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in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/journaldesconnai1836pari
kiv ième année. 1836-
IQdition française.
EMAIm
Deuxième Sdrie.
— Première Année.
JDKIJ
nniussAicEs UTILES.
DICTIONNAIRE MENSUEL ET PROGRESSIF.
Répertoire usuel
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intéressant directement
L'éducation de l'enfance, la morale et le bien-être des familles, l'économie usuelle ;
L'exercice et le progrès de toutes les professions sociales ;
L'exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles prescrivent.
PRIX, FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANGE,
PAR AN SIX FRANCS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT -GEORGES, N» 11.
Une livraison de trente deux pages par mois, contenant un demi-volume in-S'*.
LessouscriDteurs éunl aulorisés à retenir — sur le prix de six francs — fallranchissement de leur lettre et le
coût de la reconnaissance de poste; l'abonnement n'est, de fait, quede CUSQ FRANCS netspour la sectété.
Numéro It — Janvier 1836.
REPERTOIRB CIVIL.
Conseils généraïu.—EnSum trouvés,!.— Maisons de
retraites pour les classes ouvrières, 2. — Conseils com-
munaux: Moyens d'organiser des écoles primaires
dans les campagnes, 3.— Contribuables .Contributions
directes, 7. — Gardes Nationaux: Discipline, id. —
Gouvernons : Grave sujet de méditation sur ce que
peut une volonté éclairée, id. — 7u^é«; Signature né-
cessaire, 8.— Maires: De la police communale, id.
répkrtoihe domestique.
£/j/an5.— Modèles brevetés d'écriture, 9. — Prytanée
Je Ménars, id. — De certaines substitutions permises
aux pères et mères, 12.— Soins à prendre des rhumes ;
traitement des engelures, I3.— Des vins et des liqueurs
dans leurs rapports avec ia santé, 15.
REPERTOIRE PROFESSIOWNEL.
Encre (fabricant d') : Encre de Chine, il. — Forges
(maitres de) : De la production du fer en France, id.—
Houilles françaises : Etat de leur exploitation. Résul
latdu droit de 53 centimes, 20. —Téléçraphes marili
lues, id. — Médecins : Nouveau caustique. — Négo
dans: Production des colons, 21. — Opium, id. — Thés,
id. — Propriétaires ruraux: Culture de l'osier, 54. —
Propriétaires urbains .-Contravention punissable, id
— Teinturiers : Nouvelle teinture jaune, 24.
RÉPERTOIRE MENSUEL i <
De la conversation etde la lecture .•Alger,25. — Armées \
françaises, id. — Banque de France, 26. — Canavi, id. —
Hôpitaux ethospices de France.id. — Justice criminelle,
id. — Justice militaire, 27. — Légiond'honneur, 28.— Loi»
franc., id. — Loteries, id. — Prêts faits au comm. en 1830.
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DIMANCHE.
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des
SAINTS.
INTERETS
de
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à s p. o/„.
REVENU
Par
an.
Par
jour.
EMPLOI
Dépense!
9/10 I
Epargne
1/10
PRODUIT
de 1/10
épargné
au bout dt
20 ans.
CIRCONCISION.
s. Basile, évêque.
ste Geneviève.
Rigobert.
ste Aimée.
L'EPIPHANIE.
s. Théau.
s. Lucien, évêque.
s. Furcy, abbé.
s. Paul, ermite.
Théodose.
Arcadius.
Baptême de N. S.
s. Hilaire, évêque.
s. Maur, abbé.
s. Guillaume,
s. Antoine.
Chaire s. P. à R.
s. Sulpice, évêque.
Sébastien,
ste Agnès, vierge.
Vincent.
Ildephonse.
s. Babylas.
Conv.de s. Paul,
ste Paule, vierge.
s. Julien, évêque.
s. Charlemagne.
s. François de S.
ste Balhilde.
SEPTUAGESIME.
Le i^r lev,
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du soleil 7 h. 44 m. coucher 4 h. 15 ni.
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1515 22
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1969 70
2121 30
2272 86
2424 34
2575 86
2727 38
3078 90
3030 42
3181 94
3333 50
3485 02
3636 54
2788 OS
393g SS
4091 10
4242 62
4.S94 15
4545 66
4637 20
4848 70
P. L. le 5 à 5 heures 46 minutes du matin.
D. O-le 12 5 2 du soir.
N. L. le 19 0 26 du matin.
P. Q. le 27 7 42 du malin.
.j^ - jAai^atKkâM^
Se la lotkbie et des pbimes données eomme prix D'cncouBAGEHKirr aux LBCnuaf.
(l" lettre.)
La Loterie est définie en ces termes par le diction-
naire de l'Académie française.
LOTERIE. « Sorle de jeu de hasard où l'os fait
» DES MISES, pour lesquelles on reçoit des billets p«r-
» tant des numéros: celui ou ceux de ces numéros
» qu- sortent, lorsque le tirage a lieu, donnent droit à
» un lot, à la propriéléd'un objrt.
» Il se dit plus parliculiérïment d'une espèce de
» banque établie par quelques eouverncmens, dans la-
» quelle les parliculîws 'roiit des mises, et courent la
I) chance de pkrdre lkcr argent eu de gagner des
» sommesplusou moins considérables. »
La PRIME est définie par le même dictionnaire en
ces termes :
PRIME « se dit d'une somme accordée par forme
8 de bénéfice pour encourager quelque opération de
» finance ou de commerce. »
Ce qui caractérise donc bien nettement la loterie
proprement dfte, c'est pour le plus grand nombre la
probabililé, la presque certitude même de perdre sa
mise, et pour un ou plusieurs seulement, la chance
de gagner une somme ou un objet d'une valeur plus
considérable que celle de la mise effectuée.
Ce qui a justement fait taxer d'immoralité la loterie,
c'est lorsque, passant de l'état de jeu simple à celui d'im-
pôt prélevé sur l'ignorance par les gouvernemens, il
est crée en leur faveur un nombre de chances tel ,
qu'alors même que les gouvernemens perdent, ils
gagnent encore!...
Ce qui constitue entre la loterie de France et la
prime instituée par la ville de Paris, par exemple,
une didérence fondamentale, c'est qu'en aucun cas
les porteurs de ses obligations ne peuvent perdre, et
que ceux auxquels les primes échoient n'en sont dé-
pouillés d'aucune portion par la ville de Paris.
L'administration de la loterie de France, en dehors
des avantages qui résultentde ses combinaisons, joue ;
car à ses tirages les numéros mis peuvent ne pas sortir.
Il en est autrement de la ville de Pari-i; elle ne peut
jamais gagner au détriment des porteurs d'obliga-
tions.
La loterie et la prime sont donc très-judicieusement
définies l'une et l'autre par l'Académie française; les
confondre ce serait s'exposer à priver le crédit publie,
l'industrie et le commerce, d'un levier dont un seul
lait suffira pour permettre d'apprécier toute la puis-
sance.
Au mois de mars I83i, la ville de Paris, contrainte
de recourir à un emprunt de quinze millions, et en
ayant exclu l'allrait de la prime, ne put l'effectuer ;
l'année suivante elle porta à quarante millions le cliif-
fre de son emprunt, en réduisit le taux de l'intérêt à
4 p. 0 '0, capitalisa la retenue de 86 centimes pour cent
sur l'intérêt, pour en composer la prime, et son em-
prunt s'effectua, avec un bénéfice de 14 centimes.
Ainsi d'une part l'on voit que la ville de Paris par ce
mode ne donne rien de plus ni rien de moins, et que
le« souscripteurs de son emprunt n'y trouvent d'autre
avantage que celui de mettre en commun une faible
portion de l'intérêt pour la tirer au sort au profit de
quelques-uns seulement, au lieu de se la répartir égale-
ment.
C'est à ce mode financier que les quatre canaux et
le canal du Rhône au Rhin doivent la formation de
leur compagnie.
C'est à ce mode financier encore qu'est dû le suc-
cès de plusieurs emprunts, et notamment de l'emprunt
royal d'Espagne, et des emprunts de Piémont etdeSar-
daigne.
C'est enfin à ce mode financier que plusieurs dépar-
temens doivent l'avantage d'avoir contracté avec faci-
lité des emprunts qui leur étaient nécessaires.
Mais la question de la prime, en ce qui concerne
son application à la librairie, telle qu'elle a été faite
par les Editeurs-unis, apparaît encore plus favorable-
ment.
Ici aucune retenue n'est faite au public, le prix des
livres que lui vendent les éditeurs n est pas augmenté,
il n'est pas supérieur à celui des livres vendus par li's
éditeurs qui ne délivrent point de primes; l'avantage
qu'y trouve le public est donc constant.
La répartition égale entre tous de 25 ou 5o centi-
mes de remise sur le prix d'un livre de 5 francs se-
rait insensible et inaperçue ; capitalisée, cette faible re-
mise suffit pour former une somme considérable.
Ainsi capiialisée, la remise a h puissance et Paî-
trait que donne Viniérêl capitalisé, à l'amurlissement
et aux caisses d'épargnes.
Assurément, s'il est utile d'encourager l'épargne, il
est également légitime d'encourager la consommation,
particulièrement lorsqu'elleprofiteà rinatructiond'un
peuple.
Quiconque a fait de la profession d'éditeur une élude
quelque peu approfondie, reconnaîtra l'exactitude des
observations suivantes.
En France, on écrit beaucoup, on lit peu, on loue
les livres, on ne les achète plus. ■ - '
Il y a plus d'auteurs que de lecteurs.
Les livres sent encore un luxe, non un besoin.
Le goût de la lecture peu développé a besoin d'être
activement entretenu et énergiquement encouragé.
Accroître le nombre ('."s lecteurs est l'unique moyen
de réduire le prii,des livres ; tel est le butde la prime
instituée par les Editeurs-unis , la solution hasardeuse
du problême par la proposition inverse exigeant des
capitaux considérables dont manque généralement le
commerce de la librairie.
La prime des Editeurs-unis n'est donc, en résumé,
qu'une application à leur industrie, d'un moyen de
crédit dont l'expérience a constaté les utiles effets
sans que sa moralité fût jamais mise en doute. Depuis
de longues années, diverses primes sont cotées tous
les jours sur le cours authentique de la Bourse de Pa-
ris... L'application nouvelle d'un principe ou d'un
procédé en altère-t-elle le fond lorsqu'elle n'y change
rien.
Cette manière ingénieuse d'associer un grand nom-
bre de lecteurs parle lien d'un intérêt commun sans
danger d'aucune solidarité, sans contribution ni sacri-
fice aucun de leur part, n'eût-elle pas tous les avanta-
ges qui viennent d être énumérés, mériterait encore
l'assenliinenl du gouvernement et de tous les hommes
éclairés, pour deux motifs: le premier en raison de la
grave atteinte qu'elle porte aux contrefaçons étrangè-
res ; les livres auxquels la prime sera jointe jouiront
ainsi du même avantage qu ils ont lorsque des vignet-
tes sont intercalées ou jointes à leur texte; l'infériorité
de la contrefaçon, dans ce cas, lui est obstacle , le se-
cond, en raison de la diversion faite par des primes
aux loteries étrangères qui viennent enlever à la
France des capitaux considérables et aux loteries oc-
cultes si dangereuses pour l'ignorance et la cupi-
dité.
Il faut reconnaître ce fait, qu'on ne saurait se flatter
d'avoir instantanément détruit, par un vote législatif,
la confiance de l'homme dans le hasard, passion con-
vertie en habitude et exploitée pendant de longues an-
nées par une administration publique. Comprimer
trop fortement et trop brusquement un tel penchant,
ne sera-ce point le livrer dans l'ombre à toutes les sé-
ductions de la fraude ? Ne sera-ce point seulement le
contraindre à aggraver sa manière de se satisfaire en
s'adonnant à des jeux dont le hasard est souvent le seul
loyal adversaire que rencontre l'homme de bonne foi
qui le tente?
Donner à ce besoin de l'homme une issue régulière
en elle-même, d'une facile surveillance, utile au dé-
veloppemeiU d'une ou de plusieurs industries propa-
geant l'instruction, n'est-ce pas, au contraire, une hei;-
reuse transition? Le nier, ce serait méconnaître les
laissions de l'iiumanité et se déclarer incapable de les
diriger. Les déclamations pastorales et philanthropi-
ques appartiennent à une autre époque ; ce n'est plus
sur elles que se fonde l'art de gouverner ies hommes.
Assurément les primes auront leur abus; mais le
mauvais livre qu'on vend très-cher n'en est-il pas un'
mais les alimens et les boissons falsifiés dans toutes les
glandes villes en doivent-ils empêcher l'approvision-
nement? De tous les moyens de répression contre
l'abus qui sera fait des primes, les plus sûrs et les plus
effectifs seront:
i» De les admettre sans contestation , afin de les
pouvoir contrôler sans difficulté;
2» D'exiger d'elles, par une loi, certaines garanties,
telle que le dépôt authentique et le tirage en présence
de commissaires officiels;
3" D'en restreindre l'emploi par un impôt considé-
rable, analOjîue à celui dont sont grevés les spectacles
au profit des ho«pices.
Flétrir les primes en les taxant d'immoralité, en les
confondant à tort avec les i.oteribs, ce serait priver
les gouvernemens et l'industrie d'un moyen de crédit
public dont la puissance n'est encore qu'imparfaite-
ment connue; réprimer les primes lorsque la consti-
tution en est publique et irréprochable, ce serait vou-
loir les interaire pour encourager les loteries clandes-
tines elles jeux dont le hasard est le plus rare danger et
l'escroquerie le plus commun.
Emilb SB GHURDIN. , .
REPERTOIRE CIVIL*
Z. Intérêts gènérauv. — II. Morale et instruction publique. —
m. Devoirs et droits civils et politiques.
CoNSEiLS-GiirrÊRAcx. — Des enfans trouvés.
Une des questions qui ont le plus vivement
occupé les conseils-généraux, est celle con-
cernant les enfans trouvés. Malheureuse-
ment, on s'est attaché beaucoup plus à son-
der la profonileur de la plaie qu'à indiquer
le remède efficace pour la cicatriser. Cepen-
dant, ce qui manque surtout, c'est une force
préventive qui atteigne le mal dans sa sour-
ce. C'est donc uniquement sous ce point de
vue que nous allons examiner la question ,
en présentant toutes les objections qui ont
été faites , soit pour maintenir , soit pour
changer l'état de choses actuel.
Quelques renseignemens statistiques aide-
ront au développement de notre proposition,
et montreront combien il serait urgent d'ar-
rêter cette progression effrayante dans le
nombre des enfans trouvés, en le comparant
partout avec celui des naissances totales.
Au i" janvier 1824, le nombre des enfans
trouvés existans dans les hospices et dans les
maisons qui en dépendent était de i ic, i57
De cette époque au 31 décembre
1833, c'est-à-dire pendant une pé-
riode décennale, les admissions ont
été de 356,292
Total 452,749
1824 1825
1826
Sur lesquels I98,49r> enfans sont\
morts, soit aux hospices, soit chez
les nourrices, ci 192,505 j
Retirés par les parens,
ou desbienfiiiteurs 46,025\
Arrivés à l'âge où ils ' '*52,749
cessent d'être à charge
aux hospices 78,590 '
Restent aux hospices
ou en nourrice I29,629i
La dépense totale s'est élevée à 97,775,613
francs, le terme moyen annuel du nombre
des enfans ayant été de 119,230, la moyenne
do la dépense annuelle de chacun d'eux est
de 82 francs.
Mais ce qui prouve le vice de l'organisa-
tion, et ce donf on ne peut se rendre comp
te, c'est que tandis que dans le département
de la Haute-Loire la dépense n'est que de
SO fr. 33 c; de 51 fr. 50 c. dans la Creuse:
de 52 fr. 99 c. dans l'Allier; elle s'élève a
156 fr. 35 c. dans le département du Pas-de-
Calais; à 158 fr. r.5 c. dans le Bas-Rhin; et
enfin à 1C4 fr. 32 c. dans l'Yonne.
On vient de voir qu'au !«•■ janvier 1824, !c
nombre des enfans trouvés était de 116,457 :
au l*"' janvier 1834, il était de 127,507; aug-
mentation, 11,050, ce qui donne, par année,
1105, en moyenne.
Nous donnons ici le tableau , par année ,
des naissances des enfans légitimes, des eit
fans naturels et des enfans trouvés de 182'«
à 1833.
1S27 1828 1829 1830 1831 1832 1833
70,704
35,749
70,704 69,551
33,749 33,141
69,247
35,884
71,411
35,884
(Enfans légitimes. 912,978 904,594 920,720 909,428 905,843 895,176 898,577 915,298 870 509
HùSSàMCe] — naturels.. 7I,174 69,392 72,471
V — trouvés... 33,792 32,278 32,876
On voit, par ce résultat, que les enfans trou-
vés augmentent dans une proportion inverse
avec le nombre des naissances légitimes. En
1824 , il y avait un enfant trouvé contre 27
naissances légitimes ; maintenant , il y en a
on sur 24.
Les tours seront-ils maintenus ou suppri-
més? tel est le point essentiel de la question,
telle que l'ont posée les journaux quotidiens,
etrautoritéelle-même. Leur suppression, ont
ditles uns.va élever le nombre des infanticides,
lesfllles-mères ne pouvant plus cacher la honte
de leur faiblesse ( ou leur conflance en de
vaines promesses), chercheront à faire dispa-
raître le fruit de leurs amours, et les cours
d'assises prouveront cop»J)ien la mesure est
67,677
35,435 33,lfil
vicieuse. Conservez les tours, ont dit les au
très, mais faites présenter les enfans qui y
seront déposés, afin de prévenir les abus qu'on
a signalés souvent, du dépôt d'enfans légiti-
mes que les véruabk^ mères recevaient en-
suite à titre de nourrices salariées.
Comme on le voit, il s'agit seulement là
des moyens à employer pour empêcher les
crimes qui pourraient être la conséquence
d'une première faute, et non pas de prévenir
ces premières fautes, dont les coupables, selon
la loi, sont loin de l'être au même degré, en
moral,, d'après l'organisation sociale.
Si les enfans déposés dans les tours étaient
tous le fruit de la débauche, du libertinage,
de la faiblesse même, on concevrait que leur
suppression doit être prononcée ; mais ii"y
a-t-il (Jonc que les mères coupables qui aban-
donnent leurs enfans? La misère, cette plaie
hideuse d'une société qui se Qatie de marcher
à la tête de la civilisation, la misère, disons-
nous, n'a-t-elle donc pas aussi ses tristes et
humiliantes prérogatives?
Que les tours existent ou soient supprimés,
peu importe. Mais ne permettez pas que le
mystère favorise l'abandon des enfans confiés
désormaisàlacharité publique. Pourquoi rou-
girait-on de sapauvrelé?Que le père et lamèrc,
que la misère oblige à se priver de leur enfant,
puissentavouerleur position; que leurs enfans
ne soient pas considérés comme des parias ;
mais que l'adoption que la nation en fera soit
une marque de sympathie pour ces douleurs
si poignantes.
Le déplacement des enfans a paru offrir de
grands avantages, en ce sens qu'il a dévoilé
les abus quj s'étaient glissés dans les adop-
•^ions d'enfans dojinés ensuite, comme nous
venons de le dire, à leurs propres mères, en
qualité de nourrices ; mais qu'est-il arrivé ?
c'est que deux ou trois années après l'exécu-
tion de cette mesure , il existait encore un
nombre égal d'enfans déposés de la même
manière. H faudrait donc alors que le dépla-
cement ait lieu tout-à-coup, alin d'oter aux
mères l'espérance de recevoir leurs enfans,
autrement la mesure devient illusoire.
La crainte , que l'absence de tours aug-
mente les infanticides, est mal fondée. Dans
toutes les causes de ce genre qui se sont pré-
sentées aux assises, il n'est encore arrivé que
deux ou trois fois que cette absence ait été
alléguée comme motif du crime , et encore
même la fausseté en a été démontrée. Sans
doute il faut compatir aux misères humaines;
• mais il est aussi impolitique qu'immoral de
donner en quelque sorte une prime à la fai-
blesse, pour prévenir le crime.
Que les tours soient supprimés, nous le
concédons ; que les déplacomens aient lieu ,
nous en reconnaissons les avantages; mais, en
tous cas, que ceux qui n'ont pas été arrêtés
dans la crainte de donner l'existence à un être
qu'ils n'oser.xent avouer, l'e le soient pas non
plus par l'aveu de leur faute. La patri« peut
l)ien adopter les infortunés que le hasard a
placés en naissant sous la protection de la
charité publique ; mais elle ne peut vou-
loir que ceux qui en sollicitent et qui en
reçoivent le bienfait, viennent en réclamer
l'effet avec la menace de faire pire en cas de
refus.
Création (îe ^Sa'.sî^n; ^:- Hctraïte pouf
ies classes ouvrières.
Les caisses d'épargne sont , sans nul
doute, l'une des institutions les plus fécon-
des, les plus inorales de l'époque actuelle,
et assurément celles qui méritent le plus
d'être encouragées. Mais, lorsque K's ou-
vriers, les artisans, les domestiques, auront,
pendant 15 ou -20 ans, porté dans ces éta-
blissemens les économies qu'ils auront pu
faire, quelle ressource trouveront-ils quand
ils seront affaiblis par l'Age ou les infirmi-
tés, et par conséquent huis d'état de se li-
vrer à une occupation quelconque ? Ce qu'ils
auront amassé sera suffisant peut-être pour
les aider, mais oe saurait pourvoir, dans les
cas les plus généraux, à leurs besoins, et le
but de l'institution ne sera atteint que d'une
manière incomplète .
Telles sont les considérations qu« M. Ba-
telle, chef de bureau à l'administration des
hospices de Paris, a fait valoir, dans un rap-
port à la société des établissemens charita-
bles de la capitale, et par lesquelles il in-
siste sur la nécessite de fonder de nou-
veaux hospices où l'on puisse être admis
en payant, soit une somme déterminée, soit
une pension annuelle.
Ainsi, par exemple , il existe à Paris qua-
tre établissemens où les individus sont re-
çus gratuitement : l'hospice de la Vieillesse,
hommes et femmes, et celui des Incurables,
également pour les deux sexes. Ces mai-
sons contiennent 8,890 lits, et , si on ajoute
à ce nombre les 310 lits réservés à l'hos-
pice des Ménages pour les pauvres hors
d'état de payer, on arrive seulement au
chiffre de 9,i>00 lits , c'est-à-dire qu'il n'y
a qu'une place gratuite par 87 habitans.
Les établissemens ou l'on est admis
moyennant un capital ou un prix de pen-
sion, sont Sainte-Périne, les Ménages, La
Rochefoucault, qui ne possèdent que 757
lits. Cette disproporlioi» entre les places
gratuites et les places payantes, et de l'une
et de l'autre avec la population de la ca-
pitale, dispense de tout commentaire et suf-
lirait seule pour prouver combien est fon-
dée la demande de M. Batelle.
Cette insuffisance des maisons hospitaliè-
res où l'on est admis moyennant un prix,
n'avait point échappé non plus aux admi-
nistrateurs des bureaux de bienlàisance.
Dans le rapport fait par eux au préfet de
la Seine et au conseil-général des hospices,
dans la séance du 14 mai 183-4, ou lit le
I' passage suivant :
« Pour pouvoir entrer à l'hospice des
Ménages, le délai entre l'h^scription et l'ad-
mission est quelquefois de deux années.
Pour l'hospice de La Rochefoucault, c'est
pis encore. Un septuagénaire est souvent
condamné à attendre cinq et six années que
son tour d'entrée, arrive, et pour la plupart
des inscrits il n'arrive jamais; car la mort
vient presque toujours les surprendre avant
le terme de l'expectance. »
Par une juste appréciation des convenan-
ces, M. Batelle voudrait que ces établisse-
mens fussent appelés maisons de retraite ,
afin de respecter tous les scrupules dans un
pays où les dénominations ont une si grande
importance sur l'esprit du peuple. Quant
aux moyens de les fonder, il veut qu'on s'a-
dresse d'abord à la bienfaisance publique,
et que l'on complète les fonds nécessaires
par l'admission immédiate de tous ceux qui
consentiraient à ajouter au capital exigé ou
au prix de pension, une somme de 500 francs
une fois payée. Ce moyen n'a rien qui puis-
se répugner ; un placement qui aurait lieu
aussitôt, serait le prix de ce sacrifice, et un
grand nombre d'individus s'empresseraient
probablement de profiter de cet avantage.
D'après le nombre des demandes d'admis-
sion dans les établissemens où l'on est ad-
mis en payant, aujourd'hui même que l'ex-
pectative est si longue, on peut juger que
ce nombre serait plus que triple, si le ter-
me de l'attente ne dépassait pas quel- j
ques mois , car on voit fréquemment I
des personnes des deux sexes entrer, moyen-
nant pension, dans les deux hospices de la
vieillesse, en attendant qu'il y ait des places
■\acantes à Montrouge.
Le prix de pension dans ces maisons de
retraite pourrait être de 450 francs pour les
hommes et de 400 pour les femmes , en
laissant à chacun la faculté de payer soit la
pension annuelle , soit un capital gradué
suivant l'âge, ainsi que cela se pratique
pour Sainte-Périne et La Rochefoucault.
Les résultats d'une telle institution se-
raient immenses, et l'établissement des mai-
sons de retraite nous paraissent devoir être
une conséquence logique de celui des cais-
ses d'épargne. Il faut, comme le dit M. Ba-
tello, que l'adunnistralion favorise, encou-
rage de tous ses moyens, le sentiment de
l'économie , comme garantie d'ordre , des
bonnes mœurs et de la prospérité publique.
Peu de moyens paraissent plus efficaces,
plus moraux, plus dignes d'être tentés, que
celui qui consisterait à pouvoir toujours of-
frir un asile à l'artisan qui se serait imposé
toutes sortes de privations au profit de ses
vieux- ans, et de manière qu'il en se trouvât
pas refoulé, contre son gré, contre son es-
poir, dans des établissemens dont on obtient
difficilement l'entrée, et qui d'ailleurs sont
entièrement à la charge de la société.
Conseils Commonacx .- Moyens d'organiser
des écoles primaires dans les campagnes.
La loi a imposé à toutes les commu-
nes l'obligation d'entretenir une école, et
de pourvoir à l'instruction pfimaire et à l'é-
ducation morale des enfans qui les habitent.
Une contribution spéciale, que les com-
munes ne peuvent ni suspendre ni détour-
ner de son objet, a été affectée aux dépen-
ses de l'école communale et au traitement
du maître. 11 ne reste donc plus aux con-
seils municipaux que le soin d'organiser et
de surveiller leur école.
Nous allons voir que l'on peut établir et
entretenir à peu de frais, dans nos campa-
gnes, de petites écoles dirigées d'après les
meilleures méthodes d'enseignement; et
que les ressources ordinaires des commu-
nes, même des plus pauvres, sont suffisan-
tes pour satisfaire au vœu bienfaisant de la
loi, lorsque l'on sait y apporter une écono-
mie convenable et des soins bien entendus.
Il faut pour une école quelconque :
1» Un emplacement ou un local ;
20 Un matériel (tables, livres , ardoises) ;
30 Enfin uo instituteur.
l'^Du local ou de la salle d'école.
Ce serait une erreur bien funeste de croi-
re qu'on ne peut établir une école mutuelle
sans avoir un grand et vaste local, en carré
long, éclairé par le haut, ayant une estrade,
un préau, etc. ; car la plupart des écoles
mutuelles qui existent depuis long-temps
en France, à Paris même, ont été établies dans
des greniers, des hangars, dans des églises
ou des bâtimens abandonnés , qui étaient
loin, sans doute, de réunir toutes les con-
ditions désirables pour une école.
Pour une école de campagne on ne doit
pas être embarrassé de trouver un local ,
puisqu'il suffit d'une seule chambre ordi-
naire.
En effet, si l'on porte à trois ou quatre
cents habitans la population d'un village ou
d'une commune rurale de moyenne étendue,
le nombre des enfans des deux sexes en âge
de fréquenter les écoles (de 6 à 15 ans) for-
mant environ le dixième de la population
totale, ce nombre pourra s'élever à ôO ou
40 enfans environ, dont 15 à 20 garçons et
15 à 20 filles.
Or, 3 ou 4 bancs ordinaires de 10 à 12
4
pieds de loiigcur, placés au fond ou au pour-
tour d'une chambre ordinaire ayant 15 à 16
pieds de coté, suffiront pour recevoir les
enfans d'une commune de 400 habitans.
Le prix de location d'une chambre ou
d'une autre pièce de 1 5 à 1 6 pieds de côté, ne
flépasserait pas 12 ou 15 fr. par année, dans
la plupart de nos campagnes; ce prix serait
encore réduit de beaucoup, si l'école avait
lieu seulement pendant le semestre d'hi-
ver.
La seule condition que l'on doit ne pas
perdre de vue, c'est que cette chambre soit
saine, bien aérée, bien éclairée, située au
rez-de-chaussée, dans un emplacement com-
mode et central.
2» Du matériel et du mobilier de l'école.
Dans une école rurale pour 40 élèves , il
faut, comme nous l'avons dit :
5 bancs simples de 12 pieds de longueur
chacun, et de 7 à 9 pouces de largeur. De
plus, 1 banc avec une table pour 6 à 8 élè-
ves écrivant sur le papier ;
Une chaise et une petite table pour le
maitre;
ôO ardoises à 28 fr. le cent. . 8 fr. 40 c.
30 porte-crayons et crayons
d'ardoise 4 »
2 tableaux syllabaires et 20 vo-
lumes de la Méthode naturelle
de lecture 6 25
Papier, plumes, encre 1 »
Arithmétique des petites écoles » r.o
Total 20 fr. 15 c.
Ainsi, moyennant une vingtaine de francs,
non compris la valeur des bancs, qui cxis-
tentdéja dansplusieurs communes, ou qu'on
peut s'y procurer àpeude frais, on subvien-
drait à la dépense du mobilier de l'école ,
et à la fourniture des élèves pendant plus
d'une année.
Les bancs, la table, les ardoises, les ta-
bleaux, pouvant durer fort long-temps, les
frais d'entretien de l'école, pour crayons, pa-
piers livres usés, ardoises à remplacer, etc.,
ne s'élèveront guère au-delà de 6 à 7 francs
par année.
30 De l'instituteur.
La loi a pourvu au sort de l'instituteur :
une contribution spéciale a été établie pour
former le trailemeul ou la rétribution du
maître, et subvenir aux frais de l'école. Cette
contribution n'en serait pas moins payée,
quand même il n'y aurait ni école n'y insti-
taleur dans la conomune: et 'es fonds affec-
tes à rinslructioQ primaire ne peuvent être
détournés de leur destination pour aucou
motif, quel qu'il soit. Les conseils munici-
paux, les préfets eux-mêmes, n'ont pas ce
droit.
Quantauchoix dé l'instituteur, les conseils
municipaux et les comités d'instruction pri-
maire devront préférer les personnes jouis-
sant de l'estime et de la considération publi-
ques, quand même ces personnes n'auraient
pas tout-à-fait le degré d'instruction requis
par les réglemens.
Moyens d'économie. — i» On peut réu-
nir dans le même local les enfans des deux
sexes (1).
20 On peut établir l'école dans un local
vacant ou dépendant de l'église ou du
presbytère, ou dans une pièce qu'une per-
sonne bienfaisante prêterait gratuitement
pour quelques mois.
50 Lorsqu'il s'agira d'établir l'école , ne
pourrait-on point trouver dans l'église deux
ou trois bancs superflus? Les propriétaires
aisés se ret'useront-ils à donner quelques
planches pour en former des bancs ?
4" Deux ou même trois villages voisins
peuvent s'entendre pour avoir une école
commune, ou bien un instituteur qui tien-
drait classe deux ou trois fois par semaine
dans chacun de ces villages.
50 L'école peut n'avoir lieu que pendant
les six mois d'hiver, ou à la rigueur, pen-
dant quatre mois seulement.
50 Un ancien employé, un militaire en re-
traite, une femme et spécialement la femme
du garde-champètre , peuvent diriger l'école
tout-à-fait, ou du moins la surveiller pendant
les jours où le maitre serait absent.
70 Enlin les conseils-généraux des dépar-
temens, M. le ministre de l'instruction pu-
blique, la Société pour l'instruction élémen-
taire de Paris, les Associations charitables
formées dans les provinces, accordent des
secours aux écoles rurales.
De l'Enseignement dans les petites écoles.
L'enseignement mutuel, qui est bien su-
périeur et bien préférable à l'enseignement
(I) L'éducation des filles est beaucoup trop
négligée aujourd'hui; elles n'ont pas moins be-
soin que les homnies de savoir lire, écrire et
compter. Elles sont appelées à aider leurs maris,
à tenir les comptes d'un ménage, d'une ferme ;
elles peuvent être employées comme domesti-
ques ou femmes de confi'^nce, etc. Il serait
d'autant plus coupable de les priver d'instruc-
tion dans les campagnes, qu'une école conte-
nant vingt garçons et vingt filles ne coûte pas
plus cher à entretenir que s'il n'y ayait que
vingt gar(ons seulement.
simultané, est sans contredit le plus avan-
tageux (juc l'on puisse adopter dans les
ccuics rurales.
C'est là même sa plus intéressante et sa
plus utile application, en ce qu'un seul
uiaitre peut enseigner à la fois plusieurs
classes d'élèves de forces différentes ; et
qu'en l'absencri du maître, l'école, surveil-
lée par un étranger ou par une femme, et
dirigée par les cnfans eux-mêmes, peut
marcher aussi bien que si l'instituteur était
présent. Avantage bien précieux pour les
écoles rurales, où les maîtres ne peuvent se
rendre que deux ou trois jours par semaine.
Le petit nombre des élèves n'est point
un empêchement ni un obstacle (ainsi que
voudraient l'insinuer certaines personnes) à
remploi de l'ingénieuse méthode d'ensei-
gnement mutuel.
Pour s'en convaincre, que l'on examine
attentivement une grande école mutuelle,
et l'ou verra qu'elle est partagée par ban-
des ou groupes de dix enfans, ayant à leur
tète un moniteur ou élève plus savant
qu'eux, lequel les dirige, les surveille et
les instruit ; ce qui forme autant de petites
écoles séparées et distinctes qu'il y a de
groupes d'enfans.
Ainsi donc, toutes les fois que l'on peut
former un groupe, composé de huit à douze
enfans d'une force à peu près égale, on peut
appliquer avec succès le principe delà mu-
tualité, et en obtenir les résultats les plus
heureux.
On devra se rapprocher, autant que les
circonstances le permettront, de ce qui est
adopté dans les écoles mutuelles, tant pour
la disposition de la salle, des bancs et des
tables , que pour le mode d'enseignement ,
qui, nous le répétons, est le meilleur de
tous ceux qui sont en usage aujourd'hui.
L'école rurale sera divisée en quatre clas-
ses, distinguées par le degré de force ou
d'instruction plus ou moins élevée des en-
fans.
11 y aura quatre classes de lecture, qua-
tre classes d'écriture et quatre classes d'a-
rithmétique.
Le temps consacré à l'élude devant être
d'au moins trois heures le malin et trois
heures l'après-midi, les travaux seront ré-
partis de la manière suivante :
, , , ( 3i4 d'h. assis.
Lecture....! heure irij ,[4 d'h. debout.
Ecriture.... ô|4 d'heure assis.
Arithmétique. ôi4d'heure debout ou assis.
Il résulte de ce que nous venons de dire :
1> Que 1Ǥ ressource! ordinaires des
communes rurales, même les plus pauvres,
suffisent pour remplir le vœu de la loi , et
pour assurer aux eafans qui les habitent,
une éducation solide, convenable, pouvant,
en un mot, satisfaire à leurs besoins moraux
et intellectuels.
20 Les petites écoles peuvent être insti
tuées et dirigées avec le plus grand succès
d'après la méthode d'enseignement mutuel,
qui est bien supérieure et bien préférable
aux autres modes d'enseignement, surtout
parce qu'elle est très-économique, qu'elle
facilite beaucoup les progrès des élèves, et
qu'elle abrège considérablement le temps
des études.
Ce que nous venons de dire des écoles de
campagne peut s'appliquer parfaitement aux
petites écoles des villes.
Nous regrettons vivement que l'on négli-
ge aujourd'hui ces modestes écoles, où une
vingtaine d'enfans du voisinage , réunis
presque sous les yeux et dans la demeure
même de leurs parens, sont confiés aux
bons soins d'une femme respectable, moyen-
nant une rétribution très-légère.
Si les petites écoles des villes n'offrent
pas, comme les grandes, une économie con-
sidérable dans les dépenses ; si elles ne
présentent pas ce coup d'œil imposant, cet
ensemble si régulier que l'on admire dans
les écoles nombreuses, on ne peut néan-
moins disconvenir que les petites écoles
auraient le précieux avantage de se répan-
dre et de se multiplier partout et à peu de
frais ; qu'elles peuvent être dirigées, à des
prix très-modiques, par des femmes ou des
employés en retraite ; qu'elles peuvent
remplacer avantageusement les salles d'é-
ducation ou asiles pour les petits enfans;
que, sous les rapports de la surveillance et
de la tenue des enfans, de la rapidité des
progrès, de la nature et de la solidité de
l'instruction , elles ne le cèdent en au-
cune manière aux écoles les plus nombreu-
ses ; enfin, que dans les villes, où les gran-
des écoles sont ordinairement très-éloignées
de la demeure des enfans qui les fréquen-
tent, les parens préféreraient sans contredit
avoir leurs enfans dans de petites écoles qui
viendraient à s'établir dans leur voisinage, ce
qui leur serait beaucoup plus commode, et
leur présenterait beaucoup plus de sécurité
que les autres établissemens éloignés.
Nous ne saurions trop exhorter l'adminiS'
tration à favoriser et à encourager l'établis-
sement de ces petites écoles matuelles dans
les villes.
riAîf F160RAI1F d'ORE ECOLE DE CAMPAGîfE PODB QUAEASTE ÉLÈVES. —PIGURF. V*,
iSpieds.
Passage.
Banc— 4c classe.
)
Table à écrire.
)
Passage.
Banc. — 3f classe.
)
Passage.
Banc. — 2' t Ins.ie.
Passage.
Banc... 12 pic.ls.— Il
-■ c/as.se.
^
oooooooooo
classe. I J '■-'•'.■^ (
/ ' I
.ff
16 pic.ls.
ADIRE DiSTi'.lBUTlON TOUR LNE tCOLE lîE QUAR.'.KTE ÉLÈVES.— FIGURE II.
16 pick.
-aflyii
.1 A
10 iiicd
ï.a salle a la forme d'un carré de seize
pieds de côté.
Les bancs onl douze pieds de longueur et
contiennent chacun dix cnfans, dont la place
est marquée par des points (ooo)-
La disposition dos groupes est figurée par
dos flemi-ccrilcs ; la place de chaque enfant
y est marquée par un point (o).
Dans la ligure 2, les bancs snnt disposés
autour d« la salie. — 11 y a près du niaiiro
une table un peu large sur laquelle écrivent
les cnfans de la 4« classe.
Au milieu de la salle est un support au-
quel sont attachés 2 tableaux de lecture ou
d'arithmétique, pour 2 classes différenles.
La disposition des groupes est figurée par
des demi-cercles ; la place de chaque enfant
y est marquée par un point (o).
L'échelle est de 5 Iigne<; pour i pied.
'i;-.n.r!>'.
CoNTBiBHABLES : Contributions directes.
Kii 1817, le produit des qua-
tre contributions directes , en
principal, ccntiiucs additionnels
et centimes de perception réu-
nis, était de 575,815,700
Les dégrcvemens opérés, de-
puis 1818 jusqu'en 1827 , ont
été de 8G, 456,500
Reste donc ii89,5S2,400
Mais en 1855, le montant s'é-
lève à 5G0, 554,400
dilTércncc en plus ^. . 71,152,000
Encore, bien que le montant total des cen-
times additionnels soit moindre, en 1855
qu'en 182", ainsi qu'on le voit par le tableau
ci-dessous, celui de l'impôt est cependant
plus élevé. Cela s'explique par ce fait, que
î'augnienlation de six ceiUimes sur l'impôt
foncier porte sur un capital de 189 millions,
tandis que la diminution de 5G centimes, sur
les portes et fenêtres, n'est applicable qu'à
un capital de vingt-deux millions.
Centimes additionnels perçus pour le tré-
sor sur les contributions.
Lois Personnelle Portes
des Foncière. et et Patentes. Total,
années. mobilière, fenêtres.
100 — 100 — 5 — 255
50 — 100 — 5 —- 205
50 — 100 — 5 — 200
50.— 100 — 5 — 195
47 — 94 — 5 — 185
31 — 55 — 5 — 122
57 — 21 — 0 — 104
50 — 19 — 9 — 102
Gardes nationaux : Sîsciplîne.
ÏJn conseil de discipline ne peut condamner
un prévenu pour refus de désobéissance à des
ordres de serjiice reçus depuis qu'il est en ins-
tance pour obtenir sa radiation des contrôles jus-
qu'à ce qu'il ait été définitivement statué sur
celte demande. (Cour de cass., 6 juin 1835.)
Les militaires en congé sont exempts du ser-
vice de la garde-nalionale.
(Gourde cassation, l.'S juin 1836.)
Devant un conseil de discipline de la garde
nationale, le prévenu a le droit de demander
qu'il lui soit donné lecture du rapport dressé
contre lui. Le relus, de la part du conseil, d'ob-
tempérer à cette demande, est une violation du
droit de défense, qui emporte nullité du juge-
ment. [Cour de cass., 13 juin 1835.)
1817
— 50 —
1818
— 50 —
1819
— 45 —
1821
_ 40 —
1825
— 37 —
1827
— 51 —
1852
— 57 —
1855
— 57 —
Le conseij dé discipliiic, en condamnant à
remprisoniienient un sous-officier de la garde-
nalionale, (lui a déjà cncourru une [leine sem-
blable dans la même année, ne peut î^c dispen-
ser d'ajuutcr à celte peine la piivationdu grade.
Le refus par un g;irde national de se présen-
ter avec son uniforme pour faire son service,
lorsqu'il existe un règlement légal portant que
les gardes nationaux habillés et armés pour le
service qui leur est cnmmandé, constitue une
infraction punissable d'uprés l'art. 89, n. I"', de
la loi du 22 mars 1831.
(Cour de cass., 27 juin 1835.)
GoovzBNANS I Grave sujet de méditations.
' . Meniliuns Mis
ou en
indigcns. sUrveil,
Dans les villes au-dessus de
50,000 amcs, et dans les
huit déparlcniciis auxquels
elles appartiennent , on
compte, sur 10,000 liabi-
lans 1,040 170
Dans les 26 départemens qui
oiit des villes au-dessus de
20,000 âmes, toujours sur
10,000 habitans 5G0 150
Dans les 51 départemens qui
ont des villes au-dessus de
6,000 ame-s 490 110
Dans la Creuse, qui n'a point
de ville au-dessus de 5,000
âmes .*. 550 60
La moyenne , pour la population de la
France entière, est de 590meiidians ou indi-
gens pour 10,000 âmes, et de 120 surveillés
sur le même nombre.
Les départemens les plus industriels et
qui paient proportionnellement la plus forte
somme pour l'impôt des patentes (10 francs
par habitant), sont aussi ceux où les crimes
contre les personnes et les propriétés sont
les plus nombreux.
Ainsi, en mettant d'une part, comme dé
partcmens manufacturiers, l'Aube, les Ar ■
dcnnes.lcBas-iihin.les Bouches-du-Rhône,
la Gironde, l'Hérault, le Loiret, la Marnc^
la Meuse, le Rhône, la Seine-ïnférieurc, la
Seine, Seine-ct-Oise , Seine-et-Marne, et,
comme départemens plus étrangers que tous
les autres, les suivans: Aveyron, Cantal,
Creuse, Corrèze, Corse, Côtes-du-Nord, Fi-
nistère, Lot, Lozère, Mayenne, Morbihan,
\ Puy-de-Dôme, on trouve les rapports su»
vans :
Pour les dcpartemm?
Crimes contre la propriété,
Délits de toute sorte,
Suicides ,
Mise à la loterie,
1 pre'venu siii-
1 prévenu sur
1 suicide, sur
par tête
Industriels.
3,150 habitans
100 id.
7,000 id.
40 francs
Non Industriels.
9,136
600
60,000
CO cent.
Ce que peut une volonté éclairée.
(Décret du 16 janvier 1812.)
Napoléon combattait l'Angleterre, la Fran-
ce avait perdu toutes ses colonies; nos chi-
mistes reçurent l'ordre de les lui faire re-
trouver dans son propre sein.
Le décret, dont nous consignons ici la
date, organise, sur une immense échelle, la
fabrication du sucre de betteraves; il ouvre
des écoles spéciales réparties dans cinq vil-
les de l'empire, et destinées à former cent
élèves. Il fonde quatre fabriques impériales,
et enjoint au mitiistre de l'intérieur de* pren-
dre des mesures pour affecter cent mille ar-
pens métriques à la culture des bette-
raves.
En 1830, la France a produit dix milliers
de kilogrammes de sucre brut au prix de
revient de Ô5 à 40 centimes!...
Jurés : Signature nécessaire.
Le procès-verbal du tirage au sort des jurés
du jugement est nul, si, bien que signe du pré-
sident, il ne porte pas la signature du grellier.
(Arrêt de la cour de cass. du II juin 1835.)
ÏVIaibes : De la police communale.
Par un préjugé que rien ne justifie, on
prétend aux champs qu'il ne s'échappe au-
cun miasme du fumier des bestiaux ; cette
assertion est crronnéc. Toute fermentation
amène un dégagement de gaz; celui qui s'é-
chappe des trous à fumier et des mares ne
peut être d'une nature salubre, et c'est à lui
qu'on doit attribuer ces fièvres souvent si
tenaces qui désolent si fréquemment les
campagnes.
On a quelque soin dans les villages des
routes communales qui sont indispensables
aux rapports commerciaux ; on trouve des
fonds pour les réparer et du temps pour les
entretenir. Ne pourrait-il pas en être de
même pour les rues et ruelles au bord des
quelles sont groupées les habitations rurales?
Partout elles sont dépourvues de rigoles
pavées, nécessaires à l'écoulement des eaux;
partout on les laisse encondircr d'immon-
dices oii se forment des foyers d'infection ;
partout on rencontre des ornières remplies
d'eaux croupissantes; partout enfin des mares
des llaqucs infectes, allèrent, par leurs éma-
nations la pureté et la salubrité de l'air.
Est-il donc hors du pouvoir des maires de
contraindre les habitans d'une commune à
entretenir la portion de la voie publique qui
borde leurs propriétés dans un étal qui soit
favorable à la salubrité. Nous repoussons
l'arbitraire avec force , mais le Code admi-
nistratif offre des moyens légaux au magis-
trat qui voudra agir dans l'intérêt public.
Depuis cinquante ans on a éloigné du cen-
tre de nos villes le^imetières , qui, quelque
bien entretenus, bien surveillés qu'ils soient,
étaient toujours un foyer d'insalubrité. Mais
dans la plupart des villages ils sont encore
placés au centre des habitations : appelons
sur cet objet l'attention des conseils munici-
paux.
Au village, les chevaux, les bestiaux, sont
nombreux; fréquemment la mort vient les
décimer. Qu'arrive-t-il alors? On traîne le
cadavre à quelques toises des habitations ; ou
labandonnc sur le bord d'une route , sur la
lisière d'un bois.
Le boucher du village tient-il sa tuerie
proprement? c'est ce dont personne ne s'in-
quiète; ne vend-il pas de la viande dani-
maux qui ont succombé à la maladie ? c'est
ce que nul ne surveille : et cependant le vil-
lage compte au moins deux magistrats.
La nature des eaux qui servent à l'a/Zmen-
tatlon a une grande influence sur la santé ;
et cependant trop souvent celles dont on se
sert à la campagne sont puisées dans des
puits qu'on ne récure jamais, ou dans des
mares privées d'eau courante assez rapide
pour neutraliser les mauvais effets de la stag-
nation. Les communes mêmes qui sont assi-
ses sur les bords d'un cours d'eau sont sou-
vent privées d'eau salubre. On laisse encom-
brer son lit par des amas d'immondices ; on
permet d'y établir le rouissage, si contraire
à la salubrité; en un mot, nulle précaution
n'est prise pour conserver aux eaux toute
leur pureté. Il serait cependant si facile d'é-
tablir dans chaque commune rurale un filet
d'eau courante : partout on rencontre des
sources, et il suffirait de quelques journées
bien employées pour les réunir, les diriger
au milieu des habitations,
Les incendies ne sont que trop souvent le
résultat du manque absolu de surveillance,
les secours cf. la souscription ne réparent
qu'imparfiiitement des désastres qui n'ont
pas lieu, lorsque le premier magistrat de la
conmiune remplit ses devoirs. C'est quel-
que chose que de réparer ; mais en fait de
malheurs, il faut prévenir.
RÉPERTOIRE DO^IESTIQUE.
I. Education de 'enfance. — H. Morale et bien-être des familles.
— m. Economie usuelle.
Enfars : I. Nouveau mode d'enseignement
élémentaire , professionnel et productif :
modèles brevetés d'écriture. — II. Visite
au prytanée de Ménars, fondé par le
prince Joseph de Chimay.
L'instruction qu'un père ou .qu'une mère
donne à ses enfans doit toujours être pro-
ductive, et représenter au moins l'intérêt
des capitaux qu'elle a coûtés.
Tout enseignement qui n'assure pas à
l'enfant qui le reçoit, à défaut d'une profes-
sion'spéciale, au. moins un état modeste
qujii puisse toujours exercer, est un sacri-
ticc regrettable, imposé à la majorité des
familles.
Il fait sortir inconsidérément le fils de
la condition du père, il appauvrit inutile-
ment le présent de l'un, il expose impru-
demment l'avenir de l'autre.
Le propre des parens étant généralement
de supposer leurs enfans doués d'émiiientes
facultés intellectuelles, tous pensent que
développer ces facultés par l'instruction,
c'est mettre la destinée de leur fils à l'a-
bri des vicissitudes sociales, c'est leur assu-
rer infailliblement un honorable moyen de
pourvoir aux nécessités de leur existence.
Ils se trompent !
L'enseignement des écoles primaires est
encore trop imparfait pour atteindre ce
but, et l'enseignement des collèges ferme
aux jeunes générations plus de carrières qu'il
ne peut lui en ouvrir;
Ainsi, pour l'accès qu'il donne à la jeu-
nesse parmi trois ou quatre professions
obstruées, il l'éloigné de tous les arts ma-
nuels, qui, pour devenir plus lucratifs et
moins pénibles, n'attendent, de la part de
ceuj qui les exercent, que des connaissan-
ces qui leur soient judicieusement appro-
priées.
Ce que, dans tontes les conditions so-
ciales , il importerait de savoir parfaite-
ment, e?t précisément ce que les collèges
négligent d'enseigner.
Voyez, après cinq années d'études, s'ou-
vrir les portes d'un collège communal ; —sui-
vez le flot desjeunes gens qui le quittent;— ils
sont pleins de confiance dans l'instruction
qu'ils eut acquise, et c'est luie exception
lorsqu'ils savent parler correctement leur
langue maternelle ; —leur écriture est infor-
me et illisible, —aucun d'eux ne serait en
état de soumettre la fortune ou l'industrie
de sa famille à l'ordre et aux formes d'une
comptabilité régulière...
Ceux-ci, dont les parens peuvent conti-
nuerl'instruction universitaire, — et relative-
ment c'est le très-petit nombre,— s'éloignent
de leurs familles poursuivre les cours d'une
faculté de droit ou de médecine. Vingt mille
francs et dix années au moins d'études : tel
est le prix qu'auront à payer les plus labo-
rieux et les plus économes avant d'avoir mê-
me mesuré les carrières auxquelles les ad-
met leur diplôme.
Ceux-là, plus pressés de retirer le pro-
duit du capital consacré à leur instruction,
s'abusent jusqu'à supposer qu'une apostille,
qu'une pétition, qu'un voyage leur suffiront
pour obtenir accès dans l'une des adminis-
trations publiques.
Plusieurs années s'écoulent en sollicita-
tions et en démarches, que le plus souvent,
leurs vœux ne sont pas satisfaits , et que
leurs illusions ne sont pas encore détrui-
tes ! le désespoir les saisit, le besoin les
presse, il leur faut enfin changer de réso-
lution!
Oh ! C'est alors seulement, qu'entre eux,
plus d'un se surprend à regretter et la pro-
fession de son père avec sa clientclle, et les
10,000 francs consacrés à l'acquisition d'une
instruction incomplète et impuissante...
Que feront-ils?.. La possession d'une lan-
gue morte et l'exercice d'une profession
autre que celles désignées sous le nom de
libérales paraissent inconciliables ... Dans
leur esprit, le collège et l'atelier s'excluent,
et au fait , l'instruction incomplète qu'ils ont
reçue n'a jamais été pour eux ce qu'elle de-
vrait toujours être, — l'apprentissage d'une
profession.
Après avoir abandonné l'espoir d'obtenir
la place qu'ils sollicitaient dans une admi-
nistration publique , ils se flattent d'être
plus heureux auprès de quelques grandes
administrations privées ; ils s'abusent encore,
toutes les places y sont envahies ; long-
temps ils cherchent,— eufiniis trouveiitaccèa
10
dans une maison de commerce ; la mora-
lité connue de leurs familles, est une con
sidération dignement appréciée , leur avenir
eniin ne va plus dépendre que de la con-
fiance qu'ils sauront inspirer par leur apti-
tude et leur zèle... Mais, fatal contre-temps,
ils ont le litre de bachelier ès-letlres , et
jamais l'art de tenir une comptabilité ne
leur acte enseigné; — trois emplois sont va-
cans , celui de dépositaire de la caisse so-
ciale, celui de chef de la correspondance,
celui enfin d'expéditionnaire ; — ils ne sau-
raient en remplir aucun des trois... Dans la
composition de leurs thèmes latins et de
leurs versions grecques , dans leurs illu-
sions de futurs « hommes remarquables , »
ils ont négligé d'apprendre à écrire lisible-
ment... Ils ont dédaigné de s'appliquer au
seul art qui devait un jour rendre leur ins-
truction productive !
Il est à remarquer, à ce propos, que, par
suite du sot préjugé qui s'est attaché à l'art
calligraphique , — en raison peut-être de
l'importance de mauvais goût qu'il a com-
mencé par se donner, — les jeunes gens les
plus heureusement doués de la faculté dap-
prendre , sont d'ordinaire ceux qui . dar'S
l'enfance, se sont appliqués à écrire le plus
imparfaitement, il en résulte par suite
qu'ils sont souvent les premières victimes
des études par lesquelles ils se sont fait
distinguer.
L'art matériel de bien écrire , dont il est
fait si peu d'estime dans les collèges, est ,
hors de là, dans toutes les transactions de
la vie d'autant plus apprécié , qu'en France
il est aussi rare qu'en Angleterre , en Bel-
gique , en Hollande , il est général.
Aussilorsque beaucoup d'hommes instruits
ne peuvent obtenir le plus modeste emploi,
les bons expéditionnaires sont-ils générale-
ment recherchés; toutefois peu de considé-
ration leur étant accordée, attendu qu'ils
sont communément dépourvus d'éducation,
d'instruction et d'intelligence, il arrive qu'en
méme-Icmps qu'il y a surabondance de jeu-
nes gens sans emploi, il y a dans le commerce
disette d'auxiliaires jeunes, sûrs, actifs, ins-
truits et moraux, en état de dresser un
compte, d'écrire ou de transcrire une lettre,
avec la correction et la netteté qui attestent
l'ordre d'une bonne administration.
L'art d'administrer, cependant est néces-
saire dans toutesles conditions sociales, qu'on
soit appelé à régir sa fortune ou bien à la faire,
d'autre part, le commerce est, de toutes les
carrières la plus vaste et celle qui présente en
France le plus d'avenir, il embrasse l'agri-
cuUure et l'industrie, il lie entre eux tous les
arts manuels; s'il exige de la part de ceux
qui s'y destinent beaucoup de qiialilés, en
refour il ne leur demande qu'une instruction
peu dispendieuse à acquérir.
Si nous insistons autant sur la question ma-
térielle du prix que coûte l'instruction des
enfans, c'est que son importance sociale est
plus grande qu'on ne le suppose, sous l'em-
pire des dispositions du code qui régissent
les successions.
En résumé, de l'opinion qui précède, tout
système d'enseignement ne méritera de noire
part le nom de rationnel et de progressif,
qu'autant que nous le pourrons dire de lui
» qu'il est un placement d'argent solide et
» productif fait par les parcns sur la tète de
» leurs enfiuis. »
C'est le but que se propose le nouveau mo-
de denseignenicnt élémentaire professionnel
et productif que nous nous empressons de
porter à la connaissance de toutes les famil-
les, dont il mérite au plus haut degré l'attcn-
tion et l'inlérét.
Ce mode ingénieux, simple et économique,
auquel a été donné le nom àeP olytechno-
(j^raphie , consiste, par une heureuse union
des sciences et des arts, à faire suivre à l'en-
fant en même temps qu'ilacquiert de bonne,
heure l'habitude d'une écriture régulière et
pure, un cours gradué d'études variées; les
méthodes d'écritures pratiquées jusqu'à ce
jour, ont deux graves inconvéuiens : le pre-
mier, d'exciter syns nécessité, chez les en-
fans, l'ennui et le dégoût qu'inspire la repro-
duction Continue de mots prives de sejis et
de liaison; le second, celui denepiéscnier à
la mémoire que des phrases tronquées , si
faciles à retenir que, pour les copier, les en-
fans ne sont pas obligés de consulter les mo-
dèles placés sous leurs yeux.
L'attention des enfiins ne s'obtient qu'en
captivant leur intelligence. Ne leur demander
qu'un travail purement manuel, c'est vouloir
qu'ils fassent machinalement et sans applica-
tion. Peut-être est-ce au mode radical des mé-
thodes calligraphiques qo il convient d'attri-
buer le mépris iïichcux dans lequel est lom-
béc la pratique de ses principes.
C'est en cela que le procédé polytechnogra-
phique a pu être considéré comme un art
tout nouveau, digne d'un brevet d'invention;
la voie qu'il trace est assurément neuve, car
elle est diamétralement opposéeàcehe frayée,
et suivie jusqu'à ce jour.
Par ce mode , l'enfant simultanément ap-
prend a écrire , acquiert d'utiles notions sur
les arts et les sciences, se forme à l'étude de
la langue française, et se familiarise avec la
pratique du dessin.
Pour 50 former une idée exscle de cette
nouvelle ruclliodc.il suffitd'imagiiier un grand
album obloiig, contenant cent vignettes gra-
vées sur'acicr par les premiers graveurs, aussi
gracieuses , aussi soignées dans leur exécu-
tion que celles des plus luxueux ouvrages.
Ces vignettes sont placées en marge du
modèle d'écriture, et se raj)porlent toujours
aux sujets dont il contient la description sur
deux grandes pages.
Ainsi s'agit-il d'un trait d'histoire? la gra-
vure reproduit le lieu de la scène et les
personnages, avec les costumes, le caractère
et les motmmeiis de l'époque... S'agit-il d;*,
la vie d'un homme utile? en regard de sa
biographie se trouve son portrait. S'agil-il
d'arts ? ce qui peut les rendre sensibles à
l'esprit et aux yeux est doublement repro-
duit; ainsi un enfant peut, en se jouant, se
former de cette façon une idée exacte de la
charrue, de la machine à vapeur, des chemins
de fer, de la boussole. S'agit-il de sciences? le
zodiaque, les plantes, les trois règnes de la
nature, dans ce qu'ils ont de plus utile à con-
naître, sont placés sous les yeux de l'enfant
pendant qu'il en reproduit les descriptions.
Chacun des cent modèles contient ainsi
un sujet et un dessin dilïérens auxquels se
rapporte toujours la description qui sert
d'exemple d'écriture ; cette description, em-
pruntée aux sujets les plus variés des scien-
ces naturelles, des arts utiles, des arts d'a-
grément, des beaux-arts, de l'histoire , de
la géographie, des voyages et des sciences
morales, est toujours à la fois une utile notion
acquise et une excellente leçon de modèle
de style, d'ortographe, d'écriture et de dessin.
Au moyen d'un livret spécial à ce mode
d'enseignement, l'enfant, lorsqu'il a terminé
sa copie, est interrogé par son maître ou ses
parens, lesquels, à l'aide de ce questionnaire,
peuvent ainsi toujours s'assurer que l'en-
fant, en même temps qu'il a exercé sa ma!n,
a exercé sa mémoire et son iiitelligence.
C'est, sans aucune espèce d'exagération,
dans les termes que nous exprimons, la con-
viction dans laquelle nous sommes que l'a-
doption des modèles brevetés au sein des
familles, des écoles primaires, des maisons
d'éducation et des collèges, sera la plus im-
portante réforme et le plus utile progrès que
puisse recevoir l'enseignement :
Ce nouveau mode a trois avantages capi-
taux qui le recommandent :
1» 11 réduit à une surveillance facile l'cdu-
calion n'.aternellc et familière;
2° li améliore et complète l'instruction
primaire des écoles communales dans ce
qu'elle avait de plus imparfait-
11
"0 Enfin, il assure à l'instruction classique
un moyen d'être au besoin utile et produc-
tive, sinon complètement professionnelle; ce
dernier résultat ne pourra s'obtenir que par
une réorganisation générale des maisons
d'éducation et des collèges basée sur le prin-
cipe hiérarchique et progressif de la spécia-
lité des études.
Nous ne terminerons pas cet éloge d'un
mode d'enseignement conforme à nos idées,
sans nous empresser d'exprimer la vivo sa-
tisfaction que nous a fait éprouver, en le vi-
sitant, le vaste établissement d'instruction
publique, fondé à Ménars (près de Biais,
Loir-et-Cher), parle prince Joseph de Chi-
may, sous le titre de Puytanée, établissement
qu'il dirige et surveille lui-même , avec un
zèle qui communément ne se puise que dans
un intérêt de spéculation.
Un plus noble usage d'une grande fortune
ne saurait être fliil; un demi-million a été
consacré à la fondation de cette utile et gran-
de institution qui mérite un compte-rendu
'spécial que nous lui consacrerons. — Qu'il
noussuftise de dire dans cet article, que l'ap-
plication du principe de la spécialité des élu-
des, en raison de la carrière à laquelle les
enfans Sont destinés par leurs parens, y est
judicieusement observée; que toutes les
convenances sociales y sont ménagées, en
même temps qu'il y est fait la plus heureuse
alliance entre trois enseignemcns qui, par-
tout ailleuvs, s'étaient jusque-là toujours
exclus :
I,e premier, l'enseignement dniversi-
TAiRE comprenant l'élude des lettres et celle
des langues mortes, indispensable à ceux
qui veulent suivre les cours des facultés de
droit et de médecine;
Le second, l'enseignement intermé-
diaire, comprenant l'étude des sciences et
celle des langues vivantes qu'il convient et
qu'il suffit d'enseigner aux jeunes gens des-
tinés à l'administration , au commerce , et
enfin à celles des professions qui n'exigent
pas d'apprentisage spècid;
Le troisième , l'enseignement primaire
PROFESSIONNEL, comprcuant l'étude théo-
rique et pratique des principaux arts et
métiers.
Cette application du principe de la divi-
sion du travail , faite à un établissement
d'instruction publique, est une innovation
judicieuse; entreprise sur une aussi grande
échelle, il semblait que le gouvernement
seul put en donner l'exemple: maintenant ce
qu'il a de mieux à faire, c'est de le suivre.
Dans un second article, nous dirons aux
pères de familles de quel intérêt il est pour
12
la santé, l'éducation et l'instruction de leurs
fils que nous ayons, en revenant du dépar-
leinent de la Creuse , visité le prvtaxée de
Mknabs. Emile de Gikardin.
De certaines substitutions permises aux
pères et mères.
Lé Code civil contient des dispositions
qui ne sont ignorées de personne, lorsqu'elles
règlent d'une manière générale et uniforme
les droits des citoyens; mais il en est d'ex-
ccplionncUcs qui, par cela seul, sont moins
bien sues quoique aussi importantes : telles
sont les dispositions permises au donateur
ou testateur en faveur de ses pelils-enfans
ou des enCins de ses frères et sœurs.
Il n'est aucun chef de famille qui ne soit
instruit du droit que lui confère la loi de
priver ses enfans ingrats ou dissipateurs de
la moitié de ses biens , lorsqu'il ne laisse à
son décès qu'un seul enfant légitime , du
tiers s'il cm laisse deux , et du quart s'il eu
laisse trois ou un plus grand nombre (art.
910C.C.); mais beaucoup usent de ce droit
pour donner gratuitement à des étrangers
la quotité disponible, et punir à tort et irré-
vocablement leur postérité, qui est inno-
cente des fautes de ses auteurs.
J.e donateur ou le testateur, qui méccn-
nait ainsi les oblig;itions que lui impose la
nature , soit pour punir, soit pour éviter que
ses biens soient dissipés sans être transmis
à ses descendans, atteint sans doute le pre-
mier de ces buts, mais ne remédie point au
second, le plus important et le plus juste
peut-être.
Et, dans sa sévérité, il ignore le plus sou-
vent que la même loi qui donne le châtiment
en arrête kes conséquences, et qu'en accor-
dant le droit de priver des enfans d'une part
de biens, elle offre un moyen de la faire par-
venir à des petits-enfans.
Le même droit à l'égard de ses frères et
sœurs , et la même faveur à l'égard de ses
neveux, à qui il porte ordinairement l'affoc-
tion d'un père, ont été accordés à l'oncle
l;)rsqu'il n'a pas de postérité.
Les pères et mères qui veulent priver
leurs enfaiié de la portion de leurs biens
dont ils peuvent disposer , c'est-à-dire de la
moitié, du tiers ou du quart, selon qu'ils lais-
sent, à leur décès, un, deux ou trois enfans
légitimes, peuvent, par actes entre vifs ou
testamentaires, donner cette portion à un ou
plusieurs de leurs enfans , mais en insérant
la charge de rendre ces biens aux enfans
nés ou à naître, au premier degré seule-
ment, desdils donataires (art. lOiSC.C).
De même aussi sera valable, en cas de
mort sans enfans, la disposition que le dé->
funt aura faite, par actes entre vifs ou testa «
mentaires , au profit d'un ou plusieurs de
ses frères ou sœurs , de tout ou partie des
biens qui ne sont point réservés par la loi
dans sa succession, avec la charge de rendre
ces biens aux enfans nés et à naître , au pre-
mier degré seulement , desdits frères ou
sœurs donataires (art. 10-49 C.C).
Ces dispositions ne peuvent être valables
qu'autant que la charge de restitution sera
au profit de tous les enfans nés ou à naître
du grevé , sans exception , ni préférence
d'âge ou de sexe ; cependant il n'est pas ab-
solument nécessaire que la-charge de rendre
soit au profit de tous les enfans nés et à
naître; il suffit, pour la validité de la substi-
tution, que des termes du testament on puisse
induire que telle a été l'intention du testa-
teur ; il n'est pas non plus nécessaire pour
la validité de la disposition qu'à l'époque où
elle a été faite , un enfant soit né ou grevé.
Les dispositions ci-dessus, qui sont de vé-
ritables substitutions, sont permises à la rè-
gle générale tracée par l'art. 89G du C. C,
aussi faut-il bien se garder d'y introduire des
nuances étrangères qui leur donneraient le
caractère prohibé des substitutions et les
feraient ainmler; telle serait la disposition
que ferait une persoime qui n'a pas de des-
cendans de tout ou partie de ses biens , au
profit de l'un de ses frères , à la charge de
rendre les biens donnés, mokié à ses enfans,
moitié aux enfans d'un autre frère. Le vice
résultant de la substitution partiellement
faite au profit des neveux, infecterait, d'après
l'art. 89li du Code civil, non-seulement l'iti-
stitution, mais encore la substitution partiel-
lement faite au profit des enfans , quoique
valable en elle.
Même aux termes de l'article 1049.
La loi accorde aux pères , mères ou on-
cles qui (ont les dispositions ci-dessus, de
compléter leur bienfait en nonnnant par le
même acte , ou par un acte pustérieur, en
forme authentique , un tuteur chargé de
l'exécution de ces dispositions; à défaut de
cette nomination , il en est nommé un dans
la forme ordinaire à la diligence du grevé
ou de son tuteur, s'il est lui-même mineur.
Mais l'exercice du droit ci-dessus est plus
sage et conforme à la prudence des pre-
mières précautions qui n'auraient aucune
efficacité, si le grevé déterminait la nomina-
tion d'un tuteur qu'il pourrait diriger, et
dont la position rendrait illusoire la respon-
sabiUté personnelle imposée par la loi.
Il est encore un point qui doit fixer l'at
tenlion, si l'on veut mettre à l'abri de toutei
chances la portion de biens Ir.msniise ; le
grevé doit, dans le délai de six mois , à
compter du jour de la clôture de ''inven-
taire, faire emploi des deniers comptans, de
ceux provenant du prix des meubles et ef-
fets actifs, tels que billets à ordre , recon-
naissances; et, dans le délai de trois mois
après leur réception, des effets actifs recou-
vrés et des rentes remboursées; cet emploi
ne peut être fait, aux termes de la loi, qu'en
immeubles , qui offrent toujours une plus
grande sécurité , ou en prêt , en assurant
leur remboursement par des privilèges ou
hypothèques sur des immeubles , pourvu
toutefois qu'aucun privilège ou aucune hy-
pothèque antérieure ne passe avant cette
créance et n'en diminue la sûreté ; mais cet
emploi peut être, à l'avance déterminé et
ordonné par l'auteur de la disposition et sa
volonté doit être religieusement exécutée;
c'est encore là une sage mesure pour en-
chaîner la conduite d'un tuteur imprudent ou
rendre facile la tâche du tuteur de son choix.
Après avoir parlé des avantages qui peu-
vent être faits parle donateur ou le testateur,
et des principaux moyens protecteurs qu'il
peut employer pour qu'ils soient transmis
intacts, un mot sur l'époque à laquelle doivent
être rendus les biens grevés de restitution.
Les appelés sont propriétaires des biens
grevés de restitution à l'instant où , par
quelque cause que ce soit, la jouissance de
lenfant, du frère ou de la sœur, grevés,
cesse; cet instant est déterminé par la mort
naturelle ou par la mort civile du grevé , par
l'abandon anticipé de sa jouissance au pro-
fit des appelés ou l'abus qu'il fait de cette
jouissance, enûn par l'arrivée du terme fixé
ou l'accomplissement de la condition sous la-
quelle la disposition était faite.
outefois, il est important de remarquer
qu'après l'époque qui opère la transmission
(les biens entre les mains des appelés , l'ac-
quisition n'en est point définitive , et que ,
s'il survient encore des enfans au grevé ,
leurs droits ne seront pas perdus et ils pour-
ront réclamer de leur frère leur part dans
les biens qui ne peuvent et ne doivent être
donnés qu'au profit de tous les enfans nés et
à naître.
Le législateur a mis l'a dernière main à
cette matière dans de prévoyantes disposi-
tions qui peuvent être consultées ou expli-
quées ; le rôdactenr de cet article ne s'est
imposé que la lâche d'indiquer une route
peu battue qui concilie la sévérité avec la
morale et la ju'^lice, il croira l'avoir remplie
si cette route est fréquentée.
Payot.
Soins à- prendre des rhumes.
Le rhume proprement dit mérite à peine
le nom d'indisposition : il ne cause ordinai-
rement aucune fièvre, et n'exige ni un ré-
gime rigoureux ni un traitement véritable.
Il offre seulement d'assez grands inconvé-
niens pour ceux, qui , par état , sont appe-
lés à parler ou à chanter en public : il pro-
duit presque toujours de l'enrouement ou
même l'aphonie. Il importe donc d'en pro-
curer promptement la guérison, surtout
chez les personnes qui ont la poitrine faible
ou qui porte des tubercules. Que de phthi-
sies mortelles ont eu pour cause des rhumes
qu'on regardait d'abord comme insigni-
fians !
Ne pas parler, éviter le froid et l'humidité,
faire usage de boissons muciiagineuses tiè-
des et sucrées , préférer à tout le reste
une infusion de bourrache ou de capillaire,
une décoction de dattes ou de jujubes ,
boissons qu'on peU couper avec du lait
et qu'il est bon d'édulcorer avec le sirop
de gomme ou de guimauve ; voilà quels
sont les moyens qui réussissent le mieux
et qui suffisent presque toujours.
Les infusions de bourrache , de sureau
ou de violettes sont préférables à tout le
reste, à raison de la transpiration abon-
dante qu'elles ont coutume de procurer aux
enrhumés. Mais pour en obtenir plus sûre-
ment cet effet, il faut avoir soin de les
prendre le soir, long-temps après avoir
mangé , et assez chaLdes pour qu'elles
excitent aussitôt la sueur, résultat qu'on
devra encore favoriser en couchant aussitôt le
malade dans unlitbienchaud et bien couvert.
Ce cas est un de ceux où les malades doi-
vent peu craindre de boire abondanmient.
Mais si le rhume va jusqu'à la fièvre,
s'il y a pesanteur de tête, toux violente et
vives pulsations, chaleur brûlante, soif, op-
pression ; si le malade ne crache pas ou
crache du sang, alors il faut recourir aux
saignées , à une diète sévère, aux boissons
douces, peu chaudes et peu chargées, aux
loochs huileux et quelquefois même à l'o-
pium.
Le rhume menace-t-il de persévérer sous
forme chronique ; il faut alors employer
les vésicatoires sur la poitrine , ou les fric-
tions au moyen de la pommade émétisée.
Celle pommade a pour effet de susciter
l'éruption de larges boutons assez ressem-
blans à ceux de la vaccine. Quelquefois
alors les pastilles de lychcn, de soufre ou
d'ipécacuanha produisent de bons effets;
d'autres fois il faut réitérer les vésicatoires.
u
recoOrir aux eaax sulfureuses ou à l'eau de
goudron, ou se résigner aux caulères ou
aux sétons. Les gilets de flanelle, les
emplâtres de poix de Bourgogne, l'air du
midi, l'infusion de lychen, l'eau de Bonnes
et le vin de Bordeaux ont guéri beaucoup
de rhumes chroniques qu'on regardait com-
me incurables ; tandis que l'usage trop réi-
téré des adoucissans, etla prolongation d'une
diète sévère et du lait ont, au contraire,
occasioné beaucoup de phlhisies raor-
tellej.
Les convalescens, les personnes pâles et
nerveuses , les scrophuleux et les gens
maigres, sont au rang de ceux qui doivent
le plus redouter les rhumes chroniques et la
phthisie , ce sont ceux également qui doi-
vent le moins insister sur les boissons adou-
cissantes.
Il a quelquefois suffit d'un voyage à
Montpellier ou à Marseille et d'un régime
succulent piur empêcher le retour de
rhumes qui revenaient périodiquement une
ou deux fois chaque année. Nous pourrions
citer des exemples irrécusables. D'un
autre côté, on a vu beaucoup de jeunes
gens qui ne sont devenus phlhisiqucs que
pour avoir trop bu de lait, trop jeûné, trop
sué, trop veillé , ou trop usé de la vie ;
or, il faut bien remarquer que la vie s'use
aussi vite par les privations que par les
excès, aussi vite par les plaisirs que parles
déceptions bu les chragrins. La toux es-
corte presque constamment les passions et
les maladies des femmes.
Le rhume des bronches ou la bronchite
a presque toujours pour cause le contact
d'un air humide et froid, le froid aux pieds,
un simple rhume négligé, et quelquefois
des tubercules pulmonaires ou la phthi-
sie.
D'autrefois la bronchite provient des corps
pulvérulens dont est chargé l'air qu'on res-
pire, «1 alors la maladie est moins intense
et plus facile à maîtriser.
Il n'est pas rare qu'à la suite de discours
faligans ou de chants réitérés, après une
course à cheval par un temps froid , et
souvent après des cris ou des efforts
prolongés , il n'est pas rare que le la-
rynx soit le siège d'une inflammation lente
et chronique. Cette maladie si grave li'est
souvent qu'un symptôme de la pulmonie,
mais elle est aussi quelquefois primitive et
sans altération des poumons. C'est à elle
qu'on a donné le nom de phthisie laryngée
primitive : c'est la maladie des crieurs pu-
blics, des avocats, des orateurs, des chan-
teurs, etc. ; c'est d'elle que mourut M. de
Serre , ce fat elle qui força Casimir Périer
à garder le silence pendant quatre ans , et
M. Vlllemain à interrompre ses improvisa-
tions.
Dans cette maladie la voix est altérée,
souvent douleureuse , quelquefois nulle ,
quelques effoctsqu'on fasse pour se faire en-
tendre. On sent une douleur vers le larynx,
à peu près au niveau de la pomme d'Adam;
la toux est sèche, laborieuse, singulière, et
quelquefois elle donne lieu à l'expectoration
de grumeaux jaunâtres et à de petits cra-
chats noirs ou purulens. Les boissons chau-
des, surtout le lait et le café, excitent beau-
coup plus de toux que les boissons froides,
l'étal d'un malade a été souvent très-amé-
lioré en lui conseillant uniquement de
boire et de manger froid.
Traitement des engelures.
Les engelures ne persistent guère après
l'âge de la puberté, mais le prurit opiniâ-
tre qu'elles occasionent est une incommo-
dité insurportable contre laquelle on a con-
seillé inutilement bien des remèdes de
bonne femme.
Les formules suivantes peuvent être em-
ployées sans aucun danger; leur variété
fournira à chacun le moyen de chosir le
remède qui s'accommodera le plus à sa
constitution propre ; mais, et ce conseil n'ad-
met point d'exception, on doit éviter avant
tout de laveries parties affectées d'engelures
avec de l'eau tiède, de faire sur elles des
applications émollientes, relâchantes, et de
les laisser habituellement couvertes de vè-
temens humides.
Prenez : Baume de Fioravenli. . . 4 onces.
Acide muriatique 52 gouttes.
Mêlez pour frictionner matin et soir les
parties malades,
**■ Jj'o 2.
Prenez : Alcool vulnéraire.... . 2 onces.
Hydriodate de potasse. 2 gros.
iode 8 grains.
Eau distillée 7 onces.
Mêlez, filtrez. Employez comme ci-des-
sus.
N" 5.
Prenez : Eau distillée 4 onces.
Sous-acétate de plomb. i|2 once.
Alcool de mélisse com-
posé .... » \\^ once.
Même usage.
N» 4.
Prenez : Eau distillée 4 onces.
Acide muriatique ou
hydrochlorique. <........: .... 1 once.
Même usage.
N05.
Prenez : Eau distillée 4 onces,
Muriate d'ammonia-
que ll2 once.
Alun ( sulfate d'alu-
mine) 1 once.
Alcool de romarin. . 3 gros.
Même usage.
NO 6.
Prenez: £au-de-\ie camphrée... 2 onces.
Teinture de benjoin... 1 once.
Mêlez. On enduit avec un pinceau ou les
barbes d'une plume les parties tuméfiées
par les engelures, et on laisse sécher.
Ces deux préparations employées sé-
parément ont souvent réussi.
PATE d'AMAKDES composée COMRE LES
ENGELCSES NAISSANTES.
Prenez: Amandes amères mondées. l|2 liv.
Miel pur 6 onc.
Alcool saturé \
de camphre. L j^
Faruiederaou- 1 ^ *■
tarde noire. . }
Alun dissous\
dans un peu i
d'eau > de chaque , 2 gros.
Olibanenpou- \
dre J
Jaunes d'œufs
Faites une pâte bien homogène ( bien liée
et sans grumeaux), et servez- vous -en
comme d'une pâte d'amandes pour laver ,
matin et soir, les mains avec de l'eau froide.
Cette pâte est excellente; mais elle exige
un grand soin pour sa préparation.
REMÈDE COUTEE LES ENGELCBES CLCÉBÉES.
NO 1.
Prenez : Miel blanc. \
Onguent de > de chaque, quantité
styrax j suffisante.
Mêlez exactement et pansez les plaies
avec»un plumasseau de charpie- enduit de
ce mélange. En peu de jours les ulcérations
sont cicatrisées,
No 2. .
Prenez ; Huile d'aman- ]
des douces, [de chaque 2 onces.
Eaudechaux.)
Teinture d'iode 1 gros.
Laudanum de Rousseau. . 2 gros.
Mêlez. On panse les ulcérations soir et
matin.
Des vins st des liqueurs spiritueuses dans
leurs rapports avec la santé.
(Premier Article. 1
L'action du vin sur l'économie humame
dérive principalement de la plus ou moins
grande proportion d'alcool qu'il contient. A
cet égard , les liqueurs spiritueuses diffè-
rent entre elles considérablement, comme
•e tableau suivant en donne la preuve.
Sttr cent parties, le viti,
10 de Lysa contient 25, 41 d'alcool
20 de raisin sec 2?;, 12
ôo de Marsala 25, 09
40 de Madère 22, IT
50 d'Andalousie Xérès.. 19, IT
60 de Ténériffe 19, 79
70 des Colures contient. 19, 75
8° de Lacryma-Chrisli.. 19, 70
9'' de Constance blanc. 19, 75
100 id rouge. 18, 92
110 (je Lisbonne 18, 94
120 de Malaga (1666) 18, 94
130 Buciilas 18, 49
140 Madère rouge 20, 35
150 Muscat du Cap 18, 95
160 Madère du Cap 20, 03
iTo Grappe 18^ 11
180 Calcavilla là, 65
19° Vidodia 19, 23
200 Alba-flora 17, 26
210 Makiga 17, 26
220 Hermitage blanc 17, 43
230 Roussillon 18, 13
240 Clairet (1) 15, 52
250 Malvoisie de Madère.. 16, 40
260 Lunel 15, 10
270 Schiras 15, S2
280 Syracuse 23, 28'
290 Sauterne 14, 22
300 Bourgogne 14, 57
310 du Khin 12, 08
320 de Nice 14, 63';;
330 Barsac 13, 8-6
540 id. vieux 13, 00
350 Champagne 12, 61
360 iiermilage rouge 12. 32
370 Grave 12, 80
380 Frontignan 12, 79
59° Côte-Rotie 12, 32
400 vin de groseilles 11, 81
410 vin d'oranges fait par
un fabricant de Lon-
dres 11, 26
420 Xokai 9, 88
430 de sureau 9, 87
(1) Probablement le vin de Bordeaux, que les
Anglais appellent Clarec
44° cidre 9, 8"
4o° poiré 9, 87
46° hydromel 7, 52
470 aile 6, 87
48» bière forte 6, 80
49° porter de Londres.... 4, 20
50* eau-de-vie iWiiw.; 5ô, 39
510 rhum .ii!.. 53, 68
52» genièvre 51, 60
530 wiskey 54, 32
Ce tableau, que l'on doit à M. Brande,
célèbre chimiste anglais , fournit l'une des
premières bases sur lesquelles on doit as-
seoir l'action existante des vins. On y voit
que ce liquide varie beaucoup selon les di-
vers pays d'où il provient ; mais il varie aussi
infiniment selon làgc. Un vin vieux est beau-
coup plus léger, quel que soit d'ailleurs son
terroir, que lorsqu'il est jeune. Sous ce rap-
port , la différence est grande entre les vins
d'un an et ceux qui ont, comme ont dit,
plusieurs feuilles. Mais il convient, pour l'ob-
jet qui nous occupe, d'entrer dans des dé-
tails plus positifs et plus circonstanciés.
Le vin peuL-èlre regardé comme un com-
posé d'alcooi, de matière sucrée, d'acide
malique , d'acide tartarique , de tartrale aci-
dulé de potasse ou tarire , d'acide acétique,
d'une matière colorante extraclive plus ou
moins amèrc et en partie résineuse , et quel-
quefois d'un principe aromatique (1). Ces ma-
tériaux, excepté l'alcool, se trouvent tout
formés dans le raisin ; cependant, une partie
de l'acide acétique se forme également pen-
dant la fermentation. La matière extraclive
colorante ne se rencontre que dans les vins
rouges. L'alcool provient de la décomposi-
tion de la matière sucrée ; mais iil reste tou-
(1) Alcool, esprit devin produit parla fermen-
tation. C'esl à l'alcool que les vins doivent leur
force et Icir propriété enivrante.
Matière sucrée ou sucre. Tous les fruits con-
tiennent une matière sucrée, le raisin plus que
les autres ; la plus grande paille se délruil dans
la fermentation pour produire de l'alcool ; les
vins dits sucrés en conliennenl beaucoup, même
après avoir fermculé.
yicide malique, iic\<lc de la pomme; il existe
dans le raisin , dans la plupart des fruits, et on
le retrouve dans lé vin.
L'acide lariarique ou tarlrique , et sa combi-
naison avec la potasse qui l'orme le tartrale acide
de potasse, sont des sels propres au raisin et à
quelques autres fruits.
Matière colorante. C'est ce qui donne la cou-
leur auv vins , elle est d'abord bleue et devient
rouge par son contact avec les acides du vin ;
elle est de nature résineuse, se dissout à l'aide
de l'alcool.
Principe aromatique. C'est le bouquet propre
à chaque espèce de vin . les chimistes l'ont con-
sidéré comme un huile volatile, mais ils ne l'ont
point isolé jusqu'à présent.
jours, ap es la fermentation, une quantité
variable de sucre non décomposé, parce que
l'alcool, une fois formé e:< certaines propor-
tions , s'oppose à la fermentation. La quan-
tité de sucre non décomposée est d'autant
plus grande dans le vin, qu'il y en avait da-
vantage en dissolution dans le moût. Cepen-
dant , les raisins donnent en général un vin
d'autant plus alcoolique qu'ils sont plus su-
crés ; tels sont les raisins des pays méridio-
naux. Lorsqu'on veut que ces vins conser-
vent, après la fermentation, une proportion
assez considérable de matière sucrée pour
avoir, une saveur douce, souvent on fait éva-
porer une portion du moùl jusqu'à consis-
tance sirupeuse , et on la mêle avec l'tiutre
portion avant la fermentation : c'esl ainsi que
se font les vins de Malaga , de Rota et tous
les vins cuits.
Quelquefois , outre les divers matériaux
dont nous venons de faire mention , les vins
contiennent de l'acide carbonique qui les
rend mousseux; c'cs-t ce qui a lieu quand on
les met en bouteille avant que la fermenta-
tion soit achevée.
Les vins n'acquièrent qu'au bout de quel-
que temps toutes les qualités dont ils sont
susceptibles, et ils finissent ensuite par s'al-
térer; ii y en a, et ce sont les plus faibles,
qui , au bout de six mois , un an, ont toute
l'éjiergic qu'ils doivent avoir; mais il en est
d'autres qui continuent à se bonifier pendant
un grand nombre d'années : cette propriété
se remarque dans les vins qui soiit riches en
mucoso-sucré [l], ou en matière extraclive,
OM en tartre. En effet , le sucre qui a échappé
à la première fermentation en éprouve une
seconde, qui se fait lentement, et le con-
vertit peu à peu en alcool; à mesure que la
proportion de l'alcool augmente , le tartre ,
ou tartrale acidulé de potasse, n'étant pas so-
lublc dans ce liquide , se précipite, et, en se
précipitant , il entraine une partie de la ma-
tière colorante extraclive. Voilà pourquoi les
vins rouges , en vieillissant, deviennent moins
amers , moint acides et plus chauds : c'est
parce q-ue le tartre n'est pas soluble dans l'al-
cool , que les vins généreux en contiennent
très-peu : tels sont les vins d'Espagne, qui
ont l'avantage de se conserver très long-temps.
(1) Mucoso-sucré. C'est la matière muqueuse
unie au sucre. Celle matière muqueuse résulte
di's débris membraneux des cellules dans les-
quelles le jus de raisin se trouve enfermé et d'où
on rexlr.iit par l'écrasement. Klle joue le prin-
cii)al rôle dans la fermentation qu'elle déter-
mine, cl c'esl à SCS dépens connue aux dépens
du sucre , que l'alcool se trouve formé. C'est
peul-élre à l'excès du mucoso-sucré que certains
vins doivent défiler.
17
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL.
Z. Agpriculture. — II. Arts libéraux. — IH. Commerce.
Cncbe (fabrique d') : Encre de Chine.
M. Stanislas Jullien , professeur de lan-
gue chinoise au collège de France , vient
de traduire, d'une Encyclopédie chinoise
des arts et métiers, conservée à la biblio-
thèque royale , un article relatif à la fabri-
cation de l'encre de Chine dont on ignorait
jusqu'ici la composition , et qu'on cro-yait
être fabriquée avec la liqueur noire du poulpe
ou de la sèche. Toute espèce d'encre, dit
cette encyclopédie , se fait avec du noir de
fumée épaissi et moulé en forme de pains.
La dixième partie de l'encre fabriquée en
Chine se fart avec du noir de fumée d'huile
de tong ( Bigonia iomentosa) , d'huile pure
et de graisse de porc. Les neuf-dixièmes
de l'encre de Chine se font avec du noîr
de fumée de l'arbre song ( Pin Silvestre ,
Finiis silvestris ). Qu'on brûle de l'huile
pour en obtenir du noir de fumée , elle
donne par livre environ une once de noir
de fumée de première qualité. On la recueille
à mesure qu'elle se forme. Une personne
vive et adroite peut faire le service de 200
lampes. Si on recueille le noir avec trop de
lenteur, il se calcine et on perd à la fois
l'huile et le noir qu'on voulait en obtenir.
Voici comment se fait l'encre ordinaire avec
du noir de fumée de pin. On commence par
dépouiller le pin de toute sa résine , ensuite
on abat l'arbre. S'il restait la plus légère
partie de résine , l'encre faite avec le noir
de fumée de ce bois ne pourrait se dissou-
dre parfaitement dans l'eau et encrasserait
le pinceau. Lorsqu'on veut dépouiller un
pin de sa résine , on pratique un trou con-
cave au pied de l'arbre , et on y place une
lampe. Le bois s'échauffe peu-à-peu , et
bientôt tout le suc de l'arbre découle par la
saignée qu'on a faite. Les morceaux de pin
que l'on brûle pour en obtenir du noir de
fiimée doivent être minces et avoir environ
un pied de long. Le lieu destiné à recevoir
le noir de fumée est une longue cage en bam-
bous tressés ; elle a 100 pieds de long. On
la revêt à l'extérieur et à l'intérieur de pa-
pier collé. Ce travail terminé , on pratique
plusieurs cloisons percées de petits trous
pour donner passage à la fumée. On garnit
le sol de terre et de briques, et après avoir
achevé le conduit qui doit faire arriver la fu-
mée jusqu'à la dernière cloison , on brûle à
l'entrée des morceaux de pin pendant plu-
sieurs jours. Quand le feu est éteint, on en-
tre dans la cage pour recueillir le noir. Le
noir de fumée qui s'attache aux parois de
la première et de la seconde cloison , en
commençant par la fin , est le plus léger et
le plus délié : il sert à faire la meilleure en-
cre de noir de fumée de pin. Le noir de la
cloison du milieu est très-épais ; on l'em-
ploie à fabriquer de l'encre commune. Quant
à celui de la première et de la seconde cloi-
son , en partant de l'entrée, on en fait du
noir pour les imprimeurs. Pour juger de la
qualité de l'encre faite avec du noir de fu-
mée de pin , il suftit de la laisser tremper
dans l'eau pendant quelque temps ; elle est
médiocre si elle surnage , eVe est d'autant
meilleure qu'elle s'enfonce davantage dans
l'eau. Lorsque l'encre a été liée avec de la
colle animale , et qu'elle est suffisamment
sèche, on en casse un bâton avec un mar-
teau, et l'on juge de son degré de dureté ,
selon qu'elle se divise en plus ou moins de
morceaux. Il y a des personnes qui dorent
l'encre et y mêlent du musc ; mais cette ad-
dition , qui dépend de la volonté du fabri-
cant, n'ajoute rien à la qualité de l'encre.
Forges ( maîtres de ) : Be la production du
fer en France.
De toutes les industries, celle des fers oc-
cupe le premier rang ajuste titre; aussi
toutes les questions qui se rattachent à
cetie exploitation soulèvent-elles des intérêts
nombreux. Les uns, guidés par cette idée que
le commerce doit être libre entre tous les
peuples, voudraient queles fers nous arrivas-
sent des pays étrangers sans droit aucun ; les
autres , ceux qui ne jugent que par esprit de
localité , demandent le maintien d'un droit
protecteur qui, en définitive, tourne à leur
avantage. Ces deux questions résolues affir-
mativement d'une manière absolue auraient
de graves inconvcniens; quelques notions
générales sur l'exploitation de ce minerai
vont vous le prouver.
La consommation de la France est dans
les proportions suivantes
18
0 Fers ordinaires laminés qui sont spo-
cialemenl consacrés auxbâtimeiis, à la grosse
serrurerie, et fabriqués avec des fontes au
bois et à la houille 'et affinés à la houille.
45,000 tonnes n» i .
2o Fers laminés fins
et demi-fins pour la
serrurerie, la chau-
dronnerie, le charro-
nage, la corderie, les
tôles communes , la
clouterie r,M,000 id. n» 2.
50 Fers entièrement
fabriqués en bois, qui
se divisent en fers à
grains ou durs, à neuf
ou très-doux et très-
iTialléables, employés
dans l'agriculture, les
arsenaux de la marine
et de l'artillerie, dans
le carrossage, les acié-
ries, les Iréfileries ,
dans h fabrication des
tôles fines, ferblancs,
feuillards 60,000 id. n» 7,.
Total 140,000 tonnels,
auxquelles il faut
en ajouter 35 mille
pour fontes montées
en première et deu-
xième fusion.
Le prix de revient
de ces différentes pro-
ductions est, en Fran-
ce, de 65,550,000 fr.
Si l'approvisionne-
ment avait lieu à l'é-
tranger, ces mêmes
fers ne reviendraient
qu'à 50,550,000
Différence en fa-
veur de l'étranger. . . 1 5,000,000
A ne considérer que le chiffre , nul doute
qu'il serait avantageux à la France de re-
noncer à s'approvisionner de fers , puisqu'on
définitive il y aurait économie de ~>o p. 0[0
entre le prix d'achat et celui de revient.
Mais en admettant celte hypothèse , et
encore bien que nos approvisionnemens se
fissent simultanément en Kussic , en Suède,
et en Angleterre, il est certain que bientôt
l'élévation du prix des fers étrangers nous
placerait dans une position aussi défavora-
ble que celle actuelle, puisqu'alors ce serait
forcément que nous aurions recours ù l'in-
dustrie étrangère.
Sons ce point de vue déjà , il est facile de
voir que l'avantage serait précaire et d'une
complète éventualité.
Si, maintenant, on veut s'arrêter au détri-
ment que cette mesure porterait à l'industrie
française , indépendamment de la non pro-
duction des i4o milles tonnes de fer et de
fontes , on arrive à ce ré<?ultat :
Il y a en coupes réglées en France environ
5,600,000 hectares de bois à 450 f., ce qui
donne un totaUde 2,520,000,000 f. Si nos
forges étaient anéanties , il est certain que,
sur les forêts , il en résdlterait une moins
value d'un dixième, ce qui porte la perte
sur cet objet à. . . „ 252,000,000 f.
Les capitaux immoblisés en
achat de terrain, construc-
tions , machmes , voies de
communication, peuvent être
portés à 150 millions, qui, par
suite de la ruine des forges
et en cas de vente, se trouve-
raient réduits , ainsi que des
exemples analogues le prou-
vent, à environ i|G, soit 25
millions , ce qui élève la perte
sur ces capitaux à 125,000,000
Perte sur les capitaux enga-
gés en mobiliers , matières
premières, fers invendus... 23,000,000
Le capital composant la ri-
chesse industrielle de la Fran-
ce serait donc dimiimé de. . . 400,000,000
L'industrie des forges occupe environ
soixaiite mille familles ; on peut au minimuni
porter leurs dépenses annuelles , résultant
de leur emploi, à 600 fr. pour chacune, ce qui
fait 36 nn'llions qui sortent de la consom-
mation. S'il est permis d'espérer que ces
mêmes ouvriers trouveraient ailleurs à s'oc-
cuper, cependant on ne peut admettre qu'un
nombre aussi considérable de bras puissent
trouver immédiatement de l'ouvrage, et alors
il est facile de prévoir quolles seraient les
conséquences de cette initiative forcée, chez
des individus qui travaillent la veille pour
assurer leur existence du lendemain.
Il y aurait donc une perte pour les capi-
talistes, pour les ouvriers , pour tous les in-
térêts qui se rattachent à l'industrie des fers ,
si nos approvisionnemens avaient lieu à l'é-
tranger pour la consommatien annuelle delà
France.
Quand il dépend de l'ouvrier de mieux
faire ; quand il peut, avec de la persévérance
et de ra|)titu(ie, arriver à soutenir une con-
currence rivale et étrangère, il peut étr©
d'une bonne politique de le stimuler par la
Crainte de se voir surpasser par ses voisins ;
mais il n'en saurait cire de même des fers ;
il ne dépend pj>s eulièrement do l'ouvrier
français de luUcr avec l'ouvrier suédois ou
anglais; l'avantage qu'ont ces derniers r-ésulle
non du travail plus opiniâtre ou mieux com-
biné, mais uniquement des ressources na-
turelles que présente le pays. Ainsi, par
exemple, pense-t-onque l'Angleterre, sans
ses houillères presque inépuisables,, eût pu
tirer du sol tous les trésors métalliques qu'il
renferme ; une des causes principales qui ont
contribué aux succès des manufactures an-
glaises est l'abondance des matières premiè-
res. Que les mêmes avantages se trouvent
de ce coté du détroit , et nous n'aurons rien
à envier à nos voisins. L'état prospère de
l'industrie anglaise vient de ces inachines ;
s'il avait fallu que les Anglais importassent
lesmétauxavec lesquels elles sont fabriquées,
ils n'auraient pu acquérir cette supériorité
qu'on ne peut serapécher de leur reconnaî-
tre sur ce point.
Or, comme il est impossible, au moins
quanta présent, de compenser ces avantages,
on ne peut donc exiger que la production
française soit en rapport direct avec la pro-
duction anglaise. C'est dans la différence for-
cée qui existe dans les moyens de produire
que le gouvernement doit chercher une li-
mite , de manière à ce que , tout en tenant
compte de ce que le sol nous refuse , nous
soyons placés dans la même position que les
producteurs anglais.
Il en est de même pour les autres pays
d'oii nous tirons les fers.
Dans les contrées septentrionales de son
territoire , la Russie possède d'immenses fo-
rêts, qui ne peuvent être utilisées que par le
travail des métaux. Les forges russes ont
ainsi leurs combustibles sans concurrence et
au plus bas prix possible. Les mines de fer
situées près de leurs forêts, sont d'une pu-
reté et d'une richesse qui ne laissent rien à
désirer. Voilà des avantages dus à la nature,
et que nous ne possédons pas ; tous les ef-
forts de l'art ne pourraient jamais les con-
tre-balancer. Si l'on considère, en outre, les
avantages de main - d'œuvre que la ,Jlussie
retire de l'état de servitude où se trouve la
majeure partie de la population ouvrière ,
le peu de valeur des alimens de première
nécessité, on comprendra aisément pourquoi
les prix de revient sont incomparablement
plus bas dans ces contrées qu'en France.
La Suède possède à peu près les mêmes
avantages nativ «^Is que la Russie.
Toutefois, h libre concurrence des fers
russes et suédois , tout eu portaut un grand
19
préjudice à notre pays , n'animerait pas l'a-
nùanlissenient complet ni total des forges
françaises, parce que la production du fer
au bois ne peut dépasser certaines liuiites
en Suède et en Russie, et que l'clévalionde
prix, dans le cas de commandes considéra-
bles, permettrait à nos maîtres de forges de
soutenir la lutte ; mais il n'en serait pas de
même à l'égard de l'Angleterre, qui pour-
rait aujourd'hui fournir, à bas prix, des fers
laminés au monde entier. En 1789, elle pro-
duisait 70 mille tonnes de fonte; cette pro-
duction sest élevée à 24.';,0()0 tonnes en
180G; à 740,000 en 182G; elle passe 900,000
aujourd'hui. A mesure que la production sui-
vait cette progression ascendante, le prix
des produits marchait en sens inverse. Ainsi
la tonne qui coûtait 550 f. en 1788, ne coû-
tait plus que 5C5 f. en 1826; en 1832 elle
est tombée à 120 f.
En France, la production du fer en barres
aétéde 74,000 tonnes, en 1825 de 110,000,
en 1828 de 140,000.
Mais il est une considération puissante qui
donune la question. Nous sommes arrivés à
donner aux produits de nos forges une qua-
lité supérieure à ceux qui sortent des usi-
nes les mieux perfectionnées de l'Angleterre.
n faut s'en remettre au temps pour com-
penser par ce moyen les avantages que le
sol nous refuse.
Les frais de transport des combustibles et
des produits obtenus, entrent pour beaucoup
dans l'élévation du prix de revient. Tandis
que le maître de forge français ne peut pro-
duire (avec la fonte au bois) les fers laminés
qu'avec une dépense de 241 fr., le maître de
forge anglais les obtient pour 121 fr. Les
droits protecteurs ne sauraient faire dispa-
raître cette différence.
Or, l'établissement des chemins qui faci-
literaient les communications entre les bas-
sins houillcrs et les centres de consomma-
tion , amènerait bientôt une diminution dans
les frais, dont l'élé'vation est si préjudiciable
à l'industrie. Pourquoi alors ne demande-
rait-on pas à l'étranger une certaine quan-
tité de fers pour l'établissement de ces che-
mins , en limitant cette introduction selon
les besoins actuels? Pourquoi ne pas fixer
le droit d'entrée à la somme qui représente
la différence du prix de revient entre la
France et l'étranger, en tenant compte des
désavantages du sol qui existe chez nous?
On obtiendrait aussi facilement la parité re-
lative entre la France et l'Angleterre, en
encourageant la production de la fonte à la
houille, afm de proscrire en grande partie
les fontes au bois de la fabrication des fers la-
mines. Mais ce qui serait non moins impor-
tant , c'est un régime de douanes qui (ixât
pour une certaine durée le sort des indus-
tries. Les capitalistes craignent, avec raison,
d'engager des fonds dans une entreprise
dont la perte et le suecès dépendent d'une
ordonnance ministérielle ; il faut de la fixité
dans Fa loi pour donner de la sécurité, et
quand l'industrie peut redouter les oscilla-
tions des ministères , tout s'arrête ou dé-
périt. Le progrès veut de la sécurité, et
l'industrie des fers est celle qui en a le moins
et qui en réclame le plus.
Nous avons puisé une partie des faits ci-
dessus dans une brochure que M. Cabrol,
ancien élève de l'école polytechnique , a pu-
Dliée sur îe tarif à l'entrée en France des
fontes et des fers. Il est impossible de mieux
traiter une question que ne l'a fait M. Ca-
brol à l'égard des fers. Tout est clair, concis,
parfaitement bien établi, et prouve chez
l'auteur une portée de vue qui fait honneur
à son patriotisme et à ses connaissances pra-
liques.
HociLLEt FRANÇAISES : Zjtat de leur exploi-
tation.
Encore bien qu'il soit exploité des mines
de houille dans 52 départemens de la France,
cette industrie n'a cependant pris une cer-
taine activité que dans ceux de la Loire, du
Nord, de Saône-et-Loire et de l'Avcyron,
lesquels donnent environ les quatre-cinquiè-
mes de la production totale du pays. Au se-
cond rang, et suivant l'ordre de quantité de
houille extraite pendant l'année 1835, on doit
mettre le Gard, le Calvados, la Ilaute-Saùne,
la Haute-Loire, le Bas-Rhin, le Tarn, et la
Loire-Inférieure. Le nombre des mines de
houille s'élève à 210; la quantité extraite à
été, en 1855, de 15,741,500 quintaux métri-
ques valant, sur le carreau de la mine ,
15,009,741 francs, ce qui porte le terme
moyen à 96 centimes le quintal métrique ,
ou 71 centimes l'hectolitre. Le nombre des
ouvriers employés à cette exploitation est de
14,125. La totalité des machines employées
à cette industrie est de 190, qui représentent
une force de 4,165 chevaux.
Résultat du droit de 33 centimes par quin-
tal sur les houilles.
Le droit de 55 centimes par quintal mé-
trique, imposé aux houilles de la Belgique,
offre les résultats suivans dans les fabrica-
tions où ce combustible est employé en
France, comme force locomotive.
Pour une machine à coton , de la force de
30 chevaux, il faut par heure, iio kilog. de
charûon. La journée étant de 15 heures, en
en consomme donc 1 450 kilog. Celte machine
met en mouvement 18,000 broches qui pro-
duisent 1 200 livres de coton à 2 francs, chaîne
et trame le produit est donc de 2,400 f. Le droit
est de 4 f. 72 c. c'est-à-dire un centime pour
vingt aunes de calicot.
Dans une huilerie de la force de vingt che
vaux, on consomme 1500 kilog. de charbon
de terre, dont le droit est de 4 f. 95 c. Les
produits consistent en
58 hectolitres d'huile, à 77 f. 50 294S f.
5000 kilog. de tourteau, à H 550
Total 3495 f.
Le droit est de 1 f. 42 c. par mille francs de
valeur produite-
Dans une sucrerie où l'on consomme 65
quintaux métriques de houille, le produit est
de 15 mille kilogrammes de sucre blanc, ver-
geoise et mé'lasse, d'une valeur totale d'en-
viron 22,000 francs ; le droit pèse alors de
un franc par mille francs de production.
Marins : Télégraphie maritime.
Les difficultés qui ont jusqu'ici empêché
l'adoption d'une langue maritime univer-
selle, doivent être principalement attribuées,
d'afeord, à la diversité des systèmes de si-
gnaux en usage sur les bâtimens de toutes
les nations, puis à la dispendieuse compli-
cation des systèmes généraux qui ont été
proposés. Un autre obstacle qui s'est oppose
à l'adoption d'un système de signaux uni-
versels, c'est que les auteurs de ceux qui ont
été jusqu'ici proposés, ont négligé de les pu-
blier en plusieurs langues. Cependant, on
sait que la plupart des marins du midi de
l'Europe ne possèdent que rarement d'au-
tres langues que la leur. S'il arrive qu'on
en rencontre quelques-uns qui parlent l'an-
glais, par exemple, comme c'est assez com-
mun parmi les marins du Nord, leur pronon-
ciation est si défectueuse, qu'on a de la
peine aies comprendre quand ils hèlent, il
en doit résulter de graves erreurs; il y a peu
de marins qui n'aient eu l'occasion de s'en
convaincre.
M. Lovin-Ivergen Rohde , capitaine de
vaisseau au service du roi de Danemarck,
etc., vient depublior un système de signaux
de jour et de nuit, à l'aide des moyens les
plus si;T»ples qui se trouvent ordinairement
à bord de chaque bâtiment, et qui nous pa-
raît réunir toutes les conditions d'ua succès
complet.
Ces signes consistent dans les moyens sui-
vans:
io Le pavillon national; 2» un autre pa-
vilIon, n'importe lequel, soit de Beaupré,
soit de quariiutaine ; ô» un guidon (cor-
nette), ou une bande d'étoffe, d'une couleur
quelconque, pourvu qu'elle ait la forme d'un
guidon et non celle d'un pavillon ordinaire;
40 deux pavillons blancs ou une paire de
draps de lit, ou deux nappes , ou enlin, à dé-
faut de tout cela, deux chemises blanches.
Pour siujplilier ce système, M. Kohde
s'est appliqué à exprimer, par divers signaux,
des phrases et non des syllabes et des mots.
Or, le signe représentatif de la phrase étant
le même pour tous, il en résulte qu'il suffit
d'avoir, en chaque langue, l'explication de
chaque signe pour correspondre avec n'ira-
porte quelle nation.
Déjà l'ouvrage existe en français et en
danois; il s'imprime en anglais, et paraîtra
sous peu en hollandais et en espagnol. Les
traductions sont faites par MM. ConstantVll
soët, traducteur de la légation de France en
Danemarck, et Meldona, interprète-traduc-
teur assermenté pour les langues d'Europe.
Il nous est impossible d'indiquer ici les
combinaisons à l'aide desquelles les marins
de toutes les nations pourront désormais
communiquer entre eux; il nous suffira de
dire que M. Rohde a reçu les encourage-
mens les plus flatteurs de M. le ministre du
commerce et de M. l'amiral Duperré, qui ont
souscrit l'un et l'autre à un nombre d'exem-
plaires pour le service de leur département
respectif.
liSÉoEciNS : INouveau caustique.
Un orfèvre portait un bouton cancéreux à
la joue ; comme il était occupé à opérer une
dissolution d'or dans l'eau régale, il toucha
plusieurs fois de ses doigts, imprégnés de
ce caustique, le mal de nature suspecte, qui,
à dater de ce moment, prit un meilleur as-
pect et se guérit. M. Récamier, soupçon-
nant la cause de cette modification insolite,
essaya les applications de chlorure d'or chez
une femme affectée d'un carciHome utérin,
et la partie frappée de dégénérescence re-
vint bientôt à l état sain. Deux ou trois au-
tres malades sont actuellement en traitement,
à l'Hôtel-Dieu à Paris, dans le service de M.
Récamier, qui pense obtenir un plein suc-
cès. L'application de ce nouveau caustique a
lieu avec toutes les précautions connues
pour l'emploi de ce genre de topiques ; sa
préparation se fait, en combinant l'acide ni-
tro-chlorique avec le chlorure d'or, dans les
prouortions d'une once d'acide sur 9 grains
de wHlorure d'ordienpur.
lîi^ociANS : Productioo des cotons.
La production générale des colons est
évaluée à 27,0 millions de kilogrammes, sa-
voir; aux Etats-Unis d'Amérique, 175 mil-
lions; dans l'fnde, ôO nn'llioiis ; au Rrésil,
12 millions; dans les colonies de Bourbon,
Cayenne et autres, ô millions ; en Egypte
et dans le Levant, 10 millions. — La con-
sommation se partage ainsi : en Angleterre,
l.'iO millions; en France, 40; aux Etals-
Unis, 18 ; en Chine, 1.% millions, c'est-à-dire
la moitié de la récolte de l'Inde ; en Saxe,
en Suisse, en Prusse et en Belgique, 17;
t-atal, 240 millions. La consommation de 10
millions de kilogrammes qui dépasse la pro-
duction, explique la diminution annuelle des
approvisionnemcns , et conséquemment !a
hausse des prix.
Opium.
M. ïexier a transmis de Consfantinople à
Paris des détails sur la culture de l'opium
dans le pachalik de Kara-Hissor (Asie Mi-
neure). On commence à travailler la terre
en décembre à l'aide d'un hoyau, et quelque-
fois avec la chirrue. Les sillons ont une lar-
geur suffisante pour que l'on puisse circuler
dans le champ sans toucher les liges de pa-
vots. Le champ offre l'aspect de plates-ban-
des larges de i™ 20 et séparées par un petit
sentier; la graine de pavot est semée comme
le grain, mais beaucoup plus clair. Une
coque de graine est suffisante pour ense-
mencer 1,600™ carrés; peu de jours après
que la graine est tombée, des hommes et
des fejiin>es fendent horizontalement la tête
de pavot, en ayant soin que la coupure ne
pénètre pas à l'intérieur de la coque. Aussi-
tôt une substance blanche s'écoule par gout-
telettes, et, le lendemain, avec de larges
couteaux peu Iranchans, on va recueillir
l'opium autour de la tôle des pavots. Ainsi
récolté, l'opium, sous forme d'une gelée
gluante et glanuleuse, est déposé dans de
petits vases de terre dans lesqaels on le pile
en crachant dessus. Il est ensuite enveloppé
dans des feuilles sèches et livré au commer-
ce. M. Texier pense que cette culture pour-
rait être introduite dans le midi de la France.
Thé.
L'arbre, ou plutôt l'arbrisseau, dont les
feuilles produisent cette boisson agréable
que l'on nomme thé, croît en Chine et au
Japon. Il est toujours vert comme le myrte,
avec lequel il a, au premier aspect, quelques
points de ressemblance, cl il s'élève de trois
à six pieds de hauteur. Il s'accommode des
températures les plus diverses, puisqu'on le
cultive également dans les environs de Cau-
ton, où les chaleurs sont quelqucfoi? telles
que les naturels même peuvent à peine les
supporter, et autour des murs de Pékin, où
l'hiver est quelquefois oussi rude que dans le
nord de l'Europe. Les meilleures espèces
cependant se trouvent dans les climats tem-
pérés; c'est dans la province de Nankin que
se récoltent les thés les plus fins, et la plus
grande partie de ceux que l'on vend au
marché de Canton, aux négocians d'Europe,
pro\-ient do la province de Fokien, située
sur la côte de la mer au nord-est de Canton.
Cet arbrisseau se plaît dans les vallées, ou
surleflnnc des montagnes exposées au so-
leil, et surtout sur les bords des rivières ou
des ruisseaux.
Giova-nni Botero est le premier écrivain
d'Europe qui ait fait mention du thé. Ce sa-
vant Italien publia, on 1590, un ouvrage sur
la grandeur et la richesse des villes. Il ne
désigne pas le thé par son nom, mais il le
décrit de telle sorte qu'il est impossible de
ne pas le reconnaître. « Les Chinois, dit-il,
possèdent une plante dont ils extraient un
jus d'une saveur fort agréable, et qui leur
sert de boisson au lieu de vin ; elle conser-
ve aussi leur santé, et les met à l'abri de
tous les maux qu'entraîne chez nous l'usage
immodéré du vin. »
Cette plante se sème, et on creuse à cet
effet dans la terre des trous parfaitement
alignés et placés à des dislances égales; on
dépose dans chaque trou six et même douze
graines, parce qu'il n'en lève en général
que la cinquième partie. Jusqu'à ce que la
plante soit sortie de terre, on l'arrose avec
soin, et quoiqu'alors elle pût se passer de
toute autre culture, les propriétaires les
plus industrieux fument la terre tous les
ans, et arrachent les mauvaises herbes à
mesure qu'elles paraissent.
On a dit, entre autres contes, que quel-
ques-unes de-3 espèces de thés les plus re-
cherchées croissaient sur le penchant de
montagnes entrecoupées de précipices et
entourées de rochers, en sorte que l'honnne
ne pouvait les récolter sans courir risque
de la vie, cl que les Chinois, pour ne pas
perdre cette riche moisson, lançaient des
pierres à des singes qui habitaient ces re-
traites inaccessibles, alin de les engager à
jeter en retour aux assaillans des branches
couvertes des feuilles précieuses. Ce conte
se réfute de lui-même: le thé, qui vaut la
peine d'être recueilli, est une plante culti-
vée et non une plante sauvage, et là où
l'homme ne pourrait approcher pour faire
la récolte, il ne pourrait certainement ni
semer, ni arroser, ni fuaier la terre.
Cet arbrisseau ne rapporte qu'au bout de
trois ans; les feuilles, à celte époque, sont
d'une délicatesse extrême et très abondan-
tes. Il s'élève ordinairement, à sept ans, à
la hauteur de cinq pieds, et ses feuilles de-
viennent rares et dures. On le coupe alors
jusqu'au tronc, qui, l'été suivant, poussent
de nouveaux jets, et produit une ample
moisson de feuilles. On diffère cependant
quelquefois celle opération jusqu'à la dixiè-
me année.
La récolte du thé exige la plus grande
propreté et beaucoup de soin. Chaque
feuille est détachée séparément de la bran-
che ; on veille <ivec une attention sévère à
ce que les mains de celui qui les cueille ne
soient pas salies par la moindre souillure,
et lorsqu'il récolte les plus belles espèces,
il ose à peine respirer sur la plante. A
Udsi, dans l'ile du Japon, s'élève une mon-
tagne dont T'cxposition favorise particuliè-
rement la venue du thé. Tout ce que la
terre en produit dans cet endroit est mis en
réserve, et l'empereur seul peut en dispo-
ser. Un fossé large et profond, creusé au-
tour de la colline, la rend inaccessible ; les
gardiens des trésors qui la couvrent peu-
vent sauls en approcher. Tous les arbris-
seaux sont soigneusement épousselés et
mis à l'abri des intempéries de la saison.
Les ouvriers sont obligés de s'abstenir de
toute nourriture grossière quelques semai-
nes avant de cueillir les feuilles, de peur de
nuire à leur parlum ; ils portent des gans
d'une étoffe très-One, et se baignent deux
ou trois fois par jour pendant tout le temps
que dure la récolte.
Quelque minutieux que soit le travail, le
cultivateur peut recueillir quatre, dix, ou
même quinze livres de thé par jour. Trois
ou quatre récoltes ont lieu pendant la sai-
son, savoir, à la fin de février ou au com-
mencement de mars, en avril ou mai, vers
le milieu de juin, et au mois d'août. C'est
de la première récolte, qui se compose de
feuilles nouvelles et très-tendres, que pro-
viennent les thés les plus estimés, tels que
le thé vert, qu'on nomme poudre à canon,
et le thé noir ou thé Pékao. Le produit de
cette première récolte se nomme en Chine
thé impérial. C'est probablement parce
qu'on le réserve, à cause de sa qualité su-
périeure, ou d'après une disposition de la
loi, pour la consommation de l'empereur cl
de sa cour. La seconde récolte fournit les
thés verts que nous nommons heysvcn et
■impérial, cl les thés noirs souchong et con-
gou. Les feuilles légères qui se séparent , er^
vananl, du thé haysven, forment un thé dé-
signé sous le nom iVheysven'Shine, dont
les Américains font grand usage. La qua-
trième récolte produit les thés communs ,
tels le thé bohca ou Ihé-bout, que l'on mé-
lange avec les thés de qualité inférieure et
avec celui qui ne s'est pas vendu l'année
précédente.
La terre est tellement divisée en Chine
que les plantations ne peuvent pas être
rî'une grande étendue. Aussi le propriétai-
re, aidé de sa famille, suffit-il à leur cul-
ture. Le produit de chaque recolle est im-
médiatement porté au marché, et vendu aux
personnes qui se chargent de recueillir les
feuilles et de les faire sécher.
Cette dernière opération, qui doit avoir
lieu aussitôt que possible après la récolte,
diffère selon la qualité du thé. Quelques-
uns sont seulement exposés sous un hangar,
aux rayons du soleil, et fréquemment retour-
nés. Le procédé que nous allons décrire ne
s'applique guère qu'aux thés verts.
Un séchoir renferme de cinq à vingt pe-
tits fourneaux sur chacun desquels on place
(les plaques de fer poli. Lorsque les plaques
sontchauffées à une température convenable,
on jette dessus les feuilles nouvellement
cueillies ; elles pétillent à mesure qu'elles
sentent la chaleur, et il faut avoir grand
soin de les remuer avec la main aussi rapi-
dement que possible, jusqu'à ce qu'on ne
puisse plus les toucher sans se brûler. Alors
on les retire avec une espèce de pelle qui a
la forme d'un van, et on les verse sur des
nattes dont les tables longues et basses sont
recouvertes. Ensuite on les prend par pe-
tites quantités à la fois , et on les roule
avec la paume de la main , toujours dans la
même direction. Pendant ce temps, d'autres
ouvriers les rafraîchissent avec des évantails,
afin de les refroidir plus vite etdeleur faire
conserver plus long-temps le pli qu'on leur
a donné. On répète trois ou quatre fois cette
opération, et même davantage si cela est
nécessaire, en diminuant la chaleur des
plaques par degrés, jusqu'à ce que toute
l'humidité soit évaporée. Le feuilles sont
alors partagées en différentes classes , et li-
vrées au commerce. On a supposé dans un
temps que l'on faisait sécher les thés verts
sur des plaques en cuivre , et que c'était
' à ce procédé qu'ils étaient redevables de
cette belle couleur qui les distingue. On a
conclu qu'il était dangereux pour la santé
d'en faire usage. Mais celle opinion n'est
point fondée ; des expériences réitérées ont
constaté qu'il ne se trouvait pas la moindre
parcelle de cuivre dans l'infusion,
î,u!i'iue !c îhé a subi taules ces opéra-
is
lions, on le livre aux marchands , qui ,
après avoir trié et séparé les diverses qua-
lités, le font sécher encore une fois, et le
renferment dans des boîtes.
L'usage du thé, en Chine, remontent à la
plus haute antiquité ; depuis l'empereur
jusqu'au dernier paysan , tout le monde en
prend ; la qualité seule varie. Il parait que
celui que consomme le bas peuple est non-
seulement d'une espèce inférieure, mais
qu'il est encore très-faible, puisque les
Chinois, qui étaient attachés au service de
lord Makatney, pendant son ambassade, de-
mandaient comme une faveur qu'on leur
donnât les feuilles qui avaient déjà servi,
parce qu'en les faisant infuser de nouveau,
ils se procuraient une boisson préférable
à celle qu'ils prenaient habituellcmeut.
Tous les Chinois prenent le thé au moins
trois fois par jour, mais ceux à qui leur
fortune le permet en boivent beaucoup plus
souvent. On le fait, comme chez nous , en
versant de l'eau bouillante sur les feuilles
desséchées ; mais les Chinois n'y mettent
ni lait ni sucre
Au Japon , où le thé est une boisson
commune à presque toutes les classes , on
le réduit en une poudre très-fine ; on en
prend une petite quantité sur la pointe d'un
couteau, et on la jette dans la lasse rem-
plie d'eau bouHIante.
Les Hollandais, dit-on, apportèrent du
thé en Europe vers le commencement du
dix-septième siècle, mais rien ne prouve
qu'il ait été connu en Angleterre avant l'an-
née 1650. En 1664, 2 livres 2 onces de thé
étaïcnt regardées par la compagnie des
Indes-Orientales comme un présent qui n'é-
tait pas indigne d'être offert au roi ( Charles
II), et, en 1667, celte compagnie ordonna à
ses agens de lui en acheter cent livres du
meilleur que l'on pourrait se procurer. Le
prix de celui que quelques gentilshommes
de la cour de Charles II apportèrent , vers
cette époque, de Hollande, s'élevait, dit-on,
à 60 schellings la livre (72 fr.).
î-o commerce du thé fit peu de progrès
en Angleterre pendant les premières années
du dix-huitième siècle; car de 1700 à 1710,
la quantité que l'on importa fut au-dessous
de 800,000 livres. C'était encore un objet
de luxe dont les riches seuls pouvait jouir.
On le faisait infuser dans de petites théières
de porcelaine précieuse qui ne contenaient
pas plus d'une demi - chopine, et on le ser-
vait dans des tasses dont la capacité ne s'é-
levait pas au-delà d'une cuillerée à bouche.
C'est probablement à celle époque qu'il
faut (me remooter l'anctdocte relative à
2»
cMrle fl.ime qui , ayant reçu en cadeau
une petite quantité de thé, et ignorant en-
tièrement l'usage qu'elle en devait faire , le
prit pour un légume étranger, le fit bouillir
pour l'attendrir , et quand elle crut l'avoir
laissé assez long-temps sur le feu , elle jeta
l'eau, et essaya ensuite de manger les
feuilles.
Nous terminerons cet article en ajoutant
que, de l'io à 1810, les thés importés en
Angleterre se sont élevés à 7.';o millions de
livres, dont plus de 630 millions ont été
consommées dans l'intérieur du royaume.
De 1810 à 1828, l'importation s'éleva au-
delà de 427 millions de livres , ce qui fait
à peu près de 23 à -2i millions par ar» ; et
cri 4831 , la quantité importée a été de
26,043,223 livres.
Propriétaires rdbacx : Culture de l'osîcr.
Voici la meilleure manière de former el
d'entretenir une oseraie.
Choisir un terrain humide qui ne soit ar-
rosé que temporairement ou à volonté; le sé-
jour constant des eaux nuirait à la vègéla-
tion du plant.
Le labourer el le fumer pour faire une
première récolte de navels (lurneps, rulaba-
ge, pois vesce ou avoine).
Labourer après celle récolte, planter des
plançons pris dans les branches assez gros-
ses pour faire des civclels de dix-huit pouces
de long, laisser six pouces hors de terre,
couper l'extrémité en biseau , placer le bi
seau en regard du sol pour empêcher la
pluie de le faire pourrir, incliner les pinn-
çons en les plantant, et laisser entre chacun
seize pouces d'inlervalle.
Sarcler â la houe celle plantation, à l'été
et à l'automne.
On peul, après quelques années, rendre à
la plantation une nouvelle vigueur, en la ra-
battant au niveau du terrain.
L'osier d'unrouge brun parait le plus pro-
ductif.
Débarrasser annuellement les liges de bois
mort, ne leur laisser qu'autant de branches
qu'elles en peuvent couvrir : - ) ■■■■'■ \es
chicots forts, extirper les plus faibles; ne
laisser que deux œils sur ceux que l'on con-
serve : telles sont les précautions à prendre.
Quand un pied péril, le remplacer par
un plançon de deux pieds six pouces de long,
el laiser dix-huit pouces au-dessus du sol.
On tond les osiers chaque aimée quand la
feuille est tombée, et on distribue les brins
en trois las differens, suivant leur grandeur
et leur grosseur. Sur le premier, on place
les brius les plus longs et les plus gros; iiâ
servent à lier les cercles. Ceux de dix à
douze décimètres de long composent le se
cond tas, ils servent à lier de gros treillages
et autres ouvrages; on les estime d'avanta-
ge, alors qu'ils sont plus minces. On fait
trois las de petits brins qui n'ont pas un mè-
tre de long, et l'on met les autres au rebut.
Les osiers étant triés et épluchés, on les
lie par poignées pour ne pas les mêler, et
on les divise avec le fendoir en deux, trois
ou quatre parties, selon la force du brin que
l'on soumet à cette opération, que selon l'ex-
pression d'Olivier de Serre, pour l'espar-
gne l'un fait les jours pluvieua;, le soir,
et autres heures perdues.
L'osier se vend par boites ou meules qui
sont des paquets de douze décimètres de long,
contenant trois cents brins quand il estfendu.
Il est très-cher, parce qu'onencullive peu.
Les vignerons se servent des osiers pour
attacher la vigne ; les jardiniers pour palis-
ser les arbres et faire des berceaux; les ton-
neliers pour lier les cercles, et enfin les van-
niers emploient les plus fins pour faire des
paniers.
La culture de l'osier est surtout lucrative
dans les vallées où il existe des manufactures.
Les enfans des cultivateurs pourraient être
employés utilement à peler et dresser l'osier.
Urbains : Propriétaires. — Coutravention
punissable.
L'autorité municipale ayant le droit de défen-
dre de rien placer dans la façade des maison.s
sans autorisation, il y a conlravenlion punissa-
ble à un arrélé qui porte celle défense, de la
part de celui qui ("ail placer une enseigne dans
la l'inade de sa maison sans observer les condi-
lioiis seus lesquelles l'aulorisalion lui en a été
donnée, tout aussi bien qu'il avait fait placer
l'enseigne sans autorisation.
(.Cour de cass. du 19 juin 1836.)
TciNTuniERS : Nouvelle teinture jaune.
M. Jella (G.), de Crosse-Mosso (Piémont),
indique le procédé suivant pour la teinture
en jaune de la laine : Pour 8 parties de
laine, prenez 8 parties de la plante nommée
Jlhus radicans, L., préalablement cuite,
i partie d'alun, 1(6 crème de tartre, l dis-
solution d'acide hydrochlorique. La laine
ayant cuit 3|i d'heure, on aura un jaune
doré magnifique. D'après differens essais ,
M. Jella a remarqué, avec surprise, qu'en
traitant le Jlhus radicans séché par le mê-
me procédé, on obtenait un jaune paille ti-
rant sur le noisette ; ainsi on voit que
dans le i®'' cas il faut l'employer aussitôt
après la récolte. La dissolution d'acide hy-
drochlorique charge sa couleur et la dore ;
la crème de tartre l'éclaircit. Celle couleur
résisle au savon et au soleil, amssi bien que
les autres jaunes solides ; elle acquiert plus
de solidité, si on laisse la laine 12 heures
dans le boia après qu'elle a cuit.
2S
REPERTOIRE MENSUEL
os LA CONTKRSATION ET DE LA LECTURE-
A.
En ce moment où l'attention est portée de
nouveau d'une manière toute particulière
sur nos possessions dans le nord de l'Afri-
que, voici quelques documens qui prouvent
combieii la conservation de cette conquête
doit devenir importante pour la France . C'est
le relevé des perceptions des douanes pen-
dairtles dix années de 1825 à 1834 inclusi-
vement. Nous avons mis en regard les pro-
duits dans la Méditerranée et dans l'Océan,
afin de démontrer, par le rapprochement, que
l'augmentation des revenus, qui est à l'avan-
(age de la première, provient de notre éta-
blissement sur les côtes africaines , et non
d'un accroissement général dans les affaires;
car, dans ce cas, le résultat aurait été propor-
tionnellement le même sur l'une et l'autre de
ces mers.
Dans l'Océau.
Dans la Méditerranée
1825 .
.. 49,60-7,305 f.
.. 20,713,345 f.
1826 .
.. 58,902,912 .
. . 22,623,734
1827 .
.. 53,525,754 .
. .. 21,967,679
1828 .
. . 60,156,593 .
.. 25,824,370
1829 .
. . 60,662,248 .
. . 22,093,789
1830 .
.. 56,944,249 .
.. 24,103,791
1831 .
. . 55,419,151 .
.. 24,076,359
1832 .
. . 58,137,370 .
.. 29,730,043
1833 .
. . 55,493,842 .
.. 28,590,088
1834 .
.. 50,312,250 .,
.. 28,267,589
Comme on le voit, la moyenne du produit
des douanes pendant les cinq années qui ont
précédé celle de l'expédition d'Alger, à été
de 56,548,902 f 22,644,987 f.
Elle a été de 54,614,487 28,862,570
dans les années 1832, 1833, 1834, période
pendant laquelle on a commencé à pfrofiter
de l'occupation.
Ilenrésultedoncque, dans l'Océan, les pro-
duits de douanes ont éprouvé annuellement
une diminution de 1,954,415 f. tandis que,
dans la Méditerranée, ils offrent une augmen.
tationde 6,217,395 f. Cet accroissement com-
pense d'autant les charges de l'occupation ,
et, en outre, présente un mouvement de
soixante cinq raillions de marchandises, dont
la plus forte partie est produite par 1 uidus-
A BUÉES FBANÇAISBS
Le nombre des remplaçans admis par les
conseils de révision, a été, de 1824 à 1833
inclusiv., de 122,984. Le terme moyen, par
classe, de 1824 à 1829, a été de 11,346 sur
un contingent de 60,000 hommes, et de
15,726 également par classe, sur un contin-
gent de 80 mille hommes, de 1850 à 1833.
Durant les 15 années écoulées de 1820 à
1834 inclusivement, 121,509 engagemens vo-
lontaires ont été contractés, ce qui donne
une moyenne annuelle de 8,100. Mais, en
1850, il y en a eu 11,409; en 1831, le nom-
bre s'est élevé à 50,309, ce qu'il faut sans dou-
te attribuer à l'occupation d'Afrique et aux
appréhensions de guerre que les journées
de juillet avaient fait naître. Le chiffre le
plus bas est celui de l'année 1824; il ne
s'est élevé qu'à 2084 ; l'année précédente ,
il avait été de 12,984.
Le nombre des réengagemens contractés
en 1852, 1853 et 1854, a été de 9,147, dont
6,808 par des sous-officiers, et 2,559 par
des caporaux et soldats.
Sur cent individus présens sous les ar-
mes, on compte 17 engagés volontaires, 2
réengagés, 23 remplaçans et 58 appelés
pour leur compte.
Le nombre d'insoumis restant à recher-
cher au i*"" janvier 1855, sur les classes de
1821 à 1852 inclusiv., était de 10,557.
Sur 859, 260 jeunes gens inscrits sur les
tableaux de recensement des classes de
1851, 32 et 53, on en compte 57,700 sa-
chant lire seulement ; 386,549 sachant lire
et écrire, 406,116 ne sachant ni lire ni
écrire. Parmi les 282,985 conscrits appelés
à concourir au tirage en 1829, il s'en trou-
vait 125,522 seulement sachant lire et écrire ;
d'où il résulte que l'instruction primaire
est en progressive croissante, puisque, d'a-
près la dernière proportion, on ne devrait
trouver que 372,610 individus ayant reçu
un commencement d'instruction pour les
trois classes ci-dessus, tandis que le nombre
est de 424,249.
En 1831, 27,060 soldats ont suivi les cours
des écoles régiraentaires ; en 1832, le nom-
bre s'est éleyé à ôO^lTO, et à 52,450 en
36
1833. Sur ces 89,9?i0 soKiats qui ont reçu
les bienfaits de l'inslruction, il s'en est
trouvé 22,740 d'assez instruits pour passer
à l'école des sous-officiers.
B. BAIfQUE DE FRANCE.
Pour compléter les documcns que nous
avons publiés sur la Banque de France (1834.
p. 27), nous donnons aujourd'hui le chiffre
de ses opératious depuis l'époque de son ori-
gine, en l'an VIII, jusqu'au 31 décembre 1834
inclusivement. Durant le cours de cette pé-
riode , la banque a escompté des effets de
commerce pour une valeur de 14 milliards,
610 millions, 910,100 francs, dont les bénéfi-
. ces d'escompte ont été de 117,4G6,100 f. Le
taux moyen annuel des billets escomptés est
par conséquent, de 417,454,574 f. et celuides
bénéfices 'sur cette seule opération, a été de
3,070,460 f. Les sommes passées à profit et
pertes éventuelles de portefeuille, ne se sont
pas élevées à deux millions, soit 1,975,000 f.
depuis l'origine du compte d'effets en souf-
,' france, en l'an XI, c'est-à-dire pendant une
> période de 52 ans.
f Sur 1 milliard , 209 millions , 900 mille
\ francs de billets émis par la Banque , il en a
été retiré et annulé pour 956 millions. Il en
reste donc en circulation pour 252,900,00§ f.
t Le montant total des billets faux rembour-
sés par la Banque de France, et souvent en
connaissance de cause, pour suivre à la trace
les faussaires, ne s'est élevé qu'à 80,000 fr.
Depuis 1831, elle est parvenue à produire
des billets qui déjouent toutes les tentatives
d'imila talion.
C. CANAUX.
Depuis l'origine des travaux jusqu'au ler
janvier 1855, les dépenses faites pour les
canaux actuellement en voie de construc-
tion, s'élèvent à 241,975,527 francs qui se
répartissent de la manière suivante •
Canal du Rhône au Rhin. . 26,685,059 fr.
■>:. — de la Somme 10,767,839
' — des Ardennes 15,407,242
— de Bourgogne 49,050,898
— de Nantes à Brest.. . 40,597,055
— d'Ille-el-Ronce 13,560,700
— du Blavel 4,851,306
— d'Aires à Bouc... 11,000,056
— du Nivernais 25,005,279
— du Berry 16,856,746
— latéral à la Loire.. 22,155,277
Navigation de l'Isle 4,256,642
— de l'Oise 4,819,717
La loi du 27 juin 1853 a ouvert un dcr-
Vier crédit de 4't millions, sur lesquels il
était dépense, au 31 décembre 1854, la som-
me de 15,998,772 francs.
Le système de navigation ci-dessus pré-
sente un développement de 2,467,000 mè-
tres, ou 617 lieues, sur lesquelles cinq cents
étaient livrées à la navigation au l" janvier
1835.
Parmi ces canaux, il en est dont la cons-
truction remonte à plus d'un demi-siècle ;
tel est celui de Bourgogne. Les 28 millions
qui restaient disponibles à cette même épo-
que ne sauraient suffire à la dépense qui
reste à faire, et on a calculé qu'il en fau-
drait encore au moins 40, attendu que les
anciennes constructions, non encore termi-
nées, tombent en ruines et demandent des
frais d'entretien considérables. ]1 en résul-
tera que, terme moyen, chaque lieue de
cours aura coûté un demi-million, sans te-
nir compte de l'intérêt du capital engagé, et
au double si on porte en dépense, comme
cela doit être, les intérêts composés; car
les plus récens canaux remontent à 1820.
H. HOPITAUX ET HOSPICES DE FRANCE.
On compte en France 1 ,329 hôpitaux et hos-
pices. En 1833, leurs recettes se sont élevées
à 51,222,065 f . , leur dépense à 48,842,063 f.
Ces établissemens ont un revenu propre de
18 millions 600,000 f. Les subventions et
allocations sont de 18 millions 900,000 f. Les
autres recettes se composent de legs et de dons,
du produit du travail des indigens qui y sont
admis, et des recettes diverses et imprévues
dont le chiffre, pour 1835 , s'est élevé à plus
de 12 millions. Il existe dans tout le royaume
6,275 bureaux de bienfaisance, qui ont un
revenu propre de 6,250,158 f.
J.
JUSTICE CRIMINELLE.
Les cours d'assises ont statué conlradic-
loiremcnt, en 1855, sur 5,504 accusations ,
dont 115 pour crimes politiques, et 4,891
pour crimes ordinaires. Sur ce dernier nom-
bre, 1414 avaient pour objet les personnes
et 5, 477 les propriétés. Le total des accusés
a été de 6964 qui se repartissent ainsi d'a-
près leur âge : 98 étaient âgés de moins de
16 ans; 2,170 de 16 à 25 ans ; 2505 de 25 à
55; 2591 au-dessus de 55 ans dont 48 sep-
tuagénaires et 6 octogénaires.
Sur les 696 i accusés de crimes dont les
cours d'assises connaissent habituellement ,
2,859 ont été acquittés, et 4,105 condamnés
aux peines suivantes : 42 à mort ; dont 50
ont subi leur arrêt; 127 aux travaux forcés
perpétuels ; 774 aux travaux forcés à temps:
l'Hi il la réclusion; 'i, ioi à des pciues cor-
rectionnelles ; 2S enfans âgés de moins de
•16 ans, et détenus par voie de correc-
tion.
Les jurés ont déclaré l'existence de cir-
constances atténuantes en laveur de 1,185
condamnés.
Le nombre total des affaires soumises à
la juridiction correctionnelle s'est élevé,
dans la même année, à 104,0.^0, dans les-
quelles 200,814 individus étaient impliqués;
20,722 ont été acquittés , 177,092 condam-
nés, dontô2,22G à l'emprisonnement, 144,753
à l'amende seulement, 77 à la surveillance,
TiSS à être détenus par voie de correc-
tion.
Sur le total des individus jugés en 1835,
il s'en trouvait en élatde récidive 8,450:1,318
étaient accusés de crimes , 7,312 prévenus
de délits correctionnels.
Les tribunaux de simple police ont jugé
1 13,291 procès où figuraient 150,158 indi-
vidus. Il y a eu déclaration d'incompétence
à l'égard de 1,096; 24,830 ont été acquittés;
5149 condamnés à l'emprisonnement , et
1 19,082 à l'amende seule .
Sur les 1,637 individus qui, par la nature
de leur condamnation , avaient encouru
l'exposition , 40 en ont été dispensés en rai-
son de leur âge et 653 par les arrêts rendus
contre eux. Cette peine accessoire a reçu
son exécution à l'égard de 944 condam-
nés.
Le nombre des individus détenus renvoyés
des poursuites par les chambres du con-
seil ou d'accusation , a été de 10,819 ; celui
des individus acquittés par les tribunaux
correctionnels, acquittés ou absous par les
cours d'assises , s'est élevé à 6,584. Dans
ce chiffre total de 17,203 prévenus ou accu
ses, 10,902 avaient été détenus moins d'un
mois, et 6,301 au-delà de ce terme.
Sur les 351 individus accusés de crimes
politiques en 1833, 18 appartenant à la ca-
tégorie de Marseille, 48 à celle de Paris,
285 avaient participé aux attentats de
l'Ouest. Il y a eu 234acquittemens, 117 con-
damnations aux peines suivantes ; à mort 8
(4 ont été exécutés ; lejury les avaitdéclarés
coupables, non-seulement d'attentat à la sû-
reté de l'état qui formainet le principal
chef d'accusation, mais, en outre, d'assassi-
nat accompagné ou suivi d'autres crimes) ;
aux travaux forcés à perpétuité , 14 ;
aux travaux forcés temporaires, 18 ; à la ré-
clusion, il; à la déportation, 4 ; à la déten-
tion, 21; à des peines correctionnelles, 16 ;
à la surveillance seule, conformément à
l'article 100 du Code pénal, 25.
Les délits de la presse jugés par les cours
87
d'assises, ont été do 179; les délits poliii
ques étaient de 177 ; dans ces 356 affaires,
590 individus étaient impliqués : 449 ont été
acquittés; I4l condainnés, dunt 12 à l'a-
mende et 129 à l'emprisonnement.
Sur les 179 délits de la presse, 51 avaient
été commis au moyen de livres, brochures,
gravures et lithographies , 128 étaient impu-
tés à la presse périodique. Sur ce dernier
nombre, 34 ont été jugés par la cour d'as-
sises de la Seine.
JUSTICE MILITAinE.
En 1833, sur un effectif de 398,281 nom-
mes, y compris la garde municipale et les
sapeurs-pompiers de la capitale, 6881 mili.
taires ont été mis en jugement pour les
causes suivantes: désertion, 1198; insou-
mission ou désobéissance à la loi du recru-
tement, 1663 ; trahison, espionnage, embau-
chage, 15; insubordination, depuis le refus
formel d'obéissancejusqu'aux voies de fait en-
vers des supérieurs, 560 ; vol, escroquerie,
infidélité, malversation, pillage, faux, 958;
ventes d'effets, 1562 ; délits militaires autres
que ceux ci-dessus indiqués, 448; fausse mon-
naie, 6; meurtre, 22; assassinat, 29 ; coups
et blessures volontaires, 199 ; viol, attentat
aux mœurs, 27.
Sur ces 7881 individus, 2209 ont été ac-
quittés, et 4672 condamnés, savoir : 93 à
mort, dont 23 exécutés ; 309 aux travaux
forcés et aux fers ; 140 à la réclusion ; 400
au boulet; 762 aux travaux publics; 2961 à
l'emprisonnement; 7 à l'amende seule.
En outre, 1343 individus ont été envoyés
dans les compagnies de discipline.
Dans le nombre des condamnés se trou-
vent 32 indigènes d'Afrique.
Sur 100 militaires mis en jugement, il y
a, terme moyen, 42 enrôlés volontaires, 25
remplaçans et 23 provenant des appels.
Les officiers , sur un effectif local de
21,477, ont eu 14 prévenus; les sous-offi-
ciers, comprenant 25,524 hommes, ont eu
127 prévenus ; les brigadiers^ au nombre de
30,947, en ont eu 155; les soldats, musi-
ciens, tambours, ouvriers, dont le total est
de 320,363, ont compté 6,547 prévenus.
Des 6,881 prévenus misenjugement,3,i54
savaient lire et écrire, 3727 étaient com-
plètement illettrés.
La proportion des prévenus, suivant les
différentes armes dans lesquelles ils ser-
vaient, ont donné les résultats suivans: les
ouvriers du génie et les chasseurs d'Afri-
que, 1 sur 10 ; les compagnies de disci-
pline, 1 sur 11; la légion étrangère, 1 sur
12; — Les Zouaves, i sur 24; artillerie, i
2S
sur 8f ; cavalerie, 1 snr 408 ; train des équi-
pages, ouvriers da train des équipages et
ceux d'administration, les soldats d'ambu-
lance , 1 sur il2 ; pontoniers , ouvriers
d'artillerie, train de parcs d'artillerie, i sur
127; le génie, i sur 140; les invalides, 1
sur 1440, la gendarmerie, la garde munici-
pale, les sapeurs-pompiers, 1 sur 1557.
L. lègion-d'honnedr.
Au 30 septembre 1854, le nombre des
membres de la légion-d'honneur s'élevait à
50,003, savoir : grand'croix, 104 ; grands-of-
ficiers, 204; commandeurs, 827; officiers,
4,555; chevaliers, 44,315.
Sur ce nombre, 26,363 membres reçoivent
un traitement, et 23,640 n'en ont aucun. —
En vertu de l'article 6 de la loi du 21 avril
1832, sauf le cas de guerre, il ne peut être
annuellement accordé de décorations avec
traitement que jusqu'à concurrence du tiers
de la somme produite par l'extinction des lé-
gionnaires de tous grades.
Dans la seule année qui s'est écoulée du
1«' octobre 1833 au 30 septembre 1834, on
compte 1,820 nominations ou promotions.
Pour 1835, le traitement des membres de
l'ordre est porté à 8,47 4,000 francs.
tOIS FRANÇAISES.
Le nombre des lois, décrets, ordonnances
et arrêtés, publiés depuis 17S9 jusqu'au 20
septembre 1835, s'est élevé à 7tt,7:.s qui
ont été publiés aux époques suivantes :
4° Assemblée constituante 3,402.
2° — législative 2,078.
30 Convention nationale 14,034.
40 Directoire 2,049.
50 Gouvernement consulaire 3,846.
60 Empire 10,254.
70 Louis XVin (i»"^ avril — 19
mars 1815) 841.
8° Les cent-jours et le gouverne-
ment provisoi re 318.
90 Louis XVIII (25 juin 1815 —
8 septembre 1824) 17,812.
10» Charles X 15,801.
11° Louis-Philippe,jusqu'au 20 sep-
tembre 1835 6,523.
Total 76,758.
Durant cette période d'un peu plus de
46 années (du 6 mai 1789 am 20 septembre
1835), on a publié 138 lois ou ordonnances
par mois, terme moyen.
LOTGBIES.
Le trésor, en 1836 , ne perdra qu'une
somme très-faible par la suppression de la
loterie.
Depuis dixans les bénéfices bruts de la lo-
terie ont été chaque année d'environ lOmil-
tions; ces 10 milUpos soit^ la différence entre
50 mimons de mises et 20 millions de lots
payés. Mais sur ces 10 millions, il faut dé-
duire 2 millions de frais; il est donc resté 8
millions, dont ce jeu funeste a augmenté
les recettes annuelles du trésor public.
Mais, depuis que les idées d'ordre et
d'économie ont fait des progrès, depuis
surtout que les caisses d'épargne ont pris
un grand développement, les recettes de la
loterie ont considérablement diminué; au
lieu de 8 millions, comme les années précé-
dentes, les bénéfices nets de la loterie en
)83i n'ont été que de 5,800,000 francs,
ainsi qu'on le voit aux pages 53 et 686 du
compte de l'administration des finances de
l'année !834.
Le montant des mises a été
celte année de 23,601 ,000 f .
Les lots payés ont monté à 18,091,000
Keste, pour bénéfice brut
de l'état ou perte des joueurs, 5,583,000
Mais il faut déduire:
34", 000 f. pour frais d'admi-
nistration centrale à
Paris,
276,000 f. pour frais de ser-
vice dans les dépar-
temcns,
1,157,000 f, pour remise
aux buralistes.
Total des frais, francs 1,780,000
Reste pour le profitde l'état. 3,803,000
En 1834, les bénéfices de la loterie ont
diminué de près de 5 millioiïs, et les verse -
mens de la caisse d'épargne ont augmenté
par contre de plus de 8 millions, compara-
tivement à l'année précédente.
La recette de l'année 1835 sera encore
moins considérable, à en juger parle résul-
tat inséré dans le Moniteur.
P. PRÊTS FAITS AD GOUMEBCE EN 1830.
Les prêts faits au commerce et à l'indus
trie , pour lesquels la loi du 17 octobre 1830
avait ouvert un crédit de 30 millions, ont,
en définitive , donné lieu à une avance de
29,911,329 f. ; mais les intérêts et les frais
judiciaires des poursuites contre les emprun-
teurs , ont porté la créance du trésor à la
somme totale de 31,393,437 f. Les recouvre-
mens effectués au l"" janvier 1835, s'élevaient
à 16,085,721 f., ce qui réduisait le solde dû
au trésor à 15,313,716 f.; surcette somme, il
existe 8,244,997f., de créances, dont le recou-
vrement paraît assuré ; le surplus, de 7 mil-
lions, 068,819 f. se compose de prêts dont les
chances de réalisation, pour le trésor, sont
plus ou moins douteuses.
Oc LA LOTERIE et DES PRIMES doDDées comme PRtx d'encodragcsixnt aux tKcraunt.
(2» lettre, en réponse à celle de
Dans toutes les discussions qui ont pour but d'éclai-
rer ropiiiiou pul)lique, rimparlinlilé dnil6lie le pre-
mier devoir de la puhlicHc, la bonne foi la nremiôre
condition de la polémique; par diverses considérations,
il m'importe que les pjw'wrv aux lecteitra ne soient
pas confondues avec la lolerir, tout autant qu'il peut
importer à mon honorable coHôgue, M.Benj. Dolessert,
que la commission de Banque ne soit pas insidieuse-
ment confondue avec l'usure prohibée par les lois,
ou bien les transactions de prùts sur consignation avec
les o[iérations illicites de prèis sur gages.
En effet, quelle garantie la société a-l-elle que le
prêt légal ne deviendra point usuraire ?
Les délits d'usure pour être si rarement punis font-
ils donc S! peu nombreux?... Et cependant la société,
afin de prévenir l'abus, n'a pas supprimé le droit...
Assurément il se peut faire que l'obligation de prime
donnée par l'éditoui', soit ensuite vendue, mais ne peut-
il pas également arriver que la facilité offerte au Com-
merce par la Banque de France de se procurer de
l'argent à quatre pour cent, aboutisse à le prêter à
huit pour cent, et plus !...
Tel cependant n'a pas été l'esprit de cette institution
financière; et parce qu'elle aura donné lieu à un tra-
fic d? ce genre, la devra-t-on attaquer et détruire?
Evidemment non; et restreindre ainsi dans ces ter-
mes la question du prêt à intérêt, de l'escompte de
banque, du prêt sur consignation, etc., etc., ce serait
les altérer, ce serait confondre le principe et l'erreur,
le droit et l'abus.
Toute l'argumentation de l'honorable M. Delessert
repose sur l'erreur suivante commise par lui :
« L'acheteur de livres acquiert deux choses en
» même temps ; d'abord le livre, et ensuite un bulletin
» déprime'. »
Cela n'est point exact, car le livre qu'il paiera fie-
main cinq francs, avec obligation de prime, il l'ache-
tait hier cinq francs sans obligation de prime ; et s'il
ne lui convient pas de participer à la remise collective
instituée en vue du « grand nombre », aucune remise
particulière ne lui serait faite.
« Mais si l'ooCtqation de prime qu'il a gratuitement
» reçue il la vend zo cent., le prix effectif du livre ne
» sera plus réellement que 4 fr. 70 c, et non 5 />. »
Cette seconde objection est-elle sérieuse et impor-
tante? Elle ne l'est pas.
De deux choses l'une : ou la vente d'une obligation
sera un fait isolé et exceptionnel, et alors il n'aura pas
plus de conséquence que s'il s'agissait d'un livre de
10 fr., orné de vignettes, dont l'acheteur delachorait
les gravures pour les vendre ou les échanger... Ou bien
la vente des obligations de primes s'établira à l'instar
de ces bureaux dont les afficlies placardées sur tous les
murs de Paris, annoncent qu'on y achète les recon-
naissances du Mont-de-Piété.'.., C'est là sur la misère
de l'ouvrier un scandaleux trafic, toléré à la porte
d'une institution créée pour soulager sa gène !
Eh bien ! dans le cas qui vient d'être supposé, les
Editeurs-Unis, fondateurs de la prime aux lecteurs,
seraient les premiers à appeler sur un pareil abus la
vigilance du ministère puolic et la répression de la
loi!... Il suffirait d'une seule condamnation pour met-
tre un terme à une spéculation prohibée qui, à dan-
ger égal, ne produirait jamais à ceux qui s'y livreraient
les avantages attachés au placement actuel des billets
de loterie clandestine.
Il n'y a donc point de danger que « de pauvres ou-
» vriers privent leurs enfans d'un morceau de pain
» pour courir ta chance de gagner un lot '. »
De celte première objection je passe à la suivante :
« Le public n'a pas de garantie. Le nombre de bil-
» lets n'est point indiqué. »
L'acte constitutif des Editeurs-Unis (dont la Cham-
bre du Commerce aurait pu prendre communication,
si elle avait bien voulu admettre les Editeurs-Unis a
4ui donner des explications avant de les constituer en
étal de prévention, par sa lettre du 3 décembre à M.
le garde-des-sceaux), leur acte constitutif contient, au
contraire à cet égard, trois clauses expresses :
Dépôt préalable du capital affecté au service de leurs
obligations de prime ;
Limite numérique posée à l'émission des obligations.
Interdiction formelle à leur égard de participer aux
tirages.
Le capital de 75,000 fr, versé préalablement par les
Editeurs-Unis est entre eux la reprcsentation du mou-
vement d'affaires fait par leurs maisons dans l'an-
née 1834, s'élevant à i,250,300 fr,, il suppose, à raison
de six pour cent, un maximum de 30,ooo obligations
délivrées.
AT. Benjamin Delessert, député.},
Les obligations sontdélivrécs jour par jour & cha-
cun des éditeurs au fur et à mesure de ses jplucejnens,
par un agent spécialement commis à cet erfel par l'U-
nion.
<,)uelque minime que puisse être, à l'époque des
tirdgcs, le nombre des obligations émises, le tirage a
lieu en présence des porteurs d'obligations, les Édi-
teurs-Unis courent donc seuls un risque commercinl,
celui du non placement de toutes leurs obliga-lions,
dans lequel cas la rtnnise faite au public, au lieu de
n'être que de six pour cent, serait alors plus élevée.
Si, par l'effet de la prime, ou pir celui de toute autre
circonstance, toutes les obligations des Editeurs-Uni-
se trouvaient épuisées, leur ucte constitutif élablii
dans ce cas que la prime de 75,ooo fr. sera publique-
ment déclaré!' close et immédiatement tirée; sauf, s'il
y a lieu, .i en fonder une; seconde.
Ainsi donc, rien de plus légal, au fond et dans la
forme, que la prime instituée par les Editeurs-Unis.
Le tirage des obligations de la ville de Paris se fai'
en présence de cinq personnes seulement : du préiVi
de la Seine, de deux incmbresdu conseil municipal,
et de deux actionnaires déslgnéspar le pré/cl; le ti-
rage des obligations des Editeurs-Unis n'aura pas lieu
avec des garanties moindres.
Je dois rendre à l'honorable M. Delessert la justice
de reconnaître qu'il est parfaitement conséquent avec
lui-môme, lorsqu'atlaquant les ventes avecprime, il dé-
clare qu'il a également blâmé les emprunts avec jyriiin:
effectués par la ville de Paris; mais il oublie un fai'l
qu'il importe de lui rappeler, c'est qu'en mars I83i,
ce fut, grâce au triomphe de son opinion contre le;-
primes, que la ville de Paris ne put, à cette époque,
emprunter i,5 millions dont elle avait besoin.
En mars 1832, lorsqu'au lieu de quinze millions,
quarante millions lui devinrent nécessaires, elle n'eut
donc pas le ch>..ix, il lui fallut subir la volonté des
prêteurs, et la ville de Paris s'en trouva bien; car, a-
prês avoir infructueusement offert cinq pour cent d'in-
térêt, son emprunt s'effectua à quatre pour cent ei
quatre-vingt-six centimes seulement, convertis en
primes.
L'aversion qu'éprouve l'honorable M. Delessert
pour cet agent de crédit public l'égaré assurément,
lorsqu'il l'assimile « au jeu de bourse, aux ventes u
» termes sur l'huile, le savon, l'eau-de-vie, qui ont
» ruiné d'honnêtes néqocians. » Les prêteurs d'obli-
gations de la ville de Paris ne se ruinent point à ne p;iç
gagner, ils reçoivent l'intérêt de leur argent au même
Vaux que celui auquel la Banqu» de France fait ses
emprunts.
]| y a là éventu.-;Iité, mais non point sgiolage; ilpeui
y avoir gain, n>ais jamais perte ; il y a chance ;dé:i-
loire de gagner, mais il n'y a point risque de perdre.
Les placemens en viager ne sont-ils pas essentielle-
ment aléatoires?
Et les compagnies d'assurances sur la vie des hom-
mes, formées à Paris sous le patronage des premières
m;.;sons de banque, à les considérer avec lès yeux
prévenus d'un puiitain, ne seraient-elles point fort
exposées à être traitées de véritables loteries; car, à
l'instar de la loterie royale, l'art des chiffres a su in-
troduire, dans le calcul des probabilités, une chance
inégale d'au moins quinze pour cent en faveur des
compagnies autorisées par ordonnance royale.
Dans un article publié par le Moniteur du Com-
merce (Voir la l'e lettre), après avoir établi en quel?
points la Prime et la Loterie différaient, j'ai dit que
les primes auraient leur abus, et <>n même temps j'ai
indiqué des moyens sûrs de les prévenir et de les ré-
primer; mais j'admets que l'abus qui en sera fait soit tel,
qu'aux mêmes prix et à qualités égales, « bois de chauf-
« fage , souliers, chapeaux, pain, viande, sucre, se
« vendent avec primes;» de ce scandale dont s'effraie
l'hoiiorabie M. Delessert, que résultera-t-il ?...
Il en résultera qu'au lieu de se priver de souliers,
de chapeaux, de pain, de viande, de bois, afin de
mettre à la loterie, l'ouvrier achètera, sans auiimen-
lulion de prix, les objets de consommation qui lui se-
ront nécessaires , et satisfera une passion aveugle,
qu'émoussera 'bientôt l'habitude du bien-être... On
sait que Ivîs privations sont le plus actif stimulant des
passions.
L'expérience des siècles montre : — qu'opprimer les
passions de l'homme ce n'est point les détruire, c'est le
plus souvent les fortifier, et que gouverner n'est pas
autre chose que l'art de s'emparer des penchans d'un
peuple , de les diriger, de les anoblir ou de les mo-
raliser.
Deux foia, en 1789 et en 1793, la loterie fut snppri-
mée, deux fois elle a élé rétablie, parce qu'à ces deux
époques on négligea de donner à une passion long-
temps cultivée comme un champ fertile, un moyen
moral de se reproduire !
Veul-on rendre le retour de la loterie impossible:"
Par une pente habilement ménagée vers le bien-être
et l'instruction, il faut essayer de détourner des loteries
étrangères et clandestines^ des jeux de hasard, qui ne
tarderaient pas à se multiplier, les 53,076,924 fr , qui
depuis l'an vi, époque du rétablissement de la loterie,
jusqu'à l'an 1834, forment la moyenne annuelle des
capiUux accoutumés à suivre la route facile et dan-
gereuse que leur frayait l'EUt !
Celte considération mérite qu'on l'examine atten-
tivement. ...
Aussi n'est-ce point la légalité de la prime que cette
lettre s'est proposée de démontrer ; la légalité n'a ja-
mais présenté de doutes que dans l'esprit de ceux qui
ont fait confusion àes ventes et emprunts accompagnés
déprimes avec les prime,* sous forme de loteries ; ce
que je veux m'attacher à prouver, c'est qu'en accep-
tant la responsabilité morale d'une prime à la fonda-
lion de laquelle je déclare avoir indirectement con-
tribué, je reste fidèle aux idées dont je poursuis de-
puis plusieurs années l'actif développement.
Lorsqu'on i83i, m'efforçant d'attiédir les passions
politiques en ravivant les intérêts matériels, je fus le
premier à donner aux caisses d'épargnes, l'impulsion
qui les a multipliées dans les déparlemens, n'ai-je
point eu à les défendre contre les accusations intéres-
sées de fanatiques perfides, et contre les scrupules res-
pectables d'hommes religieux!...
Ils disaient qu'encourager le goût de l'épargne et
de la prévoyance par des institutions spéciales, c'é-
tait tarir le principe de la charité chrétienne, c'était
affaiblir la foi de l'homme en la providence de Dieu;
c'était matérialiser le cœur humain, c'était encoura-
ger sa propension à l'égoïsmc, c'était le priver de son
plus noble 'intérêt, — la compassion .'...
Ceux-là disaient que c'était rendre les ouvriers
moins serviables entre eux ; que c'était les rendre
trop indépendans des chefs d'ateliers, ceux-ci objec-
taient que placer ainsi les Classes ouvrières dans la
dépendance directe du trésor public, c'était énerver
le peuple, c'était enlever à l'agriculture et à l'industrie
des capitaux utiles
Ce que de telles objections présentaient d'argumens
spéciaux, je les combattis par une publicité tiès-élen-
due;par une correspondance infatigable, je créai l'é-
mulation par l'exemple. Voilà comment j'entrepris de
combattre la loterie ; plus tard, quand sa suppression
fut résolue, j'exprimai le vœu qu'au lieu de l'abolir, on
affectât ses produits, jusqu'à leur entière extinction, à
la dotation de l'instruction primaire et à la suppres-
sion du timbre des journaux
Celte manière progressive d'abolir la loterie en
augmentant les forces de ses adversaires naturels,
m'a toujours paru la seule rationnelle et vraiment gou-
vernementale ; sa suppression par voie de concession
philanthropique, laisse dans le cœur de beaucoup
d'hommes un vide que l'instruction n'a pas encore
rempli, et où il est à craindre que beaucoup de pas-
sions mauvaises ne viennent résider.
Les meilleur» institutions peuvent donc soulever
contre elles des objections graves!...
En France, ce qu'il importe, selon moi, le plus de
développer, c'est le goût de l'instruction et de la lec-
ture; s'il est difficile à un gouvernement absolu de
contenir dans l'ignorance les classes intermédiaires ;
assurément il est plus difficile encore à un gouverne-
ment libéral de porter l'instruction parmi les classes
inférieures dont le travail épuise les forces physiques,
qu'une alimentation substantielle vient trop rarement
réparer...
Aussi l'imprimerie et la librairie n'ont-elles pu en-
core passer de l'état d'ateliers au rang de grandes ms-
nufaclures, ni perleciionner leurs procèdes beaucoup
trop coûteux oe fabrication ; aussi quelque élevé que
soit le prix d'un livre, la publication en est-elle tou-
jours une opération éxtrêmenient hasardeuse.
Une consommation régulière n'est point assurée; la
fabrication est arriérée, les débouchés sont étroits et
encombrés, les transports sont coûteux et les inter-
médiaires peu sûrs :
Donner un attrait à la consommation des livres n'est
qu'un moyen d'élargir la voie étroite, difficile et tor-
tueuse d'une industrie à laquelle il reste à faire tous
les progrès remarquables obtenus depuis vingt années
par l'industrie des tissus imprimés, particulièrement
sous le rapport de la réduction des prix.'
En résumé la prime ne m'a paru qu'un mode tran-
sitoire, opportun et mora! dans son application, de
réduire a son prix réel, durable et fixe, la feuille
d'impression qui se fabrique et se paie trop cher et se
vend trop peu.
Si l'on savait que les meilleurs livres et les plus
consciencieux sont. généralement ceux dont la vente
ne compense point les frais de U fabrication !
A défaut d'appât matériel tel qu'une prime d'argent
distribuée par le sort, jusqu'à ce jour, qu'a fait la li-
brair-e pour stimuler la vente deslivres? Trop souvent
elle lu- a donné l'aopàt immatériel de l'esprit de parti,
l'attrait immoral du scandale ou de la diffamation dé-
guisée sous les noms de mémoires, de révélations^ de
biographies et autres titres.
Mais si l'avantage des pubticalions à grand nombre,
dont l'initiative appartient aux éditeurs-unis, est pré-
cisément d'exclure l'esprit étroit de parti et de coterie,
et ces hostilités de personnes qui n'intéressent ja-
mais ^u'un petit nombre; l'inconvénient contre le-
quel ces publications ont à lutter, est celui de paraître
manquer d'à-propos et de nouveauté....
Un moment, un seul moment, à sa naissance, l'ex-r
IrCme ton marche par son audace excita l'engouement;
mais des contrefaçons plutôt que des concurrence*
vinrent bientôt émousser et détruire un goût qui ne
commençait encore qu'à poindre.
-Alainienant le bon marché d'un livre utile ne suffit
plus pour lui mériter l'aitention et la faveur publiques;
déjà les prix tendent sensiblement à reprendre leur
ancien cours, et à circonscrire de nouveau les lecteurs
à d'infiniment petits nombres.
Dans cet étal de choses, pense-t-on que par le fait
de !a réduction de 30 cenlimes sur le pnxdéjà si ré-
duit de leurs livres, les Editeurs-Unis eussent quel-
que peu élargi le cercle de leurs souscripteurs? Assu*
rément non; que paraîtrait au public une réduction
de 60 centimes sur le prix de tel volume de lOfr. des
Editeurs-Unis, qui contient huit volumes vendus 50 fr.
par la librairie ordinaire?
Ne pouvant donc réduire avec utilité les prix de leur i
livres, et ne voulant point les augmenter, c'est alors
que les Editeurs-Unis se sont demandé, si, dans la voie
neuve qu'ils s'étaient frayée, ils ne pouvaient s'appro-
prier judicieusement une combinaison financière
dont l'expérience, faite à propos, de la ville de Paris
avait montré la toute puissance.
En ce qui me concerne, il m'a paru qu'un moyen
dont l'effet était d'aider à l'élargissement sphérique
de la Politique et de la Littérature, et à leur élévation
au-dessus du petit trafic des petites passions, était di-
gne et moral ; les attaques faussement dirigées dont il
a été l'objet n'ont point, à cet égard , affaibli mes con-
victions; elles m'ont seulement prouvé de nouveau à
l'occasion des primes ce que précédemment j'avais
eu lieu de remarquer pour les caisses d'épargnes,
c'est jusqu'à quel point certains rigoristes peuvent
prendre des erreurs de leur esprit pour des scrupules
de leur conscience.
Emile de GIRARDIN.
Note: L'intérêt qui s'attache en ce moment à la question des Remises de librairie ca-
pitalisées sous le titre de Primes, à l'effet de multiplier leslecteurs et de les associer par le lien
d'une éventualité commune, nous a fait penser que les deux lettres qui précèdent seraient
lues arec intérêt.
Avis : MM. les fldèles souscripteurs à qui cette livraison parviendra sont ])riés de vouloir
bien informer ceux des anciens sociétaires qu'ils connaîtraient et qui n'auraient pas encore
renouvelé leur abonnement, (\u'une quittance de six francs , accompagnée d'une Obligation
de kl prime de soixante-quinze mille francs, leur sera présentée du 15 au 30 janvier ISôb; im-
médiatement après qu'ils l'auront acquittée, les livraisons publiéeslcur seront adressées.
IMPRIMERIE DE GRÉGOIRE, RUE DU CROISSANT, IG.
.- — ..-■■.-
Sixième année. 1836.
Édition françaiie.
•rOVRKA.L
Seuxiéme Série.
' — Première Année.
M3Wim
DICTIONNAIIŒ MENSUEL tl PROGUESSIF.
Répertoire usuel
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intéressant directement
L'éducation de l'enfance, la morale et le bien-êlre des familles, l'économie usuelle;
L'exercice et le progrès de toutes les professions sociales ;
L'oxéculion des lois par l'accomplissemenl des devoirs et des droits qu'elles prescrivent.
PRIX, FRANC UE PORT POUR TOUTE LA FRANCE,
PAR AN SIX FEAÎVCS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT -GEORGES, N» 11.
[Tne hWaison de trente deux pages par mois, contenant un demi-volume În-S".
Les souscripteurs étanl autorisés à retenir —sur le prix de six (rancs — l'alfranchissement de le.ur lettre et le
cota de la reconnaissance de poste, l'abonnemenl n'est, de lait, que de CINQ FRANCS nelspottr la Société.
Numéro 2 : — Février 1836.
REPERTOIRE CIVIL.
Citoiiens: Délits forestiers, 29; délits de pêche, id.;
revendication, id. — Conseils conimunaitx : Propaga-
tion des salles d'asilr, id.;comptabiIilc communale, ao;
péremption, id.; difTanialion, 3i. — Coniribiuible.s : Ce
que coûie en France la force publique, id.; impôts
anciens comparés aux impôts actuels, id. — tiouver-
nans : Grave question morale et fiscale des maisons de
jfu, 33. — Inslr action puhlifjtic primaire : Liberté de
l'instruction rflisieuse, 34. — Jurés : Leur dénombre-
:!ient, 36. — Maires: Moyens de donner de l'inslruc-
lion aux enfans trouvés et orphelins placés dans les
hospices, id.; limites du pouvoir municipal, id.
RÉrERTOinE DOMESTIQUE.
Enfans : Education des filles, 37. — Des vins et des
liqueurs, 41. — Ongles incarnés, 44.
REI-EnrolRE PROFESSIONNEL.
Chimistes : Action de la vapeur d'eau pour décom-
poser la galène, 45. — Corrorjcurs : Dégras. — Forges
\ma\tres de) : Procédé pour fabriquer la fonte et le fer
en barres, 46. — Imprimeurs-lithographes : Conserva-
lion des dessins sur pierre, 49. — Sucres (fabricans
de): I. Sucre indigène, id.; II. Sucre colonial, 50. —
Tissus {fabricans d<^) : i)e la destruction des tissus dans
le blanchiment et la teinture, el des moyens d'en pré-
venir les causes, 51.
RiirEiaoïuE mensuel delà conversation.
Argent, 53. — Cadastre, id. — Chemins de fer, ca-
naux, 54. — Chevaux et bestiaux, importation et ex-
portation, .S5. — Monts-de-pielé, id. — Morcellament
des propriétés, id. — Population, 56. — Variations du
temps, id.
Jours
de la
semaine.
NOMS
des
SAINTS.
INTERETS
de
fr. 100
à 5 p. <./o.
REVENU
Par
an.
Par
jour.
EMPLOI
Dépenscl Epargne
9/10 I l/IO
rnoDuir
de 1,-10
épargné
au bout de
20 ans.
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SEX.ACKSIME.
s. Jean de Matha.
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s. Séverin, abbé.
s. Mélécc.
s. T ézin.
QUINQUAGESIM.
s. Valentin.
s. Furcy.
Théoduie.
s. Siméon. évéque.
s. Gabin.
s. Eieuther.
QUADRAGESIME
ste Isabelle.
s. Méraiilt.
LES CENDRES.
s. Viclorin.
s. Porphire, 4 T.
SIC Honorine, 4 T.
REMENISCERE.
Jours.
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8626 75
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8939 79
9091 35
9242 87
P. L. le 2 à c heures 59 minutes du soir.
D. Q. le 10 2 1 du matin.
N. L. le 16 8 27 du soir.
P. Q. le 24 u 52 du malin.
Avi« des Édîteur«-Uni« aux porteurt de leurs obligations de la prime
de SOIXAMTB-QUIZf ZB MII.I.E francs.
lêH présentation d'une loi portant prohibition des primes quelles qu'elles soient , n'é-
tant plus douteuse , les éditeurs- unis, placés entre le respect de la loi et celui non moins
impérieux qu'ils doivent aux engagemens publics contractés par eux, n'ont point dû hé-
•i>ter à remplir ce double devoir , quelque sacrifice que pût leur imposer la résolu-
tion suivante qu'ils ont prise à l'unanimité :
Cinq tirages restaient à effectuer. Le premier, au 29 février 1836, le second au 31 mai,
le troisième au 31 août, le quatrième au 50 novembre, le cinquième enfin au 28 février
1837.
Ces tirages ne devaient avoir lieu que dans le délai de quatorze mois , ils seront tous
opérés dans le délai de quatue mois, et plus tôt encore, le jour même de la promulgation
de la loi annoncée, si ses termes l'exigent des Editeurs-Unis
En conséquence, les 62,000 francs restant à répartir seront tirés, savoir :
Le 29 février 183G, 12,000. — I.e 30 mars, 5,000. — Z.e 15 avril, 5,000. — I.e 31 avril,
5,000 francs, et le 30 mai, 35,000 francs. Zae tout formant 41 lots, dont un seul de 30,000
francs.
Au premier tirage qui a eu lieu le 31 décembre dernier, le lot principal de 10,000 francs
est échu à M- Dardeiet, modeste rentier, dont il est ve-nu presque doubler la fortune.
Nous reproduisons sa lettre publiée par tous les journaux.
Monsieur le Rédacteur,
Je vous prie de vouloir bien annoncer qn'apnt reçu, le i<2 décembre, en souscrivant à un exemplaire de
l'utile Livret des Ménages, l'obligation de prime des éditeurs-unis, portant le numéro 69-1—16' série, à laquelle
est échu ie premier lot de io,ooo l'r.; cette somme m'a été payée à presenUition par le déposilatre, M. A. Cléeiuann,
rue Saint-Georges, il, avec une bonnefoi elUHC ponctualité auxquelles la publicité doit hommage.
Agréez, monsieur, mes salutations empressées, L.Dardelet,
Demeurant à Gironville (Seine-el-Oise).
Un des six lots est échu à M. Régnier, chef d'institution à Saint-Cloud, pour une souscrip-
tion au Musée des Familles.
Les cinq autres lots n'ont pas encore été réclamés ; les noms des personnes qui les ont
gagnés seront publiés aussitôt qu'elles se seron^fait connaître.
AVIS IBSPORTANT
aux personnes qui ont souscrit
A LA COLLECTION DE 20 FRANCS DU JOURNAL UES CONNAISSANCES UTILES.
Les personnes qui recevront cette livraison, et à qui le ballot contenant:
1» Les cinq années du Journal des Connaissances ntiles, reliées en deux volumes;
20 1 :Almanach de France ;
3" V Atlas de France ;
40 L'Atlas universel;
.')0 La Géographie moderr.e ;
ne serait pas encore parvenu, sont priées de s'abstenir de toute réclamation qui leur occasion-,
nerait des frais inutiles. Telle a été l'afUuence considérable et imprévbe des demandes
de cette collecLion, que la reliure des volumes s'est rencontrée comme obstacle à leur ex-
pédition avant le 31 décembre.
Chaque jour un dôparlement est expédié au fur et à mesure que des volumes sont re-
liés en nombre suffisant.
Toutes les colleclions seront parvenues avant le 25 février au plus tard ; passé le der-
nier jour de ce mois , aucune demande de 20 francs ne sera plus reçue, afin de mettre un
terme final aux expéditions. Quant aux bulletins de primes qui devaient être joints aux
collections , tous ont été rcreiis, avant le tirage du 31 décembre dernier, à MiM. Duclosel
frères et de Rostaing, banquiers, à Paris , rue Notre-Dame-des-Vicloires , u. 34, avec
mission de les faire parvenir par la voie de leurs agens à tous les souscripteurs inscrits an
térieurcmetit au 30 décembre; s'ils ne l'ont point fuit, c'est à ces agens que devra en être
adressé le reproche, lorsqu'ils se présenteront pour remettre aux souscripteurs la collec-
tion de 20 francs et en recevoir le prix.
Nous n'avons épargné aucun sacrifice pour que les collections de 20 fr. parvinssent avant
le 31 décembre, époque du premier tirage de la prime; la preuve de cette assertion se
trouve : l«> dans l'envoi parlicul ier de l'obligaliun de prime, que nous avons prié MM. Du-
closel et de Rostaing de faire p arvenir aux ayant-droit ; 2" dans 1 envoi que nous avons fait
aux souscripteurs, avant cncais >emciit, des deux premières livraisons de 1836.
Nous aimons à croire que la bonne toi, dont le rapprochement des tirages de la prime
dejr.,0Uo francs est une preuve éclatante, sera égale des deux parts.
En terminant, nous renouvelions l'engagement de considérer comme nulle toute de-
mande d'une collection de 20 firancs qui ne serait pas remise à son souscripteur avant le
deuxième tirage de la prime de soixajnie-qoinze mille francs, qui aura lieu le 29 février
prochain.
29
REPERTOIRE CIVIL.
X. Intérêts généraux. — XI. Morale et instruction publiques. —
m. Devoirs et droits civils et politiques.
CiTOYCNs : Sélîts forestiers.
La jurisprudence est la loi en actions; en
extraire ce qu'elle a de plus généralement
usuel, c'est appliquer la méthode mutuelle
à renseignement élémentaire de la loi.
La cour de cassation a rendu, le 12 décem-
bre dernier, un arrêt qui, bien que se rat-
tachant à une simple coiitravention, est
d'une haute importance, quant au point de
droit qu'il établit. Un individu, inculpé d'un
délit forestier, s'était inscrit en faux contre
le procès-verbal de l'agent (orostier, seul et
ttnique clément de culpabilité dans la cause.
Les magistrats avaient sursis à statuer jusqu'à
décision à intervenir sur la poursuite en
faux» et, au préalable, exigé l'autorisation
du conseil d'état pour la mise en cause de
l'agent signataire de ce procès-verbal. Cette
autorisation ayant été refusée, l'inscription
de faux se trouva paralysée parle fait, et le
prévenu fut de nouveau traduit devant le
même tribunal correctionnel, qui ne voulut
poinlse prononcer jusqu'à ce que l'inscription
de faux fut admise ou rejetée. Le ministère
public s'étant pourvu en cassation contre ce
jugement, il est intervenu l'arrêt remarqua-
ble que nous citons textuellement comme
fixant la jurisprudence sur une question qui
intéresse tout particulièrement la sécurité
des citoyens.
« Attendu qu'une demande en insciiption de
faux contre un procès-verbal des agens de l'ad-
ministration forestière est un moyen légal de
défense, et que le tribunal saisi de l'action prin-
cipale est seul juge de l'exception;
» Attendu que si, dans l'intérêt de l'adminis-
tration, la poursuite doit être autorisée par le
conseil d'état, il ne s'ensuit pas que le refus
d'autorisation anéantisse la demande ; que ce
refus ne peut avairpour effet que de mettre les
fonctionnaires publics à l'abri de toutes pour-
suites personnelles, mais qu'il ne peut avoir ce-
lui d'anéantir l'exception et d'enlever ainsi au
prévenu un moyen de défense que la loi lui
donne ;
» Que la poursuite judiciaire ne peut être pa-
ralysée par le défaut d'autorisation; d'où il suit
qu'il doit être procédé incidemment sur la de-
mande en iuscription de taux, conformément à
l'artieie 459 du Code d'ins:ruction crimineile,
marche qui doit être suivie, non-seulement dans
les cas de décès ou de proscription dent parle
l'article 4G0du mémeCode, mais encore par voie
d'analogie dans tous les cas où il existe un obs-
tacle légal à l'action publique ayant pour efifet
de l'anéantir ou de le paralyser;
» Attendu qu'en jugeant le contraire et en or-
donnant un sursjs indéfini à l'action corrcctio-
nelle de l'administration, le tribunal ds Tarbes
a omis de prononcer sur l'inscription de faux,
et a ainsi violé les articles précités;
» Par ces motifs, la cour casse, etc. »
{Cour de Cassation, 12 décembre 1835.)
— Délii de pêche.
La prohibition faite aux mariniers qui fré-
quentent les rivières navigables d'avoir dans
leurs bateaux aucun filet ou engin de pèche,
s'applique à tous les individusqui ne sont ni fer-
miers de la pêche ni porteurs de licence, et com-
prend, par conséquent, le propriétaire d'un ba-
teau portant un moulin et qui est constamment
amarré sur une rivière navigable.
{Cour de Cassation, Q mai 1835.)
— Revendication.
La revendication autorisée par l'article 2379
du Code civil, au cas de vol d'un objet mobilier,
n'est pas applicable au cas d'escroquerie. Dès
lors, celui qui a été dépouillé par ce dernier
moyen ne peut revendiquer la chose contre le
tiers qui l'a achetée de bonne foi de l'escroc.
Cet arrêt de la Cour de Cassation, du 20 mai
1835, est basé sur ce considérant que le vol ne
peut être confondu avec l'escroquerie, vu que
dans ce dernier cas l'individu frustré a suivi la
foi de celui qui l'a trompé, et que, par la vente
qui lui a été faite, il lui a donné un titre, in-
dépendamment de la possession ; qu'il n'en est
pas de nîème de la chose volée , à l'égard de la-
quelle il n'y a eu ni vente, ni remise volontaire,
et qui, au contraire, a été prise par une voie de
fait quelconque.
(Cour de Cassation, 20 mai iS'ib.)
CoRiiciLs ComiBCNAox : Salles d'asile.
Depuis long-temps, en France, oh sentait
la nécessité d'ouvrir des élablissemens où
la mère de famille pauvre piit déposer ses
enfans en bas âge, qu'un travail assidu et
souvent lointain la force à confier à des
mains négligentes, ou à traîner pénible-
ment avec elle jusqu'à la fin de la journée.
Plusieurs fois et notamment dans notre
numéro de février 1830, page 32, nous
, avons indiqué tous les avantages qui doivent
50
résulter (l'une telle inslitulion, et nous
avons vu avec satisfaction que nos vœux
n'ont point clé stériles. L'idée de fonder,
sous le nom de salles d'asile, des maisons
tout à la fois d'éducation et d'hospitalité
pour les enfans trop jeunes encore pour
être admis dans les écoles communales,
commence à porter généralement ses
fruits; les grandes villes ont donné l'exemple
aux communes rurales.
C'est beaucoup, sans nul doute, que la
charité s'exerce de cette manière; mais il
serait à souh.iiter que le législateur ou du
moins l'administration réglementât la fonda-
lion et la direction des salle d'asiles, qui
ont des rapports avec lasanté et l'instruction.
Le caractère de la bienfaisance y domine
et doit y dominer, car ce sont surtout des
ctablissemens destines au plus jeune âge,
à des enfans poi<r lesquels les soins physi-
ques sont plus nécessaires que ceux de la j enfaiis et les soins à leur donner peuvent
pédagogie. L'éducation qu'on y reçoit est ! bien ne pas présenter de l'uniformité dans
celle que donnerait une mère pendant les ' toutes les localil es; mais tous, néanmoins,
premières années de la vie à son enfant si j ont pour but principal de préserver les
elle pouvait disposer de son temps, et si ; enfasis en bas âge des dangers physiques ou
elle avait les qualités intellectuelles et mo
Sans doute, elles peuvent présenter des or-
ganisations différentes, mais toutes se trou-
vent sous la protection de comités qui ont
procédé avec les secours, soit des munici-
palités, soit des administrations d'hopisces,
soit des bureaux de chanté, soit de simples
particuliers. Toutes sont sous l'autorité mu-
nicipale et départementale; le ministre de
l'instruction publique n'est intervenu que
pour accorder des secours.
Ainsi à Paris, les salles d'asile ont été
ouvertes avec le concours du conseil de
l'administralion des hospices et du comité
des dames que celte administration a insti-
tué. Les réglemens sur l'organisation et la
gestion de ces salles ont été établis par ce
conseil et soumis à l'approbation du préfet,
du jninistre de l'intérieur et de celui de
l'inslruclion publique.
Les réglemens concernant l'admission des
raies qui coriviennent à la direction de la
première enfance.
Cependant, jusqu'à ce jour, aucune or-
donnaiice royale, aucune décision minis-
térielle n'ont tracé les règles des salles d'a-
sile. Seulement, dans une circulaire du 2
juillet iS">, envoyée en exécution de la
loi du 28 juin précédent sur l'inlruclion
primaire, le ministre de l'inslruclion publi-
que a déclaré que celle loi aurait une
grande inlluencc sur les premières écoles
de l'enfance. En effet, l'ordonnance royale
du 26 février 1835 qui crée des inspecteurs
de l'instruction primaire, a compris les
salles d'asile dans le nombre des établis-
scmens qu'ils doivent visiter.
A la vérité, on peut s'expliquer pour-
quoi le gouvernement ne s'est pas encore
occupé spécialement des salles d'asile
comme il l'a fait des écoles primaires. Pour
que la législation puisse s'occuper d'éta-
blissemens publics, il faut que leur carac-
tère, leur but, leur objet soient bien dé-
finis; que leur existence soit assurée, que
l'expérience en ait démontré les avantages
et les inconvéniens. Mais en attendant qu'u-
ne loi ou du moins qu'une ordonnance ait
tracé d'une manière générale les règles con-
cernant ces maisons, nous croyons devoir
dire aux fonctionnaires qui voudraient en
ouvrir dans leurs localités que toutes celles
créées jusqu'à ce jour se sont établies sous
des formes de bicnviellancc muternelle.
moraux auxquels les expose le délaisse-
ment volontaire ou forcé de leurs parens.
— Comptabilités communales.
Il suffit que les revenus d'une commune
s'élèvent à lo mille francs pour que celui
qui s'est immiscé dans le maniement des de-
niers de celte commune soit justiciable de
la cour des comptes, sans qu'il y ait à s'oc-
cuper de la qui'Stion de savoir si la compta-
bilité occulte elle-même, présente une im-
portance de plus ou moins de 10 mille
francs.
Lorsque celui qui s'est immiscé dans la
perception des revenus communaux ne rend
pas son compte dans le délai qui lui est fixé,
il doit y être contraint par le séquestre de ses
meubles et immeubles, et, sans attendre le
résultat des comptes, une inscription doit
élre prise sur ses biens.
Il n'y a pas lieu à la révision des comptes
du receveur municipal lorsqu'il n'est pas dé-
montré qu'il ait eu connaissance des percep-
tions faites par un autre.
{Conseil d'Etat, décembre 183a. )
— Péremption.
L'autorisation donncc à une commune pour
iiilcnter une action ou pour y détendre, s'clend
à tous les incidens auxquels cette action peut
donner lieu ; et, spécialement, elle comprend le
droit de consentir à ce que le jugement déflnilif
d'une cause pendante devant le jugcdc paix,soit
renvoyé au-delà du délai de quatre mois du jour
d'un iulerlocutoire.
Dans les instances de justice de pais, les par-
lies peuvent v;i'«blement consentir à ce que le
jugement déGnilif soit renvoyé après le délai de
quatre mois, à partir d'un interlocutoire. Ka
pareil cas, la péremption, qui, sans ce consente-
ment, aurait lieu de plein droit, ne doit pas être
prononcée par les juges.
Loi (lu 14 dccembyc 1789, art. 5G; Code de pro-
cédure, art. 15; Cour de Cassation, 17 mars
1S35.;
—- Diffamation.
Les propos diffamatoires tenus dans un con-
seil municipal peuvent, suivant les circonstan-
ces, être réputés tenus dans un lieu public, et
punis comme tels.
(Cour royale d' Orléans, \9i juillet.)
Observation. — Il s'agissait , dans lespèce ,
de propos tenus dans une séance du conseil mu-
nicipal avec adjonction des plus imposés.
CoHTBtBVABLES : X7e -quc coûte en Prance la
farce publique.
L'effeclU des troupes de toutes armes em-
ployées, soit dans les divisions territoriales
de l'intérieur, soit à Ancône et dans les
possessions Irançaises du nord de TAIrique,
est de 308..498 hommes et de 56,993 che-
vaux. La dépense relative à la solde et à l'en-
tretien de l'armée est évaluée, pour 1836, à
188,797,994 trancs.
Le terme moyen de la dépense par homme
monté, pour les troupes à cheval, ou non
monté pour les troupes à pied, est dans la
proportion suivante, scion les armes, tous les
grades confondus : *
En France. En Afrique.
Etats-majors 3884 f. 5831 f.
Gendarmerie 2101 1318
Infanterie 427 4G3
Cavalerie 919 991
Artillerie 803 818
Génie 5C0 595
Equipages militaires... 761 1121
Vétérans 415 488
Moyenne générale 613 G28
Le montant total du budget de la guerre,
pour 1836, s'élève à 22", '■283, 210 fr. pour
tous les services qui ressortissent à ce minis-
tère.
— Impôts anciens compares
aux impôts actuels.
Les impositions étaient divisées en cinq
classes principales :
l» Les impositions directes, qui compre-
naient les dîmes , la taille réelle , les ving-
tièmes, la taille personnelle et la capita-
tion ;
2« Les impositions de monopole et de pri-
vilège exclusif, qui étaient la gabelle dans
les deux tiers du royaume , le tabac qui
31
s'étcndail presque sur sa tolalilé, la vente
de l'eau-de-vie et d'autres boissons dans ua
petit nombre de provinces. On peut ranger
aussi dans cette clasr.e ce qae le trésor pu-
blic retirait des jurandes et des maîtrises
d'arts et métiers, par lesquelles l'état ne
faisait pas directement le monopole , mais
vendait celui de chaque profession ;
5" Les impositions qu'on appelait à l'exer-
cice sur différentes espèces de consomma-
tion et d'industrie , tels que les droits d'ai-
des sur les boissons dans un tiers du royau-
me; ceux de même nature, nommés équi-
valent en Languedoc , impôts , billots et
devoirs en Bretagne , et des quatre mem-
bres en Flandre ; ceux d'inspecteurs aux
boucheries , qui embrassaient presque tou-
tes les provinces ; ceux de marque des cuirs
et à la fabrication des cartes et des ami-
dons ; ceux de marque des fers et à la fa-
brication des îiuiles;
4» Les impositions sur le transport des
marchandises , qui comprenaient les droits
à l'entrée et à la sortie du royaume , les
péages , une multitude incroyable de droits
de traite de toute dénomination , au passage
d'une province à l'autre, et ceux d'entrée *
dans les villes ;
f)0 Enfin , les impositions sur les actes,
droits de contrôle , insinuation , centième
denier, formules, greffes, consignations,
lettres de ratification, etc., etc.
L'assemblée nationale ne conserva d'im-
positions qui portassent sur les capitaux,
dans lintérieur du royaume , que celles qui
correspondaient à cette cinquième classe,
les droits d'enregistrement, de timbre et
d'hypothèque.
Mais en adoptant cette espèce d'imposition
sur les actes , on s'appliqua à en simplifier
le plan et la législation.
Seize droits différens étaient agravés par
une foule de lettfes-patentes , d'arrêts du
conseil , d'ordonnances et de décisions con-
tradictoires qui s'obscurcissaient , se com-
pliquaient mutuellement ; leur interpréta-
tion était, en outre , livrée à tout juge d'at-
tribution devant lequel le redevable n'avait
point d'accès , et qui écrivait son jugement
sous la dictée du percepteur même.
Tout ce qu'il y avait de clair dans ces lois
était au désavantage du pauvre : les cent
premières livres d'un acte payaient double
droit; on payait le droit simple depuis 100
fr. jusqu'à 10,000; et, ce droit acquitté,
toutes les sommes qui excédaient n'étaient
assujéties qu'à un droit léger.
Ces seize droits anciens ont été réunis en
un seul , sous le titre de droit d'enregistré-
3«
ment auquel a été joint celui de timbre.
Le droit d'hypothèque avait lieu sur les
biens-fonds seulement et s'exerçai't, lors de
la vente , par les oppositions que les créan-
ciers pouvaient mettre à l'expédition des
lettres de ratification données au nom de
l'état , pour consolider les ventes et préser-
ver les acquéreurs de toute répétition. Mais
il fallait, pour prendre rang parmi les créan-
ciers, avoir stipulation d'hypothèque; celte
stipulation se faisait par des actes ignorés
de chacun de ceux qui en avaient de pa-
reils ; elle était, d'ailleurs , générale , et les
créanciers ne sachant pas toujours en quelle
province leurs débiteurs possédaient des
biens, ceux-ci pouvaient être vendus et les
lettres de ratification accordées sans qu'ils
en eussent connaissance. Le nouveau mode,
tout imparfait qu'il soit encore, a fait dis-
paraître ces vices de l'ancienne législation.
Le revenu de la poste aux lettres est la
seule partie de l'ancien système financier
qui ait paru à l'assemblée nationale ne de-
voir souffrir aucrfne altération.
Le droit actuel de patentes correspond
aux jurandes, aux maîtrises, aux vingtiè-
mes d'industrie , à la portion de taille per-
sonnelle qu'on faisait payer aux artisans et
aux marchands de plus qu'aux autres ci-
toyens, et aux droits d'entrée des villes.
Anciennement, lorsqu'un individu voulait
faire un métier dans une ville , il était oblige
de débourser , pour sa maitri-re , une som-
me considérable qui lui aurait clé très-utile
pour son commerce. Si, pour une cause
quelconque, il ne réussissait pas, s'il était
obhgé de quitter, ou même s'il venait à
mourir, le capital employé à sa maîtrise
était perdu pour lui et pour ses enfans. Si,
croyant trouver plus de ressources, espé-
rant plus de succès dans un autre métier ou
im autre commerce, il se déterminait à les
embrasser ; si , étendant ses combinaisons ,
il voulait en cumuler plusieurs, il fallait,
pour chacun d'eux , payer une nouvelle
maîtrise, et déplus, il ne pouvait l'exercer
que dans la ville où il avait été reçu ; s'il
passait dans une autre ville, il lui fallait
une maîtrise nouvelle; et, dans chacune de
ces villes , il était soumis , pour sa propre
consommation, celle de ses ouvriers, com-
mis ou compagnons, et pour plusieurs mar-
chandises de son commerce , à payer des
droits d'entrée.
La contribution foncière et la contribu-
tion mobilière ont été substituées aux dîmes,
à la taille réelle , à la taille de propriété,
aux fouages et autres impositions analogues,
aux vingtièmes, aux décimes, à la taille
personnelle , à la taille mixte , à celle d'ex-
ploitation, à la taille personnelle, à la capi-
lalion,à la gabelle, au tabac, aux droits
d'aides sur les boissons , les bestiaux , la
marée , au droit de marque des cuirs , à
celui de marque des fers et à celui de fabri-
cation sur les huiles et les savons.
Aucun privilège exclusif ne fut réservé ,
si ce n'est celui de frapper monnaie, parce
qu'il est politique que l'autorité publique
en constate et certifie le titre et le poids; et
celui de la fabrication et des magasins de
poudre à tirer, parce que celte espèce de
munition de guerre intéresse essentielle-
ment la sûreté publique.
Quant aux anciennes impositions territo-
riales et personnelles , elles furent abolies,
car aucune d'elles n'était générale , et au-
cune d'elles non plus n'avait une bonne
régie d'assiette et de répartition , ainsi qu'il
est facile de le démontrer.
1" Les dîmes ne portaient pas sur toutes
les productions ; elles pesaient inégalement
sur celles qu'on y avait assujéties, en ce
sens que le taux de la dîme variait dans le
royaume, et selon les localités, depuis le 7^
jusqu'au 02», et que, en outre, elle était
prélevée sur le produit total , avant qu'on
en eût défalqué les frais de culture , lesquels
variaient selon le plus ou moins de fertilité
du sol. Ainsi, par exemple, dans une bonne
terre , où 240 fr. de récolle ne coûtaient
que 120 fr. de frais , la dîme au 15« prenant
^6 fr., ce n'était que le 8^ du revenu, tan-
dis que dans une terre médiocre, où ces
240 fr. de récolte avaient coûté 160 fr. de
frais, la dime de 16 fr. était le 5* du revenu,
qui n'était que de 80 fr,
20 La taille réelle n'avait lieu que dans
quelques provu;ces, et encore elle ne frap-
pait que sur certains héritages , et d'autres
en étaient exempts.
50 La taille personnelle ou mixte était
divisée en taille de propriété que les privi-
légiés ne payaient jamais, et en taille d'ex-
ploitation qu'ils ne payaient point pour leurs
prés, leurs vignes, leurs bois, ni pour qua-
tre charrues de terre labourables, lorsqu'ils
les faisaient valoir eux-mêmes; qu'ils ne
payaient qu'indirectement lorsqu'ils don-
naient leurs terres à loyer. Les autres ci-
toyens qui semblaient soumis à cette impo-
sition avec un principe d'égalité entre eux,
ne l'étaient au contraire qu'avec beaucoup
d'inégalité. Plusieurs villes en étaient exem-
ptes , et leurs habitans , en faisant dans ces
villes leurs Pâques et quelques actes publics
de domicile , étendaient leurs exemptions à
la campagne, au moins pour la taille de
propriété , et même assez ordinairement ,
pour rexploitatioii de leurs prés et de leurs
bois , quand ils la faisaient de leurs mains.
Les liabitans des autres villes , et en géné-
ral les riches qui avaient des biens-fonds
éloignés du lieu de leur domicile , n'acqui-
taicnt presque jamais la taille de propriété,
parce que l'imposition suivant les personnes,
on ne faisait payer, dans le lieu de la situa-
lion des biens, que la taille de leurs exploi-
tations ; et quoique les propriétaires dus-
sent être imposés à leur do:-.iicile , pour
la taille des facultés que leur procuraient
leurs domaines , quelque part qu'ils fussent
situés, comme on ignorait quelles étaient
leurs propriétés lointaines, on ne pouvait
leur en demander la légitime imposilion.
Ainsi, les pauvres, qui n'avaient de terres
que dans une seule communauté , où toutes
leurs facultés étaient connues , portaient ri-
goureuse.Bcnt la taille de propriété et celle
d'exploitation , tandis que les riches ne
payaient, le plus ordinairement, que celte
deruière , pour toute la portion de leurs
biens dont on n'avait pas connaissance dans
la communauté qu'ils habitaient.
4° La taille personnelle était arbitraire ,
et les citoyens craignaient de se procurer
quelques agrémens , parce que tout sigrie
d'aisance attirait sur eux D.ie augmentation
excessive d'imposition.
h^ La capitation était divisée en trois
branches : l» celle des taillables, dans les
pays de taille personnelle et aiixte, était
répartie au marc la livre de la taille ,.et en
partageait toutes les injustices ; 2° celles dos
villes franches était, pour les artisans, une
addition aux frais de jurandes ; pour les au-
tres citoyens , c'était une taxe purement
arbitraire ; Z° celles des officiers publics et
des privih-giés , au lieu de suivre l'échelle
des fortunes , seule base équitable de toute
imposition , était réglée par les titres. Enfin
les ecclésiastiques en étaient entièrement
exempts , quoiqu'ils y eussent été soutnis
dans son origine, et qu'aucune loi n'eût
formellement prononcé leur exemption.
60 Les vingtièmes même , qui étaient la
moins imparfaite et la moins ve\atoire des
anciennes impositions, puisqu'elle présen-
tait une borne qui ne pouvait pas êtxe excé-
dée, étaient encore répartis d'une manière
très-inégale. Les ecclésiastiques, formant
ce que l'on appelait le clergé de France ,
ne les payaient pas ; quelques pays, quel-
ques villes, quelques corporations , et mê-
me des particuliers puissans avaient obte-
nu des aboiincmens tout-à-fait dispropor-
tionnés avec leurs revenus , et avec la char-
53
ge qae supportaient les autres citoyens.
Les riches surtout étaient parveims à
échapper à cet impôt , et plusieurs parle-
mens n'avaient pas eu honte de prétendre
que c'était un délit que de perfectionner la
répartition ; ils avaient effrayé les directeurs
et contrôleurs, et il en résultait que les
pauvres acquittaient les vingtièraesavec exac-
titude; mais que aucun noble, aucun ma-
gistrat, aucun officier public, ne payaient
plus de moitié ou des deux tiers de ce qu'ils
auraient dû.
Tels étaient les inconvéniens et les vices
des anciennes lois financières dont l'assem-
!)lée nationale a fait justice , en posant les
bases de l'ordre qui s'est établi depuis qua-
rante ans dans le système administratif.
GocvxRRANS : Grave question morale et
fiscale des maisons de jeu.
M. Humann, en sa qualité de rapporteur de
la commission du budget des recettes de i 832,
disait, en demandant la suppression de la lo-
terie , que « le gouvernement manque à sa
» noble mission, lorsque lui-même il entre-
» tient et exploite les mauvais penchans de
» l humanité.»
Cet avis est le nôtre.
La législature de 1835 a fait justice de cet
impôt prélevé sur l'ignorance; mais il est à
craindre quecet ulcère social, extérieurement
et brus<|uement supprimé, sans avoir préala-
blement reçu aucun traitement moral interne,
ne se fasse jour sous une autre l'orme plus
grave encore, sous celle de la fréquentation
des maisons de jeux où , pour le plus grand
nombre de cas, on entre dupe pour en sortir
fripon. Leur suppression sous le triple rap-
port de la légalité , de la morale et de la fis-
calité, est une question de morale publique ,
dont l'examen est tout-à-fait opportun.
L'article 7 de la loi sur la police municipale
du 19 juillet 1791 porte que les jeux de ha-
sard où l'on admet, soit le public, soit des
affiliés, sont défendus, et que les délinquans
seront punis d'une amende de 1000 à 3000 f.
avec confiscation des fonds trouvés exposés
au jeu, et d'une peine qui ne pourra excéder
un an. D'après l'article i«''du décret du 24
juin 1806 : Les maisons de jeux de hasard
sont prohibées dans l'étendue du royaume.
Les préfets, maires et commissaires de police
sont chargés de veiller à l'exécution de cette
disposition. La loi du 5 octobre 1810 déclare
que l'individu convaincu d'avoir tenu une
maison de jeu de hasard, ne peut être excusé,
sous le prétexte qu'il connaissait Içs personnes
admises au jeu, et que les sommes que l'on
jouait étaient peu considérables. Enfin, la loi
34
du2avriU8i9 prononce contre les Jançwi«rs | ce qui est cependant trop certain, c'est que
des maisons de jeux, les peines portées à j le plus grand nombre des condamnés, s'en
l'article 410 du Code pénal. ! reposant aux chances du jeu, ne s'inquiètent
Sous le rapport de la légalité, on le voit, | nullement des moyens à l'aide desquels ils
rien ne s'oppose à ce que les maisons de jeux ; pourront se procurer les premiers besoins de
ne soient pas immédiatement fermées; car, la vie, certains qu'ils sont, d'après des corn
par jeux de hasard, encore bien que le mot
de loterie se trouve placé dans l'article 410 du
Code pénal, il ne peut y avoir de doute sur
l'expressiou générique des mots : jeux de ha-
sard ; en admettant même que cette défense
ne s'appliquât uniquement qu'aux loteries ,
biriaisons infaillibles, selon eux, de se procu-
rer des ressources là où ils ne trouvent que
les occasions d'une rechute, sans pour cela
leur faire perdre l'illusion.
Ainsi donc, soit par le nombre des récidi-
ves dont le jeu a été la cause, soit par celui
leur suppression doit logiquement amener | des premiers écarts qui en sont la conséquen-
dès lors la fermeture de toutes maisons de ce, on peut évaluer à quatre millions, les
■ I économies que la fermeture des maisons de
Sous le rapport de la morale tout a été dit; j fux procurerait, sous le rapport seul de la
d'ailleurs, c'est trop r:»rementsouscepointde justice crimm^Ue.
vue aue les hommes d'état ont l'habitude \ ^'. ce que nous sommes lom d espérer, les
d'examiner les questions sociales. Mais il ; maisons de jeux ne cessent point d'être ou-
u'cn saurait être de même sous le rapport ' vertes comme elles le sont à toutes les intel-
liscal et puisque le motif concluant pour ! Itgences, l'autorité devrait, par urisentiment
maintenir toutes ces sources de dépravation ; de pudeur, prendre des mesures qui arrêtas-
est l'impossibilité de trouver un moyen de | sent le mal en partie. Amsi , par exemple,
remnlacer ce qu il rapporte à la ville de Pa- I ces maisons ne devraient être ouvertes qu'a-
ris nous allons essayer de prouver que, mé- ; P^-ès le fermeture des caisses publiques ou
me' en ce sens, le raisonnement est aussi er- | ^c commerce, afin que les porteurs de fonds
roné qu'immoral. : "'^ *'"^^'^"^ P^^ ^''^"''^ P^'" ''^PP^^ *^'"" ^ain
l.a enne des jeux paie à la ville six mil- H^'/^^^f ^^J^"-;^' '"^ ^.é«"*l've, aux mailres
lions o:j mille francs par an, plus seize mille ''«^ '"P"^^' ^^ '"'^^ '''" J*^" P^^'-''^'^ «""^ P^^'
francs pour Irais de police , pour avoir le
droit d'exercer le monopole le plus avilissant.
Cette somme de 6,055,000 francs que la loi
du 19 juillet 1820 a concédé à la ville de Pa-
ris, ne profile pas à la capitale, car elle verse
annuellement au trésor public une somme
Je 5,500,000 f.
les frais d'administration à la
charge de la ville sont de. . . .. 129,000
total 5,629,000
soustraits des 6,055,000, ce qui réduit le res-
tant à la ville, à la somme de 426,0(i0 francs.
L'administration ne voit en cette mesure qut
l'avantage appa^-cnt de remplir sa caisse, peu sises, sinon sur les dalles de la Morgue,
lui importe la source impure d'où provien- j
nent les écus : c'est une recette, donc il faut I«"n«cT.o» puBt.Qw p».ma.«
maintenir le privilège. Mais ce que M. le mi- 1 1 instruction rehg.euse.
nistre de la justice n'a point noté dans son i La loi du 20 juin isr^ô porte, article 1" :
compte-rendu de la justice criminelle et ce- | « L'instruction priuraire élémentaire coni'
peiulant ce qu'il était si nécessaire de con- » prend nécessairement l'instruction mo-
por-
tcc à dix francs au minimum et à vingt pour
le maximum. Le pauvre et le riche seraient
également frappés par cette mesure. Enfin ,
on pourrait exiger que chaque joueur donnât
avant d'entrer une carte , un passeport ou
livret qui indiquât son individualité , cl les
noms transcrits sur un registre ad hoc, se-
raient portés à la police, où l'on pourrait re-
courir , le cas échéant , pour cunnaUre la
conduite de certains individus. La crainte de
la publicité serait un frein puissant contre
une passion qui fait journellement des vic-
times, que l'on retrouve ensuite sur les bancs
de la police correctionnelle et de la cour das-
Ziiberté do
naître , c'est le nombre de crimes commis
par suite de la fréquentation des maisons de
jeux. En i8"^ , les dépenses des condam-
nations eo récidives seulement s'élevait à
5,600,000 francs; les récidives probables d'a-
près les condamnations de 185"., ensuivant
la proportion des années antérieures, donnent
le chiffre effrayant de 4 millions.
Ce que le gouvernement parait ignorer, et
)) raie et religieuse ; » art. 2 : «le vœu des
» pères de famille sera toujours consulté et
» suivi en ce qui concerne la participation
» de leurs enfans à V instruction reli-
n gieuse. »
La loi a donc voulu assurer, aux enfanj
cl aux écoles, la réalité et la liberté de l'in-
struction religieuse.
Mais, quand il s'agit de croyances en mi-
norité, il est difficile d'accomplir ce vœu de
la loi et de garantir aux enfans des familles
qui professent ces croyances l'inslruclion
religieuse qui leur est nécessaire.
Quelques mesures spéciales et une sur-
veillance constante sont indispensables pour
atteindre ce but, et elles sont l'objet de
courtes instructions ministérielles dont voici
le résumé presque entièrement textuel.
Considérées sous les rapports religieux, les
école» primaires peuvent être ou mixtes, c'est-
rcclcurs doivent donc veiller avec soin à
l'accomplissement des dispositions suivantes
concernant les élèves des écoles primaires
qui professent, quel qu'en soit le nombre,
un culte différent de celui des instituteurs
et de la majorité des élèves.
1° Que dans aucun cas ils ne soient contraints
de participer à l'enseignement religieux, ni aux
actes du culte de la majorité;
2» Que les parens de ces enfans soient tou-
jours admis et invités à leur faire donner, par
à-dire réunissant des enfans de diverses crgyan- i «n nrinistre de leur religion, ou par un laïque
ces, ou particulièrement affectées à l'un des
cultes reconnus par l'état, comme l'autorise l'ar-
ticle 9 de la loi du 29 juin.
Quant à ces dernières écoles, il ne faut point
les multiplier inutilement, et lorsqu'elles ne
sont pas clairement réclamées par le vœu des
diverses parties de la population; mais il faut
aussi. veiller à ce qu'elles ne soient pas injuste-
ment refusées là où elles sont nécessaires. Plus
d'une fois les conseils municipaux ont repoussé
l'établissement d'écoles spécialement affectées
à un culte autre que celui qui dominait dans
leur sein, quoique cet établissement fût vive
régulièrement désigné à cet effet, l'instruction
religieuse qui leur convient ;
3" Qu'aux jours ctheuresde la semaine déter-
minés parle ministre ou les parens, ces enfans
soient conduits de l'école au temple ou dans
tout autre édifice religieux, afin d'y assister aux
instructions et aux actes du culte dans lequel ils
sont élevés.
Dans les écoles normales, ou le nombre des
élèves-maîtres appartenant à un culte autre que
celui de la majorité n'est pas assez considérable
pour qu'un enseignement y soit institué pour leur
usage, le recteur doit veiller à ce que la liberté
ment sollicité par la minorité de la population ! religieuse de ces élèves-maîtres soit scrupuleu
et pût seul satisfaire àses besoins religieux. Par-
tout où les recteurs rencontrent de tels obsta-
cles, ils doiveut faire tous leurs efforts, de con-
cert avec l'administration générale, pour ame-
ner les conseils municipaux à des dispositions
plus justes et plus libérales.
Partout où des écoles particulières à tel ou tel
culte sont ou seront établies, ils doivent veiller
à ce qu'elles reçoivent la même protection et
les mêmes bienfaits que les autres, et donner
toutes les facilités désirables pour que l'instrui*-
lion religieuse y soit régulièrement organisée ,
et pour qu'elles puissent être visitées et inspec-
tées par des personnes de la croyance religieuse
à laquelle elles appartiennent.
Les écoles mixtes sont les plus nombreuses,
sèment respectée, et à ce que rien ne les empêche
de recevoir d'un ministre de leur communion
l'instruction religieuse dont ils ont besoin.
Quant aux collèges, soit royaux, soit commu-
naux, les mêmes maximes d'instruction et de
liberté religieuses y doivent être appliquées.
Déjà dans plusieurs collèges royaux, notamment
dans ceux de Strasbourg, Nîmes, Tournon, et
dans le collège Louis-le-Grond, à Paris, des au-
môniers en titre, et jouissant d'un traitement
fixe, ont été institués pour donner aux élèves
des communions protestantes l'enseignement
religieux. Les collèges de Piouen, de Nantes, de
Bordeaux et de Toulouse sont, quant à présent,
ceux auxquels celte mesure paraît le plus con-
venablementappliquable. Dans les autres collèges
et aussi celles où il est le plus difficile d'assurer, ! royaux , toutes les fois qu'il se trouvera des
pour les familles de croyances diverses, la réa-
lité et la liberté de l'instruction religieuse. On a
pensé quelquefois que, pour y réussir, il sulTisail
de substituer aux leçons et aux pratiques spé-
ciales de chaque culte des leçons et des prati-
ques susceptibles en apparence de s'appliquer à
tous les cultes. Dételles mesures ne répondraient
au vœu réel ni des familles ni de la loi; elles
tendraient à bannir des écoles l'enseignement
religieux positif et efficace, pour mettre à sa
place un enseignement vague et abstrait. Ce que
veut la charte, c'est que chacun professe sa re-
ligion avec une égale liberté, et obtienne pour
son culte la même protection; ce que veut la loi
du 28 juiri, c'est que les enfans reçoivent dans
les écoles l'instruction religieuse prescrite par
le culte de leurs familles. Il faut atteindre ce
but, et non l'éluder par des prescriptions qui
porteraient une égale atteinte à la réalité de l'ins-
truction religieuse et à sa liberté.
Les comités d'instruction primaire et les
élèves appartenant à l'un des cultes reconnus
par la loi, et s'il existe dans la ville une église
de ce culte, le recteur doit faire en sorte, d'ac-
cord avec le consistoire et avec les parens, qu'un
des pasteurs soit appelé pour donner à ces élè-
ves l'instruction religieuse, et que toutes les fa-
cilités nécessaires lui soient assurées pour cette
instruction et pour les pratiques de son c-ulte.
Toutes les fois que le nombre des élèves ainsi
confiés aux soins d'un pasteur s'élèvera a dix,
une indemuité lui sera allouée.
Quel que soit le nombre des élèves, acuun pas-
teur ne sera admis à donner dans un collège
l'instruction religieuse sans que le ministre de
l'instruction publique en ait été préalablement
informe et sans qu'il ait donné son approbation.
Par suite de préventions long-temps fondées
sur de puissans motifs, l'instruction religieuse
est encore, même pour de bons citoyens, l'objet
de quelque méfiance; mais , grâce à des institu-
tions fortes et vraies, et sous un gouvernement
sincère, cette méfiance se dissipera de jour ea
36
jour. L'instruction religieuse, comme la religion
elle-même, ne peut avoir désormais d'autre des-
sein ni d'autre effet que de faire pénétrer dans
toutes les classes de la population, et jusqu'au
fonds des âmes, ces instincts d'ordre, ces goùls
honnêtes, ces habitudes de respect moral et de
paix intérieure qui sont le gage le plus sûr de la
tranquillité sociale comme de la dignité indivi-
duelle.
Gaboe national : Discipline.
La juridiction correctionnelle ne peut
connaître desiniractionsàla discipline qu'au-
tant qu'elles ont eu lieu à l'occasion tle ser-
vice d'ordre et de sûreté, et qu'elles ont été
réitérées six fois dans le cours de la même
année. Si après un jugement pour le refus
de service d'ordre et de sûreté , suivi d'un
autre jugement pour manquement à des re-
vues, non qualillées revues pour inspection
d'armes, survient une troisième infraction
pour désobéissance et insubordination , il
n'y a point Hku à renvoyer devant la police
correctionnelle , le conseil de discipline
n'ayant point épuisé sa juridiction.
{Cour de cassalion, lî juin 1835.)
— Obligation de service.
Nul ne peut se soustraire au service de la
garde nationale dans le canton où il a son do-
micile réel. Il importerait peu qu'il eût ac-
cepté des fonctions d'oflicier dans un canton
étranger, qu'il y eût été installé et qu'il y eût
prêté serment : il ti'en serait pas moins obliigé
à (aire le service dans son domicile réel , si
son inscripîion y est maintenue sur les con-
trôles par les autorités compétentes.
Dans l'espèce, la décision, qui mainliert
l'inscription, emporte exécution provisoire
jusqu'à révocation de ladite décision par qui
de droit. {Courdecassation,iôaoûtiS'35.)
Deux prccédens arrêts de la Cour de cas-
salion ont décidé qu'un citoyen domicilié dans
une ville et nommé officier dans un batail-
lon formé de deux communes voisines de
cette ville cl Tiisanl partie du même can-
ton, no pouvait être astreint à faire le ser-
vice de simple garde national dans la ville.
Par l'arrêt qui précède, la cour restreint
ce qu'aurait eu d'irrégulier une pareille doc-
trine interprétée d'une manière trop large.
La cour dit en effet d'une manière précise
que cette latitude de faire le service, hors
de son domicile, ne peut être laissée que
lorsqu'il s'agit soit d'un même canton, soit
d'une ville composée de plusieurs cantons.
Le principe admis par la cour en ce qui
concerne les villes qui comprennent plu-
sfeurs cantons ou arrondisscmcns. vient à
l'appui de l'opinion souvent exprimée par
M. le ministre, relativement à la ville de Pa-
ris, et qui a pour but de laisser, jusqu'à un
certain point, aux citoyens domiciliés danS
un arrondissement la faculté d'être élus à des
grades dans un autre.
«foRss : Xieur dénombrement.
La liste générale du jury, d'après les der-
niers recensemens, est de 187,921 indivi-
dus, dont 169,702 sont jurés électeurs et
18,219, non électeurs. Ces derniers se com-
posent des catégories suivantes :
Fonctionnaires publics nommés par le roi et
exerçant des emplois gratuits.. . . 847
OtTiciersdes armées de terre et de mer
en retraite, jouissant d'une pension
de 1200 fr., au moins 4370
Eocteurs et licenciés des facultés de
droit, de sciences et de lettres. . . 3209
Docteurs en médecine 350G
Membres etcorrcspondans de l'institut
et des autres sociétés savantes. . . 291
Notaires 4780
Plus imposés pour compléter le nom-
bre de 800. ......... 1156
Total 18219
Sur les 169,702 jurés électeurs, on en
compte 4,516 âgés de moins de 50 ans.
Maires : Moyens de donner de l'instruction
aux enfans trouvés et orphelins placés
dans les hospices.
Par la circulaire du ministre de l'instruc-
tion publique en date du 6 novembre isriS,
les préfets doivent inviter les maires des
communes où seraient placés des orphelins
ou des "nfans trouvés, à prendre les mesu-
res nécessaires pour que ces enfans soient
admis gratuitement à l'école publique con-
formément au § T) de l'art. 14 de la loi du
28 juin 18ÔÔ, et pour qu'en outre ils parti-
cipent à la dislriljulion des livres élémen-
taires destinés aux élèves indigens.
On ne saurait donner trop d'éloges à cette
dispo-^ition de M. le inin'strc de l'instruction
publique, qui a compris combien il était
important de fournir à ces enfans, si dignes
d'intérêt , les moyens de recevoir l'instruc-
tion primaire élémentaire.
— Iiimites du pouvoir municipal.
L'aulirilé municipale ne peut, sans exc-cs de
pouvoir, déclarer dans ses arrêtés qu'eile fera
o!ie-même Cïécuter aux frais des prévcntis, les.
démolitions ou réparations qu'elle croira néces-
s.iires. Celte mesure ne peut cire prise qu'en cas
de péril imminent pour la sûreté publique.
{Couy de Cassalion.)
37
REPERTOIRE DOaiESTIQUE.
s. Éducation de l'enfance. — II. Morale et bien-être des famîlleit
— m. Economie usuelle.
Cnfans : Bducation des filles.
C'est à former la raison de sa fille que doi-
vent s'attacher les premiers soins d'une mè-
re. Pins celle fille apprendra de bonne heure
que les femmes, par L faiblesse de leur na-
ture, sont destinées à n'occuper que la se-
conde place dans l'ordre social, comme à vi-
vre sous la dépendance et l'appui de leurs
parens ou de leur^ maris, plus elle éprouvera
le désir et le besoin d'ennoblir son sort, en
mettant à profit les nombreux avantages qu'il
lui réserve. La mère de famille élève ses
enfans, conduit la maison, gouverne et dirige
les domestiques ; souvent même elle dispose
de la forlufie, ou pour le moins elle est con-
sultée sur la manière d'en disposer. Tous
ces devoirs à remplir ne sont-ils pas assez im-
portans? N'exigetil-ils pas un fond de raison,
de lumières et de connaissances très-rares, et
qui s'acquiert difficileinent? C'est vers l'ac-
complissemeiil de ces devoirs qu'il faut diri-
ger toule l'éducation d'une fille; car de là
nailra pour sa jeunesse du bonheur, de la
considération, et pour ses vieux jours la sa-
tisfaction d'avoir bien vécu. — L'éducalion
des femmes offre beaucoup plus de fa<iliié
que l'éducation des hommes, Dès les premiè-
res années de sa vie, un petit garçon entame
des relations sociales , ses jeux turhulens lui
font rechercher des camarades, tandisqu'une
petiiite fille se tient de préférence au-
près de sa mère. Vos rapports avec elle
étant continuels, c'est de vous qu'il dé-
pend que son esprit ne reçoive que des
idées justes. Si jeune qu'elle soit, répon-
dez à toutes ses queUions avec franchise;
qu'elle ne puisse jamais recoimailre la faus-
seté, ou même douter de ce que vous avez
dit. Ceci est d'autant plus facile que, si la
question était embarrassante, on sait qu'aucun
enfant n'insiste après avoir entendu ces mots :
« Je vous répondrai quand vous serez plus
grande. » Le plus mauvais système, au reste,
est de cacher à sa fille une foule de choses
qu'elle apprend presque toujours. Ces con-
naissances dérobées occupent alors beaucoup
plus son esprit que celles dont vous désirez
le remplir. — Il est donc désirable qu'une
filie cause avec sa mère sur tout ce que son
âge la met à portée de comprendre. Si cette
fille est jolie, par exemple, je voudrais qu'on
ne s'cntétât point à vouloir lui persuader
qu'elle est laide, puisqu'on ne peut empê-
cher que dans la rue ou dans une promenade
elle n'entende un passant faire l'éloge de sa
charmante figure. Mais c'est le cas de lui dire
la vérité, toute la vérité. Qu'elle sache d'a-
bord que la beauté, quoiqu'elle soit un avan-
tage, est bien loin d'être le premier; qu'une
maladie, un accident, peuvent vous en priver
subitement, et qu'en outre, une femme peut
vivre octogénaire, tandis que la beauté dure
vingt ans au plus. Ne lui cachez pas d'ailleurs
que, pendant ces vingt ans, elle se verra en-
tourée d'hommages, qu'une foule d'hommes
chercheront à lui plaire, et tenteront de la
séduire; mais qu'elle apprenne aussi que les
chagrins, les humilialions s'attachent à la vie
d'une femme galante; que toute liaison illi-
cite finit promplement et finit presque tou-
jours mal, ne laissant à notre âge mûr que le
regret amer d'avoir perdu l'estime publique,
la confiarice de notre mari et le respect de
nos enfans. — Toutes les femmes resteraient
vertueuses si l'on pouvait les convaincre du
peu d'importance que les jeunes gens a'ta-
chent à nue intrigue galante, maintenant ,
que la plupart des hommes sont obligés de
se créer une fortune, que tous pretnient un
état ou remplissent des fondions publiques,
et quedes conversations politiques abs.>rbent
le peu d'instans qui leur restent disponibles,
tant d'intérêt de haute portée, tant d'obliga-
tions, amenées par le travail ou les affaires,
occupent leur vie, que cequ'ils appellentl'a-
mourn'arrivepoureux qu'en vingtième ligne.
Voilà tout ce qu'il faut dire à une fille, dès
que le développement de sa raison lui per-
met de l'apprendre ; car on ne saurait trop
tôt pénétrer son esprit fies vérités qu'on vient
de lire, puisque son repos et sa considération
à venir en dépendent. Une mère doit s'ef-
forcer de la convaincre du peu d'avantage que
l'on trouve à cesser d'être honnête fenrme,
tantôt par ses discours, tantôt en lui citant
des exemples, que malheureusement ne lui
fourniront que trop que'ques femmes de la
société; et, pour assurer son succès, elle doit
se presser de prendre avec son enfant l'en-
gagement solennel de ne lui faire épouser
qu'un homme qui puisse lui plaire. Toutes
ces conditions remplies, elle pourra conduire
sans crainte sa fille à l'autel. — Si j'ai parlé
d'abord du besoin d'inspirer à une jeune per-
sonne l'aversion d'une mauvaise conduite ,
c'est que je considère ce point comme la pre-
mière base de son bonheur, attendu qu'un
mari est toujours disposé à excuser dans sa
femme quelques défauts ou quelques torts
quand elle est sage ; mais de ce que la vertu
améliore prodigieusement la situation d'une
femme dans son ménage aussi bien que daos
la société, il ne s'ensuit pas qu'elle la dis-
pense des outres devoirs qu'elle est cppelée
à remplir dans la communauté qu'établit le
mariage. Dès son plus jeune âge , il est bon
qu'elle soit pénétrée de l'idée que l'emploi de
tenir une maison est une des affaires les plus
importantes de la vie d'une femme. Ne lui fai-
tes pas de longs discours sur ce sujet: mon-
trez-lui avec une grande évidence les avanta-
ges qui résultent pour vous, pour votre mari,
pour vosenfans, d'une pratique constante de
l'ordre et de l'économie. Chargez-la de très-
bonne heure du soin de vous aider dans quel-
ques détails du ménage. Mille occasions se
présenteront tout naturellement de lui faire
sentir combien vous contribuez au bien-être,
à l'aisance de la famille , et lui donneront le
désir de vous imiter, car beaucoup de fem-
mes ne négligent les devoirs de ce genre que
faute d'en avoir reconnu toute l'importance,
que faute de pouvoir apprécier au juste le
tortde celles qui s'en dispensent, et le mérite
de celles qui les remplissent.— Ce sont prin-
cipalement les qualités qu'engendrent une
raison éclairée, un jugement sain, qu'il faut
s'appliquer à développer dans une fille; tou-
tes celles qui naissent du cœur sont données
à notre sexe par la nature. Une femme qu'on
ne trouve passusceptible de pitié, d'abandon,
de dévouement, est une sorte de monstre
très-rare ; mais, par malheur, il est fort com-
mun d'en rencontrer qui manquent de pru-
dence, de patience, de discrétion et de cou-
rage contre le sort. — Je voudrais donc
que l'on prit soin d'habituer une fille à se
taire, en confiant d'abord à sa jeune raison
quelques petits secrets, sur lesquels on la
louerait hautement d'avoir gardé le silence;
plus tard, il sera facile de lui faire recon-
naître que c'est principalement sous le rap-
port de la discrétion que les femmes peuvent
se montrer égales, et peut-être supérieures
aux hommes, car cette faculté qu'elles ont
de s'ilcnlificr, pour ainsi dire, à toutes les
peines du cœur, cette puissance de conso-
lation qu'elles possèdent à un si haut degré,
leur attirent chaque jour les confidences de
leurs amis, et souvent même celles de gens
qu'elles connaissent à peine : elles sont donc
sans cesse appelées à faire usage d'une des
qualités les pins propres à faire naître l'es-
time. — Quant à la bonté, il ne faut qu'a-
voir élevé dos enfans, ou même avoir ob-
servé des éducations, pour être convaincu
que la bonté s'apprend; elle s'apprend mê-
me avec une facilité qui fait venir la douce
pensée que les hommes naissent naturelle-
ment bons. L'exemple de parens bienfai-
sans et sensibles suffit pour l'imprimer à
jamais dans une jeune ame; aussi est-il de la
plus haute importance qu'un enfant ne fré-
quente point de mcchans. Une mère doit
avoir jugé sous ce rapport tous ceux qui
l'approchent, tous ceux qui l'entourent,
et principalement ses domestiques. Or ,
rien n'est plus facile à reconnaître que
la méchanceté : il ne faut qu'un mot pour
trahir un mauvais cœur. — Il existe en-
core une qualité dont l'attrait dans une
femme no peut être trop vanté , c'est la dou-
ceur. La douceur porte avec elle un si grand
charme qu'elle crée une seconde beauté, au
point que toute figure qui l'exprime à un
haut degré n'est jamais laide. Le cas le plus
ordinaire est qu'une jeune fille soit naturel-
lement douce ; toutefois, un caractère vif, une
imagination susceptible de s'exaltcr,viennent
trop souvent combattre ce charme originel.
C'est alors qu'une mère ne saurait trop
réprimer dans son enfant tout ce qui res-
semble à l'emportement, à la colère. Le
penchant à la colère cède moins difficile-
ment que beaucoup d'autres : l'homme le
plus violent ne se met jamais en colère de-
vant le roi. Employez la tendresse, la crain-
te, s'il le faut, employez aussi la dérision ,
si puissante sur un petit amour féminin ,
pour forcer votre fille à se contenir tou-
jours en votre présence. La contrainte qu'el-
le s'imposera ainsi pendant plusieurs heu-
res de ses journées doit suffire à la longue
pour modifier sa façon d'être, et pour qu'eu
dépit de son caractère, elle devienne douce
par habitude. — Je ne saurais avoir écrit
ce dernier mot sans parler ici des immen-
ses ressources qu'offre l'jiabitude pour l'é-
ducation en général. Un adage plein de vé-
rité, comme le sont tous ceux qui devien-
nent populaires, c'est que l'habitude est
une seconde nature. Aussi est-elle le pre-
mier ressort qu'on doive mettre en jeu pour
élever un enfant. L'enfant est encore à la
mamelle qu'il a déjà contracté des habitudes,
et plus tard, il ne fait jamais pour une fois
une action bonne ou mauvaise. Grâce à une
active surveillance, il devient possible de le
39
diriger vers les unes en secondant ce pcn-
chaiil à raccoulumaiice qui naît avec nous,
tandis qu'on prend soin de le dérouter des
autres par la distraction ; car, avec les cn-
fans, la distraction est presque toujours une
recette infaillible. — La première habitude
qu'il convient de donner à une tille est celle
(le vivre toujours occupée : c'est communé-
ment de l'oisiveté que naissent les erreurs,
les torts, et par suite le malheur des femmes.
Mais pour mettre les filles à l'abri de l'ennui,
gardez-vous de compter avant tout sur les ta-
lens agréables. D'abord, parce qu'il est dou-
teux qu'une jeune personne en acquiert qui
soient assez perfectionnés pour qu'elle ne les
abandonne pas le jour de son mariage ; ensui-
te, les talens d'une femme, comme sa beau-
té, n'ont qu'un temps, passé lequel, la mu-
sique et la danse,' par exemple, ne sont plus
d'aucune ressource. Or, il faut élever une
femme pour son âge mùr et sa vieillesse
aussi bien que pour son jeune âge. C'est
donc principalement des occupations conve-
nables à toutes les époques de la vie, et sur-
tout de celles qui n'exigent point le secours
du monde, qu'il faut inspirer le goût à une
jeune fille. De ce nombre sont le travail à
l'aiguille et la lecture. Le goût du travail à
l'aiguille est, pour ainsi dire , inné dans la
femme : toute petite encore, son principal
amusement est de coudre les vètemens de
sa poupée. Servez-vous de ce penchant pour
la rendre habile à tous les ouvrages d'agré-
ment comme à tous les ouvrages utiles, sans
en excepter la façon de ses robes, de ses cor-
sels, etc., en un mot, qu'elle puisse tout faire
elle-même dans l'occasion. Pour moi, je ne
sais rien qui me plaise à voir davantage
qu'une jeune et jolie femme travaillant
aux habits de ses enfans. Quant à la lec-
ture, comme elle est la source de toutes
nos connaissances, que nous lui devons le
développement de notre esprit, l'étendue
de notre jugement , il est bien inutile
d'insister sur l'avantage qui résulte pour
une jeune fille d'aimer à lire. Toutefois ,
on peut indiquer quelques-uns des moyens
qui doivent réussir à lui donner ce goût.
En général , j'ai toujours remarqué que
l'on racontait beaucoup trop d'histoires
aux enfans. Quand ils ont pris l'habilu-
tude de cette jouissance qui ne leur coûte
aucune peine , ils sont infiniment moins
disposés à la chercher dans la lecture ,
sans compter qu'alors ils se font dire des
contes par tout le monde , ce qui n'est
pas sans inconvénient ; car bien peu de
personnes respectent ce devoir sacré de
ne mettre dans la tête d'un enfant aucune
idée fausse, aucune image propre à éga-
rer son jugement. La plupart , au con-
traire , songeant plutôt à s'amuser elles-
mêmes qu'à devenir utiles à l'intéressante
petite créature qui, les yeux ouverts, la bou-
che béante, écoute leurs mensonges, pour eu
tirer souvent les conséquences les plus er-
ronnées. Ainsi, dès que votre fille saura lire,
il faut l'habituer à venir chercher dans des
livres, que l'on peut si facilement choisir
avec soin, un plaisir sans danger, et une ins-
truction préférable à toute autre, attendu
que notre mémoire retient surtout ce que
nous avons appris seuls et sans distraction.
— On sent de quelle importance est le choix
des livres que l'on met dans les mains de sa
fille. II faut d'abord ne lui permettre aucun
roman, non qu'il n'en existe quelques-uns
propres à développer de bons sentimens dans
l'ame; mais, outre que ceux-ci sont en fort
petit nombre, leur lecture affadit toute au-
tre lecture : les faits véritables semblent
froids à un esprit rempli de faits imaginaires
Accoutumée ainsi dès son jeune âge à la
gravité de l'histoire, au charme du vrai,
votre fille n'éprouvera de répugnance pour
aucune lecture instructive. Un si grand ai-
trait s'attache au savoir qu'une vérité trivia-
le est que plus on sait plus on veut ap'
'prendre ; une fois son esprit formé, ne
craignez pas qu'elle préfère jamais les ro-
mans aux bons livres : la preuve en est que
les hommes qu'une éducation forte éloigne
dans leur jeunesse de l'habitude de lire
des romans lisent par goût tout autre
ouvrage quand ils sont devenus maîtres
de choisir. — L'étude d'une langue étrangère
étant fort utile pour bien apprendre la sienne,
je voudrais que de bonne heure on donnât à
une jeune fille un maître de latin. L'univer-
salité du français fait qu'il est bien rare qu'une
femme éprouve la nécessité , ou même trouve
occasion de parler l'anglais ou l'italien ; et
puisqu'il ne s'agit que de lire, ce qui me
fait préférer la langue latine à toute autre ,
c'est qu'il en résulterait qu'une mère pour-
rait avoir l'avantage et la jouissance d'en
donner les premières leçons à son fils. De
plus , chacun peut remarquer que l'étude
du latin fait acquérir aux hommes une pro-
priété de termes, une élégance de langage
que ne donnent point les langues vivantes.
Comme les femmes , en France , ne sont ja-
mais exclues de la société (pas même au
dessert, ainsi qu'il arrive chez les Anglais),
qu'elles prennent habituellement part à la
conversation, il est désirable qu'elles par-
lent bien. — Je ne doute pas que ce que l'on
vient de lire ne fasse naître dans plus d'un
40
esprit la crainte qu'une fille élevée de cefte l cet article, les observations qu'il renferme
manière ne soit une pédante ; mais bien "--•=■-'- ._i-:. -„.„-. ..-a . r^^...
pénétrée du caractère de sa mission ici-
bas, connaissant parfaitement la nature
de son métie-r de femme, elle saura que
ses connaissances, tuut-à-fait inapplicables
pour elle à un talent de barreau ou de
tribune, lui ont été données uniquement
comme un moyen d'étendre les facultés de
sont judicieuses et méritent assurément d'être
louées; mais peut-être pourrait-on lui re-
procher de ne contenir que des considéra-
lions d'une part trop générales et de l'autre,
trop exclusives en ce sens qu'elles ne sont
justement applicables qu'à certaines classes
de la société.
La question de l'éducation des femmes
son esprit, et d'élever sa raison au point i se réduit, selon nous, à des termes très-
qu'elle put remplir dignement les véritables simples, bien qu'à notre avis ce soit la pre-
condilions de sa destinée. Bien loin alors de | mière question morale et politique du siècle
s'enorgueillir de ce qu'elle sait, un jugement 1 et de la société dans lesquels nous vivons,
échiré l't'.ui^nera du désir de tenter plus j Commençons d'abord par déclarer qu'en
qu'elle ne peut et qu'elle ne doit. On con-
viendra qu'il est bien plus déplacé , bien
plus choquant de voir une femme se mêler
d'intrigues politiques, donner des places,
faire des ministres, ainsi qu'on l'a vu si sou-
vent, que de l'entendre citer par hasard
un vers d'Horace.— Il faut réfléchir d'ailleurs
que si quelques femmes qui ont appris le
latin ont parfois la sottise de s'en prévaloir,
c'est que cette connaissance les distingue de
France, toute tentative d'émancipation de
la femme ou des femmes ne saurait jamais
être sérieuse, le ridicule lui sera toujours
un insurmontable obstacle; de fait les lois
françaises, en harmonie avec la nature et
à la hauteur de la civilisation, n'asservissent
point les femmes, elles les respectent et
les protègent.
La condition légale des femmes n'appelle
donc point de reformes importantes; il n'en
la grande majorité de leur sexe ; mais si ce ; est point ainsi de leur éducation sociale
savoir devenait commun à toutes les filles \ trop négligée d'un gouvernement qui s'est
bien élevées, aucune ne songerait a s en
montrer plus fière qu'elle ne l'est de savoir
broder. — Le but de l'éducation qu'on vient
q'indiqucr rapidement ici (car la dimension
de cet article ne permet pas les développe-
mens ) est donc qu'une femme , par la bonté
de son cœur, l'élévation de son caractère,
la douceur et la pureté de ses mœurs , s'as-
sure la tendresse et l'estime de tous ceux
ui lui sont chers. Qu'elle vive occupée
avant tout des soins que réclament sa fa-
mille et son ménage, et qu'elle possède
assez d'instruction pour que la lecture , la
attribué la direction de l'instruction publi-
que
Dans l'éducation des femmes, c'est moins
encore le bonheur de leur existence que
l'utilité de leur mission qu'il faut considérer :
dans toutes les descriptions et les disserta-
tions, la fcnune n'a[)parait jamais qu'en se-
cond ordre, de là l'imperfection de l'éduca-
tion qu'elle reçoit, quelque poétique que soit
le nom qu'on lui doiuie de « douce compagne
de l'homme.»
Considérée sous ce point de vue plus pas-
toral que social, l'instruction superficielle
conversation, la représentation d'une bonne | des fennnes s'cx[)lique; il n'est pas néces-
pièce de théâtre suffisent à charmer ses loi- i saire,en effet, que leur instruction soit plus
sirs. — Il est certain qu'une fille élevée ainsi | profonde si leur destinée doit se borner à
aurait déjà la chance , une fois entrée dans j cette condition accessoire et passive.
le monde , de vivre plus satisfaite , plus con- j Mais si, à l'idylle du poète, vous substituez
sidérée, en un mot, plus heureuse que la
plupart des femmes. 11 ne s'ensuit pas néan-
moins que l'on doive répudier complètement
les talons agréables : les vertus, les quali-
tés les plus solides ne dispensent point une
femme du besoin qu'elle a de plaire , non-
seulement dans sa jeunesse, mais encore à
tout âge, ne fut-ce alors que par l'aménité
etl'agrément de toutes ses manières.
M"E DE Bawr.
L'article qui précède est extrait du Dic-
tionnaire de la conversation, dont le Jour-
nal des Connaissances titilcs a déjà fait
plusieurs fois l'éloge, les vues qu'exprime
la pensée du législateur, si vous délaissez
le passé pour l'avenir, si à la place de
l'épouse vous ne voyez plus que la mère,
les rôles aussitôt changeront, — à la femme
appartiendra le prenn'er, — à l'homme le se-
cond; dans ce dernier vos yeux ne verront
plus que le fils élevé par sa mère!. . . .
C'est alors que l'éducation de la femme vous
paraîtra incomplète et superficielle, en-
tièrement contraire au but qu'elle devrait
se proposer; c'est alors qu'involontairement
votre esprit se surprendra faisant justice
de ces lieux communs, qui étiolent les so-
ciétés, tels que ceux-ci : « La femme est
faite pour plaire et pour aimer ... La femme
douce moitié de l'homme Compa-
gne de sa vie , . . etc., etc.; » c'est alors que
votre esprit s'empressera de reconnaître,
que des deux conditions de la femme, celle
de mère est la première, que celle d'épouse
n'est que la seconde; la maternité est sa vo-
calion, elle l'élève au-dessus de l'homme,
le mariage n'est qu'une fonction qui la met
au contraire dans sa dépendance.
Pour déterminer judicieusement quelle
est l'educalion et l'inslruclion que doivent
recevoir les femmes, il importe donc avant
et par-dessus tout de se rendre un compte
rigoureusement exact de la mission que
leur préparent les tendances de la société.
Les femmes portent l'avenir des sociétés
dans leur sein ; jamais il n'y aura de pro-
grès rapides et réels que ceux qui leur se-
ront dus.
L'amélioration du sort des classes popu-
laires et leur moralisalion se lient étroite-
ment à l'amélioration de l'instruction des
flammes; l'uii-e ne sera possible qu'après que
l'autre aura été réalisée.
Satis renouveler la discussion de l'action
réciproque des mœurs et des lois, disons,
pour trancher la queslion indécise, qu'aux
mères de l'ainille plus qu'aux lois, il appar-
tient d'exercer une salutaire influence sur
les mœurs du peuple et les progrès de la
raison humaine.
Former des mères dignes de ce nom,
capables d'exercer avec discernement celle
première des fondions sociales, tel doit être
le but de l'inslruclion des filles; former des
épouses qui snicnt des compagnes douces,
agréables et fidèles, sera tout naturellement
le résultat de la bonne éducalii.n puisée
au sein de la famille; celte éducation sera
d'autant meilleure qu'elle sera plus com-
mune, qu'elle aura pour rudiment des
exemples plus souvent que des préceptes,
sans yavoirété systémaliquement préparée,
soyez assuré que !a tide sera toujours
bonjie épouse si l'éducation d'une bonne
mère l'a faite à son image.
Considérée sous ce point de vue tout
maternel, quelles sont les réformes que doit
subir l'inslruclion des filles? que. les con-
naissances nouvelles leur faudra-t-il acquérir?
A toutes les questions qui peuvent élre
faites, nous répomJrons par une seule ligne
qui renferme tout noire programmne de
l'éducation des filles :
« IL FADT APPRENDRE AUX FEMMES CE
qu'elles doivent PLDS tard ENSEIGNER
AUX ENFANS QUI NAITRONT D'ELLES. ))
En d'autre termes:
Il faut donner aux filles et aux garçons,
41
nés dans la même condition, la même
instruction, afin que dans l'avenir les filles
devenues mères accomplissent ce que VU--
niversité ne fait qu'à demi, dispendieuse-
ment, et révolutionnairement, et , qu'ainsi,
soient assurées et l'éducation et l'instruction
des enfans, sans nuire au bien-être de la
famille et sans troubler la hiérarchie sociale
telle que la comportent l'egalilé civile et
la liberté politique. Emile de GinAUDiN.
Des vins et des liqueurs spiritueuses dans
leurs rapports avec la saotè, d'après les
observations de HalIé.
(Deuxième article.)
Les différences que présentent les vins
dans leurs qualités et dans leurs effets sur l'é-
conomie animale dépendent des proportions
de leurs principes immédiats, et principa-
lement de celles de l'alcool , du mucoso-su-
cré, de la matière colorante exlraclive , du
tartre et des acides qu'ils contiennent.
Les vins faibles dalcool , imparfaitement
fermentes et chargés d'acides, désaltèrent
bien , mais stimulent faiblement l'eslomac.
Bus en trop grande quantité, au milieu d'une
alimenta.'ÎMi abondaute , ou reçus dans des
estomacs faibles , ils donnent d'abord des
: rapports aigres, puis des colliques iiitesti-
j nales ; bus en quantité assez grande pour
1 causer l'ivresse , ils occasionent l'assoupis-
sement suivi d'indigestion , qui se termine
par des vomissemens aigres ; ils ne convien-
\ nent point aux estomacs Hiibles, chargés de
j glaires, dont les digestions sont lentes et su-
! jettes à engendrer des aigreurs ; tels sont
les vins de la Brie et de la plupart des envi-
rons de Paris, et de quelques-uns de l'Or-
léanais quand ils sont imparfaitement pré-
parés.
Les vins généreux contenant beaucoup
d'alcool et bien fermentes, désaltèrent moins,
stimulent davantage et accélèrent la diges-
tion ; ils échauffent promptement ; leur
ivresse est forte, mais elle ne cause pas si
constamment des indigestions et des vomis-
semens ; ils conviennent, en qualité modé-
rée, aux estomacs faibles et sur la fin des
repas ; ils ne conviennent pas aux personnes
irritables dont la tête se trouble aisément et
dont la circulation s'accélère par la moindre
excitation ; tels sont les vins du Languedoc
et du Roussillon bien fermentes, et la plu-
part des vins de Portugal et d'Espagne.
Les vins les plus favorables à la digestion,
et dont la quantité et l'abus présentent en
même temps le moins d'inconvéniens , sont
ceux qui, lescrcment acidulés et suflisara-
42
ment généreux , contiennent des quantités
modérées d'alcool, peu de mucilage sucré,
et qui ne sont pas très-chargés de partie ex-
tractive et colorante , ni d'une trop grande
quantité de tartre. Ainsi, les vins de Bor-
deaux vieillis et dépouillés par le temps
d'une partie de leur substance colorante et
extractive , les vins de Bourgogne, les vins
de Champagne méridionale, bien fermentes,
plus acidulés cependant et plus légers que
les vins de Bourgogne; enfin les vins du
Nord, comme ceux du Bar et du Rhin , qui
ont loiig-temps vieilli et se sont dépouillés
de leur àpreté en déposant leur tartre, sont
les vins qui conviennent à un plus grand
nombre d'estomacs.
Les vins qui tardent long-temps à se faire
et qui, dans leur état de perfection, conser-
vent toujours un peu d'àpreté, comme les
vins de Bordeaux rouges et blancs , mais
principalement les rouges , sont toniques ,
très-peu stimularis et n'enivrent qu'à grande
dose ; ils conviennent aux personnes dont
l'estomac est faible et qui sont très-irritables.
Dans une alimentation modérée, ils soutien-
nent les forces digestives ; mais ils n'excitent
pas assez et ne suffisent pas dans les excès
de table , encore qu'ils n'aient pas les incon-
véniens de l'ivresse qui suit l'usage peu mo-
déré des vins plus généreux , dans lesquels
l'alcool est plus développé.
Les vins blancs , plus légers en général que
les vins rouges, quand ils ne contiennent
pas beaucoup de mucoso-sucré et qu'ils ne
sont pas d'ailleurs très-généreux , tels que
les vins blancs de Bourgogne et ceux de
Champagne , étanchent très-bien la soif, s'é-
coulent facilement par les urines, et, pris
en excès, ne causent qu'une ivresse prompte,
mais peu durable, moins dangereuse et sur-
tout moins longue que celle qui suit l'excès
des vins rouges et de ceux qui sont très-
chargés ou de mucoso-sucré, ou de partie
extractive, ou de tartre.
Les vins légers, mis en bouteille avant la
l'ermenlalion terminée , achevant ainsi leur
fermentation alcoolique dans les vaisseaux
fermés, s'impreignent d'une grande quan-
tité d'acide carbonique qui les rond mous-
seux, stimulent vivement et proniptement ,
désaltèrent bien , échauffent peu , donnent
lieu, même pris en petite quantité, à une
ivresse instantanée qui se borne à égayer ,
étonner et étourdir , mais qui se termine
promptemcnt sans troubler la digestion et
sans avoir de conséquences funestes.
Les vins qui étant très-chargés de mucoso-
sucré et très-alcooliques contiennent en ou-
tre une partie aromatique amère, comme les
vins de Malaga et de Rota , sont des stimu-
lans d'autant plus utiles qu'ils sont plus vieux
et qui leur reste moins de mucoso-sucré;
ils sont utiles aux personnes dont l'estomac
est faible et la digestion lente, ou dont les
forces digestives ne sont pas proportionnées
à la quantité d'alimens solides nécessaires à
leur restauration ; mais on ne doit les pren-
dre qu'en petite quantité.
Les vins sucrés aromatiques non amers et
peu alcooliques , comme les vins muscats ,
ceux de Hongrie , les vins grecs, contenant
encore beaucoup de parties fermentescibles,
conviennent peu aux estomacs faibles dont
les digestions sont ordinairement lentes, im-
parfaites et sujettes à donner des aigreurs;
ils conviennent moins encore quand l'alimen-
tation a excédé la mesure convenable.
Les vins généreux, pris purs ou mélangés
d'eau , sont bons pour ceux dont la digestion
est lente, î'estomac chargé de glaires, et
qui sont aisément incommodés par l'abon-
dance des boissons.
Les vins étendus d'eau, et rendus ainsi
très-légers, sont meilleurs pour ceux qui
prennent habituellement beaucoup de boisson
et dont la digestion n'a pas besoin d'être ex-
citée : les vins pris de cette dernière manière
sont plus utiles dans le cours du repas.
Les vins purs valent mieux , comme sti-
mulans ou excitans, soit avant, soit à la fin
des repas.
L'usage de plusieurs vins dans les repas est
souvent nuisible, surtout lorsqu'on fait suc-
céder les vins sucrés doux à des vins acidulés,
des vins qui ont beaucoup de corps , c'est-à-
dire beaucoup de matière colorante extrac-
tive à des vins légers , spécialement après
une alimentation abondante.
Les vieux vins généreux et secs , c'est-à-
dire ceux qui ont peu de mucoso-sucré et
de matière colorante extractive , et les vins
légers mousseux suffisamment fermentes ,
n'ont pas les mêmes inconvéniens , parce
qu'ils ne font qu'ajouter à l'excitation qui ac-
célère la digestion ; que les uns ne sont plus
susceptibles de fermentation et ne passent
pas aisément à l'aigre , et que les autres, en
raison de leur légèreté, séjournent peu dans
nos organes ; mais ces variétés de vins ne
peuvent être utiles que comme compensant
les désavantages d'une alimentation trop forte,
soit à raison de la quantité d'alimens , soit
en raison delà faiblesse de l'estomac. Ainsi,;
un semblable usage appartient toujours à un
défaut de sobriété qui doit être banni du ré-
gime habituel et journalier.
Le mélange de ralcool aux vins peu gêné-
reux ne produit qu'une combinaison impar-
faite qui enivre promptement.
Les vins de cabaret , qui sont souvent des
mélanges de vins aigres avec de l'eau-dc-vie
et de vins très-charges de matière colorante,
produisent le double effet d'enivrer promp-
tement et de causer des indigestions.
La bière est le produit de la fermentation
de l'orge qu'on a fait germer pour y dévelop-
per un principe sucré, et torréfier pour lui
donner do l'amertume et de la couleur. Sou-
vent on ajoute à l'orge du seigle, du froment
et quelquefois de l'avoine. On augmeiîte l'a-
mertume de la bière et on la rend aromati-
que avec le houblon et quelquefois avec d'au-
tres plantes.
La petite bière étanche très-bien la soif et
d'une manière durable ; en même temps elle
nourrit, elle excite légèrement les organes
digestifs et la sécrétion des urines. Sydenham
la recommande aux goutteux ; il était lui-
même atteint de la goutte et sujet aux cal-
culs rénaux ; et il se trouvait très-bien de
celte boisson. Il attribue la propriété de pré-
venir le pissement de sang qu'occasione
la présence des calculs dans les voies uri-
naires.
Les bières fortes, telles que le porter et
l'aie, dont les Anglais font un grand usage ,
contiennent plus de matières nutritives et
plus d'alcool que la petite bière; leur usage
renouvelle promptement le sentiment de la
soif, beaucoup moins promptement cepen-
dant que les vins très-alcooliques ; elles dis-
posent les personnes qui en abusent à la ca-
chexie lymphatique et énervent leurs facul-
tés mentales.
Le cidre et le poiré présentent des quali-
tés différentes : l'un et l'autre contiennent
plus de matière sucrée que la bière ; ils con-
tiennent beaucoup d'acide malique , principe
qu'on ne trouve pas dans la bière ; ils con-
tiennent aussi l'acide acétique mais point de
tartre. Le poiré est plus acide , un peu plus
alcoolique et moins sucré que le cidre ; ce-
pendant il s'altère plus promptement : il faut
le boire peu de temps après sa préparation ,
tandis que le bon cidre peut se conserver
deux ou trois ans. On doit le renfermer dans
des celliers dont la température soit toujours
au-dessus de zéro, car il se congèle facile-
ment et alors il est perdu. Le cidre et le poiré
désaltèrent bien, nourrissent moins que la
bière et enivrent facilement. Le poiré agace
les nerfs de beaucoup de personnes, comme
les vins blancs et surtout ceux qui sont mous-
seux.
Les liqueurs alcooliques, quelle qu'en soit
l'espèce, prises en très-petite quantité et de
4Z
manière à agir exclusivement sur la mu-
queuse de la bouche et sur les organes sali-
vaires , sollicitent une excrétion modérée de
salive, font cesser le sentiment de la soif et
peuvent ainsi convenir, comme nous l'avons
déjà observé, toutes les fois qu'il y aurait
quelque inconvénient à porter à la fois dans
les voies digeslives une grande quantité de
liquide ; à très-petites doses , elles ont aussi
l'avantage de modérer la sueur dans les cli-
mats très-chauds. Dans les voyages ou autres
circonstances où l'on est privé d'alimens pen-
dant un temps plus ou moins long , un peu
d'eau-de-vie, soit pure, soit étendue d'eau,
calme très-bien le tourment de la faim; mais
dans l'habitude ordinaire de la vie, on doit
être extrêmement réservé sur l'usage de ces
liqueurs pendant les repas; elles ne convien-
nent que comme assaisonnement aux consti-
tutions humides et chargées de glaires , sur-
tout dans certaines contrées septentrionales,
où l'on fait peu usage du vin , à cause de sa
rareté. Prises alors en petite quantité , elles
favorisent et accélèrent la digestion et exci-
tent en même temps toute l'économie ; à gran-
des doses, elles détermineraient une ivre;se
durable et de grands désordres dans la di-
gestion.
Très-concentrées, les liqueurs alcooliques
peuvent enflammer l'estomac. Leurusage ha-
bituel , même à un degré modéré de concen-
tration , émousse la sensibilité des organes
gastriques, durcit leurs parois, altère les
sucs que ces organes sécrètent , rétrécit le
calibre des vaisseaux absorbans , endurcit
les glandes mésentériques , et finit par étein-
dre la sensibilité générale. Aussi, les hom-
mes qui font abus de liqueurs spirilucuses
perdent l'appétit , digèrent mal , ne tardent
pas à avoir des obstructions et périssent hy-
dropiques et dans un abrutissement complet
de leurs facultés.
Les ratafias, ou infusions aromatiques fai-
tes dans l'alcool et sucrées , sont légèrement
nourrissans en raison de la quantité de su-
cre qu'ils contiennent. Les aromates qu'on y
fait entrer leur donnent des propriétés parti-
culières suivant leur différente nature. C'est
ainsi que la vanille donne aux liqueurs qui
en contiennent une saveur extrêmement
agréable et semble les rendre un peu aphro-
disiaques : c'est ainsi que celles qui sont spé-
cialement aromatisées par la cannelle stimu-
lent et échauffent ; que celles que caractérise
la partie amèrede l'absynthc, de l'écorce d'o-
range ou du citron, excitent particulièrement
les fonctions de l'estomac et sont en consé-
quence de très-bons toniques; enfin, c'est
ainsi que les liqueurs où domine la partie
44
aromatique des amandes amères, comme le
kirsch, ont sur le système nerveux une action
particulière qui semble les rapprocher des
substances narcotiques. Outre ces iiiconvé-
niens, qui sont particuliers à chacune d'elles,
ces liqueurs ont encore ceux qui résultent
de ralcool qui en forme toujours la base.
Ongles incarnés .
Au nombre des inconvéniens qui résul-
tent d'une chaussure trop étroite , on doit
mettre au premier rang l'affection désignée
sous e nom d'ongle incarnée , ongle entré
dans les chairs , qui se manifeste aux doigts
des pieds et communément au gros orteil.
Un des bords de l'ongle , se recourbant sur
lui-même , entame la chair sous-jacente ,
et entretient des douleurs aiguës , contre
lesquelles la médecine a échoué le plus or-
dinairement. Le remède le plus or(Jiiiaire-
mcnt employé contre cette affection est de
couper l'ongle fréquemment , et de manière
à ce que, par le défaut de croissance, il ne
puisse toucher les chairs attaquées. Mais
quand une fois l'ongle a pris une direction
vicieuse , ou qu'il est trop recourbé , il con-
serve cette direction à tel point que s'il ve-
nait à tomber par une cause quelconque ,
il reprendrait , en naissant , la même forme
qu'il avait acquise. Cela est si vrai que sou-
vent on a vu des malades garder le lit après
l'avuhion de l'ongle incarné , et plus lard
user de chaussures larges et souples , sans
pour cela empêcher une nouvelle déviation.
Quelques personnes , au lieu d'attaquer
l'ongle , retranchent , avec le bistouri , toute
la partie charnue qui avoisine la portion ren-
trante de longle ; d'autres enfin, arrachei-l
l'ongle entier et après l'avuhion, cautérisent
par le fer rouge les parties mises à décou-
vert, pour empêcher qu'il renaisse un on-
gle nouveau.
Mais tous ces moyens , dont les résultats
sont iiislantnnés ou accompagnés de dangers
graves , n'oUrent point l'eflicacilc qu'on doit
attendre de la pralique d'un art aussi habi-
lement cultivé que l'est la chirurgie en Kran-
ce. Tels sont les motifs qui o!it porté M. le
docteur Vésignié à chercher un procodé
curatif qui réunit à la fois la simplicité ,
la sûreté dans l'opération, et put se conci-
lier avec le besoin de se livrer à ses affai-
res tout en en faisant l'application.
Comme on le conçoit , il s'agissait de ren-
dre à l'ongle sa forme naturelle , en dinn-
nuant sa troj) grande courbure , c'est-à-dire
de redresser la portion incarnée. Voici le
procédé à l'aide duquel M. Vésignié a at-
teint ce but.
Trois petites plaques d'argent de six mil-
limètres de longueur , sur quatre de lar-
geur, un quart de millimètre d'épaisseur,
articulées ensemble sur leur bord le plus
long , par de petites charnières , forment
une chaîne plate d'environ 12 millimè-
tres de longueur sur six de largeur. Les
charnières privées de point d'arrêt permet-
tent le mouvement sur ces deux faces , mais
n'offrent leur saillie que sur l'une d'elles.
Des deux extrémités de ces plaques réunies,
l'une est recourbée d'un millimètre en ma-
nière de crochet ou de gouttière , du côté où
les charnières n'ont pas de saillie , et l'autre
porte dans le sens opposé au petit talon qui
la renforce assez pour qu'en cet endroit on
puisse la percer et la tarauder suivant le sens
de la longueur. On introduit l'extrémité à
gouttière de celte espèce d'agrafe articulée
sous le bord incarné de l'ongle , qui se trou-
ve ainsi accroché ; ensuite on pbce sous le
bord opposé une pareide agrafe, et on réu-
nit les deux à laide d'une vis en argent , à
tête fraisée , ayant un millimètre de diamè-
tre et dix millimètres de longueur. On serre
alors la vis pour fixer les deux agrafes et
on coupe avec une pince incisive sa partie
excédante et deverme inutile.
Une fois cet appareil convenablement ap-
pliqué, le reste du traitement appartient
au malade qui serre graduellement la vis ,
quand il le juge opportun; du reste, l'appli-
cation des agrafes ne présente aucune difli-
culle , il suffit de prendre les précautions
suivantes :
Avant de procéder à l'application des a-
grafes , il convient de racler le dos de l'on-
gle du côté malade , pour l'affaiblir et faci-
liter son redressement , ensuite on fait la
place de l'agraffe qui doit être mise sur le
côlé sain en soulevant l'ongle , et on essaie la
gouttière sur son bord , en la poussant jus-
qu'à l'endroit oii celui-ci cesse d'être lii.re ,
afin de voir à quelle distance la vis pourra
se tr.>uver , et si l'espace sera suffisant pour
Ibrnier un point d'appui convenable. Il suf-
fit que la portion libre du bord de l'ongle
offre seulement une ligne d'étendue. On
procède ensuite au placement de l'agrale
du côté malade soit en l'introduisant par le
eùlé libre de l'angle , soit en l'insinuant en-
tre le bourrelet charnu et le bord incarné.
La première agrafe étant placée sous le
bord incarné de longle , d faut essayer la
seconde , ei , ainsi que cela se voit presque
toujours , si la vis qu'elle porte ne tombe
pas exactement en regard du trou taraudé,
on retranche de l'extrémité croisée , à l'aide
d'une lime ou d'une tenaille incisive , une
portion suffisante de l'ongle qui gène.
Les deux agrafes étant placées , et les
trous de leurs talons se trouvant en regard
l'un de l'autre , on introduit la vis qui sert
de clé et on la serre. Par ce mécanisme ,
les deux bords de l'ongle se redressent à
l'instant. Il suffit de prendre garde de trop
serrer la vis , dans la crainte de casser le
bord que l'agrafe soulève. Si l'ongle offrait
de la résistance , on plongerait le pied dans
l'eau tiède , pour ramollir la substance cor-
née, et faciliter l'eflet de l'appareil.
Une fois que l'orteil est armé de ces liens
métalliques , la douleur cesse , le bourrelet
charnu s'affaise et l'ulcératiou est prompte-
ment cicatrisée.
45
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL.
I. Agriculture, -^ 12. Arti libéraux. — HZ, Commerce.
Chimistes : Action de la vapeur d'eau pour
décomposer le sulfure de plomb.
M. Jordan ( de Clausthal, au Hartz) a ré-
pété les expériences de Pallinson sur la dé-
composition de la galène par la vapeur d'eau,
à une haute température. En opérant sans
le contact de l'air, il a obtenu des résultats
dont il déduit les conséquences qui suivent,
et qui se trouvent dans le journal de chimie
d'Erdmann : 1° une portion de sulfure de
plomb indécomposé fut entraînée par le cou-
rant de vapeur d'eau, et se déposa, pour
forme cristaline, dans une partie peu échauf-
fée du cube servant à l'expérience. 2° Une
autre portion de galène a décomposé l'eau,
à une haute température, et il s'est dégagé
du gaz hydrogène sulfuré et du gaz acide
sulfureux; en conséquence, il y a eu une
petite quantité de plomb mise en liberté, et
qui se montrait à la surface de la galène res-
tée indépomposée et à la même place.
' Des expériences ont été faites également
pour vérifier celles de Paltinson sur le même
sujet, et en laissant un libre accès à l'air
atmosphérique; mais par suite de cette der-
nière inconstance, il y eut grillage de sul-
fure de plomb et formation de sulfate; il y
eut aussi du métal de produit en même temps
que de l'oxide jaune.
Pour s'opposer autant que possible à ces
effets d'oxidalion, M. Jordan fit l'expérience
qui est décrite dans un article imprimé dans
le journal que nous venons de citer et qui a
été traduit, pour la première fois et publié
en français par M. Guenyveau, auquel nous
empruntons ces détails.
Pour empêcher la formation de l'oxide
jaune de plomb, on crut devoir mélanger la
galène de poussière de charbon ; on amena
dessus de la vapeur d'eau et de l'air atmos-
phérique, et l'opération ayant été continuée
pendant 3 heures, il se dégagea plus de gaz
hydrogène sulfuré, et moins d'acide sulfu-
reux que dans les expériences précédentes,
où la galène n'était pas mélangée de charbon.
Les effets doivent certainement être attri-
bués à la présence du charbon et à son affi-
nité avec l'oxigène.
Voici ce qu'on observa dans les tubes
après les avoir brisés. Des parties de galène
avaient été volatilisées, et celle qui était res-
tée au fond du tube était mate et parsemée,
à sa superficie, de très-petites globules dé
plomb métallique.
Il résulte de cette expérience que, bien
que la présence du charbon préserve le
plomb réduit de toute oxidalion ultérieure,
et s'oppose à la formation de l'acide sulfu-
reux, du moins tant que ce charbon n'est
pas compièlement brûle, l'opération du gril-
J'igH est cependant très-prolosigée.
11 semblerait donc convenable, d'après cela,
(l'ajouter de la poussière de charbon dans l'o-
pération du grillage exécutée en grand, lors-
que les morceaux de minerai ont été com-
plètement grillés, et afin de recueillir le plus
possible de plomb métallique dans le four-
neau de grillage.
Si l'on n'introduit que de l'hydrogène pur,
même pendant plusieurs heures et sans ad-
mettre l'air, sur de la galène portée à la cha-
leur rouge , il se dég-ige également de
l'hydrogène sulfuré, et il y a du plomb de
réduit en proportion de celui-ci; mais ce
moyen est, de sa nature, fort lent. Si l'on
faisait agir de l'hydrogène seul sur de la ga-
lène, dans le fourneau à réverbère où l'on
traite ce minerai, le travail en serait peu
accéléré ; mais en y laissant pénétrer en
même temps l'air atmosphérique, l'action de
l'hydrogène pourra être annulée , si la tem-
pérature est suffisamment élevée dans le four-
neau.
Au lieu de cela, dans un fourneau à ré-
verbère, on a beaucoup plus à attendre de
l'action de la vapeur d'eau de celle de la
poussière de charbon, et de l'air, en les em-
ployant à des époques convenables. Quant
au refroidissement que pourrait occasioner
l'introduction de la vapeur, il n'y a aucune
crainte à avoir. L'oxigène doit toujours être
l'agent principal de la séparation du plomb
d'avec le soufre, dans le traitement de la ga-
lène au fourneau à réverbère.
CoRROYECBs : Ségras.
Matière employée dans la courroierie
pour donner de la souplesse aux cuirs et
le rendre imperméable. On connaît deux
espèces de dégras dans le commerce : celui
i6
dit de pays et celui de Niort. 1-e premier '
est un produit immédiat du chamoisage des
peaux. Lorsqu'elles sont débourrées etde-
fleurées, on les imprègne d'huile dont on
enlève l'excès par la potasse en liqueur; il
en résulte une dissolution qui contient non-
seulement du savon, mais encore de la gé-
latine. Cette dissolution, évaporée à siccilé,
donne pour résidu le dégras du pays.
A Niort, on la décompose par l'acide sul-
furique; on en précipite le dégras qui porte
le nom de celte ville, et qui n'est autre
que de l'huile oxygénée. On donne à l'huile
de poisson toutes les propriétés de ce der-
nier dégras en faisant boullir pendant cinq
minutes une livre de cette huile avec une
1 [2 once d'acide nitrique à 25 degrés.
Forces (maîtres de) : Procédé pour fabriquer
la fonte et le fer en barres , par Z^. Gue-
nyveau, ingénieur en chef et professeur de
minéralogie à l'Ecole royale des Mines de
France.
Depuis iO ar-s, un assez grand nombre de
forges à l'anglaise se sont élevées à grands
frais, et les 25 ou ôO millions qu'on y a em-
ployés n'ont pas produit de grands avan-
tages à leurs propriétaires. Les sacrifices faits
par eux ont tourné uniquement au profit des
consommateurs par l'abaissement du prix
des fers en barres, même de ceux de pre-
mière qualité, fabriqués avec le charbon de
bois.
Les circonstances favorables dans lesquel-
les se trouve placée l'Angleterre dans l'in-
dustrie du feu lui donnent une supériorité
incontestable sur le prix de revient, surtout
par la réunion sur un même point (souvent
dans une même exploitation) de la houille
et du minerai de fer de bonne qualité, quel-
quefois aussi de la castine, ce qui ne s'est
pas encore rencontré dans aucun autre
pays.
L'imitation des procédés anglais n'ayant
pas réussi complètement chez nous , au
moins sous le rapport économique, i! faut
chercher, dans de nouvelles méthodes d'o-
péralioils, le moyen de suppléer aux autres
avantages qui nous manquent : c'est ce qu'a
entrepris M. A. Guenyveau.
La fabrication de la fonte et du fer en
birrcs, dans l'état actuel des procédés, com-
prend trois parties bien différentes :
10 Le traitement des minerais pour ob-
tenir de la fonte, soit pour le recoulage, soit
nour la forge ;
20 L'affinage de la (onte pour la convertir
en fer ductile ;
30 Le cinglagc des loupes et rétirage du
fer en barres de divers calibres.
10 Traitement des minerais de fer pour en
obtenir de la fonte.
Dans les grandes usines, où plusieurs
fourneaux à coke sont alimentés par de puis-
santes machines soufflantes, pourvues d'im-
menses régulateurs, on est frappé de la
grandeur des appareils, comme de la masse
de leurs produits, et cela donne une haute
idée de la puissance de l'honfime et du pro-
grès des arts.
Cependant, lorsqu'on entre dans les dé-
tails, on reconnaît qu'il y a encore beaucoup
à faire pour arriver à la perfection possi-
ble.
Sans doute, quelques fourneaux travail-
lent pendant un certain temps d'une manière
assez régulière, mais il existe beaucoup de
causes qui viennent paralyser la volonté, les
connaissances pratiques de l'ouvrier. On
sait que la grosseur des morceaux de mine-
rai ou de combustible, l'état en grain ou
pulvérulent de l'un ou de l'autre, influent
considérablement sur l'allure de tous les
fourneaux à cuve. Il faut encore tenir compte
des changemens de température et d'état
hygrométrique qu'éprouve l'air aspiré par
les machines soufflantes, les dégradations
de l'intérieur de fourneaux, enfin divers
événemens tout-à-fait accidentels qui résul-
tent de l'arrangement fortuit des morceaux
de minerai et de combustible dans l'espace
rétréci qu'on appelle Vonvrage,ci d'où pro-
viennent des accrochages, puis des chutes
de minerai non préparé, jusque vers la
tuyère ou même dans le creuset, circons-
tances qui viennent s'opposer à ce qu'on ob-
tienne l'espèce de fonte demandée avec la
moindre consommation de combustible,
seul problème qu'un fondeur est chargé de
résoudre.
L'ensemble des opérations qui constituent
le traitement des nnnerais de fer pour en
obtenir de la fonte, se divise en deux par-
ties : 1" Préparation des matières premières
(combustible et minerais) avant leur intro-
duction dans l'ouvrage ; 2» fusion complète
de ces derniers. Selon M. Guenyveau, on
peut exécuter chaque genre d'opérations
dans des fourneaux particuliers, et d'une ma-
nière plus assurée, plus complète et plus
économique qu'on ne le fait actuellement. Il
y aurait alors, pour le combustible et le mi-
nerai, des préparations qui remplaceraient
la carbonisation et le grillage, et à ce der-
nier succéderait la réduction, au moins par-
tielle, des minerais, et ensuite l'échauffé-
ment de ces matières avant leur inlroduclion
dans les fourneaux de fusion. Succéderait
immédiatement la fusion dans un fourneau à
courant d'air forcé, comme à l'ordinaire, où
le combustible étant carbonisé, déposé par
lits ainsi que le minerai préparé, serait
brûlé par le vent des machines soufOantes,
et produirait la chaleur et la température
nécessaires pour opérer la carburation du
' fer, ainsi que la fusion du métal et des matiè-
res terreuses.
M. Guenyveau décrit de la manière sui-
vante ces deux genres d'opération :
10 Préparation des matières.
La carbonisation du combustible, le gril-
lage des minerais et la réduction de l'oxide
de fer, ne peuvent être mieux exécutés que
dans des fourneaux à réverbère où l'on trouve
toutes les facilités pour suivr-î les change-
mens qu'éprouvent les matières, et sur les-
quelles on peut d'ailleurs travailler avec le
rable et le ringard, pour le remuer et bras-
ser à volonté.
Ces fours seront chauffés par la flamme et
le gaz combustibles qui sortent de l'appa-
reil de fusion, ayant grand soin de profiter
de ces gazs, pris à d'oxigènc libre, et très-
échauffés, pour carboniser ce combustible,
et ensuite pour réduire l'oxide de fer du mi-
nerai.
Les fours à réverbère, à sole un peu in-
clinée, seront disposés à la suite des four-
naux de fusion, de manière à recevoir sur
celte sole, la flamme et la chaleur qui s'é-
chappent des fourneaux. Le combustible et
le minerai sont placés , chacun dans des
fours séparés, où sur une sole distincte, l'un
pour être carbonisé, l'autre pour être grillé
et réduit, en Jes soumotlant aux diverses
manipulations que l'on jugera les plus con-
venables, et au moyen de portes ménagées
à cet effet.
Les minerais mélangés de fondans, placés
d'abord à une assez grande distance de l'en-
droit où arrive la flamme, commenceront par
se dessécher et s'échauffer; puis, par une
chaleur croissante, s'opéreront le grillage,
et enfin la réduction de l'oxide de 1er. Tout
cela aura lieu successivement, en faisant des-
cendre peu-à-peu la matière sur la sole, et
la portant vers l'orifice du fourneau de fusion
«lans lequel elle devra tomber définitive-
ment;
Les diverses manipulations auxquelles on
devra soumettre le minerai, devront avoir
pour objet de séparer autant que possible
les matières volatiles, le souffre, la décom-
position des sulfures et sulfates et celle du
Al
phosphore des phosphates de fer, que Von
peut espérer de décomposer par le charbon
ou par l'oxide de manganèze dans les four-
neaux dont il s'agit.
Il parait convenable de carboniser et de
griller les minerais, dans la quantité qui doit
former une charge, afin d'éviter des mesu-
rages, opérations toujours pénibles à exé-
cuter sur des matières chauffées au rouge.
2° De la fonte des minerais préparés, et des
fourneaux de fusion.
Le combustible, bien carbonisé et forte-
ment écIiauCfé, sera introduit dans le four-
neau de manière à y former un lit sur lequel
on versera le mélange de minerais et de
fondans; l'opération, ainsi préparée, se con-
tiimeraà peu près comme elle a lieu main-
tenant.
L'appareil ou nouveau fourneau de fusion
ne diffère guère de celui qu'on emploie
maintenant que parla suppression de la cuve
qui est remplacée par les fours de prépara-
tion : il ne reste que le creuset, Vouirage et
les étalages, de sorte que le chargement se
fait immédiatement entre ces étalages.
On conçoit que la chaleur du gaz qui sort
d'entre les étalages pour être introduit im-
médiatement dans les fours de préparation,
sera beaucoup plus abondante, et que les gazs
seront à une température bien plus élevée
qu'on ne l'observe maintenant à l'orifice du
gueulard.
La hauteur des nouveaux fourneaux de fu-
sion étant réduite à celle où se trouve le
ventre dans ceux actuels, ne sera plus guère
que le tiers de l'élévation totale de ceux-ci,
c'est-à-dire de cinq mètres au plus, pour les
fourneaux à coke. On projette de l'air chauf-
fé, en taisant passer ce fluide dans des tuyaux
de fonte placés au-dessus des étalages. La
quantité d'air à projeter dans le fourneau
doit être la même que dans ceux actuels.
Les avantages qui, selon M. Guenyveau,
doivent résulter de l'emploi des procédés ci-
dessus pour la préparation des combustibles
et des minerais, et pour effectuer la fusion de
ces derniers, se résument ainsi :
10 La houille sera carbonisée, et les mine-
rais grillés et échauffés, sans aucune dépense
en combustible ;
■20 On pourra, dans les mêmes fours de
préparation, et après le grillage, opérer im-
médiatement la réduction des minerais;
0° Pendant le grillage, la réduction et ré-
chauffement des minerais, on pourra em-
ployer divers moyens pour les purifier. Des
brassages répétés, des changemens de place
sur la sole, permettront d'exciter diverses
48
réactions utiles à l'amélioration des fontes ;
40 Le peu d'élévation des fourneaux de
fusion permettra de diminuer les frais de
construction ;
50 La faculté de pouvoir changer immédia-
tement dans Vouvrage (c'est-à-dire dans la
partie du fourneau où se fait la fusion) les ma-
tières qui produiront la fonte de fer, influe-
ra sur la qualité et sur la quantité du pro-
duit journalier, etc.
o<> De l'affinage de la fonte pour en obtenir
du fer en barres.
La fonte de fer tst convertie en fer mal-
léable et fondable par un procédé d'oxida-
tion qui consiste à brûler, au moyen de l'air
atmosphérique, les matières étrangères et
nuisibles qui s'y trouvent combinées. Ainsi,
l'air ou l'oxigcne libre qu'il renferme, est le
véritable agent de purification de la fonte ;
mais comme elle ne peut avoir lieu sans que
l'action de cet agent ne se porte en même
temps sur le fer, le mérite d'un procédé con-
siste à ne faire éprouver au métal que le
moins de déchet possible, tout en épargnant
le combustible.
Du reste, quel que soit le procédé dont
on fasse us;ige, ce déchet varie de 16 à 28
p. Oio du poids de la fonle employée.
Deux méthodes sont actuellement en usa-
ge, et se rappurteiit à l'emploi de deux sor-
tes de combustibles (charbon de bois et
houille) que l'on brûle dans des appareils
appropriés à leur nature, savoir: Le foyer
ou /eu d'affineric, et le fourneau à réver-
bère, ou four de puddlage.
Dans ces deux procédés, c'est toujours
l'air atmosphérique qui sert à oxider les ma-
tières condiinécs avec le fer dans la fonle.
Dans l'un, l'air est lancé à l'aide d'une ma-
chine soufflinle; dans l'autre, il parvient
sur le métal par l'effet d'un tirage ou courant
naturel. Toutefois, dans les deux cas, c'est
toujours l'oxigène resté libre dans cet air,
qui est le vérilable agent do purification, et
l'on cherche à en augmenter ou à en dimi-
nuer la proportion, alin de faire varier l'é-
nergie de roxidation,aux diverses époques
de l'opération.
On a été amené à partager l'affinage de
la fonle obtenue avec le combustible miné-
ral, en deux opérations distinctes ; le ma-
zéage ou finage qui exige un courant d'air
forcé, et le puddlage, qui s'exécute au moyen
du courant d'air naturel dans le four à ré-
verbère. Le fer, au sortir de ce dernier appa-
reil, est cinglé et converti en grosses bar-
res; mais comme la purification du métal
n'est pas encore parfaite, ou parce qu'il n'est
pas homogène ou mal fondé, il est fragile,
et doit être soumis, le plus ordinairement,
à un rechauffage suivi d'un corroyage qui
en fait du fer marchand.
Le nouvel agent d'oxidation que M. Gue-
nyveau propose d'employer à l'affinage de la
fonte de fer, ainsi qu'à quelques autres usa-
ges, consiste en un mélange d'air atmos-
phérique et de vapeur d'eau, en propor-
tions variables à volonté, élevé à une cer-
taine température , et que l'on projette sur
le métal suffisamment échauffé.
On chauffe le métal chargé, comme à l'or-
dinaire, sous la sole du fourneau, et de ma-
nière à l'amener à l'état pâteux où il convient
qu'il se trouve pour qu'on procède au pud-
dlage, proprement dit. Alors, on projette le
mélange d'air et de vapeur pour produire
une oxidalion plus ou moins forte et rapi-
de. Dans la dernière période de l'affinage,
celle où s'exécute la réunion et le soudage
des particules de fer pur, et qui exige une
haute température et une Qanmie peu on
point oxidante, on supprime la projection
de vapeur \ d'air, pour donner au four-
neau (à l'aide d'une grille bien chargée,
avec un registre suflisamment abaissé),
une forte chaleur et un peu de moyens d'oxi-
dilion, ainsi qu'on le pratique mainte-
nant.
11 en résulte que le chargement impor-
tant, dans la manière actuelle d'opérer,
n'est que pendant la période d'oxidation.
Ouant aux moyens de se procurer le nou-
vel agent d'oxidation, M. Guenyveau cite les
observations de M. Pellelan, professeur de
physique à l'académie de médecine de Pa-
ris, et qui se résument ainsi;
« Un jet de vapeur projeté dans un canal
» cylindrique, ou (uyau plein d'air, commu-
» i;ique à celle colorme d'air la force vive
» dont elle est anitnée, sans d'autre perte
» que celle du frotlement du tuyau. » Ain-
si, par exemple, un jet de vapeur sortant par
une ouverture de 1 m. de diamètre, sous une
pression de 5 atmosphères , possède une
vitesse de 559 m. par secondes.
40 Etirage du fer en barres.
Les trains de laminoirs servant à fabri-
quer le fer en barres, sont imités de ceux
qu'on a long-temps employés à confection-
ner la tôle ; ils sont composés de deux cy-
lindres placés horizontalement l'un au-des-
sous de l'autre, et tournant en sens con-
traire, de manière que la rainure de l'un
correspond toujours avec celle de l'autre,
pour présente»" constamment un vide dont
la figure soit invariable dans chaque échao-
crare. Ainsi, ce sont toujours des assemblages
de deux cylindres horizontaux, excepté dans
le cas de la fabrication de fer de petit échan-
î lion, poi;r lequel on fait souvent usage de
trois cylindres superposés.
M. Guenyveau propose de placer les cy-
lindres-lamineurs dans une position verti-
cale, de la faire tourner autour d'un axe
également vertical, de sorte que le travail
des trousses ou des barres, se faisant de la
même manière qu'à présent, elles seront ma-
nœuvrées en montant ou en descendant ,
pour entrer dans les diverses rainures d'un
même système de cylindres Afin qu'on n'ait
jamais besoin de faire revenir les barres au
point du départ, sans qu'elles aient passé
dans les cannelures, il faut qu'il y ail tou-
jours trois cylindres assemblés ensemble.
Par ces nouvelles 'disposilions, on obtient
pour loupes et pour les barres de toutes les
grosseurs, les mêmes avantages qui sont
maintenant bornés au petit fer que l'on fa-
brique avec le laminoir à trois cj lindres.
On ne peut faire usage du laminoir triple
horizontal que pour de gros fers, parce que
le diamètre que doivent avoir les cylindres,
dans ce cas, élève au-dessus de la portée du
bras de l'ouvrier les cannelures des cylindres
supérieurs ; mais pour ne pas retomber dans
le même inconvénient à l'égard des canne-
lures supérieures, il fnut que leur hauteur
ne dépasse pas trois pieds ; il en résultera
une moindre longueur des cylindres, et par
suite une plus grande résistance, et des
ruptures moins fréquentes dans ces ma-
chines.
Les avantages qui dérivent du nouveau
système des Vrains de laminoir de M. Gue-
nyveau sont les suivans :
lo I.e plus important de tous, celui qui
résulte de la position verticale des cylin-
dres, consiste dans la possibilité de placer
toujours trois cylindres l'un h côté de l'au-
tre, et dans une même cage ; cette disposi-
tion permet de presser les plus grandes piè-
ces d'un côté et de l'autre, sans perte de
temps, et par conséquent de chaleur : en
un mot, les avantages des laminoirs triples
peuvent s'étendre à la fabrication de toute
espèce de fer.
2» Tous les engrenages et les mécanis-
mes, y compris, si l'on veut, la machine à
vapeur et son volant, peuvent être établis
au-dessous du sol de l'atelier (sorte de plan-
cher en fer et en fonte) , sur lesquels sont
placés les ouvriers pour travailler le fer ap-
porté des fours, et le faire passer entre les
cylindres qui sont saillans au-dessus de ce
plancher, et autour desauels la manœuvre
49
' s'exécute sans embarras el sans danger.
30 Enfin, les divers trains de laminoirs
exigés pour une grande fabrication, sont
disposés sur une circonférence de cercle
correspondante à celle de la grande roue'
dentée horizontale, ce qui permet de dimi-
nuer considérablement l'espace couvert qui
constitue la forge. Il en resuite une dimi-
nution notable dans les dépenses, toujours
si considérables dans la construction des
forges.
11 est fâcheux qae M. le directeur-géné-
ral des ponts et chaussées n'ait pu permet-
tre à M. Guenyveau de faire des essais de
ses pro-cedés dans les importantes usines
que le gouvernement possède. L'intérêt
particulier peut très-rarement s'exposer à
(les tentatives de ce genre, et cette difficul-
té est de nature à laisser inaperçues des dé-
couvertes qui, comme celles de M. Gueny-
veau, offrent un intérêt immense pour l'in-
I dusine du pays.
IiHPKiMEURs-LiTtiocRAPHES : Conservatïon des
dessins sur pierre.
Dans notre numéro du mois de mars 1853,
page 84, nous avons fait connaître le moyen
de doubler les épreuves d'une pierre litho-
graphique écrite ou dessinée à la plume:
nous allons maintenant indiquer le moyen
de conserver les dessins sur pierre, d'après
le procédé de M. Lemercicr, lithographe
distingué de la capitale: Blanc de baleine, 5
onces ; poix de Bourgogne, 4 onces 6 gros;
huile d'olives, 5 onces; cire blanche, 1 otice;
térébenthine de Venise, i once. On fait fon-
dre le tout ensemble, et la con)position est
étalée sur la pierre avec le rouleau. On peut
supprimer le gommage, et niême dans ce
cas, l'enduit présente toute sécurité. Des
pierres couvertes de cette composition et
exposées à l'humidité des caves et des cours,
ont fourni, après plusieurs mois de séjour
dans ces différens lieux, des épreuves qui ne
laissaient rien à désirer soit pour la netteté
du dessin, soit pour la conservation des
traits les plus dé icnts.
Ce procédé pré\ient l'altération des pier-
res, et par conséquent de tous les inconvé-
niens qui en résultaient.
SccBEs (fabrîcans de) : I. Sucre indigène.
En 1830, on comptait en France, 250 su-
creries de betteraves, produisant 10 raillions
kilogrammes de sucre brut, qui revenait de
33 à 40 centimes.
Voici sur quellesbases était établi le revient.
Coût des racines, à raison de 8 f. les 500 kilog.
80
soit pour 1000 kilog 16 f.
Ciais de fabrication. . r •♦ 20
Le rendement étant de 5 CjO, le coût
des 50 kilog. était de 36
à quoi ajoutant pour bonification, 5 0^0
sur la taxe, et 5 OiO d'escompte sur 40 f. »» ^
ce qui portait à 40 f. le prix auquel
pouvait vendre sans perte le fabricant,
^ Ci.... ; 40f.
Dans ce chiffre ne sont pas compris Ven-
• -etien et la détérioration du matériel , l'inté-
rêt du capital engagé, frais qui étaient cou-
verts parle produit de la pulpe, de la mélasse
cl du noir d'engrais.
Le rapport d'un hectare était estimé, terme
moyen, de 20 à 25 mille kilog. de racines.
Les racines se vendent aujourd'hui , da-ns
!e département du Nord, 7 f. les 500 kilog. ,
le rendement varie de 6 à 7 0\0 , et le produit
de l'hectare de 50 à 40,000 kilog.
En examinant les immenses progrès qu'a
faits la culture depuis cinq années, on ne
peut douter que la fabrication se soit éga-
Icruent améliorée , par une diminution de
frais ; mais en admettant qu'un rendement
plus fort obtenu a nécessite un accroisse-
ment de dépenses , et conservant alors par
conspensalion les bases établies en 1850, on
arrive à ce résultat.
Pour 1000 kilog. de racines, à 7 f .
les 500 kilog 14 f.
Frais de fabrication 20
Différence de tare et d'escompte. . . . 4
Coût de 60 à 70 kilog. de sucre brut. 58
Autrement dit, au rendement de 6 0|0 les
50 kilogrammes coûtent 51 f. 67 c.
de 7 0[0 27 14
On n'est pas encore bien fixé sur les cir-
constances agricoles du terrain, d'engrais et
de culture qui peuvent influer sur la richesse
saccharine des betteraves, mais il est proba-
ble que cette industrie est encore loin du de-
gré de perfcct-ion auquel elle peut atteindre.
Ainsi, on doit croire que quand la culture se
sera étendue et perfectionnée, ces deux cau-
ses réunies feront baisser le prix des racines
à 5 francs, et que le rendement, par l'appli-
cation des découvertes de la chimie et de la
mécanique, pourra s'élever à 8 0|0 , ciiiffre
bien inférieur encore à l'analyse chimique.
Dans ce cas, et tout en conservant les mê-
mes bases pour frais de fabrication , on a
1.0 f. -1-20-4-4 X -iO
■ ' ■ =21 f. 25, prix de 50
80 '
kilog. de sucre.
Quantaux craintes exprimées par quelques
personnes sur l'exécution doiuiéc à celte cul-
turc, elles sont exagérées,
La quantité de sucre indigène livré la
consommation en 1835, est évaluée à 20 mil-
lions kilogrammes, qui au rendement de 6 OiO
seraient le produit de 355,533,355 kilog. de
racines, récoltés sur 11,111 hectares, en es-
timant le rapport à 50 milles kilogrammes ,
ou sur 8,554, en estimant le rapport à 40 mille
kilografnmes. Le terme moyen serait donc de
9,722 hectares. Or, la superficie totale de la
France est de 52,760,298 hectares, sur les-
quelles on compte , en terres labourables ,
25,559,152.
La consommation actuelle de la France ne
nécessiterait une culture de betterave que de
48,610 hect., c'est-à-dire la lOSo» partie du
sol, et la 525" des terres labourables.
Les droits de douanes sur le sucre brut
colonial étant de 49 f. 50 c. pour le sucre des
Antilles et de la Guyanne, 42 f. 55 c. pour le
sucre de Bourbon, qui entre pour Ii4 dans
l'importation générale , la moyenne du droit
49 f. 50 X ^ -■- '^- f- ^^
est de = 47f.7lc.li4
4
par 100 kilog. Par conséquent, les 20 millions
de sucre indigène versés dans la consomma-
tion d'une année, ont privé le trésor d'une
recette de 9,542,500 francs. A la vérité, il fau-
drait tenir compte des recettes faites par le
fisc par suite de cette industrie ; mais nous
avons dû faire connaître ce résultat , afin de
présenter la question sous toutes ses faces.
IX. Sucre colonial.
Le prix du sucre Guadeloupe et Martini-
que, nuance bonne 4^ était de 97 f. en 1815;
de 91 f. en 1817; en 1823, époque de la
guerre d'Espagne, il s'éleva de 66 à 85 francs;
mais en 1826, sous la nouvelle législation sur
les primes, il tomba à 77 f., puis à 75 f. deux
ans après, quand le sucre de betterave prit
un certain débouché. Depuis lors, voici quel
a été le prix moyen du sucre, d'après les
importations générales.
Marlinique Prix
Guadeloupe.
Bourbon.
Poids net.
bar. dcSOOk. Sacsde60k. Kilog.
1828 155,500 221,280 81,026,800 75 f.
1829 142,700 234,472 85,418,520 73
1850 123,600 381,347
1831 143,900 341,337
1832 121,500 305,352
1833 112,000 319,515
1854 128,300 312.850
84,680,820 72
92,430,220 6(!
79,069,920 70
75,170,900 68
82,921,000 66
Totaux. 905,500 2,116,133 580,717,980 »
MoKnno.l29,6i3 302,305 82,859,570 70 f.
On voit que, depuis 1828 , le cours des su-
cres bruts en France, a été constamment en
baisse. Le malaise général du commerce,
après les journées de juillet, avait provoqué
51
une diminulion considérablt; dans le prix ,
qui s'est relevé en I8r)2, pour suivre do nou-
veau une marche descendanle en 1855 et 1855.
La cause principale de la baisse pour ces
deux dernières années, estallribuécà la nio-
dificalion qu'a subie la prime à loxporlalion
du sucre raffiné en 1855; mais comme il esl |
à peu près évident aujourd'hui que celle i
prime, qui , dans les années 1S2S à 1852, à '
fait sortir du trésor des sommes importantes,
n'avait d'autres résultats que d'alimenter et ;
enrichir la France, on ne peut méconnaître
que le sucre indigène qui, en 1850, n'entrait |
que pour ijfl à ijlO dans la consommation i
générale de la France , et en iSô-i déjà pour i
1,5, n'ait puissamment contribué à la baisse
du sucre colonial. !
Tisstis (fabricans de) : De la destructàon des |
tissus dans le blanchiment et !a teinture, i
et des moyens d'en prévenir les causes,
par va. Gréau aîné (S.J.,
Le travail de M. Gréau est de la plus haute j
importance pour tous ceux qui s'occupent \
du blanchiment ou de la teinture des tissus. :
Il doit tout-à-fail régénérer celte partie de ;
nos arts industriels, et exercer la plus heu-
reuse influence sur les produits qui seront i
livrés cl-orénavant à la manutention et au corn- ;
mercc. Par un sentiment qui fait le plus |
granrl honneur à son patriotisme, M. Grôau
a publié sans réserve loules ses découver-
tes, el semble même regretter de n'avoir pas
assez fait pour l'intérêt général.
1» Noyen de nettoyer les tissus teints ou
imprimés en faux teint.
Lorsque les tissus sonl teints ou imprimés en
faux teint, ils se salissent, el, par celle seule
raison , on cesse d'en faire usage ; c'est
une perte réelle qu'on peut éviter en em-
ployant le procédé suivant, qui est fondé
sur la propriété que possède l'hydrate de
fécule de pomme de terre de former avec
les corps gras une sorte de savonnade.
On prend, pour 10 litres d'eau légère-
ment tiède, 125 grammes ou 4 onces de fé-
cule de pomme de terre , qu'on délaie dans
im demi-litre d'eau de rivière ; on fait chauf-
fer le mélange peu à peu , en agitant et en
faisant tourner la liqueur avec une spatule
ou une cuiller jusqu'à ce qu'elle se trans-
forme Cil une gelée de faible consistance ;
alors on dissout celte gelée dans les dix litres
d'eau légèrement tiède , et on obtient, de
celte manière, une eau gluante et douce au
toucher. On savonne le tissu sale dans cette
(i) Au bureau de la Société poljlechnique, ^uc^'c•u-
ve-dcs-Capuciiies, 13 bis, à Paris; prix 3 fr.
eau, et il reprend presque son éolal pri-
mitif, à moins que les couleurs ne soient al-
térées par quelque acide ; on rince ensuite
à l'eau froide.
Les tissus teints on couleurs unies , soit
en fil, soit en coton, qu'on peut nettoyer
avec l'hydrate de fécule deponmiesdc terre,
sont les suivantes : tissus chamois, nankin
clair, vert américain, fauve etyris divers.
Le nettoyage peut s'appliquer parliculière-
ment aux gants de fil d'Ecosse dont les cou-
leurs ne sont pas assez solides pour résister
à desagens plus détersifs.
LA SOCDE EST PRÉFÉUABLE A LA POTASSE
POUR BLANCHIR.
La^ potasse donne de la dorcté à la mar-
chandise : elle ouvre et gonfle trop le tissu;
c'est en général le défaut des alcalis caus-
tiques ; la soude Ml exception ; elle agit plus
à la manière des savons qui donnent de la
douceur et du moelleux. En outie, la soude
factice qu'on fabrique maintenant esl beau-
coup plus pure que la meilleure potasse du
commerce. Celte dernière contient des sels
calcaires et de l'oxide de fer qui sont coa-
contraires au blanchiment.
l'aréomètre r;E peut servir a mesurer
NI LES lessives M LES BAIAS.
Jusqu'à présent les ouvrages qui ont traité
du blanchiment ont désigné la force des les-
sives alcalines par leurs degrés; mais cette
manière de mesurer peut indiquer sou-
i vent le même degré pour des alcalis bien
I différons en qualité , et quelquefois les plus
basses qualités indiquent le degré supérieur.
■ M. Gréau s'en est convaincu par des expô-
1 ricnces réitérées. Ayant pesé, par exemple,
cinq grammes de soude de trois quaiilés
I diflVrentcs, et ayant fait dissoudre séparé-
I niciit chacune d'elles dans 50 millimètres
■ d'eau, les trois solutions marquaient égale-
, ment 10" aréomélriques. 1-a même quanti-
lé de liquide et de sel brut , essayée à l'al-
I calimctre, marquait, pour la première solu-
' lion, 50 degrés, la deuxième 40, la troisième
(iO, ce qui a prouvé l'importance de cet in-
strument dont voici l'explication.
I DE l'alcalïmétuie. L'alcalimélrie est fon-
dée sur la propriété qu'ont la soude et la
! potasse de former , avec l'acide sulfurique,
I des sels appelés sulfate de soude et sulfate
I potasse, c'est-à-dire de se neutraliser réci-
I proquement.
j La quantité d'acide sulfurique absorbée
I détermine la force relative des alcalis qu'on
essaie, et, par des calculs ultérieurs, on peut
évaluer le poids réel de ces alcalis.
Soit donc un litre de verre qui contient
mille subdivisions appelées niilliraètres. Si
52
dans ce litre on verse trois-quarts d'eau pure l sulfurique à 66<», et qu'ensuite on complète
auxquels on ajoute cent grammes d'acide 1 le litre d'eau suffisante, il est évident que
1000 millimèlres du mélange contiennent. ...... lOO grammes acide sulfurique.
100 id. ^ 10« partie, 10 id.
50 id. 206 5 id.
1 id. 1000« 0,10 id.
1/2 id. 2000» o,0o id.
Prenant un vase du tube cylindrique en
verre S de 25 centimètres de longueur sur
16 millimètre de diamètre, on divise ses ca-
pacités en 100 parties égales de chacune un
1^2 millilitre, qu'on remplira delà liqueur
du méLmge acide; ces 100 demi-millilitre
contiendront r> grammes d'acide, et chaque
demi-miililitrc en contiendra 5/100
Si, avec ce mélange d'eau et d'acide sul-
furique, qu'on nomme liqueur d'épreuve ,
on veut connaître la force alcaline d'une po-
tasse de commerce, on fait dissoudre cinq
grammes dans un autre vase R, plus grand
que S, contenant 100 demi-millilitres d'eau;
on aura alors deux vases S et U dont le pre-
mier contiendra cinq grammes d'acide sul-
furique dissous dans 100 parties d'eau, et
l'autre R, cinq grammes dépotasse dissoute
également dans iOO parties d'eau.
Si, pour neutraliser la potasse par l'acide
sulturique, on verse dans le vase R, r>0 par-
lie ou oO demi-milliliire de l'acide contenu
dans le tube S, on dira que cette potasse est
à 500. On s'aperçoit de la saturation de la
potasse par le virement du bleu au rouge
d'un p;ipier de tournesol qu'on aura préala-
blement lait plonger dai:.s la liqueur.
Si les alcalis absorbaient des parties égales
d'acide pour ftirmer des sulfates, on pourrait
dire que la potasse d'essai contient moitié
de son poids d'alcali proportionnelle au
nombre de parties d'acide neutralisées. Il
faut 117 parties 996 ou près de 118 parties
de potasse pour en neutraliser 100 d'acide
sulfuriijue, d'où ressort la proportion : 100 :
118 : : "iU : X — 59 p.'irties de potasse rcolhi
Au lieu d'essayer de la potasse , si on eut
soumis de la soude à l'expérience, et que 100
parties d'acide eussent été absorbées, il n'y
aurait dans la liqueur alcaline qu'environ 79
250 litres d'eau ;
5 kilog. proto-sulfate de fer oU coupe-
rose verte du commerce;
2 1/2 kilog. indigo broyé;
1 1/2 id. chaux éteinte â l'air ,
1/2 ùl. soude ou potasse.
Mais lorsqu'on teint le coton avec cette
liqueur, il y a toujours une portion de chaux
qui s'y attache et en ternit la couleur.
L'opération tendant à enlever cette chaux
est ce qu'on appelle avivage. L'acide hydro-
chlorique et l'acide acéiique que M. Gréau
emploie à cet usage donnent des résultats
préférables à ceux obterms par l'acide sulfu-
rique qui dissous une portion de la couleur
et avec lequel on s'expose, en outre, aux plus
grands accidens. Il a obtenu un très b"l
avivage en moulinant le coton à plusieurs
reprises dans un bain composé de 5'2 gram.
d'acide hydrochlorique à 2'2o, ou 42 grammes
d'acide acétique à 12*> dissous dans 10 litres
d'eau : c'est environ une once d'acide hy-
drochlorique, ou une once l/"> d'acide acé-
tique ou cinq onces de vinaigre , marquant
20 1/2 à l'aréomètre. Après ce moulinuge,
il est essentiel de rincera grande eau.
TEINTURE EN NOIR. — Pour la tcinturc
en noir , le sulfate, l'acétate et le pyroli^^natc
de 1er soi.-i, les principaux sels de cette base
dont on fait usage , mais ils ne peuvent for-
mer de beaux noirs que dans le cas ou le
fer y est bien oxidé.
Si l'on emploie le sulfate de fer^ l'acide sul-
furique est niis à nu par l'acide gallique con-
tenu dans la noix de galle ou les autres subs-
tances quiiaremplacent.il se forme un gallatc
(le fer qui teint la marchamlise en noir ; une
partie de l'acide sulfurique, mis en liberté el
suspendu dans la liqueur, est absorbe parle
tissu et peut le brûler. On peut donc main-
parties d'alcali réel; car 78 parties 1S7 de i tenant s'expliquer la cause de la détériora
soude neutralisent 100 parties d'acide.
Les degrés alcalimétriques, ou les quanti-
tés d'acide iieutraliséc, n'indiquent donc que
les quantités proportionnelles d'alcali conte-
nues dans les substances mises à l'essai.
Ainsi, dans le cas où une potasse marquerait
50®, lorsqu'une autre en marquerait 25 , la
première serait deux fois p\as riche que la
deuxième en puissance alcaline.
TEINTURE EN BLEU SCR COTON. — On mcl
dans une tonne:
lion trop réitérée des draps noirs et des tis-
sus de la même couleur, soit en fil, soit en
coton.
Il faut renoncer, dans les teintures en noir,
à la substance qui contient l'acide sulfurique,
pour n'employer que les acétates ou pyroli-
gnates de fer dont les acides ne sont pas
destructeurs du tissu et peuvent d'ailleurs
disparaître plus facilement par le lavage.
5S
RÉPERTOIRE
DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
ARGENT.
Ce métal, dont l'importance est universel-
le, se trouve dans la nature à différens états.
Au Pérou et au Mexique , on le rencontre
Iré jueinment à l'état natif, plus fréquem-
ment encore à celui de chlorure, connu sous
le nom d'argent corné. Dans d'autres con-
trées , il existe combiné avec le plomb ou le
cuivre et le souffre. Si l'argent exislaii tou-
jours à l'état natif,, il serait très-facile de
l'exp'oiler, mais quand il est combiné avec
d'à lires corps, on est da^is la nécessité de
recourir à des procédés pour l'extraire. Voi-
ci le mode employé au Pérou et au Mexique
pour cette opération. Après avoir réduit le
mi..erai en poudre, on l'humecte et on le
répand sur le sol d'une cour dallée en pier-
re, en y mêlant du sel marin ; on y ajoute de
la chaux éteinte ou de la pyrite de fer et -le
cuivre grillée, selon que la masse s'échaulfe
plus ou moins, et , après quelques jours de
repos, on y verse du mercure et l'on (ait niar-
cher dans la masse des hommes ou des mu-
lets ; ie mercure s'approprie l'argent, et on
le lave pour séparer tous les corps étrangers.
On comprime l'amalgame dans des tissus de
coutil : une grande quantité de mercure re-
tenant très-peu d'argent passe au travers,
et dans l'intérieur reste un amalgame solide
qui, conspquemment,en renferme beaucoup.
On le distille dans des fourneaux appropriés
à ce genre d'opération; le mercure se sé-
pare, l'argent reste et il suffit de le fondre
pour le verser dans le commerce.
Lorsque l'argent existe en petites quanti-
tés dans des pyrites, on grille celles-ci avec
du sel marin, et on agite ensuite la masse
avec du mercure et des rognures de fer dans
des tonneaux, L'amalgame se traite ensuite
comme ci-dessus.
Pour séparer l'argent du sulfure de plomb,
on pile la mine, on sépare, par le lavage, les
corps étrangers, et on fond la galène qui
s'empare du souffre et laisse le plomb se
réunir en un bain, d'où il est facile de le re-
tirer. On le chauffe ensuite dans un four
particulier où , absorbant l'oxigène , il se
transforme en litage qui s'écoule dans des
bassins, et l'argent reste sous forme d'un
culot.
L'argent devient immédiatement cassant,
par son contact avec le mercure; si néan-
moins ce contact est de courte durée , il
suffit de chauffer légèrement l'objet détério-
ré pour dégager le mercure, mais, dans
tous les cas, le métal a perdu son éclat , et
il a besoin d'être bruni pour le reprendre.
Les sels d'argent colorent en brun les
substances organiques ; cette teinture est
inaltérable; et, quand, par exemple, elle est
empreinte sur la peau , il faut enlever l'épi-
derrae pour que la marque disparaisse. Les
sels d'argent sont un poison très-actif, mais
cependanl on peut en paralyser les effets en
buvant de l'eau salée.
CADASTRE.
Durant les quinze années qui suivirent l'é-
tablissement du cadastre, divers systèmes
d'exécuiion furent infructueusement tentés.
Ce n'est qu'en JSOSquc le gouvernement
s'arrêta au mode du cadastre parcellaire, le-
quel consiste à exprinicr sur le plan d'une
commune les différentes parties ou pièces
d'héritage de chaque propriétaire, et à for-
mer un tableau indicatif de leurs contenan-
ces, sur lequel sont ensuite portés l'évalus-
tion du reveiLU de ces propriétés, et
l'impôt qu'elles doivent supporter.
Les propriétaires ont dû considérer le ca-
dastre comme étant le moyen certain de
pouvoir en tout temps établir d'une manière
précise l'étendue, la configuration, la valeur
de leurs immeubles; mais l'inslilution a été
tellement faussée que, dans beaucoup de lo-
calités, on ne pourrait plus aujourd'hui re-
connaître sur les plans les bases qui ont
originairement servi à asseoir l'impôt, ces
mêmes plans ne se trouvant plus en rap-
port avec la figure actuelle des terrains.
L'année dernière, l'administration des
contributions directes, pressée par les nom-
breuses réclamations auxquelles cet état
de choses donne lieu, demanda que des con-
trôleurs, pris dans son sein, fussent char*
gés de la partie d'art du cadastre. Le ^-on-
seil d'état a fait, il est vrai, justice de celte
prétention; mais la persistance de l'adminis-
tration des contributions directes a jeté un
54
complet découragement parmi les géomètres
des départemens où le cadastre n'est pas ache-
vé. Déçus de l'espoir légitimement acquis que
îa conservation de leurs travaux serait confiée
à ceux d'entre eux qui en seraient reconnus
capables , ils cherchent à s'utiliser ailleurs
et abandonnent une partie qui ne leur oITre
plus d'avenir.
L'exécution du cadastre et la nécessité
de conserver les plans ne devaient être
qu'une seule et même pensée; et le tort le
plas grave à adresser à l'administration,
c'est d'avoir attendu prcsqu'à la fin de celle
immense opération pour savoir comment et
par qui se ferait la conservation des minu-
tes.
Le mot de conservation paraîtrait même
avoir été compris uniquement dans son
acceplion grammaticale, c'est-à-dire qu'il
suffisait de garder, de conserver les plans et
les matrices pour empêcher que ces deux
pièces principales ne se gâtent ou ne se dé-
tériorent. Le principal objet de la conser-
vation est de pouvoir rectifier les erreurs
qui peuvent se conunetlre dans l'exécution
des plans parcellaires et de la matrice cadas-
trale; d'enlreleiiir les plans de manière à ce
qu'ils offrent cotist^ment la configuration
du territoire qu'ils représentent ; de tenir
les matrices dans un ordre tel, que les arti-
cles présentent l'état des propriétés fonciè-
res que chaque individu possède dans la
commune.
Frappé du désordre qui règne dans celte
partie si importante de l'écononmie politique,
et menacée aussi arbitrairement dans leur
avenir, des géomètres en chef, et des arpen-
teurs experts ont exposé leurs griefs à la
chambre des députés, qui, sur les conclu-
sions de sa commission, a renvoyé ces péti-
tions à M. le ministre des finances. Parmi ces
dernières, la plus précise est sans contredit
celle de M. Barrau , géomètre en chef du
département des Basses-Pyrénées , et à la-
quelle ont adhéré ses collègues des départe-
mens de Seine-et-Oise, de l'Oise, de Seine-
et-Marne , de la Somme, du Morbihan et des
Hautes - Pyrénées. M. Cirrau demande
qu'il soit formé une commission composée
d'un délégué de chaque ministère , pour
discuter et arrêter les bases de la conserva-
tion du cadastre.
Ce vœu est celui exprimé déjà par M Cal-
mon, au nom de la commission du budget de
ISUk lequel s'exprimait ainsi dans la séance
dirW avril isr,4.
« On voit quelles sommes énormes aura
» coûté le cadastre(li">,ri7 1,000 fr.) à mesure
» qu'ilse termine; il s'agit de savoir comment
» on peut le conserver. C'est un soîn que
» réclame toute la sollicitude de l'adminis-
» tration; il ne faut pas perdre de vue le fruit
» de tant de travaux et dedépenses.»
L'idée de choisir un délégué dans chaque
ministère pour former un conseil chargé de
présenter un mode d'î conservation cadastrale
est toute rationnelle. Le cadastre fournit à
l'administration de la guerre les documens
que nécessitent la levée des plans et l'éta-
blissement des cartes du royaume; il intéresse
le commerce et l'industrie, parles routes et
chemins et tous autres moyens de communi-
cations ; la marine a intérêt à connaître l'éten-
due et la nature des bois et forêts; en un mot,
lagriculture , la salubrité , tous les services
publics enfin sont intéressés à ce que le ca-
dastre soit confié à des hommes spéciaux.
Sous l'empire, un commissaire central du
cadastre, adjoint à l'administration des con-
tributions directes, avait la haute direction
de la partie d'art. Nous sommes portés à
croire que ce moyen ou un analogue aurait
de semblables résultats à ceux obtenus alors
et dont on a été à même d'apprécier tous les
avantages.
Il est urgent que le ministre des finances
prenne une décision définiiive sur la question
(lu cadastre: il comprendra qu'il est tie loulc
justice de fixer le sort des géomètres , et
«i'allribuer à chacun d'eux la part qui lui est
dévolue en raison de sa capacité et de ses ser-
vices antérieurs.
CHEMINS DE FER. — CANADX.
Le tableau suivant du nombre de chevaux
nécessaires pour transporter, en Angleterre,
24 tonnes de marchandisi s (2-4,075 kdog.),
dans une heure de distance , sur un canal
et sur un chemin de fer, offre des résultats
qu'il n'est pas sans importance de connaî-
tre.
CHEVAUX ISUCESSAinES
Diitance par heure.
Pour ua canal.
Siii- un clicmitt
(le fir.
2
1,2
3,0
T>
ô,4
4,5
4
8,2
6,r>
5
18,0
8,7
K
51,8
10,6
7
27,0
15,0
8
22, (>
16,0
9
18,0
18,7
!0
i4,r.
21,0
il
10,0
23,0
12
6,r.
26,0
13
4,0
28,8
14
2,0
31,0
m
1,0
33,5
Il résulte donc que, lorsqu'on veut aller
très-doucement, il y a une grande économie
de force à employer la voie d'eau , puisque
pour faire deux milles à l'heure sur un canal,
la force d'un cheval et 2;lO suffit, tandis
qu'il faut trois chevaux sur un chemin
de fer. Quand, au contraire, on veut aller
extrémemement vite, l'économie est prodi-
gieuse, un seul cheval suffisant pour faire
parcourir à 24 tonneaux 15 milles à l'heure,
tandis qu'il faut la force de 53 chevaux
1/2 pour obtenir le même résultat par un
chemin de fer. En résultat, on voit qu'il
n'y aurait avantage à se servir du chemin de
fer qu'autant qu'on tiendrait à faire la roule
dans un temps donne , ni plus, ni moins, et
que ce chemin serait calculé à raison de 4 à
8 milles à l'heure , circonstance qui se pré-
sente rarement, puisqu'il est plus avantageux
de parcourir dans le même temps, et avec la
même dépense, la plus grande distance pos-
sible.
S5
CHEVAUX ET BESTIAUt. — ÎMPOBTATIOU ET
EXPORTATION.
Itiiportalioli.
Chevaux entiers 475
— hongres 4,480
Jiimens 987
Poulains et pouliches 4,02G
Béliers, brebis et moutons .... 124,395
Agneaux 34,181
Bœuf» 6,G8(>
Taureaux 1,991
Bouvillons et taurillons. . . • . . 522
Vaches 9,0G4
Génisses 1.092
Veaux 9,231
Porcs 6,787
Cochons de lait 176,131
Exportation.
Chevaux entiers 4
— hongres 1,775
Jumens I,fi65
Poulains et pouliches 692
Béliers, brebis et moutons 29,006
Ai'neaux 5,022
Bœufs. 6,069
Taureaux 1^3
Bouvillons et taurillons 267
Vaches 2,475
Génisses 104
Veaux 1,1=^3
Porcs 13,515
Cochons de lait 22,254
MONTs-DE-piÉTÉ. — ToMeau des prêts faits par les divers monts-de-piélé de France.
SOSIMK MOVENNE ANNUELLE.
VILLES.
Paris
Lyon
Bordeaux
Marseille
Strasbourg. . . .
Nantes
Kouen
Besancon
Metz. '.
Dijon
Avignon
Nimes
Brest (du i^rmai;
Années.
d8l5-1S".ô.
1815-1853.
1812-1833.
1815-1833.
1828-1834.
181 G- 1834.
18 18-1854.
1 835- 1 834.
1801-1833.
1822-1833.
181 1-1834.
1829-1834.
4931-1834.
Nombi-e d'articles.
21,166,840.
1,405,517.
1,912,820.
1,134,211.
746,751.
460,137.
2,504,095.
529,443.
1,435,422.
111,081.
294,366.
35,411.
20,494.
MORCELLEMENT DES PROPRIÉTÉS.
Plusieurs fois déjà nous nous sommes oc-
cupés de l'extrême division des propriétés
et des inconvéniens qu'elle peut avoir pour
effet. Il est facile de concevoir que, com-
parativement , les frais s'élèvent en raison
directe de la petite étendue du sol ; mal-
heureusement , la routine domine toujours
dans la plus grande partie de la France ; et
il y a même des pays, où, par un sentiment
de respect pour la ménioire de leurs auteurs,
les héritiers se font un scrupule de prendre
chacun la part qui lui est affectée dans la
succession.
L'autorité ne pourrait-elle pas , officieu-
sement d'abord , éclairer les individus sur
So'ntites avancées.
376,372,453 f.
24,016,075
28,595,119
21,067,705
4,611,824
7,284,483
25,395,491
4,876,418
16,184,362
1,977,145
4,372,949
1,261,008
502,208
Des avances.
19,808,076 f.
1,264,004
1,299,778
1,108,826
658,832
583,394
1,473,852
- 487,641
490,439
164,762
182,206
210;16S
82,420
Des articles,
17 f. 78 C.
17
14
18
6
15
10
8
11
17
14
08
94
57
17
83
14
29
27
59
85
14 75
leurs propres intérêts bien entendus? Sans
doute , avec notre système de liberté , on
ne peut prescrire à un propriétaire de dis-
poser de la chose autrement qu'il désire ,
aussi n'est-ce point en ordonnant , mais en
éclairant que l'intervention que nous^ récla-
mons pourrait avoir lieu efficacement.
Ce morcellement des propriétés , lequel
provient aussi de ce désir si vif aujourd'hui
de pouvoir se dire propriétaire , va dans
I une progression tellement grande , que
j plusieurs parcelles de terre soiit à peine
I susceptibles de recevoir la moindre façon.
Voici , au reste , à l'appui de ce que nous
avançons , le relevé des cotes dans deux dé-
partemens à des époques qui permettent de
66
comparer l'effet de ce pernicieux usage.
Dans le département de l'Arriége , il y
avait ;
59,000 cotes en 1793
68,000 -^ en 1803
76,000 — en 1813
80,520 — en 1823
92,375 — en 1833
Dans les Pyrénées-Orientales, la progres-
sion est dans les mêmes termes.
En 1821 ilyavait 41,885 cotes.
— 1825 — 48,015
— 1830 — 50,405
— 1832 — 51,490
— 1834 — 54,310
Les autres déparletnens ofd'ent des ré-
sultats analogues.
POPCLATION.
La civilisation paraît être parliculicrcnient
favorable aux fennncs, puisque c'est dans
les pays, dans les lieux les plus civilises ,
qu'elles sont communément les plus nom-
breuses.
Dans les lieux de la terre où la population
a elc dénombrée, on a presque toujours
trouvé plus de femmes que d'hommes,
lorsque l'cmigralion , ou bien une circons-
tance violente n'y avait pas changé les rap-
ports naturels des sexes , et cela quel que
fjt le sort ou la conuilion de chacun d'eux.
Il y a par conséquent natureîlement^lus
de femmes que d'hommes.
En Europe, il parait y avoir, terme moyen
général, 1,050 à 1,055 femmes environ pour
1,000 hommes, ou I7à2ude ceux-ci con-
tre 19 à 21 de celles-là.
Mais ces proportions s'éloignen-t vraisem-
blablement un peu des proportions naturel-
les , qui ne sauraient être déterminées avec
exactitude.
1° Le quart des vlvans a communément moins
de 10 ans.
2» La moitié n'atteint pas .30 ans dans les
pays où la population est la plus heureuse, ni
20 dans reux où elle ne l'csl point.
3» Au-dessous de 40 ans, il faut compter des
sept-dixièmes aux huit-dixièmes de la popula-
tion totale.
4' Passé l'âge de 50 ans, c'est un cinquième a
un huitième, à un neuvième de tous les vivans.
5° I>assc l'âge de 60 ans, c'est un neuvième à
un neuvième et demi.
6° Passe l'âge de 70 ans, on ne pourrait pas
trouver plus d'un trentième à un vingt-cin-
quième.
Enfin, sur 100 vivans, il n'y en a jamais plus
d'un qui ail 80 ans ou davantage.
Mainleiiant, en examinant comparative-
ment la distribution par âge dans les deux
sexes, nous avons reconnu :
1" Le sexe masculin domine jusque vers
l'âge de 15 ans.
sopassé 20 ans, les femmes l'emportent sur
leshommes, principalement dans la vieillesse.
30 Après l'âge de 80 ans, il y a bien trois
femmes pour deux hommes, etdans plusieurs
pays, près de deux femmes pour un homme.
Exemple. — France.
Hommes. Femmes.
De GO à 70 ans 472,098 620,856
De 78 à 80 ans 206,652 312,017
Passé 90 ans 56,567 74,957
Paris.
De 60 à 70 ans 23,043 23,087
De 70 à 80 ans 7,017 8,730
De 80 à 90 ans 1,038 1,624
Passé 90 ans 43 92
Enfin partout, du moins , quand on consi-
dère un pays entier , l'âge, qui sépare les
vivans en deux moitiés égales, l'une au-des-
sous l'autre au-dessus, arrive plutôt pour les
hommes que pour les femmes.
VILLERMÉ.
YABIAXIONS DU TEMPS.
Quand le sommet de la colonne de mer-
cure d'un baromètre est convexe, c'est qu'il
se dispose à monter, et alors on doit esi érer
du beau temps; s'il est concave, c'est tout
le contraire.
Quand le mercure monte au-dessus du va-
riable, il annonce le sec, le beau temps; au
dessous, les résultats sont opposés.
Lorsqu'il y a en même temps deux vents,
l'un près de terre et l'autre dans la région
supérieure de l'atmosphère, si le venl le plus
bas est nord et le plus élevé sud, il ne pleu-
vra pas , quoique le baromètre puisse êlre
très-bas ; mais si le vent le plus élevé est nord
et le plus bas sud, il pourra pleuvoir, quoi-
que le baromètre puisse êlre alors très-haut.
Dans un temps chaud , l'abaissement du
mercure annonce le lonnenVi; et s'il descend
beaucoup et avec rapidité, on doit craindre
l'arrivée d'une tempête.
Quand le mercure monte en hiver, c'est
signe de gelée ; si ensuite il descend on doit
s'allcndre à un dégel ; mais s'il monte encore
pendant la gelée, on est sûr d'avoir de la
neige.
Toute variation brusque et rapide indique
un changement de courte durée; toute va-
riation lente et continue assure la durée du
changement qu'elle présage.
Quand le mercure monte la nuit, c'est si-
gne de beau temps. Si le thermomètre est
fixe tandis que le baromètre baissi*. c'est.un
E résage de pluie. Si le thermomètre et le
aromèlre baissent tous deux sensiblement,
c'est un signe de grande pluie. Si, au con-
traire, le baromètre et le tucrmomètre mon-
tetit sensiblement, c'est l'annonce d'un temps
sec et serein.
AVIS QU'IL FAUT LIRE.
Le succès sans exemple qui accueillit le Jour-
nal des Connaissances utiles , il y a cinq années ,
semble vouloir se renouveler, au moins en par-
lie , pour sa seconde période quinquennale ; ses
fondateurs un moment découragés, et résolus
d'en abandonner la direction, reçoivent, de
toutes parts, des lettres pressantes qui leur énu-
mèrent les services qu'ils ont rendus, et font un
énergique appel au retour de leur actif dévoue-
ment.
Plus de justice est maintenant rendue à la ré-
daction de ce recueil , qui a été l'objet de cri-
tiques si contradictoires.
Le nouveau plan de rédaction adopté pour la
deuxième période quinquennale dans laquelle
entre le Journal des Connaissances utiles, veut,
pour être bien compris et convenablement ap-
précié , quelques éclaircissemens sur lesquels
nous appelons l'attention de ses lecteurs.
La divisi-on adoptée — 1° Répertoire ci-
vil , 2" RÉPE.RTOIRE DOMESTIQUE, 3° RÉ-
PERTOIRE PROFESSIONNEL, — Correspond à
celle idée puisée dans l'ordre fondamental de
toutes les sociétés, savoir: 1° la vie publique, 2
la vie privée , 3' la profession , qui est la vie spé-
ciale ou le classement hiérarchique.
Quelque simple qu'elle paraisse , celte division
présente néanmoins des difficultés lorsque ses
bases ne sont pas suffisamment connues et com-
prises.
Ainsi, par exemple, le Magistrat, le Notaire,
l'Instituteur Primaire, le Ministre du Culte, en
ce qui les concerne, doivent-ils être renvoyés an
Répertoire civil ou bien au Répertoire profes-
sionnel?
Les fonctions publiques, lorsqu'elles réunis-
sent ces trois caractères , 1° salaire ou produit,
2o permanence, 3° incompatibilité de leur exer-
cice avec celui d'une profession, constituent réel-
lement une profession.
Le Procureur du roi et l'Avocat exercent tous
les deux une profession ; l'Électeur, le Maire, le
Juré, le Député, remplissent des fonctions ; ces
fondions résultent de leur qualité de contribua-
bles, mais elles ne sont inconciliables avec au-
cune profession. Un seul exemple suffira pour
faire comprendre toute notre pensée.
On suppose qu'il s'agit du classement de plu-
sieurs articles sur l'instruction primaire ; les uns
appellent principalement l'altention des Conseils
communaux, des Maires et des Comités de sur-
veillance d'instruction primaire ; ceux-là pren-
nent leur place dans le Répertoire civil ; d'au-
tres sont exclusivement relatifs, soit à des mé-
thodes d'éducation que les parens peuvent ap-
pliquer sans le secours d'aucun maître, soit à la
direction qu'il peut leur être utile de donnera
l'instruction de leurs enfans ; ces articles relatifs
à Vcducation plutôt qu'à Vinsiruction de l'enfance,
sont classés dans le Répertoire domestique, afi:i
d'appeler sur eux les méditations de la famille;
enfin , d'autres articles intéressent directement
l'exercice de la profession d'instituteur, soit qu'il
s'agisse de réglemens émanés des autorités sous
le pouvoir desquelles ils^ sont placés, soit qu'il
s'agisse de notions utiles à l'art de l'enseigne-
ment dans les écoles, ces articles sont alors pla-
cés dans le Répertoire Professionnel, à la rubri-
que ; Instilulcars Primaires.
Ainsi donc chaque article, on le voit, porte
avec lui son adresse, comme s'il s'agissait d'une
lettre.
Ce que l'auteur de ce classement s'est surtout
proposé pour fin , c'est que tout fait utile parvînt
toujours àsa plus directe et principale destination
Un dernier doute restait encore à trancher,
c'était la question de savoirdans lequel des trois
Répertoires seraient classés les propriétaires ur-
bains et ruraux ; le fait de la possession patri-
moniale ne constituant ni une fonction, ni une
profession, mais simplement une qualité.
La propriété urbaine et rurale semblait tout
naturellement devoir s'allier à l'économie usuelle
dans le Répertoire Domestique; en la plaçant au
contraire dans le Répertoire Professionnel, voici
quels ont été nos motifs :
Ne considérer la qualité de propriétaire fon-
cier que comme un état passif , c'était, en quel-
que sorte adhérer d'une part à l'opinion qui pré-
tend n'y trouverquele fuit d'un odieux priviléte,
; d'autre part c'était presque encourager ceux à
I qui cet avantage est échu, sans qu'il soit In ré-
I compense de leur propre travail, à n'y voir qu'une
prime d'encouragement à l'oisiveté.
Il n'en doit pas être ainsi de la qualité de pro-
priétaire patrimonial; elle a ses devoirs et ses
obligations qui ne sauraient être méconnus sans
dommage porté au fonds social qui forme la ri-
chesse publique.
Qu'il soil donn^ aux fils de propriétaires
l'instruction spéciale que cette qualit;> comporte,
et Von verra si elle ne devient pas l'une des [ilus
utiieset actives industries; il y a dans cette m.i-
nière de considérer la propriété patrimoniale
une grande pensée de hiérarchie sociale!...
Qu'ici il nous suffise de dire, en peu de !ii;nes,
que le jour où l'on se pénétrera de la nécessité
de donner aux {ils de propriétaires une ins-
truction qui les melle en état de tirer de la
gestion de leurs patrimoines l'augmentation de
produit qui résulte toujours de l'union d'une in-
dustrie et d'un capital, les professions lib raies,
les fonctions et emplois publics salarias, vers
lesquels affluent tous l(o fils de propriétaires,
verront leur encombrement se dissiper au profil}
des fils de famille, qui n'auront reçu de leurs |
parens en patrimoine que l'instruction ad hoc.
En résumé, tout citoyen, soit que la loi lui im-
pose des devoirs ou bien qu'elle lui confère des
droits, soit que l'élection lui attribue certaiiies
prérogatives, trouvera dans le R'^perloire Civil
lin Code progressif et familier de li^gislation. de
jurisprudence, de droit administratif et d'éco-
nomie politique, qu'il devra parcourir allcntive-
ment chaque mois.
Les intérêts de la famille ; les moyens d'en ac-
croître le bien-èlre par la prévoyance cl l'écono-
mie; l'éducation de l'enfance, telles sont les li
.'.'lites trac!''es au Rf^pertoire Domestique.
La vie publiçie et la vie privée ont ainsi cha-
cune leur domaine distinct.
Enfin, le Répertoire de la Lecture et de la Con-
rcrsaiion comprend tout ce qui ne s'adresse p.TS
(lircctement au citoyen, soit dans l'exercice de
ses droits et de ses devoirs civils, soit au sein de
sa famille, soit dans la pratique de sa profession ;
c'est un résumé substantiel de tout ce que la
presse périodique produit chaque mois de faits
;uopres à rectifier certaines erreurs , à multiplier
le nombre des idées justes en circulation, en un
mot, à éclairer l'opinion puhlique, au milieu
des partis et des systèmes qui se la disputent
pi ur l'égarer.
1° Leg.\lité, 2o Economie, 3^ Progrès,
i" VÉRITÉ , tel est le cadre tracé aux quatre Ré-
pertoires du Journal des Connaissances utiles; le
remplir, chacun en ce qui le concerne, ce sera
venger hautement leur litre commun des atta-
ques et des épigrammes dont il a été l'objet.
CORRESPONDANCE DES AMIS DE L'INSTRUCTION ET DES PROGRES.'
Parmi les arlirles publiés dans l'inestimable
Journal des Connaissances miles , il en est un sur
lequel je me permettrai de vous soumettre quel-
ques observations, c'est celui où l'on traite des
moyens de détruire la fougère. L'auteur de cet
article n'ayant pas réussi à détruire cette plante
en défonrant les terres qui en sont infestées,
conclut que ce moyen est non-seulement dispen-
dieux, mais inutile. Une expérience successive et
non, interrompue de douze années a produit des
résultats entièrement oppos('s , dans des terres
lellenient envahies par la fougère qu'on avait re-
noncé à en cultiver une partie; et l'autre donnait
les produits les plus minimes, presqu'entière-
ment absorbas par les frais de culture et de sar-
clage. Ces terres, extrêmement profondes, ont
clé d foncées à deux pieds et plus, enfin jusqu'au-
dessous des racines de fougères , qui ont été to-
talement extraites ; et cette plante n'a plus repa-
ru. Ces terres ont non-seulement eu l'avantage
d'en être débarrassées , mais encore celui d'être
renouvelées ; et le laboureur a ensemencé une
terre vierge qui lui a rendu le double et souvent
le triple des produits antérieurs; puisque après
ce travail les récoltes de froment ont donné jus-
(ju'à 24 et même 30 bcctolitres par hectare. La
(lifférence est la même po-ir les autres céréales
et les pois, et plus grande encore pour les pom-
mes de terre. C'est au point que, depuis 12 ans,
ce mode de culture, qui n'était point connu dans
le canton , y est devenu général , et que proprié-
taires et fermiers défoncent également toutes les
terres , de quelque nature qu'elles soient, certains
d'obtenir de grands bénéfices. Lorsqu'il n'y a
pas de fougère, la dépense est diminuée de
moitié; car alors on se sert de fortes charrues
ini enlèvent la première couche de terre à la
irofondeur d'un pied , et les hommes disposés
i!o distance en dislance, bêchent dans cette
coupe et achèvent le labour, qui a dans les ter-
res profondes au moins 20 pouces. De celle ma-
iiicrc 14 hommes et un fort nltel.tge dans un
terrain ord'iiaire, défoncent GO arcs par jour.
Dans les chamjjs envahis par la i'oiigère , p^ur
réussir plus compk' tcnicnl , on ne travaille qn'a-
\ec les hommes; et le hiboureur en emploie seu-
lement huila dix ensemble, afin de les mieux
surveiller et de s'assurer que toutes les racines
sont enlevées et étendues sur la surface du sol ,
où elles se desséchent, pour être ensuite ramas-
sées et employées comme combustibles. Ces ra-
cines donnent une grande quantité de cendre
qui , surtout dans les localités où l'on cultive le
sarra/.in, est un excellent engrais, .\insi traitée,
la fougère fertilise le sol qu'elle avait é|)uisé.
(J'ai vu enlever jusqu'à cinq à six charretées de
racines par hectare.) Si l'on ajoute à tous ces
avantages que ce travail , qui se fait depuis le
mois de janvier jusqu'à la fin de mars, dispense
des autres labours ordinaires de printemps et de
tout sarclage (la terre élant pour long-temps
purgée d'herbes parasites), on verra que la dé-
pense du cullivateurest diminuée de moitié. Les
propriétés qui avoisinent les côles où il se
trouve des grèves marneuses ont un grand avan-
tage. Celte marne fertilise toutes les terres; mais
elle réussit particulièrement dans celles qui sont
froides et humides , et celles qu'on a défoncées.
Un champ bien marné s'en ressent pendant 20
à 30 ans , et donne des produits bien supérieurs,
en continuant toutefois d'y mettre les engrais
ordinaires. .\vec celte marne on obtient des tré-
fleà presque partout, et des luzernes dans beau-
coup d'endroits où elles ne viendraient point
sans ce secours. La quantité à répandre sur le
champ ne peut guère se déterminer, elle est su-
bordonnée à la qualité; dans l'arrondissement
deDinan , où l'usage en est fort répandu, on met
de tren'e à quarante charretées par hectare (la
charretée peut peser environ 2,000 liv.)
L'agriculture a fait de grands progrès dans la
majeure partie du département des Côtes-du-
Nord (quoiqu'il y ait encore beaucoup à faire),
et je me plais à signaler que ces améliorations
sont particulièrement dues aux propriétaires de
fermes à mo!lié;et je crois, malgré l'opinion des
détracteurs de ce mode de fermage, qu'il est le
plus avantageux dans certaines localités, et même
généralement partout où les propriétaires aisés
habitent la campagne; car beaucoup entendent
assez leurs intérêts pour stimuler leurs fermiers
et les encourager en faisant les frais des premiè-
res expériences , et contribuant pour moitié aux
dépenses extraordinaires que nécessitent les in-
novations. Voilà ce qui a fait faire des progrés
remarquables à l'agriculture dans ce pays; car
le fermier par argent comme celui à moitié n'est
pas assez riche pour supporter les frais, souvent
dispendieux , des expériences ; n'a pas assez
d'insiruction pour connaître les innovations uti-
les , et par celle ignorance même , conserve des
habitudes routinières qui ne cèdent qu'à l'évi-
dence matérielle. On pourrait objecter qu'on
trouverait un remède à ces inconvéniens en ins-
truisant le peuple; mais on ne peut disconvenir
que l'instruction pratique fait faire des progrès
bien plus raiiides que la théorie. Ces considéra-
tions me portent à croire qu'il serait avantageux^
au lieu de jeter de la délaveur sur les baux a
moitié, d'engager les propriétaires à maintenir
cet usa.;e dans les localités où les fermiers ont
besoin de leurs lumières et de leurs capitaux, et
il sullira de faire voir aux premiers les avanta-
ges qu'ils en retireront, pour qu'ils s'empressent
d'aider leurs fermiers avec d'autant plus de zèle
que leurs intérêts seront communs, car on ne
craint pas de partager les frais quand on est
certain d'avoir part aux bénéfices.
Je vous transmets, messieurs, ces réflexions,
fruit de quelques années d'expérience, avec le
désir qu'elles puissent être utiles, et, du reste,
pour en faire l'usage qui vous conviendra.
Leforestier.
POLY ItCHNOGRAPHIE,
Modèles brevetés d'ei-rilure cursivc el de dessin ; Leçons simultanées sur la rcilgiou el la morale, la géogra-
phie universelle et les voyapes, la lillcrature, lesscienccs, les ans el le conimercc ; Exercices manuels, mné-
nioinçiues el inlfllectuels d'Orllionraplie, de Calligrapliie, do Dessin, do Stylo el de Composition écrite ,
soumis à la révision el à l'approbation du plusieurs membres de l'Inslruclion publique et de l'Inslitut de
France. —Le cours annuel se compose decinquanle-deux triples niorlèles d'écriture et de dessin tracés par
les premiers maitres eleontcnani cent fois la matière des cahiers ordinaires d'écriture; de soixante-quinze
yif^iirucs marginales gravées sur acier parles premiers artislesdc t^aris et de Londres ; el d'un questionnaire
a j'nsagi» des parens «?t des maîtres, el à l'aide duquel les parens pourront faire répéter avec fruit, dans la fa-
mille.les leçons de l'école el y suppléer au besoin. —Le premier de chaque mois paraissent quatre ou cinq
modèles, selon le nombre des semaines. — Prix de la Souscription aux cinquante-deux modèles de l'année:
vingt-six francs. —On souscrit chez /l.Desrez, rue St-Gèorges, n» u.
imprimerie DE GREGOIRE, RUE DU CROISSANT, IC.
Mntètne année. 1836^
Édition française.
smi^NàSa
Beuxième Série.
— Première Année^
jL^miam
DlCilOÎVi\AIKt; Alt:.\SUEL El PROGUESSIF.
Répertoire usuel
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intéressant directement
L'édacalion de l'enfance, la morale et le bien-être des familles, l'économie usuelle ;
L'exercice et le progrés de toutes les professions sociales;
I/exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles prescrivent.
PRIX, FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE,
PAR AN SIX FRAi^^CS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT -GEORGES, No 11.
Une livraison de trente deux pages par mois, contenant an demi-volume m-8°.
Les souscripteurs étant autorisés à retenir — sur le prix de six francs — l'ailranchissemenl de leur lettre el le
cota de la reconnaissance de poste, l'abonnement n'est, de fait, quede GIJNOFRAZsCS neSspour la Société.
Numéro 3 : — Mars 1836.
REPERTOIRE CIVIL.
Rembourssment de la rente 5 o/o, 57. — Projet de
loi sur rinstructiou secondaire, 5k. — Résumé des
principales délibérations des comités de surveillance
d'instruction primaire, 59. — Traitement des institu-
teurs primaires, 61. — Instituteurs révoqués en i835,
id. — Produit des douanes en 1835, id. — Effets de la
durée de la vie sur la prospérité générale, id. — Effets
du renvoi des repris de justice sous la surveillance de
la police, 62.
RÉPERTOIRE DOMESTfytJE.
Des partages entre des descendavis de !a part de
leurs auteurs, 6:. — Les prénoms, o5. — Considérations
sur le jeûne, id. — Noyés et asphyxiés, 68. — Corsaux
pieds, 69. — Amadou, id. — Blanchiment du coton, iJ.
— Cire à cacheter les bouteilles, id. — Eau de fleurs
d'oranger, id. — Enduit en plâtre coloré, 70. — Collage
du papier de tenture, id. —Diverses fabrications de
frornagps anglais, id. — Pommes de terre gelées, 72. —
Scellage du fer dans les pierres, id. — Gale el Poux
des bestiaux, id.
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL .
Acier, 75. — Amidonniers, id. — Responsabilité des
a'-chilectes, id. — Poids du pain, tolérance, id. — Des
différentes sortes de colles, id. — Livres de commerce,
7.j. — Hypothèque légale de la femme d'un commer-
çant, id. — Ardoises, id. — Feuilles de moutarde blan-
che employées comme fourrage, 76. — Culture du pas-
tel, id.— Chou marin, 78. — Nouvelles ferrures, fer-
metures, id.
RÉPERTOIRE MENSUEL DE J.K CONVERSATION.
Alcools, 81. — Chaleur, id. — Couleurs, 82. — Pè-
che delà baleine, 83. — Résine, 84.
Jours
de la
semaine.
NOMS
des
SAINTS.
INTERETS
de
fr. 100
à 5 p. o/o.
REVENU
Par
an.
Par
jour.
EMPLOI
Dépense!
9/10 I
Epargne
1/10
ruoDuiT
dei/io
I épargné
au bout db
20 ans.
305
304
303
302
301
300
299
298
297
296
295
294
293
292
291
290
289
28S
287
286
285
284
Î83
282
281
QSO
279
278
277
276
275
6
7
8
9
10
U
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
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27
28
29
30
31
Le 1" lev.
10
20
31
S.Aubin.
s. Simplice.
Mérault.
s. Casimir.
Drauslin.
GGUI.I.
sle Perpétue,
sle Rose.
ste Françoise.
Slanchard.
Pol, évèque.
ste Euphrasie.
LjETARE.
s. Zacharie.
s. Araham.
s. Pairice.
Alexandre.
s. Joseph,
s. Joachim.
LA PASSION.
s. Paul, évèque.
s. Eusùbe.
s. Oihon.
s. Vère.
ANNONCIATION.
s. Rupert.
LES RAMEAUX.
s. Contran,
s. Cyrille.
s. Paster.
s. Amos.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DIMAXCIIE.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
01MA^CHE.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
D1M\^■CHE.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DIMANCUE.
lundi,
mardi,
mercred
jeudi.
du soleil 6 h. 44 m.coucher S h.
6 26 — 5
6 5 — 6
é 42 — 6
Jours.
61
62
63
64
65
66
67
6$
69
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81
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83
r. c.
» 66
» 67
» 69 f
» 70
» 71
» 72
» 7,3
» 74
» 75
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» 77
» 78
» 80
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» 82
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I) 87
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» 89
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» 92
» 93
» 94
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» 96
» 97
» 98
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c.
f. c.
3100
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» 84
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8
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» 87
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8
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» 89
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9
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» 90
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,9
17
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» 91
3400
9
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8
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» 93
3450
9
45
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50
» 94
3500
9
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» 95
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9
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1 00
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10
41
9
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9
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1 05
3900
10
63
9
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1 06
39i0
10
Si
9
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1 08
4000
10
95
9
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1 (19
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11
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9
93
1 10
4 00
11
23
10
10
1 12
4150
11
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10
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1 13
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u
50
10
35
1 15
42.50
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10
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n
78
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1 17
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10
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12
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1 23
4550
12
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u
21
1 24
4400
12
60
11
34
i 26
f. c.
9394 40
9543 90
9697 45
9828 "95
(0000 45
10152 00
10, 03 50
10155 05
10605 50
10757 05
10908 55
llOf) 05
11211 60
11363 10
11514 60
1F666 15
11817 65
li9fiy 20
12120 70
12272 20
12(23 75
12575 25
12726 55
12878 30
17029 80
13i8l 35
13332 85
13484 35
13G35 90
1374S 40
13938 85
42 m.
55
U
28
P. L. le 3 à 10 heures i minutes du soir.
D. Q. le 10 9 55 du malin.
N. L. le 17 9 13 du soir.
I'. O. le 25 8 33 du matin.
DE 75,000 FRANCS,
DES
PREMIER TIRAGE DU 31 DECEMBRE iSÔS.
- Numéros et Séries gagnans
l'o prime.
2 —
3 —
4 —
5 —
(> —
7 —
10000 fr.
5G0
500
ROO
r.oo
500
500
Série IC.
54.
65.
6.S.
8.
Kamcros 694.
ICI.
447.
992.
915.
532.
782-
Sloins des gagnans connus.
JOI. Dabdelet, à Gironville (Soine-e(-Oisc) : S. 16, N. 694, 10000 fr. {Livret desMénages)
RKVGMEn, à Saini-Cloiit] (Oise): S. 65, N. 092, 5i 0 (Musée des Famitles)
C.cie BIGMCOCKT, ;i.Neii.l.-s.-Aisr.e (Aisne):S. Sô, N. 6I."i, 500 {(iraiiun. Landais)
iiO
00
Pelissonmer, à S:iiiil''-Foi\ (Arriégc): S. 54, N. 447, 500 {Die. de législation).
Les lots porisnl les Nuniéro.s S..', K. IM,— S. (S, IS\ 522,— S. f*. N. 7n , soiil à réclamer.
Les tirages successif» seronl puliliés par le Journal des Connaissances Utiles.
Le 29 février 1836.
Le 30 mars 1836.
Le 15 avril 1836
Tirage
neuf primes
do
Tirage
de
sept primes
de
Tirage
de
sept primes'
de
8,000
500
500
500
500
500
500
500
500
2,000
500
500
500
fiOO
500
500
2,300
500
500
300
500
500
500
12,000
5,000
5,000
Report 22,000
Le 30 avril 1836.
Le 31 mai 1836.
' Tirage |
de
sept primes '
de i
' Tirage ]
de ,1
onze primes^
do i
5,000
35,000
TOT.iUX
23 primes ; fr. 22,000
Totaux
41 primes : f. 62,000
AVIS.'
I.
Aux Souscriptettrs sur le retard du service de Janvier et Février.
L'administration des postes s'clant refusé au transport des Obligations de Primes encarlces
dans les livraisons du Journal des Connaissances Utiles, un re'ard considérable s'en est suivi.
Il a fallu désigner toules les livraisons, et remettre les Obligations sous enveloppe, ce qui n'a
pas été seulement un grave retard, mais encore une grande dépense.
II.
Aux Souscripteurs, français à la collection de 20 francs.
Chaque jour partent un grand nombre de collections reliées ; toutes, nous en renouvelons
rcng.igemcnt, seronl reniisos emballées avant le 'JO février à^ni.DucIosel et deRoslaing, mais
nous prévenons (es Souscripteurs (jue la distribution des ballots dans un département présente
plus de Jiilicultés et de relards qu'ils ne peuvent le croire, surtout à cette époque de l'année.
III.
Aux Souscripteurs étrangers: Suisses , Italiens, Espagnols, Allemands, etc., etc.
Nous les prévenons que ne pouvant leur faire parvenir h domicile leur collection, nous
les prions de nous indiquer à Paris une maison de commission où jiousles puissions remettre
contre la somme de 2() francs. A défaut de réponse d'ici au 10 mars, le Journal des Connais^
nances Utiles cessera de leur être envoyé.
REPERTOÎRE CIVH
87
Z. Intérêts généraux. — U. Morale et instruction publîquen. —^
Xn. Devoirs ^t droits civils et politiques.
Chambres législatives : Remboursement de
la Rente 5 pour 0;0.
Le droit de remboursement est formelle-
ment exprimé dans la loi du 24 août I79ô,
qui a fonilé la dette publique et le grand-
livre; ce droit est en outre établi dans les
discours d'alors, et notamment dans le rap-
port fiiit le 14 août 1T!>j par Cambon, rap-
port qui est une sorte d'instruction sur l'o-
pération financière qui était l'objet de la loi
précitée.
Bette publique s'entend de celle dont
l'état est grevée, soit envers des particuliers,
soit envers des communes, des hospices ou
des établissemens publics quelconques.
Voici quelles étaient , au î^'' janvier 1834,
les diverses natures de rentes inscrites :
5 0|0
4 l|2
4 OiO
3 OiO
146,623,104 fr.
1,026,600
3,121,146
3.3,9.Jl,48a
Total 184,702,333 fr.
Comme il ne s'agit, quant à présent, que
delà rente 5 p. 0|0, nous négligerons dans
nos calculs tout ce qui se rattache aux au-
tres renies ci-dessus indiquées.
Voici comment se classe la rente 5 p. OiO,
sous le rapport des parties prenantes :
Caisse d'cmorlissement l2,54i,ooo fr.
Légion-d'Honneur 6,77i,ooo
Université royale 529, ooo
Caisse des invalides de la marine 4,623,000
Caisse des retraites 962,009
Rentes appartenant aux communes 2,832,000
— — aux fabriques ,
établissemens bienlaisans et re- v
ligieux 8,454,000
Caisse des dépôts et consignations 2,095,000
Majorats à litre gratuit 607,000
Caisse de prévoyance et tontines i, 560,000
Divers titulaires
Total,
40,974,000
105,649,000
Total. 146,623,000
Pour établir, autant que possible, la véri-
table position de l'Etat vis-à-vis des posses-
seurs primitifs des rentes 5 p. Oio,'nous al-
lons indiquer le montant des emprunts con-
tractés à ce litre depuis i Si 5, le taux auquel
ils ont été adjugés, et les adjudicataires qui
en ont opéré la négociation.
Epoques. '^T' ^^r '^r,f
rent. aliénées.négociations. emprunts
'815 3,50O,000fr. 5lfr.23 35,8e3,200fr.
duirnaii8i6
au 1 av. 1817 6,000,000
'817 669,755
1817 et 1818 30,000,000
1818 27,238,933
Juin 1821 401,942
AoiU 1821 12,51 i,220
Juillet I8J2 23,114,516
Avril 1831 7,142,858
Août 1832 7,614,213
57
59
57
66
87
S5
8S
84
26 69,763,000
l'> 7,924,035
51 345,065,001)
75 362,909,400
"7 7,000,00»
■■>•'> 21 i, 118, 304
55 413,980,931
'0 150,000,014
50 150,000,000
Total. 113,196,437 1,726,623,034
Le taux moyen des négociations est de 73 o4.
Ces rentes ont été négociées, en capital,
de la manière suivante :
Aux maisons Rothschild, Davilliers et
aottinger 150,000,000 f.
Aux maisons Hope et Comp. et Baring
a''^^^^^- tt . 165,000,000
Aux maisons Hottinger , Baguenault
etDelessert 2i4,ii8,304
Ala maison Rothschild frères, seule 413 yso ssi
Yenaues sur place 656!5''4'635
Négociées à divers 7,ooo,'ooo
Compagnie formée de divers ban-
quiers et receveurs-généraux 120,000,014
Egal, l,72G,6i3,934
On vient de voir que le taux moyen des
emprunts contractés a été de 7-;,04, c'est-
à-dire que les possesseurs primitifs des ren-
tes émises dans ces diverses époques, ont
bénéficié, sur le capital , de 26 fr. 96 sur
100 fr., et en supposant qu'ils fussent en-
core porteurs des inscriptions de ces rentes,
les cinq francs qu'ils percevraient pour cha-
cune d'elles, équivaudraient à un intérêt de
6 85 p. OiO.
Pour compléter les renseignemens sur
cette face de la question, nous allons donner
le taux moyen des rentes 5 p. Ojo à diver-
ses époques :
1799 ôo trimest. 8 62 l|2 minimum du taux
4804 — 57 «« le plus bas.
1814 1" — 31 25
1824 — 98 90
1834 — 105 SO
Si on pouvait savoir sur que-s emprunts
l'amortissement s'opère, il serait facile de
supputer les catégories qui restent en comp-
te à l'état ; mais comme le rachat se fait sans
distinction des origines, il en résulte qu'on
ne peut savoir à quelle création appartien-
nent les inscriptions actuelles de la rente
58
5 p. 0|0. A la vcritô, do ce qu'un emprunt a
été conlrai'tc à un taux bien inférieur
au pair, il ne s'ensuit pas que le iJcleiileur
actuel du titre ne l'ait pas acheté au-dessus
du pair ; m:iis, toujours est-il qu'on arrive-
rait à connaître d'une manière rigoureuse
quel est, pour les rentes dont lélatsc trouve
encore grevé, le taux moyen des inscrip-
tions ; et comme la mesure financière du
remboursement ou de la diminution de l'hi-
térêt est d'un intérêt général, ce serait éga-
lement en généralisant qu'on pourrait avoir
la moyenne de ce qu'en définitive les déten-
teurs actuels ont déboursé pour acquérir la
propriété de leurs titres. Ce serait donc à la
commission nommée par la Chambre des dé-
piH«#, à rechercher: l" l'origine des rentes
i^xistantcs; S» l'époque de leurs translérts,
autant que cela est dans la possibilité , afin
de partir de ces deux bases pour apprécier
l'eifct de la réduction ou du remboursement
sur les titulaires. Il est bien de remarquer
néanmoins que les rentes 5 p. OjO sont de
i4G,G2ô,in4 fr., et que celles émises depuis
I8l5étant de MS,l9f),437, il doit peu y en
avoir maintenant de celles provenant de la
conversion en tiers consolidé qui se trou-
vaient dans les mains des propriétaires ou
ayant droit des titulaires, à cette époque dé-
sastreuse.
Quoi qu'il en soit, et malgré les différen-
tes allégations faites à la tribune et dans les
journaux quotidiens, il parait positif qu'au
premier janvier 1854, c'est-à-dire à l'époque
où les calculs ont été établis parle ministère,
le nombre des parties inscrites pour le 'i p.
i)[f> était de 178,982, entre lesquelles il fau-
drait partager les 105,649,000 fr. qui leur
sont afiérens dans la fixation ci-dessus,
soit, par titulaire 59o fr. 27, en supposant
qu'ils le fussent tous dans une proportion
égale.
Nous avons dû retrancher du total des
renies les 40,974,000 appartenant;! des éla-
hlissemens publics ou qui établissent des
droits acquis et exceptionnels à ceux à qui
ils s'appliquent, attendu que pour ces der-
niers il parait équilable de ne point leur faire
.subir ladinùnutiDn.ct que, d'une autre pari,
lis ne peuvent oblemporer entre cette for-
malité ou le remboursement , ce dernier
mode MC leur étant pas applicable. Ainsi
donc la mesure, en la réduisant à cette somme
do 103,049,000 fr., présenterait encore une
économie de 21,129,800 fr.
On a parlé d'annuités, mais c'est tout sim-
plement rejeter la conversion à une époque
plus éloignée, c'est donner d'im colé pour
reprendre de l'autre, et ou cuunait cet
I axiome de droit , que la raison confirme :
Donner cl retenir ne vaut.
\ Retarder l'accomplissement de la mesure,
1 en se basant sur le froissement qu'elle opé-
j rera dans les fortunes privées, c'est cacher
; une fin de non recevoir sou* une sensibilité
apparente. Aujourd'hui, l'an prochain, dans
I dix années, les résultats de la mesure se-
i ronl les mêmes. Si donc l'opération est bon-
j ne, pourquoi en retarder l'exécution ? Si elle
blesse la justice, ce n'est point un ajourne-
' ment qu'il faut prononcer , c'est un rejet
' furmel
C'est ce qu'a parfaitement compris la
I Chambre des députés, en déclarant qu'elle
j prenait en considrration la proposition de
; l'un de ses membres.
i Chambres législatives. Projei de loi sur
j l'instruclioniserondaire.
Aux termes formels du § 8 de l'article 69 de
la charte constitutionnelle, portant qu'il sera
j danslepluscourl délai possible présente une
I loi sur l'iNSTRCCTlON PCBLIQCE ET LA LIBERTÉ
I DE l'einseignemem, M.liuizot a enfin apporté
i un projet de loi sur l'instruction secondaire.
, Ce projet, bien que précédé d'un exposé
Ides motifs remarquable, quoique souvent
I erronné, est si iiicomplel, si imparfait, qu'il
' est plus que douteux qu'il soutienne l'é-
preuve de ta discussion.
[ Ce projet de loi accuse, de la part de son
I auteur, une impuissance dont il y a peu
d'exemples, et qui ne s'explique pas, lors-
qu'on se souvient que l'auteur d'une œuvre
. si mesquine, si chétive, si déceptionnelle,
i est à la fois un professeur renommé, un
I écrivain distingué, un orateur remarquable,
! et un chef de doctrine...
! Pour nous livrer à l'appréciation d'une si
! pauvre loi, nous attendrons le rapport de
I la commission chargée de son examen.
I On sait quelles sont sur l'instruction pu-
I blique nos observations et nos vues; pour
compléter les documens que nous avons dé-
jà publiés, nous citerons le fragment suivant
I (l'une réponse de iM. tmile de Girardin.dé-
I puté de la Creuse, à une lettre de félicitation
qui lui fut adressée par un estimable pro-
I fesseur de (luérel.
« En France , les éducateurs de la jeu-
nesse n'occupent pas dans la hiérarchie ad-
ministrative et sociale la place que leur assi-
gne l'importance de leur mission.
C'est moins par des lois, presque toujours
cxclusivemcntmotivées sur certaines circons
lances, sur certains intérêts actuels, que les
mœurs d'un peuple s'améliorent , que par
une éducation convenablement appropriée à
la conslifulion qui le régit ou doit le régir ;
cotte affirmation d'une vérité que ^e or(»is
absolue, reçoit encore une applicalion plus
direcle, lorsqu'il s'a^Mt d'un pays qui, de la
forme monarchique absolue, passe au régime
représentatif monarchique.
Depuis long-temps je soutiens qu'un gou-
vernement qui se transforme, ne se fonde,
ne se perpétue que par un système d'édu-
cation mis en harmonie avec ses principes
fondamentaux ; qu'ainsi, dais un gouvcrne-
raent représentatif, dont la base est l'élec-
tion, l'instruction publique doit tendre essen-
tiellement à préparer la jeunesse par des étu-
des spéciales à l'exercice des droits .qui l'at-
tendent et à la pratique des devoirs que
l'intérêt commun et communal lui imposera.
Dans un gouvernement représentatif, l'ins-
truction-primaire- SPÉCIALE - COMPLÉMEN-
TAIRE doit être essentiellement parlemen-
taire : inculquer aux générations au berceau
l'amour et le respect de la constitution fon-
damentale, et les formera l'habitude de la
parole , voilà quel en devrait être le caractère
-distinctif.
Chez un peuple doïit le code prescrit l'é-
galité des partages de succession , et tend
conséquemment à la division indéfinie des
fortunes les plus compactes ; chez un peu-
ple dont l'esprit en est venu à ce point de
ne plus admettre aucune idée de privilè-
ges héréditaires , l'éducation ne doit plus
rester ce qu'elle était à l'époque où les for-
lunes étaient inféodées , les carrières, obli-
gées, les vocations, contraintes, où certaines
classes étaient privilégiées à l'exclusion des
autres. — L'éducation doit alors cesser d'ê-
tre uniforme pour devenir aussi variée que
les professions diverses ; elle doit cesser d'ê-
tre classique pour devenir professionnelle ,
car plus les torluncs se diviseront, plus l'o-
bligation de spécialiser l'instruction devien-
dra rigoureuse.
L'époque n'est pas éloignée où sous peine
de voir dépérir l'instruction publique et re-
naître l'ignorance dans les classes moyennes,
il faudra abaisser le prix que coûte l'acqui-
sitionde l'instruction publique; c'est une dé-
pense de 10 à 13,000 fr., qui déjà ne repré-
sente plus son équivalent, car les carril-res
qu'ouvrait l'instruction universitaire sont
maintenant obstruées, et quant au petit com-
merce et aux arts manuels, il n'y a pas de
doute , que pour y prospérer et assurer le
bien-être d'une famille , un petit capital de
de to à 15,000 fr. ne soit plus utile que le
diplôme de bachelier-ès-lettres.
PARLEMENTAIRE ET PROFESSIONNELLE, ES-
pÉDiTivE EX Eco.>oMiQUE , tcllc doil être dé-
K9
sormais rinslruction publique en Franc<?,pour
s'accorder avec nos institutions nouvelles ;
telle elle doit être si l'on veut prévenir l'ai'
ternalive des révolutions périodiques et des
régimes oppressifs.
Ce qui manque à la consolidation du gou-
vernement représentatif en France, ce n'est
pas une nouvelle réforme électorale ; il faut
attendre pour demander des fruits à l'arbro
qu'il ait poussé des racines , et les racines
de l'arbre représentatif, ce sont : le régim*»
municipal et l'éducation parlementaire ; se»
fruits, ce seront des droits politiques, accor
dés— si on le veut— à tous les contribuables,
mais alors seulement que tous les contribua
blés auront été préalablement mis en état d»
les exercer judicieusement. Alors on pourra
dire qu'à l'Instruction populaire la Raison
publique doil son triomphe, et l'Intrigue
élecrtoalc, sa chute.
Emile de giuardin. »
Comités de surveillance d'Instruction
primaire.
Résumé des principale délibérations du conseil
royal de l'inslruciion publique pendant le cours
de 1835, et qui ont reçu i approbation minislé
rie lie.
En janiier.—Les directeurs d'écoles normales
primaires ne peuvent concourir pour les mé-
diiilles d'encouragement avec les instituteurs
primaires (6). Un élève evciu de l'école normale
primaire ne doit plus jouir du bénéfice de l'en-
gagement décennal pour la dispense du service.
iM-^^ (9). Il n'appartient pas à un comité de dé-
clarer qu'un individu ne peut être admis dans
rense!;ïnemenl; le comité peut seulement, si cet
individu lui est présenté pa»- un conseil municipal,
déclarer qu'il ne veut point le nommer institu-
teur (13).
Les élèves des écoles primaires supérieures ne
sont point soumis à la rétribution du vingtième.
Le certificat de moralité délivré par le supé-
rieur-général à un frère des écoles chrétiennes,
ne lui suffit pas pour être reçu instituteur com-
munal, attendu que nul certificat ne peut rem-
placer celui de moralité, délivré par le maire sur
l'attestation de3 conseillers municipaux, que la
loi exige de tout individu qui veut être institu-
leiir primaire (CD).
Février. — La retenue actuelle, ordonnée pat
l'arcicie là de la loi du 18 juin 1833, doit avoir
lieu sur les traitemens fixes des instituteurs
communaux qui seraient membres de congréga-
tions religieuses, comme sur les traitemens fixes
de tous autres instituteurs communaux. A l'é-
gard des frères des écoles chrétiennes et des
autres congrégations religieuses, la retenue est
faite au profit du chef de l'école (24).
Nul sous-maître n'est admis à participer aux
dispenses du service militaire, s'il ne remplit
toutes les conditions imposées, sous ce rapport,
60
aux roembres de l'instruction publique. Les frè-
res, autres que le directeur de l'école, sont ré-
putés sous-maîlrcs (24).
La loi n'a pas distingué les écoles tenues
par des associations, ou les écoles tenues pardes
individus; elle n'a pu voir partout que des écoles et
des instituteurs, cl les soumet au\ mêmes règles
et à la rnénic surveillance. En conséquence, les
instituteurs dirigeant les écoles ouvertes dans
un hospice, doivent remplir les formalités im-
posées il tous les instituteurs; et les comités lo-
caux et d'arrcndissemens doivent surveiller les
écoles elles instituteurs (27).
Juin. — Les élèves-maîtres ne peuvent être
admis dans une école primaire qu'au commence-
ment de l'année scolaire (2).
Sur la demande motivée du directeur de l'é-
tole, et en vertu d'une délibération de la com-
mission de survcillîînce, approuvée par le minis-
tre, il peut être fait exception aux dispositions
du règlement du 14 septembre 1S32 qui pres-
crit deux ans de séjour des élèves-maîtres dans
les écoles normales primaires. Celte exception
peut être demandée soit en faveur des élèves-
maîtres, qui, à raison de l'instruction dont ils
auront fait preuve lors de leur examen d'entrée,
auront été jugés capables de suivre sur-le-
champ le cours de seconde année, soit en fa-
veur d'un élève-maitre qui, étant déjà pourvu
du brevet de capacité pour l'instruction primaire
élémentaire, serait appelé par une commune pri-
vée d'instituteur (23).
■Conformément au § 1" de l'art. 22 de la loi
sur l'instruction primaire, les séances des co-
mités primaires ne sont pas publiques; les délé-
gués des comités ont seulement droit d'assister
aux séances où il est question des écoles dont
ils ont fait l'inspection (2G).
Les élèves-maîtres d'une école normale pri-
maire, déjà pourvus de brevet de capacité élé-
mentaire, peuvenlétre admisà concourir avant
leur sortie de l'école, pour des places d'institu-
teurs d'écoles élémentaires (30).
Un instituteur privé ne peut être ni suspendu
ni révoqué par le comité d'arrondissement pour
cause d'incapacité ou de négligence, attendu
que l'article 23 de la loi du 28 juin 1833 ne con-
cerne que l'instituteur communal.
Juillet. — Les fonds déi.>artementaux ne doi-
vent être employés au traitement des instituteurs
que pour compléter et assurer le minimum légal
de 200 fr. pour les écoles élémentaires, et de
400 fr. pour les écoles supérieures.
Oclobie. — L'engagement décennal des élèves-
maitres ne peut être borné au service d'un dé-
parlement en particulier, il doit être contracté
d'une manière générale et pour la France (3).
Conformément à la décision du 5 décembre
iSTA, un instituteur communal qui a quitté son
poste sans lettre d'exeat, ne peut être ni nommé
ni restitué valablement pour aucune autre école
communale (27).
IVovcmbre. — Les inspecteurs primaires ne
peuvent régulièrement assister aux séances des
comités avec voix délibéraiive-,, attendu que la
loi du 28 juin 1833 (art. 22) n'accorde la voik
délibéraiive qu'aui délégués du comité même
Un conseil-général de déparlement peut exiger
que les élèves-maîtres auxquels des bourses ont
été accordées servent, après leurs cours normals,
un certain nombre d'années dans le départe-
ment en qualité d'instituteurs communaux (2i).
Décembre. — Le comité supérieur, en nom-
mant un instituteur communal, ne peut lui im-
poser l'obligation de demeurer un certain nom-
bre d'années dans la commune, attendu qu'un
pareil engagement d'un instituteur envers une
commune doit être tout-à-fail libre et volontai-
rement consenti de part et d'autre, et qu'il ne
saurait être imposé par un comité supérieur
comme condition aux candidats qui sont pré-
sentés ù sa nomination.
Obligations imposées aux élèves des écoles nor-
males ■primaires.
Les élèves-maîtres boursiers, qui n'obtiennent
que des portions de bourse, ne peuvent être
admis à l'école normale qu'après avoir déposé
entre les mains des directeurs un acte par lequel
ils s'obligent, ou, s'ilssont mineurs, leurs parens
s'obligent de payer la portion de bourse qui
reste à leur charge.
Semblable engagement sera pris pour la tota-
lité de la pension, à l'égard des pensionnaires
libres.
Ces actes seront préalablement présentés au
maire de la commune dans laquelle résident les
parens ou le tuteur de l'élève. Ce fonctionnaire
attestera qu'ils ont le moyen d'acquitter la pen-
sion ou la portion de bourse à leur charge.
Avant d'être reçu à l'école normale, les élèves-
maîtres boursiers déposeront entre les mains du
directeur un acte par lequel ils s'engageront, ou,
s'ils sont mineurs, leurs parens ou tuteurs s'en-
gageront à rembourser le prix de la bourse ou
de la portion de bourse qui leur aurait été ac-
cordée sur les fonds du département ou de l'état,
dans le cas où, sans l'autorisation du ministre
de l'instruction publique, ils renonceraient à
leurs études avant la fin du cours, ainsi que dans
celui, où, après être sortis de l'école, ils ne rem-
pliraient pas l'engagement par eux contracté de
servir, pendant dix ans au moins, comme insti-
tuteurs communaux.
Les pensionnaires libres doivent aussi prendre
l'engagement de servir pendant dix ans au moins
dans l'instruction publique ; mais ils restent li-
bres d'être instituteurs communaux ou institu-
teurs privés. S'ils ne remplissaient pas l'engage-
ment de servir pendant le temps prescrit, ils
doivent rembourser le prix de l'instruction
qu'ils ont reçue et celui des fournitures qui leur
ont été faites, et qui sont fixées à 60 Çr. par an,
pour livres, papier, etc.
Pour mettre les inspecteurs de l'instruction
primaire à même de vérifier si les élèves-maî-
tres sortis des écoles normales primaires, tien-
nent leurs engagemens, ces fonctionnaires au-
ront un registre spécial, sur lequel ils inscriront
les noms des élèves-maîtres pour lesquels cet
engagement aura été souscrit. Ils y porteront
successivement les noms des diverses communes
dans lesquelles ces maîtres exerceront les fonc-
tions de l'enseignement. Dans le cas où des ins-
tituteurs sortis de l'école normale ne rempli-
raient pas leur engagetncnt, l'inspecteur en don-
nera avis au directeur de l'école, qui, après les
avoir mis en demeure de se libérer dans un délai
déterminé, fera, s'il y a lieu, diriger contre eux
des poursuites.
Les somines qui seront remboursées seront
versées dans la caisse de l'économe de l'école, si
le service des bourses y est fait par régie, et
dans la caisse de Van des receveurs des finan-
ces de département, si le service des bourses y
est fait par abonnement. Dans le premier cas, les
sommes remboursées resteront la propriété de
l'école j dans l'autre, elles feront retour au dé-
parlement, si l'instituteur était boursier du dé-
partement ou élève libre, et au trésor, s'il était
boursier de l'état.
Toutes ces dispositions seront également ap-
plicables aux écoles normales primaires qui ne
sont encore que des externats.
(Circulaire, 18 septembre 1835.)
Traitement des Instituteurs primaires.
Il résulte d'une décision du ministre de
l'instruction publique,en date du lO décembre
1835, que l'instituteur public d'une com-
mune rurale qui, à l'époque des travaux de la
campagne, va suivre le cours d'une école
normale primaire, doit continuer à jouir de
son traitement fixe et de l'indemnité de loge-
ment pour le temps pendant Icq-ael il s'est
absenté de sa résidence, attendu que cette
absence ayant lieu dans l'intérêt du service
et de la commune, et à une époque de l'an-
née où les écoles ne sont pas fréquenlées, il
ne pourrait y avoir d'interruption dans la jouis-
sance des avantages q-ui lui sont accordés
par la loi.
STombre des instituteurs primaires révoqués
eu £835.
Ce nombre est de 36, qui l'ont été pour
les causes suivantes:
13 pour intempérance et conduite immo-
rale ;
S pour violences exercées contre les
élèves ;
pour négligence habituelle ;
pour incapacité notoire ;
pour avoir abandonné son école sans
autorisation;
1 pour fait de concussion.
Contribuables.
r»ouANES. — Le tableau récapitulatif des ré-
sultats du commercede France avec ses colonies
et les puissances étrangsres, présente les résul-
tais suivans pour l'année ISSi :
10
8
1
61
Marchandises entrées. . . . . . 720,104, 33Gf.
— mises en consommation. &03,933,0i8
Exportations 714,706,038
Entrées en entrepôt 409,330,503
Sorties d'entrepôt 438,008,771
Transit 123,770,328
Primes à l'exportation 0,272,221
Le mouvement du numéraire,
qui n'est pas compris dans le
relevé ci-dessu?, s'élè^'e, pour ce
qui a pu être constaté, à .... 5192,408,884 f.
Pour les entrées, à 97,286,744
Les marchandises saisies s'é-
levaient à 1,315,022
Dans celte même année 1834, il est entré dans
nos ports 10,089 navires, dont 3,965 français; il
en est sorti 0,304, dont 4,221 nationaux.
GrocvERNANs : eSTef.s de la durée de la vio
sur la prospérité générale.
Une nation est croissante en prospérité
lorsqu'elle produit lo moins de citoyens,
mais les conseï ve le plus long-temps. Cette
condition est entièreriient à l'avantage de la
population ; car, si le nombre des naissances
est plus petit, les sujets utiles sont plus
abondans, et les générations ne se sont pas
ainsi fréqueinment renouvelées au détriment
de l'Etat. L'homme , dans ses jeunes années,
vit aux dépens de la société ; il contracte
une dette qu'il doit payer un jour à venir,
et s'il ne rend pas à la société ce qu'elle lui
a prêté, son existence n'aura été qu'une
charge pour son pays. Chaque individu , dès-
lors qu'il survit enfant, contracte une sorte
de dette qui ne peut pas être moindre de
1,000 fr. Celte somme est payée par la so-
ciété pour chaque enfant, lorsqu'on les aban-
donne à la charité. En France , les naissan-
ces annuelles montent à 06n,OOO, desquels
il meurt les 9/20" avant d'atteindre l'âge ou
ils pourraieiit être utiles à la société. Ces
430,000 infortunés peuvent être considérés
comme des étnngers qui, en dehors de la
fortune ou de l'industrie , prennent une part
dans la consommation générale , et partent
en ne laissant d'autre trace de leur passage,
sinon d'éternels regrets. La dépense de leur
entretien, sans compter le temps qu'ils ont
préoccupé , s'élève à l'énorme somme de
432 millions. Ce que l'on ne peut trop répé-
ter, c'est que la prospérité des nations con-
siste moins dans le très-grand nombre que
dans la longue vie moyenne des membres
qui les composent. Cette réflexion prend
un nouvel intérêt dans le long débat qui exis-
te entre le genre humain et ses gouvernans
sur les guerres inutiles, que beaucoup con-
sidèrent encore comme nécessaires, quoique
dans le fuit elles soient nuisibles, puisque
éi
c'est réllte dfe la populniion fravnillnnte qui ]
est déiruile, tandis que les inutiles restent. ;
QUETELET. i
1
G( >trvERRANS : Sur la surveillance à laquelle i
sont assujctis les repris de justice. j
tJnc des plus grandes plaies sociales est
•mns contredit celle des condamnés libérés,
surtout ceux qui sont assu élis à la surveil-
lance de la haute police de i'Elal. En 185^,
"la législature a apporté quelqueschangemens
de peu d'importance sur celle partie si es
senlielle de notre droit public ; mais l'expé-
rience ayant malheureusement prouvé que
les résultats n'étaient point tels qu'on devait
s'yattendre,nousnoushasarderonsà indiquer
cjuelestlebut qu'on doit chercher à atteindre
dans l'application de cette mesure de sûreté.
Les indiviilus comlamnés correctionnel-
lement, sont quelquefois assujétis, à l'expi-
ration de leur peine, à une surveillance tem-
poraire de 5 à 10 années ; ceux condamnés
pour crime , c'est-à-dire aux travaux forcés
à temps et à la réclusion , sont placés de
droit, et pendant toute leur vie, sous la
surveillance de la haute police de l'Etat, d'a-
près les dispositions de l'article 47 du code
pénal.
L'effet du renvoi sous la surveillance de
la haute police, est de donner au gouverne-
ment le droit de déterminer certains lieux
dans lesquels il est interdit aux condamnés
de paraître après qu'ils ont subi leur peine.
En outre, le condamné doit déclarer, avant
sa mise en liberté, le lieu où il veut lixer sa
résidence ; il reçoit une feuille de route ré-
glant l'itinéraire, dont il ne peut s'écarter, et
la durée de son séjour dans chaque lieu de
son passage. Il est tenu de se présenter dans
les 24 heures de son arrivée devant le maire
de la commune ; il ne peut changer de rési-
dence sans avoir indiqué ô jours à l'avance
à ce fonctionnaire le lieu où il se propose
d'aller habiter, et sans avoir reçu de lui une
nouvelle feuille de route. (Art. 44 C. P.)
El» cas de désobéissance aux dispositions
prescrites par l'article précédent, l'individu
mis sous la surveillance de la haute police,
est condamné par les tribunaux correction-
nels à un emprisonnement qui ne peut ex-
céder cinq ans. (Art. 43 C. P.)
La question ainsi nettement posée, il reste
à examiner si la mesure qu'on a prise ré-
pond au but que le législateur s'est pro-
posé.
En présentant à la chambre élective la loi
du 28 avril 1852 , contenant des modifica-
lions au code pénal et au code d'inslrucliun
criminelle , M. Barthe , garde-des-sceaux ,
s'exprimait de la manière suivante relative-
ment à la surveillance :
« Le renvoi sous la surveillance de la
haute police ne pouvait pas être supprimé;
la sûreté des personnes et des propriétés est
intéressée à ce que le criminel ne vienne pas,
après la consommation de sa peine, porter
l'épouvante dans les localités qui lui sont
coimues, et exercer contre les plaignans, les
jurés, les témoins, d'atroces vetigeances; il
y a aussi nécessité de briser les liens de ces
associations menaçantes qui s'établissent si
aisément entre les repris de justice. Les
moyens ordinaires de surveillance dont la
police dispose ne suffisent pas pour mettre
la société en défense contre de si grands pé-
rils. »
La crainte exprimée ici pour les plaignans,
les jurés, etc., ne peut exister en réalité que
pour les cas tout-à-fail exceptionnels. Nous
ajouterons même qu'elle est mal fondée.
Qu'on parcoure les annales de la justice, on
ne trouverapeut-étr-e pas dix exemples qu'un
plaignant ou un juré ait été exposé à la ven-
geance de celui à la condanmalion duquel
ils ont pris part. En général, les malfaiteurs ne
sont pas excités parla haine contre tel ou tel
individu; ils en veulent à la fortune d'autrui,
abstraction faite de ceux qu'ils dépouillent.
D'ailleurs, si effectivement le sentiment de
la vengeance déterminait seul au crime, la
défense de paraître en certains lieux ne se-
rait point un obstacle à sa consommation ;
on braverait tout pour obéir à ce désir, car
il prend un caractère impétueux chez un
repris de justice: les individus de cette classe
n'éprouvent rien à demi; l'expression de
leurs sentimens, quels qu'ils fussent , est
toujours portée à lexlrême.
Loin de briser les liens de ces associations
menaçantes qui s'établissent entre les repris
de justice, la loi les favorise. Tout libéré
pouvant habiter le lieu qui lui plaît, à l'ex-
ception de quelques-uns qui lui sont inter-
dits , il lui est plus facile de se réunir à
d'autres, et c'est alors que les moyens or-
dinaires de surveillance dont la police dis-
pose, ne suffisent plus pour mettre la société
en défense contre de si grands périls.
L'ariicle 44 du code pénal exige que l'in-
dividu renvoyé sous la surveillance de îa
haute police de l'Etat, ne puisse changer de
résidence sans avoir indique trois jours à
l'avance au maire de la commune où il se
trouve, le lieu où il se propose d'aller habi-
(er, et sans avoir reçu de ce fonctionnaire une
nouvelle feuille de roule pour celle deslina-
liun.
6S
Mais si, par le fait seul de cette indication,
le libéré peut changer de résidence, la for-
malité devient illusoire, car il choisira tou-
jours l'endroit qui lui permettra de se livrer
avec plus de facilité au genre de vie qu'il se
propose de suivre. Si, au contraire, l'autori-
sation peut être refusée par le fonctionnaire
à qui elle est demandée, il ne faut pas dire
que le libéré qui désirera changer de rési-
dence devra indiquer le lieu où il voudra ré-
sider, mais il faut lui prescrire de demander
la permission de s'y rendre. Cette distinction
dans le mot change tout l'esprit de la loi,
qu'on le remarque bien: si l'autorité ne veut
point délivrer la feuille de route, sous le
prétexte que le lieu indiqué est au nombre
de ceux qui sont interdits, il faudra donc fai-
re connaître d'avance ces derniers, car au-
trement il pourra se faire que l'autorité, au
moyen de cette dénomination évasive de cer-
tains lieux, interdise au libéré d'aller par-
tout où il demandera à se fixer.
Mais ce n'est pas tout encore. M. Barthe,
voulant justifier la conception de cette par-
tie de ce projet de loi, ajoutait: « D'un aulre
côté, le mode actuel de surveillance élève
des obstacles presque insurmontables contre
l'amendement des criminels. Les mesures
prises par la police pour s'assurer que le li-
béré occupe réellement la résidence qui lui a
été assignée, donnent au fait de la condam-
nation une publicité inévitable. Surveillé par
des agens subalternes, signalé à la défiance
des maîtres, à la jalousie et au mépris des
ouvriers, suspect de tous les crimes qui se
commettent dans le lieu où il se trouve, le
libéré ne trouve plus de travail ; l'impossibi-
lité de gagner honnêtement son pain étouffe
en lui toute résolution d'une vie meilleure ;
ia misère rappelle et entretient les anciens
penchans au crime, et il se jette da.ns la ré-
cidive autant par désespoir que par perver-
sité. Les libérés qui veulent s'amender es-
saient par tous les moyens d'échapper au sup-
plice de \n surveillance parla haute police ».
La mesure est donc vicieuse parelle-cnéme,
si elle est contraire dans ses résultats au
but qu'on voulait atteindre. Dès lors, si, com-
me l'assertion ministérielle le prouve, elle
s'oppose au retour du condamné à une vie
meilleure, il faut, sinon la supprimer, du
moins la rendre telle, qu'elle offre des avan-
tages réels et immédiats qui ne soient aucu-
nement balancés par de grands dangers ,
et c'est ce qu'on n'a pas fait encore jusqu'à
ce moment.
Toujours d'après i'exposé des motifs, les
mesures prises [)ar la police pour s'assurer
que le libéré occupe réellement la résidence
assignée, donnent au fait de la coiidamnalion
une publicité inévitable. Mais si l'auturité
exige qu'un individu réside dans uu endroit
plutôt que dans un autre, ce n'est pas uni-
quement poui' l'éloigner des localités qui lui
sont conrmes, car alors il suffirait de dire
que le libéré aura le droit de résider partout,
à l'exception du lieu où il aura commis son
crime; mais elle veut aussi s'assurer des ac-
tions du repris de justice, et pour obtenir
les renseignemens nécessaires en pareil cas,
il faut recourir aux agens subalternes de la
police, et, par contre-coup, le repris, le libé-
ré subira toutes les conséquences de sa posi-
tion, et se trouvera continuellement exposé
à tous les incon-véniens signalés comme étant
un obstacle à son amendement, et comme
justifiant les modifications qu'on croit avoir
faites dans cette partie de la condamnation
des repris de justice.
D'après l'art. 45 cité plus haut, l'indi-
vidu assujetti à la surveillance , peut être
condamné à un emprisonnement qui pourra
s'élever à 5 années, en cas de désobéissance
aux dispositions relatives à la surveillance.
Si c'est un délit que de désobéir à l'art.
44 du code pénal, punissez le coupable; mais
il faut prendre garde d'outre-passer le but, car
plus d'un libéré, après avoir rompu son ban,
ont commis exprés un délit, certains qu'ils
étaient, dansce dernier cas, d'être punis d'une
manière moiiis sévère que pour l'autre délit.
Sans doute, beaucoup de libérés allèguent
que, n'ayant pu trouver de l'occupation où
ils étaient en surveillance, ils ont été obli-
gés d'en partir furlivemet)l, tandis que, le
seul motif de cette fuite est le désir de trou-
ver un théâtre plus vaste et qui leur per-
mette d'exercer leur coupable industrie.
Mais celui qui n'a voulu que se créer des res-
sources par des moyens licites, est victime
de son désir bien légitime de s'affranchir de
l'esclavage où le retient le gouvernement ,
et qui est un supplice qui s'oppose à son
amendement.
Grâce à l'activité de la police, peu de cri-
mes restent impunis. Tous les coupables
cependant ne sont pas mis sous la main de
la justice par le fait qu'ils étaient assujettis
à la surveillance : comment alors arrête-
rait-on ceux qui faillissent pour une pre-
mière fois ? Le plus grand nombre des
indiviilus arrêtés en état de récidive, ne
l'ont pas été non plus par l'effet de cette
mesure : donc, elle n'offre que peu ou point
d'utilité.
il ne faut pas perdre de vue une dernière'
considération: on peut porter h 'il.o le nom-
bre des individus détenus, terme moyen,
64
pour infraction à la surveillance ; mais on
n'en coraptera-it pas quatre qui n'ayent été
arrêtés soit en flagrant délit, soit autrement,
mais par cela seul qu'ils étaient soumis à la
surveillance.
On objectera peut-être qu'en payant le
cautionnement fixé, on peut obtenir la le\ée
de la surveillance. Certainement il y a une
apparence de philanthropie dans cette facul-
té ; mais est-il permis à tous d'en profiter ?
J-e montant du cautionnement varie, dans
les cas ordinaires, de 100 à 500 fr., et, au
préalable, on exige l'acquittement des frais
du procès, dont le chiffre est toujours ex-
orbitant. Et d'ailleurs cette disposition est-
ellc bien équitable, surtout à la considérer
du côté moral ?
Enj-ésumé, la surveillance, telle qu'elle
existe, occasione plus de récidives que sa
suppression ne laisserait de fautes impu-
nies. Si, cependant , on Tcut absolument
suivre le libéré pour s'assurer de sa conduite,
que ne lui impose t-on seulement une sur-
veillance temporaire ? et si, par une con-
duite irréprochable, il se montre digne de
prendre rang parmi la société , pourquoi ne
pas l'affranchir de cette contrainte ? On pour-
rait même, pour les cas où cette faveur se-
rait méritée, l'accorder à celui qui pendant
sa captivité même aurait donné des preuves
sincères de son retour au bien.
Voici, selon nous, le mode de surveillance
qui offrirait en même temps plus de garantie
pour la société et de sécurité aux libérés :
10 Point de surveillance pour une première
condamnation, à moins qu'elle ne soit de 10
ans au moins. Dans ce cas, la durée de cette
mesure serait de 5 ans au plus.
20 Excepté dans ce cas, la surveillance ne
serait prononcée qu'après un second juge-
ment , et cela pour 3 à 5 années.
5° Après une troisième condamnation ,
elle serait prononcée pour 5 ans au moins,
et 10 ans au plus.
-i" Après une quatrième condamnation, la
surveillance serait à vie.
50 Dans les deuxième et troisième cas ,
on s'affranchirait de la surveillance après
avoir tenu une conduite régulière pendant
5 ans au moins, conduite attestée par des
personnes établies, ou notablementconnues.
6° A l'exception de quelques endroits
principaux , tels , par exemple , que les ré-
sidences royales, le libéré aurait le droit de
choisir lui-même le lieu de sa résidence , en
faisant cependant connaître les motifs de ce
choix, motifs dont l'aulorilé apprécierait la
convenance. Si, cependant, l'individu avait
«ies personnes qui répondissent pour lui, ou
bien, si mieux encore, sa famille habitait dans
le lieu d'une résidence royale et qu'elle vou-
lût bien le recevoir, il pourrait obtenir l'au-
torisation de résider où elles se trouveraient.
70 Tout libéré qui serait arrêté sur un lieu
autre que celui indiqué pour sa résidence
obligée , serait, pour ce fait, condamné à un
emprisonnement de j mois à 1 an. En cas
de récidive, le maximum serait prononcé
de droit ; et après une deuxième condamna-
tion pour ce fait, l'emprisonnement pourrait
être élevé à deux années, et alors le libéré
serait tenu de résider désormais dans un en-
droit indiqué, c'est-à-dire qu'on lui retirerait
la faculté de l'indiquer lui-même , comme
dans le cas précédent.
80 Si, après avoir rompu son ban, le libéré
commettait un délit ou un crime , il serait
puni , non seulement pour l'infraction à la
surveillance ; mais, en réparation du crime
ou délit dont il serait reconnu l'auteur , on
lui appliquerait toujours \e maximum ùc la
peine que 1*^ délit ou le crime aurait encou-
rue dans les cas ordinaires
90 Comme il pourrait arriver que par le
fait de la récidive d'un crime ou d'un délit ,
un individu en surveillance se trouvât dans
le cas de se voir appliqué , par cela seul ,
le maximu-^n de la peine, dans le cas précé-
dent , il serait condamné à la peine immé-
diatement au-dessus , excepté toutefois la
peine capitale. Alors la peine serait celle
des travaux forcés perpétuels , mais avec
exclusion de la grâce, à moins de circons-
tances très-extraordinaires qui intéressassent
en faveur du condamné.
Mais, par la même raison qu'une grande
facilité lui serait donnée de pourvoir ù ses
besoins, il faudrait être sévère pour répri-
mer toute infraction à l'ordre social ; c'est
pourquoi le maximum serait toujours aj)-
pliqué pour les crimes et délits qu le libéré
commettrait dans les lieux autres que ceux
indiqués par lui pour sa résidence légale.
Chiffre moyen des individus placés sous
la surveillance de la haute police.
Forçats 15,150) Surveillance
Réciusionn. 9,GOo)àvie 22,750
Détentionn. 8,GC0'
Aladisposi- ]
tion du gou-
vernement. . .
Vagab. et
mendians con-
damnés com-
me tels 7,500
Total 38,860
Surveillance
temporaire... 1 6,1 10
REPERTOÎHE DOMESTIQUE.
3t, fidncation de l'enfance. — R. Morale et bîen-être des familles.
— ÏIZ, Economie usuelle.
JCnrAKs : Des partages faits par père, mère,
ou autres asoendans , entre leurs descen-
dans.
Est-il une matière qui donne naissance à
plus de dissensions que celle des sjcces-
sions et du partage des biens qui les compo-
sent?
Que de familles, unies jusqu'à la mort de
l'un de leurs auteurs, se sont séparées, dé-
sunies, après les opérations de partage
d'une succession commune; ce n'est pas
que la loi n'ait fixé dans de sages disposi-
tions, les bases proportionnelles des droits
de chacun, mais c'est que nul ne les ac-
cepte et ne s'y conforme que lorsqu'il ne
peut plus les entraver.
Elle est donc prévoyante la disposition
de nos lois qui donne aux père et mère et
autres ascenclans le droit de faire, entre
leurs enfans et descendans, le partage et la
distribution de leurs biens. (Art. 1075, C. C.)
Lorsque usant de cette faveur de la loi ,
ils composent, à l'avance, à chacun, des parts
distinctes et favorables à leur état ou à leur
position, ils satisfont à l'intérêt de tous et
écartent ainsi des difficultés que suscite et
entretient toujours dans les familles l'esprit
de jalousie et d'animosité.
Sans parler des frais considérables, des
lenteurs et des chicanes auxquels sont as-
sujélis les partages judiciaires, l'utilité de
ce droit se fait sentir sous une foule de
rapports.
Ils ne sont donc pas sans intérêt et utili-
té les enseignemens qui atteignent le double
but d'instruire les pères et mères de famille
de principes de droit qui tiennent si étroi-
tement aux principes sacrés du bonheur des
familles et de la morale ?
Et d'abord, nous devons nous hâter d'a-
vertir que les ascendans ne jouissent pas
seuls du bénéfice accordé par l'article î075
précité, quoique ses termes dussent sembler
formels et exclusifs; il est de jurisprudence
certaine que d'autres que les père et mère
et les ascendans peuvent faire le partage de
leurs biens entre leurs héritiers.
Ce mode de disposition est le seul duquel
il peut résulter un avantage en faveur
d'un des enfans, quoiqu'il n'y eût point de
dispense de rapport, contre la règle ordi-
naire, qui exige quo la dispense du rapport
soit expresse pour que l'avantage produise
son effet; cependant il ne faudrait pas, et
ceci est important pour l'existence du parta-
ge, que l'avantage fait par l'ascendant excé-
dât le quart de ses biens, car dans ce cas
le partage pourrait être attaqué aux termes
de l'article 1079, et annulé aux termes de ce-
lui 887 du code civil.
Le principe général posé, il faut dire les
formes qui en sont la garantie:
Les partages doivent être faits par actes
entre-vifs ou testamentaires , avec les forma-
lités, conditions et règles prescrites pour
les donations entre-vifs, ou testamens. Les
partages faits par actes entre-vifs ne peuvent
avoir pour objet que les biens présens. (1076,
ce.)
Or, la donation entre-vifs ne peut être
faite que devant notaire, en minute, et ne
produire aucun effet si elle n'est acceptée
en termes exprès par le donataire, du vivant
du donateur; elle ne doit avoir pour objet
que les biens présens , parce que les dona-
tions ne peuvent comprendre que ces sortes
de biens. Le testament doit être fait dans
l'une des trois formes, prescrites par la loi,
des testamens olographes , ou par acte pu-
bUc ou mystique, et peut comprendre non-
seulement les biens présens, mai encore
les biens à venir. Toutefois, ces derniers biens
ne peuvent y être compris que par quoti-
tés, puisque l'on ne peut désigner des ob-
jets que l'on n'a pas encore.
I.e père et la mère ne doivent pas faire le
partage de leurs biens respectifs parle même
testament, l'article 968 du code civil s'y op-
pose; mais ils le peuvent par le même acte
enlre-vifs.
Il n'est pas indispensable que tous les biens
que l'ascendant laisse au jour de son décès
soient compris dans le partage: ceux de ces
biens qui auraient été omis seront partagés
conformément à la loi, et le partage légal
du surplus des biens ne trouble aucunement
celui fait par le défunt.
Il est au contraire d'une grande importan-
ce que l'ascendant n'omette aucun enfant
dans la distribution anticipée de ses biens»
«6
car si à l'époque de son décès, un seul de
ses descendans s'en trouvait exclu, ses
libéralités seraient nulles pour le tout. Et,
dans ce cas, un nouveau partage, dans la for-
me légale, pourrait être provoqué par l'hé-
ritier déshérilé, ou même par ceux que le
partage aurait gratiOés.
Un des bienfaits de celle mnlicre est le
droit accordé aux pèr''S et mères d'avanta-
ger saus dispense de rapport un ou plusieurs
de leurs enfans, nous l'avons dit plus' haut,
comme aussi que cet avantage ne pouvait, à
peine de nullité, dépasser le quart de leurs
biens. Nous devons ajouter que le partage
pourrait aussi être attaqué dans le cas où il
en résulterait, ainsi que des dispositions fai-
tes par préciput, que l'un des co-partagés
aurait un avantage plus grand que la loi ne
le permet dans les termes de l'article 913
du code civil.
L'ascendant doit écarter avec soin les deux
vices sus-indiqués, qui rendraient vaines ses
précautions ou mettraieni ses descendans
sous le coup d'une action en rescision qui
dure dix années (1304, C. C.)-
Nous ne pouvons terminer ces réflexions
sans signaler une erreur grave ei commune:
souvent dans un partage d'ascendans, peut-
être pour empêcher qu'il ne soit attaqué, on
stipule que celui qui en demandera l;i nul-
lité sera privé de la portion disponible, la-
quelle appartiendra par préciput à celui qui
le respectera.
Cette clause est en contradiction avec l'es-
prit de nos lois et semble réprouvée par les
articles 900 et 1172 du code civil; il faut dès
lors se garder de l'insérer, car elle serait ré-
putée non écrite et tromperait l'espoir de
son auteur.
Il est facile à comprendre que si elle pou-
vait être obligatoire, elle aurait l'effet de
maintenir un acte que les lois réprouvent, et
de forcer, par la crainte, les parties intéres-
sées à le respecter; enlin elle constituerait
une disposition gratuite des biens ab iralo ou
par exécution de clauses pénales, ce qui se-
rait contraire aux principes sains de la rai-
son, du droit et de la morale. Denis Payot.
Des prénomi.
Anciennement on ne donnait qu'un prénom
aux enfans en naissant, c'était celui du p.ir-
rain ou de la marraine, et il en résultait
quelquefois que des individus du même nom
portaient aussi le même prénom.
Pour évitercel inconvénient, on a cru devoir
en donner deux, trois, ou mè.ne davantage ;
mais on a fait na:lre d'autres difficultés, car
souvent l'ordre des prénoms est interverti,
ou lorsque l'on en a un trop grand nombre,
on n'en prend qu'un seul dans certains actes,
ou bien si la persoime qui en a plusieurs les
fait tous connaître, on en retranche quelque-
fois une partie dans l'enregistrement des
actes, sur les tables alphabétiques, dans les
états que l'autorité rédige, etc., etc. De là
des actes de notoriété très-dispendieux afin
d'établir l'identité , des procès dans lesquels
on peut succomber à défaut d énonciation
exacte des prénoms.
Il semble donc convenable d'en revenir à
l'ancien mode et de ne donner qu'un seul
prénom, surtout lorsque la famille n'est pas
trop nombreuse, en ayant soin de ne jamais
donner aux enfans mâles le même prénom
que celui de leur père ou de leurs frères ou
oncles. — Si la famille comporte beaucoup
de membres, on peut en donner deux, mais
jamais plus.
On doit aussi éviter très soigneusement
de donner aux enfans du sexe masculin les
prénoms que portent ordinairement les filles,
et à ces dernières les prénoms des garçons.
R. x\'
Hygièni: : considérations sur le jeûne et par-
ticulièrement sur le carême dans set rap-
ports avec la santé.
L'homme mange beaucoup plus qu'il ne
devrait habituellement manger, surtout dans
l'état de civilisation et de loisir, qui dissipe
peu; aussi devient-il plus fréquemment ma-
lade que les animaux, et le premier secours
que réclament ses maladies, c'est la diète,
c'est le jeune, qui souvent suffisent au réta-
blissement de la santé.
Cette pléthore malsaine, résultat de la
gourmandise etde l'art culinaire, est principa-
lement entretenue parla nourriture de chair,
par les liqueurs excitantes ou fermentées ,
comme le vin ; c'est pourquoi les législateurs
sacrés en défendirent sagement l'usage à
diverses époques de l'année, avant les gran-
des fêtes, soit pour rendre les corps plus
sains, plus allègres, soit pour tempérer et
adoucir les bouillonnemcns des passions fou-
gueuses.
C'était pour ramener l'homme vers ce gen-
re de >ic simple et primitif, que des sages
instituèrent ces jeûnes universels. La fruga-
lité, la sobriété, présidaient à ces modestes
repas, où l'abstinence du jeûneur tournait
en réfection pour le pauvre; où la prière,
le retour de l'ame vers l'auteur de son exis-
tence, disposaient les humains à s'aimer en
frères, à se pardonner leurs mutuelles in-
jures, comme étant les enfans d'un même
67
père. L'esprit recevait plus de nouniluro
que le corps; les passions étaient plus mo-
destes et plus tendres ; les fonctions de la
vie s'exerçaient avec plus de régularité et
de lenteur; jamais d'indigestions, de trou-
bles dans le sommeil, de fièvres ardentes, ne
consumaient la vie ; l'intelligence toujours
sereine pouvait s'occuper sans cesse des plus
heureuses conlemplalions.
il n'y a point de peuple institué sous des
lois ou sorli de la barbarie, qui n'ait eu be-
soin de ces grands préceptes d'hygiène pu-
blique. Aussi trouvc-t-on desjeùnes prescrits
dans toutes les religions de la terre. Les
philosophes qui n'ont vu dans ces rites que
des pratiques purement de dévotion, n'ont
pas suffisamment observé les effets physio-
logiques que ces abstinences exercent sur
récoiiomie animale. Le jeune et la sobriété
furent toujours des moyens salutaires, puis-
que l'homme, écoutant trop ses appé!its,ou
les aiguisant encore par les apprêts de l'art
culinaire, dépasse presque toujours les limi-
tes de la nature.
Aussi tous les médecins ont-ils fait l'éloge
de la tempérance comme étant la mère de
la santé.
Jl faut manger peu, et travailler beau-
coup pour se bien porter, disent liippocrate
et Aristote. L'étude de la santé consiste
à ne point se rassasier d'alimens, dit Ga-
Victi; le jeûne évite des maladies, en pré-
venant toute crudité d'estomac ( Galien,
de tuendd sanitate, L. \) ; les individus
délicats ou faibles de naissance parvien-
nent à une grande vieillesse en conservant
leurs sens bons, encvitantles douleurs, au
moyen de la diète exacte ( ib. de aliment.,
l. ri ) . On sait que la vacuité de l'estomac
aiguise d'ailleurs les sens et nos facultés in-
tellectuelles, autant que la plénitude des
copieux repas les assoupit de stupidité.
La sobriété diminuant la masse des liqui-
des, le jeu des solides devient prédominant,
leurs oscillations s'opèrent plus librement ;
de là vient qu'oîi a vu par elle céder sans
peine des affections catarrhales, des toux
humides, tenaces, la goutte et les rhumatis-
mes, des migraines, des vertiges, et même la
léthargie , l'apoplexie. On a un éclatant
exemple des effets salutaires de la sobriété
par le fameux Louis Cornaro, noble véni-
tien, qui se réduisant à douze onces d'ali-
mens solides et quatorze de liquides, chaque
jour, rétablit sa santé délabrée, et parvint
à quatre-vingt-quinze ans et plus. En considé-
rant la longue carrière des pères du désert et
de tous les ermites si sobres, le jésuite Les-
sius regarde Iejeû4ic comme le plus beau
don qu'eut fait à l'homme la religion pour
conserver ses jours.
La longueur de la vie, suite de la tem-
pérance, est un fait remarquable et prouvé
par l'expérience des temps anciens. Çui
abstinens est adjiciet vitam ( Ecclesiast.
c. 17 ). Dans une apologie du jeûne on a
compté la vie de cent cinquante anachorè-
tes pris sous tous les climats et en différens
siècles ; elle a donné onze mille cinq cent qua-
tre-vingt-dix-neuf ans, ou pour chacun, la
durée moyenne de soixante -seize ans trois
mois. Cent cinquante académiciens, pris par-
mi les sciences et les lettres, n'ont présenté
que dix mille cinq cent onze ans, ou soixan-
te-neuf ans deux mois d'une vie moyentie.
Ainsi, la sobriété habituelle est encore plus
propre à la longévité que la vie régulière
et laborieuse des personnes qui cultivent
leur intelligence.
Voyez, au contraire, la voracité des Alle-
mands, des Belges, des Anglais, dit Frédé-
ric Hoffmann; Diim laciant, mactant ; les
nourrices les tuent à force de les allaiter.
Les vieillards supportent le jeûne plus
aisément que les enfans ; les femmes, plus
que les hommes; les oisifs, plus que les la-
borieux, et les replets, plus que les maigres
ou que ceux qui font des déperditions par
la saignée, ou la sueur, ou l'allaitement, ou
les veilles, etc. Si Ion mange moins en été,
il faut des réfections plus fréquentes, quoi-
que petites, qu'en hiver, où l'on peut pren-
dre des repas plus copieux. Ceux qui boivent
beaucoup, mangent moins ; les potages dimi-
nuent la faim, ainsi que les boissons chaudes
et les substances vomitives à petite dose,
les narcotiques, etc. Les alimens gras, hui-
leux, fades, douceâtres, rassasient bientôt,
tandis que les salaisons , les substances
acres, amères, mais principalement les aci-
des et le froid, excitent une faim vive.
Le jeûne rend le corps plus perméable,
ouvre les conduits obstrués, facilite la mar-
che des sécrétions et des excrétions, dissipe
ou cuit, pour ainsi parler, les matières vis-
queuses et saburralcs qui engorgeaient les-
voies. Par la soustraction des nourritures, la
pléthore diminuée laisse un cours plus libre
au sang, comme au moyen de la saignée et
avec moins d'inconvéniens; le mouvement vi-
tal, qui étaitaccablé par lasurcharge d'alimens-
ou la turgescence des humeurs, renaît avec
plus de vigueur. Voyez combien d'embarras
viscéraux, avec le dégoût, la bouche pâteuse»
lorsque l'estomac est farci de matières glai-
reuses et d'humeurs qu'il ne saurait digérer ;
on reste abattu, lourd, tandis que tout se
dissipe par la diète. Ainsi, les personnes
ayant des chairs humides, des obstructions
abdominales, des squirres à la rate ou des
empâlemens, peuvent se rétablir par des jeû-
nes ( d'après Hippocrate, Aviceiine, Mercu-
riali et les modernes ). Les catarrhes, le
coryza, même les affections soporeuses, la
céphalagie, la mélancolie, l'épilepsie, peu-
ventcéder, dit Celse, à la diète, avec de forts
exercices. Valescus de Tarente ôtait le sou-
per aux goutteux, et Sydenham assure qu'ils
se trouvent très-bien de l'abstinence, laquelle
produit encore d'excellens effets contre les af-
fections spasmodiques des membres {Oper.,
p. 479 j.
L^es ulcères, l'élcphantiasis, les dartres,
ont besoin du jeûne pour être guéris; les
hydropiques, Icshémorroïdaires, les cachec-
tiques moux et humides, ne doivent rien
espérer sans cette pénitence. Quelle que
soit la maladie, un genre de vie réglé ou
une diète appropriée offriront toujours les
plus puissans secours, qui ne pourraient être
remplacés par aucun médicament, quelque
héroïque qu'on le suppose.
Ces grands hommes qui Crent descendre
des cieui les lois des carêmes et des jeûnes par-
mi les nations qu'ils voulurent civiliser, s'en-
tendaient donc un peu plus en hygiène que
ne le croient quelques modernes philoso-
phes, qui n'y ont vu que de ridicules prati-
ques d'austérités. La chair de porc a pu être
rejelée par la loi de Moïse, comme l'église
a pu établir son principal carême au com-
mencement du printemps, époque où les hu-
meurs entrent en turgescence. Il était utile,
d'ailleurs, de laisser aux animaux un répit
profitable pendant la saison de leurs amours,
et de remplir les vœux les plus sacrés de
la nature, en suspendant les chasses et les
massacres. Il convenait avant les solennilés
de détendre et de rafraîchir les corps, ou de
les purifier par les abstinences, afin que les
hommes s'approchassent dcsautelsavec plu?
de modestie et de tranquillité d'esprit, et
qu'ils se livrassent ensuite avec plus de joie
aux festins et aux divcrtissemens des fêtes.
L'homme devient plus maître de lui-même
ou plus tempéré par les jeûnes, qui répri-
ment les bouillonnemens de ses passions, et
les sallies d'un tempérament impétueux.
C'est ainsi qu'il réglera sagement ses in-
clinations. Pythagore savait que l'abstinence
de la chair facilite les opérations intellectuel-
les, puisqu'il est vrai de dire qu'une ame ,
comme suffoquée sous la graisse et le sang,
ne saurait s'élancer à des idées élevées.
Voyez, en effet, combien sont grossiers et
brutaux ces épais Vilellius qui s'emplissent
de viandes et dé vins plusieur» fuis le jour.
jusqu'à rendre leur gorgée pour manger en-
core ; leur cervelle est encroûtée ou ense-
velie sous une lourde stupidité ; à peine
s'ils peuvent lier deux idées de suite; com-
me les idiots voraces qui ne font que se
remplir et dormir, puis engendrer à la ma-
nière des brutes ; car la gourmandise a tué
plus d'hommes aue l'épée , plus gula quàm
gladius.
Il est donc manifeste que le mouvement vi-
tal,modéré et réglé par l'abstinence, doit beau-
coup ralentir le cours des années, et susciter
moins de maladies aiguës qu'une copieuse
alimentation. L'on ne doit doncpoint être sur-
pris de l'ey.trême longévité des anachorètes;
mais il faut compter une autre cause à la-
quelle les auteurs n'ont pas assez donné
d'attention : c'est que l'abstinence diminue
non-seulement ces ardentes émotions qui
dissipent les forces à l'extérieur, elle retient
dans la tranquillité, la solitude, la vie inté-
rieure, mais surtout elle fait un besoin ût
la continence ou de la chasteté, vertus qui
conservent et fortifient beaucoup l'organis-
me, comme on le sait.
Concluons donc que le jeûne et les carê-
mes observés avec modération, suivant le
climat, l'âge et les autres circonstances ,
sont des institutions d'hygiène salutaires aux
nations et aux individus; que les hommes
reçoivent la santé ; que ces pratiques adou-
cissent d'ailleurs le moral et ramènent l'es-
prit vers des sentimens d'humanité , de
modestie, et contribuent à la civilisation et à
la pureté des mœurs. La médecine est toute
d'accord avec ces principes, qu'une dévo-
tion souvent mal entendue pousse jusqu'à
des austérités nuisibles, comme elle doit les
défendre contre les sophismes qui repous-
sent mal à propos d'utiles abstinences.
Docteur Virey,
membre de la chambre des députés.
Secours à donner auxnoyés et aux
asphyxiés.
Un moyen très-simple pour rappeler à la
vie les noyés , c'est de leur frictionner le
ventre. Le sang stagnant dans les vaisseaux
de l'abdomen et de la poitrine est alors
poussé vers le cœur et les poumons, et la
respiration se rétablit. La chaleur étant non
moins importante à rappeler que la respi-
ration, il faut, dès qu'un individu est retiré
de l'eau , changer ses vêtemens contre
d'autres secs et chauds.
Dans l'asphyxie du charbon , le docteur
Marc recommande les alfasions d'eâa fraîche
comme étant le moyen le i>lus efficace pour
ranimer la sensibilité ; et pour celle de la
foudre, les bains de terré soni encore c-e
qu'il y a de mieux.
Mais ce dont il faut surtout avoir soin, c'est
de n'abandonner les noyés et asphyxiés que
quand les hommes de l'art ont reconnu que
tous les soins seraient ii utiles ; car on a
vu de ces malheureux reprendre leurs sens |
après plusieurs heures de secours qui avaient
paru d'abord infructueux.
Guèrison des cors aux pîeds.
M. Orancé nous indique à ce sujet une j
méthode dont l'expérience lui a démontré
l'efficacité ; elle consiste , après avoir en- |
levé à l'aide dur» canif toute la partie molle |
et calleuse des cors, de les laver avec une |
teinture d'aloès et d'y appliquer ensuite
une compresse imbibée de ce même liquide; |
on répète plusieurs fois par jour celte opé-
ration, et bientôt les cors ne tardent point à
disparîùlre pour toujours ; si , contre toute
attente, ils reparaissaient , ce qui ne peut
avoir lieu cependant que long-temps après ,
il faudrait recommencer le même traitement
qui, cette fois, ne manquerait pas son effet.
Economie usuelle. Amadou.
Cette substance est généralement prépa-
rée avec différentes espèces du genre bolet,
mais plus ordinairement on emploie celle
nommée amadourier. On se sert aussi des
matières végétales de structure celluleuse ,
tenaces et pouvant se feutrer, telles que la
vesse protée , la vesse ciselée, la vesse gi-
gantesque. Quanta l'amadourier, on le dé-
pouille de son écorce, puis on le coupe par
morceaux plats 8e différentes épaisseurs, et,
qu'après avoir fait tremper dans l'eau, on
bat sur unbiliol de bois avec un maillet de
fer ; pour en détacher les fibres ligneuses,
réduites en parcelles par la percussion, on
frotte ces morceaux entre les mains , et on
les fait sécher quand il sont souples et doux.
Le bolet ainsi préparé se nomme agaric des
chirurgiens, et est employé pour arrêter
les hémorrh^.gies. Quand on veut en obtenir
de l'amadou proprement dit, on le macère ,
etoTiiç fait bouillir, à 2 ou 5 reprises, dans
un soluté aqueux de sel de nitre (nitrate de
potasse) ou de chlorate de potasse, puis en-
îin on le bat de nouveau quand il a été bien
séché. Il est essentiel de préserver l'ama-
dou de toute humidité. Les briquets phos-
phoriques ont porté un grand préjudice au
commerce d'amadou ; mais cependant on en
fabrique encore une certaine quantité, celte
substance étant, comme nous venons de le
69
dire , nécessaire dans quelques cas de cbw
rurgie.
Blanchiment du coton.
Les toiles de coton , avant leur blanchi-
ment, sont généralement recouvertes ou im-
prégnées de substances solubles, soit dans
l'eau, soit dans la soude caustique, soit l'eau
de chaux. Le procédé suivant, dû à M. Pe-
not, de Mulhouse, réunit toutes les conditions
qu'on peut désirer pour l'opération si essen-
tielle au blanchiment : 1° trempage pour en-
lever toutes les matières étrangères que les
toiles ont retenues; 2° dégorgeage pour
les purger des matières qu'elles ont conser-
vées ; 50 débouiili dans un lait de cliaux ,
pour faire disparaître le gluten ; 4° bain de
soude caustique, qui dissout les savons de
cuivre et de chaux, les matières grasses et
autres; 5° bain de chlorure de chaux pour
acidifier la matière colorante, et immersion
dans une eau acidulée ou exposition sur le
pré; 6" nouvelle lessive de soude , qui dis-
sout la matière colorante deshydrogénée;
70 vilriclage au bain d'acide sulfurique Irès-
étendu et tiède, afin de dissoudre le fer
et les matières terreuses.
Cire à cacheter les bouteilles.
La meilleure composition à employer pouf
fermer hermétiquement des bouteilles de
verre qui contiennent des liqueurs suscepti-
bles de s'évaporer, est la suivante :
Quatre parties de colophane,
El quatre parties de poix-résine.
On fait fondre la cire , on y ajoute les rçsi-
nes , et quand le tout est bien liquide, on y
plonge le goulot des bouteilles, et l'on tour-
ne la bouteille sur elle-même horizontale-'^"
ment , afin que la couche de goudron s'étende ^
avec égalité . '. "
Quelques négocians de la Champagne don-
nent de la tran'^arence et une couleur agréa-
ble au goudron, en ajoutant deux parties de
gomme laque au mélange indiqué ci-dessus;
cette substance aide k la transparence et
rend le goudron moins friable. J. D.
Eau de fleurs d'orangers.
L'importance du commerce dont est lob-
jet l'eau de fleurs d'orangers, donne lieu à de
nombreuses falsifications, dont il n'est pas
toujours facile de s'assurer. Avec le procédé
suivant, dû aux expériences de M. E. Adcr,
on peut prévenir les perles qui résultent de
celle fraudé, en la déjouant.
Quelques gouttes d'acide nitrique concen*
trc versées sur une petite quantité d'eau de
70
fleurs d'orangers bien préparée, délerniine
chez celle-ci une belie couleur rose , après
quelques minutes de contact. Si on augmente
la quantité de l'acide, la couleur paraît plus
promplement encore et avec une teinte un
peu plus foncée ; si l'on emploie une quan-
tité d'acide égale au volume d'eau, il se pro-
duit une belle couleur rouge, qui se conserve
sans altération pendant plusieurs jours: elle
passe au cramoisi, si l'on chauffe légère-
ment le mélange , ou si l'on emploie deux
parties d'acide sur une d'eau. Il est à remar-
quer que la teinte se développe plus promp-
lement quand leau est versée sur l'acide ,
que lorsqu'on ajoute celui-ci par petites por-
tions.
Les acides sulfuriques , hydrochloriques
et phosphoriques purs, ne changent que peu
ou point la couleur de l'eau de fleurs d'oran-
gers, et selon la quantité d'acide employée.
Toutefois, ils ne la font jamais passer au r.ose
foncé. L'acide sulfurique de commerce la co-
lore très-promptement en rose clair; mais
il ne donne qu'une légère teinte, après l'avoir
fait bouillir pendant un certain temps.
Enduit ea plâtre coloré.
On remarque dans le domaine de M.
Leroux, à Franconville (Oise), un nouveau
mode de décorer à peu de frais l'inléricur
des appartcroens enduits de plâtre , par un
procédé qui consiste à mêler de la couleur
au plâtre au moment où on le gâche. On
donne aux appartemens la couleur qu'on
Vent et une couleur très-solide, puisqu'elle
est dans le plâtre même. En mariant les
plâtres de dive,-ses couleurs , on imite aussi
assez bien l'aspect de plusieurs espèces de
marbre, sans que la main-d'œuvre soit pres-
que augmentée. Plusieurs salles étaient
peintes en marbre parle bas ; l'une d'elles
présentait, dans toute sa hauteur, l'aspect
d'une chambre garnie de coutil rayé. Celle
méthode d'orner un appartement a un
grand avantage sur le papier, c'est d'être
bien plus solide, de durer par conséquent
beaucoup plus long-temps , et enfin de pou-
voir être ravivée à très-peu de frais , puis-
que , si le plâtre vient à se salir, il suffit de
le gratter légèrement pour lui redonner
loule sa vivacité et sa fraîcheur. Il faut ce-
pendant pour cela qu'il n'ait pas été placé
dans une localité humide. (Ann. dcVAgric
française, oct. 1835.)
Collage des papiers de tenture.
Il y a trois espèces principales de toile en
asagc pour la tenture des papiers peints;
elles sont connues sous le i^om de ireilles
et ne diffèrent que par la longueur qu'elles
ont. Le papier gris sert pour le collage sur
toile avant l'application du papier d'ornement.
Le coUeur divise son rouleau de tenture en
bandes de la longueur des pans du mur, de-
puis la plinthe qui soutient la bordure jus-
qu'au plafond. Après avoir étalé chaque ban-
de bien uniment sur une table, on la couvre
sur l'envers d'une couche de colle à la bros-
se, avec le plus de légèreté et d'égalité pos-
sible ; on attend que la bande soit bien impré-
gnée de l'humidité de la colle , et quand la
couleur du fond du papier est deveime bien
uniforme, on saisit la bande par ses deux
extrémités, qu'on réunit sous les doigts,
colle sur colle, c'est-à-dire la fleur du pa-
pier en dehors. Le colleur prend la bande à
deux mains et l'ajuste d'abord sur la toile ,
le papier gris ou le mur , en commençant
par le haut de l'appartement, et laissant
s'affaisser le reste de la bande, qui se déplie
par son propre poids; il fixe ensuite la pose,
en s'aidanl d'un chiffon bien net , que l'on
fait descendre en tamponnant de haut en bas ,
d'abord sur la zone da milieu , et successive-
ment sur chacun des côtés. Le papier , en sé-
chant, prend du retrait, d'où résulte une ten-
sion qui produit une surface bien unie. En
posant une bande près de celle qui est déjà
posée, il faut donner un peu de recouvre-
ment, car les dessins que porte le papier ne
s'étendent pas jusqu'en ses bords, cl c'est le
recouvrement qui doit en raccorder les par-
lies; c'est dans la juste mesure de ce recou-
vrement que consiste principalement l'art du
colleur.
Les bordures du haut se posent les premfè-
res, puis celles du bas et celles des côtés, en
se guidant sur les lambris, quand il y en a,
ou d'après les dessins du papier.
Moyens de fabriquer les fromages anglais
les plus estimés , d'après sir John Twam-
ley.
Fromage Brick-lat, ou briquetotis.
Les fromages brick-bat on briquetons ti-
rent leur nom de la forme qu'on leur donne.
On les fait généralement en septembre , de
la manière suivante :
Prenez 2 gallons ou 10 pintes de lait
nouveau, et 1 pinte 1/4 de bonne crème ,
que l'on a élevée à la température du lait.
Mêliez 2 ou r» cuillerées de présure ; laissez
cailler pendant au moins deux heures , et
même davantage, jusqu'à ce que le petit-
lail ait pris une teinte verdàtre. Quand le
caillé est bien formé , rompcz-le et mcllez-
le dans des moules de bois en forme de bri-
.]ue ; pressez ensuite un peu , et faites sé-
cher. Ces fromages ne sont bons à manger
qu'au bout d'un an.
On fabrique principalement les briquctons
dans le Willshire; on leur donne aussi des
formes de lupins, de lièvres, de dauphins, etc.
Fromage de Dunlop, comté d'Ayr.
On en fait d'également bons, et en bien
plus grande quantité, dans les paroisses en-
vironnantes. Ces fromages sont de diverses
grosseurs, depuis !20 jusqu'à GO livres.
Dans le district où l'on fait le fromage de
Durdop, les vaches sont petites ; elles ne
pè>ent que de 5 à ^00, et l'on fait une at-
tention particulière à leur race. On les
nourrit dans des enclos, et depuis mai jus-
qu'en octobre elles ne sont jamais à l'abri,
excepté pendant qu'on les trait. Le meil-
leur fromage sort de chez les fermiers qui
ont au moins 12 vaches, et qui peuvent faire
un fromage par jour avec le lait frais trait le
matin, et avec la traite du soir précédent.
La manière de faire ce fromage est très-
simple : après qu'on a amené autant que
possible le ISit de la veille à la chaleur du
lait fraicbcment trait, on le verse dans un
grand vase ; on y met la présure et on cou-
vre. Quand il est coagulé (ce qui , lorsque
la présure est bonne, doit être au bout de
•10 ou 12 minutes), on remue doucement
le caillé. Le petit-lait commence alors à se
séparer; on le retire à mesure, jusqu'à ce
que le caillé ait pris de la consistance ; on
le met arUh-s dans un égouttoif dont le fond
est percé de petits trous , et on met dessus
un rond de bois avec un poids. Après que
le caillé est resté quelque temps dans cet
égouttoir, et qu'il est à peu-près privé du
pelit-lait , on le remet dans le baquet, et on
le coupe en très-petits morceaux avec une
espèce de couteau à 3 ou 4 lames, et on le
sale, en mêlant bien le sel au caillé avec la
main ; on le met ensuite dans une éclissc,
avec un linge eiitre le caillé et l'cciisse ; on
le place sous la presse , d'où on retire sou-
vent le fromage pour changer le linge.
Quand il est certain qu'il ne reste plus de
petit-lait , on relire le fromage de l'éclisse,
et on le met sur le plancher ; on retourne
souvent les fromages ; on les frotte avec un
linge neuf et grossier, pour empêcher les
mites de s'y mettre. On ne colore pas le
fromage de Dunlop.
Fromage de sauge, ou fromage verl.
On le fait de la manière suivante: on mol,
le soir, dans une certaine quantité de lait de
la sauge , moitié autant de feuilles de (leurs
de souci et un peu de persil, le tout haché;
71
le lendemain tnalin, on jjasse ce lait , et on
le mêle avec environ un tiers de la quan-
tité totale de lait qu'on destine à faire du
fromage. On fait cailler ce lait vert et
l'autre, chacun séparénienl; on ne réunit ces
deux cailles qu'en les mettant dans l'éclisse.
On peut les mettre par couches régulières,
ouïes mêler tout-à-fait, suivant la volonté du
fabricant; on fait, du reste, ce fromage com-
me le fromage ordinaire ; on en fabrique
dans la vallée de Gloucestcr et dans le Wil-
lshire. Deux poignées de sauge , une de
souci et une de persil, préparées comme
nous l'avons dit , suftisent pour 1 fromage
de 10 à 12 livres.
Fromage mou, ou fromage sans croûte.
Il se fait de la manière suivante : prenez
7 à 8 pintes de lait chaud de vache, le lait
dernicT sera le meilleur ; mettez-y 2 cuille-
rées de présuic ; laissez prendre pendant
Ô/-4 d'heure , ou jusqu'à ce que le caillé
soit bien formé ; mcltez-lc dans une éclissc
avec une cuiller, sans le casser , en l'ap-
puyant sur un rond de bois ; pressez avec
un poids de quatre livres , et si cela était
trop lourd et devait faire le fromage trop
ferme , mettez un poids plus léger ; retour-
nez et mettez dans un linge sec , toutes les
heures; quand ce fromage a pris de la con-
sistance , il faut le mettre sur de l'herbe ou
sur des feuilles fraîches, et les changer tous
les jours. Il sera bon à manger au bout de
10 ou 15 jours, plutôt même si le temps est
chaud. Quelques personnes font ces froma-
ges dans des clayons au lieu d'éclisses; mais
à moins qu'on ne les porte dedans au mar-
ché, les éclisses sont préférables. La quan-
tité de lait nécessaire pour faire une livre de
beurre fait en général deux livres de fro-
mage.
Fromage de stilton.
Ce fromage, que l'on nomme le parme-
san de l'Angleterre, à cause de sa saveur
et de sa bonté, se fait de la nwnière sui-
vante :
On mêle la crème du lait de la veille au
soir au lait de la traite du matin , et l'on y
met de la présure. Quand le caillé est formé,
0!i ne l'écrase pas comme pour faire d'autre
fromage: mais on le met entier dans un ta-
mis, où il égoutte. Quand il a égoutté, on le
presse doucement , jusqu'à ce qu'il devien-
ne ferme : alors on le met dans uneéclisse
ou espèce de boite ; ce fromage est si cré-
meux, que, sans cette précaution, il se fen-
drait et coulerait ; ensuite on le met sur
des ronds de bois sec, et on les entoure de
bandes de linge , que l'on serre toutes les
72
fois que cela est utile ; on les retourne tous
les jours. Quand ils ont assez de consistance,
oa ôte le linge qui les enveloppait ; on les
développe, on les brosse tous les jours
pendant "i ou 3 mois , et si le temps est hu-
mide, on les frotte deux fois par jour. On
pratiquait même celte opération sur l'une 1
et l'autre face du fromage, avant que les
linges qui entouraient les côtés eussent été
ôlés.
Les fromages de Stilton tirent leur nom
de la ville où ils sont exclusivement vendus.
On les fabrique principalement dans le Ley-
cestershire, quoique l'on en fasse aussi dans
les comtés de Hunlingdon , Rutland et Nor-
thamphton. Dans quelques endroits, on fait
ces fromages dans des moules qui ont la j
forme de clioux, ce qui leur en donne la fi- j
gure ; mais ils ne sont ni aussi bons ni aussi
savoureux que ceux faits dans les éclisses ;
ils ont aussi la croûte plus épaisse, et n'ont
pas ce moelleux qui fait que les autres sont
si recherchés. Les fromagesde Stilton passent
pour n'être bons à manger qu'au bout de 2
ans. Ils ne sont vendables que lorsqu'ils
ont l'air de se gâter, qu'ils sont bleus et
moites. Il y a beaucoup d'endroits où, pour
les faire plus rapidement , on les lyM dans
des bosquets, que l'on couvre de fumier de
cheval. On dit aussi que pour assurer la
maturité de ce fromage , on mêle , en le
faisant, du vin au caillé.
Fromage de Suffolk,ou fromage écrémé.
On le fait avec du lait écrémé, cl tire son
nom du comté où il se fabrique principale-
ment: du reste ; il se fiiit par les mêm^s
procédés généraux que nous avons indi-
qués.
Les fromages écrémés font toujours par-
tie des provisions des vaisseaux, parce qu'ils
supportent mieux la chaleur que les fro-
mages gras, et qu'ils sont moins, sujets à
se gâter pendant de longs voyages. Les fro-
mages écrémés doivent é'-re tenus chaude-
nient , tant qu'ils sont nouveaux , et au
(rais, quand ils sont aiiciens. Quoique peu
d'art soit nécessaire pour la fabrication de
ces fromages , il y en a dont la qualité est
ircs-dilférente les uns des autres, et cela dé-
pend du degré de soin qu'on a mis à les
faire.
La manière de nettoyer et soigner ces
fromages varie suivant les laiteries. Dans
quelques-unes, on essuie seulement les bords
des fromages faits l'été ; la chemise bleue
se forme bicHlùt cl couvre la croûte grossière.
Dans d'auires, oti les gratte ; on les lave et
les brosse sans les gratter. Des planches.
sur lesquelles on les a placés d'abord, on
les transporte dans le magasin ou grenier ,
ou on les dépose sur le plancher , que l'on
a bien nettoyé, en le frottant avec des tor-
chons, mais que l'on n'a pas frotté avec des
feuilles ou des herbes, excepté dans les en-
droits où l'on doit déposer les fromages vo-
lumineux et anciens ; car cette opération
de frotter le plancher avec des herbes sert à
détruire les mites, qui souvent abîment les
fromages avant qu'ils soient assez faits pour
être portés au marché. Ce que l'on emploie
principalement dans ce cas, ce sont des feuil-
les de sureau. J. Twamley.
Pommes de terre gelées.
H suffit d'étendre les tuoercules gelés sur
un champ ou sur un pré, à l'air libre, en
ayant attention que ce ne soit à Torabre d'au- ■
cun arbre, et d'éviter que les pommes de
terre ainsi exposées se touchent. On les lais-
se ainsi geler et dégeler successivement;
puis, quand elles sont bien sèches, on les ren-
tre , on les casse, et on les réduit en fécule
aussi bonne qu'aucune autre pour la confec-
tion des potages et des bouillies, ou pour
entrer , mêlée avec de la farine des céréales,
dans la fabrication du pain.
Scellage clu fer dans la pierre.
Pour assujettir du fer dans la pierre, il
Huit , dans le trou pratiqué dans cette der-
nière , poser la barre de fer, remplir le trou
de-soufre fondu, et y jeter , p^ur l'éteindre,
de la cendre, de la terre ou du sable; après
quelques minutes seulement , la barre de fer
est tellement scellée, qu'il serait impossible
de la retirer sans casser la pierre.
Remède contre la gale et les poux des
bestiaux. ,
On met dans un pot de terre 4 onces de
(leur de soufre et une livre d'huile de noix ;
©n place le pot sur un (eu assez soutenu sans
être trop ardent; on agite avec un morceau
de bois le mélange, jusqu'à ce qu'une partie
de la fleur de soufre soit dissoute, et que
l'huile ait acquis une couleur rouge brune :
alors , on ôte le pot du feu , et , avant l'entier
refroidissement , on ajoute 4 onces d'essence
de térébenthine ; on agite encore quelques
instans pour bien incorporer le mélange , et
le baume est fini.
On trempe la barbe d'une plume dans ce
baume,ct on en frotte légèrement les parties
infectées de vermine.
75
EÉPEETOIRE PROFESSîOl^XEL,
£. Agriculture. — II. Arts libéraux. — TH. Commerce.
Acier. ( Moyen de le durcir.) —Pour durcir
l'acier, lanlôlÔn le frotte avec du savon avant,
de le chauffer, tantôt on le place avec de la
corne râpée, du poussier, du sel marin et du
charbon de terre pulvérisé, dans un vase déterre
clos et bien lutté, que l'on chauffe convenable-
ment. On casse le vase au-dessus du liquide à
Iretnper .- la masse y tombe cl le rcfroidissemeni
est rapide. Si la trempe doit être moins forte,
on jette le vase dans le liquide ; celui-ci ne peut
pénétrer dans son intérieur, et le refroidissement
n'a lieu qu'après celui de ses parois.
Quand on veut tremper de l'acier IravaHlc, on
le recouvre d'une couche d'argile d'un demi-pouce
d'épaisseur; celte couche empêche encore que
l'eau ne le refroidisse trop promptement et ne
le rende cassant. Ok peut préalablement tremper
l'argile avec de l'urine, cl ajouter au mélange du
se! marin.
On trempe souvent dans de l'huile la pointe et
le tranchant des instrumens d'acier ; mais un
mélange de savon, d'urine , de suif et d'huile
d'olive est préférable.
.Atnidocnîers.
E\GRAîs DES cocKOXs. —La parlie la plus
nourrissante du froment est le gluten, qu'on
enlève pour le lavage , et qui est perdu dans les
labriques d'amidon. Un industriel anglais a eu
l'heureuse idée d'utiliser ce gluten, qu'il mé-
lange avec des pommes de terre, du son ou d'au-
tres substances, dont on forme une pâtée pour les
cochons, qui engraissent et grossissent prompte-
ment à l'aide de ce régime, qui devient une
économie importante pour les fabricans d'ami-
don. On a, en outre, l'avantage de détruire une
des causes d'insalubrité qu'occasione le gluten
à l'état de puUéiaction , à cause de l'azote qu'il
contient.
iïirchitecles.
Cas de responsabiï,ïté. — L'architecte
qui a entrepris la reconstruction partielle d'un
édifice, el qui, après avoir signalé au proprié-
taire, dans les constructions anciennes, une
cause imminente de ruine, à laquelle ce dernier
s'est refusé de remédier, continue néanmoins
ses travaux, peut être déclaré responsable de la
perte de ces mêm.es travaux, occasionée par la
chute de l'édiCcc ancien.
Il doit d^ailleurs être déclaré responsable ,
comme ayant manqué à l'exécution de ses obli-
gations, si par le devis des travaux à faire il s'é-
tait engagé à rétablir l'édifice , autant que possi-
ble, dans un état parfait de solidité.
Cour de Cassation, fà'riei< lS3o.)
Boulangers.
DÉFAUT DE POIDS. — CAS D'EXCEPTIOX.
Lorsqu'un arrêté de l'aulorilé municipale, qui
fixe le poids que doit avoir le pain mis en vente
chez les boulangers, ajoute qu'un certain déficit
pourra être toléré pour le painjugé ires-cidt,\e. tri-
bunal de police ne peut se dispenser de punir les
contrevenans à cet arrêté, qu'autant qu'il aurait
jugé lui-même et formellement déclaré que les
pains saisis comme n'ayant pas le poids prescrit,
étaient trop cuits.
[Cour deCassation, 2 mai 1833.)
Bes di&érentes sortes de colle.
Colles (Fabricant de).
L'industrie des colles a deux branches prin-
cipales: l'une a pour objet l'approvisjonnement
des matières géiatineuscs, les préparations qu'on
leur fait subir pour les rendre inaptes à la fer-
raeulalion putride et pour leur complète desfi-
calion, état dans lequel elles peuvent être con-
servées indéfiniment. C'est là ce qu'on appelle
le commerce des colles-matières sèches. Ces
matières consistent en brochettes ( pellicules
mimes que le mégissier enlève sur les ijeaux);
en effleurures (épiderme séparée par les butltî-
liers); rognure.'? des cuirs appelés Buenos- Ayres;
patins (gros tendons des 4 pieds des bœufs
el des vaches), qu'on enlève avec les petits os;
abats ou nerfs de bœufs ( portion de parties gé-
niales de l'animal); peaux des lapins, dépouil-
lées du poil employé dans la chapellerie; ro-
gnures des parcheminiers, dites peaax d'ànc;
rognures des tamecises, oreilles de moutons et
de veaux, pieds de moutons avec les tendors,
les petits os cl les ergots, les parties déchirées
de la peau; enfin les parties dites tètes de veaux,
que les corroyeurs retranchent avant de com-
mencer le travail auquel ils soumettent les
peaui. On fait aussi usage de vieux gaût?, des
snrons d'indigo, c'est-à-dire des peaux qui re-
couvrent les ballots de cet ingrédient.
Le travail des conservations des colles- ma-
tières consiste à les faire macérer pendant
une quinzaine de jours daT;s un lait de chaux
renouvelé 3 ou 4 fois; c'est ce qu'on appelle
l'échaudage. Ensuite, on étend sur un pavage
en plein airpour égoutter et sécher, ea remuant
et retournant souvent à la fourchette. Après la
dessicatioa complète, on met eu balles, ayant
soin de classer distinctement chacune des ma-
tières que nous venons d'énuraérer, caries va-
leurs vénales diffèrent ea raison de la différence
d<es produits eu colle. C'est par ces matières que
7* .
a'eierce la fabrication, à proprement parler.
On le» soamel d'abord à un premier trempage
au lait de ehauj, et on les lai-sc complètement
s'en pénétrer. Ensuite, on rincT dans l'eau de
rivière pour enleNer soigneusement toute la
chaux, ceUe substance nuisant totalement à la
fabrication. L'acrage subséijuent par expo: ition
sur un dullage procure la conversion en craie in-
soluble de ce qui pourrait avoir échappé de
chaux au lavage de rivière, et alors cette ctiaux
cesse d'être aussi nuisible. Toutefois, avant que
les matières soient entièrement 8cch8.s, on les
porte à la chaudière.
La chaudière des fabricans de colle est ordi-
nairement de cuivre et d'un diamètre égal à
peu prè» à la profordeur. Le for.d d«it cire
plus épais que les côtés, et exposé tout-à-fait
à l'action du feu. Pour ménager ce fond , on
le rèvet, à l'intérieur, d'an faux fond en tôle,
percé de trous comme une écumoire, qui reste
susf.enria sur un trépied à 3 ou 4 pouces de hau-
teur. Cette précaution a pour objet de garantir
lebriilnge des matières qui sont suit ttes S s'at-
tacher au fond de la chaudière, laquelle doit être
remplie d'eau jusqu'aux deux tiers en>iron.
I-es eaux de rivière, et surtout celles de pluie,
sont préférées à cause de l'absence dps sels ter-
reux, qui sout suscci-tiblcs de se combiiiCr avec
la gélatine.
Les matières crues doivent occuper dans la
chaudière un volume plus grand que sa capa-
cité, et de sorte qu'elles d^passeU de beaucoup
les bords ou chauOc graduel ement jutiqu'.*^ l'é-
bull tion; les matières *'aflai»serit peu à peu, le
liquide augmente de volume, et, après quelques
heures de beuiilage, toutes les matières solides
se trouvent submergées. 11 faut cependant con-
tinuer sans interruption, ea détachant de temps
en temps les portions qui adhèrent aux parois
de la chaudière.
Comme la gélatine s'altère de plus en plus
par l'exposition à une haute température, il est
év dent que moins le bouillage durera et plu*
pur sera \s produit. Mais, comme la dissolu-
liou detoute la partie gélatineuse contenue dsns
les colles-matières ne .*e fait pas simult.inément
et à la fois, et que, pour extraire la totalité, il
est nécessaire d'un temps plus ou moins long,
on a pris le parti, pour éviter toute détériora-
tion de la portion la prentlère extraite, de frac-
tionner les produits.
Dés que le liquiv'e est devenu assez visqueux
pour se coaguler par le lefroidissemcnt , au
point de pouvoir être coupé par tranches et
exposé sur les fllels, on l'enlève et on y substi-
tue de nouvelle celle. On finit par extraire de
cet'e manièie toute la gélatine qu'on peut ob-
tenir économiquement.
La colle dite de Flandre, nu de Hollande se taïl
en deux cuUcs. Il faut rincer à plusieurs eaux
cl détremper pendant un temps suffisanl les col-
les-iiiat'èrei(, après les avoir long-temps aérées
pour saturer l'acide carbonique et rendre in-
soluble et inerte la chaux employée dans leur
préparition. Il faut, en outre, éviter que la îo-
luiion gélatineuse bouille trop long-lemps; car, j
on ne «aurait tnip le remarquer, la gélatine, de
même que le sucre, s'altère considérablement
par l'ébiillition.
La collti façon anglaise est beaucoup plus cuite
que celle de Flandre.
La colle de Givei exige une lente ébullition.
Avant le soutirage, ou laisse foudre la totalité
des matières, ayant soin d'é\iier sioigiicustment
tout ce qui pourrait troubler la transparence de
la solution gélatineuse.
Pour toutes les colle?, il faut avoir le soin
d'enlever de la surface liquide la combinaison
de graisse et de -ohaux qui surnage; on se Jert
d'une écumoire pour cette opération.
La colle an baquet est celle dont les peintres
en bâtiment font le plus usage pour la détrempe.
Ce n'est qu'une dissolution de gélatine, qui n'a
pas été assez concentrée pour pou»oir cire cou-
pée en tranche.
La colle de poision se fait presque exclusive-
ment en Russie; elle est composée avecla messie
du poisson, entr'autres celle de l'esturgeon. La
colle de première qualité est ordinairement rou-
lée et a la forme d'un serpent ou d'un cœur; la
seconde qualité est plit^e par feui le* comme
ceux d'un livre; celle de moindre valeur se fait
sé-her sans précaution aucune. La bonne colle
de poisson est blanche, K'gèrement transparente,
sèche, composée de membranes, pas trop épaisse
et absolument inodore. Elle cslemployée comme
réactif pour constater la présence du tannin,
qji'elle précipite à l'état d'm^olubil té.
Dans les port» de France, on pourrait uti-
liser la grande quantité de vessies aérienne* de
divers poissons, qui se perdent, et principale-
ment celle» des grands congres; mais ce sont
les vessies qu'il faudail employer et non les
parties apouévrotiques et te^dineufcs des pois-
son*. M. Peloiize père a tenté ce dernier es ai,
mais n'a point réussi; il a obtenu, il est vrai, une
belle colle, isicolore et tran'parente, mais qui
ne possède pas la propriété de clarifier le* li-
queurs. Cet effet est dii aux fibrilles impercep-
tibles qui sont disséminées dans la gélat ne des
vessies, et qui se combinent avec les substances
qu'elles eiitraincnt en dépôt.
MM. Pclouze ont beaucoup écrit sur la fabri-
cation des colles, et leurs mémoires méritent d'ê-
tre lus par ceux qui s'occupent de cette indus
trie.
Lorsque la colle est fabriquée, on la coule or-
dinairement dans des boîtes en sapin, peu éva-
sées dans le haut, afin de faciliter le dégage-
ment du pain de colle après refroidissement.
Au moment du coulage, on place toutes les boî-
tes à côté les unes des autres, sur des chantiers
de niveau. On pose sur la boile un entonnoir à
fond plat, dans lequel on introduit un tamis de
crin, ou, ce qui est préférable, de toile métalli-
que, sur lequel on verse la colle, et qui relient
les impuretés et les substanc-es flottantes.
Il est essentiel que l'atelier du coulage soit
très-frais et entretenu très-proprement par de
nombreux lavages, pour éviter la fermentation,
ce qui est extrêmement pernicieux, et afin aus-
si de ne rien perdre de ce qui peut tomber à
terre. Ordinairement il faut 12 heures de s'^jour
dans les boites, quand la pièce est nouvellement
distribuée, pour que la colle se coagule parfaite-
ment. Le lendemain, ces boites sont renversées
brusquement sens dessus dessous sur des tables
mouillées, pour éviter radhérciice, et qui sont
placées dans un séchoir, ouvert à tout vent. On
divise le pain de colle par feuillets horizontaux,
au moyen d'un Gl de cuivre, tendu sur une sorte
de monture de scie. Ces feuillets sont enlevés
avec dextérité et étendus aussitôt sur des filets
tendus dans le séchoir. La colle étant sèche con-
serve l'empreinte du filet; pour le lustrer, on
trempe les feuillets, un à un, dans de l'eau
chaude, mais peu de temps, et on les, frotte vi-
vement avec une brosse douce, humectée d'eau
tiède. Les feuillets, ainsi nétoyés et polis, sont
rangés sur une claie, puis portés à l'étuve, si le
temps n'est pas sec. Un jour après, la colle a
p«rdu l'eau du lustrage, et est mise en tonneaux
pour être expédiée.
La fabrication de la colle, quand elle est bien
entendue, etque d'ailleurs le temps la favorise, est
très-lucrative ; mais la dessication des feuiljpts
est sujette à bien des accidens qui peuvent gâ-
ter totalement le produit dans les premiers jours
de leur exposition sur les filets. Il sulBt pour
cela delà moindre fermentation que l'intempé-
rie de l'air peut occasioner, et qui perd tout;
le brouillard est aussi très-nuisible, l'eau qu'il
porte à la surface des feuillets y déterminant la
moisissure; l'orage est surtout à redouter. C'est
donc avec les plus grandes précautions et quand
on possède des notions précises sur cette indus-
trie , qu'on doit se livrer à la fabrication des
colles.
Commerçans.
Livres de commerce. — La réclamation du
jury qu'un commerçant n'a pas tenu des livres
ou en a tenus qui ne présentaient pas sa vérita-
ble situation active et passive , ne sufBt pas
pour constituer le crime de banqueroute frau-
duleuse; il est nécessaire de constater que celte
omission a été frauduleuse.
{Cour de Cassation, 2S mai 1835.)
Hypothèque légale. — La femme d'un
commerçant n'a pas plus d'hypothèque légale
sur les biens advenus au mari depuis le mariage,
iiiiti-e cjraiidi, même en succession directe, que
sur ceux acquis à titre onéreux; l'article 551 du
code de commerce, qui restreint l'hypothèque
légale de la femme aux immeubles qui apparie-
naieni au mari lors du mariage, soustrait, sans
distinction à l'hypothèque, tous ceux qu'il ac-
quit plus tard, à quelque titre que ce soit.
[Cour de Cassation, 9 avril 1835.)
Couvreurs en bàtimens.
Arooises.— L'ardoise est une sorte de schiste
qui se trouve par bancs dans le sein de la terre,
et qui sert à des usages trop connus pour être
détaillés ici. Le bloc restant intact, c'est-à-dire
sans être divisé, est employé pour la bâtisse, en
place de la pierre ; quand les feuilles ont assez
de consistance, on en fabrique des carreaux, des
7S
dalles pour les vestibules; divisées en lames
minces, elles servent à la couverture des mai-
sons. Les ardoises qui réunissent la dureté à la
pesanteur, sont les plus recherchées; on rejette
avec soin celles qui s'infiltrent d'eau. On re-
connaît CCS dernières , quand l'ardoise dont
un bord a séjourné vingt-quatre heures dans
l'eau, n'est point atteinte par l'humidité d'un
centimètre au-dessus de la surface du li-
quide; la mauvaise qualité de l'ardoise est eu
proportion de la facilité avec laquelle elle a été
inabibée d'eau. Pour aujçmcnter la dureté des
ardoises, il faut les faire cuire dans un four à
brique, et les chauffer jusqu'au rouge pâle. Elles
sont alors susceptibles de durer une fois plus de
temps, mais elles ne peuvent plus être ni taillées
ni pressées.
Ardoises artificielles. — Plusieurs substances
sont nécessaires pour fabriquer celte espèce d'ar-
doises: 1» terre bolaire blanche, ou ferrugi-
neuse ; 2» craie ; ô" colle forte ; 4» pâte de papier;
b° huile de lin.
La première opération est de piler séparé-
ment dans un mortier les terres bolaires et la
craie, qu'il faut ensuite passer au tamis de soie.
Il est préférable d'employer pour la pâle de pa-
pier des rognures de livres et des débris de
papier blanc, que l'on fait bouillir pendant 24
heures, et dont il faut avoir le soin d'extraire
l'eau.
On mêle dans un mortier la masse de papier,
la terre bolaire, la craie et la colle dissoute, et
après que ic tout a été battu fortement, on l'imbi be
d'huile de lin crue, pour le rendre maniable. Les
feuilles fabriquées avec cette composition se
font dans un moule de bois composé d'une plan-
che à rebords, et au fond duquel on place une
feuille de papier; quand la cavité est rempile,
on place une autre feuille de papier dessus, et
quand le tout a été pressé avec une autre plan-
che, on extrait le feuilleté;! renversant le moule,
et on le met sécher sur une table saupoudré de
sable fin. Pour faire disparaître les parties ra-
boteuses qui se trouvent fréquemment à la sur-
face de ces cartons , on les passe au laminoir ;
et quand ils ont été enduits d'huile delin bouil-
lie, on les soumet à l'action d'une presse. Voici
dans quelle proportion les substances que nous
venons d'indiquer doivent entrer, selon les qua-
lités que l'on désire obtenir.
loPour un carton dur et très-lisse: 2 parties
de terre bolaire , 1 de craie , 1/2 de colle, 1 de
pâle de vieux papiers, 1 delin.
2° Carton classique et très-beau : 1 partie de
pâte, 1 de colle, 3 de terre, 1 d'huile.
3» Carton supérieur pouvant recevoir des em-
preintes : 1 partie de pâle, 1 1/2 de colle, 3 de
terre, 1 de craie, 1 1/2 d'huile.
Les ardoises artificielles, ou cartons pierres
ont la propriété de résister à l'action du feu, qui
les noircit et augmente leur dureté, mais ne les
atteint pas autrement: elles peuvent aussi sé-
journer plusieurs mois dans l'eau, sans éprouver
aucunealtération; elles sont même imperméables,
à ce point que leur poids ne s'augmente pas
malgré celte immersion jiroiongée.
76
Propriétaires ruraur. Feuilles de xnoutarcle
blanche employées comme fourrage.
M. le Comte d'Aubigny, voyant la pénurie
des fourrages en 1854, a fait semer sur ja-
chères de !a moutarde blanche, à raison de
vingt livres par arpent métrique. La végéta-
tion a duré quarante jours pour que la
plante fût en état d'être fauchée, l.c revient
a été , malgré la grande sécheresse , dans la
proportion de 280 bottes de iri livres, par
arpent. Ce fourrage , ajoute M. d'Aubigny,
est de bonne qualité, et les bestiaux parais-
sent le préférer à tout autre. La plante doit
être fauchée quand elle est à moitié fleurie;
aptrement la tige se dépouillerait de ses feuil-
les, et la terre en souffrirait par la nourri-
ture qu'elle serait obligée de donner à la
graine.
Propriétaires rcradx.
Pastel ou Gdède. Cette plante, qui ap-
partient à la famille des crucifères (1), est
appelée à jouir d'une grande importance
dans la culture française, soit co-aime pro-
curant un fourrage excellent , soit en rai-
PDH de ses feuilles qui , convcjiablemeat
préparées, fournissent à la teinture une
couleur bleue très-recherchée, autant par
sr. liuance que par sa solidité.
Comme plante fourragère, le pastel se rc-
coînniande surtout par son extrême préco-
cité. Les frimas n'apportent aucun obstacle
à sa végétation, excepté quand les gelées sont
très-fortes, et en mars, souvent même en fé-
vrier, clic présente un développement re-
marquable. Le pastel, cultivé comme devant
servir à la nourriture des animaux, doit être
semé à la volée, dans des terrains secs,pré-
lérablement à ceux humides. On le sème
assez ordinairement au printemps, quelque-
fois à la fin de l'été, et dans la proportion de
-iO livres par hectare. Les terres médiocres,
même celles de nature très-calcaire, lai con-
viennent quand il reçoit celte destination.
Mais une terre substantielie et profonde
est celle qui convient exclusivement au pas-
tel destiné à la teinture, parce que plusses
feuilles sont larges et nombreuses, et plus
il y a de produit à en tirer; il faut aussi que
la tarre ne soit pas trop argileuse ni humide;
dans le premier cas, les racines ne pourraient
(1) Famille de plantes qui a pour caractère, 1°
un calice de quatre folioles; 2> une corolle d^
quatre pétales disposés cri croix; > six éta-
mincs, dont 2 plus courtes que les 4 autres ; 4*
un ovaw-c supérieur; 5» une silique ou une si-
licule. Le chou, la rave, la moutarde, le cresson,
la camclineo en font également purlic.
pas pénétrer avec assez de facilité; dans l'au-
tre cas, les feuilles pourriraient.
Avant les semailles, il faut procédera trois
labours; les deux premiers avant et pendant
l'hiver; le troisième précède l'ensemence-
ment; la terre doit être pourvue de fumier
avec abondance, le produit en feuilles étant
en proportion de la quantité de fumier que
la plante a trouve dans le sol. Celui prove-
nant de gros bétail est préférable; les fienles
d'oie lui font un tort immense.
Il est convenable de diviser le terrain en
planches bonibées, de 3 à i pieds de large,
et préparer, au besoin, l'écoulement des
eaux, au moyen de rigoles convenablement
disposées. Chaque pied du pastel occupant
18 à 20 pouces de diamètre, il faut que la
graine .soit répandue très-clair. Dans quel-
ques pays on le sème en rayons. On met or-
dinairement 23 livres par hectare.
Lorsque le pastel est levé et qu'il a acquis
une certaine force, c'est-ù-dire vers le mois
d'avril, selon qu'il a été semé plus ou moins
tard, il faut enlever les pieds qui sont faibles
ou trop rapprochés des autres, et lui donner
un binage.
Des pustules jaunes se développent quel-
quefuio sur les feuilles du pastel; il faut en-
lever celles de ces dernières qui en sont at-
taquées, et les brûler, pour empêcher la
maladie de prendre de développement.
On reconnaît que les feuilles du pastel sont
assez avancées pour être cueillies, lorsqu'elles
ne peuvent plus se soutenir droites et qu'el-
les perdent la teinte vert-bleuâtre qu'elles
possèdent, et tirent au jaune. On coupe
avec une faucille les feuilles qu'on juge être
parvenues au degré convenable, et on les
étend sur un gazon propre et ombragé, au-
tant que possible, afin de leur faire perdre
un peu de leur eau de végétation sans se
crisper ni se dessécher. On les porte alors
sous une meule semblable à celle dont on
fait usage pour écraser les graines oléagi-
neuses ou pour pulvériser le plâtre, et on les
réduit en une pàtc bien onctueuse, sans gru-
meaux cl la plus homogène possible, et qu'on
met en monceaux dans un endroit sec et
à l'abri du soleil; on la pétrit sous le? pieds,
et on a soin de bien polir l'extérieur du tas
avec une pelle, et de préparer des paillas-
sons afin d'en couvrir le monceau, en cas de
piuico La masse i-ie tarde pas à fermenter; ii
il se forme habituellement des crevasses à
l'extérieur; il faut les fermer aussitôt, afin
de ne pas donner de conduit à l'air, qui
provoquerait l'éclosion de vers blanchâtres
qui dégradent la pâte du pastel. Le plus dif-
licilc de l'oijéralion est au moment ou il
s'agit d'arrêter la fcrmenlalion au point con-
venable ; si elle a été putride ou acide, le
pastel est perdu ; elle arrive ordinairement
au degré voulu au bout de 8 à 15 jours , se-
lon la teuipérature.
Lorsqu'on juge que la fermentation est
assez avancée, on moule la pâte en peFottes
de la grosseur du poing, en alongeawt un
peu les deux extrémités en forme d'œuf.
On fait sécher ces pelottes sur des claies
dans un lieu où l'air puisse librement circu-
ler ; quand elles sont sèches , elles forment
ce qu'on nomme, en style de commerce ,
pastel en coques. Le montage se fait à la
main ou dans des formes en bois . On reconnaît
que la pâle a cessé de fermentera la dimi-
nution de son odeur ammoniacale d'hydro-
gène phosphuré ; qui, dans les premiers
jours,- affecte d'unmanière si pénible l'odo-
rat et les yeux.
11 paraîtrait résulter d'expériences renou-
velées, que les feuilles de pastel simplement
desséchées et réduites en poudre, deviennent
préférables, comme ferment , dans le trai-
tement des cuves de teinture, à celles qui
ont été converties en coques.
On fait, pendant l'été, 3 ou 4 coupes de
pastel et plus même, suivant que le climat
est plus ou moins chaud , la fertilité du sol,
et selon aussi que la saison est favorable
ou non à la culture de cette plante. La pre-
mière récoite est la meilleure , en qualité
et en quantité ; les suivantes vont toujours
en perdant. Un arpent bien garni de plant
lournit de la graine pour en ensemencer
vingt.
Il faut i)ien faire attention à ne pas effeu?!Ier
les pieds que l'on destine à porter semence;
car la tige, épuisée parlarécolte des feuilles,
ne donnerait que des graines mal dévelop-
pées.
Les semences du pastel donnent une huile
assez semblable à celle que produit le lin ;
mais on en retire une si petite quantité,
que cette industrie ne présenterait aucun
profit.
D'après M. Antoine de Roville , voici
le montant des frais et des produits qu'occa-
sione la nature du pastel.
Dans un bon sol et avec des soins conve-
nables, on obtient, de moyenne, oo à GO
quintaux de pastel en coque par hectare _.
dont le prix ordinaire est de 12 à 15 fr. le
quintal. De sorte que le produit brut de
l'hectare est de 660 à 900 fr., soit, en terme
moyen , 780 fr. Les frais de production
sont de 717 fr; savoir ; 2 labours, 36 fr. ;
2 hersages , 8 fr. : semailles, 20 fr. ; semen-
ces, 35 fr. ; 1 binage à la main et éclairierj
77
40 fr. ; 2 binages à la boue , 8 fr. ; coupe
des feuilles, 150 fr. ; manipulation, 95 fr. ;
fumier 180 fr.; rente ou loyer du sol, 80 fr.j
total, 652 fr., plus G5f. pour l'intérêt à lOp.
0/0, ce qui donne une dépense totale do
717 francs.
j La vente des coques s'élève à 780 fr. ;
lesgraincs et liges, 50 fr.; le fumier restant,
00 fr.; total, 920. ; reste donc pour le béné-
fice net, 203fr.Cc résultat n'est point outré,
car les moyennes de 55 quintaux pour le
produit d'un hectare est peu élevé; souvent
il est de 70 et même de 80 quintaux de co-
ques bien sèches.
En été, et surtout dans les contrées du
midi, le pastel est envahi par des nuées de
sauterelles qui y font des dégâts considéra-
, blés. L'impossibilité de se garantir de ce
fléau d'une manière absolue ne permet pas
j de tenter de leur donner la chasse, mais
j lorsqu'on est certain qu'elles ont disparu,
on coupe avec attention les feuilles qu'elles
ont entamées, et la plante ne tarde pas à en
donner de nouvelles.
En Angleterre, quand les plantes com-
mencent à monter, on pince la tige médiane
pour provoquer l'émission d'un plus grand
noinbre de feuilles.
Après le pastel, l'on peut mettre toutes
les plantes que l'on veut, pourvu qu'on ne
l'ait pas laissé venir en graine, car, dans ce
cas, il est assez épuisant.
La graine de cette plante conserve pen-
dant deux ans sa faculté gerininative, cepen-
dant la plus nouvelle est plus recherchée.
I On la laisse aussi long-temps que possible
attachée aux liges mêmes qu'on a coupées
au moment de sa maturité, et transportées
dans un grenier.
Le froment (C-st la plante qu'on fait succé-
j der ordinairement au pastel; cet assolement
■ parait convenable, la terre étant nette par
les binages qu'elle a reçus.
' Malgré les avantages que pourrait procu-
rer la culture du pastel, on ne saurait ce-
pendant apporter trop d'attention avant de
se décider à l'introduire, car elle demande
, des soins et une surveillance qui ne peuvent
se ralentir. D'un autre côté, la manipula-
tion demande des connaissances pratiques
qu'on ne trouve pas communément dans les
\ campag[-.es, et , d'ai'.leurs , le débit serait
, peut-être d'abord,dif/icile,en raison du pré-
j jugé des consommateurs contre le pastel
: qui ne provient pas des sources ordinaires
! de la production.
Propriétaires ruraux. Chou marin, ou crambè
maritime.
Ce légume, qui est l'objcl d'une grande culture
en Anglelerro, pourrait être cultive en France
avec succès; il a en outre l'avantage de pou-
voir être consommé soil bouilli, soit assaisonné
au beurre, comme le chou-fleur et l'asperge. Il
peut aussi remplacer la pomme de terre dans
l'alimentation.
Le chou-marin se cultive â peu prés comme
l'asperge, et demande la même espèce de terrain.
La graine se sème en rayon dans le courant d'a-
vril; quand le plant est levé, on l'éclairoit et on
sarcle avec soin. A l'approche de l'hiver, on le
butte pour le préserver du froid. F/été suivant,
on éclairi il les plantes une seconde fois , et on
laisse les plus vigoureuses, qu'on espace à envi-
ron dix-huit pouces. Vers Noël , on détache tou-
tes les feuilles mortes ou languissantes, et on
couvre chaque plante d'un pot à fleurs sur lequel
on jette une épaisse couche de feuilles, pour en-
tretenir une température douce et pour garantir
de la gelée. Au mois d'avril, quand on enlève les
pots, on les trouve entièrement garnis de pousses
tehdres, blanches et délicates, qu'on peut couper
à peu de distance de lerre, puis on recouvre le
pied, qui doit donner une nouvelle racine. Cette
opération est répétée deux ou trois fois pendant
six semaines, jusqu'à ce que la b-dle saison per-
mettant à la plante de croître librement, lui
donne les moyens de nourrir ses racines pour
la recrue de ses feuilles, et répare ainsi ses for-
tes pour la reproduction de l'année suivante.
Ce n'est que deuv ou trois ans après sa plan-
tation que le chou-marin devient productif. Ses
premières pousses paraissent en avril et mai ;
on les butte à mesure qu'elles s'élèvent de lerre,
pour les faire blanchir. Quand elles sont parve-
nues à la hauleur de huit à neuf pouces, à par-
tir de la patte ou de la racine, on peut les couper
pour en faire usage.
On peut aussi faire croître le chou-marin sur
un sol artificiel, qu'on prépare de la manière su -
vante. Enj-anvier, on défonce une place de ter-
rain à deux pit'ds et demi, et on mêle diffé-
rens terreaux dans les proportions suivantes :
moitié sable de mer ou de rivière, deux sixiè-
mes de bonne terre franche, un tiers de même
gravier, de curage de route, ou de cendre de
mer de grosseur moyenne et pas trop menue. Si
le fond est humide eu hiver, il faut le défricher
complètement, le chou-marin ne prenant que
dans une couche de terre légère, mais subsltin-
tielle cl bien sèche. Le terrain ainsi préparé, doit
être ensuite divisé en planches de quatre pieds
de large, séparées par des sentiers de dix-huit
pouces. A la distante de deux pieds en tous
sens, on forme un cercle d'environ quatre pou-
ces de diamètre, c'est-à-dire de la dimension 'u
pot qui doit recouvrir la plante, etonenfon^^
tout autour, à 2 pouces de prof jndeur et à dis-
tancïs égales, h ou G graines de semences.
Si la i^raine est de bonne qualité, les pointes
commencent à se liionlrer en mai ou juin; et,
dès qu'elles ont trois ou quatre feuilles, on ne
laisse plus dans chaque cercle que trois des plus
fortes plantes (le surplus, dontil faut autant que
possible ménager la racine ou le pivot, peut être
gardé comme réserve). Si les mois de juin et de
juillet sont secs, il cîl indispensable d'arroser
fréquemment les rayons. En novembre, on dé-
barrasse les plantes de leurs feuilles fortes, et on
couvre chaqMc plante d'un pouce de bonne terre
mélangée de sable, bien préparée et bien retour-
née à trois reprises différentes au moins, dans
le courant de l'été.
La préparation delà première année se termine
en éparpillant sur la couche sablonneuse environ
six pouces de fumier d'écurie peu chargé.
Au printemps de l'année suivante, quand les
j plantes commencent à végéter, on enlève avec le
I râteau toute cette couche de fumier, dont on
I enterre la partie ia plus consommée dans les
j allées ; on répand ensuite un autre pouce de
bonne terre mêlée de sable. Quelle que soil la vi-
! gueur du plant, on ne doit pas le couper ceUcse-
j conde année, et on le traite , à l'arrière saison,
j comme l'année précédente.
I Au troisième printemps, après avoir enlevé le
I fumier d'hiver, on le remplace par un pouce d'é-
paisseur de sable bien pur et bien sec, mêlé de
I gravier très-menu ; enfin, on couvre chaque bou-
1 quel d'un pot à fleurs, qu'on a bien soin d'enfon-
I cer dans la terre, afin d'exclure l'air et la lumière
qui , l'un et l'autre, altèrent d'une manière sen-
sible la couleur et le goût du chou-marin.
Quand le potager se trouve dans le voisinage
d'un parc, d'une plantation ou d'un verger, on
en ramasse les feuilles à l'arrière-saison, et on
en couvre les plantes , en variant l'épaisseur des
couches de feuilles depuis cinq pouces jusqu'à
un pied, suivant l'àne du plant, en observant
de couvrir davantage le plus vieux. On peut ré-
pandre sur celle couche de feuilles, du fumier,
! qui les contient et empêche qu'elles ne soient
I enlevées par les venls. On déplace ce couvert à
mesure que l'on coupe les recrues de chaque
i planche, laquelle doit être bêchée aussitôt qu'elle
i a été récollée. On procède ainsi successivement,
j en commençant par le plant le plus âgé, et on est
I sur d'obtenir des pousses nombreuses, bien blan-
! chies, très-délicates, la couche végétale qui les a
i recouvertes les ayanl préservées de toute mau-
j valse saveur.
i On ne doit couper les jets que quand ils sont
j d'au moins trois pouces dehors de la terre, à la
! manière des asperges ; leur hauteur est quelque-
fois de huit et dix pouces. Il faut bien se garder
d'endommager les boutons intérieurs.qui ne lar-
deront pas à se développer, parce qu'ils profite-
ront de la sève, qui se porlerailaillleurs; on peut
continuer celle coupe pendant six semaines. Les
(leurs doivent êlre pincées et enlevées sitôt qu'el-
les se montrent, on ne conserve que celles dont
on désire avoir des graines.
PROPRIÉTAIRES URBAINS.
Crémones-Françaises, ou nouvelles ferrures-ferme'
lures pour croisées , persiennes, portes à un ou
deux venlanx, et reiiiplaçaiil les espagnolettes et
verroux, tant en feuillure qu'à placards.
Le système actuel des ferrures-fermetu-
res des portes et croisées offre des inconvé-
iiieiis graves, sous le double rapport de l'c-
Icgaiicc cl de la solidité.
1» Le châssis donnant de toute croisée
neuve à laquelle on ;)ppiique utje espagno-
lette est d'ahord enlanié au milieu de la
pièce d'appui et de la traverse haute, pour
former les gâches des crochets; puis le cram-
pon vient diminuer encore la force du bois
sur et au même endroit de la mortaise;
ti" Les bàlis dormans et montans de cette
croisée sont également affamés chacun en
deux endroits, par l'entaille obligée et né-
cessairement grande pour loger les aggraf-
fes et les pannetons des volets ;
ôo Le montant de droite du châssis vitré
de toute croisée ainsi ferrée, et portant
gueule de loup, est aassi percé de part en
part à trois ou quatre endroits, dans une
hauteur de 6 pieds , pour les lacets et les
écroux encastrés extérieurement ;
4» Le montant de gauche du même châssis,
et portant la noix, est encore percé de part
en pari pour le support de la poignée des-
pagiiolelle, lequel est, ainsi que les hcels,
fixé extérieurement par un écrou encastré ;
î)0 En ouvrant ou en fermant la croisée,
le jeu continuel de l'espagnolette agrandit le
jour des boulons et lacets, et, pour empê-
cher l'air de pénétrer dans les appartemens,
on est obligé d'y remédier par du mastic qui
n'est pas de longue durée ;
6° Enfin, le tassement forcé de toute cons-
truction vieille ou neuve oblige constam-
ment à changer les gâches et les crampons
en affamant le bois des bâtis ; au soudage et
raccommodage après dépose des espagno-
lettes, des poignées forcées ou cassées par
suite d'efforts ; au calfeutrement, devenu
presque nécessaire chaque année autour des
bâtis dormans, par suite de l'ébranlemenl des
croisées; à la réfection ou au raccords de
la peinture, devenus indispensables par ces
inconvéniens ; au remplacement continuel
des vitres brisées, et enlin à l'embarras d'a-
voir souvent à souffrir ces réparations.
Les verroux à placards ou en feuillures
n'offrent pas moins d'inconvéniens par la
difficulté inhérente à tous, pour les faire
jouer, et par la destruction conlinuelie des
boulons, ce qui oblige à les changer entière-
ment. Ce travail entraine après lui des dé-
penses de raccords en peinture, et l'ennui
de recommencer souvent quelques jours
après.
C'est à éviter des inconvéniens qui sont
de continuelles dépenses, que les Cré-
mones-Françaises sont destiiiées, en rem-
plaçant le système vicieux des espaguolet-
79
tes cl des verroux en feuillures et à placards.
Un travail raisonné a mis l'inventeur des
crémones, M. rtR.vGts, serrurier-mécani-
cien, rue St-tieorges, n. 'il, h même de ré-
soudre le prohèlme allaché à toute inven-
tion ou perfection nouvelles, c'est-à-dire de
pouvoir offrir, à prix moins élevé que ne
coûte aujourd'hui le système de ferrures-
fermetures des portes et croisées, celui des
Crémones-Françaises, bien que d'une exé-
cution plus soignée. La supériorité du systè-
me des ferrures-fermetures des Crémones
est déjà, à sa naissance, reconnue réelle et
préférable à tout ce qui a été fait jusqu'ici,
n'en jugeât-on que par l'application qui
vient d'en être ordonnée par M. le Directeur
des Travaux publics au Conservatoire di-s
Arts et métiers (croisées neuves des gran-
des gah'ries), sur le rapport et sous les or-
dres de M. Alavoine, architecte du gouver-
nement.
MODÈLE -ler.
Crémone-Françaisemn^\Q , à lige appa-
rente et demi-ronde, avec conduits et bou-
tons pour croisée et placard, de six pieds et
au-dessous, toute posée lO fr.
Pour chaque j)ied de tige en plus.. 50 c.
MODÈLE —2.
Crémone- Française apparente , avec le»
vier à console sur modillon en cuivre, forme
simple, poignée torse, de six pieds de long
et au-dessous, prix 52 fr. 50
La même, avec pannetons à la
tige, pour volets 35
Pour chaque pied de lige en sus,
avec ou sans pannetons \ 25
Les Crémones -Françaises varient de
prix selon le métal choisi pour les éta-
blir ; le fer doux et travaillé à la lime, pour
celles de plus de six pieds; la fonte douce,
pour celles de petites dimensions; les cui-
vres, pour gâches et coulisseaux, de préfé-
rence au fer, seront toujours employés uti-
lement, écoi'omiquement et avec succès.
Le brunissage cl le poli, pour le fer des
liges, devra aussi être préféré au vernis
noir, qui encrasse les conduits, et arrête le
jeu des liges en disparaissant.
Enfin ce nouveau système de ferrures-
fermetures, sous le nom de Crémones-Fran-
çaises, pour croisées, persiennes, volets,
jjortes et placards, à un ou deux ventaux,
offre l'avantage, quelle que soit la hauteur de
la porte, croisée, etc., auxquels on fera l'ap-
plication, de pouvoir placer le mécanisme-
moteur de la Crémone, à tel endroit qu'on
voudra, sans craindre d'affamer les bois, e'
de façon à en faire un des principaux orne
meus de l'appartement.
80
n
U
^
B '
i^»^
\auhv.r^
KODÎaE— 2.
MODbLE — i.
$1
=4
REPEnTOlEE
DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTCRC.
— ALCOOLS.
Toutes les liqueurs fermenlées donnent ,
par la distillation , un liquide spiritueux qui
porte le nom d'alceol, esprit de vin ou eau-
de-vie. Ce liquide a des propriétés qui sont
constamment les mêmes ; mais il en présente
en outre quelques-unes de particulières,
selon l'espèce de liqueur ferraentée d'où on
l'a retiré, et qui aident à connaître son ori-
gine. C'est ainsi, par exemple, que l'eau-de-
vie de mélasse ou rhum , celle de cerises
noires ou kirsch-wasser , celle de grains , se 1
distinguent de l'eau-de-vie de vin. !
L'alcool pur ne diffère de l'eau-dc-vic que
par la quantité d'eau que celle-ci renferme; ;
cependant on trouve une très-gratide diffé- j
rence de saveur entre un mélange d'alcool j
et d'eau et de l'eau-de-vie au même degré 1
de force. L'alcool pur est incolore , d'une ^
saveur forte et brûlante, d'une odeur agréa- j
hle. îl brùleavec lo plus grande facilité quand
on approche une lumière , et pourrait don-
ner lieu à des accidens graves si on le trans-
vasait en grande quantité près d'une chan-
delle allumée. Sa namnie ne bisse pas dé-
poser le noir de fumée , comme le font j
d'autres substances très-combustibles. Son }
poids, en rapport avec celui de l'eau, est [
comme 791 : JGOO. |
L'alcool bout à uiîe température d'autant ;
moins élevée qu'il est plus pur; celui qu'on
appelle alcool absolu ( parce qu'il est sup-
posé ne pas renfermer d'eau ) bout à 78»,
tandis quele point d'ébullitioti de l'eau est à
100" du thermomètre centigrade. Si on fait
chauffer un mélange d'eau et d'alcool , il se
séparera d'abord une portion de celui-ci ,
mêlée d'une petite quantité d'eau ; à mesu-
re que l'on avancera, la proportion de l'eau
deviendra plus grande, par conséquent
l'alcool s'affaiblira, de sorte que les derniè-
res portions seront à peine alcooliques. C'est
sur ce principe que l'art de la distillation
est fondé.
Si on place un mélange d'aicool et d'eau
dans un vase dont on ferme l'o'jverture avec
un morceau de vessie, on trouve, après
quelque temps , que la liqueur a acquis de
la foTe, parce que l'eau se réduisant en va-
peur, traverse plus facilement la vessie que
l'alcool.
Il n'est pas nécessaire que des liqueurs
fermentées soient potables, pour qu'on puisse
en exiraire l'alcool. Ce liquide, à ses divers
degrés de force , est employé soit comme
boisson, soit pour la préparation d'un grand
nombre de substances utiles dans les arts
ou médicamciis ; on en fait surtout une
grande consommation pour les vernis.
Quoique l'usage trop fréquent des liqueurs
alcooliques présente de graves inconvéniens
pour la santé, il ne résulte néanmoins pas
d'accidens inunédiats de leur emploi, tandis
que l'alcool concentré pourrait en produire
et donner la mort, si on en avalait souvent
ou une quantité assez considérable. Cet effet
est dû à la facilité avec laquelle il s'empare
de l'eau ; dans ce cas, il agit sur les tissus
animaux, et les racornit.
Quand lalcool est abandonné dans l'air,
il en attire l'humidité et perd plus ou moins
de sa force ; il en résulte un effet semblable,
si on le mêle avec de l'eau ; mais il offre ce
phénomène singulier , que le mélange oc-
cupe plus ou moins de volume que les deux
liqueurs réunies, selon sa proportion, et que
sa densité varie aussi.
La force des liqueurs alcooliques déter-
minant leur valeur. Pour la connaître d'une
manière précise , on se sert d'instrumens
appelés aréomètres, mais qui, pour cet
usage particulier , sont habituellement dési-
gnés sous le nom d'alcoomètres.
— CHALEQB.
Un Anglais , M. Rulter de Lymington , a
obtenu un brevet d'invention pour le procé-
dé qu'il vient de découvrir pour produire
la chaleur. Ce qu'il y a de remarquable, c'est
que l'eau est le principal agent de ce com-
bustible. Il suffit d'ajouter un liquide , tel
que le goudron, l'huile de baleine, et géné-
ralement tout corps contenant une grande
proportion de carbone. Ces substances, in-
8S
Iroduitcs simuUanémcnl dans un fourneau,
se décomposent ; l'une fournit le carbone et
l'autre, rhjclrogcne ; il est nécessaire, en
outre, que l'état de combustion soit maiti-
tcnu au moyen d'une petite quantité d'air
almosphérique. Ce que ce procodé offre
d'avantageux, c'est l'absence de toute fumée,
vl par conséquent de l'odeur, qui se fait
sentir près des él.dilissenicns où tout autre
combustible est employé.
— COULECRS.
Dans la nature, il n'existe réellement que
trois couleurs simples : le jaune, le rouge et
le bleu. Ccpendint la lumière offre, par sa
décomposition, sept rayons, dont lescouleurs
sont au nombre de 7 : violet — indigo — bleu
— vert — ^jauiie — orange — rouge. Toutes les
autres couleurs ne sont que des combinai-
sons de ces dernières. Le blanc est la ré-
flexion de la lumière qui n'est pas absorbée;
le noir est au contraire l'absorption des
couleurs qui ne sont pns rclléchies. Sous le
rapport de leur intensité, les couleurs se
classent ainsi : rouge, orange, jaune, verl,
bleu, indigo, violet; c'est-à-dire qu'un corps
rouge, par exemple, se voit à une plus
grande dislance que le jaune, etc.
Lescouleurs se d'gradent à mesuvc qu'on
s'éloigne de l'objet qui les réflccliit : un
corps de couleur rouge, vu de très-loin,
peut sembler noir. Elles varient quand les
corps cbangent d état, ou qu'ils se combinent
avec d'autres substances : de l'acier trempé
et poli prend la couleur jaune, bleue, etc. ,
selon le degré de chaleur qu'on lui donne.
Le cuivre rouge , allié avec du zing (couleur
blanche), prend une couleur jaune (le lai-
ton) ; les acides rougissent la couleur du
tournesol. En général, les oxydes ont la
propriété de ramener au bleu la couleur qui
a été rougie par un aciilc.
Les matières colorantes , dont on fait
usage en peinture et en teinture, se trouvent
dans les trois règnes de la nature. Le règne
minéral fournit le plus grand nombre des
couleurs employées dans la peinture; celles
du règne végétal sont plus souvent mises en
usage par les teinturiers.
Le blanc provient des oxydes de plomb
et de zing, ainsi que des différentes espèces
de craies , dont la plus ordinaire est celle
du Bougiral, dite blanc d'Espagne ; le blat.c
decéruse est un oxyde de plomb. Pour les
jaunes on emploie principaleiuent des ocres,
matières terreuses, colorées par loxyde de
fer, que l'oM trouve abondamment en Hour-
gogue. On lire aussi du jaune du safran de
la fleur de carthame ou safran bàlard , du
curcuma ou souchet des Indes, dont la ra-
cine en poudre produit une belle couleur,
et enfin de la gaude, plante qui, dans son
entier, donne une couleur jaune lorsqu'elle
est desséchée , et dont on fai.t un grand em-
ploi en teinture.
Les rouges sont produits aussi par des
ocres ou terres combinées avec le fer dans
un élal plus avancé d'oxydation ; quelques-
uns portent les noms de rouge de Prusse et
de rouge d'Angielcrre. Les oxydes de plomb
et de mercure donnent aussi des rouges très-
beaux, que l'on emploie sous les noms de
minium et de cinabre ou vermillon. La co-
chenille fournit aussi un très-beau rouge qui
sert à la composition du carmin et de la
coque. Le règne végétal fournit abondam-
ment des rouges tirés de la garance, du car-
thame et du bois de Brésil.
Les biens minéraux sont tirés du fer, sous
le nom de bleu de Prusse ; du cuivre, sous le
nom de cendre bleue; du cobalt et de lapis
lazuli (pierre lazulite), ordinairement nommé
outre mer. Enfin, l'indigo et le pastel four-
nissent du bleu dont on fait un grand usage
principalement d ins la teinture.
Les noirs ne se trouvent pas dans la na-
ture ; on les fabrique, et le Feul qui appar-
tienne au règne minéral est composé avec le
résidu des opérations du bleu de Prusse. On
fait de beaux noirs avec de l'ivoire et des
os brûlés. Les noirs plus communs se font
avec des charbons de sarment de vigne, d'é-
corce de liège, de noj'aux de pêche; mais
celui dont on fait le p4us d'usage , se vend
sous le nom de noir de fumée et de noir
d'Allemagne. Il est le produit de la volalili-
salion d'une malière résineuse , brûlée dans
des cheminées ou dans des chambres fiiles
exprès et garnies de toiles sur lesquelles le
noir de fumée s'arrête et est facilement re-
cueilli.
Toutes ces matières colorantes sont ordi-
nairement mises en poudre et porphyrisées,
c'est-à-dire broyées sur une table de por-
phyre ou autre pierre dure , avec une mo-
lette de même matière. Lorsque les couleurs
ont été mises en pà'e avec de l'eau, et
broyées avec plus ou moins de soin, suivant
l'usage auquel on les destine , elles sont mi-
ses en petit tas de la forme d'un cône nom-
mé trochisque. Pour faire des couleurs à
l'huile, on les reprend après leur parfaite des-
sication pour les broyer de nouveau avec ce
liquide, et on les conserve alors dans des
vases vernissés , ou bien on les enveloppe
dans des morceaux de vessie. Ces petits
[K^quels portent le tiom de noucts.
Les couleurs pour la miniature sont cgiilc-
ment reprises et broyées de nouveau avec
de la gomme; celle opi-ralion se l'ail sur
une g'.icc , avec une niolclio de même ma-
tière. Il y a des couleurs qu'il est sidifiicilo
de bien préparer, que quelques peintres les
broient eux-mêmes.
— BALriNE fpèohe de la).
La grande extension donnée à la pêche de
ce cétacé, nous engage à publier quelques
détails sur celte pêche et sur les bâ-limcns
qui sont destinés à celle exploitation.
Un navire baleinier, outre les objets d'ar-
mement qui, de même qu'à bord des autres
batimens, doivent lui assurer les moyens de
tenir longtemps la mer, se munit de ce qu'on
appelle un appareil de pêche, et qui se com-
pose principalement des objets suivans :
10 des harpons et lances pour piquer et tuer
le poisson ; des ligues et cables destinées à
amener les pirogues sur la baleine et à l'as-
sujélir le long du bord pour la dépecer ;
2° des instrumens qui servent à enlever le
gras de la baleine ; S» des pirogues avec les-
quelles on chasse les baleines ; 4» des four-
neaux et des chaudières dans lesquelles on
convertit en huile le gras du poisson ; 5" des
pièces ou fùls destinés à j:ecevoir l'huile
tondue, et à être arrimés dans la cale.
Les pirogues baleinières sont des embar-
cations longues , légères , terminées ' en
pointe aux deux extrémités , et réunissant
toutes les conditions nécessaires pour mar-
cher le plus possible à î'aviron, et se ma-
nœuvrer avec la plus grande facilité. Chaque
baleinier porte 1j nombre de pirogues pro-
portionné à son toimage et à la torce méca-
nique de son équipage ; elles sont placées
sur le pont et sur les côtés. Chaque pirogue
est ordinairement armée de six hommes ,
dont un la gouverne avec l'aviron , c'est le
chef de pirogue ; un autre se place sur l'a-
vant, c'est le harponneur; les autres sont
employés à ramer.
Ordinairement, le nombre de ces chalou-
pes est de six à sept, et chacune est nmnie
de sept pièce-s de corde appelées ligues, de
600 pieds chaque, de 3 harpoîis et de 6
lances.
Le harpon est destiné , non à tuer la ba-
leine , mais à pénétrer dans son corps, et à
y demeurer fixé au moyen de son fer barbe-
lé, de manière à empêcher le poisson d'é-
chapper. Cet instruînenl est en fer très-
n;alléable de 3 pieds de longueur et épais
d'un doigt; il est terminé par une pointe
triangulaire de la forme du piquant d'une
8S
flèche. Un long manche en bois , sur lequel
on amarre la ligue qui cf)t cueillie dans l'em-
barcalion , serl à donner au harpotmeur la
facililé néccss.iiic pour huiccr le trait.
La lance, qui sert à tuer la baleine, est
un instrumciil de 1er, revêtu à son extrémi-
té d'un fer semblable à un écu de six francs
qui serait aiguisé sur les bords. Cette extré-
mité de la lance fait corps avec la lance elle-
même, au bout de laquelle on adapte aussi
un long manche en bois. Elles ont jusqu'à
15 pieds de longueur , dont 5 de fer.
Les navires baleiniers des mers du nord
ont de 105 à 120 pieds de long, ôO de large
et 12 de profondeur. Ils sont doublés d'un
bordage de chêne assez fort pour résister au
choc des glaces. L'équipage se compose de
40 hommes, 50 quelquefois.
Dans les mers du sud , le personnel et le
matériel sont moins considérables ;*24 hom-
mes d'équipage et j pirogues peuvent y suf-
fire. Les navires pouvant y rester des mois
entiers à l'ancre, les graisses sont fondues à
bord, tandis que dans l'Océan on rapporte
au port d'armement la graisse de l'animal ,
ou la fonte en est opérée pour en extraire
l'huile. Un navire de 400 tonneaux ne peut
pas contenir plus de 240,000 kilogr. de
graisse; par la fonte et par l'épuration, on
éprouve un déchet du tiers environ de son
poids brut.
Les procédés de la pêche différant très-peu
dans les mers où elle a lieu , il nous suffira
d'indiquer brièvement la manière dont elle
s'opère le plus conmiunément.
Dès que la baleine est aperçue, plusieurs
canots sont aussitôt mis à la mer. L'un d'eux
rame directement vers l'animal , et quand il
est assez approché, le harponneur lance son
harpon avec force, tâchar/. de frapper le
poisson à l'oreille, sur le dos, ou dans quel-
que partie vitale. Dès qu'il se sent blessé, il
plonge et fuit ordinairement avec une gran-
de rapidité ; sa vitesse est de onze mètres
environ par seconde. A mesure que la ba-
leine s'enfonce et s'éloigne , on laisse aller
la ligue à laquelle le harpon est attaché, ayant
bien attention que la corde se déroule et
glisse facilement , car si la ligue éprouvait
le moindre arrêt, pêcheurs et embarcation,
tout disparaîtrait à l'instant. Le frotlement
de la ligue le long du bord est si rapide, que
pour empêcher le bois de prendre feu, on
est obligé de le mouiller sans cesse.
Une baleine harponnée demeure sous l'eau
plus ou moins de temps, ordinairement une
demi-heure ; puis le besoin de respirer la
ramène à la surface, etsouvent fort loin de
l'ciiUroit où elle a été alleiute. A sa réapa-
84
rution, on se hâte de lui lancer un nouveau
harpon, quelquefois deux, et l'on attend
qu'elle reparaisse encore. Pendant cet in-
tervalle, les canots se disposent à l'attaquer,
et sitôt qu'elle se montre , ils l'assaillent à
coups de lance. Quand, à force de perdre du
sang, elle se trouve épuisée et vaincue, elle
se tourne sur le dos ou sur le côté, frappe
la mer à petits coups précipités de ses deux
nageoires latérales, dont le mouvement dure
peu, et expire.
Dès que l'animal est mort, les canots le
remorquent jusqu'au bâtiment et l'amarrent
fortement à l'un do ses flancs. Les marins
chargés du dépècement, s'habillent de vcte-
mens de cuir, et garnissent leurs bottes de
crampons de fer, pour pouvoir se Icnir'ferme
sur la peaa de la baleine, qui n'est ni moins
unie, ni moins glissante que celle de l'an-
guille. Munis de couteaux de bon acier,
nommés Iraiiclians , dont la lame a 2 pieds
et le manche G de long, ils commencent leur
besogne par le derriènc de la lêle du
cétacé. I.a première pièce de lird qu'ils
coupent est levée dans toute la longueur du
corps du poisson ; toutes les autres se cou-
pent en tranches parallèles d'un pied et demi
de large, toujours de la télé à la queue. On
partage ces dilPérentes tranches en morceaux
pesant environ un millier, qu'on tire sur le
pont et que l''o.i place dan-s la cale. Quand
tout le lard est enlevé, on dépouille la lêle,
et particulièrement la langue qui, à elle
seule , fournit quelquefois six tonneaux
d'huile; la lèvre inférieure, une des parties j
les plus chargées de graisse , rend quelque-
fois jusqu'à t;,()()0 Lilogr. d'huile. Quand le
dépècement est terminé, la carcasse de l'a-
nimal et les immenses lambeaux de chair
qui y restent attachés, sont poussés à la mer.
On s'occupe ensuite à bord de débarrasser le
lard de la couenne qui le couvre ; on le di-
vise en morceaux de onze pouces carrés, et
on les encaquc dans les loiines.
L'huile de baleine sert, comme on le sait,
à toutes sortes d'usages , à l'éclairage, à la
préparation des cuirs, à la fabrication du
savon, à l'apprêt des étoffes, etc.
Les Anglais font une spéculation princi-
pale de la pèche de la baleine, dont les pro-
duits annuels sont do 40 millions. En l"r;;iice,
elle conimencc à preiidro un cert;iin déve-
loppement qui promet de grands avantages
pour le pays.
Une loi du mois d'avril 1832 a maintenu,
sauf quelques modifications, le système de
primes antérieurement établi en faveur des
armateurs et marins français qui se consa-
crent à la pêche de la baleine.
— RÉSINE.
Des renscignemens statistiques exacts
prouvent que l'Europe n'a pas besoin de
l'Amérique pour les plus fortes consomma-
tions de résine. Cependant, on suppose que
Paris, quinze grandes villes de France et les
principales villes de Belgique soient éclairées
par cette substance, il faudrait alors une
consommation de Ô4 à 35 millions de kilog.
La résine s'obtient par une incision ou
saignée faite dans le pin. C'est aujourd'hui
la branche d'industrie exploitée seulement
dans les Pyrénées - Orientales et dans les
Landes. On se borne , dans ces deux dépar-
temens à soigner annuellement sept à huit
arbres sur cent, et si l'on triplait la sai-
gnée, ce qui peut se faire sans inconvénient,
on obtiendrait dans ces seules localités 14
millions de kil. La plupart des départemens
du midi et de l'est de la France sont couverts
depin^, les Pyrénées, les Alpes, les 'Vosges,
qui produiraient le décuple de cette quan-
tilé. 11 faut comprendre encore Alger et la
Corse , comme produisant abondamment la
résine.
L'Espagne et l'Italie sont abondantes
en arbres résineux. L'Allemagne cl la Russie
en- produisent abondanunent.
Voici quelques renscignemens recueillis
tout récenunent sur l'arrondissement de Uax
seulement (département des Landes). II
s'agit de la récolte de 1854.
On saigne les pins depuis la lin de février
jusqu'à la (in de novembre. Voici les pro-
duits :
7 à 8,000 barriques de goudron; 100,000
pains de résine de 80 kil.; 10,000 de brai
sec; 400 de poix noire, et 700 barriques d'es-
sence de térébenthine.
On extrait encore des pains de la térében-
thine purifiée, et enfin du galipot. Ces deux
articles se sant élevés, pour 1834, à 500,000
kil. Nous avons extrait ces détails des meil-
leures sources statistiques du midi de la
France. Il en résulte, pour un seul arron-
dissement, un total (le M à 12 millions île
kil. de matières propres à fournir le gaz.
Il ne faudrait donc pas même sortir de
France pour alimenter un éclairage, quelque
général qu'on le suppose.
I
AUX PERES DE FAMILLE ET AUX UVSTiTUÏEURS.
Polytechnographici
Modèles brevetés d'écriture cursive et de dessin. — Leçons sirnaltanées sur la religion et la morale, l'histoire,
la rjéograjihic universelle, la littérature, les sciences, les arts et le commerce. — Exercices manuels, mnémo-
niques et intellectuels d' Orthographe, de Calligraphie, de Dessin, de Style et de Composition écrite, soumis
à ta révision et à l'approbation de plusieurs membres du Comeil de l'instruclionpublique et de l'Institut de
Fmnce.
L'art de bien écrire nVsl plus comme aiilrcfois le
partage exclusif d'un petit noml)ro de personnes chez
lesquelles les plus pures traditions de la calli^raphio
semblaient s'iHre réfugiées. Le n'est plus un talent de
luxe, dont l'étude était touiours assez complète, parce
que les esprits étroits et à petite portée visaient seuls,
disaii-onj à la perfection en ce genre. Aujourd'hui une
bi'lieécrUure, dégagée, dans la tti»'orie, de ces défini-
lions étranges de coulée, de bâtarde, de gothique el de
ronde; dans k pratique, de ces tours de force de la
plume qui, pour la niôinc lettre devaient emprunter
cinq ou six formes contradictoires , est une nécessité
aussi bien comprise que bien appréciée; c'^stunedes
l«ses sur lesquelles doit reposer toute éducatii^n pro-
ductive ; c'est un germe fécond semé dans l'enfance et
dont l'dge mûr recueillera les fruits.
Combien d'hommes, en effet, dans la carrière admi-
nistrative, n'ont pas eu de plus [uissante protection
que iei^r écriture élégante ou correcte ; combien d'au-
tres, au contraire,'ont eu le regret de rencontrer tou-
jours devant eux, comme un obstacle insurmontable,
leur écriture disgracieuse , illisible, véritable cliaosde
lettres informes sur lesquelles les yeux et l'esprit s'ar-
rôtcnl fatigués ! F.l d'ailleurs, la réputation, l'honneur,
la fortune et l'avenir d'une famille n'ont-ils pas sou-
vent été mis en jeu sur un mot mal écrit, sur une
LETTUB mal formée, et cela, parce que ce mot, cette
lettre, altéraient le sens d'une phrase, ou qu'ils tom-
baient sous l'analyse de la mauvaise foi ?
Il est vrai que" jusqu'à ce jour les élémens de la
calligraphie ont été présentés sous les formes les plus
arides et les plus confuses ; arides, puisque l'esprit et
l'intelligence ne sont pas intéresses dans l'imitation
matérielle des lignes droites ou courbrs qu'on a sous
les yeux; confuses, puisque la divergence dfs métho-
des et la multiplicité des bizarres variations que subis-
sent les lettres, ne permettent pas de distinguer le type
invariabied'une écriture belle etsimple. Qu'arrive-t-il
à l'élève placé devant ces modèles entourés de gu'r-
landes et surchargés de traits à la plume? Il perd d'a-
bord un temps considérable dans la repiodiiction
burlesque d'ornemens prétentieux et insignilians ;
puis, comme il apprend à la première vue les mots
sans but et sans liaison alignés sur ces exemples, que
les adverbes enrichissent ordinairement de leur mo-
notone terminaison, il écrit de souvenir les mots qu'il
ne regarde même plus; de In, imperfection de lettres,
orthographe tronquée etdéfigurée, pertede temps pour
lui, d'argent pour sa famille .'
Il est temps enfin de vivifier etd'animei- la nomen-
clature froide et décolorée des lettres, d'exciter la cu-
riosité de l'élève, de lui donner le désir d'apprendre ;
quand il aura pris ce désir pour but, il oubliera, pour
l'atteindre, la longueur et les fatigues de la route.
Le moyen est simple: il consiste à faire passer succes-
sivement sous ses yeux une série de uiodeles d'écriture
présentant, dans un cadre uniforme, l'ensemble de
toutes les connaissances humaines.
Ces modèles, dus à l'alliance du dessin el de la cal-
ligraphie, sont ornés de vignettes placées en regard du
texte explicatif, dont la rédaction simple, claire et
concise, estdégagéc de toutes lessuperfiuilésdu langage.
Les vignettes sont empruntées à l'organisation du
monde physique, aux connaissances géograpliiqiies,
aux sciences naturelles, à l'histoire, au génie des in-
ventions. Ici, c'est la description fidèle d'un bateau à
vapeurjlà, c'est le portrait d'un homme célèbre, un
grand acte historique: par suite une grande leçon : Sur
ce modèlp, c'est une plante utile avec ses translorma-
tions ; sur cet autre, c'est le roi des forêts ou le roi
des airs. Tantôt l'/est l'œuvre de la nature, une de
ces sublimes merveilles qui, en prouvant l'existenee
d'un Dieu tout-puissant, élèvent notre ame et. 'igran-
dissent le domaine de la pensée ,• tantôt c'est nnt» œu-
vre des hommes, œuvre de persévérance et de travail.
Devant lui se déroulent, comme un immensf pano-
rama, des objets de tous choix : choses modenus, an
ciennes, animées, inanimées, civilisées, sauvages, ap-
parienantà la terre, à la mer, au ciel, A tous les temps,
a tous les pays, formant autant do tableaux disiinets
et séparés. La curiosité naturelle à l'élève lui fait lire
l'explication de la vignette; le texte qu'il copie est
précisément un modèle d'écriture; mais il voit autre
chose que des jambages, que des traits de plumes ; il
anime l'action mécanique de la main, de tout l'intérêt
que lui offre le fait nouveau qui se présente.! lui, et
voilà pourquoi il reproduit son modèle avec fidélité;
son attention a été soutenue par le plaisir d'«pprendre,
et il a obtenu plusieurs avantages d'une seule étude;
il s'est perfectionne dans r.ïrt d'écrire, familiarisé avec
la pratique (lu dessin, avec l'orthographe usuelle, enfin
formé le style en même temps qu'il a acquis la con-
naissance d'un fait jusqu'alors inconnu pour lui. L'é-
criture, tant est vif et puissant l'allrait d'un semblable
enseignement, u'auraélé pour lui que le point d'ap-
pui, auquel l'intelligence aura, comme un levier, em-
prunté sa force d'action.
Qu'on lui demande, plusieurs jours après qu'il a
copié un modèle, une rédaction écrite sur le sujet
traité, il la fera d'un seul jet, sans hésitation, met-
tant dans son récit de l'ordre, de la clarté, de la préci-
sion : cette même rédaction, qu'on 'a demande à un
autre, les- faits relatés seront nécessairement les mê-
mes, mais l'expression sera différente, car chacun des
élèves exercés par cette méthode, a son style, sa ma-
nière qui lui est propre.
On le voit, à l'aide de ces modèles, un temps précieux
qui jusqu'ici a'été entièremeiit perdu, sera employé
d'une manière fiuctueuse : cette heure d'écriture, tant
redoutéede l'enfance, paire qu'elle lui paraissait es-
cortée d'ennui et de dégoût, devient pour l'élève une
heure déplaisir etde travail utile. Il acquiertde bonne
heure, pour la conserver toujours, une écriture sim-
ple, élégante, rapide, invariable dans ses formes et
qui lui donnera siircnieiit un jour les moyens d'amélio-
rer son sort. Il puise dans la lecture et dans la copie
des modèles une instruction variée, amusante, solide,
qui l'inilieà toutes les grandes choses des siècles pas-
sés, à toutes les idées saines de son siècle ; qui le met
à même de ne pas rester entièrement étranger aux
conversaliohs des hommes écLirés, aux entreliens de
la famille. Par les exercices fréquemment répétés de
l'interrogation, il prend l'habitude df se rendre compte
de ses idées, de les exprimer facilement devant les
autres, et de les revêtir de formes convenables dans
les rédactions également écrites. Enfin, cette instruc-
tion, si bien faite pour lui, si leronde dans ses résultats,
lui donne la conscience c'e ses forces, lescerei de tou-
tes les ressources de son intelligence, élève ses pensées
et impiime àses penchans une heureuse direction.
Telle estl'efficacité rer;)nnue de cet ingénieux mode
d'enseign»nienl, que ni l'âge, ni l'habitude, ni la main
la plus rebelle, n'ont pu lui résister encore ; que toute
mèriï peut, au sein de sa famille, le mettre seule en
appliciition, et n'a besoin pour réussir que de zèle et
de patience.
Ce (juia manqué jusqu'à ce jour aux familles, c'est
un bon ouvrage; à l'aide de celui-ci, elles vont pou-
voir lornier et diriger tout à la fois la main, l'esprit el
le cœur de leur enfant, t'our cela, elles n'ont qu'à se
pénétrer de nos instructions, et, enpeude temps, leur
enfant aura acquis une écriture élégante el facile, —
contracte l'habituderie résumer et d'anal\ser, puisque
la série dit questions auxquelles il sera soumis à la suite
de l'exercice calligraphique, le forcera toujours à ren-
dre comptedu fait matériel eldu sentiment moral qui
l'auront frappé. L'usage d'une rédaction facile lui de-
viendra faïuiiier, parcequesa plume n'aura pas tracé
de lettres .1 l'aventure, — parce que ses lèvres n'auront
pas pflleurc les mots pour les livrer au vent,,mais parce
que, au contraire, il se sera enrichi de maté'riaux choi-
sis avec s,. in, classés avec ordre, et sur lesquels se se-
ront arrêtés sans contrainte et sans ennui, ensemble
et iour-3-tour, ses mains, ses yeux, sa mémoire et son
intelligence.
Parmi les différens genres qui partagent les calli-
graphes, nous avons fait choix de l'écriture anglaise
cursive, simple, rapide, gracieuse, quoique dépourvue
d'ornemep":; cette écriture donne à la main une seule
direction, — ne lui imprime qu'un mouvement uni-
forme,— repousse toutes les règles équivoques de la
roulée et (le la bâtarde, — n'oblige pas à tourner la
plume pour obtenir de- liaisons, — à la changer pour
proiluire divei ses grosseurs de caractère; — eiie est.
en un mol, soumise à des règles fixes et invariables,
qui repoussent toute forme, toute diîlancc, toute di-
mension arbitraires.
Ce genre, adopié exclusivement en Angleterre et
en Hollande, a rei'idu pour ainsi dire l'écriliire katio-
."«ALE par son élégante uniformité. L'exclusion de toute
plume, autre que les plumas métalliques di> M. Gulh-
bert, a aussi, il est vrai, puissamment contribué à ob-
tenir ce résultai.
L'élève, une fois initié aux principes de celle écri-
ture Tvoir le i'^>- modèle, !■■'■ sari'"), ropiera chaque
jour correclement un modèle et lira à liauie voix sa
copie, qu'il racontera ensuite avec toute l'exaclilude
dont il sera capable. — On exigera de lui qu'il parle
avec assurance, — que sa narration soit claire, précise,
elqu'il évite ces répétitions incessantes qui témoignent
toujours rfil peu d'atteniion de l'élève ou d'un défaut
d'ordre et de neltelé dans ses idées. — C'est après celte
narration que commence de la part du maître la série
de questions dont le spécimen ci-joint ofl"re un couri
I exemple, car elles peuvent nécessairement se mulli-
î plier encore à l'inrini.— Leur limite est le plus ou moins
; d'âge et d'aplilude de l'élève ; mais ce dont il importe
I de se bien pénétrer, c'est, dans la solution de ces ques
lions diverses, de l'aire di-pariiitre son savoir, si on en
aj de laisser l'enfant entièrement livré à ses seules ins-
pirations;— de se contenter d'appeler son attention sur
le fait ; de le lui présenter sous diverses formes, mais
de nejamaissc substituer à lui, et de lui faire croire
que son intelligence avait besoin d'aide, qiiaml au con-
traire avec de l'attention, quelque peu de réflexion,
il aurait pu répomlre d'une manière satisfaisante.
L'interrogatoire terminé, on remet à l'élève unC
feuille de papier, sur laquelle il fait la rédaction éirile
I du sujet qu'il a lu, copié, raconté et exploré en tous
sens. La nature même des questions qui lui aurontélé
[ faites lui permettra de donner à sa cd.npLisition beau-
coup do développement, de la rendre, pour ainsi dire,
originale.
On peut, du reste, chaque jour se convaincre de
celte vérité dans l'institution de M. Morin et chez
Mme Bachelley, rue Louis-le-Grand, 29 et S3, oii 300
élèves passent mensuellement en revue une série de
faits dont l'ensemble se trouve résumé dans la classi-
fication suivante, adoptée pour les modèles que nous
publions.
Les journaux rendront compte prochainement des
résultats extraordinaires obtenus également en peu
de temps par les divers établissement d'instruclion qui
ont adopié ce mode si simple et si rationnel a'ensei-
gneraent.
Série 1 . — Principes d'écriture et de dessin.
Dessin linéaire. Figure.
Perspective. Paysage.
Série 2. — Sciences.
Histoire naturelle. Géologie.
Mineralo^iie. Aslrouoinio.
Botanique. Pliysi;|ue.
Zoologie. Chimie.
Analomie. (;eo;iiélrie.
Physiologie. Mécanique céleste.
Série 3. —Arl-i miles.
Agriculture. Métallurgie.
Ans et métiers. (îommeice.
Manufactures. Caïupi.ibilii.é.
Industrie agricole. Tenue de livres.
Série 4. — A>7y d'aijréinent.
Musique. Kscriine.
Inslrumens desdiv. peu- Equilalion.
pies.
Danse.
Natation.
Série. 5. — B eaux-Arts.
Architecture ancienne et Peinture.
moderne, civile et mi- Gravure.
iitaire. Lithographie.
Sculpture.
Série C. — Histoire.
Grands actes historiques. Archéolgie.
Grands hommes de tous Monnaies anciennes et
les pays. modernes.
Ordres religieux, civils et Mytholome.
séculiers. Cei éiiioMies religieuses des
Chevalerie. anciens.
Costumes à diverses épo- Blason, couronne et pa-
ques. Villon.
Gymnastique.
Connaissances apré.ibic.s.
I Série 7. — Armées de terre et de mer.
Costumes militaires. Gréement d'un vaisseau.
I Armes diverses. Fortilications.
Machines de guerre. Tactique.
Série S. — Géographie.
Statistique générale. Défini lion des termes géo-
Mœurs et usages de cer- graphiques.
tains hanilans du globe. Description des monumons
Caries. et des villes.
Série 9. — Foyages.
Merveilles de la nature. Productions.
Curiositér; naturelles. Merveilles de l'art.
Plantesspéciales à chaque Exploitation des mines,
pays.
Série 10. — Sciencesmorales.
Salles d'a&ile.
Religion et morale.
Devoirs des divers étals.
Etablissemens mile.?.
Actes d'humanité.
Cai.sses d'épargnes.
Ho'pices, leurs fondateurs.
Prisons, bagnes.
Esclavage.
Traite des noirs.
Le cours annuel se compose:
De cinquante-deux triples modèles d'écriture et de
dessin ti aces par les premiers maîtres , et contenant
cent fois la matière des cahiers ordinaires d'écriture;
De soixante-quinze vignettes marginales gravées sur
acier par les premiers artistes de Paris et de Londres;
l'^t d'un questionnaire à l'usage des parens et des
maîtres, et à l'aide duquel chacun pourra faire répéter
avec fruit, dans la famille, les leçons de l'école et y
suppléer au besoin.
Prix de la Souscription aux cinquante-deux modèles
de l'année : 20 francs. — 6 fr. 50 cent, par trimestre.
On souscrit chez A. Desrez, libraire-éditeur, rue
Saint-Georges , n. u , à Paris , et chez M. Cullibert ,
rue Croix-des-Petits-Champs, n. 25.
13 modèles sont en vente, formant le premier tri-
mestre de I année.
Pour éviter le froissement du transport par lapoMe.
les familles qui (iésireraient souscrire sont invitées a
s'adresser de préférence aux libraires des villes qui
ont l'occasion de faire venir les livraisons par ballots.
Des dépôts sont déjà établis-
A CiiAULEviLLE, clicz MM. LluDjer et Bonalel, li-
braires.
A LvoN, rue de la Prérecture, n. 5, chez AL Henri de
Payait.
A Rouen, quai du Havre, n. , chez M. Girard.
A Besançon, rue Neuve, n. 20, chez M. Lacroix.
A Avignon, place du Change, chez M. Campaii,
.\ BonoEAUX. rue Gouvion, chez M.Duprat.
A BonuGEs, chez M. fioyer.
A Metz, rue Fournirue, chez M. Brenon.
A Blois, chez M. Jrnautl.
A CiiAHTUEs, cloître Notre-Dame, chez M. Figneron.
A Aix, chez M. -lubin.
A Amiens, chez M"" V^- Darras.
A Mf.tz, chez M""' V'- Dcvilly.
A AiJXONNE, chez M. Saunié.
A NA.vrEs, chez M. Suircau.
A Angeus, chez M. Launuy Gaynot.
A Nancy, chez M""- V'^ liiners.
A MonTAGNE, place Notre-Dame, chez M. Longln.
Au Havue, cliez m. Lenormnnd de l'Osier.
A PËiti'i(;i\AN, chez M. Lambert.
A Limoges, ruedeVaulry,n.i3,chezM. Ilo.ioréArnoiil.
A Rennes, chez M. I>é\ial t'ubry.
A Camuraï, chez m. Ilalla.
A Stuasdourg, chez M. Erltmann.
A Toulouse, chez M. Malpcl.
A Bavo.nne, chez M. Hertcrréclic.
A CiiATEAunou.\,chez M. Délibéré Duret.
A La Rochelle, chez M. Frilz.
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A CiiArEAU-'JiiiEiir.v, chez M"" V« Venet.
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SSfuméro 4 » —
nEPinTOlRE CIVIL.
Contribuai/les : sur le monopole du tabac , S5. —
Cotiscils ijénéraux : Enfans trouvés en Franci-, 87.
— Gouvernails: Conséquences financières de nos lois
pénales , 88. — Propagation de la Connaissance du
système métrique, 91. — ^/aices .-Anciennes adminis-
trations mnnicipales , 92. — Culte : Manifeslalion in-
térieure du culte, 9'î.
RÉrERTOIRK DOMESTIOtJE.
) Des prêts hypolliét-aires, 93. — Héritiers sous béoé-
jfice d'inventaire, 9i. — De rinfluence de la lumière
sur la santé, 96. — De l'eau considérée comme boisson,
97. — Des propriétés alimeiilaircs du Chocolat, 98.
— Fabricalion du fromage. Présure , 99. — Couvertu-
res des maisons, lOO. — Calendrage des étoffes , 1 00.
— Bougie diaphane, lOO.
KÉr-ERTOlRE PROFESSIONKEL.
Doreur sur mélaux , lOi. — Ecarisscurs, lOl. —
Faïence (fabricantde) 102. — Fondeurs de métaux, 102.
Avril 1836.
— Luthiers, 102. —Médecins , 102. —Notaires, 102.
— Meuniers, 103. —Peintres en miniature 1, I03. —
Pharmaciens, lot. — RalTineurs, 103. — Teinturiers,
104. — Propriétaires ruraux. — Abeilles. — Asperges,
105. — Belterave (préparation de la graine de ) ,
106. — Cours d'eau , 106. — Culture simultanée ,
de trèfle incarnat et des navets , lOfi. — Garance, 106:
— Genêt (toile de\ 106. Méléorisalion des ruminans,
106. — Oiseaux entomovores, i07. — Semoirs à chaux,
107. — Terres blan'hes, 107. — Truffe (culture de la).
— Vi-'nes : gelées printannières , 108. — Moyen défaire
réussir les boutures, 108.
r.ÉPERTOIRK MENSUEL.
Caisses d'Epargnes, 109. — Haut Enseignement à
Paris, 109: — Machines à vapeur, 109: — Voitures,
§ 1. — Conducteurs, S 2. — Attelages , S 3. — Lon-
gueur et largeur de trains, hauteur et"^ volumes du
ch,.rge(nent, § 4. Guides, S 5. — Rénage, S 6. —
OEllières, § 6, 109.
Jours
de la
semaine.
NOMS
des
SA1^TS.
LNTERETS
de
fr. 100
â 5 p. <>/••
REVENU
Par
Par
jour.
EMPLOI
Dépense!
9/10 I
Epargne
1/10
PRODl'lT
de 1/10
épargné
au bout de
20 ans.
s. Hugues.
s. François de P.
PAQUKS.
. Aiiibroise.
. Perpétue, év.
s. Guillaume.
s. Hcgébippe.
s. Eiîèse.
s. Fulbert.
Quasiinodo.
s 1 éon, pape.
s. Jules.
s. Paterne, év.
s. Fructueux,
s. Anicet, pape.
La Cène.
s. Elphege.
ste Hildegondc.
s. Anseluie.
ste Opportune.
s. Beôrges.
ste Beuve.
s. Marc, évangél.
s. Clet, pape.
s. Polyearpe.
s. Vital, martyr.
s. Robert.
s. Pierre, martyr.
le Marie, égyjji.
s. Eulrope.
Jours.
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17574 35
17425 85
17877 10
1S028 90
18180 45
18332 00
iSiSS 50
PRIME
DE 7S,000 rRA]\CS,
DES
DEUXIÈME TIRAGE DU 20 FEVRIER 1836.
N'uméros et Séries gagnans.
prime 8000 fr.
— 500
500
500
500
500
500
500
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Le 30 oaars 1836.
Le 15 anil 1836 <
Tirage
de
sept primes
Tirage
de
sept primes '
2,000 ^
500
500
500 ) 5,000
500
500
500.
Série
230.
114.
53.
108.
116.
246.
225.
108.
Numéros
2,000 ^
500
500
500 } 5,000
500
500
500
TOIAUX
23 primes :fr. 10,000
Rbport.
Le 30 avril 1836.
Le 31 mai 1836.
Tirage
de
sept primes '
Tirage
de
onze primes '
'130:
000^
500
500 I
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500 I
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900.
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623.
797.
465.
820.
7,3 1.
340.
120.
0
10,00
•5,000
35,000
'Totaux
41 primes : f. 50,000
PANTHEON LITTERAIRE,
COLLECTION UNIVERSELLE
DES CHEFS-D'OEUVRE DE L'ESPRIT HUMAIN.
Volumes en vente :
FROISSART ET BOUCICAtJT,
COMHINES,
DE LA TIIÉMOUILLE,
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TUUCYDIDE ET XÉNOPUON,
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MONTESQUIEU,
BOILEAU, MALHERBE,
J.-B. ROUSSEAU,
LAFONTAINE,
MONTAIGNE,
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RACINE,
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FÉNÉLON,
MASSILLON,
BOURDALOOE,
MORALISTES FRANÇAIS.
LAUARPE,
UELILLE,
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PUILOSOPUIE CUBÉXIENNE,
RABELAIS,
M""e DE SÉVIGNÉ,
1 V. 10 fr.
2 V. 20
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2 T. 20
3 V. 30
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1 Y.
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A chacun de ces volumes aussi remarquables par leur luxe que par l'écoBomie de leur prix,
sont joinls deux bulletins de prime. Lorsqu'on demande au moins 5 volumes à la fois, ou l«s
reçoit franc de port par la diligence, avec JO LuUetii s de prime ; on paie les volumesau coa-
ducteur de la diligeuce en les recevant. Lorsque l'on ne souscrit que pour un volume, il faut
ajouter 3 francs pour In port et envoyer 13 fr.mcs d'avance.
Chez A. DliSKKZ, lilirnire éditeur, rue Saint-Georges, 11° 11. \
it^-^^ •■ — ~~ "~ ' ■ ~
8S
REPERTOIRE CIVIL.
X. Intérêt* généraux. — XI. Morale et instruction publiques. —
m. Devoirs et droits civils et politiques.
Contribuables. Sur le monopole des tabacs.
L'impôt sur le tabac réunit toutes les con-
ditions qui , dans un bon système de finan-
ces , constituent les matières imposables.
Comme il n'atteint ni l'utile ni le nécessaire,
on ne saurait justement le critiquer, les bé-
néfices qu'il procure nu trésor venant d'autant
en diminution des charges qui pèsent sur
les contribuables.
Cependant le monopole dont lesiabacs sont
l'objet de la part du gouvernement, a toujours
été vivement attaqué, sans pour cela, peut-
être , qu'on se soit jamais rendu compte du
mérite des reproches. Ce n'est pas comme
monopoliseur proprement dit, que l'Etat
nous paraît mériter les blâmes qui lui sont
adressés, c'est, ainsi que nous allons l'établir
par l'autorité des chiffres, en ne rendant pas
ce privilège aussi avantageux qu'il devrait
l'être, si on ne faisait entrer dans la consom-
mation une aussi grande partie de tabacs in-
digènes, le prix de revient, dans ce cas, étant
de beaucoup supérieur à celui d'achat des
tabacs exotiques.
De 1815 à 18Ô3, les recettes brutes de la
régie des tabacs se sont élevées
à 1,231,664,420 f.
et les dépenses à 443,688,817
Le bénéfice a été de 788,975,.606
Ce qui donne, pour les pro-
duits nets, une moyenne de 4i, 525,033
pour les dix-neuf années ci-dessus. Mais il y
a une grande différence entre le bénéfice de
chaque année , et il va toujours en augmen-
tant. Ainsi, en 1815, il a été de 32,l23,303f.,
et en 1833, de 49,230,280 f. Celte différence
en plus dans les produits résulte de l'accrois-
sement de la consommation, des perfection-
nemens introduits dans la fabrication et de la
réduction opérée sur les remises des débi-
lans, confûrmémentàl'ordonnancedu 18 mars
1832, laquelle réduction a produit, pendant
le trimestre de cette même année, une somme
de 892,532 francs.
Le produit brut de la vente de tabacs à
été de 67,488,166 f. en 1832
de 09,648,545 en 1833
etde 72,644,522 en 1834
Différence en plus sur
deux années 5,136,356
Le service d'exploitation des tabacs, pour
I83fî, est évalué à la somme totale de
20,908,000 fr. , dont 6,408,000 fr. pour frais
d'exploitation, et 14,500,000 fr. pour achats
de tabacs indigènes et exotiques. Il en ré-
sulte donc que les bénéfices annuels s'élèvent
à plus de vingt-un millions.
Après ces aperçus généraux, duis les-
quels nous avons dû entrer, nous allons éta-
blir quels seraient les résultats, si l'approvi-
sionnement était proportionnellement moins
élevé en tabncs de France.
Loin de nous la pensée de chercher à aug-
menter les recettes du trésor au préjudice
des intérêts généraux; mais, tout en respec-
tant le droit acquis, nous croyons cependant
qu'on doit faire taire l'intérêt privé quand il
y a avantage pour le plus grand nombre. Ce
ne serait pas d'ailleurs subitement qu'il fau-
drait opérer les changemens, s'i's étaient re-
connus avantageux; mais une fois le principe
établi, son application ne serait plus qu'une
question secondaire.
Il résulte des comptes publiés par la ré-
gie, que les «abacs indigènes lui reviennent
à plus de 40 pour cent que les tabacs étran-
gers. Or, les achats aux planteurs français
étant moyennement de huit millions et demi,
sur cette seule opération le trésor est forcé
en dépense pour une somme annuelle de
3,400,000 f.
Dans les six millions restant
pour achats de tabacs étrangers,
il faut tenir compte de la quan-
tité qu'on est obligé de se [yco-
curer pour mélange nécessaire
avec le nôtre , lequel sans cela
ne pourrait être vendu. Cette
nécessité est moyennement éva-
luée à 10 , 50 OjO de la récolte ,
et donne par conséquent un
surcroît de dépenses de 800,000
Le transport des magasins
des départemens aux manufac-
tures peut coûter annuellement 1,000,000
La suppression des magasins
des départemens, du traitement
des employés à la surveillance,
à la vérification , des exports,
donnerait encore au moins. . . . 850,000
Total.
6,050,000
S6
Mais à ces économies, qu'il est facile d'é-
valuer, i! y en a beaucoup d'auîres que nous
devons énuraérer,sans pouvoir toutefois en
indiquer l'importance en chiffres.
La contrebande s'exerce avec beaucoup
plus de facilité , au moyen de la culture , et
par la proximité de la frontière des départe-
inens où cette plante est cultivée. Dans les
comptes rendus par la régie, on en a une
preuve évidente. Ainsi, par exemple, dn y
voit que dans les départcmcns où la culture
a lieu , la consommation connue est de G84
grammes par habitaiit dans le Bas-Rhin, et
de 58:>, dans riUe-ct-Villaine; tandis que
dans le Haut-Rhin elle s'élève à 1 ,01 1 gram.-
ines, dans le Morbihan, à 530, et dans les Cô-
tes-du-Nord, à 555. Voici pour la contrebande
à l'intérieur, c'est-à-dire celle résultant de la
culture en France.
En 185:., les douanes ont saisi 288,400 k.
de tabac ; en admettant que la surveillance
ait été active, c'est à peu près le di.vièaïc des
marchandises entrées en fraude. Or, en cal-
culant ce qui entre ainsi ou ce qui est réi*an(lu
dans le commerce provenant des plantations,
on arrive aisément au chiffre important de
8 millions, lesquels, ajoutés aux u, 050, 000
ci-dessus, portent l'économie qui résulterait
de la cessation de la culture en France , au
chiffre total de 14,050,000 francs.
A Li vérité , ceUe mesure n'empêcherait
pas que 1-a fraude aux frontières se fit encore ;
mais ce serait dans une proportion bien mi-
îiime, soit par l'effet de la dilficulté de trans-
port de la frontière à Paris, par exemple, soit
par la diminution qui pourrait dès lois avoir
iieu dans le prix des tabacs.
A l'extérieur, nos tabacs à priser sont re-
eherchés; mais c'est tout le contraire pour
nos tabacs à fumer. Or, connne les t.abacs
étrangers sont d'une qualité supérieure à ceux
de France, l'approvisionnement en feuilles
étrangères amènerait nécessaiiement une
très-grande augmentation de tabacs à priser,
et viendrait encore ajouter aux chiffres des
bénéfices, puisque le prix de revient n'est que
de 1 fr. 78 c. par kil. et que le prix de vente
est de' fr. Oie, compris lesbénéricesalloués
aux dctaillans.
Dans l'état de choses actuel, deux partis
restent h prendre : — Affranchir la culture
du tabac en France de toutes entraves ; —
Supprimer la production des tabacs indigè-
nes, et s'approvisionner à l'él ranger.
Dans le premier cas , le lise craindra la
fraude, ol par conséquent de voir ses bénéfi-
ces se réduire à peu de chose. Mais ne
pourrait-on pas, au lieu de cette surveillance
^iaclive, si humiliante, à laquelle se soumet-
tent les planteurs, les imposer à un droit fixe
par arpent cultivé en tabacs? Il est bien
difticile d'empêcher que des feuilles ne soient
dérobées à la vigilance des eniployés, tandis
qu'au moyen de l'arpentage, on peut toujours
s'assurer de Li quantité de terre livrée à cette
culture. Ain^i , en prenant le terme moyen
de la production, on aurait aisémeiit la quo-
tité de l'impôt à établir, et le planteur, à ses
risques et périls , se livrerait alors à cette
exploitation comme bon lui semblerait. Si,
enfin, on lui achetait, non pas toute sa ré-
colte, comme cela se fut à peu près partout,
mais seulement les tabacs d'une qualité exi-
gée, il aurait intérêt à donner de bonnes ré-
coltes, puisque, dans le cas contraire , il ne
recevrait rien en retour de l'impôt qu'il au-
rait acquitté.
Craindrait-on enfin que par l'effet de cette
mesure, les feuilles refusées par la régie ne
fussent livrées au commerce? Mais il serait
facile d'obvier à cet inconvénient en élevant
l'impôt à un tel taux , que même en faisant
lui-même usage de sa recolle, le planteur ne
pût pas obtenir d'aussi grands avantages que
si la régie s'en emparait. D'ailleurs, oi! pour-
rait prononcer de fortes amcrules et la pri-
vation même du droit de cultiver cette plante,
à celui qui en récolterait d'une qualité assez
inférieure pour ne pouvoir être livrée à la
consommation, quand il serait reconnu que
cela provient de son fut.
Dans les dix années de 1824 a 1855, il a
été acheté pour 81,004,000 f. de tabac indi-
gène, ce qui donne par an 8,100,400 f. , les-
quels répartis sur 0,520 hectares, donnent
pour chaque hectare 8"0f.0r, dès l'instant que
le taux de la production des tabacs indigènes
est limilé, pourquoi ne diviserait-on pas, en
moyenne, la quolité de l'impôt à payer par
chaque planteur, d'après le nombre d'arpens
qu'il aurait autorisation de cultiver ? J.a ré-
gie ne perdrait rien, et les planteurs devien-
draient libres de leur industrie : les résultats
seraient les mêmes , moins les vexations du
lise.
L'idée d'accorder la libre culture du tabac
en France n'est pas une innovation. L'assem-
blée nationale, jiar un décret du 14 février
noi, avait détlaré qu'il était libre <à toute
personne de cultiver, fabriquer et débiter du
tabac dans le royaume; que l'importation
du tabac étranger fd^viqué continuerait à
être prohibé , et que le tabac étranger en
feuilles pourrait être importé moyennant une
taxe de 25 livres par quintal, réduite aux 5|4
pour les navires français qui importeraient
du tabac de l'Aniérique.Nous ne demandons
point que la fabrication et la vente des tabacs
87
soient enlevées à la régie, nous exprimons
seulement l'opinion que l'une des doux hypo-
thèses doil êlre la liberté de culture de la
part des planteurs.
Peut-être craindrait-on, et non sans raison,
qu'en nous approvisionnant uniquement à
l'étranger, le prix des tabacs ne s'élevât alors
au même taux que le tabac indigène. Sans
doutecerésulti'.t pourrait avoir lieu, mais il ne
s'agit point de changer lout-à-coup notre
mode d'approvisionnement ; on pourrait ré-
duire au tiers, par exemple, la quantité de-
mandée aux planteurs; et d'ailleurs, puisque
les étrangers sont nos tributaires pour nos
tabacs en poudre, ils auraient intérêt à nous
ménager, puisque nous pourrions leur faire
payer en produits fabriqués ce qu'il y aurait
de leur part de trop élevé dans le prix de
leurs marchandises.
Quant à l'interdiction générale, si elle avait
lieu , elle offrirait aisément des compensa-
tions. L'approvisionnement à l'étranger four-
nirait à notre marine des développemens qui
méritent d'être pris enconsidératioi!, et dont
elle est privée par la révolution qui s'opère
dans la production du sucre; en outre, le dé-
bouché de nos vins et de nos produits manu-
facturiers s'élargirait probablement dans les
pays où nous irions nous approvisionner de
tabac. Peut-être même dans cette mesure ,
que nous nous sommes bornés à indiquer,
trouverait-on la solution de plusieurs des
questions de douanes qui s'agitent entre la
France, la Belgique, le grand-duché de Bade
et l'Amérique.
CoNSEiLs-GÉNÉnAvx. — Enfans trouvés en
France.
Depuis 4 811 jusqu'à présent, le nombre
des enfans trouvés a plus que doublé; le rap-
port entre les deux époques est de 1 à 2 l\:,.
D'après les documens statistiques sur la
France publiés par le ministère du com-
merce, le nombre de ces enfans actuelle-
ment à la charge de l'Etat est de 129,G29,
nombre qui se renouvelle à peu près par
quart chaque auiiée. Ainsi, le chiffre des
admissions a été, pour 1833, de 35,01-4, et
selon une moyenne de dix années, il est de
33,r;oo par an. La dépense a aussi plus que
doublé depuis iSll; cette dépense totale,
supportée par les départemens, les commu-
nes et les hospices, s'élève aujourd'hui à
10,2-'tO,2G2 fr. par an. Si le mal continuait
à croître dans la même progression, on ne
sait pas quelles bornes il ne pourrait pas dé-
passer.
L'administration a imaginé deux moyens
de combattre cet effrayant accroissement du
nombre des enfans trouvés : la suppression
d'un certain nombre de tours et le déplace-
ment des enfans.
Ain. — Le conseil géne'ral c'mct le vœu que
le gouvernement prenne à sa ch;>rge les
frais de layettes et Yètures. ( Session de
1831.)
Alpes (Hautes). — Demande que le gou-
vernement allège les cltiipges que fait pe-
ser sur le département l'entretien des en-
fans trouvés. (Session de 1831.)
AiîiÙGE. — La dépense des enfans trouvés
et abandonnés devrait être à la charge du
gouvernement. ( Sessions de 1818, 1819,
1831. ) Une partie de ces enf;ins n'est pas
née dansla classe indigente ( ;S21).
Aude. — Emet le vœu qu'il soit fourni à la
dépense des enfans trouvés en prélevant
une somme déterminée sur les centimes
additionnels de tous les départemens. (Ses-
sion de 1819.)
AvEYKO>'. — Vœu pour que les dépenses
occasionées par l'entretien des enfans
trouvés soient mises à li charge de l'Etat
(1824).
BoucHEs-DU-RuôxE. — Lc conseil uuit son
vœu à ceux de plusieurs autres conseils
généraux, pour obtenir que les dépenses
des enf.^ns trouvés soient mises enti.;re-
ment à la charge du trésor (I82'i, lS2b).
CoKUÈzE. — Former un fonds commun, au-
quel tous les dép rtemens contribueront
en proportion de leurs irapo>i!ions (Jî'21).
Garonne (Haute). — Déclarer dépenses de
l'Etat les dépenses des enfans trouvés, et
les mettre à la charge du trésor (i8l7).
Geus. — Mettre la dépense des enfans trou-
vés à 1 » charge de lEt t, sauf à imposer les
départemens pour les sommes nécessaires,
au marc le franc de leur contribution
(1832).
Gir.oNDE. — Mettre la dépense entière des
enfans trouvés à la charge du gouverne--
ment, en y affectant le produit des centimes
départementaux (1817.)
Landes. — Emet le vœu que la dépense des
enfans trouvés soit portée à l'avenir au
budget de l'État (1828).
Loike-Infériel're. — Les enfans trouvés
n'appartiennent pas tous au lieu de l'expo-
sition. Dès-lors il semble convenable d'af-
fecter la dépense de tous ces enfans sur un
fonds commun centralisé entre les mains
du ministre (1820).
Lot. — Demande que, dés que la situation
du trésor le pcrrdettra, le gouvernement
acquitte la dépense des enfans trouvés et
abandonnés (182n).
LozÈiiE. — Emet le vœu que 1 1 dépense de
enfans trouvés soit mise désormais à la
ch;.rge de l'Élat. (Sessions de 1823, 24, 25^
2G, 27,- 28, 2:J.)
Mayenne.— Désire que l'État se charge «I®
l'entretien des enfans trouvés ( 1823 ).
Melkthe. — Demande que la dépense soit
considérée coinmo dépense commune entre
S8
touiles départemens. (1820, 23, 24,2a, 20,
21. )'
Moselle. — Pourvoir à la dépense des en-
faùs trouvés, au moyen : i'> des revenus
«Jui leur sont propres; 2o d'un prélèvement
sur tous les établissemens de cluirité du
royaume; 3" d'un prélèvement sur toutes
les communes; i" d'un fonds commun dé-
partemental (1819).
Nord. — Demande que la dépense des enfans
trouvés soit mise à la charge du trésor pu-
blic (18^0, 1832).
Oise. — Mettre à la charge de l'État toutes
les dépenses des enfuns trouvés ( 1823 ,
1826).
Or>e. — Emet le vœu que la dépense des
enfans trouvés soit mise à la charge du
trésor (IS'^o, 1826).
Pas-de-Calais. — Emet le vœu que la dé-
pense des enfans trouvés soit déclarée dé-
pense de l'État, et acquittée par le trésor
public (1826).
pYRÉ>'ÉES (Basses).— Il serait à désirer que
les dépenses occasionées par les enfans
trouvés fussent à la charge de l'État (1827,
1«28).
Pyrénées (Hatites).— La dépense des enfans
trouvés devrait être imputée sur les fonds
généraux de l'État (i8-26, 1827).
Somme. — Faire supporter par le trésor les
dépenses des enfans trouvés, à l'exception
de celles de ces dépenses qui doivent res-
ter à la charge de certains établissemens
dotés pour ce service (1817).
Vaucluse. — Kécessité démettre la dépense
des enfans trouvés à la charge de l'État.
(18-27, 1828, 1831.)
Vienne (Haute). — Demande que la dé-
pense des enfans trouvés soit déclarée
charge générale de l'État, et qu'il soit pré-
levé, pour y faire face, une somme déter-
minée sur les centimes additionnels (1818).
Yonne. — Mettre la dépense des enfans trou-
vés à la charge du gouvernement. Faire
contribuer à cette dépense tous les dépar-
teinetis (1819).
Vingt-sept conseils généraux demandent
formellement que la charge relative aux en-
fans trouvés devienne une charge commune.
Ées cahiers d'analyse d'où ce qui précède
est extrait, témoignent que.le besoin d'une lé-
gislation nouvelle est généralement senti.
On citera comme s'élant plus parliculière-
ment prononcés sur ce point, les conseils gé-
néraux des départemens ci-après.
Aisne (Session de 1827). — Allier (1823).
Basses-Alpes ( 1821, 18i8). — ARiÉGE(i821).
— AVEYKON (1821). — CUEU (l831). — COR-
RLZE (182S). — EURE-ET-LOIRE (1827, 1832).
— FiNiSTÎiRE ( 1821, 1826, 1827). — Gers
( 1832). — Indre ( il émet le vœu qu'on place
les enfans trouvés sous la surveillance d'une
administration intéressée à en diminuer le
nombre (1820). — Indre-et-Loire (1826).
— Landes ( 1S28 ). — Mayenne ( 1820, 1820).
— Morbihan (1824). — Nord (1S2G).— Rhône
(1821). — Seine (1825).
Enûn, on remarque encore, parmi les dé-
libérations des conseils généraux, un nom-
bre très-considérable d'adhésions an système
du dépla-cfement des enfans, d'arrondissement
à arrondissement, pratiqué comme mesure
d'économie.
OocntRNAîrs : conséqtiences fmancîères d*
nos lois pénales (X).
Le montant annuel des frais de la jus-
tice criminelle s'élèvent à 3,30€,000 fr.
Sur cette somme , les frais
avancés par l'état, sauf le re-
cours contre les condamnés,
sont de 2,(>S0,(iOM francs ; mais
leur remboursement est si éven-
tuel, qu'il ne ligure au budget
que pour mémoire. Toutefois ,
nous les ferons ressortir ici pour
un dixième, ce qui donne 208,000 fr.
Reste donc à la charge de
l'état 3,032,000 fr.
A diviser entre les individus ci-après :
\o Prévenus traduits devant les tri-'
bunaux correctionnels 35,486
20 Accusés devant les cours d'assi-
ses "7,315
30 Renvoyés des poursuites par les
chambres du conseil 10,044
40 Renvoyés des poursuites par les
chambres d'accusation "i"^
Total. . , . 33,620
Ce qui fait pour chacun d'eux une moyenne
de 56 francs 55 centimes, non compris la dé-
pense du personnel de l'administration de la
justice , attendu que la suppression entière
ou partielle des condamnations en récidive,
ne diminuerait pas de beaucoup, dans les pre-
miers temps surlout, les membres de la ma-
gistrature.
L'évahiation fie la dépense moyenne an-
nuelle par indiviilu condamné, est portée à
200 fr. ; mais il y a en outre les dépenses ad-
ministralives, celles pour réparations et en-
tretiens des maisons, plus, enfin, rintérèt du
capital engagé dans les constructions et le
matériel : c'est pourquoi nous portons la dé-
pense des détenus dans les prisons autres
que les bagnes, à 250 francs.
En 1833, les individus arrêtés et renvoyés
sans jugement par les chambres de conseil,
avaient subi une captivilc préventive don-
(1) Les calculs qui suivent ont pour base la
dépense de t833, comme étant la moyenne
à peu prèségale de celle des années antérieu-
res, et comme étant en outre l'année où les
frais de justice ont été proportionnellement
les moins élevés.
nanl en totalité une durée de 7,910 mois.
Les prévenus également
renvoyés [jm les clianibres
d'accusation , avaient été in-
carcérés pendant 1,670 id.
Les individus jugés par les
tribunaux correctionnels, ont
été détenus avant leur jugc-
ijient 3 4,490 id.
Les accusés traduits devant
les cours d'assises, sont restés
en prévention pendant. . . . 26,550 id.
Total. . . 70,420 m.
Soit. . 5,869 ans.
Lesquels, à raison de 250 francs, portent la
dépense à 1 ,4G7,2S0 francs, lesquels répartis
entre les 53,620 individus qui ont nécessité
cette dépense, portent, pour chacun, la dé-
pense moyemne à 27 f. 35c.
Les frais de justice s'elevanlà. 56 55
La somme de. .83 90
représente donc la dépense moyenne de tout
individu arrêté, jusqu'au moment de la mise
en liberté avant jugement ou par acquitte
ment.
Pendant les dix années écoulées de 1821
à 1830 inclus, le terme moyen des libérés
d'une année, a été, savoir :
Pour les bagnes, de 4,135
Pour les maisons centrales, de. . . 5,080
Pour les maisons de correction et
les prisons soumises au même régime
que les maisons centrales, de. . . • 280
Total. . . 6,495
Durant cette même période , le nombre
des individus poursuivis en état de récidive,
a été dans les proportions suivantes. Avec les
les libérés des bagnes. . . 51 ]
— Maisons centrales.. 33 > p. 0[0 (1).
— Autres maisons... 51 )
D'après les sorties annuelles ci-dessus in-
diquées, il résulte que les individus en état
de récidive sont de
392 pour les libérés des bagnes.
4,676 pour les libérés des maisons
centrales.
1-43 pour les libérés des autres pri-
sons.
Total 2,171
(1) Dans le rapport sur l'adDiinistration de
la justice en 18:.3, on fait observer que celte
proportion est un peu trop élevée, par suite
d'erreurs y indiquées, mais néanmoins nous
la considérons comme exacte, si uon infé-
rieure, attendu que beaucoup de repris de
ustice échappent à la conséquence de la ré-
cidive, soit en changeant de nom, soit pour
ouïe autre cause.
Ce qui prouve l'exactitude des calculs ci-
dessus, c'est que, en 1831, les réciiJives de
celte catégorie ont élé de 2,156, provenant
des Hbc-.e» Uo y.^tiuùe précédente.
Mais il ne s ensuit pas o^ a. ^„-;i u y au,
année moyenne, que 2,171 individus environ
en état de récidive; il faut ajouter à ce
nombre les libérés des maisons départemen-
tales, qui ne sont point classés ci-dessus, et
les récidives provenant des libérés des an-
nées antérieures à l'année précédente.
Ainsi, par exemple, les récidives totales,
en 1831 , ont été de 6,777 ; celles de 1832
étaient de 7,544; en 1853, elles se sont éle-
vées à 8,450, ce qui, dans l'espace de deux
années, présente une augmentation de 1,673.
Ces 8,450 individus étaient libérés.
f 640 des travaux forcés,
Egal 8,450 j 448 de la réclusion,
( 7,265 des peines correclionn.
1,"1S ont été poursuivis pour crimes.
7,132 pour délits.
8.450
825 ont été acquittes, 7,627 condamnésaux
peines suivantes :
A mort. 8\
Aux travaux forcés
à temps. 587
Aux travaux forcés
à perpétuité. 37 , , , . , _„„
A la réclusion. ^»_i ^lotal égal: 1621.
A la déportation. 1 \
A la détention. 2 ]
A la prison. 6,514 1
A l'amende. 457/
Les dépenses résultant des condamna-
tions en récidive prononcées en 1835, s'é-
lèvent donc à 5,714',637 francs. En voici le
détail :
8,450 Individus dont la dépense moyenne
a été jusqu'au moment de leur
mise en liberté ou de leur jugement
de 83 fr. 90 centimes, pour les cau-
ses énoncées plus haut, ce qui
(1) Il s'en faut de beaucoup que les récidi-
Tcs offrent les mêmes rapports dans les di-
Terses maisons où sont placés les condamnés.
Dans les 10 années ci-dessus rehlées, cette
proportion a été, en moyenne annuelle, de
18 sur 0 0 à Cadillac, de 20 à Fonlevrault, de
55 au Mont-Saint Michel, de i2 à Melun et à
Limoges, de 67 à Poissy et de 146 à Bicélre,
prés Paris. (A).
A. Ce rapport de US sur 0/0 tient à ce que les pei-
nes subies à Eicêtre étant en général de courte durée,
il arrive fréquemment que les mêmes individus y soat
revenus plusieurs fois, à raison de nouvelles condam-
nalions, dans le cours des dix années servant à établir
la moyenne qui forme le terme de comparaison.
90
donne un total de. . 70S,95o fr.
37 Condamnés aux Ira-
Taux forcés à vie, les-
nueis, à rai««" fi'""<i
i,<,j,!ivite moyenne de
],*; années pour cha-
cun, donneiit oSo ans
à 28" francs 25 ccnti-
mes l'an (i) -159,425 fr,
ôé" Condamnés aux tra-
vaux forcés h temps ,
en comptint 7 années
pour clncun d'eux ,
ce qui fiit 2,709 an-
nées également à
287 fnmcs 2r; cent. . 778,i60 fr.
521 Condamnés à la réclu-
sion, terme moyen. 6
anj, donnant un total
de !,r>26 années à 250
francs 551,500 fr,
6,oli Condamnés h la pri-
son, dont ia durée est
de moins d'une aiinés
jusqu'à 10 ans et plus,
ce qui donne approxi-
malivenient (;,!)4G an-
nées à 250 fr, fune.. 1,75^,500 fr.
Cette somme de.. 5,714,540 fr.
Représente la dépense que les condamna-
lions en récidive ont exigé dans une seule
année.
En 1855 , le nombre des individus ou ac-
cusés jugés conlradictoirement , s'est élevé
à 210,778
Sur lesquels il y en a eu d'ac-
quittés ' 29,581
Ce qui réduit le chiffre des con-
danniés à 181,197
Mais il convient d'en soustraire
ce'cix qui ont été condamnés pour
contraventions, pour refus de ser-
vice dans la garde nationale, pour
port d'armes, etc., et généralement
tous ceux qu'on ne peut considé-
rer comme criminels , et parmi
lesquels on ne doit point compter
les récidives; ce nombre s'élève à. -150,209
Reste. . . . 50,988
(1) D'aprèsle V.iulgel, les dépenses relalives
aux chiourmos sont de. . . '. 2,227,01.0 fr.
Sur celle somme il faut dé-
duire celle de 21U,0U0
pour sdairs des condanmés om-
ploycs dans les poits claleliers
des b;*gncs, luiiiellc figure d.ms
la somme principale, cl r» pré-
senle une valeur induslrielle
équivalcnle, ce qui réduit 1;; de-
pentoà 2,011,000 (r.
à diviser entre 7,0(^)0, nomlrc de forçais indi-
«îuéi .u Lu(!g:«>t, ce cui donne, pour chacun.
une Uépw'issc ui()j«nac Je 287 fr; iv 3 £8 cent,
individus qui ont été condamnés aux peine^
suivantes :
A mort. 42\
Aux travaux forcés \égal: 50,988
perpétuels. 127 1 condamnés
Aux travaux forcés j pour crimes
temporaires. 'Si\ordtnaires ,
A la réclusion. 726; les délits ou
A des peines correc- l crimes poli-
tionnelles 28,898 A tiques non
Eifans détenus par compris,
voies de correction. . 415/
Si, niaiiilenant , d'après le chiffre des ré-
cidives antérieures, on calcule le nombre pro-
bable de celles qui résulteront des condam-
nations de 1855 (pour crimes ordinaires),
on arrive au résultat suivant.
911 Forçats dans la propor-
tion de 51 p. OjO 282
726 Rédusionnaires de 55 p.
0|0 240
7,477 Condamnés à un an et plus
de prison, et qui par con-
séquent subiront leur peine
dans les maisons centrales,
où le rappart des récidives
est de 55 p. 0[0 avec les li-
bérés, ci 2,4C7
21,419 Condamnés à moins d'un
an de prison, et qui subi-
ront leur captivité dans les
autres maisons que celles
indiquées ci-dessus, et oiz
les récidives sont de 51 p.
OjO 10,923
415 Enfans, pour mémoire.
Total. . . 15,912
individus, qui, en calculant tontes les ré-
cidives ultérieures auxquelles ils donneront
lieu, se classent de la manicrc suivante, par
nature de condamnations :
A mort .... 15
Aux travaux forcés à perpétuité. 45
Aux travaux forcés à temps. . . 278
A la réclusion 258
A des peines correctioiinellcs. . 10,578
A des peines de simple police,
non portées en dépense 999
Total des condamnatio!is. . . . '11,904
Acquittés. . . . !,948
Égal. . 15,912
Or, en calculant la dépense d'après les ba-
ses fixées ci-dessus, il résulte que les réci-
dives auxquelles donneront lieu les seules
coiidamnations de 1855, grèveront l'état
d'une somme totale de 4,^75,000 francs.
Ainsi donc, si par en mode qucIconqu«
de rôprossion , on pouvnit arriver à rendre
les cas de rociilivo exirèmoiiieiit rares, les
dépenses pour ia juslicecrimiîiolle (iiniiiiiic-
raJent de cinq millions, atiiiuell(M)ioiil, puis-
que le rliilTre va toujours en progressant.
D'ailleurs, romnie on a pu le remarquer ,on
n'a pas porté en compte les dépenses pour
les condamnés à mort, à partir du jour de
leur jugement <à celui de leur exécution ; il
faudrait aussi tenir compte de ceux d'en-
tre eux qui ont été comujués à une autre
peine, et qui dès lors rentrent dans la classe
de ceux pour lesquels on a établi les calculs.
, Peut-être objeclcra t-on que les condam-
nés ne font pas (ouïe leur peine, grâce à la
clémence du roi. Oui, sans doute cela se voit
souvent , mais comme il s'agit ici des con-
damnés, en récidives, il est dès lors inutile
de diminuer le chiffre des dépenses qu'elles
occasionent , puisqu'elles se trouvent pla-
cées, en quelques sorte , hors de la classe
où l'on choisit habituellement les individus
qui participent à la clémence royale.
Enfin , il est une dernière considération
à faire valoir pour justifier, au besoin, l'é-
lévation du chiffre ci-dessus.
En vertu de l'article 66 du code pénal, les
enfans âgés de moins de seize ans, qui sont
considérés comme ayant dès lors agi sans
discernement, sont, en cas de culpabilité, dé-
tenus dans ui-ie maison de correction jusqu'à
ce qu'ils aient atteint leur dix-huit ième année.
Ce n'est pas ici le lieu d'examiner s'il
est de bonne justice de punir, par le fait,
plus sévèrement l'enfant qui est reconnu
pour avoir agi sans discernement, que celui
qui a compris l'importance de son action :
nous ne voulons considérer la question que
sous le rapport financier.
D'après des relevés faits sur une période
de 20 années, il r/sulte que l'individu détenu
d'abord comme enfant et à titre de correc-
tion, a subi, à l'âge de 45 ans, quatre arresta-
tions et dix années de condamnation, dont
cinq dans les bagnes.
Ainsi donc, tout condamné de cette caté-
gorie coûte à l'état 3,8oC francs ! Parmi ces
enfants, les récidives étaient de 42 p. 0[0!
Nous avons porté les enfans pour mémoire,
parce que depuis quelques années une
maison particulière leur a été consacrée ,
et que tout fait espérer que les rechutes
seront exlrêmement rares parmi les jeunes
condamnés , grcàcc au soin qu'on prend de
les réhabiliter moralement à leurs propres
yeux.
On a calculé qu'il coûterait ÔO millions
pour établir en France des pénitentiaires en
nombre suffisant. En admettant que par ce
9i
mode de répression on obtînt seuleriient
une diminution de moitié dans les récidi-
ves, on voit qu'il y aurait encore, abstraction
fuie du côté moral, une grande économie
à l'ensployer, puisque le ca[)ital que présen-
terait celte diminution dans la dé[)ensc, s'é-
lèverait à 50 millions.
CouvERNANs. — Propagation de la connals-
sanee du système métrique.
Pour obtenir le but désirable de faire
adopter généralement les nouvelles mesures,
on propose dans la livraison d'octobre 1834,
de contraindre chaque particulier à vendre
chez lui ses denrées avec des mesures mé-
triques: il est à criindre que l'application
de cette loi ne parût trop difficile, trop ve-
xatoire et ne dégénérât en inquisition.
Vn moyen de répandre la connaissance deS
nouveaux poids et mesures, c'est de la rendre
nécessaire k tous les Français qui savent lire
(et bientôt ce sera le plus grand nombre)-
Pourcelailsuffiraildeproscrirejusqu'aunom
même des anciennes mesures, dans tout écrit
imprimé, ûc quelque mtnre qu'il fût, depuis la
simple annonce jnsqu'auxonvragesde science
et même de littérature. L'amende srrait là
pour avertir l'imprimeur; et alors force serait
h l'écrivain et aux lecteurs de se familiariser
avec un système si beau , si connnode et si
avantageux.
On devrait étendre la défense aux ouvrages
modernes déjà imprimés;on exigerait que dans
toute réimpression, <à côté de la dénomination
ancienne, l'éditeur plaçât la nouvelle, et même
aux traductions des ouvrages anciens et étran-
gers; pour ceux-ci , cela offrirait une autre
utilité, celle d'enseigner au lecteur, qui l'i-
gnore toujours, lerapportavec les nôtres des
mesures des anciens et des peuples étrangers.
On est étonné de voir encore dans les admi-
nistrations publiques, et notamment dans les
opérations cadastrales, travaux importans qui
sont faits en grande partie pour les générations
qui viennent, employer, au lieu d'hectare, la
dénomination d'arpent, mot nouveau dans
beaucoup de pays, synonyme toléré à la vérité,
mais essentiellement transitoire, qui ne fait
que compliquer l'étude du syslème et augmen-
ter l'éloignement qu'on a de l'apprendre, et
qui devrait, après 40 ans, être entièrement
hors d'usage.
Une amélioration d'un autre ordre, qui con-
tribuerait aussi à hâter la connaissance du nou-
veau système, consisterait dans la disposition
qui confierait au vérifirateur les poursuites
dt^s délits et contraventions constatés par lui
ou par les maires; il remplacerait efficacement
pour cet objet le commissaire de police >
93
et dans les cantons ruraux le maire du chef-
lieu, à qui les fondions de ministère public ré-
pugnent en générai. 11 ferait auprès des tri-
bunaux de paix, en matière de poids et me-
sures, l'office des agens forestiers auprès des
tribunaux correctionnels en matière d'eaux
et forêts. A. hosicnol.
BCaires. — Anciennes administrations
municipales.
Arant la révolution, les provinces étaient
administrées par des états provinciaux, des
assemblés provinciales et des intcndans et
commissaires départis dans des généralités.
L'assemblée constituante , voulant mettre
de l'uniformité dans l'administration, divisa
la France en départemens , districts et can-
tons.
Elle établit dans chaque département une
assemblée administrative supérieure; dans
chaque district une assemhlce administra-
live inférieure, et une munici;)alité dans
chaque ville, bourg, paroisse ou comnmnauté
de campagne.
Chaque administration de département
était divisée en deux sections. L'une, sous le
titre de conseil de département , ne tenait
qu'une cession annuelle; l'autre, sous le ti-
tre de directoire de département, était tou-
jours eu activité pour l'expédition des affai-
res.
Il y avait aussi pour chaque administra-
lion de district deux sections, sous le litre
de conseil de district et le directoire de
district, 'et dans chaque commune un con-
seil général de la commune cl un corps
municipal.
La constitution de l"9r> conservait dans
chaque commune une administration muni-
cipale; dans chaque district, une administra-
tion Hitermédiaire; et dans chaque départe-
ment, une administration centrale.
Mais tout fut changé par l'établissement
du gouvernement révolutionnaire, le A fri-
maire an 2. j^cs corps constitués furent mis
sous la surveilllancc immédiate du comité
de salut public. Les autorités départemen-
tales furent paralysée? et ne rcs'èrent pres-
que plus chargées que de répartir les iaipo-
sitioiis. Les conseils-généraux de départe-
ment, les procureurs-syndics et les prési-
dens furent sujipiimés.
Dans les districts, raulorioés'accruL. Leurs
procureurs-syndics et ceux des conununes
furent supprimés et remplacés dans chaque
district et dans chaque comnmnc par des
agens nationaux qui correspondaient direc-
tement avec les comités de salut public et
de sûreté générale, pour l'exécution des
mesures dites révolutionnaires.
Les lois furent adressées directement aux
municipalités et à des comités révolution-
naires, dont la France fut couverte de toutes
parts.
Un décret du 28 germinal an 5, rétablit
les administrations de département et de
district, et leur rendit les fonctions qui leur
avaient été déléguées par les lois antérieu-
res au 51 mai 1795. Cette organisation
nouvelle subsista jusqu'à la constitution de
l'an 5.
Pendant ces temps de trouble et d'anar-
chie, la municipalité de Paris eut une in-
fluence extraordinaire sur les affaires publi-
ques, et même sur la convention. Le con-
seil-général de cette commune, devenu per-
manent, les assemblées de section, les co-
mités civils et révolutionnaires réunissant
cette influence à celle de la société des Ja-
cobins, dictèrent souvent des lois au pou-
voir législatif lui-même.
Le 9 termidor an 2 détruisit cette muni-
cipalité; et la constitution de l'an 5, au lieu
d'un seul corps municipal, on établit plusieurs
dans le canton de Paris: le nombre fut fixé
à 12 administrations municipales, qui furent
formées et distinguées par une loi du 1»
vendémiaire an 4.
La constitution de l'an 5 établit dans cha-
que département une adiuinistration cen-
trale de cinq membres, renouvelée par cin-
quième tous les ans. Les districts furent
supprimés, et il fut créé une administration
municipale au moins dans chaque canton.
Chaque commune de r),oon à 100,000 ha-
bitans eut une administration municipale;
dans les comn)unes de 5,000 hahitans, il y
eut un agent munici|)al et un adjoint. La
réunion des agens municipaux de chaque
commune de canton formait la municipalité
de canton. Dan? les communes ayant plus de
100.000 habilans, il y eut plusieurs adminis-
trations municipales , et un bureau central
pour les objets jugés indivisibles par le
corps législatif.
Le (lirecloire exécutif, créé parcelle com-
mission, nommait un commissaire auprès de
cha(juc administration centrale et munici-
pale.
Cet état de choses a duré jusqu'à la cons-
titulinn del'nn 8, qui a ramoné l'ordre et l'u-
nité dans l'administration, par l'établissement
des préfectures, sous-préfectures et des mai-
ries.
I^Ainxs. — Culle, TCanifestation extérieure.
Le fait d'un curé qui contrevient à un ar-
rêté municipal portant défense de faire pas-
ser la procession de la Fête-Dieu dans certai-
nes rues, constitue un cas d'abus justiciable
seulement du conseil d'étal, et non une con-
travention (le la compétence du tribunal de
police.
(Loi du 18 germinal, an X,art. G, cass., 25
déc. 1853. )
REPERTOIRE DOMESTIQUE.
X. Éducation de l'enfance. — XI. Morale et bien-être des famille*.
— III. Economie usuelle.
Des prêts hypothécaires.
Parmi les différentes sûretés qui peuvent
tranquilliser sur l'exécution des engagemens,
l'hypothèque est regardée , avec raison ,
comme une des plus satisfaisantes. Concilier
l'intérêt du créancier et du débiteur, tel est
le double avantage qu'elle présente , et tel
doit être aussi le but de toute loi sur cette
matière. Il est égrilenient juste et politique
que le débiteur n'éprouve aucun dommage
des précautions qu'un prêteur est autorisé
de prendre.
Pour obtenir ce double résultat, il faut se
former des idées précises sur la naîure du
droil''1iypothécaire et sur la manière de le
constater et de le maintenir.
Comme il s'agit d'assurer une garantie im-
mobilière , il devient également utile de
prendre toutes les précautions convenables
po.ur la consolidation des propriétés, et pro-
pres à ne laisser aucun doute sur la qualité
de celui qui veut s'en aider pour établir son
crédit.
Enfin, ce ne serait point assez d'avoir ainsi
prévu ce qui peut corroborer les conven-
tions. Ce premier avantage deviendrait nul,
si la discussion n'est point rendue fiicilc et
si sa réalisation se trouve assujétie à des for-
Cies lentes et pénibles , qui exposent le
créancier à des retards multipliés et à des
dépenses onéreuses.
Mais ce qui importe surtout à la société
entière, c'est qu'un droit qui gêne la dis-
ponibilité des propriétés, ne s'exerce qu'en
vertu de titres authentiques, contre lesquels
il ne puisse s'élever de doutes, de présomp-
tions apparentes. Le trouble que des pro-
priétaires éprouveraient , sous le prétexte
de prétentions souvent mal fondées et tou-
jours susceptibles de débats plus ou moins
longs, produirait une défuveiw pour la pos-
session des propriétés foncières, et qui ra-
lentirait sensiblement le cours de leurs mu-
tations. Toujours le placeincnt des capitaux
se tourne vers l'emploi qui présente le moins
d'obstacles pour la jouissance.
En thèse générale , le droit d'engager une
chose en suppose la disponibilité légale dans
les mains de celui qui veut donner un pareil
consentement; mais ce principe est surtout
de rigueur dans l'affectation hypothécaire,
qui emporte^ si ce n'est une aliénation ae-
luelie, au moins, dès à présent, le droit,
en faveur du créancier, de réaliser le gage
par l'expropriation de la chose hypothéquée.
Mais la capacité d'aliéner, et [)ar conséquent
d'hypothéquer, n'appartient pointa tout pro-
priétaire.Lorsqu'il est incapable de donner un
consentement libre et réfléchi , ses intérêts
doivent être protégés par l'autorité publi-
que; elle est confiée h un tiers, qui n'agit que
contorménient aux pouvoirs qu'on lui délè-
gue. Ainsi, un miiieur, un interdit, un ab-
sent, sont représentés par leurs tuteurs op
curateurs ; mais ceux-ci n'ont aucune capa-
cité personnelle pour aliéner ni hypothé-
quer.
D'autres n'ont qiu'une incapacité relative ,
telles que les femmes mariées , qui ne con-
tractent valablement que sous l'autorisation
de leurs maris. Les lois romaines leur lais-
saient, il est vrai , la libre disponibilité de
tous biens paraphernaux, non constitués en
dot ; maisiune déclaration de lt>64, observée
dtns le ressort du ci-devant parlement dje
Paris , iQur a .enleyé cette faculté.
Les mutations de propriétés doivent être
aussi considérées comme contrat civil , sous
deux rapports essentiels à saisir , et dont
l'ensemble peut seul maintenir la balance
entre tous les intérêts généraux. Les con-
ventions se trouvent, à l'égard des parties
qui les forment , complètes, par le seul fait
de leurs volontés respectives , et de simples
règles d'équité naturelle suffiraient pour en
déterminer l'effet. Mais l'influence quelles
peuvent avoir sur les autres obligations déjà
consenties , ou qui le seraient, soit par l'an-
cien propriétaire, soit par le nouveau, exige
des dispositions législatives propv.es à ga-
rantir les biens de toute atteinte.
Un édit de Louis XîV avait défendu
d'exercer l'action hypothécaire sur les mai-
sons qui seraient bâties à Versailles, et bien-
tôt cette ville fut embellie par des hôtels.
En assurant de grands moyens de crédit à
l'agriculture, bientôt le résultat tournera au
profit de la société entière. Les capitaux ne
circulent librement et avec avantage pour
tous, que quand une législation sagement
:94
combinée garantit contre toute espèce din-
quiélude, de pertes et d'embarras.
Malheureusement , ces principes de sim-
ple équité n'ont pas toujours été consacrés
dans les lois sur la matière, ou plutôt ils ont
été éludés par l'esprit de chicane et la mau-
vaise foi; et maintenant il n'y a , pour ainsi
dire, aucun cas d'hypothèque qui offre une
garantie positive , ainsi que nous allons le
prouver par quelques exemples, que nous
prendrons, soit dans des arrêts rendus sur
la matière, soit dans un ouvrage très-remar-
quable, publié par M. Dccourdemanche, sur
le Danger de prêter sur hypothèque.
i° 11 peut arriver qu'un acquéreur de
bonne foi et déjà mis en possession, soit
évincé par un acquéreur précédent, encore
i)icn que ce dernier n'ait point fait connaître
son titre, et quand même l'adjudication au-
rait eu lieu sur expropriation.
2o Un acquéreur ou un créancier hypothé-
caire peut être tenu de souffrir un usu-
fruit dont on ne lui a pas donné connais-
sance.
50 L'acquéreur d'un bien vendu par ex-
propriation , peut se trouver dans l'obliga-
tion d'exécuter des baux qui auraient été
consentis avant la poursuite , quand bien
même on les lui aurait laissé ignorer.
40 Un acquéreur peut être contraint à dé-
laisser un immeuble à lui vendu , lorsqu'il
se présente des créanciers auxquels ce même
immeuble aurait été précédcmnientdonné en
anlichrèse, ou si la vente a été consentie par
ua interdit, quelle que soit l'ignorance
où l'acquéreur était sur l'étal civil de son
cédant.
h^ L'adjudicataire d'un immeuble peut être
tenu de souffrir des servitudes qui dimiiment
la valeur de la propriété, quand bien même
son vendeur les lui aurait cacliécs.
6° Un préteur sur hypothèque peut perdre
sa créance, si un ancien vendeur était en-
core créancier de tout ou partie de l'immeu-
ble engagé.
Comme en achetant une créance hypothé-
caire , on n'a aucun moyen de s'assurer
qu'elle n'a pas déjà été vendue à un autre,
l'hypothèque peut devenir illusoire, si le
débiteur vend en détail i'innneuldc hypothé-
qué ; cet inconvénient se fait surtout sentir
à l'égard de l'hypothèque légale des femmes.
7" Une hypothèque consentie sur un im-
meuble indivis par suite de succession, peut
devenir illusoire, si celui qui a consenti
1 hy})othèque a à faire à la succession des
rapports, qui absorberont sa part, ou si le
créancier n'a pas le soin de surveiller le
partage de la succession , pour empêcher
que l'on ne mette que des meubles dans le
lot de son débiteur.
8° Lorsqu'il existe une hypothèque géné-
rale sur |)lusieurs immeubles, le créancier
qui n'a exigé d'hypothèque spéciale que sur
l'un des immeubles affectés à l'hypothèque
générale , est exposé à voir absorber toute
la valeur du seul immeuble qui est sa ga-
rantie, par le paiement du montant de l'hy-
pothèque générale qui le prime.
90 En cas d'incendie d'une maison assu-
rée, les créanciers hypothécaires n'ont au-
cune préférence sur le montant du sinistre,
s'ils n'ont pas eu le soin de se faire transpor-
ter ce sinistre dans la prévoyance de l'in-
cendie.
10° Enfin, un créancier est exposé à per-
dre l'hypothèque la plus importante et la
plus soliilc : l'^S'il n'a pas la précaution de
bien s'assurer que tous les biens qui lui
sont affectés sont réellement situés dans
l'arrondissement indiqué paît l'acte ; i>o S'il
omet de comprendre dans son bordereau
d'inscription, ou dans ceux du renouvelle-
ment, une seule des éiioncialions exigées
par l'article 2148 du code civil; 3» S'il oublie
de renouveler son inscription tous les dix
ans.
Ce qu'il y a surtout de remarquable, c'est
que les nouvelles lois hypothécaires aient pris
mille précautions pour rendre publiques les
hypothèques spéciales, et quelles n'en pren-
nent aucune pour la publicité de celte foule
d'actes qui , en modilianl la capacité des
personnes , ne portent pas seulement at-
teinte à la propriété d'un innueuble spécial,
mais encore à celle de tous les biens qu'un
individu possède dans l'étendue du terri-
toire.
La régie générale de !a publicité des droits
réels, proclamée par le code, succombe
sous les exceptions qui la modifient , et
l'existence de privilèges et d'hypothèques
légales, pour une somme déterminée, peut
devenir une source d'abus sans nondire ;
aussi a-ton généralement peu de eonllance
dans les transactions hypoihécaircs : ce qui
le prouve, c'est que l'enqiiêîe, qtii a précédé
rétablissement de la caisse hypothécaire , a
démontré que le taux moyen de l'intérêt
des prêts sur hypothèque , était de 12 1(2
pour 0(0.
Mais encore, bien que les imperfections de
notre système hypothécaire aient été signa-
lées à différentes époques, ce n'est cepen-
dant qu'en i826 qu'elles devinrent l'objet
dune attention particulière. M. C. Périer,
prenant l'initiaiive, créa un prix de 5,000 fr.
pour l'auteur du mémoire qui indiquerait le
iTiicux les vices et les licunes des disposi-
tions législalivcs et adniiiiisiratiYes concer-
nant les prêts hypotliccaires, et les obstacles
qui s'opposent à la direction des capitaux
vers celte nature d'emploi. Vn grand nombre
de mémoires furent adressés ; mais les évé-
nemens politiques qui survinrent , et surtout
la mort de l'honorable C. Périer, rendirent
infructueux les efforts des concurrens , la
famille de l'auteur de la proposition n'ayant
pas cru devoir donner suite aux intentions
de ce dernier.
M. Decourdcmanche, que des travaux de
législation ont placé en premier rang parmi
les jurisconsultes de notre époque, est un de
ceux qui ont répondu à cet appel , et , dans
le livre dont nous venons d'indiquer le titre,
il a signalé les vices des lois sur la matière,
et indiqué les moyens de les faire disparaître,
en combinant entre eux le régime hypothé-
eaire et le cadastre.
Pour remédier à tous les vices que nous
venons de signaler, il faut surtout, selon M.
Decourdcmanche, conserver les avantages de
la spécialité de l'iiypothèque, et donner une
publicité plus efficace à tous les actes qui
ont pour objet de constater ou modifier l'é-
tal ou la capacité des personnes, ou de cons-
tater ou modifier la propriété des biens im-
meubles en générai.
On pourrait espérer d'obtenir ce double
résultat, en donnant plus d'étendue aux
fonctions des conservateurs des hypothèques,
et en faisant concourir le cadastre au but
qu'on se propose. Des conservateurs spé-
ciaux du cadastre seraient chargés de suivre
et de constater sur les plans et sur les autres
pièces cadastrales , toutes les mutations
qui peuvent survenir dans la propriété im-
mobilière. De leur côté, les conservateurs des
Inpothèques , sous le litre de conservateurs
des hypothèques e» de l'état civil, inscri-
raient par extrait, sur leurs registres , tous
les actes ayant pour objd de constater la
capacité des citoyens ou la propriété de leurs
biens.
En un mot , ks conservateurs du cadastre
certifieraient quels ont été les propriétaires
successifs de chaque immeuble, et les coi!-
servateurs des hypothèques el de l'état civiî,
quelles sont toutes les circonstances qui ont
pu modifier la capacité de ces divers proprié-
taires , et grever les propriétés qu'ils ont
possédées.
Ce serait surtout dans la publicité rigou-
reuse de tout acte , généralement quelcon-
que, qui modifie ou constate l'état ou la ca-
pacité des personnes et la propriété des
biens immeubles, qu'on préviendrait la plu-
95
part des moyens de fraude qui se rencon-
trent dans les transactions hypothécaires.
Si, à peine de nullité, tout acte de cette na-
ture était soumis au conlrùle de la publicité,
il en résulterait une confiance qui, en défi-
nitive, tournerait à l'avantage des prêteurs
et des emprunteurs.
Ces principes sont développés dans un
projet de loi, contenajit 136 articles, que
les bornesde cette feuille nous empêchent de
faire connaître autrement que par le som-
maire qui précède.
Héritier sous bénéfice d'inventaire.
On donne ce litre à l'individu qui n'a ac-
cepté l'héritage à lui dévolu , que dans le
cas échéant d'un aranlage réel à en recueil-
lir. Les jurisconsultes définissent ainsi ce
droit : c'est un privilège accordé par la loi à
l'héritier, et qui consiste à l'admettre à la
succession du défunt , sans lui imposer des
charges plus grandes que la valeur des biens
dont cette succession est composée, pourvu.
qu'il ait fait inventaire dans le temps déter-
miné par ces lois, c'est-à-dire, d'après l'ar-
ticle 795 du code civil, dans les trois mois, à
compter du jour de l'ouverture de la suc- ^
cession.
En général, tout héritier majeur et jouis-
sant de ses droits , peut exercer son choix;
entre l'acceptation pure et simple et le bé-
néfice d'inventaire. La déclaration doit être
faite , aux termes de l'article "9" du code
précité , au greffe du tribunal de l""* instance
dans l'arrondissement duquel la succession
s'est ouverte. Il est cependant des cas où
l'héritier qui réunit les conditions exigées,
peut être privé ou déchu du bénéfice d'in-
ventaire; par exemple, s'il s'est rendu cou-
pable de recel , en détournant ou cachant
quelques effets de la succession; s'il a pris
le titre et fait acte d'héritier absolu. Dans
ces hypothèses , ii perd la faculté de renon-
cer , il demeure héritier pur et simple, et
même il ne peut prétendre à aucune part
dans les objets divertis ou recelés.
Légalement, le droit d'opter entre la suc-
cession simple et celle qui présente des
avantages, peut être exercé par tout héri-
tier ; la loi a voulu, par ce moyen, prévenir
les résultats fâclieux qui résulteraient pour
des héritiers qui , en défifiitive , n'auraient
que des charges à supporter, au lieu d'avoir
des avantages 3 recueillir; mais, quand l'é-
tat de fortune de ces derniers leur permet
de ne point s'arrèti^r aux résultats purement
matériels, la morale publique leur prescrit
le devoir d'honorer la mémoire de leur au-
leur, en satisfaisant aux charges qui pèsent
sur la succession : c'est user de la manière
la plus noble du titre d'héritier.
X>e i'influence de la lumière sur la santé.
La lumière est un des principaux élémens
de rorganisalion. Celle-ci n'existe que dans
i«s lieux où elle pénètre , et l'on peut suivre
le décroisscnient de l'organisation, son affai-
blissement progressif, par la diminution de la
lumière. Non seulement elle verse la vie,
mais elle pare les corps qu'elle en a doués
des plus riches couleurs. On les voit se dé-
colorer et périr dans If s lieux dépourvus de
ce principe fécondant. Cet effet est surtout
remarquable sur les végétaux : ils sont revê-
tus des couleurs les plus intenses lorsqu'ils
sont exposés à Tinsalalion ; ils s'étiolent lors-
qu'on les prive de la lumière.
C'est par ce moyen qu'on en décolore et
qu'on en attendrit un grand nombre pour
notre usage. Alors ils perdent non seulement
leur couleurs, mais encore leur saveur. En
effet , ils abandonnent leur amertume , leur
arôme et leur résistance , propriétés qui les
rendaient impropres à noire alimentation.
C'est à la lumière, autant qu'à la chaleur,
que les plantes doivent leurs parfums et leur
saveur. Les plantes qu'on fait croître dans
le» serres, en élevant beaucoup la tempéra-
ture, n'ont jamais l'arôme ni la saveur de
celles qui croissent à l'air libre, ce qu'on
doit attribuer à ce qu'elles sont privées du
bienfait de la lumière.
Ce fluide n'exerce pas une influence moin-
dre sur les animaux. Les animaux du nord
sont pâles et blafards, décolores, bruns,
fauves ou blancs; ceux des pays où la lumière
abonde sont éclatans de pourpre, d'or et
d'azur. Tels sont les beaux papillons et la
plupart des oiseaux des régions tropicales.
Celte iaflucnce n'est pas moins sensible sur
l'homme: il pâlit, s'étiole et se décolore
connne les végétaux lorsqu'il est privé des
rayons du jour. Dans les rues basses , étroi-
tes , où l'air cii'culc à peine, où la lumière ne
pénèlrejamr.is, les habilans ont une figu-
re sépulcrale , et tous jeurs organes languis-
sent dans l'atonie. L'honnne vit-il, au con-
traire , dans un air péiiélré des rayons vivi-
Cans du soleil, il se colore; il devient fort,
agile, dispos; ses fonctions s'exécutent avec
énergie : d'où l'on peut conclure que la lu-
mière agit comme un excitant et convient
merveilleusenicntauxindiviiius dont la cons-
titution est caractérisée par la faiblesse des
divers appareils , aux femmes molles et délir
cales, aux cnfans débiles. Elle pourra nui-
re aux personnes douées des qualités con-
traires. C'est à la lumière, bien plus qu'à la
chaleur, que les habilans des diverses cen-
trées du globe doivent les nuances qui les
distinguent. Voltaire, méconnaissant le pou-
voir des climats, admettait des races d'hommes
doués de caractères originels indépendants
de leur influence. Il est cependant hors de
doute qu'ils peuvent avec le temps méta-
morphoser entièrement la constitution. C'est
donc h la force de la lumière que la couleur
plus ou moins intense du corps est due. Les
peuples du nord sont blancs ; ceux des pays
tempérés sont plus bruns et mélangés ; ceux
qui s'approchent du midi sont basanés ;
ceux des tropiques sont cuivreux, mulâtres
ou noirs, suivant que l'influence de la lu-
mière est plus ou moins modifiée par d'au-
tres causes locales. On peut dire qu'en géné-
ral l'espèce humaine noircit au feu du soleil,
et blanchit à la lumière douteuse des pôles.
Il nous serait facile d'étayer ces propositions
par des exemples.
C'est avec raison, selon nous, que l'on a
attribué à l'absence de la lumière les paro-
xysmes qui arrivent ordinairement dans les
maladies au moment où le soleil abandonne
l'horizon. L'électricité joue un grand rôle
dans ces phénomènes singuliers. Nous som-
mes portés à croire aussi que l'air qui
reçoit l'influence de la lumière est bien
plus propre à la respiration que celui qui en
est privé, bien qu'elle ne pénètre pas avec
lui dans la cavité pulmonaire, et nous nous
fondons sur ce que , dans les maladies de
poitrine, et surtout dans celles des organes
de la circulation qui domient lieu à des étouf-
femcns périodiques, la difficulté de respi-
rer est bien plus grande le soir, dans la nuit,
et surtout le matin, lorsqu'il y a plus long-
temps que l'obcurité règne sur l'horizon, et
dans riiivcr, que dans les circonstances op-
posées. Dans la plupart des cas, ce n'est que
dans ces momcns que la suffocation survient,
et les exceptions sont bien rares où les ma-
lades n'étoufTont que le jour ou durant l'été.
Engénéral, ladinicullé de respirer se dissipe
à mesure que la lumière se répand avec plus
d'abondance.
Mais e-st-ce à l'absence do la lumière qu'on
doit attribuer les effets surprenans que les
écli[)ses produisent sur les animaux? Com-
ment expliquer ce sentiment de terreur ins-
tinctif qui plonge les êtres qui respirent
dans l'abûltemeiit le plus profond? Les ani-
maux (le nos basses-cours fuient avec préci-
pitation, et cherchent à se cacher. Les per-
sonnes délicates éprouvent des défaillances,
des syncopes, des convulsions. Les exemples
9t
de ce genre sont très nombreux dans les au-
teurs. Le plus remarquable est celui de Ba-
con de Véruiam, qui tombait en défaillance
lorsqu'il y avait une éclipse de lune, lors
même qu'il ne l'avait pas prévue. Cotte espè-
ce de bouleversement des lois de la nature
cesse au retour de la lumière.
C'est à l'obscurité et au silence que nous
ramène la nuit, que nous devons le repos de
nos organes et un sommeil bienfaisan-t et ré-
parateur.
Se l'eau considérée coaime boisson.
t'ean p«re, de bonne qualité, est sans
contredit la plus salutaire de toutes les li-
queurs ; dans le midi de la France , elle com-
pose l'unique boisson des femmes.
L'absence de toute propriété excitante,
lorsqu'elle est prise à une température
moyenne, fait de ce liquide le délayant le
plus propre à faciliter la digestion des subs-
tances alimentaires. Mais son action est in-
suffisante pour les estomacs paresseux; il
faut à ceux-ci, pour opérer une digestion
régulière, l'excitation que produit une dose
modérée de liqueurs fermentées. C'est une
vérité banale sur laquelle il est inutile d'in-
sister, parce qu'elle est comprise et prati-
quée de tout le monde. Nous devons nous
"borner à indiquer ici les moyens de distin-
guer les eaux salubres, et faire connaître
comment on peut les corriger quand elles ne
le sont pas; car tous les pays ne jouissent
pas de l'avantage d'en avoir de telles. Hip-
pocrate a composé sur ce sujet un traité
particulier, intitulé: de l'air, des eaux et
des lieux, qui forme encore aujourd'hui un
code presque parfait auquel les professeurs
d'hygiène n'ont ajouté que très-peu d'arti-
cles.
Les eaux potables, pour être salubres,
doivent réunir les trois conditions suivantes :
1° Elles ne doivent point tenir en dissolu-
tion des matières animales ou végétales dé-
composées; à ce titre, celles des marais et
des étangs doivent être rejetées. En quel-
que faible quantité que ces matières s'y ren-
contrent, ces eaux ne sont jamais saines;
aussi voit-on leurs effets nuisibles se mani-
fester avec plus ou moins d'intensité sur les
habitans des pays marécageux. L'on sait de-
puis long-temps que les fièvres intermitten-
tes qui y sont endémiques, tirent leur sour-
ce de l'usage de ces eaux autant et plus
peut-être que de l'atmosphère pernicieuse
dans laquelle vivent ces habi'.ans.
2» Elles ne doivent contenir que la plus
petite quantité possible de sulfate de chaux.
La présence de ce sel s'y manifeste par la dif-
ficulté que l'on a d'y faire cuire les légumes
et d'y dissoudre le savon, dont une partie se
caillcbotte par la comlrinaison de son huile
avec la chaux. Ces eaux rendent les digestions
pénibles aux estomacs faibles, qui s'habituent
cependant à la longue à leur usage.
3" Enfin, les eaux salubres doivent con-
tenir de l'air atmosphérique en dissolution :
ce gaz leur donne la saveur agréable qui les
distingue. On sait combien l'eau est fade
quand ellecst distillée ou qu'on l'a fait boul-
lir; on sait aussi combien l'eau chaude pèse
sur l'estomac quand elle ne contient aucune
substance étrangère, soit nutritive, comme le
sucre, soit simplement aromatique, comme
le thé, etc. Tout cela tient à l'absence de
l'air, que la distillation ou l'ébullition ont fait
évaporer. C'est sur la difficulté que l'estomae
éprouve à digérer l'eau chaude qu'est fondé
le conseil de l'administrer avec abondance
aux personnes chez lesquelles on veut exci-
ter le mouvement aoti-péristaltique.
En considérant la présence de l'air dans
l'eau comme une condition indispensable de
sa salubrité , on sera porté à croire que l'eau
de pluie est la plus salutaire. C'est aussi ce
qu'il faut reconnâtre ; car outre qu'en tra-
versant l'atmosphère elle s'est chargée de
beaucoup de molécules gazeuses, elle est
aussi, plus que toute autre, privée de ma-
tières salines, et par ces deux raisons elle
doit être préférée. Toutefois , dans les pays
où, soit par nécessité , soit par goût , on la
met en usage, il est une précaution indis-
pensable qu'il faut prendre pour la conserver
plus long-temps pure dans les citernes. Eii
effet , lorsque les eaux de pluie commencent
à tomber et que le temps a été long-temps
serein, elles rencontrent dans la partie la
plus basse de l'atmosphère et sur les toits
des habitations, des substances étrangères
qu'elles entraînent avec elles et qui font
qu'elles croupisseiit plus ou moins prompte-
ment. On évite cet inconvénient par une
précaution que l'on prend dans certaines
villes maritimes où les eaux douces sont ra-
res. A Cadix, où chaque habitation a une ci-
terne, le conduit par lequel l'eau entre
dans ce réservoir, porte un robinet au moyen
duquel la première eau qui tombe s'écoule
au dehors; et dès que l'atmosphère, les
toits des habitations et les canaiix sontné-
toyés par celte espèce de lavage , on tourne
le robinet pour faire arriver dans la citerne
l'eau qui continue de tomber et qui ;ie peut
plus entraîner de saletés.
Les eaux de rivière sont, après l'eaa de
pluie, celles qui réunissent le plus de condi-
tions de salubrité. On préfère avec raison
S8
celles qui roulent sur un lit de sable et de
graviers. Il faut cependant faire observer à
leur égard que les rivières de long cours,
en traversant des pays fertiles et de grandes
villes, se chargent d'une grande quanlilé de
matières putrescibles, d'abord par la décom-
position du terrain végétal qui les borde,
ensuile par le mélange des immondices des
égouts qui viennent déboucher dans leur lit.
Cet inconvénient est surtout très-marqué en
ce qui concerne la Seine , et il faut convenir
que la pompe à feu de Chaillot, qui s'alimen-
te sur l'un des points les plus bas de celle
rivière, c'est-à-dire lorsqu'elle a reçu tous
les égouts de la capilalç , doit fournir à ceux
qui s'en servent une eau beaucoup moins sa-
lubre que celle qui serait prise au pont
d'Auslerlitï, par exemple, ou à tout autre
endroil de la rivière , pourvu que ce fût à son
entrée dans Paris. Heureusement, la chimie
a fourni les moyens de corriger les mauvai-
ses qualités de cette eau, et parmi ceux qui
doivent être le plus recommandés, nous ci-
terons les iillrcs de charbon, bien préféra-
bles pour cet objet aux filtres de sable ou de
pierre poreuse, parce que le charbon jouit
d'une propriété particulière pour absorber
es gaz.
Nous recommanderons aussi une précau-
tion semblable pour rendre potables les
eaux des étangs et des marais; mais pour les
assaillir d'une manière encore plus positive ,
on devra les faire bouillir, et lorsqu'elles
seront refroidies, les agiter dans l'atmosphè-
re pour leur rendre l'air qu'elles auront per-
du, enfin les filtrer à travers le sable ou
plutôt à travers le charbon en poudre. L'ébuî-
lition, dans cîcas, cuit les matières organi-
ques et force les principes gazeux insalu-
bres à se dégager.
Les eaux de puits sont dans une autre
condition que les eaux de rivière et les eaux
tombantes. Elles contiennent ordinairement
xin grand nombre de principes salins, et elles
sont peu aérées. Leur impureté dépend aussi
en grande partie du sol dans lequel ils sont
creusés et de la nature des matériaux qui
entrent dans leur construction. Dans un ter-
rain siliceux, à travers lequel filtrerait une
eau assez pure, si on construit un puits en
pierres calcaires, ces pierres, sur lesquelles
l'eau devra séjourner , en altéreront la pure-
lé. Il est doi!C préférable de construire au
moins la partie du puits à laquelle peut s'éle-
ver l'eau, en pierres siliceuses et s;uis mortier.
Mais il est indispensable de ne pas les cons-
truire auprès des lieux où se trouvent des
immondices; les écuries, les cloaques, les
tgouts, les lieux d'aisances, sont de mau-
vais voisinage pour les réservoirs d'eau pota-
ble.
L'eau des puits de Paris contient, en plus
grande quantité, à peu [.rès les mêmes ma-
tières étrangères que l'eau de la Seine ; l'une
et l'autre tiennent en dissolution des sulfate»,
dos niuriatcs et des carbonates de chaux et
de magnésie; l'eau de puits contient de plus
un peu de sel de nitre et de carbonate d'am-
moniaque. Ce dernier selestdii à la décom-
position des matières organiques qui filtrent
à travers la terre.
L'eau de source tient le milieu entre les
eaux de puits et les eaux de rivière; elle
se rapproche bcrmcoup cependant de l'eau
de pluie lorsqu'elle n'a été en contact
qu'avec des roches siliceuses, sur lesquelles
elle n'a aucune action. D'un autre côté,
elle peut aussi tenir en dissolution un grand
nombre de gaz, de sels et de sublances orga-
niques, lorsqu'elle a traversé des terrains
d'une nature différente, et elle constitue
alors une eau minérale.
Se* propriétés alimeataires du ekooolat.
— Dans notre numéro du mois de
juillet 18Ô4 (page 17^), nous avons consa-
cré quelques lignes à cet aliment, que nous
avons présenté comme offrant une substancû
énergique et salutaire à toute les classes de
la société. Sans détruire ce que nous avons
avaycé alors, mais pour prouver combien
nous tenons à être toujours prêts à signaler
les nouvelles découverles ou les innovations
progressives, nous croyons cependant devoir
un peu restreindre notre opinion, quant à
son emploi en général, par des personnes
d'un tempérament divers. Nous donnerons
d'abord quelques détails sur la fabrication et
la composition de cet aliment.
Le chocolat est , comme on sait , obtenu
des amendes île cacao rôties et réiluilcs ea
pâte, avec du sucre et d^s aromates. Les
cacaos de Soconasco et de Caracas (dit Cara-
que), de Maracaïbo, passent pour les meil-
leurs et les plus doux. Toutefois, pour en
corriger la fadeur, il convient d'y mêler d'au-
tres sortes. Ainsi , sur 4 parties de cacao ca-
raque lerré , c'est-à-dire adouci par un sé-
jour de quelques semaines sous la terre hu-
mide , on ajoute une partie de cacao des
iles Antilles, ou de Maragnon et du Para.
Les mélanges de cacao torréfié sont ré-
duits en une pâle butircuse ou grasse, soit
entre des pierres, soit au moyen d'un rou-
leau de fer sur un proi)hire échauffé au-des-
sous par de la braise allumée. Il faut que le
broiement s'opère bien; et pour cela, on a la
précaution de séparer le germe de l'amande
99>
du cacao. 11 faul incorporer la pàtc avec une
parlie égale de sucre, le tout mélangé le plus
parfailcaienl possible.
Cuiunie le cacao contient une matière
grasse ou beurre végétai de près de moitié
de son poids , et qui rendrait dilTicile la di-
gestion du chocolat, il faut y ajouter une pe-
tite quantité d'écorce de canelle en poudre
Irès-tine. On fait aussi des chocolats avec des
cacaos d'où l'on a séparé préalablement une
portion de leur beurre; ou bien encore l'on
ajoute à la pâle de chocolat soit du salep de
Perse, soit des fécules de tapioca ou d ar-
row-root. Les chocolats communs sont mêlés
de farine de maïs, ou de fécule de pomme de
terre, ou de fèves et de pois, ou de semences
d'arachis, dites pistaches de terre.
M. J. J. Virey , médecin de la faculté de
Paris, a fait connaître les avantages et les
iiiconvéniens de cet aliment, lesquels peu-
vent se résumer aux suivans.
Le chocolat trompe aisément la faim, à
cause de ses parties grasses et de sa lente
digestion ; il est adoucissant et tempérant, et
convient dans les pays chauds et secs. Il favo-
rise la paresse, augmente le calme de l'esprit,
mais aussi, en apaisant le système nerveux,
il redonne toute prépondérance aux affec-
tions corporelles. Cet aliment convient peu
aux individus gros, remplis de lymphe, ou
pituiteux, car il augmente ces dispositions ;
son usage convient peu aux tempéramens
épais, sujets aux empàtemens du foie, à ces
obstructions qui se décèlent par un teint
blême, ou pour de pâles couleurs, chez les
personnes du sexe principalement. Sil res-
taure le voyageur, l'homme fatigué et échauf-
fé de longs travaux, il augmente trop l'apa-
thie chez les femmes sédentaires, les enfans
empâtés, les vieillards languides ou replets.
L'emploi constant du cliocolat aurait pour
résultat de modifier profondémei.t l'organis-
me. En résumé, s'il répare les perles cau-
sées par lépuisement, il diminue l'intelli-
gence en augmentant la propension aux plai-
sirs sensuels.
Fabrication an Fromage. Préparation de
la Frisure.
La fabrication du fromage dépend de la
préparation de la présure , du choix de la
matière colorante, de l'emploi du caillé et de
l'action de la presse. Tout le monde sait que
le lait se caille, par l'action du suc gastrique,
aussitôt qu'il entre dans l'estomac ; or, la
présure n'est autre chose que l'estomac d'un
animal , dans lequel les sucs gastriques sont
conservés par le moyen du sel. La meilleure
présure est fournie par l'eslomac d un jeune
veau qui, ayant tété, a reçu la mort avant que
sa digesliiin ne fût achevée.
M. Marshall , dans son Économie rurale
du comté de Norfolk, recommande le moyen
suivant , comme étant le meilleur pour la
préparation de la présure. On prend l'esto-
mac d'un jeune veau, et, après l'avoir bien
lavé et bien salé en dedans et en dehors, on
le laisse dans sa saumure pendant trois ou
quatre jours; on le suspend ensuite pendant
un pareil nonibre de jours. On le sale de
nouveau et on le place dans un pot de terre,
couvert d'un papier percé par un trou d'é-
pingle. Dans cet élat, la présure peut se con-
server plus d'une aimée. Lorsqu'on veut en
faire usage, on fait bouillir, pendant un quart
d'heure, dans un gallon d'eau, deux ou trois
poignées de feuilles de ronces et de marjo-
laine avec ô ou -4 poignées de sel ; on coule
cette liqueur, et , après l'avoir fait refroidir,
on y trempe la présure qui a été préparée
comme on vient de le voir. Si on veut don-
ner à cette préparation un parfum agréable,
on ajoute un quart d'once de clous de giro-
fle et un citron entier.
La force de cette liqueur est en proportion
du temps que la présure y a séjourné. Un
quart de litre de cette préparation suffilpour
•i-lb litres de lait. C'est, du moins, la quan-
tité ordinaire employée dans le comté de
Glocester , pour la coagulation du lait et la
fabrication des fromages.
Emplot du fer dans les constructions. •
Dans leurs grands ouvrages de maçonne-
rie , les Romains avaient coutume , comme
on le sait, de lier les pierres de chaque as-
sise par de forts crampons de fer, qui, en
en les tenant lixées d'une manière solide,
mettaient empêchement aux écartemens si
fréquens daiis les constructions modernes et
qu'on appelle /e:;ard('.s'; mais comme le fer
s'oxide facilement à l'air et plus facilement
en terre et à l'humidité; pour prévenir cet
inconvénient, qui aurait fini par compromet-
tre la solidité de leurs édifices, ils avaient
soin de recouvrir ces agrafes, chaînes ou
crampons , d'une feuille fort épaisse de
plomb, sur lequel l'humidité , n'a , pour
ainsi dire ,. aucune prise ; c'est ce dont on
vie:it d'acquérir la certitude à Moirans
(Jura).
Le propriétaire d'un grand terrain où
subsistent, sous le nom ûcPonî-cles-Jrches,
les débris de ce double aqueduc qui excite
encore l'étonnement de tous les amateurs,
d'antiquités, vient de faire effectuer des fouil-
les aux environs de ces débris, à l'emplace-
ment où le père Dunod, eti reconstruisant
la ville d'Autec, place les bains publics : on
a extrait de ce lieu , et on a employé à la
clôlure des champs plusieurs pierres taillées
bien carrément sur chaque face , d'une gran-
de dimension, et pesant chacune un millier
au moins; toutes ces pierres étaient unies
les unes aux autres au moyen de ces cram-
pons de fer recouverts de pio.nb, et si soli-
dement incrustés qu'il a fallu faire usage de
la poudre pour les détacher. Le fer était,
après 18 siècles, parfaitement conservé, et
nul doute que cette conservation ne soit at-
tribuée au plomb qui l'entourait.
Un morceau de ce fer avec son enveloppe a
été déposé au musée départemental du Jura.
(Couverture des maisons,) utile précaution.
Lorsque les combles sont en place, os
cloue au-dessous des lattes de chêne pareil-
les à celles dont on fait usage pour le po-
sage des tuiles. Les entre-deux des combles
sont remplis de roseaux bien secs et bien
pressés. Si c'est en panne que l'on couvre ,
on latte le dessus, comme on le fait ordi-
nairement , en ayant soin de battre et de
comprimer les roseaux entre les combles ;
ensuite on pose les pannes ou les tuiles ,
comme à l'ordinaire, et on les répare avec de
bon mortier, dans lequel il doit entrer de la
bourre.
Si on couvre en ardoises, au lieu de lattes,
on cloue sur les combles les planches et les
ardoises par-dessus.
Les roseaux sont préférables à la paille,
psrce qu'ils ont les feuilles dures, tranchan-
tes ou piquantes, et que les rats , etc., ont
garde d'en approcher, dans la crainte de s'y
blesser. On peut aussi faire plafonner en gris
et blanchir les greniers où l'on désire que
la propreté règne, ce qui a l'avantage de dé-
truire les araignées et autres insectes qui
auraient pu s'y introduire.
Ce genre de toiture oflre des avantages
immenses contre les incendies, la fermenta-
lion des graines, les ouragans même, atten-
du qu'il ne laisse aucuns passages par les-
quels le vent puisse s'engouffrer, pour en-
lever une pn.rlie ou la totalité des couvertu-
res, ainsi que cela se voit communément.
Calandrage des Étoffes.
Les toiles de coton, destinées à divers
usages pour lesquels il est nécessaire qu'elles
présentent un lustre et une raideur qui di-
minuent leur propension à se plisser, sont
soumises à une opération particalière , qui
dispose leur surface de la manière la plu*
convenable, et qui consiste en un frottement
exercé par le moyen de corps pesans. Ainsi,
les toiles employées pour doublures d'habits,
par exemple, sOnt calandrées après qu'elles
ont été soumises à toutes les opérations
préliminaires qui sont nécessaires pour leur
donner les qualités que l'on y recherche.
Si on se contentait de faire passer entre
deux cylindres, qui les comprimassent , les
toiles de coton apprêtées , leur surface s'u-
nirait , mais le tissu ne recevrait pas ce
glacis qui le préserve de l'altération à la-
quelle sont soumises les étoffes employées
dans lesvètemens et à divers autres usages.
Le calandrage par blocs de marbre est
celui auquel on donne maintenant la préfé-
rence , comme recevant un mouvement de
va-et-vient par une action très-simple. L'é-
toffe, é endue sur une table de marbre, est
soumise au frottement de ces blocs, et prend
en peu de temps, sous l'action combinée du
poids et de la friction, le lustre qu'on cher-
che à lui procurer et, en même temps , du
corps qui lui donne plus de solidité et de
résistance.
Bougie diaphane.
Pour fabriquer la bougie diaphane, on fond
du blanc de baleine dans une chaudière,
chauffée à la vapeur ou au b;:."n-marie, afin
d'éviter une trop grande élévation de tem-
pérature ; on y ajoute 5 p. 0|0 environ de
cire blanche ; on agite le mélange, que l'on
coule ensuite dans des moules d'élain assez
semblables h ceux que les fabricans de chan-
delles employent , à cette différence près,
qu'ils sont mis dans des caisses de bois et
surmontés d'un godet commun.
Les bougies colorées s'obtiennent en mê-
lant au blanc de baleine du carmin, du jaune
de chrome , de l'oulrcmer , du verdet : ces
C(v«;leurs sont celles qui altèrent le moins la
transparence, tout en produisant une nuance
vive.
La lumière que donne la bougie de blanc
de baleine, est sendîlable cà celle que dégage
la bougie de cire , comme l 't, VO est à lô,61;
cl bien que le binnc de biilcine se fonde à
une température moindre que lacire, comme
il entre en vapeur aussi beaucoup plus tôt,
l;i bougie de bhnc de baleine coule générale-
n)enl moins que l'autre. Son défaut principal
élait de charbonner facilement; m:us les
mèches nattées de M. Cambacérès ont fait
disparaître tout-à-fait cet inconvénient.
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL.
ï. Agriculture. — II. Art» libéraux. — m. Conaxnerce.
101
Doreurs sur métaux.
L'objet que l'on veut dorer, et qui a été
fondu ou coulé en bronze, est porté au cise-
leur ou au tourneur. Lorsqu'il est terminé ,
il est livré à l'ouvrier doreur, qui le f.àl
reluire, et le décoche en dissolvant la surface
oxidée du métal avec de l'acide nitrique ou
de l'acide siilfurique affaibli. Lorsque le mé-
tal est bien netloyé, que le décapage est com-
plet, et tju'il présente partout l'cclal métalli-
que, on le lave à grande eau, et on le fait
sécher, soit on l'essuyant avec des linj,'es
propres, soit en le roulant dans la tannée
sèche, et dans du son ou de la sciure de
bois.
Le doreur prépare l'amalfaaie d'or et do
mercure, et l'applique ensuite sur la pièce
au moyen d'une espèce de pinceau fait avoc
des fils de laiton, et appelé grattt-brosse,
qu'il mouille avec un peu d'acide nitrique
contenant un peu de mercure en dissolution ;
il étale l'amalganie le plus également possi-
ble, en ayant soin de charger davantage les
endroits qui doivent être mis au mat ou en
or moulu, et de ne charger, au contraiie, que
légèrement les parties qui doivent être bru-
Jiies. Le doreur lave ensuite la pièce à l'eau,
la fait sécher, et l'élève peu à peu jusqu'à la
température nécessaire peur décomposer l'a-
malgame d'or et pour volatiliser tout le mer-
cure, sans faire rougir le bronze. Il faut
avoir soin, pendant celte opération, de reti-
rer souvent li pièce du feu, pour la brosser
en tous seas arec l;- brosse ordinaire, afin
d'y étendre également l'amnlgame, qui de
vient plu- fluide en s'cchauffaut, et qui res-
sort alors des pores du cuivre.
Lorsque tout le mercure est volatilisé, on
recouvre la pièce, si on le )i go convenable,
d'une nouv^lbi couche d amalgame; on la
passe de nouveau au feu, et on recommence
cette opération autant de fois qu'il est néces-
saire pour obtenir la dorure demandée.
Quand la pièce est terminée, on la lave
dans de l'eau acidulée avec du vinaigre, et
on l'y nettoie en la frottant avec des grattes-
brosses neuves et rudes ; on passe de l'eau
claire dessus; on la sèche en la roulant dans
la tannée, dans la sciure de bois, ou dans du
son bien sec, et on la nettoie avec du linge
propre ou avec une brosse. Arrivée à co point,
la pièce a une couleur jaune-pàle , el peut
recevoir à volonté le mat, la couleur d'or
moulu, le bronze, ou la couleur d'or rouge.
Ecartsseurs.
De l'Ecarissage des chevaux. — Pour
abattre les chevaux qui leur sont vendus ou
amenés vivans , les écarisseurs emploient trois
manières diff'crcntcs : on saigne l'animal, en
ouvrant l'aorte, ou grandcartère, avec un couteau,
ou bien en le plongeant entre l'occipital et la
première vertèbre jusque dans la moelle épi-
aièrej d'autres fois on les assomme, en leur
assénant un coup de massue sur le milieu du
haut du crâne. Une fois abattu elmissur le dos,
on df^pouille l'animal en lui faisant une incision
longitudinale depuis le milieu de la mâchoire
inférieure jusqu'à l'anus, et en lui enlevant la
peau avec un très-grand soin. Ces peaux sont
immédiatement livrées aux tanneurs; si on est
obligé de les conserver, on les met deux à deux,
chair contre chair, avec une forte couche de
se! marin entre elles, afin de les préserver de la
corruption.
Les tendons et les pieds sont vendus esicore
frais aux fabricans de colle forte, qui achètent
les tendons el rognures desséchés au prix de 60 L
les 100 kilog. ; les sabots et les cornes passent aux
aplatisseurs pour les fabricans de peignes: ils se
vendent de 12 à 15 fr. les 100 kilog. ; les défec-
tueux ne se paient que 10 fr.les 100 kiiog.Quant
à la graisse, elle est extraite avec le plus grand
soin ; elle est fort utile pour les lampes d'émail-
leur, parce qu'elle ne doBue point de fumée en
brûlant et qu'elle ne s'épaissit point; les hon-
groyeurs et les bourreliers en font usa? e avec
avantage pour assouplir les cuirs. Enfin, les os
sont vendus aux fabricans de produits ammo-
niacaux et de noir animal. Le squelette d'un
cheval pèse, en moyenne, 40 kilog.; ce poids
diminue de moitié quand les os se dessèchent.
M. rayen, auquel la chimie df)il d'importan-
tes découvertes, recommande de dessécher le
sang, afin de le faire servir comme engrais, ou
de le vendre aux raffineurs de sucre, mélangé
avec huit fois son volume de terre sèche, ou de
le faire servir, dans ce même état, à fertiliser 8
mètres en superficie de terre par litre de sang.
Les écarisseurs passent habituellement 7 à S
heures à retirer la graisse qui se trouve autour
des muscles et des boyaux d'un cheval en bon
état; M. Payen fait couper la viande par mor-
ceaux, casser les os, et le tout es-t bouilli avec de
l'eau dans une chaudière; on relire l'huile au
fur et à mesure qu'elle surnage à la surface du
liquide.
Un cheval de taille ordinaire el du poids
ir.oyen d-3 500 kilog. peut rendre Ô4 kilog., ou lô
fr. de peau fraîche ou passée au lait de chaux ;
1 kilog. ou un fr. de crins j 9 kilog. ou 2 à ofr.
102
de sang dc??éch6; J kilog. 1/2 oi! 2 fr. de sabots ;
8 kilog. ou 2 fr. d'asticots, n' s de la d-^composi-
tiondes viscères; 20 kilog. ou un fr. de vidanges ;
1/2 kilog. ou 50 cent, de tendons desséchés au
lait de chaux; 4 kilog. 1, 4 ou 5 fr. de graisse
fondue; 100 kilog. ou "5 fr. do chair cuite poui-
la nourriture des volailles ou des chiens, ou pour
engrais, et 4G kilog. ou 2 fr. d'os, en tout C4 à
65 fr. , somme ([ne M. Payen élève même à 114
et 115, quand le cheval est en bon état. Les éraris-
seursnerelirent, terme moye.a , (juc "8 à 40 fr.
^u mênic animal.
Fondour de métaux (1).
Les ouvriers employés au grillade et à la
fonte des métaux oui exposés à des mala-
dies très-dangereuses. Le feu dont ils se ser-
vent dans leur travail rédwil une partie des
métaux en vapeurs, et, m.lgré les précau-
tions ([u'ils prennent, ils absorbent unt» assez
g:rande (lusnlilé d'émanations , qui occasio-
nent des maladies touvcnt mortelles. Les fon-
dcuis sont, en outre, affectés de ra.ladies que
produit chaque métal tn particulier; ainsi
le plomb leur donne la colique métallique ;
le mercure, le tremblement convnlsif; le
cuivre et l'arsenic, des coliques iuteslin.;les,
de l'amaigr issement et de la lièvre.
Si la fonte et le grillage des méliux se font
à l'air libre, les ouvrier> doivent, pour se ga-
rantir des vapeurs métalliques, s'attacher
une éponge mouillée sur la bouche et sur
le nez; si, au contraire, ces opérations se
praliiiuent d ins un atelier, il serait av.iiila-
geu\ d'y ctatliruno cheminée manie d'un
fourneau d'appel.
Les fondeurs, (Manl exposés aux inconvc-
niens d'une grande chaleur, peuvent se ra-
fraîchir avec de l'oxvcral; ils doivent soigneu-
seraeui éviter les hcissuns Iroides.
Faïeoce ( fabricani de ), improeion sur
fnience.
Les procédés pour opérer les impressions
sur fa'i'ence se divisent en cinq opérations
principales, qui sont la mixtion, la prépara-
tion du [lapier, la couleur, l'application el la
cuisson.
10 La mixtion se compose d'une partie de
gomme clasliqne, de vernis et de térében-
Ihine. Ces trois matières combinées el cuites
s'appliquenl sur l'ém .il ou autres objets qu'on
veul imprimer , en imbibant un linge de la
composition et en frott/inl sur la pièce, que
l'on fail ensiiilc séclier, soit au feu, soit à
l'air.
2" L'eau pour la préparation du papier se
compose avec du iiel de carpe et de la po-
tasse mêlée el de l'eau en quantité suffisante
pour obtenir un bain savonneux el liltré.
Celte eau t-erl à tremper le papier sur le-
quel ou imprime.
(1) V. pour dilTorenles autres professions, li' numéirT
de janvier iS33, page 2o el suivantes Ju Journal des
Connaissances Utiles.
ôo La couleur dont on se sert pour rem-
plir la taille des planches se compose, pour
le noir, de sulfate de m inganèse passé à l'état
de carbonate; de sulfate Je cuivre, ou cristaux
devenus cristallisés et grillés, puis passés à
l'étal de carbonate et de cobalt de Suède.
i» On tire l'épreuve sur du papier Joseph,
que l'on trempe d.ins l'eau préparée comm»
il est dit ci-dessus, el qu'on laissa arriver à
une humidité convenable ; ensuite on jette
l'épreuve sur la surface de cette même eau,
el on la relève un quart d'heure après, en
la niollanl ressuyer de nouveau sur du papier
non collé, et on l'applique sur la pièce en-
duite de la mixtion ; puis, à laide d'un petit
tampon de papier Joseph imbibé de celle
eau, on appuie sur l'épreuve jusqu'à par-
faite impression.
•'>" La cuisson s'effectue dans des moufles,
comme pour la porcelaine, jusqu'à ce que
l'impression soit pasv,ée -ous l'ém '.il.
Les résultats qu'on obtient par ces procé-
dés sont d'offrir des objets bien imprimés,
avec l'avantage de donner -ux émaux plus de
dureté et de solidité par unenouvelle cuisson,
notamment sur la f ù nce dite terre de pipe,
dont l'émail, f ibriiiué en France, est très
tendre, si on en excepte quelques fabriques.
XaUthiers.
Colophane. — r.ésine cuite et privée d'huile
essentielle, donl on frotte les crins des archets
des instrumens à vent. On fail f(»ndre dans une
chaudière de fonte un mélange de deux parties
de résine, résidu de la distillation de la U'réhcii-
thine avec une partie de poix blanche. On lient
iong-lemps ce mélangea petit feu, en le remuant
de temps a autre avec une spatule, afin de re-
nouveler les surfaces dislillanles el d'eftipècher
que la matière ne s'attache au fond de la chau-
dière. Toute l'essence finil par se di^gagcr. On
s'assure que la colophane est bien purgée, en en
faisant reiroidir une goutte, qui, à l'état de
perfection, doit èlre sèche el pulvérulente. Par
le refroidissement de la masse dans la chaudière,
toutes les impuretés des résines tombent au
fond; on écume alors avec soin, et on coule la
matière dans des moules disposés à cet efl'et.I.es
résidus servent dans la fabrication du noir de
fumée.
Mkdecixs. — Emploi du soufre dans le cas de
rhnmutismc. Xous appelons l'attention des méde-
cins sur le fail suivant affirmé jiar un journal
anglais digne de foi : le soufre a ét'^ employé
avec succès contre le rburaal'sme par de sim-
ples frictions à la jiarlie aft'eilée, el sur laiiuelle
il faut ensuite contenir le soufre. Quelques mi-
nutes suflisent, dit M. TucKer, pour apporter
une ann-lioration sensible dans l'état du malade,
el les ilouleurs disparaissent sans retour.
NoTAiniîS { responsabilité des). — Le notaire
chargé d'eiïectuer un placement de fonds dont
il est dépositaire , ne peut pas les rcmeltre à
l'emprunteur avant que les justifications de ga-
rantie hypothécaire stipulées dans le contrat
aient 6U' remplies, sous peine de responsabilité.
[Cour de Caisation, i dticeinùie 1S35.J
S^eunïers.
Nouveau PROCÉDr; pour obtetviu i.a f.v-
BïNE DE GUI AU. Au moyen d'nnc inoulo en
grès ou en bois de !S pouces de diamèlre ,
suscepli! le de tourner i'io fois à la niinule ,
on opère le pcrl-gc; cetlB meule est enve-
loppée d'une chemise de môms forme, en
tôle , percée comme une râpe ; les grains de
froment, au sortir du tarare , tombent par le
haut de la chemise sur In •^urfice fiorizontale
supérieure de la meule, qui , en yrrlu do son
mouvement de rotalion , les lance vers la
circonférence, 011 ils viennent couler entre les
parois perpendiculaires de la tôle immobile
et de la meule qui tourne , et c'est d.ms ce
mouvement inccssnnt et rapide qu'ils se per-
dent en s'arrondissaut ; cet effet s'obtient
par une perte rie substance qui n'est pas
plus considérable que dnns le sassage , et
d'ailleurs ces déchets peuvent être utilisés
comme firinc dç qu lité inférieure. Après
avoir perlé suffis :mmeut b^s grains , il ne
res'e plus de soi que ce qu'en contient la
rainure du tVoment , et celle rainure, se dé-
tachant en entier sous la meule, le blutage
suffit pour l't nlever. On transporte les grains
perlés sous la meule o;din. ire ut on Itlute à
froid. M. ilaspail , auteur de ce procédé ,
pense que dans le cas de germination des
grains, la portion allérce , étant alors celle
qui est atteni-nte à la surface de l'embryon ,
•n enlevant celte portion par le perlige, on
obtiendrait du reste du péiisperiue une fa-
rine aussi peu altérée que des grains non
germes.
Peintre» en miniature.
Préparation du fiel de p.oeuf. — M. Du-
potet, otïicier d'arlillerie, vient de découvrir un
procédé pour la préjiaralionilii fiel de breuf épuré,
doiillespeintresenniinialurefont usage pour don-
ner de la solidité, deréclatetdeladiiréeaux cou-
leurs qu'ils niellent en usage pour la peinture sur
papier et sur ivoire. On jilace le fiel de b(euf sur
le feu; lorsqu'il a bouilli, on le jette sur un
blanchet ou sur un linge fin , qui conserve une
écume épaisse et les autres impuretés. On remet
la substance sur le feu, et on la sature d'alun
en poudre, artanl que la liqueur jeut en dis-
soudre; ensuite on la relire du feu, on la filtre;
et, pendant qu'elle est encore chaude, on y pro-
jetie de la craie pulvérisée, qui produit une vive
eft'ervescence, et lorsqu'elle cesse d'opérer, on
jette le tout sur le filtre. Une dernière filtration
en papier gris fournit une liqueur toul-à-fait
limpide. Le fiel ainsi préparé enlève la mine
de plomb, et, si on en buniecte un papier (lue
l'on pose en pressant légéreiiient sur un dessin
de mine, on peut enlever 2 et 3 épreuves ou fac-
similé très-réguliers.
Pharmaciexs. — Spécifique contre les maux
103
de dents. — Le brevet de M. Roux, pharmacien,
étant épuisé, et son spécifique, connu sous le
nom de rar.igiiay-noux , contre les mauv de
dents, tiinibaiit d.ins le domaine public, voici la
formule de celte coniposilion :
Feuilles et Peurs d'inulabifrons 1 partie.
Fleurs de spilanlos olcracca 4
Tiacine de pyrèlbre 1
Alcool à Zt, degrés 8
Concasse/, le tout séparément et mettez-'eensuite
dans un vase clos; faites macérer pendantquinze
jours, filtrez ensuite et conservez la composition
dans des vases bien bouchés.
Raffineurs.
Des appareils employés pour la fa-
buicatiox et le raffinage du sucre. —
Divers appareils évaporatoires , dont plu-
sieurs opèrent au moyen du vide et un seul
par insufflation d'air chaud, ontété appliqués,
dans ces derniers temps, à la concentration
du jus sucré et à la cuisson des sirops à
basse température.
Celte question est d'un haut intérêt, et mé-
rite de fixer l'attention sérieuse des fabricans
et raffineurs de sucre, seuls et véritables ju-
ges compélens en cette matière, maintenant
ï.urtout qu'il est reconnu que le ch;;uffage à
nu et l'ébullilion des dissolutions sucrcps à
une température élevée, nuisent au sucre.
D'ailleurs, une législation nouvelle leur im-
posant la nécessité de recourir à des procé-
dés évapor.toircs autres que ceux dont ils ont
fait usage jusqu'à présent, il est utile de com-
parer les divers modes d'appareils de concen-
tration et de cuissonà basse température, qui
ont pour eux déjà la sanction de grandes
entreprises industrielles.
M. Degrand , ingénieur civil , inventeur
d'un de ces appareils, vient de publier une
notice dans laquelle il discute les résultats
obtenus dans les fabriques où ces appareils
ont été montés, et les compare entre eux sous
les rapports des frais d'établissement, des dé-
penses (l'eau et de combustible, ainsi que
sous celui des inconvéniens attachés à leur
mise en œuvre.
L'appareil Howard est le type primitif des
appareils évaporatoires à l'abri de la pres-
s.on de l'atmosphère; ra.iis sa dépense jour-
nalière d'eau f.oide est si considérable (elle
équivaut à dix-neuf fois le poids de l'eau qu'on
extrait des sirops) qu'on ne peut l'établir que
dans les lociilités où l'on dispose d'énormes
masses de. u , et qui se prêtent à leur éva-
cuation après qu'on les a ucdies par leur em-
ploi.
Les calculs qui suivent sont applicables à
une f.ibrique -le sucre, qui, râpant cl pressant,
f il une campagne ds cinq millions de kilo-
gr. mmesdelielteravescn U(» jours de travail.
L'appareil Brame-Chevalier coûte 113,700
fr.; celui de M. Pelletan et celui de M. Roth,
y6,7u0 fr. ; tandis que l'appareil Degrand ne
revient qu'à 55,"()0 fr. La dépense en com-
bustible pour la concentration et la cuisson
104
pendant la campagne (le charbon étant cal-
culé au prix moyen de quatre centimes le
kilof .), est de 54,500 fr. pour le premier de
ees appareils , do 37,000 fr. pour les deux
suivans, de 1^^,500 fr. pour le dernier. La
dépense journalière d'eau froide pour la con-
densation des \apeurs , offre des résultats
analogues. L'appareil de M. Rotti et celui
de M. Pellet.m demandent 4,800 et 4,600 hec-
tolitres d'eau; celui de M. Brame-Chevalier
n'en dépense pas, non plus que celui Degrand,
mais ce dernier fournil par jour 150 hecto-
litres d'eau chaude propre à diffërens usages.
La même proportion existe dans l'applica-
tion de ces appareils à une fabrique qui,
macérant, fait une camp;igne de cinq millions
dekilog. de betteraves en " jours de travail.
Dans ce cas, l'appareil Degrand coûte (i2,<'00
fr. , l'appareil Roth , -lod.ooo fr. , celui d«
Brame-Chevalier , au-delà de i2(Hi,000 fr. La
dépense en combustible est, pour le premier
appareil, de 22,500 fr., de 44,800 pour le
deuxième, et de 60,000 fr. pour le dernier.
L'appareil Degrand parait donc satisfaire à
toutes les conditions essentielles, étant celui
qui coûte le moins ch»r «t dont les dépen-
ses journalières g»«t les plus bassBS ; il se
plie, d'ailleurs, à toutes les exigences manu-
facturières , et il est en outre applicable à
toutes les localités.
DÉcoLOKiMÈrRE. — Lc ckftrbon animal ou
noir animal sert à la décoloration d'un grand
nombre de produits, par exemple, du sucre,
soit par le mode suivi pour sa préparation,
soit par le mélange de quelques substances
étrangères; il r.e décolore pas toujours éga-
lement, et lorsqu'Tin f;;bricantse sert du noir
animnl comme agoni de décoloration, il lui
importe de savoir quel degré do farce il peut
présenter. On peut arriv-er à évaluer celle
propriété par comparaison, -en faisant passer
du sirop ou du caramel d'une intensité de
couleur donnée sur une quantité égale d'un
charbon d« très-bonne qualité et de celui
qu'on veut essayer, jusqu'à ce qu'on ait ob-
tenu le maroimum de décoloiation avec l'un
et l'autre, et en comparant les teintes obte-
nues. Pour arriver à ce résultat d'une ma-
nière assez rigoureuse, M. Pavf.n a imaginé
un instrument qu'il nomme décoiorimèire, et
qui se compose osseutiellemenl d'un tube de
verre, dans lequel on introduit un volume de
caramel qui a clé agité avec une quinlilé
donnée do charbon à essayer, et dont on
compare la Icinle avec du caramel décoloré
par la mome proportion de noir .inimal pur.
Cet instrument, qui offre beaucoup d'avan-
tages, n'a d'autre inconvénient que son prix
élevé, qui sera nécessairomenl uueentrave à
sa propagation.
Teinturiers.
Préparations nu fcROTox nu teinturier
ou TOCUNESOL. — Celle plante, qui croil na-
turellement dans le midi de laFri.ncc, où elle
«l connue sous le nom de ma«re//t', est très-
utile aux arts par la teinture qu'on obtient
de son suc. — Le croton croît dans les terres
les plus arides et même rocailleuses ; il ne
demande pas d'engrais, et n'a besoin qae
d'une simple culture , encore bien que l'un
et l'autre aient des résultats avantageux, si
surtout, dans les chaleurs, on l'arrose à pro-
pos. Dans ce cas, les produi;s sont considé-
rables. En no4, M. Montel a fait connaître
quelques préparations du tournesol dans un
mémoire inséra diuus le volume de l'acadé-
mie des sciences de Paris, année 175 'i, et in-
diqué dans la pharmacopée de Baume, 1790,
page 458. Voici les principales : on broie d'a-
bord la mau relie sous une moule dis,posé.e
comme dans les moulins qui servent à écra-
ser les olives ou les pommes à cidre, ayant
soin de choisir pour cela un jour où le soleil
ait de l'ardeur et où la température est sè-
che. Quand les plantes sont bien écrasées,
on en remplit un cabas fait de jonc, et sem-
blable à ceux dont on so sert pour mettre
les olives au pressoir. Le cabas est soumis à
une forte pression, et le suc qui s'en exprime
est reçu dans des vases ; quand U n'y a plus
de suc, on relire Je cahas, et on jette le marc,
qui passe pour être un excellent fumier.
Avant cette opéralien, on fait provision de
toile qui ait déjà servi, mais qui n'ait pas
encore été blanchie par la rosée ou la lessive.
Si elle est salle, on la lave et on la fait sé-
cher. Toute toile est bonne, si elle est de
chanvre. On la divise en plusieurs morceaux.
Ce travail est réservé aux femmjes. Chacune
a devant elle un baquet de bois pareil à celjji
dont les blanchisseuses se servent pour sa-
V( nner le linge; elle prend une, deux ou
trois pièces de toile, selon qu'elles sont plusou
moins grandes, el elle les met dans le baqjiiel.
Elle verse ensuite pwr dessus un pot de suc
de crolon, cl elle froisse la toile de manière
à ce qu'elle soit partout imbibée de ce suc.
Ensuite, on étend ces drapeaux %\it desUaies
exposées au soleil ardent, et quand-ils sont
secs, on en forme des tas.
Une deuxième préparation consiste à ex-
poser ce.s drapeaux à la vapeur de l'urine ou
du fumier, ce qui leur fait prendre la cou-
leur Lieue. A cet offol, on rassemble, un mois
à rav;'nce, de l'urine dans des cuves en pierre;
on en laisse, au moment de l'opération, «•n-
viron ôO pots, forn>anl une épaisseur de 5 à
() pouces; on y jette 5 à c; livres de chaux
vive (quelques-unes y ajculent une livre d'a-
lun); on remue bien le mélange avec un bâ-
ton ; on place au-'lessi!s de l'nriiK- des ro-
seaux croisés sur lesquels on étend 7 à 8
drapeaux imbibés de fuc et séchés les uns
sur les autres; puis on couvre la cuve d'un
drap ou dune couvcriure. Les drapeaux res-
IlmiI ainsi exposés à la vapeur de la liqueur
pendant plus ou moins de temps, en raison
de sa force, mais généralement pendant -24
heures. Il faut avoir soin de les relonrner
et d'éviter qu'ils ne trempent dans l'urine, la-
quelle détruirait à l'instant la matière colo-
rante. Chaque fois qu'on expose de nouveaux
drapeaux à la vapeur de l'urine, il f;inl l.i
remuer : pendant que dure celte préparation,
on met tous les jours de l'urine dans la cuve,
mais on n'y met que trois fois de la chaux
viveel de l'alun.
Lorsqu'on est ohligé de suppléer à 'l'urine
par le fumier , on doit prendre de grandes
précautions, attendu que les drapeaux doivent
être retournés et retirés dès qu'ils ont pris la
couleur bleue , ce qui arrive parfois au bout
d'une heure ; une trop longue exposition à la
vapeur du fumier pourrait détruire la cou-
leur et tout perdre, ce que l'on n'a pas à
craindre avec l'urine.
Quand on veut exposer les drapeaux à la
vapeur du fumier, on en étend une couche
dans un coin de l'écurie; on couvre légère-
ment cette couche de paille brisée, on met
par-dessus les chiffons entassés les uns sur
les autres, et on les couvre immédiatement
d'un drap, comme dans l'autre procédé. Le
fumier qu'on emploie est celui de cheval, de
mule ou de mulet; quelquefois aussi on met
les drapeaux entre deuxdraps,et ceux-cientre
deux couches de fumier.
liés que les drapeaux sont sufGsamraent
irr^prégnés de lalcali volatil qui se dégage
de l'urine ou du lumier, on les imbibe une
second» fois de nouveau suc de raaurelle ; et
si, après celte opération, ils sonl d'un Lieu
foncé tirant sur le noir, on en reste là. Si les
«biffons n'ont pas cette couleur foncée, on les
imbibe de nouveau jusqu'à ô et 4 fois si cela
est nécessaire.
Quand les drapeaux ou chiffons, ainsi pré-
parés, sont bien secs, ou les emballe dans de
grands sacs, où ils sont serrés et pressés,
puis on fiiit un second emba!l:;ge dans d'au-
tres sacs, ou dans de la toile avec de la
paille , et on en forma des ballots de 5 à 4
quintaux, qui d'ordinaire sont expédiés en
Hollande.
Le bleu de la morelle n'est pas aussi beau
que celui qu'on retire du pastel ou de l'indi-
go. En Allemagne, en Hollande , eu Angle-
terre, on en colore les conserves, les gelées
et diverses liqueurs; on s'en sert aussi pour
donner au vin la couleur qui lui manquis, et
pour tcindrele gros papier à sucre.
La teinture de tournesol otl'un des réactifs
les plus fréquonimeut einployést^par les cbi-
mis t s parce qu'elle a la propriélé de rougir
sur le chiiîup dès qu'on la racle avec une
subslance ;;cide quclcoiique, dont elle décèle
ain i la présence. Les Holl.-mdais l'emploient
pour colorei enviolellacroùîede leurs froma-
ges. C'est avec la matière première que nous
leur fournissons, c'esl-à-dire le tournesol en
driii>eaux,qu'ilspréparentlefO!(j7ie4o/fnpatJi5,
que l'on débite sous la forme de pâte sèche,
qui est en usage dans divers arts, et avec le-
quel on fait des espèces de pierres à dessiner.
TissiBANDs. Encollage économique.
On fait bouillir pendant dix minutes six
onces de graine de lin dans trois litres d'eau ;
10S
on passe ensuite cette fusion à travers une
toile forte cl serrée, de mariicrc à co cjn» la
graine rcsfce au linge. On délaie ensuite 14
onces de farine de blé dans un litre d'eau ,
jusqu'à ce que cela acquiert la consistance
d'une bouillie épaisse, et on la verse dans la
décoction, que l'on place sur le feu jusqu'à
ce qu'on ail obtenu une bonne cuisson. Sept
livres de ce parement sufliscnl pour encoller
une pièce de toile fine de soixante aunes ,
pour laquelle on emploie ordinairement neuf
livres de colle ordinaire, d'un prix plus élevé.
Afin que la partie muqueuse du résidu puisse
s'extraire d'une manière complète , il faut
pulvériser le marc de lin avant de l'employer.
Ce parement a en outre l'avantage de per-
mettre de travailler sans inconvénient hors
des caves et à toutes les températures. Divers
fabricans de toile du Mans ont déjà employé
cet encollage sur des chaînes de coton , de
lin et de chanvre, et lui ont reconnu les quali-
tés suivantes : 11 donne à la chaîne plus de
souplesse, de force et d'élasticité que l'encol-
lage ordinaire ; S" le grain de la toile devient
plus saillant, plus beau et plus net, ce qui
est dû à la petite quantité de colle employée;
ô» Le tour du parent laisse pas apercevoir
la teinte rembrunie que l'on attribue à une
piqûre dans les toiles écrues, et il facilite le
passage des fils entre les lames sans les en»-
crasser; 4^ Chaque pièce demande moins de
matière, sa fraîcheur se perd moins prorap-
temcnt , et on peut remettre sa tissure au
lendemain; r.o lia encore la qualité inappré-
ciable de pouvoir élre conservé long-temps
sans souffrir d'altération.
M. le comte Perrochel, inventeur de ce
procédé, a la délicatesse de reconnaître que
le parement hygrométrique au lichen , qui
est dû à M. Morin, a toutes les qualités qu'on
lui attribue ; son but, en cherchant un nou^
veau procédé, a été de procurer des résultats
analogues avec des substances d'un prix peu
élevé et qui surtout puissent se rencontrer
partout.
pROPltlÉTAIRES RD9!ACX : AbeiIleS.
Quelques cultivateurs , aussitôt que les
grands froids sont passés , ne iHanquent pas
d'exposer leurs ruches à l'influence des rayons
du soleil; cette méthode est très pernicieuse,
en ce qu'elle fait sortir trop tôt l'insecte de
son engourdissement ; il ne peut supporter
ensuite, sans ïouffiir beaucoup, le froid des
nuits et les gelées du matin. Les abeilles no
doivent être exposées au soleil que quand les
arbres bourgeonnent, et lorsqu'elles trou-
vent autour d'elles une r ture sunis:;n!e.
Un peu de sel et de n lasse en dissolution
dans de l'eau de source est un excellent remè-
de contre une espèce de dyssenlerie à laquel-
le ces intéressans aniraïux sont fort sujets à
la suite des hivers rigoureux.
Asperges. — Pour garantir les asperges du
ver blanc dn hanneton, il faut placer près du
pliul des laitues, dont ce ver est Irès-friand ;
quand la laitue se fjne , ou trouve au pied
de cette plante le ver, que l'on pourra dès-lors
facilement détruire.
106
Betterave pour scmek (préparation de la
GkAINC DCy.
jXon-seulemcnl la gr.,iiie de betterave blan-
che est rare dans la commerce, raiis il esl en-
core plus difficile lie s'en procurer en quanlilé
suffisante, attendu la grande extension que
prend la f.ibrication du sucre.
Yoici comment M. Cliartier supplée à celte
insuffisance. Il mel dans une sébile de bois
une certaine qu.intité de graine, qu'il frappe
vivement au moyen dun pilon de bois de la
forme do ceux employés par les pliarm icieus,
ayant soin de déplacer la graine avec la main
quand le mouvement oscillaloiie de la sébile
ne les déplace pas suffisamirent. Lorsque ces
graines sont débarrassées des premières aspé-
rités, on les passe dans un crible ou dans une
passoire de cuisine, ce qui vaut encore mieux,
et l'on pile de nouveau jusqu'à ce que Ton
soit arrivé à ne trouver que peu de graines
adhérentes à d'autres petites giaines.
Une livre de graines propres, paul, après
l'opération complète , perdre , il esl vrai ,
environ un tiers du sun poids, m is il y a tou-
tefois grande économie à suivre ce procédé.
D'une part, on évite la germiQ;ition de trois
ou qu tre graines à la même pla.e, et consé-
quemment li nécessité de faire enlever les
plants surabondans. L'autre avaut;igo con-
siste dans l'économie de la semence. Lu pla-
çant les rayons à une distance de titi centimè-
tres, et la graine à 10 ou 11 centimètres sur
les lignes , le kilog. , contenant -4ii où v')(),UUO
graines (ians l'état ordinaire, il eu faudrait,
par hectare, environ trois kilogrammes; après
les avoir fait piler, deux kilogrammes sont
sufûsans.
Cours d'eau. — Compètemce.
Dans les contestations entre les riverains
d'un cours d'e.iu, relativement à la hauteur
des eaux, c'est à l'autorité judiciaire qu'il
appartient de statuer, lorsqu'il ne s'agit que
de l'application des litres respectifs; mais en
l'absence des titres, et lorsque li décision
pourrait avoir le caractère d'un règlement
d'intérêt général sur la hauteur des eaux,
c'est à l'administration qu'il appartient de
statuer. Un arrêt ne viole donc pas aucune-
ment les règles de compétence, lorsque, d ms
ane contestation dénature, il >talue d'après
les titres produits entre les riverains que ces
litres concernent, et renvoie les autres devant
l'autorité adniinistr.ilive pour en obtenir un
réglcmoiU sur la hauteur des eaux dans ui
intérêt géncr.l. (C. de Cassation, 4 juin 187)5.)
CULTUIIE SIMULTANÉE l)U TIÎKILE INC AKNAT
ET DES NAVET.S. — Un cullivatcur de la Flan-
dre , voulant essayer du trèlle imamat , et
doutant do la bonté de l'innovation , joignit
des navets à ce trèfle, pour que, dans le cas où
celui-ci ne réussirait pas, ses soins no fussent
pas entièrement perdus. L'essai a été double-
ment heureux. H a obtenu des navets pour
la nourriture des bestiaux, et le trèfle n'en a
as été moins beau. De celle sorte, la terre
produit une récolle de navels pendant l'hiver,
une récolte en trèfle au mois de mai , et une
autre récolte en betteraves, carottes ou autres
plantes analogues , en septembre ; au total,
on a obtenu trois récolles au lieu d'une seule.
Garakce ( Arrachage de la )
On place un cabest in à l'extréiniié delà
pièc? de terre que l'on veut labourer, et l'on
tonela charrue sur ce cabestan m in«jpuvrépar
une seule béîe. Ce procédé extrêmement
simple produit une très-granJe économie de
fr.is: d'dbord il s'jpplce parfaitement à l'em-
ploi des trois paires de bœufs exigées par
chaque charrue; il épargne en outre des frais
considérables dejournaliers: tel champ planté
de gar ince qui coulait 150 fr. d'arrachage,
n'en coûte plus que ">(j par cette méthode.
Genêt (Toile de).
Le genêt dont en fait le fil est le genêt
d'Espagne [genesta hispanica), qu'on sème en
septembre et qu'on laisse, à l'âge de deux
ans, pdlurer parles troupeaux. A ti ou 7 ans,
on coupe toutes les tiges rez-de-terre, à la fin
de février ; il en sort des rejetons qui, en
août et en septembre, ont acquis une lon-
gueur de 18 à i4pouces.Onles coupe à la serpe,
«•ton les expose nu soleil pendant !S à lujours,
par gerbes d'environ 4 pouce* de diamètre.
Ob frappe ensuite ces gerbes avec un rou-
leau de bois pour les aplatir, ouvrir et faire
tomber en partie la première écorce et pré-
parer les germes pour l:i fermentalien. Dans
une fosse carrée à portée d'une eau courante,
on les place debout et bien serrées, en pre-
nant la précaution de couvrir les côtés et le
dessus du tas de p.iille mouillée, afin de les
garantir du contact de l'air ; on charge ce tas
de grosses pierres plates, et on l'arrose 2 ou
3 fois par jour, peuilanl S à !'> jours.
Enfin, après ces préparatifs, les gerbes
sont bien lavées à l'eau courante, frappées
avec un battoir qui enlève la première écorce
et laisse les filamens à découvert, que l'on
fiit sécher au soKil. Quand on veut s'en ser-
vir, on extrait la Classe bûche par bûche ;
en prenant parla base, tout part i la fois, et
la moelle sert à faire des allumettes. La filasse
est peignée comme celle de chanvre et (ilce
à la quenouille. Elle foKrnit de bonne toile
de ménage, dont on a fait usage dans les Cé-
vonnes, et dont il serait à désirer que 1 1 pro-
duction se répandît en France, ce li:isu épais
et serré pouvant être utilement emp'.oyé en
vêlement.
Météorisation des ruminans.
Nous avons piécédemment indiqué (I) quel-
ques moyens pour remédier à cette maladie
si désastieuse dans les campagnes; l'expé-
rience en a démotilni l'eflicacité. Voici un
nouveau procédé qui, déjà mis eu usage, a
donné des résultats sali>f,ii»an». On introduit
(i) .Vnuée 1SJ3, avril et uovciiibre, pages 107, et
293.
107
dans le rectum de l'animnl une seringue vide
et fermt^e, avec laquelle on aspire les g;tz re-
tenus dans les inlcstius et le rumen. Deux
ou trois opéralioiis suffisent habiliU'llom?nt
pour mettre hors de d:;nger l'animal attaqué,
et alors l'evlraction etr.îît devenue facile, l'a-
nimal rend bientôt le reste des gaz nuisiLles.
Ce procédé, mis en pratique par M. David,
agriculteur à Hélàbre, est exptidilif et nulle-
ment dispendieux.
Autre remède :
Esprit d'ammoniaquiî, 1 partie.
Huile de pétrolle noir, 2 p.
Ces deux substances sont fortement battues
pn.4enible^pour opérer un mélange complet.
Pour en faire usage, on étend une cuillerée
du mélange entre deux tranches de pain qu'on
enfonce dams le got-ier de la bOte malade, en
lui tenant la tète haute, jusqu'à ce qu'elle ait
ayalé ; on lui passe ensuite dans la bouche
un lien de paille , qu'elle mâche ; l'air s'é-
chappe en abond.ince, et d.ns un quart-
d'heure la béte est guérie. Ce remède est
communiqué par J. Sculotter, vétérinaire à
Unterhallen, canton de Scbafhausen, en Suis-
se, lequel atteste que, dam une longue pra-
tique, il l'a toujours employé avec succès,
même dans les cas de météorisalion les plus
dangereux.
Oiseaux entomovoues (qui se nourrissent
d'insectes). — En France, on a géuérarement
l'habitude de détruire ces sortes d'oiseaux ,
par l'idée qu'on a qu'ils sont préjudiciables
aux semences. En Angleterre , on a le soin,
au contraire , de les conserver. Ainsi , par
exemple , les corneilles pullulent ds l'autre
côté du détroit, et on les laisse p.ùsiblemeut
se nicher dc;ns les h.intes futî.ies qui «voisi-
nent les principales habitations. A l'époque
des travaux champêtres , ces oiseaux s'abat-
tent par volées sur les sillons fraîchement
remués, et mangent avec avi îité les insectes
qui s'y trouvent. Ay ni ouvert le gosier de
ces oiseaux, on a reconnu qu'ils. ne mangent
pas le blé, mais seulement les insectes.
îSemoir à cliaiix.
Celte machine, inventée par M. ]\oii:ha>d,
a la forme d'un tomî.ereau lcj,'er, et sur le cy-
lindre qui sert d essieu, se trouve une auge
ou trémie qui embr; :rse toute la largeur de
la voiture , et dans l '.quelle lo conducteur du
cheval verse la chaux à naesnre qne la tré-
mie se désemplit. Devant celte caisse est un
petit tour qui lient un régulateur destiné à
élargir ou à diminuer i'cuvcrîure ; devant et
derrière est un plancher pour tenir les sacs
de chaux, etc., ei les vider sans descendre
de voiture. En y adaptant d'autres cylind: es ,
celte machine peut également servir à toute
espèce de semailles. Traîné au pas ordin.:ire
d'un cheval, il paraît que ce semoir répand
:2û heclol. de ch;;ux éleinle sur 2 hectares en
1 heure. Le prix de celte machine , à Cache
(pour chevaux) ou à brancards (pour bœufs),
est de 250 francs. On la ti ouve à la ma«ufac-
tuie de M. J. RAFn.x, à Nevcrs.
Terres blanches.
MovE.N n'iyy tireiî p^ini. — Un de mes
amis, propriétaire de quelijues terres blan-
ches incultes, abandonnées à la vaine pàtiire
et ne produis. ni que de mauvaises herbes
éliolét's, et par-ci par-là des plantes rabou-
gries de genévrier, tenta vainement de les
rendre productives au moyen des engrais.
Une portion fut labourée et ensemencée
en céréales et en plantes fourragères, qui,
après une germination lente, ne purent
prendre aucun accroissement. Une autre por-
tion fui plantée en bois taillis el en Joncs-ma-
rins; ils moururent presque aussitôt. Enfin
on lui cnseilla do semer dans ces terrains
un plan de cilisc [trifoUum), arbrisseau très
connu pour ornement dans la distribution
d'un jardin anglais. Celte fois, il eut lepla-i-
sir de voir pousser, en masse, de jeunes et
vigoureux sujets, qui, au bout de doux ans,
étaient, pour la plupart, de la hiuteur d'un
tit^rs de métro. Encouragé par ce premier
succès, qui donnait l'espoir de tirer avanta-
geusement parti d'un terrain jusqu'alors
considéré comme de nulle va'eur, il lit plu-
sieurs semis de gr.iinei de cilise sur des ler-
raius tout-à-fait blancs ; partout les pousses
furent vigoureuses ; et, chose digne de re-
marque, dans les parcelles de bonne terre
qui se sont rencontrées au milieu des rut i es,
les ci lises ont pris un moindre développe-
ment.
J'ai vu graduellement,* et les semis, et les
soins, et la coupe de ces t^illi.';, si riches de
leurs belles tleurs en grappes jaunes, lors-
que le piintemps vient d'éclore, et ma con-
viction a été bientôt parfaite, (lu'il y a un
grand avantage à faire de semblables .'émis.
On doit d'abord labourer la terre que l'on
destine à celte production et y semer la
graine au mois de mars, dans la proportion
de sept à huit kilogrammes par acre : on fera
bien d'y somor en même femps de l'avoine ;
le peu qui en poussera sera coi:pé très haut
lors de sa m, luiilé, elle piad servira de ga-
rantie el d'engrais aux jeunes sujets: à par-
tir de cet instant, et jusqu'à ce que le taillis
ait acquis un cerU-sin accroissement, il faut
avoir soin d'en écarter les moutons, cl lorsque
les jeunes pousses ont six à sept pieds de
h ut, il est prudent de h^s couper, afin que
les racines prennent plus d'çxleniion.
Après cette première coupe, les subséqni?n-
tes se font tous les six ans, et prod-iisent d*( x-
cellent com!)Uslilile, dont on fait des fagots.
Ce genre de bois se dél'cnd lui-même et
contre les voleu' s qui iraient de nuit, et con-
tre les cnf^ns qui voudraient en cueillir les
fleurs, car il de\ienl liés épais et ses blan-
ches sont armées d'éjiines courtes (jai tom-
bent quand le bois vieillit. J';;i vu, à l'âge de
dix ans, faire 220 francs d'une acre de ces
bois; be.u revenu pour un premier essai
sur des objets qui ne pro iiùsaient rien!
0» treure des grainss choztous 'es graine-
108
tiets, et d'ailleurs on en récolte beaucoup
soi-même.
Rien de plus beau que ces taillis verts et
ces massifs de fleurs jaunes. Le citise est un
bois qui con-vient aux tourneurs par sa beau-
té et sa pesanteur. Mollet.
Truffe (culture de la).
Dans le siècle dernier on a essayé à plu-
sieurs reprises de cultiver et de propager les
truffes. Les essais qu'on a faits depuis en
France, en Italie et en AUemajine, ont été
plus heureux ; et quoique la culture de ce
tubercule soit assez difficile , on parviendra
sans doute, à force desoins, de zèle et d'in-
telligence , à l'introduire dans la plupart de
nos départeraens , et à créer ainsi des truffes
artificielles, après lesquelles soupirent beau-
coup d'amateurs dont la bourse n'est pas
toujours en rapport avec la sensualité.
D'après un naturaliste allemand distingué,
M. Alex. Bornholz, on peut cultiver les truf-
fes dans les jardins et surtout dans les forêts.
Selon lui, les terres renfermant une grande
quantité de bois et de feuilles de chêne en dé-
composition , ont autant d'influence sur la
production et l'accroissement de ce tubercule
que le fumier de cheval sur les champignons
de couche ; il faut rassembler en grande
quantité ces matières premières sur le terrain
qu'on destine aux plants artificiels, et choi-
sir un bas-fond un peu humide, un sol léger
d'une nature ferrugineuse et calcaire. Si la
terre est trop compacte, on y ajoute du sable;
si elle est trop légère, on la corrige avec de
la glaise ou de la terre à four. Lorsqu'elle
manque de parties ferrugineuses, on y ajoute
de la mine de fer, que l'on écrase soigneuse-
ment, ei qu'on mêle dans le rapport d'un tiers
avec l;i terre naturelle.
Les truffes qu'on destine à être transplan-
tées, doivent être de moyenne grandeur, plei-
nes de vigueur et de force viUile. On les récolte
au printemps ou au commencement de l'au-
tomne, enveloppées dans la petite masse de
terre qui les environne , et on les met dans
des caisses bien fermées, dont on a rempli les
interstices avec de la terre humide prise sur
les lieux. De cette manière, on peut les trans-
porter sans danger à quelque distance ; mais
quand le voyage doit durer plusieurs jours ,
il est nécessaire d'ouvrir les caisses do temps
à outre, de leur donner de l'air et de les hu-
mecter avec de l'eau de rivière , afin d'empê-
cher la truffe de se moisir ou de se pourrir.
Quand les caisses sont arrivées à destination,
on les ouvre par un beau jour, à l'ombre;
on humecte un peu le sol qui doit recevoir
la truffe, que l'on plante le plus promptement
possible , dans des trous pratiqués 3 2,4 et
souvent 6 pouces de profondeur , et qu'on
achève de remplir avec de la terre prise dans
la truffière naturelle. On recouvre ensuite
toute la tranchée où l'on a établi le plant, de
branches de chêne ou do hêtre blanc (cirpi-
nus belulus), jetées de loin en loin. On plante
également tout le terrain consacré aux truf-
fes, do jennes arbrisseaux de la même espèce ,
mais à une certaine distance les uns des au-
tres, de manière qu'ils ombragent le terrain,
sans nuire à la libre circulation t'e l'air.
Les truffières éti'.nt ainsi établies , ne doi-
vent plus être touchées; on se borne à ar-
racher les végétations trop fortes qui pour-
raient épuiser le sol, lequel doit toujours être
dans un état de fraîcheur.
Les truffes raultipliv'nt peu la première an-
née, ce tubercule ayant alors trop peu de
force pour entraîner le terrain à la repro-
duction. Si la transplantation a été ft;ite au
printemps, on pourra trouver en automne
quelques jeunes truffes Je la grosseur d'une
nois^itte ou d'une petite noix, ayant uoe peau
jaunâtre et une chair spongieuse, qui deman-
deront à rester quelque temps en terre pour
acquérir de la maturité et se colorer conve-
nablement; mns leur apparition est le signe
certain que le plant a réussi, et que les ré-
coltes seront nombreuses et abondantes pen-
dant*des années.
M. le comte de Noé, pair de France, a
fait une épreuve qui a été couronnée de
succès, bien qu'au premier aperçu elle pa-
raisse inexplicable. Après avoir fait nettoyer
un terrain sous des charmes et des chéaes,
et y avoir déposé les pelures et résidu de
truffes que son cuisinier allait jeter à la basse-
cour, il les fit recouvrir de terreau et de
feuilles mortes. L'année suivante, on oublia
d'examiner si l'essai avait réussi; mais la 2»
année, le sol était soulevé dans l'endroit
même où l'on avait semé, et les truffes pa»
rurent de suite près de la surface. Elles
étaient noires^ sèches, chagrinées et do bon
goût.
Vigne. Moyen de la fNréeerver des gelées
printanoières.
Dans la partie méridionale de la Russie et
en Moldavie, le vigneron n'aurait presque ja-
mais l'espoir d'une récolte, s'il n'avait le
soin, en labourant la vigne, de coucher le
sarment cl de le couvrir de deux ou trois
doigts de terre, pour ne le redresser qu'à l'é-
poque où les gelées ne sont plus à craindre.
Nos vignerons et propriétaires de vignes
ne feraient-ils pas bien d'employer ce moyen
de conservation? Il peut se trouver inutile
sans doute ; mais aussi il pool changer les
chances d'une mauvaise année et eu donner
une très bonoe.
Moyens de faire iiÉussin les boutcbes
DE la viGXE. — On emploie souvent la pomme
de terre pour faire réussir les boutures de la
vigne , en fixant dans ce tubercule le bout
qui doit être enterré. Mais la pomme de
terre, au lieu de pourrir, croît souvent elle-
même, et ne remplit pas le but qu'on se pro-
pose en l'employant. Le navet pourrit tou-
jours lorsqu'il est en foin , entretient le plant
par son humidité fraîche et muqueuse , et
par sa fermentation active stimule plus éner-
giquemenl la sève de la bouture.
109
REPERTOIRE
DE U\. CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
— Caisses d'épargnes.
Pendant l'année IS"^, les placemens faits
au trésor par les caisses d'épargne de France
se sont élevés à i7,5iG,ouo francs, dont
13,670,000 fr. par les caisses de Paris, et
lô,84(i,000 f. par celles des départeraens.
Au M décembre 1835, le fonds des lo5
caisses d'épargne au trésor était de &2,!iT9,000
fr. Les verseniens mensuels vont toujours
en augmentant, et si la progression se main-
tient, on peut évaluer à 4U millions les ver-
seniens de l'année 1836. Ce chiffre est la
meilleure réfutation des attaques dirigées
coTitre l'une des institutions les plus philantro-
piques de notre époque, mais qui cependant
n'a pas trouvé grâce devant cerUiines per-
sonnels, qui ont oublié sans doute que l'éco-
nomie est une vertu dont il faut encourager
le développement.
— Haut enskigwemekt a Paris.
Voici le résumé de la statistique du haut
enseignement à Paris pour l'année scholaire
1835 — 1836:
'L'école de Droit compte cette année
3,434 élèves; Yévole de Médecine, 4,300 (il
a été pris cette année 2,470 inscriptions
avant le 15 novembre); école Normale, 67
élèves; collège Saint-Louis, 290 interneset
573 externes, en tout 865 élèves; collège
Louis-le- Grand, 500 internes et 500 exter-
nes, en tout, 1,000 environ; collège Charle-
magne, 794 externes. Partout il y a eu aug-
mentation d'élèves, sur Tannée dernière ,
d'unl5«à un 20" environ.
— Machtî^e a vapeur.
On évalue la force d'une machine à va-
peur par le nombre de chevaux dont elle
supplée les efforts et le travail. En vapeur,
une force de cheval équivaut à l'élévation
d'un poids de 53 mille livres à un pied de
terre par minute, et la force animale d'un
cheval, à la même élévation, d'un poids de
23 mille livres seulement. Mais un cheval
ne peut donner que 8 heures de travail sur
22; une machine à vapeur ne repose jamais.
Ainsi, pour rendre la force animale égale à
la force mécanique, il faut un relai et demi
à chaque cheval en 3 fois 24 heures, ce qui
fait 4 chevaux li2 par jour; il en résulte donc
qu'une machine de la force de GO chevaux
de vapeur, fait l'ouvrage de 4 ou 5 fois 60
chevaux, ou de 270 chevaux.
— vowïjhes.
S 1 Conducteurs. Confier un cheval à un
homme qui ne s'est jamais mis en selle e^
une imprudence blâmable et que la loi punit
dans les conséquences fâcheuses qu'elle oc-
casione souvent; mais commettre des che-
vaux, une voiture et des voyageurs à l'igno-
rance , à l'impéritie , à l'inattention , à l'ivTes-
se, c'est le comble de la déraison.
Lorsque linsuccès d'une profession habi-
tuelle, un caprice ou l'instinct d'une voca-
tion décident un homme à l'état de charre-
tier, de cocher , de postillon, il est admis
à l'exercer immédiatement.
Cependant la conservation des chevaux,
des harnais , des voitures , nécessite des pré-
cautions, des pratiques nombreuses , variées
et changeantes ; et pour les remplir conve-
nablement et avec aptitude, il faut connaître
la nature et les fonctions de ces divers agens,
les moyens à employer dans toutes les cir-
constances possibles, et celles dans lesquelles
ils se trouvent placés.
Il faut savoir au moins les faits les plus or-
dinaires de l'hygiène et de la pathologie du
cheval , connaître les fourrages , les grains
dont on le nourrit, et le genre , la quantité,
l'opportunité des distributions ; distinguer la
qualité, les fonctions des harnais, entendre
le mécanisme de la voiture , les moyens de
la démonter, de la graisser, de la nétoyer,
de l'entretenir, de la charger et de l'atteler,
juger le fonds des chevaux , le parti qu'il
convient d'en tirer dans chaque position, et
comprendre les manœuvres d'obliquer , de
reculer, de suivre toutes les directions, tou-
tes les vitesses , même dans les passages les
plus étroits.
La connaissance de tous ces faits repose
sur la pratique ; elle seule peut donner l'ap-
titude d'opérer sans hésitation, sans danger,
mais elle ne peut indiquer que bien lente-
ment comment on doit s'y prendre ; et l'art
de reculer obliquement , que le raisonne-
ment et le dessin indiqueront en dix minutes,
deiîianderait un exercice suivi pendant plu
sieurs mois.
110
La découverte des moyens les plus sim-
ples nécessite une longue habitude; or l'uli-
lilé de Tart , c'est d'abréger le travail de ceux
qui veulent étudier.
L'art indique ce qu'il (aut faire, ce qu'il
faut éviter, et lorsqu'un cocher le possède,
il ne lui reste à contracter que l'habitude,
l'adresse et la dextérité.
§ 2 AUduges. Soit au départ, soit pendant
le trajet, les chevaux exercent tous un tira-
ge inégal en direction, en intensité , en vi-
tesse et en durée. La somme des efforts suc-
cessifs de l'un d'eux n'est jamais égale à celle
de l'autre, et cette différence accroît l'habi-
tude paresseuse du retardataire et la fatigue
du plus arilent; la correction diminue celte
inéj^aiîté detravr.il; mais quelques chevaux
simulent assez bien l'ardeur qu'il n'ont pas,
pour tromper la vigilance du cocher.
On a parfois l'attention d'atteler les che-
vaux pi us ou moins courts suivant leurs pro-
priétés particulières ; mais elle est insufli-
sanle, et deux chevaux semblables en appa-
rence tirent toujours inégalement de front,
de quelque manière qu'ils soient attelés.
Le palonnier égalise le tirage des traits,
cl la pression du collier est invariablement
la même sur les deux épaules du cheval dans
toutes ses positions et dn-ns tous ses mouve-
raens ; un grand palonnier supportant les
deux autres , oppose au cheval en retard
«ne résistance égale à l'effort de l'autre;
raais les proportions, la forme, l'ajustage
convenable de ces trois pièces, constituent
l'avantage qu'elles procurent, et leur em-
ploi , si favorable lorsqu'elles fonctionnent
bien, est préjudiciable quand elles sont im-
parfaites.
Il est indispensable que les deux branches
de cliisquc palonnier soient ex;'Ctoment éga-
les. L'effort qu'elles reçoivent est horizontal
d'arrière en avant; elles doivent être mi-pla-
tes, et diminuer de largeur vers Us extré-
mités*.
Le milieu de chaque petit palonnier lour-
r* à frottement doux autour d'un boulon ver-
tical fixé dans l'une des extrémités du grand;
et celui-ci tourne lui-même autour d'un bou-
lon monté sur le tinioi.'.
Les extrémités du grand pdonnier sont
un peu courbées, pour que les traits fixés aux
exlrémilés dos deux petits ne l'accrochent
pas en fonclioimant d'avant en arrière.
Ces sortes de palonniers sont appliqués
aux cb.ariots de plusieurs déparlemens fran-
çais, aux voitures de luxe de qiiebpies con-
trées de l'Allemagiie et des Êtals-l'nis; ils
sont presque partout exécutés en bois cl fort
légers; mais une longue expérience nous
fait préférer ceux en fer.
Cette disposition est plus durable, moins
lourde , plus gracieuse que l'ancienne ; elle
partage exactement la résistance entre les
chevaux, à tous les mouvcmons, et quelles
que soient leur vitesse, leur direction ou la
position relative dans laquelle ils se trou-
vent placés.
§ 3 Longueur des trains.— On est géné-
ralement convenu que plus les essieux sont
rapprochés et pluslesvoitures sont roulantes;
celte erreur est peut-être la plus gros-
sière et la plus funeste de toutes cel-
les que les constructeurs ont adoptées ;
elle accroît la résistance des voitures ,
elle augmente l'élévation des chargemens,
diminue la stabilité de la caisse, et occasionc
la plupart des accidens que chaque jour nous
avons à déplorer,
L'écartement de deux essieux accroît la
base , en éloignant le premier point d'appuî
des deux autres , diminue le déviage et l'é-
branlement de l'arrière-train contre les obs-
sacles, avec la pression latérale qui en
résulte ; dans le passage dos flachcs , il éloi-
gne les uns des autres les balancemens suc-
cessifs et opposés, il limite leur étendue et
réduit ainsi la résistance , les chances de ver-
sement , d'avarie des transports et des dégra-
dations des routes.
Le tableau des expériences de Edgeworth,
sur la résistai.ce des trains courts et longs,
prouve les avantages de ceux-ci sur les au-
tres.
« On objectera, dit Storrs-Fry, qu'en allon-
)) géant les voilures et en abaissant la charge,
» les chevaux éprouveront plus de fatigue ;
» je n'espère pas convaincre de tels confra-
» dicteurs: ce sont des routiniers totalement
)) étrangers aux principes de la physique,
» Croire que les trains rapprochés, les trains
)) courts , les chargemens élevés dimiimenl
» la résistance des voitures , sont des erreurs
» complètement réfutées par Richard , Lo-
» wel, Edgeworth, etc. Lorsque les roues de
» devant tond)enl dans un cassis, ou une Da-
» che de six pouces de profondeur, une gran-
» de portion du poi !s qui portait sur les roues
» de derrière est violemment rejetée sur les
» roues de devant; elle déforme les ressorts,
)) brise les essieux, défonce la route, et pro-
» duit un choc sur le poitrail des chevaux;
» mais dès que les roues de devant ont franchi
» l'obstacle , et que le poids s'est également
» réparti sur les qualres roues, celles de dcr-
» rièrc tombent à leur tour dans la dépres-
» sion ; une partie du poids porté par l'avant
» li'<.iii est rejeté sur elles, compromet les
» ressorts, l'essieu de derrière, rlcprinie le
» sol cl fatigue les chevaux d'une nouvelle
» percussion. Cette portion de charge rejetée
» succossivenient sur les deux essieux, cL tous
)) lesinconvénicns qui en résultent sont inver-
» ses de la longueur du train. »
Le changenicnl de position de la diligence
détériore le chargement , incommode les
voyageurs, et ces effets s'accroissent comme
la hauteur de la voiture et le rapprochement
de ses essieux.
L'effort nécessaire à modifier et à entre-
tenir la direction du mouvement, et les ef-
fets des erremens inévitables des moteurs,
sont inverses de la longueur des brancards
ou du timon.
Largeur des Crains. Les résistances
simultanées des deux roues sont toujours
inégales sur le sol et sur l'essieu ; la ten-
dance latérale et les frottemens qu'elles pro-
duisent sont relatifs à la largeur de la voie
et à l'oscillation continuelle du timon.
Insensiblement la voio des voitures dimi-
nuera, et la largeur des rues et des chaus-
sées se trouvera relativement accrue ; si la
longueur des essieus était de 1 m. 250 , et la
largeur des routes 8 m. 000, le prix de la
viabilité serait beaucoup moindre.
Hauteur du chargement. L'étendue des
balancemens d'un équipage s'accroît comme
sa hauteur; lorsqu'elle est doublée, la quan-
tité de mouvement qui sollicite à verser, à
dévier, la pression ou le choc sur l'essieu,
sur la roue et sur l'ornière , l'impression de
l'air et conséquemment sa résistance, sont
nécessairement doubles.
« L'application des ressorts aux voitures
» publiques a produit une grande et dange-
7) reuse conséquence quant à la hauteur des
» voitures. Du moment que les passagers et
» le bagage avaient été placés sur l'impériale,
» les cochers avaient trouvé leurs voitures
» plus roulantes : n'imaginant pas que cet
» avantage put être dû aux ressorts sur les-
» quels lacaisse était suspendue, ilsTattribuè-
» rent à ce qu'ils avaient augmenté la hau-
» leur et raccourci la longueur de leurs
» voitures. Limités dans l'emploi du premier
» moyen par la hauteur des portes de ville
» et autres, ils se rejetèrent sur le second, en
» faisant leurs traits aussi courts que possi-
» ble, supposant qu'il devait y avoir quelque
» secrète propriété dans une grande dispro-
» portion entre la hauteur des voilures à
» quatre roues et la longueur dé leur train.
j» C'est sans doute à ces belles idées qu'on
» est redevable de l'absurde élévation de nos
» voitures publiques. Que des particuliers
111
» exhaussent leurs phaétons et leurs carioles
» au-dessus de la région de poussière iia
» villeslqu'ilsleurfassent dominer les haies qui
» bornent les chemins et la vue, c'est un luxe
» inutile cl périlleux , mais qui n'affecte en
» rien le public. L'invention de ce hardi et
» meurtrier véhicule que les malins Irlandais
» ont baptisé du nom île suicide, ne sera pro-
» bablement guère imité par des chrétiens, et
» heureusement nus lois ont fixé le maxi-
» muni de la hauteur que l'absurdité des
» cochers ou des enlrepreneurs pourrait
» donner aux malles-poste. Il y a quelques
» années, une révolution subite s'opéra dans
» la hauteur des voilures particulières. Ou
» en voyait dans Bond-Strecl de tellement
» basses, que les dansîys à pied caus:iient
» avec les dames en voiture, sans même être
» obligés de se lever sur la pointe du pied ;
)) mais les causeurs s'étant bientôt aperçus
» que les allans et veiians prêtaient loreille
» à leurs dialogues , les caisses remontèrent
» innnédiatemenl à leur élévation première.
rt On parviendrait à préserver bien des
» existences et encore plus de bras et de
» jambes , si le public était bien convaincu
» que l'élévation et le raccourcissement d'u-
» ne voilure n'influent pas de la valeur d'un
» cheveu sur sa vélocité, ou sur la facilité
» de son tirage. Si celte conviction pouvait
» une fois s'établir bien généralement , il y
» aurait lieu d'espérer que la législature ,
»■ par son intervention , protégerait enfin les
» voyageurs coiitre les effets homicides d'un
» si absurde préjugé.
Volume du chargement. La résistance
que l'air oppose au mouvement d'une voilure
est toujours relative à sa surface d'impres-
sion ; elle est presque nulle lorsque l'équi-
page chemine lentement et que l'atmos-
phère est tranquille; mais elle s'accroit lors-
que leurs mouvemens sont rapides et oppo-
sés , jusqu'à faire équilibre au plus grand
effort des moteurs.
Les vents d'arrière n'ajoutent pas aux
mouvemens de l'équipage la force qu'ils lui
opposaient dans la direction contraire , car
ils sont plus ou moins plongeans, et le pres-
sent obliquement du haut en bas.
Mais latéralement, la stabilité de l'équipagg
est moindre, sa surface d'impression est
plus considérable ; et sur un sol incliné , glis-
sant ou inégal , l'effort des vents peut causer
le déviage et même le renversemeiit.
Le bagage, placé directement sur l'essieu
à hauteur des pieds des voyageurs , soit dans
le siège, soit à l'avant ou à l'arrière, n'exerce
pas de tangage et de roulis sur les ressorts ;
ainsi, les chevaux se fatiguent moins, la roule
H2
se conserve mieux, la voiture ne peut verser.
§ 4. &uides. Ce sont les guides qui établis-
sent les rapports entre rinlelligente volonté
du postillon et les mouvomens aveugles des
rhevaux; c'est par elles qu'il les modère, les
dirige et les arrête à son gré.
De mauvaises roues, un essieu paillcux,
des ressorts trop secs, des ferremens mal
conçus , mal exécutés, peuvent manquer;
un chargement irrégulier, inégal, élevé,
peut rompre l'équilibre: alors un détour,
une aspérité, une dépression, peuvent occa-
sioner un accident si l'on ne conduit avec
prudence ; mais , si les guides sont embar-
rassées, rompues ou débouclées, les chevaux
n'ont plus de maître , plus de direction , le
péril est éminent , et les voyageurs sont habi-
tuellement perdus.
Il vaut mieux rompre l'essieu que la gui-
de; il manque bien plus rarement qu'elle; et
pourtant elle est bien plus facile à essayer
et à renouveler que lui.
Dans la confection des guides, les cuirs
ont malheureusement prévalu sur les cordes
imperméables de chanvre ou de soie , quoi-
qu'à poids égal , elles Soient beaucoup plus
fortes , plus légères , plus durables , plus
économiques. LeT est bien plus économique,
plus fort, plus simple et plus prompt à bou-
tonner que les boucles dont les ardillons
sont si tenus et si fragiles, et dont les cou-
tures sont si faibles; tous les colliers de
chien en fournissent rcxempte. On peut en-
core employer au bout des guides des cro-
chets longs à ressort et les porte-mousque-
lons, etc.
On sait IcsinconvénieiiS, les dangers qu'oc-
casione l'emploi des guides en cuir aux
boucles des ardillons des passans. On con-
çoit qu'avec un rouleau de cordons de chan-
vre teint ou de soie et quelques T , on pré-
viendrait les accidens les plus funestes ; mais
nous sommes si aveugles, si routiniers!
Un cordon , une guide, ses boucles et ses
coutures doivent résister au moins à l'effort
de lOOkilog.
§ rj Rênagc. -— Le rênagc élève la tête du
cheval au-dessus de la hauteur convenable à
son travail et à son organisation ; on le jus-
tifie par des absurdités contradictoires et dé-
menties par l'expérience. J.a nio le des har-
nais compliqués l'a fait naitre , le goût con-
traire va le faire abandonner.
A chaque pas le cheval rétablit son équi-
libre en modifiant la longueur, la direction
et la configuratinn de son col; aussi dès qu'il
est rêne , sa marche est laborieuse , incer-
taine et fatigante ; son effet utile est médio-
cre , il perd une partie de sa puissance , de
son adresse, de sa docilité et de son ardeur.
Les chevaux sont comme les hommes , la
contrainte les rend malades, sournois, ma-
ladroits et méchans.
La plus grande partie des peuples de l'Eu-
rope ignore l'emploi du rênage ; les chevaux
de selle, de guerre , de charrois , n'y sont
point soumis ; et encore ceux que le luxe
asservit à cette absurde méthode, sont dérê-
nés dans les longues courses , dans les pas-
sages difficiles et dans la station.
Les chevaux renés , même avec modéra-
tion , perdent au moins un septième de leur
effet utile journalier; ils sont plus difficiles
à gouverner et à retenir; ils font plus fré-
quemment des faux pas et des chutes que
lorsque leur col est libre dans ses mouve-
mens.
§ G Oeillères. — L'œillère est un plateau
de cuir fixe sur la bride à hauteur de 1 œil du
cheval.
L'objet des œillères est d'empêcher le che-
val de voir les mouvemens de l'homme qui
le conduit , et généralement tout ce qui
pourrait l'effrayer , de préserver ses yeux
des intempéries et des coups de fouet , et
enfin de fixer son attention sur le chemin
qu'il doit parcourir.
Le cheval ne craint rien de ce qui lui est
familier, les perceptions subites et inaccou-
tumées le troublent, l'égarent et l'elfrayent;
ainsi tout ce qui le surprend sans qu'il puisse
le vérifier , lui cause de la terreur.
Le cheval affublé d'œillères ne peut voir
les autres chevaux, le cocHer, l'attelage, la
voiture et le chemin ; il ignore ce qui se
passe autour de lui, ce qu'il doit faire, ce
qu'il doit éviter, et timide, incertain, il mar-
che au hasard connue on le conduit; mais
dès qu'il n'a plus d'œillères, son goût d'imi-
tation et d'émulation se réveille, son ardeur
et son assurance s'accroissent, et le postillon
ne s'épuise plus de ses guides, de son fouet
ou de sa voix pour le diriger et le retenir.
Comprend-on un cocher qui chaque jour
cuirasse prudemment les yeux de ses che-
vaux contre les effets de sa maladresse et de
sa brutalité?
Les œillères éloignent les eaux e( la pous-
sière lancées par les vents «farrière ; mais
elles répercutlent et chasserjt dans le^s yeux
celles qui viennent de toutes les autres direc-
tions; elles se déplacent, se déforment,
s'applalisscnt , louchent l'œil , le blessent
cruellement et l'obligent à se fermer ; elles
échauffent le cheval , l'exposent à croire ce
qu'il craint, ce qu'il désire, à braver le dan-
ger qu'il ignore, et à connnetlre des accidens.
l/œillère occasione l'aveuglcnient , la
maladresse, l'hésit ilion, la terreur et l'insu-
bordination (les chevaux; aussi des qu'on
les affranchit de (;e ridicule appareil , leur
vue s'aiïennit , leurs cmporteniens , leurs
frayeurs se calment, cl le postillon les dirige
inîlniuicnl mieux.
CORRESPOA'DAXCE DES AMIS DE L'IXSriTUTlOIV ET DES PROCnÈS.
AuxoNifE (Côte-d'Or).
Essai sur un nouveau mode d'éclairage par
le gaz retiré de la suie.
Toiil le monde sait que dans un foyer où
l'on hrùle du bois, la conibuslion n'a pas lieu
entièrement, puisqu'il se dég.igc sous le nom
de fumée une substance pyroligiieuse qui
eontieul encore beaucoup de matières inflam-
mables, composées principalement d'hydro-
gène carboné, car il n'est personne qui n'ait
rctaarqué que très souvent, à quelques pou-
ces au-dessusdu foyer, il s'opère une nouvelle
combustion, qui n'est autre chose que de l'hy-
drogène c;irboné très pur, et c'est cette pe-
tite flamme bleuâtre qui scintille, comme
nous l'avons dit, à une certaine hauteur du
foyer.
L;". fume'e est d'autant pVjs abondante que
l'incandescence est moins rapide et par la
même raison le foyer moins intense.
On peut donc dire d'iiprès ce simple ex-
posé, que s'il était possible de brûler de nou-
veau le dégagement qui a lieu, ou lu fumée
proprement dite, que de calorique (1) ne re-
tirerait-on pas et que d'économie dans la
combustion du bois qui, de jour en jour, de-
vient plus rare, puisque, par un système po-
litique qui a peut-être son avantage d'un au-
tre côté, on défriche nos forêts, et l'on voit
de toutes parts s'élever des usines où s'en-
gloutiront bientôt le peu de bois qui bous
reste ?
Pour en revenir au sujet qui m'occupe, le
gaz qui se dégage pendant la combustion du
bois n'est point entièrement perdu , puisqu'il
se condense en partie aux parois de la che-
minée et forme ce qu'on appelle la suie.
Comme on le sait vulgairement, ce produit
est assez inflammable, par conséquent il pour-
rait être employé comme bon moyen d'éclai-
rage; du moins, des essais que je Us il y a une
douzaine d'années, me tirent pressentir que la
suie pourrait devenir un jour de quelque uti-
lité, expériences que je me proposais de vé-
rifier plus tard, attendu qu'à celte époque
mon appareil était loin d'être complot, puis-
que je n'avais qu'une cornue en grès pour
tube conducteur, la moilié d'un canon de fu-
sil, allongé do deux tubes de branches de
sureau privées de moelle, bien entendu.
Depuis, mes occupations comme pharma-
cien m'ont empêché et me privent encore
aujourd'hui du plaisir de terminer des ess;:is
qui auraient peut-être un résultat favorable.
J'oserai donc employer la voie de l'excellent
journal desConnaissances utiles,que l'on n'ap-
précie pas assez, pour donner plus de publi-
cité à mes essais et engager d'autres person-
nes à vouloir bien faire d« nouvelles expé-
riences pour constater la validité des mien-
nes, ce qui peut facilement se faire à Paris,
par exemple, où des appareils sont tout dis-
posés pour l'éclairage par le gaz hydrogène.
J'avouarai que la flamme que j'obtins était
loin d'être nette, mais aussi il est vrai de dire
que mon faible appareil ne pouvait me don-
ner les moyens de laver mon gaz dans l'eau
de chaux, comme il est d'usage de le faire en
pareil cas.
Comme nous vivons dans un siècle où l'on
peut, avec juste raison, considérer la terre
comme un vaste laboratoire de chimie où tout
(i) Je dis que de calorique, car il est prouvé en
physique que la combustion des gaz produit beau-
coup plus (le chaleur q'je les corps solides.
est employé et rien n'est perdu, je crois que,
puisque la fumée contient de l'acide acétique,'
la suiodoil en contenir ;ussi. Par consé(;uent^
en fiisant pisser le produit de la combuslion
dans une cuve tenant eu suspension soit des
oxidcs de plomb ou de cuivre, ou l'une ou
l'iiulreen feuilles à l'état métallique, on pour-
rait cetlainement en retirer des acétates.
Comment se fait-il aussi que par le même
principe la fumée que l'on perd dans bien
des usines où l'on consomme une énorme
quanlilé de bois, comment se fait-il, dis-je,
que l'on n'ait point pensé jusqu'à présent à
s'emparer de l'acide acétique quelle contient
dans des proportions considérables?
Je désire donc sincèrement que le nouveau
combustible puisse être utilisé, car, dans ce
cas, celui qui pourrait par de nouvelles ex-
périences faire apprécier une pareille subs-
tance, que l'on rejette de toutes parts, rendrait
un griind service, puisqu'il ouvrirait une
branche de commerce inconnue jusqu'à co
jour.
Dans tous les cas, si mes suppositions sur
l'éclairage par la suie ne présentent aucune
probahilité de succès, elles donneront certai-
nement lieu à faire quelques essais prélimi-
naires dans les grandes usines , pour retirer
l'acide acétique de la fumée, qui est eu pure
perte jusqu'à présent. N. Maurion.
Damvilleks (Meuse).— m Berteaux nous
adresse les observations suivfc^tes, que nous
recommandons particulièrement aux faabitans
des campagnes. Dans les années 1852 et 1834,
trois cents gios chênes furent arrachés d»>ns
le bois de cette commune; les trous prove-
nant de cet enlèvement furent bientôt rem-
plis d'eau par les pluies d'hiver et du prin-
temps. Les pàquis d'où cet arbre furent ar-
rachés servent de pâturage aux troupeaux
depuis celte dernière époque jusqu'à la fenai-
son. En 18ûô, douze v.iches moururent du
charbon ; 25 eurent le même sort l'année sui-
vante, et, en 1«",5, plus de 50 pièces de bétail,
bœufs, vaches et génisses, succombèrent à la
même maladie.
Enfin, on reconnut que cette mortalité
provenait des eaux qui se trouvaient conte-
nues dans les trous qu'avaient laissés les chê-
nes arrachés, et qui, par suite de la putréfac-
tion des racines de l'arbre et de leur sève
avaient acquis une qualité meurtrière des plus
funestes.
Quand le temps était serein, les eaux per-
daient de leur influence maligne, mais si un
orage venait à éclater, les causes de mortalité
se reproduisaient avec une énergie que l'a-
bondance des eaux semblait encore accroî-
tre.
Depuis que les trous ont été bouchés, la
mortalité a cessé et n'a plus été soumise qu'à
ses chances ordinaires.
GiE X (Loiret ) . — Il existe dans le département
de l'Allier, prés de Moulins, une mine de bois
pétrifié. Le hasard m'a fait découvrir au fond
d'un ravin creusé par les pluies des arbres entiers
de cette substance curieuse; j'en ai gardé long-
temps des pièces d'une forte dimension.
Celte pierre, qui a conservé la forme, la couleur
et l'apparence parfaite du bois dont elle a pris
la place, m'a parue susceptible de recevoir le
poli, et d'être travaillée comme le marbre. Je
soupçonne toutefois qu'elle est de nature un
peu siliceuse; à la vérité, elle ne s'ccaille pas
en fragmens vitreux comme l'agathe et la pierre
à ùi<\\, mais elle fait feu sous le r.i.-^rîenu, et lors
qu'on la sort de terre, il s'en exhale en la cas-
sant une forte odeur d'hydrogène sulfura, qui
indique la présence d'un acide minéral dans la
terre calcaire dont celle matière est composée ;
malheureusement, le temps et l'occasion m'ont
manqué pour la soiimettre à l'action des réactifs,
et je ne [lUis en dunner ici une analyse certaine;
mais tout me porte à croire que ma découverte
suivie avec zèle par des personnes instruites pour-
rait élre utile au\ arts.
Je suis prcs(iue sur qu'en faisant des fouilles
sur lepoinloùj'ai trouvéces belles pétrifications,
on découvrirait des amas considérables et peut-
être d'une grande dimension d'arbres couchés
par la révolution terrestre qui paraît avoir bou-
leversé le sol de l'Auvergne, et vous comprenez
tout le parti que l'on pourrait tirer de ces bois
anlidiluviens convertis en marbres, conservant
leurs belles nuances, leurs nanids, leurs accidens,
et une telle apparence ligneuse, qu'une personne
à qui j'en montrais des échaistillons voulut abso-
lument les mettre au fi>u peur se convaincre que
c'était bien de la pierre.
Ce serait un nouveau genre d'industrie lucra-
tive que des dessus et des revêtemens de meubles
d'un beau poli, présentant les nuances du chêne,
du nover, de l'orme, etc., ainsi que celle foule
de iictits objets que l'on livrerait à l'adresse
ingénieuse de l'ébéniste et du tourneur. On pour -
rait d'ailleurs découvrir des espèces d'arbres et
de grands végétaux qui n'existent plus ou qui
ont été modifiés pendant la nombreuse suite
de siècles écoulés depuis le bouleversement qui
a laissé à la surface du globe les traces de sa
puissance.
Je vous fais hommage de cette idée comme
un tribut digne de votre belle et noble entre-
prise d'instruction et de progrès.
il vous appartient, monsieur, de stimuler le
zèle de nos savans. I.n lisant les articles si re-
minjuables signés de vous dans le Journal des
C UMiaissances Utiles, je me suis écriérCourage!
Voilà la vraie manière d'all'ranchir le peuple.
SAURAI TOT,
Directeur des contributions indirectes.
Paris (Seine). — Nous avons eraprnnlé
dans noire numéro de décembre isr)*;, un fiit,
f.iux en ce (]ui eonccrnnit la comp;ignie du
Plié[iix , publié dans le numéro d'août \^7,:\
delà France Dc/jarlunicululo ; ce f.iit étant
resié <iuatre mois sans déinonti , nous avions
dû le croire exa'l. I^a reclificalion ijue vient
de publier ce journal , nous apprend que
le fait iuipulé à la compagnie du !>li('niv est
faux en ce qui la comerne. Eu réparation du
(loniin ge que nous iivons pu iuvolonlairement
lui porter, nous nous plai-ons, on celte circons-
t nce, à décl.irer qui- p,;:ini les conipagaios
à prime, celle du Phénix, autant p ir son an-
(iennelé que p ir sa pouttualité, est une de
celles qui a le plus do droits à lu confiance
publique.
OiîKK Bi:p.Giiri?,î (IT'.ul-Rhin). — L'intérêt
que je porte à vo:. puiiliiali"ns diverses, qui oui
pour Itase le bien-èlre de 1 1 «ociclc, m'cng gs
à vous préscnler le procédé ?'iiiv:'iil, donlj'ap-
préi ie moi-même luliliié p r un usage jour-
nilier, et que je désirerais bien voir répandu
pour le bien public, par l'organe de votre
Journil, au(iuel je suis attaché et abonné de-
puis son exislcncc.
Votre zèle pour rinsîmcl^on primnire m'est
un foirant bien sur que vous ne mépriserez
pis le soi-disa7H in\ eiiiciir d'un pro.^édé aussi
impie, aussi pratique, et qui doit être si
connu; mais pourtant si ignoré de ceux qui
sauraient en tirer tant d'avantages.
Depuis un an que j'ai ouyert et organisé
une école primaire (encore privée) à Ober-
Bergheim (Ffaut-Rhin), j'ai senti le besoin
très réel de saToir mettre en vernis les ob-
jets de l'enseigiieraent des écoles, tels que :
tableaux de lecture, d'arilhmélique.'les exem-
ples décrilure, pour les garantir des taches
d'cncfe et de noirceur, carie prix de ir)()fr.
que l'on m'a fait payer pour vernir une carte
géographique de dimension ordinaire m'a
paru exorbitant.
Procédé très simple et très économique pour
mettre en vernis les objets des écoles ou tou-
tes sortes de papier.
On fait de la colle avec de l'amidon, que l'on
délaie dans le; u froide et en versant dessus
de l'eau bouillante ; on remue et on laisse re-
froidir; puis avec un pince.'uon prend de celte
colle dont on frotte bien le tableau ou l'objet
que l'on veut mettre en vernis ; on laisse sé-
cher et l'on recommence une seconde fois,
en laissant encore sécher ; ensuite, avec un
autre pinceau que l'on Irempe dans du vernis
de térébenthine, (jue l'on trouve partout, l'on
opère de la même manière et votre objet aura
un éclat superbe.
Pour ne pas changer la blancheur du pa-
fii*r et ne pas le jaunir, il faut avoir soin que
e vernis soit toujours bien bouché, afin qu'il
ne devienne pas trop épais.
Un second moyen encore plus commode,
que je viens d'essayer, c'est d'employer de
l'eau fortement gommée, au lieu de la colle
d'amidon, ce qui est encore préférable, en ce
que les objets vernissés dessus conservent
mieux leur éclat dans le lavage, et une seule
couche suffit en baissant sécher.
Je recommande ce procédé âmes collègues,
qui doivent eu avoir déjà senti la nécessité,
et pour lesquels l'application sera très agréa-
ble, ainsi qu'à tous ceux qui ont dans leur ca-
binet d'étude toutes sortes de tableaux ; car
avec lOcenlimes d'amidon (la gomme n'est
pas plus chère) et aut/nt de vernis, j'ai collé
et mis en vernis une coUectioH de tableaux
de dessin linéaire, d'arpentage, de géométrie,
d'histoire, etc., ce que j'aurais pour le moins
payé il) francs !...
Avec une éponge mouillée, on peut tou-
jours faire passer les taches d'encre et les
uKttre à neuf. IIallet, instituteur.
ScîiELEDSTADT (Bas Rhin.)
J)u notaire en second et de la nécessité de
moiiifier l'article 0 de la loi du"-!'', renldsn an
XI; tel est le titre d'un ouvrage que vient de
faire pnaîtrc M. Charles Drion. juge aiu tri-
bun;.! civil de Seheledstadl ; M. Charles Drion
a été long-temps l'un ^]ef^ plus zélés corres-
pond;'ns (fu Journal des Con)taiss<inces utiles;
c'est un de ces citoyens animés du plus loua-
ble esprit public, comme nous voudrions
ou'une instruction njicux distribuée en accrut
le nombre.
Une question «nii intéresse toutes Icslran-
saclions de f mille au plus haut degré, niéri-
fnit de fixer l'alleu ion des législateurs. M.
Drion l'a traitée avec le t lent et la conscience
que le déiir d'être utile donne presiiue tou-
jours.
Ce livre se vend à Paris, chez "Videcocq,
rue du Panthéon, (i, et à Colmar, chez L.
Reiffeuger.
iM?r.iM£:aiE de grégoirk, rve du croissant, 16.
iSâxièms année. 1S3S.
J^ditton française.
JOVIUVA.!.
Beuxième Série.
w^mat
QMMISSMGES Dm
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DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET -NOUVEAUX,
intéressant directement
L'éducation de l'enfance, la momie et te bien-être des familles, l'économie usuelle;
L'exercice et le progrii de toutes les professions sociales ;
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PRIX, FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE,
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ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT -GEORGES, N» 11.
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Lèssouscripteurs'élanl autorisés à retenir — sur le prix de six franci — l'allranchissemenl de leur lettre
coM de la reconnaissance de ponte, l'abonnement n'est, de fait, que de CINQ FRANCS nelsptur la Sociili
et'le
Muméro 5 i -
RBPBRTOIRE CIYIL.
Citoyens :Jié\\i de pêche, ii3. — Prsscriptionhy-
pothecaii e, i a. — Ceiitribtiahtef : Capilalion, 1 13. —
InUruclion primaire: Franttiise de la correspondan-
ce, 113. — Liberté Ciiirmierciale : hTTèl remarquabe
delà cour de cassation, lu. — Morale publique : B^-
nonciation, iH.
RÉPERTOIRE DOMEST10U8.
Sur le régime du vert pour leschevaux, 114.— Al-
tération du vert, ii5. — Plinits nuisibles, iit>. — Epo-
que favorable, 116. —EffeUsdu vert, 116. — Signes des
Tfïm. 1836.
bons effets du vert, ii6. — Caractères qui annoncent
que le vert tsi nuisible, 117. — Précautions à prendre,
117. — Mode d'ailiuinittration, 117, — Dose, H8. —
Durée du régime , ii'S.
RÉPERTOIRE PROFESSTOMWBL.
Débitans de boissons, 119. — Dégraisseurs, 119. —
Peaussiers,! 0. — Propriétaires ruraux, 120. — Pro-f
priélairesurbains, 121. — Selliers, 121.
RÉPERTOIRE MEIUSUEL.
Air atmosphérique, 123. — Chimie, 123. — Entrepôt,
124.
«-«
M .2
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Jours
de la
semaine.
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SAINTS.
INTERETS
de
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à 5 p. V«.
REVENU
Par
an.
Par
jour.
EMPLOI
Dépensel
9/10 I
Epargne
1/10
PRODUIT
de 1/10
épargné
au Dout db
20 ans.
244
243
2.2
241
340
239
238
237
236
235
234
233
232
231
230
229
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29
30
31
DIMANCHE.
lundi.
mardi.
mercrfdi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
D1M*^CHB,
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DIMANCHE.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlMA^cnE,
lundi.
mardi.
mer(redi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlM.
lundi,
mardi.
». Jacques, s. Phil,
s. Anatliase.
Inv. stp Croix,
ste Hélène.
s. I-orlunat.
s. Jean P. -Latine,
s. Sianislas.
s. Désiré.
Roijatiuns.
s. (jorditn.
s Mf.niert, év.
ASCKN.slON.
s. Boniface.
s. Isidore,
s. Honore,
s. Taipé.
s. l-élix.
s. Pierre-Céleslin.
s. Bernardin.
sle Julienne.
sle !■ mille.
PEMKCOTE.
s. Didiers.
s. Donat.
s. Urb;iin.
s. Jeai , prêtre.
s. Bermain, 4 T.
jste Liévine.
Trinité
s. Maximin.
.sle Pélronille.
1 Jours.
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22877 60
23029 10
23179 55
Le iT Icv. du soleil 4 h. 4» m. coucher S h. 29 m.
10 4 2t — 6 42
20 4 2— 79 57
30 4 43 _ ,2
P. L.
D. 0.
N. L.
P. Q.
le 1 à lO heures 15 minutei du soir,
le 8 4 10 du matin.
ie 15 11 12 du soir,
le 24 2 i du matin.
zsc
asïsa^aa
BULLETIN DES ACTIONS INDUSTRIELLES.
II importe à la moralité des sociétés en couMnanditc et par actions 'qu'il soit bien cons-
tant que si ce genre de placement offre souvent des risques de perte, ils sont, au demeu-
rant, plus que balancés par les avantages qu'ils ont donnés. Assurément, tout compte
fait, il n'a pas été perdu dans des entreprises par actions la moitié des capitaux qu'elles
jut fait gagner; pour s'en convaincre, il suffit d'en passer la revue, -ainsi que nous l'avons
fait.
YoiTLRES — Les actions des Messageries royales ont produit en 1835 — 32 p. 0;0.
On en trouve difficilement à acheter.
Les aclionsdes Messncjeries LolJUie ont produit en 1835 — 13 p. OiO.
Les actions des 0»iw7w* et celles des Favoriies oi. tipro(^'itèDifi35— 20p.
0|0, etc., etc.
Ponts. — Les troispouts sur Sellée ont produit en 1836 — 10 IjlO p. 0(0.
Le ponl du Carrousel a produit en 18"6 — I07il0 p. 0[0.
Bateaux a vapeur. — L'Hirondelle a produit en lf-'3o — 33 p. 0[0 ; — en Î836 — 28 p. OîO.
THEATRES — Le Gymnase dramatique a produit en 1835 — 28 3(4 p. 0(0.
Le Palais- lioynl a produit en 1835 — 111 p. OiO.
Journaux — Les actions du Const'waionnel, primitivement de 3,000 f., valent 187,000 f.
Les actions du Courrier français, primilivem. de 3,000 f., valent 8,400 f.
Les actions de la C«zf«edess-7Vj7)«H«M.r, primiliv.de 500 f., valent 20,000f.
Les actions du Magasin Pittoresque, priniitivem. de 500 f., valent 6,000 f.
Les actions do JournuldesNoiaires, primilivem. de 7,000 f., valent 1 6,000 f.
Les actions du Musée des Familles ont produit en 18-35 — 18 p. 0(0.
Les actions du Droit, créées à 250 f., valent 1,600 f.
Lorsqu'on fait le compte que le Constitutionnel, créé avec 3,060 f., représente TROIS
MILLIONS; que la Gazelle des Tribunaux, créée avec quelques cents frawc*, repré-
sente SEPT CENT MILLE FRANCS; que \eJotirnal desDcbals, la Gazette de France,
etc., etc., représentent plusieurs millions, on voit combien d'entreprises aventureuses ont
pu dévorer de capitaux, sans que cependant on soit fon/lc à ne considérer que légèrement
les entreprises industrielles, particulièrement celles qui ont la Presse pour objet.
M. Gosselin, libraire, doit sa fortune aux œuvres de Walter Scott ; M. Pankoucke
doit la sienne à l'ouvrage des Victoires et Conquêtes; Bérenger, seul, a fait la fortune de
son édilcur, M. Pcrrolin ; V Histoire de la Révolution française, de M. Thiers, vendue par
livraisons, s'est enlevée à 16,000 exemplaires en deux mois et a fait la fortune de l'édi-
teur, M. Lecointe ; on dit que MM. Pourrai ont déjà réalisé un bénéfice de 400,000 fr.
sur l'édition des œuvres de CAa/cauôr/and, qu'ils vendent 256 fr., lorsque les mêmes
œuvres n'entrent que pour 50 fr. dans la collection du Pan/Ae'on Littéraire.
ii;
REPERTOmE CUIL.
La jurispruiJonce esl la lui en arlions ; en
extraire ce qu'elle a de plus généralement
usuel , c'est applii|uer la luélli ode mutuelle i
l'enseignement él-menlaire de la loi.
Citoyens : Sélits de pCche.
Lorsqu'un procès-verbal dressé contre un
prévenu en matière de pèche n'établit pas
expressément qu'un barrage et des nasses
ou paniers, par lui établis dans une rivière,
aient pour effet d' empêcher entièrement \t
passage du poisson, les juges ne peuvent en
i iduire ce fait sans violer la règle qui leur
défend d'admettre aucune preuve entre ou
contre le procès-verbal. Dans ce cas, il ap-
partient à la cour de cassation d'apprécier
les énonciations du procès-verbal dans ses
rapports avec le jugement de condamnation,
€l de casser ce jugement s'il ne repose que
sur une contravention qui ne ressort pas du
procès-verbal. [Cour de Cassation, 22 août
I8ô5.)
I»rescrîp'cion hypothécaire.
La prescription de dix ans établie par l'ar-
ticle 1 14 de la coutume de Paris contre l'ac-
tion hypothécaire, a commencé à courir au
profit du légataire de l'immeuble soumis à
l'hypothèque, et d'ailleurs grevé d'un usu-
fruit, non du jour où l'usufruit a pris fin,
mais du jour où le légataire a obtenu l'envoi
en possession de son legs. ( Cour de Cas-
sation, 23 août 1855.)
CoTTTRfBUABLES = Capitation.
Cet impôt personnel, basé sur le revenu
foncier ou industriel de chaque individu, est
fort ancien. Dans l'Exode et dans le livre des
Rois, on voit queMoïse avait soumis les Israé-
lites à payer un demi-sicle (environ seize
sous de notre monnaiej par této à chaque
dénombrement du peuple. En France, cet
impôt fut établi, sous le règne du roi Jean,
par les états-généraux assemblés à Paris le
4«" mars 1Ô5(; ; on l'appela capitation géné-
rale; il devait être proportionné à la valeur
des biens et fixé à 4 p. 0|q sur tes revenus de
400 livres, à 2 p. ^\o pour les revenus au-
dessous de 100 livres, à l p. 0|o au-dessous
de 40 livres. Les princes du sang, le clergé,
la noblesse, y furent assujélis ; on n'exempta
que les veuves, les cnfms en tutelle, les
I. Int*r5t« gf^néraui. - II. Morale et ms:ruotion putlique». —
IH. devoirs «t droits c.v'û» «t politiques.
religieusts, les moines clôturiers et les men-
dians.
Cet impôt, qui n'était que temporaire et
spécial, fut maintenu pendant la captivité du
roi Jean, pour fournir aux frais de la guerre
et au paiement de sa rançon.
La capitation fut rétabl'ic par une déclara-
tion de Louis XÎV, en janvier l69o; suppri-
mée en 1698, elle fut rétablie en noi pour
fournir aux frais de la guerre de la Succes-
sion. Elle devait être payée par tous les
Français, prêtres, nobles et roturiers : Le
clergé en fut néanmoins exempté, moyen-
nant 150, 000 fr. pour la première année, et
sous la promesse de payer quatre millioas
pour les huit années suivaiUes. D'autres
exemptions purement gratuites furent en-
suite accordées à la noblesse, à la mrigistra-
ture, de manière que cet impôt posa de tout
son poids sur la bourgeoisie, le commerce et
les ouvriers, qui étaient taxés à 10 p. oj^, jç
leurs gages ou du prix de leur travail.
Enfin la capitation, conliimée par des édits
ultérieurs, n'a été supprimée qu'après 1789,
sur la demande exprimée dans beaucoup de
cahiers des trois ordres, par le motif qu'elle
avait été ét.ibiie par Louis W\ sans le con-
sentement de la nation.
iMïTHucno?! PRIMAIRE : Franchise de la cor-
respondance.
Par décision du ministre des finances en
date du 26 octobre I8ô5, les instructeurs des
écoles primaires sont autorisés à correspon-
dre en franchise, sous bande, savoir : dans
les départemcns, avec le préfet, le sous-pré-
fet, les maires, les présidens des comités
d'arromlissement, les présidens des comités
communaux, les instituteurs primaires, les
présidons des consistoir'^s, les receveurs-gé-
néraux et particuliers, les percepteurs. —
Dam la circonscription académique , avec,
le recteur, les ins|»ecteurs de l'Académie en
tournée. — Bans le diocèse , avec les arche-
vêques et les évéques.
LiosnTÎ conMSRciALE ; Arrêl remarqtable de
la Cour de Cassation.
Beaucoup de correspondans zélés du joi^r-
naldcs Connaissances Utiles et de plusieurs
autres publications se proposant le même
but, ont été inquiétés par les tracasseries
que leur ont suscitées quelques libraires, ja-
loux d'un prétendu privilège exclusif qu'ils
demand lient à ce règlement de 1723 qui.
114
il y a quelques années, servit de prétexte à
de nombreux procès, intentés bien plus
dans un but de chicane que pour mauitcnir
des droits acquis. La Cour de Cassation, en
audience solciuiellc, vient enfin de fixer la
jurisprudence sur celle grave matière, par
l'arrél dont nous allons faire connaître le
texte, et qui abroge le règlement du 28 fé- ^
•vrier 172">. . |
Toutefois, avant de transcrire cet arrêt,
nous allons entrer dans quflques détails sur
la jurisprudence en vigueur jusqu'à ce jour
sur le conniierce de la librairie.
Le plus ancien règlement sur le conmicrce
de la librairie porte la date du 2i août iG86,
dont l'article o est conçu en ces termes: Dé-
fendons à toutes personnes autres qu'aux
înipi inicurs et libraires de vendre et débi-
ter aucuns livres, à peine de Tioo livres d'a-
mende et de confiscation desdils livres.
Des 125 arlielcs contenus en l'arrêt du
conseil du 27 février 172-, un seul, l'article 4
du litre 2, a renoutelé les dispositions de
l'article précité de l'èdit de IGSG.
Mais alors , et ce qu'on r)'avail pas voulu
voir jusqu'à présent, la librairie était orga-
nisée en maîtrise et en jurandes, qui ont
été abolies en 1791, de même que toutes
les redevances personnelles, la féodalité et
tout ce qui tenait à l'ancien régime politique.
Et quand bien même ce motif ne serait pas
suffisant pour établir rimpossibililé d'expli-
quer légalement l'article 1 4 de l'arrêt de 1 72r,,
son énoncé offrirait, seul, une anomalie qui
ne peut résister au moindre examen. Par la
charte et le code la confiscation est abolie,
et les délits ne peuvent être réprimés cl pu-
nis que conformément aux lois. Or, cet arti-
cle 14 prononce non-seulement la confis-
cation, maisajoule que lesconlrcvenans su-
Liront une punition exemplaire, (^est tout
simplement de l'arbitraire, et l'arbitraire ne
peut se trouver ni dans nos lois ni dans nos
mœurs.
Les arrêtésdu 24mars 1744 et 6 mai 1789
ont renouvelé celui de février t72r>. Puis
vint la lui de mars 1791 qui, ainsi que nous
venons de le dire, supprima tous les mono-
poles pour établir le régime légal des pa-
tentes.
Le décret du r. février 1810, la loi du 21
octobre 1814, portent, en effet, que les li-
braires seront brevetés et a<îserinenlés, mais
sans toutefois établir aucune pénalité en cas
de contravention. C'est cependant d'après
cette disposition que l'on a conclu que les
Jbrevets ayant été rétablis, la pénalité des
réglenicns de l»)S6, l72-> cl 1744 se trouvait
remise implicitement en vigueur. Une telle
interprélalion a rencontré, il est vrai, un
concours de résistance devant les tribunaux.
Des juridictions différenics, sans concert
entre elles, se sont refusées, en différens
tcmps.àradmcltre • neufeoi:rs royales, celles
de Paris, d Amiens, d'Angers, de Rennes,
de Ik'sançon, de Rouen , de Dijon, de Col-
inar, de Poitiers, ont été d'accord pour re-
pousser une telle interprétalion. C'est par
suite de ces résistances rationnelles, de ces
difficultés manifestées par un tel concours
d'expérience et de déclaration de principes
que la cour souveraine a été appelée à se
prononcer, et qu'est intervenu l'arrêldu ISfé-
vrier dernier, dont voici les dispositions:
Attendu qucleréglement(lu28février 1723,
virtuellement abrogé par l'article 2 de la loi
des 2 et 17 mars I79i, n'a été remis en vi-
gueur ni par le décret du î> février 1810 ni
par la loi du 2i octobre 18I4; que l'ordon-
nance royale du l»"" septembre 1827 n'a été
rendue que dans le but spécial et restrictif
déterminé par l'avis du conseil-d'élat du 27
novembre 1827,, approuvé le 17 décembr*
suivant ; que l'arlicle 11 de la loi du 21 oc-
tobre 1814 ne contient pas la sanction pé-
nale de sa disposition ; d'où il suit que son
infraction ne peut, dans l'état actuel de la
législation, enirainer contre le cont/revenant
1 application d'aucune peine; la cour rejette
le pourvoi.
Nous croyons devoir signaler cet arrêt
comme un pas fait par la jurisprudence vers
le véritable progrès, c'esl-à-dire vers l'abo-
lition des en! raves apportées trop souvent au
développement des facultés intellectuelles
de l'homme, et à celui des diverses indus-
tries qui ont besoin d'une entière et com-
plète liberté pour suivre la marche de l'es-
prit humain.
Morale pcdliqdc = Uénonciation»
On ne saurrail donner trop de publicité à
l'arrcl suivant , car il arrive mallieureuse-
ment presque liMJJours qu'une dénonciation
faite contre un individu laisse planer sur lui
des soupçons que toute son innocence ne
peut toujours dissiper enlièremcnl. La Cour
de Cassation a reconnu par un arrêt Oai S août
18"^, qu'une ordoiuiancc de la chambre du
conseil qu'il n'y a lieu à suivre sur des faits
dénoncés établit suffisanunent la preuve
que la dénonciation était fausse ou calom-
nieuse.
Nous saisirons cette occasion pour appe-
ler l'atlcnlion des magistrats sur la l'ormule
employée dans ces sortes de cas. Souvent ils
reconnaissent qu'il n'y a pas lieu à suivie,
l)arcc que la preuve légale de fait n'est point
donnée, et cepend.int leur décision est for-
mulée de la même manière. Ne serait-il donc
pas mieux de dire, par exemple, dans un cas:
Attendu qu'il n'y a pas preuve suffisante,
etc. , cl dans l'autre cas : Atîemlu qu'il ré-
sulte que Ici ou tel est innocent du délit à
lui imputé?...
Dans la première hypothèse, il resterait
toujours contre l'inculpé une présomption
dont on pourrail même au besoin se servir
légalement devant les tribunaux ; et dans
i'aulre, les poursuites dont un individu au-
rait pu être l'objet par le seul effet d'une
vengeanie particulière, ne sauraient ternir
sa réputation, juiisque à côté de la dénon
cialion on verrait la preuve de la calomnie
Hî
REPERldRE DOMESTIQUE.
I. sducation de l'enfance. — II. Morale et bien-être des familles.
— m. Economie ucuelle.
Sur le régime du vert pour les chevaux ,
par M. EiEVRAT , médecin-vétérinaire -juré
à Iiausanne.
Donner le vert, mettre aie vert , mettre à
Therbe,rrgimc du vert, soni des expressions
vulgaires, synonymes, qui désignent l'action
de soumettre les cfievaux au régime de la
nourriture verte produite par les plantes des
prairies naturelles ou artilicielles.
Le régime du vert est généralement re-
connu d'une grande utilité à une foule
de chevaux qui ont souffert soit par des
travaux forcés, soit par le froid, la mauvaise
nourriture et les maladies de longue durée:'
personne ne songerait à contester les grands
avantages que l'on en relire pour remettre
les chevaux ruinés en bon état.
Mais il esta observer que, suivant la ma-
nière dont on fait l'application de ce régime,
il peut produire des effets différens, et par
cela même manquer le but pour lequel on
l'emploie.
C'est donc dans l'intention d'être de quel-
que utilité aux propriétaires de chevaux et
de leur éviter de commettre des erreurs,
que je m'empresse de leur f lire part de mon
expérience et de leur donner quelques direc-
tions à cet égard, en traçant les règles qu'ils
doivent observer dans l'application de ce
régime pour les chevaux.
Pour l'intelligence du sujet, nous exami-
nerons :
l" Quelles sont les altérations que peut
éprouver la nourriture verte et quelles
sont les plantes nuisibles à la santé des che-
vaux ;
20 Quelle est l'époque la plus favorable
pour faire suivre le régime du vert ;
50 Quels sont les effets qu'il produit
sur les chevaux, dans quels cas il leur est
utile , et quels sont ceux où le vert est con-
tre-indiqué ou nuisible aux animaux ;
40 Quelles sont les précautions à prendre
à l'égard des chevaux qu'on veut soumettre
à ce régime ;
50 Quels sont les divers modes d'admi-
nistration du vert, la quantité qu'on peut en
donner à un cheval pendant vingt -quatre
heures ;
60 Quelle doit être la durée de ce régime ;
■0 Enfin, quelles sont les précautions que
l'on doit prendre à l'égard des chevaux qui
passent du régime au vert et du repos au
fourrage sec et au travail.
altération au tTr^— L'herbe des meilleu-
res prairies naturelles peut s'altérer au point
d'acquérir des qualités nuisibles à la santé
des animaux ; si on la récolte pendant la
rosée , si elle est entassée long-temps avant
de la distribuer aux chevaux, elle fermente,
s'échauffe et cause des dérangemens plus
ou moins notables dans les fonctions digesti-
ves, qui peuvent devenir très-graves et causer
la mort,
Le régime vert peut aussi devenir nui-
sible aux chevaux, lorsqu'il est récolté sous
des frênes sur lesquels ii y a beaucoup de
mouches cantharides ( cantharis vesica-
toria ) , qui, en tombant , se mêlent parmi
l'herbe que les chevaux mangent, et leur
causent une irritation dans les iiitestins et
les organes'^urinaires qui peut devenir dan-
gereuse pour leur vie.
Dans l'un et l'autre cas , les lavemens
émolliens tièdes , les breuvages de même
nature , légèrement camphrés ou vinaigrés ,
e( les saignées, si l'irritation est intense, sont
les moyens à employer pour remédier aux
accidens qui en résultent: la diète , l'eau
tiède blanchie avec de la farine d'orge , for-
meront le régime auquel les chevaux malades
doivent être soumis jusqu'au retour de la
santé.
Le trèfle et, dans certains cas, la luzerne
peuvent produire des indigestions graves et
le météorisme, si les animaux en prennent
en trop grande quantité , surtout q'iand ces
plantes sont mouillées ou en fermenlalion.
Dans le cas où elles déterminent le gonfle-
ment, les breuvages d'eau froide salée, à la-
quelle on ajoute deux cuillerées d'élher,
soit dcini-once sur une bouteille d'eau , que
l'on réitère de dix en dix minutes, une ou
deux cuillerées d'eau de javelle ou d'am-
moniaque liquide dans une bouteille d'eau
froide, les lavemens d'eau vinaigrée ou de
savon dans le début, auxquels on substitue
ceux d'eau de mauve tiède dès que le gon-^
116
flement dimin«e, la promenade a« pas, le
boachonneinent du ventre, laspersion de
l'eau froide sur les flancs, pour diminuer l'ex-
pansibililé des gaz contenus dans les intes-
tins, le régime diététique après la cessation
du méléorismc, soirt les moyens thérapeuti-
ques que l'on met en usage dans les gonfle-
mens occasionés par ces plantes fourra-
geuses.
Planiea nuiffibles à la tatilé des chevaux.
— Les chevaux lâchés en liberté dans la prai-
rie choisissent les plantes qui conviennent à
leur nourriture ; il n'en est pas de même
lorsqu'ils sont pressés par la faim, s'il y a ra-
reté de l'herbe , ou si on leur donne l'hcrhe
à l'écurie.
Celle des prairies naturelles peut, suivant
sa composilion, contenir une plus ou moins 1
grande quantité de plantes qui, sans être
dépourvues de principes nutritifs, possèdent |
des propriétés nuisibles à la santé dos a:ii-
maux qui en mangent une certaiisc quantité.
Dans- le nombre des plantes nuisibles , il
en est qui agissent mécaniquement en irri-
tant la bouche , lestomac et le tube iiites-
tinal-: tels sont l'ononis ou arrête-bœuf, les
joncsi les sonclt-ets, les carex et les la-ches,
la prêle ou queue de cheval; d'autres, qui
contiennent un principe irritant , peuvent
occasioner l'inflammation de la muqueuse
des voies digeslives : telles sont les renon-
.cules , la coirhiquc , la sauve et les prairies
où prédominent les plantes aromatiques,
telles que le thym, l'origan, la bétoine,
l'ivelte, la cataire, l'hysope, etc. , qui don-
nent un fourrage trop échauffant pour les
chevaux qui ny sont pas habitués ; enfin, il
y a sur q«e!qnes prairies des plantes stupé-
fiantes ou vénéneuses , qui , mangées par les
chevaux en grande quantité , sont de véri-
tables poisons: tels sont les ciguës, les pa-
vots , la renoncule scélérate , les tithymales
!a jusquiame , ranémono des bois , les ellé-
bores cl autres. Les chevaux qui sont affec-
tés de maladies pir l'usage de ces plantes
vénéneuses , nianifesteiit de lanxl'té , de
légères coliques ou tranchées, ou bien ils
sont plongés dans un état de stupeur ; le
ventre est plus ou moins douloureux , dur
et quelquefois ballonné: le vinaigre à forte
dose, donné en bouteille, de qunrt d'heure
en quart d'heure, les breuvages mucilagi-
neux donnés dans les intervalles, et les lavc-
mcns de mémo nature, sont les antidotes de
ces poisons v'-gélaux ; dins le cas de gon-
flement, quelque cuillerées d'élhcr admi-
nistrées dans ('." l'caa froide, peuvent pro-
duire un boiî effet.
Epoque la plus favorailc pour faire
suivre le régime du vert. — Le printemps
étant le réveil de la nature, le stimulant de
ldvégétation,c'est à cette époque que Iherbe
possède le plus de qualités nutritives et
qu'elle produit le meilleur effet sur les che-
vaux. Le moment où la floraison des plantes
commence est bien celui où elles contien-
nent le plus de principes nutritifs ; mais com-
me le but qu'on se propose en administrant
le vert aux chevaux, varie suivant l'effet qu'on
désire qu'il produise, il faut par conséquent
avoir égard à l'état de la végétation: ainsi,
s'agil-il de produire une médication laxalive?
on donnera le vert tendre avant la floraison:
si l'on veut éviter qu'il produise le relâche-
ment, de peur de débiliter l'animal auquel
on le donne, on atlendr.i l'époque de la flo-
raison ; et même celle-ci sera complète s'il
s'agit de donner le vert à de vieux chevaux.
Effets du vert swr les chevaux., son uti-
lité et dans quel cas il est contreindiqué. —
En général, le vert est utile aux jeunes che-
vaux et à ceux qui ne sont, pas d'un âge très-
avancé, lorsqu'ils ont été fii tiques et épuisés
par l'excès du travail, le froid, la. mauvaise
nourriture et les maladies inflmimatoires et
de longue durée.
Les chevaux qui maigrissent ou qui sont
dégoûtés sans apparence de maladie, et ceux
qui ont des vers, réclament le régime du
vert; il est souvent le plus sûr remède contre
les maladies verminenscs et les affections de
la peau.
Les signes qui indiquent l'usage du vert
se tirent de la sécheresse et do l'adhérence
de la peau sur les côtes, du poil terne, pi-
qué ou hérissé; la tristesse de l'animal, son
état de maigreur, la bouche sèche et chaude, '
la dureté des crottins, sont autant d'indices
qui annoncent le besoin du régime vert.
Signes des bons effets du vert. — Lorsque
|(> vert produit un effet salutaire sur l'éco-
nomie animale, les chevaux présentent un
étal différent de celui qu'ils avaient avant
ce nouveau régime : les évacuations alvines
deviennent plus fréquentes; le poil, de terne
qu'il était, devient lisse et luisant; la peau
se détache des côtes , s'assouplit ; la gaîté
renaît au bout de cinq à six jours d'admi-
nistration du vert; la peau se recouvre d'une
poussière grasse , produite par la perspira-
tion cutanée; elle s'assouplit on raison directe
de l'embonpoint qtie prend l'animal. Le
relâchement que produit 1:> vert les pre-
miers jours de son admiîiistration, ne tarde
pas à tlimimier, puis il disparaît sans être suivi
de consti|)ation ; les urines coulent toujours
abondamment et l'appétit se soutient. Il n'en
est pas de même lorsque le vert est contre-
indiqué : cette nourriture est nuisible aux
vieux chevaux en général ( quoiqu'il y ait
des exceptions , connue j'ai eu occasion de
!e remarquer quelquefois) ; elle ne convient
pas aux chevaux qui ont des maladies cliro
niques où les forces générales sont affai-
'blies , telles que les affections de poitrine
anciennes, qui ont une tendance à i'hydro-
pisie, l'engorgement œdémateux du ventre
et des membres chez les vieux chevaux , le
Carcin ancien, la morve chronique , et toutes
les affections qui naissent par un état de
faiblesse générale , qui tend à relâcher et à
débiliter les tissus de l'économie animale.
Caractères qui annoncent que le vert est
nuisible aux chevaux. — Les caractères qui
annoncent que le vert est nuisible à un che-
val , sont : la diarrhée, qui continue au-delà
des huit premiers jours de son admiiiislra-
tion ; le poil terne ou hérissé, la tristesse, le
dégoût, la faiblesse, la pâleur des membranes
muqueuses, le flanc retroussé ou cordé, le
ventre flasque , la fétidité des matières féca-
les mal digérées, l'engorgement des mem-
bres et du fourreau. Ces signes annoncent
•que le vert, loin d'être salutaire à l'animal,
produit sur lui de mauvais effets et qu'il
faut aussitôt le remettre au régime sec. Si
le cheval que l'on met au vert est affecté
d'une maladie par état de faiblesse , c'est-à-
dire que ses forces générales tendent à dimi-
nuer, l'effeL du vert, en l'affaiblissant davan-
tage , augmentera la maladie et servira à
démontrer que , dans ce cas , comme pour
les précédens, cette nourriture est coulre-
indiquée.
Précautions à prendre avant de soumet-
tre les chevaux au vert. — On a l'habitude
dans certaines contrées de saigner les che-
vaux que l'on veut mettre au vert , ou de
pratiquer cette opération à la fin de ce régi-
me. Les uns conseillent de donr:-er du son
pendant les premiers jours de l'administra-
tion du vert; d'autres, de l'avoine et du pain,
etc. Tous ces moyens, qui souvent sont très-
mal appliqués, et qui , dans bien des cas,
sont fort inutiles , ne peuvent être mis en
usage que dans certaines circonstances où
l'on a bien jugé de leur utilité.
Ainsi la saignée ne peut être utile aux
chevaux que l'on veut mettre au vert, qu'au-
tant qu'ils sont dans un état de pléthore
sanguine : il en est de même si les animaux
sont échauffés au point de faire craindre une
maladie inflammatoire, lorsqu'ils ont le? pieds
douloureux, etc, etc.; mais si l'animal est
en bonne santé , et qu'il soit maigre, la sai-
gnée, si elle n'est pas décidément nuisible,
fist au moins inutile. Le son mouillé n'est
117
utile qu'autant que les animaux qu'on veat
mettre an vert sont constipés ou font des
crottins durs; dans ce cas, le son bien mouillé,
en relâchant le tube digestif, f;ivorise l'effet
di; vert, qui, sans cette précaution, pourrait
causer des coliques ou tranchées.
L'avoine peut être utile pendant la durée
de la nourriture verte, dans le cas où l'herbe
donnée trop tendre relâche trop" les intes-
tins, ou lorsque, par sa composition, ou en
raison de la disposition du cheval, elle pro-
duit une diarrhée qui persiste au-delà du
terme où le vert doit cesser de produire son
effet laxatif; dnns ce cas, le pain rassis est
un excellent correctif, et son usage ne tarde
pas à arrêter la diarrhée. L'avoine , donnée
à la dose de trois picotins par jour, pendant
la durée du régime du vert, soutient les
forces des chevaux qui doivent cowtinuer
leur travail ordinaire : c'est ainsi que des
chevaux de carrosse et de selle ont pu soute-
nir un travail suivi pendant toute la durée
du régime du vert sans en être incommodés,
et qu'ils ont acquis de l'embonpoint et de
la vigueur, au moyen de ce supplément de
nourriture ; mais lorsque les chevaux r>e
travaillent pas et qu'ils ne sont pas trop
relâchés par le vert, l'avoine est inutile.
Le cheval que Ton veut mettre à l'herbe,
soit à la prairie, soit à la crèche, doit passer
gratlueîîement du régime sec au régime du
vert: pour cela, on mêle, pendant les premiers
jours, une partie d'herbe au foin; on aug-
mente chaque jour l'herbe et l'on diminue
proporlioni^elfement le foin, de manière à ce
que le vert soit donné pur au bout de huit
jours : en procédant ainsi, on évite les acci-
dens qui peuvent résulter du passage subit
d'un régime à un autre qui lui est opposé.
Mode d' administration duvert.—Uherbei
des prairies naturelles peut être prise par
Je cheval de deux manières: 1° sur le sol à
la prairie ; ii" à l'écurie. Il y a plusieurs mé-
thodes employées pour faire pâturer les
cheva-tix dans les prairies : la première con- ,
siste à les y lâcher en liberté sur les pâtu-
rages; la seconde, de diviser la prairie en
plusieurs compartimcns, que l'on fera par
des claies ou cloisons de diverses natures,
et que l'on change de place en place au fur
et à mesure que l'herbe y est consommée ;
ou bien on lixe le cheval à un pieu au moye48
d'un grand cordeau qui tient à un caveçon
qu'on a placé à la tête de l'animal, et on !e
change de place lorsqu'il a mangé l'herbe
du circuit où il est fixé. On dorme le vert
au râtelier, soit sous des hangars pourvus;de
ràte!iersetd'auges,oùIeschevatJXSOiit libres,
soit à l'écurie même: ces hangars sont en!ou-
rés de clôtures pour former une cour où
les chevaux peuvent se promener et pren-
dre au râtelier la nourriture verte qu'on
leur dislr bue à chique repas.
Les avantages et les iiiconvéniens de ces
■diverses métholes sont faciles à saisir et
dépendent d'une foule de circonstmces qui
doive:it êtres prises en considération dans
l'application qu'on veut en faire. Je laisse à
l'inlelligence des propriétaires le soin d'ac-
corder la préférence à la méthode qui leur
paraîtra la plus avantageuse selon les cir-
constances a ricoles <lans lesquelles ils se
trouvent, suivant l'exigence des cas et le but
qu'ils se proposent d'atteindre. Je me bor-
nerai à dire que l'expérience a prouvé que
l'herbe prise par les chevaux sur le pâturage
leur était plus profit dile que celle qui esi
récoltée long-temps avant d'être mangée.
Dose du vcrl pour un cheval pendant
ringt-qualre heures.— La quantité d'herbe
que l'on peut donner aux chevaux pendnnt
viiigl-quatre heures varie selon la stature
des animaux, la qualité de l'herbe, et suivant
aussi qu'on leur doime ou non une nourri-
ture supplémentaire en gr.iines, son, farine
ou pain : néanmoins on en a fixé la moyenne
à 6(1 livres, et celte quantité peut en effet
servir de base pour diriger les agriculteurs
sur la quantité qu'il convient de donner
aux chevaux, selon leur stature et selon la
qualité et la nature du vert qu'on leur des-
tine.
Les trèfles et la luzerne, qui sont les four-
rages verts les plus échauffans, ne peuvent
être donnés en aussi grande quantité aux
chevaux que l'herbe des prairies natureilos,
parce (jue ces plantes él int plus nutritives
et plus stimulantes que les autres, occasio-
nent plus facilemenl aussi des indigestions ,
qui sont d'autant plus dangereuses qu'elles
se compliquent souvent de méléurisme et
d'iidlammalion des gros intestins.
Pendant la <Iuréc du régime du vert, il est
nécessaire de bien obscrv<r les effets qu'il
produit sur les chevaux, alhi de pouvoir le
continuer avec certitude de succès, s'il est
avantageux, ou remédier aux mauvais effets
qu'il peut prodtiire.
Les chevaux qui ne font aucun travail
pendant tout le temps qu'ils prennent le vert
à l'écurie, doivent être exercés tous les jours,
afin de leur donner du mouvement et éviter
par là les effets nuisibies qui résultent pour
la santé des animaux de l'inactio!) trop pro-
longée.
JJurée du régime du x'crl. — Le vert étant
de qualités très difl'é^el!le^, suivant les loca-
lités , et l'icxpérience ayant appris que li
même qua/lé produit des résultats variés,
dont les elTets sont plus ou moins tardifs à
se manifester, sn:;":Uit le tempérament et la
disposition des indi viilus, il suit de là qu'il
•est impossible de fwer dune manière i)ré-
. cisc !a durée de la noiirrilnre. Lorsqu'on
•r.ûit qu'il a produit sur les animaux les bons
effets qu'on en attendait, soit par le retour
de leur santé, soit par leur embonpoint ; en
un mot, lorsque l'animal est en parfaite con-
dition,c'est alors qu'il convient de le remettre
graduellement à la nourriture sèche, en pro-
cédant d'une manière inverse à celle par
laquelle on a débuté pour l'administration
du vert , c'est-à-dire en diminuant chaque
jour la quantité d'herbe dans la même pro-
portion qu'on augmente celle du foin.
Prrcatitions que l'on doit prendre à l'é-
gard des chevaux qui ont été mis au régi-
me du vert et au repos, pour les remettre
au régime sec et au travail. — Les chevaux
qui sortcfit des pâturages, ceux qui ont été
sounn's au régime du vert à l'écurie, exigent
quelques précautions avant de les remettre
au régime sec et aux travaux ordinaires.
On a généralement l'habitude de saigner
les chevaux qui ont pris le vert, sans consul-
ter les hommes de l'art pour savoir si cette
o[)éralion est nécessaire ou si elle est inu-
tile ou nuisible; certes on a tort d'agir ainsi:
je conseille donc de réclamer les lumières
d'un vétérinaire, qui jugera ce qu'il convient
de faire, selon l'étal du cheval. Cependant
on peut établir comme règle que les jeunes
chevaux auxi]uels le régime du vert a pro-
c uré de l'embonpoint et beaucoup de vigueur,
et principnleinent ceux qui sont d'une cons-
titution pléthorique, réchment la saignée
incessammeid après la cessation du vert,
avant de les soumettre à leur travail accou-
tumé. La saignée est contre-indiquée pour
les vieux chevaux en général, ainsi (jue tous
ceux auxquels le régime du vert n'a pas été
bien profitable et n'a que faiblement aug-
menté leur embonpoint. Soit que les che-
vaux aient été saignés, soit qu'ils ne l'aient
pas été, dans l'un et l'autre cas il convient
de ne les remettre aux travaux accoutumés
qu'avec précaution, pour éviter les accidens
qui résultent du passage trop brusque du
repos au travail pénible. Ainsi, il faut com-
niencer par de légers tr.ivaux pour les che-
vaux de trait , et par un exercice modéré
pour les chevaux de selle ; ©n augmente
graduillementla durée du travail et de l'exer-
cice, et de cette manière on évite aux che-
vaux les malailies qui sont souvent la consé-
quence d'un changement brusque de régime
et de condition. En outre de ce, il est à
observer que les chevaux qui ont été trois
semaines ou un n)ois au régitne du vert
( surtout si ce régime leur a élé profitable)
sont vils et turbulens les premiers jours
qu'ofi s'en sert ; par consé(iuenl, ils s'échauf-
fent beaucoui) et ils peuvent être attaqués
de Iburbure , d'inflammation de poitrine ou
d'enirailles, de maux d'yeux, etc., etc., et
dans leur pétulance, ces chevaux [)euveiit
se faire des effort"?, des distensions plus ou
moins graves, qui les rendent boiteux et les
mettent hors de service pour longtemps:
ces efforts peuvent être tels qu'ils dimi-
nuent cniisiilérablemcnt le mérite dis che-
vaux, leurs qualités et leur valeur vénale;
La réforme qu'entreprit et qu'opéra le Journal des Connaissances utiles
dans la presse périodique en 1831, le Panthéon littéraire vient l'accomplir
dans la librairie avec l'expérience acquise par cinq années de travaux et
d'essais et avec le concours, que nous espéronset que nous invoquons hautement,
de tous ceux qui après s'être empressés de nous accorder leur suffrage, nous ont
fidèlement conservé leur confiance.
C'est leur souvenir toujours présent à notre pensée qui nous a suggéré l'idée
fondamentale de l'association dont nous nous empressons de les entretenir , afin
qu'ils en puissent exclusivement recueillir les avantages, si elle obtient d'eux
l'approbation qu'elle a déjà reçue des plus respectables maisons de banque de
Paris, de MM. André et Cottier , Rougemont de Lowïjiberg , OprERjiANN, etc.
Nous voulions que les amis qui nous aideraient dans l'exécution de l'œuTrc
de réforme que nous poursuivons avec persévérance , reçissent la récompense
de leur concours sans s'exposer à aucun risque de perte, qu'ils fusseat nos
associés sans hasarder aucune mise de fonds; les moyens de concilier ces deux
exigences et de réaliser ce vœu paraissaient d'abord chimériques : bous les
avons enfin trouvés et soumis à l'exactitude rigoureuse des formules d'un acte
de société.
Assurément, dans le nombre des souscripteurs que compte encore le Journal
BES Connaissances utiles, il s'en trouvera mille au moins que décideront l'avan-
tage de recevoir — d'abord une valeur égale à la somme qu'ils verseront, — en-
suite, et à TITRE GRATUIT, une action de milh francs, ajant pour base un
matériel acquis d'une valeur de 690,000 francs et susceptible de produire pen-
dant longues années un revenu considérable.
11 s'agit de renouveler l'ancienne librairie , de s'emparer de son exploitation
exclusive, de lui rendre à l'étranger lesimportans débouchés qu'elle avait avant
que l'exagération de ses prix ne les lui fît perdre en donnant naissance aux
contrefaçons étrangères.
Tous nos lecteurs comprendront que lorsqu'un éditeur, au mojen de pages
blanches, de caractères démesurément spacieux , d'interlignes considérables ,
de marges infinies, met en six ou huit volumes la matière d'un seul, par ce fait,
d'une part, il excite l'étranger à réimprimer ces six ou huit volumes en un seul,
pour en diminuer le prix et en accaparer la vente; d'autre part, il restreint à l'in-
térieur les acheteurs à un infiniment petit nombre, qu'il finit bientôt même par
perdre en absorbant rapidement la portion de leur budget affectée à cette na-
ture de dépense, en encombrant leur bibliothèque d'un grand nombre de vo-
'umes et d'un petit nombre d'auteurs, le contraire précisément de ce qu'il eût-
été judicieux de faire.
C'est ainsi qu'à l'eitérieur 1^ librairie française a perdu tous ses débouchés
et ses relations; c'est ainsi qu'à l'intérieur, bien que protégée par la surveillance
des douanes, elle est arrivée à encombrer ses magasins de volumes danslamêmc
proportion qu'elle diminuait le nombre des consommateurs de livres.
Tel est le point auquel cet abus a été poussé, que pour le prix que coûterait
ja SEULE RELIURE d'uuc bibliothèque ordinaire composée des œuvres de Vol-
taire, Rousseau, Laharpe, Molière , Corneille et quelques autres ; on pourra ac-
quérir CEAT volumes du Panthéon littéraire, en contenant mille , les faire
relier, et économiser encore une somme importante.
Voici le compte :
4, 000 volumes ordinaires à relier UNIQUEMENT coûteraient 2,500 francs.
Cent volumes du Panthéon littéraire, en contenant mille.
Ne coûteront [ ^'^cû^''^"ion que 4 ,000 j ^^.^ ^ ^50 francs.
( DE reliure que soO j
Economie donc sur le seul prix de la reliure, sans aucun frais d'achat des vo-
lumes : 750 francs.
Ces quelques mots doivent suffire pour faire apprécier toute la portée com-
merciale et littéraire du Panthéon.
Pour le prix seul do la reliure d'un ouvrage, à l'avenir on aura et l'ouvrage
et la reliure, et on économisera encore 25, 50 et souvent même 100 pour 100
sur le prix de vente.
Une réforme si radicale, si avantageuse, conciliée avec un luxe remarquable
d'impression, avec un caractère d'une grande lisibilité, avec une correction des
textes supérieure à celle des éditions précédentes, ne permet point de douter qu'en
dix années la collection du Panthéon Littéraire ne s'écoule à 13,000 exemplaires
au moins, nombre qui assure le partage entre les actionnaires d'une somme de
UN MILLION SEPT CENT CINQUANTE MILLE FRANCS, snn?'} comprendre
la valeur que conserveront encore après ce tirage les clichés de cent volumes.
Peu de personnes savent ce que c'est que des clichés : elles en trouveront ci-
après l'explication dans l'Exposé des motifs de l'acte de société. Il suffira de leur
dire eu ce moment qu(! c'est un moyen de conserver les caractères qui ont été em-
ployés à la composition d'un livre, de telle sorte que l'on puisse toujours s'en ser-
TÎr pour des éditions nouvelles. C'est grâce à la juste application de ce procédé,
que le Panthéon littéraire devra d'être non seulement un grand et durable mo-
nument, mais encore un vaste et fécond domaine donnant annuellement des re-
venus réguliers.
Depuis deux années que nous préparons les matériaux de cette grande entre-
prise, nous nous sommes surtout appliqués à réunir sous les rapports littéraire,
moral, matériel, typographique, commercial et lir.ancier,tout ce que l'art, l'ima-
gination et l'expérience pouvaient offrir de plus propre à lui assurer le plus écla-
tant succès
Dès le commencement nous avons atteint notre but.
Sols le rapport littéraire : nous a"von« pour auxiliaire un 'érurlrt d'un goût
aussisùrq.ue sou travail est coQsciencieu\. Il rmus suffira de noinmer IVI.Buchon,
à qui le pays doit déjà la belle collection des Chroniques Nationales Françai-
ses, imprimée en 18i21. et que M. de Martignac, en 4828, choisit pour inspec-
ter toutes les archives et les bibliothèques publiques de France.
Sous le raf'port moral: les maisons de banque les plus dignes de commander la
confiance publique ont accordé au Panthéon littéraire leur puissant patro-
nage.
Sou: le rapport «atériel : le seul fait de l'appropriation du clichage à la
collection du Panthéon littérairis lui donne une Talenr incalculable, il n'est
pas inijx)ssible qu'elle ne s'élève au-delà de plusieurs raillions dans une période
de dix années.
Sous le rapport typographique : Nous ne noas^ommes point demandé si les
caractères et le format que nous choisissions étaient le plus en Togu«, mais le
plus rationnels : nous ne nous sommes décidés qu'après nous être convaincus
par une suite d'essais qu'il n'ét;nt pas possible de mieux concilier le plus grand
luxe et le meilleur marché possible.
Sous le rapport commercial : nous n'avions à consulter que notre propre ex-
périence pour être assurés qu'en réduisant de 90 sur 100 le prix des livres , nous
augmentions le nombre des consommateurs dans la proportion de iOO à '900 au
moins.
Sous LK rapport FINANCIER : uous avons voulu que l'œuvre de réforme fût en-
tière, que contrairement à ce qui se pratique vulgairement, les premiers qui fe-
raient le succès de l'entreprise en partageassent avec nous les fruits, sans les leur
faire pt} er par aucun sacrifice préalable.
Dans une aussi vaste entreprise, deux cboses étaient également nécessaires :
des actionnaires qui fissent des avances de fonds et des souscripteurs qui , pour
les rembourser, fissent des recettes. . . Sans actionnaires, les souscripteurs n'avaient
point de garantie de la durée et de l'achèvehient; sans souscripteurs, les action-
naires perdaient leur mise de fonds.
Faire que les actionnaires et que les souscripteurs se servissent à eux-mêmes
de garantie mutuelle , que l'un profitât de sa propre souscription, et que l'au-
tre se couvrît de son capital, tel était le problème à résoudre. Sa solution
était difficile eu ce qu'elle n'était possible qu'au prix d'un sacrifice : nous l'avons
fait sans hésiter.
Pour MILLE francs que verse le souscripteur du Panthéon littéraire, cent
volumes valant mille francs lui sont donnés; s'il les verse intégralement par an-
ticipation, il en reçoit l'intérêt à 5 pour OiO. Voilà donc la société parfaitement
quitte envers lui; mais par le fait seul qu'il fut du nombre des mille premiers sous-
cripteurs, elle lui est redevable de l'avantaçe de pouvoir procéder avec certitude
et célérité; c'est pour ce fait seul qu'il reçoit sans rien débourser «ne action de
4
mille francs, laquelle, aussitôt que le clichage des 100 volumes sera achevé, sera
assise sur une valeur matérielle de 690,000 francs et vaudra plus que son pair
jïominal.
Quant au placement de mille actions sur de pareilles bases, avec le patronage
des maisons de banque le plus justement considérées, il n'est l'objet d'aucun
doute; déjà même il serait effectué si nous avions pu vouloir les livrer à l'agio-
tage.
Mais agir ainsi, c'eût été manquer — et de foi à la pensée mère de notre acte
social — et de reconnaissance e-nvers des amis à l'égard desquels nous étions impa-
tiens de nous acquitter. Jamais nous n'oublierons ceux qui se sont constamment
associés à nos efforts et qui, à une époque difficile, ont accepté le titre d'AMis
1>K NOS DOCTRINES.
À ceux-là, donc, avant tous autres, appartiennent la soumission des actions
jusques à la dernière ; mais leur réponse doit être prompte , catégorique ; déjà
nos mesures sont prises pour faire affluer des soumissions étrangères de toutes
parts et en tel nombre que nous puissions établir que c'est réellement uue juste
préférence que nous leur avons offerte et accordée.
Là où il n'j a point un seul risque de perte à faire encourir, et seulement
des bénéfices à répartir, celui qui le» offre a la parole aussi libre que la con-
science, il peut hautement s'exprimer et défier la malignité des commentaires...
C'est ce que nous faisons.
A tous ceux des amis que nous comptons dans le nombre de nos souscrip-
teurs, à tous ceux d'entre eux qui ont un peu de loisir et qut^ que épargne, qui se
délassent du travail par l'étude, et qui peuvent disposer d'un petit capital pour
satisfaire leur goût, sans pourtant le dépenser, nous venons donc dire avec con-
fiance: t Soyez des nôtres; l'avantage que vous en retirerez nous le partagerons
également, car il aura pour effet de resserrer des liens que la malveillance n'a
pu rompre ni par la violence ni par le temps. >
EMILE DE GIRARDIN.
BANQUIERS DE LA SOCIÉTÉ
Chez lesquels les souscriptions sont reçues et les fonds déposés ••
MM.
ANDRÉ ET COTTIER, J ROUGEMONT DE LOVVEMBERG '
Rue des Peliles-Ecuries, 40. | Rue Rergère, 7.
OPPERMANN,
rue Sainl-Georges , 2.
NOTAIRES DE LA SOCIÉTÉ:
<X)TELLE, notaire, maire du (;« arrondissement, | Dl'.EUX, notaire à Paris,
rue Sainl-Denis, :j74. | I.ouis-le-Grand, 7.
AGENS DE CHANGE DE LA SOCIÉTÉ :
:8AGNIERFS, agent de ctiange, | CAILLAT, agent de change.
Cité d'Antin, 6. j Rue de Clioiseui, 4 bis.
PANTIIEOÎV LITTERAIRE
COLLECTION UNIVERSELLE DES
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100 VOLUMES IN -40 JÉSUS VÉLIN, COUTANT FRANCS : 1,000
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les volumes ordinaires de 25 feuilles du prix de 7 l'rancs 50 cent.
Direction cénéralk : M. EMILE DE GIRARDIN , dépnlé.
RjsvisiOK LITTÉRAIRE : M. BUCHON, cdit. de la CoWecl. àtsChroniquesnationales françaises.
Administration et ve.me : M. A. DESREZ, libraire-éditeur, il, rue Si-Georges.
EXPOSÉ DES MOTIFS DE L'ACTE DE SOCIÉTÉ.
Tels qu'ils existent, les livres, en raison de
l'exorbilanre de leur prix, de leur super-
fétation de volumes, des frais multipliés de
reliure qu'ils occasionent, de l'espace con-
sidérable qu'ils occupent, ne sont plus en
rapport avec la généralité des fortunes ; de
là le nombre décroissant des bibliothèques
et la progression contraire des cabinets de
lecture ; aussi, pendant que les nouveautés
littéraires se Jouentxl se lisent, les autorités
littéraires ne s'achètent point et s'oublient ;
le goût se corrompt, l'esprit l'emporte sur
le génie, et les livres, en vogue un moment,
sur les ouvrages consacrés par les siècles.
Cet état de choses appelle une réforme.
Problème ttpograpbiqde : Par l'adoption
rationnelle d'un format-type — au moins
«n ce qui concerne la réimpression générale
-et uniforme des œuvres de l'esprit humain
déjà en possession de la postérité ou dignes
d'y être transmises — et par le choix judi-
cieux d'un caractère compact d'une lecture
facile :
I. Accroître le nombre des bons ouvrages
en circulation, en réduisant celui des volu-
mes qu'ils forment ;
IL Mettre un terme à l'anarchie des for-
mats inégaux, incommodes et dispendieux
qui s'oppose au classement méthodique des
livres dans les bibliothèques, les fait volu-
mineuses et chères, difficiles à consulter,
difficiles à transporter, et restreint ainsi au
lieu de l'étendre le nombre des amateurs de
livres ;
III. Concilierle luxe et l'économie de l'im-
pression par une application judicieuse des
perfectionnemens de l'art typographique et
des progrès de la fabrication du panier, en
prenant pour point de départ ce qui en
Angleterre s'exécute en ce genre de plus
rationnellement conçu ;
IV. Réduire de 80 pour 100 au moins le
prix exorbitant des livres et les frais con-
sidérables de reliure, démesurément mul-
tipliés par l'abus numérique de volumes
établis sans discernement et sans conscience:
Tel est le premier problème économique
et typographique que s'est proposé le Pan-
théon liltéraire et que l'exécution matérielle
a pleinement résolu.
Élégant et sévère, contenant beaucoup
dans peu d'espace, le format et les disposi-
tions typographiques du Panthéon littéraire
sont les mêmes que ceux adoptés par leg
meilleurs éditeurs de Londres et de Paris
pour les réimpressions des au leurs classiques,
dont les ouvrages, après avoir servi à l'ins-
truction de la jeunesse, sont encore à toutes
les époques c'e la vie liltéraire des aulorilés
utiles à consulter souvent.
Proïlème financier : Par une partici-
pation offerte dans les bénéfices aux mille
premiers souscripteurs à la collection com-
plète du Panthéon Ultéraire:
I. Faire quau lieu de leur coûter cette
souscriptior: leur rapporte, et qu'.'.u lieu d'être
une dépense, utile, il est vrai, elle soit pour
eux un placement avantageux et sur, une
rente annuelle ;
II. Appeler un grand nonibre d'inféressés
à concourir au prompt achèvement de ce
monument élevé au génie littéraire :
Tel est le second problème financier ,
entièrement nouvcaa dans ses termes, que
vient résoudre le Panlhcon littéraire.
Pour se rendre d';ibord un compte exact
de limporlance du premier des deux pro-
blèmes posés, il suffit de comparer la réim-
pression de l'un des ouvrages admis dans
la collection du Panthéon liltéraire avec
les autres éditions en vente dans le commerce
de la librairie : chaque ouvrage du Pan-
ihéon littéraire porte avec lui-même sa
preuve, car il n'est aucun de ses volumes
qui n'en contienne huit et souvent dix.
Machiavel {librairie ordinaire).
12 volumes à 7 fr. 50 c ^^ ^^-^ in fr
Demi-rel., » 2 f. par vol. . . 24 \ * '
Le même ouvrage, collecUondu Pn^j- ]
lliéou.-i\ol.à 10 fr. . . 20 [26
Belle demi-rel, à 3 fr. par vol. 6 )
Différence 8S fr.
Fhois»A.RT {librairie ordinaire).
16 volumes,* j fr. k» c »6 ' "J
BouciCAi'T, I vol. in-4,àiO >0 'i:sfr.
Demi-reliure, à 2 fr. par vol. . 3î )
Les mêmes ouvrages, coileciion du \
PaniliéniiyZ vol , à 19. . 0 > 39-
Belle demi-rel., à 3 f. par vol. 9 ;
Différence 99
Thucydide {librairie ordinaire).
3 vol. in-». ...... 36 \ .,
XÉNOPIION. 10 — 4 140 )
Les tuâmes ouvrages , collection du \
Panthéon, 1 vol. i 10. .10 [ i3
Belle demi-rel., à îf. par Tol. . 3 j
Différence 163
PcLTEB {librairie ordinaire').
6 vol. in- 1.- 40 ^
Hérodîe:*, I — 17 5 / ..
ZOZIME, 6 — 12 18 i °*
Demi-rel., à 2 fr. par vol 20 ;
Les mêmes «uvrages, coUeelion du \
Panlliéun, 1 vol. i 10 10 [ i3
Belle demi-rel. * 3 fr. . . . 3 )
Différence 70
CnATBAi'iM.AND {édition de M. Pourrai).
32 vol. à 8 fr 2-,6 ) „ .
Demi-rel. à 2 fr. . . 64 ) "''"'
Les œuvres du même auteur aussi com-
plètes, collection du Pantliion , *
4 vol. à 10 fr 49 ) ,,
Demi-rel. à 3 tr I2 ) ^*
Différence. ... 278
^ re l Révision Je l'ouvrage, acqui.'iiLion desdiverses é'iilions : 1, 000 f.
■5.2 '
■^ g 1 Composition et corrections, 50 feuilles à 60 fr. lune. 3,!)00
•o \Clichages de 50 feuilles, à 43 fr. l'une 2,400
I
^ f Papier i as fr. U rame, lOO rames pour 1,000 exempl. . 2,S00 f. \
2 ? ' Tirage 4 7 fr. 50 c. dilo dito dilo 7.50 [
^ £ / Saiinage et brochage, à 25 c. lerol ,par i,oooexempl.. 259 \
EAR 1,000
.TAK 2,000
PA» 3,000
exemplaires.
exemplaires.
exemplaires
8,, 100 f.
6,900 f.
6,S00fr.
3,500
7,000
10,500
10,400
13,900
17,t00
Pour bien concevoir maintenant îe second
problème, qui sert de base à l'acte d'associa-
tion qui suivra, il est nécessaire de se livrer
attentivement à l'étude et à l'examen préala-
ble des détails et des calculs approfondis
qui suivent.
Les frais dont se compose tou'.c publica-
tion sont de deux natures :
Les frais compror.anl les droits d'auteur
ou de réciscur, la composition, les cor-
rections et le clichage, s'appellent frais dé-
CBOissAîcs, ce qui veut dire qu'ils diminuent
en proportion du succès qu'ohiient l'ouvrage
publié, qu'ils sont d'autant moins sensibles
et apparcns qu'ils se répartissent sur un
plus grand nombre d'exemplaires écoulés.
Les frais romprenaiit le papier, le tirage,
le satinage et le brochage, s'appellent frais
PROGRESSIFS, ce qtii veut dire qu'en aucun
cas d'abord ils ne se décroissent, et qu'au con-
traire ils s'augmentent toujours en raison pro-
portionticUe du débit du livre : l'application
de ces principes à la publication d'un volu-
me de la collection du Panthéon littéraire
présente les résultats suivans :
Des chiffres qui précèdent il résulte qu'au
prix de 7 francs le volume, net de tous les
frais de magasin, de vente , de profits et
pertes, et de remises aux libraires commis-
sionnaires, estimés ~0 pour cent du prix,
l«s frais d'impressiim ne sont couverts qu'à
deux mille exemplaires ; nviis il convient
d'ajouter qu'à ce nombre, les clicitbs, d'une
valeur de 2,4G0 francs par volume, sont
acquis.
Par CLICHÉS il faut entendre une empreinte
nioulce d'abord en plâtre et ensuite en
métal.
Ce procède, qui s'est considérablement
perfectionné, offre les avantages suivans :
10 II permet de ne tirer à la fois que le
nombre d'exemplaires dont le placement est
à peu près à l'avance assuré ; il met aijisi
l'éditeur à l'abri de deux erreurs contraires
également fâcheuses : celle d un tirage in-
suffisant, et ceîle d'un tirage surabondant ;
dans le premier cas, il évite des réimpres-
sions successives très coûteuses et d'un
débit toujours incertain ; dans le second ca^,
il prévient tout encombrement ruineux de
papiers, d'un écoulement lent et difflcile.
Les clichés peuvent être considérés comme
une double police d'assurance cor.tre le re-
vers et le succès imprévus d'un livre.
2* 11 permet d'arriver successivement à
une correction typographique que plusieurs
éditions ne sauraient jamais atteindre, à quel-
que sévères révisions qu'elles soient sou-
mises. Cela s'explique : à chaque édition
d'un livre, des fautes nouvelles se commet-
tent et échappent à la correction ; à chaque
tirage sur cliché, les fautes signalées dis-
paraissent, aucune faute nouvelle ne peut se
glisser.
Tels sont sommairement les avantages gé-
néraux que présente le clichage; mainte-
nant, voici les conditions desquelles ces
avantages dépendent ; ils ne sont réels :
1» Qu'autant que beaucoup de volumes
sont contenus dans peu d'espace, car le prix
du clich igu n'étaût pas comme celui de la
composition en raison du nombre de lettres
contenues dans une page, mais en raison du
nombre de pages renfermées dans un volume,
il s'ensuit que dès qu'un livre contient peu
de matière dans beau^^oup de pages, le cli-
chage ne lui est pas rationnellement appli-
cable. Exemple : un volume du Panthéon
littéraire de huit cents pages coûte à clicher
2,400 francs: il contient huit volumes ayant
ensemble quatre mille p^ges au moins, les-
quels, s'ils étaient ainsi divisés, coûteraient
à clicher 12, non francs.
Ces notions, quelque incomplètes qu'elles
soient, doivL-nt suffire à la démonstralion^es
avantages matériels inhérens au clichage,
et à la prévision des résultats financiers qu'ils
comportent lorsque l'application en est ju-
dicieusement faite à une vaste et durable
collection.
En effet, les clichés du Panthéon, litté-
raire, après la publication des cent volumes
dont il doit se composer, ne représenteront
pas seulement 210, "00 francs, qu'ils auront
coûté, mais sn capital réel de 690,000 francs,
valeur déboursée. ( P^oir Frais déc»ois •
SANS. )
Aux termes de l'article 4 de l'acte d'asso-
ciation, les mille premiers souscripteurs à la
collection complète du Panthéon littéraire,
étant, par le seul fait de leur souscription
et en reconnaissance de leur concours, con-
sidérés connue ACTiojiNAiaEs - commaxdi-
TAiEEs, et à ce titre admis chacun pour un
millième dans la moitié de la propriété des
clichés dojit il vient d'être parié, et égale-
ment dans la répartition annuelle de la moiti«
desbénéfiCesrésuUanldes tirages successifs,
recevront en réalité, sans être un. seul ins-
tant exposés au plus lég^r risqua, de perte,
DEUX CAPITAUX POUR VU.
Soit:
1» Cent volumes in-J,» contenant 8<>0 à
1,000 volumes in-so, d'une valeur nominale
de 1,000 francs et d'une valeur réelle de
7,000 francs au moins ;
2« Une action de mille francs représentant
le millième (soit 690 francs) d'utie valeur
matérielle et intégrale de 090,000 fra-ics, qui
leur sera délivrée à TITRE GRATUIT, sans
responsabilité ni solidarité d'aucune nature.
Le Panthéon littéraire est une œuvre
d'art, de progrès et de réfuruie, qui aspire
à n'avoir point d'égale dans le passé ; toute-
foi«, s'il n'était qu'une entreprisesomptueuse,
son but serait manqué; il ne serait ni un
utile problème résolu, ni un puissant exem-
ple donné, ni un véritale progrès acquis;
dans une entreprise de ce genre, un capital
qui reste stérile est un capital mal employé ;
l'art et l'inrluslrie peuvent s'allier ; les for-
mes de l'un et les chiffres de l'autre ne s'ex-
cluent pas: IcPanlhéonlitterairescpropose
de le prouver.
Les cLicHss, avons-nous dit, après l'achè-
vement des cent volumes, représentèrent un
capital de 690,000 francs : voici niaintenanl
quel sera le revenu de ce capital.
A 2,000 exemplaires, les frais de fabriea-
tior! et de vente n'étant plus par volume que
de e francs 50 centimes sur 10 francs, 500
colleclions annuellement vendues produi-
ront vi\ bénéfice annuel de 175,000 francs.
Il n'y pas d'ouvrage classique écon:mi-
qucment établi qui, dans un temps donné,
ne s'écoule à 10,000 exemplaires ; en admet-
tant que dix années fussent nécessaires pour
écouler 8,000 exemplaires de îa collection
du Panthéon litiéraire, surces8,000 exem-
plaires ( en retranchant les 1 ,000 exemplaires
afférens aux actions et les 2,000 nécessaires
à l'extinction des frais décroissans ) , 5,000
exemplaires produiront donc 875,000 francs.
Un cliché peut tirer 25,000 exemplaires
sans être altéré.
A 15,000 exemplaires, \e Panthéon litté-
raire produirait 1,750,000 francs! Pour
parvenir à ce résultat, peut-être suffirait-il
de prélever 10 pour 100 et de les consacrer
à faire connaître partout cette précieuse col-
lection. 10 pour 100 de la somme ci-dessus
ferait un Capital d'annonces de 17 5,000
francs!...
L'exactitude des chiffres et des prévisions
qui précèdent ne sera contestée que par ceux
qui ne se seront pas préalablement rendu
compte :
1 0 De la consommation annuelle des livres,
malgré les obstacles que lui opposent la di-
versité des formats, la multiplicité des édi-
tions, l'élévation des prix et lexorbilance
des frais de reliure ;
S«De$ avantages matériels inhérens au
format et au caractère adoptés pour la col-
lection du Panthéon littéraire;
50 De la difficulté pour la concurrence de
lutter jamais contre une collection de mille
volumes, entièrement achevée, représentant,
par la valeur seule de ses clichés, un ca-
pital de 690,000 francs et pouvant consacrer
successivement une sDninie de 175,000 francs
à étendre sa popularité et ses relations par
des annonces fréquemment répétées et par
des voyageurs intéressés ;
. 4« Enfin, de l'impossibilité de concilier
plus rationnellement le luxe de l'exécution
et l'économie d'acquisition.
En résumé, le Panth'On littéraire sera
pour l'ancienne librairie ce que furent nos
codes pour l'ancienne législation : un ordi "■
de chose» nouveau par la méthode et l'u-
nité.
PANTHEON LITTERAIRE.
ACTE DE
Par devant M« Louis - Edouard Dreux
et son collègue, notaires à Paris, soussignés,
A comparu
M. Emile db Girardin, membre de la
ehambre des députés, demeurant à Paris, rue
Saint-Georges, n<* il;
Lequel, voulant donner à la Collection
universelle des chefs-d'œuvre de l'esprit
humain, publiée sous le litre de Paistbéon
Littéraire, et dont il est devenu seul pro-
priétaire, une constitution dont l'effet suit
de faire jouir les mille premiers souscripteurs
des avantages résultant de la qualité d'aclion-
naires-conunandilaires, a, pour atteindre ce
but, résolu de faire de la publication de celle
collection l'objet dune société par actions.
En conséquence, les statuts fondamentaux
de celte association ont été réglés et arréiés
ainsi qu'il suit :
But, Durée, Siège et Raison de la So-
ciété.
Article pbemiek. Une société en com-
mandite pour la publication de cent volumes
in-40 renfermant la matière de huit cents à
mille volumes ne cnùtanl que mille francs, et
conlenanl, sous le titre de Pa>tiiéon litté-
raire, la Collection universelle des chefs-
d'œuvre de l'esprit humain, est formée en-
tre M. (uTiilcde (lirardin cl les souscripteurs
qui, jusqu'à concurrence du nondjrc de mil-
le, s'obligeront au paiement de cent volumes.
SOCIETE.
Art. 2. La durée de la Société est fixée à
dix années, qui commenceront le l»'' avril
1836.
Art. 3. Le siège de la Sociélc est fixé ru«
Saint-Georges , n«> il, à Paris.
La raison sociale se composera des mots:
Société du Panthéon littéraire, avec le
nom de M. Emile de Girardin ou celui du
successeur qu'il aura le droit de se choisir,
en raison de l'axt. 5 ci-après.
Noh>rc, Avantages et Garantie des
Actions de mille francs.
Art. i. Mille actions de mille francs cha-
cune sont créées pour être délivrées aux
mille premiers souscripteurs contre le paie-
ment pur et simple de leur souscription aux
cent volumes parus ou à paraître, soit mille
francs.
Tout commanditaire réunissant ainsi la dou-
ble qualité d'ACTioNNAiREeldesouscRipTECR,
recevra donc :
1° L'équivalent de son capital par le fait
de sa souscription;
îi» Une action représentant, savoir: un mil-
lième dans la moilié de tous les bénéfices
résultant des tirages successifs et de la vente
des volumes parus el à paraître ; également
un millième dans la moitié de la propriété
des clichés représentant une valeur de 6,900
francs par volume, et généralement enfin un
millième dans la moilié de la propriété des
volumes en magasin et de tout le matériel ac-
quis. Le surplus de la propriété et de ses re-
venus appartiendra à M. Kniile de tiirardiii
et aux divers auxiliaires qu'il lui sera néces-
saire de s'adjoindre.
Les actions seront nominatives et transfé-
rables par voie de simple endos; elles ne se-
ront passibles d'aucun appel de fonds.
Elles seront détachées d'un livre à sou-
che, signées et paraphées par M. Emile de
Girardin.
Le paiement de leurprix s'effectuera de la
manière et dans les formes qui seront con-
venues. Toutes les facilités seront à cet égard
données aux souscripteurs.
Lesaclioimaires qui verseront intégrale-
ment le prix de. leur souscription, en rece-
vront immédiatement le titre régulierportant
obligation expresse et personnelle de la part
de M. Emile de Girardin, dans le cas où des cir-
constances majeures et imprévues viendraient
•'opposer à ce que le nombre de cent volu-
mes leur fût complété, de leur rembourser,
à raison de dix francs l'un, tous ceux man-
quant à ce nombre.
La Société n'en continuerait pas moins
d'avoir son effet pour tous les volumes fa-
briqués, tr.nt à l'égard des bénéfices annuels
auxquels donnerait lieu leur écoulement suc-
cessif, qu'à l'égard de la valeur matérielle
des clichés lors de leur licitation.
De plus, un compte portant intérêt à cinq
pour cent l'an, sera ouvert à chacun des ac-
tionnaires qui verseront ainsi par anticipation
le prix de leur souscription. Cet intérêt dé-
croîtra nécessairement dans la progression
du prix des volumes, successivement porté à
leur débit.
Par suite de conventions et d'échanges
entendus avec les éditeurs de plusieurs ou-
vrages déjà réimprimés par eux dans le même
format et avec les mêmes caractères que
ceux du Panthéon littéraire, les souscrip-
teurs-actionnaires jouiront de la faculté de
choisir les cent volumes qu'ils préféreront sur
un nombre de cent cinquante environ. Dès
ce jour, cinquante volumes sont à leur dispo-
sition, soit en totalité, soit en partie, ce qui
forme déjà la contre-valeur de la moitié du
prix de leur action.
Coupons d'actions de S'O fuancs (1).
Chaque action de 1 ,000 francs sera divisée
en 4 coupons d'actions de 250 francs l'un;
(1) Chaque action est fractionnée en 4 coupons por-
tant les lettres A. B C D. Au premier paiement de 2.',0
francs effectué par l'un des premiers souscripteurs, le
coupon A lui est remis, au second paiement le cou-
pon B, et ainsi successivemienl.
de sorte que le porteur d'une action de
1,000 francs qui ne voudra souscrire qu'à
■25, î>0 ou 7.S volumes, pourra rétrocéder à
son gré, par voie de simple endos, t, 2 ou 5
de ses coupons.
Tout actionnaire a la faculté de demander
autant d'exemplaires qu'il le voudra des
mêmes ouvrages, à valoir sur le nombre de
100 volumes. Quatre personnes pourront
donc se réunir pour souscrire à 4 exemplaires
des mêmes ouvrages parmi les volumes en
vente, jusqu'à concurrence de quatre fois le
nombre 25, sauf ensuite à se partager entre
elles les couponsde leur action. Cette action
leur sera évidemment délivrée à TITRE
GRATUIT, puisqu'elles recevront ainsi, sans
courir un seul moment la plus légère chance
d'éveiitualité, la contre-valeur réelle de leur
versement de 1,000 francs.
Objets des Actions.
Les actions qui, sur le nombre de 1,000
fixé, ne seront pas placées, resteront la pro-
priété de M.Emile de Girardin, seul chargé
de subvenir aux avances de capitaux, les
actions émises n'étant dans la réalité qu'un
échange de valeur et non un versement de
fonds, qu'une aliénation gratuite et volon-
taire de la moitié de la propriété du matériel
et des bénéfices de l'entreprise consentie par
M. Emile de Girardin au profit des souscrip-
teurs, à l'effet d'assurer le prompt achève-
ment du Panthéon littéraire.
Direction générale.
Art, 5. M. Emile de Girardin se réserve
expressément de s'adjoindre, soit pour la di-
rection littéraire, soit pour l'administration
générale, plusieurs auxiliaires; dans le cas
de démission de sa part, tous pouvoirs lui
sont doiuiés dès ce jour par le présent acte
pour la nomination légale du successeur,
qu'il présentera, dans ce cas, à l'assemblée
générale des actionnaires, convoqués extra-
ordinairement à cet effet.
Art. 6. Chaque année, le 51 juillet, les
comptes seront soumis aux souscripteurs-
actioimaires en assemblée générale.
Tout porteur d'une action ou de 4 coupons
aura le droit de s'y présenter.
Ces comptes consisteront à produire,
d'une, part:
1" Les déclarations" de tirage des impri-
meurs de la Société signées par eux et cer-
tifiées.
2« La déclaration conlradicloire signée et
certifiée du libraire de la Société, portant
le nombre d'exemplaires écoulés par son
entremise en conformité avec ses livres de
commerce.
10
30 L'inventaire général des magasins de
la Société.
D'autre part, les comptes consisteront à
justifier que toutes sommes provenant des
ventes ont été exactement portées au crédit
de la Société.
Ces comptes seront arrêtés pir cinq com-
missaires que les actionnaires présens à
l'assemblée générale devront nommer à la
pluralité des voix.
L'exemplaire attribué à chaque actionnaire
neserapascomprisdynsle nombre des exem-
plaires dont le libraire de la Société aura
à lui tenir compte. Il y aura lieu à la réparti-
lion d'un dividende dès que le nombre des
exemplaires vendus par son entremise dé-
passera deuy mille. Ce dividende peut, dès
à présent, être aveccerlitude évalué à â5,ooo
fr. par chaque cent exemplaires de la collec-
tion qui s'écoulera au-delà du nombre de
deux mille reconnu nécessaire à l'extiiic-
tion des frais dits décroissans. Lst répartition
annuelle des bénéfices se fera le 31 juillet
d'après état arrêté au 1*'' du même mois.
Dispositions géïtérales.
Art. 7. En cas de décès de M. Emile de
Girardin, la Socrélé ne sera pas dissoute.
L'administrateur qu'il se propose de s'ad-
joindre le remplacera de d oit, s'il n'a pu
soit confirmer dans' celte fonction, soit en
désigner un autre à sa place.
Art. 8. Son successeur sera tenu person-
nellement envers la Soi^élé de remplir les
cngagcmens stipulés dans le présent acte,
ainsi que ceux contractés envers les héri-
licrs de M. Emile de Gir.irviin. Faute par
lui de faire convenablement, les intéressés
pourront r(!qucrir le président du tribunal
de commerce de la Seine de lui nommer an
remplaçant.
Apr. 9. Lors de la dissolution de la Scziété,
le mrjtAriel se composant des clichés, volu-
mes en magasin, seront licites, pour le prix
en être partagé entre chacun des ayant droit
dans les proportions fixées en l'article 4 ci-
dessus.
Art. 10. Toutes difficultés qui pourront
survenir seront jugées par arbitres à l'aoïia^
ble et en dernier ressort.
Art. il. {]n conseil composé de MM,
CoTELLE et Dbeux , notaires ; Crémieux,
avocat aux conseils du roi ; Paillard de
ViLLEKEcru, Callet DE St-Pacl, avocats ;
CoLLOT, avoué , assistera le directeur de la
Société dans la rédaction de tous les actes,
traités et marchés qui l'engageront.
MM. André et Cottier , Rougemont de
LowEMSEKG, Oi'PERUANîc, banquiers; Bai-
«NÈxcs et Caillât, agcns de change, à l'ap-
probation desquels le présent acte a été.
soumis , reconnaissant qu'aucun risque de
perte n'est encouru pir les soumissIoBr
naires d'actions, puisqu'ils reçoivent la con-
tre-valeur de la somme qu'ils versent, et que
d'autre part des chances de bénéfice con-
sidérable peuvent résulter pour eux de l'ex-
ploitation exclusive décent volumes clichés,
se sont chargés du placement des actions;
le«i demandes devront être adressées; à l'un
d'eux.
ELECTIOX de DOltICILE.
Pour l'exécution des présentes, M. Emile
dcGirardia fsil élection de do:nicile au siège
de la Société, à Paris, rue St-Georges, n. H.
Dont acte fait et passé à Paris, le vingjl-
trois mars 18r>6.
EX i RAÎT DE L 'L\[TR0D:JCTI0.V GÉXÉRALE
Aussitôt que l'homme, devenu maître de
la direction de ses travaux, a acquis les élé-
mens nécessaires de l'art , du métier, de la
science auxquels il dévoue son avenir, sa pre-
mière pensée se tourne vers les moyens de
faire servir la science des autres à la sienne,
afin de faire le plus possible en moins d'heu-
res données, de ne pas user ses efforts à in-
venter ou à exécuter ce qui a été exécuté et
iiiveiité avant lui, et de faire ai.isi la plus
profitable des économies, celle du temps.
C'est à ce preiiiier degré des études libres
qu'apparliennent le» diclio;inaires de tous
les genres , les manuels , les compilations
d'actes ci de faits , serres d'outils indispen-
sables à chaque profession.
Bientôt on sent qu'on se meut avec plus
de facilité dans la sphère qu'on s'est tracé*";
on tourne ses regards autour de soi; on veut
se mêler avec les autres hommes, parler la
même latigue qu'eux, peser leurs idées pour
les rejeter ou les adopter avec fruit , savoir
enfin si ce qu'on vante ou ce qu'on blâme,
ce qu'on néglige ou ce qu'on recherche ar-
demment , mérite en effet ce blâme ou ces
éloges, ces sacrifices ou cet oubli. C'est pour
répondr* à cotte direction que preiment les
idées d'un peuple qui avance , que se sont
nmUîpliccs et se nuiltiplioronl long-leiiips
encore, sous loufes les formes, pour tous les
goùls, cl iiïèiiic pour toutes les passions et
tous les caprices les plus mobiles, 1rs jour-
naux el*>nblicatioiis périodiques de littéra-
ture, de science, de politique, de conversa-
lion , d'art , d'utilité ou de mode , véritable
encyclopédie progressive qui multiplie indé-
finiment les rapports entre les intelligences
des hommes, instrument puissant de contact
et d'uiiion. Pondant que beaucoup se créent
ainsi un fond cunwnun d'idées par ces lectu-
res journalières , régularisent leurs éludes ,
rectifient leurs notions et acquièrent le goût
des livres, d'autres, plus aisés ou plus aran-
rés, commencent l'édifice d'une petit* biljlio-
thèque. L<à , à côté des manuels et diciion-
• oaireâ de leurs études spéciales , et des
journaux de leur affection, viennent se grou-
per peu à peu les écrivains récens qui ont eu
une vive action sur notre société : les Déran-
ger, les Chateaubriand, les Benjamin Cons-
tant, les Lamennais, les Lamartine, déjà élevés
au rang de classiques, puis tout ce qui se rap-
porte à l'homtnc colossal dont le génie occupe
si puissamment l'entrée du xix» siècle.
Ici commence la composition réelle d'une
bibliothèque :j'jsque-lcà on avait des volumes;
<m n'avait pas de lien qui les rattachât et en
fit un corps. Le moment tarde peu de vouloir
connaître à leur tour les hommes qui ont
imprimé à notre société moderne ce rapide
mouvement intellectuel qui la pousse en
avant : les Voltaire, les Rousseau , les Mon-
tesquieu , de la tète desquels s'échappent ,
comme d'une auréole , les rayons qui nous
éclairent encore. Uiie fois les tablettes gar-
nies de ces héros littéraires de Dotre temps,
l'esprit national s'agrandit, et les grands clas-
siques fraiiçais du siècle de Louis XIV vien-
aent prendre un rang d'honneur à côté de
leurs disciples et de leurs émules.
Jusqu'ici tout se classe avec ordre et sim-
plicité. Arrivé à ce point, toute facilité cesse,
et on ne rencontre p'us qu'obstacles de tout
genre.
Sur ces lableUes^ que sont venus succes-
sivement orner tous les chefs d'ordre de
rinteliigenee nationa'e depuis Louis XIV,
aspirent à venir prendre rang, comme une
escorte digne de leur faire cortège , les plus
beaux génies des nations antiques et étran-
gères dont I;î gloire a nationalisé le nom parmi
nous , et quelques hommes do tdent supé-
rieurs parmi If's liôtres, auxquels il n'a man-
qué souvent que la bonne fortune d'un meil-
leur format pour prendre place à côté de leurs
plus glorieux ou plus utiles compatriotes.
Mais comment choisir, comment établir un
peu d'ordre dans ce chaos de noms et de volu-
mes divers , surchargés , comme le sont la
plupart , d'un lourd fardeau d'érudition , et
obscurcis encore par l'appareil des textes et
le pédantisme des gloses et conmientaires?
Qu'une femme désireuse de saine instruction,
qu'unjeune homr.ic avide de savoir pour la
première fois ce qu'il y a au fond de tous ces
chefs-d'œuvre qui ont fatigué sa distraction
de collège, veuillent lire, par exemple, les
historiens , orateurs , philosophes grecs et
latins, et ils ne leur apparaîtront que dans
d'énormes in-folio, ou de pondércux in-40,
ou des in-8* sans fin, embarrassés de notes
et textes en regard. Est-ce sur les chefs-
d'œuvre des langues modernes qu'ils veulent
porter leurs études? les volumes se multi-
plient avec une effrayante prodigalité; et pour
peu qu'on sorte du cercle des écrivains con-
temporains, le prix \énal des ouvrages gros-
sit d'une manière effrayante pour ceux même
qui échappent au luxe des reliures. Voulez-
vous avoir un Bacon? ce sont quinze minces
volumes, assez rares, que vous paierez 1 20 f.;
un Descartes? vous surchargerez vos tablet-
tes de onze volumes qui vous couleront 90 f.;
un Shakespeare traduit ? vous aurez treize
volumes; un Froissart? vous en aurez seize.
Et pour l'amateur parisien ce haut prix s'ac-
croîtra encore du prix des nouvelles pièces
qu'il sera forcé d'ajouter à son appartement,
sous peine de se voir arrêté dans la satisfac-
tiot) d'un goût raisonuoble.
Le Panx: ioN Littéraire présentera dans
les différons siècles tout ce qui a secondé
et hâté le mouvement progressif de l'intelli-
gence humaine ; mais il ne présentera rien
qui ne soit sanctionné par l'admiration des
homnics de tous lestempselde tous les lieux.
Suivre la marche de l'esprit humain, depuis
le jour où l'homme put se continuer, pour
ainsi dire, en transmettant à ses descendans
sa parole, sa pensée, son individualité parle
secours d'une langue écrite, épurée par une
civilisation avancée, c'est tracer aussiàgrands
traits l'historique de cet!e collection.
Ce sont les Grecs qui ouvrent la lice litté-
raire, et à la tête de tous brille, par droit de
génie comme par droit d'antiquité , le vieil
Homère, père de la belle langue hellénique,
père de la poésie universelle. A côté de lui
par l'ordre des temps, mais bien éloigné par
l'ordre de l'intelligence, marche le bon Hé-
siode , classificateur des dieux de l'Olympe
antique. Jusqu'au grarid siècle où les héroï-
ques balaiiles de Marathon et des Thermo-
pyles assurèrent , cinq cents as'.s après ,
l'indépendance des petites républiques grec-
ques, on 'lit surgir sans doute un grand nom-
18
hre de philosophes et de poêles du second
ordre ; mais le génie semblait prendre un
instant de repos pour pouvoir s'élancer en-
suite d'un seul essora loule sa hauteur. Tous
les gran'ls écrivains grecs parurent alors en
même temps, et ces hardis essais dans l'his-
toire, r.-^rt dram ilique, la poésie lyrique, la
philosophie et l'éloquence, sont rcsiés des
modèles qu'aucun écrivain n'a encore sur-
passés.
Tout génie comme toute scienre et toute
philosophie n'étaient pas toutefois concen-
trés exclusivement sur ce seul point du
monde, et à la même époque nous voyons, à
un siècle l'un de l'autre, apparaître en Asie
les deux philosophes Confucius et Meng-
Tsius, comme pour protester en faveur de la
répartition universelle et égale des facultés
de l'intelligence à tous les fils des hommes.
Un nouveau peuple va réclamer sa part à
la gloire littéraire. Rome a conquis la (irèce,
en lui laissant comme un appât le nom sonore
de liberté proclamé dans les jeux islhmiques,
et avec la Cirèce elle a conquis les arts et les
lettres, qui peuvent la corrompre on l'im-
morlaliser. I^a littérature romaine csl toute
d'imita.tioii grecque : PlaUtc et Térence com-
mencent avec éclat celte série d'auteurs
cminens, si glorieusement accrue par les trois
grands poètes de la période augustine, tandis
que Cicéron fait parler pour la première fois
au latin assoupli la noble langue île l'élo-
quence et de 11 philosophie, et que César et
Salluste lui fraient une voie où il doit lui
survenir ensuite tant d'homieurs, lorsqu'elle
sera suivie par le* Tite-Live et les TacHe.
Pendant la marche ascendante de sa rivale
de Rome, cette (Irèce, où depuis trois mille
ans ne s'est jamais complètement éteint le
flambeau des lettres, continue à jeter encore
d'intervalle à autre quelques vifs éclats de lu-
mière.
Mais notre monde vient de changer d'as-
pect; de simples et obscurs pêcheurs sont
devenus les dépositaires de la science et de
!a philosophie nouvelles. Saint Paul s'est fait
entendre dans les écoles d'Athènes ; saint Jé-
rôme et saint Augustin, deux des plus hauts
esprits des siècles passés, ont fait respecter
1 e caractère scientilique des apôtres du chris-
tianisme ; Conslanlin l'a assis à côté de lui
sur le trône , et c'est mainlenant dans cette
direction que va marcher l'inlelligence de la
Grèce et de Rome. Saint Jean-Chrysostôn)e,
dans l'éloquence grecque, saint (îrégoirc et
Boèce , dans l'éloquence et la philosophie
latines, rappellent souvent les belles époques
de l'antiquité. Toutefois , l'histoire . qui vit
d'une critique indépendante, et In poésie, qui
aime à se créer le monde où elle va libre-
ment déployer ses ailes, restèrent plusieurs
siècles ensevelies, comme des objets profa-
nes, sous les ruines du paganisma Le génie
littéraire, honteux d'aspirer à la vanité de la
gloire , se condamwa lui-même à un pieux
silence, sous la discipline absolue de la règle
chrétienne. Mais le droit au génie ne peut
se prescrire , et , en même temps que le
monde européen semblait frappé de torpeur.
un grand homme imprimait un mouvement
commun aux races dispersées de l'Arabie ,
leur domiait une religion, un code, une lan-
gue , une poésie. Pendant l'affaissement du
génie grec et latin , du vii« au xn» siècle ,
l'arène littéraire n'est occupée avec honneur
que par les poètes , les savans , les philoso-
phes de l'école de Mahomet , qui réagissent
à la fois sur nous par leurs conquêtes en Es-
pagne et dans les Deux-Siciles , et par les
nôtres sur eux au temps des croisades.
Il fallait peut-être ce long repos intellec-
tuel à l'Europe pour laisser aux matériaux
qui allaient composer les langues, les littéra-
tures et la civilisation modernes, le temps de
s'élaborer et de s'assimiler entre eux. Les
peuplades guerrières du Nord avaient dis-
persé les lambeaux du vieux sol romain ; de
nouvelles lois, de nouvelles mœurs, de nou-
velles langues allaient prendre une existence
et un nom. C'est au xn* siècle qu'on aperçoit
poindre presquepartoul les germes des fruits
que nous cueillons aujourd'hui. A la Provence
revient la gloire d'avoir fait ses premières
armes dans la lice et d'avoir enseigné les
lois du combat. Le xii» et le xiii* siècle sont
r<âge d'or des troubadours de la Provence ;
et c'est de là que l'art de poétiser se répan-
dit en Sicile et en Catalogne , pour hâter le
développement des belles langues italienne
et castillane.
Ce fut un prince grandi sur notre sol ,
GuilIanme-le-Bâtard, qui eut l'honneur d'en-
courager les premiers bégaiemens de la muse
française. La cour des rois anglo-normands
devint, du xn« au ?;iv« siècle, le rendez-vous
de tous les poètes de la France du nord. C'est
en Angleterre que Wace et Benoist de Saint-
More ont écrit leurs poèmes cycliques, et Ma-
rie, ses lais armori-ains.
Déjà l'élan était donné partout; l'Europe
sortait du pénible enfantement de la société
moderne; toutes les nations s'élançaient avec
ardeur dans la lice, l'Italie en première ligne,
fière de présenter à sa tête pour son coup
d'essai des hommes tels que le Dante , Pé-
trarque, Boccaccet Villani ; puis la péninsule
hispanique avec ses trois langues rivales, de
la Castillc , du Portugal et de la Catalogne;
15
puis la France, heureuse d'avoir à offrir dès
sa naissance des images gracieuses , comme
celle (lu roman delà Rose, si copié, si lr;iduit,
si envié, si oublié aujourd'hui , et un historien
tel que le poétique, le consciencieux, le naïf
Froissart , qui réunit le charme le plus en-
traînant (lu style à l'intérêt (ont dramatique
du sujet.
La littérature anglaise ne naît qu'un peu
plus lard. Il arriva alors en Angleterre ce
qui était arrivé en France à l'extinction des
dcscend.ins de Charlemigne. La langue ger-
manique, idiome des souverains français de
race allemande , avait été remplacée par le
français, tout informe encore, qui était l'idio-
me des nouveaux souverains de race plus na-
tionale. En Angleterre aussi , à la mort des
cnfinsdeGuillaume-lc-Bàtanl et des premiers
conquérans , le frani^ais tomba en désuétude ,
comme langage habituel, même avant qu'E-
douard en eût interdit l'usage dans les tribu-
naux , et l'anglais commença à s'élever da
peuple aux grands. Chaucer, chantre de cour,
est en même tenips écrivain populaire.
De tels succès dans les langues nationales,
et avec des élémens purement nationaux ,
faisaient présager le plus bel avenir à toutes
ces littératures spontanées. Le moyen-<âge
avait obtenu son drame, son épopée, sa poé-
sie, son histoire, comme sa sculpture et son
architecture civile et religieuse, lorsque tout-
à-coup la résurrection des modèles antiques,
sortis de la poussière humide des bibliothè-
ques, l'invention de i'imprimerie, qui en pro-
pagea la connaissance , et la dispersion (ïans
toutes les écoles des bannis de Constantino-
ple , qu'accueillait la sympathie universelle
de la chrétienté, frappée en eux , rejetèrent
l'esprit humain . de la voie nationale où il
commençait à marcher dans sa force et dans
sa liberté, dans la voie d'imitation de modè-
les bien plus purs , mais moins appropriés,
de l'arl antique.
L'individualité du moyen-âge ne s'éteignit
pas toutefois si rapidement, et les premiers
honmies de la renaissance conservent encore
un haut caractère d'indépendance. En An-
gleterre, Shakespeareet Bacon; en Italie, Ma-
chiavel et l'Arioste ; en Portugal , Gil Vicente
et Camoëns; en Espagne, Cervantes et Lope
de Vega ; dans les pays de race allemande ,
Erasme et Luther, et en France, Rabelr.K ,
Montaigne et Calvin , conservent tous dans
leur allure la libre fierlé du génie.
Ce génie tendait à s'affaiblir en se régulari-
sant , surtout lorsqu'il était forcé de marcher
dans les voies tracées par les anciens : c'est
ce gui arriva au genre tragique, à l'histoire,
à l'épopée. Les genres nouveaux permirent
un plus indépendant essor , et la comédie ,
l'apologue et l'éloquence sacrée purent se
créor leurs ftirmes et leur langage. Aux
grands spectacles du moyen-âge, où tout se
passait, comme dans l'antiquité, sur les pla-
ces publiques, avaient succédé les jeux moins
bruyans d'une société choisie. Le salon allait
remplacer le forum et les cours plénières.
Le grand siècle, le siècle de Louis XIV se
présente avec son élégance de cour, qui dis-
simule mal d'abord le vieil esprit de la Ligue
et (le la Fronde, et avec toute sa pompe, dans
laquelle se confondent toutes les individua-
lités en présence de l'éclat d'un seul homme.
Le reste de l'Europe semble conquis <à tant
de gloire, et sa littérature n'est, pour ainsi
dire, pendant cent ans qu'un reflet effacé de
la ntjtre.
A la mort de Louis XIV, qui était deve-
nu pendant sa longue domination le point
culminant de l'unité monarchique, religieuse
et littéraire, chacun, peuple» et individus,
cherche à rentrer dans son indépendance.
Les premiers jours semblent comme une
anarchie de la pensée; mais après la régence,
la guerre des sept ans, l'expulsion des jésui-
tes de Portugal et l'établissement paisible
de la maison de Brunswick en Angleterre,
l'esprit humain , assuré désormais de son
triomphe sur des ennemis obstinés à dé-
fendre une cause déjà perdue, apprend à
régulariser sa marche. Voltaire, Rousseau et
Montesquieu, en France ; Beccaria, Vico et
Filangieri, en Italie; Feijoo, Campomanes ,
Jovellanoset lepère Isia, enEspagne; Locke,
Gibbon et Robertson, en Angleterre; Frank-
lin, dans le Nouveau-Monde, ont annoncé
l'ère nouvelle de la régénération de la pen-
sée. La révolution française achève d'apla-
nir les obstacles qui arrêtaient encore sa
marche, et un nouveau pays se présente
déjà tout glorieux dans la lice, soutenu de
ses Leibnitz, de ses Klopslock, de ses Schil-
ler et de ses Goethe.
Nous veici parvenus parmi nos contempo-
rains, au milieu de celte littérature mili-
tante qui se cherche partout un point d'ap-
pui, en même temps que la société elle-
même cherche les croyances sur lesquelles
elle doit le faire poser. Maîtres du passé,
nous deviendrons meilleurs juges des débats
du présent, et notre esprit, agrandi par l'é-
tude des classiques de l'antiquité , de la
France et de l'étranger, pourra suivre avec
plus d'intérêt les efforts de chacun vers le
but auquel doivent tendre tous les efforts :
l'utilité et l'amélioration de tous.
Le but que nous nous sommes proposé
étant l'utihté de tous, il fallait que notre
travail fut d'abord consciencieux et bien fait,
el qu'ensuite, pir son mode ije publicaîion,
il s'adressât au public le plus nombreux.
Plus jaloux de repamlre flans la nation en-
tière une itistrurliw éleridue. variée et so-
lide, que le goùl des formes purement liltç-
raires; plus j.duux d'élever un moniinicnl
accessible à tùu«, qu'un sanctuaire réservé
à la classe spéciale des pbilulogucs , nous
laisserons de côié les textes, et nous nous
contenterons de donner les meilleures tra-
ductions.
Un luxe plus inutile encore est de snr-
charger les œurres d'un grand écrivain
d'une foule de proiiuctions médiocres ou
insignifiantes, par l'unique n.ison que, dans
un jour néfaste, elles cH-happèrcntà sa plume
trop facile, ou qu'elles furent le premier
bégaiement ou le* dernièrps réminiscences
de son talent, fruits sans saveur de l'arbuste
encore débile ou du vieil arbre d'où la sève
s'est retirée. Nous évoquerons tous les gé-
nies; nous ferons appel k tous Les morts
illustres; mais de tout ce qu'ils ont dit nous
ne leur ferons redire que ce qu'eux-mêmes
signeraient de nouveau , dans l'unique
intérêt de leur gloire. On conçoit que
le même sentiment de convenance nous in-
terdira plus ri.8;ourcusement enco,'e les pro-
ductions apocryphes, ainsi que les lourds et
diffus comment.iires que la oupidilié mer-
cantile ou le [)édantisn>e, bien plus que l'a-
mour écl'jiré de la scicmc, ont réussi par-
fois à faire marcher à la suite d'un chef-
d'œuvre, et qu'il est devenu , on ne sait
pourquoi, d'usage de reproduire d'édition
en édition. Nous serons sobres de travaux
accessoires et de notes, et nous ne les ad-
mettrons que là où ils seront vraiment indis-
pensables, nous engageant à apporter dans
leur choix ou dans leur confection l'cxpmen
le plus sévère. Nous jious bornerons , en
général, à une courte biogrnphie et à une
notice dans lai(uelle, à la suite des produc-
tions par nous publiées, nous mentionnerons
avec soin ioulcs les autres du même auteur
qui nous ont paru moins dignes d'être re-
cueillies. Nous analyserons les plus iiiipor-
tarilcs et signalerons les meilleures édi-
tions. De celle manière, sans qu'il soit be-
soin de se latiguer à l'invesligalion minu-
tieuse d'une foule de pièces, plus judicieu-
sement réservées à l'insatiable curiosi(é de
rérudit, on ne sera cependant étrjnger à
aucun écrivain el à aucune œuvre un peu
célèbre.
Dans l'ct't actuel de la librairie, l'honuiie
du monde qui, pour son usage, entrepren-
drait de former une scnddahle collection,
consumerait peut-être une année entière
en demandes et en courses fastidieuses, et
encore, après avoir inlerrogé tous les cata-
logues de la librairie nouvelle, fouillé tou-
tes les arrière - boutiques de l'ancieime ,
exploré les parapets de Ions les quais de la
capitale pour se procurer des éditions cor-
rectes ou devenus rares, ne parviendrait-il
qu'à obtenir un amas informe de livres, la
plupart inélégans , de tout âge , di" toute
édition, de tout forma!; il en est même quel-
ques-uns qu'il serait impossible de <;e pro-
curer, «cl que nous serons les premiers à
offrir au public dans notre langue.
A tout homme jaloux de cultiver son es-
prit, nous présenterons ainsi la nourriture
intellectuelle la plus variée, la plus saine el
la plus substantielle. Est-il homme de pen-
sée? Qu'il soit poète, savant, artist», avocat,
publiciste, médecin, notre collection devient
la base indispensable, la pierre angulaire
sur laquelle il iriseoira les fondemens de sa
I ibiiotlièque , limitée et choisie d'abord,
mais qu'il pourra étendre ensuite avec mé-
thode dans h direction plus parliculière-
menl adaptée à ses connaissances ou à la
nature de son esprit. Est-il homme d'action,
emporté dans le tourbillon de la vie posi-
tive, et regrettant de ne pouvoir donner à
l'étutie que de courts inslans 'Ae loisir ? une
semblable collection sera à la fois la plus
complèle et de l'usage le plus commode,
cnr elle exige peu de frais de reliure; e'Ie
ne forme pas une masse endjarrassanle; elle
peut se caser dans un meuble de la dimen-
sion la plus ordinaire, et se transporter de
la ville à la campagne.
Généralement, toutes les grandes entre-
prises commencent par inspirer le doute
qu'HIes arrivent à leur fin ; un avantage qui
est particulière la collection du Panthéon
Littéraire, c'est de ne pas faire Haitre celle
crainte.
Il ne s'agit point en effet de la réimpres-
sion longue et dispendieuse d'un ouvrage
volumineux, mais de la publicaticcn succes-
sive d'auteurs différens , auxquels on est
libre de souscrire séparément, «le telle sorte
que ch icun peut choisir soit un ensemble
de philosophes, d'historiens, d'orateurs , de
poètes, dans une ou dans toutes les littéra-
tures, soit même un seul écrivain dans la spé-
cialité ou la litérature qui manque à ses be-
soins ou qui est l'objet de sa prédilection.
Aussi on peut dire du PAiXTuio:^ Litté-
BAiiiE qu'il est moins un monument qu'une
ville consacrée aux letlres. car chaque ouvra-
ge à lui seul est un édifiée achevé et le plus
souvent l'œuvre d'un homme de génie.
La foule s'y portera pour la parcourir, et
ne se composât-elle que de lecteurs d'élite,
elle sera encore très nond)rruse, car toute
la jeunesse dignc'et studieuse en fera partie.
En résumé, les avantages saillans de celle
r;!sle et précieuse collection seront :
t'ai for mil ée.Irhoix des meilleures édUions;
Abrégé scientifique de.f produciions de
deuxième et troisième ordre;
Précis biOliograpliiqur destiné à servir de
guide à tous /r.s amateurs d'ceucrcs com-
plètes;
Economie de mille pour cent , quant au
PRIX d'acquisition, à l'btendue de l'em-
placement et ADX FRAIS DE RELICKE.
J.-A.-G. BccHoif.
YOLOÏES PtlRLlES ou SOi:S PFtESSE
l'ARilI LESQUIîUS l'EUVE^T DÉS A ITxÉSEINT CHOISin LKS SOL'MISSIOKNAIRKS d'aCTIONS.
VOÉSIE.
La Fuiilai ic. .'....
Boilcaii. . *
MalhcrS-p. . ',
J.-B. Rousseau. . * . . .
Delillc. . . *
TÎIEATKK.
Molière. . *
P. el Th. Corncir.c. . '
Racine. . *
Bourdaloue. . * 3
Massillon. . . * 2
Fénéloii. ... * 3
Démoithènes.
EschiHC. . . .
Isocrate. , . .
Isée
Lysjas
Etc
Oral,
politiq.
1 '
-. ,„^ ( 1789-1814.
f""î- h8l4-JS30.
anglais et anu-ric.
f.ant. ! "'"'''■"■
CUV , apg]3,g
PaiLOvSOPHIE.
Alonnmens primilifs de l'église
orthodoxe (iill. grecque).
Apologie de vSt. Justin, . .
Stiomates deSl. Cl'.Tieiit. .
Apologie d'Ori^énc j
Démonstration d'Eiisèbe. ./
Saint Aîhanaso f
Cathrchèse de St. Cyrille.. . >
St. Grégoire de Xazijnze. .
Saint C.'.silc
St. Grégoire de Nysse. . . .
Saint Chrysoslôiiie
Saint Jean de Damas. . . .
Li'.iéialare laniu-
Apolog'ti'i. de Tertullicn. .
Octa>ius Minutius F lix. .
Unité de l'Egl. parS.Cyprien
Div. I
De
Lettre
Ci
Du Gouvernementde Dieu,
deSahien l
iMstilutio^^s des sciences di-s
vines, par C ssiodore. . . \
Règlcdes Pasteurs, p«r saint '
Grégoire j
Viemonasliqne, parCassie».''
Choix de mtjsiiqnns latins-
Saint A;;gustin. . * . . . .\
Boece. . . . ' i
Saint Bcitiard. ..'... .J
Imitation de Jésas-CtoiSît.* >
Cardinal Bona. . *
Tailler. »
Louis de Bteis. *
Choix de Mystiques français
Saint Frano'.isdeSalcs, etc. .
Choix de Aîifsiiqiies éirattgars.
Sainte Thérèse , etc
Monumens priiniHfn dts Eglises
réformées.
CîHin )
Luther, etc )
Mcnumens ])rimilifs des rcli-
(jio)is de l'Asie.
I-ois de Almou
Chou-Kliig
Cli^-Kinf;.
V-.'\iiig., •
/.eiid-.\ve.'^ta
C-oran
Montaigne. *
Pascal. '
Laroche'rtucaull .*....
Labruyère. *
Vau^cnargues. *
HLSïOIiŒ.
I. ISistoira nationale.
ïlll-- SIÈCLE.
Chroiiiqne de Morée. . . .
Bamuii .Muntancr
Chroniques de Procida. . .
— delaguflrre desiAlblgeoiSi
Villehardoin
Henri de Valenciennes. . .
Joinville
Xl\" SIÈCLBT.
J. Froissart. . '
Boucicaut. *
Chronique de' Flandres. . .
Du Gucsclin
D'OroiiyilIe
ChiHstine de Pisan
XV SIÈCLE.
Philippe de Commines. * .
Guillaume de Villeneuve. * i
Olivier de la Marche. * . . '
Georges Chaslelaiii. * . . . \
J. Bouchot. " '
G. Chaslelais! (inédit). . . .
Pierre de Fenin \
J. d'un Bourgeois lie Paris, i
JMémoires de Piichemcnd. . /
Mathieu, de Coucy '-
Chronique û.i la Puceller . l
Procès de la Pucelle l
Mémoire'^ de J. du Clercq. . j
KCLE.
Div. Listilut. par Laitance, i xvi» siix
De la Foi, p,tr St. Aip.hroise. f B.iyard
Lettres de St. .I.'rôme. • - •[ i ' Fle'urange
Cil,- deDieu,deS.Aiigustjn^.^ I Louise de Savoie.
Du Gouvernementde Dleii , / 'Martin du. Bel la v.
Martin du.
Babutin. ........
Biaise de Montluc. . * .
Mar chai do Vieilicville.
9aul\ de TavaDHes. * .
Du Villars. *
F.-néion.
Coligny
La Chaslrc
Rochechouart
Cjf-tolnau
Merjey
Lanoue
Camon
Philippi ." . . > 1
L.itour d'Auvergne.
Guillaume de Saulx,
Cheverny.
P. Huraull
Marguerite
De Thou. .
Choisnin. .
Merle. . . .
de Valois.
Nombre des volumes ci-dessus : 9S ; prêts à livrer : 50.
Tous ceux suivis d'un' ont paru ; 'les autres se succéderont
Brantôme. .
l'aima Cajet
Duc d'Angouléine. . . .
XVII' SIÈCLK.
La Place
L'Esloile-.
t'-égnior de la Planche.
Villerov
D'Aubigné
Sitire Menippée
DupU'ss £-Mornay. . . .
(MIot. . . •
Croulard
Marillac
•y
La note dél.iillée de clmrun de
ces volumes se trouve au pros-
pectus. Les ih volumes de cette
section comprennent, outre plu
sieurs ouvrages nouvaux ctiné-
dilï , ioule la l'e série rie M.
Petilot, et une bonne partie des
chroniques publiées par M. J.-
A. Buchon. Les volumes suivans
conli( ndront la 2' série de M.
Petilot, à laquelle ont été ajoutés
de nouveaux mémoires.
II. Historiens anciens.
Grecs.
Hérodote.
Ctésias. .
Arrien. .
Thucydide
Xénophon,
Polybe. .
^ Hérodien.
Zozime. .
Denis d'Halycarnas.
Aiipien
Diodore de Sicile.
Fi.:\vius Joseph. .
\Plularque 2
Rollin, histoire ancienne. . 3
£13. Sistorians étrangers.
Italietis.
Espagnols,
Anglais
Allemands.
( Machiavel. . .
\ Guicciardini.
' Moncada. . .
1 Mendoza. , .
i P. de la liita.
VF. de Meîo, .
( Robertson. * .
( Gibbon. . * .
J. de Mulier.
Niebuhr. . .
Savigny. . . .
aunier. . . .
VR
POLYGllAriïîE.
Rabelais.*
Madame de Sévigno.
Montesquieu. ' . . .
Voltaire *
J.-J. Rousseau. * . .
La Harpe. *
Beaumarchais
vres de VoUiiire sont publiés. — Les œuvres de Chateaubriand sont sous presie.
Chateaubriand. * 4 X
rapidement. 5 volumes des ceu-
ADHESION DE SOUSCRIPTEUR ACTIONNAIRE.
Rien de plus simple que l'adhésion à transmettre pour être compris parmi les
mille premiers souscripteurs qui sont considérés comme actioanairks , et
pour jouir sans risque aucun et sans mise de foi^ds des avantages afférens à la
qualité de commanditaire.
Il suffit :
i. De déclarer que l'on souscrit pour 100 volumes à choisir parmi ceux
parus ou à paraître dans le nombre de 150 environ ;
2. De désigner parmi les volumes publiés, au nombre de 50, à ce jour , ceux
qu'on désire immédiatement recevoir ;
3. De joindre à sa lettre de demande un mandat du trésor ou un effet de
commerce de 500 francs et pour solde deux engagemens de 250 fr. l'un, conçus
en ces termes :
c Au {"janvier i8Z7 , je paierai à M. Clc'emann, directeur-adjoint du Panthéon
LITTÉRAIRE, OU à SOU Ordre, la somme de deux cent cinquante francs pour prix
du ù* coupon C. de l'action souscrite en mon nom , et contre remise qui m'en sera-
faite en même temps que le présent engagement me sera présenté à l'acquit. »
( Demeure. — Date. — Signature. )
( Pour le deuxième engagement on substituera la date du 1" ayrll 1837 à celle du 1" janvier
et la lettre D du 4« coupon à la lettre C. du troisième.)
Immédiatement l'on recevra :
i . Les volumes désignés par le souscripteur-actionnairk;
2. Les deux premiers coupons A. et B. de l'action de 1,000 francs. Les deux
autres coupons C. D. seront délivres en même temps que seront présentés à l'ac-
quit les deux engagemens échéant au 1" janvier et 1" avril 1837.
Ces conditions de paiement sont celles que nous faisons à toutes les demandes d'actions qui
nous parviennent chaque jour sur la seule annonce de la formation delà société |)ubliée par les
journaux de Paris. Toutefois , autant qu' 1 nous sera possible, nous les soumelirons volontiers à la
eonvenance de ceux de nos amis à qui s'adresse particulièrement le Journal dks (:o:«iinaissances
UTILES; nous leur réitérons l'avis qne leur réponse doit être provipie et cutéijorique , <ar les al-
lions sont en ce moment à Paris l'objet d'une faveur extraordinaire; l'effet produit par la seule
annonce dans les journaux de Paris de la société en commandite et par aclions du i'Antiiéon
littéraire a dépassé tout ce qu'il était raisonnable d'en attendre. Un fait à peine croyable,
c'est que les premières maisons de libraiuie de Paris , au lieu de se lifjuer contre cette en-
treprise , qui commence par une Piéforme pour finir par un Monopole, ont préféré en dev^'nir âc-
lioimaires. Parmi ces maisons, l'on compte MM. leieuvue , iurne, I'AUlin , pougi.n.postel,
LAViG.\E , etc., etc.
PARIS. Imprimerie Grégoire, rue du Croissant, 16.
H/
REPERTOIRE PROFESSIONNEL.
I. Agriculture. — XI. Arts libéraux. — IH. Cocnmeree.
Débîtans de boissons.
Le débitant de boissons qui prétend aroir
cessé son commerce n'en continue pas moins
d'être soumis à" toutes les obligations impo-
sées aux débitaris, et notamment à l'obliga-
tion de représenter les expéditions des bois-
sons introduites dans son domicile, tant qu'il
n'a pas (ait une déclaration régulière de ces-
ser son débit , surtout si depuis sa prétendue
cessation il a constamment acquitté le prix
annuel de sa licence, continué d'avoir un
compte ouvert avec la régie et souffert ses
exercices.
(Cour de Cas., il juillet 1835.)
Ségraisseurs.
— Les vêlcmens sont exposés à se trou-
ver tachés par le contact d'un grand nombre
de substaiices qu'il est plus ou moins difli-
cile de faire disparaître ; souvent même la
couleur se trouve trop fortement altérée
pour qu'il soit possible d'en rétablir la teinte.
Dans la plupart des cas , les taches sont
produites pir des substances grasses qui,
si elles n'étaient pas mêlées avec d'autres
matières , seraient facilement enlevées au
moyen de légères dissolutions savonneuses
ou alcalines : mais la poussière qui s'attache
aux différens vétemens rend plus difficile
leur séparation, et si de la boue, des oxydes
et des sulfures métalliques, comme dans le
cambouis provenant des roues de voitures
ou d'autres substances analogues , s'y ren-
contrent en même temps, on parvient avec
peine à les enlever.
Voici les moyens les plus simples pour
nétoyer les étoffes.
Les tissus blancs en colon , laine, chanvre
ou lin, peuvent être lavés et se prêtent plus
facilement au nctoyage. Les taches de fruits
s'enlèvent par un léger lavage à l'eau , en
exposant ensuite la place à l'action de l'acide
sulfureux, que l'on obtient en brûlant au-des-
sous quelques allumettes ou un peu de
soufre.
Les lacîies d'eiicre récentes disparaissent
par l'emploi de l'eau de javelle ou d'un peu
de sel d'oseille; mais celles qui sont ancien-
nes, ou les taches de rouille, exigent l'emploi
d'autres moyens; le suivant est d'un effet
certain: On imbibe d'eau la place laclîée, on
la pose sur un objet quelconque en étain, et,
après y avoir répr.ndu un peu de sel d'i.seille,
on verse dessus un peu d'eau bouillante;
après un instant de contact, on frotte légè-
rement et on passe dans l'eau chaude : on
renouvelle d'action jusqu'à ce que la tache
soit enlevée. Au lieu de sel d'oseille on
peut employer l'acide oxalique, qui produit
une action plus forte. Si l'étoffe sur laquelle
il existe des taches d'encre était colorée en
totalité ou sur quelques points, il serait im-
possible de les enlever sans altérer la cou-
leur ; on parviendrait cependant à rendre
cette altération f;nble, en se servant d'une
dissolution d'acide oxalique avec laquelle on
imbiberait légèrement la tache au moyen
d'un pinceau , en ayant soin de laver promp-
tement après avec de l'eau tiède et renou-
velant la même action à diverses reprises, si
cela était nécessaire.
Les taches de graisse et d'huile s'enlèvent
facilement sur les divers tissus, soit avec des
pierres à détacher, soit avec du savon sec,
que l'on passe sur l'endroit taché, soit avec
de faibles dissolutions de savon ou de soude
que l'on y répand au moyen d'une brosse.
Les acides végéiaux, com ne le jus de ci-
tron, d'orange, produisent souvent sur les
étoffes de soie des taches jaunâtres que l'on
peut faire disparaître dans beaucoup de cas
en les imprégnant, au moyen d'un pinceau,
avec une légèreeau ammoniacale, ou mieux
avec un peu de carbonate d'ammoniaque ,
parce que, susceptible de saturer les acides,
il n'altaque pas sensiblement les couleurs,
ce que f lil souvent l'ammoniaque , même
très faible.
On fait fréquemment usage de quelques
huiles volatiles pour enlever des taches de
graisse sur la soie. Celle de térébenthine,
comme étant la moins chère , est employée
le plus ordinairement, mais son odeur se
conserve long-temps; i'huile de citron serait
préférable, si ce n'était l'élévation de son
prix. Ces huiles dissolvent facilement les
matières grasses et les reiident susceptibles
de s'imbiber ensuite dans du papier non col-
lé, par exemple, que l'on comprime dessus
avec un fer légèrement chauffé. En renou-
velant ce procédé à plusieurs 'reprises,
120
on enlève complètement la tache, donli! faut
ensuite couvrir la place avec des cendres ta-
misées ou de la terre glaise en poudre.
La cire pure s'enlève facilcnicrit de dessus
les étoffes en les iinbibaiit d'alcool ou de li-
quides alcooliques, comme l'eau de colognc,
de mélisse, etc.; ce n'est pas en dissolvant
la cire que l'alcool agit , c'est en pénétrani
le drap et faisant soulever l'écr.illc de cire.
Si, comme cela arrive souvent, celle sub-
stance était mêlée avec du suif, la tache ne
disparailrait pas entièrement , la matière
grasse ne pouvant être erdevée que par les
moyens indiqués plus hauî.
La liqueur qui dégouUe des tuyaux de
poêles forme des taches qui ne peuvent èlre
enlevées qu'après des opérations successives
du procédé suivant : on lave à l'eau tiède
la partie tacliée, on fait ensuite usage de
savon et d'alcali et enfin de crème de tartre.
Les taches de café s'eidèvent avec du gaz
Sulfureux après un lavage à l'eau tiède. On
doit employer le gaz avec beaucoup de pré-
caution si l'étoffe est d'une couleur facile à
s'altérer.
Parmi les prccédés indiques par 5fM. Gaul-
tier de Claubry et Lenormand, le suiviint
paraît être le plus efficace pour détacher les
draps.
On délaie dans l'eau de la (erre à foulon
pour en séparer le s:ible qu'elle peut conte-
nir, on décante l'eau qui la lient en suspen-
sion et on laisse sécher. A un kilogramme
de terre on ajoute ^250 grammes de carbo-
nate de soude, autant de savon et huit jaunes
d'œufs battus dans 2rjo grammes de fiel de
bœuf. On broie sur le porphyre la soude et
le savon, auxquels on ajoute peu à peu la fiel
de bœuf dans lequel on a niclc les jaufies
d'œufs ; quand le mélange est bien complet,
on le moule en boules ou en tablettes, qu'on
laisse sécher, et dont on racle de petites
quantités pour les délayer au moment d'en
faire usage.
On s^ sert aussi avec succès de fie) de
bœuf |)i)ur eidever un grand nombre déta-
ches. Ce liquide ne réagit pas sur les cou-
leurs, niais comme il éprouve facilement une
altération putride, il donne souvent aux tis-
sus une odeur désagrc tble qui se conserve
long-temps. Quoi qu'il en soit, le fiel de
bœuf ne s'emploie jaunis pur, on l'étcnd tou-
jours au moins de son volume d'eau; on' en
imprègne les taches , cl, après avoir frotté
l'étoffe à plusieurs reprises, o;^ opère le la-
vement.
Quaiid les taches de graisse sont ancien-
nes et qu'elles ont pénétré Jans le tissu , et
surtout quand l'huile est mêlée avec diver-
ses substances, comme dans la peinture, il
faut les couvrir de beurre et chauffer légè-
rement pour l'imbiber; après quoi on les en-
lève avec les pierres à détacher.
Lorsqu'on opère sur des parties de vête-
ment détachées, il faut, après les avoir mouil-
lées, les attacher sur un cadre recouvert de
drap ou de toile. Les étoffes de soie et les
rubans ont besoin d'être lustrés. Pour cette
dernière opération , on passe dessus l'é-
toffe une légère eau de gomme-atlragant e*
on attac^ie <à la rame. Pour les rubans , on
emplcie également une dissolution légère
de colle de poisson et on les pa-^se ensuite
entre deux feuilles de papier sous un fer
chaud.
Enfin , si des taches ont été enlevées sur
une teinte en cramoisi, il y reste de petites
marques d'un ton vineux. On leur rend la
cou'eur primitive en les imbibant d'un peu
de jus de citron, en les frottant avec de la râ-
pure d'écorce de ce fruit.
Peacssieks, — Préparation en laine, suivant
la méthode anglaise.
Apres avoir lavé les peaux dans.un courant
d'eau, on les étend sur des chevalets et on
enlève toutes les parties défectueuses qui se
trouvent sur leurs bords. Quand elles ont été
néloyécs du côté intérieur avec le couteau,
on les retourne; la kiine qui se trouve au-
dessus est couverte d'une dissolution bouil-
lante de sumac îîans les proportions suivan-
tes : sumac, une livre ; eau, un litre. Pour
hàlcr l'action de cette dissolution, on foule,
gratte et presse la laine et la peau en tous
sens. Lorsque les peaux et la laine sont sè-
ches, on les lave dans une foîleeau de savon
vert, pour leur enlever tout le suint qui pour-
rait encore s'y trouver, et on les fait sécher
an grand air. Enfin, on emploie l'eau de su-
mac une seconde fois , et lorsque la laine
est sèi lie, on la frotte et on l'adoucit avec la
pierre ponce.
Si la laine doit être blanche, on pla'ce les
peaux do.;t la laine serait légèrement hu-
mectée lî.uis un tonneau bondonné herméti-
quement et da!!S lequel on fait brûler sur
des charbons ardens du soufre, qui dégage
du gaz acide sulfureux qui amène la peau à
un grand éclat de blancheur. Les peaux qu'on
remarque dans les voilures anglaises jouis-
sent d'une grande beauté, et elles ne sont
pas traitées d'une autre manière. On achève
de parer la toison en la peignant avec soin.
pRorRiÉTAinKS KunAcx. AUuvîcn. I»égîïlatîon.
On appelle alluvion les atlerrissemens et
;ici-roissemcns qui se font;cnt successive-
121
mciit el iinperrcpliblenient aux fonds rive-
rains d'un fleuve ou d'une rivière. L'allu-
vion profile au propriétaire riverain quand il
s'agit d'un fleuve ou d'une rivière naviga-
ble , flottable ou non , à la charge , dans le
premier cas, de laisser le marche-pied ou
cheiniii de htiagc. ( Article o'IG du code
civil.)
Il en est de même des relais que forme
1 eau courante qui se relire insensiblement
de l'une de ses rives en se portant sur l'au-
tre; le propriétaire de la rive découverte
profite de l'alluvion sans que le riverain du
coté opposé puisse venir réclamer le ter-
rain qu'il a perdu. Ce droit n'a pas lieu à
l'égaré desrelnis d.e la mer. (Art. 557.)
L'alluvion n'a pas lieu à l'égard des lacs
et étangs, dont le propriétaire conserve tou-
jours le terrain que l'eau couvre quand elle
est à la hauteur de la décharge de l'étang,
encore que le volume d'eau vienne à dimi-
nuer.
Réciproquement, le propriétaire de l'é-
tang n'acquiert aucun droit sur les terres
riveraines que son eau vient à couvrir dans
les crues extraordinaires. (Art. 558.)
Si un fleuve ou une rivière, navigable ou
non, enlève, par une force subite, une par-
tie considérable et reconnaissable d'un
champ riverain, et le porte vers un champ
inférieur ou sur la rive opposée, le proprié-
taire'de la partie enlevée peut réclamer sa
propriété; mais il est tenu de former sa
demande dans l'année; après ce délai, il n'y
sera plus recevable, à moins que le proprié-
taire du champ auquel la partie enlevée a
été unie, n'ait pas encore pris possession
de celle-ci. (Art. 559.)
Les îles, îlots , atlcrrisscmcns qui se for-
ment dans le lit des fleuves ou des rivières
navigables ou flottables, appartiennent<à l'E-
tat, s'il n'y a titre ou prescription contraire.
(Art. 5G«.)
Les îles etatterrissomens qui se forment
dans les rivières non navigables et non flot-
tables, appartiennent aux propriétaires ri-
verains d» côté ou Vile s'est formée: si l'île
n'est pas formée d'un seul côté, elle appar-
tient aux propriétaires riverains des deux
côtés, à partir de la ligne qu'on suppose
tracée au milieu do la rivière. (Art. 561 .)
Si une rivière ou un fleuve, en se formant
un bras nouveau , coupe et embrasse le
champ d'un propriétaire riverain, cl en fait
une île, ce propriétaire conserve la propriété
de son champ, encore que l'île se soit for-
mée dans un fleuve ou dans une rivière na-
vigable ou flottable. (Art. 552.)
Si un fleuve ou une rivière navigable, flot-
table ou non, se forme un nouveau cours
en abandonnant son ancien lit, les proprié-
taires des fonds nouvellement occupés
prennent à titre d'indemnité l'ancien lit
abandonné, chacun dans la proportion du
ti'rrain qui lui a été enlevé. (Art. t'tdZ.)
Telles sont les règles générales applicables
MiX modifications que peuvent subir les pro-
priétés immobilières par suite datlerrisse-
ment ou d'alluvion. Nous avons cru devoir les
rapporter en raison des graves difficultés
qu'elles présentent dans leur application.
pBOPKiÉrAinKs vKBAiTit. — Contravention.
Le fait seul d'agrandissement d'une croi-
sée sans autorisation préalable du maire,
dans un bâtiment situé sur la voie publique
et sujet à reculement, suffit pour consti-
tuer une contravention à un règlement de^
police municipale qui défend aux habitans
de la ville d'entreprendre aucune construc-
tion ou reconstruction sans autorisation.
{Cour de Cassation, îl août 1835.)
Selliers. — Sellea à la Hocheforî.
— Il est peu d'objets qui aient donné lieu
à plus de recherches que la sellerie et sur-
tout la sellerie régimentaire ; des hommes
remarquables de tous les pays n'ont pas cru
cet objet au-dessous de leur attention : en
France, des concours ont été ouverts , des
récompenses et des prix ont été promis à
ceux qui inventeraient une selle tout à la fois
légère et solide , et dont l'usage fut sans
danger pour las chevaux. Depuis 50 ans, un
grand nombre de modèles ont été proposés,
mais le problème restait encore à résoudre.
Récemment encore, on a importé d'Angle-
terre une selle que l'artillerie a adoptée,
mais elle est loin de réunir toutes les quali-
tés désirées.
En 1852 , M. Rochefort, officier de cava-
lerie, a obtenu un brevet d'invention pour la
confection d'une selle qui est désignée sous
le nom de l'auteur, et qui remédie cà beau-
coup des vices des selles dont on faisait alors
usage. M. Rochefort , qui a une' véritable
passion pour son métier et pour tout ce qui
tient au cheval , vient tout nouvellement de
perfectionner son œuvre de la manière la
plus complète.
Jusqu'à présent, on s'est persuadé que le
moyeu le plus sur d'éviter les blessures du
cheval , était de placer entre la selle et le
dos de l'animal un corps souple ou rembour-
ré , soit fixe, soit mobile, tels que les cous-
sins appelés panneaux ou des couvertes en
laine, que l'on a portées à des épaisseurs
énormes dans la cavalerie légère. C'est en
parlant de cette base que tous les arçons
122
connus ont été confectionnés, et M. Ro-
chefort lui-même , imbu de ce projugé, s'é-
tait borné à supjjrimer les panneaux, tout en
conservant l'usage des couvertes; mais aprc^
des recherches approfondies et de nwuvcllei
expériences faites depuis l'obtention de son
brevet, M. Uochefort a été amené à recon-
naître que tous les corps souples et intermé-
diaires, loin d'être de^ préservatifs, présen-
tent, au contraire, de graves inconvéniens;
cette observation est le motif qui lui a fait
prendre une route tout-à-fait opposée à celle
de ses devanciers, et qui l'a conduit à sup-
primer les panneaux et les couvertes , en
prenant pour point de départ les faits sui-
vans :
Les panneaux et les couvertes changent
dans les marches plus ou moins de forme, et
finissent par laisser le bois de la selle peser
uniquement sur l'une ou l'autre partie de
dos du cheval. C'est alors que ces parties,
déjà ramollies par la chaleur, s'entament et
qu'il s'y fonne des blessures dangereuses et
souvent mortelles. — Toutes les fois qu'un
cheval fait une longue route ou un exercice
violent et continu, il maigrit d'abord et finit
par engraisser. Ces deux cas provoquent un
changement dans les pa.'meaux , qu'il faut
rembourrer et puis dégarnir. — Les parties
des panneaux mouillées par la sueur du
cheval et imprégnées de crasse, acquèrent
une dureté et une inégalité dont l'el^fet sur
la peau (lu cheval est toujours nuisible. —
Enlin , les panneaux sont faits de manière
que la selle ne porte pas sur les reins (qui
sont la partie la plus forte et la plus char-
nue), mais bien sur le milieu des cotes, c'est-
à-dire sur la partie la plus susceptible d'être
blessée. Ces vices ou autres analogues exis-
tent dans les selles Liongroises et dans celles
dont l'artillerie fiit usage.
M. Uochefort, a,jrès une étude approfon-
die de la construction et de l'anaîomie du
cheval, a remarqué que le muscle qui porte
le nom de grand dorsid et qui s'étend de
chaque côté du rachis, est tellement épais
qu'il a l'air d'un coussin rembourré destiné
par la nature à porter les fardeaux. C'est
donc uniquement sur ce imiscle que la selle
nouvelle rep()'^e, ayant soin d'isoler toutes
les ))ariies susceptibles d cire blessées, telles
que le garrot, les rognons, les côtes, parties
sur lesquelles pèsonl princii)alemenl les an-
ciennes selles.
La selle à la Rochefort présente, autant
que possible, la contre-partie du dos en sui-
vant la direction du grand dorsal; ainsi les
lames, au lieu d'être droites et plates, sont
un peu cintrées cl presque dcmi-cjlindri-
ques, plus larges vers le siège el échancrées
vers la partie sur laquelle repose la cuisse du
cavalier. Elles sont rapprochées l'une de
l'autre, de manière à ce que l'épine dorsale
reste libre; mais il faut que la partie supé-
rieure dépasse un peu les vertèbres, tout en
étant très éviJée. L'arcade de devant estréu-
^( nie aux lames par des pointes qui doivent se
confondre avec elles, et qui sont relevées de
manière à ne jaunis pincer le cheval. Il faut
que la liberté du garrot soit très prononcée,
l'ouverture du poulet assez échancrée pour
ne pas porter sur l'épine dorsale, et il ne
doit y avoir que très peu de jeu entre l'ar-
cade et le garrot.
L'arçon remplit la dépression qui se trouve
entre la pointe de l'humérus et les appophi-
ses qui forment le garrot ; il faut surtout
qu'il soit arrondi et évidé sur toutes ses fa-
ces extérieures, p:;rce qu'il est destiné à être
placé à nu sur le dos. Les lames prolongées
en arrière ne doivent avoir entre elles qu'un
pouce d'intervalle environ, clrearromlies sur
leur face interne et très relevées de derrière.
L'arçon est en bois de hêtre collé et ner-
vé (mais il pourrait être en toute autre ma-
tière dure), recouvert en entier d'une peau
très forte et très mince. La couture de celte
espèce de gaîne dans laquelle l'arçon est
renfermé, doit, aulml que possible, être
contournée vers la partie supérieure, afin de
Jie |)réscnter aucune aspérité.
Il est essentiel (jue la ferrure ne présente
aucune saillie, caria peau qui recouvre l'ar-
çon doit être le seul corps intermédiaire
entre le bois de la selle et le dos du cheval.
Nous ne détaillerons pas autrement la selle
à la Hocherurl perfecliomiée; nous nous bor-
nerons à ajouter qu'il y a une différence
notable dans le but, dans la construction et
dans les résultats, non-seulement avec tou-
tes les selles connues, mais même avec celle
pour laquelle l'auteur a obtenu un brevet
en I8ôi. Les avantages qu'elle présente
pour l'armée ressortent des conditions sui-
vantes ; les économies reposent principale-
ment sur le prix des selles , sur leur durée ,
sur la suppression des panneaux et des cou-
vertes , sur l'entretien qu'ils exigeaient , sur
la nourriture et les frais d'inlirnierie des
chevaux que des blessures mettent hors de
service, sur le prix de ceux qui périssent par
<uite de ces blessures.
11 est à souhai;er que l'invention de M.
Kocheforlsoit accueillie et encouragée com-
me elle mérite de l'être ; c'est là une de ces
innovations qui doivent trouver un assenti-
ment général, el, à ce titre, nous la recom-
ina: dons à tous ceux qui s'occupent de l'a-
mélioration des races de chevaux en rrance*
M. Ferret, sellier, rueSaint-Honoré.n. 341,
est spécialement chargé de la confection des
i selles à la Uochefort.
12J
KEPERTOÏRE
DE LA COiNVERSATION ET DE LA LECTURE.
AIR ATMOSPHÉRIOIE.
L'atmosphère terrestre est le mélange de
tous les gaz qui enveloppent le globe. Deux
de ces gaz, l'oxygène ot l'azote , en forment
la majeure partie et constituent ce qu'on
appelle l'air pur. I.e rapport de l'azote à l'o-
xygène est de 79 contre 21 en volume, c'est
à dire que '■21 litres d'oxygène se trouvent
constamment mélangés dans 79 litres d'a-
zote.
Un troisième g^z joue un rôle importartt
dans l'atmosphère , c'est la vapeur d'eau.
Elle varie en chaque lieu suivant le degré
de la chaleur et de la proximité soit des
masses d'eau, soit des corps humilies. A Pa-
ris, on trouve moyennement un litre de va-
peur d'eau mélangé à lôl litres dair.
Un quatrième giz se trouve constam-
ment mêlé aux deux premiers, mais dans
une proportion variahie , c'est l'acide car-
bonique, qui est une combinaison du char-
bon pur avec l'oxygène. Sur un million de
litres d'air, il y en a, terme moyen, 515 d'a-
cide carbonique.
L'air est bleu. Comme beaucoup de sub-
stances dont la couleur est peu intense , tel
que le verre à vitres, par exemple, il parait
incolore quand il ne forme pas une couche
très épaisse. En l'absence des nuages, cette
couleur bleue , que l'on attribue vulgaire-
ment à une voûte céleste imaginaire, se mon-
tre dans toute sa netteté. Non seulement
l'air a une couleur propre , mais il possède
encore de la saveur et de l'odeur. L'habitude
oij nous son)mes de le respirer dès notre
naissance, peut, il est vrai, annihiler ces sen-
sations, mais cependant bien des personnes
reconnaissent une grande différence entre
le goût de l'eau qui contient de l'air et celui
de l'eau qui en est privée.
La facilité avec laquelle l'air se déplace a
long-teinps empêché qu'on ne s'aperçût que
c'était une matière jouissant comme les corps
solides et liquides de la propriété d'être
impénétrable. Un corps qui se meut dans
l'air ne l'ail que déranger un certaiii nombre
des particules de ce dernier, sans pénétrer
sa substance. Il en est de ce déplacement
comme de celui de l'eau dans laquelle se
meut un poisson. En changeant de place , il
laisse derrière lui un vide que remplissent
aussitôt d'autres molécules d'eau qu'il chasse
de leur position à mesure qu'il avance.
L'air est soumis à l'attraction générale c^i
s'exerce entre tous les corps et que l'on dé-
signe sous le nom de gravitation. Le globe
en particulier agit sur chacune de ses molé-
cules et tend à les faire tomber vers son cen-
tre. A la force répulsive dos molécules de
l'air et à leur pesanteur se joint une troisiè-
me force qui agit constamment sur elles ,
c'est la force centrifuge, qui provient de la
rotation du globe et de son atmosphère, et
tend à projeter loin de l'axe de la terre tou-
tes ces moléculos. (]etle force étant très fai-
ble, on en fait ordinairement abstraction , et
l'on dit que la force élastique de chaque cou-
che d'air est égale au poids des couches supé-
rieures. Ce poids de l'atmosphère sur la sur-
face du corps d'un homi'ie de moyenne taille
est d'environ l(;,of)0 kil.jg. Ce chiffre ne doit
pas étonner, car les gaz qui so!it conleims
dans les cavités du corps, dans la poitrine ,
la vessie, les liquides qui remplissent los lis-
sus se inellent en équilibre avec cette pres-
sion extérieure.
L'air joue trois rôles extrêmement impor-
(ai!s sous le rapport de la chaleur qui nous
vient du soleil :
1° Il en absorbe une partie qui se partage
ainsi : les 2[7 entrent dans l'air à l'état de
chaleur latente, les cinq autres sont immé-
diitemetit sensibles; ni,:is quand le soleil a
disparu, les deux septièmes réapparaissent,
et compensent en partie l'absence de l'astre.
L'atmosphère tend par conséquent à régu-
lariser la température du sol.
20 La chaleur qui , venue du soleil à l'é-
clat lumineux, a été absorbée par la terre ,
n'en ressort ensuite qu'à l'état obscur et
ne peu! plus traverser l'air aussi facilement
que la première fois. 11 y a donc accu-
mulation de chaleur à la surface du sol ;
m:!is elle se dissipe ensuite pendant les mo-
mens où nous sommes privés de la vue du
soleil.
ôo Le mouvement perpétuel de l'atmo-
sphère, en faisant passer l'air des régions plus
chaudes dans les régions plus froides, et ré-
ciproquement, modiîie la température de ces
lieux et empêche qu'elle ne varie régulière-
ment en passant d'un jour à l'autre dans
le cours de l'anfiéc, connue cela devrait avoir
lieu d'après la régularité du mouvement de
la (erre dans son orbite.
La pression de l'air varie sans cesse err
chaque point du globe; cependant, vers les
régions de l'équateur, ces variations s'opè-
rent régulièrement dans chaque journée ^
de telle sorte qu'à la hauteur du baromè-
tre on peut dire l'heure. Plus on avance vers
les pôles, plus ces variations sont faibles et
plus elles sont difiiciies à discerner au milieu
des change-.nens accidentels. Pour les recou-
124
naîlre, il faut observer le baromètre penrlant
un cerlain nombre de jours, et prendre ce
qu'on 'appelle les moyennes des observations
faites aux mêmes heures.
En général, les vents froids augmentent
la pression de l'air, et les vents chauds la di-
minuent. Elle augmente enrore au mon)enl
de la pluie, et s'affaiblit après la cimte. l.cs
pluies d'orage so:it ordinairenicnt précé-
dées et accompagnées d'un violent conrant
d'air, que le nuage en tombant pousse de-
vant lui.
CHIM'Te.
La chimie tend tellement à se popularis'cr,
les mots de cet art reviennent si fréquem-
ment dans les moindres formules ou pres-
criptions, qu'il est utile de conniitre en
partie la nomenclature chimique, afin d'a-
voir quelques notions sur des substances em-
ployées journellement et dont le nom se
trouve écrit dans les livres les plus élémen-
taires.
On ne reconnaissait autrefois qtie quatre
élémens indécomposables : l'air, le feu, la
terre et l'eau. On compte aujourd'hui cin-
quante-six élémens constitutifs des corps,
qu'on désigne sous le nom de corps simples,
métalliques et non métalliques. Les diver-
ses combinaisons de ces corps forment tous
les autres.
On appelle oxydes les composés formés
d'oxygène et d'un corps simple qui ne rou-
gissent pas l'infusion de tournesol et n'ont
pas une saveur aigre. On appelle acides les
composés d'oxygène et de corps simples qui
ont les qualités contraires.
Quand l'oxygène, en se combinant avec un
corps simple forme un seul acide, on ajoute
la terminaison ^(7)7e au nom des corps; exf;m-
ple : acide carbonique. S'il y a deux acides,
le moins oxygéné est désigné par la termi-
naison ei/.T .'aride sulfureux. S'il y en a trois ,
le nom du moins oxygéné est précédé du
mot fiypo; ainsi on dit : acide hypophos-
phorique.
Quand un corps est mêlé avec de l'hydro-
gène, on ajoute le mot hydro , ainsi : acide
hylro cldorique. Les produits non acides
formés d'hydrogène et d'une substance sim-
ple sont appelés hydrurcs. Quand deux corps
simples se coml;inent ensemble , le nom du
composé se termine en vre : chlorure d'ar-
gent.
I^es sels composés d'un acide et d'une ou
de deux bases reçoivent des iioms qui expri-
ment leur nature. Si i'aciîle est (crminé en
irjiir , on change la terminaison en o(c, et en
'//(', s'il est terminé en eux. Ainsi on dit: car-
bonate de cJKiux , tartritc de potasse, etc.
Les sels avec excès d'acide s'a])pellenl sur-
sels, ainsi on dit : sur-sulfate do pro'.oxy^Ie
de potassium. Les sels avec excès de la base
sont des sous-se's.
ENTREPOT.
On donne communément le nom d'entre-
pôt aux lieux où les marchandises sont dé-
posées, en attendant que les besoins de 1b
consommation viennent les y chercher. Mais
la dénomination d'entrepôt s'applique de
nos jours <à une autre déterminaliou; c'est
dans la langue usuelle dil commerce , un
lieu où les marchandises sont soustraite^
momentinément aux exigences du fisc.
On distingu"^ deux sortes d'entrepôts : le
réel et le fictif. Le premier est le cas où ta
marchandise est réellement déposée dans les
magasins du gouvernement; l'entrepôt est
fictif, losque le versement s'opère dans les
magasins du négociant , sous la condition
de représenter à toute réquisition la mar-
chandise entreposée ou le certificat d'ac-
quiltement des droits auxquels elle est sou-
mise.
Le but de ces deux espèces d'entrepôt
est d'éviter au commerce la nécessité de faire
des avances, souvent très considérabi s, des
taxes établies sur les produits qui en sont
l'objet. On ne paie ainsi les droits qu'au
moment de la vente, au lieu de les payer au
moment de la réception, et le négociant peut
dès l^rs attendre avec plus de succès le rrK)-
ment favorable à la vente de ses marchan-
dises.
Les entrepôts sont surtout favorables au-
genre de commerce connu sous le nom de
transit. Comment, en effet, le commerce
pourrait-il importer des marchandises, pour
les revendre au dehors, s'il n'avait la dispo
sition d'une sorte de terrain neutre où ces
mardi mdiscs peuvent attendre le moment
de la venle? L'entrepôt réel et l'entrepôt
fictif répondent à ce be^oin. Dans l'entrepôt
réel, moyennant un droit de magasinage éta-
bli par un tarif, le négociant fait surveiller
sa marchandise; dans l'entrepôt fictif, il la
surveille lui-même. L'autorité accorde cette
dernière faveur aux négocians bien famés
ou à ceux qui fournissent caution du paie-
ment du droit.
Malheureusement, les entrepôts sont à
peine compris en France; on les considère
comme de simjile magasins où les formalités
à remplir sont un peu moins gênantes que
les exigences immédiiites de la d<mane, et
rien de plus; tandis qu'on devrait les consi-
dérer comme ouv»-anl des débouchés im-
menses à tous les produits de tous les pays,
et par conséquent comme les élémens indis-
pensables du commerce digne d'une grande
nation.
DE 7S,000 FRANCS,
DES
TROISIÈME TIRAGE DU 51 MARS I8ÔG.
('•îpTlme
Kum
.... 2,000 fr.
.... '5C0
.... -500
.... 500
.... 500
.... 500
.... ECO
éros
et
Séries
gage an s.
Séri« leo
. . . 'Kmnéros Toi
121
. . . 616
5
57
97
50
64
235
... 524
4 — ...
. . . 193
5 — . . . .
. . . 656
6 — . . .
• . . 945
7 — . . . .
6G3
QUATRIEME TIRAGE DU iS AVRIL 1836.
1"' pritne 2,000
2 — 600
3 — uOO
4 ^ 500
5 — 600
6 — 500
7 — 600
Numéros et Séries gagnans.
fr Série 27.
261.
: 3;î9.
336.
265.
;38.
140.
DERNIERS TIRAGES A EFFECTUER.
Le 30 avril 1836, .
Tirage
de
sept primes
2,000 '
500
500
500 ;> S,000
500
500
500,
îS'innéros 5S6.
109.
S69.
694.
773.
277.
933.
/ 30,000 >
Le 31 mai 1836.
' Tirage
de
onze primes
35,000
Totaux
18 primes : f. i0,ooo
LIVRET DES MÉNAGES.
Pour' recevoir, franc de port, cet indispensable et économique classeur de toules les dé-
penses domestiques, il suffit d'envoyer à l'adresse de 31. A. BESPiEZ, libraire, rue Saint-
Georges, n» 11, une reconnaissance de poste de six francs.
Ux scLLETix DE LA PRIME DES Éditeces-U«îs Sera envojé courrier par courrier su
souscripteur.
DB
75,000 FRANCS.
DERIVIER TIRAGE.
AVIS qu'il faut lire.
C'est le 31 mai prochain qu'aura lieu la clôture de la prime de 75,000 francs
des Editeurs-Unis, par le tirage d'un dernier lot de TRENTE MILLE FRANCS
et de dix primes de o(X) francs.
La ponctualité et la loyauté avec lesquelles s'est opéré chacun des tirages,
ont commandé à un si haut point la confiance publique, que les détracteurs
intéressés de ce mode de prime d'encouragement se sont d'eux-mêmes réduits au
silence. Les tribunaux et la Cour royale de Paris appelés à prononcer sur des
loteries entraînant perte d'une mise de fonds, n'ont point hésité à proclamer of/i-
cieusement qu'elles ne pouvaient s'assimiler à la prime des Éditeurs-Unis , qui
ne constituait en aucune-façon une loterie. Ainsi s'est trouvée confirmée, indi-
rectement, OFFICIEUSEMENT, l'opiniou émisc par les savans jurisconsultes ODILON
BARROT, PHILIPPE DUPIN, DALOZ, PARQUIN, J.-B. DUYERGIER...
Onayait reconnu l'importance, exagérée, ridicule, donnée par un faux philan-
tropisme à un fait simple en lui-même, équitable et moral; tous ces prétendus
abus qui deyaient naître, et dont quelques intérêts froissés avaient fait si grand
bruit, étant restés dans l'imagination qui les avait conçus, force avait été à tou-
tes les déclamations boursoufflléesdc s'évanouir par le vide, force ayaitélé de re-
connaître que les acheteurs de certains ouvrages avaient la liberté et le droit
de se réunir pour mettre en commun et tirer entre eux, parla voie du sort, la re-
mise dont il convenait à quelques éditeurs de les faire jouir en considération de
leur nombre et atin de l'accroître cncore.il a fallu, pour que la loi annoncée en
décembre dernier fût piés(>ntée, que de yÉnixABLEs loterjes s'instituassent à
l'instar de cellesd' Allemagne, etque deux jugemens reconnussent qu'aucune loi
n'existait qui les répiinuit et qui défendît aux journaux les annonces de loteries
étrangères. Il y a lieu de croire que la loi présentée ne sera point promulguée
avant le 31 mai. Toutefois, si elle l'était ayant cette époque, le tirage de la prime
des Editeurs- inis aurait alors lieu le jour de la promulgation de la loi.
Jamais, nous le répétons, la Piume des Editeurs-Unis n'a été autre chose qu'une
REMisEde 0 p. 0[0 sur le prix de leurs livres, calculée sur le montant de leur ycnte
coMi'osÉE au lieu d'être simple, distribuée à quelques uns par la voie du sort,
au lieu d'être également répartie à tous.
1^'idée nous est ven'ie, à l'occasion de la loi présentée, de donner aux sou-
scripteurs du Journal des Connaissances itiles les mo}ens de concourir deux
fois, au lieu d'une, pour le dernier tirage de 3o,0tJ0 fr., au 51 mai prochain : ils
n'auront, s'ils le désirent , qu'à jeter à la poste le mandat c} -joint, payable le 15
décembre 1H3G, pour reccyoir immédiatement une seconde obligation de prime.
Nos souscripteurs savent que nous n'avons pas attendu qu'ils nous adressent
la demande d'une obligation de prime pour la leur transmettre en même temps
(jue leur manc'ro, et incluse, bien que le pUis grand nombre eût déjà renouyelé et
que nous ne nous } fussions point engagés.
' l.MrRîMLRlE DE GREGOIRE, RUE DU CROISSANT. 16.
sixième année. 1836.
Édition française.
JOURNAL
Deuxième série.
— Première année.
DES
COIAISSMCES UTILES
DICTIONNAIRE MENSUEL ET PROGRESSIF,
Répertoire usuel
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intéressant directement
L'éducation de l'enfance , la morale et le bien-être des familles , l'économie usuelle;
L'exercice et le progrès de toutes les professions sociales;
L'exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles prescrivent;
PRIX , FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE ,
PAR AN, SIX FRANCS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT-GEORGES, N» 11.
Une livraison de trente-deux pages par mois , contenant un demi-volume m-8°.
Numéro 6. — Juin 1836.
RÉPERTOIRE CIVIL.
Sur l'éducalion , page 94. — Endiguement des fleuves
et des rivières , 100. — Construction des maisous com-
munes, 105.
RÉPERTOIRE DOMESTIQUE.
Méthode simple pour analyser les terres , 106. — Des
terreaux et engrais , m. — Culture du figuier, ibid. —
Culture des jacinthes, ii3. — Sur la greffe, ibid. — Ta-
bleau des meilleurs arbres fruitiers pour la composition
d'un jardin ou d'un verger, ii4. — Faits nouveaux sut
l'éducation des vers à soie, 115.
RÉPERTOIRE DE LA CONVERS.\TION.
De quelques combustibles économiques, IIT. — Pet- !
fectionneraent des poêles-, 116. — Sur la conservation i
des racines tuberculeuses, ii9. — Des citernes et de l'6
puralion de l'eau , iiià.— Essais culinaires sur la strat>
ficalion, 120. — École préparatoire de médecine, -i
Paris, 121.
213
1
212
2
211
■i
210
A
209
S
208
6
207
7
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8
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9
204
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203
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12
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13
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14
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15
198
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197
17
198
18
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19
194
20
193
21
192
22
191
23
190
24
189
25
188
26
187
27
186
28
185
29
184
30
JOURS
de la
semaine.
Le 1 lev.
10 —
20 —
30 —
mercredi,
jeudi,
vendredi,
samedi.
DIH.
undi.
mardi,
mercredi,
jeudi,
vendredi,
samedi.
DIM.
lundi.
mardi.
mercredi,
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlM.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DIH.
lundi,
mardi,
mercredi. !
^jeudi. j
du sol. 4 h.
S
3
4
FETES ET NOMS
des
SAIKTS.
S. Potin.
FÉTE-DIED.
S. Pamphile.
S. Richard.
Boniface.
Claude.
Robert.
Médard.
Ste. Pélagie.
S. Basile.
S. Barnabe.
S. Onufre.
S. Basilide.
S. Ruffin.
S. Agnan.
S. Leug.
S. Hervé.
Ste. Marine.
S. Gervais S. Pf.
S. Vital.
S. Lenfroy.
S. Alban.
Ste. Marie d'Og.
N. S. Jean-Bapt.
S. Éloi.
S. Jean S. P.
S. Sixte.
VIGILE-LE-JEUNE.
SS. Pierre et Paul.
Comm. S. Paul.
2 m., couch. 7 h.
58 8
58 8
2 8
REVENU
par
an.
~ f.
7700
7750
7800
7850
7900
7950
8000
8050
8100
8150
8200
8250
8300
8350
8400
8450
8500
8550
8600
8650
8700
8750
8800
8850
8900
8950
9000
9050
9100
9150
par
jour.
f. c.
21 09
21 33
21 36
21 50
21 64
21 78
21 91
22 05
22 19
22 32
22 46
22 62
22 73
Q2 87
23 01
23 15
23 28
23 42
23 55
23 69
23 83
23 97
24 10
24 24
24 38
24 52
24 65
24 79
24 93
25 06
EMPLOI.
Dépense
Épargne
9; 10.
1710.
f. c.
f. c.
18 98
2 10
19 10
2 12
19 23
2 13
19 35
2 15
19 47
2 16
19 60
2 17
19 72
2 19
19 84
2 20
19 97
2 21
20 09
2 23
20 21
2 24
20 31
2 26
20 46
2 27
20 58
2 28
20 71
2 80
20 83
2 3l
20 95
2 32
2i 08
2 34
21 20
2 35
21 32
2 36
21 45
2 38
21 57
2 39
21 69
2 41
21 82
2 42
21 91
2 43
22 06
2 45
22 19
2 46
22 31
2 47
22 43
2 49
22 56
2 50
PRODUl*
de 1/10
épargné
au bout d0
20 ans.
f.
23331
23482
28634
23785
23937
24088
24240
24391
24544
24695
24847
24999
25150
25302
25453
25605
25756
25908
26068
26210
26361
26513
26664
26816
26967
27119
27270
27322
27573
25725
P L. le 6 à 10 h. 16 m. du soir.
D. Q. le 8 à 4 10 du matin.
N. L. le 15 à 11 12 du soir.
P Q le 24 à 2 4 du matin.
AVIS.
Le présent numéro est destiné à remplacer dans la collection du Journal des Con-
naissances utiles le numéro adressé aux abonnés pour le mois de juin 1836, et qui,
ne contenant que des matières étrangères au plan suivi ordinairement pour la
rédaction du Journal, laissait dans l'ensemble de cette rédaction une lacune qu'il
s'agissait de faire disparaître.
La nouvelle administration du Journal des Connaissances utiles n'a pas voulu
laisser plus long-temps inaccomplie la promesse qui avait été faite par l'ancienne
administration de remplacer ce numéro. L'éditeur du Journal des Connaissances
utiles prend l'engagement de donner, à titre de supplément , et sans porter aucune
atteinte à l'ordre habituel de la rédaction , les publications étrangères au Journal ,
et qu'il aurait cependant intérêt, par la suite, à porter à la connaissance des
abonnés. Ces sortes de publications seront toujours séparées du corps du Journal.
LE JOURNAL DES CONNAISSANCES UTILES
SUIDE DD CONSOMMATEUR ET DU PRODUCTEUR.
La nonvelle administration du Journal a cru devoir introduire dans le plan général de ce recueil
et dans la division des articles dont il se compose, quelques modifications importantes qui se ratta-
chent essentiellement à la nature même de cette publication.
Le Répertoire de la conversation et de la lecture sera remplacé par des Annonces critiques et
raisonnées sur tous les objets d'industrie , sur les entreprises commerciales et induslrietles , par
l'eiamen sérieux et impartial des annonces publiées dans les journaux de Paris et de la province ;
enfin par la libre discussion des statuts des sociétés en commandite par actions. Les annonces font
connaître aux acheteurs tout ce que l'industrie met au jour et offre à la consommation ; aux capi-
talistes, toutes les entreprises qui appellent à leur aide la puissance de l'argent. Le Journal des
Connaissances utiles indiquera la supériorité ou l'infériorité des produits mis en vente, les avan-
tages ou les inconvéniens des procédés nouveaux , leè chances favorables ou défavorables des en-
treprises industrielles, de telle sorte que le Journal profilera tout à la fois aux intérêts du produc-
teur et du consommateur. Pour que notre travail soit plus complet et plus utile , nos investigations,
nos recherches et notre opinion porteront sur toutes les associations , sur tous les objets dont on
fait commerce, quelle que soit d'ailleurs leur nature, — d'un usage rare ou d'un usage vulgaire, —
d'un prix élevé ou d'un bas prix. Ainsi, et pour donner une idée plus précise de ce vdrilable guide,
nous voulons que les agriculteurs connaissent les meilleurs instruniens aratoires cl leur prix ; que
les chefs d'usines et de manufactures arrêtent leur choix sur les machines les plus économiques ,
sur les métiers les plus actifs; nous voulons que chaque mcre de famille , placée à la télé de l'ad-
ministration domestique, sache où l'on vend les meilleurs meubles et les meilleurs ustensiles de
ménage; quels sont les meilleurs modes de cliaufTage et d'éclairage, etc., etc. ; tout en indiquant
aux consommateurs les objets bons ou mauvais , objets dont la bonne valeur ou les défauts
seront jugés par des hommes spéciaux et instruits que nous appellerons à notre aide, nous tien-
drons nos lecteurs en garde contre les mille pièges tendus à leur crédulité. C'est ainsi que nous
ajouterons au Journal un nouveau degré (ïutitité.
Sous le titre de Méthodes d'enseignement, nous examinerons avec un soin scrupuleux , soit les
nouvelles méthodes qui naissent chaque jour, soit les livres recommandés aux familles pour l'édu-
cation et l'instruction des cnfans. Les observations que nous publierons sur ces graves matières
auront toujours été contrôlées par l'expérience, et nous nous occuperons plus souvent de l'éduca-
tion pratique que des théories sur l'éducation.
Chaque numéro du journal commencera par un article d'utilité générale. Ces articles, parla va-
riété des sujets auxquels ils seront consacrés, et par leur forme littéraire, remplaceront le Réper-
ioire de la conversation et delà lecture.
Nous publierons régulièrement la liste des brevets qui, par l'expiration du terme fixé pour leur
durée, tombent dans le domaine public, et nous ferons connaître les principaux brevets qui auront
été obtenus.
Nous indiquons ici quelques-unes des améliorations qui seront introduites dans le journal, nous
féservant d'accueillir toutes celles dont la nécessité nous serait démontrée, soit par l'expérience,
soit par les conseils de nos abonnés correspondans , ou que nous suggérerait notre constant désir
de conserver à cette feuille une part de l'immense faveur qui l'accueillit à son origine.
Décembre 1 837. Le Directeur,
Auguste DESREZ.
97
HEPEUTOIEE CIVIL,
SUR L'EDUCATION,
« Il est universellement re-
j;onnu que l'éducation est la
première condition du bon-
heur, et que l'inslruclion , sa-
gement conduite et habilement
combinée avec l'éducation, est
la seconde. «
i( Si nous interrogions tous
ceux qui se sont distingués,
soit en bien, soit en mal, soyez
sûrs qu'ils nous répondraient :
C'est notre éducation qui nous
a faits ce que nous sommes. »
On a tant écrit sur l'édiicalion , que nous
n'oserions vraiment aborder encore ce sujet, si
nous n'élions convaincus qu'il faut répéîer in-
cessamment certaines vérités , quoiqu'elles
soient lentes k asseoir leur empire, quoiqu'elles
ne trouvent dans la plupart des esprits qu'un
difficile accès. Selon nous, l'éducation, sur la-
quelle repose le bonheur individuel, est encore
la base de toute réforme, de toute amélioralion
sociale , et jamais nous n'avons pu nous défen-
dre d'un sentiment pénible, lorsque nous avons
vu que cette base menaçait ruine, et que toutes
les familles, à part de trop rares exceptions,
faisaient entrer l'éducation dans une voie qui ,
fausse h son point de départ , ne présentait
qu'une fatale issue. Mais, dira-t-on, si les pa-
rens se trompent, ne sont-ils pas au moins de
bonne foi dans leur erreur ; tous ne veulent-ils
pas également, avec sincérité, le bonheur des
enfans que Dieu a placés sous leur tutelle et con-
fiés à leurs soins ? Eh bien ! c'est précisément
parce que nous croyons à la bonne foi et h l'af-
fection des parens , que nous osons leur dire
que leur erreur est souvent fatale à leurs en-
fans ; qu'ils ne considèrent pas assez l'éduca-
tion comme une de ces choses saintes et sacrées
qu'on ne peut traiter ni à la légère, ni à l'aven-
ture ; qu'ils acceptent , sans en mesurer l'élen-
due, sans en calculer la portée, la responsabilité
qui pèse sur eux ; qu'ils font chaque jour des
expériences nouvelles en matière d'éducation ,
comme s'ils pouvaient effacer et réparer le len-
demain les essais de la veille ; et que les moyens
dont ils se servent pour assurer à ces enfans la
vie heureuse qu'ils rêvent pour eux , ne pro-
duisent trop souvent que des effets opposés à
leurs plus constans désirs.
Quelle est, en général, l'idée dominante du
père ou de la mère de famille ?
Le père de famille pense à l'instruction qu'il
donnera à son fils , au rang, à la posilion, aux
avantages que celte instruction lui offrira ; il
oublie l'enfant , et voit déjà le jeune homme ,
l'homme fait.
La mère de famille s'occupe h l'avance des
taleus que sa fille doit acquérir, des succès que
lui mériteront ces talons à son entrée dans le
monde ; elle aussi oublie l'enfant, elle voit dans
sa fille une jeune personne, une femme.
Et au milieu de ces pensées d'avenir, on dé-
laisse le présent.
On songe d'abord à l'instruction des enfans,
comme si l'éducation ne devait pas précéder
l'instruction ; comme si la culture du cœur ne
devait pas l'emporter sur la culture de l'esprit ;
comme si, dans la vie, l'esprit n'élait pas tou-
jours un guide moins siir, moins utile que le
cœur. On ne saurait trop le redire : à force de
travail et de persévérance, un homme peut tou-
jours apprendre. Il n'est jamais trop tard pour
qu'il puisse s'inilier aux connaissances humai-
nes ; tandis qu'il est un âge où la raison la plus
sévère est impuissante à corriger les mauvais
penchans du cœur, ou les défauts du caractère,
lorsqu'on les a laissés naître et grandir en nous.
L'éducation doit donc commencer réellement
avec l'enfance. Voilà ce que les familles ne sa-
vent pas, ou ce qu'elles feignent d'ignorer. Et
cependant n'ont-elles pas en elles tous les élé-
mens nécessaires pour donner aux enfans une
éducation morale puissamment organisée, pour
semer dans ces jeunes âmes les germes féconds
dont un âge plus avancé portera les fruits, pour
que ces plantes tendres et fragiles puissent pren-
dre racine dans une terre qui n'étoufîe pas, qui
ne dessèche pas leur sève,
On connaît l'éloquente prédication de Rous-
seau sur l'éducation. On sait qu'il veut qu'une
mère soit le premier instituteur de son enfant.
Le philosophe avait raison ; il comprenait que
c'était violer les lois de la nature que de confier
cet enfant à des mains mercenaires, tandis que
l'amour et les caresses de sa mère le réclamaient.
Quel cœur remplacerait le cœur d'une mère !
Voyez-la attentive près du berceau de son fils,
protégeant son sommeil au dépens de son re-
pos ; voyez-la s'associer à ses premières joies
et à ses premiers chagrins ; voyez-la épiant sur
le visage de son enfant les moindres émotions
qu'il peut ressentir, et dites-nous si l'enfanf
peut être mieux placé que sous l'égide de sa
mère ; si le cœur d'une mère n'est pas en vérité
« le chef d'amour de la création. » Quelle pa-
tience ! quel dévouement! quelle tendresse!
98
C'est un amour à part que ne connaissent pas
ceux mêmes qui ont le plus ardemment aimé; c'est
un amour qui ni ne meurl, ni ne s'éteint, ni ne
s'aiïaiblit. Cette mère qui surveille les progrès et
les développemens physiques de son enfant,
n'est-elle pas dans les conditions les plus avan-
tageuses pour surveiller les progrès et les déve-
loppemens de son cœur et de son esprit?
« Les mères, dit Rollin, ne peuvent s'excuser
sur leurs grandes occupations ; elles ont beau-
coup de loisirs. Le soin de l'éducation des en-
fans, jusqu'à l'âge de six à sept ans, roule prin-
cipalement sur elles , et fait partie de ce petit
empire domestique que la Piovidence leur a
spécialement assigné. Leur douceur naturelle ,
leuis manières insinuantes, si elles savent y
joindre une autorité douce , mais ferme , les
mettent à même d'instruire avec succès leurs
enfans. Nous connaissons plusieurs mères qui
ont rempli parfaitement ce devoir ; une entre
autres qui n'a jamais laissé son enfant seul avec
les domestiques , et qui l'a elle-même parfaite-
ment instruit de tout ce qu'un enfant peut ap-
prendre jusqu'à l'âge de six ans. » Si, dans ce
passage que nous empruntons à un homme qui
comprit l'enfance et la jeunesse, le mot éducation
est seulement prononcé, c'est qu'ailleurs l'au-
teur avait déjà parlé de la première éducation
en termes qui attestaient assez l'importance ex-
trême qu'il y attachait. Et, qu'on veuille bien
le remarquer, il n'est em^ore ici question que de
la mère, car l'intervention du père dans l'édu-
cation de son fils n'a lieu que lorsque la raison
jette ses premières lueurs. Quant aux mères
qui doutent d'elles-mêmes à ce point de ne pas
se charger de l'éducation de leurs enfans, et qui
achètent, à prix d'argent, une surveillance et
une direction qu'elles refusent d'accepter, nous
leur dirons : Malheur à vous ! car vous pouvez
faire l'éducation de vos enfans , et vous ne le
voulez pas. Malheur à vous ! cir vous abdiquez
le plus beau des droits dont vous puissiez être
fières. Malheur à vous ! car c'est à vous que
Dieu , que la société , que vos maris demande-
ront rompte , au nom de vos enfans , de votre
peu de courage ou de votre indifférence. Il est
évident que nous ne voulons établir que des gé-
néralités. Nous savons que, sous l'empire de
certaines nécessiti'S impérieuses, un grand nom-
bre de mères sont tristement forcées de confier
à des personnes étrangères l'allaitement et l'é-
ducation de leurs enfans. Aussi nous adressons-
nous plus spécialement aux familles qui peuvent
se vouer à ce grand œuvre de l'éducation.
Toutefois, en indiquant ici quel(]ues-unes des
principales bases sur lesquelles s'appuie essen-
tiellement toute bonne éducation, nous n'avons
pas la prétention de nous pi'ésenter avec un
système nouveau, complet, arrêté; nous savons
même que la plupart des principes que nous
proclamons n'ont pas le mérite de la nouveauté,
qu'ils sont admis en théorie et délaissés dans la
pratique, etlemalheurestlà. Seulement, comme
nous avons en ces principes une entière foi ,
parce qu'ils ont été contrôlés par une expérience
personnelle ; comme nous croyons que tout
père de famille rend service à la société alors
qu'il lui apporte le tribut, moins de ses propres
lumières que des faits expénmentés, nous n'a-
vons pas hésité à publier nos observations. Ne
fussent-elles utiles qu'à une seule famille, nous
aurions atteint notre but! La Journal des Con-
naissances utiles se présentait naturellement
pour être notre organe, car ce recueil contient
déjà de nombreux enseignemens sur l'éduca-
tion, considérée dans ses rapports avec le
bonheur individuel , les liens de famille et la
morale publique.
Lorsque l'enfant se déprend des bras de sa
mère et de sa nourrice , lorsque ses forces phy-
siques se développent, gardez-vous bien de
croire que ses passions ne soient pas en jeu.
Ces passions naissantes doivent être observées
pour être comprises , et comprises pour être di-
rigées. Ce serait une fatale idée que celle qui
conduirait le père ou la mère de famille à vou-
loir comprimer violemment l'élan de ces pas-
sions : elles ne demandent qu'à être sagement
réglées, qu'à être engagées dans une bonne
route. Les enfans sont faibles ; pour eux, toutes
les pentes sont rapides; ils descendront aussi
promptemcnt vers le bien que vers le mal ; gui-
dez-les, mais surtout ne croyez pas à l'absurde
calomnie qui tend à établir que les enfans sont
naturellement enclins au mal. On pourrait dire,
avec plus de vérité, que les parents sont enclins
naturellement à une coupable indifférence, qui
leur fait trop souvent négliger l'élude du cœur
de leurs enfants. Certes, il serait superflu d'ana-
lyser ici les passions qui déjà tyrannisent ces
faibles créatures. Ne luttent-elles pas déjà con-
tre la jalousie, contre la vanité, contre la colère.?
Il faut surveiller le développement hâtif de ces
défauts, leur opposer une digue salutaire, cl
chercher si ces défauts eux-mêmes ne contien-
draient pas le principe de quelques nobles et gé-
néreuses qualités. Changez, par exemple, l'en-
têtement et l'obstination d'un enfant en une vo-
lonté ferme et persévérante ; changez sa vanité
ou son orgueil en un légitime amour-propre;
en un mot, ne permettez pas aux passions de
prendre une mauvaise tendance.
Tandis que votre enfant grandit, et à mesure
que ses passions se manifestent au dehors par
des symptômes irrévocables , vous avez encore
un développement à suivre : le développement
de la raison. Ne croyez pas que cette raison
soit douteuse ou incertaine ; ce serait une erreur.
Ne croyez pas que cette raison soit déjà telle
que se la représentent souvent l'aveugle ten-
I
dresse ou l'orgiicil d'une mère ; ce sfiail une
autre erreur. Nous savons qu'il est diflicilc de
discerner la qualité, la valeur, et l'étendue de
cette raison, et c'est précisément pour cette
cause que nous recommandons aux parens « de
ne raisonner qu'avec ce que l'enfant a déraison.»
C'est là la clé de l'éducation. Ainsi il ne faut pas
craindre de confier quelque semence à cette rai-
son naissante ; mais il ne faut pas exiger qu'elle
produise des fruits qu'elle ne saurait encore
porter. Pour nous, nous ne professons qu'une
admiration médiocre pour les petites merveil-
les, et pour les talens de serre chaude , vé-
ritables jouets qui peuvent flatter l'amour-propre
d'une mère, obtenir des applaudissemens que
l'urbanité et la galanterie décernent, mais qui
n'avancent pas la solution des problèmes que
présente ['éducation. C'est ici qu'il convient de
placer une observation importante : les mères
de familles , lorsqu'elles se trouvent au vis-à-vis
des devoirs que leur impose l'éducation de leurs
enfans, sont, en quelque sorte, prises au dé-
pourvu, parce qu'elles n'ont pas, à l'avance,
porté leur attention sur la haute mission qui doit
leur être confiée : elles hésitent entre les prin-
cipes les plus opposés, parce qu'elles n'ont pas
cherché à se rendre compte de la supériorité de
tels principes, de l'infériorité de tels autres.
Peut-être nous demandera-t-on quel est alors
notre plan d'éducation ; peut-être s'étonnera-t-
on que nous ne formulions pas un système ar-
rêté. L'examen comparé des divers systèmes
suivis pour l'éducation, serait sans doute une
tâche au-dessus de nos forces, et ne pourrait
être que mal à l'aise dans le cadre rétréci d'un
article de journal ; bornons-nous à dire : « En
tout, les vrais principes sont ceux que dicte
souverainement la nature même des choses, ceux
que saisit le plus universellement le sens com-
mun. Consulter à la fois la nature et la raison ,
réunir les vérités qui conviennent également à
tous , et à chacun en particulier, suivant sa po-
sition sociale, telles sont les règles primordiales
qui doivent aider à former un homme , lequel,
du moment ou vous aurez senti poindre sa rai-
son, ne doit plus avoir rien de l'enfant, que la
petitesse du corps et les tendres années. »
Vous l'entendez ! voilà précisément ce que
nous disions : il faut épier le moment où la rai-
son d'un enfant se produit , même par les indices
les plus frivoles ; en apparence, il faut se servir
de cette raison au profit de l'âme et de l'esprit,
au profit de l'âme surtout. Etudiez les premières
émotions , les premiers sentiments de l'enfance,
nous allions dire , étudiez ses premiers regards,
car « comme chez les enfans l'intelligence pré-
cède la parole », leurs yeux et leur physionomie
vous diront souvent ce que leur langue, muette
encore, ne peut exprimer.
n convient , avant tout , de s'occuper de
99
l'ànie ; la raison doit en régler tous les mou-
vement.
Le père et la mère de famille doivent donc
principalement travailler au développement de
cette raison, à son développement progressif ,
afin qu'elle ne soit épuisée par d'inutiles efforts.
La vie morale et l'existence physique ont entre
elles de grandes analogies. Les parens qui re-
doutent les dilTormilés du corps, craindraient-
ils moins les difformités de l'âme; préfèreraient-
ils que leuis enfans fussent beaux , et qu'ils ne
fussent pas bons? Eh bien ! les facultés naissan-
tes du corps et de l'âme ont toutes besoin d'être
observées , réglées , dirigées , et trop souvent
des hommes expient, dans l'àgc mûr, les fu-
nestes habitudes contractées pendant l'enfance,
et que l'éducation aurait dû plutôt encore pré-
venir que réformer.
Souvent on a dit que les enfans étaient privés
de raison. Rousseau a peut-être contribué à
propager cette opinion, en écrivant : « Le chef-
d'œuvre d'une bonne éducation est de faire un
homme raisonnable ; et prétendre absolument
élever un enfant par la raison , c'est commencer
par la fin. » Et cependant on ne peut nier que
les enfans n'aient un fond de raison , qui, très-
limitée d'abord , fait successivement des acqui-
sitions et des conquêtes. Ne pas admettre que
la raison existe, grandit, se développe, mûrit,
ce serait donner à penser que la raison se pro-
duit tout à coup, que l'enfant, aujourd'hui sot et
inepte, se réveillera demain raisonnable. En vé-
rité, cette thèse serait trop absurde. Maintenant
faut-il prouver par des exemples , que les enfans
donnent souvent des preuves d'une raison que
nous n'abaisserons pas au niveau de l'instinct?
Mais il suffit, en vérité, d'étudier un enfant,
bien jeune encore , sur les genoux de sa mère,
si vous voulez, et à chaque instant vous verrez
jaillir les étincelles d'une raison que trop sou-
vent on conteste, pour s'épargner le soin de la
cultiver. Cette étude de l'enfance, on la néglige ;
c'est un tort. Voilà pourquoi les principes d'é-
ducation restent stationnaires.
En se contentant de soutenir, par suite d'une
erreur accréditée par une sorte de funeste tra-
dition, que la raison chez les enfans n'est qu'u-
ne fiction, les parens se dispensent tout natu-
rellement d'intervenir dans la direction qu'il im-
porte d'autant plus de donner à la raison, que
celle-ci, faible encore, ne peut faire un pas sans
appui. Nous voudrions, nous, qu'on procédât
tout autrement : nous voudrions par exemple,
que les parens, au lieu de laisser aller au ha-
sard les idées qu'un enfant peut avoir, et les
jugemens qu'il peut porter, exerçassent sans
cesse sur ces idées un utile contrôle; qu'ils s'as-
surassent non-seulement que l'enfant comprend
ce qu'il veut dire , mais encore qu'il ne dit rien
qu'il ne comprenne, et, croyez-le bien, si les
100
parents exigeaient que leurs fils ou leurs filles,
toujours questionneurs et curieux et qui dési-
rent connaître et savoir, ne s'arrêtassent pas
exclusivement dans leur éternel bavardage ,
sur des pensées obscures, fausses et dangereu-
ses , mais qu'ils parlassent avec justesse sur
des choses qu'ils peuvent concevoir, qui sont
à leur portée ( et le nombre en est grand ) , l'es-
prit des enfans acquerrait une rectitude que les
années et la réflexion rendraient toujours plus
profonde; et, il faut en convenir, un jugeincni
sain et droit est une chose assez rare pour
qu'elle mérite d'être souhaitée. 11 serait donc à
désirer qu'une des réformes à introduire dans
l'éducation, portât sur la nécessité de rendre la
raison des enfans active, agissante, — sur le
danger de leur raconter de stupidcs histoires de
revenans ou de sorciers, — sur l'inconvénient
de. prolonger chez les enfans tous les mots qui
prennent place dans le vocabulaire des nourri-
ces et des bonnes d'enfans. Quand un enfant se
rend un compte exact de ce qu'il voit, exigez de
lui qu'il s'habitue à s'exprimer correctement et
qu'il quitte ces locutions baroques qui semblent
se perpétuer dans la famille avec un religieux
respect ; exigez que les mots qu'il emploie s'ap-
pliquent à quelque chose ; exigez encore qu'il
s'exerce à prononcer ces mots d'une manière
exacte, et cela le plus tôt possible. Emancipez
vos enfans; c'est-ii-dire, donnez-leur, dès l'âge
le plus tendre, la conscience de leur intelli-
gence et leur volonté. Les enfans aiment tou-
tes les distinctions qui les rapprochent des hom-
mes dits raisonnables ; ils aiment ainsi que
cela se dit trivialement : « faire comme les
grandes personnes, jj Profitez donc habilement
de cette heureuse disposition d'esprit pour leur
démontrer que ces grandes personnes ne se
servent pas des locutions que vous blâmerez, et
n'ont pas les habitudes, les manies que vous vou-
drezcombattre. Les enfans sont observateurs, ils
ont une merveilleuse aptitude pour comparer.
Mettez toujours sous leurs yeux de bons mo-
dèles. C'est là peut-être, après tout , l'un des
meilleurs secrets d'une bonne éducation.
Les enfans sont dans le monde comme des
voyageurs qui airivcnt sur une terre étrangère;
ils veulent tout voir ; ils s'informent de tout :
ils aiment beaucoup les dessins, les images, et
surtout celles qui sont ornées de couleurs, parce
que l'àme, qui est faite pour l'ordre, est agréa-
blement frappée, lorsque la symétrie des objets
remue régulièrement les organes.
Il faut savoir tirer avantage de ces deux in-
clinations naturelles à l'àme de l'enfant, le dé-
sir de connaître est l'amour de l'ordre alors
que ces inclinations sont plus ardentes ; et, loin
de réprimer les mouvemens de l'âme dans les
enfans , il faut savoir les diriger vers quelque
chose utile, eu leur présentant des objets qui,
plus que leurs jeux ordinaires, les instruisent
et les divertissent. Quoique les diverlisscracns
de l'enfance paraissent une sorte de folie et de
dérèglement de l'imagination , il est cependant
vrai que les enfans y cherchent toujours quel-
que chose d'extraordinaire. Tels sont les ar-
rangemens des châteaux en cartes qu'ils bâtis-
sent avec un soin et une attention qui suspen-
dent leur légèreté naturelle ; tels sont les mou-
vemens réguliers d'une balle , d'un volant, d'un
sabot , qu'ils considèrent pendant des heures
entières ; telles sont enfin , les bulles d'eau de
savon , avec l'admirable éclat des couleurs de
l'arc-en-ciel. Toutes ces choses, dont les en-
fans ignorent la cause et la nature, sont autant de
miracles pour eux , tant l'ordre de tous ces pe-
tits phénomènes a de pouvoir sur leur âme.
L'exemple est un maître puissant ; aussi ne
dites rien , ne faites rien autour de l'enfant par
rapport à lui et à vous, qui ne soit honnête,
juste et raisonnable. On doit rester devant les
enfans dans la plus scrupuleuse réserve, et cela
est vrai : si vous voulez que l'enfant vous em-
prunte les expressions de votre langage , pures,
correctes , décentes ; si vous voulez qu'il imite
vos manières, votre tenue, comment cet en-
fant distinguerait-il , enclin qu'il est à l'imila-
liou , ce qu'il doit accepter et repousser; com-
ment choisirait-il les alimens délicats qui con-
viennent à son esprit , à son cœur, et les ali-
mens grossiers ou malsains qui seraient dange-
reux pour lui ? Chose étrange , en vérité ! vous
dites à votre enfant : Prie Dieu ; et peut-être
devant lui vous aurez blasphémé le nom révéré
de Dieu...! Devant lui, vous proférerez un mot
violent ou emporté ; devant lui , vous vous met-
trez en colère , puis vous serez surpris quand
votre enfant à son tour frappera la terre du pied,
s'irritera jusqu'aux cris , jusqu'aux larmes , et
s'il vient à dire quelque mol obscène et ignoble,
vous vous demanderez où donc cet enfant a-l-
il apj)ris cela? — A votre école. On est devant
les enfans sans retenue, sans défiance. Quand
donc voudra-l-on prendre la peine de remarquer
avec quelle attention soutenue les enfans écou-
tent souvent une conversation ; avec quelle mé-
moire ils conservent des traits ? Nous avons
connu des femmes qui se rappelaient de scan-
daleuses anecdotes et des propos scandaleux
échangés devant elles , enfans encore , anec-
dotes et propos que, femmes, elles n'eussent
pas osé redire sans que leur pudeur en fût offen-
sée ! Triste conséquence de l'opinion que nous
avons signalée : à savoir qu'on agit comme si l'on
ignorait que les enfans doivent giandir et prendre
rang dans le monde ; qu'on les traite comme
s'ils étaient privés de raison et d'intelligence,
comme si l'enfance commençait par l'imbécillité.
Songez qu2 tout plan d'éducation est compro-
mis si l'enfant s'aperçoit que vos actions dé-
mentent vos paroles ; songez encore que les
mauvais exemples laisseront un souvenir plus
profoud que les conseils salutaires. « Les bonnes
habitudes et les bons exemples , voilà les fon-
demens de l'éducation morale, m
L'éducation dont nous nous occupons en ce
moment est celle que ie(;oivent les enfaus jus-
qu'à l'âge de six ans. Long-temps avant que
cette première péiiode de la vie soit accomplie,
vous aurez pu vous convaincre que la raison
de l'enfant est réelle et positive, et que le juge-
ment , quoiqu'il se produise moins activement,
existe déjà depuis long-temps. Soyez égale-
ment persuadé que la conscience de l'enfant
s'est révélée , et que, déjà distinguant le bien
et le mal, il se posera votre juge. Cela vous
étonne, n'est-il pas vrai ? et poui tant cela est
vrai. « Tenez-vous dès cet instant sur vos gar-
des ; votre enfant veille sur vous ; et malheur
il qui lui apportera le scandale ! 11 n'a cepen-
dant pas encore idée des devoirs ni de son
droit, et vous allez le voir s'irriter contre les
apparences de la moindre injustice... Vous le
punissez : si le malheur voulait que vous eus-
siez châtié injustement, oh ! cette idée devrait
vous faire trembler d'épouvante ! Si vous avez
châtié injustement, rappelez-vous-le bien : l'en-
fant, un jour, cet enfant, dont vous avez trahi
la conscience, en appellera à Dieu de votre ju-
gement d'homme. C'est que l'enfant a senti sur
le sein de sa mère ou dans les bras de sa
nourrice poindre ses premières émotions , et
que la première émotion que vous venez de lui
donner, c'est l'émotion de l'injustice. »
Les punitions et les récompenses tiennent
ime grande place dans l'histoire de l'éducation.
Les punitions ne sont applicables et ne produi-
sent d'effet sur un enfant, qu'autant qu'il peut
comprendre qu'il a mérité le châtiment qu'on
lui inflige ; et à ce sujet, qu'on nous permette
un conseil. Nous pensons qu'il ne faut jamais
punir un enfant au moment même où il commet
une faute ; il faut lui donner le temps de ren-
trer en lui-même , de voir ses torts , de les
avouer, et de reconnaître que c'est à juste ti-
tre qu'on lui adresse une remontrance, ou qu'on
lui impose une punition. Nous ne voulons pas
écrire ici le Code des délits de l'enfance, ni
fixer une pénalité. Nous dirons « que , pour
les enfans , tout châtiment est châtiment. «
Toutefois , nous nous élèverons avec une éner-
gique conviction contre les coups et la violence,
contre les peines qui blessent l'amour-propre.
« J'accuse, dit Montaigne, toute violence en
l'éducation d'une âme tendre , qu'on dresse
pour l'honneur et la liberté; il y a je ne sais
quoi de servile en la rigueur et en la contrainte. »
Les chàtimens serviles n'arrêtent que pour un
moment la volonté déréglée de l'enfant ; ils lui
font haïr ceux qui le frappent, et il prend en
101
un invincible dégoût ce qu'on veut lui faire
faire par ce moyen. Nous signalons ici un écueil
dangereux : le but des punitions est d'agir sur
l'âme de l'enfanl, et de rendre sa volonté plus
docile : or, il perdra cette exquise sensibilité
s'il est soumis à des chàtimens rigoureux ; il
est même à craindre qu'il ne devienne opiniâtre
par fierté ; qu'il ne mette sa gloire à résister
aux coups dont on le frappe, par exemple ; et
comme, en définitive, au-delà de ces peines
corporelles, il n'y a plus de punitions possibles,
s'il est inébranlable, s'il résiste, vous êtes
vaincu ; vous êtes désormais un maître sans
puissance ; tant il est vrai que la violence
donne la mort à tous les pouvoirs ! Le père et
la mère, instituteurs nés de leurs enfans, doi-
vent commander avec une fermeté qui s'allie à
la douceur; les enfans doivent obéir, non parce
qu'ils sont placés sous l'empire de la crainte,
mais parce qu'ils aiment et respectent leurs pa-
rens. Nous voudrions qu'on discernât les fautes
qui méritent d'être punies avec celles qui peu-
vent être pardonnées. Vous armerez-vous de
rigueur contre le caractère volage de l'enfant,
son étourderie, sa négligence ? Son ignorance,
sa faiblesse, ne sont-elles pas souvent de légi-
times excuses? Quelle que grande, d'ailleurs, que
soit votre indulgence, vous aurez encore assez
à punir. Si votre enfant est indocile, s'il com-
met avec réflexion une méchante action , s'il
s'emporte en gestes ou en paroles contre qui
que ce soit, oh ! alors soyez sévères ; mais
n'exécutez pas votre sentence de punition , si
la seule honte de l'avoir méritée rend votre en-
fant confus et tremblant; s'il expie sa faute par
les reproches de sa conscience. Sa conscience!
voila le juge suprême !
La plus douce récompense qu'un enfant
puisse recevoir, c'est la satisfaction qu'il trouve
dans les yeux de sa mère , dans une nouvelle
caresse ; mais, indépendamment de ces témoi-
gnages d'amitié; les récompenses sont néces-
saires : elles semblent un salaire dû aux efforts
tentés par les enfans pour remplir les petits
devoirs auxquels ils sont assujettis.
Les récompenses doivent être rares pour
conserver leur valeur : il faut qu'elles soient
employées à propos. Quelles qu'elles soient,
ces marques de bienveillance et d'approbation
doivent être accordées de telle sorte qu'elles
excitent l'émulation de l'enfant, et qu'elles fas-
sent descendre dans son âme un juste sentiment
de fierté, sans y faire naître l'amour d'un vil
intérêt ; mais if faut toujours que le plus grand
prix qu'il puisse recevoir soit, après la pensée
de plaire à ses parons, ou aux personnes char-
gées de son éducation, la satisfaction intérieure
qu'il éprouve. Sa conscience est encore là : elle
sait le punir; elle saura le récompenser.
102
De toutes les observaiions qui précèdent on
peut conclure :
Que l'éducation est l'art de former prorapte-
ment de bonnes habitudes dans l'homme ;
Qu'il faut donner aux enfans, après la pre-
mière éducation du berceau, une éducation mo-
rale, c'est à-dire celle qui nous rend meilleurs,
celle qui nous apprend les devoirs que nous
avons à remplir envers Dieu, nos semblables et
nous-mêmes ;
Que cette éducation morale doit nous don-
ner le pouvoir de surmonter nos penchans , et
que ce pouvoir s'acquiert et se perfectionne
par une heureuse coutume d'en faire usage ;
Que l'éducation, ainsi comprise, s'adressant
surtout au cœur, doit nécessairement précéder
l'instruction, parce qu'il faut « nourrir et
sanctifier le cœur » avant de s'occuper de l'es-
prit ;
Que l'éducation , confiée naturellement aux
pères et mères, ne doit pas avoir d'autre règle,
ni suivre d'autre méthode que celles indiquées
par la nature elle-même ;
Qu'elle doit aider et accélérer tous les mou-
vemens de la nature, et ne jamais la forcer;
Que tous les moyens que l'éducation emploie
pour arriver à ses fins doivent être empruntés,
soit au propre fond de l'enfant, soit à la nature
des objets que l'on fait agir sur ses organes ;
Que ces objets doivent être proportionnés ,
ou par eux-mêmes, ou par la manière dont on
les présente, soit aux parties de l'âme que l'on
veut émouvoir, soit aux sentimens qu'on veut
y faire naître ;
Qu'il nefaut pas faire agir confusément tous
les ressorts de l'esprit ; mais qu'il faut donner
une impulsion successive à ceux qui communi-
quent le mouvement aux autres, jusqu'à ce que
la machine se meuve d'elle-même ;
Que les parens ne sauraient apporter trop
d'attention à étudier chez leurs enfans, les pre-
mières manifestations de la raison, afin de tirer
de celte raison toutes les ressources qu'elle pré-
sente ;
Qu'il convient principalement , à l'égard des
enfans, de joindre les bons exemples aux bon-
nes maximes, de ne dire et de ne faire devant
eux que ce que l'on permettrait qu'ils disent et
fissent eux-mêmes ;
Que l'autorité d'un père de famille doit être,
malgré une juste fermeté, tempérée et modifiée
de telle sorte qu'il soit toujours le meilleur ami
de son fils — enfant, — jeune homme , — ou
homme fait ;
Qu'enfin l'art de former et de gouverner les
hommes et les enfans n'est autre chose que l'art
de punir et de récompenser ; et que le s'îcret de
toute bonne éducation , c'est de savoir garder
«ne juste mesure entre un amour aveugle qui
flatte les enfans , les gâte et les perd , par une
coupable tolérance de leurs fautes, et un e«i*
pire violent, capricieux et tyrannique, qui, ne
s'appuyant (]ue sur la crainte qu'il inspire ,
irrite les enfans , aigrit leur caractère , et les
rend souvent dissimulés ou rampans.
Nous terminerons ces considérations géné-
rales par une importante remarque : la plupart
des familles donnent à leurs enfans une édu-
cation que , franchement, nous nommerons
mauvaise , et cela , parce que , dans l'espace
de quelques années , ils changent le système
et les principes que d'abord ils ont donnés
pour base à l'éducation : occupés sans cesse à
démolir pour réédifier , ils n'arrivent à rien
construire. Une maison s'est-elle jamais éle-
vée sur des fondations sans cesse retournées !
Quel que soit le plan d'éducation que vous au-
rez adopté, il faut le suivre avec persévérance,
avec obstination ; il faut n'admettre les modifi-
cations qu'avec la plus excessive réserve , et
seulement lorsqu'elles sont reconnues néces-
saires, indispensables. Le père et la mère doi-
vent être d'accord sur le système à suivre ;
leur pouvoir sera d'autant plus fort qu'il ne
sera pas divisé; et si , par malheur, quelque
dissentiment les partageait au sujet du plan
d'éducation adopté et suivi pour leurs enfans ,
qu'ils évitent avec soin de soulever devant
ceux-ci les questions qui les divisent , et de
s'engager ainsi dans d'imprudens débats. Tout
est perdu le jour où reniant peut en appeler
auprès de sa mère du jugement et de l'opinion
de son père, et réciproquement. Tout est en-
core perdu le jour où l'enfant trouve dans son
père ou sa mère un défenseur toujours prêt à
l'excuser hautement, à le défcndie, aie proté-
ger et à crier en son nom à l'injustice. Voilà
pourtant ce qui se passe dans un grand nom-
bre de familles , où l'on dirait en vérité qu'il y
a plusieurs degrés de juridiction , et que l'en-
fant peut toujours se pourvoir par voie d'appel
ou de cassation contre les arrêts qui le frap-
pent! Aussi , que d'éducations incomplètes,
fausses et dangereuses ! que d'existences jouées
au hasard ! Chaque jour on parle de réformes
sociales et politiques... eh ! commençons donc
par la réforme Is plus urgente , la plus ration-
nelle , par celle de l'éducation; et disons-le
encore = n Si nous interrogions tous ceux qui
se 5ont distiugués , soit en bien , soit en mal ,
soyez sûrs qu'ils nous répondraient : C'est no-
tre éducation qui nous a faits ce que nous
sommes.»
Nous nous arrêtons. Nous sommes convain-
cus que notre travail est incomplet. Mais peut-
être aurons-nous l'occasion de revenir sur ces
intéressantes matières. Après avoir parlé de
l'éducation en général , ne nous reste-t-il pas à
examiner quelle doit être l'instruction qui
peut marcher de front avec V édiication ,
quelles connaissances les cnfans peuvent ac-
quérir jusqu'à six ans, et quelle est la incil-
leure niélhode à suivre pour leur donner les
premières notions? Si nous osons ahorder un
jour un sujet semblable, nous mettrons en pra-
tique les théories que nous avons développées
aujourd'hui. Auguste DESREZ.
EnDIGUEMENÏ des fleuves et des RIVIERES.
Iles, îlots, atterrisseme.ns. — Lais et re-
- lais ce mer.
Au nombre des parties administrées par la
direction générale de l'enregistrement et des
domaines , on compte pour peu de chose les
lies, ilôts , atterrlssemens , lais et relais de la
mer ; néanmoins , nous allons prouver que
cette partie presque abandonnée est suscepti-
ble de produits tout-à-fait importans , et que
l'on peut évaluer à plusieurs millions de re-
venu.
Il faut le dire bien haut, les ressources d'un
état ne doivent pas être toutes dans les impots
qui ne sauraient dépasser certaines limites ; si
elles s'augmentent du crédit, qui est le fruit
d'une sage administration , le crédit, comme les
impôts, n'étant qu'un appel aux fortunes pri-
vées , nous croyons de notre devoir, dans l'in-
térêt commun , d'indiquer de quels moyens le
gouvernement pourrait disposer pour accroître
les revenus du pays.
L'endiguement des fleuves et rivières, les
îles, îlots et atlerrissemens sur les fleuves et les
rivières navigables , les lais et relais de mer,
devraient être, pour une haute administration,
de véritables sources de prospérité, en facili-
tant les débouchés de l'industrie ou des pro-
duits agricoles, en rendant à la culture des mas-
ses de terrains, et en assurant à l'état, presque
instantanément, des produits très-considé-
rables.
Un système de travaux pour rendre naviga-
bles les rivières qui en sont susceptibles , et
pour perfectionner la navigation des grands
fleuves, était une des idées philanthropiques de
Turgot : ce ministre considérait avec raison
la réalisation de son système comme le seul
moyen de donner au commerce de l'intérieur
l'activité nécessaire au progrès de la culture et
de l'industrie, et de mettre par une circulation
plus étendue les subsistances du peuple et le
succès des manufactures plus à l'abri des acci-
dens.
Les circonstances ne permirent point à
Turgot de faire pour la réalisation de son
projet des entreprises considérables ; il y con-
sacra néanmoins quelques fonds du Trésor, les
appliquant, dans sa sollicitude, à suivre son
plan de navigation et à préserver quelques lo-
calités des ravages des torrens.
103
Un rappoi't de I\I. le baron de la Doucette, à
la Société royale d'agriculture , fait connaître
que des travaux d'endiguement , dont le gou-
vernement supportait les deux tiers de la dé-
pense, avaient été exécutés avant 1789 dans le
département des Hautes-Alpes, pour resserrer
le lit de la Durance. Cette rivière impétueuse a
un cours de
13G,000 mètres dans les Hautes-Alpes.
70,000 — dans les Basses-Alpes.
80,000 — dans les Eouches-du-Rhône
et de Vaucluse.
Et d'après un calcul approximatif , on peut
lui enlever 18,000 hectares, ou 54,000 arpens
de terrains engraissés par le limon de la rivière,
et d'une irrigation facile, donnant une valeur de
plus de cinquante millions de capital.
L'auteur du rapport, M. de la Doucette, qui
avait administré le département des Hautes-
Alpes , privé des ressources qui aui aient as-
suré le succès d'une si noble entreprise, n'a pu
faire exécuter les ouvrages d'art nécessaires
pour encaisser le lit de la Durance ; mais il
signalait la haute intelligence de M. Fiard aîné,
architecte à Gap , qui, depuis 1826, était par-
venu à enlever à cette rivière , en la resserrant
dans une partie de son cours, -2,200 mètres ou
99 hectares de terres de première qualité. Les
procédés de cet architecte, aussi simples qu'éco-
nomiques , ont obtenu ce résultat moyennant
une dépense de 37,831 francs, tandis qu'une
digue continue aurait coûté 182,000 francs, et
l'hectare de terrain lui revenait à 191 francs. Un
si bel exemple a trouvé quelques imitateurs
dans les communes voisines ; la Société royale
d'agriculture s'est bornée à décerner sa mé-
daille d'or à M. Fiard.
Ce fait est une démonstration évidente du se-
cours qne le gouvernement trouverait dans
l'industrie particulière s'il revenait sérieusement
au projet de Turgot ; mais cette industrie,
si puissante dans notre siècle, doit être pro-
voquée par la sollicitude du pouvoir lorsqu'il
s'agit d'intérêts généraux, et son action est in-
dispensable pour réaliser l'accomplissement
d'un système de travaux propres à assurer à
la France les ressources immenses d'une navi-
gation intérieure.
Le système d'endiguement adopté pour le
Rhin ne serait-il donc point applicable aux fleu-
ves et aux rivières du royaume ; et ne peut-on
pas espérer toutes les améliorations désirables,
aujourd'hui que l'instinct de la société la pousse
plus fortement que jamais vers une augmen-
tation de bien être ?
Le gouvernement possède dans le savoir du
corps du génie civil tous les moyens d'exécu-
tion possibles , pourvu qu'il veuille bien aider
l'industrie particulière. La presse viendra , au
besoin , jeter ses lumières dans la discussion.
104
d'une question vitale pourle pays ; tout est dis-
posé pour la réalisation d'un plan qui doit èlre
la conquête la plus digne de notre civilisation.
Le choix du meilleur procédé pour régler le
cours des fleuves et des rivières , ne doit pas
embarrasser le gouvernement. La grande ques-
tion sera nécessairement dans les moyens pé-
cuniaires pour mener h bien une si haute
entreprise : voilii la partie législative. On discu-
tera s'il convient d'imposer à cet effet les
propriétaires riverains ; s'il est préférable d'éta-
blir un droit de navigation dans le cas oîi celui
qui existe serait insuffisant ; ou si l'on peut af-
fecter à cette dépense une partie du capital des
rentes rachetées par la caisse d'amortissement.
Il ne doit point d'ailleurs exister de difficultés
insurmontables, lorsque, pour lépéter les paro-
les de Turgot, il s'agit de donner au com-
merce de l'intérieur l'activité nécessaire , de
mettre les subsistances du peuple et le pro-
duit des manufactures plus à l'abri des acci-
dens. Qu'on joigne à ce résultat celui de con-
quérir au profit de l'agriculture de nombreuses
terres d'alluvions , d'assainir des livages char-
gés de miasmes lorsq\ie les rivières changent
leur courant , et l'on comprendra toute l'utilité
d'une entreprise au succès de laquelle chaque
Français est intéressé.
Une fois l'impulsion donnée, lorsque la pu-
blicité aura proclamé les premiers résultats, on
verra l'exemple de ce qui s'est fait dans les
Hautes-Alpes se propager dans les départe-
mens et dans les communes aujourd'hui tribu-
taires des torrens. Les nombreuses sociétés in-
dustrielles qui se naturalisent dans notre belle
patrie , vivifieront partout l'activité , l'intelli-
gence au profit du bien-être, et ce que le gou-
vernement aura entrepris sur une grande échelle,
portera ses fruits jusque dans les villages.
Si l'endiguement des fleuves et des rivières
promet des résultats qu'on ne pourrait espé-
rer de la conquête d'une colonie , nous pou-
vons affirmer que l'administration peut créer
de grandes ressources au Trésor , en portant
son attention sur les îles, îlots, atlerrissemens
des fleuves et des rivières, et sur les lais et
BELAIS de mer.
Pv'oLre monardsie du xvi« siècle mettait déjh
au rang du domaine public les fleuves et leurs
aflerrissemens ; mais les ordonnances concer-
nant la réintégration de cette nature de biens
usurpes restaient incxéciUées, parce qu'elles at-
taquaient directement les hauls seigneurs et le
clergé. Depuis, notamment sous i.ouis 3ilY et
sous Louis XV, les lais et relais de mer, dont
encore il n'avait jias été question, furent aussi
déclarés partie inti'>grante du domaine public ,
sans que l'état se trouvât enrichi de la valeur de
ws nouvelles propriétés.
On sait comment, à ces difiereotes époques,
l'usurpation des grands était protégée par la fa-
veur, comment l'inlrigue obtenait de la cou-
ronne des concessions moyennant des redevan-
ces disproportionnées à la valeur de la chose
concédée et sous des conditions dont l'exécu-
tion était éludée. C'est ainsi que l'immensité
des terres vagues, des landes et des marais
qui couvraient la France, devinrent la propriété
des maisons puissantes ou des ordres religieux,
sans profit pour le Trésor, sans avantage pour
la nation qui a retrouvé après 1789 presque
tous ces grands déserts tels qu'ils étaient aux
époques où le gouvernement en avait fait l'a-
bandon. Ces terres , landes et marais étaient
alors désignés sous le nom de petit domaine,
pour les distinguer du domaine productif; et
les îles, îlots, attérissemens, lais et relais de
mer, se trouvaient compris dans la même dé-
signation parce qu'ils ne produisaient pas de
revenus.
La môme faveur, la même insouciance de la
fortune publique dépossédait l'état de terrains
accidentellement conquis sur les eaux. Quel-
quefois , cependant , on reconnut la nécessité
d'arrêter l'usurpation de cette nature de biens ,
en ordonnant la réunion au domaine de ceux
possédés sans titres ; d'autres fois , on a de-
mandé le paiement d'une légère somme arbi-
trée d'après un revenu fictif, pour maintenir
les possesseurs. L'abus dominait presque tou-
jours les mesures administratives.
Jusque-là, la législation de ce qu'on nom-
mait le petit domaine n'olfrait ni garantie ni
fixité. Les ordonnances se succédaient, se con-
trariaient, fi'appant d'abord tous les possesseurs
indistinctement, admettant plus tard des ex-
ceptions, et annonçant par leur multiplicité
avec quelle facilité on en neutralisait l'exécu-
tion. Cependant un édit de 1717 partit de-
voir arrêter les abus , en déclarant qu'il ne
serait plus procédé à l'aliénation du petit do-
maine qu'à titre d'engagement et h faculté de
rachat perpétuel. Cet édit, qui proclamait sans
exception le principe de l'inaliénabilité des
biens de l'état , était en vigueur à l'époque
de hi révolution de 1789, et la cour de cas-
sation a proclamé de nouveau ce principe de
l'inaliénabilité , par un arrêt rendu le G avril
1835, dans l'afl'aire de Grammont, dont tous
les journaux ont rendu compte.
i)e ce qui précède, il résulte que l'état pou-
vait, avec é.|uilé, rentrer dans la projjriété
d'une nature de biens dont l'arbitraire l'avait
presque toujours dépossédé , sauf à faire de.i
conditions de justice aux détenleiirs de bonne
foi ; aussi la loi du l""" décembre 1790 a-t-ello
déclaré révocable toute concession, toute dis-
traction du domaine public antérieure à 15C6,
n'admettant d'exceptions que pour les terres
vaines et vagues , les landes , Inuyèic^ , palus,
marais et terrains en friche, à une distance dé-
terminée des forèls. Cependant il n'a été pris
aucune mesure à l'égard des possesseurs de la
nature des biens dont nous nous occupons ; la
loi du li ventôse an vu, sur les domaines en-
gagés, a au contraire formellement excepté de
ses dispositions les îles, îlots, lais et relais, en
déclarant qu'il serait statué sur ces objets par
des lois particulières.
Ces lois sont encore à venir -. amsi, on né-
glige depuis si long-temps une ressouice aussi
certaine que productive. Ces masses de ter-
rains qu'on peut hardiment évaluer à plu-
sieurs milliers d'hectares sont possédés, en
grande partie; par des propriétaires sans
titres : il est même peu de concessionnaires ,
en ce qui concerne les lais et relais de mer, qui
ne se tiouvent possesseurs d'une plus grande
étendue de sol que celle énoncée dans les actes
de concession , parce que ces propriétaires ont
profité , au préjudice de l'état, des rivages suc-
cessivement abandonnés parles eaux. 11 en est
d'autres, et c'est le plus grand nombre, qui, ayant
acquis moyennant quelques prestations féoda-
les,aujotird7a«sMppnme'e5, possèdent la chose
sans acquitter la faible redevance qui était cen-
sée en représenter la valeur. Il y aurait enfin à
examiner si tous ces détenteurs ont rempli les
conditions imposées pour mettre en état de cul-
ture les terrains concédés.
Si l'appréciation des sommes que le gouver-
nement pourrait se procurer en recherchant
cette nature de propriétés est difficile à établir,
au moins tombe-t-il .sous les sens qu'on de-
vrait s'en promettre de grands résultats , et
dans un moment où les besoins de l'état font
recourir à des économies mesquines qui tou-
chent à tant d'eccistences , il serait rationnel
de remonter à une source dont la fécondité ne
saurait être douteuse.
Il n'a été question encore que des îles, îlots,
attérissemcns, lais et relais usurpés ou concé-
dés antérieurement à 1790. Beaucoup ont
échappé à cette espèce de spoliation publique ,
et depuis bientôt un demi-siècle , la masse de
ces propriétés a dû s'acnroître considérable-
ment. On n'a rien fait pour les mettre en va-
leur, en retiier un revenu , ou les concéder
utilement pour le Trésor.
On sait que des lits de sable subitement for-
més dans les courans des fleuves ou des riviè-
res, peuvent disparaître aussi facilement qu'ils
sont apparus , si l'industrie n'en prend pour
ainsi dire possession. Des plantations doivent
présenter une digue aux eaux , et de nouveaux
sables entraînés dans les crues extraordinaires,
trouvant un point de résistance, l'île s'exhausse
et s'agrandit. Si l'on n'oppose cette barrière au
caprice des courans , les bancs nouvellement
formés ge (Jispersent et comblent le basaiu des
105
fleuves ; forcés alors d'étendre leura lits ils de-
vicruienl dangereux dans ces passages par le
défaut de profondeur. ]\ous citerons pour mo-
dèle de ces sortes de propriétés, l'île possé-
dée par le Roi, en face son château de
Neuilly, qui n'eût pas valu 2,000 francs il
y a quinze ans, et dont la valeur a été cen-
tuplée au moins par les soins de son pro-
priétaire.
On sait encore que les terrains abandonnés
par la mer doivent subir des préparations pour
devenir propres à la culture : il faut les purger
de l'excès des sels qu'ils contiennent, les fécon-
der par des eaux douces , s'il est possible ; de
là les travaux souvent considérables qui précè-
dent l'exploitation.
Il est donc évident que, même dans l'intérêt
delà navigation, il faudrait s'emparer des îles,
îlots et atterrissemens , presque au moment de
leur formation , et chercher dans l'industrie
particulière les moyens de tirer le meilleur parti
possible des anciens rivages de la mer.
L'administration de l'enregistrement et des
domaines, dont la surveillance est ordinairement
en tout point si exacte et si sévère, marche avec
les lois sans pouvoir y suppléer , et celte admi-
nistialion chargée des plus grands intérêts du
pays , est loin d'exercer l'influence qu'on aime-
rait à liii voir relativement aux choses qui sont
dans ses attributions ; l'on va juger s'il lui est
possible de vainci'e les difficultés qui frappent
de stérilité la masse des propriétés dont nous
nous occupons, et qu'elle régit.
La première loi, depuis celle du 14 ventôse
an vn , qui fasse mention des îles, îlots, lais et
relais de mer, est celle du IG septembre 1807.
Elle dit, titre 9, art. 41, que le gouvernement
pourra accorder des concessions de ces ter-
rains : la forme , les conditions de ces aliéna-
tions ne sont pas déterminées, et cette incerti-
tude a subsisté jusqu'à l'ordonnance du 23
septembre 1825 , qui contient toute la législa-
tion sur la matière.
Conformément à celte ordonnance, les con-
cessions doivent être précédées :
1° De pians vérifiés et approuvés par les in-
génieurs des ponts-et-chaussées ;
2" D'un mesurage et d'une description exacte,
avec évaluation en revenu et capital ;
3° D'une enquête administrative de corn-
modo et incommodo ;
4° D'un arrêté pris par le préfet, après avoir
pris l'avis des ingénieurs des ponts-et-chaus-
sées, ainsi que au directeur des domaines et ce-
lui du directeur du génie militaire, lorsque les
objets à concéder seront situés dans la zone
des frontières, ou aux aboi'ds des places fortes ;
5° De l'avis respectif des directeurs-généraux
des poQt&-et-cbau5sées et des ^naaiiies ;
106
6° De l'avis du ministre de la guerre dans
l'intérêt de la défense du royaume;
7° D'un examen en ronseil d'état (comité des
finances) des demandes en concession, ainsi
que des charges et conditions proposées de
part et d'autre.
Pour peu que l'on soit familiarisé avec la
marche des affaires administratives , on recon-
naîtra que l'accomplissement de ces diverses
formalités exige au moins cinq ans , et c'est là
le plus grand vice de cette législation.
Car de quoi s'agit-il ?
De livrer à l'agriculture un sable ou un gra-
vier ; et lorsque l'urgence de la prise de pos-
session est imminente, on la soumet à un pro-
tocole interminable.
Nous demanderons de quelle utilité est , par
exemple, l'intervention des ponts-et-chaussées
tant qu'il ne s'agit pas de l'exécution des tra-
vaux auxquels la navigation est intéressée ?
Un atterrissement se forme : vaut-il mieux
l'affermir par des plantations ou les laisser à la
merci des courans ? Si l'intérêt de la navigation
exige, comme nous l'avons dit, une occupation
immédiate, la question est résolue, et le génie
civil est appelé sans motif.
Pourquoi encore cette formalité anticipée de
mesurage, lorsqu'il était si simple d'accorder la
concession à raison de tant par hectare, sauf à,
en faire ensuite constater le nombre contradic-
toirement entre le domaine et le concession-
naire?
Que signifie le revenu d'une chose toujours
improductive d'abord ?
Que prétend-on prévenir par un arrêté du
préfet préparc avec tout cet appareil, et après
avoir épuisé toutes les cérémonies administra-
tives de l'ordre inférieur?
Enfin quel grand intérêt oblige donc à cou-
ronner le pompeux et inutile échaffaudage par
les directeurs-généraux, le ministre de la guerre
et le conseil d'état? Aucun.
L' expérience apprend qu'il est toujours dan-
gereux de mettre en contact plusieurs adminis-
trations qui ont généralement la faiblesse de
vouloir rivaliser d'importance!
Demandez au génie militaire s'il convient de
concéder un terrain situé dans la zone d'une
frontière ou d'une place forte ; prenez l'avis du
génie civil sur le même objet, en ce qui concer-
ne ses attributions, la réponse sera sûrement
négative, parce que chacun se fait un méiite de
la prévision.
C'est ainsi que depuis un grand nombre
d'années plus de deux mille hectares de ter-
rains restent en friche, parce que leur proxi-
mité du port de lîoulogne a fait penser aux in-
génieurs des ponts-et-chaussées qu'on pourrait
les affecter h l'usage ou à l'amélioration de ce
port.
C'est sans doute aussi par le même mo"
tif qu'un célèbre fabricant de papier a
vainement demandé pendant quinze ans la
concession d'un lais du Havre pour douze
années , s' engageant à le rendre , à cette
époque , en étal de culture , et devant pro-
duire TRENTE A QUARANTE MILLE FRANCS DE
REVENU.
Cette manie de formalités tient à un vice réel
d'administration , et ce vice est la centralisation
excessive.
Il a pris naissance sous le gouvernement de
l'homme gigantesque, dont la large main vou-
lait tout tenir, depuis la paix du monde jusqu'à
la réparation d'un presbytère. Le grandiose de
son action gouvernementale a disparu ; il n'en
reste plus que les infirmités. N'est-il pas dé-
plorable qu'une pauvre commune ne puisse
disposer d'un revenu de quelques dizaines de
francs ; qu'une autre ne puisse acquérir une
masure pour son école , sans s'engager dans un
torrent qui tombe, des bureaux d'un ministère
dans l'Océan ? Misérable importance de la bu-
reaucratie que le Trésor paie par le traitement
d'un surcroît de commis, et que l'état paie plus
cher encore, parce que l'administration des do-
maines n'est point affranchie de ces forma-
lités !
Un fait servira de preuve.
Il y a une vingtaine d'années, exerçant les
fonctions de receveur de l'enregistrement dans
un bureau des environs de Paris, je découvre
un bien vacant usurpé par une espèce de vaga-
bond. Je prends possession de l'immeuble au
nom de l'état, et la maison est louée pour neuf
années à un marchand de vin, au prix annuel
de 400 fr., payables d'avance par semestre.
Une réparation d'urgence à la toiture fut esti-
mée 40 fr. ; et malgré le zèle que je pus y met-
tre, l'autorisation de faire cette dépense se fil
attendre deux ans ; mais alors le bAtiment exi-
geait une autre réparation ; elle fut portée à
400 fr. par un nouveau devis, et si le locataire
ne s'était pas décidé à faire l'avance de cette
somme, il est présumabic qu'à la réception de
l'ordonnancement , il aurait fallu relever les
murs. Voilà ce qui s'est passé, à la porte de la
capitale, pour un domaine de l'état. Qu'on juge
du préjudice que peut éprouver une commune
éloignée, sans patronage.
On voit que ce n'est point lout-à-fait h l'ad-
ministration des domaines qu'il faut demander
compte de la non-valetu' des iles, îlots, atterrisse-
mens, lais et relais, puisque les lois elles-mê-
mes s'opposent à une bonne exploitation de ces
biens.
Aux observations précédemment faites sur
llinopportunilé des mesures prescrites par l'or-
donnance de 182.S, on ajoutera que la législa-
tion a prévu les cas où le sacrifice des proprié-
lés privées est commande! par l'inléièt géiui-al.
j^g civil, comme le génie militaire, peu-
vent alors faire sûrement valoir leurs prtlen-
tloDS. Mais la prévoyance qui arrête la mise
en culture d'un terrain , sous prclexle qu'il
peut être utile pour tel ou tel objet, est une
sorte d'arbitraire extrêmement nuisible au
pays et qu'il faut absolument éviter.
Le sol sera toujours W; laissez-le provisoire-
ment mettre en valeur. Il vaut mieux exposer
dans un long avenir le gouvernement à payer
peut-être un peu. cher ce qu'il aurait aliéné bon
marché, que de tolérer un veto pour protéger
des déserts.
Mais, d'ailleurs, nous n'admettons même pas
entièrement la nécessité des aliénations perpé-
tuelles.
N'est-il pas contraire à l'esprit, comme
au texte de notre constitution, qu'une or-
donnance règle les formes des concessions
des biens de l'état? Nous pensons (et nous
comptons sur l'adhésion des esprits réfléchis)
qu'une loi est nécessaire sur un pareil sujet.
Sauf les modifications que la discussion pour-
rait introduire, il nous semble que le projet sui-
vant remplirait le but que nous nous proposons.
TITRE I". — Iles, îlots, atterrissemens dans
les fleuves et les rivières navigables.
Art. 1". Aussitôt après la promulgation de
la présente loi, les îles, îlots, atterrissemens dans
les fleuves, rivières ou torrens faisant partie du
domaine public, actuellement possédés par l'é-
tat et non affermés, seront donnés à bail, en
suivant les formes usitées pour la location des
biens domaniaux ; mais , par exception , ces
baux ne pourront être passés pour moins de
neuf années.
Art. 2. Les affiches mentionneront, indé-
pendamment des indications ordinaires , les
plantations qui devront être mises à la charge
des fermiers, en spécifiant le nombre et l'es-
sence des plants à employer chaque année. Les
gardes forestiers seront chargés de surveiller
ces plantations, et les fermiers en exigeront un
certificat qui sera remis par eux au receveur
des domaines.
Art. 3. A mesure que de nouveaux atterris-
semens, îles ou îlots se formeront, les gardes
généraux ou particuliers des forêts en prévien-
dront officiellement le receveur des domaines
du chef-lieu du canton , sans que nc.mmoins
cette communication soit regardée comme in-
dispensable par le receveur s'il a personnelle-
ment connaissance de l'atterrissement.
Art. 4. Dans le cas de l'article précédent,
le receveur prendra immédiatement possession
de la nouvelle propriété domaniale ; et , eu
égard à son étendue, il s'assurera quel peut être
le nombre des plants nécessaires pour la pro-
107
téger contre les eaux. S'il y a urgence pour les
plantations, attendu la saison,. le directeur des
domaines du département pourra, sur le rap-
port du receveur, autoriser provisoirement la
dépense. Dans le cas contraire, l'autorisation
sera donnée par le préfet , sauf à régulariser
toujours la dépense en se conformant aux rè-
glemens en vigueur sur la comptabilité.
Art. 5. Dans l'année qui suivra celle de la
prise en possession, le receveur fera les diligen-
ces nécessaires pour sa mise en location , qui
pourra cependant être suspendue un an encore
s'il paraissait plus utile que les employés du
domaine conservassent la surveillance de l'île.
Dans ce cas, le receveur devrait faire procéder
à une nouvelle plantation , comme il est dit à
l'art. 4.
Art. 6. Pour tous les baux qui seront suc-
cessivement passés par l'administration des do-
maines , au fur et à mesure des prises de pos-
session, il y aura lieu de se conformer aux
articles 1 et 2.
TITRE II. — Lais et relais de mer.
Art. 7. Les lais et relais de mer actuellement
régis par l'administration de l'enregistrement
et des domaines, seront par elle mis en adjudi-
cation , aussitôt après la promulgation de la
présente loi.
Art. 8. Ces adjudications seront des conces-
sions temporaires dont la durée variera selon
les dispositions de l'art. 10. La redevance en
sera fixée à raison de par hectare; et si la
contenance annoncée par l'administration des
domaines était contestée par l'adjudicataire,
celui-ci pourra faire procéder à un nouvel ar-
pentage. En cas de discordance, un tiers expert
nommé par le préfet statuera en dernier ressort.
Les frais d'arpentage et de réarpentage seront à
la charge des adjudicataires.
Art. 9. Les travaux de dessèchement, d'en-
diguage et autres devront être faits dans les trois
années qui suivront l'adjudication, et les con-
cessionnaires en justifieront par un certificat
des ingénieurs des ponts-et-chaussés. L'o-
bligation de faire ces travaux, en se confor-
mant d'ailleurs aux lois sur la navigation, sera
une des charges de l'adjudication.
Art. 10. Les concessions seront faites
pour 9, 12 ou 15 années, selon l'étendue des
terrains mis en adjudication. Ceux d'une con-
tenance de 500 hectares et au-dessous, seront
concédés pour 9 ans; au-dessus de cette conte-
nance jusqu'à 1000 hectares, la durée de la
jouissance sera de 12 ans, et de 15 ans pour
les lais et relais qui contiendront plus de lOOO
hectares. Les adjudicataires ne pourront pré-
tendre à une plus longue concession qu.e celle
de 9 ou 12 années lors môme que, d'après l'ar-
pentage facultatif accordé par l'art. 8, letcr-H
108
rain concédé aurait plus de 600 ou plus de
iOOO hectares.
Art. 1 1 . Les adjudicalions seront annoncées
par trois affiches apposées à vingt jours d'in-
tervalle l'une de l'autre. Un exemplaire de la
ppemière sera adressé par le directeur des do-
maines du département aux officiers du génie
civil et militaire, afin que si le service public ré-
clamait l'emploi immédiat de tout ou partie
d'un terrain mis en adjudication, on ne le pré-
sentât pas aux enchères. Dans ce cas, le reirait
devrait être motivé par une ordonnance royale,
s'il ne s'agissait pas d'une destination à régler
par une loi, ou si les chambres n'étaient point
réunies.
Art. 12. Les concessionnaires qui n'auraient
pas exécuté dans le délai fixé les travaux dont
il est fait mention à l'art. 9, seront déchus, par
le seul fait de ce retard, sans pouvoir prétendre
â aucune indemnité. «
Art. 13 et dernier. A l'expiration du temps
fixé par chaque concession, les immeubles dont
il s'agit rentreront sous la main de l'administra-
tion de l'enregistrement et des domaines qui
les régira comme les autres biens de l'état.
En adoptant , sinon tous les articles, du
moins le sens exact de ce projet de loi , on
mettrait presque de suite en valeur une na-
ture de propriétés actuellement incultes.
Des concessions temporaires, sans doute
d'un faible produit pendant quelques années,
ménageraient à l'état un capital foncier dont on
ne tarderait pas à apprécier l'importance, et
l'administration des domaines ne verrait point
dépérir entre ses mains une partie notable de la
fortune publique.
Cette admmistration placée si haut dans l'opi-
nion, mériterait de trouver plus de défenseurs;
nous espérons qu'il s'en trouvera lorsque, dans
un second article, nous ferons envisager la posi-
tion de ses employés comme substituts né-
cessaires du ministère public, et garants gé-
néraux des actes de toute la société.
DESPRÉAUX ,
Employé supérieur de l'enregistrement et
des domaines.
CONSTRUCTION DES MAISONS COM-
MUNES.
La maison commune est le lieu où s'inscri-
vent les actes de l'élat civil , où s'assemblent
et le conseil municipal pour veiller aux intérêts
de la conmiune , et la force publique pour les
protéger et les défendre. C'est là encore où les
enfans viennent apprendre les devoirs que la
société leur impose et puiser l'instruction qui
doit les mettre à même de remplir plus tard di-
gnement dans ce même lieu , leurs devoirs de
cïtoven.
La destination de cet établissement est trop
grave et intéresse trop le bonheur et la sûreté
de tous pour qu'il soit permis de douter de son
utilité.
Les nouvelles institutions qui nous régissent,
le besoin de répondre aux améliorations appor-
tées dans l'instruction publique par la nouvelle
loi , ont d'ailleurs rendu la maison commune
indispensable au plus petit village. En effet,
chaque commune , chargée aujourd'hui plus
particulièrement du soin de sa défense et de ses
intérêts, a besoin de ce lieu de réunion, qui,
propriété de tous, comme son nom l'indique,
et accessible à tous , représente sans cesse aux
habitans et leur rappelle cette commune , au
bien-être de laquelle tous aujourd'hui sont ap-
pelés à concourir.
Quelle amélioration physique et morale tout
à la fois, cet établissement ne doit-il pas appor-
ter partout , et combien celte maison , destinée
h être l'âme et l'histoire de tout village, ne de-
vra-t-elle pas tous les jours devenir plus chère
à ses habitans par les souvenirs qui s'y ratta-
cheront , souvenirs d'histoire et souvenirs d'en-
fance !
L'endroit le plus convenable pour établir une
maison commune est le centre même du vil-
lage, et , autant que possible , cette maison de-
vra être isolée, ou au moins précédée d'une
place, car c'est de ce lieu qu'en cas d'incendie
ou de péril quelconque, doit partir le cri d'a-
larme, et c'est autour de cette maison que doi-
vent venir alors se grouper tous les habitans,
pour de là être dirigés avec ordre sur les points
où leur secours est nécessaire.
Elle devra contenir : !*■ une salle assez
vaste pour y pouvoir dresser les actes de -la
mairie où l'audition des témoins est néces-
saire, réunir le conseil municipal, et renfermer
les archives dont le dépôt et la garde peuvent
être confiés au maître d'école ; 2° un corps de-
garde et son violon ; 3° une salle d'école ; 4" le
logement du maître. Enfin , cette maison devra
être surmontée d'un clocheton ou campanil ,
pour appeler les enfans aux heures des classes,
et sonner au besoin l'alarme.
Cette maison devra toujours avoir un aspect
simple et grave tout à la fois ; elle devra être
construite solidement et le plus possible en ma-
tériaux incombuslibles.
Bien qu'on ne puisse mdiquer aucune dispo-
sition plus convenable que d'autres , les loca-
lités et le plus ou moins d'importance et de
moyens de la commune devant la faire varier à
l'infini , il n'est cepend.'nt pas inutile d'entrer
dans quelques délaiis.
La salle de la mairie devra être vaste , bien
éclairée, et près du logement du maître chargé
de la garde des archives qui doivent y être
renfermées ; le corps-de-garde devra être placé
au rez-de-chaussée, et avoir son entrée directe
sur !a rue.
Quant à la partie du bâtiment destinée h l'in-
struction des enfans , c'est-à-dire l'école, elle
réclame une attention très-grande, parce qu'elle
renferme pendant des journées entières et con-
sécutives toute la jeunesse, devant former un
jour la population du village, dont on compro-
mettrait pour l'avenir l'état sanitaire en risquant
dans une salle malsaine la santé des enfans.
La salubrité des salles d'école dépend beau-
coup de leur ventilation et du système de leur
chauITage.
Un système de ventilation, et en même temps
de cbauirage pendant l'hiver, très-simple, et qui
coûterait très-peu, serait par exemple d'établir
au milieu delà classe un petit poêle calorifère
en briques, avec un conduit d'air souterrain,
passant sous le plancher et allant prendre l'air
par une large ouverture placée au nord. L'air
extérieur entrant dans ce conduit, y serait ra-
fraîchi l'été et attiédi l'hiver, passerait par le
poêle calorifère, et son coffre de chaleur en sor-
tirait frais l'été et chaud l'hiver ( le poêle étant
chaufTé } par des bouches percées dans le cou-
ronnement de ce poêle. Puis, pour enlever
promplement l'air vicié, on réserverait au pla-
fond, h l'endroit où il est traversé par le tuyau
du poêle pour sortir de la classe, une ouver-
ture autour de ce tuyau , qu'on envelopperait
depuis cet endroit jusque sur le toit d'unsecond
tuyau en t(Jle , de quatre pouces plus fort de
diamètre, de manière à laisser un espace de
deux pouces de vide tout autour du tujviu
du poêle. L'air vicié tendant, toujours comme
on le sait , à monler et à sortir par les par-
ties les plus élevées , trouvant une issue par
celte ouverture au plafond , passerait dans le
tuyau d'enveloppe autour du tuyau de poêle,
et irait sortir sur le toit. L'hiver, cette ventila-
tion serait très-activée par la chaleur que pro-
duirait dans le tuyau d'enveloppe, le passage
du tuyau de poêle. On devra, pour le chauffage
des salles d'école, rejeter l'usage des poêles en
fonte , la chaleur produite par ces poêles étant
toujours très-malsaine.
109
La vue des enfans étant un de leurs organes
les plus faibles, on devra aussi porter l)eau-
coup d'attention h la distribution du jour dans
les classes. Il devra, autant que possible, y être
distribué par des châssis vitrés ou fenêtres pla-
cées dans le haut seulement des murs latéraux
et ouvrant à éventail sur la traverse du bas, de
telle sorte que les enfans reçoivent toujours d'en
haut, un jour oblique, et qu'en ouvrant les
croisées, l'air extérieur ne puisse jamais leur
tomber sur la tête. Il faut aussi éviter qu'aucune
de ces croisées soit exposée au soleil du midi.
La salubrité des salles d'école est encore plus
à recommander si ( comme cela existe dans
beaucoup d'endroits ) le peu de moyens de la
commune ne lui permettant pas d'avoir en ou-
tre une salle d'asile, la salle d'école est destinée
à remplir ce double but et à renfermer alors
tant de santés encore si délicates.
Le préau pour la récréation des élèves devra
être bien aéré et planté d'arbres.
On devra établir aussi des latrines pour les
deux sexes, et les placer de manière à pouvoir
être surveillées par le maître.
Quant au logement du maître, l'humanité dic-
tera mieux que nous tout ce qu'on doit y réunir
pour les commodités d'une vie sédentaire et
presque d'esclavage.
L'établissement d'une maison d'école renfer-
mant toutes les conditions ci-dessus énoncées,
et pour un village d'une population moyenne ,
c'est-à-dire , de quinze ou dix-huit cents âmes
peut être fait, en prenant un terme moyen d'a-
près toutes les constructions de ce genre déjà
élevées dans les difTérens départemens, pour
la somme de quatre mille cinq cents francs en-
viron. On sait que dans cette circonstance , le
gouvernement vient souvent au secours des
communes, et que plusieurs conseils généraux
de département suivant aussi cet exemple, ac-
cordent des secours à ceux de leurs villages
non aisés qui veulent former un établissement
de cette nature, dont, il faut l'espérer, aucune
commune ne sera bientôt plus privée.
Paliard , architecte.
HEFEMTOmE BOHIESTI^UE.
MÉTHODE SIMPLE POUR ANALYSER LES TERRES.
Les terres qui se rencontrent ordinairement
dans les sols cultivés sont principalement la si-
lice ou terre de cailloux , l'alumine ou matière
pure de l'argile, et la magnésie. Le silex forme
une partie considérable des sols durs grave-
leux , des sols durs sablonneux, et des terrains
pierreux. L'alumine abonde dans les sols argi-
leux et les terres marneuses , et même on la
trouve généralement dans les parties du sol le
plus divisé, unie avec la silice et l'oxyde de fer j
110
la chaux se rencontre toujours dans les sols k
l'état de combinaison, et principalement avec
l'acide carbonique. Le carbonate de cbaux
forme , dans son plus grand état de dureté , le
marbre, et dans son état le moins serré, la craie.
La chaux, unie avec l'acide sulfurique, consti-
tue le sulfate de chaux, gypse ou plâtre ; avec
l'acide phosphorique, le phosphate de chaux ou
terre des os. Le carbonate de chaux mêlé avec
d'autres substances compose les sols crayeux
et les marnières , et il se trouve dans les sols
mous sablonneux. La magnésie ne se rencontre
que rarement dans les sols, et elle y est combi-
née avec l'acide carbonique ou avec la silice et
l'alumine. La matière animale en décomposition
existe sous différcns états et contient beaucoup de
substances carbonacées, de l'ammoniaque, des
produits gazeux inflammables et de l'acide car-
bonique; elle se trouve principalement dans les
terrains labourés. La matière végétale en dé-
composition contient, pour l'ordinaire, encore
plus de substances carbonacées, et diffère sur-
tout de la matière animale en ce qu'elle ne pro-
duit point d'ammoniaque : elle forme une grande
proportion de toutes les tourbes, abonde dans
les sols fertiles, et se trouve en plus ou moins
grande quantité dans tous les terrains. Les com-
posés salins sont peu nombreux et en petites
proportions ; ce sont principalement l'hydro-
chlorate de soude ou de sel marin, le sulfate de
magnésie, l'hydrochlorate et le sulfate de po-
tasse, le nitrate de chaux, et quelques substan-
ces alcalines peu caustiques. L'oxyde de fer, qui
est le même que la rouille dont le métal se re-
couvre par son exposition k l'eau et à l'air, fait
partie de tous les sois; mais il est surtout abon-
dant dans les argiles jaunes et rouges, ainsi que
daiK les sables siliceux de ces mêmes couleurs.
Les instrumens qu'exige l'analyse des sols
sont en petit nombre. Une paire de balances ca-
pables de peser 100 grammes, et trébuchant à
un demi-décigramnie quand les deux plateaux
sont chargés; une boîte de poids divisés; un
tamis métallique d'une perce assez grosse pour
laisser passer un grain de poivre ; une lampe
d'Argand avec son support ; quelques fioles de
Terre , creusets de hesse et capsule en porce-
laine avec son pilon ; quelques filtres faits avec
une demi-feuille de papier non collé et plié de
manière à contenir un domi-litre de liquide, et
graissés à leur extrémité ; un couteau d'os et
une cuve hydro-pneumatique.
Les réactifs nécessaires sont l'acide hydro-
chlorique, l'acide sulfurique, l'ammoniaque li-
quide, une dissolution d'hydrorianate de po-
tasse, de l'eau de savon, des dissolutions de car-
bonate d'ammoniaque, d'hydrochloratc d'am-
moniaque, de carbonate neutre de potasse, et de
nitrate d'ammoniaque.
V Lorsqu'il s'agit de reconnaître la nature
générale du sol d'un champ, il faut en prendre
des échantillons en différens endroits, à six ou
huit centimètres de profondeur ; et, en exami-
nant comparativement les propriétés ; il arrive
quelquefois que, dans les plaines, tout le' sol su-
périeur, c'est-à-dire la couche supérieure du
terrain, est de la même espèce, et, dans ce cas,
une seule analyse suffira. Mais dans les vallées
et dans le voisinage des rivières, il y a de gran-
des différences : il se trouve par fois qu'une
partie de champ est calcaire et qu'une autre
partie est siliceuse. Dans ce cas et ceux analo-
gues, il faut prendre des portions différentes de
chaque espèce de terre , et les soumettre sépa-
rément à l'expérience.
Lorsqu'on ne peut pas examiner immédiate-
ment les portions de sol recueillies pour en faire
l'analyse, on les conservera, sans qu'ils éprou-
vent de changement, en les mettant dans des
fioles qu'on a soin de remplir tout à fait , et de
fermer ensuite avec des bouchons de verre. La
quantité de sol la plus convenable pour une
analyse parfaite est celle de douze à vingt-quatre
grammes. Cet échantillon doit être pris par un
temps sec, et il faut l'exposer à l'air jusqu'à ce
qu'il ne manifeste plus d'humidité au toucher.
On peut constater la pesanteur spécifique d'un
sol en introduisant dans une fiole, qui contien-
dra un poids connu d'eau , des volumes égaux
d'eau et de terre ; mélange qui peut aisément se
faire, en versant d'abord de l'eau pure dans la
fiole jusqu'à moitié de sa contenance, et en y
ajoutant ensuite la terre du sol, jusqu'à ce que
le liquide se soit élevé à son orifice. La diffé-
rence entre le poids de l'eau et celui du sol don-
nera la différence. Si, par exemple, la fiole con-
tient vingt-quatre grammes d'eau, et que ce
poids augmente de douze grammes lorsqu'elle
contient seulement moitié de sa capacité d'eau,
et l'autre moitié de terre du sol, la pesanteur
spécifique de ce sol sera deux, c'est-à-dire qu'il
sera deux fois plus pesant que l'eau ; et si l'aug-
mentation de poids n'avait été que de dix gram-
mes , la pesanteur spécifique du sol serait de
1,833, celle de l'eau étant 1,000. Il est impor-
tant de connaître la pesanteur spécifique du sol,
na^c» qu'elle fournit une indication de la quan-
tité de matière végétale et animale que le sol
contient, ces substances étant toujours les plus
abondantes dans les sols les plus légers. Il con-
vient également d'examiner les autres propriétés
phvsiques des sols, avant d'en faire l'analyse,
parce qu'elles dénotent, jusqu'à un certain point,
leur romposii ion , et servent de guide pour se
diriger dans les expériences. Ainsi, les sols si-
liceux sont généralement rudos au toucher, et
ils raient le verre lorsqu'on les fi-otte dessus ;
les sols argileux adhèrent fortement à la langue,
et lorsque l'on souffle dessus, ils émettent très
sensiblement un« odeur terreuse ; les sols cal-
caires sont doux au toucher : ils adhèrent beau-
coup moins que les sols argileux.
2° Les sols, lorsqu'ils sont aussi secs qu'ils
peuvent le devenir par leur simple exposition à
l'air, retiennent encore une quantité d'eau con-
sidérable, qui y adhère avec une grande force et
n'en peut être chassée que par un très-haut de-
gré de chaleur. La première opération de l'ana-
lyse est de dépouiller, autant que possible, de
celte eau , un poids donné du sol , en prenant
garde., toul-efois, de ne pas affecter, sous d'autres
rapports, sa composition ; et cela peut se faire
en chauffant un échantillon du sol pendant dix à
douze minutes sur une lampe d'Argand , dans
une capsule de porcelaine , à une température
d'environ 160 degrés centigrades; dans le
cas où on ne ferait pas usage d'un thermomè-
tre, on s'assurerait aisément du degré conve-
nable de chaleur, en tenant un morceau de bois
en contact avec le fond de la capsule. Tant que
la couleur du bois n'est pas altérée, la chaleur
n'est pas trop forte ; mais lorsqu'il commence à
se charbonner, il faut arrêter l'opération. Sir
Humphry Davy, dans plusieurs expériences,
recueillit l'eau qui fut dégagée par cette tempé-
rature ; il la trouva constamment pure, et il ne
s'était produit sensiblement aucune autre ma-
tière volatile. Il faut noter avec soin la perte de
poids qui résulte de la dessication; et si, sur 400
parties du sol, elle s'élève à 50, on peut considé-
rer ce sol comme étant absorbant au j)lus haut
degré , comme retenant l'eau ; et l'on trouvera
généralement qu'il contient une grande propor-
tion d'alumine. Si Ja perte de poids n'est que de
20 à 10 parties, on conrlura que le sol n'est
que légèrement absorbant, qu'il retient peu l'eau
et que la terre siliceuse y domine.
3° On ne doit point séparer du sol, dans l'état
où il se trouve , les pierres , le gravier ou les
fibres végétales, jusqu'à ce que l'eau en ait été
expulsée ; car ces corps sont souvent eux-mê-
mes très-abondans et susceptibles de retenir
l'eau ; ils influent par conséquent sur la fertilité
du terroir. Cependant, cette opération devra se
faire immédiatement après l'opération du dessè-
chement, et on l'effectuera aisément au moyen
d'un tarais, le sol ayant été modérément broyé
dans un mortier. Il faudra noter séparément les
poids des fibres végétales ou bois , du gravier
et des pierres, et s'assurer de la nature silieeuse
de celles-ci. Si ces pierres sont calcaires, elles
feront effervescence avec les acides ; si elles sont
de nature siliceuse , elles seront assez dures
pour rayer le verre ; et si ce sont des pierres de
la classe ordinaire de celles argileuses, elles se-
ront douces au toucher, susceptibles d'être ai-
sément coupées au couteau , et incapables de
faire effervescence avec les acides
4° Les sols contiennent , pour le plus grand
nombre, outre le gravier et les pierres, de plus ou
111
moins grandes proportions de sable de différens
degrés de finesse ; la première opération qui
doit suivre dans le procédé de l'analyse, est de
séparer ces substances des parties h l'état de
plus petites divisions, telles que l'argile, la
glaise, la marne et la matière animale ou végé-
tale. On peut y parvenir d'une manière suffi-
samment exacte, en agitant le sol dans l'eau ; le
sable grossier se séparera généralement alors
dans une minute , et le plus fin dans deux ou
trois minutes, tandis que les parties terreuses,
très-ténues, la matière animale ou végétale, res-
teront pendant beaucoup plus long-temps en état
de suspension mécanique; de sorte qu'en dé-
cantant l'eau avec précaution , au bout d'une ,
deux ou trois minutes, le sable sera principale-
ment séparé des autres substances : l'eau qui
les tient en suspension étant mise sur un filtie,
elles s'y trouveront déposées après que l'eau
l'aura traversé. On pourra alors rassembler ces
substances, les sécher et les peser ; le sable sera
également pesé, et il sera pris note du poids des
quantités respectives. L'eau qui a filtré doit être
conservée, parce qu'elle se trouvera contenir la
matière saline et le-s matières animales et végé-
tales solubles, s'il en existe dans le sol
5° Une analyse particulière du sable ainsi sé-
paré n'est jamais ou que très-rarement néces
saire; on en peut reconnaître la nature de la
môme manière que celle des pierres ou du gra-
vier : c'est toujours ou du sable siliceux, ou du
sable calcaire, ou un mélange de l'un et de l'au-
tre; s'il consiste entièrement en carbonate de
chaux, il se dissoudra rapidement et avec effer-
vescence dans l'acide hydiochlorique ; mais s'il
est composé en partie de cette substance et en
partie de matières siliceu.ses, on en peut déter-
miner les quantités respectives en pesant le résidu
après l'action de l'acide, dont il faut augmenter
la dose jusqu'à ce que toute effervescence ait
cessé et que la liqueur ait acquis une saveur
acide ; ce résidu est la partie siliceuse ; il faut,
après l'avoir lavé et fait sécher, l'exposer à une
forte chaleur dans un creu.set. La difféience
entre le poids de ce résidu et le poids total du
sable, indiquera la position du sable calcaire.
C° La matière trcs-divisée du sol est ordinai-
rement de nature frè?-composée ; elle contient
quelquefois les quatre terres primitives des sols,
ainsi que de la matière animale et végétale; et ce
qu'il y a de plus difTirile dans cet examen, c'est
de déterminer les proportions de ces substan-
ces d'une manière suffisamment exacte. La pre-
mière opération à faire dans cette partie de l'a-
nalyse est de soumettre la matière très-divisée
du sol à l'action de l'acide hydrochlorique ; il
faut verser de cet acide sur la m.itière terreuse
dans un bassin propre à l'évaporation, en quan-
tité ég»ile à deux fois le poids de la teiTe, mais
l'acide doit être étendu d'un volume d'eau qui
112
soit double du sion. Après avoir remué souvent
le mélange, on le laissera reposer pendant une
heure et demie avant de l'examiner. S'il existe
dans le sol du carbonate de chaux oU de ma-
gnésie , il aura été dissous par l'acide , qui se
charge également quelquefois d'un peu d'oxyde
de fer, mais très-rarement d'une portion d'a-
lumine. Après avoir fdtré la liqueur, la matière
solide restée sur le filtre sera lavée avec de l'eau
de pluie, puis sécbée à une douce chaleur et en-
suite pesée. Ce qu'elle aura perdu de son poids
indiquera la matière solide enlevée. On réunira
l'eau de lavage à la dissolution, et si la liqueur
n'a pas de saveur acide, elle sera rendue telle en
y ajoutant une nouvelle quantité de l'acide. On
mêlera alors le tout avec un peu de dissolution
d'hydrocianate de potasse. S'il se manifeste un
précipité bleu, ce sera une indication de la pré-
sence d'oxyde de fer ; et dans ce cas il faut ajou-
ter, goutte à goutte, de la dissolution d'hydro-
cianate , jusqu'à ce qu'elle cesse de produire
aucun eiïct. Pour reconnaître ensuite la quan-
tité de précipité, après l'avoir recueilli comme
d'autres précipités solides , on le chauffera au
rouge ; le résultat sera de l'oxyde de fer. Dans
le liquide ainsi débarrassé de l'oxyde de fer, on
ver.se.'a de la dissolution de carbonate de po-
tasse neutre, jusqu'à ce que toute effervescence
ait cessé, et que l'odeur, ainsi que la saveur du
liquide, indiquent un excès considérable de sel
alralin. Le précipité qui s'est décomposé est du
carbonate de chaux ; après l'avoir recueilli par
fillralion, on le fera sécher à une chaleur au-
dessous de rouge. On fait ensuite bouillir la li-
queur fdtrée pendant un quart d'heure ; s'il
existe de la magnésie, cette terre se précipitera
à l'état de combinaison avec l'acide carbonique,
et l'on pourra reconnaître la quantité de la
même matière que pour le carbonate de chaux.
Si, par quelques circonstances particulières, une
très-petite portion d'alumine avait été dissoute
par l'acide , elle se trouvera dans le précipité
avec le carbonate de chaux dont on pourra la
séparer en la faisant bouillir pendant quelques
minutes avec une quantité de potasse caustique
suffisante pour recouvrir la matière solide. La
potasse caustique dissout l'alumine sans atta-
quer le carbonate de chaux. Lorsque le sol très-
divisé est d'une nature assez calcaire pour don-
ner lieu, avec les acides, à une très vive-eficr-
vescence, on peut, dans tous les cas ordinaires,
reconnaître la quantité de carbonate de chaux
qu'il contient par un procédé très-simple et suf-
fisamment exact. Le carbonate de chaux, dans
ses divers états, contient une proportion déter-
minée d'acide carbonique, c'est-à-dire environ
quarante- cinq pour cent. Ainsi , lorsque la
quantité de ce fluide élastique , dégagé du sol
pendant la dissolution de sa matière calcaire
dans un acide, est connue, soit en poids, soit en
mesure, la quantité de carbonate de chaux s'en
infère aisément. Lorsqu'on veut procéder par
réduction de poids, on pèse deux portions de
l'acide dans une fiole, et une portion de la ma-
tière du sol dans une autre, et on mêle ensuite
ces deux portions très-lentement, jusqu'à cessa-
tion d'effervescence ; la différence de poids ,
avant et après l'expérience , indique la quantité
d'acide carbonique qui s'est dégagée ; car qua-
tre parties et demie de cet acide doivent repré-
senter dix parties de carbonate de chaux. On
peut encore lecueillir l'acide carbonique dans la
cuve hydro-pneumatique. L'évaluation est, pour
chaque 31 centimètres cubes d'acide carboni-
que, 13 centigrammes de carbonate de chaux.
7° On parvient , avec une précision suffi-
sante, à déterminer la quantité de matière ani-
male et végétale insoluble , en portant la masse
en état de forte ignition dans un creuset, sur
un feu ordinaire jusqu'à ce qu'on n'y aperçoive
plus de noir, et en remuant fréquemment avec
une spatule de métal ; la perte de poids qu'elle
éprouve indique la quantité de matière ani-
male et végétale qui y était contenue, mais
non pas le rapport de chacune de ces substan-
ces. Lorsque l'odeur qui s'exhale pendant l'ig-
nilion ressemble à celle des plumes brûlées ,
c'est une indication certaine de quelque ma-
tière, animale ; et la production, dans le même
temps, d'une flanmie bleue abondante, dénote
presque toujours une portion considérable de
matière végétale. Dans les cas qui nécessitent
que l'expérience soit promptcment achevée, la
destruction des matières décomposables peut
être aidée par l'action du nitrate d'ammonia-
que, jeté peu à peu, pendant l'ignition, sur la
masse chauffée, en quantité de vingt parties
par cent parties du sol résidu ; ce sel n'affec-
tera point les résultats, car il est lui-même dé-
composé et s'évapore.
8° Les substances qui restent après la des-
truction de la matière animale et végétale, sont
généralement des particules de matières ter-
reuses, consistant ordinairement en alumine,
en silice et en oxyde de fer. Pour séparer ces
substances les unes des autres, il faut faire
bouillir la masse pendant deux ou trois heures
avec de l'acide sulfurique , étendu de quatre
fois son poids d'eau ; la quantité de l'acide se
règle par la quantité du résidu solide sur le-
quel on doit le faire agir, en comptant, pour
cent parties de ce résidu, cent vingt parties
de l'acide ; la substance qui reste après l'ac-
tion de l'acide peut être considérée comme si-
liceuse ; il faut la sépar r et s'assurer de son
poids, après l'avoir lavée et fait sécher comme
à l'ordinaire. L'alumine et l'oxyde de fer, s'il en
existe, sont dissous l'un et l'autre par l'acide
sulfurique ; on peut les séparer par une addi-
tion de carbonate d'ammoniaque en excès ^
l'alumine est précipite, et l'oxide de fer, qui
reste en dissolution, peut être séparé de la li-
queur en la faisant bouillir. Si quelques por-
tions de chaux et de magnésie ont échappé à la
dissolution dans l'acide hydrochloriquc, on les
trouvera dans l'acide sulfurique. C'est cepen-
dant ce qui n'arrive presque jamais; mais le
moyen d'en découvrir la présence et d'en re-
connaître les quantités, est le même dans l'un
et l'autre cas. La méthode d'analyse par l'acide
sulfurique, est suffisamment exacte pour tous
les cas ordinaires; cependant, si l'on voulait
une très grande précision , il faudrait, après
avoir incliné le résidu, le traiter par la potasse,
et- agir comme dans l'analyse des pierres, ainsi
que nous l'avons décrit au commencement de
cet article.
9° Si l'on suppose la présence dans le sol
de quelque matière saline, ou de matière végé-
tale ou animale soluble, on les trouvera dans
l'eau de lavage qui a servi à séparer le sable ;
cette eau doit être évaporée, jusqu'à siccité, à
une chaleur inférieure h celle de i'éhuHitiou. Si la
matière solide obtenue est de couleur brune et
inflammable, on peut la considérer comme étant
en partie un extrait végctal. Si, lorsqu'elle est
chauffée , elle répand une odeur forte et fétide,
elle contient une substance animale muciiagi-
neuse ou gélatineuse ; si celte matière est bbn-
che et transparente, elle peut être considérée
comme étant principalement saline. La présence
du nitrate de potasse ou du nitrate de chaux,
dans cette matière saline , se reconnaît h la
scintillation sur des charbons ardens. Le sulfate
de magnésie peut être indiqué par sa saveur
amère, et le sulfate de potasse, en ce qu'il ne
produit aucun changement dans la dissolution
de carbonate d'ammoniaque, mais qu'il préci-
pite la dissolution d'hydrochlorate de barite.
10° S'il y a lieu de soupçonner qu'il existe
dans le sol du sulfate ou du phosphate de chaux,
il faut avoir recours à un procédé particulier
pour s'en assurer. On chauffera au rouge pen-
dant une demi-heure, dans un creuset, une
quantité, comme cent parties, par exemple,
de la matière du sol, mêlée avec trente-trois
parties de poussière de charbon ; on fera
bouillir le mélange pendant un quart d'heure,
dans un quart de litre d'eau , et après avoir
filtré la liqueur, on la laissera pendant quelques
jours exposée à l'air libre dans un vaisseau ou-
vert. S'il existait dans le sol une quantité solu-
ble quelconque de siilfate de chaux, il se for-
merait peu à peu dans la liqueur un précipité
blanc, dont le poids, après dessication, indique-
rait la quantité.
Après celte séparation du sulfate de chaux ,
on procédera, ainsi qu'il suit, à celle du phos-
phate de chaux ; s'il en existe dans le sol, on
mettra l'échantillon du sol sur lequel on opère,
113
en digestion dans une quantiliî d'acide hydro-
chloriquc plus (jue sufiisante pour saturer les ter-
res solublcs. Après avoir évaporé la liqueur, ou
versera sur la matière solide de l'eau, qui dis-
soudra les composés terreux formés par l'acide
hydrochloriquc, et laissera intact le phosphate
de chaux.
11° Lorsque l'examen d'un sol est complè-
tement achevé, il faut classer les produits, et
ajouter ensemble leurs quantités; si la somme
est à peu près égale à la quantité du sol mis
en expérience, l'analyse peut être considérée
comme exacte. Il faut cependant remarquer
que, si le phosphate ou le sulfate de chaux a
été trouvé parle procédé n. lO, il convient de
faire une correction , en déduisant le poids de
la quantité de carbonate de chaux obtenue par
la précipitation de l'acide hydrochloriquc . En
arrangeant les produits, il faut les établir dans
l'ordre des expériences d'où ils sont résultés.
Ainsi, quatre cents parties d'un sol sablonneux
siliceux peuvent être supposées contenir :
Eau d'absorption 1 8 parties.
Pierre et gravier principale-
ment siliceux 42
Fibres végétales non décom-
posées 10
Sable fin siliceux 203
Matières très divisées, séparées
par Cltralion, consistant en :
Carbonate de chaux 25
Carbonate de magnésie ... 4
Matière destructive par la
chaleur, principalement
végétale 10(
Silice 40126
4lumine 33 1
Oxide de fer 41
Matière soluble, principale-
ment sulfate de potasse
et extrait végétal 6
Sulfate de chaux 3
Phosphate de chaux 2,
Total des produits 399
Perle i
400
Dans cet exemple, la perte est supposée très
petite ; mais en général, en effectuant les expé-
riences, elle sera trouvée beaucoup plus grande
à raison de la difficulté de recueillir les quanti-
tés totales des ditTérens précipités ; et, tant que
la perte n'excède pas une trentaine de parties
sur quatre cents, il n'y a pas lieu de soupçon-
ner qu'elle puisse être provenue du défaut de
précision convenable dans les opérations.
12" Lorsque celui qui fait des analyses sera
familiarisé avec les divers instrumens, les pro-
priétés des réactifs et avec les rapports qui
qui existent entre les qualités extérieures et
les qualités chimiques des sols, il trouvera
très rarement nécessaire de faire toutes les opé-
114
rations qui viennent d'être décrites. Lorsque,
par exemple, le sol ne contient pas une quan-
tité notable de matière calcaire, on peut se dis-
penser de l'emploi de l'acide hydrochiorique,
paragraphe 6 ; dans l'analyse des sols tourbeux,
il devra principalement porter son attention sur
l'opération par le feu et par l'air, paragraphe 7;
et en opérant sur des sols de craie et de glaise,
l'analyse se trouvera souvent dans le cas de né-
gliger l'expérience par l'acide sulfurique , para-
graphe 7.
BOITARD.
DES TERREAUX ET EXGRAIS.
Ou nomme engrais tout ce qui peut servir
à l'amendement des teires, c'est-à-dire les dé-
tntus d'animaux et de végétaux , et quelques
matières minérales, telles que marne, plâtre,
chaux, etc.; ces derniers étant fort peu em-
ployés en horticulture, nous n'en traiterons pas
ici.
Les détritus d'animaux sont très-rarement
employés purs, si on en excepte la râpure de
corne. Ils ont une grande activité ; mais on
prétend qu'ils peuvent communiquer aux lé-
gumes une odeur désagréable. Ce fait , selon
notre opinion , est loin d'être suffisamment
prouvé. Les détritus de végétaux, feuilles, ra-
cines, marcs, etc., agissent avec moins d'éner-
gie, mais leur effet se fait sentir très-long-
temps.
Enfin, les engrais les plus employés sont les
fumi'^rs composés de la paille dont on fait li-
tière aux animaux domestiques , de l'urine et
des excrémens qu'ils y déposent. Tous les fu-
miers ne doivent pas être employés indistinc-
tement. Celui de cheval, de mulet et d'âne, est
sec, léger et très-chaud ; il convient par con-
séquent dans les terres fortes, un peu humides
et froides. Le fumier de vache est gras et frais;
on l'emploie très-avantageusement dans les
terres sèches et très-chaudes.
Ces fumiers agissent d'abord en divisant la
terre , en la mettant en fermentation ; puis ,
lorsqu'ils sont entièrement décomposés , en
fournissant aux plantes des sels nutritifs. On
doit éviter, surtout pour ceux de cheval , de
mulet et d'âne , de les mettre en contact avec
les racines des plantes , avant qu'ils aient jeté
leur premier feu ; car sans cela ils les brûle-
raient infailliblement.
Les fumiers de lapins, de poules et de pigeons
sont les plus chauds de tous : aussi ne les em-
ploie-t-on qu'avec circonspection , et à très-
petites doses. Celui de cochon, au contraire,
est extrêmement frais, et on ne doit s'en ser-
vir, à moins que ce ne soit dans une terre brû-
lante , qu'après l'avoir laissé en tas au moins
pendant dix-huit mois ou deux ans. Il est mor-
tel pour les plantes Kliacées.
On nomme terreau ou humus les fumiers
eu engrais animaux et végétaux entièrement
décomposés et réduits à l'état de terre. Dans
cet état, ils conservent peu de temps leur fer-
tihté, si on n'a pas le soin de les revivifier par
de nouveaux mélanges. Ils sont extrêmement
employés pour la culture des plantes délicates,
parce que leur extrême légèreté permet aux
jeunes racines de s'y étendre facilement , et
qu'étant très-poreux , ils laissent un passage
aisé aux influences atmosphériques. On s'en
sert aussi beaucoup dans les mélanges pour al-
léger les terres fortes.
CULTURE DU FIGUIER.
Tout le monde connaît le fruit délicieux du
figuier, et cependant, si l'on en excepte quel-
ques villages des environs de Paris, on ne cul-
tive cet arbre d'une manière véritablement utile,
presque nulle part au-desssus du 44® degré de
latitude. Cela vient de ce que, ne connaissant
pas sa culture , on s'imagine qu'elle serait in-
fructueuse , ce qui n'est pas ; car il ne faut pas
en juger par ceux que l'on relègue dans quelque
coin de jardin , et que l'on abandonne sans au-
cun soin.
Nous signalerons d'abord les variétés les
meilleures parmi celles qui peuvent se cultiver
dans toute la partie moyenne de la France. Ce
sont les figues :
1° Blanche , ou grosse blanche ronde,
aussi large que longue, de deux pouces de dia-
mètre , d'un vert pâle ou blanchâtre. Les fruits
d'automne sont meilleurs que ceux du prin-
temps.
2° D'Jrgenlettil , presque semblable à la
précédente, mais l'arbre plus rustique.
3" Coucourelle blanche, angélique ou mé-
lette, plus longue que large , de dix-huit lignes
de longueur, blanche, relevée de nervure. Les
fruits de printemps sont meilleurs que ceux
d'automne.
4° Royale, figue de Versailles, plus lon-
gue que large , de deux pouces de longueur.
5° Fioleite ou moitissonne , plus longue
que large , excellente ; fruits de printemps , de
vingt-six lignes de longueur ; ceux d'automne
un tiers plus petits.
G" Poire , de Bordeaux , petite cubique ,
d'un violet foncé, plus longue que large, la base
allongée en pointe ; vingt-six à trente-deux li-
gnes de longueur et quinze à vingt-deux de dia-
mètre.
Les figuiers ne sont pas très-sensibles aux
gelées ordinaires, et résistent assez bien aux
hivers de Paris , moyennant quelques précau-
tions dont nous parlerons. Ils aiment en géné-
ral une terre légère, sablonneuse, chaude; mais
ils réussissent assez bien partout. Dans le Nord,
on les voit pousser vigoureusement dan? les
115
décombres, au pied des murs au midi, et même
dans les cours pavées. Dans le Midi, ils se plai-
sent dans les sols les plus arides , et on les
rencontre jusque dans les fissures des rochers
et les trous des vieilles murailles.
On peut les multiplier de plusieurs manières.-
1° par leurs graines ; 2° par rejetons ; 3° par
marcottes ; 4° par boutures ; 5" enfin par la
greffe.
Le moyen du semis est long , et surtout in-
certain dans ses résultats , parce que les varié-
lés ne se reproduisent pas franches, mais c'est
la seule manière d'en acquérir de nouvelles. On
choisit les meilleures espèces , et seulement
parmi celles qui sont très-mùres, ou plutôt qui
se sont flétries sur l'arbre ; on les écrase dans
un vase plein d'eau, et on ne recueille que les
graines qui se précipitent au fond : celles qui
surnagent doivent être rejetées. Dans le Midi on
se contente de les semer en pleine terre bien
ameublée, de les peu recouvrir et de les arro-
ser. En peu de temps elles lèvent et fournissent
de jeunes arbres qui ne demandent aucun soin
particulier. Dans le Nord , il n'en est pas de
même : il faut semer sur couches et en terri-
nes, afin de pouvoir rentrer le plant en orange-
rie, au moins pendant le premier hiver. Au
printemps suivant , on peut le placer en pleine
terre et le traiter comme les autres sujets.
Les rejetons se détachent des vieux pieds
avant qu'ils soient assez gros pour les épuiser
mais cependant quand ils sont assez forts pour
ne pas faire attendre trop long-temps leurs
fruits. Le plus ordinairement ils sont bons à
lever à l'âge de deux ans.
Les marcottes se font en mars ou avril , sur
des branches à fruit âgées de deux ans. Ou les
couche dans la terre sans autres précautions ,
ou on les fait en pot et en panier pour pouvoir,
lorsqu'on les détache, les planter avec la moite.
Au printemps , on les sèvre de la mère , on les
plante dans des trous de deux pieds de largeur
et de profondeur , et on leur donne quelques
arrosemens jnsqu'à parfaite reprise.
Les boutures se font en mars et en avril, avec
du bois de deux ans. On choisit une branche,
longue de deux pieds et demi à trois pieds ,
munie dans le bas d'un ou deux rameaux , que
l'on se garde bien de couper , car ce sont eux
qui fourniront les racines les plus vigoureuses.
On ménagera aussi le bouton ou œil supérieur,
parce que c'est lui qui doit fournir la tige , les
autres ne donnant que de faibles bourgeons. On
prépare un trou comme nous l'avons dit pour
la marcotte , et on y enfonce la bouture de ma-
nière à ce qu'il y ait six pouces au plus qui dé-
passent à la surface. On arrose, surtout si le
printemps est sec , jusqu'à ce que la reprise
soit opérée.
Si l'on en excepte les greffes en approche ,
toutes les autres généi'alemont employées pour
les arbres fruitiers peuvent se pratiquer sur le
figuier ; cependant on donnera la préférence à
celles en fente, en couronne et en sillet. On
aura la précaution de fixer à un tuteur les jeu-
nes bourgeons des greffes, car sans cela le vent
les romprait avec la plus grande facilité.
Le figuier est d'une reprise assez difficile à
la transplantation ; ainsi on ne doit jamais éle-
ver les jeunes plants en pépinière comme les au-
tres arbres fruitiers, mais en place. Dans les
provinces méridionales , sa culture est extrê-
mement facile : il ne demande que quelques la-
bours, à être débarrassé des rejetons (jui crois-
sent au pied et l'épuisent. Dans les parties de
la France où il peut être atteint par les gelées ,
il faut l'en préserver , et pour cela on emploie
deux moyens. Le premier consiste à l'envelop-
per de paille; et le second, que nous allons dé-
crire, à l'enterrer; mais on ne peut user de ce
procédé que dans les terres sèches et saines.
Dès qu'on se voit menacé de fortes gelées, on
nettoie l'arbre des feuilles et des fruits qui peu-
vent encore y être , on creuse une petite fosse à
son pied ; en courbant les branches sans ef-
forts brusques, et doucement afin de ne pas les
rompre , on vient aisément à bout de les y
coucher, alors on les recouvre de six pouces
de terre au moins , on butte les parties que l'on
n'a pas pu courber ; et , si la saison devient
très-rigoureuse , on jette dessus de la litière,
des feuilles ou de la fougère sèches. On peut
laisser l'arbre dans cet état pendant deux mois
et demi ou trois mois sans lui faire le moindre
dommage. Quand les froids sont passés , on le
déteire et on redresse ses branches. A Argen-
teuil, près de Paris , où l'on cultive des champs
immenses de fig^uiers, les habitans n'ont pas
d'autres méthodes pour les préserver du froid.
S'il s'en trouve dégelés, ils les coupent jusque
sur le collet de la racine , ainsi que les branches
devenues trop fortes pour être pliées , et ces
arbres poussent rapidement de nouveaux jets ,
qui donnent des fruits au bout de deux ans.
Les figues sont souvent sujettes à tomber
avant leur maturité ; on les en empêche en pin-
çant le bouton terminal du rameau qui les porte,
ou en arrosant l'aibre si cet effet provient de la
sécheresse de la terre , ce qui arrive assez fré-
quemment. Si on veut les avoir mûres quinze
jours avant l'époque ordinaire, ou même s'en
assurer la récolte dans les années tardives, on
pique leur tête avec une épingle trempée dans
l'huile ; ou, mieux , quand les fruits sont au
tiers de leur grosseur , avec la pointe d'un ca-
nif on cerne la partie de la tète où se trouvent
les fleurs mâles, et on l'enlève. La plaie se re-
couvre , et la figue n'en est pas moins grosse.
Les autres soins consistent à détruire les her-
bes parasites autour de son pied, à le nettoyer
116
de son bois mort, à supprimer les branches
faibles , et à pincer les forles pour les forcer à
se ramifier.
L. Noisette.
CULTURE DES JACINTHES.
Depuis un assez grand nombre d'années la
culture d'une de nos plus belles plantes an-
ciennes, de la jacinthe, semble se perdre dans
les environs de Paris. Cela vient sans doute de
ce que les amateurs se sont persuadés qu'elle
ne pe'.it réussir dans notre sol, et ils se trom-
pent. La jacinthe n'est point difficile sur la
qualité du terrain , mais elle l'exige toujours
pur et rigoureusement sans mélange. Si on la
plante dans une terre quelconque, soit franche,
sableuse, de bruyère, etc., etc., pourvu qu'elle
ne retienne pas l'huiiiidité, et qu'aucun mélange
d'engrais, terreau, ou autre terre, n'amène une
fermentation qui lui est toujours mortelle, elle
réussira aussi bien à Paris qu'eu llollande :
j'en ai fait l'expérience pendant plus de vingt
ans. On duit l'enterrera six pouces de profon-
deur , et ne la relever que tous les trois ans
pour en séparer les caïeux ; on les replante
aussitôt, ou, au plus tard, vers le 15 septembre.
L'oignon de jacinthe ne fleurit que cinq fois,
après (juoi il meurt, quelque soin qu'on en ait.
Les Hollandais , qui connaissent cela parfaite-
ment, ont soin de ne nous l'envoyer qu'après la
quatrième floraison , qui est toujours la plus
belle ; et toujours nous attribuons au terrain, ou
à un défaut de culture , la perte que nous en
faisons, et qui n'est le plus souvent qu'une suite
nécessaire des lois invariables de la nature. Au
moyen de la culture que je viens d'indiquer,
on fera très-bien fleurir les caïeux, obtenus de
graines ou par séparation, et l'on aura des fleurs
aussi belles qu'en Hollande.
SUR LA GREFFE.
J'ai fait connaître dans quelques ouvrages
l'opinion des anciens sur les cITets qu'ils attri-
buaient h la greffe. Sans prétendre que les ana-
logies parfaites de famille fussent une condition
indispensable pour sa réussite , je pense que
cette opéialion mérite toute l'attention des phy-
siologistes: car de nos jours encore, on lui croit
des résultats tout autres que ceux ([ue l'expo
rience confirme. Ou lit, par exemple, dans la
réimpression d'un livre assez connu, la phrase
suivante : « Si (pour le poirier) l'on se servait,
i> pour semis , de pépins provenus d'arbres en-
» tièrement sauvages, les fruits que l'on gref-
» ferait dessus seraient moins beaux , et leur
» saveur se ressentirait plus ou moins de celle
« des fruits du sujet. «
Je ne puis me dispenser de combattre cette
opinion, qui tend à établir que le sujet modifie
ou change la forme et la saveur du fruit de la
greffe. J'ai fait à cet égard de nombreuses expé-
riences, qui m'ont démontré que cette assertion
était erronée, et je me contenterai de rapporter
ici ce que j'ai déjà dit ailleurs.
« Dans le plus grand nombre de végétaux ,
» et particulièrement ceux qui reprennent de
»> boutures, de marcottes, et qui se prêtent à
« la greffe (peut-être dans tous) , toutes les par-
)j ties qui les composent sont douées, par l'effet
M de leur organisation particulière , de la faculté
« d'élaborer les sucs nourriciers qui leur sont
u transmis par des matières quelconques, ei de
» les assimiler à leur propre nature , sans que
» ces sucs conservent jamais la moindre analo-
» gie avec ce qu'ils étaient avant. La seule in-
D fluence qu'ils peuvent avoir sur un végétal ,
» c'est de produire sur lui un plus grand déve-
)> loppement de végétation, s'ils sont abondans,
u et cela par la seule raison que la plante s'en
» approprie uue plus grande quantité. C'est
» ainsi qu'un arbre planté dans un bon sol
» prendra des dimensions beaucoup plus consi-
w dérables que s'il était planté dans une terre
» médiocre ou mauvaise.
» Ce principe de physiologie végétale est
» prouvé par l'expérience, et nous ne concevons
i) vraiment pas comment on a pu le mettre en
« doute , lorsque l'on s'est demandé si la sève
j> d'un sujet sur lequel on a placé une greffe ,
M influerait sur la forme, la couleur et la saveur
» d'un fruit, au point d'en faire une nouvelle
" espèce, ou au moins une nouvelle variété. La
» sève du sujet agira sur la greffe, précisément
j) de la même manière que les sucs nourriciers
}> de la terre agissent sur une bouture ou sur
» une marcotte. Que ces sucs soient fournis à
i> un végétal par de l'argile, de la silice , de l'a-
M lumine ; par une terre caicaire, sablonneuse
» ou giûnitiijue, par un humus provenant de la
:> décomposition animale ou végétale, dès l'ins-
ii tant qu'ils seront absorbés par la bouture, ils
a se métamorphoseront en sa propre substance,
» ils deviendront de même essence qu'elle, sans
» égard pour ce qu'ils étaient avant l'absorption;
» et l'œil le plus exercé n'apercevra aucune dif-
u férence dans les formes et les tissus des deux
» boutons de même espèce croissant dans des
» terrains de nature différente.
» Pour s'assuicr de la vérité de cette asser-
» tion , il ne s'agit que de prendre un arbre
» greffé, à quelque âge que ce soit , et de dé-
» coller ses greffes ; on verra très-bien que les
» fibres des vaisseaux séveux du sujet et de la
» greffe sont superposes , mais jamais conti
u nens. Autre preuve plus convaincante encore:
a si la greffe n'était pas parasite, lorsque, par
» exemple, elle est placée à moitié de hauteur
« de tige sur un sujet de trois ans, ayant déjà
» six couches ligneuses, vingt ans après elle ne
» pourrait plua se décoller, parce qu'il y aurait
» quaraaies couches ligneuses non interrom-
» pues, depuis la racine de l'aibrc jusqu'à sa
» tète, et que les six premières couches super-
» posées se trouveraient renfermées sous les
» quarante autres couches continues. Il n'en est
» point ainsi : chaque couche ligneuse partant
» de la racine conservera la nature du sujet
» jusqu'à la greîTc ; là il y aura solution de con-
» tinuitc ; non-seulement elle changera de na-
wture, mais elle s'inleriompra hrusquement ,
wct une autre couche tout-à-fait distincte , et
» de la nature de la greire, sera superposée de
» manière à s'emparer de ses sucs nourriciers,
« sans qu'il y ait prolongement de la première,
» nimèmelemoindre entrecroisement dans leurs
» fibres réciproques. Une greffe, enfin, ne tient
w au sujet que par une espèce d'engrenage et
n un engluement particulier.
» Nous concluons de tout ceci, que la sève du
)) sujet n'a aucune influence sur la forme , la
M saveur, la couleur des fruits ; qu'elle ne peut
» modifier la nature de la greffe, et que le sujet
» n'influe sur elle que par la quantité plus ou
» moins grande de nourriture qu'il lui fournit.»
Le passage que je viens de reproduire doit
suffire, ce me semble, pour démontrer l'erreur
consignée dans la phrase citée plus haut. Si le
fait rapporté était vrai, cela proviendrait uni-
quement de ce que le sujet étant très-vigou-
reux, la greffe l'emporterait en bois, et fournirait
par cette raison des fruits moins beaux et moins
bons. Tout le monde sait qu'un arbre qui pousse
beaucoup en bois produit des fruits petits et peu
nombreux. Enfin je ferai remarquer que les
fruits provenus de greffe, sur cognassier, sont
superbes et excellens, et sans aucun rapport de
saveur ou de forme avec le coing , si aromati-
que et si aceibe ; et que l'olivier greffé sur
frêne donne des olives sans analogie de forme
et de goût avec les baies que produit cet ar-
brisseau.
Depuis quatre ans, je fais greffei- dans mes
pépinières, situées dans le département de
l'Yonne, des pêchers sur prunelliers , prunus
spinosa. L. Quelques sujets portent depuis
quelques années des fruits de très-bonne qua-
lité, et qui ne participent en rien de la saveur
acre et acerbe que produit le prunellier. Cet
arbre nous fournit un sujet de plus pour fixer
nos variétés de pèches, et surtout dans un mau-
vais sol.
Quelques personnes prétendent encore môme
que les cerisiers greffés sur le prunus niahaleh
ou Sainlc-Lucie, sont amers. J'ai greffé dans
le même terrain, et à la même exposition , sur
le prunus avium ou merisier, et sur le maha-
leb, les mêmes espèces, et j'ai remarqué e.fffc-
livement que, dans certaines années, les fruits
que portaient quelques sujets de mahaleb
étaient amers ; mais j'ai renconti-é le même in-
117
cidcnl sur des espèces greffées sur le merisier.
Ces aibrcs ([ui ont porté des fruits amers pen-
dant une ou deux années, en ont produit en-
suite de Irès-bons. Cela tient donc à des circon-
stances tout-à-fait indépendantes de l'influence
du sujet de la gi-elfe.
L. Noisette.
TABLEAU DES MEH.LEURS AIIERES FRUITIERS DEVANT
ENTRER DANS LA COMPOSITION d'uN JARDIN OU
d'un verger.
Nous avons pensé que cette liste serait très-
utile aux propriétaires, ne fùl-ce que pour les
prémunir contre les exagérations de certains
catalogues ; car, nous devons le dire , le charla-
tanisme , fils de la cupidité, s'introduit partout.
Nous pouvons affirmer hardiment que ce ta-
bleau contient les noms de toutes les bonnes
variétés de fruits, sans exception, connues jus-
qu'à ce jour ; cependant nous ne garantissons
les qualités de ces espèces qu'autant (ju'on se les
procurera chez ies premiers négocians de la
capitale, et en particulier chez M. L. Noi-
sette, rue du Faubourg-Saint-Jacques, où nous
les avons vues et étudiées pendant plus de
quinze années ; car il est très facile de se trom-
per sur le faciès des variétés et de confoncjre
l'une avec l'autre. Nous aiarquerons d'une as-
térique (*) les espèces excellentes , et qui, pour
cette raison, méritent la préférence.
1° Abricots .• de Hollande, ou amande-ave-
line; de Portugal; abricotin; ""abriccL vineux;
* abricot-pêche ; angoumois , royal , inusch-
nnisch.
2" Amandes -. de Tours ; * princesse ou des
dames ; sultane.
3" Cerises .- grosse guigne noire ; * grosse
guigne blanche ; guigne rose hâtive ; grosse
guigne noire à court pédoncule ; guigne à ra-
meaux pendans ; * grosse guigne noir-luisant ;
* gros bigarreau rouge ; * gros bigarreau blanc ;
bigarreau belle de Rocmout ; bigarreau couleur
de chair ; * bigarreau gros cœuret ; * cerise de
Hollande ; cerise de Prusse ; * grosse cerise de
Montmorency; cerise gros gobet; * cerise am-
brée de Villènes; cerise royale tardive; * cerise
de la Paîembre; cerise deVarenne; "grosse
cerise blanche ; cerise de la ÎJadeleine; "cerise
cherry-duck; grosse cerise tardive. '
4° Châtaignes -. * cgaiade; ganiuade ; royale
blanche; pourtalonne; "marron de Lyon.
6° Coins ; de Poi'tugai ; * d'Angers.
6° Figues .- * blanche; d'Argenteuil; cou-
courelle blanche ; royale : * violette ; poire.
Nous remarque! ons que nous ne croyons de-
voir citer ici que les variétés qui peuvent se cul-
tiver sous le climat de Paris et plus au nord.
1° Framl'oises .- à gros fruits rouges; * à
gros fruits couleur de chair ; des Alpes de tous
les mois; ' blanche ami>rée.
118
8° Groseilles : * groseiller à gros fruits rou-
ges; groseiller à fruits couleur de ctiair; * gro-
seiller perlé; à fruits noirs ou rassis : — gro-
seilles à maquereau .- * grosse olive ; grosse
pourprée hérissée ; très grosse longue lisse ;
couleur de chair longue lisse.
9° Mûres : * mûrier noir; mûrier rouge;
mûrier d'Italie à fruits roses.
10° Nèfles : néflier à fruits précoces; à
fruits sans pépins; ' à gros fruits ronds.
11° Noiseites .- * noisetier franc à amande
blanche ; noisetier à truits rouges ; aveline de
Provence ; grosse aveline de Prov.ence ; noise-
tier avelinier rouge; * noisetier à fruits ovales;
à fruits en grappes.
1 2° Noiœ : * noyer commun ; noyer mé-
sange ; à fruits anguleux ; * à gros fruits longs ;
noix à bijoux ; noix mucronée.
1 3° Pêches ■ * vineuse de Fromentin ; belle
hausse; * grosse mignonne ; *ahricolée; duhois-
violette ; * de Malte ; madeleine de courson ;
'admirable; alberge jaune; chevreuse hâtive;
chancelière ; chevreuse tardive ; madeleine à
moyennes fleurs ; * galande ; bonne grosse ;
* boiirdine ; téton de Vénus ; nivette ; * royale;
pavie madelaine ; pèche plate de la Chine ; vio-
lette hûtive.
1 4° Poires ( fruits d'été) .- amiré joannet ;
petit muscat ; muscat Robert ; orate ; bourdon
musqué ; rousselet hàtif ; madeleine ; cuisse ma-
dame; gros blanquel; ' bellissime d'été; gros
hàtiveau; petit blanquel-; blanquette à longue
queue ; * épargne ; poire sans peau ; * salviati ;
orange musquée ; orange rouge ; belle de Bruxel-
les ; * rousselet de Reims ; médaille ; bon chré-
tien d'été; ah! mon Dieu; épine d'été; berga-
motte d'été. (Fruits d'automne) .- beurré du
coloma ; orange tulipée ; gros rousselet ; doyenné
blanc; caillou rosat; * beurré gris; * beurré
d'Angleterre; grosse angleterre de noisette;
calebasse ; sucrée hàlive ; * crassane ; verte lon-
gue ; * doyenné galeux ; bézi de la motte ; ber-
gamotte d'automne ; poire de vigne ; * messire
Jean ; vermillon ; sucré-vert ; jalousie ; syl-
vange ; * martin sec ; rousseline ; * beurré d'A-
rembert ; * duchesse d'Angoulème ; bon chré-
tien d'Espagne ; Sabine ; * saint-germain ; * vir
gouleuse; marquise; * bézi de chaumonlel;
ambrette; échassery; poire de Sicile. (Fruits
d'hiver) .- royale d'hiver ; bonne ente ; passe-
colmar ; bcrgamotlo de Pâques ; * colmar ; * bon
chrétien d'hiver ; bon chrétien h bois jaspé ;
muscat l'allemand ; bon chrétien de Bruxelles ;
colmar doré ; impériale à feuilles de chêne ; ber-
gamotte de Soulers ; bergamotte de la Pente-
côte.
ib° Pommes. (Fruits d'été) .- calville d'été;
postophe d'été; montalivet ; rcinctle jaune hâ-
tive; belle d'août. (Fruits d'automne) .- pomme
dus quatre goûts ; non pareille ; de deux goûts ;
* reinette du Canada ; reinette grise du Canada ;
' reinette de Hollande ; reinette tendre ; rei-
nette rousse ; groë pigeonnet ; petit pigeonnet ;
maltranche rouge ; * calville rouge d'hiver ; rei-
nette naine. (Fruits d' hiver) .- calville blanche ;
cœur de bœuf; ' api; double api; gros api;
* fenouillet gris ; * pomme d'or; * reinette d'An-
gleterre ; * reinette dorée; reinette de Caux
* reinette grise de Granville ; * postophe d'hiver
* haute bontée; reinette grise bec de lièvre
montalivet; fenouillet rouge; reinette rouge
* reinette d'Espagne.
1C° Prunes .- de Catalogne; précoce de
Tours; bifère; * monsieur; monsieur hâtif;
prune-pêche ; * royale de Tours ; damas mus-
qué ; damas maugcron ; * reine Claude ; * reine
Claude dauphine ; * reine Claude violette ; * pe-
tite mirabelle ; * grosse mirabelle ; prune de Jé-
rusalem ; damas de septembre ; monsieur tar-
dif; brignole; sainte Catherine; diaprée blanche,
surpasse monsieur ; perdrigon blanc , perdri-
gon rouge.
17° liaisins .- chasselas de Fontainebleau;
' chasselas de Bar-sur-Aube ; chasselas Clou-
tât ; * muscat blanc ; muscat d'Alexandrie ;
* mornain blanc; griset blanc ; cornichon blanc,
cette variété est fort curieuse par la forme de
ses baies ; mais elle mûrit rarement h Paris , où
on la trouve excellente pour la mettre à l'eau-
de-vie); chasselas panaché (variété curieuse
et assez bonne ) ; précoce de la Madeleine (son
mériteconsiste à mûrir en juillet et août) ; * mus-
cat violet ; * pineau fleuri.
FAITS NOUVEAUX SUR l'hDUCATION DES VERS
A SOIE.
L'industrie sétifère prend aujourd'hui un tel
développement, tant de propriétaires éclairés
s'en occupent utilement , qu'on peut croire avec
raison à une heureuse révolution qui s'opérera
dans nos magnaneries, et qui dans peu nous dé-
livrera sans doute du tribut que paient encore à
l'étranger les fabriques de soie de Lyon et d'au-
tres villes de France, pour se procurer la ma-
tière première. Nous allons donner ici quelques
observations de M. Darcet , qui nous paraissent
du plus haut intérêt pour les personnnes qui
s'occupent de ce genre d'industrie.
M. Darcet pense que, lorsque l'on aura le
choix de l'emplacement pour bâtir une magna-
nerie , on devra la disposer de manière à ce que
son grand axe, ou si l'on veut sa plus grande
longueur , soit sur la ligne du Nord au Midi.
Par ce moyen les deux grandes façades rece-
vront l'influence du soleil chacune à son tour
et pour ainsi dire également.
Au moment de la montée , on a remarqué que
les vers à soie entraient volontiers dans les ou-
vertures inégales des gaines supérieures de ven-
tilation ; il faudra donc isoler les bruyères de ces
trous au moyen d'une claie serrée , ou garnir
ces ouvertures de toile métallique avant la mon-
tée, ou bien placer les gaines supérieures de
rentilatioa au-dessus des passages de la ma-
gnanerie.
Si les claies les plus proches de l'enlrée de
l'air chaud dans la magnanerie, dit M. Darcet,
recevaient une température trop élevée, on re-
médierait à cet inconvénient en plaçant sur delà
volige ou sur du carton , le rang des claies placé
immédiatement au-dessus des gaines inférieures
de ventilation , près du sol de la magnanerie.
Si le plancher de la magnanerie n'était pas
épais, et qu'il ne fût construit qu'en planches,
il serait bon d'en éloigner le plafond de la cham-
bre à air , pour ne pas trop échauffer de ce côté
l'intérieur de l'atelier ; dans ce cas, on ferait par-
tir du dessous de la chambre à air des gaines
verticales qui iraie&t se réunir aux gaines hori-
zontales placées sous le plancher de la magna-
nerie ; ce serait alors dans ces gaines verticales
que l'on aurait à placer les tirettes servant à iso-
ler ces gaines de la chambre à air et les cha-
tières qui doivent servir à introduire à volonté,
dans ces gaines , un courant d'air moins chaud
que ne le serait celui qui aurait à traverser la
chambre à air antérieurement échauffée.
La cheminée qui sert à établir la ventilation
de la magnanerie ne doit pas être rétrécie à son
sommet ; son orifice doit être garanti de la pluie
au moyen d'un chapeau en tôle assez grand et
placé horizontalement à deux ou trois centimè-
tres au-dessus de l'ouverture de cette cheminée.
Dans les localités où la tuile est rare , si l'on
voulait couvrir la magnanerie en paille ou en
chaume , il faudrait rendre celte toiture plus im-
perméable et moins sujette à l'incendie en la re-
couvrant entièrement d'une couche de mortier
fait avec un mélange parfait de sept parties de
terre glaise , une de sable , une de crottins de
cheval et une de chaux vive.
D'après M. Darcet , les feuilles de mûriers
sont composées de 32 parties sèches et de 68
parties d'eau. 100 parties de feuilles de mûrier
sèches, contiennent 5,58 d'azote, ce qui consti-
tue une nourriture très azotée. Ceci semblerait
expliquer l'impossibilité où l'on s'est trouvé jus-
qu'ici de nourrir des vers à soie avec des feudles
d'autres arbres.
Dans tout le cours de sa vie, un ver à soie ne
mange que 29 grammes de feuilles fraîches , ce
qui fait 9 grammes de feuilles sèches; il ne
trouve dans cet aliment que G gramme 518 d'a-
zote, et cette quantité est la même que celle
contenue dans 4 grammes 572 de soie ; cepen-
dant le cocon d'un ver à soie ne pèse , sans sa
chrysalide, que G gramme 327. Si M. Darcet
paraît étonné de cette différence , c'est qu'il ne
tient pas assez compte de l'azote qui forme une
119
des bases constituantes de k matière virante de
la chrysalide et du papillon.
En renfermant douze vers à soie avec quel-
ques feuilles dans un appareil fermé, l'air est
bientôt devenu très-alcalin, et les vers ont rapi-
dement perdu leur activité et leur bonne santé.
Au bout de 84 heures, l'air du bocal avait un
peu diminué de volume et contenait sur 100
parties :
Azote 79,11.
Acide carbonique. . 17,50.
Oxigène 3,39.
100,00
Cet air était donc complètement vicié , puis-
que les proportions de l'air respirable ou pur ont
toujours été trouvées de 79 parties d'azote et 20
à 21 parties d'oxigène ; l'acide carbonique ne
s'y trouvant guère en mélange que pour 1/500*.
Les parois du vase étaient couvertes de goutte-
lettes d'eau qui étaient très fortement ammonia-
cales , comme on peut le croire , puisque l'azote
est la base de l'ammoniaque. Quant aux vers à
soie , un était mort ; les autres raccourcis , de
couleur jaune-gris sale, et presque sans mouve-
ment. Trois sont morts peu après à l'air et sur
des feuilles fraîches; les huit autres ont peu
mangé. Trois ont fait un peu de soie avant de
mourir ; deux se sont convertis eu chrysalides
sans filer , et les trois autres sont morts sans fi-
ler et sans se convertiV en chrysalide. Il est à
remarquer que ces douze vers étaient bien por-
tans et arrivés à toute leur croissance lorsqu'ils
ont été mis dans l'appareil clos. Que l'on juge
d'après cela de l'influence fatale que doit avoir
sur l'éducation des vers à soie le séjour de ces
insectes , pendant toute leur vie , dans une ma-
gnanerie non ventilée.
M. Darcet dit, en opposition à ce qui précède,
qu'en 1 835 l'air a été constamment pur dans la
magnanerie ventilée de M . C. Beauvais, jusqu'au
moment de la montée , et qu'en 1 836 les essais
endiométriques ont prouvé que, dans la magna-
nerie des Bergeries et dans celle du roi à Neuilly,
l'air contenait les 21/100 d'oxigène, qui doit s'y
trouver pour qu'il soit parfaitement pur.
Ici se terminent les excellentes observations
de M. Darcet , auxquelles j'en ajouterai seule-
ment une autre. Comme je crois l'avoir suffisam-
ment prouvé dans le Traité de l'éducation des
vers à soie, que j'ai publié, il y a cinq ou six
ans , chez le libraire Rousselon , malgré les ven-
tilateurs et la propreté la plus scrupuleuse, il
arrive parfois , surtout quand le temps est lourd
et l'air chargé d'électricité, que l'atmosphère de
la magnanerie se charge d'azote et d'acide car-
bonique, ce qui incommode beaucoup les vers,
surtout ceux qui ont passé la dernière bnlïe et
qui se disposent à monter. Il faut donc, outre | j'ai enseigné dans l'ouvrage cité, Mais trop .on
les ventilateurs , employer, pour rendre à l'air
sa pureté , le moyeu chimique et très-facile que
guementpour être rapporté ici.
COITARD.
REPERTOIRE MENSUEL
DE LA. CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
BE QUELQUES COMBUSTIBLES ECONOMIQUES.
Nous ne parlerons pas ici des combustibles
naturels , tels que le bois, le charbon, la houille
ou charbon de terre , la lignite, mais bien de
ceux que l'on prépare artiûciellement pour leur
donner, autant qu'il est possible, les propriétés
économiques des quatre espèces que nous ve-
nons de citer, tout en les mettant à un prix re-
latif plus bas. Nous extrairons cet article d'un
excellent ouvrage de M. de Fontcnay, ouvrage
couronné par la société d'agriculture de Paris.
1° Boulettes inflammables de iM. Rumford.
Ces boules sont composées d'égales portions de
terre glaise , de charbon de terre , et de char-
bon de bois , réduits en poudie. Dn mêle bien le
tout après l'avoir humecté ; on en forme des
boules de la grosseur d'un œuf de poule, et on
les fait bien sécher.
On peut les rendre inQammables au point de
prendre feu à la moindre étincelle , en les trem-
pant dans une forte dissolution de nitrc, et les
laissant sécher ensuite. L'auteur pense qu'on peut
y ajouter avec avantage de la paille hachée ou de
la sciure de bois. Les avantages de ce chauffage
sont la propreté et l'économie.
2" Briquettes économiques. Prenez deux
parties de terre argiletise dont il faut ôtcr toutes
les pierres , et une partie de charbon de terre
écrasé et passé au crible ; mêlez bien le tout et le
mouillez suffisamment pour en faire une pâle ;
faites-en des boules ou des tourteaux , de trois
il quntrç pouces de diamètre, et laissez-les sé-
cher. Étant parfaitement séchés, si on les met
sur un feu bien allumé, elles s'enflamment aus-
sitôt et donnent une forte chaleur. Cette espère
de chauffage coûte le quart du charbon et fait
un tiers d'usage de plus.
3" Autres briquettes économiques. Prenez à
peu pièsen égales proportions, de la terre glaise,
de la fiente de vache, de la bouc des rues, de la
sciure de bois , du gazon , du crottin de cheval,
de la paille et surtout des débris de tan ; on peut
y ajouter du verre en poudre , de la poix , du
goudron , du marc d'huile , ou tout autre com-
bustible à bon marché ; on fait un trou rond ,
en terre , du diamètre de cinq à six pieds , et
dont le fond est pavé en briques.
Il faut d'abord y délayer une certaine quan-
tité de terre glaise, puis on y ajoute une partie
des autres ingrédiens, que l'on mêle bien; on
remet de la terre , ensuite de ces mêmes subs-
tances, et on continue à remuer et à ajouter de
la terre chargée des autres ingrédiens , jusqu'à
ce que le tout soit bien mêlé et prenne une con-
sistance telle qu'on ne puisse plus le remuer ; on
laisse reposer le mélange et évaporer l'humidité
jusqu'à ce que la masse puisse être divisée en
morceaux.
On a des moules de bois d'environ quatre pou-
ces de diamètre ; on en mouille l'intérieur pour
que la masse ne s'y attache pas ; on saupoudre
cette masse avec de la sciure de bois, et on la met
dans des moules par parties que l'on fait enfin
sécher en plein air ou sous des hangards.
4° Briques de charbon de terre, d'après M
Carrey. En Flandre on est dans l'usage de con-
sommer du charbon de terre sous la forme do
petites briques ou de boules de la grosseur d'un
boulet de canon de dix à douze livres. En voici
la composition :
On prend un baquet, ou futaille coupée eu
deux , qu'on remplit jusqu'au tiers avec de la
bonne argile. On achève de remplir ce baquet
avec de l'eau, jusqu'à cinq pouces près du bord,
et on délaie cette argile avec cette eau le mieux
possible. On prend ensuite du charbon de terre
bien pilé, même passé à la claie ; on en fait un
tas au milieu duquel on pratique un trou rond,
comme quand on veut faire fuser de la chaux.
On remue l'eau du baquet, afin qu'elle soit bien
chargée de glaise ; on en verse un seau sur le
trou rond du charbon de terre. On mène et ra-
mène ensuite ce charbon de la circonférence au
centre et du centre à la circonférence, avec un
rable ou une truelle à long manche, comme où
fait pour le mortier de chaux et de sable, jus-
qu'à ce que le tout soit en consistance de mor-
tier un peu épais.
Alors on procède à en fabriquer des briques
ou des boulets. Les briques se fabriquent com-
me dans les tuileries ; les boulets se font avec
les mains. On met les unes et les autres sécher à
l'ombre. Au bout de vingt-quatre heures on
peut les relever et les mettre en pile à l'abri de
l'injure du temps. Quinze jours après, elles sont
bonnes à brûler. Si le feu du charbon de terre
peut durer cinq heures, le feu de ces briques ou
boulets peut en durer huit.
5° Bûches économiques. On pétrit ensemble
moitié de terre glaise et moitié les deux tiers ou
le quart de charbon de terre , selon que l'on veut
que les bûches soient plus combustibles et brû-
lent plus vite , ou soient moins combustibles et
durent plus long-temps au feu. Dans ce cas on
diminue même la quantité de charbon et on la
réduit à un sixième, à un huitième ; mais moins
il y a de charbon plus il faut que le mélange soit
parfait.
Oh donne, soit avec des moules en bois, soit
avec les mains, la forme que l'on désire ; c'est
ordinairement celle d'une grosse bûche de ron-
din qui serait scié longitudinalement par le
milieu. On fait sécher à l'ombre, et tout se
borne là.
Quand on veut se servir d'une bûche écono-
mique, on la place sur les chenets, contre la pla-
tine, au fond du foyer, et par son moyen on peut
bâtir son feu avec une seule huche de bois qui
brûle trèsbien pourvuqu'elle soiten contact avec
la bûche artificielle qui rougit, brûle très lente-
ment, et néanmoins communique assez de cha-
leur pour entretenir sa combustion.
Depuis quelque temps on fait un très grand
usage à Paris de ces bûches économiques, et on
les fabrique de telle manière qu'une seule peut
durer un mois ou deux, et quelquefois davan-
tage si l'on a la précaution de ne pas y toucher
avec la pelle ou les pincettes.
PERFECTIOXSEJIE>'T DES POELES.
M. le docteur Kretchmann, de Dcssau, a
proposé de remplacer les grilles en usage pour
porter le bois dans les poêles, par des barres
creuses étabhcs dans le poêle, soit en long, soit
en travers ; ces cylindres déboucheraient dans
l'appartement à travers les parois extérieures du
poêle ; on adapterait à l'une de leurs extrémités,
vers le bas, un entonnoir en fer blanc dont
l'orifice serait très-près du sol, l'ouverture
opposée serait dirigée vers le haut de l'apparte-
ment. Le feu étant allumé dans le poêle, les
cylindres s'échauffent très-promplemeut; l'air
qu'ils contiennent étant raréfié, sera chassé par
l'air froid qui arrive naturellement par l'enton-
noir, et celui-ci géra échauffé àson tour en tra-
versant les cylindres ; par ce moyen l'apparte-
ment gagne en peu de temps une température
agréable, quand même les cylindres ne seraient
que médiocrement échaufTés. Il est évident
d'ailleurs que plus les cylindres auront de lon-
gueur et d'élévation, plus l'effet désiré s'obtien-
dra promptement.
On voit, dans quelques établissemens de
Paris, des poêles dont les tuyaux ne sont pas
apparens et dits à tuyaux renversés; leur
121
emploi deviendrait précieux et pourrait facile-
ment s'adapter pour chaud'er un grand nombre
d'ouvriers ou de domestiques, etc. Ils se pla-
cent ordinairement au centre de la pièce ou
salle de réunion , et n'ont point d'autre appa-
rence que celle d'une table carrée ou rectangu-
laire, couverte eu marbre ou en fer coulé, haute
de trois à quatre pieds, plus ou moins. L'inté-
rieur est divisé en deux parties : la première est
le foyer où l'on allume le feu comme dans tout
autre poêle, la deuxième est vide et destinée au
passage de la fumée; ces deux parties sont sé-
parées par un diaphragme qui s'élève du fond
jusqu'à trois ou quatre pouces de la plaque su-
périeure du poêle ; au-dessous du sol est un
conduit horizontal, communiquant à la moitié
vide du poêle, et aboutissant au tuyau d'une
cheminée dans une chambre voisine.
On rendrait ces poêles plus économiques si,
comme le dit M. de Fonlenay, au lieu de les
séparer en deux parties inégales par un dia-
phragme vertical , on les séparait en deux par-
ties inégales par un grillage de fer horizontal.
» En effet, dit cet auteur, supposons ce gril-
lage à trois ou quatre pouces seulement au-des-
sus du conduit souterrain horizontal destiné à
conduire la fumée dans la cheminée de la cham-
bre voisme, si on met quelques charbons al-
lumés sur celte grille et ensuite quelques co-
peaux de bois sec, pour peu que la petite porte
du poêle, qu'on laisse ouverte ordinairement,
soit élevée au-dessus de ces copeaux, et que
la cheminée voisine soit échauffée, à l'instant
il s'établira un courant d'air assez vif à tra-
vers le poêle et dans le tuyau souterrain hori-
zontal qui y communique ainsi qu'à la chemi-
née : les copeaux s'allumeront, la flamme sera
renversée à travers la grille, et la fumée sera
brûlée entièrement sur le charbon avant de les
avoir quittés ; le bois qu'on substitue aux co-
peaux fera de même, et l'on aura un poêle fu-
mivore dont la fumée ne salira jamais les tuyaux.
» C'est d'après cette idée, ajoute M. de Fon-
tenay, que j'ai fait construire sous mes yeux,
par un maçon de campagne, dans ma salle à
manger, un poêle ou fourneau fumivore avec
des briques de terres crues ou cuites, un peu ar-
rondies, liaisonnées avec du plâtre et quelques
cercles de fer. Ce poêle a deux tuyaux en terre
cuite, avec emboilure, et chauffe, non seule-
ment ma salle à manger, mais mon salon qui en
est voisin, et une chambre haute, où les deux
tuyaux se trouvent réunis, et, par un coude en
tùle, entrent ensemble dans une cheminée voi-
sine; les deux tuyaux ont chacun une clé tour-
nante propre à intercepter le cours de la fumée
réduite en vapeur et à conserver la chaleur al-
ternativement dans l'une ou l'autre chambre ;
ils ne sont jamais garnis de suie ; à peine sont
ils un peu noircis de la vapeur qui les parcourt.
122
et cette fumée ne reflue point dans les salles,
pour peu qu'on coupe un copeau ou une feuille
de papier au bord d'un des tuyaux ( où j'ai mé-
nagé une petite porte à cette intention) avant
d'allumer le feu au bas du poêle par la grille.
C'est un véritable fumivore, qui consomme peu
de bois au moyen de clés tournantes avec les-
quelles on peut en modérer la combustion ; bien
entendu que dans son ascension j'ai préparé au
résidu de la fumée plusieurs détours qui la for-
cent à y déposer presque tout son calorique, et
à le communiquer aux appartemens avant de ga-
gner le tuyau de la cheminée supérieure. «
M. de Fontenay a emprunté cette idée à
MM. Robertson de Glasgow, en Ecosse, qui,
les premiers, en ont ont fait l'application au
foyer des pompes à feu.
ACIÉRAGE DES SOCS DE CHABBCES.
On commence à parler beaucoup, dans les
sociétés d'agriculture, d'un nouveau procédé ,
trouvé par M. Dussaut Lebreton, consistant à
aciérer les socs et contres de charrue , d'une
manière très-smiple, très-facile , et nullement
coûteuse. Les agriculteurs auxquels l'entretien
des instrumens aratoires occasionne annuelle-
ment des dépenses considérables , concevront
toute l'importance d'une telle découverte.
Il n'est personne qui ne sache qu'un millième
de charbon absorbé par du fer suffit pour con-
vertir ce dernier en acier, et c'est sur ce prin-
cipe que M. Dussaut a basé ses expériences.
Son procédé consiste, comme il le dit dans son
mémoire, à faire absorber par le frottement
d'une pièce en fonte de fer, quelques particules
de charbon au soc soumis à l'expérience. Pour
cela on fait chaufTer jusqu'au blanc un morceau
quelconque de fonte de fer, et on le frotte avec
attention contre le fer de la charrue , préalable-
ment chauffé jusqu'au rouge cerise ; après cette
opération , on trempe comme à l'ordinaire.
M. Dussaut Lebreton assure, dans son mé-
moire, que différentes pièces aciérées de cette
manière sont devenues assez dures pour résis-
ter à l'action de la lime. Il serait peut-être avan-
tageux, dans cette opération, de se servir de
fonte grise au lieu de fonte blanche , parce qu'il
est reconnu qu'elle contient plus de charbon, et
que, par conséquent, elle s'en dépouillerait plus
aisénaent pour le communiquer au fer.
SUR LA CONSERVATION DES RACINES TUBERCULEUSES.
Les agriculteurs savent combien il est diffi-
cile de conserver d'une récolte à l'autre les tu-
bercules de pomme de terre , les betteraves ,
carottes, etc., etc., et combien cependant une
bonne méthode de conservation serait utile pour
la nourriture du bétail à l'écurie, et précieuse h
différeus genres d'économie. V^iinoment on a
fait , depuis plusieurs années , une foule de ten-
tatives pour parvenir à ce but j vainement les
journaux ont publié une quantité d« méthodes,
toutes ont plus ou moins échoué avec la pratique,
et nous sommes à peu près aussi peu avancés
que nous l'étions sur cette matière.
Voici un mode nouveau de conservation pu-
blié par un agriculteur anglais qui dit atoir par-
faitement réussi , surtout pour les pommes de
terre. Il creuse une fosse dans un terrain sec, il
en garnit le fond avec du goudron de charbon de
terre , précisément de la même manière que l'on
fait aujourd'hui pour les trottoirs des rues de
Paris ; il étend par dessus une couche de tan
consommé , de trois pouces d'épaisseur envi-
ron, et c'est sur ce tan qu'il place les tubercules.
Il les recouvre ensuite d'un lit de paille de fro-
ment , d'une épaisseur convenable, et il abrite
le tout de l'eau des pluies et de l'humidité péné-
trante des frimats.
Il a commencé cette expérience en 1835, et
la fosse a été ouverte en 1836. Il assure que les
tubercules étaient dans un état très-satisfaisant.
Cette année il a ouvert une nouvelle fosse rem-
plie l'année dernière, et les résultats ont été les
mêmes. Il fait remarquer qu'on ne doit jamais
replacer dans une fosse nouvelle le tan qui a ser-
vi à une autre fosse , mais le renouveler chaque
année. Si on en croit le cultivateur anglais , le
tan qui a servi est un excellent engrais pour les
fromens, mais il faut le répandre en petite
quantité , à la surface , à la manière du plâtre et
delà chaux.
DES CITERNES ET DE l'ÉPURATION DE l'kAU.
Lorsqu'une localité se refuse absolument à la
construction d'un puits quel qu'il soit, ou que
la dépense est au-dessus des facultés du proprié-
taire, il n'y a pas d'autre moyen, pour s'y pro-
curer de l'eau, que celui de réunir dans un ré-
servoir souterrain et voûté les eaux pluviales qui
égouttent des toits; ce réservoir s'appelle citerne.
Une citerne doit être enfoncée en terre comme
une cave , tenir parfaitement l'eau, et la conser-
ver potable au moins autant de temps que peu-
vent durer, dans la localité, les plus longues sé-
cheresses de l'année. A moins qu'on ne manque
absolument d'eau, il faut avoir l'attention de n'y
pas introduire celles des premières pluies qui
tombent après une grande sécheresse ou pen-
dant un orage , parce qu'elles entraînent beau-
coup de limon, et s'imprègnent des exhalaisons
de la terre, élevées et suspendues dans l'atmo-
sphère. Les meilleures sont celles que l'on re-
cueille des toits au printemps et h l'automne, et,
dans l'été , celles des pluies qui succèdent aux
orages, parce qu'alors l'atmosphère est épurée,
les toits des habitations sont lavés, et que toutes
les ordures accumulées dans les tuyaux et dans
les gouttières ont été entraînées.
La grandeur de la citerne se calcule sur les
besoins du ménage j il vaut mieux qu'elle soit
plus profonde et moins large et d(?passe les be-
soins que d'être trop petite. On l'entoure de deux
murs, à 18 pouces l'un de l'autre, et on remplit
l'intervalle de terre glaise bien pétrie, quand on
ne peut se procurer de la chaux hydraulique ou
du béton ; le fond doit être d'abord un massif de
moellons de dix-huit pouces d'épaisseur , puis
un lit de terre glaise également épais , avec un
petit pavé par-dessus , lié avec du sable de ri-
vière, sans chaux ni ciment. Le fond doit être un
peu en pente pour faciliter le nettoiement de la
citerne au moins une fois chaque année. On
couvre la citerne avec une voûte au milieu de la-
quelle on laisse un trou pour puiser de l'eau et y
descendre au besoin.
On ne doit pas négliger de construire à côté
de la citerne un citerneau dans lequel les eaux
puissent déposer avant de passer dans la citerne.
Son établissement exige les mêmes précautions,
et , pour la construction de tous ces murs , il
faut se servir , sinon de béton , au moins de ci-
ment de tuiles bien cuites et de chaux vive ou
fraîchement éteinte.
Il est fâcheux que celle espèce de construction
ne soit pas à la portée du pauvre , car une bois-
son saine est indispensable à tout ménage ; mais
si la dépense est trop forte pour chaque parti-
culier , il serait encore possible d'établir une
grande citerne commune dans chaque village qui
aurait une église ou autre bâtiment public, et
son eau serait exclusivement destinée à la bois-
son des habitans. Dans tous les cas, les pauvres
ne devraient pas ignorer les moyens simples
qu'on emploie pour ôter aux eaux les plus crues
ou les plus malsaines leurs qualités nuisibles.
On y parvient souvent en faisant bouillir ces
mauvaises eaux et en y plongeant un fer rougi
au feu, ou en les faisant filtrer à travers un lit de
charbon concassé ; mais le procédé à la fois le
plus sûr et le plus économique est l'emploi de
vases de bois charbonnés intérieurement.
L'opération du charbonnage d'un tonneau,
par exemple , est très-facile : on commence par
les fonds ; on y met du sarment bien sec ou des
brindilles de bois ; on les allume et on entre-
tient le feu jusqu'à ce que tous les points du fond
soient carbonisés à l'épaisseur de deux lignes
au moins ; on carbonise également le pourtour,
et quand la futaille est refoncée, on la lave exac-
tement. Le charbon ayant , comme on sait, la
propriété de purifier l'eau, tout vase ainsi car-
bonisé servira très bien, pendant deux ou trois
mois , à rendre très-potable l'eau qui y aura été
déposée ; mais , passé ce temps , il faudra re-
nouveler , au moins partiellement, cette opéra-
tion.
XSSAIS CULINAIBBS SU» LA STRATinCATIOS.
Avant d'enseigner les procédés par lesquels
je suis parvenu à manger, pendant l'hiver et jus-
qu'en mai , des amandes, des noix et des châ-
taignes fraîches, des pois et des haricots frais, et
généralement toutes les graines et fruits que l'on
a l'habitude de manger secs, il faut que j'initie
un peu mes lecteurs dans les mystères de la ger-
mination des plantes, car il est toujours néces-
saire de comprendre ce que l'on fait.
Quand vous confiez à la terre une graine ou
un fruit , par exemple , un pois et une amande ,
pour en obtenir une plante et un amandier, voi-
ci ce qui se passe. L'humidité pénètre dans l'in-
térieur de la graine, avec de l'oxigène; l'eau
commence une fermentalion putride (lui détrui-
rait bientôt la graine si elle y était entièrement
plongée, mais qui se trouve bientôt changée en
fermentation spiritueuse dès que l'air a pu y pé-
nétrer. Le périsperme farineux d'une graine est
élémentairement composé de quantités détermi-
nées d'oxigène, d'hydrogène et de carbone, et
toutes les fécules contiennent les mêmes prin-
cipes ; en cet état elles sont insolubles dans l'eau.
L'oxigène de l'air s'empare du carbone, l'équi-
libre est rompu, la quantité d'oxigène contenue
dans la fécule domine, se combine de nouveau ,
et le périsperme cesse d'être farineux pour pas-
ser à l'état de sucre soluble dans l'eau. La na-
ture agit ici comme le chimiste qui oxide une fé-
cule avec l'acide sulfurique pour en faire du su-
cre, seulement les moyens sont différens. Ce
sucre , ou plutôt cette liqueur sucrée , renfermée
dans les cotylédons de la plantule, est destinée
par la nature à la nutrition de la jeune plante jus-
qu'à ce qu'elle ait des racines capables de tirer
sa nourriture de la terre.
Comme on vient de le voir, une graine qui
commence à germer se ramollit et devient su-
crée, à peu près comme elle l'est au moment où
on la cueille, un peu avant sa parfaite matu-
rité.
Une fois le principe connu de moi , voici com-
ment jai fait, après quelques tàtonnemens dont
il est inutile d'entretenir mes lecteurs. En dé-
cembre, dans une cave chaude, je disposai des
caisses de sapin remplies de sable de rivière bien
pur et bien lavé. J'enterrai dans ce sable à une
très-petite profondeur, i° des pois, 2° des hari-
cots, 3° des amandes, 4° des noix, ù" des noi-
settes. J'arrosai ensuite légèrement, et tout le
temps que dura l'opération j'eus soin de tenir le
sable frais sans trop d'humidité.
Les pois furent les graines qui se gonflèrent
les premières, et après quatre jours je les trou-
vai propres à être employés à la cuisine. Néan-
moins , je ne détermine pas ce laps de temps
comme devant être fixe, par la raison fort sim-
ple que les graines germeront d'autant plus vite
que la cave sera plus chaude. On accommoda ces
pois de la même manière qu'on le fait ordinaire
ment pour les pois verts, on les trouva doux, su-
crés, excellens.
124
Les haricots farent un peu plus tard retirés
du sable, lavés à l'eau tiède comme les pois, ac-
commodés de la m6me manière que des haricots
blancs nouvellement cueillis ; et on leur trouva
le même goût.
Quant aux amandes , aux noix et aux noiset-
tes, leur enveloppe osseuse ne permettant pas de
juger du moment précis auquel on doit les reti-
rer du sable , j'en cassai un noyau tous les deux
ou trois jours, et par ce moyen très simple je
connus juste le moment de les consommer; c'est
celui ou l'amande s'élant ttn peu gonflée, mais
non ouverte, la pellicule qui la recouvre se dé-
tache avec assez de facilité sans cependant pou-
voir être enlevée d'un seul coup. Dans cet état,
ces fruits ont repris la saveur et la douceur qu'ils
avaient au moment où on les cueillait sur l'arbre.
Je terminerai par une observation indispen-
sable, c'est que, si on laisse passer le moment
précis de sortir chacune de ces graines du sable,
la germination étant plus avancée, les pois et les
haricots prennent une saveur et une odeur her-
bacée assez désagréable, tandis que les amandes
de toutes les espèces de noyaux contractent une
saveur très amère et une légère odeur de moisis-
sure.
Il faudra donc, surtout quand on fera pouria
première fois de ces stratifications dans une ca-
ve dont on ignorera le degré précis de tempéra-
ture, avoir soin de surveiller la germination jour
par jour, et de s'assurer chaque fois, en retirant
une ou deux graines, qu'elle n'avance pas trop.
J'ai remarqué qu'elle est trop avancée lorsque
la radicule commence à pointer sous son enve-
loppe.
Du reste, je ne donne pas cette méthode
comme tout-à-fait neuve et de mon invention ,
car M. Bosc, il y a plusieurs années, l'avait déjà
signalée dans ses cours d'agriculture , et, plus
nouvellement M . Poiteau l'a i econimandce. Mais
ni l'un ni l'autre n'ont enseigné la stratification
comme l'unique moyen d'atteindre le but : car,
en se contentant défaire tremper les grainesdans
de l'eau comme ils semblent le dire , on est bien
loin de l'atteindre.
Placard d'AUVROT.
ÉCOLE PRÉPARATOIRE DE MÉDECINE
FONDÉE A PARIS EN 1835 (l).
Cet établissement qui, dès son début, a mé-
rité la faveur publique et l'approbation des mé-
decins, les meilleurs de tous les juges en pa-
reille matière , nous paraît être une des plus
peureuses innovations qui aient été , dans ces
derniers temps, introduites dans l'enseignement
public. L'intention du fondateur a été de réali-
ser une partie du vaste plan d'éducation pr.o-
FESSIONNELLE ET SPECIALE , objCt dCS VOCUX de
(l) Cette écolo a été fondée et est dirigée par M. Ra-
ticr, docteur en médecine de la Faculté de Paris, méde-
cin ra chef du collège RoUin, etc., etc.
tous les gens éclairés et amis du pays. Deux di-
visions bien distinctes existent dans son école ;
la première, qu'il regarde en quelque sorte
comme transitoire , est destinée aux jeunes
gens qui , après avoir fait leurs classes dans les
collèges ordinaires, se dirigent vers la carrière
médicale. Là, une direction judicieuse pour leurs
études, des répétitions et des explications de
tout genre leur sont offertes , en même temps
qu'une surveillance active et paternelle garantit
aux familles le bon emploi d'un temps précieux
et d'un argent qui leur coûte si souvent de
grandes privations.
Mais c'est dans la seconde division que se
révèle bien la pensée fondamentale, savoir : la
nécessité de spécialiser, dès le commencement,
les études qui doivent conduire à une profession
essentiellement distincte de toutes les autres.
En effet, M. Ratier dit aux médecins : <f S'il
» est vrai , comme l'expérience le démontre ,
» que dans notre profession , plus que dans
» aucune autre , le père désire voir son fils lui
» succéder ; s'il est vrai, comme le prouve le
» succès des écoles ecclésiastiques, militaires,
u industrielles, etc., que les études des enfans
» doivent, le plus tôt possible, être dirigées vers
» la profession que veulent embrasser les jeunes
» gens , confiez-moi vos fils dès Vâge de douze
» ans. En quatre ans environ , par un cours
» d'études combinées d'nne manière particulière
« et suivi avec zèle et persévérance, vos enfans
» auront fait les études classiques exigées pour
» les baccalauréat es lettres , tout comme
» dans un collège royal, et de plus celles qui
» mènent au baccalauréat es sciences , et au
» premier examen de médecine. Or, ou bien vos
» fils auront une vocation pour l'état de méde-
»cin, et alors dans mon établissement, plus
» qu'ailleurs , cette vocation pourra se confir-
» mer ou se développer ; ou bien ils n'auront
» de penohant prononcé ni pour ni contre ; il
» sera donc facile de les diriger de préférence
» vers la profivsion que vous désirez leui- voir
n adopter. Enfin, s'il se trouvait chez eux une
» de ces répugnances insurmontables qui nais-
« sent ordinairement d'un goût décidé pour une
» autre carrière, n'y auroit-il pas un avantage
» réel à la constater de bonne heure pour s'é-
)) pargner ces fausses directions par lesquelles
» ont été compromises tant d'existences, u
Puisque la question financière se présente là
comme partout, nous ferons remarquer qu'il y
a dans cette mesure une véritable économie de
temps, et par conséquent d'argent. Le prix de
la pension n'étant que de 1,100 fr. pour cette
division, c'est-à-dire le même prix à peu près
que dans les collèges royaux de Paris , il s'éta-
blira une compensation tout à l'avantage des
familles, puisque un temps moins long sera con-
sacré aux études , pour obtenir cependant les
mômes résultats. Dans la première division, le
prix est de 1,200 fr. Dans l'une et dans l'autre
division, les élèves qui ne sont pas fils de mé-
decin payent 300 fr. de plus.
Nous aurons l'occasion de nous occuper avec
détails d'un établissement dont l'organisation
rentre dans les principes émis par le Journal
des Connaissances utiles.
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iT0171llVA.If
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.ont de la reconnaissance de posle^ l'abouiiement n'est, de fait, que de CINQ FRANCS nets pour lu Société.
■ •— » rx»^<K> «-ri 1 — . . -
NUMÉRO 7 : JUILLET 1636.
t.
8^
eUe
RÉPERTOIRE CIVIL.
Contribuable, eselavage, garde nationale, droits des
communes, propriétaires, remplaçaiis, cens électoral,
page 123. — Cession de biens, 126. —Eviction, pro-
priétés de rétal, 127. — Détrichemsnt des forêts, 128.
— lastruction publique, 130.
StPERTOlRE DOMESTIQUE.
Farine, harengs, œufe, tomates, viande de bœaf,
fromage de brebis, page 133 — Beurre de Hollarnde,
tapis en papier, chute des cheveux, transpiration, 134.
Coucher, purgjatif, veilleuse économique, nettoyage
_„s gants, emploi des cendres, cirages, 133. — Chiens
ampoisonnés, breuvage pour les animaux malades, 136.
— Calorifère, 157. — Incendies, porcs, délits ruraux.
» voitures publiques, destruction des souris, mastic pour
bouteilles, utilité du tournesol, 158. — Cachou, abeil
les, chaux, 159.
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL.
Prairies artifieielles, algue marine, culture du câ-
prier, page 140. — Engrais liquide, 141. — Destruction
des mulots, 142. — Arbres fruitiers, 143. — Ananas,
amandier, 144. — Badigeon, 145. — Carton pierre,
acier .i veine de dama», lHà. — Dérouillage, acidesj
arbitrage, 147. — Machines à vapeur, 148.
UErERTOIRE DE LA CONVERSATION.
Baromètre sous-marin, maladies nerveuses, 149,—
Télégraph», 131. — Population, 132.
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Visitât, de \â V.
8. Hyacinthe.
Tr. de S. .Martin
s. Martial.
g. Tranquillin.
Tr. s. Thomas.
s. Raphaël.
s. Cyrille-
7 frères martyrs
s. Pie , pape.
s. Nabor.
s. Anclet.
s. Bonaventure.
s. Jacques, év,
g. Uilaire.
s. Alexis,
s. Symphorien.
ste Radegonde.
ste Marguerite,
sic Praxéde.
ste Madeleine.
8. Apollinaire,
ste Christine.
ss. Jacq. et Chr.
ste Ann«.
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7S
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28
oa
29
04
29
17
99
31
EittPLOI.
dépense
9ilo
fr. a.
99 68
2a 80
22 93
23 03
23 17
23 30
23 42
25 54
23 67
23 79
23 91
24 04
94 16
24 28
24 41
24 53
24 6S
94 78
24 90
95 02
23 13
23 27
33 39
23 52
25 64
25 76
25 89
56 01
26 13
96 96
26 38
D. Q. le 5, à 5 heures 44 minutes du soir.
N. L. le 15, 8 58 dH loir.
P. Q. le 2t, S 14 du wir.
P 1. le SS, 5 K 4u mât!n.
mÉFOX^SE A NOS DÉTRACTEURS.
Êo commençant Tœuvre à laquelle nous nous sommes voués avec une persévérance qui
nous a valu les témoignages les plus flatteurs, nous ne nous étions pas abusés sur les
rivalités que nous allions exciter. Depuis six ans, nous n'avions répondu que par le silence
du dédain aux sarcasmes et aux attaques dont nous étions Fobjet-, mais, récemment
encore une feuille quotidienne s'étant livrée, à notre égard, à des imputations calom-
nieuses', nous avons cru devoir recourir à Tautorilé judiciaire, pour mettre un terme à
des attaques que nous ne voulons pas qualifier. Quelque honorable que puisse être pour
nous la décision des magistrats saisis de Taffaire, nous ne pourrions en être plus fl-attés
que du témoignage public rendu à nos principes par le signataire de la lettre suivante ,
que nous livrons, sans commentaire, à Timparlialilé de nos lecteurs, à celle de tous
les hoaaètes gens qui veuleat bien nous honorer de leurs sympatliies.
Paris , 4 juillet 1836.
« A Monsieur Emile de Girardin.
«Monsieur, m . ,
«Je suis depuis long-temps vos utiles travaux avec un consiint intérêt, dont jeviens
vous donner le témoignage à l'occasion du nouveau journal que vous fondez sous le litre
de LA PRESSE. J'aime ceux qui savent exécuter ce qu'ils osent concevoir.
u J'avais lu il y a trois ans, dans le Journal des Connaissances utiles, l'article ap
profond! dans lequel vous démontriez par des chiffres la possibilité de réduire à 40 francs
ie prix des journaux quotidiens; j'avais regretté, je vous l'avoue, que vous n'entre
prissiez pas une réforme dont vous étaWissiez si nettement l'utilité, l'urgence, l'imman
quable succès.
« Maintenant que vous vous êtes enfin décidé à réaliser une idée si féconde, puisque
la concurrence s'en est si vite emparée, permettez-moi de m'associer à votre œuvre
pour la somme de cent mille francs, que je vous envoie.
(( Les quatre cents actions auxquelles me donnera droit cette somme ne me seront
point remises; vous les garderez, monsieur, ou les mettrez en dépôt chez votre notaire.
« Je renonce, pour mon compte personnel, à l'intérêt de5 pour 0;0, à tout dividende
et à toute restitution du capital par voie de remboursement; je désire que ces sommes
cumulées soient placées chaque année, par vos soins, le plus avantageusement possible,
pour les intérêts capitalisés concourir pendant vingt-cinq années (durée de la société de
LA Presse) à l'accroissement du capital primitif de cent mille francs.
«Dès que, par le fait progressif de cette capitalisation annuelle des intérêts, le capital
primitif se sera élevé à cinq cent mille francs , vous l'appliquerez , Monsieur, à la dotation
d'une banque spéciale en laveur des classes ouvrières, dont l'objet sera de prêter à l'ou-
vrier économe qui voudra s'établir ou se marier, une somme égale à celle qu'il aura
préalablement versée à la Caisse d'épargne.
(( L'intérêt de ces prêts ne devra point excéder 2 pour 0?0.
K Je désire. Monsieur, que la destination que jedoimeàlapart d'intérêt queje prends
dans «LA Presse lui rallie, parmi les classes ouvrières, un grand nombre de lecteurs;
que ce journal devienne, s'il est possible, exclusivement le leur : je le désire, parce que
je pense que l'indépendance et la modération dont tous vos écrits portent l'empreinte, et
dont LA Presse a déjà su revêtir le double caractère, sont plus favorables au large déve-
loppement du travail qu'une opposition systématique contre les hommes , sans système
arrêté sur les choses, et qui n'a pour effet que d'accroître les préoccupations politiques,
de relarder le jour où la liberté et la moralité des peuples se mesureront sur le bien-être
général dont ils seront redevables à quelques hommes utiles.
(( Je terminerai par un vœu. Monsieur : c'est de voir plusieurs de mes concitoyens
s'associer à ma pensée, se grouper autour de vous, et contribuer à la dotation de la
BANQUE des travailleurs , afin que l'accroissement de son capital lui permette de
commencer le plus tôt possible ses utiles opérations.
« Veuillez bien considérer ma participation dans la fondation de la Presse comme le
témoignage de testimeet de la confiance que vous avez méritées par vos travaux.
(( Signé Pierre 'WOLF,
Propriétaire , ancien négociant, à Pans, »
Cette lettre est déposée chez M. Lehon , notaire , rue du Coq-Saint-Foneré à Paris
imprimerlede d'urtubie et worms, 17, bue st-pierre-montmartre.
sJv
1^
REPERTOIRE CIVIL.
L INTÉRÊTS GÉNÉRAUX. — H. MORALE ET INSTRUCTION PUBLIQUES. —
III. DEVOIRS ET DROITS CIVILS ET POLITIQUES.
CONTRIBUABLES.
Le conseil d'état, par arrêt du 7 avril
1836, vient de décider, contrairement aux
prétentions de M. le ministre des finances,
qu'aux termes de l'art. 13 de la loi du 21
avril 1832, lorsque, par suite de changement
de domicile, un contribufjjle se trouve im-
posé dans deux communes, quoique n'ayant
qu'une seule habitation, il ne doit la contri-
l(ution que dans la fommune de sa nouvelle
résidence. Les contribuables qui se trouvent
dans ce cas doivent demander leur radia-
tion au conseil de préfecture de leur ancien
domicile, en produisant la cote qui constate
leur inscription sur les rôles de leur nouvelle
résidence; et, faute d'obtenir justice devant
le conseil de préfecture, ils peuvent se pour-
voir devant le conseil d'état.
ESCLAVAGE;
D'après le droil public , tout esclave qui
îïiel le pied sur le sol français recouvre à
l'instant sa hberté. Mais jusqu'ici ce droit
a'était pas tellement obligatoire qu'on n'ait
vu des nègres retomber en esclavage , après
être retournés dans nos colonies. Une ordon-
aance royale , datée du 1 avril 1836, con
sacre l'émancipation pleine et entière de
tous les esclaves introduits en France, du
consentement de leurs maîtres , et fait ainsi
cesser l'incertitude qui régnait encore sur
im point important de notre législation ci-
vile.
GARDE NATIONALE.
Ui»garde national ne peut fctre condamné
â la peiûe de la prison pour des manque-
snens à des services d'ordre et de sûreté
qtii, remontant à plus d'une année, se trou-
vent couverts par la prescription.
(Arrêt, cass. 18 sept. 1835.)
SROITS DES COMMUNES. — PILLAGES A
MAIN AKMÉE.
La chambre civile de la cour de e^ssa-
tion vient de prononcer, sur les pourvois for-
més parla ville de Paris, contre différens
arrêts de la cour royale de cette ville, qui
avaient accordé une indemnité à des mar-
chands d'armes, dont les magasins avaient
été pillés dans les événemens de 1832, un
arrêt qui mérite d'être connu. Cette cham-
bre, conformément aux conclusions de M. le
procureur-général , a cassé ces arrêts , en
se fondant sur ce que la loi du 10 vendé-
miaire an IV, qui rend les communes res-
pousables de^ pillages et dévastations com-
mis sur leur territoire par des rassemble-
mens tumultueux , n'était pas applicable
lorsque ces rassemblemens avaient eu pour
but direct le renversement du gouverne-
ment. Elle s'est fondée subsidiairetp'- î :sar
ce que la ville de Paris avait empïoyé, dans
cette circonstance, tous les moyens en «on
pouvoir pour prévenir et empêcher ces pil-
lages.
PROPRIÉTAIRES. — PRIVILEGE.
Le propriétaire peut être autorisé à pré-
lever sur le prix des meubles de son loca-
taire, par préférence aux droits de l'admi-
nistralion des contributions indirectes, le
montant des réparations locatives qui lui
sont dues, si ces réparations, jointes au der-
nier terme du loyer, ne s'élèvent pas à plus
de six mois de loyer , pour lesquels la loi
accorde pri>7lége au propriétaire avant la
régie.
(Arrêt, cour de cassât. , ISjuill, 1835.)
REMPLAÇANT.
Le fait de substitution de personne enlre-
deux individus , dont l'un se fait enrôler
pour le service militaire sous le nom de
l'autre , constitue le crime de faux de la
part du remplaçant , et de complicité de
faux de la part du remplacé.
(Arrêt, cass. 17 sept. 183S4.
CENS ÉLECTORAL ET D'ÉLIGIBILITÉi
Le cens était jadis une rélribuUoa an.
126
nuelle et seigneuriale dont étaient grevés i
les héritages censiers, originairement éta-
blis par le seigneur qui avait concédé le
fonds. Ce sens était payable en argent ou
en nature, suivaut l'acte de concession. Les
censives, qui ne différaient du cens propre-
■raent dit qu'en ce qu'elles étaient dues so-
lidairement par plusieurs co-lenanciers, ont
«té supprimées comme tous les autresdroits
féodaux. Seulement les cens ou ccnsives
-qui avaient eu pour cause une concession
déterminée, et qui n'étaient pas enlacliés de
féodalité, furent déclarés raclietables, et le
mode de rachat fut régularisé par les lois
du 28 mars 1790 et autres postérieures. Le
Tnot cens, tel que l'entendaient nos pères,
n'a plus qu'une seule acception, et elle est
essentiellement politique.
A l'époque de l'affranchissement des com-
munes, au XP siècle, toutes les fonctions
pubhqucs devinrent électives et temporai-
res sinon de fait, du moins de droit, et le
droit d'élection appartint aux bourgeois.
La bourgeoisie était octroyée, non par
le prince, mais par l'autorité municipale de
la comnmne, ainsi qu'il résulte d'une or-
donnance de rbilippe-le-Bel, rendue en 1287.
A celle époque aussi , le droit de bour-
geoisie ou de cité n'était pas déterminé par
ie chiffre de l'impôt, mais par la valeur de
la propriété. Depuis lors, le cens électoral
<»t d'éligibihté a reçu de notables changc-
inens; mais nous ne parlerons que de ceux
<jui dalent de notre régénération politique.
La constitution de 1791 n'admettait aux
assemldécs primaires, pour le choix des ma-
gistrats municipaux et des électeurs, que
les citoyens actifs , c'est-à-dire les Français
qui payaient une contribution égale à la va-
leur de trois journées de travail; elle exi-
jgeait pour être électeur dans les villes au-
dessBiv de 6,000 liabitans, un revenu égal à
la valei'ir locale de deux cents journées de
fravail; dans les villes au-desPou5 de 6,000
âmes, la propriété ou l'usufruit d'un bien
évalué sur les rôles à un revenu de cent
cinquante jo urnécs de travail, ou une loca-
tioa de cent journées; dans les communes
iwrales, la propriété ou l'usufruit d'un bien
évalué à un revenu de cent cinquante jour-
nées do travail, •ou le fermage d'un bien éva-
lué au prix de quatre cent journées; d'ail-
leurs, nulle autre fondition, pour l'éligibi-
lilé i l'assemblée nationale, que celle d'être
citoyen actif.
Par la constitution de 1793, la quahté de
citoyen français el les droits attacliés à
ee titre n'étaient subordonnés à aucun cens
de contribution.
Le droit d'élire çl d'être élu, d'après la
constitution de l'an 111, appartenait à loot
Français, âgé de 21 ans , qui payait une
contribution quelconque. Toutefois^ les mi-
litaires qui avaient fait une campagne pour
la défense de la répubhque n'étaient pas
soumis à la condition de contribution.
La constitution du 22 frimaire an viii dé-
truisit le droit d'élection; les citoyens ne
furent plus appelés qu'à voter des listes
de candidats pour toutes les fonctions pu-
bliques, depuis la moindre municipalité jus-
qu'au sénat conservateur. En d'autres ter-
mes, le prétendu droit d'élection ne fut
qu'une déception, et il fut réservé à utt
nonduG déterminé des plus imposés de cha-
que commune, arrondissement et déparle-
ment.
Les sénatus-consulles organiques du 16
thermidor an x et du 28 floréal au xir
confirmèrent cette usurpation du plus beau
droit de cliaque citoyen.
L'article 6 de la charte de 1814 fixait le
cens électoral à 300 fr. de contributions di-
rectes, le cens d'éligibilité à 1_,000 fr. Le
roi Louis XYIII s'était réservé la nomina-
tion directe à toutes les fonctions adminis-
tratives et judiciaires.
Le seul changement apporté dans la
charte amendée de 1830 est la réduction
du cens électoral de 300 à 200 fr., et de ce-
lui d'éligibilité de 1,000 à 500 fr. La nou-
velle loi sur les élections a admis quelques
adjonctions en faveur desUcenciés en droit,
des docteurs, des membres des sociétés sa-
vantes autorisées par le gouvernemenl;raais
ces réductions, dans la quotité du cens, ces
adjonctions de capa-cité n'ont agrandi que
bien faiblement le cercle des citoyens ad-
mis à la jouissance des droits politiques; ils
ne forment qu'une minorité extrêtnemeut
incomplète, cette loi est tout à l'avantage
de l'aristocratie de la richesse. •"
CESSIONS DE BlEiXS.
L'article 1265 du code civil définit celte
espèce de contrat : l'abandon qu'un débiteur
fait de tous ses biens à ses créanciers, lors-
qu'il ?e trouve hors d'état de payer ses det-
tes. Pour Mre admis au bénéfice de cession,
il faut prouver le malheur et la bonne foi. Si
la cession est volontaire, c'est-à-dire si elle
est le réi^ult.it d'un arrangement fait libre-
ment entre le débiteur et h créancier, il est
(oui simple qiie les effets en soient réglés par
racte même qui intervient entre les parties.
Mais si les créanciers refusenl leur consen-
tement, la loi arrive au secours du débiteur
maUieureux; alors la cession prend un autre
caractère; de libre qu'elle était elle devient
en quelque sorte forcée, et on la définit dans
ce cas : un bénéfice que la loi accorde au dé-
biteur de bonne foi, auquel il est permis,
pour avoir liberté de sa personne, défaire en
justice Tabandou de tous ses biens à ses
créanciers , nonobstant toute stipulation
contraire.
Le débiteur qui veut être admis au béné-
fice de cession doit se pourvoir devant le tri-
bunal de son domicile et déposer au greffe
son bilan, ses livres, sMl en a, et ses titres ac-
tifs. La demande doit être communiquée au
ministère public, et néanmoins les poursui-
tes dirigées contre le débiteur ne sont pas
suspendues; car il serait possible que cette
demande ne fût qu'un prétexte pour entra-
ver l'action de la loi. Toutefois, en cer-
tains cas, les juge? peuvent ordonner un
sursis provisoire. Lorsqu'ils ont cru devoir
accueillir cette demande, l'admission n'a
lieu qu'à la charge par le débiteur de réité-
Tersa cession en personne, ses créanciers
appelés à l'audience du tribunal de com-
merce, ou à la maison commune, un jour de
séance. Dans ce dernier cas, sa déclaration
est constatée par un procès-verbal dressé par
un huissier et signé par le maire.
La cession de la totalité de sa fortune ne
libère pas le débiteur d'une manière irrévo-
cable. La loi, en l'autorisant à céder ses
biens, suppose qu'il est dans l'impossibilité
actuelle de faire davantage pour ses créan-
ciers ; mais s'il lui en survient d'autres, il est
obligé de les abandonner jusqu'au parfait
paiement, aux termes de l'article 1270 de ce
même code.
Si, après la cession, le débiteur fait avec
ses créanciers un contrat d'atermoiement
par lequel ils consentent à lui remettre une
partie de sa dette, ce contrat devient alors la
loi des parties, et le débiteur rentre dans la
jouissance de ses droits. A plus forte raison
doit-il en recouvrer la plénitude, s'il parvient
à payer tous ses créanciers. Dans ce cas, il
peut même obtenir un jugement de réhabili-
tation.
ÈVICTIOX.
Dépossession d'un immeuble ordonnée au
profit du véritable propriétaire, au préjudice
de celai qui possédait en vertu d'uu acte de
127
vente, d'écliangeoa de partage, consenti par
un individu réputé propriétaira. L'évictroa
donne toujours lieu à la restitution du prix
de l'immeuble, de la part du vendeur aa
profit de l'acquéreur, à moins que celui-ci
n'ait connu, lors de la vente, le danger de
l'éviction, et qu'il ait acheté à ses risques et
périls. Elle est seulement une cause de rési-
liation ('e h\ vente lorsqu'elle n'a lieu que
pour une partie de l'immeuble vendu, et
qu'elle est d'une telle conséquence, relati-
vement au tout, que l'acquéreur n'eût point
acheté sans la partie dont il est évincé. Dans-
ce cas, et lorsque la résiliation n'a pas lieu ,
l'acquéreur a droit au remboursement du
prix de la portion dont il est évincé suivant
sa valeur à l'époque de l'éviction.
PROPRIÉTÉS DE L'ÉTAT.
L'administration de l'enregistrement et
des domaines a publié pour la première fois
les tableaux généraux des propriétés de l'é-
tat, au 1 juillet 1835. En voici le résumé.
1. Propriétés immobilières non affectées à
des services jniblics.
Chambre des 'pairs. . . . 6,3^S,393 fr.
Chambre des députés. . . 8,450,000
Justice et cultes 39,926,373
Affaires étrangères. . . . 2,951,492
ïhotruction publique. . . 28,625,343
Intérieur 57,578,423
Commerce 22,302,182
Guerre 205,441,309
Marine 125,944,099
Finances 38,439,160
Totaux, 8778 articles
évalués 536,096,774 fr.
2. Immeubles affectés à des services pu—
bHos'.
Forêtsdomaniales, 32con-
servations, 1,019,140 hecta-
res évalués approximative-
ment 726,993,456 fr»
Propriétés régies parl'ad-
minist. des domaines , évs»
luées approximativement. . 8,685,.570
Propriétés comprises dans
le bail des sabues de l'Est ,
53 articles dont l'évaluation
approximative est de 3,795,83§
Total de cette partie. . . . 739,474,865
Total ci-dessus 536,096,774-
328
Valeur approximalive to-
tale de toutes les propriétés
de l'état 1,275,571,539 f.
DÉFRICHEMENT DES FORETS.
En principe d'équité, chacun est maître
«le disposer de sa chose comme bon lui sem-
ble. Jl est cependant des circonstances où le
gouvernement croit devoir intervenir : c'est
quand il considère les intérêts des particu-
liers comme se rattachant aux intérêts gé-
néraux du pays. Dans ce cas , et une fois le
principe admis, la critique de celle inter-
vention officielle ne peut s'exercer que sur
le mode d'exécution , en tant qu'il porte at-
teinte au développement du commerce et de
rinduslrie.
Tel esll'état de la question relative au dé-
frichement des forêts.
Jusqu'au 16e siècle , les régleniens admi-
nistratifs, concernant les forêts, n'étaient en
TÏgueur qu'à l'égard de cellesdu domaine de
l'État et des communautés. Déjà cependant
«n les appliquait aux forêts possédées par
les particuliers. L'ordonnance de 1G69, qu'on
peut considéref compie le premier code fo-
restier de France , défendit de défricher les
bois et même d'y rien entreprendre qui pût
eu <;hansér la nature.
Mais dès lors aussi une lutte s'engagea
entre le pouvoir et les citoyens ; et malgré,
ou plutôt à cause des innombrahles lois et
réglemens sur la matière, dans l'espace de
moins d'un siècle, c'est-à-dire de 17G0 à
1789, un million d'hectares de bois fut dé-
friché. A la vérité, il était facile d'exphquer
les désobéissances à la loi par les motifs qui
les avaient provoquées. Le désir de Hvrer à
la culture des terres fertiles, l'ouverture
de roules nouvelles, etc., étaient autant de
causes que faisaient valoir les seigneurs et
le clergé pour justifier ces diverses infrac-
tions.
L'assemblée constituaiite , tombant dans
un excès contraire, flt cesser toutes les en-
traves, et la liberté la plus entière fut laissée
aux propriétaires de bois pour les ex-
ploiter.
Mais bientôt les dévastations dont les fo-
rêts furent l'objet attirèrent l'atlenlion sé-
Jdeuse de l'autorité, et la loi du 18 février
1803 pourvut à la défense des forêts de
l'État contre les entreprises de« usagers; peu
de temps après, c'est-à-dire le 29 avril sui-
vant, une autre loi prescrivit formellement
^ue le défrichement des forêts n'aurait lieu
que 6 mois après la déclaration qui en seraîl
faite par le propriétaire devant le conserva-
teur forestier de l'arrondissement. Cette
défense n'était pas applicable aux bois noja
clos, d'une étendue moindre de deux hee-
tares.
Les prohibitions prononcées par ces lois
devaient cesser après un laps de vingt an»
nées; mais le code forestier du 21 mai 1^7
prolongea pour vingt années encore la pro-
lùbilion à l'égard des bois appartenant aux
citoyens; d'où il résulte qu'elle ne doit cesser
qu'en 18i7. L'art. 219 , qui prononce celle
disposition, est ainsi conçu :
(c Pendant 20 ans , à dater de la promul-
gation de la présente loi, aucun parlicuher
ne pourra arracher ni défricher ses bois
qu'après en avoir fait préalablement la dé-
claration à la sous-préfecture, au moins six
mois d'avance , durant lesquels l'adminis-
tration pourra faire signifier au propriétaire
soii opposition au défrichement. Dans les
fjx mois , à dater de cette signiOcation , il
sera statué sur l'opposition par le préfet,
sauf le recours au ministre des finances. Si,
dans les six mois après la signification de
l'opposition, la décision du ministre n'a pas
été rendue et signifiée au propriétaire des
bois , le défrichement pourra être effec-
tué. »
En cas de contravention à cet article, le
propriétaire, d'après l'art. 220, est condaiB-
ué à une amende calculée à raison de 500
fr. au moi-os et de 1500 fr. au plus par hec-
tare de bois défriché , et, eu outre, à rét*-
blir les Heux en nature de bois, dans un d»-
lai qui ne peut excéder trois années.
Sont exemptés des dispositions de l'art.
219 ci-dessus :
1. Lesjeunes bois, pendant les 20 premiè-
res années après leur semis ou plantation ,
excepté quand ils ont eu lieu par suite
de jugement , en remplacement de bois dé-^
friches;
2. Les parcs ou jardins clos et attenant
aux habitations;
3. Les bois non clos , d'une étendu© an-
dessous de 4 hectares , lorsqu'ils ne font
point partie d'un autre bois qui compléte-
rait une conleuance de 4 hectares, ou qu'ils
ne sont pas situés sur le sommet ou la
pente d'une montagne.
Enfin, par l'article 225, les semis et plan-
tations de bois surlesommet et le penchant
des montagnes et sur les dunes, sont exempts
de tout impôt pendant 20 ans.
Les conmiunes et établissemens publia
De peuvent faire, non plus, aucun défriche-
ment de leurs bois sans une autorisation
expresse et spéciale du gouvernement. Ceux
quiTauraient ordonné ou effectué sans cette
autorisation seraient passibles des peines
portées contre les particuliers, pour les con-
traventions de même nature. (Art. 91.)
Les motifs d'utilité publique , allégués
pour le maintien de l'état de choses actuel,
soji^t, 1. la nécessité de pourvoir aux be-
soins de la consommation , et d'assurer les
approvisionnemens de bois pour le combus-
tible et les constructions.
. 2. Prévenir le d-éboisement de certaines
locahtés dans des intérêts physiques de sû-
reté, tels que le soutien des terres en pente,
l'alimentation des sources, la défense contre
les vents ou sables de mer, etc.
La question posée de cette manière, il est
facile d'y répondre , mais avant nous de-
vons faire une observation , qui tient au
fond de cette question.
S'il s'agissait aujourd'hui d'imposer des
restrictions à l'exploitaticn des forêts et des
bois , on concevrait qu'une telle mesure ,
devant blesser des droits acquis, pourrait
être combattue avec le seul raisonnement
de la justice; mais il n'en est point ainsi.
Sans doute le système actuel est Aicieux;
mais enfin il n'a point porté atteinte à la
propriété individuelle , puisque les con-
tractans, soit en vendant, soit en achetîoit,
ont agi avec la connaissance parfaite de l'é-
tat de choses, et que , conséquemment , ils
ont dû en tenir compte dans leurs transac-
tions.
Les propriétaires de bois seront d'autant
plus autorisés à se plaindre de l'état de cho-
ses actuel qu'ils auront été plus ou moins
froissés dans leurs intérêts. Or, depuis le 29
avril 1803, époque où l'autorité dut arrêter
les dévastations des forêts, jusqu'au 1 jan-
vier 1835, le nombre d'hectares dont le dé-
frichement a été demandé est de 197j2ô3 ,
sur lesquels des autorisations ont été accor-
dées pour 116,16^4; quantité qui représente
le 29e du sol forestier , évalué à 6,377,600
tect., qui se classent ainsi sous le rapport
de la propriété :
Bois domaniaux. . . 1 ,002,31a h. taiU. et fut.
Bois des communes
et des établissemens
publics 1,823,283 id.
Bois de la liste civi-
le d^s princes 250,000 id.
Bois des particuliers 3,300,000 id.
Total égal. . 6,377,600
1^
On voit que les bois des particuliers, ceux
sur lesquels le gouvernement conserve une
action de surveillance , s'élèvent à. plus de
moitié de la totalité de ceux existans en
France.
Les adversaires du système actuel, et
nous sommes nous-mêmes loin de l'admettre
sans restriction , allèguent qu'il ne peut en
être de même de la culture et du -com-
merce du bois que de toute autre industrie,
et qu'il faut laisser à l'iutérêt particulier à
décider ce qui est le plus à son avantage.
L'obj ection pourrait être faite avec autant
de justesse pour tous les cas dans les-
quels l'interyention de l'autorité a lieu;
mais l'on conçoit qu'il ne puisse en ètve au-
trement , soit comme mesure d'ordre , soit
comme chargé du maintien des intérêts gé-
néraux. D'ailleurs , il n'en est pas du bois
comme de la culture de tout autre produc-
tion du sol. On peut aisément, et dans une
période rapprochée , changer la nature des
assoleraens d'une terre, mais il faut 20 ans
au moins pour qu'un bois commence à don-
ner des produits partiels.
A la vérité, le tarif des douanes porte une
atteinte grave à l'intérêt des propriétaires
forestiers , puisqu'il prohibe l'exportation
des bois, non-seulement sous leur forme
première, soit pour brûler, soit pour cons*
truire, mais sous toutesles formes possibles,
de charbon , de merrain , de futailles , d'è»
corces et même de cendre, tandis que d'au*
tre part il leur est expressément interdit de
changer la culture, en sorte qu'il leur est en-
joint, pour ainsi dire, de produire et défeii-
du de vendre.
Hors des cas indiqués ci-dessus, nous peu'
sons que les bois devraient être affranchis
de ces entraves minutieuses qui paralysent
cette industrie entre les mains des propriô^
taires. Ainsi, quand le défrichement aurait
pour résultat la chute des terres, de voir
disparaître avec la forêt une source qui
fournit l'eau nécessaire aux habitans d'une
commune ou d'un village ou hameau; quand
la forêt qui couvre les sables de la mer en-
tretient une utile cohésion, voilà de ces cau-
ses qui doivent autoriser le gouvernement
à intervenir dans un intérêt général.
Quand bien même, ce qui ne sera pas, on
autoriserait dès à présent les propriétaires
desbois aies défricher, comme bon leur sem-
blerait , pense-t-on que tous spontanément
profiteraient de cette autorisation ? non ,
certes; car l'intérêt leur ferait comprendre
aussitôt qu'une baisse énorme dans les prix
130
dimiauerait la valear de leurs proprié-
tés. Le fonds reste , il est vrai ; mais ce
ne serait qu'après de longues années qu'il
arriverait à donner en produits ce qu'il offre
dans l'état actuel, comme bois ou forêt.
Craint-on que la pénurie des bois de con-
SlructioH nous rende tributaires de l'étran-
ger ? mais cela existe déjà; ce ne serait donc
qu'une augmentation dans le chiffre. D'ail-
leurs, les forêts des domaines, celles des prin-
ces, des communes, des élablissemens pu-
blics pourraient être régies d'après des lois
ou régleraens particuliers ; et , par la force
des choses, les propriétaires viendraient se
ranger sous ces mêmes lois et réglemens si,
par le fait, il en résultait des avantages ma-
tériels pour l'État,
On «ait à. combien s'élève la consomma-
tion annuelle du bois pour construction et
pour combustible; l'on sait pareillement
quelle est la production moyenne des focèts,
lu moyen des aménagemens; or , ne pour-
rait-on pas limiter l'étendue des coupes ,
celle des défricheracns , en faire le par-
tage proportionnel, et laisser ensuite à l'in-
dustrie particulière le soin de faire ou de ne
pas faire, selon qu'elle y trouverait de l'in-
térêt ou du préjudice?
En résumé, nous pensons que les dispo-
sitions suivantes sont de nature à satisfaire
toutes les exigences:
1. On déclarerait que les bois ou partie
de bois placés dans une condition voulue
pourraient être défrichés dans une propor-
tion fixée; 2. Quand il y aurait des incon-
vénicns à ce que cette mesure eût lieu , les
propriétair«s seraient tenus de faire la de-
mande d'autorisation. Dans le délai de deux
mois , par exemple , l'autorité devrait ré-
■ pondre par l'acceptation ou le rejet de la
demande, tandis que maintenant la non ad-
liésion seule est signifiée, et que l'autorisa-
tion se connaît par le silence gardé sur l'op-
position. An moyen de ce mode administra-
tif, une année peut s'écouler entre la de-
mande et la réponse.
Les autres articles du code forestier de
1827 seraient appliqués dans les cas pres-
crits.
INSTRUCTION PUBLIQUE.
Le fait d'avoir tenu une école primaire ,
sans autorisation, ne peut être excusé sous
le prétexte que le prévenu n'y recevait que
ses petiLs-flls et un petit nombre d'cufans de
ses plus proches parens.
(Cour de cass., 24 sept. 1835.)
ORDONNANCE BU ROI, CONCERNANT LE»
ÉCOLES DE FILLES.
TITRE I.
De rinslruction primaire dans les écoles de
filles et de son objet.
Art. i. L'instruction primaire dans les écoles
de filles est élémentaire ou supérieure.
L'instruction primaire élémentaire com-
prend nécessairement l'instruction morale et
religieuse, la lecture , récriture, les élémcns
du calcul, les élémens delà langue française,
le chant, les travaux d'aiguille, et les élé-
mens dn dessin linéaire.
L'instruction primaire supérieure comprend,
?n outra, des notions plus étendues d'arithmé-
tique et de langue française , et particulière-
ment de l'histoire et de la géographie de la
France.
Art. 2. Dans les écoles de l'un et de l'autre
degré , sur l'avis du comité locaî et du comité
d'arrondissement.l'instruction primaire pourra
recevoir, avec l'autorisation du recteur de l'A-
cadémie, les développemens qui seront jugés
convenables, selon les besoins et les ressources
des localités.
Art. 3. Les art. 2 et 3 de la loi du 28 juin t838
sont applicables aux écoles primaires de filles.
TITRE IL
Des écoles primaires pn©«i».
Art. 4. Pour avoir le droit de tenir uneecdlf
primaire de filles, il faudra avoir obtenu*
lo Un brevet de capacité , sauf le cas prévu
par l'article 13 de la présente ordonnance;
20 Une autorisation pour un lieu déterminé.
§ 1. Du brevet de capacité'.
Art. 5. Il y a deux sortes de brevets de capa-
cité, les uns pour l'instruction primaire élé-
mentaire , les autres pour l'instruction pri-
maire supérieure.
Ces brevets seront délivrés après des épreuves
soutenues devant une commission nommée
par notre ministre de l'instruction publique,
cl conformément à un programme déterminé
par le conseil royal.
Art. 6. Aucune postulante ne sera admise
devant la commission d'examen , si elle n'est
âgée de vingt ans au moins. Elle sera tenue de
présenter : lo son acte de naissance ; si elle est
mariée , l'acte de célébration de son mariage ;
si elle est veuve , l'acte de décès de son mari ;
2o un certificat de bonnes vies et mœurs, dé-
livré , sur l'attestation de trois conseillers mu-
nicipaux , par le maire de la commune ou de
chacune des communes où elle aura résidé
depuis trois ans.
A Paris, le certificat sera délivré, sur l'af-
lestatiou de trois notables, par le maire de
i'arrondissement municip^al, ou de chacun des
arronid-^semcns niuuicipauv où l'impétrante
■aura résidé depuis trois ans.
§ 2. De l'autorisation.
Art. 7. L'autorisation nécessaire pour tenir
une école primaire de filles sera délivrée par
le recteur de l'Académie.
Cette autorisation , sauf le cas prévu par
J'art. 13, sera donnée, après avis du comité
local et du comité d'arrondissement, sur la
présentation du brevet de capacité et d'un cer-
tiGcat attestant la bonne conduite de la pos-
tulante depuis l'époque où elle aura obtenu le
brevet de capacité".
Art. 8. L'autorisation de tenir une école pri-
maire ne donne que le droit de recevoir des
élèves externes ; il faut pour tenir pensionnat
21 ne autorisation spéciale.
TITRE III.
Des écoles primaires publiques.
Art. 9. Nulle école ne pourra prendre le titre
d'école primaire communale quaulant qu'un
logement et un traitement convenables auront
été assurés à l'institutrice, soit par des fonda-
tions, donations ou legs faits en faveur d'éta-
blissemens publics, soit par délibération du
<?onseil municipal dûment approuvée.
Art. 10. Lorsque le conseil municipal allouera
4m traitement fixe suffisant, la rétribution
mensuelle pourra être perçue au profit de la
<;ommune , en compensation des sacrifices
qu'elle s'impose.
Seront admises gratuitement dans l'école
publique les élèves que le conseil municipal
aura désignées comme ne pouvant payer au-
cune rétribution.
.1 Art. H. Les dispositions des articles 4 et sui-
Tans de la présente ordonnance , relatives au
brevet de capacité et à l'autorisation , sont
applicables aux écoles primaires publiques.
Toutefois, à l'égard de ces dernières, le rec-
teur devM se faire remettre , outre les pièces
mentionnées en l'article 6 , une expédition de
la délibération du conseil municipal, qui fixera
le sort de l'institutrice.
Art. 12. Dans les lieux où il existera des
écoles communales distinctes pour les enfans
des deux sexes, il ne sera permis à aucun in-
stituteur d'admettre des tilles , et à aucune in-
stitutrice d'admettre des garçons.
TITRE IV.
13f
congrégation religieuse dont les slalu.ts, régu-
lièrement approuvés , renfermeraient l'obli-
gation de se livrer à l'éducation de l'enfance,
pourront être aussi autorisées par le recteur à
tenir une école prima-re élémentaire, sur lo
vu de leurs lettres d'obédience, et sur l'indi-
cation par la supérieure de la commune où les
sœurs seraient appelées.
Art. 14. L'autorisation de tenir une école
primaire supérieure ne pourra être accordée
sans que la postulante justifie d'un brevet d«»
capacité du degré su-péricur obtenu dans la
forme et aux conditions prescrites par la pré-
sente ordonnance.
TITRE V.
Des autorités préposées à l'instruction
primaire.
Art. 1.5. Les comités locaux et les comités
d'arrondissemens établis en vertu de la loi du
28 juin 1833 et de l'ordonnance du 8 novem&re
de la même année, exerceront sur les écoles
primaires des filles les attributions énoncées
dans les articles 21, § 1, 2, 3, 4 et 5 ; 22, § ], 3.
3, 4 et 5 ; 23, § 1, 2 et 3 de ladite loi.
Art. 16. Les comités feront visiter les écoles
primaires de filles par des délégués pris parmi
les membres ou par des dames inspectrices.
Art. 17. Lorsque les dames inspectrices se-
ront appelées à faire des rapports au coraiîft.
soit local , soit d'arrondissement, concernant
les écoles qu'elles auront visitées , elles assis-
teront à la séance avec voix délibérative.
Art. 18. Il y aura dans chaque départe-
ment une commission 'd'instruction primafre
chargée d'examiner les personnes qui aspi-
reront aux brevets de capacité.
Les examens auront lieu publiquement.
Des dames inspectrices pourront faire partie
desdites commissions.
Ces commissions délivreront des certificats
d'aptitude, d'après lesquels le recteur de TAca-
démie expédiera le brevet de capacité , saus,
l'autorisation du ministre.
Dispositions transitoires.
Art. 10. Les institutrices primaires commu-
nales ou privées, actuellement établies eu
vertu d'autorisations régulièrement obtenues,
pourront continuer de tenir leurs écoles sans
avoir besoin d'aucun nouveau titre; elles de-
vront seulement déclarer leur intention an
comité local d'ici au 1er septembre prochaia.
Jht écoles primaires de filles, dirigées par des , ... , „. . .• li-
congrégations religieuses. ^^^ ministre de Imslractioa publique a
adressé le 5 juillet 1836 aux préfets et aux
ArU 13. Les institutrices appartenant à une | recteurs le rapport fait à la chambre des dé-
132
^pulés sur de projet c!e loi concernant Tin-
slnicUon secondaire, le projet de loi «t les
amendemens proposés par la commission.
La discussion n'ayant pu avoir lieu dans la
Bcssion qui vient d'être close, M. le ministre
a pensé, avec raison, qu'il serait avantageux
d'appeler sur cette importante matière l'at-
' lention de toutes les peisonnes qui peuvent
«clairer la question. 11 serait à désirer que
cet examen , par le pays, eût lieu pour
toutes les lois d'un intérêt aussi général,
ainsi que cela se pratique en Angleterre.
IVos codes, qui font l'admiralion des étran-
gers, ont été ainsi préparés, et cette espèce
de concours ne peut que tourner au per-
fectionnement de ces lois (1) .
Voir l'extrait de cette circulaire.
J.e projet de loi a pour objet principal de
atisfaire à l'article 69 de la Charte, paragraphe
8, qui annonce une loi sur l'inslruclion publi-
que et la liberté de l'enseignement.
Le litre premier établit celte liberté par
trois dispositions principales :
«Tout individu quiréunira les conditions de
capacité et de moralité exigées pourra d'ésor-
inais établir une maison d'éducation, sous l'au-
torisation de l'université.
« Celte maison, une fois établie, ne pourra
plus être fermée que par arrêt de la justice.
« Les maîtres de pension ne seront plus
obligés d'envoyer leurs élèves dans les collèges
royaux.
« Ces dispositions veulent être examinées
BOUS [ c rapport littéraire et scientifique, cl
tous le rapport moral et politique.
• Quelle influence pensez-vous que puisse
avoir leur adoption sur l'état des sciences et
des Icltres ?
« Quelle influence sur l'éducation, dans ce
C^J Voir Journal des Connaissances utiles ,
xaaxi I8;>C, p. 58.
qui intéresse la morale elle gouvernement?
« Que pensez-vous qu'il en puisse résulter
pour l'existence des collèges royaux et com-
munaux?
« Ces questions, vous le voyez, sont dignes
du plus sérieux examen ; elles embrassent les
plus chers intérêts da pays ; sa gloire litté-
raire, dont le maintien dépend d'un bon sys-
tème aéludes ; sa paix et sa prospérité, qui se
ressentiront nécessairement des principes dans
lesquels on élèvera sa jeunesse.
• Le titre deuxième, moins important dan&
ses conséquen';es, traite des collèges commu-
naux. Il en fait deux classes. La première sera
organisée plus fortement que par le passé ,
sous le rapport des études, pour pouvoir sou-
tenir la concurrence que lui feront les èta-
blissemens libres. La deuxième, réduite, pcui
les langues anciennes, aux classes de gram-
maires, réalisera le vœu des personnes qui
trouvent que, pour certaines classes de la so-
ciété , les langues anciennes tiennent une
trop grande place dans l'enseignement.
« Indépendamment des poinls sur lesquels le-
projet de loi statue, il en est un qu'il passe
sous silence, mais à l'égard duquel le rapport
de la commission demande qu'on prenne un
parti : ce sont les petits séminaires. Il s'agit de
faire que les petits séminaires remplissent le but
important pour lequel ils ont été institués,
qui est le recrutement du clergé, sans profiter
de l'exeraplion d'impôts qui leur est accordée
pour attirer à eux les jeunes gens qui ne se- /
destinent point à l'église, au détriment des au-
tres établissemens d'instruction, qui ne jouis-
sent pas des mêmes immunités. Les avis ont
été partagés dans la commission sur le parti à
prendre à cet égard. La majorité a pensé qu'il
fallait laisser toute liberté aux petits séminai-
res, mais en retirant les privilèges dont ils
jouissent. La minorité, au contraire, a cru
qu'on devait continuer de les exempter de
l'impôt, en prenant les précautions nécessaires
pour empêcher l'abus dont on s'est plaint.
Vous verrez, dans le rapport, par quels motifs-
chaque opinion a été soutenue.»
■m
13î
REPEUTOIllE DOMESTIQUE.
-=tB>®C-«=
ÉDUCATION DE L'ENFANCE. -lï. MOTIALE ET BIEN-ETRE DES FAMILLES,
-III. ÉCONOMIE USUELLE.
FARINE DE FROMENT FRELATEE.
M. Morin, pharmacien à Rouen, a décou-
vert le moyeu de s'assurer si la farine de fro-
menl esl frelatée par la fécule de pomme
de terre. Il suffit de mettre dans un mortier
de verre un gramme environ de cette
farine avec quelques gouttes d'acidç sulfu-
rique pur; bientôt il se dégage une odeur
semblable àcelie qu'exhale lapomme de terre
cuite sou-s la cendre. Quelie que soit la quan-
tité de fécule mêlée à la farine de fi'oment ,
on parvient ainsi à en constater la présence;
les farines de riz, de mais, de pois, de lentil-
les, ne donnent point d'odeur analogue à
celle que fournit ce mélange placé sous Tin-
3uence de l'acide sulfuriquc.
HARENGS SALÉS.
Pour leur rendre les quahtés du hareng
frais, il suffit de les dessaler et de les faire
tremper pendant 24 heures dans du lait
chaud.
»
OEUFS (Conservation dès).
En Ecosse, on conserve les oeufs de la ma-
nière suivante : Ils sont p!>ongés pendant une
minute ou deux dans de l'eau bouillante, de
manière à coaguler une petite partie du
blanc et à former ainsi, dans le pourtour de
l'oeuf, une couche mince qui en protège l'in-
térieur contre l'accès de l'air.
TOMATES (Conservation des
On place les tomates dans un pot de terre
vernissé, que l'on remplit entièrement avec
de l'eau salée, et de manière que les fruits
baignent dedans; on recouvre le vase avec
une assiette creus-e, de telle sorte que le
fond presse sur les points qui se trouvent à
la superficie de l'eau. Quand on veut se ser-
vir des tomates, il faut avant les faire trem-
per quelques heures dans de l'eau ordi-
naire. On reconnaît que l'eau est suffisara-
ment saturée quand un œuf plongé dans le
vase qui contient l'eau remonte à sasurface.
VLVNDE DE BOEUF (Conservation de la;
En Amérique, on suspend , à l'aide d'une
corde à la voule d'une cave privée d'humi-
dité le morceau de bœuf que l'on veut cou-
server. Après un mois ou deux, la viande t
acquis des qualités; elle est plus tendre, plue
succulente , et possède un fumet que l'on ne
lui trouve pas dans son état de fraîcheur.
L'expérience est assezsimple pour que cha-
'"un puisse s'assurer du résultat. La viande
de bœuf peut se conserver ainsi pendant plur
sieurs mois.
MOUCHES (iloyen de les éloigner de h.
viande).
Les bouchas de Genève garantissent let
viandes qu'ils étalent de l'approche des mou-
ches, en endu-isant les murs et les boiseries
de leurs boutiques d'huile de laurier.
CONSERVATION DU LAIT.
Les vaisseaax de zinc sont substitués ave>;
avantagea ceux d'étain ou d'autres matièrei
dans lesquelles on conserve le lait. Le lait
conservé dans le zinc ne se caille que quatre
ou cinq heures plus tard que celui qu'on mel
dans d'autres vases, ce qui permet à toute
la crème. de s'en séparer; en outre, cette
crème fournit du beurre en plus grande quaE-
lité et de meilleure qualité,
FROMAGES DE BREB'is (Fabrication) dans fe
Bas-Languedoc.
Au commencement d'avril, lorsque 1er
agneaux sont à leur quatrième mois et déjà
forts, on commence à les sevrer. On les sépa-
re dès lors chaque fois de leurs mères, pouj
ne les leur rendre que le lendemain vers ie
milieu dujour et après que celles-ci ont été
traites au retour du pâturage: ils tètenllëîaif
qui reste, et on les laisse ensemble jusqu'a-e
soir. On ne doit pendant quelque temps traire,
les brebis qu'une fois parjour,etue sevi*er
les agneaux que peu à peu, dans ia crainte
de nuire à leur accrcissement.
Le lait qu'on a tiré est passé dans une été
13»
mine ou un linge très propre; on le verse ITeau en sorte parfailemenl claire. Par cette
ensuite dans de grands pois de grès; on y
jette sur-le-champ la présure nécessaire,
sans chercher à retirer le beurre q;:i est en
trop pelite quantité.
De quelque présure qu'on se serve, il faut
toujours avoir lallenlion de mettre le lait
dans un endroit frais, quand il fait chaud, et
de le tenir, au contraire, chaudement lors-
qu'il fait froid, afin de faciliter Tiiffcrmisse-
raeat du caillé. Il est essentiel que Fcadroit
où on le fait et les ustensiles soient tenus
dans la plus grande propreté. Les person-
nes qui y travaillent doivent avoir toujours
les mains très propres.
Aussitôt que le lait est caillé, on lc\hrise
et on le mêle avec une cuillère percée ou
avec la main-, il est rais ensuite dans des
éclisses de grès ou moules de six pouces de
diamètre, d'un pouce de profondeur, et
percées de quelques petits trous, afin que le
fromage s'égoulle. On remplit ces moules
de caillé bieu divisé qu'on y laisse jusqu'à
ce qu'il soit un peu plus ferme, ce qui a
lieu à peu près ?« l>out de sept ou huit mi-
nutes. On retourne alors les fromages dans
les moules, où ils restent jusqu'à ce qu'ils
puissent être renversés sur de la paille
longue et bien nette, ou sur des joncs. En-
fin, quand ils ont bien pris leur forme, qu'ils
ont été retournés plusieurs fois et qu'ils
sont bien égouttés, on jette sur chaque côté
un peu de sel menu.
Un troupeau de 400 brebis peut fournir
six à sept douzaines de fromages par jour.
BEURRE DE HOLLAXDE (Manière de le fa-
briquer).
La qualité supérieure du beurre de Hol-
lande ne vient pas seulement de la bonté
des pâturages de ce pays-, elle \nenl encore
à la méthode mise eu usage pour le fabri-
quer. Après avoir laisse refroidir le lait dans
des baquets, on le remue deux ou trois fois
par jour avec une spatule de bois pour em-
pêcher la crème de se séparer du lait; on
renouvelle l'opération jusqu'à ce que le lait
offre assez de consistance pour que la spa-
tule ne puisse plus s'enfcncer. On met alors
le tout dans une baratte, et on le bat pen-
dant UHC heure. Lorsque le beurre com-
mence à se former, on verse de l'au froide
en proportion de la quantité du lait, et jus-
qu'à ce que celui-ci soit séparé du beurre.
Après quelebeurreaétéretiréde la baratte,
on le lave en le pétrissant jusqu'à ce que
méthode bien simple, du reste, on obtient
plus de beurre d'une même quantité de lait;
le beurre est plus ferme, plus doux, et il
se conserve plus Ions-temps que lorsqu'on
sépare la crème du lait.
T.1PIs1n PAPIER.
On colle sur le plancher un papier à dessin
élégant, et on en couvre la surface de trois
couches successives de vernis indien qui
rond ce tapis, d'un nouveau genre, uni et
brillant et impénétrable à l'eau. On peut
«ussi substituer au papier peint le papier
couvert d'une feuille d'or ou d'argent bruni,
et on obtient une surface à reflets métalli-
ques d'un bel effet. On nettoie ce tapis en le
lavant, sans aucune précaution, comme on
le ferait d'un marbre.
RAMOXAG£ VÉGÉtAL.
On a fait l'essai, en Angleterre, d'un nou-
veau système de ramonage, qui consiste à
remplacer au printemps les cendi'fes du foyer
par de la terre dans laquelle on sème des
plantes grimpantes, telles que gobéas, clé-
matites, houblon, etc. Ces plaales s'élèvent
jusqu'au faîte, et, quand arrive le mois
d'octobre, on assemble les racines, ou les
tire, et la cheminée est neHoyée. Une mé-
daille d'or de 1,200 francs a été donnée à
l'inventeur de ce singulier procédé.
CHEVEUX (Pommade pour les empêcher
de tomber).
iMoëlle de bœuf préparée. . . 6 onces.
Huile d'amandes douces. . . 2 Id.
Rhum vieux 4 id.
On fait fondre la moelle de bœufaubain-
marie, on ajoute l'huile, et on retire du fen.
Le rhum s'ajoute en battant le tout dans un
mortier de marbre. Si l'on fait usage de
vin vieux au lieu de rhum , il faut alors
augmenter d'un tiers la quantité de ce
hquide.
TRA\SPiRATio>' DES PIEDS (Remède cofltrc
la).
11 faut avoir soin de les essuyer avec un
linge sec en sortant du lit et lorsqu'ils sont
encore en moitaur, puis de jeter dessus
quelques gouttes d'eau-de-rie. Les pores
absorbent cet esprit qui imprime du ton
au système général, et lui donne la force
de s'assimiler une évacuation lucommode.
13i
COUCHER (Matelas et traversins composés
de plantes marines du genre zoslère.
MM. Pasleurs D'Etrcillis et A. Dannuicn
ont fait une découverte qui est appelée à pren-
dre place parmi les iiiveulious «lui ont pour
objet la santé ou le bien-èlre de toutes les
classes de la société. îl s'agit de remplacer la
laine, le crin et la plume dont se composent
les lits, fiar l'emploi des feuilles de la zchs'crc.
Cette plante est éminemment souple, é'hsli-
çue, peu résistante. On peut la remuer sans
la casser, et il suffit de l'agiter eu faisant le
lit pour lui rendrp toute sa souplesse. Sans
doute elle n'offre pas le moelleux de la laine,
mais on y est beaucoup plus mollement que
sur le crin.
La zostère ne contracte jamais la moindre
edeur ; l'eau glissant, pour ainsi dire, à la sur-
face, les sueurs abondantes et les arrosemens
qui proviennent si souvent des voies uriuai-
res passeut en travers sans qu'il se puisse éta-
blir de corruption ; l'eau douce qu'on y jette
dessus fait di>;paraîlrc jusqu'aux moindres tra-
ces et prévient tonte altération, car il suffit
d'étendre la zoslère comme une litière pour
qu'elle sèche un peu d'heures sans occasion-
ner la moindre odeur. Les insectes ne s'éta-
blissent jamais dans les matelas de zostère, et
il paraîtrait même qu'elle a le privilège d'éloi-
gner les souris.
Un autre avantage , et ce n'est pas le moin-
dre, est celui du bas prix auquel on peut éta-
blir les mati/as formés dos feuilles de cette
plante. Ils coûtent de J3 à 30 francs, selon
leur largeur et l'étolTe que l'on emploie, c'est-
à-dire la toile à damier ou le coutiL
Les magasins de 31. d'Elreille et A. Dam-
mien sont établis rue Bellefonds, n. 19, à Pa-
ris.
PURGATIF RAFnAICHISSAIVT.
Sucre râpé. . . 3 onces.
Zestes de citron. 1 pinc-ée.
Eau bouillante. 1 pinte.
Crème de tartre soluble. i ©nce et demie.
On verso Teau bouillante sur les autres
substances, et chaque quart d'heuue ou
boit une tasse ordinaire de ce liquide qui est
aussi agréable qu'uBe limonade.
VEILLEUSE ÉCONOMIQUE.
On pèle un marron et ou le fait tremper
pendant vingt-quatre heures dans de Tlmile
à brûler, après Tavoir percé de pert en part
avec une vrille. Quand on veut en faire
usage, on passe dans ce trou une mèche
de la longueur du petit doigt, pu>j on met
le marron dans un vase rempli d'eau, et la
jBjèche reste toute la nuit allumée.
VIN EX PIECE.
Afin den'èlrc pas obligé de remplir coa-
stivmnii'nt les pièces de vin en vidanges, on
introduit par la bonde des cailloux bien la-
vés, en quantité suffisante pour remplir
la capacité formant le vide.
GAXTS DE COULEUR CL.VIRE
(Nettoyage de}.
On place les gants sur une main de bois,
ou, à défaut, sur sa propre main, et avec
une petite épongé imbibée de lait tiède, et
que Ton passe ensuite sur du savon blanc,
on frotte le gant qui se nettoie facilement
par ce procédé. Quand le gant est '.égère-
ment imbibé, on l'essuie avec un linse doux
et l'opération est terminée.
CEXDHES (leur emploi;.
Les meilleures «cndres sont celles dubei»"
des arbres fruitiers, et celle de Forme et
du cliêne; puis celles de tremble et de
charme. Les tiges de vigne et de groseiîlers
donnent des cendres très actives qui pour-
raient altérer le linge, si on n'en tempérait
la causticité par des cendres de bois blanc
Les tiges d'oseille, de fèves, de haricots,
les coquilles d'œufs, le gazon séché, le
marc de vendange, donnent de très bonnes
cendres.
Le sel qui so dépose dans la lessive ré
duite s'appelle saîiu; blanchi par la calcina -
lion, il prend le nom de potas?-c. Le sel des
cendres de plantes-marines s'appelle soude.
Les cendres de bonne qualité doivent pro-
duire dix hvres de potasse par cent livres.
Les cendres de bois résineux donnent très
peu de salin; celles du bois pourri en four-
nissent en abondance. Les cendres des bois
flottés contiennent d'autant moins de po-
tasse qu ils sont restés plus long-temps sous
l'eau.
Parmi les cendres , on distingue celles les-
sivées et celles dites alcalines. On les em
ploie l'une et l'autre comme engrais : la
première, de préférence, dans les lerraius
froids et compacts; la seconde dans les
lieux bas, humides et encombrés de plantes
nkarécageuses. Plus les plantes sont jeunes,
plus l'engrais est fécond; la qualité des cen-
dres s'accroît par le mélange avec l'huile ou
les débris d'animaux.
CIRAGE.
La recftlte qui donne le cirage de bonne
596
qualité et au plus bas prix, doit, sans niiljsihle, et à plusieurs reprises, chaque fois
doute, être préférée -,13 suivante paraît reu
air ces deux avantages.
Noir d'ivoire 5 hiJogr.
Mélasse de canne . 2 »
Acide sulfuriquc à 66© ... . 400 gr.
Noix de galle concassée ... 120 id.
, Sulfate de fer , ^20 id.
Eau 2 litres.
La mélasse étant versée dans un vase de
la contenance de dix litres au moins, on y
iéîaie peu à peu le noir d'ivoire. Oa fait
Ibouillir un litre d'eau dans laquelle on fait
sifuser la noix de galle pendant une heure,
■^ que Ton passe dans un hnge. Dans le res-
tant de Teau, on dissout le sulfate de fer
{ians le quart ou la moitié de cette dissolu-
iSon à laquelle on ajoute l'acide sulfuriquc;
îe reste est mêlé immédiatement avec le
3ïoir d'ivoire et la mélasse. On y ajoute en-
suite, peu à peu , l'acide sulfurique, en agi-
teiUcontinuellement. Le volume de la masse
•augmente sensiblement et s'épaissit en même
îlemps. On*y ajoute enfm l'infusion de noix
^e galle.
On obtient ainsi une pâte molle. Si on
•ajoute de la gomme au cirage, celui-ci se
solidifie par la com.binaison de la gomm.e
avec l'oxyde de fer. Si on veut avoir du ci-
Mige liquide, il faut délayer la pâte dans
îînq litres d'eau, l'agiter et la verser rapi-
ècement dans des bouteilles.
Le noir animal doit être choisi du plus
ieau noir possible et être bien pulvérisé;
(S'est de sa qualité que dépend la beauté du
«îirage. L'indigo est employé pour donner un
îon bleuâtre au cirage, mais "l'élévation de
son prix ne permet pas d'en faire toujours
Bsage. On peut le remplacer avantageuse-
ment par le sulfate de fer et la noix de galle
fui produisent à peu près le môme résultat.
Quand on ajoute des matières gra.sses au
-sirage, il faut les délayer avec le noir et la
mélasse avant d'ajouter l'acide sulfurique,
autrement elles se sépareraient et produi-
iraient un mauvais effet. On peut remplacer
îa mélasse par de la fécule que l'on fait
Isouillir avec uu mélange d'eau et d'acide
r>alfurique.
saiENS EMPOISONNÉS. (Moyen de guérir
les).
Imprégner un linge d'eau de javelle, ou
asseux de solution de chlore, et la faire res-
3>îrer à l'animal en la plaçant sous le nez et
i^resque dans la bouche; lui faire couler dans
!a bouclie ou lui faire avaler, si cela est pos-
un quart de verre d'eau dans laquelle
on aura versé plein un dé à coudre d'eau
de javelle ou de solution de chlore; conti-
nuer ce moyen jusqu'à ce que l'animal
puisse se lever, le soigner ensuite et lui don-
ner un peu de lait. Il faut renouveler sou-
vent l'eau de javelle sur le hnge. M. Pisto-
rius, pharmacien, qui indique ce remède,
en a fait lui-même l'expérience, et a obtenu
la parfaite guérison de l'animal ainsi traité.
BRE'J VAGES POUR LES ANIMAUX MALADES.
10 Breuvage adoueissant simple.
Gomme arabique 2 onces.
Miel 4 id.
Eau commune 1 pinte.
On fait dissoudre la gomme et le miel dans
l'eau. La gomme peut être remplacée par des
décoctions de graine de lin, de guimauve ou
de réglisse ; on peut aussi y ajouler des tètes
de pavots, pour communiquer à ce breuvage
des propriétés calmantes ; dans ce cas , il faut
environ 4 têtes par litre de breuvage. On l'em-
ploie pour combattre les inflammations aiguës
de l'estomac et de l'intestin des chevaux.
2o Breuvage fompérant simple.
Feuilles ('•? bourrache. ... 6 onces.
Oximel simple 8 id.
Eau commune 2 litres.
On fait d'abord infuser la bourrache pen-
daat une heure ; on passe le liquide à travers
un linge, et on ajoute ioximel.
3o Breuvage contre les mélcorisnlions (gonfle-
ment) des bêtes à cornes.
40 Ammoniaque liquide 4 gros.
Eau froide 2 litres.
On administre ce breuvage à grosses gor-
gées, et on le renouvelle plusieurs fois, si cela
est nécessaire, dans la même journée.
20 Eau de javelle 1 cuillerée.
Lessive de cendre i pinte.
Faire avaler très vite cette potion.
4o Breuvage stimulant.
lo Extrait do genièvre 2 onces.
Thériaque 4 gros.
Vin vieux 1 pinte.
On délaie le tout dans le vin tiédi, et on
le fait boire, en une seule fois, à l'animal. Ce
breuvage convient aux femelles qui ont un
accouchement laborieux par faiblesse.
2o Menthe poivrée 2 onces.
Camomille romaine. 4 gros.
Eau commune 3 livres.
Faire prendre cette infusion chaudement.
So Breuvage contre les coliques et les indi-
gestions
Fleurs de tilleul i onceetdemie
Elhcr sulfuriqne. ... 4 gros.
Eau 1 pinte.
On fait infuser les fleurs de tilleul, et quand
le liquide est froid, on y ajoute l'élher. Ce
breuvaîje doit être pris en une fois ; on le
renouvelle au besoin.
6" Breuvage tonique.
Racine de gentiane. ... 2 onces.
Petite centaurée 1 id.
Absinth» 4 gros.
Eau commune 1 pinte et dem.
Faire bouillir le tout jusqu'à réduction d'une
ipinte, tirer au clair- et faire avaler tiède.
70 Breuvage anti-putride.
lo Quinquina jaune concassé.. . 3 onces.
Acétate d'ammoniaque 4 id.
Camphre 1 gros.
Eau 2 pintes.
Faire une décoction avec le quinquina , la
tirer à clair, et y ajouter, quand elle est froide,
l'acétate et le camphre, préalablement divisé
dans un jaune d'œuf; on fait prendre ce breu-
vage en deux doses danla journée. I! convie nt
surtout dans le traitement des maladies char-
bonneuses.
2o Racine de gentiane 1 once.
Ecorce de chêne 1 id.
Camomille ror.^aine 6 gros.
Eau commune 3 livres.
Acide sulfurique 2 gros.
On fait une décoction avec la racine et l'é-
corce, on ajoute sur la fin la camomille , on
couvre le vase, et quand le breuvage est re-
froidi on le passe à travers un linge, et on
ajoute l'acide sulfurique.
8. Breuvages purgatifs.
îo Pour le cheval :
Aloës succotrin en poudre. . 1 once.
Sulfate de soude ou de magné-
sie 4 id.
Eau 1 pinte.
2» Pour le bœuf:
Sulfate de soude. ... 12 onces.
Décoction de graine de
lin 1 pinteetdem.
Donner, en une seule dose, le matin à jeun.
3o Pour la chèvre :
Séné 2 gros.
Sirop de Nerprun 2 onces.
Eau 1 verre.
Faire infuser le séné, passer à travers un
linge et ajouter le sirop.
90 Breuvage vomitif pour les chiens.
Émétique 2 grains.
Eau distillée 1 demi verre.
Faire avaler en une fois.
lOo Breuvage diurétique.
Sel de nitre 1 once.
î>écoction de graine de lin. 1 pinte.
i3r
Faire avaler en une fois, et répéter la dose
s'il y a lieu.
Ho Breuvage calmant et narcotique.
Extrait aqueux d'opium. . . 2 gros.
Décoction d'orge i pinte.
Miel 4 onces.
A prendre en une dose.
12o Breuvage sudorifique.
Foie d'antimoine 1 once.
Infusion de fleur de sureau. 1 pinte.
Miel 2 onces.-
A prendre en une fois.
130 Breuvage vermifuge pour le cheval.
Huile empyreumatique
animale 1 once et demie»
Racine de fougère mâle. 2 onces.
Eau commune 2 pintes.
Miel 2 onces.
Jaune d'œuf. 2 id.
Faire bouillir la racine dans l'eau jusqa'à
réduction de moitié; passer, délayer dans la
décoction le miel et l'huile , préalablement
mêlée avec les jaunes d'œufs, et (a.[ re nendre
en une seule dose.
140 Breuvage vermifuge pour le chien.
Mousse de Corse 1 once.
Huile empyreumatique. . . 10 gouttes.
Alcool 4 gros. ♦
Eau commune 1 verre.
Faire infuser la mousse, passer, ajouter
l'huile délayée dans l'alcool, et faire avaler eu
une fois. Le lendemain on purge avec uaa
once d'huile de ricin.
Ces recettes sont indiquées dans les ouvrages
publiés par MM. Bourgelat, Moirond, Lebasi
et Yatel.
CALORIFÈRES.
Ce nom , pris dans sa plus grande généra-
lité, appartient à tous les appareils propres à
échauffer les appartemens, les étuves, ate-
liers, etc.; mais généralement, on le réserve
aux appareils destinés à échauffer de grande
masses d'air dans un espace fermé , et à lea
porter ensuite dans les lieui où elles doivent
être utilisées. Ils conviennent surtout aux ma-
nufactures et aux édifices publics.
On emploie trois sortes de calorifères: les ca-
lorifères à air, à vapeur, h eau chaude- Les pre-
miers se composent d'une chambre de cna'Tage
et de tuyaux destinés à porter l'air échauffé et
la fumée ; la seconde d'une chaudière pour la
production de la vapeur, et de tuyaux de con-
duite, de condensation et de dégorgement ; les
derniers sont formés d'une chaudière et de
tuyaux dans lesquels l'eau bouillante se renou—
velle lorsqu'elle a cédé à l'air ambiant ïuxtt
quantité déterminée de sa chaleur.
Dans ces trois systèmes , on peut obtenir les
138
mêmes effets de la môme quantité de combus-
tible , quand les surfaces de chauffe sont de
dimensions convenables. Cependant, les calo-
rifères à vapeur ont sur ceux à air chaud l'a-
vantage de conserver une température à pou
près constante dans toute l'étendue de leurs
tuyaux, et de ne jamais échauffer l'air qu'à
une température inférieure à 100 degrés. Les
calorifères à eau chaude sont plus compliqués
que les deux autres modes; les tuyaux sont
beaucoup plus chargés, mais comme ils con-
servent fort long-temps la chaleur, on en a
t'ait une heureuse application à riucubation
artificielle des œufs, et à l'enlretien d'une
température moyenne dans les serres.
Les tuyaux à travers lesquels on fait circuler
'air chaud, la vapeur ou l'eau bouillante,
sont en fonte ou en cuivre. La fonte élanl sus-
ceptible de tacher les tissus, on n'emploie que
'* cuivre dans les fabriques d'étoffes ; mais
Jans tout autre cas, il vaut mieux employer
la fonte, parce que 'e cuivre échauffé répand
une odeur désagréable et malsa-ine. La dépense
est à peu près la même pour les deux métaux.
INCENDIES.
M. Gaudin, calculateur au bureau des lon-
gitudes a fait des recherches qui l'ontmcnéàla
découverle d'un procédé pour se rendre maî-
tre des incendies. Ce procédé consiste à répan-
dre sur les matières enflammées une dissolu-
/tion de chlorure de calcium.
roRCS ( Nourriture des).
M. Payen a fait des expériences sur la nour-
riture des porcs de diverses variétés avec des
■substances animales. On avait déjà rcmaïqué
jjue la chair musculaire donnée crue rend la
chair des porcs molle et non susceptible d'être
conservée par la salaison; M. Payen a constaté
que l'influence de la viande cuite est toute dif-
férente et présente l'avantage d'engraisser ces
animaux bien plus proraptement que les sub-
«lances végétales , et de donner à leur chair
-d'excellenlcs qual.tés. D'après ces essais, il est
reconnu que la variété dite du Hampshire, pré-
férée déjà par MM. SLigendie et Yvart, s'cn-
treJient pendant la croissance même , à l'état
g^pas, et que la chair est d'une qualité supé-
rieure, soit fraîche, soit salée, à celle des
j>ows soumis à tout autre régime alimentaire.
Chez M. Payen, l'engraissement des porcs a
lieu avec la chair des chevaux abattus , mise
immédiatement dans un autoclave à vapeur
pour en opérer la cuisson ; il en résulte que
celle chair n'est ni pulrébée ni repoussante;
M. le I)sron Larrey lui a même trouvé une
apparence égale à celle du bouilli sortant du
vase dans lequel il a été cuit. M. Payen em-
ploie au même usage différentes parties des
. moutons, uotammenl les tètes, qui étant con-
^SÊommées en moindre proportion que les côte-
lettes et les gigots, restaient sans autre em-
ploi que l'extraction de la graisse et des os.
I3'aprcs ces essais , qui sont pleinement jus-
tifiés par l'expérience, il n'y a aucun doulc
qu'on peut utiliser avec profit, de cette ma-
ni*.'re, les matières qui sont quelquefois per-
dues dans les élablissemens agricoles, et qu'on
peut améliorer la nourriture végétale et usuelle,
en y ajoutant une proportion quelconque de
chair et de tendons cuit'S.
DÉLITS IIURACX.
Le flélil (le dépaissancc dans un bois ne
peut êlre excusé sous prctoxlc que le bois
était défcnsable, ou que le propriélaire des
moulons était fondé en titre.
(Arrêl, Cass. 5 septembre 1835.)
Le fait de glanage dans un champ ouvert
non encore eiiticremcnl dépouillé de sa ré-
colte, no peut être excusé sous prétexte que
le propriétaire avait permis aux glaneurs de
s'y introduire.
(Arrêt, Cass. 5 septembre 1835.)
voiTURKS PUBLIQUES (Entrepreneurs de).
Ne peuvent être considérées comme voya-
geant à petites journées les voitures publi-
ques partant à jour et heure fixes et par-
courant plus de dix lieues de poste, dont
sept sur une route de poste : les entrepre-
neurs de ces voitures sont dès-lors assujétis
au paiement de Findemnité fixée par la loi
du 15 ventôse an XIIÎ.
(Cour de cassation, 27 mars 1835).
DESTRUCTIOX DES SOURIS DES CHAMPS,
Il suffit de mélanger de la noix vomique
finement râpée et non pilée avec le double
de farine de nia'is ou de froment fraîche. Oi>
pose cette composition de place en [dace, et
ce mo- en arrête les ravages avec efficacité.
MASTIC POUR LES BOUTEILLES.
KixWairche 1 en égale proportion.
RougïSePrusse î de chacun un huiWème.
UTILITÉ DU TOURXESOL.
Celte plante, dont les semences sont oléa='
gineuses, produisant en même temps beau-
coup de bois, est un des plus utiles combus-
til)lc?pour iespetiles métairies. On prétend
que les tournesols exhalant une grande i
quantité d'oxygène, si ou les cultive en
grand dans les contrées les plus malsaines,
ils préservent des fièvres les habit ans des
contrées marécageuses. Plantés dans uu sol
fumé avec des débris d'animaux , ils for-
ment beaucoup de salpêtre-, dans un sol
maigre et fumé avec des matières végétales,
ils se chargent d'une grande quantité d hy-
drochlorate de potasse. En Prusse, sur un
arpent, on récolte une quantité de tiges,
qui, par la combustion, fournissent 88 li-
vres de potasse blanche, c'est-à-dire dix
fois plus que il'en donnerait un poids de bois
dur dix fois plus considérable. 11 faut écos-
ser la graine sous un moulin à écosse avec
Ijlô de vesces : le résidu que laisse l'ex-
traction de riiuile est une bonne nourriture
pour la volaille. Les graines de tournesol
donnent 40 0[0 d'huile. On peut planter au-
tour des tiges de tournesol des petits pois.
On enlève les branches latérales et les feuil-
les flétries, et l'on ne laisse subsister qae
les plus grosses fleurs.
CACHOU, suc résineux, extrait de la noix de
l'arec (acac/a cathecu).
Il y en a de trois espèces : le cachou rou-
geâlre, le brun et le brun-foncé. Le cachou
est très astringent : il convient dans les ca-
tarrhes et les héraorrhagies. On en fait du
sirop, des pilules, des pastilles dans les-
quelles ou l'associe à diverses substances
amères ou aromatiques. Les pilules sont
prescrites dans les diarrhées, la dyssenterie.
Ou les prépare en les mêlant avec moitié de
sucre et de l'eau gommée; on y mêle aussi
de l'iris dont le cachou a le goût, de la vio
lette, de l'ambre gris, de la fleur d'oranger,
de l'esprit de vanille, de l'essence de can-
nelle et de la cannelle en poudre.
Le cacliou en décoction donne une belle
couleur dont les nuances varient depuis le
jaune feuille-morte jusqu'au 'brun-savoyard,
suivant que la décoction est plus ou moins
concentrée. On la fixe sur le colon, la soie
et la toile, au moyen des sels de cuivre et
des nitrates qu'on emploie ordinairement
dans les terres.
ÉDUCATION DES ABEILLES.
Les ruches en mauvais état et sans miel
cOLtLnnent un grand nombre de bourdons;
a réunion des abeilles d'une ruche trop
pleine à une ruche faible] a pour résultat
de rendre celle Ueriiière rucîie mcapahie de
139
supporter le surcroît de population. Dans-
une bonne ruche, le nombre ajoute à la
prospérité, et le nombre des différentes
abeilles est uu rapport convenable; dans
une ruelle pauvre, le malaise produit un
effet tout différent, les abeilles s'y détrui-
sent les unes les autres.
Si les abeilles sont placées en quartier
d'hiver convenable, elles restent complète-
ment engourdies et eu léthargie pendant
cette saison. Le choix d'une bonne exposi-
tion pour l'hiver exerce d'ailleurs une grande
influence sur les succès du printemps et de
1 été suivans. En plaçant les ruches dans uu
endroit froid et sec, exposé au nord, loin
du bruit et des odeurs désagréables, les
abeilles restent engourdies tout l'hiver. Il
faut aussi les préserver des changemens
soudains dans l'air atmosphérique; ces tran-
sitions nuisent beaucoup aux ruches, en leur
faisant contracter une mauvaise odeur; en
outre, tous ces changemens sont préjudi-
ciables aux abeilles. Si ces dernières restent
dans le même lieu en tout temps, l'humidité
et la chaleur de l'atmosphère les font sor-
tir parfois de leur engourdissement; elles
mangent trop tôt le miel, et avant que la
saison des fleurs soit arrivée, u,écessaire-
ment al-ors elles souffrent; elles s'' exposent â
Tair quand le soleil échauffe la ruche, et
souvent, subitement saisies par le froid,
elles tombent par milliers sur la terre et de-
viennent la proie des poules, des oiseaux.
Machine pour répandre la cJiaux.
Celte machine, inventée par M. Normand,
a la forme d'un tombereau léger; et sur le
cyhndre qui sert d'essieu se trouve une auge
ou trémie qui embrasse toute la largeur de
la voiture, et dans laquelle le conducteur
du cheval verse la chaux à mesure que la
trémie se désemplit. Devant cette caisse est
un petit tqur qui tient un régulateur destiné
à élargir ou à diminuer l'ouverture; devant
et derrière est un plancher pour tenir les
sacs de chaux, et les vider sans descendre
de voiture. En y adaptant d'autres cyhKdres,
cette machine peut également servira toute
espèce de semailles. Traîné au pas ordinaire
d'un cheval, il paraît que ce semoir répand
20 hectolitres de chaux éteinte sur 2 hec-
tares en 1 heure. Le prix de cette machine,
à flèche (pour chevaux) ou à brancards
(pour bœufs), est de 250 francs. On la trouve
à la raanufactuje de M, Jean Raf£n, à
Nevers.
140
REPERTOIRE PROFESSIOIM^EL-
I. AGRICULTURE. -II. ARTS LIBERAUX. -III. COMMERCE.
PRAIRIES ARTIFICIELLES ( Plâtrage des ).
Tous les cultivateurs connaissent reffica-
cité de ce mode de fécondité, mais tous ne
savent pas dans quelle proportion il faut
l'employer. Le plâtre agit pluspromptement
et d'une manière plus efficace, selon qu'il
est réduit en poudre plus ou moins fine. Il
résulte d'expériences nombreuses, qu'ainsi
préparé et répandu à raison de 3 à 400 li-
vres par hectare, il produit tout l'effet dé-
sirable. Des trèfles plâtrés avec 120 livres
seulement par hectare étaient de très peu
inférieurs à d'autres dans les mêmes
pièces, sur lesquels on avait répandu le
même amendement dans la proportion de
240, 360 et 480 livres, et qui tous étaient
magnifiques, tandis que la partie non plâ-
trée n'était pas fauchable. On peut réduire
à 200 ou 250 livres la quantité à répan-dre
sur les vesces ou autres plantes qui ne doi-
vent donner qu'une seule coupe.
Le moment le plus convenable pour le
plâtrage des prairies arfificielks est lorsque
les feuilles des plantes sont déjà assez dé-
veloppées pour retenir la pouse;ière du plâ-
tre, lorsqu'elles commentent à couvrir le
terrain, c'est-à-dire vers la fin d'avril ou les
premiers jours de mai; l'on doit choisir un
temps calme et autant que possible le malin
ou le soir, quand les plantes sont couvertes
de rosée.
îl est indifférent que le plâtre soit cru ou
cuit. La cuisson ne fait que lui enlever l'eau
de la cristallisation qu'il renferme, et lui
laisse les autres éléraens constitutifs; de
sorte qu'une quantité de 100 livres de plâ-
tre, réduite après la cuisson à 69 livres, n'a
perdu que 21 livres d'eau qui se sont éva-
porées pendawt cette opération.
Pour s'assurer si le plâtre vendu comme
étant pur ne contient pas un mélange
de pierre ou de craie, on jette la substance
dans eu vinaigre; si le plâtre est pur l'effer-
vescence est légère; elle est vive si la craie
domine.
Algue.
On comprend sous ce nom les plantes
lûarines qui sont rejetées par les flots, c'est-
à-dire une réunion de coiiferves, d'ulves, de
fucus et surtout de varces, dans laquelle il
se trouve beaucoup (î'animaux marins morts
et même putrifiés. C'est en en brûlant ces
plantes qu'on en obtient des cendres qui,
étant à deral-fondues, portent le nom de
soude bryte naturelle. Quand ces cendres
sont lavées et évaporées, le résidu de l'éva-
poration porte le nom de soude naturelle :
elle est inférieure aux sels de soude arti-
ficiels.
Les algues sont plus généralement em-
ployées comme engrais, et alors on les stra-
tifié à leur sortie de la mer avec de la terre
blanche, par couches alternatives de 6 pouces
chaque. Afin d'accélérer la décomposition
et augmenter l'action de ces lits d'algues,
on les saupoudre de chaux. On peut égale-
ment en faire des tas d'une grosseur quel-
conque, en ayant soin de battre l'extérieur
pour le rendre uni et imperméable à l'eau
des pluies. La fermentation qui s'établit
à l'intérieur et la décomposition qui la suit
produisent au bout d'une année un excel-
lent engrais propre à toute espèce de terre.
Lorsqu'on ne met pas de chaux, il faut ar-
roser fortement le tas pendant les chaleurs,
et l'on est quelquefois obligé alors d'atten-
dre deux ans pour arriver au môme ré-
sultat.
Cette espèce d'engrais est si énergique
qu'il fait parfois verser ces grains, mais il
est facile d'en tempérer l'activité en le ré-
pandant en moindre quantité et à des épo-
ques plus reculées.
CAPRIER ( culture du ).
La culture des câpriers est simple; un
labour au printemps leur suffit ; en automne,
pour les abriter, on coupe les montans à
environ 6 pouces de terre , et l'on couvre
toute la plante avec la ferre des entre-deux;
on la laisse tout l'hiver sous ces abris. An
printemps, on les découvre, on les tail-
le encore, c'est-à-dire qu'on finit par recou-
vrir les vieux jets jusqu'au haut du collet
des plantes, qui bientôt en repoussent do
nouvelles; ils ne tardent pas à fleurir an
commencement de l'été , et continuent 4
porter des flears, tant que les fraîcheurs
(les nuits ue ressèrent pas leur sève.
Tous les matins on recueille les boutons,
parce que la grosseur de la câpre en dimi-
nue la valeur; une fois avancées et grossies,
elles ne sont bonnes que pour être hachées
étant trop dures si on les laissent en-
tières. Quelques précautions qu'on apporte
dans la cueillette, il y a toujours des
fleurs qui échappent et fleurissent; on les
laisse venir en graines, et lorsque les cap-
sules encore vertes et grosses comme une
ehve sont assez fortes, on les cueille et
on' les confit; elles forment alors le corni-
chon-câpre.
A mesure que Ton apporte ces récoltes
jouruahères, on Mes jette dans des ton-
neaux remplis de vinaigre, où Ton ajoute
un peu de sel pour empêcher que la partie
aqueuse du bouton n'affaiblisse le vinaigre,
et ces différentes récoltes passent des mains
des cultivateurs dans celles des saleurs
comnierçans.
La simplicité de la culture de cette plante
doit en faire répandre Tusage; elle réussi-
rait dans les jardins, plantée au pied des
murailles exposées au midi; en hiver, on
pourrait la couvrir avec des cosses de pois
ou de la paille. Si on plaçait les câpres au pied
des murs, on devrait toujours les rabattre
avant les pois, les butter abondamment de
paille , et les recouvrir d'une couverture
quelconque qui les garantit de la trop grande
humidité. Au moyen de cette culture en
petit, chacun pourrai-t aisément recueillir sa
provision.
Dans la culture en grand, ou dans les
plantations en rase campagne, on place les
câpriers en quinconce, à environ 10 pieds
de distance les uns des autres; comme ils
multiplient beaucoup, que la motte grossit
continuellement par des œilletons qui s'ap-
pliquent to-ujours aux rejetons précédens,
l'on s'en procure la plante en déchargeant
les mères. Les plantations réussissent pres-
que toujours, la plante craignant peu la sé-
cheresse et la chaleur; elle redoute un froid
trop fort et surtout l'ombre.
ENGRAIS LIQUIDES.
Nous avons déjà consacré plusieurs arti-
cles aux diverses sortes d'engrais qui
peuvent être employées avec efficacité dans
les cultures de toutes sortes; mais l'impor-
tance de ce sujet nous engage à communi-
quer à Hîs lecteurs tous les procédés nou-
141
veaux qui peuvent apporter quelque amé-
lioration dans les travaux si honorables et
si peu lucratifs de l'agriculture pratique.
Dans un grand nombre de localités, il
existe des eaux pourries, corrompues, ou
qui ont fermente avec quelques substances
animales ou végétales, et qu'on nomme
eaux végétatives. Le plus ordinairement on
les emploie mal à propos pour abreuver les
besîiaux, tandis qu'elles seraient plus utile-
ment employées sur les prés et les champs ,
selon le besoin.
Toutes les eaux stagnantes ou sans mou-
vement, qui existent en petite quantité dans
les mares, au fond des fossés et dans quel-
ques étangs, renferment dc« matières ani-
mables et des substances végétales plus ou
moins corrompues ou décomposées , propres
également à fertiliser le sol. Les cultiva-
teurs, à la portée desquels ces mares ou
fossés se trouvent, pourraient y déposer les
mauvaises herbes qui nuisent â leurs récol-
tes, telles que les chardons, les hièbles, etc.,
quinze à vingt jours dans les temps chauds,
ug mois ou deux dans d'autres temps suffi-
raient pour convertir ces matières, par la
fermentation, en un bon engrais dont la force
serait proportionnée à la quantité des ma-
tières ajoutées à l'eau. On pourrait aussi se
servir avec avantage des eaux corrompues
pour arroser le fumier trop sec, et pour
humecter les engrais desséchés ou les com-
posts.
(Les composts sont des engrais formés
avec de la terre, du fumier, un peu de
choux et de mauvaises herbes. Quand ce
mélange est fait, on 'arrose immédiate-
ment, puis tous les quinze jours. Six se-
raîiaes ou deux mois après le mélange, on
le remue, afin d'en bien mêler toutes les
parties; puis on continue l'arrosement comme
avant. Quatre ou six mois dans la belle sai-
son suffisent pour bien préparer cet engrais,
que l'on emploie de La même manière que
les fumiers ordinaires. ~1
Les eaux grasses de c-iiisines, de lessives,
de savonneries, de sucreries; celles prove-
nant des établissemens dans lesquels on em-
ploie des matières animales ou des substan-
ces végétales, renferment des parties grasses
propres à être csuverties en engrais dans
très peu de temps, car un commencement
de fermentation suffit pour dégager ou ren-
dre libres les matières fertilisantes qui se
trouvent mêlées à l'eau.
Le« urines des hommes, ainsi que celles
des grands animaux domestiques, conliea-
142
nent en dissolution ou en suspension beau-
coup de matières animales muqueuses, des
sels neutres, du souffre, de Taiumoniac,
etc., qui sont autant de principc;s ferlilisans
dont on piiuriait tirer aussi un excellenl
parti en agriculture, avec la simple précau-
tion de rassembler et de faire fermenter
convenablement ces liquides, pour les con-
vertir en engrais.
L'engrais urélique ou d'urines convient à
' lous les sols et à toute espèce de culture.
Son emploi doit avoir lieu en forme d'irri-
c;alio.n, au moyen d'un tonneau garni de
son arrosoir. Tendant la durée des chaleurs,
c'est le soir qu'il doit être répandu sur les
terres; dans les autres saisons, toutes les
heures de la journée sont également pro-
pres à cette opération. Il convient surtout
d'employer ce liquide au printemps, pour
ranimer les blés el les seigles qui auraient
souffert en liiver, et dont la végétation se-
rait languissante-, il convient aussi aux or-
ges et aux avoines quand elles connnencent
à pousser. Les prairies naturelles et artifi-
cielles, au comiiiencemenl de la pousse de
rhcrl)e et après chaque coupe, se trouve-
raient à merveille de cet engrais. Pour les
semailles d'automne, il doit être répandu
avant les labours de semis sur les terres
légères, et après les mêmes labours sur
les terres fortes, pour être micu.. en rap-
port avec les graines ou semences.
On peut encore utilement faire us:,.,e de cet
engrais pour les plantes que Ton cultive dan.>
les jardins el sur les jachères, eu ayant soin
de le répandre au pied de chaque plau!e,
lorsqu'elle se trouve isolée comsie dans la
culture du mais, de la pomme de terre, du
choux, etc., afin que l'engrais soit à la portée
desracines. Eu général, il est emplojéavec
succès à !'('., il 1(1 (U-s plantes textiles, connue
le chanvre et le lin, ainsi (juc pour les [ilanles
oléagineuses, comme les navettes et le col-
za, qui ont besoin, pour croître et se déve-
lopper, d'un terrain meuble, frais et fer-
tile.
Les eaux naturelles des fumiers consli-
lueni un engrais excellent, qui pourrait être
utile à la culture, et qui a les mêmes ver-
tus et la même action que l'engrais uré-
tique. Quand les fosses ou places à fumier
sont bien élablies, il est facile d'en rassem-
bler les eaux. Un simp-le creux ou une ci-
terne, élabl ià pnoxinnté du fumier, suffi-.
rait pour en recueiliir le liquide, dont on
fait usage à volonté. Pendant les grandes
chaleurs c'esl le soir et sur une jeune vé-
gétation que cet engrais doit être répandu.
Non seulement il ne faut pas laisser per-
dre les eaux données naturellement par les
fumiers, mais il serait avanlaireux de cher-
cher à en augmenter la quantité en lavant
les fumiers avec de l'eau simple, ou mieux
encore avec de l'eau de chaux à une tem-
pérature de trente à qitarante degrés. Cette
opération servirait à dissoudre et entraîner
l'humus ou les parties fertilisantes que l'en-
grais renferme, el permettrait de se servir
de suite du liquide sur les terres qui au-
raient le plus iiesoin d'être fertilisées. On
profiterait ainsi de l'entrais à mesure qu'il
se formerait, el on évilerail^le danger de
laisser détériorer les fumiers, comme cela
arrive quand ils deviennent vieux, ou lors-
qu'ils subissent une fermentation trop forte
et trop longue.
Celte opération ne doit avoir lieu que
trois fois par an sur le môme fumier, parce
qu'il faut que les matières animales et vé-
gétales qui le composent puissent se conver-
tir en engrais, par la décomposition que
leur fait subir la ferraentalic«:i végéto-ani-
male, qui donne à l'engrais le' caractère de
mucosi't'é. Il est bon d'ajouter que l'opéra-
tion est beaucoup plus profitable lorsque les
firniiers sont couverts que lorsqu'ils se trou-
vent exposés au soleil et à la pluie.
MOYEN DE PRÉSERVER LE.S PLAÏNTS D'.VR-
TICHAUTS DE L' ATTAQUE DES MULOTS.
Ou enlève avec une bêche, le plus com-
plètcment possible, la terre qui entoure la
racine-, on applique contre celte dernière
une couche de suie de deux à trois pouces
d'épaisseur, en commençant par le bas de
la racine jusqu'au niveau du socle, puis cm
remet la terre en place.
HOIITICULTURE. VINCEMEXT DES PLANTES.
C'est par le pincement que les fleuristes
-parviennent à avoir d'aussi jolies plantes
basses, bien garnies et couvertes de fleurs;
c'est en pinçant les rameaux dans leur plus
tendre jeunesse qu'on ol>lieiil ces résultats.
Le pincement consiste à supprimer l'ex-
trémité du rameau, et il a pour but de re-
fouler la sève atiii de la fixer à la partie in-
férieure; en effet, la sève ayant une ten-
dance naturelle et constante à se porter à
la partie supérieure, elle ne trouve plus
alors de canal qui facilite son ascension , et
se trouve arrêtée, refoulée dans la partie
inférieure. Cette déviation du mouvement
ascensionnel de la sève délerraine la forma-
lion de nouveaux rameaux, qui, par ce
moyen, se niulliplioiil à rinfini, el, dans
certaines plantes, deviennent autant de ra-
meaux florifères. Quand les plantes ne sont
point soumises à cette opération, elles ne
forment, pour ainsi dire, qu'une seule tige
el, par conséquent, ne donnent que peu de
fleurs, tandis qu'avec le pincement, elles se
garnissent d'un plus grand nombre de tiges.
Le pincement pcui se pratiquer en toute
saison; son avantage peut être considéré
sous deux points de vue: 1. Le pincement
des plantes qui se maintiennent basses et
qui ne nécessitent pas ce qu'on appelle rap-
prochement; 2. le pincement qui précède
ce rapprochement.
On rapproche une plante, quand, trop
élancée, on veut la réduire à une moindre
stature. Il résulte de ce rapprochement un
développcuieut plus abondant de rameaux
qui rend la plante plus trapue. ?A on ne
pinçait pas ces nouveaux rameaux, ils pren-
draient une croissance qui occasionorait
une perte de sève considérable, et qui, au
Keu d'être profitable à la plante, lui serait
préjudiciable.
Si le pincement a été bien fait, il y a pour
la formation de la plante une très grande fa-
cilité,etonpeutse dispenser de lui donner des
soutiens. Il est bon, si cela se peut, de lais-
ser un ou deux rameaux le long de la tige,
à l'effet d'y appeler la sève et de la fixer en
faveur de son équilibre, pour la régularité
du développement.
En thèse générale, toutes les fois qu'on
dépote une plante, si le pot est enterré ou
posé simplement sur le sol , il est d'ordinaire
de remarquer que les racines aient traversé
le vase qui les contient pour s'implanter
dans la terre; après j avoir supprimé ces ra-
cines, quand le rempotage est terminé, on
doit considérer qu'il faut mettre en rapport
la suppression des racines* avec la partie
aérienne de la plante; c'est à cet effet que
le rapprochement est mis en usage. Par le
rapprochement on met les racines en équi-
libre avec les ramifications aériennes, on
refait un arbuste , el on lui donne un aspect
de vie el de s,Mnlé, parce que, quelque
temps après, la végétation se rétabht. Une
plante façonnée de celte sorte fleurira
deux el quelquefois trois années plus tôt
qu'une même plante à laquelle ou n'aura
point fait subir cette préparation.
H y a des plantes qui ne nécessitent point
le pincement; par exemple, les pelargo-
luum, qai fleurissent abondammeot ; mais
143
elles doivent être néanmoins rapprochées
après la floraison. Cette opération les rend
infiniment plus beaux; et, au lieu d'avoir
des pieds gigantesques, mais difformes et
sans aspect, on a de jolis arbustes, bien
faits, régulièrement garnis et se couvrant
de fleurs.
Pour l'orancer, le pincement el quelque-
fois le rapprochement deviennent indis-
pensables, non compris la taille babil uelle
que l'en pratique sur cetto essence.
ARBRES FRUITIERS.
Procédé pour renouveler ceux qui donnent de
mauvais fruits.
Beaucoup de propriétaires et de cultiva-
teurs font arracher des arbres fruitiers bien
vcnans , parce qt'ils produisent de mauvais
fruits , ou n'en donnent que de tv'^s médio-
cres. Par suite d'expériences faites pendant
phisieurs années, M. Chasscriau, lieutenant de
vaisseau en retraite , s'est assuré qu'il vaut
beaucoup nii-c'ux renouveler ces arbres en
place , suivant la méthode du ravalement.
Dès que les feuilles commencent à tomber,
il faut réduire le sujet, lui soustraire toutes
les branches qui forment la charpente; si c'est
une quenouille , on scie à un pouce du tronc
celles qui convienr.«3nt et on fait disparaître
les autres. On laisse provisoirement une oh
deux branches supérieures, pour qu'au prin-
temps la sève puisse circuler aisément , et
donner des bourgeons aux branches retran-
chées et ailleurs. Si c'est un espalier, on re-
tranche également les branches mères sur un
drageon de 6 pouces de longueur de chaque
côté et bien piacé en V ouvert, pour rempla-
cer les deux branches-mères et former l'espa-
lier. Il faut abattre tous les drageons qui pa-
raissent en dehors de ces deux branches. Tout
ce qui aura été fixé doit être parfaitement' uni
et poli par la serpette et graissé immédiate-
ment avec de l'onguent de Saint-Fiacre, ou
mieux encore avec celui de Forsyth, pour que
les plaies se recouvrent d'une nouvelle écorce:
il convient que ces plaies regardent plutôt le
nord que le midi.
En automne et lors des pluies , on ôte aux
arbres renouvelés leur vieille écorc-3 écaillée,
sans attaquer le vif, à moins que le chancre
et les insectes qui y séjournent ne forcent à
agir autrement. Après cette opération, on lave
avec une petite brosse forte toutes les parties
raclées, soit avec du chlorure soit avec uneeaa.
savonneuse; ensuite on graisse le bout avec de
l'onguent. Il faut avoir la précaution d'erjîe-
ver les copeaux provenant de l'arbre ré,paré,
car ils empoisonneraient le terre, si on labourait
par dessus, et nuiraieat aux racines et aux ra-
cidules des arbres.
Au printemps, lorsque les drageons sont dé-
yeloppés , on soustrait ceux qui ne convien-
nent pas ou qui sont mal placés ; cette opéra-
lion doit avoir lieu pendant tout le temps de
la végétation. Il faut également surveiller les
branches laissées , les rabattre souvent sur un
ou deux drageons bicu vigoureux et porter
toute son attention sur ceux qui doivent for-
mer des branches à bois, afin de pouvoir les
écussonner en juillet ou a-oùt, à œil dormant ,
de la qualité du fruit que l'on désire obtenir.
Si à la pousse du printemps de l'année sui-
vante les écussons faits donnent signe de vie
sur les nouvelles b-ranches, on laisse dévelop-
per un ou deux drageons au dessus de l'écus-
son, pour que ce dernier pousse avec vigueur;
car si on laissait l'écussou seul il languirait et
peut-être mourrait.
Vers la lin dejuin, e'est-à-dire vers le temps
où s'arrête la première sève, on retranche à
un pouce au dessus de l'écusson des branches
qui ont été écussonnécs , ]>.irce qu'alors les
écussons sont assez forts pour vivifier l'arbre.
On ne doit pas négliger les vieilles branches
supérieures , laissées de manière à donner
deux nouvelles pousses, pour être écussonnées
l'année suivante ; il faut aussi refaire les
écussons qui auraient avorté dans le courant
du printemps. Lorsque toutes les nouvelles
braiî -hes obtenues et écussonnées sont dans
un état prospère, on détruit tout ce- qui naî-
trait du vieux bois.
Ce procédé , s'il est bieti exécuté, dit M.
Chasseriau, doit être considéré comme très
économique et d'une grande ressource pour
les productions. Il a, en outre, l'avantage de
détruire pour long - temps le chancre et la
mousse qui s'attachent, en général, à tous les
arbres fruitiers.
ANANAS.
On multiplie cette plante par graines, œille-
tons et couronnes. Les graines sont semées
dans la terre de bruyère en pots , et ceux-ci
placés sur une couche dont l'intérieur doil
avoir de 30 à 36 degrés de chaleur. La cloche
qui couvre le pot est elle-même préservée de
l'action trop vive de la lumière et du soleil
par un léger abri quelconque. La graine étant
très petite ne doit être recouverte que de
quelques lignes de terre.
Les œùlctons et la couronne sont plantés en
pois ou en pleine terre, sous châssis, dans un
lit de terre couiposé de la manière suivante
et fait sur une couche de .30 à 36 degrés de
chaleur : terre franche, une partie; terre do
bruyère, trois parties; terreau , une partie. Il
est indifférent que cette couche soit faite de
lau, de litière , de feuilles , de mousse ou de
loùt autre matière ; l'essentiel est qu'elle pos-
sède la chaleur indiquée. Plus la couche sera
réchauffée ou renouvelée souvent, plus elle
approchera de la chaleur constante ci-dessus
f t plus il montera d'anauas à fruit.
Ordinairement l'ananas à fruit monte au
14e mois, qHielquefois plus tôt ; mais si on ne
tient pas à avoir des fruits trop tôt , on peut
ne pas réchauffer ni renouveler les couches ,
les ananas venant également bien à une cha-
leur de dix à douze degrés et au dessous; ils
ne donnent pas de fruits dans oe cas ; mais
quand on veut en obtenir il suffit de procu-
rer à leurs racines une chaleur «le 30 à 40 de-
grés. Comme à celte époque il leur faut plus
de nourriture, on les place dans une terre
composée d'une partie de terreau consommé ,
d'une partie de terre de bruyère et de trois
parties de terre franche.
La tige de l'ananas ne produit ordinaire-
ment qu'un fruit et qu'une couronne; cepen-
dant il est arrive que cette plante, cultivée en
pleine terre de couche , ou dont les racines
sorties du pot avaient vécu aux dépens d'une
terre de cette nature, a produit jusqu'à huit
ou dix petits fruits, placés immédiatement sur
le fruit principal et surmontés d'autant de
petites couronnes. Quelquefois aussi , cette
rareté se 'produit à la partie inférieure de la
tige, tout près du collet des raciues, d'où l'on
voit sortir une multitude de petits ananas sur-
montés d'autant de petites couronnes, sans
pour r,s]a cependant que rien ne se soit oppo-
sé au développement du fruit principal.
L'ananas doit indispensablement être culti-
vé sous verre, et être placé le plus près possi-
ble des vitraux, soit qu'on le cultive enserre
chaude, en demi-serre , en hache, soit qu'on
le place dans de grands châssis dits à ananas,
ou dans des coffres à melons. Cette plan;>3 a
autant besoin d'arrosement que de t'ualeur; et
si on tient à avoir de beaux fruits, il est néces-
saire de placc^ les ananas à une grande dis-
tance et de manière à être- très aérés.
Les ananas sont quelquefois attaqués par la
cochenille des serres ou pou d ananas , qui se
loge à l'aisselle dos feuilles; on détruit cet in-
secte en le touchant avec de l'huile.
AJ^iANDiER. — Sa culture.
Les avantages de toutes sortes qu'on peut
retirer de cet arbre nous engagent à cousu-
crer quelques lignes à sa culture... L'a-
mandijcr commun, à gros fruits, est celui
auquel on donne généralement la préfé-
rence, surtout dans les pays méridionaux
où son fruit est Tobjet- d'Eu commerce
considérable, ainsi que celii-i de l'amandier
à coque tendre. Toutes les espèces de cet
arbre aime.vt les collines sèches et arides
et les terres légères, sableuses chaudes et
caillouteuses. Les plants provenant de se-
mis d'amandes stralifiées étant bien con-
duits, sont bons à greffer dès la première
année -, celte opération est nécessaire quand
©n tient aux espèces et aux beaux fruits,
parce qu'où n'est jamais certain que Va-
ïiiandc semée reproduise exactement son
type: cette greffe s'exécute sur prunier
dans les terrains gras et humides. L'au-
tomne est la saison la plus favorable pour
la transplantation des arbres aux lieux
-où ils doivent rester.
La récolle des amandes se fait à la fin de
l'été. Celles qui tombent naturellement de
l'arbre sont les plus grosses et les meil-
leures. Les amandes cueillies sont mises à
sécher, soit sur place, soit au grenier, et
quand tous les brous sont ouverts, on les
tire une à une, et après les avoir encore
laissées sécher quelques jours, on les met
dans des sacs où on les conserve jusqu'à
la vente, avec la précaution de les garan-
tir de toute humidité. Celles à coque dure
se cassent en partie sur les lieux, pour
être expédiées au loin; les autres se ven-
dent avec leur coque.
Quand on ne veut pas faire usage du
feu pour retirer Thuils des amandes, on
commence par les secouer dans un sac à
claire voie, pour en enlever la pellicule ou
au moins la poussière; ensuite on les pile;
et la pâle, mise dans un sac de toile forte,
est soumise à une pression suffisante
pour faire couler l'huile'. Le résidu se vend
sous le nom de pâte d'amande, et contient
une huile qu'on peut encore extraire sous
la pression de plaques de fer chauffées,
après avoir jeté dessus de l'eau bouillante.
Les amandes douces servent à faire des
dragées ou du Tiougat, Leur éraulsion, mê-
lée avec de l'eau d'orge et du sucre, forme
Korgeat. On fait avec les amandes amères
des massepains, des pâtisseries et des su-
creries.
Les feuilles de l'amandier formant une
excellente nourriture pour les bestiaux, sur-
tout pour les chèvres et les moutons, il se-
rait à désirer sous ce rapport que la cul-
ture de cet arbre fût plus généralement
répandue, surtout dans les localités où le
fourrage est peu commun. Le bois de l'a-
mandier est dur et sert pour Tébénisterie;
on remploie de préférence pour fabriquer
les manches d'outils.
BADIGEON.
Les constructions en pierre conservent peu
de temps la teinte qu'elles présentaient primi-
tivement. Diverses variétés de pierres d'ap
145
forte altération, et après un temps plus ou
moins long, il devient nécessaire de leur
rendre leur couleur primitive en grattant
à vif leur surface. Mais cette opération of-
fre de grands inconvéniens : elle détruit ou
altère les formes et les proportions des or-
nemens des constructions monumentales;
exécuté sur des parties en pierres dures , ce
grattage est excessivement coûteux; expo-
sées à l'air, les surfaces extérieures de ces
pierres se durcissent et forment une espèce
de croûte conservatrice que le gra-ltage
fait disparaître, au préjudice des construc-
tions.
Dans quelques pays,"notamment en Bel-
gique et en Hollande on peint à l'huile les
murs extérieurs des maisons, mais cette
opération est fort coûteuse.
En France, après avoir gratté la furface
des murs altérés par l'action du temps, on
fait communément usage d'une espèce de
peinture connue sous le nom de badigeon,
et qui^se compose de chaux et de recoupe
de pierres délayée dans l'eau, à laquelle
on mêle une certaine quantité d'alun. Ap-
pliquée à !a brosse, cette peintur-e adhère
assez fortement, râais délayée peu à peu
par l'eau, elle abandonne bientôt les murs
sur lesquels on l'avait fixée, et les laisse
dans un état plus désagréable à la vue
qu'ils n'étaient auparavant.
Un badigeon préservateur doit résister â
l'eau, adhérer à la pierre sans s'écailler, être
assez consistant pour boucher exactement
les pores , assez liquide pour s'étendre en
forme de lavis sur toutes les parties sail-
lantes et rentrantes.
La peinture au fromage est sans contre-
dit l'une des meilleures comme une des plus
économiques de tous les badigeons dont on
peut faire usage; son emploi ne présente
aucune difficulté, et les preuves acquises
sur sa durée ne laissent rien à désirer sur
son efficacité. Le fromage le plus avanta-
geux est celui qui est le mieux débarrassé
du beurre et du sérum ; le fromage à la pie
desséché peut être aussi employé, mais avec
moins d'avantage que le fromage frais bien
égoutté. La qualité du fromage dépend de
l'état dans lequel on ^ie prend, et ne -peut
être déterminée que par ce degré de con-
sistance.
Une commission de l'institut s'est arrêtés
au procédé suivant qui lui a fourni des ré-
sultats incontestables : chaux vive, 28; plâ-
tre cuit, 12;céruse, 10. Onéleiaîlachaux
pareil surtout éprouvent très rapidement une dans le moins dVau poitiMe, et on la passe
146
à travers un tamis peu serré; on la broie
avec lefromageenconsislancede pâle molle;
ou ajoute le plâtre cuit et la cérule, et on
broie à la mollette en ajoutant un peu d'eau
pour former une bouillie un peu épaisse
que l'on délaie au moment de s'en servir
pour l'appliquer à la brosse.
Pour mettre en harmonie de ton des pier-
res nouvelles avec d'autres, on y parvient
en les mouillant de la manière suivante, jus-
qu'à ce qu'on ait obtenu le ton désiré :
1. Avec une dissolution de sulfate decldo-
Turc ou d'acétate de maniïanèvsc;
2. Avec une dissolution de sulfate et une
de noix de galle;
3. Avec l'acétate de plomb et l'acide hy-
dro-sulfurique;
4. Dissolution de brou de noix dans l'am-
inoniaque.
On pourrait se servir aussi d'une disso-
lution de suie dans l'eau chaude , mais cette
leinte n'a pas de solidité.
CARTOX-PIEURE.
Les recherches nombreuses faites dans
le but de trouver pour la couverture des
bâiimens une matière incombustible a con-
duit à la fabrication d'une sorte d'ardoise
artificielle ou de carton-pierre, qui semble
pouvoir être substituée avec beaucoup d'a-
vantage à tout autre moyen. Cette substance
qui a d'ailleurs le mérite de ne charger que
très peu la charpente, est imperméable à
l'eau et tout-à-fait incombustible, ainsi que
cela a été prouve par des expériences nom-
breuses exécutées en divers pays.
Les substances employées sont : l.la terre
bolaire, rougeàtre et ferrugineuse; 2. la
craie; 3.1a colle-forte dite d'Angleterre;
4. la pâle de papier grossier; 5. Thuile de
lin crue. Quand la masse de pâte a été
mêlée avec la solution de colle-forte dans
on grand mortier, on y ajoute la terre bo-
laire et le carbonate de chaux; oh bat le
tout assez longuement , et on y verte en-
suite, peu à peu, l'huile de lin. On prend
une certaine quantité de co mélange fait
bien intimement; on l'étend avec une spa-
tule sur une planche garnie d'un rebord
propre à marquer l'épaisseur de l'ardoise ,
ayant soin préalablement de couvrir la
planche d'une feuille de gros papier; et, par
dessus la couche de pâte qui forme le car-
ton-pierre , ou pose une seconde feuille de
papier sur laquelle on couche encore une
planche. On renverse alors le tout; on en-
lève la planche à rebord ainsi que la pre-
mière feuille de papier, après quoi on ren-
verse de nouveau le cartonnage sur un
plancher saupoudré de sable très fin, puis
on laisse sécher complètement. On les re-
dresse dans une espèce de laminoir, au sor-
tir duquel on les entasse sous le plateau
d'une forte presse; ils en sortent bien pla-
nes, bien unis, très régufiers. Il reste enfin
à les imprégner et à en enduire fortement
la surface avec de l'huile de lin cuite et
rendue siccative par la lilharge. Cette der-
nière opération se fait au pinceau.
La seule objection à faire contre ce car-
ton, est le prix assez élevé des ingrédîens
dont il est composé; mais les avantages si
iniportans qu'il présente sous tous les au-
tres rapports doivent l'emporter sur cet
unique inconvénient.
Voici, d'après M.Pclouze père, des pro-
portions d'ingrédiens éprouvées qui ont
donné d'excellens résultats :
1. Lue partie de pâte provenant de vieux
papiers et rognures de livres, une demi-
partie de colle, une partie de craie , deux
de terre ijolaire, une d'huMe de lin (cartou
mince, dur et très îi'^^c), 2. une partie et
demie de pâte de papier, une partie de
colle, une de terre l)olaire rouge-hlanchà-
tre, une d'huile de lin (carton très beau,
très dur et très uni); 3. une partie et demie
de papier , deux parties de colle , deux de
terre bolaire blanchâtre, deux de craie,
une d'huile de lin (carton uni, aussi dur
que l'ivoire ) ; 4. une partie de pâte de pa-
pier, une de colle, trois de terre bolaire,
une d'huile de lin (carton très beau et qui
est élastique); 5, une partie de pâte de pa-
pier , une demi-partie de colle , trois par-
ties de terre bolaire blanchâtre , une de
craie , une et demie d'huile de lin ( carton le
meilleur de tous). Teint avec un peu d&
bleu de Prusse , il affecte une couleur verte
fort agréable.
ACIER A VEINES DE DASiAS (Moyen d'ob-
tenir l').
On mêle ensemble, dans un creuset»
vingt-quatre parties de zinc, quatre de nic-
kel et une d'argent. On couvre la surface do
ce mélange avec du charbon en poudre, en
ferme hermétiquement le couvercle du
creuset pour prévenir toute évaporaUen,
et on expose ce creuset, ainsi disposé, à la
[chaleur d'un fourneau, jusqu'à ce que les
1 métaux enlrcirt en fusion, 5 l'alliage ainsi
fermé est versé dans l'eau froide pour le
rendre plus cassant; on le réduit en petits
morceaux lorsqu'il est refroidi. C'est avec
cette préparation , dite poudre météore,
qu'on obtient l'acier perfectionné , en l'em-
ployant de la manière suivante :
On place dans un creuset ordinaire vingt-
quatre livres d'acier , huit onces de poudre
météore , six onces de chromate de fer en
poudre , une once de poussier de charbon ,
deux onces de chaux vive et deux onces
d'argile à porcelaine. On soumet ces matiè-
res à l'action du feu, et il en résulte un acier
d'excellente qualité, et qui présente les ca-
ractères apparens de l'acier de Damas.
On apporte des variations dans l'appa-
rence extérieure de cette composition , en
introduisant plus ou moins de poudre mé-
téore, et on obtient plus ou moins de dureté,
suivant la quantité de charbon dont on fait
usage -, à cet égard , les quantités que l'on
emploie dépendent en quelque sortp de la
quantité de l'acier prise pour base de la com-
position.
Pour faire ressortir davantage les nuan-
ces sur les surfaces des objets fabriqués
avec l'acier météore, on en polit d'abord la
surface que l'on frotte ensuite avec un acide,
et l'on voit les nuances se prononcer d'au-
tant plus fortement que l'on frotte plus de
temps avec l'acide. Ce que l'on peut em-
ployer de mieux pour cet objet est un mé-
lange de dix-neuf parties de vnaigre distillé
avec une partie d'acide nitrique. Aussitôt
que l'apparence de la surface de l'ouvrage
est parvensse au point désiré , on lave avec
soin cette surface, on la fait sécher , et l'on
a un acier qui ressemble à celui des lames
damassées.
DÉROCILLAGE.
L'enlèvement de la rouille dans la répa-
ration des raacliines ou des instrumens en
fer présente! souvent de grandes difficultés.
La hme est nuisible, en ce que, maintes
fois, elle enlève des parties que la rouille
n'a pas attaquées, et qu'il est nécessaire
deconserver dans des dimensionsprimitives;
l'emploi du papier à émeri demande trop
de temps; l'acide sulfurique présente lin-
convénient d'altérer le fer dans les parties
que la rouille a respectées. Il était donc à
désirer qu'on découvrit un procédé qui
n'eût aucun de ces désavantages, et voici
c^lui indiqué par M. Boqaillon. Le sous-
earbonale de potasse, qui s'est liquéfié en
147
attirant l'humidité de l'air, qu'on dé igné
communément dans le commerce sous le
nom d'huile de tartre par défaillance, dis-
sout la rouille qu'on enlève facilement aa
moyeu d'un lavage à l'eau, et paraît n'a-
voir que faiblement d'action sur le fer lui-
même, qui, à la vérité, reste de couleur
brune, et ne reprend son éclat que sous l'ac-
tion de 1 émeri ou des moyens mécaniques
ordinairement employés.
ACIDES.
On appelle de ce nom des substances com-
posées, qui ont en général la propriété de
rougir certaines couleurs bleues végé-
tales, celle du tournesol, par exemple.
Ils se forment, pour la plupart, de gaz
oxigène d'un corps simple. Les acides sont
plus ou moins so lubies dans l'eau, ils ont
une saveur aigre ou caustique, s'unissea
aux alcalis , qu'ils neutralisent, et par les-
quels ils sont neutralisés. Long-temps on a
cru que l'oxygène seul avait la propriété de
former des acides, en se combinant avec
certaines substances, mais il est reconnu
maintenant qu'il existe des composés acides
dans lesquels l'oxygène n'entre pour rien.
Les acides sont gazeux, hquides ou soli-
des. Les corps dont on les sépare les ont
fait distinguer en acides animaux, A'égétaux^
minéraux et métalliques. La plupart sont
des poisons; mais on en peut neutrahser
les effets par l'usage abondant de substances
alcalines, salines ou -terreuses, l'eau, les
mucilages, administrés le plus promptemeat
possible.
COMMERCE.— ARBITRAGE.
L'arbitrage est une juridiction devant la-
quelle, en certains cas, des différens sont
renvoyés. Cette institution est divisée en ar-
bitrage volontaire et en arbitrage forcé. Le
premier est particulier aux individus noa
commerçans; ses règles sont tracées dans
le code de procédure civile; le second, qui
s'applique principalement aux négocians,
est soumis aux dispositions des articles 51
à 64 du code de commerce.
C'est sous le règne de François II, que
l'arbritage en Franee devint forcé pour les
procès entre marchands et à raison de leur
commerce; pour les différens sur partage
de succession entre proches parens; pour
les comptes de tutelle et quelques autres
cas. L'ordonnance de Louis XV, rendue
14«
en 1673, institua l'arbitrage forcé pour les
G)nLestalions entre associés; et c'est dans
celte ordonuauce que les rédacteurs de no-
tre code ont puisé les dispositions princi-
pales qui régissent la matière.
L'arbitrage forcé a l'avantage d'amener
des décisions plus promptes, d'occasioner
des frais moins considérables et de débar-
rasser les tribunaux de l'examen d'une
foule de comptes et de pièces dont la vér>-
fication retarderait le cours des affaires et
la marche de la justice. Aussi toutes con-
testations qui s'élèvent entre associés et
pour raison de la société doivent être sou-
mises au jugement d'arbitres qui représen-
tent en quelque sorte le tribunal de com-
merce, et qui lui sont même substitués pour
le premier degré de juridiction.
Les arbitres so-nt des citoyens choisis pour
donner leurs opiirionssur lehlige qui leur est
déféré,mais cette opinion n'acquierlforce de
jugement qu'après avoir reçu de l'autorité
compétente l'ordonnance d'exécution. Il
faut bien distinguer les arbitres proprement
dits de ceux appelés amiables comjwsi-
teurs, lesquels peuvent se dispenser de sui-
vre strictement les règles de droit. Le tiers-
arbitre ou sur-arbitre est celui qui est ap-
pelé en cas de partage d'opinion des arbi-
tres, soit en arbitrage volontaire, soit en
arbitrage forcé.
Tout co-associé qui refuse de désigner son
arbitre dans un délai fixé, peut être assigné
devant le tribunal de commerce pour voir
dire qu'il sera obligé, audience tenante, de
le nommer, sinon il en est nommé un d'of-
l^e par le tribunal.
Un arbitre choisi, quia accepté la mission
qu'on lui a confiée, et qui se refuse à la
remplir, sans excuse valable, peut être
contraint par le juge à payer des domma-
ges-intérêts, sauf même la prise à partie,
en cas de vol, fraude ou concession.
Le code de commerce porte que les par-
ties remettent leurs pièces et mémoires aux
arbitres, sans aucune formalité de justice.
La partie en retard de remettre les mé-
moires et pièces est sommée de le faire
daos les dix jours; mais les arbitres peu-
vent, suivant l'exigence des cas, proroger
ce délai.
Le jugement arbitral doit être motivé et
déposé an greffe du tribunal de commerce.
Il doit être prononcé en présence des par-
ties, afin qu'elles puissent, au besoin, rele-
ver les erreurs matérielles ou autres qui s'y
trouveraient.
Dans l'arbitrage forc-é, les arbitres ne
peuvent commettre à des tiers, comme les
juges ordinaires en ont la faculté, le soin
d'examiner les comptes, les livres, les cor-
respondances et autres pièces qui leur ont
été déposées." Toutefois, en cas de visite ou
estimation de marchandises, les arbitres ont
le droit de nommer d^office des experts
chargés de faire leur rapport, lorsque les
arbitres ne se croient pas les connaissances
nécessaires pour prononcer sur le point en
litig.e.
Le jugement arbitral est rendu exécu-
toire sans aucune modification et transcrit
sur les registres, en vertu d'une ordomiance
du président du tribunal, lequel est tenu de
la rendre p«re et simple, et dans le délai
de trois joirrs du dépôt au greffe. On peut
se pourvoir contre les jugemens arbitraux
par la voie d'appel, quand la renonciation
à ce droit n'a pas été stipulée.
MACHIIVES A VAPEUR. ^
Depuis qu'on a réussi à appliquer la vapeur
à la mécanique, on a vainement cherclié un
moyen d'en prévenir les accidens d'une ma-
nière sûre et facile. L'expérience a prouvé qaè
les soupapes de sûreté, les plaques de métal
fusible à un haut degré de chaleur pouvaient
n'êlre pas sufflsantes, puisqu'il est connu que
les explosions sont moins le résultat d'un excé-
dant de vapeur que celui du manque d'eau
dan* la chaudière.
Un maître chaudronnier de Neufchàtel (Ni-
colas Hob), alsacien d'origine, vientde trouver
un remède au mal. Il a imaginé d'introduire
dans la chaudière un petit flotteur qui nage
sur le volume d'eau qu'elle doit régulièrement
contenir. Dès que l'eau vient à manquer, ce
flotteur, en descendant, ouvre une petite soOr
pape et donne u; essor k la vapeur^ qui, s'é-
chappant par un tube à sifflet, produit uû
sifflement assez aigu pour être entendu dans
les bàtimcns contigus et avertir les personnes
chargées de la surveillance da la machine.
Cet avertisseur se recommande par sa fr*nde
simplicité, et vaudra sans doute un brevet
d'inveulion au premier mécanic!«n qui l'intro-
.duira en France on eu A.Dgleterre.
149
REPERTOIRE
DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
BAROMETRE SOUS-MARIPT.
Cet instrument, dû à M. Payne , consiste
en un tube de verre ou de fer , fermé à la
partie supérieure et rempli , à la pression
eommune de l'atmosphère, avec de l'air at-
mosphérique ou-du gaz hydrogène. La pres-
sion de l'eau sur la surface du mercure dans
la cuvette a lieu de la même manière que
celle de l'atmosphère sur la surface du mer-
cure dans le baromètre ordinaire; seulement
TOQè membrane fine empêche le contact im-
médiat entre l'eau et le mercure. La com-
pression de l'air dans le tube est marquée
par un curseur analogue à celui des ther-
JDométrographes. Le tube de verre est gra-
dué eh atmosphères et en dixièmes d'at-
mosphère, avec des tables de correction
pour la température, le degré de salaison de
î'eau, etc. L'instrument est divisé de 1 à 45
atmosphères , et peut servir à mesurer des
profondeurs jusqu'à 247 brasses.
MALADIES NERVEUSES. SOINS HYGIENIQUES
JET MORAUX qu'elles RECLAMENT.
(Par le docteur Ferrus.)
Coucher. Rien de ce qui concerne le trai-
tement des aliénés ne saurait être négligé ,
et le coucher surtout mérite un soin parti-
Quller. Dans la manie aiguë, tout cède ordi-
nairement à la violence du délire : les mate-
las, les couvertures , les draps sont rais en
lambeaux ; les bois de lit les plus forts, les
mieux arrêtés sont arrachés des murs et
brisés; mais comnae il est souvent préféra-
ble de laisser le malade s'agiter et se rouler
4ans sa loge que de le fixer, on doit étendre
sur le sol une couche de paille fraîche, et
alors on peut abandonner, sans inconvé-
nient, à la manie de tout briser, cette es-
pèce de litière qu'on renouvelle chaque j our,
en ayant soin, en outre, de baigner le ma-
lade tous les matins , et de lui appliquer,
dans la journée, la camisole de force. On
prévient ainsi beaucoup d'accidens céré-
braux aigus qui pourraient devenir très
graves, et l'on combat l'arrivée prochaine
de la démence et de la paralysie générale,
que l'immobilité et le séjour du lit sout plus
propres, que toute autre chose, à développer.
A la vérité, il résulte quelquefois de
cette mesure un gonflement œdémateux
des membres abdominaux provenant de la
position du malade, qui, presque toujours,
reste debout quand il est agité par le dé-
lire; mais aussi ce gonflement est ordi-
nairement favorable à la guérison , et il im-
porte seulement que l'action d'un froid vif
ne vienne frapper les membres ainsi tumé-
fiés par la stase des liquides.
Classement.
Des questions médicales du plus haut in-
térêt viennent ajouter aux considérations
hygiéniques qui résultent du classement des
aliénés. Les hommes de l'art savent que le
délire, les convulsions, tous les sjTnptômes
des maladies du système nerveux ne sont
pas seulement pénibles à observer pour
toutes les personnes dont la sensibilité est
très développé*, mais que ce spectacle n'est
pas sans danger. Quels effets, dès lors, ces
symptômes effrayans ne doivent-ils pas pro-
duire sur des individus affaibhs par la ma-
ladie? L'imitation peut devenir prompte-
ment la suite de ces impressions trop vives.
Il serait donc à désirer que dans tous les
étabîissemens destinés aux traitemens des
maladies du système nerveux, des salles
particuhères ou plutôt une section spéciala
fût disposée de telle sorte que l'on put y
placer tous les malades agités par un délirç
fort intense, et y étudier le principe de leur
délire, pendant le temps nécessaire à un
examen approfondi.
Chauffage.
Encore bien que quelques maniaquefl agi-
tés paraissent, dans le fort de leur délire,
insensibles aux impressions extérieures (et
il est certain que leur sensibilité de relation
est alors fort diminuée) , il arrive bien fré-
quemment cependant que leura membres
sont atteints par la congélation dans les éta-
bîissemens où la prétendue insensibiUté des
ahénés est devenue , à leur égard , une règle
de conduite. Tous, d'ailleur», sont loin de
vouloir braver les intempéries des saisons,
et les aliénés mélancoUques, surtout , sont
extrêmement frileux. 11 faut donc que les
150
pièces communes dans lesquelles se réunis-
sent les malades pendanlle j our, soient chauf-
fées convenablement. Quant aux dortoirs,
cette précaution est inutile et même insa-
lubre ; il suffit de clore avec soin les loges
du côté de l'air extérieur, et surtout d'en
couvrir le solpar une couche de paille, quand
il n'est pas parqueté. Mais ce qui est le plus
important, c'est de préserver les fous de
l'humidité. La maladie la plus commune ,
dans les maisons d'aliénés , est le scorbut ;
et rien n'est plus propre à le prévenir que
la sécheresse et la ventilation des lieux ha-
bités.
Propreté. La propreté est, pour les aliénés
SHrtout, Hn puissant moyen de guérisonj
mais souvent , dans les grands étabhssemens,
l'eau suffit à peine aux besoins intérieurs et
aux bains, qui sont si nécessaires à ces in-
fortunés.
Habillement. Presque tous les fous sont
vains et orgueilleux; pour le plus grand
nombre ils ont eu , avant l'invasion de leur
maladie, une vie pleine de vicissitudes j sou-
vent aussi ils ont possédé quelque fortune
que le désordre de leur esprit les a portée
à dissiper. Les vèlcmens en mauvais état
humilient extrêmement leur amour-propre,
et même quelquefois augmentent leur dé-
lire ; il y en a qui préfèrent rester nus plutôt
que de porter des haillons; et rien, dans ce
cas, ne saurait vaincre leur obstination. Des
vêtemens eu étoffes grossières et solides,
mais taillés sur un modèle et entretenus avec
propreté ménageraient les vanités puériles
delà folie, et l'amour-propre bien placé des
personnes qui viennent visiter ceux des leurs
qui se trouvent dans cette situation.
Régime alimentaire. Sous le point de vue
général , le régime alimentaire doit être
abondant et sain dans les maisons d'aliénés;
car ces malades se hvreut à beaucoup d'exer-
cice et d'agitation, ou bien étant peur la
plupart épuisés de longue-main par des pri-
vations ou des excès de tout genre, une
nourriture substantielle et variée leur est
nécessaire , ne fiit-ce que pour prévenir le
scorbut et toutes les maladies aloniques qui
sont celles auxquelles les ahénéssont le plus
sujets.
Moyens de répression, de distraction on
d'encouragement qni peuvent être mis en
tisage.
une grande douceur dans ses relations avec
les ahénés; mais il est cependant nécessaire
qu'il ait à sa libre disposition quelques moyens
coercitifs , qui lui permettent de réprimer
toute infraction à la règle établie pour le
bien-être des infortunés confiés à ses soins.
Si, pour habituer les aliénés à l'ordre,
à la discipline , on feint de punir leurs écarts,
tout sentiment de rigueur et surtout de
vengeance doit être soigneusement écarté,
et l'expédient mis en usage pour réprimer
doit devenir curatif, s'il est appliqué avec
discernement et dicté par l'humanité. Il faut
surtout que les punitions elles récompenses
soient immédiates, car elles produisent d'au-
tant moins d'effet qu'elles s'éloignent davan-
tage de l'action qui les a provoquées. Les
moyens les plus convenables sont les sui-
vans, classés d'après leur degré d'impor-
tance : l'isolement , la privation du travail ,
ou bien de quelque ahment pour lequel le •
malade parait avoir de la préférence, Ift
camisole ou gilet de force pour un certais
temps, et enfin, si la saison et l'état de*
malades le permettent, les douches d'ea»
froide sur la tête.
La possibilité de changer de dortoir ou dO: .
loge un individu, de lui donner quelques dis- 1
tractions nouvelles, de rompre les habitudes
qu'il peut avoir contractées sont des mryeilS
qui , soit comme répression, soit comrre ré-
compense, suffisent quelquefois pour ame-
ner au calme et à la docilité un malade fort
exigeant ou fort agité. L'isolement indivî-
viduel et complet des aliénés n'est point
d'une nécessité absolue ; ce qu'il importe^
c'est de les éloigner des personnes avec les-
quelles ils ont des rapports habituels, et qui,
par des soins mal entendus, des exhortations
intempestives, ou des reproches, même mé-
rités, peuvent aggraver ou faire éclater ft
délire.
En général, et dans l'emploi des n:ioyens
de répression dans le traitement moral des
aliénés, il ne faut pas perdre de vu e que la
plus grande partie d'entre ces m^alades ne
sont pas absolument privés de raison, c'est-
à-dire qu'ils sont accessibles à la crainte, ft
l'espérance , et même aux sentimcns affec-
tueux. L'objet principal est de leur appli-
quer en quelque sorte un nouveau système
d'éducation , de rompre leur^ habitudes et
de donner une nouvelle tlirection à leurs
idées; il faut les subjueruer d'abord pouc
prendre sur eux un ascendant favorable; les
encourager ensuite, exciter leur bienveil-
Sans nul doute, le médecin doit apporter l lance par les molnles les plus puissans, sans.
15i
employer «UG rigneur qui, non seulement 1 les élablisscmcns où son! sculemonl admis les
serait inuliic, mais qui, en stimulant chez j aliénés d'un rang supérieur ou d une classe
eux les passions vindicative», prolongerait [ opulente, et dans lesquels on ne pratique
aucun exercice de ce genre. Dans plusieurs
établissenicns d'Angleterre, et principale-
ment à Wackefield et à York, dans la mai-
sons des quakers , le travail est considéré
comme un des moyens curalifs les plus fa-
vorables au traitement des aliénés. C'est
avec raison que l'on considère le travail
corporel comme étant encore plus indis-
pensable aux fous qu'aux autres hommes;
il agit efficacement pour calmer l'esprit
agité des maniaques; il rompt leur préoc-
cupation constante, détruit les mauvaises
habitudes et procure quelques heures d'un
repos bienfaisant à des malheureux qui,
généralement, sont privés de l'influence gai-
lutaire du sommeil.
Les épileptiques incurables, mais non
aUénés, et dont les accès ne sont pas fré-
quens, peuvent être, ainsi que les imbéciles
ou idiots jouissant d'une bonne santé, obli-
gés au travail dans l'intérêt même de leur
santé et de leur propre existence.
Les fous ont généralement de la pénétra-
tion, de la finesse; ils causent ou plutôt
discutent avec chaleur; il faut les écouter
patiemment pour apprécier avec exactitude
l'état de leur iateUigence et de leurs facul-
tés; aussi la carrière que doit suivre un
médecin d'aliénés est semée de tant de dif-
ficultés que pour la parcourir il faut y con-
sacrer tous ses instans. Chez lui , les quali-
tés morales doiven-t être réunies à celles
qui donnent au caractère la force, la dou-
ceur et la persévérance; la finesse et la sa-
gacité d'esprit ne sont nulle part plus néces-
saires; et nulle part, non plus, la considé-
ration qui s'attache à l'instruction et au
véritable mérite n'est plus indispensable au
succès, ni plus difficile â conserver. Il se-
rait on ne peut plus avantageux que cette
partie importante de l'art de guérir devînt
plus généralement l'objet d'études spéciales,
et que les élèves qui s'y hvreraient fussent
dédommagés, par certains avantages, de»
sacrifices qu'ils auraient à faire pour acqué-
rir ce genre d'instruction, et se mettre en
état d'offrir les garanties que l'on doit exi-
ger d'un médecin d'aliénés.
la durére de leur maladie. Dans la première
période du traitement, les moyens les plus
efficaces pour soumettre les aliénés sont la
douceur mêlée de fermeté, les distractions,
puis le travail.
Visites. On ne saurait apporter de
trop grands ménagomens dans la faculté
accordée aux ahénés de communiquer avec
leurs parens ou amis , car souvent ce sont
ceux-ci qui ont provoqué la folie chez ceux
qui en sont atteints. Pour quelques ahénés,
il est vrai, l'isolement complet serait nui-
sible, et la permission de voir quelqu'un
leur est parfois d'une grande utihté; mais,
en tout ras, le moment opportun pour ce
genre de communication est difficile à sai-
ar. Le médecin seul peut en être l'apprécia-
teur, et il serait bien que les localités lui
permissent d'observer, sans être aperçu,
l'effet produit par une première entrevue.
Les étrangers qui visitent les maisons d'a-
liénés, s'ils sont accompagnés par le méde-
«a, et si leur but est de s'instruire et non
de satisfaire une indiscrète curiosité, peu-
Yent contribuer à donner une distraction
^ aux malades. La présence des visiteurs qui
Be sont connus d'aucun des ahénés n'offre
donc point de danger réel, ayant soin ce-
pendant qu'il n'existe pas de différence en-
tre les sexes, car les impressions que cela
cause sont vives chez les aliénés.
Emblèmes religieux. Les pratiques reli-
gieuses, et surtout celles auxquelles on se
Kvre en commun , doivent être sévèrement
interdites dans les étabUssemeus destinés
aux ahénés. Il faut aussi s'abstenir de pla-
cer des croix, des images ou autres emblè-
mes dans les salles communes; ils ont l'in-
convénient grave de blesser les malades qui
suivent une autre rehgion , d'augmenter le
délire des maniaques rehgieux, et de porter
à toutes sortes de désordres les maniaques
indévots. Il est cependant bien, et à titre de
récompense , de conduire quelques malades
aux exercices du culte qu'ils professent,
mais il faut que cela ait lieu dans une clia-
pelle séparée. Dans ce cas, l'exercice du
culte peut devenir une occasion de dominer
la versatilité de leur esprit et de leur inspi-
rer de la réserve.
Du travail. Il a été remarqué dans tous
fes pays que, dans les maisons où les ahé-
Bés sont souKiis à un travail corporel , les
guérisous sont plus nombreuses que dans
TELEGRAPHES.
Nous avons pensé que nos lecteurs nous
sauraient gré de leur donner quelques ex-
plications jsur celte invention dont l'idée
152
première n'appartient pas, comme on le dit 1 gnaux qu'il voit à,mesnre qu'il les répète^
souvent, aux frères Chappe, mais quon
doit attribuer à un célèbre physicien nom-
mé Amoutous.
Le télégraphe exprime trois signes princi-
paux ainsi désignés : le 33, le 90 et Toblus,
Chacundeces signes produit trente-trois sub-
divisions, c'est-à-dire un nombre égal à celui
des sons et des inflexions de la langue fran-
çaise. Les employés de celte machine ingé-
nieuse communiquent, au moyeu des signes
qu'ils répètent, les ordres transmis par cette
voie, mais ils en ignorent totalement le con-
tenu. A rextrémité de chaque Hgne, il y a
un traducteur qui seul connaît la valeur des
mots. Il ne faut pas croire que le même
signe ait toujours la même interprétation;
en conçoit dès lorsqu'il serait possible à la
longue et avec une attention soutenue de
déchiffrer les dépêches télégraphiques; il
faut pour cela les expliquer selon le dic-
tionnaire auquel ils se rapportent.
A la rigueur même, le gouvernement
pourrait transmettre des ordres par celte
voies-ans que les traducteurs en connussent
le contenu; il c>uffirail dans ce cas que les
signaux fussent couvenus d'avance avec
celui à qui on les adresse.
Il y a cependant des signes connus de tous
les employés; ce sont ceux qui, en quelque
sorte, leur sont adressés; ainsi, par exem-
ple, ceux qui expriraeut repos, dérange-
ment dans la macliine, urgence de Paris ou
de tel autre endroit. 11 est convenu que lors-
que deux signes viennent des extrémités de
la ligne , c'est toujours celui de Paris qui se
transmet le premier, à moius de cas graves ,
et alorsl'exlrémité opposée l'exprime par le
signe : urgence. Le guetteur de chaque télé-
graphe enregistre chaque signal, qu'il exé-
cute, et atlend, pour faire le suiv.int, qu'il ait
la certitude que le précédent a été bien com-
pris cl fidèlement imité. De là encore la né-
cessité pour lui de pouvoir connaître la
manœuvre qui exprime qu'on a mal inter-
prété son signe. Il y a aussi des cas où le
préposé est averti qu'il doit copier les si-
afin de les lire ensuite, lorsqu'ils sont de
ceux dont il a la clé, ou de les conserver
pour les montrer aux inspecteurs.
Les transmissions par la voie télégra-
phique, quand le temps ne s'y oppose points
se font avec une rapidité à laquelle rien ne
peut être comparé. De Paris à Lille on peal
transmettre la demande et avoir la répoaso
en trois minutes; les nouvelles de Calais
arrivent en quatre minutes cinq secondes^
de Strasbourg en cinq minutes cinquante-
deux secondes; de Toulon, en treize minu-
tes cinq secondes; de Brest, en six minâ-
tes cinquante secondes.
POPULATION (Progression de la).
En France , les mouvemens de populalio»
paraissent se résumer de la manière sui-
vante : de 1754 à 1772, par année moyenne^
augmentation de 6 habitans sur mille; —
1772 à 1787, plus de 8 sur mille; ~ d6
1787 à 1791 , seulement 1 sur mille; —
puis de 1791 à 1798 , diminution de 2 sur
mille, perle irréparable. En définitive, de
1754 à 1800, augmentation de 1 sur millej
~ de 1800 à 1813, accroissement de 7 sar
mille; ~ de 1813 à 1820, plus de 8 pour
mille; — de 1820 à 1830, plus de 6 sur mille.
— Depuis le commencement du siècle (de
1800 à 1830) aug.menlation de 6 milliona
d'habitans en 30 ans, ou , année moyenne,
près de 8 sur mille , de même qu'avant 1787.
~ Enfin, de 1783 à 1835, accroissement de
près d'un tiers des habitans, 8 millions eu
totalité m 52 ans. ~ Ainsi, sur de longues
périodes, la raison de la progression an-
nuelle, toutes compensations faites, offre
peu de différences ; mais les années diset^
teuses, calamiteuses et d'épidémies appor-
tent de grandes perturbations partielles.
En 1790, la durée moyenne de la vie était
de 28 années 31 centièmes ; elle était de 35
années 30 centièmes en 1830. C'est, pen-
dant une période de 40 ans, une augmeiir-
tation de sept années dans U vie moyennei
d'un Français,
CORRESPONDANCE.
Les questions suivantes nous sont adres-
sées. Noos prions ceux de nos correspen-
dans que Texpérience a mis en mesure d'y
répondre, de nous transmettre tous les ren-
seignemens dont ils disposeront.
1. Est-il avantageux ou préjudiciable de
faire rendre, au moyen de conduits, l'urine
des bestiaux, des étables et des écurie», dans
le? fosses à fumier?
2. Doit-on danger, des fosses à fumier
dans les prairies, les urines qui s'y trouvent
en trop grande quantité, pour arroser les
terres en herbe ?
S.Dansle cas de l'affirmative de la seconde
question, quelle serait l'époque où les irri-
gations devraient îvoir lieu et pendant com-
bien de temps devrait-on arroser?
4. Quelle serait la machine ou l'instru-
ment qui pourrait remplacer la faulx ?
5. Procédé pour la cuisson de la chaux.
6. Moyen de détruire des papillons appe-
lés allucettes en certaines contrées, et qui
s'attachent ordinairement aux blés.
Un de nos abonnés nous adresse l'explica-
tion d'une balance, avec prière de la pubher.
Cette balance, pour laquelle il n'y a pas
besoin de poids, se compose d'un tube re-
courbé de deux branches; la branche prin-
cipale, celle où se meut le piston, d'un dia-
mètre plus grand que celui du tube gradué ;
à l'extrémité de ce tube ( gradué ) est pra-
tiqué un orifice assez petit pour permettre
l'introduction de l'air et pour empêcher le
mercure de s'écouler au dehors. A côté de
ce tube on a adopté une échelle qui sert à
apprécier le poids des corps soumis à l'expé-
rience. Le tube principal, est muni d'un
piston très léger et surmonté d'une cap-
sule qui sert à recevoir les corps que l'on
veut peser; le tout est enveloppé d'ua man-
chon d'acier ou de bois, sauf l'extrémité gra-
duée.
Le jeu de cet instrument est très simple,
le tube gradué est assez large pour que les
variations de l'atmosphère n'influent que
très peu sur le mercure.
GOaSEayATIOTÎ DES MEMBRANES ANQULES,
FOETUS , etc.
Le procédé suifant nous est indfqué par
M. Leclerc, pliarmacien à Montbard, au-
quel nous sommes déjà redevables d'arti-
cles utiles publiés dans ce recueil. Pour con-
server dfiS membranes animales très minces
et préserver la transparence naturelle de
l'opacité que leur communiquent la plupart
des hqueurs ou solutions conservatrices ha-
bituellement employées, il faut suspendre
l'objet à conserver à l'aide d'un fil ou d'un
crin, dans un' mélange de 250 gramm. de
chlorure de soude (chlorite) et de Z2 gram.
alcool, à 22 degrés. On renouvelle cette h-
queur au bout d'une semaine, puis on gou-
dronne le goulot du vase bien bouché. Il
faut, pour avoir une bonne Hqueur, pren-
dre un chlorure pur alcalin, et tel que celui
préparé dans les pharmacies par le pro-
cédé de double décomposition indiqué par
M. Payen.
Depuis trois ans M. Leclerc conserve un
fœtus de veau daiis ses enveloppes. Le U-
quide ne s'est nullement coloré , et la mem-
brane a acquis une transparence qui permet
de voir très distinctement le foetus. On sait
qu'il est impossible de conserver cette dia-
phanéité au foetus humain dans son œuf,
soit par l'alcool faible, soit par le moyen
des solutions de sublimé corrosif, d'hydro-
chlorate d'ammoniac ou d'alun, etc. Il est
facile de concevoir toute l'utilité du procédé
indiqué par M. Leclerc, pour la conserva-
tion d'une multitude de sajets d'anatomie
et d'histoire du r,ègne animal.
M. Leclerc fait remarquer ^ue les pro*
duits gélatino-albumineux altèrent un peu
la limpidité de la légion chlorurée, surtout
l'albumine de l'œuf, qui la colore en jaun^
la vitrine ou l'humeur vitrée de l'œil, le
cristallin , la cornée transparente, la colo-
rent beaucoup moins, c'est-à-dire, que la
base oxidésadique, en réagissant sur l'albu-
mine, donne lieu à sa coloration. Quelqpies
essais faits par M. Leclerc le portent à
croire que le chlorure de soude qu'il pro-
pose, n'a pas d'action décolorante sur la
peau des reptiles, à en juger par une vipère
qu'il tient plongée depuis ua au dans ce li-
quide aleoolisé;
lÉLAGAGE OU EBRANCHEMEKT DES ARBRES
rORESTlERS.
L'élagage consiste coramanément à cou-
iper, à des époques plus ou moins rappro-
ekées, les brandies d'un arbre depuis le sol
jusqu'à une hauteur qui varie selon les di-
vers modes en usage.
Il est prouvé qu'un arbre vit et par ses
racines et par ses feuilles, que ces deux ap-
pareils lui sont absolument nécessaires pour
exister, et que jamais il ne profile plus que
lorsqu'ils sont en parfaite harmonie. C'est
donc ce principe qu'il faut conserver ou du
moins déranger le moins possible dans les
modes d'élagage.
Un arbre a deux sortes de branches bien
distinctes ; les grosses ou gourmandes , qui
ont point d'insertion très larije sur le tronc,
et les branchilles qui en ont un faible. En
coupant toutes Qcs brandies indistinctement,
on étabUt donc un grand nombre de plaies
dont celles des premières très difficiles à ci-
catriser; de là aussi ces défauts, ces loupes,
comme on les appelle, lorsqu'on débite des
vieux bois. Ensuite, la sève montante n'é-
tant plus en harmonie avec la sève descen-
dante , afflue vers la portion supérieure dont
les branches sont restées ; ces branches pous-
sant alors considérablement se chargent de
feuilles et cassent souvent par les vents,
attendu que le tronc est obligé de plier à
leur naissance. D'un autre côté la sève ,
qui n'a pas assez de débouchés par le
trop peu de branches restantes, finit par
sortir par une infinité de jets depuis le sol
jusqu'à cette cîrne conservée, ainsi que par
les racines traçantes : mais en tout cas , on
a perdu une année de croissance de l'arbre,
puisque l'harmonie n'a point été conservée
autant que possible, et alors on a du bois
(d'inférieure quahté puisqu'il est rempli de
cicatrices, de gourmes ou gormes, ainsi
qu'on le dit vulgairement.
Il est plus avantageux de diriger l'arbre
en cône depuis la cime jusqu'à une certaine
distance du sol , suivant la grossenr de l'ar-
bre : ainsi l'élagueur, monté à la cime, exa-
mine laquelle des fortes branches de cette
cime pousse plus droit et en rapport avec
le corps de l'arbre j il coupe les branchilles
qui sont à celte branche à une certaine di-
stance de son corps, et toujours en augmen-
tant la longueur à mesure qu'il descend j
arrivé aux autres branches qui avec celle-là
formaient la cime ou houppe, il les coupe
suivant leur grosseur^ à cinquante, soixante
et quatre-vingts centimètres, en ayant soin
de les couper toujours au dessus de quel-
ques branchilles-, en descendant, il coupe
en ergots de plus en plu» longs toutes les
fortes branches qui emporteraient trop de
sève , et conserve religituseincnt toutes les
petites branches ou branchilles qui tiennent
au corps de l'arbre; enfin, il coupe près du
tronc toutes les branches des dernières cou-
ronnes , sans distinction, de manière qu'il
y ait au moins trois à quatre mètres de tronc
i-ans bronches.
L'arbre dispose ainsi pourra, au premier
élagage de ce genre, ne pas paraître beau,
ces troncs de .grosses branches ou ergots lé
défigu-rant pour ainsi dire ; mais on com-
prendra qu'aussitôt que les feuilles auront
poussé , l'arbre deviendra conique , quel
l'harmonie sera aussi parfaite que possible
entre les feuilles et les racines , et que la
sève n'étant plus attirée, principalement
dans les fortes branches «u gourmandes ,
se répandra dans tout le corps de l'arbre et
le fera profiter également depuis sa base
jusqu'à sa cime : cette sève trouvant ensuite
tous ces tronçons et les branchilles qui l'at-
tireront en grande quantité, ne poussera
pas ou presque pas de rejets au dessous et
sur les racines traçantes. Un arbre cepen
dant poussant encore quelques remets, il
faut les faire couper vers le mois d'août et
rarement après il en repousse.
Une chose digne de remarque , c'est que
ces troncs de grosses branches, quoique
poussant beaucoup de bois à leurs extré
mités tronquées , ne profitent plus en gros-
seur et ne servent plus, pour ainsi dire
que de canaux pour faire arriver la sève
aux branches de ces extrémités, de manière
que^ lorsque par la hauteur que l'arbre
atteindra on montera en proportion la hau
leur du tronc sans branches , et qu'on cou
pera ces tronçons ou ergots, la plaie ne
sera pas très forte et se cicatrisera promp
tement : donc du bois de bonne qualité
facile à vendre cher.
Un premier élagage ainsi fait, comme
l'arbre croîtra promplementet avec vigueur,
il faudra ne pas être plus de trois ans sans
faire monter dessus et procéder de la même
manière , en ayant soin cependant de couper
rasle corps quelques uns des plus forts tron-
çons.
Par cette manière, on récoltera plus de
bois que par la manière ordinaire , puis
qu'en conservant toujours l'harmonie entreH
les deux sèves en ne perd pas comme par
celle-ci une année sur cinq au moins ; de
plus, on n'a que de bon bois, soit en bour-
rées, soit en bois de travail.
Ce serait une grande amélixiration et un
véritable bienfait que l'administration des
Ponls-et-Chaussés provoquât une loi qui
forçât les propriétaires riverains des routes
et chemins à ne pas laisser de branches plus
bas. que 3, 4, et même 5 mètres, suivant la
grosseur des arbres, de cette manière les
vents dessécheraient facilement les routes,
en même temps que les arbres donneraient
de l'ombrage et que leurs branches infé-
rieures ne iforceraient plus les voyageurs à
ne pouvoir circuler qu'à 4 ou 5 mètres de
la ligne des arbres.
Ce qui précède peut s'appliquer à presque
tous les arbres forestiers et en rangées : si
l'administration des Eaux-et-Forôts suivait
ce mode pour les baliveaux et les modernes,
nous aurions, sans nul doute, déplus belle
charpente que celle que nous obtenons par
la méthode ordinaire. S. T.
SIXIÈME ANNÉE. 1S3G.
Édition française.
DEUXIÈME SÉRIE.
Première année.
DICTIONNAIRE MENSUEL ET PROGIÎESSIF.
IiéFî:RTOin.£ USUEZ.
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intéressant directement
L'éducation de l'enfance, la morale et le bien-être des familles, l'économie usuelle;
L'exercice et le progrès de toutes les professions sociales ; i,
L' exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles prescrivent.
PRIX : FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE
PAR AJS SIX FRANCS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT-GEORGES, No H.
Une livraison de trente-deux pages par mois, contenant un demi-volume tn-S"
Les souscripteurs étant autorisés à retenir— sur le prix des six iidiXics—r a (franchissement de leur leiire et le
oiil de In reconnaissance de poste, l'abonnement n'est, de fait, que de CINQ FRANCS nets pour la Société.
■^0^»C^<»^B^- .
NUMERO 8 : AOUT 1836.
RÉPERTOIRE CIVIL.
Loi sur les cheniins vicinaux , ISo.— Circulaire mi-
nistérielle, 150.— Elections municipales, 1G1 —Papier
timbré. 162.— Garde nationale, ;7y(rf.— Hypothèques,
ihid.— Infanticide, ibid.— Responsabilité des notaires,
ibid.— Témoignagne en justice, ibid. —Boissons, ji/rf.
RÉPERTOIRE DOMESTIQUE.
Éducation de l'enfance, 165. — Paupérisme et so-
briété, 164.— Glace artificielle, 163. — Egg-nog, 166.—
Moyen de nourrir les veaux, 167. — Moyen pour recon-
naître les œufs mâles ou les femelles, ibid.— Tableau
de la gestation des animaux, ibid. — Des pommes de^
terre employées à la nourriture des chevaux, 1G8,
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL.
Artichauts de primeurs, 170.— De la bréde comparée
à l'épinard, 171. — De quelques plantes potagères nou-
velles , 172. — Arrachoir à bascule , 175. — Cbarrue-
taupe et charrue à rigoles , 174. — Tisserands ,170.-
Ferblantier, ;/'/</.- Procédé pour la fabrication du fer
forgé, 177.— [Pink-colour laque minérale, 178.
RÉPERTOIRE DE LA CONVERSATION.
Recherches sur l'inilueuce du prix des grains sur la
mortalité, les naissances, les mariages, etc.
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vendredi.
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samedi.
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7
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145
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lundi.
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mercredi
142
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jeudi.
141
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vendredi.
140
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samedi.
17,9
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DIM.
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lundi.
1.-7
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mardi.
1.-6
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mercredi.
15.S
18
jeudi.
1.54
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vendredi.
155
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samedi.
152
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DIM.
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22
lundi.
150
2.1
mardi.
129
24
mercredi.
128
2o
jeudi.
127
26
vendredi.
126
27
samedi.
12.S
28
DIM.
12*
29
lundi.
125
50
mardi.
122
31
mercredi.
NOMS
des
SAINTS.
Le
1 lev. du soleil
10 —
20 —
51 —
s. P.-ès-Liens.
ste Marie-des-A.
Inv. s. Etienne.
s. Dominique.
s. Yon, martyr.
Transfigur. N.S.
s. Donat.
s. Justin, martyr.
s. Spire.
s. Laurent.
ste Suzanne.
ste Claire.
s. Hippolyte.
Vk.ile-Jelne.
ASSOMPTION.
s. Roch.
s. Libérât,
s. Agapit.
s. Louis, év.
s. Rernard.
s. Philibert,
s. Symphorien.
s. Sidoine,
s. Barthélemi.
8. Louis, roi.
s. Zéphyrin.
s. Césaire.
s. Augustin,
s. Mery, abbé,
s. Fiacre,
s. Ovide.
4 h.
INTERETS
de
fr. 100
à 4 p. OiO.
J. fr
214 S
215 5
216 S
54
219
220
56
217 2 57
218 2 58
2
2
221 2 41
222 2 42
225 2 45
224 2 44
225 2
2-26 2
227 2
228 2 48
229 2 49
259 2 50
251 2
59
40
46
47
252
51
52
2.55 2 55
254
25o
54
55
256 2 56
257 2 57
S58 2 58
2.59 2 59
240 2 60
241 2 61
242 2 62
245 2 65
244 2 64
REVENU
Par an.
Par j our.
EMPLOI.
55 m. J Couch. 7 h. 57 m.
4 ?9 — 7 23
.S 1 — 7 S
5 Iri — 0 45
.*.!.. ... i,.i'.t.. I il. .i' I \.t !■• -cs=;
fr. fr. c.
107.SO 29 45
10800 29 58
10850 29 72
10900 29 86
10950 50 00
10000 50 15
10050 50 27
10100 50 41
10150 50 54
16200 50 68
10250 50 82
1050fJ 50 9S
10550 51 09
10400 5i 23
10450 51 56
10500 51 50
105.i0 31 64
10600 51 78
10650 51 91
10700 32 03
11750 3-2 19
118l;0 52 5-2
11850 52 46
1 1900 5-2 e;o
11950 52 75
1-2000 52 87
1-20S0 35 01
12100 55 15
12150 33 28
12-200 55 4-2
1-2230 35 56
D. Q. le 4, à 7 heures 20 minutes du
N. L. le 1-3. îi SI (ju
P. 0. le 19. i(, 25 (lu
P. L. le tiS, o Y^ du
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27 24
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27 56
3 04
27 49
3 03
27 61
3 06
27 73
3 08
27 86
5 09
27 98
3 10
28 10
3 12
28 23
3 13
28 33
5 13
28 47
3 16
28 60
5 17
28 72
5 19
28 84
3 20
28 97
5 21
29 09
3 23
29 21
3 24
29 54
3 26
29 46
5 27
29 58
5 28
29 71
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PRODUIT
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20 ans.
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32574 00
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35180 15
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5-957 65
34088 13
.54259 65
34,591 20
34542 70
34694 23
5484S 70
34997 50
33148 80
55500 30
53431 80
55603 34
33734 83
55906 58
56057 90
56209 43
50500 94
■"65 12 50
56664 00
308 15 50
56-07 03
57711 53
soir,
hoir,
soir,
matin.
GORRESPQMDANGE.
Paris possède une société centrale des
naufrages , dont M. le duc de Montmo-
rency est président, et qui compte dans son
sein les hommes les plus marquans et les plus
philantropes parmi toutes les notabilités de
la capitale. Lu des membre de son conseil
d'administration nous adresse la lettre qui suit:
A monsieur le rédacteur du Journal des Con-
naissances uUks.
Monsieur ,
Un journal comme le vôtre , entièrement
consacré à ce qui est bon et utile , se fera saus
doute un plaisir d'employer une de ses colon-
nes à répandre la publicité d'un trait de cou-
rage et de vertu d'autant plus admirable que
c'est un enfant qui en a donné l'exemple. Je
suis persuadé que vos abonnés seront bien aises
aussi de trouver en action , en exemple , dans
votre excellent recueil , un fait de celte morale
pure et courajreuse dont vous enseignez les
préceptes. La connaissance en a été trausmise
à la Société Centrale des >"aufrages par M. le
Préfet de la Meurthe.
Joseph-Auguste-César de Rochefort, aujour-
d'hui âgé de treize ans, est né de pauvres
cultivateurs habitant la commune de Vaudri-
gny, arrondissement de Nancy. Il descend
d'une ancienne et noble famille delà Lorraine;
son aïeul «lait capitaine d'empire , et lieute-
nant du prince de Lorraine , en l'Hli.
A l'âge de douze ans , c'est-à-dire en 1835 ,
César tle Rochefort se baignant avec desenfans
d". son âge , sauva la vie au jeune Gourjaudé,
àf'é de 10 ans, mais ce fait passa presque ina-
perçu. Le -12 mai dernier, en revenant de
faire paître les vaches qu'il conduit aux
champs chaque jour , il entend des cris d'a-
larmes ; il accourt. Euphrasie Gourjaudé, sa
cousine, Agée de cinq ans, venait de tomber
d'un «ont dans la rivière de Madon , torrent
très-rapide et fort dangcreu:;. Rochefort s'é-
lance nage, plonge, saisit l'enfant disparu,
le ramène à la Slirfece et s'efforce de gagner
le bord eu nageant li'unc main, fea force ne
répond pas à son courage : tous deux sont en-
traînés par le courant vers un abîme ou 1 eau
s'engouffre en tournovaiit. et tous deux dispa-
raissent. Néanmoins il lutte avec intrépidité
et revient à la surface, mais sa cousine lui est
échappée. Il respire et ses forces se raniment;
il cherche, il plonge de nouveau, il la saisit
lorsque la rapidité du courant les emporte,
les roule de tourbillon eu tourbillon, cl le
choc d'une roche lui fait encore une fois
lâcher prise. Ce n'est plus le courage d'un
homme qui brûle dans le cœur d un enfant,
c est la persévérante intrépidité d un héros
de l'humanité. Il s'élance, fend les ondes nui-
ffissantes , atteint la victime, et, par un puis-
sant mais dernier effort , gagne la rive et ter-
mine une lutte effrayante qui s est proloqgee
dans un espace de tiO toises.
L'exaltation de ses nobles sentiraens avait
vaincu Vàge et la nature : sur le Lord , l'un et
1 l'autre reprirent leurs droits. Les nombreux
témoins de celle scène emportèrent les deux
enfans évanouis , mais on fut assez heureux
■ oour les rappeler à la vie.
' Voilà , monsieur , un bel exemple de vertu
que la société se propose de récompenser di-
gneine j.^j j.|jQj,neur, etc.
Macqu ET , membre du conseil
Â' administra lion
A monsieur le rédacteur.
Monsieur." •
Je m'empresse , pour remplir vos désirs, de
X'ous envoyer les renseignemens que vous me
demandez relativement au poirier greffé sur
pommier, que vous avez vu chez moi il y a
deux ans. C'est presque entièrement au hasard
quejetîois cette singulière expérience. En aoûl
1S3U , je préparai une cinquantaine d'écussons
de poirier Sl-(icrmaiu pour greffer autant de
sujets sauvageons que j'avais dans ma pépi-
nière. Quand mon opération fut terminée sur
les sujets de poirier , il me resta un bel écusson
qu'à tout hasard je plaçai sur unsujet de pom-
mier doucin, faute d'autre; je ne mettais
ajucune importance à ce fait, bien persuadé
que ma greffe ne reprendrait pas.
Au printemps suivant , je rapprochai mes
sujets sur mes greffes sans trop faire attention
à ce qu'était devenue celle-ci. Dans le cours
de l'année je la vis sans trop d'étonnement
pousser un jet vigoureux, de dix-huit pouces
de longueur, ce qui arrive assez souvent aux
greffes hétérogènes qui ne laissent pas de périr
la seconde ou la troisième année au plus tard.
Eu 1>S3;J, la greffe continuant à pousser avec
vigueur , je la soumis à la taille atin de former
le sujet eu quenouille , et , pour ne pas courir
la chance de la perdre par la transplantation
je la laissai dansnia pépinière où elle est encore.
C'est alors que vous la vîtes, et que l'inspec-
tion de deux ou trois brindilles du sujet qui
étaient poussées au pied de l'arbre vous con-
vainquit d'une manière formelle qu'il était
bien-réellement greffé sur doucin. Ces brin-
dilles existent encore et je les conserverai. En.
1834 mon poirier marqua quel<iues boutons à
fleurs, mais ils coulèrent. Enfin , l'année der-
nière , j'eus le plaisir de cueillir dessus une
demi-douzaine de poires fort bonnes, fort
belles, nullement graveleuses, et la récolte de
celte année sera plu» abondante. Le sujet
est piaulé dans une terre noire, lourheusc,un
peu froide ; néanmoins il forme une pyramide
assez régulière , d'une végétation un peu plus
vigoureuse que celle des mêmes poiriers
greffés sur cognassier. Je pense en foruicr un
bel arbre.
J'ai l'honneur, etc.
JoLV , cultivateur-pépiniériste, à
Wissous, près Antony.
On nous écrit de Caen :
L'emploi des sapeurs flamands à la récolte
des grains va être essayé pour la première
fois dans noire pays. Déjà, depuis long-temps,
la faux ordinaire y a remplacé partout la
faucile, et un homme abataujourd'hui autant
de blé que quatre hommes en coupaient au-
trefois. Mais le faucheur a encore besoin d'une
javeleuse, qui reçoive le blé coupé, et le
range sur les sillons. Le sapeur flamand fait
lui seul ce double travail. Armé , d'une main,
de sa petite faux à manche court, appelée
sape, dont l'extrémité applatie sert d'appui à
sou bras, il tient de l'autre un crochet qui
reçoit le blé à mesure qu'il le coupe, ai,
comme on l'assure, à celle économie de temps
se joint l'exécution supérieure du travail, il
n'y a pas de doute que la sape , employée gé-
néralement dans les environs de Paris , ne
se répande promptement dans nos campa-
gnes.
15&
REPERTOIRE CIVIL.
I. mTÉRÊTS GÉNÉRAUX. - II. MORALE ET INSTRUCTION PUBLIQUES.
III. DEVOIRS ET DROITS CIVILS ET POLITIQUES.
La nouvelle loi des chemins vicinaux réclamée de toutes parts par Tinsuffisance
de celle de 1834, a été votée dans cette cession. Celte loi qui laisse encore à désirer
dans beaucoup de ses dispositions, doit cependant exercer une grande influence sur
la prospérité de notre agriculture et de notre commerce intérieur. Nous la repro-
duisons texluelicmenl en la faisant suivre de quelques extraits d'une circulaire adressée
aux préfets par le ministre de 1 intérieur et qui trace des règles à suivre pour l'exécution
de la loi, ainsi que les formalités à observer pour accomplir ses prescriptions.
SECTION Ire.
Chemins vicinaux.
ARTICLE 1er. Les chemins vicinaux léga-
lement reconnus sont à la charge des com-
munes, sauf les dispositions de l'art. 7, ci-
après.
ART. 2. En cas d'insufGsance des ressources
ordinaires des communes, Usera pourvu à l'en-
tretien des chemins vicinaux à l'aide , soit de
prestations en nature, dont le maximum est
fixé à trois journées de travail, soit de cen-
times spéciaux en addition au principal des
quatre contributions directes, et dont le ma-
ximum est fixé à cinq.
Le conseil municipal pourra voter l'une ou
l'autre de ces ressources, ou toutes les deux
concurremment.
Le concours des plus imposés ne sera pas
nécessaire dans les délibératious prises pour
l'exécution du présent article.
ART. 3. Tout habitant, chef de famiUe ou
d'établissement , à titre de propriétaire, de ré-
gisseur, de fermier ou de colon partiaire,
porté au rôle des contributions directes , pourra
être appelé à fournir, chaque année, une
prestation de trois jours :
loPour sa personne et pour chaque individu
mâle valide , âgé de dix-huit ans au moins et
de soixante ans au plus , membre ou serviteur
de la famille et résidant dans la commune.
2o Pour chacune des charrettes ou voitures
attelées , et , en outre , pour chacune des bétes
de somme , de trait , de selle , au service de la
famille ou de l'établissement dans la com-
mune.
ARTv 4. La prestation sera appréciée en ar-
gent, cnnformément à la valeur qui aura été
attribuée annuellement pour la commune à
chaque espèce de journée par le conseil-géné-
ral, sur les propositions des conseils d'arron-
dissement.
La prestation pourra être acquittée en na-
ture ou en argent , au gré du contribuable.
Toutesles fois que le contribuable n'aura pas op-
té dans les délais prescrits , la prestation sera
de droit exigible en argent.
La prestation non-rachelée en argent pourra
être convertie en tâches , d'après les bases et
évaluations de travaux préalablement fixées
par le conseil municipal.
ART. 5. Si le conseil municipal, mis en de-«
meure , n'a pas volé , dans la session désignée
à cet effet , les prestations et centimes néces-
saires , ou si la commune n'en a pas fait em-
ploi dans les délais prescrits , le préfet pourra,
d'office , soit imposer la commune dans les li-
mites du maximum, soit faire exécuter les
travaux.
Chaque année, le préfet communiquera au
conseil général l'état des impositions établies
d'office en vertu du présent article.
ART. 6. Lorsqu'un chemin vicinal intéres-
sera plusieurs communes, le préfet , sur l'avis
des conseils municipaux, désignera les com-
munes qui devront concourir à sa construc-
tion ou à son entretien , et fixera la propor-
tion dans laquelle chacune d'elles y contri-
buera.
SECTION II.
Chemins vicinaux de grande communication.
ART. 7. Les chemins vicinaux peuvent, se-
lon leur importance , être déclares chemins vi-
cinaux de grande communication par le con-
seil général, sur l'avis des conseils munici*
paux, des conseils d'arrondissement, et sur
la proposition du préfet.
Sur les mêmes avis et proposition , le con-
seil général détermine la direction de chaque
chemin vicinal de grande communication , et
désigne les communes qui doivent contribuer
à sa construction ou à son entrelien.
Le préfet fixe la largeur et les limites du che-
min, et détermine annuellement la propor-
tion dans laquelle chaque commune doit con-
courir à l'entretien de la ligne vicinale dont
elle dépend ; il statue sur les offres faites par
les particuliers , as&ociations de partieulicr; oq
de coouQuDes,
155
ARt. 8. Les chcmin« vicinaux de grande
commnnication , et , dans des cas extraordi-
naires, les autres chemins ricinaux, pourront
recevoir des subventions sur les fonds dépar-
tementaux.
Il sera pourvu à ces subventions an moyen
des centimes facultatifs ordinaires du dépar-
tement , et de centimes spéciaux votés annuel-
lement par le conseil {général.
La distribution des subventions sera faite, en
ayant égard aux ressources , aux sacriOces et
aux besoins des communes , par le préfet , qui
en rendra compte , chaque année, au conseil
général.
Les communes acquitteront la portion des
dépenses mises à leur charge au moyen de
leurs revenus ordinaires , et , en cas d'insuffi-
sance , au moyen de deux journées de presta-
tions sur les trois journées autorisées par l'ar-
licle 2 , et des deux tiers des centimes votés
par le conseil municipal en vertu du même
article.
ART. 9. Les chemins vicinaux de grande
communication sont placés sous l'autorité du
préfet. Les dispositions des art. i et 5 de la
présente loi leur sont applicables.
Dispositions (/énérales.
ART. 10. Les chemins vicinaux reconnus et
maintenus comme tels sont imprescriptibles.
ART. 11. Le préfet pourra nommer des agens
Toyers.
Leur traitement sera flxé par le conseil gé-
néra).
Ce traitement sera prélevé sur les fonds af-
fectés aux travaux.
Les agens voyers prêteront serment ; ils au-
ront le droit de constater les contraventions
et délits , et d'en dresser des procès-verbaux.
ART. 12. Le maximum des centimes spé-
ciaux qui pourront être votés par les conseils
généraux, en vertu de la présente loi, sera
déterminé annuellement par la loi de li-
jiances.
ART. 13. Les propriétés de l'état, productives
de revenus , contribueront aux dépenses des
chemins vicinaux dans les mêmes proportions
que les propriétés privées, et d'après un rôle
spécial dressé par le préfet.
Les propriétés de la couronne contribueront
aux mêmes dépenses , conformément à l'ar-
ticle 13 de la loi du 2 mars 1832.
ART. 14. Toutes les fois qu'un chemin vici-
nal , entretenu à l'état de viabilité par une
commune , sera habituellement ou tcmporai-
TCment dégradé par des exploitations de mines,
de carrières , de forcis ou de toute entreprise
industrielle appartenant à des particuliers, à
des étahUsscmcns publics , à la couronne ou à
l'état , il pourra y avoir lieu à imposer aux en-
trepreneurs ou propriétaires, suivant que
l'exploitation pu les transports auront eu lieu
pour les uns ou les autres, des subveutloûs spé-.
ciales , dont la quotité sera proportionnée à la
dégradation extraordinaire qui devra être at-
tribuée aux exploitations.
Ces subventions pourront , au choix des sub-
venlionnaires, être acquittées|en argent ou en
prestations en nature, et seront exclusivement
affectées à ceux des chemins qui y auront
donné lieu.
Elles seront réglées annuellement , sur la
demande des communes, par les conseils de
préfecture, après des expertises contradictoires
et recouvrées comme eu matière de contribu-
tions directes.
Les experts seront nommés suivant le mode
déterminé par l'article 17 ci-après.
Ces subventions pourront aussi être déter-
minées par abonnement ; elles seront réglées,
dans ce cas, par le préfet en conseil de pré-
fecture.
ART. l.'i. Les arrêtés du préfet portant re-
connaissance et (ixalion de la largeur d'un
chemin vicinal allribueut définitivement au
cheminée sol compris dans les limites qu'ils
déterminent.
Le droit des propriétaires riverains se résout
en une indemnité, qui sera réglée à l'amiable
ou par le juge-dc-paix du canton , sur le rap-
port d'experts nommés conformément à l'ar-
ticl(» 17.
ART. 1(5. Les travaux d'ouverture et de re-
dressement des chemins vicinaux seront auto-
risés par arrêté du préfet.
Lorsque, pour l'exécution du présent ar-
ticle, il y aura lieu de recourir à l'expropria-
tion . le jury spécial , chargé de régler les in-
demnités, ne sera composé que de quatre ju-
I rés. Le tribunal d'arrondissement, en pronon-
çant l'expropriation , désignera, pour présider
et diriger le jury , l'un de ses membres ou le
juge-de-paix du canton. Ce magistrat aura
Toix délibérative en cas de partage.
Le tribunal choisira , sur la liste générale
prescrite par l'article 29 de la loi du 7 juillet
1833, quatre personnes pour former le jury
spécial, et trois jurés supplémentaires. L'ad-
minisli'ation et la partie intéressée auront
respectivement le droit d'exercer une récusa-
tion péremptoire.
Le juge recevra lesacquiescemens des par-
ties.
Son procès-verbal emportera translation
définitive de propriété.
Le recours en cassation, soit contre le ju-
gement qui prononcera l'expropriation, soit
contre la déclaration du jury qui réglera lin-
demnité, n'aura lieu que dans les cas prévus
et selon les formes déterminées par la loi du
7 juillet 1833.
Art. 17. Les extractions de matériaux, les
dépôts ou cnlèveniensde terre, les occupations
temporaires de terrains, seront autorisés par
arrêté du préfet, lequel désignera les lieux;
cet arrêté sera notifié aux parties intéressées
au moins dix jour» avant que son exécution
puisse être commencée.
Si l'indemnité ne peut être fixée à l'amiable,
elle sera refilée par le conseil de préfecture ,
sur le rapport d'experts nommés, l'un par le
soHs-prét'et, et l'autre par le propriétaire.
En cas de discorde, le tiers-expert sera
nommé par le conseil de préfecture.
Art. 18. L'action en indemnité des pro-
priétaires pour le5 terrains qui auront servi à
la confection des chemins \icinaux, et pour
extraction de matériaux, sera prescrite par le
laps de deux ans.
Art. 10. En cas de chanj^ement de direc-
tion ou d'abandon d'un chemin vicinal, en
tout ou partie, les propriétaires riverains de
la partie de ce chemin, qui cessera de servir
dévoie de communication, pourront faire leur
soumission de s'en rendre acquéreurs , et
d'en payer la valeur, qui sera lixée par des
experts nommés dans la l'orme déterminée
par l'article 17.
Art. 20. Les plans, procès-verbaux, certi-
ficats, significations, jugemens , contrats,
marchés, adjudications de travaux, quittances
et autres actes ayant pour objet exclusif la
construction, l'entretien et la réparation des
chemins vicinaux, seront enregistrés moyen-
nant le droit fixe de un franc.
Les actions civiles intentées par les com-
munes ou dirigées contre elles , relativement
à leurs chemins, seront jugées comme affaires
sommaires et urgentes , conformément à
l'article -405 du Code de procédure civile.
Art. 21. Dans l'année qui suivra la pro-
mulgation de la présente loi , chaque préfet
fera, pour en assurer l'exécution , un règle-
ment qui sera communiqué au conseil géné-
ral, et transmis, avec ses observations, au Mi-
nistre de l'intérieur, pour être approuvé, s'il y
a lieu.
Ce règlement fixera, dans chaque départe-
ment, le maximum de la largeur des chemins
vicinaux ; il fixera, en outre, les délais né-
cessaires à l'exécution de chaque mesure, les
époques auxquelles les prestations eu nature
devront être faites, le mode de leur emploi ou
de leur conversion en tâches, et statuera, en
même temps, sur tout ce qui est relatif à la
confection des rôles, à la comptabilité, aux
adjudications et à leur forme, aux aligncinens,
aux autorisations de construire le long des
chemins, à l'écoulement des eaux, aux plan-
tations, à l'élagage, aux fossés, à leur curage,
et à tous les autres détails de surveillance et
de conservation.
Art. 22. Toutes les dispositions de lois an-
térieures demeurent abrogées en ce qu'elles
auraient de contraire à la présente loi.
La présente loi, discutée, délibérée et adop-
tée par la Chambre des Pairs et par celle des
Députés, et sanctionnée par nous cejourd'hui,
sera exécutée comme loi de l'État.
157
DONXOXS EN MANDEMENT à nos Cours et
Tribunaux, Préfets, (^orps administratifs et
tous autres, que les présentes ils gardent et
maintiennent, fassent garder , observer et
maintenir, et, pour les rendre plus notoires
à tous, ils les fassent publier et enregistrer
partout où besoin sera; et, afin que ce soit
chose ferme et stable à toujours, nous y avons
fait mettre notre sceau.
Fait à Paris, au palais des Tuileries, le 21a
jour du mois de mai, l'an l.s;i(j.
Signé LOUIS-PHILIPPE.
CIRCULAIRE MINISTÉRIELLE
Sur l'application de la loi du 21 mai 1836.
« ^lonsieur le préfet, la révision de la légis-
lation sur les chemins vicinaux était depuis
long-temps demandée ; la loi du 21 mai l^'AG
vient de satisfaire à ce besoin.
La longue discussion dont cette loi a été l'ob-
jet dans les deux chambres, pourrait au besoia
y servir do commentaire. Vous l'aurez suivie,
je n'en doute pas, avec l'intérêt que com-
mandaient des débats où venaient se résoudre
les plus importantes questions de l'adminis-
tration pratique; vous l'aurez suivie avec l'in-
térêt que pouvait y porter un administrateur
chargé d'appliquer bientôt la législation nou-
velle, et qui, avant d'en étudier les détails, de-
vait en saisir l'esprit dans son ensemble.
« Le caractère principal de la loi dont le
pays vient d'être doté, c'est qu'elle n'est pas
une loi de théorie ; c'est une loi de pratique.
Ses dispositions ne sont que le résumé de l'ex-
périence acquise depuis plusieurs années ; les
changemens qu'elle apporte à la législation
précédente ne sont pas le fruit de seules études
spéculatives ; ils avaient tous été réclamés par
les administrateurs dont les efforts étaient trop
souvent paralysés par l'inefficacité des moyens
mis à leur disposition; ils ne sont, pour la
plupart enfin, que la traduction en articles de
loi de ce qui se fait depuis long-temps sur tous
les points du royaume, de ce que les besoins
de l'époque avaient suggéré d'améliorations
au zèle des administrateurs, au bon esprit des
administrés.
. La législation précédente avait fait de la
réparation et de l'entretien des chemins vi-
cinaux une charge communale, mais elle l'avait
laissée, pour ainsi dire, au rang des dépenses
facultatives, en ne donnant à l'autorité supé-
rieure qu'un droit de surveillance dépouillée
de tout pouvoir coërcitif. Désormais l'entretien
des chemins vicinaux est classé au nombre
des dépenses ordinaires et obligées des com-
munes ; les préfets sont investis du droit de
faire suivre le conseil par l'injonction ; ils
pourront supi>léer par l'action directe, s'il le
faut, àliudifférence ctà finerlie, et silsdoiven t
n'user de ce pouvoir nouveau qu'avec une
sage véserve, ils sauront cependant eu faire
458
usage (lès que l'intérêl du pays le commaii- \
dera.
t Trop peu de liberté avait, d'un autre
côté, été laissée à l'autorité municipale dans
le choix des moyens à employer pour la ré-
paration des chemins vicinaux. La prestation
en nature devait toujours être employée avant
qu'il fût permis aux conseils municipaux de
voter des centimes additionnels; il leur sera
loisible maintenant de donner préférence à
celle de ces ressources dont l'emploi leur
paraîtra le plus conforme aux intérêts de la
commune, ou même de les employer simul-
tanément.
« L'isolement des efforts des communes
n'était pas le moindre obstacle qu'avait laissé
subsister l'ancientne législation à l'améliora-
tion des communications vicinales. Si c'est
Tin principe incontestable que l'entretien des
chemins vicinaux est d'abord une charge
communale, il faut pourtant reconnaître qu'il
est de ces voies publiques qui, par les dé-
penses qu'elles exigent, sont au dessus des
ressources d'une seule commune, et qui, par
leur étendue, intéressent plusieurs communes.
La nécessité avait donc amené les conseils
généraux et les préfets à appliquer de» fonds
départementaux à des travaux que la loi re-
gardait comme une charge exclusivement
communale, et l'administration supérieure
avait été contrainte de tolérer cette déroga-
tion à la législation existante. Une faculté lé-
gale remplace aujourd'hui une simple tolé-
rance, et l'affectation des fonds départemen-
taux comme fond s de concours est maintenant
autorisée par la loi, mais dans de justes limites,
avec les précautions et les formes nécessaires
pour en assurer l'utile emploi.
« L'absence d'agens spéciaux chargés de
préparer et de diriger les travaux se faisait
vivement sentir, et si, dans quelques dépar-
lemens, leur réaction avait devancé la loi,
les agens que l'administration employait sous
divers titres étaient restés sans caractère offi-
ciel et légal; il leur manquait surtout le droit
de constater les contraventions. La loi nou-
Yelle remplit cette lacune, et partout où Je
zèle et les lumières des ingénieurs et agens
des ponts et chaussées ne pourront être em-
ployés au service des communications vici-
nales, les préfets pourront aujourd'hui choisir
et comraissionncr des agens-voycrs qui rece-
vront d'eux un caractère officiel et qui assu-
reront le succès des projets conçus par l'ad-
ministration.
Les droits de l'administration avaient été
incomplètement définis jusqu'à présent, quant
à la reconnaissance des chemins vicinaux, à
la fixation de leur largeur, et à l'occupation
des terrains nécessaires à l'élargissement de
ces chemins. Il fallait rechercher péniblement
quelques articles épars de lois, de décrets et
d'ordonnances plus ou moins applicables, et
former ainsi une jurisprudence par voie de
simple induction. La loi du S4 mai 1836 a ré-
uni et coordonné les principes consacrés déjà,
elle les a complétés comme le demandait
l'expérience, et l'administration n'aura plus à
craindre de tomber dans l'arbitraire on faisant
ce que lui commande rintérét de la viabilité.
Enfin , M. le préfet, et c'est là une de» dis-
positions les plus importantes de la législation
nouvelle , la loi du 21 mai 1836, générale dans
tout ce qui est du domaine des principes gé-
néraux , est devenue aussi une loi locale , si
je puis m'expriraer ainsi , par la faculté laissée
aux administrateurs de faire des règlemens
spéciaux pour l'application de ces principes,
décentralisant ainsi dans une juste et sat^e
mesure cette portion de l'action administrative
qui peut sans inconvénient être reportée du
centre aux extrémités.
La loi du 21 mai 1S36, si impatiemment at-
tendue et si mûrement délibérée , ne man-
quera donc pas aux espérances du pays ; elle
prendra place au rang des travaux législatifs
les plus importans de l'époque actuelle ; mais
si elle doit être pour notre agriculture surtout
une source de prospérité , elle est aussi pour
l'administration un gage de la confiance du roi
et des chambres. Cette confiance, nous la
justifierons en nous dévouant à son exécution,
en consacrant tous nos efforts à l'amélioration
A<} la branche du service public qui vient
d'être régénérée, et dans le compte annuel
que j'aurai à rendre au roi de l'emploi des
ressources que la loi nouvelle met à notre dis-
position , je serai heureux de pouvoir lui si-
gnaler les administrateurs de tous les rang»
qui sauront se aistingucr par un zèle éclairé,
par une volonté ferme et soutenue, par des
succès marqués dans la voie d'amélioration où
nous venons d'entrer.
» La prestation en nature a été rangée par
l'art. 2 de la loi du 21 mai 1836 au nombre
des ressources que les communes pouvaient
appliquer à l'entretien et à la réparation de»
chemins vicinaux. L'art. 3 a pour objet de
désigner quels sont les citoyens qui doivent
être imposés à celte contribution d'une nature
toute spéciale.
• L'application de l'article dont nous nous
occupons est facile , quelque compliquée que
puisse paraître sa rédaction , lorsqu'on a bien
saisi l'esprit dans lequel il a été conçu , lors-
qu'on a bien compris la distinction à faire
entre l'obligation imposée à l'habitant ,
comme habitant et en vue de sa personne seu-
lement , et l'obligation iniposéi- à tout individu
en vue de la famille dont il est le chef, ou de
l'élablissenient agricole ou autre dont il est
propriétaire ou gérant à quelque titre que ce
soit. Dans le premier cas, l'obigation est per-
sonnelle et directe , en ce sens qu'elle n'est
plus imposée au contribuable pour sa personne
seule ; dans le second cas, l'obligation est in-
directe , en ce sens qu'elle n'est plus imposée
au contribuable pour la personne, mais bien
pour les moyens d'exploitation de son établis-
sement , lesquels se composent dos membres
de sa famille et de ses serviteurs, et encore de
ses inslrumens de travail , tels que charrettes ,
voitures , bêtes de somme , de trait et de
selle.
» Ainsi donc tout habitant peut être imposé
à la prestation en nature , directement et pour
sa personne, s'il est porté au rôle des contribu-
tions, mâle, valide , et àffé de dix-huit ans au
moins et de soixante ans au plus. Dans ce cas,
l'habitant est considéré comme individu , et la
prestation en nature lui est demandée , seule-
ment comme membre de la communauté , in-
téressé par conséquent à tout ce qui peut con-
tribuer à sa prospérité , notamment au bon
état des chemins. Voilà l'obligation person-
nelle , l'obligation directe , résultant de la seule
qualité d'habitant de la commune , et abstrac-
tion faite de toute qualité de propriétaire , de
chef de famille ou d'établissement.
Mais s'il a une famille , s'il est propriétaire,
s'il gère une exploitation agricole , comme ré_
gisseur, fermier ou colon partiaire , s'il admi-
nistre un établissement industriel, cet habitant
a nécessairement un intérêt plus étendu à la
prospérité de la communauté et au bon état
des communications; d'ailleurs l'exploitation de
son établissement, quelqu'ilsoit, nepeutse faire
sans dégrader les chemins de sa commune ,
et il est juste qu'il contribue à la réparation
ordinaire de ces chemins dans la proportion
des moyens d'exploitation qui les dégradent.
La loi permet donc de lui demander la pres-
tation en nature pour chaque membre ou servi-
teur de la famille, mâle, valide, âgé de dix-huit
ans au moins , et de soixante ans au plus, ré-
sidant dans la commune , et encore pour cha-
que charelte ou voiture attelée , pour chaque
bête de somme, de trait et de selle, au service
de la famille ou de l'établissement dans la
commune.
» Voilà l'obligation , non plus directe et im-
posée personnellement en vue de la seule qua-
lité de membre de la communauté , mais indi-
recte et imposée en vue de la famille et de
l'exploitation agricole ou industrielle. A vrai
dire, c'est dans ce cas l'exploitation ou l'éta-
blissement qui sont imposés eu raison de leur
importance et de leur intérêt présumé, au bon
état des chemins et de l'usage qu'ils en font ,
et c'est le chef de la famille , de l'exploitation
agricole , ou de l'établissemeni industriel, qui
doit acquitter la contribution assise sur ce qui
lui appartient , on sur ce qu'il exploite.
• Il s'ensuit donc évidemment que pour
qu'une exploitation agricole ou industrielle
puisse être imposée dans tous ses moyens d'ac-
tion , dans tousses instrumens de travail-, il
n'est plus nécessaire que le chef de l'exploitci-
tion ou de l'établissement soit mâle, valide
159
la commune, qui doit la prcslallon, abstrac-
tion faite du sexe , de l'âge et de l'état de vali-
dité du chef de l'exploitation ou de l'élabliàse-
menl ; ce chef, sans doute, ne sera pas imposé
personnellement s'il ne réunit pas les condi-
tions nécessaires pour que sa cote personnelle
lui soit demandée ; inais.il sera , dans tous les
cas, teuu d'acquitter {la prestation imposée
dans les limites de la loi , pour tout ce qui dé-
pend de l'exploitation agricole ou de l' établis-
sement industriel situé dans la commune.
» En résumé :
• 1» La prestation en nature est due pour sa
personne , par tout habitant de la commune ,
qu'il soit célibataire ou marié , et quelle que
soit sa profession , si d'ai.*;eurs il est porté au
rôle des contributions directes, mâle', valide,
et âgé de dix-huit ans au moins, et soixante
ans au plus ;
2 ' La prestation en nature est due par tout
habitant de la commune , qu'il soit -célibataire
ou marié , s'il est porté au rôle des contribu-
tions directes , mâle , valide , âgé de dix-huit
ans au moins et de soixante ans au plus , chef
de famille ou d'établissement , à litre de pro-
priétaire, de régisseur, de fermier ou de colon
partiaire. Dans ce cas, il doit la prestation
pour sa personne d'abord, puisqu'il remplit
toutes les conditions nécessaires ; il la doit, eu
outre , pour chaque individu mâle, valide, âgé
de dix-huit ans au moins et de soixante au
plus , membre ou serviteur de la famille , et
résidant dans la commune ; il la doit encore
pour chaque charrette ou voiture attelée , et
pour chaque bête de somme , de trait ou de
selle , au service de la famille ou de l'établis-
sement dans la commune.
• 30 La prestation en nature est due par
tout individu , même non porté nominatire-
ment au rôle des contributions directes de la
commune , même âgé de moins de 18 ans et
de plus de 60 ans , même invalide , même du
sexe féminin , même enGn n'habitant pas la
commune, si cet individu est chef d'une fa-
mille qui habile la commune, ou si , à litre de
propriétaire , de régisseur, de fermier ou de
colon partiaire , il est chef d'une exploitation
agricole ou d'un établissement situé dans la
commune. Dans ce cas , toutefois, il ne devra
pas la prestation pour sa personne , puisqu'il
n'est pas dans les conditions voulues par la
loi , mais il la devra pour tout ce qui , per-
sonnes ou choses, dans les limites de la lo\,
dépend de l'établissement dont il est proprié-
taire ou qu'il gère à quelque titre que ce soit.
. Tels sont, monsieur le préfet, les prin-
cipes qui doivent servir de base à l'assiette de
cotte nature de contribution. Tous les cas
possibles rentrent dans l'un des trois ci-
dessus posés , et il ne me paraît pas qu'il puisse
rester la moindre incertitude sur les obliga-
é de dix-huit à soixante ans, ni même résidant lions qui résultent do l'article 3 de la loi. Je
dans la commune. C'est l'exploitation agricole, nai plus qu'à appeler votre attention sur
c'est l'établissement industriel existant dans! quelques-uns des termes de cet ailicle.
160
» Le mot hahilant a été d'abord l'objet de
quelque hésitalion. On a demandé à quel ca-
ractère positif on peut reconnaître qu'un in-
dividu est habitant d'une commune, et on a
tité le cas d'un propriétaire qui partage son
année entre plusieurs communes où il a des
propriétés.
» Pour résoudre cette difGcuUé, il faut d'a-
bord remarquer que le législateur a évité
d'employer le mot de domicile , parce qu'il
aurait pu être la cause de difficullés en rai-
son de la différence qui peut exister entre le
■domicile légal ou de droit. On s'est servi à
dessein du mot habitai ion, parce que l'habi-
tatiou est la principale cause qui rend impo-
sable à la prestation en nature ; c'est là ce qui
ronslitue en premier ordre l'intérêt au bon
t'tat des chemins et l'obligation de contribuer
à leur entretien. Lors donc qu'un proprié-
taire a plusieurs résidences qu'il habile alter-
nativement, et qu'il s'agit de reconnaître dans
laquelle il doit être imposé à la prestation en
nature pour sa personne, il faut rechercher
quelle est celle des résidences où il a son
principal établissement, et qu'il habite le plus
long-temps ; c'est là qu'il devra être imposé,
f'i, du reste , il y a à cet égard, entre un
propriétaire et une commune, une contesta-
tion qui ne puisse être résolue à l'amiable,
elle devra être jugée dans les mêmes formes
et d'après les mômes règles qui ser'i iraient s'il
y avait double emploi dans l'imposition per-
sonnelle : la prestation en nature rentre ici,
l'n effet , dans la catégorie de la contribution
personnelle, puisque c'est à la personne qu'elle
l'st demandée.
» Cette interprétation nous conduit à expli-
quer ces mots qui terminent l'art. 3 : « au
SMvicedela famille ou de l'établissement dans
la commune. » En effet, si ce propriétaire a
«lans chacune de ses résidences un établisse-
ment permanent en domestiques, voitures ou
Lètes de somme , de trait ou de selle , il devra
f'tre imposé dans chaque commune, et dans
les limites de la loi, pour ce qui lui appartient
^ans celte commune ; si au contraire ses do-
mestiques, scschevauv et ses voilures passent
a^ec lui temporairement d'une résidence à
une autre, il ne devra èlrc imposé pour ses
moyens d'exploitation que dans le lieu de son
principal établissement, ainsi (juil a été dit
plus haut. Celte règle s'appliquerait au cas où
un citoyen exploiterait plusieurs élablissemens
agricoles ou industriels, soit coinwu^ proprié-
taire , soit comme régisseur, fermier ou colon
partiaire.
» Au second paragraphe de l'article 3, on a
également remplacé i)ar les mois : membres
ffe la famille ceux de ses fils rivatil avec lui,
qui se trouvaient dans la loi de 1824. Souvent
un chef de famille a avec lui des neveux ou
autres parens qui ne pouvaient èlre atteints;
ils le seront aujourd'hui par l'appellation plus
étendue dan» Jaqu.«^llc ils sont évidemment
compris. Il faut pourtant qu'ils vésidenl arec
le chef de l'établissement, car s'ils avaient
une autre résidence, ils ne pourraient pas
être atteints dans la résidence du chef de fa-
mille.
» Le mot de domestique avait aussi donné
lieu à quelques difficullés dansson application :
il a été remplacé par celui de serviteurs, qui a
une signification moins restreinte et s'étend
à tous les individus qui reçoivent du chef de
famille un salaire annuel et permanent. Il
faut pourtant, pour êlre imposable , que, de
même que pour les membres de la famille ,
les serviteurs résident dans la commune ; s'ils
étaient attachés d'une manière permanente
à un établissement appartenant au même
maître, mais situé dans une autre commune,
ce serait dans la commune de la situalion de
cet établissement qu'ils seraient imposés. Les
ouvriers, laboureurs ou artisans, qui travail-
lent à la journée ou à la lâche, ne sont évi-
demment pas compris dans la catégorie des
serviteurs ; il n'y a donc pas lieu de les im-
poser, au moins comme attachés à l'établis-
sement de celui pour le compte duquel ils
travaillent. Il restera à examiner si ces ou-
vriers doivent la prestation cojume chefs de
famille ; mais ce serait alors pour leur propre
compte et en qualité d'habilans.
» Quant aux charrettes et voitures, la loi
ne permet de les imposer que si elles sont
attelées, et par celle expression on doit en-
tendre celles (jui sont réellement et effective-
ment employées au service de la famille ou
de l'élablissemenl. Celles qui ne seraient ja-
mais ou i)resque jamais employées, qui ne
seraient enfin qu'un meuble mis en réserve ,
nepeu\ent pas êlre imposées.
» Une distinction analogue doit étic faite
pour les bêles de somme, de trail ou deselle.
Pour èlrc imposables, il faut (fu'elles servent
au possesseur, ou pour son usage i)ersonnel ,
ou pour celui de sa famille ; ou pour l'exploi-
tation de son établissement, soit agricole, soit
industriel. Si, au contraire, ces animaux ne
sopt pas destinés à cet usage, s'ils sont un objet
de conunerce, ou s'ils sont destinés seulement
à la consommation ou à la reproduction, ils
ne peuvent donner ouverture à la prestation
en nature ; car ils ne sont réellenu'nt pas ,
comme le veulent les termes de la loi, em-
ployés pour le service de la famille ou de
rétablissement. Il en serait de même si ces
animaux, même destinés aux travaux de l'ex-
ploitation, étaient cependant trop jeunes
pour y êlre encore employés. »
. Si chacun de ces élablissemens est garni ,
d'une manière permanente, de tout ce qui est
nécessaire à son exploitation , la prestation est
due , dans les limites de la loi , pour tout ce qui
sert à l'exploilalion dans cbac^ue commune;
si , au contraire , ainsi que cela a lieu dans un
petit nombre de localités, le propriétaire,
fermier ou exploitant, quel qu'il soit, traus-
<ére successivemonl lous »c» moyens |d'e\|)lio-
tation d'un établissement dans un autre , il est
évident qu'il ne peut être imposé , pour ce fait,
dans chacune des communes où il travaille ou
l'ait travailler temporairement: il y aurait
double emploi , puisque la loi ne lui impose
que trois journées au plus pour chacun de ses
moyens d'exploitation, et qu'il se trouverait im-
posé pour six ou neuf journées s'il était atteint
simultanément dans chacun de ces deux ou
trois établissemens. Dans ce cas, ce sera donc
au lieu de son principal établissement , au lieu
de sa résidence habituelle , qu'il sera imposé
pour sa personne , s'il y a lieu , et pour ce qui
lui appartient.
• Vous avez remarqué , monsieur le préfet,
que' le second paragraphe de l'article qui nous
occupe a modiflé les limites d'âge posées par
la loi du 28 juillet 1824. A dix-huit ans un
jeune homme se livre déjà aux travaux de la
campagne ; il pouvait donc , sans inconvénient,
être appelé à prendre part aux travaux faits
dans l'intérêt de la commune : d'un autre côté ^
on a cru devoir limiter celte obligation à l'âge
de soixante ans , parce que , bien qu'à cet âge
l'homme ne soit pas généralement dans un état
d'invalidité habituelle , il est cependant de-
venu moins propre à des travaux fatigaus.
» Les questions d'âge sont toujours faciles
à résoudre, puisqu'en cas de doute il sufflt de
recourir à l'acte de naissance. Les décisions à
prendre sur les cas d'invalidité seront souvent
plus délicates , parce que l'état d'individualité
n'est pas toujours évident ; mais dans les
communes rurales , les seules générale-
ment où on impose les prestations en na-
ture , presque lous les habitans sont connus
de l'autorité , ou se connaissent entre eux. On
sait donc d'une manière assez exacte quels sont
les individus que leur état habituel de santé
doit faire exempter de la prestation en na-
ture.
» L'âge et l'étal d'invalidité'aont les seuls mo-
tifs d'exemption pour cette nature de contri-
bution. Il en est une autre cependant qui a
été constamment appliquée et qui doit conti-
nuer à l'clre : c'est celle qui résulte de l'état
d'indigence. Elle est, au surplus, comprise ici
implicitement , car, aux termes de l'article J2
de la loi du 11 avril 1832 , les iudigens sont
exempts de toute cotisation. Dès lors, n'étant
pas portés au rôle des contributions directes
ils ne peuvent être imposés à la prestation en
nature.
» Pour l'appréciation de ces divers motifs
d'exemption, on ne peut, au surplus, que
s'en rapporter avec conflance aux maires el
aux conseils municipaux; tout en veillant,
dans l'intérêt delà commune, à ce que chaque
habitant remplisse les obligations qui peuvent
lui être légalement imposées, ces fonction-
naires sauront aussi empreindre leurs décisions
de ces ménagemens , de ce caractère d'équité,
161
qui conviennent si bien aux fonctions pater-
nelles qu'exerce l'autorité municipale.
Èlectioxs municipales. Le ministre de
l'intérieur a l'ait faire sur le renouvellement
triennal de la moitié des conseillers-munici-
paux et de tous les maires et adjoints de»
communes du royaume , des recherches
consignées dans un rapport au roi. Ce rap-
port, bien que portant la datcdu.'Ji décembre
1835, n'a été connu que plusieurs mois plus
tard ; et, encore bien que les opérations qu'il
mentionne se rapporte aux élections de 1834,
nous avons cru devoir en donner ici l'analyse,
attendu l'importance de la question qu'il sou-
lève.
Le nombre total des électeurs municipaux
inscrits était de 2,872,089, dont 2,791,191 élec-
teurs censitaires, et 80,898 électeurs adjoints
ou inscrits à raison de leurs fonctions ou
professions, mais par suite de décès ou autres
causes, ce nombre a été réduit à 2,824,OOo,
sur lesquels il ne s'en est présenté que 1,577,000
aux élections.
Sur les 37,187 communes dont se compose
la France, il y en a 1,093 où les maires et les
adjoints sont nommés par le roi, et 37,094 où
ces fonctionnaires sont à la nomination du
préfet. Ce sont les communes dont la population
est au dessous de 3,0(X) habitans , excepté 49
chefs-lieux de sous-préfectures, dont les ad-
ministrateurs municipaux sont, par cette der-
nière circonstance , à la nomination du roi.
Le nombre total des maires et adjoints est de
près de 70,000, dont 3,300 à la nomination du
roi, et 72,000 à la nomination du préfet.
Il y avait en tout 220,000 conseillers-mu-
nicipaux à réélire, 33,900 étaient à remplacer,
savoir : 16,3(X)pour cause de décès,
14,900 id. de démission,
2,700 pour perte de la qualité d'é'-
lecteur.
Sur les 186,000 conseillers rééligibles ,
130,000 ont été réélus et 56,000 ont été rem-
placés.
Sur les 3,300 maires et adjoints à la nomi-
nation du roi, 2,400 ont été maintenu^ dans
leurs foctions ou ont permuté de celles do,
maires à celles d'adjoints, et réciproquement ;
900 ont été nouvellement nrf)mmés , et sur c«
nombre, 660 n'étaient pas susceptibles d'être
renommés, pour les diverses causes détaillées
ci-dessus.
La proportion des conseillers municipaux
réélus est moins forte dans les communes au
dessus de 3,0<X) habitans que dans les petites
communes: elle est de 56 contre 4i dans les
premières, et de 59 contre 41 dans les autres.
La proportion générale du nombre d'élec-
teurs adjoints, par rapport au nombre total
d'électeurs, est d'environ 3 p. OiO (0,028). Ello
est dQ 2 p. 0|0 pour les communes de 10,(J<J()
habitans et au dessous, el de II p. 0(0 à i'^.
«rard do celles dont la population dépasse
10,000 âmes.
La commune où le minimum du censélec-
loial descend le plus Las, est dans le dépaiie-
ment du Yar, où k* minimum est de quinze?
centimes.
Parmi les communes de 10,000 habitans el
au dessous, le minimum qui altcTnl le chilïro
le plus élevé upparlienl au département 'do
l'Aisne, où le moins imposé des électeurs cen-
sitaires dune commune paie 1(K) francs. IVlai^
de toutes les villes du royaume, ccUes où -e
lUoiMS imposé des électeurs pr.ic un cens plus
élevé que partout aillci.r.i, est la vilîc d;
Rouen, où le minimum d'inscription est de
175 Ir. 28 c.
Le partaî^e des électeurs on sections dans
les\i'.ies de plus de 2,o00 habitans, et la QO-
mioation directe dune porli-ju du consei.
municii)al par chaque section, out amené,
dans certaines communes, des choix déter-
minés par un bien petit nombre de suffiages,
et qui ne penveiit être considérés comme re-
présentant la véritabie opinion dos cil(^jenv
de la communauté. Devives réclamations onl
été tormées contre la disposition de la loi di.
i21 mars 1831 qui a établi la vole par sc^iiouf
sans recensement général des suffrages cmi^
dans toutes les sections.
Le nombre des pourvois au conseil d'état ,
relatifs au:^ élections municipales de ISoi ,
s'élève à Oti. Sur ce nombre, il est intervenu
UO ordonnances, dont 4i outprononcé le rejet
d'autant de pourvois, et 19 ont annulé lar-
lèté des conseils de prcfecluves qui eu étaient
lobjct.
PAMEn TiriiBui. — D'après un projet de
l'administration del'enregislrcmeHl et desdo-
maine, adopté par le ministre des iinanccs, les
percepteurs <les coutribuiions indirectes, ré-
sidant dans les communes où il n'existe pas C.^•
bureau d'enrcfristrement , horont chargés de
la vente, au pri\du tarif, despapiers timiirés.
Les percepteurs seront tenus de prendre cet
papiers timbrés au bureau de l'enregistre-
TO?nt duquel dépendîa commune de leur ré-
sidence. Us ne pourront, sous aucun prétexte,
en rester dépourvus. Us paieront comptant le
pris des papiers qi;i leur seront délivrés. Il
leur sera alloué, sur le prix des papiers tim-
brés ([u'ils prendront au bureau de l'eiiregis-
trcmeiit, une reanse uniforme de deux et
demi pour cent.
Tout concert entre un receveur de l'enre-
gistrement et un percepteur qui tendrait à
i'aire supporter au trésor une double remise
par l'accroissement factice ou simulé des
quantités de papiers timbrés vendues par h
percepteur, sera puni par la destitution de:-
deux préposés, et le percepteur qui vendrait
le papier timbré au dessus du prix sera pour-
suivi comme concussionnaire.
JLRISPRUDE>CE. I
GARDE NATÎOXAI.E. Il t'y a licu à ren-
voi d'un garde national devant la juridiction
correctionnelle qu'autant qu'il a encouru
précédemment deux condamnations du con-
seil de discipline iiour refus do service, et non
pour quelque infraction au si'rvice, telle que
l'abandon du poste. Dans ce dernier cas, la
3'- poursuite est encore de la compétence du
conseil de discipline.
[Cour (la cassation , 13 octobre 8.16. i
uvrOTHîiQLE. Les rentes foncières an-
ciennes ne constituent aujourd'hui sur l'im-
iueuhie qui y est affecté qu'une créance mo-
bilière purement hypothécaire, en telle sorte
quel'acquéreurde rimmeubiepeuts'cu affran-
chir par la purge dos hypothèques.
{Cour (le cassation, 27 octobre 1835.)
INFANTICIDE. Pour qu'il y ffit infanticide
dans le sens légal, il faut que le meurtre de
l'enfant ail eu lieu au moment ou dans un
temps très rapproché de fa naissance, dans
!c b.^:t d'en soustraire la connais.sance au pu-
blic. On ne peut considérer comme tel l'ho-
micide d'un enfant qui avait attiinl 30 jours :
ce fait ne constitue qu'un simple meurtre.
{Cour de cassation, 24 décembre 1835.)
KOiAiRiiS (Responsabilité des).
Le iiolaire qui a signé tie confiancG un
acte, coffiine notaire eu second, peui ôlre
déclaré responsable vis-à-vis des parties
inlôicssées, de la fausseté de cet acte. ï5on
absence, lors de la cassation de Tacle ue
saurait avoir l effet de le soustraire à celle
responsabilité {cour de cass., 11 novembre
i8:>5;.
TÉ.MOIGNAGE EN JUSTICE.
Des témoins entendus devant un Iribuual
de police doivent, à peine de nullité, prêter
seiitcnl de dire toute la vérité el rien que
la vdriié: il ne sufiit pas de prêter seriuenl
de dire la vérité [cour de cass., j noveintrre
1835).
BOISSONS.
L'individu qui reçoit chez lui, à litre de
pensionnaires, des éliairgers, eu quelque
nombre que ce soit, est légaleuieut présumé
se livrer à la vente eu détail des boissons,
et par suite, esl soumis à toutes les obliga-
tions imposéesaux débilaus de boissons eux-
nièmcs, par 1 arlicle 50 de ia loi du 28 avril
18ÎG. 11 n est pas nécessaire de prouver que
cet individu lient sa maison ouverte au pu-
blic el débite au premier venu (arréfci^Cflss^
1 i octobn mô ]
163
RÉPERTOIRE DOMESTIQUE.
I. ÉDUCATION DE L'ENFANCE. -11. MORALE ET BI£N-ETRE DES FABIILLES.
- IIL ÉCONOMIE USUELLE.
Éducation de Venfancs.
L'éducation morale des enfans devrait
commencer en quelque sorte avec la vie. A
ne juger que par les apparences, surtout îi
ne consulter que les illusions de l'amour
maternel et les indulgences de tant d'autres
tendresses qui lui viennent en aide , il sem-
blé que ce soit trop tôt; il semble que la vie,
en ses premiers commencemens, soit pure-
ment instinctive, qu'on doive lui laisser le
temps de se développer, de s'épanouir pour
ainsi dire, et qu'autour d'un berceau il n'y
ait qu à veiller, espérer avec une douce joie,
contempler avec de longs regards, aimer
surtout, aimer avec délices, de toute la puis-
sance de notre âme.
Dès qu'un enfajit reconnaît sa mère, dès
qu'il lui sourit avec abandon, avec confiance,
avec amour, dès qu'elle découvre sur ses
traits si purs ce sourire que nous con-
naissons tous , admirable expression de
tendresse, de pureté et de joie; ce sourire,
dès qu'une mère l'a vu, suffit pour lui don-
ner autorité sur son enfant; elle sait, si j'ose
me servir ici d'un mot si ingénu, elle sait
qui ne doit jamais finir ! Cependant, c'est sur
celle période de la vie que les erreurs les
plus funestes ont cours. Cette période qui
sépare la première enfance de l'adolescence,
qui sépare le berceau de l'école; cette pé-
riode qui révèle déjà à des yeux expérimen-
tés le caractère tout entier, compte à peine
pour quelque chose dans notre système
d'éducation moderne, et dans les habitudes
de notre vie intérieure. Alors, aux enfans
des riches, abandonnés le plus souvent sans
aucun sage contrôle au-x mille caprices de
leur imagination, on demande un peu de
gentillesse, de grâce, de vivacité, et cela
suffit; aux enfans des pauvres, bien autre-
ment et bien plus délaissés, on ue demande
pas même cela. Tous alors sont ou livrés à
eux-mêmes, ou corrigés par impatience,
sans réflexion , sans que la correction sorte
delà faute même et en paraisse la sui te,et pour
celui qui en saj l faire avec soin l'observation et
le compte, la somme de dangereux caprices
que ces enfans sans frein peuvent dépenser
dans une heure, s'ils sont riches, sur les ta-
pis moelleux qu'on étend sous leurs pieds,
s'ils sont pauvres, sur le sable de nos pro-
comment le prendre; le sourire par lequel menades ou dans la fange de nos rues, est
elle lui répond peut être une récompense
le sérieux de ses traits peut être un repro-
che, un avertissement, une leçon. Ne croyez
donc jaraids qu'il soit trop tôt pour agir sur
l'âme de votre enfant; profitez des courts
momens où elle est si docile encore; ne veil-
lez pas seulement à la santé de son corps; il
est une autre santé qu'il faut cultiver en iui;
l'un des plus tristes spectacles qu'il soit pos-
sible de subir. Dans leur imprudente indul-
gence, vous entendez alors parens et amis
dire et redire : (( Ils sont si jeunes encore
laissez-les être heureuxl... j) et de plus sa-
ges amis diront à voix basse : Qu'ils seront
malheureux un jour d'avoir été heureux de
celte manière-là I... Et pourquoi .> c'est que
préparez doucement de loin son éducation lels que vous les voyez près de vous, hors
future; hâtez-vou^ie commencer à former
son caractère dès ses premiers pas, ses pre-
miers jeux ^ surtout ses premiers capri-
ces, et même ses premières larmes, et sui-
vez ainsi le conseil du sage : Instruisez le
jeune enfant dès l'entrée de sa vie !
Quelle force nouvelle acquièrent ces sim-
ples pensées, quand vient l'époque de ce
qu'on appelle communément la première
éducation, quand la vie d'instinct e^l finie,
quand la conscience et la raison se sont éveil-
lées de coacert} çl oQlcoromencé leur action
du monde, et long-temps avant d'y entrer,
tels ils se retrouveront un jour au milieu du
monde qui ne sera pas indulgent comme
vous, et ne supportera pas ce que vous sup-
portez. On espère mieux, on s'encourage^
ou s'excuse en prétendant que le caractère
ne se prononce pas de si bonne heure, et
qu'il attend les années et les fcrces; on vou-
drait se persuader qu'en effet le caractère
ne perce dans un enfant qu'au moment
même de faire asseoir un instituteur à ses
côtés j ou d'échanger pour lui Iç cercle de
famille contre le monde de l'école. C'est là plus- Le contrepoids manque , le frein cède,
»t tromper soi-même à plaisir, c'est se repaî-
tre d'une vaine chimère. L'enfant il est vrai
n'a pas les passions viriles, mais il a ses
i)«ssions. Tout ce qui sera dans Fhomme est
dtljà dans l'enfant -, il se forme de lui-même
à son gré, tandis que vous ne donnez au-
cime attention à sa croissance. 11 est dissi-
îAulé et vous souriez à ses ruses : un jour
:1 sera hypocrite et faux; il est menteur, et
ses mensonges sont si pelilsquevous nepre-
iiez pas la peine de les confondre : un jour
il mentira à la face de* hommes et de Dieu;
un jour vous reconnaîtrez, trop tard, que
chaque époque de la vie doit avoir sa culture;
il n'en est point qui n'en ait aucune. Dès
que les deux mots si courts et si clairs, les
<îeux mots le bien, le mal, sont entrés dans
re^prit d'un enfant et font partie de la lan-
gue qu'il parle, il faut lui parler devoir, ver-
tu morale. Si vous différez d'un jour, il y a
déjà du temps de perdu, il y a déjà du mal
de commis, il y a de l'ivraie qui lève et
menace le bon grain. Vous à qui Dieu ac-
corde lajoie de pouvoir élever vous-mêmes,
ou faire élever, à votre choix, sous vos yeux
-vos enfaus chéris, convenez donc que l'édu-
cation ne doit pas commencer à l'école, mais
à la salle d'asile; mais alors convenez aussi
que quant à l'ordre, à la surveillance, à la
régularité, au soin de partager les jeux et
les occupations, au soin de faire surgir et
de développer les premiers sentimens de la
piété, au choix des premières lectures et
des premiers entretiens, il faut que vos mai-
sons soient comme des salles d'asile pour
\os propres enfims.
I\ien ne réussira pourtant, rien dans tous
-vos efforts n'aura de garantie et de sanc-
tion si l'éducation religieuse ne commence
d'aussi bonne heure que toute autre, si la
religion ne domine pas de sa douce et péné-
trante influence les premières années de
\otre enfant. Sans doute à force d'occuper
Tactivitc d'un enfant, à force d'exercer son
corps et de distraire son esprit, en le ren-
fermant dans un cercle réguher d'études et
de jeux, en ne lui laissant avoir sous les
>eux que le spectacle» d'un intérieur de
famille bien réglé, où chaque heure a son
emploi; en nourrissant avec sagesse et avec
pudeur sa curiosité naïve, sans doute il est
possible de l'astreindre à quelqu'habitude
de bien, et de l'enchaîner à quelque senti-
ment d'honneur; mais tôt ou tard il vous
échappera; tout cela suffit peut-être avant
^'âgc des passions j après, tout cela ne suffit
et en vain alors vous lui parlez du ciel, il ne
sait ce que c'est. Et cependant, sous un
frivole prétexte de liberté de conscience,
pour respecter, dit-on, la hberté de ses
enfaus, pour qu'ils choisissent plus tard à
leur gré la rehgion qu'ils voudront suivre ,
on les laisse sans religion, on les laisse gran-
dir sans cet appui, entrer daas le mondcsans
ce guide, et l'on s'imagine qu'un jeune
homme, dans toute l'ardeur de son âge, au
moment de commencer sa carrière, sa for-
tune et sa gloire , au moment de porter à ses
lèvres cette coupe enivrante du plaisir dont
il n'a encore respiré que de loin le parfum,
va tout-à-coup se rappeler qu'étant enfant,
on lui disait : non, il en est de la religion
comme de la morale; elle est l'affaire de
toute la vie et non d'une partie de nos jours.
Dès que la conscience commence, le bien et
le mal sont là; dès que la raison commence,
le vrai et le faux y sont aussi, et puisqu'il
est vrai qu'il y a un Dieu, il faut donc que
l'enfant le sache : c'est le tromper que de
le lui taire.
PAUPÉRISME ET SOJÎRIÉTÉ.
Les progrès du paupérisme, principa-
lement dans les cantons manufacturiers du
royaume, sont vraiment effrayans; ils
attirent l'attention de tous les hommes qui
s'occupent de statistique et d'économie poli-
tique : il n'est plus un homme grave qui se
refuse à reconnaître dans le développement
de l'industrie manufacturière une cause de
ce funeste progrès. Le rapprochement des
individus, la confusion des sexes et des
âges , l'action rendue plus facile des sujets
vicieux sur de grandes masses, la nature
même d'un travail irritant et débihtant toul-
à-la-fois , tel est le cortège obligé de l'éta-
blissement d'une grande manufacture.
Mais cette cause elle-même qui est une
nécessité locale pour nos provinces du nord,
chargées qu'elles sont d'une nombreuse po-
pulation, que le travail de toutes sortes
d'industries fait subsister, est-elle impos-
sible à atténuer? c'est ce qu'il convient
d'examiner avec toute l'attention que mérite
un sujet aussi important.
l\ résulte de recherches sur la statistique
morale des classes pauvres en Amérique,
en Angleterre et en France, que l'origine
de l'extrême misère d'un grand nombre de
familles peut être attribuée à l'immoralité,
c'est-à-dire ù Vivrognerie et au libertinage»
vice» (Tiiî «e développent plue danî?ereu-
seraenl dans la vie des ateliers que dans la
vie des champs. — Le nombre des indliiens
qui reçoivent', dans le royaume, des secours
publics, s'é'cve à deux millions. — Si on
parvenait à déraciner les vices signalés plus
haut, on diminuerait des i;.')" aux 9[10» le
nombre des indigens restés à la charge de la
caisse des secours publics, il n'excéderait
pas alors trois cent mille , c'est tout au plus
ce qui serait nécessaire pour entretenir
parmi les chrétiens l'exercice de la charité.
En effet , lorsque l'on étudie avec soin la
conduite d'une famille d'ouvriers, lorsque
l'on observe ses habitudes, lorsque l'on
calcule ses besoins et ses ressources ordi-
naires, c'est-à-dire , le rapport des produits
de son travail avec le prix actuel des subsis-
tances , on est amené à conclure que plus des
trois quarts des famillesàlachargedela cha-
rité vivraientconvenablementàlcurposition,
si livroanerie et le libertinage qui raccom-
pagnent cessaient d'y porter leurs ravages.
Le zèle d'une charité bien entendue doit
donc se porter sur la réforme morale des
pauvres, bien plus encore que sur leur sou-
lagement matériel, puisque celui-ci sera
nécessairement la conséquence de l'autre.
Occupés que nous sommes, depuis lon-
gues années , de l'étude de cette grande
question du paupérisme, qui compromet la
sûreté de plus d'un état de la république
européenne, nous avouons que nous déses-
périons de pouvoir guérir ces plaies si invé-
térées et si profondes du corps social : mais
après avoir lu les rapports des sociétés de
tempérance de l'Amérique et de l'Angle-
terre, des ivrognes d'habitude, en grand
nombre, ont renoncé à ce vice et ont fait
mentir le proverbe qui a bi/^, boira. C'est
donc un devoir de conscience que de com-
battre l'intempérance, comme la source la
plus féconde de la misère , des vices, des mau-
vaisesmœurs et d'un grand nombredecriraes.
Nous dirons plus tard à l'aide de quelles
mesures nous avons arrêté le mal dans son
principe , parmi les liommes que nous em-
ployons aux travaux de notre agriculture et
qui vivent dans notre intérieur-, mais nous
appelons aujourd'hui le concours des per-
sonnes que le zèle de la religion et do la
charité anime, pour organiser auprès d'el-
les des sociétés de tempérance , sur le
modèle de celles qui ent produit en Amé-
rique des effets aussi salutaires et aussi
merveilleux ; nous les invitons à lire lou-
vrage de M. Baird, ayant pour titre : F//s-
165
toire des Sociétés de Tempérance. C'est aux
dames que nous nous adresserons d'abord,
car les services de la charité leur sont fami-
liers, et si nous parvenons à les convaincra
qu'à l'aide d'une faible parlée des secoure
qu'elles distribuent si généreusement aux
pauvres , elles parviendront à tarir dans un
grand nombre de familles la source des
vices honteux et dégradans dont la vue les
afflige si justement, nous aurons préparé
l'avenir de cette réforme si désirable.
Glace artificielle, par M. Malapert, pharma-
cien à Poitiers.
La congélation artificielle de l'eau, qui n'a
qu'un inU'rèt scientifique dans les grandes
Tilles, acquiert une grande importance, pra-
tique dans les localités où l'on ne peut facile-
ment se procurer delà glace. Celle-ci compte
alors au nombre des raédicamens que 1 on va
demander au pharmacien, c'est un besom de
la thérapeutique qu'il est appelé à 'satisfaire.
M. 3îalapert s'est assuré par l'expénence,
qu'il v a avantage à laisser les vases dans les-
quels" on opère exposés à l'effet du contact de
lair. plutôt qu'à les entourer de linges mouil-
lés. Il a essayé aussi quels étaient les bois les
plus favorables jiour l'emploi, comme étaut
plus mauvais conducteurs de calorique, et il
a été amené à employer de préférence de*
vases en bois de peuplier ou de sapin. Entm
il a voulu déterminer qu'elles étaient les pro-
portions les plus favorables d'acide sulfurique et
de sulfate de soude dont on pouvait se servir,
ainsi que le degré de dilatation de l'acide qui
donnait le plus grand froid. Ha employé pour
chaque mélange deux onces de sulfate de soude
cristallisé et réduit en poudre, et il a obtemi
les résultats suivans;
Degré de l'acide Abaissement do tem»
à l'aréomètre, pérature.
à la tempéra-
ture de — 140
42 de ITo à H,l^'
4;{ de 19 à 12
44 de 17 à 12,75
4- de U à 16
4« de 17 à 12
L'acide suîfurique à i.*}» dissout une plus
grande proportion de sulfate de soude qu'à
4tio ou 440 et au-dessous : c'est ce qui explique
l'abaissement de température auquel il donne
lieu. On l'obtient en mêlant trois parties d'a-
cide à 6() et deux parties d'eau. Douze parties
d'acide ainsi étendu dissolvent dix-sept parties
Pt demie de sulfate de soude ; et, au moment
où la dissol-ution se fait, le thermomètre des-
cend de -^ 14 à — H, si le sulfate est eu
poudre fine.
L'appareil où se fait la congélation se com-
pose ; l-r d'une boîte en bois bl.nnc, dont les
166
planches ont quatre lignes d'épaisseur, et qui f et rafraîchissans peut être pris sans aucun
a elle-même quinze pouces de hauteur, douze] danger, même lorsque le coipssc troure en-
pouces de longueur et huit pouces' six lignes lièrement couvert de sueur.
de largeur : celte boîte porte un couvercle
également en bois ; 2i> d'une deuxième boîte
en fer-blanc, moins grande (me la première,
dans laque-Ile elle doit entrer en laissant un
intervalle libre ; on remplit cet i ntervalle avec
du coton cardé. C'est dans celte seconde boîle
que l'on fait le mélange réfrigérant. L'eau es!
congelée dans des moules en fer-blanc peu
épais, allongés et légèrement coniques, que
l'on lient plongés dans le mélange réfrigérant.
Tout l'appareil est verni de manière à être
i mperméable à l'eau.
En se servant de six livres douze onces do
sulfate de soude pulvérisé et de quatre livre
huit onces d'acide suifurique à 4.')0, et en dis-
tribuant l'eau dans deux moules qui con-
tiennent chacun une livre d'eau, on obtient
deux livres de glace en quaranle minutes. Si
après avoir rel'-é la glace on remet huit once*
d'eau dans l'un d jux, on oblicnt en cinquanU
ou soixante minutes huit onces de nouvelle
glace.
On peut du reste, en se servant de vase^^
plus grands, obtenir en moins de temps uni
quantité de glace plus considérable.
M. Malapertrecomman'.!e de ne pas détacher
les glaçons à mesure qu'ils se forment conlrt
les parois des moules: il a remarqué qu'alôrr
les glaçons n'étaient pas aussi fermes, que k
pain de glace n'était pas aussi compact qut
lorsqu'on laissait la congélation s'opérer tran-
quillement. Il y a avantage à se procurer di
la glace très-sclide, parce qu'elle met alor»
plus de temps à fondre en présence de l'aii
chaud ,^
Egg-nog ou boisson tonique et rafraîchissante.
Au milieu des chaleurs dévorantes de l'été,
lorsque la transpiration est fortement excitée
on éprouve vivement le besoin d'une boissoi
rafraîchissante ; presque toutes les liqueurs
légèrement acidulées dont on a coutume d
faire alors usage remplissent assez bien ce but
mais néanmoins leur emploi exige d'être sou
venl renouvelé et lorsqu'il est trop long-tenip
continué, il présente un inconvénient asse;
grave, celui de débiliter l'estomac et de trouble
les digestions en les rendant plus difficile^
En outre, par sa continuilé etson abondance,
il offre encore le désavantage de provoquer
la sueur et ne remédie par-là qu'en partie au
mal-aise qui résulte d'une trop grande élé-
vation de température.
Aux États-Unis, où il n'est pas rare de voir
le thermomètre indiquer .37o pendant l'été el
où la chaleur accablante qui en résulte dure
souvent long-temps sans être tempérée par la
plus légère brise, on a coutume de se servir
du breuvage dont nous allons donner la com-
Les limonadiers ne préparent cette boisson
qu'au moment même où elle leur est demandée,
el on sentira du reste qu'il n'en peut guère
èlre autrement; toutefois sa préparation
n'exige pas plus de temps que celle d'une li-
monade ordinaire et telest lebien-èlre qu'en
éprouve tous ceux qui sentent le besoin de se
rafraîchir (et le nombre en est grand par une
teinpéralure de 37o), que leur empressement
à se faire servir un egg-nog nécessite souvent,
dans certains cafés, durant la canicule, l'em-
ploi d'un homme de surplus spécialement
chargé de le préparer.
Cette boisson à la glace se prépare de la
manière suivante: et se sert dans un grand
verre à bière flamand.
On met dans le verre un morceau de sucre
de ia grosseur d'un œuf de pigeon, on verse
dessus une cuillerée d'eau, on ajoute 7 à 8
feuilles vertes de menthe poivrée, à l'aide d'un
mou^sur en bois terminé par un pied qui sert
à écraser le sucre et à y combiner l'huile
ef.scntielle de la plante ; on forme d'abord une
espèce d'oléo-saccharum de menthe, on ajoute
ensuite 1» jaune d'un œuf frais que l'on incor-
pore au sucre, puis on remplit le verre aux
trois quarts d'eau fraîche ; on y met la li-
'jueur ouïe vin fin choisi parle consommateur,
ordinairement deux petits verres de vin ou
un de liqueur ), on fait alors agir le mou-
ssoir qui intime tout le mélange et développe
une mousse crémeuse, puis on termine, en
«joutant dans l'egg-nog, au moment de le ser-
vir, un morceau de glace double en volume
le celui du sucre.
Aussitôt que le consommateur a pris cette
'ooisson , il en éprouve les effets vraiment
'alutaires. Ce mélange à la glace apaise
îa soif bien mieux que tout autre breuvage
iisité en pareil cas , et en outre offre lo
>récipux avantage de mettre l'organe qui le
reçoit en équilibre avec la température ex-
';'>ri'^ure, avantage que ne possèdent pas le»
iquides ordinaires gj^cés on seulement frais,
\m, par la sensation de froid qu'ils causent
ordinairement, arrêtent en partie ou sup-
)riment tout-à-coup la transpiration et peuvent
>ar là donner lieu à de très graves accidens.
Kn usant d'egg-nog au contraire , on éprouve
l'abord à la gorge un vif sentiment de fraî-
cheur, dû à la m(>ntbc, qui dure fort long temps,
H en même temps oh ressent une chaleur in-
terne qui mettant instantanément l.e corps à
l'unisson de la température environnante, en
diminue l'excès et contribue à la rendre aisé-
mc;nt supportable.
Nous pensons que plusieurs gouttes d'huile
essentielle ou même quelques pastilles de
menthe pourraient remplacer avantageuse-
ment les feuilles de celte plante dans la com-
position et qui par ses effets à la fois toniques I position de l'egg-nog. E. P. Descharmes.
Vixs. ( Procédé pour los vieillir ). On rom- |
plildes bouteilles do vin à un verre, près. Elles
sont bouchées cl mises dans un cbaudron rem-
pli d'eau jusqu'îîu milieu du col des bouteilles.
L'eau est chauffée jusfju'à envirou (iO degrés
et on maintient les houli'iiles à celte l'.>mi>é-
rature penda-nt une heure ; on les retire en-
suite, on les remplit et on les bouche avec
soin. Ce vin parait avoir 12 à 15 ans. On
peut, au lieu de mettre les bouteilles dans
ce bain-marie, le» passer dans un four ix
pâtisserie, à nue chaleur modérée, pendant
environ deux heures. Ce procédé n'est utile
que. pour lesvins.riches en alcool.
MOYEN DE A'OUnUiU LES VKALX S.VXS
LAIT. — Réponse à-uv.e queslion faiic- j^ar
un abonné.
Voici ce qu'on lit à cet égard dans un rap-
port fait par M. Labué à la Société royale d'a-
griculture de Paris :
J'avais remarqué, comme beaucoup d'autres
agriculteurs , qu'on ne fait point d'élèves de la
race bovine dans los enviroiis des villes, à
cause du haut prix du lait; d'un autre côté,
j'avais constaté , par des expériences compa-
ratives que les carottes forment la nourriture
la plus convenable à ces animaux. La vache
à laquelle on donne des carottes au lieu de
tout autre nourriture, même de betteraves,
donne une plus grande quantité de lait, une
crème plus consistante cl du beurre sensi-
blement meillei:r. C'est dapvès cette donnée
que je me déterminai à employer les carottes
pour exécuter l'oipérience que je méditais.
Le S.j septembre dernier , je m'entendis avec
le sieur Binnot , agent du domaine d'Harcourt ,
propriétaire d'wne génisse âgée de 5 jours. Ce
mcflie jour , je lis réduire en pulpe une demi-
livre de carottes que je (is jeter dans eîîviron
un demi-litre d'eau bouillante , qui fut reti-
rée du feu au bout de quatre à cinq niiantes :
cette eau avec !a pulpe fut ajoutée par moi-
tié à chacune des portions du midi et du
soir.
Le jour suivant on fit cuire , comme ci-des-
sus , une livre de carottes dans un litre d'eau
qu'on substitua par tiers à une même quantité
de lait, pour chacun des trois repas du petit
animal ; on augmenta chaque jour un peu la
quantité de carottes et la quantité d';:au eu
diminuant le lait d'autant, de manière que le
onzème jour il n'y avait plus aucisne partie de
lait dans la boisson.
Dés le huitième jour on avait ajouté une
pomme de terre cuite dans la cendre à cha-
cune des trois portions.
Cette génisse, n'a pas été malade un seul in-
stant, et vers le vingtième jour on fut obligé
de modérer la nourriture, parce qu'elle pous-
sait trop à fa graisse, n'étant pasde^liuée à la
boucherie.
167
Je pense que l'on substituerait utilement
une petite cuillerée de farine de froment s6-
chée au four à la pomme de terre.
J'ai fait cuire les carottes en pulpes et les
pommes de terre dans la cendre, pour éviler
une trop grande dépense de bois ; mais, dam»
tous les cas , l'eau di.ns laquelle les pommes de.
terre auraient cuit ne doit pas ètre'ijonuée à
l'animal.
Aussitôt que j'en aurai trouvé l'oi casion , je
répètovai ceMe espérience et je m'empresserai
df faire connaître les nouvelles observations
auxquelles elle aura donné lieu.
Mo'jen employé par les fermières de la Bresse
pour ne mellre à coitvar que des coqs ou des
poules.
Les cultivateurs de la Bresse (département
Je l'Ain) font, comme on sait, un commerce
assez considérable de poulardes qui ont , parmi
les gastronomes, une grande réputation. Si
iea femnjes chargées de ■■•*'■. ^iàv nel_taienl cou-
ver leurs œufs au hasard, il en résulterait
qu'il leur vieudrait autant de coqs que de pou-
les, et comme l'on fait très peu de chapons
dans ce pays-ià, on serait obligé de doubler le
nonibre des couveuse;, ce qui serait une perte.
Instruites par l'expérience, elles savent recon-
naître les œufs qui renferment des mâles et
ceux qui donneront naissance à des femelles-
Les œufsJmàles rornicntunovalc^plusailongé
que ceux feuii^lles ; ils sont moins gros
quoique plus longs, et le petit bout finit
p'iisen pointe; outre cela, vers celte pointo
la coquille est raboteuse, marquée de stries
proî'ondes et irrégulièrex , et quelqties-unes
d:' ces stries affectent assez ordinairement la
forme d'un petit croissant. Les œufs qui doi-
vent produire des poules sont gros, courts,
un peu arrondis, d'une grosseur presqu'égale
aux deux bouts, et la coquille est à peu prés
lisse partout.
Dans quelques œufs ces caractères ne sont
pis tcUeînent tranchés qu'un œil iuexpéri-
in'Mité puijse^es saisir, mais une fermière de
la Bresse a le coup d^œil si bien exercé qu'elle
ne s'y trompe jaikiais.
Tableau de la gestation cl de l'incubation dei
animaux domestiques.
La durée de la gestation varie presque tou-
jours dans son terme, et même d'une manière
a:-s?z considérable, dans tous les animaux
lomestiques, cl cela sans qu'on ai- pu
jusqu'ici se rendre compte de ce siiii];a!ier phé-
nomène. Comme on connaît presque toujours
l'époque précise de la conception , il est tout
a«*jsi impossible de nier cette irrégularité
qu'il la été jusqu'ici d'en expliquer les cau-
ses, au moins d'une manière ralionelie. Un
I cultivateur a cru remarquer que la durée da
168
la p:estation était ô^i^alc i neuf fois l'intervalle
qui sépare le retour de chaque chaleur, et
celte opération titquelque bruit d-ans le temps
où elle fut publiée, en 1S18 ou 19, autant que
je puis me le rappeler; mais depuis il n'en a
plus été question , soit qu'c"e ait été reconnue
fausse, soit qu'on n'ait pas donné suite à ces
observations. Le vulî^aire des cultivateurs
croyait que le sexe du fœtus et les phases de la
lune avaient une grande influence sur ce
])hénomène, mais ces erreurs populaires ne
.sont plus admissibles aujourd'hui.
Les véritables causes qui prolongent ou
abrègent le leras de la gestation sont restées
inconnues, et nous pensons qu'on ne pourra
guère les trouver que dans l'organisation par-
ticulière, le tempérament de chaque individu.
Du reste , plusieurs savans naturalistes ont-
fait des recherches sur ce sujet, et il est
résulté de leurs observations le tableau que
nous donnons ici. Les économistes intéressés
à en savoir plus long sur cette matière peu-
vent consulter un excellent mémoire de
M. Tessier, intitulé recherches sur la durée de
la gestation, inséré dans le 2e vol. de l'Acadé-
mie des Sciences, année 1817.
TERME
TERME
TERME
ESPÈCES.
LE PLUS r.OyRT
ORDINAIRE.
-^^
LE
PLUS LONG.
mois et jours.
mois el jours. |
mois et jours. ||
Jument. . . t
9nju 10 j.
287
11 m. »j.
330
13 m.
29j.
410
Anesse. . . .
1:: ))
365
12 20
380
13
1
301
Vache ....
8 »
2M)
9 ))
270
10
21
321
Bufflesse. . .
;> 11
281
10 8
308
11
))
335
Brebis . . , .
4 ti6
ik)
5 »
150
5
11
161
'Clièvre. . . -
/|. '■20
140
5. »
150
5
10
160
Truie
Chienne . . ,
ChaLle. . . .
:î 10
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4 <)
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2 ).
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2
3
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1 IS
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1 20
50
1
26
56
j Lapine. . . .
» »
20
» »
28
»
»
35
Dans ies chats el les lopins il j a quelquefois I bornent à un ou deux petits dans les chattes ^
superfétation ; c'est-à-dire que la femelle 1 à deux ou trois dans les lapinss
étant pleine reçoit les approches du mâle el j Os perturbations dans le temps de la gesta-
qu'une nouvelle conception s'opère. Alors elle (ions se retrouvent également dans le temps
peut faire des petits à quatorze ou quinze de l'incubation des oiseaux de basse - cour
jours de distance par portée. Mais ordinaire- et de colombier. Kn voici le tableau,
ment ces portées sont peu nombreuses et se j
ESPECES.
ç^ poules .
dindes .
Dinde couvant des
œufs de
Poule couvant des
œufs de
Canne
Oie . . .
Pigeon
t po
7 dit
\ cai
( ca
^ poules ,
innés.
( cannes.
TERME
le
PLUS COURT
TERME
ordinaire.
17 jours.
21
24.
26
19
28
27
16
24 jours.
26
27
30
21
30
30
18
TERME
le
PLUS LONG.
28 jo-urs.
30
30
34
24
32
33
20
DES pommes de terre EMPLOYEES A LA
NOURRITURE DES CHEVAUX.
On s'accorde généralement à reconnaître
^u^une livre de foin est é^'ale, pour les fa-
cultés nutritives, à deux livres de pommes
de terre. Si 1 on compare du foin de pre-
mière qualité à des pommes de terre cruex,
le rapport est exact, car celles-ci contien-
nent une eau de végétation miisible, elles
sont peu nourrissantes, el données en ijrande
quantité, elles occasionnent des indiijestions
et des diarrhées. H en est aulremcnt si les
pommes de terre sont cuites et bien cuites,
iioQ à grande eau, mais à la vapeur. Une
livre (le pommes de terre ainsi pré|)arées
vaut cerlaiiiemeut une livre de loin mé-
diocre.
D'après celte base,eten admettant qu'une
livre de pommes de terre égale une livre
de foin ou une demi-livre d'avoine, l'éco-
nomie que présente l'emploi des pommes
de terre est facile à calculer,. Elle est ordi-
nairement considérable, mais elle varie se-
lon les prix relatifs de ces trois fourrages,
et selon la position locale du cultivateur.
Les pommes de terre engraissent; les
rhevaux qui en sont nourris^ sont gras,
luisans, et n'ont pas de ventre. Il y a long-
temps qu'on est revenu du préjugé qu'elles
sont malsaines, qu'elles occasionnent des
maladies de foie. Un autre avantage que
sauront apprécier les cultivateurs, c'est que
les chevaux nourris de pommes de terre
font plus de fumier que s'ils mangent de
l'avoine, et que ce fumier est de meilleure
qualité en ce qu'il est moins sec et qu'il se
rapproche de la nature du fumier de bêtes
à cornes.
11 reste la question de savoir si les che-
vaux nourris de pommes de terre sont sus-
ceptibles de résister à un travail pr nible
Sans doute, les pommes de terre ne don-
nent pas le nerf, le fonds que procure l'a-
voine, mais les chevaux qui en sont nour-
ris sont très" en état de supporter tous les
travaux agricoles, ils sont aussi vigoureux
et ils soutiennent mieux le travail que les
rhevaux nourris de trèfle vert. S'il restait à
cet égard quelques doutes, ils seraient dé-
truitspar les faits. Non seulement le cultiva-
teurs, beaucoup de voituriers, mais aussi les
maîtres de poste de ce pays-ci nourrissent
leurs chevaux de pommes de terre, et de
Sarrebruck à Mayence il n'est pour ainsi
dire pas un cheval de poste qui mange de
l'avoine pendant l'hiver. Il y a bien des maî-
tres de poste qui conservent à leurs chevaux
le quart ou le tiers de la ration d'avoine,
mais il y en a aussi qui ne donnent absolu-
ment que des pommes de terre et du foin, et
leurs chevaux ne sont pas en moins bon
état et ne font pas moins bien leur service.
Il est vrai de dire que la route est superbe,
pas montueuse, que les stations ne sont pas
longues, et que l'on n'exige pas une grande
vitesse, mais il n'en est pas moins vrai qu'on
nourrit de pommes de terre des chevaux
de poste dont le service est plus pénible que
celui des chevaux d'agriculture.
Les chevaux qui mangent des pommes
169
de terre suent facilement; 'û faut des pré-
caulions pour éviter les refroidissemeus,
comme il en faut pour la transition de celte
nourriture à une autre.
Les pelits cullivaleurs qui n'ont qu'un ou
deux chevaux et qui comptent pour rien le
combuislible, font cuire trois fois par jour
les pommes de terre dans un pot de fer( );
quand elles sont cuites, ils les écrasenl en
les mêlant, pour ménager le foin, à de la
paille hachée ou des balles de grain. Ils les
donnent alors chaudes, en y ajoutant de
l'eau. Les chevaux nourris ainsi, et ceux
auxquels on donne des résidus de distillerie,
sont gras, mais mous; ils ont les dents d'un
brun foncé. Dans les fermes, on cuit ordinai-
rement les pommes de terre des chevaux
en même temps que celles à distiller, et l'on
a ainsi économie de combustible et de main-
d'œuvre. Les personnes qui voudraient mon-
ter un appareil uniquement destiné à cet
usage, ne sauraient mievx faire que d'a-
dopter l'appareil indiqué par M. de Dom-
basle, qui est le plus siii , et le moins
coûteux. C'est une chaudière en fonte, sur
laquelle on place le tonneau qui contient
les pommes de terre. Les planches du fond
sont percées d'ouvertures longitudinales qui
laissent passer la vapeur de l'eau mise en
ébullition dans lachaudière.Sil'on veut cuire
à la fois une grande quantité de pommes
de terre, il faut, comme dans les distille-
ries, les mettre dans un tonneau placé à
côlé de la chaudière. Celle-ci est couverte
d'un ehapiteau garni d'un tuyau qui con-
duit la vapeur dans le tonneau. Il est inu-
tile de dire qu'avant de mettre les pommes
de terre dans le tonneau, on doit les bien
laver. Lorsqu'elles sont cuites, on les Lroie,
comme si elles devaient être distillées; on
les élend sur un plancher, et on les don-
ne froides aux chevaux. Si l'on y ajoute un
peu de sel, elles n'eu vaudront que mieux.
Si l'on veut faire entrer du grain dans la
ration, la meilleure manière est de l'égruger
et de le mêler aux pommes de terre. Il est
bon de cuire les pommes de terre tous les
jours; et, pendant les froids, il faut avoir
soin qu'elles ne gèlent pas après qu'elles
sont cuites.
Communément, on donne pour trois che-
vaux 30 livres de foin et 100 livres de pom-
mes de terre. Il est bon de «avoir que ce
tubercule couï^erve exactement, étant cuit a
la vapeur, le même poids qu'il avait étant
cru.
ViLf.EROY ( ûe Rittershof),
170
REPERTOIKE PllOFESSiOIMNEL
I. AGRICULTURE. -II. ARTS LIBÉRAUX. _III. COMMERCE,
Artichauts de primeur. Rien n'est aisé
comme de se procurer des arliciiauls très-
beaiix et très-bons, dès le mois d avril, el
cela sans châssis ni bâche. Ce que nous al-
lons en dire est le résultat d'une cxpérieuce
répétée par nous pendant cinq années, à
deux lieues de Paris, et toujours avec le
succès le plus complet. Voici comment on
agit.
Au lieu de planter des œilletons en mar.'^^
ou avril, comme c est l'usage, on les plante
vers le milieu de mai , en donnnnl la préfé-
rence à Vartichaul de Laon ou gros-vert.
Il est bon aussi de ne pas choisir les œille-
tons les plus gros, mais au contraire les pe-
tits et les moyens, pourvu qu'ils aient de
bons talons; on les espace de deux pieds
seulement et pendant la belle saison on leur
donne les soinsordiaaires,etdesarrosemens
soutenus pendant les chaleurs.
On se procure des cages, hautes de vingt-
quatre à trente pouces, el larges de dix-huit.
Ces propo. lions peu vent un peu changer, en
raison du volume présumable que pren-
dront les plantes dans le terrain où on les
met, ce qu'un jardinier expérimenté sail
toujours, au moins approximativement. Ces
rages peuvent être en osier, mais mieux en
jeunes pousses de càhtaignier, si on veut
qu'elles durent très-long-temps. Leurs bar-
reaux seront espacés d'un bon pouce et cy-
lindriques.
Dès que les premiers froids se font un
peu sentir, on butte légèrement chaque i>ied
d'articlwiut avec un peu de terre ;wâc dans
nn carré voisin; on rapproche les feuilles
en faisceau , après avoir coupé celles du bas
qui menaçaient de se dossécîier ou de pour-
rir; puis on desserre le lien de paille qui
tient les feuilles rapprochées, mais sans
l'enlever entièrement, afin qu'elles s'accou-
tument au grand air à une posilioj» un peu
contrainte. L'artichaut craint h'^aucoupphis
l'humidité que le froid, ot il ré-iste très-bien
à trois, quatre, ou même cinq degrés de
congélation du thermomètre de Réaumur;
mais cependant ilneserait pasprudenl d'at-
tendre le moment des gelées pour le cou-
vrir un moment où elles menaceront ,
ou posera une cage sur chaque pied. On
arrange le feuillage dans la cage de ma-
nière à laisser aux feuilles, et particulière-
ment à celles du cœur, le plus d'air et de
iuniière possible. Les cages doivent èliHî
iîxées solidement au moyen des quatre
[)ieds, quel'on enfonce dans lesol. On étend
sur toute la surface du terrain, entre cha-
cune d'elles, un lit de fumier sec, bien pié-
liné et de six à huit pouces d'épaisseur au
moins. La nuit on jette une certaine épais-
seur de litière sèche sur chaque cage, et on
l'enlève chaque matin.
Quand la gelée prend un peu d'intensité,
c'esl-à-dirc que le thermomètre descend à
deux ou trois degrés au dessous de zéro,
on entoure les cages jusqu au sommet, d'un
lit de litière sèche, contre laquelle on élève
un bon lil de fumier, (^ela forme dans le
carré autant de buttes coniques qu'il y a de
plants d'artichauts; on comble rinlervalle
qui existe entre ces cônes avec des fougè-
res sèches, de la mauvaise paille, des feuil-
les sèches, etc.; ou ferme le haut de la cage
avec un bon tampon de paille brisée, el l'on
recouvre le tout avec un capuchon de lon-
gue paille, pour écart* r les eaux de pluie.
Toutes les fois que le thermomètre annonce
que la température est au dessus du point
de congélatiou, on ,-nlève le tampon pour
donner de la lumière à rartichaul, on peut
QjôRie laisser les plantes découvertes pen-
dant les pluies, pourvu quelles ne durent pas
plusieurs jours de suite, car rartichaul
craint encore plus l'étiolement que l'humi-
dité quand l'air peut essuyer cotte der-
nière.
Les personnes qui ont des cloches de verre
feront très-bien de remplacer le tampon par
elles. Si elles n'élaienl pas assez larges pour
couvrir entièrement 1 ouverture de la eage,
on y supplérait au moyen d'une couronne
(le i)aillc solidement tressée. Chaque soir on
couvrirait la cloche avec le capuchon de
longue paille , pour éviter le rayonnement
du calorique vers le piel, el enrôlerait
chaque matin.
Dans l'un cl l'autre cas, il faut toutes les
fois que la température le permet, et tou*
les trois en quatre jours si cela est possible,
visiter les p.lantes pour retrtincher les l'euil
les pourries et pour replacer dans une po-
sition plus favorable celles que la privalioi
d'air et de lumière menacerait d'éliole-
ment.
Lorsque le printemps arrive et que Ter
n'a plus à craindre les gelées, on enlève le;
cages et le fumier des buttes, mais on laissf
ce dernier sur le carré jusqu'à ce que î;
terre soit assez échauffée pour que l'or
puisse doilner le premwr binage sans incon-
vénient.
Par cette méthode fort aisée on oblieni
des artichauts depuisPâques jusqu'en mai
Uest indispensable, je le répète, que h
plant soit jeune si on veut les obtenir au^
époq-ues indiquées. Pendant la belle saison .
les œilletons prennent de laforce,etau liei
de produire en automne, ils ne font qu(
marquer lors des premiers froids. Ils res-
tent ainsi stalionnaires pendant les grand;
froids, de l'hiver, mais aussitôt que le so-
leil commence à remonter sur l'horizon 1.
végétation reprend et les têtes se dévelop-
pent très-rapidement. De vieux pieds trai-
tés de cette manière sont d'une conserva-
tion plus certaine et donnent des fruits plu;-
hâtifs, mais qui ne devancent guère les au-
tres que de quinze à vingt jours.
i)« la brède comparée à Vépinard et à
la tétragone.
La MORELLE NOIRE ( solanum nigrum ,
Linn.) est encore connue dans nos campa-
gnes sous les noms vulgaires de mourelle.
morette, moarella, crève-chien, et on h;
trouve croissant abondamment le long de.^^
murs des villages et dans les champs culti-
vés. Ses tiges sont rameuses, diffuses, éta-
lées, et s'élèvent à un ou deux pieds. Se>
feuilles sont molles, pétioiées , entières,
pointues, ovoides, élargies et un peu angu-
leuses vers la base, glabres comme toute
la plante. Les fleurs naissent en été, en
petits corymbes pendans; elles soiit petites,
blanches. Il leur succède des baies d'aboni
vertes, puis rouges, noires à leur maturité,
et de la grosseur d'un grain de cassis.
Eu Amérique, celte plante annuelle
porte le nom de brède, et celui de lamav
aux Antilles et aux îles de France et de
Bourbon. Dans tous ces pays elle est culti-
vée avec soin dan» les jardins, et on la
mange de la même manière que l'épinard.
Quoique appartenante une famille suspecte.
171
celle des solanées,la brèdc n'a aucune mau-
vaise qualité et fournit un aliment aussi
;ain qu'agréable. Cela n'empêchait pas nos
ncicns médecins de lui supposer une vertu
aarcotique pouvant aller, selon eux,jus-
ju'à l'empoisonnemenl, sans doute parce
lu'on avait pu confondre, dans des expé- -
icnces malheureuses, ses fruits avec ceux
!e la be'ila dcne.
Pendari.» les chaleurs de l'été, il est fort
liiTicile , en Franco, d'avoir des épinards,
;)arce qu'ils montent en graines si vite qu'ils
•l'ont pas le temps de développer leurs feuil-
es. Ou avait pensé à les remplacer par la
étragone, 'teiragaina ex2)ansa, Linn.), mais
a culture de cette plante est assez difficile;
Ueexige des couçhos et beaucoup dechaleur,
outre qu'elle couvre un espace de terrain
<ssez considérable couiparativement à son
produit, les longues tiges de la plante étant
ôtaiées et rampantes. Il est vrai qu'on peut
ia semer en pleine terre bienterrcautôe à la
*in d'avril, mais alors elle ne donne abon-
damment ses produits qu'à l'époque où les
{'pinards recommencent à donner les leuriT,
et souvent elle ne mûrit pas ses graines.
■7est ce qui m'est toujours arrivé aux en-
virons de Paris, pendant plusieurs années
l'expériences.
J'ai voulu savoir si la brède ne pourrait
pas à son tour remplacer avantageusement
;a létragone, et je la soumis à la culture.
Semée dans mon jardin, en mars, dans une
bonne terre ordinaire, elle a pris des dimen-
sions beaucoup plus grandes que dans les
champs, et ses tiges, bien fouillées, ont sou-
vent atteint deux pieds et deniià trois pieds
le hauteur, dimensions qu'elle atteint eu
Amérique. C'est positivement pendant les
plus grandes chaleurs de l'été qu'elle pro-
duit le plus, et je pouvais en cueillir abon-
damment lorsque les épinards étaient déjà
passés, et que la tétragone semée en pleine
terre n'était pas encore venue.
Quant à la saveur, et même à la couleur,
la brède n'offre aucune différence avec les
épinards, et on ne peut pas en dire autant de
la tétragone, qui conserve toujours un cer-
tain goût, non désagréable à la vérité, mais
qui lui appartient. Outre cela, quoiqu'elle
5oit cuite, elle est toujours d'un vert un peu
jaunâtre, et jamais elle n'acquiert le même
degré de fermeté que l'épiuard.
Rien n'est aussi facile que la culture de la
brède, et elle produit considérablement plus
que la tétragone, comparativement à l'espace
qu'elle occupe, pour peu qu'on lui donne
1-2
«pielques arrosemens, seuls soins qu'elle
exige. Elle réussit bien dans tous les terrains
potagers oii on la nmlliplie très-facilemeul
lie graines semées en place et clair, en mars,
avril et mai.
De quelques plantes potagères nouvelles.
L'ail commun (altium salivum , Linn.} est
très-employé en cuisine, surtout dans le
midi de la France où on le môle à presque
tous les alimens; mais son odeur forte, pé-
nétrante, surtout son àcreté, le font beau-
coup moins reclierclier dans le nord, à par-
tir de Paris. A Saint-Trojeau, dans le
département de la Charente, à la Tranche ,
en Vendée, et dans quelques autres com-
munes delà France, ou le cultive en grand ,
et il est Tohjet d'un commerce assez consi-
dérable. Si Ton en croyait quelques ouvra.-
ges, entre autres le cours complet d'agri-
culture, il serait d'un produit exagéré
jusqu'au dernier ridicule. Citons-en un
exemple pris dans ce dernier ouvrage , ne
fût-ce que pour prémunir le lecteur contre
ces spéculations de librairie faites à coups
de ciseaux et et sans le moindre discerne-
ment. A Saint-Trojeau, dit cette compilation
(tome II, page 9i), la poignée d'ails se com-
pose de cent têtes, se vend communément
trois sous, et six pieds carrés de terrain
peuvent en produire vingt à vingt-cinq poi-
gnées.
Si cette assertion pouvait être vraie, la
terre produirait dans ce pays-là 3 fr. 75 c.
par toise carrée, ce qui serait déjà fort joli;
mais ce qu'il y auraitde prodigieux, c'est que
4,58^ pouces carrés seraient occupés par
2,500 tètes d'ail , ce qui ne fait pas deux pou-
ces carrés pour chacune. Cerle, si dans ce
pays-là les tètes d'ail sont plus grosses que
des pois, elles doivent se toucher toutes. A
Paris les tètes les plus petites ont au moins
18 lignes de diamètre et occupent par con-
séquent plus de deux pouces de terrain.
Quoi qu'il en soit on cultive dans quelques
pays d'autres espèces d'ail, plus douces et
moins odorantes, et qui réussiraient très-
bien dans tous les jardins si on les y intro-
duisait. Ces espèces sont :
L'ail noiu, iattium nigrum, Lin.) Tl croît
sur les bords de la mer, à llontpellier, et
dans les champs en Provence. Sa bulbe,
i)eaucoup plus douce que celle de l'espèce
commune, s'emploie en cuisine aux mêmes
usages. Elle est blanche, arrondie, a§^ez
{grosse, remarqual)le par la nuillilude de
petites bulbes qui naissent, soit entre set
tuniques, soit de l'extrémité de ses radica-
les. Ses feuilles sont planes, lancéolées, sa
tigecylindrique, épaisse, ses fleurs pédicel-
lées, blanches avec une ligne verte sur cha-
que segment. On peut cultiver cette espèce
comme l'ail ordinaire, et elle préfère ainsi
que lui les terrains légers et sablouneux.
L'ail a feuilles de plantain, {altium
victorialis, Linn.)Il n'est guèrecultivédans
les jardins que dans quelques cantons des
Cévennes, quoiqu'il croisse naturellement
dans presque toutes nos montagnes du midi,
de l'Auvergne, du Forôtz. Sa bulbe est uni
.que comme celle de l'ognon, d'une saveur
douce qui parait fort agréable à beaucoup
de personnes; autrefois on l'employait en
médecine sous le nom de grande victoriale.
Cette espèce se distinsue très-bien à ses éta-
mines saillantes, à sa tige haute de plus d'un
pied , quelquefois tachée et feuillée dans sa
partie inférieure, surtout à ses feuilles, au
nond)re de deux ou trois, sessiles, ovales,
oblongues, nerveuses, et assez semblables
à celles du plantain à grandes feuilles. Ses
fleurs sont d'un blanc jaunâtre ou verdàtre.
Cet ail ne peut se multiplier que de grai-
nes. Ou le sème au printemps eu terre lé-
gère et sèche, à exposition du levant. Du
reste, on le cultive de la même manière que
l'ognon, et, en cuisine, on l'emploie aux
mêmes usages, quoique sa saveur soit bien
différente.
.La CLAiTONE PERFOLiÉE , ( claitonia per~
foliata, \Villd.)e8t une plante annuelle, de
la famille des pourpiers, et originaire de
l'Ile de Cuba. Ses jeunes tiges et ses feuilles
s'emploient en cuisine comme les épinards ou
l'oseille, et beaucoup plus souvent comme
le pourpier. Elle croit très-vite, se ramiOe
beaucoup dès sa bjise, et peut, par consé-
quent, se couper plusieurs fois dans le cours
d'un été. Du reste c'est une plante assez in-
signifiante, que l'on sème au printemps à
bonne exposition, en terre douce et ter-
reaulée^soit à la volée, soit en rayons, mais
clair.
L'onagre BISANNUEL, Enotère, Jambon
des jardiniers, ((P/io/Acraô/e/mw, Linn.),est
une belle plaute indigène de la Virginie,
d'où elle a été transportée en Europe en
IGli. Elles'esl tellement bien naturalisée en
France, qu'on la trouve maintenant croissant
spontanément sur le bord de la plupart des
rivières, dans les marais, et même dans les
taillis humides. Sa tige est haute de trois ou
quatre pieds; sosfeuillessoiitovale'î lancée-
l'î-
lécs, remarquables par une nervure blanche
qui les traverse dans leur longeur. Ses
fleurs, grandes, jaunes, pcdiculécs, exha-
lent une assex douce odeur.
En Allemagne, l'onagre bisannuel est
mis au nombre des plantes potagères, et ou
le cultive avec soin à cause de ses racines
charnues que Ton mange cuites, soit apprê-
tées à la manière des salsifis, soit en salade
et coupées par franches, soit enfin dans la
soupe. Elles sont nourrissantes et cependant
d'une digestion très-facile, ce qui les fait re-
commander aux estomacs faibles ou fati-
gués.-
Dans une terre bien ameublie, on sème
l'onagre très-clair, en avril. Quant les jeunes
plants ont poussé quelques feuilles, on les re-
pique en place, à un pied ou dix-huit pouces
de distance les uns des autres, dans un ter-
rain fumé dès l'automne précèdent. Les soins
à donner pendant l'été consistent en des
sarclages et quelques arroseraens, et fout se
borne là. Dès l'automne on commence à les
arracher pour la consommation , et on con-
linuependant tout l'hiver, jusqu'à Pâques.
Cette époque passée, les racines deviennent
fibreuses, coriaces, et trop dures pour être
mangées.
D'autres personnes les arrachent toutes à
la fois en automne, et, après avoir coupé
toutes les feuilles, excepté celles du cœur,
elles les déposent dans une caveou dans une
serre à légumes, où on va les prendre à me-
sure qu'on en a besoin. On évite ainsi la dif-
ficulté de les arracher quand la terre est
profondément gelée.
SÉSAME DE l'Ixde, [scmmum indicum,
Willd.) Cette plante, appartenant à la fa-
mille des bignones, est annuelle et mûrit
assez bien en France. Il n'en est pas
de même du sésame oriental, avec le-
quel il ne faut pas la confondre. Ses tiges ,
hautes de trois ou quatre pieds, se couvrent
de fleurs auxquellessuccèdent desgraines que
1 onestime beaucoup dans les deux Améri-
ques. Onlesmangegrilléescommedumais, ou
en galettes aprèsles avoir réduites en farine.
On en retire aussi une huile que Ton compare à
cell^ d'ohve, pour la qualité et qui, dit-on,
ne se fige jamais.
En terre douce, légère et chaude, on
sème le sésame en place dès les premiers
jours de mai. H reprend très-difficilement à
la transplantation, aussi ne doit-on pas le
repiquer; du reste il n'exige aucuusoiûspar-
liculiers.
ARRACnOlR A BASCULE.
Il est de principe, dans les pays vignobles,
qu'on ne peut replanter une vigne dans un
terrain que quatre ou cinq ans après qu'on
y en a arraché une autre. Ceci est néces.saire
pour que toutes les racines aient le temps de
pourrir, de se décomposer et de se réduire
à l'état de terreau. Sans cela, la moisissure
dont elles sont attaquées gagne les jeunes
racines des nouveaux plants et leur nuit
considérablement. Aussi les vignerons met-
tent-ils une grande importance, lorsqu'ils
arrachent une vigne, à laisser dans la terre
le moins possible de fraameus de racines,
Lorsqu il s'agit de défricher un taillis, on
met aussi une grande importance à laisser
le moins de racines qu'on le peut dans la
terre, pour ne pas arrêter le soc de la
charrue qui doit y passer, et aussi pour ne
pas perdre une trop grande quantité de bois
employé au chauffage. Pour opérer écono-
miquement ces deu:». sortes d'arrachement
on a inventé plusieurs espèces de machines,
parmi lesquelles Varrachoir de Nicholtson
i'arrachoir pied de chèvre, et l'arrachoiv
à bascule. C'est ce dernier que nous figurons
ici, et que nous allons décrire comme le plus
commode, le plus expédilif et le plus écono-
mique. Les llomains se servaient jadis de la
pince qui lecompose, non seulement à l'arra-
chement des arbres, mais encore à soulever
les fardeaux les plus lourds, les énormes
pierres de taille qu'ils employaient à leurs
constructions, par exemple. Les Hollandais
en font encore beaucoup usage aujourd'hui
mais je ne pense pas que cet instrument si
avantageux ait jamais été employé en
France, si ce n'est chez moi.
Le levier o, porte sur un trétau 6, dont
la traverse inférieure est suffisante pour
l'empêcher de s'enfoncer dans la terre; à
l'extrémité est attachée la pince »t, en forme
de tenaille, d'une grandeur proportionnée à
ce que l'on veut en faire. Elle est armée de
deux dents au bout de chaque branche rf, c,
à l'autre extrémité de la branche r?i, e, est
fixée une corde qui passe dans un anneau/,
de la hranche/, d; d'où il résulte que plus
le levier tire la corde , plus la pression des
extrémités rf,e,est forte. La souche saisie
de celte manière ne peut jamais glisser
comme dans une chaîne •, elle est obhgée dp
céder à la force du levier lorsqu'on lui im-
prime le mouvement de bascule,
A mesure que l'on sort la racine de terre
174
on place la pince 1)1 us prèsducollelde la racine I perte de temps que lorsqu'on arrache par
et celle petite opération exige bien moins de [toute autre mélhodc.
De la Charrue-taupe, et de ta charrue
à rigoles.
Voici encore un inslrunient des plus sin-
guliers , résultant du génie inventif des an
glais. On s'en sert très-av.'uilageusement,
en Angleterre, pour assainir les terrains
trop humides, mais argileux et compactes,
capables par leur solidité de conserver quel
que temps les ri^;oles souterraines faites
dans les prairies, les luzernes cl mêmes
d'autres champs.
Un âge b, porte en avant un régulateur a,
composé d'une petite roue c, que Ton hausse
et baisse à volonté, et que Ton fixe au point
déterminé par le moyeu d'une cheville en
fer qui lra^erse lage et passe dans un des
trous du régulateur. L'autre extrémité se
termine en d , par deux mancherons établis
dans les mômes principes que ceux d'une
charrue ordinaire.
Un montant e, traverse l'âge et peut se
{lueaer eu baisser à volonté, de la même
manière que le régulateur. Il serldeeoûlro
et sa partie antérieure/doit être tranchante.
Il porte à son exlré;nité, inférieure nna
pièce de bois cylindrique g, ayant un peu
moins de (hamèlre vers le devant qui est
taillé en biseau et armé en h d'une lame de
fer tranchante et pointue.
Devant le centre est une roulette ou mo-
lette en fer i, acérée et tranchante sur ses
bords, elle est de>tinée à faciliter le passage
du coûtre f, en coupant les racines qui pour-
raient lui offrir de la résistance.
La pièce de bois trace sous terre, à la
profondeur que Ton a fixée au moyeu du
coûlre et du régulateur, un boyau à la ma-
nière de celui des taupes, dans lequel les
eai X se rendent et s'écoulent selon ladir.c-
tion inclinée du terrain. îso.is n'avons pas
besoin de dire que l'ouvrier doit se diriger
dans le sens de celte inc.inaison en traçant
les rigoles.
Un crociiet k placé en avant de l'ageîrl
à fixor l'atteîago, et quelquefois on ajoute
i,n avant- Irain.
A w«<(/ir
Jamais tel instrument n'a été employé
en France, du moins à notre ronnaiss.mre,
malgré la grande utilité dont il serait pour
assainir les prés cl les pâturages maréca-
geux des pays de montagnes. 11 en est de
même de la charrue creuser des rigoles ,
dont on doit la connaissance à M. ïhaër.
I/excelleut ouvrage de cet économiste a été
traduit par M. Mathieu de Dombasle, et,
malgré cela, je n'ai vu figurer celle machine
dans aucun de nos départemeus les plus
riches en prairies ualurelles, où elle serait
extrêmement utile et d'une immense éco-
nomie. Cela vient sans doute de ce qu'elle
n'est pas comme des cultivateurs les plus
intéressés à s'en servir, et celle raison doit
nous déterminer à la figurer et à la dé-
crire dans un journal particulièrement des-
•liné à répandre les ciioses d'une utilité re-
connue.
Avec la charrue à rigoles, un homme
seul peut aisément creuser dans une prai-
rie, en quatre heures de temps, plus de ri-
goles que dix autres ne feraient en quatre
jours j)arlamélhode ordinaire.
La flèche a porte une roue b, s'élcvanl
et s'abaissanl à volonté, servant à détermi-
ner le degré d'enlrure. Le soc c, le grand
coûtre (Ij et le petit coùlre e, sont dune
175
seule pièce en 1er et fort (ranchans. Lé
grand contre touche presque à la flèche et
s'appuie sur le versoir, le petit c, n'a que
la moitié de sa grandeur el ne tient qu'au
soc. Tous deux s'élèvent dans une position
inclinée mais parallèle; c'est-à-dire que
leur écarlement l'un de l'autre est, en haut
comme en bas, égal à la largeur du soc aux
côtés duquel ils sont «oudés. Le soc doit
avoir la même largeur que ce'le destinée à
!a rigole à creuser, ordinairement sept pou-
ces.
Le cep i, forme le dos d'âne sur son côté
extérieur, de manière à offrir un plan in-
cliné 0, le long du versoir g. Celui-ci est
ijuslé sur le manclie h.
J>orsqu'on se sert de cet instrument,
!a terre est coupée horizontalement par le
soc , de manière à former le fond de la ri-
gole-, elle est fendue verlicaiemenl par les
coûtres, ce qui forme les côtés de la rigole.
La langue de terre coupée s'élève entre les
d?ux coûtres sur le plan du cep o, puis elle
est rcjelée sur le côté par le versoir.
La figure 2 montre celle charrue du côté
opposé au versoir. -- Peut-être serait - il
avantageux de recouvrir entièrement ce
côté d'une plaque de tôle.
Ksmim
176
TISSERANDS.
Nouveau système de la filatlue du
LIX.— Ce système, qui est dû à M. Girard, se
compose io des opérations préparatoires qui
ont pour but de transformer le lin en rubans
et en fil en gros, et qui s'exécutent au moyen
des étirages à travers des peignes sans fin;
20 de la filature enfin, qui consiste dans la
réduction du lin en ses fibres élémentaires
par la dissolution ou le ramollissement de
la matière gommo-résineuse qui les tient réu-
uies.
M. Girard a démontré que les brins du lin,
tels qu'on les obtient à l'aide des peignes les
plus fins, sont composés de fibres élémentaires
infiniment plus déliées que ces brins, et que
la longueur de ces fibres ne s'étend pas au-
delà de 2 ou 3 pouces. Ces fibres, qu'aucun
peigne ne serait en état de séparer, se déta-
chent très facilement les unes des autres, à
l'aide de l'immersion dans une dissolution
alcaline, ou dans une dissolution de savon.
Elles sont parfaitement blanches, lisses et
transparentes, beacoup plus déliées que les
brins du coton le plus fin; et, malgré celte
extrême ténuité, on reconnaît aisément leur
forme, qui est aplatie et se termine en pointe
aux deux extrémités; leur largeur, dans le
milieu, est à peu près quadruple de leur
épaisseur.
C'est sur l'existence reconnue de ces fibres
élémentaires, que M. Girard a fondé son
système de filature en fin, qui consiste à sou-
mettre le fil en gros à l'étirage, après avoir
décollé les fibres, et à exécuter cet étirage en-
tre deux cylindres qui ne sont écartés qu'à la
distance de la longueur des fibres élémen-
taires. Pour compléter son système de filature,
M. Girard a imaginé une machine pour net-
loyer, affiner et peigner le lin. Cette ma-
chine est composée de plusieurs séries ou
chaînes de peignes sans fin, qui agissent alter-
nativement et en s'enlevant mutuellement le
lin chaque fuis qu'elles s'avancent ou se
retirent.
FERBLANTIER.
Sur l'emploi dei rognures et déchet de fer-
blanterie.
On sait que les ferblantiers sont dans
Tusage de rejeter cooDiie inutiles les dé-
chets et débris de ferblauc employé dans
leurs ateliers. Ces morceaux peuvent cepen-
dant être utilisés. Aux Etats-Unis, on
découpe à remporte-pièce ces débris de
raaniërc à en obtenir de pelils triangles
isocèles , dont la base a depuis 2 lignes
jusqu'à 5 et () , et dont la hauteur des deux
^ulres côtés peal varier de 6 à 12 ligues.
Les vitriers se servent de ces sortes de
triangles pour remplacer avec avantage les
petits clous d'épingle qu'ils ont coutume
d'employer pour servir d'appui aux car-
reaux de vitre , avant d'y appliquer le mas-
tic. On conçoit que le but qu'on se propose
en employant les clous dépiugle, tous à
tête ronde, est bien mieux rempli par lu
forme plate des morceaux de ferblanc.
Mais quand bien même cet usage des
découpures parviendrait à s'établir géné-
ralement en France , il ne serait pas suffi-
sant pour utiliser tous les déchets des fer-
blantiers. Des essais que nous avons tentés
et qui sont encore inachevés, nous portent
à croire que ces rognures peuvent être aussi
employées pour remplacer l'alun dans la
fabrication du bleu de Prusse. On sait que
cette belle couleur exige qu'un corps blanc
lui soit uni pour, en adoucissant sa teinte
trop foncée quand elle est pure, lui donner
par son mélange avec elle le vif éclat qui
la distingue, la cassure conchoide qu'on lui
connaît et lui faire acquérir la faculté de
bien couvrir. C'est à son union avec l'alu-
mine que le bleu de Prusse doit ces qualités.
Nous avons pensé que l'étain contenu dans
le ferblanc , étant isolé, pourrait agir comme
l'alumine elle-même; à cet effet, on fait
dissoudre à froid dans l'acide hydrocblo-
rique ordinaire du commerce les rognures
de ferblanc , et de préférence on emploie
les plus petites; une vive effervescence a
lieu avec dégagement d'l)ydrogèue, ce qui
nécessite pour cette opération un atelier
aéré, par exemple un hangar, ou mieux
encore elle pourrait se faire sous la hotlc
d'une cheminée à bontirage qui, enlevant
rapidement le gaz hydrogène formé, empê-
cherait les ouvriers d'en être incommodés.
Lorsque la saturation de l'acide paraît
complète, ce qu'on reconnaît à la cessation
• le 1 eliervescc-nce, on retire les morceaux
de leiblanc qui n'ont point été dissous, on
les lave, et l'eau provenant ^Qce lavage sert
à étendre la dissolution concentrée d hydro-
chlorale d'étainel de fer. On trouve ordinai-
ment au fond du vase dans lequelon a opéré
une sorte de dépôt qui se dissout facilement
par unesimpleagilalioiidu liquide; ou prend
alors une quantité quelconque d'acide sul-
furique que l'on ramène à 10"; on verse par
parties cet acide étendu d'eau dans la dis-
solution d'élain et de fer. Il se forme alors
un précij)ité blanc, insoluble, qui est du
sulfate d'élain. Ou cesse d'ajouter de l'acide
lorsqu ilue se failplus deprécipilé.Oolai^sO
alors le dépôt se tasser un peu , pour
enlever le plus possible du liquide surna-
geant qui est mis à part et dout on peut de
suite former du bleu de Prusse, attendu la
grande quantité de fer qu'il tient en solu-
tion. On lave par les procédi-s ordinaires le
dépôt de sulfate d'étain et lorsqu'il est
bien édulcoré, on peut l'employer en place
d'alumine pour mêler au bleu de Prusse,
tous deux à l'état de pâte bien lavée, ou
mieux en facilitant leur mélange intime par
le moyen d'un lavage unique pendant lequel
on mêle exactement les deux substances.
E.-P. D.
rnocÉDÉ POUR la fabrication du fer
FORGÉ.
Ce procédé , imaginé par M. L. V. Sire de
Lure (Haute-Saône) , n'est rien moins que
l'affinage de la fonte pour obtenir du fer en
])arres , avec la clialeur de la flamme et des
gaz combustibles qui sortiront du haut-four-
neau : c'est-à-dire que l'affinage de la fonte
de fer se fera avec la chaleur du même com-
bustible qui met en fusion le minerai de
fer.
Pour ce travail , des fours seront disposés à
la suite du fourneau do fusion : la flamme , à
la hauteur d'où elle sortira du haut-fourneau
pour entrer dans les fours d'affinerie, et à
l'aide du courant d'air forcé, se dégagera avee
intensité dans tout l'espace des étalages et y
maintiendra une température (chaleurj égale.
La fonte sera prise au fourneau et transpor-
tée liquide ou à l'état demi-pâteux; dans les
fours à décarburer. Les agens de décarbura-
tion qu'on emploiera seront de nature à
extraire tout l'acide carbonique , etc., que
contiendra la fonte , et n'ayant pas à craindre
les gaz sulfureux de la houille , qui contri-
buent à rendre cassant le for affiné dans les
fours à grilles , on arrive à une très bonne
qualité de fer, parce que, d'après la disposi-
tion des forces et le mode de projection des
agens de décarburalion sur la fonte , les opé-
rations de l'affinage de la fonte de fer se passe-
ront de la même manière que dans les fours
d'affinei'le brûlant du cliarbon de bois et ali-
mentés par l'air chaud.
Le combustible pourra être le même que
celui en usage actuellement dans les usines à
fer du royaume et de l'étranger. Cependant,
on devra préférer, dans les usines qui brûlent
du charbon de bois, un mélange de bois
grillé et de charbon, c'est-à-dire un quart de
charbon et trois quarts de bois grillé ou des-
séché , ou même ce dernier entièrement. La
dessiccation du bois se fera , sans dépense de
combustible , dans des appareils plus simples
et moins coûteux, et qui n'auront pas, en
outre , l'inconvénient de diminuer le» pro-
177
duits , comme ceu\ pour lesquels des breyel»
ont été demandés successivement. En effet,
ces appareils occasionnent des dépenses nota-
bles et un déchet considérable sur le combus-
tible dont une portion de la partie fixe et la
totalité de celle volatile et inflammable sont
brûlées par la grande quantité de flamme et
de gaz qu'ils attirent à la partie supérieure du
fourneau. On insiste sur celte circonstance ,
parce qu'elle se trouve réalisée , en ce que la
température du fourneau est trop élevée dans
les parties supérieures , où lo bois brûle inuti-
lement, tandis qu'elle est trop basse dans
Vouiragt>. Dans ce cas, l'allure du fourneau
est inauvaisc ; les charges descendent avec
trop de rapidité , et les matières arrivent mal
préparées dans l'ouvrage. Ce qui doit suffi-
samment prouver qu'une chaleur intense dans
Va cuve supérieure du fourneau ne prépare
pas le minerai , et que les fonctions de dés-
oiidation qu'on lui attribue sont fausses , et
qu'elle n'est réellement nécessaire qu'à mélaa-
ger convenablement les matières (combustible
et minerai) qui opposent, par leur poids, une
forte résistance à la pression plus ou moins
grande de l'air projeté par les tuyères, afin
d'éviter des soubresauts continuels.
Bien que tous les combustibles puissent
s'appliquer à ce nouveau procédé d'affi-
ner la fonte de fer, l'idée n'a été défini-
tivement arrêtée qu'après avoir vu rouler
des fourneaux au bois grillé ou desséché.
On a remarqué que la chaleur qui se
développe au gueulard est si abondante et
si forte , qu'elle suffirait à l'affinage dans des
fours bien disposés. Cette circonstance ne
laisse aucun doute quele combustible , à l'état
grillé , s'enflamme plus facilement et qu'il
donne une flamme bien plus longue que le
charbon. On doit donc en conclure qu'il y a
perte de combustible et diminution de pro-
duit à le traiter ainsi, parce que, brûlé en
partie dans la cuve supérieure , il ne se trouve
pas en quantité suffisante pour dégager vers
le point de fusion une assez forte chaleur pour
fondre le minerai de fer et les matières qui
s'en détachent , ce qui donne des fontes blan-
ches très impures. On est obligé de diminuer
la charge de minerai , et cependant , plus on
la diminue , plus on laisse de facilité à la
flamme à s'échapper par le gueulard. Tous
ces inconvéniens, qui ont fait l'objet des
recherches du sieur Sire , si contraires au
succès de la substitution du bois au charbon
pour la fusion du minerai de fer , sont assez
puissans pour retarder l'emploi de celte belle
découverte , si on n'y pare pas de suite. La
substitution du bois au charbon ne peut se
faire avec succès que dans des hauts-fourneaux
dont la flamme ne parcourra pas la cuac su-
périeure ; cette flamme sortira à la partie su-
périeure des étalages pour entrer dans les
fours d'affinerie. Le bois arrivant intact vers
cet endroit , sa combustion sera telle , que le
J78 -TT-' 7,',-. 7 ^r^Ti irarrpr-r .'^rr
plus grand dégagement de chaleur aura lieu
presque entièroment dans l'ouvrage du haut
fourneau , où il doit être employé. Il remplira
ainsi les mêmes conditions que le charbon de
la meilleure qualité et avec une économie
notable. Personne ne mettra en doute qu'à la
hauteur où doit sortir la flamme , on n'ob-
tienne trop de chaleur (à registres demi-
ouverts) pour l'affinage de la fonte de fer , et
que celte chaleur ne puisse servir à la dessic-
cation du bois, et à sécher le minerai , pour
qu'il ne conserve plus d'humidité en l'iutro-
dnisant dans le fourneau.
Les opérations d'aflinage de la fonte de fer
pourront être arrêtées à l'it-stant , sans nuire
ni rien changer à la marche du fourneau ;
elles pourront être reprises également.
POTERIES (fabricant de). —PINK-COLOUR —
LAQLE MINÉRALE.
On trouve dans le commerce une matière
de couleur rose, fabriquée en Angleterre,
qui sert à imprimer la faïence sons-couverte
et donne par la cuisson une couleur rouge de
sang d'un effet admirable.
Cette matière, connue en Angleterre sous
le nom de pi nk-colour (rouge d'œillet), et que
l'industrie française a jusqu'ici tirée de l'é-
tranger , a été récemment analysée par
M. Brongniart, puis par M. Malagutti. On
l'a trouvée formée de : acide stannique ipero-
xide d'éfrain) , 7S,3t , chaux, 14,91 ; silice,
3,96; alumine, 0,9.-;; eau, (»,(11 ; oxide de
chrome , O.riS ; chrômalo de potasse , 0,26 ;
potasse et perte , 0, 48.
Cette analyse ayant mis sur la voie, M. Ma-
lagutti a cherché et est parvenu à reproduire
par la synthèse une matière ayant non seule-
ment les mêmes caractères extérieurs que
celle qu'on fabrique en Angleterre , mais
ayant aussi les mêmes propriétés quand on
l'applique sur la faïence.
Partant de celle opinion que les fabricans
étrangers, par une petile ruse assez pardon-
nable, mêlaient au pink-cnlour des substances
inertes, afin de dérouler ceuv qui, par l'ana-
lyse, auraient vonlu surprendre leurs secrets,
M. Malagutti a cherché à éliminer de la com-
position les clémens qni ne devaient point
indispensablenienl y entrer.
Après un grand nombre d'expériences, il a
reconnu lo que l'acide stannique, oubi-oxide
d'étain, n'était pas coloré à la température du
rouge clair, mais que la coloration avait lieu
si l'on ajoutait de la chaux.
2o Que l'acide stannique n'était pas coloré
non plus par l'oxide de chrome à la même
température, ou qu'il ne l'était que très légè-
rement, mais que la présence de la chaux dé-
veloppait la coloration.
30 Que la silice et l'alumine, sans être in-
dispensables, rehaussaient cependant le Ion
do la masse, enluidonnant une légère nuance
violette.
4o Que le rapport entre la chaux (à Tétai
de corbonate) et le chrômate de potasse cris-
tallisé , devait être " tO :! t ; entre la chaux
et l'oxide de chrome " 10:0,8; et entre la
chaux et l'acide stannique il 1 ; 3.
rio Que plus on mettait de chaux et d'oxide
de chrome chrômate, plus on obtenait un pink-
cotour foncé, de sorte qu'on arrivait ainsi gra-
duellement au brun marron.
Par suite de ces expériences, il s'est arrêté
aux formules suivantes pour la préparation en
grand :
Acide stannique, 100; craie, 34; chrômate
de potasse cristallisé, 3 à i;
Ou bien encore : acide stannique, 100;
craie, 34; oxide de chrome, 1 à 1,25,
Quelle que soit la formule qu'on préfère
entre celles-ci, on pourra ajouter : silice, 5;
alumine, 1.
On fait un mélange intime qu'on introduit
dans des creusets qu'on lute , et on l'expose à
la température rouge-clair pendant plusieurs
heures. La masse qu'on retire est d'un rouge
très sale, elle devient d'un beau rose en la
lavant avec de l'eau faiblement acidulée par
l'acide chlorhydrique.
La théorie de cette opération a quelque chose
d'assez obscur; mais cette obscurité ne détruit
en rien la réalité des résultats pratiques que
nous venons d'exposer. Toutefois, l'auteur de
celle découverte, si importante pour notre
industrie, a cherché à l'éclaircir; il regarde
comme probable que lors de la calcination il
se forme tout d'abord une combinaison d'oxido
de chrome et de chaux, et la chaux servant
de véhicule à foxide, ce dernier composé
entre en combinaison avec l'acide stannique.
On voit que, suivant M. Malagutti , le chrome
n'entrerait point dans le pink-colour à l'état
d'acide chrôniique.
Du reste , les expériences synthétiques qu'i]
a dû faire pour reproduire le pink-culonr ont
donné naissance à un produit curieux qu'il a
nommé ^«71/^' minérale. Cette jolie matière
peut être apjdiquée non seulement à la colo-
ration des papiers peints et de la fa'ience sous-
couvcrte, mais aussi à la peinture à l'huile.
On l'obtient en calcinant à la température de
l.'lOo pyromélriques : acide stannique, 100;
oxide de chrome , 2. La masse qu'on relire est
d'une superbe couleur lilas. L'auteur pense
qu'elle remplacerait avec avantage le mélange
de laques végétales que les peintres sont
obligés de faire pour obtenir une pareille
teinle. Il ne doute point qu'elle ne résiste à
toutes les influences qui altèrent les couleurs
végétales.
179
REPERTOIRE
DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
Recherches relatives à V influence du prix '
des grains sur la population française ;
par M. le baron Charles Dupin, prési-
dent de l'Académie des sciences.
Influence exercée siir les décès, les nais-
sances et les mariages, considérée isolé-
ment.
Depuis la paix générale, entre les années
1817 et 1832, nous trouvons trois périodes
bien caractérisées : la première d'extrême
disette , la seconde d'oxtrèrae abondance,
et la troisième do pénurie sensible, occasio-
née par la médiocrité des récoltes.
Dans ce laps de temps, le prix moyen
annuel des grains, calculé pour toute la
France, à raison de rbectolilre de froment,
offre ces différences extrêmes : pour Tan-
née 1817, dont les affligeans souvenirs sont
encore présens à notre mémoire, le blé coû-
tait 36 fr. 16 c; pour l'année 1822, où la
surabondance fut si funeste à l'agriculture ,
qu'elle obligea les lois sur les céréales, le
prix du blé descendit à 15 fr. 49 c.
Je me suis proposé d'examiner quel effet
cette énorme disproportion de prix et do
récoltes a produit sur les élémens de la vie
sociale, qui sont les décès, les naissances et
les mariages.
Afin d'obtenir des résultats comparables,
en ayant égard aux accroissemens de la po-
pulation, j'ai calculé, pour cbaque année
le nombre des décès , des naissances et des
mariages que produit un million d'babitans.
Des décès. — Dans l'espoir de faire res-
sortir tout-à-coup l'effet des disettes sur la
mortalité, j'ai mis en parallèle les six an-
nées de plus grande cherté des grains, avec
les six années des plus bas prix. Je m'at-
tendais à découvrir une énorme différence
entre les décès, voici ce que j'ai trouvé pour
un million d'babitans :
Prix moyens. Décès annuels.
25 07 1/2 25,023
16 44 24,950
Par conséquent, pour une aussi grande
différence de prix , il y a seulement une
augmentationde 73décèspar million d'hom-
mes. Il en résulte que, pour un renchéris-
sement de 52 cent, sur le prix du blé , le
nombre des morts s'accroît seulement de
trois millièmes.
On est frappé sans doute d'une aussi fai-
ble différence de mortalités, pour d'aussi
grandes inégalités de disette et de simple
pénurie.
On trouve en effet que dans l'année 1817,
où la valeur moyenne du froment s'est éle-
vée jusqu'au prix effrayant de 36 fr 16 c.
par hectolitre, les décès par mrilion d'hom-
mes ( 24,870 ) ont été moindres que la
valeur moyenne de six années de surabon-
dance (24,950).
Enfin 1828, la moins pénible des six an-
nées de disette, celle où le prix est le moins
élevé, présente au contraire la plus grande
mortalité de toutes les années mises en pa-
rallèle, une exceptée : celte mortalité s'é-
lève à 26,020 individus par million d'babi-
tans.
Nous serons plus étonnés encore de trou-
ver la plus grande mortalité des quinze an-
nées en 1826, l'une des trois années du plus
bas i>rix des céréales.
De ces résultats on peut déduire plusieurs
conséquences importantes.
D'aussi vastes différences que celles de
36 fr. 16 c. à 15 fr. 39 c. dans le prix du
blé, produisent, sur la mortahté, des diffé-
rences incomparablement moindres que cel-
les de toutes les autres causes, qui passent
pour ainsi dire inaperçues et qui frappent
invisiblement l'espèce humaine.
Ainsi , l'effet des disettes, telles que nous
les éprouvons au dix-neuvième siècle, s^r
les mortalités , descend au rang des effets
secondaires, qu'on ne peut faire ressortir
que par des artifices de calcul, en groupant
à part un assez grand nombre d'années de
très-bas prix et d'extrême clierlé.
Il n'en était pas ainsi dans les siècles pré-
cédens, parce que les disettes étaient beau-
coup plus intenses, les prix beaucoup plus
inégaux, les ressources du peuple moins
grandes, et par suite les mortalités beaucoup
plus variables.
J'ai prouvé, dans un autre travail (1),
I que le progrès de la richesse nationale et de
180
l'aisance individuelle augmente dans une
proportion bien plus rapide que la popula-
tion. De là résulte que chaque famille, par
le prosrès des arts utiles, possède un re-
venu croissant, tandis que les besoins de ia
subsistance restent les mêmes. Ainsi le peu-
ple, par les progrès continus de ses travaux
fructueux , devient possesseur d'un capital
et d'un revenu qui le mettent en étal de
fairt* face avec plus d'avantago» aux années
de pénuries et même de discHe.
Et voici maintenant, dans l'état moderne
de notre agriculture et de notre prospérité,
qu'une des causes, naguère les plus alarman-
tes pour le sort de l'espècehumaine, devient
pour ainsi du'e insignifiante et difficile à dis-
cerner entre toutes les causes, beaucoup
plus perturbatrices, que le progrès desarls
et de la richesse publique n'a pas pu faire
encore totalement disparaître.
Si, dans lapériode dontnous faisons l'exa-
men , nous comparons les trois années de
grande abondance aux trois années de plus
grande clierté, nous trouvons :
Prix moyens. Décès annuels,
lof. 69 c. S:5,H3
27 82 2i,772
Quelque étonnant qu'un semblable fait
puisse paraître, il ne reste pas sans expli-
cation :
Dans les années d'extrême abondance, la
classe agricole, qui formeenFrancoplusdcla
moiliédupcuple, éprouve uncpénurieparle
peu deprixquelui procure lamévenlc desos
produits, et celle pémnienepcutpasse ma-
nifester par des diminutions de mortalité.
Tout démonire qu'en France l'état le plus
heureux pour rensomble de la population est
celui des années moyennes , les plus voisines
de la surabondance que de la rareté des
grains , lorsque le prix du froment est com-
pris entre 17 et 18 francs l'hectoUlre. Alors la
niorlalilé s'abaisse à2'r-,l;53iiijlivi(lus par mil-
lion d'habilans.
C'est donc au nom de la vie dos hommes
qu'il faut non seuleinenl former des vœux,
mais faire des efforis pour rapprocher de ce
terme modéré la production et le prix des
subsistances, malgré les intempéries des sai-
sons et les vicissitudes du commerce.
Des naissances. — Les naissances éprou-
vent, comme les décès, rinfluence des armées
de disette et d'abondance ; il faut seuleuh'ut
avoir l'ai tenlion derapi)ort(M;i cliiupie année
de disette ou <rabondance, les naissances de
l'année innnédiatemenl suivante, aliii d'ajou-
ter à la duréedcs grossesses quelques semai- j
nés de préméditation , qui doivent le.*; pré-
céder chez un peuple réfléchi.
Si nous comparons pour les naissances,
comme nous l'avons fait pour les décès, les
six annéesdu moindre prix des céréales, nous
trouvons :
Six années Prix moyens. IS'aiss. annuell.
Du plus haut prix. 2i f. GS c. 30,647
Du plus bas prix. IG U 31,047
D'après ces résultats, lorsque le prix des
grains augmente de 50 pour cent, le nombre
desenfans conçus diminucseulement de treize
millièmes.
En définitive, un million d'habilans com-
prend plus de cent mille mariages, et toute
l'économie queces centmillemariagesappor-
tent dans la reproduction se réduit à six cents
enfans, qu'ils s'abstiennent de mettre au
monde dans les années de plus grande cherté,
comparaison faite avec les années des plus
bas prix des céréales.
Ici, comme pour les céréales, les causes
étrangères, variables, et le plus'souvent ina-
perçues, l'emportent de beaucoup sur les
causes qui tiennent, soit à la rareté soit à
l'abondance des céréales.
Cela seul peut nous expliquer ce fait
étrange ; dans les deux années d'extrême
disette, 1817 et 1818, pour un prixmoycn de
30 fr. 40 cent. Thecloblre , les naissances
moyennes sont de 31,325, c'est-à-dire plus
nond)reuses de vingt-deux millièmeF que les
naissances moyennes de six années de sur-
abondance.
Il n'est donc pas vrai d'affirmer qne l'abon-
dance ou la rareté des subsistances règle ,
comme cause principale et prédominante, ni
les décès ni les naissances.
Si l'on veut chercher les prix intermé-
diaires, qui sont les plus favorables aux nais-
sances , on trouve (chose remarquable) que
les plus nombreuses, naissances correspon-
<lenl, à 20 centimes près en plus, au même
prix que les décèsles moins nombreux, c'est-
à-dire au prix intermédiaire entre 17 et 18
fr. riiectolitre de froment.
En procédant avec une réserve que com-
mande l'esprit scientifique, nous n'osons pas
affirmer qu'une send)lable concordance ne
puisse être occasionée par un concours for-
tuit, singulier, mais possible, de circonstan-
ces accessoires étrangères à l'influence du
prix et (le la quantité des subsistances.
Mais les résultats de quinzeaiuïéesd'expé-
rience démontrent du moins qu'on se trom-
perait si Ton prétendait que le plus grand ac-
croissement de la population correspond au
plus bas prix el par conséquent à la plus
grande abomlauce des vivres. Pès qu'il y a
surabrudance, la classe agricole souff rcj c'est
elle qui présente à son tour moins de nais-
sances et plus de décès.
Mariages.— De tous les élcmens sociaux,
la contraction des nouveaux mariages est
celui qui doit être le plus sensible aux causes
immédiates de bien-êlre ou de délrcssej Tex-
périence nous démontre cette vérité.
Si Ton examine Tannée d'extrême cberlé,
disons mieux, de disette, Tannée 1817 (où le
blé coûtait 36 fr. 16 cent. Tbectolitre}, le
nombre des mariages, comparativement aux
résultats moyens des années de surabon-
dance, est diminué de 918 par million dlia-
bitans. On doit être plutôt surpris de la fai-
blesse que de la grandeur de ce nombre.
Pour suivre la marcbe tracée jusqu'ici,
nous devons comparer les six années des
plus bas prix aux six années des prix les
plus élevés.
Entre ces deux périodes, nous trouvons
seulement une différence annuelle de 178
mariages par million d'babitans.
Si nous rapprochons les résultats présentés
par les deux mèmespériodes, pour les décès,
les naissances et les mariages, nous voyons
que les tems d'extrême cherté, comparés
aux temps de surabondance , présentent ,
année moyenne :
En plus, 3 décès sur mille j
Eu moins, 13 naissances sur mille;
En moins, 22 mariages sur mille.
El si nous comparons le nombre des décès,
des naissances et des mariages avec la popu-
lation totale, nous trouvons, au désavantage
des temps de disette et de plus grande cherté:
En plus, 7 décès sur 100,000 habitans ;
En moins, 40 naissances sur 100,000 habitans;
En moins, 18 mariages sur 100,000 habitans.
Les années du plus grand nombre de
mariages ne sont pas celles du plus bas prix
des subsistances, qui donne au total le plus
d'aisance à la population , qui Tinvite le plus
au mariage et produit le plus grand nombre
d'aiUiauces nouvelles, c'est le prix intermé-
diaire approchant de ^0 francs ThectoUtre;
L'étude qu'on vient d'offrir parait propre
à dissiper quelques erreurs trop générale-
ment adoptées sur l'économie sociale.
Pour la nation française, et j'ose Taffirmer
également pour beaucoup d autres nations
civilisées, il n'est point vrai que la multipli-
cation de l'espèce ne soit contenue que par
rimpossibihté de nourrir à chaque époque
un plus grand nombre d'individus.
181
Il y a plus : les années, les séries d'années
de plus gfande abondance ne correspondent
pas aux aimées des plus nombreux nuiriages
(les plus nombreuses naissances el des moin-
dres décès; preuve évidente que durant les
années d'extrême fertilité la prudence natio-
nale reste de beaucoup en-deçà des limites
possibles de procréation, comparativement
aux facultés nutritives.
Enfin, l'ensemble des causes fortuites qui
tiennent aux intempéries des saisons, aux
lluctuations de Tindustrie, aux vicissitudes
des événemens humains, cet ensemble pro-
duit aujourd'hui, dans les décès, dans les ma-
riages et les naissances, des iuégaUtés bien
plus considérables queles variations extrêmes
d'abondance ou de rareté de subsistances.
Ce n'est donc pas aux Français qu'il pour-
rait être nécessaire ni môme utile de préco-
niser les doctrines désolantes de Mallhus
contre la multiphcatiou de l'espèce humaine
par les classes les moins opulentes. Les indi-
vidus de cesclasses prises dans leur ensemble
ont assez de courage et d'industrie pour
résister à la misère dans les années de pénu-
rie; ils ont assez de sagesse pour garder une
prudente réserve dans les amiées d'extrême
abondance.
Il faut admirer celte force de choses, al-
Uée à la circonspection des familles, qui res-
treint à tel point les inégalités numériques
des naissances et des mariages, en chemi-
nant avec une force progressive qui se com-
pose de tous les élemens de bien-être et de
prospérité que notre civilisation développe
et perpétue.
Sans doute la science doit avoir le courage
de dire au peuple des vérités austères, quand
les résultats de ses recherches sont effecU-
vement la vérité : elle s'honore par ce cou-
rage qui précipita Galilée dans les prisons
de Florence. xMais elle est trop heureuse
quand elle peut démontrer que des théories
spéculatives el systématiques qui froissaient
le cœur et blessaient les sentimens naturels
ne reposent pas sur les fondemens de l'ex-
périence, el sont démenties par les faits. Dé-
truire alors des conséquences impitoyables
c'est à la fois honorer la vérité et servir
Thumanité.
SECONDE PARTIE.
Calcul d'une fonction composée des nais-
sances, des mariages et des décès , pour
cxjyrimer la vitalité nationale.
Les faibles variations annuelles des nais-
sauces, des mariages et des décès, mèmq
pour dçs changeQieus considér^les dans (Q
182
prix des graius, m'ont conduit à chercher
une fonction de ces trois élémens sociaux >
qui rendît beaucoup plus sensibles ces va-
riations, en corrigeant Tune par l'autre des
irrégularités qui tiennent à mille causes im-
prévues, accidentelles et transitoires.
Toute cause générale de prospérité pu-
bhque agit d'un côté pour multiplier les
naissances et les mariages, de l'autre pour
diminuer les décès.
Si l'on supposait un peuple qui restât
placé dans les mêmes circonstances sociales
et physiques, et qui se trouvât tout-à-coup
double, triplé, quadruplé, etc., les naissan-
ces, les mariages et les décès seraient pareil-
lement doublés, triplés, quadruplés, etc.
Par conséquent, le rapport des naissan-
ces et des mariages aux décès resterait
constant, quelle que lût la mulliphcation
de ce peuple.
J'ai pris la moyenne des deux rapports
naissances mariages
suivans : ;- , • j c'est ceque
décès décès
j'appelle l&Jonciion des vilalUés.
Cette fonction est, comme on le voit, in-
dépendante du nombre total des habitans,
ce qui, dans l'état actuel des choses, pré-
sente un grand avantage.
JEn effet, jusqu'à ce jour nous n'avons
eu que des dénombremens imparfaits de la
population totale; tandis que les registres
de rétat civil fout connaître, avec beau-
coup d'exactitude, le nombre annuel des
naissances, des mariages et des décès.
Les variations très-sensibles qu'éprouve
la fonction de la vitaUté nationale, au bout
d'un certain nombre d'années, sont l'expres-
sion mathématique et la démonstration
certaine des grands changemeus survenus
dans le bien-être des populations.
1817.
1818
1831
1829
1830.
£1
fr. c.
36 10
2i Gb
'«
o
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1820.
1819.
1827.
1821.
1823.
1824.
1826.
1825.
If
1,1872
2,i368
3,700"
n,:;.s2i
),.j82:J
),3777
),6220
),6128
),6838
J,6221
a;6080} 1.8290
0,6310$
VITAI.ITKS
PRIX
moyennes.
moyen.
0,o937 1/2
40 1/2
0,6092
22 .i8
0,6 168
18 03
0,6008
IS 69
Nous allons actuellement comparer les
diverses valeurs de celle fonction pour les
diverses années que nous avons mises en
parallèle.
Dans le tableau suivant, nous avons eu
soin de combiner les décès et les mariages
de chaque année avec les naissances del'an-
uée suivante , lesquelles , pour les trois-
quarts, ont été préconçues dans l'aimée
même dont il fallait combiner les élémens.
Tableau comparé du prix des grains et de
la fond ion des vitalités, en descendatit
des plus hauts prix aux plusbas.
Dans ce tableau nous avons distingué
quatre groupes de prix :
lo Ceux d extrême cherté, qui, pour une
moyenne de 3U fr. 40 c. 1/2, en deux an-
nées, donnent pour valeur moyenne des
ionciions des vitahtés, 05,937 j
2^ Ceux de prix élevés, qui comprennent
toute la période de cherté de 1828 à 1831
mclusivementj le prix moyen des blés est
alors de 22 fr. 48 c, et la moyenne des
fonctions des vitalités est de 06,092;
3^ Ceux des prix intermédiaires ou mo-
dérés, qui présentent six années, dont les
résultats donnent pour prix moyen de l'hec-
loiitre de froment 18 fr. 05 c, et pour
moyenne des fonctions des vitalités 0t>,168i
4» Ceux des plus bas prix , dont la valeur
moyenne est de 15 fr. byc, et qui donnent
pour moyenne des vitahtés 05,097.
Ce dernier résultat des vitalités est,
comme on le voit, mohidre que celui qui cor-
respond aux prix intermédiaires.
Il parait donc plus avantageux au bien-
être du peuple, en général, que les prix
des grains oscillent entre les prix intermé-
diaires d un franc de plus et d un à deux
lianes demoins que 18 Ir. 1 hectohlre de fro-
ment.
Avant d'étendre plus loin et plus sûre-
ment les conclusions qu'il est possible de liv-
rer de semblables considérations, il faut
multiphcr encore les observations; il faut
procéder avec une extrême circonspection,
pour ne pas s'exposer à présenter des consé-
quences hasardées, que l'avenir et des faits
plus soigneusement recueiUis et constatés ne
viendraient peut-être pas coniirmer,
CONSmi. AUX FAMII.Z.ES.
EMPLOI DES VACANCES.
Uni; belle écrilurc est un germe fécond jeté dans l'ave-
nir, el dout 1 âge irnir recueillera les fruits.
Nous sommes à la Tcille des vacances^ en-
core quelques jours et les pensionnats seront
dissous, et les écoliers seront au sein de leur
ramille ! eh bien! parmi toutes ces mères heu-
reuses ^du retour de leurs filles ; parmi tous
ces parens tiers d embrasser un lauréat, el
d'appendre sa couronne au foyer domestique,
comment envisage-l-on généralement les deux
mois qui terminent l'année scolaire ? comme
un repos nécessaire, comme une distraction
aux préoccupations de l'esprit, comme une
salutaire diversion aux travaux de l'année.
Ce jugement est erroné, et l'erreur est grave.
On ne sait pas à quel effrayant calcul on
arrive, de temps perdu et d'argent mal em-
ployé, quand on additionne les jours fériés
el les congés pour des fêtes, des solennités
publiques ou religieuses, avec la durée des va-
cances. Dans une année les collèges royaux ,
les institutions, les pensionnats n'ont réel-
lement que huit mois d'études sérieuses ; quatre
mois sont donnés au désœuvrement, quatre
mois! ni plus ni moins ; le quart du temps
consacré à l'éducation! elle prix delà pension
ne s'en acquitte {pas moins intégralement. Ce-
pendant nous comprenons que ces rapproche-
mens momentanés des parens et des élèves
consolident les liens de famille ; que des exer-
cices habilement ménagés fortifient le corps ;
que le travail ne peut être continu, et qu'en-
fin, pour nous servir d'une phrase vulgaire,
il faut que les enfans s'amusent ; mais puis-
que nos regrets seraient impuissans à changer
de mauvaises traditions; puisqu'il faut aux
écoliers et aux jeunes personnes de longues
vacances, serait-ce donc se montrer bien exi-
geant que de chercher à concilier avec l'étude
les plaisirs et les joies des vacances. Serait-ce
donc à dire que pour que les distractions soient
complètes, il est nécessaire de désapprendre
annuellement el à des termes fixes les leçons
de l'année ; de contracter l'habitude d'une
oisiveté qui au retour des classes rend le tra-
vail plus aride et la vie de pension plus fas-
tidieuse.
Nous voudrions donc que le temps des va-
vances fût tour-à-tour partagé entre létude
elle plaisir; que l'étude lût variée, amusante,
instructive; que chaque journée amenât en-
fin quelques heures d'occupations. Sous ce
rapport, et puisque nous admettons que le
travail doit lèlrc moins sérieux, moins grave
que le travail des classes, nous ne pouvons
rendre aux familles un meilleur service que
de leur recommander les modèles brevetés
d'ccridirc et de dessin. Il ne s'agit pas ici d'une
froide leçon d'écriture, enseignée à laide de
ces gothiques exemples, anatomie sèche et
décolorée, des lettres de l'alphabet; qui ne pro-
duisaient qu'une pensée d iuiitalion servile,
qu'une aclion mécanique de la main, puisque
l'esprit n'était pas intéressé dans le travail
Le recueil de ces modèles publié sous le nom de
Ijolytecltnographie excite la curiosité de l'élève
et lui donne le désir d'apprendre ; tout en
l'iuiliantaux formes régulières d'uue écriture
cursive - anglaise , écriture rapide , simple
et élégante, il puise dans la copie de ces
modèles, une inslruclion solide et variée. A
l'a de de l'écriture, il apprend l'histoire, la gé-
ographie, les principes des sciences et det
arts ; des leçons de la plus pure morale forment
aussi son cœur,. car chaque modèle donne un
lexle complet, dont la rédaction offre au plus
haut degré le mérite delà concision et de la
simplicité. Ce n'est pas tout encore ; par une
heureuse alliance du dessin et de la calligra-
phie, chaque modèle se résume en quelque
sorte dans la vignette placée en regard du
texte et offre ainsi un cours varié de dessin,
où tour à tour des sujets d'histoire naturelle,
des points de vue, des portraits, des sujets
empruntés à l'histoire, à l'organisation du
monde physique, au génie des inventions,
passent sous les yeux de l'élève et se déroulent
devant lui comme un riche et brillant pano-
rama. Les modèles brevetés que nous recom-
mandons aux familles ont trouvé un accueil
trop favorable dans un grand nombre d'insti-
tutions ; ils ont apporté une trop heureuse in-
novation dans renseignement de l'écriture,
pour qu'ils n'obtiennent pas les suffrages dé
tous parens qui portent quelque intérêt aux
progrès rapides de leurs enfans. Certes, si la
. polytechnoyraphie, dont le but est d'instruire
en amusant, peut contre-balancer efficacemenl
les dangers que présente l'oisiveté des vacances,
les auteurs de cette publication dont le succès
est d'ailleurs assuré par l'assentiment des meil-
leurs juges, auront rendu un service réel non
seulement aux écoliers, mais encore à toutes les
personnes qui consacrant une heure par jour
seulement à l'élude de ces modèles, voudront
acquérir en peu de temps une belle écriture
et pourront peut-être s'ouvrir une carrière
qu'une écriture illisible et disgracieuse leui
tenait fermée.
Voir ci-contre
^^^^s^'^^^^^vi is'ia<î>ai>=#<s'i'iS'î^^«
•ai«i5^9^^^^S>—
MODÈLES BUEYETÊS
LEÇONS SIMULTANÉES
SUR LA RELIGION ET LA MORALE, L'HISTOIRE, LA (lËOCiRAPHIE UXiVERSELlrE
ET LES VOYAGES, LA LITTÉRATURE, LES SCIENCES, LES ARTS ET LE COMiMEHCEj
EXERCICES MANUELS, MNÉMONIQUES ET INTELLECTUELS,
D'ORTIIOGnAiniE , DE CALLIGRAPHIE , DE DESSIN , DE STYLE , ET DE COMPO?lTIO?i ÉCRITE.
Soumis À la révision et à l'approbation de plusieurs membres du Conseil de l'Instruction publique et de
rtnstilul de France.
K( €01110 ûuuufl ôt compose tfc
tracés par les premiers maîtres, et contenant cent fois la matière des cahiers ordinaires d'écriture;
DE SOIXANTE-QUINZE VIGNETTES MARGINALES
gravées sur acier par les premiers artistes de Paris et de Londres;
ET D'UN QUESTIONNAIRE
à l'usage des narens et des maîtres, et à l'aide duquel chacun pourra faire re'pcter avec fruit,
dans la famille, les ie<;ons de l'école, et y suppléer au besoin.
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On souscrit chez A. DESZEZ, éditeur du Panthéon liHéraire, et chez CUTTBERT, où l'on
trouve un assortiment de plumes méialliciues adaptées à l'usage des modèles brevetés.
IMPRIMERIE DE D'URTUBIE ET WORMS, 17, KtJË ST-PIERr.K-MO>TMARTRE.
SIXIÈME ANNÉE. 1836.
Édition française.
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— Première année.
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DICTIONXAItiE .'tlEXSUEL ET PROGRESSIF.
RÉPERTOIRS TTSUEI.
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOxMIQUES ET NOUVEAUX,
inléressanl dircclenienl
L'éducation de l'enfance, la morale el le bien-être des familles, l'économie usuelle-
L'exercice et le proi^rès de toutes ies professions sociales ; '
L'exécution des lois' par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles orescrivenf
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L's soiiscr pleurs étant auliir'sés à retenir— sur l<' prix des >ix ^tpiiw>—r airranchissement de leur letire elle
:»âl de la reconnaismuicc de poste, raboiinomenl n'est, de fait, que de (;t.\Q FRANCS nets pour la Société
NUrilÉRO 9: SEPTEMBRE 1836.
«•■PF.RTOIKK. PliOFESSIONNEL,
Vappiir app kpipe à l'agricu lure, 202. — Proprié-
laires riiraii.\ : culture du sorutiol. 20i — Vi^ne len-
gra>. -- (Amenderieat p'iur la culture de la) i6/rf _
Carottes cuUiire de^), 2ii.^. — Arararha, ii/rf '— Edu-
cation des T^ rs à soie. -207. — Culture d*- la betterave
ihid —Tisserands, ibid — Papier (fabricant de) 2()«*
— Cardeurs ihid —(Porcelaines (fabrcansde^ ibid
— Produits cliirniviufs ifabricans de), "09 — ForKes
{.Maîtres del, /A,d — Nouvelle préparation du fer 2t0
-r- Mo>en d<* préserver le fer de la rouille, ibid. — Scie'
ries mécaniques, ihi.t.
r.Kl'F.KTOlP.E DE l.\ COJVUr.f.iTlO.N.
Des voies navif»i)bles, 211.
KÉPF.RTOIKE CIVIL.
Extrait des lois et ré;.'!emens sur la chasse, 187. —
iecrutement de l'.irm'e, 190. — instruction publi-
! :e. — \vis aux parens 195. — losIruL-lion primaire,
iittorisation, 19i.
REPERTOIRE DOMESTIQjE.
Tableau du cours de la rente 5Jp (i|0. de 1709 à
■<56. à 'a Bourse de Paris. 195 — Puissance des inié-
êts capitalises, 107. — Phorniium, I9>< — HIanc.tiissago
lu linge à la vapeur, ihid. — i>loven d'assurer la durée
u bois exposé aux injures de l'air, ibid. — Aloiie de
■.iauffa;;e pour de grands édifices. 199 — !Wo>e" pour
teindre les incendies, ihid. — Pomne di' terre i id.
^1, Sa
18-2
I8t
180
179
I7S
'77
176
173
74
•7.-;
172
171
170
169
IfiS
167
1ti6
l<>.S
1«4
105
102
161
160
I.IO
ISS
157
loti
15S
ISt
153
JOURS
de la
semaine.
1 jeudi
2 vendredi.
3 sara-di.
4 IDIM.
5 {lundi.
ma' di.
mercredi
jeu'ii.
Vendredi.
samedi.
DIM.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi
vendredi.
samedi.
DIM
lundi.
mardi.
meroredl.
jeudi
vendredi.
samedi.
DIM.
lunili.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi
NOMS
des
SAINTS.
S. F.pu, s. Giles.
s. L^zarre
s. Grégoire,
ste Rosalie.
s. Kertin, ap.
s. Oné-iph.
s. C oud.
>"AT. N.-S.
s. Orner.
bte Pulcliérie.
s. ll>acinUie.
s. Rajibacl.
S Alauri'le.
Ex ste Cr. <■.
s. Mcomede.
s. (.'onieille.
s. Lamb. rt.
s J'-an Clirjs.
s. Janvier.
s Euslactie.
Quatre- Temps.
s Maurice.
ste Tliecle.
s Audoeh.
s Firmiii.
ste Justine,
s. iinnip, s
s. iléran, év.
s. Michel.
s. Jérôme.
Le 1 lev. du soleil 4 h. 35 m. ) Couch. 6 h. 41 m.
10 — 5 S". — 6 22
20 — S 4S - 6 1
30 — 6 0 - 5 40
D. Q. le 2, à 11
N. L. le M, 0
P. Q. le 18. 4
P. L. le 24, 11
COETDO ( IIe-e(-Vilaine. ) — • t>es expé-
riences oui été fiiiles à l école d'aynculture
(ie Coëiho pour couiiaîlre le rendeniciil du
lail en cièine el de la cièiiie en beurre, sur
utie vaolie de 1 iic de Jersey, uJie va( he
brelouue; uue autre breioune (troviiiue
d un croisenieiil d'un l.iureau suisse avec
une vache nantaise, a la cijiquième généra-
tion c! uue vache nofinaude.
J>'oj)éralion r duré du 3 au 16 niai 1836.
l.a leiiipéralurc de la laiterie a conslan^-
•îienl été de 9 à 10 degrés de Kéaumur.
On s'est servi de lacloniétre pour juger
con)j)aralivenienl du produit réel a.ec son
indication el des difl'érejis niouvemens qui
s 0(»èrent pendant la t'oruialiou de la Ciêine
Le lait y a été mis au sonir du pis de ia
vache. Ou a remarqué que pendant ie:^
quatre pre/nieres heures la ciènje munie
rapidement, que les 2 à 3 iioures qui sui-
vent, elie monte plus que de 2 à 3 divisions;
que passé ce temps il y avait arrêt pendant
une à deux, qu alors la crème duaiuue dans
son épai>seur, mais qu'elle piend plus (ie
consistance sans que cependant la quantité
du lait mise dans le vase diminue de volume.
Le lait a été écrémé après 24 heures de
séjour dans les vases.
J.e heurrea été lavé cl pétri plusieurs fois,
par coiiséquenl bien dépoudié du petit lail.
1" Vachtî de Tile de Jersey de 3 ans, ve-
ée depuis 1i5 jou;s, qui n eo>l ici que de-
puis peu de muis et qui est arrivée dans un
ai.d élat de maigreur.
Elle e^t nourrie avec du ray gras mé-
laneé de paille, elle ne va pas au chaiiif).
Les traites de 4 jours ont donné 34 iiires
3|4 de lail, qui, au laclomèlre qui est de la
contenance d un décdilre 1|2 a marqué 22
divisions, ce qui iait ll-66|H)0 d. OiO.
On en a oLleiiu 5 litres 1[2 de crème, pe-
-lanl 10 liv. 8 poids de k.
On a eu en beurre
3 1.
2o
lin lail
'le beurre 3 lit.
1 [2 pe.san
L
6 —
8
■ 1 emps
variable grand
veuls.
Déchet
y
10
14
onc.
2" Vache bretonne d'environ 12 ans ayant
jlé achetée en Ibire; on neconu.iît pas 1 é-
poque de son vêlage, elle est en bon ét.it.
Lette vîiclie est chez un propriétaire;
elle esl amplement nourrie avec des herbes
•.!l des lémimcs du jardtu.
J.cs trait-as de 4 jours ont donné 34 litres
l|4 dii lait, qui au laclon.ètre ont marqué
jn moyenne 18 divisions ou 12 pour cent.
On en a oblenu 4 litres 1[2 de crème,
pesant Sliv.4o
qui ont donné en beurre 2 liv. 8»
Êi'i lail de beurre2 iil. 1^2 ou 5 — 4
Beau temps. 7 12
Déchet. 8 ou.
3.) Vache bretonne provenue d'un croi
samcnt d'un taureau suisse avec uue vache
nantaise.
liile a vêlé depu's 2 mois lj2, âgée de
6 aiis, ayant pour nourriture à l'étahlç ce
que 1 on reiire des râteliers des bœufs de
rays-gras d Italie, cl allant le jour au
cliauip daus de maigres pâturages de
Landes, elle est en hou étal.
Les traites de 4 jours ont donné 41 litres
3i4 de lai!, qui, en mojenne, ont indiqué
.\u lactonîèlie 10 divisions.
On ca a eu eu 4 lit. 1 [2 de crème.
pesant
Lesquels col donné en
beurre
lin lait de beurre 2 lit.
3,4<jO
Beau temps.
Déchel.
9 lir. 00
21. 10
5-12
8 6
10 ODC.
4o Vache normande des environs de
L'onlcontour, àyée de 3 ans, petite taille,
elle iiest ici que depuis peu de mois; elle
(St arrivée dan?' un état d'une excessive
maiijrcur, elle a vêlé le L' mai 1836.
Elie a eu la même nourriture que le n. 3°
Les traites de 4 jours ont donné 38 litres
!j4 de lail, qui en moyenne a indiqué au
lactcm-clre 10 divisiens.
On en a eu 4 Ut. Ii2 de crème,
pesant 9 liv. 4
On en a obtenu en
beurre 2 liv. 8®
En lail de beurre
3 litres, ou 6 — 2
iîeau temps 8 10
Déchet. 10 on.
Il résulte de ces observations que la
vache
N« 1 qui a donné 3* litres 3[4 de lail
desquels on a obtenu 5 litres 1|2 de crème
a eu un produit en crèjiie de 15, i)7ilOO el
qu da lallii un peu plus de 11 litres de lail
pour uue livre de beurre ;
Que le n" 2 qui a donné 34 112 de crème
el 2 liv. 8" de beurre, quoique bien nourri,
n'a donné que 12, 14|10 p. (i|0 de crème el
qi! il a lallu a peu près 14Ulres de lail pour
une livre de beurre.
Que te n" 3 de laquelle , on a eu 41
iil. 3|'<- de lait n'a donné que 4 lit. 1|2 de
crème et 2 liv. 10 on. de beurre ce qui lail
10, TSiOOO p. 0,0 eu crème el qu'il a fallu
17 litres de lail pour une livre de beurre
Qu enfin le n" 4 qui a donné 38 Iil. Ii4 de
lait, duquel on a eu 4 lit. 1[2 de crème ou
2 liv. 8') de beurre, a eu un résultai en
crème de 11 76il00, el qu il a fallu un peu
(•lus de 15 lit. de lail pour faire une livre;
de beurre.
1S7
èiE8>3<:KTOi?.;E CIVIL.
INTKRETS r.K.\KHAi;X.- H. 1\101{ALE VT INSTRCICTION POBLIQUE&.
lli. Dt-VOmS ET I>R01TS CIVILS liT POLl'llQLES.
Extrait DES lois kt réglemexs suu la
CHASSE.
Dates et titres dus lots, décisions, ordonnances
anciennes, etc., sur la chasse.
La chasse étail autrefois permise au\ rotu-
riers et aux nobles. La loi saiique coiilienl
beaucoup de disposilious relatives à la faucon-
nerie et à la vénerie, auci;ne ne^l prohibi-
Irve du droit de c'Aisse. L'opinion commune
est quejiisqu'au commeocemeul du 14 siècle,
tous Français, autres que les ecciéîiiastiqucs,
pouvaient chasser.
La df'fense de chasser aux sangliers, faite
paî Gonlran, roi de Bour,jo^nc et o'Orléans,
n'.i Je rapport qu'aux torèls qui îui appar-
leji ient. L'ordonnance de S*hilippe le Long,
en 1518, ne contient rien de prohibiliî ;î 1'-'^-
g.H (i de la chasse ; elle parie de la manic-re de
et! jsser et des inslrufiiens de chasse. L'ordon-
iiMice du roi Jean donne à quiconque droit
de chasse sans amende.
Les personnes mécaniques, exclues du droit
de peruiis de chasse sous Charles VI, suivant
ordon 'lance du 10 février 1 396 ; même décla-
ration, 6 août l.^iôô.
Le seigneur doit faire chasser aux bêtes nui-
sibles, telles que renards, martres, blaireaux,
loups, etc. Jurisprudence de Provence, titre
XI L a? t. 15, 14, ±1.
Les seigneurs hauts justiciers peuvent chas-
ser dans leur haute justice, le tief appartint-
il à un nutre seigneur ; mais c'est un droit
personnel. Ils ne peuvent envoyer de domes-
tiques, etc. Ordonnancede 1601, art. '25. —Or-
donnances des eaux et forêts, litre 30, art. 2G.
— Ordonnances de février 1002 et mars 1604.
— Arrêt du 15 mars 1702, rapporté dans le
code rural. — Arrêt du parlement de Pro-
■yeuce, du 14 décembre 1710.
Les seigneurs ay ut droit de chasse peuvenrt-
iJs euijiccher de prendre des oiseaux? oui,
suivant l'ordonnance de Lorraine, de janvier
172Î1. \on, suivant l'arrêt du ■11 août 1756,
cour de Paris.
Défense de chasser à la pipée, etc., qua-
torzième volume du rerunil du Duuphiné.
— Arrêt en forme de règlement du parlement
de Grenoble, 20 septembre 1718. ~id. 50 avril
1706.
Un simple particulier, quelques terres qu'il
dit, ne peut coasser si elles sont roturières.
Arrêt du parlement de Toulouse, 18 mars,
Mid. — Ordonnance des eau.x et forêts, litre
U, art. ih
Qui a fiof a droit de chasse. Tnslitutionrou'
fnmière, Loisol, livre 11, lilre i>, arl. SI.
— Peut même, si le gibier lève sur sou (ief,
le poursuivre sur les terres du sîignour lèolal.
Arrol du 17 mars r">75, Var'is. — l'raiique des
lerrivrs, tome 4, page G44.
Les canons délendeiil la c'nsse aux ecclé-
sia'^liques, môme aux préials. Sainl-Jcrôiue di-
sait : i-cnalorein numquam imenimus sawliun.
Ecclésiastiques forcés de commettre quel-
qu'un pour chasser. Déclaration du '27 juillet
1701.
Défense de condamner au dernier supplice
pourfaitdc chasse, quelle que soit la cotilia-
ventiou, nonobstant l'art. 1-4 de rordounaDce
de 1601. .\rl. 2, (ilre 50, de i'ordounance des
eaux et forêts, 1079.
Tendeurs de lacs, tennelîes, colliers, etc.,
condamnés pour la première fois au fouet et
à 50 livres d'amende; pour la seconde fus-
tigés, flétris, et bannis pour cinq aus. Ordon-
nance de 1669, titre 50, art. {->.
Religieux, clercs, ecclésiastiques, prêtres,
punis des mêmes peines et amendes que les
la'iques et séculiers. Ordonnance de janvier
1600, enregisirée au parlement, art. 21.
— Mais ordonnance d'avril i6G9, titre 50
art. 39 des eaux et forêts. Prêtres, moines et
religieux, qui ne pourront payer l'amende,
pour la première fois, éloignés de quatre
Meuosdes forcis, bois, plaines cl buissons; au
cas de récidive éloignés de dix lieues, par saisie
de leur temporel, etc. Ces lois non eu usHge en
Flandre, la Flandre étant régie parles lois du
pays. Arrêt du conseil du 29 juin ITGC; décla-
ration du 17 novembre, même année, rogistiée
le 25 décembre au parlement de Flandre.
Les prêtres peuvent-ils être contraints par
corps à payer l'amende contre eux prononcée
pour délits de chasse? cou. Parieraeul de
Toulouse, l.TJuin 1745.
Druii de chasse peut-il être affermé? non.
Jugement de la table de marbre, du 22 juia
!G72, arrêts du conseil des 50 septembre et
;i octobre 1722. Baux judiciaires ne sont
point excepté» de cette récrie. Arrèl du 14 fé-
vrier 1098; — Arrêt rendu à la Tournellc;
14 février 1717.
Au reste la prohibition dafCerincr la chasse
ne s'étend paï à celle des oiseaux passagers
tels que bécasses, canards sauvages, etc.
La chasse, n'élajil qu'un divertissement, doit
cesser si elle est préjudiciable. L'ordonnance
des eaux et forêts, l(J67, titre 50, art. 18, dé-
fend à tous, ayant droit do chasser à pied, à
188
cheval, arec chiens ou oiseaux, dans les terres
ensemencées, depuis que le blé sera en tuyaux,
et dans les vignes, depuis le ter mai jusqu'à
la dépouille, à peine de privalion de droit de
chasse, oftO livres d'amende el dommages-in-
térêts.— Ordonnance d'Orléans, art. 108; de
Blois, art. SSj, et le titre 4 de la déclaration
du 11 juin 1709, art. IT.
Le parlement de Provence fixe le terme de
la défense de chasser dans les vignes au 1er avril
et ne permet d'y chasser qu'après vendanges,
à peine de ÔOO livres d'amende ; arrêt du rè-
glement de ce parlement, des 8 mars 1610 el
16 mars 1751.
Défendu aux gardes-chasse de s'emparer des
fusils des chasseurs en contravention ; et con-
damnation, contre les gardes-chasses, de res-
tituer ceux qu'ils avaient ôtés. — Fremin-
■\iile, Pratique des terriers tome 4 page 28.'» et
suivant. — Arrêt du 31 juillet 1703. Journal
des audiences, tome 1, livre 1, chap. 6i.
Connaissance des procès pour fait de chasse
dans l'étendue du parc de Versailles et de
Marly, attribuée au bailliage de Versailles,
sauf l'appel au grand conseil. -~ Déclaration
du 1:2 janvier 17 U.
Peut-on passer avec poit d'armes sur la terre
d'un seigneur, pour se rendre plus prom-
ptcment à l'endroit où l'on a la permission de
chasser? oui. Sentence de la table de marbre
de Paris, confirmée par arrêt de relevée, en
la grande chambre, du 2G avril 176.';.
Tous ceux qui seront prévenus d'avoir lue
des biches, cerfs, faons, dans les bois du roi,
ceux portant des viandes eu provenant,
seront constitués prisonniers, pour leur juge-
ment être fait et parfait. Ordonnance du roi,
du 13 mai 17 GS.
Établissement des gardes-champêtres. (Extrait
de la loi du '20 messidor anill.j
Art. 1er II sera élabli, inimédialenuMit après
la promulgation du présent décret, des gardes
champêtres dans toutes les communes rurales
de la république ; les gardes déjà nommés,
dans celle où il y en a, pourront élre réélus
d'après le mode suivant.
2. Les gardoi-champèlres ne pourront être
choisis que parmi les citoyens dont la probité
le zèle el le patriotisme seront généralement
reconnus ; ils seront nommés par l'admiiiis-
tralion du district, sur la présentation des
conseils généraux des communes ; leur traite-
ment sera aussi fixe par le district, d'après
l'avis du conseil général, et reparti au marc
Ja livre de l'imposition foncière.
Tu II y aura au moins un garde par commune,
ol la municipalité jugera de la nécessité d'y
eu établir davantage.
4. Tout propriétaire axra le droit d'avoir
pour ses domaines un garde-champèlre; il sera
tenu de le faire agréer par le conseil général
de la commune et confirmer par le district : ce
qui ne pourra l'exempter néanmoins de con-
tribuer au traitemeutdu gardç de la çoipmunc-
Ordonnance 15 août 1814. {Chasse el louveteriej
Art. 1. La surveillance et la police des chas-
ses, dans toutes les forets de l'état, sont dans
les attributions du grand veneur.
2. La louvetière fait partie des mêmes attri- ,
butions.
3. Les conservateurs, les inspecteurs, sous-
inspecleurs el gardes forestiers, recevront les
ordres du grand veneur pour tout ce qui à
rapport aux chasses et à la louveterie.
4. Nos ministres secrétaires d'état aux dépar-
tement de notre maison et des finances sont
cnargés, chacun en ce qui le concerne, delà
promulgation des présentes.
Rëf/lcment du 20 août 1814. (Chasses dans les
forets et bois de i'e af. ^Dispositions générales.
Art. 1, Tout ce qui a rapport à la police des
chasses est dans les attributions du grand
veneur, conformément à l'ordonnance du 15
août 1814.
2. Le grand veneur donne ses ordres aux
conservateurs forestiers, pour tous les objets
relatifs aux chasses ; il en prévient en mcma
tems l'administration générale des forêts.
7). Il est défendu à qui que ce soit de prendre
et de tuer , dans les forêts ou bois royaux, les
cerfs et les biches.
4. Les conservateurs , inspecteurs, sous-ins-
pecteurs et gardes forestiers, sont spécialement
chargés de la conservation des chasses, sous
les ordres du grand veneur, sans que ce
services puisse les détourner de leurs fonctions
de conservateurs des forêts et bois de l'état.
Tout ce qui a rapporta l'administration de ces
bois et forêts resle sous la surveillance directe
de l'adniinistralion forestière, et danslesattri-
bulions du ministre des finances.
n. Les permissions de chasse ne seront ac-
cordées que par le grand-veneur ; elles seront
signées de lui, enregistrées au secrétariat gé-
néral de la vénerie , cl visées parle tonserva-
teur dans l'arrondissement duquel ces per-
missions auront été accordées.
Le conservateur enverra au préfet el au
commandant de la gendarmerie le nom de
l'individu dont il aura visé la permission.
Les demandes de permission seront adres-
sées, soit au grand-veneur, soit aux conserva-
teurs qui les lui feront parvenir.
Os permissions ne seront accordées que
pour la saison des chasses, cl seront renouve-
lées chaque année, s'il y a lieu.
6. Il sera accordé deux espèces de permis-
sions de chasse : celle de chasse à tir, et celle
de chasse à courre.
7. Tous les individus qui auron'» obtenu des
permissi-ons de chasse, sont invités à employer
les permissions à la destruction des animaux
nuisibles ; comme loups, renards, blaireaux,
etc. Ils feront connaître aux conservateurs
des forêts le nombre do ces animaux qu'ils
.auront détruits, en lui envoyant la patte
droite. Par là ils acquerront des droits à de
nouvelles permissions, l'intention du {rnind-
veneur étant île faire roptribiier le plaisir de
la chasse à la prospérité de l'ag^rirullure et à
l'avanlage «général.
8. L»'s conservateurs et inspecteurs-fores-
tiers veilleront ù ce que tes lois et les régle-
mens sur la police des chasses, et notamment
les lettres-patentes du 30 avril 17!)0, soient
ponctuellement exécutés. Ceux qui chasseront
sans permissions, seront jjoursuivis conformé-
ment aux dépositions de ces lettres-patentes.
TITRE. I. Ciiasse à tir.
Art. ^''^ Les permissions de chasse à tir
commenceront, pour les forêts de l'étal, le
i^t septembre, et seront fermées le 1 mars.
2. Ces permissions ne pourront s'étendre à
d'autre é^ibier qu'à celui dont elles contien-
dront la désignation.
ô. L'individu qui aura obtenu une permis-
sion, de chasse ne doit se servir «lue de chiens
courans et de fusil.
4. Les battues ou traques, les chiens cou-
rans, les lévriers, les furets, les lacets, les
panneaux, les pièges de toute espèce, et en-
fin tout ce qui tendrait à détruire le gibier
par d'autres moyens que celui du fusil, est
défendu.
,'i. Les gardes forestiers redoubleront de
soins et de vigilance dans le tems des pontes
et dans celui où les bètes fauves mettent bas
leurs faons.
TITRE II. Chasse à courre.
Art. 1er. Les permissions de chasse à courre
seront accordées de la manière mentionnée à
l'article 5 des dispositions générales.
2. Elles seront données de préférence aux
individus que leur goût et leur fortune peu-
vent mettre à même d'avoir des équipages ,
et de contribuer à la destruction des loups,
(les renards, et des blaireaux, en remplissant
i Objet de leur plaisir.
r. Les chasses à courre , dans les forêts et
(îans les bois de l'état, seront ouvertes le 13
>eplerabre et seront fermées le 13 mars.
4. Les individus auxquels il aura été accordé
des permissions pour la chasse à courre, obtien-
dront des droits au renouvellement de ces
permissions, en prouvant qu'ils ont travaillé
à la destruction des renards , loups , blaireaux
et autres animaux nuisibles, ce qu'ils feront
constater par les conservateurs forestiers.
Ortjanisadon delà louvcierie. (-lo août, 1814.)
La louveterie est dans les attributions du
grand veneur.
Le grand veneur donne des commissions
honoriliquesdc licutenans de louveterie, dont
il déterminera les fonctions et le nombre , par
conservation forestière et par déparlement,
dans la proportion des bois qui s'y Irouvent cl
des loups qui les fréquentent.
Ces conunissions sont renouvelées tous les
ans.
189
Les disposition» (jui peuvent 5lrc faites par
suite des différens arrêtés concernant les ani-
maux nuisibles, appartienuent à ces attribu-
tions.
Les licutenans de louveterie reçoivent les
instructions et les ordres du grand veneur,
pour tout ce qui concerne les chasses do
loups.
Ils sont tenus d'entretenir à leurs fiais uu
équipage de chasse , composé au moins d'un
piqueur, deux valets de limiers, un valet de
chiens, dix chiens courans et quatre limiers-
Ils seront tenus de se procurer les pièges
nécessaires pour la destruction des loups ,
renards, et autres animaux nuisibles, dans la.
proportion des besoins.
Dans les endroits que fréquentent les loups,
le travail principal de leur équipage doit être
de les détourner, d'entourer les enceintes avec
les gardes-forestiers, et de les faire tirer au
lancé; ou découple, si cela est jugé nécessaire;
car on ne peut jamais penser à détruire les
loups en les forçant. Au surplus, ils doivent
présenter toutes leurs idées pour parvenir à la
destruction de ces animaux.
Dans le tems où la chasse à courre n'est plus
permise, ils doivent particulièrement s'occuper
à faire tendre des pièges avec les précautions
d'usage, faire détourner les loups , et , après
avoir entouré les enceintes de gardes, les atta-
quer à traits de limiers, sans se servir de
l'équipage , qu'il est défendu de découpler ;
enfln, faire rechercher avec un grand soin
les portées de louves.
Ils feront connaître ceux qui auront décou-
vert des portées de louveteaux.il sera accordé
pour chaque louveteau une gratiflcation qui
sera double si l'on parvient à tuer la louve-
Quand les lieutenans de louveterie ou les
conservateurs des forêts jugeront qu'il serait
utile de faire des battues, ils en feront la de-
mande au préfet, qui pourra lui-même pro-
voquer cette mesure ; ces chasses seront alors
ordonnées par le préfet, commandées et diri-
gétis par les lieutenans de louveteiie, qui, de
concert avec le conservateur , fixeront le jour,
détermineront les lieux et le nombre d hom-
mes. Le préfet en préviendra le ministre le
l'intérieur et le grand veneur.
Tous les habitans sont invités à tuer les
loups sur leurs propriétés ; ils en enverront les
certificats aux lieutenans de louveterie de la
conservation forestière, lesquels les feront
passer au grand-veneur , qui fera un rapport
au ministre de l'intérieur, à l'effet de faire ac-
corder des récompenses.
Les lieutenans de louveterie feront connal-"
Ire journellement les loups tués dans leur ar-
roudissement, et, tous les ans, enverront un
étal général des prises.
Tous les trois mois , ils feront parvenir au
grand veneur un élal des loups présumés
fréquenter les forêts soumises à leur surveil-
lance.
Les préfets sonl invités à envoyer les mêmes
190
éi.^ts d'après, les .cnscijnemens particuliers
qu'ils pourraient avoir.
AllPiidu que la chasse du loup, qui doit oc-
cuper piliicipalpitieiil les lieulciiaiis de louve-
terie, ne rouriiil pas toujours l'occasion de
tenir les chiens cîi haleine, ils oui le droit de
chasser à courre, deux Ibis par mois, dans les
lorèts de l'état faii^anl partie de leur arron-
dissement, le cbevrouil-brocard, le saufirlicT,
ou 'e Ii«'vrc, suivant les '.ocalilés. Sont excep-
tés les forêts ou les bois du domaine dp l'éliii
de letir arrondissotiient, doit ia chasse est par-
ticulicrenient donnée par le roi aux princes
oj à toute autre person ne.
Il leur est e\pros>^^émenl défendu de lirer sur
Je chevreuil et leiièvrc; le sanglier est cxrc'jïtr
de cette disposition, dans le cas seulement où
il t-endiail aux chiens.
Ils seront tenus de faire connaître cVnque
mois le nombre d'auimaus; qu'ils auront for-
cés.
Les commissions de lieutenant de louvelerie
seront rer-ouvelées tous les um ; elles seront re-
tirées dajis le cas où les lioulenans n'auraient
pa< justifié de la destruction des loups.
Tous \es ans, au premier mai, il sera fait, sur
le nombre des loups tués dans l'année, un rap-
port ;;énérui qui sera rais soas les ^cux du
Roi.
fSuit la dc'lerminafion de l'uniformc.J
Extrait (le la loi des finances (28 avril 1816. )
ronT U'AUMES.
Titre 7, art. 77. Les dispositions des lois, dé-
crets et ordoiinances auxquelles il n'est pas dé-
rojé pnr la présente loi, et qui réprissent ac-
tuellement la perception des droits d'enrejiis-
trement, permis fV>. pnrt darmcs , etc., etc.,
sont et demetirent maintenus.
Néanmoins, le droit sur les permis A: port
d'armes est réduit à 15 francs.
Délivrance dos permis de port dannes. (Or-
doanance du 17 juillet I81G. )
LOTUS, etc., vu le décret du 1 1 juillet ISIO
cl l'art. 77 de la loi du 2S avril I.SIG ;
ConsidéranI que la faoullé accordée aux per-
sonnes décorées des ordres français d'obleu'r
des permis de port d'armes en payani souie-
ment un franc n" i point été confirmée p^r 'a
loidu'2S avril, qui a réduit do moitié le pvix de
ces poranis; que celle exemption est on oppo-
sition avec le texte, et l'esprit de noire Çliarle,
qui n'admet aucun privilège eu matières de
conlributians ;
Sur le rapport de noire ministre secrétaire
d'état des linances,
Nous avons ordonné cl ordonnons ce qui
suit :
Art. fr. La facuUé accordée par les décrets
des -2-2 mars 1BI1 et \2 mars \H\r,, aux person-
nes décorées des ordres français qui existaient
Blors, de ne paver qu'un franc {!ko pour l'ob-
tention du port d'armes, laquelle faculté a été
étendue par notre ordonnance du 9 septem-
bre 1SI4, aux chevaliers de notre ordre roval
et militaire de St. -Louis, est et demeure sup-
primée; en conséquence, le droit de quinze
Irancs, Uxé par l'article 77 de la loi du -2S avril
dernier, sera payé i ndistluctemenl partons
ceux qui seront dans le cas de se pourvoir de
■^es permis.
2. La gratiricalion de trois francs, précé-
demment accordée à tout gendarme, ffarde-
champélreou forestier qui constate des con-
tra ventions aux lois et réglemens sur la chasse,
est portée à cinq francs.
h rirait du Code pénal.
Art. 2S Quiconque aura été condamné à la
peine des travaux forcés à temps, du bannis-
sement, de la réclusion ou du carcan, sera
déchu du droit de port rCarmes.
A2. Les tribunaux, jufreant correctionnelle-
ment pourront, dans certains cas, interdire,
en lout ou en partie, l'exercice du port d'ar-
mes.
î". Les tribunaux ne prononceront l'inler-
diclion mentionnée dans l'article prccédc^il,
que lorsqu'elle aura été autorisée ou ordonnée
par unedi-^posilion particulière de la loi.
2)0. Toute attaque , toute résistance avec
violence et voies de fait envers les officiers
minislériels, les {jardes-champétres ou fores-
tiers, est qualifiée, selon les circonstances,
crime ou délit de rébellion.
210 Si elle a été commise par plus de vinj^l
personnes armées, les coupables seront punis
des travaux forcés à temps, et, s'il n'y a pas
eu port d'armes, ils seront punis de la réclu-
sion.
211. Si la rébellion n'a été commise que par
une ou deux personnes avec armes, elle sera
punie d'un emprisonnement de six mois à
doux ans; et si elle h lieu sans armes, d'un
emprisonnement de six jours à six mois.
RECntîTEMENT DE L'ARMÉE.
Le recrutement enlève chaqtic année au
pays les 2/7 environ de la population qui
atteint la virilité.
lip'partifion du ronlinijent annuel entre les
dépurtcmens et hs cantons Le contingent se
répartit chaque année entre les <léparleaiens
et les canlonsi d'après le terme moyen des
Jeunes {.'cns inscrits aux tableaux de recen-
sement d'un certain nombre d'années précé-
deiites. Pour les dépailemcn< , ce nioJe paraît
le plus satisfaisant ; mais pour la sous-répar-
tition entre les cantons d'un même déparle-
ment, on a proposé de prendre pour base-
uon le* listes des recensemous anicrieurs,
mai» les listes du tira!j;c de l'année même, t^'u
allcnd d'une plus longue expérience la dé'.ii-
sion de celte question qui n'est. pas encore
siiKisamment éclairée.
Tnstrurtion denjeunos rjcns recrutes. En 1850,
/c nomhre des jVkhcs gens iUclfre's èlail ih:
:}7.231 ; il se réduit, pour IS;}I. à :{6,3S2 , et
pour 183.'î, à 3i,892; on voit qu'il y a progres-
sion satisfaisante. D'un aiUre côté, les e'ioks
rfg'mcntinres sont également en voie d'eaten-
sion croissante ; eVes ont été suivies en ISSI
par 2",():i9 soldats, en ISÎ" par 30,470, en
1833 /^a*" 32,4a0. fin récent ié;,M(>mciil du m--
nistre de la guerre c«l do^tiné à leur donner
T«ne impulsion nouvelle. On est donc fondé à
prévoir que prochainement tous les jeunes
soldats illettrés y pourront être admis, de
façon que Tarmée ne les renverra dans leurs
familles qu'après les avoir instruits, et rendra
ainsi en quelque sorte au pays plus quelle ne
lui aura pr s.
Exempt ions.— Le défaut de taille a exempté
15,078 jeunes gens-: le minimttni cli 'aille nc-
tuellement exigée pour l'armée e.it de 4 p>ed^
9 pouces 7 lignes; sous l'empire de la loi de
1818, il était de 4 pieds 10 poi-?ps, nussi le
terme moyen des exemptions pour défaut de
taille élait-il alors de 20,')13 sur chaque clause
L'exemption pour infirmités ou difforniilés
offre un chiffre de 18,173. On a remarqu*
qu'il y avait décroissance assez notable dans
le nombre d'excrnpdons accordées pour ce mo-
tif par les conseils de révision; mais en même
temps il y acu augraentaflon daiisle nombrede
congés de renvois accordés plus tard pour le
même motif. Est-ce trop gratRÎe faciiiié dels
part des conseils dp révision pour les condi-
tions d'admissibilité , ou trop grande sévérité
de la part des autorités militaires? peut-être
un peu de l'un et de l'autre. Les départemeu';
qui du reste ont présenté le plus do jeune»
gens impropres au service sont l'Allier , Van-
cluse , la Seine-Inftrieure, îa l'anîc-Loire ,
le Pas-de-Calais ; ceux qui en ont donné lo
moins: l'Yonne, le Jurn. '3 ^Inrbi'han , ]y
Corse , la Haute-lMavne. — 3'our l'exemption
des aînés d'orphe'ins , il y a progression crois-
saule sur les années précédentes; la propor-
tion se maintient au contraire avec éj^alité
pour les fils de x'euves; il y a diminution
depuis l'^.'îOpour l'exemption des fils de sep-
tuagénaires et d'aveugles. Celle d&s aînés de
deux frères est presque insignifiante ; celle
des puînés de frères aveugles ou im^otens.
bienfait de la nouvelle loi, est iiu peu plus
considérable. Enfin , celle des frères de mi-
litaires va décroissant, ce qui est dû à la dis-
position de la nouvelle loi qui n'en accorde
plus le bénéfice aux frères d? remplaçans.
Déductions. Les déductlpns sout un aran-
tage accordé par îa loi à raison de certaines
professions de service public , de prix rcm-
pdrtés , etc ; elles différent des exemptions en
ce que !evide(}u'eUes laissent resteà la charge
du contingetil , et n'e:t pas rempli par l'appel ! jeunes soîdajs , la mortalité dépasse 5 p. 0,0.
de numéros plus élerés. 7)''puîs 1830 , é? tiojn- l-a profession militaire en temps de paix serait
bra des jetines gens déduits parcs qu'ih \ co-.ic favorMbîc à îa conservation de î'exis-
se sont voués à rinslmnion publique a prêt" teuce.
m
qve dnuhlé; il y a eu an. contraire de'crois-
satiee flans celui des déduits comme élèves des
grands séminaires.
Pénalité. Le nombre des insoumis a été
pour tS32, dc'2,t7i; il y a décroissance re-
marquable relativement aux années précé-
dentes : il n'y a eu que 31 jeunes gens condam-
nés pour s'être rendus impropres au service.
Vn seul médecin appelé aux conseils de révi-
sion, et un seul fonctionnaire public ont été
punis pour s'être prêtés à de coupables ma-
îuruvres.
Piépurtition du contingenl.VnTmveacmQT ,
genre de service pour lequel on trouve quel-
que répugnance dans l'intérieur de la France,
c'esi-à-dire hors du littoral, a reçu 2,677
hommes ; c'est la faible proportion d'un
homme par canton.— En ce qui concerne
l'armée *p terre, la cavalerie se recrute sur-
tout de hommes des anciennes provinces
d'.^isace. Lorraine, Flandre et Picardie, con-
sidérées depuis long-temps comme fournis-
sint les meilleurs cavaliers : toutefois cette
disposition n'a rien d'absolument exclusif.
L'administration de la guerre ' s'attache à
donner au recrutement de cette arme une
extension qui doit profiler au pavî ; car i! en
résultera qu'un plus grand nombre de dépar-
temens verront rentrer dans leur sein des
hommes instruits dans la manière d'élever et
de soigner les chevaux. —Pour les armes spé-
ciales , on désigne surtout les jeunes gens qui
sont selliers, bourreliers, maréchaux; pour !o
génie, les ouvriers en bois, en pierre. en far, etc.
Cotnposi ion de l'effectif de l'armée. En
!R;J0 et 1831, sous l'iuQuence des pl-évisiohs
de guerre, le nombre des engageinens volon-
taires avait été en croissant dans une propor-
tion considérable; par le motif contraire,
depuis 187)2 il décroît non moins notablement;
il y a au contraire croissance dans le nombre
des rengagemcns : c'est à la fois un éloge et
un bienfait pour l'armée. Quant aux rempla-
'■ans, on a coustaté une amélioration notable
dans le personnel, et aussi quelque diminu-
iion dans le nombre des fraudes et mancpuvres
q,ui se rattachent aux remplacemens. 3Iais Je
noînbredesremnlaçans va toujours s'augmeo-
tant par la disposition toujours croissante des
jeunes gens à se faire remplacer ; il en
résulte que le chiffre des rcmplaçavs entre
j.onr phi? (î'un quart dans la composition du
contijifienl dl/ild en 1833).
Mortcjilé dans l'arr^iée. La comparaison
eatrc les libérations qui ont eu lieu ea 1832,
183? et 1334, cl les incorporations correspon-
dantes des; aanées 1824, 182.j et 18-26, offre
■jne perte en hommes de 4 p. 0 0 environ par
année, tautiis que dans la vie ordinaire , et
pour la même période d'âge que celle des
192
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00
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iNoiubre
proportionnel
sur 100 jeunes
<ei)s examinés.
Nombre
des exemptés
et déduits.
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193
N. 1
Tableau reprcsciilanl pat- département et pour la classe de 18o3, le chiffre des recenses, celui
du contingent , et le degré d'instruction des appelés.
DKPARTEMF.NS.
Ain
Aisne. . . . . '
Allier. . . . ]
Alpes (Basses-)!
Alpes (Haules-i
.\r(1èc)ie . . . .
Arderines. . , !
Arit^ge
Aube. ...,',
Aude. . . , . ,
AvL-yron.
B.-du-Rbône. '.
Calvados.
Cantal . . . . '
Charente. '. '.
Charente-Inf. '.
Cher. ....
Corréze . . .
Corse . . . , ,
Côte-d'oi- . '. '.
CôteS-du-IVord.
Creuse. . . . .
Dordogne . . .
Doubs
Drôme
Eure
Eure-et-Loir.
Finistère. . . .
Gard
Garonne (Hte-
Gers ......
Gironde . . . .
Hérault
llle-et-Vilaine .
Indre
Indre-et-Loire.
Isère-.
Jura
Landes
Loir-el-Cher. .
Loire
Loire (Haute-).
Loire-lnfer. . .
A reporter.
3476
4565
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5239
2962
4099
2907
4585
S966
4761
2257
2482
5050
2792
2556
2154
5692
2754
4050
459055
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1150
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417
504
89 i
675
668
555
715
935
785
in8
662
9i8
1056
687
856
55-2
988
1478
751
1505
691
751
86 i
591
1596
911
1556
807
13-20
882
15.Ô2
639
666
1422
804
750
661
1010
775
1148
57757
42
54
10
7
6
50
2
41
2
12
S5
11
99
95
6
15
17
20
20
5
93
6
29
15
24
43
11
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14
52
15
32
11
199
8
95
46
9
38
7
7«
54
60
462
773
169
222
242
320
513
221
594
551
564
526
754
512
378
507
l.'^S
106
259
67o
257
248
289
548
293
499
382
267
514
358
576
682
518
403
148
258
647
666
209
236
526
205
596
16220
356
500
664
182
51
4,SS
1.53
402
97
554
470
550
270
265
527
502
485
650
218
208
1118
465
965
91
414
262
197
1070
585
590
405
526
553
616
505
581
600
123
473
294
586
512
662
18543
DEPARTEMENS.
Report .
Loiret ....
Lot
Lot-et-Garonne
Lozère. ...
Maine-et-Loire
Manche . . .
Marne. . . .
Marne (Haute
.M a vanne. . .
Meiulhe. . .
Meuse ....
Morbihan . .
Moselle. . . .
Nièvre ....
Nord
Oise
Orne
I Pas-de-Calais
PuY-de-Dôme
Pyrénées (B.-)
Pyrénées (H.-)
Pyrénées-Or. .
iRhin (Bas-) . .
jRhin (Haut-) .
Rhône
Saône (Haute).
Saône et-Loire
Sarihe
Seine
Seine-Infér. . .
Seine-et-Marne
Seine-et-Oise .
Sèvres iDeux-).
'Somme
I Tarn
I Tarn-et-Gar. .
Var
Vaucluse. . . .
Vendée
Vienne. . . . •
Vienne (Haute)
Vosges
Yonne
Totaux.
439035
2895
25-S
2781
1249
4202
47-22
2796
2286
2976
4053
269 i
4006
3741
2874
7841
285805
Ë3
37757
704
745
869
372
1159
1447
711
582
839
1070
753
1114
1050
761
3351
955
5548
1014
M32
1551
5144
1489
3^07
1075
2267
610
1482
414
5475
1.327
5983
1118
5814
993
5198
831
5iî;o
1356
5977
1061
50-25
1429
4876
1546
2907
725
5731
998
3652
774
4594
1.-21
5126
912
2019
6-24
2867
795
1963
585
3629
949
2329
697
2818
780
5998
1016
3292
819
79653
1347
14
18
20
44
71
275
7
4
57
9
19
■ 59
10
17
87
29
99
138
47
51
58
1
38
144
24
66
62
27
28
19
65
12
13
13
31
3202
16220
373
190
582
151
405
807
5h8
441
2-54
748
626
228
871
172
1310
638
543
766
403
577
541
118
1251
716
575
583
533
248
1148
8.53
519
689
377
724
248
20T
208
231
259
191
7.-4
488
18543
5117
532
461
146
629
295
155
85
548
92'
169
565
734
'214
544
5-27
959
465
181
233
123
191
746
626
196
529
142
251
346
340
583
597
415
245
678
428
580
248
526
38524 34892
* Celte colonne, additionnée avec les deux précédentes, devrait en apparence reproduire le total de la
secontle, et cependant celle-ci présente une diQérence en plus de 3517. Ce chiffre est celui des jeunes gens
dont on n'a pu constater le degré d'instruction.
INSTRUCTION PUBLIQUE. — AVIS AUX
PARENS.
On se rappelle qu'avant la révolution de
1830, les jeunes gens qui voulaient suivre
los cours de médecine et prendre le grade
de docteur, ne pouvaient être admis à la
première inscription qu'en présentant le di-
plôme de bachelier ès-sciencesj cette me-
sure, établie par une ordonnance du 5 juil-
let 1826, excita de vives réclamations pen-
j dant tout le temps de sa durée; c'était, en
effet, un grand obstacle pour ceux qui vou-
laient suivre la carrière médicale, que celte
obligation de passer , avant d'entrer à l'é-
cole, un examen sur la chimie, la physique,
les mathématiques, etc. Aussi, pour éviter
le retard apporté par cette mesure, le plus
grand nombre des élèves éludaient l'ordon-
nance en prenant leurs premières inscrip-
tions comme officiei-s de santé, le grade de
bachelier ês-sciences n'étant point imposé à,
194
ceux-ci; ils convertissaient plus tard ce» in-
scriptions en inscriptions pour le doctorat et
ils avaient eu le temps de se préparer à
Texaraen de la Faculté des sciences, pendant
les deux premières années d'étude à Técole
de médecine.
Cet al)us fut réformé en 1830, non pas au
moyen de quelque disposition plus régu-
lière, mais par la suppression pure et sim-
ple du baccalauréat ès-sciences pour lesélè-
■ves en médecine.
Ou ne tarda pas à sentir tous les inconvé-
nieus de cet abandon; l'élude des sciences
accessoires, si utile aux médecins, fut né-
gligée, et c'était Une garantie de moins
d'une bonne et solide instruction. J.es hom-
mes sages qui suivent atlenlivemeut la
marche de renseignement médical réda-
Hiaient avec instance le rétablissement de
i'examen de bachelier ès-sciences pour les
élèves en médecine. Une ordonnance royale
du 9 août satisfait aux exigences de rensei-
gnement, sans compromettre les véritables
intérêts des élèves; ainsi l'article 2 de celle
ordonnance porte qu'à partir du !■=' novem-
bre 1837, nuY ne pourra c'irc admis à sou-
ienir son premier examen dans une Facul-
té de mcdccine, s'il ne jiislijie du diplôme
(le bachelier ès-sciences.
L'ordonnance ne fait qu'augmenter les
garaotics d'instruction, sans faire peser sur
les élèves de nouveaux droits onéreux; ain-
si les frais de cet examen seront déduits au
prolit de l'élève sur le prix des inscriptions
qui lui restent à prendre.
L'ordonnance que nous citons réforme
encore d'autres abus; elle rétablit l'examen
de bactielier ès-leî!res pour les élèves des
Tacultés de droit et de médecine , avant
toute inscription prise à quelque titre que
ce soit. Ainsi que le dit l'exposé des motifs,
la première réforme à faire est de n'admet-
tre dans les écoles supérieures etsppciales,
que les élèves préparés à les suivre utilc-
jnent; or, c'est bien le moins que ceux qui
aspirent aux i)roressions d avocat ou de mé-
decin se montrent capables d'écrire en
français et d'expliquer un peu de latin; aus-
si tout Je monde approuvera l'article 1 por-
tant qnà partir du 1 novembre 1830, nul
ne pourra éU'C admis à prendre sapremicre
inscription dans nue Faculté , ii quelque
titre que ce soit, s'il ne justifie du diplôme
de bachelier es-lettres. Sont exceptées les
inscriptions dites dçcapaçitéj cçtte excep-
tion d'applique aux candidats non bache-
liers , qui veulent suivre uno faculté des
droit pour une année sculemeat et en se
bornant exclusivement à des cours de droit
civil français et de procédure, dans le but
d'obtenir le certificat de capacité réclamé
pour quelques professions qui sont prises
souvent à une époque déjà éloignée des
études de la jeunesse.
Art. 1er. A partir du 1er novembre 1836,
nul ne pourra être admis à prendre sa pre-
mière inscription dans une Faculté, à quel-
que titre que ce soit , s'il ne justifie du diplô-
me de bachelier-ès-lettres; sont exceptées
les inscriptions dites de capacité.
Art. 2. A partir du 1er novembre 1837,
nul ne pourra être admis à soutenir son pre-
mier examen dans une faculté de médecine,
s'il ne justifie du diplôme de bachelier-ès-
sciences , dont les trais seront déduits au
profit de l'élève sur le prix des inscriptions
qui lui restent à prendre.
Art. 3. Seront dispensés derobligationdu
baccalauréat-ès-sciences les étudians en
médecine qui , en prenant leur cinquième
inscription, déclareraient n'aspirer qu'au
titre d'oflicier de santé; mais ladite inscrip-
tion et celles qu'ils continueront de prendre
dans le même but ne seront, dans aucun cas,
admises à leur compter pour le doctorat en
médecine.
Art. 4. Les inscriptions, quel qu'en soit le
nombre, prises dans une école secondaire de
médecine, ne pourront être échangées, jus-
qu'à concurrence de quatre inscriptions ou
plus, pour le doctoral, dans une Faculté de
médecine, qu'autant que l'étudiant justifie-
rait des diplômes de bachelier-ès-lellres et
de bachelier-ès-sciences.
Pour obtenir, par voie d'échange, moins
de quatre inscriptions dans une Faculté de
médecine, il suffira du diplôme de bachelier-
ès-lettres.
M'{. 5. Les dispositions contraires des or-
donnances antérieure* sont et demeurent
rapportées.
INSTRUCTION PRIMAIRE. — Autorisation.
Le fait d'avoir tenu une école primaire
sans auloiisation, ne peut être excusé sous
le prétexte que le prévenu n'y recevait que
SCS pclils-fils et un petit nombre d'eufans
de plus proches pareus ( çoar dç cass., 2i
septembre 1835},
195
RÉPERTOIRE DOMESTIQUE.
I. ÉDUCATION DE L'ENFANCE. -îl. MORALE ET BIEN-ETRE DES FAMILLES.
-III. ÉCONOMIE USUELLE.
TABLEAU DU COURS DE LA RENTE 5 P. 0/0,
DE 1799 A 183(), A LA BOLRSE DE TARIS.
Ce lableau a un douMe intérêt :
10 L'intérêt général historique, car le cours
des fonds publics d'un pays est inlimemert lié
à son histoire; il en est comme lo thermomètre
politique;
20 Un intérêt particulier pour les maires et
les communes, car les communes ont prés de
soixante millions placés en rentes sur l'état,
et les établissemens de bienfaisance enrîron
quatre-vingt-dix millions (Ij.
Lorsqu'un état se treuve dans quelque pres-
sant besoin, pour lequel ses recettes ordinaires
ne peuvent suffire, au lieu d'augmenter sou-
dainement ses impôts de la somme nécessaire,
ce qui serait souvent funeste ou même impra-
ticable, il emprunte cette somme, eu n'accrois-
sant les contributions que de ce qu'il faut pour
payer l'intérêt annuel de la dette. C'est un
moyen de répartir jusque sur un avenir éloi-
gné l'acquittement des charges du présent.
L'état peut sans doute rembourser ces dettes,
mais il n'est jamais tenu de le faire. Il en
résulte que les titres de cette dette remis aux
prêteurs représentent bien le capital, mais ne
garantissent que l'intérêt; de sorte que celui
qui veut réaliser ses fonds, ne pouvant exiger
le remboursement, est obligé de vendre son
litre. Ces titres sont en effet négociables, et
se transmettent comme toute espèce de pro-
priété. Leur valeur est néccssairimenl fondée
5«r la confiance qu'inspire l'état lu débiteur, et
doivent suivre toutes les vicissitudes auxquel-
les les gouvernemeus sont exposés. S'il y a in-
quiétude de guerre , de révolution, les rentes
inspireront moins de confiance , seront moins
recherchées, s'achèteront à moindre prix; il
y aura baisse. Qu'au contraire la prospérité
soit certaine, la sécurité complète, les rentes
paraîtront un bon placement , on les paiera
plus cher: il y aura hausse. Le plus ou moins
(1) Les communes ont '2,715,027 fr. de rentes sur i é-
tal et les liôpitan.N, au.^i que les liospices, 4,"ilS,0û-2 fr.,
fans corapler les somjiies placées au trésor. '^Potumcnj
i(atii(ttjucs jj'dlics p»r t? ministi t du iommcrci'.)
de confiance qu'inspire ainsi la solvabilité de
l'état est ce qu'on appelle le crédit public.
Le cours de la rente est donc l'indicateur du
crc'dit public.
(]e tableau comprend le cours de la rente
cinq pour cent depuis 1799, c'est-à-dire au
sortir des orages révolutionnaires, jusqu'à
1836. Il présente le cours le plus bas et le cours
le plus haut auquel la rente s'est vendue, et
en regard, d'une manière brève, se trouvent
les événemens qui ont pu contribuer aux va-
riations du cours.
Si l'on jette un rapide coup d'œil sur les
points les plus saillaus de cette histoire, ou
voit que c'est par le chiffre de sept francs que
s'ouvrent les rentes françaises. Centfrancsdus
par l'état n'étaient pas évalués alors à plus
haut prix que sept francs , c'est là la mesure
du crédit tel que l'avaient fait les crises révolu-
tionnaires, l'insignifiance du gouvernement
directorial , et nos revers en Italie pendant
la campagne d'Egypte. Vers la fin de la même
année 1799, la rente se relève jusqu'au dessus
de i22 fr.; c'est que la journée du 18 brumaire,
en porlantBonaparte au pouvoir, avait ramené
ùcs espérances d ordre , de force et de pros-
périté. C'est en 1807 que la rente monte au
plus haut cours qu'elle ait atteint avant la res-
tauration. L'empire était alors à l'apogée de
la gloire et de la puissance; l'Autrijche, la
Prusse, la Russie avaient été contraintes à
la paix ; les frères de Napoléon régnaient à
Kaples et à La Haye; la guerre n avait
pas été portée en Espagne. L'époque qui porta
la rente à son cours le plus élevé (îlO fr. 6a
c.) , est l'année 1829 ; le ministère de M. de
Martignac semblait ouvrir pour la France
une ère de confiance , de progrès et de
sécurité. La violente secousse de 1830, l'agi-
tation européenne et les craintes de guerre
qui en furent la suite durent nécessairement
imprimer à la rente un mouvement rètrogade,
dont elle commence à se relever, grâce aux
convictions de paix extérieure et a la force
que le pouvoir reprend à l'intérieur. Le 19
janvier I83(j la rente s'est élevée au-dessus de
110 francs,
1%
1799
1800
1S0I
1S02
1805
1804
1805
1806
180S
1809
1811
t.SI-2
1813
1814
1815
ISIG
1818
1819
18-20
7 00
17 38
41 74
50 15
51 00
5-2 20
51 90
60 40
70 73
78 10
78 40
78 00
7(! 50'
47 50
43 00
52 30
51 50
55 05
60 00
64 85
70 10
18-21 73 75
lS-22 85 -25
18-25
l8-2i
18-23
18-26 !
1827
05 00
95 00
22 30
4i 00
(;s 00
59 0(J
66 (;o
59 73
62 50
77 00
93 65
88 15
83 40
83 15
80 ?0
80 OÙ
6i 40
69 00
80 00
90 O":
93 00
95 W
104 8(
106 -2;i
PRINCIPAUX FAITS
qui ont pu inlluer sur les cours.
95 73 101 05
98 50 104 70
Deuxième coa'ilion contre la France; progrés des Russes en Italie; retour de Bonaparte
en France; 18 brumaire; consulat.
Pacitjcaiion de la Vendée ; victoire de Marengo , les Français aux portes de Vienne,
Paix avec l'Autriche , revers en É;.'ypte et évacuation, paix avec la Russie.
Paix d'Amiens, désastres de l'expédition de Sl-Domingue, consulat à vie.
Rupture avec l'Angleterre, préparatifs d'invasion.
Conquête du Hanovre, mort du duc u'Enghien , empire.
Napoléon roi d'Italie , troi^iéme coalition contre la France, défaite navale de Ttafalgar,
crise de la banque de France, prise de Vienne, Ausierlitz.
Paix de Presbourg, royaumes de Naples et de Hollande, négociations avec l'Anglelerre,
confédération du Rhin, quatrième coalition, Icna, prise de Berlin, entrée à Hambourg
et Varsovie, blocus coulinenlal.
Représailles de l'Angleterre an blocus, Eylau, prise de Dantzick , Friediand, paix de
Tilsilt, troubles en Espagne, prise de Lisbonne.
Entrée des Français à Rome , abdication du roi d'Espagne en faveur de Napoléon, revers.
des Anglais en Portugal, rentrée des Français à .Madrid.
Cinquième coalition , prise de Vienne , revers en Portugal , Wagram , paix de Vienne ,
succès en Espagne, divorce de Napoléon.
Mariage avec ftlarie-Loui.se, succès en Espagne et en Portugal, succès des Anglais
sur mer, réunion do la Holjamleà l'empire.
Naissance du roi de Rome, évacuation du Portugal, succès en Catalogne.
Guerre de Russie, revers en Espagne, cutrée A Moscou, relraiie et désastres.
Sixième coalition , victoire de Lulzen et Bautzen, revers en Espagne, défaite de Leipsick,
retraite, invasion de la France.
Campagne de France, abdication de Napoléon, restauration des Bourbons, traité de paix,
charte constitutionnelle, Congrès de Vienne.
Retour de Napoléon, cent jours, Waterloo, rentrée de Louis XVllI, occupation élran
gère , contribution des sept cents millions, condaintratioii de Ney.
Inscription de quatorze millions de rentes pour la garantie des puissances étrangères,
dissolution de la chambre des députés, hivers rigoureux et disette.
Diseile. réduction de l'armée d'occupation, loi sur les élections, troubles de Lyon, négo
ciation d'un emprunt de 50 millions.
Traité d'.4ix-la-('hapelle, réorganisation de la garde nationale, ministère Decazes, départ
des troupes étrangères.
Dégrèvement, mort«de Georges III, roi d'Angleterre, inLmrrcclion des troupes espagnoles
à Cadix.
V:^sas;inat du duc de Berry. loi du double vole , établissement du système constitutionnel
en Espagne, à Naples.en Portugal, naissance du duc de Bordeaux, congrès de Troppau
llenversemenl du système conslutionnel à Napics et en Piémont , ministère de Vlllele,
nouvelle de la mort de Napoléon, congrès de Leybach.
Mouvement en France , troubles à Lyon, congrès de Vérone où l'envahissement de l'Es
pagne est résolu.
Entrée en Espagne, progrès de l'armée française, ordonnance d'Andujar, soumission de
Cadix.
Projet de remboursement du cinq pour cent, les .\nglais en Portugal, mort de Louis XVIII
Lois sur le sacriiége et 1 indemnité, reconnaissance île l'indépendance d'Haïti, mort de
l'empereur Alexandre, troubles à St-Pèicrî.boiirg, guerre de Grèce.
Rejet 'lu projet de loi sur le droit dainesse, mon de Jean VI, roi de Portugal, abdication
et constitution de don Pedro, insurreclion à Lisbonne, constitution.
Rejet du projet de loi contre la presse, licenciem'.Mii de la garde nationale de Paris, traité
pour la Grèce, bataille de Navarin, dissolution de la chambre des députés, élections
18-28 101 23
1829106 30
1830
1S51
1832
18ji
1835
84 50
7i 75
92 00
109 00
110 03
98 80
99 85
99 65
103 10
106 75
108 00
105 45 Pr
libérales, émeutes de la rueSt-Deni
Ministère Martignac, guerre des Russes et des Turcs, don Miguel roi de Portugal, expédi-
tion de Morée.
Emancipation des catholiques en Angleterre, progrès des Russes contre les Turcs, minis-
tère Polignac, ho>tilité de l'opinion publique.
Adresse des 221, expédiiion d'Alger, dissolution de la chambre des députés, réélection
dos 221 , prise d'Alger , coup-d état, révolution, Louis-Philippe roi, .évolution belge,
ministère Laffilte, insurrection polonaise.
Insurreclion en Italie, mini^tère Périer, troubles en Bretagne, entrée des Français en
Belgique, prise de Varsovie, suppression de Ihèrédité de la pairie , insurrection de Lyon.
Choléra-morbus, expédition d'Ancone, mort de (^a^imir Périer, la duche.sse de Berry en
Vendée, journées des5el6juin, mort du duc dcReich-;tadl, entrée de don Pedro en
Portugal, mariage du roi des Belles avecuneprincesse française, ministère Soult,arres
talion de la duchesse de Berry, siège et prise d'Anvers
"grès des Egyptiens contre les Turcs, intervention russe, agilaiions, paix, en]
iona Maria reine de Portugal, mort du rci d'Espagne, avènement d Isabelle 11.'
Orient
107 OOlLois répressives en France, soulèvemens de Paris, Lyon, ( te, (in de la lutte en Portugal,
don Carlos en Espagne, maintien de la paix.
110 30 1
( Les événemens qui ont Inlluô sur les cours sont trop présens pour qu'il soit utile de
110 ICI les énumérer ici.
Puissance des intérêts capitalise's.
Ce fait vient de se passer dans Tun des
déparlemeus de Touesl de la France. Une
jeune fdle, née de pauvres parenset vivant
du produit de la pèche dans un port de mer,
vient d'hériter d'une somme de 230,000 fr.
que lui a léguée un de ses ancêtres. Voici
ce qu'on raconte à cet égard. Il y a deux
siècles, c'était en 163i^, vivait dans le même
lieu un vieux marin retiré qui n'avait plus
d'autre soin sur la terre que celui d'élever
dans l'amour de la vertu la nombreuse fa-
mille qui l'entourait. Tous les soirs il réu-
nissait autour de lui ses jeunes enfans et se
' plaisait à leur enseigner, comme il le pou-
vait, tout ce qu'il avait appris jadis dans
ses voyages. Il prenait surtout un plaisir
extrême à transmettre à ses fds la petite
dose de connaissances dans les sciences
exactes qu'il avait amassée, et à leur pro-
poser la solution de nombreux problêmes
de géométrie pratique et de calculs de tout
genre. Il cherchait à leur expliquer com-
ment l'argent se renouvelait par le travail,
comment il se reproduisait, pour ainsi dire,
comme le blé, sans qu'il fût nécessaire de le
planter. Il faisait voir l'absurdité des avares
qui enfouissent leur trésor et qui au bout
de quatorze ans ne retirent pas unhard de
plus qu'ils n'en ont mis dans le trou, tandis
que ce môme argent serait doublé , s'il eût
été confié , pendant le même espace de
temps, à quelque négociant trafiquant avec
l'Inde ou avec tout autre pays.
Tous les enfans écoutaient avec un© re-
Hgieuse attention l'explication de ces phé-
nomènes; une jeune fille d'une douzaine
d'années surtout était émerveillée. Ainsi
donc, disait-elle, si je donnais 20 fr. â notre
cousin l'armateur, il m'en donnerait qua-
rante dans quatorze ans, ou bien 80 dans
vingt-huit ans. '
— Oui, répondit le père; et si cet argent
restait dans ses mains pendant un siècle ou
deux , cela deviendrait une grande fortune.
La jeune fille, émerveillée d'un résultat
qu'elle ne pouvait concevoir, résolut cepen-
dant de remettre à son cousin les 20 fr. qui
devaient être si productifs, et qu'elle se pro-
cura par la vente de ses boucles d'oreiî-
les. C'est le résultat de cette accumulation,
qui, dans l'intervalle, a contribué à la for-
lune de tous lesdescendans du cousin, que
vient de toucher la petite fille dont nous
avons parlé et qui étaient désignée par la
volonté de son ancêtre.
197
Ce résultat, tout élonnanl qu'il paraisse
d'abord, est cependant bien simple; il est
fcuidé sur l'accroissement progressif désinté-
rêts capitalisés, et chacun peut aujourd'hui,
grâce à la Banque de prévoyance foiidéede-
puis dix ans à Paris parordonnance royale,
se procurer, sans le secours d'une parenté
séculaire, des avantages égaux à ceux que
nous avons signalés ici.
Rendons plus palpables encore ces avantages
par un tableau synoptique qui portera la con-
viction dans les esprits les plus méticuleux.
Rentes fournies par divers.
no io() .^ioof.
Chaque sociétaire jouit d'a-
bord de no
Apvèslel"?'- décès on jouit de nr>
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
9 le dernier jouira
pendant sa vie de . . .
et au décès de ce dernier
chaque famille reprendra .
62
71
83
100
12.">
166
230
100
111
12.'>
142
166
200
2?Î0
333
500
500
62,';
710
830
lOOO
11. ')0
160.-;
250f»
nm 1000 5000
50 100
300
Nous le répétons , rien ne peut être com-
paré à une pareille combinaison et il est du
devoir de tous les bons citoyens, de tous les
bons époux, de tous les pères de famille de
prendre une part active à des opérations
qui, loin do tromper jamais leurs espérances,
accroîtront d'une manière positive le bion-
ètro des personnes qui leur sont chères et
pourrqnt prévenir ou réparer tous leurs mal-
heurs.
Le mécanisme des opérations de cette ban-
que est simple, soit qu'on veuille fonder pour
soi , pour son épouse et ses enfans un revenu
progressif, ou seulement former des dots.
Ainsi l'administration réunit dix personnes
du même âge , fournissant une même rente
pour composer un revenu commun. Chacun
jouit d'abord de son propre revenu qui s'ac-
croît à mesure des décès, puis se double, so
triple et finit par se décupler. Et quand les
dix personnes sont décédées, les dix familles
reprennent chacune ce qui lui appartient.
L'exemple de M. le comte de Cornely et de
30 autres sociétaires de la Banque de Pré-
voyance, est là pour leur montrer les résul-
tats certains de cette beUe institution. Déj.
ces honorables citoyens jouissent de 12 à 1,500 f ,
de revenu , pour des mises de 100 f. de renie
et d'autres sociétaires jouiront de 5 à 6,000 f,
de revenu pour leur mise de .">00 f. de rentes,
et cela, nous le répétons, sans faire aucun
tort à|leurs héritiers.
198
PnORMIUM. - Nouveau lin.
Ce lin de la Nouvollo-Zélande qu'après bien
des essais infructueux tant en Anfjlotorrc
qu'en France, on est parvenu enfin à trans-
former en tissus de tout genre , est un fila-
ment qui semble appelé à prendre place dans
la consommation aA ec le lin , le chanvre , la
soie, la laine et le colon qui avaient été jus-
qu'à présent exclusivement employés.
La Nouvelle Minerve, dans une revue d'une
exposition de l'industrie picarde, s'exprime
ainsi dans son numéro du 17 juillet.
• Il est une industrie nouvelle dont le dé-
partement de la Somme vient de prendre l'i-
nitiative. Les résultats en sont immenses.
C'est un fait grave que nous livrons à l'atten-
tion des économistes. Sur le bord destorrens
et au fond des ravins de la Nouvelle-Zélande,
croît une plante qui ressemble à la fois au
glayeul et à l'aloës. Cette plaisle , que les na-
turalistes ont appelée plioimium-teuax , est
le chanvre des indigènes. Ils la raclent avec
de grandes coquilles de moules, puis séparent
;ivec les ongles le chanvre de la filasse. Ils la
lisserit ensuite en nattes, en dentelles qu'ils
l'ont blanchir à la rosée. La beauté de ces tis-
sus avait frappé les navigateurs, (^ook, T'ors-
ter, Dnmont-d Irville en avaient, parlé.
]\1.>I. Lesson et Richard l'avaient décrite dans
leur ouvrage de botanique sur l'Australie.
Léjà, depuis 1S27, plusieurs négoeians an-
glais avaient essayé l'emploi de celle plante.
Capitaux, moyens mécaniques, rien ne fut
épargné. Mais ils ne purent ni la débarrasser
de la résine gommeuse qu'elle distille, ni l'as-
souplir assez pour la tisser. Vn de nos indus-
triels, 31. Liénard , vient de régulariser et de
perfectionner les tentatives jusqu'ici slalionai-
res des Anglais. Il a établi à Pont-llemy une
ijlature de phormium-lenax. Les toiles que
nous avons \ues à l'exposition nous ont paru
aussi belles , mais beaucoup plus solides, plus
solides, ])lus souples", plus légères que les
toiles de lin. Elles nous ont semblé devoir
être très-utiles pour la marine et pour la
voilure. Déjà plusieurs armateurs en ont fait
et renouvelé des demandes. Une des grandes
propriétésduphormiuiu, c'estde pouvoir res-
ter immergé cinq, six, sept mois, sans être
altéré. Des expériences nombreuses sur des
lilets et sur des cables ne laissent aucun doule
cet égard.
BLANCHISSAGE DU LINGE A LA VAPEUR.
Ce système csl Jesliiié à renverser la
\ieille routine du lessivage par la cendre,
procédé long et dispendieux. Après une an-
née d'heureux résultats que M. IJouiujX»
DE Lavkb a obleiuis à rilolel-Dieu de l'oi-
tiers, il déclare lévidence des avantages da
blancliissage à la vapeur, se fondant sursepi
points : 1 . On n'est obligé de cliauffer qu'une
très petite quantité d'eau, et pendant très
peu de temps , ce qui économise infiniment
le combustible' 2. ropéralion,bieu conduite,
ne dure pas plus de G heures pour les grands
appareils, au lieu de 24 heures qu'exigent
les lessives ordinaires, grandes ou petites;
3. on est dispensé d'essanger le linge avant
de faire la lessive; il ne faut ni le battre, ni
le brosser, ni le tordre, etc. -, par conséquent
il est moins fatigué, car il se détruit plus par
toutes ces opérations que par l'usage; 4.
l'emploi de la soude n'attaque pas les tissus;
5. c^Inme le linge prend dans le cuvier une
haute température qu'on ne peut lui donner
par les moyens ordinaires , toutes les subs-
tances qui ie salissent deviennent solubles,
et une seule immersion suffit pour le net-
toyer complètement, sans qu'il soit besoin
de recourir au savon; 6. la dépense ne se
monte pas au 7o de celle des anciens procé-
dés; on a donc vile récupéré les frais de
l'appareil; 7. enfin ou oLtieut du linge plus
blanc et niiei y pur^é de toute saleté; on
peut donc sans inconvénient mettre dans
les cuviers à la fois toute espèce de linge
sale. Cet avantage mérite d'être apprécié,
si c'est à l'usage du linge mal lessivé qu'on
doit attribuer l'origine ou la propagation de
quelques maladies. ~ Voici le procédé de
M. P.. ]»our 100 livres de linge, il faut 2 ki-
log. 1/2 à peu près de carbonate de soude
que l'on fait dissoudre dans 90 litres d'eau.
L'on trempe successivement tout le linge
dans cette solulou, eu commençant par le
moins sale; puis on le laisse macérer dans.
un baquet jusqu'au lendemain. On le place
alors dans le cuvier disposé sur la chau-
dière, puis l'on chauffe; on doit prolonger
le feu jusqu'à ce que l'on ne puisse suppor-
ter la main sur les cercles de fer du couver-
cle du cuvier : c'est un indice suffisant que
la chaleur s'est élevée à 80 degrés; alors
Tcpération est terminée. 11 ne reste plus
(ju'à passer le linge à l'eau pure, sans frot-
ter, en le laissant , eu quelque sorte, s'im-
merger.
Moyen d'asscuer la durée du bois ex-
posé AUX INJURES de L'AIR,
M. Leroux a fait peindre à l'huile et re-
couvrir d'une couche de sable très-fin, pen-
dant que la couleur était encore fraîche, les
diverses ram|>es en bois, les balustrades et les
barrières dii sou parc. Deux couches succès-
sivcs de ccl enduit l'cndiinl Ifis boiis exposés
nnx injiiits de l'air d'uno durcie remarquable ;
les bois tondros, quand ils n'ont pas de poids
à supporter, durent, quand l'opération a été
bfen faite, aussi lonf]^-lonips quo les bois les
plus durs. Un pont couiliuil sur la rivière
du parc , et peint de celte manière, présente
l'aspect de la pierre; garanti, par ce moyen,
de l'humidité et do l'attaque des insectes, il
lift se fendille pas, ne se ^^erce pas, et promet
de durer indéfiniment. On sait que des bancs
de bois faits do manière que l'humidité ne
puisse s'introduire dans les joints, et peints
par ce procédé, durent sans détérioration,.
dans certains parcs, depuis un grand nombre
d'années ; le pont de M. Leroux, et ses autres
constructions de ce genre, \iennent conllr-
inei" l'utilité du- procédé. Le goudron peut
remplacer trés-économiqueuient la peinture
à l'huile pour cet objet.
MODE DB CHAUFFAGE POUR DE GRANDS
ÉDIFICES.
Un mode de chauffage a été dernièrement
adopté avec grand succès dans le nouveau
bâtiment cooslruit pour recevoir un éléphant
dans le jardin de la Société zoologique
de Londres ; il pourrait avantageusement
s'appliquer au chauffage des églises , et de
tous les bâtiraens dont les planchers sont
incombustibles. Cet appareil consiste dans
un canal ordinaire de briques qui est con-
struit sous le plancher, tout autour de l'in-
térieur du bâtiment. Au commencement est
une cavité d'environ 2 pieds de profondeur,
et à l'autre extrémité le canal se termine par
une cheminée; une petite quantité de com-
bustible est alors placée dans la cavité, et
allumée; la pression de l'air établit un cou-
rant comme dans un fourneau; mais toute
la chaleur profite au plancher et au bâti-
ment, à cause de la grande étendue que l'air
échauffé est obligé de parcourir. Il paraît
que les résultats obtenus dans le lieu cité
ont été surprcnans.
MOYEN POUR ÉTEINDRE LES INCfeNDIES.
On avait proposé, dès long-temps, d'im-
prégner les bois d'une dissolution d'alun, ou
de tout autre sel analogue, pour les rendre
incombustibles; mais, soit que la précaution
fût insuffisante, soit qu'il parût plus coû-
teux de la prendre que de s'en abstenir, ce
procédé n'est pas employé. M. Î3erzéiius
avait fait la critique de quelques-uns de ces
moyens; mais M. Gaudin a fait de nouvel-
les expériences, dans la pensée que l'inef-
m
ficacité ne (enaît <|U'à \à nature de ses
employés; à son avis, il n'y a que le chlo-
rure de calcium qui réunisse à lui seul l'a-
bondance et Ig bas prix , la fasibilité et la
solubilité la plus prompte et la plus persis-
laule, la décomposition la plus difficile, et,
par suile, vis-à-vis du bois enignilion, î'ad-
liérence et la pénétration la plus intime,
toutes quahtés précieuses, si ce n'est indis-
pensables, pour l'objet en vue. Injecté en
solution médiocrement concentrée sur les
cliarbons les plus ardens , il les couvre à
l'instant d'une coache vitreuse qui arrête la
combustion sur tous les points de la surface.
Tout autre sel que le chlorure de calcium
borne son action à couvrir le charbon
d'une écorce poreuse qui ne tarde pas à se
volatiliser ou à se dissiper on poussière ^
tandis qu'un charbon incandescent impré-
gné du liquide eu question se comporte com-
me du coke, exigeant , pour brûler, bea-a-
coup de temps, et d'être alimenté d'air brû-
lant, s'éteignant comme une scorie, dès qu'il
est sorti du foyer. L'eau seule ne produit
qu'un refroidissement superficiel et passa-
ger; le charbon éteint par l'eau se sèche
bientôt pour n'en brûler que mieux à la
moindre étincelle , ses pores ayant été vi-
dés des gaz incombustibles pour se remplir
d'air et de vapeur d'eau, de sorte que Tin-
ceudie éclate souvent avec une violence re-
doublée là où la pompe a passé; aussi M.
Berzélius reconnaît que les pompes ali-
mentées par l'eau ne sont presque d'aucun
secours. C'est tout autre chose quand l'eau
contient du chlorure de calcium , pxiisque
les matières combustibles ne sont presque
jamais entassées comme l'exige le coke pour
brûler. M. G. fait remarquer en terminant
que sou procédé ne manque plus que de la
sanction que donnent les expériences faites
en grand, expériences pour lesquelles il
aurait besoin de l'autorisation du gouver-
uemeiit.
POMME DE TERRE.
Cette plante, vulgairement nommée pom-
me de terre en France, cipotafoe en Angle-
terre, paraît originaire de Virginie , l'un des
États-Unis de l'Amérique. On en a trouvé
aussi dans les ravins à Valparaiso, à Monte-
Video. Elle arriva aux régions équatoriales,
en Italie, s'introduisit en AîlemagnCj puis en
Espagne, de là enîrlande et dans toute l'An-
cleterre. — Vers la fin du seizième siècle, la
pomme de terre fut importée d'Italie en
France ; on la planta en Fruuche-Gomlé d'à-
200
bord, puis en Bourgogne, mais bientôt un
préjugé se répandit contre ces tubercules;
on prétendit qu'ils pouvaient donner la lè-
pre, leur usage fui défendu, et Ton cessa de
les cultiver. Ce fut en 1785 que Parmentier
fit le plus d'efforts pour démontrer les avan-
tages que peuvent offrir les emplois de la
pomme de terre. Des calamités de toute na-
ture, en 1786, imprimèrent, à la culture de
celle plante, un certain élan qui fut encore
excité par un stratagème industrieux. On se
rappelle que Parmentier fit garder par des
gendarmes un cbamp planté de pommes de
terre, dans la plaine des Sablons, afin de
donner l'envie d'en dérober : son but fut
atteint. On sait avec quelle distinction
Louis XVI accueillit le philantrope et son
utile plante.
L'bistoire de la pomme de terre, sous le
rapport de ses applications, offre une foule
de détails. Pour celle culture, on peut allé-
ger les terres trop fortes avec des cendres
de bouille, des terres sableuses, du fumier
de filière à longue paille; améfiorer les ter-
res trop sableuses avec de la marne, des ar-
giles plastiques, des dépôts d'égout. La
plantation de ces tubercules a fieu ordinai-
rement dans les quinze derniers jours de
mars ou les premiers d'avril, sur des terres
qui ont porté de l'orge coupé en vert oti da
trèfle. On peut obtenir ainsi deux bonnes ré-
colles par an. Le labour est peu de chose.
Un fait constant aujourd'hui, c'est que la
pomme de terre nous a mis pour toujours à
l'abri des atteintes de la disette. Ce que tout
le monde ne veut pas encore savoir, c'est le
profit réel qu'on en tire, comparativement à
d'autres produits. Un hectare de terre, cul-
tivé en céréales, donnera 550 fr. Les frais de
culture sont d'environ 400 fr. ; le bénéfice
net de 150 fr. ~ Eu pommes de terre, le mê-
me terrain donne un produit brut de 866 fr.;
déduisant les frais, 500 fr. , reste 366 fr., bé-
néfice auquel il conviendrait d'ajouter quel-
que chose pour la valeur des fanes réduites
en fumier ou en cendres, et pour le bon étal
dans lequel le terrain est laissé après la ré-
colte.
Avec la pomme de terre on obtient, en
matière nutritive sèche, pour la même sur-
facA Je terrain, plus de quatre fois davan-
tage ^jue le blé; sa supériorité, relativement
à la nourriture de l'homme, est donc incon-
testable. Il n'en faut pas tirer la conséquen-
ce, toutefois, que le fermier devrait renon-
cer à cultiver les céréales. En économie ru-
rale, le moyen de produire beaucoup est de
varier les cultures.
Le préjugé contre les pommes de terre
s'est éteint; mais il en existe encore un au-
tre. C'est que, cueilfies avant leur maturité,
elles sont douées de propriétés malfaisantes.
Ne sait-on pas que les habilans de la campa-
gne vont, long-temps avant la récolte, arra-
clier des pommes de terre dont ils font leur
principale nourriture? Aucun accident fâ-
cheux n'est la conséquence de l'usage pres-
que exclusif de ces tubercules.
Il arrive souvent qu'on se laisse surpren-
dre dans celte culture par l'intempérie des
saisons; de là il résulte des quantités de
pommes de terre attaquées par la gelée ou
germées. Long-temps on les rejeta comme
sans valeur. Cependant, à l'aide delà râpe
qui les réduit en pulpe, on en obtient autant
de fécule que si on les avait traitées avant
la gelée. Clouet a reconnu que ces pommes
de terre gelées peuvent encore fournir de
l'amidon; voici le moyen qu'il a employé
pour l'extraire : on fait macérer les pom-
mes de terre dans l'eau; on les écrase sous
un pilon, puis on les abandonne à la putré-
faction spontanée; lorsqu'elles ont été suf-
fisamment amollies de celle manière, on les
Iriture de nouveau, et l'on forme, avec la
pâle ainsi préparée, des pains aplatis que
l'on expose au soleil : leur température s'y
élève de 30 à 36 degrés, et la fécule amilacée
se détache sous la forme de grains brillans
et comme nacrés : on réduit le tout eu pou-
dre. L'amidon ainsi obtenu est d'une blan-
cheur remarquable.
En vérité , si la pomme de terre était dé
conservation aussi facile que le blé , l'orge,
l'avoine et les autres céréales, sa culture,
infiniment plus productive, la ferait préfé-
rer dans nombre de circonstances. Le
marc de pommes de terre engraisse éga-
lement bien les moutens. L'hiver, la farine
de celle plante est précieuse pour la nourri-
ture des lapins, des chiens et des chats. On
pourrait alimenter les volailles qui coûtent
toujours plus qu'elles ne rapportent , avec
trente livres de gruau pour cent poules.
Chaque œuf ne reviendrait ainsi qu'à 3 c.
en tout temps. La pomme de terre s'incor-
pore dans le plâtre et forme avec ce mélan-
ge, un enduit peu altérable? C'est à M. Ca-
del-de-Vaux que nous sommes redevables
de cette idée comme aussi de celle d'une pein-
ture en détrempe avec la pomme de terre
cuite, épluchée, écrasée, délayée avec du
blanc d'Espagne. 11 a également proposé le
premier ce tubercule pour remplacer le sa-
von dans le blanchissage du linge. On empâte
les parties sales en les frottant avec de la
pomme de terre épluchée et modérément
cuite.
L'extraction de la (écule des pommes de
terre est une opération fort connue et fort
simple. Dansl'économie domestique, on em-
ploie la fécutepour suppléer à la farine de
froment. Cet aliment, plus facile à apprêter
est, sans doute, moins nourrissant , mais il
se digère plus facilement; et, sous ce rap-
port, convient mieux. Peu différent du la-
pioka, il peut servir aux mêmes usages.
La conversion de la fécule en sucre, indi-
quée d'abord par Kirckoff , est restée long-
temps un procédé de laboratoire, qu'en vain
l'on a espéré porter au degré de perfection,
qui était de produire une substance identi-
que avec le sucre des cannes et des bette-
raves, ou remplacer ces produits dans leurs
principaux emplois. Cependant l'utilité du
sirop de pommes de terre est suffisamment
établie dans d'autres applications, pour que
l'on doive regarder cette branche d'industrie
comme très importante, l'une de celles aux-
quelles la pomme de terre doit sa plus gran-
de consommation. On a long-temps cherché
les moyens d'obtenir le sucre d'amidon, sous
la forme du sucre de cannes, en pains ou en
cristaux prononcés-, mais non seulement la
forme , mais encore la saveur beaucoup
moins sucrée du sucre d'amidon n'ont pas
permis de le substituer à la canne et à la
betterave. L'emploi le plus important en si-
rop de fécule est daos la fabrication de l'al-
cool; on fait aussi un assez grand usage de
ce sirop pour la préparation du vinaigre
blanc. Lorsque l'orge et les autres graines
céréales sont à un prix un peu élevé, l'em-
ploi du sirop de fécule présente des avanta-
ges marqués aux brasseurs. On peut aussi,
lorsque le miel et la mélasse sont chers, sub-
stituer à ces substances le sirop de fécule
dans la fabrication du pain d'épice, et peut-
être aussi dans la nourriture que l'on donne
l'hiver aux mouches à miel.
301
Le sirop de fécule a été appliqué par nous
avec succès et avec une écouomie marquée
à la préparation d'un cirage pour les chaus-
sures. Dans cette opération, l'acide sulfuri-
que, employé à la ^accharificatiou, est en-
core utile pour réagir sur le noir d't-
voire.
La pomme de (erre, soumise à l'action de
la presse et amenée à l'ébuUition, donne une
belle couleur grise inaltérable. De sa fleur,
on tire une couleur jaune aussi durable que
brûlante. En plongeant dans une teinture
bleue le fil qui a été immergé dans ce jau-
ne, on lui fait acquérir une couleur verte
d'une solidité garfaile.
C'est à M. Moris qu'est dû l'emploi du li-
quide contenu dans les pommes de terre
pour nettoyer diverses étoffes, et particu-
lièrement l'es tissus de coton, de laine et de
soie. Dans la fabrication delà soude encore,
le solanum donne des sels convenables au
blanchiment et préférables aux soudes que
nous lirons à grand prix de l'étranger.
Nous avons dit, en commençant, que l'u-
sage de la pomme de terre fut long-temps
regardé en France comme pernicieux, cau-
sant des maladies graves. Cette fausse idée
a été détruite par les faits; mais combien
la découverte d'une application de co tuber-
cule au scorbut doit-elle inspirer de recon-
naissance pour le zélé Parmenlier. Oui, la
pomme de terre est un excellent m^yen
thérapeutique contre les atteintes scorbuti-
ques. Les marins qui ont voyagé dans les
Indes assurent que les indigènes, en s'em-
barquant, ne manquent jamais de s'appro-
visionner de ce tubercule, qui leur sert à la
fois d'aliment et de préservatif contre cette
horrible maladie.
Voilà tout ce qu'une plante peut conte-
nir de bienfaits. Il semble que la pomme de
terre doive suffire à tous les besoins de
l'homme. Après y avoir béni la prévoyance
paternelle de Dieïi, on ne peut s'empêcher
d'admirer la science qui, s'emparant de ce
tubercule, y a trouvé comme une source
inépuisable de richesses. A. Pavex-
202
KEPEETOmE PROFESSIOÎVIXEL-
I AGRICULTURE. -IL ARTS LIBÉRAUX. -III. COMMERCE.
VAPEUR APPLIQUÉE A L'AGRICULTURE.
L'idée (i'ane ferme à la vapeur, (Fuiie
fcriiie à cuUivc/ par la vapeur substituée
aux forces animales, a élé traitée jusqulci
(le vision et d'absurdité par tout le monde,
f-i { on en excepte quelques personnes et
quelques sociétés d'agriculture qui ont sou-
tenu dans des publications la possibilité et
Timportance de l'application de la vapeur^
iiux opérations les plus difficiles du labou-^
rage de la terre.
Entin, le problème a fiiii par être com-
plètement résolu. M. Ilenlhcoat, membre
<lu parlement d'Angleterre, l'injénieux in-
venteur de la macbinc à dentelles, a le mé-
rite d'avoir conçu et exécuté cette nouvelle
iipplication de la science mécanique à l'aug-
mentation dos ricbcsscs de son pays. Sa
première machine a été construite spéciale-
ment pour le labourage de terres maréca-
geuses, et a été employée avec succès, il y a
déjà quelques mois, dans le Lancashircet à
Jied-Moors, près de ïîotton-le-Moors.
Pendant les vacances de Pentecôte du
parlement, un nombre considérable de per-
sonnes des diverses parties du pays se sont
réunies pour assister à une expérience de
cette invention nouvelle et intéressante.
Deux charrues de ditlérenlcs constructions
ont fonctionné à l'admiration des spectateurs
et particulièrement la charrue d'invention
la plus récente, qui fait double fonction et
se trouve construite avec deux contres sur
Je même plan, de sorte qu'elle tourne seule
quand elle arrive au bout du sillon et en
reprend un nouveau sans aucune perte de
temps. Le mécanisme parfait dccelle char-
rue, l'action des contres cl des sous-cou 1res,
disposés de manière à couper toutes les ra-
cines qu'ils rencontrent, la largeur et la
profondeur des sillons , la facilité avec la-
quelle on conduit cette cliarrue, oui vive-
ment intéressé les si)cclaleurs.
La vitesse du travail de la charrue est de
2 1/2 milles (5/G de lieue de Jirabant) par
heure, creusant des sillons de 18 poucc*> (an-
glais) de large et de 9 j)oucesdo profondeur.
Chaque sillon est de 220 aunes yards) de
ongueur, 11 est tracé en un peu i^ioins de
trois minutes; déserte qu'en un jour, à rai-
son de 12 heures de travail, une machine à
deux contres peut labourer dix acres (bou-
niers de terre).
La machine qui porte rappar.eil à vapeur
est elle-même locomotive; mais comme les
charrues sonl mues à angle droit de la ligne
de direction et non traînées après la ma-
chine, celle-ci «'aqu''à se mouvoir sur la lar-
geur d'un sillon, c'est-à-dire sur 18 pouces,
tandis que les charrues parcourent un quart
de mdlejen d'autres termes, la machine n'a
qu'à se mouvoir sur la longueur d'un sillon,
c'esl-à-dirc sur 18 pouces, tandis que les
charrues parcourent un quart de mille-, en
d'autres termes, la machine n'a qu'à se mou-
voir sur onze aunes pour que la charrue la-
boure un acre de terrain.
La machine fonctionne sans que la terre
soit préparée ou aplanie pour son chemin-
On peut travailler jusqu'à la force de 50che-
vaux : chaque charrue qu'on y adapte dé-
passe à peu près la force de 12 chevaux. 11
faut huit hommes pour le service delà ma-
chine fonctionnant avec deux charrues.
Ganaat ( Allier.) -- m. le comte de
BdNîSEVAL a acheté en 1829, moyennant
2(K),000 fr., la terre de Lafond d'Amberieu,
arrondissement de Gannat; elle se com-
posait alors de 1 hect. en prairie, 1 en vignes,
43 en terres labourables, 391 en terres in-
cultes et bruyères, 290 en bois, etc.: au total
7i3 hectares, et elle produisait de 5 à
0,000 fr. de revenu. — La première amélio-
ration exécutée par M. de IL a élé la cons-
truction dune route à la Mac-Adam qui a
5,000 mètres de longueur, et qui a exigé
des coupures profondes et l'établissement
d'un pont sur la rivière d'Andelot. — En
1829, il n'existait sur le domaine que 3 mé-
tairies, dont une abandonnée; le régime de
culture, consistant dans un assolement
triennal, laissait en friches pendant de lon-
gues années la plus grande partie des ter-
res : M. de B. a construit 28 petites métai-
ries à bras , composées chacune d'une
maison à 2 chambres, 2 étables, l'une pour
les moulons et la porcherie, l'autre pour
une vache et deux suivans; il y a apjjelé
des colons, leur a donné des cheptels, et di-
visant entre eux 8'< hectares déterres nou-
vellement défrichéci;, il a affecté à chaque
inélairie 3 heclaros,qui sont ainsi assolées :
114 eu blé, 1i'< en orge, 1(4 en récoltes
sarclées, li'i en trèfle; la moitié est labou-
rée à la bêche; la sole destinée à Forge est
fumée au printemps, celle du l)lé à Tau-
tomne; le Irèfle est semé au printemps;
on le plâtre à demi à sa naissance, réser-
vant l'autre demi-plâtrage pour le mois
d'octobre. M. de B. est promplement ar-
rivé à ces résultats par l'emploi de la chaux
et du sable, pour donner à ses terres ar-
?;ileuses, naturellement froides et humides,
la chaleur qui leur manquait, et pour les
diviSiM-;.pour cela, il forme un compost de
i hectolitre de chaux mêlé à deux charges
à cheval de sable, et il le prépare un an
d'avance pour le répandre en même temps
que l'engrais; ce compost coûte i2W) fr. par
hect., et dure 6 ans. Les métayers des lo-
caleries se servent de la petite charrue
araire du pays, et sont tenus de se prêter
réciproquement leur vache , à tour de rôle,
pour les attelées. Leproduitde chacune de
ceslocatcriesestde 580 fr., dont la moitié ,
pour le propriétaire, est de 290 fr., ce qui
fait % fr. 66 c. par hect. — Une grande
partie des terres de Lafont, très argileuses,
étaient souvent noyées une partie de l'an-
née; M. de B. en a opéré le de>^séchement
au moyen de biilous eu ados à raies ou-
vertes, souvent combinés avec des couli.sses
ou fossés couverts qu'il payait 20 à 25 c.
le mètre courant. — ?d. de B. a inventé un
mode tout à fait nouveau pour former ses
trétlières : il fait consommer à ses bestiaux
la dernière coupe des trèlles, lorsqu'ils sont
en graine; les engrais qu'il obtient alors, et
qu'il fait mettre à part pour les terres à
emblaver eu blé, contieuneut une grande
quantité de graines qui ont passé dans le
corps des animaux saus être altérées , cl
qui donnent après la récolte du blé une
bonne première coupe de trèfle, sans qu'il
ait été besoin de le semer ni de le plâtrer;
l'année suivante on eu obtient une deuxième
coupe, et souvent la troisième est eufouie
pour engrais; cette méthode a obtenu le
plus grand iticcès dans tout le pays. —
Quelques portions du dû»iiaiae, dont le sol
est très caillouteux, ne permettaient pas
d'obtenir des prairies saus irrigations :
M. de B., pour s'en procurer, construisit
dans les noues des côlcs élevées , d'après
la méthode deCareai), des digues et chaus-
sées contre lesquelles les eau^ des pluies,
203
des fontes de neige et deâ gourcc<; vicnueul
de toutes parts se réunir pour formor deux
réservoirs contenant euvirou 80,000 mèlres
cubes d'eau, qui lui permettent d'arroger
40 hectares de prairies naturelles, daus des
endroits qui n'étaient occupés naguère que
par des bruyères stériles; ces W hectares
ont produit en 1835 cent milliers de foin
qui, à 40 fr., prix du pays, donnent uu re-
venu de 4,000 fr., et de 100 fr. par hectare;
la dépense totale de cette opération a été de
20,000 fr. —La plantation en vignes des ter-
res non susceptibles de produire des céréales
est d'autant plus remarquable, qu'elle a été
faite dans uu sol couvert de cailloux roulés
mêlés de sable légèrement argileux, et re-
couvrant uu sous-sol presque partout argi-
leux : le plant préféré est le gros et le
petit lyonnais, qui ont l'avantage, eu cas de
gelée, de reforiuer des bourgeons. Les 28!iect.
ain.si plantés ont étédiviscs par des raies ou-
vertes eu carreaux, dont l'étendue a été cal-
cuîéed'aprèslelravaild'unejournée,desorle
qu'on ne les donne jamais à cultiver saus sa-
voir ce qu'il eu coûtera ; chacun de ces car-
reaux est lui-même divisé ea 5 parties , par
des raiesdedesséchement. M. de B. a loué
ces vignes à moitié fruit â ses locateries.
Cette opération a coûté 20,000 fr., et pro-
duira au minimum un revenu net de 6 fr.
par carreau, ce qui donne 3,000 fr. pour
les 500. En résumé, la terre d'Amberieu,
qui rapportait à peine, en 1829, de 5 à
6,000 fr, a été achetée. . . 200,000 1".
Les nouvelles constructions sur
les grauds domaines, celles
des 28 locateries etleurs chap-
tels, ont coûté 50,000
La plantation des 28 hect. de
vignes 20,000
Les travaux pour Tirrigation et
la formation de 40 hect. de
prairies naturelles. . . 20,000
La coufectiou de la roule et du
pont 10,000
Les clôtures des domaines et lo-
cateries 6,000
Les fossés de dessèchement, ri-
goles et coulisses 5,000
Les plantations de 60,000 pieds
d'arbres et celles de bois. . 25,000
Ce qui donne pour une dé-
pense totale de ... . 336,000 f.
uu reveau déjà positif de 22,0(X), et qui ne
peut manquer de s'augmenter encore.—
<^es améhorations sont si importantes, elles
peuvent servir de modèle pour tant de
204
lieux, elles prouvent si bien les avantages
de confier avec discernement des capitaux
à la terre, qu'on ne trouvera pas que nous
ayons donné trop de détails sur ces utiles
travaux. Qu'on achète donc des terres, non
sur le taux du revenu actuel, mais d'après
celui qu'on pourra obtenir en ajoutant au
prix d'acquisition une somme souvent égale
ou de moitié en améliorations productives.
La Société centrale d'agriculture a décerné
à M. de 13. la grande médaille d'or et le
titre de correspondant. (Vicomte IIÊricart
DE ThURY.)
PROPRIÉTAIRES RURAUX : Culture du
sorgho.
M. Bavie, à qui on devait déjà la culture
en grand du colza, vient de doter la Tou-
raine d'une plante non moins utile, du sor-
gho, plante originaire de l'Inde et connue
seulement dans le midi de la France.
Il apprit à la semer sur le fumier même,
qu'on recouvrait ensuite de terre, pour rem-
placer, pour ainsi dire , la chaleur des cli-
mats où elle se trouve en abondance.
Il a appris, tandis qu'elle croissait, à la
débarrasser d'une partie de ses feuilles, pour
la réchauffer plus facilement aux rayons du
soleil; et dans ces feuilles , nuisibles à la
plante, les vaches trouvaient une excellente
pàlure pendant la sécheresse de Tété.
La plante une fois mûre, ou on coupait les
panicules pour en fabriquer ces balais qu'em-
ploient presque toutes nos ménagères; d'a-
bord on en avait détaché la graine pour en
faire un pain succulent dont se nourrissent
avec plai.sir et la volaille, et le cheval, et le
porc lui-même, qui s'en engraisse encore
plus promplement que des pommes de
terre.
Dansl'extrémitédescs panicules, ou trou-
vait des brosses propres à plus d'un usage;
des rognures du bas on obtenait un engrais
qui semblait donner à la (erre une nouvelle
vie, et de la partie de la plante restée sur le
sol on pouvait enfin chauffer le four dans les
campagnes.
Pour faire profiter un plus grand nombre
des avantages que procure le sorgho, M.
liaviefit cette culture par souscription, quoi-
que celle manière d'opérer soit et plus péni-
ble e( plus coûteuse. Il garantit aux proprié-
taires des bénéfices certains , et parvint à
obtenir d'eux qu'ils consacrassent à celle
spéculation une parlie de leurs lerres les
plus riches.
Le succès dépassa l'espérance. Aussi cette
culture a-t-elle pris la plus grande exten-
sion, et bientôt la fabrique de balais que nous
devons à M. Bavie fut suivie d'une seconde,
MainlenantqueM. Bavie a enrichi la Tou-
raine de toutes ces ressources, une autre
plante a fixé son attention; il cultive le
colza. Mais une méthode inusitée va diriger
ses,travauxdéjàlrcis cents propriétaireSjCon-
fians dans son expérience , vont l'aider de
leurs terres et de leurs bras, et ils auront
gagné, en quittant leurs anciennes habitu-
des, de voir leurs produits f^lus que doublés.
Ce n'est pas tout encore. M. Bavie ne veut
pas abandonner ceux qui auront suivi ses
conseils. Cette graine ne sortira point du
pays. Il doit, dit-on, créer à Tours une usine
eu grand pour la fabrication des huiles, et
nous cesserons, sous ce rapport, d'être tri-
butaires des départemens qui, jusqu'à ce
jour, nous les avaient fournies.
L. d'Indre-et-Loire.
Vigne. — ( Engrais. — Amendement pour la
culture de la )
On sait quels sont les inconvéniens des en-
grais animaux et quelle est la supériorité, pour
la vigne, des engrais végétaux, en no désignant
du reste que les bruyères. Cette méthode est
assez communément en usage sur les points
où la proximité des terrains couverts de
bruyères pour que cet engrais soit employé
avec profit.
M. de Baurcgard, de Maine-et-Loire, a cher-
ché à substituer des végétaux plus à la portée
des propriétaires ; il a d'abord jeté les yeux
sur l'épine noire, si commune-, d'une si mince
valeur et dont le tissu ligneux est si serré. Il
a pensé aussi qu'on pourrait y joindre l'au-
bépine, qui possède les mêmes qualités, et des
arbustes plus tendres, tels que l'églantier, la
bourdaine, même des ronces, pour que l'effet
en fût phis sensible dès la première année par
la décomposition de ces dernières. Il avait
une vigneaux troisquarls détruite par l'inertie
du sol le plus ingrat, formé à sa surface, et
dans une épaisseur de 7 àS pouces, d'une terre
siliceuse, qui avait déjà fourni bien des tom- "
berées de pierres pour l'entretien des routes ;
la seconde couche, à peu prés de la même
épaisseur, en larges pierres plates, sous les-
quelles se trouvait un argile rouge, mêlée de
gravier, laquelle indique une nature de terre
éminemment propre à la qualité du vin : c'est
du moins l'opinion de tous les vignerons.
Un de mes ouvriers, qui travaillait à celle
vigne, lui avaitdit que c'était la troisième fois
qu'il la voyait planter. Il s'agissait donc de
s'y prendre de manière à ce que personne dans
le pays ne put la voir planter une quatrième
fois. En conséquence, il lit faire de petits fossés
de 25 ;i 26 pouces de l.ir^'C sur 13 à 14 de pro-
fondeur, pour y planter la vig:ne, et on rem-
plaça les pierres par «n bon lit de bruyère-
Cette méthode est fort ancienne et les bons
effets en sont constates depuis lonpf-temps.
Trois ans après, comme elle avait besoin d'être
provipfnée, il fit ouvrir la terre non remuée
qui se trouve entre chaque fossé de la même
profondeur ; et ce fut alors qu'il plaça une
couche do bourrées comme il l'a expliqué
plus haut, d'une épaisseur toile qu'elle put être
recouverte de six pouces de terre.
Depuis ce temps, cette vigne a fait de tels
progrès que tous les paysans qui l'ont vue en
ont été dans l'admiration ; mais c'est surtout
un fossé planté deux ans après, avec du plant
en état de crochet, c'est-à-dire sans racine,
sur une épaisse couche de branches de gené-
vrier, qui mérite le plus de fixer l'attention
do l'observateur. Planté en même temps qu'un
autre fossé sur couche de bruyère, et ce der-
nier en plant chevelu de trois ans, il le sur-
passe en vigueur de végétation, et offre déjà
quelques grappes magnifiques, quoique seule-
ment à son troisième bourgeon.
L'année suivante, il substitua par la facilité
de se les procurer, dos élargeures de jeunes
pins aux bourrées d'épines et autres arbustes,
ne renonçant qu'avec regret au genévrier, à
cause de sa rareté ; la vigne annonce s'en
trouver également bien.
M. de Beauregard eut soin de faire char-
royer et enfouir, aussitôt qu'elles ont été liées»
le» bourrées de diverses natures ; car c'est un
point important de ne point les laisser sécher ;
plus elles sont fraîchement coupées, et mieux
elles valent pour cet usage. Ce n'est que dans
cet état de choses qu'il s'établit une douce fer-
mentation qui maintient la terre dans un juste
degré de chaleur et d'humidité ; et ce qui m'a
porté à dénommer cet engrais encjrais-ameiv-
dement, c'est la faculté qu'il a do rendre la
terre infiniment plus perméable aux influences
de l'atmosphère et plus facile à travailler.
CAROTTES— ( culture des ), d'après le pro-
cédé de M. Bourgeois.
Lorsque la terre a été ameublie par des la-
bours aussi profonds que le permet la couche
végétale, et par des hersages, et qu'elle a été
débarrassée d'herbes, M. Bourgeois donne le
dernier labour à la profondeur ordinaire et à
9 à lOpouces delargeur, en ayant soin do faire
rayonner la charrue. Immédiatc-ment après,
on fait passer un rouleau qui doit cependant
laisser apercevoir les traces des rayons. Il cul-
tive de préférence la carotte jaune d'Achicourt,
et la blanche courte, qui qonvient mieu:^ aux
terres où la couche végétale est peu profonde.
Dix livres de graine sont nécessaires pour un
hectare. On la sème dans les rayons par pincée,
et, pour l'enterrer il suffit presque toujours
de faire passer sur le champ une berse avec
des branches d'épine.
205
Il taut pratiquer le binage aussitôt que les
carottes sont sorties de terre et qu'elles ont
acquis assez de force pour cette opération.
La disposition des carottes en rangées facilite
beaucoup le binage ; on peut même le préparer
on cultivant les espaces intercalaires avecune
binette à roulette.
L'arrachement est l'opération la plus coû-
teuse dans la culture de la carotte ; M. Bour-
geois le pratique au moyen d'une charrue or-
dinaire dont il démonte le versoir et quelque-
fois même l'oreille, et il fait recourber en des-
sous tout le tranchant du soc, de telle sorte
que celui-ci s'insinue par sa pointe entre la
racine, et opère l'arrachement en faisant hori-
ïontalement et verticalement l'effet d'un le-
vier. La tranche de terre ne se renversant pas,
elle retombe dans la première position après
avoir été enlevée de quelques pouces, et les
racines qui ont été soulevées par le soc ex-
cédent alors la superficie du sol. Des femmes
ou dos enfans suivent la charrue et ramassent
la carotte.
Pour conserver les carottes et les préserver
surtout de la pourriture, il faut d'abord ne
les arracher que quand elles ont acquis une
complète maturité ; avant de les mettre en
magasin, on coupe le colîet, que l'on donne
immédiatement aux bestiaux ; on les place
par couches d'un piSd et demi d'épaisseur,
au plus, dans un bâtiment dont, autant que
possible, les ouvertures doivent être exposées
au midi ; chaque couche est séparée par un
lit de bourrées qui établit un courant d'air
dans le las, puis on recouA're le tout de paille
ou mieux encore du grand fumier de bajenes
de manière à ce que les racines ne soient pas
en contact avec l'es murs. ^
La carotte ne contient peut-être pas autant
de parties nutritives que la pomme de terre
mais elle est préférable à ce tubercule, en ce
sens qu'elle renferme moins de cette eau de
végétation qui compromet la santé des ani-
maux. La propriété principale de la carotte
est d'être essentiellement stomachique ; elle
convient particulièrement aux bêtes à corne,
aux moutons^ aux porcs et aux chevaux, sur-
tout aux jumens poulinières; les vaches qui
en sont nourries ont le lait d'un goût plus
agréable et butireux, et le beurre est d'une
plus belle couleur.
AR.ACACHA. — En 1835 et 1836, nous voyons
paraître pour la première fois, je crois, dans
le Bon Jardinier, Yaracacha. Du reste M. Poi-
teau à l'air de ne donner cette plante que pour
mémoire, car ce physiologiste est trop instruit
pour ne pas savoir à quoi s'en tenir sur le
chapitre de l'acclimatation. Depuis plusieurs
années MM. "Vilmorin , Soulange-Bodin et
autres se sont beaucoup occupés de cette
plante, et ils conservent encore l'espérance
de X acclimater. Yoyons donc ce que c'est que
Xaracacha.
2ô6
Oclte pldiilc, uracaciia es<:uîeiiia de M. d«
CamloHo, couinm oracachadc Ilooger, appar-
tient â la pontandrie digyiiie de Linnée et à
la famille des orabcUifères de Jassieu. Elle es'
cultivée dans la Colombie, au Brésil, dans le^
Antilles, et en général dans toutes les contrées
les plus chaudes de l'Amérique méridionale-
Elle produit des racines tubéreuses, charnues,
ayant à peu près la forme et la grosseur d'une
cornede vache, alimentaires, plutôt compactes
que farineuses. M. Soulange-Bodin dit, 'dans
son style ordinaire, que « les habitans doSau-
ta-Fé de Bogota, de Caracas et des provinces
adjacentes de l'Amérique du Sud, les mangent
avec délices, comme ou mariye les pommes de
terre. ^^ Nous félicitons M. Soulange de son
goût pour les pommes de terre, mais nous ne
pouvons pas partager son avis lorsqu'il ajoute
que l'introduction de l'aracacha en Europe
sera presque aussi avantageuse que celle du
tubercule que M. Soulange mange avec dé-
lices.
Du reste, la culture de l'aracacha a été déjà
tentée dans plusieurs jardins de l'Europe,
avant que M. Lechevalier ait essayé de l'ac-
climater, et c'est lui qui nous l'apprend dans
une lettre adressée à M. le comte de Chabrol,
en 1828. Il en a été envoyé des sujets au jar-
din de Kew , où ils ont crevé; au jardin de
la société d'horticulture de Londres, où ils
ont péri ; à Hambourg, où on n'a pu les oon-
scrver ;à Glascovv, où ils ont gelé ; nous ajou-
terons à Liverpool, où ils n'ont pu se conserver ;
à Genève où on parvientàcn conserver quel-
ques pieds en serre chaude ; à Montpellier,
où ils sont morts sans avoir rien produit, et
enfin dans le jardin de 31. Soulange, à Fro-
mont, où ils n'ont pu réussir. ÎS'éanmoins 31. le
propriétaire rédacteur des annales do Fromont
se propose de renouveler ses tentatives d'ac-
climatation, et nous pensons qu'il réussira in-
dubitablement comme il a réussi avec le ca-
mélia qui devait fournir de l'huile d'olive
aux environs de Paris, avec la vigne d'ischia
que l'on devait vendanger deux fois par an
en Normandie, etc., etc. ; néanmoins nou»
recommandons aux cultivateurs de ne dépen-
ser leur argent à la culture de cette délicieuse
racine, qui vaut à peu près nos topinambours,
que lorsque M. Bodin aura réussi dans ses expé-
riences, et en attendant nous leur conseillons
de lire notre article sur iacclimalation.
Ce qu'il y a de plaisant c'est que le cours
complet d'agriculture, publié par 31. Pourrai,
dit, tome 2, page 2G8, que les pays tempérés
sont ceux qui conviennent le mieux à la cul-
ture de Vuracaclia. Dans un prochain nunu^ro,
nous rendrons compte de ce singulier cours
d'agriculture, qui ressuscite Rozier, et toutes
ses vieilles routines, et qui a la naïveté, ou
plutôt le talent de coudre ces vieux articles
à d cxcellcus articles de 3I3I. de 31irbcl , de
jyiojOb'u<-'*, Vaym ci Vatcl. BQiT.VftP.
AGRICULTURE. — Cavte dafvointiit. - !l
est très peu de localités qui n'aient à se plain-
dre celte année des ravages causés par la
carie aux blés fromens. Cette maladie, con-
nue aussi sous les noms de noir , de char-
bon, etc., détruit la sui)stance farineuse des
grains, et salit, au battage, les grains sains
d'une poussière noire qui en diminue beau-
coup la valeur commerciale. Elle est d'au-
tant plus redoutable qu'elle se reproduit
avec les semences mises en terre , lorsque
celles-ci en présentent le moindre vestige.
Parmi les substances employées depuis
long-temps comme préservatifs delà carie,
la chaux est celle qui a donné les résultats
les plus satisfaisaus , mais le chaulage , tel
qu'il est exécuté dans les campagnes, n'est
pas d'une efficacité absolue, et Ton voit tous
les jours des blés chaulés donner encore à la
récolte une certaine proportion d'épis ca-
riés. On doit à M. de Dombasle la connais-
sance d'un procédé infaillible contre la carie,
à tel point que du blé desemence, quelqueiu-
feclé qu'il soit de carie , ne produit jamais
un seul épi carié. C'est l'emploi simultané
du sulfate de soude et de la chaux. A cette
occasion , nous nous faisons un devoir de
donner l'extrait suivant d'une lettre d'ua
praticien éclairé.
26 juillet 1836.
» Depuis plusieurs années, j'emploie pour
combattre la carie du blé la chaux et le sel,
daus les proportions donnécspar M. de Dom-
basle. Cette année, j'ai employé le sel par le
sulfate de soude, el j'ai procédé ainsi que
l'indique cet auteur dans V Agronome du
mois de septembre 1835. L'un et l'autre
moyens m'ont parfaitement réussi, rouj-
tant, comme celle année a été tr^ favora-
ble au développement de celte maladie dans
nos cantons, je regarde cette dernière ex-
périence comme lout-à-fait décisive, car je
suis à peu près le seul, au milieu de tous,
qui en soit complètement préservé. Les per-
tes causées i)ar ce fléau ne sont pas moins
grandes que celles que fait éprouver le pa-
pillon; les produits £ont , non seulement
comme dans ce cas , dimiimés , mais aussi
tellement altérés qu'ils perdent beaucoup
de leur valeur. Je crois que ce serait ren-
dre un service très grand aux agriculteurs
de toutes les classes que de répandre parmi
eux la connaissance de ce fait, qui est assez
marquant pour les engagera profiter de l'u-
tilc dccouverle de M. de Dombasle. »
Le procédé dont nyii§ \eaons de reii^j^
Compte est si peu coûteux et si facile dans
son emploi, que les cultivateurs ne seraient
pas excusables s'ils n'en faisaient pas usage.
La proportion est une livre et un quart de
sulfate de soude et de quatre livres de chaux
pour uD hectolitre de blé (8 boisseaux
usuels). Nous reviendrons en temps utile
sur cet important sujet, et nous ferons con-
naître en détail la manière de procéder à la
préparation du blé de semence.
EDUCATION DES VERS A SOIE.
Graine obtenue en totalité dan$ un seul jour
— Education en 21 jours. — Éclosion de
graine conservée 22 mois.
M. Soulange-Bodin vient de faire un nou-
veau rapport sur les travaux de magnanerie
de M. Camille Beauvais, àquila Société d'en-
couragement , sur ce rapport, a décerné une
nédaillc d'or, dans sa séance du C juillet.
Voici l'énoncé sommaire des nouveaux progrès
que M. Camille Beauvais a fait faire cette
année à l'art du magnanîer.
Premièrement, il a imaginé un moyen simple
que l'expérience conlirmera sans doute, d'a-
voir chaque année, et presque instantanément,
de la graine aussi semblable que possible, en
âge, en vitalité et développement; c'est, au
lieu d'emplojer comme jusqu'ici, pour rece-
Toir la ponte, une seule toile qui reste ex-
posée, jusqu'à la fin, à une température de
20 à 22 degrés, au grand détriment des pre-
mières graines pondues ; c'est, disons-nous,
d'augmenter le nombre des c/i(?vrt?ers, des toiles
et des cocons, autant qu'il convient pour ob-
tenir eu un seul jour toute la graine néces-
saire à l'éducation suivante. Ce ne sera pas,
sans doute en vain, a dit M. Soulange-Bodin,
qu'on aura recherché dans la régularité et la
simultanéité de la ponte les élémens dune
égalité de produits, que l'on est si loin de
rencontrer dans le procédé ordinaire, et qui
pourtant doit être la seule base solide de tous
les autres pcrfeclionnemens.
En second lieu, M. Camille Beauvais a par-
faitement réussi, par d'heureuses combinai-
sons de température élevée, d'humidité cl de
repas l'réquens, à élever des vers à soie en
21 jours. Cette expérience, qui a eu lieu par
une température de 21 à 22 degrés, a eu le
plus complet succès. C'est un véritable service
rendu par lui au pays, que d'avoir démontré
)a possibilité, la facilité, pouvons-nous dire,
d'éducations accélérées ; elles rendront plus
faciles les éducations multiples, et auront aussi
une heureuse influence sur la reproduction
de la feuille. Le résultat de cette belle expé-
rience a donné une proportion de 18> livres
de cocons pour 2,000 livres de feuilles. L'au-
teu croit qu'on rpeut l'accomplir en 18 jour.-.
Le tube intérieur de l'insecte ainsi traité est
si vivement excité que les vers ont reçu 48 re-
pas le premier jour de leur existence, 30 1e
207
second, 2'( le troisième, ensuite 12 par jours,
pour tout le restant do iein- éducaliori. Ces
repas lég(Ms et l'iéquens donnent une litière
plus ferme, plus unie, plus saine. Les vers ne
mangent pas davantage, mais ils mangent plus
également, et ils mangent tout.
En troisième lieu, M. Camille Beauvais,
après huit ans d'essais infructueux, est par-
venu à faire éclore de la graine, qui avait été
conservée pendant 22 mois dans la glacière
de Neuilly. Son moyen de succès a été dans la
combinaison calculée d'une température de
20 degrés, et d'une humidité voisine du point
de saturation. L'éclosion a été aussi parfaite,
aussi fructueuse, et au moins aussi prompte
que dans les éducations ordinaires.
M. Camille Beauvais, enfin, entreprend une
seconde éducation qui va être faite avec des
feuilles de mûrier muUicaulc exclusivement.
Il a eu cette année la satisfaction de pour-
suivre ses expériences devant vingt- huit élèves
de tout âge, de tout état et de tout pays, ac-
courus aux bergeries pour le voir pratiquer,
et l'entendre professera la fois, tout en l'aidant
dans ses travaux, et en contribuant de toute
leur force et de tout leur dévouement à la
prospérité d'un établissement devenu modèle
dans l'une des plus importantes spécialités d(3
notre agriculture, et destiné à résoudre, sans
doute dans le sens des espérances publiques,
la grande question de la réintroduction de
l'industrie de la soie dans les départemens du
centre, question qui se rattache, avec celle
du sucre indigène, aux grands intérêts agri^
cotes du pays.
CULTURE de la betterave.
— Il résulte d'expériences faites et re-
cueillies par M. Chevalier que tous les en-
grais et toutes les terres qui contiennent du
nitrate de potasse (salpêtre) sont nuisibles
au produit de la betterave, parce qu'ils lui
fournissent uu sel à la fois contraire à son
organisme et à la qualité du sucre qu'on es-
père en obtenir.
— Dans les environs de Valenciennes,
on est parvenu à conserver la pulpe des bet-
teraves i)our nourrir les bestiaux en hiver
en la desséchant dans les fours semblables
à ceux dont ou se sert pour fabriquer le
café de chicorée. Cettepulpe, ainsi torréfiée
légèrement , forme une espèce de son que
les bestiaux mangent avec avidité, après
qu'on l'a humecté d'un peu d'eaue.
TISSERANDS.
— L'habile mécanicien liofer, de Mu-
nich, a inventé une maciiine au moyen de
laquelle ou peut fder des fds nombreux sans
aucun secours de mains d'hommes; il suffit
de poser dessus le lia séraocé. On sait quqi
2(» . ^
Napoléon avait fixé un prix d'un milbon de
francs pour cette invention- il y a plusieurs
années que les Anglais avaient aussi pro-
mis 70,000 fl. à linventeur.
PAPIER ( fabric?ns de) .
Papier de tourbe. — M. R. Mali-et a
soumis à ses investigations la tourbe qui se
trouve immédiatement au-dessous de la sur-
face delà terre végétale de f.-esque tousles
lieux bas ou marais plats de rirlande. Elle
est formée de tiges et de feuilles de diverses
mousses, et de racines et de fibres de petites
plantes aquatiques et marécageuses, parve-
nues à ce point de carbonisation qui carac-
térise les tourbes mousseuses. M . M . a blan-
chi cette matière fibreuse et en a fait du pa-
pier, soit en remployant seule, soit en la fai-
sant servir à remplacer les diverses sub-
stances avec lesquelles on altère la pâte de
chiffon, telles que la chaux, le gypse, Tar-
gile, le coton, les cheveux, les rognures de
cuir etc. Les échantillons de tourbe qu on
destine au blanchiment pour en faire du pa-
pier, sont ramollis dans l'eau froide, jus-
qu'à ce que par l'agitation les fibres se sé-
parent; celles-ci sont mises en digestion
dans une solution froide très étendue dépo-
tasse et de soude caustique; puis, après
avoir été séparée par la pression, plongée
pendant quelque temps dans une solution
étendue d'acide sulfurique, la fibre est de
nouveau séparée de la dissolution acide par
la pression, et mise à digérer dans une so-
lution de chlorure de chaux-, après l'avoir
retirée de la liqueur et bien lavée, elle est
propre à la fabrication. — Sans l'opération
du blanchiment, cette fibre donne un excel-
lent carton.
CARDEUaS.
Machine à carder. ~ M. F. Le>Tat vient
d'inventer une nouvelle machine à car-
der et ne nécessite que peu de force
d'eau de plus; les poils en matelas,
placés sur celte machine , sortent en
bobines de filature , en gros et en fin, sans
aucun intermédiaire. Le nombre de broches
varie selon la largeur de la carde. Une carde
de trois pieds peut avoir quarante-quatre
broches, et filer en fin, même la nuit, à rai-
son d'un kilogramme et demi par heure, et
en gros ou pour la couverture autant que la
carde en peut carder. Dans les filatures gros-
ses ou peu tordues, la bobine se fait par un
procédé qui offre, sur tous les moyens con-
nus, l'avantage d'obtenir des bouts tordus
également. Ce procédé pour filer, soit gros,
soit fin, peut être appliqué facilement aux
machines à carder généralement adoptées.
Ce système mécanique a aussi l'avantage de
pouvoir fonctionner séparé de la carde; il
produirait quatre fois plus que la MuU-Jen-
nys; et, pour ceux qui tiendraient moins à
la quantité d'ouvrage qu'à la régularité du
cordage, la différence serait encore du
double.
PORCELAINES ( fabricans de. )
Composition du Kaolin, et sa naissance du,
feldspath; par G. Forchha>mier.
M. Forchhammer qui, dans les années
de 1829 à 1832, avait présenté à la Société
des Sciences de Copenhague ses recher-
ches sur la composition des argiles ordi-
naires #t du kaohn (nom chinois delà terre
à porcelaine), en a depuis entrepris de nou-
velles qu'il hvre maintenant au public.»
u On sait depuis long-temps, dit-il, que
les argiles pures, connues sous le nom de
terre à porcelaine, doivent leur origine à
la décomposition du feldspath. Des re-
cherches géognostiques ont mis cette con-
jecture hors de doute; cependant l'analyse
chimique n'avrit pu encore déterminer avec
certitude la relation de l'argile au feldspath,
ni par conséquent donner une exphcation
satisfaisante du phénomène de sa décom--
posilion naturelle. Maintenant, avec le se-
cours du siHcate de soude, la détermination
de la vraie composition de la terre de por-
laine offre peu de dfficuUés.
Nous nous bornerons à présenter un ré-
sumé des expériences et des raisonnemens
de l'auteur.
L'analyse uniforne de six espèces de
terres de porcelaine lui fournit une même
formule chimique de ce minéral, qu'il re-
garde comme un sihcate d'alumine plus un
silicate de potasse; et une même composi-
tion pour le kaohn, qu'il pense n'être qu'un
sihcate d'alumine moins chargé de sihcc.
La comparaison de cette formule avec
celle du feldspath l'engage à faire des re-
cherches sur divers silicates de potasse, pour
retrouver le corps dont la présence dans le
feldspath doit donner naissance à la terre
de porcelaine. Le résultat de ces recherches
l'autorise à poser la conclusion suivante :
(( Puis donc que la nature forme les argiles,
du moins eu partie, par la décomposition
©u la désaffrégation du feldspath ou des. d'acide sulfurique, jusqu'à ce que Voxide
matières minérales qui y sont comhinées, il soit saturé, et qu'on sépare Texciis d'acide
devient très vraisemblable que l'autre pro-
duit de celle décomposition, le silicate de
potasse hydraté (verre soluble) se trouve
quelque part dans la nature. )i
L'analyse le lui fait en effet reconnaître
dans l'eau du Geiser, dans celle de Lautjar-
ness (en Islande), dans le quartz yaliu con-
crétionné du (ieiser, et dans les opales.
Celles-ci proviennent , selon lui , de la dé-
composition du feldspath, mais par l'action
de deux matières différentes : les unes par
l'action de l'eau à une haute température,
les autres par celle de l'acide sulfurique.
K II ne reste donc plus qu'à prouver par
des expériences directes, dit-il, que le
feldspath est décomposé réellement par
l'eau à une haute température, et que ses
parties constituantes se séparent alors de la
manière indiquée plus haut, c'est-à-dire que
la silice et l'alcali qui y sont confenus se
combinent dans les proportions qui les ren-
dent solubles dans ce liquide. Mon appareil
pour cette recherche était très simple. »
Laissant de coté la description que l'au-
teur en ionne , nous nous bornons à dire
qu'il fit chauffer avec de l'eau du feldspalh
pulvérisé dans un fort cylindre de cuivre.
Le résultat fut le suivant : à 150o C. l'eau
montrait une faible réaction alcaline ; à
150° C. celle réaction était évideule, et à
222o C, température qui correspond à la
pression de 23 atmosphères, sa force dis-
solvante était telle, qu elle permit à M. F.,
après qu'il eut fait évaporer la lessive al-
caline avec l'acide hydrochlorique, d'y dé-
couvrir la présence de la potasse, en y mê-
lant du chlorure de platine. Le sel double
fut précipité.
(( Je crois, dit l'auteur en se résumant,
que ces expériences mettent hors de doute
que ce sont, du moins en partie, des va-
peurs d'eau sous une haute pression qui ont
transformé le pegniatile en kaolin; et la
circonstance que c'est surtout aux bords des
terrains que les lits de kaolin se trouvent,
vient à l'appui de celle opiniou. )>
PRODUITS CHIMIQUES (fabricans de )
Acide sllfuuique amivdke. (Âmeviran
Journal. Juillet 1835.^
Le professeur Mosaader de Stockholm a
fait connaître un moyen très simple de pré-
parer l'acide sulfurique anhydre. Si l'on
par une température basse, le sulfate Sftm
3S se dépose cristallisé cl sec. Si l'on place
ce sel bien sec dan« une cornue, et que
l'on chauffe au rouge .sombre, la plus
grande partie de l'acide se sépare à l'état
anhydre, et il est fac le de le condenser
dans un récipient refroidi.
FORGES (Maîtrvîs de.)
La hausse croissante du fer en Angleterre
va bientôt donner lieu à une combinaison
nouvelle. Jusqu'à présent la Suisse tirait
d'Angleterre son approvisionnement de fer
laminé. Malgré le^ irais considérables de
transport dont ce métal était chargé avant
d'entrer en magasin à Zurich ou à toute autre
ville , les acheteurs suisses trouvaient leur
compte à s approvisionner de fer anglais ,
parce que ce fer, il y a un an encore , leur
était vendu en Angleterre à un prix qui lais-
sait de la marge. Mais, par suite des énormes
demandes de rails pour l'Amérique et aussi
de laugraenlation toujours ascendante delà
consommation intérieure, h s Ters anglais sont
maintenant à des pri\ tellement élevés que,
pour peu qu'ils augmentent encore , la Suisse
trouvera plus d'avantages à s'approvisionner
chez nous. Celle circonstance , quand elle se
réalisera, pourra bien devenir un argument
fort embarrassant , pour les partisans un peu
trop evclusifs de l'abolition des droits prohi-
bitifs. Gérait un de ces mille événcmcns inat-
tendus qui échappent à la prescience humaine
et dont l'apparition imprévue déconcerte tous
les calculs II peut se faire cependant que
cette combinaison n'arrive pas à terme, parce
que si la hausse s'arrête en Angleterre et
qu'elle continue en France, il se trouverait
une différence de quelques pour cent seule-
ment entre nos pris et ceu\ de revient en
Suisse des fers anglais.— Mais si les limites se
rapprochent tellement qu'il n'y ait plus qu'une
légère difiérence entre le prix de vente du
produit anglais et celui du produit français,
qui oserait, en présence d'une différence si
peu sensible, réclamer de nouveau une forte
réduction imu-iédiale des droits d'entrée sur
les fers étrangers?
Il doit paraître évident aujourd'hui que si
l'Angleterre , indépendamment des masses
énormes de fer qui sont nécessaires à sa pro-
pre consommation et aussi des commandes
considérables qu'elle a reçues des Etats-Unis,
Si l'Angleterre, avait pu, par suite de l'abais-
sement des droits sur les l'ers à leur entrée eu
France, faire arriver le produit de ses forges
sur nos marchés, l'augmentation de prix qui
existe aulourd'hui se serait maniiestée depuis
long-temps; qu'en conséquence le consomma-
traite de l'oxide d'antimoine par un excès j leur français obligé par (anime de nos pi'ui
210
cipales uxincs en fer , <i 5llcr sprovision'ap-"
ner d.» fer laminé en Angleterre, aiirail
déjà payé depuis plusieurs mois les fers plus
«her enrore qu'il ne les paie aujourd'hui. Mais
ôvec celle énorme différeuce que la réduction
des droits d'entrée n'auraii profilé uniquement
qu'aux maîtres déforme anglais.— .Nous aurions
fait avec nos voisins un marché de dupes, cl
ce n'eût pas été le premier.
Ce fait du haut prii dîs fers en Aneletprre
prouve (In nouveau qu'il faut procéder avec
beaucoui) de réserve cl de lenteur dms la
résolution d'a'iolir ou de diminuer dune ma-
nière sensilde les droits prolecleurs d'une in-
dustrie aussi importante que colle du fer.
Lnisaons donc à nos grandes usines à fer le
temp' de se développer, de se poser comme
rivales di l'.Anglelerra ; et dans quelques
années nous obtiendrons ce doub'e résultai :
1" d'a^oir, par le sucC'S qu'obtieiidiovl enîin
les grandes forges, naturalisé en France la
fabrication du fera la houille, fabricat'on
qui exige de si énormes capitaux et qui ';'n-
ploie tant de bras; 2o de procurer au con-
sommateur français un arliclc de premifie
néce^ssilé à un prix raisonnable, sans .^voir à
craindre qu? brusqn'nuent el arbitrairement
le fabricant angbis n'en enlève le prix.— C'esl
1res bien de déclamer contre toule espèce de
mouopoia, mai j il ne faut pas détruire celui
qui existe, dil-on,au profit des maîtres de
forges français, pour en doter son riva! de
l'autre côté du dclroi.«l.
Nouvelle pr'parnlion /lu fer. — Ou nous
écril de AJuiiicli t Bavi' '"'armi les divers
objets reinnrtjués à ^exj)o^ilioll des [)iodiii;s
de i'in.Ju.^lrie, celui qui tnérilo le plus p irti-
culièrernçnl de! re signalé, est !e fer pr(M)aré
par 1.1 iîu'Uisode dcMM. richafiiaeal clTliéo-
bald B%bm.
Celle méniodcconsislc, à re qu'il narn'il,
dan.^ une coinbin.iison pariiciilièro de miné-
raux, doul l'applicalion pendant raffiiiaïo
selon le procédé Doumw pnd/ino [mrli'iv' le
fer briil de !a plus médiocre qualité de ton-
tes le? parties Iiélérogénes-qu'il conlieni , de
manière à oblcnlr un fer forgé qui , par s;i
pureté, ^a dcnftilé el sa (îurlililé, pcutèlrv
eni|)!o\é pour la fabricalion de Tacicr aiuhi
que pour tous les autres usages.
Le? avantages parîiciiliors de la méthode
sont : 1. (pjc le fer e.sl toujours plus épuré ,
plus lert.vce, plus égal que le fer forgé tiré
du mémo '.er brul par loulaulrc procédé;
2. que l on [)eul, tirer parti du fer brut de la
plus miuvaise qualité, el le convertir en fei
excelienl, le façonner en barres, loles lami-
nées el fils de fer; 3. que par l'emploi im-
médiat du fer brut préparé par cette mé-
thode, on évile l'opération de la fente d'af-
finage, ce qui offre une économie de 30 pour
100, el rend inutile laclion des soufflets et
la force motrice de l'eau requise pour ces
derniers; i. qu'au lieu du charbon de bois,
1res coûteux, on peut faire usage de bois ou
de charbon de terre.
Afoycn de préserver le fer de la rouille.
Les bateaux à vapeur employés pour la
navigation du Gange, sont généralement
conslruiis en fc-r; on avait remarqué qu'ils se
détérioraient proraptement par l'effet com-
biné de l'eau et de l'air, sous le climat brû-
liîiilde! Inde. M. ti. îVinsep a entrepris une
série d'expériences, pour déterminer quelle
espèce d enduit pourrait préserver de Toxi-
dalion le fer laminé. Il essaya successive-
vaont des enduits composés de différens ver-
nis, de cire, de chaux, tant sous l'eau que
iiors de l'eau ; il reconnut finalement que le
goudron de houille était celui qui résistait le
mieux à touteespéced'alléralions. Cemoyen
a été appliqué avec un plein succès au ba-
! eau à vapeur le Lord Beiitink, construit à
Cal'-utta.
>.'ous n'avons pas besoin d'indiquer ici à
combien d'uliles travaux on peut employé,
cette découverte transportée eu Europe.
SCIERIES MÉCANIQUES.
— On a fait à Rouen une expérience fort
intéressante pour les industriels qui font
usage de moteu'is à la vapour. Une m.achine,
le ia force de dix ciicvaiix, sortant des ate-
liers fondés [)ar M. Pauwels, rue Benoît, à
ilouen, el transférés depuis par lui à Paris,
')arriére Poissonnioie, est destinée à mettre
•n uiouvement une scierie mécanique créée
par M. Lemire. Celle machine a été essayée
lu moyeu du frein dynanu)n)étrique, et elle
;i avec une consommation de trois kilo-
grammes el dix-sept centièmes par force de
ciioval et par heure (non compris la mise
vMi feu;, donne une force de dix chevaux
in quart sur une moyenne de quatre heures
le marche. O résultat est au dessus de ce
|ui avait clé annoncé par le constructeur
dans son marché avec son aciieteur. Char-
.•ée ensuite jusqu'à concurrence de treize
chevaux de force, la maciiine n'en a pas
moius marché avec une grande facilité.
tu
REPEHTOIUE
DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
DES VOIES NAVIGABLES.
M Toule la (îaiilp est arrosi^e par des flcu
» ves (|ui ()e>ceiidei)t il<>s Alpes, des Pvré
» liées el des Oveiines, el qui voni s' jeie'
» les uns dans l'Océan , les autres dans la
» Méditerranée. »
Stracon.
Enrore deux années, et le canal de Briare,
.ce doyen , ce. type des canaux à point de par-
tage , aura deux siècles dexisleuce.
Vingt ans après, l'immortel Riquet conçut
le plan du canal de Langr-'^doc, que nous
voudrions pouvoir appeler le canal des deux
mers, qui le deviendra, nous l'espérons, parce
que le commerce, la-gfriculture, l'industrie,
l'emploi des capitaux, la politique, tous les
intérêts le réclament.
Pendant l'exécution du canal de Languedoc,
on s'occupait de deux autres canaux à point de
partage, le canal de Charollais, ou canal du
centre, et le canal de B urgogne. — Mais ce
ne fut qu'en I78i que l'oxéculion du premier
fut commencée, et les travaux du grand canal
d-e Bourgogne furent arrêtés pour long-
temps.
Ensuite fut entrepris le canal de-St-Ouentin,
souvent interrompu et termi-né tant bien que
mal en 1810.
Voilà donc tout ce qui s'était fait en France
pour les canaux à point de partage , p'iis d'un
siècle et demi anrès le canal de Briare.
Nous n'avons pas parlé du canal d'Orléans
ni de quelques canaux de moindre importance,
tous forts utiles, mais qui ne peuvent entrer
en ligne av7C les premiers.
On a de la peine à comprendre comment la
France, le pays qui a le plus besoin de canaux,
et que la nature a doté si généreusement de
cours d'eau, la France, qui a fait le canal-
modèle , le canal de Briars , a pu rester ainsi
en arrière, pendant queues Isn'ifs irailateurs,
l'Angleterre d'abord, ont multiplié les canau\
avec une admirable rapidité.
Le premier canal de {'.Angleterre , celui de
Bridge-Water , fut entrepris en 1755.
De lT9ii à \SUj , cent canaux furent exécutés
en Angleterre , et 700 millionfi y furent con-
sacrés î
Nous n'ignorons pas que ce pays se trouve
dans de meilleures cond. lions que le nôtre
pour l'exécution des canaux , parce que les
propriétés y sont peu divisées, que les capi-
taux circulans y abondent et que l'esprit
d'association sait les féconder.
Mais l'Angleterre est bien loin d'avoir le
même intérêt que nous à creuser des canaux.
Un coup d'ffil suffit pour s'en convaincre.
Les canaux ne sont assurément pas étran-
gers au Cdunnerceexléri »ir , mais c'est essen-
tieiîement pour le eCommerce intérieur , pour
l'auricullure et findustrie qui la'.lmentent,
que !e besoin des voies navigables se fait sen-
tir.
Le territoire de notre belle France est riche
r,i midi autant qu'au rord. De là , des échan-
ges de produits d'autant plus considérables
qu'ils sont presque tous néce-saires el d'une
consommation générale — Et ces produits,
aux deux extrémités, ayant de plus grandes
distances à parcourir, i' est évident que l'a-
vantage des canaux yeM bien plusgraml qu'en
Angleterre, qui ne jouit j-oint de cotte variété
de climat et de productions.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que la
fertilité de la France et sa population de 515
millions de consonunaleurs offrent au com-
merce intérieur des ressources bien supérieu-
res à celles de l'.Anglelerre.
On pourra nous dire ici que les Anglais
cousommenl plus que nous. --Cela n'est vrai
que porir certaines choses.
VA d'ailleurs, niera-t-on que nous sommes
en progrès ?
{>ue de terrains encore à défricher , de
mines à exploiter, de commjnicalions à éta-
blir ou à per!i?clionner !... C'est une richesse
bien réelle , bien sûre que celle d'un pays tel
(juc ia î'rance !
Ce qui lui manque surtout, ce sont les
moyens de comnuiuication , cl, sans raécon-
uailre les avantages dos chemins de fer, dont
nous avons parié ailleurs, et dont nous
nous occuperons souvent encore, nous don-
nons la prééminence aux voies navigables,
loiiles ies fois qu'elles ne présentent pas trop
d'obstacles.
C'est donc avec une grande satisfaction
qu'après avoir applaudi à la de-stinalion des
i4 miilions alloués par ia loi du tî9 juin IP.2:>,
liour rachèvcmcnt des canaux . nous voyons
lestra\aus bien suivis s'av^'.cer vers leur
terme. Les trois quarts de ce fonds extraor-
dinaire doivent être employés maintenant.
.^iais, pour ne présenter ici que des don-
nées certaines, nous les prendrons dans le
rapport officiel de la direction générale des
nonts-et-chaussées, dont les faits et les ehif-
fres sont arrOtés au ôl décembre dernier.
Les lignes de navigation dont les lois de
IB^l et de 1822 ont autorisé l'ouverture ou
212
l'achèvemeDl , sont au Bombre de quinze et
présentent un développement de 617 lieues.--
C'est plus des deux tiers de la totalité des
lignes de navigation artificielle que possède
la France. Et ce tout est bien peu!
La perte totale de ces 617 lieues est de
2,493 mètres , et elle est rachetée par 1,085
écluses.
Le canal d'Aire à la Bassce, le seul qui a
été entrepris par nue compar/nie roncession-
naire , à celte époque, a été livré à la navi-
gation dès le mois d'octobre 1S:2.'>.
(Dans notre article du 14 juillet dernier sur
le canal des deux mers , nous avons déposé un
yerme d'observations sur le mode d'exécution
des canaux. Nous y reviendront bientôt.)
La navigation du Tarn , l'une des 15 lignes
dont nous venons de parler , pouvait ôtre
considérée comme terminée en 1833. Des
avaries étant survenues, il y a été pourvu
sur les fonds ordinaires.
Les t-2 autres lignes, dont les travaux ont
été exécutés par l'administration des ponts-
et-chaussées, ont un développement de 528
1. qui ont coûté 251,829,7351'., dont 27,766,808
fr. proviennent des fonds accordés par la loi
du 29 juin 1835.
Voici la désignation des 15 lignes, avec
leur longueur , les fonds employés sur ceux
de 1853 et la dépense totale.
Dépenses sur
Lieues. îe.s fonds de 183"
Canal du Rhône au Rhin. . . 87 1/4 1,515,732
» de la Somme 39 854,995
» des Ardenncs 26 1/5 2,122,000
^ de Bourgogne 60 1/2 4,893, 2-;8
> du Berri . 80 1,. 398,156
. Lat. à la Loire 49 1/2 4,28.8,488
^ de Nantes à Brest ... 93 1/2 5,065,027
'. d'Ile-et-Rance 21 1/4 706,336
■■> du Blavet 15 127,600
.. du Nivernais 44 4,589,978
. d'Arles à Bouc, .... 12 261,296
Navigation de l'Ile 36 1/4 666,043
de l'Oise 29 1/2 555,000
Totaux. 594 1/2 26,766,803
I, Dépense totale.
17'334,068 achevé
11,145,545 presque achevé.
14,030,142 id.
51,211,148 non achevé.
17,321,360 id.
23.541,016 id.
43,547, '34 id.
1.3,823,294 presque achevé.
4,929, 106 non achevé.
15,145,949 presque achevé.
11,108,.39I id.
4,262,685 id.
5,074,717 id.
151,829,75a
Il parait certain que tous les travaux seront
achevés dans la campagne de 1827, et que
les 17 millions qui restent à employer sur les
44 millions de 1S33 suffiront.
Pour se rendre compte de la dépense des
canaux, il faut retirer du tableau ci-dessus
les 66 lieues de navigation fluviale qui n'ont
coûté ensemble que 9,697,402 fr. Reste une
longueur de .528 lieues de canaux, qui ont
coûté la somme de 141,132,3.53 fr., soit 45S,5(M)
Ir. par lieue, en nombre rond ; et en y ajou-
tant les 17 millions à employer encore, on
trouve 570,700 fr.
Lorsqu'on étudie rhi^toire de ces canaux et
les dépenses extraordinaires auxquelles ils ont
donné lieu , on demeure persuadé, connue
l'a dit M. Dulens, dans son excellent ouvrage
sur la navigation intérieure de la France en
1829, qu'il n'est plus impossible de fixer à
1(K),(»0<) fr. le priv moyen du kilomètre
(400,000 fr. par lieue I de cinvd\ on tjratide sec-
tion,\ compris les indemnités des terrains.
C'est à peu près ce qu'ils ont coûté en An-
gleterre (nous ne parions (}ue des canaux en
grande section , les moins iiombreuv dans ce
pays) , et ces données ont clé reconiuios offi-
ciellement dans l'exposé des motifs du projet
de la loi sur les canaux par le ministre du
tommerce et des travaux publics en 18.33.
(Moniteur du 30 avril.)
On remarque dans cet exposé que les plus-
values de terrains ont occasionné un excédant
de dépense de 22 millions et , ce qui est plus
déplorable encore , une autre dépense extra-
ordinaire de 10 millions en procès, résilia-
tions de contrats , en débats de toute espèce
avec des propriétaires coalisés et exigeans.
Il faut remarquer aussi que les canaux
repris en 1822, qui avaient coûté déjà 50 mil-
lions, avaient subi des dégradations concidé-
rables dans une longue interruption des tra-
vaux.
D'autres observations sur des économies,
adoptées dans le système actuel de construc-
tion des canaux et sur l'aniélioration de la
loi d'expropriation pour cause d'utilité publi-
que, perntettent d'espérer que nous pourrons
creuser de nouveaux canaux avec une dépense
moindre que 4WJ,0(XJ fr. par lieue en grande
sert ion.
Mais pourquoi donc n'établir des calculs
que sur de grandes dimensions?
Sans doute , il y a des lignes où cette con-
dition peut paraître nécessaire.
Mais combien d'autres pourraient être exé-
culées utilement en petite section avec une
diminution d'un tiers ou même de la moitié
de la dépense!
IILSTOIRE Dr COTON,
De longues années se sont écoulées avant
que l'industrie cotonnière parvint à ce degrt)
de perfection et d'importance où nous la
voyons aujourd'hui arrivée. Long-temps les
Indiens et les Chinois fabriquèrent des coton-
nades avant qu'on song:cât à on fabriquer en
Europe; Iong;-lemps les navigateurs euro-
péens virent les indigènes de la côte de (rui-
née vêtus d'étoffes de coton . sans tenter dé-
naturaliser chez eux celte branche de roni-
nierce ; long-temps les colons voyageurs de
l'Amérique du Nord rencontrèrent le coton-
nier aux Bahamas, au Mexique ( il y était
connu et rais en œuvre du temps de Christo-
phe Colomb et de Feruand Cortez ), avant de
transplanter chez eux ce précieux végétal.
El si nous avons lieu de nous étonner que
l'usage du colonne se soit pas rapidement ré-
pandu après les premiers voyagcj de circumna-
vigation autour de l'Afrique, el la découverte
de l'Amérique , combien ne serons-nous pas
plus surpris encore en voyant que celle pré-
cieuse matière a été connue du monde ancien
sans que les industrieuses populations de la
Phénicie , de Carlhage , de l'Egypte , de la
Grèce , aient lente de se l'approprier. >'e
pourrions-nous pas citer Hérodote, Pline,
Slrabon , Arrien , le Périplus Maris , qui tous
ont parlé du colon?
C'est à l'époqua de la conquête arabe que
la culture du colon se répandit. Les maho-
mélans l'importèrent dans Ioms les lieux où
ils s'établirent, à Samarcande comme à Cor-
doue el dans la Sicile, et les écrivains du on-
zième siècle , dont les manuscrits sur papier
de coton sont encore conservés à la Biblio-
thèque royale de Paris , durent cette matière
à l'industrie arabe. Dès le dixième siècle , on
Toit des fabriques d'étoffes de colon à Cor-
doue, à Grenade et à SévUle; et dans le
treizième , à Barcelone.
Mais si les musulmans rendirent au monde
le service de propager celle culture sur une
vaste étendue de pays, si même ils surent
l'approprier à un assez grand nombre d'usa-
ges, ils ne purent cependant faire faire à l'in-
dustrie manufacturière de notables progrès
La fabrication el ses procédés restèrent entre
leurs mains ce qu'ils étaient dans l'Inde, où
les indigènes pratiquent encoçe aujourd'hui la
filature au fuseau , el le tissage a l'aide du
métier le plus grossier. Il faut reconnaître
toutefois que les Indiens , grâce à l'habileté
de leurs ouvriers , sont parvenus à obtenir
des étoffes d'une légèreté si merveilleuse, que
les Orientaux , dans leur langage poétique ,
les appellent des étoffes de vent filé. M. AVil-
kins a rapporté à Londres un échantillon de
mousseline tissée avec du fil qui correspond
au numéro 245 anglais; el le numéro le plus
élevé dont on ail fait usage en Angleterre
est le numéro 2.j0, quoiqu'on ail filé jus-
qu'au 313.
Aussi long-temps donc queles nations occi-
dentales n'eurent de rapports avec lOrienl
que par les musulmans de la Méditerranée ;
«ussi long-temps qu'il fut admis en économie
qne les peuples dcTant chercher à produire
213
toutes choses sur leur territoire ne pouvaient
mettre en œuvre des matières premières qui
Lii fussent étrangères, l'industrie colonnièrc
resta presque dans l'enfance. Barcelone,
^lontpellier et les Pays-Bas furent les seules
places où elle acquit un peu d'importance -
tandis que la Hollande, qui, de bonne heure,
avait fondé de puissantes colonies dans les
Indes , se chargeait presque seule des impor-
tations qui suffisaient à la consommation res-
treinte des seizième et dix-septième siècles.
L'industrie ne prit d'essor que vers le dix-
septième siècle , quand la Grande-Bretagne .
réunie sous le sceptre de la maison de Bruns-
wich, et reine des mers par la défaite de la
France et de la Hollande, jeta les premiers
fondemens de sa puissance dans l'indouslan.
Alors, de toutes les parties du royaume uni
on vit s'élever un concert de réclamations
cont-'3 l'importation des colonnades indiennes
qui devaient, disail-on , ruiner l'induslrie
nationale des laines. Ces réclamations furent
assez vives pour déterminer le parlement à
prohiber, en 1700, limportalion de ces tissus
étrangers, sous peine d'une amende de 200
liv. sterl. La prohibition donna, comme il
arrive toujours, naissance à une contrebande
active, elles femmes, qui avaient déjà pris
tant degoùl pour ces étoffes légères, n'y re-
noncèrent pas . on le pense bien, lorsqu'on
voulut leur en défendre la jouissance. Bien
au contraire, il faut voir dans les pamphlets
de l'époque toutes les malédictions des mar-
chands de draps et de loiles contre l'insatiable
coquetterie des femmes; il faut voir Daniel
de Foë , l'immortel auteur du Robinson Cru-
soé , se faire l'écho de toutes ces lamentations
(>t fulminer contre le beau sexe de violentes
attaques dans la Revue Hebdomadaire , dont il
était le rédacteur! Qu'eussent dit tout ces pro-
phètes de malheur qui annonvaient la luine
prochaine de l'indusrie anglaise, s'ils eussent
entendu en 1832 la lecture d'une pétition
adressée au parlement par les fabricaus du
Bengale, qui se disent à leur tour écrasés
par la concurrence anglaise?
Toutefois, en prohibant l'importation des
cotonnades, le parlement n'avail pas prohibé
i'importalion de la matière première , et la
labrique établie en 1641 à Manchester conti-
nuait silencieusement ses obscurs travaux.
Elle avait bien , il est vrai , profilé de quel-
ques procédés employés dans la fabrication
les tissus de laine; mais néanmoins, en 1760
elle n'élail guère plus avancée sous le rapport
nécanique que les fabriques du Bengale. De
i3lus , outre l'élévation du prix de revient
qu'une main d'oeuvre immense élevait à un
laux considérable , ellî ne pouvait rivaliser
avec les Indiens pour la qualité de ses tissus.
Jamais les filejises anglaises n'auraient pu
lui fournir de fils comparables à celui <iue pro-
duit la merveilleuse dextérité des Indiecg,
kviin l'invention des filatures mécanique
514
a-l-elle réalisé pour les fabricnns européens
une friicluc'jse rc^ululion ; aus<i o<l-ce ùc l'é-
poque où elîp» fureiil rfécouverlce que -J;i'cnl
les prog'rès de i'iiiduslrie colonnicrc. Cui !e
croirait ceponûant? on ne sait à qui altrïLuer
l'honneur de cilte détouverle réalisée vers le
milieu du dernier série.
L'inventeur protablc de la filature méca-
nique fut, seJon M. Davccs, John Wyal de
Birmingham. Ce qui tctvlrail à le faire croire,
c'est une patente prire par lui en 1738 au
nom de Lewis l'aui. 5'ais il faut remarquer
que re mêmes 1 evt is Paul , qui prit plus lard
d'autres patriiles pour des machines à filer,
réclame la priorité pour lui-nu-nie , et que sa
qualité d'étranger à ia Grande-Bretagne lui a
fait lort autres de l'auteur anglais, jaloux de
conserver ^son pays la gloire de cette dé-
couverte. En effet, si >L Bavnesne peut pas
nousdonner beaucoup de bonnes raisons j)0ur
nous convaincre que l'honneur appartient à
"Wyal , il ne peut pas non plus en donner de
bien décibives contre les réclamations de Le-
^ is Paul. Disons plus, la circonstance qui
rendit Lcv.is Paul lilulaire de la première
patente, ainsi que se* inventions postérieu-
res, nous font présumer qu'il fut le premier
et véritable auteur des machines à filer, et
que John Vvyat ne fut que l'homme d'affaires
qui fournil au mécanicien les moyens de réa-
liser sou iuvculiuu. Quoi qu'il en soit, des i
élablisseracns créés a Birminghi-m et à ISor-
(hamplon, selon les procédés de AVyat et de
I-ev\ is Paul, ne itn>>iif ni pas et ils furent
bientôt obligés de suspendre leurs opérations.
Le défaut de succès qui priva John 'W'yat
et Levais Paul des avantages ot de la gloire
qui leur étaient dus, nuisit également à Ilighs,
dont les travaux réclament aussi la priorité
sur cei'T d'ArLv\right, à qui «on éclatante
fortune non moins que ses talens ont valu
d'èlre le plus souvent consii-'éré comme le
premier inventeur de la filature.
Ké à Preslou en ï'Vi-2 de parens panrres,
Arkvvright, lo plus jeune de treize enl'ans,
apprit à peine à lire et à écrire. Il n'était en-
core que barbier et possesseur d'un secret
pour teindre les cheveux, lorsqu'il fil en 1760
connaissance de l'horloger Kay, qui avait tra-
vaillé pour ce lacme Itighs dont nous venons
de parler. L'esprit inventif d'Arkv^ right, aidé
par cet associé, se mit à l'œuvre, et en I7U9,
soutenu par le concours de plusieurs capita-
listes, il leva une patente pour ses machines
à filer, ('/est vers la même époque que Kar-
grea\ es inventa une S/iiiininj-Jcnny au moyeu
de laquelle une seule personne pouvait filer
seize fils; mais l'apparition de cette machine,
qui menaçait les intérêts immédiats des ou-
vriers, excita une énicate, à la suite de la-
quelle elle fut biibéc et l'auteur obligé de
quitter le pays.
LAI
POLITIQUE, LITTÉRAIRE, AGRICOLE, INDUSTRIEL ET COMMERCIAL.
PRIX, POUR PARIS ET LES DÉPARTEMENS,
POLR UN
POUR SIX MOIS, 22 FRANCS; I»0€« TROIS MOIS, !2 FRANCS
Convoiiiums eri.seiiih/c , tntis, chaiim dtms noire i égio/i cl scivn noire loi parli-
ciclièie. à la graiule Siib^tliliinon des (jnesiunis soi iaiea nuj: ijii,sliu/is p< liHiines.
'J'uul en la. Tâchons île i allier à l'iaée Kf plicahie dn j>i uf^i i:s i,.tis le» Ituiinnes
d'éUte, el d'extiane un paili siipéneui (/ni ventile ta cuniisuloh de lutu tes
partis inftrieurt qui ne savent ce qu'ils ■veulent. VlcTuli UcGd.
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I llA.VuND. icigéuieur. Travaux publics.
Gli.LOiX, Lii-puU". Insliui'l on publique.
OftTt/i.A>. Droit coiisliluliunt.ei.
HEi.ytfcliH É oiis nouvelle.-- (le science sociale.
S!Oi iJ ti , aiic <■• magislr.4. Droit municipal.
A TKA.SSfj.N. £■ uiioinie ^0(.•ial^•.
" Liiiouioue da juur et correspondance particulière.
SCIENCE.
BEAUDË. Compte rendu de lAcadémie des Sciences. | iisÉBUCIIET,merabieduconseildesalubrilé.Slatislique, etc.
LITTÉRATLKE.
BALZ.\C Romans el nouvelles.
BEKTUOUD. Intérieur des contemporains célèbres.
CLsTlINES jmdrquisde). Lettre» dun cosmopolite.
ALEXANORb DlMAS Critique des drame» nouveaux.
E^yLIUOî), scieuce» Occultes.
UAD.A.UE GAY. Pans, modes el usages.
THEOPUILE GALillEK. Ueaus.-arts
GKAMER DECAïiSAGNAC. Livres bistoriques et religieux.
GOZLAN. Tableaux de mœurs.
VICTOR HlGO. yudsliou!. sociales.
JLBIN.'VL. Revue réirospcclive , aucienne littérature.
LACROIX (le biblioptiiie Jacob ). Bibliogiaptiie.
JULES LECOMTE. Marine».
AlÉUV. Mœurs du Midi et de la France.
W(Ji«. T beaux-arts et vojages.
MALlTOl ïlNii. Souvenirs il portraits historiques,
GlSIaVE plan HK. Cutique littéraire.
ALPUuASK UuYfc-R. Oiieiit, itusMe, Allemagne.
UE AOKVLNS. So\ivenirs de l'i-mpire.
Ei.GKNE SCKIBE. Provei be» diamaliques.
ELIjE>EsIJK. Lettre» de Saint-Brice.
FRKDKHIC SOLUÉ Contiple reiuiu des théâtres.
JLLE.'t S.\.NUE.4Li. Craique des livres uouveauji.
^EGLL^' aillé. Beau.x-arts.
VABAIG.NE. Amérique Ou Sud.
[ Tuus les arlicltà littéruii es sont signés.)
POLITIQUE.
Conformément au vœu des lois sur la presse, M Éiriiie f.e
Giraruin, dfputé, na point lié»ile à ai repier, dans u ute sa vé-
.tUe et daii» loute son etenuue, lu ie!-pou»abiiité Icf^ale que coni-
porleul le titre el la lonciion de rédavieur in chei d'un joi.riibi.
Des memOres appai lenaiU aux- detijc cluimliie», aux conùcils-
\ génci aux des dipai leineii:, ; deà liommui ipeciaiix sur les
■ hautes attestions de Coi ganisation de i'aiii.ée, des ti avanx
I publics, des impôts ot du ci édil, dans leur i appui t ai-ec ta
itiûiuliié populaire, la libellé commerciale et le progrès in~
au.stittl; eiti» de» conespotiiian» é. airi's el juUicieu.-cment
i'iiOi.si> 1 aidt ni à donner à L.\ Pi{E>Sh.daii>»a pailie politique,
le doub e oiacieit pihtique et pioures^ilMiquel elle aspire.
La lueise doit tlie rangée pinmi e» jouinaiix cvnseiva'
1,111 s d, l'ûi di e et de tu tiijti lé Mabilité de> inrllilion» el pro-
files de» lois, vola son point de départ el son bol publique.
Indfpei daute et mouérùliou, sont lesiuisde sa crinque.
FEUILLE ION S.
Tous les dimanclies il paraît un feuilleton historique de M.
ALEXANDRE DLMAS
Toui les mai dis, \\ paraît un feuilleton drara tiqu.e de M
ifRKDEKiC SOLLIE.
Tou» tesiiieicreiits,\\ paraît un feuilleton de l'académie des
ieit-nces, par le docteur J. P. Beaude.
Tousle^ samedis, il p.irait sousle titredeCo/.-rj iir de Pai is un
bulletin de» livres nouveaux, iie;- p ère» en répétition, des niodeit
nouvelle», des obj 'ts et u»age» nouveaux. Ue la musique en
vogue, des objet^ de curiositeel builelî:! brblio'^rapli que.
Tous les penrfrerfij, il parait sou» le litre de Aemnine indits-
irieitt uD feuilleton divise «a trois parlivs. La première cou-
saerée aux ?rnf(7uj-/7«/.//fj. présentant le mouvement des che-
inns de 1er, canaux, grandes voles de c nn.'iiniiation, adju-
di atiOP' :nipoitanles — La seconilc consaci-'e à l'aui iculluic
à l'eDre^iislri ment de ses besoin» el de se» pro^ire^-^La troi-
»iéme enfin cousa.rée à l'industi le, au iik.u ement lies bre-
vet» d invention, des capitaux, de» enlnpiises paradions, des
sociétés de co'r.nierce, etc.
Tous les iittdis eiftn, il parnît SOU< le titre de Foune étran-
uère unkuiiiclun pre.s, nt..ui liiutce que le» journaux cl revues
di s di ux moi de» publient de curieux il d'uli e ^ur les mœurs ,
u âges el travaux comparés de» diveïS) peuples, pat divers tra-
diitl»i<rs.
CLASSEME^T DES MATIÈRES.
ETRANGER. — Mouvement universel des affaires exléricun s
FRANCE —Opi'iion du journal sur les questions ou sur les
évenemeiis du jour.
ACTES DL GOL'VERNEMKNT.— Loisel oidonnancpslejour
mèmi; df leur piih.italioii oflicit-lle. i>'omiiiatioii> fi piomolioiis
diverses de Tordre admuilslialif, mililain; cl reli^it'iix En oulre :
la Presse publie par moi', ([iidlre bulleiiiis .>piiiaux des dé-
ci^ions miiii>iéri''lies, arrêts <i jugemens qui iuleressent.
lo Les niiiiiicipa.ilé> et paioiss<?s , les maire», les coustiiler»
comniuuitux ei M:U. es curi's ;
2o Liiislrucliou primaire, ces comilés el les écoles;
50 Le» conintiuabies, gardfs nationaux, électeurs el jurés;
40 Les citoyens bOUS li'S drapeaux.
Toutes les décisions officifiies el tous les faits utiles qui inlé-
rcssenl les oficier» ministériels el les divt-rs loiiclionnaires
publics sont uielhodiqucmenl el MicCiUlfment cnreîjistiPs. La
j^rcsse SOU", ce rapport peut dispenser de divers j lurnaux spé-
ciaux bpa coup de maiies, de conseillers municqiaux, de curés
et d'instiiuicurs.
CURUMQUliPOLITlQUE.— Versions commentaires el anec-
dotes des saions et dt-s cercles politiques.
CORRESPONDANCE PARTICLLIERE. Lorsque des évé-
neraens graves comme ceux d'E>pagne lendenl nécessniie
l'envoi d'un rcdaclrur de la Presse ou le choix d'un correspon-
dant spécial. leur.-> lettres ^ont platiécs sous celle rubrique.
DÉBATS LÉGISLATIFS. — Les débats de» cliambies seront
anaivsé» avi c une .-ciujmii «-.e (ideiité et surtoiu avec une inva-
riable impartialiie. Rien ue plus faux, de plus trompeur que les
€omples-ren^lu^ îles journaux; ^Ulvalll»on parli. ci. a uniei^ueilic
les paroles de ses amis, ei siippiime les discours de ses adver-
saires. Ici l'opposilion u'a janiiiis lorlà la tribune; laïc iniiiistère
a toujours raison Ces réiitaroii(|ués .'oni un mensonge pcrpé
tuel;iis ont causé à la piesseun immense prejudi'-e. Nou<..-aij
ron» méri er par la justice la conlianc que d'autres ont perdu
par l'esprit de paiti: la lé^le dont nous ne nousécarter()n> j a
mais seia de faire connaitre la sub lance de toutes les opinions.
À quelque parti que l'orateur appartienne.
La Preste ayant pour rédacteur en chef un membre de la
chambre des iiepu'és, on comprend que par ses relalions polili-
qifs il lui sera facile de doniitr de.-dlails exactes sur le> tra-
vaux intérieurs des deux cliambr s Les opeialions des bureaux
ci des coniinissions sont souvent pour le lecteur le com,j,ément
indi-pcns ihle des séances pub iqucs
DÉB.ATS DE LA PRESSE —ExIraitN et analyses des princi-
pauxjuurnau.x de Paris, des deparicmeiiseï de l'élranger.
La Presse ne meritt-rail pas le nom qu elic porte si elle n'é-
tait qu'un journal de pins el si elle ne reproduisait pas fidèle- .
ment le mouvement de tous l^s journaux, tanlôl par extrait,
el tantôt par analyse, selon que le viul l'esprit des ariicles.
La P'tsu^ r> produit dune ainsi, chaque malin, el le jour
même, a P"lénii(|uc des diff'-reiis partis, ci présente impartiale-
ment ainsi la sia S iqi e exacte de toute» les opinions.
I)ÉP.AKTE.^1E.^S. — Tous les failsqui rcsullenl d'une corres-
pondance active el du dcpouilicmeiii quotidien de cent jour-
naux sont résumés s us ci lie rubrique lorsqu'ils intéressent in-
clu,^ivenlelll le département.
DÉI5VTS JUDICIAIRES. —La Presse, lemcmejour que le
nroil et la Gazette des Trihunaux. renil un Cumple exact et
piécls des pUs iuléressanles causes mdieiaires el des princi-
paux arrêts.
NOUVELLES DlVERSrS.—Sousci titre sont reproduits tou»
les faits et nouvel, es qui ne cumpoi lent pas une ciassilicaiioa
spéciale ou méltioilique.
COLONIKS FRA.NÇ VISES Nouvelles d'Alger, etc., etc. etc.
STATISTIQUE ET ÉCONOMIE SOCIALIÎ — Examen des
quesiionsécoiioiniques, d'iinpùls, debuijrl, de population.
BIOGliAPHIE ET NÉCROLOGIE des coNTEMl■l5RAl^8.
V.ARIÉTÉS —-Comptes rendus approfondis de tous les ou-
vrages iinporians.Ces comptes rendus sont signes.
BOIRSE, MARCHÉS, ET SPECTACLES.
( Pour le feui letonss voir plus haut ce qui a été dit ).
ÉDITION DES DÉrARTEMEXS.
t«t Presse ne se borne point à reproduire les nouvelles du I uràce à la célérité d'une presse mécanique nouvelle exécutée
Moniteur; toutes le^ versions que contiennent les 25 journaux I dai's ce bat.
quolidieus qui se publient le matin à Paris y sont encore ajouté, s \
SYSTÈxME FINANCIER Dl JOURNAL
La base économique sur laqui^Ue la Preste est fondée est
imitée de celle adoptée par tous les journaux anglais. E.le
consiste en un calcul f >rl simple que voici ; le prix et le pro
duil de» annonces d'un j •unial sont en raison du nombre des
abonnemens qu'il comple. Plus il a d abonnes; plus il reçoit
d'annonces et plus il les fait payer un prix élevé.
En Angleterre, les annonces du l'imes produisent par année
moyenne 2.S,(X)0 sterl. (^750,000 fr.) En France les annonce)
des trois principaux journaux de Paris s'éleveul annucliemenl
de 200 à 250, 8( H» fr.
Si maintenant une réduction de cent pour cent sur le prix
d'abonnement iluii journal quotidien de même foimnl que les
journaux qui coiUeni «0 fr. et rédigé par les hommes les p'u<
distingues est le sur moyen de coaqiler 10,001) abonnés, p.u
importe que les bénéfices soient prélevés dans la ca.sse des
abonnemens ou bien dans celle tles annonces.
Ce que la Presse surtout ne veut éirc ni paraître c'est un
journal au rabais : la mi%sion de la Presse est d'un autre ordre ;
ce qu'elle a entrepris c'est une réforme radicale du journalisme
quotidien en dépit de la fiscalité législative.
La rédaction la plus nobiemeni rétribuée . l'impression la
plus soignée el le prix d ab >nnemeiit le p.us faibie , voilà ce
que la Presse s'est assurée tes moyens de concilier. . . . Jamais
l'économie de prix et l'infénorité de valeur n'ont été la solu-
tion d'un problème Pour qu il en soit ains4 ii faut savoir allier
la supériorité d'exécution el la réduction du prix , le luxe et le
bon marché; il l'aut enfin qu'en raison du grand nombre Ion
ne Soit réciproquement ((ue l'effet de l'autre.
Ce n'esli|ti'en sedi^iii.'iiani parle mérite de sa rédaction que
le succès de la Presse, déjà si prompi el «i éclatant, sera durable
et ijiie l'économie de son prix sera importante el sensible;
elle le sait.
La Presse parait depuis le 1" juillet dernier.
Sun captai en caisse eslde 40 1.000 fr dont loo.onofr., versés au
trésor pub ic et loo.OOoà la binque de France. Pour satisfaire à
beaucoup de demandes d'actions qui n'ont pu être remplies, une
nouvelle émission de .'ïOO.OOiI fr. d'ai-lions doil être décidée ce mois
en asseinb ée générale : ces actions seront délivrées par rang
d inscription. On devra donc pour eu avoir ^e faire inscrire sans
leiard. Les actions soiil de 250 fr.
Telleesila nouveauté des pri^'ipes financiers sur lesquels re-
pose l'acte de so' iété delà PRESSE, que le journa' cessdt-
il môme de piraiire . les aclionnjires , en aucun cas. ne per-
draentlecapitalde leurs acliuiis ILS NE RISQUENT QUE
LES INTÉRÊTS DLN CAPITAL DK 2,io(r.,et cela encore
en réalisant sur leui- budgei une économie de 40siirS0fr.
Les souini,si.oonaires de (|u.itrtî actions . soit 1.000 fr., outre
l'iulérèi à 5 0|0et leur part dans les dividendes annuels, re-
Ç'tivent graïuilement le journal pendant quatre années, ce qui
équivaut au rembou'S'Miient d iiii sixième de leur capital,
san> préjudice du rcuiboursemeul annuel stipulé arlicle 44 de
l'acte de société.
On s'abonne à la Presse, don soumissionne les actions, rue St. Georges , n. IG.
IMPRIMERIE DE DLRTUBIE ET \IORMS, 17, RUE ST-PlLRRE-MUNTMAKTKfe. ^
SIXIÈME ANNÉE. 183G.
Edition française.
JffAL
DEUXIÈME SÉRIE.
— Première année.
XJ»IKJiAf
MSSiUEES
RÉPERTOIRE CIVIL.
Population de la France, 219 — Produits et frais de
perception des impôts, 2-20. — Bases des imiennuitcs ac-
cordées pour certains dtsaitres, 9M. — Persounel de
la justice en France. 222. — .\on>bre des prisonniers et
dépendes qu'ils occasior,i<nit «iniiiiel.fiDent, 22r>. — His-
torique de la réforme pénitentiaire, jifV/.— Suppression
des tours destinés à recevoie djns les hospices des en-
fans abancieiinës, 225.
RÉPERTOIRE DOSIESTIQDE.
Des Principau.x excilans de l'esprit, 227. —Combles
éconoin qups, 229. — Pratique nuisible de tailler, ro-
DICTIONNAIUE MENSUEL ET PROGRESSIF.
BÉPERTOiaZ: TTSUEI.
DE TOUS LES FAITS UTILES , ÉCONOMIQUES ET NOU'VEAUX
intéressant directement
L'édacalion de l'enfance, la morale et le bien-être des familles, l'économie usuelle-
L'exercice et le pro^-^rès de toutes les professions sociales ; '
L'exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits Qu'elles nrespriven»
PRIX : FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE ^■^*''"'"^^°^*
PAR AN SIX FRAJ>iCS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT-GEOKGES, No ii.
Une livraison de trente-deux pages par mois, contenant un demi-volume in-S°.
Les souscripteurs étant autorisés à retenir— sur le prix des six ir-Anm—r n(Tranchissement de leur leiire elle
.mît de la reconnaissance de posic, l'abonnemenl n'est, de fait, que de Cliyy FRANCS nels pour la Société'.
NUMERO 10 : OCTOBRE 1836.
per et couper la corne de la fourchette des chevaux,
2ol. — Des vices de caractère chez les chevaux, 253.
REPEKTOIRE PROFESSIONNEL.
Toiles peintes, 2ô5. — htduslne .- du coton, 238
Ouvriers. Sur l'habitude qu ils ont de ne pas travailler
le lundi, 2ô9. — Le.^ ouvriers et les mactiines, tbid —
l-erb.uiitiers : sur l'emploi des rognures et déchets de
lerblaiilerie, it„d. - Meuniers : nouveaux moulins-
échappement de la farine par toute la circonférence des
nrieules, -.440. — Caoutchouc (facricans dej, 242. — Ré-
sines, 2-i2.
REPERTOIRE DE LA CONVERSATION.
Des courses de chevaux, 24.Î.
a
«3 -5
B es
ri
JOURS.
delà
-» S)
■a
semaine-
13
1
9i
samedi.
90
2
DIM.
89
3
lundi.
88
4
mardi.
86
S
mercredi
8fi
6
jeudi.
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7
vendredi.
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8
samedi.
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DIM.
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lundi.
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mardi.
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mercredi.
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jeudi.
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vendredi.
77
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samedi.
76
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DIM.
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17
lundi.
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mardi.
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mercredi.
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vendredi.
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samedi.
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lundi.
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mardi.
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26
mercredi.
PS
27
jeudi.
C4
28
vendredi.
64
25
samedi.
63
30
DlM.
62
51
lundi.
NOMS
des
SAINTS.
s. Reml. évêque.
ss. Anges gard.
s. Denis, l'aréop
s. Françoisd'.Ass.
ste Aure, vierge,
s. Biuiio.
s. Serge, s. B.
ste Brigiite.
s. Denis, évêque.
s. (iéréon.
s. IVicaise.
s. Viifrid, év.
s. Gerand.
s. Caii.\ie, pape,
ste Thérèse,
s. Anduel.
s. Cerbonney, év
s. Luc, évangél.
s. Savinien.
s. Aurele.
ste Ursule.
s. Mellon,
s. Hilarion.
s. Magioire.
s. Crépin.
s. Amand.
s. Frumence.
s. Simon,s. Jude.
s. Narcisse,
s. Lucain.
Vigile-Jeùae.
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100
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p. OiO.
J.
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Par an.
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13900
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14000
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14100
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14250
14,00
14350
14400
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14.d00
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Par jour.
fr. c.
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58 21
58 35
35 47
38 65
38 76
38 90
59 04
59 17
59 51
39 43
39 58
39 72
39 86
40 00
40 13
40 27
40 41
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40 68
40 82
40 95
4t 09
41 23
41 36
41 50
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EMPLOL 1
dépense
épargne
9il0
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fr. c.
fr. c.
34 02
3 78
54 15
3 79
54 27
5 80
54 59
3 82
54 52
3 83
"4 64
5 84
54 76
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5 87
55 01
5 88
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5 90
35 26
5 91
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5 93
55 50
3 94
53 63
5 95
33 75
5 97
33 87
5 98
56 00
4 00
56 12
4 01
56 24
4 02
56 36
4 04
.36 49
4 03
36 61
4 06
36 73
4 08
36 86
4 09
36 98
4 10
57 10
4 1-2
57 25
4 13
37 35
4 15
37 47
4 16
37 60
4 17
41 72
4 19
Le
1 lev. du soleil 6 h.
10 — 6
20 — 6
51-6
1 m. J Couch.
14 _
30 —
ii} -
S h. 38 va.
S 19
4 59
i 40
D. Q. le 3, à 6 heures 51 minutes du
N. L. le 10, 1 38 du
P. Q. le 17. 10 34 du
P. L. le 2i, 1 15 du
TTtUJjUlT
de 1|I0
épargné
au bout de
20 ans.
FrT^
41815 80
41967 30
42118 85
42270 55
42421 83
42573 40
42724 90
4-2876 43
4,3027 9-5
43179 5(1
43550 70
43482 25
4.3633 75
43785 25
4.3936 80
44088 30
44240 15
44391 65
4454 > 20
44694 70
44846 25
44997 75
45149 30
^io300 80
43452 50
43605 80
43755 35
45906 85
460.8 45
46209 87
46560 35
soir.
matin.
matin,
soir.
MUSIQUE VOCALE POPULAIRE EN CHIPTRES.
La musique est devenue un métier si dif-
ficile de notre temps, les airs payés sont si
chers , qu'il est impossible que la classe
populaire puisse ni l'apprendre ni l'acheter.
Il n'y a plus de chanteur que dans les con-
certs, qu'ils aient lieu au théâtre ou dans un
salon; mais la musique qu'on y fait n'est
que pour l'opulence; le peuple ne peut ni
la comprendre, ni, il fautle répéter, en faire
la dépense. Il ne chante que dans ses ate-
liers, pour se soulager de ses travaux; ses
chants sont, généralement, des airs simples
ou anciens, et, conséquemment dédaignés
du grand monde. Béianger, ce poète na-
tional, a su les adapter à ses odes avec un
rare bonhetfr pour se rapprocher du peuple
et lui faire partager sa patriotique éloquence
et son amour pour la France. Il a dit de lui :
De Tieui soldats m'ont dit : gràcc à la muse
Le peuple enfin a de* chauts pour sa voix.
On a si bien compris que le peuple aime à
chanter, et que lorsqu'il se livre à ce goût il
en affaiblit d'autres plus grossiers et plus
dangereux, que l'on a commencé, dans des
écoles, à lui enseigner la musique. MB. Wil-
hem s'est consacré avec un zèle admirable
à cette intéressante fonction. Il a obtenu
quelques succès à Paris ; mais cette élude
devrait être générale; toutes les écoles d'En-
seignement mutuel en France devraient
adjoindre la connaissance du chant à la lec-
ture, l'écriture et autres objets dont elles
s'occupent; celle connaissance, réduite à
sa plus simple expression, s'acqureraitavec
autant de facilité quQXcplain chant, en n'y
employant que quelque» momens dans les
heures de récréation.
/.-/. Rousseau avait proposé la notation
de la musique avec les sept pre77iiers c'iif/res
arabes; mais son erreur a été de vouloir
l'étendre de la voix aux instrumens. S'il eût
borné soninnovation aux airs facile.sde la mu-
sique vocale, tels que chants d'église, chan-
sons, romances, aux chants populaires cn-
/în,iln'aurait effarouché personne; l'air d'une
chanson aurait été imprimé typograpbique-
ment à la tête de cbaqtic chanson, sans
qu'un recueil eût été renchéri de 25 centi
mes, et le peuple enfin aurait eudes chants
j)our sa voix.
Sans élever ses prétentions aussi loin que
Rousseau, M. W. eu a une qui consiste,
selon lui, à enseigner notre Musique vocale
populaire sans le secours d'un maître, à
ceux qiri sont doués d'une volonté ferme et
qui sont susceptibles d'une attention soute-
nue. Ceux qui ne possèdent pas ces facultés
ou qui ne veulent pas les acquérir, n'appren-
dront jamais rien , môme d'un maître. Tous
les maîtres de bonne foi en convieRaent.
Cette dénomination de Musique vocale
populaire en chiffres n'est pas sans motifs;
la musique ordinaire, avec ses clés diver-
ses, armées de dièzes, de bémols, de bé
carres et d'une foule de signes compliqués
n'est rendue si difficile qu'à cause des in
strumens; la voix humaine n'a besoin que de
la gamme naturelle dun majeur, tous les
airs en mode mineur peuvent aussi se tra-
duire et se solfier sur la gamme naturelle de
lamineur; seulement, si l'on veut les sol
fier sur le ton du diapason, on indique au
commencement de l'air en chiffres le ton, ou
la tonique, de l'air en musique ordinaire et
l'on évite les difficultés que les instrumens
ontnpportées dans ladite musique et dont la
voix peut et doit être affranchie.
Nous regrettons bien sincèrement de ne
pouvoir faire connaître dans cette notice la
méthode complète de M. W. Mais nous
sommes contraint par les limites de cette
feuille de nous borner à ce qui suit. M. W.
Ji'a point fait une spéculation de son inven
(ion , et ])our le prouver, il a fixé à 60 centi
mes le prix de son ouvrage complet, au
moyen duquel on peut, arec quelque perse
vérance, obtenir les notions du chaut quand
on ne le considère que comme un délasse-
ment et non comme une profession.
La méthode se trouve chez M. Desrer
éditeur du Panthéon littéraire, rue St-Geor-
ges, n. 11, à Paris.
KÈPERTOIRE CIVIL.
I. INTÉRÊTS GÉNÉRAUX. — II. MORALE ET INSTRUCTION PUBLIQUES.
III. DEVOIRS ET DROITS CIVILS ET POLITIQUES.
POPULATION DE LA FRANCE.
Tous les cinq ans le recensement général
<Ie la population de la France est fait à nou-
veau : le dernier a été eflectué en 1831, et le
tableau en a été arrêté par ordonnance du
11 mai 1832 pour servir de base, pendant
îi années, à toutes les opérations administra-
tives. L'existence officielle de ce tableau
touche au terme de sa durée quinquennale,
et va à la fin de l'année. Ce travail important a
été l'objet d'une instruction récente de M. le
ministre de l'intérieur. Afin d'.assurer l'u-
niformité matérielle, qui est un des premiers
moyens de succès, le ministre a fait dresser
les modèles de cadres qui doivent servir au
travail.
L« premier de ces cadres est destiné à for-
mer l'état nominatif des habitans de chaque
commune, et doit être rempli parles maires
Il se compose de douze colonnes, et doit con-
tenir, pour chaque habitant, les noms, pré-
noms, professions et âge ; deux numéros
d'ordre, l'un personnel, l'autre qui rattache
chacun au ménage dont il fait partie; l'indica-
tion du sexe et de l'état civil ( c'est-à-dire si
l'on est marié, veuf ou veuve, ou fille ou
garçon) ; enfin les observations, s'il y a lieu.
Ce tableau doit être établi en deux expéditions,
dont l'une reste aux archives dea commune,
et l'autre est envoyée au préfet.
Celui-ci doit vérifier les totaux de tous ces
états communaux, et les porter, après vérifi-
cation, sur un état spécial; puis il récapitule
les relevés communaux par canton, et les
relevés cantonnaux par arrondissement ; il
totalise pour le département, et enfin établit
un tableau particulier des communes qui ont
ou une population agglomérée de 1,50 habitans
et au dessus, une population de 3,000 habitans
et au dessus. Le second modèle annexé à
l'instruction renferme tous les cadres néces-
saires à ce travail de la préfecture. •
Telle est la série des détails d'exécution
matérielle, depuis le point de départ du re-
censement dans la commune, jusqu'à la cen-
tralisation des résumés généraux dans les
bureaux de l'administration supérieure. Le
département le plus peuplé de tous relati-
vement à sa superficie, celui de la Seine, l'est,
toute proportion d'étendue gardée, prés de
82 fois plus que celui des Basses-Alpes, celui
de tous où la population est le moias agglo-
mérée. Sur l'ensemble de la France, le rapport
de la population à la superficie est de 1,219 ha-
bitans par lieue carrée. Sur les 32, .^«00,223 ha-
bitans, on comptait en 1832, t3,n«),l0:f'horames,
donl6,047,841 mariés, 722,611 veufs, 303,231 mi-
litaires, 8,806,422 enfans et non mariés, et
16,629,118 femmes, dont 6,056,836 mariées,
1 ,502,339 veuves et 9,069 enfans et non mariées.
En 1831, année où se fit le recensement, le
nombre des décès s'est élevé à 802,761, dont
403,902 masculins et 396,839 féminins ; celui
des mariages à 246,438; et celui des naissances
à 1,986,709, dont913,298légitimes et 71,411 na-
turelles : sur ces dernières, on a compté 33,
433 enfans trouvés. So us le rapport des sexes
sur les 986,709 naissances, il y en a eu 509,029
masculines et 477,680 féminines.
Rapprochés entre eux, ces chiffres pré-
sentent les résultats suivans: lo le nombre
des naissances a surpassé celui des décès de
183,948 : ce chiffre est donc celui de l'aug-
mentation de la population pendant l'année
1831 ; 2o le nombre des naissances naturelles
est à celui des naissances légitimes à peu prés
comme 1 est à 12,2, c'est-à-dire que contre
un enfant naturel il en naît un peu plus de
12 légitimes ; ôo le nombre des naissances
mâles dépasse de 51,549 celui des naissances
féminines, c'est-à-dire que le premier a été
au second dans la proportion de 17 16 environ ,
mais les décès mâles n'ont dépassé les décès
féminins que de 9,045, de sorte que la pro-
portion des preniiers aux seconds est environ
de 43 contre 42. Ainsi il naît 17 hommes
contre 16 femmes et il n'en meurt que 45
contre 41 ; l'excédant des naissances masculines
est à l'excédant des décès masculins à peu près
comme 52 est à 31.
Établis, non plus sur une seule année, mais
sur une série de 13 ans, de 1817 à 1851 inclu-
sivement, les mêmes calculs ont permis de
déduire les moyennes suivantes, qu'on peu-
regarder comme l'expression des lois du mou-
vement annuel de la population en France.
Sur quinze années le nombre^des naissances
a donc été, en moyenne, d(r968,8()9, celui
des mariages de 237,636, celui des décès de
784,375, et l'accroissement de la population
de 184,256.
Le rapport des naissances masculines à ce
lui des naissances féminines est de 17 à 16,
celni des naissances naturelles aux naissances
légitimes est environ de 10 à 152.
'2-20
Les décès masculins dépassenl les décès fé-
minins dans la proportion de '>T> à ,"i^.
On compte un mariage pour loi. 4 ou un
peu plus (le loi habitans, et pour A naissances
lh2, ou compte 3, S ou presque 4 onfans léjïi-
times par mariage.
On compte 1 décès pour Ô9,7 hai)itans, et
pour 1 naissance et 1/4. Enfin on tonsple 1 nais-
sance sur 3^2,2 habitans et pour U.Sl décès ;
ce qui revient à 10 naissances pour S décès-
Les garçons contribuent à l'accroissement
de la population pour un ÔOl, et les filles pour
un 386'" seulement. Si l'accroisscmenttotal, qui
est d'un lG9e, se maintenait, la population
s'accroîtrait d'un toe en Iti ans, de deux
lOes en TA ans, de moitié en 69 ans et se dou-
blerait en 1 17 ans.
l'IlODl'ITS ET FRAI.S DE PERCEPTION DES IMPOTS.
Les crédits alloués pour frais de régie, de perception et d'exploitation des impôts et re-
venus publics, comparés aux recettes auxquelles ils se rapportent, peuvent donner une idée
du mécanisme administratif de notre système financier. Nous les avons établis dans le ré-
sumé suivant pour l'année 1837. x- • j - • ti » . i a ■. .
Produit. Frais de régie. Proport, entreles produits et
les frais de perception.
Douanes et sels 163,300,000 f. 23,319,730 f. 14 f. 22 p. 0/0.
Contributions indirectes. . 114,285,000 22,72,'>,0()0 19 88 ùl.
PnsfpV 39.454,000 20,932,400 53 0.^ id.
^"u-P, .... 74,380,000 20,908,00(J 28 10 id.
Contributions' directes. . . 365,804,460 15.072.70fi 4 12 id.
Enreeistrement , timbre et
,„tL"inpr • . . 202,722,000 10,409,5.^0 n 13 id.
Tm-PU 23,100,(X)0 3,673,500 15 90 id.
Salines de' rEst! ! '. '^m 158,000 "^l 06 id-
Totaux..... 983,795,460 f. Ii7,i98,960f. llf. 81 p. OjO. francs.
TABLEAU COMPARATIF
DES DÉPENSES ET RECETTES DES SERVICES FAITES E^V 1829 ,
Tel (tue le chiffre en a été arrêté par la loi réglementaire du 31 janvier 1833, avec Us dé-
mnses et les recettes volées et portées au budf/el de 1836, par la loi de finances du 17 août
J835.
DÉPENSES.
Exercices
182!) 1836
nntionnWimiP 330,349.913 f. 335,033.725 f.
•!.i Sp^ 52,000,000 13,000,000
Mol^rl Hps nàiri; ' ' ' .^00,000 720.000
Chambre^des pairs . • • ■ ' ' , _ ^OO.OOO 643.000
Légion-d'honneSr. . .' •' •' ; • • • ^.«^^.ISS 2,400.000
* MINISTERES.
l„-,ipp 19,512,629 18,666,470
;,",", 35,581.535 35.104,689
An-«irPs'p»r'an^ères' .* 11,382,283 7,355,700
Instruction nublifue 6,245,108 13,033.o29
ÎSp. r P"*""*" 93,870.443 103,918.000
^V:Jr,.r^o^oP 10,813,903 9,797,764
r rro 214,748,437 227,283,210
M^Hne '.'■'■ 74,630,849 62,181,659
Finances ' ' ' ' 25.892,411 22.110.434
Frais de régie, perception et exploitation des impôts. IJf.SSMOS ^V^'f.lf^^
Kembourscmens et restitutions A4, mi,! M 4^,112,265
Totaux. . 1,021,215,698 f. 1,012.738.675 f.
Différence en moins, en faveur de 1836 S,'in,0'23
Égal. . 1,021, 215,698 f,
La liste civile a éprouvé une diminution de . . . 19,000,^0 f.
La diminution totale n'étant que de >i,4n,0'ià
Il en résulte que les dépenses publiques sont ang- ^^ ^^^ ^^^
""Dans ceUe somme', la dette publique figure s'eiiis pou'î- J^^^
Ce qui , en définitive , donne une augmentation de
dépense de ' '
2:>1
Il l'aut observer que dans l'exercice 1829. l'armée a été soldée et ctitrelenue à un effectif de
ass,;!^:» hommes, et de 46,86.{ chevaux, et qu'en I3.16, rt-ffectif moyen de l'aiinéo est de
310,"0S hommes, et de ot;,~(iO chevaux, ce qui l'ail une augmentation /pour c>' dernier exer-
cice, do 55,385 hotames, et de 9,897 chevaux.
ÏIECETJES.
Budgets de
1829 -1830
Contributions directes 329,4r.5,.'wl f. 302,634,917 f.
— - indirectes 206,136,405 ISS.riSS.OOO
Enregistrement, timbre et domaines 186,429,3.^5 19S,.',0(),0(JO
Douanes et sels 1o9,08o,086 16t'.()0(),000
Postes. 30,7.14,551 3(). toi 1.000
Coupes de bois 25,039,870 22,970,000
Loterie ,...,.... 42,777,52,s
Produit des jeux 5,500,000 .5,500,000
Droits universitaires et revenus de l'Université. . . 2,704,.S79 4,002,4Sr>
Salines de l'Est 1,448,828 1,465,000
Produits de divers revenus publics 3,368,157 5,373,070
Produits divers provenant des ministères 1,757,203 2,463,000
Produits extraordinaires 4,132,8S4 7,514,417
Receltes de diverses origines 260,21(» 240,000
Produits d'amendes, saisies 'confiscations 3,296,375 2,800,000
Le budget de 1829 a été an i recettes à un total
de l,030,4f;3,52<t f. Dans le tabkc dessus, on a réuni
d'autres recettes s' élevant à 4,119, ui, depuis 1830.
ont été rattachées au budget général .> l'état, et qui, en
'1829, étaient acquittées en dehors des budgets ministé-
riels. Mais on a distrait des receltes celles qui réellement
n'appartiennent pas à l'exercice 1829, ou qui ne lui
avaient été rattachées qu'à litre de -ressource extraor-
dinaire, et qui se montent à 62,449,772 f., ce qui réduit
les recettes ordinaires inhérentes à l'exercice 1829 et re-
produites au tableau de comparaison ci-dessus, à la
somme totale de 972,152,78-2
La loi du 17 août 1835 a Gié le budget des recettes de
4836, à 1,000,700,897 1.
Ce qui donne une augmentation de recette de . . . 28,.568,115
La diminution des dépenses est de 8,477,025
La liste civile a été diminuée de 19,00<^),000
En définitive, l'exercice 1833 offre une somme de. . . 56,045,138 f. -
en sus des moyens de 1829 pour subvenir aux dépenses
publiques nécessitées par l'état de choses actuel.
BASES DES INDEMNITÉS ACCORDÉES POUR
CERTAINS DÉSASTRES.
Quand un désastre quelconque vient affli-
ger certaines localilés ou des individus . le
gouvernement alloue, sur des fonds spéciaux,
des secours proportionnés à l'importance des
dommages. Voici sur quelles bases est établie
cette distribution de secours, pour pertes ré-
sultant d'événemens majeurs ou imprévus.
Ces pertes sont de deux natures : D'après
l'instruction du 24 octobre 1821 , les pertes
totales sont celles qui résultent de l'incendie
et de l'épizootie ; les pertes temporaires sont
celles qui n'affecient ijue la superficie du sol,
tels que les dommages causés par la grêle ,
une gelée extraordinaire hors de saison elles
inondations , dommages assez ordinairement
réparables dés l'année suivante, à l'exception
toutefois de la perte des oliviers dans le midi
de la France, qui se fait sentir plusieurs an-
nées après le désastre.
Le mode de constater les pertes est fixé par
un arrêté du gouvernement consulaire du 24
floréal an V (H mai 18<)i)(. Les contrôleurs
des contributions directes concourent aved
es autorités locales à établir cette vérifica-
tion par des procès-verbaux, soumis ensuite à
l'examen du directeur du département ; on
obtient ainsi toutes les garanties désirables
pour procéder régulièrement à l'estimatiou
des pertes, et pour prévenir toute exagéra-
tion dans le chiffre d'évaluation.
Les bases d'après lesquelles les secours sont
alloués varient en raison de limportance des
pertes et de leur nature; elles reçoivent né-
cessairement des modifications lorsque les dé-
sastres sont considérables, afin de rester dans
les limites du crédit accordé par le budget.
Voici, au reste, les proportions établies et
qui servent de point régulateur:
6 p. O^a pour pertes totales, lors-
que le chiffre ne dépasse pas .... 20,000 f.
5 p. 0/0 id. . . . 40,(JU0 f.
4 p. 0/0 pour pertes totales , le
chiffre dépassant cette quotité de . 40.000 f.
2 p. 0/0 pour grêle , gelée extraordinaire,
inondation , avec les réductions en raison du
nioniant des pertes et de la situation du
crédit.
222
PERSONNEL DE
LA JUSTICE EN FRANCE.
On compte en France 2,846 juges de
paix et un même nombre de greffiers. Le
traitement des juges de paix a éléfixé par
la loi du 26 février 1799 à 2,400 fr., à Paris
et de 16 à 800 fr. pour les départemens.
Celui des greffiers a été fixé au tiers du
traitement des juges, par la loi du 9 juiu
que deux chambres temporaires , Tune près
le tribunal de Ire instance de Grenoble,
l'autre près de celui de Saint-Étienne. Les
chambres temporaires sont créées quand le
besoin l'exige, conformément à l'article
39 de la loi du 20 avril 1810.
La iré classe ne com.prend que le tribu-
nal de Ire instance de Paris; le 2e cora-
I prend 4 tribunaux : Bordeaux , Lyon
iraiiemeiii uc» juge», yui^ «" '"» --- " j — f~ — • • > — j — j
même année. Ce premier degré de la justice Marseille, Rouen; la 3e comprend 3 tri-
civile coule à l'état 3,103,200 fr.
Il existe dans tout le royaume 104 tribu-
naux de poUce qui sont présidés par un
commissaire de police et dont les greffiers
seuls reçoivent un traitement particulier.
Ce traitement a été fixé, par le tribunal de
police de .' aris, à 6,000 fr. par un arrêté du
7 décembre 1802, celui des gieffiers des
autres tribunaux de police l'a été par un
.précédent arrêté du 17 septembre même
année, et varie de 500 à 1200 francs d'après
'importance des villes où les tribunaux
existent. La dépense totale de ces greffiers
est de 62,400 francs.
On sait que les fonctions de juges des
tribunaux de commerce sont gratuites ; les
greffiers seuls sont rétribués par l'état.
Leur traitement, qui a été fixé par un
arrêté du 27 juiu 1800 et par un décret du
23 février 1811 , est de 1800 fr. à Paris et
de 500 à 1200 f . pour les autres villes des dé-
partemens; leur nombre est de 220, lemon-
iant de leur traitement est de 179,900
ancs.
Les tribunaux de première instance , au
ûombre de 361 , sont divisés en sept classes,
déterminés par la quotité du traitement des
simples juges. Ce traitement est de6,000 fr.
au maximum , et de 1230 au minimum. Le
personnel de ces tribunaux est de 3,296 in-
dividus , savoir : 361 présidens , 8a vice-
présidens, 375 juges d'instruction, 803
juges, 20 juges suppléans, 361 procureurs
du roi, 461 substituts; en tout, 2,470 ma
gistrals, auxquels il faut ajouter 361 gref-
fiers et 465 commis assermentés. Les
crédits accaidés pour 1837 pour la dépense
des membres des tribunaux de i" instance
est de 5,551,470 fr. y compris 20,000 pour
frais de secrétariat de la présidence et du
parquet du tribunal de Ire instance de
Paris, et 9,500 fr. pour traitement des juges
suppléans, membre de chambres temporai-
res, lesquels, aux termes de l'article 3 de
l'ordonnance royale du 25 juillet 1833 , re-
doivent un traitement égal à celui des juges
de ces tribunaux. Eu ce moment, il n'exist
bunaux : Lille , Nantes , Toulouse ; la
4e en comprend 12; la 5e 31; la 6e 95, et
la 9e 215, en tout 361 tribunaux.
Les cours royales, au nombre de 27,
sont divisées en 4 classes , déterminées par
!a quotité du traitement des conseillers.
Ce traitement varie de 3 à 8000 fr., le per-
sonnel est de 1121 mdividus : 27 premiers
présidens, 93 préside-as de chambre, 630
conseillers, 63 conseillers auditeurs, 27
procureurs généraux , 27 premiers avocats
généraux, 40 avocats généraux , 63 substi-
tuts , total 970 magistrats , plus 27 greffiers
et 124 commis assermentés. La Ire classe
est la cour -royale de Paris , la 2e en a 3 :
Bordeaux, Lyon, Rouen; la 3e n'en a
qu'une, à Toulouse; la 4e en compte 22,
total 27. La dépense des cours royales est
de 4,246,900 fr., compris 25,200 fr. de frais
de secrétariat de la Ire présidence et du
parquet delà cour royale de Paris, et celui
du parquet de la cour royale de Rennes,
attendu que le ressort comprend cinq dé-
partemens. A cette somme de 4,246,900
francs, il convient d'ajouter 15*,4O0 francs
montant de l'inderonilé accordée aux con-
seillers délégués pour présider les 59 cours
d'assises autres que celles chefs-lieux de
cour royale, et pour les frais de secrétaires
de parquets alloues aux procureurs du roi
près les tribunaux de Ire instance chefs-
lieux de cours d'assises , comme étant
chargés du service de toutes les affaires
criminelles pendant les assises. Ces diverses
sommes réunies forment un total de4,401,300
francs.
La cour de cassation se compose de 56
membres : 1 premier président, 3 prési-
dens de chambre, 45 conseillers, 1 procu-
reur général, 1 premier avocat général,
5 avocats généraux; ces traitemens, ceux
des greffiers, huissiers, etc., de cette cour,
élèvent la dépense total à 797,300 francs.
La loi du 18 février 1791 avait fixé le traite-
ment des membres de la cour et du commis-
saire du gouvernement à 8,000 Uvres; celle
du 27 ventôse an viii, l'avait porté àlOjOO^'
francs , avee un supplément de 5,000 fr.,
pour le président 'ît le commissaire du gou-
vernement, et un autrede 2,000 fr. pour les
présidens de sections. Par uk décret du
27 messidor an XII, les dépenses de la cour
de cassation ont élé fixés de nouveau : Ce
traitement fut porté à 15,000 pour les mem-
bres, le procureur-général et ses substituts,
plus un supplément de 15,000 fr. pour le
1er président et lé procureur général, un
de 5,000 fr. pour les présidens de section ,
réduit à moitié pour lessubstituts.Une ordon-
nance royale du 16 octobre 1822 a porté à
40,000 francs le traitement du premier
président et celui du procureur général.
Cet état de choses a subsisté jusqu'au
31 décembre 1830, époque à laquelle le
traitement du premier président et du pro-
cureur général a été réduit à 35,000 fr.; le
supplément des présidens de chambre et de
premier avocat général a été fixé au 5e du
traitement! des conseillers; le traitement
des avocats généraux et celui des conseil-
lers a ©té fixé au même taux , et l'abonne-
ment du greffier en chef porté à 39,500 fr.
Enfin par ordonnaece royale du24 avrill832,
résultat de la loi de finances, pour l'exercice
de cette année le traitement des membres de
la cour de cassation a été réduit et fixé à
25,000 francs pour le premier président et
le procureur général, à 15,000 fr.pour les
présidens de chambre et le premier avocat
général, et à 12,000 fr. pour les conseillers
et avocats généraux.
En résumé l'administration de la justice
proprement dite s'exerce dans le royaume
par 10,500 magistrats ou employés à divers
titres, et demande une dépense annuelle de
14,095,570 francs, soit, par individu, une
moyenne de 1342 francs 40 centimes.
NOMBRE DES PRISONMERS ET DEPENSES
qu'ils OCCASIONNENI ANNUELLEMENT.
Les individus de l'un et l'autre sèxe qui,
d'âges divers et comme prévenus, accusés
ou condamnés, séjournent dans les prisons
et les bagnes, s'élèvent à environ 108,500,
répartis de la manière suivante :
Prévenus 32,100
Accusés 7^300
Condamnés à des peines correc-
tionnelles 37,400
Dans les maisons centrales .... 17,600
Dans les bagnes 7 200
Accusés militaires 6,900
La dépense totale est de 12,858,OOo'fr.,
indépendamment d'une somme de 30 mil-
lions employée depuis 20 aimées aux répara-
223
tions de bâ limcns. Ainsi donc depuis 10 ans
seulement, le nombre des détenus qui sa
sont succédé dans les prisons a atteint le
chiffre de 1,085,000 individus , lesquels ont
coûté pour leur seul entretien 143,580,000
francs, soit par individu, 1320 francs, non
compris les frais de justice et autres ana-
logues. Un crédit de 600,000 fr. est ouvert
pour travaux d'achèvement des maisons
centrales de détention. Cette somme doit
être répartie de la manière suivaale :
Beaulieu , travaux additionnels. . 200,000
Clermont , travaux pour remédier
au manque d'eau 30,000
LiMoges,solde des travaux du quar-
tier de récidive et d'exception. , 50.000
Melun, continuation de travaux
commencés 100,000
Poissy, travaux additionnels. . . 60,000
Rennes, continuation 100,000
Travaux de détails dans les autres
maisons 60,000
Total 600,000
Ne sont pas compris dans ce total
3,6000,000 fr., montant des dépenses pré-
sumées pour l'exercice 1837 pour le service
ordinaire des maisons centrales de force et
de correction, avec une populalionmoyenne
de 17,560 condamnés.
HISTORIQUE DE LA REFORME PENITEN-
TIAIRE.
Ce n'est point aux États-Unis d'Amérique,
c'est dans les Pays-Bas qu'a été tentée, pour
la première fois, la réforme des prisons. Le
premier essai eut lieu à Gand, en 1772 : une
prison y fut érigée par les états de Flandre,
sous le règne de l'impératrice Marie-Thé-
rèse. Un mémoire, présenté â ces états par-
le \icomte Vilain XIII, signala le mal pour
expliquer la nécessité du remède. On vou-
lut ramener les criminels au bien, en les sou-
mettant au travail en commun.
Ce fut presque à la même époque que Ho ■
ward consacra sa fortune et dévoua sa vie à
l'œuvre à laquelle son nom est attaché. Après
avoir élé lui-même prisonnier parmi nous, à
la suite de la guerre de Sept ans, et nommé
shérif du comté de Bedford, ce philantrope,
affligé du spectacle qu'offraient alors les pri-
sons, ne se borna pas à visiter celles d'An-
gleterre; il parcourut, dans le même but, les
principaux étals de l'Europe : à son retour
dans sa patrie, ilpubUa son livre, qui eut une
si grande influence sur les améliorations qui
suivirent cette publication. Le plan de Ho-
^224
ward consistait dans le système cellulaire
pendant la nuit, avec classification et travail
en commun pendant le jour, en y ajoutant
Temprisonneraent solitaire, comme moyen
de discipline.
En 1779, le célèbre Blackstone lui fut ad-
joint pour rédiger la loi destinée à substituer
son système à la peine de la déportation. De
cette tentative, quin'eutpointlesuecèsqu'on
se proposait, il résulta néanmoins une loi ren-
due en 1785, qui autorisa l'érection du pé-
nitentier de Glowcester, d'après le système
d'Howard. Pour terminer ce qui concerne
'Angleterre, nous ajouterons qu'en 181G, le
pénitentier de Milbank fut construit ; l'em-
prisonnementsolitaire (solitary confinement)
y fut adopté, non seulement comme mesure
corrective, mais encore comme moyen d'a-
mendement, soit la nuit, soit le jour, pour
es premiers temps de la captivité. Mais on
ne tarda pas à en restreindre l'usage, l'ex-
périence ayant démontré qu'il était impossi-
ble à l'bomme de résister long-temps à une
solitude absolue.
Dans la session de 1835, le parlement an-
glais a déclaré que le système pénitentiaire
devait être généralement adopté, et s'éten-
dre à tousles détenus, dequelquedurée que
fût leur peine, et que les prévenus seraient
désormais soumis à un régime d'ordre et
d'isolement qui les préserv;U du contact si
funeste des autres prisonniers.
Aux États-Unis, les premières tentatives
fait'îs dans le même but appartiennent aux
quakers. Leur influence en Pensylvauie dé-
termina la législature de cet état à adoucir
ses lois pénales-, dès 1786,1a réforme fut en-
treprise, et alors aussi fut instituée à Phila-
delphie la prison deWalmet-Slreet,sur la-
quelle M. de Larochefoucauld-Lianrourt a
publié une notice intéressante. En 1797, Pé-
tât de New-York entra dans cette même
voie, et cet exemple fut imité par plusieurs
autres états, qui admirent l'emprisonnement
solitaire pour une certaine classe de con-
damnés seulement.
Toutefois, les premiers essais furent loin
d'être satisfaisans. La multiplicité des réci-
dives éveilla l'attention de l'autorité, et ou
pensa alors qu il était urgent d'étendre da-
vantage le système cellulaire. En 1816, la
prison d'Auburn fut fondée; on y supprima
la vie commune, chaquecellule pouvait con-
tenir deux prisonniers. Maison ne tardapas
à s'apercevoir que les mœurs avaient à souf-
frir de ce mode de cohabitation , et bientôt
les prisonniers lurenlcomplétemenlséparés
et l'isolement, sans travail, devint complet
le jour et la nuit. Deux autres pénitenciers
furent établis en Pensylvanie sur ce mo-
dèle, à Piltsburs et à Cherry-Ilill.
Mais cet isolement, cette absence de tou-
te distraction, cet abandon complet dans .le-
quel s'écoulait la vie du condamné, agis-
saient trop vivement sur le moral pour ne
pas le troubler et réagissaient ensuite sur le
physique. Quelques modifications furent ap-
|)ortées aux derniers réglemens, et aujour-
d'hui il existe aux États-Unis deux systèmes
d'emprisonnement. En Pensylvanie, l'isole-
ment a lieu le jour et la nuit, mnis on y
joint le travail solitaire. A Auburn, on so
contente de l'isolement pendant la nuit; le
travail est fait en commun, mais avec l'ob-
servation du silence.
Cette réforme n'étant appliquée qu'aux
individus condamnés et même qu'à ceux de
cette catégorie qui ont plus de deux années
de captivité à subir, il en résulte qu'aux
États-Unis, où la réforme a fait cependant
tant de progrès, le système est loin encore
d'être suffisant, n'étant pas généralisé, et ne
commençant pas pour tous les détenus du
moment où ils ?!ont placés sous la main de
la justice. L'état de Philadelphie est le seul
qui, dans ces derniers temps, ait compris ce
vice; il a voté l'érection d'une prison cellu-
laire destinée à recevoir les prévenus et les
condamnés à moins d'une année d'emprison-
nement.
En Suisse, c'est à Lausanne que le pre-
mier pénitencier a été élevé par le canton
de Vaud; Genève limita bientôt; les cantons
(le lîerne, de Neuchàte! et quelques autres
suivirent le mouvement. Mais les résultats
ont été divers et parfais les succès douteux.
On i-ie voit pas, dans ces divers cantons, le
nombre des récidives diminuer sensiblement,
et cependant c'est la rindicedel'efficacitéde
l'œuvre de réforme.
Il résulte de tous ces essais que, pour ob-
tenir des avantages incontestables, il faut:
1. la séparation complète des détenus pen-
dant la nuit, ce qui est si essentiel pour les
mœurs; 2. un travail connnun, pour donner
aux détenus des habitudes d'ordre, de sou-
mission et d'économie; 3. mais surtout l'ob-
servance rigoureuse du silence pendant le
jour, afin d'empêcher la communication des
idées et les encouragemens mutuels au mal.
Si on ajoute l'enseignement moral et reli-
gieux, on a tous les points qui doivent l'or-
mer la base de loul système de réforme.
Telles sonl les bases que vient d'établir
M. de (iasparin, ministre de rinlérieur ,
dans la circulaire qu'il a adressée aux pré-
fets touchant la réforme de nos prisons.
Entrée la dernière dans Tadoplion du sys-
tème pénitentiaire , la l'raiice y apportera
cette ucllelé de vues et d'exécution , cet
esprit positif qui forment , pour ainsi dire,
le fond de notre caractère national et in-
dividu» 1.
Mais il ne faut pas que le travail du
détenu puisse nuife à Tindustrie libre, il
ne faut pas que l'atelier des prisons éta-
blisse une dangereuse concurrence , une
concurrence au rabais. C'est là un immense
inconvénient que nous signalerons , et que
l'on.doit éviter, sûus peine de détruire d'a-
vance les résultats d'une pareille réforme,
et de jeter an sein de la société de nouveaux
germes de perturbation.
SUPPRESSION DES TOURS DESTINES A RE-
CEVOIR DANS LES HOSPICES LES ENFANS
ABANDONNÉS.
Tous les conseils -généraux s'occupent
avec une sollicitude bien vive et un senti-
ment de peine bien légitime de l'énorme
accroissement du chiffre des enfans trou-
vés. Dans chaque département le chiffre a
plus que doublé , ce qui entraine nécessai-
rement un surcroît de dépense , qui dépasse
toutes les prévisions du budget. La France
a dans ses hospices d'enfans trouvés une
plaie presque aussi profonde que la plaie
du paupérisme en Angleterre. Où s'arrê-
tera le mal 5 voilà ce qu'on, ne peut préci-
ser.
En revanche, les infanticides deviennent
de jour en jour plus rares, et c'est là une
compensation qui mérite d'être signalée.
Mais sans craindre le retour de ce crime
qui révolte la nature , ne pourrait-on pas
remédier aux charges qui grèvent et épui-
sent les budgets de nos départemens ? La
suppression des tours destinés à recevoir
dans les hospices les enfans trouvés , cette
suppression a été adoptée par plusieurs
conseils généraux ; elle a aussi été dé-
battue dans divers congrès scientifiques.
Une expérience trop récente ne porte pas
eu soi assez d'autorité; néanmoins les es-
sais tentés sur divers points de la France
donnent lieu de penser que cette mesure ,
appliquée à quelques localités , pourrait
s'étendre à tout le pays, sans amener des
résultats funestes.
225
Il est encore une autre mesure qui a
pour elle le suffrage de plusieurs eonseils-
généraux et la consécration de quelques
années de mise en œuvre. IN'ous vouions
parler de l'emploi de nourrices étrangères
au département où est situé Thospice dans
lequel Tentant a été déposé. Comme l'ont
remarqué tous les hommes qui se sont oc-
cupés de cette grave question, l'espérance
d'avoir sou enfant sous ses yeux décide
plus d'une fille-mère à recourir à l'hospice.
Elle le retrouve facilement, elle le suit
pas à pas de l'hospice chez sa nourrice ,
elle a toutes les jouissances de l'amour
maternel, et n'en connaît ni les charges ni
les embarras.
Pourquoi ne pas appliquer cette mesure
à tous nos départemens , pourquoi ne pas:
déplacer ainsi les enfans, à l'âge où ils sont
confiés aux soins d'une nourrice? L'appli-
cation générale de cette première réforme
produirait nécessairement une diminution
dans le chiffre des enfans- trouvés mis à la
charge des hospices; il en découlerait une
grande économie; et pendant que l'on pro-
céderait de cette manière , avec une pru-
dence habilement calculée, on arriverait à
connaître les décisions souveraines de l'ex-
périence sur la suppression définitive des
tours.
Rien de plus facile que de comparer les
divers documeas de statistique criminelle
que publie l'administration delà justice; ce
thermomètre infaillible dirigera les résolu-
tions des conseils-généraux qui n'ont pas
encore pris l'initiative sur cette question, et
qui veulent attendre l'autorité des faits.
Ne pourrait-on pas aussi exiger de la
part des filles-mères, que leur position met
au dessus du besoin , ne pourrait-on pas
exiger de leur part une modique rétribu-
tion annuelle , qui soulageât les dépenses
de l'hospice? Beaucoup de législations re-
cherchent encore la paternité; malgré tous
les dangers, tous les abus qui résultent
d'une pareille recherche, il nous semble
que la législation française devrait adop -
ter quelques mesures qui atteignissent le
séducteur opulent , et qui le forçassent à
contribuer à l'éducation de l'enfant qu'il
rougit d'avouer.
Toutes ces considérations demandent à
être pesées : elles touchent à des intérêts
d'une hau.le importance; elles réclament
surtout une grande sagesse dans leur ap-
plication, car l'infanticide est là comme uo
abîme béant, qui menace d'engloutir les
226
infortunées créatures sauvées par Tadmi-
rable institution de saint Vincent deJPaule.
l,e mal date de loin; il est plus profond
et plus grave que nous ne pouvons le dire.
C'est par les mœurs que s'affermissent et
se consolident les lois : et nos lois n'ont
point de racines dans nos mœurs.
Indépendamment des dépenses toujours
croissantes imposées aux budgets départe-
mentaux, quel sera l'avenir de ces milliers
d'enfans qui n'ont pas connu l'éducation
de la famille, qui n'ont point passé par Ti-
niliation du foyer domestique, pour arriver
à rexi>tence du citoyen ? Et les fille?, que
deviendront-elles ? Aux garçons, la prison
et le bagne en perspective ; aux filles les
maisons de prostitution : terrible writé
que révèlent tous les travaux de statis-
tique.
A la religion, à la morale , le soin d'ar-
rêter cet effroyrble débordement du liber-
tijiage ; mais à l'État le soin de pourvoir au
mal qui existe , de le modifier , d'y remé-
dier victorieusement.
En fait d'institutions sociales, rien ne
s'isole; au contraire, tout s'encliaioe. La
question des enians trouvés nous conduit
naturellement à parler des prisons , des
bagnes, des maisons de prostitution; pour
fermer ces dernières, pour diminuer le
nombre des délits , que faut - il '■ — Une
meilleure organisation du travail ; ainsi tous
les problèmes qu'une civilisation généreuse
cliercheà résoudre, dans r.Mitérèt de l'hu-
manité et de la société, peuvent s'expli-
quer par l'analyse comme par la synthèse.
De quelque côté que l'on commence, on
arrivera à une réforme, et par la réforme
au perfectionnement.
L'éducation des femmes, telle que nous
la comprenons, telle que nous l'avons sou-
vent formulée, serait le meilleur moyen de
prévenir le mal -. c'est toujours dans les
classes ouvrières et pauvres que la séduc-
tion va chercher sa proie et ses victimes.
l^es mères manquent de temps pour exercer
une surveillance active. D'ailleurs comment
le pourraient- elles dans les villes où leurs
filles passent les journées entières loin de
leurs yeux, retenues hors de la maison pa-
ternelle par la nécessité de pourvoir à leur
existence. La plupart ne rentrent que fort
tard dans la soirée. Avec les séductions qui
entourent leur jeunesse, leur beauté, con-
courent les séductions de leur cœur et de
leurs sens. Elles succombent... L'éducation
les eût défendues; elle fortifierait la voix
de la rehgion; elle les couvrirait de son
bouclier.
Où en sont en effet nos écoles déjeunes
filles ?Et dans celles qui existent, qu'ap-
prend-on ? Cette haute magistrature dont
la nature et la société ont investi une mère,
de quelle manière voulez-vous qu'elle l'e-
xerce ? Et précisément, chaque heure voit
augmenter les besoins du lux© féminin, les
inventions et les recherches de la toilette ;
où trouver l'équilibre, le contrepoids avec
notre système actuel d'éducation?
On se sent saisi d'une profonde tristesse
quand on évoque de semblables questions ;
mais que cette tristesse ne nous conduise
pas au découragement. L'avenir de l'hu-
manité dépend de quelques grandes réfor-
mes; un seul ne peut pas les tenter ; mais
le concours de tous peut les compléter.
C'est par le peuple et pour le peupî-e
qu'il s'agit de commencer cette œuvre so-
ciale, de laquelle doit découler une meil-
leure organisation : elle se résume en trois
mots qui forment un symbole unique, une
trinité féconde: Religion, .Travail, In-
struction.
Que l'on ne s'étonne pas de la conclusion
à laquelle nous sommes arrivés -. il n'y en
a point d'autres aux diverses maladies qui
éprouvent notre époque. Mais en traçant
cette conclusion , nous nous réservons de
développer le système de travail et d'in-
structions que nous avons en vue. Tlus le
mal est intense plus le remède doit être
énergique. Les palliatifs n'ont jamais sauvé
ni les individus ni les nations.
227
REPERTOIRE DOMESTIQUE.
I. ÉDUCATION DE L'ENFANCE. - II. MORALE ET BIEN-ÊTRE DES FAMILLES.
-III. ÉCONOMIE USUELLE.
DES PRINCIPAUX EXCITA1V9 DE L'ESPRIT.
Rien n'excite plus l'esprit que l'exercice
des sens et les passions. Tout ce qui agit vi-
vement sur les nerfs suscite incontinent l'é-
motio-n du cœur: et ce dernier effet , né du
premier , se joint à lui pour stimuler le cer-
veau et rendre l'esprit plus actif. Une vive
lumière , des sons éclatans ou harmonieux ,
des saveurs agréables ou pénétrantes , les
odeurs délicieuses, mais non prodiguées des
parfums, les frôlcmens de la peau , et même
les souffrances , ces diverses impressroas ré-
veillent l'esprit et en ravivent les manifesta-
tions. Chacun connaît les effets du jour sur la
pensée. L'influence des breuvages alcoolisée
et des alimens de haut goût; l'influence de la
musique et du tonnerre ne sont pas non plus
récusables.
Quant aux alimens, il faut compter au rang
des cxcitans de la pensée les viandes noires ,
les truffes, les coquillages, le poisson, les cer-
velles, la laitance, et généralement ceux des
mets dans lesquels le phosphore abonde. Les
spiritueux , si la sobriété en tempère l'usage ;
les vins gazeux et les boissons fermentées ;
l'opium pur, récolté sous un beau ciel, et pris
à doses très-fractionnées et sans habitude ;
mais surtout les infusions de thé , qui empê-
chent l'estomac de préoccuper le cerveau de
ses labeurs; mais surtout le café , qui stimule
l'un par l'autre, et qui semble comme embra-
ser nos organes d'un feu divin : tels sont
parmi les choses matérielles les plus puissans
stimulaus de la pensée.
L'usage modéré du tabac a aussi de bons
effets, surtout s'il n'est pas habituel. Néan-
moins il n'y faut recourir que long-temps
après les repas , car il troublerait la diges-
tion; et de préférence après le sommeil, car
il détermine le soir des maux de tète, et pré-
ispose à l'insomnie.
Il est des hommes constamment émusd''^ux-
mèmes , dont l'intelligence toujours active ,
toujours féconde , n'a nul besoin que rien
d'extérieur les invite à l'action. Ces êtres nés
pour la pensée, recherchent avec empresse-
ment le silence , la solitude et l'obscurité.
C'est loin du fracas des villes que leur esprit
recueille ses inspirations et calcule sa puis-
sance; c'est presque toujours loin des hommes
que sont méditées les pensées qui les gouver-
nent ; c'est dans la retraite, c'est dans la so-
litude des champs que le génie conquiert la
renommée.
Slaisle commun des hommes a besoin d'é-
motions suscitées pour penser : il leur faut
une scène , un spectacle, un auditoire. On
parle mieux quand la foule passionnée se
presse pour écouter ; on a plus d'éloquence
au milieu du bruit et des assemblées publi-
ques; les grands talens oratoires se forment
dans l'agitation des révolutions et de la guer-
re; le roulement des tambours rend la voix
plus puissante et plus accentuée.
De tous les bruits qui viennent surprendre
l'homme qui médite, aucun ne l'influence au-
tant que le son des cloches. Ce vif retentisse-
ment est toujours sûr de nous émouvoir, mais
cette influence est surtout manifeste dans la
retraite et dans le recueillement. Ce bruit
solennel marque tous les grands événemens
de notre existence comme toutes les heures
d'un jour ; il semble nous transmettre les
avertissemensdu ciel. Le temps paraît comme
immobile, à n'envisager que l'insensible pro-
gression du cadran d'un édifice; mais écoutez
ce balancier rapide qui ne fait grâce d'aucun
élan, écoutez cette heure, que différens sons
divisent en l'annonçant avec fracas. Silence !
voilà midi. A genoux î rendez grâce au ciel ;
demandez-lui de longs jours, des jours occu-
pés et irréprochables. Vite ( car le temps
vole ! ) remplissez de travail l'autre moitié de
cette journée déjà à demi perdue. Vite, voilà
la nuit; voilà la vieillesse et ses besoins. Vite,
à l'étude ; vite ! au bonheur ou à la gloire ,
car voilà la mort et l'infâme oubli.
Un vent léger, et même la tempête quand
on l'entend sans en rien craindre; l'aspect im-
posant d'une mer agitée ; l'air tempéré du
printemps , tout imprégné du parfum des
premières fleurs, et remué par les gazouille-
ment des oiseaux ; un ciel serein , la per-
spective d'une récompense ou d'un danger
conjurable ; toutes ces choses stimulent l'es-
p.rit à la manière des sons éclatans ou mélo-
dieux.
Parmi les excitans de l'esprit, nous ne de-
vons pas oublier le mouvement du corps; car
s il est modéré, partiel , momentané et sans
fatigue, ilstimule favorablementVintelligence.
•2-2S
Jamais peut-être la pensée n'est plos rapide
que durant les promonades solitaires. Aussi la
plupart des penseurs ont-ils montré dans tous
les temps une jurande prédilection pour ce
genre d'e\ercice. Un des premiers prosateurs
de nos jours, quoique îjravc et d'au cararlèrc
imposant, no peut rester longtemps assis sans
impalience. ^lôme pour composer sosouvra-
<fes. où le ton sérieux prédomine , on le voit
parcourir ses appartenions, en écrivant avec
)»ruit sur des l'euilles Aoiantes. 11 en était
ainsi d'Aristote el do ses dis'-ipîes; ilsncpar-
Jaienl qu'en se promenant. Voilà môme d'où
i^stTcnu le nom de pcripalétlciens sous le-
.jucl on désijïnc les prosélytes do cette écolo
iameuse.
3Ials le plus grand de tous les slimuîans
de l'esprit, c'est la jalousie, ennoblie ou ca-
chée sous les traits de l'émulation. Quand
plusieuts hommes à la fois courent la môme
carrière, en y cherchanf des distinctions ou
de la renommée , celte concurrence produit
nUustration dos rivaux, quelquefois la gloire
el quelquefois la ruine des nations, mais
toujours le progrès des arts et dos lumières.
On \a lentement , si l'on ne s'arrête , dans
Joute carrière où l'on n'a plus personne à at-
teindre ou à devancer. La plupart dos hom-
mes ne se préoccupent guère de la tàcho
pénible de surpasser d'illustres devanciers ,
alors qu'ils ont éclipsé leurs émules vivans.
Mais toujours un grand honiuio fait surgir
d'autres grands hommes ; jamais la gloire ne
hrille concentrée sur une seule tète dans tout
lin siècle. Les hommes supérieurs, ceux doiîl
une noble ambition agrandit les fionséos, vont
toujoin-s doux piir deux ou ensemhle, ou im-
médiatement à la suite mais au niveau l'un
de l'autre.
Platon fait naître Aristole, comme Aristide,
Thémi.Uocle; comme Aîarius , Hylla ; comme
l'ompée. César; comme Virgile, Horace et tous
les beaux esprits dont Auguste vécut loué et ra-
dieu.semonl entouré; comme Bacon, Doscartcs;
comme Condé, Turcnne; couimc Corneille,
J\acinc et vingt autres poètes fameux qui ont
iUusIré notre langue cî notre patrie. Kniin
les hommes de génie ont toujours marché
deux par doux dans tons ks pay* «l dans tou-
tes les carrières; nous en trouvons la preuve
aïoiieuse dans l'histoire de tous les pouplos.
Parloul nous voyons les grands noms, divisés
durant quelques années par lintèrèt ou par
lambilion, se réunir élorjieilcmcnl par la re-
nommée.
}] n'est p as de si otite bourgade ou 1 emu
lation n'exerce son empire. Le second habi-
tant d'un village rivalise avec lo premier , et
Uisqu'au dernier tous rivalisent, de degré en
i\>y'ti', h'^ ""î^ ^'^'^^' ^^^ a"l''<'s. Il y a con-
stamment concurrence entre les plus simisles
artisao.s. comme entre les plus grands poètes
ou entre les rois. Voilà pourquoi nul talent ne
c jnonlic dons des siècles profondément bar-
bares : les organisations les plus heureuses
ont besoin <}u un premier moteur les éiève
au dessus de la foule, au dessus de ses» hétivos
vnilés et de ses misérables passions. Voilà
pourqtîoi, depuis l'invention de fimprimerio,
toute barbarie nouvelle est impossible; et pour-
quoi , dans chaque siècle, toute nation a ses
grands hommes. Csr, s'il arrive une époque
où l'homuie de génie inancjue d'émulos parmi
ses contemporains , Tacite ou Homère , Pas-
cal , .^Jontesquieu ou Corneille , Rousseau ,
ricelhe, Shakspeare ou Bacon , le révèlesU à
lui-même, et le font rougir de la bassesse où
!o tient son incuUr.ro ou son inaction.
Mais l'émulation devient plus stimulante
que jamais lorsque , outre les rivaux «[u'il
faut égaler , on a des ennemis à combattre ;
lorsque le nom qu'on porte , d'autres l'ont
déjà illustré ou jadis avili; lorsque enfin, cher-
ciiaut la gloire , on rencontre l'injustice ou
la calomnie. On ne saurait croire , à moins
que d'y avoir mùremontsongé, combien il y a
d'inlluonces secrètes dans les ouvrages ou les
actions d'éclat d'un homme supérieur. Je
prends Bacon pour exemple.
('et homme illustre , qui fut le maître et le
précurseur de IV.ew ton, et qui a plus servi les
rciencos par ses conseils qu'aucun autre ne
les servit jamais par ses découvertes ; cet es-
prit prodigieux, trois choses ont principale-
uumt concouru à sessuccès, moins en l'aidant
à les obtenir qu'en l'excitant à les mériter.
Il avait commis des fautes énormes comme
homme el coiume ministre , il lui fallait les
racheter comme écrivain. Son nom , vulgai-
re dans lo pays , avait été mémorablcment
porté par un moine obscur, cru l'inventeur de
la poudre à canon ; el ce moine homonyme ,
n;ort depuis des siècles, mais pour jamais vi-
vant dans l'histoire, était le plus redoutable et
le premier des rivauv ; il lui fallait donc le
surpasser. Knfin Christofihc Colomb venait de
découvrir assez récemment un monde nou-
veau, dont l'apparition déconcertait tous les
systèmes et in([uiéta;l les croyances du monde
entier. Cette étonnante découverte en présa-
;:eait mille autres dans les siècles à venir; et
Bacon, voulant s'associer cl se rendre tribu-
taires tous les hommes de génie nés ou à
naître, traita fièrement de l'art des découvcr-
los. Bientôt il (il tant par ses travaux que l'é-
crivain, en sa personne, éclipsa , tout en le
rèhc.biljlant . le grand- chancelier d'Angle-
terre ; et la rono.'umée de l'auteur sauva do
l'infamie la mémoire du [(remicr ministre. A
la voix du génie, la calomnie elle-même mo-
déra ses clameurs. Kntin il fallut dire Roger
Bacon pour rappeler l'un des premiers inven-
teurs de l'univers ; el Bacon tout court dési-
gna le grand homme.
Au nonibre des choses qui excitent favora-
blement l'espril, co serait une faute d'omeltre
la joie, le bonheur présent, mais surtout l'es-
poir d'une félicité à venir. L'espérance est le
graiiJ motcui'Jc tous les hommes. L<' liouheor
n st ni longtemps durable ni pciit-(Mit; jamais
certain, mais l'espéror c'est eu jouir; et cela
même est la plus consolante possession de
1 homme, et presque ia seule réalité de la vie
qui soit sans amertume.
" L'Lommc, jamais heureux, i'jLUiiJ toujours .'i IVîic. "
' Il n'est, au reste, aucune influence dont le
génie ne sache tirer avantage, ne fût-ce qu'en
luttant contre ses nuisibles impressions. Mê-
me les chagrins de l'exil et l'horreur des ca-
chots n'arrêtent pas toujours l'essor d'une
grande ame. C'est à la Bastille que Voltaire
jeta les fondemens de sa renonisiiéc ; c'est
dans l'ennui des' prisons et sous les persécu-
tions de la vengeance que La Chalotais révé-
lait des talens et des vertus qai l'ussonl re;--
tés obscurs sans le malheur. La calonuiio, r.t-
taquant son père, commenta lillustralioii ou
jeune Lally-Tollendal; et la fureur des pro-
scriptions grandit lout-à-coup, en la voulant
ternir, l'une des belles gloires des temps mo-
dernes ( Chateaubriand j.
Mais la pensée surtout excite la pensée. Un
discours éloquent, une triigédie de Corneille
ou de Shakspoarc , noblement récitée , une
des pngcs profondes ou passionnées de Mon-
tesquieu, de Bufion ou de Rousseau, portent
dans lame une céleste émotion que ne susci-
tent pas toujours la musique ou !a danse, alors
méîuc que les accessoires du théâtre y joi-
gnent leurs séductions et leurs prestiges ; et
d'ailleurs de pareils spectacles fomentent trop
de passions par leurs enchanlemens , pour
profiter beaucoup à l'intelligence.
Non seulement les pensées des autres, wiais
nos propres inspirations nous remuent, nous
agitent par des voies mystérieuses , et nous
transportent au beau comme au grand. Ce
n'est jamais en prenant la plume, ce n'est
point en commençant une improvisation non
méditée que se montrent les pensées fortes
ou grandes; l'esprit veut être disposé, excité,
peu à peu préparé; il ne passe pas brusque-
ment de l'inertie à l'inspiration.
L'action d'écrire , à mesure que les idées
s'élèvent et mûrissent, fortifie manifestement
l'intelligence. La plume agit sur le cerveau
de même que l'acier sur le silex ; elle produit
l'étincelle du génie. Cependant comme les
momens d'inspiration ne sont ni arbitraires
ni durables, les hommes qui ne donnent au
soin d'écrire que les courts instans de leurs
loisirs , n'ont ordinairement que des idées
imparfaites et sans grandeur. L'art d'écrire
supposant la science de la vérité , exige de
l'assiduité et de la culture. Ce n'est pas assez
de lui consacrer ces temps t!e langjipur et de
remplissa;;e où lame a perdu de son ressort ,
et l'attenlion di» sa puissance , le corps ïv
trouvant accablé de faiiqne : il faut à l'esprit
l<s plus belles heures du jour, et lui-même
sait les choisir. La vocation d'autour est un
apostolat qui ne souffre ni tiédeur ni partage.
(Juoi ! il n'est pas de prorec-sion. si vulgaire
quon la suppose, qui n'exige impérieuscmcnl
le sacriflce de tous les instans , et le jdus su-
blime de tous les art» n'aurait que le rebut
de la vie.
IsiD. Bourbon.
COMBLES ÉCONOMIQLI»^
Il est dans les bàtiraens une partie cssen-"
tielle et commune à tous, de quelque genre
qu'ils soient, de luxe ou d'exploitation ; cette
partie est la toit» UK : c'est celle dont l'en-
tretien est le plus coûteux ; c'est aussi celle
qui, dans la théorie comme dans la pratique,
(Vùt surtout fixer l'attention de l'économiste
<onime de l'ouvrier. .\baudonnés presque
loujoiirs à des charpentiers, dont l'art et les
traditions sont encore celles des premiers siè-
cles , les combles de nos campagnes, il faut
l'avouer, réclament, dès long-temps, un per-
fectionnement. Ils paraissent en dehors avoir
une immens;^ capacité , à en juger par leur
surface considérable; mais, si l'on y monte,
si l'on se glisse dans les greniers, on les voit
rétrécis à l'intérieur, obstrués par des pou-
tres , des solives qui se croisent à une certaine
hauteur, au-delà de laquelle les jambages de
la charpente occupent la moitié ei quel-
quefois les deux tiers de la toiture , et cepen-
dant les grandes pièces qui sont aFnsi prodi-
guées sans nécessité sont très chères, elles
deviennent de plus en plus rares : pour se les
procurer, le cultivateur peu aisé est obligé de
restreindre sa dépense sur les autres maté-
tériaux ; les murs en pierre, liés à chaux et a
sable , sont remplacés par des murs en terre ,
dont la solidité n'est pas en rapport avec le
poids de l'énorme charpente qu'ils ont à sou-
tenir, aussi l'économie n'est-elle que passa-
gère et momentanée ; les réparations prou-
vent bientôt qu'il a fait un calcul bien er-
roné.
Non pas que je veuille dire qu'on aurait pu
diminuer le poids des poutres, des solives, des
chevrons, qui soutiennent cette toiture mas-
sive ; non certes ; je reconnais que ce lourd
échafaudage est indispensable : si l'on con-
serve aux toitures les formes que leur don-
naient nos pères, il faut aussi conserver
cette profusion de bois de toutes dimensions.
C'est donc dans la forme de nos toits que
gisent leur cherté et leurs autres inconvé-
niens.
Un architecte ancien, Philibert Delorme,
l'avait dit, il y a plusieurs siècles: après
avoir illustré son nom par des édifices du
premier ordre, les châteaux de Tontaine-
bleoii, de "iîeiidon, d'Auet, de St-Maur ; après
230
avoir commencé le palais des Tuileries , par
l'ordrede Catherine deMédicis, il ne dédaigna
pas d'écrire jin traité sur l'Art de bien bâtir
et à peu de frais.
Il y prescrivait, comme toiture économique,
celle qui serait faite de planches d'un pied de
largeur, d'un pouce d'épaisseur et de 3 à 4
pieds An longueur, qui, appuyées bout à bout,
réunies 2 à 2 par des jointures inégales , for-
meraient des fermes cintrées en arcades de-
mi-spbériques, forme qu'il rachetait par des
écoyaux cl des couronnemens aussi en plan-
ches. Scs conseils ont été peu suivis, à peine
quelques édifices ont-ils conservé la tradition
de son système. Faut-il en accuier les incon-
véniens ou bien les préjugés de la routine
qu'il est si difficile de vaincre dans^a classe
des artisans?
J'ai voulu m'en assurer par l'expérience,
modifiant le 'système de Philibert Delorme,
j'ai recherché les moyens d'employer, pour la
charpente, le bois pris dans ses plus petites
dimensions, qui se trouve partout, ne coûte
pas plus que le bois à brûler, se lie et s'assem-
ble 4)arfaiiement ; enfin, j'ai réussi à faire un
toit économique, durable, sujet à peu de ré-
parations léger, spacieux, agréable à l'œil,
peu exposé aux atteintes de la foudre et aux
incendies ; réunissant enfin l'élégance à la so-
lidité.
Ma première construction en ce genre a
été une grange de 45 pieds do long sur
21 pieds de large. Pour me dispenser du cou-
ronnement, j'ai tracé mes cintres en ogive, à
l'exemple de M. Menjeot : j'ai remplacé les
planches par de petites solives de 3 pieds de
longueur et de 3 sur 4 pouces d'équarrissage,
triplées, c'est-à-dire chevillées trois ^à trois,
côte à côte, en observant de placer les joints
de la pièce du milieu entre les milieux des
pièces latérales, comme on peut s'en rendre
compte ; chaque bout est goujonné au sui-
vant, à la manière des^charrons , et quelques
boulons assurent, avec les chevilles, la liai-
son des cintres, qui ont ainsi 9 pouces d'é-
paisseur. Ils reposent, à leur naissance, sur
une sablière où ils sont assemblés , et l'angle
de l'ogive est maintenu par un faux entrait ,
boulonné de chaque côté. De petits écoyaux
font figurer la descente du cintre jusqu'au
bord de l'entablement.
Il n'est pas besoin de faîte dans ces combles;
les laites destinées à recevoir les tuiles, ou les
planches d'une couverture en ardoises, conso-
lident suffisamment les fermes. Je me suis
servi de tuiles, paunes à crochets et de lattes
en fer, qui , au double mérite de légèreté et
d'incombustKiilité, ajoutent celui de ne pas se
tourmenter comme le bois aux divers changc-
raens de température. Une fois fixées aux fer-
mes , elles 1 maintiennent fixes et invaria-
bles.
Cette méthode , plus t>iraplo que celle de
Philibert Delorme, est plus propre aux con-
structions rurales ; elle emploie , il est vrai ,
plus de bois, mais elle est moins coûteuse pour
la main-d'œuvre; sa forme est aussi élégante
que commode. Il serait donc à désirer que le
comble à la Menjeot fût encouragé et adopté
dans nos constructions rurales: son élévation
et sa force conviennent dans nos paj's, sujets,
da s l'hiver, à des neiges abondantes. La lar-
geur de ma grange est de 21 pieds; son toit en
a 13'de hauteur, c'est-à-dire que les deux par-
ties du cintre sont deux portions de circonfé-
rence de 13 pieds de rayon.
Pour en faciliter l'exécution , je donne ici
les devis, dont la modicité ressortira surtout'de
la comparaison avec la charpente usuelle.
TOIT D'UNE GRANGE
De 45 pied» de longueur sur 21 de largeur ,
exécuté en, Eterpigny ^ en 1832.
Prix. Poids.
Sablières en bois blanc, 90
pieds , à 0 fr. 50 c. le pied. . 45 f. 1,600 liv.
15 cintres , composés cha-
cun de 30 pièces de 3 pieds
4 pouces de longueur , 4
pouces d'épaisseur et^ 3 de
largeur. Les 4^0 pièces équi-
valent ensemble à 3 cordes
de bois à 10 IV. la corde. . . 30 3,800
Pour l'équarrissage , 90
journées de charpentier, à
1 fr. 50 cent 135
Pour l'assemblage , 60 j. . 90
430 chevilles en frêne, à 2 "^
fr. le 100 8 50
eoboulons à 60 c. (on pour-
rait s'en passer 36
Total. . 344 50
Lattes en fer, 350 kilog. à
70 fr. :..!... . 245 f. fa-
çon du serrurier . 105 Tôt. 350 700
Lattes en chêne , de 2
sur un d'épaisseur 300 2,200
Lattes en bois-blanc , de 2
pouces sur un d'épaisseur. . 180 1,500
Poids et prix d'une charpente ordinaire.
Pour une charpente ordinaire , sur un bâ-
timent de mêmes dimensions , il faudrait au
moins:
Pour sablières, ti-
rans, etc . . . . 290 de Ssur 8 3,625 174
Pour filières. ... 90 — G— 6 1,125 54
— faîtes et esse-
liers 180 — 4— 4 2,225 lOS
— chevrons. . . 925 — 4— 5-4 11,567 555
Total. . . 1,485 18,572 891
Le prix étant calculé à 50 centimes le pied
courant du fort au faible.
CHARPENTE EN PLANCHES ,
l)e 3 pieds 4 pouces de longueur, 1 pouco (f e-
paisseur e< 9 «te largeur.
J'ai essayé un antre toit en planches suivant
le système de Philibert Delorme, en conser-
vant la forme gothique de M. Menjeot. Le
prix de la main-d'œuvre offre peu de diffé-
rence, mais il en existe une légère pour celui
du bois, qui doit être mieux choisi pour son
débit en planches; celle du poids est plus re-
marquable, il est à celui des cintres en solives
dans le rapport de 3 à 4.
La latte ca fer m'a encore réussi sur ce
comble en planches.
J'ai un grenier commode, spacieux, qui
peut servir d'atelier à toute espèce d'ou-
vriers.
COSIBLE EN MAÇONNERIE
Sur un bâtiment de 25 pieds sur 18.
Sur une autre construction que je voulais
mettre à l'abri du feu , j'ai fait une voiite en
briques, toujours en conservant la forme d'o-
give gothique. Elle est composée de neuf ar-
cades de 2 briques d'épaisseur , dont les in-
tervalles sont remplis par de petites voûtes
d'une demi-brique d'épaisseur, qui s'appuient
sur un arrière-corps laissé aux arcades; de
sorte iqu'en dessus, la voûte est e'xtra-dossée
de niveau tandis qu'à l'inlra-dos les arcades
font saillie.
Les tuiles se posent simplement au mortier
sur l'extra-dos.
Les 9 arcades emploient (chacu-
ne 500) , 4500 briq.
Les huit voûtes intermédiaires
(chacune 500) 4000 —
Les 9 écoyaux (chacun env. 170). 1500 —
Total, . . . 10,000 —
Prix des briques 132 50 131,250 kil.
40 hect. de chaux à 90 c. 36 1,573
60 de sable . 10 6 3,000
Total. 135,823
14 journées de maçon . . 23 20
28 — de manœuvre. 16 80
Total du prix. 216 50
Le même bâtiment, couvert à la
manière ordinaire, eût coûté 514 fr.
A la Menjeot 427
Ce dernier comble est le plus économique
incontestablement , c'est aussi celui que je
conseillerais de préférence aux cultivateurs ,
s'il n'exigeait, pour pieds droits, des murs
extrêmement solides , moins pour résister à
la poussée qui est presque nulle que pour
soutenir un si grand fardeau, surtout si l'on
■veut éleyer plusieurs étages; mais, quand la
231
construction est peu élevée , un mur de 30
pouces est assez fort.
Loin de moi la pensée d'offrir comme des
modèles les diverses constructions rurales
que j'ai conçues et exécutées pour mon ex-
ploitation; leur forme nouvelle dans le pays
les a fait visiter par beaucoup d'amateurs et
de charpentiers, qui m'ont demandé commu-
nication de mes plans et de mon système.
C'est pour abréger des explications longues et
difficiles que j'ai rédigé mes procédés aussi
succinctement que possible, y joignant le ta-
bleau de mes devis.
LÉON D'HeRLINCOURT.
PRATIQUE NUISIBLE DE TAILLER, ROGNER
ET COUPER LA CORNE DE LA FOUR-
CHETTE DES CHEVAUX.
Les suites en sont l'état de sensibilité dou-
loureuse où les pieds des clievaux sont ré-
duits, rincapacité de ces animaux à remplir
les services qu'on attend d'eux, et leur des-
truction prématurée. Les mauvais eff«ts de
ce procédé nous paraissent si évident pue
nous nous sommes crus engagés à rédiger
aussi succinctement que possible l'avis sui-
vant, dans leqjuel nous exposons, par le,
raisonnement le plus clair, la fausseté des
raisons alléguées en sa faveur, afin d'empê-
cher qu'on ne pêche par ignorance. Espérons
qu'un public éclairé et biendisposé [accueil-
lera ces informations. Espérons aussi qu'en
passant de la bouche des maîtres à leurs em-
ployés, et surtout en servant à l'instruc-
tion des apprentis maréchaux, elles feront
mettre de côté une pratique aussi funeste.
Voici un exposé des prétextes dont les
partisans de cette pratique se servent pour
l'appuyer, et de ce qu'on peut y répondre.
Le principal et le plus ordinaire est qiie
la croissance de la fourchette ayant lieu
comme dans les autres parties du sabot,
elle couvrirait le pied de son volume, et
deviendrait trop grosse pour le pied lui-
mém e si l 'on ne s'y opposait.
Réponse. L'examen rigoureux de Tac-
croissemeut delà corne de cette partie ap-
prendra que cette corne n'acquiert qu'un
certain degré d'épaisseuT, et que les bornes
en sont fixées admirablement bien par les
soins d'une Providence toute pleine de sa-
gesse. En effet, quand la corne a atteint ce
degré naturel d'épaisseur, elle perd sa fa-
cuUé d'adhésion et forme une poussière fa-
rineuse, qui disparaît en laissant la four-
chette dans toute sa beauté. S'il en était
autreinent, tout cheval à l'état dénature se
232
trouverait estropié par cette e\croi?sauce. |
Hne peut donc plus rester le plus léser j
Jnolif de craindre que cette corne n'outre-
passe le pied, et les taillades qu'on fait pour
y porter remède deviennentnon seulement
inutiles, mais dangereuses, puisqu'elles
rendeut le reste de la corne trop mince et
sujet à s'ulcérer. On a observé que la sole
s'exfoliait dès qu'elle avait atteint ses limi-
tes, qu'y a-t-il de surprenant que la four-
chette soit soumise à la même loi? Je crois
donc qu'il est prouvé à l'évidence qu'enen-
levant cette défense naturelle dans l'épais-
seur de la coruc, l'on prive réellement l'ani-
mal d'une protection essentielle. La corne
ainsi amincie rendlafourchetteplussensihle,
douloureuse, et trop faible pour supporter
le poids lorsqu'elle pose fortement sur la
terre, comme cela arrive souvent, surtout
dans les chemins difficiles.
Le froissement lui occasione de l'irrita-
tion et de rinflammation ; sa force et sa
résistance naturelle disparaissent; elle
se dessèche, s'endurcit, se contracte, éclate,
puis présente des fentes où la boue et l'hu-
midité pénètrent ; elle parvient ainsi au
d-ernière état de dépérissement et de mala-
die.
On justifie l'usage dont nous avons parlé
par un second prétexte, d'enlever les lam-
At'flî/ a;, celui-ci est plus plausible que le pre-
mier; renvoyons-le toutefois à l'éprouve en
approfondissant d'où proviennent ces lam-
beaux.
Au moment où on commence la ferrure,
a fouchette, dans sou état d'mtégrilé, a
lune surface extérieure lisse et sans lam-
beaux; mais lorsque sa corne extérieure,
plus dure, est enlevée, la corne intérieure,
qui estplus molle et plus humectée de fluide,
se dessèche, surtout dans la belle saison ,
et se fend. Les bords de ces fentes ou dé-
chirures sesoulèvent etconstituentce qu'on
appellerf6's7a/«6crt«.i:. On doit avouer pour-
tant que descauses naturelles peuvent aussi
y donner lieu, quoique ce soit àîa manie
de couper la fourchette qu'on doive les at-
tribuer le plus fréquemment; et géuér;ile-
ment ou augmente, sans réfléchir, le mal par
une incisionplusprofondeeucorc, jusqu'à ce
qu'on soit allé si avant, que la fourchette,
presque dépouillée de sa corne, n'est plus
(|u'uue plaie.
La boue cl l'humidité, ainsi que nous
l'avons dil , ne font qu'accélérer le àépéris-
seaient et la destruction des parties inté-
rieures. Aulaut vaudrait-il donc proposer
de couper les pelotes que les chiens ont sous
leurs pieds, avant de les mener à la chasse,
que de découvrir ainsi la fourchette d'un
cheval au moment d'entreprendre un
voyage avec lui.
Quelques maréchaux pensent qu'on ue
peut trop couper cet organe; d'autres, plus
intelhgens, croient qu'il ne faudrait y pro-
céder qu'avec modération; mais, après tout,
l'auteur de cet avis s'est convaincu, par un
examen scrupuleux et par des recherches
suivies, que cet organe singulier n'a pas
besoin d'être coupé. D'après ses sugges-
tions, il existe déjà nombre de vieux che-
vaux dont les fourchettes n'ont jamais été
coupées ; elles sont les fourchettes les plus
belles, les mieux constituées et les plus for-
tes qu'on ait jamais vues. La cavité de l'a-
rêle-fourchette a surtout une forme en lo-
sange d'une grande beauté et est très-forte.
La comparaison ou analogie entre la four-
chette et les peloltes des pieds des chiens et
de^ coussinets de ceux de l'éléphant, est
aussi juste que correcte; l'une n'a pas plus
besoin dôlre coupée qaeîes autres. Un fail
que lous les amateurs et éleveurs de chevaux
peuvent aisément vérifier par eux-mêmes,
le démontre évidemment, c'est que si l'on
coupe une lame très- épaisse de la f(iur-
chette, elle ne se renouvelle qu'impar-
iteraent, et orcasioae June difformité.
Un autre motif qui a paru induire à cou-
per cette partie, est sa consistance molle
qui, ressemblant à celle du cuir ou d'un
fromage dur, invite, pour ainsi dire, le cou-
teau. On peut aussi y joindre une expression
impropre, ou manière de parler insigni-
fiante des cochers, peu au fait de l'écono-
mie de cette partie qui lorsqu'ils s'adres-
sent aux maréchaux leur recommandent
de bieiij^arer le pied. Le mol bien, appli-
qué de cette façon aux mauvais comme aux
bons procédés et sans signification propre,
cause un mal si grand que tout bon opé-
rateur, au moins ceJui qui a à cœur la pros-
périté de son art et le bon étal des chevaux,
devrait s'en méfier. Les cochers , de leur
'ôté, feront sagement de s'en remettre,
pour cette j)artie qui n'entrepas dan.s leurs
fonctions, à ceux qui la connaissent et la
comprennent mieux qu'eux.
DES Viens DE CARACTÈnE CHEZ LES
CUEVAIX.
Les chcv.'iiix qui se moiUrcnl létils ont or-
dinairomonl hojimoiip de liiî<'s«;(' cl (riiitclli-
gence, ot sont toujours aux ajîucls pour exor-
ccr llpurs >iciouses dispositions. Ils juscnl
parfaitement bien de la hardiesse et de la so-
lidité du cavalier, et s'ils eoniprennent d'a-
bord qu'ils ne réussiront pas à vaincre sa
volonté, ils attendent qu'un moment plus fa-
Aorable les serve pour commencer les hostili-
tés avec des chances d'avantage : c'est alors
qu'ils déploient toutes leurs ruses et toute
leur viguei.r pour désarçonner celui qui les
uionlp.
Il arrive souvent qu'en sortant de l'écurie
un cheval rétif témoigne de l'inquiétude ou
plutôt en affecte ; il dresse les oreilles, anime
ses regards comme s'il éprouvait une frayeur
véritable. Si la résistance lui semble d'abord
inutile; parce qu'il voit des gens qui pour-
raient le châtier, une fois avec son cavalier
il s'arrêtera tout court devant le premier ob-
jet qui se rencontrera sur son chemin et re-
l'usera de passer outre, si l'on ne sait pas l'y
contraindre. Un moulin, une maison, un
arbre, une pierre lui fournissent autant d'oc-
casions de se défendre, et si l'on est timide et
sans expérience, on sera forcé do lui céder cl
de revenir à l'endroit d'où l'on est parti.
D'autres chev aux rétifs vont assez tranquil-
lement jusqu'à ce qu'ils apor(,oivent une au-
berge, une écurie ou une ferme vers laquelle
ils se dirigent immédiatement, et si vous
vous y opposez, le coiiibat commence. Ces
chevaux sont très-dangereux sous une main
inhabile, parce que si le cavalier ne veut pas
céder au caprice qui les engage à s'arrêter, ils
se jettent contre les murailles pour se débar-
rasser de lui, ou se précipitent avec vis-
lence dans le bâtiment dont ils voient la porte
ouverte. L'adresse de l'homme peut seule pa-
ralyser ces efforts de méchanceté : mais il ne
lautpas qu'il emploie avec colère la cravache
et l'éperon, il rendrait le mal pire. Lo plus
sur moyen de vaincre l'animal obstiné, est de
se servir judicieusement de la main.
Si le cheval que vous montez veut se ruer
contre un mur, no cherchez pas à l'en éloi-
gner, mais tournez-lui la tète vers la croupe;
vous le forcez ainsi à prendre une position
courbe qui vous empêche d'être blessé. Agis-
sez de même toutes les fois qu'un cheval se
précipitera vers un objet quelconque, etvous
vous en trouverez bien. Du reste, les chevaux
rétifs se cabrent rarement.
Il existe des chevaux qui no se défendent
point tani qu'ils parcourent les rues d'une
ville, ot qui font le diable dans la campagne ,
et s'effraient de tout dans les villes. Il est donc
très prudent, quand on veut faire une ac-
quisition, d'essayer le cheval intra comme
exira-miiros, afin de ne pas avoir plus tard à
se repentir d'avoir inconsidérément donné son
argent au vendeur.
Quel que soit le cheval que l'on monte, il
faut toujours lui faire sentir qu'on est «on
maître.
'233
bans toule espèce de lutte avec un cheval,
le ca\ aller doit d'abord chercher à se garantir
d'un accident fâcheux. On sait que la plupart
des hommes possèdent plus de force et plus
d'adresse d'un côté que de l'autre ; il en est
de même chez les chevaux. C'est donc en eux
le côté le plus faible qu'il faut tâcher de vain-
cre. Afin de paralyser les efforts qu'ils feront
à droite, par exemple, contraignez-les de n'em-
ployer qu'à gauche leur résistance, en occu-
pant tout ce côté et par votre pesanteur et
par les aides, vous en obtiendrez de bons ré-
sultats.
Certains chevaux, après avoir marché quel-
que temps, s'arrêtent court et refusentde faire
un pas de plus en avant. Dans ce cas, cher-
chez aies retourner, et s'ils refusent, obligez-
les à reculer, ce qu'ils feront sans peine. En
attaquant l'arrière-main, bientôt vous verrez
en eux d'autres dispositions, et de leur propre
volonté ils continueront leur chemin. En
thèse générale, on ne doit jamais oublier que
la malice dos chevaux rétifs les porte à se
venger de celui qui veut les soumettre à sa
puissance par tous les moyens et sur tous les
objets qui se présentent ; et pour dompter
leurs vices, il faut choisir un endroit conve-
nable, exempt du passage des voitures, éloi-
gné des arbres, des haies, des murailles, des
fossés, afin de ne pas s'y briser avec le mé-
chant animal qui se déclare votre ennemi.
La résistance d'un cheval à céder aux vo-
lontés de son cavalier ne provient pas tou-
jc'iirs de son caractère vicieux. Il faut savoir
distinguer ces nuances afin de n'employer les
moyens coërcitifs et violens qu'en désespoir
de cause. Avec de la patience elde la douceur,
ou opère souvent des métamorphoses plus
heureuses qu'en cédant à la colère et eu dé-
ployant beaucoup de rigueur ; pour maîtriser
son cheval , on doit d'abord songer à Se mfiî-
triser soi-même.
On peut s'étonner qu'un si petit nombre de
personnes connaissent l'étonnante efficacité
de la main sur les moyens de défense qu'em-
ploient les chevaux rétifs. Il est rare de ren-
contrer des grooms et des palfreniers qui
aient à cet égard la moindre instruction.
Combien de fois ne voit-on pas l'un de ces
hommes monté sur un cheval capricieux
montrer encore bien plus d'obstination stupide
que l'animal qu'il s'efforce de faire obéir n'a
de malice ! Dans de telles circonstances, les
éperons et la cravache sont employés le plus
rudement possible, et si le cavalier l'emporte
à la fin, ce n'est, à coup s.-.r, qu'une suspen-
sion d'hostililés. Le cheval ne se considère
pas comme vaincu , et peu de temps après il
recommence le combat. Nous sommes loin de
prétendre qu'il ne faille jamais user de ces
moyens rigoureux, mais malheureusement on
s'en sert quelquefois avec si peu d'intelligence
qu'on augmeiHe le mal au lieu do le corri
aov.
^34
Le cavalier ne doit jamais abuser de sa vic-
toire sur un cheval réduit à l'obéissance par
les châtimens ; loin de là, il faut qu'il la flatte
et le caresse pour lui faire comprendre qu'il
est satisfait de sa soumission et qu'on le trai-
tera bien chaque fois qu'il montrera de la
bonne volonté. Le cheval auquel on conti-
nue les corrections lorsqu'il a cédé deviendra
plus hargneux que jamais dans une nouvelle
circonstance; et ses mauvais penchans, au
lieu de s'affaiblir, se manifesteront avec bien
plus d'audace et de ténacité.
Quand un cheval veut se défendre en faisant
des sauts-de-mouton, et cela n'arrive guère
que dans sa jeunesse, à l'époque où l'on com-
mence à le dresser, on s'en aperçoit aisément
d'avance à la contraction de son épine dorsale,
au gonflement de son corps, qu'il dilate
comme pour faire crever les sangles ; il serre
la queue entre les fesses , et part de celte po-
sition en ruant d'un côté et plongeant de l'au-
tre tant qu'il peut retenir sa respiration : il
s arrête alors, et si le cavalier a conservé une
assiette solide, le cheval, après une seconde
épreuve, renoncera de lui-même à le désar-
Vonner. Mais si, au contraire, le cavalier
s'est laissé vaincre, s'il a montré de la trayeur,
s'il a perdu son aplomb , l'animal recom-
mencera de pins belle une autre fois.
On a vu quelquefois des chevaux d'âge s'a-
donner à ce vice, et ceux-là sont f«>."t dange-
reux. Celui qui monte un cheval de pareille
humeur doit, après deux sauts, s'efforcer de
le mettre an galop et de lui faire parcourir
au moins un mille avec toute la vitesse possi-
ble, et lui appliquer en même temps, d'une
vigoureuse manière, le fouet et l'éperon. Le
cheval ainsi châtié s'en souviendra pour une
autre fois, et sera beaucoup moins tenté de
renouveler ses farces.
Il y a des chevaux qui, après s'être défen-
dus de toutes façons sans pouvoir jeter leur
maître à terre , s'abaKcnt pour le briser sous
leur poids. Ces cas, cependant, sont rares,
parce qu'eu général les chevaux craigiient pour
eux-mêmes de s'abattre ; mais, connue ils arri-
vent, on en doit être prévenu alin d'user de
toutes les précautions convenables pour évi-
ter une chute fâcheuse. Un habile cavalier
sait, du reste, parer le coup et remonter en
selle aussitôt que le cheval se relève, ce qui
prouve à ce dernier que sa méchanceté ne
lui tourne pas à profit et l'en corrige quelque-
fois à l'avenir.
On dit communément d'un cheval qu'il
prend le mors aux dents ; c'est une locution
impropre ; le mors ne quille point la région
des barres, et c'est le peu d'action qu'il y
exerce qui permet au cheval de s'emporter.
En montant des chevaux dont la bouche est
insensible, ou doit s'attendre aux conséquen-
ces les plus graves quand il sont fougrueux et
volontaires, et toute l'habililé possrblo ne sa't-
rait, en certaines occasions, préserver le ca-
valier d'une catastrophe.
Les écuyers de manège prétendent commu-
nément qu'un cheval ne peut pas s'emporter
sous un homme exercé. Je conviens avec eux
que les chevaux dont ils se servent habituel
lement montrent peu cette disposition, parce
que leur bouche a été rendue si fine par le
travail auquel ils sont accoutumés , qu'il suf-
fit du moindre effort pour les arrêter court ;
mais un cheval de manège n'est nullement
calculé pour le service de route , et quand
une main lourde et rude s'est long-temps fait
sentir aux barres et les a rendues calleuses,
si l'animal est d'un caractère ardent, il pourra,
dans un cas fortuit, s'emporter et rendre vain
tout le talent du monde pour le diriger ou
l'arrêter dans sa course. Cependant il ne faut
pas négliger les moyens qui peuveut réussir
parfois : ils ne consis-tcnt pas à tirer avec
force sur les rênes; il faut chercher à rassem-
bler un peu l'animal, à raccourcir ses bonds, à
le ralentir peu à peu. Pour cela, le premier
soin est de lui relever la tête, de le mettre sur
lesjianches , ce qui diminuera ses forces. En
même temps, on appuiera sur les étriers, en
serrant bien les genoux contre les panneaux
de la selle ; on jetera le poids du corps en
arrière pour donner le plus possibls de charge
aux parties postérieures du cheval, et si l'on
ne s'en rend pas ainsi maître, on doit seule-
ment tâcher de le diriger de manière à ce que
nul obstacle ne se rencontre sur son passage ;
eu voulant le surmonter il se romprait les
membres peut-être, et vous ferait partager
ses périls ; si la route est unie , ne craignez
pas ûo l'abandonner à sa fougue ; elle cessera
quand la fatigue et l'épuisement se feront
sentir.
Un bon bridon est bien préférable au mors
delà bride pour arrêter un cheval qui s'em-
porte, et tout cavalier prudent qui monte
un cheval qu'il ne connaît pas doit se munir
de ce double moyen. Cependant il est des
bouches sur l'insensibilité desquelles rien n'o-
père efficacement ; celles-là sont presque in-
curables et déconsidèrent entièrement l'ani-
mal donton vous propose l'acquisition.
La dureté de bouche n'est pas toujours sans
remède : on la détruit souvent en entourant
de flanelle le mors du bridon et en laissant le
cheval jouer avec, dans les piliers, deux ou
trois heures par jour. Au bout d'un mois la
cure est accomplie, les callosités ont disparu,
la sensibilité est rétablie. Ce moyen peut pa-
raître étrange à beaucoup de personnes; ce-
pendant je puis affirmer qu'il a fréquemment
réussi , et que ceux qui l'ont employé n'ont eu
qu'à s'en applaudir.
235
REPERTOIRE PROFESSIONNEL.
1rg»:^XEga»
I. AGRICULTURE. - II, ARTS LIBÉRAUX. ~III. COMMERCE.
TOILES PEINTES.
L'industrie des toiles peintes, qui semble
être connue de toute aHtiquité dans les In-
des, ne fut introduite en Europe que vers le
commencement du dernier siècle, et n'y fit d'a-
bord que des progrès très lents. Aussi les toiles
des Indes eurent-elles encore long-temps une
prééminence justement méritée sur les toiles
d'Europe qui ne leur étaient comparables ni
par l'exécution, ni par la beauté des cou-
leurs, et jusque vers la fin du dernier siècle
(17S0), nous ne fournîmes les marchés que de
toiles communes, tandis que celles des Indes
se payaient très cher et étaient regardées
comme des étoffes de luxe ; cependant un in-
dustriel, dont nous ignorons le nom et le pays,
avait, dés l'origine, remplacé le long pinceau-
tage des Indes par l'impression rapide «les
planches en bois, et celte invention, qui a
conduit aux planches plates et aux rouleaux,
a donné une face nouvelle à l'art qui nous
occupe.
Les Anglais , les Suisses et les Allemands
avaient déjà ajouté plusieurs periectionne-
mens à la fabrication des toiles peintes, lors-
qu'elle fut importée en Alsace. Mulhausen,
qui a été le berceau de cette industrie dans
notre province, lira d'abord de la Suisse ses
graveurs, ses imprimeurs, ses pinccauteuses,
et en général tous ses ouvriers. Mais bientôt
la population locale se lit à un travail qui
venait augmenter ses ressources; et depuis,
elle n'a cessé de remplir les nombreux ate-
liers dont Mulhausen a doté notre départe-
ment, qui en a retiré des avantages incontes-
tables. Les fabriques de Thann, deCernay, de
Wesserling , do Munster, ne furent que de
nombreuses succursales, dont Mulhausen fut
comme la métropole industrielle, et ce n'est
pas seulement depuis sa réunion à la France
que notre ville a vu s'agrandir le rayon de ses
ateliers; déjà auparavant, l'exiguilé de son ter-
ritoire cessant d'être en rapport avec une po-
pulation croissante dont une faible partie se
livrait à l'agriculture, les Mulhousois durent
s'établir dans les environs, et y fondèrent une
grande partie des établissemens aujourd'hui
existans dans le Haut-Rhin.
Le Haut-Pihin a long-temps présenté en ef-
fet presque toutes les conditions locales né-
cessaires pour favoriser l'industrie des toiles
pointes : un grand nombre ôo lorreois ei de
moteurs hydrauliques, la main'd'œuvre à bon
marché, une position topograpbique et poli-
tique qui rendait les débouchés faciles et l'a-
chat des matières premié-res peu coûteux, l'ab-
sence des douanes et un faibie droit de passe.
Malheureusement, au prix toujours croissant
du combustible s'est' joint , depuis 1814, une
situation politique défavorable , comme nous
le verrons par la suite.
Tout ce qui se rapporte à l'histoire de la
fabrication des toiles peintes dans le Haut-
Rhin peut se diviser en trois époques bien
distinctes : la première , partant de 1746, mo-
ment do l'importation de cette industrie , et
se terminant en 1775, où de grands perfec-
tionnemens commencèrent à se faire remar-
quer; la seconde comprend les années écou-
lées entre 1775 et 1800; lalrcisième, de 1800
à 18.30, durant les longues guerres de la répu-
blique et de l'empire, le système continental
et la paix générale , au moment où tous les
peuples qui étaient nos tributaires furent vio-
lemment séparés de nous, et où l'Angleterre,
jetant dans la balamce des marchés de l'Eu-
rope tout le poids de ses richesses et de son
génie industriel, devint pour nous une rivale
puissante et dangereuse, contre laquelle nous
ne pûmes lutter avec avantage qu'en perfec-
tionnant sans cesse nos moyens d'exécution,
surtout en les rendant plus économiques.
La première manufacture d'indiennes de
ce département fut établie à Mulhausen vers
1746, sous la raison de commerce Rœchlin ,
Schmaltzer et comp. Cette maison fut en Al-
sace le berceau de l'industrie cotonnière, dont
Mulhausen a toujours été depuis la métropole
dans cette province. Les profits considérables
que présciitait la fabrication des toiles pein-
tes, la comparaison tout à son avantage avec
les autres industries du pays, durent bientôt
attirer vers elle de nombreux capitaux elpro-
voquer de nouveaux établissemens. La socié-
té Kœchlin , Schmaltzer et comp. , ne dura
même que peu de temps, car au bout de quel-
ques années tous les associés se séparaient
pour former autant do maisons particu-
lières.
Dès lors le nombre des établissemens s'aug-
menta successivement, et déjà en 1768, d'a-
près un règlement fait sous l'intendant d'Al-
sace de Blair, concernant le canal de Stein-
bacchle, on comptait quinze manufactures
236
d'indiennes, outre quelques succursales éta-
blies dans les vallées des Vosges.
Position topograpiiiqïe. — A celle
époque Mulhausen se trouvait au centre du
commerce de l'Europe continentale; elle avait
pour débouchés la France, l'Allemagne, l'Ita-
lie et la Hollande; elle exploita même bien-
tôt les marchés de Leipzig, Francfort, Elbcr-
leld, Bruxelles, etc. Le commerce était libre,
et ce n'est qu'à la frontière de France que
l'indienne payait un faible droit de 13.) fr.
par quintal. Ululhausen , quoique ville libre
de la Suisse, jouissait des mêmes avantages
que l'Alsace et la Lorraine, provinces fran-
çaises qui n'étaient point encore e\ercées
par la ferme générale de France. Les lignes
de douane se trouvaient alors à Bar-le-Duc et
à Saint-Dizier. A celle position si heureuse
pour ses exportations, Wuihausen réunissait
toutes les conditions capables do favoriser
l'industrie des toiles peintes : le canal du
Steinbacchle lui fournissait une eau abon-
dante et pare, conditions indispensables pour
la fabrication des indiennes; la main-d'œu-
vre y était à bon marché , le combustible
abondant, et, ce qui n'est pas moins inipor-
tant, elle avait une population industrieuse
et d'un caractère entreprenant.
MovEXs UK i-AimicATiox. — Daiis loii-
ginedel'art, ou, pour mieux dire, au moment
de son importation dans le Ifaul-Khin, les
moyens d'oxéculion se rèduisai-nt à un polit
nombre d'opérnlioiis et à quelques procédés
que la routine seule avait enseignés, et que
des ouvriers suisses et allemands avaient ap-
portés dans nos contrées ; car en Europe l'art
de fabriquer les toiles peintes avait étéimpor-
té d'abord en Hollande, en Angleterre, en
Suisse et en Allemagne.
Les premières impressicvis de MM. Kœchlin
et Schmallzer furent exécutées en couleurs
d'application à l'huile siccative ou au vernis,
en dessins à une ou deux couleurs, sur des
toiles très communes qu'on faisait venir de
la Suisse. Mais dès la seconde année de leur
fabrication, ils apprirent d'un compagnon im-
primeur de Ihunloiîr? la manière de prépa-
ierie mordant d'alumine, dit mordant rouge,
qu'ils obtenaient, comme on le fait encore,
par l'alun eU'acétatc de jjlomb. Cesfabricaus
connurent par la même voie l'acétate de fer
dit bain noir, dont on se servait pour les mor-
dans noirs et violets, ce qui permet de tixer
la matière colorante de la garance par la tein-
ture. Par CCS procédés on obtenait déjà trois
couleurs bon teint : le rouge, le violet et le
iioir dans toutes les nuances. On fit d'abord
un secrel de la composition de ces mordans,
car à celte époque l'emploi du sel de Saturne
(acétate de plomb) élait loin d'être général,
et lorsqu'on voulait composer un mordant
rouge, on faisait u^agc d'un grand nombre de
nait toujours sur les autres composans qui
étaient ordinairement la soude d'Alicante, le
vinaigre, l'arsenic blanc, la litharge, le sel
ammoniac, etc. Pour prévenir le coulage
qu'aurait occasioné l'excès d'alun contenu
dans ces mordans , on ne pouvait imprimer
que sur des toiles préalablement engallées.
Les fabriques de Mulhausen s'enrichirent en-
core de quelques procédés tirés des fabriques
de la Suisse, et notamment de ÎVeucbàtel,
Genève et Bâ'ie, villes dans lesquelles cet art
avait déjà fait quelques progrès et d'où on fit
venir des ouvriers de tout genre, tels que gra-
veurs imprimeurs, pinceauteuses, etc.
Quant aux dessins, ils étaient exécutés par
31. Dolfus, peintre, associé de Kœchlin et
Schmallzer. Il est vrai que pendant quelques
années teut se réduisait à deux ou trois gen-
res, tels que : lo le genre surate, petit dessin
à une couleur violet et noir; 2ole genre tapis
et couverture de lit à grands dessins fond
rouge et noir; âo plus tard on fabriqua des
mouchoir» paillaca à double face. Le petit
nombre de couleurs dont on pouvait disposer
exigeait alors, pour offrir de la variété et de
l'agrément, un grand talent de la part du des-
sinateur. Aussi, à l'époque qui nous occupe,
le dessin élait la partie la plus importante
d'une fabrique d'indienne.
Il est à peine nécessaire de dire qu'alors
tout se faisait à la main , car on ne connais-
sait en fait de machine que le cylindre qui
servait, soit à préparer les toiles pour l'im-
pression, soit à donner un apprêt à la mar-
chandise finie. Les procédés se réduisaient à
peu près aux opérations suivantes : les toiles
arrivaient blanchies delà Suisse ou d'Orange.
C'est de celte ville qu'on tirait les toiles dives
colonnes, lissées en coton et lin. On leur don-
nait le vitriolage, opération qui consistait à
les faire macérer pendant quelques heures
dans une eau faiblement aiguisée d'acide sul-
furiqoe, puis ou les engallait et on les cylin-
drail pour l'impression du mordant.
A celte époque, le dégorgeage par la bouse
n'était point connu, el pour enlever de des-
sus les toiles l'excès de mordant en l'épaissis-
sant , on se contentait de les pendre à l'eau
courante et de les battre. Plus tard, on porta
quelque amélioration à l'opération de débouil-
li-sage :les toiles n'étaient plus engalléesavant
l'impression des mordans; mais après celte
impression , on les lavait à l'eau courante;
puis ou les trempait pendant quelques heures
dans une légère décoction de noix de galle ou
de sumac; et on les déjforgeait au battoir
avant de les soumettre à la teinture. On pro-
codait alors à cette dernière opération, après
laquelle on dégorgeait de nouveau les toiles
au balloir, lorsqu'elles avaient été exposées
pendant quelque temps à l'eau courante.
Pour blanchir les parties non mordancées
drogues inutiles dan? lesquelles l'alun domi- ] de la toiie. qui en avaient même d'autant plus
besoin, qu ou ncgaïaïuait qu aprt'St'ngalla{;e,
on exposait les pièrcs sur pré, et on avait le
soin de les arroser fréquemmeril, alin d'accé-
lérer aulaut que possible le blanrîiimoiil au
soleil. Celte opération exifîeait d'ordinaire
deux à trois jours, et était la seule qu'on lit
subira la marchandise, les passages au son et
au savon n'étant pas encore employés. On
conçoit que ce mode de blanchiment n'était
guère praticable que par les beaux jours ;
aussi n'y avait-on recours à peu près que
daus la belle saison, ce qui restreignait beau-
coup la fabrication. La marchandise étant
blanchie, il ne lui restait plus qu'à lui don-
ner un apprêt au cylindre et à la sati-
ner.
«Quelques années plus tard, les procédés
s'améliorèrent, et l'art des toiles peintes s'en-
richit de quelques couleurs d'enluminage ,
parmi lesquelles on voit figurer le bleu d'in-
digo, dit bleu de pinceau, où l'indigo désoxi-
gcné par le sulfure d'arsenic se trouvait dis-
sous par la potasse et épaissi en gomme Sé-
négal. Celte couleur s'appliquait au pinceau
d'où elle avait tiré son nom. On commença
aussi alors à employer une espèce de jaune-
rouille qu'on obtenait avec de l'acétate de
fer, et qui, appliquée au pinceau sur le bleu,
produisait une espèce de vert. C'est à la mê-
me époque qu'on introduisit l'usage du jaune
d'application obtenu par une décoction de
graine d'Avignon et d'alun. Les moyens d'en-
Juminage ainsi augmentes permirent aux des-
sinateurs de rendre des elfets nouveaux , de
produire un ensemble plus harmonieux dans
les dessins, et augmentèrent beaucoup l'éclat
des toiles peintes.
Aous avons déjà eu occasion de voir com-
bien étaient restreints les moyens mécaniques
dont pouvaient disposer les fabricans de toi-
les peintes. Outre que la plus grande partie
desmachines puissantes, aujourd'hui connues,
n'étaient point encore inventées, deux causes
s'oppoSaieut à l'introduction de celles dont
on aurait pu faire usage. La première était le
peu de fonds dont pouvaient disposer les mai-
sons de Mulhausen,car la fabrique de Kœchlin-
Schraalîzer travaillait avec un capital de
40,0' 0 fr. ; la seconde était une prohibition du
gouvernement. Les lois de la république de
Jlulhausen s opposaient à ce que les moulins
fussent transformés en usinesmanufacturières,
et ies privilèges dont jouissaient les autres
industries, surtout les drapiers, empêchaient
aussi de convertir leurs foulons en usines.
Les lois mettaient d'autres entraves au dé-
ploiement de l'art qui nous occupe. Les fa-
bricans de toiles peintes ne pouvaient pas éta-
blir de pinceautagos dans les villes, ni même
dans les villages français environnans, afin
de ne pas augmenter la main-d'œuvre t'es (i-
Icurs en laine. Les lois défendaient aussi aux
étrangers de commanditer des élablissemens
de toiles peintes. C'est ainsi que la puissante
:>37
maison Pourtales de .Neuchàtel ne put faire
de commandites à Mulhausen, ni obtenir le
droit de bourgeoisie dans le dessein de s'in-
téresser dans une manufacture de toiles
peintes.
En outre, chaque manufacture était tenue
de payer au fisc .*; et demi pour cent des af-
faires qu'elle faisait- Cependant les fabricans
obtinrent plus tard l'exemption de ce droit
pour les marchandises expédiées aux foires
de Loipzig, etc.
Ces entraves mises à l'industrie des toiles
peintes par les lois de la république durent
en favoriser l'exportation dans le département
du i!aut-Rhin, et engager même plusieurs
fabricans à s'établir dans les valiées des Vos-
ges où ils trouvèrent de grands avantages de
localité et tou'e la liberté nécessaire à leur
industrie.
TOILES EMPLOYÉES DAXS LA PREMIÈRE
ÉPOQT E. — Les toiles communes tissées en
Alsace ne pouvant pas suffire pour les genres
d'indiennes ordinaires, telles que surates à
une couleur , zurichoises et grands dessins
meubles, etc., on en faisait venir une grande
quantité de la Suisse. Cependant vers l'année
1762, on fabriquait déjà en Alsace beaucoup
de toiles de la même qualité que les toiles
communes de Suisse, c'est-à-dire des toiles de
16 aunes à trois quarts de large. On employait
le coton du Levant qu'on faisait filer princi-
palement dans les vallées des Vosges. M. Ma-
thias Risler fut un des premiers qui exploita
cette industrie avec succès.
Ces toiles ordinaires se vendaient environ
6 à 10 fr. les lu aunes. .\. celte époque, on
imprimait aussi sur toiles mi-coton et lin fa-
briquées à Orange, dans les ateliers da papp.
Plus lard, on tira de Zurich des toilts plus
fines et de six quarts do large, dont on se ser-
vait pour mouchoirs. On achetait ces toiles
blanchies.
Vers I'jG., la maison Kœch'Jn-Schœaltzer
imprimait à peu près .30,000 pièces de 16 au-
nes.
Dbogies EMPLOYÉES. — Le peu de dro-
gues employées à cette époque étaient : l'alun
de Rome ou de Liège, l'acétate do plomb (sel
de Saturne, l'acétate de fer, l'amidon, la gom-
me arabique, la noix de galle, l'indigo, les
graines d'Avignon, le vinaigre, la potasse, la
chaux, l'orpiment, le sel ammoniac, la poix
de Bourgogne et la terre de pipe pour lemas-
tic bleu, et enfin la garance qui, alors comme
aujourd'hui, était l'ingrédient le plus indis-
pensable. Toute la garance venait de Hol-
lande, car ce n'est que vers l'année 1775 que
la culture de celte plante fut introduite en
.Vlsace et dans le comtat d'Avignon.
L^ bois était le seul combustible employé
alors : la corde pesant environ .32 à 34 quin-
taux valait 8 à ÎO fr. (^e n'est que vers 1780
que Von commença à faire usage de la bouillQ
de Cbampagny ou de Ronchamps.
238
La main d'œuvre se payait par semaine e*t
â peu près comme il suit :
tes graveurs de 10 à M fr. par semaine ;
Les imprimeurs de 6 à 8 fr. id.
Les manœuvres de 4 à 6 fr. id.
Les denrées de première nécessité étaient à
très bon compte.
Le blé valait 11 fr. Iheclolitre ;
Le pain 2 sous et demi la livre;
Le vin 3 sous le litre ;
La viande 5 sous la livre ;
Le logement nécessaire à une famille d'ou-
vriers comprenant chambre, cuisine, etc., se
payait 50 fr. par an.
On voit facilement , d'après ces données,
que l'ouvrier jouissait à cette époque de bien
plus d'aisance qu'aujourd'hui.
Partie niEKCANnLE. — A la première
époque, la partie mercantile se réduisait à
peu près aux opérations suivantes :
Les toiles suisses, déjà blanchies, s'achetaient
principalement danslcs'cantons d'Argovie, de
Zurich et de Berne, à raison, comme on l'a
vu, de 9 à 10 fr. la pièce de IG aunes trois
quarts de large , presque toujours au terme
de 12 mois; il est vrai que la vente de l'in-
dienne se faisait ordinairement au même
terme.
Presque toutes les ventes avaient lieu sur
place, principalement pour la consommation
de la France, et de quelques maisons de Ge-
nève qui faisaient le commerce avec l'Ita-
lie.
Souvent la marchandise commune se ven-
dait par piles de cent pièces impression genre
Surate à une ou à deux couleurs , violet et
rouge sur fond blanc. La pièce valait 18 à 20 fr.
Les toiles des Indes, par le haut prix auquel
elles se vendaient alors, n'étaient qu'une mar-
chandise de luxe et d'une faible consomma-
tion, tandis que les indiennes communes, fa-
briquées en Alsace et en Suisse se livraient
en grandes quantités.
Ce ne fut qu'après avoir amélioré leurs
procédés, et surtout qu'après être parvenus à
exécuter des dessins de quatre à cinq couleurs
que les fabricaws de toiles peintes du llaut-
Ilhin commencèrent à fréquenter les marchés
d'Allemagne.
INDUSTRIE. — DU COTON.
C'était un homme d'hinnble naissance qui
avait définitivement doté l'Angleterre de la
fllature mécanique ; ce fut encore un homme
de modeste condition qui inventa les machi-
nci dont les flls ont atteint jusqu'au numéro
315; ce fut Samuel (irompton, simple ouvrier
du Lancashire, qui donna au monde la Mull-
Jenny. Regardez le porlrait de cet homme,
et vous verrez toute son histoire écrite sur son
visage. C'est une de ces ligures pâles, médita-
tives^ résignées, et ccpeadant pleines d'un feu
céleste, qui appartiennent à ceux dont le gé-
nie sait souffrir sur la terre, et n'attendre de
récompense que dans un monde meilleur.
Toutes ses nobles douleurs se lisent sur ses
traits comme le succès et la victoire sur ceux
d'ArkM right. Modeste artisan, il ne songeait,
comme Jahue, le mécanicien physique dont
M. Emile Souvestre nous a raconté la tou-
chante histoire, qu'à simplifier le travail à l'aide
du^juel il nourrissait sa famille. Il employa
cinq ans de peines et de persévérance à décoo-
vrir la Mull-Jenny, dont l'invention a enri-
chi tant de manufacturiers ; et lorsqu'elle fut
produite, il ne songea point à prendre une
patente (peut-être ignorait-il ce que c'est
qu'une patente) ; mais il se trouva heureux de
gagner, à l'aide de sa machine, 14 schillings
pour les filés au n. 40; plus tard 2^i schillings
pour le n. GO, et enfin 42 schillings pour le
n. 80.
Samuel Crompton n'avait pas imaginé de
faire mystère de sa machine, aussi fut-elle
bientôt imitée. Le modeste ouvrier apprit que
l'usage de sa Mull-Jenny s'était répandu dans
toutes les manufactures ie l'Angleterre, et
songea seulement alors à retirer quelque
avantage de sa découverte. Il se mit enroule
dans le pauvre équipage de sa profession, et
visita, inconnu et à pied, tous les districts ma-
nufacturiers du royaume-uni. Quels durent
cire les scntimens de [cet homme de génie
lorsqu'il eut la satisfaction de voir trois umI-
lioBS de broches mues selon son procédé! Ce
dut être sa récompense la plus grande ; car,
bien que le parlement lui ait voté, en 1812,
une offrande de S,0(K) liv. st., il est mort dans
la pauvreté. Son argent fut dépensé en expé-
riences infructueuses, qu'on ne saurait cepen-
dant lui reprocher ; l'auteur de la Mull-Jenny
avait bien droit de croire à son génie.
Telle est l'histoire des deux hommes qui
ont le plus contribué aux progrès de l'indus-
trie cotonnière; car, nous l'avons dit, cette in-
dustrie n'attendait, pour se développer, que
l'invention des machines à filer. Dès-lors, elle
n'a cessé de marcher à pas de géant. La mull
de Crompton fut perfectionnée par Henri
Siones de Psorwick; Wrigh construisit la
mull k 400 broches; Manchester possède au-
jourd'hui des mulls à 1,100 broches, et un
seul homme suffit poujle service de deux de
ces machines. En 1825, M. Roberls a inventé
la self acling mull (agissant d'elle-même), et,
en 183-4, il avait établi plus de 520 de ces ma-
chines armées de 200 mille broches au moin.<i-
Dès qu'on put fournir aux tisserands assez
de fil», et surtout assez de fils de bonne qua-
lité, la tisseranderio prit de rapides dévelop-
pemens.Uéjù, au xvn« siècle et vers le milieu
du xviiie siècle, deux Français, de Genner
et Vaucanson avaient inventé des métierï
mécaniques; mais leurs inventions, dont on
peut voir les modèles au Conservatoire des
arts et métiers, étaient rcitées stériles pour
l'industrie; c'était aux Anfjlais qu'il était ré-
servé d'eu taire l'application, comrae c'était à
eux. à Boullon et James Watt , qu'Vl apparte-
nait do perfectionner la machine à vapeur
inventée par Salomon de Caus, infjénieur de
Louis XIV. Eu 1787, M. Cartwrisht, frère
du célèbre radical, produisit le métier méca-
nique pour lequel il reçut en 1809 du parle-
ment une somme de 10,000 liv. st. à litre de
récompense nationale. Après M. Cartwriglit,
M. Robert Miller construisit aussi en 1790 un
nouveau métier mécanique.
Toutefois cesmétiers avaient l'inconvénient
de ne pouvoir dérouler eux-mêmes la chaîne,
et l'on était obligé d'interrompre leur travail
à tout instant. Ce furent MM. Radcliffe et
Ross qui inventèrent en 1803 le métier qui
développe tout à lafoi^la chaîne et la trame;
et c'estd'aprèsleur prrocédé perfectionné, il est
vrai, que marchent aujourd'hui les 100,000
métiers mécaniques que l'on compte en An-
gleterre et en Ecosse, instrumens si parfaits,
qu'un ouvrier assisté d'une petite fille peut
sans peine en diriger quatre, et fabriquer
vingt pièces d'étoffe par semaine.
Pour compléter l'histoire de l'industrie co-
tonnière, il nous reste à dire un mot des
procédés de blanchissage et d'impression.
Dans cette branche seulement, l'Angleterre
n'a pas tout fait ; dans cette branche seule-
ment, nous avons quelque chose à réclamer.
C'est Berthollet qui découvrit et enseigna au
célèbre James Watt les propriétés du chlore 1
pour le blanchissage des étoffes composées de
matières végétales, opération qui s'accomplit
aujourd'hui en deux ou trois jours, et'qui était
autrefois si peu connue des fabricans anglais
q».i'ils étaient forcés d'envoyer leurs étoffes pour
y recevoir cet apprêt dans les blanches campa-
gnes de Harlem en Hollande. C'est un Fran-
çais, M. Papillon, qui a importé à Glascow un
rouge qui ne le cède en rien au fameux rouge
d'Andrinople; c'est un Français, M. Daaiel
Kœchlin, qui a imaginé le moyen d'imprimer
couleur sur couleur. Et ce n'est pas seulement
par la beUe qualité et la solidité de ses cou-
leurs que notre industrie a quelque mérite;
nos dessinateurs se sont acquis aussi une ré-
putation d'élégance et de bon goût, telle que
l'Angleterre nous les emprunte aujourd'hui
par centaines, comme elle nous emprunte nos
habiles chimistes. Mais pour la science chi-
mique et la grâce des dessins seulement
nous pourrions soutenir la concurrence avec
l'Angleterre ; descendus beaucoup plus tard
qu'elle dans la carrière et placés dans des cir-
constances bien moins avantageuses, nous
devrons long-temps encore lui céder la palme.
D'ailleurs, même pour l'impression, c'est à elle
encore que nous sommes redevables des pro-
cédés mécaniques à l'aide desquels on applique
les couleurs; c'est elle qui, par M. Bell, a
iûVeaté le Cylinder printing (Cylindre à im-
239
pression) ; c'est elle qui, la première, a pro-
duit des machines à graver les cylindres.
OUVRIERS. Sur l'habitude qu'ils ont de ne
pas travailler le lundi.
Le tort que se font les ouvriers en chômant
le lundi est très-considérable. La plupart de
ceux qui ne travaillent pas ce jour n'en con-
naissent pas l'étendue, et ce serait peut-être
leur rendre un service que d'appeler leur at-
tention sur cet objet. Je vais en donner le
résultat -.
L'ouvrier qui gagne 1 fr. :;0 c. par jour
perd donc r.2 lundis, qui auraient dû lui pro-
curer : 78 fr.
Si on ajoute à cette somme la dé-
pense extraordinaire qu'il faille lun-
di, qui peut bien être évaluée a la
même somme de 78 fr.
On trouvera une perte annuelle de. 156 fr.
Mais cela ne se borne pas là; la perte des
effets et les excès élèvent bien la dépense
à 200 francs.
Cette somme ne concerne que les célibatai-
res. Les pères de famille perdent fbien davan-
tage, parce que leur absence de la maison fait
naître quelquefois chez eux des désordres dont
les suites sont incalculables.
Si ceux qui consacrent le lundi à un repos
dont ils n'ont pas besoin voulaient travail-
ler ce jour, et mettre à la caisse d'épargne la
somme qu'ils gagneraient, et celle qu'ils au-
raient dépensée (toussent à même défaire
ce calcul), ils verraient bientôt qu'ils peuvent
trouver auboutde quelques années une somme
suffisante pour doter une fille, ou pour exemp-
ter du service militaire le fils qui est destiné
à devenir leur soutien.
LES OUVRIERS ET LES MACHINES,
L'Angleterre, le pays à machines le plus
considérable et la nation la plus industrielle-
ment mécanique, après les États-Unis,
éprouve aujourd'hui l'effet que les amis de
l'industrie avaient prédit comme inévitable
aux stupides briseurs de métiers, et aux igno-
rans adversaires du progrès des arts ir.'dus-
triels. Les bras manquent dans les contrées où
les machines qui devaient anéantir le travail
des bras ont pris le plus grand développe-
ment. A Manchester et dans tout le Lancas-
hire, les ouvriers manquent au milieu d'une
population qui s'est triplée depuis la paix. Les
bateaux à vapeur, qui devaient ruiner la pe-
tite navigation à voiles, au dire des économis-
tes obscurantins, trouvent à peine aujour-
d'hui assez de matelots et de chauffeurs, à un
prix double de celui auquel on payait les an-
ciens matelots du petit cabotage.
FERBLANTIERS. Sur l'emploi des ro-
gnures et déchets de ferblanterie.
On sait que les ferblantiers sont dans Vu-
sage de rejeter comme inutiles les déchets et
débris de fer-blanc employés dans leurs ate-
liers. Ces rognures cependant peuvent être
utilisées. Aux États-Unis, on découpe àrem-
porte-pièce ces débris, de manière à en ob-
tenir de petits triangles isocèles, dont la bar-
re a depuis deux lignes jusqu'à cinq ou six
lignes, et dont la hauteur des deux autres
côtés peut varier de six à douze lignes. Les
vitriers se servent de ces sortes de triangles
pour remplacer avec avantage les petits clous
d'épingles qu'ils ont coutume d'employer
pour servir d'appui aux carreaux de vitre,
avant d'y appliquer le mastic. On conçoit
que le but qu'on se propose en employant
les clous d'épingles, tous à tète ronde, esl
bien mieux rempli par la forme plate des
morceaux de fer-blanc.
Mais quand bien même cet usage des dé-
coupures parviendrait à s'étabUr générale-
ment en France, il ne serait pas suffisant
pour utiliser tous les déchets des ferblan-
tiers. Divers essais que nous avons tentés,
et qui sont encore inachevés, nous portent à
croire que les rognures peuvent être aussi
employées à remplacer l'alun dans la fabri-
cation du bleu de Prusse. On sait que cette
belle couleur exige qu'un corps blanc lui soit
uni pour, en adoucissant sa teinte trop fon-
cée quand elle est pure, lui donner par son
mélange avec elle le vif éclat qui la disfin-
Tue la cavure conchoide qu'on lui connaîi,
et lui faire acquérir la faculté de bien cou-
vrir. C'est à son union avec l'alumine que le
bleu de Prusse doit ces quahtés. Nous avons
pensé que l'étain contenu dans le fer-blanc,
étant isolé, pourrait agir comme l'alumine
elle-même.
A cet effet, on fait dissoudre à froid dans
l'acide hydrochlorique ordinaire du com-
merce les rognures de fer-blanc, et de préfé-
rence on enoploie les plus petites ; une vive
effervescence a lieu avec détragemeftt d'hy-
drogène-, ce qui nécessite pour cette opéra-
tion un atelier aéré , par exemple un han-
gar, ou même encore elle pourrait se faire
sous la hotte d'une cheminée à bon tirage,
qui, enlevant rapidement le gaz hydrogène
formé , empêcherait les ouvriers d'en être
incommodés.
Lorsque la saturation de l'acide parait
complète, ce que l'on reconnaît à la cessa-
tion de l'effervescence , on retire les mor-
ceaux de fer-blanc qui n'ont point été dis-
sous, on les lave, et l'eau provenant de ce
lavage sert à étendre la dissolution concen-
trée d'étaio el de fer. Ou trouve ordinaire-
ment au fond du vase dans lequel on a opé-
ré une sorte de dépôt qui se dissout facile-
ment par une simple aaitation duhquide. On
prend alors une quantité quelconque d'acide
sulfurique, que 1 on amène à dix degrés. On
verse par parties cet acide étendu d'eau,
dans la dissolution délain et de fer : il se
forme alors vin précipité blanc, insoluble,
qui est du sulfate d'étain. On cesse d'ajou-
ter de l'acide lorsqu'il ne fait plus de préci-
pité; on laisse alors le dépôt se tasser un peu,
pour enlever le plus possible du liquide sur-
nageant, qui est mis à part, et dont on peut
de suite former du bleu de Prusse, attendu
la grande quantité de fer qu'il tient en so-
lution. On lave, parles procédés ordinaires,
le dépôt de sulfate d'étain, et lorsqu'il est
bien édulcorè, ou peut l'employer en place
d'alumine pour mêler au bleu de Prusse,
tous deux à l'état de pâte bien lavée, ou
mieux en facihtant leur mélange intime par
le moyen d'un lavage unique pendant le-
quel on mêle exactement les deux subs-
tances.
Edouard P. D.
MEUNIERS.
NOUVEAUX MOULINS.
Echappement de la farine par lotitc la cir-
conférence des meules.
Toutes les branches industrielles reçoi-
vent, dans ce siècle, plus que dans aucun au-
tre d'importantes améliorations. Jamais le
génie humain ne s'est autant porté vers le
progrès. Il était naturel que l'art de la meu-
nerie, qui correspond au premier besoin de
l'homme, se ressentît de cette action pro-
gre.'ïsive qui signale notre époque.
Ceux qui s'occupent de mouture sont en-
core à concevoir comment tous les petits
meuniers, qui couvrent le sol français, ne
cjjerchent pas à sortir de l'ancienne routine,
quoique contraire à leurs intérêts; ils n'ont
communément à leur disposition qu'une for-
ce minime, et continuent à employer des
meules dont les dimensions et le défaut de
rayonnase réclament une grande puissance
d'action. Il en résulte un chômage fréquent
qui les prive de tout gain. Ils savent aussi
que leur manière de moudre échauffe la
farine, la détériore et la rend moins pro-
ductive à la panilication, et ils ne font au-
cunetentativepour remédier à un malqu'ils
déplorent.
Nous croyons donc servir celte classe
nombreuse d'industriels , eu appelant soq
alleutioQ sur un système de mouture dout
est breveté M. Kagon (rue Saint-Nicolax-
d'Antiu^ 36), système qui atteste un progrès
sensible dans cette branche iniporlaule de
l'industrie agricole.
Il consiste en un nouveau moulin que
l'on voit fonctionner par la vapeur à Paris.
Il est à petites meules (diamètre 31 pou-
ces) en pierres d'un grain dur et serré, ex-
traites des meilleures carrières de la Ferté-
sous-Jouarre. Leurs évolutions sontd'envi-
ron :200 par minute. Elles sont disposées de
manière à ce que la farine s'échappe froide
par tous les points de leur circonférence.
Cet avantage seul serait un progrès remar-
quable. .
Le mérite de ce procédé est de moudre
avec moins de force (2 ciievauxj dans un
plus petit espace (4 pieds carrés), et eu
moins de temps que les autres, une mémo
quantité de grain. Il moud 100 kilog. de
blé à riieure. Sa farine, vive et blanche,
produit au pétrin un rendement supérieur
et d'excellent goût à cause de son état de
fraîcheur et de la promptitude avec la-
quelle elle est produite, et qui lui fait boire
plus d'eau.
Ce système nettoie parfaitement le son
et réduit, du premier coup, tout le grain
eu farine, sans avoir besoin de repasser le
gruau qui n'excède pas cinq pour cent.
Plus économique et plus productif que ceux
en usage, il convient parfaitement aux lo-
cahlés faiblement pourvues d'eau et parti-
culièrement aux meuniers qui ne travail-
lent que pour le pubUc et font ce que l'on
nomme les petits sacs.
Avec un système de plusieurs tournans,
unmeunierest toujours certain, même dans
les temps de sécheresse, de ne pas chômer,
et de conserver s'.\ chentelle, puisque avec
un peu d'eau un de ses tournans pourra
toujours fonctionner. Combien de meuniers
qui, bien qu'ils aient deux ou trois tournans
anciens, arrivent au bout de l'année sans
avoir rien gagné , par suite du chômage,
faute de beaucoup d'eau, et à cause du fai-
ble débit de leurs meules en fonction I Aus-
si n'oseot-iîs pas, pour la plupart, transmet-
tre leur état à leurs fils. Avec le nouveau
système, ils pourront se faire une profes-
sion lucrative el trausmissible, puisqu'ils ne
conuaîiront plus le ruineux chômage , el
qu'ils débiteront, par jour, beaucoup plus
de farine qu'auparavant.
Telle ancienne meunerie qui, dès que son
eau se réduit à la force, pourtant assez
241
belle, de sept à huit chevaux, ne peut plus,
pendant environ six mois, que faire fonc •
lionner un tournant moulant douze à quinze
hectolitres de blé par vingt-quatre heures,
pourra mettre en fonctions trois tournans
nouveaux, moulant, dans le même temps,
quatre-vingt-dix hectolitres de blé ; ou deux
tournans et une scierie (force de deux che-
vaux) pouvant débiter trois cents toises de
planches de bol? blanc par douze heures, ou
deux cents toi es de bois dur. Moyen réel
et bien simple de tripler le revenu de
cette usine.
En cas de disette de blé, ce moulin four-
nira de bonne farine avec du seigle ou de
l'orge. Il moût aisément le blé de Sainte-
Hélène, au grain fort et glacé, qui surpasse
eu dureté le bîé de Dantzicii et celui de
Concs en Angleterre , deux blés les plus
durs de l'Europe.
En se contentant de ne recueillir que
neuf pour cent de son, on obtient, sans re-
passer le gruau, une excellente farine ayant
un goût de noisette, plus blanche et pro-
duisant plus de pain que par les procédés
ordinaires, quoique ces derniers retirent en
son dix pour cent. Ce procédé est évidem-
ment le plus avantageux que puisse em-
ployer le gouvernement pour des manuten-
tions de terre et de mer.
Pour étendre les bienfaits de son système
à toutes les localités, M. Ragon l'a modi-
fié. Il a obtenu d'excellens moulins a un
CHEVAL et des moulins a bras ( force de
deux hommes^ qui produisent, dans des
proportions diLvrentes , les mêmes avan-
tages et les mêmes résultats en qualité.
Les meules du moulin à un cheval ont
vingt pouces de diamètre. La tournante
fait deux cent quatre-vingts tours par
minute et moud soixante-cinq kilog. de
blé à l'heure. Il y a des villages où les
fermiers s'entendent pour battre promp-
tement leur blé, au moyen d'une machine
m-ue par un manège portatif. En y adaptant
le r.:oulin à un cheval, ils mettront aisément
en farine la quantité de grain nécessaire à
leur consommation.
Les meules du mouhn à bras ont quinze
pouces de diamètre. Les évolutions sont de
deux cents par minuie el le moulage est de
dix-sept kilog. de blé à l'heure. Ce moulin
convient aux localités dépourvues d'eau ou
éloiunées des meuniers, Dansles campagnes
on l'emploiera avec succès à utiliser des
heures oisives, surtout pendant les soirées
242
d'hiver, pour satisfaire aux besoins de ceux
qui le posséderont en commun.
La maniabilité des meules rend tout rha-
billage prompt et facile par un seul
homme.
CAOTITCHOUC. (Fabricans de)
Le caoutchouc, dont l'usage est déjà si
étendu dans l'industrie, pourrait encore être
employé utilement dans un grand nombre de
cas; nous allons signaler les principaux : les
cordas employées pour la transmission du
mouvement, pourront êlreavantageuseraenl
remplacées par les câbles et sangles élasti- | bois de pin; des machines à vapeur, impor-
leurs forêts périr de vétusté, sans que la coi-
gnée ou la scie les mît en valeur. Jadis noyés
dans un océan do landes, sans aucunes com-
munications, ces mêmes propriétaires , qui
tiraient un faible revenu de leurs résines, et
aucun produit de leurs bois, étaient obligés
de cultiver les céréales nécessaires pour leur
consommation, et de laisser une immense
quantité de terres vagues et incultes pour
nourrir les bestiaux, indispensables pour la
création des engrais. Aujourd'hui , les rési-
nes valent de 50 à 80 fr. la barrique; des usi-
nes nouvelles donnent une grande valeur au
ques; la durée de ces derniers est de douze
à quinze fois supé.rieure à celle des meilleu-
res cordes. L'on conçoit de quelle utilité doi-
vent être ces câbles toutes les fois qu'une
brusque secousse doit être supportée; dans
ces cas, la différence entre le» câbles élasti-
ques et les cordes ordinaires est comme tren-
te à un. Dans la marine, ils peuvent être uti-
les pour retenir les pièces d'artillerie, et un
grand nombre d'accidens seraient évités par
ce moyen; sur les bâlimens anglais, on en
fait usage comme appendices des chaînes,
afin d'amortir les brusques secousses; les câ-
bles élastiques remplaceraient encore utile-
ment les traits des chevaux d'artillerie, le»
harnais des animaux remorqueurs, etc. Que
l'on se rappelle enfin tous les cas où un ef-
fort violent, brusque, est à soutenir, et l'on
comprendra facilement de quel heureux em-
ploi peut être le caoutchouc.
RÉSINES.
Le haut mouvement industriel donné au
commerce des matières résineuses a multi-
plié l'importance des contrées où croît le
pin. Là tout est à faire, tout est à créer. Ja-
dis la barrique de résine se vendait 20 à 22
fr. , et ce prix était presque absorbé par le
prix de transport et de travaux d'extraction
de la résine. Jadis les propriétaires voyaient
lées dans les forêts , transforment en plan-
ches, que la navigation porte dans les con-
trées les plus éloignées, ces mêmes arbres
qui périssaient de vétusté. Aujourd'hui, par
les communications nouvelles, ces contrées
peuvent recevoir leurs approvisionnemens
en céréales des contrées propres à cette cul-
ture. Enfin, aujourd'hui, ce pays, de pau-
vre qu'il était, est devenu très-riche, à la
condition toutefois que ses habitans, éclai-
rés sur leurs propres intérêts, renonceront
à la culture des céréales, vendront leurs
communaux, ets'occuperont presque exclu-
sivement de semer, de soigner les pins, pour
en extraire la résine et en exploiter le
bois.
La nature, en donnant à ces contrées une
si grande richesse en combustible, les a do-
tées de minerai, pour les transformer en re-
venus. Autrefois un hectare de bois de pin
donnait 8 à 10 fr. de revenu net; aujour-
d'hui , ce même pignada donne au moins 30
à 40 fr. de revenu. Une révolution agricole
et industrielle s'est donc opérée dans ces
contrées, et cette fois, c'est une révolution
unique, car elle est exempte de troubles, de
désastres, toute féconde en richesse: il faut
donc seconder cette révolution, s'associer à
ses bienfaits, la suivre, l'exciter au lieu de
ralentir sa marche.
243
REPERTOIRE
DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTURE.
DES COURSES DE CHEVAUX.
Depuis quelques années, les courses de
chevaux sont devenues populaires en
France, et tout-à-fait à la mode dans le
monde élégant; elles attirent la foule, et
les journaux quotidiens, jadis silencieux
ou très laconiques sur ces luttes emprun-
tées à nos voisins de la Grande-Bretagne,
consacrent maintenant une assez grande
place, le lendemain d'une course, au récit
des exploits et des événemens de la veille.
Ce n'est pas toutefois que tout le monde
ait compris jusqu'ici l'importance de l'in-
stitution. Pour le nlus grand nombre, une
course de chevaux n'est qu'un spectacle,
un amusement.
Pour l'amateur éclairé, les courses de
chevaux sont sans contredit Tune deâ prin-
cipales causes de l'immense prospérité hip-
pique de l'Angleterre et de la grande su-
périorité que les chevaux de cette contrée
ont obtenue et conservée sur ceux des au-
tres pays du monde tout entier. Ces luttes
qui servent à éprouver et à faire appré-
cier la force, la vigueur et la vitesse des
jeunes chevaux, et doivent déterminer un
plus grand nombre d'éleveurs à peupler
leurs haras d'animaux de la race noble, qui
fournit le cheval de course, et par suite, le
type régénérateur; ces luttes remontent,
d'après les renseignemens puisés dans les
ouvrages anglais qui traitent de la matière,
au règne de Henri II, de 1154 à 1189.
Edouard lil possédait aussi des chevaux
de course dans ses haras; mais ce ne fut
que sous le règne de Henri VIII, ce grand
consommateur de femmes , que des cour-
ses furent éiabhes dans plusieurs endroits
du royaume.
On pense bien que dans le début de ce
genre d'amusement ou d'épreuves on n'a-
vait point encore préparé d'hippodrome, et
quil y avait absence de règles. Ce n'est
que sous le règne de Jacques I, de 1603 à
1625, que des courses furent établies régu-
lièrement , et à des époques fixes , à New-
Market, à Croydon et à Enfield-Chase. On
la première période des courses de che-
vaux en Angleterre.
Charles I, ce roi faible et malheureux,
fut un grand amateur de courses. Olivier
Cromwell lui-même, cet austère et farou-
che républicain, ce dévot hypocrite et fa-
natique, au milieu des agitations, des dis-
cordes et des troubles de son protectorat,
s'occupa de chevaux de course; il en pos-
sédait de très beaux dans ses haras; mais
on ignore si, pendant la durée de la répu-
blique, il y eut des courses en Angle-
terre.
Ce fut peu après la restauration de 1661
à 1685, sous le règne de Charles II, que les
courses furent rétabhes à New-Market. Ce
monarque fonda un prix composé d'une
pièce d'argenterie de la valeur de 100 li-
vres sterling. Jusque là une clochette d'ar-
gent était le but des courses et le prix dé-
cerné au vainqueur.
A partir de cette poque, tous les rois
qui se sont succédé sur le trône d'Angle-
terre, ont porté la plus grande attention à
l'amélioration des races chevalines et ont
protégé puissamment les courses qu'ils
considéraient comme le meilleur moyen
d'encouragement. De nouveaux prix furent
institués, et bientôt, sous le règne de Geor-
ges II, le goût des courses se répandit
complètement dans la Grande-Bretagne et
devint tout-à-fait national sous celui de son
successeur, Georges III.
C'est de cette époque que datent les pre-
mières courses de chevaux dont on ait sou-
venir en France. Ces luttes, jusque là in-
connues dans ce pays, eurent lieu en 1776,
pendant plusieurs jours dans la plaine des
Sablons, entre des chevaux anglais, appar-
tenant à M. le duc de Chartres, le marquis
deConflans, le comte d'Artois, depuisChar-
les X , le prince de Nassau, le prince de
Guéménée, etc., tous plus ou moins enta-
chés de l'anglomanie , qui dès lors péné-
trait en France , et enfin à des Anglais de
distinction qui se trouvaient à Paris, ou y
venaient tout exprès.
En 1777, il y eut à Fontainebleau une
peut donc assigner au règne de ce prince 1 poule dans laquelle figurèrent et concouru-
244
rent quarante chevaux. Cette course lui
suivie d'une autre poule disputée par qua-
rante ânes; le vainqueur obtint un superbe
chardon d'or et cent écus argent. Cette pa-
rodie bouffonne de la première course eut
un grand succès, elles mémoires du temps
eu parlent comme d'un spectacle qui fit
courir la cour et la ville.
Sous le règne de l'infortuné Louis XVI,
des courses de chevaux eurent fort souvet-l
lieu à Vincennes, à Fontainebleau et dans
la plaine des Sablons ; mais sans époque fixe
et sans règlement spécial.
Pendant les saturnales de la république
et du directoire, nos gouvernans, admira-
teurs fanatiques de tout ce qui rappelait
les Grecs et les Komains, essayèrent de
ressusciter les courses en char, mais sans
succès. Des accideus fréquens et graves,
causés par l'imprévoyance et l'inhabileté
des coureurs, firent bientôt renoncer à ce
genre de spectacle et d'amusement dange-
reux, qui ne présentait aucun but d'uti-
lité.
Ce ne fut donc que pendant le règne glo-
rieux de Napoléon, que les courses do che-
vaux furent régulièrement et légalement
établies, et que des prix fondés par l'état
furent disputés à des époques fixes, d'après
uu règlement unique et spécial sur diffé-
rens points de l'empire français.
Louis XVlll et Charles X, ont protégé
les courses, et non contens de prendre des
arrêtés concernant ce genre d'encourage-
ment et d'augmenter les prix accordés aux
vainqueurs parl'élatjces monarques avaient
fondé d'autres prix qui se disputaient sur
les hippodromes de Paris, de Bordeaux et
d'Aurillac.
Quelques personnes préconisent les pri-
mes et les préfèrent aux courses-, nous ne
partageons pas cette manière de voir et
nous dirons à ce sujet avec un honorable
député, M. Lberbette, répondant à son col-
lègue M. Schaunburg, qui, très partisan de
ce mode d'encouragement, aurait voulu le
voir substituer aux courses et même au sys-
tème actuel des haras en France, «i Les
» primes n'ont jamais amené de bons ré-
)t sultats; elles se donneut d'après la con-
» formation, tandis que les prix de course
)i se donnent d'après une épreuve. Les prix
)i de course méritent donc la préférence,
» parce qu'ils se fondent ?ur un fait, taudis
» que les prime» ne se fondeulque sur une
)» opinion. De plus, la véritable beauté, la
» beauté non arbitraire étant l'accord des
» formes avec les résultats qu'on se pro-
)' pose, et le cheval étant un instrument
» de locomotion, le plus beau pour les con-
» naisseurs est celui qui offre les formes les
)) plus indicatives de la vitesse ou de la
» force, quahtés qu'on ne reconnaît qu'à
)) l'épreuve. »
Si ces vérités n'ont pas encore frappé
tous les esprits, si on ne suit pas encore
complètement l'exemple de l'Angleterre,
qui, depuis des siècles , a des courses de
chevaux dans tous ses comtés; de l'Alle-
magne, où partout on en institue, et où les
rois, les étals, les villes, des associations
fondent des prix à disputer non seulement
par des chevaux nés et élevés sur le sol
germanique, mais aussi par des coursiers de
tous les pays et de la Grande-Bretagne mê-
me; si, disons-nous, ces vérités n'en sont
pas pour tout le monde, du moins est-iljuste
de dire que, depuis quelques années, ouest
entré dans une voie meilleure; on est en
progrès, et les courses de chevaux ont pris
faveur.
Un essai qui vient d'avoir lieu ce prin-
temps, et qui a parfaitement réussi, peut
donner la certitude de voir Versailles deve-
nir un nouveau lieu de courses non moins
important, et bientôt non moins renommé
que Chantilly I
De grands travaux sont, dit-on, arrêtés.
Un vaste hippodrome sera établi autour de
l'immense pièce d'eau dite des Suisses. Le
conseil municipal de Versailles a volé des
fonds pour cette dépense, qui sera fort
considérable. Le roi y contribuera pour
30,000 fr., et les régimensen garnison dans
celle ville iournirontjComme déjà ils l'ontfait,
lors des travaux exécutés dans la plaine de
Satory, transformée en hippodrome ce prin-
temps, un certain nombre de bras : excel-
lent moyen pour hâter l'exéculiou des pro-
jets courus dans l'iulérèt de la ville de Ver-
sailles et de l'amélioration des races che-
valines en général.
Indépendamment de ces nouvelles cour-
ses de chevaux, qui auront lieu à l'avenir
autour de Paris; on vient d'en instituer
d'autres dans les départemeus, d'après la
demande des conseils généraux ou des vil-
les. Nantes, Angers ont eu leurs courses
cette antiée; Cberbourg en demande; Bou-
logne en a fondé, autant pour attirer les
étrangers que dans un but d'utihté géné-
rale.
On comprend donc enfin l'importance des
courses do chevaux. Ce n'est plus seule-
meut uuc mode, un goût passager, on ca-
price, un amusement, un spectacle; c'est
une institution dont on a calculé tous les
avantages et de laquelle on est en droit
d'attendre les meilleurs résultats.
La France compte maintenant les lieux
de courses suivans :
Paris, réunions du printemps et de l'au-
tomne.
Chantilly, en mai.
Versailles, en mai.
Limoges (Haute- Vienne), en mai.
Aurillac (Cantal), en juin.
Tarbes (Hautes-Pyrénées), idem.
Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), idem,
Bordeaux (Gironde), en juillet.
Nancy (Meurthe), idem.
Le Pin (Orne), en juillet et août.
Nantes (Loire-Inférieure), en août.
Angers (Maine-et-Loire), idem.
Boulogne-sur-Mer ( Pas - de- Calais ) ,
idem.
L'Angleterre doit être placée incontesta-
blement à la tête des nations chez lesquel-
les le goût du cheval est le plus répandu et
le plus vif. Cette passion, ce besoin, sont
dus à rintroduclion des courses dans la
Grande-Bretagne. Le désir d'y obtenir une
supériorité, des succès, a dirigé tous les es-
prits vers la science hippique pratique. On
s'est appliqué à conserver dans toute leur
pureté les types d'une race possédant non
seulement les qualités extérieures, mais
plus encore la bonté, la force, la vitesse.
On a recherché avec ardeur et persévérance
à augmenter les facultés natives des cour-
siers, et on est parvenu, par des soins éclai-
rés, par une nourriture appropriée, et par
une préparation qui, sans nuire en rien à
l'animal, dirige sa croissance, augmente ses
forces musculaires, dégage ses poumons,
fait disparaître les graisses superflues, et
régularise la conformation de toutes ses
parties : tels sont les résultats de ce qu'on
appelle V entraînement.
En Angleterre, le poulain est soumis à
Venirainemcnt, dès l'âge de aix-huit mois,
mais à un entraînement modéré lorsque sur-
tout l'animal ne doit pas courir : car un as-
sez grand nombre d'amateurs font courir les
peulains à deux ans. On n'est pas d'accord,
même en Angleterre, sur ce mode nouvel-
lement adopté; les uns le regardent comme
pouvant nuire à la croissance du poulain,
et comme étant la cause du grand nombre
de lares dont les chevaux anglais sont cou-
245
verts dès Page de quatre à cinq ans. Les
autres soutiennent, au contraire, qu'il pro-
duit les meilleurs résultats.
iSous serions iîien tentés de nous ranger
de l'avis de ceux qui bidinent l'usage de faire
courir les poulains depuis l'âge de deux ans.
Mais nous n'en pensons pas moins qu'un
enlrainemcnt, adopté comme exercice seu-
lement, doit produire les meilleurs effets sur
le développement de la croissance des for-
mes du jeune animal et sur celui de toutes
ses facultés.
Le nombre des chevaux est tellement
grand en Angleterre, et les courses y ont
pris une telle extension, elles y sont si mul-
tipliées, qu'à partir du mois d avriljusqu'à
la fin d'octobre, il se passe peu dejours où
les journaux n'aient à rendre compte de
quelques luttes de ce genre, soit qu'elles
aient pour objet de disputer des prix fondés
par des sociétés, des villes, de riches parti-
culiers, le roi lui-même, ou qu'elles soient
le résultat de nombreux paris.
Les courses sont devenues un jeu une
spéculation dans lesquels la nation tout en-
tière s'est précipitée. H n'est donc pas éton-
nant de lui voir regarder le cheval comme
l'instrument qu'il s'agit de rendre le plus
parfait possible pour atteindre le but qu'on
se propose, et pour faire réussir les spécu-
lations dans lesquelles en se lance,
Nous venons de désigner les lieux de
course établis en France ; il serait trop long
de citer tous ceux gui existent en AngleteiTe
et d énumérer toutes les réunions de ce
genre qui ont lieu dans les trois royaumes-
nous nous contenterons donc de donner les
noms et d'indiquer les dates des principales
réunions, choisies dans plus de cent, dont le
Racing-Calendar anglais donne les résul-
tats, sans compter les Steeple- Chase et un
nombre infini de courses particulières doni
il ne parle pas :
New-Market Craven, le 4 avril.
Id. First-Spring, le 18 avril.
Id. Second-Spriug, le 3 mai.
Epsom,le 17 mai.
Ascot, le 31 mai.
New-Market, le 12 juillet.
Goodwood, le 27 juillet.
Brighton, le 3 août.
York, le 3 août.
Stourbridge, le 30 août.
Doncaster, le 19 août.
New-Market First october, le 4 octobre.
Id, Second octoberj le 17 octobre.
246
Id. HoaghtoQ, le 31 octobre. '
C'est à Epsom que se disput-e le Derby,
prix formé par une poule de souscription
qui réunit un n»">rabre considérable de che-
vaux engagés. Cette année, 128 noms se
trouvaient sur la liste, à 50 souverains par
tète : 107 ont payé forfait et se sont retirés,
et 21 seulement ont couru.
Être vainqueur de Derby est un litre de
gloire qui ne s'efface jamais, et si cette vic-
toire établit la réputation du cheval qui le
remporte, elle promet souvent d'énormes
bénéfices au propriétaire du cheval vain-
queur.
C'est aussi à Epsom que se courent les
Oaks, poule formée de la même manière et
à peu près aux mêmes copditioas que le
Derby, à l'exception que les pouliches seu-
les peuvent y être engagées. Cette année, le
nombre des souscripteurs était de 98, par-
mi lesquels 13 seulement ont amené leurs
pouhches sur le terrain. Élre vainqueur des
Oaks est encore un moyen d'acquérir de la
célébrité. It en est de même pour le vase
d'or qui se dispute à Ascot, et pour le St-
Légcr, qui se court à Doncaster; les che-
vaux les plus renommés de toute l'Angle-
terre concourent généralement pour ces
prix.
Il est difficile de s'imaginer lemoavement,
la cohue que présente une réunion de cour-
ses en Angleterre. C'est un véritable raout
équestre où se confondent tous les rangs de
la société, et en même temps une arène où
se font et se défont les plus grandes fortu-
nes avec une rapidité effrayante pour ceux
qui possèdent, attrayante pour ceux qui ne
possèdent pas.
Cette rage du jeu qui fut introduite dans
les courses d'Angleterre a fait craindre à
beaucoup d'observateurs éclairés et atten-
tifs que celle institution de laquelle on a
bien certainement obtenu la haute prospé-
rité hippique que les autres contrées de l'Eu-
rope envient à cet heureux pays, n'ait un
tout autre résultat en ce moment. En ne re-
clierchant que la vitesse, on se demande si
on n'altérera pas les formes qui font du
cheval le plus beau comme le plus noble
des animaux '■ On prétend qu'on a remar-
qué, depuis quelques années surtout, un
changement fâcheux dans la conformation
du cheval anglais.
On dit encore que la taille s'est élevée
aux dépens delà régularité des formes.
On se plaint de ne plus retrouveren An-
gleterre ces chevaux exempts de tares, ces
iypts parfaits dont certains coursiers de
cette contrée nous présentaient les modèles,
il y a un demi siècle.
Enfin, si l'on en croit quelques hippiatres
célèbres en Allemagne et même des ama-
teurs éclairés de la Grande-Bretagne, les
courses de chevaux qui ont été sans contre-
dit la cause de la bonté, de la beauté et du
nombre des chevaux dans cette contrée, de-
venues un jeu, une spéculation, une fureur,
peuvent un jour, qui n'est pas éloigné peut-
être, faire autant de mal qu'elles ont pro-
duit de bien.
L'opinion de ces auteurs sert merveilleu-
sement les détracteurs des courses, qui sont
nombreux en France; ils citent avec com-
plaisance tous les inconvéniens qui peuvent
résulter de cette institution, et se gardent
bien de parler de tous ses avantages. Ils ne
nous disent pas que c'est après deux ou
trois siècles de succès, de prospérité, qu'on
a pu craindre l'abus de la chose. Commen-
çons par obtenir les mSmes succès pendant
le même espace de temps, sauf à tomber
dans les mêmes fautes que nos voisins. Nous
avons encore de la marge. Lieu merci, et si
nous sommes loin d'atteindre à cette pros-
périté tant enviée, nous sommes plus loin
encore des abus qui se sont introduits dans
les courses d'Angleterre.
Malgré les craintes exprimées par M. de
Burgsdorff, sur les inconvéniens qui résul-
tent de l'abus des courses, cette institution
a été adoptée en Allemagne, dans les états
du Nord principalement et y jouit d'une
grande faveur. Des réunions de ce genre
ont lieu maintenant chaque année :
A Stargard, leS juin.
Gustrow, les 2*, 25, 27 et 28 mai.
Schesvïig les 11 et 12 juillet.
Kiel, les 23 et 25 juillet.
Berlin, les 23, n, 25, 27 et 27 juillet.
Celle, les 29, 30, 31 août et 1" septem-
bre.
Aix-la-Chapelle, les 23 et 24 août.
En Belgique, Bruxelles a ses courses de
printemps et celles d'automne, fondées par
une société d'encouragement instituée à
l'instar de celles de Taris; Liège, Namur,
Saint-Troud ont aussi des courses. Anvers,
dit-on, va suivre cet exemple.
Le comte de M....
NOTICE SUR
PIERRE WOLFF.
11 est on pelU nombre d'hommes qui, en
toute circonstance , feraient honneur à leur
patrie, mais qui ressortent avec plus d'avan-
tages encore quand ils appartiennent à une
époque d'égoïsrae , où la vertu est une ex-
ception dansles habitudes du monde. Tel est
le caractère de Thouorable citoyen auquel
nous consacrons ces lignes.
M.Wolff (Pierre) est né à Saint-Jean-de-
Losne (Côte-d'Or) , le 7 avril 1763, de pa-
rens peu favorisés de la fortune, et qui mê-
me purent à peine subvenir aux premiers
besoins de son enfance et de celle de son
frère aîné.
A peine âgés de huit ans , leur mère fit
partir les deux frères pour Paris , où se
trouvait leur père , espérant que celui-ci
pourrait facilement leur procurer les mo-
yens de travailler à leur indépendance. Les
jeunes Wolff quittèrent avec regret leur
mère et le toit qui les avait vus naître. Leur
bagage était mince , leur bourse peu gar-
nie : une pièce de cinq francs composait
toute leur fortune ; mais ils comptaient que
la bénédiction de leur mère leur serait une
suffisante protection ; leur déception devait
être cruelle et prompte ! Dès le deuxième
jour de marche , ayant demandé l'hospi-
talité dans une maison où déjà un voya-
geur l'avait reçue, ils furent bien surpris
quand, au moment de leur départ, ils s'a-
perçurent que leur compagnon les avait
devancés en emportant le peu qu'ils possé-
daient. Les deux pauvres enfans se trouvè-
rent ainsi dénués de tout , et l'impossibilité
de prouver même la véracité de leur récit
devenait encore un surcroit de malheur
pour eux. Cette aventure pouvait avoir des
suites bien funestes pour ces enfans, mais
leur courage et leur conûance en la provi-
dence leur fit supporter ce malheur avec
une force qui présageait déjà de leur part
une grande résolution de caractère. Dans le
jour, ils imploraient leur nourriture de la
charité pubUque; le soir, un peu de paille
était sollicité par les jeunes voyageurs qui
prenaient courage en pensant qu'ils allaient
rejoindre leur père.
A Auxerre, au moment oùle coche allait
partir pourgagner Paris, PicrreWo-lff fut en
traîné par son frèredaiis la chambre des pas
sagers, où bientôt ils attirèrent l'attention
par une tristesse qui n'était que trop bien
motivée. Une scène intéressante eut lieu en
celte circonstance. Le batelier, homme sans
pitié, voulut faire reconduire à terre ces
deux enfans quand il sut qu'ils étaient dans
l'impossibilité de payer leur voyage, mais
soudain tous les passagers prirent leur dé-
fense; il y eut presque une émeute qui s'a-
paisa sur la promesse du batelier de les
conduire à Paris gratuitement.
Le père de Wolff n'ayant aucune ressour-
ce par lui-même et se trouvant dans une
position déplorable, dut se décider à faire
entrer Pierre Wolff dans un hospice, où il
passa quelques années de sa vie. Plus tard
il fut placé chez un graveur-guillocheur
en or, en quaUté d'apprenti.
Lorsque la secousse révola îionnaire se
fit sentir, le jeune Wolf, entraîné par
l'exemple et séduit par les espérances que
faisait naître ce grand mouvement popu-
laire, s'enrôla dans le 2e bataillon de la
garde parisienne , lequel fit partie de l'ar-
mée des côtes de Cherbourg. Wolff fut as-
sez heureux pour être nommé capitaine par
ses camarades , et en cette qualité il fut
choisi par le général Vialle, qui commandait
au Havre , pour organiser deux bataillons
dans le district des A-ndelys.
Nous ne pouvons taire ici un fait qui
prouvera tout le désintéressement de cet
officier. Une somme de 1200 fr. lui avait
été allouée pour frais de bureaux et au-
tîfîs mais se vouant tout entier à son pays
il fit la remise des 600 fr. qui lui restaient
sur celle qui lui avait été assignée personnel-
lement.
Toutefois, M. Wolff se seutant peu de
vocation pour l'état mihtairo, obtint, en
1794, de revenir à Paris en quahté de sous
inspecteur des postes. Son supérieur ayant
donné sa démission, M. Wolff voulut suivre
sa disgrâce, et entra dès- lors en qualité de
commis dans une maison de commerce , en
1796.
Son aptitude, son zèle infatigable pour le
travail, une probité sévère lui attirèrent
bieutôt la confiance la plus illimitée du chef
de cette maison, qui lui offrit d'en partager
les intérêts; mais en 1805 , une personne
ayant insisté pour que M. Woîff s'associât
avec elle pour établir une maison de ban-
que et de commission, projet qu'elle dé-
clarait ne pas vouloir réaliser si M. Wolff
n'y prenait une part active et directe, ce-
ui-ci céda à d'aussi vives et honorables
instances.
Une grande prospérité vint récompenser
le travail assidu de M. Wolff, qui, après
avoir commencé en risquant environ 12,000
fr. qu'il devait à ses épargnes, s'est retiré
du comro.erce en 1814, après avoir acquis
une fortune considérable dont il fait le plus
Qoble emploi.
En 1825, s'étant retiré àChambly (Seine-
et-Oise) , il y fit veair tous les membres de
sa famille , afio de leur faire partager sa
tranquille existence. Mais le choléra l'a-
yant privé de tous ceux au bonheur desquels
il s'était voué, il quitta un lieu où tout lui
rappelait ses douleurs, et revint à Paris à la
tin de 1830, où il réside actuellement.
Ce n'est point ici une notice nécrologique;
M. Wolff vit encore; l'habitude estde louer
ceux qui ont payé leur dernier tribut à la
nature, mais comme ici nous cédons â un
sentiment qui nous porte à rendre à cet
homme généreux le tribut que sa modestie
cherche vaioement à éviter, nous devons
publier tout ce qui pourra convaincre ses
concitoyens du mérite de celui qui consa-
cre ses instans au bonheur de ses sembla-
bles.
Très certainement il a fallu un concours
de circonstances heureuses pour que M.
Wolff pût acquérir la fortune qu'il pos-
sède; mais si on se rappelle que cette même
fortune a pris sa source dans la confiance
absolue qu'il avait inspirée alors qu'il était
dans une position peu favorisée du sort ,
on reconnaîtra avec nous que c'est à ses
qualités personnelles, à une conduite irré-
prochable, et surtout à une grande persé-
vérance que M. Wolff doit ses succès. Nous
insisterons surtout sur ce dernier point. M.
Wolff croit qu'une volonté ferme et soute-
nue peut surmonter à peu près toutes les
difficultés. A la vérité, il est lui-même un
exemple frappant de cette assertion. Tout
en se livrant à un commerce qui deman-
dait dessoins de tous les instans, M. Wolfl
voulut acquérir les connaissances qui doi-
vent faire partie d'une éducation complète,
et il les acquit. Doué d'une intelligence rare
et d'une mémoire des plus heureuses , il
étudia avec fruit la médecine , la chimie ,
la physique, le dessin, la musique, et telle
a été son aptitude, que Ton peut dire
qu'aucune connaissance générale ne lui esl
étrangère. En 1814, lorsqu'il se retira du
commerce, il suivit les différens cours de
la capitale, et il aurait pu soutenir de bril-
lans examens, si son âge lui avait encore
permis de s'y soumettre.
Homme éminemment de progrès , M.
Wolff ne cherche point à jeter le ridicule
ou le blâme sur lesiunovations, dès qu'el
les lui paraissent avoir un but moral, c'est-
à-dire le bien-être des masses. Les St
Simoniens ont ressenti les bienfaits de sa
fortune, alors qu'il croyait fermement à la
réalisation de leurs promesses. Compre
naut combien il est utile, indispensable,
que le peuple reçoive uue instruction rela-
tive , il a, en 1835, (1) donné à la com-
mune de Chambly ( Oise j une propriété
pour y fonder une école de garçons, une
école de filles et une salle d'asile pour
l'enfance.
Mais ce qui distingue le caractère si ho-
norable de M. Wolff, c'est sa simphcitéel
rhumilité qu'il met à rappeler sa modeste
origine. S'il a connu les angoisses de la mi-
sère (et il ne le cache pas), il sait aussi que
le travail est l'œuvre la plus morale, et
tout travailleur esl un frère pour lui.
C'est dominé par cette pensée d'une
haute philantropie que M. Wolff récem
ment est venu mettre à la disposition de M
l".mile de Girardin, député de la Creuse,
une somme de cent mille francs pour fon-
der dans l'avenir une banque des travail-
leurs.
(1) Voir, Bulletin des /ow (no 202) l'aulorisalion en
date du 16 avril 183S.
Imprimerie de D'ULfilUDlE WORMS elCie, rue Saint-Pierre-.'^îoulmarlrc, 11
SIXIÈME AliNÉE 1836
Édition fivuicai.sc.
DEUXIEME SERIE.
Première année.
JOURNAL
IMÂISS&ICES DmE
DICTIONNAÎIIE MENSUEL ET PROGRESSIF.
RÉPERTOIRE USUEI.
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intéressant directement I .,
L'éducation de l'enfance, la morale et le bien-être des familles, Féconomie usuelle;
L'exercice et le progrès de toutes les professions sociales ^
L'exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles prescrivent.
PRIX : FRANC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE,
PAR AN SIX FRANCS.
ON SOUSCRIT A PARIS, RUE SAINT-GEORGES, N° 11.
Une livraison de trente-deux pages par mois, contenant un demi-volume in-H".
Les souscripteurs étant autorisés à retenir — sur le prix de six francs — l'affranchissement de leur lettre et le
coût de la reconnaissance de posl3, l'abonnement n'est, de fait, que de CINQ FRANCS nets pour la société,
NUMÉRO H. — NOVEIMBRE 1836.
KEPERTOIRE CIVIL.
Du paupérisme.— Des maires, 251.
j RÉPERTOIRE DOMESTIQUE
Xouvelles lampes dites lampes à fond tournant, 239. —
Iiillueiice de l'exercice du cheval sur les divers lempc-
rameiits, 261. — Maladies loù l'exercice du cheval est sa-
kuaire, 26-2. — Affections organiques du cheval, 265. —
Moyens de nettoyer les vernis d'appartements, ibid. —
Kncau>li(|ue à l'eau des fàbi'icanls de couleur, 264. —
Cuie-denls végétaux, ibid.— Falsification du savon, 265.
RÉPERTOIRE PROFESSIONNELS
De la culture du melon en pleine terre, 2G5. — Nour-
riture économique des veaux, 260. —Remontage des
rivières, i/'/rf. — Ordonnance sur l'iraporiation de voi-
tures locomotives, 270. — Phares métalliques, ibid.—
Puits de sauvetage.— Plongeurs à casques, 272.— Pro-
duction manufacturière de Glascow , 275. — Fabrica-
tion de fer en Ecosse, ibid. —Chauffage des fours à la
houille, JWrf.— Voiture manumotive, 274. — Etoffes de
verre, iWrf.— Filature du lin en Pologne, ibid. ■
RÉPERTOIRE DE LA. CONVERSATIOIT.
Des ballons, du vol par machine, 273.
.Tours
de la
semaine.
NOMS
dos
S.ilMS.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlM.
lundi.
mardi.
mercredi
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlM.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlM.
lundi.
mardi.
mercredi.
jeudi.
vendredi.
samedi.
DlM.
lundi.
m.ardi.
mercredi.
TOUSSAINT.
Les Trépassés.
s. Marcel , évoque.
s. Charles Borr.
ste Berlhilde.
s. Léonard.
s. Willobrod.
saintes Reliques.
s. Mathurin.
s. Léon I , pape.
s. Martin, éveque.
s. Vrain.
s. Gendulphe.
s. Maclou.
s. Eugène.
s. Euclier.
s. Agnan, évéque
ste Aude , vierge,
ste Elisabeth.
s. Edmond.
Présent, de la V.
ste Cécile.
s. Clément,
s. Séverin.
ste Catherine.
ste Genev. des A.
Premier avcnt.
s. Soslhènc.
s. Saturnin.
s. André, apôtre.
INTEP.LTS
de
fr. 100
à 4 p. OjO
i. f. c.
506 5 55
507 5 36
508 5 57
509 3 38
510 3 59
511 3 40
312 5 4t
515 3 43
314 5 44
315 5 45
516 3 4(j
517 5 47
518 5 48
519 3 49
5-20 5 50
521 3 51
5-22 5 52
523 5 53
524 5 55
525 5 56
526 5 57
327 3 58
328 5 59
529 3 60
350 5 61
,531 3 62
332 5 65
353 3 64
334 3 66
335 3 67
REVENU
par
an.
par
jour.
f.
1.5550
15400
15450
15500
15550
15600
15650
15700
15750
15800
15850
15900
15950
16000
160,'iO
16100
16150
16200
16250
16300
16550
16400
16450
10500
16550
16600
16650
16700
16750
16800
f.C.
42 05
42 19
42 52
42 46
42 60
42 75
42 87
45 01
43 13
43 28
43 42
45 56
45 09
45 85
43 97
44 10
4i 24
44 3S
44 52
44 65
44 79
44 93
45 06
45 20
45 34
45 47
45 61
45 75
45 89
46 02
EMPLOI.
Déix>nse
Epargne
9[10.
llio.
f. c.
f. C.
42 81
4 20
42 97
4 21
42 09
4 23
42 21
4 24
42 34
4 26
42 46
4 27
42 58
4 28
43 71
4 50
45 83
4 51
43 95
4 32
43 08
4 54
43 20
4 35
43 32
4 36
43 45
4 38
43 57
4 39
M 69
4 41
44 82
4 42
44 94
4 43
44 06
4 45
44 19
4 46
44 51
i 47
44 43
4 49
45 56
4 50
45 68
4 52
45 80
4 55
45 95
4 54
45 95
4 50
45 17
4 57
45 50
4 58
41 42
4 60
Produit
de lilO
épargné
au bout de
20 ans. ,
f. c.
46511 85
46665 40
46814 90
469(Ki 45
47117 95
47269 50
47421 00
47572 50
47724 05
47875 55
48027 10
48178 65
48330 15
48481 65
48653 20
48784 70
48S56 2^;
49US7 75
49259 25
49390 80
49542 30
49693 85
49845 55
49996 85
50148 40
50299 90
Ï.045I 40
50602 95
50754 45
5080G 05
Le 1 lever du soleil 6 h. 49 min. ] coucher 4 h. 58, m.
10 — 7 3 — 4 2i
20 — 7 19 — 4 12
30 — 7 33 — 4 4
D. Q. le 1 , à 2 Jieures 48 minutes du soir.'
\. L. le 9 , à 1 44 du matin,
i>. Q le 15, à 6 0 du soir.
P. L. le 23, à 5 40 , du. matin
INOUVEAL MODE DE CHAUFFAGE
PA,B ï.\ PlIUFICATION DE LA FUMÉE.
Onadt'^jàannoncéàrAcadémiedesScien' emploie aujourd'hui 4, 6, 8 ou 10, sans
CCS de Paris qu'un architecte prussien, éprouver le moindre embarras et sans avoir
nommé Blrimiardt, avait trouvé et mis en à redouter les inconvénients de la suie ; 3"
pratique avec succès an moyen particulier qu'on peut gouverner la fumée qui s'é-
pour détruire la fmnée des foyers. Voici chappe de la cheminée, après des purifi-
ée que nous trouvons à ce sujet dans les cationspréalables, d'une manière telle qu'on
feuilles publiques étrangères,'qui contien- l'empêche de retomber dans les rues. En
nent un extrait du prospectus de l'inven- séparant la suie de la fumée, on n'a pas eu
teur : " Les foyers actuels, par suite de leur pour but d'inventer un appareil calorifère
construction vicieuse, exposent, comme compliqué au moyen duquel on brûlât les
chacun sait, aux inconvénients, irrémédia- gaz qui produisent la famée, mais de con-
b!es jusqu'ici, de la fumée. Après vingt an- struire tous les foyers pour séparer d'une
néesd'essaiset d'observations, je suis par- manière simple la fumée de la .suie sans
venu à découvrir l'influence encore incon- changer la forme actuelle de nos appareils
nue des agents naturels sur les foyers et sur calorifères ; 4» que si le chauffage à i'air
les autres constructions pyrotechniques, et chaud n'est pas aussi généralement ré-
à établir certaines règles simples et certai- pandu, c'est qu'il ne peut se faire qu'avec
nés qui , sous ma direction , permettront à des appareils dispendieux, qu'il consomme
tout individu de construire des foyers de beaucoup de combustible, et qu'il affecté
forme quelconque, exempts des inconvé- les organes cutanés et pulmonaires en lan-
nients de toute espèce résultant de la fumée, çant dans les appartements un air brûlé et
et très bien di.sposés pour remplir le but insalubre, tandis que par la nouvelle mé-
qu'on se propose dans les constructions de thode, même en adoptant ce mode de chauf
ce genre. .l'ai fait à Berlin tous les essais fage, je suis parvenu à introduire dans les
désirables devant des commissions d'hom- appartements un air pur, sans inconvé-
mes savants et compétents dans cette ma- nient pour la propreté intérieure et la
tièrc. et leurs certificats attestent le succès santé, etchauffant pluségalementetàmoins
que j'ai obtenu, et prouvent en outre : 1° de frais. Les difficultés locales et le climat
qu'il est facile d'appUiiuer le nouveau pro- ne paraissent pas, ainsi que l'attestent les
cédé à tous les foyers quelconques en épar- applications faites dans les établissements
gnant un tiers du combustible,., en déve- publics de Berlin, apporter d'obstacles au
loppant plus de chaleur et en la distribuant succès du procédé. " Si cette heureuse dé-
d'unc manière plus égale dans les apparte- couverte se confirme et si la méthode de
ments : les cheminées sont en outre garan- M. B. vient à notre connaissance, nous
lies de l'incendie; 2° que, par ce procédé , nous empresserons de la faire connaître à
^ne seule cheminée suffira là où l'on en ' nos lecteurs. F. M.
251
REPKRTOIÏU: CIVIL.
DU PAUPERISME. — DES MAIRES.
Les anciens avaient, de la mendicité et
du jiauperisme, la même idée qu'en ont au-
jourdhui les économistes . et Ton retrouve
dans Hérodote , Homère , Platon , la même
morale que professent sur ce point les
Duncan et les La Rochefoucauld.
Hérodote dit, en effet , que les Égyp-
tiens ne souffraient ni mendiants, ni va-
gabonds, chez eux. On voit dans Homère
que , lorsque Ulysse se présenta à Lri-
marque, ce prince, le voyant fort et possé-
dant des formes athlétiques, lui offrit du
tra\ ail qu'il lui promit de payer : Si tu ne
veux pas travailler , lui dit-il , je t'aban-
donne à ta matv aise fortune.
Platon dit : Il n'y aura pas de mendiants
ni de vagabonds; si quelqu'un prend ce
métier, les gouverneurs des provinces le
feront sortir. '
Les censeurs à Rome avaient pour fonc-
tions principales de veiller sur les men-
diants et sur les vagabonds. On condam-
nait aux mines ceux qui étaient trouvés en
faute.
Les Romains avaient reconnu que l'au-
mône que l'on donne était nuisible au men-
diant lui-même.
Piaule dit : De mendiço malè meretur
qui dat ei quod edat aut bibat , nam et il-
îud quod dut perdit et producit illi vitam
ad miserrimum. Cette idée est la même
que celle qui domine dans les différents
ouvrages de "William Forbes, et presque
tous les économistes sont d'accord sur ce
point. Mais les moyens que les anciens em-
ployaient pour secourir l'humanité étaient
bien loin d'obtenir des résultats semblables
à ceux que nos nouvelles institutions nous
promettent.
Chez les Athéniens , en effet , on donnait
aux mendiants incapables de travailler
deux oboles par jour : cette somme était
prise dans le trésor public. — Dans les sa-
crifices, les pauvres recevaient une por-
tion delà victime. C'est surtout sur les au-
tels de la déesse Hécate que l'on plaçait
tous les mois des offrandes plus abon-
dantes.
On voit qu'ici la religion joignait ses
rites et ses cérémonies aux secours de la
charité ; c'était sans doute un moyen puis-
sant pour obtenir de plus grands sacrifices,
mais dans ces usages nous retrouvons les
mêmes défauts que dans l'aumône ordi
naire : on n'engageait pas le pauvre à tra
vailler , on récompensait , au contraire, sa
paresse et son oisiveté, et cette méthode
tendait à accroître la mendicité au lieu de
lia détruire; c'est cependant la destruc-
;tion de ce fléau que la saine philosophie
désire.
! Dans le moyen-âge , peu de temps après
le concile de iNicée, Constantin fit élever
: de tous côtés des hôpitaux où l'on recevait
les mendiants chrétiens : cette mesure eut
î un effet fatal pour la société. Elle accrut tel-
I lement le nombre des vagabonds ei des pa-
: resseux que les suc^seurs de Constan-
; tin furent obligés de prendre les mesures
j les plus cruelles pour s'opposer à ces dé-
] sordres. Ils voulurent que quiconque ar-
} rêterait un mendiant valide eût le droit de
le mettre aux fers et de le garder comme
, esclave jusqu'à la fin de ses jours.
Chariemagne fut plus sage , il défendit
de faire l'aumône aux hommes valides ;
mais il était bien difficile que cette mesure
qui, depuis ce temps, a été souvent renou-
velée , obtînt un grand succès.
Nous ne savons guère ce qu'était la
mendicité en France sous les rois de la
première et de la seconde race , mais nous
avons de nombreux détails sur le paupé-
risme qui régnait sous François F'^, et nous
connaissons les malheurs sans nombre qu'il
a occasionnés dans les siècles qui ont pré-
cédé le nôtre.
On voit dans Dulaure que les pauvres
formaient, sous les Médicis, près du cin-
quième delà population 5 on en comptait
quarante mille dans Paris. Ces malheureux
ne travaillaient jamais; ils demandaient
souvent l'aumône l'épée au côté, et, sembla-
bles au mendiant dont parle Gil-Elas, ilg
forçaient fréquemment par la crainte leurs
bienfaiteurs à devenir charitables. Presque
tous étaient voleurs de profession, et cha-
cun d'eux avait adopté un genre de vol.
dans lequel il excellait et qui était son oc-
cupation journalière. Les uns volaient les
manteaux, et ceux-là portaient le nom de
tirelaine ; d'autres coupaient les bourses
2o2
que, par orgueil, chacun portaitsurle côté :
on nommait ces voleurs gens de la courte
épée ; d'autres portaient le nom de barbets,
parce qu'ils s'introduisaient dans les mai-
sons et obtenaient de l'argent le poignard
sous la barbe, etc. , etc.
Ces malheureux avaient une langue parti-
culière ; ils s'étaient organisés et reconnais-
saient parmi eux des chefs et des sous-chefs
auxquelsils obéissaient. Pendantlongtemps
ils eurent pour roi un de leurs camarades
nommé Ragot. Cet homme avait du talent
et fit une fortune brillante de son malheu-
reux métier. L'homme dans sa jeunesse est
une cire molle que l'éducation et les lois
modèlent à leur guise; il est présumable
que, sous des institutions plus sages. Ragot
ei\t été un homme vertueux et peut-être
un grand homme. Les mendiants habi-
taient à Paris dans des repaires affreux que
i'onnommait Cours desMiracles. Pour avoir
une idée des désordres que le paupérisme-,
excité par l'aumône trop abondante, peut
produire, voyons ce qu'étaient ces Cours
des Miracles sous les Médicis et même sous
le règne brillant de Louis XIV.
Sauvai, auteur des Antiquités de Paris,
nous en donne des détails à la fois curieux
et épouvantables. « Ce sont, dit-il, de vastes
espaces remplis de maisons construites de
boue, où (Ip.s familles de mendiants sont en-
tassécsles unes sur lesautres, où l'on trouve
des milliers de petits enlants presque nus et
dont beaucoup ont été enlevés à leur fa-
mille naturelle. » Il continue et dit : « On s'y
« nourrissait de brigandage , on s'y en-
« graissaitdans l'oisiveté, dans la gourman-
« dise , et dans toutes sortes de vices et
« de crimes. Là, sans aucun soin de l'ave-
« nir, chacun jouissait à son aise du pré-
« sent et mangeait le soir avec plaisir ce
« qu'avec de la peine et souvent avec bien
« des coups il avait gagné tout le jour,
« car on appelait gagner ce qu'ailleurs on
« appelait dérober, et c'était une des lois
« fondamentales de la Cour des Miracles de
« ne rien garder pour le lendemain. Cha-
« cun y vivait dans une grande licence ;
« personne n'y avait ni foi ni loi ; on n'y
« connaissait ni baptême, ni mariage, ni
« sacrement. »
C'est dans ces affreux repaires, ainsi que
nous l'avons dit, que logeaient quarante
mille individus, lor.sque la population de
Paris n'était que de deux cent mille âmes.
Oue l'on se figure quarante mille mendiants
rempli-ssant les rues, les uns couverts d'ul-
cères factices, les autres poussant des cris
lamentables, tous mourant de faim et prêts
à se porter partout où il y avait du désor-
dre et du pillage à espérer, et l'on aura une
idée des dangers affeux qui menaçaient
alors les habitants de Paris.
Ces hommes , excités à la paresse par
les nombreuses aumônes et les secours
qu'ils recevaient, entraient dans tous les
complots, dans toutes les émeutes^ ils par-
ticipaient à tous les vols : on les accusait
aussi d'enlever des enfants pour les faire
mendier tout nus et exciter à leur aide la
pitié publique.
Ils enlevaient aussi des hommes pour
les vendre aux recruteurs ou leur l'aire
payer une rançon. Ces citoyens, ainsi ar-
rêtés, étaient tenus en charte privée dans
des maisons que l'on nommait fours. En
1695, on comptait encore vingt-huit de ces
fours dans Paris ! Quant au nombre des
Cours des Miracles, Sauvai en cite dix, qui
occupaient un espace immense. Quelques-
uns de ces édifices conservent encore leur
nom primitif.
Dulaure et plusieurs historiens assurent
tous ces faits, que plus de vingt arrêts du
parlement de Paris et plusieurs ordonnan-
ces royales confirment.
On voit par là combien étaient grands,
dans ces siècles , les malheurs des classes
pauvres.
Jetons maintenant un coup d'œil rapide
sur les moyens que nos pères employèrent
pour remédier à tant d'infortunes ; voyons
les différents établissements qu'ils formè-
rent pour diminuer le paupérisme.
Ce n'étaient pas des secours et des aumô-
nes (jui manquaient aux indigents dans les
siècles d'ignorance , car jamais on ne fut plus
charitable; c'était l'amour du travail et de
l'économie que l'on ne savait pas inspirer à
la classe pauvre. On va voir en effet quels
sacrifices énormes la société faisait en fa-
veur de l'infortune, et l'on s'apercevra que
ces secours, loin d'être un aniidote contre
le mal, ne faisaient que nourrir la paresse
et exciter le désordre.
Les lois civiles et les lois ecclésiastiques
imposaient jadis aux bénéficiers l'obliga-
tion de faire l'aumône ; chaque évêque
avait son vidame et son majordome qui
était chargé de secourir les pauvres. Comme
tous les bénéliciers n'étaient pas exacts à
remplir ces devoirs, Charles IX rendit, lé
3 novembre 1 572, une ordonnance par la-
quelle il les obligea à se conformer aux
dispositions des lois canoniques, et à aider
les malheureux ; les parlements tinrent Ja
main à ce que cette ordonnance fût exé-
cutée.
Le parlement d'Aix, entre autres, con-
damna en 1688 le prieur déciniateur de
Heillane à donner en aumônes le tiers de
sonrevenu. Ce même parlement avait rendu
en 1655 un arrêt dans le même sens contre
le fermier de l'archevêque d'Aix.
L'article 23 de Tédit de 1695 charge les
juges royaux de faire acquitter les aumô-
nes lorsque les titulaires des hcnéfices né-
gligent de remplir cette ohligation.
Avant cette époque le parlement de Pa-
ris avait condamné les corporations reli-
gieuses de cette ville à donner cent mille
francs aux pauvres. U Histoire de Paris,
par Dulaure, parle sans cesse des donations
faites aux indigents à différentes condi-
tions. Indépendamment de tous ces legs
pieux,. chaque couvent distribuait deux ou
trois fois par semaine du pain et différents
aliments aux pauvres qui se présentaient
devant leurs portes. Dans toutes les villes,
les hommes riches faisaient des charités
semblables ; presque tous en mourant or-
donnaient de fortes distributions de pain,
de blé, des secours pécuniaires. INousledi-
sons avec peine, c'étaient ces aumônes beau-
coup tropmultiphées qui encourageaient la
paresse, augmentaient le nombre des va-
gabonds et conduisaient au crime par la
mendicité.
La charité, l'amour de ses semblables,
est sans doute la plus grande des vertus.
A Dieu ne plaise que, comme les sectateurs
de l'économiste Malthus, je m'efforce à
l'étouffer; je voudrais qu'elle se soutînt,
qu'elle s'accrût même ; mais je souhaite-
rais en même temps qu'elle fût mieux di-
rigée.
Nous avons vu que, sous Constantin,
une fausse direction donnée à l'aumône et
à l'amour des hommes avait troublé Tordre
social ; les siècles des Médicis nous présen-
tent les mêmes erreurs et les mêmes infor-
tunes ;'nous retrouverons les mêmes phé-
nomènes sur les bords de la Tamise. Toutes
ces observations prouvent au publiciste
combien la question du paupérisme est im-
portante et digne d'exciter son attention,
et avec quelle bienveillance il doit accueil-
lir les établissements des caisses de pré-
voyance, qui semblent destinées à adoucir
d'abord et guérir ensuite cette plaie so-
ciale.
Les réflexions que nous faisons sur les
malheurs du paupérisme et de la mendi-
cité avaient été faites avant nous, et dans
le dix-septième siècle on voulut substituer
la rigueur à la prodigalité pour diminuer
le nombre des mendiants. Le parlement de
Paris ordonna, le 15 décembre 1662, que
les mendiants vagabonds qui ne seraient
point Parisiens seraient fouettés et mar-
253
qués de la fleur de lis ; ceux qui étaient
estropiés étaient envoyés aux galères ; les
femmes étaient fouettées et on leur rasait
la tête.
Le 18 juillet 1724, le régent rendit une
déclaration remarquable par son préam-
bule, dans lequel le gouvernement se plaint
de ce que les aumônes trop abondantes
excitent à la mendicité au lieu de la dé-
truire; par cette déclaration le roi or-
donne de condamner les mendiants dans
plusieurs cas à cinq ans de galères au
moins et à un terme beaucoup plus long
s'il y a lieu; les mêmes dispositions furent
renouvelées en 1750; enfin le roi pres-
crivit, en 1764, que les mendiants qui se-
raient pris en récidive fussent condamnés à
neuf ans de galères et que si, après avoir subi
leurs condamnations, ils retombaient dans
la même faute, ils fussent mis à perpétuité
dans ces lieux de punition. Tant de rigueur,
ou pour mieux dire tant de cruauté, en-
venima la plaie sociale au lieu de la gué-
rir ; ces dispositions trop sévères ne furent
exécutées qu'envers quelques individus.
Aux yeux d'une portion de la société les
mendiants furent des malheureux oppri-
més, et on leur accorda en cachette des
aumônes plus abondantes; leur nombre
ne diminua pas , peut-être même fut-il
augmenté pour ces mesures révoltantes.
Il est à peu près certain que c'est le
paupérism.e qui enfante le plus grand nom-
bre de crimes ; aussi ce siècle de misère
fut celui où l'on vit le plus de vols et d'as-
sassinats.
Le journal d'Henri III par l'Estoile dit
que l'on comptait de sept à huit mille vo-
leurs bien connus dans Paris, en 1605 ; le
même journal dit qu'à cette époque le sé-
jour de cette ville était aussi dangereux
que celui d'une forêt. Les assassinats étaient
si fréquents dans les rues qu'une ordon
nance de police, à peu près de cette année,
prescrit aux comédiens de linir leurs re-
présentations théâtrales à quatre heures
et demie du soir, pour empêcher les crimes
que les brigands commettaient au sortir du
spectacle.
Pendant la révolution, l'Assemblée con-
stituante rendit, le 22 juin 1792, des lois
plus douces que celles des Médicis. La loi
du 24 vendémiaire an 2 prescrivit des tra-
vaux de secours : elle défendit de faire l'au-
mône , et prononça des amendes contre
ceux qui secouraient les mendiants. Ces
mesures, qui avaient été prise^déjà plu-
sieurs fois, n'eurent aucun succès , et le
nombre des hommes adonnés à la mendi-
cité s'élevait dans Paris à cent seize mille
264
lorsqu'en 1808 l'empereur établit les dé-
pôts de mendicité.
Ces espèces de maisons de travail n'é-
taient pas nouvelles en France. On avait
enfermé dans Paris les pauvres en 1612,
en 1632 et en 1656. Le nombre même de
ces malheureux s'élevait à peu près à dix
mille en 1662; ces mesures avaient été
toujours très dispendieuses, et avaient pro-
duit peu de bien sur la morale des classes
pauvres. Les établissements de charité de
Napoléon n'eurent guère plus de succès ;
maintenant ils sont à peu près tous aban-
donnés.
Laissons un instant la France ; jetons
un coup d'oeil sur ce qui s'est passé chez
nos voisins d'outre-mer; c'est le pays du
paupérisme. Examinons ce lléaudans toute
sa nudité , et cherchons à reconnaître,
f)armi les horreurs qu'il va nous découvrir,
es lois qui lui ont donné naissance, et les
causes qui servent à l'alimenter. Dès le rè-
gne d'Henri YIII, le nombre des pauvres
était déjà très considérable en Angleterre ;
mais , depuis un demi-siècle, il s'est telle-
ment accru que ces malheureux compro-
melient entièrement le sort de cette con-
trée, qu'ils démoralisent presque en entier
les classes laborieuses, qu'ils absorbent
une grande partie des revenus territoriaux ;
que , connaissant leur nombre et sentant
leur force, ils élèvent hautement la voix ;
et que , semblables presque en tout aux
esclaves de Rome, ils sont prêts à dicter
des lois à leurs maîtres.
Elisabeth rendit, la quarante-troisième
année de son règne , des statuts en vertu
desquels tout homme qui ne possédait rien,
et qui n'avait pas de travail , était à la
charge de la paroisse et devait être nourri
par elle. Ces statuts établissaient des impôts
pour venir au secours des malheureux , et
déterminaient la manière dont les taxes
devaient être perçues et réparties.
Ce sont ces lois, qui paraissent si sages,
qui , cependant , sont cause , en grande
partie , de tous les maux qu'éprouvent nos
voisins , et qui , tout en semi)lant tendre
une main secourable au pauvre , ont
détruit son activité, sa sagesse, sa pré-
voyance, et l'ont conduit à l'abrutisse-
ment et à l'infortune.
Le parlement d'Angleterre, sentant toute
l'étendue du mal que produisait le pau-
périsme, a ordonné, en 1832, une enquête
générale dans toutes les paroisses d'Angle-
terre ; voic^ce qu'a prouvé cette enquête,
qui a été faite avec ie plus grand soin.
Comme on ne secourt, en Anglcteri'e ,
les pauvres que lorsqu'ils n'ont absolument
rien , presque tous les ouvriers , les petits
propriétaires eux-mêmes , vendent leurs
biens , leurs bestiaux , leurs meubles , pour
arriver ainsi au comble de la misère et à
être inscrits sur la liste des pauvres.
Dès qu'ils font partie de cette classe ,
pour ainsi dire privilégiée , ils n'ont plus
besoin d'avoir de l'activité, de l'économie,
de la prévision ; la paroisse doit pourvoir
à leurs besoins, et comme ils sont bien
certains d'obtenir ses secours ils se livrent
de suite à la débauche et à la paresse. Ils
se gardent bien de faire la plus légère
économie ; car si on pouvait savoir qu'ils
ont conservé un seul écu , ils n'auraient
plus droit aux aumônes qu'on leur rcser\e.
Par la même raison , ils n'achètent point
de meubles, point d'habits, point de linge;
c'est à la paroisse à leur fournir tout ce dont
ils ont besoin , et si elle ne leur fournit pas
avec générosité ils se plaignent fortement
et font des menaces ; les secours qu'ils re-
çoivent sont très considérables , et sont
proportionnels au nombre d'enfants qu'ils
ont. Ces aumônes, qui varient de paroisse
à paroisse, s'élèvent dans plusieurs àl2 fr.
par semaine pour un individu ; il y a des
familles dans certaines paroisses qui reçoi-
vent 1,200 fr. par an. .
Dès qu'un individu est inscrit sur la liste
des pauvres, il ne peut guère plus en être
effacé , pourvu qu'il consomme tous les
jours ce qu'il a pu gagner, et qu'il ait le
soin de se tenir dans un état complet de
dénùment et de misère.
Récompenser ainsi la paresse , la pro
digaliîé et la débauche ! Quelle perturba-
tion affreuse un semblable système ne doit-
il pas porter à l'ordre social , et quel gou-
\ ernement pourrait résister à des mesures
aussi dangereuses ?
Les ouvriers cjui sont de cette manière,
pour ainsi dire, pensionnés par la paroisse,
j necherchcni pasà se procurcrde l'ouvrage,
I car leur existence est toujours assurée ;
j si on leur procure du travail, ils ne s'en
I occupent (|u'à regret ^ ils le font mal et en
, font presque toujours moitié moins que ne
ferait un ouvrier ordinaire
Leur maître veut-il les exciter à l'ou-
viage par ses discours ; ils l'accusent d'être
dur et de ne pas aimer h s pauvres.
Lassé de leur paresse , veut -il les ren-
voyer; gaîment ils partent et vont consom-
mer dans le sommeil et l'ivresse des se-
cours qu'ils sont certains d'obtenir.
Comme ils sont à la charge de la paroisse,
celle-ci, pour diminuer ses dépenses, force
les i'erniiersà leur donner de l'ouvrage, et,
malgré tous leurs défauts, nul autre tra-
vaiUeur ne peut être employé que lorsque'
ces fainéants et ces débauchés sont en-
tièrement pourvus.
Ces mendiants, sentant leurs forces et
leur grand nombre, sont d'une insolence et
d'une audace rares ; malheur à celui qui
oserait proposer de réduire les taxes! il se-
rait hué dans les rues, honni, battu ; ses
propriétés seraient dévastées i)endant la
nuit; souvent même, ainsi que nous l'a-
vons dit, ces misérables incendient les mai-
sons de leurs ennemis.
Comme ils ont connu la terreur que de
tels crimes inspirent, le mot U'incendieest
sans cesse dans leur bouche, et impose si-
lence à quiconque voudrait diminuer les
secouKS qu'on leur, accorde.
Le nouibre d'individus inscrits, en An-
gle'.erre, sur la liste des pauvres s'élève à
 millions, d'après M. Wonverran; les im-
pôts qu'on prélevé pour eux sont de 300
millions à peu près; l'impôt foncier n'était
en 1822 que de 29,825,000 liv., d'où l'on
voit que le montant de la taxe des pau-
vres est dix lois plus fort que l'impôt ter-
ritorial.
Comme le nombre des crimes augmente
a peu près dans le même rapport que celui
des mendiants, l'Angleterre est le pays de
l'univers où l'on punit le plus de criminels.
On voit dans V Animal ÏRegisier que, dans
les sept années qui ont précédé 1832, on a
condamné tous les ans onze mille cinq
cent cinquante personnes à des peines af-
flictives et infamantes.
Il y a eu aussi chaque année, douze cent
cinquante-quatre individus condamnés à la
peine de mort.
Ces primes, ces récompenses accordées
par les statuts modifiés d'Elisabeth à
l'homme sans prévision et sans conduite,
ont répandu à l'excès le goiàt des liqueurs
fortes dans cette classe d'infortunés. Hom-
mes , femmes , enfants , tout est passionné
pour l'eau-de-vie de genièvre, l'eau-de-vie
ou le wiski. Vainement il s'est formé des
associations pour détruire ces passions mal-
heureuses ; que peu\ eut des elforis séparés
contre des institutions aussi riches, aussi
multipliées, aussi étendues et aussi immo-|
raies que celle de la taxe des pauvres? >
C'est surtout après avoir reçu leurs se-
cours de la semaine que les familles de
mendiants se rendent dans les tavernes 5
vieillards et enfants, tout le monde s' enivr^
et souvent, peu d'instants après avoir reçu
ces abondantes aumônes, ils n'ont aucune
ressource, et ils vouent le reste de la se-
maine au petit vol ou à la souffrance.
C'est dans ces tavernes , c'est dans les
255
maisons de prosttmtîon que se décident
tous les plans de braconnage, de maraude,
d'assassinats. Il se forme aussi , dans ces
lieux, des espèces de clubs de mendiants-
où chacun i)orie ses plaintes. On y désigne
sous des noms infrimes l'administrateur
économe qui voudrait réduire les aumônes,
on cherche les moyens de l'épouvanter ou
de le punir, et c'est de ces clubs clandes-
tins que partent pour l'ordinaire ces nom-
breux incendiaires qui, depuis quelques
années, anéantissent l'agriculture de l'An-
gleterre.
Les incendies sont, dans le moment ac-
tuel, plus multipliés que jamais. Il y en a eu
deux cent soixûnte-dix dans le comté de
Usfolk depuis le commencement de novem-
bre, trois par jour pendant trois mois; ils
occasionnent de si grands ravages dans ce
comté que les propriétaires ont promis,
par souscription, une somme de 575 gui-
nées à celui qui dénoncerait un incendiaire.
Cette offre a servi à faire mettre le feu aux
fermes des principaux souscripteurs.
Enfin, les dévastations qu'occasionnent
ces malheurs sont si fatales que plusieurs
journaux ont proposé d'employer à pour-
suivre les incendiaires l'espèce de chien
dont on fait usage en Amérique pour pour-
suivre les nègres déserteurs; on sait que
ces chiens suivent parfaitement la piste et
ne se laissent jamais tromper, mais ils dé-
vorent leurs ennemis lorsqu'ils les ren-
contrent.
Enfin, ce qu'il y a de plus affreux dans
la position où se trouve 1 Angleterre, c'est
qu il lui est presque impossible de reculer
et d'abandonner la route dangereuse qu'elle
a commencé à parcourir.
Supprimez un instant, par la pensée, la
taxe des pauvres, et voyez ces quatre mil-
lions d'individus que cette taxe nourrit, se
répandant dans la campagne, mourant de
faim, pillant et dévastant tout.
Ces hommes, n'ayant rien à perdre, se
porteraient aux plus grands excès, et Lon-
dres et Liverpool ne seraient bientôt plus
qu'un monceau de cendres.
Tel est le résultat de l'enquête qui a été
faite. Jérémie Bentham reproche au parle-
ment d'Angleterre de faire faire sans cesse
des enquêtes pour constater des faits qui
ne sont que trop avérés, et de ne plus s'oc-
cuper ensuite de guérir la plaie dont on a
sondé la profondeur.
Ce qui prouve que c'est au système fa-
tal de la taxe des pauvres que l'Angleterre
doit celte masse énorme di- mendiants qui
la dévorent, c'est que dans les États-Unis
cette même loi a produit des effets à peu
256
près semblables ; les pauvres, qui ne coû-
taient dans l'État de New - York que ,
245,000 dollars en 1815, en coûtaient;
470,000 en 1822. • .-.-.k, ^ 1
C'est-à-dire que celte dépense avait dou- {
blé dans l'espace de sept ans. . • |
On observait la même cbose dans le \
Hampshire, et l'on voyait que les pauvres, |
qui n'avaient coûté que 170,000 dollars
en 1800, en coûtaient ^0,000 en 1820, c'est-
à-dire que la dépense était presque cinq
fois plus considérable. De tous ces faits, le
publicistepcut conclure que, de tous les
établissements qu'on a pu former jusqu'à
ce jour, celui de la taxe des pauvres est le
plus vicieux et le plus nuisible à l'bomme;
qu'il trouble complètement l'ordre so-
cial, et que, semblable aux bôpitaux trop
nombreux de Constantin, loin d'être utile à
rimmanité il a déversé de grands malbeurs
sur la société.
Nos secours à domicile ressemblent
beaucoup à la taxe des pauvres, mais
comme ces secours sont distribués avec
moins de profusion, comme on peut les ob-
tenir sans être dans un dénûment complet,
ils ne font jamais autant de mal que les se-
cours distribués en Angleterre; peut-être
même sont-ils quelquefois utiles à la vieil-
lesse et à l'infortune. Kappelons-nous ce-
pendant en les distribuant que la paresse
est la plus puissante de toutes nos passions,
ainsi que le dit M. de La lîocbefoucauld,
que c'est aussi la plus nuisible à l'bomme,
et qu'en voulant secourir le malheur il faut
bien prendre garde de ne pas encourager
l'oisiveté.
La situation difficile, je dirai presque
alarmante, où se trouve l'Angleterre, a
attiré l'attention de presque toutes les na-
tions. Les Hollandais, ])our remédier au
paupérisme, ont formé dos colonies agri-
coles ; ces établissfmenta méritent très cer-
tainement d'être connus.
Il se forma à La Haye, en 1818, une so-
ciété destinée à créer des colonies agrico-
les; une association semblable a été fondée
depuis en Belgique; ces deux établissements
sont à peu j)rès basés sur les même.s prin-
cipes.
Comme il était nécessaire de posséder des
fonds considérables ])our acheter les terres
que l'on voulait donner à cultiver, les fon-
dateurs de ces caisses ont ouvert des sous-
criptions où tout citoyen peut se faire ins-
crire pour la somme qu'il veut donner, et
chacun a des droits en raison de la remise
]u'il a faite.
Celui qui donne 3 florins(6fr. 12 cent.)
est membre de cette association, et il con-
court, à ce titre, à la direction des affaires
et à la nomination des administrateurs.
Ceux qui donnent 3,376 fr. une fois
payés ont le droit de désigner la famille
pauvre qu'ils veulent faire admettre dans
les portions de terre que l'on distribue.
Le même droit est accordé à celui qui,
pendant 16 ans, paie, pour chacun des pau-
vres qu'il veut placer dans rétablissement,
48 fr. 40 cent.
A l'aide des fonds que ces sociétaires ont
fournis ou fournissent de cette manière,
on a acheté des terres pour les distribuer
entre les nouveaux colons, à raison de trois
hectares par famille. Cette famille doit être
composée à peu près de huit individus.
Les terres ne sont pas d'une très grande
valeur primitive, mais elles sont défrichées
et prêtes à être ensemencées ; on estime les
trois hectares à 2,743 fr.
On fournit de plus, à chacun de ces co-
lons, les grains qui leur sont nécessaires
pour se nourrir et ensemencer leurs terres,
les outils et les animaux qui peuvent leur
êtreutiles,enun mot, tout ce qu'illeur faut
pour faire prospérer leur exploitation. On
lient compte de toutes les avances, et l'on
retient sur leur récolte , chaque année ,
une portion assez considérable pour rem-
bourser dans 16 ans tout le capital qu'on
leur a fourni. A^u bout de ces 16 années, le
colon ayant un ménage monté, des instru-
ments aratoires,, sa récolte, les grains qui
lui sont nécessaires pour ensemencer ses
terres, est dans le même cas qu'un fermiet
ordinaire, et peut marcher assez rapide-
ment vers la fortune, s'il est sage et labo-
rieux.
Les colonies agricoles ont le grand in-
convénient de demander dos capitaux très
considéraiîlespour être établies; il a fallu,
comme on peut s'en assurer, près de trois
millions pour créer celles de Hollande, qui
n'ont cependant été encore utiles qu'à neuf
mille personnes. Avec le tiers de cette
somme, on peut établir des caisses de pré-
voyance dans toutes les petites villes de
l''rance, et ramener ainsi dans très peu de
temps à l'aisance, à l'économie et au bon-
bem-, jilusieurs millions d'individus.
D'ailleurs la culture des terres, pour être
productive, demande de l'activité, des ta-
lents pralicpaes qu'il est bien rare de trou-
ver chez le mendiant paresseux ; il est donc
bien à craindre que l)eaucoup de ces nou-
veaux colons consonnneront, sans aucun
bénéfice, toutes les avances qu'on leur fera,
et que la société de La Haye éprouvera !)eau -
coup do banqueroutes et de non-valeurs.
• Le temps a, comme oa le voit, besoin de
justifier ces institutions, et il est à croire
qu'elles n'égaleront jamais, par leurs ré-
sultats avantageux, les caisses de pré-
voyance.
Après avoir examiné toutes les grandes
mesures prises jusqu'à ce jour pour dimi-
nuer le paupérisme, jetons un coup d'oeil
sur les moyens partiels employés pour se-
courir l'humanité.
Les monts-de-piélé , qui furent éta-
blis dans Paris en 1777, nous viennent
d'Italie.
Dans ces établissements on prOte sur
gage aux malheureux ; on rend quelque-
fois service à l'infortune, mais plus souvent
encore le joueur et le débauché y trouvent
de quoi satisfaire leurs passions criminel-
les. Observons que la caisse de prévoyance
crée des richesses au pays, le mont-de-
piété les détruit ; le premier favorise l'éco-
nomie et l'amour du travail, le second est
presque toujours la ressource de la paresse,
de la débauche et de la prodigalité.
DES MAIRES.
Il se passe en ce moment quelque chose
de bien remarcmable ; plus nous allons, plus
augmente la difficulté de bien remplir les
fonctions de maire. Plus le fardeau admi-
nistratif devient lourd, et plus se rétrécit
le cercle dans lequel on peut choisir les
magistrats municipaux. Que l'on ne s'y
trompe pas: au train dont vont les cho-
ses, on ne rencontrera bientôt plus de ci-
toyens qui veuillent se dévouer à cette pé-
nible mission; le temps deviendra un ob-
stacle invincible.
A mesure que s'agrandissent les attribu-
tions des maires , en raison de l'extension
et de la complication des affaires de la
commune, avec les mille détails qu'il faut
surveiller sous peine de laisser en souffrance
de graves intérêts publics et individuels, au
milieu des perfectionnements progressifs
apportés à la machine administrative, le
nombre des hommes capables de suppor-
ter un pareil fardeau s'eclaircit de jour en
jour.
Il ne s'agit plus en effet pour un maire
d'être une griffe à signature, de se renfer- !
mer étroitement dans les actes de l'état ci- i
vil, et de venir, aux grands jours, s'étaler ;
avec l'écharpe municipale; la prospérité;
de la France, son bien-être dépendent de|
l'harmonie de cette triple base sur laquelle
reposent tous ses intérêts: le conseil de la
commune , de l'arrondissement, du dépar-
tement.
Or , comment le conseil municipal , ce
257
premier degré de la hiérarchie administra-
tive, remplira-t-il sa mission si le maire
qui le préside n'a que son titre pour le re-
commander à l'estime des conseillers; si,
dans la discussion, il n'apporte pas son con-
tingent d'idées, et au besoin la supériorité
de vues qui résume cette discussion- et
concilie toutes les opinions flottantes au
nom d'une autorité que les hommes réunis
ne méconnaissent jamais : l'autorité de la
raison et du bien public.
En même temps, il ne faut point s'abu-
ser; dans les villes surtout, les fonctions
municipales réclament tous les instants,
toutes les pensées, tous les soins de l'homme
qui les accepte. Impossible de concilier ces
fonctions avec les opérations d'un com-
merce ou la surveillance qu'exige une
exploitation agricole. Il est difficile de
trouver deshoramesde loisir, et , dans la so-
ciété actuelle, cette espèce d'hommes de-
vient sans cesse plusrav e. Le vieux préjuge
qui condamnait a l'oisiveté les classes éle-
vées, ou les parquait dans deux carrières ,
ce préjugé a disparu devant les conquêtes
progressives de l'industrie et devant le*
exigences toujours plus grandes du luxe.
Aujourd'hui, il y a lutte et rivalité entre
toutes les classes ; d'heure en heure aug-
mentent nos besoins, et par conséquent nos
dépenses. INe nous en plaignons pas, car
ce mouvement constitue la vie du com-
merce ; laissons à de petites républiques,
à des Eiats primitifs où la civilisation se
remue à peine, laissons-leur ces lois somp-
tuaires qui n'ont jamais sauvé les sociétés
vieillies; trouvons au contraire des res-
sources dans le travail pour récompenser
ceux qui inventent de nouvelles recher-
ches, de nouvelles jouissances de confor-
table e\ de \\i\e.
Mais pour puiser ces ressources dans
le travail, un chef de famille a besoin
d'une application constante, soutenue ;
comment vouloir dès lors qu'il se ferme
tout avenir, qu'il se déshérite d'avance en
acceptant les fonctions de maire, fonctions
lionorables .sans doute, bien faites pour
flatter son orgueil, mais incompatibles avec
les soins incessants que réclame sa position
personnelle?
Prenons tour à tour un exemple dans
les différentes professions qui peuvent
nous offrir des hommes d'action et de spé-
cialité; nous donnerons à notre idée une
irrécusable autorité, l'autorité des faits.
Et d'abord, pour commencer par le pre-
mier des états, par celui qui fait la vérita-
ble richesse du pays, par l'agriculture, un
propriétaire ou un fermier qui s'occupe ac-
fivement de ses iravanx d'exploitation, a-
t-il le temps de surveiller, de diriger les
nombreux ressorts de l'administration mu-
nicipale?
Le manuTricluricr le peut-il davanlagc?
Quelle que soit sa foriune acquise, il a des
employés qui attendent de lui le mot d'or-
dre; il faut f;u'il étudie les rapports de la
production et de la consommation, qu'il
suive les progrès des sciences, les conquê-
tes des arls mécaniques, qu'il connaisse
les modifications apportées aux divers sys-
tèmes de douanes des pays où existent
des marchés. Arrachez-le à ses ateliers et
à ses bureaux pendant une partie de la
journée, vous l'exposez à une ruine plus
ou moins rapide; que deviennent alors les
centaines de bras qu'il occupait? Que si sa
fortune est assez considérable pour le dis-
penser de toute surveillance intérieure,
dont il se repose sur des associés ou des
com.mis, il ne se confinera point dans une
ville secondaire, encore moins dans une
petite ville ; des voyages à l'étranger, un
séjour d'hiver à Paris le ravirent réguliè-
rement à son pays natal.
Encore plus d'obstacles pour le négo-
ciant qui spécule sur les produits du sol ou
des manufactures, pour le banquier qui s'oc-
cupe de traites et de négociations, enfin
pour le marchand livré aux Innombrables
liens d'une vente au détail.
Restent maintenant les professions libé-
rales, comme on est convenu de les appeler,
notaire, avocat, médecin, professeur; mais
le notaire, en acceptant des fonctions mu-
nicipales , doit commencer par vendre
.son étude ; mais l'avocat doit, renoncer à
«nivre les audiences du palais; mais le mé •
decin ne peut plus se présenter au lit des
malades, et le pri^fcsseur abandonner l'en-
seij^'nement.
INnus avons pourtant besoin de maires;
l'admirable organisation de l'état civil, la
j)lus belle conquête de la révolution de 1789,
les rend indispensables. Dans quc^ls rangs
les choisir?
Le bourgeois, le rentier, l'homme qui
vit sans rien faire, dispensé de tout souci
par le riche patrimoine que lui ont laissé
ses aïeux, ou bien satisfait de sa médiocrité
et étranger à tout calcul d'ambition, cet
homme n'existe prescjuc plus dans nos
mœurs; c'est un type qui ilnira par dispa-
raître. La haute aristocratie elle-même
prend part au mouvement d'action qui
emporte toute notre société vers une ère
meilleure, résultat du travail on^anisé
sur une gigantesque échelle qui tend a nous
assimiler de plus en plus à une association
de castors, à une ruche d'abeilles. L'inté-
rêt général ne doit point, ne peut plus
écraser l'intérêt particulier, comme dans
les républiques antiques, où l'État confis-
quait le citoyen à son profit. Comment
donc concilier ^les besoins de l'administra-
tion municipale avec les exigences de nos
destinées individuelles?
Par un moyen bien simple : en rétribuant
les maires, en imposant à chaque candi-
dat des études préalables, des notions de
droit administratif, en ouvrant ainsi une
carrière et un avenir à des milliers de ca-
pacités qui souffrent, qui s'étiolent et qui
quelquefois conspirent contre la société,
faute de trouver leur part d'air et de soJeil.
On objectera aussitôt les charges du
budget, et l'on se récriera contre une inno-
vation qui tendrait à ajouter bénévolement
trente ou quarante millions au chiffre de
nos dé[)enses.
Il nous semble que ce soin ne concerne
nullement le budget de l'Etat ^ laissez-en le
fardeau à chaque commune, il ne sera pas
même nécessaire de créer des centimes ad-
ditionnels. Ne changeons rien pour cela
aux formes adoptées par la loi, aux condi-
tions d'élection imposées aux conseillers
de la commune; nous aurons ainsi une dou-
ble garantie ; celle des suffrages, et les
connaissances, premier titre des candidats.
On comprend alors qu'un maire sera
toujours à la hauteur de sa mission, et qu'il
apportera sa part active au développement
de la commune qui se confie à sa sa-
gesse, à ses lumières, à son intégrité. Yous
n'aurez plus de luttes dangereuses, de con-
lliis funestes; dans les villes on obtiendra
de fortes réductions sur les frais d'étai-ma-
jor ;^ et la marche rapide imprimée à tou-
tes les brandies de l'administration com-
pensera amplement la modi(«juc dépense
imposée à chaque localité.
Nou;^ reconnaissons tout ce qu'il y a de
généreux, de sacré dans l'amour du pays,
dans le dévouement à la chose publique ;
mais nous ne concevons do bien possible
et durable que par l'harmonieuse fusion
des devoirs du cito\ en et des intérêts de
l'individu. Toute organisation qui n'amè-
nera point cette fusion, cet ensemble, nuira
forcément au but que doivent se pjpoposcr
les gouvernements éclairés, le bonheur de
tous et de chacun. Une amélioration qui
froisserait injustement un seul intérêt ne
serait plus pour nous une amélioration
réelle, un progrès dans le présent une con-
quête pour l'avenir.
259
REPEPtT^DKRE B03I ESTiaUE.
I. ÉDUCATION DE L'ENFANCE. -11. MORALE ET BIEN-ÊTRE DES FAMILLES. —
III. ÉCONOMIE USUELLE.
nouvelles lampes dites lampes a fond
tournaat(I).
Il n'y a pas de maisons de riches ou d'é-
t-Ablissements de coniQierce, ou d'industrie
un peu considérable, qui ne fass^-aU usage
de lampes ; mais leur usage serait encore
bien plus étendu et auraU remplacé depuis
longtemps les chandelles dans la province
et les bougies dans les grandes villes, si
fiartout on ne se plaignait avec raison de
a mauvaise odeur, de la fumée et de la
flamme rouge et louche que donnent tou-
tes les lampes en général.
La lampe dite quinquet, inventée par un
physicien très ingénieux, M. Argant, était
sortie assez parfaite des mains de son in-
venteur ; mais des hommes dé métier, sans
aucune espèce d'étud^'s scientifiques préa-
bles, et seulement d.ans la vue de repon-
dre au besoin de bon marché que mani-
feste sans cesse et à tue-fête le consomma-
teur, ont successivement fait tant de mo-
difications et d'additions maladroites à la
très ingénieuse conception d'Argant qu'ils
ont fini par où l'on aurait du commencer,
c'est-à-dire par rendre les lampes d'Argant
toujours plus mauvaises, et cela est arrivé
à un tel point que la lampe dite sinombre,
avec son bec en cuivre s anneau, qui est
la plus répandue, est devenue d'un usage
intolérable, sa lumière s'obscurcissant pen-
dant la soirée jusqu'au point de ne plus
donner, au bout de quelques heures de ser-
vice, qu'une fumée rougeâtre, sale et
puante.
Longtemps après l'invention d'Argant,
M. Carcel, horloger, imagina de faire mou-
voir des pompes par un mouvement d'iior-
logc, en sorte qu'en plaçant ce mouve-
vement d'horloge armé de ses pompes dans
le pied de la lampe, au milieu d'un réser-
voir d'huile, il faisaitmonter l'huiieaubord
du bec avec une telle alyondance qu'il fut
obligé de sortir la- mèche de plusieurs li-
gnes pour empêcher que la flamme ne fut
noyée ; alors, procédai^t par tâtonnements
pour éviter cet inconvénient, il éleva tou- j
(1) Rue St-Honoré, 290 I
jours sa mèche hors du bec, jusqu*à ce que
faction capillaire qui s'exerçait entre ses
fibres n'attirât plus que la quantité d'huile
nécessaire pour entretenir une belle com-
bustion. D'ailleurs M. Carcel ne s'occupa
ni de la perfection du verre ni de celle de
la mèche, et encore moins de celle du bec,
ou plutôt il ne s'en occupa que d'une ma-
nière tout-à-fai-t contraire aux principes
d'une saine physique.
La lampe à mouvement d'horloge acquit
cependant une grande réputation, qu'elle
mérita et qu'elle mérite encore à beaucoup
d'égards ; mais elle était sujette à de si
grands inconvénients, surtout par rapport
aux réparations qui ne pouvaient se faire
qu'à Paris ou dans les grandes villes de
France, que l'usage ne put pas en devenir gé-
néral. Elle était d'aillewrs, par suite de sa
nature comphquée, d'un prix très élevé,
qui n'en permettait l'acquisition qu'aux
personnes riches.
Il fut donc nécessaire que la grande classe
des fortunes médiocres, et celle plus grande
encore des ouvriers, se contentassent des
lampes rendues mauvaises par les additions
successives que les ferblantiers-lampistes
avaient apportées à l'ingénieuse concep-
tion d'Argant, dans le but de mettre ce
mode d'éclairage à bon marché. Il faut
convenir que ces ferblantiers-lampistes ont
atteint ce but du bon marché avec un rare
succès ; aussi sont-ils arrivés à vendre des
lampes qui nesont plus réellement des lam-
pes, mais des apparences de lampes.
Depuis quelques années, plusieurs hom-
mes instruits, parmi lesquels on compte
des élèves de l'Ecole polytechnique, frappés
des inconvénients de la lampe Carcel, ont
cherché à substituer au mouvement d'hor-
loge des combinaisons plus simples et moins
coûteuses, soit en se servant d'un liquide
plus lourd que l'huile, soit en employant
un réservoir d'air comprimé. Les mêmes
solutions ont été étudiées en Angleterre par
des physiciens ingénieux ; mais aucun n'est
arrivé à faire un niveau mathématique-
ment constant, ce qui est pourtant absolu-
ment indispensable ; aucun même n'a fait
une sérieuse attention à l'ingénieuse ap-
260
plication qu'avait faite Argant de la loi du
baromètre à ses lampes, comme distribu-
teur d'huile. Ils avaient encore fait moins
d'attention au bec à double courant d'air,
si heureusement conçu par Argant , pour
opérer une belle combustion qui convertit
la totalité de Thuile en lumière.
Quant à Argant, il est peut-être utile de
dire ici qu'il ivavait pas vu toute l'impor-
tance de sa conception, et qu'en la ven-
dant pour une somme très minime à M.
Quinquet, épicier à Paris, dans le marché
des Innocents, il avait exposé la pensée de
sa lampe aux détériorations sans nombre
qu'apporte l'avidité mercantile dans toutes
les opérations dont elle s'empare. Si Argant
eût vu de suite qu'une bonne lampe est le
vrai soleil de nuit et qu'elle est de première
nécessité depuis le pôle, où la nuit surpasse
de beaucoup le jour en longueur, jusqu'à
l'équateur, où les nuits sont égales aux
jours, et qu'elle ne l'est pas moins dans nos
pays peuplés du centre de l'Europe, où les
habitudes sociales nous font faire presque
partout du jour la nuit, il n'y a pas de
doute que, voyant son invention sous le
point de vue de haute et immense impor-
tance qu'elle a réellement, il en eût con-
servé le monopole par un brevet et eût ap-
porté de suite tous les perfectionnements
que la cupidité mercantile et la lésinerie des
consommateurs ont retardés jusqu'à nos
jours. 11 faut pourtant que les consomma-
teurs apprennent enfin que l'intelligence,
éclairée par la science, a une valeur, et
qa'."ls se déterminent à comprendre que la
loi du bon marché, poussée jusqu'à dé-
truire la fin'qu'on se propose, et elle le fait
presque toujours, est la loi des sots, et que
rien ne révolte plus un homme intelligent,
qui sait tout ce qu'il faut de qualités dans
l'esprit et de connaissances positives pour
l'aire quelque chose de réellement bien, que
la pensée de se soumettre à cette loi du bon
marché que nous venons d'appeler la loi
des sots. Car il est évident ici qu'Argant
n'a livré son invention à Quinquet, clans
un état encore d'enfance, que parce qu'il
savait très bien qu'il n.'en retirerait ni pro-
fit ni honneur, et malheureusement cette
réflexion s'applique à toutes les autres in-
ventions, sans aucune exception, et en est
la seule histoire.
Revenant à la lampe d'Argant, les hom-
mes instruits et ingénieux qui s'en sont
occupés en France et en Angleterre de-
puis quelques années ont tous fait fausse
route, en négligeant d'étudier l'esprit de
l'invention primitive pour ne s'appliquer
qu'à remplacer , par un moyen plus sim-
ple , le mouvement d'horloge de Carcel ;
car ce n'est pas là le point essentiel en
matière de lumière , encore qu'il soit utile
et agréable, en quelques cas, 'd'avoir le
réservoir d'huile placé au-dessous de la lu-
mière. Mais les cas les plus nombreux
étant ceux qui se rapportent à l'éclairage
des fabriques et delà classe ouvrière, la
lampe d'Argant perfectionnée devient ici
seule importante, et c'est à cette difficulté
que se rapporte principalement la lampe
dite lampe à fond tournant , encore qu'elle
résolve toutes les autres. L'inventeur de
cette lampe s'étantdonc occupé de la lampe
d'Argant avec une connaissance approfon-
die de tous les genres de besoins , s'est ap-
pliqué à répondre à tous , en sorte qu'il a
établi : 1" une lampe pour les classes ri-
ches, dont le niveau est mathématique-
ment le même pendant toute la durée de
la plus longue soirée , bien que le réser- '
voir d'huile soit placé au-dessous du bec ,
et ce résultat s'obtient sans nuire en au-
cune manière à la beauté et à la pureté de
la forme. Ce problème, résolu en partie
par Carcel au moyen d'un mouvement
d'horloge avec tous les inconvénients qui
l'accompagnent nécessairement, l'a été ici
rigoureusement au moyen d'un simple res-
sort d'air comprime dont on a su régula-
riser l'action par un artifice très simple et
très solide ; 2» reprenant la loi du baromè-
tre si ingénieusement appliquée à sa lampe
par Argant , l'inventeur de la lampe à
fond tournant l'a transformée de diffé-
rentes manières , afin de la rendre appli-
cable à tous les systèmes de lampes qui
peuvent devenir successivement néces-
saires à la grande consommation ; 3" re-
prenant aussi le bec à double courant d'air
d'Argant , l'auteur delà lampe à fond tour-
nant s'est uni à l'esprit de son inventeur,
et il l'a perfectionnée de telle sorte , au
moyen du fond tournant, qu'aujourd'hui
ce bec , seul capable de faire une bonne
lampe , paraît arrivé à sa plus haute per-
fection , tant il est simple , solide et d'un
usage commode et facile ; 4° étudiant en-
suite la mèche , on a trouvé les vraies
conditions qui déterminent , par la capil-
larité qui s'y exerce, l'huile a s'élever de
la manière la plus propre à favoriser une
combustion parfaite , c'est-à-dire toute lu-
mineuse et sans odeur ni fumée ; 5» arri-
vant enfin à la cheminée ou verre, la
forme en a été modifiée et perfectionnée
dans ce nouveau système d'éclairage avec
un tel l)onheur que maintenant la lumière,
non-seulement n'est plus brisée et réfractée
d'une manière désagréable dans le point
^e son émission , mais encore qu'il est on'
ne peut plus facile , en élevant ou en abais-
sant le verre , d'augmenter ou de dimi-
nuer le courant d'air qui environne la
flamme , ce qui en règle rintensité au de-
gré où on veut la fixer.
Toutes ces conditions réunies donnent
une lumière pure, blanche, transparente
et du rayonnement le plus étendu et le
f)lus énergique; et ces qualités si essenliel-
es, elle les conserve dans toute leur supé-
riorité et absolument pendant tout le temps
qu'elle est allumée, quelque long qu'il soit.
Quant à la solidité de toute cette instal-
lation, elle est telle que Ton peut dire avec
assurance qu'une lampe à tond tournant est
une lampe pour la vie de celui qui l'achète
et pour celle de ses héritiers ; et comme cette
lampe se démonte dans toutes ses parties,
il n'est jamaisutile d'avoir recours au lam-
piste pour la nettoyer à fond ; ainsi elle
n'entraîne que les frais de première acqui-
sition, dans lesquels on rentre dans moins
de la moitié de l'année , par une consé-
quence nécessaire de la beauté de sa lu-
mière et de l'étendue de son rayonnement.
En ce (|ui concerne la quantité d'huile
brûlée , elle est nécessairement moindre
que dans toutes les autres, les dimensions
étant égales, puisque l'on transforn^e en
lumière tout ce qui s'échappe des autres
en fumée : elle est d'ailleurs aussi petite
qu'on le veut, attendu la division des becs
en quatre calibres consommant chacun à
peu près moitié moins l'un que l'autre:
c'est-à-dire, le premier ou plus grand, par
heure, une once trois gros; le second, une
once juste ; le troisième, six gros, et le qua-
trième ou le plus petit, trois gros et demi
au plus, ce qui rend le prix de l'huile que
ce dernier bec consomme à peu près le
même que celui d'une chandelle des huit
à la livre; et cependant ce petit bec éclaire
au moins comme quatre de ces chandelles,
et encore d'une lumière beaucoup plus
blanche et plus franche, et par là même
plus agréable et infiniment moins fatigante
f)Our les yeux. Ainsi, au moyen de cette
ampe, toute l'huile, par suite d'une com-
bustion parfaite, est réduite en une lu-
mière d'un rayonnement très énergique et
immense, et peut encore, au moyen des
quatre divisions de calibre, s'appliquer
à tous les systèmes d'économie que l'on
veut réaliser chez soi, sans pour cela ces-
ser de donner un éclairage si supérieur
à tous les autres, bougies , chandelles ,
anciennes lampes, gaz hydrogène , etc.,
qu'il n'est plus possible de supporter ces
anciens modes a'éclairagc lorsqu'on les
2Qi
met en présence du nouveau qui est offert
ici.
Ces becs ont encore l'avantage de pou-
voir être adaptés à la plupart des vieilles
lampes et de leur donner de suite toute la
perfection de lumière que l'on pourrait
obtenir en achetant une lampe neuve de
ce système.
Nous ne parlons pas ici du gaz hydro-
gène, dont la lumière , blanche il est vrai
quand on la regarde en face, est trem-
blante et tellement dépourvue d'énergie
rayonnante qu'elle est presque sans elfet
à quelques pas de son foyer. Les autres in-
convénients du gaz, et quelques-uns de
ses avantages incontestables, sont d'ail-
leurs appréciés par les esprits sages et con-
sciencieux qui ne se laissent point aveugler
par leur intérêt personnel ; et d'un autre
côté, les nombreuses applications qui en
ont été faites ont mis tous les consomma-
teurs à même de former leur opinion à ce
sujet, et tout ce que l'on pourrait dire pour
ou contre étant su de tout le monde de-
viendrait inutile à répéter ici.
INFLUENCE DE l'eXERCICE DU CHEVAL
SUR LES DIVERS TEMPÉRAMENTS.
L'équitation , pour la grande majorité
des hommes , est un délassement délicieux,
mais plus ou moins bien supporté par cha-
que individu , en raison de sa constitution
et de son tempérament. Nous avons tou-
jours vu les hommes sanguins , pléthori-
ques , à large poitrine , chez lesquels
l'hématose se fait puissamment , retirer de
l'exercice du cheval les meilleurs effets.
Pour les individus ainsi constitU;fs, libre à
eux de choisir le genre d'allure qui leut
plaira le plus, les chevaux qu'ils veulent
monter , et l'heure du jour à laquelle i!s
doivent se livrer à l'équitation.
Les tempéraments nerveux éprouveront
un stiinulus qui contribuera à faire dimi-
nuer l'irritabilité à laquelle ils sont sujets.
C'est surtout aux enfants, aux femmes ,
et en général à tous les individus d'un tem-
pérament Ivmphatique et rachitique , que
nous conseillerons :
le De s'astreindre à telles précautions
que le médecin pourra modifier en exa-
minant la maladie ; 2° et de suivre tels
préceptes, qui varieront en raison de l'in-
dividualité de chacun , mais qu'il nous est
par conséquent impossible de formuler ici
d'une manière générale. Si nous disions, en
effet, qu'il ne peuvent supporter , sans en
être incommodés, une allure saccadée,
brusque et précipitée, nous avancerions
un fait exact; et cependant nous devrions
de suite, pour ne pas sortir du cercle de
la vérité, ajouter qu'il existe des excep-
tions.
Le pa? et le petit trot seront les allures
choisies par l'homme d'un tempérament
épatique. Nous croyons pouvoir avancer
que tous, ou presque tous les individus
de ce tempérament , retireront de l'exer-
cice du cheval les meilleurs effets.
En Angleterre, par exemple, ou les tem-
péraments hépatiques et hilieux prédomi-
nent , l'exercice du cheval est considéré .
par les médecins du pays, comme un
moyen thérapeutique de la j^lus grande
puissance. L'observateur intelligent trou-
vera peut-être , dans cette considération ,
l'origine du goût de tous les Anglais pour
l'équitation.
RÉSUMÉ. — Sous le rapport liygiénique,
l'exercice du cheval, mal dirigé, peut rom-
pre l'équilibre entre les diverses fonctions
organiques , par conséquent faire naître
des maladies ; mais , sagement conduit , il
peut au contraire devenir up excellent
moyen de guérison ; exemple : nous avons
vu souvent de jeunes militaires, dans l'im-
possibilité de pouvoir supporter le trot du
cheval qui leur était échu par le hasard ,
demander, comme grâce , de changer
d'arme , être forcés d'entrer dans l'infan-
terie , même parfois obtenir un congé dé-
finitif, et ces mêmes hommes, plus tard ,
rentrés dans la vie civile et libres alors
au'ils étaient de choisir un cheval à allure
ouce, devenir d'infatigables cavaliers.
MALADIES OU l'eXÊRCICE DU CHEVAL
EST SALUTAIRE.
Dans les affections chroniques de l'es-
tomac, du foie, de la rate, et du pancréas,
gastrite, hépatite, splénite , etc., nous
avons toujours remarqué que l'exercice du
cheval , pris avec modération , accélérait
la guérjson de ces maladies.
Les chevaux arabes et limousins pour-
ront être choisis , si le malade préfère le
trot aux allures dites précédemment; si,
comme nous le lui conseillerons, au con-
traire, il veut bien s'astreindre à n'aller
plutôt qu'au pas, alors il devra monter un
cheval anglais , soit encore un cheval ha-
novrien, tous les matins , à jeun , pendant
une heure.
Nous recommanderons aux valétudi-
naires goutteux , et aux personnes qui se
trouvent sous l'ialluence d'affections rhu-
matismales chroniques , de ne point
monter à cheval les jours froids, brumeiK
et humides.
Aux femmes nerVtîases, histériques, etc. ,
nous conseillerons l'usage des chevaux
arabes.
Quelques temps de petit galop, tous les
soirs, pendant une heure, aux époques
critiques, seront, pour les femmes chez
lesquelles la menstruation se fait difficile-
ment, un excellent emménagogue.
La réaction qui résultera de l'exercice
du cheval pourra souvent , chez les fem-
mes chlorotiques , sans autre secours em-
prunté à la matière médicale, rétablir,
entre l'estornac et l'utérus, l'équilibre
rompu dnns cette maladie. Même résultat
heureux pour les personnes altectées de
scrofules : toutes les fonctions , chez ces
malades, se trouvant, par l'équitation,
vigoureusement stimulées , nous les ver-
rons promptement retirer un bien-être
d'un exercice que nous serions tenté de
considérer, surtout c-ans cette maladie,
comme un remède souverain , comme un
véritable spécifique.
Les personnes sujettes aux crampes , et
chez lesquelles les digestions se font par-
fois difficilement, ne devront monter à
cheval qu'après le repas. Une allure trop
heurtée, le trot, par exemple, pourrait
tout d'abord occasionner un malaise , au-
quel on obviera facilement en commençant
par aller au pas.
Ce sera également le pas , de préférence
à toute autre allure , qu'on choisira pour
les jeunes filles arrêtées dans leur dévelop-
pement.
Nous avons souvent vu des jeunes gens
à poitrine étroite, débiles , maladifs , ca-
cochymes , phthisiques en apparence , se
développer, sous l'influence de Féquita-
tion , d'une manière prodigieuse. Dans
l'impossibilité où nous nous trouvons de
pouvoir formuler un précepte qui puisse
embrasser toutes les constitutions en géné-
ral , nous croyons devoir conseiller à ces
malades de consulter leur médecin , soit
sur lc5 genre d'allure qui leur convient le
mieux , soit aussi sur la nature et la race
du cheval qu'ils doivent monter.
Nous serions presque tenté de considérer
l'exercice du cheval comme un remède
prophylactique de l'aUénalion mentale ,
quand nous voyons les médecins, qui se
sont spécialement occupés de la folie , pla-
cer si haut , parmi les agents thérapeuti-
ques dont ils se servent , les exercices gym-,
nastiques en général. '
Aux aliénés tristes , monomanes , mélan
coliques, etc., conviendront les chevaux
espagnols, fringants, vifs, gais, disons
même emportés ; ces ci.-cvaux sortiront né-
cessairement les malades du cerele ordi-
naire de leurs idées en les forçant à s'oc-
cuper d'eux.
Il nous semble qu'ici, tout naturelle-
ment, ressort la valeur de l'idée qui domine
dans cette brochure; car, au clîeva! espa-
gnol, que nous conseillions qu'on substitue
un cheval l'roid, lo'urd. à Tallure pesante,
un cheval allemand par exemple, quelle
influence exercera-t-il sur le moral du ma-
lade? Aucune , si ce n'est de l'ennuyer.
Les chevaux anglais , ayant des allures
uniformes, ne seraient par la même rai-
son d'aucune utilité dans les maladies qui
nous occupent ; au^si sont-ils loujburs sans
résultât avantageux pour les nostalgiques,
les hypocondriaques (malades qu'on dit en
Angleterre avoir le spleen).
Mêmes chevaux , c'est-à-dire, chevaux
espagnols , andalous , arabes , etc. , pour
les malades dont l'affection rentre dans la
catégorie des aliénés monomanes.
Grand nombre de maladies nous reste-
raient à signaler, si nous voulions passer
en revf \i toutes les alTocrions où l'on peut
utilcmC'it se servir de léquitation comme
moyen thérapeutique: mais notre ])ut au-
jourd'hui étant seulement de jeter dans le
public une esquisse rapide de nos idées sur
cette matière, et non de donner un ou-
vrage ex professa , nous nous arrêterons
là, nous reservant, conim.e je l'ai dit au
comniencement , de traiter jilus longue-
ment ce sujet qui nous paraît neuf dans
la science.
AFFECTIONS OKC-AMOUESQUI DÉPENDENT
DE l'usage du cheval.
Soit que le malade, trompé en apparence
par la bénignité des symptômes de l'affec-
tion sous l'influence de laquelle il se trouve,
soit qu'entraîné par son goût pour Péqui-
tation,et, s'abusant sur ses résultats, il
s'imagine retirer quelque avantage d'un
exercice qui , employé inlempestn'ement ,
peut au contraire, dans certains cas, ag-
graver sa maladie , nous croyons qu'il est
essentiel, après avoir mentionné dans le
paragraplie précédent les maladies oij Ton
peut , avec espoir de succès , se servir de
l'équitation comme moyen thérapeuti({ue,
de noter dans un nouveau chapitre les
affections qui en défendent impérir;iisement
l'usage.
Nous poserons en principe absolu que
toutes les maladies inflammatoires aiguës ,
quelles qu'elles soient . doivent faire rigou-
^63
rcusement pro.çcrire rexcrcice du cheval.
Ainsi , par exemple , (juand nous dirons
que les malades ailectés de cystite , do
phrénite, ne doivent pas monter à cheval,
nous entendrons parler de la cvstite et de
la phrénite chroniques.
Nous sommes du reste intimement con^
vaincu que , quelle que fiit la force moral*
de l'individu qui se trouverait sous l'in-
fluence de ces phlegmasies à l'état aigu , et
que , d'autre part , quel que fût son goiit
pour l'équUation, souffrant qu'il serait, en
proie aux douleurs vives, atroces, perté-
rébrantes qu'entraînent après elles ces
maladies , nous sommes , dis-je , persuadé
que l'idée de monter à cheval ne lui vien-
drait certaineiFcnt pas. Pour n'y plas re-
venir, ce sera donc toujours des flaaladiea
chroniques que nous voudrons parler.
L'ankylose de certains membres, le.s
cancers de l'utérus, quelques anévrismes,
les hernies, les chutes du rectum, du va-
gin, etc., etc,, doivent pour toujours faire
renoncer à l'équitation.
Pour un certain laps de temps seulement»
mais qu'il nous est impossible de détermi-
ner, les individus attaqués de syphilis,
d'inflammation de l'épine ou de ses mem-
branes ( miélite ) , de fistules à l'anus ,
d'ophtalmie, de catalepsie , d'épilepsie,
de nymphomanie ou fureurs utérines , de
satyriasis, d'hydrocèle , d'hydropisie en
général, de varicocèle, sarcocele,etc., etc.,
devront s'abstenir de monter à cheval.
Si nous omettons de parler de l'état de
grossesse, c'est que nous sommes persuadé
que, par un sentiinent inné de conserva-
tion, les femmes enceintes reculeront tou-
jours devant un exercice qui pour elles
aurait presque certainement un résultat
funeste.
MOYEN DE NKTTOYEll LES VEUNIS d'aI>-
• PARTEMENTS, ET SPÉCIALEMENT LA
PART;E ANTÉUIEUllE DES PORTES.
Parmi les petites tribulations relatives à
la propreté qui attendent une maîtresse de
maison soigneuse, il faut compter les amas
crasseux qui se forment, malgré ses soins,
au-dessous des serrures, aux portes^ des
poignées de Tespagnolette , aux fenêtres.
Ces taches noires, épaisses, se détachent
de la manière la plus désagréable sur tous
les vernis, et surtout sur les vernis blancs
qui décorent pour l'ordinaire l'intérieur des
appartements. Afin de prévenir cet incon-
vénient, on revêt , dans les maisons soi-
gnées, cette. partie antérieure des porlei
d'une plaqua d« cuivre jauna travaUlée à
jour ; mais dans la plupart des apparte-
ments-à loger, et principalement eh pro-
vince, cette précaution n'est pas générale,
et d'ailleurs elle n'est point applicable aux
■croisées. — Le hasard lîi'a fait découvrir un
moyen infaillible de suppléer à son omis-
sion,
I Ce moyen est bien simple. Il faut mettre
dans un verre d'eau une cuillerée de chlo-
rure de soude ou de chaux , et se servir à
froid de ce mélange, à l'aide d'une éponge
ou d'un linge. Il n'est pas nécessaire de
frotter beaucoup la partie salie; car tou-
jours la crasse la plus noire , la plus an-
cienne, la plus tenace disparaît au bout
de quelques minutes complètement. Mais
il importe d'essuyer la partie lavée avec un
linge sec et propre ; car autrement il se
forme des nuages sur le vernis, nuages que
d'ailleurson enlève sur-le-champ en lavant
avec de l'eau pure et en finissant par bien
essuyer.
Toute contente de ma petite découverte,
j'en ai fait récemment une assez heureuse
application aux réflecteurs vernissés des
lampes usuelles. On sait que la surface in-
terne de ces réflecteurs se graisse, se noir-
cit assez promptement; mais l'eau chloru-
rée les rend tout-à- fait neufs, sans endom-
mager le vernis ([u'alière toujours plus ou
moins l'emploi des alcalis, tels que l'eau
savonneuse, l'eau de cendre, etc. On pour-
rait , je pense , se sc/vir aussi du chlorure
avec avantage pour les papiers vernis.
ENCAUSTIQUE A L'EAU DES FABRICANTS
DE COULEUR DE PARIS.
Mettez au feu un vase pouvant contenir
20 litres, et qui contiendra:
6 litres eau de Seine,
2 livres 'd bonne cire jaune concassée,
1 livre savon noir,
2 onces curcuma pur jaune.
l^orsquela cire sera fondue, le bain com-
mencera à bouillir : retirez le vase du feu ,
Incorporez-y doucement A onces sel de
tartre, remettez de nouveau sur le feu , et
après quelques bouillons, ajoutez aussitôt
en remuant 12 litres eau de Seine froide, et
l'encaustique est fait.
On peutmettre davantage de cire en sui-
vant la mêjue proportion pour tout , sauf
l'eau qu'on n'augmentera pas.
CURE -DENTS VEGET.\UX
Provenant du Crategus oxyacaniha , L. ;
Aubépine, Aubépin ou le Mai.
On se sert beaucoup en Italie , et même
à Lyon, d'une espèce de cure-dents tirée
du règne végétal. C'est avec le bois nommé
en italien sambuco {sambucus nigra) , le
sureau , qu'ils sont confectionnés. L'usage
à Psaples est d'en placer trois avec le cou-
vert de chaque convive. Chez les Turcs on
sert sur une assiette de porcelaine une
certaine quantité de ce qu'on nomme l'herbe
à cure-dent ; c'est mi£ espèce de daucus
(carotte) dont les rayons de l'ombelle ser-
vent à cet usage. Il n'y a pas longtemps
que chez un marchand de porce-laine ,
passage des Panoramas, on vendait dts pe-
tits paquets de cure-dents de Lyon. Ils
coûtaient 10 sous la douzaine, ce qui n'é-
tait pas très bon marché , comme on voit.
Un observateur botaniste a vu et s'est
convaincu par expérience qu'on peut ob-
tenir de très bons cure-dents avec l'épine
du crategus oxyacmitha, qui est si conmiun
dans nos haies et dans nos bois. En effet ,
cette espèce d'épine longue de cinq à six
centimètres semble donnée exprès par la
nature pour servir de cure-dent. Sa pointe
llexil)le est formée d'une petite corne brune
d'une consistance assez solide pour ne point
se casser dans l'opération. Onsait d'ailleurs
qu'on peut ne pas se servir deux fois de
cette espèce de cure-dent , à moins qu'on
ne pousse l'économie au-delà des bornes
raisonnables.
Rien de plus aisé à cueillir, c'est-à-dire
à couper avec des ciseaux, que cette épine
du crategus, dont le fruit nommé senelle
est recherché par les petits oiseaux. Il faut
s'attacher à respèce qui donne de belles
épines ; c'est celle un peu brune qui est la
meilleure. La manière de préparer ces cu-
re-dents est prompte et facile; on se sert
pour cela d'un canif pour ôter les petites
épines qui régnent le long de la mère-épine
(pie Ton ratisse en amincissant le gros bout,
et le cure-dent est fait. On en fait alors de
petites gerbes ou paquets composés de trois
douzaines qui se vendent dix centimes ou
deux sous. Des enfants et des femmes peu-
vent être occupés à ce petit travail. Un
bon ouvrier peut gagner sans se gêner au
moins ses 30 ou 40 sous par jour. Combien
de pauvres familles pourraient vivre avec
cette nouvelle petite industrie ! Il suffirait
de mettre en vogue ces cure-dents dont on
présente ici le modèle. Il en a déjà été
ï vendu à Paris et à la campagne près Se-
nart une assez grande quantité, toujours au
prix de deux sous les trois douzaines. L'u-
sage de ces cure-dents pourra devenir un
jour général, quand ce ne serait que parun
sentiment debienfaisance pour lesliabitants
peu aisés de la campagne.
On doit être pariaitement tranquille sur
le prétendu danger d'être piqué par cette
épine. Elle est très innocente , et l'expé-
rience qu'on en a faite prouve qu'elle
n'est nullement dangereuse. Il ne faut pas
la confondre avec l'épine du huissoti ardent
( mespilus pyracantha ) , dont la piqiîre,
comme on sait, peut occasionner un mal
assez long à guérir. L'homme qui le pre-
mier a fait cette récolte av-ec des ciseaux
a pu être piqué parfois et par mégarde par
Vaubcpin, mais n'a jamais éprouve de mau-
vaise suite de cette piqiîre.
Voilà donc une nouvelle petite industrie
faite pour le bien-être de la classe pauvre ;
on dit avec raison qu'il n'y a pas de petit
métier, ou du moins de mauvais, tant qu'il
peut faire vivre. Il est possible qu'un non
fabricant de ces cure-dents, s'il a du zèle et
de l'intelligence, ne se repente pas de s'y
livrer tout entier. C'est à MM. les curés et
maires des communes voisines des bois et
grandes baies à encourager une fabrica-
tion aussi aisée, et qui peut nourrir ses ou-
vriers.
Le botaniste observateur s'estimera heu-
reux d'avoir indiqué ce moyen de sauver
de la misère une foule de pauvres familles
qui cherchent de l'ouvrage, et que le man-
que detravail force trop souvent àmendier.
Voici du reste le nom botanique de l'ar-
brisseau dont il s'agit. Ces renseignements
sont pris de l'excellente Flore de Metz, pu-
bliée par M. Hollandre^ professeur, auteur
de la Flore de la Moselle.
Graines osseuses.
Alisier aubépine (crategusoxyacantha),
Lin.
Crategus oxyacantlia (Thullier,fl. pari-
siennes).
Mespilus oxyacantha(Gœrtn. fruct.).
Crategus oxyacantha (Yar. et monoco-
tylédone.Decand. Prodrom.2, page 628).
Arbrisseau épineux , diffus , haut de 4 à
SCci
6 pieds, s' élevant quelquefois à une hau-
teur de 10 à 15 pieds.
Fleurs blanches, odorantes, à 2 styles,
disposées en petits corymbes à l'extrémilé
des ronces.
Feuilles^ pétiolées, glabres, lisfcs, pres-
que rhomboïdales , la plupart décOv^péos en
3 lobes peu profonds, ovales, dentés et
points divergents.
Fruits rouges contenant un ou deux grc^
noyaux osseux.
V Aubépin ou Y Epine - Blanche , (\\ii,n
appelle aussi le Mai, est très commun
dans les bois et les haies. On enculli\'e des
variétés à fleurs roses et à fleurs doubles
pour l'ornement des jardins.
FALSIFICATION DES SAVONS.
Le grand art des Anglais n'est pas tant
de produire une substance ])ure à i)on
marché que d'arriver, en falsiliaiit cette
substance, à pouvoir la donner à bas prix,
tout en lui laissant la plupart des qualités
qu'elle doit avoir. Le savon surtout, par
suite de la rareté des h 'iles et des graisses
dans les Trois-Royaumes , est Tun de ces
produits que les habitants de la Grande-
Bretagne cherchent avec, le plus de téna-
cité sinon à remplacer, du moins à modifier.
Ainsi, depuis quelque temps il n'est bruit
au-delà du détroit que du savon à triple
base de potasse ou de soude , et d'alumine
et de silice , espèces de silicate oléagineux
de potasse ou de soude et d'alumine , dans
lequel la plu^grande partie de liiuile est
remplacée par des matières plus ou moins
alumineuses et siliceuses. Tel était même
l'enîhousiasmedecertainsjournaux, lor.-. -e
la publicité de celte découverte, que, po.ir
être arrivés à économiser un peu d'huile
tout en pouvant faire m.ousser l'eau , ils li-
raient déjà à boulets rouges contre Tau-
tocratedesRussies,dont ils sont tributaires
de presque tous leurs ."^uirs. Pourtant une
autre question reste encore à juger ; c'est
celle de savoir si l'usage de ce nouveau
produit donnera aux blanchisseuses des
résultats aussi satisfaisants que le \érilalile
savon purement oléagino-aUalin ?
a, On on peul obteniv "n llij français. [Jonrp.al des
Connuii.'tcmcps nliks.)
266
NOUVEAUX CRAYONS.
Le carbure de fer ou graphite , la plom-
bagine du comiiierce , sert, comme on sait,
à la fabrication des crayons dits impropre-
ment de mine de plomb. Les mines de Cum-
berland en Angleterre, dont la maison
Brookman a le monopole, fournissent le
graphite le plus pur ; celui d'Allemagne
re-st moins. Le graphite de France des
environs de Briançon tient le milie-u , pour
la pureté, entre ces 2 mines. M. Fich-
TEMBERG , de Colognc , rue des Bernar-
dins, n. 31, à Paris, s'est proposé d'impor-
ter en France l'industrie de la fal)rication
des crayons par des procédés perfection-
nés. Il y est parvenu avec le plus grand
succès, et obtient des crayons d'une qua-
lité supérieure à tous ceux qu'on avait
faits en France jusqu'ici , et dont les prix
sont infiniment moins élevés. Il pile, broie
et tamisfrla mine de Briançon, en extrait
les grains de fer non combiné et toutes les
portiens de silice. Cette poudre, calcinée
pour en augmenter le noir, est réduite en
pâte et pressée dans un cylindre de cuivre,
d'où elle sort en un long filet par une ou-
verture d'une ligne carrée. Des lamelles ,
coupées à une longueur déterminée, sont
fixées dans le bois, au moyen de la colle;
la dureté du crayon peut être augmentée
à volonté par la préparation de la pâte,
et non au moyen de la graisse , comme le
fait Brookman; procédé qui a l'inconvé-
nient de ^aire trop durcir le crayon en
vieillissant. La pâle des crayons de M, Y.
est douce et égale, très vigoureuse de ton,
'sans cesser d'être ferme , conservant bien
la pointe , et permettant d'attaquer vive-
ment les tons sans craindre de la casser.
NOUVEAU TAILLE-CRAYON.
i\L Lahausse a pris un brevet pour uu
taille-crayon qui consiste, dans sa plus
grande simplicité, en une espèce de rigole
angulaire ou demi-cylindrique en bois, dans
laquelle est placée une seule lime creuse
et légèrement conique. Il peut également
y avoir ou 2 limes d'un d(<gré difiereat de
finesse, ou une lime et une râpe , ou enfin
2 limes et une râpe. Cet ustensile peut-être
renfermé dans un étui ; un petit goupillon
contenu dans cet étui sert , lorsque les limes
sont empâtées, ta les nettoyer. Enfin M. L.
a aussi une lame à coulisse, à laciuelle l'étui
sert de manche , qui dispense de recourir
à un canif pour dégrossir le crayon.
NOUVELLES TENTURES D'APPARTEMENT.
Voulant suivre les progrès do siècle
dans la principale partie de nos ameuble-
ments, IM. De^préaux a considéré que
nos tentures de papiers peints n'offraient
que des dessiws d'une fabrication mes-
quine et d'un effet médiocre. Il a cherché
<à renouveler les belles et riches tentures
en cuir e'i en maroquin , poussées en relief,
offrant des arabesques, des camées et aussi
des sujets pastorals , semblables à celles
qui se faisaient sous François I^r ; on peut
même dire tpi'il les a surpassées. Plusieurs
panneaux de ce genre que M. D. a présen-
tés au roi, figurent des arabesques ornés
de figures et de camées d'un grand format,
exécutés avec le plus grand soin. Les uns,
d'une coulear unie, imitent le bois de
noyer; d'autres , sur des fonds rouge, vert
ou violet, sont rehaussés d'or; d'autres,
enfin, sur des fonds d'or unis et coloriés,
rappelant les peintures en émail de la fa-
brique de Limoges , produisent un effet
merveilleux. En outre, M. D. a eu l'heu-
reuse idée de produire des ornements de
très bon goût , en relief sur des velours de
coton de dil'férenles couleurs. Les velours
blancs, jaunes, violets et rouges sont
très l)caux; les reliefs nacarat, par exem-
ple , imprimés sur fond d'or uni, sont d'un
effet très riche.
MvlYEN DE REMPLACER LES TAPIS.
On vient d'imaginer en Angleterre et
de mettre en pratique avec succès un
moyen économique et avantageux de .sup-
pléer aux tapis et au parquet des apparte-
ments. On colle tout simplement sur le
plancher un papier à dessins élégants, orné
de riches couleurs , et on en couvre la sur-
face de couches successives de vernis au
caoutchouc qui rend cette nouvelle espèce
de tapis unie et brillante com'ïie une glace,
et de plus impénétrable à l'eau. On peut
aussi substituer au papier peint le papier
cou vert d'une feuille d'or ou d'argent bruni,
et on obtient ainsi une surface à reflets
métalliques du plus bel effet. On nettoie
ce tapis en le lavant sans aucune précau-
tion, comme une table de marbre. Ceux
en couleur ne reviennent qu'à 37 centimes
le mètre carré ; ceux en argent ou en or,
valent 5 fr. et T fr. 50 c.
Î67
REPERTOIRE PROFESSIONNEL.
I. PROFESSIONS RURALES. — II. PROFESSIONS URBAINES.
DE LA CULTURE DU MELOIV EN PLEINE
TERRE, PAR M. SAGERBO:.
Dans les premiers jours de mai, suivant
la saison et les localités et par un beau
I temps, on tracera au cordeau les lignes
L'art des primeurs, poussé à Paris à un, écartées de quatre à six pieds; sur ces li-
haut degré de perfecticïn, et l'avantage pé
cuniaire qui en résulte pour les jardiniers
maraîchers, sont cause que la culture du
melon en pleine terre, quoique connue, est
peu pratiquée, et conséquemment peu per-
fectionnée; la méthode que je suis n'offre
Î)as, à cet égard, tout ce que l'art a pu
burnir d'améUorations, et je Ten ai déga-
gée à dessein pour mieux la populariser ;
mais elle est simple, facile et économique;
je l'ai appliquée également à toutes les va
gnes on pr?4iquera, à deux ou trois pieds de
distan-ce, des trous d'un bon fer de bêche de
largeur et de profondeur ; on les remplira
de bon fumier chaud, bie-n lassé, égalisé au
niveau du sol; on recouvrira le fumier de
six à huit pouces d'épaisseur de terreau ou
de terre très légère et bien ame-ndée; de
terre de bruyère même, en cas de besoin,
mais mêlée avec du fumier consommé ou
de bon terreau qui devra déborder ce fu-
mier, de telle sorte que cela présente une
riétés anciennes et nouvelles du melon que j butte circulaire et arrondie à sa surface, de
nous possédons aujourd'hui, et surtout aux l huit pouces de hauteur à sa sommité, et se
melons d'hiver ; elle me procure des fruits i terminant d'une manière insensible à sa
tardifs, à la vérité, mais qui n'en sont pas ! base., la quelle aura au moins dix-huit pou-
moins bons et dont je conserve quelques- ces de diamètre. Toutes ces dimensions de-
uns jusqu'en janvier. i vront être modiiiées suivant le climat, les
Je, conseille et préfère néanmoins, pour I localités, la vigueur des plantes et le fu-
être plus sûr du succès, le melon maraîcher, I mier dont on pourra disposer; dans les
le petit sucrin à demi blanc, verdàtre, le pe- 1 contrées chaudes et sèches, la surface des
tit ananas d'Amérique à chair verte, le can- trous ne devra que de très peu, ou même
taloup noir des carmes hatif, le petit canta- pas du tout, dépasser le niveau du sol.
loup iin hâtif, d'Angleterre, chair verte, et On préfère assez communément, pour
le muscade hâtif, chair verte-, et en melons j semer, les graines de deux ans, mais on
d'hiver, le melon de Perse et le melon de [peut sans inconvénient semer celles de
Malte. l'année précédente, ainsi que celles de cinq
Pour pratiquer cette culture avec avan- à six ans.
tage, on devra choisir un terrain plutôt sec I Yers les premiers jours de mai (cette
et chaud que froid et humide, exposé ou ' époque peut varier suivant les localités
même incliné au midi, aDrité du nord au- 1 d'environ trois semaines), on sèmera sur
tant que possibte et point ombragé ; la po- \ le sommet des buttes, soit une seule graine
sition le lon^ des murs exposés au midi
n'est désirable que dans les localités froi-
des et humides, les fruits pouvant y rece-
voir des coups de soleil, dont il sera bon
de les garantir par une légère poignée de
paille.
La terre devra être préparée d'avance
au milieu, soit deux ou trois graines à quel-
ques pouces de distance l'une de l'autre,
pour n'en laisser qu'une par la suite, soit
deux graines à environ six pouces et à de-
meure ; elles devront être enterrées à la
profondeur de six à douze lignes, suivant
la nature légère ou compacte du terrain ;
par un bon labour de bêche ou de houe, s'il est léger, on le comprimera doucement
être ameublie et amendée; il faudra au 'avec la main après le semis; si le temps
printemps lui donner une seconde façon;! est chaud et sec, on arrosera légèrement
ordinairement un léger binage suffit : la' le matin ou plutôt en plein midi,
purger des mauvaises herbes, l'unir avecj Lorsque les graines seront bien levées
la fourche ou le râteau, et immédiatement ! (s'il en manque on resèmera, et les graines
avant le semis cette dernière opération de- j pourront être trempées pour hâter leur
vra être répétée. 4evée), on sarcle soigneusement avec la
568
main, et si le terrain se salit on donne un
léger binage, mais sans approcher l'outil
des })lanies et même des bulles. Si à cette
époque on craignait quelques gelées blan-
ches, on {jouirait le soir couvrir les plan-
tes, soit avec des cloches, des pots renver-
sés ou même un peu de paille, et les décou-
vrir dès le matin ; il sera prudent d'avoir
par suite quelques melons semés en pois,
sur couche, ou du moins à une bonne expo-
sition, pour remplacer ceux qui auront
manqué, en choisissant pour cette opéra-
tion un temps pluvieux ou couvert, et les
mettant à l'abri du soleil pendant quelques
jours. Les sarclages à la main ne devront
{)as être négligés ; on pourra donner à tout
e terrain un autre binage, ayant attention
de ramasser légèrement la terre autour des
buttes , et quand les plantes commence-
ront à être assez fortes, il sera bon de les
pailler.
Lorsque, outre leurs feuilles séminales,
dites oreilles par les jardiniers, les jeunes
plantes auront développé quatre ou cinq
feuilles, il sera temps de les pincer ou étê-
ter; on devra préférer pour le faire un
temps chaud et humide ; cette opération
se pratique en pinçant avec l'ongle ou cou-
pant proprement avec un instrument tran-
chant la tige de l'arbre au-dessus de la
deuxième ou plutôt troisième feuille, et pas
trop près de l'œil. Ce retranchement a pour
but de hâter le développement des bour-
geons latéraux qui se mettront à fruits
beaucoup plus tôt que n'aurait fait la tige
principale ; il est bon que lors du pince-
ment on commence à apercevoir les rudi-
ments de ces bourgeons; on peut par suite
n'en laisser que deux opposés l'un à l'autre,
et qui formeront ce qu'on appelle les deux
bras ou rameaux secondaires, et qw'il fau-
dra par suite diriger suivant la place et
l'espace qu'on leur destine. Lorsqu'ils au-
ront acquis quelques pouces de longueur
et développé plusieurs feuilles, il se mani-
festera dans l'aisselle de ces feuilles de nou- j
veaux bourgeons ternaires ou du tVoisième
degré; il sera temps alors de pincer ou
d'arrêter l'extrémité des rameaux secon-!
daires pour hâter le développement de ces
nouveaux bourgeons que j'appelle ternai- |
res ; ordinairement ils montrent des Heurs
à fruit. j
Quelques espèces de melons fructifient '
plus diflicilcment; on repince alors, lors-
qu'ils ont acquis une certaine longueur,
ces rameaux ternaires, et il se développe
alors des rameaux quaternaires s-ur les-
quels se montre toujours du fruit. Il me
paraît que c'est ainsi que plusieurs jardi-j
niers hâtent le melon maraîcher; mais snî-
vant moi, il est rare qu'on soit obligé
d'en venir à ce dernier pincement.
Toutes ces opérations doivent être fai-
tes, autant que po.ssible, par un temps
chaud et humide, le soir même s'il y avait
lieu, et il faut les ménager sur les plantes
faibles.
Lorsque les fruits'sont bien noués, on
peut supprimer ceux qui sont superflus ni
les moins bien venants. Le nombre con-
servé, depuis un jusqu'à quatre au plus,
doit être proportionné à la vigueur des
plantes et au volume des melons, et on
peut arrêter alors les branches qui les por-
tent. Les jardiniers curieux de leur beso-
gne ont soin de retrancher les branches
inutiles et les gourmandes; j'avoue qu'à
cet égard je suis très sobre de retranche-
ments, sauf celui des branches malades, et
je ne m'en trouve pas mal.
Dans le com.mencement de leur crois-
sance, et dans la première saison, les plan-
tes doivent être arrosées légèrement dans
la matinée ou en plein midi ; ce n'est que
quand la chaleur est forte qu'on peut les
arroser le soir ; il faut éviter de mouiller
les feuilles quand il fait froid ; mais quand
il fait très chaud, un léger arrosement sur
les feuilles, même en plein midi, est très
préférable , et on peut aussi dans ce cas
mouiller tout le terrain. Lorsque les fruits
commencent à grossir , on leur ménage
moins l'eau, surtout en cas de chaleur et
de sécheresse ; les fruits doivent être pla-
cés avec précaution sur des tuileaux, pier-
res plates ou petites planches, pour les
isoler de la terre humide et les empêcher
de pourrir ou de prendre un goijt de fu-
mier. On peut se servir aussi d'ardoises ;
mais il est bom de savoir qu'elles contrac-
tent au soleil une très grande chaleur qui
peut nuire au fruit, et il est alors conve-
nable de le couvrir d'un peu de paille,
mais seulement pendant la grande chaleur
du soleil.
Lorsque les melons approchent de leur
maturité, il ne faut pas les laisser man-
quer d'eau, parce que le soleil les cuirait,
les ferait fermenter ; et cependant il faut
la leur ménager, parce qu on les expose-
rait à crever et a perdre de leur saveur.
Leur maturité est ordinairement annoncée
par un changement de couleur (on dit
alors qu'ils sont frappés), par la queue
cernée , la flexibilité sous le doigt de la
partie opposée à la queue, et par le par-
fum qu ils développent ; ce dernier indice
est un des plus sûrs ; on peut alors les re-
cueillir. On peut les laisser sur les couches
quand il ne pleut pas, qu'il ne fait pas
chaud , et qu'ils ne sont pas assez mûrs ;
mais, en général, on préfère les mettre au
frais sur la paille. En les cueillant bien
mûrs, et c'est mon habitude, ils ont plus
de saveur ; en les cueillant un peu avant
leur maturité, ils ont une saveur plus
fine et ils se conservent mieux.
Lorsqu'il est tard en saison , que les
fruits ne sont pas mûrs, que le temps est
pluvieux et humide, on peut cueillir les
fruits et les mettre sur la paille dans un
endroit sec et chaud ; je préfère, tant qu'il
ne gèle pas , les laisser sur place en les
exhaussant de terre sur une planch'C, et
en les couvrant d'une cloche à laquelle il
faut donner de l'air pendant l'ardeur du
soleil.
Pour les melons d'hiver, il est une autre
conduite à tenir ; la plupart d'entre eux su-
bissent dansl'étéun genre de maturité qui
leur est particulier -, les plantes se dessè-
chent, la queue se fane, le fruit change de
couleur ; mais il n'est pas pour cela temps
de le manger ; on peut, suivant les circon-
stances, ou le laisser sur place, ou le met-
tre à l'abri si le temps est trop pluvieux et
le soleil trop chaud; il faut, dans ce der-
nier cas, le placer dans un endroit sec et
aéré tant qu'il ne gèle pas, puis dans un
endroit chaud et sec pendant l'hiver : j'en
ai conservé jusqu'au orintemps.
La maturité complète se manifeste alors
par un nouveau changement de couleur,
par leur mollesse et par le parfum qu'ils
exhalent; ce parfum n est cependant sensi-
sible que lorsqu'ils sont exposés à une
douce température.
NOUaRlTURE ÉCONOMIQUE DES V^AUX
PAR LA DÉCOCTION DE CAROTTE AIDEE
DE LA BOUILLIE DE FÉCULE.
Lorsque nos jeunes veaux ont dix jours,
je fais râper des carottes et je les faisbouil-
hr dans l'eau afin d'obtenir une purée
claire , que je fais passer ; cette purée est
portée sur le feu et on ajoute , lorsqu'elle
est sur le point de bouillir, deux cuillerées
de fécule de pommes de terre par litre de dé-
coction; on laisse un peu sur le feu; puis pen-
dant huit jours , on coupe cette décoction
avec un quart de lait. Après ce temps on
augmente, selon les forces et l'appétit du
veau, la quantité et la force de la décoction,
et on finit par lui donner la pulpe avec le
décoctum, en rendant cette substance plus
nutritive par une nouvelle addition de fé-
cule; si le veau perd de son appétit, on place
près de lui des pierres de sel qu'il lèche de
269
temps à autre, ce qui stimule son estomac.
J'ai varié la composition de cette nourri-
ture, en prenant des betteraves, des tup-
neps et une décoction de foin , et je m'en
suis toujours bien trouvé. Je dois encore
ajouter, pour l'instruction de ceux qui veu-
lent faire de l'économie rurale, une res-
source profitable : qu'il faut surveiller avec
persévérance l'exécution des ordres qu'on
donne aux gens de la ferme, car ils sont
si disposés à ne pas suivre vos idées, (|ue
de la moindre négligence dans leui surveil
lance résultent des portes énormes oni
éloignent les gens bien intentionnés des
travaux si utiles et si paisibles de l'agri-
culture.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que je règle
les repas de mes veaux .selon leur âge et
force.
REMONTAGE DES RIVIÈRES.
NOUVEAU PROCÉDÉ.
Rien ne serait plus facile et moins coû-
teux que la navigation de la plupart de
nos fleuves et de nos rivières, si ce n'était
ce que coûte le retour des équipages indis-
pensables à cette navigation, et la dépré-
ciation qu'éprouvent les bateaux et les
gros agrès à la vente forcée qu'on est
obligé d'en faire dans les régions infé-
rieures des rivières.
Sur les rivières les plus favorisées, celles
où le remontage se fait au moyen de boeufs
ou de chevaux, le haut prix de cette ma-
nœuvre est encore un obstacle à la navi-
gation et au transport des marchandises.
Sur le plus grand nombre, sur la Loire,
par exemple, on attend un vent favorable
pour effectuer la remonte, et l'on s'estime
heureux si un délai de six mois conduit au
terme du voyage. Pendant cette longue
période les cordes et les toiles se pourris-
sent, et des hommes restent inoccupés. La
navigation ascendante sur ce fleuveestdonc
à peu près impraticable, et c'est pour re-
médier à ce grave inconvénient qu'on a
dépensé depuis quelques années tant de
millions à la construction de canaux laté-
raux.
M. le comte de C..., un de nos abonnés,
qui déjà par ses travaux agricoles et indus-
triels a rendu de grands services à son
pays, frapfié de ces inconvénients, vient
d'imaginer n'employer la vapeur d'une fa-
çon tout-à-fait nouvelle à la remorque des
bateaux qui remonteraient nos rivières.
Comme dans les trois quarts de l'année la
profondeur de ces rivières n'est pas asse^
270
considérable pour permettre de donner au
bateau à vapeur une force de plus de 1 0 à
12 chevaux, et que celte force n'est guère
suffisante que pour sa remonte particu-
lière et celle de son approvisionnement de
charbon et de son équipage, M. le comte
de C... ne fait rieo traîner à son bateau
remorqueur pendant sa marche 5 mais au
bout d'une certaine course, un quart de
lieue par exemple, le bateau est amarré
instantanément au moyen d'ancrage et
d'arcs-boutants, et la force entière de la
machine est alo-rs appliquée à remonter des
bateaux vides au moyen de câbles qui leur
étaient attachés et qui pondant la marche
du navire locomoteur se sont déroulés sur
des cylindres placés à cet effet sur l'ar-
rière du bateau.
Ce système permettra d'appliquer à la
remorque des bateaux de petits navires de
grandeur moyenne, tirant peu d'eau, de
formes allongées et disposés de manière à
surmonter facilement le couran;, des ri-
vières sur lesquelles on se propose de les
utiliser.
La remonte sera aussi prompte au
moins de celte manière qu'avec des che-
vaux et des bœufs, et la dépense sera moins
considérable.
Des précautions ont été prises pour qup
les obstacles qui pourraient entraver la
marche des bateaux remorqués soient à
l'instant indiqués au remorqueur.
Tel es-t en abrégé le système pour le-
quel M. le comte C... h. pris un brevet
d'invention. Il céderait tout ou partie du
privilège, cl prendrait intérêt dans les as-
sociations qui se formeraient, pour une
partie de son droit de cession. — S'adres-
ser franc de port à M. Cotelle, notaire à
Paris, rue Saint-Denis, n. 374. —A M. Ca-
soli, notaire à Lyon, près la place des Ter-
reaux, et à M. Saulnier, à Moulins (Al-
lier).
ORDONNANCE SUR L'IMPORTATION DES
VOITURES LOCOMOTIVES.
Cette ordonnance, du 4 novembre, per-
met l'introduction dans les colonies fran-
çaises de voitures locomotives étrangères
propres au transport des récoltes et au
service intérieur des sucreries. Certes,
sa lecture n'aura pas surpris d'une ma-
nière fort agréable nos mécaniciens de
Paris , d'Arras , de Nantes et de Rouen.
Nous-mêmes nous sommes portés à croire
que la religion de notre jeune et habile
ministre des finances aura* été surprise, et
qu'on l'aura trompé sur l'état actuel de nos
constructions de machines. Assurément, et
depuis longtemps nous le reconnaissons ,
nos colonies , pour soutenir la concurrence
avec nos sucreries indigènes, ont besoin
de marcher en avant et de perfectionner
les Jippareils qu'elles emploient ; mais est-ce
à dire que les machines nouvelles ne peu-
vent pas être L'Onstruiles dans la mère-pa-
trie, et qu'il faut, pour arriver à les possé-
der, invoquer le secours de l'étranger?
C'est ce que nous ne pouvons admettre, sur-
tout quand il s'agit de machines mobiles.
Leur construction en France est très bien
connue ; ainsi à Nîmes on en voit une tra-
vailler constamment depuis deux ans à des
travaux d'épuisement, et dans cefmoment
on peut voir au secrétariat de la société
d'encouragement des modèles au sixième
de pareilles machines qui ont reçu la sanc-
tion des Xavier, des Séguier et 'de la plu-
part des hommes scientifiques et pratiques
de la France. Bientôt mêni-e elles doivent
donner lieu à une exploitation sur une fort
grande échelle, et déjà les bases d'une so-
ciété sont à cet effet arrêtées entre les
parties intéressées. Les machines mobiles,
nous le répétons, ne sont donc point au
nombre de ces machines inconnues dont
parle M. le ministre et que n>3us devons
importer de l'étranger. La métropole est
en Mesure de satisfaire à tous les nouveaux
besoins des colons. Aussi M. le ministre, à
la rigueur, pourrait proposer dès ee jour
au roi les mesures nécessaires qu'il pro-
met de prendre pour concilier les facilités
dont les colonies ont besoin avec les mé-
nagements dus aux industriels de la mé-
tropole; ce sont ces mesures que nous
croyons devoir nous permettre de réclamer
de son impartialité au nom des mécanicienjs
français , car son ordonnance sur l'jmpor-
tatio'n des voitures locomotives venant des
États-Unis , dans les coloiïies de la Marti-
nique et de la Guadeloupe, est dès ce mo-
ment nuisible, nous laflirmons , aux in-
térêts des mécaniciens nos compatriotes
PHARES MÉTALLIQUES.
Plus les relations commerciales d'un
pays s'étendent et plus sa marine militaire
doit être forte, nombreuse et respectable
pour pouvoir offrir aide et protection aux
vaisseaux marchands qui vont, comme au-
tant de courtiers , présenter et demander
des cargaisons aux parages les plus éloi-
gnés. Souvent quelques personnes ont im-
prudemment fait l'observation qu'il était
inutile de tenir à si grands frais de nom-
breux vaisseaux sous voiles au profit d'à-
venturiers, qui seuls devaient subir les |
conséquences de leurs courses hasardeuses, i
Il l'aut avoir bien peu rciléchi aux mesures ;
exigées par un bon systènir^ dV'cononiicj
politique pour soutenir une pareille tbèsc; j
si l'Espagne et le Portugal jadis l'eussent
suivi, jamais l'Amérique ne leur eût oliert
ses richesses, et si rAnglelerrc, dont per-
sonne ne contestera l'hahiielé commerciale,
ne maintenait pas sur mer une marine mi-
litaire assez nombreuse, jamais elle ne pour-
rait arriver à l'aire respecter d'un pôle à
l'autre les milliers de vaisseaux que ses né-
gociants envoient constamment à la re-
cherche de nouveaux débouchés. Cette
considératio;:^, étant toute-puissante en An-
gleterre, ne nous paraît pas devoir rester
sans force chez nous; car à la France aussi,
à la France devenue pacifique et commer-
ciale, il faut de nombreux vaisseaux de
transport pour aller offrir sur les marchés
étrangers au-delà des mers ses objets d'é-
change, et en même temps \\ faut que sa
marine militaire, destinée à protéger ces
transports, soit d'autant plus puissante que
ses navires de commerce sont moins grou-
pés sur de mOmes points et ne peuvent
ainsi se prêter une force mutuelle. Cepen-
dant il ne suffit pas de les proléger en
pleine mer ou dans les ports étrangers ces
vaissc'aux de commerce; c'est à leur retour
qu'il faut encore les défendre, non est-il vrai
contre les corsaires ou les exactions des
douanes étrangères , mais contre les dan-
gers dont les menacent nos écueils et nos
falaises qui, trop souvent, après un long
voyage, les font échouer au port. L'An-
gkverre , placée à cet égard dans des .cir-
constances encore p!vs critiques que nous,
a besoin pour éloigner les dangers qui me-
nacent ses vaisseaux au retour de prendre
des mesures de précaution, coûtant quel-
quefois des sommes énormes. Au nombre
de ces micsures de prudence on range sur-
tout les phares, obélisques, couronnés de
feux continuellement allumés pendant les
nuits, et paraissant au nautonier comme
autant de sentinelles avancées, ou du
moins comme autant de flambeaux pro-
tecteurs, toujours prêts à leur montrer la
bonne route ; c'est à la rentrée leur étoile
de bonheur! Que-lquefois ces phares on,t
de rudes combats à soutenir contre les flots
qui les culbutent, et forcentain si les navi-
res à faire fausse route et à venir avec eux
se briser sur les rochers dont ils vojalaient
s'éloigner. C'est aJin d'éviter ces fâcheux
accidents que le savant ingénieur anglais
Stephenson proposa à son gouvernement
'i' élever un phare métallique à l'endroit
271
le plus exposé aux coups de vent de l'At-
lantique, sur le point placé à l'extrémité
d'une langue de terre et appelé Wolf-Rock.
Assurément dans tout autre pays ce pian ,
qui aurait demandé plus de trois m.iilions
pour être exécuté, aurait été salué d'un
houra universel, et son auteur aurait été
jugé digne de Bediam ou de Charenton ;
mais plus sages les Anglais se sont conten-
tés de l'ajourner, par la seule raison qu'il
aurait fallu probablement aurnze années
pour le terminer.
Cette fin de non-recevoir ne dut pas
éloign-er entièrement les constructeurs de
cette idée-mère-, aussi dernièrement M.
Brown a proposé dans le même pays d'en-
treprendre d'c-lever en quatre mois, pour
1,500 liv. sterl. ou 375,000 francs seule-
ment, un phare en bronze de 90 pieds de
hauteur sur 14 de diamètre et 4 de fon-
dation, qui présentera la même solidité et
remplira les mêmes conditions qu'un phare
en maçonnerie de 134 pieds.
Partout généralement, on le sait, les
pharé's sont en maçonnerie composée de
grandes pierres de taille liées entre elles
par des étriers en fer pour donner i)las de
force à leur ensemble. Celui d'Eddystone-
Rock, élevé par le célèbre Smeaton, près
Plymouîh, à 24 pieds de diamètre à sa
base et 90 pieds de hauteur, dont 72 sont
on maçonnerie très solidement construite;
celui bâti par M. Stephenson sur Bell-
Rock, près Arbroath, a 40 pieds de dia-
mètre à sa base sur 110 pieds de hauteur,
dont 102 en forte maçonnerie.
Ces phares en pierre ont les graves in-
convénients d'avoir d'autant moins desoli-
ditéqueleursjointuressontplusmultipliées,
et d'offrir en outre une énorme surface à
l'action des vents et des vagues. A l'égard
des inconvénients présentés par les surfa-
ces, M. Brown a eu l'occasion de faire de
curieuses expériences qui constatent qu'un
cylindre d'un pied de hauteur et d'un pied
de diamètre peut recevoir des vagnfj un
choc de 80 livres que la violence des vents
peut augmenter d'une autre pression de
40 livres. Or, le phare que M. Stephen-
son proposait d'élever sur Wolf-Rock au-
rait eu à supporter, de la part des vents
et des vagues, pi?i- suite de l'étendue de sa
surface, un choc égal au poids de cent ton-
neaux, tandis que M. Bro^Yn calcule que
sa colonne de 90 pieds de hauteur en
bronze n'aurait à résister qu'à une pres-
sion seulement de 6 tonneaux et demi. Il
derail curieux et il pourrait devenir utile
deyérifier l'exactitude de ces calculs; aussi
voilà pourquoi, nous en livrons les résul-
272
tats à l'examen et du public et de mes-
sieurs les ingénieurs.
rUlTS DE SAUVETAGE.
"L'accident affreux arrivé au puits de
Champvert à La on a fait naître au doc-
leur Grépinet, âe Rocbelbrt, Tidée d'un
nouveau mode dt' soutènement des lerresap-
pli(iué au creusement des puits destines, soit
à trouver les sources, soit à faire le service
des mines. Pour cela, il a imaginé d'en-
foncer dan- le trou, au fur et à mesure
qu'il est creuse, une ar^iaiure octogone
cr i'^r, soutenue solidement à la surfaœ du
so.et composée de barres ou montanls à rai-
nures longitudinales sur deux de leurs faces
parallèles, età doubles mortaises à chacune
de leurs extrémités, de n^anièrc que de
deux pieds en deux pieds Ton puisse main-
tenir l'écart des montants par des croisil-
lons entrant dans les mortais'^^ verticales
à Taxe du puits et que l'on pui;:re en outre
ajouter à chaque montant un autre mon-
tant qui s'articule dans la mortaise supé-
rieure au moyen d'une cheville. De plus,
afin d'empêcher les éboulements sablon-
neux, on j^lissc dans les rainures des pan-
neaux ou plaques det(Me d'une ligne-, puis
au centre du puits règne un axe contre
lequel s'appuie lune des extrémités de
chacun des croisillons. Cet axe, étant armé
de barreaux d'échelle à perroquet, présente
toujours aux ouvriers un moyen de sauve-
tage. Certes, chacup doit rendre justice à
la pensée jjbilanthropique de ce médecin,
mais son appareil , tout en pouvant fort bien
être adopté par les hommes d'art, ne le
sera pas sans au moins subir d'assez gran-
des modifications. Cependant il serait im-
portant que messieurs les ingénieurs pris-
sent la détermination d'oliliger, dans leurs
propres intérêts, les creuseurs de puits à
bien boiser leurs défoncements, et cela
d'une toute autre manière ([uc celle actuel-
lement adoptée; car le système de boisage
que Ton suit n'est, on ne peut le nier,
réellement bon qu'autant qu'il n'arrive pas
d'accident ; mais survient-il un éboul.ement,
les croisillons perdent leurs points d'appui
et deviennent, en croulant les uns sur les
autres, une cause de mort supplémentaire
pour les pauvres ouvriers. Ainsi, soit que
bon appli(|ue l'appareil Grépinet en le fai-
sant en bois, soit qu'il donne lieu à un
tout autre appareil, il est urgent que l'ad-
ministration ordonne l'usage d'un système
de boisage assez bien combiné pour per-
mettre à quatre hommes de travailler au
fonds du puits, d'y remonter et d'y des-
cendre à chaaue instant par une échelle
indépendante ue tout accident, assez her-
métiquement cuvé pour ne pas donner
lieu au suintement des sables, et assez soli-
dement croisillonné et boisé pour qu'il ne
puisse y avoir ni éboulem.ent ni déboisage
par l'abandon du point d'appui en cas d'ac-
cident. Lors même que liclée du puits de
sauvetage n'aurait donné lieu (ju'à cette
mesure administrative de prudence, l'hu-
manité devrait savoir gré au docteur Gré-
pinet d'avoir eu le courage de montrer la
route à un corps administratif dont l'acti-
vité peut-être ne répond pas toujours suf-
fisamment à la science.
PLOÎVCEURS A CASQUE.
Dernièrement , les journaux d'Anvers
nous ont appris que l'on a vu dans cette
ville plusieurs Anglais plonger dans le
fleuve, en ayant la tête hermétiquement
emboîtée et renfermée dans un casque en
verre , surmonté d'un tube fl(i,\ible qui
communique jusque dans une barque ou
sur le rivage, afin d'injecter, au moyen
d'une petite pompe foulante, de l'air sans
cesse nouveau dans l'intérieur du casque,
de sorte que le plongeur puisse toujours
respirer de l'air pur. On a remarqué l'un
de ces hommes se tenir plus d'une heure
sous l'eau, et communiquer aisément, au
moyen du tube à air, avec ses compagnons
restés à la surface de l'eau. Déjà l'on a in-
venté une foule de procédés plus ingénieux
les uns que les autres pour pénétrer au
fond des rivières. En France, nous ne som-
mes pas restés sans travailler à cette dé-
couverte, et les appareils de M. Cartéra,
qui datent de plusieurs années avant les
expériences du bateau plongeur de Fulton,
m.éritcnt assurément d'êti'O distingués ;
néanmoins, aucun de tous ces appareils
n'avait présenté des résultats aussi positifs
que celui employé par les plongeurs an-
glais ; il est simple, présente beaucoup d'a-
nalogie avec le casciue Robert, inventé pour
garantir les paupières dans les incendies,
et pourrait fort bien, si l'avenir n'y fait
])as reconnaître de graves inconvénients,
être destiné à un usage habituel.
PIANOS A COQUILLES.
Le bon service des pianos à chevilles à
lévière, inventés en France par M. Clues-
mann , a si bien été senti par les Anglais
qu'un facteur de Londres, M. Schwieso,
s'est empressé de les imiter; mais nous som-
mes plus lents à faire nos emprunts à nos
voisins d'outre-mer. On dirait que nous te-
nons à sérieux de rejeter sur eux une par- ,
tie des dédains que les Italiens prodiguent
à nos oreilles anti-nationnales; pourtant
un autre l'acteur de Londres, ?.l. Woll', a
imaginé un intérieur de piano dont peut-
être on pourrait tirer ])arli en l'rance. i
Comme Tinventeur, quel qu'il soit , delà
lyre Apollon ou Mercure , il a pris la cara-
pace des tortues pour modèle , puis il a
garni le fonds de ses pianos d'une grande
coquille au-dessus de laquelle il a tendu
ses cordes , de sorte que les sons n'étant
plus perdus dans les angles de la caisse de
l'instrument, leur intensité est beaucoup
plus grande puisqu'ils sont vivement re-
pousses au dehors par les parois curvili-
gnes du nouvel appareil , qui par suite de sa
simplicité peut du reste être appliqué à
tous les anciens pianos.
PRODUCTION MANUFACTURIÈRE DE
GLASGOW.
L'on compte actuellement à Glasgow et
dans ses faubourgs 310 machines à va-
peurs savoir : 176 employées dans les ma-
nufactures, 59 aux mines de charbon, 7
aux carrières de pierre , et 68 au service
des paquebots, le tout formant un pouvoir
total de la force de 6406 chevaux. Cette
augmentation des machines à vapeur à
Glasgow a eu lieu en proportion du déve-
loppement de son industrie; celle du tissage
surtout s'y fait le plus remarquer ; elle y est
même prodigieuse. Ainsi nous y connais-
sons quatre maisons qui à elles seules oc-
cupent 3,040 métiers à tisser, fabricant
chacun 14 gards ou 13 mètres d'étoffe par
jour, et comme les jours de travail sont de
300, il en résulte que ces quatre fabriques
jettent annuellement dans le commerce
10,101,000 gards ou 9,239,000 mètres,
dont la valeur est de 189,393 livres, ou de
4,734,825 francs. Quant à la répartition
générale des métiers, on en comptait dans
la Cité 15,127 marchant par la vapeur et
18,537 a main, plus 13,463 divers dans le
reste de la ville. Cette fabrication des ar-
ticles en coton, introduite à Glasgow vers
l'année 1725 , a pris un tel développe-
ment q}ie la filature du coton travaillé
en Ecosse semble y être concentrée; car
d'après l'assertion devant le parlement du
commissionnaire Léonard Hower, sur les
1 34 métiers à fder le colon qui existent en
Ecosse, il y en a 100 d'établis dans la seule
ville de Glasgow et 23 dans ses environs,
à une distance de 25 milles de ravon.
^7Z
FABRICATION DU FER EN ECOSSE.
Au mois de juin 1836 l'Ecosse possédait
35 fourneaux, qui dans le courant de ce
mois ont produit 92,000 tonnes ou
12,457,000 kilog. de fer. Le plus ancien
de ces fourneaux est celui de Carron Com-
pagny, établi en 1767, et le plus nouveau
est celui de Dundyvau, construit en 1834.
Plusieurs de ces fourneaux restent dans
un état stationnairc; mais on en compte
huit ([ui sont dans un état de progrès ad-
mirable; ils sont répartis: deux à Gar-
tsherris, un à Calder, un à Monklahd, deux
à Somerlic et deux à Govan. Ces huit four-
neaux fabriqueront 20,000 tonnes de fer
par année. Du reste, tous ces fourneaux
sont dans les environs de Glasgow ; néan-
moins on doit en excepter cinq qui pour-
tant n'en sont pas éloignés à plus de trente
milles.
CHAUFFAGE DE FOURS A LA HOUILLE.
Dernièrement des ingénieurs des mines,
hommes fort habiles , répondaient , à pro-
pos d'un nouveau boisage qu'on leur indi-
quait , qu'il ne leur serait pas difficile d'en
imaginer un autre, mais qu'il n'en serait
pas de même pour le faire adopter. On
pourrait en dire tout autant des fours
chauffés à la houille ; car plusieurs essais
ont été faits et quelques-uns ont même
donné de bons résultats. Néanmoins , tous
obligeant à une construction de fours par-
trculière, ils furent mis de côté; mais
depuis quelques jours on publie que, d'a-
près les expériences faites dernièrement à
Toulon dans l'arsenal de la marine , on est
arrivé , en modifiant légèrement la forme
des fours en maçonnerie actuellement en
usage, à cuire, avec de la houille, du pain
aussibien, aussi bon, plus économiquement
et dans moins de temps que dans les fours
ordinaires chauffés au bois, et cela surtout
sans laisser au pain d'odeur désagréable.
Cet appareil est d'autant plus intéressant
pour la marine militaire qu'il réduit des
cinq sixièmes l'espace énorme occupé à
bord par le bois de chauffage. ]\laintenant
il nous reste à savoir quelles sont les mo-
difications que 1\IM. les ingénieurs de la
marine ont adoptées. Dès qu'elles nous se-
ront parvenues nous les ferons connaître,
alin de concourir de tout notre pouvoir à
propager un procédé dont l'usage ne peut
que devenir fort avantageux au bien-être
de toutes les classes de la société.
274
VOITURE MANUMOTIVE.
Quelques journaux ont dit, d'après les
feuilles de Dublin, qu'un M. Nicholson, de
la ville d'Enniscorthy, avait inventé une
voiture qui marchait à bras d'hommes. Nous
attendions avant d'en parler des renseigne-
ments plus positifs ; car dans la description
qui nous est parvenue, nous n'avons pu y
voir autre chose que l'une de ces voitures
appelées draisiennes ou vélocipèdes, qui
servent aux Champs-Elysées à amuser
les enfants ; d'abord, on s'en souvient,
l'annoncMî de ces mêmes voitures piqua
la curiosité des Parisiens; leur vue at-
tira leurs sarcasmes; puis ils se réconciliè-
rent a\ ec elles, et bientôt en firent un joujou
qu'ils transmirent aux Anglais; alors elles
lirent fureur à Londres, et partout on ren-
contrait force dandys allant en voiture
aussi vite qu'un homme se promenant, et
encore en se donnant bien du mal. Plus
tard les mécaniciens anglais améliorèrent
cette invention; néanmoins, celle de ces
voitures la plus perfectionnée n'a pu, étant
montée par six iiommes travaillant chacun
de toutes leurs forces, que parcourir les
rues de Londres en faisant de quatre à six
milles à l'heure ; aussi nous dirons avec un
savant mécanicien anglais, M. Baddeley,
que puisqu'il est indispensable d'avoir de
bons In-as et de bonnes jambes pour se
SL'rvir de ces voitures, il faut, en attendant
qu'on nous offre mieux, nous transporter
naturellement à pied partout où bon nous
semble.
ÉTOFFES DE VERRE.
Ce n'est point une nouveauté en France
de voir liler le verre , mais c'est un art qu'en
Hollande et en Italie on est arrivé à porter
au plus haut degré. Ainsi, dans ce moment,
l'on voitàVeuiseM.Olivi perfcctionnercette
industrie au point de tisser les fils qu'il a
étirés. Les étoffes obtenues par cet artiste
sont di' la plus grande souple.s.se et sont
remar(iual)U's surtout par la beauté et l'é-
clat des couleurs qui relèvent leurs dessins.
FILATURE DU LIN EN POLOGNE.
Parmi plusieurs nouvelles branches d'in-
îustrie cultivées depuis peu en Pologne,
le filage du lin, au moyen de machines, pa-
raît mériter un intérêt d'autant plus parti-
culier que le pays produit une très grande
quantité de lin, vendu jusqu'à présent à
l'étranger, pour être racheté ensuite ma-
nufacturé. La Pologne payait ainsi à ses
voisins un tribut dontson'industrie aurait
dû l'affranchir depuis longtemps.
Dans ce pays, où l'agriculture occupe la
presque totalité de la population, l'indus-
trie manquait jusqu'ici d'ouvriers. L'éta-
blissement de fabriques (|ui travaillent au
moyen des machines en devient d'autant
plus précieux pour la Pologne, qui peut
même se prévaloir des avantages qu'of-
frent les progrès des sciences mécaniques ,
sans redouter les inconvénients dont ils
sont d'ordinaire accompagnés ; nous n'y
voyons pas de pauvres ouvriers privés des
moyens d'existence par l'introduction de
ces procédés perfectionnés.
La première manufacture de ce genre
en Pologne, dirigée par M. Charles Scholtz
et compagnie, a été fondée par une société
d'actionnaires, sous les auspices et avec le
secours du gouvernement. Les machines
même dont elle avait besoin ont été confec-
tionnées dans les ateliers impériaux. La
banque polonaise a également pris une
part active au succès de cette entreprise.
Cette fabrique est située dans les terres
du comte Henri Lubienski ; quoiqu'elle ne
soit pas encore pourvue de toutes les ma-
chines qui lui sont destinées, elle est déjà
en état de fournir 150 pièces de toile par
semaine, et les habitations des SOQouvriers
qu'elle occupe commencent à former une
petite ville.
On y a adopté le procédé proposé par
M. Girard en i81J2, lorsque le gouverne-
ment français avait promis un million de
francs pour l'invention d'une filature de
lin. Ce procédé, que bientôt on suivit en
Allemagne et en Angleterre, a été introduit
en Pologne par l'inventeur lui-même, ap-
pelé dès 1825 par le gouvernement à la
place de premier ingénieur des mines du
royaume.
Afin de reconnaître par un témoignage
public les services que 1\L Girard a ren-
dus à l'industrie, les propriétaires de la fa-
brique ont donné à leur ville naissante le
nom de Girardow. (Gaz. du Corn.)
275
REPKIÎTOIRE DE LA COIN Y ERS ATI ON.
DES BALLONS, DU VOL PAR MACHINES, ET
DE LA NAVIGATION AÉRIENNE.
La curiosité générale, toujours si forte-
ment excitée par les phénomènes qui se
passent dans l'atmosphère, n'a pas manqué
a'alim.ents depuis quelques jours. Le bal-
lon de MM,Green,Massonet Holland d'une
part, les étoiles filantes de l'autre sont ve-
nus à la fois et bien à propos succéder à
l'érection du Louqsor et repaître à leur tour
la vague curiosité des oisifs, menacée de
mâcher à vide sans ce double événement.
L'homme pourra-t-il jamais voler, c'est-
à-dire pourra-t-il jamais, à l'aide d'organes
postiches, d'ailes en un mot, quitter cette
terre couverte des monuments de sa puis-
sance et se diriger dans les airs? Ce maître
de la terre et des eaux, lui qui mesure et
pèse le soleil et les planètes, participera-
t-il jamais, à force d'art et de génie, de la
nature des messagers de Dieu? Faut -il
croire entin, comme l'a prédit l'évêque WiN
kins, que le jour n'est pas éloigné où l'on
entendra un homme demander ses ailes à
son valet-de-charabre, comme aujourd'hui
il demande ses bottes? Ce problème paraît
avoir beaucoup occupé nos ancêtres ; quel-
ques essais auraient même été tentés. Sans
parler d'animaux volants, du pigeonde bois
d'Archytas de Tarente, de celui du jésuite
Kircher, de la mouche et de l'aigle du cé-
lèbre Regiomontanus, mouche en fer qui,
dit-on, vola sur plusieurs personnes de Nu-
remberg; aigle qui, à ce que Ton assure,
après être allé au-devant de l'empereur
Charles-Quint, à une distance assez consi-
dérable de cette ville, y ramena ce prince,
on aurait prétendu qu'un certain baron de
Bagge aurait volé depuis sa maison, quai
des Théatins, jusqu'au milieu de la Seine.
Lalande, qui rapporte ce fait, assez peu
concluant, en nie d'ailleurs l'authenticité.
Bien mieux, lui et Coulomb ont porté l'in-
crédulité jusqu'à démontrer Timpossibi-
lité du vol par machine. Plus récemment,
M. IS'avier, dont les sciences déplorent la
perle, a eu l'occasion de soumettre de
nouvenu cpUp question au calcul, à pro-
pos d'un mémoire de M. Chabrier, sur les
moyens de voyager dans l'air et de s'y di-
1 riger. Comparant respectivement la quan-
I tité d'action dépensée par l'oiseau et celle
I dont l'homme serait capable, avec les ré-
sistances que l'un et l'autre éprouveraient
pour se maintenir et se mouvoir dans l'air,
; il est parvenu aux résultats suivants :
! La quantité d'action dépensée par un
oiseau proportionné comme l'est une hi-
rondelle, pour résister simplement à l'ac-
; tion de la gravité, sans s'élever ni s'abais-
, ser, est au moins égale pendant la durée
de chaque seconde, à celle qui serait né-
j cessaire pour élever le poids de son corps
, à 8 mètres de hauteur.
j Lorsque l'oiseau se meut horizontale-
ment avec une grande vitesse, par exem-
ple celle de 15 mètres par seconde, que
prennent souvent les oiseaux voyageurs
pour exécuter leur migration annuelle, la
quantité d'action que l'oiseau dépense en
s'élevant devient alors à peu près égale à
celle qui serait nécessaire pour élever son
propre poids à 390 mètres de hauteur.
Ainsi , l'effort que fait l'oiseau pour se
soutenir dans l'air est fort petit compara-
tivement à l'effort qu'il exerce dans le vol ,
et il lui en coûte peut-être moins de fati-
gue pour se soutenir simplement dans
I air, eu égard à la fatigue qu'il est capa-
ble de supporter, qu'il n'en coûte à l'homme
pour se soutenir debout sur les jambes,
11 est aisé maintenant de comparer la
quantité d'action que l'homme est capable
de produire avec celle qu'exige le vol.
On sait, en effet, qu'un homme, tra-
vaillant à une manivelle pendant 8 heures
par jour, est regardé comme produisant ,
terme moyen , une quantité d'action ca-
pable d'élever, dans chaque seconde , un
poids de 6 kil. à 1 mètre de hauteur.
Comme le poids moyen de l'homme est de
70 kil., on voit qu'il pourrait tout au
plus élever, dans le même temps, son
propre poids à une hauteur de 6/70 ou 86
millimètres de hauteur. Toutes propor-
tions gardées , ce n'est pas la 92 partie de
la quantité d'action que l'oiseau dépense
pour se soutenir en l'air.
Mais , diront ceux qui croient à la puis-
sance indéfinie des machines, n'y a-t-il point
quelques combinaisons de leviers pour dé-
576
cupler, centupler au besoin cette puis-
sance? D'abord , les machines ne créent
jamais de la force ; bien au contraire , et
il faut le répéter sans cesse , toutes en dis-
sipent une fraction plus ou moins grande en
frottements , en chocs, etc. Mais voulez-
vous supposer quelque mystérieux système
qui permette à l'homme de dépenser, en
un espace de temps très court , toute la
quantité d'action qui est le produit d'un
travail de huit heures ? Il résulte des don-
nées ci-dessus que cette quantité d'action
équivaudra à G kil. multi{>liés par le nom-
bre de secondes contenues dans 8 heures ;
tout cela équivaudra , disons-nous , à l'é-
lévation de 172,800 kil. à 1 mètre ; de
sorte que, comme pour se soutenir en l'air
il devra , de même que l'oiseau , dépenser
une quantité d'action capable d'élever son
poids ou 70 kil. à 8 mètres de hauteur, on
trouvera la durée pendant laquelle l'hom-
me planerait en divisant 172,800 par
8 X 70 , cette durée serait de 308 secon-
des ou 5 minutes environ. Or, l'expé-
rience journalière apprend assez qu'il est
impossible à l'homme, aussi bien qu'aux
autres animaux , de produire en 5 minu-
tes toute la quantité de travail qu'ils pro-
duisent en 8 heures ; il est donc évident
qu'un homme , à l'aide d'ailes factices ,
que l'homme , qu'on me passe le terme ,
.simplement déguisé en oiseau , ne pour-
rait chaque jour se soutenir dans l'air
que pendant un intervalle de temps beau-
coup plus court, et qui serait vraisembla-
blement fort au-dessous d'une minute.
Ce n'est point en chauffant un jupon,
comme on le prétend, que Joseph Mont-
goKier inventa les aérostats; mais bien
après avoir longtemps et assidûment mé-
dité sur le moyen de pénétrer dans les
places fortes en s'élcvant dans l'air. Les
travaux de Prieslley , de Cavendish et d'au-
tres célèbres contemporains , avaient fait
3onnaître les propriétés de nouveaux gaz,
dont quelques-uns sont plus légers que
l'air atmosphérique. On savait déjà com-
bien l'air était promptement dilaté par l'ac-
tion de la chaleur, et cet effet était déjà
mesuré assez exacfc'Tf.ent. Joseph Mont-
gollier et son frère répétèrent cette obser-
\ation : ils connaissaient les propriétés
des dilférents gaz et essayèrent plusieurs
moyens de résoudre la question qui les oc-
cupait. La théorie en était facile, mais il y
a un intervalle immense entre une pre-
mière vue et la solution pratique d'un
problème ; ce ne fut donc qu'après diverses
tentatives qui remontent à 1782, que Tin-
venteur se décida à dilater l'air de l'enve- ,
loppe par l'action d'un foyer, et à réaliser
fun dos projets les plus extraordinaires
qu'un homme ait pu, concevoir. Cette ex-
périence mémorable eut lieu le 5 juin 1783,
en présence des États du Yivarais , assem-
blés à Annonay, patrie de Montgolfier.
On apprit bientôt dans la capitale un
fait aussi prodigieux. Charles, physicien
distingué, entreprit aussitôt d'obtenir le
même résultat par un autre moyen. Il pré-
féra avec raison l'hydrogène, qui est douze
à quinze fois plus léger que l'air atmosphé-
rique, à ce même air dilaté qu'avait adopté
l'inventeur.
On venait de composer un nouvel en-
duit résultant d'une dissolution de gomme
élastique dans l'huile de térébenthine :
Charles résolut de l'appliquer aux enve-
loppes de taffetas où l'on renfermait l'hy-
drogène, et, après un grand nombre d'es-
sais, il parvint à résoudre la difficulté
principale de la construction des aérostats,
celle de contenir pendant un temps assez
long, et dans une enveloppe extrêmement
légère et flexible, une substance gazeuse
aussi subtile que l'hydrogène. Cette grande
expérience eut un plein succès ; son aéros-
tat s'éleva du Champ-de-Mars le 2 aoijt
1783, et parvint en deux minutes à 1,000
mètres de hauteur; il descendit peu de
temps après, à cinq lieues de distance.
C'est la première fois qu'on a employé
l'hydrogène dans les aérostats. Ce procédé
est le seul dont on fasse usag(r aujourd'hui.
Un peu plus tard, et toutefois après Pi-
latre de Rosier et Darlandes, Charles, ac-
compagné de Robert, osa se placer dans
une nacelle suspendue au ballon; il s'éleva
d'abord à plus de 2,000 mètres et par-
courut en quelques minutes un intervalle
de neuf lieues.
La nouveauté d'un tel spectaclfe offert à
la nation la plus vive de l'Europe causa,
suivant Fourier, des impressions que l'on
ne peut décrire et dont l'effet paraît en
quelque sorte incroyable. L'admiration et
l'enthousiasme agitaient tous les esprits;
une multitude prodigieuse, accourue de
plusieurs provinces, remplissait les Tuile-
ries. Lorsque les navigateurs s'élevèrent,
les spectateurs furent saisis de crainte et
d'étonnement, vu yrand nombre tombèrent
à genoux; on respirait à peine; on garda
assez longtemps un silence profond et uni-
versel, qui fut suivi d'acclamations im-
menses. Descendu dans la jjlaine de Nesle,
Charles propo n à Robert de permettre
qu'il coniinuàt seul son voyage: son but
était d'atteindre à une hauteur beaucoup
plus grande; en effet, il s'éleva à plus de
3,000 mètres, puss s'abaissa a son gré et
sortit de la nacelle.
Le roi avait été informé de ce voyage ,
et l'on a conservé le souvenir des deux
ordres différents qu'il donna à ce sujet.
Louis X\'I, cédant à une vive inquiétude,
vait d'abord exigé (juc le magistral de
police s'opposât a cette ascension ; on
ignore comment la défense put être éludée.
Lorsqu'on apprit ensuite le succès de cette
entreprise , le roi fit donner à Charles ,
sur sa cassette , une pension assez consi-
dérable et un appartement au Louvre.
Soit dit en passant, ceite munificence
royale faillit lui coijter cher. Le riche ca-
binet de physique qu'il avait formé occu-
pait une partie de la galerie d'Apollon ,
lorsque, le iC août 1792,1e peuple en
armes pénétra dans ses appartements.
Pourtant Charles, environné d'une multi-
tude furieuse , se nomma ; il rappela ses
ascensions aérostatiques qui avaient eu
tant de témoins ; il montra, au plafond , le
char même dont il s'était servi et qui de-
vint ainsi pour lui un monument pro-
tecteur.
Cependant , les intéressantes expérien-
ces de Montgolfier et de Charles se conti-
nuèrent dans toute l'Europe avec une sorte
de fureur ; parmi les plus mémo-'ibles , il
faut citer celles de Lyon, oià Joseph Mont-
golfier était accompagné de six autres na-
vigateurs ; celles de Milan , de Dijon ; le
passage d'Angleterre en France , dont
Mi\I. Green viennent de tenter la contre-
partie ; les ascensions fatales de Pilaire de
Rosier et Romain qui, se confiant à une
innovation imprudente, furent précipi-
tés à Boulogne ; celle de Comte Zam-
beccary , qui tomba dans la mer Adriati-
que ; enfin celles de MM. Eiot et Gay-
Lussac. Toutefois le mouvement vertical
était trouvé; l'homme était maître de s'éle-
ver et de s'abaisser à son gré dans l'at-
mosphère ; restait à trouver le moyen de
se diriger horizontalement. Parmi les ten-
tatives ou projets faits pour résoudre cette
dernière partie du problème , deux seule-
ment , à notre connaissance , méritent
d'être distingués, fun assez récent, l'autre
rie Meunier, membre de l'Académie des
Sciences. Le premier consiste dans rem-
ploi de grandes ailes formées par des ca-
pacités remplies de gaz hydrogène, ei d'un
volume suffisant pour que la totalité du
poids de l'homme et des ailes soit entière- '
ment détruite ; mais l'usage d'un appareil
de ce genre ne semble point praticable , '
parce que Ton ne pourrait imprimer aux. :
ailes la vitesse nécessaire pour se procu-
277
rer un mouvement continu par l'effet de
battements alternatifs. Il paraît (ju'un
homme que l'on supposerait porté par un
aérostat agirait sur l'air d'une manière
beaucoup plus avantageuse en faisant
tourner rapidement des roues.
Ce genre de moteur adopté par M. Meu-
nier, qui d'ailleurs ne l'avait proposé que
pour se placer dans les couches de l'atmo-
splière où la direction du vent serait favo-
rable, consiste dans l'emploi de grandes
roues portant des voiles ou palettes diri-
gées obliquement et semblables à c( Mes des
moulins à vent. En faisant tourner une
roue de celte espèce, on exercerait sur l'air
un effort qui tendrait à déplacer le sys-
tème dont cette roue ferait partie. Mais
comme l'effort dont il s'agit serait dirigé
obliquement par rapport à l'axe de la roue,
on peut concevoir que l'on emploie deux
roues pareilles dont les axes sont parallè-
les qui tournent en sens contraire, et dont
les ailes obliques sont également placées
en sens contraire. L'emj)loi de ces deux
roues, auxquelles il faudrait joindre une
rame ou voile servant de gouvernail, don-
nerait de la stabilité à la direction du mou-
vement, et permettrait de se gouverner fa-
cilement en imprimant à l'une et à l'autre
des vitesses différentes. Tant que les deux
roues auraient même vitesse, la direction
du mouvement aurait lieu parallèlement à
leurs axes. Ce système a été également
soumis au calcul jpar M. Navier, et la con-
naissance acquise des eflets mécaniques
produits par les moulins à vent lui a per-
mis d'apprécier avec une assez grande ap-
proximation feffort que les roues cà ailes
obliques pourraient exercer sur l'air, et par
le moyen duquel on surmonterait la résis-
tance que ce fluide oppose au mouvement
de l'aérostat. Il est évident qu'en suppo-
sant l'appareil placé dans un air parfaite-
ment calme, il ne faudrait qu'une force
très petite pour lui procurer une vitesse
également fort petite ; mais la force néces-
saire, qui est, toutes choses égales d'ail-
leurs, proportionnelle au cube de la vi-
tesse, augmentera très rapidement avec le
mouvement imprimé.
La question consiste donc à rechercher
quelle vitesse un appareil suspendu à un
aérostat et mu par un certain nombre
d'hommes pourrait acquérir. Le résultat
du calcul dans lequel l'aérostat a été sup-
posé sphérique, la surface des ailes égale
à celle du grand cercle du ballon, oii enfin
on a négligé la résistance de la nacelle, est
que la vitesse limite qu'on peut obtenir
augmente proportionnellement à la racine
278
cuhiqùé du rayon de l'aérostat. Si l'on at- i
tribue à ce rayon une valeurf'de 10 mètres,
qui est double de celle qui a lieu pour les
aérostats ordinaires; si l'on évalue à 150
kil. le poids de chaque homme et de la
partie correspondante de Tajipareil , on
trouve pour la vitesse maximum que des
hommes pourraient imprimer à un ballon ,
dans un air parfaitement calme la faible
valeur de 2 mètres un tiers environ par se- ;
conde. Encore ce résultat est-il plutôt trop
fort ([ue trop faible. Réciproquement les
hommes pourraient maintenir l'appareil
contre la force d'un vent dont la vitesse ne
dépasserait pas 2 mètres par seconde; or, \
c'est à peu près à ce terme que les mou-
lins à vent ordinaires commencent à tra- j
vailler. On peut juger que dans l'état le j
plus ordinaire de Taimosphère il serait im- j
possible de se rendre maître d'un appareil |
du genre de celui dont il s'agit, et d'empê-
cher qu'il ne fût emporté par les vents, i
On ne peut espérer d'ailleurs obtenir
des effets plus avantageux en substituant
la force de la vapeur à celle de l'homme.
En effet , il parait que dans les appareils
qui s'exécutent aujourd'hui le poids des
machines ne peut pas être évalue à moins
de 760 kil. par force de cheval, estimée à
75 kil. élevés à 1 mètre par seconde , ce
qui revient à 60 kil. pour une force de
6 kil. élevés à 1 mètre dans le même temps,
correspondante à l'action d'un homme. On
doit ajouter ensuite le poids du charbon et
de l'eau , dont il faudrait faire provision ,
celui du ballon , de la nacelle et de l'appa-
reil que la machine ferait marcher, enfin
le poids des hommes qu'il faudrait embar-
quer. On trouverait ainsi une charge au
moins égale à celle qui a été supposée ci-
dessus. Il en serait de même si l'on vou-
lait substituer à l'action de la vapeur celle
d'une certaine quantité de gaz fortement
con^primé dans un réservoir. De tous les
agents mécaniques que nous pouvons em-
f loyer pour produire un travail continu ,
homme est encore celui qui , à poids égal ,
donne la plus grande force. L'idée d'une
navigation aérienne proprement dite doit
donc encore aujourd'hui être considérée
comme chimérique ; la possibilité d'une
telle navigation est subordonnée à la dé-
couverte d'un nouveau moteur, dont l'ac-
tion comporterait des appareils moins pe-
sants que ceux qui sont aujourd'hui à noire
disposition. Est-ce à dire pour cela que les
ballons doivent être reléguas parmi les inu-
tilités, ou regardés seulement comme pro
1)res à Relever la pompe des fêtes popu-
aires ? Non , certes ; cette découverte toute
française a déjà porté ses fruits; ils ont
permis de pénétrer dans les régions où se
forment les météores, d'observer les qua-
lités physiques de l'air, la nature et les ef-
fets de rélectricité dans les plus hautes ré-
gions de l'atmosphère , de reconnaître que
la force magnétique terrestre ne subit point
de variation sensible lorsqu'on s'éloigne
de la terre ; de s'assurer de Tidentité cl)i-
mique de l'air pris à la surface de la terre
ou à de grandes hauteurs , de mesurer le
décroissement rapide que subit la tempé-
rature , quoique l'on ne s'éloigne du globe
terrestre qu'à une distance incomparable-
ment plus petite que son diamètre ; enfin ,
ils ont aussi contribué à la gloire de nos
armes républicaines.
Les services du corps des aérostiers ,
commandé par le colonel Coutelle, sont ou-
bliés aujourd'hui de notre génération , et
cependant de quelle influence ne furent-ils
pas alors? quel respect et quelle admira-
tion n'inspirèrent- ils point à nos ennemis?
Un seul fait , et je termine cette notice déjà
trop longue ; c'.!St le colonel Coutelle qui
le raconte : « Lorsque je m'élevai devant
Mayence , dit-il , à demi-portée de canon
de la place, j'étais seul , parce que le vent
étant fort, je voulais lui résister davantage
avec 300 livres environ d'excès de légè-
reté. Trois bourrasques successives me ra-
battirent chaque fois jusqu'à terre, à la
distance de la longueur des cordes qni me
retenaient, 150 toises. La seconde fois,
trois des barreaux qui soutenaient le fond
de la nacelle furent brisés. Chaque fois que
la nacelle avait touché terre , l'aérostat se
relevait par un mouvement accéléré avec
une telle vitesse que soixante-quatre per-
sonnes, trente-deux à chaque corde, étaient
entraînées à une grande distance et plu-
sieurs restaient suspendues. L'ennemi ce-
pendant ne tira point ; cinq officiers , au
contraire, sortirent de la place en mon-
trant le pavillon parlementaire.
Nos généraux allèrent au-devant d'eux ;
lorsqu'ils se rencontrèrent, le général qui
commandait dit au nôtre : « Monsieur le
" général , je vous prie de faire descendre
« ce brave officier, le vent va le faire pé-
« rir; il ne faut pas qu'il meure par un
« accident étranger à la guerre ; c'est moi
" qui ai fait tirer sur lui à Maubeuge. »
Lorsque le calme fut rétabli , je donnai le
signal de descendre ; je trouvai ma petite
troupe et les soldats auxiliaires pâles et
consternés. Ils n'avaient pas été comme
moi exposés aux regards et à l'intérêt de
plus de cent cinquante mille hommes.
DECOUVERTE
I^TÉRES3A]^'T LA MORALE PUBLIQUE , L'EXISTENCE DES FAMILLES
ET LES RELATIONS COMMERCIALES.
PAPIRR DE SLRKTE DESTINE A RENDRE
Uil'OSSIBLES LES FAUX EN ÉCRITURE,
Inventé par M. Mozard, rue Vivienne, 3.
Tout, le monde peut enlever l'encre sur le
papier ordinaire en se servant :
l^P'cau de javelle afin d'amener l'écri-
lure à ne laisser qu'une trace jaune pro-
venant du fpr ;
2^ D'acide hydrochlorique étendu de
dix -neuf parties d'eau pour dissoudre
complètement ces traces jaunes.
Le nombre incessamment progressif et
véritablement effrayant des faux en écri-
ture se trouve donc ainsi expliqué par Tex-
trême facilité d'un moyen qui n'est plus
un secret pour personne.
L'art de falsifier les actes, d'enlever com-
plètement l'écriture sur les registres im-
primés et sur les actes faits sur papier tim-
bré, est devenu pour ainsi dire une bran-
che d'industrie qu'une foule de gens sans
honneur savent exploiter avec une prodi-
gieuse facilité, au grand préjudice de la
société. De 1825 à 1831, d'après des docu-
ments recueillis au ministère de la justice,
1399 accusations Qn matière de faux, cen-
tre 2471 individus, ont été portées devant
les tribunaux français; et, sur ce nombre,
1396 condamnation? ont été prononcées.
On est réellement effrayé lorsqu'on pense
quels fâcheux résultats peut avoir la fal-
sification d'un port d'armes qui tombe en-
t re les mains d'un assassin ; d'un registre
d'hôtel garni sur lequel la substitution d'un
nom à un autre soustrait un coupable à la
justice; d'une quittance et d'un bordereau
d'escompte dont la date ou les sommes sont
changées -, d'une facture oià les chiffres sont
augmentés après l'acquit ; d'une reconnais-
sance oij les valeurs peuvent être centu-
plées; d'une correspondance commerciale,
de livres de commerce où tout peut être
changé selon les vues, les besoins, les in-
térêts et les projets d'un négociant, qui
trouve ainsi le moyen de dénaturer l'état
lie ses affaires.
Tels sont les dangers qu'est appelée à
prévenir l'heureuse et belle découverte du
papier de sûreté, déjà adopté à Paris par
tous ceux que leur état ou leurs affaires
mettent dans le cas de donner uu grand
nombre de signatures pour des engage
ments, des conventions et une foule dé
crits qui sont susceptibles d'être falsifiés
et tronqués par ceux qui redoutent les
faux, c'est-à-dire à peu près par tout le
monde, mais principalement par les ban-
quiers, agents de change, courtiers, com
missionnaires, négociants, avoués, huis
siers et notaires.
Il est de toute évidence que le procédé
du blanchiment du papier, ayant cessé
d'être une secret uniquement confié à la
probité des hommes de science, n'aurait
pu tarder à causerun bouleversement com
plet dans toutes les relations civiles et
commerciales, si la chimie n'était parve
nue, par une autre découverte, à offrir
elle-même un remède au mal qu'elle avait
fait naître.
Le papier de sûreté en effet ne coûte
pas plus cher que le papier ordinaire, et il
a la propriété de changer de couleur par
n'importe quels réactifs qui peuvent être
employés pour détruire l'écriture ; il dé-
cèle ainsi la moindre tentative de falsifica-
tion, et indique de quels moyens le faus-
saire a voulu se servir pour commettre son
crime. Sa couleur blanche se perd aussi-
tôt, et ne tarde pas à être remplacée par
une couleur vive et bien tranchée, qui va-
rie suivant la naturedes réactifs employés,
et qui interdit à tout jamais l'usage de l'é-
crit sur lequel la jentative a été faite, puis-
qu'il porte avec lui la marque honteuse
des intentions du faussaire.
Son usage ne peut manquer d'être géné-
ral, car il réunit au plus haut degré toutes
les bonnes qualités des papiers ordinaires;
leur finesse, leur épaisseur, leur luxe, leurs
formats; et comme il se vend le même
prix, il est évident qu'il s'en fera un débit
immense, aussitôt que les rapports favora-
bles des chimistes auront été suffisam-
ment répandus pour entraîner l'opinion
publique et la convaincre des dangers que
présente l'usage des papiers ordinaires.
Il a encore cet avantage, qui lui est
particulier, qu'il ne peut être ni altéré, ni
corrodé, ni détruit parles vers; les sub-
stances qui le composent les éloignant et
leur étant même nuisibles. Ces qualités le
rendent donc propre à la confection des
actes que l'on veut conserver pendant un
!ong espace de temps, comme, par exem-
ple, aux registres de l'état civil qui res-
tent pendant des siècles enfermés dans le
même endroit.
M. Mozard, qui a compris toute la por-
tée de cette invention, n'a pas hésité à se
mettre h découvert de plus de 2'iO,000 Ir.
pour en devenir propriétaire et la perlec-
îionner de mcinière à centraliser pour ainsi
dire entre ses mains la vente du papier àj
écrire, dont l'importance s'élève en France ;
à plusieurs millions. Alors qu'il s'est vu
bien sur de l'excellence de son procédé,
lorsque surtout il a vu les administrations
publiques, la chambre des notaires, la Ban-
(juc, etc. etc., entrer en pourparlers sé-
rieux avec lui, il a résolu de former une
société par actions, dans le double but de
l'exploiter sur une échelle beaucoup plus
vaste qu'il n'eiît pu le faire avec ses pro-
pres ressources, et de s'assurer, par l'as-
sociation d'un grand nombre d'intéressés,
des moyens de propagation qu'il n'aurait
pu trouver dans une action purement indi-
viduelle.
Une société en commandite a donc été for-
mée pour la fabrication et la vente du papier
de sûreté iiifalsiliablc.
Les actions sont de 1000 francs, divisées en
dix. coupons de lUO francs. — Chaque action
de mille francs donne droit : 1" à un dividende
annuel (le 20 cent, par jour, soit par année de
73 fr. , payable le. 15 janvier; 2" à un mil-
lième dans la répartition de tous les béné-
tices et dans la propriété de l'actif de la So -
ciété; 3o au remboursement intégral du capi-
tal dans les cas d'amortissement aimuel prévus
par l'acte de Société; 4° enlin à une prime de
.^OO francs, dans le cas de rachat prévu par
l'acte do Société. — Ciiaque coupon d'action
de cent francs donne droit : 1 " à un dividende
de 2 cent, par jour, soit par année de 7 fr. 30,
payable le 15 janvier", 2" à un dix-millième
dans la répartition de tous les l)éné(ices et
dans la proprii'té de l'actif de la Société; 3" au
remboursement intégral du capital, dans le
cas d'amortissement annuel ; i" enlin à une
prime de 50 fr., dans le cas de rachat prévu
par l'acte de Société.
Principes nouveaux et fonàamcntaux de
l'acte de Société.
Les avantages que présente l'acte de M. Mo-
zard sur les anciens actes de société sont ;
1" d'accorder se[)t francs trente centimes d'in-
térêt annuel pour cent francs, tandis (jue les
autres n'en accordent en gt'uéi-al (pie cinq ou
six pour cent au plus; 2" d'obliger le gérant à
rembourser chaque année un certain nombre
d'actions au pair, de maintenir ainsi continuel-
lement les actions au cours d'émission, tandis
que les autres actes laissent toujours une
évenlualilé de perte sur la revente des actions;
3° de limiter les b('né(ices à einqunnle pour
cent , mais d'intéresser ainsi le gérant ;i les
réaliser le plus pronqitemenl et le plus sûre-
ment possible.
Avantage spécial aux actions de la Société
Mozard.
Chaque action de 1000 fr. étant fractionnée
en dix coupons de 100 fr. , chaque coupon
rapportant deux centimes par jour, rien de
plus facile tpie le ilécompte des intérêts.
(Exemple : 1 19 jours nuiltipliés par 2, font :
2 fr. 98 cent.) Rien de plus facile que la né-
gociation des coupons de 100 francs. A-t-on
fait un placement de 1000 fr., et a-t-on besoin
d'une partie de cette somme ; il suffit d'en
détacher et d'en négocier un ou plusieurs
coupons. Ce qu'on a vonhi faire, c'est une
' catégorie d'actions tout-à-fait à part des ac-
tions ordinaires, auxquelles on ne souscrit gé-
néralement (\nv pour les garder. Les actions
de la Société Mozart et C^ au contraire s'a-
dressent particulièrement aux personnes (jui,
n'ayant que pour un temps limité, un mois,
six mois oii plus, une somme quelconque à
leur disposition, ne veulent point la laisser
improductive d'intérêt. Un exenqile fera com-
prendre la pensée nouvelle qui a présidé ;i
l'émission des actions de la Société Mozard
et C^'. Une personne doit faire emploi d'une
somme de 20,000 fr. dans 3 mois; la gardera-
l-clle en portefeuille pendant tout ce temjKS?
Si elle prend des bons du trésor, ils ne lui
donneront que 2 pour cent. Si elle achète de
la renie ou d'autres valeurs dont le cours est
variable, pourra-t-elle à son gré en réaliser la
vente sans perte? Pendant ces trois mois, les
actions de la Société Mozard etC"^ lui produi-
ront 300 fr. d'intérêt; et comnu; ces actions
reposent sur une invention d'une nécessité
reconnue par toutes les autorités compéten-
tes, d'une utilité réelle et générale, et sur
une exploitation privilégiée, avec l'avantage
de l'inti'rèt élevé de 7 et demi ])onr cent, et
du fractionnement par coupon de 100 fr., la
négociation en sera toujours facile et assurée,
très souvent même avec bénélice.
Garantie des Actionnaires.
Un cautionneinent de 100,000 francs est
déposé j)ar le gérant ii la Caisse des consigna-
tions.^ Conseil de la Société, M'" Marie, avo-
cat à la cour royale. — Banquier de la Société,
chargé du placement des actions, M. A. Clec-
niann,rue de la Victoire, il, à Paris, à qui
devront être exclus! veulent adressées toutes
les souscriptions d'actions. — Notaire de la
Société, M*' Casimir Noël, rue de la Paix, 13.
IMPniVFf.IË DE E. CUVEP.f.îlR , RUE DÉ VERÎtEUlL , -i.
SIXIÈME A:^J^'KE 1836.
Edition française.
^01JIUVA.L
DEUXIEME SERIE.
rrcniière année.
JL»1ES«0
comussAiGES omis
DICTIO?)i\AIRE MENSUEL Kï PROGRESSIF.
jaÉPXHTomi: usuel
DE TOUS LES FAITS UTILES, ÉCONOMIQUES ET NOUVEAUX,
intrrfsant cliieclemeiU
L'éducation de l'cnfancc, la morale et le bien-être des familles, l'économie usuelle*
L'exercice et le progrès de toutes les professions sociales*,
L'exécution des lois par l'accomplissement des devoirs et des droits qu'elles prescrivent.
PRIX : Fîl.WC DE PORT POUR TOUTE LA FRANCE,
PAÎl AN SIX FHAIXCS.
ON BOUSCniT A PARIS, RUE SAINT-GEORGES, !S° 11.
Une livraison de treiUG-deim pages par mois, contenant un demi-volume m-S".
Lps soiiscripteuis ttaiit aulorisc's à l'cleuir — sur le prix <ie six trancs — l qffranchissemenl de leur lettre et '•
coût de la reconnaissance de poste, Vahonnement n'est, Ai fait, que de CIIV'Q FRA.iSCS nets pour la Sociétu-
NUMÉRO S2. — DÉCEMBRE 1836.
ttrre, 299. —Des effets uliîes qu'on peut obtenir d'un
cieval . ibid. — Des roules en béton ,301. — Moulins
rat^rinos : préférence qu'ils méritent sur lés moul"ti<
ct)ii;iTiuns, 303. — Kouvoau produit extrait de la betti;.
rave, ibid. — De la fabricalion du charbon de bois \y\t
un nouveau procédé, 301 — De l'emploi du {)ois dai.i
les liauls-fourneaux, 505.
RÉPERTOIRE DE L\ CONVKRSATIOIT.
Considcralioiis snr l'avenir de la civilisation humai-
ne , 307. — Histoire du tabac, 310.
REPERTOIRE CIVIL.
Prisons et maisons de corrections, Clairvaux, 283. —
Avis aux contrjbaables, 287.
RÉpERTOISe DOMESTIQUE.
Du respect de la chose publique , 291.— De l'indivi-
duali.'rae , 2fi2. — Calculs d'intérêts, 293. — Du diviseur
spécial, 294.
RÉPERTOIRE PROFESSIONNEL.
Elablisseraents industriefs en France et en Angle-
s-
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Jours
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samedi.
NOMS
des
S.il.NTS.
s. Eloi.
s. Biliiane.
s. Cassian.
sle. Barbe.
s. Sabas, abbé.
s. Nicolas.
s. Amis.
Conception.
s. Valérie.
s. Malchiade.
s. Damasse.
s. Évarisle.
ste. Luce, vierge.
s. Nicaise, 4 T.
s. Mesmin.
ste. Adélaïde, 4 T.
s. Lazare, 4 T.
s. Cratien.
ste. Maiiris.
s. Phrot;one.
s Thomas, apôtre.
s. Honorât.
s. Yves.
ViRile-jfeùne.
NOËL.
s. Etienne, mart.
s. Jean, apOtre.
ss. Innocciits.
s. Thomas Gant,
ste. Colombe,
s. Sylvestre.
INTERETS
de
fr. 100
à 4 p. OiO
j. r. c.
336 3 68
357 3 69
33S 3 70
359 3 71
540 3 72
541 5 73
542 3 7.i
343 3 73
344 3 76
5tS 3 78
346 3 79
347 3 80
348 3 81
349 5 82
3fJ0 3 83
551 3 84
5:>2 3 85
533 3 86
554 5 87
555 5 89
556 5 90
357 5 91
5.^8 3 92
55y 3 93
360 3 94
3(il 3 95
562 3 96
363 3 97
564 5 98
3Jj5 4 00
366 4 01
REVENU
EMPLOI.
par
par
Dépense
Epargne
an.
jour.
9110.
lllO.
f.
f.c.
f. c.
f. c.
16850
46 16
41 5i
4 61
16900
46 30
41 67
4 65
16950
46 43
41 79
4 64
17000
46 57
41 91
4 65
17050
46 71
42 04
4 67 ■
17100
46 84
42 16
4 68
17150
4'J 98
42 28
4 69
17200
47 12
42 41
■ 4 71
17250
47 26
42 53
4 72
173(!0
47 59
42 63
4 73
17550
47 53
42 78
4 75
17}00
47 67
42 90
4 70
17450
47 80
43 02
4 78
17,S00
47 94
43 15
4 79
17.^,30
48 08
43 27
4 80
17600
4« 21
45 30
4 82
17650
48 33
43 52
4 83
17700
48 49
43 64
4 84
17750
48 63
43 76
4 86
17800
48 76
43 89
4 87
17850
4S 90
■44 01
4 89
17000
49 04
44 13
4 90
17950
49 17
44 26
4 91
18000
49 31
44 38
4 95
18030
43 45
44 50
4 94
isioo
49 58
44 63
4 93
18150
49 72
44 75
4 97
18200
49 86
44 87
4 98
18250
50 00
45 00
5 00
18360
59 13
45 12
5 01
18350
50 27
45 24
3 03
Produi:
de IjK
épargné
au bout Ci
20 ans
f. c.r
51057 îw.
51209 U
51360 6«i
51512 1'
51663 O*-
51815 IN
5(966 f"^
52118 26
52269 7t.
52421 S''
52572 80
52724 S'^
52873 8-s
53027 S.'k
55178 8"
55530 /•'»
53481 90
33633 4i">
53784 9'
33950 5f»
54088 00
54239 50
54391 03
54542 55
54694 10
54843 6C
54997 IL"
55148 63
55300 20
55131 7(i
55603 33
Le 1 lever du soleil 7 h. 54 min. \ coucher 4 h. ira.
10—7 45 — 4 1
20 — 7 53 — 4 3
31 — 7 56 — 4 1
D. Q. le 1 , à 10 heures 21 minutes du malin,
N. L. le 8 , à 1 9 du soir..
P. Q. le 15, à 4 1 du soir.
P. L. le 23, à 0 26 du soir,
D. Q. le 31 , à 4 2 du malin.
fffsssz.
H'
il
AVIS IMPORTANT.
) Si, depuis le mois de faillet dernier, «ne
I ponctualité aussi strict que nous l'eussions
voulue n'a point présidé à l'envoi des livrai-
sons du Journal dks Connaissances utiles,
ses lecteurs en savent la cause,
j Quelles que soient les importantes réformes
. il*" prcsseetde librairie auxquelles le fondateur
lile ce recueil donne l'impulsion; fjuel que soit
I le temps que réclame de lui la préparation la-
['■^'irieusc de travaux législatifs approfondis,
j ^pmais rien n'a pu faire qu'il se détachât de
'son œuvre de prédilection, du Journal drs
)ii,.)NNAissANCES UTILES. Gravement blessé,
loMigéde rester péniblement étendu pendant
plus de trois mois et encore aujourd'hui même
ifrès imparfaitement rétabli, il n'a pas cessé
«cependant de s'occuper de la rédaction du
{j.^OURNAL DES CONNAISSANCES UTILES, qu'il ne
{. trouve jamais assez parfaite, a5sez utile, assez
p.écisei iissez claire; aussi, le plus souvent
.Us retards de service n'oBt-ils pas d'autres
cruses que des remaniements et des correc-
■lons.
L'impression du Journal des Connais-
-ANCEs UTILES, successivemcut entreprise par
{.l'jsieurs iinpriujcurs laissait à désirer. La ré-
•■iaction, d'uutre part, voulait un homme in-
«■•('uit , melho-lique ,se pénétrant bien de l'es-
prit qui doit y présider et s'y consacrant exclu-
sivement;
Le premier soin de M. de Girardin, dès qu'il
lui a été permis de s'y livrer, a été de prendre
(yjur l'impression du Journal des Connais-
sances UTILES des dispositions semblables à
f files qui assurent l'exécution su[-;érieure de
• a magnitiquc collection du Panthéon ht
'•FBAiKE. Correction du texte, netteté du ti-
rage, exactitude du service seront k l'avenir
IfS conditions de ce travail. Lei»econd point sur
itquel toute son attention s'est en même temps
oor1ée,etcelui-Iàétaitleplusdiniciledesdeux,
c'était de découvrir un savant, modeste, hibo-
rieux, consciencieux, qui voulût bien devenir
le rédacteur encbef du Journal des Connais-
sances UTILES, c'est-à-dire du Journal le i)liis
• ^•fficile à diriger, pour le rendre constamment
^arié, intéressant, usuel et utile.
On n'ai»as rendu assez de justice à tous le.s
eflorts cl à tous les sacrifices que ce recueil,
dppnis six années qu' il etiste, a coûtés à son
jinborieux fondateur! Que maintenant on en
feuillette avec soin la collection et que l'on
!(l.!se si un amour chaleureux du bien, dç l'or-
die et du progrès, ne s'y fait pas sentir à cha-
que page; s'il ne s'y révèle pas par un regret
sincère et incessamment exprimé de ne pou-
f voir faire mieux.
Que de veilles cependaiit ont été consu-
mées ! Que de pensées justes et d'aperçus pro-
fonds n'ont pas été généralement saisis! Com-
Iwen de matériaux précieux ont été amassés !
Quel journal cependant fut l'objet de plus
de critiques superliciellcs, fiites le plus sou-
vent par des personnes ou qui ne le lisaient
point, ou qui n'étaient pas en état de porter
un jugement juste et éclairé!
Le rédacteur en chef, que M. de Girardin,
ne pouvant s'occuper exclusivement du Jour-
nal des Connaissances UTILES, s'est enlin dé-
terminé à prendre [)our auxiliaire, est M. Boi-
TARD, membre de plusieurs sociétés savantes
nationales et étrangères, auteur des ouvrages
suivants: — Manuels : de Botanique; d' His-
toire naturelle; de Physiologie végétale, chi-
mie et minéralogie appliquées à l'agricul-
ture; du Cultivateur forestier. — Traités :
des prairies naturelles et artificielles ; de la
culture du mûrier et de l'éducation des vers à
soie; des instrumcnls aratoires, c.\c.,eic. An-
cien rédacîein- en chef du journal de la So-
ciété d'agronomie de Paris; rédacteur prin-
cipal des Annales de la Société centrale des
naufrages ., etc.
ïndépcndanur.eflt des divers collaborateius
qui ont jusqu'à ce jour concouru k la rédac-
tion du JOIRNAL DBS CONNAISSANCES UTILES.
M. Boilard se présente assisté par plusieurs
savants distingués, de ses amis et anciens col-
laborateurs: MM. Arnlu'iter. — Cavmzet.—
Camhray. — Clémmt. — DelacJiarrue. —
Leneveux- — Macquet. — Ecumann. — ^oi-
sette. — Prévost. — Thiebault.—Tollard.
Verardi. — Vergnaud. — Wemer.
Les aboiuiés du JouRNALDEs Connaissances
UTILES, qui depuis six années lui restant lidè-
les se sont étroitement unis h la pensée de
M. de Girardin, liù tenant compte de son zèle
et de ses efforts, pourront appréciée, avant
mêtne de renouveler leur abonnement , qtiel
est le mérite du nouveau rédacteur en chef
M. Boitard, car nous n'aA'ons point oublié
qu'enjuin dernier nous promîmes un numéro
supplénu-ntaire pou-/ compenser l'e^nace oc-
cupé par les prospectus de la Presse et du
Pakthéon littéraibe
Cet engagement pris, nous avons jugé que
la f.içon la plus convenable de l'acquitter était
dechargTM. Boilard de faire de ce. numéro
supplémentaire un numéro spécimen , conte-
nant ses principales idées et servant aussi d'in-
troduction à l'année 1837.
Tel est le motif qui nous a engagé à donner
le n° 1 à cette livraison supplémentaire et à
1 terminer celle-ci par la table annuelle des ma-
tières.
■O^
«y-ifi fci '''"i'>«j»^'>^p^
acfce:
;r ■'■'?"*'
• 285
RES»KllTOIilK CIVIL.
I. INTtRÛTS GÉNÉRAUX. — lî.AÎORALE ET INSTRUCTION PUBLIQUES.—
III. DEVOIRS ET DROITS CIVILS ET POLITIQUES.
ruîso\s Eï MAISONS DE CORRECTIONS, j « crimcs. iSous nous trouvons assez bien
I « de ce système. Entre de grands criminels
CLAiRVAUX. ! « et de mauvais sujets, le niveau du mal
« tend toujours à s'ab.nisser. Un seul re-
construite avec magnificence en 1105, ' « peniir sincère, un seul exemple de travail
sous-le règne d& Louis VIÏ, par Hugues, « gagne bientôt les masses. Il semble que
comte de Cliamiiagne, la retraite de saint « le tiîoins mauvais s'mliltre dans le pire
Bernard était encore au dix-hunième siècle " et TatTaiblit. La division des classes pro-
ie siège d'un ordre célèbre. Vendus par la « duit un effet tout contraire : les lorces
Révofuiion à des négociants, rachetés par « s'y balancent et s'y soutiennent. C'est la
le Gouvernement Impérial, les immenses « du moint, ce que m'a appris Texperience.
bàtimenisfurentdestinés, par un décret de « Je sais bien que les penitcutiaristes ne
1808, à la réclusion des condamnés. Deisx . « sont pas de mon avis. » . , , ,.
mille détenus remplacèrent cinq cents! Pendant que j'écoutais mon guiae, le di-
moines. Treize départements les envoient : ner des femmes s'était achevé. Toutes se
l'Ain, les Ârdennes, l'Aube, la Côte-dTOr,' levèrent en silence. Une d'elles, avec une
le Jura, la Marne, la Haute-Marne, la voix douce, mais passablement distraite,
Meurthe, la Meuse, la Nièvre, la Haute- ^ récita les grâces; et je vis, sous les Ion-
Saône et l'Yonne, i gués arcades, défiler , comme une sainte
C'est la plus considérable de nos mai- ! procession, toutes ces femmes souillées de
sons centrales de force et de correction. ■. crimesetde débauches; elles s'approcaaien't
Le caractère dominant de la redouta- 'en ordre, deux à deux, vers un tour étroit,
ble enceinte, et le premier qui se révèle, à travers lequel une main leur faisait passer
ur
çà et là était moins lugubre : e'.le donnerait travail se perd en friandises. C'est du reste
l'idée d'une vaste caserne, si l'on y aper- un appât qui, présenté par une main ha-
cevait un soldat ; rien n'indique une sur- bile, siimule le zèle des plus paresseuses.
veillance militaire : c'estdéjà le signe d'une i Pour parvenir aux ateliers, nous mon-
grande puissance. Quand la force agit sans tâmes un escalier de pierre encoisse dans
se montrer, elle resse*nbîeà la persuasion, de hautes et sombres murailles. Aux pre-
elle est invisible. imiers pas que nous fîmes dans une salle
Le chef de rétablissement, M. Salaville, ' carrée, nous nous trouvâmes encore entre
nous conduisit d'abord au quartier des des rangs pre^-és de femmes: c'étaient nos
femmes. Elles étaient au réfectoire. Là, connaissancesdu réfectoire. Un grand ge-
sans le bruit monotone des cuillères d'étain nérai eiji envié la rapidité, le silence^ et le
frottées contre les assieites d'étain. on eiàc mvstere d'une évolution si bien conduite.
entendu tomber le j^oussière d'un salilier ; Ici", elles étaient assises sur des tabourets,
là pourtant, il v avait 400 femmes. Ce fut faisant face à de hautes fenêires. loutes
un spectacle singulier que celui de ces 400 les détenues travaillaient soit a la ganterie,
têtes enveloppées de longues coiffes blan- soil au tinge, soit aux vêtements de leurs
ches, qui, toutes ensemble, se tournèrent compagnons d infortune.
vers nous, comme à un signal donné. Tous L'éie, le travail commence a six heures,
les âgh's étaient confondus. Nous en fîmes et, suspenduàdixheurcseldemieou matin,
tout haut la remarque. « Vous serez bien se < oniinue de onze à quatre. L'hiver, on
« plus surpris, nous dit notre guide, quand veille jusqu'à huit hi'ures du soir. Des
« vous sàui'pz que cette confusion sô ren- gardiens, dispersés dans les quatre^ ateliers
« contre ici, non-seulement dans !?sdlfie-' ^-ontigus, se tiennent debout, en haoïtbleu,
« rents âges, mais entre les délits et les l'épée au c<Hé et les bras croisés, non moms
2Si «
silencieux et plus immobiles que leurs pri-
sonnières.
Au-dessus de ce premier éiaecnour, nous
trouvâmes dans un immense couloir, large
de 25 pieds environ. — « Ici, nous dit no-
tre guide, étaient autrefois les cellules des
religieux ; elles ont fait place aux dortoirs
des femmes. « Je n'apercevais rien qui
pûl justifier celle explication; maisplusieurs
portes s'ouvrirent à nos côtés, et nous vî-
mes, dans deux couloirs parallèles, une
doui)Ie avenue de lits. Les murs, qui d'a-
bord les avaient dérobés à ma vue, ne s'é-
lèvent pas jusqu'à la voûte; de sorte que
le jour, parti on ne saiid'oti, pénètre par-
tout et répand, avec un air sans cesse re-
nouvelé, une fi'aicheur toujours pure. L'ex-
trême propreté de ces dortoirs n est pas un
des moindres éléments de salubrité. INous
admirâmes beaucoup aussi l'ordre et la sy-
métrie du service ; tous les lits étaient de-
bout. Malheureusement ils sont construits
en bois; mais bientôt ils seront remplacés
par des couchettes en fer. Celles qui exis-
tent portent 22 pouces de large sur 6 pieds
de long-, elles sont garnies d'un matelas,
d'un sac et de 2 couvertures. Les murs sont
peints en blanc à la chaux ; le carrelage
■csl lavé au chlore deux fois par semaine.
Jl n'y a pour trente lits, qu'une surveil-
lante ^nrisc parmi les détenues. Point de
lumière pendant la nuit.
Les dortoirs des jeunes filles sont moins
. grands, mieux gardés et éclairés par une
lampe.
Enfin, à la suite se trouve quelques cel-
lules pénitentiaires où la solitude est accep-
tée comme le plus grand supplice.
Ces longues galeries servent à la récréa-
tion pendant les mauvais temps. A l'une
des extrémités brille un jour plus vif; il
éclaire une chapelle.
Ces enceintes sont si vastes ! ces murs si
épais! ces escaliers si tortueux! A travers
les mille corridors ([ui se croisent en tous
sens et s'enchaînent comme les sentiers
d'un labyrinthe , on va sans savoir com-
nient. Uii ordre surprenant règne dans les
détails, et l'ensenihlc offre au premier
coup d'œii ras|)ect d'une inexplicable con-
fusion. Je ne vois point de grilles ; je n'en-
lends point les lourdes portes crier sur
leurs gonds rouilles. Ce ciel ouvert , ce
vaste horizon , ce grand rideau de chênes
majestueux à travers lesquels tombent
les rayons du soli'il : toui cela fait-il partie
deClairvaux ? Est-ce ainsi que l'on entend
la captivité? Il semhlerait que tous ces
gens-là n'ont qu'à vouloir pour s'évader
ou plutôt pour sortir. — " Ils savent bien,
n me dit le directeur, que la barrière, pour
" être cachée , n'en est pas moins sûre.
" D'ailleurs les hommes de bonne volonté
« sont ici plus nombreux que ne le croient
" ceux qui les plaignent. — C'est un
" malheur et une faute. — En 1834 ,
"■ reprit-il sans relever directement mon
« interruption, en 1834, sur G55 condam-
•' nés pour récidive, 506 étaient réputés
« avoir agi dans l'unique but de rentrer en
« prison. Quoi qu'il en soit, nos prison-
" niers sont comme l'écureuil qui croit
« faire beaucoup de chemin dans la roue,
" parce qu'il tourne avec elle. Il n'est pas
" rare d'entendre un détenu dire le soir:
« Je suis bien fatigué, j'ai fait au moins
"Cinq lieues aujourd'hui. — Monsieur,
« m'écriai-je, faites donc savoir cela à nos
« phiIanthropesdelaChaussée-d'Antin,qui
" trouvent nos prisons si barbares. »»
Mais voici le lavoir. C'est une vaste
chambre carrée , au milieu de laquelle est
c«2usé un bassi-n où coulent les flots d'une
eau pure « qui ne se taisent ni jour ni
" nuit. » La , les laveuses sont à l'abri du
chaud et du froid, du vent et de la pluie :
et ces laveuses sont des condamnées!
Comhien elles doivent plaindre l'honnête
villageoise qu'elles ont dépouillée et qui
n'est pas si bien traitée qu'elles par le sort !
Combien elles doivent la plaindre si leur
conscience est plus sévère que la justice
des hommes!
A côté du lavoir est un sécboir immense.
Ces avenues, dessinées par de longues li-
gnes d'une blancheur éblouissante sur un
fond de gazon verdoyant , formant un
contraste pittoresque : on dirait une forêt
couverte ae neige par une matinée de prin-
temps.
Un jeune homme se dirigea vers nous
et jeta une lettre dans une noîte portant
cette inscription : « Boite aux réclama-
I lions. » 11 y en a çà et là plusieurs de la
même espèce. Par ce moyen , rien ne reste
I ignoré , ni les plaintes fondées , ni les se-
j crêtes manœuvres des détenus: la pru-
dence et l'humanité ont fait chacune la
moitié des frais de cette utile institution.
Nous venions de pénétrer, sans nous en
apercevoir, dans l'enceinte réservée aux
hommes. Il y régnait une solitude pro-
fonde; mais tout à coup, les mille fenêtres
s'ouvrirent au-dessus des arcades noircies
parle temps; mille têtes s'y pressèrent,
tournées \ ers nous avec un mouvement de
curiosité. Un bourdonnement sourd circu-
lait , qui n'était dominé par aucune voix
j distincte ; puis il s'y mêla un bruit reten-
' tissant et monotone quand les têtes eurent
dispara, c'étaient les sabots qui réson-
naient sur les dalles. L'heure de la récréa-
tion avait sonné , et les détenus entrèrent
dans la cour à pas comptés , se rangèrent
ou plutôt s'entassèrent dans un coin où le
soleil semblait les appeler : c'étaient un
coup d'oeil pénible et curieux en même
temps. Cette teinte grise de rinfàme li-
vrée , ce toit mouvant de casquettes grises,
ce silence que l'on retrouve ici partout,
même dans les jeux ; cet air de résignation
triste qui est le calme du^ aincu : tout alors
nous rappelait que ces hommes n'étaient
pas libres , et surtout qu'ils n'étaient pas
dignes delà liberté.
A Clairvaux , l'enseignement est obliga-
toire pour les enfants, facultatif pour les
hommes et pour les femmes , négligé par
celles-ci , fort recherché par ceux-là.
L'étude se prend sur les heures de re-
pos. Douze bancs contiennent en tout 84
étudiants. Autourde la salle sont disposées
de distance en distance onze tringles semi-
sphériques, dans lesquelles viennent se
ranger les lecteurs, suivant leur degré
d'instruction. L'écriture anglaise a été
adoptée ici comme partout , et les progrès
sont vraiment extraordinaires, tn général,
l'élève écrit parfaitement au bout de quatre
mois, bien après quinze jours, et d'une ma-
nière passable en moins d'une semaine.
Nous quittâmes cette intéressante partie
de la maison, pour entrer dans le quartier
des politiques. Il ne renfermait alors que
sept détenus ; mais depuis ma visite, les
choses ont bien change de face : les con-
damnés d'avril ont été envoyés à Clair-
vaux. Une administration spéciale a été
créée pour eux.
Parvenus à la troisième enceinte, nous
fûmes introduits dans l'atelier des toiles
cirées. C'est là surtout que l'illusion de la
liberté est complète. Cinquante détenus
sont dispersés dans une cour immense où
s'élaborent graduellement les différentes
métamorphoses qui convertissent une toile
grossière en élégants tapis semés de fleurs.
Dans cet atelier, comme dans tous les
autres, le produit des travaux se divise. Un
tiers est remis à l'ouvrier pour ses menus
plaisirs; un tiers est réservé pour sa masse:
l'entrepreneur s'empare du reste. Le gain
des détenus varie suivant leur zèle et leur
aptitude.
L'un d'eux a gagné dans la filature jus-
qu'à 700 fr. en une année.
L'entretien et la nature des détenus sont
également confiés à un entrfpuneur qui
perçoit 48 cent, par tête : sou prédécesseur
en avait 55.
285
D'autres ateliers, destinés à la teimure,
à la serrurerie, à la menuiserie, sont peu
de chose. On n'y travaille guère que pour
l'intérieur de la maison.
Le plus imporlant de tous les travaux,
celui dont les détails et le produit sont
presque incalculables, c'est la fabrication
des toiles de coton. ]\iais il faut en conve-
nir; si l'on éprouve quelque curiosité à
traverser rapidement ces interminables ga-
leries couvertes de métiers, à se perdre
une fois dans ces nuages de poussière pal-
pable, à entendre en passant ces mille
l)ruits qui crient comme la scie ou gron-
dent comme le tonnerre, on est bien sur-
pris d'apprendre en même temps (|ue l'ate-
lier des toilC'S cirées n'est pas un séjour
privilégié pour les détenus.
Cent vingt métiers sont gouvernés par
trois cent cinquante ouvriers qui fjibri-
quent, terme moyen, 1.400 aunes par jour.
L'administration n'avait eu, dans l'ori-
gine, d'autre but que d'occuper des oisifs.
La spéculation trouva ensuite le secret de
les utiliser ; puis l'industrie a centuplé leurs
forces. Ainsi, j'ai vu des métiers à carder
qui .semblent marcher seuls, et sur lesquels
quarante mains de fer tordent en une se-
conde quarante fils d'une longueur déme-
surée. Mais ne cherchez pas là-bas, dans
ce coin obscur, sale et privé d'air, l'invi-
sible moteur de la machine : il vous ferait
pitié. C'est un homme ruisselant de sueur,
presque nu, à qui la fatigue fait saillir les
yeux et bondir la poitrine. Il fait tourner,
avec l'agilité de quatre chevaux lancés au
galop, une roue immense qui, enclavée
dans le plancher, se lie par des courroies
à la roue d'un étage inférieur. C'est de là,
c'est de ce centre aveugle que part cette vie
intelligente dont parait privé celui qui la
communique. A voir en effet ces fils se tor-
dre sans se mêler, ces roulettes se croiser
sans se heurter jamais, ces mille crochets
monter, descendre, se saisir et se séparer;
ces luisantes bobines se rouler et se dérou-
ler avec tant de grâce et de symétrie, qui
ne croirait qu'une volonté les anime?
A la suite du quartier de discipline oîi '
une vingtaine de condamnés incorrigibles
sont employés à Tépluchage du coton, l'in-
firmerie offrit à nos regards ses élégantes
arcades suspendues autour d'un square
planté de mille fleurs.
L'hygiène de la maison est excellente.
La surveillance s'exerce avec tant de sol-
licitude, que les désordres de la débauche
ne sauraient s'y cacher; le travail est tel-
lement assidu/le temps si bien distribué,
que les membres £6 fortifient par les mê-
iciiouvciee parumi; r"s vtneuit'ms>, uruA n-ciwii». uoa uiuuivro. u rgnot-, i^ui «.lait ic-
fois par année ; plus chauds pour rhiver, marquable par les viiraux, a elé détruite
plus légers pendant le temps des chaleurs; en 1815. Deux étages superposés de gale-
â la seconde saison ils sont mis au rebut, ries contiennent les détenus. Des salles.
Les déienus ont une chemise par semaine, .séparées ont été construites pour les con-
des draps tous les vingt jours. Pour la nuit damnés politiques. Là, comme dans les
on ajouie, aubesoin, un bonnet bien chaud autres pariies de l'établissement, les fem-
à leur léçer serre-téte. Ils portent en tout mes et les hommes sont invisibles les uns
temps d'excellentes cliaussurcs. Ch.aque aux autres.
nouveau-venu est tondu, baigné, changé II ne nous restait plus à visiter que le
des pieds à la tête. La rivière d'Aube, qui quartier des enfants. Tous ces enfants sont
entoure l'établissement, entraîne iiice.^sam- remarquables par leur laideur; ilss'occu-
ment toutes les immondices, et parla frai- pent avec une merveilleuse adresse. Le
clieur qu'elle répand entretient la pureté dimanche, on leur fait jouer la comédie,
de l'ail'. Le site ci 'ailleurs est admirable; Plaisir que l'on a sagement banni desmai-
au.ssi n'avons-nous vu à l'infirmerie que sons |)énitentiaires de Paris!
40 maiades ( 1 sur 40 détenus ) ; à Melun, ! Tel est le pâle mais fidèle tableau de ce
on en compte ordinairement 110, c'est-à- que j'ai vu à ('iairvaux. Je l'ai vu par une
dire plus d'un dixième de la totalité. laveur très difH'jile à o4)tenir aujourd'hui.
Du [)alais des malades, nous passâmes à la Etaler aux yeux du monde les douleurs de
lingerie, et de la lingerie à la cuisine; on la captivité, c'était inventer pour les cap-
eiît dit uns boutique d'orfèvre, tant les tifs un .supjilice que la loi ne leur a point
marmites en cuivre rouge brillaient au so- imposé. L'abus de ces visites a donc fini,
leil. Ce jour-là, l'immense bancinet consis- comme tous les abus, par le tuer lui-
tail en2l0 li\res de riz et quelques sacs même.
de pommes de terre. Le chef, s(!n bonnet II était presque nuit quand nous prîmes
blanc dans une main, nous présesita de congé de l'habile directeur. Je ne sais au
l'autre avec un air solennel une cuillère juste quel chemin nous avions parcouru;
d'éîaia toute luisante, et je l'avouerai: mais nous avions marché pendant six heu-
dans cette prison on se promène si à Taise, res dans <.\qs lieux toujours nouveaux, au
l'air de Tesciavage y est si vif et si léger, milieu de chosr-s toujours nouvelles. On
que Je mangeai plutôt que je ne goûtai l'of- peut au reste se faire une idée de l'étendue
frande du chef. Tnous vimes dans une piice qu'embrassent ces immenses bâtiments,
voisine des montagnes de pain .superbe, di- L'administration l'ait réparer tous les ans
visépar portions d'une livre et demie, sans 45,000 mètres de toiture.
compter le pain des souper qui est même Rentres à l^ar-sur-Aube, nous jetâmes
d'une qualité supériçur(>. Un vaste registre un coup d'œil sur la maison d'arrêt où une
était ouvert dans un coin; je le crus, sui- trentaine d'hommes, de femmes et d'cn-
vant l'usage pratiqué dans les grands éta- fants sont entasses dans une sorte de cage
blissements, destiné à recevoir les pensées à compartimentsobscurset malpropres. Ici
des visiteurs, et je me torturais d(jà l'es- sont punies des fautes légères, là-bas des
pritpouriraproviscrquekjnechosedejoli...; crimes. Aux criminelsdonc les aisances de
mais j'eus beau feuilleter sur quelques mil- la vie, les adoucissements de la captivité,
liers de pages, il n'y avait cjuc ces mots les douceurs du travail, les sollicitudes du
mille fois repétés : pouvoir.. Aux simples délinquants, le
« Vu peser. » — « Vu mettre dans la fVoid rigoureux et la chaleur étouffante, la
marmite. >• [privation de l'air eî de l'espace, le déses-
Un inspecteur d'abord, \)U\ii un con- iwWdeVnhanâon vX les dangereuses rêve-
trôleur attachent chaque jour leur nom à ries de l'oisiveiê! Là surtout oîi les con-
ces lignes, dont l'expression triviale cache damnés subissent une peine de moins d'une
une grande et noble jjensée. Eùit-on dit 'année, là seulement peut-être, changer le
davantage, quand à leur place on eiît écrit
CCS mots en lettres d'or :
o Au nom de la .société, tout concourt
« ici au bien-être des hommes qui ont juré
« à la société une guerre mortelle. »
Je ne finirais j)as sur ces détails, si je les
croyais aussi intéressants sous ma j>!,ume
système pénitentiaire, ce serait le rendre
meilleur.
J.-R. Moocis,
procureur du roi à Aycis-s^lr-Anbe.
ÀYIS AUX CONTRIBUABLES
Susccphhles d'être inscrits sur les listes
d'électeurs commanaux^ pour i837.
S Itr. — En 1857 aura lieu lo seroiid ronouvcllfmnit
trtoiitial de la moitié des conseillers iiiunicipaus de tou-
tes les coHiinuiies de Krauee.
A l'approche (.le» élections et au moment où l'on s'oc-
cu|>e dans les municipalités d(|la eonfex'tion des listes
qui leur serviront de base, il nt^ paraîtra peut-être pas
iiiullle lie rajjpeler sutcioetenient le» conditions uf'ces-
saircs pour I iimcription sur ces li»t(;«, l'époque de leur
clôture délinitive, et les droits de tout électeur inscrit
de réclamer la radiation de tout individu qu'il croirait
indûment porté.
Il arrive souvent, en effet, lors des élec;lions, que des
contribuable» qui ne figurent point sur les listes sont
surpris de n'eire pas appelés 'i Caire [lartie des assem-
blées électoraJes; mais leurs réclamatiou», qui peuvent
être justes au fond, sont re|5oussees par une fin de nun-
recevoilT, comme n'avant pas ctc orésentees dans les dé-
lais preiicrils.
Souvejit cjicore des électeurs arguent de nullité les
opérations électorales, en «'appuyant sur ce <pie des
personnes qui y ont concouru n'auraient pas dû être in-
scrites sur les listes. Ces réclamations ne sont (las mii'ux
accueillies que les premiéras, d abord âi cause (ju'elles
sont formées tardivement, et en outre parce que les
listes étant défini tivemenl arrététa , tous le» citoyens
(;u'elle« comportent ont droit de -voter, eicepté ceux
qui auraient été privé* de leurs droit» dviquefc.
Une troisième considération, la plus grave, c'a^t que
les individus inscrits Lndi>.meiit jx-uvent être élus con-
seillers municipaux, et que le mandat dont ils auraiwit
Clé investis n'en serait pas moins valable pour six ans,
quand bien même ils seraient reconnus ultérieurement
avoir perdu leurs droits életnorau»..
Nous allons analyser It-s dispositions de la loi du 2t
in.irs 1831 en ce qui concerne la forni tion des listes.
Ce n'est point dans les boines que nous nous sommes
imiMjséeit qu'il est possible de traiter complètement une
matière si étendue; nous iserons brefs, en lAcliant touie-
fiii-i de ne rien omettre d'easentiel. Nous laissons à d'au-
tres le; soin de dev(Hop|icr celte portion de notre légis-
lalion électorale qui est la pierre am,'ulaire de forga-
iiiMliou muiiidpale.
FofiMATioJi Dts l.iSTBS. — L'opcratlou de la confection
des littes d'électeurs communaux commence, chaque
année, le l«r janvier (1).
(.es listes se ccini[)osent de deux parties :
l.a première comprend le* citoyens les plus imposes
aux rôles des coutributions directes Ut la coviviune,
i,,'i!i de viiigt-uu ans accoin|)lis et jouiskant des droits
civlipies (i), dans les proportions déterminées par l'ar-
ticle 11, J Inr, de la loi du 21 mars IWl ,"5). Ce »otil les
t'l<'cteurs eensiluirai.
Celte prfuuière partie de la liste, où le^ plus imposc^^s
sont liiscrit» dans l'ordre décroissant de la quotité de
leurs contributions, est dressée parle maire, assiste du
percepteur et de» commissaires repartiieurs (4).
L'ex(iressiun de cUuycns, e<;rite dans l'art. 11 de la
loi , embrasse la réunion de» droits civils et des droits
politiques.
On ne lient comple que dp.s ronlributions directes
porttics aux i ôles de la ronwatne. Nul ne (leut se préva-
loir de contributions jjayees au dehors.
L'âge de vingl-un ans doit être accompli à l'époque
de la clrtlurc ciej listes.
Il n'est pas nécessaire que les électeurs censitaires
aient domicile dan» l:i commune, et un inéine imlividu
peut eiie électeur dans plusieurs eoimnunes, cette qua-
lité rejulianl di; la condition de plus imposé.
Les dispoiitions relatives à ratlribulion des conlri-
Luiions, contenues dans les lois concernant félcction
11) Loi (lu SI mari j8Sl, »rl. io. (a) Id. irt. Il et St.
(i) l'oiir le» rummune» de i.ona âniei tt «adessoiu, le neniLre
itf« riecleurs doii élic P!;sl «u diiieme dr U (jnpublion , s.iiit i]uil
(luiMc T eu «vuir nioiii. d.- Ironie doniicilip» dm» la rnmrnuiio, snu(
n en oii il ne te Irciuvii^iit pss un iiouil.rc lullisanl do ciloveus
frayaiil une coîilril.utimi peitoiMielle. fAll. u it ij de la lui.)'
{■.,-. lionibr. (Il- tliirciiic ) s'iifcioil ue i |,ar lim li^,l;iln.il» (on
«olli))le la ecntuine , ufiuutiirte [uiur In rrniuine acraiiipiie , en sus
«il- i.oou iusqn'a i,ow ; il'.- 4 pJi- loo li.iliiMiil. en eut de i.ouo ju.-
i|u'a iS.ooo; du i jjar i»u lubiuiilt au Jcius de iS.oeo. (AiU 11
H.imi, lui., , .
A) I.ai ptiinée, irt ii.
387
de."! députés , doivent f ire suivies pour les élections
reffleos par la loi du 21 mars (t). Les articles 4, H, 7, 8
et 9 de la loi du 19 avril IWl sont donc applicables aux
elect<'urs communaux, mais siculcmeiit par rapport aux
contr?'>ulions payées dans la commune. Nous repro-
duirons tout .'i riieore ces dispositions en les annotant
de quelque* dwisions des cours et tribunaux.
Ij s«'conde partie de la liste comprend les éleeleurs
adjni7il.s, de.signcs dans le § II di; l'art. H pre/ite. Ce
sont : lo Iâ's membres des cours et Ir.bunaux , les
juges de |)aix et leurs suppléants ; 2o les membres des
chambres de commerce, des con.ieils de manufactures,
des coii__ieils de prud'hommes • 3o kvs membres des
commis.sTons administratives des collèges, de.s hospices
et des bureaux de bienfaisance; 4« les ofticiers de la
garde nationak'; 5" les membre.s et correRpondants de
rliisi.-tul, les membres des sociétés savantes instituées
ou aut<u"isées par une loi ; tio les docteurs de l'une ou
de plusieurs des facultés de droit, de n>edeciii(% des
sciences, des lettn^s, aprè.s trois ans de domicile réel
dans la commune ; 7o les avocats inscrits au tableau ,
les avoués près les cours et tribunaux, les notaires,
les licenciés de l'une des facultés de droit, des sciences,
des lettres, chargés de l'enseifpieinent de queiiju'une
des matières ai;parteuant à la faculté où ils auront
pris leur licence, les uns et les autres après cin(| ans
d'exercice et de domicile réel dans la commune ; 8o les
anciens fonctionnaires de fordre administratif et judi-
ciaire jouissant d'une pension de letiniie; Du les em-
ployé* des administrations civiles et militaires jouissant
d'une pension de retraite de .«ix cents francs et au-
dessus; lOo les élèves de l'école polyiechuiqne (jui ont
été, à leur sortie, déclarés admis ou admissibles dans
les services publics, après deux ans de domicile réel
dans la commune ; toutefois, les ofliciers appelés à jouir
du droit électoral en qualité d'anciens élèves de l'ecolo
polytechnique ne pourront l'exercer dans les conimii-
iies où ils se trouveront en garnison qu'aul.v.it qu'ils y
auraient acquis leur domicile civil ou politique avant
de faire partie de la garnison; llo les ofliciers de lene
et de mer jouissant d'une pension de retraite ; 12 les
citovcns appelés à voter aux élections des iTiembres
de la chambre des députés ou des conseils généraux
des départements, quel que soit le taux de leurs conlii-
buiions dans la commune.
Cette seconde partie est dressée par le maire seul (2}.
Lc\s citoyens oui posséderaient l'une ou l'autre dés
qurjifications ci-dessus et qui seraient en même temps
inscrits sur la première partie de la li.^te conuTie élec-
teurs censitaires, votent à ce dernier titre et ne sont
point porics sur la deuxième partie (;i)..
Malgré le silence de la loi à leur égard, les électeurs
adjoints doivent être Agés éçtalemenl de vingt et un ans,
parce que ce n'est qu'à partir de cette limite <)ue com-
mence l'exercice des liroits civils. Le comiié de l'inié-
rieur du conseil d'état, ayant été consulte sur ce (juini,
a émis l'opinion que pour être électeur communal il faut
être maji-ur (te viniji et un ans el jouir des droits livHs et
civiques dans loi/ic Leur pU'niiude. Ainsi, les oflici rs du
garde nationale qui n'auraient pas encore vingt et nu
ans, les |)eusionuaires civils ou militaire.», les officiers du
Karcle nationale, les membrra des bureaux de bienfai-
sance, etc., etc., qui seraient de,s étrangers admis à jouir
en France des droits civils, enljn les faillis, ne peuvent
être ele<;teurs communaux
Nous avons remarqué que les électeurs cemilaires
peuvent ne pas être domiciliés dans la commune; mais
il n'en est point de môme pour les électeurs adjoiiUs.
L'ensemble di; la discussion de la loi du 21 mars 1831
établit suflisamment (jue le législateur, en autorisant des
adjonclions, u'a eu en vue d'appeler aux élections mu-
nicipales que des habitants de la commune, que des ci-
loyiuis ayant leur domicilf r<'el sur son territoire.
Des délais de résidence sont exigés de quelques-unes
des cla,ssc;s qui donnent la qualité d'électeur adjoint.
Pour les docteurs en médecine, ès-sciences, ès-leitres;
les avocats, avoués, notaires, etc., la durée de deux,
trois cl cinq ans de domicile, doit être accomplie avant
rej)0(iue de la clôture de la liste
Pour les autres calégories d'électeurs adjoints, quant
an domicile réel, à l'exercice des fonctions ou profes-
sions et à la possession du titre qui de;'ine le droit
d'inscription, ce domicile, ces fonctions, Litres ou pro-
fessions, doivent être possédés aussi avant la clôture des
listes.
ri:iJLic.\TiON DES Listes. — La liste générale des élcc-
fl) Loi précitée, art i'. — fi) /</. «ri. 58. p) Id. »î.
tBS
leurs communaux est 'publiée et affichée le 8 Jan-rier (i).
Elle esi comiEuniquée au secrétariat de la mairie à
lout requéram (2)
, "nÉCLA.MATiONS. — Pendant un mois , à dater de la pu-
« 'talion (jusqu'au 7 février inclusivemenl) , tout indi-
vidu omis peut réclamer son inscription ei tout électeur
' 'VTii peut réclamer la radiation de tout individu qu'il
uffùrait indûment porté (5)
t'n électeur qui se croirait indûment inscrit pourrait
demander sa prtjpre radiation.
Les réclamations sont adressées au maire, qui en dé-
livre récépissé; eilcs doivent être accompagnées de
pièces justiOcatives. En général, ces pièces sont: 1" l'ex-
-ait ou les extraits de rôle certifiés jjar le percepteur ;
-i-- lacté de naissance, si le réclamant n'est pas natif dç
»a commune; 3° les litres de propriété, si les contribua
lions ne sont pas imposées au nom du réclamant (à dé-
faut de titre, on peut considérer la noioiiété publique
^omme une justification suffisante); 4» l'extrait delà
uiairice cadastrale ou des états de section , s'il s'agit
J'uiie portion de cote indéterminée; 5° la délégation,
•:il y a lieu. •
Les demandes en inscription ou en rectification de
cens peuvent être présenlec-s par l'imermcdiaire d in-
dividus non électeurs lorsqu'ils, prouvent leur mandat
•>eulemeiit par une simple lettre. ,
Inaction des tiers, qui s'exerce de la part des élec-
teurs inscrits, est restreinte aux radiaiiom. Ainsi un
Jers ne peut réclamer d'office une inscriiuion.
Si l'électeur, dont un tiers demanile la radiation, est
sur les lieux, il lui est donne connaissance de la rCcla-
Tiation pour qu'il puisse y répondre. Si cet électeur est
.: osent ou non domicilié, la réclamai ion est ordinaire-
.-.oent communiquée soit à sou fermier, soit à son loca-
'.aire ou correspondant habituel.
La communicatiou, sans déplacement, des pièces res-
Iiectivement produites sur les questions et contesta-
tions, ne peut être refusée aux parties intéressées.
. Ces réclamations sont jugées dans le délai de huit
<ours par le maire, après qu'il a consulté une commis-
sion de trois membres du conseil municipal délégués à
^et effet par le conseil i4).
La décision rendue est notifiée dans ce même délai
aux personnes en cause (G) par le garde champêtre ou
,iar l'appariteur de la commune, ou bien i^ar le maire
i)u l'ad]t)int s'il n'y a pas d'appariteur ni de garde
f:liami)éire.
Les notifications sont effectuées ù la résidence des
parties domiciliées dans la commune, et, s'il s'at;it d'un
contribuable qui n'y a pas de domicile, chez son fer-
mier, locataire ou correspondant habituel.
Lorsque les trente jours lixes par les articles 34 et
■40 de la loi du 2t mars sont expires, c'eïi-à-dlre le
8 février, le'niaire ne i>eut plus recevoir de reclama-
lions contre la teneur primitive de la liste électorale;
elles doivent alors être adressées au préfet en conseil
de préfecture
Toute partie qui se croirait fondée à contester une
décision rendue par Icimaire dans la forme ci-<)eiisus
jK'ut en appeler dans le délui de quinze jours Cl«vant
le préfet qui, dans le délai d'un mois, prononce ee con-
seil de prerecliire et notifie sa décision (Ci.
Le maire, sur la notification de la décision interve-
nue, fait sur la liste la rectification prescrite (7).
Le terme dos appels devant le préfet ne peut dépas-
ser les mars. puis(|ue le délai dans leauel le maii-<« doit
statuer ne peut s'et<>ijdie juscju'au-delà du V> février.
Le.« pièces iiroduites à ra[)pui du pourvoi sont com-
muniquées, sans déplacement, comme il est dit plus
haut.
Les appels portés devant le préfet le sont par les
■parties engagées dans la première instance devant le
maire.
La loi n'accorde pas à un électeur communal le droit
de saisir directement le préfet en conseil de préfec-
ture, depuis le 8 janvieç jusqu'au 7 février inclusive-
mei-.t, sans avoir préalablement perte sa réclamation
devant le maire ; de même que le con,«'il d'eiai ne
peut apprécier les réclamations de ce genre que d'a-
près un recours contre un arrête pris par le préfet en
conseil de préfecture. 11 ne peut en connaître directe-
ment vîonire les décidions du maire.
Les principes sur les délais pendant lesquels les ré-
clamations sont ouvertes ne permettent pas de contcs-
i) Loi du 31 mars i8Ji, art. io.— (j) IJ. art, 33. — (3) Jrf. oii.
3<. — (4J I<i. art. Î3. — l»; Jd. en. 36.— (C) Id. arl. iC. — (t) Id.
art 3; '
I ter devant le préfet la capacité électorale qui n'aurait
pas été atlaqiici- dans le mois qui suit la publication de
la Ivle, ou autrement du 8 JHiivier au 7 février; mais si
la perte delà capacité ele/toralc est postérieure à cette
dernière e|X)que, la demande en radiation présentée ixir
un tiers peut être reçue comme simple renseignement.
C'est au maire qu'il appartient, en pareil cas, de signa-
leraii préfet les inilrvidus qui auraient perdu leurs droits
pendant la période réservée aux a[ii)els 'devant ce ma-
gistrat.
L'administration supérieure, cous devons le dire, met
une certaine facilite dafe l'admission et l'appréciation
lies appels qui lui sont défères contre les deci-ions des
maires, lorsqu'ils parais-senl fondes et que les irrégula-
rités qu'ils iJieseiUenl quelquefois n'offrent i)as le carac-
tère delà rfiauvaise foi; elle juge, en général, dans cette
matière, d'après l'équité plutôt que d'après la rigueur du
droit.
Jusqu'à présent nous n'avons parlé que des recours au
préfi't en conseil de préfecture a)ntre les décisions des
maires; mais il en est qui doivent être portés devant les
tribunaux ordinaires; ce sont les difficallés relatives à
l'attribution des contributions à la jouissance des droits
civiques ou civils, et au domicile réel. Le tribunal civil
de l'iirrondis-^enieut statue suivant les formes établies
par l'art. 18 de la loi du 2 juillet 1828. ^
" Après la clôture de la liste électorale communale, les
ugemenLs des tribunaux civils ne i>euvcnl y apporter
d'autres changements que ceux qui résultent imniédia-
lenicnl de leur dispositif, sans avoir aucim égard à la
di»proportion qu'une inscription ou une radiation éta-
blirait entre le nombre effectif des électeurs et celui voulu
par la /o>
Cloti're des listes. — Le 31 mars , le maire doit pro-
céfk-r, avec la commission du conseil ^municipal , à la clô-
lure définitive de la liste des électeurs communaux {*),
La liste une fois close, il ne peut plus y être fait de
changemont pendant tout le cours de l'aiinée; en cas
d'eleotion, tous les citoyens qui y sont portés ont droit
de voter, excepté ceux qui auraient été prives de leurs
droits civiques par un jugement f*"^).
§ II. — Extrait du jitre 1"' de la loi du 19 avril 1831
SL'R LES ÉI,ECT10.\S A LA CHAMRRE DES DEPUTES.
« ARTv 4. Les contributions directes (1) qui confèrent
«le droit él«ctoial sont la contribution foncière, les
« contributions j)ersonnellc et mobilière, la contribution
" des portes et [eiiélres, les redevances fixes et propor-
(I tinnnellps des mines (2), l'iiiipôl des patentes, et les sup-
<( pléments d'impôt de toute nature connus sous le nom
« de centimes additionnels {".).
« 1^.8 i-iroprietaires des inmieubles temporairement
(' exemptas d'impôts (4) poiirnint le.s faire ex perlisercon-
« trariictoirement et à leurs frais (;.) pour en constater la
« valeur de manière ;\ établir l'impôt qu'ils paieraient,
« impôt qui alors leur sera compte pour les faire jouir
<i de leurs droits électoraux (ti).
<( La patente sera compté à lout médecin ou cliirur-
« gien employé dans uu hôpital ou altachéà un établisse
« ineiil dech;»riié et exerçant gratuitement ses fonctions,
« bien que, par suite.' de ces mêmes fonctious, il soit dis-
« ^('iisé de l;i payer. »
i. Les rimiribuliona directes sont celles payées direc-
tement .'i l'iital, c'est-à-dire qui jiasser.t imnituliatement
du contribuable impo.sé an percepteur charge d'en re-
cevoir le produit, à la difléreiic(! ûcs cnnlrilnuious in-
directes qui, au contraire .sont assiscssur la fabricatiou,
(') Loi du SI mari lS3l, urt. ia. I.'nrt. iS de la loi du a |uil-
Ii'l iSjS e.st aititi conçu : « Toute partir qui te iroira roiidcc à
u oontcslef une titcision rendue l'ijr le préfet eu conseil <lu ijrc-
« fecturiï , pnnira [lorler sou a< lioii de\unt la cour royale du re|.
■ sort. L'exploit iiilroilucllf d'insianru dcvia. sous peine de uullili-,
■ élrc uotiliu d.nns Ica dix jour*, tant au préfet qu'aux partiea inté-
« ressoes.
t Dans le ras où la d»-cisirti du pi-t'fet en conseil de profcriuro
• aurait rc-jtlè une denunde d'in<ciiption l'ornïee par un tiers, l'ac*
• tion lie pourra être inlenlce que par l'individu dont l'insctiption
« il ail réclaincc.
« JjO cause sera jupêe soniinaircnieitl . toutes alTairca cessantes,
■ ri sans qu il soit lie^oin dn niinistéru d'a\oué. Les actes judieiai-
(1 res auxquels elle duiniera lieu seront enregistrés pratis. L'alfuirc
■ sera rapporiic en audience publique par un îles nieoiliirs de la
■ c<iui', ei l'ail et sera pronoueé après qu4- le niiiiLStôre nublic aura
• élë entendu.
« S'il V a pourTui en cassation, il sera procédé coninie devant
• la cour lovate , avec la nièiiie evenij.'tioii de droits d'eiiregistrc-
• ment. San* eoiL-isnation d'anirnde. ■
[") 1.01 du il mars iSii, art. 4o
la Tcntc , le transport, etc.', clC. ; impôt dont le revenu,
oi'diuairomeiit avancé par le fabricant, \v. inanliaiKl ou
le \oilurier, est supporté et iiKiirecleinciit paye par le
consoiiiiuatcur. Tels sont les droits qui frappent sur les
boissons, les tabacs, les cartes à jouer, etc., etc.
•2. Les reiievances fixes el proporlionnellcs des mines
sont des contributions publiques directes ; mais comme
elles ne sont pas portées sur les rôles de la commune ,
elles ne peuvent (Mrc comptées pour le cens électoral
municipal ( Cicc. minisl. 10 mai 1831).
j. On comprend sous la désignation de centimes ad-
dilionnels les centimes extraordinaires communaux de
toute imiure votés par les conseils municipaux ou parles
conseils généraux, ou même par les Chambres, comme :
i' les prestations en nature pour la réparation des che-
mins vicinaux ( C. caK. ^2S juillet 1831) ; 2° le droit de vé-
rification des poids et mesures (C. roy. Grenoble, tSjnin
4830) ; 3° les dépenses des bourses et chambres de com-
merce (C. roy. OrU'aiis, H décembre 1828; discussion à
la chambre des Députes. »8 février 1831) ; i' le dPoit fixe
de t f. 25 c. prix du timbre de.s formules de patentes,
ïaais le supplément d'octroi, qui, dans certaines villes, est
destiné à remplacer l'impôt mobilier, ne doit plus comp-
ter dans le cens électoral, parce qu'alors il est devenu
imi)ôt indirect (C. j-oî/. Rouen, 38 avril 1829 ).
4. En vertu de l'arlicle 88 de la loi du 2 frimaire an 7.
5. L'expertise est faite à la diligence du Directeur des
contributions directes ( Cire, minisi. 2s avril 1831 ).
\ 6. Ce droitn'étaitpointaccordé pari' ancienne législation.
En matière électorale , lorsqu'il y a doute sur le point
de savoir si telles contribution? sont de nature à entrer
dans la formation du cens, il faut interpréter le doute en
teveur de la capacité électorale ( C. roy. Bordeaux , 10
septembre 1829 ).
*iArt. 6. Pour former la inasse des contributions néces-
(( saires à la quahié d'électeur, ort|comptera à chaque Fran
« çais les contributions directes qu'il paie dans tout le
« royaume (1); au père, les contribuiioife des biens de«es
« enfants mineurs dont il aura la jouissance (3), et au
« mari, celles de sa femme , même non commune en
« biens, pourvu qu'il n'y ait pas séparation de corps.
« L'impôt des portes et fenêtres des propriétés louées
« est compté pour la formation du cen« électoral aux
rt locataires ou fermiers (3).
(( Les contributions foncière, des portes et fenêtres, et
n des pataites, payées par une maison de commerce
« composée de plusieurs associés , seront , pour le cens
« électoral, partagées par égales portions entre les as-
« sociés, sans autre justification qu'un certificat du pré-
ce sident du tribunal de commerce _, énonçant les noms
« des associés. Dans le cas oU l'un des associés préten-
« drait à une part plus élevée, soit parce qu'il serait seul
« propriétaire des immeubles, soit à tout autre litre, il
i( sera admis à en justifier devant le préfet en produisant
« ses titres. »
1. Aux termes de l'art. 11 de la loi du 81 mars 1831 ,
on ne doit tenir compte, en matière d'élections munici-
pales , que des contributions directes portées aux rôles
de La commune.
Lorsque l'usufruit et la nue-propriété ne reposent pas
sur la même tête, les coniribulions assises sur l'im-
nieuble comptent à l'usufruitier et non au nu-proprié-
taire, alors même qu'elles foraient payées par ce der-
nier. ( C. cassation , 9 avril 1829 ).
Le propriétaire qui vend im immeuble avec réserve
de jouissance ef'paiement des contributions pendant un
temps donné, n'est pas considéré comme usufruitier, et
les contributions ne doivent pas lui être attribuées pour
composer le cens électoral ( Ordon. 'il janvier 1828).
Les contributions assises sur un bien comptent à l'ac-
quéreur en réméré et non au vendeur ; elles comptent
aussi au propriétaire des biens engagés par antichrèse
{Cir. minist. 16 septembre 1820 ).
Le père et le fils, jouissant en commun de leurs biens,
ne peuvent réunir leurs contributions sur une seule tête
pour l'exercice du droit électoraj. La loi ne permet de
profiter des contributions d'autrui qu'au mari, au père
du mineur et aux descendants d'une veuve. ( Cire, mi-
nist. 18 oc/o/>r6' 1820 ).
Les contributions des biens qut appartiennent en com-
mun à des co-propriétaires doivent être partagée? entre
eux par égales portions, parce qu'ils ont, en qualité de
communistes, les mêmes droits que des sociélaires
( Voyez le dernier alinca de l'art. 6 ci-dessus). Il en se-
rait de même entre héritiers-propriétaires par indivis;
ils représentent le défunt pour leur part héréditaire. Si
les co-propriétaires justifiaient par titres d'une part de
co-propriété plus forte que la portion virile , on devrait
leur compter, comme aux sociétaires, une part propor-
tionnelle de conlribuUon.'pans le premier cas , il suffit
289
de JusUfier deees droits pit nn fccriiflGal da tiérceptcur
vise par le nmire; dans le second, il faut justifier par
litre de la part plus forte que la portion virile (C. roy.
liourges 2 noivmbre 1820 ) . , . ,
Le serment ne ijcut être déféré sur la question e sa-
voir si celui qui réclame son inscription ou son maintien
sur 1 liste électorale est propriétaire réel djes Immeu-
bles dont les contributions lui confèrent le cens {C. roy.
Nancy , '21 juin 1830).
2. Le père ne peut profiter des contributions de ses
enfants mineurs émancipés {Cire. min. 18 octobre 1820).
Les contrQjutions des biens des enfants mineurs d'une
veuve remariée, dont cette veuve est tutrice, ne peu-
vent pas être comptées au second mari ( Art. 386 du
code civil combiné avec l'art. 6 ci-dessus ).
Le mari ne profite que des contributions des biens
dont la veuve a l'usufruit, et non de celles dont elle a
simplement la nue-propriété (Cire. min. 12 octobre 1820).
5. L'impôt des portes et fenêtres est attribué au loca-
taire, alors même que ce serait le propriétaire qui le
paierait , en vertu de conventions privées (C. roy. Bor-
deaux, Iti novembre 1828).
Comme cette contribution est portée au rôle sous le
nom du propriétaire, l'indication de la portion payable
par tel locataire se fait par un certificat du propriétaire
ou par un procès-verbal de recensement que dresse le
contrôleur des contributions directes {Cire, minisi. 20
avril 1831).
Mais les locataires en garni ne profitent pas de l'impôt
des portes et fenêtres (C. roy. Caen, 29 décembre 1828).
Celte question a été jugée en sens contraire par la Cour
royale de Pàuiih novembre 1854).
tn citoyen ne peut compter, pour compléter son cens
électoral," la patente délivrée à un tiers, bien qu'il ait suc
cédé à l'industrie et acquis la fabrique de ce tiers (C. roy.
Nancy , te juin 1830).
Les patentes étant personnelles, et ne pouvant servir
qu'à ceux qui les ont prises, il s'ensuit qu'une patente
au nom du père ne doit pas profiter aux enfants pour
leur cens électoral, encore que, dans la réalité le com-
merce pour lequel la patente a été déUvréesoit exercé
par eux seuls depuis plusieurs années ( C. roy. Rennes,
i décembre 1828).
4. Le principe posé par ce dernier paragraphe n'est
applicable qu'aux sociétés en nom collectif; il ne l'est
pas aux sociétés en commandite ni aux sociétés anony-
mes [Cire, minist. '20 avril 1851J.
« Art 7. Les contributions foncière, personnelle et
« mobilière ,et des portes et fenêtres, ne sont comptées
« que lorsque la propriété foncière aura été possédée ou
« la location faite janiérieurement aux premières opé-
« rations de la révision annuelle des listes électorales (1).
« Cette disposition n'est point applicable au possesseur
« à litre successif ou par avancement d'hoirie (2). La pâ-
te tente ne comptera que lorsqu'elle aura été prise, el
« l'industrie exercée, un an avant la clôture de lafiste
« électorale. )>
Les dispositions de cet article sur les époques de
possession, de location et d'exercice de l'industrie, sont
applicables à la formation des Ustcs d'électeurs com-
munaux, c'est-à-dire que la possession et la location
doivent être antérieures au premier janvier, sauf en cas
de succession ou d'avancement d'hoirie, et que l'anna-
lité de la patente doit être accomplie au 31 mars {Cire.
minis/. 10 mai 1831).
1. La possesion antérieure aux premières opérations
de révision des listes n'est pas exigée dans le cas où
il s'agit de biens acquis en remploi de biens d'une femme,
conformément aux articles 1434 et 1435 du Code civil
(Cire, minist. de '2 septembre iH22).
La possession est nécessaire , encore que les biens à
raison desquels le citoyen réclame son inscript'on aient
été acquis par voie d'échange, que ce citoyen eût la
possession des biens échangés, et qu'enfin /es contribu-
tions f oient les mêmes sur les biens aliéaés que sur les
biens acquis (C. cass. i'5 juillet 1830) . . ,
La possession compte à l'acquéreur, non du Jour de
la vente , mais de celui de la ratification du vendeur
pour lequel on s'était porté fort {C. roy. Paris, 30 «ff-
vembre 1829).
2. Lorsque les père et mère font à leurs enfiiîts un pai^
tage anticipé, ceux-ci sont réputés jouir, à titre successif,
des revenus comme de la nue-propriété des biens com-
pris au partage (C. roy. Angers, 20 mars 1829).
La vente sur licilation des biens d'une successîon
donne à l'héritier acquéreur un titre successif (C. roy.
Rouen, 13 novembre 1818).
lly a avancement d'hoirie, et par conséquent titre
successif, dans une donation faite parmi père à sea
enfants ( C. roy. Rouen, 23 avril 1828J.
290
Le citoyen dont la radiation de la liste éleclorale a
été réclamée par le molif qu'il ne payait pas le cens ,
peut obtenir son maintien sur la liste, au moyen de
partages faits depuis la demande en radiation. En ce-
cas, et selon la règle du droit commun, l'effet idu par-
tage remonte au jour où a commencé l'indivision ( C.
roy. Orléans, li janvier 1820). !
Le co-héritier peut, aussitôt après le partage ou la
vente que ses co-héritiers lui ont consentie de leurs
droits successifs, se prévaloir, pour former son cens élec-
toral, de la totalité des contributions payées par les
immeubles dont il se trouve propriétaire. En cette oc-
currence, le co-héritier est réputé posséder à titre suc-
cessif (C. roy. ISancy, 27 novembre 1828).
« .\RT. 8. Les contributions directes payées par une
« veuve, ou par une femme séparée de corps ou divor-
« cée, seront comptées à celui de ses fils, pelits-fils, gen-
re dres ou petits-gendres, qu'elle désignera (1) ».
1. La veuve, la femme séparée de corps ou divorcée,
a la faculté de choisir, pour la délégation de ses con-
tributions , l'un quelconque de ses descendants , sans
s'arrêter à la proximité du degré ou à la distinction de
parente ou d'alliance ; par exemple, elle peut désigner
un de ses petits-gendres, quoiqu'elle ait des fils petits-
lils, ou gendres.
Cette délégation peut être faite par acte sous seing-privé
(C. cass. 28 jîiiri 1830), pourvu que la signature soit léga-
lisée {Cire, minist. 20 avril 1831).
Lorsque la veuve , la femme séparée de corps ou
divorcée , ne sait point écrire, elle peut désigner par
une déclaration devant le maire de sa commune, celui
de ses fils ou gendres qu'elle entend faire profiter de
ses contributions pour le cens électoral.
La délégation des contributions qu'une mère ou belle-
mère peut faire est un mandat ((u'il lui est loisible de
révoquer à volonté, mais elle ne doit avoir qu'un seul
représentant, quelque soit le montant de ses contri-
fculions.
La délégation dure tant qu'elle n'a pas été révoquée
et elle profite au délégalaire non-seulement pour les im-
pôts payés par la mère ou belle-mère au moment de la
délégation, mais aussi pour ceux dont elle peut être pos-
térieurement chargée par suite de nouvelles acquisi-
sitions ou autrement { C. roy. Nancy, 21 décembre 1830;
•îrib. civil d'Orléans,.. .janvier 1834).
La délégation cesse de droit quand la veuve se remarie.
Les délégations et leur révocation ne sont assujetties qu'à
un droit fixe d'enregistrement de l fr. {Décis. 18 iiiiL-
lel 1824;.
La délégation continue d'exister, bien que le gendre
ait, après le décès de son épouse , contracté un se-
cond mariage, alors qu'il existe un enfan»!. issu de la
première Qiiion (C. roy. Pnris.^i di'cembre 1829).
Il n'est pas nécessaire que les contributions déléguées
forment seules le cens électoral; la délégation peut
être faite pour compléter le cens. Le même individu peut
recevoir simultanément des délégations de differenies
personnes, par exemple de sa mère et de sa belle-mcre.
La mère adoptive peut déléguer ses coiiiribulions à
son fils adop^ir ( C. roy. Nancy, 9 .septembre 1820 ) ;
mais la mère de l'enfant naturel ne peut lui faire cette
délégation, ( C. roy. Bounjci, 7 dcrrwbre 1834. )
La veuve peut déléguer les contributions <)u' elle paie
pour les biens de ses enfants mineurs dont elle a l'usu-
fruit légal.
La veuve remariée ne peut, même avec le consente-
ment de son second mari, déli'guer .'i un lilsdu premier
Dt les contributions d'un bien dont elle est l'usufruilière,
et dont ce fils a la nue-propriété. Ces contributions sont
.comptées au second mari ( Cire, minist. 39 novembre
Une femme veuïC ne peut faire h l'un de ses fils une
déléKati.''n de ses contributions à l'effet de le faire com-
prendre s:»r la liste du jury, si elle avait déjà fait pa-
reille délégation à son autre fils pour le faire inscrire
comme électeuT municipal; la révocation de cette der-
nière délégation^ faite aprè^ la clôture de la Ifste des
électeurs municipaux, ne peut assurer l'effet de la pre-
mière (C. roy. Paris, '^ii novembre 1834).
La veuve ne pourrait donc non plus déléguer ses con-
tributions à l'un d(! ses fils ou gendres pour le rendre
électeur communal, i uu autre fils ou gendre profilait
déjà d'une semblable délégation non révoquée en temps
utile, pour son inscription sur la liste du jury
« ART. 9. Tout fermier à prix d'argent ou de denrées
« qui (1), par bail authentique d'une durée de neuf ans au
ft moins, exploite par >ji-môme (2) une ou plusieurs pro-
a priétés rurales , a droit de se prévaloir du tiers des
« contributions payées par lesdjtes propriétés sans que
<i ce tiers soit retranché au cens électoral du proprié-
(! taire.
« Dans les départements où le domaine congéable (3)
« est usité, il sera procédé de la manière suivante pour
« la répartition de l'impôt entre le propriétaire foncier
a et le colon.
« 1" Dans les Tenues composées uniquement de mai-
« sons ou mines, les six huitièmes de l'impôt seront
« comptés au colon et deux huitièmes au propriétaire
« foncier.
« 2" Dans les Tenues composées d'édifices et de terres
« 'abourables ou prairies, et formant ainsi un corps
(t d'exploitation rurale, cinq huitièmes compteront au
« propriétaire et trois huitièmes au < olon.
« 3" Enfin, dans les Tences sans édifices, dites Temues
« SANS ÉTAGE, six huitièmes seront comptés au proprié-
« taire et deux huitièmes seulement au colon, sauf, dans
<t tous les cas, la faculté aux parties intéressées de de-
« mander une expertise aux frais de celle qui la re-
« querra. »
Nous aurions peu à dire sur cet article qui se trouve
remplacé dans la loi du 21 mars 1831 par l'art. 14 ainsi
conçu: « Le tiers de la contribution du domaine exploité
« par un fermier à prix d'argent (4) ou (5) portion de
« fruits, lui est compté pou» être inscrit sur la liste des
« plus impTîsés de la commune, sans diminution des
« droits du propriétaire du domaine iG). »
1. Le fermier à prix de denrées est celui qui donne
au propriétaire une quantité déterminée de fruits : cent
hectolitres de blé, cinquante pièces devin, etc., etc.
2. Ce qui est prouvé par un certificat du maire attes-
tant en outre que le fermier ne sous-afferme pas le do-
maine (Cire, minist. ZO avril 1831 ).
3. Ce contrat n'est guère en usage dans les trois dé-
partements des Côtes-du-Nord, du Morbihan et du
Finistère.
4. Le fermier à prix d'argent est celui qui a la jouis-
sance d'une propriété rurale pour un temps limité, et
moyennant une certaine somme.
5. Le fermier 5 portion de fruits, ou colon partiaire ,
est celui qui donne aj propriétaire une quantité de
fruits, telle que la moitié, le tiers, le quart. La loi du 21
mars attribue non-seulement au fermier, comme le fait
l'art. 9 de la loi du 19 avril 1831 sur les élections à la
chambre des députés, mais encore au colon partiaire,
le tiers de la contribution du domaine qu'ils exploitent,
sans diminution des droil« du propriétaire.
(5. Si un domaine paie 60 fr. de contributions, le pro-
priétaire sera considéré comme payant 60 fr. et le fer-
mier comme en payant 20. Il faut remarquer en outre
que la loi du 21 mars diffère aussi de celle du 19 avril,
en ce qu'elle n'exige pas que le bail ait une durée do
neuf années; il n'y a point à distinguer entre les baux
plus ou moins longs.
M. le ministre de l'intérieur, par une circulaire du 10
mai 1831 , prescrivait d'exiger du fermier un bail au-
thentique; mais, par deu» autres instructions des 19
juillet et 12 décembre même année, le ministre, pre-
nant en considération que, dans un grand nombre de
localités, le^ conventions entre les propriétaires et les
fermiers, métayers on colons, se font par actes sous
seings-privés, ou même verbalement, et que le droit
arcc^rdé par l'article 14 de la loi du 21 mars 1831 de-
viendrait illusoire, si l'on exigeait la représentation d'un
bail aullietitii)ne, a reconnu que la production d'actes
sous seings-privés, ou même la notoriété et le fait de
l'exploitation , peuvent former une justification suffi-
sante. »
Claraecy (Nièvre), le 3( décembre 1836.
Henri COUXU .
Secrétaire de ta sous -pri/ecture.
291
REPERTOIRE D03IESTiaUE.
I. ÉDUCATION DE L'ENFANCE.— IL MORALE ET BIEN-ÊTRE DES FAMILLES.—
m. ÉCONOMIE USUELLE.
DU RESPECT DE LA CHOSE PUBLIQUE.
Depuis quelques années, notre éducation
civique et sociale a fait de grands pro-
grès': cela ce conçoit. Pouvait -il en être
autrement avec le développement progres-
sif des mœurs constitutionnelles, avec notre
initiation à la vie publique qui nous a don -
né des droits en échange de nos devoirs ?
Lorsqu'un monarque qui prêtait au despo-
tisme Tattrait de la grandeur et le prestige
de la gloire se permettait de dire : l'E-
tat, c'est moi! lorsque tous les actes de son
règne réalisaient cette parole , on pouvait
se dévouer à un homme , car il avait de
quoi faire naître Y enthousiasme , mais (m
devait forcément ignorer la plupart de ces
vertus que développe un gouvernement
libre , auquel chaque citoyen est appelé à
concourir.
Ce concours donc a porté ses fruifs ,
malgré les funestes influences qui résultent
des luttes orageuses des révolutions , du
choc acharné des partis , de ce flux , de ce
reflux causés dans les idées, dans les
croyances, dans les positions par les vicis-
situdes de quinze ou seize gouvernements
successifs, et cela en moins d'un demi-
siècle.
Il serait trop long d'énumérer tout ce
que nous avons gagné ; mieux vaut d'ail-
leurs signaler ce qui manque à notre- édu-
cation de citoy(Tis. Le tableau de nos
progrès ne p-yurrait que nous inspirer un
mouvement d'orgueil ; au contraire , un
défaut indiqué, une plaie mise à nu ap-
pellent le remède. Les peuplesdoi veni adop-
ter la devise de Jules- César : Il n'^ a nen
défait tant qu'il reste quelque chose à dire.
Ce qui nous manque, ce qui faisait dire
à Jean-Jacques Rousseau : Les Français
n'ont soin de rien, c'est le respect de la
chose t)ublique,c'est cette religion du passé, '
ce cuUe des monuments qui les met !
sous la sauvegarde de tous, et dispense le
pouvoir de déployer ce luxe de précautions,
de gardes, de sentinelles, dont nous som- |
mes sans cesse entourés. On dirait d'uU)
peuple d'enfants ou de fous ; car l'enfance
et la folie sont également sans pitié : dé- ^
truire est à leurs yeux une jouissance, un
bonheur.
Chez l'homme privé de la raison, cette
déplorable manie se comprend et s'expli-
que ; mais chez l'enfant elle disparaîtra
lorsque tous ceux qui le devancent dans la
vie, lorsque tous ceux qu'il chérit, qu'il ré-
vère, lui donneront l'exemple et la leçon
du respect de la chose publique.
Malheureusement, il n'en est rien ; les
habitants de nos villes et de nos campagnes,
et nous parlons ici de tous les rangs, de
toutes les classes, sans exception de sexe,
de fortune, déposition, les habitants de nos
villes et de nos campagnes semblent avoir
hérité de cet esprit de destruction qui ani-
mait les Barbares, se ruant sur l'empire ro-
main pour s'en partager les lambeaux; c'est
le même vandalisme, sans avoir les mêmes
motifs d'excuse et de justification.
Allez dans un musée, et vous verrez des
mains indiscrètes se poser sur une toile
consacrée par le pinceau de Raphaël ou du
Corrège ; et vous trouverez des statues de
marbre ou de bronze dont les proportions
ontétéquelquefois altérées par ce contact in-
cessantdemains vandales. A cetégard,nous
pouvons citer les statues du Rhône et de la
Saône, qui se trou venta Lyon dans le vesti-
bule de l'Hôtel-de- Ville Le pouce de leurs
pieds sera bientôt réduit à figurer les dimen-
sions du petit doigt ; on a même volé un
des poissons, attribut de la Saône.
Rien ne résiste : pierre, marbre, bronze,
sont également déchiquetés avec cette per-
sévérance soutenue que mettrait un cap-
tif à creuser l'issue par laquelle il doit con-
quérir l'espace et la liberté.
Et nous ne parlons pas ici des dégrada-
tions opérées dans un but de cupidité ; nous
ne parlons pas des vols qui profanent les
sanctuaires de la religion et les sanctuaires
des arts et de la science; nous nous occupons
seulement des masses et de leur instinct de
destruction. Du reste, en réformant cet
instinct , en gravant de bonne heure dans
tous les cœurs le respect de la chose pu-
blique , on diminuerait forcénient le nom-
bre des vols dont nos monuments publics
et religieux ont été le théâtre et l'objet.
.JS^'"
992
Qu'on né s'y méprenne point : les impres-
sions qui datent du berceau , les croyances
pour ainsi dire sucées avec le lait , les
idées, les préjugés même qui constituent
le patrimoine moral de la famille, tout cela
s'efface difficilement ; voilà ce qui expli-
que l'empire des lois basé sur les mœurs.
Au reste, nous ne demandons par la
réalisation d'un rêve , d'une utopie , sous
toutes les latitudes tempériés , aans tous
les pays civilisés , l'homme naît avec les
mêmes instincts, les mêmes passions. Pour-
quoi dès lors ne pas obtenir du peuple fran-
çais, si éminemment doué de l'esprit de so-
ciabilité et de l'intelligence de la gloire ,
pourquoi ne pas en obtenir ce qui se ren-
contra dans toutes les républiques de l'an-
tiquité, ce qui se reproduit chaque jour en
Angleterre.
Athènes, Corinthe, Rome n'entretenaient
pas une armée pour veiller à la conservation
du peuple de marbre et de bronze qui dé-
coraient leur enceinte. Lors(|ue Zeuxis et
Parrhasius exposaient leurs tableaux sous
les galeries du Céramique , ils n'avaient pas
les besoin de les entourer d'un cercle defcr,
ou d'en défendre l'accè-s au moyen de
Scythes armés de lances menaçantes. Il y
avait quelquefois dans ces cités une réac-
tion de l'esprit public contre un monument ,
contre une statue ; mais c'était une mani-
festation publique , une vengeance exercée
contre un homme , jamais une profanation
contre l'art, et ces réactions ne s'étendaient
jamais aux chefs-d'œuvre ; car alors le gé-
nie était une puissance devant laquelle se
courbaient tous les fronts et fléchissaient
tous les genoux.
A cette époque, il est vrai, le peuple sa-
vait qu'un monument lui appartenait ; or,
on ne détruit jamais sa propriété, on ne se
ruine pas soi-même de gaîté de cœur. E-n
France, qu'a-t-on fait pour le peuple?
Espérons que les bienfaits de l'instruc-
tion et les progrès de notre éducation so-
ciale feront bientôt disparaître le mal que
nous signalons ; espérons qu'il arrivera
bientôt ce temps où un monument public
se protégera par lui-même. En Suisse,
comme nous le disions tout à l'heure, nous
avons vu tel banc de bois qui dure depuis
quinze et vingt ans. Alphonse Rastoul.
! DE L'iNDIVIDUiVLISME.
La société et le ciel ont chacun leurs
droits sur les hommes ; on s'est à peu près
purgé de l'égoïsme, qui est un outrage con-
tre la société, et de l'athéisme, qui est un
outrage à la divinité : ce ne sont plus seu-
lenitnt choses odieuses V mais choses de
mauvais goût, En aucun cercle du monda
personne n'oserait se dire égoïste ou athée
mais chacun convient assez volontier
qu'il vit dans cet isolement moral qu'on
pourrait appeler l'individualisme : mot
nouveau qui devient peut-être nécessaire
pour caractériser un mal qui était inconnu;
mot presque étrange, auquel les puristes de
langage doivent cependant permettre son
cours , parce nu'il passera avec le mal ac-
cidentel auquel il aura dû son origine. —
Par l'égoïsme on se préfère à tous; on
n'accorde rien à la patrie elle-même que
si , en retour , il y a chances heureuses de
dédommagement. Malgré l'individualisme,
on ne perd rien de sa générosité d'homme,
rien de son dévouement de citoyen, mais
on ne veut ni des conseils, ni des secours
de personne ; et l'œuvre qui eût été grande
et utile avec l'aide d' autrui, sort imparfaite
des efforts d'un seul.
Les preuves ne manquent pas à l'appui
de cette haine vertueuse que je vouorais
inspirer contre l'habitude d'isolement ,
contre l'esprit d'individualité.
Les améliorations matérielles sont com-
me une espèce d'ordre du jour qui tient en
travail et la tête de ceux qui pensent , et
les bras de ceux qui agissent ; il y a comme
absorption de l'attention générale dans
le désir de cette natu-^e d'améliorations ;
l'industrie fleurit par mille heureux pro-
grès , dans une atmosphère de liberté et
de protection qu'entretient la sollicitude
gouvernementale. Toutefois s'agit-il d'ou-
vrir aux mers de nouveaux bassins , de
rompre en canaux paisibles leurs flots tu-
multueux, d'introduire dans des contrées
arides, qu'ils animeront de la vie çommer-
merciale, les fleuves qui, en se confondant,
submergent ailleurs un sol fertile? S'agit-
il de créer, entre les navires poussés par les
vents et les wagons entraînés par la va
peur , une lutte de force et de célérité ?
entre les eaux et la terre, une enrichissante
rivalité de puissance? Comme ces prodiges,
que le génie d'un seul homme peut bien
concevoir, n'arrivent à leur réalité qu'avec
l'énergie de cent volontés concordantes et
qu'avec l'aide de mille fortunes privées qui
unissent leurs ressources, ne vous étonnez
pas si les années succèdent lentement aux
années avant que l'entreprise sérieusement
formée donne aux espéwinces du public ufl
aliment qui les soutienne. A peine , en
France , on est au début des travaux que
déjà en Angleterre ils sont accomplis.
C'est que, chez nos voisins, les indiviaua-
lités sont toujours prêtes à se grandir par
393
les arégations. Il est telle entreprise qui 1
compte plus de douze cents intéressés , tous '
indéfiniment responsables sur l'universa-
lité de leurs biens. En comparaison de ce
foyeivardent d'activité , nos compagnies en
commandite , qui n'engagent que jusqu'à
concurrence de la valeur des actions, sont
inertes et sans force.
Notre agriculture languit encore; les
progrès qu elle a faits ne sont que l'œuvre
de l'homme infatigable qui s'est trouvé
aux prises avec le besoin. L'impérieuse
nécessité commandait de nourrir la fa-
mille, de payer- à l'État l'impôt , et les
sueurs du travail ont injecté, dans la terre,
une vertu fécondante. Mais le laboureur
ne le sait que trop : toute main qui a sou-
lagé la sienne, il l'a payée chèrement ; tout
capital qui a passé en améliorations, il l'a
malaisément emprunté, et plus malaisément
encore l'a -t- il remboursé avec des inté-
rêts en valeur double des fruits de la terre.
Tout fléau qui ravage ses récoltes, qui
ruine ses étables, il est contraint de l'accep-
ter comme une épreuve nouvelle que le Ciel
impose à sa patience résignée ; car, dans
les jours m-oins mauvais , il n'a rencontré
aucune institution à laquelle il pût s'asso-
cier pour en recevoir, au jour du malheur,
des secours pleins d'efficacité que lui-même
aurait contribué à donner à un autre, si
un autre eût été frappé en sa place.
Cet isolement des laboureurs a cessé de-
puis longues années en Allemagne. Aussi
leur vie est aisée et douce, leur instrucfion
bien appropriée à leurs besoins, et la terre
d'une fécondité qui ne se lasse plus. A con
sidérer, au par-deià du Rhin, la multiplicité
et la variété des récoltes et le bonheur que
donne la vie des champs ; à voir, en-deçà,
notre agriculture française qui n'a de force
que dans les privations qu'elle endure, il
semble que le fleuve soit une barrière puis-
sante comme la mer et qu'un vaste inter-
valle sépare ses deux rives. La cause de
cette différence, qui est bien faite pour
nous provoquer à abjurer nos habitudes
d'isolement et nos goûts d'individualité,
est certaine : les laboureurs allemands
trouvent, dans des associations ou des in-
stitutions que les lois protègent et que le
pouvoir municipal dirige, un véhicule
dans la prospérité, un refuge contre la cala-
mité. '_.
GiLLON
Membre de Ict Chambre des députés.
CALCULS D INTERETS.
Méthodes pour calculer les intérêts, par la
règle de proportion , par le diviseur spé-
cial et par des recherches exactes pour
les calculer de tête ou d'un trait déplume .
Ces trois manières font l'objet de trois
articles.
L L'année commerciale est considérée
comme n'ayant que 360 jours ; les mois se
prennent tels qu'ils viennent, c'est-à-dire
ceux de 31 jours pour 31 et ceux de 30
pour 30 jours.
Pour prendre l'intérôt d'une somme,
ou multiplie la somme par le nombre de
jours , et on divise par le taux convenu ;
le quotient donne l'intérêt couru.
Pour connaître le diviseur, non-seule-
ment à 5 p. 0/0, mais à tous les taux en
général , il ne faut faire qu'une simple règle
de proportion. Pour avoir le chiffre du
diviseur à 5 p. 0/0 l'an, voici les termes
de la règle de trois.
Si 6 : 360 : : 100 : X.
OPERATIOuX.
360,00
10...
7200 diviseur.
Lorsqu'on supprime les deux zéros au
diviseur , on doit conserver alors tous les
chiffres du dividende ; si au contraire le di •
viseur était formé de nombres impairs, il
faudrait ajouter deux zéros au dividende.
— Application: Il est dû une somme de
3000 fr. depuis le 10 juin, et c'est le
31 octobre qu'on désire la toucher avec
les intérêts courus à raison de 5 p. 0/0 l'an,
à combien s'élèvera-t-elle, intérêts corn ■
pris ?
OPÉRATION. Du 10 juin au 31 octobre,
il y a 143 jours (on ne doit jamais compter
le jour du départ, on dit du 10 au 30 juin
il y a 20 jours, etc. )
H3 jours
3000 Si je multiplie les jours
par la somme, c'est
jwur abre'ger ; par te
moyen la multiplica-
tion se fait avec un
seul chiffre.
429000
72 diviseur forme' par la
règle de proportion ci
dessus.
690 59 f. Ô8 e.
620
600
24
Principal 3000 f.
Intérêts 59 58
Total.,,,.,.... 30ô9f.5Sc.
tn
II. DU DIVISEUa SPÉCIAL.
Dans le tableau des diviseurs, on pourra
choisir tel nombre que l'on voudra depuis
I jusqu'à 12 p. ^ et par fraction de ~ p. ^.
Je ferai remarquer que les tableaux qui ont
paru jusqu'à ce jour n'ont donné le taux
qu'à ^ p. ^ et non au ~, comme celui qui se
trouve ci - dessous. Je crois qu'il eût été
inutile de le faire sur une échelle plus dé-
taillée. Dans le commerce on ne négocie ja-
mais à r? ni à -j p. V fan ; iCS cours ordi-
naires sont depuis 2 ^, 2^. 2 |, 3 p. ^ jus
qu'à 6 p. f. Dans les colonies françaises
1 escompte est beaucoup plus cher.
Pour connaître le nombre de jours qu'il
faut pour reproduire le capital, on doit éta-
blir la proportion suivante (le taux étant à
2 p. ^) : Si 2 p. 4 donnent 360 jours : : com-
bien F. 100 : X(soit 18,000). Cette règle a
servi de base pour les autres taux.
l'an diviseurs.
l'an
DIVISEURS.
" ^ f- ■ 1 ■ »
l'an DIVISEURS.
A 1 pour cent.
36000
A 4^ pour
cent. 757811
A 8 Jr pour cent. 4235 ^
U »
28800
5
7200
8^ - 4114 f
H "
24000
H "
6857
9 « 4000
H "
20571 f
5i »
6545 TT
9i V 3891^
2 »
18000
o - »>
6260 7T
9i » 3789 1^
2i »
16000
G
6000
9^ » 3692 -i^
2i »
14400
6Î »
6760
10 » 3600
2f -
13090 11
6i .
6537
10 i » 3512^
3
12000
6^ -
6333 \
6142 1
10^ n 3428 4
Si "
11076 ;^
7
lOi .. 3348 H
3 â- "
10285 ^
7i »
4965 i^
11 » 3272-^
3^ "
9600
7i «
4800
11 i « 3200 j'
4
9000
Il «
4645
11 i " 3130
i^ f
8470 tV
8
4500
1 1 1 n 3063
■Il 1
8000
8i "
..Il M =
4363 ^
■■■<ii,i,u rx 1 'ji ■. -n
12 « 3000
Manière prompte et facile pour calculer les
intérêts aux taux dont on fait le plus
fréquent usage.
11 faut multiplier comme ci - contre la
somme par les jours courus, et diviser par
le taux convenu ; on doit retrancher les
trois zéros aux diviseurs détaillés ci-après;
le quotient donnera l'intérêt.
Si l'intérêt était à 2j p.f, l'un, on \
diviserait par » IfiOOO 1 Ces divi-
d° à3 » 12000 Iseurs sont
d° à4 » 9000 \ extraits du
d" à 4 ; » 8000 1 cadre ci-des
d' à5 » 72001 sus.
d° à6 » (JOOO
Pour calculer de la manière indiquée ci-
après, on doit retrancher le dernier chiffre
du dividende , parce que le diviseur n'est
composé que d'un chiffre; et si l'escompte
est fractionné, on ajoute ou on déduit le^,
le i, etc., du taux en question , comme oa
en jugera d'après les exemples suivants :
29^
à2i,2^,3p.°;3i,3ip. 9.
Après la multiplication des
sommes par les jours, vous
prenez pour 3 p. | le 13'"'=.
ou la moitié du B""-'. Exem-
ple: on voudrait avoir l'in-
térêt de F. 8555
PouréOjours 40
1422010
A 3 p. f Tan, le 12'"«
est 11,85
Pour réduire à 2 ^, il
faut prendre le G""".
et le déduire 1,97
Intérêt à 2 ^ p.
9,88
Pour 2 |, vous prenez le 12'"=.
deSp.f ou la moitié du 6"'^
(1,97) , qui est 98 c, que
vous déduisez de l'intérêt à
3 p. f (11,85).
Montant de l'intérêt h 3
p. V F. 11,85
Pour l'élever à 3 i^, vous
ajoutez le 6°", et l'ad-
ditionnez 1,97
Intérêt à 3 ^ p. I F. 13,82
Pour 3 7 vous prenez le
12'"^ de 3 p. 7 ou la^
du e^^ qui est 98 c,
et l'ajoutez à l'intérêt
de 3 p. |(F. 11,85).
3 p. ï Fan, pour un mois de ou
jours, font juste 7 p. i.
3!, 4 p.r;;4^
45- et 4j p. 5.
A 4
Produit du di-
vidende ci-
contre 14220
p. I, on
prend le 9"'"
ou le6'"«,et
on déduit lej
A 3 3 7 on dé-
duit le IG™»
Intérêt à 3 3 f
98
. F 14,82
Pour 4 7 on
doit prendre
lé IG"" comme
ci-dessus 98
c.,et l'ajou-
ter aux F. 15,80,
4 p. I pour 30
jours, font ^ p. f
Produit du di-
vidende ci-
contre ....14220
A 4 7 p. r? on
prend le S-"" 17,77
ou pour G p.
I, en dédui-
sant le î".
A 4 I il faut
ajouter le
iSmc 98
5, 5iet à6 p.^.
Produit du di-
vidende ci-
contre 14220
A G p. f l'an,
le G"» est 23,70
Pour réduire
à 5^, on doit
prendre le
12^6 1,97
Intérêt à 44F. 18,75
En prenant
pour 6 p.^,
l'intérêt est
de 23,70
A déduire pour
1 p. i. le
G-"^ 3,96
Pour le 7 du
6™". 99
4,95
et 4|-. F. 18,75
font G p. l
4îp.5pour30jours,
font l p. I
Intérêt à 5 >
p. ^ 21,73
A 6 p. I le 6"«
est .23,70
Pour réduire à
5 p. l, on
prend le 6™« 3,95
Intérêt à 5 p.
.F. 19,75
6 p. 2 pour 30 jours,
font ^ p. ^
III. Méthode formée par une longue pratique
et par des recherches exactes, pour cal-
culer les intérêts de tête et promptement,
lorsque les jours s'accordait avec le
taux de l'escompte, lorsqu'ils contien-
nent une ou plusieurs fois le chiffre du
diviseur, et quand on peut prendre par
la somme tant'j)Our cent sur le nombre
de jours.
A 6 p. ^ l'an.
A 6 p. -1 l'an, le diviseur est 6000 ; toutes
les sommes de 6000 fr. produisent autant
de francs qu'il y a de jours à escompter.
Si le nombre de jours représente une ou
plusieurs fois le chiffre du diviseur, que la
somme soit ronde ou non , il sera facile
d'en trouver le produit par les applications
suivantes :
ç Un agent de change a négocié trois effets
de 6000 fr. , à diverses échéances, on vou-
drait en faire le bordereau pour connaître
le net produit. Valeur du 20 août 1835
(à 6 p. ^l'an):
F. 6000 au 30 septembre, 41 jours, àG p^F. 41
6000 au 17 octobre, 58 » .58
6000 au 5 novembre, 77 » •77
176
... 17824
F. 18000
Net produit.
F. 18000
Si la somme était donc de 6000 fr. on pren-
drait autant de francs qu'il y aurait dejours.
Si elle était de 4500 fr. on prendrait aussi les|
des jours pour l'intérêt , on ajoutant 2 zéros,
d^ de 3000 d» la^
d° de 2000 d'' le 5
d^ de 1500 d" lei
d" de 1000 . d" le 7
256
Pour 600 fr. on peut ajouter un ïéro
aux jours , et séparer par une virgule les
deux derniers chiffres, ce qui donnera 1 p.^.
Exemple : Pour 41 jours , en ajoutant un
zéro à 41,0 l'intérêt est bien de 4 fr. 10 c.
Pour 6000 fr. l'intérêt est dix fois plus,
par conséquent l'escompte doit être 10 fois
plus élevé ; il monte donc à 41 fr. : ceci
est évident. 3 jours, 6, 9, 12, 15, 18, 24,
30, 36, 42, 48, 54, 60 et 66 jours repré-
sentent chacun le diviseur 6 autant de fois
qu'il est contenu depuis 1 jusqu'à 1 1 , à
l'exception de 3, 9 et 15 jours, qui contien-
nent , le premier la moitié de 6, le second
1 fois 6 et ^ , et le troisième 2 fois 6 et { ;
les autres chiffres sont tous des nombres
pairs et composent le diviseur 6 par gra-
dation.
Exemples pour Z, d et IS jours.
Je prends une somme ronde pour facihter
l'Intelligence ; j'ai donc à calculer l'intérêt
de 3 jours sur F. 3000 ; je raie le dernier
zéro et sépare par une virgule les deux
autres , pour distinguer les francs des cen-
times ^ je prends la ^ de 3,00 , qui est 1 fr.
60 c. , ou bien , par rapport à la somme ,
j'ajoute 2 zéros aux 3 jours, ce qui fait
3,00, et prends la moitié qui dbnne pareil-
lement 1 fr. 50 c. d'intérêt.
Pour avoir l'intérêt de 9 jours sur F.
3000 , je supprime , comme ci-dessus , le
dernier chiffre, ce qui donne :
> pour 6 jours 3,00 ou 1 p.?
et pour 3 » Idï.... 1,50 ou i »
9 jours font F. 4,50 d'intérêt, ou bien,
par rapport à la somme, on ajoute 2 zéros aux
9 jours et on prend ^ p. f.
Pour l'intérêt de 15 jours sur F. 300 , je
prends :
pour 12 jours 2 fois 300, soit F. 6,00
et pour 3 » la ^ de 300, » 1,50
15 jours font F. 7,50
En prenant l'intérêt par la somme, c'est
beaucoup plus facile, puisque 15 jours à
G p. -^ font X p. |-«ur 3000 fr. , cela fait
7 fr. 50 c. d'intérêt.
Si la somme se trouvait composée de
nombres impairs , le calcul n'en serait pas
plus difficile. Exemple : 3 jours sur F. 3551
donnent, après avoir rayéle dernier chiffre,
1 fr. 77 c. d'intérêt qui est la i de 355.
Pour 9 jours , il faudrait prendre :
1° pour6jourslp.ïSur355,F. 3,55
2' pourS ' la^ 1,77
9 jours produisent. F. 5,32 d'intérêts.
Pour obtenir l'intérêt de F. 3551 pour
f 4 jours, il faut multiplier la somme par 2 ;
ce produit serait pour 12 jours , parce que
dans 12 le diviseur 6 est contenu 2 fois ;
puis pour 3 jours on doit prendre la i de
cette somme.
Exemple.
2 fois 355 font F. 7,10 pour 12 jours
La 5 de 355 1,77 » Sjours
Intérê-t de 15 jours. F. 8,87
En prenant le j sur F.*2551, j'aurai le
même intérêt (15 jours font ;j p. §). Cette
manière est plus prompte.
Pour les nombres pairs 6, 12, 18, 24 et
autres , le calcul en est très facile ; on en
jugera par les exemples suivants :
24 jours d'intérêts sur F. 1000 font 4,00,
J'ai multiplié lOOjO par 4, parce que dans
le nombre 24 le diviseur 6 y est répété
4 fois (4 fois 6 font 24). 30 jours d'inté-
rêts sur F. 1000 font F. 5. Dans 30 le di-
viseui* 6 y est aussi contenu 5 fois : c'est
donc par 5 qu'il a fallu multiplier. 30 jours
font 7 p. |. Ainsi, pour 42 jours, on mul-
tipliera la somme par 7, pour 48 jours par
8, ainsi de suite pour les jours dont les
nombres pairs .contiennent le diviseur par
gradation jusqu'à 11 fois. Je vais démon-
trer la diligence de celte méthode par quel-
ques applications.
Exemple I
10 jours sur F. 6000, font F. 10, 20
jours l'ont F. 20, etc., etc. Pour obtenir
l'intérêt d'un capital dont les chiffres for-
meraient des nombres impairs, je suppose
F. 3145, cette somme pour 6 jours ferait
F. 3,14, pour 12 jours F. 6,28. Pour 18
jours, on multipherait 31415 par 3 (3 fois
6 font 18), on aurait F. 9,42. En multi-
pliant aussi F. 314,5 par 4 pour 24 jours
(4 fois 6 font 24), on aurait F. 12,56. En
multipUant encore F. 31415 par 11, pour 66
jours ( 6 fois 1 1 font 66 ) , cela produirait F.
34,59. On peut prendre autrement :
pour 60 jours, 1 p. | sur la somme
entière.... F. 31,45
et pour 6 » le 10m. : 3,14
06 jours à 6 p. 4 font F. 34,59
Par cette méthode, on remarquera qu'au
Ucu de multiplier F. 345 par 66 jours, et
diviser par 6000, on n'a besoin que de faire
une addition pour calculer l'escompte des
B6 jours, et de'retrancher le dernier chiffre.
S145
3145
34,59 Intérêt deeOjOursàe p. f
Je ferai remarquer que, pour les jours
qui se trouvent entre ceux qui conttenneiit
une ou plusi-eurs fois le diviseur, comme 7,
11, 13, 16, 17, 19, etc. , etc., on pourra
prendre pour 6 jou-rs et ajouter ie 6°'* de
la somme pour un jour, ce qui produira
l'intérêt de 7 jours. Pour 11 jours, on pren-
drait pour 12 jours (2 fois la somme, parce
que dans 12 il y a- deux fois le diviseur 6),
puis on déduirait le 6°"* pour 1 jour, ainsi
de suite.
Exemple
6jours surF. lOOOdonnentà 6p.f F. 1
A ajouter pour 1 jour le G""* de 100,0. 16
F. 1,16
d'intërêt pour 7 jours.
12 jours sur F. 100,0, produisent.. F. 2
Adéduirepourunjourle6'"«surl00,0 16
F. 1,84
Pour U jours.
A 5 i P 9 i- AN.
Le diviseur à 5 j p, §, est 6545 — ! Le
nombre de jours ne pouvant pas reproduire
le capital au taux qui lui est assimilé, je
vais démontrer la manière de calculer à
ce même taux, pour quelle somme que ce
soit, en prenant d'abord l'intérêt à G p. ^,
comme ci-dessus, et en déduisant le 12°^^
pour réduire l'escompte à 5 i : on pourra, à
cet effet, se servir des jours et des sommes
yapportés à l'article précédent.
Exemple.
12 jours sur F. 3000 donnent à 6 p. |( 2 fois
300 font 600 ) F. 6,00
Pour réduire à 5 ;, il faut prendre le
1 2"" de l'intérêt 50
F. 5,50
30 jours sur F. 554, font à 6 p. |( 6
fois la somme ) F. 3,38
\ déduire le 12°»' 28
Intérêt à 5 ; F. 3,10
A 5 P. I l'an.
A 6 p. • le diviseur est 72. Par consé-
quent F. 7200 produisent autant de francs
qu'il y a de jours, 10, 11, 12 jours font
10, 11, 12 francs. Si 1^ ^omme était diffé-
29T
rente, le calcul n'en serait pas plus diffi-
cile, en prenant l'intérêt soit par les jours,
soit par la somme.
T200 fr. donnent pour l'intérêt, autan.,
de francs qu'il y a de jours,
pour 5400 on prendrait les| des jours pour
l'intérêt, en ajoutant 2 zéros:
. 3600 d" la^ d"
. 2400 d" le^ d»
. 1800 d" lef d"
» DOO d° le^ û" '
Par le nombre des jours détaillés ci-après,
on pourra prendre tant pour cent sur la
somme à calculer.
P'6j^ 12 18 24 27 36 45 48 54 63 72 81
jours, etc. , on prendra sur la somme
Iel2-.lê6s7" T fîPô! I HlP-|lp°et^
Pour avoir l'intérêt de 18 jours sur F.
1800, à 5 p. ", il faut prendre le ^ de la
somme, et séparer par une virgule les deux
derniers chiflïes, qui seront des centimes.
Le|de F. 1800, est F. 4,50; on pourrait
aussi prendre le ^ sur les jours, en y ajou-
tant 2 zéros.
Pour calculer l'intérêt de 45 jours sur
F. 1000, il faut prendre:
* pour * .a ï
qui est F. 5
et ajouter i qui fait i ,25
F- 6,25'
Autrement, multiplier le produit du 8™^
par 6 : 5 fois F. 1,25 font F. 6,2.5; c'est
plus prompt. Aussi, pour calculer 63 jours
sur F. 1000, prendrai-je : '
1,25
7 Cela produira F.
pour ;. . . F
en multipliant par
8,75 d'intérêts. F. 8,75
On peut prendre l'intérêt à G p. ^ et dé-
duire le 6'°%
[
Exemple. |
12 jours sur F. 6000 font F. 12
A déduire le 6""^ 2
L'intérêt de 12 jours, à cinq p. *, est de F. 10
En outre des jours qui donnent l'intérêt
par la somme, en prenant tant pour cent,
il faudra déduire le 6°"^ pour réduire l'es-
compte à 5 p. -^ ; on pourra se servir des
sommes qui ont rapport au diviseur 6. ;,
i:
A 4 T P. -^ l'an. f
Le taux du diviseur à 4 | est 8000. Con-
séquemment f. 8000 donnent autant de
298
francs qu'il y a de nombre de jours ; 5 jours
10, 15, 25 jours, font F. 5, 10, 15, 25.
Si la somme se trouvait de F. 8000, on pren-
drait pour l'intérêt autant de francs qu'il y au-
rait de jours.
Si la somme était de 7000 d° ^p.fsurlesjours
en y ajoutant 2zéros.
d" 6000 d° lii) d° d"
do 5000 d» fp. ° d° d"
d» 4000 d" î « d° d°
d° 3000 d" ^ » do d"
A° 2000 d» j » d» d°
d" 1000 d» j » d° d"
Les jours qui contiennent une ou plu-
sieurs fois le diviseur 8, sont :
8 jours, 16, 24, 32, 40, 48, 56, 64, 72,
80, 88, etc. ; etc. Tous ces nombres re-
présentent le diviseur, depuis 1 jusqu'cà 11.
Pour calculer l'intérêt, on doit d'abord
rayer le dernier chiffre de la somme, et
séparer par une virgule les francs des cen-
times, i
Exemple en prenant l'intérêt de la somme
SUR LES JOURS.
( Ajoutez 2 zéros aux jours ). î
F. 7000 pour2j jours, font -,16 8" de 25 jours,
soit, 25,00, est ' F. 3,12
à multiplier par le numérateur 7
Intérêts de 25 jours, à 4 j F. 21,84
Autre exemple pour calculer l'intérêt par
LES JOURS SUR LA SOMME.
( Rayez le dernier chiffre de la somme).
F. 20010 pour 40 jours :multipliezla somme
par 5 (5 fois 8 font 40), vous aurez F.
10,00 pour l'escompte; ou bien pour 40
jours la ~ de la somme; sur F. 2000, c'est
F. 10. ,
En prenant pour 6 p. f} et déduisant le j,
rinlérèi se trouve réduit à 4 j.
Exemple.
18 jours sur F. 1000, à 6 p.j donnent F. 3
A déduire le f , 75
!ntérctà4i F. 2,25
Multipliez 1000 par 3, parce que 3 fois 6
font 18.
A 4 p. r l'an.
Le chiffre du diviseur à 4 p. .J, est 9000.
En calculant sur pareille somme, Fintérèt
donnera autant de francs qu'il y aura de
nombre de jours, c'esî-à-dire que 15, 25,
30 jours sur F. 9000, feraient F. 15, 25
30 d'intérêts
Si la somme était de F. 9000, on prendrait au
tant de francs qu'il y aurait de jours.
d" 6750 il faudrait prendre f p.* sur le»
jours en ajoutant 2 zéros
d» 4500 d° ; » d°
d» 3000 d» j . d»
d° 2250 d» i ' à°
d» 1125 d" i - à"
Pour les jours qui représentent une oq
plusieurs fois le diviseur 9, il faut, pour
calculer les intérêts, rayer le dernier chiffre
de la somme, et séparer les deux autres par
une virgule, pour distinguer les francs des
centimes.
9 jours, 18, 27, 36, 45, 54, 63, 72, 81,
90, 99 jours, etc. , sont les nombres qui
contiennent le diviseur 9, depuis 1 jus-
qu'à 1 1 .
Exemple, pour prendre l'intérêt de la
somme sur les jours.
F. 2250 pour 12 jours, font F. 3,00
d'escompte , en prenant le l de 12 jours
( 12 j. 00, le i de 12 jours est F. 3,00.)
Par les jours, sur la somme,
F. 100|0 pour 27 jours , donnent F. 3
d'intérêt ( 3 fois 9 font 27). En multipliant
100 par 3, l'escompte est de ,00.
En prenant aussi pour 6 p. |, il faudrait
déduire ^ pour avoir l'intérêt à 4 p.^.
Exemple.
15 jours sur F. 1000, font à 6 p.
A déduire le l de l'escompte
Intérêt à 4 p.
.. F. 2,50
. 83
. . F. 1,67
A 3 P. ^ l'an, 3^, 2^,2^,3 i2f et
3 i l'an.
Le diviseur à 3 p. -^ est 12. La somme de
F. 12,000 produira donc autant de francs
qu'il y aura de jours : lO, 15, 20, jours font
à 3 p. ^, F. 10, 15, 20.
Il est entendu que pour F. 12,000, on aura au-
tant de francs que de nombre de jours.
Pour 9,000 on prendra f p.; sur les jours,
en y ajoutant 2 zéros.
7,500 d» i d» d»
6,000 do .; do d"
4,500 d" I do 1"
3,000 d" J d" d"
1,500 d° i d" d°
12 jours, 24, 36, 48, 60, 72, 84,96,
108, 120, 132, jours, etc., sont les nom-
bres qui renferment le diviseur 12, depuis
1 juscju'à 11.
299
REPERTOIRE PROFESSIONNEL.
I. PROFESSIONS RURALES. — II, PROFESSIONS URBAINES.
ETABLISSEMENTS INDUSTRIELS EN FRANCE
ET EN ANGLETERRE.
L'une des causes qui nuisent le plus à
la prospérité des commerçants et des in-
dustriels français, c'est 'l'énorme perte
qu'ils font dans leurs établissements aux
irais d'administration, etc. A Londres, un
négociant qui s'établit prend un bureau à
la cité, bureau compose de deux ou trois
pièces au plus , dans une maison tout en-
tière, occupée par des bureaux semblables;
quelques tables noires , une armoire où se
renferment chaque soir les livres, voilà le
mobilier complet. Là, point de bureaux à
cylindres, de fauteuils en acajou, de glaces
et autres sumptuosités; le personnel est
borné; la caisse n'est jamais autre part que
chez le banquier ; le caissier , le garçon de
recette y sont inconnus. Dans les deux
contrées on imite le gouvernement : ici luxe
de personnes et de choses, bureaux im-
menses, commis nombreux et mal payés;
là-bas, bureaux modestes, très peu de com-
mis, bien payés et travaillant avec zèle.
Le luxe des bâtiments suit, en France, ce-
lui de l'administration; il n'est pas rare de
voir un établissement qui possède 200,000
fr. de capital en dépenser la moitié en bâ-
timents. Les machines à vapeur sont po-
lies, ornées , quelquefois même dorées ; les
appareils ont un air de luxe et de coquet-
terie. Tout cela fait un bon effet, dit-on;
mais au bout de l'année, quand il faut pré-
lever sur le bénéfice 20 à 30,000 fr. au lieu
de 10, l'effet est-il définitivement bon?
On dit, dans l'industrie, que le fon-
dateur d'un établissement nouveau se
ruine , en général , et que ceux qui lui suc-
cèdent s'enrichissent. Cela se conçoit.
Celui qui fonde est souvent enclin au dé-
faut que nous signalons. Il enterre dans
les constructions des sommes trop fortes ;
il diminue ses forces de roulement , et
s'impose une charge perpétuelle dans le
paiement de ces intérêts.
Les Anglais , qui sont ae très habiles
manufacturiers , ne construisent pas leurs
bâtiments pour durer un grand nombre
d'années. C'est un des points sur lesquels
ik économisent leurs capitaux. Un ma-
nufacturier, pour élever les constructions
quiluisontnécessaires,dépenseralOO,OOOf.
pour bâtir en pierres et avec de fortes
charpentes , et , à ce prix , il aura ua
édifice susceptible de durer éternellement^
mais qui pourra bien ne pas toujours con-
venir aux besoins de l'industrie, qui
varient. Un autre manufacturier con-
struira le même édifice en boisât en plâtre,
pour 60,000 fr. Ces 40,000 fr. de diffé-
rence , à l'intérêt de 5p. 0/0, seront dou-
blés en moins de 15 ans. A cette épo-
que ce sera 80,000 fr. et au bout de 30
ans, ce sera 160,000 fr. Si alors il faut
rebâtir, cela coûtera encore 60,000 fr.,
et on rebâtira comme on le jugera utile ,
et on aura un bénéfice de 100,000 fr. sur
l'autre manufacturier. Lorsque je vois un
beau portail à une manufacture , je trem-
ble sur le sort des entrepreneurs ; s'il y a
des colonnes , ils sont perdus.
des effets utiles qu'on peut obtenir
d'uw cheval.
Le travail d'un cheval se mesure : lo
par l'effort constant qu'il peut exercer ;
20 par l'espace qu'il peut parcourir en un
temps donné et en exerçant cet effort sans
que, par un travail quotidiennement re-
nouvelé , l'animal éprouve d'affaiblisse-
ment. S'il est évident que l'effet utile du
cheval, la quantité d'action dont il est
capable, est le produit de ces deux quem-
tités , il ne l'est pas moins que lorsque
l'une d'elles augmentera, l'autre devra di-
minuer, et, pour soriir des généralités,
que plus un cheval prendra de vitesse ,
par exemple, moins l'effort constant qu'il
pourra exercersera considérable. Onpi-es-
sent qu'entre toutes les valeurs que peut
prendre ou cette vitesse ou cet effort, il y
en a qui doivent rendre l'effet utile le plus
grand possible ; or, la reclïerche de ces va-
leurs a été déjà l'objet d'un assez grand
nombre d'expériences et d'observations ,
et l'on peut dire que, pour certains cas,
elles ont été déterminées avec une ap-
proximation suffisante pour la pratique.
soo
Malheureusement, dans les travaux pu-
blics ou particuliers, il n'est pas toujours
possible ou du moins il n'est pas toujours
économique de faire prendre aux chevaux
de trait la vitesse même qui rendrait leur
travail journalier maximum. Certaines
considérations particulières obligent sou-
vent ceux qui (imploient ces animaux à se
contenter du bien et à négliger le mieux.
Il importe donc aussi de savoir quels ser-
vices, quel travail on peut attendre du che-
val en dehors des trois ou quatre cas par-
ticuhers que la pratiq4ie a déterminés jus-
qu'ici. Tel a été l'objet des recherches de
M. Fourier.
On peut admettre que, parmi les différen-
tes vitesses que peut prendre un cheval ,
celle qui rendra le travail utile de l'ani-
mal le plus grand possible correspond à
très peu près à 0'" 90 par seconde , ou ,
plus exactenïent, 3,200 mètres par heure.
C'est un pas très lent, car la vitesse de
la cavalerie, au pas ordinaire, est de l""- 66
par seconde.
L'effort que le cheval est capable d'exer-
cer en prenant cette vitesse et travaillant
10 heures par jour peut être évalué à 56
kilogrammes. Le travail maximum quo-
tidien d'un cheval est donc 56 — 3,200 —
10 — 1,792,000, soit en nombre rond,
1,800,000 kilo m- ou 1,800 kilogrammes
élevés à 1,000 mètres de hauteur.
Ce maximum de travail varie d'aiJîeurs
d'une manière peu sensible lorsque la vi-
tesse s'éloigne elle-même assez peu de
3,200 mètres par heure ; mais il n'en est
plus de même si cette vitesse augmente no-
tablement. Ainsi, M. Schwilgue, en com-
parant le travail produit par les chevaux
employés au roulage et aux messageries,
c'est-à-dire par des chevaux travaillant
au pas et au trot, a été amené à conclure
que les quantités de travail journalier ob-
tenues étaient dans le rapport de 1.80 à
1.42; M. Navicr avait trouvé le rapport
de 1 .SOà 1.50; prenant 1 .46 pour moyenne,
on admettra qu'un cheval, trottant dix
heures par jour à la vitesse do 8 mille mè-
tres ou deux lieues de poste cà l'heure, n'é-
lèverait plus que 1,460 kil. à 1 ,000 mètres
de hauteur dans sa journée.
L'expérience paraît démontrer que les
espaces parcourus dans un jour par un
cheval sont à peu près les mêmes pour le
pas et le trot ; mais quand , pour obtenir
une plus grande vitesse, le cheval est obhgé
de prendre le galop , il force beaucoup sa
marche ordinaire, il en résulte une telle fa-
tigue qu'il ne peut plus parcourir une
aussi longue distance , bien que l'effort
qu'il exerce soi'c considérablement diminué.
On admet en Angleterre que les chevaux
qui galopent à la vitesse de 1 ,600 mètres
ou 4 lieues de poste à l'heure ne peuvent
parcourir que 20,000 mètres dans leur jour-
née ; l'effort qu'ils exercent alors étant
moyennement de 17k., le travail quoti-
dien d'un cheval au galop se réduit à 340 k.
élevés à mille mètres de hauteur.
Eir augmentant encore la vitesse, oii ar-
riverait bientôt à un point où le cheval ne
serait plus capable d'aucun effort, etoùpar
conséquent son travail serait aussi nul que
s'il ne marchait pas. On peut raisonnable-
ment supposer que cela aurait lieu quand la
vitesse serait de 21,000 mètres par heure.
M. Fourier , pour obtenir les quantités
d'action intermédiaires correspondamtes
aux vitesses comprises entre m. 0,3200^
8,000, 16,000 et 21,000 par heure, a es-
sayé de lier par une courbe ces résultats
moyens de l'expérience ; il a trouvé que
celle qui semblait satisfaire le mieux aux
conditions imposées était la courbe des si-
nus, dans laquelle on sait que chaque abs-
cisse est le développement d'un arc de cercle
dont l'ordonnée est le sinus ; c'est en com-
binant ainsi les résultats de l'expérience
avec le calcul que le tableau ci-contre a
,été formé. On voit que, soit qu'un cheval
soife employé à soulever un poids, soit qu'il
tire sur une chaussée d'empierrement, sur
une route pavée ou sur un chemin de fer,
c'est en lui faisant prendre une vitesse de
3,200 m. par heure qu'on obtiendra de lui
le plus grand effet utile. Cet elTet utile est
déjà réduit de moine environ lorsque l'ani-
mal fait trois lieues à l'heure. Des expérien-
ces récentes ne permettent pas d'accorder
une très grande confiance aux résultats
de la dernière colonne.
SOI
Tableau des quantités de travail qu'onpourra obtenir d'un cheval en une journée, suivant
qu'il prendra des vitesses de 2, ;î, 4 liilométres par heure, et qu'il élèvera un poids
verticalement ou qu'il le traînera sur une roule pavée, sur une chaussée en empierrement,
sur un chemin de fer ou sur un canal.
j
VITESSE
en
EFFET UTILE CXprlmé
en tonneaux de 1,000 kilogrammes
horizontalement à 1,000 mètres sur
Elevés
verticalement
Traînés
kilomètres
un canal à [
par
ieure.j
à
1,000 mètres
de .
hauteur.
une
chaussée
d'empierre-
ment.
une
route pavée.
un
chemin
•
de fer.
grande sec-j
tion, avec les
barques or- j
dinaires.
Tonneaux.
Tonneaux.
Tonneaux.
Tonneaux.
Tonneaux.
2(l/2lieue).
1.24
15.40
23.10
189.40
2469.00 ;
3
1.78
22.15
33.23
271.90
1575.00
3.20
1.80
22.40
33.60
275.00
1400.00
4 (1 lieue).
1.79
22.28
33.42
273.50
891.00
5
' 1.75
21.78
32.67
267.40
557.50
6
1.69
21.03
31.55
258.20
373.90 •
7
l.GO
19.91
29.87
244.40
26@.00
8 (2 lieues).
1.49
18.54
27.81
227.60
185.40
9
1.37
17.05
25.57
209.30
134.70
10
1.23
15.31
22.96
187.90
97.96
11
1.07
13.32
19.98
163.50
70.43
!2 (3 lieues).
0.92
11.45
17.17
140.60
50.88
13
0.76
9.46
14.19
117.10
35.82
U
0.60
7.47
11.20
91.67
24.38
15
0.46
5.72
8.58
70.28
16.28
16 (4 lieues).
0.33
4.11
6.16
60.42
10.27
17
0.21
2.61
3.92
32.08
5.79
18
0.12
1.49
2.24
18.33
2.95
19
0.06
0.75
1.12
9.17
1.32
20 (5 lieues).
0.01
0.12
0.18
1.53
0.20
TK
L.... D.
DES ROUTES EN BETON.
Le béton est un mortier de chaux hy-
draulique, de sable et de gravier, cailloux
ou rocailles.
Une route en béton peut être composée
d'une à trois voies,
Une voie aura 2°-2de largeur sur 0'°-25
d'épaisseur. ""Le prix moyen du mètre
cube de béton en France sera de 15 francs
environ ; ce qui fait 9 francs pour le mètre
linéaire, par voie.
Les routes à une seule voie seront desti-
nées pour les communications peu fré-
quentées et peu riches. La lieue de 4,000
mètres coûtera 36,000 francs, c'est-à-dire,
un prix dix fois moindre que celui d'un
chemin de fer à une voie.
Deux voies pourront suffire pour les
routes les plus fréquentées; ainsi le prix de
ces routes sera de 72,000 francs, c'est-à-
dire encore la dixième partie du prix d'un
chemin de fer à deux voies.
Pour les rcutes très fréquentées, on
pourra, du premier abord, constraire trois
voies; cette troisième voie n'est que pro-
visionnelle, afin de faciliter les réparations.
Le prix de la lieue de 4,000 mètres sera
de 108,000 francs, ou la huitième parti du
prix d'un cheînin de fer à deux voies.
Dans ce qui précède, nous parlons seu-
lement du perfectionnement à apporter aux
routes existantes, qu'il ne s'agirait que de
bétonner, sans rien déranger à leur as-
siette, à leur niveau et à leurs directions
actuelles.
Mais s'il fallait construire un nouveau
chemin, acheter le terrain, faire les terras-
sements et les travaux d'art, la lieue à
trois voies coûterait 268,000 francs, le tiers
d'un chemin de fer, et la moitié du prix
d'un canal.
302
Les voies ou zones seront incrastées
dans la route de manière que les plans su-
périeurs se confondent.
Deux ou trois mois après qu'il a été posé,
le béton est assez dur, assez résistant pour
supporter les plus lourdes voitures traînées
par des chevaux. INi les roues ni les pieds
des clievaux n'y laissent la moindre trace
et passent dessus sans glisser. La surface
du béton peut être aussi unie qu'une pierre
bien taillée, et une route tout entière ne
présente aucuns joints; ni l'eau ni le dégel ne
ramollissent le béton; il présente le même
aspect toute l'année ; il est imperméable au
plus lîaut degré. Le béton est une pierre
factice; il ne peut produire ni boue ni
poussière.
La durée du béton doit être très longue
avec l'emploi des voitures à vapeur, puis-
qu'il résiste aussi solidement aux voitures
à chevaux. Le succès des voitures à vapeur
sur les routes en béton est infaillible; et ce
succès est subordonné à l'emploi du béton,
car les voitures à vapeur, avec leurs ma-
chines si délicates, n'auraient jamais pu
réussir sur les routes actuelles, ou les chocs
les auraient mises de suite hors de service.
Les routes en pente peuvent être béton-
nées comme celles qui sont en plaines. Les
voilures à vapeur peuvent gravir des pen-
tes quatre fois plus rapides que les plus
fortes de celles qui existent. Les descentes
sÎTont beaucoup moins dangereuses qu'elles
ac ie sont aujourd'hui , parce qu'on est
obligé de se servir de chevaux.
Les routes en béton seront particulière-
îïient précieuses pour les contrées maré-
cageuses; elles peuvent se placer sur toute
espèce de terrain. L'eau ne pourra jamais
les pénétrer. On peut construire ces routes
dans lous les pays. Ce n'est pas ici le lieu
de prouver qu'on peut faire un mortier
îiydraulique dans toutes les localités; je
renvoie aux auteurs qui ont traité cette
matière.
Une route déjcà faite, quelle que soit son
étendue, pourra être recouverte de bélon
dans le courantd'une année; ainsi on jouira
plus de six ans avant la construction d'un
chemin de fer ou d'un canal; les capitaux
porteront des bénéfices la seconde année.
La vitesse pour voyager avec les voitu-
res à vapeur pourra être aussi grande sur
les routes de béton que sur les chemins de
fer, puisqu'ici il y a encore moins de chocs
et que les tournants ne s'y opposent pas.
Les inconvénients des descentes et des
tournants, qui sont inhérents aux chemins
de fer, n'ont pas lieu ici. La sécurité sera
au moins cinq ou six fois plus grande sur
les chemins de béton que sur ceux de fer,
et même que sur les routes ordinaires, oii
les diligences sont traînées par les che-
vaux ; il y aura même plus d'agrément et
moins de chocs que sur les routes en fer.
Le mouvement commercial en France
sur les principales lignes ne va pas au-delà
de 150 tonnes par jour-, quand même le
mouvement serait de 200 tonnes, on ne
pourrait encore espérer que 3 ou 4 p. %
de rentes, et sans pouvoir baisser les prix
de transport; il n'y aurait donc de gagné
que la vitesse. La construction d'un cne
min de fer ne sera profitable que là ou le
mouvement commercial sera de 300 ton-
nes. Pour mieux démontrer que notre sys
tème réunit toutes les conditions rigoureu-
ses qu'exigent les communications faciles,
célérité et bon marché, nous allons présen-
ter un tableau comparatif des différents
transports, dont la base du calcul pour les
chemins de fer et de béton repose sur les
conditions suivantes :
10 Les intérêts des capitaux à 5 pour
cent ;
20 Mouvement commercial de 200 ton-
nes par jour.
Dans chaque espèce de voie nous dis-
tinguons les frais de péage, ou droit de
parcours, des frais de transport ou de hal-
lage, et nous avons pris pour unité un quin-
tal métrique ou 100 kilogrammes trans-
portés à une lieue de 4,000 mètres.
Le prix moven du roulage ordinaire, vitesse de 8 lieues par 24 heures.
est de 0,10
Celui du roulage accéléré, vitesse de 16 lieues par 24 heures, est de. . . . 0,20
Chemins de fer, vitesse de 5 lieues à l'heure ! TlaEe' o'o04 I ^'^^^
Canaux, vitesse de 8 lieues par 24 heures j {^^^jf^^e' 0 033 1 ^'^^^
r'i • 1 1 ', .s « l Terrain acheté. 1 Jl^^p" ' ^'^^^ \ 0,035
Chemms de béton construits sur ^ ( Hallage. 0,009 » '
(vitesse 5 lieues par heure) \ ^^^^^^ royales, j ^î^^^- g;gj^ j 0,019
Les chemins de béton peuvent être con-
struits sur des routes dont le mouvement
commercial ne serait que de 50 tonnes ;
car, lorsqu'il est de 200 tonnes, le péage
coûte 0 f. 01 c, qui, multiplié par 4, ne
lait que 0 f. 04 c, et si on ajoute 01'. 000 c.
pour le hallage, pour somme totale Of. 049 c.
c'est-à-dire moitié du prix actuel, les ren-
tes étant à 5 pour cent. On voit dans le
tableau qui précède que si le tonnage est
de 200 tonnes le prix du transport , péage
compris, n'est que la cinquième partie du
prix actuel et avec 5 pour cent ; or donc,
si on baissait le prix seulement de moitié,
on retirerait 20 pour cent; on pourrait
donc rembourser les capitaux en peu d'an-
nées. Ainsi, un chemin de béton possède
toutes les conditions possibles : bon mar-
ché, célérité, commodité, à un plus haut
degré que tout ce qui est connu, et il peut
être fait dans tous les lieux possibles, soit
montagneux, marécageux, pauvres, ri-
ches ; ce qui ne peut avoir lieu pour les
chemins de fer, ni pour les canaux ; par
conséquent il ne craint aucune concur-
reftce, tandis qu'il peut être une concur-
rence redoutable pour toute autre espèce
de voie.
Je me borne, pour le moment, à énu-
mérer aussi succinctement que possible
tous les avantages de notre genre de trans-
port, devant me renfermer dans un cadre
très étroit. Il faudrait sans doute un vo-
lume pour prouver tout ce que j'avance ;
mais je pourrais le démontrer, soit par
chiifres, soit par expériences, aux per-
sonnes qui seraient dans l'intention d'en-
treprendre ces chemins ; elles ne pour-
raient pas, d'ailleurs, en construire sans
ma participation, sans s'exposer à des dom-
mages-intérêts, étant pourvu d'un brevet
d'invention pour la construction des che-
mins de béton. C'est seulement avec les
personnes qui désireraient concourir acti-
vement à l'exécution de mes projets, que
j'entrerai en communication. Si elles veu-
lent être témoins de mes expériences, elles
n'ont qu'à se rendre près de moi, à Stras-
bourg, place au Foin, n» 14.
Je prie les personnes qui voudront en-
trer en relations avec moi, d'affranchir la
première lettre. ïomassin ,
Capitaine d'artillerie, chevalier de
la Légion-d' Honneur.
MOUTONS MÉRI\OS : PRÉFÉREXCE QV ILS
MÉRITENT SUR LES MOUTONS COMMUNS
La majeure partie des cultivateurs sui-
vent toujours l'ancien usage, et coûtinaent
303
d'avoir leurs troupeaux en moutons du
pays à grosse laine , quand il y aurait pour
eux beaucoup plus d'avantage à avoir des
moutons mérinos; il leur suffirait, pour
s'en convaincre , de consulter ceux do
leurs voisins qui, depuis quelques années,
ont changé leurs moutons communs pour
acheter des mérinos, et de comparer leurs
recettes lors de la vente des laines ; alors
ils ne balanceraient pas à suivre l'exemple
de ces derniers , et bientôt ils trouveraient
dans le produit de leurs travaux un excé-
dant.
Je vais essayer d'en donner une idée , en
prenant pour base l'année 1835 qui vient
de finir, et en comparant le produit des
brebis communes avec celui des brebis
mérinos.
Les toisons de brebis communes qui ont
rapporté des agneaux ont été vendues de
3 à 4 fr. suivant leur volume , ce qui fait
un prix moyen de 3 fr. 50 c. la toison; en
conservant la même brebis quatre années,
elle produira donc pour 14 fr. de laine;
après cela elle sera vendue pour le bou-
cher.
Les toisons de brebis mérinos pèsent en
suint de 5 à 8 livres , selon que les bêtes
sont fortes et bien nourries , ce qui l'ait un
poids moyen de 6 livres 1/2. A cette toison,
il faut ajouter celle de l'agneau que la bre-
bis a rapporté dans l'année , et qui est
tondu en même temps que la mère ; elle
pèsera au moins 1 livre 1/2. Cela fait donc
8 livres de laine. Cette laine a été vendue
cette année de 24 à 30 sous la livre , ce
qui fait le prix moyen de 27 sous. Ainsi
8 livres de laine à 27 sous font 10 fr. 80 c.
la toison. En conservant la même brebis
quatre ans (comme la commune ) , elle aura
donné pour 43 fr. 20 c. de laine; ensuite
elle sera vendue au boucher 3 fr. de moins
que la brebis commune , à cause qu'elle est
moins forte, ce qui réduit son produit en
laine à 40 fr. 20 c. En comparant le pro-
duit des deux brebis , on trouve que la bre-
bis mérinos a produit en quatre années
26 fr. 80 c. de plus que la commune, ce
qui fait 6 fr. 60 c. par année. Ainsi il est
facile de voir qu'un troupeau de cent bre-
bis mérinos produit , année commune ,
660 fr. de plus qu'un troupeau de brebis
communes. Je n'ai point parié de la valeur
des agneaux , vu qu'on les vend le même
prix les uns et les autres , ni de la valeur
des brebis , qui est aussi la même.
NOUVEAU PRODUIT EXTRAIT DE LA ^
BETTERAVE. ''
La betterave va acquériç un nouveau
S04
titre à l'attention'des agriculteurs, î)ar les
produits nouveau^ que l'on est parvenu à
labriquer avec les mélasses de sucre brut
et raffiné qu'on tire de cette racine. L'un
de ces produits, la potasse, se trouvera,
comme le sucre, en rivalité avec une den-
rée exotique. C'est M. Dubrunfaut qui le
premier a découvert le moyen d'extraire ,
avec avantage, cette substance des résidus
de la distillation des mélasses, résidus qui,
avant lui, étaient rejetés et perdus après la
production de l'alcool.
Pour donner une idée de l'importance
qu'offre la création de cette nouvelle ri-
chesse nationale, il suffira de dire que la
quantité de potasse fournie par le procédé
de M. Dubrunfaut équivaut à ^de laquan-
llté de sucre extraite de la bettè-rave. Ainsi
en admettant le fait actuel d'une fabrica-
tion de 40 millions de kilogrammes de sucre
indigène par année, on peut s'attendre à
tirer encore de la matière première au-
jourd'hui mise en œuvre 7 millions de ki-
logrammes de salin comparable aux meil-
leures potasses du commerce, sans parler
de l'alcool et d'autres produits dont la fa-
brication sera continuée simultanément.
Au cours du jour , ces 7 millions de kilo-
grammes représentent une valeur de 8 à 9
millions de francs.
Il n'y a pas un vigneron qui n'ait éprouvé
que le raisin cueilli pendant un temps chaud
fait de meilleur vin que celui récolté un
jour humide ou froid ; celui coupé le soir
que celui cueilli le matin. La raison en est
simple ; c'est cju'il faut une chaleur d'en-
viron dix degrés pour établir la fermenta-
tion. Lorsque le raisin est froid, la fermen-
tation est longtemps à s'établir; elle n'agit
pas en même temps sur tout le moût, eîle
ne décompose qu'imparfaitement la partie
sucrée qui produit l'alcool, les parties ré-
sineuses qui donnent la couleur ; le vin est
moins fort, moins coloré. On peut sup-
pléer à cette chaleur naturelle en mettant
du moût chaud dans la cuve pendant qu'on
'la remplit. Cette méthode n'est pas nou-
velle, elle était très en vogue il y a en-
viron 50 ans; on a cessé de la pratiquer
probablement parce qu'on en a abusé,
nu'on l'a suivie sans discernement dans
de.'? temps inopportuns. Je l'emploie habi-
tuellement dans les années froides et hu-
mides, et je m'en suis parfaitement trouvé.
On doit mettre lé moût chaud, pendant
qu'on remplit la cuve, afin que la chaleur
soit plus également répartie. On peut, sans
inconvénient, mettre un trentième de
inoût chauffé jusqu'à l'ébullition.
Cette méthode aura le double avantage ,
éette année, de faire de'meilleur vin que par
le procédé ordinaire, et de laisser le vin
moins longtemps dans la cuve , chose pré-
cieuse pour ceux qui sont obligés de rem-
plir plusieurs fois les mêmes vaisseaux.
DE LA TABRICATtON DU CHARBON DE
BOIS PAU UN NOUVEAU PROCÉDÉ.
On" peut, à l'aide d'une opération très
simple , améliorer le procédé des charbcn-
niert5 et celui de la carbonisation à vase
clos. Déjà nous avons indiqué l'emploi du
poussier de charlwn qu'on interpose entre
les couches de bois, comme un moyen d'ob-
tenir un rendement plus grand ; aujourd'hui
nous venons, à la suite d'une série d'ex-
périences, indiquer un moyen simple et
peu dispendieux d'arriver au même but, et
qui consiste dans l'emploi de la scim^e de
bois qu'on interpose entre les couches de
bois ; soit qu'on fabrique le charbon par la
méthode des charbonniers , ou qu'on traite
le bois à vase clos , à l'aide de cette simple
pratique la quantité obtenue est de 7 à 9
pour cent plus considérable, ce qui est
énorme. Pour les maîtres de forges , le feu
se conduit de la même manière ; seulement
il faut acquérir un peu d'habitude pour
que le feu ne s'éteigne pas au commence-
me&t de l'opération , et pour couvrir mé-
thodiquement de sciure toute la meule de
bois.
Dans la carbonisation à vase clos la
sciure de bois tient dans les cylindres une
place vide et apporte son contingent aux
produits de la distillation en arrêtant éga-
lement une combustion intérieure qui en-
traîne toujours une perte.
Puisque nous en sommes sur le charbon,
c'est le cas d'indiquer une expérience qui
peut-être sera utile à tenter dans les usines
a feu marchant au bois ; lorsque le goudron
obtenu de la distillation du bois est distrait
des liquides pyroligneux , il suffirait d'ar-
roser ce charbon avec ce bitume pour lui
donner une grande activité de chaleur, et
si cette simple pratique était couronnée de
succès ce serait d'une grande économie
pour les usines à fer, qui pourraient fabri-
quer leur charbon à vase clos et obtenir
par ce moyen la quantité et la qualité du
charbon. Nous fondons notre dire sur l'é-
norme activité et sur la vive chaleur que
nous avons développée par la combustion
du charbon que nous avions arrosé de ce
bitume. Dans notre prochain numéro nous
indiauerons de nouveaux produits de la
distillation du bois , etc.
DE L EMPLOI DU BOIS DANS LES HAUTS- '
FOURNEAUX.
i
Depuis que l'on a eu connaissance en
France du succès des expériences qui ont
été entreprises à Sargans (Suisse), pour
remplacer tout ou partie du charbon em-
ployé dans les hauts-fourneaux par du bois
en nature, plusieurs maîtres de forges de
France ont essayé d'introduire cette inno-
vation dans leurs usines ; mais la plupart
ont bien senti que le point essentiel était
de dessécher le bois convenablement avant
de l'employer, afin de ne pas occasionner
un -trop grand refroidissement dans la par-
tie supérieure des fourneaux, et c'est là ce
qui fait maintenant le principal sujet de
leurs recherches. M. Duplessis (de la Hau-
te-Saône) et MM. Dollin de Fresnel et Fau-
veau ( des Ardennes). m'ayant envoyé des
Lois desséchés dans leurs établissements,
j'ai soumis ces bois à l'examen chimique.
Voici quel a été le résultat de cet examen.
M. Duplessis a d'abord essayé d'em-
ployer le bois brut dans son fourneau de
Séveux ; mais ayant remarqué qu'il en ré-
sultait des dérangements notables dans le
travail, il a pris le parti de le faire dessé-
cher préalablement dans un fourneau pro-
visoire construit à cet effet. Ce fourneau
avait la forme d'un four à chaux ovoïde,
et pouvait contenir 80 à 90 pieds cubes de
bois, fendu et coupé en bûchettes de 5 à 6
pouces de longueur, et cubant de 5 à 8
pouces. On lançait à travers ces bûchettes,
par la partie inférieure du four, un courant
d'air échauffé à la température de 100 à
tSO'^ pendant 9 à 13 heures. Il a par,u
que la température la plus convenable
était 1100.
On a remarqué que le bois n'éprouvait
aucune diminution dans le sens de sa lon-
gueur, mais qu'il se contractait très nota-
blement dans tous les sens perpendiculai-
res aux fibres. La première période de la
dessiccation a été marquée par un dégage-
ment de fumée très humide ; puis au bout
de deux ou trois heures, cette fumée a dis-
paru, et alors, pendant trois ou quatre
heures, il s'est manifesté, à25o, une odeur
aromatique et sucrée qui attirait les abeil-
les, et qui a été ensuite remplacée jiar une
odeur pénétrante d'acide pyroligneux. A
cette époque, la température s'est élevée
rapidement à 90 ou IIO", et au bout de
12 heures, l'opération a été terminée. Aus-
sitôt que l'on a arrêté le courant d'air, la
température est descendue à 50^ dans l'in-
térieur du fourneau.
Dans un mélange de bois de diverses
305
essences, les uns (lottes et les autres non
ilottés, la masse du poids de 1,003 kil.
s'est réduite à 751 ; d'où l'on voit que la
perte a été d'un quart. Mais le d'i,Té de
dessiccation a été très différent dans les di-
verses parties du fourneau. Ainsi l'on a
trouvé que la perte en poids était de 0,26
à la partie intérieure, 0,24 au centre, et
0,06 seulement à la partie supérieure.
Divers morceaux de bois , desséchés
comme il vient d'être dit, ont été renfer-
més tout chauds dans des bocaux que l'on
a ensuite goudronnés et envoyés au labo-
ratoire de l'Ecole des mines, où ils ont été
.examinés.
l*' Du bois de charmillette a donné 0.16
de charbon par la calcination, et 0,00-i de
i cendres par la combustion;
20 Du bois de verne flotté et très léger a
I donné par la calcination 0,17 de charbon,
let il a produit avec la litharge 14,6 de
j plomb, d'où il suit qu'il équivalait à 0,43
de carbone ;
3» Du bois de chêne non flotté et très
i pesant a donné 0, 19 de charbon par la cal-
cination; ce qui prouve que le bois flolté
ne se dessèche pas plus tacilement que le
bois neuf.
Le bois no 2 équivalant à 0 43 de car-
bone, et ayant perdu un quart; de son j.oids
par la dessiccation, il s'ensuit que le bois
d'où il provenait n'équivalait qu'à 0,32 de
carbone; or, le bois ordinaire, conservé
dans des bûchers, équivaut, terme moyen,
à 0,38 de carbone; il faut donc que les "bois
employés à Séveux se soient trouvés très
humides, ou bien que, par l'effel d'une ap-
plication trop rapide de la chaleur, les va-
peurs qui se sont dégagées pendant la des-
siccation aient entraîné, outre l'eau, une
quantité très notable de matières combus-
tibles, quoique ces bois n'eussent éprf)uvé
d'ailleurs aucune altération dans leur cou-
leur.
Ayant laissé pendant dix jours du bois
n. 2 et du bois n. 3, coupés en rondelles
très minces, exposés à l'air, dans une
chambre sans feu par un temps très hu-
mide, ils ont absorbé peu à peu de la va-
peur d'eau, mais lentement et en propor-
tion assez faible. Au bout de 10 jours, le
poids du bois n. 2, très léger, avait aug-
menté de 0,09, et celui du bois n. 3, très
dense, n'avait augmenté que de 0,05-5 5
d'où l'on voit que les bois fortement des.^é-
chés ne sont que très peu hygrométriques.
A Séveux, on a essayé de remplacer le
charbon dans le haut- fourneau par du bois
desséché, volume pour volume, dans la
proportion de ■—. Après deux charges, il
306
s'est manifeslc une vapeur Manche, sus-
ceptible de brûler avec une flamme viola-
cée. Après 10 ou 14 ciiarges, la tîamme de
la tynipe a blanchi, et la tuyère est deve-
nue brillante-, à la coulée, la fonte a paru
plus vive; le travail était très facile, mais
les laitiers étaient un peu verts. Ce résultat
prouve évidemment que. dans la substitu-
tion du bois au charbon, il y a une écono-
mie considérable dans la consommation
du combustible; mais quant à Téconomie
dans la dépense elleestévidemment relative
aux frais de transport et aux frais de des-
siccation. L'expérience nefournitd'ailleurs
pas les données nécessaires pour que Ton
puisse rechercher par le calcul daiis quels
cas cette économie est réelle, et dans quel-
les circonstances elle estcompenséc par les
frais de transport , etc.
A Maucourt (département des Arden-
nes), on dessèche le bois dans des fours
qui sont placés au-dessus du haut-fourneau
et qui sont échauffés j)ar la flamme du
gueulard. Le bois est débilé-en petits mor-
ceaux de 5 pouces de longueur et de 12 à
18 lignes d'cquarrissage. On le laisse deux
heures dans les fours, on le relire rouge,
on l'arroseavec (Jel'eau, et on l'éteint dans
des étouffoirs. Les n>orceaux sont dans un
état très variable; en général, ils sont
charbonnés à la surface, mais dans l'inté-
]ieur, tantôt ils sont couleur de buis, et
tantôt d'un brun de café clair. Terme
moyen, ils perdent 0,40 de leur poids.
Le mètre cube de bois vert j)èse 328 k.
Le mèlrecubede bois desséché pèse 291.
Le mètre cube de charbon pè.ve 250.
Le bois vert (hêtre) employé à Mau-
court est très humide; il graisse la scie, et
la sciure se peloîone entre les doigts. Chauf-
fé à environ 100., il perd le cinquième de
son jîoids en 48 heures. II donne 0,138 de
charbon par la calcinai ion, et il proùuit
1 1 ,7 de i)l()mb avec la lithargc, d'où il suit
(pi'il équivaut à 4,345 de carbone. Le bois
desséché le moins altéré donne 0,15 de
charbon jiar la calci nation , et produit
13,2 de plomb avec la litharge, d'où il ré-
.sulie qu'il équivaut à 0,40 de carbone.
Les morceaux devenus couleur café brûlé
pâle produisent 0,2G de charbon à la cal-
cination et équivalent à 0,47G de car-
Lone,
Le mélange cl un grand noml)re de mor-
ceaux à différents états a donné 0,23 de
charbon à la calcination, et s'est trouvé
équivaloir à 0,43 de carbone.
Le bois coni|)létcment des.séché (chêne)
est couleur chocolat et bien homogène;
ses fibres sont très resserrées, et cà et là
[on voit interposée entre elles une sub«
] stance noire, brillante, qui provient vrai-
semblablement de la carbonisation de la
sève; il ressemble beaucoup au bois forte-
ment altéré que l'on rencontre dans les dé-
pôts de lignite. Quoiqu'il ait assez de téna-
cité, on peut le casser sans qu'il plie, et
ses fragments peuvent être porphyrisés
comme du cbarbon. Il n'est pas sensible-
ment hygrométrique. Lorsqu'on le chauffe
dans une cornue de verre, il s'en dégage
immédiatement, et à une température peu
élevée, une petite quantité d'eau très acide,
et pre>nue aussitôt les huiles et le bitume
que le bois fournit ordinairement. L'am-
moniaque ne l'altère pas, mais la potasse
caustique le fait devenir presque noir et se
colore fortement en brun, en dissolvant
une petite quantité d'une matière qui a
beaucoup de rapport avec l'ulminc. Il
donne à ranalvsc :
Charbon. .' 0,299
! Cendres manganésées . 0,018
j Matières volatiles . . . 0,683
i, 1,000'
et il prouuît 18,2 de plomb avec la lithar^re,
ce qui fait voir qu'il équivaut à 0,535 de
carbone.
En sortant du premier fouï pour entrer
dans le second, le bois est dans un tel élat
qu'il donne 0.19 de charlmn parla calcina-
tion, et qu'il équivaut à 0,40 de carbone.
On emploie actuellement dans le four-
neau deBièvres ^de bois desséché au brun,
et ^ de charbon, et Ton espère pouvoir
bientôt supprimer lout-à-fait le charbon.
Je n'ai eu aucun moyen de savoir exac-
tement combien le bois perd de son |)oids
])ar la dessiccation ou la demi-carbonisa-
tion qu'on lui fait su!)ir à liièvres; j'e.slime
que la perte qu'il éprouve est d'environ
moitié. Si on pouvait l'anuMicr à cet état
dans les forêts par un procédé analogue à
la carbonisation en meules, il y aurait éco-
nomie de nK)itié sur les frais de tran.sport,
et il y a tout lieu de croire que le procède
.serait alors très avantageux. Il est à re-
marquer (jue, lorsqu'on emploie la flamme
des hauts-fourneaux pour dessécher le
bois, la dessiccation est très raj/ide, ])uis-
(ju'elle s'effectue en une h(!ure et (knnie à
deux heures; il doit donc se dégager avec
les matières volatiles une quantité plus con-
sidérable de matières combustibles que si
l'on o|)érait celte dessiccation par la car-
bonisation spontanée en meules, nouveau
motif pour (jue Ton cherche a opérer la
dessiccation i)arce dernier moyen.
M. P.BiùRTIÎIER.
307
REPEirrOIIlE BE LA COi^^Y ERSATSOIV.
CONSIDÉRATIONS SUR l' AVENIR DE LA dcs habUudes casanières. Mais puisque
CIVILISATION HUMAINE. j rcxercicc déveioppe et perfeclioiine les
I organes qu'il emploie fréquemment, <^ndoit
La philosophie contemplant dans This- présumer bien plutôt (jue les faeuhés céré-
tolre ue notre espèce la progression ma- br-ales se forfilient, s'agrandissent |)ar Tu-
nileste de Yhunmnisatiim, quoique avec sage continuel que nous en faisons, tandis
des rétrogradations partielles, elle conçut qu'elles s'atrophient par finaclion, chez le
l'idée grande et consolante d'une ascension sauvage , dans son cerveau,
unixerselle des nations, comme sur une' D'ailleurs, nous avons aujourd'hui des
spirale immense, vers cet état de perfection secours qui m.anquaient aux anciens. Des
future dont le terme reste inconnu dans sa mondes nouveaux conquis ou découverts,
carrière illimitée. l'emploi de la boussole , de l'imprimerie,
Vico , en Italie , Herder, en Allemagne , ' des machines à vapeur et d'autres moyens
Condorcet, en France, et d'autres savants, de force et d'industrie, ont élevé sur le
envisagèrent la race humaine comme for- trône la puissance liumaine. Heureuse des
mant un vaste corps susceptible d'une per-^' acquisitionsdcs Ages écoulés, elle peut donc
fectibilité, sinon sansbornesjdumoinsindé- graviter avec de plus richesespérances vers
lînie dans son déploiement à venir. Sans un état meilleur. Toutefois , il s'agit d'ap-
doute il fai». reconnaître des progrès incon- précier dans quelles limites ces esjiérances
testa[)lesdansréducationdu genre humain; doivent s'étendre et s'il est u-n terme à tous
riînli(juilé ne fut , comme on l'a dit , que la nos efforts.
jeunesse du monde, et nous sommes les vé- : Cet examen se porte sur deux objets:
ritables anciens. Héritiers des découvertes sur les faits de notre organisation , puis
et des travaux denosaïeux, après des temps sur les instrunients de la vie extérieure
de barbarie et d'héroïsme, apparurent qui favorisent son déploiement intellectuel
des siècles de législateurs ; les religions ré- ou qui augmentent l'action de l'homme sur
vélées ont même imprinié une impulsion la nature. Au milieu de nos tentatives , la
forte à la civilisation morale des nations philosophie se demande avec inquiéiudesi
livrées jusque-là àdes coutumes atroces et tant de bienfaits se conserveront inaltera-
à l'anthropophagie. j hles, si leurs progrès ascendants ne seront
Tout le monde sait par quelles transfor- jamais menacés de ces inévitables retours
mations lentes et laborieuses la race hu-,sous lesquels succombent à leur faîte les
maille a dû passer, dans notre Occident , plus éclatantes prospérités. Exami-nons les
pour atteindre l'état de liberté civile et les résultats.
))erfectionnements modernes dans les arts, ! L'effet d'une sociabilité perfectionnée
l'industrie et la civilisation actuelle. Tout est d'accroître d'abord les moyens de sub-
nous présage un essor de perfectionnement sistance sur un terrain donné, d'y agglomé-
ulterieur dont le terme ne peut être assi- rerune masse considérable dépopulation;,
gué désormais, et qui pourtant ne saurait d'augmenter, de varier les jouissances de
être infini. la vie privée, les produits de l'industrie
. A la vérité, on dira bien avec Fontenelle manufacturière, les échanges commer-
(jue si les arbres n'étaient pas plus hauts et ciaux ; elle multiplie donc les signes repré-
jilus féconds dans les temps antiques qu'ils sentatifs des richesses, lesfruiis du travail,
ne le sont aujourd'hui sous les mêmes cieux, les objetsde luxe ; de là, la facilité de toutes
nous ne devons point espérer que la nature les relations sociales, la subdivision extrême
nous accorde des forces supérieures, un des fortunes. En même temps, les liens re-
génie plus exalté que n'en possédaient les ligieux et politiques se détendent, s'éner-
anciens. On a, tout au contraire , supposé vent. Une existence abhtée, délicate, rend
que la civilisation abâtardit l'espèce, et la sensibilité plus vive, les sens plus exci-
que notre vigueur physique et morale s'é- , tables à toutes les impressions physiques
puise dans un» vie stucllease , s'énerve par [et morales, mais plus débilités par l'abus
808
qu'on en fait dans «ne vie de jouissances
ou de peines sans cesse renouvelées. .
Cette civilisation toutefois épuise à la
longue les éléments combustibles, les fo-
rêts, les mines, peut-Ctre aussi la fertilité
du sol malgré les engrais qu'elle y dépose
( à moins de posséder une terre inépuisable,
comme celles que féconde le INil, le Gange,
l'Euphrate, etc.), parce qu'une immense po-
pulation consomme bien davantage qu'elle
ne restitue à des campagnes sans cesse en
production. Avec le morcellement des pro-
priétés, lacivilisationprotectricede l'espèce
en favorise à tel point la multiplication que
le nombredes prolétaires s'accumule prodi-
gieusement et dépasse bientôt la proportion
des subsistances ; faits c|u'il faut bien ac-
corder à Maltbus. il en resuite cette énorme
quantité d'existences précaires , aptes sans
doute à tous les travaux, cependant me-
nacées de la disette, et disposées, faute de
places pour s'encadrer dans l'édifice social,
à se soulever et à le renverser. De plus,
les perpétuels rapports des sexes engen-
drent une inlinilé d'enfants naturels aban-
donnés à la misère, privés d'éducation,
commandés par la nécessité , comme les
pauvres, forcés d'employer les vices à dé-
faut de vertus, pour subsister de proie, car
tous ne peuvent ni s'expatrier ni former
des colonies au loin.
Les nations les mieux policées, d'ailleurs,
opulentes par le commerce et l'industrie ,
possédant plutôt des fortunes mobilières
que des immeubles . redoutent les guerres ;
elles deviennent casanières, aspirent au
repos, aux jouissances sociales, ou sont plus
a\ ides de s enrichir par les arts de la paix
que dans les périlleux hasards des combats.
La civilisation a donc ses propres bien-
faits à redouler. Il est à craindre qu'une
orageuse pléthore de luxe n'y suscite des
ferments de corruption ; maladie fatale à la
vie des plus llorissants empires, à moins de
la prévenir, comme le fait la Chine, par la
défense de jamais exceller, ou par l'éta-
blissement de castes inamovibles , comme
parmi les anciens Égyptiens, les Hindous ;
enfin par des colonisations, sortes de cau-
tères et de saignées des peuples. Il est évi-
dent que l'Europe moderne atteindra bien-
tôt le faîte de cette croissance.
indépendamment de ces graves ensei-
gnements de l'histoire, voyons dans sa gé-
néralité si cette incontestable civilisation,
ouoique inégale à travers les Aicissitudes
(les siècles, peut devenir, non pas infinie,
mais continuelle ])ar la nature des choses,
ou par les conseils de la Providence, sui-
vant les philosophes religieux.
Sans contredit , entre toutes les espèces
vivantes, l'organisme humain est le plus
capable de déployer ses facultés sous tous
les climats , et de perfectionner sa propre
constitution physique. Depuis le Hottentot
stupide ou le timide Lapon jusqu'à l'Euro-
péen si élevé dans l'ordre intellectuel , la
gradation est immense. Cependant un seul
instant peut ravaler , par la démence ou
le vertige des passions, un génie sublime
au niveau de la brute: étrange mobilité de
notre structure, qui ne nous permet jamais
de dépasser ses limites ! Plus il y a de civi-
lisation, plus il éclate de maladieset de fo-
lies. Ce lait demeure aujourd'hui constaté
d'après les recherches de tous les médecins
qui s'occupent de la statistique.
Et d'ailleurs, si l'on soutenait, que la
culture de l'intelligence soumise au labeur
' ])erpétuel des fonctions cérébrales durant
\ une longue série de générations agrandit
' l'organe de la pensée , il faudrait aéjà te-
1 nir compte du développement de la boîte
crânienne de l'homme blanc , supérieure
;à celles du nègre, du cannibale américain
' et du sauvage australien. Toutefois notre
race espérerait-elle , parla seule énergie de
! sa nature, s'élancer au-delà de la sphèn
de l'humanité? non, sans doute. Nous ei
attesterions ces débris de quarante sièclei
Ide durée ensevelis sous les catacombe!
égyptiennes , ces témoignages authenti-
ques de nations déjà policées, dans 1?
Ciiine etTlIindostan ; ces images tailléej
dans les grottes indiennes d'Elephanline,
ces statues d'hommes illustres animées
par le ciseau poétique des artistes grecs, el
ces descriptions frappantes des complexionj
bumaines tracées dans les livres des mé-
decins de l'antiquité ; enfin jusqu'à ces
crânes exhumés des anciens Mexicains
Aztèques et des peuplades des rives du
Missouri. Tous ces restes de notre espèce,
sous divers climats et à diverses nuances
de civilisation, comparés aux hommes ac-
tuels, conservent toujours des proportions
à très peu près identiques , le type indélé-
bile d'une immuable humanité. Leurs va-
riétés cérébrales n'oscillent jamais qu'entre
d'étroites limites; il n'y a ni dégénérations
])rofondes, suivant les détracteurs de la
sociabilité, ni perfectionnement organique
sans bornes , comme le supposent les ar-
dents promoteurs de la perfectibilité de
notre race.
Puisqu'il y a dans notre système ner-
veux lui-même des termes que toute la
tension de nos ressorts intellectuels et phy-
siques ne saurait franchir; p-uisque notre
courte durée se balance dans un milieu .
entre l'enfance ignorante et chélive , la
caducité oublieuse et impuissante, où donc
se trouve cette perfection à jamais incom-
parable, ce paradis de l'ciiciii's aux(|U('lles
devaient atteindre, d'après divers pliiloso-
pbes modernes , nos destinées sur ce
globe?
Qui ne sait que les températures extrê-
mes , l'ardeur de la torride et les glaces
polaires surtout , arrêtent les progrès
sociaux, paralysent notre organisation?
Qui ne conteniple encore, sous des cieux
plus prospères , ces alternatives funestes
d'épuisement après la floraison des peu-
ples, ces âges climatériques des états, cette
, vieillesse des Bas-Empires , ces naissances,
ces déclins des religions , des langues, des
littératures, enfin ces morts des grandes
sociétés, puis ces résurrections des insti-
tutions, dues, non pas aux cbances du
hasard, mais inévitables sans doute comme
chez les autres races d'êtres , d'après des
périodes de vie proportionnées? Elles font
que Jamais la civilisation ne périt entière-
ment à la vérité; mais dans sa course va-
gabonde , elle pare tour à tour diverses
contrées des monumens de sa splendeur ;
elle peut reverdir en d'autres saisons sur
ses tombeaux . Placés à une époque d'as-
cension possible encore, nous espérons ,
mais en vain, son progrès infini, comme
dans l'époque de Dégradation du moyen-
âge , en vain on attendit la fin du monde.
Avec plus de documents aujourd'hui que
n'en possédaient Yico, Herder et d'autres
philosophes, on pourrait donc retracer,
dans l'histoire du genre humain, ces or-
bes immenses d'élévation et d'abaissement
correspondant comme sur la roued'Ixion.
De même que dans les orbites des planètes
il y a des retours de ténèbres et d'un som-
meil réparateur, après des réveils éclatants
de prospérités qui épuisent les forces , la
barbarie paraît entrer comme repos aussi
indispensable dans notre espèce que les
merveilles d'une haute civilisation. Nous
ne nous exhaussons sur des débris anté-
rieurs, ces témoins d'antiques catastrophes,
que pour nous précipiter, subissant dans
ce circuit fatal les ordres de l'harmonie
éternelle qui nous sème au monde pour un
but ignoré, non moins que les autres ani-
maux. Leurs ossements qui jonchent les
terrains antiq^ues nous révèlent des socié-
tés enfouies dans l'immensité des siècles
écoulés, et que les nôtres doivent égale-
ment rejoindre. Aussi l'homme circule avec
ce globe silencieux parmi les abîmes cé-
lestes, pendant de longues périodes sécu-
laires, retournant sans cesse, comme les
309
fourmis et les abeilles, dans le cercle de
ses instincts laborieux ; les nôtres ont leur
sphère plus étendue sans doute ; elle s'élève
jusqu'à la notion de la Divinité, mais elle
est pareillement circonscrite entre des li-
mites infranchissables. Instrument de la
nature, ignorant pour([uoi et comment elle
naît, engendre et meurt sur ce monceau
de fange oii elle conslruitses palaiset bien-
tôt après ses sépulcres ; poussière aujour-
d'hui pensante, demain dissoute pour ser-
vir à mille autres métamorphoses tout aussi
fugiti\es sous la main du temps ; telle est
la société humaine.
Si les conditions astronomiques de no-
tre globe sont aussi stables que l'affirme La-
place, les siècles futurs ramèneront né-
cessairement une chaîne de circonstances
identiques et doivent reconstituera la lon-
gue les événements du passé.Nousneserions,
d'après cette force des choses, que les an-
ciens ressuscites. Alors s'accomplirait l'orbe
perpétueldes destins, suivant laloide suc-
cessions renaissantes des révolutions du
monde. Ainsi l'homme, ne pouvant point es-
pérer une mesure plus vaste de facultés
ou d'énergie, roule dans cet orbite non
moins constant que celui de la sphère qui
le porte. La limite n'est point posée, mais
elle est une nécessité de notre nature, comme
laMurée du jet de la vie.
Nos découvertes modernes ne pourraient
être que la palingénésie des mêmes ordres
de vérités, un plagiat ignoré d'idées déjà
écloses et oubhées à plusieurs reprises, si,
eneffet,ce monde est éternel ou bien vieux.
Ainsi refleuriraient, par la perpétuité des
mêmes forces de combinaisons, les retours
de, toutes choses, suivant l'ornière inévi-
table des mouvements de notre système
planétaire. Les grandes modifications des
espèces, ou la destinée des races humaines
avec les autres, n'auraient Heu que par
! le résultat des changements dans la con-
j stitution des astres dont nous sommes les
I productions parasites; c'est pourquoi nous
j .subirions les mêmes métempsycoses qu'ont
: diî subir les créatures maintenant fossiles
I des anciens mondes, si ces révolutions s'o-
péraient un jour.
Que rcsulte-t-il de ces considérations ?
qu'aucune civilisation infinie, aucune per-
fectibilité hors de nos limites assez circon-
scrites, avec la permanence du système pla-
nétaire actuel, ne sont possibles pour no-
tre espèce, quoiqu'elle n'ait pas atteint son
faîte.
Notre destinée reste encore assez vaste,
assez magnifique, puisqu'elle a su élever si
haut ses découvertes dans les sciences, ses
310
travaux dans l'industrie et !os arts, qu'au-
curw autre race de notre univers n'a pu la
surpasser ni rnêine l'égaler. Nous n'en res-
terons pas moins les premiers, les plus no-
bles des êtreset des interprètes delà sublime
cause de toutes choses. Ayons dcac en-
core espoir dans notre avenir ; tout n'est
pas épuisé. J.-J. ViREY,
Membre de la chambre des députés.
HISTOIRE DU TABAC.
Combien de siècles ai-je vécu ignoré
dans un liémisphère inconnu ! Temps de
mon bonlîeur , que je vous préfère aux
époques pius récontes dje ma gloire! con-
tent alors de prêter mes feuilles desséchées
aux hommes qui nai-ssent dans les forêts,
je ne servais pas enco-re de persécution,
je n'étais pas devenu une des plus pré-
cieusi's maiières de la science de la fisca-
liîé; on m'employait pur de tous ces in-
grédiens qui m'ont rendu un véritable
poison ; je croissais où bon me plaisait ,
sans qu'une loi vînt défendre à ma graine
de germer en tel endroit , de se muliiplier
dans tel autre ; j'étais libre enfin comme les
sauvages qui s'enivraient de ma fumée.
Dans le quinzième siècle, on m'ap-
porta dans l'ancien monde parmi les tro-
pl'.ées conquis sur le nouveau. Enl49G,
lors du second voyage de Colomb, le moine
osocignul Romana Pano fit connaître à ses
compatriotes le singulier usage des indi-
gènes de fuiner mes feuilles dans des pipes
qu'ils appelaient tobacoos. On me donna le
nom de cet instrument, et, après bien des
variations, le nom de tabac m'est enfin resté.
Est-ce un des plus singuliers caprices,
de Tespriî humain? ou bien Tètre qui dis-
pose de tout m'avait-il d'avance prédes-
tiné au rôle brillant que je remplis dans le
monde? 11 est difficile, en effet, d'expli-
quer les rapides conquêtes que je fis dans
les trois parties du vieil hémispiière. Com-
ment avait-on pu jusque-là se y)asser de
moi? ou comment suis-je devenu tout à
coup l'objet d'un besoin si universel?
En 1559 ma graine est introduite en
Portugal : en 1560, l'ambassadeur fran-
çais Jean Nicot en transporte dans sa
pairie ; il en fait un présent à la reine Ca-
therine de Médicis. Longtempsje fus connu
sous la désignation d'herbe à la reiiie ,
d'herbe d'ambassade^ de nicotiane: ce
dernier nom m'a été conservé parmi les
botanistes; et qu;ind je l'eus perdu dans
le peuple , It'S médecins , qui ont besoin
d'indiquer les choses les plus simples sous
des termes inintelligibles au vulgaire ,
continuèrent à m'appeler nicotiane.
Dirai-je mes succès en Angleterre , en
Suède, et cor^m^-ent ces nations industrieu-
ses me naturalisèrent en Lc-sace et en Saxe,
d'où je m'étendis dans le reste de TAllema-
goe, en Suisse et dans l'Alsace? Dirai-ie
comment je fus adopté chex les peuples du
monde où les usages nouveaux ont le plus
de peine h s'introduire ; le Turc et l' Asia-
tique? Parlerai -je enfin de ces temples éle-
vés en mon honneur dans presque chaque
village, sous le nom de Tabagies?
Et cependant j'avais vu se liguer contre
moi et les rois, et les peuples, et les minis-
tres des autels ; on me proscrivit au nom
de la politique et ôra nom de la religion ;
je fus traité comme un poison au moral
et au physique. En 1610, on promenait
dérisoirement les fumeurs dans les rues
de Constantinople, avec une pipe qui leur
sortait du nez. En 1623, le pape Urbain VIII
excommunia ceux qui entraient avec du
tabac dans les églises. En 1634, Michel
Fédérowiti condamna mes partisans à
mort; Pierre -le -Grand confirma cette
sentence ; bien plus tard encore , l'usage
de fumer était puni par la perte du nez.
En 1653, quelques personnes qui se mon-
trèrentavecdespipesàAppenzel, en Suisse,
furent poursuivies par la populace; le
conseil prononça des peines contre les fu-
meurs et obligea les aul)ergistes de les dé-
noncer; en 1661, on institua à Berne un
tribunal spécial pour ce défit ; les prédi<'a-
teurs même lancèrent contre moi les fou-
dres de l'éloquence sacrée ; malgré ces
persécutions, peut-être même à cause de
ces persécutions, j'ai triomphé partout, et
Versant des flots do pous&ièrc
Sur mes obscurs blasphémateur»,
j'ai fait plus que de les vaincre , je les ai
armés de la pipe et de la boîte.
Que dis-je?je gémis encore sous le poids
d'une persécution sinon plus len-ible , au
moins plus humiliante : je suis devenu
la proie des hommes de finance, qui
ont compris combien il était facile de pren-
dre les peuples par le ni'z pour vider leurs
bourses. Ah ! si du moins les régisseurs,
en faisant payer si cher les innocents plai-
Isirscjue je procure, me permettaient de
: développer toutes mes qualités, de choisir
le terrain qui me convient, d'al)andonncr
à des mains plus savantes le soin de ma
préparation ! , s'ils ne me contrai-
gnaient pas de confier ma gloire à des con-
trebandiers ! Cette régie est, en
réalité , la fable du paysan qui éventre la
! poule aux œufs d'or ; elle nuit à la fois à
1 lagriculture et au commerce.
■, ■■>f-i i—^nt
-^ ,..— r.^-.r^^. . ..r«.- -^,... ■■-
TABLE PAR ORDRK ALPHABETIQUE
,{: DES MATIÈRES CONTENUES
DANS LE JOURINAL DES CONISAISSAINCES UTILES.
ANNEE 183C.
Nota. Les chiffres arabes indiquent le numéro des pages (l).!
AïEiLLîs. 105, 139
AciDKi. Notions générales. 14
Acita. Moyen de le durcir, 73. —
Procède pour obtenir des aciers à
reines de dama». 146
Air ATMOsrBËRiQi'i. 12.)
AicooLS. 8l
ALotB. Importance de Toccupation. 'ib
Alcces MAniRts. 140
Ain VIO». Jurisprudence. 120
Amadou. 60
Amasdif.r. Sa citllura. 144
Akadas. Sa culture. 144
AniMAux KALAOts. Remèdes. l3B
Aracacua. 305
AlBlTBACE. 147
AsBREs rBUiTiiBS. Renouvellement
Je ceux «jui donnent de mauvai
fruits. 143
.VncniTECTis. ResiNonsabililè. "3
AsDOisEs. 75
Arcekt. IVolire sur ce métal. 35
Ahméb. Eflcctif en 183l>, 3 t.— Réen-
gagements , rempldranls mililairei ,
25, 135. — Reciuiemens, 190.
CondamnationsmiUiaires. 27
àRlACHOlR A BASCULK. tT.
AbTiCHAIT DE rRIMEUB. 170
Asperges. Moyen de les garantir des
vers. J05
AsFHYxiÉs. Secours à lenr donner. ( k
Radit, Eos. 14
BiuEiHE. (Pèche delà). 83
Balloks. Notice générale. 2;
Basque de France. Ses opérations. 26
Baromètres sois «ARiss. 149
BÉTCN. r. Routes.
BïTTEBATE. Culture — Produit. 301
Bkuri Sa fabrication. :34,1 (J
Bois. Moyen d'assurer sa durée, igs
— Son emploi dans les hauts four-
neaut, 305. — Bois pé<ri(ié. 113 bs
Boissos raeraicbissote. iG6
BooLASOERS. Poids du pain. ;3
Bougie DAi-n»»!. i 00
BtD3v.Ts. De 1829 et 1836. 22 i
Cachou. Son emploi. >39
Cai astre. 63
Caisses d'eparcses- lO'J
Calorifères. 137
Canaux ES ERABcr. 26. — 54. — 211
Caoutchouc. Son emploi. 24 2
Catrie». Sa culture. 140
CtBDM Rï. Marhiue Lerrat, 50 ^
C.\RiE DU FROMEBT. 30/
Ca- ottes. Leur culture. 205
C»RT()N-riE!iaE. 146
CtsDRES. Leur emploi. 1 35
Ct^fS Él>ECTO(lAL ET D^lîUCilBl-
LtTÉ. l25
CCS.SIONS DS BIETTS. 126
CnARiîON DE BOIS. Sa fabric:.!.io» par uni
uouseau procédé. 304
Chalïur l'rocédépourlaproduîrc. 8i i
ChARRI-F. TAUPE. 1/4
Charrue a bicoles. 1 74
Crasse. Lois et règlements. lS7
CnAUFFAGE. Nouveau mode. l99, 250
bis.
Chemins de fer. 54
vicinaux. 155 , 157
Chevaux. Équarissago, 101. — Régime
du vert, 1 1 5. — Corne de la l'our-
clielle, 231. — Vtce de caractère,
232. — Effets utiles qu'on peu' en
obtenir, 299. — Influence de Pexer-
cice du cheval pour l.i sanié, ifil ,
262. — Aifections organiques des
chevaux. 26 3
CiîEVEU.x Leur conservation. 134
CHIE^S EMPOrsONJiÉS. 136
(Chimie. Notions générales. 124
CiKCOLAT. Piopuétéi alimentaires. 9S
Chose PUBLIQUE. 291
Cuou MARiît Sa culture. 78
("iRAGE. nacelles économiques. l35
CiTfLis AT [o;< HUMAIS E. Considérations
sur son avenir. 30'
Classes ouvRiCRES. 2
Colles. Leurfahricalion. 73
Colophase. Sj fabrication. 102
(Combles écosomiques 229
CouMEr.cE Prêts failli en 1830.
CoMuesES. Complabililés, 30. — Pé
remption, id. — Leurs droits en cas
de pillage à main armée, 1 -ià. — De-
Toirselbilributi-nsdes maires, 8,30.
— Adnniii»tralions municipales, 92
floRTHiEu \ CLE! — Moniaiit des con
iribnlioiis directes, 7. — Impôts ;!n
cieiis et actuels compares 3 I . — Ca
pitalion , 113. — ( liangement de
domicile, 125. — Avis aux coniri-
buaWes susceplibles d'cire élecleiirs
communaux pour 1837. 237
CoEBOTEum. Degras. 45
{;o;ts AUX PIEDS. Leur guérison 69
CoToss. Produclion , 21. — Blanchi-
ment, 69. — Nouons historique-.
21-2, 23S
CoBl-EURS NATURELLES. S3
(iocBS d''eau. Compéience. 106
Courses Dr. cntvAUx. 24 3
(JOLVAGE DES COQS ET DES rOCLES. l67
CoCVI'.RTURE DES MAISONS. 100
(illlAMDÉ MARITIME V. CnOU MARIN.
(;B£M0.»E5 FRASi;A!SES. 7S
CbOTOS de TEINTURIER. V. ToUR^ESOL.
Culte. Manifestation exléricîire. 92
ChrEDE.NTS VEGETAUX. 264
DÉiiiTANTs DE liuissoxs. JurispTu -
dence. 1 '9
DÉGRAISSErRS. 1 *^
DÉLITS ruba;;x. Jujisprudcncc. 13H
OÉNO^NLIATION. ' '4
Dkms. (Spécifique pour le mal de) lO i
Df.hO' ILLAGE. 14"
DiFFAUATloS. 31
Do!ÎEUBS SUR MÉTADX. 101
DoUASES. Pioduit en lS34. 6<
iiAD.Sespiopriélés, 97. — EaudeDeur.,
d'orangers. r ^ >"'
Électeurs commcraux. V. Comjubca-
CLEi.
Encre. Fabrication. 15
EnDU;T 1-N I'LATRE C0,L08É. 7 7
F,\FASTS TROVVÉS. 1, 30, S"
Engelures. Traitement. 14
Iv^GKAiS. ' 111
Kxir.EPOTS DE COMMERCE. l'-J4
ÉTABLiSSI.MEirTS INDD.ST BIELS ES Fr A >
CE ET ES Angleterre. 299
!''TOFri:S. Leur calaudiage, 160: —
Lloflcs de verre. 2
Fabp.icant-s DE couleur. 2
l'AÏENCE. Imple^^ion. 102
Farine de gruau. Procédé ];our en
obtenir, .03. — defromext fji
l.ATÉ. .Moyen de la reconnaître, I.'ÎS
Ferblantier. Kmploi des rogiiurc;
et déchet de ferblanterie. i7t
Fep.s. Leur ]irodutiio'i en France, 17
— l'rocéiie pour fabi i(|uer la fpile
et le 1er en barres, 49. — ^ Scellagi
du 1er dans ta pierre, 7i. — Len
emjiloi dans les constructions, 99
— Fabrication du fer forgé, 177
— Noiions sur cette inihisu ie, 20
— Nouvelle prcpaialion, 210
— .Moyen de les prc.!Civer de I,
rouille, 2l 0. — Fabrication en Ecos-
se. 2
Fiel de eoeuf. Sa préparation, lO
FoNDiiUR LiE MÉTAiTX. 0
FijiiÈTS. Uéfiicheuieul, 128. — Dé-
lils loresliers. '.^9
FouciiÈKE. sa dessiccation. à'ohis
Fruîtages. 39, 43;;
Gale dis eestiau.^. 7^
(>A>"rs. Procéiié de nettoyage. 13.-
GaraNCE. AiUlACilAGE. 1 Ot)
GaiiDES KATiOKALX. Disc'plillB, 7,
36,125,102. — Obligations. 3{
(fAZ Eclairage. Il 2 c'"
(iESÈT. ^i'oilede). î 01
GESrATIO.:^ ET IXCLBATIOS DES AN.
MAUX. ]-'> '
Glace artificielle. i ■ 5
Gkaine de betterave. 106
GuÈde- f^ Pastel.
Harengs salés. 133
Hôpitaux et hospices de Fra.vc...
2u
(1) Les premières et dernières p^ngcs des numéros mensuels n'élant pas chiffrées, on a icdiquti par Ws.cellesqui
se trouvent intercalées entre chaque numcro. ,
HotTxiLEs FRAirçAisEs. Leur exploi-
talioti, '20 — Leur emploi pour le
chauffage des fours. 273
KyoiÈne. Considérations surle jeune,
âge. f)(j
UypoTHÈgrE. 74, 03, lt3, iGv
Impôts indirects. Boisson*, iC?.—
Produits cl Irais de perrcplion. 220
iNCENniES. J3à, l99
Individualisme. (De r ). 2')2
Instrbction publique Moyen d'or-
g.iniscr les écoles primaires dans le
campagiies. 3. — Liberté de l'ins-
truction religieuse, 34, 50, 113. —
P'ducaii'in de-! (illes, 37, 130. —
Haut enseignement ,i Paris, 100. —
P^clacati'in de Pentance, l62. — Au-
torisations nécessaires pour ouviii
une école primaire, 104. — Nou-
veau mode d'enseignement o'Ie'me i
'.ahe, 0.. — instruction secondaire.
'3l. — Avis au\ pni'cnts. l93
■«TÉfiETS CAriTALI.'-TKS. LctlTS pni^•
,- .ces, 187. — Calculs d'int. 103
.' 8, 3G
J E. Justice criminelle en l833
— Hl'fc-ls de la surveillance à
■lellc sont .Tssujettis les repris de
ce, C2.— Récidives, 88. — Té-
nage, l6-2. — Personnel. 222
■>a conserYalion, 123
L.ASirES A F0."VD10UriNANT. 2jO
Li-ic.ioN - d'Honneur. EKcctif dch
memljres de ce', ordre. 2 8
Lr. uTÉccMiMEiin. Librairie. 1 13
LiN.'TN'ouveau système de filature, 1 ' G.
— Nouveau lin, son blanchissage,
108. — Filai, du lin en Pologne. 274
Liqueurs spiritdeuses. Leur rap-
ports avec la santé. l5, 41
LiTHOGi^APiiiE. Conservalion des des-
sins sur jiierre. 40
Livre de commerce. Jurisprudence.
74
Lois PROMULGUÉES depuis 1789, 2.1.
Loteries. I,eur produit, 28. —
Coir.paraison avec les piimes.2.8 bis
Lumière. Son influence sur la santé.
9G
Machines A vapeOr. I09,i45
Mairies, f. Communes.
Maisons DE JEU. 33
Maladies nerveuses. 149
Mastic POUR les bouteilles. i3S
Matelas DE PLANTES marine*. i35
Mn.ON. Culture en pleine terre. 2()5
Membranes animales, là2 bis
Propriétés de l'état. 127
PoiTS de S.ilIVETAGE. 272
PdrG*TIF RAFRAICHISSANT. l35
Ramonage VÉGÉTAL. 134
MÉTÉORISATION DES RUMINANTS.
3 06
-VIonts-de-piétk en France. 35
Morcellement DES PROPRIÉTÉS. 55
MoRi^LLE noire. Sa culturc. l7l
Mouches. Moyen de les éloigner. l33
MOULIN.S A FARlNt. 2l0
mouto.\s mérino.s. Leurs avantages
I OUI- les cultivateurs. 3')3
.Musique vocale en chiffres. 218
Navets. F. Trèfle incarnat.
Navigation. 268 ^.iî^kSS^slA^iiJx^,-
Notairebs. Responsabilité. .102, savon. Sa faUlficaiion.
162
Noyés. Secours à leur donner,
OKuFS. (Conservation).
')N(;les incarnés.
OpiUM.
0.siiiR. Sa culturc.
I'anthÉon littéraire. N^^mcro de
mai 1836.
Papiers de tenl. 70. — de tourbe. 208
Pastel ou guÈde. .'■Vi culture. 7G
Paupérisme. Ses causes, i64, 25 1. —
Statistique des indigents.
Scieries mÉcabiques.
Selles a la RocntroRT.
l'KAUSSltRS. 130
PÊCHK. Délit. 29, 113
Phare métallique. 270
PiKCES en vidanges. 14 2
Pincement des plantes. 235
Plantes roTAGiREs nouvelles. 117
I'lants d'arïichaut.s. Moyen de les
préserver des mulots. 242
Plongecrs a casqoes. 272
PoLYTECBNOGRAPHiE. Modèles breve-
d'écriture cursive et de dessin.
84 bis, 183
Pommes DE terre. 72, l68, i99
Population du rota lue. 56, 6l , 152,
170, 219.
Porcelaines. 20.''
Porc s. Engrais, 73. — Nourriture. 1 3 8
Poteries. Leur fabrication. 1 78
Prairiesartificieh.es. 148
Pré>oms, Leurs inconvénients. G6
Presse (Ja), Journal quotidien. — Le
numéro de J uin 1 836.
Primes. V. Loteries.
Principal excitants de l'es-
rit. 227
Prisons Picforme ]iréliniinaire. Nom-
■ t)ie et dépenses des |irisoDniers, 22 3.
— Maisons de corrections. 284
Production manufacturière de
Glasgow. 173
Proiriétaires. Privilège, 425. —
Eviction. 127
Rente 5 p. O/o. Remboursement, 57.
— Ses cours depuis 1/99. 952
Résine. 84, 42^
Revlmiication. 29
Rhi'matismes. Leur traitement. 102
RarMES. Soins qu'ils réclament. 13
Routes en béton. 301
29
265
210
12:
Skmoir A CHAUX. i39, S07
Sinistre.^. Indemnité'! accordées. 227
Souris des champs (destruction des).
I3,s
Substitutions. 12
Successions. 65, 95
■•5DCRES de beitcriuvej, 8. — Indigène
et colonial, 59. — Raffinage. /03
."iULFURE DK ri.OMn. 4 5
StstÈme MÉraïQUE. 9
Tabacs. Eiféts du monopole, 85, —
ISoti-:e historique. 3i0
Tapis en papier. 134
Teinturiers Teinture jaune. 24
Télégraphe. Notions historiques. I5l
— Maritimes. 20
Terres blanches. (Utilisation). 107
Thé. 21
Tisserands. 207
Tissus. à i
Tomates. Conservation. 133
Tournesol. Sa préparation. 104. —
Son utilité. 138
Toiles peintes. Notions histOlique.^
et praiiques. • 235
Tiian.spibation des pieds. 134
Trèfle INCARNAT. Sa culture. 106
Trlffe. Sa culture. 108
Vapeur appliquée a l'agbicul -
TURE. 202
Variations DU TEMPS. 50
Veaux. Leur nourriture. 167, 260
Veilleuses ÉCONOMIQUES. 135
Vernis. 112 6is, 2G3
Vers A-soiE. 207
Viande deboeuf. Saconservation. l 33
Vignes. 108, 204
Voitures. 100 — Jurisprudence, 1 38.
Voitures manumotives, 2/4. -Or-
donnance sur l'importation des voi-
tures locomotives. 2"0
Noms di's aulcurs, invcnleurs, arponimcs, et iiidiiitriels ciU's dam le Journal des Connaissances utiles , en 1830.
Aflor (E.), 00. — Aiiloine do P.ovill •. 77.— Aubiriny
(comte (r),70. — Baird , IfiS.— -n.tlcllc, 2. — Rcntirrg.înl,
204.— lïavie, 204.— Bawr (iiiadnme dcj, 40. — Dcriih.Trdt,
l.'iO Ins. — licricaiu, 112 W.s.- licrzéiiiis, 100.— Boitanj,
2l)().— BoiHieval (coinlc. do), 205.— Bourdon |lsidoroi,2-20.
— Bourgclal, l"7.— Bour^o(-is,205.— Bottrcnoti (k- l,avro,
108.— Braiido, Ki.- Bfoiif^iiiart, 178.— Cabrol, 20.— Ca-
milte Bi'auvais, 207.— Cliartior, lOti.— Chovalior, 207 —
iKiintiiioii (.\.), 155. — Dcooiirdatndiicho, 95 — I)OL;raiid,
105.— Dcscliariiio.s (K.-l'.), KiG.— Dolliii do rrossiit'l, 50f;.
I)ri()ii(t;ii.), 112 W.ç.— Duhrunfaul, 5()i.— Diipiii (baron
Cil.), 170.— Diiplossis, 503.— lidoiiai-d (I". I).), 241.— l'ati-
voau.ôO,").- Foraiîiis, 79.— Kornis (dofloiirl, 149.— Kot'cli-
liammor, 20S.— Gaudiii , 158, 199 — Caullior de Claiihry,
120. — r.ayol, 13. — Gilloii. dopiUô, 205.— Girard , 17(i.-^
Girardiii (K. do), 1, 12, 28 te , 41, SO. — (;ranoé, 69. —
Groau aino, 51. — Giiciiyvcau, 4G. — Ilallol, 112 Ms.—
Ilotilhcoat, 202. — Ilérioail de Thury ( vicoiiilo), 204. —
Herpin, 6.— Herlincourl (/.con d'), 231.— liofcr, 207. —
iMim HirHHJ.H
■loUa (G.),2i.— Jolv, 154.— Jordan, 45.— JuHicn(J.\ 17.-
Labbo, 107 — Lobas, 137. — Lcclorc, 152 Ms.— I.ofoios-
lior, 50 l'is. — Loineiicior, -49. — Lenonnand , 120. — Le-
roux, 198.— l.cvral, 113, 208.— Comte d(^ M., 2ili.— .Mac-
rpiol, 134.- Mala^'utli, 178.— Malaport, 103.— Mallol iB.),
208.— >laiirion (\\), 112 te.— Moiroiid, 137.— Mollet, 108.
Moosis, 28(i. — Noc (ooftuiï do), lOS— Aormaiid, 159.—
Oliri, 274.— Pasleiirs d'iUroillis, 155.— Pauwols, 210. —
l>avcii, 101, 158. — Paytio, 14!».— Payol (0 ), CG.— Pc-
loiizo, 75, 14G.— Poiiot, 09 — Pi.^^torio.^, 150. — QuoKlet.
02.— Ba^on, 24t.— Baspail, 105. — Bocamior, 2t. — P.o-
ohoford, 121.— Bolide (L.-J.), 20. — Bossigiiol (A.^ 92.—
Biiltor de Lymiiigloii, SI.— .Sarrantos, 112 te. — Sciiaf-
baoïU et Tlioobald, B.Tlim, 210. — .Sire ac Lure (L.-V.),
177. — .Sonlaiigo-Bodin, 207.— Tcssior, 108.- Toraassin,
305 — Tvvamlèy (.1.), 72. — Vatel, 157. — Vésiguié, 44.—
Villermé, 50. — viilerojr, 169.— Virev, député, 68,99,
310. — Wolff (P.), 124 ms, 247.
niPRIMERIE DE E. DtVERCER , RUE DE VERNEUIt, 4.
v^p'* ^