
venu moins  propre  à  des  travaux  fatigaus. 

»  Les  questions  d'âge  sont  toujours  faciles 
à  résoudre,  puisqu'en  cas  de  doute  il  sufflt  de 
recourir  à  l'acte  de  naissance.  Les  décisions  à 
prendre  sur  les  cas  d'invalidité  seront  souvent 
plus  délicates ,  parce  que  l'état  d'individualité 
n'est  pas  toujours  évident  ;  mais  dans  les 
communes  rurales  ,  les  seules  générale- 
ment où  on  impose  les  prestations  en  na- 
ture ,  presque  lous  les  habitans  sont  connus 
de  l'autorité ,  ou  se  connaissent  entre  eux.  On 
sait  donc  d'une  manière  assez  exacte  quels  sont 
les  individus  que  leur  état  habituel  de  santé 
doit  faire  exempter  de  la  prestation  en  na- 
ture. 

»  L'âge  et  l'étal  d'invalidité'aont  les  seuls  mo- 
tifs d'exemption  pour  cette  nature  de  contri- 
bution. Il  en  est  une  autre  cependant  qui  a 
été  constamment  appliquée  et  qui  doit  conti- 
nuer à  l'clre  :  c'est  celle  qui  résulte  de  l'état 
d'indigence.  Elle  est,  au  surplus,  comprise  ici 
implicitement ,  car,  aux  termes  de  l'article  J2 
de  la  loi  du  11  avril  1832  ,  les  iudigens  sont 
exempts  de  toute  cotisation.  Dès  lors,  n'étant 
pas  portés  au  rôle  des  contributions  directes 
ils  ne  peuvent  être  imposés  à  la  prestation  en 
nature. 

»  Pour  l'appréciation  de  ces  divers  motifs 
d'exemption,  on  ne  peut,  au  surplus,  que 
s'en  rapporter  avec  conflance  aux  maires  el 
aux  conseils  municipaux;  tout  en  veillant, 
dans  l'intérêt  delà  commune,  à  ce  que  chaque 
habitant  remplisse  les  obligations  qui  peuvent 
lui  être  légalement  imposées,  ces  fonction- 
naires sauront  aussi  empreindre  leurs  décisions 
de  ces  ménagemens ,  de  ce  caractère  d'équité, 


161 
qui  conviennent  si  bien  aux  fonctions  pater- 
nelles qu'exerce  l'autorité  municipale. 

Èlectioxs  municipales.  Le  ministre  de 
l'intérieur  a  l'ait  faire  sur  le  renouvellement 
triennal  de  la  moitié  des  conseillers-munici- 
paux et  de  tous  les  maires  et  adjoints  de» 
communes  du  royaume ,  des  recherches 
consignées  dans  un  rapport  au  roi.  Ce  rap- 
port, bien  que  portant  la  datcdu.'Ji  décembre 
1835,  n'a  été  connu  que  plusieurs  mois  plus 
tard  ;  et,  encore  bien  que  les  opérations  qu'il 
mentionne  se  rapporte  aux  élections  de  1834, 
nous  avons  cru  devoir  en  donner  ici  l'analyse, 
attendu  l'importance  de  la  question  qu'il  sou- 
lève. 

Le  nombre  total  des  électeurs  municipaux 
inscrits  était  de  2,872,089,  dont  2,791,191  élec- 
teurs censitaires,  et  80,898  électeurs  adjoints 
ou  inscrits  à  raison  de  leurs  fonctions  ou 
professions,  mais  par  suite  de  décès  ou  autres 
causes,  ce  nombre  a  été  réduit  à  2,824,OOo, 
sur  lesquels  il  ne  s'en  est  présenté  que  1,577,000 
aux  élections. 

Sur  les  37,187  communes  dont  se  compose 
la  France,  il  y  en  a  1,093  où  les  maires  et  les 
adjoints  sont  nommés  par  le  roi,  et  37,094  où 
ces  fonctionnaires  sont  à  la  nomination  du 
préfet.  Ce  sont  les  communes  dont  la  population 
est  au  dessous  de  3,0(X)  habitans  ,  excepté  49 
chefs-lieux  de  sous-préfectures,  dont  les  ad- 
ministrateurs municipaux  sont,  par  cette  der- 
nière circonstance ,  à  la  nomination  du  roi. 

Le  nombre  total  des  maires  et  adjoints  est  de 
près  de  70,000,  dont  3,300  à  la  nomination  du 
roi,  et  72,000  à  la  nomination  du  préfet. 

Il  y  avait  en  tout  220,000  conseillers-mu- 
nicipaux à  réélire,  33,900  étaient  à  remplacer, 
savoir  :  16,3(X)pour  cause  de  décès, 
14,900    id.    de  démission, 
2,700  pour  perte  de  la  qualité  d'é'- 
lecteur. 

Sur  les  186,000  conseillers  rééligibles  , 
130,000  ont  été  réélus  et  56,000  ont  été  rem- 
placés. 

Sur  les  3,300  maires  et  adjoints  à  la  nomi- 
nation du  roi,  2,400  ont  été  maintenu^  dans 
leurs  foctions  ou  ont  permuté  de  celles  do, 
maires  à  celles  d'adjoints,  et  réciproquement  ; 
900  ont  été  nouvellement  nrf)mmés ,  et  sur  c« 
nombre,  660  n'étaient  pas  susceptibles  d'être 
renommés,  pour  les  diverses  causes  détaillées 
ci-dessus. 

La  proportion  des  conseillers  municipaux 
réélus  est  moins  forte  dans  les  communes  au 
dessus  de  3,0<X)  habitans  que  dans  les  petites 
communes:  elle  est  de  56  contre  4i  dans  les 
premières,  et  de  59  contre  41  dans  les  autres. 

La  proportion  générale  du  nombre  d'élec- 
teurs adjoints,  par  rapport  au  nombre  total 
d'électeurs,  est  d'environ  3  p.  OiO  (0,028).  Ello 
est  dQ  2  p.  0|0  pour  les  communes  de  10,(J<J() 
habitans  et  au  dessous,  el  de  II  p.  0(0  à  i'^. 


«rard  do  celles   dont   la    population    dépasse 
10,000  âmes. 

La  commune  où  le  minimum  du  censélec- 
loial  descend  le  plus  Las,  est  dans  le  dépaiie- 
ment  du  Yar,  où  k*  minimum  est  de  quinze? 
centimes. 

Parmi  les  communes  de  10,000  habitans  el 
au  dessous,  le  minimum  qui  altcTnl  le  chilïro 
le  plus  élevé  upparlienl  au  département 'do 
l'Aisne,  où  le  moins  imposé  des  électeurs  cen- 
sitaires dune  commune  paie  1(K)  francs.  IVlai^ 
de  toutes  les  villes  du  royaume,  ccUes  où  -e 
lUoiMS  imposé  des  électeurs  pr.ic  un  cens  plus 
élevé  que  partout  aillci.r.i,  est  la  vilîc  d; 
Rouen,  où  le  minimum  d'inscription  est  de 
175  Ir.  28  c. 

Le  partaî^e  des  électeurs  on  sections  dans 
les\i'.ies  de  plus  de  2,o00  habitans,  et  la  QO- 
mioation  directe  dune  porli-ju  du  consei. 
municii)al  par  chaque  section,  out  amené, 
dans  certaines  communes,  des  choix  déter- 
minés par  un  bien  petit  nombre  de  suffiages, 
et  qui  ne  penveiit  être  considérés  comme  re- 
présentant la  véritabie  opinion  dos  cil(^jenv 
de  la  communauté.  Devives  réclamations  onl 
été  tormées  contre  la  disposition  de  la  loi  di. 
i21  mars  1831  qui  a  établi  la  vole  par  sc^iiouf 
sans  recensement  général  des  suffrages  cmi^ 
dans  toutes  les  sections. 

Le  nombre  des  pourvois  au  conseil  d'état , 
relatifs  au:^  élections  municipales  de  ISoi  , 
s'élève  à  Oti.  Sur  ce  nombre,  il  est  intervenu 
UO  ordonnances,  dont 4i  outprononcé  le  rejet 
d'autant  de  pourvois,  et  19  ont  annulé  lar- 
lèté  des  conseils  de  prcfecluves  qui  eu  étaient 
lobjct. 

PAMEn  TiriiBui.  —  D'après  un  projet  de 
l'administration  del'enregislrcmeHl  et  desdo- 
maine, adopté  par  le  ministre  des  iinanccs,  les 
percepteurs  <les  coutribuiions  indirectes,  ré- 
sidant dans  les  communes  où  il  n'existe  pas  C.^• 
bureau  d'enrcfristrement ,  horont  chargés  de 
la  vente, au  pri\du  tarif,  despapiers  timiirés. 
Les  percepteurs  seront  tenus  de  prendre  cet 
papiers  timbrés  au  bureau  de  l'enregistre- 
TO?nt  duquel  dépendîa  commune  de  leur  ré- 
sidence. Us  ne  pourront,  sous  aucun  prétexte, 
en  rester  dépourvus.  Us  paieront  comptant  le 
pris  des  papiers  qi;i  leur  seront  délivrés.  Il 
leur  sera  alloué,  sur  le  prix  des  papiers  tim- 
brés ([u'ils  prendront  au  bureau  de  l'eiiregis- 
trcmeiit,  une  reanse  uniforme  de  deux  et 
demi  pour  cent. 

Tout  concert  entre  un  receveur  de  l'enre- 
gistrement et  un  percepteur  qui  tendrait  à 
i'aire  supporter  au  trésor  une  double  remise 
par  l'accroissement  factice  ou  simulé  des 
quantités  de  papiers  timbrés  vendues  par  h 
percepteur,  sera  puni  par  la  destitution  de:- 
deux  préposés,  et  le  percepteur  qui  vendrait 
le  papier  timbré  au  dessus  du  prix  sera  pour- 
suivi comme  concussionnaire. 


JLRISPRUDE>CE.  I 

GARDE  NATÎOXAI.E.  Il  t'y  a  licu  à  ren- 
voi d'un  garde  national  devant  la  juridiction 
correctionnelle  qu'autant  qu'il  a  encouru 
précédemment  deux  condamnations  du  con- 
seil de  discipline  iiour  refus  do  service,  et  non 
pour  quelque  infraction  au  si'rvice,  telle  que 
l'abandon  du  poste.  Dans  ce  dernier  cas,  la 
3'-  poursuite  est  encore  de  la  compétence  du 
conseil  de  discipline. 

[Cour  (la  cassation  ,  13  octobre   8.16.  i 

uvrOTHîiQLE.  Les  rentes  foncières  an- 
ciennes ne  constituent  aujourd'hui  sur  l'im- 
iueuhie  qui  y  est  affecté  qu'une  créance  mo- 
bilière purement  hypothécaire,  en  telle  sorte 
quel'acquéreurde  rimmeubiepeuts'cu affran- 
chir par  la  purge  dos  hypothèques. 

{Cour  (le  cassation,  27  octobre  1835.) 

INFANTICIDE.  Pour  qu'il  y  ffit  infanticide 
dans  le  sens  légal,  il  faut  que  le  meurtre  de 
l'enfant  ail  eu  lieu  au  moment  ou  dans  un 
temps  très  rapproché  de  fa  naissance,  dans 
!c  b.^:t  d'en  soustraire  la  connais.sance  au  pu- 
blic. On  ne  peut  considérer  comme  tel  l'ho- 
micide d'un  enfant  qui  avait  attiinl  30  jours  : 
ce  fait  ne  constitue  qu'un  simple  meurtre. 
{Cour  de  cassation,  24  décembre  1835.) 

KOiAiRiiS  (Responsabilité  des). 

Le  iiolaire  qui  a  signé  tie  confiancG  un 
acte,  coffiine  notaire  eu  second,  peui  ôlre 
déclaré  responsable  vis-à-vis  des  parties 
inlôicssées,  de  la  fausseté  de  cet  acte.  ï5on 
absence,  lors  de  la  cassation  de  Tacle  ue 
saurait  avoir  l  effet  de  le  soustraire  à  celle 
responsabilité  {cour  de  cass.,  11  novembre 
i8:>5;. 

TÉ.MOIGNAGE    EN  JUSTICE. 

Des  témoins  entendus  devant  un  Iribuual 
de  police  doivent,  à  peine  de  nullité,  prêter 
seiitcnl  de  dire  toute  la  vérité  el  rien  que 
la  vdriié:  il  ne  sufiit  pas  de  prêter  seriuenl 
de  dire  la  vérité  [cour  de  cass.,  j  noveintrre 
1835). 

BOISSONS. 

L'individu  qui  reçoit  chez  lui,  à  litre  de 
pensionnaires,  des  éliairgers,  eu  quelque 
nombre  que  ce  soit,  est  légaleuieut  présumé 
se  livrer  à  la  vente  eu  détail  des  boissons, 
et  par  suite,  esl  soumis  à  toutes  les  obliga- 
tions imposéesaux  débilaus  de  boissons  eux- 
nièmcs,  par  1  arlicle  50  de  ia  loi  du  28  avril 
18ÎG.  11  n  est  pas  nécessaire  de  prouver  que 
cet  individu  lient  sa  maison  ouverte  au  pu- 
blic el  débite  au  premier  venu  (arréfci^Cflss^ 
1  i  octobn  mô  ] 


163 


RÉPERTOIRE   DOMESTIQUE. 


I.  ÉDUCATION  DE  L'ENFANCE. -11.  MORALE  ET  BI£N-ETRE  DES  FABIILLES. 
-  IIL  ÉCONOMIE  USUELLE. 


Éducation  de  Venfancs. 

L'éducation  morale  des  enfans  devrait 
commencer  en  quelque  sorte  avec  la  vie.  A 
ne  juger  que  par  les  apparences,  surtout  îi 
ne  consulter  que  les  illusions  de  l'amour 
maternel  et  les  indulgences  de  tant  d'autres 
tendresses  qui  lui  viennent  en  aide ,  il  sem- 
blé que  ce  soit  trop  tôt;  il  semble  que  la  vie, 
en  ses  premiers  commencemens,  soit  pure- 
ment instinctive,  qu'on  doive  lui  laisser  le 
temps  de  se  développer,  de  s'épanouir  pour 
ainsi  dire,  et  qu'autour  d'un  berceau  il  n'y 
ait  qu  à  veiller,  espérer  avec  une  douce  joie, 
contempler  avec  de  longs  regards,  aimer 
surtout,  aimer  avec  délices,  de  toute  la  puis- 
sance de  notre  âme. 

Dès  qu'un  enfajit  reconnaît  sa  mère,  dès 
qu'il  lui  sourit  avec  abandon,  avec  confiance, 
avec  amour,  dès  qu'elle  découvre  sur  ses 
traits  si  purs  ce  sourire  que  nous  con- 
naissons tous ,  admirable  expression  de 
tendresse,  de  pureté  et  de  joie;  ce  sourire, 
dès  qu'une  mère  l'a  vu,  suffit  pour  lui  don- 
ner autorité  sur  son  enfant;  elle  sait,  si  j'ose 
me  servir  ici  d'un  mot  si  ingénu,  elle  sait 


qui  ne  doit  jamais  finir  !  Cependant,  c'est  sur 
celle  période  de  la  vie  que  les  erreurs  les 
plus  funestes  ont  cours.  Cette  période  qui 
sépare  la  première  enfance  de  l'adolescence, 
qui  sépare  le  berceau  de  l'école;  cette  pé- 
riode qui  révèle  déjà  à  des  yeux  expérimen- 
tés le  caractère  tout  entier,  compte  à  peine 
pour   quelque   chose  dans   notre  système 
d'éducation  moderne,  et  dans  les  habitudes 
de  notre  vie  intérieure.  Alors,   aux  enfans 
des  riches,  abandonnés  le  plus  souvent  sans 
aucun  sage  contrôle  au-x  mille  caprices  de 
leur  imagination,  on  demande  un  peu  de 
gentillesse,  de  grâce,  de  vivacité,  et  cela 
suffit;  aux  enfans  des  pauvres,  bien  autre- 
ment et  bien  plus  délaissés,  on  ue  demande 
pas  même  cela.  Tous  alors  sont  ou  livrés  à 
eux-mêmes,  ou  corrigés  par  impatience, 
sans  réflexion ,  sans  que  la  correction  sorte 
delà  faute  même  et  en  paraisse  la  sui te,et  pour 
celui  qui  en  saj  l  faire  avec  soin  l'observation  et 
le  compte,  la  somme  de  dangereux  caprices 
que  ces  enfans  sans  frein  peuvent  dépenser 
dans  une  heure,  s'ils  sont  riches,  sur  les  ta- 
pis moelleux  qu'on  étend  sous  leurs  pieds, 
s'ils  sont  pauvres,  sur  le  sable  de  nos  pro- 


comment le  prendre;  le  sourire  par  lequel   menades  ou  dans  la  fange  de  nos  rues,  est 


elle  lui  répond  peut  être  une  récompense 
le  sérieux  de  ses  traits  peut  être  un  repro- 
che, un  avertissement,  une  leçon.  Ne  croyez 
donc  jaraids  qu'il  soit  trop  tôt  pour  agir  sur 
l'âme  de  votre  enfant;  profitez  des  courts 
momens  où  elle  est  si  docile  encore;  ne  veil- 
lez pas  seulement  à  la  santé  de  son  corps;  il 
est  une  autre  santé  qu'il  faut  cultiver  en  iui; 


l'un  des  plus  tristes  spectacles  qu'il  soit  pos- 
sible de  subir.  Dans  leur  imprudente  indul- 
gence, vous  entendez  alors  parens  et  amis 
dire  et  redire  :  ((  Ils  sont  si  jeunes  encore 
laissez-les  être  heureuxl...  j)  et  de  plus  sa- 
ges amis  diront  à  voix  basse  :  Qu'ils  seront 
malheureux  un  jour  d'avoir  été  heureux  de 
celte  manière-là I...  Et  pourquoi  .>  c'est  que 


préparez  doucement  de  loin  son  éducation   lels  que  vous  les  voyez  près  de  vous,  hors 


future;  hâtez-vou^ie  commencer  à  former 
son  caractère  dès  ses  premiers  pas,  ses  pre- 
miers jeux  ^  surtout  ses  premiers  capri- 
ces, et  même  ses  premières  larmes,  et  sui- 
vez ainsi  le  conseil  du  sage  :  Instruisez  le 
jeune  enfant  dès  l'entrée  de  sa  vie  ! 

Quelle  force  nouvelle  acquièrent  ces  sim- 
ples pensées,  quand  vient  l'époque  de  ce 
qu'on  appelle  communément  la  première 
éducation,  quand  la  vie  d'instinct  e^l  finie, 
quand  la  conscience  et  la  raison  se  sont  éveil- 
lées de  coacert}  çl  oQlcoromencé  leur  action 


du  monde,  et  long-temps  avant  d'y  entrer, 
tels  ils  se  retrouveront  un  jour  au  milieu  du 
monde  qui  ne  sera  pas  indulgent  comme 
vous,  et  ne  supportera  pas  ce  que  vous  sup- 
portez. On  espère  mieux,  on  s'encourage^ 
ou  s'excuse  en  prétendant  que  le  caractère 
ne  se  prononce  pas  de  si  bonne  heure,  et 
qu'il  attend  les  années  et  les  fcrces;  on  vou- 
drait se  persuader  qu'en  effet  le  caractère 
ne  perce  dans  un  enfant  qu'au  moment 
même  de  faire  asseoir  un  instituteur  à  ses 
côtés  j  ou  d'échanger  pour  lui  Iç  cercle  de 


famille  contre  le  monde  de  l'école.  C'est  là  plus-  Le  contrepoids  manque ,  le  frein  cède, 
»t  tromper  soi-même  à  plaisir,  c'est  se  repaî- 
tre d'une  vaine  chimère.  L'enfant  il  est  vrai 
n'a  pas  les  passions  viriles,  mais  il  a  ses 
i)«ssions.  Tout  ce  qui  sera  dans  Fhomme  est 
dtljà  dans  l'enfant -,  il  se  forme  de  lui-même 
à  son  gré,  tandis  que  vous  ne  donnez  au- 
cime  attention  à  sa  croissance.  11  est  dissi- 
îAulé  et  vous  souriez  à  ses  ruses  :  un  jour 
:1  sera  hypocrite  et  faux;  il  est  menteur,  et 
ses  mensonges  sont  si  pelilsquevous  nepre- 
iiez  pas  la  peine  de  les  confondre  :  un  jour 
il  mentira  à  la  face  de*  hommes  et  de  Dieu; 
un  jour  vous  reconnaîtrez,  trop  tard,  que 


chaque  époque  de  la  vie  doit  avoir  sa  culture; 
il  n'en  est  point  qui  n'en  ait  aucune.  Dès 
que  les  deux  mots  si  courts  et  si  clairs,  les 


<îeux  mots  le  bien,  le  mal,  sont  entrés  dans 
re^prit  d'un  enfant  et  font  partie  de  la  lan- 
gue qu'il  parle,  il  faut  lui  parler  devoir,  ver- 
tu morale.  Si  vous  différez  d'un  jour,  il  y  a 
déjà  du  temps  de  perdu,  il  y  a  déjà  du  mal 
de  commis,  il  y  a  de  l'ivraie  qui  lève  et 
menace  le  bon  grain.  Vous  à  qui  Dieu  ac- 
corde lajoie  de  pouvoir  élever  vous-mêmes, 
ou  faire  élever,  à  votre  choix,  sous  vos  yeux 
-vos  enfaus  chéris,  convenez  donc  que  l'édu- 
cation ne  doit  pas  commencer  à  l'école,  mais 
à  la  salle  d'asile;  mais  alors  convenez  aussi 
que  quant  à  l'ordre,  à  la  surveillance,  à  la 
régularité,  au  soin  de  partager  les  jeux  et 
les  occupations,  au  soin  de  faire  surgir  et 
de  développer  les  premiers  sentimens  de  la 
piété,  au  choix  des  premières  lectures  et 
des  premiers  entretiens,  il  faut  que  vos  mai- 
sons soient  comme  des  salles  d'asile  pour 
\os  propres  enfims. 

I\ien  ne  réussira  pourtant,  rien  dans  tous 
-vos  efforts  n'aura  de  garantie  et  de  sanc- 
tion si  l'éducation  religieuse  ne  commence 
d'aussi  bonne  heure  que  toute  autre,  si  la 
religion  ne  domine  pas  de  sa  douce  et  péné- 
trante influence  les  premières  années  de 
\otre  enfant.  Sans  doute  à  force  d'occuper 
Tactivitc  d'un  enfant,  à  force  d'exercer  son 
corps  et  de  distraire  son  esprit,  en  le  ren- 
fermant dans  un  cercle  réguher  d'études  et 
de  jeux,  en  ne  lui  laissant  avoir  sous  les 
>eux  que  le  spectacle»  d'un  intérieur  de 
famille  bien  réglé,  où  chaque  heure  a  son 
emploi;  en  nourrissant  avec  sagesse  et  avec 
pudeur  sa  curiosité  naïve,  sans  doute  il  est 
possible  de  l'astreindre  à  quelqu'habitude 
de  bien,  et  de  l'enchaîner  à  quelque  senti- 
ment d'honneur;  mais  tôt  ou  tard  il  vous 
échappera;  tout  cela  suffit  peut-être  avant 
^'âgc  des  passions  j  après,  tout  cela  ne  suffit 


et  en  vain  alors  vous  lui  parlez  du  ciel,  il  ne 
sait  ce  que  c'est.  Et  cependant,  sous  un 
frivole  prétexte  de  liberté  de  conscience, 
pour  respecter,  dit-on,  la  hberté  de  ses 
enfaus,  pour  qu'ils  choisissent  plus  tard  à 
leur  gré  la  rehgion  qu'ils  voudront  suivre , 
on  les  laisse  sans  religion,  on  les  laisse  gran- 
dir sans  cet  appui,  entrer  daas  le  mondcsans 
ce  guide,  et  l'on  s'imagine  qu'un  jeune 
homme,  dans  toute  l'ardeur  de  son  âge,  au 
moment  de  commencer  sa  carrière,  sa  for- 
tune et  sa  gloire ,  au  moment  de  porter  à  ses 
lèvres  cette  coupe  enivrante  du  plaisir  dont 
il  n'a  encore  respiré  que  de  loin  le  parfum, 
va  tout-à-coup  se  rappeler  qu'étant  enfant, 
on  lui  disait  :  non,  il  en  est  de  la  religion 
comme  de  la  morale;  elle  est  l'affaire  de 
toute  la  vie  et  non  d'une  partie  de  nos  jours. 
Dès  que  la  conscience  commence,  le  bien  et 
le  mal  sont  là;  dès  que  la  raison  commence, 
le  vrai  et  le  faux  y  sont  aussi,  et  puisqu'il 
est  vrai  qu'il  y  a  un  Dieu,  il  faut  donc  que 
l'enfant  le  sache  :  c'est  le  tromper  que  de 
le  lui  taire. 


PAUPÉRISME  ET  SOJÎRIÉTÉ. 

Les  progrès  du  paupérisme,  principa- 
lement dans  les  cantons  manufacturiers  du 
royaume,  sont  vraiment  effrayans;  ils 
attirent  l'attention  de  tous  les  hommes  qui 
s'occupent  de  statistique  et  d'économie  poli- 
tique :  il  n'est  plus  un  homme  grave  qui  se 
refuse  à  reconnaître  dans  le  développement 
de  l'industrie  manufacturière  une  cause  de 
ce  funeste  progrès.  Le  rapprochement  des 
individus,  la  confusion  des  sexes  et  des 
âges ,  l'action  rendue  plus  facile  des  sujets 
vicieux  sur  de  grandes  masses,  la  nature 
même  d'un  travail  irritant  et  débihtant  toul- 
à-la-fois ,  tel  est  le  cortège  obligé  de  l'éta- 
blissement d'une  grande  manufacture. 

Mais  cette  cause  elle-même  qui  est  une 
nécessité  locale  pour  nos  provinces  du  nord, 
chargées  qu'elles  sont  d'une  nombreuse  po- 
pulation, que  le  travail  de  toutes  sortes 
d'industries  fait  subsister,  est-elle  impos- 
sible à  atténuer?  c'est  ce  qu'il  convient 
d'examiner  avec  toute  l'attention  que  mérite 
un  sujet  aussi  important. 

l\  résulte  de  recherches  sur  la  statistique 
morale  des  classes  pauvres  en  Amérique, 
en  Angleterre  et  en  France,  que  l'origine 
de  l'extrême  misère  d'un  grand  nombre  de 
familles  peut  être  attribuée  à  l'immoralité, 
c'est-à-dire  ù  Vivrognerie  et  au  libertinage» 


vice»  (Tiiî  «e  développent  plue  danî?ereu- 
seraenl  dans  la  vie  des  ateliers  que  dans  la 
vie  des  champs.  —  Le  nombre  des  indliiens 
qui  reçoivent',  dans  le  royaume,  des  secours 
publics,  s'é'cve  à  deux  millions.  —  Si  on 
parvenait  à  déraciner  les  vices  signalés  plus 
haut,  on  diminuerait  des  i;.')"  aux  9[10»  le 
nombre  des  indigens  restés  à  la  charge  de  la 
caisse  des  secours  publics,  il  n'excéderait 
pas  alors  trois  cent  mille ,  c'est  tout  au  plus 
ce  qui  serait  nécessaire  pour  entretenir 
parmi  les  chrétiens  l'exercice  de  la  charité. 

En  effet ,  lorsque  l'on  étudie  avec  soin  la 
conduite  d'une  famille  d'ouvriers,  lorsque 
l'on  observe  ses  habitudes,  lorsque  l'on 
calcule  ses  besoins  et  ses  ressources  ordi- 
naires, c'est-à-dire ,  le  rapport  des  produits 
de  son  travail  avec  le  prix  actuel  des  subsis- 
tances ,  on  est  amené  à  conclure  que  plus  des 
trois  quarts  des famillesàlachargedela cha- 
rité vivraientconvenablementàlcurposition, 
si  livroanerie  et  le  libertinage  qui  raccom- 
pagnent cessaient  d'y  porter  leurs  ravages. 

Le  zèle  d'une  charité  bien  entendue  doit 
donc  se  porter  sur  la  réforme  morale  des 
pauvres,  bien  plus  encore  que  sur  leur  sou- 
lagement matériel,  puisque  celui-ci  sera 
nécessairement  la  conséquence  de  l'autre. 

Occupés  que  nous  sommes,  depuis  lon- 
gues années ,  de  l'étude  de  cette  grande 
question  du  paupérisme,  qui  compromet  la 
sûreté  de  plus  d'un  état  de  la  république 
européenne,  nous  avouons  que  nous  déses- 
périons de  pouvoir  guérir  ces  plaies  si  invé- 
térées et  si  profondes  du  corps  social  :  mais 
après  avoir  lu  les  rapports  des  sociétés  de 
tempérance  de  l'Amérique  et  de  l'Angle- 
terre, des  ivrognes  d'habitude,  en  grand 
nombre,  ont  renoncé  à  ce  vice  et  ont  fait 
mentir  le  proverbe  qui  a  bi/^,  boira.  C'est 
donc  un  devoir  de  conscience  que  de  com- 
battre l'intempérance,  comme  la  source  la 
plus  féconde  de  la  misère ,  des  vices,  des  mau- 
vaisesmœurs  et  d'un  grand  nombredecriraes. 

Nous  dirons  plus  tard  à  l'aide  de  quelles 
mesures  nous  avons  arrêté  le  mal  dans  son 
principe ,  parmi  les  liommes  que  nous  em- 
ployons aux  travaux  de  notre  agriculture  et 
qui  vivent  dans  notre  intérieur-,  mais  nous 
appelons  aujourd'hui  le  concours  des  per- 
sonnes que  le  zèle  de  la  religion  et  do  la 
charité  anime,  pour  organiser  auprès  d'el- 
les des  sociétés  de  tempérance ,  sur  le 
modèle  de  celles  qui  ent  produit  en  Amé- 
rique des  effets  aussi  salutaires  et  aussi 
merveilleux  ;  nous  les  invitons  à  lire  lou- 
vrage  de  M.  Baird,  ayant  pour  titre  :  F//s- 


165 
toire  des  Sociétés  de  Tempérance.  C'est  aux 
dames  que  nous  nous  adresserons  d'abord, 
car  les  services  de  la  charité  leur  sont  fami- 
liers, et  si  nous  parvenons  à  les  convaincra 
qu'à  l'aide  d'une  faible  parlée  des  secoure 
qu'elles  distribuent  si  généreusement  aux 
pauvres  ,  elles  parviendront  à  tarir  dans  un 
grand  nombre  de  familles  la  source  des 
vices  honteux  et  dégradans  dont  la  vue  les 
afflige  si  justement,  nous  aurons  préparé 
l'avenir  de  cette  réforme  si  désirable. 

Glace  artificielle,  par  M.  Malapert,  pharma- 
cien à  Poitiers. 

La  congélation  artificielle  de  l'eau,  qui  n'a 
qu'un  inU'rèt  scientifique  dans  les  grandes 
Tilles,  acquiert  une  grande  importance,  pra- 
tique dans  les  localités  où  l'on  ne  peut  facile- 
ment se  procurer  delà  glace.  Celle-ci  compte 
alors  au  nombre  des  raédicamens  que  1  on  va 
demander  au  pharmacien,  c'est  un  besom  de 
la  thérapeutique  qu'il  est  appelé  à 'satisfaire. 
M.  3îalapert  s'est  assuré  par  l'expénence, 
qu'il  v  a  avantage  à  laisser  les  vases  dans  les- 
quels" on  opère  exposés  à  l'effet  du  contact  de 
lair.  plutôt  qu'à  les  entourer  de  linges  mouil- 
lés. Il  a  essayé  aussi  quels  étaient  les  bois  les 
plus  favorables  jiour  l'emploi,  comme  étaut 
plus  mauvais  conducteurs  de  calorique,  et  il 
a  été  amené  à  employer  de  préférence  de* 
vases  en  bois  de  peuplier  ou  de  sapin.  Entm 
il  a  voulu  déterminer  qu'elles  étaient  les  pro- 
portions les  plus  favorables  d'acide  sulfurique  et 
de  sulfate  de  soude  dont  on  pouvait  se  servir, 
ainsi  que  le  degré  de  dilatation  de  l'acide  qui 
donnait  le  plus  grand  froid.  Ha  employé  pour 
chaque  mélange  deux  onces  de  sulfate  de  soude 
cristallisé  et  réduit  en  poudre,  et  il  a  obtemi 
les  résultats  suivans; 

Degré  de  l'acide  Abaissement  do  tem» 

à  l'aréomètre,  pérature. 

à  la  tempéra- 
ture de  —  140 

42  de        ITo  à       H,l^' 

4;{  de        19    à        12 

44  de        17    à       12,75 

4-  de        U    à        16 

4«  de        17    à       12 

L'acide  suîfurique  à  i.*}»  dissout  une  plus 
grande  proportion  de  sulfate  de  soude  qu'à 
4tio  ou  440  et  au-dessous  :  c'est  ce  qui  explique 
l'abaissement  de  température  auquel  il  donne 
lieu.  On  l'obtient  en  mêlant  trois  parties  d'a- 
cide à  6()  et  deux  parties  d'eau.  Douze  parties 
d'acide  ainsi  étendu  dissolvent  dix-sept  parties 
Pt  demie  de  sulfate  de  soude  ;  et,  au  moment 
où  la  dissol-ution  se  fait,  le  thermomètre  des- 
cend de  -^  14  à  —  H,  si  le  sulfate  est  eu 
poudre  fine. 

L'appareil  où  se  fait  la  congélation  se  com- 
pose ;  l-r  d'une  boîte    en  bois  bl.nnc,   dont  les 


166 

planches  ont  quatre  lignes  d'épaisseur,  et  qui  f  et  rafraîchissans  peut  être  pris  sans  aucun 
a  elle-même  quinze  pouces  de  hauteur,  douze]  danger,  même  lorsque  le  coipssc  troure  en- 
pouces  de  longueur  et  huit  pouces' six  lignes   lièrement  couvert  de  sueur. 


de  largeur  :  celte  boîte  porte  un  couvercle 
également  en  bois  ;  2i>  d'une  deuxième  boîte 
en  fer-blanc,  moins  grande  (me  la  première, 
dans  laque-Ile  elle  doit  entrer  en  laissant  un 
intervalle  libre  ;  on  remplit  cet  i  ntervalle  avec 
du  coton  cardé.  C'est  dans  celte  seconde  boîle 
que  l'on  fait  le  mélange  réfrigérant.  L'eau  es! 
congelée  dans  des  moules  en  fer-blanc  peu 
épais,  allongés  et  légèrement  coniques,  que 
l'on  lient  plongés  dans  le  mélange  réfrigérant. 
Tout  l'appareil  est  verni  de  manière  à  être 
i  mperméable  à  l'eau. 

En  se  servant  de  six  livres  douze  onces  do 
sulfate  de  soude  pulvérisé  et  de  quatre  livre 
huit  onces  d'acide  suifurique  à  4.')0,  et  en  dis- 
tribuant l'eau  dans  deux  moules  qui  con- 
tiennent chacun  une  livre  d'eau,  on  obtient 
deux  livres  de  glace  en  quaranle  minutes.  Si 
après  avoir  rel'-é  la  glace  on  remet  huit  once* 
d'eau  dans  l'un  d  jux,  on  oblicnt  en  cinquanU 
ou  soixante  minutes  huit  onces  de  nouvelle 
glace. 

On  peut  du  reste,  en  se  servant  de  vase^^ 
plus  grands,  obtenir  en  moins  de  temps  uni 
quantité  de  glace  plus  considérable. 

M.  Malapertrecomman'.!e  de  ne  pas  détacher 
les  glaçons  à  mesure  qu'ils  se  forment  conlrt 
les  parois  des  moules:  il  a  remarqué  qu'alôrr 
les  glaçons  n'étaient  pas  aussi  fermes,  que  k 
pain  de  glace  n'était  pas  aussi  compact  qut 
lorsqu'on  laissait  la  congélation  s'opérer  tran- 
quillement. Il  y  a  avantage  à  se  procurer  di 
la  glace  très-sclide,  parce  qu'elle  met  alor» 
plus  de  temps  à  fondre  en  présence  de  l'aii 
chaud  ,^ 

Egg-nog  ou  boisson  tonique  et  rafraîchissante. 

Au  milieu  des  chaleurs  dévorantes  de  l'été, 
lorsque  la  transpiration  est  fortement  excitée 
on  éprouve  vivement  le  besoin  d'une  boissoi 
rafraîchissante  ;  presque   toutes    les  liqueurs 
légèrement  acidulées  dont  on   a  coutume  d 
faire  alors  usage  remplissent  assez  bien  ce  but 
mais  néanmoins  leur  emploi  exige  d'être  sou 
venl  renouvelé  et  lorsqu'il  est  trop  long-tenip 
continué,   il  présente  un  inconvénient  asse; 
grave,  celui  de  débiliter  l'estomac  et  de  trouble 
les  digestions  en   les   rendant  plus  difficile^ 
En  outre,  par  sa  continuilé  etson  abondance, 
il  offre  encore  le  désavantage   de  provoquer 
la  sueur  et  ne  remédie  par-là  qu'en  partie  au 
mal-aise  qui  résulte   d'une  trop  grande   élé- 
vation de  température. 

Aux  États-Unis,  où  il  n'est  pas  rare  de  voir 
le  thermomètre  indiquer  .37o  pendant  l'été  el 
où  la  chaleur  accablante  qui  en  résulte  dure 
souvent  long-temps  sans  être  tempérée  par  la 
plus  légère  brise,  on  a  coutume  de  se  servir 
du  breuvage  dont  nous  allons  donner  la  com- 


Les  limonadiers  ne  préparent  cette  boisson 
qu'au  moment  même  où  elle  leur  est  demandée, 
el  on  sentira  du  reste  qu'il  n'en  peut  guère 
èlre  autrement;  toutefois  sa  préparation 
n'exige  pas  plus  de  temps  que  celle  d'une  li- 
monade ordinaire  et  telest  lebien-èlre  qu'en 
éprouve  tous  ceux  qui  sentent  le  besoin  de  se 
rafraîchir  (et  le  nombre  en  est  grand  par  une 
teinpéralure  de  37o),  que  leur  empressement 
à  se  faire  servir  un  egg-nog  nécessite  souvent, 
dans  certains  cafés,  durant  la  canicule,  l'em- 
ploi d'un  homme  de  surplus  spécialement 
chargé  de  le  préparer. 

Cette  boisson  à  la  glace  se  prépare  de  la 
manière  suivante:  et  se  sert  dans  un  grand 
verre  à  bière  flamand. 

On  met  dans  le  verre  un  morceau  de  sucre 
de  ia  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon,  on  verse 
dessus  une  cuillerée  d'eau,  on  ajoute  7  à  8 
feuilles  vertes  de  menthe  poivrée,  à  l'aide  d'un 
mou^sur  en  bois  terminé  par  un  pied  qui  sert 
à  écraser  le  sucre  et  à  y  combiner  l'huile 
ef.scntielle  de  la  plante  ;  on  forme  d'abord  une 
espèce  d'oléo-saccharum  de  menthe,  on  ajoute 
ensuite  1»  jaune  d'un  œuf  frais  que  l'on  incor- 
pore au  sucre,  puis  on  remplit  le  verre  aux 
trois  quarts  d'eau  fraîche  ;  on  y  met  la  li- 
'jueur  ouïe  vin  fin  choisi  parle  consommateur, 
ordinairement  deux  petits  verres  de  vin  ou 
un  de  liqueur  ),  on  fait  alors  agir  le  mou- 
ssoir  qui  intime  tout  le  mélange  et  développe 
une  mousse  crémeuse,  puis  on  termine,  en 
«joutant  dans  l'egg-nog,  au  moment  de  le  ser- 
vir, un  morceau  de  glace  double  en  volume 
le  celui  du  sucre. 

Aussitôt  que  le  consommateur  a  pris  cette 
'ooisson  ,  il  en  éprouve  les  effets  vraiment 
'alutaires.  Ce  mélange  à  la  glace  apaise 
îa  soif  bien  mieux  que  tout  autre  breuvage 
iisité  en  pareil  cas ,  et  en  outre  offre  lo 
>récipux  avantage  de  mettre  l'organe  qui  le 
reçoit  en  équilibre  avec  la  température  ex- 
';'>ri'^ure,  avantage  que  ne  possèdent  pas  le» 
iquides  ordinaires  gj^cés  on  seulement  frais, 
\m,  par  la  sensation  de  froid  qu'ils  causent 
ordinairement,  arrêtent  en  partie  ou  sup- 
)riment  tout-à-coup  la  transpiration  et  peuvent 
>ar  là  donner  lieu  à  de  très  graves  accidens. 
Kn  usant  d'egg-nog  au  contraire  ,  on  éprouve 
l'abord  à  la  gorge  un  vif  sentiment  de  fraî- 
cheur, dû  à  la  m(>ntbc,  qui  dure  fort  long  temps, 
H  en  même  temps  oh  ressent  une  chaleur  in- 
terne qui  mettant  instantanément  l.e  corps  à 
l'unisson  de  la  température  environnante,  en 
diminue  l'excès  et  contribue  à  la  rendre  aisé- 
mc;nt  supportable. 

Nous  pensons  que  plusieurs  gouttes  d'huile 
essentielle  ou  même  quelques  pastilles  de 
menthe  pourraient  remplacer  avantageuse- 
ment les  feuilles  de  celte  plante  dans  la  com- 


position et  qui  par  ses  effets  à  la  fois  toniques  I  position  de  l'egg-nog.     E.  P.  Descharmes. 


Vixs.  (  Procédé  pour  los  vieillir  ).  On  rom-  | 
plildes  bouteilles  do  vin  à  un  verre,  près.  Elles 
sont  bouchées  cl  mises  dans  un  cbaudron  rem- 
pli d'eau  jusqu'îîu  milieu  du  col  des  bouteilles. 
L'eau  est  chauffée  jusfju'à  envirou  (iO  degrés 
et  on  maintient  les  houli'iiles  à  celte  l'.>mi>é- 
rature  penda-nt  une  heure  ;  on  les  retire  en- 
suite, on  les  remplit  et  on  les  bouche  avec 
soin.  Ce  vin  parait  avoir  12  à  15  ans.  On 
peut,  au  lieu  de  mettre  les  bouteilles  dans 
ce  bain-marie,  le»  passer  dans  un  four  ix 
pâtisserie,  à  nue  chaleur  modérée,  pendant 
environ  deux  heures.  Ce  procédé  n'est  utile 
que. pour  lesvins.riches  en  alcool. 


MOYEN    DE    A'OUnUiU    LES    VKALX    S.VXS 

LAIT.  —  Réponse  à-uv.e  queslion  faiic-  j^ar 
un  abonné. 


Voici  ce  qu'on  lit  à  cet  égard  dans  un  rap- 
port fait  par  M.  Labué  à  la  Société  royale  d'a- 
griculture de  Paris  : 

J'avais  remarqué,  comme  beaucoup  d'autres 
agriculteurs ,  qu'on  ne  fait  point  d'élèves  de  la 
race  bovine  dans  los  enviroiis  des  villes,  à 
cause  du  haut  prix  du  lait;  d'un  autre  côté, 
j'avais  constaté ,  par  des  expériences  compa- 
ratives que  les  carottes  forment  la  nourriture 
la  plus  convenable  à  ces  animaux.  La  vache 
à  laquelle  on  donne  des  carottes  au  lieu  de 
tout  autre  nourriture,  même  de  betteraves, 
donne  une  plus  grande  quantité  de  lait,  une 
crème  plus  consistante  cl  du  beurre  sensi- 
blement meillei:r.  C'est  dapvès  cette  donnée 
que  je  me  déterminai  à  employer  les  carottes 
pour  exécuter  l'oipérience  que  je  méditais. 

Le  S.j  septembre  dernier  ,  je  m'entendis  avec 
le  sieur  Binnot ,  agent  du  domaine  d'Harcourt , 
propriétaire  d'wne  génisse  âgée  de  5  jours.  Ce 
mcflie  jour ,  je  lis  réduire  en  pulpe  une  demi- 
livre  de  carottes  que  je  (is  jeter  dans  eîîviron 
un  demi-litre  d'eau  bouillante ,  qui  fut  reti- 
rée du  feu  au  bout  de  quatre  à  cinq  niiantes  : 
cette  eau  avec  !a  pulpe  fut  ajoutée  par  moi- 
tié à  chacune  des  portions  du  midi  et  du 
soir. 

Le  jour  suivant  on  fit  cuire  ,  comme  ci-des- 
sus ,  une  livre  de  carottes  dans  un  litre  d'eau 
qu'on  substitua  par  tiers  à  une  même  quantité 
de  lait,  pour  chacun  des  trois  repas  du  petit 
animal  ;  on  augmenta  chaque  jour  un  peu  la 
quantité  de  carottes  et  la  quantité  d';:au  eu 
diminuant  le  lait  d'autant,  de  manière  que  le 
onzème  jour  il  n'y  avait  plus  aucisne  partie  de 
lait  dans  la  boisson. 

Dés  le  huitième  jour  on  avait  ajouté  une 
pomme  de  terre  cuite  dans  la  cendre  à  cha- 
cune des  trois  portions. 

Cette  génisse,  n'a  pas  été  malade  un  seul  in- 
stant, et  vers  le  vingtième  jour  on  fut  obligé 
de  modérer  la  nourriture,  parce  qu'elle  pous- 
sait trop  à  fa  graisse,  n'étant  pasde^liuée  à  la 
boucherie. 


167 

Je  pense  que  l'on  substituerait  utilement 
une  petite  cuillerée  de  farine  de  froment  s6- 
chée  au  four  à  la  pomme  de  terre. 

J'ai  fait  cuire  les  carottes  en  pulpes  et  les 
pommes  de  terre  dans  la  cendre,  pour  éviler 
une  trop  grande  dépense  de  bois  ;  mais,  dam» 
tous  les  cas ,  l'eau  di.ns  laquelle  les  pommes  de. 
terre  auraient  cuit  ne  doit  pas  ètre'ijonuée  à 
l'animal. 

Aussitôt  que  j'en  aurai  trouvé  l'oi  casion  ,  je 
répètovai  ceMe  espérience  et  je  m'empresserai 
df  faire  connaître  les  nouvelles  observations 
auxquelles  elle  aura  donné  lieu. 

Mo'jen  employé  par  les  fermières  de  la  Bresse 
pour  ne  mellre  à  coitvar  que  des  coqs  ou  des 
poules. 

Les  cultivateurs  de  la  Bresse  (département 
Je  l'Ain)  font,  comme  on  sait,  un  commerce 
assez  considérable  de  poulardes  qui  ont ,  parmi 
les  gastronomes,  une  grande  réputation.  Si 
iea  femnjes  chargées  de  ■■•*'■.  ^iàv  nel_taienl  cou- 
ver leurs  œufs  au  hasard,  il  en  résulterait 
qu'il  leur  vieudrait  autant  de  coqs  que  de  pou- 
les, et  comme  l'on  fait  très  peu  de  chapons 
dans  ce  pays-ià,  on  serait  obligé  de  doubler  le 
nonibre  des  couveuse;,  ce  qui  serait  une  perte. 
Instruites  par  l'expérience,  elles  savent  recon- 
naître les  œufs  qui  renferment  des  mâles  et 
ceux  qui  donneront  naissance  à  des  femelles- 

Les  œufsJmàles  rornicntunovalc^plusailongé 
que  ceux  feuii^lles  ;  ils  sont  moins  gros 
quoique  plus  longs,  et  le  petit  bout  finit 
p'iisen  pointe;  outre  cela,  vers  celte  pointo 
la  coquille  est  raboteuse,  marquée  de  stries 
proî'ondes  et  irrégulièrex  ,  et  quelqties-unes 
d:'  ces  stries  affectent  assez  ordinairement  la 
forme  d'un  petit  croissant.  Les  œufs  qui  doi- 
vent produire  des  poules  sont  gros,  courts, 
un  peu  arrondis,  d'une  grosseur  presqu'égale 
aux  deux  bouts,  et  la  coquille  est  à  peu  prés 
lisse  partout. 

Dans  quelques  œufs  ces  caractères  ne  sont 
pis  tcUeînent  tranchés  qu'un  œil  iuexpéri- 
in'Mité  puijse^es  saisir,  mais  une  fermière  de 
la  Bresse  a  le  coup  d^œil  si  bien  exercé  qu'elle 
ne  s'y  trompe  jaikiais. 

Tableau  de  la  gestation  cl  de  l'incubation  dei 
animaux  domestiques. 

La  durée  de  la  gestation  varie  presque  tou- 
jours dans  son  terme,  et  même  d'une  manière 
a:-s?z  considérable,  dans  tous  les  animaux 
lomestiques,  cl  cela  sans  qu'on  ai-  pu 
jusqu'ici  se  rendre  compte  de  ce  siiii];a!ier  phé- 
nomène. Comme  on  connaît  presque  toujours 
l'époque  précise  de  la  conception ,  il  est  tout 
a«*jsi  impossible  de  nier  cette  irrégularité 
qu'il  la  été  jusqu'ici  d'en  expliquer  les  cau- 
ses, au  moins  d'une  manière  ralionelie.  Un 
I  cultivateur  a  cru  remarquer  que  la  durée  da 


168 

la  p:estation  était  ô^i^alc  i  neuf  fois  l'intervalle 
qui  sépare  le  retour  de  chaque  chaleur,  et 
celte  opération  titquelque  bruit  d-ans  le  temps 
où  elle  fut  publiée,  en  1S18  ou  19,  autant  que 
je  puis  me  le  rappeler;  mais  depuis  il  n'en  a 
plus  été  question ,  soit  qu'c"e  ait  été  reconnue 
fausse,  soit  qu'on  n'ait  pas  donné  suite  à  ces 
observations.  Le  vulî^aire  des  cultivateurs 
croyait  que  le  sexe  du  fœtus  et  les  phases  de  la 
lune  avaient  une  grande  influence  sur  ce 
])hénomène,  mais  ces  erreurs  populaires  ne 
.sont  plus  admissibles  aujourd'hui. 
Les  véritables  causes   qui  prolongent    ou 


abrègent  le  leras  de  la  gestation  sont  restées 
inconnues,  et  nous  pensons  qu'on  ne  pourra 
guère  les  trouver  que  dans  l'organisation  par- 
ticulière, le  tempérament  de  chaque  individu. 
Du  reste ,  plusieurs  savans  naturalistes  ont- 
fait  des  recherches  sur  ce  sujet,  et  il  est 
résulté  de  leurs  observations  le  tableau  que 
nous  donnons  ici.  Les  économistes  intéressés 
à  en  savoir  plus  long  sur  cette  matière  peu- 
vent consulter  un  excellent  mémoire  de 
M.  Tessier,  intitulé  recherches  sur  la  durée  de 
la  gestation,  inséré  dans  le  2e  vol.  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences,  année  1817. 


TERME 

TERME 

TERME 

ESPÈCES. 

LE    PLUS    r.OyRT 

ORDINAIRE. 

-^^ 

LE 

PLUS   LONG. 

mois    et     jours. 

mois     el     jours.      | 

mois     et     jours.       || 

Jument.  .  .  t 

9nju        10  j. 

287 

11  m.           »j. 

330 

13  m. 

29j. 

410 

Anesse.  .  .  . 

1::                )) 

365 

12             20 

380 

13 

1 

301 

Vache  .... 

8                » 

2M) 

9                )) 

270 

10 

21 

321 

Bufflesse.  .  . 

;>          11 

281 

10                 8 

308 

11 

)) 

335 

Brebis  .  .  ,  . 

4             ti6 

ik) 

5                 » 

150 

5 

11 

161 

'Clièvre.  .  .  - 

/|.              '■20 

140 

5.               » 

150 

5 

10 

160 

Truie 

Chienne  .   .  , 
ChaLle.  .  .   . 

:î          10 

109 

4               <) 

126 

4 

23 

143 

j              25 

55 

2               ). 

GO 

2 

3 

63 

1               IS 

/<« 

1              20 

50 

1 

26 

56 

j Lapine.   .  .   . 

»                   » 

20 

»                » 

28 

» 

» 

35 

Dans  ies  chats  el  les  lopins  il  j  a  quelquefois  I  bornent  à  un  ou  deux  petits  dans  les  chattes  ^ 
superfétation  ;  c'est-à-dire  que  la  femelle  1  à  deux  ou  trois  dans  les  lapinss 
étant  pleine  reçoit  les  approches  du  mâle  el  j  Os  perturbations  dans  le  temps  de  la  gesta- 
qu'une  nouvelle  conception  s'opère.  Alors  elle  (ions  se  retrouvent  également  dans  le  temps 
peut  faire  des  petits  à  quatorze  ou  quinze  de  l'incubation  des  oiseaux  de  basse  -  cour 
jours  de  distance  par  portée.  Mais  ordinaire-  et  de  colombier.  Kn  voici  le  tableau, 
ment  ces  portées  sont  peu  nombreuses  et  se  j 


ESPECES. 


ç^  poules . 
dindes  . 


Dinde  couvant  des 

œufs  de 

Poule  couvant  des 
œufs  de 

Canne 

Oie  .  .  .  

Pigeon 


t  po 
7  dit 
\  cai 
(  ca 
^   poules , 


innés. 
(    cannes. 


TERME 

le 
PLUS  COURT 


TERME 

ordinaire. 


17  jours. 

21 

24. 

26 

19 

28 

27 

16 


24  jours. 

26 

27 

30 

21 

30 

30 

18 


TERME 

le 
PLUS  LONG. 


28  jo-urs. 

30 

30 

34 

24 

32 

33 

20 


DES  pommes  de  terre   EMPLOYEES  A   LA 
NOURRITURE  DES  CHEVAUX. 

On  s'accorde  généralement  à  reconnaître 
^u^une  livre  de  foin  est  é^'ale,  pour  les  fa- 
cultés nutritives,  à  deux  livres  de  pommes 
de  terre.  Si  1  on  compare  du   foin  de  pre- 


mière qualité  à  des  pommes  de  terre  cruex, 
le  rapport  est  exact,  car  celles-ci  contien- 
nent une  eau  de  végétation  miisible,  elles 
sont  peu  nourrissantes,  el  données  en  ijrande 
quantité,  elles  occasionnent  des  indiijestions 
et  des  diarrhées.  H  en  est  aulremcnt  si  les 
pommes  de  terre  sont  cuites  et  bien  cuites, 


iioQ  à  grande  eau,  mais  à  la  vapeur.  Une 
livre  (le  pommes  de  terre  ainsi  pré|)arées 
vaut  cerlaiiiemeut  une  livre  de  loin  mé- 
diocre. 

D'après  celte  base,eten  admettant  qu'une 
livre  de  pommes  de  terre  égale  une  livre 
de  foin  ou  une  demi-livre  d'avoine,  l'éco- 
nomie que  présente  l'emploi  des  pommes 
de  terre  est  facile  à  calculer,.  Elle  est  ordi- 
nairement considérable,  mais  elle  varie  se- 
lon les  prix  relatifs  de  ces  trois  fourrages, 
et  selon  la  position  locale  du  cultivateur. 

Les  pommes  de  terre  engraissent;  les 
rhevaux  qui  en  sont  nourris^  sont  gras, 
luisans,  et  n'ont  pas  de  ventre.  Il  y  a  long- 
temps qu'on  est  revenu  du  préjugé  qu'elles 
sont  malsaines,  qu'elles  occasionnent  des 
maladies  de  foie.  Un  autre  avantage  que 
sauront  apprécier  les  cultivateurs,  c'est  que 
les  chevaux  nourris  de  pommes  de  terre 
font  plus  de  fumier  que  s'ils  mangent  de 
l'avoine,  et  que  ce  fumier  est  de  meilleure 
qualité  en  ce  qu'il  est  moins  sec  et  qu'il  se 
rapproche  de  la  nature  du  fumier  de  bêtes 
à  cornes. 

11  reste  la  question  de  savoir  si  les  che- 
vaux nourris  de  pommes  de  terre  sont  sus- 
ceptibles de  résister  à  un  travail  pr  nible 
Sans  doute,  les  pommes  de  terre  ne  don- 
nent pas  le  nerf,  le  fonds  que  procure  l'a- 
voine, mais  les  chevaux  qui  en  sont  nour- 
ris sont  très"  en  état  de  supporter  tous  les 
travaux  agricoles,  ils  sont  aussi  vigoureux 
et  ils  soutiennent  mieux  le  travail  que  les 
rhevaux  nourris  de  trèfle  vert.  S'il  restait  à 
cet  égard  quelques  doutes,  ils  seraient  dé- 
truitspar  les  faits.  Non  seulement  le  cultiva- 
teurs, beaucoup  de  voituriers,  mais  aussi  les 
maîtres  de  poste  de  ce  pays-ci  nourrissent 
leurs  chevaux  de  pommes  de  terre,  et  de 
Sarrebruck  à  Mayence  il  n'est  pour  ainsi 
dire  pas  un  cheval  de  poste  qui  mange  de 
l'avoine  pendant  l'hiver.  Il  y  a  bien  des  maî- 
tres de  poste  qui  conservent  à  leurs  chevaux 
le  quart  ou  le  tiers  de  la  ration  d'avoine, 
mais  il  y  en  a  aussi  qui  ne  donnent  absolu- 
ment que  des  pommes  de  terre  et  du  foin,  et 
leurs  chevaux  ne  sont  pas  en  moins  bon 
état  et  ne  font  pas  moins  bien  leur  service. 
Il  est  vrai  de  dire  que  la  route  est  superbe, 
pas  montueuse,  que  les  stations  ne  sont  pas 
longues,  et  que  l'on  n'exige  pas  une  grande 
vitesse,  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'on 
nourrit  de  pommes  de  terre  des  chevaux 
de  poste  dont  le  service  est  plus  pénible  que 
celui  des  chevaux  d'agriculture. 

Les  chevaux  qui  mangent   des  pommes 


169 

de  terre  suent  facilement;  'û  faut  des  pré- 
caulions  pour  éviter  les  refroidissemeus, 
comme  il  en  faut  pour  la  transition  de  celte 
nourriture  à  une  autre. 

Les  pelits  cullivaleurs  qui  n'ont  qu'un  ou 
deux  chevaux  et  qui  comptent  pour  rien  le 
combuislible,  font  cuire  trois  fois  par  jour 
les  pommes  de  terre  dans  un  pot  de  fer(  ); 
quand  elles  sont  cuites,  ils  les  écrasenl  en 
les  mêlant,  pour  ménager  le  foin,  à  de  la 
paille  hachée  ou  des  balles  de  grain.  Ils  les 
donnent  alors  chaudes,  en  y  ajoutant  de 
l'eau.  Les  chevaux  nourris  ainsi,  et  ceux 
auxquels  on  donne  des  résidus  de  distillerie, 
sont  gras,  mais  mous;  ils  ont  les  dents  d'un 
brun  foncé.  Dans  les  fermes,  on  cuit  ordinai- 
rement les  pommes  de  terre  des  chevaux 
en  même  temps  que  celles  à  distiller,  et  l'on 
a  ainsi  économie  de  combustible  et  de  main- 
d'œuvre.  Les  personnes  qui  voudraient  mon- 
ter un  appareil  uniquement  destiné  à  cet 
usage,  ne  sauraient  mievx  faire  que  d'a- 
dopter l'appareil  indiqué  par  M.  de  Dom- 
basle,  qui  est  le  plus  siii  ,  et  le  moins 
coûteux.  C'est  une  chaudière  en  fonte,  sur 
laquelle  on  place  le  tonneau  qui  contient 
les  pommes  de  terre.  Les  planches  du  fond 
sont  percées  d'ouvertures  longitudinales  qui 
laissent  passer  la  vapeur  de  l'eau  mise  en 
ébullition  dans  lachaudière.Sil'on  veut  cuire 
à  la  fois  une  grande  quantité  de  pommes 
de  terre,  il  faut,  comme  dans  les  distille- 
ries, les  mettre  dans  un  tonneau  placé  à 
côlé  de  la  chaudière.  Celle-ci  est  couverte 
d'un  ehapiteau  garni  d'un  tuyau  qui  con- 
duit la  vapeur  dans  le  tonneau.  Il  est  inu- 
tile de  dire  qu'avant  de  mettre  les  pommes 
de  terre  dans  le  tonneau,  on  doit  les  bien 
laver.  Lorsqu'elles  sont  cuites,  on  les  Lroie, 
comme  si  elles  devaient  être  distillées;  on 
les  élend  sur  un  plancher,  et  on  les  don- 
ne froides  aux  chevaux.  Si  l'on  y  ajoute  un 
peu  de  sel,  elles  n'eu  vaudront  que  mieux. 
Si  l'on  veut  faire  entrer  du  grain  dans  la 
ration,  la  meilleure  manière  est  de  l'égruger 
et  de  le  mêler  aux  pommes  de  terre.  Il  est 
bon  de  cuire  les  pommes  de  terre  tous  les 
jours;  et,  pendant  les  froids,  il  faut  avoir 
soin  qu'elles  ne  gèlent  pas  après  qu'elles 
sont  cuites. 

Communément,  on  donne  pour  trois  che- 
vaux 30  livres  de  foin  et  100  livres  de  pom- 
mes de  terre.  Il  est  bon  de  «avoir  que  ce 
tubercule  couï^erve  exactement,  étant  cuit  a 
la  vapeur,  le  même  poids  qu'il  avait  étant 
cru. 

ViLf.EROY  (  ûe  Rittershof), 


170 


REPERTOIKE  PllOFESSiOIMNEL 


I.  AGRICULTURE. -II.  ARTS  LIBÉRAUX.  _III.  COMMERCE, 


Artichauts  de  primeur.  Rien  n'est  aisé 
comme  de  se  procurer  des  arliciiauls  très- 
beaiix  et  très-bons,  dès  le  mois  d  avril,  el 
cela  sans  châssis  ni  bâche.  Ce  que  nous  al- 
lons en  dire  est  le  résultat  d'une  cxpérieuce 
répétée  par  nous  pendant  cinq  années,  à 
deux  lieues  de  Paris,  et  toujours  avec  le 
succès  le  plus  complet.  Voici  comment  on 
agit. 

Au  lieu  de  planter  des  œilletons  en  mar.'^^ 
ou  avril,  comme  c  est  l'usage,  on  les  plante 
vers  le  milieu  de  mai ,  en  donnnnl  la  préfé- 
rence à  Vartichaul  de  Laon  ou  gros-vert. 
Il  est  bon  aussi  de  ne  pas  choisir  les  œille- 
tons les  plus  gros,  mais  au  contraire  les  pe- 
tits et  les  moyens,  pourvu  qu'ils  aient  de 
bons  talons;  on  les  espace  de  deux  pieds 
seulement  et  pendant  la  belle  saison  on  leur 
donne  les soinsordiaaires,etdesarrosemens 
soutenus  pendant  les  chaleurs. 

On  se  procure  des  cages,  hautes  de  vingt- 
quatre  à  trente  pouces,  el  larges  de  dix-huit. 
Ces  propo.  lions  peu  vent  un  peu  changer,  en 
raison  du  volume  présumable  que  pren- 
dront les  plantes  dans  le  terrain  où  on  les 
met,  ce  qu'un  jardinier  expérimenté  sail 
toujours, au  moins  approximativement.  Ces 
rages  peuvent  être  en  osier,  mais  mieux  en 
jeunes  pousses  de  càhtaignier,  si  on  veut 
qu'elles  durent  très-long-temps.  Leurs  bar- 
reaux seront  espacés  d'un  bon  pouce  et  cy- 
lindriques. 

Dès  que  les  premiers  froids  se  font  un 
peu  sentir,  on  butte  légèrement  chaque  i>ied 
d'articlwiut  avec  un  peu  de  terre  ;wâc  dans 
nn  carré  voisin;  on  rapproche  les  feuilles 
en  faisceau ,  après  avoir  coupé  celles  du  bas 
qui  menaçaient  de  se  dossécîier  ou  de  pour- 
rir; puis  on  desserre  le  lien  de  paille  qui 
tient  les  feuilles  rapprochées,  mais  sans 
l'enlever  entièrement,  afin  qu'elles  s'accou- 
tument au  grand  air  à  une  posilioj»  un  peu 
contrainte.  L'artichaut  craint  h'^aucoupphis 
l'humidité  que  le  froid, ot il  ré-iste  très-bien 
à  trois,  quatre,  ou  même  cinq  degrés  de 
congélation  du  thermomètre  de  Réaumur; 
mais  cependant  ilneserait  pasprudenl  d'at- 
tendre le  moment  des  gelées  pour  le  cou- 
vrir  un  moment    où  elles    menaceront  , 


ou  posera  une  cage  sur  chaque  pied.  On 
arrange  le  feuillage  dans  la  cage  de  ma- 
nière à  laisser  aux  feuilles,  et  particulière- 
ment à  celles  du  cœur,  le  plus  d'air  et  de 
iuniière  possible.  Les  cages  doivent  èliHî 
iîxées  solidement  au  moyen  des  quatre 
[)ieds,  quel'on  enfonce  dans  lesol.  On  étend 
sur  toute  la  surface  du  terrain,  entre  cha- 
cune d'elles,  un  lit  de  fumier  sec,  bien  pié- 
liné  et  de  six  à  huit  pouces  d'épaisseur  au 
moins.  La  nuit  on  jette  une  certaine  épais- 
seur de  litière  sèche  sur  chaque  cage,  et  on 
l'enlève  chaque  matin. 

Quand  la  gelée  prend  un  peu  d'intensité, 
c'esl-à-dirc  que  le  thermomètre  descend  à 
deux  ou  trois  degrés  au  dessous  de  zéro, 
on  entoure  les  cages  jusqu  au  sommet,  d'un 
lit  de  litière  sèche,  contre  laquelle  on  élève 
un  bon  lil  de  fumier,  (^ela  forme  dans  le 
carré  autant  de  buttes  coniques  qu'il  y  a  de 
plants  d'artichauts;  on  comble  rinlervalle 
qui  existe  entre  ces  cônes  avec  des  fougè- 
res sèches,  de  la  mauvaise  paille,  des  feuil- 
les sèches,  etc.;  ou  ferme  le  haut  de  la  cage 
avec  un  bon  tampon  de  paille  brisée,  el  l'on 
recouvre  le  tout  avec  un  capuchon  de  lon- 
gue paille,  pour  écart*  r  les  eaux  de  pluie. 
Toutes  les  fois  que  le  thermomètre  annonce 
que  la  température  est  au  dessus  du  point 
de  congélatiou,  on  ,-nlève  le  tampon  pour 
donner  de  la  lumière  à  rartichaul,  on  peut 
QjôRie  laisser  les  plantes  découvertes  pen- 
dant les  pluies,  pourvu  quelles  ne  durent  pas 
plusieurs  jours  de  suite,  car  rartichaul 
craint  encore  plus  l'étiolement  que  l'humi- 
dité quand  l'air  peut  essuyer  cotte  der- 
nière. 

Les  personnes  qui  ont  des  cloches  de  verre 
feront  très-bien  de  remplacer  le  tampon  par 
elles.  Si  elles  n'élaienl  pas  assez  larges  pour 
couvrir  entièrement  1  ouverture  de  la  eage, 
on  y  supplérait  au  moyen  d'une  couronne 
(le  i)aillc  solidement  tressée.  Chaque  soir  on 
couvrirait  la  cloche  avec  le  capuchon  de 
longue  paille ,  pour  éviter  le  rayonnement 
du  calorique  vers  le  piel,  el  enrôlerait 
chaque  matin. 

Dans  l'un  cl  l'autre  cas,  il  faut  toutes  les 
fois  que  la  température  le  permet,  et  tou* 


les  trois  en  quatre  jours  si  cela  est  possible, 
visiter  les  p.lantes  pour  retrtincher  les  l'euil 
les  pourries  et  pour  replacer  dans  une  po- 
sition plus  favorable  celles  que  la  privalioi 
d'air  et  de  lumière  menacerait  d'éliole- 
ment. 

Lorsque  le  printemps  arrive  et  que  Ter 
n'a  plus  à  craindre  les  gelées,  on  enlève  le; 
cages  et  le  fumier  des  buttes,  mais  on  laissf 
ce  dernier  sur  le  carré  jusqu'à  ce  que  î; 
terre  soit  assez  échauffée  pour  que  l'or 
puisse  doilner  le  premwr  binage  sans  incon- 
vénient. 

Par  cette  méthode  fort  aisée  on  oblieni 
des  artichauts  depuisPâques  jusqu'en  mai 
Uest  indispensable,  je  le  répète,  que  h 
plant  soit  jeune  si  on  veut  les  obtenir  au^ 
époq-ues  indiquées.  Pendant  la  belle  saison . 
les  œilletons  prennent  de  laforce,etau  liei 
de  produire  en  automne,  ils  ne  font  qu( 
marquer  lors  des  premiers  froids.  Ils  res- 
tent ainsi  stalionnaires  pendant  les  grand; 
froids,  de  l'hiver,  mais  aussitôt  que  le  so- 
leil commence  à  remonter  sur  l'horizon  1. 
végétation  reprend  et  les  têtes  se  dévelop- 
pent très-rapidement.  De  vieux  pieds  trai- 
tés de  cette  manière  sont  d'une  conserva- 
tion plus  certaine  et  donnent  des  fruits  plu;- 
hâtifs,  mais  qui  ne  devancent  guère  les  au- 
tres que  de  quinze  à  vingt  jours. 

i)«  la  brède  comparée  à  Vépinard  et  à 
la  tétragone. 

La  MORELLE  NOIRE  (  solanum  nigrum , 
Linn.)  est  encore  connue  dans  nos  campa- 
gnes sous  les  noms  vulgaires  de  mourelle. 
morette,  moarella,  crève-chien,  et  on  h; 
trouve  croissant  abondamment  le  long  de.^^ 
murs  des  villages  et  dans  les  champs  culti- 
vés. Ses  tiges  sont  rameuses,  diffuses,  éta- 
lées, et  s'élèvent  à  un  ou  deux  pieds.  Se> 
feuilles  sont  molles,  pétioiées  ,  entières, 
pointues,  ovoides,  élargies  et  un  peu  angu- 
leuses vers  la  base,  glabres  comme  toute 
la  plante. Les  fleurs  naissent  en  été,  en 
petits  corymbes  pendans;  elles  soiit  petites, 
blanches.  Il  leur  succède  des  baies  d'aboni 
vertes,  puis  rouges,  noires  à  leur  maturité, 
et  de  la  grosseur  d'un  grain  de  cassis. 

Eu  Amérique,  celte  plante  annuelle 
porte  le  nom  de  brède,  et  celui  de  lamav 
aux  Antilles  et  aux  îles  de  France  et  de 
Bourbon.  Dans  tous  ces  pays  elle  est  culti- 
vée avec  soin  dan»  les  jardins,  et  on  la 
mange  de  la  même  manière  que  l'épinard. 
Quoique  appartenante  une  famille  suspecte. 


171 

celle  des  solanées,la  brèdc  n'a  aucune  mau- 
vaise qualité  et  fournit  un  aliment  aussi 
;ain  qu'agréable.  Cela  n'empêchait  pas  nos 
ncicns  médecins  de  lui  supposer  une  vertu 
aarcotique  pouvant  aller,  selon  eux,jus- 
ju'à  l'empoisonnemenl,  sans  doute  parce 
lu'on  avait  pu  confondre,  dans  des  expé-  - 
icnces  malheureuses,  ses  fruits  avec  ceux 
!e  la  be'ila  dcne. 

Pendari.»  les  chaleurs  de  l'été,  il  est  fort 
liiTicile  ,  en  Franco,  d'avoir  des  épinards, 
;)arce  qu'ils  montent  en  graines  si  vite  qu'ils 
•l'ont  pas  le  temps  de  développer  leurs  feuil- 
es.  Ou  avait  pensé  à  les  remplacer  par  la 
étragone,  'teiragaina  ex2)ansa,  Linn.),  mais 
a  culture  de  cette  plante  est  assez  difficile; 
Ueexige  des  couçhos  et  beaucoup  dechaleur, 
outre  qu'elle  couvre  un  espace  de  terrain 
<ssez  considérable  couiparativement  à  son 
produit,  les  longues  tiges  de  la  plante  étant 
ôtaiées  et  rampantes.  Il  est  vrai  qu'on  peut 
ia  semer  en  pleine  terre  bienterrcautôe  à  la 
*in  d'avril,  mais  alors  elle  ne  donne  abon- 
damment ses  produits  qu'à  l'époque  où  les 
{'pinards  recommencent  à  donner  les  leuriT, 
et  souvent  elle  ne  mûrit  pas  ses  graines. 
■7est  ce  qui  m'est  toujours  arrivé  aux  en- 
virons de  Paris,  pendant  plusieurs  années 
l'expériences. 

J'ai  voulu  savoir  si  la  brède  ne  pourrait 
pas  à  son  tour  remplacer  avantageusement 
;a  létragone,  et  je  la  soumis  à  la  culture. 
Semée  dans  mon  jardin,  en  mars,  dans  une 
bonne  terre  ordinaire,  elle  a  pris  des  dimen- 
sions beaucoup  plus  grandes  que  dans  les 
champs,  et  ses  tiges, bien  fouillées, ont  sou- 
vent atteint  deux  pieds  et  deniià  trois  pieds 
le  hauteur,  dimensions  qu'elle  atteint  eu 
Amérique.  C'est  positivement  pendant  les 
plus  grandes  chaleurs  de  l'été  qu'elle  pro- 
duit le  plus,  et  je  pouvais  en  cueillir  abon- 
damment lorsque  les  épinards  étaient  déjà 
passés,  et  que  la  tétragone  semée  en  pleine 
terre  n'était  pas  encore  venue. 

Quant  à  la  saveur,  et  même  à  la  couleur, 
la  brède  n'offre  aucune  différence  avec  les 
épinards,  et  on  ne  peut  pas  en  dire  autant  de 
la  tétragone,  qui  conserve  toujours  un  cer- 
tain goût,  non  désagréable  à  la  vérité,  mais 
qui  lui  appartient.  Outre  cela,  quoiqu'elle 
5oit  cuite,  elle  est  toujours  d'un  vert  un  peu 
jaunâtre,  et  jamais  elle  n'acquiert  le  même 
degré  de  fermeté  que  l'épiuard. 

Rien  n'est  aussi  facile  que  la  culture  de  la 
brède,  et  elle  produit  considérablement  plus 
que  la  tétragone,  comparativement  à  l'espace 
qu'elle  occupe,  pour  peu  qu'on  lui  donne 


1-2 

«pielques  arrosemens,  seuls  soins  qu'elle 
exige.  Elle  réussit  bien  dans  tous  les  terrains 
potagers  oii  on  la  nmlliplie  très-facilemeul 
lie  graines  semées  en  place  et  clair,  en  mars, 
avril  et  mai. 

De  quelques  plantes  potagères  nouvelles. 

L'ail  commun  (altium  salivum ,  Linn.}  est 
très-employé  en  cuisine,  surtout  dans  le 
midi  de  la  France  où  on  le  môle  à  presque 
tous  les  alimens;  mais  son  odeur  forte,  pé- 
nétrante, surtout  son  àcreté,  le  font  beau- 
coup moins  reclierclier  dans  le  nord,  à  par- 
tir de  Paris.  A  Saint-Trojeau,  dans  le 
département  de  la  Charente,  à  la  Tranche  , 
en  Vendée,  et  dans  quelques  autres  com- 
munes delà  France,  ou  le  cultive  en  grand  , 
et  il  est  Tohjet  d'un  commerce  assez  consi- 
dérable. Si  Ton  en  croyait  quelques  ouvra.- 
ges,  entre  autres  le  cours  complet  d'agri- 
culture, il  serait  d'un  produit  exagéré 
jusqu'au  dernier  ridicule.  Citons-en  un 
exemple  pris  dans  ce  dernier  ouvrage  ,  ne 
fût-ce  que  pour  prémunir  le  lecteur  contre 
ces  spéculations  de  librairie  faites  à  coups 
de  ciseaux  et  et  sans  le  moindre  discerne- 
ment. A  Saint-Trojeau,  dit  cette  compilation 
(tome II,  page  9i),  la  poignée  d'ails  se  com- 
pose de  cent  têtes,  se  vend  communément 
trois  sous,  et  six  pieds  carrés  de  terrain 
peuvent  en  produire  vingt  à  vingt-cinq  poi- 
gnées. 

Si  cette  assertion  pouvait  être  vraie,  la 
terre  produirait  dans  ce  pays-là  3  fr.  75  c. 
par  toise  carrée,  ce  qui  serait  déjà  fort  joli; 
mais  ce  qu'il  y  auraitde  prodigieux,  c'est  que 
4,58^  pouces  carrés  seraient  occupés  par 
2,500  tètes  d'ail ,  ce  qui  ne  fait  pas  deux  pou- 
ces carrés  pour  chacune.  Cerle,  si  dans  ce 
pays-là  les  tètes  d'ail  sont  plus  grosses  que 
des  pois,  elles  doivent  se  toucher  toutes.  A 
Paris  les  tètes  les  plus  petites  ont  au  moins 
18  lignes  de  diamètre  et  occupent  par  con- 
séquent plus  de  deux  pouces  de  terrain. 

Quoi  qu'il  en  soit  on  cultive  dans  quelques 
pays  d'autres  espèces  d'ail,  plus  douces  et 
moins  odorantes,  et  qui  réussiraient  très- 
bien  dans  tous  les  jardins  si  on  les  y  intro- 
duisait. Ces  espèces  sont  : 

L'ail  noiu,  iattium  nigrum,  Lin.)  Tl croît 
sur  les  bords  de  la  mer,  à  llontpellier,  et 
dans  les  champs  en  Provence.  Sa  bulbe, 
i)eaucoup  plus  douce  que  celle  de  l'espèce 
commune,  s'emploie  en  cuisine  aux  mêmes 
usages.  Elle  est  blanche,  arrondie,  a§^ez 
{grosse,  remarqual)le  par   la  nuillilude  de 


petites  bulbes  qui  naissent,  soit  entre  set 
tuniques,  soit  de  l'extrémité  de  ses  radica- 
les. Ses  feuilles  sont  planes,  lancéolées,  sa 
tigecylindrique,  épaisse,  ses  fleurs  pédicel- 
lées,  blanches  avec  une  ligne  verte  sur  cha- 
que segment.  On  peut  cultiver  cette  espèce 
comme  l'ail  ordinaire,  et  elle  préfère  ainsi 
que  lui  les  terrains  légers  et  sablouneux. 

L'ail  a  feuilles  de  plantain,  {altium 
victorialis,  Linn.)Il  n'est  guèrecultivédans 
les  jardins  que  dans  quelques  cantons  des 
Cévennes,  quoiqu'il  croisse  naturellement 
dans  presque  toutes  nos  montagnes  du  midi, 
de  l'Auvergne,  du  Forôtz.  Sa  bulbe  est  uni 
.que  comme  celle  de  l'ognon,  d'une  saveur 
douce  qui  parait  fort  agréable  à  beaucoup 
de  personnes;  autrefois  on  l'employait  en 
médecine  sous  le  nom  de  grande  victoriale. 
Cette  espèce  se  distinsue  très-bien  à  ses  éta- 
mines  saillantes,  à  sa  tige  haute  de  plus  d'un 
pied ,  quelquefois  tachée  et  feuillée  dans  sa 
partie  inférieure,  surtout  à  ses  feuilles,  au 
nond)re  de  deux  ou  trois,  sessiles,  ovales, 
oblongues,  nerveuses,  et  assez  semblables 
à  celles  du  plantain  à  grandes  feuilles.  Ses 
fleurs  sont  d'un  blanc  jaunâtre  ou  verdàtre. 

Cet  ail  ne  peut  se  multiplier  que  de  grai- 
nes. Ou  le  sème  au  printemps  eu  terre  lé- 
gère et  sèche,  à  exposition  du  levant.  Du 
reste,  on  le  cultive  de  la  même  manière  que 
l'ognon,  et,  en  cuisine,  on  l'emploie  aux 
mêmes  usages,  quoique  sa  saveur  soit  bien 
différente. 

.La  CLAiTONE  PERFOLiÉE ,  (  claitonia  per~ 
foliata,  \Villd.)e8t  une  plante  annuelle,  de 
la  famille  des  pourpiers,  et  originaire  de 
l'Ile  de  Cuba.  Ses  jeunes  tiges  et  ses  feuilles 
s'emploient  en  cuisine  comme  les  épinards  ou 
l'oseille,  et  beaucoup  plus  souvent  comme 
le  pourpier.  Elle  croit  très-vite,  se  ramiOe 
beaucoup  dès  sa  bjise,  et  peut,  par  consé- 
quent, se  couper  plusieurs  fois  dans  le  cours 
d'un  été.  Du  reste  c'est  une  plante  assez  in- 
signifiante, que  l'on  sème  au  printemps  à 
bonne  exposition,  en  terre  douce  et  ter- 
reaulée^soit  à  la  volée,  soit  en  rayons,  mais 
clair. 

L'onagre  BISANNUEL,  Enotère,  Jambon 
des  jardiniers,  ((P/io/Acraô/e/mw,  Linn.),est 
une  belle  plaute  indigène  de  la  Virginie, 
d'où  elle  a  été  transportée  en  Europe  en 
IGli.  Elles'esl  tellement  bien  naturalisée  en 
France,  qu'on  la  trouve  maintenant  croissant 
spontanément  sur  le  bord  de  la  plupart  des 
rivières,  dans  les  marais,  et  même  dans  les 
taillis  humides.  Sa  tige  est  haute  de  trois  ou 
quatre  pieds;  sosfeuillessoiitovale'î  lancée- 


l'î- 


lécs, remarquables  par  une  nervure  blanche 
qui  les  traverse  dans  leur  longeur.  Ses 
fleurs,  grandes,  jaunes,  pcdiculécs,  exha- 
lent une  assex  douce  odeur. 

En  Allemagne,  l'onagre  bisannuel  est 
mis  au  nombre  des  plantes  potagères,  et  ou 
le  cultive  avec  soin  à  cause  de  ses  racines 
charnues  que  Ton  mange  cuites,  soit  apprê- 
tées à  la  manière  des  salsifis,  soit  en  salade 
et  coupées  par  franches,  soit  enfin  dans  la 
soupe.  Elles  sont  nourrissantes  et  cependant 
d'une  digestion  très-facile,  ce  qui  les  fait  re- 
commander aux  estomacs  faibles  ou  fati- 
gués.- 

Dans  une  terre  bien  ameublie,  on  sème 
l'onagre  très-clair,  en  avril.  Quant  les  jeunes 
plants  ont  poussé  quelques  feuilles,  on  les  re- 
pique en  place,  à  un  pied  ou  dix-huit  pouces 
de  distance  les  uns  des  autres,  dans  un  ter- 
rain fumé  dès  l'automne  précèdent.  Les  soins 
à  donner  pendant  l'été  consistent  en  des 
sarclages  et  quelques  arroseraens,  et  fout  se 
borne  là.  Dès  l'automne  on  commence  à  les 
arracher  pour  la  consommation ,  et  on  con- 
linuependant  tout  l'hiver,  jusqu'à  Pâques. 
Cette  époque  passée,  les  racines  deviennent 
fibreuses,  coriaces,  et  trop  dures  pour  être 
mangées. 

D'autres  personnes  les  arrachent  toutes  à 
la  fois  en  automne,  et,  après  avoir  coupé 
toutes  les  feuilles,  excepté  celles  du  cœur, 
elles  les  déposent  dans  une  caveou  dans  une 
serre  à  légumes,  où  on  va  les  prendre  à  me- 
sure qu'on  en  a  besoin.  On  évite  ainsi  la  dif- 
ficulté de  les  arracher  quand  la  terre  est 
profondément  gelée. 

SÉSAME  DE  l'Ixde,  [scmmum  indicum, 
Willd.)  Cette  plante,  appartenant  à  la  fa- 
mille des  bignones,  est  annuelle  et  mûrit 
assez  bien  en  France.  Il  n'en  est  pas 
de  même  du  sésame  oriental,  avec  le- 
quel il  ne  faut  pas  la  confondre.  Ses  tiges  , 
hautes  de  trois  ou  quatre  pieds,  se  couvrent 
de  fleurs  auxquellessuccèdent  desgraines  que 
1  onestime  beaucoup  dans  les  deux  Améri- 
ques. Onlesmangegrilléescommedumais,  ou 
en  galettes  aprèsles  avoir  réduites  en  farine. 
On  en  retire  aussi  une  huile  que  Ton  compare  à 
cell^  d'ohve,  pour  la  qualité  et  qui,  dit-on, 
ne  se  fige  jamais. 

En  terre  douce,  légère  et  chaude,  on 
sème  le  sésame  en  place  dès  les  premiers 
jours  de  mai.  H  reprend  très-difficilement  à 
la  transplantation,  aussi  ne  doit-on  pas  le 
repiquer;  du  reste  il  n'exige  aucuusoiûspar- 
liculiers. 


ARRACnOlR  A  BASCULE. 


Il  est  de  principe,  dans  les  pays  vignobles, 
qu'on  ne  peut  replanter  une  vigne  dans  un 
terrain  que  quatre  ou  cinq  ans  après  qu'on 
y  en  a  arraché  une  autre.  Ceci  est  néces.saire 
pour  que  toutes  les  racines  aient  le  temps  de 
pourrir,  de  se  décomposer  et  de  se  réduire 
à  l'état  de  terreau.  Sans  cela,  la  moisissure 
dont  elles  sont  attaquées  gagne  les  jeunes 
racines  des  nouveaux  plants  et  leur  nuit 
considérablement.  Aussi  les  vignerons  met- 
tent-ils une  grande  importance,  lorsqu'ils 
arrachent  une  vigne,  à  laisser  dans  la  terre 
le  moins  possible  de  fraameus  de  racines, 

Lorsqu  il  s'agit  de  défricher  un  taillis,  on 
met  aussi  une  grande  importance  à  laisser 
le  moins  de  racines  qu'on  le  peut  dans  la 
terre,  pour  ne  pas  arrêter  le  soc  de  la 
charrue  qui  doit  y  passer,  et  aussi  pour  ne 
pas  perdre  une  trop  grande  quantité  de  bois 
employé  au  chauffage.  Pour  opérer  écono- 
miquement ces  deu:».  sortes  d'arrachement 
on  a  inventé  plusieurs  espèces  de  machines, 
parmi  lesquelles  Varrachoir  de  Nicholtson 
i'arrachoir  pied  de  chèvre,  et  l'arrachoiv 
à  bascule.  C'est  ce  dernier  que  nous  figurons 
ici,  et  que  nous  allons  décrire  comme  le  plus 
commode,  le  plus  expédilif  et  le  plus  écono- 
mique. Les  llomains  se  servaient  jadis  de  la 
pince  qui  lecompose,  non  seulement  à  l'arra- 
chement des  arbres,  mais  encore  à  soulever 
les  fardeaux  les  plus  lourds,  les  énormes 
pierres  de  taille  qu'ils  employaient  à  leurs 
constructions,  par  exemple.  Les  Hollandais 
en  font  encore  beaucoup  usage  aujourd'hui 
mais  je  ne  pense  pas  que  cet  instrument  si 
avantageux  ait  jamais  été  employé  en 
France,  si  ce  n'est  chez  moi. 

Le  levier  o,  porte  sur  un  trétau  6,  dont 
la  traverse  inférieure  est  suffisante  pour 
l'empêcher  de  s'enfoncer  dans  la  terre;  à 
l'extrémité  est  attachée  la  pince  »t,  en  forme 
de  tenaille,  d'une  grandeur  proportionnée  à 
ce  que  l'on  veut  en  faire.  Elle  est  armée  de 
deux  dents  au  bout  de  chaque  branche  rf,  c, 
à  l'autre  extrémité  de  la  branche  r?i,  e,  est 
fixée  une  corde  qui  passe  dans  un  anneau/, 
de  la  hranche/,  d;  d'où  il  résulte  que  plus 
le  levier  tire  la  corde ,  plus  la  pression  des 
extrémités  rf,e,est  forte.  La  souche  saisie 
de  celte  manière  ne  peut  jamais  glisser 
comme  dans  une  chaîne  •,  elle  est  obhgée  dp 
céder  à  la  force  du  levier  lorsqu'on  lui  im- 
prime le  mouvement  de  bascule, 
A  mesure  que  l'on  sort  la  racine  de  terre 


174 

on  place  la  pince  1)1  us  prèsducollelde  la  racine  I  perte  de  temps  que  lorsqu'on  arrache  par 
et  celle  petite  opération  exige  bien  moins  de  [toute  autre  mélhodc. 


De  la  Charrue-taupe,   et  de  ta  charrue 
à  rigoles. 

Voici  encore  un  inslrunient  des  plus  sin- 
guliers ,  résultant  du  génie  inventif  des  an 
glais.  On  s'en  sert  très-av.'uilageusement, 
en  Angleterre,  pour  assainir  les  terrains 
trop  humides,  mais  argileux  et  compactes, 
capables  par  leur  solidité  de  conserver  quel 
que  temps  les  ri^;oles  souterraines  faites 
dans  les  prairies,  les  luzernes  cl  mêmes 
d'autres  champs. 

Un  âge  b,  porte  en  avant  un  régulateur  a, 
composé  d'une  petite  roue  c,  que  Ton  hausse 
et  baisse  à  volonté,  et  que  Ton  fixe  au  point 
déterminé  par  le  moyeu  d'une  cheville  en 
fer  qui  lra^erse  lage  et  passe  dans  un  des 
trous  du  régulateur.  L'autre  extrémité  se 
termine  en  d ,  par  deux  mancherons  établis 
dans  les  mômes  principes  que  ceux  d'une 
charrue  ordinaire. 

Un  montant  e,  traverse  l'âge  et  peut  se 
{lueaer  eu  baisser  à  volonté,  de  la  même 


manière  que  le  régulateur.  Il  serldeeoûlro 
et  sa  partie  antérieure/doit  être  tranchante. 
Il  porte  à  son  exlré;nité,  inférieure  nna 
pièce  de  bois  cylindrique  g,  ayant  un  peu 
moins  de  (hamèlre  vers  le  devant  qui  est 
taillé  en  biseau  et  armé  en  h  d'une  lame  de 
fer  tranchante  et  pointue. 

Devant  le  centre  est  une  roulette  ou  mo- 
lette en  fer  i,  acérée  et  tranchante  sur  ses 
bords,  elle  est  de>tinée  à  faciliter  le  passage 
du  coûtre  f,  en  coupant  les  racines  qui  pour- 
raient lui  offrir  de  la  résistance. 

La  pièce  de  bois  trace  sous  terre,  à  la 
profondeur  que  Ton  a  fixée  au  moyeu  du 
coûlre  et  du  régulateur,  un  boyau  à  la  ma- 
nière de  celui  des  taupes,  dans  lequel  les 
eai  X  se  rendent  et  s'écoulent  selon  ladir.c- 
tion  inclinée  du  terrain.  îso.is  n'avons  pas 
besoin  de  dire  que  l'ouvrier  doit  se  diriger 
dans  le  sens  de  celte  inc.inaison  en  traçant 
les  rigoles. 

Un  crociiet  k  placé  en  avant  de  l'ageîrl 
à  fixor  l'atteîago,  et  quelquefois  on  ajoute 
i,n  avant- Irain. 


A  w«<(/ir 


Jamais  tel  instrument  n'a  été  employé 
en  France,  du  moins  à  notre  ronnaiss.mre, 
malgré  la  grande  utilité  dont  il  serait  pour 
assainir  les  prés  cl  les  pâturages  maréca- 
geux des  pays  de  montagnes.  11  en  est  de 
même  de  la  charrue  creuser  des  rigoles  , 
dont  on  doit  la  connaissance  à  M.  ïhaër. 
I/excelleut  ouvrage  de  cet  économiste  a  été 
traduit  par  M.  Mathieu  de  Dombasle,  et, 
malgré  cela,  je  n'ai  vu  figurer  celle  machine 
dans  aucun  de  nos  départemeus  les  plus 
riches  en  prairies  ualurelles,  où  elle  serait 
extrêmement  utile  et  d'une  immense  éco- 
nomie. Cela  vient  sans  doute  de  ce  qu'elle 
n'est  pas  comme  des  cultivateurs  les  plus 
intéressés  à  s'en  servir,  et  celle  raison  doit 
nous  déterminer  à  la  figurer  et  à  la  dé- 
crire dans  un  journal  particulièrement  des- 
•liné  à  répandre  les  ciioses  d'une  utilité  re- 
connue. 

Avec  la  charrue  à  rigoles,  un  homme 
seul  peut  aisément  creuser  dans  une  prai- 
rie, en  quatre  heures  de  temps,  plus  de  ri- 
goles que  dix  autres  ne  feraient  en  quatre 
jours  j)arlamélhode  ordinaire. 

La  flèche  a  porte  une  roue  b,  s'élcvanl 
et  s'abaissanl  à  volonté,  servant  à  détermi- 
ner le  degré  d'enlrure.  Le  soc  c,  le  grand 
coûtre  (Ij  et  le  petit  coùlre  e,  sont  dune 


175 

seule  pièce  en  1er  et  fort  (ranchans.  Lé 
grand  contre  touche  presque  à  la  flèche  et 
s'appuie  sur  le  versoir,  le  petit  c,  n'a  que 
la  moitié  de  sa  grandeur  el  ne  tient  qu'au 
soc.  Tous  deux  s'élèvent  dans  une  position 
inclinée  mais  parallèle;  c'est-à-dire  que 
leur  écarlement  l'un  de  l'autre  est,  en  haut 
comme  en  bas,  égal  à  la  largeur  du  soc  aux 
côtés  duquel  ils  sont  «oudés.  Le  soc  doit 
avoir  la  même  largeur  que  ce'le  destinée  à 
!a  rigole  à  creuser,  ordinairement  sept  pou- 
ces. 

Le  cep  i,  forme  le  dos  d'âne  sur  son  côté 
extérieur,  de  manière  à  offrir  un  plan  in- 
cliné 0,  le  long  du  versoir  g.  Celui-ci  est 
ijuslé  sur  le  manclie  h. 

J>orsqu'on  se  sert  de  cet  instrument, 
!a  terre  est  coupée  horizontalement  par  le 
soc ,  de  manière  à  former  le  fond  de  la  ri- 
gole-, elle  est  fendue  verlicaiemenl  par  les 
coûtres,  ce  qui  forme  les  côtés  de  la  rigole. 
La  langue  de  terre  coupée  s'élève  entre  les 
d?ux  coûtres  sur  le  plan  du  cep  o,  puis  elle 
est  rcjelée  sur  le  côté  par  le  versoir. 

La  figure  2  montre  celle  charrue  du  côté 
opposé  au  versoir.  --  Peut-être  serait  -  il 
avantageux  de  recouvrir  entièrement  ce 
côté  d'une  plaque  de  tôle. 


Ksmim 


176 


TISSERANDS. 


Nouveau  système  de  la  filatlue  du 
LIX.— Ce  système,  qui  est  dû  à  M.  Girard,  se 
compose  io  des  opérations  préparatoires  qui 
ont  pour  but  de  transformer  le  lin  en  rubans 
et  en  fil  en  gros,  et  qui  s'exécutent  au  moyen 
des  étirages  à  travers  des  peignes  sans  fin; 
20  de  la  filature  enfin,  qui  consiste  dans  la 
réduction  du  lin  en  ses  fibres  élémentaires 
par  la  dissolution  ou  le  ramollissement  de 
la  matière  gommo-résineuse  qui  les  tient  réu- 
uies. 

M.  Girard  a  démontré  que  les  brins  du  lin, 
tels  qu'on  les  obtient  à  l'aide  des  peignes  les 
plus  fins,  sont  composés  de  fibres  élémentaires 
infiniment  plus  déliées  que  ces  brins,  et  que 
la  longueur  de  ces  fibres  ne  s'étend  pas  au- 
delà  de  2  ou  3  pouces.  Ces  fibres,  qu'aucun 
peigne  ne  serait  en  état  de  séparer,  se  déta- 
chent très  facilement  les  unes  des  autres,  à 
l'aide  de  l'immersion  dans  une  dissolution 
alcaline,  ou  dans  une  dissolution  de  savon. 
Elles  sont  parfaitement  blanches,  lisses  et 
transparentes,  beacoup  plus  déliées  que  les 
brins  du  coton  le  plus  fin;  et,  malgré  celte 
extrême  ténuité,  on  reconnaît  aisément  leur 
forme,  qui  est  aplatie  et  se  termine  en  pointe 
aux  deux  extrémités;  leur  largeur,  dans  le 
milieu,  est  à  peu  près  quadruple  de  leur 
épaisseur. 

C'est  sur  l'existence  reconnue  de  ces  fibres 
élémentaires,  que  M.  Girard  a  fondé  son 
système  de  filature  en  fin,  qui  consiste  à  sou- 
mettre le  fil  en  gros  à  l'étirage,  après  avoir 
décollé  les  fibres,  et  à  exécuter  cet  étirage  en- 
tre deux  cylindres  qui  ne  sont  écartés  qu'à  la 
distance  de  la  longueur  des  fibres  élémen- 
taires. Pour  compléter  son  système  de  filature, 
M.  Girard  a  imaginé  une  machine  pour  net- 
loyer,  affiner  et  peigner  le  lin.  Cette  ma- 
chine est  composée  de  plusieurs  séries  ou 
chaînes  de  peignes  sans  fin,  qui  agissent  alter- 
nativement et  en  s'enlevant  mutuellement  le 
lin  chaque  fuis  qu'elles  s'avancent  ou  se 
retirent. 

FERBLANTIER. 

Sur  l'emploi  dei  rognures  et  déchet  de  fer- 
blanterie. 


On  sait  que  les  ferblantiers  sont  dans 
Tusage  de  rejeter  cooDiie  inutiles  les  dé- 
chets et  débris  de  ferblauc  employé  dans 
leurs  ateliers.  Ces  morceaux  peuvent  cepen- 
dant être  utilisés.  Aux  Etats-Unis,  on 
découpe  à  remporte-pièce  ces  débris  de 
raaniërc  à  en  obtenir  de  pelils  triangles 
isocèles ,  dont  la  base  a  depuis  2  lignes 
jusqu'à  5  et  () ,  et  dont  la  hauteur  des  deux 
^ulres  côtés  peal  varier  de  6  à  12  ligues. 


Les  vitriers  se  servent  de  ces  sortes  de 
triangles  pour  remplacer  avec  avantage  les 
petits  clous  d'épingle  qu'ils  ont  coutume 
d'employer  pour  servir  d'appui  aux  car- 
reaux de  vitre ,  avant  d'y  appliquer  le  mas- 
tic. On  conçoit  que  le  but  qu'on  se  propose 
en  employant  les  clous  dépiugle,  tous  à 
tête  ronde,  est  bien  mieux  rempli  par  lu 
forme  plate  des  morceaux  de  ferblanc. 

Mais   quand  bien   même  cet  usage  des 
découpures  parviendrait  à  s'établir  géné- 
ralement en  France  ,  il  ne  serait  pas  suffi- 
sant pour  utiliser  tous  les  déchets  des  fer- 
blantiers. Des  essais  que  nous  avons  tentés 
et  qui  sont  encore  inachevés,  nous  portent 
à  croire  que  ces  rognures  peuvent  être  aussi 
employées  pour  remplacer  l'alun  dans  la 
fabrication  du  bleu  de  Prusse.  On  sait  que 
cette  belle  couleur  exige  qu'un  corps  blanc 
lui  soit  uni  pour,  en  adoucissant  sa  teinte 
trop  foncée  quand  elle  est  pure,  lui  donner 
par   son  mélange  avec  elle  le  vif  éclat  qui 
la  distingue,  la  cassure  conchoide  qu'on  lui 
connaît  et  lui  faire  acquérir  la  faculté  de 
bien  couvrir.  C'est  à  son  union  avec  l'alu- 
mine que  le  bleu  de  Prusse  doit  ces  qualités. 
Nous  avons  pensé  que  l'étain  contenu  dans 
le  ferblanc ,  étant  isolé,  pourrait  agir  comme 
l'alumine   elle-même;  à  cet  effet,  on  fait 
dissoudre  à  froid  dans  l'acide  hydrocblo- 
rique  ordinaire  du  commerce  les  rognures 
de  ferblanc ,  et  de  préférence  on  emploie 
les  plus  petites;  une  vive  effervescence  a 
lieu  avec  dégagement  d'l)ydrogèue,  ce  qui 
nécessite    pour  cette  opération  un  atelier 
aéré,  par  exemple  un  hangar,  ou  mieux 
encore  elle  pourrait  se  faire  sous  la  hotlc 
d'une  cheminée  à  bontirage  qui,  enlevant 
rapidement  le  gaz  hydrogène  formé,  empê- 
cherait les  ouvriers  d'en  être  incommodés. 
Lorsque  la  saturation   de  l'acide  paraît 
complète,  ce  qu'on  reconnaît  à  la  cessation 
•  le  1  eliervescc-nce,  on  retire  les  morceaux 
de  leiblanc  qui  n'ont  point  été  dissous,  on 
les  lave,  et  l'eau  provenant  ^Qce  lavage  sert 
à  étendre  la  dissolution  concentrée  d  hydro- 
chlorale  d'étainel  de  fer.  On  trouve ordinai- 
ment  au  fond  du  vase  dans  lequelon  a  opéré 
une  sorte  de  dépôt  qui  se  dissout  facilement 
par  unesimpleagilalioiidu  liquide;  ou  prend 
alors  une  quantité  quelconque  d'acide  sul- 
furique  que  l'on  ramène  à  10";  on  verse  par 
parties  cet  acide  étendu  d'eau  dans  la  dis- 
solution d'élain  et  de  fer.  Il  se  forme  alors 
un  précij)ité  blanc,  insoluble,  qui  est  du 
sulfate  d'élain.  Ou  cesse  d'ajouter  de  l'acide 
lorsqu  ilue  se  failplus  deprécipilé.Oolai^sO 


alors  le  dépôt  se  tasser  un  peu ,  pour 
enlever  le  plus  possible  du  liquide  surna- 
geant qui  est  mis  à  part  et  dout  on  peut  de 
suite  former  du  bleu  de  Prusse,  attendu  la 
grande  quantité  de  fer  qu'il  tient  en  solu- 
tion. On  lave  par  les  procédi-s  ordinaires  le 
dépôt  de  sulfate  d'étain  et  lorsqu'il  est 
bien  édulcoré,  on  peut  l'employer  en  place 
d'alumine  pour  mêler  au  bleu  de  Prusse, 
tous  deux  à  l'état  de  pâte  bien  lavée,  ou 
mieux  en  facilitant  leur  mélange  intime  par 
le  moyen  d'un  lavage  unique  pendant  lequel 
on  mêle  exactement  les  deux  substances. 

E.-P.  D. 

rnocÉDÉ  POUR  la  fabrication  du  fer 

FORGÉ. 

Ce  procédé ,  imaginé  par  M.  L.  V.  Sire  de 
Lure  (Haute-Saône)  ,  n'est  rien  moins  que 
l'affinage  de  la  fonte  pour  obtenir  du  fer  en 
])arres ,  avec  la  clialeur  de  la  flamme  et  des 
gaz  combustibles  qui  sortiront  du  haut-four- 
neau :  c'est-à-dire  que  l'affinage  de  la  fonte 
de  fer  se  fera  avec  la  chaleur  du  même  com- 
bustible qui  met  en  fusion  le  minerai  de 
fer. 

Pour  ce  travail ,  des  fours  seront  disposés  à 
la  suite  du  fourneau  do  fusion  :  la  flamme ,  à 
la  hauteur  d'où  elle  sortira  du  haut-fourneau 
pour  entrer  dans  les  fours  d'affinerie,  et  à 
l'aide  du  courant  d'air  forcé,  se  dégagera  avee 
intensité  dans  tout  l'espace  des  étalages  et  y 
maintiendra  une  température  (chaleurj  égale. 

La  fonte  sera  prise  au  fourneau  et  transpor- 
tée liquide  ou  à  l'état  demi-pâteux;  dans  les 
fours  à  décarburer.  Les  agens  de  décarbura- 
tion qu'on  emploiera  seront  de  nature  à 
extraire  tout  l'acide  carbonique ,  etc.,  que 
contiendra  la  fonte ,  et  n'ayant  pas  à  craindre 
les  gaz  sulfureux  de  la  houille ,  qui  contri- 
buent à  rendre  cassant  le  for  affiné  dans  les 
fours  à  grilles ,  on  arrive  à  une  très  bonne 
qualité  de  fer,  parce  que,  d'après  la  disposi- 
tion des  forces  et  le  mode  de  projection  des 
agens  de  décarburalion  sur  la  fonte ,  les  opé- 
rations de  l'affinage  de  la  fonte  de  fer  se  passe- 
ront de  la  même  manière  que  dans  les  fours 
d'affinei'le  brûlant  du  cliarbon  de  bois  et  ali- 
mentés par  l'air  chaud. 

Le  combustible  pourra  être  le  même  que 
celui  en  usage  actuellement  dans  les  usines  à 
fer  du  royaume  et  de  l'étranger.  Cependant, 
on  devra  préférer,  dans  les  usines  qui  brûlent 
du  charbon  de  bois,  un  mélange  de  bois 
grillé  et  de  charbon,  c'est-à-dire  un  quart  de 
charbon  et  trois  quarts  de  bois  grillé  ou  des- 
séché ,  ou  même  ce  dernier  entièrement.  La 
dessiccation  du  bois  se  fera ,  sans  dépense  de 
combustible  ,  dans  des  appareils  plus  simples 
et  moins  coûteux,  et  qui  n'auront  pas,  en 
outre ,  l'inconvénient  de   diminuer  le»  pro- 


177 

duits ,  comme  ceu\  pour  lesquels  des  breyel» 
ont  été  demandés  successivement.  En  effet, 
ces  appareils  occasionnent  des  dépenses  nota- 
bles et  un  déchet  considérable  sur  le  combus- 
tible dont  une  portion  de  la  partie  fixe  et  la 
totalité  de  celle  volatile  et  inflammable  sont 
brûlées  par  la  grande  quantité  de  flamme  et 
de  gaz  qu'ils  attirent  à  la  partie  supérieure  du 
fourneau.  On  insiste  sur  celte  circonstance , 
parce  qu'elle  se  trouve  réalisée ,  en  ce  que  la 
température  du  fourneau  est  trop  élevée  dans 
les  parties  supérieures ,  où  lo  bois  brûle  inuti- 
lement, tandis  qu'elle  est  trop  basse  dans 
Vouiragt>.  Dans  ce  cas,  l'allure  du  fourneau 
est  inauvaisc  ;  les  charges  descendent  avec 
trop  de  rapidité  ,  et  les  matières  arrivent  mal 
préparées  dans  l'ouvrage.  Ce  qui  doit  suffi- 
samment prouver  qu'une  chaleur  intense  dans 
Va  cuve  supérieure  du  fourneau  ne  prépare 
pas  le  minerai ,  et  que  les  fonctions  de  dés- 
oiidation  qu'on  lui  attribue  sont  fausses ,  et 
qu'elle  n'est  réellement  nécessaire  qu'à  mélaa- 
ger  convenablement  les  matières  (combustible 
et  minerai)  qui  opposent,  par  leur  poids,  une 
forte  résistance  à  la  pression  plus  ou  moins 
grande  de  l'air  projeté  par  les  tuyères,  afin 
d'éviter  des  soubresauts  continuels. 

Bien  que  tous  les  combustibles  puissent 
s'appliquer  à  ce  nouveau  procédé  d'affi- 
ner la  fonte  de  fer,  l'idée  n'a  été  défini- 
tivement arrêtée  qu'après  avoir  vu  rouler 
des  fourneaux  au  bois  grillé  ou  desséché. 
On  a  remarqué  que  la  chaleur  qui  se 
développe  au  gueulard  est  si  abondante  et 
si  forte  ,  qu'elle  suffirait  à  l'affinage  dans  des 
fours  bien  disposés.  Cette  circonstance  ne 
laisse  aucun  doute  quele  combustible  ,  à  l'état 
grillé ,  s'enflamme  plus  facilement  et  qu'il 
donne  une  flamme  bien  plus  longue  que  le 
charbon.  On  doit  donc  en  conclure  qu'il  y  a 
perte  de  combustible  et  diminution  de  pro- 
duit à  le  traiter  ainsi,  parce  que,  brûlé  en 
partie  dans  la  cuve  supérieure  ,  il  ne  se  trouve 
pas  en  quantité  suffisante  pour  dégager  vers 
le  point  de  fusion  une  assez  forte  chaleur  pour 
fondre  le  minerai  de  fer  et  les  matières  qui 
s'en  détachent ,  ce  qui  donne  des  fontes  blan- 
ches très  impures.  On  est  obligé  de  diminuer 
la  charge  de  minerai ,  et  cependant ,  plus  on 
la  diminue  ,  plus  on  laisse  de  facilité  à  la 
flamme  à  s'échapper  par  le  gueulard.  Tous 
ces  inconvéniens,  qui  ont  fait  l'objet  des 
recherches  du  sieur  Sire ,  si  contraires  au 
succès  de  la  substitution  du  bois  au  charbon 
pour  la  fusion  du  minerai  de  fer ,  sont  assez 
puissans  pour  retarder  l'emploi  de  celte  belle 
découverte ,  si  on  n'y  pare  pas  de  suite.  La 
substitution  du  bois  au  charbon  ne  peut  se 
faire  avec  succès  que  dans  des  hauts-fourneaux 
dont  la  flamme  ne  parcourra  pas  la  cuac  su- 
périeure ;  cette  flamme  sortira  à  la  partie  su- 
périeure des  étalages  pour  entrer  dans  les 
fours  d'affinerie.  Le  bois  arrivant  intact  vers 
cet  endroit ,   sa  combustion  sera  telle ,  que  le 


J78  -TT-'  7,',-.  7  ^r^Ti  irarrpr-r  .'^rr 

plus  grand  dégagement  de  chaleur  aura  lieu 
presque  entièroment  dans  l'ouvrage  du  haut 
fourneau  ,  où  il  doit  être  employé.  Il  remplira 
ainsi  les  mêmes  conditions  que  le  charbon  de 
la  meilleure  qualité  et  avec  une  économie 
notable.  Personne  ne  mettra  en  doute  qu'à  la 
hauteur  où  doit  sortir  la  flamme ,  on  n'ob- 
tienne trop  de  chaleur  (à  registres  demi- 
ouverts)  pour  l'affinage  de  la  fonte  de  fer ,  et 
que  celte  chaleur  ne  puisse  servir  à  la  dessic- 
cation du  bois,  et  à  sécher  le  minerai ,  pour 
qu'il  ne  conserve  plus  d'humidité  en  l'iutro- 
dnisant  dans  le  fourneau. 

Les  opérations  d'aflinage  de  la  fonte  de  fer 
pourront  être  arrêtées  à  l'it-stant ,  sans  nuire 
ni  rien  changer  à  la  marche  du  fourneau  ; 
elles  pourront  être  reprises  également. 

POTERIES  (fabricant de). —PINK-COLOUR — 

LAQLE  MINÉRALE. 

On  trouve  dans  le  commerce  une  matière 
de  couleur  rose,  fabriquée  en  Angleterre, 
qui  sert  à  imprimer  la  faïence  sons-couverte 
et  donne  par  la  cuisson  une  couleur  rouge  de 
sang  d'un  effet  admirable. 

Cette  matière,  connue  en  Angleterre  sous 
le  nom  de  pi nk-colour  (rouge  d'œillet),  et  que 
l'industrie  française  a  jusqu'ici  tirée  de  l'é- 
tranger ,  a  été  récemment  analysée  par 
M.  Brongniart,  puis  par  M.  Malagutti.  On 
l'a  trouvée  formée  de  :  acide  stannique  ipero- 
xide  d'éfrain)  ,  7S,3t  ,  chaux,  14,91  ;  silice, 
3,96;  alumine,  0,9.-;;  eau,  (»,(11  ;  oxide  de 
chrome  ,  O.riS  ;  chrômalo  de  potasse  ,  0,26  ; 
potasse  et  perte ,  0, 48. 

Cette  analyse  ayant  mis  sur  la  voie,  M.  Ma- 
lagutti  a  cherché  et  est  parvenu  à  reproduire 
par  la  synthèse  une  matière  ayant  non  seule- 
ment les  mêmes  caractères  extérieurs  que 
celle  qu'on  fabrique  en  Angleterre  ,  mais 
ayant  aussi  les  mêmes  propriétés  quand  on 
l'applique  sur  la  faïence. 

Partant  de  celle  opinion  que  les  fabricans 
étrangers,  par  une  petile  ruse  assez  pardon- 
nable, mêlaient  au  pink-cnlour  des  substances 
inertes,  afin  de  dérouler  ceuv  qui,  par  l'ana- 
lyse, auraient  vonlu  surprendre  leurs  secrets, 
M.  Malagutti  a  cherché  à  éliminer  de  la  com- 
position les  clémens  qni  ne  devaient  point 
indispensablenienl  y  entrer. 

Après  un  grand  nombre  d'expériences,  il  a 
reconnu  lo  que  l'acide  stannique,  oubi-oxide 
d'étain,  n'était  pas  coloré  à  la  température  du 
rouge  clair,  mais  que  la  coloration  avait  lieu 
si  l'on  ajoutait  de  la  chaux. 

2o  Que  l'acide  stannique  n'était  pas  coloré 
non  plus  par  l'oxide  de  chrome  à  la  même 
température,  ou  qu'il  ne  l'était  que  très  légè- 
rement, mais  que  la  présence  de  la  chaux  dé- 
veloppait la  coloration. 

30  Que  la  silice  et  l'alumine,  sans  être  in- 
dispensables, rehaussaient  cependant  le  Ion 


do  la  masse,  enluidonnant  une  légère  nuance 
violette. 

4o  Que  le  rapport  entre  la  chaux  (à  Tétai 
de  corbonate)  et  le  chrômate  de  potasse  cris- 
tallisé ,  devait  être  "  tO  :!  t  ;  entre  la  chaux 
et  l'oxide  de  chrome  "  10:0,8;  et  entre  la 
chaux  et  l'acide  stannique  il  1  ;  3. 

rio  Que  plus  on  mettait  de  chaux  et  d'oxide 
de  chrome  chrômate,  plus  on  obtenait  un  pink- 
cotour  foncé,  de  sorte  qu'on  arrivait  ainsi  gra- 
duellement au  brun  marron. 

Par  suite  de  ces  expériences,  il  s'est  arrêté 
aux  formules  suivantes  pour  la  préparation  en 
grand  : 

Acide  stannique,  100;  craie,  34;  chrômate 
de  potasse  cristallisé,  3  à  i; 

Ou  bien  encore  :  acide  stannique,  100; 
craie,  34;  oxide  de  chrome,  1  à  1,25, 

Quelle  que  soit  la  formule  qu'on  préfère 
entre  celles-ci,  on  pourra  ajouter  :  silice,  5; 
alumine,  1. 

On  fait  un  mélange  intime  qu'on  introduit 
dans  des  creusets  qu'on  lute ,  et  on  l'expose  à 
la  température  rouge-clair  pendant  plusieurs 
heures.  La  masse  qu'on  retire  est  d'un  rouge 
très  sale,  elle  devient  d'un  beau  rose  en  la 
lavant  avec  de  l'eau  faiblement  acidulée  par 
l'acide  chlorhydrique. 

La  théorie  de  cette  opération  a  quelque  chose 
d'assez  obscur;  mais  cette  obscurité  ne  détruit 
en  rien  la  réalité  des  résultats  pratiques  que 
nous  venons  d'exposer.  Toutefois,  l'auteur  de 
celle  découverte,  si  importante  pour  notre 
industrie,  a  cherché  à  l'éclaircir;  il  regarde 
comme  probable  que  lors  de  la  calcination  il 
se  forme  tout  d'abord  une  combinaison  d'oxido 
de  chrome  et  de  chaux,  et  la  chaux  servant 
de  véhicule  à  foxide,  ce  dernier  composé 
entre  en  combinaison  avec  l'acide  stannique. 
On  voit  que,  suivant  M.  Malagutti ,  le  chrome 
n'entrerait  point  dans  le  pink-colour  à  l'état 
d'acide  chrôniique. 

Du  reste ,  les  expériences  synthétiques  qu'i] 
a  dû  faire  pour  reproduire  le  pink-culonr  ont 
donné  naissance  à  un  produit  curieux  qu'il  a 
nommé  ^«71/^'  minérale.  Cette  jolie  matière 
peut  être  apjdiquée  non  seulement  à  la  colo- 
ration des  papiers  peints  et  de  la  fa'ience  sous- 
couvcrte,  mais  aussi  à  la  peinture  à  l'huile. 
On  l'obtient  en  calcinant  à  la  température  de 
l.'lOo  pyromélriques  :  acide  stannique,  100; 
oxide  de  chrome ,  2.  La  masse  qu'on  relire  est 
d'une  superbe  couleur  lilas.  L'auteur  pense 
qu'elle  remplacerait  avec  avantage  le  mélange 
de  laques  végétales  que  les  peintres  sont 
obligés  de  faire  pour  obtenir  une  pareille 
teinle.  Il  ne  doute  point  qu'elle  ne  résiste  à 
toutes  les  influences  qui  altèrent  les  couleurs 
végétales. 


179 


REPERTOIRE 

DE  LA  CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


Recherches  relatives  à  V influence  du  prix  ' 
des  grains  sur  la  population  française  ; 
par  M.  le  baron  Charles  Dupin,  prési- 
dent de  l'Académie  des  sciences. 

Influence  exercée  siir  les  décès,  les  nais- 
sances et  les  mariages,  considérée  isolé- 
ment. 

Depuis  la  paix  générale,  entre  les  années 
1817  et  1832,  nous  trouvons  trois  périodes 
bien  caractérisées  :  la  première  d'extrême 
disette  ,  la  seconde  d'oxtrèrae  abondance, 
et  la  troisième  do  pénurie  sensible,  occasio- 
née  par  la  médiocrité  des  récoltes. 

Dans  ce  laps  de  temps,  le  prix  moyen 
annuel  des  grains,  calculé  pour  toute  la 
France,  à  raison  de  rbectolilre  de  froment, 
offre  ces  différences  extrêmes  :  pour  Tan- 
née 1817,  dont  les  affligeans  souvenirs  sont 
encore  présens  à  notre  mémoire,  le  blé  coû- 
tait 36  fr.  16  c;  pour  l'année  1822,  où  la 
surabondance  fut  si  funeste  à  l'agriculture , 
qu'elle  obligea  les  lois  sur  les  céréales,  le 
prix  du  blé  descendit  à  15  fr.  49  c. 

Je  me  suis  proposé  d'examiner  quel  effet 
cette  énorme  disproportion  de  prix  et  do 
récoltes  a  produit  sur  les  élémens  de  la  vie 
sociale,  qui  sont  les  décès,  les  naissances  et 
les  mariages. 

Afin  d'obtenir  des  résultats  comparables, 
en  ayant  égard  aux  accroissemens  de  la  po- 
pulation, j'ai  calculé,  pour  cbaque  année 
le  nombre  des  décès ,  des  naissances  et  des 
mariages  que  produit  un  million  d'babitans. 
Des  décès.  —  Dans  l'espoir  de  faire  res- 
sortir tout-à-coup  l'effet  des  disettes  sur  la 
mortalité,  j'ai  mis  en  parallèle  les  six  an- 
nées de  plus  grande  cherté  des  grains,  avec 
les  six  années  des  plus  bas  prix.  Je  m'at- 
tendais à  découvrir  une  énorme  différence 
entre  les  décès,  voici  ce  que  j'ai  trouvé  pour 
un  million  d'babitans  : 

Prix  moyens.      Décès  annuels. 
25    07  1/2  25,023 

16    44  24,950 

Par  conséquent,  pour  une  aussi  grande 
différence  de  prix ,  il  y  a  seulement  une 
augmentationde  73décèspar  million  d'hom- 
mes. Il  en  résulte  que,  pour  un  renchéris- 


sement de  52  cent,  sur  le  prix  du  blé ,  le 
nombre  des  morts  s'accroît  seulement  de 
trois  millièmes. 

On  est  frappé  sans  doute  d'une  aussi  fai- 
ble différence  de  mortalités,  pour  d'aussi 
grandes  inégalités  de  disette  et  de  simple 
pénurie. 

On  trouve  en  effet  que  dans  l'année  1817, 
où  la  valeur  moyenne  du  froment  s'est  éle- 
vée jusqu'au  prix  effrayant  de  36  fr  16  c. 
par  hectolitre,  les  décès  par  mrilion  d'hom- 
mes (  24,870  )  ont  été  moindres  que  la 
valeur  moyenne  de  six  années  de  surabon- 
dance (24,950). 

Enfin  1828,  la  moins  pénible  des  six  an- 
nées de  disette,  celle  où  le  prix  est  le  moins 
élevé,  présente  au  contraire  la  plus  grande 
mortalité  de  toutes  les  années  mises  en  pa- 
rallèle, une  exceptée  :  celte  mortalité  s'é- 
lève à  26,020  individus  par  million  d'babi- 
tans. 

Nous  serons  plus  étonnés  encore  de  trou- 
ver la  plus  grande  mortalité  des  quinze  an- 
nées en  1826,  l'une  des  trois  années  du  plus 
bas  i>rix  des  céréales. 

De  ces  résultats  on  peut  déduire  plusieurs 
conséquences  importantes. 

D'aussi  vastes  différences  que  celles  de 
36  fr.  16  c.  à  15  fr.  39  c.  dans  le  prix  du 
blé,  produisent,  sur  la  mortahté,  des  diffé- 
rences incomparablement  moindres  que  cel- 
les de  toutes  les  autres  causes,  qui  passent 
pour  ainsi  dire  inaperçues  et  qui  frappent 
invisiblement  l'espèce  humaine. 

Ainsi ,  l'effet  des  disettes,  telles  que  nous 
les  éprouvons  au  dix-neuvième  siècle,  s^r 
les  mortalités ,  descend  au  rang  des  effets 
secondaires,  qu'on  ne  peut  faire  ressortir 
que  par  des  artifices  de  calcul,  en  groupant 
à  part  un  assez  grand  nombre  d'années  de 
très-bas  prix  et  d'extrême  clierlé. 

Il  n'en  était  pas  ainsi  dans  les  siècles  pré- 
cédens,  parce  que  les  disettes  étaient  beau- 
coup plus  intenses,  les  prix  beaucoup  plus 
inégaux,  les  ressources  du  peuple  moins 
grandes,  et  par  suite  les  mortalités  beaucoup 
plus  variables. 

J'ai  prouvé,  dans  un  autre  travail  (1), 
I  que  le  progrès  de  la  richesse  nationale  et  de 


180 

l'aisance  individuelle  augmente  dans  une 
proportion  bien  plus  rapide  que  la  popula- 
tion. De  là  résulte  que  chaque  famille,  par 
le  prosrès  des  arts  utiles,  possède  un  re- 
venu croissant,  tandis  que  les  besoins  de  ia 
subsistance  restent  les  mêmes.  Ainsi  le  peu- 
ple, par  les  progrès  continus  de  ses  travaux 
fructueux  ,  devient  possesseur  d'un  capital 
et  d'un  revenu  qui  le  mettent  en  étal  de 
fairt*  face  avec  plus  d'avantago»  aux  années 
de  pénuries  et  même  de  discHe. 

Et  voici  maintenant,  dans  l'état  moderne 
de  notre  agriculture  et  de  notre  prospérité, 
qu'une  des  causes,  naguère  les  plus  alarman- 
tes pour  le  sort  de  l'espècehumaine,  devient 
pour  ainsi  du'e  insignifiante  et  difficile  à  dis- 
cerner entre  toutes  les  causes,  beaucoup 
plus  perturbatrices,  que  le  progrès  desarls 
et  de  la  richesse  publique  n'a  pas  pu  faire 
encore  totalement  disparaître. 

Si,  dans  lapériode  dontnous  faisons  l'exa- 
men ,  nous  comparons  les  trois  années  de 
grande  abondance  aux  trois  années  de  plus 
grande  clierté,  nous  trouvons  : 

Prix  moyens.       Décès  annuels, 
lof.  69  c.  S:5,H3 

27      82  2i,772 

Quelque  étonnant  qu'un  semblable  fait 
puisse  paraître,  il  ne  reste  pas  sans  expli- 
cation : 

Dans  les  années  d'extrême  abondance,  la 
classe  agricole,  qui  formeenFrancoplusdcla 
moiliédupcuple,  éprouve  uncpénurieparle 
peu  deprixquelui  procure  lamévenlc  desos 
produits,  et  celle  pémnienepcutpasse  ma- 
nifester par  des  diminutions  de  mortalité. 

Tout  démonire  qu'en  France  l'état  le  plus 
heureux  pour  rensomble  de  la  population  est 
celui  des  années  moyennes  ,  les  plus  voisines 
de  la  surabondance  que  de  la  rareté  des 
grains ,  lorsque  le  prix  du  froment  est  com- 
pris entre  17  et  18  francs  l'hectoUlre.  Alors  la 
niorlalilé  s'abaisse  à2'r-,l;53iiijlivi(lus  par  mil- 
lion d'habilans. 

C'est  donc  au  nom  de  la  vie  dos  hommes 
qu'il  faut  non  seuleinenl  former  des  vœux, 
mais  faire  des  efforis  pour  rapprocher  de  ce 
terme  modéré  la  production  et  le  prix  des 
subsistances,  malgré  les  intempéries  des  sai- 
sons et  les  vicissitudes  du  commerce. 

Des  naissances.  —  Les  naissances  éprou- 
vent, comme  les  décès,  rinfluence  des  armées 
de  disette  et  d'abondance  ;  il  faut  seuleuh'ut 
avoir  l'ai  tenlion  derapi)ort(M;i  cliiupie  année 
de  disette  ou  <rabondance,  les  naissances  de 
l'année  innnédiatemenl  suivante,  aliii  d'ajou- 
ter à  la  duréedcs  grossesses  quelques  semai-  j 


nés  de  préméditation ,  qui  doivent  le.*;  pré- 
céder chez  un  peuple  réfléchi. 

Si  nous  comparons  pour  les  naissances, 
comme  nous  l'avons  fait  pour  les  décès,  les 
six  annéesdu  moindre  prix  des  céréales,  nous 
trouvons  : 

Six  années  Prix  moyens.  IS'aiss.  annuell. 
Du  plus  haut  prix.  2i  f.  GS  c.  30,647 

Du   plus  bas  prix.  IG       U  31,047 

D'après  ces  résultats,  lorsque  le  prix  des 
grains  augmente  de  50  pour  cent,  le  nombre 
desenfans conçus diminucseulement  de  treize 
millièmes. 

En  définitive,  un  million  d'habilans  com- 
prend plus  de  cent  mille  mariages,  et  toute 
l'économie  queces  centmillemariagesappor- 
tent  dans  la  reproduction  se  réduit  à  six  cents 
enfans,  qu'ils  s'abstiennent  de  mettre  au 
monde  dans  les  années  de  plus  grande  cherté, 
comparaison  faite  avec  les  années  des  plus 
bas  prix  des  céréales. 

Ici,  comme  pour  les  céréales,  les  causes 
étrangères,  variables,  et  le  plus'souvent  ina- 
perçues, l'emportent  de  beaucoup  sur  les 
causes  qui  tiennent,  soit  à  la  rareté  soit  à 
l'abondance  des  céréales. 

Cela  seul  peut  nous  expliquer  ce  fait 
étrange  ;  dans  les  deux  années  d'extrême 
disette,  1817  et  1818,  pour  un  prixmoycn  de 
30  fr.  40  cent.  Thecloblre  ,  les  naissances 
moyennes  sont  de  31,325,  c'est-à-dire  plus 
nond)reuses  de  vingt-deux  millièmeF  que  les 
naissances  moyennes  de  six  années  de  sur- 
abondance. 

Il  n'est  donc  pas  vrai  d'affirmer  qne  l'abon- 
dance ou  la  rareté  des  subsistances  règle , 
comme  cause  principale  et  prédominante,  ni 
les  décès  ni  les  naissances. 

Si  l'on  veut  chercher  les  prix  intermé- 
diaires, qui  sont  les  plus  favorables  aux  nais- 
sances ,  on  trouve  (chose  remarquable)  que 
les  plus  nombreuses,  naissances  correspon- 
<lenl,  à  20  centimes  près  en  plus,  au  même 
prix  que  les  décèsles  moins  nombreux,  c'est- 
à-dire  au  prix  intermédiaire  entre  17  et  18 
fr.  riiectolitre  de  froment. 

En  procédant  avec  une  réserve  que  com- 
mande l'esprit  scientifique,  nous  n'osons  pas 
affirmer  qu'une  send)lable  concordance  ne 
puisse  être  occasionée  par  un  concours  for- 
tuit, singulier,  mais  possible,  de  circonstan- 
ces accessoires  étrangères  à  l'influence  du 
prix  et  (le  la  quantité  des  subsistances. 

Mais  les  résultats  de  quinzeaiuïéesd'expé- 
rience  démontrent  du  moins  qu'on  se  trom- 
perait si  Ton  prétendait  que  le  plus  grand  ac- 
croissement de  la  population  correspond  au 


plus  bas  prix  el  par  conséquent  à  la  plus 
grande  abomlauce  des  vivres.  Pès  qu'il  y  a 
surabrudance,  la  classe  agricole  souff  rcj  c'est 
elle  qui  présente  à  son  tour  moins  de  nais- 
sances et  plus  de  décès. 

Mariages.— De  tous  les  élcmens  sociaux, 
la  contraction  des  nouveaux  mariages  est 
celui  qui  doit  être  le  plus  sensible  aux  causes 
immédiates  de  bien-êlre  ou  de  délrcssej  Tex- 
périence  nous  démontre  cette  vérité. 

Si  Ton  examine  Tannée  d'extrême  cberlé, 
disons  mieux,  de  disette,  Tannée  1817  (où  le 
blé  coûtait  36  fr.  16  cent.  Tbectolitre},  le 
nombre  des  mariages,  comparativement  aux 
résultats  moyens  des  années  de  surabon- 
dance, est  diminué  de  918  par  million  dlia- 
bitans.  On  doit  être  plutôt  surpris  de  la  fai- 
blesse que  de  la  grandeur  de  ce  nombre. 

Pour  suivre  la  marcbe  tracée  jusqu'ici, 
nous  devons  comparer  les  six  années  des 
plus  bas  prix  aux  six  années  des  prix  les 
plus  élevés. 

Entre  ces  deux  périodes,  nous  trouvons 
seulement  une  différence  annuelle  de  178 
mariages  par  million  d'babitans. 

Si  nous  rapprochons  les  résultats  présentés 
par  les  deux  mèmespériodes,  pour  les  décès, 
les  naissances  et  les  mariages,  nous  voyons 
que  les  tems  d'extrême  cherté,  comparés 
aux  temps  de  surabondance  ,  présentent , 
année  moyenne  : 

En  plus,  3  décès  sur  mille j 

Eu  moins,  13  naissances  sur  mille; 

En  moins,  22  mariages  sur  mille. 

El  si  nous  comparons  le  nombre  des  décès, 
des  naissances  et  des  mariages  avec  la  popu- 
lation totale,  nous  trouvons,  au  désavantage 
des  temps  de  disette  et  de  plus  grande  cherté: 

En  plus,  7  décès  sur  100,000  habitans  ; 

En  moins,  40  naissances  sur  100,000  habitans; 

En  moins,  18  mariages  sur  100,000  habitans. 

Les  années  du  plus  grand  nombre  de 
mariages  ne  sont  pas  celles  du  plus  bas  prix 
des  subsistances,  qui  donne  au  total  le  plus 
d'aisance  à  la  population ,  qui  Tinvite  le  plus 
au  mariage  et  produit  le  plus  grand  nombre 
d'aiUiauces  nouvelles,  c'est  le  prix  intermé- 
diaire approchant  de  ^0  francs  ThectoUtre; 

L'étude  qu'on  vient  d'offrir  parait  propre 
à  dissiper  quelques  erreurs  trop  générale- 
ment adoptées  sur  l'économie  sociale. 

Pour  la  nation  française,  et  j'ose  Taffirmer 
également  pour  beaucoup  d  autres  nations 
civilisées,  il  n'est  point  vrai  que  la  multipli- 
cation de  l'espèce  ne  soit  contenue  que  par 
rimpossibihté  de  nourrir  à  chaque  époque 
un  plus  grand  nombre  d'individus. 


181 

Il  y  a  plus  :  les  années,  les  séries  d'années 
de  plus  gfande  abondance  ne  correspondent 
pas  aux  aimées  des  plus  nombreux  nuiriages 
(les  plus  nombreuses  naissances  el  des  moin- 
dres décès;  preuve  évidente  que  durant  les 
années  d'extrême  fertilité  la  prudence  natio- 
nale reste  de  beaucoup  en-deçà  des  limites 
possibles  de  procréation,  comparativement 
aux  facultés  nutritives. 

Enfin,  l'ensemble  des  causes  fortuites  qui 
tiennent  aux  intempéries  des  saisons,  aux 
lluctuations  de  Tindustrie,  aux  vicissitudes 
des  événemens  humains,  cet  ensemble  pro- 
duit aujourd'hui,  dans  les  décès,  dans  les  ma- 
riages et  les  naissances,  des  iuégaUtés  bien 
plus  considérables  queles  variations  extrêmes 
d'abondance  ou  de  rareté  de  subsistances. 

Ce  n'est  donc  pas  aux  Français  qu'il  pour- 
rait être  nécessaire  ni  môme  utile  de  préco- 
niser les  doctrines  désolantes  de  Mallhus 
contre  la  multiphcatiou  de  l'espèce  humaine 
par  les  classes  les  moins  opulentes.  Les  indi- 
vidus de  cesclasses  prises  dans  leur  ensemble 
ont  assez  de  courage  et  d'industrie  pour 
résister  à  la  misère  dans  les  années  de  pénu- 
rie; ils  ont  assez  de  sagesse  pour  garder  une 
prudente  réserve  dans  les  amiées  d'extrême 
abondance. 

Il  faut  admirer  celte  force  de  choses,  al- 
Uée  à  la  circonspection  des  familles,  qui  res- 
treint à  tel  point  les  inégalités  numériques 
des  naissances  et  des  mariages,  en  chemi- 
nant avec  une  force  progressive  qui  se  com- 
pose de  tous  les  élemens  de  bien-être  et  de 
prospérité  que  notre  civilisation  développe 
et  perpétue. 

Sans  doute  la  science  doit  avoir  le  courage 
de  dire  au  peuple  des  vérités  austères,  quand 
les  résultats  de  ses  recherches  sont  effecU- 
vement  la  vérité  :  elle  s'honore  par  ce  cou- 
rage qui  précipita  Galilée  dans  les  prisons 
de  Florence.  xMais  elle  est  trop  heureuse 
quand  elle  peut  démontrer  que  des  théories 
spéculatives  el  systématiques  qui  froissaient 
le  cœur  et  blessaient  les  sentimens  naturels 
ne  reposent  pas  sur  les  fondemens  de  l'ex- 
périence, el  sont  démenties  par  les  faits.  Dé- 
truire alors  des  conséquences  impitoyables 
c'est  à  la  fois  honorer  la  vérité  et  servir 
Thumanité. 

SECONDE  PARTIE. 

Calcul  d'une  fonction  composée  des  nais- 
sances, des  mariages  et  des  décès ,  pour 
cxjyrimer  la  vitalité  nationale. 
Les  faibles  variations  annuelles  des  nais- 
sauces,  des  mariages  et  des  décès,  mèmq 
pour  dçs  changeQieus  considér^les  dans  (Q 


182 

prix  des  graius,  m'ont  conduit  à  chercher 
une  fonction  de  ces  trois  élémens  sociaux  > 
qui  rendît  beaucoup  plus  sensibles  ces  va- 
riations, en  corrigeant  Tune  par  l'autre  des 
irrégularités  qui  tiennent  à  mille  causes  im- 
prévues, accidentelles  et  transitoires. 

Toute  cause  générale  de  prospérité  pu- 
bhque  agit  d'un  côté  pour  multiplier  les 
naissances  et  les  mariages,  de  l'autre  pour 
diminuer  les  décès. 

Si  l'on  supposait  un  peuple  qui  restât 
placé  dans  les  mêmes  circonstances  sociales 
et  physiques,  et  qui  se  trouvât  tout-à-coup 
double,  triplé,  quadruplé,  etc.,  les  naissan- 
ces, les  mariages  et  les  décès  seraient  pareil- 
lement doublés,  triplés,  quadruplés,  etc. 

Par  conséquent,  le  rapport  des  naissan- 
ces et  des  mariages  aux  décès  resterait 
constant,  quelle  que  lût  la  mulliphcation 
de  ce  peuple. 

J'ai  pris  la  moyenne  des  deux  rapports 
naissances    mariages 

suivans  : ;- ,  • j c'est  ceque 

décès  décès 

j'appelle  l&Jonciion  des  vilalUés. 

Cette  fonction  est,  comme  on  le  voit,  in- 
dépendante du  nombre  total  des  habitans, 
ce  qui,  dans  l'état  actuel  des  choses,  pré- 
sente un  grand  avantage. 

JEn  effet,  jusqu'à  ce  jour  nous  n'avons 
eu  que  des  dénombremens  imparfaits  de  la 
population  totale;  tandis  que  les  registres 
de  rétat  civil  fout  connaître,  avec  beau- 
coup d'exactitude,  le  nombre  annuel  des 
naissances,  des  mariages  et  des  décès. 

Les  variations  très-sensibles  qu'éprouve 
la  fonction  de  la  vitaUté  nationale,  au  bout 
d'un  certain  nombre  d'années,  sont  l'expres- 
sion mathématique  et  la  démonstration 
certaine  des  grands  changemeus  survenus 
dans  le  bien-être  des  populations. 


1817. 
1818 
1831 

1829 
1830. 


£1 


fr.  c. 

36  10 
2i  Gb 


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'22 

'22  3i 
1828.;  2^-2  Oii 

19  i;. 

18  -ii 
18  21 
17  71. 
17  5ii 
tG  2i; 
13  8L 
15  74 

ia4& 


1820. 
1819. 
1827. 
1821. 
1823. 
1824. 
1826. 
1825. 


If 


1,1872 


2,i368 


3,700" 


n,:;.s2i 

),.j82:J 
),3777 
),6220 
),6128 
),6838 
J,6221 

a;6080}  1.8290 
0,6310$ 


VITAI.ITKS 

PRIX 

moyennes. 

moyen. 

0,o937  1/2 

40     1/2 

0,6092 

22  .i8 

0,6  168 

18  03 

0,6008 

IS  69 

Nous  allons  actuellement  comparer  les 
diverses  valeurs  de  celle  fonction  pour  les 
diverses  années  que  nous  avons  mises  en 
parallèle. 

Dans  le  tableau  suivant,  nous  avons  eu 
soin  de  combiner  les  décès  et  les  mariages 
de  chaque  année  avec  les  naissances  del'an- 
uée  suivante  ,  lesquelles  ,  pour  les  trois- 
quarts,  ont  été  préconçues  dans  l'aimée 
même  dont  il  fallait  combiner  les  élémens. 

Tableau  comparé  du  prix  des  grains  et  de 
la  fond  ion  des  vitalités,  en  descendatit 
des  plus  hauts  prix  aux  plusbas. 

Dans  ce  tableau  nous  avons  distingué 
quatre  groupes  de  prix  : 

lo  Ceux  d  extrême  cherté, qui,  pour  une 
moyenne  de  3U  fr.  40  c.  1/2,  en  deux  an- 
nées, donnent  pour  valeur  moyenne  des 
ionciions  des  vitahtés,  05,937  j 

2^  Ceux  de  prix  élevés,  qui  comprennent 
toute  la  période  de  cherté  de  1828  à  1831 
mclusivementj  le  prix  moyen  des  blés  est 
alors  de  22  fr.  48  c,  et  la  moyenne  des 
fonctions  des  vitalités  est  de  06,092; 

3^  Ceux  des  prix  intermédiaires  ou  mo- 
dérés, qui  présentent  six  années,  dont  les 
résultats  donnent  pour  prix  moyen  de  l'hec- 
loiitre  de  froment  18  fr.  05  c,  et  pour 
moyenne  des  fonctions  des  vitalités  0t>,168i 

4»  Ceux  des  plus  bas  prix ,  dont  la  valeur 
moyenne  est  de  15  fr.  byc,  et  qui  donnent 
pour  moyenne  des  vitahtés  05,097. 

Ce  dernier  résultat  des  vitalités  est, 
comme  on  le  voit,  mohidre  que  celui  qui  cor- 
respond aux  prix  intermédiaires. 

Il  parait  donc  plus  avantageux  au  bien- 
être  du  peuple,  en  général,  que  les  prix 
des  grains  oscillent  entre  les  prix  intermé- 
diaires d  un  franc  de  plus  et  d  un  à  deux 
lianes  demoins  que  18  Ir.  1  hectohlre  de  fro- 
ment. 

Avant  d'étendre  plus  loin  et  plus  sûre- 
ment les  conclusions  qu'il  est  possible  de  liv- 
rer de  semblables  considérations,  il  faut 
multiphcr  encore  les  observations;  il  faut 
procéder  avec  une  extrême  circonspection, 
pour  ne  pas  s'exposer  à  présenter  des  consé- 
quences hasardées,  que  l'avenir  et  des  faits 
plus  soigneusement  recueiUis  et  constatés  ne 
viendraient  peut-être  pas  coniirmer, 


CONSmi.  AUX  FAMII.Z.ES. 

EMPLOI  DES  VACANCES. 


Uni;  belle  écrilurc  est  un  germe  fécond  jeté  dans  l'ave- 
nir, el  dout  1  âge  irnir  recueillera  les  fruits. 


Nous  sommes  à  la  Tcille  des  vacances^  en- 
core quelques  jours  et  les  pensionnats  seront 
dissous,  et  les  écoliers  seront  au  sein  de  leur 
ramille  !  eh  bien!  parmi  toutes  ces  mères  heu- 
reuses ^du  retour  de  leurs  filles  ;  parmi   tous 
ces  parens  tiers  d  embrasser  un    lauréat,    el 
d'appendre  sa  couronne  au  foyer  domestique, 
comment  envisage-l-on  généralement  les  deux 
mois  qui  terminent  l'année  scolaire  ?  comme 
un  repos   nécessaire,  comme  une  distraction 
aux  préoccupations  de    l'esprit,  comme   une 
salutaire  diversion  aux   travaux  de   l'année. 
Ce  jugement  est  erroné,  et  l'erreur  est  grave. 
On  ne  sait  pas  à  quel    effrayant   calcul    on 
arrive,  de  temps  perdu  et  d'argent  mal  em- 
ployé, quand   on  additionne  les  jours  fériés 
el  les  congés  pour    des  fêtes,   des  solennités 
publiques  ou  religieuses,  avec  la  durée  des  va- 
cances. Dans  une  année  les  collèges  royaux , 
les   institutions,   les  pensionnats   n'ont  réel- 
lement que  huit  mois  d'études  sérieuses  ;  quatre 
mois  sont   donnés   au  désœuvrement,  quatre 
mois!  ni  plus   ni  moins  ;    le  quart  du  temps 
consacré  à  l'éducation!  elle  prix  delà  pension 
ne  s'en  acquitte  {pas  moins  intégralement.  Ce- 
pendant nous  comprenons  que  ces  rapproche- 
mens  momentanés  des  parens  et  des   élèves 
consolident  les  liens  de  famille  ;  que  des  exer- 
cices habilement  ménagés  fortifient  le  corps  ; 
que  le  travail  ne  peut  être  continu,  et  qu'en- 
fin, pour  nous  servir  d'une  phrase  vulgaire, 
il  faut  que  les  enfans  s'amusent  ;  mais  puis- 
que nos  regrets  seraient  impuissans  à  changer 
de   mauvaises   traditions;   puisqu'il  faut  aux 
écoliers  et  aux  jeunes  personnes  de  longues 
vacances,  serait-ce  donc  se  montrer  bien  exi- 
geant que  de  chercher  à  concilier  avec  l'étude 
les  plaisirs  et  les  joies  des  vacances.  Serait-ce 
donc  à  dire  que  pour  que  les  distractions  soient 
complètes,  il  est  nécessaire  de  désapprendre 
annuellement  el  à  des  termes  fixes  les  leçons 
de   l'année  ;  de   contracter  l'habitude  d'une 
oisiveté  qui  au  retour  des  classes  rend  le  tra- 
vail plus  aride  et  la  vie  de  pension  plus  fas- 
tidieuse. 

Nous  voudrions  donc  que  le  temps  des  va- 
vances  fût  tour-à-tour  partagé  entre  létude 
elle  plaisir;  que  l'étude  lût  variée,  amusante, 
instructive;  que  chaque  journée  amenât  en- 
fin quelques  heures  d'occupations.  Sous  ce 
rapport,  et  puisque  nous  admettons  que  le 
travail  doit  lèlrc  moins  sérieux,  moins  grave 
que  le  travail  des  classes,  nous  ne  pouvons 
rendre  aux  familles  un  meilleur  service  que 


de  leur   recommander    les    modèles   brevetés 
d'ccridirc  et  de  dessin.  Il  ne  s'agit  pas  ici  d'une 
froide  leçon  d'écriture,  enseignée  à  laide  de 
ces   gothiques  exemples,    anatomie   sèche  et 
décolorée,  des  lettres  de  l'alphabet;  qui  ne  pro- 
duisaient qu'une  pensée  d  iuiitalion   servile, 
qu'une  aclion  mécanique  de  la  main,  puisque 
l'esprit  n'était   pas  intéressé  dans  le  travail 
Le  recueil  de  ces  modèles  publié  sous  le  nom  de 
Ijolytecltnographie  excite  la  curiosité  de  l'élève 
et  lui    donne  le   désir  d'apprendre  ;  tout  en 
l'iuiliantaux  formes  régulières  d'uue  écriture 
cursive  -  anglaise  ,    écriture    rapide  ,    simple 
et  élégante,   il  puise   dans   la    copie  de  ces 
modèles,  une  inslruclion  solide  et  variée.   A 
l'a  de  de  l'écriture,  il  apprend  l'histoire,  la  gé- 
ographie,  les   principes  des   sciences  et    det 
arts  ;  des  leçons  de  la  plus  pure  morale  forment 
aussi  son  cœur,. car  chaque  modèle  donne  un 
lexle  complet,  dont  la  rédaction  offre  au  plus 
haut  degré  le  mérite  delà  concision  et  de  la 
simplicité.  Ce  n'est  pas  tout  encore  ;  par  une 
heureuse  alliance  du  dessin  et  de  la  calligra- 
phie, chaque  modèle  se  résume  en  quelque 
sorte  dans  la    vignette  placée  en  regard  du 
texte  et  offre  ainsi  un  cours  varié  de  dessin, 
où  tour  à  tour  des  sujets  d'histoire  naturelle, 
des  points  de   vue,  des  portraits,  des  sujets 
empruntés  à   l'histoire,    à   l'organisation  du 
monde  physique,   au    génie   des   inventions, 
passent  sous  les  yeux  de  l'élève  et  se  déroulent 
devant  lui  comme  un  riche  et  brillant  pano- 
rama. Les  modèles  brevetés  que  nous  recom- 
mandons aux  familles  ont  trouvé  un  accueil 
trop  favorable  dans  un  grand  nombre  d'insti- 
tutions ;  ils  ont  apporté  une  trop  heureuse  in- 
novation  dans  renseignement  de  l'écriture, 
pour  qu'ils  n'obtiennent  pas  les  suffrages  dé 
tous  parens  qui  portent   quelque  intérêt  aux 
progrès  rapides  de  leurs  enfans.  Certes,    si  la 
.  polytechnoyraphie,  dont  le  but  est  d'instruire 
en  amusant,  peut  contre-balancer  efficacemenl 
les  dangers  que  présente  l'oisiveté  des  vacances, 
les  auteurs  de  cette  publication  dont  le  succès 
est  d'ailleurs  assuré  par  l'assentiment  des  meil- 
leurs juges,  auront  rendu  un  service  réel  non 
seulement  aux  écoliers,  mais  encore  à  toutes  les 
personnes  qui  consacrant  une  heure  par  jour 
seulement  à  l'élude  de  ces  modèles,  voudront 
acquérir  en  peu  de  temps  une  belle  écriture 
et  pourront  peut-être  s'ouvrir  une  carrière 
qu'une  écriture  illisible  et  disgracieuse  leui 
tenait  fermée. 

Voir  ci-contre 


^^^^s^'^^^^^vi  is'ia<î>ai>=#<s'i'iS'î^^« 


•ai«i5^9^^^^S>— 


MODÈLES  BUEYETÊS 

LEÇONS  SIMULTANÉES 

SUR  LA  RELIGION  ET  LA  MORALE,    L'HISTOIRE,  LA  (lËOCiRAPHIE   UXiVERSELlrE 
ET  LES  VOYAGES,  LA  LITTÉRATURE,  LES  SCIENCES,  LES  ARTS  ET  LE  COMiMEHCEj 

EXERCICES  MANUELS,   MNÉMONIQUES  ET  INTELLECTUELS, 

D'ORTIIOGnAiniE  ,     DE     CALLIGRAPHIE ,    DE    DESSIN  ,    DE    STYLE ,    ET     DE     COMPO?lTIO?i     ÉCRITE. 

Soumis  À  la  révision  et  à  l'approbation  de  plusieurs  membres  du  Conseil  de  l'Instruction  publique  et  de 

rtnstilul  de  France. 

K(  €01110  ûuuufl  ôt  compose  tfc 

tracés  par  les  premiers  maîtres,  et  contenant  cent  fois  la  matière  des  cahiers  ordinaires  d'écriture; 

DE  SOIXANTE-QUINZE  VIGNETTES  MARGINALES 

gravées   sur   acier   par  les  premiers   artistes   de  Paris   et  de   Londres; 

ET  D'UN  QUESTIONNAIRE 

à  l'usage  des  narens  et  des  maîtres,  et  à  l'aide  duquel  chacun  pourra  faire  re'pcter  avec  fruit, 
dans  la  famille,  les  ie<;ons  de  l'école,  et  y  suppléer  au  besoin. 

PRIX  DE  LA  S3USCRIPTI0X  AUX  CINQUANTE-DEUX   iMODELES  DE  L'ANNEE  : 

26    FRANCS   PAYABLES    PAR    MOITIÉ,    SOIT    13    FR.    50    C    A    LA    RECEPTION   DES 

26    LIVRAISONS. 


On  souscrit  chez  A.  DESZEZ,  éditeur  du  Panthéon  liHéraire,  et  chez  CUTTBERT, où  l'on 
trouve  un  assortiment  de  plumes  méialliciues  adaptées  à  l'usage  des  modèles  brevetés. 


IMPRIMERIE   DE   D'URTUBIE   ET   WORMS,   17,   KtJË  ST-PIERr.K-MO>TMARTRE. 


SIXIÈME  ANNÉE.  1836. 
Édition  française. 


«roTO 


nEUXIÈME  SÉRIE. 

—  Première  année. 


BA  81&A9 


DICTIONXAItiE  .'tlEXSUEL  ET  PROGRESSIF. 

RÉPERTOIRS    TTSUEI. 

DE  TOUS  LES   FAITS   UTILES,   ÉCONOxMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

inléressanl  dircclenienl 

L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  el  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle- 

L'exercice  et  le  proi^rès  de  toutes  ies  professions  sociales  ;  ' 

L'exécution  des  lois' par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  orescrivenf 

PRIX  :  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE 

PAU  AN  SîX  FI^ANCS. 

OiS  S0US<:K1T  a  P\RIS.  KLE  SvIM-GKOKGKS,  No  11. 

Une  livraison  de  Irente-deux  paries  par  mois ,  contenant  un  demi-volume  in-8°. 

L's  soiiscr  pleurs  étant  auliir'sés  à  retenir— sur  l<'  prix  des  >ix  ^tpiiw>—r airranchissement  de  leur  letire  elle 
:»âl  de  la  reconnaismuicc  de  poste,  raboiinomenl  n'est,  de  fait,  que  de  (;t.\Q  FRANCS  nets  pour  la  Société 

NUrilÉRO   9:  SEPTEMBRE  1836. 

«•■PF.RTOIKK.   PliOFESSIONNEL, 

Vappiir  app  kpipe  à  l'agricu  lure,  202.  —  Proprié- 
laires  riiraii.\  :  culture  du  sorutiol.  20i  —  Vi^ne  len- 
gra>. -- (Amenderieat  p'iur  la  culture  de  la)  i6/rf  _ 
Carottes  cuUiire  de^),  2ii.^.  —  Arararha,  ii/rf  '—  Edu- 
cation des  T^  rs  à  soie.  -207.  —  Culture  d*-  la  betterave 
ihid  —Tisserands,  ibid  —  Papier  (fabricant  de)  2()«* 

—  Cardeurs    ihid  —(Porcelaines  (fabrcansde^   ibid 

—  Produits  cliirniviufs  ifabricans  de),  "09  —  ForKes 
{.Maîtres  del,  /A,d  —  Nouvelle  préparation  du  fer  2t0 
-r-  Mo>en  d<*  préserver  le  fer  de  la  rouille,  ibid.  —  Scie' 
ries  mécaniques,  ihi.t. 

r.Kl'F.KTOlP.E  DE   l.\   COJVUr.f.iTlO.N. 

Des  voies  navif»i)bles,  211. 


KÉPF.RTOIKE    CIVIL. 

Extrait  des  lois  et  ré;.'!emens  sur  la  chasse,  187.  — 
iecrutement  de  l'.irm'e,  190.  —  instruction  publi- 
!  :e. —  \vis  aux  parens   195.  —  losIruL-lion  primaire, 

iittorisation,  19i. 

REPERTOIRE    DOMESTIQjE. 

Tableau  du  cours  de  la  rente  5Jp  (i|0.  de  1709  à 
■<56.  à  'a  Bourse  de  Paris.  195  —  Puissance  des  inié- 
êts  capitalises,  107.  —  Phorniium,  I9><  —  HIanc.tiissago 
lu  linge  à  la  vapeur,  ihid.  —  i>loven  d'assurer  la  durée 
u  bois  exposé  aux  injures  de  l'air,  ibid.  —  Aloiie  de 
■.iauffa;;e  pour  de  grands  édifices.  199  — !Wo>e"  pour 
teindre  les  incendies,  ihid.  —  Pomne  di'  terre  i  id. 


^1,  Sa 


18-2 
I8t 
180 
179 
I7S 
'77 
176 
173 
74 

•7.-; 

172 
171 

170 
169 
IfiS 
167 
1ti6 
l<>.S 
1«4 
105 
102 
161 
160 
I.IO 
ISS 
157 
loti 
15S 
ISt 
153 


JOURS 

de  la 
semaine. 


1  jeudi 

2  vendredi. 

3  sara-di. 

4  IDIM. 

5  {lundi. 

ma'  di. 

mercredi 

jeu'ii. 

Vendredi. 

samedi. 

DIM. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi 

vendredi. 

samedi. 

DIM 

lundi. 

mardi. 

meroredl. 

jeudi 

vendredi. 

samedi. 

DIM. 

lunili. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi 


NOMS 

des 

SAINTS. 


S.  F.pu,  s.  Giles. 
s.  L^zarre 
s.  Grégoire, 
ste  Rosalie. 
s.   Kertin,  ap. 
s.  Oné-iph. 
s.  C  oud. 
>"AT.  N.-S. 
s.  Orner. 
bte  Pulcliérie. 
s.  ll>acinUie. 
s.  Rajibacl. 
S    Alauri'le. 
Ex  ste  Cr.  <■. 
s.  Mcomede. 
s.  (.'onieille. 
s.  Lamb.  rt. 
s    J'-an  Clirjs. 
s.  Janvier. 
s   Euslactie. 
Quatre-  Temps. 
s    Maurice. 
ste  Tliecle. 
s    Audoeh. 
s   Firmiii. 
ste  Justine, 
s.  iinnip,  s 
s.  iléran,  év. 
s.  Michel. 
s.  Jérôme. 


Le    1  lev.  du  soleil  4  h.  35  m.  )  Couch.  6  h.  41  m. 

10  —         5       S".         —         6  22 

20  —  S        4S  -  6  1 

30  —  6  0  -  5  40 


D.  Q.  le  2,  à  11 
N.  L.  le  M,  0 
P.  Q.  le  18.  4 
P.   L.   le  24,    11 


COETDO  (  IIe-e(-Vilaine.  )  — •  t>es  expé- 
riences oui  été  fiiiles  à  l  école  d'aynculture 
(ie  Coëiho  pour  couiiaîlre  le  rendeniciil  du 
lail  en  cièine  el  de  la  cièiiie  en  beurre,  sur 
utie  vaolie  de  1  iic  de  Jersey,  uJie  va(  he 
brelouue;  uue  autre  breioune  (troviiiue 
d  un  croisenieiil  d'un  l.iureau  suisse  avec 
une  vache  nantaise,  a  la  cijiquième  généra- 
tion c!  uue  vache  nofinaude. 

J>'oj)éralion  r  duré  du  3  au  16  niai  1836. 

l.a  leiiipéralurc  de  la  laiterie  a  conslan^- 
•îienl  été  de  9 à  10  degrés  de  Kéaumur. 

On  s'est  servi  de  lacloniétre  pour  juger 
con)j)aralivenienl  du  produit  réel  a.ec  son 
indication  el  des  difl'érejis  niouvemens  qui 
s  0(»èrent  pendant  la  t'oruialiou  de  la  Ciêine 

Le  lait  y  a  été  mis  au  sonir  du  pis  de  ia 
vache.  Ou  a  remarqué  que  pendant  ie:^ 
quatre  pre/nieres  heures  la  ciènje  munie 
rapidement,  que  les  2  à  3  iioures  qui  sui- 
vent, elie  monte  plus  que  de  2  à  3  divisions; 
que  passé  ce  temps  il  y  avait  arrêt  pendant 
une  à  deux,  qu  alors  la  crème  duaiuue  dans 
son  épai>seur,  mais  qu'elle  piend  plus  (ie 
consistance  sans  que  cependant  la  quantité 
du  lait  mise  dans  le  vase  diminue  de  volume. 

Le  lait  a  été  écrémé  après  24  heures  de 
séjour  dans  les  vases. 

J.e  heurrea  été  lavé  cl  pétri  plusieurs  fois, 
par  coiiséquenl  bien  dépoudié  du  petit  lail. 

1"  Vachtî  de  Tile  de  Jersey  de  3  ans,  ve- 
ée  depuis  1i5  jou;s,  qui  n  eo>l  ici  que  de- 
puis peu  de  muis  et  qui  est  arrivée  dans  un 

ai.d  élat  de  maigreur. 

Elle  e^t  nourrie  avec  du  ray  gras  mé- 
laneé  de  paille,  elle  ne  va  pas  au  chaiiif). 

Les  traites  de  4  jours  ont  donné  34  iiires 
3|4  de  lail,  qui,  au  laclomèlre  qui  est  de  la 
contenance  d  un  décdilre  1|2  a  marqué  22 
divisions,  ce  qui   iait  ll-66|H)0  d.  OiO. 

On  en  a  oLleiiu  5  litres  1[2  de  crème,  pe- 
-lanl  10  liv.  8  poids  de  k. 


On  a  eu  en  beurre 

3  1. 

2o 

lin  lail 

'le  beurre  3  lit. 

1  [2  pe.san 

L 

6  — 

8 

■  1  emps 

variable  grand 

veuls. 

Déchet 

y 

10 
14 

onc. 

2"  Vache  bretonne  d'environ  12  ans  ayant 
jlé  achetée  en  Ibire;  on  neconu.iît  pas  1  é- 
poque  de  son  vêlage,  elle  est  en  bon  ét.it. 

Lette  vîiclie  est  chez  un  propriétaire; 
elle  esl  amplement  nourrie  avec  des  herbes 
•.!l  des  lémimcs  du  jardtu. 

J.cs  trait-as  de  4  jours  ont  donné  34  litres 
l|4  dii  lait,  qui  au  laclon.ètre  ont  marqué 
jn  moyenne  18  divisions  ou  12  pour  cent. 

On  en  a  oblenu  4  litres  1[2  de  crème, 
pesant  Sliv.4o 

qui  ont  donné  en  beurre  2  liv.  8» 
Êi'i  lail  de  beurre2  iil.  1^2  ou  5  —  4 
Beau  temps.  7    12 

Déchet.  8  ou. 


3.)  Vache   bretonne  provenue  d'un  croi 
samcnt  d'un  taureau  suisse  avec  uue  vache 
nantaise. 

liile  a  vêlé  depu's  2  mois  lj2,  âgée  de 
6  aiis,  ayant  pour  nourriture  à  l'étahlç  ce 
que  1  on  reiire  des  râteliers  des  bœufs  de 
rays-gras  d  Italie,  cl  allant  le  jour  au 
cliauip  daus  de  maigres  pâturages  de 
Landes,  elle  est  en  hou  étal. 

Les  traites  de  4  jours  ont  donné  41  litres 
3i4  de  lai!,  qui,  en  mojenne,  ont  indiqué 
.\u  lactonîèlie  10  divisions. 


On  ca  a  eu  eu  4  lit.  1  [2  de  crème. 


pesant 

Lesquels  col  donné  en 
beurre 

lin  lait  de  beurre  2  lit. 
3,4<jO 

Beau  temps. 

Déchel. 


9  lir.  00 


21.  10 
5-12 


8    6 

10  ODC. 


4o  Vache  normande  des  environs  de 
L'onlcontour,  àyée  de  3  ans,  petite  taille, 
elle  iiest  ici  que  depuis  peu  de  mois;  elle 
(St  arrivée  dan?'  un  état  d'une  excessive 
maiijrcur,  elle  a  vêlé  le  L'  mai  1836. 
Elie  a  eu  la  même  nourriture  que  le  n.  3° 
Les  traites  de  4  jours  ont  donné  38  litres 
!j4  de  lail,  qui  en  moyenne  a  indiqué  au 
lactcm-clre  10  divisiens. 

On  en  a  eu  4  Ut.  Ii2  de  crème, 
pesant  9  liv.  4 

On  en  a  obtenu  en 
beurre  2  liv.  8® 

En  lail  de  beurre 
3  litres,  ou  6 — 2 

iîeau  temps  8    10 

Déchet.  10  on. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  la 
vache 

N«  1  qui  a  donné  3*  litres  3[4  de  lail 
desquels  on  a  obtenu  5  litres  1|2  de  crème 
a  eu  un  produit  en  crèjiie  de  15,  i)7ilOO  el 
qu  da  lallii  un  peu  plus  de  11  litres  de  lail 
pour  uue  livre  de  beurre  ; 

Que  le  n"  2  qui  a  donné  34  112  de  crème 
el  2  liv.  8"  de  beurre,  quoique  bien  nourri, 
n'a  donné  que  12,  14|10  p.  (i|0  de  crème  el 
qi!  il  a  lallu  a  peu  près  14Ulres  de  lail  pour 
une  livre  de  beurre. 

Que  te  n"  3  de  laquelle ,  on  a  eu  41 
iil.  3|'<-  de  lait  n'a  donné  que  4  lit.  1|2  de 
crème  et  2  liv.  10  on.  de  beurre  ce  qui  lail 
10,  TSiOOO  p.  0,0  eu  crème  el  qu'il  a  fallu 
17  litres  de  lail  pour  une  livre  de  beurre 

Qu  enfin  le  n"  4  qui  a  donné  38  Iil.  Ii4  de 
lait,  duquel  on  a  eu  4  lit.  1[2  de  crème  ou 
2  liv.  8')  de  beurre,  a  eu  un  résultai  en 
crème  de  11  76il00,  el  qu  il  a  fallu  un  peu 
(•lus  de  15  lit.  de  lail  pour  faire  une  livre; 
de  beurre. 


1S7 


èiE8>3<:KTOi?.;E  CIVIL. 


INTKRETS  r.K.\KHAi;X.-  H.  1\101{ALE  VT  INSTRCICTION  POBLIQUE&. 
lli.  Dt-VOmS  ET  I>R01TS  CIVILS  liT  POLl'llQLES. 


Extrait  DES  lois  kt  réglemexs  suu  la 

CHASSE. 

Dates  et  titres  dus  lots,  décisions,  ordonnances 
anciennes,  etc.,  sur  la  chasse. 

La  chasse  étail  autrefois  permise  au\  rotu- 
riers et  aux  nobles.  La  loi  saiique  coiilienl 
beaucoup  de  disposilious  relatives  à  la  faucon- 
nerie et  à  la  vénerie,  auci;ne  ne^l  prohibi- 
Irve  du  droit  de  c'Aisse.  L'opinion  commune 
est  quejiisqu'au  commeocemeul  du  14  siècle, 
tous  Français,  autres  que  les  ecciéîiiastiqucs, 
pouvaient  chasser. 

La  df'fense  de  chasser  aux  sangliers,  faite 
paî  Gonlran,  roi  de  Bour,jo^nc  et  o'Orléans, 
n'.i  Je  rapport  qu'aux  torèls  qui  îui  appar- 
leji  ient.  L'ordonnance  de  S*hilippe  le  Long, 
en  1518,  ne  contient  rien  de  prohibiliî  ;î  1'-'^- 
g.H  (i  de  la  chasse  ;  elle  parie  de  la  manic-re  de 
et!  jsser  et  des  inslrufiiens  de  chasse.  L'ordon- 
iiMice  du  roi  Jean  donne  à  quiconque  droit 
de  chasse  sans  amende. 

Les  personnes  mécaniques,  exclues  du  droit 
de  peruiis  de  chasse  sous  Charles  VI,  suivant 
ordon 'lance  du  10  février  1 396  ;  même  décla- 
ration, 6  août  l.^iôô. 

Le  seigneur  doit  faire  chasser  aux  bêtes  nui- 
sibles, telles  que  renards,  martres,  blaireaux, 
loups,  etc.  Jurisprudence  de  Provence,  titre 
XI L  a?  t.  15,   14,  ±1. 

Les  seigneurs  hauts  justiciers  peuvent  chas- 
ser dans  leur  haute  justice,  le  tief  appartint- 
il  à  un  nutre  seigneur  ;  mais  c'est  un  droit 
personnel.  Ils  ne  peuvent  envoyer  de  domes- 
tiques, etc.  Ordonnancede  1601,  art.  '25.  —Or- 
donnances des  eaux  et  forêts,  litre  30,  art.  2G. 

—  Ordonnances  de  février  1002  et  mars  1604. 

—  Arrêt  du  15  mars  1702,  rapporté  dans  le 
code  rural.  —  Arrêt  du  parlement  de  Pro- 
■yeuce,  du  14  décembre  1710. 

Les  seigneurs  ay  ut  droit  de  chasse  peuvenrt- 
iJs  euijiccher  de  prendre  des  oiseaux?  oui, 
suivant  l'ordonnance  de  Lorraine,  de  janvier 
172Î1.  \on,  suivant  l'arrêt  du  ■11  août  1756, 
cour  de  Paris. 

Défense  de  chasser  à  la  pipée,  etc.,  qua- 
torzième  volume    du    rerunil  du   Duuphiné. 

—  Arrêt  en  forme  de  règlement  du  parlement 
de  Grenoble,  20 septembre  1718.  ~id.  50 avril 
1706. 

Un  simple  particulier,  quelques  terres  qu'il 
dit,  ne  peut  coasser  si  elles  sont  roturières. 
Arrêt  du  parlement  de  Toulouse,  18  mars, 
Mid.  —  Ordonnance  des  eau.x  et  forêts,  litre 
U,  art.  ih 


Qui  a  fiof  a  droit  de  chasse.  Tnslitutionrou' 
fnmière,  Loisol,  livre  11,  lilre  i>,  arl.  SI. 
—  Peut  même,  si  le  gibier  lève  sur  sou  (ief, 
le  poursuivre  sur  les  terres  du  sîignour  lèolal. 
Arrol  du  17  mars  r">75,  Var'is.  —  l'raiique  des 
lerrivrs,  tome  4,  page  G44. 

Les  canons  délendeiil  la  c'nsse  aux  ecclé- 
sia'^liques,  môme  aux  préials.  Sainl-Jcrôiue  di- 
sait :  i-cnalorein  numquam  imenimus  sawliun. 

Ecclésiastiques  forcés  de  commettre  quel- 
qu'un pour  chasser.  Déclaration  du  '27  juillet 
1701. 

Défense  de  condamner  au  dernier  supplice 
pourfaitdc  chasse,  quelle  que  soit  la  cotilia- 
ventiou,  nonobstant  l'art.  1-4  de  rordounaDce 
de  1601.  .\rl.  2,  (ilre  50,  de  i'ordounance  des 
eaux  et  forêts,  1079. 

Tendeurs  de  lacs,  tennelîes,  colliers,  etc., 
condamnés  pour  la  première  fois  au  fouet  et 
à  50  livres  d'amende;  pour  la  seconde  fus- 
tigés, flétris,  et  bannis  pour  cinq  aus.  Ordon- 
nance de  1669,  titre  50,  art.  {->. 

Religieux,  clercs,  ecclésiastiques,  prêtres, 
punis  des  mêmes  peines  et  amendes  que  les 
la'iques  et  séculiers.  Ordonnance  de  janvier 
1600,  enregisirée  au  parlement,  art.  21. 
—  Mais  ordonnance  d'avril  i6G9,  titre  50 
art.  39  des  eaux  et  forêts.  Prêtres,  moines  et 
religieux,  qui  ne  pourront  payer  l'amende, 
pour  la  première  fois,  éloignés  de  quatre 
Meuosdes  forcis,  bois,  plaines  cl  buissons;  au 
cas  de  récidive  éloignés  de  dix  lieues,  par  saisie 
de  leur  temporel,  etc.  Ces  lois  non  eu  usHge  en 
Flandre,  la  Flandre  étant  régie  parles  lois  du 
pays.  Arrêt  du  conseil  du  29  juin  ITGC;  décla- 
ration du  17  novembre,  même  année,  rogistiée 
le  25  décembre  au  parlement  de  Flandre. 

Les  prêtres  peuvent-ils  être  contraints  par 
corps  à  payer  l'amende  contre  eux  prononcée 
pour  délits  de  chasse?  cou.  Parieraeul  de 
Toulouse,  l.TJuin  1745. 

Druii  de  chasse  peut-il  être  affermé?  non. 
Jugement  de  la  table  de  marbre,  du  22  juia 
!G72,  arrêts  du  conseil  des  50  septembre  et 
;i  octobre  1722.  Baux  judiciaires  ne  sont 
point  excepté»  de  cette  récrie.  Arrèl  du  14  fé- 
vrier 1098;  —  Arrêt  rendu  à  la  Tournellc; 
14  février  1717. 

Au  reste  la  prohibition  dafCerincr  la  chasse 
ne  s'étend  paï  à  celle  des  oiseaux  passagers 
tels  que  bécasses,  canards  sauvages,  etc. 

La  chasse,  n'élajil  qu'un  divertissement,  doit 
cesser  si  elle  est  préjudiciable.  L'ordonnance 
des  eaux  et  forêts,  l(J67,  titre  50,  art.  18,  dé- 
fend à  tous,  ayant  droit  do  chasser  à  pied,  à 


188 

cheval,  arec  chiens  ou  oiseaux,  dans  les  terres 
ensemencées,  depuis  que  le  blé  sera  en  tuyaux, 
et  dans  les  vignes,  depuis  le  ter  mai  jusqu'à 
la  dépouille,  à  peine  de  privalion  de  droit  de 
chasse,  oftO  livres  d'amende  el  dommages-in- 
térêts.— Ordonnance  d'Orléans,  art.  108;  de 
Blois,  art.  SSj,  et  le  titre  4  de  la  déclaration 
du  11  juin  1709,  art.  IT. 

Le  parlement  de  Provence  fixe  le  terme  de 
la  défense  de  chasser  dans  les  vignes  au  1er  avril 
et  ne  permet  d'y  chasser  qu'après  vendanges, 
à  peine  de  ÔOO  livres  d'amende  ;  arrêt  du  rè- 
glement de  ce  parlement,  des  8  mars  1610  el 
16  mars  1751. 

Défendu  aux  gardes-chasse  de  s'emparer  des 
fusils  des  chasseurs  en  contravention  ;  et  con- 
damnation, contre  les  gardes-chasses,  de  res- 
tituer ceux  qu'ils  avaient  ôtés.  —  Fremin- 
■\iile,  Pratique  des  terriers  tome  4  page  28.'»  et 
suivant.  —  Arrêt  du  31  juillet  1703.  Journal 
des  audiences,  tome  1,  livre  1,  chap.  6i. 

Connaissance  des  procès  pour  fait  de  chasse 
dans  l'étendue  du  parc  de  Versailles  et  de 
Marly,  attribuée  au  bailliage  de  Versailles, 
sauf  l'appel  au  grand  conseil.  -~  Déclaration 
du  1:2  janvier  17  U. 

Peut-on  passer  avec  poit  d'armes  sur  la  terre 
d'un  seigneur,  pour  se  rendre  plus  prom- 
ptcment  à  l'endroit  où  l'on  a  la  permission  de 
chasser?  oui.  Sentence  de  la  table  de  marbre 
de  Paris,  confirmée  par  arrêt  de  relevée,  en 
la  grande  chambre,  du  2G  avril  176.';. 

Tous  ceux  qui  seront  prévenus  d'avoir  lue 
des  biches,  cerfs,  faons,  dans  les  bois  du  roi, 
ceux  portant  des  viandes  eu  provenant, 
seront  constitués  prisonniers,  pour  leur  juge- 
ment être  fait  et  parfait.  Ordonnance  du  roi, 
du  13  mai  17  GS. 

Établissement  des  gardes-champêtres.  (Extrait 
de  la  loi  du  '20  messidor  anill.j 

Art.  1er  II  sera  élabli,  inimédialenuMit  après 
la  promulgation  du  présent  décret,  des  gardes 
champêtres  dans  toutes  les  communes  rurales 
de  la  république  ;  les  gardes  déjà  nommés, 
dans  celle  où  il  y  en  a,  pourront  élre  réélus 
d'après  le  mode  suivant. 

2.  Les  gardoi-champèlres  ne  pourront  être 
choisis  que  parmi  les  citoyens  dont  la  probité 
le  zèle  el  le  patriotisme  seront  généralement 
reconnus  ;  ils  seront  nommés  par  l'admiiiis- 
tralion  du  district,  sur  la  présentation  des 
conseils  généraux  des  communes  ;  leur  traite- 
ment sera  aussi  fixe  par  le  district,  d'après 
l'avis  du  conseil  général,  et  reparti  au  marc 
Ja  livre  de  l'imposition  foncière. 

Tu  II  y  aura  au  moins  un  garde  par  commune, 
ol  la  municipalité  jugera  de  la  nécessité  d'y 
eu  établir  davantage. 

4.  Tout  propriétaire  axra  le  droit  d'avoir 
pour  ses  domaines  un  garde-champèlre;  il  sera 
tenu  de  le  faire  agréer  par  le  conseil  général 
de  la  commune  et  confirmer  par  le  district  :  ce 
qui  ne  pourra  l'exempter  néanmoins  de  con- 
tribuer au  traitemeutdu  gardç  de  la  çoipmunc- 


Ordonnance  15  août  1814.  {Chasse  el  louveteriej 

Art.  1.  La  surveillance  et  la  police  des  chas- 
ses, dans  toutes  les  forets  de  l'état,  sont  dans 
les  attributions  du  grand  veneur. 

2.  La  louvetière  fait  partie  des  mêmes  attri-  , 
butions. 

3.  Les  conservateurs,  les  inspecteurs,  sous- 
inspecleurs  el  gardes  forestiers,  recevront  les 
ordres  du  grand  veneur  pour  tout  ce  qui  à 
rapport  aux  chasses  et  à  la  louveterie. 

4.  Nos  ministres  secrétaires  d'état  aux  dépar- 
tement de  notre  maison  et  des  finances  sont 
cnargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  delà 
promulgation  des  présentes. 

Rëf/lcment  du  20  août  1814.  (Chasses  dans  les 
forets  et  bois  de  i'e  af. ^Dispositions  générales. 

Art.  1,  Tout  ce  qui  a  rapport  à  la  police  des 
chasses  est  dans  les  attributions  du  grand 
veneur,  conformément  à  l'ordonnance  du  15 
août  1814. 

2.  Le  grand  veneur  donne  ses  ordres  aux 
conservateurs  forestiers,  pour  tous  les  objets 
relatifs  aux  chasses  ;  il  en  prévient  en  mcma 
tems  l'administration  générale  des  forêts. 

7).  Il  est  défendu  à  qui  que  ce  soit  de  prendre 
et  de  tuer ,  dans  les  forêts  ou  bois  royaux,  les 
cerfs  et  les  biches. 

4.  Les  conservateurs  ,  inspecteurs,  sous-ins- 
pecteurs et  gardes  forestiers,  sont  spécialement 
chargés  de  la  conservation  des  chasses,  sous 
les  ordres  du  grand  veneur,  sans  que  ce 
services  puisse  les  détourner  de  leurs  fonctions 
de  conservateurs  des  forêts  et  bois  de  l'état. 
Tout  ce  qui  a  rapporta  l'administration  de  ces 
bois  et  forêts  resle  sous  la  surveillance  directe 
de  l'adniinistralion  forestière,  et  danslesattri- 
bulions  du  ministre  des  finances. 

n.  Les  permissions  de  chasse  ne  seront  ac- 
cordées que  par  le  grand-veneur  ;  elles  seront 
signées  de  lui,  enregistrées  au  secrétariat  gé- 
néral de  la  vénerie  ,  cl  visées  parle  tonserva- 
teur  dans  l'arrondissement  duquel  ces  per- 
missions auront  été  accordées. 

Le  conservateur  enverra  au  préfet  el  au 
commandant  de  la  gendarmerie  le  nom  de 
l'individu  dont  il  aura  visé  la  permission. 

Les  demandes  de  permission  seront  adres- 
sées, soit  au  grand-veneur,  soit  aux  conserva- 
teurs qui  les  lui  feront  parvenir. 

Os  permissions  ne  seront  accordées  que 
pour  la  saison  des  chasses,  cl  seront  renouve- 
lées chaque  année,  s'il  y  a  lieu. 

6.  Il  sera  accordé  deux  espèces  de  permis- 
sions de  chasse  :  celle  de  chasse  à  tir,  et  celle 
de  chasse  à  courre. 

7.  Tous  les  individus  qui  auron'» obtenu  des 
permissi-ons  de  chasse,  sont  invités  à  employer 
les  permissions  à  la  destruction  des  animaux 
nuisibles  ;  comme  loups,  renards,  blaireaux, 
etc.  Ils  feront  connaître  aux  conservateurs 
des  forêts  le  nombre  do  ces  animaux  qu'ils 

.auront  détruits,   en  lui  envoyant  la  patte 
droite.  Par  là  ils  acquerront  des  droits  à  de 


nouvelles  permissions,  l'intention  du  {rnind- 
veneur  étant  île  faire  roptribiier  le  plaisir  de 
la  chasse  à  la  prospérité  de  l'ag^rirullure  et  à 
l'avanlage  «général. 

8.  L»'s  conservateurs  et  inspecteurs-fores- 
tiers veilleront  ù  ce  que  tes  lois  et  les  régle- 
mens  sur  la  police  des  chasses,  et  notamment 
les  lettres-patentes  du  30  avril  17!)0,  soient 
ponctuellement  exécutés.  Ceux  qui  chasseront 
sans  permissions,  seront  jjoursuivis  conformé- 
ment aux  dépositions  de  ces  lettres-patentes. 

TITRE.  I.  Ciiasse  à  tir. 

Art.  ^''^  Les  permissions  de  chasse  à  tir 
commenceront,  pour  les  forêts  de  l'étal,  le 
i^t  septembre,  et  seront  fermées  le  1  mars. 

2.  Ces  permissions  ne  pourront  s'étendre  à 
d'autre  é^ibier  qu'à  celui  dont  elles  contien- 
dront la  désignation. 

ô.  L'individu  qui  aura  obtenu  une  permis- 
sion, de  chasse  ne  doit  se  servir  «lue  de  chiens 
courans  et  de  fusil. 

4.  Les  battues  ou  traques,  les  chiens  cou- 
rans, les  lévriers,  les  furets,  les  lacets,  les 
panneaux,  les  pièges  de  toute  espèce,  et  en- 
fin tout  ce  qui  tendrait  à  détruire  le  gibier 
par  d'autres  moyens  que  celui  du  fusil,  est 
défendu. 

,'i.  Les  gardes  forestiers  redoubleront  de 
soins  et  de  vigilance  dans  le  tems  des  pontes 
et  dans  celui  où  les  bètes  fauves  mettent  bas 
leurs  faons. 

TITRE  II.  Chasse  à  courre. 

Art.  1er.  Les  permissions  de  chasse  à  courre 
seront  accordées  de  la  manière  mentionnée  à 
l'article  5  des  dispositions  générales. 

2.  Elles  seront  données  de  préférence  aux 
individus  que  leur  goût  et  leur  fortune  peu- 
vent mettre  à  même  d'avoir  des  équipages , 
et  de  contribuer  à  la  destruction  des  loups, 
(les  renards,  et  des  blaireaux,  en  remplissant 
i Objet  de  leur  plaisir. 

r.  Les  chasses  à  courre  ,  dans  les  forêts  et 
(îans  les  bois  de  l'état,  seront  ouvertes  le  13 
>eplerabre  et  seront  fermées  le  13  mars. 

4.  Les  individus  auxquels  il  aura  été  accordé 
des  permissions  pour  la  chasse  à  courre,  obtien- 
dront des  droits  au  renouvellement  de  ces 
permissions,  en  prouvant  qu'ils  ont  travaillé 
à  la  destruction  des  renards ,  loups  ,  blaireaux 
et  autres  animaux  nuisibles,  ce  qu'ils  feront 
constater  par  les  conservateurs  forestiers. 
Ortjanisadon  delà  louvcierie.  (-lo  août,  1814.) 

La  louveterie  est  dans  les  attributions  du 
grand  veneur. 

Le  grand  veneur  donne  des  commissions 
honoriliquesdc  licutenans  de  louveterie,  dont 
il  déterminera  les  fonctions  et  le  nombre  ,  par 
conservation  forestière  et  par  déparlement, 
dans  la  proportion  des  bois  qui  s'y  Irouvent  cl 
des  loups  qui  les  fréquentent. 

Ces  conunissions  sont  renouvelées  tous  les 
ans. 


189 

Les  disposition»  (jui  peuvent  5lrc  faites  par 
suite  des  différens  arrêtés  concernant  les  ani- 
maux nuisibles,  appartienuent  à  ces  attribu- 
tions. 

Les  licutenans  de  louveterie  reçoivent  les 
instructions  et  les  ordres  du  grand  veneur, 
pour  tout  ce  qui  concerne  les  chasses  do 
loups. 

Ils  sont  tenus  d'entretenir  à  leurs  fiais  uu 
équipage  de  chasse ,  composé  au  moins  d'un 
piqueur,  deux  valets  de  limiers,  un  valet  de 
chiens,   dix  chiens  courans  et  quatre  limiers- 

Ils  seront  tenus  de  se  procurer  les  pièges 
nécessaires  pour  la  destruction  des  loups , 
renards,  et  autres  animaux  nuisibles,  dans  la. 
proportion  des  besoins. 

Dans  les  endroits  que  fréquentent  les  loups, 
le  travail  principal  de  leur  équipage  doit  être 
de  les  détourner,  d'entourer  les  enceintes  avec 
les  gardes-forestiers,  et  de  les  faire  tirer  au 
lancé;  ou  découple,  si  cela  est  jugé  nécessaire; 
car  on  ne  peut  jamais  penser  à  détruire  les 
loups  en  les  forçant.  Au  surplus,  ils  doivent 
présenter  toutes  leurs  idées  pour  parvenir  à  la 
destruction  de  ces  animaux. 

Dans  le  tems  où  la  chasse  à  courre  n'est  plus 
permise,  ils  doivent  particulièrement  s'occuper 
à  faire  tendre  des  pièges  avec  les  précautions 
d'usage,  faire  détourner  les  loups ,  et ,  après 
avoir  entouré  les  enceintes  de  gardes,  les  atta- 
quer à  traits  de  limiers,  sans  se  servir  de 
l'équipage ,  qu'il  est  défendu  de  découpler  ; 
enfln,  faire  rechercher  avec  un  grand  soin 
les  portées  de  louves. 

Ils  feront  connaître  ceux  qui  auront  décou- 
vert des  portées  de  louveteaux.il  sera  accordé 
pour  chaque  louveteau  une  gratiflcation  qui 
sera  double  si  l'on  parvient  à  tuer  la  louve- 

Quand  les  lieutenans  de  louveterie  ou  les 
conservateurs  des  forêts  jugeront  qu'il  serait 
utile  de  faire  des  battues,  ils  en  feront  la  de- 
mande au  préfet,  qui  pourra  lui-même  pro- 
voquer cette  mesure  ;  ces  chasses  seront  alors 
ordonnées  par  le  préfet,  commandées  et  diri- 
gétis  par  les  lieutenans  de  louveteiie,  qui,  de 
concert  avec  le  conservateur ,  fixeront  le  jour, 
détermineront  les  lieux  et  le  nombre  d  hom- 
mes. Le  préfet  en  préviendra  le  ministre  le 
l'intérieur  et  le  grand  veneur. 

Tous  les  habitans  sont  invités  à  tuer  les 
loups  sur  leurs  propriétés  ;  ils  en  enverront  les 
certificats  aux  lieutenans  de  louveterie  de  la 
conservation  forestière,  lesquels  les  feront 
passer  au  grand-veneur  ,  qui  fera  un  rapport 
au  ministre  de  l'intérieur,  à  l'effet  de  faire  ac- 
corder des  récompenses. 

Les  lieutenans  de  louveterie  feront  connal-" 
Ire  journellement  les  loups  tués  dans  leur  ar- 
roudissement,  et,  tous  les  ans,  enverront  un 
étal  général  des  prises. 

Tous  les  trois  mois ,  ils  feront  parvenir  au 
grand  veneur  un  élal  des  loups  présumés 
fréquenter  les  forêts  soumises  à  leur  surveil- 
lance. 

Les  préfets  sonl  invités  à  envoyer  les  mêmes 


190 

éi.^ts  d'après,  les  .cnscijnemens  particuliers 

qu'ils  pourraient  avoir. 

AllPiidu  que  la  chasse  du  loup,  qui  doit  oc- 
cuper piliicipalpitieiil  les  lieulciiaiis  de  louve- 
terie,  ne  rouriiil  pas  toujours  l'occasion  de 
tenir  les  chiens  cîi  haleine,  ils  oui  le  droit  de 
chasser  à  courre,  deux  Ibis  par  mois,  dans  les 
lorèts  de  l'état  faii^anl  partie  de  leur  arron- 
dissement, le  cbevrouil-brocard,  le  saufirlicT, 
ou  'e  Ii«'vrc,  suivant  les  '.ocalilés.  Sont  excep- 
tés les  forêts  ou  les  bois  du  domaine  dp  l'éliii 
de  letir  arrondissotiient,  doit  ia  chasse  est  par- 
ticulicrenient  donnée  par  le  roi  aux  princes 
oj  à  toute  autre  person  ne. 

Il  leur  est  e\pros>^^émenl  défendu  de  lirer  sur 
Je  chevreuil  et  leiièvrc;  le  sanglier  est  cxrc'jïtr 
de  cette  disposition,  dans  le  cas  seulement  où 
il  t-endiail  aux  chiens. 

Ils  seront  tenus  de  faire  connaître  cVnque 
mois  le  nombre  d'auimaus;  qu'ils  auront  for- 
cés. 

Les  commissions  de  lieutenant  de  louvelerie 
seront  rer-ouvelées  tous  les  um  ;  elles  seront  re- 
tirées dajis  le  cas  où  les  lioulenans  n'auraient 
pa<  justifié  de  la  destruction  des  loups. 

Tous  \es  ans,  au  premier  mai,  il  sera  fait,  sur 
le  nombre  des  loups  tués  dans  l'année,  un  rap- 
port ;;énérui  qui  sera  rais  soas  les  ^cux  du 
Roi. 

fSuit  la  dc'lerminafion  de  l'uniformc.J 

Extrait  (le  la  loi  des  finances  (28  avril  1816.  ) 

ronT  U'AUMES. 

Titre  7,  art.  77.  Les  dispositions  des  lois,  dé- 
crets et  ordoiinances  auxquelles  il  n'est  pas  dé- 
rojé  pnr  la  présente  loi,  et  qui  réprissent  ac- 
tuellement la  perception  des  droits  d'enrejiis- 
trement,  permis  fV>.  pnrt  darmcs ,  etc.,  etc., 
sont  et  demetirent  maintenus. 

Néanmoins,  le  droit  sur  les  permis  A:  port 
d'armes  est  réduit  à  15  francs. 

Délivrance  dos  permis  de  port  dannes.  (Or- 
doanance  du  17  juillet  I81G.  ) 

LOTUS,  etc.,  vu  le  décret  du  1 1  juillet  ISIO 
cl  l'art.  77  de  la  loi  du  2S  avril  I.SIG  ; 

ConsidéranI  que  la  faoullé  accordée  aux  per- 
sonnes décorées  des  ordres  français  d'obleu'r 
des  permis  de  port  d'armes  en  payani  souie- 
ment  un  franc  n"  i  point  été  confirmée  p^r  'a 
loidu'2S  avril,  qui  a  réduit  do  moitié  le  pvix  de 
ces  poranis;  que  celle  exemption  est  on  oppo- 
sition avec  le  texte,  et  l'esprit  de  noire  Çliarle, 
qui  n'admet  aucun  privilège  eu  matières  de 
conlributians  ; 

Sur  le  rapport  de  noire  ministre  secrétaire 
d'état  des  linances, 

Nous  avons  ordonné  cl  ordonnons  ce  qui 
suit  : 

Art.  fr.  La  facuUé  accordée  par  les  décrets 
des  -2-2  mars  1BI1  et  \2  mars  \H\r,,  aux  person- 
nes décorées  des  ordres  français  qui  existaient 
Blors,  de  ne  paver  qu'un  franc  {!ko  pour  l'ob- 


tention du  port  d'armes,  laquelle  faculté  a  été 
étendue  par  notre  ordonnance  du  9  septem- 
bre 1SI4,  aux  chevaliers  de  notre  ordre  roval 
et  militaire  de  St. -Louis,  est  et  demeure  sup- 
primée; en  conséquence,  le  droit  de  quinze 
Irancs,  Uxé  par  l'article  77  de  la  loi  du  -2S  avril 
dernier,  sera  payé  i  ndistluctemenl  partons 
ceux  qui  seront  dans  le  cas  de  se  pourvoir  de 
■^es  permis. 

2.  La  gratiricalion  de  trois  francs,  précé- 
demment accordée  à  tout  gendarme,  ffarde- 
champélreou  forestier  qui  constate  des  con- 
tra ventions  aux  lois  et  réglemens  sur  la  chasse, 
est  portée  à  cinq  francs. 

h  rirait  du  Code  pénal. 

Art.  2S  Quiconque  aura  été  condamné  à  la 
peine  des  travaux  forcés  à  temps,  du  bannis- 
sement, de  la  réclusion  ou  du  carcan,  sera 
déchu  du  droit  de  port  rCarmes. 

A2.  Les  tribunaux,  jufreant  correctionnelle- 
ment  pourront,  dans  certains  cas,  interdire, 
en  lout  ou  en  partie,  l'exercice  du  port  d'ar- 
mes. 

î".  Les  tribunaux  ne  prononceront  l'inler- 
diclion  mentionnée  dans  l'article  prccédc^il, 
que  lorsqu'elle  aura  été  autorisée  ou  ordonnée 
par  unedi-^posilion  particulière  de  la  loi. 

2)0.  Toute  attaque ,  toute  résistance  avec 
violence  et  voies  de  fait  envers  les  officiers 
minislériels,  les  {jardes-champétres  ou  fores- 
tiers, est  qualifiée,  selon  les  circonstances, 
crime  ou  délit  de  rébellion. 

210  Si  elle  a  été  commise  par  plus  de  vinj^l 
personnes  armées,  les  coupables  seront  punis 
des  travaux  forcés  à  temps,  et,  s'il  n'y  a  pas 
eu  port  d'armes,  ils  seront  punis  de  la  réclu- 
sion. 

211.  Si  la  rébellion  n'a  été  commise  que  par 
une  ou  deux  personnes  avec  armes,  elle  sera 
punie  d'un  emprisonnement  de  six  mois  à 
doux  ans;  et  si  elle  h  lieu  sans  armes,  d'un 
emprisonnement  de  six  jours  à  six  mois. 

RECntîTEMENT  DE  L'ARMÉE. 

Le  recrutement  enlève  chaqtic  année  au 
pays  les  2/7  environ  de  la  population  qui 
atteint  la  virilité. 

lip'partifion  du  ronlinijent  annuel  entre  les 
dépurtcmens  et  hs  cantons  Le  contingent  se 
répartit  chaque  année  entre  les  <léparleaiens 
et  les  canlonsi  d'après  le  terme  moyen  des 
Jeunes  {.'cns  inscrits  aux  tableaux  de  recen- 
sement d'un  certain  nombre  d'années  précé- 
deiites.  Pour  les  dépailemcn<  ,  ce  nioJe  paraît 
le  plus  satisfaisant  ;  mais  pour  la  sous-répar- 
tition entre  les  cantons  d'un  même  déparle- 
ment, on  a  proposé  de  prendre  pour  base- 
uon  le*  listes  des  recensemous  anicrieurs, 
mai»  les  listes  du  tira!j;c  de  l'année  même,  t^'u 
allcnd  d'une  plus  longue  expérience  la  dé'.ii- 
sion  de  celte  question  qui  n'est. pas  encore 
siiKisamment  éclairée. 


Tnstrurtion  denjeunos  rjcns  recrutes.  En  1850, 
/c  nomhre  des  jVkhcs  gens  iUclfre's  èlail  ih: 
:}7.231  ;  il  se  réduit,  pour  IS;}I.  à  :{6,3S2  ,  et 
pour  183.'î,  à  3i,892;  on  voit  qu'il  y  a  progres- 
sion satisfaisante.  D'un  aiUre  côté,  les  e'ioks 
rfg'mcntinres  sont  également  en  voie  d'eaten- 
sion  croissante  ;  eVes  ont  été  suivies  en  ISSI 
par  2",():i9  soldats,  en  ISÎ"  par  30,470,  en 
1833  /^a*"  32,4a0.  fin  récent  ié;,M(>mciil  du  m-- 
nistre  de  la  guerre  c«l  do^tiné  à  leur  donner 
T«ne  impulsion  nouvelle.  On  est  donc  fondé  à 
prévoir  que  prochainement  tous  les  jeunes 
soldats  illettrés  y  pourront  être  admis,  de 
façon  que  Tarmée  ne  les  renverra  dans  leurs 
familles  qu'après  les  avoir  instruits,  et  rendra 
ainsi  en  quelque  sorte  au  pays  plus  quelle  ne 
lui  aura  pr  s. 

Exempt  ions.— Le  défaut  de  taille  a  exempté 
15,078  jeunes  gens-:  le  minimttni  cli  'aille  nc- 
tuellement  exigée  pour  l'armée  e.it  de  4  p>ed^ 
9  pouces  7  lignes;  sous  l'empire  de  la  loi  de 
1818,  il  était  de  4  pieds  10  poi-?ps,  nussi  le 
terme  moyen  des  exemptions  pour  défaut  de 
taille  élait-il  alors  de  20,')13  sur  chaque  clause 
L'exemption  pour  infirmités  ou  difforniilés 
offre  un  chiffre  de  18,173.  On  a  remarqu* 
qu'il  y  avait  décroissance  assez  notable  dans 
le  nombre  d'excrnpdons  accordées  pour  ce  mo- 
tif par  les  conseils  de  révision;  mais  en  même 
temps  il  y  acu  augraentaflon  daiisle  nombrede 
congés  de  renvois  accordés  plus  tard  pour  le 
même  motif.  Est-ce  trop  gratRÎe  faciiiié  dels 
part  des  conseils  dp  révision  pour  les  condi- 
tions d'admissibilité  ,  ou  trop  grande  sévérité 
de  la  part  des  autorités  militaires?  peut-être 
un  peu  de  l'un  et  de  l'autre.  Les  départemeu'; 
qui  du  reste  ont  présenté  le  plus  do  jeune» 
gens  impropres  au  service  sont  l'Allier  ,  Van- 
cluse  ,  la  Seine-Inftrieure,  îa  l'anîc-Loire , 
le  Pas-de-Calais  ;  ceux  qui  en  ont  donné  lo 
moins:  l'Yonne,  le  Jurn.  '3  ^Inrbi'han  ,  ]y 
Corse  ,  la  Haute-lMavne. — 3'our  l'exemption 
des  aînés  d'orphe'ins ,  il  y  a  progression  crois- 
saule  sur  les  années  précédentes;  la  propor- 
tion se  maintient  au  contraire  avec  éj^alité 
pour  les  fils  de  x'euves;  il  y  a  diminution 
depuis  l'^.'îOpour  l'exemption  des  fils  de  sep- 
tuagénaires et  d'aveugles.  Celle  d&s  aînés  de 
deux  frères  est  presque  insignifiante  ;  celle 
des  puînés  de  frères  aveugles  ou  im^otens. 
bienfait  de  la  nouvelle  loi,  est  iiu  peu  plus 
considérable.  Enfin  ,  celle  des  frères  de  mi- 
litaires va  décroissant,  ce  qui  est  dû  à  la  dis- 
position de  la  nouvelle  loi  qui  n'en  accorde 
plus  le  bénéfice  aux  frères  d?  remplaçans. 

Déductions.  Les  déductlpns  sout  un  aran- 
tage  accordé  par  îa  loi  à  raison  de  certaines 
professions  de  service  public ,  de  prix  rcm- 
pdrtés  ,  etc  ;  elles  différent  des  exemptions  en 
ce  que  !evide(}u'eUes  laissent  resteà  la  charge 

du  contingetil ,  et  n'e:t  pas  rempli  par  l'appel  !  jeunes  soîdajs  ,  la  mortalité  dépasse  5  p.  0,0. 
de  numéros  plus  élerés.  7)''puîs  1830 ,  é?  tiojn-  l-a  profession  militaire  en  temps  de  paix  serait 
bra  des  jetines  gens  déduits  parcs  qu'ih  \  co-.ic  favorMbîc  à  îa  conservation  de  î'exis- 
se  sont  voués  à  rinslmnion  publique  a  prêt"    teuce. 


m 

qve  dnuhlé;  il  y  a  eu  an.  contraire  de'crois- 
satiee  flans  celui  des  déduits  comme  élèves  des 
grands  séminaires. 

Pénalité.  Le  nombre  des  insoumis  a  été 
pour  tS32,  dc'2,t7i;  il  y  a  décroissance  re- 
marquable relativement  aux  années  précé- 
dentes :  il  n'y  a  eu  que  31  jeunes  gens  condam- 
nés pour  s'être  rendus  impropres  au  service. 
Vn  seul  médecin  appelé  aux  conseils  de  révi- 
sion,  et  un  seul  fonctionnaire  public  ont  été 
punis  pour  s'être  prêtés  à  de  coupables  ma- 
îuruvres. 

Piépurtition  du  contingenl.VnTmveacmQT , 
genre  de  service  pour  lequel  on  trouve  quel- 
que répugnance  dans  l'intérieur  de  la  France, 
c'esi-à-dire  hors  du  littoral,  a  reçu  2,677 
hommes  ;  c'est  la  faible  proportion  d'un 
homme  par  canton.— En  ce  qui  concerne 
l'armée  *p  terre,  la  cavalerie  se  recrute  sur- 
tout de  hommes  des  anciennes  provinces 
d'.^isace.  Lorraine,  Flandre  et  Picardie,  con- 
sidérées depuis  long-temps  comme  fournis- 
sint  les  meilleurs  cavaliers  :  toutefois  cette 
disposition  n'a  rien  d'absolument  exclusif. 
L'administration  de  la  guerre  '  s'attache  à 
donner  au  recrutement  de  cette  arme  une 
extension  qui  doit  profiler  au  pavî  ;  car  i!  en 
résultera  qu'un  plus  grand  nombre  de  dépar- 
temens  verront  rentrer  dans  leur  sein  des 
hommes  instruits  dans  la  manière  d'élever  et 
de  soigner  les  chevaux. —Pour  les  armes  spé- 
ciales ,  on  désigne  surtout  les  jeunes  gens  qui 
sont  selliers,  bourreliers,  maréchaux;  pour  !o 
génie,  les  ouvriers  en  bois,  en  pierre. en  far,  etc. 

Cotnposi  ion  de  l'effectif  de  l'armée.  En 
!R;J0  et  1831,  sous  l'iuQuence  des  pl-évisiohs 
de  guerre,  le  nombre  des  engageinens  volon- 
taires avait  été  en  croissant  dans  une  propor- 
tion considérable;  par  le  motif  contraire, 
depuis  187)2  il  décroît  non  moins  notablement; 
il  y  a  au  contraire  croissance  dans  le  nombre 
des  rengagemcns  :  c'est  à  la  fois  un  éloge  et 
un  bienfait  pour  l'armée.  Quant  aux  rempla- 
'■ans,  on  a  coustaté  une  amélioration  notable 
dans  le  personnel,  et  aussi  quelque  diminu- 
iion  dans  le  nombre  des  fraudes  et  mancpuvres 
q,ui  se  rattachent  aux  remplacemens.  3Iais  Je 
noînbredesremnlaçans  va  toujours  s'augmeo- 
tant  par  la  disposition  toujours  croissante  des 
jeunes  gens  à  se  faire  remplacer  ;  il  en 
résulte  que  le  chiffre  des  rcmplaçavs  entre 
j.onr  phi?  (î'un  quart  dans  la  composition  du 
contijifienl  dl/ild  en  1833). 

Mortcjilé  dans  l'arr^iée.  La  comparaison 
eatrc  les  libérations  qui  ont  eu  lieu  ea  1832, 
183?  et  1334,  cl  les  incorporations  correspon- 
dantes des;  aanées  1824,  182.j  et  18-26,  offre 
■jne  perte  en  hommes  de  4  p.  0  0  environ  par 
année,  tautiis  que  dans  la  vie  ordinaire ,  et 
pour   la    même  période   d'âge  que   celle  des 


192 


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ICI 

00 


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iNoiubre 
proportionnel 
sur  100  jeunes 
<ei)s  examinés. 

Nombre 

des  exemptés 

et  déduits. 


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Jeunes  gens 

examinés 

par   le   conseil 

00  révision. 


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193 


N.   1 


Tableau  reprcsciilanl  pat-  département  et  pour  la  classe  de  18o3,  le  chiffre  des  recenses,  celui 
du  contingent ,  et  le  degré  d'instruction  des  appelés. 


DKPARTEMF.NS. 


Ain 

Aisne.  .  .  .  .  ' 
Allier.  .  .  .  ] 
Alpes  (Basses-)! 
Alpes  (Haules-i 
.\r(1èc)ie  .  .  .  . 
Arderines.  .  ,  ! 

Arit^ge 

Aube.   ...,', 
Aude.  .  .  ,  .  , 
AvL-yron. 
B.-du-Rbône.  '. 
Calvados. 
Cantal  .  .  .  .  ' 
Charente.  '.  '. 
Charente-Inf.  '. 
Cher.   .... 
Corréze  .  .  . 
Corse  .  .  .  ,  , 
Côte-d'oi-  .  '.  '. 
CôteS-du-IVord. 
Creuse.    .  .  .  . 
Dordogne  .  .  . 

Doubs 

Drôme 

Eure 

Eure-et-Loir. 
Finistère.   .  .  . 

Gard 

Garonne  (Hte- 
Gers  ...... 

Gironde  .  .  .  . 

Hérault 

llle-et-Vilaine  . 

Indre 

Indre-et-Loire. 

Isère-. 

Jura 

Landes 

Loir-el-Cher.  . 

Loire 

Loire  (Haute-). 
Loire-lnfer.  .  . 

A  reporter. 


3476 
4565 
ÔU60 
Mol 
■  1159 
."140 
2400 
2.-44 
1774 
i2o06 
5197 
2764 
ô5o2 
2170 
5200 
3S72 
24 '«o 
5040 
ISiS 
5556 
4482 
2798 
4515 
2598 
2697 
5105 
24S0 
5239 
2962 
4099 
2907 
4585 
S966 
4761 
2257 
2482 
5050 
2792 
2556 
2154 
5692 
2754 
4050 

459055 


o  o 

53 


SS4 
1150 

8i9 
417 
504 
89  i 
675 
668 
555 
715 
935 
785 

in8 

662 
9i8 

1056 
687 
856 
55-2 
988 

1478 
751 

1505 
691 
751 
86  i 
591 

1596 
911 

1556 
807 

13-20 
882 

15.Ô2 
639 
666 

1422 
804 
750 
661 

1010 
775 

1148 


57757 


42 
54 
10 

7 

6 
50 

2 
41 

2 
12 
S5 
11 
99 
95 

6 
15 
17 
20 
20 

5 
93 

6 
29 
15 
24 
43 
11 
.56 
14 
52 
15 
32 
11 
199 

8 
95 
46 

9 
38 

7 
7« 
54 
60 


462 
773 
169 
222 
242 
320 
513 
221 
594 
551 
564 
526 
754 
512 
378 
507 
l.'^S 
106 
259 
67o 
257 
248 
289 
548 
293 
499 
382 
267 
514 
358 
576 
682 
518 
403 
148 
258 
647 
666 
209 
236 
526 
205 
596 


16220 


356 
500 
664 
182 
51 
4,SS 
1.53 
402 
97 
554 
470 
550 
270 
265 
527 
502 
485 
650 
218 
208 

1118 
465 
965 
91 
414 
262 
197 

1070 
585 
590 
405 
526 
553 
616 
505 
581 
600 
123 
473 
294 
586 
512 
662 


18543 


DEPARTEMENS. 


Report  . 

Loiret  .... 

Lot 

Lot-et-Garonne 

Lozère.   ... 

Maine-et-Loire 

Manche  .  .  . 

Marne.  .  .  . 

Marne  (Haute 

.M  a  vanne.  .  . 

Meiulhe.    .  . 

Meuse  .... 

Morbihan  .  . 

Moselle.  .  .  . 

Nièvre  .... 

Nord 

Oise 

Orne 

I  Pas-de-Calais 

PuY-de-Dôme 

Pyrénées  (B.-) 

Pyrénées  (H.-) 

Pyrénées-Or.  . 
iRhin  (Bas-)  .  . 
jRhin  (Haut-)  . 

Rhône 

Saône  (Haute). 

Saône  et-Loire 

Sarihe 

Seine 

Seine-Infér. .  . 

Seine-et-Marne 

Seine-et-Oise    . 

Sèvres  iDeux-). 

'Somme 

I  Tarn 

I  Tarn-et-Gar.   . 

Var 

Vaucluse.  .  .  . 

Vendée 

Vienne.  .  .  .  • 

Vienne  (Haute) 

Vosges 

Yonne 


Totaux. 


439035 
2895 
25-S 
2781 
1249 
4202 
47-22 
2796 
2286 
2976 
4053 
269  i 
4006 
3741 
2874 
7841 


285805 


Ë3 


37757 

704 

745 

869 

372 

1159 

1447 

711 

582 

839 

1070 

753 

1114 

1050 

761 


3351 

955 

5548 

1014 

M32 

1551 

5144 

1489 

3^07 

1075 

2267 

610 

1482 

414 

5475 

1.327 

5983 

1118 

5814 

993 

5198 

831 

5iî;o 

1356 

5977 

1061 

50-25 

1429 

4876 

1546 

2907 

725 

5731 

998 

3652 

774 

4594 

1.-21 

5126 

912 

2019 

6-24 

2867 

795 

1963 

585 

3629 

949 

2329 

697 

2818 

780 

5998 

1016 

3292 

819 

79653 


1347 
14 

18 

20 

44 

71 

275 

7 

4 

57 

9 

19 

■  59 

10 

17 

87 

29 

99 

138 

47 


51 

58 
1 
38 
144 
24 
66 
62 
27 
28 
19 
65 
12 
13 
13 
31 


3202 


16220 
373 
190 
582 
151 
405 
807 
5h8 
441 
2-54 
748 
626 
228 
871 
172 

1310 
638 
543 
766 
403 
577 
541 
118 

1251 
716 
575 
583 
533 
248 

1148 
8.53 
519 
689 
377 
724 
248 
20T 

208 
231 
259 
191 
7.-4 
488 


18543 
5117 
532 
461 
146 
629 
295 
155 
85 
548 
92' 


169 
565 
734 
'214 
544 
5-27 
959 
465 
181 
233 
123 


191 

746 
626 
196 
529 
142 
251 
346 
340 
583 
597 
415 
245 
678 
428 
580 
248 
526 


38524  34892 


*  Celte  colonne,  additionnée  avec  les  deux  précédentes,  devrait  en  apparence  reproduire  le  total  de  la 
secontle,  et  cependant  celle-ci  présente  une  diQérence  en  plus  de  3517.  Ce  chiffre  est  celui  des  jeunes  gens 
dont  on  n'a  pu  constater  le  degré  d'instruction. 


INSTRUCTION  PUBLIQUE.    —  AVIS  AUX 
PARENS. 

On  se  rappelle  qu'avant  la  révolution  de 
1830,  les  jeunes  gens  qui  voulaient  suivre 
los  cours  de  médecine  et  prendre  le  grade 
de  docteur,  ne  pouvaient  être  admis  à  la 
première  inscription  qu'en  présentant  le  di- 
plôme de  bachelier  ès-sciencesj  cette  me- 
sure, établie  par  une  ordonnance  du  5  juil- 
let 1826,  excita  de  vives  réclamations  pen- 


j  dant  tout  le  temps  de  sa  durée;  c'était,  en 
effet,  un  grand  obstacle  pour  ceux  qui  vou- 
laient suivre  la  carrière  médicale,  que  celte 
obligation  de  passer ,  avant  d'entrer  à  l'é- 
cole, un  examen  sur  la  chimie,  la  physique, 
les  mathématiques,  etc.  Aussi,  pour  éviter 
le  retard  apporté  par  cette  mesure,  le  plus 
grand  nombre  des  élèves  éludaient  l'ordon- 
nance en  prenant  leurs  premières  inscrip- 
tions comme  officiei-s  de  santé,  le  grade  de 
bachelier  ês-sciences  n'étant  point  imposé  à, 


194 

ceux-ci;  ils  convertissaient  plus  tard  ce»  in- 
scriptions en  inscriptions  pour  le  doctorat  et 
ils  avaient  eu  le  temps  de  se  préparer  à 
Texaraen  de  la  Faculté  des  sciences,  pendant 
les  deux  premières  années  d'étude  à  Técole 
de  médecine. 

Cet  al)us  fut  réformé  en  1830,  non  pas  au 
moyen  de  quelque  disposition  plus  régu- 
lière, mais  par  la  suppression  pure  et  sim- 
ple du  baccalauréat ès-sciences  pour  lesélè- 
■ves  en  médecine. 

Ou  ne  tarda  pas  à  sentir  tous  les  inconvé- 
nieus  de  cet  abandon;  l'élude  des  sciences 
accessoires,  si  utile  aux  médecins,  fut  né- 
gligée, et  c'était  Une  garantie  de  moins 
d'une  bonne  et  solide  instruction.  J.es  hom- 
mes sages  qui  suivent  atlenlivemeut  la 
marche  de  renseignement  médical  réda- 
Hiaient  avec  instance  le  rétablissement  de 
i'examen  de  bachelier  ès-sciences  pour  les 
élèves  en  médecine.  Une  ordonnance  royale 
du  9  août  satisfait  aux  exigences  de  rensei- 
gnement, sans  compromettre  les  véritables 
intérêts  des  élèves;  ainsi  l'article  2  de  celle 
ordonnance  porte  qu'à  partir  du  !■='  novem- 
bre 1837,  nuY  ne  pourra  c'irc  admis  à  sou- 
ienir  son  premier  examen  dans  une  Facul- 
té de  mcdccine,  s'il  ne  jiislijie  du  diplôme 
(le  bachelier  ès-sciences. 

L'ordonnance  ne  fait  qu'augmenter  les 
garaotics  d'instruction,  sans  faire  peser  sur 
les  élèves  de  nouveaux  droits  onéreux;  ain- 
si les  frais  de  cet  examen  seront  déduits  au 
prolit  de  l'élève  sur  le  prix  des  inscriptions 
qui  lui  restent  à  prendre. 

L'ordonnance  que  nous  citons  réforme 
encore  d'autres  abus;  elle  rétablit  l'examen 
de  bactielier  ès-leî!res  pour  les  élèves  des 
Tacultés  de  droit  et  de  médecine ,  avant 
toute  inscription  prise  à  quelque  titre  que 
ce  soit.  Ainsi  que  le  dit  l'exposé  des  motifs, 
la  première  réforme  à  faire  est  de  n'admet- 
tre dans  les  écoles  supérieures  etsppciales, 
que  les  élèves  préparés  à  les  suivre  utilc- 
jnent;  or,  c'est  bien  le  moins  que  ceux  qui 
aspirent  aux  i)roressions  d  avocat  ou  de  mé- 
decin se  montrent  capables  d'écrire  en 
français  et  d'expliquer  un  peu  de  latin;  aus- 
si tout  Je  monde  approuvera  l'article  1  por- 
tant qnà  partir  du  1  novembre  1830,  nul 
ne  pourra  éU'C  admis  à  prendre  sapremicre 
inscription  dans  nue  Faculté  ,  ii  quelque 
titre  que  ce  soit,  s'il  ne  justifie  du  diplôme 
de  bachelier  es-lettres.  Sont  exceptées  les 
inscriptions  dites  dçcapaçitéj  cçtte  excep- 


tion d'applique  aux  candidats  non  bache- 
liers ,  qui  veulent  suivre  uno  faculté  des 
droit  pour  une  année  sculemeat  et  en  se 
bornant  exclusivement  à  des  cours  de  droit 
civil  français  et  de  procédure,  dans  le  but 
d'obtenir  le  certificat  de  capacité  réclamé 
pour  quelques  professions  qui  sont  prises 
souvent  à  une  époque  déjà  éloignée  des 
études  de  la  jeunesse. 

Art.  1er.  A  partir  du  1er  novembre  1836, 
nul  ne  pourra  être  admis  à  prendre  sa  pre- 
mière inscription  dans  une  Faculté,  à  quel- 
que titre  que  ce  soit ,  s'il  ne  justifie  du  diplô- 
me de  bachelier-ès-lettres;  sont  exceptées 
les  inscriptions  dites  de  capacité. 

Art.  2.  A  partir  du  1er  novembre  1837, 
nul  ne  pourra  être  admis  à  soutenir  son  pre- 
mier examen  dans  une  faculté  de  médecine, 
s'il  ne  justifie  du  diplôme  de  bachelier-ès- 
sciences ,  dont  les  trais  seront  déduits  au 
profit  de  l'élève  sur  le  prix  des  inscriptions 
qui  lui  restent  à  prendre. 

Art.  3.  Seront  dispensés  derobligationdu 
baccalauréat-ès-sciences  les  étudians  en 
médecine  qui ,  en  prenant  leur  cinquième 
inscription,  déclareraient  n'aspirer  qu'au 
titre  d'oflicier  de  santé;  mais  ladite  inscrip- 
tion et  celles  qu'ils  continueront  de  prendre 
dans  le  même  but  ne  seront,  dans  aucun  cas, 
admises  à  leur  compter  pour  le  doctorat  en 
médecine. 

Art.  4.  Les  inscriptions,  quel  qu'en  soit  le 
nombre,  prises  dans  une  école  secondaire  de 
médecine,  ne  pourront  être  échangées,  jus- 
qu'à concurrence  de  quatre  inscriptions  ou 
plus,  pour  le  doctoral,  dans  une  Faculté  de 
médecine,  qu'autant  que  l'étudiant  justifie- 
rait des  diplômes  de  bachelier-ès-lellres  et 
de  bachelier-ès-sciences. 

Pour  obtenir,  par  voie  d'échange,  moins 
de  quatre  inscriptions  dans  une  Faculté  de 
médecine,  il  suffira  du  diplôme  de  bachelier- 
ès-lettres. 

M'{.  5.  Les  dispositions  contraires  des  or- 
donnances antérieure*  sont  et  demeurent 
rapportées. 

INSTRUCTION  PRIMAIRE.  —  Autorisation. 

Le  fait  d'avoir  tenu  une  école  primaire 
sans  auloiisation,  ne  peut  être  excusé  sous 
le  prétexte  que  le  prévenu  n'y  recevait  que 
SCS  pclils-fils  et  un  petit  nombre  d'eufans 
de  plus  proches  pareus  (  çoar  dç  cass.,  2i 
septembre  1835}, 


195 


RÉPERTOIRE   DOMESTIQUE. 


I.  ÉDUCATION  DE  L'ENFANCE. -îl.  MORALE  ET  BIEN-ETRE  DES  FAMILLES. 
-III.  ÉCONOMIE  USUELLE. 


TABLEAU  DU  COURS  DE  LA  RENTE  5  P.  0/0, 
DE  1799  A  183(),  A  LA  BOLRSE  DE  TARIS. 

Ce  lableau  a  un  douMe  intérêt  : 

10  L'intérêt  général  historique,  car  le  cours 
des  fonds  publics  d'un  pays  est  inlimemert  lié 
à  son  histoire;  il  en  est  comme  lo  thermomètre 
politique; 

20  Un  intérêt  particulier  pour  les  maires  et 
les  communes,  car  les  communes  ont  prés  de 
soixante  millions  placés  en  rentes  sur  l'état, 
et  les  établissemens  de  bienfaisance  enrîron 
quatre-vingt-dix  millions  (Ij. 

Lorsqu'un  état  se  treuve  dans  quelque  pres- 
sant besoin,  pour  lequel  ses  recettes  ordinaires 
ne  peuvent  suffire,  au  lieu  d'augmenter  sou- 
dainement ses  impôts  de  la  somme  nécessaire, 
ce  qui  serait  souvent  funeste  ou  même  impra- 
ticable, il  emprunte  cette  somme,  eu  n'accrois- 
sant les  contributions  que  de  ce  qu'il  faut  pour 
payer  l'intérêt  annuel  de  la  dette.  C'est  un 
moyen  de  répartir  jusque  sur  un  avenir  éloi- 
gné l'acquittement  des  charges  du  présent. 
L'état  peut  sans  doute  rembourser  ces  dettes, 
mais  il  n'est  jamais  tenu  de  le  faire.  Il  en 
résulte  que  les  titres  de  cette  dette  remis  aux 
prêteurs  représentent  bien  le  capital,  mais  ne 
garantissent  que  l'intérêt;  de  sorte  que  celui 
qui  veut  réaliser  ses  fonds,  ne  pouvant  exiger 
le  remboursement,  est  obligé  de  vendre  son 
litre.  Ces  titres  sont  en  effet  négociables,  et 
se  transmettent  comme  toute  espèce  de  pro- 
priété. Leur  valeur  est  néccssairimenl  fondée 
5«r la  confiance  qu'inspire  l'état  lu  débiteur,  et 
doivent  suivre  toutes  les  vicissitudes  auxquel- 
les les  gouvernemeus  sont  exposés.  S'il  y  a  in- 
quiétude de  guerre  ,  de  révolution,  les  rentes 
inspireront  moins  de  confiance  ,  seront  moins 
recherchées,  s'achèteront  à  moindre  prix;  il 
y  aura  baisse.  Qu'au  contraire  la  prospérité 
soit  certaine,  la  sécurité  complète,  les  rentes 
paraîtront  un  bon  placement ,  on  les  paiera 
plus  cher:  il  y  aura  hausse.  Le  plus  ou  moins 

(1)  Les  communes  ont '2,715,027  fr.  de  rentes  sur  i  é- 
tal  et  les  liôpitan.N,  au.^i  que  les  liospices,  4,"ilS,0û-2  fr., 
fans  corapler  les  somjiies  placées  au  trésor.  '^Potumcnj 
i(atii(ttjucs  jj'dlics  p»r  t?  ministi  t  du  iommcrci'.) 


de  confiance  qu'inspire  ainsi  la  solvabilité  de 
l'état  est  ce  qu'on  appelle  le  crédit  public. 
Le  cours  de  la  rente  est  donc  l'indicateur  du 
crc'dit  public. 

(]e  tableau  comprend  le  cours  de  la  rente 
cinq  pour  cent  depuis  1799,  c'est-à-dire  au 
sortir  des  orages  révolutionnaires,  jusqu'à 
1836.  Il  présente  le  cours  le  plus  bas  et  le  cours 
le  plus  haut  auquel  la  rente  s'est  vendue,  et 
en  regard,  d'une  manière  brève,  se  trouvent 
les  événemens  qui  ont  pu  contribuer  aux  va- 
riations du  cours. 

Si  l'on  jette  un  rapide  coup  d'œil  sur  les 
points  les  plus  saillaus  de  cette  histoire,  ou 
voit  que  c'est  par  le  chiffre  de  sept  francs  que 
s'ouvrent  les  rentes  françaises.  Centfrancsdus 
par  l'état  n'étaient  pas  évalués  alors  à  plus 
haut  prix  que  sept  francs  ,  c'est  là   la  mesure 
du  crédit  tel  que  l'avaient  fait  les  crises  révolu- 
tionnaires, l'insignifiance  du  gouvernement 
directorial ,  et  nos  revers  en   Italie  pendant 
la  campagne  d'Egypte.  Vers  la  fin  de  la  même 
année  1799,  la  rente  se  relève  jusqu'au  dessus 
de  i22  fr.;  c'est  que  la  journée  du  18  brumaire, 
en  porlantBonaparte  au  pouvoir,  avait  ramené 
ùcs  espérances  d  ordre  ,  de  force  et  de  pros- 
périté. C'est  en  1807  que  la  rente  monte  au 
plus  haut  cours  qu'elle  ait  atteint  avant  la  res- 
tauration. L'empire  était  alors  à  l'apogée  de 
la   gloire  et  de  la  puissance;   l'Autrijche,   la 
Prusse,   la  Russie  avaient  été  contraintes  à 
la   paix  ;  les  frères  de  Napoléon  régnaient  à 
Kaples    et    à    La   Haye;   la   guerre    n  avait 
pas  été  portée  en  Espagne.  L'époque  qui  porta 
la  rente  à  son  cours  le  plus  élevé  (îlO  fr.  6a 
c.) ,   est  l'année  1829  ;  le  ministère  de  M.  de 
Martignac    semblait  ouvrir   pour  la  France 
une    ère   de   confiance  ,  de   progrès   et   de 
sécurité.  La  violente  secousse  de  1830,    l'agi- 
tation  européenne  et   les  craintes  de  guerre 
qui  en  furent  la  suite  durent  nécessairement 
imprimer  à  la  rente  un  mouvement  rètrogade, 
dont  elle  commence  à  se  relever,  grâce  aux 
convictions  de  paix  extérieure  et  a  la  force 
que  le  pouvoir  reprend  à  l'intérieur.  Le  19 
janvier  I83(j  la  rente  s'est  élevée  au-dessus  de 
110  francs, 


1% 


1799 

1800 
1S0I 
1S02 
1805 
1804 
1805 

1806 


180S 
1809 


1811 

t.SI-2 
1813 

1814 

1815 

ISIG 


1818 
1819 


18-20 


7  00 

17  38 
41  74 

50  15 

51  00 
5-2  20 
51  90 

60  40 


70  73 
78  10 


78  40 

78  00 
7(!  50' 
47  50 

43  00 

52  30 

51  50 

55  05 

60  00 

64  85 

70  10 


18-21  73  75 
lS-22  85  -25 


18-25 


l8-2i 
18-23 


18-26  ! 
1827 


05  00 
95  00 


22  30 
4i  00 

(;s  00 

59  0(J 
66  (;o 
59  73 
62  50 

77  00 


93  65 
88  15 


83  40 
83  15 


80  ?0 
80  OÙ 


6i  40 
69  00 


80  00 


90  O": 
93  00 


95  W 


104  8( 
106  -2;i 


PRINCIPAUX  FAITS 

qui  ont  pu  inlluer  sur  les  cours. 


95  73  101  05 
98  50  104  70 


Deuxième  coa'ilion  contre  la  France;  progrés  des  Russes  en  Italie;  retour  de  Bonaparte 

en  France;  18  brumaire;  consulat. 
Pacitjcaiion  de  la  Vendée  ;  victoire  de  Marengo  ,  les  Français  aux  portes  de  Vienne, 
Paix  avec  l'Autriche  ,  revers  en  É;.'ypte  et  évacuation,  paix  avec  la  Russie. 
Paix  d'Amiens,  désastres  de  l'expédition  de  Sl-Domingue,  consulat  à  vie. 
Rupture  avec  l'Angleterre,  préparatifs  d'invasion. 
Conquête  du  Hanovre,  mort  du  duc  u'Enghien  ,  empire. 
Napoléon  roi  d'Italie  ,  troi^iéme  coalition  contre  la  France,  défaite  navale  de  Ttafalgar, 

crise  de  la  banque  de  France,  prise  de  Vienne,  Ausierlitz. 
Paix  de  Presbourg,  royaumes  de  Naples  et  de  Hollande,  négociations  avec  l'Anglelerre, 
confédération  du  Rhin,  quatrième  coalition,  Icna,  prise  de  Berlin,  entrée  à  Hambourg 
et  Varsovie,  blocus coulinenlal. 
Représailles  de  l'Angleterre  an  blocus,  Eylau,  prise  de  Dantzick ,  Friediand,  paix  de 

Tilsilt,  troubles  en  Espagne,  prise  de  Lisbonne. 
Entrée  des  Français  à  Rome ,  abdication  du  roi  d'Espagne  en  faveur  de  Napoléon,  revers. 

des  Anglais  en  Portugal,  rentrée  des  Français  à  .Madrid. 
Cinquième  coalition  ,  prise  de  Vienne  ,  revers  en  Portugal ,  Wagram  ,  paix  de  Vienne  , 

succès  en  Espagne,  divorce  de  Napoléon. 
Mariage   avec  ftlarie-Loui.se,  succès  en  Espagne  et  en  Portugal,  succès  des  Anglais 

sur  mer,  réunion  do  la  Holjamleà  l'empire. 
Naissance  du  roi  de  Rome,  évacuation  du  Portugal,  succès  en  Catalogne. 
Guerre  de  Russie,  revers  en  Espagne,  cutrée  A  Moscou,  relraiie  et  désastres. 
Sixième  coalition ,  victoire  de  Lulzen  et  Bautzen,  revers  en  Espagne,  défaite  de  Leipsick, 

retraite,  invasion  de  la  France. 
Campagne  de  France,  abdication  de  Napoléon,  restauration  des  Bourbons,  traité  de  paix, 

charte  constitutionnelle,  Congrès  de  Vienne. 
Retour  de  Napoléon,  cent  jours,  Waterloo,  rentrée  de  Louis  XVllI,  occupation  élran 

gère ,  contribution  des  sept  cents  millions,  condaintratioii  de  Ney. 
Inscription  de  quatorze  millions  de  rentes  pour  la  garantie  des  puissances  étrangères, 

dissolution  de  la  chambre  des  députés,  hivers  rigoureux  et  disette. 
Diseile.  réduction  de  l'armée  d'occupation,  loi  sur  les  élections,  troubles  de  Lyon,  négo 

ciation  d'un  emprunt  de  50  millions. 
Traité  d'.4ix-la-('hapelle,  réorganisation  de  la  garde  nationale,  ministère  Decazes,  départ 

des  troupes  étrangères. 
Dégrèvement,  mort«de  Georges  III,  roi  d'Angleterre,  inLmrrcclion  des  troupes  espagnoles 

à  Cadix. 

V:^sas;inat  du  duc  de  Berry.  loi  du  double  vole  ,  établissement  du  système  constitutionnel 

en  Espagne,  à  Naples.en  Portugal,  naissance  du  duc  de  Bordeaux,  congrès  de  Troppau 

llenversemenl  du  système  conslutionnel  à  Napics  et  en  Piémont ,  ministère  de  Vlllele, 

nouvelle  de  la  mort  de  Napoléon,  congrès  de  Leybach. 
Mouvement  en  France ,  troubles  à  Lyon,  congrès  de  Vérone  où  l'envahissement  de  l'Es 

pagne  est  résolu. 
Entrée  en  Espagne,  progrès  de  l'armée  française,  ordonnance  d'Andujar,  soumission  de 

Cadix. 
Projet  de  remboursement  du  cinq  pour  cent,  les  .\nglais  en  Portugal,  mort  de  Louis  XVIII 
Lois  sur  le  sacriiége  et  1  indemnité,  reconnaissance  île  l'indépendance  d'Haïti,  mort  de 

l'empereur  Alexandre,  troubles  à  St-Pèicrî.boiirg,  guerre  de  Grèce. 
Rejet  'lu  projet  de  loi  sur  le  droit  dainesse,  mon  de  Jean  VI,  roi  de  Portugal,  abdication 

et  constitution  de  don  Pedro,  insurreclion  à  Lisbonne,  constitution. 
Rejet  du  projet  de  loi  contre  la  presse,  licenciem'.Mii  de  la  garde  nationale  de  Paris,  traité 
pour  la  Grèce,  bataille  de  Navarin,  dissolution  de  la  chambre  des  députés,  élections 


18-28  101  23 
1829106  30 


1830 
1S51 


1832 


18ji 
1835 


84  50 
7i  75 


92  00 


109  00 

110  03 


98  80 


99  85 


99  65 
103  10 
106  75 
108  00 


105  45  Pr 


libérales,  émeutes  de  la  rueSt-Deni 

Ministère  Martignac,  guerre  des  Russes  et  des  Turcs,  don  Miguel  roi  de  Portugal,  expédi- 
tion de  Morée. 

Emancipation  des  catholiques  en  Angleterre,  progrès  des  Russes  contre  les  Turcs,  minis- 
tère Polignac,  ho>tilité  de  l'opinion  publique. 

Adresse  des  221,  expédiiion  d'Alger,  dissolution  de  la  chambre  des  députés,  réélection 
dos  221 ,  prise  d'Alger ,  coup-d  état,  révolution,  Louis-Philippe  roi,  .évolution  belge, 
ministère  Laffilte,  insurrection  polonaise. 

Insurreclion  en  Italie,  mini^tère  Périer,  troubles  en  Bretagne,  entrée  des  Français  en 
Belgique,  prise  de  Varsovie,  suppression  de  Ihèrédité  de  la  pairie ,  insurrection  de  Lyon. 

Choléra-morbus,  expédition  d'Ancone,  mort  de  (^a^imir  Périer,  la  duche.sse  de  Berry  en 
Vendée,  journées  des5el6juin,  mort  du  duc  dcReich-;tadl,  entrée  de  don  Pedro  en 
Portugal,  mariage  du  roi  des  Belles  avecuneprincesse  française, ministère  Soult,arres 
talion  de  la  duchesse  de  Berry,  siège  et  prise  d'Anvers 


"grès  des  Egyptiens  contre  les  Turcs,  intervention  russe,  agilaiions,  paix,  en] 
iona  Maria  reine  de  Portugal,  mort  du  rci  d'Espagne,  avènement  d  Isabelle  11.' 


Orient 


107  OOlLois  répressives  en  France,  soulèvemens  de  Paris,  Lyon,  (  te,  (in  de  la  lutte  en  Portugal, 

don  Carlos  en  Espagne,  maintien  de  la  paix. 
110  30  1 

(  Les  événemens  qui  ont  Inlluô  sur  les  cours  sont  trop  présens  pour  qu'il  soit  utile    de 
110  ICI    les  énumérer  ici. 


Puissance  des   intérêts  capitalise's. 

Ce  fait  vient  de  se  passer  dans  Tun  des 
déparlemeus  de  Touesl  de  la  France.  Une 
jeune  fdle,  née  de  pauvres  parenset  vivant 
du  produit  de  la  pèche  dans  un  port  de  mer, 
vient  d'hériter  d'une  somme  de  230,000  fr. 
que  lui  a  léguée  un  de  ses  ancêtres.  Voici 
ce  qu'on  raconte  à  cet  égard.  Il  y  a  deux 
siècles,  c'était  en  163i^,  vivait  dans  le  même 
lieu  un  vieux  marin  retiré  qui  n'avait  plus 
d'autre  soin  sur  la  terre  que  celui  d'élever 
dans  l'amour  de  la  vertu  la  nombreuse  fa- 
mille qui  l'entourait.  Tous  les  soirs  il  réu- 
nissait autour  de  lui  ses  jeunes  enfans  et  se 
'  plaisait  à  leur  enseigner,  comme  il  le  pou- 
vait, tout  ce  qu'il  avait  appris  jadis  dans 
ses  voyages.  Il  prenait  surtout  un  plaisir 
extrême  à  transmettre  à  ses  fds  la  petite 
dose  de  connaissances  dans  les  sciences 
exactes  qu'il  avait  amassée,  et  à  leur  pro- 
poser la  solution  de  nombreux  problêmes 
de  géométrie  pratique  et  de  calculs  de  tout 
genre.  Il  cherchait  à  leur  expliquer  com- 
ment l'argent  se  renouvelait  par  le  travail, 
comment  il  se  reproduisait,  pour  ainsi  dire, 
comme  le  blé,  sans  qu'il  fût  nécessaire  de  le 
planter.  Il  faisait  voir  l'absurdité  des  avares 
qui  enfouissent  leur  trésor  et  qui  au  bout 
de  quatorze  ans  ne  retirent  pas  unhard  de 
plus  qu'ils  n'en  ont  mis  dans  le  trou,  tandis 
que  ce  môme  argent  serait  doublé ,  s'il  eût 
été  confié ,  pendant  le  même  espace  de 
temps,  à  quelque  négociant  trafiquant  avec 
l'Inde  ou  avec  tout  autre  pays. 

Tous  les  enfans  écoutaient  avec  un©  re- 
Hgieuse  attention  l'explication  de  ces  phé- 
nomènes; une  jeune  fille  d'une  douzaine 
d'années  surtout  était  émerveillée.  Ainsi 
donc,  disait-elle, si  je  donnais  20  fr.  â  notre 
cousin  l'armateur,  il  m'en  donnerait  qua- 
rante dans  quatorze  ans,  ou  bien  80  dans 
vingt-huit  ans.      ' 

— Oui,  répondit  le  père;  et  si  cet  argent 
restait  dans  ses  mains  pendant  un  siècle  ou 
deux ,  cela  deviendrait  une  grande  fortune. 

La  jeune  fille,  émerveillée  d'un  résultat 
qu'elle  ne  pouvait  concevoir,  résolut  cepen- 
dant de  remettre  à  son  cousin  les  20  fr.  qui 
devaient  être  si  productifs,  et  qu'elle  se  pro- 
cura par  la  vente  de  ses  boucles  d'oreiî- 
les.  C'est  le  résultat  de  cette  accumulation, 
qui,  dans  l'intervalle,  a  contribué  à  la  for- 
lune  de  tous  lesdescendans  du  cousin,  que 
vient  de  toucher  la  petite  fille  dont  nous 
avons  parlé  et  qui  étaient  désignée  par  la 
volonté  de  son  ancêtre. 


197 

Ce  résultat,  tout  élonnanl  qu'il  paraisse 
d'abord,  est  cependant  bien  simple;  il  est 
fcuidé  sur  l'accroissement  progressif  désinté- 
rêts capitalisés,  et  chacun  peut  aujourd'hui, 
grâce  à  la  Banque  de  prévoyance  foiidéede- 
puis  dix  ans  à  Paris  parordonnance royale, 
se  procurer,  sans  le  secours  d'une  parenté 
séculaire,  des  avantages  égaux  à  ceux  que 
nous  avons  signalés  ici. 

Rendons  plus  palpables  encore  ces  avantages 
par  un  tableau  synoptique  qui  portera  la  con- 
viction dans  les  esprits  les  plus  méticuleux. 

Rentes  fournies  par  divers. 

no   io()     .^ioof. 


Chaque  sociétaire  jouit  d'a- 
bord de no 

Apvèslel"?'- décès  on  jouit  de  nr> 


id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 


id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 


9  le  dernier  jouira 
pendant  sa  vie  de    .      .      . 

et  au  décès  de   ce   dernier 
chaque  famille  reprendra    . 


62 
71 

83 
100 
12."> 
166 
230 


100 
111 

12.'> 
142 
166 
200 
2?Î0 
333 
500 


500 

62,'; 

710 
830 
lOOO 
11. ')0 
160.-; 
250f» 


nm  1000  5000 


50     100 


300 


Nous  le  répétons ,  rien  ne  peut  être  com- 
paré à  une  pareille  combinaison  et  il  est  du 
devoir  de  tous  les  bons  citoyens,  de  tous  les 
bons  époux,  de  tous  les  pères  de  famille  de 
prendre  une  part  active  à  des  opérations 
qui,  loin  do  tromper  jamais  leurs  espérances, 
accroîtront  d'une  manière  positive  le  bion- 
ètro  des  personnes  qui  leur  sont  chères  et 
pourrqnt  prévenir  ou  réparer  tous  leurs  mal- 
heurs. 

Le  mécanisme  des  opérations  de  cette  ban- 
que est  simple,  soit  qu'on  veuille  fonder  pour 
soi ,  pour  son  épouse  et  ses  enfans  un  revenu 
progressif,  ou  seulement  former  des  dots. 

Ainsi  l'administration  réunit  dix  personnes 
du  même  âge ,  fournissant  une  même  rente 
pour  composer  un  revenu  commun.  Chacun 
jouit  d'abord  de  son  propre  revenu  qui  s'ac- 
croît à  mesure  des  décès,  puis  se  double,  so 
triple  et  finit  par  se  décupler.  Et  quand  les 
dix  personnes  sont  décédées,  les  dix  familles 
reprennent  chacune  ce  qui  lui  appartient. 

L'exemple  de  M.  le  comte  de  Cornely  et  de 
30  autres  sociétaires  de  la  Banque  de  Pré- 
voyance,  est  là  pour  leur  montrer  les  résul- 
tats certains  de  cette  beUe  institution.  Déj. 
ces  honorables  citoyens  jouissent  de  12  à  1,500  f , 
de  revenu  ,  pour  des  mises  de  100  f.  de  renie 
et  d'autres  sociétaires  jouiront  de  5  à  6,000  f, 
de  revenu  pour  leur  mise  de  .">00  f.  de  rentes, 
et  cela,  nous  le  répétons,  sans  faire  aucun 
tort  à|leurs  héritiers. 


198 


PnORMIUM.  -  Nouveau  lin. 


Ce  lin  de  la  Nouvollo-Zélande  qu'après  bien 
des  essais  infructueux  tant  en  Anfjlotorrc 
qu'en  France,  on  est  parvenu  enfin  à  trans- 
former en  tissus  de  tout  genre ,  est  un  fila- 
ment qui  semble  appelé  à  prendre  place  dans 
la  consommation  aA  ec  le  lin ,  le  chanvre  ,  la 
soie,  la  laine  et  le  colon  qui  avaient  été  jus- 
qu'à présent  exclusivement  employés. 

La  Nouvelle  Minerve,  dans  une  revue  d'une 
exposition  de  l'industrie  picarde,  s'exprime 
ainsi  dans  son  numéro  du  17  juillet. 

•  Il  est  une  industrie  nouvelle  dont  le  dé- 
partement de  la  Somme  vient  de  prendre  l'i- 
nitiative. Les  résultats  en  sont  immenses. 
C'est  un  fait  grave  que  nous  livrons  à  l'atten- 
tion des  économistes.  Sur  le  bord  destorrens 
et  au  fond  des  ravins  de  la  Nouvelle-Zélande, 
croît  une  plante  qui  ressemble  à  la  fois  au 
glayeul  et  à  l'aloës.  Cette  plaisle  ,  que  les  na- 
turalistes ont  appelée  plioimium-teuax  ,  est 
le  chanvre  des  indigènes.  Ils  la  raclent  avec 
de  grandes  coquilles  de  moules,  puis  séparent 
;ivec  les  ongles  le  chanvre  de  la  filasse.  Ils  la 
lisserit  ensuite  en  nattes,  en  dentelles  qu'ils 
l'ont  blanchir  à  la  rosée.  La  beauté  de  ces  tis- 
sus avait  frappé  les  navigateurs,  (^ook,  T'ors- 
ter,  Dnmont-d  Irville  en  avaient,  parlé. 
]\1.>I.  Lesson  et  Richard  l'avaient  décrite  dans 
leur  ouvrage  de  botanique  sur  l'Australie. 
Léjà,  depuis  1S27,  plusieurs  négoeians  an- 
glais avaient  essayé  l'emploi  de  celle  plante. 
Capitaux,  moyens  mécaniques,  rien  ne  fut 
épargné.  Mais  ils  ne  purent  ni  la  débarrasser 
de  la  résine  gommeuse  qu'elle  distille,  ni  l'as- 
souplir assez  pour  la  tisser.  Vn  de  nos  indus- 
triels, 31.  Liénard  ,  vient  de  régulariser  et  de 
perfectionner  les  tentatives  jusqu'ici  slalionai- 
res  des  Anglais.  Il  a  établi  à  Pont-llemy  une 
ijlature  de  phormium-lenax.  Les  toiles  que 
nous  avons  \ues  à  l'exposition  nous  ont  paru 
aussi  belles ,  mais  beaucoup  plus  solides,  plus 
solides,  ])lus  souples",  plus  légères  que  les 
toiles  de  lin.  Elles  nous  ont  semblé  devoir 
être  très-utiles  pour  la  marine  et  pour  la 
voilure.  Déjà  plusieurs  armateurs  en  ont  fait 
et  renouvelé  des  demandes.  Une  des  grandes 
propriétésduphormiuiu,  c'estde  pouvoir  res- 
ter immergé  cinq,  six,  sept  mois,  sans  être 
altéré.  Des  expériences  nombreuses  sur  des 
lilets  et  sur  des  cables  ne  laissent  aucun  doule 
cet  égard. 


BLANCHISSAGE    DU    LINGE    A    LA    VAPEUR. 

Ce  système  csl  Jesliiié  à  renverser  la 
\ieille  routine  du  lessivage  par  la  cendre, 
procédé  long  et  dispendieux.  Après  une  an- 
née d'heureux  résultats  que  M.  IJouiujX» 
DE  Lavkb  a  obleiuis  à  rilolel-Dieu  de  l'oi- 


tiers,  il  déclare  lévidence  des  avantages  da 
blancliissage  à  la  vapeur,  se  fondant  sursepi 
points  :  1 .  On  n'est  obligé  de  cliauffer  qu'une 
très  petite  quantité  d'eau,  et  pendant  très 
peu  de  temps  ,  ce  qui  économise  infiniment 
le  combustible' 2.  ropéralion,bieu  conduite, 
ne  dure  pas  plus  de  G  heures  pour  les  grands 
appareils,  au  lieu  de  24  heures  qu'exigent 
les  lessives  ordinaires,  grandes  ou  petites; 
3.  on  est  dispensé  d'essanger  le  linge  avant 
de  faire  la  lessive;  il  ne  faut  ni  le  battre,  ni 
le  brosser,  ni  le  tordre,  etc.  -,  par  conséquent 
il  est  moins  fatigué,  car  il  se  détruit  plus  par 
toutes  ces  opérations  que  par  l'usage;  4. 
l'emploi  de  la  soude  n'attaque  pas  les  tissus; 
5.  c^Inme  le  linge  prend  dans  le  cuvier  une 
haute  température  qu'on  ne  peut  lui  donner 
par  les  moyens  ordinaires ,  toutes  les  subs- 
tances qui  ie  salissent  deviennent  solubles, 
et  une  seule  immersion  suffit  pour  le  net- 
toyer complètement,  sans  qu'il  soit  besoin 
de  recourir  au  savon;  6.  la  dépense  ne  se 
monte  pas  au  7o  de  celle  des  anciens  procé- 
dés; on  a  donc  vile  récupéré  les  frais  de 
l'appareil;  7.  enfin  ou  oLtieut  du  linge  plus 
blanc  et  niiei  y  pur^é  de  toute  saleté;  on 
peut  donc  sans  inconvénient  mettre  dans 
les  cuviers  à  la  fois  toute  espèce  de  linge 
sale.  Cet  avantage  mérite  d'être  apprécié, 
si  c'est  à  l'usage  du  linge  mal  lessivé  qu'on 
doit  attribuer  l'origine  ou  la  propagation  de 
quelques  maladies.  ~  Voici  le  procédé  de 
M.  P..  ]»our  100  livres  de  linge,  il  faut  2  ki- 
log.  1/2  à  peu  près  de  carbonate  de  soude 
que  l'on  fait  dissoudre  dans  90  litres  d'eau. 
L'on  trempe  successivement  tout  le  linge 
dans  cette  solulou,  eu  commençant  par  le 
moins  sale;  puis  on  le  laisse  macérer  dans. 
un  baquet  jusqu'au  lendemain.  On  le  place 
alors  dans  le  cuvier  disposé  sur  la  chau- 
dière, puis  l'on  chauffe;  on  doit  prolonger 
le  feu  jusqu'à  ce  que  l'on  ne  puisse  suppor- 
ter la  main  sur  les  cercles  de  fer  du  couver- 
cle du  cuvier  :  c'est  un  indice  suffisant  que 
la  chaleur  s'est  élevée  à  80  degrés;  alors 
Tcpération  est  terminée.  11  ne  reste  plus 
(ju'à  passer  le  linge  à  l'eau  pure,  sans  frot- 
ter, en  le  laissant ,  eu  quelque  sorte,  s'im- 
merger. 

Moyen  d'asscuer  la  durée  du  bois  ex- 
posé AUX  INJURES    de  L'AIR, 

M.  Leroux  a  fait  peindre  à  l'huile  et  re- 
couvrir d'une  couche  de  sable  très-fin,  pen- 
dant que  la  couleur  était  encore  fraîche,  les 
diverses  ram|>es  en  bois,  les  balustrades  et  les 
barrières  dii  sou   parc.  Deux  couches  succès- 


sivcs  de  ccl  enduit  l'cndiinl  Ifis  boiis  exposés 
nnx  injiiits  de  l'air  d'uno  durcie  remarquable  ; 
les  bois  tondros,  quand  ils  n'ont  pas  de  poids 
à  supporter,  durent,  quand  l'opération  a  été 
bfen  faite,  aussi  lonf]^-lonips  quo  les  bois  les 
plus  durs.  Un  pont  couiliuil  sur  la  rivière 
du  parc  ,  et  peint  de  celte  manière,  présente 
l'aspect  de  la  pierre;  garanti,  par  ce  moyen, 
de  l'humidité  et  do  l'attaque  des  insectes,  il 
lift  se  fendille  pas,  ne  se  ^^erce  pas,  et  promet 
de  durer  indéfiniment.  On  sait  que  des  bancs 
de  bois  faits  do  manière  que  l'humidité  ne 
puisse  s'introduire  dans  les  joints,  et  peints 
par  ce  procédé,  durent  sans  détérioration,. 
dans  certains  parcs,  depuis  un  grand  nombre 
d'années  ;  le  pont  de  M.  Leroux,  et  ses  autres 
constructions  de  ce  genre,  \iennent  conllr- 
inei"  l'utilité  du-  procédé.  Le  goudron  peut 
remplacer  trés-économiqueuient  la  peinture 
à  l'huile  pour  cet  objet. 

MODE    DB   CHAUFFAGE    POUR    DE    GRANDS 
ÉDIFICES. 

Un  mode  de  chauffage  a  été  dernièrement 
adopté  avec  grand  succès  dans  le  nouveau 
bâtiment  cooslruit  pour  recevoir  un  éléphant 
dans  le  jardin  de  la  Société  zoologique 
de  Londres  ;  il  pourrait  avantageusement 
s'appliquer  au  chauffage  des  églises ,  et  de 
tous  les  bâtiraens  dont  les  planchers  sont 
incombustibles.  Cet  appareil  consiste  dans 
un  canal  ordinaire  de  briques  qui  est  con- 
struit sous  le  plancher,  tout  autour  de  l'in- 
térieur du  bâtiment.  Au  commencement  est 
une  cavité  d'environ  2  pieds  de  profondeur, 
et  à  l'autre  extrémité  le  canal  se  termine  par 
une  cheminée;  une  petite  quantité  de  com- 
bustible est  alors  placée  dans  la  cavité,  et 
allumée;  la  pression  de  l'air  établit  un  cou- 
rant comme  dans  un  fourneau;  mais  toute 
la  chaleur  profite  au  plancher  et  au  bâti- 
ment, à  cause  de  la  grande  étendue  que  l'air 
échauffé  est  obligé  de  parcourir.  Il  paraît 
que  les  résultats  obtenus  dans  le  lieu  cité 
ont  été  surprcnans. 

MOYEN    POUR    ÉTEINDRE    LES    INCfeNDIES. 

On  avait  proposé,  dès  long-temps,  d'im- 
prégner les  bois  d'une  dissolution  d'alun,  ou 
de  tout  autre  sel  analogue,  pour  les  rendre 
incombustibles;  mais,  soit  que  la  précaution 
fût  insuffisante,  soit  qu'il  parût  plus  coû- 
teux de  la  prendre  que  de  s'en  abstenir,  ce 
procédé  n'est  pas  employé.  M.  Î3erzéiius 
avait  fait  la  critique  de  quelques-uns  de  ces 
moyens;  mais  M.  Gaudin  a  fait  de  nouvel- 
les expériences,  dans  la  pensée  que  l'inef- 


m 

ficacité  ne  (enaît  <|U'à  \à  nature  de  ses 
employés;  à  son  avis,  il  n'y  a  que  le  chlo- 
rure de  calcium  qui  réunisse  à  lui  seul  l'a- 
bondance et  Ig  bas  prix ,  la  fasibilité  et  la 
solubilité  la  plus  prompte  et  la  plus  persis- 
laule,  la  décomposition  la  plus  difficile,  et, 
par  suile,  vis-à-vis  du  bois  enignilion,  î'ad- 
liérence  et  la  pénétration  la  plus  intime, 
toutes  quahtés  précieuses,  si  ce  n'est  indis- 
pensables, pour  l'objet  en  vue.  Injecté  en 
solution  médiocrement  concentrée  sur  les 
cliarbons  les  plus  ardens ,  il  les  couvre  à 
l'instant  d'une  coache  vitreuse  qui  arrête  la 
combustion  sur  tous  les  points  de  la  surface. 
Tout  autre  sel  que  le  chlorure  de  calcium 
borne  son  action  à  couvrir  le  charbon 
d'une  écorce  poreuse  qui  ne  tarde  pas  à  se 
volatiliser  ou  à  se  dissiper  on  poussière  ^ 
tandis  qu'un  charbon  incandescent  impré- 
gné du  liquide  eu  question  se  comporte  com- 
me du  coke,  exigeant ,  pour  brûler,  bea-a- 
coup  de  temps,  et  d'être  alimenté  d'air  brû- 
lant, s'éteignant  comme  une  scorie,  dès  qu'il 
est  sorti  du  foyer.  L'eau  seule  ne  produit 
qu'un  refroidissement  superficiel  et  passa- 
ger; le  charbon  éteint  par  l'eau  se  sèche 
bientôt  pour  n'en  brûler  que  mieux  à  la 
moindre  étincelle  ,  ses  pores  ayant  été  vi- 
dés des  gaz  incombustibles  pour  se  remplir 
d'air  et  de  vapeur  d'eau,  de  sorte  que  Tin- 
ceudie  éclate  souvent  avec  une  violence  re- 
doublée là  où  la  pompe  a  passé;  aussi  M. 
Berzélius  reconnaît  que  les  pompes  ali- 
mentées par  l'eau  ne  sont  presque  d'aucun 
secours.  C'est  tout  autre  chose  quand  l'eau 
contient  du  chlorure  de  calcium  ,  pxiisque 
les  matières  combustibles  ne  sont  presque 
jamais  entassées  comme  l'exige  le  coke  pour 
brûler.  M.  G.  fait  remarquer  en  terminant 
que  sou  procédé  ne  manque  plus  que  de  la 
sanction  que  donnent  les  expériences  faites 
en  grand,  expériences  pour  lesquelles  il 
aurait  besoin  de  l'autorisation  du  gouver- 
uemeiit. 

POMME  DE  TERRE. 

Cette  plante,  vulgairement  nommée  pom- 
me de  terre  en  France,  cipotafoe  en  Angle- 
terre, paraît  originaire  de  Virginie ,  l'un  des 
États-Unis  de  l'Amérique.  On  en  a  trouvé 
aussi  dans  les  ravins  à  Valparaiso,  à  Monte- 
Video.  Elle  arriva  aux  régions  équatoriales, 
en  Italie,  s'introduisit  en  AîlemagnCj  puis  en 
Espagne,  de  là  enîrlande  et  dans  toute  l'An- 
cleterre.  —  Vers  la  fin  du  seizième  siècle,  la 
pomme  de  terre  fut  importée  d'Italie  en 
France  ;  on  la  planta  en  Fruuche-Gomlé  d'à- 


200 

bord,  puis  en  Bourgogne,  mais  bientôt  un 
préjugé  se  répandit  contre  ces  tubercules; 
on  prétendit  qu'ils  pouvaient  donner  la  lè- 
pre, leur  usage  fui  défendu,  et  Ton  cessa  de 
les  cultiver.  Ce  fut  en  1785  que  Parmentier 
fit  le  plus  d'efforts  pour  démontrer  les  avan- 
tages que  peuvent  offrir  les  emplois  de  la 
pomme  de  terre.  Des  calamités  de  toute  na- 
ture, en  1786,  imprimèrent,  à  la  culture  de 
celle  plante,  un  certain  élan  qui  fut  encore 
excité  par  un  stratagème  industrieux.  On  se 
rappelle  que  Parmentier  fit  garder  par  des 
gendarmes  un  cbamp  planté  de  pommes  de 
terre,  dans  la  plaine  des  Sablons,  afin  de 
donner  l'envie  d'en  dérober  :  son  but  fut 
atteint.  On  sait  avec  quelle  distinction 
Louis  XVI  accueillit  le  philantrope  et  son 
utile  plante. 

L'bistoire  de  la  pomme  de  terre,  sous  le 
rapport  de  ses  applications,  offre  une  foule 
de  détails.  Pour  celle  culture,  on  peut  allé- 
ger les  terres  trop  fortes  avec  des  cendres 
de  bouille,  des  terres  sableuses,  du  fumier 
de  filière  à  longue  paille;  améfiorer  les  ter- 
res trop  sableuses  avec  de  la  marne,  des  ar- 
giles plastiques,  des  dépôts  d'égout.  La 
plantation  de  ces  tubercules  a  fieu  ordinai- 
rement dans  les  quinze  derniers  jours  de 
mars  ou  les  premiers  d'avril,  sur  des  terres 
qui  ont  porté  de  l'orge  coupé  en  vert  oti  da 
trèfle.  On  peut  obtenir  ainsi  deux  bonnes  ré- 
colles par  an.  Le  labour  est  peu  de  chose. 

Un  fait  constant  aujourd'hui,  c'est  que  la 
pomme  de  terre  nous  a  mis  pour  toujours  à 
l'abri  des  atteintes  de  la  disette.  Ce  que  tout 
le  monde  ne  veut  pas  encore  savoir,  c'est  le 
profit  réel  qu'on  en  tire,  comparativement  à 
d'autres  produits.  Un  hectare  de  terre,  cul- 
tivé en  céréales,  donnera  550  fr.  Les  frais  de 
culture  sont  d'environ  400  fr.  ;  le  bénéfice 
net  de  150  fr.  ~  Eu  pommes  de  terre,  le  mê- 
me terrain  donne  un  produit  brut  de  866  fr.; 
déduisant  les  frais,  500  fr. ,  reste  366  fr.,  bé- 
néfice auquel  il  conviendrait  d'ajouter  quel- 
que chose  pour  la  valeur  des  fanes  réduites 
en  fumier  ou  en  cendres,  et  pour  le  bon  étal 
dans  lequel  le  terrain  est  laissé  après  la  ré- 
colte. 

Avec  la  pomme  de  terre  on  obtient,  en 
matière  nutritive  sèche,  pour  la  même  sur- 
facA  Je  terrain,  plus  de  quatre  fois  davan- 
tage ^jue  le  blé;  sa  supériorité,  relativement 
à  la  nourriture  de  l'homme,  est  donc  incon- 
testable. Il  n'en  faut  pas  tirer  la  conséquen- 
ce, toutefois,  que  le  fermier  devrait  renon- 
cer à  cultiver  les  céréales.  En  économie  ru- 


rale, le  moyen  de  produire  beaucoup  est  de 
varier  les  cultures. 

Le  préjugé  contre  les  pommes  de  terre 
s'est  éteint;  mais  il  en  existe  encore  un  au- 
tre. C'est  que,  cueilfies  avant  leur  maturité, 
elles  sont  douées  de  propriétés  malfaisantes. 
Ne  sait-on  pas  que  les  habilans  de  la  campa- 
gne vont,  long-temps  avant  la  récolte,  arra- 
clier  des  pommes  de  terre  dont  ils  font  leur 
principale  nourriture?  Aucun  accident  fâ- 
cheux n'est  la  conséquence  de  l'usage  pres- 
que exclusif  de  ces  tubercules. 

Il  arrive  souvent  qu'on  se  laisse  surpren- 
dre dans  celte  culture  par  l'intempérie  des 
saisons;  de  là  il  résulte  des  quantités  de 
pommes  de  terre  attaquées  par  la  gelée  ou 
germées.  Long-temps  on  les  rejeta  comme 
sans  valeur.  Cependant,  à  l'aide  delà  râpe 
qui  les  réduit  en  pulpe,  on  en  obtient  autant 
de  fécule  que  si  on  les  avait  traitées  avant 
la  gelée.  Clouet  a  reconnu  que  ces  pommes 
de  terre  gelées  peuvent  encore  fournir  de 
l'amidon;  voici  le  moyen  qu'il  a  employé 
pour  l'extraire  :  on  fait  macérer  les  pom- 
mes de  terre  dans  l'eau;  on  les  écrase  sous 
un  pilon,  puis  on  les  abandonne  à  la  putré- 
faction spontanée;  lorsqu'elles  ont  été  suf- 
fisamment amollies  de  celle  manière,  on  les 
Iriture  de  nouveau,  et  l'on  forme,  avec  la 
pâle  ainsi  préparée,  des  pains  aplatis  que 
l'on  expose  au  soleil  :  leur  température  s'y 
élève  de  30  à  36  degrés,  et  la  fécule  amilacée 
se  détache  sous  la  forme  de  grains  brillans 
et  comme  nacrés  :  on  réduit  le  tout  eu  pou- 
dre. L'amidon  ainsi  obtenu  est  d'une  blan- 
cheur remarquable. 

En  vérité ,  si  la  pomme  de  terre  était  dé 
conservation  aussi  facile  que  le  blé ,  l'orge, 
l'avoine  et  les  autres  céréales,  sa  culture, 
infiniment  plus  productive,  la  ferait  préfé- 
rer dans  nombre  de  circonstances.  Le 
marc  de  pommes  de  terre  engraisse  éga- 
lement bien  les  moutens.  L'hiver,  la  farine 
de  celle  plante  est  précieuse  pour  la  nourri- 
ture des  lapins,  des  chiens  et  des  chats.  On 
pourrait  alimenter  les  volailles  qui  coûtent 
toujours  plus  qu'elles  ne  rapportent ,  avec 
trente  livres  de  gruau  pour  cent  poules. 
Chaque  œuf  ne  reviendrait  ainsi  qu'à  3  c. 
en  tout  temps.  La  pomme  de  terre  s'incor- 
pore dans  le  plâtre  et  forme  avec  ce  mélan- 
ge, un  enduit  peu  altérable?  C'est  à  M.  Ca- 
del-de-Vaux  que  nous  sommes  redevables 
de  cette  idée  comme  aussi  de  celle  d'une  pein- 
ture en  détrempe  avec  la  pomme  de  terre 
cuite,  épluchée,  écrasée,  délayée  avec  du 
blanc  d'Espagne.  11  a  également  proposé  le 


premier  ce  tubercule  pour  remplacer  le  sa- 
von dans  le  blanchissage  du  linge.  On  empâte 
les  parties  sales  en  les  frottant  avec  de  la 
pomme  de  terre  épluchée  et  modérément 
cuite. 

L'extraction  de  la  (écule  des  pommes  de 
terre  est  une  opération  fort  connue  et  fort 
simple.  Dansl'économie  domestique,  on  em- 
ploie la  fécutepour  suppléer  à  la  farine  de 
froment.  Cet  aliment,  plus  facile  à  apprêter 
est,  sans  doute,  moins  nourrissant ,  mais  il 
se  digère  plus  facilement;  et,  sous  ce  rap- 
port, convient  mieux.  Peu  différent  du  la- 
pioka,  il  peut  servir  aux  mêmes  usages. 

La  conversion  de  la  fécule  en  sucre,  indi- 
quée d'abord  par  Kirckoff ,  est  restée  long- 
temps un  procédé  de  laboratoire,  qu'en  vain 
l'on  a  espéré  porter  au  degré  de  perfection, 
qui  était  de  produire  une  substance  identi- 
que avec  le  sucre  des  cannes  et  des  bette- 
raves, ou  remplacer  ces  produits  dans  leurs 
principaux  emplois.  Cependant  l'utilité  du 
sirop  de  pommes  de  terre  est  suffisamment 
établie  dans  d'autres  applications,  pour  que 
l'on  doive  regarder  cette  branche  d'industrie 
comme  très  importante,  l'une  de  celles  aux- 
quelles la  pomme  de  terre  doit  sa  plus  gran- 
de consommation.  On  a  long-temps  cherché 
les  moyens  d'obtenir  le  sucre  d'amidon,  sous 
la  forme  du  sucre  de  cannes,  en  pains  ou  en 
cristaux  prononcés-,  mais  non  seulement  la 
forme ,  mais  encore  la  saveur  beaucoup 
moins  sucrée  du  sucre  d'amidon  n'ont  pas 
permis  de  le  substituer  à  la  canne  et  à  la 
betterave.  L'emploi  le  plus  important  en  si- 
rop de  fécule  est  daos  la  fabrication  de  l'al- 
cool; on  fait  aussi  un  assez  grand  usage  de 
ce  sirop  pour  la  préparation  du  vinaigre 
blanc.  Lorsque  l'orge  et  les  autres  graines 
céréales  sont  à  un  prix  un  peu  élevé,  l'em- 
ploi du  sirop  de  fécule  présente  des  avanta- 
ges marqués  aux  brasseurs.  On  peut  aussi, 
lorsque  le  miel  et  la  mélasse  sont  chers,  sub- 
stituer à  ces  substances  le  sirop  de  fécule 
dans  la  fabrication  du  pain  d'épice,  et  peut- 
être  aussi  dans  la  nourriture  que  l'on  donne 
l'hiver  aux  mouches  à  miel. 


301 

Le  sirop  de  fécule  a  été  appliqué  par  nous 
avec  succès  et  avec  une  écouomie  marquée 
à  la  préparation  d'un  cirage  pour  les  chaus- 
sures. Dans  cette  opération,  l'acide  sulfuri- 
que,  employé  à  la  ^accharificatiou,  est  en- 
core utile  pour  réagir  sur  le  noir  d't- 
voire. 

La  pomme  de  (erre,  soumise  à  l'action  de 
la  presse  et  amenée  à  l'ébuUition,  donne  une 
belle  couleur  grise  inaltérable.  De  sa  fleur, 
on  tire  une  couleur  jaune  aussi  durable  que 
brûlante.  En  plongeant  dans  une  teinture 
bleue  le  fil  qui  a  été  immergé  dans  ce  jau- 
ne, on  lui  fait  acquérir  une  couleur  verte 
d'une  solidité  garfaile. 

C'est  à  M.  Moris  qu'est  dû  l'emploi  du  li- 
quide contenu  dans  les  pommes  de  terre 
pour  nettoyer  diverses  étoffes,  et  particu- 
lièrement l'es  tissus  de  coton,  de  laine  et  de 
soie.  Dans  la  fabrication  delà  soude  encore, 
le  solanum  donne  des  sels  convenables  au 
blanchiment  et  préférables  aux  soudes  que 
nous  lirons  à  grand  prix  de  l'étranger. 

Nous  avons  dit,  en  commençant,  que  l'u- 
sage de  la  pomme  de  terre  fut  long-temps 
regardé  en  France  comme  pernicieux,  cau- 
sant des  maladies  graves.  Cette  fausse  idée 
a  été  détruite  par  les  faits;  mais  combien 
la  découverte  d'une  application  de  co  tuber- 
cule au  scorbut  doit-elle  inspirer  de  recon- 
naissance pour  le  zélé  Parmenlier.  Oui,  la 
pomme  de  terre  est  un  excellent  m^yen 
thérapeutique  contre  les  atteintes  scorbuti- 
ques. Les  marins  qui  ont  voyagé  dans  les 
Indes  assurent  que  les  indigènes,  en  s'em- 
barquant,  ne  manquent  jamais  de  s'appro- 
visionner de  ce  tubercule,  qui  leur  sert  à  la 
fois  d'aliment  et  de  préservatif  contre  cette 
horrible  maladie. 

Voilà  tout  ce  qu'une  plante  peut  conte- 
nir de  bienfaits.  Il  semble  que  la  pomme  de 
terre  doive  suffire  à  tous  les  besoins  de 
l'homme.  Après  y  avoir  béni  la  prévoyance 
paternelle  de  Dieïi,  on  ne  peut  s'empêcher 
d'admirer  la  science  qui,  s'emparant  de  ce 
tubercule,  y  a  trouvé  comme  une  source 
inépuisable  de  richesses.         A.  Pavex- 


202 


KEPEETOmE  PROFESSIOÎVIXEL- 


I    AGRICULTURE. -IL  ARTS  LIBÉRAUX. -III.  COMMERCE. 


VAPEUR  APPLIQUÉE  A  L'AGRICULTURE. 

L'idée  (i'ane ferme  à  la  vapeur,  (Fuiie 
fcriiie  à  cuUivc/  par  la  vapeur  substituée 
aux  forces  animales,  a  élé  traitée  jusqulci 
(le  vision  et  d'absurdité  par  tout  le  monde, 
f-i  { on  en  excepte  quelques  personnes  et 
quelques  sociétés  d'agriculture  qui  ont  sou- 
tenu dans  des  publications  la  possibilité  et 
Timportance  de  l'application  de  la  vapeur^ 
iiux  opérations  les  plus  difficiles  du  labou-^ 
rage  de  la  terre. 

Entin,  le  problème  a  fiiii  par  être  com- 
plètement résolu.  M.  Ilenlhcoat,  membre 
<lu  parlement  d'Angleterre,  l'injénieux  in- 
venteur de  la  macbinc  à  dentelles,  a  le  mé- 
rite d'avoir  conçu  et  exécuté  cette  nouvelle 
iipplication  de  la  science  mécanique  à  l'aug- 
mentation dos  ricbcsscs  de  son  pays.  Sa 
première  machine  a  été  construite  spéciale- 
ment pour  le  labourage  de  terres  maréca- 
geuses, et  a  été  employée  avec  succès,  il  y  a 
déjà  quelques  mois,  dans  le  Lancashircet  à 
Jied-Moors,  près  de  ïîotton-le-Moors. 

Pendant  les  vacances  de  Pentecôte  du 
parlement,  un  nombre  considérable  de  per- 
sonnes des  diverses  parties  du  pays  se  sont 
réunies  pour  assister  à  une  expérience  de 
cette  invention  nouvelle  et  intéressante. 
Deux  charrues  de  ditlérenlcs  constructions 
ont  fonctionné  à  l'admiration  des  spectateurs 
et  particulièrement  la  charrue  d'invention 
la  plus  récente,  qui  fait  double  fonction  et 
se  trouve  construite  avec  deux  contres  sur 
Je  même  plan,  de  sorte  qu'elle  tourne  seule 
quand  elle  arrive  au  bout  du  sillon  et  en 
reprend  un  nouveau  sans  aucune  perte  de 
temps.  Le  mécanisme  parfait  dccelle  char- 
rue, l'action  des  contres  cl  des  sous-cou  1res, 
disposés  de  manière  à  couper  toutes  les  ra- 
cines qu'ils  rencontrent,  la  largeur  et  la 
profondeur  des  sillons  ,  la  facilité  avec  la- 
quelle on  conduit  cette  cliarrue,  oui  vive- 
ment intéressé  les  si)cclaleurs. 

La  vitesse  du  travail  de  la  charrue  est  de 
2  1/2  milles  (5/G  de  lieue  de  Jirabant)  par 
heure,  creusant  des  sillons  de  18  poucc*>  (an- 
glais) de  large  et  de  9  j)oucesdo  profondeur. 
Chaque  sillon  est  de  220  aunes  yards)  de 
ongueur,  11  est  tracé  en  un  peu  i^ioins  de 


trois  minutes;  déserte  qu'en  un  jour,  à  rai- 
son de  12  heures  de  travail,  une  machine  à 
deux  contres  peut  labourer  dix  acres  (bou- 
niers  de  terre). 

La  machine  qui  porte  rappar.eil  à  vapeur 
est  elle-même  locomotive;  mais  comme  les 
charrues  sonl  mues  à  angle  droit  de  la  ligne 
de  direction  et  non  traînées  après  la  ma- 
chine, celle-ci  «'aqu''à  se  mouvoir  sur  la  lar- 
geur d'un  sillon,  c'est-à-dire  sur  18  pouces, 
tandis  que  les  charrues  parcourent  un  quart 
de  mdlejen  d'autres  termes,  la  machine  n'a 
qu'à  se  mouvoir  sur  la  longueur  d'un  sillon, 
c'esl-à-dirc  sur  18  pouces,  tandis  que  les 
charrues  parcourent  un  quart  de  mille-,  en 
d'autres  termes,  la  machine  n'a  qu'à  se  mou- 
voir sur  onze  aunes  pour  que  la  charrue  la- 
boure un  acre  de  terrain. 

La  machine  fonctionne  sans  que  la  terre 
soit  préparée  ou  aplanie  pour  son  chemin- 
On  peut  travailler  jusqu'à  la  force  de  50che- 
vaux  :  chaque  charrue  qu'on  y  adapte  dé- 
passe à  peu  près  la  force  de  12  chevaux.  11 
faut  huit  hommes  pour  le  service  delà  ma- 
chine fonctionnant  avec  deux  charrues. 

Ganaat  (  Allier.) -- m.  le  comte  de 
BdNîSEVAL  a  acheté  en  1829,  moyennant 
2(K),000  fr.,  la  terre  de  Lafond  d'Amberieu, 
arrondissement  de  Gannat;  elle  se  com- 
posait alors  de  1  hect.  en  prairie,  1  en  vignes, 
43  en  terres  labourables,  391  en  terres  in- 
cultes et  bruyères,  290  en  bois,  etc.:  au  total 
7i3  hectares,  et  elle  produisait  de  5  à 
0,000  fr.  de  revenu.  —  La  première  amélio- 
ration exécutée  par  M.  de  IL  a  élé  la  cons- 
truction dune  route  à  la  Mac-Adam  qui  a 
5,000  mètres  de  longueur,  et  qui  a  exigé 
des  coupures  profondes  et  l'établissement 
d'un  pont  sur  la  rivière  d'Andelot.  —  En 
1829,  il  n'existait  sur  le  domaine  que  3  mé- 
tairies, dont  une  abandonnée;  le  régime  de 
culture,  consistant  dans  un  assolement 
triennal,  laissait  en  friches  pendant  de  lon- 
gues années  la  plus  grande  partie  des  ter- 
res :  M.  de  B.  a  construit  28  petites  métai- 
ries à  bras ,  composées  chacune  d'une 
maison  à  2  chambres,  2  étables,  l'une  pour 
les  moulons  et  la  porcherie,  l'autre  pour 
une  vache  et  deux  suivans;  il  y  a  apjjelé 
des  colons,  leur  a  donné  des  cheptels,  et  di- 


visant  entre  eux  8'<  hectares  déterres  nou- 
vellement défrichéci;,  il  a  affecté  à  chaque 
inélairie  3  heclaros,qui  sont  ainsi  assolées  : 
114  eu  blé,  1i'<  en  orge,  1(4  en  récoltes 
sarclées,  li'i  en  trèfle;  la  moitié  est  labou- 
rée à  la  bêche;  la  sole  destinée  à  Forge  est 
fumée  au  printemps,  celle  du  l)lé  à  Tau- 
tomne;  le  Irèfle  est  semé  au   printemps; 
on  le  plâtre  à  demi  à  sa  naissance,  réser- 
vant l'autre  demi-plâtrage  pour  le    mois 
d'octobre.  M.  de  B.  est  promplement  ar- 
rivé à  ces  résultats  par  l'emploi  de  la  chaux 
et  du  sable,  pour  donner  à  ses  terres  ar- 
?;ileuses,  naturellement  froides  et  humides, 
la  chaleur  qui  leur  manquait,  et  pour  les 
diviSiM-;.pour  cela,  il  forme  un  compost  de 
i  hectolitre  de  chaux  mêlé  à  deux  charges 
à  cheval  de  sable,  et  il  le  prépare  un  an 
d'avance  pour  le  répandre  en  même  temps 
que  l'engrais;  ce  compost  coûte  i2W)  fr.  par 
hect.,  et  dure  6  ans.  Les  métayers  des  lo- 
caleries  se  servent   de  la  petite  charrue 
araire  du  pays,  et  sont  tenus  de  se  prêter 
réciproquement  leur  vache ,  à  tour  de  rôle, 
pour  les  attelées.  Leproduitde  chacune  de 
ceslocatcriesestde  580  fr.,  dont  la  moitié  , 
pour  le  propriétaire,  est  de  290  fr.,  ce  qui 
fait  %  fr.  66  c.  par  hect. — Une  grande 
partie  des  terres  de  Lafont,  très  argileuses, 
étaient  souvent  noyées  une  partie  de  l'an- 
née; M.  de  B.  en  a  opéré  le  de>^séchement 
au  moyen  de  biilous  eu  ados  à  raies  ou- 
vertes, souvent  combinés  avec  des  couli.sses 
ou  fossés  couverts  qu'il  payait  20  à  25  c. 
le  mètre  courant. —  ?d.  de  B.  a  inventé  un 
mode  tout  à  fait  nouveau  pour  former  ses 
trétlières  :  il  fait  consommer  à  ses  bestiaux 
la  dernière  coupe  des  trèlles,  lorsqu'ils  sont 
en  graine;  les  engrais  qu'il  obtient  alors,  et 
qu'il  fait  mettre  à  part  pour  les  terres  à 
emblaver  eu  blé,  contieuneut  une  grande 
quantité  de  graines  qui  ont  passé  dans  le 
corps  des  animaux  saus  être  altérées ,   cl 
qui  donnent  après  la  récolte  du  blé  une 
bonne  première  coupe  de  trèfle,  sans  qu'il 
ait  été  besoin  de  le  semer  ni  de  le  plâtrer; 
l'année  suivante  on  eu  obtient  une  deuxième 
coupe,  et  souvent  la  troisième  est  eufouie 
pour  engrais;  cette  méthode  a  obtenu  le 
plus  grand  iticcès  dans  tout  le  pays. — 
Quelques  portions  du  dû»iiaiae,  dont  le  sol 
est  très  caillouteux,  ne  permettaient  pas 
d'obtenir    des   prairies   saus    irrigations  : 
M.  de  B.,  pour  s'en  procurer,  construisit 
dans  les  noues  des  côlcs  élevées ,  d'après 
la  méthode  deCareai),  des  digues  et  chaus- 
sées contre  lesquelles  les  eau^  des  pluies, 


203 
des  fontes  de  neige  et  deâ  gourcc<;  vicnueul 
de  toutes  parts  se  réunir  pour  formor  deux 
réservoirs  contenant  euvirou  80,000  mèlres 
cubes  d'eau,  qui  lui  permettent  d'arroger 
40  hectares  de  prairies  naturelles,  daus  des 
endroits  qui  n'étaient  occupés  naguère  que 
par  des  bruyères  stériles;  ces  W  hectares 
ont  produit  en  1835  cent  milliers  de  foin 
qui,  à  40  fr.,  prix  du  pays,  donnent  uu  re- 
venu de  4,000  fr.,  et  de  100  fr.  par  hectare; 
la  dépense  totale  de  cette  opération  a  été  de 
20,000  fr.  —La  plantation  en  vignes  des  ter- 
res non  susceptibles  de  produire  des  céréales 
est  d'autant  plus  remarquable,  qu'elle  a  été 
faite  dans  uu  sol  couvert  de  cailloux  roulés 
mêlés  de  sable  légèrement  argileux,  et  re- 
couvrant uu  sous-sol  presque  partout  argi- 
leux :  le  plant  préféré  est  le  gros  et  le 
petit  lyonnais,  qui  ont  l'avantage,  eu  cas  de 
gelée,  de  reforiuer  des  bourgeons.  Les  28!iect. 
ain.si  plantés  ont  étédiviscs  par  des  raies  ou- 
vertes eu  carreaux,  dont  l'étendue  a  été  cal- 
cuîéed'aprèslelravaild'unejournée,desorle 
qu'on  ne  les  donne  jamais  à  cultiver  saus  sa- 
voir ce  qu'il  eu  coûtera  ;  chacun  de  ces  car- 
reaux est  lui-même  divisé  ea  5  parties ,  par 
des  raiesdedesséchement.  M.  de  B.  a  loué 
ces  vignes  à  moitié  fruit  â  ses  locateries. 
Cette  opération  a  coûté  20,000  fr.,  et  pro- 
duira au  minimum  un  revenu  net  de  6  fr. 
par  carreau,  ce  qui  donne  3,000  fr.  pour 
les  500.  En  résumé,  la  terre  d'Amberieu, 
qui  rapportait  à  peine,  en  1829,  de  5  à 
6,000  fr,  a  été  achetée.     .     .    200,000  1". 
Les  nouvelles  constructions  sur 
les  grauds   domaines,   celles 
des  28  locateries  etleurs  chap- 

tels,  ont  coûté 50,000 

La  plantation  des  28  hect.  de 

vignes 20,000 

Les  travaux  pour  Tirrigation  et 
la  formation  de  40  hect.  de 
prairies  naturelles.      .  .     20,000 

La  coufectiou  de  la  roule  et  du 

pont 10,000 

Les  clôtures  des  domaines  et  lo- 
cateries  6,000 

Les  fossés  de  dessèchement,  ri- 
goles et  coulisses 5,000 

Les  plantations  de  60,000  pieds 

d'arbres  et  celles  de  bois.  .  25,000 
Ce  qui  donne  pour  une  dé- 
pense totale  de  ...  .  336,000  f. 
uu  reveau  déjà  positif  de  22,0(X),  et  qui  ne 
peut  manquer  de  s'augmenter  encore.— 
<^es  améhorations  sont  si  importantes,  elles 
peuvent  servir   de  modèle  pour   tant  de 


204 

lieux,  elles  prouvent  si  bien  les  avantages 
de  confier  avec  discernement  des  capitaux 
à  la  terre,  qu'on  ne  trouvera  pas  que  nous 
ayons  donné  trop  de  détails  sur  ces  utiles 
travaux.  Qu'on  achète  donc  des  terres,  non 
sur  le  taux  du  revenu  actuel,  mais  d'après 
celui  qu'on  pourra  obtenir  en  ajoutant  au 
prix  d'acquisition  une  somme  souvent  égale 
ou  de  moitié  en  améliorations  productives. 
La  Société  centrale  d'agriculture  a  décerné 
à  M.  de  13.  la  grande  médaille  d'or  et  le 
titre  de  correspondant.  (Vicomte  IIÊricart 

DE  ThURY.) 

PROPRIÉTAIRES  RURAUX  :  Culture  du 

sorgho. 

M.  Bavie,  à  qui  on  devait  déjà  la  culture 
en  grand  du  colza,  vient  de  doter  la  Tou- 
raine  d'une  plante  non  moins  utile,  du  sor- 
gho, plante  originaire  de  l'Inde  et  connue 
seulement  dans  le  midi  de  la  France. 

Il  apprit  à  la  semer  sur  le  fumier  même, 
qu'on  recouvrait  ensuite  de  terre,  pour  rem- 
placer, pour  ainsi  dire ,  la  chaleur  des  cli- 
mats où  elle  se  trouve  en  abondance. 

Il  a  appris,  tandis  qu'elle  croissait,  à  la 
débarrasser  d'une  partie  de  ses  feuilles,  pour 
la  réchauffer  plus  facilement  aux  rayons  du 
soleil;  et  dans  ces  feuilles ,  nuisibles  à  la 
plante,  les  vaches  trouvaient  une  excellente 
pàlure  pendant  la  sécheresse  de  Tété. 

La  plante  une  fois  mûre,  ou  on  coupait  les 
panicules  pour  en  fabriquer  ces  balais  qu'em- 
ploient presque  toutes  nos  ménagères;  d'a- 
bord on  en  avait  détaché  la  graine  pour  en 
faire  un  pain  succulent  dont  se  nourrissent 
avec  plai.sir  et  la  volaille,  et  le  cheval,  et  le 
porc  lui-même,  qui  s'en  engraisse  encore 
plus  promplement  que  des  pommes  de 
terre. 

Dansl'extrémitédescs  panicules,  ou  trou- 
vait des  brosses  propres  à  plus  d'un  usage; 
des  rognures  du  bas  on  obtenait  un  engrais 
qui  semblait  donner  à  la  (erre  une  nouvelle 
vie,  et  de  la  partie  de  la  plante  restée  sur  le 
sol  on  pouvait  enfin  chauffer  le  four  dans  les 
campagnes. 

Pour  faire  profiter  un  plus  grand  nombre 
des  avantages  que  procure  le  sorgho,  M. 
liaviefit  cette  culture  par  souscription,  quoi- 
que celle  manière  d'opérer  soit  et  plus  péni- 
ble e(  plus  coûteuse.  Il  garantit  aux  proprié- 
taires des  bénéfices  certains ,  et  parvint  à 
obtenir  d'eux  qu'ils  consacrassent  à  celle 
spéculation  une  parlie  de  leurs  lerres  les 
plus  riches. 


Le  succès  dépassa  l'espérance.  Aussi  cette 
culture  a-t-elle  pris  la  plus  grande  exten- 
sion, et  bientôt  la  fabrique  de  balais  que  nous 
devons  à  M.  Bavie  fut  suivie  d'une  seconde, 

MainlenantqueM.  Bavie  a  enrichi  la  Tou- 
raine  de  toutes  ces  ressources,  une  autre 
plante  a  fixé  son  attention;  il  cultive  le 
colza.  Mais  une  méthode  inusitée  va  diriger 
ses,travauxdéjàlrcis  cents  propriétaireSjCon- 
fians  dans  son  expérience ,  vont  l'aider  de 
leurs  terres  et  de  leurs  bras,  et  ils  auront 
gagné,  en  quittant  leurs  anciennes  habitu- 
des, de  voir  leurs  produits  f^lus  que  doublés. 

Ce  n'est  pas  tout  encore.  M.  Bavie  ne  veut 
pas  abandonner  ceux  qui  auront  suivi  ses 
conseils.  Cette  graine  ne  sortira  point  du 
pays.  Il  doit,  dit-on,  créer  à  Tours  une  usine 
eu  grand  pour  la  fabrication  des  huiles,  et 
nous  cesserons,  sous  ce  rapport,  d'être  tri- 
butaires des  départemens  qui,  jusqu'à  ce 
jour,  nous  les  avaient  fournies. 

L.  d'Indre-et-Loire. 

Vigne.  —  (  Engrais.  —  Amendement  pour  la 
culture  de  la  ) 

On  sait  quels  sont  les  inconvéniens  des  en- 
grais animaux  et  quelle  est  la  supériorité,  pour 
la  vigne,  des  engrais  végétaux,  en  no  désignant 
du  reste  que  les  bruyères.  Cette  méthode  est 
assez  communément  en  usage  sur  les  points 
où  la  proximité  des  terrains  couverts  de 
bruyères  pour  que  cet  engrais  soit  employé 
avec  profit. 

M.  de  Baurcgard,  de  Maine-et-Loire,  a  cher- 
ché à  substituer  des  végétaux  plus  à  la  portée 
des  propriétaires  ;  il  a  d'abord  jeté  les  yeux 
sur  l'épine  noire,  si  commune-,  d'une  si  mince 
valeur  et  dont  le  tissu  ligneux  est  si  serré.  Il 
a  pensé  aussi  qu'on  pourrait  y  joindre  l'au- 
bépine, qui  possède  les  mêmes  qualités,  et  des 
arbustes  plus  tendres,  tels  que  l'églantier,  la 
bourdaine,  même  des  ronces,  pour  que  l'effet 
en  fût  phis  sensible  dès  la  première  année  par 
la  décomposition  de  ces  dernières.  Il  avait 
une  vigneaux  troisquarls  détruite  par  l'inertie 
du  sol  le  plus  ingrat,  formé  à  sa  surface,  et 
dans  une  épaisseur  de  7  àS  pouces,  d'une  terre 
siliceuse,  qui  avait  déjà  fourni  bien  des  tom-  " 
berées  de  pierres  pour  l'entretien  des  routes  ; 
la  seconde  couche,  à  peu  prés  de  la  même 
épaisseur,  en  larges  pierres  plates,  sous  les- 
quelles se  trouvait  un  argile  rouge,  mêlée  de 
gravier,  laquelle  indique  une  nature  de  terre 
éminemment  propre  à  la  qualité  du  vin  :  c'est 
du  moins  l'opinion  de  tous  les  vignerons. 

Un  de  mes  ouvriers,  qui  travaillait  à  celle 
vigne,  lui  avaitdit  que  c'était  la  troisième  fois 
qu'il  la  voyait  planter.  Il  s'agissait  donc  de 
s'y  prendre  de  manière  à  ce  que  personne  dans 
le  pays  ne  put  la  voir  planter  une  quatrième 
fois.  En  conséquence,  il  lit  faire  de  petits  fossés 


de  25  ;i  26  pouces  de  l.ir^'C  sur  13  à  14  de  pro- 
fondeur, pour  y  planter  la  vig:ne,  et  on  rem- 
plaça les  pierres  par  «n  bon  lit  de  bruyère- 
Cette  méthode  est  fort  ancienne  et  les  bons 
effets  en  sont  constates  depuis  lonpf-temps. 
Trois  ans  après,  comme  elle  avait  besoin  d'être 
provipfnée,  il  fit  ouvrir  la  terre  non  remuée 
qui  se  trouve  entre  chaque  fossé  de  la  même 
profondeur  ;  et  ce  fut  alors  qu'il  plaça  une 
couche  do  bourrées  comme  il  l'a  expliqué 
plus  haut,  d'une  épaisseur  toile  qu'elle  put  être 
recouverte  de  six  pouces  de  terre. 

Depuis  ce  temps,  cette  vigne  a  fait  de  tels 
progrès  que  tous  les  paysans  qui  l'ont  vue  en 
ont  été  dans  l'admiration  ;  mais  c'est  surtout 
un  fossé  planté  deux  ans  après,  avec  du  plant 
en  état  de  crochet,  c'est-à-dire  sans  racine, 
sur  une  épaisse  couche  de  branches  de  gené- 
vrier, qui  mérite  le  plus  de  fixer  l'attention 
do  l'observateur.  Planté  en  même  temps  qu'un 
autre  fossé  sur  couche  de  bruyère,  et  ce  der- 
nier en  plant  chevelu  de  trois  ans,  il  le  sur- 
passe en  vigueur  de  végétation,  et  offre  déjà 
quelques  grappes  magnifiques,  quoique  seule- 
ment à  son  troisième  bourgeon. 

L'année  suivante,  il  substitua  par  la  facilité 
de  se  les  procurer,  dos  élargeures  de  jeunes 
pins  aux  bourrées  d'épines  et  autres  arbustes, 
ne  renonçant  qu'avec  regret  au  genévrier,  à 
cause  de  sa  rareté  ;  la  vigne  annonce  s'en 
trouver  également  bien. 

M.  de  Beauregard  eut  soin  de  faire  char- 
royer  et  enfouir,  aussitôt  qu'elles  ont  été  liées» 
le»  bourrées  de  diverses  natures  ;  car  c'est  un 
point  important  de  ne  point  les  laisser  sécher  ; 
plus  elles  sont  fraîchement  coupées,  et  mieux 
elles  valent  pour  cet  usage.  Ce  n'est  que  dans 
cet  état  de  choses  qu'il  s'établit  une  douce  fer- 
mentation qui  maintient  la  terre  dans  un  juste 
degré  de  chaleur  et  d'humidité  ;  et  ce  qui  m'a 
porté  à  dénommer  cet  engrais  encjrais-ameiv- 
dement,  c'est  la  faculté  qu'il  a  do  rendre  la 
terre  infiniment  plus  perméable  aux  influences 
de  l'atmosphère  et  plus  facile  à  travailler. 

CAROTTES—  (  culture  des  ),  d'après  le  pro- 
cédé de  M.  Bourgeois. 

Lorsque  la  terre  a  été  ameublie  par  des  la- 
bours aussi  profonds  que  le  permet  la  couche 
végétale,  et  par  des  hersages,  et  qu'elle  a  été 
débarrassée  d'herbes,  M.  Bourgeois  donne  le 
dernier  labour  à  la  profondeur  ordinaire  et  à 
9  à  lOpouces  delargeur,  en  ayant  soin  do  faire 
rayonner  la  charrue.  Immédiatc-ment  après, 
on  fait  passer  un  rouleau  qui  doit  cependant 
laisser  apercevoir  les  traces  des  rayons.  Il  cul- 
tive de  préférence  la  carotte  jaune  d'Achicourt, 
et  la  blanche  courte,  qui  qonvient  mieu:^  aux 
terres  où  la  couche  végétale  est  peu  profonde. 
Dix  livres  de  graine  sont  nécessaires  pour  un 
hectare.  On  la  sème  dans  les  rayons  par  pincée, 
et,  pour  l'enterrer  il  suffit  presque  toujours 
de  faire  passer  sur  le  champ  une  berse  avec 
des  branches  d'épine. 


205 
Il  taut  pratiquer  le  binage  aussitôt  que  les 
carottes  sont  sorties  de  terre  et  qu'elles  ont 
acquis  assez  de  force  pour  cette  opération. 
La  disposition  des  carottes  en  rangées  facilite 
beaucoup  le  binage  ;  on  peut  même  le  préparer 
on  cultivant  les  espaces  intercalaires  avecune 
binette  à  roulette. 

L'arrachement  est  l'opération  la  plus  coû- 
teuse dans  la  culture  de  la  carotte  ;  M.  Bour- 
geois le  pratique  au  moyen  d'une  charrue  or- 
dinaire dont  il  démonte  le  versoir  et  quelque- 
fois même  l'oreille,  et  il  fait  recourber  en  des- 
sous tout  le  tranchant  du  soc,  de  telle  sorte 
que  celui-ci  s'insinue  par  sa  pointe  entre  la 
racine,  et  opère  l'arrachement  en  faisant  hori- 
ïontalement  et  verticalement  l'effet  d'un  le- 
vier. La  tranche  de  terre  ne  se  renversant  pas, 
elle  retombe  dans  la  première  position  après 
avoir  été  enlevée  de  quelques  pouces,  et  les 
racines  qui  ont  été  soulevées  par  le  soc  ex- 
cédent alors  la  superficie  du  sol.  Des  femmes 
ou  dos  enfans  suivent  la  charrue  et  ramassent 
la  carotte. 

Pour  conserver  les  carottes  et  les  préserver 
surtout  de  la  pourriture,  il  faut  d'abord  ne 
les  arracher  que  quand  elles  ont  acquis  une 
complète  maturité  ;  avant  de  les  mettre  en 
magasin,  on  coupe  le  colîet,  que  l'on  donne 
immédiatement  aux  bestiaux  ;  on  les  place 
par  couches  d'un  piSd  et  demi  d'épaisseur, 
au  plus,  dans  un  bâtiment  dont,  autant  que 
possible,  les  ouvertures  doivent  être  exposées 
au  midi  ;  chaque  couche  est  séparée  par  un 
lit  de  bourrées  qui  établit  un  courant  d'air 
dans  le  las,  puis  on  recouA're  le  tout  de  paille 
ou  mieux  encore  du  grand  fumier  de  bajenes 
de  manière  à  ce  que  les  racines  ne  soient  pas 
en  contact  avec  l'es  murs.       ^ 

La  carotte  ne  contient  peut-être  pas  autant 
de  parties  nutritives  que  la  pomme  de  terre 
mais  elle  est  préférable  à  ce  tubercule,  en  ce 
sens  qu'elle  renferme  moins  de  cette  eau  de 
végétation  qui  compromet  la  santé  des  ani- 
maux. La  propriété  principale  de  la  carotte 
est  d'être  essentiellement  stomachique  ;  elle 
convient  particulièrement  aux  bêtes  à  corne, 
aux  moutons^  aux  porcs  et  aux  chevaux,  sur- 
tout aux  jumens  poulinières;  les  vaches  qui 
en  sont  nourries  ont  le  lait  d'un  goût  plus 
agréable  et  butireux,  et  le  beurre  est  d'une 
plus  belle  couleur. 

AR.ACACHA.  —  En  1835  et  1836,  nous  voyons 
paraître  pour  la  première  fois,  je  crois,  dans 
le  Bon  Jardinier,  Yaracacha.  Du  reste  M.  Poi- 
teau  à  l'air  de  ne  donner  cette  plante  que  pour 
mémoire,  car  ce  physiologiste  est  trop  instruit 
pour  ne  pas  savoir  à  quoi  s'en  tenir  sur  le 
chapitre  de  l'acclimatation.  Depuis  plusieurs 
années  MM.  "Vilmorin ,  Soulange-Bodin  et 
autres  se  sont  beaucoup  occupés  de  cette 
plante,  et  ils  conservent  encore  l'espérance 
de  X acclimater.  Yoyons  donc  ce  que  c'est  que 
Xaracacha. 


2ô6 

Oclte  pldiilc,  uracaciia  es<:uîeiiia  de  M.  d« 
CamloHo,  couinm  oracachadc  Ilooger,  appar- 
tient â  la  pontandrie  digyiiie  de  Linnée  et  à 
la  famille  des  orabcUifères  de  Jassieu.  Elle  es' 
cultivée  dans  la  Colombie,  au  Brésil,  dans  le^ 
Antilles,  et  en  général  dans  toutes  les  contrées 
les  plus  chaudes  de  l'Amérique  méridionale- 
Elle  produit  des  racines  tubéreuses,  charnues, 
ayant  à  peu  près  la  forme  et  la  grosseur  d'une 
cornede  vache,  alimentaires,  plutôt  compactes 
que  farineuses.  M.  Soulange-Bodin  dit, 'dans 
son  style  ordinaire,  que  «  les  habitans  doSau- 
ta-Fé  de  Bogota,  de  Caracas  et  des  provinces 
adjacentes  de  l'Amérique  du  Sud,  les  mangent 
avec  délices,  comme  ou  mariye  les  pommes  de 
terre.  ^^  Nous  félicitons  M.  Soulange  de  son 
goût  pour  les  pommes  de  terre,  mais  nous  ne 
pouvons  pas  partager  son  avis  lorsqu'il  ajoute 
que  l'introduction  de  l'aracacha  en  Europe 
sera  presque  aussi  avantageuse  que  celle  du 
tubercule  que  M.  Soulange  mange  avec  dé- 
lices. 

Du  reste,  la  culture  de  l'aracacha  a  été  déjà 
tentée  dans  plusieurs  jardins  de  l'Europe, 
avant  que  M.  Lechevalier  ait  essayé  de  l'ac- 
climater, et  c'est  lui  qui  nous  l'apprend  dans 
une  lettre  adressée  à  M.  le  comte  de  Chabrol, 
en  1828.  Il  en  a  été  envoyé  des  sujets  au  jar- 
din de  Kew  ,  où  ils  ont  crevé;  au  jardin  de 
la  société  d'horticulture  de  Londres,  où  ils 
ont  péri  ;  à  Hambourg,  où  on  n'a  pu  les  oon- 
scrver  ;à  Glascovv,  où  ils  ont  gelé  ;  nous  ajou- 
terons à  Liverpool,  où  ils  n'ont  pu  se  conserver  ; 
à  Genève  où  on  parvientàcn  conserver  quel- 
ques pieds  en  serre  chaude  ;  à  Montpellier, 
où  ils  sont  morts  sans  avoir  rien  produit,  et 
enfin  dans  le  jardin  de  31.  Soulange,  à  Fro- 
mont,  où  ils  n'ont  pu  réussir.  ÎS'éanmoins  31.  le 
propriétaire  rédacteur  des  annales  do  Fromont 
se  propose  de  renouveler  ses  tentatives  d'ac- 
climatation, et  nous  pensons  qu'il  réussira  in- 
dubitablement comme  il  a  réussi  avec  le  ca- 
mélia qui  devait  fournir  de  l'huile  d'olive 
aux  environs  de  Paris,  avec  la  vigne  d'ischia 
que  l'on  devait  vendanger  deux  fois  par  an 
en  Normandie,  etc.,  etc.  ;  néanmoins  nou» 
recommandons  aux  cultivateurs  de  ne  dépen- 
ser leur  argent  à  la  culture  de  cette  délicieuse 
racine,  qui  vaut  à  peu  près  nos  topinambours, 
que  lorsque  M.  Bodin  aura  réussi  dans  ses  expé- 
riences, et  en  attendant  nous  leur  conseillons 
de  lire   notre  article    sur   iacclimalation. 

Ce  qu'il  y  a  de  plaisant  c'est  que  le  cours 
complet  d'agriculture,  publié  par  31.  Pourrai, 
dit,  tome  2,  page  2G8,  que  les  pays  tempérés 
sont  ceux  qui  conviennent  le  mieux  à  la  cul- 
ture de  Vuracaclia.  Dans  un  prochain  nunu^ro, 
nous  rendrons  compte  de  ce  singulier  cours 
d'agriculture,  qui  ressuscite  Rozier,  et  toutes 
ses  vieilles  routines,  et  qui  a  la  naïveté,  ou 
plutôt  le  talent  de  coudre  ces  vieux  articles 
à  d  cxcellcus  articles  de  3I3I.  de  31irbcl ,  de 
jyiojOb'u<-'*,  Vaym   ci  Vatcl.  BQiT.VftP. 


AGRICULTURE.  —  Cavte  dafvointiit.  -  !l 
est  très  peu  de  localités  qui  n'aient  à  se  plain- 
dre celte  année  des  ravages  causés  par  la 
carie  aux  blés  fromens.  Cette  maladie,  con- 
nue aussi  sous  les  noms  de  noir ,  de  char- 
bon, etc.,  détruit  la  sui)stance  farineuse  des 
grains,  et  salit,  au  battage,  les  grains  sains 
d'une  poussière  noire  qui  en  diminue  beau- 
coup la  valeur  commerciale.  Elle  est  d'au- 
tant plus  redoutable  qu'elle  se  reproduit 
avec  les  semences  mises  en  terre ,  lorsque 
celles-ci  en  présentent  le  moindre  vestige. 

Parmi  les  substances  employées  depuis 
long-temps  comme  préservatifs  delà  carie, 
la  chaux  est  celle  qui  a  donné  les  résultats 
les  plus  satisfaisaus  ,  mais  le  chaulage ,  tel 
qu'il  est  exécuté  dans  les  campagnes,  n'est 
pas  d'une  efficacité  absolue,  et  Ton  voit  tous 
les  jours  des  blés  chaulés  donner  encore  à  la 
récolte  une  certaine  proportion  d'épis  ca- 
riés. On  doit  à  M.  de  Dombasle  la  connais- 
sance d'un  procédé  infaillible  contre  la  carie, 
à  tel  point  que  du  blé desemence,  quelqueiu- 
feclé  qu'il  soit  de  carie ,  ne  produit  jamais 
un  seul  épi  carié.  C'est  l'emploi  simultané 
du  sulfate  de  soude  et  de  la  chaux.  A  cette 
occasion ,  nous  nous  faisons  un  devoir  de 
donner  l'extrait  suivant  d'une  lettre  d'ua 
praticien  éclairé. 

26  juillet  1836. 

»  Depuis  plusieurs  années,  j'emploie  pour 
combattre  la  carie  du  blé  la  chaux  et  le  sel, 
daus  les  proportions  donnécspar  M.  de  Dom- 
basle. Cette  année,  j'ai  employé  le  sel  par  le 
sulfate  de  soude,  el  j'ai  procédé  ainsi  que 
l'indique  cet  auteur  dans  V Agronome  du 
mois  de  septembre  1835.  L'un  et  l'autre 
moyens  m'ont  parfaitement  réussi,  rouj- 
tant,  comme  celle  année  a  été  tr^  favora- 
ble au  développement  de  celte  maladie  dans 
nos  cantons,  je  regarde  cette  dernière  ex- 
périence comme  lout-à-fait  décisive,  car  je 
suis  à  peu  près  le  seul,  au  milieu  de  tous, 
qui  en  soit  complètement  préservé.  Les  per- 
tes causées  i)ar  ce  fléau  ne  sont  pas  moins 
grandes  que  celles  que  fait  éprouver  le  pa- 
pillon; les  produits  £ont ,  non  seulement 
comme  dans  ce  cas ,  dimiimés  ,  mais  aussi 
tellement  altérés  qu'ils  perdent  beaucoup 
de  leur  valeur.  Je  crois  que  ce  serait  ren- 
dre un  service  très  grand  aux  agriculteurs 
de  toutes  les  classes  que  de  répandre  parmi 
eux  la  connaissance  de  ce  fait,  qui  est  assez 
marquant  pour  les  engagera  profiter  de  l'u- 
tilc  dccouverle  de  M.  de  Dombasle.  » 

Le  procédé  dont  nyii§  \eaons  de  reii^j^ 


Compte  est  si  peu  coûteux  et  si  facile  dans 
son  emploi,  que  les  cultivateurs  ne  seraient 
pas  excusables  s'ils  n'en  faisaient  pas  usage. 
La  proportion  est  une  livre  et  un  quart  de 
sulfate  de  soude  et  de  quatre  livres  de  chaux 
pour  uD  hectolitre  de  blé  (8  boisseaux 
usuels).  Nous  reviendrons  en  temps  utile 
sur  cet  important  sujet,  et  nous  ferons  con- 
naître en  détail  la  manière  de  procéder  à  la 
préparation  du  blé  de  semence. 


EDUCATION   DES   VERS  A  SOIE. 

Graine  obtenue  en  totalité  dan$  un  seul  jour 
—  Education  en  21  jours.  —  Éclosion  de 
graine  conservée  22  mois. 

M.  Soulange-Bodin  vient  de  faire  un  nou- 
veau rapport  sur  les  travaux  de  magnanerie 
de  M.  Camille  Beauvais,  àquila  Société  d'en- 
couragement ,  sur  ce  rapport,  a  décerné  une 
nédaillc  d'or,  dans  sa  séance  du  C  juillet. 
Voici  l'énoncé  sommaire  des  nouveaux  progrès 
que  M.  Camille  Beauvais  a  fait  faire  cette 
année  à  l'art  du  magnanîer. 

Premièrement,  il  a  imaginé  un  moyen  simple 
que  l'expérience  conlirmera  sans  doute,  d'a- 
voir chaque  année,  et  presque  instantanément, 
de  la  graine  aussi  semblable  que  possible,  en 
âge,  en  vitalité  et  développement;  c'est,  au 
lieu  d'emplojer  comme  jusqu'ici,  pour  rece- 
Toir  la  ponte,  une  seule  toile  qui  reste  ex- 
posée, jusqu'à  la  fin,  à  une  température  de 

20  à  22  degrés,  au  grand  détriment  des  pre- 
mières graines  pondues  ;  c'est,  disons-nous, 
d'augmenter  le  nombre  des  c/i(?vrt?ers,  des  toiles 
et  des  cocons,  autant  qu'il  convient  pour  ob- 
tenir eu  un  seul  jour  toute  la  graine  néces- 
saire à  l'éducation  suivante.  Ce  ne  sera  pas, 
sans  doute  en  vain,  a  dit  M.  Soulange-Bodin, 
qu'on  aura  recherché  dans  la  régularité  et  la 
simultanéité  de  la  ponte  les  élémens  dune 
égalité  de  produits,  que  l'on  est  si  loin  de 
rencontrer  dans  le  procédé  ordinaire,  et  qui 
pourtant  doit  être  la  seule  base  solide  de  tous 
les  autres  pcrfeclionnemens. 

En  second  lieu,  M.  Camille  Beauvais  a  par- 
faitement réussi,  par  d'heureuses  combinai- 
sons de  température  élevée,  d'humidité  cl  de 
repas  l'réquens,  à  élever    des  vers  à  soie   en 

21  jours.  Cette  expérience,  qui  a  eu  lieu  par 
une  température  de  21  à  22  degrés,  a  eu  le 
plus  complet  succès.  C'est  un  véritable  service 
rendu  par  lui  au  pays,  que  d'avoir  démontré 
)a  possibilité,  la  facilité,  pouvons-nous  dire, 
d'éducations  accélérées  ;  elles  rendront  plus 
faciles  les  éducations  multiples,  et  auront  aussi 
une  heureuse  influence  sur  la  reproduction 
de  la  feuille.  Le  résultat  de  cette  belle  expé- 
rience a  donné  une  proportion  de  18>  livres 
de  cocons  pour  2,000  livres  de  feuilles.  L'au- 
teu  croit  qu'on  rpeut  l'accomplir  en  18  jour.-. 
Le  tube  intérieur  de  l'insecte  ainsi  traité  est 
si  vivement  excité  que  les  vers  ont  reçu  48  re- 
pas le  premier  jour  de  leur  existence,  30  1e 


207 
second,  2'(  le  troisième,  ensuite  12  par  jours, 
pour  tout  le  restant  do  iein-  éducaliori.  Ces 
repas  lég(Ms  et  l'iéquens  donnent  une  litière 
plus  ferme,  plus  unie,  plus  saine.  Les  vers  ne 
mangent  pas  davantage,  mais  ils  mangent  plus 
également,  et  ils  mangent  tout. 

En  troisième  lieu,  M.  Camille  Beauvais, 
après  huit  ans  d'essais  infructueux,  est  par- 
venu à  faire  éclore  de  la  graine,  qui  avait  été 
conservée  pendant  22  mois  dans  la  glacière 
de  Neuilly.  Son  moyen  de  succès  a  été  dans  la 
combinaison  calculée  d'une  température  de 
20  degrés,  et  d'une  humidité  voisine  du  point 
de  saturation.  L'éclosion  a  été  aussi  parfaite, 
aussi  fructueuse,  et  au  moins  aussi  prompte 
que   dans  les  éducations  ordinaires. 

M.  Camille  Beauvais,  enfin,  entreprend  une 
seconde  éducation  qui  va  être  faite  avec  des 
feuilles  de  mûrier  muUicaulc  exclusivement. 
Il  a  eu  cette  année  la  satisfaction  de  pour- 
suivre ses  expériences  devant  vingt- huit  élèves 
de  tout  âge,  de  tout  état  et  de  tout  pays,  ac- 
courus aux  bergeries  pour  le  voir  pratiquer, 
et  l'entendre  professera  la  fois,  tout  en  l'aidant 
dans  ses  travaux,  et  en  contribuant  de  toute 
leur  force  et  de  tout  leur  dévouement  à  la 
prospérité  d'un  établissement  devenu  modèle 
dans  l'une  des  plus  importantes  spécialités  d(3 
notre  agriculture,  et  destiné  à  résoudre,  sans 
doute  dans  le  sens  des  espérances  publiques, 
la  grande  question  de  la  réintroduction  de 
l'industrie  de  la  soie  dans  les  départemens  du 
centre,  question  qui  se  rattache,  avec  celle 
du  sucre  indigène,  aux  grands  intérêts  agri^ 
cotes  du  pays. 


CULTURE  de  la  betterave. 

—  Il  résulte  d'expériences  faites  et  re- 
cueillies par  M.  Chevalier  que  tous  les  en- 
grais et  toutes  les  terres  qui  contiennent  du 
nitrate  de  potasse  (salpêtre)  sont  nuisibles 
au  produit  de  la  betterave,  parce  qu'ils  lui 
fournissent  uu  sel  à  la  fois  contraire  à  son 
organisme  et  à  la  qualité  du  sucre  qu'on  es- 
père en  obtenir. 

—  Dans  les  environs  de  Valenciennes, 
on  est  parvenu  à  conserver  la  pulpe  des  bet- 
teraves i)our  nourrir  les  bestiaux  en  hiver 
en  la  desséchant  dans  les  fours  semblables 
à  ceux  dont  ou  se  sert  pour  fabriquer  le 
café  de  chicorée.  Cettepulpe,  ainsi  torréfiée 
légèrement ,  forme  une  espèce  de  son  que 
les  bestiaux  mangent  avec  avidité,  après 
qu'on  l'a  humecté  d'un  peu  d'eaue. 

TISSERANDS. 

— L'habile  mécanicien  liofer,  de  Mu- 
nich, a  inventé  une  maciiine  au  moyen  de 
laquelle  ou  peut  fder  des  fds  nombreux  sans 
aucun  secours  de  mains  d'hommes;  il  suffit 
de  poser  dessus  le  lia  séraocé.  On  sait  quqi 


2(»  .      ^ 

Napoléon  avait  fixé  un  prix  d'un  milbon  de 
francs  pour  cette  invention-  il  y  a  plusieurs 
années  que  les  Anglais  avaient  aussi  pro- 
mis 70,000  fl.  à linventeur. 

PAPIER  (  fabric?ns  de) . 

Papier  de  tourbe.  —  M.  R.  Mali-et  a 
soumis  à  ses  investigations  la  tourbe  qui  se 
trouve  immédiatement  au-dessous  de  la  sur- 
face delà  terre  végétale  de  f.-esque  tousles 
lieux  bas  ou  marais  plats  de  rirlande.  Elle 
est  formée  de  tiges  et  de  feuilles  de  diverses 
mousses,  et  de  racines  et  de  fibres  de  petites 
plantes  aquatiques  et  marécageuses,  parve- 
nues à  ce  point  de  carbonisation  qui  carac- 
térise les  tourbes  mousseuses.  M .  M .  a  blan- 
chi cette  matière  fibreuse  et  en  a  fait  du  pa- 
pier, soit  en  remployant  seule,  soit  en  la  fai- 
sant servir  à  remplacer  les  diverses  sub- 
stances avec  lesquelles  on  altère  la  pâte  de 
chiffon,  telles  que  la  chaux,  le  gypse,  Tar- 
gile,  le  coton,  les  cheveux,  les  rognures  de 
cuir  etc.  Les  échantillons  de  tourbe  qu  on 
destine  au  blanchiment  pour  en  faire  du  pa- 
pier, sont  ramollis  dans  l'eau  froide,  jus- 
qu'à ce  que  par  l'agitation  les  fibres  se  sé- 
parent; celles-ci  sont  mises  en  digestion 
dans  une  solution  froide  très  étendue  dépo- 
tasse et  de  soude  caustique;  puis,  après 
avoir  été  séparée  par  la  pression,  plongée 
pendant  quelque  temps  dans  une  solution 
étendue  d'acide  sulfurique,  la  fibre  est  de 
nouveau  séparée  de  la  dissolution  acide  par 
la  pression,  et  mise  à  digérer  dans  une  so- 
lution de  chlorure  de  chaux-,  après  l'avoir 
retirée  de  la  liqueur  et  bien  lavée,  elle  est 
propre  à  la  fabrication.  —  Sans  l'opération 
du  blanchiment,  cette  fibre  donne  un  excel- 
lent carton. 

CARDEUaS. 

Machine  à  carder.  ~  M.  F.  Le>Tat  vient 
d'inventer  une  nouvelle  machine  à  car- 
der et  ne  nécessite  que  peu  de  force 
d'eau  de  plus;  les  poils  en  matelas, 
placés  sur  celte  machine ,  sortent  en 
bobines  de  filature ,  en  gros  et  en  fin,  sans 
aucun  intermédiaire.  Le  nombre  de  broches 
varie  selon  la  largeur  de  la  carde.  Une  carde 
de  trois  pieds  peut  avoir  quarante-quatre 
broches,  et  filer  en  fin,  même  la  nuit,  à  rai- 
son d'un  kilogramme  et  demi  par  heure,  et 
en  gros  ou  pour  la  couverture  autant  que  la 
carde  en  peut  carder.  Dans  les  filatures  gros- 
ses ou  peu  tordues,  la  bobine  se  fait  par  un 
procédé  qui  offre,  sur  tous  les  moyens  con- 


nus, l'avantage  d'obtenir  des  bouts  tordus 
également.  Ce  procédé  pour  filer,  soit  gros, 
soit  fin,  peut  être  appliqué  facilement  aux 
machines  à  carder  généralement  adoptées. 
Ce  système  mécanique  a  aussi  l'avantage  de 
pouvoir  fonctionner  séparé  de  la  carde;  il 
produirait  quatre  fois  plus  que  la  MuU-Jen- 
nys;  et,  pour  ceux  qui  tiendraient  moins  à 
la  quantité  d'ouvrage  qu'à  la  régularité  du 
cordage,  la  différence  serait  encore  du 
double. 

PORCELAINES  (  fabricans  de.  ) 

Composition  du  Kaolin,  et  sa  naissance  du, 
feldspath;  par  G.  Forchha>mier. 

M.  Forchhammer  qui,  dans  les  années 
de  1829  à  1832,  avait  présenté  à  la  Société 
des  Sciences  de  Copenhague  ses  recher- 
ches sur  la  composition  des  argiles  ordi- 
naires #t  du  kaohn  (nom  chinois  delà  terre 
à  porcelaine),  en  a  depuis  entrepris  de  nou- 
velles qu'il  hvre  maintenant  au  public.» 

u  On  sait  depuis  long-temps,  dit-il,  que 
les  argiles  pures,  connues  sous  le  nom  de 
terre  à  porcelaine,  doivent  leur  origine  à 
la  décomposition  du  feldspath.  Des  re- 
cherches géognostiques  ont  mis  cette  con- 
jecture hors  de  doute;  cependant  l'analyse 
chimique  n'avrit  pu  encore  déterminer  avec 
certitude  la  relation  de  l'argile  au  feldspath, 
ni  par  conséquent  donner  une  exphcation 
satisfaisante  du  phénomène  de  sa  décom-- 
posilion  naturelle.  Maintenant,  avec  le  se- 
cours du  siHcate  de  soude,  la  détermination 
de  la  vraie  composition  de  la  terre  de  por- 
laine  offre  peu  de  dfficuUés. 

Nous  nous  bornerons  à  présenter  un  ré- 
sumé des  expériences  et  des  raisonnemens 
de  l'auteur. 

L'analyse  uniforne  de  six  espèces  de 
terres  de  porcelaine  lui  fournit  une  même 
formule  chimique  de  ce  minéral,  qu'il  re- 
garde comme  un  sihcate  d'alumine  plus  un 
silicate  de  potasse;  et  une  même  composi- 
tion pour  le  kaohn,  qu'il  pense  n'être  qu'un 
sihcate  d'alumine  moins  chargé  de  sihcc. 

La  comparaison  de  cette  formule  avec 
celle  du  feldspath  l'engage  à  faire  des  re- 
cherches sur  divers  silicates  de  potasse,  pour 
retrouver  le  corps  dont  la  présence  dans  le 
feldspath  doit  donner  naissance  à  la  terre 
de  porcelaine.  Le  résultat  de  ces  recherches 
l'autorise  à  poser  la  conclusion  suivante  : 
((  Puis  donc  que  la  nature  forme  les  argiles, 
du  moins  eu  partie,  par  la  décomposition 


©u  la  désaffrégation  du  feldspath   ou   des. d'acide  sulfurique,  jusqu'à  ce  que  Voxide 
matières  minérales  qui  y  sont  comhinées,  il   soit  saturé,  et  qu'on  sépare  Texciis  d'acide 
devient  très  vraisemblable  que  l'autre  pro- 
duit de  celle  décomposition,  le  silicate  de 
potasse  hydraté  (verre  soluble)  se  trouve 
quelque  part  dans  la  nature.  )i 

L'analyse  le  lui  fait  en  effet  reconnaître 
dans  l'eau  du  Geiser,  dans  celle  de  Lautjar- 
ness  (en  Islande),  dans  le  quartz  yaliu  con- 
crétionné  du  (ieiser,  et  dans  les  opales. 
Celles-ci  proviennent ,  selon  lui ,  de  la  dé- 
composition du  feldspath,  mais  par  l'action 
de  deux  matières  différentes  :  les  unes  par 
l'action  de  l'eau  à  une  haute  température, 
les  autres  par  celle  de  l'acide  sulfurique. 

K  II  ne  reste  donc  plus  qu'à  prouver  par 
des  expériences  directes,  dit-il,  que  le 
feldspath  est  décomposé  réellement  par 
l'eau  à  une  haute  température,  et  que  ses 
parties  constituantes  se  séparent  alors  de  la 
manière  indiquée  plus  haut,  c'est-à-dire  que 
la  silice  et  l'alcali  qui  y  sont  confenus  se 
combinent  dans  les  proportions  qui  les  ren- 
dent solubles  dans  ce  liquide.  Mon  appareil 
pour  cette  recherche  était  très  simple.  » 

Laissant  de  coté  la  description  que  l'au- 
teur en  ionne ,  nous  nous  bornons  à  dire 
qu'il  fit  chauffer  avec  de  l'eau  du  feldspalh 
pulvérisé  dans  un  fort  cylindre  de  cuivre. 
Le  résultat  fut  le  suivant  :  à  150o  C.  l'eau 
montrait  une  faible  réaction  alcaline  ;  à 
150°  C.  celle  réaction  était  évideule,  et  à 
222o  C,  température  qui  correspond  à  la 
pression  de  23  atmosphères,  sa  force  dis- 
solvante était  telle,  qu  elle  permit  à  M.  F., 
après  qu'il  eut  fait  évaporer  la  lessive  al- 
caline avec  l'acide  hydrochlorique,  d'y  dé- 
couvrir la  présence  de  la  potasse,  en  y  mê- 
lant du  chlorure  de  platine.  Le  sel  double 
fut  précipité. 

((  Je  crois,  dit  l'auteur  en  se  résumant, 
que  ces  expériences  mettent  hors  de  doute 
que  ce  sont,  du  moins  en  partie,  des  va- 
peurs d'eau  sous  une  haute  pression  qui  ont 
transformé  le  pegniatile  en  kaolin;  et  la 
circonstance  que  c'est  surtout  aux  bords  des 
terrains  que  les  lits  de  kaolin  se  trouvent, 
vient  à  l'appui  de  celle  opiniou.  )> 

PRODUITS  CHIMIQUES  (fabricans  de  ) 

Acide  sllfuuique  amivdke.  (Âmeviran 
Journal.  Juillet  1835.^ 

Le  professeur  Mosaader  de  Stockholm  a 
fait  connaître  un  moyen  très  simple  de  pré- 
parer l'acide  sulfurique  anhydre.   Si  l'on 


par  une  température  basse,  le  sulfate  Sftm 
3S  se  dépose  cristallisé  cl  sec.  Si  l'on  place 
ce  sel  bien  sec  dan«  une  cornue,  et  que 
l'on  chauffe  au  rouge  .sombre,  la  plus 
grande  partie  de  l'acide  se  sépare  à  l'état 
anhydre,  et  il  est  fac  le  de  le  condenser 
dans  un  récipient  refroidi. 

FORGES  (Maîtrvîs  de.) 

La  hausse  croissante  du  fer  en  Angleterre 
va  bientôt  donner  lieu  à  une  combinaison 
nouvelle.  Jusqu'à  présent  la  Suisse  tirait 
d'Angleterre  son  approvisionnement  de  fer 
laminé.  Malgré  le^  irais  considérables  de 
transport  dont  ce  métal  était  chargé  avant 
d'entrer  en  magasin  à  Zurich  ou  à  toute  autre 
ville ,  les  acheteurs  suisses  trouvaient  leur 
compte  à  s  approvisionner  de  fer  anglais , 
parce  que  ce  fer,  il  y  a  un  an  encore  ,  leur 
était  vendu  en  Angleterre  à  un  prix  qui  lais- 
sait de  la  marge.  Mais,  par  suite  des  énormes 
demandes  de  rails  pour  l'Amérique  et  aussi 
de  laugraenlation  toujours  ascendante  delà 
consommation  intérieure,  h  s  Ters  anglais  sont 
maintenant  à  des  pri\  tellement  élevés  que, 
pour  peu  qu'ils  augmentent  encore  ,  la  Suisse 
trouvera  plus  d'avantages  à  s'approvisionner 
chez  nous.  Celle  circonstance  ,  quand  elle  se 
réalisera,  pourra  bien  devenir  un  argument 
fort  embarrassant ,  pour  les  partisans  un  peu 
trop  evclusifs  de  l'abolition  des  droits  prohi- 
bitifs. Gérait  un  de  ces  mille  événcmcns  inat- 
tendus qui  échappent  à  la  prescience  humaine 
et  dont  l'apparition  imprévue  déconcerte  tous 
les  calculs  II  peut  se  faire  cependant  que 
cette  combinaison  n'arrive  pas  à  terme,  parce 
que  si  la  hausse  s'arrête  en  Angleterre  et 
qu'elle  continue  en  France,  il  se  trouverait 
une  différence  de  quelques  pour  cent  seule- 
ment entre  nos  pris  et  ceu\  de  revient  en 
Suisse  des  fers  anglais.— Mais  si  les  limites  se 
rapprochent  tellement  qu'il  n'y  ait  plus  qu'une 
légère  difiérence  entre  le  prix  de  vente  du 
produit  anglais  et  celui  du  produit  français, 
qui  oserait,  en  présence  d'une  différence  si 
peu  sensible,  réclamer  de  nouveau  une  forte 
réduction  imu-iédiale  des  droits  d'entrée  sur 
les  fers  étrangers? 

Il  doit  paraître  évident  aujourd'hui  que  si 
l'Angleterre ,  indépendamment  des  masses 
énormes  de  fer  qui  sont  nécessaires  à  sa  pro- 
pre consommation  et  aussi  des  commandes 
considérables  qu'elle  a  reçues  des  Etats-Unis, 
Si  l'Angleterre,  avait  pu,  par  suite  de  l'abais- 
sement des  droits  sur  les  l'ers  à  leur  entrée  eu 
France,  faire  arriver  le  produit  de  ses  forges 
sur  nos  marchés,  l'augmentation  de  prix  qui 
existe  aulourd'hui  se  serait  maniiestée  depuis 
long-temps;  qu'en  conséquence  le  consomma- 


traite  de  l'oxide  d'antimoine  par  un  excès  j  leur  français  obligé  par  (anime  de  nos  pi'ui 


210 

cipales  uxincs  en  fer ,  <i  5llcr  sprovision'ap-" 
ner  d.»  fer  laminé  en  Angleterre,  aiirail 
déjà  payé  depuis  plusieurs  mois  les  fers  plus 
«her  enrore  qu'il  ne  les  paie  aujourd'hui.  Mais 
ôvec  celle  énorme  différeuce  que  la  réduction 
des  droits  d'entrée  n'auraii  profilé  uniquement 
qu'aux  maîtres  déforme  anglais.— .Nous aurions 
fait  avec  nos  voisins  un  marché  de  dupes,  cl 
ce  n'eût  pas  été  le  premier. 

Ce  fait  du  haut  prii  dîs  fers  en  Aneletprre 
prouve  (In  nouveau  qu'il  faut  procéder  avec 
beaucoui)  de  réserve  cl  de  lenteur  dms  la 
résolution  d'a'iolir  ou  de  diminuer  dune  ma- 
nière sensilde  les  droits  prolecleurs  d'une  in- 
dustrie aussi  importante  que  colle  du  fer. 
Lnisaons  donc  à  nos  grandes  usines  à  fer  le 
temp'  de  se  développer,  de  se  poser  comme 
rivales  di  l'.Anglelerra  ;  et  dans  quelques 
années  nous  obtiendrons  ce  doub'e  résultai  : 
1"  d'a^oir,  par  le  sucC'S  qu'obtieiidiovl  enîin 
les  grandes  forges,  naturalisé  en  France  la 
fabrication  du  fera  la  houille,  fabricat'on 
qui  exige  de  si  énormes  capitaux  et  qui  ';'n- 
ploie  tant  de  bras;  2o  de  procurer  au  con- 
sommateur français  un  arliclc  de  premifie 
néce^ssilé  à  un  prix  raisonnable,  sans  .^voir  à 
craindre  qu?  brusqn'nuent  el  arbitrairement 
le  fabricant  angbis  n'en  enlève  le  prix.— C'esl 
1res  bien  de  déclamer  contre  toule  espèce  de 
mouopoia,  mai  j  il  ne  faut  pas  détruire  celui 
qui  existe,  dil-on,au  profit  des  maîtres  de 
forges  français,  pour  en  doter  son  riva!  de 
l'autre  côté  du  dclroi.«l. 


Nouvelle  pr'parnlion  /lu  fer.  —  Ou  nous 
écril  de  AJuiiicli  t Bavi'  '"'armi  les  divers 
objets  reinnrtjués  à  ^exj)o^ilioll  des  [)iodiii;s 
de  i'in.Ju.^lrie,  celui  qui  tnérilo  le  plus  p  irti- 
culièrernçnl  de!  re  signalé,  est  !e  fer  pr(M)aré 
par  1.1  iîu'Uisode  dcMM.  richafiiaeal  clTliéo- 
bald  B%bm. 

Celle  méniodcconsislc,  à  re  qu'il  narn'il, 
dan.^  une  coinbin.iison  pariiciilièro  de  miné- 
raux, doul  l'applicalion  pendant  raffiiiaïo 
selon  le  procédé  Doumw  pnd/ino  [mrli'iv'  le 
fer  briil  de  !a  plus  médiocre  qualité  de  ton- 
tes le?  parties  Iiélérogénes-qu'il  conlieni ,  de 
manière  à  oblcnlr  un  fer  forgé  qui ,  par  s;i 
pureté,  ^a  dcnftilé  el  sa  (îurlililé,  pcutèlrv 
eni|)!o\é  pour  la  fabricalion  de  Tacicr  aiuhi 
que  pour  tous  les  autres  usages. 

Le?  avantages  parîiciiliors  de  la  méthode 
sont  :  1.  (pjc  le  fer  e.sl  toujours  plus  épuré  , 
plus  lert.vce,  plus  égal  que  le  fer  forgé  tiré 
du  mémo  '.er  brul  par  loulaulrc  procédé; 
2.  que  l  on  [)eul,  tirer  parti  du  fer  brut  de  la 
plus  miuvaise  qualité,  el  le  convertir  en  fei 
excelienl,  le  façonner  en  barres,  loles  lami- 
nées el  fils  de  fer;  3.  que  par  l'emploi  im- 


médiat du  fer  brut  préparé  par  cette  mé- 
thode, on  évile  l'opération  de  la  fente  d'af- 
finage, ce  qui  offre  une  économie  de  30  pour 
100,  el  rend  inutile  laclion  des  soufflets  et 
la  force  motrice  de  l'eau  requise  pour  ces 
derniers;  i.  qu'au  lieu  du  charbon  de  bois, 
1res  coûteux,  on  peut  faire  usage  de  bois  ou 
de  charbon  de  terre. 

Afoycn  de  préserver  le  fer  de  la  rouille. 

Les  bateaux  à  vapeur  employés  pour  la 
navigation  du  Gange,  sont  généralement 
conslruiis  en  fc-r;  on  avait  remarqué  qu'ils  se 
détérioraient  proraptement  par  l'effet  com- 
biné de  l'eau  et  de  l'air,  sous  le  climat  brû- 
liîiilde!  Inde.  M.  ti.  îVinsep  a  entrepris  une 
série  d'expériences,  pour  déterminer  quelle 
espèce  d  enduit  pourrait  préserver  de  Toxi- 
dalion  le  fer  laminé.  Il  essaya  successive- 
vaont  des  enduits  composés  de  différens  ver- 
nis, de  cire,  de  chaux,  tant  sous  l'eau  que 
iiors  de  l'eau  ;  il  reconnut  finalement  que  le 
goudron  de  houille  était  celui  qui  résistait  le 
mieux  à  touteespéced'alléralions. Cemoyen 
a  été  appliqué  avec  un  plein  succès  au  ba- 
!  eau  à  vapeur  le  Lord  Beiitink,  construit  à 
Cal'-utta. 

>.'ous  n'avons  pas  besoin  d'indiquer  ici  à 
combien  d'uliles  travaux  on  peut  employé, 
cette  découverte  transportée  eu  Europe. 

SCIERIES  MÉCANIQUES. 

—  On  a  fait  à  Rouen  une  expérience  fort 
intéressante  pour  les  industriels  qui  font 
usage  de  moteu'is  à  la  vapour.  Une  m.achine, 
le  ia  force  de  dix  ciicvaiix,  sortant  des  ate- 
liers fondés  [)ar  M.  Pauwels,  rue  Benoît,  à 
ilouen,  el  transférés  depuis  par  lui  à  Paris, 
')arriére  Poissonnioie,  est  destinée  à  mettre 
•n  uiouvement  une  scierie  mécanique  créée 
par  M.  Lemire.  Celle  machine  a  été  essayée 
lu  moyeu  du  frein  dynanu)n)étrique,  et  elle 
;i  avec  une  consommation  de  trois  kilo- 
grammes el  dix-sept  centièmes  par  force  de 
ciioval  et  par  heure  (non  compris  la  mise 
vMi  feu;,  donne  une  force  de  dix  chevaux 
in  quart  sur  une  moyenne  de  quatre  heures 
le  marche.  O  résultat  est  au  dessus  de  ce 
|ui  avait  clé  annoncé  par  le  constructeur 
dans  son  marché  avec  son  aciieteur.  Char- 
.•ée  ensuite  jusqu'à  concurrence  de  treize 
chevaux  de  force,  la  maciiine  n'en  a  pas 
moius  marché  avec  une  grande  facilité. 


tu 


REPEHTOIUE 

DE  LA  CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


DES  VOIES  NAVIGABLES. 

M  Toule  la  (îaiilp  est  arrosi^e  par  des  flcu 
»  ves  (|ui  ()e>ceiidei)t  il<>s  Alpes,  des  Pvré 
»  liées  el  des  Oveiines,  el  qui  voni  s' jeie' 
»  les  uns  dans  l'Océan  ,  les  autres  dans  la 
»  Méditerranée.  » 

Stracon. 

Enrore  deux  années,  et  le  canal  de  Briare, 
.ce  doyen ,  ce.  type  des  canaux  à  point  de  par- 
tage ,  aura  deux  siècles  dexisleuce. 

Vingt  ans  après,  l'immortel  Riquet  conçut 
le  plan  du  canal  de  Langr-'^doc,  que  nous 
voudrions  pouvoir  appeler  le  canal  des  deux 
mers,  qui  le  deviendra,  nous  l'espérons,  parce 
que  le  commerce,  la-gfriculture,  l'industrie, 
l'emploi  des  capitaux,  la  politique,  tous  les 
intérêts  le  réclament. 

Pendant  l'exécution  du  canal  de  Languedoc, 
on  s'occupait  de  deux  autres  canaux  à  point  de 
partage,  le  canal  de  Charollais,  ou  canal  du 
centre,  et  le  canal  de  B  urgogne. — Mais  ce 
ne  fut  qu'en  I78i  que  l'oxéculion  du  premier 
fut  commencée,  et  les  travaux  du  grand  canal 
d-e  Bourgogne  furent  arrêtés  pour  long- 
temps. 

Ensuite  fut  entrepris  le  canal  de-St-Ouentin, 
souvent  interrompu  et  termi-né  tant  bien  que 
mal  en  1810. 

Voilà  donc  tout  ce  qui  s'était  fait  en  France 
pour  les  canaux  à  point  de  partage  ,  p'iis  d'un 
siècle  et  demi  anrès  le  canal  de  Briare. 

Nous  n'avons  pas  parlé  du  canal  d'Orléans 
ni  de  quelques  canaux  de  moindre  importance, 
tous  forts  utiles,  mais  qui  ne  peuvent  entrer 
en  ligne  av7C  les  premiers. 

On  a  de  la  peine  à  comprendre  comment  la 
France,  le  pays  qui  a  le  plus  besoin  de  canaux, 
et  que  la  nature  a  doté  si  généreusement  de 
cours  d'eau,  la  France,  qui  a  fait  le  canal- 
modèle ,  le  canal  de  Briars  ,  a  pu  rester  ainsi 
en  arrière,  pendant  queues  Isn'ifs  irailateurs, 
l'Angleterre  d'abord,  ont  multiplié  les  canau\ 
avec  une  admirable  rapidité. 

Le  premier  canal  de  {'.Angleterre ,  celui  de 
Bridge-Water  ,  fut  entrepris  en  1755. 

De  lT9ii  à  \SUj  ,  cent  canaux  furent  exécutés 
en  Angleterre  ,  et  700  millionfi  y  furent  con- 
sacrés î 

Nous  n'ignorons  pas  que  ce  pays  se  trouve 
dans  de  meilleures  cond. lions  que  le  nôtre 
pour  l'exécution  des  canaux  ,  parce  que  les 
propriétés  y  sont  peu  divisées,  que  les  capi- 
taux circulans  y  abondent  et  que  l'esprit 
d'association  sait  les  féconder. 

Mais  l'Angleterre   est  bien   loin   d'avoir  le 


même  intérêt  que  nous  à  creuser  des  canaux. 
Un  coup  d'ffil  suffit  pour  s'en  convaincre. 

Les  canaux  ne  sont  assurément  pas  étran- 
gers au  Cdunnerceexléri  »ir  ,  mais  c'est  essen- 
tieiîement  pour  le  eCommerce  intérieur ,  pour 
l'auricullure  et  findustrie  qui  la'.lmentent, 
que  !e  besoin  des  voies  navigables  se  fait  sen- 
tir. 

Le  territoire  de  notre  belle  France  est  riche 
r,i  midi  autant  qu'au  rord.  De  là  ,  des  échan- 
ges de  produits  d'autant  plus  considérables 
qu'ils  sont  presque  tous  néce-saires  el  d'une 
consommation  générale  — Et  ces  produits, 
aux  deux  extrémités,  ayant  de  plus  grandes 
distances  à  parcourir,  i'  est  évident  que  l'a- 
vantage des  canaux  yeM  bien  plusgraml  qu'en 
Angleterre,  qui  ne  jouit  j-oint de  cotte  variété 
de  climat  et  de  productions. 

Nous  n'avons  pas  besoin  d'ajouter  que  la 
fertilité  de  la  France  et  sa  population  de  515 
millions  de  consonunaleurs  offrent  au  com- 
merce intérieur  des  ressources  bien  supérieu- 
res à  celles  de  l'.Anglelerre. 

On  pourra  nous  dire  ici  que  les  Anglais 
cousommenl  plus  que  nous. --Cela  n'est  vrai 
que  porir  certaines  choses. 

VA  d'ailleurs,  niera-t-on  que  nous  sommes 
en  progrès  ? 

{>ue  de  terrains  encore  à  défricher  ,  de 
mines  à  exploiter,  de  commjnicalions  à  éta- 
blir ou  à  per!i?clionner  !...  C'est  une  richesse 
bien  réelle  ,  bien  sûre  que  celle  d'un  pays  tel 
(juc  ia  î'rance  ! 

Ce  qui  lui  manque  surtout,  ce  sont  les 
moyens  de  comnuiuication  ,  cl,  sans  raécon- 
uailre  les  avantages  dos  chemins  de  fer,  dont 
nous  avons  parié  ailleurs,  et  dont  nous 
nous  occuperons  souvent  encore,  nous  don- 
nons la  prééminence  aux  voies  navigables, 
loiiles  ies  fois  qu'elles  ne  présentent  pas  trop 
d'obstacles. 

C'est  donc  avec  une  grande  satisfaction 
qu'après  avoir  applaudi  à  la  de-stinalion  des 
i4  miilions  alloués  par  ia  loi  du  tî9  juin  IP.2:>, 
liour  rachèvcmcnt  des  canaux .  nous  voyons 
lestra\aus  bien  suivis  s'av^'.cer  vers  leur 
terme.  Les  trois  quarts  de  ce  fonds  extraor- 
dinaire doivent  être  employés  maintenant. 

.^iais,  pour  ne  présenter  ici  que  des  don- 
nées certaines,  nous  les  prendrons  dans  le 
rapport  officiel  de  la  direction  générale  des 
nonts-et-chaussées,  dont  les  faits  et  les  ehif- 
fres  sont  arrOtés  au  ôl  décembre  dernier. 

Les  lignes  de  navigation  dont  les  lois  de 
IB^l  et  de  1822  ont  autorisé   l'ouverture  ou 


212 

l'achèvemeDl ,  sont  au  Bombre  de  quinze  et 
présentent  un  développement  de  617  lieues.-- 
C'est  plus  des  deux  tiers  de  la  totalité  des 
lignes  de  navigation  artificielle  que  possède 
la  France.  Et  ce  tout  est  bien  peu! 

La  perte  totale  de  ces  617  lieues  est  de 
2,493  mètres ,  et  elle  est  rachetée  par  1,085 
écluses. 

Le  canal  d'Aire  à  la  Bassce,  le  seul  qui  a 
été  entrepris  par  nue  compar/nie  roncession- 
naire ,  à  celte  époque,  a  été  livré  à  la  navi- 
gation dès  le  mois  d'octobre  1S:2.'>. 

(Dans  notre  article  du  14  juillet  dernier  sur 
le  canal  des  deux  mers ,  nous  avons  déposé  un 
yerme  d'observations  sur  le  mode  d'exécution 


des  canaux.  Nous  y  reviendront  bientôt.) 

La  navigation  du  Tarn  ,  l'une  des  15  lignes 
dont  nous  venons  de  parler ,  pouvait  ôtre 
considérée  comme  terminée  en  1833.  Des 
avaries  étant  survenues,  il  y  a  été  pourvu 
sur  les  fonds  ordinaires. 

Les  t-2  autres  lignes,  dont  les  travaux  ont 
été  exécutés  par  l'administration  des  ponts- 
et-chaussées,  ont  un  développement  de  528 
1.  qui  ont  coûté  251,829,7351'.,  dont  27,766,808 
fr.  proviennent  des  fonds  accordés  par  la  loi 
du  29  juin  1835. 

Voici  la  désignation  des  15  lignes,  avec 
leur  longueur ,  les  fonds  employés  sur  ceux 
de  1853  et  la  dépense  totale. 


Dépenses  sur 

Lieues.  îe.s  fonds  de  183" 

Canal  du  Rhône  au  Rhin.  .  .          87  1/4  1,515,732 

»     de  la  Somme 39  854,995 

»     des  Ardenncs 26  1/5  2,122,000 

^     de  Bourgogne 60  1/2  4,893, 2-;8 

>     du  Berri .          80  1,. 398,156 

.     Lat.  à  la  Loire 49  1/2  4,28.8,488 

^     de  Nantes  à  Brest  ...  93  1/2  5,065,027 

'.     d'Ile-et-Rance 21  1/4  706,336 

■■>     du  Blavet 15  127,600 

..     du  Nivernais 44  4,589,978 

.     d'Arles  à  Bouc,  ....  12  261,296 

Navigation  de  l'Ile 36  1/4  666,043 

de  l'Oise 29  1/2 555,000 

Totaux. 594  1/2  26,766,803 


I,        Dépense  totale. 

17'334,068  achevé 
11,145,545  presque  achevé. 
14,030,142  id. 

51,211,148  non  achevé. 
17,321,360  id. 

23.541,016  id. 

43,547,  '34  id. 

1.3,823,294  presque  achevé. 
4,929, 106  non  achevé. 
15,145,949  presque  achevé. 
11,108,.39I  id. 

4,262,685  id. 

5,074,717  id. 

151,829,75a 


Il  parait  certain  que  tous  les  travaux  seront 
achevés  dans  la  campagne  de  1827,  et  que 
les  17  millions  qui  restent  à  employer  sur  les 
44  millions  de  1S33  suffiront. 

Pour  se  rendre  compte  de  la  dépense  des 
canaux,  il  faut  retirer  du  tableau  ci-dessus 
les  66  lieues  de  navigation  fluviale  qui  n'ont 
coûté  ensemble  que  9,697,402  fr.  Reste  une 
longueur  de  .528  lieues  de  canaux,  qui  ont 
coûté  la  somme  de  141,132,3.53  fr.,  soit  45S,5(M) 
Ir.  par  lieue,  en  nombre  rond  ;  et  en  y  ajou- 
tant les  17  millions  à  employer  encore,  on 
trouve  570,700  fr. 

Lorsqu'on  étudie  rhi^toire  de  ces  canaux  et 
les  dépenses  extraordinaires  auxquelles  ils  ont 
donné  lieu ,  on  demeure  persuadé,  connue 
l'a  dit  M.  Dulens,  dans  son  excellent  ouvrage 
sur  la  navigation  intérieure  de  la  France  en 
1829,  qu'il  n'est  plus  impossible  de  fixer  à 
1(K),(»0<)  fr.  le  priv  moyen  du  kilomètre 
(400,000  fr.  par  lieue  I  de  cinvd\  on  tjratide  sec- 
tion,\  compris  les  indemnités  des  terrains. 

C'est  à  peu  près  ce  qu'ils  ont  coûté  en  An- 
gleterre (nous  ne  parions  (}ue  des  canaux  en 
grande  section  ,  les  moins  iiombreuv  dans  ce 
pays) ,  et  ces  données  ont  clé  reconiuios  offi- 
ciellement dans  l'exposé  des  motifs  du  projet 
de  la  loi  sur  les  canaux  par  le  ministre  du 
tommerce  et  des  travaux  publics  en  18.33. 
(Moniteur  du  30  avril.) 

On  remarque  dans  cet  exposé  que  les  plus- 
values  de  terrains  ont  occasionné  un  excédant 


de  dépense  de  22  millions  et ,  ce  qui  est  plus 
déplorable  encore ,  une  autre  dépense  extra- 
ordinaire de  10  millions  en  procès,  résilia- 
tions de  contrats ,  en  débats  de  toute  espèce 
avec  des  propriétaires  coalisés  et  exigeans. 

Il  faut  remarquer  aussi  que  les  canaux 
repris  en  1822,  qui  avaient  coûté  déjà  50  mil- 
lions, avaient  subi  des  dégradations  concidé- 
rables  dans  une  longue  interruption  des  tra- 
vaux. 

D'autres  observations  sur  des  économies, 
adoptées  dans  le  système  actuel  de  construc- 
tion des  canaux  et  sur  l'aniélioration  de  la 
loi  d'expropriation  pour  cause  d'utilité  publi- 
que, perntettent  d'espérer  que  nous  pourrons 
creuser  de  nouveaux  canaux  avec  une  dépense 
moindre  que  4WJ,0(XJ  fr.  par  lieue  en  grande 
sert  ion. 

Mais  pourquoi  donc  n'établir  des  calculs 
que  sur  de  grandes  dimensions? 

Sans  doute  ,  il  y  a  des  lignes  où  cette  con- 
dition peut  paraître  nécessaire. 

Mais  combien  d'autres  pourraient  être  exé- 
culées  utilement  en  petite  section  avec  une 
diminution  d'un  tiers  ou  même  de  la  moitié 
de  la  dépense! 

IILSTOIRE  Dr  COTON, 

De  longues  années  se  sont  écoulées  avant 
que  l'industrie  cotonnière  parvint  à  ce  degrt) 
de  perfection  et  d'importance  où  nous  la 
voyons  aujourd'hui  arrivée.  Long-temps  les 


Indiens  et  les  Chinois  fabriquèrent  des  coton- 
nades avant  qu'on  song:cât  à  on  fabriquer  en 
Europe;  Iong;-lemps  les  navigateurs  euro- 
péens virent  les  indigènes  de  la  côte  de  (rui- 
née vêtus  d'étoffes  de  coton  .  sans  tenter  dé- 
naturaliser chez  eux  celte  branche  de  roni- 
nierce  ;  long-temps  les  colons  voyageurs  de 
l'Amérique  du  Nord  rencontrèrent  le  coton- 
nier aux  Bahamas,  au  Mexique  (  il  y  était 
connu  et  rais  en  œuvre  du  temps  de  Christo- 
phe Colomb  et  de  Feruand  Cortez  ),  avant  de 
transplanter  chez  eux  ce  précieux  végétal. 

El  si  nous  avons  lieu  de  nous  étonner  que 
l'usage  du  colonne  se  soit  pas  rapidement  ré- 
pandu après  les  premiers  voyagcj  de  circumna- 
vigation autour  de  l'Afrique,  el  la  découverte 
de  l'Amérique  ,  combien  ne  serons-nous  pas 
plus  surpris  encore  en  voyant  que  celle  pré- 
cieuse matière  a  été  connue  du  monde  ancien 
sans  que  les  industrieuses  populations  de  la 
Phénicie ,  de  Carlhage ,  de  l'Egypte  ,  de  la 
Grèce ,  aient  lente  de  se  l'approprier.  >'e 
pourrions-nous  pas  citer  Hérodote,  Pline, 
Slrabon  ,  Arrien  ,  le  Périplus  Maris  ,  qui  tous 
ont  parlé  du  colon? 

C'est  à  l'époqua  de  la  conquête  arabe  que 
la  culture  du  colon  se  répandit.  Les  maho- 
mélans  l'importèrent  dans  Ioms  les  lieux  où 
ils  s'établirent,  à  Samarcande  comme  à  Cor- 
doue  el  dans  la  Sicile,  et  les  écrivains  du  on- 
zième siècle ,  dont  les  manuscrits  sur  papier 
de  coton  sont  encore  conservés  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Paris  ,  durent  cette  matière 
à  l'industrie  arabe.  Dès  le  dixième  siècle ,  on 
Toit  des  fabriques  d'étoffes  de  colon  à  Cor- 
doue,  à  Grenade  et  à  SévUle;  et  dans  le 
treizième ,  à  Barcelone. 

Mais  si  les  musulmans  rendirent  au  monde 
le  service  de  propager  celle  culture  sur  une 
vaste  étendue  de  pays,  si  même  ils  surent 
l'approprier  à  un  assez  grand  nombre  d'usa- 
ges, ils  ne  purent  cependant  faire  faire  à  l'in- 
dustrie manufacturière  de  notables  progrès 
La  fabrication  el  ses  procédés  restèrent  entre 
leurs  mains  ce  qu'ils  étaient  dans  l'Inde,  où 
les  indigènes  pratiquent  encoçe  aujourd'hui  la 
filature  au  fuseau ,  el  le  tissage  a  l'aide  du 
métier  le  plus  grossier.  Il  faut  reconnaître 
toutefois  que  les  Indiens ,  grâce  à  l'habileté 
de  leurs  ouvriers ,  sont  parvenus  à  obtenir 
des  étoffes  d'une  légèreté  si  merveilleuse,  que 
les  Orientaux ,  dans  leur  langage  poétique  , 
les  appellent  des  étoffes  de  vent  filé.  M.  AVil- 
kins  a  rapporté  à  Londres  un  échantillon  de 
mousseline  tissée  avec  du  fil  qui  correspond 
au  numéro  245  anglais;  el  le  numéro  le  plus 
élevé  dont  on  ail  fait  usage  en  Angleterre 
est  le  numéro  2.j0,  quoiqu'on  ail  filé  jus- 
qu'au 313. 

Aussi  long-temps  donc  queles  nations  occi- 
dentales n'eurent  de  rapports  avec  lOrienl 
que  par  les  musulmans  de  la  Méditerranée  ; 
«ussi  long-temps  qu'il  fut  admis  en  économie 
qne  les  peuples  dcTant  chercher  à  produire 


213 

toutes  choses  sur  leur  territoire  ne  pouvaient 
mettre  en  œuvre  des  matières  premières  qui 
Lii  fussent  étrangères,  l'industrie  colonnièrc 
resta  presque  dans  l'enfance.  Barcelone, 
^lontpellier  et  les  Pays-Bas  furent  les  seules 
places  où  elle  acquit  un  peu  d'importance - 
tandis  que  la  Hollande,  qui,  de  bonne  heure, 
avait  fondé  de  puissantes  colonies  dans  les 
Indes  ,  se  chargeait  presque  seule  des  impor- 
tations qui  suffisaient  à  la  consommation  res- 
treinte des  seizième  et  dix-septième  siècles. 

L'industrie  ne  prit  d'essor  que  vers  le  dix- 
septième  siècle  ,  quand  la  Grande-Bretagne  . 
réunie  sous  le  sceptre  de  la  maison  de  Bruns- 
wich,  et  reine  des  mers  par  la  défaite  de  la 
France  et  de  la  Hollande,  jeta  les  premiers 
fondemens  de  sa  puissance  dans  l'indouslan. 
Alors,  de  toutes  les  parties  du  royaume  uni 
on  vit  s'élever  un  concert  de  réclamations 
cont-'3  l'importation  des  colonnades  indiennes 
qui  devaient,  disail-on  ,  ruiner  l'induslrie 
nationale  des  laines.  Ces  réclamations  furent 
assez  vives  pour  déterminer  le  parlement  à 
prohiber,  en  1700,  limportalion  de  ces  tissus 
étrangers,  sous  peine  d'une  amende  de  200 
liv.  sterl.  La  prohibition  donna,  comme  il 
arrive  toujours,  naissance  à  une  contrebande 
active,  elles  femmes,  qui  avaient  déjà  pris 
tant  degoùl  pour  ces  étoffes  légères,  n'y  re- 
noncèrent pas  .  on  le  pense  bien,  lorsqu'on 
voulut  leur  en  défendre  la  jouissance.  Bien 
au  contraire,  il  faut  voir  dans  les  pamphlets 
de  l'époque  toutes  les  malédictions  des  mar- 
chands de  draps  et  de  loiles  contre  l'insatiable 
coquetterie  des  femmes;  il  faut  voir  Daniel 
de  Foë  ,  l'immortel  auteur  du  Robinson  Cru- 
soé ,  se  faire  l'écho  de  toutes  ces  lamentations 
(>t  fulminer  contre  le  beau  sexe  de  violentes 
attaques  dans  la  Revue  Hebdomadaire  ,  dont  il 
était  le  rédacteur!  Qu'eussent  dit  tout  ces  pro- 
phètes de  malheur  qui  annonvaient  la  luine 
prochaine  de  l'indusrie  anglaise,  s'ils  eussent 
entendu  en  1832  la  lecture  d'une  pétition 
adressée  au  parlement  par  les  fabricaus  du 
Bengale,  qui  se  disent  à  leur  tour  écrasés 
par  la  concurrence  anglaise? 

Toutefois,  en  prohibant  l'importation  des 
cotonnades,  le  parlement  n'avail  pas  prohibé 
i'importalion  de  la  matière  première ,  et  la 
labrique  établie  en  1641  à  Manchester  conti- 
nuait silencieusement  ses  obscurs  travaux. 
Elle  avait  bien  ,  il  est  vrai ,  profilé  de  quel- 
ques procédés  employés  dans  la  fabrication 
les  tissus  de  laine;  mais  néanmoins,  en  1760 
elle  n'élail  guère  plus  avancée  sous  le  rapport 
nécanique  que  les  fabriques  du  Bengale.  De 
i3lus ,  outre  l'élévation  du  prix  de  revient 
qu'une  main  d'oeuvre  immense  élevait  à  un 
laux  considérable ,  ellî  ne  pouvait  rivaliser 
avec  les  Indiens  pour  la  qualité  de  ses  tissus. 
Jamais  les  filejises  anglaises  n'auraient  pu 
lui  fournir  de  fils  comparables  à  celui  <iue  pro- 
duit la  merveilleuse  dextérité  des  Indiecg, 
kviin  l'invention  des  filatures  mécanique 


514 

a-l-elle  réalisé  pour  les  fabricnns  européens 
une  friicluc'jse  rc^ululion  ;  aus<i  o<l-ce  ùc  l'é- 
poque où  elîp»  fureiil  rfécouverlce  que  -J;i'cnl 
les  prog'rès  de  i'iiiduslrie  colonnicrc.  Cui  !e 
croirait  ceponûant?  on  ne  sait  à  qui  altrïLuer 
l'honneur  de  cilte  détouverle  réalisée  vers  le 
milieu  du  dernier  série. 

L'inventeur  protablc  de  la  filature  méca- 
nique fut,  seJon  M.  Davccs,  John  Wyal  de 
Birmingham.  Ce  qui  tctvlrail  à  le  faire  croire, 
c'est  une  patente  prire  par  lui  en  1738  au 
nom  de  Lewis  l'aui.  5'ais  il  faut  remarquer 
que  re  mêmes  1  evt  is  Paul ,  qui  prit  plus  lard 
d'autres  patriiles  pour  des  machines  à  filer, 
réclame  la  priorité  pour  lui-nu-nie  ,  et  que  sa 
qualité  d'étranger  à  ia  Grande-Bretagne  lui  a 
fait  lort  autres  de  l'auteur  anglais,  jaloux  de 
conserver  ^son  pays  la  gloire  de  cette  dé- 
couverte. En  effet,  si  >L  Bavnesne  peut  pas 
nousdonner  beaucoup  de  bonnes  raisons j)0ur 
nous  convaincre  que  l'honneur  appartient  à 
"Wyal ,  il  ne  peut  pas  non  plus  en  donner  de 
bien  décibives  contre  les  réclamations  de  Le- 
^  is  Paul.  Disons  plus,  la  circonstance  qui 
rendit  Lcv.is  Paul  lilulaire  de  la  première 
patente,  ainsi  que  se*  inventions  postérieu- 
res, nous  font  présumer  qu'il  fut  le  premier 
et  véritable  auteur  des  machines  à  filer,  et 
que  John  Vvyat  ne  fut  que  l'homme  d'affaires 
qui  fournil  au  mécanicien  les  moyens  de  réa- 
liser sou  iuvculiuu.  Quoi  qu'il  en    soit,  des  i 


élablisseracns  créés  a  Birminghi-m  et  à  ISor- 
(hamplon,  selon  les  procédés  de  AVyat  et  de 
I-ev\  is  Paul,  ne  itn>>iif  ni  pas  et  ils  furent 
bientôt  obligés  de  suspendre  leurs  opérations. 

Le  défaut  de  succès  qui  priva  John  'W'yat 
et  Levais  Paul  des  avantages  ot  de  la  gloire 
qui  leur  étaient  dus,  nuisit  également  à  Ilighs, 
dont  les  travaux  réclament  aussi  la  priorité 
sur  cei'T  d'ArLv\right,  à  qui  «on  éclatante 
fortune  non  moins  que  ses  talens  ont  valu 
d'èlre  le  plus  souvent  consii-'éré  comme  le 
premier  inventeur  de  la  filature. 

Ké  à  Preslou  en  ï'Vi-2  de  parens  panrres, 
Arkvvright,  lo  plus  jeune  de  treize  enl'ans, 
apprit  à  peine  à  lire  et  à  écrire.  Il  n'était  en- 
core que  barbier  et  possesseur  d'un  secret 
pour  teindre  les  cheveux,  lorsqu'il  fil  en  1760 
connaissance  de  l'horloger  Kay,  qui  avait  tra- 
vaillé pour  ce  lacme  Itighs  dont  nous  venons 
de  parler.  L'esprit  inventif  d'Arkv^  right,  aidé 
par  cet  associé,  se  mit  à  l'œuvre,  et  en  I7U9, 
soutenu  par  le  concours  de  plusieurs  capita- 
listes,  il  leva  une  patente  pour  ses  machines 
à  filer,  ('/est  vers  la  même  époque  que  Kar- 
grea\  es  inventa  une  S/iiiininj-Jcnny  au  moyeu 
de  laquelle  une  seule  personne  pouvait  filer 
seize  fils;  mais  l'apparition  de  cette  machine, 
qui  menaçait  les  intérêts  immédiats  des  ou- 
vriers, excita  une  énicate,  à  la  suite  de  la- 
quelle elle  fut  biibéc  et  l'auteur  obligé  de 
quitter  le  pays. 


LAI 


POLITIQUE,  LITTÉRAIRE,  AGRICOLE,  INDUSTRIEL  ET  COMMERCIAL. 

PRIX,  POUR  PARIS  ET  LES  DÉPARTEMENS, 

POLR  UN 


POUR  SIX  MOIS,  22  FRANCS;  I»0€«  TROIS  MOIS,  !2  FRANCS 


Convoiiiums  eri.seiiih/c  ,  tntis,  chaiim  dtms  noire  i  égio/i  cl  scivn  noire  loi  parli- 
ciclièie.  à  la  graiule  Siib^tliliinon  des  (jnesiunis  soi  iaiea  nuj:  ijii,sliu/is  p<  liHiines. 
'J'uul  en  la.  Tâchons  île  i  allier  à  l'iaée  Kf  plicahie  dn  j>i  uf^i  i:s  i,.tis  le»  Ituiinnes 
d'éUte,  el  d'extiane  un  paili  siipéneui  (/ni  ventile  ta  cuniisuloh  de  lutu  tes 
partis  inftrieurt  qui  ne  savent  ce  qu'ils  ■veulent.  VlcTuli  UcGd. 


1.      KZ:3>ACTZ:UB.S   BU   JOU::^2CAX.. 
BÉDACTEUR  E>  CHEF,  frÉRAîNT-RESl»0> SABLE,  M.  ÉAJILE    DE   GI!iAUD£N 

ÉCOiNOMlE  S0CL4LE.     MM. 
EDOUARD  ALLETZ.  Ouvrages  couronnés  par  i  lubùiut. 
É  Ali  LE  BÈKEs. 
RAYiViO.VL»    BKLCKER. 

DEiSMlÉE  baiou  .  ■nieudaritmililaire.  Organisation  de  l'armée 
DECOliKUEiVlAi'SCUîi   Reloirae  ti.vpiiliiécaue  tl  cauabliale. 
SEMEKSAiND.  E(:ouonii«:  pulilique  el  adnl!Di^lral  ou. 
]UAKT1^  DOiSY.  luveïtigaiious  paneiuculaircï. 


DEPUTE. 


I  llA.VuND.  icigéuieur.  Travaux  publics. 
Gli.LOiX,  Lii-puU".   Insliui'l  on  publique. 
OftTt/i.A>.   Droit  coiisliluliunt.ei. 
HEi.ytfcliH    É  oiis  nouvelle.-- (le  science  sociale. 
S!Oi  iJ  ti  ,  aiic  <■•   magislr.4.  Droit  municipal. 
A  TKA.SSfj.N.  £■  uiioinie  ^0(.•ial^•. 
"  Liiiouioue  da  juur  et  correspondance  particulière. 


SCIENCE. 

BEAUDË.  Compte    rendu    de   lAcadémie  des  Sciences.     |     iisÉBUCIIET,merabieduconseildesalubrilé.Slatislique,  etc. 

LITTÉRATLKE. 


BALZ.\C    Romans  el  nouvelles. 

BEKTUOUD.  Intérieur  des  contemporains  célèbres. 

CLsTlINES  jmdrquisde).  Lettre»  dun  cosmopolite. 

ALEXANORb  DlMAS    Critique  des  drame»  nouveaux. 

E^yLIUOî),  scieuce» Occultes. 

UAD.A.UE  GAY.  Pans,  modes  el  usages. 

THEOPUILE  GALillEK.   Ueaus.-arts 

GKAMER  DECAïiSAGNAC.  Livres  bistoriques  et  religieux. 

GOZLAN.  Tableaux  de  mœurs. 

VICTOR  HlGO.  yudsliou!.  sociales. 

JLBIN.'VL.  Revue  réirospcclive  ,  aucienne  littérature. 

LACROIX  (le  biblioptiiie  Jacob  ).  Bibliogiaptiie. 

JULES   LECOMTE.  Marine». 


AlÉUV.  Mœurs  du  Midi  et  de  la  France. 
W(Ji«.  T    beaux-arts  et  vojages. 
MALlTOl  ïlNii.  Souvenirs  il  portraits  historiques, 
GlSIaVE  plan    HK.  Cutique  littéraire. 
ALPUuASK  UuYfc-R.  Oiieiit,  itusMe,  Allemagne. 
UE  AOKVLNS.  So\ivenirs  de  l'i-mpire. 
Ei.GKNE   SCKIBE.   Provei  be»  diamaliques. 
ELIjE>EsIJK.  Lettre»  de  Saint-Brice. 
FRKDKHIC  SOLUÉ    Contiple  reiuiu  des  théâtres. 
JLLE.'t  S.\.NUE.4Li.  Craique  des  livres  uouveauji. 
^EGLL^'  aillé.  Beau.x-arts. 
VABAIG.NE.  Amérique  Ou  Sud. 
[  Tuus  les  arlicltà  littéruii  es  sont  signés.) 


POLITIQUE. 


Conformément  au  vœu  des  lois  sur  la  presse,  M   Éiriiie  f.e 

Giraruin,  dfputé,  na  point  lié»ile  à  ai  repier,  dans  u  ute  sa  vé- 

.tUe  et  daii»  loute  son  etenuue,  lu  ie!-pou»abiiité  Icf^ale  que  coni- 

porleul  le  titre  el  la  lonciion  de  rédavieur  in  chei  d'un  joi.riibi. 

Des  memOres   appai  lenaiU  aux-  detijc  cluimliie»,  aux  conùcils- 

\  génci  aux    des    dipai  leineii:,  ;    deà    liommui    ipeciaiix   sur    les 

■   hautes   attestions   de    Coi ganisation    de  i'aiii.ée,  des  ti  avanx 

I  publics,  des   impôts  ot   du   ci  édil,  dans  leur  i  appui  t  ai-ec  ta 


itiûiuliié  populaire,  la  libellé  commerciale  et  le  progrès  in~ 
au.stittl;  eiti»  de»  conespotiiian»  é.  airi's  el  juUicieu.-cment 
i'iiOi.si>  1  aidt  ni  à  donner  à  L.\  Pi{E>Sh.daii>»a  pailie  politique, 
le  doub  e  oiacieit  pihtique  et  pioures^ilMiquel  elle  aspire. 
La  lueise  doit  tlie  rangée  pinmi  e»  jouinaiix  cvnseiva' 
1,111  s  d,  l'ûi  di  e  et  de  tu  tiijti  lé  Mabilité  de>  inrllilion»  el  pro- 
files de»  lois,  vola  son  point  de  départ  el  son  bol  publique. 
Indfpei  daute  et  mouérùliou,  sont  lesiuisde  sa  crinque. 


FEUILLE  ION  S. 


Tous  les  dimanclies  il  paraît  un  feuilleton  historique  de  M. 
ALEXANDRE  DLMAS 

Toui  les  mai  dis, \\  paraît  un  feuilleton  drara  tiqu.e  de  M 
ifRKDEKiC  SOLLIE. 

Tou»  tesiiieicreiits,\\  paraît  un  feuilleton  de  l'académie  des 
ieit-nces,  par  le  docteur  J.  P.  Beaude. 

Tousle^  samedis,  il  p.irait  sousle  titredeCo/.-rj  iir  de  Pai  is  un 
bulletin  de»  livres  nouveaux,  iie;-  p  ère»  en  répétition,  des  niodeit 
nouvelle»,  des  obj 'ts  et  u»age»  nouveaux.  Ue  la  musique  en 
vogue,  des  objet^  de  curiositeel  builelî:!  brblio'^rapli  que. 

Tous  les  penrfrerfij,  il  parait  sou»  le  litre  de  Aemnine  indits- 
irieitt  uD  feuilleton  divise  «a  trois  parlivs.  La  première  cou- 


saerée  aux ?rnf(7uj-/7«/.//fj.  présentant  le  mouvement  des  che- 
inns  de  1er,  canaux,  grandes  voles  de  c  nn.'iiniiation,  adju- 
di  atiOP'  :nipoitanles  — La  seconilc  consaci-'e  à  l'aui  iculluic 
à  l'eDre^iislri ment  de  ses  besoin»  el  de  se»  pro^ire^-^La  troi- 
»iéme  enfin  cousa.rée  à  l'industi  le,  au  iik.u  ement  lies  bre- 
vet» d  invention,  des  capitaux,  de»  enlnpiises  paradions,  des 
sociétés  de  co'r.nierce,  etc. 

Tous  les  iittdis  eiftn,  il  parnît  SOU<  le  titre  de  Foune  étran- 
uère  unkuiiiclun  pre.s,  nt..ui  liiutce  que  le»  journaux  cl  revues 
di  s  di  ux  moi  de»  publient  de  curieux  il  d'uli  e  ^ur  les  mœurs  , 
u  âges  el  travaux  comparés  de»  diveïS)  peuples,  pat  divers  tra- 
diitl»i<rs. 


CLASSEME^T  DES  MATIÈRES. 


ETRANGER.  —  Mouvement  universel  des  affaires  exléricun  s 

FRANCE  —Opi'iion  du  journal  sur  les  questions  ou  sur  les 
évenemeiis  du  jour. 

ACTES  DL  GOL'VERNEMKNT.— Loisel  oidonnancpslejour 
mèmi;  df  leur  piih.italioii  oflicit-lle.  i>'omiiiatioii>  fi  piomolioiis 
diverses  de  Tordre  admuilslialif,  mililain;  cl  reli^it'iix  En  oulre  : 
la  Presse  publie  par  moi',  ([iidlre  bulleiiiis  .>piiiaux  des  dé- 
ci^ions  miiii>iéri''lies,  arrêts  <i  jugemens  qui  iuleressent. 

lo  Les  niiiiiicipa.ilé>  et  paioiss<?s ,  les  maire»,  les  coustiiler» 
comniuuitux  ei  M:U.  es  curi's  ; 

2o  Liiislrucliou  primaire,  ces  comilés  el  les  écoles; 

50  Le»  conintiuabies,  gardfs  nationaux,  électeurs  el  jurés; 

40  Les  citoyens bOUS  li'S  drapeaux. 

Toutes  les  décisions  officifiies  el  tous  les  faits  utiles  qui  inlé- 
rcssenl  les  oficier»  ministériels  el  les  divt-rs  loiiclionnaires 
publics  sont  uielhodiqucmenl  el  MicCiUlfment  cnreîjistiPs.  La 
j^rcsse  SOU",  ce  rapport  peut  dispenser  de  divers  j  lurnaux  spé- 
ciaux bpa  coup  de  maiies,  de  conseillers  municqiaux,  de  curés 
et  d'instiiuicurs. 

CURUMQUliPOLITlQUE.— Versions  commentaires  el  anec- 
dotes des  saions  et  dt-s  cercles  politiques. 

CORRESPONDANCE  PARTICLLIERE.  Lorsque  des  évé- 
neraens  graves  comme  ceux  d'E>pagne  lendenl  nécessniie 
l'envoi  d'un  rcdaclrur  de  la  Presse  ou  le  choix  d'un  correspon- 
dant spécial.  leur.->  lettres  ^ont  platiécs  sous  celle  rubrique. 

DÉBATS  LÉGISLATIFS.  —  Les  débats  de»  cliambies  seront 
anaivsé»  avi  c  une  .-ciujmii  «-.e  (ideiité  et  surtoiu  avec  une  inva- 
riable impartialiie.  Rien  ue  plus  faux,  de  plus  trompeur  que  les 
€omples-ren^lu^  îles  journaux;  ^Ulvalll»on  parli.  ci. a  uniei^ueilic 
les  paroles  de  ses  amis,  ei  siippiime  les  discours  de  ses  adver- 
saires. Ici  l'opposilion  u'a  janiiiis  lorlà  la  tribune;  laïc  iniiiistère 
a  toujours  raison  Ces  réiitaroii(|ués  .'oni  un  mensonge  pcrpé 
tuel;iis  ont  causé  à  la  piesseun  immense  prejudi'-e.  Nou<..-aij 
ron»  méri  er  par  la  justice  la  conlianc  que  d'autres  ont  perdu 
par  l'esprit  de  paiti:  la  lé^le  dont  nous  ne  nousécarter()n>  j  a 
mais  seia  de  faire  connaitre  la  sub  lance  de  toutes  les  opinions. 
À  quelque  parti  que  l'orateur  appartienne. 


La  Preste  ayant  pour  rédacteur  en  chef  un  membre  de  la 
chambre  des  iiepu'és,  on  comprend  que  par  ses  relalions  polili- 
qifs  il  lui  sera  facile  de  doniitr  de.-dlails  exactes  sur  le>  tra- 
vaux intérieurs  des  deux  cliambr  s  Les  opeialions  des  bureaux 
ci  des  coniinissions  sont  souvent  pour  le  lecteur  le  com,j,ément 
indi-pcns  ihle  des  séances  pub  iqucs 

DÉB.ATS  DE  LA  PRESSE  —ExIraitN  et  analyses  des  princi- 
pauxjuurnau.x   de  Paris,  des  deparicmeiiseï  de  l'élranger. 

La  Presse  ne  meritt-rail  pas  le  nom  qu  elic  porte  si  elle  n'é- 
tait qu'un  journal  de  pins  el  si  elle   ne  reproduisait  pas  fidèle-   . 
ment  le  mouvement  de  tous  l^s  journaux,    tanlôl   par  extrait, 
el  tantôt  par  analyse,  selon  que  le  viul  l'esprit  des  ariicles. 

La  P'tsu^  r>  produit  dune  ainsi,  chaque  malin,  el  le  jour 
même,  a  P"lénii(|uc  des  diff'-reiis  partis,  ci  présente  impartiale- 
ment ainsi  la  sia  S  iqi  e  exacte  de  toute»  les  opinions. 

I)ÉP.AKTE.^1E.^S.  — Tous  les  failsqui  rcsullenl  d'une  corres- 
pondance active  el  du  dcpouilicmeiii  quotidien  de  cent  jour- 
naux sont  résumés  s  us  ci  lie  rubrique  lorsqu'ils  intéressent  in- 
clu,^ivenlelll  le  département. 

DÉI5VTS  JUDICIAIRES.  —La  Presse,  lemcmejour  que  le 
nroil  et  la  Gazette  des  Trihunaux.  renil  un  Cumple  exact  et 
piécls  des  pUs  iuléressanles  causes  mdieiaires  el  des  princi- 
paux arrêts. 

NOUVELLES  DlVERSrS.—Sousci  titre  sont  reproduits tou» 
les  faits  et  nouvel, es  qui  ne  cumpoi  lent  pas  une  ciassilicaiioa 
spéciale  ou  méltioilique. 

COLONIKS  FRA.NÇ  VISES  Nouvelles  d'Alger,  etc.,  etc.  etc. 

STATISTIQUE  ET  ÉCONOMIE  SOCIALIÎ  —  Examen  des 
quesiionsécoiioiniques,  d'iinpùls,  debuijrl,  de  population. 

BIOGliAPHIE  ET  NÉCROLOGIE  des  coNTEMl■l5RAl^8. 

V.ARIÉTÉS —-Comptes  rendus  approfondis  de  tous  les  ou- 
vrages iinporians.Ces  comptes  rendus  sont  signes. 

BOIRSE,  MARCHÉS,  ET  SPECTACLES. 


(  Pour  le  feui  letonss  voir  plus  haut  ce  qui  a  été  dit  ). 
ÉDITION  DES  DÉrARTEMEXS. 

t«t  Presse  ne  se  borne  point  à  reproduire  les  nouvelles  du  I  uràce  à  la  célérité  d'une  presse  mécanique  nouvelle  exécutée 
Moniteur;  toutes  le^  versions  que  contiennent  les  25  journaux  I  dai's  ce  bat. 
quolidieus  qui  se  publient  le  matin  à  Paris  y  sont  encore  ajouté,  s  \ 

SYSTÈxME  FINANCIER  Dl  JOURNAL 


La  base  économique  sur  laqui^Ue  la  Preste  est  fondée  est 
imitée  de  celle  adoptée  par  tous  les  journaux  anglais.  E.le 
consiste  en  un  calcul  f  >rl  simple  que  voici  ;  le  prix  et  le  pro 
duil  de»  annonces  d'un  j  •unial  sont  en  raison  du  nombre  des 
abonnemens qu'il  comple.  Plus  il  a  d  abonnes;  plus  il  reçoit 
d'annonces  et  plus  il  les  fait  payer  un  prix  élevé. 

En  Angleterre,  les  annonces  du  l'imes  produisent  par  année 
moyenne  2.S,(X)0  sterl.  (^750,000  fr.)  En  France  les  annonce) 
des  trois  principaux  journaux  de  Paris  s'éleveul  annucliemenl 
de  200  à  250, 8( H»  fr. 

Si  maintenant  une  réduction  de  cent  pour  cent  sur  le  prix 
d'abonnement  iluii  journal  quotidien  de  même  foimnl  que  les 
journaux  qui  coiUeni  «0  fr.  et  rédigé  par  les  hommes  les  p'u< 
distingues  est  le  sur  moyen  de  coaqiler  10,001)  abonnés,  p.u 
importe  que  les  bénéfices  soient  prélevés  dans  la  ca.sse  des 
abonnemens  ou  bien  dans  celle  tles  annonces. 

Ce  que  la  Presse  surtout  ne  veut  éirc  ni  paraître  c'est  un 
journal  au  rabais  :  la  mi%sion  de  la  Presse  est  d'un  autre  ordre  ; 
ce  qu'elle  a  entrepris  c'est  une  réforme  radicale  du  journalisme 
quotidien  en  dépit  de  la  fiscalité  législative. 

La  rédaction  la  plus  nobiemeni  rétribuée .  l'impression  la 
plus  soignée  el  le  prix  d  ab  >nnemeiit  le  p.us  faibie  ,  voilà  ce 
que  la  Presse  s'est  assurée  tes  moyens  de  concilier.  .  . .  Jamais 
l'économie  de  prix  et  l'infénorité  de  valeur  n'ont  été  la  solu- 
tion d'un  problème  Pour  qu  il  en  soit  ains4  ii  faut  savoir  allier 
la  supériorité  d'exécution  el  la  réduction  du  prix  ,  le  luxe  et  le 


bon  marché;  il  l'aut  enfin  qu'en  raison  du  grand  nombre  Ion 
ne  Soit  réciproquement  ((ue  l'effet  de  l'autre. 

Ce  n'esli|ti'en  sedi^iii.'iiani  parle  mérite  de  sa  rédaction  que 
le  succès  de  la  Presse,  déjà  si  prompi  el  «i  éclatant,  sera  durable 
et  ijiie  l'économie  de  son  prix  sera  importante  el  sensible; 
elle  le  sait. 

La  Presse  parait  depuis  le  1"  juillet  dernier. 

Sun  captai  en  caisse  eslde  40  1.000  fr  dont  loo.onofr.,  versés  au 
trésor  pub  ic  et  loo.OOoà  la  binque  de  France.  Pour  satisfaire  à 
beaucoup  de  demandes  d'actions  qui  n'ont  pu  être  remplies,  une 
nouvelle  émission  de  .'ïOO.OOiI  fr.  d'ai-lions  doil  être  décidée  ce  mois 
en  asseinb  ée  générale  :  ces  actions  seront  délivrées  par  rang 
d  inscription.  On  devra  donc  pour  eu  avoir  ^e  faire  inscrire  sans 
leiard.  Les  actions  soiil  de  250  fr. 

Telleesila  nouveauté  des  pri^'ipes  financiers  sur  lesquels  re- 
pose l'acte  de  so' iété  delà  PRESSE,  que  le  journa'  cessdt- 
il  môme  de  piraiire  .  les  aclionnjires  ,  en  aucun  cas.  ne  per- 
draentlecapitalde  leurs  acliuiis  ILS  NE  RISQUENT  QUE 
LES  INTÉRÊTS  DLN  CAPITAL  DK  2,io(r.,et  cela  encore 
en  réalisant  sur  leui-  budgei  une  économie  de  40siirS0fr. 

Les  souini,si.oonaires  de  (|u.itrtî  actions  .  soit  1.000  fr.,  outre 
l'iulérèi  à  5  0|0et  leur  part  dans  les  dividendes  annuels,  re- 
Ç'tivent  graïuilement  le  journal  pendant  quatre  années,  ce  qui 
équivaut  au  rembou'S'Miient  d  iiii  sixième  de  leur  capital, 
san>  préjudice  du  rcuiboursemeul  annuel  stipulé  arlicle  44  de 
l'acte  de  société. 


On  s'abonne  à  la  Presse,  don  soumissionne  les  actions,  rue  St.  Georges  ,  n.  IG. 


IMPRIMERIE   DE   DLRTUBIE    ET   \IORMS,   17,   RUE  ST-PlLRRE-MUNTMAKTKfe.        ^ 


SIXIÈME  ANNÉE.  183G. 
Edition  française. 


JffAL 


DEUXIÈME  SÉRIE. 

—  Première  année. 


XJ»IKJiAf 


MSSiUEES 


RÉPERTOIRE    CIVIL. 

Population  de  la  France,  219  —  Produits  et  frais  de 
perception  des  impôts,  2-20.  —  Bases  des  imiennuitcs  ac- 
cordées pour  certains  dtsaitres,  9M.  —  Persounel  de 
la  justice  en  France.  222.  —  .\on>bre  des  prisonniers  et 
dépendes  qu'ils  occasior,i<nit  «iniiiiel.fiDent,  22r>.  —  His- 
torique de  la  réforme  pénitentiaire,  jifV/.— Suppression 
des  tours  destinés  à  recevoie  djns  les  hospices  des  en- 
fans  abancieiinës,  225. 

RÉPERTOIRE    DOSIESTIQDE. 

Des  Principau.x  excilans  de  l'esprit,  227. —Combles 
éconoin  qups,  229.  —  Pratique  nuisible  de  tailler,  ro- 


DICTIONNAIUE  MENSUEL  ET  PROGRESSIF. 
BÉPERTOiaZ:    TTSUEI. 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES ,  ÉCONOMIQUES  ET  NOU'VEAUX 

intéressant  directement 
L'édacalion  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle- 
L'exercice  et  le  pro^-^rès  de  toutes  les  professions  sociales  ;  ' 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  Qu'elles  nrespriven» 
PRIX  :  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE      ^■^*''"'"^^°^* 

PAR  AN  SIX  FRAJ>iCS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT-GEOKGES,  No  ii. 

Une  livraison  de  trente-deux  pages  par  mois,  contenant  un  demi-volume  in-S°. 

Les  souscripteurs  étant  autorisés  à  retenir— sur  le  prix  des  six  ir-Anm—r n(Tranchissement  de  leur  leiire  elle 
.mît  de  la  reconnaissance  de  posic,  l'abonnemenl  n'est,  de  fait,  que  de  Cliyy  FRANCS  nels  pour  la  Société'. 


NUMERO  10  :   OCTOBRE  1836. 


per  et  couper  la  corne  de  la  fourchette  des  chevaux, 
2ol.  — Des  vices  de  caractère  chez  les  chevaux,  253. 

REPEKTOIRE    PROFESSIONNEL. 

Toiles  peintes,  2ô5.  —  htduslne  .-  du  coton,  238 
Ouvriers.  Sur  l'habitude  qu  ils  ont  de  ne  pas  travailler 
le  lundi,  2ô9.  —  Le.^  ouvriers  et  les  mactiines,  tbid  — 
l-erb.uiitiers  :  sur  l'emploi  des  rognures  et  déchets  de 
lerblaiilerie,  it„d.  -  Meuniers  :  nouveaux  moulins- 
échappement  de  la  farine  par  toute  la  circonférence  des 
nrieules,  -.440.  —  Caoutchouc  (facricans  dej,  242.  —  Ré- 
sines, 2-i2. 

REPERTOIRE  DE  LA   CONVERSATION. 

Des  courses  de  chevaux,  24.Î. 


a 

«3 -5 
B  es 

ri 

JOURS. 

delà 

-»  S) 

■a 

semaine- 

13 

1 

9i 

samedi. 

90 

2 

DIM. 

89 

3 

lundi. 

88 

4 

mardi. 

86 

S 

mercredi 

8fi 

6 

jeudi. 

85 

7 

vendredi. 

84 

8 

samedi. 

S.'i 

9 

DIM. 

82 

10 

lundi. 

81 

H 

mardi. 

HO 

12 

mercredi. 

79 

13 

jeudi. 

78 

14 

vendredi. 

77 

IS 

samedi. 

76 

16 

DIM. 

7f> 

17 

lundi. 

74 

18 

mardi. 

73 

19 

mercredi. 

72 

9.0 

jpudi. 

7) 

?.i 

vendredi. 

70 

22 

samedi. 

f.9 

23 

DIM. 

68 

24 

lundi. 

07 

2S 

mardi. 

m 

26 

mercredi. 

PS 

27 

jeudi. 

C4 

28 

vendredi. 

64 

25 

samedi. 

63 

30 

DlM. 

62 

51 

lundi. 

NOMS 
des 

SAINTS. 


s.  Reml.  évêque. 
ss.  Anges  gard. 
s.  Denis,  l'aréop 
s.  Françoisd'.Ass. 
ste  Aure,  vierge, 
s.  Biuiio. 
s.  Serge,  s.  B. 
ste  Brigiite. 
s.  Denis,  évêque. 
s.  (iéréon. 
s.  IVicaise. 
s.  Viifrid,  év. 
s.  Gerand. 
s.  Caii.\ie,  pape, 
ste  Thérèse, 
s.  Anduel. 
s.  Cerbonney,  év 
s.  Luc,  évangél. 
s.  Savinien. 
s.  Aurele. 
ste  Ursule. 
s.  Mellon, 
s.  Hilarion. 
s.  Magioire. 
s.  Crépin. 
s.  Amand. 
s.  Frumence. 
s.  Simon,s.  Jude. 
s.  Narcisse, 
s.  Lucain. 
Vigile-Jeùae. 


INTi 

:rj 

de 

STS 

fr. 

100 

à4 

p.  OiO. 

J. 

r. 

c. 

273 

3 

01 

276 

3 

02 

277 

3 

03 

278 

3 

04 

279 

5 

05 

580 

5 

06 

281 

5 

07 

282 

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08 

S83 

3 

10 

281 

o 

H 

2S.S 

3 

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286 

5 

13 

287 

5 

14 

288 

3 

15 

289 

3 

16 

290 

o 

17 

291 

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18 

892 

o 

20 

293 

o 

21 

294 

3 

22 

295 

o 

23 

296 

o 

24 

297 

o 

25 

598 

o 

S6 

299 

o 

27 

300 

5 

28 

ÔOI 

o 

Î9 

502 

3 

50 

503 

3 

32 

504 

3 

33 

305 

o 

54. 

REVENU 


Par  an. 


fr. 
15800 
15S60 
13900 
ic'.lol) 
14000 
14l)o0 
14100 
14150 
14-200 
14250 
14,00 
14350 
14400 
l44.-;0 
14.d00 
14350 
I4li00 
146.S0 
14700 
14750 
14800 
14850 
14900 
14950 
iSOOO 
l5n50 
l5i00 
iSifiO 
l.iSOO 
15230 

15:,')0 


Par  jour. 


fr.  c. 

37  80 

57  94 

38  08 

58  21 

58  35 
35  47 
38  65 
38  76 

38  90 

59  04 
59  17 
59  51 

39  43 
39  58 
39  72 

39  86 

40  00 
40  13 
40  27 
40  41 
40  5i 
40  68 
40  82 

40  95 
4t  09 

41  23 
41  36 
41  50 
4l  64 
il  78 
41  9! 


EMPLOL        1 

dépense 

épargne 

9il0 

1|10 
fr.  c. 

fr.  c. 

34  02 

3  78 

54  15 

3  79 

54  27 

5  80 

54  59 

3  82 

54  52 

3  83 

"4  64 

5  84 

54  76 

5  86 

54  8;^ 

5  87 

55  01 

5  88 

55  13 

5  90 

35  26 

5  91 

55  5S 

5  93 

55  50 

3  94 

53  63 

5  95 

33  75 

5  97 

33  87 

5  98 

56  00 

4  00 

56  12 

4  01 

56  24 

4  02 

56  36 

4  04 

.36  49 

4  03 

36  61 

4  06 

36  73 

4  08 

36  86 

4  09 

36  98 

4  10 

57  10 

4  1-2 

57  25 

4  13 

37  35 

4  15 

37  47 

4  16 

37  60 

4  17 

41  72 

4  19 

Le 


1  lev.  du  soleil  6  h. 
10  —  6 

20  —  6 

51-6 


1  m.  J  Couch. 
14         _ 

30  — 

ii}  - 


S  h.  38  va. 
S        19 

4        59 
i        40 


D.  Q.  le    3,  à  6  heures  51  minutes  du 
N.  L.  le  10,      1  38  du 

P.  Q.   le  17.    10  34  du 

P.  L.  le  2i,      1  15  du 


TTtUJjUlT 

de  1|I0 

épargné 

au  bout  de 

20  ans. 

FrT^ 

41815  80 
41967  30 
42118  85 
42270  55 
42421  83 
42573  40 
42724  90 
4-2876  43 
4,3027  9-5 
43179  5(1 
43550  70 
43482  25 
4.3633  75 
43785  25 
4.3936  80 
44088  30 
44240  15 
44391  65 
4454 >  20 
44694  70 
44846  25 
44997  75 
45149  30 
^io300  80 
43452  50 
43605  80 
43755  35 
45906  85 
460.8  45 
46209  87 
46560  35 

soir. 

matin. 

matin, 

soir. 


MUSIQUE  VOCALE  POPULAIRE   EN  CHIPTRES. 


La  musique  est  devenue  un  métier  si  dif- 
ficile de  notre  temps,  les  airs  payés  sont  si 
chers  ,  qu'il  est  impossible  que  la  classe 
populaire  puisse  ni  l'apprendre  ni  l'acheter. 
Il  n'y  a  plus  de  chanteur  que  dans  les  con- 
certs, qu'ils  aient  lieu  au  théâtre  ou  dans  un 
salon;  mais  la  musique  qu'on  y  fait  n'est 
que  pour  l'opulence;  le  peuple  ne  peut  ni 
la  comprendre,  ni,  il  fautle  répéter,  en  faire 
la  dépense.  Il  ne  chante  que  dans  ses  ate- 
liers, pour  se  soulager  de  ses  travaux;  ses 
chants  sont,  généralement,  des  airs  simples 
ou  anciens,  et,  conséquemment  dédaignés 
du  grand  monde.  Béianger,  ce  poète  na- 
tional, a  su  les  adapter  à  ses  odes  avec  un 
rare  bonhetfr  pour  se  rapprocher  du  peuple 
et  lui  faire  partager  sa  patriotique  éloquence 
et  son  amour  pour  la  France.  Il  a  dit  de  lui  : 
De  Tieui  soldats  m'ont  dit  :  gràcc  à  la  muse 
Le  peuple  enfin  a  de*  chauts  pour  sa  voix. 

On  a  si  bien  compris  que  le  peuple  aime  à 
chanter,  et  que  lorsqu'il  se  livre  à  ce  goût  il 
en  affaiblit  d'autres  plus  grossiers  et  plus 
dangereux,  que  l'on  a  commencé,  dans  des 
écoles,  à  lui  enseigner  la  musique.  MB.  Wil- 
hem  s'est  consacré  avec  un  zèle  admirable 
à  cette  intéressante  fonction.  Il  a  obtenu 
quelques  succès  à  Paris  ;  mais  cette  élude 
devrait  être  générale;  toutes  les  écoles  d'En- 
seignement  mutuel  en  France  devraient 
adjoindre  la  connaissance  du  chant  à  la  lec- 
ture, l'écriture  et  autres  objets  dont  elles 
s'occupent;  celle  connaissance,  réduite  à 
sa  plus  simple  expression,  s'acqureraitavec 
autant  de  facilité  quQXcplain chant,  en  n'y 
employant  que  quelque»  momens  dans  les 
heures  de  récréation. 

/.-/.  Rousseau  avait  proposé  la  notation 
de  la  musique  avec  les  sept  pre77iiers  c'iif/res 
arabes;  mais  son  erreur  a  été  de  vouloir 
l'étendre  de  la  voix  aux  instrumens.  S'il  eût 
borné  soninnovation  aux  airs  facile.sde  la  mu- 
sique vocale,  tels  que  chants  d'église,  chan- 
sons, romances,  aux  chants  populaires  cn- 
/în,iln'aurait  effarouché  personne;  l'air  d'une 
chanson  aurait  été  imprimé  typograpbique- 


ment  à  la  tête  de  cbaqtic  chanson,  sans 
qu'un  recueil  eût  été  renchéri  de  25  centi 
mes,  et  le  peuple  enfin  aurait  eudes  chants 
j)our  sa  voix. 

Sans  élever  ses  prétentions  aussi  loin  que 
Rousseau,  M.  W.  eu  a  une  qui  consiste, 
selon  lui,  à  enseigner  notre  Musique  vocale 
populaire  sans  le  secours  d'un  maître,  à 
ceux  qiri  sont  doués  d'une  volonté  ferme  et 
qui  sont  susceptibles  d'une  attention  soute- 
nue. Ceux  qui  ne  possèdent  pas  ces  facultés 
ou  qui  ne  veulent  pas  les  acquérir,  n'appren- 
dront jamais  rien ,  môme  d'un  maître.  Tous 
les  maîtres  de  bonne  foi  en  convieRaent. 

Cette  dénomination  de  Musique  vocale 
populaire  en  chiffres  n'est  pas  sans  motifs; 
la  musique  ordinaire,  avec  ses  clés  diver- 
ses, armées  de  dièzes,  de  bémols,  de  bé 
carres  et  d'une  foule  de  signes  compliqués 
n'est  rendue  si  difficile  qu'à  cause  des  in 
strumens;  la  voix  humaine  n'a  besoin  que  de 
la  gamme  naturelle  dun  majeur,  tous  les 
airs  en  mode  mineur  peuvent  aussi  se  tra- 
duire et  se  solfier  sur  la  gamme  naturelle  de 
lamineur;  seulement,  si  l'on  veut  les  sol 
fier  sur  le  ton  du  diapason,  on  indique  au 
commencement  de  l'air  en  chiffres  le  ton,  ou 
la  tonique,  de  l'air  en  musique  ordinaire  et 
l'on  évite  les  difficultés  que  les  instrumens 
ontnpportées  dans  ladite  musique  et  dont  la 
voix  peut  et  doit  être  affranchie. 

Nous  regrettons  bien  sincèrement  de  ne 
pouvoir  faire  connaître  dans  cette  notice  la 
méthode  complète  de  M.  W.  Mais  nous 
sommes  contraint  par  les  limites  de  cette 
feuille  de  nous  borner  à  ce  qui  suit.  M.  W. 
Ji'a  point  fait  une  spéculation  de  son  inven 
(ion ,  et  ])our  le  prouver,  il  a  fixé  à  60  centi 
mes  le  prix  de  son  ouvrage  complet,   au 
moyen  duquel  on  peut,  arec  quelque  perse 
vérance,  obtenir  les  notions  du  chaut  quand 
on  ne  le  considère  que  comme  un  délasse- 
ment et  non  comme  une  profession. 

La  méthode  se  trouve  chez  M.  Desrer 
éditeur  du  Panthéon  littéraire,  rue  St-Geor- 
ges,  n.  11,  à  Paris. 


KÈPERTOIRE  CIVIL. 


I.  INTÉRÊTS  GÉNÉRAUX.  —  II.  MORALE  ET  INSTRUCTION  PUBLIQUES. 
III.  DEVOIRS  ET  DROITS  CIVILS  ET  POLITIQUES. 


POPULATION    DE    LA  FRANCE. 


Tous  les  cinq  ans  le  recensement  général 
<Ie  la  population  de  la  France  est  fait  à  nou- 
veau :  le  dernier  a  été  eflectué  en  1831,  et  le 
tableau  en  a  été  arrêté  par  ordonnance  du 
11  mai  1832  pour  servir  de  base,  pendant 
îi  années,  à  toutes  les  opérations  administra- 
tives. L'existence  officielle  de  ce  tableau 
touche  au  terme  de  sa  durée  quinquennale, 
et  va  à  la  fin  de  l'année.  Ce  travail  important  a 
été  l'objet  d'une  instruction  récente  de  M.  le 
ministre  de  l'intérieur.  Afin  d'.assurer  l'u- 
niformité matérielle,  qui  est  un  des  premiers 
moyens  de  succès,  le  ministre  a  fait  dresser 
les  modèles  de  cadres  qui  doivent  servir  au 
travail. 

L«  premier  de  ces  cadres  est  destiné  à  for- 
mer l'état  nominatif  des  habitans  de  chaque 
commune,  et  doit  être  rempli  parles  maires 
Il  se  compose  de  douze  colonnes,  et  doit  con- 
tenir, pour  chaque  habitant,  les  noms,  pré- 
noms, professions  et  âge  ;  deux  numéros 
d'ordre,  l'un  personnel,  l'autre  qui  rattache 
chacun  au  ménage  dont  il  fait  partie;  l'indica- 
tion du  sexe  et  de  l'état  civil  (  c'est-à-dire  si 
l'on  est  marié,  veuf  ou  veuve,  ou  fille  ou 
garçon)  ;  enfin  les  observations,  s'il  y  a  lieu. 
Ce  tableau  doit  être  établi  en  deux  expéditions, 
dont  l'une  reste  aux  archives  dea  commune, 
et  l'autre  est  envoyée  au  préfet. 

Celui-ci  doit  vérifier  les  totaux  de  tous  ces 
états  communaux,  et  les  porter,  après  vérifi- 
cation, sur  un  état  spécial;  puis  il  récapitule 
les  relevés  communaux  par  canton,  et  les 
relevés  cantonnaux  par  arrondissement  ;  il 
totalise  pour  le  département,  et  enfin  établit 
un  tableau  particulier  des  communes  qui  ont 
ou  une  population  agglomérée  de  1,50 habitans 
et  au  dessus,  une  population  de  3,000  habitans 
et  au  dessus.  Le  second  modèle  annexé  à 
l'instruction  renferme  tous  les  cadres  néces- 
saires à  ce  travail  de  la  préfecture.    • 

Telle  est  la  série  des  détails  d'exécution 
matérielle,  depuis  le  point  de  départ  du  re- 
censement dans  la  commune,  jusqu'à  la  cen- 
tralisation des  résumés  généraux  dans  les 
bureaux  de  l'administration  supérieure.  Le 
département  le  plus  peuplé  de  tous  relati- 
vement à  sa  superficie,  celui  de  la  Seine,  l'est, 
toute  proportion  d'étendue  gardée,  prés  de 
82  fois  plus  que  celui  des  Basses-Alpes,  celui 
de  tous  où  la  population  est  le  moias  agglo- 


mérée. Sur  l'ensemble  de  la  France,  le  rapport 
de  la  population  à  la  superficie  est  de  1,219  ha- 
bitans par  lieue  carrée.  Sur  les  32, .^«00,223  ha- 
bitans, on  comptait  en  1832,  t3,n«),l0:f'horames, 
donl6,047,841  mariés,  722,611  veufs,  303,231  mi- 
litaires, 8,806,422   enfans   et  non  mariés,   et 
16,629,118  femmes,    dont  6,056,836    mariées, 
1 ,502,339  veuves  et  9,069  enfans  et  non  mariées. 
En  1831,  année   où  se   fit  le  recensement,  le 
nombre  des  décès  s'est  élevé  à  802,761,   dont 
403,902  masculins   et  396,839  féminins  ;  celui 
des  mariages  à  246,438;  et  celui  des  naissances 
à  1,986,709,  dont913,298légitimes  et  71,411  na- 
turelles :  sur  ces  dernières,  on  a  compté  33, 
433  enfans  trouvés.  So  us  le  rapport  des  sexes 
sur  les  986,709  naissances,  il  y  en  a  eu   509,029 
masculines  et  477,680  féminines. 

Rapprochés  entre  eux,  ces  chiffres  pré- 
sentent les  résultats  suivans:  lo  le  nombre 
des  naissances  a  surpassé  celui  des  décès  de 
183,948  :  ce  chiffre  est  donc  celui  de  l'aug- 
mentation de  la  population  pendant  l'année 
1831  ;  2o  le  nombre  des  naissances  naturelles 
est  à  celui  des  naissances  légitimes  à  peu  prés 
comme  1  est  à  12,2,  c'est-à-dire  que  contre 
un  enfant  naturel  il  en  naît  un  peu  plus  de 
12  légitimes  ;  ôo  le  nombre  des  naissances 
mâles  dépasse  de  51,549  celui  des  naissances 
féminines,  c'est-à-dire  que  le  premier  a  été 
au  second  dans  la  proportion  de  17  16  environ  , 
mais  les  décès  mâles  n'ont  dépassé  les  décès 
féminins  que  de  9,045,  de  sorte  que  la  pro- 
portion des  preniiers  aux  seconds  est  environ 
de  43  contre  42.  Ainsi  il  naît  17  hommes 
contre  16  femmes  et  il  n'en  meurt  que  45 
contre  41  ;  l'excédant  des  naissances  masculines 
est  à  l'excédant  des  décès  masculins  à  peu  près 
comme  52  est  à  31. 

Établis,  non  plus  sur  une  seule  année,  mais 
sur  une  série  de  13  ans,  de  1817  à  1851  inclu- 
sivement, les  mêmes  calculs  ont  permis  de 
déduire  les  moyennes  suivantes,  qu'on  peu- 
regarder  comme  l'expression  des  lois  du  mou- 
vement annuel  de  la  population  en  France. 
Sur  quinze  années  le  nombre^des  naissances 
a  donc  été,  en  moyenne,  d(r968,8()9,  celui 
des  mariages  de  237,636,  celui  des  décès  de 
784,375,  et  l'accroissement  de  la  population 
de  184,256. 

Le  rapport  des  naissances  masculines  à  ce 
lui  des  naissances  féminines  est  de  17  à  16, 
celni  des  naissances  naturelles  aux  naissances 
légitimes  est  environ  de  10  à  152. 


'2-20 

Les  décès  masculins  dépassenl  les  décès  fé- 
minins dans  la  proportion  de  '>T>  à  ,"i^. 

On  compte  un  mariage  pour  loi. 4  ou  un 
peu  plus  (le  loi  habitans,  et  pour  A  naissances 
lh2,  ou  compte  3, S  ou  presque  4  onfans  léjïi- 
times  par  mariage. 

On  compte  1  décès  pour  Ô9,7  hai)itans,  et 
pour  1  naissance  et  1/4.  Enfin  on  tonsple  1  nais- 
sance sur  3^2,2  habitans  et  pour  U.Sl  décès  ; 


ce  qui  revient  à  10  naissances  pour  S  décès- 
Les  garçons  contribuent  à  l'accroissement 
de  la  population  pour  un  ÔOl,  et  les  filles  pour 
un 386'"  seulement. Si  l'accroisscmenttotal,  qui 
est  d'un  lG9e,  se  maintenait,  la  population 
s'accroîtrait  d'un  toe  en  Iti  ans,  de  deux 
lOes  en  TA  ans,  de  moitié  en  69  ans  et  se  dou- 
blerait en  1 17  ans. 


l'IlODl'ITS   ET   FRAI.S   DE  PERCEPTION    DES  IMPOTS. 

Les  crédits  alloués  pour  frais  de  régie,  de  perception  et  d'exploitation  des  impôts  et  re- 
venus publics,  comparés  aux  recettes  auxquelles  ils  se  rapportent,  peuvent  donner  une  idée 
du  mécanisme  administratif  de  notre  système  financier.  Nous  les  avons  établis  dans  le  ré- 
sumé suivant  pour  l'année  1837.  x-    •   j      -  •         ti         »      .     i  a  ■.     . 

Produit.  Frais  de  régie.      Proport,  entreles  produits  et 

les  frais  de  perception. 

Douanes  et  sels 163,300,000  f.        23,319,730  f.  14  f.  22  p.  0/0. 

Contributions  indirectes.  .    114,285,000  22,72,'>,0()0  19      88    ùl. 

PnsfpV  39.454,000  20,932,400  53      0.^     id. 

^"u-P, ....       74,380,000  20,908,00(J  28      10    id. 

Contributions' directes.  .  .    365,804,460  15.072.70fi  4      12    id. 

Enreeistrement ,  timbre  et 
,„tL"inpr  •  .  .     202,722,000  10,409,5.^0  n      13    id. 

Tm-PU 23,100,(X)0  3,673,500  15       90     id. 

Salines  de' rEst!  !  '. '^m  158,000  "^l      06    id- 

Totaux.....    983,795,460  f.      Ii7,i98,960f.  llf.  81  p.  OjO.  francs. 

TABLEAU    COMPARATIF 


DES  DÉPENSES  ET  RECETTES  DES  SERVICES  FAITES  E^V  1829  , 

Tel  (tue  le  chiffre  en  a  été  arrêté  par  la  loi  réglementaire  du  31  janvier  1833,  avec  Us  dé- 

mnses  et  les  recettes  volées  et  portées  au  budf/el  de  1836,  par  la  loi  de  finances  du  17  août 
J835. 

DÉPENSES. 

Exercices  

182!)  1836 

nntionnWimiP 330,349.913  f.  335,033.725  f. 

•!.i  Sp^ 52,000,000  13,000,000 

Mol^rl  Hps  nàiri;    '     '     '          .^00,000  720.000 

Chambre^des  pairs    .     •     •     ■     '     '                   ,         _              ^OO.OOO  643.000 

Légion-d'honneSr.  .    .'    •'    •' ;    •    •    •           ^.«^^.ISS  2,400.000 

*  MINISTERES. 

l„-,ipp                        19,512,629  18,666,470 

;,",", 35,581.535  35.104,689 

An-«irPs'p»r'an^ères'     .* 11,382,283  7,355,700 

Instruction  nublifue        6,245,108  13,033.o29 

ÎSp.  r       P"*""*"                     93,870.443  103,918.000 

^V:Jr,.r^o^oP 10,813,903  9,797,764 

r      rro        214,748,437  227,283,210 

M^Hne '.'■'■ 74,630,849  62,181,659 

Finances    '     '     '      '                    25.892,411  22.110.434 

Frais  de  régie,  perception  et  exploitation  des  impôts.        IJf.SSMOS  ^V^'f.lf^^ 

Kembourscmens  et  restitutions A4,  mi,! M  4^,112,265 

Totaux.     .        1,021,215,698  f.  1,012.738.675  f. 

Différence  en  moins,  en  faveur  de  1836 S,'in,0'23 

Égal.     . 1,021, 215,698  f, 

La  liste  civile  a  éprouvé  une  diminution  de    .    .    .  19,000,^0  f. 

La  diminution  totale  n'étant  que  de >i,4n,0'ià 

Il  en  résulte  que  les  dépenses  publiques  sont  ang-  ^^  ^^^  ^^^ 

""Dans  ceUe  somme',  la  dette  publique  figure  s'eiiis  pou'î-  J^^^ 

Ce  qui ,  en  définitive ,  donne  une  augmentation  de 
dépense  de '      ' 


2:>1 
Il  l'aut  observer  que  dans  l'exercice  1829.  l'armée  a  été  soldée  et  ctitrelenue  à  un  effectif  de 
ass,;!^:»  hommes,  et  de  46,86.{  chevaux,  et  qu'en   I3.16,   rt-ffectif  moyen  de  l'aiinéo  est  de 
310,"0S  hommes,  et  de  ot;,~(iO  chevaux,  ce  qui  l'ail  une  augmentation /pour  c>'  dernier  exer- 
cice, do  55,385  hotames,  et  de  9,897  chevaux. 


ÏIECETJES. 


Budgets  de 


1829  -1830 

Contributions  directes 329,4r.5,.'wl  f.        302,634,917  f. 

—      -     indirectes 206,136,405  ISS.riSS.OOO 

Enregistrement,  timbre  et  domaines 186,429,3.^5  19S,.',0(),0(JO 

Douanes  et  sels 1o9,08o,086  16t'.()0(),000 

Postes.                 30,7.14,551  3(). toi  1.000 

Coupes  de  bois 25,039,870  22,970,000 

Loterie ,...,....  42,777,52,s 

Produit  des  jeux 5,500,000  .5,500,000 

Droits  universitaires  et  revenus  de  l'Université.     .    .  2,704,.S79  4,002,4Sr> 

Salines  de  l'Est 1,448,828  1,465,000 

Produits  de  divers  revenus  publics 3,368,157  5,373,070 

Produits  divers  provenant  des  ministères 1,757,203  2,463,000 

Produits  extraordinaires 4,132,8S4  7,514,417 

Receltes  de  diverses  origines 260,21(»  240,000 

Produits  d'amendes,  saisies    'confiscations 3,296,375  2,800,000 

Le  budget  de  1829  a  été  an  i  recettes  à  un  total 

de  l,030,4f;3,52<t  f.  Dans  le  tabkc  dessus,  on  a  réuni 
d'autres  recettes  s' élevant  à  4,119,  ui,  depuis  1830. 

ont  été  rattachées  au  budget  général  .>  l'état,  et  qui,  en 
'1829,  étaient  acquittées  en  dehors  des  budgets  ministé- 
riels. Mais  on  a  distrait  des  receltes  celles  qui  réellement 
n'appartiennent  pas  à  l'exercice  1829,  ou  qui  ne  lui 
avaient  été  rattachées  qu'à  litre  de  -ressource  extraor- 
dinaire, et  qui  se  montent  à  62,449,772  f.,  ce  qui  réduit 
les  recettes  ordinaires  inhérentes  à  l'exercice  1829  et  re- 
produites au   tableau  de  comparaison    ci-dessus,   à    la 

somme  totale  de 972,152,78-2 

La  loi  du  17  août  1835  a  Gié  le  budget  des  recettes  de 

4836,  à 1,000,700,897  1. 

Ce  qui  donne  une  augmentation  de  recette  de     .     .     .  28,.568,115 

La  diminution  des  dépenses  est  de 8,477,025 

La  liste  civile  a  été  diminuée  de 19,00<^),000 

En  définitive,  l'exercice  1833  offre  une  somme  de.  .     .  56,045,138  f.    - 

en  sus  des  moyens  de  1829  pour  subvenir  aux  dépenses 
publiques  nécessitées  par  l'état  de  choses  actuel. 


BASES  DES  INDEMNITÉS  ACCORDÉES  POUR 
CERTAINS  DÉSASTRES. 

Quand  un  désastre  quelconque  vient  affli- 
ger certaines  localilés  ou  des  individus  .  le 
gouvernement  alloue,  sur  des  fonds  spéciaux, 
des  secours  proportionnés  à  l'importance  des 
dommages.  Voici  sur  quelles  bases  est  établie 
cette  distribution  de  secours,  pour  pertes  ré- 
sultant d'événemens  majeurs  ou  imprévus. 
Ces  pertes  sont  de  deux  natures  :  D'après 
l'instruction  du  24  octobre  1821  ,  les  pertes 
totales  sont  celles  qui  résultent  de  l'incendie 
et  de  l'épizootie  ;  les  pertes  temporaires  sont 
celles  qui  n'affecient  ijue  la  superficie  du  sol, 
tels  que  les  dommages  causés  par  la  grêle  , 
une  gelée  extraordinaire  hors  de  saison  elles 
inondations ,  dommages  assez  ordinairement 
réparables  dés  l'année  suivante,  à  l'exception 
toutefois  de  la  perte  des  oliviers  dans  le  midi 
de  la  France,  qui  se  fait  sentir  plusieurs  an- 
nées après  le  désastre. 

Le  mode  de  constater  les  pertes  est  fixé  par 
un  arrêté  du  gouvernement  consulaire  du  24 
floréal  an  V  (H  mai  18<)i)(.   Les   contrôleurs 


des  contributions  directes  concourent  aved 
es  autorités  locales  à  établir  cette  vérifica- 
tion par  des  procès-verbaux,  soumis  ensuite  à 
l'examen  du  directeur  du  département  ;  on 
obtient  ainsi  toutes  les  garanties  désirables 
pour  procéder  régulièrement  à  l'estimatiou 
des  pertes,  et  pour  prévenir  toute  exagéra- 
tion dans  le  chiffre  d'évaluation. 

Les  bases  d'après  lesquelles  les  secours  sont 
alloués  varient  en  raison  de  limportance  des 
pertes  et  de  leur  nature;  elles  reçoivent  né- 
cessairement des  modifications  lorsque  les  dé- 
sastres sont  considérables,  afin  de  rester  dans 
les  limites  du  crédit  accordé  par  le  budget. 

Voici,  au  reste,  les  proportions  établies  et 
qui  servent  de  point  régulateur: 

6  p.  O^a  pour  pertes  totales,  lors- 
que le  chiffre  ne  dépasse  pas  ....    20,000  f. 

5  p.  0/0  id.  .  .  .    40,(JU0  f. 

4  p.  0/0  pour  pertes  totales  ,  le 
chiffre  dépassant  cette  quotité  de  .    40.000  f. 

2  p.  0/0  pour  grêle  ,  gelée  extraordinaire, 
inondation  ,  avec  les  réductions  en  raison  du 
nioniant  des  pertes  et  de  la  situation  du 
crédit. 


222 

PERSONNEL   DE 


LA   JUSTICE  EN  FRANCE. 


On  compte  en  France  2,846  juges  de 
paix  et  un  même  nombre  de  greffiers.  Le 
traitement  des  juges  de  paix  a  éléfixé  par 
la  loi  du  26  février  1799  à  2,400  fr.,  à  Paris 
et  de  16  à  800  fr.  pour  les  départemens. 
Celui  des  greffiers  a  été  fixé  au  tiers  du 
traitement  des  juges,  par  la  loi  du  9  juiu 


que  deux  chambres  temporaires ,  Tune  près 
le  tribunal  de  Ire  instance  de  Grenoble, 
l'autre  près  de  celui  de  Saint-Étienne.  Les 
chambres  temporaires  sont  créées  quand  le 
besoin  l'exige,  conformément  à  l'article 
39  de  la  loi  du  20  avril  1810. 

La  iré  classe  ne  com.prend  que  le  tribu- 
nal de  Ire  instance  de  Paris;  le  2e  cora- 
I  prend  4  tribunaux  :  Bordeaux  ,    Lyon 


iraiiemeiii  uc»  juge»,  yui^  «"  '"»  ---  "  j —    f~ —    •    •   >    — j —  j 

même  année.  Ce  premier  degré  de  la  justice    Marseille,  Rouen;  la  3e  comprend  3  tri- 


civile  coule  à  l'état  3,103,200  fr. 

Il  existe  dans  tout  le  royaume  104  tribu- 
naux de  poUce   qui  sont  présidés  par  un 
commissaire  de  police  et  dont  les  greffiers 
seuls  reçoivent  un  traitement  particulier. 
Ce  traitement  a  été  fixé,  par  le  tribunal  de 
police  de  .'  aris,  à  6,000  fr.  par  un  arrêté  du 
7   décembre  1802,  celui  des  gieffiers  des 
autres  tribunaux  de  police  l'a  été  par  un 
.précédent  arrêté  du  17  septembre  même 
année,  et  varie  de  500  à  1200  francs  d'après 
'importance  des  villes   où  les  tribunaux 
existent.  La  dépense  totale  de  ces  greffiers 
est  de  62,400  francs. 

On  sait  que  les  fonctions  de  juges  des 
tribunaux  de  commerce  sont  gratuites  ;  les 
greffiers  seuls  sont  rétribués  par  l'état. 
Leur  traitement,  qui  a  été  fixé  par  un 
arrêté  du  27  juiu  1800  et  par  un  décret  du 
23  février  1811 ,  est  de  1800  fr.  à  Paris  et 
de  500  à  1200  f .  pour  les  autres  villes  des  dé- 
partemens; leur  nombre  est  de  220,  lemon- 
iant  de  leur  traitement  est  de   179,900 

ancs. 

Les  tribunaux  de  première  instance ,  au 
ûombre  de  361 ,  sont  divisés  en  sept  classes, 
déterminés  par  la  quotité  du  traitement  des 
simples  juges.  Ce  traitement  est  de6,000  fr. 
au  maximum ,  et  de  1230  au  minimum.  Le 
personnel  de  ces  tribunaux  est  de  3,296  in- 
dividus ,  savoir  :  361  présidens ,  8a  vice- 
présidens,    375  juges    d'instruction,  803 
juges,  20  juges  suppléans,  361  procureurs 
du  roi,  461  substituts;  en  tout, 2,470  ma 
gistrals,  auxquels  il  faut  ajouter  361  gref- 
fiers   et    465  commis    assermentés.    Les 
crédits  accaidés  pour  1837  pour  la  dépense 
des  membres  des  tribunaux  de  i"  instance 
est  de  5,551,470  fr.  y  compris  20,000  pour 
frais  de  secrétariat  de  la  présidence  et  du 
parquet  du  tribunal  de    Ire  instance   de 
Paris,  et  9,500  fr.  pour  traitement  des  juges 
suppléans,  membre  de  chambres  temporai- 
res, lesquels,  aux  termes  de  l'article  3  de 
l'ordonnance  royale  du  25  juillet  1833 ,  re- 
doivent un  traitement  égal  à  celui  des  juges 
de  ces  tribunaux.  Eu  ce  moment,  il  n'exist 


bunaux  :  Lille  ,  Nantes ,  Toulouse  ;  la 
4e  en  comprend  12;  la  5e  31;  la  6e  95,  et 
la  9e  215,  en  tout  361  tribunaux. 

Les  cours  royales,  au  nombre  de  27, 
sont  divisées  en  4  classes ,  déterminées  par 
!a   quotité  du  traitement  des  conseillers. 
Ce  traitement  varie  de  3  à  8000  fr.,  le  per- 
sonnel est  de  1121  mdividus  :  27  premiers 
présidens,  93  préside-as  de  chambre,  630 
conseillers,  63  conseillers  auditeurs,   27 
procureurs  généraux ,  27  premiers  avocats 
généraux,  40  avocats  généraux ,  63  substi- 
tuts ,  total  970  magistrats ,  plus  27  greffiers 
et  124  commis  assermentés.  La  Ire  classe 
est  la  cour  -royale  de  Paris ,  la  2e  en  a  3  : 
Bordeaux,  Lyon,    Rouen;  la  3e  n'en  a 
qu'une,  à  Toulouse;  la  4e  en  compte  22, 
total  27.  La  dépense  des  cours  royales  est 
de  4,246,900  fr.,  compris  25,200  fr.  de  frais 
de  secrétariat  de  la  Ire  présidence   et  du 
parquet  delà  cour  royale  de  Paris,  et  celui 
du  parquet  de  la  cour  royale  de  Rennes, 
attendu  que  le  ressort  comprend  cinq  dé- 
partemens. A  cette  somme  de  4,246,900 
francs,  il  convient  d'ajouter  15*,4O0  francs 
montant  de  l'inderonilé  accordée  aux  con- 
seillers délégués  pour  présider  les  59  cours 
d'assises  autres  que  celles  chefs-lieux  de 
cour  royale,  et  pour  les  frais  de  secrétaires 
de  parquets  alloues  aux  procureurs  du  roi 
près  les  tribunaux  de  Ire  instance  chefs- 
lieux    de   cours   d'assises ,   comme  étant 
chargés  du  service  de  toutes  les  affaires 
criminelles  pendant  les  assises.  Ces  diverses 
sommes  réunies  forment  un  total  de4,401,300 
francs. 

La  cour  de  cassation  se  compose  de  56 
membres  :  1  premier  président,  3  prési- 
dens de  chambre,  45  conseillers,  1  procu- 
reur général,  1  premier  avocat  général, 
5  avocats  généraux;  ces  traitemens,  ceux 
des  greffiers,  huissiers,  etc.,  de  cette  cour, 
élèvent  la  dépense  total  à  797,300  francs. 
La  loi  du  18  février  1791  avait  fixé  le  traite- 
ment des  membres  de  la  cour  et  du  commis- 
saire du  gouvernement  à  8,000  Uvres;  celle 
du  27  ventôse  an  viii,  l'avait  porté  àlOjOO^' 


francs ,  avee  un  supplément  de  5,000  fr., 
pour  le  président  'ît  le  commissaire  du  gou- 
vernement, et  un  autrede  2,000  fr.  pour  les 
présidens  de  sections.   Par  uk  décret  du 
27  messidor  an  XII,  les  dépenses  de  la  cour 
de  cassation  ont  élé  fixés  de  nouveau  :  Ce 
traitement  fut  porté  à  15,000  pour  les  mem- 
bres, le  procureur-général  et  ses  substituts, 
plus  un  supplément  de  15,000  fr.  pour  le 
1er  président  et  lé  procureur  général,  un 
de  5,000  fr.  pour  les  présidens  de  section , 
réduit  à  moitié  pour  lessubstituts.Une  ordon- 
nance royale  du  16  octobre  1822  a  porté  à 
40,000    francs  le  traitement  du  premier 
président  et  celui  du  procureur  général. 
Cet   état    de   choses  a  subsisté  jusqu'au 
31  décembre  1830,  époque  à  laquelle  le 
traitement  du  premier  président  et  du  pro- 
cureur général  a  été  réduit  à  35,000  fr.;  le 
supplément  des  présidens  de  chambre  et  de 
premier  avocat  général  a  été  fixé  au  5e  du 
traitement!  des  conseillers;  le  traitement 
des  avocats  généraux  et  celui  des  conseil- 
lers a  ©té  fixé  au  même  taux ,  et  l'abonne- 
ment du  greffier  en  chef  porté  à  39,500  fr. 
Enfin  par  ordonnaece royale  du24  avrill832, 
résultat  de  la  loi  de  finances,  pour  l'exercice 
de  cette  année  le  traitement  des  membres  de 
la  cour  de  cassation  a  été  réduit  et  fixé  à 
25,000  francs  pour  le  premier  président  et 
le  procureur  général,  à  15,000  fr.pour  les 
présidens  de  chambre  et  le  premier  avocat 
général,  et  à  12,000  fr.  pour  les  conseillers 
et  avocats  généraux. 

En  résumé  l'administration  de  la  justice 
proprement  dite  s'exerce  dans  le  royaume 
par  10,500  magistrats  ou  employés  à  divers 
titres,  et  demande  une  dépense  annuelle  de 
14,095,570  francs,  soit,  par  individu,  une 
moyenne  de  1342  francs  40  centimes. 

NOMBRE    DES  PRISONMERS    ET    DEPENSES 
qu'ils  OCCASIONNENI   ANNUELLEMENT. 

Les  individus  de  l'un  et  l'autre  sèxe  qui, 
d'âges  divers  et  comme  prévenus,  accusés 
ou  condamnés,  séjournent  dans  les  prisons 
et  les  bagnes,  s'élèvent  à  environ  108,500, 
répartis  de  la  manière  suivante  : 

Prévenus 32,100 

Accusés 7^300 

Condamnés  à  des  peines  correc- 
tionnelles     37,400 

Dans  les  maisons  centrales  ....     17,600 

Dans  les  bagnes 7  200 

Accusés  militaires 6,900 

La  dépense  totale  est  de  12,858,OOo'fr., 
indépendamment  d'une  somme  de  30  mil- 
lions employée  depuis  20  aimées  aux  répara- 


223 
tions  de  bâ  limcns.  Ainsi  donc  depuis  10  ans 
seulement,  le  nombre  des  détenus  qui  sa 
sont  succédé  dans  les  prisons  a  atteint  le 
chiffre  de  1,085,000  individus ,  lesquels  ont 
coûté  pour  leur  seul  entretien  143,580,000 
francs,  soit  par  individu,  1320  francs, non 
compris  les  frais  de  justice  et  autres  ana- 
logues. Un  crédit  de  600,000  fr.  est  ouvert 
pour  travaux  d'achèvement  des  maisons 
centrales  de  détention.  Cette  somme  doit 
être  répartie  de  la  manière  suivaale  : 
Beaulieu ,  travaux  additionnels.  .  200,000 
Clermont ,  travaux  pour  remédier 

au  manque  d'eau 30,000 

LiMoges,solde  des  travaux  du  quar- 
tier de  récidive  et  d'exception.  ,    50.000 
Melun,  continuation  de  travaux 

commencés 100,000 

Poissy,  travaux  additionnels.  .  .    60,000 

Rennes,  continuation 100,000 

Travaux  de  détails  dans  les  autres 
maisons 60,000 

Total 600,000 

Ne  sont  pas  compris  dans  ce  total 
3,6000,000  fr.,  montant  des  dépenses  pré- 
sumées pour  l'exercice  1837  pour  le  service 
ordinaire  des  maisons  centrales  de  force  et 
de  correction,  avec  une  populalionmoyenne 
de  17,560  condamnés. 

HISTORIQUE  DE  LA  REFORME  PENITEN- 
TIAIRE. 

Ce  n'est  point  aux  États-Unis  d'Amérique, 
c'est  dans  les  Pays-Bas  qu'a  été  tentée,  pour 
la  première  fois,  la  réforme  des  prisons.  Le 
premier  essai  eut  lieu  à  Gand,  en  1772  :  une 
prison  y  fut  érigée  par  les  états  de  Flandre, 
sous  le  règne  de  l'impératrice  Marie-Thé- 
rèse. Un  mémoire,  présenté  â  ces  états  par- 
le \icomte  Vilain  XIII,  signala  le  mal  pour 
expliquer  la  nécessité  du  remède.  On  vou- 
lut ramener  les  criminels  au  bien,  en  les  sou- 
mettant au  travail  en  commun. 

Ce  fut  presque  à  la  même  époque  que  Ho  ■ 
ward  consacra  sa  fortune  et  dévoua  sa  vie  à 
l'œuvre  à  laquelle  son  nom  est  attaché.  Après 
avoir  élé  lui-même  prisonnier  parmi  nous, à 
la  suite  de  la  guerre  de  Sept  ans,  et  nommé 
shérif  du  comté  de  Bedford,  ce  philantrope, 
affligé  du  spectacle  qu'offraient  alors  les  pri- 
sons, ne  se  borna  pas  à  visiter  celles  d'An- 
gleterre; il  parcourut,  dans  le  même  but,  les 
principaux  étals  de  l'Europe  :  à  son  retour 
dans  sa  patrie,  ilpubUa  son  livre,  qui  eut  une 
si  grande  influence  sur  les  améliorations  qui 
suivirent  cette  publication.  Le  plan  de  Ho- 


^224 

ward  consistait  dans  le  système  cellulaire 
pendant  la  nuit,  avec  classification  et  travail 
en  commun  pendant  le  jour,  en  y  ajoutant 
Temprisonneraent  solitaire,  comme  moyen 
de  discipline. 

En  1779,  le  célèbre  Blackstone  lui  fut  ad- 
joint pour  rédiger  la  loi  destinée  à  substituer 
son  système  à  la  peine  de  la  déportation.  De 
cette  tentative,  quin'eutpointlesuecèsqu'on 
se  proposait,  il  résulta  néanmoins  une  loi  ren- 
due en  1785,  qui  autorisa  l'érection  du  pé- 
nitentier  de  Glowcester,  d'après  le  système 
d'Howard.  Pour  terminer  ce  qui  concerne 
'Angleterre,  nous  ajouterons  qu'en  181G,  le 
pénitentier  de  Milbank  fut  construit  ;  l'em- 
prisonnementsolitaire  (solitary  confinement) 
y  fut  adopté,  non  seulement  comme  mesure 
corrective,  mais  encore  comme  moyen  d'a- 
mendement, soit  la  nuit,  soit  le  jour,  pour 
es  premiers  temps  de  la  captivité.  Mais  on 
ne  tarda  pas  à  en  restreindre  l'usage,  l'ex- 
périence ayant  démontré  qu'il  était  impossi- 
ble à  l'bomme  de  résister  long-temps  à  une 
solitude  absolue. 

Dans  la  session  de  1835,  le  parlement  an- 
glais a  déclaré  que  le  système  pénitentiaire 
devait  être  généralement  adopté,  et  s'éten- 
dre à  tousles  détenus,  dequelquedurée  que 
fût  leur  peine,  et  que  les  prévenus  seraient 
désormais  soumis  à  un  régime  d'ordre  et 
d'isolement  qui  les  préserv;U  du  contact  si 
funeste  des  autres  prisonniers. 

Aux  États-Unis,  les  premières  tentatives 
fait'îs  dans  le  même  but  appartiennent  aux 
quakers.  Leur  influence  en  Pensylvauie  dé- 
termina la  législature  de  cet  état  à  adoucir 
ses  lois  pénales-,  dès  1786,1a  réforme  fut  en- 
treprise, et  alors  aussi  fut  instituée  à  Phila- 
delphie la  prison  deWalmet-Slreet,sur  la- 
quelle M.  de  Larochefoucauld-Lianrourt  a 
publié  une  notice  intéressante.  En  1797,  Pé- 
tât de  New-York  entra  dans  cette  même 
voie,  et  cet  exemple  fut  imité  par  plusieurs 
autres  états,  qui  admirent  l'emprisonnement 
solitaire  pour  une  certaine  classe  de  con- 
damnés seulement. 

Toutefois,  les  premiers  essais  furent  loin 
d'être  satisfaisans.  La  multiplicité  des  réci- 
dives éveilla  l'attention  de  l'autorité,  et  ou 
pensa  alors  qu  il  était  urgent  d'étendre  da- 
vantage le  système  cellulaire.  En  1816,  la 
prison  d'Auburn  fut  fondée;  on  y  supprima 
la  vie  commune,  chaquecellule  pouvait  con- 
tenir deux  prisonniers. Maison  ne  tardapas 
à  s'apercevoir  que  les  mœurs  avaient  à  souf- 
frir de  ce  mode  de  cohabitation ,  et  bientôt 
les  prisonniers lurenlcomplétemenlséparés 


et  l'isolement,  sans  travail,  devint  complet 
le  jour  et  la  nuit.  Deux  autres  pénitenciers 
furent  établis  en  Pensylvanie  sur  ce  mo- 
dèle, à  Piltsburs  et  à  Cherry-Ilill. 

Mais  cet  isolement,  cette  absence  de  tou- 
te distraction,  cet  abandon  complet  dans  .le- 
quel s'écoulait  la  vie  du  condamné,  agis- 
saient trop  vivement  sur  le  moral  pour  ne 
pas  le  troubler  et  réagissaient  ensuite  sur  le 
physique.  Quelques  modifications  furent  ap- 
|)ortées  aux  derniers  réglemens,  et  aujour- 
d'hui il  existe  aux  États-Unis  deux  systèmes 
d'emprisonnement.  En  Pensylvanie,  l'isole- 
ment a  lieu  le  jour  et  la  nuit,  mnis  on  y 
joint  le  travail  solitaire.  A  Auburn,  on  so 
contente  de  l'isolement  pendant  la  nuit;  le 
travail  est  fait  en  commun,  mais  avec  l'ob- 
servation du  silence. 

Cette  réforme  n'étant  appliquée  qu'aux 
individus  condamnés  et  même  qu'à  ceux  de 
cette  catégorie  qui  ont  plus  de  deux  années 
de  captivité  à  subir,  il  en  résulte  qu'aux 
États-Unis,  où  la  réforme  a  fait  cependant 
tant  de  progrès,  le  système  est  loin  encore 
d'être  suffisant,  n'étant  pas  généralisé, et  ne 
commençant  pas  pour  tous  les  détenus  du 
moment  où  ils  ?!ont  placés  sous  la  main  de 
la  justice.  L'état  de  Philadelphie  est  le  seul 
qui,  dans  ces  derniers  temps,  ait  compris  ce 
vice;  il  a  voté  l'érection  d'une  prison  cellu- 
laire destinée  à  recevoir  les  prévenus  et  les 
condamnés  à  moins  d'une  année  d'emprison- 
nement. 

En  Suisse,  c'est  à  Lausanne  que  le  pre- 
mier pénitencier  a  été  élevé  par  le  canton 
de  Vaud;  Genève  limita  bientôt;  les  cantons 
(le  lîerne,  de  Neuchàte!  et  quelques  autres 
suivirent  le  mouvement.  Mais  les  résultats 
ont  été  divers  et  parfais  les  succès  douteux. 
On  i-ie  voit  pas,  dans  ces  divers  cantons,  le 
nombre  des  récidives  diminuer  sensiblement, 
et  cependant  c'est  la  rindicedel'efficacitéde 
l'œuvre  de  réforme. 

Il  résulte  de  tous  ces  essais  que,  pour  ob- 
tenir des  avantages  incontestables,  il  faut: 
1.  la  séparation  complète  des  détenus  pen- 
dant la  nuit,  ce  qui  est  si  essentiel  pour  les 
mœurs;  2.  un  travail  connnun,  pour  donner 
aux  détenus  des  habitudes  d'ordre,  de  sou- 
mission et  d'économie;  3.  mais  surtout  l'ob- 
servance rigoureuse  du  silence  pendant  le 
jour,  afin  d'empêcher  la  communication  des 
idées  et  les  encouragemens  mutuels  au  mal. 
Si  on  ajoute  l'enseignement  moral  et  reli- 
gieux, on  a  tous  les  points  qui  doivent  l'or- 
mer  la  base  de  loul  système  de  réforme. 


Telles  sonl  les  bases  que  vient  d'établir 
M.  de  (iasparin,  ministre  de  rinlérieur  , 
dans  la  circulaire  qu'il  a  adressée  aux  pré- 
fets touchant  la  réforme  de  nos  prisons. 
Entrée  la  dernière  dans  Tadoplion  du  sys- 
tème pénitentiaire  ,  la  l'raiice  y  apportera 
cette  ucllelé  de  vues  et  d'exécution  ,  cet 
esprit  positif  qui  forment ,  pour  ainsi  dire, 
le  fond  de  notre  caractère  national  et  in- 
dividu» 1. 

Mais  il  ne  faut  pas  que  le  travail  du 
détenu  puisse  nuife  à  Tindustrie  libre,  il 
ne  faut  pas  que  l'atelier  des  prisons  éta- 
blisse une  dangereuse  concurrence  ,  une 
concurrence  au  rabais.  C'est  là  un  immense 
inconvénient  que  nous  signalerons ,  et  que 
l'on.doit  éviter,  sûus  peine  de  détruire  d'a- 
vance les  résultats  d'une  pareille  réforme, 
et  de  jeter  an  sein  de  la  société  de  nouveaux 
germes  de  perturbation. 

SUPPRESSION  DES  TOURS  DESTINES  A  RE- 
CEVOIR DANS  LES  HOSPICES  LES  ENFANS 
ABANDONNÉS. 

Tous  les  conseils -généraux  s'occupent 
avec  une  sollicitude  bien  vive  et  un  senti- 
ment de  peine  bien  légitime  de  l'énorme 
accroissement  du  chiffre  des  enfans  trou- 
vés. Dans  chaque  département  le  chiffre  a 
plus  que  doublé ,  ce  qui  entraine  nécessai- 
rement un  surcroît  de  dépense ,  qui  dépasse 
toutes  les  prévisions  du  budget.  La  France 
a  dans  ses  hospices  d'enfans  trouvés  une 
plaie  presque  aussi  profonde  que  la  plaie 
du  paupérisme  en  Angleterre.  Où  s'arrê- 
tera le  mal  5  voilà  ce  qu'on, ne  peut  préci- 
ser. 

En  revanche,  les  infanticides  deviennent 
de  jour  en  jour  plus  rares,  et  c'est  là  une 
compensation  qui  mérite  d'être  signalée. 
Mais  sans  craindre  le  retour  de  ce  crime 
qui  révolte  la  nature ,  ne  pourrait-on  pas 
remédier  aux  charges  qui  grèvent  et  épui- 
sent les  budgets  de  nos  départemens  ?  La 
suppression  des  tours  destinés  à  recevoir 
dans  les  hospices  les  enfans  trouvés ,  cette 
suppression  a  été  adoptée  par  plusieurs 
conseils  généraux  ;  elle  a  aussi  été  dé- 
battue dans  divers  congrès  scientifiques. 
Une  expérience  trop  récente  ne  porte  pas 
eu  soi  assez  d'autorité;  néanmoins  les  es- 
sais tentés  sur  divers  points  de  la  France 
donnent  lieu  de  penser  que  cette  mesure  , 
appliquée  à  quelques  localités  ,  pourrait 
s'étendre  à  tout  le  pays,  sans  amener  des 
résultats  funestes. 


225 

Il  est  encore  une  autre  mesure  qui  a 
pour  elle  le  suffrage  de  plusieurs  eonseils- 
généraux  et  la  consécration  de  quelques 
années  de  mise  en  œuvre.  IN'ous  vouions 
parler  de  l'emploi  de  nourrices  étrangères 
au  département  où  est  situé  Thospice  dans 
lequel  Tentant  a  été  déposé.  Comme  l'ont 
remarqué  tous  les  hommes  qui  se  sont  oc- 
cupés de  cette  grave  question,  l'espérance 
d'avoir  sou  enfant  sous  ses  yeux  décide 
plus  d'une  fille-mère  à  recourir  à  l'hospice. 
Elle  le  retrouve  facilement,  elle  le  suit 
pas  à  pas  de  l'hospice  chez  sa  nourrice , 
elle  a  toutes  les  jouissances  de  l'amour 
maternel,  et  n'en  connaît  ni  les  charges  ni 
les  embarras. 

Pourquoi  ne  pas  appliquer  cette  mesure 
à  tous  nos  départemens ,  pourquoi  ne  pas: 
déplacer  ainsi  les  enfans,  à  l'âge  où  ils  sont 
confiés  aux  soins  d'une  nourrice?  L'appli- 
cation générale  de  cette  première  réforme 
produirait  nécessairement  une  diminution 
dans  le  chiffre  des  enfans- trouvés  mis  à  la 
charge  des  hospices;  il  en  découlerait  une 
grande  économie;  et  pendant  que  l'on  pro- 
céderait de  cette  manière ,  avec  une  pru- 
dence habilement  calculée,  on  arriverait  à 
connaître  les  décisions  souveraines  de  l'ex- 
périence sur  la  suppression  définitive  des 
tours. 

Rien  de  plus  facile  que  de  comparer  les 
divers  documeas  de  statistique  criminelle 
que  publie  l'administration  delà  justice;  ce 
thermomètre  infaillible  dirigera  les  résolu- 
tions des  conseils-généraux  qui  n'ont  pas 
encore  pris  l'initiative  sur  cette  question,  et 
qui  veulent  attendre  l'autorité  des  faits. 

Ne  pourrait-on  pas  aussi  exiger  de  la 
part  des  filles-mères,  que  leur  position  met 
au  dessus  du  besoin ,  ne  pourrait-on  pas 
exiger  de  leur  part  une  modique  rétribu- 
tion annuelle ,  qui  soulageât  les  dépenses 
de  l'hospice?  Beaucoup  de  législations  re- 
cherchent encore  la  paternité;  malgré  tous 
les  dangers,  tous  les  abus  qui  résultent 
d'une  pareille  recherche,  il  nous  semble 
que  la  législation  française  devrait  adop  - 
ter  quelques  mesures  qui  atteignissent  le 
séducteur  opulent ,  et  qui  le  forçassent  à 
contribuer  à  l'éducation  de  l'enfant  qu'il 
rougit  d'avouer. 

Toutes  ces  considérations  demandent  à 
être  pesées  :  elles  touchent  à  des  intérêts 
d'une  hau.le  importance;  elles  réclament 
surtout  une  grande  sagesse  dans  leur  ap- 
plication, car  l'infanticide  est  là  comme  uo 
abîme  béant,  qui  menace  d'engloutir  les 


226 

infortunées  créatures  sauvées  par  Tadmi- 

rable  institution  de  saint  Vincent  deJPaule. 

l,e  mal  date  de  loin;  il  est  plus  profond 
et  plus  grave  que  nous  ne  pouvons  le  dire. 
C'est  par  les  mœurs  que  s'affermissent  et 
se  consolident  les  lois  :  et  nos  lois  n'ont 
point  de  racines  dans  nos  mœurs. 

Indépendamment  des  dépenses  toujours 
croissantes  imposées  aux  budgets  départe- 
mentaux, quel  sera  l'avenir  de  ces  milliers 
d'enfans  qui  n'ont  pas  connu  l'éducation 
de  la  famille,  qui  n'ont  point  passé  par  Ti- 
niliation  du  foyer  domestique,  pour  arriver 
à  rexi>tence  du  citoyen  ?  Et  les  fille?,  que 
deviendront-elles  ?  Aux  garçons,  la  prison 
et  le  bagne  en  perspective  ;  aux  filles  les 
maisons  de  prostitution  :  terrible  writé 
que  révèlent  tous  les  travaux  de  statis- 
tique. 

A  la  religion,  à  la  morale ,  le  soin  d'ar- 
rêter cet  effroyrble  débordement  du  liber- 
tijiage  ;  mais  à  l'État  le  soin  de  pourvoir  au 
mal  qui  existe  ,  de  le  modifier  ,  d'y  remé- 
dier victorieusement. 

En  fait  d'institutions  sociales,  rien  ne 
s'isole;  au  contraire,  tout  s'encliaioe.  La 
question  des  enians  trouvés  nous  conduit 
naturellement  à  parler  des  prisons  ,  des 
bagnes,  des  maisons  de  prostitution;  pour 
fermer  ces  dernières,  pour  diminuer  le 
nombre  des  délits  ,  que  faut  -  il  '■  —  Une 
meilleure  organisation  du  travail  ;  ainsi  tous 
les  problèmes  qu'une  civilisation  généreuse 
cliercheà  résoudre,  dans  r.Mitérèt  de  l'hu- 
manité et  de  la  société,  peuvent  s'expli- 
quer par  l'analyse  comme  par  la  synthèse. 
De  quelque  côté  que  l'on  commence,  on 
arrivera  à  une  réforme,  et  par  la  réforme 
au  perfectionnement. 

L'éducation  des  femmes,  telle  que  nous 
la  comprenons,  telle  que  nous  l'avons  sou- 
vent formulée,  serait  le  meilleur  moyen  de 
prévenir  le  mal  -.  c'est  toujours  dans  les 
classes  ouvrières  et  pauvres  que  la  séduc- 
tion va  chercher  sa  proie  et  ses  victimes. 
l^es  mères  manquent  de  temps  pour  exercer 
une  surveillance  active.  D'ailleurs  comment 


le  pourraient- elles  dans  les  villes  où  leurs 
filles  passent  les  journées  entières  loin  de 
leurs  yeux,  retenues  hors  de  la  maison  pa- 
ternelle par  la  nécessité  de  pourvoir  à  leur 
existence.  La  plupart  ne  rentrent  que  fort 
tard  dans  la  soirée.  Avec  les  séductions  qui 
entourent  leur  jeunesse,  leur  beauté,  con- 
courent les  séductions  de  leur  cœur  et  de 
leurs  sens.  Elles  succombent...  L'éducation 
les  eût  défendues;  elle  fortifierait  la  voix 
de  la  rehgion;  elle  les  couvrirait  de  son 
bouclier. 

Où  en  sont  en  effet  nos  écoles  déjeunes 
filles  ?Et  dans  celles  qui  existent,  qu'ap- 
prend-on ?  Cette  haute  magistrature  dont 
la  nature  et  la  société  ont  investi  une  mère, 
de  quelle  manière  voulez-vous  qu'elle  l'e- 
xerce ?  Et  précisément,  chaque  heure  voit 
augmenter  les  besoins  du  lux©  féminin,  les 
inventions  et  les  recherches  de  la  toilette  ; 
où  trouver  l'équilibre,  le  contrepoids  avec 
notre  système  actuel  d'éducation? 

On  se  sent  saisi  d'une  profonde  tristesse 
quand  on  évoque  de  semblables  questions  ; 
mais  que  cette  tristesse  ne  nous  conduise 
pas  au  découragement.  L'avenir  de  l'hu- 
manité dépend  de  quelques  grandes  réfor- 
mes; un  seul  ne  peut  pas  les  tenter  ;  mais 
le  concours  de  tous  peut  les  compléter. 

C'est  par  le  peuple  et  pour  le  peupî-e 
qu'il  s'agit  de  commencer  cette  œuvre  so- 
ciale, de  laquelle  doit  découler  une  meil- 
leure organisation  :  elle  se  résume  en  trois 
mots  qui  forment  un  symbole  unique,  une 
trinité  féconde:  Religion,  .Travail,  In- 
struction. 

Que  l'on  ne  s'étonne  pas  de  la  conclusion 
à  laquelle  nous  sommes  arrivés  -.  il  n'y  en 
a  point  d'autres  aux  diverses  maladies  qui 
éprouvent  notre  époque.  Mais  en  traçant 
cette  conclusion  ,  nous  nous  réservons  de 
développer  le  système  de  travail  et  d'in- 
structions que  nous  avons  en  vue.  Tlus  le 
mal  est  intense  plus  le  remède  doit  être 
énergique.  Les  palliatifs  n'ont  jamais  sauvé 
ni  les  individus  ni  les  nations. 


227 


REPERTOIRE   DOMESTIQUE. 


I.  ÉDUCATION  DE  L'ENFANCE.  -  II.  MORALE  ET  BIEN-ÊTRE  DES  FAMILLES. 
-III.  ÉCONOMIE  USUELLE. 


DES  PRINCIPAUX  EXCITA1V9  DE  L'ESPRIT. 

Rien  n'excite  plus  l'esprit  que  l'exercice 
des  sens  et  les  passions.  Tout  ce  qui  agit  vi- 
vement sur  les  nerfs  suscite  incontinent  l'é- 
motio-n  du  cœur:  et  ce  dernier  effet  ,  né  du 
premier ,  se  joint  à  lui  pour  stimuler  le  cer- 
veau et  rendre  l'esprit  plus  actif.  Une  vive 
lumière  ,  des  sons  éclatans  ou  harmonieux  , 
des  saveurs  agréables  ou  pénétrantes  ,  les 
odeurs  délicieuses,  mais  non  prodiguées  des 
parfums,  les  frôlcmens  de  la  peau  ,  et  même 
les  souffrances ,  ces  diverses  impressroas  ré- 
veillent l'esprit  et  en  ravivent  les  manifesta- 
tions. Chacun  connaît  les  effets  du  jour  sur  la 
pensée.  L'influence  des  breuvages  alcoolisée 
et  des  alimens  de  haut  goût;  l'influence  de  la 
musique  et  du  tonnerre  ne  sont  pas  non  plus 
récusables. 

Quant  aux  alimens,  il  faut  compter  au  rang 
des  cxcitans  de  la  pensée  les  viandes  noires  , 
les  truffes,  les  coquillages,  le  poisson,  les  cer- 
velles, la  laitance,  et  généralement  ceux  des 
mets  dans  lesquels  le  phosphore  abonde.  Les 
spiritueux  ,  si  la  sobriété  en  tempère  l'usage  ; 
les  vins  gazeux  et  les  boissons  fermentées  ; 
l'opium  pur,  récolté  sous  un  beau  ciel,  et  pris 
à  doses  très-fractionnées  et  sans  habitude  ; 
mais  surtout  les  infusions  de  thé  ,  qui  empê- 
chent l'estomac  de  préoccuper  le  cerveau  de 
ses  labeurs;  mais  surtout  le  café  ,  qui  stimule 
l'un  par  l'autre,  et  qui  semble  comme  embra- 
ser nos  organes  d'un  feu  divin  :  tels  sont 
parmi  les  choses  matérielles  les  plus  puissans 
stimulaus  de  la  pensée. 

L'usage  modéré  du  tabac  a  aussi  de  bons 
effets,  surtout  s'il  n'est  pas  habituel.  Néan- 
moins il  n'y  faut  recourir  que  long-temps 
après  les  repas ,  car  il  troublerait  la  diges- 
tion; et  de  préférence  après  le  sommeil,  car 
il  détermine  le  soir  des  maux  de  tète,  et  pré- 
ispose  à  l'insomnie. 

Il  est  des  hommes  constamment  émusd''^ux- 
mèmes  ,  dont  l'intelligence  toujours  active  , 
toujours  féconde  ,  n'a  nul  besoin  que  rien 
d'extérieur  les  invite  à  l'action.  Ces  êtres  nés 
pour  la  pensée,  recherchent  avec  empresse- 
ment le  silence  ,  la  solitude  et  l'obscurité. 
C'est  loin  du  fracas  des  villes  que  leur  esprit 
recueille  ses  inspirations  et  calcule  sa  puis- 
sance; c'est  presque  toujours  loin  des  hommes 


que  sont  méditées  les  pensées  qui  les  gouver- 
nent ;  c'est  dans  la  retraite,  c'est  dans  la  so- 
litude des  champs  que  le  génie  conquiert  la 
renommée. 

Slaisle  commun  des  hommes  a  besoin  d'é- 
motions suscitées  pour  penser  :  il  leur  faut 
une  scène  ,  un  spectacle,  un  auditoire.  On 
parle  mieux  quand  la  foule  passionnée  se 
presse  pour  écouter  ;  on  a  plus  d'éloquence 
au  milieu  du  bruit  et  des  assemblées  publi- 
ques; les  grands  talens  oratoires  se  forment 
dans  l'agitation  des  révolutions  et  de  la  guer- 
re; le  roulement  des  tambours  rend  la  voix 
plus  puissante  et  plus  accentuée. 

De  tous  les  bruits  qui  viennent  surprendre 
l'homme  qui  médite,  aucun  ne  l'influence  au- 
tant que  le  son  des  cloches.  Ce  vif  retentisse- 
ment est  toujours  sûr  de  nous  émouvoir,  mais 
cette  influence  est  surtout  manifeste  dans  la 
retraite  et  dans  le  recueillement.  Ce  bruit 
solennel  marque  tous  les  grands  événemens 
de  notre  existence  comme  toutes  les  heures 
d'un  jour  ;  il  semble  nous  transmettre  les 
avertissemensdu  ciel.  Le  temps  paraît  comme 
immobile,  à  n'envisager  que  l'insensible  pro- 
gression du  cadran  d'un  édifice;  mais  écoutez 
ce  balancier  rapide  qui  ne  fait  grâce  d'aucun 
élan,  écoutez  cette  heure,  que  différens  sons 
divisent  en  l'annonçant  avec  fracas.  Silence  ! 
voilà  midi.  A  genoux  î  rendez  grâce  au  ciel  ; 
demandez-lui  de  longs  jours,  des  jours  occu- 
pés et  irréprochables.  Vite  (  car  le  temps 
vole  !  )  remplissez  de  travail  l'autre  moitié  de 
cette  journée  déjà  à  demi  perdue.  Vite,  voilà 
la  nuit;  voilà  la  vieillesse  et  ses  besoins.  Vite, 
à  l'étude  ;  vite  !  au  bonheur  ou  à  la  gloire  , 
car  voilà  la  mort  et  l'infâme  oubli. 

Un  vent  léger,  et  même  la  tempête  quand 
on  l'entend  sans  en  rien  craindre;  l'aspect  im- 
posant d'une  mer  agitée  ;  l'air  tempéré  du 
printemps ,  tout  imprégné  du  parfum  des 
premières  fleurs,  et  remué  par  les  gazouille- 
ment des  oiseaux  ;  un  ciel  serein  ,  la  per- 
spective d'une  récompense  ou  d'un  danger 
conjurable  ;  toutes  ces  choses  stimulent  l'es- 
p.rit  à  la  manière  des  sons  éclatans  ou  mélo- 
dieux. 

Parmi  les  excitans  de  l'esprit,  nous  ne  de- 
vons pas  oublier  le  mouvement  du  corps;  car 
s  il  est  modéré,  partiel  ,  momentané  et  sans 
fatigue,  ilstimule  favorablementVintelligence. 


•2-2S 

Jamais  peut-être  la  pensée  n'est  plos  rapide 
que  durant  les  promonades  solitaires.  Aussi  la 
plupart  des  penseurs  ont-ils  montré  dans  tous 
les  temps  une  jurande  prédilection  pour  ce 
genre  d'e\ercice.  Un  des  premiers  prosateurs 
de  nos  jours,  quoique  îjravc  et  d'au  cararlèrc 
imposant,  no  peut  rester  longtemps  assis  sans 
impalience.  ^lôme  pour  composer  sosouvra- 
<fes.  où  le  ton  sérieux  prédomine  ,  on  le  voit 
parcourir  ses  appartenions,  en  écrivant  avec 
)»ruit  sur  des  l'euilles  Aoiantes.  11  en  était 
ainsi  d'Aristote  el  do  ses  dis'-ipîes;  ilsncpar- 
Jaienl  qu'en  se  promenant.  Voilà  môme  d'où 
i^stTcnu  le  nom  de  pcripalétlciens  sous  le- 
.jucl  on  désijïnc  les  prosélytes  do  cette  écolo 
iameuse. 

3Ials  le  plus  grand  de  tous  les  slimuîans 
de  l'esprit,  c'est  la  jalousie,  ennoblie  ou  ca- 
chée sous  les  traits  de  l'émulation.  Quand 
plusieuts  hommes  à  la  fois  courent  la  môme 
carrière,  en  y  cherchanf  des  distinctions  ou 
de  la  renommée  ,  celte  concurrence  produit 
nUustration  dos  rivaux,  quelquefois  la  gloire 
el  quelquefois  la  ruine  des  nations,  mais 
toujours  le  progrès  des  arts  et  dos  lumières. 
On  \a  lentement  ,  si  l'on  ne  s'arrête  ,  dans 
Joute  carrière  où  l'on  n'a  plus  personne  à  at- 
teindre ou  à  devancer.  La  plupart  dos  hom- 
mes ne  se  préoccupent  guère  de  la  tàcho 
pénible  de  surpasser  d'illustres  devanciers  , 
alors  qu'ils  ont  éclipsé  leurs  émules  vivans. 
Mais  toujours  un  grand  honiuio  fait  surgir 
d'autres  grands  hommes  ;  jamais  la  gloire  ne 
hrille  concentrée  sur  une  seule  tète  dans  tout 
lin  siècle.  Les  hommes  supérieurs,  ceux  doiîl 
une  noble  ambition  agrandit  les  fionséos,  vont 
toujoin-s  doux  piir  deux  ou  ensemhle,  ou  im- 
médiatement à  la  suite  mais  au  niveau  l'un 
de  l'autre. 

Platon  fait  naître  Aristole,  comme  Aristide, 
Thémi.Uocle;  comme  Aîarius  ,  Hylla  ;  comme 
l'ompée.  César;  comme  Virgile,  Horace  et  tous 
les  beaux  esprits  dont  Auguste  vécut  loué  et  ra- 
dieu.semonl  entouré;  comme  Bacon,  Doscartcs; 
comme  Condé,  Turcnne;  couimc  Corneille, 
J\acinc  et  vingt  autres  poètes  fameux  qui  ont 
iUusIré  notre  langue  cî  notre  patrie.  Kniin 
les  hommes  de  génie  ont  toujours  marché 
deux  par  doux  dans  tons  ks  pay*  «l  dans  tou- 
tes les  carrières;  nous  en  trouvons  la  preuve 
aïoiieuse  dans  l'histoire  de  tous  les  pouplos. 
Parloul  nous  voyons  les  grands  noms,  divisés 
durant  quelques  années  par  lintèrèt  ou  par 
lambilion,  se  réunir  élorjieilcmcnl  par  la  re- 
nommée. 

}]  n'est  p  as  de  si  otite  bourgade  ou  1  emu 
lation  n'exerce  son  empire.  Le  second  habi- 
tant d'un  village  rivalise  avec  lo  premier  ,  et 
Uisqu'au  dernier  tous  rivalisent,  de  degré  en 
i\>y'ti',  h'^  ""î^  ^'^'^^'  ^^^  a"l''<'s.  Il  y  a  con- 
stamment concurrence  entre  les  plus  simisles 
artisao.s.  comme  entre  les  plus  grands  poètes 
ou  entre  les  rois.  Voilà  pourquoi  nul  talent  ne 
c  jnonlic  dons  des  siècles  profondément  bar- 


bares :  les  organisations  les  plus  heureuses 
ont  besoin  <}u  un  premier  moteur  les  éiève 
au  dessus  de  la  foule,  au  dessus  de  ses»  hétivos 
vnilés  et  de  ses  misérables  passions.  Voilà 
pourqtîoi,  depuis  l'invention  de  fimprimerio, 
toute  barbarie  nouvelle  est  impossible;  et  pour- 
quoi ,  dans  chaque  siècle,  toute  nation  a  ses 
grands  hommes.  Csr,  s'il  arrive  une  époque 
où  l'homuie  de  génie  inancjue  d'émulos  parmi 
ses  contemporains  ,  Tacite  ou  Homère  ,  Pas- 
cal ,  .^Jontesquieu  ou  Corneille  ,  Rousseau  , 
ricelhe,  Shakspeare  ou  Bacon  ,  le  révèlesU  à 
lui-même,  et  le  font  rougir  de  la  bassesse  où 
!o  tient  son  incuUr.ro  ou  son  inaction. 

Mais  l'émulation  devient  plus  stimulante 
que  jamais  lorsque  ,  outre  les  rivaux  «[u'il 
faut  égaler  ,  on  a  des  ennemis  à  combattre  ; 
lorsque  le  nom  qu'on  porte  ,  d'autres  l'ont 
déjà  illustré  ou  jadis  avili;  lorsque  enfin,  cher- 
ciiaut  la  gloire  ,  on  rencontre  l'injustice  ou 
la  calomnie.  On  ne  saurait  croire  ,  à  moins 
que  d'y  avoir  mùremontsongé,  combien  il  y  a 
d'inlluonces  secrètes  dans  les  ouvrages  ou  les 
actions  d'éclat  d'un  homme  supérieur.  Je 
prends  Bacon  pour  exemple. 

('et  homme  illustre  ,  qui  fut  le  maître  et  le 
précurseur  de  IV.ew  ton,  et  qui  a  plus  servi  les 
rciencos  par  ses  conseils  qu'aucun  autre  ne 
les  servit  jamais  par  ses  découvertes  ;  cet  es- 
prit prodigieux,  trois  choses  ont  principale- 
uumt  concouru  à  sessuccès,  moins  en  l'aidant 
à  les  obtenir  qu'en  l'excitant  à  les  mériter. 
Il  avait  commis  des  fautes  énormes  comme 
homme  el  coiume  ministre  ,  il  lui  fallait  les 
racheter  comme  écrivain.  Son  nom  ,  vulgai- 
re dans  lo  pays  ,  avait  été  mémorablcment 
porté  par  un  moine  obscur,  cru  l'inventeur  de 
la  poudre  à  canon  ;  el  ce  moine  homonyme  , 
n;ort  depuis  des  siècles,  mais  pour  jamais  vi- 
vant dans  l'histoire,  était  le  plus  redoutable  et 
le  premier  des  rivauv  ;  il  lui  fallait  donc  le 
surpasser.  Knfin  Christofihc  Colomb  venait  de 
découvrir  assez  récemment  un  monde  nou- 
veau, dont  l'apparition  déconcertait  tous  les 
systèmes  et  in([uiéta;l  les  croyances  du  monde 
entier.  Cette  étonnante  découverte  en  présa- 
;:eait  mille  autres  dans  les  siècles  à  venir;  et 
Bacon,  voulant  s'associer  cl  se  rendre  tribu- 
taires tous  les  hommes  de  génie  nés  ou  à 
naître,  traita  fièrement  de  l'art  des  découvcr- 
los.  Bientôt  il  (il  tant  par  ses  travaux  que  l'é- 
crivain, en  sa  personne,  éclipsa  ,  tout  en  le 
rèhc.biljlant .  le  grand- chancelier  d'Angle- 
terre ;  et  la  rono.'umée  de  l'auteur  sauva  do 
l'infamie  la  mémoire  du  [(remicr  ministre.  A 
la  voix  du  génie,  la  calomnie  elle-même  mo- 
déra ses  clameurs.  Kntin  il  fallut  dire  Roger 
Bacon  pour  rappeler  l'un  des  premiers  inven- 
teurs de  l'univers  ;  el  Bacon  tout  court  dési- 
gna le  grand  homme. 

Au  nonibre  des  choses  qui  excitent  favora- 
blement l'espril,  co  serait  une  faute  d'omeltre 
la  joie,  le  bonheur  présent,  mais  surtout  l'es- 
poir d'une  félicité  à  venir.  L'espérance  est  le 


graiiJ  motcui'Jc  tous  les  hommes.  L<'  liouheor 
n  st  ni  longtemps  durable  ni  pciit-(Mit;  jamais 
certain,  mais  l'espéror  c'est  eu  jouir;  et  cela 
même  est  la  plus  consolante  possession  de 
1  homme,  et  presque  ia  seule  réalité  de  la  vie 
qui  soit  sans  amertume. 

"  L'Lommc,  jamais  heureux,  i'jLUiiJ  toujours  .'i  IVîic.  " 

'  Il  n'est,  au  reste,  aucune  influence  dont  le 
génie  ne  sache  tirer  avantage,  ne  fût-ce  qu'en 
luttant  contre  ses  nuisibles  impressions.  Mê- 
me les  chagrins  de  l'exil  et  l'horreur  des  ca- 
chots n'arrêtent  pas  toujours  l'essor  d'une 
grande  ame.  C'est  à  la  Bastille  que  Voltaire 
jeta  les  fondemens  de  sa  renonisiiéc  ;  c'est 
dans  l'ennui  des' prisons  et  sous  les  persécu- 
tions de  la  vengeance  que  La  Chalotais  révé- 
lait des  talens  et  des  vertus  qai  l'ussonl  re;-- 
tés  obscurs  sans  le  malheur.  La  calonuiio,  r.t- 
taquant  son  père,  commenta  lillustralioii  ou 
jeune  Lally-Tollendal;  et  la  fureur  des  pro- 
scriptions grandit  lout-à-coup,  en  la  voulant 
ternir,  l'une  des  belles  gloires  des  temps  mo- 
dernes (  Chateaubriand  j. 

Mais  la  pensée  surtout  excite  la  pensée.  Un 
discours  éloquent,  une  triigédie  de  Corneille 
ou  de  Shakspoarc  ,  noblement  récitée  ,  une 
des  pngcs  profondes  ou  passionnées  de  Mon- 
tesquieu, de  Bufion  ou  de  Rousseau,  portent 
dans  lame  une  céleste  émotion  que  ne  susci- 
tent pas  toujours  la  musique  ou  !a  danse,  alors 
méîuc  que  les  accessoires  du  théâtre  y  joi- 
gnent leurs  séductions  et  leurs  prestiges  ;  et 
d'ailleurs  de  pareils  spectacles  fomentent  trop 
de  passions  par  leurs  enchanlemens ,  pour 
profiter  beaucoup  à  l'intelligence. 

Non  seulement  les  pensées  des  autres,  wiais 
nos  propres  inspirations  nous  remuent,  nous 
agitent  par  des  voies  mystérieuses  ,  et  nous 
transportent  au  beau  comme  au  grand.  Ce 
n'est  jamais  en  prenant  la  plume,  ce  n'est 
point  en  commençant  une  improvisation  non 
méditée  que  se  montrent  les  pensées  fortes 
ou  grandes;  l'esprit  veut  être  disposé,  excité, 
peu  à  peu  préparé;  il  ne  passe  pas  brusque- 
ment de  l'inertie  à  l'inspiration. 

L'action  d'écrire  ,  à  mesure  que  les  idées 
s'élèvent  et  mûrissent,  fortifie  manifestement 
l'intelligence.  La  plume  agit  sur  le  cerveau 
de  même  que  l'acier  sur  le  silex  ;  elle  produit 
l'étincelle  du  génie.  Cependant  comme  les 
momens  d'inspiration  ne  sont  ni  arbitraires 
ni  durables,  les  hommes  qui  ne  donnent  au 
soin  d'écrire  que  les  courts  instans  de  leurs 
loisirs  ,  n'ont  ordinairement  que  des  idées 
imparfaites  et  sans  grandeur.  L'art  d'écrire 
supposant  la  science  de  la  vérité ,  exige  de 
l'assiduité  et  de  la  culture.  Ce  n'est  pas  assez 
de  lui  consacrer  ces  temps  t!e  langjipur  et  de 
remplissa;;e  où  lame  a  perdu  de  son  ressort , 
et  l'attenlion  di»  sa  puissance  ,  le  corps  ïv 
trouvant  accablé  de  faiiqne  :  il  faut  à  l'esprit 


l<s  plus  belles  heures  du  jour,  et  lui-même 
sait  les  choisir.  La  vocation  d'autour  est  un 
apostolat  qui  ne  souffre  ni  tiédeur  ni  partage. 
(Juoi  !  il  n'est  pas  de  prorec-sion.  si  vulgaire 
quon  la  suppose,  qui  n'exige  impérieuscmcnl 
le  sacriflce  de  tous  les  instans  ,  et  le  jdus  su- 
blime de  tous  les  art»  n'aurait  que  le  rebut 
de  la  vie. 

IsiD.  Bourbon. 

COMBLES  ÉCONOMIQLI»^ 

Il  est  dans  les  bàtiraens  une  partie  cssen-" 
tielle  et  commune  à  tous,  de  quelque  genre 
qu'ils  soient,  de  luxe  ou  d'exploitation  ;  cette 
partie  est  la  toit»  UK  :  c'est  celle  dont  l'en- 
tretien est  le  plus  coûteux  ;  c'est  aussi  celle 
qui,  dans  la  théorie  comme  dans  la  pratique, 
(Vùt  surtout  fixer  l'attention  de  l'économiste 
<onime  de  l'ouvrier.  .\baudonnés  presque 
loujoiirs  à  des  charpentiers,  dont  l'art  et  les 
traditions  sont  encore  celles  des  premiers  siè- 
cles ,  les  combles  de  nos  campagnes,  il  faut 
l'avouer,  réclament,  dès  long-temps,  un  per- 
fectionnement. Ils  paraissent  en  dehors  avoir 
une  immens;^  capacité  ,  à  en  juger  par  leur 
surface  considérable;  mais,  si  l'on  y  monte, 
si  l'on  se  glisse  dans  les  greniers,  on  les  voit 
rétrécis  à  l'intérieur,  obstrués  par  des  pou- 
tres ,  des  solives  qui  se  croisent  à  une  certaine 
hauteur,  au-delà  de  laquelle  les  jambages  de 
la  charpente  occupent  la  moitié  ei  quel- 
quefois les  deux  tiers  de  la  toiture ,  et  cepen- 
dant les  grandes  pièces  qui  sont  aFnsi  prodi- 
guées sans  nécessité  sont  très  chères,  elles 
deviennent  de  plus  en  plus  rares  :  pour  se  les 
procurer,  le  cultivateur  peu  aisé  est  obligé  de 
restreindre  sa  dépense  sur  les  autres  maté- 
tériaux  ;  les  murs  en  pierre,  liés  à  chaux  et  a 
sable ,  sont  remplacés  par  des  murs  en  terre , 
dont  la  solidité  n'est  pas  en  rapport  avec  le 
poids  de  l'énorme  charpente  qu'ils  ont  à  sou- 
tenir, aussi  l'économie  n'est-elle  que  passa- 
gère et  momentanée  ;  les  réparations  prou- 
vent bientôt  qu'il  a  fait  un  calcul  bien  er- 
roné. 

Non  pas  que  je  veuille  dire  qu'on  aurait  pu 
diminuer  le  poids  des  poutres,  des  solives,  des 
chevrons,  qui  soutiennent  cette  toiture  mas- 
sive ;  non  certes  ;  je  reconnais  que  ce  lourd 
échafaudage  est  indispensable  :  si  l'on  con- 
serve aux  toitures  les  formes  que  leur  don- 
naient nos  pères,  il  faut  aussi  conserver 
cette  profusion  de  bois  de  toutes  dimensions. 

C'est  donc  dans  la  forme  de  nos  toits  que 
gisent  leur  cherté  et  leurs  autres  inconvé- 
niens. 

Un  architecte  ancien,  Philibert  Delorme, 
l'avait  dit,  il  y  a  plusieurs  siècles:  après 
avoir  illustré  son  nom  par  des  édifices  du 
premier  ordre,  les  châteaux  de  Tontaine- 
bleoii,  de  "iîeiidon,  d'Auet,  de  St-Maur  ;  après 


230 

avoir  commencé  le  palais  des  Tuileries ,  par 
l'ordrede  Catherine  deMédicis,  il  ne  dédaigna 
pas  d'écrire  jin  traité  sur  l'Art  de  bien  bâtir 
et  à  peu  de  frais. 

Il  y  prescrivait,  comme  toiture  économique, 
celle  qui  serait  faite  de  planches  d'un  pied  de 
largeur,  d'un  pouce  d'épaisseur  et  de  3  à  4 
pieds  An  longueur,  qui,  appuyées  bout  à  bout, 
réunies  2  à  2  par  des  jointures  inégales ,  for- 
meraient des  fermes  cintrées  en  arcades  de- 
mi-spbériques,  forme  qu'il  rachetait  par  des 
écoyaux  cl  des  couronnemens  aussi  en  plan- 
ches. Scs  conseils  ont  été  peu  suivis,  à  peine 
quelques  édifices  ont-ils  conservé  la  tradition 
de  son  système.  Faut-il  en  accuier  les  incon- 
véniens  ou  bien  les  préjugés  de  la  routine 
qu'il  est  si  difficile  de  vaincre  dans^a  classe 
des  artisans? 

J'ai  voulu  m'en  assurer  par  l'expérience, 
modifiant  le 'système  de  Philibert  Delorme, 
j'ai  recherché  les  moyens  d'employer,  pour  la 
charpente,  le  bois  pris  dans  ses  plus  petites 
dimensions,  qui  se  trouve  partout,  ne  coûte 
pas  plus  que  le  bois  à  brûler,  se  lie  et  s'assem- 
ble 4)arfaiiement  ;  enfin,  j'ai  réussi  à  faire  un 
toit  économique,  durable,  sujet  à  peu  de  ré- 
parations léger,  spacieux,  agréable  à  l'œil, 
peu  exposé  aux  atteintes  de  la  foudre  et  aux 
incendies  ;  réunissant  enfin  l'élégance  à  la  so- 
lidité. 

Ma  première  construction  en  ce  genre  a 
été  une  grange  de  45  pieds  do  long  sur 
21  pieds  de  large.  Pour  me  dispenser  du  cou- 
ronnement, j'ai  tracé  mes  cintres  en  ogive,  à 
l'exemple  de  M.  Menjeot  :  j'ai  remplacé  les 
planches  par  de  petites  solives  de  3  pieds  de 
longueur  et  de  3  sur  4  pouces  d'équarrissage, 
triplées,  c'est-à-dire  chevillées  trois  ^à  trois, 
côte  à  côte,  en  observant  de  placer  les  joints 
de  la  pièce  du  milieu  entre  les  milieux  des 
pièces  latérales,  comme  on  peut  s'en  rendre 
compte  ;  chaque  bout  est  goujonné  au  sui- 
vant, à  la  manière  des^charrons ,  et  quelques 
boulons  assurent,  avec  les  chevilles,  la  liai- 
son des  cintres,  qui  ont  ainsi  9  pouces  d'é- 
paisseur. Ils  reposent,  à  leur  naissance,  sur 
une  sablière  où  ils  sont  assemblés  ,  et  l'angle 
de  l'ogive  est  maintenu  par  un  faux  entrait , 
boulonné  de  chaque  côté.  De  petits  écoyaux 
font  figurer  la  descente  du  cintre  jusqu'au 
bord  de  l'entablement. 

Il  n'est  pas  besoin  de  faîte  dans  ces  combles; 
les  laites  destinées  à  recevoir  les  tuiles,  ou  les 
planches  d'une  couverture  en  ardoises,  conso- 
lident suffisamment  les  fermes.  Je  me  suis 
servi  de  tuiles,  paunes  à  crochets  et  de  lattes 
en  fer,  qui ,  au  double  mérite  de  légèreté  et 
d'incombustKiilité,  ajoutent  celui  de  ne  pas  se 
tourmenter  comme  le  bois  aux  divers  changc- 
raens  de  température.  Une  fois  fixées  aux  fer- 
mes ,  elles  1  maintiennent  fixes  et  invaria- 
bles. 

Cette  méthode  ,  plus  t>iraplo  que  celle  de 
Philibert  Delorme,  est  plus  propre  aux  con- 


structions rurales  ;  elle  emploie  ,  il  est  vrai , 
plus  de  bois,  mais  elle  est  moins  coûteuse  pour 
la  main-d'œuvre;  sa  forme  est  aussi  élégante 
que  commode.  Il  serait  donc  à  désirer  que  le 
comble  à  la  Menjeot  fût  encouragé  et  adopté 
dans  nos  constructions  rurales:  son  élévation 
et  sa  force  conviennent  dans  nos  paj's,  sujets, 
da  s  l'hiver,  à  des  neiges  abondantes.  La  lar- 
geur de  ma  grange  est  de  21  pieds;  son  toit  en 
a  13'de  hauteur,  c'est-à-dire  que  les  deux  par- 
ties du  cintre  sont  deux  portions  de  circonfé- 
rence de  13  pieds  de  rayon. 

Pour  en  faciliter  l'exécution ,  je  donne  ici 
les  devis,  dont  la  modicité  ressortira  surtout'de 
la  comparaison  avec  la  charpente  usuelle. 

TOIT  D'UNE  GRANGE 

De  45  pied»  de  longueur  sur  21  de  largeur  , 
exécuté  en,  Eterpigny  ^  en  1832. 

Prix.     Poids. 

Sablières  en  bois  blanc,  90 
pieds ,  à  0  fr.  50  c.  le  pied.  .      45  f.  1,600  liv. 

15  cintres  ,  composés  cha- 
cun de  30  pièces  de  3  pieds 
4  pouces  de  longueur  ,  4 
pouces  d'épaisseur  et^  3  de 
largeur.  Les  4^0  pièces  équi- 
valent ensemble  à  3  cordes 
de  bois  à  10  IV.  la  corde.  .  .      30      3,800 

Pour  l'équarrissage  ,  90 
journées  de  charpentier,  à 
1  fr.  50  cent 135 

Pour  l'assemblage  ,  60  j.  .      90 

430  chevilles  en  frêne,  à  2  "^ 

fr.  le  100 8  50 

eoboulons  à  60  c.  (on  pour- 
rait s'en  passer 36 

Total.  .    344  50 

Lattes  en  fer,  350  kilog.  à 
70  fr.  :..!...  .  245  f.  fa- 
çon du  serrurier  .  105    Tôt.    350         700 

Lattes  en  chêne  ,  de  2 
sur  un  d'épaisseur 300      2,200 

Lattes  en  bois-blanc  ,  de  2 
pouces  sur  un  d'épaisseur.  .    180      1,500 

Poids  et  prix  d'une  charpente  ordinaire. 

Pour  une  charpente  ordinaire  ,  sur  un  bâ- 
timent de  mêmes  dimensions  ,  il  faudrait  au 
moins: 
Pour  sablières,  ti- 

rans,  etc  .  .  .  .  290  de  Ssur  8  3,625  174 
Pour  filières.  ...     90  —  G—      6     1,125    54 

—  faîtes  et  esse- 

liers 180  —  4—      4    2,225  lOS 

—  chevrons.  .  .  925  —  4—  5-4  11,567  555 

Total.  .  .  1,485  18,572  891 

Le  prix  étant  calculé  à  50  centimes  le  pied 
courant  du  fort  au  faible. 


CHARPENTE  EN  PLANCHES  , 

l)e  3  pieds  4  pouces  de  longueur,  1  pouco  (f  e- 
paisseur  e<  9  «te  largeur. 

J'ai  essayé  un  antre  toit  en  planches  suivant 
le  système  de  Philibert  Delorme,  en  conser- 
vant la  forme  gothique  de  M.  Menjeot.  Le 
prix  de  la  main-d'œuvre  offre  peu  de  diffé- 
rence, mais  il  en  existe  une  légère  pour  celui 
du  bois,  qui  doit  être  mieux  choisi  pour  son 
débit  en  planches;  celle  du  poids  est  plus  re- 
marquable, il  est  à  celui  des  cintres  en  solives 
dans  le  rapport  de  3  à  4. 

La  latte  ca  fer  m'a  encore  réussi  sur  ce 
comble  en  planches. 

J'ai  un  grenier  commode,  spacieux,  qui 
peut  servir  d'atelier  à  toute  espèce  d'ou- 
vriers. 

COSIBLE  EN  MAÇONNERIE 

Sur  un  bâtiment  de  25  pieds  sur  18. 

Sur  une  autre  construction  que  je  voulais 
mettre  à  l'abri  du  feu ,  j'ai  fait  une  voiite  en 
briques,  toujours  en  conservant  la  forme  d'o- 
give gothique.  Elle  est  composée  de  neuf  ar- 
cades de  2  briques  d'épaisseur ,  dont  les  in- 
tervalles sont  remplis  par  de  petites  voûtes 
d'une  demi-brique  d'épaisseur,  qui  s'appuient 
sur  un  arrière-corps  laissé  aux  arcades;  de 
sorte  iqu'en  dessus,  la  voûte  est  e'xtra-dossée 
de  niveau  tandis  qu'à  l'inlra-dos  les  arcades 
font  saillie. 

Les  tuiles  se  posent  simplement  au  mortier 
sur  l'extra-dos. 

Les  9  arcades  emploient  (chacu- 
ne 500) , 4500  briq. 

Les  huit  voûtes  intermédiaires 
(chacune  500) 4000   — 

Les  9  écoyaux  (chacun  env.  170).    1500   — 


Total,  .  .  .  10,000   — 

Prix  des  briques 132  50    131,250  kil. 

40  hect.  de  chaux  à  90  c.    36  1,573 

60  de  sable    .  10  6  3,000 


Total.  135,823 
14  journées  de  maçon  .  .    23  20 
28      —      de  manœuvre.    16  80 


Total  du  prix.  216  50 
Le  même  bâtiment,  couvert  à  la 

manière  ordinaire,  eût  coûté 514  fr. 

A  la  Menjeot 427 

Ce  dernier  comble  est  le  plus  économique 
incontestablement ,  c'est  aussi  celui  que  je 
conseillerais  de  préférence  aux  cultivateurs  , 
s'il  n'exigeait,  pour  pieds  droits,  des  murs 
extrêmement  solides  ,  moins  pour  résister  à 
la  poussée  qui  est  presque  nulle  que  pour 
soutenir  un  si  grand  fardeau,  surtout  si  l'on 
■veut  éleyer  plusieurs  étages;  mais,  quand  la 


231 

construction  est  peu  élevée ,   un  mur  de  30 
pouces  est  assez  fort. 

Loin  de  moi  la  pensée  d'offrir  comme  des 
modèles  les  diverses  constructions  rurales 
que  j'ai  conçues  et  exécutées  pour  mon  ex- 
ploitation; leur  forme  nouvelle  dans  le  pays 
les  a  fait  visiter  par  beaucoup  d'amateurs  et 
de  charpentiers,  qui  m'ont  demandé  commu- 
nication de  mes  plans  et  de  mon  système. 
C'est  pour  abréger  des  explications  longues  et 
difficiles  que  j'ai  rédigé  mes  procédés  aussi 
succinctement  que  possible,  y  joignant  le  ta- 
bleau de  mes  devis. 

LÉON  D'HeRLINCOURT. 

PRATIQUE  NUISIBLE  DE  TAILLER,  ROGNER 
ET  COUPER  LA  CORNE  DE  LA  FOUR- 
CHETTE DES  CHEVAUX. 

Les  suites  en  sont  l'état  de  sensibilité  dou- 
loureuse où  les  pieds  des  clievaux  sont  ré- 
duits, rincapacité  de  ces  animaux  à  remplir 
les  services  qu'on  attend  d'eux,  et  leur  des- 
truction prématurée.  Les  mauvais  eff«ts  de 
ce  procédé  nous  paraissent  si  évident  pue 
nous  nous  sommes  crus  engagés  à  rédiger 
aussi  succinctement  que  possible  l'avis  sui- 
vant, dans  leqjuel  nous  exposons,  par  le, 
raisonnement  le  plus  clair,  la  fausseté  des 
raisons  alléguées  en  sa  faveur,  afin  d'empê- 
cher qu'on  ne  pêche  par  ignorance.  Espérons 
qu'un  public  éclairé  et  biendisposé  [accueil- 
lera ces  informations.  Espérons  aussi  qu'en 
passant  de  la  bouche  des  maîtres  à  leurs  em- 
ployés, et  surtout  en  servant  à  l'instruc- 
tion des  apprentis  maréchaux,  elles  feront 
mettre  de  côté  une  pratique  aussi  funeste. 

Voici  un  exposé  des  prétextes  dont  les 
partisans  de  cette  pratique  se  servent  pour 
l'appuyer,  et  de  ce  qu'on  peut  y  répondre. 

Le  principal  et  le  plus  ordinaire  est  qiie 
la  croissance  de  la  fourchette  ayant  lieu 
comme  dans  les  autres  parties  du  sabot, 
elle  couvrirait  le  pied  de  son  volume,  et 
deviendrait  trop  grosse  pour  le  pied  lui- 
mém e  si l 'on ne  s'y  opposait. 

Réponse.  L'examen  rigoureux  de  Tac- 
croissemeut  delà  corne  de  cette  partie  ap- 
prendra que  cette  corne  n'acquiert  qu'un 
certain  degré  d'épaisseuT,  et  que  les  bornes 
en  sont  fixées  admirablement  bien  par  les 
soins  d'une  Providence  toute  pleine  de  sa- 
gesse. En  effet,  quand  la  corne  a  atteint  ce 
degré  naturel  d'épaisseur,  elle  perd  sa  fa- 
cuUé  d'adhésion  et  forme  une  poussière  fa- 
rineuse, qui  disparaît  en  laissant  la  four- 
chette dans  toute  sa  beauté.  S'il  en  était 
autreinent,  tout  cheval  à  l'état  dénature  se 


232 

trouverait  estropié  par  cette  e\croi?sauce.  | 
Hne  peut  donc  plus  rester  le  plus  léser  j 
Jnolif  de  craindre  que  cette  corne  n'outre- 
passe le  pied,  et  les  taillades  qu'on  fait  pour 
y  porter  remède  deviennentnon  seulement 
inutiles,  mais  dangereuses,  puisqu'elles 
rendeut  le  reste  de  la  corne  trop  mince  et 
sujet  à  s'ulcérer.  On  a  observé  que  la  sole 
s'exfoliait  dès  qu'elle  avait  atteint  ses  limi- 
tes, qu'y  a-t-il  de  surprenant  que  la  four- 
chette soit  soumise  à  la  même  loi?  Je  crois 
donc  qu'il  est  prouvé  à  l'évidence  qu'enen- 
levant  cette  défense  naturelle  dans  l'épais- 
seur de  la  coruc,  l'on  prive  réellement  l'ani- 
mal d'une  protection  essentielle.  La  corne 
ainsi  amincie  rendlafourchetteplussensihle, 
douloureuse,  et  trop  faible  pour  supporter 
le  poids  lorsqu'elle  pose  fortement  sur  la 
terre,  comme  cela  arrive  souvent,  surtout 
dans  les  chemins  difficiles. 

Le  froissement  lui  occasione  de  l'irrita- 
tion et  de  rinflammation  ;  sa  force  et  sa 
résistance  naturelle  disparaissent;  elle 
se  dessèche,  s'endurcit, se  contracte,  éclate, 
puis  présente  des  fentes  où  la  boue  et  l'hu- 
midité pénètrent  ;  elle  parvient  ainsi  au 
d-ernière  état  de  dépérissement  et  de  mala- 
die. 

On  justifie  l'usage  dont  nous  avons  parlé 
par  un  second  prétexte,  d'enlever  les  lam- 
At'flî/ a;,  celui-ci  est  plus  plausible  que  le  pre- 
mier; renvoyons-le  toutefois  à  l'éprouve  en 
approfondissant  d'où  proviennent  ces  lam- 
beaux. 

Au  moment  où  on  commence  la  ferrure, 
a  fouchette,  dans  sou  état  d'mtégrilé,  a 
lune  surface  extérieure  lisse  et  sans  lam- 
beaux; mais  lorsque  sa  corne  extérieure, 
plus  dure,  est  enlevée,  la  corne  intérieure, 
qui  estplus  molle  et  plus  humectée  de  fluide, 
se  dessèche,  surtout  dans  la  belle  saison  , 
et  se  fend.  Les  bords  de  ces  fentes  ou  dé- 
chirures sesoulèvent  etconstituentce  qu'on 
appellerf6's7a/«6crt«.i:.  On  doit  avouer  pour- 
tant que  descauses  naturelles  peuvent  aussi 
y  donner  lieu,  quoique  ce  soit  àîa  manie 
de  couper  la  fourchette  qu'on  doive  les  at- 
tribuer le  plus  fréquemment;  et  géuér;ile- 
ment  ou  augmente,  sans  réfléchir,  le  mal  par 
une  incisionplusprofondeeucorc,  jusqu'à  ce 
qu'on  soit  allé  si  avant, que  la  fourchette, 
presque  dépouillée  de  sa  corne,  n'est  plus 
(|u'uue  plaie. 

La  boue  cl  l'humidité,  ainsi  que  nous 
l'avons  dil ,  ne  font  qu'accélérer  le  àépéris- 
seaient  et  la  destruction  des  parties  inté- 
rieures. Aulaut  vaudrait-il  donc  proposer 


de  couper  les  pelotes  que  les  chiens  ont  sous 
leurs  pieds,  avant  de  les  mener  à  la  chasse, 
que  de  découvrir  ainsi  la  fourchette  d'un 
cheval  au  moment  d'entreprendre  un 
voyage  avec  lui. 

Quelques  maréchaux  pensent  qu'on  ue 
peut  trop  couper  cet  organe;  d'autres,  plus 
intelhgens,  croient  qu'il  ne  faudrait  y  pro- 
céder qu'avec  modération;  mais,  après  tout, 
l'auteur  de  cet  avis  s'est  convaincu,  par  un 
examen  scrupuleux  et  par  des  recherches 
suivies,  que  cet  organe  singulier  n'a  pas 
besoin  d'être  coupé.  D'après  ses  sugges- 
tions, il  existe  déjà  nombre  de  vieux  che- 
vaux dont  les  fourchettes  n'ont  jamais  été 
coupées  ;  elles  sont  les  fourchettes  les  plus 
belles,  les  mieux  constituées  et  les  plus  for- 
tes qu'on  ait  jamais  vues.  La  cavité  de  l'a- 
rêle-fourchette  a  surtout  une  forme  en  lo- 
sange d'une  grande  beauté  et  est  très-forte. 
La  comparaison  ou  analogie  entre  la  four- 
chette et  les  peloltes  des  pieds  des  chiens  et 
de^  coussinets  de  ceux  de  l'éléphant,  est 
aussi  juste  que  correcte;  l'une  n'a  pas  plus 
besoin  dôlre  coupée  qaeîes  autres.  Un  fail 
que  lous  les  amateurs  et  éleveurs  de  chevaux 
peuvent  aisément  vérifier  par  eux-mêmes, 
le  démontre  évidemment,  c'est  que  si  l'on 
coupe  une  lame  très- épaisse  de  la  f(iur- 
chette,  elle  ne  se  renouvelle  qu'impar- 
iteraent,  et  orcasioae  June  difformité. 

Un  autre  motif  qui  a  paru  induire  à  cou- 
per cette  partie,  est  sa  consistance  molle 
qui,  ressemblant  à  celle  du  cuir  ou  d'un 
fromage  dur,  invite,  pour  ainsi  dire,  le  cou- 
teau. On  peut  aussi  y  joindre  une  expression 
impropre,  ou  manière  de  parler  insigni- 
fiante des  cochers,  peu  au  fait  de  l'écono- 
mie de  cette  partie  qui  lorsqu'ils  s'adres- 
sent aux  maréchaux  leur  recommandent 
de  bieiij^arer  le  pied.  Le  mol  bien,  appli- 
qué de  cette  façon  aux  mauvais  comme  aux 
bons  procédés  et  sans  signification  propre, 
cause  un  mal  si  grand  que  tout  bon  opé- 
rateur, au  moins  ceJui  qui  a  à  cœur  la  pros- 
périté de  son  art  et  le  bon  étal  des  chevaux, 
devrait  s'en  méfier.  Les  cochers ,  de  leur 
'ôté,  feront  sagement  de  s'en  remettre, 
pour  cette  j)artie  qui  n'entrepas  dan.s  leurs 
fonctions,  à  ceux  qui  la  connaissent  et  la 
comprennent  mieux  qu'eux. 

DES  Viens  DE   CARACTÈnE  CHEZ  LES 
CUEVAIX. 

Les  chcv.'iiix   qui  se  moiUrcnl  létils  ont  or- 
dinairomonl  hojimoiip  de  liiî<'s«;('  cl    (riiitclli- 


gence,  ot  sont  toujours  aux  ajîucls  pour  exor- 
ccr  llpurs  >iciouses  dispositions.  Ils  juscnl 
parfaitement  bien  de  la  hardiesse  et  de  la  so- 
lidité du  cavalier,  et  s'ils  eoniprennent  d'a- 
bord qu'ils  ne  réussiront  pas  à  vaincre  sa 
volonté,  ils  attendent  qu'un  moment  plus  fa- 
Aorable  les  serve  pour  commencer  les  hostili- 
tés avec  des  chances  d'avantage  :  c'est  alors 
qu'ils  déploient  toutes  leurs  ruses  et  toute 
leur  viguei.r  pour  désarçonner  celui  qui  les 
uionlp. 

Il  arrive  souvent  qu'en  sortant  de  l'écurie 
un  cheval  rétif  témoigne  de  l'inquiétude  ou 
plutôt  en  affecte  ;  il  dresse  les  oreilles,  anime 
ses  regards  comme  s'il  éprouvait  une  frayeur 
véritable.  Si  la  résistance  lui  semble  d'abord 
inutile;  parce  qu'il  voit  des  gens  qui  pour- 
raient le  châtier,  une  fois  avec  son  cavalier 
il  s'arrêtera  tout  court  devant  le  premier  ob- 
jet qui  se  rencontrera  sur  son  chemin  et  re- 
l'usera  de  passer  outre,  si  l'on  ne  sait  pas  l'y 
contraindre.  Un  moulin,  une  maison,  un 
arbre,  une  pierre  lui  fournissent  autant  d'oc- 
casions de  se  défendre,  et  si  l'on  est  timide  et 
sans  expérience,  on  sera  forcé  do  lui  céder  cl 
de  revenir  à  l'endroit  d'où  l'on  est  parti. 

D'autres  chev  aux  rétifs  vont  assez  tranquil- 
lement jusqu'à  ce  qu'ils  apor(,oivent  une  au- 
berge, une  écurie  ou  une  ferme  vers  laquelle 
ils  se  dirigent  immédiatement,  et  si  vous 
vous  y  opposez,  le  coiiibat  commence.  Ces 
chevaux  sont  très-dangereux  sous  une  main 
inhabile,  parce  que  si  le  cavalier  ne  veut  pas 
céder  au  caprice  qui  les  engage  à  s'arrêter,  ils 
se  jettent  contre  les  murailles  pour  se  débar- 
rasser de  lui,  ou  se  précipitent  avec  vis- 
lence  dans  le  bâtiment  dont  ils  voient  la  porte 
ouverte.  L'adresse  de  l'homme  peut  seule  pa- 
ralyser ces  efforts  de  méchanceté  :  mais  il  ne 
lautpas  qu'il  emploie  avec  colère  la  cravache 
et  l'éperon,  il  rendrait  le  mal  pire.  Lo  plus 
sur  moyen  de  vaincre  l'animal  obstiné,  est  de 
se  servir  judicieusement  de  la  main. 

Si  le  cheval  que  vous  montez  veut  se  ruer 
contre  un  mur,  no  cherchez  pas  à  l'en  éloi- 
gner, mais  tournez-lui  la  tète  vers  la  croupe; 
vous  le  forcez  ainsi  à  prendre  une  position 
courbe  qui  vous  empêche  d'être  blessé.  Agis- 
sez de  même  toutes  les  fois  qu'un  cheval  se 
précipitera  vers  un  objet  quelconque,  etvous 
vous  en  trouverez  bien.  Du  reste,  les  chevaux 
rétifs  se  cabrent  rarement. 

Il  existe  des  chevaux  qui  no  se  défendent 
point  tani  qu'ils  parcourent  les  rues  d'une 
ville,  ot  qui  font  le  diable  dans  la  campagne , 
et  s'effraient  de  tout  dans  les  villes.  Il  est  donc 
très  prudent,  quand  on  veut  faire  une  ac- 
quisition, d'essayer  le  cheval  intra  comme 
exira-miiros,  afin  de  ne  pas  avoir  plus  tard  à 
se  repentir  d'avoir  inconsidérément  donné  son 
argent  au  vendeur. 

Quel  que  soit  le  cheval  que  l'on  monte,  il 
faut  toujours  lui  faire  sentir  qu'on  est  «on 
maître. 


'233 
bans  toule  espèce  de  lutte  avec  un  cheval, 
le  ca\  aller  doit  d'abord  chercher  à  se  garantir 
d'un  accident  fâcheux.  On  sait  que  la  plupart 
des  hommes  possèdent  plus  de  force  et  plus 
d'adresse  d'un  côté  que  de  l'autre  ;  il  en  est 
de  même  chez  les  chevaux.  C'est  donc  en  eux 
le  côté  le  plus  faible  qu'il  faut  tâcher  de  vain- 
cre. Afin  de  paralyser  les  efforts  qu'ils  feront 
à  droite,  par  exemple,  contraignez-les  de  n'em- 
ployer qu'à  gauche  leur  résistance,  en  occu- 
pant tout  ce  côté  et  par  votre  pesanteur  et 
par  les  aides,  vous  en  obtiendrez  de  bons  ré- 
sultats. 

Certains  chevaux,  après  avoir  marché  quel- 
que temps,  s'arrêtent  court  et  refusentde  faire 
un  pas  de  plus  en  avant.  Dans  ce  cas,  cher- 
chez aies  retourner,  et  s'ils  refusent,  obligez- 
les  à  reculer,  ce  qu'ils  feront  sans  peine.  En 
attaquant  l'arrière-main,  bientôt  vous  verrez 
en  eux  d'autres  dispositions,  et  de  leur  propre 
volonté  ils  continueront  leur  chemin.  En 
thèse  générale,  on  ne  doit  jamais  oublier  que 
la  malice  dos  chevaux  rétifs  les  porte  à  se 
venger  de  celui  qui  veut  les  soumettre  à  sa 
puissance  par  tous  les  moyens  et  sur  tous  les 
objets  qui  se  présentent  ;  et  pour  dompter 
leurs  vices,  il  faut  choisir  un  endroit  conve- 
nable, exempt  du  passage  des  voitures,  éloi- 
gné des  arbres,  des  haies,  des  murailles,  des 
fossés,  afin  de  ne  pas  s'y  briser  avec  le  mé- 
chant animal  qui  se  déclare  votre  ennemi. 

La  résistance  d'un  cheval  à  céder  aux  vo- 
lontés de  son  cavalier  ne  provient  pas  tou- 
jc'iirs  de  son  caractère  vicieux.  Il  faut  savoir 
distinguer  ces  nuances  afin  de  n'employer  les 
moyens  coërcitifs  et  violens  qu'en  désespoir 
de  cause.  Avec  de  la  patience  elde  la  douceur, 
ou  opère  souvent  des  métamorphoses  plus 
heureuses  qu'en  cédant  à  la  colère  et  eu  dé- 
ployant beaucoup  de  rigueur  ;  pour  maîtriser 
son  cheval ,  on  doit  d'abord  songer  à  Se  mfiî- 
triser  soi-même. 

On  peut  s'étonner  qu'un  si  petit  nombre  de 
personnes  connaissent  l'étonnante  efficacité 
de  la  main  sur  les  moyens  de  défense  qu'em- 
ploient les  chevaux  rétifs.  Il  est  rare  de  ren- 
contrer des  grooms  et  des  palfreniers  qui 
aient  à  cet  égard  la  moindre  instruction. 
Combien  de  fois  ne  voit-on  pas  l'un  de  ces 
hommes  monté  sur  un  cheval  capricieux 
montrer  encore  bien  plus  d'obstination  stupide 
que  l'animal  qu'il  s'efforce  de  faire  obéir  n'a 
de  malice  !  Dans  de  telles  circonstances,  les 
éperons  et  la  cravache  sont  employés  le  plus 
rudement  possible,  et  si  le  cavalier  l'emporte 
à  la  fin,  ce  n'est,  à  coup  s.-.r,  qu'une  suspen- 
sion d'hostililés.  Le  cheval  ne  se  considère 
pas  comme  vaincu ,  et  peu  de  temps  après  il 
recommence  le  combat.  Nous  sommes  loin  de 
prétendre  qu'il  ne  faille  jamais  user  de  ces 
moyens  rigoureux,  mais  malheureusement  on 
s'en  sert  quelquefois  avec  si  peu  d'intelligence 
qu'on  augmeiHe  le  mal  au  lieu  do  le  corri 
aov. 


^34 

Le  cavalier  ne  doit  jamais  abuser  de  sa  vic- 
toire sur  un  cheval  réduit  à  l'obéissance  par 
les  châtimens  ;  loin  de  là,  il  faut  qu'il  la  flatte 
et  le  caresse  pour  lui  faire  comprendre  qu'il 
est  satisfait  de  sa  soumission  et  qu'on  le  trai- 
tera bien  chaque  fois  qu'il  montrera  de  la 
bonne  volonté.  Le  cheval  auquel  on  conti- 
nue les  corrections  lorsqu'il  a  cédé  deviendra 
plus  hargneux  que  jamais  dans  une  nouvelle 
circonstance;  et  ses  mauvais  penchans,  au 
lieu  de  s'affaiblir,  se  manifesteront  avec  bien 
plus  d'audace  et  de  ténacité. 

Quand  un  cheval  veut  se  défendre  en  faisant 
des  sauts-de-mouton,  et  cela  n'arrive  guère 
que  dans  sa  jeunesse,  à  l'époque  où  l'on  com- 
mence à  le  dresser,  on  s'en  aperçoit  aisément 
d'avance  à  la  contraction  de  son  épine  dorsale, 
au  gonflement  de  son  corps,  qu'il  dilate 
comme  pour  faire  crever  les  sangles  ;  il  serre 
la  queue  entre  les  fesses  ,  et  part  de  celte  po- 
sition en  ruant  d'un  côté  et  plongeant  de  l'au- 
tre tant  qu'il  peut  retenir  sa  respiration  :  il 
s  arrête  alors,  et  si  le  cavalier  a  conservé  une 
assiette  solide,  le  cheval,  après  une  seconde 
épreuve,  renoncera  de  lui-même  à  le  désar- 
Vonner.  Mais  si,  au  contraire,  le  cavalier 
s'est  laissé  vaincre,  s'il  a  montré  de  la  trayeur, 
s'il  a  perdu  son  aplomb ,  l'animal  recom- 
mencera de  pins  belle  une  autre  fois. 

On  a  vu  quelquefois  des  chevaux  d'âge  s'a- 
donner à  ce  vice,  et  ceux-là  sont  f«>."t dange- 
reux. Celui  qui  monte  un  cheval  de  pareille 
humeur  doit,  après  deux  sauts,  s'efforcer  de 
le  mettre  an  galop  et  de  lui  faire  parcourir 
au  moins  un  mille  avec  toute  la  vitesse  possi- 
ble, et  lui  appliquer  en  même  temps,  d'une 
vigoureuse  manière,  le  fouet  et  l'éperon.  Le 
cheval  ainsi  châtié  s'en  souviendra  pour  une 
autre  fois,  et  sera  beaucoup  moins  tenté  de 
renouveler  ses  farces. 

Il  y  a  des  chevaux  qui,  après  s'être  défen- 
dus de  toutes  façons  sans  pouvoir  jeter  leur 
maître  à  terre ,  s'abaKcnt  pour  le  briser  sous 
leur  poids.  Ces  cas,  cependant,  sont  rares, 
parce  qu'eu  général  les  chevaux  craigiient  pour 
eux-mêmes  de  s'abattre  ;  mais,  connue  ils  arri- 
vent, on  en  doit  être  prévenu  alin  d'user  de 
toutes  les  précautions  convenables  pour  évi- 
ter une  chute  fâcheuse.  Un  habile  cavalier 
sait,  du  reste,  parer  le  coup  et  remonter  en 
selle  aussitôt  que  le  cheval  se  relève,  ce  qui 
prouve  à  ce  dernier  que  sa  méchanceté  ne 
lui  tourne  pas  à  profit  et  l'en  corrige  quelque- 
fois à  l'avenir. 

On  dit  communément  d'un  cheval  qu'il 
prend  le  mors  aux  dents  ;  c'est  une  locution 
impropre  ;  le  mors  ne  quille  point  la  région 
des  barres,  et  c'est  le  peu  d'action  qu'il  y 
exerce  qui  permet  au  cheval  de  s'emporter. 
En  montant  des  chevaux  dont  la  bouche  est 
insensible,  ou  doit  s'attendre  aux  conséquen- 


ces les  plus  graves  quand  il  sont  fougrueux  et 
volontaires,  et  toute  l'habililé  possrblo  ne  sa't- 
rait,  en  certaines  occasions,  préserver  le  ca- 
valier d'une  catastrophe. 

Les  écuyers  de  manège  prétendent  commu- 
nément qu'un  cheval  ne  peut  pas  s'emporter 
sous  un  homme  exercé.  Je  conviens  avec  eux 
que  les  chevaux  dont  ils  se  servent  habituel 
lement  montrent  peu  cette  disposition,  parce 
que  leur  bouche  a  été  rendue  si  fine  par  le 
travail  auquel  ils  sont  accoutumés  ,  qu'il  suf- 
fit du  moindre  effort  pour  les  arrêter  court  ; 
mais  un  cheval  de  manège  n'est  nullement 
calculé  pour  le  service  de  route ,  et  quand 
une  main  lourde  et  rude  s'est  long-temps  fait 
sentir  aux  barres  et  les  a  rendues  calleuses, 
si  l'animal  est  d'un  caractère  ardent,  il  pourra, 
dans  un  cas  fortuit,  s'emporter  et  rendre  vain 
tout  le  talent  du  monde  pour  le  diriger  ou 
l'arrêter  dans  sa  course.  Cependant  il  ne  faut 
pas  négliger  les  moyens  qui  peuveut  réussir 
parfois  :  ils  ne  consis-tcnt  pas  à  tirer  avec 
force  sur  les  rênes;  il  faut  chercher  à  rassem- 
bler un  peu  l'animal,  à  raccourcir  ses  bonds,  à 
le  ralentir  peu  à  peu.  Pour  cela,  le  premier 
soin  est  de  lui  relever  la  tête,  de  le  mettre  sur 
lesjianches ,  ce  qui  diminuera  ses  forces.  En 
même  temps,  on  appuiera  sur  les  étriers,  en 
serrant  bien  les  genoux  contre  les  panneaux 
de  la  selle  ;  on  jetera  le  poids  du  corps  en 
arrière  pour  donner  le  plus  possibls  de  charge 
aux  parties  postérieures  du  cheval,  et  si  l'on 
ne  s'en  rend  pas  ainsi  maître,  on  doit  seule- 
ment tâcher  de  le  diriger  de  manière  à  ce  que 
nul  obstacle  ne  se  rencontre  sur  son  passage  ; 
eu  voulant  le  surmonter  il  se  romprait  les 
membres  peut-être,  et  vous  ferait  partager 
ses  périls  ;  si  la  route  est  unie ,  ne  craignez 
pas  ûo  l'abandonner  à  sa  fougue  ;  elle  cessera 
quand  la  fatigue  et  l'épuisement  se  feront 
sentir. 

Un  bon  bridon  est  bien  préférable  au  mors 
delà  bride  pour  arrêter  un  cheval  qui  s'em- 
porte, et  tout  cavalier  prudent  qui  monte 
un  cheval  qu'il  ne  connaît  pas  doit  se  munir 
de  ce  double  moyen.  Cependant  il  est  des 
bouches  sur  l'insensibilité  desquelles  rien  n'o- 
père efficacement  ;  celles-là  sont  presque  in- 
curables et  déconsidèrent  entièrement  l'ani- 
mal donton  vous  propose  l'acquisition. 

La  dureté  de  bouche  n'est  pas  toujours  sans 
remède  :  on  la  détruit  souvent  en  entourant 
de  flanelle  le  mors  du  bridon  et  en  laissant  le 
cheval  jouer  avec,  dans  les  piliers,  deux  ou 
trois  heures  par  jour.  Au  bout  d'un  mois  la 
cure  est  accomplie,  les  callosités  ont  disparu, 
la  sensibilité  est  rétablie.  Ce  moyen  peut  pa- 
raître étrange  à  beaucoup  de  personnes;  ce- 
pendant je  puis  affirmer  qu'il  a  fréquemment 
réussi ,  et  que  ceux  qui  l'ont  employé  n'ont  eu 
qu'à  s'en  applaudir. 


235 


REPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 


1rg»:^XEga» 


I.  AGRICULTURE.  -  II,  ARTS  LIBÉRAUX.  ~III.  COMMERCE. 


TOILES  PEINTES. 

L'industrie  des  toiles  peintes,  qui  semble 
être  connue  de  toute  aHtiquité  dans  les  In- 
des, ne  fut  introduite  en  Europe  que  vers  le 
commencement  du  dernier  siècle,  et  n'y  fit  d'a- 
bord que  des  progrès  très  lents.  Aussi  les  toiles 
des  Indes  eurent-elles  encore  long-temps  une 
prééminence  justement  méritée  sur  les  toiles 
d'Europe  qui  ne  leur  étaient  comparables  ni 
par  l'exécution,  ni  par  la  beauté  des  cou- 
leurs, et  jusque  vers  la  fin  du  dernier  siècle 
(17S0),  nous  ne  fournîmes  les  marchés  que  de 
toiles  communes,  tandis  que  celles  des  Indes 
se  payaient  très  cher  et  étaient  regardées 
comme  des  étoffes  de  luxe  ;  cependant  un  in- 
dustriel, dont  nous  ignorons  le  nom  et  le  pays, 
avait,  dés  l'origine,  remplacé  le  long  pinceau- 
tage  des  Indes  par  l'impression  rapide  «les 
planches  en  bois,  et  celte  invention,  qui  a 
conduit  aux  planches  plates  et  aux  rouleaux, 
a  donné  une  face  nouvelle  à  l'art  qui  nous 
occupe. 

Les  Anglais ,  les  Suisses  et  les  Allemands 
avaient  déjà  ajouté  plusieurs  periectionne- 
mens  à  la  fabrication  des  toiles  peintes,  lors- 
qu'elle fut  importée  en  Alsace.  Mulhausen, 
qui  a  été  le  berceau  de  cette  industrie  dans 
notre  province,  lira  d'abord  de  la  Suisse  ses 
graveurs,  ses  imprimeurs,  ses  pinccauteuses, 
et  en  général  tous  ses  ouvriers.  Mais  bientôt 
la  population  locale  se  lit  à  un  travail  qui 
venait  augmenter  ses  ressources;  et  depuis, 
elle  n'a  cessé  de  remplir  les  nombreux  ate- 
liers dont  Mulhausen  a  doté  notre  départe- 
ment, qui  en  a  retiré  des  avantages  incontes- 
tables. Les  fabriques  de  Thann,  deCernay,  de 
Wesserling ,  do  Munster,  ne  furent  que  de 
nombreuses  succursales,  dont  Mulhausen  fut 
comme  la  métropole  industrielle,  et  ce  n'est 
pas  seulement  depuis  sa  réunion  à  la  France 
que  notre  ville  a  vu  s'agrandir  le  rayon  de  ses 
ateliers;  déjà  auparavant,  l'exiguilé  de  son  ter- 
ritoire cessant  d'être  en  rapport  avec  une  po- 
pulation croissante  dont  une  faible  partie  se 
livrait  à  l'agriculture,  les  Mulhousois  durent 
s'établir  dans  les  environs,  et  y  fondèrent  une 
grande  partie  des  établissemens  aujourd'hui 
existans  dans  le  Haut-Rhin. 

Le  Haut-Pihin  a  long-temps  présenté  en  ef- 
fet presque  toutes  les  conditions  locales  né- 
cessaires pour  favoriser  l'industrie  des  toiles 
pointes  :  un  grand  nombre  ôo  lorreois  ei  de 


moteurs  hydrauliques,  la  main'd'œuvre  à  bon 
marché,  une  position  topograpbique  et  poli- 
tique qui  rendait  les  débouchés  faciles  et  l'a- 
chat des  matières  premié-res peu  coûteux, l'ab- 
sence des  douanes  et  un  faibie  droit  de  passe. 
Malheureusement,  au  prix  toujours  croissant 
du  combustible  s'est'  joint ,  depuis  1814,  une 
situation  politique  défavorable ,  comme  nous 
le  verrons  par  la  suite. 

Tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'histoire  de  la 
fabrication  des  toiles  peintes  dans  le  Haut- 
Rhin  peut  se  diviser  en  trois  époques  bien 
distinctes  :  la  première ,  partant  de  1746,  mo- 
ment do  l'importation  de  cette  industrie  ,  et 
se  terminant  en  1775,  où  de  grands  perfec- 
tionnemens  commencèrent  à  se  faire  remar- 
quer; la  seconde  comprend  les  années  écou- 
lées entre  1775  et  1800;  lalrcisième,  de  1800 
à  18.30,  durant  les  longues  guerres  de  la  répu- 
blique et  de  l'empire,  le  système  continental 
et  la  paix  générale ,  au  moment  où  tous  les 
peuples  qui  étaient  nos  tributaires  furent  vio- 
lemment séparés  de  nous,  et  où  l'Angleterre, 
jetant  dans  la  balamce  des  marchés  de  l'Eu- 
rope tout  le  poids  de  ses  richesses  et  de  son 
génie  industriel,  devint  pour  nous  une  rivale 
puissante  et  dangereuse,  contre  laquelle  nous 
ne  pûmes  lutter  avec  avantage  qu'en  perfec- 
tionnant sans  cesse  nos  moyens  d'exécution, 
surtout  en  les  rendant  plus  économiques. 

La  première  manufacture  d'indiennes  de 
ce  département  fut  établie  à  Mulhausen  vers 
1746,  sous  la  raison  de  commerce  Rœchlin , 
Schmaltzer  et  comp.  Cette  maison  fut  en  Al- 
sace le  berceau  de  l'industrie  cotonnière,  dont 
Mulhausen  a  toujours  été  depuis  la  métropole 
dans  cette  province.  Les  profits  considérables 
que  présciitait  la  fabrication  des  toiles  pein- 
tes, la  comparaison  tout  à  son  avantage  avec 
les  autres  industries  du  pays,  durent  bientôt 
attirer  vers  elle  de  nombreux  capitaux  elpro- 
voquer  de  nouveaux  établissemens.  La  socié- 
té Kœchlin  ,  Schmaltzer  et  comp. ,  ne  dura 
même  que  peu  de  temps,  car  au  bout  de  quel- 
ques années  tous  les  associés  se  séparaient 
pour  former  autant  do  maisons  particu- 
lières. 

Dès  lors  le  nombre  des  établissemens  s'aug- 
menta successivement,  et  déjà  en  1768,  d'a- 
près un  règlement  fait  sous  l'intendant  d'Al- 
sace de  Blair,  concernant  le  canal  de  Stein- 
bacchle,  on   comptait  quinze  manufactures 


236 

d'indiennes,  outre  quelques  succursales  éta- 
blies dans  les  vallées  des  Vosges. 

Position  topograpiiiqïe.  —  A  celle 
époque  Mulhausen  se  trouvait  au  centre  du 
commerce  de  l'Europe  continentale; elle  avait 
pour  débouchés  la  France,  l'Allemagne,  l'Ita- 
lie et  la  Hollande;  elle  exploita  même  bien- 
tôt les  marchés  de  Leipzig,  Francfort,  Elbcr- 
leld,  Bruxelles,  etc.  Le  commerce  était  libre, 
et  ce  n'est  qu'à  la  frontière  de  France  que 
l'indienne  payait  un  faible  droit  de  13.)  fr. 
par  quintal.  Ululhausen  ,  quoique  ville  libre 
de  la  Suisse,  jouissait  des  mêmes  avantages 
que  l'Alsace  et  la  Lorraine,  provinces  fran- 
çaises qui  n'étaient  point  encore  e\ercées 
par  la  ferme  générale  de  France.  Les  lignes 
de  douane  se  trouvaient  alors  à  Bar-le-Duc  et 
à  Saint-Dizier.  A  celle  position  si  heureuse 
pour  ses  exportations,  Wuihausen  réunissait 
toutes  les  conditions  capables  do  favoriser 
l'industrie  des  toiles  peintes  :  le  canal  du 
Steinbacchle  lui  fournissait  une  eau  abon- 
dante et  pare,  conditions  indispensables  pour 
la  fabrication  des  indiennes;  la  main-d'œu- 
vre y  était  à  bon  marché  ,  le  combustible 
abondant,  et,  ce  qui  n'est  pas  moins  inipor- 
tant,  elle  avait  une  population  industrieuse 
et  d'un  caractère  entreprenant. 

MovEXs  UK  i-AimicATiox.  —  Daiis  loii- 
ginedel'art,  ou,  pour  mieux  dire,  au  moment 
de  son  importation  dans  le  Ifaul-Khin,  les 
moyens  d'oxéculion  se  rèduisai-nt  à  un  polit 
nombre  d'opérnlioiis  et  à  quelques  procédés 
que  la  routine  seule  avait  enseignés,  et  que 
des  ouvriers  suisses  et  allemands  avaient  ap- 
portés dans  nos  contrées  ;  car  en  Europe  l'art 
de  fabriquer  les  toiles  peintes  avait  étéimpor- 
té  d'abord  en  Hollande,  en  Angleterre,  en 
Suisse  et  en  Allemagne. 

Les  premières  impressicvis  de  MM.  Kœchlin 
et  Schmallzer  furent  exécutées  en  couleurs 
d'application  à  l'huile  siccative  ou  au  vernis, 
en  dessins  à  une  ou  deux  couleurs,  sur  des 
toiles  très  communes  qu'on  faisait  venir  de 
la  Suisse.  Mais  dès  la  seconde  année  de  leur 
fabrication,  ils  apprirent  d'un  compagnon  im- 
primeur de  Ihunloiîr?  la  manière  de  prépa- 
ierie mordant  d'alumine,  dit  mordant  rouge, 
qu'ils  obtenaient,  comme  on  le  fait  encore, 
par  l'alun  eU'acétatc  de  jjlomb.  Cesfabricaus 
connurent  par  la  même  voie  l'acétate  de  fer 
dit  bain  noir,  dont  on  se  servait  pour  les  mor- 
dans  noirs  et  violets,  ce  qui  permet  de  tixer 
la  matière  colorante  de  la  garance  par  la  tein- 
ture. Par  CCS  procédés  on  obtenait  déjà  trois 
couleurs  bon  teint  :  le  rouge,  le  violet  et  le 
iioir  dans  toutes  les  nuances.  On  fit  d'abord 
un  secrel  de  la  composition  de  ces  mordans, 
car  à  celte  époque  l'emploi  du  sel  de  Saturne 
(acétate  de  plomb)  élait  loin  d'être  général, 
et  lorsqu'on  voulait  composer  un  mordant 
rouge,  on  faisait  u^agc  d'un  grand  nombre  de 


nait  toujours  sur  les  autres  composans  qui 
étaient  ordinairement  la  soude  d'Alicante,  le 
vinaigre,  l'arsenic  blanc,  la  litharge,  le  sel 
ammoniac,  etc.  Pour  prévenir  le  coulage 
qu'aurait  occasioné  l'excès  d'alun  contenu 
dans  ces  mordans  ,  on  ne  pouvait  imprimer 
que  sur  des  toiles  préalablement  engallées. 
Les  fabriques  de  Mulhausen  s'enrichirent  en- 
core de  quelques  procédés  tirés  des  fabriques 
de  la  Suisse,  et  notamment  de  ÎVeucbàtel, 
Genève  et  Bâ'ie,  villes  dans  lesquelles  cet  art 
avait  déjà  fait  quelques  progrès  et  d'où  on  fit 
venir  des  ouvriers  de  tout  genre,  tels  que  gra- 
veurs imprimeurs,  pinceauteuses,  etc. 

Quant  aux  dessins,  ils  étaient  exécutés  par 
31.  Dolfus,  peintre,  associé  de  Kœchlin  et 
Schmallzer.  Il  est  vrai  que  pendant  quelques 
années  teut  se  réduisait  à  deux  ou  trois  gen- 
res, tels  que  :  lo  le  genre  surate,  petit  dessin 
à  une  couleur  violet  et  noir;  2ole  genre  tapis 
et  couverture  de  lit  à  grands  dessins  fond 
rouge  et  noir;  âo  plus  tard  on  fabriqua  des 
mouchoir»  paillaca  à  double  face.  Le  petit 
nombre  de  couleurs  dont  on  pouvait  disposer 
exigeait  alors,  pour  offrir  de  la  variété  et  de 
l'agrément,  un  grand  talent  de  la  part  du  des- 
sinateur. Aussi,  à  l'époque  qui  nous  occupe, 
le  dessin  élait  la  partie  la  plus  importante 
d'une  fabrique  d'indienne. 

Il  est  à  peine  nécessaire  de  dire  qu'alors 
tout  se  faisait  à  la  main  ,  car  on  ne  connais- 
sait en  fait  de  machine  que  le  cylindre  qui 
servait,  soit  à  préparer  les  toiles  pour  l'im- 
pression, soit  à  donner  un  apprêt  à  la  mar- 
chandise finie.  Les  procédés  se  réduisaient  à 
peu  près  aux  opérations  suivantes  :  les  toiles 
arrivaient  blanchies  delà  Suisse  ou  d'Orange. 
C'est  de  celte  ville  qu'on  tirait  les  toiles  dives 
colonnes,  lissées  en  coton  et  lin.  On  leur  don- 
nait le  vitriolage,  opération  qui  consistait  à 
les  faire  macérer  pendant  quelques  heures 
dans  une  eau  faiblement  aiguisée  d'acide  sul- 
furiqoe,  puis  ou  les  engallait  et  on  les  cylin- 
drail  pour  l'impression  du  mordant. 

A  celte  époque,  le  dégorgeage  par  la  bouse 
n'était  point  connu,  el  pour  enlever  de  des- 
sus les  toiles  l'excès  de  mordant  en  l'épaissis- 
sant ,  on  se  contentait  de  les  pendre  à  l'eau 
courante  et  de  les  battre.  Plus  tard,  on  porta 
quelque  amélioration  à  l'opération  de  débouil- 
li-sage  :les  toiles  n'étaient  plus  engalléesavant 
l'impression  des  mordans;  mais  après  celte 
impression  ,  on  les  lavait  à  l'eau  courante; 
puis  ou  les  trempait  pendant  quelques  heures 
dans  une  légère  décoction  de  noix  de  galle  ou 
de  sumac;  et  on  les  déjforgeait  au  battoir 
avant  de  les  soumettre  à  la  teinture.  On  pro- 
codait alors  à  cette  dernière  opération,  après 
laquelle  on  dégorgeait  de  nouveau  les  toiles 
au  balloir,  lorsqu'elles  avaient  été  exposées 
pendant  quelque  temps  à  l'eau  courante. 

Pour  blanchir  les  parties  non  mordancées 
drogues  inutiles  dan?  lesquelles  l'alun  domi-  ]  de  la  toiie.  qui  en  avaient  même  d'autant  plus 


besoin,  qu  ou  ncgaïaïuait  qu  aprt'St'ngalla{;e, 
on  exposait  les  pièrcs  sur  pré,  et  on  avait  le 
soin  de  les  arroser  fréquemmeril,  alin  d'accé- 
lérer aulaut  que  possible  le  blanrîiimoiil  au 
soleil.  Celte  opération  exifîeait  d'ordinaire 
deux  à  trois  jours,  et  était  la  seule  qu'on  lit 
subira  la  marchandise,  les  passages  au  son  et 
au  savon  n'étant  pas  encore  employés.  On 
conçoit  que  ce  mode  de  blanchiment  n'était 
guère  praticable  que  par  les  beaux  jours  ; 
aussi  n'y  avait-on  recours  à  peu  près  que 
daus  la  belle  saison,  ce  qui  restreignait  beau- 
coup la  fabrication.  La  marchandise  étant 
blanchie,  il  ne  lui  restait  plus  qu'à  lui  don- 
ner un  apprêt  au  cylindre  et  à  la  sati- 
ner. 

«Quelques  années  plus  tard,  les  procédés 
s'améliorèrent,  et  l'art  des  toiles  peintes  s'en- 
richit de  quelques  couleurs  d'enluminage , 
parmi  lesquelles  on  voit  figurer  le  bleu  d'in- 
digo, dit  bleu  de  pinceau,  où  l'indigo  désoxi- 
gcné  par  le  sulfure  d'arsenic  se  trouvait  dis- 
sous par  la  potasse  et  épaissi  en  gomme  Sé- 
négal. Celte  couleur  s'appliquait  au  pinceau 
d'où  elle  avait  tiré  son  nom.  On  commença 
aussi  alors  à  employer  une  espèce  de  jaune- 
rouille  qu'on  obtenait  avec  de  l'acétate  de 
fer,  et  qui,  appliquée  au  pinceau  sur  le  bleu, 
produisait  une  espèce  de  vert.  C'est  à  la  mê- 
me époque  qu'on  introduisit  l'usage  du  jaune 
d'application  obtenu  par  une  décoction  de 
graine  d'Avignon  et  d'alun.  Les  moyens  d'en- 
Juminage  ainsi  augmentes  permirent  aux  des- 
sinateurs de  rendre  des  elfets  nouveaux ,  de 
produire  un  ensemble  plus  harmonieux  dans 
les  dessins,  et  augmentèrent  beaucoup  l'éclat 
des  toiles  peintes. 

Aous  avons  déjà  eu  occasion  de  voir  com- 
bien étaient  restreints  les  moyens  mécaniques 
dont  pouvaient  disposer  les  fabricans  de  toi- 
les peintes.  Outre  que  la  plus  grande  partie 
desmachines  puissantes,  aujourd'hui  connues, 
n'étaient  point  encore  inventées,  deux  causes 
s'oppoSaieut  à  l'introduction  de  celles  dont 
on  aurait  pu  faire  usage.  La  première  était  le 
peu  de  fonds  dont  pouvaient  disposer  les  mai- 
sons de  Mulhausen,car  la  fabrique  de  Kœchlin- 
Schraalîzer  travaillait  avec  un  capital  de 
40,0' 0  fr.  ;  la  seconde  était  une  prohibition  du 
gouvernement.  Les  lois  de  la  république  de 
Jlulhausen  s  opposaient  à  ce  que  les  moulins 
fussent  transformés  en  usinesmanufacturières, 
et  ies  privilèges  dont  jouissaient  les  autres 
industries,  surtout  les  drapiers,  empêchaient 
aussi  de  convertir  leurs  foulons  en  usines. 

Les  lois  mettaient  d'autres  entraves  au  dé- 
ploiement de  l'art  qui  nous  occupe.  Les  fa- 
bricans de  toiles  peintes  ne  pouvaient  pas  éta- 
blir de  pinceautagos  dans  les  villes,  ni  même 
dans  les  villages  français  environnans,  afin 
de  ne  pas  augmenter  la  main-d'œuvre  t'es  (i- 
Icurs  en  laine.  Les  lois  défendaient  aussi  aux 
étrangers  de  commanditer  des  élablissemens 
de  toiles  peintes.  C'est  ainsi  que  la  puissante 


:>37 
maison  Pourtales  de  .Neuchàtel  ne  put  faire 
de  commandites  à  Mulhausen,  ni  obtenir  le 
droit  de  bourgeoisie  dans  le  dessein  de  s'in- 
téresser dans  une  manufacture  de  toiles 
peintes. 

En  outre,  chaque  manufacture  était  tenue 
de  payer  au  fisc  .*;  et  demi  pour  cent  des  af- 
faires qu'elle  faisait-  Cependant  les  fabricans 
obtinrent  plus  tard  l'exemption  de  ce  droit 
pour  les  marchandises  expédiées  aux  foires 
de  Loipzig,  etc. 

Ces  entraves  mises  à  l'industrie  des  toiles 
peintes  par  les  lois  de  la  république  durent 
en  favoriser  l'exportation  dans  le  département 
du  i!aut-Rhin,  et  engager  même  plusieurs 
fabricans  à  s'établir  dans  les  valiées  des  Vos- 
ges où  ils  trouvèrent  de  grands  avantages  de 
localité  et  tou'e  la  liberté  nécessaire  à  leur 
industrie. 

TOILES  EMPLOYÉES  DAXS  LA  PREMIÈRE 
ÉPOQT  E.  —  Les  toiles  communes  tissées  en 
Alsace  ne  pouvant  pas  suffire  pour  les  genres 
d'indiennes  ordinaires,  telles  que  surates  à 
une  couleur ,  zurichoises  et  grands  dessins 
meubles,  etc.,  on  en  faisait  venir  une  grande 
quantité  de  la  Suisse.  Cependant  vers  l'année 
1762,  on  fabriquait  déjà  en  Alsace  beaucoup 
de  toiles  de  la  même  qualité  que  les  toiles 
communes  de  Suisse,  c'est-à-dire  des  toiles  de 
16  aunes  à  trois  quarts  de  large.  On  employait 
le  coton  du  Levant  qu'on  faisait  filer  princi- 
palement dans  les  vallées  des  Vosges.  M.  Ma- 
thias  Risler  fut  un  des  premiers  qui  exploita 
cette  industrie  avec  succès. 

Ces  toiles  ordinaires  se  vendaient  environ 
6  à  10  fr.  les  lu  aunes.  .\.  celte  époque,  on 
imprimait  aussi  sur  toiles  mi-coton  et  lin  fa- 
briquées à  Orange,  dans  les  ateliers  da  papp. 
Plus  lard,  on  tira  de  Zurich  des  toilts  plus 
fines  et  de  six  quarts  do  large,  dont  on  se  ser- 
vait pour  mouchoirs.  On  achetait  ces  toiles 
blanchies. 

Vers  I'jG.,  la  maison  Kœch'Jn-Schœaltzer 
imprimait  à  peu  près  .30,000  pièces  de  16  au- 
nes. 

Dbogies  EMPLOYÉES.  —  Le  peu  de  dro- 
gues employées  à  cette  époque  étaient  :  l'alun 
de  Rome  ou  de  Liège,  l'acétate  do  plomb  (sel 
de  Saturne,  l'acétate  de  fer,  l'amidon,  la  gom- 
me arabique,  la  noix  de  galle,  l'indigo,  les 
graines  d'Avignon,  le  vinaigre,  la  potasse,  la 
chaux,  l'orpiment,  le  sel  ammoniac,  la  poix 
de  Bourgogne  et  la  terre  de  pipe  pour  lemas- 
tic  bleu,  et  enfin  la  garance  qui,  alors  comme 
aujourd'hui,  était  l'ingrédient  le  plus  indis- 
pensable. Toute  la  garance  venait  de  Hol- 
lande, car  ce  n'est  que  vers  l'année  1775  que 
la  culture  de  celte  plante  fut  introduite  en 
.Vlsace  et  dans  le  comtat  d'Avignon. 

L^  bois  était  le  seul  combustible  employé 
alors  :  la  corde  pesant  environ  .32  à  34  quin- 
taux valait  8  à  ÎO  fr.  (^e  n'est  que  vers  1780 
que  Von  commença  à  faire  usage  de  la  bouillQ 
de  Cbampagny  ou  de  Ronchamps. 


238 

La  main  d'œuvre  se  payait  par  semaine  e*t 
â  peu  près  comme  il  suit  : 

tes  graveurs  de  10  à  M  fr.  par  semaine  ; 

Les  imprimeurs  de  6  à  8  fr.  id. 

Les  manœuvres  de  4  à  6  fr.  id. 

Les  denrées  de  première  nécessité  étaient  à 
très  bon  compte. 

Le  blé  valait  11  fr. Iheclolitre ; 

Le  pain  2  sous  et  demi  la  livre; 

Le  vin  3  sous  le  litre  ; 

La  viande  5  sous  la  livre  ; 

Le  logement  nécessaire  à  une  famille  d'ou- 
vriers comprenant  chambre,  cuisine,  etc.,  se 
payait  50  fr.  par  an. 

On  voit  facilement ,  d'après  ces  données, 
que  l'ouvrier  jouissait  à  cette  époque  de  bien 
plus  d'aisance  qu'aujourd'hui. 

Partie  niEKCANnLE.  —  A  la  première 
époque,  la  partie  mercantile  se  réduisait  à 
peu  près  aux  opérations  suivantes  : 

Les  toiles  suisses,  déjà  blanchies,  s'achetaient 
principalement  danslcs'cantons  d'Argovie,  de 
Zurich  et  de  Berne,  à  raison,  comme  on  l'a 
vu,  de  9  à  10  fr.  la  pièce  de  IG  aunes  trois 
quarts  de  large ,  presque  toujours  au  terme 
de  12  mois;  il  est  vrai  que  la  vente  de  l'in- 
dienne se  faisait  ordinairement  au  même 
terme. 

Presque  toutes  les  ventes  avaient  lieu  sur 
place,  principalement  pour  la  consommation 
de  la  France,  et  de  quelques  maisons  de  Ge- 
nève qui  faisaient  le  commerce  avec  l'Ita- 
lie. 

Souvent  la  marchandise  commune  se  ven- 
dait par  piles  de  cent  pièces  impression  genre 
Surate  à  une  ou  à  deux  couleurs ,  violet  et 
rouge  sur  fond  blanc.  La  pièce  valait  18  à  20  fr. 
Les  toiles  des  Indes,  par  le  haut  prix  auquel 
elles  se  vendaient  alors,  n'étaient  qu'une  mar- 
chandise de  luxe  et  d'une  faible  consomma- 
tion, tandis  que  les  indiennes  communes,  fa- 
briquées en  Alsace  et  en  Suisse  se  livraient 
en  grandes  quantités. 

Ce  ne  fut  qu'après  avoir  amélioré  leurs 
procédés,  et  surtout  qu'après  être  parvenus  à 
exécuter  des  dessins  de  quatre  à  cinq  couleurs 
que  les  fabricaws  de  toiles  peintes  du  llaut- 
Ilhin  commencèrent  à  fréquenter  les  marchés 
d'Allemagne. 

INDUSTRIE.  —  DU  COTON. 

C'était  un  homme  d'hinnble  naissance  qui 
avait  définitivement  doté  l'Angleterre  de  la 
fllature  mécanique  ;  ce  fut  encore  un  homme 
de  modeste  condition  qui  inventa  les  machi- 
nci  dont  les  flls  ont  atteint  jusqu'au  numéro 
315;  ce  fut  Samuel  (irompton,  simple  ouvrier 
du  Lancashire,  qui  donna  au  monde  la  Mull- 
Jenny.  Regardez  le  porlrait  de  cet  homme, 
et  vous  verrez  toute  son  histoire  écrite  sur  son 
visage.  C'est  une  de  ces  ligures  pâles,  médita- 
tives^ résignées,  et  ccpeadant  pleines  d'un  feu 


céleste,  qui  appartiennent  à  ceux  dont  le  gé- 
nie sait  souffrir  sur  la  terre,  et  n'attendre  de 
récompense  que  dans  un  monde  meilleur. 
Toutes  ses  nobles  douleurs  se  lisent  sur  ses 
traits  comme  le  succès  et  la  victoire  sur  ceux 
d'ArkM  right.  Modeste  artisan,  il  ne  songeait, 
comme  Jahue,  le  mécanicien  physique  dont 
M.  Emile  Souvestre  nous  a  raconté  la  tou- 
chante histoire,  qu'à  simplifier  le  travail  à  l'aide 
du^juel  il  nourrissait  sa  famille.  Il  employa 
cinq  ans  de  peines  et  de  persévérance  à  décoo- 
vrir  la  Mull-Jenny,  dont  l'invention  a  enri- 
chi tant  de  manufacturiers  ;  et  lorsqu'elle  fut 
produite,  il  ne  songea  point  à  prendre  une 
patente  (peut-être  ignorait-il  ce  que  c'est 
qu'une  patente)  ;  mais  il  se  trouva  heureux  de 
gagner,  à  l'aide  de  sa  machine,  14  schillings 
pour  les  filés  au  n.  40;  plus  tard  2^i  schillings 
pour  le  n.  GO,  et  enfin  42  schillings  pour  le 
n.  80. 

Samuel  Crompton  n'avait  pas  imaginé  de 
faire  mystère  de  sa  machine,  aussi  fut-elle 
bientôt  imitée.  Le  modeste  ouvrier  apprit  que 
l'usage  de  sa  Mull-Jenny  s'était  répandu  dans 
toutes  les  manufactures  ie  l'Angleterre,  et 
songea  seulement  alors  à  retirer  quelque 
avantage  de  sa  découverte.  Il  se  mit  enroule 
dans  le  pauvre  équipage  de  sa  profession,  et 
visita,  inconnu  et  à  pied,  tous  les  districts  ma- 
nufacturiers du  royaume-uni.  Quels  durent 
cire  les  scntimens  de  [cet  homme  de  génie 
lorsqu'il  eut  la  satisfaction  de  voir  trois  umI- 
lioBS  de  broches  mues  selon  son  procédé!  Ce 
dut  être  sa  récompense  la  plus  grande  ;  car, 
bien  que  le  parlement  lui  ait  voté,  en  1812, 
une  offrande  de  S,0(K)  liv.  st.,  il  est  mort  dans 
la  pauvreté.  Son  argent  fut  dépensé  en  expé- 
riences infructueuses,  qu'on  ne  saurait  cepen- 
dant lui  reprocher  ;  l'auteur  de  la  Mull-Jenny 
avait  bien  droit  de  croire  à  son  génie. 

Telle  est  l'histoire  des  deux  hommes  qui 
ont  le  plus  contribué  aux  progrès  de  l'indus- 
trie cotonnière;  car,  nous  l'avons  dit,  cette  in- 
dustrie n'attendait,  pour  se  développer,  que 
l'invention  des  machines  à  filer.  Dès-lors,  elle 
n'a  cessé  de  marcher  à  pas  de  géant.  La  mull 
de  Crompton  fut  perfectionnée  par  Henri 
Siones  de  Psorwick;  Wrigh  construisit  la 
mull  k  400  broches;  Manchester  possède  au- 
jourd'hui des  mulls  à  1,100  broches,  et  un 
seul  homme  suffit  poujle  service  de  deux  de 
ces  machines.  En  1825,  M.  Roberls  a  inventé 
la  self  acling  mull  (agissant  d'elle-même),  et, 
en  183-4,  il  avait  établi  plus  de  520  de  ces  ma- 
chines armées  de  200  mille  broches  au  moin.<i- 

Dès  qu'on  put  fournir  aux  tisserands  assez 
de  fil»,  et  surtout  assez  de  fils  de  bonne  qua- 
lité, la  tisseranderio  prit  de  rapides  dévelop- 
pemens.Uéjù,  au  xvn«  siècle  et  vers  le  milieu 
du  xviiie  siècle,  deux  Français,  de  Genner 
et  Vaucanson  avaient  inventé  des  métierï 
mécaniques;  mais  leurs  inventions,  dont  on 
peut  voir  les  modèles  au  Conservatoire  des 


arts  et  métiers,  étaient  rcitées  stériles  pour 
l'industrie;  c'était  aux  Anfjlais  qu'il  était  ré- 
servé d'eu  taire  l'application,  comrae  c'était  à 
eux.  à  Boullon  et  James  Watt ,  qu'Vl  apparte- 
nait do  perfectionner  la  machine  à  vapeur 
inventée  par  Salomon  de  Caus,  infjénieur  de 
Louis  XIV.  Eu  1787,  M.  Cartwrisht,  frère 
du  célèbre  radical,  produisit  le  métier  méca- 
nique pour  lequel  il  reçut  en  1809  du  parle- 
ment une  somme  de  10,000  liv.  st.  à  litre  de 
récompense  nationale.  Après  M.  Cartwriglit, 
M.  Robert  Miller  construisit  aussi  en  1790  un 
nouveau  métier  mécanique. 

Toutefois  cesmétiers  avaient  l'inconvénient 
de  ne  pouvoir  dérouler  eux-mêmes  la  chaîne, 
et  l'on  était  obligé  d'interrompre  leur  travail 
à  tout  instant.  Ce  furent  MM.  Radcliffe  et 
Ross  qui  inventèrent  en  1803  le  métier  qui 
développe  tout  à  lafoi^la  chaîne  et  la  trame; 
et  c'estd'aprèsleur prrocédé  perfectionné, il  est 
vrai,  que  marchent  aujourd'hui  les  100,000 
métiers  mécaniques  que  l'on  compte  en  An- 
gleterre et  en  Ecosse,  instrumens  si  parfaits, 
qu'un  ouvrier  assisté  d'une  petite  fille  peut 
sans  peine  en  diriger  quatre,  et  fabriquer 
vingt  pièces  d'étoffe  par  semaine. 

Pour  compléter  l'histoire  de  l'industrie  co- 
tonnière,  il  nous  reste  à  dire  un  mot   des 
procédés   de    blanchissage    et    d'impression. 
Dans   cette  branche  seulement,  l'Angleterre 
n'a  pas  tout  fait  ;  dans  cette   branche   seule- 
ment, nous  avons  quelque  chose  à  réclamer. 
C'est  Berthollet  qui  découvrit  et  enseigna  au 
célèbre  James  Watt  les  propriétés  du  chlore  1 
pour  le  blanchissage  des  étoffes  composées  de 
matières  végétales,  opération  qui  s'accomplit 
aujourd'hui  en  deux  ou  trois  jours, et'qui  était 
autrefois  si  peu  connue  des  fabricans  anglais 
q».i'ils  étaient  forcés  d'envoyer  leurs  étoffes  pour 
y  recevoir  cet  apprêt  dans  les  blanches  campa- 
gnes de  Harlem  en  Hollande.  C'est  un  Fran- 
çais, M.  Papillon,  qui  a  importé  à  Glascow  un 
rouge  qui  ne  le  cède  en  rien  au  fameux  rouge 
d'Andrinople;   c'est  un    Français,  M.  Daaiel 
Kœchlin,  qui  a  imaginé  le  moyen  d'imprimer 
couleur  sur  couleur.  Et  ce  n'est  pas  seulement 
par  la  beUe  qualité  et  la  solidité  de  ses  cou- 
leurs que  notre  industrie   a  quelque  mérite; 
nos  dessinateurs  se  sont  acquis  aussi  une  ré- 
putation d'élégance  et  de  bon  goût,  telle  que 
l'Angleterre  nous  les  emprunte  aujourd'hui 
par  centaines,  comme  elle  nous  emprunte  nos 
habiles  chimistes.  Mais  pour  la  science   chi- 
mique et    la    grâce   des   dessins    seulement 
nous  pourrions  soutenir  la  concurrence  avec 
l'Angleterre  ;   descendus  beaucoup  plus  tard 
qu'elle  dans  la  carrière  et  placés  dans  des  cir- 
constances bien   moins    avantageuses,    nous 
devrons  long-temps  encore  lui  céder  la  palme. 
D'ailleurs,  même  pour  l'impression,  c'est  à  elle 
encore  que  nous  sommes  redevables  des  pro- 
cédés mécaniques  à  l'aide  desquels  on  applique 
les  couleurs;    c'est  elle   qui,  par  M.  Bell,  a 
iûVeaté  le  Cylinder  printing  (Cylindre  à  im- 


239 
pression)  ;  c'est  elle  qui,  la  première,  a  pro- 
duit des  machines  à  graver  les  cylindres. 

OUVRIERS.  Sur  l'habitude  qu'ils  ont    de  ne 
pas  travailler  le  lundi. 

Le  tort  que  se  font  les  ouvriers  en  chômant 
le  lundi  est  très-considérable.  La  plupart  de 
ceux  qui  ne  travaillent  pas  ce  jour  n'en  con- 
naissent pas  l'étendue,  et  ce  serait  peut-être 
leur  rendre  un  service  que  d'appeler  leur  at- 
tention sur  cet  objet.  Je  vais  en  donner  le 
résultat  -. 

L'ouvrier  qui  gagne  1  fr.  :;0  c.  par  jour 
perd  donc  r.2  lundis,  qui  auraient  dû  lui  pro- 
curer   : 78  fr. 

Si  on  ajoute  à  cette  somme  la  dé- 
pense extraordinaire  qu'il  faille  lun- 
di, qui  peut  bien  être  évaluée  a  la 
même  somme  de 78  fr. 


On  trouvera  une  perte  annuelle  de.  156  fr. 

Mais  cela  ne  se  borne  pas  là;  la  perte  des 
effets  et  les  excès  élèvent  bien  la  dépense 
à  200  francs. 

Cette  somme  ne  concerne  que  les  célibatai- 
res. Les  pères  de  famille  perdent  fbien  davan- 
tage, parce  que  leur  absence  de  la  maison  fait 
naître  quelquefois  chez  eux  des  désordres  dont 
les  suites  sont  incalculables. 

Si  ceux  qui  consacrent  le  lundi  à  un  repos 
dont  ils  n'ont  pas  besoin  voulaient  travail- 
ler ce  jour,  et  mettre  à  la  caisse  d'épargne  la 
somme  qu'ils  gagneraient,  et  celle  qu'ils  au- 
raient dépensée  (toussent  à  même  défaire 
ce  calcul),  ils  verraient  bientôt  qu'ils  peuvent 
trouver  auboutde  quelques  années  une  somme 
suffisante  pour  doter  une  fille,  ou  pour  exemp- 
ter du  service  militaire  le  fils  qui  est  destiné 
à  devenir  leur  soutien. 

LES  OUVRIERS  ET  LES  MACHINES, 

L'Angleterre,  le  pays  à  machines  le  plus 
considérable  et  la  nation  la  plus  industrielle- 
ment mécanique,  après  les  États-Unis, 
éprouve  aujourd'hui  l'effet  que  les  amis  de 
l'industrie  avaient  prédit  comme  inévitable 
aux  stupides  briseurs  de  métiers,  et  aux  igno- 
rans  adversaires  du  progrès  des  arts  ir.'dus- 
triels.  Les  bras  manquent  dans  les  contrées  où 
les  machines  qui  devaient  anéantir  le  travail 
des  bras  ont  pris  le  plus  grand  développe- 
ment. A  Manchester  et  dans  tout  le  Lancas- 
hire,  les  ouvriers  manquent  au  milieu  d'une 
population  qui  s'est  triplée  depuis  la  paix.  Les 
bateaux  à  vapeur,  qui  devaient  ruiner  la  pe- 
tite navigation  à  voiles,  au  dire  des  économis- 
tes obscurantins,  trouvent  à  peine  aujour- 
d'hui assez  de  matelots  et  de  chauffeurs,  à  un 
prix  double  de  celui  auquel  on  payait  les  an- 
ciens matelots  du  petit  cabotage. 

FERBLANTIERS.   Sur  l'emploi  des  ro- 
gnures et  déchets  de  ferblanterie. 

On  sait  que  les  ferblantiers  sont  dans  Vu- 


sage  de  rejeter  comme  inutiles  les  déchets  et 
débris  de  fer-blanc  employés  dans  leurs  ate- 
liers. Ces  rognures  cependant  peuvent  être 
utilisées.  Aux  États-Unis,  on  découpe  àrem- 
porte-pièce  ces  débris,  de  manière  à  en  ob- 
tenir de  petits  triangles  isocèles,  dont  la  bar- 
re a  depuis  deux  lignes  jusqu'à  cinq  ou  six 
lignes,  et  dont  la  hauteur  des  deux  autres 
côtés  peut  varier  de  six  à  douze  lignes.  Les 
vitriers  se  servent  de  ces  sortes  de  triangles 
pour  remplacer  avec  avantage  les  petits  clous 
d'épingles  qu'ils  ont  coutume  d'employer 
pour  servir  d'appui  aux  carreaux  de  vitre, 
avant  d'y  appliquer  le  mastic.  On  conçoit 
que  le  but  qu'on  se  propose  en  employant 
les  clous  d'épingles,  tous  à  tète  ronde,  esl 
bien  mieux  rempli  par  la  forme  plate  des 
morceaux  de  fer-blanc. 

Mais  quand  bien  même  cet  usage  des  dé- 
coupures parviendrait  à  s'étabUr  générale- 
ment en  France,  il  ne  serait  pas  suffisant 
pour  utiliser  tous  les  déchets  des  ferblan- 
tiers. Divers  essais  que  nous  avons  tentés, 
et  qui  sont  encore  inachevés,  nous  portent  à 
croire  que  les  rognures  peuvent  être  aussi 
employées  à  remplacer  l'alun  dans  la  fabri- 
cation du  bleu  de  Prusse.  On  sait  que  cette 
belle  couleur  exige  qu'un  corps  blanc  lui  soit 
uni  pour,  en  adoucissant  sa  teinte  trop  fon- 
cée quand  elle  est  pure,  lui  donner  par  son 
mélange  avec  elle  le  vif  éclat  qui  la  disfin- 
Tue  la  cavure  conchoide  qu'on  lui  connaîi, 
et  lui  faire  acquérir  la  faculté  de  bien  cou- 
vrir. C'est  à  son  union  avec  l'alumine  que  le 
bleu  de  Prusse  doit  ces  quahtés.  Nous  avons 
pensé  que  l'étain  contenu  dans  le  fer-blanc, 
étant  isolé,  pourrait  agir  comme  l'alumine 
elle-même. 

A  cet  effet,  on  fait  dissoudre  à  froid  dans 
l'acide  hydrochlorique  ordinaire  du  com- 
merce les  rognures  de  fer-blanc,  et  de  préfé- 
rence on  enoploie  les  plus  petites  ;  une  vive 
effervescence  a  lieu  avec  détragemeftt  d'hy- 
drogène-, ce  qui  nécessite  pour  cette  opéra- 
tion un  atelier  aéré ,  par  exemple  un  han- 
gar, ou  même  encore  elle  pourrait  se  faire 
sous  la  hotte  d'une  cheminée  à  bon  tirage, 
qui,  enlevant  rapidement  le  gaz  hydrogène 
formé ,  empêcherait  les  ouvriers  d'en  être 
incommodés. 

Lorsque  la  saturation  de  l'acide  parait 
complète,  ce  que  l'on  reconnaît  à  la  cessa- 
tion de  l'effervescence ,  on  retire  les  mor- 
ceaux de  fer-blanc  qui  n'ont  point  été  dis- 
sous, on  les  lave,  et  l'eau  provenant  de  ce 
lavage  sert  à  étendre  la  dissolution  concen- 
trée d'étaio  el  de  fer.  Ou  trouve  ordinaire- 


ment au  fond  du  vase  dans  lequel  on  a  opé- 
ré une  sorte  de  dépôt  qui  se  dissout  facile- 
ment par  une  simple  aaitation  duhquide.  On 
prend  alors  une  quantité  quelconque  d'acide 
sulfurique,  que  1  on  amène  à  dix  degrés.  On 
verse  par  parties  cet  acide  étendu  d'eau, 
dans  la  dissolution  délain  et  de  fer  :  il  se 
forme  alors  vin  précipité  blanc,  insoluble, 
qui  est  du  sulfate  d'étain.  On  cesse  d'ajou- 
ter de  l'acide  lorsqu'il  ne  fait  plus  de  préci- 
pité; on  laisse  alors  le  dépôt  se  tasser  un  peu, 
pour  enlever  le  plus  possible  du  liquide  sur- 
nageant, qui  est  mis  à  part,  et  dont  on  peut 
de  suite  former  du  bleu  de  Prusse,  attendu 
la  grande  quantité  de  fer  qu'il  tient  en  so- 
lution. On  lave,  parles  procédés  ordinaires, 
le  dépôt  de  sulfate  d'étain,  et  lorsqu'il  est 
bien  édulcorè,  ou  peut  l'employer  en  place 
d'alumine  pour  mêler  au  bleu  de  Prusse, 
tous  deux  à  l'état  de  pâte  bien  lavée,  ou 
mieux  en  facihtant  leur  mélange  intime  par 
le  moyen  d'un  lavage  unique  pendant  le- 
quel on  mêle  exactement  les  deux  subs- 
tances. 

Edouard  P.  D. 

MEUNIERS. 

NOUVEAUX   MOULINS. 

Echappement  de  la  farine  par  lotitc  la  cir- 
conférence des  meules. 

Toutes  les  branches  industrielles  reçoi- 
vent, dans  ce  siècle,  plus  que  dans  aucun  au- 
tre d'importantes  améliorations.  Jamais  le 
génie  humain  ne  s'est  autant  porté  vers  le 
progrès.  Il  était  naturel  que  l'art  de  la  meu- 
nerie, qui  correspond  au  premier  besoin  de 
l'homme,  se  ressentît  de  cette  action  pro- 
gre.'ïsive  qui  signale  notre  époque. 

Ceux  qui  s'occupent  de  mouture  sont  en- 
core à  concevoir  comment  tous  les  petits 
meuniers,  qui  couvrent  le  sol  français,  ne 
cjjerchent  pas  à  sortir  de  l'ancienne  routine, 
quoique  contraire  à  leurs  intérêts;  ils  n'ont 
communément  à  leur  disposition  qu'une  for- 
ce minime,  et  continuent  à  employer  des 
meules  dont  les  dimensions  et  le  défaut  de 
rayonnase  réclament  une  grande  puissance 
d'action.  Il  en  résulte  un  chômage  fréquent 
qui  les  prive  de  tout  gain.  Ils  savent  aussi 
que  leur  manière  de  moudre  échauffe  la 
farine,  la  détériore  et  la  rend  moins  pro- 
ductive à  la  panilication,  et  ils  ne  font  au- 
cunetentativepour  remédier  à  un  malqu'ils 
déplorent. 

Nous  croyons  donc  servir  celte  classe 
nombreuse  d'industriels ,  eu  appelant  soq 


alleutioQ  sur  un  système  de  mouture  dout 
est  breveté  M.  Kagon  (rue  Saint-Nicolax- 
d'Antiu^  36),  système  qui  atteste  un  progrès 
sensible  dans  cette  branche  iniporlaule  de 
l'industrie  agricole. 

Il  consiste  en  un  nouveau  moulin  que 
l'on  voit  fonctionner  par  la  vapeur  à  Paris. 
Il  est  à  petites  meules  (diamètre  31  pou- 
ces) en  pierres  d'un  grain  dur  et  serré,  ex- 
traites des  meilleures  carrières  de  la  Ferté- 
sous-Jouarre.  Leurs  évolutions  sontd'envi- 
ron  :200  par  minute.  Elles  sont  disposées  de 
manière  à  ce  que  la  farine  s'échappe  froide 
par  tous  les  points  de  leur  circonférence. 
Cet  avantage  seul  serait  un  progrès  remar- 
quable. . 

Le  mérite  de  ce  procédé  est  de  moudre 
avec  moins  de  force  (2  ciievauxj  dans  un 
plus  petit  espace  (4  pieds  carrés),  et  eu 
moins  de  temps  que  les  autres,  une  mémo 
quantité  de  grain.  Il  moud  100  kilog.  de 
blé  à  riieure.  Sa  farine,  vive  et  blanche, 
produit  au  pétrin  un  rendement  supérieur 
et  d'excellent  goût  à  cause  de  son  état  de 
fraîcheur  et  de  la  promptitude  avec  la- 
quelle elle  est  produite,  et  qui  lui  fait  boire 
plus  d'eau. 

Ce  système  nettoie  parfaitement  le  son 
et  réduit,  du  premier  coup,  tout  le  grain 
eu  farine,  sans  avoir  besoin  de  repasser  le 
gruau  qui  n'excède  pas  cinq  pour  cent. 
Plus  économique  et  plus  productif  que  ceux 
en  usage,  il  convient  parfaitement  aux  lo- 
cahlés  faiblement  pourvues  d'eau  et  parti- 
culièrement aux  meuniers  qui  ne  travail- 
lent que  pour  le  pubUc  et  font  ce  que  l'on 
nomme  les  petits  sacs. 

Avec  un  système  de  plusieurs  tournans, 
unmeunierest  toujours  certain,  même  dans 
les  temps  de  sécheresse,  de  ne  pas  chômer, 
et  de  conserver  s'.\  chentelle,  puisque  avec 
un  peu  d'eau  un  de  ses  tournans  pourra 
toujours  fonctionner.  Combien  de  meuniers 
qui,  bien  qu'ils  aient  deux  ou  trois  tournans 
anciens,  arrivent  au  bout  de  l'année  sans 
avoir  rien  gagné ,  par  suite  du  chômage, 
faute  de  beaucoup  d'eau,  et  à  cause  du  fai- 
ble débit  de  leurs  meules  en  fonction I  Aus- 
si n'oseot-iîs  pas,  pour  la  plupart,  transmet- 
tre leur  état  à  leurs  fils.  Avec  le  nouveau 
système,  ils  pourront  se  faire  une  profes- 
sion lucrative  el  trausmissible,  puisqu'ils  ne 
conuaîiront  plus  le  ruineux  chômage ,  el 
qu'ils  débiteront,  par  jour,  beaucoup  plus 
de  farine  qu'auparavant. 

Telle  ancienne  meunerie  qui,  dès  que  son 
eau  se  réduit  à  la  force,  pourtant  assez 


241 
belle,  de  sept  à  huit  chevaux,  ne  peut  plus, 
pendant  environ  six  mois,  que  faire  fonc  • 
lionner  un  tournant  moulant  douze  à  quinze 
hectolitres  de  blé  par  vingt-quatre  heures, 
pourra  mettre  en  fonctions  trois  tournans 
nouveaux,  moulant,  dans  le  même  temps, 
quatre-vingt-dix  hectolitres  de  blé  ;  ou  deux 
tournans  et  une  scierie  (force  de  deux  che- 
vaux) pouvant  débiter  trois  cents  toises  de 
planches  de  bol?  blanc  par  douze  heures,  ou 
deux  cents  toi  es  de  bois  dur.  Moyen  réel 
et  bien  simple  de  tripler  le  revenu  de 
cette  usine. 

En  cas  de  disette  de  blé,  ce  moulin  four- 
nira de  bonne  farine  avec  du  seigle  ou  de 
l'orge.  Il  moût  aisément  le  blé  de  Sainte- 
Hélène,  au  grain  fort  et  glacé,  qui  surpasse 
eu  dureté  le  bîé  de  Dantzicii  et  celui  de 
Concs  en  Angleterre ,  deux  blés  les  plus 
durs  de  l'Europe. 

En  se  contentant  de  ne  recueillir  que 
neuf  pour  cent  de  son,  on  obtient,  sans  re- 
passer le  gruau,  une  excellente  farine  ayant 
un  goût  de  noisette,  plus  blanche  et  pro- 
duisant plus  de  pain  que  par  les  procédés 
ordinaires,  quoique  ces  derniers  retirent  en 
son  dix  pour  cent.  Ce  procédé  est  évidem- 
ment le  plus  avantageux  que  puisse  em- 
ployer le  gouvernement  pour  des  manuten- 
tions de  terre  et  de  mer. 

Pour  étendre  les  bienfaits  de  son  système 
à  toutes  les  localités,  M.  Ragon  l'a  modi- 
fié. Il  a  obtenu  d'excellens  moulins  a  un 
CHEVAL  et  des  moulins  a  bras  (  force  de 
deux  hommes^  qui  produisent,  dans  des 
proportions  diLvrentes ,  les  mêmes  avan- 
tages et  les  mêmes  résultats  en  qualité. 

Les  meules  du  moulin  à  un  cheval  ont 
vingt  pouces  de  diamètre.  La  tournante 
fait  deux  cent  quatre-vingts  tours  par 
minute  et  moud  soixante-cinq  kilog.  de 
blé  à  l'heure.  Il  y  a  des  villages  où  les 
fermiers  s'entendent  pour  battre  promp- 
tement  leur  blé,  au  moyen  d'une  machine 
m-ue  par  un  manège  portatif.  En  y  adaptant 
le  r.:oulin  à  un  cheval,  ils  mettront  aisément 
en  farine  la  quantité  de  grain  nécessaire  à 
leur  consommation. 

Les  meules  du  mouhn  à  bras  ont  quinze 
pouces  de  diamètre.  Les  évolutions  sont  de 
deux  cents  par  minuie  el  le  moulage  est  de 
dix-sept  kilog.  de  blé  à  l'heure.  Ce  moulin 
convient  aux  localités  dépourvues  d'eau  ou 
éloiunées  des  meuniers,  Dansles campagnes 
on  l'emploiera  avec  succès  à  utiliser  des 
heures  oisives,  surtout  pendant  les  soirées 


242 

d'hiver,  pour  satisfaire  aux  besoins  de  ceux 

qui  le  posséderont  en  commun. 

La  maniabilité  des  meules  rend  tout  rha- 
billage prompt  et  facile  par  un  seul 
homme. 

CAOTITCHOUC.  (Fabricans  de) 

Le  caoutchouc,  dont  l'usage  est  déjà  si 
étendu  dans  l'industrie,  pourrait  encore  être 
employé  utilement  dans  un  grand  nombre  de 
cas;  nous  allons  signaler  les  principaux  :  les 
cordas  employées  pour  la  transmission  du 
mouvement,  pourront  êlreavantageuseraenl 
remplacées  par  les  câbles  et  sangles  élasti-  |  bois  de  pin;  des  machines  à  vapeur,  impor- 


leurs  forêts  périr  de  vétusté,  sans  que  la  coi- 
gnée  ou  la  scie  les  mît  en  valeur.  Jadis  noyés 
dans  un  océan  do  landes,  sans  aucunes  com- 
munications, ces  mêmes  propriétaires ,  qui 
tiraient  un  faible  revenu  de  leurs  résines,  et 
aucun  produit  de  leurs  bois,  étaient  obligés 
de  cultiver  les  céréales  nécessaires  pour  leur 
consommation,  et  de  laisser  une  immense 
quantité  de  terres  vagues  et  incultes  pour 
nourrir  les  bestiaux,  indispensables  pour  la 
création  des  engrais.  Aujourd'hui ,  les  rési- 
nes valent  de  50  à  80  fr.  la  barrique;  des  usi- 
nes nouvelles  donnent  une  grande  valeur  au 


ques;  la  durée  de  ces  derniers  est  de  douze 
à  quinze  fois  supé.rieure  à  celle  des  meilleu- 
res cordes.  L'on  conçoit  de  quelle  utilité  doi- 
vent être  ces  câbles  toutes  les  fois  qu'une 
brusque  secousse  doit  être  supportée;  dans 
ces  cas,  la  différence  entre  le»  câbles  élasti- 
ques et  les  cordes  ordinaires  est  comme  tren- 
te à  un.  Dans  la  marine,  ils  peuvent  être  uti- 
les pour  retenir  les  pièces  d'artillerie,  et  un 
grand  nombre  d'accidens  seraient  évités  par 
ce  moyen;  sur  les  bâlimens  anglais,  on  en 
fait  usage  comme  appendices  des  chaînes, 
afin  d'amortir  les  brusques  secousses;  les  câ- 
bles élastiques  remplaceraient  encore  utile- 
ment les  traits  des  chevaux  d'artillerie,  le» 
harnais  des  animaux  remorqueurs,  etc.  Que 
l'on  se  rappelle  enfin  tous  les  cas  où  un  ef- 
fort violent,  brusque,  est  à  soutenir,  et  l'on 
comprendra  facilement  de  quel  heureux  em- 
ploi peut  être  le  caoutchouc. 

RÉSINES. 

Le  haut  mouvement  industriel  donné  au 
commerce  des  matières  résineuses  a  multi- 
plié l'importance  des  contrées  où  croît  le 
pin.  Là  tout  est  à  faire,  tout  est  à  créer.  Ja- 
dis la  barrique  de  résine  se  vendait  20  à  22 
fr. ,  et  ce  prix  était  presque  absorbé  par  le 
prix  de  transport  et  de  travaux  d'extraction 
de  la  résine.  Jadis  les  propriétaires  voyaient 


lées  dans  les  forêts ,  transforment  en  plan- 
ches, que  la  navigation  porte  dans  les  con- 
trées les  plus  éloignées,  ces  mêmes  arbres 
qui  périssaient  de  vétusté.  Aujourd'hui,  par 
les  communications  nouvelles,  ces  contrées 
peuvent  recevoir  leurs  approvisionnemens 
en  céréales  des  contrées  propres  à  cette  cul- 
ture. Enfin,  aujourd'hui,  ce  pays,  de  pau- 
vre qu'il  était,  est  devenu  très-riche,  à  la 
condition  toutefois  que  ses  habitans,  éclai- 
rés sur  leurs  propres  intérêts,  renonceront 
à  la  culture  des  céréales,  vendront  leurs 
communaux, ets'occuperont  presque  exclu- 
sivement de  semer,  de  soigner  les  pins,  pour 
en  extraire  la  résine  et  en  exploiter  le 
bois. 

La  nature,  en  donnant  à  ces  contrées  une 
si  grande  richesse  en  combustible,  les  a  do- 
tées de  minerai,  pour  les  transformer  en  re- 
venus. Autrefois  un  hectare  de  bois  de  pin 
donnait  8  à  10  fr.  de  revenu  net;  aujour- 
d'hui ,  ce  même  pignada  donne  au  moins  30 
à  40  fr.  de  revenu.  Une  révolution  agricole 
et  industrielle  s'est  donc  opérée  dans  ces 
contrées,  et  cette  fois,  c'est  une  révolution 
unique,  car  elle  est  exempte  de  troubles,  de 
désastres, toute  féconde  en  richesse:  il  faut 
donc  seconder  cette  révolution,  s'associer  à 
ses  bienfaits,  la  suivre,  l'exciter  au  lieu  de 
ralentir  sa  marche. 


243 


REPERTOIRE 

DE  LA  CONVERSATION  ET  DE  LA  LECTURE. 


DES  COURSES  DE  CHEVAUX. 

Depuis  quelques  années,  les  courses  de 
chevaux  sont  devenues  populaires  en 
France,  et  tout-à-fait  à  la  mode  dans  le 
monde  élégant;  elles  attirent  la  foule,  et 
les  journaux  quotidiens,  jadis  silencieux 
ou  très  laconiques  sur  ces  luttes  emprun- 
tées à  nos  voisins  de  la  Grande-Bretagne, 
consacrent  maintenant  une  assez  grande 
place,  le  lendemain  d'une  course,  au  récit 
des  exploits  et  des  événemens  de  la  veille. 
Ce  n'est  pas  toutefois  que  tout  le  monde 
ait  compris  jusqu'ici  l'importance  de  l'in- 
stitution. Pour  le  nlus  grand  nombre,  une 
course  de  chevaux  n'est  qu'un  spectacle, 
un  amusement. 

Pour  l'amateur  éclairé,  les  courses  de 
chevaux  sont  sans  contredit  Tune  deâ  prin- 
cipales causes  de  l'immense  prospérité  hip- 
pique de  l'Angleterre  et  de  la  grande  su- 
périorité que  les  chevaux  de  cette  contrée 
ont  obtenue  et  conservée  sur  ceux  des  au- 
tres pays  du  monde  tout  entier.  Ces  luttes 
qui  servent  à  éprouver  et  à  faire  appré- 
cier la  force,  la  vigueur  et  la  vitesse  des 
jeunes  chevaux,  et  doivent  déterminer  un 
plus  grand  nombre  d'éleveurs  à  peupler 
leurs  haras  d'animaux  de  la  race  noble,  qui 
fournit  le  cheval  de  course,  et  par  suite,  le 
type  régénérateur;  ces  luttes  remontent, 
d'après  les  renseignemens  puisés  dans  les 
ouvrages  anglais  qui  traitent  de  la  matière, 
au  règne  de  Henri  II,  de  1154  à  1189. 

Edouard  lil  possédait  aussi  des  chevaux 
de  course  dans  ses  haras;  mais  ce  ne  fut 
que  sous  le  règne  de  Henri  VIII,  ce  grand 
consommateur  de  femmes ,  que  des  cour- 
ses furent  éiabhes  dans  plusieurs  endroits 
du  royaume. 

On  pense  bien  que  dans  le  début  de  ce 
genre  d'amusement  ou  d'épreuves  on  n'a- 
vait point  encore  préparé  d'hippodrome,  et 
quil  y  avait  absence  de  règles.  Ce  n'est 
que  sous  le  règne  de  Jacques  I,  de  1603  à 
1625,  que  des  courses  furent  établies  régu- 
lièrement ,  et  à  des  époques  fixes ,  à  New- 
Market,  à  Croydon  et  à  Enfield-Chase.  On 


la  première  période  des  courses  de  che- 
vaux en  Angleterre. 

Charles  I,  ce  roi  faible  et  malheureux, 
fut  un  grand  amateur  de  courses.  Olivier 
Cromwell  lui-même,  cet  austère  et  farou- 
che républicain,  ce  dévot  hypocrite  et  fa- 
natique, au  milieu  des  agitations,  des  dis- 
cordes et  des  troubles  de  son  protectorat, 
s'occupa  de  chevaux  de  course;  il  en  pos- 
sédait de  très  beaux  dans  ses  haras;  mais 
on  ignore  si,  pendant  la  durée  de  la  répu- 
blique, il  y  eut  des  courses  en  Angle- 
terre. 

Ce  fut  peu  après  la  restauration  de  1661 
à  1685,  sous  le  règne  de  Charles  II,  que  les 
courses  furent  rétabhes  à  New-Market.  Ce 
monarque  fonda  un  prix  composé  d'une 
pièce  d'argenterie  de  la  valeur  de  100  li- 
vres sterling.  Jusque  là  une  clochette  d'ar- 
gent était  le  but  des  courses  et  le  prix  dé- 
cerné au  vainqueur. 

A  partir  de  cette  poque,  tous  les  rois 
qui  se  sont  succédé  sur  le  trône  d'Angle- 
terre, ont  porté  la  plus  grande  attention  à 
l'amélioration  des  races  chevalines  et  ont 
protégé  puissamment  les  courses  qu'ils 
considéraient  comme  le  meilleur  moyen 
d'encouragement.  De  nouveaux  prix  furent 
institués,  et  bientôt,  sous  le  règne  de  Geor- 
ges II,  le  goût  des  courses  se  répandit 
complètement  dans  la  Grande-Bretagne  et 
devint  tout-à-fait  national  sous  celui  de  son 
successeur,  Georges  III. 

C'est  de  cette  époque  que  datent  les  pre- 
mières courses  de  chevaux  dont  on  ait  sou- 
venir en  France.  Ces  luttes,  jusque  là  in- 
connues dans  ce  pays,  eurent  lieu  en  1776, 
pendant  plusieurs  jours  dans  la  plaine  des 
Sablons,  entre  des  chevaux  anglais,  appar- 
tenant à  M.  le  duc  de  Chartres,  le  marquis 
deConflans,  le  comte  d'Artois,  depuisChar- 
les  X ,  le  prince  de  Nassau,  le  prince  de 
Guéménée,  etc.,  tous  plus  ou  moins  enta- 
chés de  l'anglomanie ,  qui  dès  lors  péné- 
trait en  France ,  et  enfin  à  des  Anglais  de 
distinction  qui  se  trouvaient  à  Paris,  ou  y 
venaient  tout  exprès. 
En  1777,  il  y  eut  à  Fontainebleau  une 


peut  donc  assigner  au  règne  de  ce  prince  1  poule  dans  laquelle  figurèrent  et  concouru- 


244 

rent  quarante  chevaux.  Cette  course  lui 
suivie  d'une  autre  poule  disputée  par  qua- 
rante ânes;  le  vainqueur  obtint  un  superbe 
chardon  d'or  et  cent  écus  argent.  Cette  pa- 
rodie bouffonne  de  la  première  course  eut 
un  grand  succès,  elles  mémoires  du  temps 
eu  parlent  comme  d'un  spectacle  qui  fit 
courir  la  cour  et  la  ville. 

Sous  le  règne  de  l'infortuné  Louis  XVI, 
des  courses  de  chevaux  eurent  fort  souvet-l 
lieu  à  Vincennes,  à  Fontainebleau  et  dans 
la  plaine  des  Sablons  ;  mais  sans  époque  fixe 
et  sans  règlement  spécial. 

Pendant  les  saturnales  de  la  république 
et  du  directoire,  nos  gouvernans,  admira- 
teurs fanatiques  de  tout  ce  qui  rappelait 
les  Grecs  et  les  Komains,  essayèrent  de 
ressusciter  les  courses  en  char,  mais  sans 
succès.  Des  accideus  fréquens  et  graves, 
causés  par  l'imprévoyance  et  l'inhabileté 
des  coureurs,  firent  bientôt  renoncer  à  ce 
genre  de  spectacle  et  d'amusement  dange- 
reux, qui  ne  présentait  aucun  but  d'uti- 
lité. 

Ce  ne  fut  donc  que  pendant  le  règne  glo- 
rieux de  Napoléon,  que  les  courses  do  che- 
vaux furent  régulièrement  et  légalement 
établies,  et  que  des  prix  fondés  par  l'état 
furent  disputés  à  des  époques  fixes, d'après 
uu  règlement  unique  et  spécial  sur  diffé- 
rens  points  de  l'empire  français. 

Louis  XVlll  et  Charles  X,  ont  protégé 
les  courses,  et  non  contens  de  prendre  des 
arrêtés  concernant  ce  genre  d'encourage- 
ment et  d'augmenter  les  prix  accordés  aux 
vainqueurs  parl'élatjces monarques  avaient 
fondé  d'autres  prix  qui  se  disputaient  sur 
les  hippodromes  de  Paris,  de  Bordeaux  et 
d'Aurillac. 

Quelques  personnes  préconisent  les  pri- 
mes et  les  préfèrent  aux  courses-,  nous  ne 
partageons  pas  cette  manière  de  voir  et 
nous  dirons  à  ce  sujet  avec  un  honorable 
député,  M.  Lberbette,  répondant  à  son  col- 
lègue M.  Schaunburg,  qui,  très  partisan  de 
ce  mode  d'encouragement,  aurait  voulu  le 
voir  substituer  aux  courses  et  même  au  sys- 
tème actuel  des  haras  en  France,  «i  Les 
»  primes  n'ont  jamais  amené  de  bons  ré- 
)t  sultats;  elles  se  donneut  d'après  la  con- 
»  formation,  tandis  que  les  prix  de  course 
)i  se  donnent  d'après  une  épreuve.  Les  prix 
)i  de  course  méritent  donc  la  préférence, 
»  parce  qu'ils  se  fondent  ?ur  un  fait,  taudis 
»  que  les  prime»  ne  se  fondeulque  sur  une 
)»  opinion.  De  plus,  la  véritable  beauté,  la 
»  beauté  non  arbitraire  étant  l'accord  des 


»  formes  avec  les  résultats  qu'on  se  pro- 
)'  pose,  et  le  cheval  étant  un  instrument 
»  de  locomotion,  le  plus  beau  pour  les  con- 
»  naisseurs  est  celui  qui  offre  les  formes  les 
))  plus  indicatives  de  la  vitesse  ou  de  la 
»  force,  quahtés  qu'on  ne  reconnaît  qu'à 
))  l'épreuve.  » 

Si  ces  vérités  n'ont  pas  encore  frappé 
tous  les  esprits,  si  on  ne  suit  pas  encore 
complètement  l'exemple  de  l'Angleterre, 
qui,  depuis  des  siècles ,  a  des  courses  de 
chevaux  dans  tous  ses  comtés;  de  l'Alle- 
magne, où  partout  on  en  institue,  et  où  les 
rois,  les  étals,  les  villes,  des  associations 
fondent  des  prix  à  disputer  non  seulement 
par  des  chevaux  nés  et  élevés  sur  le  sol 
germanique,  mais  aussi  par  des  coursiers  de 
tous  les  pays  et  de  la  Grande-Bretagne  mê- 
me; si,  disons-nous,  ces  vérités  n'en  sont 
pas  pour  tout  le  monde,  du  moins  est-iljuste 
de  dire  que,  depuis  quelques  années,  ouest 
entré  dans  une  voie  meilleure;  on  est  en 
progrès,  et  les  courses  de  chevaux  ont  pris 
faveur. 

Un  essai  qui  vient  d'avoir  lieu  ce  prin- 
temps, et  qui  a  parfaitement  réussi,  peut 
donner  la  certitude  de  voir  Versailles  deve- 
nir un  nouveau  lieu  de  courses  non  moins 
important,  et  bientôt  non  moins  renommé 
que  Chantilly  I 

De  grands  travaux  sont,  dit-on,  arrêtés. 
Un  vaste  hippodrome  sera  établi  autour  de 
l'immense  pièce  d'eau  dite  des  Suisses.  Le 
conseil  municipal  de  Versailles  a  volé  des 
fonds  pour  cette  dépense,  qui  sera  fort 
considérable.  Le  roi  y  contribuera  pour 
30,000  fr.,  et  les  régimensen  garnison  dans 
celle  ville  iournirontjComme  déjà  ils l'ontfait, 
lors  des  travaux  exécutés  dans  la  plaine  de 
Satory,  transformée  en  hippodrome  ce  prin- 
temps, un  certain  nombre  de  bras  :  excel- 
lent moyen  pour  hâter  l'exéculiou  des  pro- 
jets courus  dans  l'iulérèt  de  la  ville  de  Ver- 
sailles et  de  l'amélioration  des  races  che- 
valines en  général. 

Indépendamment  de  ces  nouvelles  cour- 
ses de  chevaux,  qui  auront  lieu  à  l'avenir 
autour  de  Paris;  on  vient  d'en  instituer 
d'autres  dans  les  départemeus,  d'après  la 
demande  des  conseils  généraux  ou  des  vil- 
les. Nantes,  Angers  ont  eu  leurs  courses 
cette  antiée;  Cberbourg  en  demande;  Bou- 
logne en  a  fondé,  autant  pour  attirer  les 
étrangers  que  dans  un  but  d'utihté  géné- 
rale. 

On  comprend  donc  enfin  l'importance  des 
courses  do  chevaux.  Ce  n'est  plus  seule- 


meut  uuc  mode,  un  goût  passager,  on  ca- 
price, un  amusement,  un  spectacle;  c'est 
une  institution  dont  on  a  calculé  tous  les 
avantages  et  de  laquelle  on  est  en  droit 
d'attendre  les  meilleurs  résultats. 

La  France  compte  maintenant  les  lieux 
de  courses  suivans  : 

Paris,  réunions  du  printemps  et  de  l'au- 
tomne. 

Chantilly,  en  mai. 

Versailles,  en  mai. 

Limoges  (Haute- Vienne),  en  mai. 

Aurillac  (Cantal),  en  juin. 

Tarbes  (Hautes-Pyrénées),  idem. 

Saint-Brieuc  (Côtes-du-Nord),  idem, 

Bordeaux  (Gironde),  en  juillet. 

Nancy  (Meurthe),  idem. 

Le  Pin  (Orne),  en  juillet  et  août. 

Nantes  (Loire-Inférieure),  en  août. 

Angers  (Maine-et-Loire), idem. 

Boulogne-sur-Mer  (  Pas  -  de-  Calais  )  , 
idem. 

L'Angleterre  doit  être  placée  incontesta- 
blement à  la  tête  des  nations  chez  lesquel- 
les le  goût  du  cheval  est  le  plus  répandu  et 
le  plus  vif.  Cette  passion,  ce  besoin,  sont 
dus  à  rintroduclion  des  courses  dans  la 
Grande-Bretagne.  Le  désir  d'y  obtenir  une 
supériorité,  des  succès,  a  dirigé  tous  les  es- 
prits vers  la  science  hippique  pratique.  On 
s'est  appliqué  à  conserver  dans  toute  leur 
pureté  les  types  d'une  race  possédant  non 
seulement  les  qualités  extérieures,  mais 
plus  encore  la  bonté,  la  force,  la  vitesse. 
On  a  recherché  avec  ardeur  et  persévérance 
à  augmenter  les  facultés  natives  des  cour- 
siers, et  on  est  parvenu,  par  des  soins  éclai- 
rés, par  une  nourriture  appropriée,  et  par 
une  préparation  qui,  sans  nuire  en  rien  à 
l'animal,  dirige  sa  croissance,  augmente  ses 
forces  musculaires,  dégage  ses  poumons, 
fait  disparaître  les  graisses  superflues,  et 
régularise  la  conformation  de  toutes  ses 
parties  :  tels  sont  les  résultats  de  ce  qu'on 
appelle  V entraînement. 

En  Angleterre,  le  poulain  est  soumis  à 
Venirainemcnt,  dès  l'âge  de  aix-huit  mois, 
mais  à  un  entraînement  modéré  lorsque  sur- 
tout l'animal  ne  doit  pas  courir  :  car  un  as- 
sez grand  nombre  d'amateurs  font  courir  les 
peulains  à  deux  ans.  On  n'est  pas  d'accord, 
même  en  Angleterre,  sur  ce  mode  nouvel- 
lement adopté;  les  uns  le  regardent  comme 
pouvant  nuire  à  la  croissance  du  poulain, 
et  comme  étant  la  cause  du  grand  nombre 
de  lares  dont  les  chevaux  anglais  sont  cou- 


245 

verts  dès  Page  de  quatre  à  cinq  ans.  Les 
autres  soutiennent,  au  contraire,  qu'il  pro- 
duit les  meilleurs  résultats. 

iSous  serions  iîien  tentés  de  nous  ranger 
de  l'avis  de  ceux  qui  bidinent  l'usage  de  faire 
courir  les  poulains  depuis  l'âge  de  deux  ans. 
Mais  nous  n'en  pensons  pas  moins  qu'un 
enlrainemcnt,  adopté  comme  exercice  seu- 
lement, doit  produire  les  meilleurs  effets  sur 
le  développement  de  la  croissance  des  for- 
mes du  jeune  animal  et  sur  celui  de  toutes 
ses  facultés. 

Le  nombre  des  chevaux  est  tellement 
grand  en  Angleterre,  et  les  courses  y  ont 
pris  une  telle  extension,  elles  y  sont  si  mul- 
tipliées, qu'à  partir  du  mois  d  avriljusqu'à 
la  fin  d'octobre,  il  se  passe  peu  dejours  où 
les  journaux  n'aient  à  rendre  compte  de 
quelques  luttes  de  ce  genre,  soit  qu'elles 
aient  pour  objet  de  disputer  des  prix  fondés 
par  des  sociétés,  des  villes,  de  riches  parti- 
culiers, le  roi  lui-même,  ou  qu'elles  soient 
le  résultat  de  nombreux  paris. 

Les  courses  sont  devenues  un  jeu  une 
spéculation  dans  lesquels  la  nation  tout  en- 
tière s'est  précipitée.  H  n'est  donc  pas  éton- 
nant de  lui  voir  regarder  le  cheval  comme 
l'instrument  qu'il  s'agit  de  rendre  le  plus 
parfait  possible  pour  atteindre  le  but  qu'on 
se  propose,  et  pour  faire  réussir  les  spécu- 
lations dans  lesquelles  en  se  lance, 

Nous  venons  de  désigner  les  lieux  de 
course  établis  en  France  ;  il  serait  trop  long 
de  citer  tous  ceux  gui  existent  en  AngleteiTe 
et  d  énumérer  toutes  les  réunions  de  ce 
genre  qui  ont  lieu  dans  les  trois  royaumes- 
nous  nous  contenterons  donc  de  donner  les 
noms  et  d'indiquer  les  dates  des  principales 
réunions,  choisies  dans  plus  de  cent,  dont  le 
Racing-Calendar  anglais  donne  les  résul- 
tats, sans  compter  les  Steeple- Chase  et  un 
nombre  infini  de  courses  particulières  doni 
il  ne  parle  pas  : 

New-Market  Craven,  le  4  avril. 

Id.  First-Spring,  le  18  avril. 

Id.  Second-Spriug,  le  3  mai. 

Epsom,le  17  mai. 

Ascot,  le  31  mai. 

New-Market,  le  12  juillet. 

Goodwood,  le  27  juillet. 

Brighton,  le  3  août. 

York,  le  3  août. 

Stourbridge,  le  30  août. 

Doncaster,  le  19  août. 

New-Market  First  october,  le  4  octobre. 

Id,  Second  octoberj  le  17  octobre. 


246 
Id.  HoaghtoQ,  le  31  octobre.  ' 

C'est  à  Epsom  que  se  disput-e  le  Derby, 
prix  formé  par  une  poule  de  souscription 
qui  réunit  un  n»">rabre  considérable  de  che- 
vaux engagés.  Cette  année,  128  noms  se 
trouvaient  sur  la  liste,  à  50  souverains  par 
tète  :  107  ont  payé  forfait  et  se  sont  retirés, 
et  21  seulement  ont  couru. 

Être  vainqueur  de  Derby  est  un  litre  de 
gloire  qui  ne  s'efface  jamais,  et  si  cette  vic- 
toire établit  la  réputation  du  cheval  qui  le 
remporte,  elle  promet  souvent  d'énormes 
bénéfices  au  propriétaire  du  cheval  vain- 
queur. 

C'est  aussi  à  Epsom  que  se  courent  les 
Oaks,  poule  formée  de  la  même  manière  et 
à  peu  près  aux  mêmes  copditioas  que  le 
Derby,  à  l'exception  que  les  pouliches  seu- 
les peuvent  y  être  engagées.  Cette  année,  le 
nombre  des  souscripteurs  était  de  98,  par- 
mi lesquels  13  seulement  ont  amené  leurs 
pouhches  sur  le  terrain.  Élre  vainqueur  des 
Oaks  est  encore  un  moyen  d'acquérir  de  la 
célébrité.  It  en  est  de  même  pour  le  vase 
d'or  qui  se  dispute  à  Ascot,  et  pour  le  St- 
Légcr,  qui  se  court  à  Doncaster;  les  che- 
vaux les  plus  renommés  de  toute  l'Angle- 
terre concourent  généralement  pour  ces 
prix. 

Il  est  difficile  de  s'imaginer  lemoavement, 
la  cohue  que  présente  une  réunion  de  cour- 
ses en  Angleterre.  C'est  un  véritable  raout 
équestre  où  se  confondent  tous  les  rangs  de 
la  société,  et  en  même  temps  une  arène  où 
se  font  et  se  défont  les  plus  grandes  fortu- 
nes avec  une  rapidité  effrayante  pour  ceux 
qui  possèdent,  attrayante  pour  ceux  qui  ne 
possèdent  pas. 

Cette  rage  du  jeu  qui  fut  introduite  dans 
les  courses  d'Angleterre  a  fait  craindre  à 
beaucoup  d'observateurs  éclairés  et  atten- 
tifs que  celle  institution  de  laquelle  on  a 
bien  certainement  obtenu  la  haute  prospé- 
rité hippique  que  les  autres  contrées  de  l'Eu- 
rope envient  à  cet  heureux  pays,  n'ait  un 
tout  autre  résultat  en  ce  moment.  En  ne  re- 
clierchant  que  la  vitesse,  on  se  demande  si 
on  n'altérera  pas  les  formes  qui  font  du 
cheval  le  plus  beau  comme  le  plus  noble 
des  animaux  '■  On  prétend  qu'on  a  remar- 
qué, depuis  quelques  années  surtout,  un 
changement  fâcheux  dans  la  conformation 
du  cheval  anglais. 

On  dit  encore  que  la  taille  s'est  élevée 
aux  dépens  delà  régularité  des  formes. 


On  se  plaint  de  ne  plus  retrouveren  An- 
gleterre ces  chevaux  exempts  de  tares,  ces 
iypts  parfaits  dont  certains  coursiers  de 
cette  contrée  nous  présentaient  les  modèles, 
il  y  a  un  demi  siècle. 

Enfin,  si  l'on  en  croit  quelques  hippiatres 
célèbres  en  Allemagne  et  même  des  ama- 
teurs éclairés  de  la  Grande-Bretagne,  les 
courses  de  chevaux  qui  ont  été  sans  contre- 
dit la  cause  de  la  bonté,  de  la  beauté  et  du 
nombre  des  chevaux  dans  cette  contrée,  de- 
venues un  jeu,  une  spéculation,  une  fureur, 
peuvent  un  jour,  qui  n'est  pas  éloigné  peut- 
être,  faire  autant  de  mal  qu'elles  ont  pro- 
duit de  bien. 

L'opinion  de  ces  auteurs  sert  merveilleu- 
sement les  détracteurs  des  courses,  qui  sont 
nombreux  en  France;  ils  citent  avec  com- 
plaisance tous  les  inconvéniens  qui  peuvent 
résulter  de  cette  institution,  et  se  gardent 
bien  de  parler  de  tous  ses  avantages.  Ils  ne 
nous  disent  pas  que  c'est  après  deux  ou 
trois  siècles  de  succès,  de  prospérité,  qu'on 
a  pu  craindre  l'abus  de  la  chose.  Commen- 
çons par  obtenir  les  mSmes  succès  pendant 
le  même  espace  de  temps,  sauf  à  tomber 
dans  les  mêmes  fautes  que  nos  voisins.  Nous 
avons  encore  de  la  marge.  Lieu  merci,  et  si 
nous  sommes  loin  d'atteindre  à  cette  pros- 
périté tant  enviée,  nous  sommes  plus  loin 
encore  des  abus  qui  se  sont  introduits  dans 
les  courses  d'Angleterre. 

Malgré  les  craintes  exprimées  par  M.  de 
Burgsdorff,  sur  les  inconvéniens  qui  résul- 
tent de  l'abus  des  courses,  cette  institution 
a  été  adoptée  en  Allemagne,  dans  les  états 
du  Nord  principalement  et  y  jouit  d'une 
grande  faveur.  Des  réunions  de  ce  genre 
ont  lieu  maintenant  chaque  année  : 

A  Stargard,  leS  juin. 

Gustrow,  les  2*,  25,  27  et  28  mai. 

Schesvïig  les  11  et  12 juillet. 

Kiel,  les  23  et  25  juillet. 

Berlin,  les  23,  n,  25,  27  et  27  juillet. 

Celle,  les  29,  30,  31  août  et  1"  septem- 
bre. 

Aix-la-Chapelle,  les  23  et  24  août. 

En  Belgique,  Bruxelles  a  ses  courses  de 
printemps  et  celles  d'automne,  fondées  par 
une  société  d'encouragement  instituée  à 
l'instar  de  celles  de  Taris;  Liège,  Namur, 
Saint-Troud  ont  aussi  des  courses.  Anvers, 
dit-on,  va  suivre  cet  exemple. 

Le  comte  de  M.... 


NOTICE  SUR 


PIERRE  WOLFF. 


11  est  on  pelU  nombre  d'hommes  qui,  en 
toute  circonstance  ,  feraient  honneur  à  leur 
patrie,  mais  qui  ressortent  avec  plus  d'avan- 
tages encore  quand  ils  appartiennent  à  une 
époque  d'égoïsrae  ,  où  la  vertu  est  une  ex- 
ception dansles  habitudes  du  monde.  Tel  est 
le  caractère  de  Thouorable  citoyen  auquel 
nous  consacrons  ces  lignes. 

M.Wolff  (Pierre)  est  né  à  Saint-Jean-de- 
Losne  (Côte-d'Or) ,  le  7  avril  1763,  de  pa- 
rens  peu  favorisés  de  la  fortune,  et  qui  mê- 
me purent  à  peine  subvenir  aux  premiers 
besoins  de  son  enfance  et  de  celle  de  son 
frère  aîné. 

A  peine  âgés  de  huit  ans  ,  leur  mère  fit 
partir  les  deux  frères  pour  Paris ,  où  se 
trouvait  leur  père ,  espérant  que  celui-ci 
pourrait  facilement  leur  procurer  les  mo- 
yens de  travailler  à  leur  indépendance.  Les 
jeunes  Wolff  quittèrent  avec  regret  leur 
mère  et  le  toit  qui  les  avait  vus  naître.  Leur 
bagage  était  mince ,  leur  bourse  peu  gar- 
nie :  une  pièce  de  cinq  francs  composait 
toute  leur  fortune  ;  mais  ils  comptaient  que 
la  bénédiction  de  leur  mère  leur  serait  une 
suffisante  protection  ;  leur  déception  devait 
être  cruelle  et  prompte  !  Dès  le  deuxième 
jour  de  marche ,  ayant  demandé  l'hospi- 
talité dans  une  maison  où  déjà  un  voya- 
geur l'avait  reçue,  ils  furent  bien  surpris 
quand,  au  moment  de  leur  départ,  ils  s'a- 
perçurent  que  leur  compagnon  les  avait 
devancés  en  emportant  le  peu  qu'ils  possé- 
daient. Les  deux  pauvres  enfans  se  trouvè- 
rent ainsi  dénués  de  tout ,  et  l'impossibilité 
de  prouver  même  la  véracité  de  leur  récit 
devenait  encore  un  surcroit   de   malheur 
pour  eux.  Cette  aventure  pouvait  avoir  des 
suites  bien  funestes  pour  ces  enfans,  mais 
leur  courage  et  leur  conûance  en  la  provi- 
dence leur  fit  supporter  ce  malheur  avec 
une  force  qui  présageait  déjà  de  leur  part 
une  grande  résolution  de  caractère.  Dans  le 
jour,  ils  imploraient  leur  nourriture  de  la 
charité  pubUque;  le  soir,  un  peu  de  paille 
était  sollicité  par  les  jeunes  voyageurs  qui 
prenaient  courage  en  pensant  qu'ils  allaient 
rejoindre  leur  père. 


A  Auxerre,  au  moment  oùle  coche  allait 
partir  pourgagner  Paris,  PicrreWo-lff  fut  en 
traîné  par  son  frèredaiis  la  chambre  des  pas 
sagers,  où  bientôt  ils  attirèrent  l'attention 
par  une  tristesse  qui  n'était  que  trop  bien 
motivée. Une  scène  intéressante  eut  lieu  en 
celte  circonstance.  Le  batelier,  homme  sans 
pitié,  voulut  faire  reconduire  à  terre  ces 
deux  enfans  quand  il  sut  qu'ils  étaient  dans 
l'impossibilité  de  payer  leur  voyage,  mais 
soudain  tous  les  passagers  prirent  leur  dé- 
fense; il  y  eut  presque  une  émeute  qui  s'a- 
paisa sur  la  promesse  du  batelier  de  les 
conduire  à  Paris  gratuitement. 

Le  père  de  Wolff  n'ayant  aucune  ressour- 
ce par  lui-même  et  se  trouvant  dans  une 
position  déplorable,  dut  se  décider  à  faire 
entrer  Pierre  Wolff  dans  un  hospice,  où  il 
passa  quelques  années  de  sa  vie.  Plus  tard 
il  fut  placé  chez  un  graveur-guillocheur 
en  or,  en  quaUté  d'apprenti. 

Lorsque  la  secousse  révola îionnaire  se 
fit  sentir,  le  jeune  Wolf,  entraîné  par 
l'exemple  et  séduit  par  les  espérances  que 
faisait  naître  ce  grand  mouvement  popu- 
laire, s'enrôla  dans  le  2e  bataillon  de  la 
garde  parisienne ,  lequel  fit  partie  de  l'ar- 
mée des  côtes  de  Cherbourg.  Wolff  fut  as- 
sez heureux  pour  être  nommé  capitaine  par 
ses  camarades ,  et  en  cette  qualité  il  fut 
choisi  par  le  général  Vialle,  qui  commandait 
au  Havre ,  pour  organiser  deux  bataillons 
dans  le  district  des  A-ndelys. 

Nous  ne  pouvons  taire  ici  un  fait  qui 
prouvera  tout  le  désintéressement  de  cet 
officier.  Une  somme  de  1200  fr.  lui  avait 
été  allouée  pour  frais  de  bureaux  et  au- 
tîfîs  mais  se  vouant  tout  entier  à  son  pays 
il  fit  la  remise  des  600  fr.  qui  lui  restaient 
sur  celle  qui  lui  avait  été  assignée  personnel- 
lement. 

Toutefois,  M.  Wolff  se  seutant  peu  de 
vocation  pour  l'état  mihtairo,  obtint,  en 
1794,  de  revenir  à  Paris  en  quahté  de  sous 
inspecteur  des  postes.  Son  supérieur  ayant 
donné  sa  démission,  M.  Wolff  voulut  suivre 
sa  disgrâce,  et  entra  dès-  lors  en  qualité  de 


commis  dans  une  maison  de  commerce ,  en 
1796. 

Son  aptitude,  son  zèle  infatigable  pour  le 
travail,  une  probité  sévère  lui  attirèrent 
bieutôt  la  confiance  la  plus  illimitée  du  chef 
de  cette  maison,  qui  lui  offrit  d'en  partager 
les  intérêts;  mais  en  1805  ,  une  personne 
ayant  insisté  pour  que  M.  Woîff  s'associât 
avec  elle  pour  établir  une  maison  de  ban- 
que et  de  commission,  projet  qu'elle  dé- 
clarait ne  pas  vouloir  réaliser  si  M.  Wolff 
n'y  prenait  une  part  active  et  directe,  ce- 
ui-ci  céda  à  d'aussi  vives  et  honorables 
instances. 

Une  grande  prospérité  vint  récompenser 
le  travail  assidu  de  M.  Wolff,  qui,  après 
avoir  commencé  en  risquant  environ  12,000 
fr.  qu'il  devait  à  ses  épargnes,  s'est  retiré 
du  comro.erce  en  1814,  après  avoir  acquis 
une  fortune  considérable  dont  il  fait  le  plus 
Qoble  emploi. 

En  1825,  s'étant  retiré  àChambly  (Seine- 
et-Oise) ,  il  y  fit  veair  tous  les  membres  de 
sa  famille  ,  afio  de  leur  faire  partager  sa 
tranquille  existence.  Mais  le  choléra  l'a- 
yant privé  de  tous  ceux  au  bonheur  desquels 
il  s'était  voué,  il  quitta  un  lieu  où  tout  lui 
rappelait  ses  douleurs,  et  revint  à  Paris  à  la 
tin  de  1830,  où  il  réside  actuellement. 

Ce  n'est  point  ici  une  notice  nécrologique; 
M.  Wolff  vit  encore;  l'habitude  estde  louer 
ceux  qui  ont  payé  leur  dernier  tribut  à  la 
nature,  mais  comme  ici  nous  cédons  â  un 
sentiment  qui  nous  porte  à  rendre  à  cet 
homme  généreux  le  tribut  que  sa  modestie 
cherche  vaioement  à  éviter,  nous  devons 
publier  tout  ce  qui  pourra  convaincre  ses 
concitoyens  du  mérite  de  celui  qui  consa- 
cre ses  instans  au  bonheur  de  ses  sembla- 
bles. 

Très  certainement  il  a  fallu  un  concours 
de  circonstances  heureuses  pour  que  M. 
Wolff  pût  acquérir  la  fortune  qu'il  pos- 
sède; mais  si  on  se  rappelle  que  cette  même 
fortune  a  pris  sa  source  dans  la  confiance 
absolue  qu'il  avait  inspirée  alors  qu'il  était 
dans  une  position  peu  favorisée  du  sort , 
on  reconnaîtra  avec  nous  que  c'est  à  ses 
qualités  personnelles,  à  une  conduite  irré- 
prochable, et  surtout  à  une  grande  persé- 
vérance que  M.  Wolff  doit  ses  succès.  Nous 
insisterons  surtout  sur  ce  dernier  point.  M. 


Wolff  croit  qu'une  volonté  ferme  et  soute- 
nue peut  surmonter  à  peu  près  toutes  les 
difficultés.  A  la  vérité,  il  est  lui-même  un 
exemple  frappant  de  cette  assertion.  Tout 
en  se  livrant  à  un  commerce  qui  deman- 
dait dessoins  de  tous  les  instans,  M.  Wolfl 
voulut  acquérir  les  connaissances  qui  doi- 
vent faire  partie  d'une  éducation  complète, 
et  il  les  acquit. Doué  d'une  intelligence  rare 
et  d'une  mémoire  des  plus  heureuses  ,  il 
étudia  avec  fruit  la  médecine ,  la  chimie , 
la  physique,  le  dessin,  la  musique,  et  telle 
a  été  son  aptitude,  que  Ton  peut  dire 
qu'aucune  connaissance  générale  ne  lui  esl 
étrangère.  En  1814,  lorsqu'il  se  retira  du 
commerce,  il  suivit  les  différens  cours  de 
la  capitale,  et  il  aurait  pu  soutenir  de  bril- 
lans  examens,  si  son  âge  lui  avait  encore 
permis  de  s'y  soumettre. 

Homme  éminemment  de  progrès  ,  M. 
Wolff  ne  cherche  point  à  jeter  le  ridicule 
ou  le  blâme  sur  lesiunovations,  dès  qu'el 
les  lui  paraissent  avoir  un  but  moral,  c'est- 
à-dire  le  bien-être  des  masses.  Les  St 
Simoniens  ont  ressenti  les  bienfaits  de  sa 
fortune,  alors  qu'il  croyait  fermement  à  la 
réalisation  de  leurs  promesses.  Compre 
naut  combien  il  est  utile,  indispensable, 
que  le  peuple  reçoive  uue  instruction  rela- 
tive ,  il  a,  en  1835,  (1)  donné  à  la  com- 
mune de  Chambly  (  Oise  j  une  propriété 
pour  y  fonder  une  école  de  garçons,  une 
école  de  filles  et  une  salle  d'asile  pour 
l'enfance. 

Mais  ce  qui  distingue  le  caractère  si  ho- 
norable de  M.  Wolff,  c'est  sa  simphcitéel 
rhumilité  qu'il  met  à  rappeler  sa  modeste 
origine.  S'il  a  connu  les  angoisses  de  la  mi- 
sère (et  il  ne  le  cache  pas),  il  sait  aussi  que 
le  travail  est  l'œuvre  la  plus  morale,  et 
tout  travailleur  esl  un  frère   pour  lui. 

C'est  dominé  par  cette  pensée  d'une 
haute  philantropie  que  M.  Wolff  récem 
ment  est  venu  mettre  à  la  disposition  de  M 
l".mile  de  Girardin,  député  de  la  Creuse, 
une  somme  de  cent  mille  francs  pour  fon- 
der dans  l'avenir  une  banque  des  travail- 
leurs. 


(1)  Voir,  Bulletin  des  /ow  (no  202)  l'aulorisalion  en 
date  du  16  avril  183S. 


Imprimerie  de  D'ULfilUDlE  WORMS  elCie,  rue  Saint-Pierre-.'^îoulmarlrc,  11 


SIXIÈME  AliNÉE    1836 

Édition  fivuicai.sc. 


DEUXIEME   SERIE. 

Première  année. 


JOURNAL 

IMÂISS&ICES  DmE 

DICTIONNAÎIIE  MENSUEL  ET   PROGRESSIF. 

RÉPERTOIRE    USUEI. 
DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,  ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intéressant  directement  I  ., 

L'éducation  de  l'enfance,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  Féconomie  usuelle; 

L'exercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales  ^ 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

PRIX  :  FRANC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE, 

PAR  AN  SIX  FRANCS. 

ON  SOUSCRIT  A  PARIS,  RUE  SAINT-GEORGES,  N°  11. 

Une  livraison  de  trente-deux  pages  par  mois,  contenant  un  demi-volume  in-H". 

Les  souscripteurs  étant  autorisés  à  retenir — sur  le  prix  de  six  francs — l'affranchissement  de  leur  lettre  et  le 
coût  de  la  reconnaissance  de  posl3,  l'abonnement  n'est,  de  fait,  que  de  CINQ  FRANCS  nets  pour  la  société, 

NUMÉRO  H.  — NOVEIMBRE  1836. 


KEPERTOIRE    CIVIL. 

Du  paupérisme.—  Des  maires,  251. 

j  RÉPERTOIRE   DOMESTIQUE 

Xouvelles  lampes  dites  lampes  à  fond  tournant,  239. — 
Iiillueiice  de  l'exercice  du  cheval  sur  les  divers  lempc- 
rameiits,  261. — Maladies  loù  l'exercice  du  cheval  est  sa- 
kuaire,  26-2.  —  Affections  organiques  du  cheval,  265. — 
Moyens  de  nettoyer  les  vernis  d'appartements,  ibid.  — 
Kncau>li(|ue  à  l'eau  des  fàbi'icanls  de  couleur,  264.  — 
Cuie-denls  végétaux,  ibid.— Falsification  du  savon,  265. 

RÉPERTOIRE   PROFESSIONNELS 

De  la  culture  du  melon  en  pleine  terre,  2G5.  —  Nour- 


riture économique  des  veaux,  260. —Remontage  des 
rivières,  i/'/rf.  —  Ordonnance  sur  l'iraporiation  de  voi- 
tures locomotives,  270.  — Phares  métalliques,  ibid.— 
Puits  de  sauvetage.— Plongeurs  à  casques,  272.— Pro- 
duction manufacturière  de  Glascow ,  275.  —  Fabrica- 
tion de  fer  en  Ecosse,  ibid.  —Chauffage  des  fours  à  la 
houille,  JWrf.— Voiture  manumotive,  274.  — Etoffes  de 
verre,  iWrf.— Filature  du  lin  en  Pologne,  ibid.  ■ 

RÉPERTOIRE  DE  LA.  CONVERSATIOIT. 

Des  ballons,  du  vol  par  machine,  273. 


.Tours 

de  la 

semaine. 


NOMS 

dos 

S.ilMS. 


mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlM. 

lundi. 

mardi. 

mercredi 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlM. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlM. 

lundi. 

mardi. 

mercredi. 

jeudi. 

vendredi. 

samedi. 

DlM. 

lundi. 

m.ardi. 

mercredi. 


TOUSSAINT. 
Les  Trépassés. 
s.  Marcel ,  évoque. 
s.  Charles  Borr. 
ste  Berlhilde. 
s.  Léonard. 
s.  Willobrod. 
saintes  Reliques. 
s.  Mathurin. 
s.  Léon  I ,  pape. 
s.  Martin,  éveque. 
s.  Vrain. 
s.  Gendulphe. 
s.  Maclou. 
s.  Eugène. 
s.  Euclier. 
s.  Agnan,  évéque 
ste  Aude ,  vierge, 
ste  Elisabeth. 
s.  Edmond. 
Présent,  de  la  V. 
ste  Cécile. 
s.  Clément, 
s.  Séverin. 
ste  Catherine. 
ste  Genev.  des  A. 
Premier  avcnt. 
s.  Soslhènc. 
s.  Saturnin. 
s.  André,  apôtre. 


INTEP.LTS 

de 

fr.  100 

à  4  p.  OjO 


i.    f.  c. 

506  5  55 

507  5  36 

508  5  57 

509  3  38 

510  3  59 

511  3  40 
312  5  4t 

515  3  43 

314  5  44 

315  5  45 

516  3  4(j 

517  5  47 

518  5  48 

519  3  49 
5-20  5  50 
521  3  51 
5-22  5  52 

523  5  53 

524  5  55 

525  5  56 

526  5  57 

327  3  58 

328  5  59 
529  3  60 
350  5  61 

,531  3  62 
332  5  65 
353  3  64 

334  3  66 

335  3  67 


REVENU 


par 
an. 


par 
jour. 


f. 
1.5550 
15400 
15450 
15500 
15550 
15600 
15650 
15700 
15750 
15800 
15850 
15900 
15950 
16000 
160,'iO 
16100 
16150 
16200 
16250 
16300 
16550 
16400 
16450 
10500 
16550 
16600 
16650 
16700 
16750 
16800 


f.C. 
42  05 
42  19 
42  52 
42  46 
42  60 
42  75 

42  87 
45  01 

43  13 
43  28 
43  42 
45  56 
45  09 
45  85 

43  97 

44  10 
4i  24 
44  3S 
44  52 
44  65 
44  79 

44  93 

45  06 
45  20 
45  34 
45  47 
45  61 
45  75 

45  89 

46  02 


EMPLOI. 

Déix>nse 

Epargne 

9[10. 

llio. 

f.  c. 

f.  C. 

42  81 

4  20 

42  97 

4  21 

42  09 

4  23 

42  21 

4  24 

42  34 

4  26 

42  46 

4  27 

42  58 

4  28 

43  71 

4  50 

45  83 

4  51 

43  95 

4  32 

43  08 

4  54 

43  20 

4  35 

43  32 

4  36 

43  45 

4  38 

43  57 

4  39 

M  69 

4  41 

44  82 

4  42 

44  94 

4  43 

44  06 

4  45 

44  19 

4  46 

44  51 

i  47 

44  43 

4  49 

45  56 

4  50 

45  68 

4  52 

45  80 

4  55 

45  95 

4  54 

45  95 

4  50 

45  17 

4  57 

45  50 

4  58 

41  42 

4  60 

Produit 
de  lilO 
épargné 
au  bout  de 
20  ans. , 


f.    c. 
46511  85 

46665  40 
46814  90 
469(Ki  45 
47117  95 
47269  50 
47421  00 
47572  50 
47724  05 
47875  55 
48027  10 
48178  65 
48330  15 
48481  65 
48653  20 
48784  70 
48S56  2^; 
49US7  75 
49259  25 
49390  80 
49542  30 
49693  85 
49845  55 
49996  85 
50148  40 
50299  90 
Ï.045I  40 
50602  95 
50754  45 
5080G  05 


Le   1  lever  du  soleil  6  h.  49  min.  ]  coucher  4  h.  58, m. 

10  —  7  3  —  4        2i 

20  —  7        19  —  4        12 

30  —  7        33  —  4         4 


D.  Q.  le   1 ,  à  2  Jieures  48  minutes  du  soir.' 
\.  L.  le  9 ,  à  1  44  du  matin, 

i>.  Q  le  15,  à  6  0  du  soir. 

P.  L.  le  23,  à  5  40  ,  du.  matin 


INOUVEAL    MODE  DE  CHAUFFAGE 


PA,B    ï.\    PlIUFICATION    DE    LA   FUMÉE. 


Onadt'^jàannoncéàrAcadémiedesScien'  emploie  aujourd'hui  4,  6,  8  ou  10,  sans 
CCS  de  Paris  qu'un  architecte  prussien,  éprouver  le  moindre  embarras  et  sans  avoir 
nommé  Blrimiardt,  avait  trouvé  et  mis  en  à  redouter  les  inconvénients  de  la  suie  ;  3" 
pratique  avec  succès  an  moyen  particulier  qu'on  peut  gouverner  la  fumée  qui  s'é- 
pour  détruire  la  fmnée  des  foyers.  Voici  chappe  de  la  cheminée,  après  des  purifi- 
ée que  nous  trouvons  à  ce  sujet  dans  les  cationspréalables,  d'une  manière  telle  qu'on 
feuilles  publiques  étrangères,'qui  contien-  l'empêche  de  retomber  dans  les  rues.  En 
nent  un  extrait  du  prospectus  de  l'inven-  séparant  la  suie  de  la  fumée,  on  n'a  pas  eu 
teur  :  "  Les  foyers  actuels,  par  suite  de  leur  pour  but  d'inventer  un  appareil  calorifère 
construction  vicieuse,  exposent,  comme  compliqué  au  moyen  duquel  on  brûlât  les 
chacun  sait,  aux  inconvénients,  irrémédia-  gaz  qui  produisent  la  famée,  mais  de  con- 
b!es  jusqu'ici,  de  la  fumée.  Après  vingt  an-  struire  tous  les  foyers  pour  séparer  d'une 
néesd'essaiset  d'observations,  je  suis  par-  manière  simple  la  fumée  de  la  .suie  sans 
venu  à  découvrir  l'influence  encore  incon-  changer  la  forme  actuelle  de  nos  appareils 
nue  des  agents  naturels  sur  les  foyers  et  sur  calorifères  ;  4»  que  si  le  chauffage  à  i'air 
les  autres  constructions  pyrotechniques,  et  chaud  n'est  pas  aussi  généralement  ré- 
à  établir  certaines  règles  simples  et  certai-  pandu,  c'est  qu'il  ne  peut  se  faire  qu'avec 
nés  qui ,  sous  ma  direction ,  permettront  à  des  appareils  dispendieux,  qu'il  consomme 
tout  individu  de  construire  des  foyers  de  beaucoup  de  combustible,  et  qu'il  affecté 
forme  quelconque,  exempts  des  inconvé-  les  organes  cutanés  et  pulmonaires  en  lan- 
nients  de  toute  espèce  résultant  de  la  fumée,  çant  dans  les  appartements  un  air  brûlé  et 
et  très  bien  di.sposés  pour  remplir  le  but  insalubre,  tandis  que  par  la  nouvelle  mé- 
qu'on  se  propose  dans  les  constructions  de  thode,  même  en  adoptant  ce  mode  de  chauf 
ce  genre.  .l'ai  fait  à  Berlin  tous  les  essais  fage,  je  suis  parvenu  à  introduire  dans  les 
désirables  devant  des  commissions  d'hom-  appartements  un  air  pur,  sans  inconvé- 
mes  savants  et  compétents  dans  cette  ma-  nient  pour  la  propreté  intérieure  et  la 
tièrc.  et  leurs  certificats  attestent  le  succès  santé,  etchauffant  pluségalementetàmoins 
que  j'ai  obtenu,  et  prouvent  en  outre  :  1°  de  frais.  Les  difficultés  locales  et  le  climat 
qu'il  est  facile  d'appUiiuer  le  nouveau  pro-  ne  paraissent  pas,  ainsi  que  l'attestent  les 
cédé  à  tous  les  foyers  quelconques  en  épar-  applications  faites  dans  les  établissements 
gnant  un  tiers  du  combustible,.,  en  déve-  publics  de  Berlin,  apporter  d'obstacles  au 
loppant  plus  de  chaleur  et  en  la  distribuant  succès  du  procédé.  "  Si  cette  heureuse  dé- 
d'unc  manière  plus  égale  dans  les  apparte-  couverte  se  confirme  et  si  la  méthode  de 
ments  :  les  cheminées  sont  en  outre  garan-  M.  B.  vient  à  notre  connaissance,  nous 
lies  de  l'incendie;  2°  que,  par  ce  procédé ,  nous  empresserons  de  la  faire  connaître  à 
^ne  seule  cheminée  suffira  là  où  l'on  en  '  nos  lecteurs.  F.  M. 


251 


REPKRTOIÏU:   CIVIL. 


DU  PAUPERISME.  —  DES  MAIRES. 


Les  anciens  avaient,  de  la  mendicité  et 
du  jiauperisme,  la  même  idée  qu'en  ont  au- 
jourdhui  les  économistes .  et  Ton  retrouve 
dans  Hérodote ,  Homère ,  Platon ,  la  même 
morale  que  professent  sur  ce  point  les 
Duncan  et  les  La  Rochefoucauld. 

Hérodote  dit,  en  effet ,  que  les  Égyp- 
tiens ne  souffraient  ni  mendiants,  ni  va- 
gabonds, chez  eux.  On  voit  dans  Homère 
que ,  lorsque  Ulysse  se  présenta  à  Lri- 
marque,  ce  prince,  le  voyant  fort  et  possé- 
dant des  formes  athlétiques,  lui  offrit  du 
tra\  ail  qu'il  lui  promit  de  payer  :  Si  tu  ne 
veux  pas  travailler ,  lui  dit-il ,  je  t'aban- 
donne à  ta  matv  aise  fortune. 

Platon  dit  :  Il  n'y  aura  pas  de  mendiants 
ni  de  vagabonds;  si  quelqu'un  prend  ce 
métier,  les  gouverneurs  des  provinces  le 
feront  sortir.  ' 

Les  censeurs  à  Rome  avaient  pour  fonc- 
tions principales  de  veiller  sur  les  men- 
diants et  sur  les  vagabonds.  On  condam- 
nait aux  mines  ceux  qui  étaient  trouvés  en 
faute. 

Les  Romains  avaient  reconnu  que  l'au- 
mône que  l'on  donne  était  nuisible  au  men- 
diant lui-même. 

Piaule  dit  :  De  mendiço  malè  meretur 
qui  dat  ei  quod  edat  aut  bibat ,  nam  et  il- 
îud  quod  dut  perdit  et  producit  illi  vitam 
ad  miserrimum.  Cette  idée  est  la  même 
que  celle  qui  domine  dans  les  différents 
ouvrages  de  "William  Forbes,  et  presque 
tous  les  économistes  sont  d'accord  sur  ce 
point.  Mais  les  moyens  que  les  anciens  em- 
ployaient pour  secourir  l'humanité  étaient 
bien  loin  d'obtenir  des  résultats  semblables 
à  ceux  que  nos  nouvelles  institutions  nous 
promettent. 

Chez  les  Athéniens ,  en  effet ,  on  donnait 
aux  mendiants  incapables  de  travailler 
deux  oboles  par  jour  :  cette  somme  était 
prise  dans  le  trésor  public.  —  Dans  les  sa- 
crifices, les  pauvres  recevaient  une  por- 
tion delà  victime.  C'est  surtout  sur  les  au- 
tels de  la  déesse  Hécate  que  l'on  plaçait 
tous  les  mois  des  offrandes  plus  abon- 
dantes. 

On  voit  qu'ici  la  religion  joignait  ses 
rites  et  ses  cérémonies  aux  secours  de  la 
charité  ;  c'était  sans  doute  un  moyen  puis- 


sant pour  obtenir  de  plus  grands  sacrifices, 
mais  dans  ces  usages  nous  retrouvons  les 
mêmes  défauts  que  dans  l'aumône  ordi 
naire  :  on  n'engageait  pas  le  pauvre  à  tra 
vailler  ,  on  récompensait ,  au  contraire,  sa 
paresse  et  son  oisiveté,  et  cette  méthode 
tendait  à  accroître  la  mendicité  au  lieu  de 
lia  détruire;  c'est  cependant  la  destruc- 
;tion  de  ce  fléau  que  la  saine  philosophie 
désire. 

!  Dans  le  moyen-âge ,  peu  de  temps  après 
le  concile  de  iNicée,  Constantin  fit  élever 
:  de  tous  côtés  des  hôpitaux  où  l'on  recevait 
les  mendiants  chrétiens  :  cette  mesure  eut 
î  un  effet  fatal  pour  la  société.  Elle  accrut  tel- 
I  lement  le  nombre  des  vagabonds  ei  des  pa- 
:  resseux  que  les  suc^seurs  de  Constan- 
;  tin  furent  obligés  de  prendre  les  mesures 
j  les  plus  cruelles  pour  s'opposer  à  ces  dé- 
]  sordres.  Ils  voulurent  que  quiconque  ar- 
}  rêterait  un  mendiant  valide  eût  le  droit  de 
le  mettre  aux  fers  et  de  le  garder  comme 
,  esclave  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours. 

Chariemagne  fut  plus  sage ,  il  défendit 
de  faire  l'aumône  aux  hommes  valides  ; 
mais  il  était  bien  difficile  que  cette  mesure 
qui,  depuis  ce  temps,  a  été  souvent  renou- 
velée ,  obtînt  un  grand  succès. 

Nous  ne  savons  guère  ce  qu'était  la 
mendicité  en  France  sous  les  rois  de  la 
première  et  de  la  seconde  race  ,  mais  nous 
avons  de  nombreux  détails  sur  le  paupé- 
risme qui  régnait  sous  François  F'^,  et  nous 
connaissons  les  malheurs  sans  nombre  qu'il 
a  occasionnés  dans  les  siècles  qui  ont  pré- 
cédé le  nôtre. 

On  voit  dans  Dulaure  que  les  pauvres 
formaient,  sous  les  Médicis,  près  du  cin- 
quième delà  population 5  on  en  comptait 
quarante  mille  dans  Paris.  Ces  malheureux 
ne  travaillaient  jamais;  ils  demandaient 
souvent  l'aumône l'épée  au  côté,  et,  sembla- 
bles au  mendiant  dont  parle  Gil-Elas,  ilg 
forçaient  fréquemment  par  la  crainte  leurs 
bienfaiteurs  à  devenir  charitables.  Presque 
tous  étaient  voleurs  de  profession,  et  cha- 
cun d'eux  avait  adopté  un  genre  de  vol. 
dans  lequel  il  excellait  et  qui  était  son  oc- 
cupation journalière.  Les  uns  volaient  les 
manteaux,  et  ceux-là  portaient  le  nom  de 
tirelaine  ;  d'autres  coupaient  les  bourses 


2o2 

que,  par  orgueil,  chacun  portaitsurle  côté  : 
on  nommait  ces  voleurs  gens  de  la  courte 
épée  ;  d'autres  portaient  le  nom  de  barbets, 
parce  qu'ils  s'introduisaient  dans  les  mai- 
sons et  obtenaient  de  l'argent  le  poignard 
sous  la  barbe,  etc.  ,  etc. 

Ces  malheureux  avaient  une  langue  parti- 
culière ;  ils  s'étaient  organisés  et  reconnais- 
saient parmi  eux  des  chefs  et  des  sous-chefs 
auxquelsils  obéissaient.  Pendantlongtemps 
ils  eurent  pour  roi  un  de  leurs  camarades 
nommé  Ragot.  Cet  homme  avait  du  talent 
et  fit  une  fortune  brillante  de  son  malheu- 
reux métier.  L'homme  dans  sa  jeunesse  est 
une  cire  molle  que  l'éducation  et  les  lois 
modèlent  à  leur  guise;  il  est  présumable 
que,  sous  des  institutions  plus  sages.  Ragot 
ei\t  été  un  homme  vertueux  et  peut-être 
un  grand  homme.  Les  mendiants  habi- 
taient à  Paris  dans  des  repaires  affreux  que 
i'onnommait  Cours  desMiracles.  Pour  avoir 
une  idée  des  désordres  que  le  paupérisme-, 
excité  par  l'aumône  trop  abondante,  peut 
produire,  voyons  ce  qu'étaient  ces  Cours 
des  Miracles  sous  les  Médicis  et  même  sous 
le  règne  brillant  de  Louis  XIV. 

Sauvai,  auteur  des  Antiquités  de  Paris, 
nous  en  donne  des  détails  à  la  fois  curieux 
et  épouvantables.  «  Ce  sont,  dit-il,  de  vastes 
espaces  remplis  de  maisons  construites  de 
boue,  où  (Ip.s  familles  de  mendiants  sont  en- 
tassécsles  unes  sur  lesautres,  où  l'on  trouve 
des  milliers  de  petits  enlants  presque  nus  et 
dont  beaucoup  ont  été  enlevés  à  leur  fa- 
mille naturelle.  »  Il  continue  et  dit  :  «  On  s'y 
«  nourrissait  de  brigandage ,  on  s'y  en- 
«  graissaitdans  l'oisiveté,  dans  la  gourman- 
«  dise ,  et  dans  toutes  sortes  de  vices  et 
«  de  crimes.  Là,  sans  aucun  soin  de  l'ave- 
«  nir,  chacun  jouissait  à  son  aise  du  pré- 
«  sent  et  mangeait  le  soir  avec  plaisir  ce 
«  qu'avec  de  la  peine  et  souvent  avec  bien 
«  des  coups  il  avait  gagné  tout  le  jour, 
«  car  on  appelait  gagner  ce  qu'ailleurs  on 
«  appelait  dérober,  et  c'était  une  des  lois 
«  fondamentales  de  la  Cour  des  Miracles  de 
«  ne  rien  garder  pour  le  lendemain.  Cha- 
«  cun  y  vivait  dans  une  grande  licence  ; 
«  personne  n'y  avait  ni  foi  ni  loi  ;  on  n'y 
«  connaissait  ni  baptême,  ni  mariage,  ni 
«  sacrement.  » 

C'est  dans  ces  affreux  repaires,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit,  que  logeaient  quarante 
mille  individus,  lor.sque  la  population  de 
Paris  n'était  que  de  deux  cent  mille  âmes. 
Oue  l'on  se  figure  quarante  mille  mendiants 
rempli-ssant  les  rues,  les  uns  couverts  d'ul- 
cères factices,  les  autres  poussant  des  cris 
lamentables,  tous  mourant  de  faim  et  prêts 
à  se  porter  partout  où  il  y  avait  du  désor- 


dre et  du  pillage  à  espérer,  et  l'on  aura  une 
idée  des  dangers  affeux  qui  menaçaient 
alors  les  habitants  de  Paris. 

Ces  hommes ,  excités  à  la  paresse  par 
les  nombreuses  aumônes  et  les  secours 
qu'ils  recevaient,  entraient  dans  tous  les 
complots,  dans  toutes  les  émeutes^ ils  par- 
ticipaient à  tous  les  vols  :  on  les  accusait 
aussi  d'enlever  des  enfants  pour  les  faire 
mendier  tout  nus  et  exciter  à  leur  aide  la 
pitié  publique. 

Ils  enlevaient  aussi  des  hommes  pour 
les  vendre  aux  recruteurs  ou  leur  l'aire 
payer  une  rançon.  Ces  citoyens,  ainsi  ar- 
rêtés, étaient  tenus  en  charte  privée  dans 
des  maisons  que  l'on  nommait  fours.  En 
1695,  on  comptait  encore  vingt-huit  de  ces 
fours  dans  Paris  !  Quant  au  nombre  des 
Cours  des  Miracles,  Sauvai  en  cite  dix,  qui 
occupaient  un  espace  immense.  Quelques- 
uns  de  ces  édifices  conservent  encore  leur 
nom  primitif. 

Dulaure  et  plusieurs  historiens  assurent 
tous  ces  faits,  que  plus  de  vingt  arrêts  du 
parlement  de  Paris  et  plusieurs  ordonnan- 
ces royales  confirment. 

On  voit  par  là  combien  étaient  grands, 
dans  ces  siècles ,  les  malheurs  des  classes 
pauvres. 

Jetons  maintenant  un  coup  d'œil  rapide 
sur  les  moyens  que  nos  pères  employèrent 
pour  remédier  à  tant  d'infortunes  ;  voyons 
les  différents  établissements  qu'ils  formè- 
rent pour  diminuer  le  paupérisme. 

Ce  n'étaient  pas  des  secours  et  des  aumô- 
nes (jui  manquaient  aux  indigents  dans  les 
siècles  d'ignorance ,  car  jamais  on  ne  fut  plus 
charitable;  c'était  l'amour  du  travail  et  de 
l'économie  que  l'on  ne  savait  pas  inspirer  à 
la  classe  pauvre.  On  va  voir  en  effet  quels 
sacrifices  énormes  la  société  faisait  en  fa- 
veur de  l'infortune,  et  l'on  s'apercevra  que 
ces  secours,  loin  d'être  un  aniidote  contre 
le  mal,  ne  faisaient  que  nourrir  la  paresse 
et  exciter  le  désordre. 

Les  lois  civiles  et  les  lois  ecclésiastiques 
imposaient  jadis  aux  bénéficiers  l'obliga- 
tion de  faire  l'aumône  ;  chaque  évêque 
avait  son  vidame  et  son  majordome  qui 
était  chargé  de  secourir  les  pauvres.  Comme 
tous  les  bénéliciers  n'étaient  pas  exacts  à 
remplir  ces  devoirs,  Charles  IX  rendit,  lé 
3  novembre  1 572,  une  ordonnance  par  la- 
quelle il  les  obligea  à  se  conformer  aux 
dispositions  des  lois  canoniques,  et  à  aider 
les  malheureux  ;  les  parlements  tinrent  Ja 
main  à  ce  que  cette  ordonnance  fût  exé- 
cutée. 

Le  parlement  d'Aix,  entre  autres,  con- 
damna en  1688  le  prieur  déciniateur  de 


Heillane  à  donner  en  aumônes  le  tiers  de 
sonrevenu.  Ce  même  parlement  avait  rendu 
en  1655  un  arrêt  dans  le  même  sens  contre 
le  fermier  de  l'archevêque  d'Aix. 

L'article  23  de  Tédit  de  1695  charge  les 
juges  royaux  de  faire  acquitter  les  aumô- 
nes lorsque  les  titulaires  des  hcnéfices  né- 
gligent de  remplir  cette  ohligation. 

Avant  cette  époque  le  parlement  de  Pa- 
ris avait  condamné  les  corporations  reli- 
gieuses de  cette  ville  à  donner  cent  mille 
francs  aux  pauvres.  U Histoire  de  Paris, 
par  Dulaure,  parle  sans  cesse  des  donations 
faites  aux  indigents  à  différentes  condi- 
tions. Indépendamment  de  tous  ces  legs 
pieux,. chaque  couvent  distribuait  deux  ou 
trois  fois  par  semaine  du  pain  et  différents 
aliments  aux  pauvres  qui  se  présentaient 
devant  leurs  portes.  Dans  toutes  les  villes, 
les  hommes  riches  faisaient  des  charités 
semblables  ;  presque  tous  en  mourant  or- 
donnaient de  fortes  distributions  de  pain, 
de  blé,  des  secours  pécuniaires.  INousledi- 
sons  avec  peine,  c'étaient  ces  aumônes  beau- 
coup tropmultiphées  qui  encourageaient  la 
paresse,  augmentaient  le  nombre  des  va- 
gabonds et  conduisaient  au  crime  par  la 
mendicité. 

La  charité,  l'amour  de  ses  semblables, 
est  sans  doute  la  plus  grande  des  vertus. 
A  Dieu  ne  plaise  que,  comme  les  sectateurs 
de  l'économiste  Malthus,  je  m'efforce  à 
l'étouffer;  je  voudrais  qu'elle  se  soutînt, 
qu'elle  s'accrût  même  ;  mais  je  souhaite- 
rais en  même  temps  qu'elle  fût  mieux  di- 
rigée. 

Nous  avons  vu  que,  sous  Constantin, 
une  fausse  direction  donnée  à  l'aumône  et 
à  l'amour  des  hommes  avait  troublé  Tordre 
social  ;  les  siècles  des  Médicis  nous  présen- 
tent les  mêmes  erreurs  et  les  mêmes  infor- 
tunes ;'nous  retrouverons  les  mêmes  phé- 
nomènes sur  les  bords  de  la  Tamise.  Toutes 
ces  observations  prouvent  au  publiciste 
combien  la  question  du  paupérisme  est  im- 
portante et  digne  d'exciter  son  attention, 
et  avec  quelle  bienveillance  il  doit  accueil- 
lir les  établissements  des  caisses  de  pré- 
voyance, qui  semblent  destinées  à  adoucir 
d'abord  et  guérir  ensuite  cette  plaie  so- 
ciale. 

Les  réflexions  que  nous  faisons  sur  les 
malheurs  du  paupérisme  et  de  la  mendi- 
cité avaient  été  faites  avant  nous,  et  dans 
le  dix-septième  siècle  on  voulut  substituer 
la  rigueur  à  la  prodigalité  pour  diminuer 
le  nombre  des  mendiants.  Le  parlement  de 
Paris  ordonna,  le  15  décembre  1662,  que 
les  mendiants  vagabonds  qui  ne  seraient 
point  Parisiens  seraient  fouettés  et  mar- 


253 

qués  de  la  fleur  de  lis  ;  ceux  qui  étaient 
estropiés  étaient  envoyés  aux  galères  ;  les 
femmes  étaient  fouettées  et  on  leur  rasait 
la  tête. 

Le  18  juillet  1724,  le  régent  rendit  une 
déclaration  remarquable  par  son  préam- 
bule, dans  lequel  le  gouvernement  se  plaint 
de  ce  que  les  aumônes  trop  abondantes 
excitent  à  la  mendicité  au  lieu  de  la  dé- 
truire; par  cette  déclaration  le  roi  or- 
donne de  condamner  les  mendiants  dans 
plusieurs  cas  à  cinq  ans  de  galères  au 
moins  et  à  un  terme  beaucoup  plus  long 
s'il  y  a  lieu;  les  mêmes  dispositions  furent 
renouvelées  en  1750;  enfin  le  roi  pres- 
crivit, en  1764,  que  les  mendiants  qui  se- 
raient pris  en  récidive  fussent  condamnés  à 
neuf  ans  de  galères  et  que  si,  après  avoir  subi 
leurs  condamnations,  ils  retombaient  dans 
la  même  faute,  ils  fussent  mis  à  perpétuité 
dans  ces  lieux  de  punition.  Tant  de  rigueur, 
ou  pour  mieux  dire  tant  de  cruauté,  en- 
venima la  plaie  sociale  au  lieu  de  la  gué- 
rir ;  ces  dispositions  trop  sévères  ne  furent 
exécutées  qu'envers  quelques  individus. 
Aux  yeux  d'une  portion  de  la  société  les 
mendiants  furent  des  malheureux  oppri- 
més, et  on  leur  accorda  en  cachette  des 
aumônes  plus  abondantes;  leur  nombre 
ne  diminua  pas ,  peut-être  même  fut-il 
augmenté  pour  ces  mesures  révoltantes. 

Il  est  à  peu  près  certain  que  c'est  le 
paupérism.e  qui  enfante  le  plus  grand  nom- 
bre de  crimes  ;  aussi  ce  siècle  de  misère 
fut  celui  où  l'on  vit  le  plus  de  vols  et  d'as- 
sassinats. 

Le  journal  d'Henri  III  par  l'Estoile  dit 
que  l'on  comptait  de  sept  à  huit  mille  vo- 
leurs bien  connus  dans  Paris,  en  1605  ;  le 
même  journal  dit  qu'à  cette  époque  le  sé- 
jour de  cette  ville  était  aussi  dangereux 
que  celui  d'une  forêt.  Les  assassinats  étaient 
si  fréquents  dans  les  rues  qu'une  ordon 
nance  de  police,  à  peu  près  de  cette  année, 
prescrit  aux  comédiens  de  linir  leurs  re- 
présentations théâtrales  à  quatre  heures 
et  demie  du  soir,  pour  empêcher  les  crimes 
que  les  brigands  commettaient  au  sortir  du 
spectacle. 

Pendant  la  révolution,  l'Assemblée  con- 
stituante rendit,  le  22  juin  1792,  des  lois 
plus  douces  que  celles  des  Médicis.  La  loi 
du  24  vendémiaire  an  2  prescrivit  des  tra- 
vaux de  secours  :  elle  défendit  de  faire  l'au- 
mône ,  et  prononça  des  amendes  contre 
ceux  qui  secouraient  les  mendiants.  Ces 
mesures,  qui  avaient  été  prise^déjà  plu- 
sieurs fois,  n'eurent  aucun  succès ,  et  le 
nombre  des  hommes  adonnés  à  la  mendi- 
cité s'élevait  dans  Paris  à  cent  seize  mille 


264 

lorsqu'en  1808  l'empereur  établit  les  dé- 
pôts de  mendicité. 

Ces  espèces  de  maisons  de  travail  n'é- 
taient pas  nouvelles  en  France.  On  avait 
enfermé  dans  Paris  les  pauvres  en  1612, 
en  1632  et  en  1656.  Le  nombre  même  de 
ces  malheureux  s'élevait  à  peu  près  à  dix 
mille  en  1662;  ces  mesures  avaient  été 
toujours  très  dispendieuses,  et  avaient  pro- 
duit peu  de  bien  sur  la  morale  des  classes 
pauvres.  Les  établissements  de  charité  de 
Napoléon  n'eurent  guère  plus  de  succès  ; 
maintenant  ils  sont  à  peu  près  tous  aban- 
donnés. 

Laissons  un  instant  la  France  ;  jetons 
un  coup  d'oeil  sur  ce  qui  s'est  passé  chez 
nos  voisins  d'outre-mer;  c'est  le  pays  du 
paupérisme.  Examinons  ce  lléaudans  toute 
sa  nudité ,  et   cherchons  à  reconnaître, 

f)armi  les  horreurs  qu'il  va  nous  découvrir, 
es  lois  qui  lui  ont  donné  naissance,  et  les 
causes  qui  servent  à  l'alimenter.  Dès  le  rè- 
gne d'Henri  YIII,  le  nombre  des  pauvres 
était  déjà  très  considérable  en  Angleterre  ; 
mais  ,  depuis  un  demi-siècle,  il  s'est  telle- 
ment accru  que  ces  malheureux  compro- 
melient  entièrement  le  sort  de  cette  con- 
trée, qu'ils  démoralisent  presque  en  entier 
les  classes  laborieuses,  qu'ils  absorbent 
une  grande  partie  des  revenus  territoriaux  ; 
que ,  connaissant  leur  nombre  et  sentant 
leur  force,  ils  élèvent  hautement  la  voix  ; 
et  que ,  semblables  presque  en  tout  aux 
esclaves  de  Rome,  ils  sont  prêts  à  dicter 
des  lois  à  leurs  maîtres. 

Elisabeth  rendit,  la  quarante-troisième 
année  de  son  règne ,  des  statuts  en  vertu 
desquels  tout  homme  qui  ne  possédait  rien, 
et  qui  n'avait  pas  de  travail ,  était  à  la 
charge  de  la  paroisse  et  devait  être  nourri 
par  elle.  Ces  statuts  établissaient  des  impôts 
pour  venir  au  secours  des  malheureux ,  et 
déterminaient  la  manière  dont  les  taxes 
devaient  être  perçues  et  réparties. 

Ce  sont  ces  lois,  qui  paraissent  si  sages, 
qui ,  cependant ,  sont  cause ,  en  grande 
partie ,  de  tous  les  maux  qu'éprouvent  nos 
voisins ,  et  qui ,  tout  en  semi)lant  tendre 
une  main  secourable  au  pauvre ,  ont 
détruit  son  activité,  sa  sagesse,  sa  pré- 
voyance, et  l'ont  conduit  à  l'abrutisse- 
ment et  à  l'infortune. 

Le  parlement  d'Angleterre,  sentant  toute 
l'étendue  du  mal  que  produisait  le  pau- 
périsme, a  ordonné,  en  1832,  une  enquête 
générale  dans  toutes  les  paroisses  d'Angle- 
terre ;  voic^ce  qu'a  prouvé  cette  enquête, 
qui  a  été  faite  avec  ie  plus  grand  soin. 

Comme  on  ne  secourt,  en  Anglcteri'e , 
les  pauvres  que  lorsqu'ils  n'ont  absolument 


rien  ,  presque  tous  les  ouvriers ,  les  petits 
propriétaires  eux-mêmes ,  vendent  leurs 
biens ,  leurs  bestiaux  ,  leurs  meubles  ,  pour 
arriver  ainsi  au  comble  de  la  misère  et  à 
être  inscrits  sur  la  liste  des  pauvres. 

Dès  qu'ils  font  partie  de  cette  classe , 
pour  ainsi  dire  privilégiée  ,  ils  n'ont  plus 
besoin  d'avoir  de  l'activité,  de  l'économie, 
de  la  prévision  ;  la  paroisse  doit  pourvoir 
à  leurs  besoins,  et  comme  ils  sont  bien 
certains  d'obtenir  ses  secours  ils  se  livrent 
de  suite  à  la  débauche  et  à  la  paresse.  Ils 
se  gardent  bien  de  faire  la  plus  légère 
économie  ;  car  si  on  pouvait  savoir  qu'ils 
ont  conservé  un  seul  écu ,  ils  n'auraient 
plus  droit  aux  aumônes  qu'on  leur  rcser\e. 
Par  la  même  raison ,  ils  n'achètent  point 
de  meubles,  point  d'habits,  point  de  linge; 
c'est  à  la  paroisse  à  leur  fournir  tout  ce  dont 
ils  ont  besoin ,  et  si  elle  ne  leur  fournit  pas 
avec  générosité  ils  se  plaignent  fortement 
et  font  des  menaces  ;  les  secours  qu'ils  re- 
çoivent sont  très  considérables  ,  et  sont 
proportionnels  au  nombre  d'enfants  qu'ils 
ont.  Ces  aumônes,  qui  varient  de  paroisse 
à  paroisse,  s'élèvent  dans  plusieurs  àl2  fr. 
par  semaine  pour  un  individu  ;  il  y  a  des 
familles  dans  certaines  paroisses  qui  reçoi- 
vent 1,200  fr.  par  an.   . 

Dès  qu'un  individu  est  inscrit  sur  la  liste 
des  pauvres,  il  ne  peut  guère  plus  en  être 
effacé ,  pourvu  qu'il  consomme  tous  les 
jours  ce  qu'il  a  pu  gagner,  et  qu'il  ait  le 
soin  de  se  tenir  dans  un  état  complet  de 
dénùment  et  de  misère. 

Récompenser  ainsi  la  paresse ,  la  pro 
digaliîé  et  la  débauche  !  Quelle  perturba- 
tion affreuse  un  semblable  système  ne  doit- 
il  pas  porter  à  l'ordre  social ,  et  quel  gou- 
\  ernement  pourrait  résister  à  des  mesures 
aussi  dangereuses  ? 

Les  ouvriers  cjui  sont  de  cette  manière, 
pour  ainsi  dire,  pensionnés  par  la  paroisse, 
j  necherchcni  pasà  se  procurcrde  l'ouvrage, 
I  car  leur  existence  est  toujours  assurée  ; 
j  si  on  leur  procure  du  travail,  ils  ne  s'en 
I  occupent  (|u'à  regret  ^  ils  le  font  mal  et  en 
,  font  presque  toujours  moitié  moins  que  ne 
ferait  un  ouvrier  ordinaire 

Leur  maître  veut-il  les  exciter  à  l'ou- 
viage  par  ses  discours  ;  ils  l'accusent  d'être 
dur  et  de  ne  pas  aimer  h  s  pauvres. 

Lassé  de  leur  paresse  ,  veut -il  les  ren- 
voyer; gaîment  ils  partent  et  vont  consom- 
mer dans  le  sommeil  et  l'ivresse  des  se- 
cours qu'ils  sont  certains  d'obtenir. 

Comme  ils  sont  à  la  charge  de  la  paroisse, 
celle-ci,  pour  diminuer  ses  dépenses,  force 
les  i'erniiersà  leur  donner  de  l'ouvrage,  et, 
malgré  tous  leurs  défauts,  nul  autre  tra- 


vaiUeur  ne  peut  être  employé  que  lorsque' 

ces  fainéants  et  ces   débauchés  sont  en- 
tièrement pourvus. 

Ces  mendiants,  sentant  leurs  forces  et 
leur  grand  nombre,  sont  d'une  insolence  et 
d'une  audace  rares  ;  malheur  à  celui  qui 
oserait  proposer  de  réduire  les  taxes!  il  se- 
rait hué  dans  les  rues,  honni,  battu  ;  ses 
propriétés  seraient  dévastées  i)endant  la 
nuit;  souvent  même,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons dit,  ces  misérables  incendient  les  mai- 
sons de  leurs  ennemis. 

Comme  ils  ont  connu  la  terreur  que  de 
tels  crimes  inspirent,  le  mot  U'incendieest 
sans  cesse  dans  leur  bouche,  et  impose  si- 
lence à  quiconque  voudrait  diminuer  les 
secouKS  qu'on  leur,  accorde. 

Le  nouibre  d'individus  inscrits,  en  An- 
gle'.erre,  sur  la  liste  des  pauvres  s'élève  à 
  millions,  d'après  M.  Wonverran;  les  im- 
pôts qu'on  prélevé  pour  eux  sont  de  300 
millions  à  peu  près;  l'impôt  foncier  n'était 
en  1822  que  de  29,825,000  liv.,  d'où  l'on 
voit  que  le  montant  de  la  taxe  des  pau- 
vres est  dix  lois  plus  fort  que  l'impôt  ter- 
ritorial. 

Comme  le  nombre  des  crimes  augmente 
a  peu  près  dans  le  même  rapport  que  celui 
des  mendiants,  l'Angleterre  est  le  pays  de 
l'univers  où  l'on  punit  le  plus  de  criminels. 

On  voit  dans  V Animal ÏRegisier  que,  dans 
les  sept  années  qui  ont  précédé  1832,  on  a 
condamné  tous  les  ans  onze  mille  cinq 
cent  cinquante  personnes  à  des  peines  af- 
flictives  et  infamantes. 

Il  y  a  eu  aussi  chaque  année,  douze  cent 
cinquante-quatre  individus  condamnés  à  la 
peine  de  mort. 

Ces  primes,  ces  récompenses  accordées 
par  les  statuts  modifiés  d'Elisabeth  à 
l'homme  sans  prévision  et  sans  conduite, 
ont  répandu  à  l'excès  le  goiàt  des  liqueurs 
fortes  dans  cette  classe  d'infortunés.  Hom- 
mes ,  femmes ,  enfants ,  tout  est  passionné 
pour  l'eau-de-vie  de  genièvre,  l'eau-de-vie 
ou  le  wiski.  Vainement  il  s'est  formé  des 
associations  pour  détruire  ces  passions  mal- 
heureuses ;  que  peu\  eut  des  elforis  séparés 
contre  des  institutions  aussi  riches,  aussi 
multipliées,  aussi  étendues  et  aussi  immo-| 
raies  que  celle  de  la  taxe  des  pauvres?       > 

C'est  surtout  après  avoir  reçu  leurs  se- 
cours de  la  semaine  que  les  familles  de 
mendiants  se  rendent  dans  les  tavernes  5 
vieillards  et  enfants,  tout  le  monde  s' enivr^ 
et  souvent,  peu  d'instants  après  avoir  reçu 
ces  abondantes  aumônes,  ils  n'ont  aucune 
ressource,  et  ils  vouent  le  reste  de  la  se- 
maine au  petit  vol  ou  à  la  souffrance. 

C'est  dans  ces  tavernes ,  c'est  dans  les 


255 

maisons  de  prosttmtîon  que  se  décident 
tous  les  plans  de  braconnage,  de  maraude, 
d'assassinats.  Il  se  forme  aussi ,  dans  ces 
lieux,  des  espèces  de  clubs  de  mendiants- 
où  chacun  i)orie  ses  plaintes.  On  y  désigne 
sous  des  noms  infrimes  l'administrateur 
économe  qui  voudrait  réduire  les  aumônes, 
on  cherche  les  moyens  de  l'épouvanter  ou 
de  le  punir,  et  c'est  de  ces  clubs  clandes- 
tins que  partent  pour  l'ordinaire  ces  nom- 
breux incendiaires  qui,  depuis  quelques 
années,  anéantissent  l'agriculture  de  l'An- 
gleterre. 

Les  incendies  sont,  dans  le  moment  ac- 
tuel, plus  multipliés  que  jamais.  Il  y  en  a  eu 
deux  cent  soixûnte-dix  dans  le  comté  de 
Usfolk  depuis  le  commencement  de  novem- 
bre, trois  par  jour  pendant  trois  mois;  ils 
occasionnent  de  si  grands  ravages  dans  ce 
comté  que  les  propriétaires  ont  promis, 
par  souscription,  une  somme  de  575  gui- 
nées  à  celui  qui  dénoncerait  un  incendiaire. 

Cette  offre  a  servi  à  faire  mettre  le  feu  aux 
fermes  des  principaux  souscripteurs. 

Enfin,  les  dévastations  qu'occasionnent 
ces  malheurs  sont  si  fatales  que  plusieurs 
journaux  ont  proposé  d'employer  à  pour- 
suivre les  incendiaires  l'espèce  de  chien 
dont  on  fait  usage  en  Amérique  pour  pour- 
suivre les  nègres  déserteurs;  on  sait  que 
ces  chiens  suivent  parfaitement  la  piste  et 
ne  se  laissent  jamais  tromper,  mais  ils  dé- 
vorent leurs  ennemis  lorsqu'ils  les  ren- 
contrent. 

Enfin,  ce  qu'il  y  a  de  plus  affreux  dans 
la  position  où  se  trouve  1  Angleterre,  c'est 
qu  il  lui  est  presque  impossible  de  reculer 
et  d'abandonner  la  route  dangereuse  qu'elle 
a  commencé  à  parcourir. 

Supprimez  un  instant,  par  la  pensée,  la 
taxe  des  pauvres,  et  voyez  ces  quatre  mil- 
lions d'individus  que  cette  taxe  nourrit, se 
répandant  dans  la  campagne,  mourant  de 
faim,  pillant  et  dévastant  tout. 

Ces  hommes,  n'ayant  rien  à  perdre,  se 
porteraient  aux  plus  grands  excès,  et  Lon- 
dres et  Liverpool  ne  seraient  bientôt  plus 
qu'un  monceau  de  cendres. 

Tel  est  le  résultat  de  l'enquête  qui  a  été 
faite.  Jérémie  Bentham  reproche  au  parle- 
ment d'Angleterre  de  faire  faire  sans  cesse 
des  enquêtes  pour  constater  des  faits  qui 
ne  sont  que  trop  avérés,  et  de  ne  plus  s'oc- 
cuper ensuite  de  guérir  la  plaie  dont  on  a 
sondé  la  profondeur. 

Ce  qui  prouve  que  c'est  au  système  fa- 
tal de  la  taxe  des  pauvres  que  l'Angleterre 
doit  celte  masse  énorme  di-  mendiants  qui 
la  dévorent,  c'est  que  dans  les  États-Unis 
cette  même  loi  a  produit  des  effets  à  peu 


256 

près  semblables  ;  les  pauvres,  qui  ne  coû- 
taient dans    l'État  de  New  -  York  que , 
245,000  dollars   en    1815,  en  coûtaient; 
470,000  en  1822.       •  .-.-.k,       ^  1 

C'est-à-dire  que  celte  dépense  avait  dou-  { 
blé  dans  l'espace  de  sept  ans.     .  •  | 

On  observait  la  même  cbose  dans  le  \ 
Hampshire,  et  l'on  voyait  que  les  pauvres,  | 
qui  n'avaient  coûté  que  170,000  dollars 
en  1800,  en  coûtaient  ^0,000  en  1820,  c'est- 
à-dire  que  la  dépense  était  presque  cinq 
fois  plus  considérable.  De  tous  ces  faits,  le 
publicistepcut  conclure  que,  de  tous  les 
établissements  qu'on  a  pu  former  jusqu'à 
ce  jour,  celui  de  la  taxe  des  pauvres  est  le 
plus  vicieux  et  le  plus  nuisible  à  l'bomme; 
qu'il  trouble  complètement  l'ordre  so- 
cial, et  que,  semblable  aux  bôpitaux  trop 
nombreux  de  Constantin,  loin  d'être  utile  à 
rimmanité  il  a  déversé  de  grands  malbeurs 
sur  la  société. 

Nos  secours  à  domicile  ressemblent 
beaucoup  à  la  taxe  des  pauvres,  mais 
comme  ces  secours  sont  distribués  avec 
moins  de  profusion,  comme  on  peut  les  ob- 
tenir sans  être  dans  un  dénûment  complet, 
ils  ne  font  jamais  autant  de  mal  que  les  se- 
cours distribués  en  Angleterre;  peut-être 
même  sont-ils  quelquefois  utiles  à  la  vieil- 
lesse et  à  l'infortune.  Kappelons-nous  ce- 
pendant en  les  distribuant  que  la  paresse 
est  la  plus  puissante  de  toutes  nos  passions, 
ainsi  que  le  dit  M.  de  La  lîocbefoucauld, 
que  c'est  aussi  la  plus  nuisible  à  l'bomme, 
et  qu'en  voulant  secourir  le  malheur  il  faut 
bien  prendre  garde  de  ne  pas  encourager 
l'oisiveté. 

La  situation  difficile,  je  dirai  presque 
alarmante,  où  se  trouve  l'Angleterre,  a 
attiré  l'attention  de  presque  toutes  les  na- 
tions. Les  Hollandais,  ])our  remédier  au 
paupérisme,  ont  formé  dos  colonies  agri- 
coles ;  ces  établissfmenta  méritent  très  cer- 
tainement d'être  connus. 

Il  se  forma  à  La  Haye,  en  1818,  une  so- 
ciété destinée  à  créer  des  colonies  agrico- 
les; une  association  semblable  a  été  fondée 
depuis  en  Belgique;  ces  deux  établissements 
sont  à  peu  j)rès  basés  sur  les  même.s  prin- 
cipes. 

Comme  il  était  nécessaire  de  posséder  des 
fonds  considérables  ])our  acheter  les  terres 
que  l'on  voulait  donner  à  cultiver,  les  fon- 
dateurs de  ces  caisses  ont  ouvert  des  sous- 
criptions où  tout  citoyen  peut  se  faire  ins- 
crire pour  la  somme  qu'il  veut  donner,  et 
chacun  a  des  droits  en  raison  de  la  remise 
]u'il  a  faite. 

Celui  qui  donne  3  florins(6fr.  12  cent.) 
est  membre  de  cette  association,  et  il  con- 


court, à  ce  titre,  à  la  direction  des  affaires 
et  à  la  nomination  des  administrateurs. 

Ceux  qui  donnent  3,376  fr.  une  fois 
payés  ont  le  droit  de  désigner  la  famille 
pauvre  qu'ils  veulent  faire  admettre  dans 
les  portions  de  terre  que  l'on  distribue. 

Le  même  droit  est  accordé  à  celui  qui, 
pendant  16  ans,  paie,  pour  chacun  des  pau- 
vres qu'il  veut  placer  dans  rétablissement, 
48  fr.  40  cent. 

A  l'aide  des  fonds  que  ces  sociétaires  ont 
fournis  ou  fournissent  de  cette  manière, 
on  a  acheté  des  terres  pour  les  distribuer 
entre  les  nouveaux  colons,  à  raison  de  trois 
hectares  par  famille.  Cette  famille  doit  être 
composée  à  peu  près  de  huit  individus. 

Les  terres  ne  sont  pas  d'une  très  grande 
valeur  primitive,  mais  elles  sont  défrichées 
et  prêtes  à  être  ensemencées  ;  on  estime  les 
trois  hectares  à  2,743  fr. 

On  fournit  de  plus,  à  chacun  de  ces  co- 
lons, les  grains  qui  leur  sont  nécessaires 
pour  se  nourrir  et  ensemencer  leurs  terres, 
les  outils  et  les  animaux  qui  peuvent  leur 
êtreutiles,enun  mot,  tout  ce  qu'illeur  faut 
pour  faire  prospérer  leur  exploitation.  On 
lient  compte  de  toutes  les  avances,  et  l'on 
retient  sur  leur  récolte ,  chaque  année , 
une  portion  assez  considérable  pour  rem- 
bourser dans  16  ans  tout  le  capital  qu'on 
leur  a  fourni.  A^u  bout  de  ces  16  années,  le 
colon  ayant  un  ménage  monté,  des  instru- 
ments aratoires,,  sa  récolte,  les  grains  qui 
lui  sont  nécessaires  pour  ensemencer  ses 
terres,  est  dans  le  même  cas  qu'un  fermiet 
ordinaire,  et  peut  marcher  assez  rapide- 
ment vers  la  fortune,  s'il  est  sage  et  labo- 
rieux. 

Les  colonies  agricoles  ont  le  grand  in- 
convénient de  demander  dos  capitaux  très 
considéraiîlespour  être  établies;  il  a  fallu, 
comme  on  peut  s'en  assurer,  près  de  trois 
millions  pour  créer  celles  de  Hollande,  qui 
n'ont  cependant  été  encore  utiles  qu'à  neuf 
mille  personnes.  Avec  le  tiers  de  cette 
somme,  on  peut  établir  des  caisses  de  pré- 
voyance dans  toutes  les  petites  villes  de 
l''rance,  et  ramener  ainsi  dans  très  peu  de 
temps  à  l'aisance,  à  l'économie  et  au  bon- 
bem-,  jilusieurs  millions  d'individus. 

D'ailleurs  la  culture  des  terres,  pour  être 
productive,  demande  de  l'activité,  des  ta- 
lents pralicpaes  qu'il  est  bien  rare  de  trou- 
ver chez  le  mendiant  paresseux  ;  il  est  donc 
bien  à  craindre  que  l)eaucoup  de  ces  nou- 
veaux colons  consonnneront,  sans  aucun 
bénéfice,  toutes  les  avances  qu'on  leur  fera, 
et  que  la  société  de  La  Haye  éprouvera  !)eau  - 
coup  do  banqueroutes  et  de  non-valeurs. 

•  Le  temps  a,  comme  oa  le  voit,  besoin  de 


justifier  ces  institutions,  et  il  est  à  croire 
qu'elles  n'égaleront  jamais,  par  leurs  ré- 
sultats avantageux,  les  caisses  de  pré- 
voyance. 

Après  avoir  examiné  toutes  les  grandes 
mesures  prises  jusqu'à  ce  jour  pour  dimi- 
nuer le  paupérisme,  jetons  un  coup  d'oeil 
sur  les  moyens  partiels  employés  pour  se- 
courir l'humanité. 

Les  monts-de-piélé  ,  qui  furent  éta- 
blis dans  Paris  en  1777,  nous  viennent 
d'Italie. 

Dans  ces  établissements  on  prOte  sur 
gage  aux  malheureux  ;  on  rend  quelque- 
fois service  à  l'infortune,  mais  plus  souvent 
encore  le  joueur  et  le  débauché  y  trouvent 
de  quoi  satisfaire  leurs  passions  criminel- 
les. Observons  que  la  caisse  de  prévoyance 
crée  des  richesses  au  pays,  le  mont-de- 
piété  les  détruit  ;  le  premier  favorise  l'éco- 
nomie et  l'amour  du  travail,  le  second  est 
presque  toujours  la  ressource  de  la  paresse, 
de  la  débauche  et  de  la  prodigalité. 

DES  MAIRES. 

Il  se  passe  en  ce  moment  quelque  chose 
de  bien  remarcmable  ;  plus  nous  allons,  plus 
augmente  la  difficulté  de  bien  remplir  les 
fonctions  de  maire.  Plus  le  fardeau  admi- 
nistratif devient  lourd,  et  plus  se  rétrécit 
le  cercle  dans  lequel  on  peut  choisir  les 
magistrats  municipaux.  Que  l'on  ne  s'y 
trompe  pas:  au  train  dont  vont  les  cho- 
ses, on  ne  rencontrera  bientôt  plus  de  ci- 
toyens qui  veuillent  se  dévouer  à  cette  pé- 
nible mission;  le  temps  deviendra  un  ob- 
stacle invincible. 

A  mesure  que  s'agrandissent  les  attribu- 
tions des  maires ,  en  raison  de  l'extension 
et  de  la  complication  des  affaires  de  la 
commune,  avec  les  mille  détails  qu'il  faut 
surveiller  sous  peine  de  laisser  en  souffrance 
de  graves  intérêts  publics  et  individuels,  au 
milieu  des  perfectionnements  progressifs 
apportés  à  la  machine  administrative,  le 
nombre  des  hommes  capables  de  suppor- 
ter un  pareil  fardeau  s'eclaircit  de  jour  en 
jour. 

Il  ne  s'agit  plus  en  effet  pour  un  maire 
d'être  une  griffe  à  signature,  de  se  renfer-  ! 
mer  étroitement  dans  les  actes  de  l'état  ci-  i 
vil,  et  de  venir,  aux  grands  jours,  s'étaler  ; 
avec  l'écharpe  municipale;  la  prospérité; 
de  la  France,  son  bien-être  dépendent  de| 
l'harmonie  de  cette  triple  base  sur  laquelle 
reposent  tous  ses  intérêts:   le  conseil  de  la 
commune ,  de  l'arrondissement,  du  dépar- 
tement. 

Or ,  comment  le  conseil  municipal ,  ce 


257 
premier  degré  de  la  hiérarchie  administra- 
tive, remplira-t-il  sa  mission  si  le  maire 
qui  le  préside  n'a  que  son  titre  pour  le  re- 
commander à  l'estime  des  conseillers;  si, 
dans  la  discussion,  il  n'apporte  pas  son  con- 
tingent d'idées,  et  au  besoin  la  supériorité 
de  vues  qui  résume  cette  discussion-  et 
concilie  toutes  les  opinions  flottantes  au 
nom  d'une  autorité  que  les  hommes  réunis 
ne  méconnaissent  jamais  :  l'autorité  de  la 
raison  et  du  bien  public. 

En  même  temps,  il  ne  faut  point  s'abu- 
ser; dans  les  villes  surtout,  les  fonctions 
municipales  réclament  tous  les  instants, 
toutes  les  pensées,  tous  les  soins  de  l'homme 
qui  les  accepte.  Impossible  de  concilier  ces 
fonctions  avec  les  opérations  d'un  com- 
merce ou  la  surveillance  qu'exige  une 
exploitation  agricole.  Il  est  difficile  de 
trouver  deshoramesde  loisir,  et ,  dans  la  so- 
ciété actuelle,  cette  espèce  d'hommes  de- 
vient sans  cesse  plusrav  e.  Le  vieux  préjuge 
qui  condamnait  a  l'oisiveté  les  classes  éle- 
vées, ou  les  parquait  dans  deux  carrières , 
ce  préjugé  a  disparu  devant  les  conquêtes 
progressives  de  l'industrie  et  devant  le* 
exigences  toujours  plus  grandes  du  luxe. 

Aujourd'hui,  il  y  a  lutte  et  rivalité  entre 
toutes  les  classes  ;  d'heure  en  heure  aug- 
mentent nos  besoins,  et  par  conséquent  nos 
dépenses.  INe  nous  en  plaignons  pas,  car 
ce  mouvement  constitue  la  vie  du  com- 
merce ;  laissons  à  de  petites  républiques, 
à  des  Eiats  primitifs  où  la  civilisation  se 
remue  à  peine,  laissons-leur  ces  lois  somp- 
tuaires  qui  n'ont  jamais  sauvé  les  sociétés 
vieillies;  trouvons  au  contraire  des  res- 
sources dans  le  travail  pour  récompenser 
ceux  qui  inventent  de  nouvelles  recher- 
ches, de  nouvelles  jouissances  de  confor- 
table e\  de  \\i\e. 

Mais  pour  puiser  ces  ressources  dans 
le  travail,  un  chef  de  famille  a  besoin 
d'une  application  constante,  soutenue  ; 
comment  vouloir  dès  lors  qu'il  se  ferme 
tout  avenir,  qu'il  se  déshérite  d'avance  en 
acceptant  les  fonctions  de  maire,  fonctions 
lionorables  .sans  doute,  bien  faites  pour 
flatter  son  orgueil,  mais  incompatibles  avec 
les  soins  incessants  que  réclame  sa  position 
personnelle? 

Prenons  tour  à  tour  un  exemple  dans 
les  différentes  professions  qui  peuvent 
nous  offrir  des  hommes  d'action  et  de  spé- 
cialité; nous  donnerons  à  notre  idée  une 
irrécusable  autorité,  l'autorité  des  faits. 

Et  d'abord,  pour  commencer  par  le  pre- 
mier des  états,  par  celui  qui  fait  la  vérita- 
ble richesse  du  pays,  par  l'agriculture,  un 
propriétaire  ou  un  fermier  qui  s'occupe  ac- 


fivement  de  ses  iravanx  d'exploitation,  a- 
t-il  le  temps  de  surveiller,  de  diriger  les 
nombreux  ressorts  de  l'administration  mu- 
nicipale? 

Le  manuTricluricr  le  peut-il  davanlagc? 
Quelle  que  soit  sa  foriune  acquise,  il  a  des 
employés  qui  attendent  de  lui  le  mot  d'or- 
dre; il  faut  f;u'il  étudie  les  rapports  de  la 
production  et  de  la  consommation,  qu'il 
suive  les  progrès  des  sciences,  les  conquê- 
tes des  arls  mécaniques,  qu'il  connaisse 
les  modifications  apportées  aux  divers  sys- 
tèmes de  douanes  des  pays  où  existent 
des  marchés.  Arrachez-le  à  ses  ateliers  et 
à  ses  bureaux  pendant  une  partie  de  la 
journée,  vous  l'exposez  à  une  ruine  plus 
ou  moins  rapide;  que  deviennent  alors  les 
centaines  de  bras  qu'il  occupait?  Que  si  sa 
fortune  est  assez  considérable  pour  le  dis- 
penser de  toute  surveillance  intérieure, 
dont  il  se  repose  sur  des  associés  ou  des 
com.mis,  il  ne  se  confinera  point  dans  une 
ville  secondaire,  encore  moins  dans  une 
petite  ville  ;  des  voyages  à  l'étranger,  un 
séjour  d'hiver  à  Paris  le  ravirent  réguliè- 
rement à  son  pays  natal. 

Encore  plus  d'obstacles  pour  le  négo- 
ciant qui  spécule  sur  les  produits  du  sol  ou 
des  manufactures,  pour  le  banquier  qui  s'oc- 
cupe de  traites  et  de  négociations,  enfin 
pour  le  marchand  livré  aux  Innombrables 
liens  d'une  vente  au  détail. 

Restent  maintenant  les  professions  libé- 
rales, comme  on  est  convenu  de  les  appeler, 
notaire,  avocat,  médecin,  professeur;  mais 
le  notaire,  en  acceptant  des  fonctions  mu- 
nicipales ,  doit  commencer  par  vendre 
.son  étude  ;  mais  l'avocat  doit,  renoncer  à 
«nivre  les  audiences  du  palais;  mais  le  mé  • 
decin  ne  peut  plus  se  présenter  au  lit  des 
malades,  et  le  pri^fcsseur  abandonner  l'en- 
seij^'nement. 

INnus  avons  pourtant  besoin  de  maires; 
l'admirable  organisation  de  l'état  civil,  la 
j)lus  belle  conquête  de  la  révolution  de  1789, 
les  rend  indispensables.  Dans  quc^ls  rangs 
les  choisir? 

Le  bourgeois,  le  rentier,  l'homme  qui 
vit  sans  rien  faire,  dispensé  de  tout  souci 
par  le  riche  patrimoine  que  lui  ont  laissé 
ses  aïeux,  ou  bien  satisfait  de  sa  médiocrité 
et  étranger  à  tout  calcul  d'ambition,  cet 
homme  n'existe  prescjuc  plus  dans  nos 
mœurs;  c'est  un  type  qui  ilnira  par  dispa- 
raître. La  haute  aristocratie  elle-même 
prend  part  au  mouvement  d'action  qui 
emporte  toute  notre  société  vers  une  ère 
meilleure,  résultat  du  travail  on^anisé 
sur  une  gigantesque  échelle  qui  tend  a  nous 
assimiler  de  plus  en  plus  à  une  association 


de  castors,  à  une  ruche  d'abeilles.  L'inté- 
rêt général  ne  doit  point,  ne  peut  plus 
écraser  l'intérêt  particulier,  comme  dans 
les  républiques  antiques,  où  l'État  confis- 
quait le  citoyen  à  son  profit.  Comment 
donc  concilier  ^les  besoins  de  l'administra- 
tion municipale  avec  les  exigences  de  nos 
destinées  individuelles? 

Par  un  moyen  bien  simple  :  en  rétribuant 
les  maires,  en  imposant  à  chaque  candi- 
dat des  études  préalables,  des  notions  de 
droit  administratif,  en  ouvrant  ainsi  une 
carrière  et  un  avenir  à  des  milliers  de  ca- 
pacités qui  souffrent,  qui  s'étiolent  et  qui 
quelquefois  conspirent  contre  la  société, 
faute  de  trouver  leur  part  d'air  et  de  soJeil. 

On  objectera  aussitôt  les  charges  du 
budget,  et  l'on  se  récriera  contre  une  inno- 
vation qui  tendrait  à  ajouter  bénévolement 
trente  ou  quarante  millions  au  chiffre  de 
nos  dé[)enses. 

Il  nous  semble  que  ce  soin  ne  concerne 
nullement  le  budget  de  l'Etat  ^  laissez-en  le 
fardeau  à  chaque  commune,  il  ne  sera  pas 
même  nécessaire  de  créer  des  centimes  ad- 
ditionnels. Ne  changeons  rien  pour  cela 
aux  formes  adoptées  par  la  loi,  aux  condi- 
tions d'élection  imposées  aux  conseillers 
de  la  commune;  nous  aurons  ainsi  une  dou- 
ble garantie  ;  celle  des  suffrages,  et  les 
connaissances,  premier  titre  des  candidats. 

On  comprend  alors  qu'un  maire  sera 
toujours  à  la  hauteur  de  sa  mission,  et  qu'il 
apportera  sa  part  active  au  développement 
de  la  commune  qui  se  confie  à  sa  sa- 
gesse, à  ses  lumières,  à  son  intégrité.  Yous 
n'aurez  plus  de  luttes  dangereuses,  de  con- 
lliis  funestes;  dans  les  villes  on  obtiendra 
de  fortes  réductions  sur  les  frais  d'étai-ma- 
jor  ;^  et  la  marche  rapide  imprimée  à  tou- 
tes les  brandies  de  l'administration  com- 
pensera amplement  la  modi(«juc  dépense 
imposée  à  chaque  localité. 

Nou;^  reconnaissons  tout  ce  qu'il  y  a  de 
généreux,  de  sacré  dans  l'amour  du  pays, 
dans  le  dévouement  à  la  chose  publique  ; 
mais  nous  ne  concevons  do  bien  possible 
et  durable  que  par  l'harmonieuse  fusion 
des  devoirs  du  cito\  en  et  des  intérêts  de 
l'individu.  Toute  organisation  qui  n'amè- 
nera point  cette  fusion,  cet  ensemble,  nuira 
forcément  au  but  que  doivent  se  pjpoposcr 
les  gouvernements  éclairés,  le  bonheur  de 
tous  et  de  chacun.  Une  amélioration  qui 
froisserait  injustement  un  seul  intérêt  ne 
serait  plus  pour  nous  une  amélioration 
réelle,  un  progrès  dans  le  présent  une  con- 
quête pour  l'avenir. 


259 


REPEPtT^DKRE   B03I  ESTiaUE. 


I.  ÉDUCATION  DE  L'ENFANCE. -11.  MORALE  ET  BIEN-ÊTRE  DES  FAMILLES. — 
III.  ÉCONOMIE  USUELLE. 


nouvelles  lampes  dites  lampes  a  fond 

tournaat(I). 

Il  n'y  a  pas  de  maisons  de  riches  ou  d'é- 
t-Ablissements  de  coniQierce,  ou  d'industrie 
un  peu  considérable,  qui  ne  fass^-aU  usage 
de  lampes  ;  mais  leur  usage  serait  encore 
bien  plus  étendu  et  auraU  remplacé  depuis 
longtemps  les  chandelles  dans  la  province 
et  les  bougies  dans  les  grandes  villes,  si 

fiartout  on  ne  se  plaignait  avec  raison  de 
a  mauvaise  odeur,  de  la  fumée  et  de  la 
flamme  rouge  et  louche  que  donnent  tou- 
tes les  lampes  en  général. 

La  lampe  dite  quinquet,  inventée  par  un 
physicien  très  ingénieux,  M.  Argant,  était 
sortie  assez  parfaite  des  mains  de  son  in- 
venteur ;  mais  des  hommes  dé  métier,  sans 
aucune  espèce  d'étud^'s  scientifiques  préa- 
bles,  et  seulement  d.ans  la  vue  de  repon- 
dre au  besoin  de  bon  marché  que  mani- 
feste sans  cesse  et  à  tue-fête  le  consomma- 
teur, ont  successivement  fait  tant  de  mo- 
difications et  d'additions  maladroites  à  la 
très  ingénieuse  conception  d'Argant  qu'ils 
ont  fini  par  où  l'on  aurait  du  commencer, 
c'est-à-dire  par  rendre  les  lampes  d'Argant 
toujours  plus  mauvaises,  et  cela  est  arrivé 
à  un  tel  point  que  la  lampe  dite  sinombre, 
avec  son  bec  en  cuivre  s  anneau,  qui  est 
la  plus  répandue,  est  devenue  d'un  usage 
intolérable,  sa  lumière  s'obscurcissant  pen- 
dant la  soirée  jusqu'au  point  de  ne  plus 
donner,  au  bout  de  quelques  heures  de  ser- 
vice, qu'une  fumée  rougeâtre,  sale  et 
puante. 

Longtemps  après  l'invention  d'Argant, 
M.  Carcel,  horloger,  imagina  de  faire  mou- 
voir des  pompes  par  un  mouvement  d'iior- 
logc,  en  sorte  qu'en  plaçant  ce  mouve- 
vement  d'horloge  armé  de  ses  pompes  dans 
le  pied  de  la  lampe,  au  milieu  d'un  réser- 
voir d'huile,  il  faisaitmonter  l'huiieaubord 
du  bec  avec  une  telle  alyondance  qu'il  fut 
obligé  de  sortir  la- mèche  de  plusieurs  li- 
gnes pour  empêcher  que  la  flamme  ne  fut 
noyée  ;  alors,  procédai^t  par  tâtonnements 
pour  éviter  cet  inconvénient,  il  éleva  tou-  j 

(1)  Rue  St-Honoré,  290  I 


jours  sa  mèche  hors  du  bec,  jusqu*à  ce  que 
faction  capillaire  qui  s'exerçait  entre  ses 
fibres  n'attirât  plus  que  la  quantité  d'huile 
nécessaire  pour  entretenir  une  belle  com- 
bustion. D'ailleurs  M.  Carcel  ne  s'occupa 
ni  de  la  perfection  du  verre  ni  de  celle  de 
la  mèche,  et  encore  moins  de  celle  du  bec, 
ou  plutôt  il  ne  s'en  occupa  que  d'une  ma- 
nière tout-à-fai-t  contraire  aux  principes 
d'une  saine  physique. 

La  lampe  à  mouvement  d'horloge  acquit 
cependant  une  grande  réputation,  qu'elle 
mérita  et  qu'elle  mérite  encore  à  beaucoup 
d'égards  ;  mais  elle  était  sujette  à  de  si 
grands  inconvénients,  surtout  par  rapport 
aux  réparations  qui  ne  pouvaient  se  faire 
qu'à  Paris  ou  dans  les  grandes  villes  de 
France,  que  l'usage  ne  put  pas  en  devenir  gé- 
néral. Elle  était  d'aillewrs,  par  suite  de  sa 
nature  comphquée,  d'un  prix  très  élevé, 
qui  n'en  permettait  l'acquisition  qu'aux 
personnes  riches. 

Il  fut  donc  nécessaire  que  la  grande  classe 
des  fortunes  médiocres,  et  celle  plus  grande 
encore  des  ouvriers,  se  contentassent  des 
lampes  rendues  mauvaises  par  les  additions 
successives  que  les  ferblantiers-lampistes 
avaient  apportées  à  l'ingénieuse  concep- 
tion d'Argant,  dans  le  but  de  mettre  ce 
mode  d'éclairage  à  bon  marché.  Il  faut 
convenir  que  ces  ferblantiers-lampistes  ont 
atteint  ce  but  du  bon  marché  avec  un  rare 
succès  ;  aussi  sont-ils  arrivés  à  vendre  des 
lampes  qui  nesont  plus  réellement  des  lam- 
pes, mais  des  apparences  de  lampes. 

Depuis  quelques  années,  plusieurs  hom- 
mes instruits,  parmi  lesquels  on  compte 
des  élèves  de  l'Ecole  polytechnique,  frappés 
des  inconvénients  de  la  lampe  Carcel,  ont 
cherché  à  substituer  au  mouvement  d'hor- 
loge des  combinaisons  plus  simples  et  moins 
coûteuses,  soit  en  se  servant  d'un  liquide 
plus  lourd  que  l'huile,  soit  en  employant 
un  réservoir  d'air  comprimé.  Les  mêmes 
solutions  ont  été  étudiées  en  Angleterre  par 
des  physiciens  ingénieux  ;  mais  aucun  n'est 
arrivé  à  faire  un  niveau  mathématique- 
ment constant,  ce  qui  est  pourtant  absolu- 
ment indispensable  ;  aucun  même  n'a  fait 
une  sérieuse  attention  à  l'ingénieuse  ap- 


260 

plication  qu'avait  faite  Argant  de  la  loi  du 
baromètre  à  ses  lampes,  comme  distribu- 
teur d'huile.  Ils  avaient  encore  fait  moins 
d'attention  au  bec  à  double  courant  d'air, 
si  heureusement  conçu  par  Argant ,  pour 
opérer  une  belle  combustion  qui  convertit 
la  totalité  de  Thuile  en  lumière. 

Quant  à  Argant,  il  est  peut-être  utile  de 
dire  ici  qu'il  ivavait  pas  vu  toute  l'impor- 
tance de  sa  conception,  et  qu'en  la  ven- 
dant pour  une  somme  très  minime  à  M. 
Quinquet,  épicier  à  Paris,  dans  le  marché 
des  Innocents,  il  avait  exposé  la  pensée  de 
sa  lampe  aux  détériorations  sans  nombre 
qu'apporte  l'avidité  mercantile  dans  toutes 
les  opérations  dont  elle  s'empare.  Si  Argant 
eût  vu  de  suite  qu'une  bonne  lampe  est  le 
vrai  soleil  de  nuit  et  qu'elle  est  de  première 
nécessité  depuis  le  pôle,  où  la  nuit  surpasse 
de  beaucoup  le  jour  en  longueur,  jusqu'à 
l'équateur,  où  les  nuits  sont  égales  aux 
jours,  et  qu'elle  ne  l'est  pas  moins  dans  nos 
pays  peuplés  du  centre  de  l'Europe,  où  les 
habitudes  sociales  nous  font  faire  presque 
partout  du  jour  la  nuit,  il  n'y  a  pas  de 
doute  que,  voyant  son  invention  sous  le 
point  de  vue  de  haute  et  immense  impor- 
tance qu'elle  a  réellement,  il  en  eût  con- 
servé le  monopole  par  un  brevet  et  eût  ap- 
porté de  suite  tous  les  perfectionnements 
que  la  cupidité  mercantile  et  la  lésinerie  des 
consommateurs  ont  retardés  jusqu'à  nos 
jours.  11  faut  pourtant  que  les  consomma- 
teurs apprennent  enfin  que  l'intelligence, 
éclairée  par  la  science,  a  une  valeur,  et 
qa'."ls  se  déterminent  à  comprendre  que  la 
loi  du  bon  marché,  poussée  jusqu'à  dé- 
truire la  fin'qu'on  se  propose,  et  elle  le  fait 
presque  toujours,  est  la  loi  des  sots,  et  que 
rien  ne  révolte  plus  un  homme  intelligent, 
qui  sait  tout  ce  qu'il  faut  de  qualités  dans 
l'esprit  et  de  connaissances  positives  pour 
l'aire  quelque  chose  de  réellement  bien,  que 
la  pensée  de  se  soumettre  à  cette  loi  du  bon 
marché  que  nous  venons  d'appeler  la  loi 
des  sots.  Car  il  est  évident  ici  qu'Argant 
n'a  livré  son  invention  à  Quinquet,  clans 
un  état  encore  d'enfance,  que  parce  qu'il 
savait  très  bien  qu'il  n.'en  retirerait  ni  pro- 
fit ni  honneur,  et  malheureusement  cette 
réflexion  s'applique  à  toutes  les  autres  in- 
ventions, sans  aucune  exception,  et  en  est 
la  seule  histoire. 

Revenant  à  la  lampe  d'Argant,  les  hom- 
mes instruits  et  ingénieux  qui  s'en  sont 
occupés  en  France  et  en  Angleterre  de- 
puis quelques  années  ont  tous  fait  fausse 
route,  en  négligeant  d'étudier  l'esprit  de 
l'invention  primitive  pour  ne  s'appliquer 
qu'à  remplacer ,  par  un  moyen  plus  sim- 


ple ,  le  mouvement  d'horloge  de  Carcel  ; 
car  ce  n'est  pas  là  le  point  essentiel  en 
matière  de  lumière ,  encore  qu'il  soit  utile 
et  agréable,  en  quelques  cas, 'd'avoir  le 
réservoir  d'huile  placé  au-dessous  de  la  lu- 
mière. Mais  les  cas  les  plus  nombreux 
étant  ceux  qui  se  rapportent  à  l'éclairage 
des  fabriques  et  delà  classe  ouvrière,  la 
lampe  d'Argant  perfectionnée  devient  ici 
seule  importante,  et  c'est  à  cette  difficulté 
que  se  rapporte  principalement  la  lampe 
dite  lampe  à  fond  tournant ,  encore  qu'elle 
résolve  toutes  les  autres.  L'inventeur  de 
cette  lampe  s'étantdonc  occupé  de  la  lampe 
d'Argant  avec  une  connaissance  approfon- 
die de  tous  les  genres  de  besoins  ,  s'est  ap- 
pliqué à  répondre  à  tous ,  en  sorte  qu'il  a 
établi  :  1"  une  lampe  pour  les  classes  ri- 
ches, dont  le  niveau  est  mathématique- 
ment le  même  pendant  toute  la  durée  de 
la  plus  longue  soirée ,  bien  que  le  réser-  ' 
voir  d'huile  soit  placé  au-dessous  du  bec , 
et  ce  résultat  s'obtient  sans  nuire  en  au- 
cune manière  à  la  beauté  et  à  la  pureté  de 
la  forme.  Ce  problème,  résolu  en  partie 
par  Carcel  au  moyen  d'un  mouvement 
d'horloge  avec  tous  les  inconvénients  qui 
l'accompagnent  nécessairement,  l'a  été  ici 
rigoureusement  au  moyen  d'un  simple  res- 
sort d'air  comprime  dont  on  a  su  régula- 
riser l'action  par  un  artifice  très  simple  et 
très  solide  ;  2»  reprenant  la  loi  du  baromè- 
tre si  ingénieusement  appliquée  à  sa  lampe 
par  Argant ,  l'inventeur  de  la  lampe  à 
fond  tournant  l'a  transformée  de  diffé- 
rentes manières ,  afin  de  la  rendre  appli- 
cable à  tous  les  systèmes  de  lampes  qui 
peuvent  devenir  successivement  néces- 
saires à  la  grande  consommation  ;  3"  re- 
prenant aussi  le  bec  à  double  courant  d'air 
d'Argant ,  l'auteur  delà  lampe  à  fond  tour- 
nant s'est  uni  à  l'esprit  de  son  inventeur, 
et  il  l'a  perfectionnée  de  telle  sorte ,  au 
moyen  du  fond  tournant,  qu'aujourd'hui 
ce  bec ,  seul  capable  de  faire  une  bonne 
lampe ,  paraît  arrivé  à  sa  plus  haute  per- 
fection ,  tant  il  est  simple ,  solide  et  d'un 
usage  commode  et  facile  ;  4°  étudiant  en- 
suite la  mèche ,  on  a  trouvé  les  vraies 
conditions  qui  déterminent ,  par  la  capil- 
larité qui  s'y  exerce,  l'huile  a  s'élever  de 
la  manière  la  plus  propre  à  favoriser  une 
combustion  parfaite ,  c'est-à-dire  toute  lu- 
mineuse et  sans  odeur  ni  fumée  ;  5»  arri- 
vant enfin  à  la  cheminée  ou  verre,  la 
forme  en  a  été  modifiée  et  perfectionnée 
dans  ce  nouveau  système  d'éclairage  avec 
un  tel  l)onheur  que  maintenant  la  lumière, 
non-seulement  n'est  plus  brisée  et  réfractée 
d'une  manière  désagréable  dans  le  point 


^e  son  émission  ,  mais  encore  qu'il  est  on' 
ne  peut  plus  facile  ,  en  élevant  ou  en  abais- 
sant le  verre ,  d'augmenter  ou  de  dimi- 
nuer le  courant  d'air  qui  environne  la 
flamme ,  ce  qui  en  règle  rintensité  au  de- 
gré où  on  veut  la  fixer. 

Toutes  ces  conditions  réunies  donnent 
une  lumière  pure,  blanche,  transparente 
et  du  rayonnement  le  plus  étendu  et  le 

f)lus énergique;  et  ces  qualités  si  essenliel- 
es,  elle  les  conserve  dans  toute  leur  supé- 
riorité et  absolument  pendant  tout  le  temps 
qu'elle  est  allumée,  quelque  long  qu'il  soit. 

Quant  à  la  solidité  de  toute  cette  instal- 
lation, elle  est  telle  que  Ton  peut  dire  avec 
assurance  qu'une  lampe  à  tond  tournant  est 
une  lampe  pour  la  vie  de  celui  qui  l'achète 
et  pour  celle  de  ses  héritiers  ;  et  comme  cette 
lampe  se  démonte  dans  toutes  ses  parties, 
il  n'est  jamaisutile  d'avoir  recours  au  lam- 
piste pour  la  nettoyer  à  fond  ;  ainsi  elle 
n'entraîne  que  les  frais  de  première  acqui- 
sition, dans  lesquels  on  rentre  dans  moins 
de  la  moitié  de  l'année ,  par  une  consé- 
quence nécessaire  de  la  beauté  de  sa  lu- 
mière et  de  l'étendue  de  son  rayonnement. 

En  ce  (|ui  concerne  la  quantité  d'huile 
brûlée ,  elle  est  nécessairement  moindre 
que  dans  toutes  les  autres,  les  dimensions 
étant  égales,  puisque  l'on  transforn^e  en 
lumière  tout  ce  qui  s'échappe  des  autres 
en  fumée  :  elle  est  d'ailleurs  aussi  petite 
qu'on  le  veut,  attendu  la  division  des  becs 
en  quatre  calibres  consommant  chacun  à 
peu  près  moitié  moins  l'un  que  l'autre: 
c'est-à-dire,  le  premier  ou  plus  grand,  par 
heure,  une  once  trois  gros;  le  second,  une 
once  juste  ;  le  troisième,  six  gros,  et  le  qua- 
trième ou  le  plus  petit,  trois  gros  et  demi 
au  plus,  ce  qui  rend  le  prix  de  l'huile  que 
ce  dernier  bec  consomme  à  peu  près  le 
même  que  celui  d'une  chandelle  des  huit 
à  la  livre;  et  cependant  ce  petit  bec  éclaire 
au  moins  comme  quatre  de  ces  chandelles, 
et  encore  d'une  lumière  beaucoup  plus 
blanche  et  plus  franche,  et  par  là  même 
plus  agréable  et  infiniment  moins  fatigante 

f)Our  les  yeux.  Ainsi,  au  moyen  de  cette 
ampe,  toute  l'huile,  par  suite  d'une  com- 
bustion parfaite,  est  réduite  en  une  lu- 
mière d'un  rayonnement  très  énergique  et 
immense,  et  peut  encore,  au  moyen  des 
quatre  divisions  de  calibre,  s'appliquer 
à  tous  les  systèmes  d'économie  que  l'on 
veut  réaliser  chez  soi,  sans  pour  cela  ces- 
ser de  donner  un  éclairage  si  supérieur 
à  tous  les  autres,  bougies  ,  chandelles , 
anciennes  lampes,  gaz  hydrogène ,  etc., 
qu'il  n'est  plus  possible  de  supporter  ces 
anciens  modes  a'éclairagc  lorsqu'on  les 


2Qi 
met  en  présence  du  nouveau  qui  est  offert 
ici. 

Ces  becs  ont  encore  l'avantage  de  pou- 
voir être  adaptés  à  la  plupart  des  vieilles 
lampes  et  de  leur  donner  de  suite  toute  la 
perfection  de  lumière  que  l'on  pourrait 
obtenir  en  achetant  une  lampe  neuve  de 
ce  système. 

Nous  ne  parlons  pas  ici  du  gaz  hydro- 
gène, dont  la  lumière  ,  blanche  il  est  vrai 
quand  on  la  regarde  en  face,  est  trem- 
blante et  tellement  dépourvue  d'énergie 
rayonnante  qu'elle  est  presque  sans  elfet 
à  quelques  pas  de  son  foyer.  Les  autres  in- 
convénients du  gaz,  et  quelques-uns  de 
ses  avantages  incontestables,  sont  d'ail- 
leurs appréciés  par  les  esprits  sages  et  con- 
sciencieux qui  ne  se  laissent  point  aveugler 
par  leur  intérêt  personnel  ;  et  d'un  autre 
côté,  les  nombreuses  applications  qui  en 
ont  été  faites  ont  mis  tous  les  consomma- 
teurs à  même  de  former  leur  opinion  à  ce 
sujet,  et  tout  ce  que  l'on  pourrait  dire  pour 
ou  contre  étant  su  de  tout  le  monde  de- 
viendrait inutile  à  répéter  ici. 

INFLUENCE    DE    l'eXERCICE  DU    CHEVAL 
SUR  LES    DIVERS  TEMPÉRAMENTS. 

L'équitation  ,  pour  la  grande  majorité 
des  hommes  ,  est  un  délassement  délicieux, 
mais  plus  ou  moins  bien  supporté  par  cha- 
que individu  ,  en  raison  de  sa  constitution 
et  de  son  tempérament.  Nous  avons  tou- 
jours vu  les  hommes  sanguins ,  pléthori- 
ques ,  à  large  poitrine ,  chez  lesquels 
l'hématose  se  fait  puissamment ,  retirer  de 
l'exercice  du  cheval  les  meilleurs  effets. 
Pour  les  individus  ainsi  constitU;fs,  libre  à 
eux  de  choisir  le  genre  d'allure  qui  leut 
plaira  le  plus,  les  chevaux  qu'ils  veulent 
monter  ,  et  l'heure  du  jour  à  laquelle  i!s 
doivent  se  livrer  à  l'équitation. 

Les  tempéraments  nerveux  éprouveront 
un  stiinulus  qui  contribuera  à  faire  dimi- 
nuer l'irritabilité  à  laquelle  ils  sont  sujets. 

C'est  surtout  aux  enfants,  aux  femmes  , 
et  en  général  à  tous  les  individus  d'un  tem- 
pérament Ivmphatique  et  rachitique  ,  que 
nous  conseillerons  : 

le  De  s'astreindre  à  telles  précautions 
que  le  médecin  pourra  modifier  en  exa- 
minant la  maladie  ;  2°  et  de  suivre  tels 
préceptes,  qui  varieront  en  raison  de  l'in- 
dividualité de  chacun  ,  mais  qu'il  nous  est 
par  conséquent  impossible  de  formuler  ici 
d'une  manière  générale.  Si  nous  disions,  en 
effet,  qu'il  ne  peuvent  supporter  ,  sans  en 
être  incommodés,  une  allure  saccadée, 
brusque  et  précipitée,  nous  avancerions 


un  fait  exact;  et  cependant  nous  devrions 
de  suite,  pour  ne  pas  sortir  du  cercle  de 
la  vérité,  ajouter  qu'il  existe  des  excep- 
tions. 

Le  pa?  et  le  petit  trot  seront  les  allures 
choisies  par  l'homme  d'un  tempérament 
épatique.  Nous  croyons  pouvoir  avancer 
que  tous,  ou  presque  tous  les  individus 
de  ce  tempérament ,  retireront  de  l'exer- 
cice du  cheval  les  meilleurs  effets. 

En  Angleterre,  par  exemple,  ou  les  tem- 
péraments hépatiques  et  hilieux  prédomi- 
nent ,  l'exercice  du  cheval  est  considéré . 
par  les  médecins  du  pays,  comme  un 
moyen  thérapeutique  de  la  j^lus  grande 
puissance.  L'observateur  intelligent  trou- 
vera peut-être ,  dans  cette  considération  , 
l'origine  du  goût  de  tous  les  Anglais  pour 
l'équitation. 

RÉSUMÉ.  —  Sous  le  rapport  liygiénique, 
l'exercice  du  cheval,  mal  dirigé,  peut  rom- 
pre l'équilibre  entre  les  diverses  fonctions 
organiques ,  par  conséquent  faire  naître 
des  maladies  ;  mais ,  sagement  conduit ,  il 
peut  au  contraire  devenir  up  excellent 
moyen  de  guérison  ;  exemple  :  nous  avons 
vu  souvent  de  jeunes  militaires,  dans  l'im- 
possibilité de  pouvoir  supporter  le  trot  du 
cheval  qui  leur  était  échu  par  le  hasard  , 
demander,  comme  grâce ,  de  changer 
d'arme  ,  être  forcés  d'entrer  dans  l'infan- 
terie ,  même  parfois  obtenir  un  congé  dé- 
finitif, et  ces  mêmes  hommes,  plus  tard , 
rentrés  dans  la  vie  civile  et  libres  alors 

au'ils  étaient  de  choisir  un  cheval  à  allure 
ouce,  devenir  d'infatigables  cavaliers. 

MALADIES    OU    l'eXÊRCICE    DU     CHEVAL 
EST   SALUTAIRE. 

Dans  les  affections  chroniques  de  l'es- 
tomac, du  foie,  de  la  rate,  et  du  pancréas, 
gastrite,  hépatite,  splénite ,  etc.,  nous 
avons  toujours  remarqué  que  l'exercice  du 
cheval ,  pris  avec  modération  ,  accélérait 
la  guérjson  de  ces  maladies. 

Les  chevaux  arabes  et  limousins  pour- 
ront être  choisis ,  si  le  malade  préfère  le 
trot  aux  allures  dites  précédemment;  si, 
comme  nous  le  lui  conseillerons,  au  con- 
traire, il  veut  bien  s'astreindre  à  n'aller 
plutôt  qu'au  pas,  alors  il  devra  monter  un 
cheval  anglais  ,  soit  encore  un  cheval  ha- 
novrien,  tous  les  matins ,  à  jeun ,  pendant 
une  heure. 

Nous  recommanderons  aux  valétudi- 
naires goutteux ,  et  aux  personnes  qui  se 
trouvent  sous  l'ialluence  d'affections  rhu- 
matismales   chroniques  ,    de    ne    point 


monter  à  cheval  les  jours  froids,  brumeiK 
et  humides. 

Aux  femmes  nerVtîases,  histériques,  etc. , 
nous  conseillerons  l'usage  des  chevaux 
arabes. 

Quelques  temps  de  petit  galop,  tous  les 
soirs,  pendant  une  heure,  aux  époques 
critiques,  seront,  pour  les  femmes  chez 
lesquelles  la  menstruation  se  fait  difficile- 
ment, un  excellent  emménagogue. 

La  réaction  qui  résultera  de  l'exercice 
du  cheval  pourra  souvent ,  chez  les  fem- 
mes chlorotiques  ,  sans  autre  secours  em- 
prunté à  la  matière  médicale,  rétablir, 
entre  l'estornac  et  l'utérus,  l'équilibre 
rompu  dnns  cette  maladie.  Même  résultat 
heureux  pour  les  personnes  altectées  de 
scrofules  :  toutes  les  fonctions  ,  chez  ces 
malades,  se  trouvant,  par  l'équitation, 
vigoureusement  stimulées  ,  nous  les  ver- 
rons promptement  retirer  un  bien-être 
d'un  exercice  que  nous  serions  tenté  de 
considérer,  surtout  c-ans  cette  maladie, 
comme  un  remède  souverain ,  comme  un 
véritable  spécifique. 

Les  personnes  sujettes  aux  crampes  ,  et 
chez  lesquelles  les  digestions  se  font  par- 
fois difficilement,  ne  devront  monter  à 
cheval  qu'après  le  repas.  Une  allure  trop 
heurtée,  le  trot,  par  exemple,  pourrait 
tout  d'abord  occasionner  un  malaise ,  au- 
quel on  obviera  facilement  en  commençant 
par  aller  au  pas. 

Ce  sera  également  le  pas ,  de  préférence 
à  toute  autre  allure  ,  qu'on  choisira  pour 
les  jeunes  filles  arrêtées  dans  leur  dévelop- 
pement. 

Nous  avons  souvent  vu  des  jeunes  gens 
à  poitrine  étroite,  débiles ,  maladifs ,  ca- 
cochymes ,  phthisiques  en  apparence ,  se 
développer,  sous  l'influence  de  Féquita- 
tion ,  d'une  manière  prodigieuse.  Dans 
l'impossibilité  où  nous  nous  trouvons  de 
pouvoir  formuler  un  précepte  qui  puisse 
embrasser  toutes  les  constitutions  en  géné- 
ral ,  nous  croyons  devoir  conseiller  à  ces 
malades  de  consulter  leur  médecin ,  soit 
sur  lc5  genre  d'allure  qui  leur  convient  le 
mieux ,  soit  aussi  sur  la  nature  et  la  race 
du  cheval  qu'ils  doivent  monter. 

Nous  serions  presque  tenté  de  considérer 
l'exercice  du  cheval  comme  un  remède 
prophylactique  de  l'aUénalion  mentale  , 
quand  nous  voyons  les  médecins,  qui  se 
sont  spécialement  occupés  de  la  folie ,  pla- 
cer si  haut ,  parmi  les  agents  thérapeuti- 
ques dont  ils  se  servent ,  les  exercices  gym-, 
nastiques  en  général.  ' 

Aux  aliénés  tristes  ,  monomanes ,  mélan 
coliques,  etc.,  conviendront  les  chevaux 


espagnols,  fringants,  vifs,  gais,  disons 
même  emportés  ;  ces  ci.-cvaux  sortiront  né- 
cessairement les  malades  du  cerele  ordi- 
naire de  leurs  idées  en  les  forçant  à  s'oc- 
cuper d'eux. 

Il  nous  semble  qu'ici,  tout  naturelle- 
ment, ressort  la  valeur  de  l'idée  qui  domine 
dans  cette  brochure;  car,  au  clîeva!  espa- 
gnol, que  nous  conseillions  qu'on  substitue 
un  cheval  l'roid,  lo'urd.  à  Tallure pesante, 
un  cheval  allemand  par  exemple,  quelle 
influence  exercera-t-il  sur  le  moral  du  ma- 
lade? Aucune  ,  si  ce  n'est  de  l'ennuyer. 

Les  chevaux  anglais  ,  ayant  des  allures 
uniformes,  ne  seraient  par  la  même  rai- 
son d'aucune  utilité  dans  les  maladies  qui 
nous  occupent  ;  au^si  sont-ils  loujburs  sans 
résultât  avantageux  pour  les  nostalgiques, 
les  hypocondriaques  (malades  qu'on  dit  en 
Angleterre  avoir  le  spleen). 

Mêmes  chevaux  ,  c'est-à-dire,  chevaux 
espagnols ,  andalous  ,  arabes ,  etc. ,  pour 
les  malades  dont  l'affection  rentre  dans  la 
catégorie  des  aliénés  monomanes. 

Grand  nombre  de  maladies  nous  reste- 
raient à  signaler,  si  nous  voulions  passer 
en  revf  \i  toutes  les  alTocrions  où  l'on  peut 
utilcmC'it  se  servir  de  léquitation  comme 
moyen  thérapeutique:  mais  notre  ])ut  au- 
jourd'hui étant  seulement  de  jeter  dans  le 
public  une  esquisse  rapide  de  nos  idées  sur 
cette  matière,  et  non  de  donner  un  ou- 
vrage ex  professa ,  nous  nous  arrêterons 
là,  nous  reservant,  conim.e  je  l'ai  dit  au 
comniencement ,  de  traiter  jilus  longue- 
ment ce  sujet  qui  nous  paraît  neuf  dans 
la  science. 

AFFECTIONS  OKC-AMOUESQUI  DÉPENDENT 
DE    l'usage    du    cheval. 

Soit  que  le  malade,  trompé  en  apparence 
par  la  bénignité  des  symptômes  de  l'affec- 
tion sous  l'influence  de  laquelle  il  se  trouve, 
soit  qu'entraîné  par  son  goût  pour  Péqui- 
tation,et,  s'abusant  sur  ses  résultats,  il 
s'imagine  retirer  quelque  avantage  d'un 
exercice  qui ,  employé  inlempestn'ement , 
peut  au  contraire,  dans  certains  cas,  ag- 
graver sa  maladie  ,  nous  croyons  qu'il  est 
essentiel,  après  avoir  mentionné  dans  le 
paragraplie  précédent  les  maladies  oij  Ton 
peut ,  avec  espoir  de  succès ,  se  servir  de 
l'équitation  comme  moyen  thérapeuti({ue, 
de  noter  dans  un  nouveau  chapitre  les 
affections  qui  en  défendent  impérir;iisement 
l'usage. 

Nous  poserons  en  principe  absolu  que 
toutes  les  maladies  inflammatoires  aiguës , 
quelles  qu'elles  soient .  doivent  faire  rigou- 


^63 

rcusement  pro.çcrire  rexcrcice  du  cheval. 

Ainsi ,  par  exemple ,  (juand  nous  dirons 
que  les  malades  ailectés  de  cystite ,  do 
phrénite,  ne  doivent  pas  monter  à  cheval, 
nous  entendrons  parler  de  la  cvstite  et  de 
la  phrénite  chroniques. 

Nous  sommes  du  reste  intimement  con^ 
vaincu  que ,  quelle  que  fiit  la  force  moral* 
de  l'individu  qui  se  trouverait  sous  l'in- 
fluence de  ces  phlegmasies  à  l'état  aigu ,  et 
que ,  d'autre  part ,  quel  que  fût  son  goiit 
pour  l'équUation,  souffrant  qu'il  serait,  en 
proie  aux  douleurs  vives,  atroces,  perté- 
rébrantes  qu'entraînent  après  elles  ces 
maladies ,  nous  sommes ,  dis-je  ,  persuadé 
que  l'idée  de  monter  à  cheval  ne  lui  vien- 
drait certaineiFcnt  pas.  Pour  n'y  plas  re- 
venir, ce  sera  donc  toujours  des  flaaladiea 
chroniques  que  nous  voudrons  parler. 

L'ankylose  de  certains  membres,  le.s 
cancers  de  l'utérus,  quelques  anévrismes, 
les  hernies,  les  chutes  du  rectum,  du  va- 
gin, etc.,  etc,,  doivent  pour  toujours  faire 
renoncer  à  l'équitation. 

Pour  un  certain  laps  de  temps  seulement» 
mais  qu'il  nous  est  impossible  de  détermi- 
ner, les  individus  attaqués  de  syphilis, 
d'inflammation  de  l'épine  ou  de  ses  mem- 
branes (  miélite  ) ,  de  fistules  à  l'anus , 
d'ophtalmie,  de  catalepsie ,  d'épilepsie, 
de  nymphomanie  ou  fureurs  utérines  ,  de 
satyriasis,  d'hydrocèle  ,  d'hydropisie  en 
général,  de  varicocèle,  sarcocele,etc.,  etc., 
devront  s'abstenir  de  monter  à  cheval. 

Si  nous  omettons  de  parler  de  l'état  de 
grossesse,  c'est  que  nous  sommes  persuadé 
que,  par  un  sentiinent  inné  de  conserva- 
tion, les  femmes  enceintes  reculeront  tou- 
jours devant  un  exercice  qui  pour  elles 
aurait  presque  certainement  un  résultat 
funeste. 

MOYEN  DE  NKTTOYEll    LES   VEUNIS   d'aI>- 
•  PARTEMENTS,    ET    SPÉCIALEMENT     LA 
PART;E  ANTÉUIEUllE  DES  PORTES. 

Parmi  les  petites  tribulations  relatives  à 
la  propreté  qui  attendent  une  maîtresse  de 
maison  soigneuse,  il  faut  compter  les  amas 
crasseux  qui  se  forment,  malgré  ses  soins, 
au-dessous  des  serrures,  aux  portes^  des 
poignées  de  Tespagnolette ,  aux  fenêtres. 
Ces  taches  noires,  épaisses,  se  détachent 
de  la  manière  la  plus  désagréable  sur  tous 
les  vernis,  et  surtout  sur  les  vernis  blancs 
qui  décorent  pour  l'ordinaire  l'intérieur  des 
appartements.  Afin  de  prévenir  cet  incon- 
vénient, on  revêt ,  dans  les  maisons  soi- 
gnées, cette. partie  antérieure  des  porlei 
d'une  plaqua  d«  cuivre  jauna  travaUlée  à 


jour  ;  mais  dans  la  plupart  des  apparte- 
ments-à  loger,  et  principalement  eh  pro- 
vince, cette  précaution  n'est  pas  générale, 
et  d'ailleurs  elle  n'est  point  applicable  aux 
■croisées. — Le  hasard  lîi'a  fait  découvrir  un 
moyen  infaillible  de  suppléer  à  son  omis- 
sion, 

I  Ce  moyen  est  bien  simple.  Il  faut  mettre 
dans  un  verre  d'eau  une  cuillerée  de  chlo- 
rure de  soude  ou  de  chaux  ,  et  se  servir  à 
froid  de  ce  mélange,  à  l'aide  d'une  éponge 
ou  d'un  linge.  Il  n'est  pas  nécessaire  de 
frotter  beaucoup  la  partie  salie;  car  tou- 
jours la  crasse  la  plus  noire  ,  la  plus  an- 
cienne, la  plus  tenace  disparaît  au  bout 
de  quelques  minutes  complètement.  Mais 
il  importe  d'essuyer  la  partie  lavée  avec  un 
linge  sec  et  propre  ;  car  autrement  il  se 
forme  des  nuages  sur  le  vernis,  nuages  que 
d'ailleurson  enlève  sur-le-champ  en  lavant 
avec  de  l'eau  pure  et  en  finissant  par  bien 
essuyer. 

Toute  contente  de  ma  petite  découverte, 
j'en  ai  fait  récemment  une  assez  heureuse 
application  aux  réflecteurs  vernissés  des 
lampes  usuelles.  On  sait  que  la  surface  in- 
terne de  ces  réflecteurs  se  graisse,  se  noir- 
cit assez  promptement;  mais  l'eau  chloru- 
rée les  rend  tout-à- fait  neufs,  sans  endom- 
mager le  vernis  ([u'alière  toujours  plus  ou 
moins  l'emploi  des  alcalis,  tels  que  l'eau 
savonneuse,  l'eau  de  cendre,  etc.  On  pour- 
rait ,  je  pense  ,  se  sc/vir  aussi  du  chlorure 
avec  avantage  pour  les  papiers  vernis. 

ENCAUSTIQUE    A   L'EAU   DES   FABRICANTS 
DE  COULEUR  DE  PARIS. 

Mettez  au  feu  un  vase  pouvant  contenir 
20  litres,  et  qui  contiendra: 

6  litres  eau  de  Seine, 

2  livres  'd  bonne  cire  jaune  concassée, 

1  livre  savon  noir, 

2  onces  curcuma  pur  jaune. 

l^orsquela  cire  sera  fondue,  le  bain  com- 
mencera à  bouillir  :  retirez  le  vase  du  feu , 
Incorporez-y  doucement  A  onces  sel  de 
tartre,  remettez  de  nouveau  sur  le  feu ,  et 
après  quelques  bouillons,  ajoutez  aussitôt 
en  remuant  12  litres  eau  de  Seine  froide,  et 
l'encaustique  est  fait. 

On  peutmettre  davantage  de  cire  en  sui- 
vant la  mêjue  proportion  pour  tout ,  sauf 
l'eau  qu'on  n'augmentera  pas. 


CURE -DENTS   VEGET.\UX 

Provenant  du  Crategus  oxyacaniha ,  L.  ; 
Aubépine,  Aubépin  ou  le  Mai. 

On  se  sert  beaucoup  en  Italie ,  et  même 
à  Lyon,  d'une  espèce  de  cure-dents  tirée 
du  règne  végétal.  C'est  avec  le  bois  nommé 
en  italien  sambuco  {sambucus  nigra) ,  le 
sureau  ,  qu'ils  sont  confectionnés.  L'usage 
à  Psaples  est  d'en  placer  trois  avec  le  cou- 
vert de  chaque  convive.  Chez  les  Turcs  on 
sert  sur  une  assiette  de  porcelaine  une 
certaine  quantité  de  ce  qu'on  nomme  l'herbe 
à  cure-dent  ;  c'est  mi£  espèce  de  daucus 
(carotte)  dont  les  rayons  de  l'ombelle  ser- 
vent à  cet  usage.  Il  n'y  a  pas  longtemps 
que  chez  un  marchand  de  porce-laine , 
passage  des  Panoramas,  on  vendait  dts  pe- 
tits paquets  de  cure-dents  de  Lyon.  Ils 
coûtaient  10  sous  la  douzaine,  ce  qui  n'é- 
tait pas  très  bon  marché ,  comme  on  voit. 

Un  observateur  botaniste  a  vu  et  s'est 
convaincu  par  expérience  qu'on  peut  ob- 
tenir de  très  bons  cure-dents  avec  l'épine 
du  crategus  oxyacmitha,  qui  est  si  conmiun 
dans  nos  haies  et  dans  nos  bois.  En  effet , 
cette  espèce  d'épine  longue  de  cinq  à  six 
centimètres  semble  donnée  exprès  par  la 
nature  pour  servir  de  cure-dent.  Sa  pointe 
llexil)le  est  formée  d'une  petite  corne  brune 
d'une  consistance  assez  solide  pour  ne  point 
se  casser  dans  l'opération.  Onsait  d'ailleurs 
qu'on  peut  ne  pas  se  servir  deux  fois  de 
cette  espèce  de  cure-dent ,  à  moins  qu'on 
ne  pousse  l'économie  au-delà  des  bornes 
raisonnables. 

Rien  de  plus  aisé  à  cueillir,  c'est-à-dire 
à  couper  avec  des  ciseaux,  que  cette  épine 
du  crategus,  dont  le  fruit  nommé  senelle 
est  recherché  par  les  petits  oiseaux.  Il  faut 
s'attacher  à  respèce  qui  donne  de  belles 
épines  ;  c'est  celle  un  peu  brune  qui  est  la 
meilleure.  La  manière  de  préparer  ces  cu- 
re-dents est  prompte  et  facile;  on  se  sert 
pour  cela  d'un  canif  pour  ôter  les  petites 
épines  qui  régnent  le  long  de  la  mère-épine 
(pie  Ton  ratisse  en  amincissant  le  gros  bout, 
et  le  cure-dent  est  fait.  On  en  fait  alors  de 
petites  gerbes  ou  paquets  composés  de  trois 
douzaines  qui  se  vendent  dix  centimes  ou 
deux  sous.  Des  enfants  et  des  femmes  peu- 
vent être  occupés  à  ce  petit  travail.  Un 
bon  ouvrier  peut  gagner  sans  se  gêner  au 
moins  ses  30  ou  40  sous  par  jour.  Combien 
de  pauvres  familles  pourraient  vivre  avec 
cette  nouvelle  petite  industrie  !  Il  suffirait 
de  mettre  en  vogue  ces  cure-dents  dont  on 
présente  ici  le  modèle.  Il  en  a  déjà  été 
ï  vendu  à  Paris  et  à  la  campagne  près  Se- 


nart  une  assez  grande  quantité,  toujours  au 
prix  de  deux  sous  les  trois  douzaines.  L'u- 
sage de  ces  cure-dents  pourra  devenir  un 
jour  général,  quand  ce  ne  serait  que  parun 
sentiment  debienfaisance  pour  lesliabitants 
peu  aisés  de  la  campagne. 

On  doit  être  pariaitement  tranquille  sur 
le  prétendu  danger  d'être  piqué  par  cette 
épine.  Elle  est  très  innocente ,  et  l'expé- 
rience qu'on  en  a  faite  prouve  qu'elle 
n'est  nullement  dangereuse.  Il  ne  faut  pas 
la  confondre  avec  l'épine  du  huissoti  ardent 
(  mespilus  pyracantha  ) ,  dont  la  piqiîre, 
comme  on  sait,  peut  occasionner  un  mal 
assez  long  à  guérir.  L'homme  qui  le  pre- 
mier a  fait  cette  récolte  av-ec  des  ciseaux 
a  pu  être  piqué  parfois  et  par  mégarde  par 
Vaubcpin,  mais  n'a  jamais  éprouve  de  mau- 
vaise suite  de  cette  piqiîre. 

Voilà  donc  une  nouvelle  petite  industrie 
faite  pour  le  bien-être  de  la  classe  pauvre  ; 
on  dit  avec  raison  qu'il  n'y  a  pas  de  petit 
métier,  ou  du  moins  de  mauvais,  tant  qu'il 
peut  faire  vivre.  Il  est  possible  qu'un  non 
fabricant  de  ces  cure-dents,  s'il  a  du  zèle  et 
de  l'intelligence,  ne  se  repente  pas  de  s'y 
livrer  tout  entier.  C'est  à  MM.  les  curés  et 
maires  des  communes  voisines  des  bois  et 
grandes  baies  à  encourager  une  fabrica- 
tion aussi  aisée,  et  qui  peut  nourrir  ses  ou- 
vriers. 

Le  botaniste  observateur  s'estimera  heu- 
reux d'avoir  indiqué  ce  moyen  de  sauver 
de  la  misère  une  foule  de  pauvres  familles 
qui  cherchent  de  l'ouvrage,  et  que  le  man- 
que detravail  force  trop  souvent  àmendier. 

Voici  du  reste  le  nom  botanique  de  l'ar- 
brisseau dont  il  s'agit.  Ces  renseignements 
sont  pris  de  l'excellente  Flore  de  Metz,  pu- 
bliée par  M.  Hollandre^  professeur,  auteur 
de  la  Flore  de  la  Moselle. 

Graines  osseuses. 

Alisier  aubépine  (crategusoxyacantha), 
Lin. 

Crategus  oxyacantlia  (Thullier,fl.  pari- 
siennes). 

Mespilus  oxyacantha(Gœrtn.  fruct.). 

Crategus  oxyacantha  (Yar.  et  monoco- 
tylédone.Decand.  Prodrom.2,  page  628). 

Arbrisseau  épineux ,  diffus ,  haut  de  4  à 


SCci 

6  pieds,  s' élevant  quelquefois  à  une  hau- 
teur de  10  à  15  pieds. 

Fleurs  blanches,  odorantes,  à  2  styles, 
disposées  en  petits  corymbes  à  l'extrémilé 
des  ronces. 

Feuilles^  pétiolées,  glabres,  lisfcs,  pres- 
que rhomboïdales  ,  la  plupart  décOv^péos  en 
3  lobes  peu  profonds,  ovales,  dentés  et 
points  divergents. 

Fruits  rouges  contenant  un  ou  deux  grc^ 
noyaux  osseux. 

V  Aubépin  ou  Y  Epine  -  Blanche ,  (\\ii,n 
appelle  aussi  le  Mai,  est  très  commun 
dans  les  bois  et  les  haies.  On  enculli\'e  des 
variétés  à  fleurs  roses  et  à  fleurs  doubles 
pour  l'ornement  des  jardins. 

FALSIFICATION  DES  SAVONS. 

Le  grand  art  des  Anglais  n'est  pas  tant 
de  produire  une  substance  ])ure  à  i)on 
marché  que  d'arriver,  en  falsiliaiit  cette 
substance,  à  pouvoir  la  donner  à  bas  prix, 
tout  en  lui  laissant  la  plupart  des  qualités 
qu'elle  doit  avoir.  Le  savon  surtout,  par 
suite  de  la  rareté  des  h  'iles  et  des  graisses 
dans  les  Trois-Royaumes  ,  est  Tun  de  ces 
produits  que  les  habitants  de  la  Grande- 
Bretagne  cherchent  avec,  le  plus  de  téna- 
cité sinon  à  remplacer,  du  moins  à  modifier. 
Ainsi,  depuis  quelque  temps  il  n'est  bruit 
au-delà  du  détroit  que  du  savon  à  triple 
base  de  potasse  ou  de  soude  ,  et  d'alumine 
et  de  silice ,  espèces  de  silicate  oléagineux 
de  potasse  ou  de  soude  et  d'alumine  ,  dans 
lequel  la  plu^grande  partie  de  liiuile  est 
remplacée  par  des  matières  plus  ou  moins 
alumineuses  et  siliceuses.  Tel  était  même 
l'enîhousiasmedecertainsjournaux,  lor.-.  -e 
la  publicité  de  celte  découverte,  que,  po.ir 
être  arrivés  à  économiser  un  peu  d'huile 
tout  en  pouvant  faire  m.ousser  l'eau  ,  ils  li- 
raient déjà  à  boulets  rouges  contre  Tau- 
tocratedesRussies,dont  ils  sont  tributaires 
de  presque  tous  leurs  ."^uirs.  Pourtant  une 
autre  question  reste  encore  à  juger  ;  c'est 
celle  de  savoir  si  l'usage  de  ce  nouveau 
produit  donnera  aux  blanchisseuses  des 
résultats  aussi  satisfaisants  que  le  \érilalile 
savon  purement  oléagino-aUalin  ? 

a,  On  on  peul  obteniv  "n  llij  français.  [Jonrp.al  des 
Connuii.'tcmcps  nliks.) 


266 


NOUVEAUX  CRAYONS. 


Le  carbure  de  fer  ou  graphite ,  la  plom- 
bagine du  comiiierce ,  sert,  comme  on  sait, 
à  la  fabrication  des  crayons  dits  impropre- 
ment de  mine  de  plomb.  Les  mines  de  Cum- 
berland  en  Angleterre,  dont  la  maison 
Brookman  a  le  monopole,  fournissent  le 
graphite  le  plus  pur  ;  celui  d'Allemagne 
re-st  moins.  Le  graphite  de  France  des 
environs  de  Briançon  tient  le  milie-u ,  pour 
la  pureté,  entre  ces  2  mines.  M.  Fich- 
TEMBERG ,  de  Colognc ,  rue  des  Bernar- 
dins, n.  31,  à  Paris,  s'est  proposé  d'impor- 
ter en  France  l'industrie  de  la  fal)rication 
des  crayons  par  des  procédés  perfection- 
nés. Il  y  est  parvenu  avec  le  plus  grand 
succès,  et  obtient  des  crayons  d'une  qua- 
lité supérieure  à  tous  ceux  qu'on  avait 
faits  en  France  jusqu'ici ,  et  dont  les  prix 
sont  infiniment  moins  élevés.  Il  pile,  broie 
et  tamisfrla  mine  de  Briançon,  en  extrait 
les  grains  de  fer  non  combiné  et  toutes  les 
portiens  de  silice.  Cette  poudre,  calcinée 
pour  en  augmenter  le  noir,  est  réduite  en 
pâte  et  pressée  dans  un  cylindre  de  cuivre, 
d'où  elle  sort  en  un  long  filet  par  une  ou- 
verture d'une  ligne  carrée.  Des  lamelles  , 
coupées  à  une  longueur  déterminée,  sont 
fixées  dans  le  bois,  au  moyen  de  la  colle; 
la  dureté  du  crayon  peut  être  augmentée 
à  volonté  par  la  préparation  de  la  pâte, 
et  non  au  moyen  de  la  graisse ,  comme  le 
fait  Brookman;  procédé  qui  a  l'inconvé- 
nient de  ^aire  trop  durcir  le  crayon  en 
vieillissant.  La  pâle  des  crayons  de  M,  Y. 
est  douce  et  égale,  très  vigoureuse  de  ton, 
'sans  cesser  d'être  ferme ,  conservant  bien 
la  pointe ,  et  permettant  d'attaquer  vive- 
ment les  tons  sans  craindre  de  la  casser. 

NOUVEAU  TAILLE-CRAYON. 

i\L  Lahausse  a  pris  un  brevet  pour  uu 
taille-crayon  qui  consiste,  dans  sa  plus 
grande  simplicité,  en  une  espèce  de  rigole 
angulaire  ou  demi-cylindrique  en  bois,  dans 
laquelle  est  placée  une  seule  lime  creuse 
et  légèrement  conique.  Il  peut  également 
y  avoir  ou  2  limes  d'un  d(<gré  difiereat  de 
finesse,  ou  une  lime  et  une  râpe ,  ou  enfin 
2  limes  et  une  râpe.  Cet  ustensile  peut-être 
renfermé  dans  un  étui  ;  un  petit  goupillon 
contenu  dans  cet  étui  sert ,  lorsque  les  limes 
sont  empâtées,  ta  les  nettoyer.  Enfin  M.  L. 
a  aussi  une  lame  à  coulisse,  à  laciuelle l'étui 


sert  de  manche ,  qui  dispense  de  recourir 
à  un  canif  pour  dégrossir  le  crayon. 

NOUVELLES    TENTURES    D'APPARTEMENT. 

Voulant  suivre  les  progrès  do  siècle 
dans  la  principale  partie  de  nos  ameuble- 
ments, IM.  De^préaux  a  considéré  que 
nos  tentures  de  papiers  peints  n'offraient 
que  des  dessiws  d'une  fabrication  mes- 
quine et  d'un  effet  médiocre.  Il  a  cherché 
<à  renouveler  les  belles  et  riches  tentures 
en  cuir  e'i  en  maroquin ,  poussées  en  relief, 
offrant  des  arabesques,  des  camées  et  aussi 
des  sujets  pastorals ,  semblables  à  celles 
qui  se  faisaient  sous  François  I^r  ;  on  peut 
même  dire  tpi'il  les  a  surpassées.  Plusieurs 
panneaux  de  ce  genre  que  M.  D.  a  présen- 
tés au  roi,  figurent  des  arabesques  ornés 
de  figures  et  de  camées  d'un  grand  format, 
exécutés  avec  le  plus  grand  soin.  Les  uns, 
d'une  coulear  unie,  imitent  le  bois  de 
noyer;  d'autres ,  sur  des  fonds  rouge,  vert 
ou  violet,  sont  rehaussés  d'or;  d'autres, 
enfin,  sur  des  fonds  d'or  unis  et  coloriés, 
rappelant  les  peintures  en  émail  de  la  fa- 
brique de  Limoges ,  produisent  un  effet 
merveilleux.  En  outre,  M.  D.  a  eu  l'heu- 
reuse idée  de  produire  des  ornements  de 
très  bon  goût ,  en  relief  sur  des  velours  de 
coton  de  dil'férenles  couleurs.  Les  velours 
blancs,  jaunes,  violets  et  rouges  sont 
très  l)caux;  les  reliefs  nacarat,  par  exem- 
ple ,  imprimés  sur  fond  d'or  uni,  sont  d'un 
effet  très  riche. 

MvlYEN  DE  REMPLACER  LES  TAPIS. 

On  vient  d'imaginer  en  Angleterre  et 
de  mettre  en  pratique  avec  succès  un 
moyen  économique  et  avantageux  de  .sup- 
pléer aux  tapis  et  au  parquet  des  apparte- 
ments. On  colle  tout  simplement  sur  le 
plancher  un  papier  à  dessins  élégants,  orné 
de  riches  couleurs ,  et  on  en  couvre  la  sur- 
face de  couches  successives  de  vernis  au 
caoutchouc  qui  rend  cette  nouvelle  espèce 
de  tapis  unie  et  brillante  com'ïie  une  glace, 
et  de  plus  impénétrable  à  l'eau.  On  peut 
aussi  substituer  au  papier  peint  le  papier 
cou  vert  d'une  feuille  d'or  ou  d'argent  bruni, 
et  on  obtient  ainsi  une  surface  à  reflets 
métalliques  du  plus  bel  effet.  On  nettoie 
ce  tapis  en  le  lavant  sans  aucune  précau- 
tion, comme  une  table  de  marbre.  Ceux 
en  couleur  ne  reviennent  qu'à  37  centimes 
le  mètre  carré  ;  ceux  en  argent  ou  en  or, 
valent  5  fr.  et  T  fr.  50  c. 


Î67 


REPERTOIRE   PROFESSIONNEL. 


I.  PROFESSIONS  RURALES.  —  II.  PROFESSIONS  URBAINES. 


DE  LA   CULTURE  DU  MELOIV  EN  PLEINE 
TERRE,  PAR  M.  SAGERBO:. 


Dans  les  premiers  jours  de  mai,  suivant 
la  saison  et  les  localités  et  par  un  beau 
I  temps,  on  tracera  au  cordeau  les  lignes 
L'art  des  primeurs,  poussé  à  Paris  à  un,  écartées  de  quatre  à  six  pieds;  sur  ces  li- 


haut  degré  de  perfecticïn,  et  l'avantage  pé 
cuniaire  qui  en  résulte  pour  les  jardiniers 
maraîchers,  sont  cause  que  la  culture  du 
melon  en  pleine  terre,  quoique  connue,  est 
peu  pratiquée,  et  conséquemment  peu  per- 
fectionnée; la  méthode  que  je  suis  n'offre 
Î)as,  à  cet  égard,  tout  ce  que  l'art  a  pu 
burnir  d'améUorations,  et  je  Ten  ai  déga- 
gée à  dessein  pour  mieux  la  populariser  ; 
mais  elle  est  simple,  facile  et  économique; 
je  l'ai  appliquée  également  à  toutes  les  va 


gnes  on  pr?4iquera,  à  deux  ou  trois  pieds  de 
distan-ce,  des  trous  d'un  bon  fer  de  bêche  de 
largeur  et  de  profondeur  ;  on  les  remplira 
de  bon  fumier  chaud,  bie-n  lassé,  égalisé  au 
niveau  du  sol;  on  recouvrira  le  fumier  de 
six  à  huit  pouces  d'épaisseur  de  terreau  ou 
de  terre  très  légère  et  bien  ame-ndée;  de 
terre  de  bruyère  même,  en  cas  de  besoin, 
mais  mêlée  avec  du  fumier  consommé  ou 
de  bon  terreau  qui  devra  déborder  ce  fu- 
mier, de  telle  sorte  que  cela  présente  une 


riétés  anciennes  et  nouvelles  du  melon  que  j  butte  circulaire  et  arrondie  à  sa  surface,  de 
nous  possédons  aujourd'hui,  et  surtout  aux  l  huit  pouces  de  hauteur  à  sa  sommité,  et  se 
melons  d'hiver  ;  elle  me  procure  des  fruits  i  terminant  d'une  manière  insensible  à  sa 
tardifs,  à  la  vérité,  mais  qui  n'en  sont  pas  !  base.,  la  quelle  aura  au  moins  dix-huit  pou- 
moins  bons  et  dont  je  conserve  quelques-  ces  de  diamètre.  Toutes  ces  dimensions  de- 
uns  jusqu'en  janvier.  i  vront  être  modiiiées  suivant  le  climat,  les 

Je,  conseille  et  préfère  néanmoins,  pour  I  localités,  la  vigueur  des  plantes  et  le  fu- 
être  plus  sûr  du  succès,  le  melon  maraîcher,  I  mier  dont  on  pourra  disposer;  dans  les 
le  petit  sucrin  à  demi  blanc,  verdàtre,  le  pe- 1  contrées  chaudes  et  sèches,  la  surface  des 
tit  ananas  d'Amérique  à  chair  verte,  le  can-  trous  ne  devra  que  de  très  peu,  ou  même 
taloup  noir  des  carmes hatif,  le  petit  canta-  pas  du  tout,  dépasser  le  niveau  du  sol. 
loup  iin  hâtif,  d'Angleterre,  chair  verte,  et  On  préfère  assez  communément,  pour 
le  muscade  hâtif,  chair  verte-,  et  en  melons  j  semer,  les  graines  de  deux  ans,  mais  on 
d'hiver,  le  melon  de  Perse  et  le  melon  de  [peut  sans  inconvénient  semer  celles  de 
Malte.  l'année  précédente,  ainsi  que  celles  de  cinq 

Pour  pratiquer  cette  culture  avec  avan-  à  six  ans. 
tage,  on  devra  choisir  un  terrain  plutôt  sec  I     Yers  les  premiers  jours  de  mai  (cette 
et  chaud  que  froid  et  humide,  exposé  ou  '  époque  peut  varier  suivant  les  localités 
même  incliné  au  midi,  aDrité  du  nord  au- 1  d'environ  trois  semaines),  on  sèmera  sur 
tant  que  possibte  et  point  ombragé  ;  la  po-  \  le  sommet  des  buttes,  soit  une  seule  graine 


sition  le  lon^  des  murs  exposés  au  midi 
n'est  désirable  que  dans  les  localités  froi- 
des et  humides,  les  fruits  pouvant  y  rece- 
voir des  coups  de  soleil,  dont  il  sera  bon 
de  les  garantir  par  une  légère  poignée  de 
paille. 

La  terre  devra  être  préparée  d'avance 


au  milieu,  soit  deux  ou  trois  graines  à  quel- 
ques pouces  de  distance  l'une  de  l'autre, 
pour  n'en  laisser  qu'une  par  la  suite,  soit 
deux  graines  à  environ  six  pouces  et  à  de- 
meure ;  elles  devront  être  enterrées  à  la 
profondeur  de  six  à  douze  lignes,  suivant 
la  nature  légère  ou  compacte  du  terrain  ; 


par  un  bon  labour  de  bêche  ou  de  houe,  s'il  est  léger,  on  le  comprimera  doucement 
être  ameublie  et  amendée;  il  faudra  au 'avec  la  main  après  le  semis;  si  le  temps 
printemps  lui  donner  une  seconde  façon;!  est  chaud  et  sec,  on  arrosera  légèrement 
ordinairement  un  léger  binage  suffit  :  la' le  matin  ou  plutôt  en  plein  midi, 
purger  des  mauvaises  herbes,  l'unir  avecj  Lorsque  les  graines  seront  bien  levées 
la  fourche  ou  le  râteau,  et  immédiatement  !  (s'il  en  manque  on  resèmera,  et  les  graines 
avant  le  semis  cette  dernière  opération  de- j  pourront  être  trempées  pour  hâter  leur 
vra  être  répétée.  4evée),  on  sarcle  soigneusement  avec  la 


568 

main,  et  si  le  terrain  se  salit  on  donne  un 
léger  binage,  mais  sans  approcher  l'outil 
des  })lanies  et  même  des  bulles.  Si  à  cette 
époque  on  craignait  quelques  gelées  blan- 
ches, on  {jouirait  le  soir  couvrir  les  plan- 
tes, soit  avec  des  cloches,  des  pots  renver- 
sés ou  même  un  peu  de  paille,  et  les  décou- 
vrir dès  le  matin  ;  il  sera  prudent  d'avoir 
par  suite  quelques  melons  semés  en  pois, 
sur  couche,  ou  du  moins  à  une  bonne  expo- 
sition, pour  remplacer  ceux  qui  auront 
manqué,  en  choisissant  pour  cette  opéra- 
tion un  temps  pluvieux  ou  couvert,  et  les 
mettant  à  l'abri  du  soleil  pendant  quelques 
jours.  Les  sarclages  à  la  main  ne  devront 

{)as  être  négligés  ;  on  pourra  donner  à  tout 
e  terrain  un  autre  binage,  ayant  attention 
de  ramasser  légèrement  la  terre  autour  des 
buttes ,  et  quand  les  plantes  commence- 
ront à  être  assez  fortes,  il  sera  bon  de  les 
pailler. 

Lorsque,  outre  leurs  feuilles  séminales, 
dites  oreilles  par  les  jardiniers,  les  jeunes 
plantes  auront  développé  quatre  ou  cinq 
feuilles,  il  sera  temps  de  les  pincer  ou  étê- 
ter;  on  devra  préférer  pour  le  faire  un 
temps  chaud  et  humide  ;  cette  opération 
se  pratique  en  pinçant  avec  l'ongle  ou  cou- 
pant proprement  avec  un  instrument  tran- 
chant la  tige  de  l'arbre  au-dessus  de  la 
deuxième  ou  plutôt  troisième  feuille,  et  pas 
trop  près  de  l'œil.  Ce  retranchement  a  pour 
but  de  hâter  le  développement  des  bour- 
geons latéraux  qui  se  mettront  à  fruits 
beaucoup  plus  tôt  que  n'aurait  fait  la  tige 
principale  ;  il  est  bon  que  lors  du  pince- 
ment on  commence  à  apercevoir  les  rudi- 
ments de  ces  bourgeons;  on  peut  par  suite 
n'en  laisser  que  deux  opposés  l'un  à  l'autre, 
et  qui  formeront  ce  qu'on  appelle  les  deux 
bras  ou  rameaux  secondaires,  et  qw'il  fau- 
dra par  suite  diriger  suivant  la  place  et 
l'espace  qu'on  leur  destine.  Lorsqu'ils  au- 
ront acquis  quelques  pouces  de  longueur 
et  développé  plusieurs  feuilles,  il  se  mani- 
festera dans  l'aisselle  de  ces  feuilles  de  nou-  j 
veaux  bourgeons  ternaires  ou  du  tVoisième 
degré;  il  sera  temps  alors  de  pincer  ou 
d'arrêter  l'extrémité  des  rameaux  secon-! 
daires  pour  hâter  le  développement  de  ces 
nouveaux  bourgeons  que  j'appelle  ternai-  | 
res  ;  ordinairement  ils  montrent  des  Heurs 
à  fruit.  j 

Quelques  espèces  de  melons  fructifient  ' 
plus  diflicilcment;  on  repince  alors,  lors- 
qu'ils ont  acquis  une  certaine  longueur, 
ces  rameaux  ternaires,  et  il  se  développe 
alors  des  rameaux  quaternaires  s-ur  les- 
quels se  montre  toujours  du  fruit.  Il  me 
paraît  que  c'est  ainsi  que  plusieurs  jardi-j 


niers  hâtent  le  melon  maraîcher;  mais  snî- 
vant  moi,  il  est  rare  qu'on  soit  obligé 
d'en  venir  à  ce  dernier  pincement. 

Toutes  ces  opérations  doivent  être  fai- 
tes, autant  que  po.ssible,  par  un  temps 
chaud  et  humide,  le  soir  même  s'il  y  avait 
lieu,  et  il  faut  les  ménager  sur  les  plantes 
faibles. 

Lorsque  les  fruits'sont  bien  noués,  on 
peut  supprimer  ceux  qui  sont  superflus  ni 
les  moins  bien  venants.  Le  nombre  con- 
servé, depuis  un  jusqu'à  quatre  au  plus, 
doit  être  proportionné  à  la  vigueur  des 
plantes  et  au  volume  des  melons,  et  on 
peut  arrêter  alors  les  branches  qui  les  por- 
tent. Les  jardiniers  curieux  de  leur  beso- 
gne ont  soin  de  retrancher  les  branches 
inutiles  et  les  gourmandes;  j'avoue  qu'à 
cet  égard  je  suis  très  sobre  de  retranche- 
ments, sauf  celui  des  branches  malades,  et 
je  ne  m'en  trouve  pas  mal. 

Dans  le  com.mencement  de  leur  crois- 
sance, et  dans  la  première  saison,  les  plan- 
tes doivent  être  arrosées  légèrement  dans 
la  matinée  ou  en  plein  midi  ;  ce  n'est  que 
quand  la  chaleur  est  forte  qu'on  peut  les 
arroser  le  soir  ;  il  faut  éviter  de  mouiller 
les  feuilles  quand  il  fait  froid  ;  mais  quand 
il  fait  très  chaud,  un  léger  arrosement  sur 
les  feuilles,  même  en  plein  midi,  est  très 
préférable  ,  et  on  peut  aussi  dans  ce  cas 
mouiller  tout  le  terrain.  Lorsque  les  fruits 
commencent  à  grossir ,  on  leur  ménage 
moins  l'eau,  surtout  en  cas  de  chaleur  et 
de  sécheresse  ;  les  fruits  doivent  être  pla- 
cés avec  précaution  sur  des  tuileaux,  pier- 
res plates  ou  petites  planches,  pour  les 
isoler  de  la  terre  humide  et  les  empêcher 
de  pourrir  ou  de  prendre  un  goijt  de  fu- 
mier. On  peut  se  servir  aussi  d'ardoises  ; 
mais  il  est  bom  de  savoir  qu'elles  contrac- 
tent au  soleil  une  très  grande  chaleur  qui 
peut  nuire  au  fruit,  et  il  est  alors  conve- 
nable de  le  couvrir  d'un  peu  de  paille, 
mais  seulement  pendant  la  grande  chaleur 
du  soleil. 

Lorsque  les  melons  approchent  de  leur 
maturité,  il  ne  faut  pas  les  laisser  man- 
quer d'eau,  parce  que  le  soleil  les  cuirait, 
les  ferait  fermenter  ;  et  cependant  il  faut 
la  leur  ménager,  parce  qu  on  les  expose- 
rait à  crever  et  a  perdre  de  leur  saveur. 
Leur  maturité  est  ordinairement  annoncée 
par  un  changement  de  couleur  (on  dit 
alors  qu'ils  sont  frappés),  par  la  queue 
cernée ,  la  flexibilité  sous  le  doigt  de  la 
partie  opposée  à  la  queue,  et  par  le  par- 
fum qu  ils  développent  ;  ce  dernier  indice 
est  un  des  plus  sûrs  ;  on  peut  alors  les  re- 
cueillir. On  peut  les  laisser  sur  les  couches 


quand  il  ne  pleut  pas,  qu'il  ne  fait  pas 
chaud ,  et  qu'ils  ne  sont  pas  assez  mûrs  ; 
mais,  en  général,  on  préfère  les  mettre  au 
frais  sur  la  paille.  En  les  cueillant  bien 
mûrs,  et  c'est  mon  habitude,  ils  ont  plus 
de  saveur  ;  en  les  cueillant  un  peu  avant 
leur  maturité,  ils  ont  une  saveur  plus 
fine  et  ils  se  conservent  mieux. 

Lorsqu'il  est  tard  en  saison ,  que  les 
fruits  ne  sont  pas  mûrs,  que  le  temps  est 
pluvieux  et  humide,  on  peut  cueillir  les 
fruits  et  les  mettre  sur  la  paille  dans  un 
endroit  sec  et  chaud  ;  je  préfère,  tant  qu'il 
ne  gèle  pas  ,  les  laisser  sur  place  en  les 
exhaussant  de  terre  sur  une  planch'C,  et 
en  les  couvrant  d'une  cloche  à  laquelle  il 
faut  donner  de  l'air  pendant  l'ardeur  du 
soleil. 

Pour  les  melons  d'hiver,  il  est  une  autre 
conduite  à  tenir  ;  la  plupart  d'entre  eux  su- 
bissent dansl'étéun  genre  de  maturité  qui 
leur  est  particulier  -,  les  plantes  se  dessè- 
chent, la  queue  se  fane,  le  fruit  change  de 
couleur  ;  mais  il  n'est  pas  pour  cela  temps 
de  le  manger  ;  on  peut,  suivant  les  circon- 
stances, ou  le  laisser  sur  place,  ou  le  met- 
tre à  l'abri  si  le  temps  est  trop  pluvieux  et 
le  soleil  trop  chaud;  il  faut,  dans  ce  der- 
nier cas,  le  placer  dans  un  endroit  sec  et 
aéré  tant  qu'il  ne  gèle  pas,  puis  dans  un 
endroit  chaud  et  sec  pendant  l'hiver  :  j'en 
ai  conservé  jusqu'au  orintemps. 

La  maturité  complète  se  manifeste  alors 
par  un  nouveau  changement  de  couleur, 
par  leur  mollesse  et  par  le  parfum  qu'ils 
exhalent;  ce  parfum  n  est  cependant  sensi- 
sible  que  lorsqu'ils  sont  exposés  à  une 
douce  température. 

NOUaRlTURE  ÉCONOMIQUE  DES  V^AUX 
PAR  LA  DÉCOCTION  DE  CAROTTE  AIDEE 
DE    LA   BOUILLIE    DE   FÉCULE. 

Lorsque  nos  jeunes  veaux  ont  dix  jours, 
je  fais  râper  des  carottes  et  je  les  faisbouil- 
hr  dans  l'eau  afin  d'obtenir  une  purée 
claire  ,  que  je  fais  passer  ;  cette  purée  est 
portée  sur  le  feu  et  on  ajoute ,  lorsqu'elle 
est  sur  le  point  de  bouillir,  deux  cuillerées 
de  fécule  de  pommes  de  terre  par  litre  de  dé- 
coction; on  laisse  un  peu  sur  le  feu;  puis  pen- 
dant huit  jours  ,  on  coupe  cette  décoction 
avec  un  quart  de  lait.  Après  ce  temps  on 
augmente,  selon  les  forces  et  l'appétit  du 
veau,  la  quantité  et  la  force  de  la  décoction, 
et  on  finit  par  lui  donner  la  pulpe  avec  le 
décoctum,  en  rendant  cette  substance  plus 
nutritive  par  une  nouvelle  addition  de  fé- 
cule; si  le  veau  perd  de  son  appétit,  on  place 
près  de  lui  des  pierres  de  sel  qu'il  lèche  de 


269 

temps  à  autre,  ce  qui  stimule  son  estomac. 
J'ai  varié  la  composition  de  cette  nourri- 
ture, en  prenant  des  betteraves,  des  tup- 
neps  et  une  décoction  de  foin  ,  et  je  m'en 
suis  toujours  bien  trouvé.  Je  dois  encore 
ajouter,  pour  l'instruction  de  ceux  qui  veu- 
lent faire  de  l'économie  rurale,  une  res- 
source profitable  :  qu'il  faut  surveiller  avec 
persévérance  l'exécution  des  ordres  qu'on 
donne  aux  gens  de  la  ferme,  car  ils  sont 
si  disposés  à  ne  pas  suivre  vos  idées,  (|ue 
de  la  moindre  négligence  dans  leui  surveil 
lance  résultent  des  portes  énormes  oni 
éloignent  les  gens  bien  intentionnés  des 
travaux  si  utiles  et  si  paisibles  de  l'agri- 
culture. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  je  règle 
les  repas  de  mes  veaux  .selon  leur  âge  et 
force. 

REMONTAGE  DES  RIVIÈRES. 

NOUVEAU   PROCÉDÉ. 

Rien  ne  serait  plus  facile  et  moins  coû- 
teux que  la  navigation  de  la  plupart  de 
nos  fleuves  et  de  nos  rivières,  si  ce  n'était 
ce  que  coûte  le  retour  des  équipages  indis- 
pensables à  cette  navigation,  et  la  dépré- 
ciation qu'éprouvent  les  bateaux  et  les 
gros  agrès  à  la  vente  forcée  qu'on  est 
obligé  d'en  faire  dans  les  régions  infé- 
rieures des  rivières. 

Sur  les  rivières  les  plus  favorisées,  celles 
où  le  remontage  se  fait  au  moyen  de  boeufs 
ou  de  chevaux,  le  haut  prix  de  cette  ma- 
nœuvre est  encore  un  obstacle  à  la  navi- 
gation et  au  transport  des  marchandises. 

Sur  le  plus  grand  nombre,  sur  la  Loire, 
par  exemple,  on  attend  un  vent  favorable 
pour  effectuer  la  remonte,  et  l'on  s'estime 
heureux  si  un  délai  de  six  mois  conduit  au 
terme  du  voyage.  Pendant  cette  longue 
période  les  cordes  et  les  toiles  se  pourris- 
sent, et  des  hommes  restent  inoccupés.  La 
navigation  ascendante  sur  ce  fleuveestdonc 
à  peu  près  impraticable,  et  c'est  pour  re- 
médier à  ce  grave  inconvénient  qu'on  a 
dépensé  depuis  quelques  années  tant  de 
millions  à  la  construction  de  canaux  laté- 
raux. 

M.  le  comte  de  C...,  un  de  nos  abonnés, 
qui  déjà  par  ses  travaux  agricoles  et  indus- 
triels a  rendu  de  grands  services  à  son 
pays,  frapfié  de  ces  inconvénients,  vient 
d'imaginer  n'employer  la  vapeur  d'une  fa- 
çon tout-à-fait  nouvelle  à  la  remorque  des 
bateaux  qui  remonteraient  nos  rivières. 
Comme  dans  les  trois  quarts  de  l'année  la 
profondeur  de  ces  rivières  n'est  pas  asse^ 


270 

considérable  pour  permettre  de  donner  au 
bateau  à  vapeur  une  force  de  plus  de  1 0  à 
12  chevaux,  et  que  celte  force  n'est  guère 
suffisante  que  pour  sa  remonte  particu- 
lière et  celle  de  son  approvisionnement  de 
charbon  et  de  son  équipage,  M.  le  comte 
de  C...  ne  fait  rieo  traîner  à  son  bateau 
remorqueur  pendant  sa  marche  5  mais  au 
bout  d'une  certaine  course,  un  quart  de 
lieue  par  exemple,  le  bateau  est  amarré 
instantanément  au  moyen  d'ancrage  et 
d'arcs-boutants,  et  la  force  entière  de  la 
machine  est  alo-rs  appliquée  à  remonter  des 
bateaux  vides  au  moyen  de  câbles  qui  leur 
étaient  attachés  et  qui  pondant  la  marche 
du  navire  locomoteur  se  sont  déroulés  sur 
des  cylindres  placés  à  cet  effet  sur  l'ar- 
rière du  bateau. 

Ce  système  permettra  d'appliquer  à  la 
remorque  des  bateaux  de  petits  navires  de 
grandeur  moyenne,  tirant  peu  d'eau,  de 
formes  allongées  et  disposés  de  manière  à 
surmonter  facilement  le  couran;,  des  ri- 
vières sur  lesquelles  on  se  propose  de  les 
utiliser. 

La  remonte  sera  aussi  prompte  au 
moins  de  celte  manière  qu'avec  des  che- 
vaux et  des  bœufs,  et  la  dépense  sera  moins 
considérable. 

Des  précautions  ont  été  prises  pour  qup 
les  obstacles  qui  pourraient  entraver  la 
marche  des  bateaux  remorqués  soient  à 
l'instant  indiqués  au  remorqueur. 

Tel  es-t  en  abrégé  le  système  pour  le- 
quel M.  le  comte  C...  h.  pris  un  brevet 
d'invention.  Il  céderait  tout  ou  partie  du 
privilège,  cl  prendrait  intérêt  dans  les  as- 
sociations qui  se  formeraient,  pour  une 
partie  de  son  droit  de  cession.  —  S'adres- 
ser franc  de  port  à  M.  Cotelle,  notaire  à 
Paris,  rue  Saint-Denis,  n.  374.  —A  M.  Ca- 
soli,  notaire  à  Lyon,  près  la  place  des  Ter- 
reaux, et  à  M.  Saulnier,  à  Moulins  (Al- 
lier). 

ORDONNANCE     SUR    L'IMPORTATION     DES 
VOITURES   LOCOMOTIVES. 

Cette  ordonnance,  du  4  novembre,  per- 
met l'introduction  dans  les  colonies  fran- 
çaises de  voitures  locomotives  étrangères 
propres  au  transport  des  récoltes  et  au 
service  intérieur  des  sucreries.  Certes, 
sa  lecture  n'aura  pas  surpris  d'une  ma- 
nière fort  agréable  nos  mécaniciens  de 
Paris ,  d'Arras ,  de  Nantes  et  de  Rouen. 
Nous-mêmes  nous  sommes  portés  à  croire 
que  la  religion  de  notre  jeune  et  habile 
ministre  des  finances  aura* été  surprise,  et 
qu'on  l'aura  trompé  sur  l'état  actuel  de  nos 


constructions  de  machines.  Assurément,  et 
depuis  longtemps  nous  le  reconnaissons , 
nos  colonies ,  pour  soutenir  la  concurrence 
avec  nos  sucreries  indigènes,  ont  besoin 
de  marcher  en  avant  et  de  perfectionner 
les  Jippareils  qu'elles  emploient  ;  mais  est-ce 
à  dire  que  les  machines  nouvelles  ne  peu- 
vent pas  être  L'Onstruiles  dans  la  mère-pa- 
trie, et  qu'il  faut,  pour  arriver  à  les  possé- 
der, invoquer  le  secours  de  l'étranger? 
C'est  ce  que  nous  ne  pouvons  admettre,  sur- 
tout quand  il  s'agit  de  machines  mobiles. 
Leur  construction  en  France  est  très  bien 
connue  ;  ainsi  à  Nîmes  on  en  voit  une  tra- 
vailler constamment  depuis  deux  ans  à  des 
travaux  d'épuisement,  et  dans  cefmoment 
on  peut  voir  au  secrétariat  de  la  société 
d'encouragement  des  modèles  au  sixième 
de  pareilles  machines  qui  ont  reçu  la  sanc- 
tion des  Xavier,  des  Séguier  et  'de  la  plu- 
part des  hommes  scientifiques  et  pratiques 
de  la  France.  Bientôt  mêni-e  elles  doivent 
donner  lieu  à  une  exploitation  sur  une  fort 
grande  échelle,  et  déjà  les  bases  d'une  so- 
ciété sont  à  cet  effet  arrêtées  entre  les 
parties  intéressées.  Les  machines  mobiles, 
nous  le  répétons,  ne  sont  donc  point  au 
nombre  de  ces  machines  inconnues  dont 
parle  M.  le  ministre  et  que  n>3us  devons 
importer  de  l'étranger.  La  métropole  est 
en  Mesure  de  satisfaire  à  tous  les  nouveaux 
besoins  des  colons.  Aussi  M.  le  ministre,  à 
la  rigueur,  pourrait  proposer  dès  ee  jour 
au  roi  les  mesures  nécessaires  qu'il  pro- 
met de  prendre  pour  concilier  les  facilités 
dont  les  colonies  ont  besoin  avec  les  mé- 
nagements dus  aux  industriels  de  la  mé- 
tropole; ce  sont  ces  mesures  que  nous 
croyons  devoir  nous  permettre  de  réclamer 
de  son  impartialité  au  nom  des  mécanicienjs 
français  ,  car  son  ordonnance  sur  l'jmpor- 
tatio'n  des  voitures  locomotives  venant  des 
États-Unis ,  dans  les  coloiïies  de  la  Marti- 
nique et  de  la  Guadeloupe,  est  dès  ce  mo- 
ment nuisible,  nous  laflirmons  ,  aux  in- 
térêts des  mécaniciens  nos  compatriotes 

PHARES    MÉTALLIQUES. 

Plus  les  relations  commerciales  d'un 
pays  s'étendent  et  plus  sa  marine  militaire 
doit  être  forte,  nombreuse  et  respectable 
pour  pouvoir  offrir  aide  et  protection  aux 
vaisseaux  marchands  qui  vont,  comme  au- 
tant de  courtiers ,  présenter  et  demander 
des  cargaisons  aux  parages  les  plus  éloi- 
gnés. Souvent  quelques  personnes  ont  im- 
prudemment fait  l'observation  qu'il  était 
inutile  de  tenir  à  si  grands  frais  de  nom- 
breux vaisseaux  sous  voiles  au  profit  d'à- 


venturiers,  qui  seuls  devaient  subir  les  | 
conséquences  de  leurs  courses  hasardeuses,  i 
Il  l'aut  avoir  bien  peu  rciléchi  aux  mesures  ; 
exigées  par  un  bon  systènir^  dV'cononiicj 
politique  pour  soutenir  une  pareille  tbèsc;  j 
si  l'Espagne  et  le  Portugal  jadis  l'eussent 
suivi,  jamais  l'Amérique  ne  leur  eût  oliert 
ses  richesses,  et  si  rAnglelerrc,  dont  per- 
sonne ne  contestera  l'hahiielé  commerciale, 
ne  maintenait  pas  sur  mer  une  marine  mi- 
litaire assez  nombreuse,  jamais  elle  ne  pour- 
rait arriver  à  l'aire  respecter  d'un  pôle  à 
l'autre  les  milliers  de  vaisseaux  que  ses  né- 
gociants envoient  constamment  à  la  re- 
cherche de  nouveaux  débouchés.  Cette 
considératio;:^,  étant  toute-puissante  en  An- 
gleterre, ne  nous  paraît  pas  devoir  rester 
sans  force  chez  nous;  car  à  la  France  aussi, 
à  la  France  devenue  pacifique  et  commer- 
ciale, il  faut  de  nombreux  vaisseaux  de 
transport  pour  aller  offrir  sur  les  marchés 
étrangers  au-delà  des  mers  ses  objets  d'é- 
change, et  en  même  temps  \\  faut  que  sa 
marine  militaire,  destinée  à  protéger  ces 
transports,  soit  d'autant  plus  puissante  que 
ses  navires  de  commerce  sont  moins  grou- 
pés sur  de  mOmes  points  et  ne  peuvent 
ainsi  se  prêter  une  force  mutuelle.  Cepen- 
dant il  ne  suffit  pas  de  les  proléger  en 
pleine  mer  ou  dans  les  ports  étrangers  ces 
vaissc'aux  de  commerce;  c'est  à  leur  retour 
qu'il  faut  encore  les  défendre,  non  est-il  vrai 
contre  les  corsaires  ou  les  exactions  des 
douanes  étrangères ,  mais  contre  les  dan- 
gers dont  les  menacent  nos  écueils  et  nos 
falaises  qui,  trop  souvent,  après  un  long 
voyage,  les  font  échouer  au  port.  L'An- 
gkverre ,  placée  à  cet  égard  dans  des  .cir- 
constances encore  p!vs  critiques  que  nous, 
a  besoin  pour  éloigner  les  dangers  qui  me- 
nacent ses  vaisseaux  au  retour  de  prendre 
des  mesures  de  précaution,  coûtant  quel- 
quefois des  sommes  énormes.  Au  nombre 
de  ces  micsures  de  prudence  on  range  sur- 
tout les  phares,  obélisques,  couronnés  de 
feux  continuellement  allumés  pendant  les 
nuits,  et  paraissant  au  nautonier  comme 
autant  de  sentinelles  avancées,  ou  du 
moins  comme  autant  de  flambeaux  pro- 
tecteurs, toujours  prêts  à  leur  montrer  la 
bonne  route  ;  c'est  à  la  rentrée  leur  étoile 
de  bonheur!  Que-lquefois  ces  phares  on,t 
de  rudes  combats  à  soutenir  contre  les  flots 
qui  les  culbutent,  et  forcentain  si  les  navi- 
res à  faire  fausse  route  et  à  venir  avec  eux 
se  briser  sur  les  rochers  dont  ils  vojalaient 
s'éloigner.  C'est  aJin  d'éviter  ces  fâcheux 
accidents  que  le  savant  ingénieur  anglais 
Stephenson  proposa  à  son  gouvernement 
'i' élever  un  phare  métallique  à  l'endroit 


271 

le  plus  exposé  aux  coups  de  vent  de  l'At- 
lantique, sur  le  point  placé  à  l'extrémité 
d'une  langue  de  terre  et  appelé  Wolf-Rock. 
Assurément  dans  tout  autre  pays  ce  pian  , 
qui  aurait  demandé  plus  de  trois  m.iilions 
pour  être  exécuté,  aurait  été  salué  d'un 
houra  universel,  et  son  auteur  aurait  été 
jugé  digne  de  Bediam  ou  de  Charenton  ; 
mais  plus  sages  les  Anglais  se  sont  conten- 
tés de  l'ajourner,  par  la  seule  raison  qu'il 
aurait  fallu  probablement  aurnze  années 
pour  le  terminer. 

Cette  fin  de  non-recevoir  ne  dut  pas 
éloign-er  entièrement  les  constructeurs  de 
cette  idée-mère-,  aussi  dernièrement  M. 
Brown  a  proposé  dans  le  même  pays  d'en- 
treprendre d'c-lever  en  quatre  mois,  pour 
1,500  liv.  sterl.  ou  375,000  francs  seule- 
ment, un  phare  en  bronze  de  90  pieds  de 
hauteur  sur  14  de  diamètre  et  4  de  fon- 
dation, qui  présentera  la  même  solidité  et 
remplira  les  mêmes  conditions  qu'un  phare 
en  maçonnerie  de  134  pieds. 

Partout  généralement,  on  le  sait,  les 
pharé's  sont  en  maçonnerie  composée  de 
grandes  pierres  de  taille  liées  entre  elles 
par  des  étriers  en  fer  pour  donner  i)las  de 
force  à  leur  ensemble.  Celui  d'Eddystone- 
Rock,  élevé  par  le  célèbre  Smeaton,  près 
Plymouîh,  à  24  pieds  de  diamètre  à  sa 
base  et  90  pieds  de  hauteur,  dont  72  sont 
on  maçonnerie  très  solidement  construite; 
celui  bâti  par  M.  Stephenson  sur  Bell- 
Rock,  près  Arbroath,  a  40  pieds  de  dia- 
mètre à  sa  base  sur  110  pieds  de  hauteur, 
dont  102  en  forte  maçonnerie. 

Ces  phares  en  pierre  ont  les  graves  in- 
convénients d'avoir  d'autant  moins  desoli- 
ditéqueleursjointuressontplusmultipliées, 
et  d'offrir  en  outre  une  énorme  surface  à 
l'action  des  vents  et  des  vagues.  A  l'égard 
des  inconvénients  présentés  par  les  surfa- 
ces, M.  Brown  a  eu  l'occasion  de  faire  de 
curieuses  expériences  qui  constatent  qu'un 
cylindre  d'un  pied  de  hauteur  et  d'un  pied 
de  diamètre  peut  recevoir  des  vagnfj  un 
choc  de  80  livres  que  la  violence  des  vents 
peut  augmenter  d'une  autre  pression  de 
40  livres.  Or,  le  phare  que  M.  Stephen- 
son proposait  d'élever  sur  Wolf-Rock  au- 
rait eu  à  supporter,  de  la  part  des  vents 
et  des  vagues,  pi?i-  suite  de  l'étendue  de  sa 
surface,  un  choc  égal  au  poids  de  cent  ton- 
neaux, tandis  que  M.  Bro^Yn  calcule  que 
sa  colonne  de  90  pieds  de  hauteur  en 
bronze  n'aurait  à  résister  qu'à  une  pres- 
sion seulement  de  6  tonneaux  et  demi.  Il 
derail  curieux  et  il  pourrait  devenir  utile 
deyérifier  l'exactitude  de  ces  calculs;  aussi 
voilà  pourquoi,  nous  en  livrons  les  résul- 


272 

tats  à  l'examen  et  du  public  et  de  mes- 
sieurs les  ingénieurs. 

rUlTS  DE  SAUVETAGE. 

"L'accident  affreux  arrivé  au  puits  de 
Champvert  à  La  on  a  fait  naître  au  doc- 
leur  Grépinet,  âe  Rocbelbrt,  Tidée  d'un 
nouveau  mode  dt' soutènement  des  lerresap- 
pli(iué  au  creusement  des  puits  destines,  soit 
à  trouver  les  sources,  soit  à  faire  le  service 
des  mines.  Pour  cela,  il  a  imaginé  d'en- 
foncer dan-  le  trou,  au  fur  et   à  mesure 
qu'il  est  creuse,  une  ar^iaiure  octogone 
cr  i'^r,  soutenue  solidement  à  la  surfaœ  du 
so.et  composée  de  barres  ou  montanls  à  rai- 
nures longitudinales  sur  deux  de  leurs  faces 
parallèles,  età  doubles  mortaises  à  chacune 
de   leurs  extrémités,  de  n^anièrc  que  de 
deux  pieds  en  deux  pieds  Ton  puisse  main- 
tenir l'écart  des  montants  par  des  croisil- 
lons entrant  dans  les  mortais'^^  verticales 
à  Taxe  du  puits  et  que  l'on  pui;:re  en  outre 
ajouter  à  chaque  montant  un  autre  mon- 
tant qui  s'articule  dans  la  mortaise  supé- 
rieure au  moyen  d'une  cheville.  De  plus, 
afin  d'empêcher  les  éboulements  sablon- 
neux, on  j^lissc  dans  les  rainures  des  pan- 
neaux ou  plaques  det(Me  d'une  ligne-,  puis 
au  centre  du  puits  règne  un  axe  contre 
lequel  s'appuie  lune  des  extrémités  de 
chacun  des  croisillons.  Cet  axe,  étant  armé 
de  barreaux  d'échelle  à  perroquet,  présente 
toujours  aux  ouvriers  un  moyen  de  sauve- 
tage. Certes,  chacup  doit  rendre  justice  à 
la  pensée  jjbilanthropique  de  ce  médecin, 
mais  son  appareil ,  tout  en  pouvant  fort  bien 
être  adopté  par  les  hommes  d'art,   ne  le 
sera  pas  sans  au  moins  subir  d'assez  gran- 
des modifications.  Cependant  il  serait  im- 
portant que  messieurs  les  ingénieurs  pris- 
sent la  détermination  d'oliliger,  dans  leurs 
propres  intérêts,   les  creuseurs  de  puits  à 
bien  boiser  leurs  défoncements,   et  cela 
d'une  toute  autre  manière  ([uc  celle  actuel- 
lement adoptée;  car  le  système  de  boisage 
que  Ton  suit  n'est,  on  ne  peut  le  nier, 
réellement  bon  qu'autant  qu'il  n'arrive  pas 
d'accident  ;  mais  survient-il  un  éboul.ement, 
les  croisillons  perdent  leurs  points  d'appui 
et  deviennent,  en  croulant  les  uns  sur  les 
autres,  une  cause  de  mort  supplémentaire 
pour  les  pauvres  ouvriers.  Ainsi,  soit  que 
bon  appli(|ue  l'appareil  Grépinet  en  le  fai- 
sant en  bois,  soit  qu'il  donne  lieu  à  un 
tout  autre  appareil,  il  est  urgent  que  l'ad- 
ministration ordonne  l'usage  d'un  système 
de  boisage  assez  bien  combiné  pour  per- 
mettre à  quatre  hommes  de  travailler  au 
fonds  du  puits,  d'y  remonter  et  d'y  des- 


cendre à  chaaue  instant  par  une  échelle 
indépendante  ue  tout  accident,  assez  her- 
métiquement cuvé  pour  ne  pas  donner 
lieu  au  suintement  des  sables,  et  assez  soli- 
dement croisillonné  et  boisé  pour  qu'il  ne 
puisse  y  avoir  ni  éboulem.ent  ni  déboisage 
par  l'abandon  du  point  d'appui  en  cas  d'ac- 
cident. Lors  même  que  liclée  du  puits  de 
sauvetage  n'aurait  donné  lieu  (ju'à  cette 
mesure  administrative  de  prudence,  l'hu- 
manité devrait  savoir  gré  au  docteur  Gré- 
pinet d'avoir  eu  le  courage  de  montrer  la 
route  à  un  corps  administratif  dont  l'acti- 
vité peut-être  ne  répond  pas  toujours  suf- 
fisamment à  la  science. 

PLOÎVCEURS    A   CASQUE. 

Dernièrement ,  les  journaux  d'Anvers 
nous  ont  appris  que  l'on  a  vu  dans  cette 
ville  plusieurs  Anglais  plonger  dans  le 
fleuve,  en  ayant  la  tête  hermétiquement 
emboîtée  et  renfermée  dans  un  casque  en 
verre  ,  surmonté  d'un  tube  fl(i,\ible  qui 
communique  jusque  dans  une  barque  ou 
sur  le  rivage,  afin  d'injecter,  au  moyen 
d'une  petite  pompe  foulante,  de  l'air  sans 
cesse  nouveau  dans  l'intérieur  du  casque, 
de  sorte  que  le  plongeur  puisse  toujours 
respirer  de  l'air  pur.  On  a  remarqué  l'un 
de  ces  hommes  se  tenir  plus  d'une  heure 
sous  l'eau,  et  communiquer  aisément,  au 
moyen  du  tube  à  air,  avec  ses  compagnons 
restés  à  la  surface  de  l'eau.  Déjà  l'on  a  in- 
venté une  foule  de  procédés  plus  ingénieux 
les  uns  que  les  autres  pour  pénétrer  au 
fond  des  rivières.  En  France,  nous  ne  som- 
mes pas  restés  sans  travailler  à  cette  dé- 
couverte, et  les  appareils  de  M.  Cartéra, 
qui  datent  de  plusieurs  années  avant  les 
expériences  du  bateau  plongeur  de  Fulton, 
m.éritcnt  assurément  d'êti'O  distingués  ; 
néanmoins,  aucun  de  tous  ces  appareils 
n'avait  présenté  des  résultats  aussi  positifs 
que  celui  employé  par  les  plongeurs  an- 
glais ;  il  est  simple,  présente  beaucoup  d'a- 
nalogie avec  le  casciue  Robert,  inventé  pour 
garantir  les  paupières  dans  les  incendies, 
et  pourrait  fort  bien,  si  l'avenir  n'y  fait 
])as  reconnaître  de  graves  inconvénients, 
être  destiné  à  un  usage  habituel. 

PIANOS  A    COQUILLES. 

Le  bon  service  des  pianos  à  chevilles  à 
lévière,  inventés  en  France  par  M.  Clues- 
mann  ,  a  si  bien  été  senti  par  les  Anglais 
qu'un  facteur  de  Londres,  M.  Schwieso, 
s'est  empressé  de  les  imiter;  mais  nous  som- 
mes plus  lents  à  faire  nos  emprunts  à  nos 


voisins  d'outre-mer.  On  dirait  que  nous  te- 
nons à  sérieux  de  rejeter  sur  eux  une  par- , 
tie  des  dédains  que  les  Italiens  prodiguent 
à  nos  oreilles  anti-nationnales;  pourtant 
un  autre  l'acteur  de  Londres,  ?.l.  Woll',  a 
imaginé  un  intérieur  de  piano  dont  peut- 
être  on  pourrait  tirer  ])arli  en  l'rance.  i 
Comme  Tinventeur,  quel  qu'il  soit ,  delà 
lyre  Apollon  ou  Mercure  ,  il  a  pris  la  cara- 
pace des  tortues  pour  modèle ,  puis  il  a 
garni  le  fonds  de  ses  pianos  d'une  grande 
coquille  au-dessus  de  laquelle  il  a  tendu 
ses  cordes  ,  de  sorte  que  les  sons  n'étant 
plus  perdus  dans  les  angles  de  la  caisse  de 
l'instrument,  leur  intensité  est  beaucoup 
plus  grande  puisqu'ils  sont  vivement  re- 
pousses au  dehors  par  les  parois  curvili- 
gnes du  nouvel  appareil ,  qui  par  suite  de  sa 
simplicité  peut  du  reste  être  appliqué  à 
tous  les  anciens  pianos. 

PRODUCTION  MANUFACTURIÈRE  DE 
GLASGOW. 

L'on  compte  actuellement  à  Glasgow  et 
dans  ses  faubourgs  310  machines  à  va- 
peurs savoir  :  176  employées  dans  les  ma- 
nufactures, 59  aux  mines  de  charbon,  7 
aux  carrières  de  pierre ,  et  68  au  service 
des  paquebots,  le  tout  formant  un  pouvoir 
total  de  la  force  de  6406  chevaux.  Cette 
augmentation  des  machines  à  vapeur  à 
Glasgow  a  eu  lieu  en  proportion  du  déve- 
loppement de  son  industrie;  celle  du  tissage 
surtout  s'y  fait  le  plus  remarquer  ;  elle  y  est 
même  prodigieuse.  Ainsi  nous  y  connais- 
sons quatre  maisons  qui  à  elles  seules  oc- 
cupent 3,040  métiers  à  tisser,  fabricant 
chacun  14  gards  ou  13  mètres  d'étoffe  par 
jour,  et  comme  les  jours  de  travail  sont  de 
300,  il  en  résulte  que  ces  quatre  fabriques 
jettent  annuellement  dans  le  commerce 
10,101,000  gards  ou  9,239,000  mètres, 
dont  la  valeur  est  de  189,393  livres,  ou  de 
4,734,825  francs.  Quant  à  la  répartition 
générale  des  métiers,  on  en  comptait  dans 
la  Cité  15,127  marchant  par  la  vapeur  et 
18,537  a  main,  plus  13,463  divers  dans  le 
reste  de  la  ville.  Cette  fabrication  des  ar- 
ticles en  coton,  introduite  à  Glasgow  vers 
l'année  1725  ,  a  pris  un  tel  développe- 
ment q}ie  la  filature  du  coton  travaillé 
en  Ecosse  semble  y  être  concentrée;  car 
d'après  l'assertion  devant  le  parlement  du 
commissionnaire  Léonard  Hower,  sur  les 
1 34  métiers  à  fder  le  colon  qui  existent  en 
Ecosse,  il  y  en  a  100  d'établis  dans  la  seule 
ville  de  Glasgow  et  23  dans  ses  environs, 
à  une  distance  de  25  milles  de  ravon. 


^7Z 

FABRICATION  DU  FER  EN  ECOSSE. 

Au  mois  de  juin  1836  l'Ecosse  possédait 
35  fourneaux,  qui  dans  le  courant  de  ce 
mois  ont  produit  92,000  tonnes  ou 
12,457,000  kilog.  de  fer.  Le  plus  ancien 
de  ces  fourneaux  est  celui  de  Carron  Com- 
pagny,  établi  en  1767,  et  le  plus  nouveau 
est  celui  de  Dundyvau,  construit  en  1834. 
Plusieurs  de  ces  fourneaux  restent  dans 
un  état  stationnairc;  mais  on  en  compte 
huit  ([ui  sont  dans  un  état  de  progrès  ad- 
mirable; ils  sont  répartis:  deux  à  Gar- 
tsherris,  un  à  Calder,  un  à  Monklahd,  deux 
à  Somerlic  et  deux  à  Govan.  Ces  huit  four- 
neaux fabriqueront  20,000  tonnes  de  fer 
par  année.  Du  reste,  tous  ces  fourneaux 
sont  dans  les  environs  de  Glasgow  ;  néan- 
moins on  doit  en  excepter  cinq  qui  pour- 
tant n'en  sont  pas  éloignés  à  plus  de  trente 
milles. 

CHAUFFAGE     DE    FOURS   A    LA   HOUILLE. 


Dernièrement  des  ingénieurs  des  mines, 
hommes  fort  habiles  ,  répondaient ,  à  pro- 
pos d'un  nouveau  boisage  qu'on  leur  indi- 
quait ,  qu'il  ne  leur  serait  pas  difficile  d'en 
imaginer  un  autre,  mais  qu'il  n'en  serait 
pas  de  même  pour  le  faire  adopter.  On 
pourrait  en  dire  tout  autant  des  fours 
chauffés  à  la  houille  ;  car  plusieurs  essais 
ont  été  faits  et  quelques-uns  ont  même 
donné  de  bons  résultats.  Néanmoins ,  tous 
obligeant  à  une  construction  de  fours  par- 
trculière,  ils  furent  mis  de  côté;  mais 
depuis  quelques  jours  on  publie  que,  d'a- 
près les  expériences  faites  dernièrement  à 
Toulon  dans  l'arsenal  de  la  marine ,  on  est 
arrivé ,  en  modifiant  légèrement  la  forme 
des  fours  en  maçonnerie  actuellement  en 
usage,  à  cuire,  avec  de  la  houille,  du  pain 
aussibien,  aussi  bon,  plus  économiquement 
et  dans  moins  de  temps  que  dans  les  fours 
ordinaires  chauffés  au  bois,  et  cela  surtout 
sans  laisser  au  pain  d'odeur  désagréable. 
Cet  appareil  est  d'autant  plus  intéressant 
pour  la  marine  militaire  qu'il  réduit  des 
cinq  sixièmes  l'espace  énorme  occupé  à 
bord  par  le  bois  de  chauffage.  ]\laintenant 
il  nous  reste  à  savoir  quelles  sont  les  mo- 
difications que  1\IM.  les  ingénieurs  de  la 
marine  ont  adoptées.  Dès  qu'elles  nous  se- 
ront parvenues  nous  les  ferons  connaître, 
alin  de  concourir  de  tout  notre  pouvoir  à 
propager  un  procédé  dont  l'usage  ne  peut 
que  devenir  fort  avantageux  au  bien-être 
de  toutes  les  classes  de  la  société. 


274 


VOITURE  MANUMOTIVE. 


Quelques  journaux  ont  dit,  d'après  les 
feuilles  de  Dublin,  qu'un  M.  Nicholson,  de 
la  ville  d'Enniscorthy,  avait  inventé  une 
voiture  qui  marchait  à  bras  d'hommes.  Nous 
attendions  avant  d'en  parler  des  renseigne- 
ments plus  positifs  ;  car  dans  la  description 
qui  nous  est  parvenue,  nous  n'avons  pu  y 
voir  autre  chose  que  l'une  de  ces  voitures 
appelées  draisiennes  ou  vélocipèdes,  qui 
servent  aux  Champs-Elysées  à  amuser 
les  enfants  ;  d'abord,  on  s'en  souvient, 
l'annoncMî  de  ces  mêmes  voitures  piqua 
la  curiosité  des  Parisiens;  leur  vue  at- 
tira leurs  sarcasmes;  puis  ils  se  réconciliè- 
rent a\  ec  elles,  et  bientôt  en  firent  un  joujou 
qu'ils  transmirent  aux  Anglais;  alors  elles 
lirent  fureur  à  Londres,  et  partout  on  ren- 
contrait force  dandys  allant  en  voiture 
aussi  vite  qu'un  homme  se  promenant,  et 
encore  en  se  donnant  bien  du  mal.  Plus 
tard  les  mécaniciens  anglais  améliorèrent 
cette  invention;  néanmoins,  celle  de  ces 
voitures  la  plus  perfectionnée  n'a  pu,  étant 
montée  par  six  iiommes  travaillant  chacun 
de  toutes  leurs  forces,  que  parcourir  les 
rues  de  Londres  en  faisant  de  quatre  à  six 
milles  à  l'heure  ;  aussi  nous  dirons  avec  un 
savant  mécanicien  anglais,  M.  Baddeley, 
que  puisqu'il  est  indispensable  d'avoir  de 
bons  In-as  et  de  bonnes  jambes  pour  se 
SL'rvir  de  ces  voitures,  il  faut,  en  attendant 
qu'on  nous  offre  mieux,  nous  transporter 
naturellement  à  pied  partout  où  bon  nous 
semble. 

ÉTOFFES   DE    VERRE. 

Ce  n'est  point  une  nouveauté  en  France 
de  voir  liler  le  verre ,  mais  c'est  un  art  qu'en 
Hollande  et  en  Italie  on  est  arrivé  à  porter 
au  plus  haut  degré.  Ainsi,  dans  ce  moment, 
l'on  voitàVeuiseM.Olivi  perfcctionnercette 
industrie  au  point  de  tisser  les  fils  qu'il  a 
étirés.  Les  étoffes  obtenues  par  cet  artiste 
sont  di'  la  plus  grande  souple.s.se  et  sont 
remar(iual)U's  surtout  par  la  beauté  et  l'é- 
clat des  couleurs  qui  relèvent  leurs  dessins. 

FILATURE  DU  LIN  EN  POLOGNE. 

Parmi  plusieurs  nouvelles  branches  d'in- 
îustrie  cultivées  depuis  peu  en  Pologne, 


le  filage  du  lin,  au  moyen  de  machines,  pa- 
raît mériter  un  intérêt  d'autant  plus  parti- 
culier que  le  pays  produit  une  très  grande 
quantité  de  lin,  vendu  jusqu'à  présent  à 
l'étranger,  pour  être  racheté  ensuite  ma- 
nufacturé. La  Pologne  payait  ainsi  à  ses 
voisins  un  tribut  dontson'industrie  aurait 
dû  l'affranchir  depuis  longtemps. 

Dans  ce  pays,  où  l'agriculture  occupe  la 
presque  totalité  de  la  population,  l'indus- 
trie manquait  jusqu'ici  d'ouvriers.  L'éta- 
blissement de  fabriques  (|ui  travaillent  au 
moyen  des  machines  en  devient  d'autant 
plus  précieux  pour  la  Pologne,  qui  peut 
même  se  prévaloir  des  avantages  qu'of- 
frent les  progrès  des  sciences  mécaniques , 
sans  redouter  les  inconvénients  dont  ils 
sont  d'ordinaire  accompagnés  ;  nous  n'y 
voyons  pas  de  pauvres  ouvriers  privés  des 
moyens  d'existence  par  l'introduction  de 
ces  procédés  perfectionnés. 

La  première  manufacture  de  ce  genre 
en  Pologne,  dirigée  par  M.  Charles  Scholtz 
et  compagnie,  a  été  fondée  par  une  société 
d'actionnaires,  sous  les  auspices  et  avec  le 
secours  du  gouvernement.  Les  machines 
même  dont  elle  avait  besoin  ont  été  confec- 
tionnées dans  les  ateliers  impériaux.  La 
banque  polonaise  a  également  pris  une 
part  active  au  succès  de  cette  entreprise. 

Cette  fabrique  est  située  dans  les  terres 
du  comte  Henri  Lubienski  ;  quoiqu'elle  ne 
soit  pas  encore  pourvue  de  toutes  les  ma- 
chines qui  lui  sont  destinées,  elle  est  déjà 
en  état  de  fournir  150  pièces  de  toile  par 
semaine,  et  les  habitations  des  SOQouvriers 
qu'elle  occupe  commencent  à  former  une 
petite  ville. 

On  y  a  adopté  le  procédé  proposé  par 
M.  Girard  en  i81J2,  lorsque  le  gouverne- 
ment français  avait  promis  un  million  de 
francs  pour  l'invention  d'une  filature  de 
lin.  Ce  procédé,  que  bientôt  on  suivit  en 
Allemagne  et  en  Angleterre,  a  été  introduit 
en  Pologne  par  l'inventeur  lui-même,  ap- 
pelé dès  1825  par  le  gouvernement  à  la 
place  de  premier  ingénieur  des  mines  du 
royaume. 

Afin  de  reconnaître  par  un  témoignage 
public  les  services  que  1\L  Girard  a  ren- 
dus à  l'industrie,  les  propriétaires  de  la  fa- 
brique ont  donné  à  leur  ville  naissante  le 
nom  de  Girardow.  (Gaz.  du  Corn.) 


275 


REPKIÎTOIRE  DE  LA  COIN  Y  ERS  ATI  ON. 


DES  BALLONS,  DU  VOL  PAR  MACHINES,  ET 
DE  LA  NAVIGATION  AÉRIENNE. 

La  curiosité  générale,  toujours  si  forte- 
ment excitée  par  les  phénomènes  qui  se 
passent  dans  l'atmosphère,  n'a  pas  manqué 
a'alim.ents  depuis  quelques  jours.  Le  bal- 
lon de  MM,Green,Massonet  Holland  d'une 
part,  les  étoiles  filantes  de  l'autre  sont  ve- 
nus à  la  fois  et  bien  à  propos  succéder  à 
l'érection  du  Louqsor  et  repaître  à  leur  tour 
la  vague  curiosité  des  oisifs,  menacée  de 
mâcher  à  vide  sans  ce  double  événement. 

L'homme  pourra-t-il  jamais  voler,  c'est- 
à-dire  pourra-t-il  jamais,  à  l'aide  d'organes 
postiches,  d'ailes  en  un  mot,  quitter  cette 
terre  couverte  des  monuments  de  sa  puis- 
sance et  se  diriger  dans  les  airs?  Ce  maître 
de  la  terre  et  des  eaux,  lui  qui  mesure  et 
pèse  le  soleil  et  les  planètes,  participera- 
t-il  jamais,  à  force  d'art  et  de  génie,  de  la 
nature  des  messagers  de  Dieu?  Faut -il 
croire  entin,  comme  l'a  prédit  l'évêque  WiN 
kins,  que  le  jour  n'est  pas  éloigné  où  l'on 
entendra  un  homme  demander  ses  ailes  à 
son  valet-de-charabre,  comme  aujourd'hui 
il  demande  ses  bottes?  Ce  problème  paraît 
avoir  beaucoup  occupé  nos  ancêtres  ;  quel- 
ques essais  auraient  même  été  tentés.  Sans 
parler  d'animaux  volants,  du  pigeonde  bois 
d'Archytas  de  Tarente,  de  celui  du  jésuite 
Kircher,  de  la  mouche  et  de  l'aigle  du  cé- 
lèbre Regiomontanus,  mouche  en  fer  qui, 
dit-on,  vola  sur  plusieurs  personnes  de  Nu- 
remberg; aigle  qui,  à  ce  que  Ton  assure, 
après  être  allé  au-devant  de  l'empereur 
Charles-Quint,  à  une  distance  assez  consi- 
dérable de  cette  ville,  y  ramena  ce  prince, 
on  aurait  prétendu  qu'un  certain  baron  de 
Bagge  aurait  volé  depuis  sa  maison,  quai 
des  Théatins,  jusqu'au  milieu  de  la  Seine. 
Lalande,  qui  rapporte  ce  fait,  assez  peu 
concluant,  en  nie  d'ailleurs  l'authenticité. 
Bien  mieux,  lui  et  Coulomb  ont  porté  l'in- 
crédulité jusqu'à  démontrer  Timpossibi- 
lité  du  vol  par  machine.  Plus  récemment, 
M.  IS'avier,  dont  les  sciences  déplorent  la 
perle,  a  eu  l'occasion  de  soumettre  de 
nouvenu  cpUp  question  au  calcul,  à  pro- 
pos d'un  mémoire  de  M.  Chabrier,  sur  les 
moyens  de  voyager  dans  l'air  et  de  s'y  di- 


1  riger.  Comparant  respectivement  la  quan- 
I  tité  d'action  dépensée  par  l'oiseau  et  celle 
I  dont  l'homme  serait  capable,  avec  les  ré- 
sistances que  l'un  et  l'autre  éprouveraient 
pour  se  maintenir  et  se  mouvoir  dans  l'air, 
;  il  est  parvenu  aux  résultats  suivants  : 
!      La  quantité  d'action  dépensée  par  un 
oiseau  proportionné  comme  l'est  une  hi- 
rondelle, pour  résister  simplement  à  l'ac- 
;  tion  de  la  gravité,  sans  s'élever  ni  s'abais- 
,  ser,  est  au  moins  égale  pendant  la  durée 
de  chaque  seconde,  à  celle  qui  serait  né- 
j  cessaire  pour  élever  le  poids  de  son  corps 
,  à  8  mètres  de  hauteur. 
j     Lorsque  l'oiseau  se  meut  horizontale- 
ment avec  une  grande  vitesse,  par  exem- 
ple celle  de  15  mètres  par  seconde,  que 
prennent  souvent  les  oiseaux  voyageurs 
pour  exécuter  leur  migration  annuelle,  la 
quantité  d'action  que  l'oiseau  dépense  en 
s'élevant  devient  alors  à  peu  près  égale  à 
celle  qui  serait  nécessaire  pour  élever  son 
propre  poids  à  390  mètres  de  hauteur. 

Ainsi ,  l'effort  que  fait  l'oiseau  pour  se 
soutenir  dans  l'air  est  fort  petit  compara- 
tivement à  l'effort  qu'il  exerce  dans  le  vol , 
et  il  lui  en  coûte  peut-être  moins  de  fati- 
gue pour  se  soutenir  simplement  dans 
I  air,  eu  égard  à  la  fatigue  qu'il  est  capa- 
ble de  supporter,  qu'il  n'en  coûte  à  l'homme 
pour  se  soutenir  debout  sur  les  jambes, 

11  est  aisé  maintenant  de  comparer  la 
quantité  d'action  que  l'homme  est  capable 
de  produire  avec  celle  qu'exige  le  vol. 

On  sait,  en  effet,  qu'un  homme,  tra- 
vaillant à  une  manivelle  pendant  8  heures 
par  jour,  est  regardé  comme  produisant  , 
terme  moyen  ,  une  quantité  d'action  ca- 
pable d'élever,  dans  chaque  seconde  ,  un 
poids  de  6  kil.  à  1  mètre  de  hauteur. 
Comme  le  poids  moyen  de  l'homme  est  de 
70  kil.,  on  voit  qu'il  pourrait  tout  au 
plus  élever,  dans  le  même  temps,  son 
propre  poids  à  une  hauteur  de  6/70  ou  86 
millimètres  de  hauteur.  Toutes  propor- 
tions gardées  ,  ce  n'est  pas  la  92  partie  de 
la  quantité  d'action  que  l'oiseau  dépense 
pour  se  soutenir  en  l'air. 

Mais ,  diront  ceux  qui  croient  à  la  puis- 
sance indéfinie  des  machines,  n'y  a-t-il  point 
quelques  combinaisons  de  leviers  pour  dé- 


576 

cupler,  centupler  au  besoin  cette  puis- 
sance? D'abord  ,  les  machines  ne  créent 
jamais  de  la  force  ;  bien  au  contraire  ,  et 
il  faut  le  répéter  sans  cesse  ,  toutes  en  dis- 
sipent une  fraction  plus  ou  moins  grande  en 
frottements  ,  en  chocs,  etc.  Mais  voulez- 
vous  supposer  quelque  mystérieux  système 
qui  permette  à  l'homme  de  dépenser,  en 
un  espace  de  temps  très  court ,  toute  la 
quantité  d'action  qui  est  le  produit  d'un 
travail  de  huit  heures  ?  Il  résulte  des  don- 
nées ci-dessus  que  cette  quantité  d'action 
équivaudra  à  G  kil.  multi{>liés  par  le  nom- 
bre de  secondes  contenues  dans  8  heures  ; 
tout  cela  équivaudra  ,  disons-nous  ,  à  l'é- 
lévation de  172,800  kil.  à  1  mètre  ;  de 
sorte  que,  comme  pour  se  soutenir  en  l'air 
il  devra ,  de  même  que  l'oiseau ,  dépenser 
une  quantité  d'action  capable  d'élever  son 
poids  ou  70  kil.  à  8  mètres  de  hauteur,  on 
trouvera  la  durée  pendant  laquelle  l'hom- 
me planerait  en  divisant  172,800  par 
8  X  70  ,  cette  durée  serait  de  308  secon- 
des ou  5  minutes  environ.  Or,  l'expé- 
rience journalière  apprend  assez  qu'il  est 
impossible  à  l'homme,  aussi  bien  qu'aux 
autres  animaux  ,  de  produire  en  5  minu- 
tes toute  la  quantité  de  travail  qu'ils  pro- 
duisent en  8  heures  ;  il  est  donc  évident 
qu'un  homme  ,  à  l'aide  d'ailes  factices  , 
que  l'homme ,  qu'on  me  passe  le  terme  , 
.simplement  déguisé  en  oiseau  ,  ne  pour- 
rait chaque  jour  se  soutenir  dans  l'air 
que  pendant  un  intervalle  de  temps  beau- 
coup plus  court,  et  qui  serait  vraisembla- 
blement fort  au-dessous  d'une  minute. 

Ce  n'est  point  en  chauffant  un  jupon, 
comme  on  le  prétend,  que  Joseph  Mont- 
goKier  inventa  les  aérostats;  mais  bien 
après  avoir  longtemps  et  assidûment  mé- 
dité sur  le  moyen  de  pénétrer  dans  les 
places  fortes  en  s'élcvant  dans  l'air.  Les 
travaux  de  Prieslley ,  de  Cavendish  et  d'au- 
tres célèbres  contemporains ,  avaient  fait 
3onnaître  les  propriétés  de  nouveaux  gaz, 
dont  quelques-uns  sont  plus  légers  que 
l'air  atmosphérique.  On  savait  déjà  com- 
bien l'air  était  promptement  dilaté  par  l'ac- 
tion de  la  chaleur,  et  cet  effet  était  déjà 
mesuré  assez  exacfc'Tf.ent.  Joseph  Mont- 
gollier  et  son  frère  répétèrent  cette  obser- 
\ation  :  ils  connaissaient  les  propriétés 
des  dilférents  gaz  et  essayèrent  plusieurs 
moyens  de  résoudre  la  question  qui  les  oc- 
cupait. La  théorie  en  était  facile,  mais  il  y 
a  un  intervalle  immense  entre  une  pre- 
mière vue  et  la  solution  pratique  d'un 
problème  ;  ce  ne  fut  donc  qu'après  diverses 
tentatives  qui  remontent  à  1782,  que  Tin- 
venteur  se  décida  à  dilater  l'air  de  l'enve-  , 


loppe  par  l'action  d'un  foyer,  et  à  réaliser 
fun  dos  projets  les  plus  extraordinaires 
qu'un  homme  ait  pu,  concevoir.  Cette  ex- 
périence mémorable  eut  lieu  le  5  juin  1783, 
en  présence  des  États  du  Yivarais ,  assem- 
blés à  Annonay,  patrie  de  Montgolfier. 

On  apprit  bientôt  dans  la  capitale  un 
fait  aussi  prodigieux.  Charles,  physicien 
distingué,  entreprit  aussitôt  d'obtenir  le 
même  résultat  par  un  autre  moyen.  Il  pré- 
féra avec  raison  l'hydrogène,  qui  est  douze 
à  quinze  fois  plus  léger  que  l'air  atmosphé- 
rique, à  ce  même  air  dilaté  qu'avait  adopté 
l'inventeur. 

On  venait  de  composer  un  nouvel  en- 
duit résultant  d'une  dissolution  de  gomme 
élastique  dans  l'huile  de  térébenthine  : 
Charles  résolut  de  l'appliquer  aux  enve- 
loppes de  taffetas  où  l'on  renfermait  l'hy- 
drogène, et,  après  un  grand  nombre  d'es- 
sais, il  parvint  à  résoudre  la  difficulté 
principale  de  la  construction  des  aérostats, 
celle  de  contenir  pendant  un  temps  assez 
long,  et  dans  une  enveloppe  extrêmement 
légère  et  flexible,  une  substance  gazeuse 
aussi  subtile  que  l'hydrogène.  Cette  grande 
expérience  eut  un  plein  succès  ;  son  aéros- 
tat s'éleva  du  Champ-de-Mars  le  2  aoijt 
1783,  et  parvint  en  deux  minutes  à  1,000 
mètres  de  hauteur;  il  descendit  peu  de 
temps  après,  à  cinq  lieues  de  distance. 
C'est  la  première  fois  qu'on  a  employé 
l'hydrogène  dans  les  aérostats.  Ce  procédé 
est  le  seul  dont  on  fasse  usag(r  aujourd'hui. 
Un  peu  plus  tard,  et  toutefois  après  Pi- 
latre  de  Rosier  et  Darlandes,  Charles,  ac- 
compagné de  Robert,  osa  se  placer  dans 
une  nacelle  suspendue  au  ballon;  il  s'éleva 
d'abord  à  plus  de  2,000  mètres  et  par- 
courut en  quelques  minutes  un  intervalle 
de  neuf  lieues. 

La  nouveauté  d'un  tel  spectaclfe  offert  à 
la  nation  la  plus  vive  de  l'Europe  causa, 
suivant  Fourier,  des  impressions  que  l'on 
ne  peut  décrire  et  dont  l'effet  paraît  en 
quelque  sorte  incroyable.  L'admiration  et 
l'enthousiasme  agitaient  tous  les  esprits; 
une  multitude  prodigieuse,  accourue  de 
plusieurs  provinces,  remplissait  les  Tuile- 
ries. Lorsque  les  navigateurs  s'élevèrent, 
les  spectateurs  furent  saisis  de  crainte  et 
d'étonnement,  vu  yrand  nombre  tombèrent 
à  genoux;  on  respirait  à  peine;  on  garda 
assez  longtemps  un  silence  profond  et  uni- 
versel, qui  fut  suivi  d'acclamations  im- 
menses. Descendu  dans  la  jjlaine  de  Nesle, 
Charles  propo  n  à  Robert  de  permettre 
qu'il  coniinuàt  seul  son  voyage:  son  but 
était  d'atteindre  à  une  hauteur  beaucoup 
plus  grande;  en  effet,  il  s'éleva  à  plus  de 


3,000  mètres,  puss  s'abaissa  a  son  gré  et 
sortit  de  la  nacelle. 

Le  roi  avait  été  informé  de  ce  voyage  , 
et  l'on  a  conservé  le  souvenir  des  deux 
ordres  différents  qu'il  donna  à  ce  sujet. 
Louis  X\'I,  cédant  à  une  vive  inquiétude, 
vait  d'abord  exigé  (juc  le  magistral  de 
police  s'opposât  a  cette  ascension  ;  on 
ignore  comment  la  défense  put  être  éludée. 
Lorsqu'on  apprit  ensuite  le  succès  de  cette 
entreprise ,  le  roi  fit  donner  à  Charles  , 
sur  sa  cassette ,  une  pension  assez  consi- 
dérable et  un  appartement  au  Louvre. 
Soit  dit  en  passant,  ceite  munificence 
royale  faillit  lui  coijter  cher.  Le  riche  ca- 
binet de  physique  qu'il  avait  formé  occu- 
pait une  partie  de  la  galerie  d'Apollon  , 
lorsque,  le  iC  août  1792,1e  peuple  en 
armes  pénétra  dans  ses  appartements. 
Pourtant  Charles,  environné  d'une  multi- 
tude furieuse ,  se  nomma  ;  il  rappela  ses 
ascensions  aérostatiques  qui  avaient  eu 
tant  de  témoins  ;  il  montra,  au  plafond ,  le 
char  même  dont  il  s'était  servi  et  qui  de- 
vint ainsi  pour  lui  un  monument  pro- 
tecteur. 

Cependant ,  les  intéressantes  expérien- 
ces de  Montgolfier  et  de  Charles  se  conti- 
nuèrent dans  toute  l'Europe  avec  une  sorte 
de  fureur  ;  parmi  les  plus  mémo-'ibles ,  il 
faut  citer  celles  de  Lyon,  oià  Joseph  Mont- 
golfier était  accompagné  de  six  autres  na- 
vigateurs ;  celles  de  Milan ,  de  Dijon  ;  le 
passage  d'Angleterre  en  France ,  dont 
Mi\I.  Green  viennent  de  tenter  la  contre- 
partie ;  les  ascensions  fatales  de  Pilaire  de 
Rosier  et  Romain  qui,  se  confiant  à  une 
innovation  imprudente,  furent  précipi- 
tés à  Boulogne  ;  celle  de  Comte  Zam- 
beccary ,  qui  tomba  dans  la  mer  Adriati- 
que ;  enfin  celles  de  MM.  Eiot  et  Gay- 
Lussac.  Toutefois  le  mouvement  vertical 
était  trouvé;  l'homme  était  maître  de  s'éle- 
ver et  de  s'abaisser  à  son  gré  dans  l'at- 
mosphère ;  restait  à  trouver  le  moyen  de 
se  diriger  horizontalement.  Parmi  les  ten- 
tatives ou  projets  faits  pour  résoudre  cette 
dernière  partie  du  problème ,  deux  seule- 
ment ,  à  notre  connaissance ,  méritent 
d'être  distingués,  fun  assez  récent,  l'autre 
rie  Meunier,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences.  Le  premier  consiste  dans  rem- 
ploi de  grandes  ailes  formées  par  des  ca- 
pacités remplies  de  gaz  hydrogène,  ei  d'un 
volume  suffisant  pour  que  la  totalité  du 
poids  de  l'homme  et  des  ailes  soit  entière-  ' 
ment  détruite  ;  mais  l'usage  d'un  appareil 
de  ce  genre  ne  semble  point  praticable  ,  ' 
parce  que  Ton  ne  pourrait  imprimer  aux.  : 
ailes  la  vitesse  nécessaire  pour  se  procu- 


277 
rer  un  mouvement  continu  par  l'effet  de 
battements  alternatifs.  Il  paraît  (ju'un 
homme  que  l'on  supposerait  porté  par  un 
aérostat  agirait  sur  l'air  d'une  manière 
beaucoup  plus  avantageuse  en  faisant 
tourner  rapidement  des  roues. 

Ce  genre  de  moteur  adopté  par  M.  Meu- 
nier, qui  d'ailleurs  ne  l'avait  proposé  que 
pour  se  placer  dans  les  couches  de  l'atmo- 
splière  où  la  direction  du  vent  serait  favo- 
rable, consiste  dans  l'emploi  de  grandes 
roues  portant  des  voiles  ou  palettes  diri- 
gées obliquement  et  semblables  à  c(  Mes  des 
moulins  à  vent.  En  faisant  tourner  une 
roue  de  celte  espèce,  on  exercerait  sur  l'air 
un  effort  qui  tendrait  à  déplacer  le  sys- 
tème dont  cette  roue  ferait  partie.  Mais 
comme  l'effort  dont  il  s'agit  serait  dirigé 
obliquement  par  rapport  à  l'axe  de  la  roue, 
on  peut  concevoir  que  l'on  emploie  deux 
roues  pareilles  dont  les  axes  sont  parallè- 
les qui  tournent  en  sens  contraire,  et  dont 
les  ailes  obliques  sont  également  placées 
en  sens  contraire.  L'emj)loi  de  ces  deux 
roues,  auxquelles  il  faudrait  joindre  une 
rame  ou  voile  servant  de  gouvernail,  don- 
nerait de  la  stabilité  à  la  direction  du  mou- 
vement, et  permettrait  de  se  gouverner  fa- 
cilement en  imprimant  à  l'une  et  à  l'autre 
des  vitesses  différentes.  Tant  que  les  deux 
roues  auraient  même  vitesse,  la  direction 
du  mouvement  aurait  lieu  parallèlement  à 
leurs  axes.  Ce  système  a  été  également 
soumis  au  calcul  jpar  M.  Navier,  et  la  con- 
naissance acquise  des  eflets  mécaniques 
produits  par  les  moulins  à  vent  lui  a  per- 
mis d'apprécier  avec  une  assez  grande  ap- 
proximation  feffort  que  les  roues  cà  ailes 
obliques  pourraient  exercer  sur  l'air,  et  par 
le  moyen  duquel  on  surmonterait  la  résis- 
tance que  ce  fluide  oppose  au  mouvement 
de  l'aérostat.  Il  est  évident  qu'en  suppo- 
sant l'appareil  placé  dans  un  air  parfaite- 
ment calme,  il  ne  faudrait  qu'une  force 
très  petite  pour  lui  procurer  une  vitesse 
également  fort  petite  ;  mais  la  force  néces- 
saire, qui  est,  toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs, proportionnelle  au  cube  de  la  vi- 
tesse, augmentera  très  rapidement  avec  le 
mouvement  imprimé. 

La  question  consiste  donc  à  rechercher 
quelle  vitesse  un  appareil  suspendu  à  un 
aérostat  et  mu  par  un  certain  nombre 
d'hommes  pourrait  acquérir.  Le  résultat 
du  calcul  dans  lequel  l'aérostat  a  été  sup- 
posé sphérique,  la  surface  des  ailes  égale 
à  celle  du  grand  cercle  du  ballon,  oii  enfin 
on  a  négligé  la  résistance  de  la  nacelle,  est 
que  la  vitesse  limite  qu'on  peut  obtenir 
augmente  proportionnellement  à  la  racine 


278 

cuhiqùé  du  rayon  de  l'aérostat.  Si  l'on  at-  i 
tribue  à  ce  rayon  une  valeurf'de  10  mètres, 
qui  est  double  de  celle  qui  a  lieu  pour  les 
aérostats  ordinaires;  si  l'on  évalue  à  150 
kil.  le  poids  de  chaque  homme  et  de  la 
partie  correspondante  de  Tajipareil ,  on 
trouve  pour  la  vitesse  maximum  que  des 
hommes  pourraient  imprimer  à  un  ballon  , 
dans  un  air  parfaitement  calme  la  faible 
valeur  de  2  mètres  un  tiers  environ  par  se-  ; 
conde.  Encore  ce  résultat  est-il  plutôt  trop 
fort  ([ue  trop  faible.  Réciproquement  les 
hommes  pourraient   maintenir   l'appareil 
contre  la  force  d'un  vent  dont  la  vitesse  ne 
dépasserait  pas  2  mètres  par  seconde;  or,  \ 
c'est  à  peu  près  à  ce  terme  que  les  mou- 
lins à  vent  ordinaires  commencent  à  tra-  j 
vailler.  On  peut  juger  que  dans  l'état  le  j 
plus  ordinaire  de  Taimosphère  il  serait  im-  j 
possible  de  se  rendre  maître  d'un  appareil  | 
du  genre  de  celui  dont  il  s'agit,  et  d'empê- 
cher qu'il  ne  fût  emporté  par  les  vents,      i 
On  ne  peut  espérer  d'ailleurs  obtenir 
des  effets  plus  avantageux  en  substituant 
la  force  de  la  vapeur  à  celle  de  l'homme. 
En  effet ,  il  parait  que  dans  les  appareils 
qui  s'exécutent  aujourd'hui  le  poids  des 
machines  ne  peut  pas  être  évalue  à  moins 
de  760  kil.  par  force  de  cheval,  estimée  à 
75  kil.  élevés  à  1  mètre  par  seconde  ,  ce 
qui  revient  à  60  kil.  pour  une  force  de 
6  kil.  élevés  à  1  mètre  dans  le  même  temps, 
correspondante  à  l'action  d'un  homme.  On 
doit  ajouter  ensuite  le  poids  du  charbon  et 
de  l'eau ,  dont  il  faudrait  faire  provision , 
celui  du  ballon ,  de  la  nacelle  et  de  l'appa- 
reil que  la  machine  ferait  marcher,  enfin 
le  poids  des  hommes  qu'il  faudrait  embar- 
quer. On  trouverait  ainsi  une  charge  au 
moins  égale  à  celle  qui  a  été  supposée  ci- 
dessus.  Il  en  serait  de  même  si  l'on  vou- 
lait substituer  à  l'action  de  la  vapeur  celle 
d'une  certaine  quantité  de  gaz  fortement 
con^primé  dans  un  réservoir.  De  tous  les 
agents  mécaniques  que  nous  pouvons  em- 

f  loyer  pour  produire  un  travail  continu  , 
homme  est  encore  celui  qui ,  à  poids  égal , 
donne  la  plus  grande  force.  L'idée  d'une 
navigation  aérienne  proprement  dite  doit 
donc  encore  aujourd'hui  être  considérée 
comme  chimérique  ;  la  possibilité  d'une 
telle  navigation  est  subordonnée  à  la  dé- 
couverte d'un  nouveau  moteur,  dont  l'ac- 
tion comporterait  des  appareils  moins  pe- 
sants que  ceux  qui  sont  aujourd'hui  à  noire 
disposition.  Est-ce  à  dire  pour  cela  que  les 
ballons  doivent  être  reléguas  parmi  les  inu- 
tilités, ou  regardés  seulement  comme  pro 
1)res  à  Relever  la  pompe  des  fêtes  popu- 
aires  ?  Non ,  certes  ;  cette  découverte  toute 


française  a  déjà  porté  ses  fruits;  ils  ont 
permis  de  pénétrer  dans  les  régions  où  se 
forment  les  météores,  d'observer  les  qua- 
lités physiques  de  l'air,  la  nature  et  les  ef- 
fets de  rélectricité  dans  les  plus  hautes  ré- 
gions de  l'atmosphère ,  de  reconnaître  que 
la  force  magnétique  terrestre  ne  subit  point 
de  variation  sensible  lorsqu'on  s'éloigne 
de  la  terre  ;  de  s'assurer  de  Tidentité  cl)i- 
mique  de  l'air  pris  à  la  surface  de  la  terre 
ou  à  de  grandes  hauteurs ,  de  mesurer  le 
décroissement  rapide  que  subit  la  tempé- 
rature ,  quoique  l'on  ne  s'éloigne  du  globe 
terrestre  qu'à  une  distance  incomparable- 
ment plus  petite  que  son  diamètre  ;  enfin , 
ils  ont  aussi  contribué  à  la  gloire  de  nos 
armes  républicaines. 

Les  services  du  corps  des  aérostiers , 
commandé  par  le  colonel  Coutelle,  sont  ou- 
bliés aujourd'hui  de  notre  génération ,  et 
cependant  de  quelle  influence  ne  furent-ils 
pas  alors?  quel  respect  et  quelle  admira- 
tion n'inspirèrent- ils  point  à  nos  ennemis? 
Un  seul  fait ,  et  je  termine  cette  notice  déjà 
trop  longue  ;  c'.!St  le  colonel  Coutelle  qui 
le  raconte  :  «  Lorsque  je  m'élevai  devant 
Mayence ,  dit-il ,  à  demi-portée  de  canon 
de  la  place,  j'étais  seul ,  parce  que  le  vent 
étant  fort,  je  voulais  lui  résister  davantage 
avec  300  livres  environ  d'excès  de  légè- 
reté. Trois  bourrasques  successives  me  ra- 
battirent chaque  fois  jusqu'à  terre,  à  la 
distance  de  la  longueur  des  cordes  qni  me 
retenaient,  150  toises.  La  seconde  fois, 
trois  des  barreaux  qui  soutenaient  le  fond 
de  la  nacelle  furent  brisés.  Chaque  fois  que 
la  nacelle  avait  touché  terre  ,  l'aérostat  se 
relevait  par  un  mouvement  accéléré  avec 
une  telle  vitesse  que  soixante-quatre  per- 
sonnes, trente-deux  à  chaque  corde,  étaient 
entraînées  à  une  grande  distance  et  plu- 
sieurs restaient  suspendues.  L'ennemi  ce- 
pendant ne  tira  point  ;  cinq  officiers  ,  au 
contraire,  sortirent  de  la  place  en  mon- 
trant le  pavillon  parlementaire. 

Nos  généraux  allèrent  au-devant  d'eux  ; 
lorsqu'ils  se  rencontrèrent,  le  général  qui 
commandait  dit  au  nôtre  :  «  Monsieur  le 
"  général ,  je  vous  prie  de  faire  descendre 
«  ce  brave  officier,  le  vent  va  le  faire  pé- 
«  rir;  il  ne  faut  pas  qu'il  meure  par  un 
«  accident  étranger  à  la  guerre  ;  c'est  moi 
"  qui  ai  fait  tirer  sur  lui  à  Maubeuge.  » 
Lorsque  le  calme  fut  rétabli ,  je  donnai  le 
signal  de  descendre  ;  je  trouvai  ma  petite 
troupe  et  les  soldats  auxiliaires  pâles  et 
consternés.  Ils  n'avaient  pas  été  comme 
moi  exposés  aux  regards  et  à  l'intérêt  de 
plus  de  cent  cinquante  mille  hommes. 


DECOUVERTE 

I^TÉRES3A]^'T  LA  MORALE  PUBLIQUE  ,  L'EXISTENCE  DES  FAMILLES 
ET  LES  RELATIONS  COMMERCIALES. 


PAPIRR    DE   SLRKTE    DESTINE    A    RENDRE 
Uil'OSSIBLES  LES  FAUX  EN  ÉCRITURE, 

Inventé  par  M.  Mozard,  rue  Vivienne,  3. 

Tout,  le  monde  peut  enlever  l'encre  sur  le 
papier  ordinaire  en  se  servant  : 

l^P'cau  de  javelle  afin  d'amener  l'écri- 
lure  à  ne  laisser  qu'une  trace  jaune  pro- 
venant du  fpr  ; 

2^  D'acide  hydrochlorique  étendu  de 
dix -neuf  parties  d'eau  pour  dissoudre 
complètement  ces  traces  jaunes. 

Le  nombre  incessamment  progressif  et 
véritablement  effrayant  des  faux  en  écri- 
ture se  trouve  donc  ainsi  expliqué  par  Tex- 
trême  facilité  d'un  moyen  qui  n'est  plus 
un  secret  pour  personne. 

L'art  de  falsifier  les  actes,  d'enlever  com- 
plètement l'écriture  sur  les  registres  im- 
primés et  sur  les  actes  faits  sur  papier  tim- 
bré, est  devenu  pour  ainsi  dire  une  bran- 
che d'industrie  qu'une  foule  de  gens  sans 
honneur  savent  exploiter  avec  une  prodi- 
gieuse facilité,  au  grand  préjudice  de  la 
société.  De  1825  à  1831,  d'après  des  docu- 
ments recueillis  au  ministère  de  la  justice, 
1399  accusations  Qn  matière  de  faux,  cen- 
tre 2471  individus,  ont  été  portées  devant 
les  tribunaux  français;  et,  sur  ce  nombre, 
1396  condamnation?  ont  été  prononcées. 

On  est  réellement  effrayé  lorsqu'on  pense 
quels  fâcheux  résultats  peut  avoir  la  fal- 
sification d'un  port  d'armes  qui  tombe  en- 
t  re  les  mains  d'un  assassin  ;  d'un  registre 
d'hôtel  garni  sur  lequel  la  substitution  d'un 
nom  à  un  autre  soustrait  un  coupable  à  la 
justice;  d'une  quittance  et  d'un  bordereau 
d'escompte  dont  la  date  ou  les  sommes  sont 
changées  -,  d'une  facture  oià  les  chiffres  sont 
augmentés  après  l'acquit  ;  d'une  reconnais- 
sance oij  les  valeurs  peuvent  être  centu- 
plées; d'une  correspondance  commerciale, 
de  livres  de  commerce  où  tout  peut  être 
changé  selon  les  vues,  les  besoins,  les  in- 
térêts et  les  projets  d'un  négociant,  qui 
trouve  ainsi  le  moyen  de  dénaturer  l'état 
lie  ses  affaires. 

Tels  sont  les  dangers  qu'est  appelée  à 
prévenir  l'heureuse  et  belle  découverte  du 
papier  de  sûreté,  déjà  adopté  à  Paris  par 
tous  ceux  que  leur  état  ou  leurs  affaires 
mettent  dans  le  cas  de  donner  uu  grand 


nombre  de  signatures  pour  des  engage 
ments,  des  conventions  et  une  foule  dé 
crits  qui  sont  susceptibles  d'être  falsifiés 
et  tronqués  par  ceux  qui  redoutent  les 
faux,  c'est-à-dire  à  peu  près  par  tout  le 
monde,  mais  principalement  par  les  ban- 
quiers, agents  de  change,  courtiers,  com 
missionnaires,  négociants,  avoués,  huis 
siers  et  notaires. 

Il  est  de  toute  évidence  que  le  procédé 
du  blanchiment  du  papier,  ayant  cessé 
d'être  une  secret  uniquement  confié  à  la 
probité  des  hommes  de  science,  n'aurait 
pu  tarder  à  causerun  bouleversement  com 
plet  dans  toutes  les  relations  civiles  et 
commerciales,  si  la  chimie  n'était  parve 
nue,  par  une  autre  découverte,  à  offrir 
elle-même  un  remède  au  mal  qu'elle  avait 
fait  naître. 

Le  papier  de  sûreté  en  effet  ne  coûte 
pas  plus  cher  que  le  papier  ordinaire,  et  il 
a  la  propriété  de  changer  de  couleur  par 
n'importe  quels  réactifs  qui  peuvent  être 
employés  pour  détruire  l'écriture  ;  il  dé- 
cèle ainsi  la  moindre  tentative  de  falsifica- 
tion, et  indique  de  quels  moyens  le  faus- 
saire a  voulu  se  servir  pour  commettre  son 
crime.  Sa  couleur  blanche  se  perd  aussi- 
tôt, et  ne  tarde  pas  à  être  remplacée  par 
une  couleur  vive  et  bien  tranchée,  qui  va- 
rie suivant  la  naturedes  réactifs  employés, 
et  qui  interdit  à  tout  jamais  l'usage  de  l'é- 
crit sur  lequel  la  jentative  a  été  faite,  puis- 
qu'il porte  avec  lui  la  marque  honteuse 
des  intentions  du  faussaire. 

Son  usage  ne  peut  manquer  d'être  géné- 
ral, car  il  réunit  au  plus  haut  degré  toutes 
les  bonnes  qualités  des  papiers  ordinaires; 
leur  finesse,  leur  épaisseur,  leur  luxe,  leurs 
formats;  et  comme  il  se  vend  le  même 
prix,  il  est  évident  qu'il  s'en  fera  un  débit 
immense,  aussitôt  que  les  rapports  favora- 
bles des  chimistes  auront  été  suffisam- 
ment répandus  pour  entraîner  l'opinion 
publique  et  la  convaincre  des  dangers  que 
présente  l'usage  des  papiers  ordinaires. 

Il  a  encore  cet  avantage,  qui  lui  est 
particulier,  qu'il  ne  peut  être  ni  altéré,  ni 
corrodé,  ni  détruit  parles  vers;  les  sub- 
stances qui  le  composent  les  éloignant  et 
leur  étant  même  nuisibles.  Ces  qualités  le 
rendent  donc  propre  à  la  confection  des 
actes  que  l'on  veut  conserver  pendant  un 


!ong  espace  de  temps,  comme,  par  exem- 
ple, aux  registres  de  l'état  civil  qui  res- 
tent pendant  des  siècles  enfermés  dans  le 
même  endroit. 

M.  Mozard,  qui  a  compris  toute  la  por- 
tée de  cette  invention,  n'a  pas  hésité  à  se 
mettre  h  découvert  de  plus  de  2'iO,000  Ir. 
pour  en  devenir  propriétaire  et  la  perlec- 
îionner  de  mcinière  à  centraliser  pour  ainsi 
dire  entre  ses  mains  la  vente  du  papier  àj 
écrire,  dont  l'importance  s'élève  en  France  ; 
à  plusieurs  millions.  Alors  qu'il  s'est  vu 
bien  sur  de  l'excellence  de  son  procédé, 
lorsque  surtout  il  a  vu  les  administrations 
publiques,  la  chambre  des  notaires,  la  Ban- 
(juc,  etc.  etc.,  entrer  en  pourparlers  sé- 
rieux avec  lui,  il  a  résolu  de  former  une 
société  par  actions,  dans  le  double  but  de 
l'exploiter  sur  une  échelle  beaucoup  plus 
vaste  qu'il  n'eiît  pu  le  faire  avec  ses  pro- 
pres ressources,  et  de  s'assurer,  par  l'as- 
sociation d'un  grand  nombre  d'intéressés, 
des  moyens  de  propagation  qu'il  n'aurait 
pu  trouver  dans  une  action  purement  indi- 
viduelle. 

Une  société  en  commandite  a  donc  été  for- 
mée pour  la  fabrication  et  la  vente  du  papier 
de  sûreté  iiifalsiliablc. 

Les  actions  sont  de  1000  francs,  divisées  en 
dix.  coupons  de  lUO  francs.  — Chaque  action 
de  mille  francs  donne  droit  :  1"  à  un  dividende 
annuel  (le  20  cent,  par  jour,  soit  par  année  de 
73  fr. ,  payable  le.  15  janvier;  2"  à  un  mil- 
lième dans  la  répartition  de  tous  les  béné- 
tices  et  dans  la  propriété  de  l'actif  de  la  So  - 
ciété;  3o  au  remboursement  intégral  du  capi- 
tal dans  les  cas  d'amortissement  aimuel  prévus 
par  l'acte  de  Société;  4°  enlin  à  une  prime  de 
.^OO  francs,  dans  le  cas  de  rachat  prévu  par 
l'acte  do  Société.  —  Ciiaque  coupon  d'action 
de  cent  francs  donne  droit  :  1  "  à  un  dividende 
de  2  cent,  par  jour,  soit  par  année  de  7  fr.  30, 
payable  le  15  janvier",  2"  à  un  dix-millième 
dans  la  répartition  de  tous  les  l)éné(ices  et 
dans  la  proprii'té  de  l'actif  de  la  Société;  3"  au 
remboursement  intégral  du  capital,  dans  le 
cas  d'amortissement  annuel  ;  i"  enlin  à  une 
prime  de  50  fr.,  dans  le  cas  de  rachat  prévu 
par  l'acte  de  Société. 

Principes  nouveaux  et  fonàamcntaux  de 
l'acte  de  Société. 

Les  avantages  que  présente  l'acte  de  M.  Mo- 
zard sur  les  anciens  actes  de  société  sont  ; 
1"  d'accorder  se[)t  francs  trente  centimes  d'in- 
térêt annuel  pour  cent  francs,  tandis  (jue  les 
autres  n'en  accordent  en  gt'uéi-al  (pie  cinq  ou 
six  pour  cent  au  plus;  2"  d'obliger  le  gérant  à 
rembourser  chaque  année  un  certain  nombre 


d'actions  au  pair, de  maintenir  ainsi  continuel- 
lement les  actions  au  cours  d'émission,  tandis 
que  les  autres  actes  laissent  toujours  une 
évenlualilé  de  perte  sur  la  revente  des  actions; 
3°  de  limiter  les  b('né(ices  à  einqunnle  pour 
cent ,  mais  d'intéresser  ainsi  le  gérant  ;i  les 
réaliser  le  plus  pronqitemenl  et  le  plus  sûre- 
ment possible. 

Avantage  spécial  aux  actions  de  la  Société 
Mozard. 

Chaque  action  de  1000  fr.  étant  fractionnée 
en  dix  coupons  de  100  fr. ,  chaque  coupon 
rapportant  deux  centimes  par  jour,  rien  de 
plus  facile  tpie  le  ilécompte  des  intérêts. 
(Exemple  :  1 19  jours  nuiltipliés  par  2,  font  : 
2  fr.  98  cent.)  Rien  de  plus  facile  que  la  né- 
gociation des  coupons  de  100  francs.  A-t-on 
fait  un  placement  de  1000  fr.,  et  a-t-on  besoin 
d'une  partie  de  cette  somme  ;  il  suffit  d'en 
détacher  et  d'en  négocier  un  ou  plusieurs 
coupons.  Ce  qu'on  a  vonhi  faire,  c'est  une 
'  catégorie  d'actions  tout-à-fait  à  part  des  ac- 
tions ordinaires,  auxquelles  on  ne  souscrit  gé- 
néralement (\nv  pour  les  garder.  Les  actions 
de  la  Société  Mozart  et  C^  au  contraire  s'a- 
dressent particulièrement  aux  personnes  (jui, 
n'ayant  que  pour  un  temps  limité,  un  mois, 
six  mois  oii  plus,  une  somme  quelconque  à 
leur  disposition,  ne  veulent  point  la  laisser 
improductive  d'intérêt.  Un  exenqile  fera  com- 
prendre la  pensée  nouvelle  qui  a  présidé  ;i 
l'émission  des  actions  de  la  Société  Mozard 
et  C^'.  Une  personne  doit  faire  emploi  d'une 
somme  de  20,000  fr.  dans  3  mois;  la  gardera- 
l-clle  en  portefeuille  pendant  tout  ce  temjKS? 
Si  elle  prend  des  bons  du  trésor,  ils  ne  lui 
donneront  que  2  pour  cent.  Si  elle  achète  de 
la  renie  ou  d'autres  valeurs  dont  le  cours  est 
variable,  pourra-t-elle  à  son  gré  en  réaliser  la 
vente  sans  perte?  Pendant  ces  trois  mois,  les 
actions  de  la  Société  Mozard  etC"^  lui  produi- 
ront 300  fr.  d'intérêt;  et  comnu;  ces  actions 
reposent  sur  une  invention  d'une  nécessité 
reconnue  par  toutes  les  autorités  compéten- 
tes,  d'une  utilité  réelle  et  générale,  et  sur 
une  exploitation  privilégiée,  avec  l'avantage 
de  l'inti'rèt  élevé  de  7  et  demi  ])onr  cent,  et 
du  fractionnement  par  coupon  de  100  fr.,  la 
négociation  en  sera  toujours  facile  et  assurée, 
très  souvent  même  avec  bénélice. 

Garantie  des  Actionnaires. 

Un  cautionneinent  de  100,000  francs  est 
déposé  j)ar  le  gérant  ii  la  Caisse  des  consigna- 
tions.^ Conseil  de  la  Société,  M'"  Marie,  avo- 
cat à  la  cour  royale.  —  Banquier  de  la  Société, 
chargé  du  placement  des  actions,  M.  A.  Clec- 
niann,rue  de  la  Victoire,  il,  à  Paris,  à  qui 
devront  être  exclus! veulent  adressées  toutes 
les  souscriptions  d'actions.  —  Notaire  de  la 
Société,  M*'  Casimir  Noël,  rue  de  la  Paix,  13. 


IMPniVFf.IË  DE  E.  CUVEP.f.îlR  ,  RUE  DÉ  VERÎtEUlL  ,  -i. 


SIXIÈME  A:^J^'KE  1836. 
Edition  française. 


^01JIUVA.L 


DEUXIEME    SERIE. 

rrcniière  année. 


JL»1ES«0 


comussAiGES  omis 


DICTIO?)i\AIRE  MENSUEL  Kï  PROGRESSIF. 
jaÉPXHTomi:  usuel 

DE  TOUS  LES  FAITS  UTILES,  ÉCONOMIQUES  ET  NOUVEAUX, 

intrrfsant  cliieclemeiU 

L'éducation  de  l'cnfancc,  la  morale  et  le  bien-être  des  familles,  l'économie  usuelle* 

L'exercice  et  le  progrès  de  toutes  les  professions  sociales*, 

L'exécution  des  lois  par  l'accomplissement  des  devoirs  et  des  droits  qu'elles  prescrivent. 

PRIX  :  Fîl.WC  DE  PORT  POUR  TOUTE  LA  FRANCE, 

PAÎl  AN  SIX   FHAIXCS. 

ON  BOUSCniT  A  PARIS,  RUE  SAINT-GEORGES,  !S°  11. 

Une  livraison  de  treiUG-deim  pages  par  mois,  contenant  un  demi-volume  m-S". 

Lps  soiiscripteuis  ttaiit  aulorisc's  à  l'cleuir — sur  le  prix  <ie  six  trancs — l  qffranchissemenl  de  leur  lettre  et  '• 
coût  de  la  reconnaissance  de  poste,  Vahonnement  n'est,  Ai  fait,  que  de  CIIV'Q  FRA.iSCS  nets  pour  la  Sociétu- 

NUMÉRO  S2.  — DÉCEMBRE  1836. 

ttrre,  299.  —Des  effets  uliîes  qu'on  peut  obtenir  d'un 
cieval .  ibid.  —  Des  roules  en  béton  ,301.  —  Moulins 
rat^rinos  :  préférence  qu'ils  méritent  sur  lés  moul"ti< 
ct)ii;iTiuns,  303.  —  Kouvoau  produit  extrait  de  la  betti;. 
rave,  ibid.  — De  la  fabricalion  du  charbon  de  bois  \y\t 
un  nouveau  procédé,  301 — De  l'emploi  du  {)ois  dai.i 
les  liauls-fourneaux,  505. 

RÉPERTOIRE  DE  L\  CONVKRSATIOIT. 

Considcralioiis  snr  l'avenir  de  la  civilisation  humai- 
ne ,  307.  —  Histoire  du  tabac,  310. 


REPERTOIRE    CIVIL. 

Prisons  et  maisons  de  corrections,  Clairvaux,  283. — 
Avis  aux  contrjbaables,  287. 

RÉpERTOISe    DOMESTIQUE. 

Du  respect  de  la  chose  publique ,  291.—  De  l'indivi- 
duali.'rae ,  2fi2.  —  Calculs  d'intérêts,  293.  — Du  diviseur 
spécial,  294. 

RÉPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 

Elablisseraents  industriefs  en   France  et  en  Angle- 


s- 

_— 

c 

Q. 

Jours 

3 

de  la 

ïï 

O 

semaine. 

3 

:" 

30 

1 

jeudi. 

«9 

2 

vendredi.' 

28 

3 

samedi. 

27 

4 

niM. 

2G 

5 

lundi. 

2S 

(i 

mardi. 

24 

7 

mercredi. 

23 

8 

jeudi. 

9.2 

0 

vendredi. 

21 

10 

samedi. 

20 

11 

DîM. 

19 

M 

lundi. 

18 

13 

mardi. 

17 

!« 

mercredi. 

16 

jeudi. 

1.>) 

lO 

vendredi. 

14 

17 

samedi. 

13 

18 

DlM. 

12 

19 

lundi. 

11 

20 

mardi. 

10 

21 

mercredi. 

9 

22 

jeudi. 

8 

23 

vendredi. 

7 

24 

samedi. 

6 

2îi 

DlM. 

5 

28 

lundi. 

4 

27 

mardi. 

3 

28 

mercredi. 

3 

29 

mardi. 

1 

30 

mercredi. 

0 

31 

samedi. 

NOMS 
des 

S.il.NTS. 


s.  Eloi. 

s.  Biliiane. 

s.  Cassian. 

sle.  Barbe. 

s.  Sabas,  abbé. 

s.  Nicolas. 

s.  Amis. 

Conception. 

s.  Valérie. 

s.  Malchiade. 

s.  Damasse. 

s.  Évarisle. 

ste.  Luce,  vierge. 

s.  Nicaise,  4  T. 

s.  Mesmin. 

ste.  Adélaïde,  4  T. 

s.  Lazare,  4  T. 

s.  Cratien. 

ste.  Maiiris. 

s.  Phrot;one. 

s  Thomas,  apôtre. 

s.  Honorât. 

s.  Yves. 

ViRile-jfeùne. 

NOËL. 

s.  Etienne,  mart. 
s.  Jean,  apOtre. 
ss.  Innocciits. 
s.  Thomas  Gant, 
ste.  Colombe, 
s.  Sylvestre. 


INTERETS 

de 

fr.  100 

à  4  p.  OiO 


j.  r.  c. 

336  3  68 
357  3  69 
33S  3  70 

359  3  71 

540  3  72 

541  5  73 

542  3  7.i 

343  3  73 

344  3  76 
5tS  3  78 

346  3  79 

347  3  80 

348  3  81 

349  5  82 
3fJ0  3  83 
551  3  84 
5:>2  3  85 
533  3  86 

554  5  87 

555  5  89 

556  5  90 
357  5  91 
5.^8  3  92 
55y  3  93 

360  3  94 
3(il  3  95 
562  3  96 
363  3  97 
564  5  98 
3Jj5  4  00 
366  4  01 


REVENU 

EMPLOI. 

par 

par 

Dépense 

Epargne 

an. 

jour. 

9110. 

lllO. 

f. 

f.c. 

f.   c. 

f.  c. 

16850 

46  16 

41  5i 

4  61 

16900 

46  30 

41  67 

4  65 

16950 

46  43 

41  79 

4  64 

17000 

46  57 

41  91 

4  65 

17050 

46  71 

42  04 

4  67   ■ 

17100 

46  84 

42  16 

4  68 

17150 

4'J  98 

42  28 

4  69 

17200 

47  12 

42  41 

■     4  71 

17250 

47  26 

42  53 

4  72 

173(!0 

47  59 

42  63 

4  73 

17550 

47  53 

42  78 

4  75 

17}00 

47  67 

42  90 

4  70 

17450 

47  80 

43  02 

4  78 

17,S00 

47  94 

43  15 

4  79 

17.^,30 

48  08 

43  27 

4  80 

17600 

4«  21 

45  30 

4  82 

17650 

48  33 

43  52 

4  83 

17700 

48  49 

43  64 

4  84 

17750 

48  63 

43  76 

4  86 

17800 

48  76 

43  89 

4  87 

17850 

4S  90 

■44  01 

4  89 

17000 

49  04 

44  13 

4  90 

17950 

49  17 

44  26 

4  91 

18000 

49  31 

44  38 

4  95 

18030 

43  45 

44  50 

4  94 

isioo 

49  58 

44  63 

4  93 

18150 

49  72 

44  75 

4  97 

18200 

49  86 

44  87 

4  98 

18250 

50  00 

45  00 

5  00 

18360 

59  13 

45  12 

5  01 

18350 

50  27 

45  24 

3  03 

Produi: 
de  IjK 
épargné 
au  bout  Ci 
20  ans 


f.  c.r 

51057  îw. 
51209  U 
51360  6«i 
51512  1' 
51663  O*- 
51815  IN 
5(966  f"^ 
52118  26 
52269  7t. 
52421  S'' 
52572  80 
52724  S'^ 
52873  8-s 
53027  S.'k 
55178  8" 
55530  /•'» 
53481  90 
33633  4i"> 
53784  9' 
33950  5f» 
54088  00 
54239  50 
54391  03 
54542  55 
54694  10 
54843  6C 
54997  IL" 
55148  63 
55300  20 
55131  7(i 
55603  33 


Le  1  lever  du  soleil  7  h.  54  min.  \  coucher  4  h.  ira. 

10—7   45     —     4  1 

20      —     7   53      —     4  3 

31      —     7   56      —     4  1 


D.  Q.  le  1 ,  à  10  heures  21  minutes  du  malin, 
N.  L.  le  8 ,  à  1       9       du  soir.. 
P.  Q.  le  15,  à  4      1       du  soir. 
P.  L.  le  23,  à  0     26       du  soir, 
D.  Q.  le  31 ,  à  4      2       du  malin. 


fffsssz. 


H' 

il 


AVIS  IMPORTANT. 


)     Si,  depuis  le  mois  de  faillet  dernier,  «ne 
I  ponctualité  aussi  strict  que  nous  l'eussions 
voulue  n'a  point  présidé  à  l'envoi  des  livrai- 
sons du  Journal  dks  Connaissances  utiles, 
ses  lecteurs  en  savent  la  cause, 
j     Quelles  que  soient  les  importantes  réformes 
.  il*"  prcsseetde  librairie  auxquelles  le  fondateur 
lile  ce  recueil  donne  l'impulsion;  fjuel  que  soit 
I  le  temps  que  réclame  de  lui  la  préparation  la- 
['■^'irieusc  de  travaux   législatifs  approfondis, 
j  ^pmais   rien  n'a  pu  faire  qu'il  se  détachât  de 
'son  œuvre  de  prédilection,  du  Journal  drs 
)ii,.)NNAissANCES  UTILES.    Gravement   blessé, 
loMigéde  rester  péniblement  étendu  pendant 
plus  de  trois  mois  et  encore  aujourd'hui  même 
ifrès  imparfaitement  rétabli,  il  n'a  pas  cessé 
«cependant   de  s'occuper  de  la  rédaction  du 

{j.^OURNAL  DES  CONNAISSANCES  UTILES,  qu'il  ne 

{.  trouve  jamais  assez  parfaite,  a5sez  utile,  assez 
p.écisei  iissez  claire;  aussi,  le  plus  souvent 
.Us  retards  de  service  n'oBt-ils  pas  d'autres 
cruses  que  des  remaniements  et  des  correc- 
■lons. 

L'impression  du  Journal  des  Connais- 
-ANCEs  UTILES,  successivemcut  entreprise  par 
{.l'jsieurs  iinpriujcurs  laissait  à  désirer.  La  ré- 
•■iaction,  d'uutre  part,  voulait  un  homme  in- 
«■•('uit ,  melho-lique  ,se  pénétrant  bien  de  l'es- 
prit qui  doit  y  présider  et  s'y  consacrant  exclu- 
sivement; 

Le  premier  soin  de  M.  de  Girardin,  dès  qu'il 
lui  a  été  permis  de  s'y  livrer,  a  été  de  prendre 
(yjur  l'impression  du  Journal  des  Connais- 
sances UTILES  des  dispositions  semblables  à 
f  files  qui  assurent  l'exécution  su[-;érieure  de 

•  a  magnitiquc  collection  du  Panthéon  ht 
'•FBAiKE.  Correction  du  texte,  netteté  du  ti- 
rage, exactitude  du  service  seront  k  l'avenir 
IfS  conditions  de  ce  travail.  Lei»econd  point  sur 
itquel  toute  son  attention  s'est  en  même  temps 
oor1ée,etcelui-Iàétaitleplusdiniciledesdeux, 
c'était  de  découvrir  un  savant,  modeste,  hibo- 
rieux,  consciencieux,  qui  voulût  bien  devenir 
le  rédacteur  encbef  du  Journal  des  Connais- 
sances UTILES,  c'est-à-dire  du  Journal  le  i)liis 

•  ^•fficile  à  diriger,  pour  le  rendre  constamment 
^arié,  intéressant,  usuel  et  utile. 

On  n'ai»as  rendu  assez  de  justice  à  tous  le.s 
eflorts  cl  à  tous  les  sacrifices  que  ce  recueil, 
dppnis  six  années  qu'  il  etiste,  a  coûtés  à  son 

jinborieux  fondateur!  Que  maintenant  on  en 
feuillette  avec  soin  la  collection  et  que  l'on 

!(l.!se  si  un  amour  chaleureux  du  bien,  dç  l'or- 
die  et  du  progrès,  ne  s'y  fait  pas  sentir  à  cha- 
que page;  s'il  ne  s'y  révèle  pas  par  un  regret 
sincère  et  incessamment  exprimé  de  ne  pou- 

f  voir  faire  mieux. 

Que  de  veilles  cependaiit  ont  été  consu- 


mées !  Que  de  pensées  justes  et  d'aperçus  pro- 
fonds n'ont  pas  été  généralement  saisis!  Com- 
Iwen  de  matériaux  précieux  ont  été  amassés  ! 
Quel  journal  cependant  fut  l'objet  de  plus 
de  critiques  superliciellcs,  fiites  le  plus  sou- 
vent par  des  personnes  ou  qui  ne  le  lisaient 
point,  ou  qui  n'étaient  pas  en  état  de  porter 
un  jugement  juste  et  éclairé! 

Le  rédacteur  en  chef,  que  M.  de  Girardin, 
ne  pouvant  s'occuper  exclusivement  du  Jour- 
nal des  Connaissances  UTILES,  s'est  enlin  dé- 
terminé à  prendre  [)our  auxiliaire,  est  M.  Boi- 
TARD,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes 
nationales  et  étrangères,  auteur  des  ouvrages 
suivants:  —  Manuels  :  de  Botanique;  d' His- 
toire naturelle;  de  Physiologie  végétale,  chi- 
mie et  minéralogie  appliquées  à  l'agricul- 
ture; du  Cultivateur  forestier.  —  Traités  : 
des  prairies  naturelles  et  artificielles  ;  de  la 
culture  du  mûrier  et  de  l'éducation  des  vers  à 
soie;  des  instrumcnls  aratoires,  c.\c.,eic.  An- 
cien rédacîein-  en  chef  du  journal  de  la  So- 
ciété d'agronomie  de  Paris;  rédacteur  prin- 
cipal des  Annales  de  la  Société  centrale  des 
naufrages .,  etc. 

ïndépcndanur.eflt  des  divers  collaborateius 
qui  ont  jusqu'à  ce  jour  concouru  k  la  rédac- 
tion  du  JOIRNAL  DBS  CONNAISSANCES  UTILES. 

M.  Boilard  se  présente  assisté  par  plusieurs 
savants  distingués,  de  ses  amis  et  anciens  col- 
laborateurs: MM.  Arnlu'iter.  —  Cavmzet.— 
Camhray.  —  Clémmt.  —  DelacJiarrue.  — 
Leneveux-  —  Macquet.  —  Ecumann.  —  ^oi- 
sette.  —  Prévost.  —  Thiebault.—Tollard. 
Verardi.  —  Vergnaud.  —  Wemer. 

Les  aboiuiés  du  JouRNALDEs  Connaissances 
UTILES,  qui  depuis  six  années  lui  restant  lidè- 
les  se  sont  étroitement  unis  h  la  pensée  de 
M.  de  Girardin,  liù  tenant  compte  de  son  zèle 
et  de  ses  efforts,  pourront  appréciée,  avant 
mêtne  de  renouveler  leur  abonnement ,  qtiel 
est  le  mérite  du  nouveau  rédacteur  en  chef 
M.  Boitard,  car  nous  n'aA'ons  point  oublié 
qu'enjuin  dernier  nous  promîmes  un  numéro 
supplénu-ntaire  pou-/  compenser  l'e^nace  oc- 
cupé par  les  prospectus  de  la  Presse  et  du 
Pakthéon  littéraibe 

Cet  engagement  pris,  nous  avons  jugé  que 
la  f.içon  la  plus  convenable  de  l'acquitter  était 
dechargTM.  Boilard  de  faire  de  ce.  numéro 
supplémentaire  un  numéro  spécimen ,  conte- 
nant ses  principales  idées  et  servant  aussi  d'in- 
troduction à  l'année  1837. 

Tel  est  le  motif  qui  nous  a  engagé  à  donner 
le  n°  1  à  cette  livraison  supplémentaire  et  à 
1  terminer  celle-ci  par  la  table  annuelle  des  ma- 
tières. 


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«y-ifi  fci  '''"i'>«j»^'>^p^ 


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•  285 

RES»KllTOIilK   CIVIL. 


I.  INTtRÛTS  GÉNÉRAUX.  — lî.AÎORALE  ET  INSTRUCTION  PUBLIQUES.— 
III.  DEVOIRS  ET  DROITS  CIVILS  ET  POLITIQUES. 

ruîso\s  Eï  MAISONS  DE  CORRECTIONS,  j  «  crimcs.  iSous  nous  trouvons  assez  bien 

I  «  de  ce  système.  Entre  de  grands  criminels 
CLAiRVAUX.  !  «  et  de  mauvais  sujets,  le  niveau  du  mal 

«  tend  toujours  à  s'ab.nisser.  Un  seul  re- 
construite avec  magnificence  en  1105,  '  «  peniir  sincère,  un  seul  exemple  de  travail 
sous-le  règne  d&  Louis  VIÏ,  par  Hugues,  «  gagne  bientôt  les  masses.  Il  semble  que 
comte  de  Cliamiiagne,  la  retraite  de  saint  «  le  tiîoins  mauvais  s'mliltre  dans  le  pire 
Bernard  était  encore  au  dix-hunième  siècle  "  et  TatTaiblit.  La  division  des  classes  pro- 
ie siège  d'un  ordre  célèbre.  Vendus  par  la  «  duit  un  effet  tout  contraire  :  les  lorces 
Révofuiion  à  des  négociants,  rachetés  par  «  s'y  balancent  et  s'y  soutiennent.  C'est  la 
le  Gouvernement  Impérial,  les  immenses  «  du  moint,  ce  que  m'a  appris  Texperience. 
bàtimenisfurentdestinés,  par  un  décret  de  «  Je  sais  bien  que  les  penitcutiaristes  ne 
1808,  à  la  réclusion  des  condamnés.  Deisx  .  «  sont  pas  de  mon  avis.  »  . ,     ,     ,. 

mille  détenus  remplacèrent  cinq  cents!  Pendant  que  j'écoutais  mon  guiae,  le  di- 
moines.  Treize  départements  les  envoient  :  ner  des  femmes  s'était  achevé.  Toutes  se 
l'Ain,  les  Ârdennes,  l'Aube,  la  Côte-dTOr,'  levèrent  en  silence.  Une  d'elles,  avec  une 
le  Jura,  la  Marne,  la  Haute-Marne,  la  voix  douce,  mais  passablement  distraite, 
Meurthe,  la  Meuse,  la  Nièvre,  la  Haute- ^ récita  les  grâces;  et  je  vis,  sous  les  Ion- 
Saône  et  l'Yonne,  i  gués  arcades,  défiler ,  comme  une  sainte 
C'est  la  plus  considérable  de  nos  mai-  !  procession,  toutes  ces  femmes  souillées  de 
sons  centrales  de  force  et  de  correction.  ■.  crimesetde  débauches;  elles  s'approcaaien't 
Le  caractère  dominant  de  la  redouta-  'en  ordre,  deux  à  deux,  vers  un  tour  étroit, 
ble  enceinte,  et  le  premier  qui  se  révèle,  à  travers  lequel  une  main  leur  faisait  passer 


ur 


çà  et  là  était  moins  lugubre  :  e'.le  donnerait  travail  se  perd  en  friandises.  C'est  du  reste 

l'idée  d'une  vaste  caserne,  si  l'on  y  aper-  un  appât  qui,  présenté  par  une  main  ha- 

cevait  un  soldat  ;  rien  n'indique  une  sur-  bile,  siimule  le  zèle  des  plus  paresseuses. 

veillance  militaire  :  c'estdéjà  le  signe  d'une  i     Pour  parvenir  aux  ateliers,  nous  mon- 

grande  puissance.  Quand  la  force  agit  sans  tâmes  un  escalier  de  pierre  encoisse  dans 

se  montrer,  elle  resse*nbîeà  la  persuasion,  de  hautes  et  sombres  murailles.  Aux  pre- 

elle  est  invisible.  imiers  pas  que  nous  fîmes  dans  une  salle 

Le  chef  de  rétablissement,  M.  Salaville,  '  carrée,  nous  nous  trouvâmes  encore  entre 

nous  conduisit  d'abord  au   quartier  des  des  rangs  pre^-és  de  femmes:  c'étaient  nos 

femmes.  Elles  étaient  au   réfectoire.  Là,  connaissancesdu  réfectoire.  Un  grand  ge- 

sans  le  bruit  monotone  des  cuillères  d'étain  nérai  eiji  envié  la  rapidité,  le  silence^  et  le 

frottées  contre  les  assieites  d'étain.  on  eiàc  mvstere  d'une  évolution  si  bien  conduite. 

entendu  tomber  le  j^oussière  d'un  salilier  ;  Ici",  elles  étaient  assises  sur  des  tabourets, 

là  pourtant,  il  v  avait  400  femmes.  Ce  fut  faisant  face  à  de  hautes  fenêires.  loutes 

un  spectacle  singulier  que  celui  de  ces  400  les  détenues  travaillaient  soit  a  la  ganterie, 

têtes  enveloppées  de  longues  coiffes  blan-  soil  au  tinge,  soit  aux  vêtements  de  leurs 

ches,  qui,  toutes  ensemble,   se  tournèrent  compagnons  d  infortune. 

vers  nous,  comme  à  un  signal  donné.  Tous       L'éie,  le  travail  commence  a  six  heures, 

les  âgh's  étaient  confondus.  Nous  en  fîmes  et,  suspenduàdixheurcseldemieou matin, 

tout  haut  la  remarque.  «  Vous  serez  bien  se  <  oniinue  de  onze  à  quatre.  L'hiver,  on 

«  plus  surpris,  nous  dit  notre  guide,  quand  veille  jusqu'à  huit  hi'ures  du   soir.  Des 

«  vous  sàui'pz  que  cette  confusion  sô  ren-  gardiens,  dispersés  dans  les  quatre^ ateliers 

«  contre  ici,  non-seulement  dans  !?sdlfie-' ^-ontigus,  se  tiennent  debout,  en  haoïtbleu, 

«  rents  âges,  mais  entre  les  délits  et  les  l'épée  au  c<Hé  et  les  bras  croisés,  non  moms 


2Si  « 

silencieux  et  plus  immobiles  que  leurs  pri- 
sonnières. 

Au-dessus  de  ce  premier  éiaecnour, nous 
trouvâmes  dans  un  immense  couloir,  large 
de  25  pieds  environ.  —  «  Ici,  nous  dit  no- 
tre guide,  étaient  autrefois  les  cellules  des 
religieux  ;  elles  ont  fait  place  aux  dortoirs 
des  femmes.  «  Je  n'apercevais  rien  qui 
pûl  justifier  celle  explication;  maisplusieurs 
portes  s'ouvrirent  à  nos  côtés,  et  nous  vî- 
mes, dans  deux  couloirs  parallèles,  une 
doui)Ie  avenue  de  lits.  Les  murs,  qui  d'a- 
bord les  avaient  dérobés  à  ma  vue,  ne  s'é- 
lèvent pas  jusqu'à  la  voûte;  de  sorte  que 
le  jour,  parti  on  ne  saiid'oti,  pénètre  par- 
tout et  répand,  avec  un  air  sans  cesse  re- 
nouvelé, une  fi'aicheur  toujours  pure.  L'ex- 
trême propreté  de  ces  dortoirs  n  est  pas  un 
des  moindres  éléments  de  salubrité.  INous 
admirâmes  beaucoup  aussi  l'ordre  et  la  sy- 
métrie du  service  ;  tous  les  lits  étaient  de- 
bout. Malheureusement  ils  sont  construits 
en  bois;  mais  bientôt  ils  seront  remplacés 
par  des  couchettes  en  fer.  Celles  qui  exis- 
tent portent  22  pouces  de  large  sur  6  pieds 
de  long-,  elles  sont  garnies  d'un  matelas, 
d'un  sac  et  de  2  couvertures.  Les  murs  sont 
peints  en  blanc  à  la  chaux  ;  le  carrelage 
■csl  lavé  au  chlore  deux  fois  par  semaine. 

Jl  n'y  a  pour  trente  lits,  qu'une  surveil- 
lante ^nrisc  parmi  les  détenues.  Point  de 
lumière  pendant  la  nuit. 

Les  dortoirs  des  jeunes  filles  sont  moins 
.  grands,  mieux  gardés  et  éclairés  par  une 
lampe. 

Enfin,  à  la  suite  se  trouve  quelques  cel- 
lules pénitentiaires  où  la  solitude  est  accep- 
tée comme  le  plus  grand  supplice. 

Ces  longues  galeries  servent  à  la  récréa- 
tion pendant  les  mauvais  temps.  A  l'une 
des  extrémités  brille  un  jour  plus  vif;  il 
éclaire  une  chapelle. 

Ces  enceintes  sont  si  vastes  !  ces  murs  si 
épais!  ces  escaliers  si  tortueux!  A  travers 
les  mille  corridors  ([ui  se  croisent  en  tous 
sens  et  s'enchaînent  comme  les  sentiers 
d'un  labyrinthe  ,  on  va  sans  savoir  com- 
nient.  Uii  ordre  surprenant  règne  dans  les 
détails,  et  l'ensenihlc  offre  au  premier 
coup  d'œii  ras|)ect  d'une  inexplicable  con- 
fusion. Je  ne  vois  point  de  grilles  ;  je  n'en- 
lends  point  les  lourdes  portes  crier  sur 
leurs  gonds  rouilles.  Ce  ciel  ouvert ,  ce 
vaste  horizon  ,  ce  grand  rideau  de  chênes 
majestueux  à  travers  lesquels  tombent 
les  rayons  du  soli'il  :  toui  cela  fait-il  partie 
deClairvaux  ?  Est-ce  ainsi  que  l'on  entend 
la  captivité?  Il  semhlerait  que  tous  ces 
gens-là  n'ont  qu'à  vouloir  pour  s'évader 
ou  plutôt  pour  sortir.  —  "  Ils  savent  bien, 


n  me  dit  le  directeur,  que  la  barrière,  pour 
"  être  cachée ,  n'en  est  pas  moins  sûre. 
"  D'ailleurs  les  hommes  de  bonne  volonté 
«  sont  ici  plus  nombreux  que  ne  le  croient 
"  ceux  qui  les  plaignent.  —  C'est  un 
"  malheur  et  une  faute.  —  En  1834 , 
"■  reprit-il  sans  relever  directement  mon 
«  interruption,  en  1834,  sur  G55  condam- 
•' nés  pour  récidive,  506  étaient  réputés 
«  avoir  agi  dans  l'unique  but  de  rentrer  en 
«  prison.  Quoi  qu'il  en  soit,  nos  prison- 
"  niers  sont  comme  l'écureuil  qui  croit 
«  faire  beaucoup  de  chemin  dans  la  roue, 
"  parce  qu'il  tourne  avec  elle.  Il  n'est  pas 
"  rare  d'entendre  un  détenu  dire  le  soir: 
«  Je  suis  bien  fatigué,  j'ai  fait  au  moins 
"Cinq  lieues  aujourd'hui.  — Monsieur, 
«  m'écriai-je,  faites  donc  savoir  cela  à  nos 
«  phiIanthropesdelaChaussée-d'Antin,qui 
"  trouvent  nos  prisons  si  barbares.  »» 

Mais  voici  le  lavoir.  C'est  une  vaste 
chambre  carrée  ,  au  milieu  de  laquelle  est 
c«2usé  un  bassi-n  où  coulent  les  flots  d'une 
eau  pure  «  qui  ne  se  taisent  ni  jour  ni 
"  nuit.  »  La  ,  les  laveuses  sont  à  l'abri  du 
chaud  et  du  froid,  du  vent  et  de  la  pluie  : 
et  ces  laveuses  sont  des  condamnées! 
Comhien  elles  doivent  plaindre  l'honnête 
villageoise  qu'elles  ont  dépouillée  et  qui 
n'est  pas  si  bien  traitée  qu'elles  par  le  sort  ! 
Combien  elles  doivent  la  plaindre  si  leur 
conscience  est  plus  sévère  que  la  justice 
des  hommes! 

A  côté  du  lavoir  est  un  sécboir  immense. 
Ces  avenues,  dessinées  par  de  longues  li- 
gnes d'une  blancheur  éblouissante  sur  un 
fond  de  gazon  verdoyant  ,  formant  un 
contraste  pittoresque  :  on  dirait  une  forêt 
couverte  ae  neige  par  une  matinée  de  prin- 
temps. 

Un  jeune  homme  se  dirigea  vers  nous 
et  jeta  une  lettre  dans  une  noîte  portant 
cette  inscription  :  «  Boite  aux  réclama- 
I  lions.  »  11  y  en  a  çà  et  là  plusieurs  de  la 
même  espèce.  Par  ce  moyen  ,  rien  ne  reste 
I  ignoré ,  ni  les  plaintes  fondées ,  ni  les  se- 
j crêtes  manœuvres  des  détenus:  la  pru- 
dence et  l'humanité  ont  fait  chacune  la 
moitié  des  frais  de  cette  utile  institution. 

Nous  venions  de  pénétrer,  sans  nous  en 
apercevoir,  dans  l'enceinte  réservée  aux 
hommes.  Il  y  régnait  une  solitude  pro- 
fonde; mais  tout  à  coup,  les  mille  fenêtres 
s'ouvrirent  au-dessus  des  arcades  noircies 
parle  temps;  mille  têtes  s'y  pressèrent, 
tournées  \  ers  nous  avec  un  mouvement  de 
curiosité.  Un  bourdonnement  sourd  circu- 
lait ,  qui  n'était  dominé  par  aucune  voix 
j  distincte  ;  puis  il  s'y  mêla  un  bruit  reten- 
'  tissant  et  monotone  quand  les  têtes  eurent 


dispara,  c'étaient  les  sabots  qui  réson- 
naient sur  les  dalles.  L'heure  de  la  récréa- 
tion avait  sonné  ,  et  les  détenus  entrèrent 
dans  la  cour  à  pas  comptés  ,  se  rangèrent 
ou  plutôt  s'entassèrent  dans  un  coin  où  le 
soleil  semblait  les  appeler  :  c'étaient  un 
coup  d'oeil  pénible  et  curieux  en  même 
temps.  Cette  teinte  grise  de  rinfàme  li- 
vrée ,  ce  toit  mouvant  de  casquettes  grises, 
ce  silence  que  l'on  retrouve  ici  partout, 
même  dans  les  jeux  ;  cet  air  de  résignation 
triste  qui  est  le  calme  du^  aincu  :  tout  alors 
nous  rappelait  que  ces  hommes  n'étaient 
pas  libres  ,  et  surtout  qu'ils  n'étaient  pas 
dignes  delà  liberté. 

A  Clairvaux  ,  l'enseignement  est  obliga- 
toire pour  les  enfants,  facultatif  pour  les 
hommes  et  pour  les  femmes  ,  négligé  par 
celles-ci ,  fort  recherché  par  ceux-là. 

L'étude  se  prend  sur  les  heures  de  re- 
pos. Douze  bancs  contiennent  en  tout  84 
étudiants.  Autourde  la  salle  sont  disposées 
de  distance  en  distance  onze  tringles  semi- 
sphériques,  dans  lesquelles  viennent  se 
ranger  les  lecteurs,  suivant  leur  degré 
d'instruction.  L'écriture  anglaise  a  été 
adoptée  ici  comme  partout ,  et  les  progrès 
sont  vraiment  extraordinaires,  tn  général, 
l'élève  écrit  parfaitement  au  bout  de  quatre 
mois,  bien  après  quinze  jours,  et  d'une  ma- 
nière passable  en  moins  d'une  semaine. 

Nous  quittâmes  cette  intéressante  partie 
de  la  maison,  pour  entrer  dans  le  quartier 
des  politiques.  Il  ne  renfermait  alors  que 
sept  détenus  ;  mais  depuis  ma  visite,  les 
choses  ont  bien  change  de  face  :  les  con- 
damnés d'avril  ont  été  envoyés  à  Clair- 
vaux.  Une  administration  spéciale  a  été 
créée  pour  eux. 

Parvenus  à  la  troisième  enceinte,  nous 
fûmes  introduits  dans  l'atelier  des  toiles 
cirées.  C'est  là  surtout  que  l'illusion  de  la 
liberté  est  complète.  Cinquante  détenus 
sont  dispersés  dans  une  cour  immense  où 
s'élaborent  graduellement  les  différentes 
métamorphoses  qui  convertissent  une  toile 
grossière  en  élégants  tapis  semés  de  fleurs. 

Dans  cet  atelier,  comme  dans  tous  les 
autres,  le  produit  des  travaux  se  divise.  Un 
tiers  est  remis  à  l'ouvrier  pour  ses  menus 
plaisirs;  un  tiers  est  réservé  pour  sa  masse: 
l'entrepreneur  s'empare  du  reste.  Le  gain 
des  détenus  varie  suivant  leur  zèle  et  leur 
aptitude. 

L'un  d'eux  a  gagné  dans  la  filature  jus- 
qu'à 700  fr.  en  une  année. 

L'entretien  et  la  nature  des  détenus  sont 
également  confiés  à  un  entrfpuneur  qui 
perçoit  48  cent,  par  tête  :  sou  prédécesseur 
en  avait  55. 


285 

D'autres  ateliers,  destinés  à  la  teimure, 

à  la  serrurerie,  à  la  menuiserie,  sont  peu 
de  chose.  On  n'y  travaille  guère  que  pour 
l'intérieur  de  la  maison. 

Le  plus  imporlant  de  tous  les  travaux, 
celui  dont  les  détails  et  le  produit  sont 
presque  incalculables,  c'est  la  fabrication 
des  toiles  de  coton.  ]\iais  il  faut  en  conve- 
nir; si  l'on  éprouve  quelque  curiosité  à 
traverser  rapidement  ces  interminables  ga- 
leries couvertes  de  métiers,  à  se  perdre 
une  fois  dans  ces  nuages  de  poussière  pal- 
pable, à  entendre  en  passant  ces  mille 
l)ruits  qui  crient  comme  la  scie  ou  gron- 
dent comme  le  tonnerre,  on  est  bien  sur- 
pris d'apprendre  en  même  temps  (|ue  l'ate- 
lier des  toilC'S  cirées  n'est  pas  un  séjour 
privilégié  pour  les  détenus. 

Cent  vingt  métiers  sont  gouvernés  par 
trois  cent  cinquante  ouvriers  qui  fjibri- 
quent,  terme  moyen,  1.400  aunes  par  jour. 
L'administration  n'avait  eu,  dans  l'ori- 
gine, d'autre  but  que  d'occuper  des  oisifs. 
La  spéculation  trouva  ensuite  le  secret  de 
les  utiliser  ;  puis  l'industrie  a  centuplé  leurs 
forces.  Ainsi,  j'ai  vu  des  métiers  à  carder 
qui  .semblent  marcher  seuls,  et  sur  lesquels 
quarante  mains  de  fer  tordent  en  une  se- 
conde quarante  fils  d'une  longueur  déme- 
surée. Mais  ne  cherchez  pas  là-bas,  dans 
ce  coin  obscur,  sale  et  privé  d'air,  l'invi- 
sible moteur  de  la  machine  :  il  vous  ferait 
pitié.  C'est  un  homme  ruisselant  de  sueur, 
presque  nu,  à  qui  la  fatigue  fait  saillir  les 
yeux  et  bondir  la  poitrine.  Il  fait  tourner, 
avec  l'agilité  de  quatre  chevaux  lancés  au 
galop,  une  roue  immense  qui,  enclavée 
dans  le  plancher,  se  lie  par  des  courroies 
à  la  roue  d'un  étage  inférieur.  C'est  de  là, 
c'est  de  ce  centre  aveugle  que  part  cette  vie 
intelligente  dont  parait  privé  celui  qui  la 
communique.  A  voir  en  effet  ces  fils  se  tor- 
dre sans  se  mêler,  ces  roulettes  se  croiser 
sans  se  heurter  jamais,  ces  mille  crochets 
monter,  descendre,  se  saisir  et  se  séparer; 
ces  luisantes  bobines  se  rouler  et  se  dérou- 
ler avec  tant  de  grâce  et  de  symétrie,  qui 
ne  croirait  qu'une  volonté  les  anime? 

A  la  suite  du  quartier  de  discipline  oîi  ' 
une  vingtaine  de  condamnés  incorrigibles 
sont  employés  à  Tépluchage  du  coton,  l'in- 
firmerie offrit  à  nos  regards  ses  élégantes 
arcades  suspendues  autour  d'un  square 
planté  de  mille  fleurs. 

L'hygiène  de  la  maison  est  excellente. 
La  surveillance  s'exerce  avec  tant  de  sol- 
licitude, que  les  désordres  de  la  débauche 
ne  sauraient  s'y  cacher;  le  travail  est  tel- 
lement assidu/le  temps  si  bien  distribué, 
que  les  membres  £6  fortifient  par  les  mê- 


iciiouvciee  parumi;  r"s  vtneuit'ms>,  uruA  n-ciwii».  uoa  uiuuivro.  u  rgnot-,  i^ui  «.lait  ic- 
fois  par  année  ;  plus  chauds  pour  rhiver,  marquable  par  les  viiraux,  a  elé  détruite 
plus  légers  pendant  le  temps  des  chaleurs;  en  1815.  Deux  étages  superposés  de  gale- 
â  la  seconde  saison  ils  sont  mis  au  rebut,  ries  contiennent  les  détenus.  Des  salles. 
Les  déienus  ont  une  chemise  par  semaine,  .séparées  ont  été  construites  pour  les  con- 
des  draps  tous  les  vingt  jours.  Pour  la  nuit  damnés  politiques.  Là,  comme  dans  les 
on  ajouie,  aubesoin,  un  bonnet  bien  chaud  autres  pariies  de  l'établissement,  les  fem- 
à  leur  léçer  serre-téte.  Ils  portent  en  tout  mes  et  les  hommes  sont  invisibles  les  uns 
temps   d'excellentes    cliaussurcs.  Ch.aque  aux  autres. 

nouveau-venu  est  tondu,  baigné,  changé  II  ne  nous  restait  plus  à  visiter  que  le 

des  pieds  à  la  tête.  La  rivière  d'Aube,  qui  quartier  des  enfants.  Tous  ces  enfants  sont 

entoure  l'établissement,  entraîne  iiice.^sam-  remarquables  par  leur  laideur;  ilss'occu- 

ment  toutes  les  immondices,  et  parla  frai-  pent  avec  une  merveilleuse  adresse.  Le 

clieur  qu'elle  répand  entretient  la  pureté  dimanche,  on  leur  fait  jouer  la  comédie, 

de  l'ail'.  Le  site  ci  'ailleurs  est  admirable;  Plaisir  que  l'on  a  sagement  banni  desmai- 

au.ssi  n'avons-nous  vu  à  l'infirmerie  que  sons  |)énitentiaires  de  Paris! 

40  maiades  (  1  sur  40  détenus  )  ;  à  Melun,  !      Tel  est  le  pâle  mais  fidèle  tableau  de  ce 

on  en  compte  ordinairement  110,  c'est-à-  que  j'ai  vu  à  ('iairvaux.  Je  l'ai  vu  par  une 

dire  plus  d'un  dixième  de  la  totalité.  laveur  très  difH'jile  à  o4)tenir  aujourd'hui. 

Du  [)alais  des  malades,  nous  passâmes  à  la  Etaler  aux  yeux  du  monde  les  douleurs  de 

lingerie,  et  de  la  lingerie  à  la  cuisine;  on  la  captivité,  c'était  inventer  pour  les  cap- 

eiît  dit  uns  boutique  d'orfèvre,  tant  les  tifs  un  .supjilice  que  la  loi  ne  leur  a  point 

marmites  en  cuivre  rouge  brillaient  au  so-  imposé.  L'abus  de  ces  visites  a  donc  fini, 

leil.  Ce  jour-là,  l'immense  bancinet  consis-  comme  tous  les  abus,   par  le  tuer    lui- 

tail  en2l0  li\res  de  riz  et  quelques  sacs  même. 

de  pommes  de  terre.  Le  chef,  s(!n  bonnet  II  était  presque  nuit  quand  nous  prîmes 

blanc  dans  une  main,  nous  présesita  de  congé  de  l'habile  directeur.  Je  ne  sais  au 

l'autre  avec  un  air  solennel  une  cuillère  juste  quel  chemin  nous  avions  parcouru; 

d'éîaia  toute  luisante,   et  je  l'avouerai:  mais  nous  avions  marché  pendant  six  heu- 

dans  cette  prison  on  se  promène  si  à  Taise,  res  dans  <.\qs  lieux  toujours  nouveaux,  au 

l'air  de  Tesciavage  y  est  si  vif  et  si  léger,  milieu  de  chosr-s  toujours  nouvelles.  On 

que  Je  mangeai  plutôt  que  je  ne  goûtai  l'of-  peut  au  reste  se  faire  une  idée  de  l'étendue 

frande  du  chef.  Tnous  vimes  dans  une  piice  qu'embrassent    ces    immenses  bâtiments, 

voisine  des  montagnes  de  pain  .superbe,  di-  L'administration  l'ait  réparer  tous  les  ans 

visépar  portions  d'une  livre  et  demie,  sans  45,000  mètres  de  toiture. 

compter  le  pain  des  souper  qui  est  même  Rentres  à  l^ar-sur-Aube,  nous  jetâmes 

d'une  qualité  supériçur(>.  Un  vaste  registre  un  coup  d'œil  sur  la  maison  d'arrêt  où  une 

était  ouvert  dans  un  coin;  je  le  crus,  sui-  trentaine  d'hommes,  de  femmes  et  d'cn- 

vant  l'usage  pratiqué  dans  les  grands  éta-  fants  sont  entasses  dans  une  sorte  de  cage 

blissements,  destiné  à  recevoir  les  pensées  à  compartimentsobscurset  malpropres.  Ici 

des  visiteurs,  et  je  me  torturais  d(jà  l'es-  sont  punies  des  fautes  légères,  là-bas  des 

pritpouriraproviscrquekjnechosedejoli...;  crimes.  Aux  criminelsdonc  les  aisances  de 

mais  j'eus  beau  feuilleter  sur  quelques  mil-  la  vie,  les  adoucissements  de  la  captivité, 

liers  de  pages,  il  n'y  avait  cjuc  ces  mots  les  douceurs  du  travail,  les  sollicitudes  du 

mille  fois  repétés  :  pouvoir..   Aux   simples   délinquants,    le 

«  Vu  peser.  »  —  «  Vu  mettre  dans  la  fVoid  rigoureux  et  la  chaleur  étouffante,  la 

marmite.  >•  [privation  de  l'air  eî  de  l'espace,  le  déses- 

Un   inspecteur    d'abord,  \)U\ii  un  con-  iwWdeVnhanâon  vX  les  dangereuses  rêve- 

trôleur  attachent  chaque  jour  leur  nom  à  ries  de  l'oisiveiê!  Là  surtout  oîi  les  con- 

ces  lignes,  dont  l'expression  triviale  cache  damnés  subissent  une  peine  de  moins  d'une 
une  grande  et  noble  jjensée.  Eùit-on  dit 'année,  là  seulement  peut-être,  changer  le 


davantage,  quand  à  leur  place  on  eiît  écrit 
CCS  mots  en  lettres  d'or  : 

o  Au  nom  de  la  .société,  tout  concourt 
«  ici  au  bien-être  des  hommes  qui  ont  juré 
«  à  la  société  une  guerre  mortelle.  » 

Je  ne  finirais  j)as  sur  ces  détails,  si  je  les 
croyais  aussi  intéressants  sous  ma  j>!,ume 


système  pénitentiaire,  ce  serait  le  rendre 
meilleur. 

J.-R.  Moocis, 

procureur  du  roi  à  Aycis-s^lr-Anbe. 


ÀYIS  AUX  CONTRIBUABLES 

Susccphhles    d'être   inscrits  sur  les    listes 
d'électeurs  commanaux^  pour    i837. 

S  Itr.  —  En  1857  aura  lieu  lo  seroiid  ronouvcllfmnit 
trtoiitial  de  la  moitié  des  conseillers  iiiunicipaus  de  tou- 
tes les  coHiinuiies  de  Krauee. 

A  l'approche  (.le»  élections  et  au  moment  où  l'on  s'oc- 
cu|>e  dans  les  municipalités  d(|la  eonfex'tion  des  listes 
qui  leur  serviront  de  base,  il  nt^  paraîtra  peut-être  pas 
iiiullle  lie  rajjpeler  sutcioetenient  le»  conditions  uf'ces- 
saircs  pour  I  iimcription  sur  ces  li»t(;«,  l'époque  de  leur 
clôture  délinitive,  et  les  droits  de  tout  électeur  inscrit 
de  réclamer  la  radiation  de  tout  individu  qu'il  croirait 
indûment  porté. 

Il  arrive  souvent,  en  effet,  lors  des  élec;lions,  que  des 
contribuable»  qui  ne  figurent  point  sur  les  listes  sont 
surpris  de  n'eire  pas  appelés  'i  Caire  [lartie  des  assem- 
blées électoraJes;  mais  leurs  réclamatiou»,  qui  peuvent 
être  justes  au  fond,  sont  re|5oussees  par  une  fin  de  nun- 
recevoilT,  comme  n'avant  pas  ctc  orésentees  dans  les  dé- 
lais preiicrils. 

Souvejit  cjicore  des  électeurs  arguent  de  nullité  les 
opérations  électorales,  en  «'appuyant  sur  ce  <pie  des 
personnes  qui  y  ont  concouru  n'auraient  pas  dû  être  in- 
scrites sur  les  listes.  Ces  réclamations  ne  sont  (las  mii'ux 
accueillies  que  les  premiéras,  d  abord  âi  cause  (ju'elles 
sont  formées  tardivement,  et  en  outre  parce  que  les 
listes  étant  défini tivemenl  arrététa ,  tous  le»  citoyens 
(;u'elle«  comportent  ont  droit  de  -voter,  eicepté  ceux 
qui  auraient  été  privé*  de  leurs  droit»  dviquefc. 

Une  troisième  considération,  la  plus  grave,  c'a^t  que 
les  individus  inscrits  Lndi>.meiit  jx-uvent  être  élus  con- 
seillers municipaux,  et  que  le  mandat  dont  ils  auraiwit 
Clé  investis  n'en  serait  pas  moins  valable  pour  six  ans, 
quand  bien  même  ils  seraient  reconnus  ultérieurement 
avoir  perdu  leurs  droits  életnorau».. 

Nous  allons  analyser  It-s  dispositions  de  la  loi  du  2t 
in.irs  1831  en  ce  qui  concerne  la  forni  tion  des  listes. 
Ce  n'est  point  dans  les  boines  que  nous  nous  sommes 
imiMjséeit  qu'il  est  possible  de  traiter  complètement  une 
matière  si  étendue;  nous  iserons  brefs,  en  lAcliant  touie- 
fiii-i  de  ne  rien  omettre  d'easentiel.  Nous  laissons  à  d'au- 
tres le;  soin  de  dev(Hop|icr  celte  portion  de  notre  légis- 
lalion  électorale  qui  est  la  pierre  am,'ulaire  de  forga- 
iiiMliou  muiiidpale. 

FofiMATioJi  Dts  l.iSTBS. —  L'opcratlou  de  la  confection 
des  littes  d'électeurs  communaux  commence,  chaque 
année,  le  l«r  janvier  (1). 

(.es  listes  se  ccini[)osent  de  deux  parties  : 

l.a  première  comprend  le*  citoyens  les  plus  imposes 
aux  rôles  des  coutributions  directes  Ut  la  coviviune, 
i,,'i!i  de  viiigt-uu  ans  accoin|)lis  et  jouiskant  des  droits 
civlipies  (i),  dans  les  proportions  déterminées  par  l'ar- 
ticle 11,  J  Inr,  de  la  loi  du  21  mars  IWl  ,"5).  Ce  »otil  les 
t'l<'cteurs  eensiluirai. 

Celte  prfuuière  partie  de  la  liste,  où  le^  plus  imposc^^s 
sont  liiscrit»  dans  l'ordre  décroissant  de  la  quotité  de 
leurs  contributions,  est  dressée  parle  maire,  assiste  du 
percepteur  et  de»  commissaires  repartiieurs  (4). 

L'ex(iressiun  de  cUuycns,  e<;rite  dans  l'art.  11  de  la 
loi ,  embrasse  la  réunion  de»  droits  civils  et  des  droits 
politiques. 

On  ne  lient  comple  que  dp.s  ronlributions  directes 
porttics  aux  i  ôles  de  la  ronwatne.  Nul  ne  (leut  se  préva- 
loir de  contributions  jjayees  au  dehors. 

L'âge  de  vingl-un  ans  doit  être  accompli  à  l'époque 
de  la  clrtlurc  ciej  listes. 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  les  électeurs  censitaires 
aient  domicile  dan»  l:i  commune,  et  un  inéine  imlividu 
peut  eiie  électeur  dans  plusieurs  eoimnunes,  cette  qua- 
lité rejulianl  di;  la  condition  de  plus  imposé. 

Les  dispoiitions  relatives  à  ratlribulion  des  conlri- 
Luiions,  contenues    dans  les  lois  concernant  félcction 

11)  Loi  (lu  SI  mari  j8Sl,  »rl.  io.     (a)  Id.  irt.  Il  et  St. 

(i)  l'oiir  le»  rummune»  de  i.ona  âniei  tt  «adessoiu,  le  neniLre 
itf«  riecleurs  doii  élic  P!;sl  «u  diiieme  dr  U  (jnpublion  ,  s.iiit  i]uil 
(luiMc  T  eu  «vuir  nioiii.  d.-  Ironie  doniicilip»  dm»  la  rnmrnuiio,  snu( 
n  en  oii  il  ne  te  Irciuvii^iit  pss  un  iiouil.rc  lullisanl  do  ciloveus 
frayaiil  une  coîilril.utimi  peitoiMielle.   fAll.   u  it  ij  de  la  lui.)' 

{■.,-.  lionibr.  (Il-  tliirciiic  )  s'iifcioil  ue  i  |,ar  lim  li^,l;iln.il»  (on 
«olli))le  la  ecntuine  ,  ufiuutiirte  [uiur  In  rrniuine  acraiiipiie  ,  en  sus 
«il-  i.oou  iusqn'a  i,ow  ;  il'.-  4  pJi-  loo  li.iliiMiil.  en  eut  de  i.ouo  ju.- 
i|u'a  iS.ooo;  du  i  jjar  i»u  lubiuiilt  au  Jcius  de  iS.oeo.  (AiU  11 
H.imi,  lui.,  ,    . 

A)  I.ai  ptiinée,  irt    ii. 


387 

de."!  députés ,  doivent  f  ire  suivies  pour  les  élections 
reffleos  par  la  loi  du  21  mars  (t).  Les  articles  4,  H,  7,  8 
et  9  de  la  loi  du  19  avril  IWl  sont  donc  applicables  aux 
elect<'urs  communaux,  mais  siculcmeiit  par  rapport  aux 
contr?'>ulions  payées  dans  la  commune.  Nous  repro- 
duirons tout  .'i  riieore  ces  dispositions  en  les  annotant 
de  quelque*  dwisions  des  cours  et  tribunaux. 

Ij  s«'conde  partie  de  la  liste  comprend  les  éleeleurs 
adjni7il.s,  de.signcs  dans  le  §  II  di;  l'art.  H  pre/ite.  Ce 
sont  :  lo  Iâ's  membres  des  cours  et  Ir.bunaux  ,  les 
juges  de  |)aix  et  leurs  suppléants  ;  2o  les  membres  des 
chambres  de  commerce,  des  con.ieils  de  manufactures, 
des  coii__ieils  de  prud'hommes  •  3o  kvs  membres  des 
commis.sTons  administratives  des  collèges,  de.s  hospices 
et  des  bureaux  de  bienfaisance;  4«  les  ofticiers  de  la 
garde  nationak';  5"  les  membre.s  et  correRpondants  de 
rliisi.-tul,  les  membres  des  sociétés  savantes  instituées 
ou  aut<u"isées  par  une  loi  ;  tio  les  docteurs  de  l'une  ou 
de  plusieurs  des  facultés  de  droit,  de  n>edeciii(%  des 
sciences,  des  lettn^s,  aprè.s  trois  ans  de  domicile  réel 
dans  la  commune  ;  7o  les  avocats  inscrits  au  tableau  , 
les  avoués  près  les  cours  et  tribunaux,  les  notaires, 
les  licenciés  de  l'une  des  facultés  de  droit,  des  sciences, 
des  lettres,  chargés  de  l'enseifpieinent  de  queiiju'une 
des  matières  ai;parteuant  à  la  faculté  où  ils  auront 
pris  leur  licence,  les  uns  et  les  autres  après  cin(|  ans 
d'exercice  et  de  domicile  réel  dans  la  commune  ;  8o  les 
anciens  fonctionnaires  de  fordre  administratif  et  judi- 
ciaire jouissant  d'une  pension  de  letiniie;  Du  les  em- 
ployé* des  administrations  civiles  et  militaires  jouissant 
d'une  pension  de  retraite  de  .«ix  cents  francs  et  au- 
dessus;  lOo  les  élèves  de  l'école  polyiechuiqne  (jui  ont 
été,  à  leur  sortie,  déclarés  admis  ou  admissibles  dans 
les  services  publics,  après  deux  ans  de  domicile  réel 
dans  la  commune  ;  toutefois,  les  ofliciers  appelés  à  jouir 
du  droit  électoral  en  qualité  d'anciens  élèves  de  l'ecolo 
polytechnique  ne  pourront  l'exercer  dans  les  conimii- 
iies  où  ils  se  trouveront  en  garnison  qu'aul.v.it  qu'ils  y 
auraient  acquis  leur  domicile  civil  ou  politique  avant 
de  faire  partie  de  la  garnison;  llo  les  ofliciers  de  lene 
et  de  mer  jouissant  d'une  pension  de  retraite  ;  12  les 
citovcns  appelés  à  voter  aux  élections  des  iTiembres 
de  la  chambre  des  députés  ou  des  conseils  généraux 
des  départements,  quel  que  soit  le  taux  de  leurs  conlii- 
buiions  dans  la  commune. 

Cette  seconde  partie  est  dressée  par  le  maire  seul  (2}. 

Lc\s  citoyens  oui  posséderaient  l'une  ou  l'autre  dés 
qurjifications  ci-dessus  et  qui  seraient  en  même  temps 
inscrits  sur  la  première  partie  de  la  li.^te  conuTie  élec- 
teurs censitaires,  votent  à  ce  dernier  titre  et  ne  sont 
point  porics  sur  la  deuxième  partie  (;i).. 

Malgré  le  silence  de  la  loi  à  leur  égard,  les  électeurs 
adjoints  doivent  être  Agés  éçtalemenl  de  vingt  et  un  ans, 
parce  que  ce  n'est  qu'à  partir  de  cette  limite  <)ue  com- 
mence l'exercice  des  liroits  civils.  Le  comiié  de  l'inié- 
rieur  du  conseil  d'état,  ayant  été  consulte  sur  ce  (juini, 
a  émis  l'opinion  que  pour  être  électeur  communal  il  faut 
être  maji-ur  (te  viniji  et  un  ans  el  jouir  des  droits  livHs  et 
civiques  dans  loi/ic  Leur  pU'niiude.  Ainsi,  les  oflici  rs  du 
garde  nationale  qui  n'auraient  pas  encore  vingt  et  nu 
ans,  les  |)eusionuaires  civils  ou  militaire.»,  les  officiers  du 
Karcle  nationale,  les  membrra  des  bureaux  de  bienfai- 
sance, etc.,  etc.,  qui  seraient  de,s  étrangers  admis  à  jouir 
en  France  des  droits  civils,  enljn  les  faillis,  ne  peuvent 
être  ele<;teurs  communaux 

Nous  avons  remarqué  que  les  électeurs  cemilaires 
peuvent  ne  pas  être  domiciliés  dans  la  commune;  mais 
il  n'en  est  point  de  môme  pour  les  électeurs  adjoiiUs. 
L'ensemble  di;  la  discussion  de  la  loi  du  21  mars  1831 
établit  suflisamment  (jue  le  législateur,  en  autorisant  des 
adjonclions,  u'a  eu  en  vue  d'appeler  aux  élections  mu- 
nicipales que  des  habitants  de  la  commune,  que  des  ci- 
loyiuis  ayant  leur  domicilf  r<'el  sur  son  territoire. 

Des  délais  de  résidence  sont  exigés  de  quelques-unes 
des  cla,ssc;s  qui  donnent  la  qualité  d'électeur  adjoint. 
Pour  les  docteurs  en  médecine,  ès-sciences,  ès-leitres; 
les  avocats,  avoués,  notaires,  etc.,  la  durée  de  deux, 
trois  cl  cinq  ans  de  domicile,  doit  être  accomplie  avant 
rej)0(iue  de  la  clôture  de  la  liste 

Pour  les  autres  calégories  d'électeurs  adjoints,  quant 
an  domicile  réel,  à  l'exercice  des  fonctions  ou  profes- 
sions et  à  la  possession  du  titre  qui  de;'ine  le  droit 
d'inscription,  ce  domicile,  ces  fonctions,  Litres  ou  pro- 
fessions, doivent  être  possédés  aussi  avant  la  clôture  des 
listes. 

ri:iJLic.\TiON  DES  Listes.  —  La  liste  générale  des  élcc- 

fl)    Loi  précitée,  art    i'.  —  fi)  /</.  «ri.  58.      p)  Id.  »î. 


tBS 


leurs  communaux  est 'publiée et  affichée  le  8  Jan-rier  (i). 
Elle  esi  comiEuniquée  au  secrétariat  de  la  mairie  à 
lout  requéram  (2) 

,  "nÉCLA.MATiONS.  —  Pendant  un  mois ,  à  dater  de  la  pu- 
«  'talion  (jusqu'au  7  février  inclusivemenl) ,  tout  indi- 
vidu omis  peut  réclamer  son  inscription  ei  tout  électeur 
'  'VTii  peut  réclamer  la  radiation  de  tout  individu  qu'il 
uffùrait  indûment  porté  (5) 

t'n  électeur  qui  se  croirait  indûment  inscrit  pourrait 
demander  sa  prtjpre  radiation. 

Les  réclamations  sont  adressées  au  maire,  qui  en  dé- 
livre récépissé;  eilcs  doivent  être  accompagnées  de 
pièces  justiOcatives.  En  général,  ces  pièces  sont:  1"  l'ex- 
-ait  ou  les  extraits  de  rôle  certifiés  jjar  le  percepteur  ; 
-i--  lacté  de  naissance,  si  le  réclamant  n'est  pas  natif  dç 
»a  commune;  3°  les  litres  de  propriété,  si  les  contribua 
lions  ne  sont  pas  imposées  au  nom  du  réclamant  (à  dé- 
faut de  titre,  on  peut  considérer  la  noioiiété  publique 
^omme  une  justification  suffisante);  4»  l'extrait  delà 
uiairice  cadastrale  ou  des  états  de  section ,  s'il  s'agit 
J'uiie  portion  de  cote  indéterminée;  5°  la  délégation, 
•:il  y  a  lieu.  • 

Les  demandes  en  inscription  ou  en  rectification  de 
cens  peuvent  être  présenlec-s  par  l'imermcdiaire  d  in- 
dividus non  électeurs  lorsqu'ils,  prouvent  leur  mandat 
•>eulemeiit  par  une  simple  lettre.  , 

Inaction  des  tiers,  qui  s'exerce  de  la  part  des  élec- 
teurs inscrits,  est  restreinte  aux  radiaiiom.  Ainsi  un 
Jers  ne  peut  réclamer  d'office  une  inscriiuion. 

Si  l'électeur,  dont  un  tiers  demanile  la  radiation,  est 
sur  les  lieux,  il  lui  est  donne  connaissance  de  la  rCcla- 
Tiation  pour  qu'il  puisse  y  répondre.  Si  cet  électeur  est 
.:  osent  ou  non  domicilié,  la  réclamai  ion  est  ordinaire- 
.-.oent  communiquée  soit  à  sou  fermier,  soit  à  son  loca- 
'.aire  ou  correspondant  habituel. 

La  communicatiou,  sans  déplacement,  des  pièces  res- 
Iiectivement  produites  sur  les  questions  et  contesta- 
tions, ne  peut  être  refusée  aux  parties  intéressées. 
.  Ces  réclamations  sont  jugées  dans  le  délai  de  huit 
<ours  par  le  maire,  après  qu'il  a  consulté  une  commis- 
sion de  trois  membres  du  conseil  municipal  délégués  à 
^et  effet  par  le  conseil  i4). 

La  décision  rendue  est  notifiée  dans  ce  même  délai 
aux  personnes  en  cause  (G)  par  le  garde  champêtre  ou 
,iar  l'appariteur  de  la  commune,  ou  bien  i^ar  le  maire 
i)u  l'ad]t)int  s'il  n'y  a  pas  d'appariteur  ni  de  garde 
f:liami)éire. 

Les  notifications  sont  effectuées  ù  la  résidence  des 
parties  domiciliées  dans  la  commune,  et,  s'il  s'at;it  d'un 
contribuable  qui  n'y  a  pas  de  domicile,  chez  son  fer- 
mier, locataire  ou  correspondant  habituel. 

Lorsque  les  trente  jours  lixes  par  les  articles  34  et 
■40  de  la  loi  du  2t  mars  sont  expires,  c'eïi-à-dlre  le 
8  février,  le'niaire  ne  i>eut  plus  recevoir  de  reclama- 
lions  contre  la  teneur  primitive  de  la  liste  électorale; 
elles  doivent  alors  être  adressées  au  préfet  en  conseil 
de  préfecture 

Toute  partie  qui  se  croirait  fondée  à  contester  une 
décision  rendue  par  Icimaire  dans  la  forme  ci-<)eiisus 
jK'ut  en  appeler  dans  le  délui  de  quinze  jours  Cl«vant 
le  préfet  qui,  dans  le  délai  d'un  mois,  prononce  ee  con- 
seil de  prerecliire  et  notifie  sa  décision  (Ci. 

Le  maire,  sur  la  notification  de  la  décision  interve- 
nue, fait  sur  la  liste  la  rectification  prescrite  (7). 

Le  terme  dos  appels  devant  le  préfet  ne  peut  dépas- 
ser les  mars.  puis(|ue  le  délai  dans  leauel  le  maii-<«  doit 
statuer  ne  peut  s'et<>ijdie  juscju'au-delà  du  V>  février. 

Le.«  pièces  iiroduites  à  ra[)pui  du  pourvoi  sont  com- 
muniquées, sans  déplacement,  comme  il  est  dit  plus 
haut. 

Les  appels  portés  devant  le  préfet  le  sont  par  les 
■parties  engagées  dans  la  première  instance  devant  le 
maire. 

La  loi  n'accorde  pas  à  un  électeur  communal  le  droit 
de  saisir  directement  le  préfet  en  conseil  de  préfec- 
ture, depuis  le  8  janvieç  jusqu'au  7  février  inclusive- 
mei-.t,  sans  avoir  préalablement  perte  sa  réclamation 
devant  le  maire  ;  de  même  que  le  con,«'il  d'eiai  ne 
peut  apprécier  les  réclamations  de  ce  genre  que  d'a- 
près un  recours  contre  un  arrête  pris  par  le  préfet  en 
conseil  de  préfecture.  11  ne  peut  en  connaître  directe- 
ment vîonire  les  décidions  du  maire. 

Les  principes  sur  les  délais  pendant  lesquels  les  ré- 
clamations sont  ouvertes  ne  permettent  pas  de  contcs- 


i)  Loi  du  31  mars  i8Ji,  art.  io.— (j)  IJ.  art,  33.  — (3)  Jrf.  oii. 
3<.  —  (4J  I<i.  art.  Î3.  —  l»;  Jd.  en.  36.—  (C)  Id.  arl.  iC.  —  (t)  Id. 
art  3;  ' 


I  ter  devant  le  préfet  la  capacité  électorale  qui  n'aurait 
pas  été  atlaqiici-  dans  le  mois  qui  suit  la  publication  de 
la  Ivle,  ou  autrement  du  8  JHiivier  au  7  février;  mais  si 
la  perte  delà  capacité  ele/toralc  est  postérieure  à  cette 
dernière  e|X)que,  la  demande  en  radiation  présentée  ixir 
un  tiers  peut  être  reçue  comme  simple  renseignement. 
C'est  au  maire  qu'il  appartient,  en  pareil  cas,  de  signa- 
leraii  préfet  les  inilrvidus  qui  auraient  perdu  leurs  droits 
pendant  la  période  réservée  aux  a[ii)els 'devant  ce  ma- 
gistrat. 

L'administration  supérieure,  cous  devons  le  dire,  met 
une  certaine  facilite  dafe  l'admission  et  l'appréciation 
lies  appels  qui  lui  sont  défères  contre  les  deci-ions  des 
maires,  lorsqu'ils  parais-senl  fondes  et  que  les  irrégula- 
rités qu'ils  iJieseiUenl  quelquefois  n'offrent  i)as  le  carac- 
tère delà  rfiauvaise  foi;  elle  juge,  en  général,  dans  cette 
matière,  d'après  l'équité  plutôt  que  d'après  la  rigueur  du 
droit. 

Jusqu'à  présent  nous  n'avons  parlé  que  des  recours  au 
préfi't  en  conseil  de  préfecture  a)ntre  les  décisions  des 
maires;  mais  il  en  est  qui  doivent  être  portés  devant  les 
tribunaux  ordinaires;  ce  sont  les  difficallés  relatives  à 
l'attribution  des  contributions  à  la  jouissance  des  droits 
civiques  ou  civils,  et  au  domicile  réel.  Le  tribunal  civil 
de  l'iirrondis-^enieut  statue  suivant  les  formes  établies 
par  l'art.  18  de  la  loi  du  2  juillet  1828.  ^ 
"  Après  la  clôture  de  la  liste  électorale  communale,  les 
ugemenLs  des  tribunaux  civils  ne  i>euvcnl  y  apporter 
d'autres  changements  que  ceux  qui  résultent  imniédia- 
lenicnl  de  leur  dispositif,  sans  avoir  aucim  égard  à  la 
di»proportion  qu'une  inscription  ou  une  radiation  éta- 
blirait entre  le  nombre  effectif  des  électeurs  et  celui  voulu 
par  la  /o> 

Cloti're  des  listes.  —  Le  31  mars ,  le  maire  doit  pro- 
céfk-r,  avec  la  commission  du  conseil  ^municipal ,  à  la  clô- 
lure  définitive  de  la  liste  des  électeurs  communaux  {*), 

La  liste  une  fois  close,  il  ne  peut  plus  y  être  fait  de 
changemont  pendant  tout  le  cours  de  l'aiinée;  en  cas 
d'eleotion,  tous  les  citoyens  qui  y  sont  portés  ont  droit 
de  voter,  excepté  ceux  qui  auraient  été  prives  de  leurs 
droits  civiques  par  un  jugement  f*"^). 

§  II.  —  Extrait  du  jitre  1"'  de  la  loi  du  19  avril  1831 

SL'R  LES  ÉI,ECT10.\S   A  LA  CHAMRRE  DES  DEPUTES. 

«  ARTv  4.  Les  contributions  directes  (1)  qui  confèrent 
«le  droit  él«ctoial  sont  la  contribution  foncière,  les 
«  contributions  j)ersonnellc  et  mobilière,  la  contribution 
"  des  portes  et  [eiiélres,  les  redevances  fixes  et  propor- 
(I  tinnnellps  des  mines  (2),  l'iiiipôl  des  patentes,  et  les  sup- 
<(  pléments  d'impôt  de  toute  nature  connus  sous  le  nom 
«  de  centimes  additionnels  {".). 

«  1^.8  i-iroprietaires  des  inmieubles  temporairement 
('  exemptas  d'impôts  (4)  poiirnint  le.s  faire  ex perlisercon- 
«  trariictoirement  et  à  leurs  frais  (;.)  pour  en  constater  la 
«  valeur  de  manière  ;\  établir  l'impôt  qu'ils  paieraient, 
«  impôt  qui  alors  leur  sera  compte  pour  les  faire  jouir 
<i  de  leurs  droits  électoraux  (ti). 

<(  La  patente  sera  compté  à  lout  médecin  ou  cliirur- 
«  gien  employé  dans  uu  hôpital  ou  altachéà  un  établisse 
«  ineiil  dech;»riié  et  exerçant  gratuitement  ses  fonctions, 
«  bien  que,  par  suite.'  de  ces  mêmes  fonctious,  il  soit  dis- 
«  ^('iisé  de  l;i  payer.  » 

i.  Les  rimiribuliona  directes  sont  celles  payées  direc- 
tement .'i  l'iital,  c'est-à-dire  qui  jiasser.t  imnituliatement 
du  contribuable  impo.sé  an  percepteur  charge  d'en  re- 
cevoir le  produit,  à  la  difléreiic(!  ûcs  cnnlrilnuious  in- 
directes qui,  au  contraire  .sont  assiscssur  la  fabricatiou, 

(')  Loi  du  SI  mari  lS3l,  urt.  ia.  I.'nrt.  iS  de  la  loi  du  a  |uil- 
Ii'l  iSjS  e.st  aititi  conçu  :  «  Toute  partir  qui  te  iroira  roiidcc  à 
u  oontcslef  une  titcision  rendue  l'ijr  le  préfet  eu  conseil  <lu  ijrc- 
«  fecturiï ,  pnnira  [lorler  sou  a<  lioii  de\unt  la  cour  royale  du  re|. 

■  sort.  L'exploit  iiilroilucllf  d'insianru  dcvia.  sous  peine  de  uullili-, 

■  élrc  uotiliu  d.nns  Ica  dix  jour*,  tant  au  préfet  qu'aux  partiea  inté- 
«  ressoes. 

t  Dans  le  ras  où  la  d»-cisirti  du  pi-t'fet  en   conseil    de   profcriuro 

•  aurait  rc-jtlè  une  denunde  d'in<ciiption  l'ornïee  par  un  tiers,  l'ac* 

•  tion  lie  pourra  être  inlenlce  que  par  l'individu  dont  l'insctiption 
«  il  ail  réclaincc. 

«  JjO  cause   sera  jupêe  soniinaircnieitl .  toutes  alTairca  cessantes, 

■  ri  sans  qu  il  soit  lie^oin  dn  niinistéru  d'a\oué.  Les  actes  judieiai- 
(1  res  auxquels  elle  duiniera  lieu  seront  enregistrés  pratis.  L'alfuirc 

■  sera  rapporiic  en  audience  publique  par  un  îles  nieoiliirs  de  la 

■  c<iui',  ei  l'ail  et  sera  pronoueé  après  qu4-  le  niiiiLStôre  nublic  aura 

•  élë  entendu. 

«  S'il  V   a  pourTui  en  cassation,  il   sera  procédé  coninie  devant 

•  la  cour  lovate  ,  avec  la  nièiiie  evenij.'tioii   de  droits   d'eiiregistrc- 

•  ment.  San*  eoiL-isnation   d'anirnde.  ■ 

[")  1.01  du  il  mars  iSii,  art.  4o 


la  Tcntc ,  le  transport,  etc.',  clC.  ;  impôt  dont  le  revenu, 
oi'diuairomeiit  avancé  par  le  fabricant,  \v.  inanliaiKl  ou 
le  \oilurier,  est  supporté  et  iiKiirecleinciit  paye  par  le 
consoiiiiuatcur.  Tels  sont  les  droits  qui  frappent  sur  les 
boissons,  les  tabacs,  les  cartes  à  jouer, etc.,  etc. 

•2.  Les  reiievances  fixes  el  proporlionnellcs  des  mines 
sont  des  contributions  publiques  directes  ;  mais  comme 
elles  ne  sont  pas  portées  sur  les  rôles  de  la  commune  , 
elles  ne  peuvent  (Mrc  comptées  pour  le  cens  électoral 
municipal  (  Cicc.  minisl.  10  mai  1831). 

j.  On  comprend  sous  la  désignation  de  centimes  ad- 
dilionnels  les  centimes  extraordinaires  communaux  de 
toute  imiure  votés  par  les  conseils  municipaux  ou  parles 
conseils  généraux,  ou  même  par  les  Chambres,  comme  : 
i'  les  prestations  en  nature  pour  la  réparation  des  che- 
mins vicinaux  (  C.  caK.  ^2S  juillet  1831)  ;  2°  le  droit  de  vé- 
rification des  poids  et  mesures  (C.  roy.  Grenoble,  tSjnin 
4830)  ;  3°  les  dépenses  des  bourses  et  chambres  de  com- 
merce (C.  roy.  OrU'aiis,  H  décembre  1828;  discussion  à 
la  chambre  des  Députes.  »8  février  1831)  ;  i'  le  dPoit  fixe 
de  t  f.  25  c.  prix  du  timbre  de.s  formules  de  patentes, 
ïaais  le  supplément  d'octroi,  qui,  dans  certaines  villes,  est 
destiné  à  remplacer  l'impôt  mobilier,  ne  doit  plus  comp- 
ter dans  le  cens  électoral,  parce  qu'alors  il  est  devenu 
imi)ôt  indirect  (C.  j-oî/.  Rouen,  38  avril  1829  ). 

4.  En  vertu  de  l'arlicle  88  de  la  loi  du  2  frimaire  an  7. 

5.  L'expertise  est  faite  à  la  diligence  du  Directeur  des 
contributions  directes  (  Cire,  minisi.  2s  avril  1831  ). 

\  6. Ce droitn'étaitpointaccordé pari' ancienne  législation. 

En  matière  électorale ,  lorsqu'il  y  a  doute  sur  le  point 
de  savoir  si  telles  contribution?  sont  de  nature  à  entrer 
dans  la  formation  du  cens,  il  faut  interpréter  le  doute  en 
teveur  de  la  capacité  électorale  (  C.  roy.  Bordeaux ,  10 
septembre  1829  ). 

*iArt.  6.  Pour  former  la  inasse  des  contributions  néces- 
((  saires  à  la  quahié  d'électeur,  ort|comptera  à  chaque Fran 
«  çais  les  contributions  directes  qu'il  paie  dans  tout  le 
«  royaume  (1);  au  père,  les  contribuiioife  des  biens  de«es 
«  enfants  mineurs  dont  il  aura  la  jouissance  (3),  et  au 
«  mari,  celles  de  sa  femme ,  même  non  commune  en 
«  biens,  pourvu  qu'il  n'y  ait  pas  séparation  de  corps. 

«  L'impôt  des  portes  et  fenêtres  des  propriétés  louées 
«  est  compté  pour  la  formation  du  cen«  électoral  aux 
rt  locataires  ou  fermiers  (3). 

((  Les  contributions  foncière,  des  portes  et  fenêtres,  et 
n  des  pataites,  payées  par  une  maison  de  commerce 
«  composée  de  plusieurs  associés ,  seront ,  pour  le  cens 
«  électoral,  partagées  par  égales  portions  entre  les  as- 
«  sociés,  sans  autre  justification  qu'un  certificat  du  pré- 
ce  sident  du  tribunal  de  commerce  _,  énonçant  les  noms 
«  des  associés.  Dans  le  cas  oU  l'un  des  associés  préten- 
«  drait  à  une  part  plus  élevée,  soit  parce  qu'il  serait  seul 
«  propriétaire  des  immeubles,  soit  à  tout  autre  litre,  il 
i(  sera  admis  à  en  justifier  devant  le  préfet  en  produisant 
«  ses  titres.  » 

1.  Aux  termes  de  l'art.  11  de  la  loi  du  81  mars  1831 , 
on  ne  doit  tenir  compte,  en  matière  d'élections  munici- 
pales ,  que  des  contributions  directes  portées  aux  rôles 
de  La  commune. 

Lorsque  l'usufruit  et  la  nue-propriété  ne  reposent  pas 
sur  la  même  tête,  les  coniribulions  assises  sur  l'im- 
nieuble  comptent  à  l'usufruitier  et  non  au  nu-proprié- 
taire, alors  même  qu'elles  foraient  payées  par  ce  der- 
nier. (  C.  cassation  ,  9  avril  1829  ). 

Le  propriétaire  qui  vend  im  immeuble  avec  réserve 
de  jouissance  ef'paiement  des  contributions  pendant  un 
temps  donné,  n'est  pas  considéré  comme  usufruitier,  et 
les  contributions  ne  doivent  pas  lui  être  attribuées  pour 
composer  le  cens  électoral  (  Ordon.  'il  janvier  1828). 

Les  contributions  assises  sur  un  bien  comptent  à  l'ac- 
quéreur en  réméré  et  non  au  vendeur  ;  elles  comptent 
aussi  au  propriétaire  des  biens  engagés  par  antichrèse 
{Cir.  minist.  16  septembre  1820  ). 

Le  père  et  le  fils,  jouissant  en  commun  de  leurs  biens, 
ne  peuvent  réunir  leurs  contributions  sur  une  seule  tête 
pour  l'exercice  du  droit  électoraj.  La  loi  ne  permet  de 
profiter  des  contributions  d'autrui  qu'au  mari,  au  père 
du  mineur  et  aux  descendants  d'une  veuve.  (  Cire,  mi- 
nist. 18  oc/o/>r6'  1820  ). 

Les  contributions  des  biens  qut  appartiennent  en  com- 
mun à  des  co-propriétaires  doivent  être  partagée?  entre 
eux  par  égales  portions,  parce  qu'ils  ont,  en  qualité  de 
communistes,  les  mêmes  droits  que  des  sociélaires 
(  Voyez  le  dernier  alinca  de  l'art.  6  ci-dessus).  Il  en  se- 
rait de  même  entre  héritiers-propriétaires  par  indivis; 
ils  représentent  le  défunt  pour  leur  part  héréditaire.  Si 
les  co-propriétaires  justifiaient  par  titres  d'une  part  de 
co-propriété  plus  forte  que  la  portion  virile ,  on  devrait 
leur  compter,  comme  aux  sociétaires,  une  part  propor- 
tionnelle de  conlribuUon.'pans  le  premier  cas ,  il  suffit 


289 

de  JusUfier  deees  droits  pit  nn  fccriiflGal  da  tiérceptcur 
vise  par  le  nmire;  dans  le  second,  il  faut  justifier  par 
litre  de  la  part  plus  forte  que  la  portion  virile  (C.  roy. 
liourges  2  noivmbre  1820  ) .  ,     . , 

Le  serment  ne  ijcut  être  déféré  sur  la  question  e  sa- 
voir si  celui  qui  réclame  son  inscription  ou  son  maintien 
sur  1  liste  électorale  est  propriétaire  réel  djes  Immeu- 
bles dont  les  contributions  lui  confèrent  le  cens  {C.  roy. 
Nancy ,  '21  juin  1830). 

2.  Le  père  ne  peut  profiter  des  contributions  de  ses 
enfants  mineurs  émancipés  {Cire.  min.  18  octobre  1820). 

Les  contrQjutions  des  biens  des  enfants  mineurs  d'une 
veuve  remariée,  dont  cette  veuve  est  tutrice,  ne  peu- 
vent pas  être  comptées  au  second  mari  (  Art.  386  du 
code  civil  combiné  avec  l'art.  6  ci-dessus  ). 

Le  mari  ne  profite  que  des  contributions  des  biens 
dont  la  veuve  a  l'usufruit,  et  non  de  celles  dont  elle  a 
simplement  la  nue-propriété  (Cire.  min.  12  octobre  1820). 

5.  L'impôt  des  portes  et  fenêtres  est  attribué  au  loca- 
taire, alors  même  que  ce  serait  le  propriétaire  qui  le 
paierait ,  en  vertu  de  conventions  privées  (C.  roy.  Bor- 
deaux, Iti  novembre  1828). 

Comme  cette  contribution  est  portée  au  rôle  sous  le 
nom  du  propriétaire,  l'indication  de  la  portion  payable 
par  tel  locataire  se  fait  par  un  certificat  du  propriétaire 
ou  par  un  procès-verbal  de  recensement  que  dresse  le 
contrôleur  des  contributions  directes  {Cire,  minisi.  20 
avril  1831). 

Mais  les  locataires  en  garni  ne  profitent  pas  de  l'impôt 
des  portes  et  fenêtres  (C.  roy.  Caen,  29  décembre  1828). 
Celte  question  a  été  jugée  en  sens  contraire  par  la  Cour 
royale  de  Pàuiih novembre  1854). 

tn  citoyen  ne  peut  compter,  pour  compléter  son  cens 
électoral,"  la  patente  délivrée  à  un  tiers,  bien  qu'il  ait  suc 
cédé  à  l'industrie  et  acquis  la  fabrique  de  ce  tiers  (C.  roy. 
Nancy ,  te  juin  1830). 

Les  patentes  étant  personnelles,  et  ne  pouvant  servir 
qu'à  ceux  qui  les  ont  prises,  il  s'ensuit  qu'une  patente 
au  nom  du  père  ne  doit  pas  profiter  aux  enfants  pour 
leur  cens  électoral,  encore  que,  dans  la  réalité  le  com- 
merce pour  lequel  la  patente  a  été  déUvréesoit  exercé 
par  eux  seuls  depuis  plusieurs  années  (  C.  roy.  Rennes, 
i  décembre  1828). 

4.  Le  principe  posé  par  ce  dernier  paragraphe  n'est 
applicable  qu'aux  sociétés  en  nom  collectif;  il  ne  l'est 
pas  aux  sociétés  en  commandite  ni  aux  sociétés  anony- 
mes [Cire,  minist. '20  avril  1851J. 

«  Art  7.  Les  contributions  foncière,  personnelle  et 
«  mobilière  ,et  des  portes  et  fenêtres,  ne  sont  comptées 
«  que  lorsque  la  propriété  foncière  aura  été  possédée  ou 
«  la  location  faite  janiérieurement  aux  premières  opé- 
«  rations  de  la  révision  annuelle  des  listes  électorales  (1). 
«  Cette  disposition  n'est  point  applicable  au  possesseur 
«  à  litre  successif  ou  par  avancement  d'hoirie  (2).  La  pâ- 
te tente  ne  comptera  que  lorsqu'elle  aura  été  prise,  el 
«  l'industrie  exercée,  un  an  avant  la  clôture  de  lafiste 
«  électorale.  )> 

Les  dispositions  de  cet  article  sur  les  époques  de 
possession,  de  location  et  d'exercice  de  l'industrie,  sont 
applicables  à  la  formation  des  Ustcs  d'électeurs  com- 
munaux, c'est-à-dire  que  la  possession  et  la  location 
doivent  être  antérieures  au  premier  janvier,  sauf  en  cas 
de  succession  ou  d'avancement  d'hoirie,  et  que  l'anna- 
lité  de  la  patente  doit  être  accomplie  au  31  mars  {Cire. 
minis/.  10  mai  1831). 

1.  La  possesion  antérieure  aux  premières  opérations 
de  révision  des  listes  n'est  pas  exigée  dans  le  cas  où 
il  s'agit  de  biens  acquis  en  remploi  de  biens  d'une  femme, 
conformément  aux  articles  1434  et  1435  du  Code  civil 
(Cire,  minist.  de '2  septembre  iH22). 

La  possession  est  nécessaire ,  encore  que  les  biens  à 
raison  desquels  le  citoyen  réclame  son  inscript'on  aient 
été  acquis  par  voie  d'échange,  que  ce  citoyen  eût  la 
possession  des  biens  échangés,  et  qu'enfin /es  contribu- 
tions f  oient  les  mêmes  sur  les  biens  aliéaés  que  sur  les 
biens  acquis  (C.  cass.  i'5 juillet  1830) .  .  , 

La  possession  compte  à  l'acquéreur,  non  du  Jour  de 
la  vente ,  mais  de  celui  de  la  ratification  du  vendeur 
pour  lequel  on  s'était  porté  fort  {C.  roy.  Paris,  30  «ff- 
vembre  1829). 

2.  Lorsque  les  père  et  mère  font  à  leurs  enfiiîts  un  pai^ 
tage  anticipé,  ceux-ci  sont  réputés  jouir,  à  titre  successif, 
des  revenus  comme  de  la  nue-propriété  des  biens  com- 
pris au  partage  (C.  roy.  Angers,  20  mars  1829). 

La  vente  sur  licilation  des  biens  d'une  successîon 
donne  à  l'héritier  acquéreur  un  titre  successif  (C.  roy. 
Rouen,  13  novembre  1818). 

lly  a  avancement  d'hoirie,  et  par  conséquent  titre 
successif,  dans  une  donation  faite  parmi  père  à  sea 
enfants  (  C.  roy.  Rouen,  23  avril  1828J. 


290 

Le  citoyen  dont  la  radiation  de  la  liste  éleclorale  a 
été  réclamée  par  le  molif  qu'il  ne  payait  pas  le  cens , 
peut  obtenir  son  maintien  sur  la  liste,  au  moyen  de 
partages  faits  depuis  la  demande  en  radiation.  En  ce- 
cas,  et  selon  la  règle  du  droit  commun,  l'effet  idu  par- 
tage remonte  au  jour  où  a  commencé  l'indivision  (  C. 
roy.  Orléans,  li  janvier  1820).  ! 

Le  co-héritier  peut,  aussitôt  après  le  partage  ou  la 
vente  que  ses  co-héritiers  lui  ont  consentie  de  leurs 
droits  successifs,  se  prévaloir,  pour  former  son  cens  élec- 
toral, de  la  totalité  des  contributions  payées  par  les 
immeubles  dont  il  se  trouve  propriétaire.  En  cette  oc- 
currence, le  co-héritier  est  réputé  posséder  à  titre  suc- 
cessif (C.  roy.  ISancy,  27  novembre  1828). 

«  .\RT.  8.  Les  contributions  directes  payées  par  une 
«  veuve,  ou  par  une  femme  séparée  de  corps  ou  divor- 
«  cée,  seront  comptées  à  celui  de  ses  fils,  pelits-fils,  gen- 
re dres  ou  petits-gendres,  qu'elle  désignera  (1)  ». 

1.  La  veuve,  la  femme  séparée  de  corps  ou  divorcée, 
a  la  faculté  de  choisir,  pour  la  délégation  de  ses  con- 
tributions ,  l'un  quelconque  de  ses  descendants  ,  sans 
s'arrêter  à  la  proximité  du  degré  ou  à  la  distinction  de 
parente  ou  d'alliance  ;  par  exemple,  elle  peut  désigner 
un  de  ses  petits-gendres,  quoiqu'elle  ait  des  fils  petits- 
lils,  ou  gendres. 

Cette  délégation  peut  être  faite  par  acte  sous  seing-privé 
(C.  cass.  28  jîiiri  1830),  pourvu  que  la  signature  soit  léga- 
lisée {Cire,  minist.  20  avril  1831). 

Lorsque  la  veuve ,  la  femme  séparée  de  corps  ou 
divorcée ,  ne  sait  point  écrire,  elle  peut  désigner  par 
une  déclaration  devant  le  maire  de  sa  commune,  celui 
de  ses  fils  ou  gendres  qu'elle  entend  faire  profiter  de 
ses  contributions  pour  le  cens  électoral. 

La  délégation  des  contributions  qu'une  mère  ou  belle- 
mère  peut  faire  est  un  mandat  ((u'il  lui  est  loisible  de 
révoquer  à  volonté,  mais  elle  ne  doit  avoir  qu'un  seul 
représentant,  quelque  soit  le  montant  de  ses  contri- 
fculions. 

La  délégation  dure  tant  qu'elle  n'a  pas  été  révoquée 
et  elle  profite  au  délégalaire  non-seulement  pour  les  im- 
pôts payés  par  la  mère  ou  belle-mère  au  moment  de  la 
délégation,  mais  aussi  pour  ceux  dont  elle  peut  être  pos- 
térieurement chargée  par  suite  de  nouvelles  acquisi- 
sitions  ou  autrement  { C.  roy.  Nancy,  21  décembre  1830; 
•îrib.  civil  d'Orléans,.. .janvier  1834). 

La  délégation  cesse  de  droit  quand  la  veuve  se  remarie. 
Les  délégations  et  leur  révocation  ne  sont  assujetties  qu'à 
un  droit  fixe  d'enregistrement  de  l  fr.  {Décis.  18  iiiiL- 
lel  1824;. 

La  délégation  continue  d'exister,  bien  que  le  gendre 
ait,  après  le  décès  de  son  épouse ,  contracté  un  se- 
cond mariage,  alors  qu'il  existe  un  enfan»!.  issu  de  la 
première  Qiiion  (C.  roy.  Pnris.^i  di'cembre  1829). 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  les  contributions  déléguées 
forment  seules  le  cens  électoral;  la  délégation  peut 
être  faite  pour  compléter  le  cens.  Le  même  individu  peut 
recevoir  simultanément  des  délégations  de  differenies 
personnes,  par  exemple  de  sa  mère  et  de  sa  belle-mcre. 

La  mère  adoptive  peut  déléguer  ses  coiiiribulions  à 
son  fils  adop^ir  (  C.  roy.  Nancy,  9  .septembre  1820  )  ; 
mais  la  mère  de  l'enfant  naturel  ne  peut  lui  faire  cette 
délégation,  (  C.  roy.  Bounjci,  7  dcrrwbre  1834.  ) 

La  veuve  peut  déléguer  les  contributions  <)u'  elle  paie 
pour  les  biens  de  ses  enfants  mineurs  dont  elle  a  l'usu- 
fruit légal. 

La  veuve  remariée  ne  peut,  même  avec  le  consente- 
ment de  son  second  mari,  déli'guer  .'i  un  lilsdu  premier 
Dt  les  contributions  d'un  bien  dont  elle  est  l'usufruilière, 
et  dont  ce  fils  a  la  nue-propriété.  Ces  contributions  sont 
.comptées  au  second  mari   (  Cire,  minist.  39  novembre 

Une  femme  veuïC  ne  peut  faire  h  l'un  de  ses  fils  une 
déléKati.''n  de  ses  contributions  à  l'effet  de  le  faire  com- 
prendre s:»r  la  liste  du  jury,  si  elle  avait  déjà  fait  pa- 
reille délégation  à  son  autre  fils  pour  le  faire  inscrire 
comme  électeuT  municipal;  la  révocation  de  cette  der- 
nière délégation^  faite  aprè^  la  clôture  de  la  Ifste  des 
électeurs  municipaux,  ne  peut  assurer  l'effet  de  la  pre- 
mière (C.  roy.  Paris, '^ii  novembre  1834). 

La  veuve  ne  pourrait  donc  non  plus  déléguer  ses  con- 
tributions à  l'un  d(!  ses  fils  ou  gendres  pour  le  rendre 
électeur  communal,   i  uu  autre  fils  ou  gendre  profilait 


déjà  d'une  semblable  délégation  non  révoquée  en  temps 
utile,  pour  son  inscription  sur  la  liste  du  jury 

«  ART.  9.  Tout  fermier  à  prix  d'argent  ou  de  denrées 
«  qui  (1),  par  bail  authentique  d'une  durée  de  neuf  ans  au 
ft  moins,  exploite  par  >ji-môme  (2)  une  ou  plusieurs  pro- 
a  priétés  rurales  ,  a  droit  de  se  prévaloir  du  tiers  des 
«  contributions  payées  par  lesdjtes  propriétés  sans  que 
<i  ce  tiers  soit  retranché  au  cens  électoral  du  proprié- 
(!  taire. 

«  Dans  les  départements  où  le  domaine  congéable  (3) 
«  est  usité,  il  sera  procédé  de  la  manière  suivante  pour 
«  la  répartition  de  l'impôt  entre  le  propriétaire  foncier 
a  et  le  colon. 

«  1"  Dans  les  Tenues  composées  uniquement  de  mai- 
«  sons  ou  mines,  les  six  huitièmes  de  l'impôt  seront 
«  comptés  au  colon  et  deux  huitièmes  au  propriétaire 
«  foncier. 

«  2"  Dans  les  Tenues  composées  d'édifices  et  de  terres 
« 'abourables  ou  prairies,  et  formant  ainsi  un  corps 
(t  d'exploitation  rurale,  cinq  huitièmes  compteront  au 
«  propriétaire  et  trois  huitièmes  au  <  olon. 

«  3"  Enfin,  dans  les  Tences  sans  édifices,  dites  Temues 
«  SANS  ÉTAGE,  six  huitièmes  seront  comptés  au  proprié- 
«  taire  et  deux  huitièmes  seulement  au  colon,  sauf,  dans 
<t  tous  les  cas,  la  faculté  aux  parties  intéressées  de  de- 
«  mander  une  expertise  aux  frais  de  celle  qui  la  re- 
«  querra.  » 

Nous  aurions  peu  à  dire  sur  cet  article  qui  se  trouve 
remplacé  dans  la  loi  du  21  mars  1831  par  l'art.  14  ainsi 
conçu:  «  Le  tiers  de  la  contribution  du  domaine  exploité 
«  par  un  fermier  à  prix  d'argent  (4)  ou  (5)  portion  de 
«  fruits,  lui  est  compté  pou»  être  inscrit  sur  la  liste  des 
«  plus  impTîsés  de  la  commune,  sans  diminution  des 
«  droits  du  propriétaire  du  domaine  iG).  » 

1.  Le  fermier  à  prix  de  denrées  est  celui  qui  donne 
au  propriétaire  une  quantité  déterminée  de  fruits  :  cent 
hectolitres  de  blé,  cinquante  pièces  devin,  etc.,  etc. 

2.  Ce  qui  est  prouvé  par  un  certificat  du  maire  attes- 
tant en  outre  que  le  fermier  ne  sous-afferme  pas  le  do- 
maine (Cire,  minist.  ZO avril  1831  ). 

3.  Ce  contrat  n'est  guère  en  usage  dans  les  trois  dé- 
partements des  Côtes-du-Nord,  du  Morbihan  et  du 
Finistère. 

4.  Le  fermier  à  prix  d'argent  est  celui  qui  a  la  jouis- 
sance d'une  propriété  rurale  pour  un  temps  limité,  et 
moyennant  une  certaine  somme. 

5.  Le  fermier  5  portion  de  fruits,  ou  colon  partiaire , 
est  celui  qui  donne  aj  propriétaire  une  quantité  de 
fruits,  telle  que  la  moitié,  le  tiers,  le  quart.  La  loi  du  21 
mars  attribue  non-seulement  au  fermier,  comme  le  fait 
l'art.  9  de  la  loi  du  19  avril  1831  sur  les  élections  à  la 
chambre  des  députés,  mais  encore  au  colon  partiaire, 
le  tiers  de  la  contribution  du  domaine  qu'ils  exploitent, 
sans  diminution  des  droil«  du  propriétaire. 

(5.  Si  un  domaine  paie  60  fr.  de  contributions,  le  pro- 
priétaire sera  considéré  comme  payant  60  fr.  et  le  fer- 
mier comme  en  payant  20.  Il  faut  remarquer  en  outre 
que  la  loi  du  21  mars  diffère  aussi  de  celle  du  19  avril, 
en  ce  qu'elle  n'exige  pas  que  le  bail  ait  une  durée  do 
neuf  années;  il  n'y  a  point  à  distinguer  entre  les  baux 
plus  ou  moins  longs. 

M.  le  ministre  de  l'intérieur,  par  une  circulaire  du  10 
mai  1831 ,  prescrivait  d'exiger  du  fermier  un  bail  au- 
thentique; mais,  par  deu»  autres  instructions  des  19 
juillet  et  12  décembre  même  année,  le  ministre,  pre- 
nant en  considération  que,  dans  un  grand  nombre  de 
localités,  le^  conventions  entre  les  propriétaires  et  les 
fermiers,  métayers  on  colons,  se  font  par  actes  sous 
seings-privés,  ou  même  verbalement,  et  que  le  droit 
arcc^rdé  par  l'article  14  de  la  loi  du  21  mars  1831  de- 
viendrait illusoire,  si  l'on  exigeait  la  représentation  d'un 
bail  aullietitii)ne,  a  reconnu  que  la  production  d'actes 
sous  seings-privés,  ou  même  la  notoriété  et  le  fait  de 
l'exploitation ,  peuvent  former  une  justification  suffi- 
sante. » 

Claraecy  (Nièvre),  le  3(  décembre  1836. 

Henri  COUXU  . 

Secrétaire  de  ta  sous  -pri/ecture. 


291 


REPERTOIRE   D03IESTiaUE. 


I.  ÉDUCATION  DE  L'ENFANCE.— IL  MORALE  ET  BIEN-ÊTRE  DES  FAMILLES.— 
m.  ÉCONOMIE  USUELLE. 


DU   RESPECT    DE    LA    CHOSE    PUBLIQUE. 

Depuis  quelques  années,  notre  éducation 
civique  et  sociale  a  fait  de  grands  pro- 
grès':  cela  ce  conçoit.  Pouvait -il  en  être 
autrement  avec  le  développement  progres- 
sif des  mœurs  constitutionnelles,  avec  notre 
initiation  à  la  vie  publique  qui  nous  a  don  - 
né  des  droits  en  échange  de  nos  devoirs  ? 
Lorsqu'un  monarque  qui  prêtait  au  despo- 
tisme Tattrait  de  la  grandeur  et  le  prestige 
de  la  gloire  se  permettait  de  dire  :  l'E- 
tat, c'est  moi!  lorsque  tous  les  actes  de  son 
règne  réalisaient  cette  parole ,  on  pouvait 
se  dévouer  à  un  homme ,  car  il  avait  de 
quoi  faire  naître  Y  enthousiasme  ,  mais  (m 
devait  forcément  ignorer  la  plupart  de  ces 
vertus  que  développe  un  gouvernement 
libre ,  auquel  chaque  citoyen  est  appelé  à 
concourir. 

Ce  concours  donc  a  porté  ses  fruifs  , 
malgré  les  funestes  influences  qui  résultent 
des  luttes  orageuses  des  révolutions ,  du 
choc  acharné  des  partis  ,  de  ce  flux  ,  de  ce 
reflux  causés  dans  les  idées,  dans  les 
croyances,  dans  les  positions  par  les  vicis- 
situdes de  quinze  ou  seize  gouvernements 
successifs,  et  cela  en  moins  d'un  demi- 
siècle. 

Il  serait  trop  long  d'énumérer  tout  ce 
que  nous  avons  gagné  ;  mieux  vaut  d'ail- 
leurs signaler  ce  qui  manque  à  notre-  édu- 
cation de  citoy(Tis.  Le  tableau  de  nos 
progrès  ne  p-yurrait  que  nous  inspirer  un 
mouvement  d'orgueil  ;  au  contraire  ,  un 
défaut  indiqué,  une  plaie  mise  à  nu  ap- 
pellent le  remède.  Les  peuplesdoi  veni  adop- 
ter la  devise  de  Jules- César  :  Il  n'^  a  nen 
défait  tant  qu'il  reste  quelque  chose  à  dire. 

Ce  qui  nous  manque,  ce  qui  faisait  dire 
à  Jean-Jacques  Rousseau  :  Les  Français 
n'ont  soin  de  rien,  c'est  le  respect  de  la 
chose  t)ublique,c'est  cette  religion  du  passé,  ' 
ce    cuUe    des    monuments  qui    les  met  ! 
sous  la  sauvegarde  de  tous,  et  dispense  le 
pouvoir  de  déployer  ce  luxe  de  précautions, 
de  gardes,  de  sentinelles,  dont  nous  som-  | 
mes  sans  cesse  entourés.  On  dirait  d'uU) 
peuple  d'enfants  ou  de  fous  ;  car  l'enfance 
et  la  folie  sont  également  sans  pitié  :  dé-  ^ 


truire  est  à  leurs  yeux  une  jouissance,  un 
bonheur. 

Chez  l'homme  privé  de  la  raison,  cette 
déplorable  manie  se  comprend  et  s'expli- 
que ;  mais  chez  l'enfant  elle  disparaîtra 
lorsque  tous  ceux  qui  le  devancent  dans  la 
vie,  lorsque  tous  ceux  qu'il  chérit,  qu'il  ré- 
vère, lui  donneront  l'exemple  et  la  leçon 
du  respect  de  la  chose  publique. 

Malheureusement,  il  n'en  est  rien  ;  les 
habitants  de  nos  villes  et  de  nos  campagnes, 
et  nous  parlons  ici  de  tous  les  rangs,  de 
toutes  les  classes,  sans  exception  de  sexe, 
de  fortune,  déposition,  les  habitants  de  nos 
villes  et  de  nos  campagnes  semblent  avoir 
hérité  de  cet  esprit  de  destruction  qui  ani- 
mait les  Barbares,  se  ruant  sur  l'empire  ro- 
main pour  s'en  partager  les  lambeaux;  c'est 
le  même  vandalisme,  sans  avoir  les  mêmes 
motifs  d'excuse  et  de  justification. 

Allez  dans  un  musée,  et  vous  verrez  des 
mains  indiscrètes  se  poser  sur  une  toile 
consacrée  par  le  pinceau  de  Raphaël  ou  du 
Corrège  ;  et  vous  trouverez  des  statues  de 
marbre  ou  de  bronze  dont  les  proportions 
ontétéquelquefois  altérées  par  ce  contact  in- 
cessantdemains  vandales.  A  cetégard,nous 
pouvons  citer  les  statues  du  Rhône  et  de  la 
Saône,  qui  se  trou  venta  Lyon  dans  le  vesti- 
bule de  l'Hôtel-de- Ville  Le  pouce  de  leurs 
pieds  sera  bientôt  réduit  à  figurer  les  dimen- 
sions du  petit  doigt  ;  on  a  même  volé  un 
des  poissons,  attribut  de  la  Saône. 

Rien  ne  résiste  :  pierre,  marbre,  bronze, 
sont  également  déchiquetés  avec  cette  per- 
sévérance soutenue  que  mettrait  un  cap- 
tif à  creuser  l'issue  par  laquelle  il  doit  con- 
quérir l'espace  et  la  liberté. 

Et  nous  ne  parlons  pas  ici  des  dégrada- 
tions opérées  dans  un  but  de  cupidité  ;  nous 
ne  parlons  pas  des  vols  qui  profanent  les 
sanctuaires  de  la  religion  et  les  sanctuaires 
des  arts  et  de  la  science;  nous  nous  occupons 
seulement  des  masses  et  de  leur  instinct  de 
destruction.  Du  reste,  en  réformant  cet 
instinct ,  en  gravant  de  bonne  heure  dans 
tous  les  cœurs  le  respect  de  la  chose  pu- 
blique ,  on  diminuerait  forcénient  le  nom- 
bre des  vols  dont  nos  monuments  publics 
et  religieux  ont  été  le  théâtre  et  l'objet. 


.JS^'" 


992 

Qu'on  né  s'y  méprenne  point  :  les  impres- 
sions qui  datent  du  berceau  ,  les  croyances 
pour  ainsi  dire  sucées  avec  le  lait ,  les 
idées,  les  préjugés  même  qui  constituent 
le  patrimoine  moral  de  la  famille,  tout  cela 
s'efface  difficilement  ;  voilà  ce  qui  expli- 
que l'empire  des  lois  basé  sur  les  mœurs. 

Au  reste,  nous  ne  demandons  par  la 
réalisation  d'un  rêve  ,  d'une  utopie ,  sous 
toutes  les  latitudes  tempériés ,  aans  tous 
les  pays  civilisés ,  l'homme  naît  avec  les 
mêmes  instincts,  les  mêmes  passions.  Pour- 
quoi dès  lors  ne  pas  obtenir  du  peuple  fran- 
çais, si  éminemment  doué  de  l'esprit  de  so- 
ciabilité et  de  l'intelligence  de  la  gloire , 
pourquoi  ne  pas  en  obtenir  ce  qui  se  ren- 
contra dans  toutes  les  républiques  de  l'an- 
tiquité, ce  qui  se  reproduit  chaque  jour  en 
Angleterre. 

Athènes,  Corinthe,  Rome  n'entretenaient 
pas  une  armée  pour  veiller  à  la  conservation 
du  peuple  de  marbre  et  de  bronze  qui  dé- 
coraient leur  enceinte.  Lors(|ue  Zeuxis  et 
Parrhasius  exposaient  leurs  tableaux  sous 
les  galeries  du  Céramique ,  ils  n'avaient  pas 
les  besoin  de  les  entourer  d'un  cercle  defcr, 
ou  d'en  défendre  l'accè-s  au  moyen  de 
Scythes  armés  de  lances  menaçantes.  Il  y 
avait  quelquefois  dans  ces  cités  une  réac- 
tion de  l'esprit  public  contre  un  monument , 
contre  une  statue  ;  mais  c'était  une  mani- 
festation publique  ,  une  vengeance  exercée 
contre  un  homme  ,  jamais  une  profanation 
contre  l'art,  et  ces  réactions  ne  s'étendaient 
jamais  aux  chefs-d'œuvre  ;  car  alors  le  gé- 
nie était  une  puissance  devant  laquelle  se 
courbaient  tous  les  fronts  et  fléchissaient 
tous  les  genoux. 

A  cette  époque,  il  est  vrai,  le  peuple  sa- 
vait qu'un  monument  lui  appartenait  ;  or, 
on  ne  détruit  jamais  sa  propriété,  on  ne  se 
ruine  pas  soi-même  de  gaîté  de  cœur.  E-n 
France,  qu'a-t-on  fait  pour  le  peuple? 

Espérons  que  les  bienfaits  de  l'instruc- 
tion et  les  progrès  de  notre  éducation  so- 
ciale feront  bientôt  disparaître  le  mal  que 
nous  signalons  ;  espérons  qu'il  arrivera 
bientôt  ce  temps  où  un  monument  public 
se  protégera  par  lui-même.  En  Suisse, 
comme  nous  le  disions  tout  à  l'heure,  nous 
avons  vu  tel  banc  de  bois  qui  dure  depuis 
quinze  et  vingt  ans.  Alphonse  Rastoul. 

!  DE   L'iNDIVIDUiVLISME. 

La  société  et  le  ciel  ont  chacun  leurs 
droits  sur  les  hommes  ;  on  s'est  à  peu  près 
purgé  de  l'égoïsme,  qui  est  un  outrage  con- 
tre la  société,  et  de  l'athéisme,  qui  est  un 
outrage  à  la  divinité  :  ce  ne  sont  plus  seu- 


lenitnt  choses  odieuses  V  mais  choses  de 
mauvais  goût,  En  aucun  cercle  du  monda 
personne  n'oserait  se  dire  égoïste  ou  athée 
mais  chacun  convient  assez  volontier 
qu'il  vit  dans  cet  isolement  moral  qu'on 
pourrait  appeler  l'individualisme  :  mot 
nouveau  qui  devient  peut-être  nécessaire 
pour  caractériser  un  mal  qui  était  inconnu; 
mot  presque  étrange,  auquel  les  puristes  de 
langage  doivent  cependant  permettre  son 
cours ,  parce  nu'il  passera  avec  le  mal  ac- 
cidentel auquel  il  aura  dû  son  origine.  — 
Par  l'égoïsme  on  se  préfère  à  tous;  on 
n'accorde  rien  à  la  patrie  elle-même  que 
si ,  en  retour ,  il  y  a  chances  heureuses  de 
dédommagement.  Malgré  l'individualisme, 
on  ne  perd  rien  de  sa  générosité  d'homme, 
rien  de  son  dévouement  de  citoyen,  mais 
on  ne  veut  ni  des  conseils,  ni  des  secours 
de  personne  ;  et  l'œuvre  qui  eût  été  grande 
et  utile  avec  l'aide  d' autrui,  sort  imparfaite 
des  efforts  d'un  seul. 

Les  preuves  ne  manquent  pas  à  l'appui 
de  cette  haine  vertueuse  que  je  vouorais 
inspirer  contre  l'habitude  d'isolement  , 
contre  l'esprit  d'individualité. 

Les  améliorations  matérielles  sont  com- 
me une  espèce  d'ordre  du  jour  qui  tient  en 
travail  et  la  tête  de  ceux  qui  pensent ,  et 
les  bras  de  ceux  qui  agissent  ;  il  y  a  comme 
absorption  de  l'attention  générale  dans 
le  désir  de  cette  natu-^e  d'améliorations  ; 
l'industrie  fleurit  par  mille  heureux  pro- 
grès ,  dans  une  atmosphère  de  liberté  et 
de  protection  qu'entretient  la  sollicitude 
gouvernementale.  Toutefois  s'agit-il  d'ou- 
vrir aux  mers  de  nouveaux  bassins  ,  de 
rompre  en  canaux  paisibles  leurs  flots  tu- 
multueux, d'introduire  dans  des  contrées 
arides,  qu'ils  animeront  de  la  vie  çommer- 
merciale,  les  fleuves  qui,  en  se  confondant, 
submergent  ailleurs  un  sol  fertile?  S'agit- 
il  de  créer,  entre  les  navires  poussés  par  les 
vents  et  les  wagons  entraînés  par  la  va 
peur ,  une  lutte  de  force  et  de  célérité  ? 
entre  les  eaux  et  la  terre,  une  enrichissante 
rivalité  de  puissance?  Comme  ces  prodiges, 
que  le  génie  d'un  seul  homme  peut  bien 
concevoir,  n'arrivent  à  leur  réalité  qu'avec 
l'énergie  de  cent  volontés  concordantes  et 
qu'avec  l'aide  de  mille  fortunes  privées  qui 
unissent  leurs  ressources,  ne  vous  étonnez 
pas  si  les  années  succèdent  lentement  aux 
années  avant  que  l'entreprise  sérieusement 
formée  donne  aux  espéwinces  du  public  ufl 
aliment  qui  les  soutienne.  A  peine ,  en 
France  ,  on  est  au  début  des  travaux  que 
déjà  en  Angleterre  ils  sont  accomplis. 
C'est  que,  chez  nos  voisins,  les  indiviaua- 
lités  sont  toujours  prêtes  à  se  grandir  par 


393 


les  arégations.  Il  est  telle  entreprise  qui  1 
compte  plus  de  douze  cents  intéressés ,  tous  ' 
indéfiniment  responsables  sur  l'universa- 
lité de  leurs  biens.  En  comparaison  de  ce 
foyeivardent  d'activité ,  nos  compagnies  en 
commandite ,  qui  n'engagent  que  jusqu'à 
concurrence  de  la  valeur  des  actions,  sont 
inertes  et  sans  force. 

Notre  agriculture  languit  encore;  les 
progrès  qu  elle  a  faits  ne  sont  que  l'œuvre 
de  l'homme  infatigable  qui  s'est  trouvé 
aux  prises  avec  le  besoin.  L'impérieuse 
nécessité  commandait  de  nourrir  la  fa- 
mille, de  payer-  à  l'État  l'impôt  ,  et  les 
sueurs  du  travail  ont  injecté,  dans  la  terre, 
une  vertu  fécondante.  Mais  le  laboureur 
ne  le  sait  que  trop  :  toute  main  qui  a  sou- 
lagé la  sienne,  il  l'a  payée  chèrement  ;  tout 
capital  qui  a  passé  en  améliorations,  il  l'a 
malaisément  emprunté,  et  plus  malaisément 
encore  l'a -t- il  remboursé  avec  des  inté- 
rêts en  valeur  double  des  fruits  de  la  terre. 
Tout  fléau  qui  ravage  ses  récoltes,  qui 
ruine  ses  étables,  il  est  contraint  de  l'accep- 
ter comme  une  épreuve  nouvelle  que  le  Ciel 
impose  à  sa  patience  résignée  ;  car,  dans 
les  jours  m-oins  mauvais  ,  il  n'a  rencontré 
aucune  institution  à  laquelle  il  pût  s'asso- 
cier pour  en  recevoir,  au  jour  du  malheur, 
des  secours  pleins  d'efficacité  que  lui-même 
aurait  contribué  à  donner  à  un  autre,  si 
un  autre  eût  été  frappé  en  sa  place. 

Cet  isolement  des  laboureurs  a  cessé  de- 
puis longues  années  en  Allemagne.  Aussi 
leur  vie  est  aisée  et  douce,  leur  instrucfion 
bien  appropriée  à  leurs  besoins,  et  la  terre 
d'une  fécondité  qui  ne  se  lasse  plus.  A  con 
sidérer,  au  par-deià  du  Rhin,  la  multiplicité 
et  la  variété  des  récoltes  et  le  bonheur  que 
donne  la  vie  des  champs  ;  à  voir,  en-deçà, 
notre  agriculture  française  qui  n'a  de  force 
que  dans  les  privations  qu'elle  endure,  il 
semble  que  le  fleuve  soit  une  barrière  puis- 
sante comme  la  mer  et  qu'un  vaste  inter- 
valle sépare  ses  deux  rives.  La  cause  de 
cette  différence,  qui  est  bien  faite  pour 
nous  provoquer  à  abjurer  nos  habitudes 
d'isolement  et  nos  goûts  d'individualité, 
est  certaine  :  les  laboureurs  allemands 
trouvent,  dans  des  associations  ou  des  in- 
stitutions que  les  lois  protègent  et  que  le 
pouvoir  municipal  dirige,  un  véhicule 
dans  la  prospérité,  un  refuge  contre  la  cala- 
mité. '_. 

GiLLON 

Membre  de  Ict  Chambre  des  députés. 


CALCULS   D  INTERETS. 


Méthodes  pour  calculer  les  intérêts,  par  la 
règle  de  proportion ,  par  le  diviseur  spé- 
cial et  par  des  recherches  exactes  pour 
les  calculer  de  tête  ou  d'un  trait  déplume . 

Ces  trois  manières  font  l'objet  de  trois 
articles. 

L  L'année  commerciale  est  considérée 
comme  n'ayant  que  360  jours  ;  les  mois  se 
prennent  tels  qu'ils  viennent,  c'est-à-dire 
ceux  de  31  jours  pour  31  et  ceux  de  30 
pour  30  jours. 

Pour  prendre  l'intérôt  d'une  somme, 
ou  multiplie  la  somme  par  le  nombre  de 
jours ,  et  on  divise  par  le  taux  convenu  ; 
le  quotient  donne  l'intérêt  couru. 

Pour  connaître  le  diviseur,  non-seule- 
ment à  5  p.  0/0,  mais  à  tous  les  taux  en 
général ,  il  ne  faut  faire  qu'une  simple  règle 
de  proportion.  Pour  avoir  le  chiffre  du 
diviseur  à  5  p.  0/0  l'an,  voici  les  termes 
de  la  règle  de  trois. 

Si  6  :  360  :  :  100  :  X. 


OPERATIOuX. 


360,00 
10... 


7200  diviseur. 

Lorsqu'on  supprime  les  deux  zéros  au 
diviseur ,  on  doit  conserver  alors  tous  les 
chiffres  du  dividende  ;  si  au  contraire  le  di  • 
viseur  était  formé  de  nombres  impairs,  il 
faudrait  ajouter  deux  zéros  au  dividende. 
—  Application:  Il  est  dû  une  somme  de 
3000  fr.  depuis  le  10  juin,  et  c'est  le 
31  octobre  qu'on  désire  la  toucher  avec 
les  intérêts  courus  à  raison  de  5  p.  0/0  l'an, 
à  combien  s'élèvera-t-elle,  intérêts  corn  ■ 
pris  ? 

OPÉRATION.  Du  10  juin  au  31  octobre, 
il  y  a  143  jours  (on  ne  doit  jamais  compter 
le  jour  du  départ,  on  dit  du  10  au  30  juin 
il  y  a  20  jours,  etc.  ) 

H3  jours 
3000  Si  je  multiplie  les  jours 
par  la  somme,  c'est 
jwur  abre'ger  ;  par  te 
moyen  la  multiplica- 
tion se  fait  avec  un 
seul  chiffre. 


429000 


72  diviseur  forme' par  la 
règle  de  proportion  ci 
dessus. 


690         59  f.  Ô8  e. 
620 
600 
24 

Principal 3000  f. 

Intérêts 59      58 


Total.,,,.,....  30ô9f.5Sc. 


tn 


II.  DU  DIVISEUa  SPÉCIAL. 


Dans  le  tableau  des  diviseurs,  on  pourra 
choisir  tel  nombre  que  l'on  voudra  depuis 
I  jusqu'à  12  p.  ^  et  par  fraction  de  ~  p.  ^. 
Je  ferai  remarquer  que  les  tableaux  qui  ont 
paru  jusqu'à  ce  jour  n'ont  donné  le  taux 
qu'à  ^  p.  ^  et  non  au  ~,  comme  celui  qui  se 
trouve  ci  -  dessous.  Je  crois  qu'il  eût  été 
inutile  de  le  faire  sur  une  échelle  plus  dé- 
taillée. Dans  le  commerce  on  ne  négocie  ja- 


mais à  r?  ni  à  -j  p.  V  fan  ;  iCS  cours  ordi- 
naires sont  depuis  2  ^,  2^.  2  |,  3  p.  ^  jus 
qu'à  6  p.  f.  Dans  les  colonies  françaises 

1  escompte  est  beaucoup  plus  cher. 

Pour  connaître  le  nombre  de  jours  qu'il 
faut  pour  reproduire  le  capital,  on  doit  éta- 
blir la  proportion  suivante  (le  taux  étant  à 

2  p.  ^)  :  Si  2  p.  4  donnent  360  jours  :  :  com- 
bien F.  100  :  X(soit  18,000).  Cette  règle  a 
servi  de  base  pour  les  autres  taux. 


l'an      diviseurs. 

l'an 

DIVISEURS. 

"  ^  f-  ■   1  ■    » 

l'an        DIVISEURS. 

A  1  pour  cent. 

36000 

A  4^  pour 

cent.  757811 

A  8  Jr  pour  cent.  4235  ^ 

U   » 

28800 

5 

7200 

8^    -    4114  f 

H      " 

24000 

H   " 

6857 

9    «    4000 

H      " 

20571  f 

5i   » 

6545  TT 

9i    V    3891^ 

2    » 

18000 

o  -    »> 

6260  7T 

9i   »    3789 1^ 

2i   » 

16000 

G 

6000 

9^   »    3692 -i^ 

2i      » 

14400 

6Î   » 

6760 

10     »    3600 

2f   - 

13090  11 

6i   . 

6537 

10  i    »    3512^ 

3 

12000 

6^   - 

6333  \ 
6142  1 

10^    n    3428  4 

Si   " 

11076  ;^ 

7 

lOi   ..    3348  H 

3  â-   " 

10285  ^ 

7i   » 

4965  i^ 

11     »    3272-^ 

3^   " 

9600 

7i   « 

4800 

11  i    «    3200  j' 

4 

9000 

Il      « 

4645 

11 i    "    3130 

i^      f 

8470  tV 

8 

4500 

1 1 1    n         3063 

■Il     1 

8000 

8i   " 

..Il  M        = 

4363  ^ 

■■■<ii,i,u  rx  1  'ji  ■.  -n 

12    «    3000 

Manière  prompte  et  facile  pour  calculer  les 
intérêts  aux  taux  dont  on  fait  le  plus 
fréquent  usage. 

11  faut  multiplier  comme  ci  -  contre  la 
somme  par  les  jours  courus,  et  diviser  par 
le  taux  convenu  ;  on  doit  retrancher  les 


trois  zéros  aux  diviseurs  détaillés  ci-après; 
le  quotient  donnera  l'intérêt. 

Si  l'intérêt  était  à  2j  p.f,  l'un,  on  \ 

diviserait  par           »  IfiOOO  1     Ces  divi- 

d°  à3    »  12000  Iseurs    sont 

d°  à4    »  9000 \ extraits    du 

d"  à  4  ;  »  8000 1  cadre  ci-des 

d'  à5    »  72001  sus. 

d°  à6    »  (JOOO 


Pour  calculer  de  la  manière  indiquée  ci- 
après,  on  doit  retrancher  le  dernier  chiffre 
du  dividende ,  parce  que  le  diviseur  n'est 
composé  que  d'un  chiffre;  et  si  l'escompte 


est  fractionné,  on  ajoute  ou  on  déduit  le^, 
le  i,  etc.,  du  taux  en  question ,  comme  oa 
en  jugera  d'après  les  exemples  suivants  : 


29^ 


à2i,2^,3p.°;3i,3ip.  9. 


Après  la  multiplication  des 
sommes  par  les  jours,  vous 
prenez  pour  3  p.  |  le  13'"'=. 
ou  la  moitié  du  B""-'.  Exem- 
ple: on  voudrait  avoir  l'in- 
térêt de F.  8555 

PouréOjours 40 


1422010 
A  3  p.  f  Tan,  le  12'"« 

est 11,85 

Pour  réduire  à  2  ^,  il 

faut  prendre  le  G""". 

et  le  déduire 1,97 


Intérêt  à  2  ^  p. 


9,88 


Pour  2  |,  vous  prenez  le  12'"=. 
deSp.f  ou  la  moitié  du 6"'^ 
(1,97) ,  qui  est  98  c,  que 
vous  déduisez  de  l'intérêt  à 
3  p.  f  (11,85). 

Montant  de  l'intérêt  h  3 
p.  V F.  11,85 

Pour  l'élever  à  3  i^,  vous 
ajoutez  le  6°",  et  l'ad- 
ditionnez     1,97 


Intérêt  à  3  ^  p.  I F.  13,82 

Pour  3  7  vous  prenez  le 
12'"^  de  3  p.  7  ou  la^ 
du  e^^  qui  est  98  c, 
et  l'ajoutez  à  l'intérêt 
de  3  p.  |(F.  11,85). 

3  p.  ï  Fan,  pour  un  mois  de  ou 
jours,  font  juste  7  p.  i. 


3!,  4  p.r;;4^ 


45- et  4j  p. 5. 


A  4 


Produit  du  di- 
vidende ci- 
contre  14220 

p.  I,  on 
prend  le  9"'" 
ou  le6'"«,et 
on  déduit  lej 

A  3  3  7  on  dé- 
duit le  IG™» 

Intérêt  à  3  3  f 


98 


.   F 14,82 

Pour  4  7  on 
doit  prendre 
lé  IG""  comme 
ci-dessus  98 
c.,et  l'ajou- 
ter aux  F.  15,80, 

4  p.  I  pour  30 
jours,  font  ^  p.  f 


Produit  du  di- 
vidende ci- 
contre  ....14220 

A  4  7  p.  r?  on 
prend  le  S-""  17,77 
ou  pour  G  p. 
I,  en  dédui- 
sant le  î". 

A  4  I  il  faut 
ajouter    le 

iSmc 98 


5,  5iet  à6  p.^. 


Produit  du  di- 
vidende ci- 
contre 14220 

A  G  p.  f  l'an, 
le    G"»   est  23,70 

Pour  réduire 
à  5^,  on  doit 
prendre  le 
12^6 1,97 


Intérêt  à  44F.  18,75 

En    prenant 

pour  6  p.^, 

l'intérêt  est 

de 23,70 

A  déduire  pour 

1    p.   i.  le 

G-"^ 3,96 

Pour  le  7  du 

6™".  99 


4,95 
et  4|-. F.  18,75 

font  G  p.  l 
4îp.5pour30jours, 
font  l  p.  I 


Intérêt  à  5  > 
p.  ^ 21,73 

A  6  p.  I  le  6"« 

est .23,70 

Pour  réduire  à 

5  p.   l,  on 

prend  le  6™«  3,95 
Intérêt  à  5  p. 


.F.  19,75 


6  p.  2  pour  30  jours, 
font  ^  p.  ^ 


III.  Méthode  formée  par  une  longue  pratique 
et  par  des  recherches  exactes,  pour  cal- 
culer les  intérêts  de  tête  et  promptement, 
lorsque  les  jours  s'accordait  avec  le 
taux  de  l'escompte,  lorsqu'ils  contien- 
nent une  ou  plusieurs  fois  le  chiffre  du 
diviseur,  et  quand  on  peut  prendre  par 
la  somme  tant'j)Our  cent  sur  le  nombre 
de  jours. 

A  6  p.  ^  l'an. 

A  6  p.  -1  l'an,  le  diviseur  est  6000  ;  toutes 
les  sommes  de  6000  fr.  produisent  autant 
de  francs  qu'il  y  a  de  jours  à  escompter. 
Si  le  nombre  de  jours  représente  une  ou 
plusieurs  fois  le  chiffre  du  diviseur,  que  la 
somme  soit  ronde  ou  non  ,  il  sera  facile 
d'en  trouver  le  produit  par  les  applications 
suivantes  : 
ç   Un  agent  de  change  a  négocié  trois  effets 


de  6000  fr. ,  à  diverses  échéances,  on  vou- 
drait en  faire  le  bordereau  pour  connaître 
le  net  produit.  Valeur  du  20  août  1835 
(à  6  p.  ^l'an): 

F.    6000  au  30  septembre,  41  jours,  àG  p^F.  41 
6000  au  17  octobre,      58     »  .58 

6000  au  5  novembre,   77    »  •77 

176 

...  17824 


F.  18000 


Net  produit. 


F.  18000 


Si  la  somme  était  donc  de  6000  fr.  on  pren- 
drait autant  de  francs  qu'il  y  aurait  dejours. 
Si  elle  était  de  4500  fr.  on  prendrait  aussi  les| 
des  jours  pour  l'intérêt ,  on  ajoutant  2  zéros, 
d^       de  3000  d»  la^ 

d°       de  2000  d''  le  5 

d^       de  1500  d"  lei 

d"       de  1000  .   d"  le  7 


256 

Pour  600  fr.  on  peut  ajouter  un  ïéro 
aux  jours  ,  et  séparer  par  une  virgule  les 
deux  derniers  chiffres,  ce  qui  donnera  1  p.^. 
Exemple  :  Pour  41  jours ,  en  ajoutant  un 
zéro  à  41,0  l'intérêt  est  bien  de  4  fr.  10  c. 
Pour  6000  fr.  l'intérêt  est  dix  fois  plus, 
par  conséquent  l'escompte  doit  être  10  fois 
plus  élevé  ;  il  monte  donc  à  41  fr.  :  ceci 
est  évident.  3  jours,  6,  9,  12,  15,  18,  24, 
30,  36,  42,  48,  54,  60  et  66  jours  repré- 
sentent chacun  le  diviseur  6  autant  de  fois 
qu'il  est  contenu  depuis  1  jusqu'à  1 1  ,  à 
l'exception  de  3, 9  et  15  jours,  qui  contien- 
nent ,  le  premier  la  moitié  de  6,  le  second 
1  fois  6  et  ^  ,  et  le  troisième  2  fois  6  et  {  ; 
les  autres  chiffres  sont  tous  des  nombres 
pairs  et  composent  le  diviseur  6  par  gra- 
dation. 

Exemples  pour  Z,  d  et  IS  jours. 

Je  prends  une  somme  ronde  pour  facihter 
l'Intelligence  ;  j'ai  donc  à  calculer  l'intérêt 
de  3  jours  sur  F.  3000  ;  je  raie  le  dernier 
zéro  et  sépare  par  une  virgule  les  deux 
autres ,  pour  distinguer  les  francs  des  cen- 
times ^  je  prends  la  ^  de  3,00 ,  qui  est  1  fr. 
60  c. ,  ou  bien  ,  par  rapport  à  la  somme  , 
j'ajoute  2  zéros  aux  3  jours,  ce  qui  fait 
3,00,  et  prends  la  moitié  qui  dbnne  pareil- 
lement 1  fr.  50  c.  d'intérêt. 

Pour  avoir  l'intérêt  de  9  jours  sur  F. 
3000  ,  je  supprime ,  comme  ci-dessus ,  le 
dernier  chiffre,  ce  qui  donne  : 

>     pour 6  jours 3,00  ou  1  p.? 

et  pour  3     »     Idï....  1,50  ou  i  » 

9  jours  font  F.  4,50  d'intérêt,  ou  bien, 
par  rapport  à  la  somme,  on  ajoute  2  zéros  aux 
9  jours  et  on  prend  ^  p.  f. 

Pour  l'intérêt  de  15  jours  sur  F.  300 ,  je 
prends  : 

pour  12  jours  2  fois  300,  soit  F.  6,00 
et pour    3    »      la ^ de  300,    »         1,50 


15  jours  font F.  7,50 


En  prenant  l'intérêt  par  la  somme,  c'est 
beaucoup  plus  facile,  puisque  15  jours  à 
G  p.  -^  font  X  p.  |-«ur  3000  fr. ,  cela  fait 
7  fr.  50  c.  d'intérêt. 

Si  la  somme  se  trouvait  composée  de 
nombres  impairs ,  le  calcul  n'en  serait  pas 
plus  difficile.  Exemple  :  3  jours  sur  F.  3551 
donnent,  après  avoir  rayéle  dernier  chiffre, 
1  fr.  77  c.  d'intérêt  qui  est  la  i  de  355. 

Pour  9  jours ,  il  faudrait  prendre  : 

1°  pour6jourslp.ïSur355,F.  3,55 
2'  pourS    '     la^ 1,77 


9  jours  produisent.  F.  5,32  d'intérêts. 


Pour  obtenir  l'intérêt  de  F.  3551  pour 
f  4  jours,  il  faut  multiplier  la  somme  par  2  ; 
ce  produit  serait  pour  12  jours ,  parce  que 
dans  12  le  diviseur  6  est  contenu  2  fois  ; 
puis  pour  3  jours  on  doit  prendre  la  i  de 
cette  somme. 

Exemple. 

2  fois  355  font F.  7,10  pour  12  jours 

La  5  de  355 1,77    »       Sjours 

Intérê-t  de  15  jours.  F.  8,87 

En  prenant  le  j  sur  F.*2551,  j'aurai  le 
même  intérêt  (15  jours  font  ;j  p.  §).  Cette 
manière  est  plus  prompte. 

Pour  les  nombres  pairs  6,  12,  18,  24  et 
autres ,  le  calcul  en  est  très  facile  ;  on  en 
jugera  par  les  exemples  suivants  : 

24  jours  d'intérêts  sur  F.  1000  font  4,00, 
J'ai  multiplié  lOOjO  par  4,  parce  que  dans 
le  nombre  24  le  diviseur  6  y  est  répété 
4  fois  (4  fois  6  font  24).  30  jours  d'inté- 
rêts sur  F.  1000  font  F.  5.  Dans  30  le  di- 
viseui*  6  y  est  aussi  contenu  5  fois  :  c'est 
donc  par  5  qu'il  a  fallu  multiplier.  30  jours 
font  7  p.  |.  Ainsi,  pour  42  jours,  on  mul- 
tipliera la  somme  par  7,  pour  48  jours  par 
8,  ainsi  de  suite  pour  les  jours  dont  les 
nombres  pairs  .contiennent  le  diviseur  par 
gradation  jusqu'à  11  fois.  Je  vais  démon- 
trer la  diligence  de  celte  méthode  par  quel- 
ques applications. 

Exemple  I 

10  jours  sur  F.  6000,  font  F.  10,  20 
jours  l'ont  F.  20,  etc.,  etc.  Pour  obtenir 
l'intérêt  d'un  capital  dont  les  chiffres  for- 
meraient des  nombres  impairs,  je  suppose 
F.  3145,  cette  somme  pour  6  jours  ferait 
F.  3,14,  pour  12  jours  F.  6,28.  Pour  18 
jours,  on  multipherait  31415  par  3  (3 fois 
6  font  18),  on  aurait  F.  9,42.  En  multi- 
pliant aussi  F.  314,5  par  4  pour  24  jours 
(4  fois  6  font  24),  on  aurait  F.  12,56.  En 
multipUant  encore  F.  31415  par  11,  pour  66 
jours  (  6  fois  1 1  font  66  ) ,  cela  produirait  F. 
34,59.  On  peut  prendre  autrement  : 

pour  60  jours,  1  p.  |  sur  la  somme 

entière....  F.  31,45 
et  pour   6    »     le  10m. :    3,14 

06  jours  à  6  p.  4  font F.  34,59 

Par  cette  méthode,  on  remarquera  qu'au 
Ucu  de  multiplier  F.  345  par  66  jours,  et 
diviser  par  6000,  on  n'a  besoin  que  de  faire 
une  addition  pour  calculer  l'escompte  des 


B6  jours,  et  de'retrancher  le  dernier  chiffre. 

S145 
3145 

34,59    Intérêt  deeOjOursàe  p.  f 

Je  ferai  remarquer  que,  pour  les  jours 
qui  se  trouvent  entre  ceux  qui  conttenneiit 
une  ou  plusi-eurs  fois  le  diviseur,  comme  7, 
11,  13,  16,  17,  19,  etc.  ,  etc.,  on  pourra 
prendre  pour  6  jou-rs  et  ajouter  ie  6°'*  de 
la  somme  pour  un  jour,  ce  qui  produira 
l'intérêt  de  7  jours.  Pour  11  jours,  on  pren- 
drait pour  12  jours  (2  fois  la  somme,  parce 
que  dans  12  il  y  a-  deux  fois  le  diviseur  6), 
puis  on  déduirait  le  6°"*  pour  1  jour,  ainsi 
de  suite. 

Exemple 

6jours  surF.  lOOOdonnentà  6p.f  F.  1 
A  ajouter  pour  1  jour  le  G""*  de  100,0.       16 

F.    1,16 

d'intërêt  pour  7  jours. 

12  jours  sur  F.  100,0,  produisent..  F.    2 
Adéduirepourunjourle6'"«surl00,0       16 

F.     1,84 

Pour  U  jours. 

A  5  i  P  9  i-  AN. 

Le  diviseur  à  5  j  p,  §,  est  6545  — !  Le 

nombre  de  jours  ne  pouvant  pas  reproduire 
le  capital  au  taux  qui  lui  est  assimilé,  je 
vais  démontrer  la  manière  de  calculer  à 
ce  même  taux,  pour  quelle  somme  que  ce 
soit,  en  prenant  d'abord  l'intérêt  à  G  p.  ^, 
comme  ci-dessus,  et  en  déduisant  le  12°^^ 
pour  réduire  l'escompte  à  5  i  :  on  pourra,  à 
cet  effet,  se  servir  des  jours  et  des  sommes 
yapportés  à  l'article  précédent. 

Exemple. 

12  jours  sur  F.  3000  donnent  à  6  p.  |(  2  fois 

300  font  600  ) F.     6,00 

Pour  réduire  à  5  ;,  il  faut  prendre  le 

1 2""  de  l'intérêt 50 

F.    5,50 

30  jours  sur  F.  554,  font  à  6  p.  |(  6 

fois  la  somme  ) F.     3,38 

\  déduire  le  12°»' 28 

Intérêt  à  5  ; F.    3,10 

A  5  P.  I  l'an. 

A  6  p.  •  le  diviseur  est  72.  Par  consé- 
quent F.  7200  produisent  autant  de  francs 
qu'il  y  a  de  jours,  10,  11,  12  jours  font 
10,  11,  12  francs.  Si  1^  ^omme  était  diffé- 


29T 

rente,  le  calcul  n'en  serait  pas  plus  diffi- 
cile, en  prenant  l'intérêt  soit  par  les  jours, 
soit  par  la  somme. 

T200  fr.  donnent  pour  l'intérêt,  autan., 
de  francs  qu'il  y  a  de  jours, 
pour  5400      on  prendrait  les|  des  jours  pour 
l'intérêt,  en  ajoutant  2  zéros: 
.  3600  d"  la^         d" 

.  2400  d"  le^         d» 

.  1800  d"  lef         d" 

»     DOO  d°  le^         û"         ' 

Par  le  nombre  des  jours  détaillés  ci-après, 
on  pourra  prendre  tant  pour  cent  sur  la 
somme  à  calculer. 

P'6j^  12  18  24  27  36  45  48  54  63  72  81 
jours,  etc. ,  on  prendra  sur  la  somme 

Iel2-.lê6s7"  T    fîPô!    I    HlP-|lp°et^ 

Pour  avoir  l'intérêt  de  18  jours  sur  F. 
1800,  à  5  p.  ",  il  faut  prendre  le  ^  de  la 
somme,  et  séparer  par  une  virgule  les  deux 
derniers  chiflïes,  qui  seront  des  centimes. 
Le|de  F.  1800,  est  F.  4,50;  on  pourrait 
aussi  prendre  le  ^  sur  les  jours,  en  y  ajou- 
tant 2  zéros. 

Pour  calculer  l'intérêt  de  45  jours  sur 
F.  1000,  il  faut  prendre: 

*  pour  * .a  ï 

qui  est F.    5 

et  ajouter  i  qui  fait i  ,25 

F-    6,25' 

Autrement,  multiplier  le  produit  du  8™^ 
par  6  :  5  fois  F.  1,25  font  F.  6,2.5;  c'est 
plus  prompt.  Aussi,  pour  calculer  63  jours 
sur  F.  1000,  prendrai-je  :  ' 


1,25 

7   Cela  produira  F. 


pour ;. . .  F 
en  multipliant  par 

8,75  d'intérêts.      F.  8,75 

On  peut  prendre  l'intérêt  à  G  p.  ^  et  dé- 
duire le  6'°% 

[ 
Exemple.  | 

12  jours  sur  F.  6000  font F.    12 

A  déduire  le  6""^ 2 

L'intérêt  de  12  jours,  à  cinq  p.  *,  est  de  F.     10 

En  outre  des  jours  qui  donnent  l'intérêt 
par  la  somme,  en  prenant  tant  pour  cent, 
il  faudra  déduire  le  6°"^  pour  réduire  l'es- 
compte à  5  p.  -^  ;  on  pourra  se  servir  des 
sommes  qui  ont  rapport  au  diviseur  6.      ;, 

i: 
A  4  T  P.  -^  l'an.  f 

Le  taux  du  diviseur  à  4  |  est  8000.  Con- 
séquemment  f.  8000  donnent  autant  de 


298 

francs  qu'il  y  a  de  nombre  de  jours  ;  5  jours 
10,  15,  25  jours,  font  F.  5,  10,  15,  25. 

Si  la  somme  se  trouvait  de  F.  8000,  on  pren- 
drait pour  l'intérêt  autant  de  francs  qu'il  y  au- 
rait de  jours. 

Si  la  somme  était  de  7000  d°     ^p.fsurlesjours 
en  y  ajoutant  2zéros. 
d"  6000  d°    lii)      d°      d" 

do  5000  d»    fp.  °     d°      d" 

d»  4000  d"    î  «        d°      d° 

d°  3000  d"    ^  »        do      d" 

A°  2000  d»    j  »       d»      d° 

d"  1000  d»    j  »       d°      d" 

Les  jours  qui  contiennent  une  ou  plu- 
sieurs fois  le  diviseur  8,  sont  : 

8  jours,  16,  24,  32,  40,  48,  56,  64,  72, 
80,  88,  etc.  ;  etc.  Tous  ces  nombres  re- 
présentent le  diviseur,  depuis  1  jusqu'cà  11. 
Pour  calculer  l'intérêt,  on  doit  d'abord 
rayer  le  dernier  chiffre  de  la  somme,  et 
séparer  par  une  virgule  les  francs  des  cen- 
times, i 

Exemple  en  prenant  l'intérêt  de  la  somme 

SUR  LES  JOURS. 

(  Ajoutez  2  zéros  aux  jours  ).  î 

F.  7000  pour2j  jours,  font  -,16  8"  de  25  jours, 

soit,  25,00,  est ' F.     3,12 

à  multiplier  par  le  numérateur 7 

Intérêts  de  25  jours,  à  4  j F.  21,84 

Autre  exemple  pour  calculer  l'intérêt  par 

LES  JOURS  SUR  LA  SOMME. 

(  Rayez  le  dernier  chiffre  de  la  somme). 

F.  20010  pour  40  jours  :multipliezla  somme 
par  5  (5  fois  8  font  40),  vous  aurez  F. 
10,00  pour  l'escompte;  ou  bien  pour  40 
jours  la  ~  de  la  somme;  sur  F.  2000,  c'est 
F.  10.  , 

En  prenant  pour  6  p.  f}  et  déduisant  le  j, 
rinlérèi  se  trouve  réduit  à  4  j. 

Exemple. 

18  jours  sur  F.  1000,  à  6  p.j  donnent  F.  3 
A  déduire  le  f , 75 

!ntérctà4i F.  2,25 

Multipliez  1000  par  3,  parce  que  3  fois  6 
font  18. 

A  4  p.  r  l'an. 

Le  chiffre  du  diviseur  à  4  p.  .J,  est  9000. 
En  calculant  sur  pareille  somme,  Fintérèt 
donnera  autant  de  francs  qu'il  y  aura  de 
nombre  de  jours,  c'esî-à-dire  que  15,  25, 


30  jours  sur  F.  9000,  feraient  F.  15,  25 
30  d'intérêts 

Si  la  somme  était  de  F.  9000,  on  prendrait  au 
tant  de  francs  qu'il  y  aurait  de  jours. 

d"      6750  il  faudrait  prendre  f  p.*  sur  le» 
jours  en  ajoutant  2  zéros 
d»      4500        d°  ;    »     d° 

d»      3000        d»  j    .     d» 

d°      2250       d»  i    '     à° 

d»      1125       d"  i    -    à" 

Pour  les  jours  qui  représentent  une  oq 
plusieurs  fois  le  diviseur  9,  il  faut,  pour 
calculer  les  intérêts,  rayer  le  dernier  chiffre 
de  la  somme,  et  séparer  les  deux  autres  par 
une  virgule,  pour  distinguer  les  francs  des 
centimes. 

9  jours,  18,  27,  36,  45,  54,  63,  72,  81, 
90,  99  jours,  etc. ,  sont  les  nombres  qui 
contiennent  le  diviseur  9,  depuis  1  jus- 
qu'à 1 1 . 

Exemple,  pour  prendre  l'intérêt  de  la 
somme  sur  les  jours. 

F.  2250  pour  12  jours,  font  F.  3,00 
d'escompte ,  en  prenant  le  l  de  12  jours 
(  12  j.  00,  le  i  de  12  jours  est  F.  3,00.) 

Par  les  jours,  sur  la  somme, 

F.  100|0  pour  27  jours ,  donnent  F.  3 
d'intérêt  (  3  fois  9  font  27).  En  multipliant 
100  par  3,  l'escompte  est  de  ,00. 

En  prenant  aussi  pour  6  p.  |,  il  faudrait 
déduire  ^  pour  avoir  l'intérêt  à  4  p.^. 

Exemple. 

15  jours  sur  F.  1000,  font  à  6  p. 
A  déduire  le  l  de  l'escompte 

Intérêt  à  4  p. 


..  F.  2,50 
.       83 

. .  F.   1,67 


A  3  P.  ^  l'an,  3^,  2^,2^,3  i2f  et 
3  i  l'an. 

Le  diviseur  à  3  p.  -^  est  12.  La  somme  de 
F.  12,000  produira  donc  autant  de  francs 
qu'il  y  aura  de  jours  :  lO,  15, 20,  jours  font 
à  3  p.  ^,  F.  10,  15,  20. 

Il  est  entendu  que  pour  F.  12,000,  on  aura  au- 
tant de  francs  que  de  nombre  de  jours. 

Pour    9,000  on  prendra  f  p.;  sur  les  jours, 
en  y  ajoutant  2  zéros. 
7,500  d»      i    d»  d» 

6,000  do      .;    do  d" 

4,500         d"      I    do  1" 

3,000         d"      J    d"  d" 

1,500         d°      i    d"  d° 

12  jours,  24,  36,  48,  60,  72,  84,96, 
108,  120,  132,  jours,  etc.,  sont  les  nom- 
bres qui  renferment  le  diviseur  12,  depuis 
1  juscju'à  11. 


299 


REPERTOIRE  PROFESSIONNEL. 


I.  PROFESSIONS  RURALES.  —  II,  PROFESSIONS  URBAINES. 


ETABLISSEMENTS  INDUSTRIELS  EN  FRANCE 
ET   EN   ANGLETERRE. 

L'une  des  causes  qui  nuisent  le  plus  à 
la  prospérité  des  commerçants  et  des  in- 
dustriels français,  c'est  'l'énorme  perte 
qu'ils  font  dans  leurs  établissements  aux 
irais  d'administration,  etc.  A  Londres,  un 
négociant  qui  s'établit  prend  un  bureau  à 
la  cité,  bureau  compose  de  deux  ou  trois 
pièces  au  plus ,  dans  une  maison  tout  en- 
tière, occupée  par  des  bureaux  semblables; 
quelques  tables  noires ,  une  armoire  où  se 
renferment  chaque  soir  les  livres,  voilà  le 
mobilier  complet.  Là,  point  de  bureaux  à 
cylindres,  de  fauteuils  en  acajou,  de  glaces 
et  autres  sumptuosités;  le  personnel  est 
borné;  la  caisse  n'est  jamais  autre  part  que 
chez  le  banquier  ;  le  caissier ,  le  garçon  de 
recette  y  sont  inconnus.  Dans  les  deux 
contrées  on  imite  le  gouvernement  :  ici  luxe 
de  personnes  et  de  choses,  bureaux  im- 
menses, commis  nombreux  et  mal  payés; 
là-bas,  bureaux  modestes,  très  peu  de  com- 
mis, bien  payés  et  travaillant  avec  zèle. 
Le  luxe  des  bâtiments  suit,  en  France,  ce- 
lui de  l'administration;  il  n'est  pas  rare  de 
voir  un  établissement  qui  possède  200,000 
fr.  de  capital  en  dépenser  la  moitié  en  bâ- 
timents. Les  machines  à  vapeur  sont  po- 
lies, ornées ,  quelquefois  même  dorées  ;  les 
appareils  ont  un  air  de  luxe  et  de  coquet- 
terie. Tout  cela  fait  un  bon  effet,  dit-on; 
mais  au  bout  de  l'année,  quand  il  faut  pré- 
lever sur  le  bénéfice  20  à  30,000  fr.  au  lieu 
de  10,  l'effet  est-il  définitivement  bon? 

On  dit,  dans  l'industrie,  que  le  fon- 
dateur d'un  établissement  nouveau  se 
ruine ,  en  général ,  et  que  ceux  qui  lui  suc- 
cèdent s'enrichissent.  Cela  se  conçoit. 
Celui  qui  fonde  est  souvent  enclin  au  dé- 
faut que  nous  signalons.  Il  enterre  dans 
les  constructions  des  sommes  trop  fortes  ; 
il  diminue  ses  forces  de  roulement ,  et 
s'impose  une  charge  perpétuelle  dans  le 
paiement  de  ces  intérêts. 

Les  Anglais ,  qui  sont  ae  très  habiles 
manufacturiers ,  ne  construisent  pas  leurs 
bâtiments  pour  durer  un  grand  nombre 
d'années.  C'est  un  des  points  sur  lesquels 


ik  économisent  leurs  capitaux.  Un  ma- 
nufacturier, pour  élever  les  constructions 
quiluisontnécessaires,dépenseralOO,OOOf. 
pour  bâtir  en  pierres  et  avec  de  fortes 
charpentes ,  et ,  à  ce  prix ,  il  aura  ua 
édifice  susceptible  de  durer  éternellement^ 
mais  qui  pourra  bien  ne  pas  toujours  con- 
venir aux  besoins  de  l'industrie,  qui 
varient.  Un  autre  manufacturier  con- 
struira le  même  édifice  en  boisât  en  plâtre, 
pour  60,000  fr.  Ces  40,000  fr.  de  diffé- 
rence ,  à  l'intérêt  de  5p.  0/0,  seront  dou- 
blés en  moins  de  15  ans.  A  cette  épo- 
que ce  sera  80,000  fr.  et  au  bout  de  30 
ans,  ce  sera  160,000  fr.  Si  alors  il  faut 
rebâtir,  cela  coûtera  encore  60,000  fr., 
et  on  rebâtira  comme  on  le  jugera  utile , 
et  on  aura  un  bénéfice  de  100,000  fr.  sur 
l'autre  manufacturier.  Lorsque  je  vois  un 
beau  portail  à  une  manufacture ,  je  trem- 
ble sur  le  sort  des  entrepreneurs  ;  s'il  y  a 
des  colonnes ,  ils  sont  perdus. 

des  effets  utiles  qu'on  peut  obtenir 
d'uw  cheval. 

Le  travail  d'un  cheval  se  mesure  :  lo 
par  l'effort  constant  qu'il  peut  exercer  ; 
20  par  l'espace  qu'il  peut  parcourir  en  un 
temps  donné  et  en  exerçant  cet  effort  sans 
que,  par  un  travail  quotidiennement  re- 
nouvelé ,  l'animal  éprouve  d'affaiblisse- 
ment. S'il  est  évident  que  l'effet  utile  du 
cheval,  la  quantité  d'action  dont  il  est 
capable,  est  le  produit  de  ces  deux  quem- 
tités ,  il  ne  l'est  pas  moins  que  lorsque 
l'une  d'elles  augmentera,  l'autre  devra  di- 
minuer, et,  pour  soriir  des  généralités, 
que  plus  un  cheval  prendra  de  vitesse , 
par  exemple,  moins  l'effort  constant  qu'il 
pourra  exercersera  considérable.  Onpi-es- 
sent  qu'entre  toutes  les  valeurs  que  peut 
prendre  ou  cette  vitesse  ou  cet  effort,  il  y 
en  a  qui  doivent  rendre  l'effet  utile  le  plus 
grand  possible  ;  or,  la  reclïerche  de  ces  va- 
leurs a  été  déjà  l'objet  d'un  assez  grand 
nombre  d'expériences  et  d'observations , 
et  l'on  peut  dire  que,  pour  certains  cas, 
elles  ont  été  déterminées  avec  une  ap- 
proximation suffisante  pour  la  pratique. 


soo 

Malheureusement,  dans  les  travaux  pu- 
blics ou  particuliers,  il  n'est  pas  toujours 
possible  ou  du  moins  il  n'est  pas  toujours 
économique  de  faire  prendre  aux  chevaux 
de  trait  la  vitesse  même  qui  rendrait  leur 
travail  journalier  maximum.  Certaines 
considérations  particulières  obligent  sou- 
vent ceux  qui  (imploient  ces  animaux  à  se 
contenter  du  bien  et  à  négliger  le  mieux. 
Il  importe  donc  aussi  de  savoir  quels  ser- 
vices, quel  travail  on  peut  attendre  du  che- 
val en  dehors  des  trois  ou  quatre  cas  par- 
ticuhers  que  la  pratiq4ie  a  déterminés  jus- 
qu'ici. Tel  a  été  l'objet  des  recherches  de 
M.  Fourier. 

On  peut  admettre  que,  parmi  les  différen- 
tes vitesses  que  peut  prendre  un  cheval , 
celle  qui  rendra  le  travail  utile  de  l'ani- 
mal le  plus  grand  possible  correspond  à 
très  peu  près  à  0'"  90  par  seconde  ,  ou  , 
plus  exactenïent,  3,200  mètres  par  heure. 
C'est  un  pas  très  lent,  car  la  vitesse  de 
la  cavalerie,  au  pas  ordinaire,  est  de  l""-  66 
par  seconde. 

L'effort  que  le  cheval  est  capable  d'exer- 
cer en  prenant  cette  vitesse  et  travaillant 
10  heures  par  jour  peut  être  évalué  à  56 
kilogrammes.  Le  travail  maximum  quo- 
tidien d'un  cheval  est  donc  56 — 3,200 — 
10  — 1,792,000,  soit  en  nombre  rond, 
1,800,000  kilo  m-  ou  1,800  kilogrammes 
élevés  à  1,000  mètres  de  hauteur. 

Ce  maximum  de  travail  varie  d'aiJîeurs 
d'une  manière  peu  sensible  lorsque  la  vi- 
tesse s'éloigne  elle-même  assez  peu  de 
3,200  mètres  par  heure  ;  mais  il  n'en  est 
plus  de  même  si  cette  vitesse  augmente  no- 
tablement. Ainsi,  M.  Schwilgue,  en  com- 
parant le  travail  produit  par  les  chevaux 
employés  au  roulage  et  aux  messageries, 
c'est-à-dire  par  des  chevaux  travaillant 
au  pas  et  au  trot,  a  été  amené  à  conclure 
que  les  quantités  de  travail  journalier  ob- 
tenues étaient  dans  le  rapport  de  1.80  à 
1.42;  M.  Navicr  avait  trouvé  le  rapport 
de  1  .SOà  1.50;  prenant  1 .46  pour  moyenne, 
on  admettra  qu'un  cheval,  trottant  dix 
heures  par  jour  à  la  vitesse  do  8  mille  mè- 
tres ou  deux  lieues  de  poste  cà  l'heure,  n'é- 
lèverait plus  que  1,460  kil.  à  1 ,000  mètres 
de  hauteur  dans  sa  journée. 


L'expérience  paraît  démontrer  que  les 
espaces  parcourus  dans  un  jour  par  un 
cheval  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour  le 
pas  et  le  trot  ;  mais  quand  ,  pour  obtenir 
une  plus  grande  vitesse,  le  cheval  est  obhgé 
de  prendre  le  galop  ,  il  force  beaucoup  sa 
marche  ordinaire,  il  en  résulte  une  telle  fa- 
tigue qu'il  ne  peut  plus  parcourir  une 
aussi  longue  distance ,  bien  que  l'effort 
qu'il  exerce  soi'c  considérablement  diminué. 
On  admet  en  Angleterre  que  les  chevaux 
qui  galopent  à  la  vitesse  de  1 ,600  mètres 
ou  4  lieues  de  poste  à  l'heure  ne  peuvent 
parcourir  que  20,000  mètres  dans  leur  jour- 
née ;  l'effort  qu'ils  exercent  alors  étant 
moyennement  de  17k.,  le  travail  quoti- 
dien d'un  cheval  au  galop  se  réduit  à  340  k. 
élevés  à  mille  mètres  de  hauteur. 

Eir augmentant  encore  la  vitesse,  oii  ar- 
riverait bientôt  à  un  point  où  le  cheval  ne 
serait  plus  capable  d'aucun  effort,  etoùpar 
conséquent  son  travail  serait  aussi  nul  que 
s'il  ne  marchait  pas.  On  peut  raisonnable- 
ment supposer  que  cela  aurait  lieu  quand  la 
vitesse  serait  de  21,000  mètres  par  heure. 

M.  Fourier ,  pour  obtenir  les  quantités 
d'action  intermédiaires  correspondamtes 
aux  vitesses  comprises  entre  m.  0,3200^ 
8,000,  16,000  et  21,000  par  heure,  a  es- 
sayé de  lier  par  une  courbe  ces  résultats 
moyens  de  l'expérience  ;  il  a  trouvé  que 
celle  qui  semblait  satisfaire  le  mieux  aux 
conditions  imposées  était  la  courbe  des  si- 
nus, dans  laquelle  on  sait  que  chaque  abs- 
cisse est  le  développement  d'un  arc  de  cercle 
dont  l'ordonnée  est  le  sinus  ;  c'est  en  com- 
binant ainsi  les  résultats  de  l'expérience 
avec  le  calcul  que  le  tableau  ci-contre  a 
,été  formé.  On  voit  que,  soit  qu'un  cheval 
soife  employé  à  soulever  un  poids,  soit  qu'il 
tire  sur  une  chaussée  d'empierrement,  sur 
une  route  pavée  ou  sur  un  chemin  de  fer, 
c'est  en  lui  faisant  prendre  une  vitesse  de 
3,200  m.  par  heure  qu'on  obtiendra  de  lui 
le  plus  grand  effet  utile.  Cet  elTet  utile  est 
déjà  réduit  de  moine  environ  lorsque  l'ani- 
mal fait  trois  lieues  à  l'heure.  Des  expérien- 
ces récentes  ne  permettent  pas  d'accorder 
une  très  grande  confiance  aux  résultats 
de  la  dernière  colonne. 


SOI 


Tableau  des  quantités  de  travail  qu'onpourra  obtenir  d'un  cheval  en  une  journée,  suivant 
qu'il  prendra  des  vitesses  de  2,  ;î,  4  liilométres  par  heure,  et  qu'il  élèvera  un  poids 
verticalement  ou  qu'il  le  traînera  sur  une  roule  pavée,  sur  une  chaussée  en  empierrement, 
sur  un  chemin  de  fer  ou  sur  un  canal. 


j 

VITESSE 

en 

EFFET  UTILE  CXprlmé 

en  tonneaux  de  1,000  kilogrammes 
horizontalement  à  1,000  mètres  sur 

Elevés 
verticalement 

Traînés 

kilomètres 

un  canal  à  [ 

par 
ieure.j 

à 

1,000  mètres 
de   . 
hauteur. 

une 
chaussée 
d'empierre- 
ment. 

une 
route  pavée. 

un 

chemin 

• 

de  fer. 

grande    sec-j 

tion,  avec  les 

barques  or-  j 

dinaires. 

Tonneaux. 

Tonneaux. 

Tonneaux. 

Tonneaux. 

Tonneaux. 

2(l/2lieue). 

1.24 

15.40 

23.10 

189.40 

2469.00        ; 

3 

1.78 

22.15 

33.23 

271.90 

1575.00 

3.20 

1.80 

22.40 

33.60 

275.00 

1400.00 

4  (1  lieue). 

1.79 

22.28 

33.42 

273.50 

891.00 

5 

'      1.75 

21.78 

32.67 

267.40 

557.50 

6 

1.69 

21.03 

31.55 

258.20 

373.90   • 

7 

l.GO 

19.91 

29.87 

244.40 

26@.00 

8  (2  lieues). 

1.49 

18.54 

27.81 

227.60 

185.40 

9 

1.37 

17.05 

25.57 

209.30 

134.70 

10 

1.23 

15.31 

22.96 

187.90 

97.96 

11 

1.07 

13.32 

19.98 

163.50 

70.43 

!2  (3  lieues). 

0.92 

11.45 

17.17 

140.60 

50.88 

13 

0.76 

9.46 

14.19 

117.10 

35.82 

U 

0.60 

7.47 

11.20 

91.67 

24.38 

15 

0.46 

5.72 

8.58 

70.28 

16.28 

16  (4 lieues). 

0.33 

4.11 

6.16 

60.42 

10.27 

17 

0.21 

2.61 

3.92 

32.08 

5.79 

18 

0.12 

1.49 

2.24 

18.33 

2.95 

19 

0.06 

0.75 

1.12 

9.17 

1.32 

20  (5 lieues). 

0.01 

0.12 

0.18 

1.53 

0.20 

TK 

L....     D. 

DES  ROUTES  EN  BETON. 

Le  béton  est  un  mortier  de  chaux  hy- 
draulique, de  sable  et  de  gravier,  cailloux 
ou  rocailles. 

Une  route  en  béton  peut  être  composée 
d'une  à  trois  voies, 

Une  voie  aura  2°-2de  largeur  sur  0'°-25 
d'épaisseur.  ""Le  prix  moyen  du  mètre 
cube  de  béton  en  France  sera  de  15  francs 
environ  ;  ce  qui  fait  9  francs  pour  le  mètre 
linéaire,  par  voie. 

Les  routes  à  une  seule  voie  seront  desti- 
nées pour  les  communications  peu  fré- 
quentées et  peu  riches.  La  lieue  de  4,000 
mètres  coûtera  36,000  francs,  c'est-à-dire, 
un  prix  dix  fois  moindre  que  celui  d'un 
chemin  de  fer  à  une  voie. 

Deux  voies  pourront  suffire  pour  les 
routes  les  plus  fréquentées;  ainsi  le  prix  de 
ces  routes  sera  de  72,000  francs,  c'est-à- 


dire  encore  la  dixième  partie  du  prix  d'un 
chemin  de  fer  à  deux  voies. 

Pour  les  rcutes  très  fréquentées,  on 
pourra,  du  premier  abord,  constraire  trois 
voies;  cette  troisième  voie  n'est  que  pro- 
visionnelle, afin  de  faciliter  les  réparations. 
Le  prix  de  la  lieue  de  4,000  mètres  sera 
de  108,000  francs,  ou  la  huitième  parti  du 
prix  d'un  cheînin  de  fer  à  deux  voies. 

Dans  ce  qui  précède,  nous  parlons  seu- 
lement du  perfectionnement  à  apporter  aux 
routes  existantes,  qu'il  ne  s'agirait  que  de 
bétonner,  sans  rien  déranger  à  leur  as- 
siette, à  leur  niveau  et  à  leurs  directions 
actuelles. 

Mais  s'il  fallait  construire  un  nouveau 
chemin,  acheter  le  terrain,  faire  les  terras- 
sements et  les  travaux  d'art,  la  lieue  à 
trois  voies  coûterait  268,000  francs,  le  tiers 
d'un  chemin  de  fer,  et  la  moitié  du  prix 
d'un  canal. 


302 

Les  voies  ou  zones  seront  incrastées 
dans  la  route  de  manière  que  les  plans  su- 
périeurs se  confondent. 

Deux  ou  trois  mois  après  qu'il  a  été  posé, 
le  béton  est  assez  dur,  assez  résistant  pour 
supporter  les  plus  lourdes  voitures  traînées 
par  des  chevaux.  INi  les  roues  ni  les  pieds 
des  clievaux  n'y  laissent  la  moindre  trace 
et  passent  dessus  sans  glisser.  La  surface 
du  béton  peut  être  aussi  unie  qu'une  pierre 
bien  taillée,  et  une  route  tout  entière  ne 
présente  aucuns  joints;  ni  l'eau  ni  le  dégel  ne 
ramollissent  le  béton;  il  présente  le  même 
aspect  toute  l'année  ;  il  est  imperméable  au 
plus  lîaut  degré.  Le  béton  est  une  pierre 
factice;  il  ne  peut  produire  ni  boue  ni 
poussière. 

La  durée  du  béton  doit  être  très  longue 
avec  l'emploi  des  voitures  à  vapeur,  puis- 
qu'il résiste  aussi  solidement  aux  voitures 
à  chevaux.  Le  succès  des  voitures  à  vapeur 
sur  les  routes  en  béton  est  infaillible;  et  ce 
succès  est  subordonné  à  l'emploi  du  béton, 
car  les  voitures  à  vapeur,  avec  leurs  ma- 
chines si  délicates,  n'auraient  jamais  pu 
réussir  sur  les  routes  actuelles,  ou  les  chocs 
les  auraient  mises  de  suite  hors  de  service. 

Les  routes  en  pente  peuvent  être  béton- 
nées comme  celles  qui  sont  en  plaines.  Les 
voilures  à  vapeur  peuvent  gravir  des  pen- 
tes quatre  fois  plus  rapides  que  les  plus 
fortes  de  celles  qui  existent.  Les  descentes 
sÎTont  beaucoup  moins  dangereuses  qu'elles 
ac  ie  sont  aujourd'hui ,  parce  qu'on  est 
obligé  de  se  servir  de  chevaux. 

Les  routes  en  béton  seront  particulière- 
îïient  précieuses  pour  les  contrées  maré- 
cageuses; elles  peuvent  se  placer  sur  toute 
espèce  de  terrain.  L'eau  ne  pourra  jamais 
les  pénétrer.  On  peut  construire  ces  routes 
dans  lous  les  pays.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
de  prouver  qu'on  peut  faire  un  mortier 
îiydraulique  dans  toutes  les  localités;  je 
renvoie  aux  auteurs  qui  ont  traité  cette 
matière. 

Une  route  déjcà  faite,  quelle  que  soit  son 
étendue,  pourra  être  recouverte  de  bélon 


dans  le  courantd'une  année;  ainsi  on  jouira 
plus  de  six  ans  avant  la  construction  d'un 
chemin  de  fer  ou  d'un  canal;  les  capitaux 
porteront  des  bénéfices  la  seconde  année. 

La  vitesse  pour  voyager  avec  les  voitu- 
res à  vapeur  pourra  être  aussi  grande  sur 
les  routes  de  béton  que  sur  les  chemins  de 
fer,  puisqu'ici  il  y  a  encore  moins  de  chocs 
et  que  les  tournants  ne  s'y  opposent  pas. 
Les  inconvénients  des  descentes  et  des 
tournants,  qui  sont  inhérents  aux  chemins 
de  fer,  n'ont  pas  lieu  ici.  La  sécurité  sera 
au  moins  cinq  ou  six  fois  plus  grande  sur 
les  chemins  de  béton  que  sur  ceux  de  fer, 
et  même  que  sur  les  routes  ordinaires,  oii 
les  diligences  sont  traînées  par  les  che- 
vaux ;  il  y  aura  même  plus  d'agrément  et 
moins  de  chocs  que  sur  les  routes  en  fer. 

Le  mouvement  commercial  en  France 
sur  les  principales  lignes  ne  va  pas  au-delà 
de  150  tonnes  par  jour-,  quand  même  le 
mouvement  serait  de  200  tonnes,  on  ne 
pourrait  encore  espérer  que  3  ou  4  p.  % 
de  rentes,  et  sans  pouvoir  baisser  les  prix 
de  transport;  il  n'y  aurait  donc  de  gagné 
que  la  vitesse.  La  construction  d'un  cne 
min  de  fer  ne  sera  profitable  que  là  ou  le 
mouvement  commercial  sera  de  300  ton- 
nes. Pour  mieux  démontrer  que  notre  sys 
tème  réunit  toutes  les  conditions  rigoureu- 
ses qu'exigent  les  communications  faciles, 
célérité  et  bon  marché,  nous  allons  présen- 
ter un  tableau  comparatif  des  différents 
transports,  dont  la  base  du  calcul  pour  les 
chemins  de  fer  et  de  béton  repose  sur  les 
conditions  suivantes  : 

10  Les  intérêts  des  capitaux  à  5  pour 
cent  ; 

20  Mouvement  commercial  de  200  ton- 
nes par  jour. 

Dans  chaque  espèce  de  voie  nous  dis- 
tinguons les  frais  de  péage,  ou  droit  de 
parcours,  des  frais  de  transport  ou  de  hal- 
lage, et  nous  avons  pris  pour  unité  un  quin- 
tal métrique  ou  100  kilogrammes  trans- 
portés à  une  lieue  de  4,000  mètres. 


Le  prix  moven  du  roulage  ordinaire,  vitesse  de  8  lieues  par  24  heures. 

est  de 0,10 

Celui  du  roulage  accéléré,  vitesse  de  16  lieues  par  24  heures,  est  de.  .  .  .  0,20 

Chemins  de  fer,  vitesse  de  5  lieues  à  l'heure !  TlaEe'  o'o04  I  ^'^^^ 

Canaux,  vitesse  de  8  lieues  par  24  heures j  {^^^jf^^e'  0  033  1  ^'^^^ 

r'i      •      1    1  ',             .s        «    l  Terrain  acheté.     1  Jl^^p"  '  ^'^^^  \  0,035 

Chemms  de  béton  construits  sur    ^                                (  Hallage.   0,009  »  ' 

(vitesse  5  lieues  par  heure)       \  ^^^^^^  royales,    j  ^î^^^-  g;gj^  j  0,019 


Les  chemins  de  béton  peuvent  être  con- 
struits sur  des  routes  dont  le  mouvement 
commercial  ne  serait  que  de  50  tonnes  ; 
car,  lorsqu'il  est  de  200  tonnes,  le  péage 
coûte  0  f.  01  c,  qui,  multiplié  par  4,  ne 
lait  que  0  f.  04  c,  et  si  on  ajoute  01'.  000  c. 
pour  le  hallage,  pour  somme  totale  Of.  049  c. 
c'est-à-dire  moitié  du  prix  actuel,  les  ren- 
tes étant  à  5  pour  cent.  On  voit  dans  le 
tableau  qui  précède  que  si  le  tonnage  est 
de  200  tonnes  le  prix  du  transport ,  péage 
compris,  n'est  que  la  cinquième  partie  du 
prix  actuel  et  avec  5  pour  cent  ;  or  donc, 
si  on  baissait  le  prix  seulement  de  moitié, 
on  retirerait  20  pour  cent;  on  pourrait 
donc  rembourser  les  capitaux  en  peu  d'an- 
nées. Ainsi,  un  chemin  de  béton  possède 
toutes  les  conditions  possibles  :  bon  mar- 
ché, célérité,  commodité,  à  un  plus  haut 
degré  que  tout  ce  qui  est  connu,  et  il  peut 
être  fait  dans  tous  les  lieux  possibles,  soit 
montagneux,  marécageux,  pauvres,  ri- 
ches ;  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  pour  les 
chemins  de  fer,  ni  pour  les  canaux  ;  par 
conséquent  il  ne  craint  aucune  concur- 
reftce,  tandis  qu'il  peut  être  une  concur- 
rence redoutable  pour  toute  autre  espèce 
de  voie. 

Je  me  borne,  pour  le  moment,  à  énu- 
mérer  aussi  succinctement  que  possible 
tous  les  avantages  de  notre  genre  de  trans- 
port, devant  me  renfermer  dans  un  cadre 
très  étroit.  Il  faudrait  sans  doute  un  vo- 
lume pour  prouver  tout  ce  que  j'avance  ; 
mais  je  pourrais  le  démontrer,  soit  par 
chiifres,  soit  par  expériences,  aux  per- 
sonnes qui  seraient  dans  l'intention  d'en- 
treprendre ces  chemins  ;  elles  ne  pour- 
raient pas,  d'ailleurs,  en  construire  sans 
ma  participation,  sans  s'exposer  à  des  dom- 
mages-intérêts, étant  pourvu  d'un  brevet 
d'invention  pour  la  construction  des  che- 
mins de  béton.  C'est  seulement  avec  les 
personnes  qui  désireraient  concourir  acti- 
vement à  l'exécution  de  mes  projets,  que 
j'entrerai  en  communication.  Si  elles  veu- 
lent être  témoins  de  mes  expériences,  elles 
n'ont  qu'à  se  rendre  près  de  moi,  à  Stras- 
bourg, place  au  Foin,  n»  14. 

Je  prie  les  personnes  qui  voudront  en- 
trer en  relations  avec  moi,  d'affranchir  la 
première  lettre.  ïomassin  , 

Capitaine  d'artillerie,  chevalier  de 
la  Légion-d' Honneur. 

MOUTONS  MÉRI\OS  :  PRÉFÉREXCE   QV  ILS 
MÉRITENT  SUR  LES  MOUTONS  COMMUNS 

La  majeure  partie  des  cultivateurs  sui- 
vent toujours  l'ancien  usage,  et  coûtinaent 


303 

d'avoir  leurs  troupeaux  en  moutons  du 
pays  à  grosse  laine ,  quand  il  y  aurait  pour 
eux  beaucoup  plus  d'avantage  à  avoir  des 
moutons  mérinos;  il  leur  suffirait,  pour 
s'en  convaincre ,  de  consulter  ceux  do 
leurs  voisins  qui,  depuis  quelques  années, 
ont  changé  leurs  moutons  communs  pour 
acheter  des  mérinos,  et  de  comparer  leurs 
recettes  lors  de  la  vente  des  laines  ;  alors 
ils  ne  balanceraient  pas  à  suivre  l'exemple 
de  ces  derniers  ,  et  bientôt  ils  trouveraient 
dans  le  produit  de  leurs  travaux  un  excé- 
dant. 

Je  vais  essayer  d'en  donner  une  idée ,  en 
prenant  pour  base  l'année  1835  qui  vient 
de  finir,  et  en  comparant  le  produit  des 
brebis  communes  avec  celui  des  brebis 
mérinos. 

Les  toisons  de  brebis  communes  qui  ont 
rapporté  des  agneaux  ont  été  vendues  de 
3  à  4  fr.  suivant  leur  volume ,  ce  qui  fait 
un  prix  moyen  de  3  fr.  50  c.  la  toison;  en 
conservant  la  même  brebis  quatre  années, 
elle  produira  donc  pour  14  fr.  de  laine; 
après  cela  elle  sera  vendue  pour  le  bou- 
cher. 

Les  toisons  de  brebis  mérinos  pèsent  en 
suint  de  5  à  8  livres ,  selon  que  les  bêtes 
sont  fortes  et  bien  nourries ,  ce  qui  l'ait  un 
poids  moyen  de  6  livres  1/2.  A  cette  toison, 
il  faut  ajouter  celle  de  l'agneau  que  la  bre- 
bis a  rapporté  dans  l'année ,  et  qui  est 
tondu  en  même  temps  que  la  mère  ;  elle 
pèsera  au  moins  1  livre  1/2.  Cela  fait  donc 
8  livres  de  laine.  Cette  laine  a  été  vendue 
cette  année  de  24  à  30  sous  la  livre ,  ce 
qui  fait  le  prix  moyen  de  27  sous.  Ainsi 
8  livres  de  laine  à  27  sous  font  10  fr.  80  c. 
la  toison.  En  conservant  la  même  brebis 
quatre  ans  (comme  la  commune  ) ,  elle  aura 
donné  pour  43  fr.  20  c.  de  laine;  ensuite 
elle  sera  vendue  au  boucher  3  fr.  de  moins 
que  la  brebis  commune ,  à  cause  qu'elle  est 
moins  forte,  ce  qui  réduit  son  produit  en 
laine  à  40  fr.  20  c.  En  comparant  le  pro- 
duit des  deux  brebis ,  on  trouve  que  la  bre- 
bis mérinos  a  produit  en  quatre  années 
26  fr.  80  c.  de  plus  que  la  commune,  ce 
qui  fait  6  fr.  60  c.  par  année.  Ainsi  il  est 
facile  de  voir  qu'un  troupeau  de  cent  bre- 
bis mérinos  produit ,  année  commune  , 
660  fr.  de  plus  qu'un  troupeau  de  brebis 
communes.  Je  n'ai  point  parié  de  la  valeur 
des  agneaux ,  vu  qu'on  les  vend  le  même 
prix  les  uns  et  les  autres ,  ni  de  la  valeur 
des  brebis ,  qui  est  aussi  la  même. 

NOUVEAU  PRODUIT  EXTRAIT  DE  LA   ^ 
BETTERAVE.  '' 

La  betterave  va  acquériç  un  nouveau 


S04 

titre  à  l'attention'des  agriculteurs,  î)ar  les 
produits  nouveau^  que  l'on  est  parvenu  à 
labriquer  avec  les  mélasses  de  sucre  brut 
et  raffiné  qu'on  tire  de  cette  racine.  L'un 
de  ces  produits,  la  potasse,  se  trouvera, 
comme  le  sucre,  en  rivalité  avec  une  den- 
rée exotique.  C'est  M.  Dubrunfaut  qui  le 
premier  a  découvert  le  moyen  d'extraire , 
avec  avantage,  cette  substance  des  résidus 
de  la  distillation  des  mélasses,  résidus  qui, 
avant  lui,  étaient  rejetés  et  perdus  après  la 
production  de  l'alcool. 

Pour  donner  une  idée  de  l'importance 
qu'offre  la  création  de  cette  nouvelle  ri- 
chesse nationale,  il  suffira  de  dire  que  la 
quantité  de  potasse  fournie  par  le  procédé 
de  M.  Dubrunfaut  équivaut  à  ^de  laquan- 
llté  de  sucre  extraite  de  la  bettè-rave.  Ainsi 
en  admettant  le  fait  actuel  d'une  fabrica- 
tion de  40  millions  de  kilogrammes  de  sucre 
indigène  par  année,  on  peut  s'attendre  à 
tirer  encore  de  la  matière  première  au- 
jourd'hui mise  en  œuvre  7  millions  de  ki- 
logrammes de  salin  comparable  aux  meil- 
leures potasses  du  commerce,  sans  parler 
de  l'alcool  et  d'autres  produits  dont  la  fa- 
brication sera  continuée  simultanément. 
Au  cours  du  jour ,  ces  7  millions  de  kilo- 
grammes représentent  une  valeur  de  8  à  9 
millions  de  francs. 

Il  n'y  a  pas  un  vigneron  qui  n'ait  éprouvé 
que  le  raisin  cueilli  pendant  un  temps  chaud 
fait  de  meilleur  vin  que  celui  récolté  un 
jour  humide  ou  froid  ;  celui  coupé  le  soir 
que  celui  cueilli  le  matin.  La  raison  en  est 
simple  ;  c'est  cju'il  faut  une  chaleur  d'en- 
viron dix  degrés  pour  établir  la  fermenta- 
tion. Lorsque  le  raisin  est  froid,  la  fermen- 
tation est  longtemps  à  s'établir;  elle  n'agit 
pas  en  même  temps  sur  tout  le  moût,  eîle 
ne  décompose  qu'imparfaitement  la  partie 
sucrée  qui  produit  l'alcool,  les  parties  ré- 
sineuses qui  donnent  la  couleur  ;  le  vin  est 
moins  fort,  moins  coloré.  On  peut  sup- 
pléer à  cette  chaleur  naturelle  en  mettant 
du  moût  chaud  dans  la  cuve  pendant  qu'on 
'la  remplit.  Cette  méthode  n'est  pas  nou- 
velle, elle  était  très  en  vogue  il  y  a  en- 
viron 50  ans;  on  a  cessé  de  la  pratiquer 
probablement  parce  qu'on  en  a  abusé, 
nu'on  l'a  suivie  sans  discernement  dans 
de.'?  temps  inopportuns.  Je  l'emploie  habi- 
tuellement dans  les  années  froides  et  hu- 
mides, et  je  m'en  suis  parfaitement  trouvé. 
On  doit  mettre  lé  moût  chaud,  pendant 
qu'on  remplit  la  cuve,  afin  que  la  chaleur 
soit  plus  également  répartie.  On  peut,  sans 
inconvénient,  mettre  un  trentième  de 
inoût  chauffé  jusqu'à  l'ébullition. 
Cette  méthode  aura  le  double  avantage , 


éette  année,  de  faire  de'meilleur  vin  que  par 
le  procédé  ordinaire,  et  de  laisser  le  vin 
moins  longtemps  dans  la  cuve ,  chose  pré- 
cieuse pour  ceux  qui  sont  obligés  de  rem- 
plir plusieurs  fois  les  mêmes  vaisseaux. 

DE  LA  TABRICATtON  DU  CHARBON  DE 
BOIS  PAU  UN  NOUVEAU  PROCÉDÉ. 

On" peut,  à  l'aide  d'une  opération  très 
simple  ,  améliorer  le  procédé  des  charbcn- 
niert5  et  celui  de  la  carbonisation  à  vase 
clos.  Déjà  nous  avons  indiqué  l'emploi  du 
poussier  de  charlwn  qu'on  interpose  entre 
les  couches  de  bois,  comme  un  moyen  d'ob- 
tenir un  rendement  plus  grand  ;  aujourd'hui 
nous  venons,  à  la  suite  d'une  série  d'ex- 
périences, indiquer  un  moyen  simple  et 
peu  dispendieux  d'arriver  au  même  but,  et 
qui  consiste  dans  l'emploi  de  la  scim^e  de 
bois  qu'on  interpose  entre  les  couches  de 
bois  ;  soit  qu'on  fabrique  le  charbon  par  la 
méthode  des  charbonniers ,  ou  qu'on  traite 
le  bois  à  vase  clos ,  à  l'aide  de  cette  simple 
pratique  la  quantité  obtenue  est  de  7  à  9 
pour  cent  plus  considérable,  ce  qui  est 
énorme.  Pour  les  maîtres  de  forges ,  le  feu 
se  conduit  de  la  même  manière  ;  seulement 
il  faut  acquérir  un  peu  d'habitude  pour 
que  le  feu  ne  s'éteigne  pas  au  commence- 
me&t  de  l'opération ,  et  pour  couvrir  mé- 
thodiquement de  sciure  toute  la  meule  de 
bois. 

Dans  la  carbonisation  à  vase  clos  la 
sciure  de  bois  tient  dans  les  cylindres  une 
place  vide  et  apporte  son  contingent  aux 
produits  de  la  distillation  en  arrêtant  éga- 
lement une  combustion  intérieure  qui  en- 
traîne toujours  une  perte. 

Puisque  nous  en  sommes  sur  le  charbon, 
c'est  le  cas  d'indiquer  une  expérience  qui 
peut-être  sera  utile  à  tenter  dans  les  usines 
a  feu  marchant  au  bois  ;  lorsque  le  goudron 
obtenu  de  la  distillation  du  bois  est  distrait 
des  liquides  pyroligneux ,  il  suffirait  d'ar- 
roser ce  charbon  avec  ce  bitume  pour  lui 
donner  une  grande  activité  de  chaleur,  et 
si  cette  simple  pratique  était  couronnée  de 
succès  ce  serait  d'une  grande  économie 
pour  les  usines  à  fer,  qui  pourraient  fabri- 
quer leur  charbon  à  vase  clos  et  obtenir 
par  ce  moyen  la  quantité  et  la  qualité  du 
charbon.  Nous  fondons  notre  dire  sur  l'é- 
norme activité  et  sur  la  vive  chaleur  que 
nous  avons  développée  par  la  combustion 
du  charbon  que  nous  avions  arrosé  de  ce 
bitume.  Dans  notre  prochain  numéro  nous 
indiauerons  de  nouveaux  produits  de  la 
distillation  du  bois ,  etc. 


DE   L  EMPLOI  DU   BOIS  DANS  LES  HAUTS-  ' 

FOURNEAUX. 

i 

Depuis  que  l'on  a  eu  connaissance  en 
France  du  succès  des  expériences  qui  ont 
été  entreprises  à  Sargans  (Suisse),  pour 
remplacer  tout  ou  partie  du  charbon  em- 
ployé dans  les  hauts-fourneaux  par  du  bois 
en  nature,  plusieurs  maîtres  de  forges  de 
France  ont  essayé  d'introduire  cette  inno- 
vation dans  leurs  usines  ;  mais  la  plupart 
ont  bien  senti  que  le  point  essentiel  était 
de  dessécher  le  bois  convenablement  avant 
de  l'employer,  afin  de  ne  pas  occasionner 
un  -trop  grand  refroidissement  dans  la  par- 
tie supérieure  des  fourneaux,  et  c'est  là  ce 
qui  fait  maintenant  le  principal  sujet  de 
leurs  recherches.  M.  Duplessis  (de  la  Hau- 
te-Saône) et  MM.  Dollin  de  Fresnel  et  Fau- 
veau  (  des  Ardennes).  m'ayant  envoyé  des 
Lois  desséchés  dans  leurs  établissements, 
j'ai  soumis  ces  bois  à  l'examen  chimique. 
Voici  quel  a  été  le  résultat  de  cet  examen. 

M.  Duplessis  a  d'abord  essayé  d'em- 
ployer le  bois  brut  dans  son  fourneau  de 
Séveux  ;  mais  ayant  remarqué  qu'il  en  ré- 
sultait des  dérangements  notables  dans  le 
travail,  il  a  pris  le  parti  de  le  faire  dessé- 
cher préalablement  dans  un  fourneau  pro- 
visoire construit  à  cet  effet.  Ce  fourneau 
avait  la  forme  d'un  four  à  chaux  ovoïde, 
et  pouvait  contenir  80  à  90  pieds  cubes  de 
bois,  fendu  et  coupé  en  bûchettes  de  5  à  6 
pouces  de  longueur,  et  cubant  de  5  à  8 
pouces.  On  lançait  à  travers  ces  bûchettes, 
par  la  partie  inférieure  du  four,  un  courant 
d'air  échauffé  à  la  température  de  100  à 
tSO'^  pendant  9  à  13  heures.  Il  a  par,u 
que  la  température  la  plus  convenable 
était  1100. 

On  a  remarqué  que  le  bois  n'éprouvait 
aucune  diminution  dans  le  sens  de  sa  lon- 
gueur, mais  qu'il  se  contractait  très  nota- 
blement dans  tous  les  sens  perpendiculai- 
res aux  fibres.  La  première  période  de  la 
dessiccation  a  été  marquée  par  un  dégage- 
ment de  fumée  très  humide  ;  puis  au  bout 
de  deux  ou  trois  heures,  cette  fumée  a  dis- 
paru, et  alors,  pendant  trois  ou  quatre 
heures,  il  s'est  manifesté,  à25o,  une  odeur 
aromatique  et  sucrée  qui  attirait  les  abeil- 
les, et  qui  a  été  ensuite  remplacée  jiar  une 
odeur  pénétrante  d'acide  pyroligneux.  A 
cette  époque,  la  température  s'est  élevée 
rapidement  à  90  ou  IIO",  et  au  bout  de 
12  heures,  l'opération  a  été  terminée.  Aus- 
sitôt que  l'on  a  arrêté  le  courant  d'air,  la 
température  est  descendue  à  50^  dans  l'in- 
térieur du  fourneau. 

Dans  un  mélange  de  bois  de  diverses 


305 

essences,  les  uns  (lottes  et  les  autres  non 
ilottés,  la  masse  du  poids  de  1,003  kil. 
s'est  réduite  à  751  ;  d'où  l'on  voit  que  la 
perte  a  été  d'un  quart.  Mais  le  d'i,Té  de 
dessiccation  a  été  très  différent  dans  les  di- 
verses parties  du  fourneau.  Ainsi  l'on  a 
trouvé  que  la  perte  en  poids  était  de  0,26 
à  la  partie  intérieure,  0,24  au  centre,  et 
0,06  seulement  à  la  partie  supérieure. 

Divers  morceaux  de  bois  ,  desséchés 
comme  il  vient  d'être  dit,  ont  été  renfer- 
més tout  chauds  dans  des  bocaux  que  l'on 
a  ensuite  goudronnés  et  envoyés  au  labo- 
ratoire de  l'Ecole  des  mines,  où  ils  ont  été 
.examinés. 

l*'  Du  bois  de  charmillette  a  donné  0.16 
de  charbon  par  la  calcination,  et  0,00-i  de 
i  cendres  par  la  combustion; 

20  Du  bois  de  verne  flotté  et  très  léger  a 
I  donné  par  la  calcination  0,17  de  charbon, 
let  il  a  produit  avec  la  litharge  14,6  de 
j  plomb,  d'où  il  suit  qu'il  équivalait  à  0,43 
de  carbone  ; 

3»  Du  bois  de  chêne  non  flotté  et  très 
i  pesant  a  donné  0, 19  de  charbon  par  la  cal- 
cination; ce  qui  prouve  que  le  bois  flolté 
ne  se  dessèche  pas  plus  tacilement  que  le 
bois  neuf. 

Le  bois  no  2  équivalant  à  0  43  de  car- 
bone, et  ayant  perdu  un  quart;  de  son  j.oids 
par  la  dessiccation,  il  s'ensuit  que  le  bois 
d'où  il  provenait  n'équivalait  qu'à  0,32  de 
carbone;  or,  le  bois  ordinaire,  conservé 
dans  des  bûchers,  équivaut,  terme  moyen, 
à  0,38  de  carbone;  il  faut  donc  que  les  "bois 
employés  à  Séveux  se  soient  trouvés  très 
humides,  ou  bien  que,  par  l'effel  d'une  ap- 
plication trop  rapide  de  la  chaleur,  les  va- 
peurs qui  se  sont  dégagées  pendant  la  des- 
siccation aient  entraîné,  outre  l'eau,  une 
quantité  très  notable  de  matières  combus- 
tibles, quoique  ces  bois  n'eussent  éprf)uvé 
d'ailleurs  aucune  altération  dans  leur  cou- 
leur. 

Ayant  laissé  pendant  dix  jours  du  bois 
n.  2  et  du  bois  n.  3,  coupés  en  rondelles 
très  minces,  exposés  à  l'air,  dans  une 
chambre  sans  feu  par  un  temps  très  hu- 
mide, ils  ont  absorbé  peu  à  peu  de  la  va- 
peur d'eau,  mais  lentement  et  en  propor- 
tion assez  faible.  Au  bout  de  10  jours,  le 
poids  du  bois  n.  2,  très  léger,  avait  aug- 
menté de  0,09,  et  celui  du  bois  n.  3,  très 
dense,  n'avait  augmenté  que  de  0,05-5  5 
d'où  l'on  voit  que  les  bois  fortement  des.^é- 
chés  ne  sont  que  très  peu  hygrométriques. 

A  Séveux,  on  a  essayé  de  remplacer  le 
charbon  dans  le  haut- fourneau  par  du  bois 
desséché,  volume  pour  volume,  dans  la 
proportion  de  ■—.  Après  deux  charges,  il 


306 

s'est  manifeslc  une  vapeur  Manche,  sus- 
ceptible de  brûler  avec  une  flamme  viola- 
cée. Après  10  ou  14  ciiarges,  la  tîamme  de 
la  tynipe  a  blanchi,  et  la  tuyère  est  deve- 
nue brillante-,  à  la  coulée,  la  fonte  a  paru 
plus  vive;  le  travail  était  très  facile,  mais 
les  laitiers  étaient  un  peu  verts.  Ce  résultat 
prouve  évidemment  que.  dans  la  substitu- 
tion du  bois  au  charbon,  il  y  a  une  écono- 
mie considérable  dans  la  consommation 
du  combustible;  mais  quant  à  Téconomie 
dans  la  dépense elleestévidemment  relative 
aux  frais  de  transport  et  aux  frais  de  des- 
siccation. L'expérience  nefournitd'ailleurs 
pas  les  données  nécessaires  pour  que  Ton 
puisse  rechercher  par  le  calcul  daiis  quels 
cas  cette  économie  est  réelle,  et  dans  quel- 
les circonstances  elle  estcompenséc  par  les 
frais  de  transport  ,  etc. 

A  Maucourt  (département  des  Arden- 
nes),  on  dessèche  le  bois  dans  des  fours 
qui  sont  placés  au-dessus  du  haut-fourneau 
et  qui  sont  échauffés  j)ar  la  flamme  du 
gueulard.  Le  bois  est  débilé-en  petits  mor- 
ceaux de  5  pouces  de  longueur  et  de  12  à 
18  lignes  d'cquarrissage.  On  le  laisse  deux 
heures  dans  les  fours,  on  le  relire  rouge, 
on  l'arroseavec  (Jel'eau,  et  on  l'éteint  dans 
des  étouffoirs.  Les  n>orceaux  sont  dans  un 
état  très  variable;  en  général,  ils  sont 
charbonnés  à  la  surface,  mais  dans  l'inté- 
]ieur,  tantôt  ils  sont  couleur  de  buis,  et 
tantôt  d'un  brun  de  café  clair.  Terme 
moyen,  ils  perdent  0,40  de  leur  poids. 
Le  mètre  cube  de  bois  vert  j)èse  328  k. 
Le  mèlrecubede  bois  desséché  pèse  291. 
Le  mètre  cube  de  charbon  pè.ve  250. 
Le  bois  vert  (hêtre)  employé  à  Mau- 
court est  très  humide;  il  graisse  la  scie,  et 
la  sciure  se  peloîone  entre  les  doigts.  Chauf- 
fé à  environ  100.,  il  perd  le  cinquième  de 
son  jîoids  en  48  heures.  II  donne  0,138  de 
charbon  par  la  calcinai  ion,  et  il  proùuit 
1 1 ,7  de  i)l()mb  avec  la  lithargc,  d'où  il  suit 
(pi'il  équivaut  à  4,345  de  carbone.  Le  bois 
desséché  le  moins  altéré  donne  0,15  de 
charbon  jiar  la  calci nation  ,  et  produit 
13,2  de  plomb  avec  la  litharge,  d'où  il  ré- 
.sulie  qu'il  équivaut  à  0,40  de  carbone. 
Les  morceaux  devenus  couleur  café  brûlé 
pâle  produisent  0,2G  de  charbon  à  la  cal- 
cination  et  équivalent  à  0,47G  de  car- 
Lone, 

Le  mélange  cl  un  grand  noml)re  de  mor- 
ceaux à  différents  états  a  donné  0,23  de 
charbon  à  la  calcination,  et  s'est  trouvé 
équivaloir  à  0,43  de  carbone. 

Le  bois  coni|)létcment  des.séché  (chêne) 
est  couleur  chocolat  et  bien  homogène; 
ses  fibres  sont  très  resserrées,  et  cà  et  là 


[on  voit  interposée  entre  elles  une  sub« 

]  stance  noire,  brillante,  qui  provient  vrai- 
semblablement de  la  carbonisation  de  la 
sève;  il  ressemble  beaucoup  au  bois  forte- 
ment altéré  que  l'on  rencontre  dans  les  dé- 
pôts de  lignite.  Quoiqu'il  ait  assez  de  téna- 
cité, on  peut  le  casser  sans  qu'il  plie,  et 
ses  fragments  peuvent  être  porphyrisés 
comme  du  cbarbon.  Il  n'est  pas  sensible- 
ment hygrométrique.  Lorsqu'on  le  chauffe 
dans  une  cornue  de  verre,  il  s'en  dégage 
immédiatement,  et  à  une  température  peu 
élevée,  une  petite  quantité  d'eau  très  acide, 
et  pre>nue  aussitôt  les  huiles  et  le  bitume 
que  le  bois  fournit  ordinairement.  L'am- 
moniaque ne  l'altère  pas,  mais  la  potasse 
caustique  le  fait  devenir  presque  noir  et  se 
colore  fortement  en  brun,  en  dissolvant 
une  petite  quantité  d'une  matière  qui  a 
beaucoup  de  rapport  avec  l'ulminc.  Il 
donne  à  ranalvsc  : 

Charbon.  .' 0,299 

!     Cendres  manganésées  .  0,018 
j     Matières  volatiles  .  .  .   0,683 

i,  1,000' 

et  il  prouuît  18,2  de  plomb  avec  la  lithar^re, 
ce  qui  fait  voir  qu'il  équivaut  à  0,535  de 
carbone. 

En  sortant  du  premier  fouï  pour  entrer 
dans  le  second,  le  bois  est  dans  un  tel  élat 
qu'il  donne 0.19  de  charlmn  parla  calcina- 
tion, et  qu'il  équivaut  à  0,40  de  carbone. 

On  emploie  actuellement  dans  le  four- 
neau deBièvres  ^de  bois  desséché  au  brun, 
et  ^  de  charbon,  et  Ton  espère  pouvoir 
bientôt  supprimer  lout-à-fait  le  charbon. 

Je  n'ai  eu  aucun  moyen  de  savoir  exac- 
tement combien  le  bois  perd  de  son  |)oids 
])ar  la  dessiccation  ou  la  demi-carbonisa- 
tion qu'on  lui  fait  su!)ir  à  liièvres;  j'e.slime 
que  la  perte  qu'il  éprouve  est  d'environ 
moitié.  Si  on  pouvait  l'anuMicr  à  cet  état 
dans  les  forêts  par  un  procédé  analogue  à 
la  carbonisation  en  meules,  il  y  aurait  éco- 
nomie de  nK)itié  sur  les  frais  de  tran.sport, 
et  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le  procède 
.serait  alors  très  avantageux.  Il  est  à  re- 
marquer (jue,  lorsqu'on  emploie  la  flamme 
des  hauts-fourneaux  pour  dessécher  le 
bois,  la  dessiccation  est  très  raj/ide,  ])uis- 
(ju'elle  s'effectue  en  une  h(!ure  et  (knnie  à 
deux  heures;  il  doit  donc  se  dégager  avec 
les  matières  volatiles  une  quantité  plus  con- 
sidérable de  matières  combustibles  que  si 
l'on  o|)érait  celte  dessiccation  par  la  car- 
bonisation spontanée  en  meules,  nouveau 
motif  pour  (jue  Ton  cherche  a  opérer  la 
dessiccation  i)arce  dernier  moyen. 

M.  P.BiùRTIÎIER. 


307 


REPEirrOIIlE  BE  LA  COi^^Y ERSATSOIV. 


CONSIDÉRATIONS  SUR  l' AVENIR  DE   LA  dcs  habUudes  casanières.   Mais  puisque 
CIVILISATION  HUMAINE.  j  rcxercicc  déveioppe  et  perfeclioiine  les 

I  organes  qu'il  emploie  fréquemment,  <^ndoit 

La  philosophie  contemplant  dans  This-  présumer  bien  plutôt  (jue  les  faeuhés  céré- 
tolre  ue  notre  espèce  la  progression  ma-  br-ales  se  forfilient,  s'agrandissent  |)ar  Tu- 
nileste  de  Yhunmnisatiim,  quoique  avec  sage  continuel  que  nous  en  faisons,  tandis 
des  rétrogradations  partielles,  elle  conçut  qu'elles  s'atrophient  par  finaclion,  chez  le 
l'idée  grande  et  consolante  d'une  ascension  sauvage ,  dans  son  cerveau, 
unixerselle  des  nations,  comme  sur  une'  D'ailleurs,  nous  avons  aujourd'hui  des 
spirale  immense,  vers  cet  état  de  perfection  secours  qui  m.anquaient  aux  anciens.  Des 
future  dont  le  terme  reste  inconnu  dans  sa  mondes  nouveaux  conquis  ou  découverts, 
carrière  illimitée.  l'emploi  de  la  boussole  ,  de  l'imprimerie, 

Vico  ,  en  Italie ,  Herder,  en  Allemagne ,  '  des  machines  à  vapeur  et  d'autres  moyens 
Condorcet,  en  France,  et  d'autres  savants,  de  force  et  d'industrie,  ont  élevé  sur  le 
envisagèrent  la  race  humaine  comme  for-  trône  la  puissance  liumaine.  Heureuse  des 
mant  un  vaste  corps  susceptible  d'une  per-^'  acquisitionsdcs  Ages  écoulés,  elle  peut  donc 
fectibilité,  sinon  sansbornesjdumoinsindé-  graviter  avec  de  plus  richesespérances  vers 
lînie  dans  son  déploiement  à  venir.  Sans  un  état  meilleur.  Toutefois ,  il  s'agit  d'ap- 
doute  il  fai».  reconnaître  des  progrès  incon-  précier  dans  quelles  limites  ces  esjiérances 
testa[)lesdansréducationdu  genre  humain;  doivent  s'étendre  et  s'il  est  u-n  terme  à  tous 
riînli(juilé  ne  fut ,  comme  on  l'a  dit ,  que  la  nos  efforts. 

jeunesse  du  monde,  et  nous  sommes  les  vé- :  Cet  examen  se  porte  sur  deux  objets: 
ritables  anciens.  Héritiers  des  découvertes  sur  les  faits  de  notre  organisation ,  puis 
et  des  travaux  denosaïeux,  après  des  temps  sur  les  instrunients  de  la  vie  extérieure 
de  barbarie  et  d'héroïsme,  apparurent  qui  favorisent  son  déploiement  intellectuel 
des  siècles  de  législateurs  ;  les  religions  ré-  ou  qui  augmentent  l'action  de  l'homme  sur 
vélées  ont  même  imprinié  une  impulsion  la  nature.  Au  milieu  de  nos  tentatives ,  la 
forte  à  la  civilisation  morale  des  nations  philosophie  se  demande  avec  inquiéiudesi 
livrées  jusque-là  àdes  coutumes  atroces  et  tant  de  bienfaits  se  conserveront  inaltera- 
à  l'anthropophagie.  j  hles,  si  leurs  progrès  ascendants  ne  seront 

Tout  le  monde  sait  par  quelles  transfor-  jamais  menacés  de  ces  inévitables  retours 
mations  lentes  et  laborieuses  la  race  hu-,sous  lesquels  succombent  à  leur  faîte  les 
maille  a  dû  passer,  dans  notre  Occident ,  plus  éclatantes  prospérités.  Exami-nons  les 
pour  atteindre  l'état  de  liberté  civile  et  les  résultats. 

))erfectionnements  modernes  dans  les  arts,  !  L'effet  d'une  sociabilité  perfectionnée 
l'industrie  et  la  civilisation  actuelle.  Tout  est  d'accroître  d'abord  les  moyens  de  sub- 
nous  présage  un  essor  de  perfectionnement  sistance  sur  un  terrain  donné,  d'y  agglomé- 
ulterieur  dont  le  terme  ne  peut  être  assi-  rerune  masse  considérable  dépopulation;, 
gué  désormais,  et  qui  pourtant  ne  saurait  d'augmenter,  de  varier  les  jouissances  de 
être  infini.  la  vie  privée,  les  produits  de  l'industrie 

.  A  la  vérité,  on  dira  bien  avec  Fontenelle  manufacturière,  les  échanges  commer- 
(jue  si  les  arbres  n'étaient  pas  plus  hauts  et  ciaux  ;  elle  multiplie  donc  les  signes  repré- 
jilus  féconds  dans  les  temps  antiques  qu'ils  sentatifs  des  richesses,  lesfruiis  du  travail, 
ne  le  sont  aujourd'hui  sous  les  mêmes  cieux,  les  objetsde  luxe  ;  de  là,  la  facilité  de  toutes 
nous  ne  devons  point  espérer  que  la  nature  les  relations  sociales,  la  subdivision  extrême 
nous  accorde  des  forces  supérieures,  un  des  fortunes.  En  même  temps,  les  liens  re- 
génie plus  exalté  que  n'en  possédaient  les  ligieux  et  politiques  se  détendent,  s'éner- 
anciens.  On  a,  tout  au  contraire  ,  supposé  vent.  Une  existence  abhtée, délicate,  rend 
que  la  civilisation  abâtardit  l'espèce,  et  la  sensibilité  plus  vive,  les  sens  plus  exci- 
que  notre  vigueur  physique  et  morale  s'é- ,  tables  à  toutes  les  impressions  physiques 
puise  dans  un»  vie  stucllease  ,  s'énerve  par  [et  morales,  mais  plus  débilités  par  l'abus 


808 

qu'on  en  fait  dans  «ne  vie  de  jouissances 
ou  de  peines  sans  cesse  renouvelées.  . 

Cette  civilisation  toutefois  épuise  à  la 
longue  les  éléments  combustibles,  les  fo- 
rêts, les  mines,  peut-Ctre  aussi  la  fertilité 
du  sol  malgré  les  engrais  qu'elle  y  dépose 
(  à  moins  de  posséder  une  terre  inépuisable, 
comme  celles  que  féconde  le  INil,  le  Gange, 
l'Euphrate,  etc.),  parce  qu'une  immense  po- 
pulation consomme  bien  davantage  qu'elle 
ne  restitue  à  des  campagnes  sans  cesse  en 
production.  Avec  le  morcellement  des  pro- 
priétés, lacivilisationprotectricede  l'espèce 
en  favorise  à  tel  point  la  multiplication  que 
le  nombredes  prolétaires  s'accumule  prodi- 
gieusement et  dépasse  bientôt  la  proportion 
des  subsistances  ;  faits  c|u'il  faut  bien  ac- 
corder à  Maltbus.  il  en  resuite  cette  énorme 
quantité  d'existences  précaires ,  aptes  sans 
doute  à  tous  les  travaux,  cependant  me- 
nacées de  la  disette,  et  disposées,  faute  de 
places  pour  s'encadrer  dans  l'édifice  social, 
à  se  soulever  et  à  le  renverser.  De  plus, 
les  perpétuels  rapports  des  sexes  engen- 
drent une  inlinilé  d'enfants  naturels  aban- 
donnés à  la  misère,  privés  d'éducation, 
commandés  par  la  nécessité  ,  comme  les 
pauvres,  forcés  d'employer  les  vices  à  dé- 
faut de  vertus,  pour  subsister  de  proie,  car 
tous  ne  peuvent  ni  s'expatrier  ni  former 
des  colonies  au  loin. 

Les  nations  les  mieux  policées,  d'ailleurs, 
opulentes  par  le  commerce  et  l'industrie , 
possédant  plutôt  des  fortunes  mobilières 
que  des  immeubles .  redoutent  les  guerres  ; 
elles  deviennent  casanières,  aspirent  au 
repos,  aux  jouissances  sociales,  ou  sont  plus 
a\  ides  de  s  enrichir  par  les  arts  de  la  paix 
que  dans  les  périlleux  hasards  des  combats. 

La  civilisation  a  donc  ses  propres  bien- 
faits à  redouler.  Il  est  à  craindre  qu'une 
orageuse  pléthore  de  luxe  n'y  suscite  des 
ferments  de  corruption  ;  maladie  fatale  à  la 
vie  des  plus  llorissants  empires,  à  moins  de 
la  prévenir,  comme  le  fait  la  Chine,  par  la 
défense  de  jamais  exceller,  ou  par  l'éta- 
blissement de  castes  inamovibles  ,  comme 
parmi  les  anciens  Égyptiens,  les  Hindous  ; 
enfin  par  des  colonisations,  sortes  de  cau- 
tères et  de  saignées  des  peuples.  Il  est  évi- 
dent que  l'Europe  moderne  atteindra  bien- 
tôt le  faîte  de  cette  croissance. 

indépendamment  de  ces  graves  ensei- 
gnements de  l'histoire,  voyons  dans  sa  gé- 
néralité si  cette  incontestable  civilisation, 
ouoique  inégale  à  travers  les  Aicissitudes 
(les  siècles,  peut  devenir,  non  pas  infinie, 
mais  continuelle  ])ar  la  nature  des  choses, 
ou  par  les  conseils  de  la  Providence,  sui- 
vant les  philosophes  religieux. 


Sans  contredit ,  entre  toutes  les  espèces 
vivantes,  l'organisme  humain  est  le  plus 
capable  de  déployer  ses  facultés  sous  tous 
les  climats ,  et  de  perfectionner  sa  propre 
constitution  physique.  Depuis  le  Hottentot 
stupide  ou  le  timide  Lapon  jusqu'à  l'Euro- 
péen si  élevé  dans  l'ordre  intellectuel ,  la 
gradation  est  immense.  Cependant  un  seul 
instant  peut  ravaler ,  par  la  démence  ou 
le  vertige  des  passions,  un  génie  sublime 
au  niveau  de  la  brute:  étrange  mobilité  de 
notre  structure,  qui  ne  nous  permet  jamais 
de  dépasser  ses  limites  !  Plus  il  y  a  de  civi- 
lisation, plus  il  éclate  de  maladieset  de  fo- 
lies. Ce  lait  demeure  aujourd'hui  constaté 
d'après  les  recherches  de  tous  les  médecins 
qui  s'occupent  de  la  statistique. 

Et  d'ailleurs,  si  l'on  soutenait,  que  la 
culture  de  l'intelligence  soumise  au  labeur 
'  ])erpétuel  des  fonctions  cérébrales  durant 
\  une  longue  série  de  générations  agrandit 
'  l'organe  de  la  pensée  ,  il  faudrait  aéjà  te- 
1  nir  compte  du  développement  de  la  boîte 
crânienne  de  l'homme  blanc  ,  supérieure 
;à  celles  du  nègre,  du  cannibale  américain 
'  et  du  sauvage  australien.  Toutefois  notre 
race  espérerait-elle ,  parla  seule  énergie  de 
!  sa  nature,  s'élancer  au-delà  de  la  sphèn 
de  l'humanité?  non,  sans  doute.  Nous  ei 
attesterions  ces  débris  de  quarante  sièclei 
Ide  durée  ensevelis  sous  les  catacombe! 
égyptiennes ,  ces  témoignages  authenti- 
ques de  nations  déjà  policées,  dans  1? 
Ciiine  etTlIindostan  ;  ces  images  tailléej 
dans  les  grottes  indiennes  d'Elephanline, 
ces  statues  d'hommes  illustres  animées 
par  le  ciseau  poétique  des  artistes  grecs,  el 
ces  descriptions  frappantes  des  complexionj 
bumaines  tracées  dans  les  livres  des  mé- 
decins de  l'antiquité  ;  enfin  jusqu'à  ces 
crânes  exhumés  des  anciens  Mexicains 
Aztèques  et  des  peuplades  des  rives  du 
Missouri.  Tous  ces  restes  de  notre  espèce, 
sous  divers  climats  et  à  diverses  nuances 
de  civilisation,  comparés  aux  hommes  ac- 
tuels, conservent  toujours  des  proportions 
à  très  peu  près  identiques  ,  le  type  indélé- 
bile d'une  immuable  humanité.  Leurs  va- 
riétés cérébrales  n'oscillent  jamais  qu'entre 
d'étroites  limites;  il  n'y  a  ni  dégénérations 
])rofondes,  suivant  les  détracteurs  de  la 
sociabilité,  ni  perfectionnement  organique 
sans  bornes ,  comme  le  supposent  les  ar- 
dents promoteurs  de  la  perfectibilité  de 
notre  race. 

Puisqu'il  y  a  dans  notre  système  ner- 
veux lui-même  des  termes  que  toute  la 
tension  de  nos  ressorts  intellectuels  et  phy- 
siques ne  saurait  franchir;  p-uisque  notre 
courte  durée  se  balance  dans  un  milieu . 


entre  l'enfance  ignorante  et  chélive ,  la 
caducité  oublieuse  et  impuissante,  où  donc 
se  trouve  cette  perfection  à  jamais  incom- 
parable, ce  paradis  de  l'ciiciii's  aux(|U('lles 
devaient  atteindre,  d'après  divers  pliiloso- 
pbes  modernes ,  nos  destinées  sur  ce 
globe? 

Qui  ne  sait  que  les  températures  extrê- 
mes ,  l'ardeur  de  la  torride  et  les  glaces 
polaires  surtout  ,  arrêtent  les  progrès 
sociaux,  paralysent  notre  organisation? 
Qui  ne  conteniple  encore,  sous  des  cieux 
plus  prospères ,  ces  alternatives  funestes 
d'épuisement  après  la  floraison  des  peu- 
ples, ces  âges  climatériques  des  états,  cette 
,  vieillesse  des  Bas-Empires  ,  ces  naissances, 
ces  déclins  des  religions ,  des  langues,  des 
littératures, enfin  ces  morts  des  grandes 
sociétés,  puis  ces  résurrections  des  insti- 
tutions, dues,  non  pas  aux  cbances  du 
hasard,  mais  inévitables  sans  doute  comme 
chez  les  autres  races  d'êtres  ,  d'après  des 
périodes  de  vie  proportionnées?  Elles  font 
que  Jamais  la  civilisation  ne  périt  entière- 
ment à  la  vérité;  mais  dans  sa  course  va- 
gabonde ,  elle  pare  tour  à  tour  diverses 
contrées  des  monumens  de  sa  splendeur  ; 
elle  peut  reverdir  en  d'autres  saisons  sur 
ses  tombeaux .  Placés  à  une  époque  d'as- 
cension possible  encore,  nous  espérons , 
mais  en  vain,  son  progrès  infini,  comme 
dans  l'époque  de  Dégradation  du  moyen- 
âge  ,  en  vain  on  attendit  la  fin  du  monde. 
Avec  plus  de  documents  aujourd'hui  que 
n'en  possédaient  Yico,  Herder  et  d'autres 
philosophes,  on  pourrait  donc  retracer, 
dans  l'histoire  du  genre  humain,  ces  or- 
bes immenses  d'élévation  et  d'abaissement 
correspondant  comme  sur  la  roued'Ixion. 
De  même  que  dans  les  orbites  des  planètes 
il  y  a  des  retours  de  ténèbres  et  d'un  som- 
meil réparateur,  après  des  réveils  éclatants 
de  prospérités  qui  épuisent  les  forces ,  la 
barbarie  paraît  entrer  comme  repos  aussi 
indispensable  dans  notre  espèce  que  les 
merveilles  d'une  haute  civilisation.  Nous 
ne  nous  exhaussons  sur  des  débris  anté- 
rieurs, ces  témoins  d'antiques  catastrophes, 
que  pour  nous  précipiter,  subissant  dans 
ce  circuit  fatal  les  ordres  de  l'harmonie 
éternelle  qui  nous  sème  au  monde  pour  un 
but  ignoré,  non  moins  que  les  autres  ani- 
maux. Leurs  ossements  qui  jonchent  les 
terrains  antiq^ues  nous  révèlent  des  socié- 
tés enfouies  dans  l'immensité  des  siècles 
écoulés,  et  que  les  nôtres  doivent  égale- 
ment rejoindre.  Aussi  l'homme  circule  avec 
ce  globe  silencieux  parmi  les  abîmes  cé- 
lestes, pendant  de  longues  périodes  sécu- 
laires, retournant  sans  cesse,  comme  les 


309 

fourmis  et  les  abeilles,  dans  le  cercle  de 
ses  instincts  laborieux  ;  les  nôtres  ont  leur 
sphère  plus  étendue  sans  doute  ;  elle  s'élève 
jusqu'à  la  notion  de  la  Divinité,  mais  elle 
est  pareillement  circonscrite  entre  des  li- 
mites infranchissables.  Instrument  de  la 
nature,  ignorant  pour([uoi  et  comment  elle 
naît,  engendre  et  meurt  sur  ce  monceau 
de  fange  oii  elle  conslruitses  palaiset  bien- 
tôt après  ses  sépulcres  ;  poussière  aujour- 
d'hui pensante,  demain  dissoute  pour  ser- 
vir à  mille  autres  métamorphoses  tout  aussi 
fugiti\es  sous  la  main  du  temps  ;  telle  est 
la  société  humaine. 

Si  les  conditions  astronomiques  de  no- 
tre globe  sont  aussi  stables  que  l'affirme  La- 
place,  les  siècles  futurs  ramèneront  né- 
cessairement une  chaîne  de  circonstances 
identiques  et  doivent  reconstituera  la  lon- 
gue les  événements  du  passé.Nousneserions, 
d'après  cette  force  des  choses,  que  les  an- 
ciens ressuscites.  Alors  s'accomplirait  l'orbe 
perpétueldes  destins,  suivant  laloide  suc- 
cessions renaissantes  des  révolutions  du 
monde.  Ainsi  l'homme,  ne  pouvant  point  es- 
pérer une  mesure  plus  vaste  de  facultés 
ou  d'énergie,  roule  dans  cet  orbite  non 
moins  constant  que  celui  de  la  sphère  qui 
le  porte.  La  limite  n'est  point  posée,  mais 
elle  est  une  nécessité  de  notre  nature,  comme 
laMurée  du  jet  de  la  vie. 

Nos  découvertes  modernes  ne  pourraient 
être  que  la  palingénésie  des  mêmes  ordres 
de  vérités,  un  plagiat  ignoré  d'idées  déjà 
écloses  et  oubhées  à  plusieurs  reprises,  si, 
eneffet,ce  monde  est  éternel  ou  bien  vieux. 
Ainsi  refleuriraient,  par  la  perpétuité  des 
mêmes  forces  de  combinaisons,  les  retours 
de,  toutes  choses,  suivant  l'ornière  inévi- 
table des  mouvements  de  notre  système 
planétaire.  Les  grandes  modifications  des 
espèces, ou  la  destinée  des  races  humaines 
avec  les  autres,  n'auraient  Heu   que  par 
!  le  résultat  des  changements  dans  la  con- 
j  stitution  des  astres  dont  nous  sommes  les 
I  productions  parasites;  c'est  pourquoi  nous 
j  .subirions  les  mêmes  métempsycoses  qu'ont 
:  diî  subir  les  créatures  maintenant  fossiles 
I  des  anciens  mondes,  si  ces  révolutions  s'o- 
péraient un  jour. 

Que  rcsulte-t-il  de  ces  considérations  ? 
qu'aucune  civilisation  infinie,  aucune  per- 
fectibilité hors  de  nos  limites  assez  circon- 
scrites, avec  la  permanence  du  système  pla- 
nétaire actuel,  ne  sont  possibles  pour  no- 
tre espèce,  quoiqu'elle  n'ait  pas  atteint  son 
faîte. 

Notre  destinée  reste  encore  assez  vaste, 
assez  magnifique,  puisqu'elle  a  su  élever  si 
haut  ses  découvertes  dans  les  sciences,  ses 


310 

travaux  dans  l'industrie  et  !os  arts,  qu'au- 
curw  autre  race  de  notre  univers  n'a  pu  la 
surpasser  ni  rnêine  l'égaler.  Nous  n'en  res- 
terons pas  moins  les  premiers,  les  plus  no- 
bles des  êtreset  des  interprètes  delà  sublime 
cause  de  toutes  choses.  Ayons  dcac  en- 
core espoir  dans  notre  avenir  ;  tout  n'est 
pas  épuisé.  J.-J.  ViREY, 

Membre  de  la  chambre  des  députés. 

HISTOIRE    DU   TABAC. 

Combien  de  siècles  ai-je  vécu  ignoré 
dans  un  liémisphère  inconnu  !  Temps  de 
mon  bonlîeur  ,  que  je  vous  préfère  aux 
époques  pius  récontes  dje  ma  gloire!  con- 
tent alors  de  prêter  mes  feuilles  desséchées 
aux  hommes  qui  nai-ssent  dans  les  forêts, 
je  ne  servais  pas  enco-re  de  persécution, 
je  n'étais  pas  devenu  une  des  plus  pré- 
cieusi's  maiières  de  la  science  de  la  fisca- 
liîé;  on  m'employait  pur  de  tous  ces  in- 
grédiens  qui  m'ont  rendu  un  véritable 
poison  ;  je  croissais  où  bon  me  plaisait , 
sans  qu'une  loi  vînt  défendre  à  ma  graine 
de  germer  en  tel  endroit ,  de  se  muliiplier 
dans  tel  autre  ;  j'étais  libre  enfin  comme  les 
sauvages  qui  s'enivraient  de  ma  fumée. 

Dans  le  quinzième  siècle,  on  m'ap- 
porta dans  l'ancien  monde  parmi  les  tro- 
pl'.ées  conquis  sur  le  nouveau.  Enl49G, 
lors  du  second  voyage  de  Colomb,  le  moine 
osocignul  Romana  Pano  fit  connaître  à  ses 
compatriotes  le  singulier  usage  des  indi- 
gènes de  fuiner  mes  feuilles  dans  des  pipes 
qu'ils  appelaient  tobacoos.  On  me  donna  le 
nom  de  cet  instrument,  et,  après  bien  des 
variations,  le  nom  de  tabac  m'est  enfin  resté. 

Est-ce  un  des  plus  singuliers  caprices, 
de  Tespriî  humain?  ou  bien  Tètre  qui  dis- 
pose de  tout  m'avait-il  d'avance  prédes- 
tiné au  rôle  brillant  que  je  remplis  dans  le 
monde?  11  est  difficile,  en  effet,  d'expli- 
quer les  rapides  conquêtes  que  je  fis  dans 
les  trois  parties  du  vieil  hémispiière.  Com- 
ment avait-on  pu  jusque-là  se  y)asser  de 
moi?  ou  comment  suis-je  devenu  tout  à 
coup  l'objet  d'un  besoin  si  universel? 

En  1559  ma  graine  est  introduite  en 
Portugal  :  en  1560,  l'ambassadeur  fran- 
çais Jean  Nicot  en  transporte  dans  sa 
pairie  ;  il  en  fait  un  présent  à  la  reine  Ca- 
therine de  Médicis.  Longtempsje  fus  connu 
sous  la  désignation  d'herbe  à  la  reiiie  , 
d'herbe  d'ambassade^  de  nicotiane:  ce 
dernier  nom  m'a  été  conservé  parmi  les 
botanistes;  et  qu;ind  je  l'eus  perdu  dans 
le  peuple  ,  It'S  médecins  ,  qui  ont  besoin 
d'indiquer  les  choses  les  plus  simples  sous 
des  termes  inintelligibles  au  vulgaire , 
continuèrent  à  m'appeler  nicotiane. 


Dirai-je  mes  succès  en  Angleterre ,  en 
Suède,  et  cor^m^-ent  ces  nations  industrieu- 
ses me  naturalisèrent  en  Lc-sace  et  en  Saxe, 
d'où  je  m'étendis  dans  le  reste  de  TAllema- 
goe,  en  Suisse  et  dans  l'Alsace?  Dirai-ie 
comment  je  fus  adopté  chex  les  peuples  du 
monde  où  les  usages  nouveaux  ont  le  plus 
de  peine  h  s'introduire  ;  le  Turc  et  l' Asia- 
tique? Parlerai -je  enfin  de  ces  temples  éle- 
vés en  mon  honneur  dans  presque  chaque 
village,  sous  le  nom  de  Tabagies? 

Et  cependant  j'avais  vu  se  liguer  contre 
moi  et  les  rois,  et  les  peuples,  et  les  minis- 
tres des  autels  ;  on  me  proscrivit  au  nom 
de  la  politique  et  ôra  nom  de  la  religion  ; 
je  fus  traité  comme  un  poison  au  moral 
et  au  physique.  En  1610,  on  promenait 
dérisoirement  les  fumeurs  dans  les  rues 
de  Constantinople,  avec  une  pipe  qui  leur 
sortait  du  nez.  En  1623,  le  pape  Urbain  VIII 
excommunia  ceux  qui  entraient  avec  du 
tabac  dans  les  églises.  En  1634,  Michel 
Fédérowiti  condamna  mes  partisans  à 
mort;  Pierre -le -Grand  confirma  cette 
sentence  ;  bien  plus  tard  encore ,  l'usage 
de  fumer  était  puni  par  la  perte  du  nez. 
En  1653,  quelques  personnes  qui  se  mon- 
trèrentavecdespipesàAppenzel,  en  Suisse, 
furent  poursuivies  par  la  populace;  le 
conseil  prononça  des  peines  contre  les  fu- 
meurs et  obligea  les  aul)ergistes  de  les  dé- 
noncer; en  1661,  on  institua  à  Berne  un 
tribunal  spécial  pour  ce  défit  ;  les  prédi<'a- 
teurs  même  lancèrent  contre  moi  les  fou- 
dres de  l'éloquence  sacrée  ;  malgré  ces 
persécutions,  peut-être  même  à  cause  de 
ces  persécutions, j'ai  triomphé  partout,  et 

Versant  des  flots  do  pous&ièrc 
Sur  mes  obscurs  blasphémateur», 

j'ai  fait  plus  que  de  les  vaincre ,  je  les  ai 
armés  de  la  pipe  et  de  la  boîte. 

Que  dis-je?je  gémis  encore  sous  le  poids 
d'une  persécution  sinon  plus  len-ible  ,  au 
moins  plus  humiliante  :  je  suis  devenu 
la  proie  des  hommes  de  finance,  qui 
ont  compris  combien  il  était  facile  de  pren- 
dre les  peuples  par  le  ni'z  pour  vider  leurs 
bourses.  Ah  !  si  du  moins  les  régisseurs, 
en  faisant  payer  si  cher  les  innocents  plai- 
Isirscjue  je  procure,  me  permettaient  de 
:  développer  toutes  mes  qualités,  de  choisir 
le  terrain  qui  me  convient,  d'al)andonncr 
à  des  mains  plus  savantes  le  soin  de  ma 
préparation  ! ,  s'ils  ne  me  contrai- 
gnaient pas  de  confier  ma  gloire  à  des  con- 
trebandiers ! Cette  régie  est,  en 

réalité  ,  la  fable  du  paysan  qui  éventre  la 
!  poule  aux  œufs  d'or  ;  elle  nuit  à  la  fois  à 
1  lagriculture  et  au  commerce. 


■,     ■■>f-i  i—^nt 


-^ ,..— r.^-.r^^.   .  ..r«.-  -^,...   ■■- 


TABLE  PAR  ORDRK  ALPHABETIQUE 

,{:  DES  MATIÈRES  CONTENUES 

DANS  LE  JOURINAL  DES  CONISAISSAINCES  UTILES. 

ANNEE  183C. 

Nota.  Les  chiffres  arabes  indiquent  le  numéro  des  pages  (l).! 


AïEiLLîs.  105,  139 

AciDKi.  Notions  générales.  14 

Acita.  Moyen  de  le  durcir,  73.  — 
Procède  pour  obtenir  des  aciers  à 
reines  de  dama».  146 

Air  ATMOsrBËRiQi'i.  12.) 

AicooLS.  8l 

ALotB.  Importance  de  Toccupation.  'ib 
Alcces  MAniRts.  140 

Ain  VIO».  Jurisprudence.  120 

Amadou.  60 

Amasdif.r.  Sa  citllura.  144 

Akadas.  Sa  culture.  144 

AniMAux   KALAOts.   Remèdes.  l3B 

Aracacua.  305 

AlBlTBACE.  147 

AsBREs  rBUiTiiBS.  Renouvellement 
Je  ceux  «jui  donnent  de  mauvai 
fruits.  143 

.VncniTECTis.  ResiNonsabililè.  "3 

AsDOisEs.  75 

Arcekt.  IVolire  sur  ce  métal.  35 

Ahméb.  Eflcctif  en   183l>,  3  t.— Réen- 
gagements ,  rempldranls  mililairei  , 
25,   135.   —  Reciuiemens,  190. 
CondamnationsmiUiaires.  27 

àRlACHOlR    A    BASCULK.  tT. 

AbTiCHAIT  DE  rRIMEUB.  170 

Asperges.  Moyen  de  les  garantir  des 
vers.  J05 

AsFHYxiÉs.  Secours  à  lenr  donner.    (  k 
Radit,  Eos.  14 

BiuEiHE.  (Pèche  delà).  83 

Balloks.  Notice  générale.  2; 

Basque  de  France.  Ses  opérations.   26 
Baromètres  sois  «ARiss.  149 

BÉTCN.  r.  Routes. 
BïTTEBATE.    Culture   — Produit.  301 
Bkuri  Sa  fabrication.  :34,1    (J 

Bois.   Moyen  d'assurer  sa  durée,   igs 
—  Son  emploi   dans  les  hauts  four- 
neaut,  305. — Bois  pé<ri(ié.  113  bs 
Boissos  raeraicbissote.  iG6 

BooLASOERS.   Poids  du  pain.  ;3 

Bougie  DAi-n»»!.  i  00 

BtD3v.Ts.  De  1829  et  1836.  22  i 

Cachou.  Son  emploi.  >39 

Cai  astre.  63 

Caisses  d'eparcses-  lO'J 

Calorifères.  137 

Canaux  ES  ERABcr.    26. —  54.  —  211 
Caoutchouc.  Son  emploi.  24  2 

Catrie».  Sa  culture.  140 

CtBDM  Rï.  Marhiue  Lerrat,  50  ^ 

C.\RiE  DU  FROMEBT.  30/ 

Ca- ottes.  Leur  culture.  205 

C»RT()N-riE!iaE.  146 

CtsDRES.  Leur  emploi.  1  35 

Ct^fS       Él>ECTO(lAL       ET       D^lîUCilBl- 

LtTÉ.  l25 

CCS.SIONS   DS  BIETTS.  126 


CnARiîON  DE  BOIS.  Sa  fabric:.!.io»  par  uni 

uouseau  procédé.  304 

Chalïur  l'rocédépourlaproduîrc.  8i  i 

ChARRI-F.   TAUPE.  1/4 

Charrue  a  bicoles.  1  74 

Crasse.  Lois  et  règlements.  lS7 

CnAUFFAGE.  Nouveau  mode.  l99,  250 

bis. 

Chemins  de  fer.  54 

vicinaux.  155  ,  157 

Chevaux.  Équarissago,  101. — Régime 

du  vert,   1 1  5.  —  Corne  de  la  l'our- 

clielle,  231.    —   Vtce  de  caractère, 

232.  —  Effets  utiles  qu'on  peu'  en 

obtenir,  299. — Influence  de  Pexer- 

cice  du  cheval  pour  l.i  sanié,  ifil  , 

262.   —  Aifections  organiques   des 

chevaux.  26  3 

CiîEVEU.x  Leur  conservation.  134 

CHIE^S  EMPOrsONJiÉS.  136 

(Chimie.  Notions  générales.  124 

CiKCOLAT.  Piopuétéi  alimentaires.  9S 
Chose  PUBLIQUE.  291 

Cuou  MARiît    Sa  culture.  78 

("iRAGE.  nacelles  économiques.       l35 
CiTfLis AT [o;<  HUMAIS E.  Considérations 
sur  son  avenir.  30' 

Classes  ouvRiCRES.  2 

Colles.  Leurfahricalion.  73 

Colophase.  Sj  fabrication.  102 

(Combles  écosomiques  229 

CouMEr.cE    Prêts  failli  en   1830. 
CoMuesES.  Complabililés,  30.   —  Pé 
remption,  id.  —  Leurs  droits  en  cas 
de  pillage  à  main  armée,  1  -ià. — De- 
Toirselbilributi-nsdes  maires,  8,30. 
— Adnniii»tralions  municipales,    92 
floRTHiEu \ CLE!    —  Moniaiit  des  con 
iribnlioiis   directes,  7.  —  Impôts  ;!n 
cieiis  et  actuels  compares  3  I .   —  Ca 
pitalion  ,    113.    —  (  liangement   de 
domicile,    125.  —  Avis  aux   coniri- 
buaWes  susceplibles  d'cire  élecleiirs 
communaux  pour  1837.  237 

CoEBOTEum.  Degras.  45 

{;o;ts  AUX  PIEDS.  Leur  guérison  69 

CoToss.    Produclion  ,    21. —  Blanchi- 
ment,  69.   —  Nouons    historique-. 
21-2,  23S 

CoBl-EURS  NATURELLES.  S3 

(iocBS  d''eau.  Compéience.  106 

Courses    Dr.  cntvAUx.  24  3 

(JOLVAGE   DES  COQS   ET   DES   rOCLES.         l67 
CoCVI'.RTURE   DES    MAISONS.  100 

(illlAMDÉ   MARITIME      V.  CnOU    MARIN. 
(;B£M0.»E5   FRASi;A!SES.  7S 

CbOTOS    de  TEINTURIER.  V.    ToUR^ESOL. 

Culte.  Manifestation  exléricîire.        92 

ChrEDE.NTS  VEGETAUX.  264 

DÉiiiTANTs    DE     liuissoxs.     JurispTu  - 
dence.  1  '9 


DÉGRAISSErRS.  1  *^ 

DÉLITS  ruba;;x.  Jujisprudcncc.       13H 

OÉNO^NLIATION.  '  '4 

Dkms.  (Spécifique  pour  le  mal  de)  lO  i 

Df.hO'  ILLAGE.  14" 

DiFFAUATloS.  31 

Do!ÎEUBS  SUR  MÉTADX.  101 

DoUASES.  Pioduit  en  lS34.  6< 

iiAD.Sespiopriélés,  97. — EaudeDeur., 

d'orangers.  r    ^  >"' 

Électeurs  commcraux.  V.  Comjubca- 

CLEi. 

Encre.  Fabrication.  15 

EnDU;T    1-N    I'LATRE   C0,L08É.  7  7 

F,\FASTS  TROVVÉS.  1,    30,    S" 

Engelures.  Traitement.  14 

Iv^GKAiS.  '  111 

Kxir.EPOTS    DE  COMMERCE.  l'-J4 

ÉTABLiSSI.MEirTS  INDD.ST BIELS  ES  Fr  A > 

CE  ET  ES  Angleterre.  299 

!''TOFri:S.    Leur  calaudiage,  160:  — 

Lloflcs  de  verre.  2 

Fabp.icant-s DE  couleur.  2 

l'AÏENCE.  Imple^^ion.  102 

Farine  de  gruau.  Procédé  ];our  en 

obtenir,    .03. —  defromext  fji 

l.ATÉ. .Moyen  de  la  reconnaître,  I.'ÎS 
Ferblantier.   Kmploi  des  rogiiurc; 

et  déchet  de  ferblanterie.  i7t 

Fep.s.  Leur  ]irodutiio'i  en  France,   17 

—  l'rocéiie  pour  fabi  i(|uer  la  fpile 
et  le  1er  en  barres,  49.  — ^  Scellagi 
du  1er  dans  ta  pierre,  7i.  —  Len 
emjiloi   dans  les  constructions,    99 

—  Fabrication   du  fer  forgé,      177 

—  Noiions  sur  cette  inihisu  ie,   20 

—  Nouvelle    prcpaialion,      210 

—  .Moyen  de  les  prc.!Civer  de  I, 
rouille,  2l  0. —  Fabrication  en  Ecos- 
se. 2 

Fiel  de  eoeuf.  Sa  préparation,    lO 

FoNDiiUR    LiE     MÉTAiTX.  0 

FijiiÈTS.    Uéfiicheuieul,    128.  —  Dé- 
lils  loresliers.  '.^9 

FouciiÈKE.  sa  dessiccation.        à'ohis 
Fruîtages.  39,  43;; 

Gale  dis  eestiau.^.  7^ 

(>A>"rs.  Procéiié    de    nettoyage.  13.- 

GaraNCE.  AiUlACilAGE.  1  Ot) 

GaiiDES     KATiOKALX.     Disc'plillB,     7, 

36,125,102.  —  Obligations.         3{ 
(fAZ   Eclairage.  Il  2  c'" 

(iESÈT.  ^i'oilede).  î  01 

GESrATIO.:^   ET   IXCLBATIOS  DES  AN. 
MAUX.  ]-'>  ' 

Glace  artificielle.  i  ■  5 

Gkaine  de  betterave.  106 

GuÈde-  f^  Pastel. 
Harengs  salés.  133 

Hôpitaux  et  hospices   de  Fra.vc... 
2u 


(1)  Les  premières  et  dernières  p^ngcs  des  numéros  mensuels  n'élant  pas  chiffrées,  on  a  icdiquti  par  Ws.cellesqui 
se  trouvent  intercalées  entre  chaque  numcro.  , 


HotTxiLEs  FRAirçAisEs.  Leur  exploi- 
talioti,  '20  —  Leur  emploi  pour  le 
chauffage  des  fours.  273 

KyoiÈne.  Considérations  surle  jeune, 
âge.  f)(j 

UypoTHÈgrE.  74, 03, lt3, iGv 

Impôts  indirects. Boisson*,  iC?.— 
Produits  cl  Irais  de  perrcplion.  220 
iNCENniES.  J3à,  l99 

Individualisme.  (De  r  ).  2')2 

Instrbction  publique  Moyen  d'or- 
g.iniscr  les  écoles  primaires  dans  le 
campagiies.  3.  —  Liberté  de  l'ins- 
truction religieuse,  34,  50,  113.  — 
P'ducaii'in  de-!  (illes,  37,  130. — 
Haut  enseignement  ,i Paris,  100. — 
P^clacati'in  de  Pentance,  l62. —  Au- 
torisations nécessaires  pour  ouviii 
une  école  primaire,  104.  —  Nou- 
veau mode  d'enseignement  o'Ie'me  i 
'.ahe,  0..  —  instruction  secondaire. 
'3l. — Avis  au\  pni'cnts.  l93 

■«TÉfiETS   CAriTALI.'-TKS.   LctlTS  pni^• 

,-    .ces,    187.  —  Calculs  d'int.    103 
.'  8,  3G 

J  E.  Justice  criminelle  en   l833 

—  Hl'fc-ls  de  la  surveillance  à 
■lellc  sont  .Tssujettis  les  repris  de 
ce,  C2.— Récidives,  88.  — Té- 
nage,  l6-2. —  Personnel.  222 
■>a  conserYalion,  123 

L.ASirES  A  F0."VD10UriNANT.  2jO 

Li-ic.ioN  -  d'Honneur.     EKcctif    dch 
memljres  de  ce',  ordre.  2  8 

Lr.  uTÉccMiMEiin.  Librairie.        1  13 
LiN.'TN'ouveau  système  de  filature,  1  '  G. 
—  Nouveau  lin,   son  blanchissage, 
108. — Filai,  du  lin  en  Pologne.  274 
Liqueurs  spiritdeuses.   Leur  rap- 
ports avec   la  santé.  l5,  41 
LiTHOGi^APiiiE.  Conservalion  des  des- 
sins sur  jiierre.  40 
Livre  de  commerce.  Jurisprudence. 
74 
Lois  PROMULGUÉES  depuis  1789, 2.1. 
Loteries.    I,eur     produit,     28.    — 
Coir.paraison  avec  les  piimes.2.8  bis 
Lumière.  Son  influence  sur  la  santé. 
9G 
Machines  A  vapeOr.           I09,i45 
Mairies,  f.  Communes. 
Maisons  DE  JEU.  33 
Maladies  nerveuses.                  149 
Mastic  POUR  les   bouteilles.  i3S 
Matelas  DE  PLANTES  marine*.  i35 
Mn.ON.  Culture  en  pleine  terre.    2()5 
Membranes   animales,         là2  bis 


Propriétés  de  l'état.  127 

PoiTS  de  S.ilIVETAGE.  272 

PdrG*TIF  RAFRAICHISSANT.  l35 

Ramonage  VÉGÉTAL.  134 


MÉTÉORISATION      DES      RUMINANTS. 
3  06 

-VIonts-de-piétk  en  France.  35 
Morcellement  DES  PROPRIÉTÉS.  55 
MoRi^LLE  noire.  Sa  culturc.  l7l 
Mouches.  Moyen  de  les  éloigner.  l33 

MOULIN.S  A    FARlNt.  2l0 

mouto.\s  mérino.s.  Leurs  avantages 
I  OUI-  les  cultivateurs.  3')3 

.Musique  vocale  en  chiffres.  218 
Navets.  F.  Trèfle  incarnat. 

Navigation.  268  ^.iî^kSS^slA^iiJx^,- 

Notairebs.    Responsabilité.    .102,  savon.  Sa  faUlficaiion. 


162 


Noyés.  Secours  à  leur  donner, 
OKuFS.  (Conservation). 
')N(;les  incarnés. 

OpiUM. 

0.siiiR.  Sa  culturc. 

I'anthÉon    littéraire.  N^^mcro   de 

mai  1836. 
Papiers  de  tenl.  70. — de  tourbe.  208 
Pastel  ou  guÈde.  .'■Vi  culture.        7G 
Paupérisme.  Ses  causes,  i64,  25  1. — 

Statistique  des   indigents. 


Scieries  mÉcabiques. 
Selles  a  la  RocntroRT. 


l'KAUSSltRS.  130 

PÊCHK.  Délit.  29,  113 

Phare  métallique.  270 

PiKCES  en  vidanges.  14  2 

Pincement  des  plantes.  235 

Plantes  roTAGiREs  nouvelles.    117 

I'lants  d'arïichaut.s.   Moyen  de  les 

préserver    des    mulots.  242 

Plongecrs  a  casqoes.  272 

PoLYTECBNOGRAPHiE.  Modèles  breve- 

d'écriture  cursive  et  de  dessin. 

84  bis,  183 

Pommes  DE  terre.  72,  l68,  i99 

Population  du  rota  lue.  56,  6l ,  152, 

170,  219. 
Porcelaines.  20.'' 

Porc  s.  Engrais,  73.  —  Nourriture.    1 3  8 
Poteries.  Leur  fabrication.  1  78 

Prairiesartificieh.es.  148 

Pré>oms,  Leurs  inconvénients.         G6 
Presse  (Ja),  Journal  quotidien.  —  Le 

numéro  de  J  uin  1  836. 

Primes.  V.  Loteries. 

Principal     excitants      de       l'es- 

rit.  227 

Prisons    Picforme  ]iréliniinaire.  Nom- 

■  t)ie  et  dépenses  des  |irisoDniers,  22  3. 

—  Maisons   de  corrections.         284 

Production     manufacturière     de 

Glasgow.  173 

Proiriétaires.   Privilège,    425.  — 

Eviction.  127 


Rente  5  p.  O/o.  Remboursement,  57. 

—  Ses  cours  depuis  1/99.  952 

Résine.  84,  42^ 

Revlmiication.  29 

Rhi'matismes.  Leur  traitement.      102 

RarMES.  Soins  qu'ils  réclament.        13 

Routes  en  béton.  301 

29 

265 

210 

12: 

Skmoir  A  CHAUX.  i39,  S07 

Sinistre.^.  Indemnité'!  accordées.  227 
Souris  des   champs  (destruction  des). 
I3,s 
Substitutions.  12 

Successions.  65, 95 

■•5DCRES  de  beitcriuvej,  8.  — Indigène 
et  colonial,  59.  — Raffinage.       /03 
."iULFURE    DK    ri.OMn.  4  5 

StstÈme  MÉraïQUE.  9 

Tabacs.  Eiféts  du  monopole,  85,  — 
ISoti-:e  historique.  3i0 

Tapis  en  papier.  134 

Teinturiers    Teinture  jaune.  24 

Télégraphe.  Notions  historiques.  I5l 
— Maritimes.  20 

Terres   blanches.   (Utilisation).    107 
Thé.  21 

Tisserands.  207 

Tissus.  à  i 

Tomates.  Conservation.  133 

Tournesol.  Sa  préparation.  104.  — 
Son  utilité.  138 

Toiles  peintes.  Notions  histOlique.^ 
et  praiiques.       •  235 

Tiian.spibation  des  pieds.  134 

Trèfle  INCARNAT.  Sa  culture.  106 

Trlffe.  Sa  culture.  108 

Vapeur    appliquée    a    l'agbicul  - 

TURE.  202 

Variations  DU  TEMPS.  50 

Veaux.  Leur  nourriture.  167,  260 

Veilleuses  ÉCONOMIQUES.  135 

Vernis.  112  6is,  2G3 

Vers  A-soiE.  207 

Viande  deboeuf.  Saconservation.  l  33 
Vignes.  108,  204 

Voitures.  100  — Jurisprudence,  1 38. 
Voitures  manumotives,  2/4.  -Or- 
donnance sur  l'importation  des  voi- 
tures locomotives.  2"0 


Noms  di's  aulcurs,  invcnleurs,  arponimcs,  et  iiidiiitriels  ciU's  dam  le  Journal  des  Connaissances  utiles ,  en  1830. 


Aflor  (E.),  00.  — Aiiloine  do  P.ovill  •.  77.—  Aubiriny 
(comte  (r),70.  — Baird  ,  IfiS.— -n.tlcllc,  2.  — Rcntirrg.înl, 
204.— lïavie,  204.— Bawr  (iiiadnme  dcj,  40. —  Dcriih.Trdt, 
l.'iO  Ins.  —  licricaiu,  112  W.s.- licrzéiiiis,  100.— Boitanj, 
2l)().— BoiHieval  (coinlc.  do),  205.— Bourdon  |lsidoroi,2-20. 
—  Bourgclal,  l"7.— Bour^o(-is,205.— Bottrcnoti  (k-  l,avro, 
108.— Braiido,  Ki.- Bfoiif^iiiart,  178.— Cabrol,  20.— Ca- 
milte  Bi'auvais,  207.— Cliartior,  lOti.— Chovalior,  207  — 
iKiintiiioii  (.\.),  155.  —  Dcooiirdatndiicho,  95  —  I)OL;raiid, 
105.—  Dcscliariiio.s  (K.-l'.),  KiG.—  Dolliii  do  rrossiit'l,  50f;. 
I)ri()ii(t;ii.),  112  W.ç.— Duhrunfaul,  5()i.— Diipiii  (baron 
Cil.),  170.— Diiplossis,  503.— lidoiiai-d  (I".  I).),  241.— l'ati- 
voau.ôO,").- Foraiîiis,  79.— Kornis  (dofloiirl,  149.— Kot'cli- 
liammor,  20S.— Gaudiii ,  158,  199  —  Caullior  de  Claiihry, 
120. —  r.ayol,  13.  —  Gilloii.  dopiUô,  205.— Girard  ,  17(i.-^ 
Girardiii  (K.  do),  1,  12,  28  te  ,  41,  SO.  — (;ranoé,  69. — 
Groau  aino,  51.  —  Giiciiyvcau,  4G.  —  Ilallol,  112  Ms.— 
Ilotilhcoat,  202. —  Ilérioail  de  Thury  (  vicoiiilo),  204.  — 
Herpin,  6.—  Herlincourl  (/.con  d'),  231.—  liofcr,  207.  — 


iMim  HirHHJ.H 


■loUa  (G.),2i.— Jolv,  154.— Jordan,  45.— JuHicn(J.\  17.- 
Labbo,  107  —  Lobas,  137.  —  Lcclorc,  152  Ms.—  I.ofoios- 
lior,  50  l'is.  —  Loineiicior,  -49.  —  Lenonnand  ,  120. —  Le- 
roux, 198.— l.cvral,  113,  208.— Comte  d(^  M.,  2ili.— .Mac- 
rpiol,  134.- Mala^'utli,  178.— Malaport,  103.— Mallol  iB.), 
208.— >laiirion  (\\),  112  te.— Moiroiid,  137.— Mollet,  108. 
Moosis,  28(i.  —  Noc  (ooftuiï  do),  lOS— Aormaiid,  159.— 
Oliri,  274.—  Pasleiirs  d'iUroillis,  155.—  Pauwols,  210.  — 
l>avcii,  101,  158.  —  Paytio,  14!».—  Payol  (0  ),  CG.—  Pc- 
loiizo,  75, 14G.—  Poiiot,  09  —  Pi.^^torio.^,  150.  —  QuoKlet. 
02.— Ba^on,  24t.—  Baspail,  105.  —  Bocamior,  2t.  —  P.o- 
ohoford,  121.— Bolide  (L.-J.),  20.  —  Bossigiiol  (A.^  92.— 
Biiltor  de  Lymiiigloii,  SI.—  .Sarrantos,  112  te.  —  Sciiaf- 
baoïU  et  Tlioobald,  B.Tlim,  210. —  .Sire  ac  Lure  (L.-V.), 
177.  —  .Sonlaiigo-Bodin,  207.— Tcssior,  108.- Toraassin, 
305  — Tvvamlèy  (.1.),  72.  —  Vatel,  157. —  Vésiguié,  44.— 
Villermé,  50.  —  viilerojr,  169.— Virev,  député,  68,99, 
310.  — Wolff  (P.),  124  ms,  247. 


niPRIMERIE  DE  E.  DtVERCER ,  RUE  DE  VERNEUIt,  4. 


v^p'*  ^