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rue SoInt'Loiiiii, Ad, au Maral*.
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AU nUllEAU DU JOUBNAI., BOULEVAKT DES ITALIENS, N' 1. %
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HARVARD COLLEGE LIBRARY
GfVEN IN MEMORY OF
ARCHIBALO CARY COOUDQE
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Journal ôf5 jBmowlles.
■■*'^&M:
JOURNAL
DES DEMOISELLES
LES DIAMANTS.
La chimie — pour cette science il n'est
rien de sacré -r a décoaTert que les dia-
mants, dont (>n forme ces belles parures
qui coûtent si cher, ne sont que du char-
bon crisUtllisé, et, bien qu'ils soient indes-
tructibles, cependant, exposés à une forte
chaleur, ils s'é?aporent sous forme de gaz.
Les diamants faux ne sont que du verre
plus ou moins parfait; si l'on pouvait les
composer avec du charbon, ils seraient des
diamants véritables.
Le diamant est le plus souvent sans cou-
leur, quelquefois il présente les teintes :
rose, jaune, bkne, verte, brune, plus on
mmns belles. Son éclat a quelque chose
d'onctueux à l'œil qui se rapproche plus
de l'éclat méulliqne que de l'édat vitreux.
Son caractère le plus saillant est son ex-
trême dureté ; il raye tous les corps sans
pouvoir être rayé par ancun d'eux, et sert
aux vitriers à couper le verre. C'est un
jeune homme de Bruges , nommé Louis
de Berquem, qui découvrit par hasard le
moyen de tailler le diamant en remar-
Da-moTiàME ANNÉK 4* fiaii. — H* L
quant que deux diamants frottés l'un
contre l'autre finissaient par s'user et par
former une poussière fine. Celte poussière
se nomme égrisée. Depuis Berquem on
taille le diamant au moyen d'une plate-
forme horizontale, en acier, qu'on ùat
tourner rapidement. Cette plate-forme est
couverte d'égrisée délayée dans de l'huile ;
on y appuie la partie du diamant que l'on
veut tailler, jusqu'à ce qu'elle soit suffisam-
ment polie.
Les brillants sont les diamants taillés à
facettes par-dessus et par-dessous; les roses
sont taillées en dessus-, en facettes pointues,
et sont plates par-dessous. .
On ne trouve les diamants que dans
deux contrées fort éloignées Tune de
l'autre; aux Grandes-Indes : dans les
royaumes de Golconde etdeVisapour et au
Brésil Les mines de Golconde, dès 1622^
occupaient 30,000 ouvriers. Les diamants
sont ordinairement enveloppés d'une cou-
che terreuse qui les dérobe à la vue et en
rend la recherche difficile. Dans l'Inde»
^"4
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— « —
I Ji ^m
on commence par laver la terre qui est
présumée contenir les diamants ; la plus
grande partie de cette terre se iroavavl
ainsi enlevée, le reste est répandu sur une
aire,[oà des hommes font la recherche des
diamants, sous la surveillance d'inspec-
teur^ Au Bré$il^ le lavage et 1^ recherche
se font en m^e lemps; 09 feit UKokev
la terre le iQjPg d'ua gl^d^^r iaclind. fut
lequel coule en même temps un ûlet d'eau
qui enlève la plus grande partie du sable,
et permet aux nègres laveurs de chercher
plus facilement les diamants dans le gravier
qui reste.
La recherche du diamant s'effectue au
Brésil par des nègres esclaves. Si un nègre
a le bonheur de trouver un diamant d'un
octave {iU carats et demi), on le couronne
de fleurs, et on le mène en triomphe à
l'administrateur, qui lui donne sa liberté;
il reçoit en outre un habit neuf. Un dia*
mant de 8 ou 10 carats vaut au nègre qui
le trouve, deux chemises neuves, un ha-
billement complet, un chapeau et un cou-
teau. Dès qù^un nègre a trouvé un dia-
mant, il lève un bras, puis frappe dans ses
mains, et Tinspecteur ainsi averti vient
chercher le précieux caillou.
Le diamant se pèse au carat, et non pas
au poids ordinaire. Un carat répond à vingt
centigrammes et demi. Le carat est le
poids de la fève d'un arbre originaire
d'Afrique. Cette fève, nommée carat, étant
toujours, à très-peu de chose prèSi d'un
poids égal, servait aux sauvages da pays à
peser Tor. Transportés ensuite dans l'Inde»
les carats ont servi dans le principe à pe-
ser les diamants.
Le prix des diamants, avant d'être taillés,
est en raison du carré de leur poids. Aivsi
le prix du diamant de un carat étani de
UO francs.
Le diamant de 2 carats vaut k fois UQ fr.
Le diamant da 3 carats vaut 8 fois /^O ir.
Le diamant de k carats vaut 1 6 fois U) fiv
On voii quel prix énonna dniveBt at«-
teindre des diamants d'une certaine gros-
seur. Ce prix varie suivant leur forme et
leur limpidité lorsqu'ils sont sortis des
fiaia^ d^ lapidaire.
if est assez rare qu'un diamant pèse
plus d'un carat ; on en trouve cependant
de 12 à 20.
I^ piws gvos diaqis^H? eo9«ns sont :
Celui ivk r^ah Majnn, ^ iPVUéo ; il pèse
phw do 3A0 carats, qui équivalait à 2 onces
ou 6/i grammes.
Celui de l'empereur du Mogol, trouvé à
Golconde, en 1550, pèse 279 carats; il
est gros comme la moitié d'un oeuf de
poule , il est taillé en rosé et déparé par
un léger défaut; c'est pour cette raison
qu'on ne l'estime que 12 millions de francs.
Les ambassadeurs du Népaul, arrivés cet
été à Londres, et que nous avons vus à
Paris, étaient porteurs de ce célèbre dia-
mant, nommé koh-ir-nour (montagne-de-
lumière), destiné à la reine Victoria.
L'histoire de cette pierre précieuse est
étroitement liée avec les événements dont
l'Inde a été le théâtre dans les trois der-
niers siècles. Extraite des mines de Gol-
conde, en 1550, elle passa avec la con-
quête des petits royaumes de Dekkân dans
le trésor du grand Mogol, à Delhi; c'est
là que le voyageur français, Tavernler, l'a
admirée et pesée, le 2 novembre 1665,
l'empereur étant assis sur son trône. €e
diamant était porté tantôt? comme orne*-
ment par le souverain , ou tantôt servait à
déeorer so» trône à> queue de paon. Il est
resté à Delhi jusqu'en 1739, année dans
laquelle le célèbre ooaqnéraot de l'Inde,
Naidir, shah de Perse, s'en est emparé, et
l'a transporté dans le Korassao. Après
l'assassinat de Nadir,, il a passé enune les
mains du chef afghan, Ahmed-Shah, q«t
l'a porté à KabooL Un des successeurs de
celoi-d,. Shab-ZamflB, emprisonné par son
foère Shab^bondjla , cacha ce diamant
dma une Aas murailles de sa* prison ; soa
frdrel'y dâcoavrlt, et.Sliah-âboudia^devan«
ret da Kabout, le portait ea hraoelet» km**
que M. Eli^iastûAC fat envoyé par lord
>i'*,<^0^
û^^-'. I
"^^
— 5 —
.j4^2
Minto auprès du Shab-Shoudja; mais à
peine l'ambassadear avait-il repassé riii|bl9
qae le Shah, privé de son trône» chercha un
refuge auprès du roi de Lahore, Rundjit-
Singh, et n'oublia pas d'emporter le joyau
de Golconde. Au boit de qiialqae tempSi
Rimdjlt-8inf^ fit we denuAde fennette k
0bab-âhoudja de lif livrer le koh-^r^aour,
œ que eéhai^ ^dait poue différents prér
textes; enfin, le l*' juin 1813 Ait le jour
fixé pôor h livrami. Les den souverains
se renooQtrèf«Dt dans an appartomest Ai
poliis de Rond^t; assis tous les deus pu-
terre, ib se regarderez pendaet une heâre
sans échanger wm parole; enfin Riind|it«
impatienté, dit à on des assistants de rap*
peler k Shah^âhoadja le snjet de leur en^
trevue ; alors le princedéirôoé fit un «igné
à son esclave, celui-ci sorfit, et apprala
un rouleau qu'il déposa sur le tapis, entre
les deux princes. Sur un signe de Rundjit,
le rouleau fut développé, et montra lema>
gnîfique diamant du grand Mogol.
Le hoh-i-wyuT a oàiofmsé d'^yporfeenir
aux descendants des rois de Lahore jusqu'à
la conquête de leur royaume par les An-
glais, qui le laissèrent d'abord dans le tré-
sor, et au moment de la dernière insurrec-
tion, le firent, pour plus de sécurité,
transporter \ Calcutta, d'où il vient de
faire heureusement le voyage de Ports-
mouih.
Lorsque l'empdlr^ur de l'Iode » Shab-
fijiluuin, le «eçut en présent, il était bmt,
et pesait, dit-on, près de 800 carats; mais
par la maladresse d'un joaillier vénitien,
Hortensio Borgis, chargé de le tailler, il
fut réduit à 279 carats. L'artiste, au lieu
d'une récompense, a élé condamné à une
«rnende de 10,000 ronpies (25,000 fr.)
]>ar le grand Mogol furieux.
Le diamant de l'empereur de Russie est
aussi un diamant du grand Mogol, connu,
jdit-on, sous le nom de Soleil des mers, il
ipèse 77J) caral^ et selon les règles établies
il ne vaudrait pas noiiis de $l2,58299ii fr.
U éirmiit «m des yeux de la statue de
Brahma, dans un temple, près de Pondi«
cbérjr, Ufi soldat de la Compagnie des
Indes parvint \ le soustraire en se fusant
Brahmane et en obtenant la garde du
temple. Il le vendit 50,000 fr. dans les
étaÛîf^inents anglais, «t rimpératrice d^
Rqssiôle r.ac|ieta pbis tard 13 millions, et
accorda en outre, au veniikur, une pension
viagère et das titres de noblesse.
Le diamant de l'emtM'rânr d'Autriche
pès^ 140 carats.
Celui du grand dnc de Toscane pèse
139 carats, il est d'une valeur de 2,608,335
Le Sanûi^ qui appartient à la France»
pèse 106 oarats, et ne coûta, dit-on, qu^
600,:000 inncs.
Le Bigefnt^ le phis beau diamant qui
existe, non pas à cause de sa grosseur,
mais à canse de sa heUe eau et de sa forme
heureuse, appartient aussi à la France ; il
pèse 137 carats. Il fut apporté de Madras
en 1717 par Pitt, le grand -père de lord
Cibata«i,.qui i^ iiendil 2,500,000 fi-ancs à
Philippe d'Orléans, régent du royaume
pendant la minorité de Louis XY. Il est'
taillé en brillants ; il a coûté au lapidaire
deux années de travail.
Tous ces diamants viennent des Indes.
Le plus gros diamant est celui de la
couronne de Portugal ; il vient du Brésil,
et pèse 1730 carats; il vaudrait quelques
centaines de millions et serait le plus beau
du monde s'il ne contenait quelques dé-
fauts.
On n'emploie aujourd^ui que deux
sortes de tailles : la taille en rose ,
pour les diamants trop peu épais , et la
taille en brillant. Celle-ci est beaucoup
plus estimée, parce que le diamant
étant taillé sur tous ses côtés, et am-
vant des facettes mieux disposées pour re-
fléter la lumière, brille d'un plus grand
éclat; aussi, tandis qu'un diamant en
rose de 1 carat coûte 80 francs et quel-
quefois 125, un brillant coâte 240 francs
et quelquefois 288.
«••
' ^^^{^'"tiî
.>^^''4
— 4 —
BIBLIOGRAPHIE.
Le Mérite des Feumes, par Gabriel
Legouvê, cinquarUiême idUien; un
charmant volume in-32, prix : 65 cen-
times; chez Gustave Sandre, éditeur
de V Histoire morale des Femmes^ par
M. Ernest Legouvé, rue Percée-Saint-
André-des-Arts, n* 11.
Le Mérite des Femmà vient d'atteindre
sa cinquantième éditioD. La célébration
d'une telle cinquantaine est un fait trop
rare et trop glorieux pour vous, mesde-
moiselles, pour que nous ne le constations
pas ici.
A répoque où ce livre parut, ce petit
poCme, d'un honnête homme qui le dé-
diait à sa femme, remua tous les coeurs;
et chacun comprit et trouva dans ces vers
la formule de ce qu'il sentait instinctive-
ment lui-même.
Par une idée heureuse, l'éditeur^ réu-
nissant dans le même volume le père et le
fils, a pris soin d^ajouter à cette cinquan-
tième édition du MérUe des Femmes un
fragment de V Histoire morak des Femme»
et une délicieuse idylle de M. Ernest Le-
gouvé, qui, vous le savez, mesdemoiselles,
continue dignement la mission que lui a
transmise soif père.
Louis Ulbach.
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
THE ROSE.
Tbe rose had been vash'd, just waih'd in a
Which Mary to Anna convey 'd; [sbower
The plentiful moisture encumber'd ibe flower
And weigb'd down ils beau ti fui head.
Tbe cup vas ail fill'd and tbe leaves were ali
And it seemed to a fanciful view [wet;
To veep for tbe buds it bad left with regret,
On tbe flourisbing busb wbere it grew.
I bastily seiz'd it, un fit as it waa
For a nosegaj, so dripplng and drown'd,
And swinging it rudely, too rudely, alaa I
I snapp'd it ; it fell to tbe ground.
And 8ucb, I exclaimed, it tbe pitilen part.
Some act by ibe délicate mind ;
Begardieu of wringing and breaklog a beart
Abready to sorrow resign*d.
Thii beautiful rose, bad I sbaken it lees,
Migbt bave bloom*d witb its owner avbile
And ihe tear that is wip'd with a litUe address,
May be foilowcd perbaps by a smile.
LA ROSE.
Marie portait à Anna une rose qu'eUe venait
de cueillir. Une averse subite inonda la fleur,
imprégna sa tige d'une pesante bumidité, rem-
plit son calice, mouilla ses pétales, et fit cour-
ber sa belle tète; elle semblait en pleurant re-
gretter les boutons qu'elle avait laissés sur
l'arbuste où elle était née. Mal|(ré la perte de
sa beauté, car elle ne devait jamais plus briUer
dans un bouquet, je la saisis, et secouai rude-
ment, trop rudement peut-être, ses feuilles
ruisselantes encore de l'eau du ciel ; bêlas 1 je la
brisai, elle tomba sur le sol.
Tel est, m'écriai-je, l'effet produit sur une
âme sensible par ceux qui ne craignent pas de
froisser un cœur brisé par la douleur, mais
résigné à souffrir. Cette belle rose, si je l'eusse
traitée plus doucement, aurait pu.vivre quelques
jours encore sous les yeux de Marie. Des pleurs
essuyés par une main délicate peuvent quel-
quefois être soivii d'un sourire*
W^ EsTHUi LiaoT.
X ,"
'.^^^»_
— tt —
MTALIE NAWSHKINN.
Michel Fedorowitz, czar de ttmtes les
Rossies, régna 33 ans ; la fermeté de son
administration, tempérée par sa bonté na-
turelle, établit son pouvoir et maintint dans
leur soumission les turbulents boyards,
pendant que la paix et la tranquillité, si
longtemps inconnues à ses peuples, leur
faisait cbérir sa domiifation. Désirant
une épouse qui ne lui fût point imposée
par des raisons d'État, il fit proclamer dans
les provinces de son empire, un édit qui
enjoignait à tontes les jeunes et belles filles
de se rendre à Moscou dant un délai de
sept jours. Elles furent reçues au palais,
où l'empereur les traita somptueuse-
ment , présidant loi-même aux fêtes qu'il
leur donnait Quelle que fût la manière un
peu cavalière de faire arriver ainsi près de
lui la femme qu'il se destinait, aucune ne
manqua ou n'osa manquer à l'appel du
souverain. Dès qu'il eut fixé son choix, il
ne le laissa pas connaître et renvoya ho-
norablement dahs leurs demeures respec-
tives timtes ses belles sujettes; nuJs un
cortège spécial accompagna celle qu'il avait
choisie, et peu de jours après, le czar hii
envoya annoncer son élévation, en lui fai-
sant présent de la robe nuptiale portée
par les impératrices. Au moment de l'ar-
rivée des officiers du czar, l'histoire dit
que la future souveraine était occupée à
seconder son père dans les occupations de
sa ferme.
Alexis Micbdowitz fut le fruit de cette
union. A l'exemf^e de son père, il choisit,
à dix-sept ans, sa première épouse parmi
ses sujettes. Devenu yeuf, dix années plus
tard, il résolut de contracter une deuxième
union toute différente de la première, et
de ne plus associer à son sort une humble
esdaye, obéissant servilement à sa moindre
yolonté, et incapable de lui otErir, comme
compagne, le charme d'un intérieur dont
il sentait le besoin, au milieu des graves
{H^occupations du gouvernement
Aletis s'était proposé de se faire aimer
d'une jeune et belle fille, mais pour lui-
même, et sans lui faire connaître son haut
rang. Élevé par le savant Maikoff, l'empe-
reur était l'homme le plus instruit de son
empire, et, sans oseir l'espérer, il souhaitait
fort de rencontrer dans sa nouvelle épouse
assez de lumières et d'éducation pour
l'asBOcier quelquefois à ses pensées ou à
ses projets. Il résolut de yisiter les classes
moyennes de ses sujets, dans un cir-
cuit |issez éloigné de Moscou pour n'être
pas connu, laissant sa suite à distance,
déguisée comme lui ; et, dépouillant toutes
marques distinctives qui eussen^pu le tra-
hir, il se donna tantôt pour un botaniste à
la recherche de plantes médicinales; tantût
pour un naturaliste curieux de visiter les
mines de sel d'Astrakan; d'autres fois, pour
un érudit à la recherche de manuscrits an*
ciens ; mais souvent pour un négociant de
Kasan, voyageant dans les intérêts de son
commerce.
Plusieurs mois s'étaient écoulés pendant
ces pérégrinations, mais sans aucun suc-
cès. Le prince commençait à désespérer
de trouver la femme dont il avait peut-être
rêvé l'existence, lorsque passantdansie voi-
sinage de son ancien précepteur Maikoff,
il songea à le visiter, quoiqu'il sût parfaite-
ment que la famille de cet homme savant
ne consistait qu'en son épouse et quatre
fils au service.
Tout en réfléchissant à l'objet de ses
recherches, il suivait lentement les bords
de la Moskowa, non loin de sa capitale,
lorsqu'il aperçut Maikoff se dirigeant vers
b^y^'
S3SS»-
lufe. Après avoir reçu les respects
nme de sciesce :
ilkoiï! lui dît le czar, ei ta n'as au-
ranger daôs ta maisou, je dînerai
i'Iiui chez toi.
Ion gracieux EooTerain, répondit
, je n'ai cbex hmï que ma femUe
enbnt, précient dépôt qne m'a
a Imi oxniraat.
serai Ion bOtei mais voulant garder
strict incognito, ne dis b personne,
ne k ta femme, qui tn tas recBToir;
e-moi oomme un négociant de
du nom de Bmnow, et appliqne-
fl traiter comme tel
Nie votre Tolonlé aoit accomplie,
igneur, je ferai oe qn'ii me sera poa-
mr TOUS satisftiire. ■
;off précéda l'empereur pour annon-
I feraOM qu'un hAle lenr arrivait :
nie s'empressèrent k etcrcerenvers
deroin de l'hospitalité. Le mar-
Brtmow fut reçu par les deux épons
«tfi l'urbanitâ moscovite de l'épo-
ei deni Itommn se mirent k table,
mt ser\'iB par une jeane fille qui
scMoir les plats d'un viens serti-
et, loas la direction de Uaihea,
dte Haikoff, les plaçait devant les
OBvhes. Celle jenne Glle était par-
mi belle, elle portait des vêtements
préa semblables k ceux de Hatbea .
m de dciucenr dont on lui parlait is'
t qu'elle avait rang dans la fkmilie.
npcrenr la regardait avec surprise,
rac un plaisir qu'il s'efforçait de dis-
I cn;aiB que u pnpille était une «o-
lalkoff i nuis cette enfant me paraît
ne funnte.
Sa n'a pas encore leiae ans, ré-
Hadiea, qnoiqa'elle soit grande et
Mon mari a cultivé dès renranc« la
nl^igence qn'elle déployait. A«8U,
d'hni, NalaUe parti^ lea études de
iteor et l'aide daas Me recfaercbaa
Le czar, en écornant son hfttease,
Tiit des y«u1 (ooB les mouTemeots i
jeune fille, il s'étonnait de lui voir remplir
des attributions domesiiqnea ; il ne man-
geait pas et paraissait révenr.
Votre seigneurie manque d'appétit,
oa ces meta ne savent pas ini plaire, dit
WàkaB.
— Le dloer est excellent, mon cher
hOte , mais j'aimttajs k le voir partagé par
voe dames ; cela me peine de lea voir de-
boat.
— Ne vous occupes pas de uons, sei-
gnear,répoBditlabonneHathea;nons n'a-
vons d'asueties ici que celles qui sont sur
table i le vtHÛn Bombrowski a raariéaa fille,
il nonsa emprunté tout ce qui lui manquait
poOr le festin de noce ; nos domestiques
sont allés aidA" les siens, et nous n'avona
gardé qoe le vienx jardinier. Ainsi il fon-
dra bien que voua excusiez ai^ourd'hui la
pauvreté de notre réception... nons ferons
mienx une aitre fois.
— El si nons avions nos serviteurs,
^onu Natalie, je n'aurais pas le {Saisir de
vous servir.
— Je vous garantis, reprit Mathea, que
si elle avait k choisir entre an repas déJicat
et la leanre d'nn vieox manuscrit moisi,
mais qui contiendrait des documents his-
toriques sur lesnd~est de KsMn, elle dé-
vorerait des yeux le Tiuux larchenùn, et
oublierait aisément le bon repas. ■
Natalie sourit avec affection k U bonne
Hatbea, et continuait son service; maisle
ciar se leva, et la prenant par bnurin, il la
fit asBOur auprès de lui.
Une jenne fille instruite était k cette
époque an prodige; cependant, Ik ne se
bornaient pas les prélcntionB de l'empereur
rdatives aux qualités qu'il voulait rencon-
trer dans sa femme. Il engagea la conver-
sMion sur diflëreols snjeu, toujours s'a-
dreasaat k Natalie, qui Un répondait avec
une extr&ae modestie et avec une justesse
dont le prises était encfaanté. Hais klalbea
jngMM que l'entrotien se prolongeait trop
-^
^^<,
'^^
— 7 —
togHitipi» rMnut Y9iâ% à^hi^tm fiUe,
fêor de» soîA» di mrveiUuiee^ «l Umâm
deux Citèrent b cbavitNre.
« Cette aimable créature doit êtpB «s
titeor pov toi» VUMit dttkpriofie.
-^Oui, 8Nre>^'eil 1« chame d« «ta nt
et VesjftQir de ms» vieux ave.
-— Un j«iir tiendra iiieiittt* cependant»
oik il te JiiQdfa la dotfiaer k qjidqoe boa
mariy tandis que, jeune et docile, elle peut
encore se piler au earadàre e( aux faabi-
tadM de cet épi^ux.
-^ Mon aeigneur, Katalie ne aéra Ji^
msis b triste eompagae de qnelque: rinkn
wJUard qui Tépouseraît penr «e œ&iasv
dans aes infirmUte le» aoins et le dévwe-
menl de cette chère enfant ; vnia plutôt
miUe foia la laisser ^ivre dans le célibat,
que da la marier à un honune jeune, qui
ne Fapjprécierait paa à sa baute Ysleur, et
qui, a^^rte avoir été quelques senaaines
épris de sa beauté, agitait ensuile avec
elle comme avec uoe servante à ses gages ;
aussi je prie Dieu qu'elle reste ûile. si
elle n*eiit pas destinée à un mari qui re-
connaisse son mérite^
— Je t*aiderai, Mallmft je t'aiderai
dans les soins de lui trouver u» époux di*
gne d'elle ; mais... je n'aimerais pas H loi
trouver de l'aversion pour l'homiue de
mon cboiXt ou de la pavUalilé pour un
autres ••
-.^ Je siiis certaiu que cette ettbnl n'a
jamais porté sa pensée sur aucun bemne;
elle connaît mtes idées^ les partage» et se-
rait fermement décidée h refuser toute pto*
position qui leur sérail contraivei comne
1^ se retirer dans un oouveat quand ma
femme et moi ne serons pbis, »
li'enqiereur devint pensif.
a Dana bnit jours je reviendrai, M aUmff s
gficde toujours fidèlemenl moa secret ; je
te donne ma parole impériale que je m!oc-
cnperal du soin d'étahUr Naialie» »
Alexis prit congé de sea botes» Deux
jours après, il leur adressa un de seaoflih
cjen de conâaiiee. noaunÀ DendtrL ou'il
knr reeommaada comme u» jeune
mecçattt, fib d'un de ses amb ôtaUi b A»»
tracan. Dembri, après avoir remb sa letlie
d'intraduetion, fut dès*c^ moment reçu et
traité comme un membre de la âmitte.
Malgré les avantagea de sou extérieur etles
effortj» qu'il disait pour se rendre agréable
kMatalie, il perdhii beaucoup dana la oom*^
paraisott qu'eUe faisab de lui avec Bruuow^
le négodaut de Kasan. Deoiitri avait reçu
ses instructiei» du cmr, qui lui pronît
que s'il parvenait à plaire à b pn^Uede
Maikoff, il lui ferait obtMibr sa main airee
une dot tiès-eonsidérable. Le monarque
faisait malgré loi une épreuve dangereuse!
mab de cette épreuve dépendait rqpiniou
qu'il voulait se former du caractère de
Natalie et de l'impresBion qu'elle pouvait
afroir conservée de bii.
Les soins et l'empressement que dé^
ployait le jeune homme ne faisaient aneui^
progrès auprès de la jeune fiUe. En valu
il décrivait le luxe et les attentions dont
il comblerait celle qui serait son épouse^
Natatte a'accueiUait ces tentations qu'a-
vec une pafbite indifférence. Il résobir
d'eu finir avec elle juar un iacte de bar-
dlease qui devait nécessiter son consens
temeateu marbge«
Un jour, b trouvant seule, il fit apper^
ter un ballot de ricbes étoffes qu'il disait
vouloir envoyer \ Sioscott, et, lui faisant
âdsiirer une écbarpe, il dâieua lestement
celle qu'eUe portait, et la rempleça. par
celle qu'elle avait admbée. Cette action
était trop hasardée, car,, passer une écbarpe
au cou d'une jeuoe fitte, c'était une pr6<^
rogative qui n'appartenait c[u'à un fiancé» .
Natalie, indignée,6e débarrassa vivemenide
cette parure, b foula aux pieds> et sortb
sans vouloir entendre les excuses ni les
supplications de son maladroit admirateur»
que Maikoff et sa femme se vbeet dans le
nécessité de congédier.
Pendant tout le lenp» que ce jauur
homme bisait sa cour» le csar rendait d»
fréquentes visitée k MaUteff» n^ljaut pear
t^'S>^
.^'^^^
1
_ 8 —
Maladie qne des paroles de politesse. Le
Jonr même, il Tint comme d'habitude; on
lui raconta la mésaventure de son protégé
dont il chercha vainement à obtenir le
pardon.
<x C'est une coutume de notre pays, dit-
Q à la jeune fille ; tout homme a le droit de
poser cet ornement sur la personne qu'il
choisit pour sa fiancée, et le czar lui-
même n'agirait pas autrement...» Avez-
Yous jamais vu le czar, Natalie ?
— Jamais, seigneur; mais tous les jours
je prie Dieu de le bénir.
•— Et qu'a-t-il fait pour mériter une si
fervente prédilection? » .
Natalie sourit en essuyant ses larmes;
l'empereur répéta sa question.
« Il a fait plus pour la Russie qu'aucun
de ses prédécesseurs, car il a rendu le
peuple plus éclairé, conséquemment plus
heureux.
— Et cependant vous ne lui permet-
triez pas de jeter un écharpe sur votre
joli cou?
— Il est trop réellement le père de ses
sujets pour exiger d'une pauvre fille le
sacrifice de sa dignité. Ce n'est d'ailleurs
le droit que d'un fiancé accepté. .. Mais
assez sur ce sujet, seigneur, ajouta-t-elle
trè:»-émue, il me tourmente et m'afflige. »
Mathea, la voyant ainsi agitée, lui prit
le bras et l'emmena dans sa chambre.
L'empereur la suivit des yeux, puis il se
leva, fit quelques pas, et s'adressant brus-
quement à Malkoff : •
« Il faut en finir, lui dit-il As-tu trouvé
quelque prétendant digne de cette admi-
rable lille 7
— Non, sire, excepté le jeune négo-
ciant qui vient d'être refusé.
— Eh bien, j'ai été plus heureux, car
j'en connais un qui recevra ta pupille
comme un trésor inespéré.
— Dieu et saint Nicholas vous récom-
pensent, mon seigneur; ma pieuse recon-
naissance est une pauvre oflirande... mais
elle est ardente et sincère.
— Pourquoi te tiendrais-je en suspens,
mon bon Malkoff T l'époux que je destina
à Natalie est moi-même... si elle veut être
àmoL )»
Malkoff» muet d'étonnement et de joie,
tomba aux pieds de l'empereur. Alexis le
releva avec bonté, l'engageant à se contenir;
mais son vieux précepteur n'y consentit
qu'en le suppliant de lui accorder une
grâce.
« Mon souverain seigneur, lut dit-il, ne
décidez pas ainsi du sort de Natalie avant
que, selon l'usage, les filles de votre em^
pire ne soient appelées dans votre pa-
lais pour se soumettre au choix que vous
avez le droit de faire parmi elles. Que je
désire le bonheur et l'élévation de ma pu-
pille, cela ne peut être douteux; mais il
est de mon devohr d'engager mon empe-
reur à examiner si, parmi les belles filles
de ses vastes états, il n'en est pas une
douée de plus de perfections que Natalie,
et qui mérite mieux une si haute desti-
née. 1»
Le czar resta silencieux quelques mi-
nutes, puis il répondit gravement :
« Ce n'est pas par mon ordre, c'est par
son Ubre consentement que je désire ob-
tenir Natalie; je souhaite lui parler; mais
avant que tu ne me l'amenés ici, je te pro-
mets de satisfaire ton loyal désintéressement
ensuivant ton conseil, celui d'assembler
au Kremlin toutes les belles filles de la
Moscovie. »
Malkoff ayant amené Natalie , le pré-
tendu négociant lui déclara son amour, et
sollicita le don de sa main. La jeune fille
baissa la tête, rougit, lui laissd prendre
cette main qu'elle ne retira pas; puis,
comme il la conjurait de lui répondre, del
l'accepta pour époux avec une émotion si
vive, qu'elle se hâta de la cacher dans le
sein de son tuteur; et lorsqu'elle releva
la tête, son sourire était si timide et si
doux, que l'heureux Alexis en fot comblé
de joie.
Après les premières effusions, le fanx
e/©^
nATAiiE KMasHiaira.
9
— —
négociant s'adressaiit à sa jeune fiancée
lui dit avec on léger tremblement :
« J'ai appris aujourd'hui dans la vilk
que toutes les belles filles de cet empire
allaient être invitées, par une proclama*
tion» à se rendre à la cour. J'ai accordé
un mois à msr Natalie pour se préparer
à changer de condition. Avant ce délai, *il
se peut qu'elle se voie âevée au trône, et
se croie dans l'obligation de rompre ses
engagements. Je ne voudrais pas être un
obstacle h sa haute fortune ; mais séparé
d'elle, la vie ne serait plus pour moi qu'un
pénible 6rdeau.
— Je n'hésite pas à prévenir en vous
tonte inquiétude à oe sujet, répondit la
jeune fille ave(^ une naïve tendrene. L'em-
pereur jetât-il les yeux sur moi, je lui di-
rais que je ne suis pas libre. .. Jamais je de
changerai. •• Cette main si pauvre est à vous,
bien à vous... à vous seul...
— Adieu, Natalie, ma Natalie pour tou-
jours, dit le feux marchand. Une affaire
pressante me rappelle à la ville, mais je
reviendrai demain. »
Avant de quitter Natalie, il lui passa
au oon un coUier d'ambre auquel était
suspendue un» iaiage dorée de saint Ni-
chdas; il recouvrit le tout d'une écharpe
qu'il noua lui-même, et dit en souriant :
« C'est mon droit de fiancé, ma Natar
lie. 9
Puis, ayant pris congé d'elle, il la quitta
précipitamment.
Le lendemain matin, la proclamation du
ciar fut publiée dans tous les quartiers de
la ville impériale. Des messagers furent
envoyés dans toutes les provinces pour
convoquer les jeunes et belles «id^tes du
ciar à lamatritnoniale revue du ^jfemlin,
sept jours après cette galante sommation.
Ce lendemain, le marchand de Kasan
ne vint pas, malgré sa promesse; ni le
jour d'ensuite, et la seuudne s'écoula sans
qu'il parût ches Maikoff.
On remarqua seulement que, contre sa
coutume, Maikoff sortait souvent. 11 était
presque tous les jours mandé an palais.
Le czar sut de lui que Natalie, confiante
en sa promesse, espérait chaque joiur sa
visite; que. lorsque la bonne Mathea, m6»
contente du retard ou de la négligence du
négociant de Kasan, le blâmait, Natafie le
défendait, faisant reposer sa sécurité sur
l'honneur et la sainteté de la foi promise»
auxquels son futur ne saurait manquer, bien
convaincue qu'à son retour il expliquerait
aisément le mystère de sa conduite. Mai-
gré sa répugnance à paraître à la cour,
comme le czar devait être obéi, et qu'il
avait envoyé à Natalie la toilette de pré-
sentation, comme à toutes les autres jeunes
filles, il fallut bien qu'elle se disposât à
comparaître.
Le jour de cette cérémonie arrivé,
Mathea mit tous ses soins à pner sa chère
pupille. Natalie passa à son cou le col-
lier d'ambre qui suspendait Timige de
saint Nicholas, et s'enveloppa de l'écharpe ;
ces dons, précieux pour elle, elle voulait les
porter comme une protestation contre la
démarche qui lui était imposée.
Maikoff l'accompagna au Kremlin. L'a^
pect de la magnificence du palais impérid
l'éblouit à lA point qu'elle se sentit étour-
die et comme hors d'elle-même. Mais la
foule de jeunes filles rassemblées dam la
grande galerie la ra|^a au motif qui les
amenait, et elle chercha â se placer sur le
dernier rang, concentrant toutes ses pen-
sées en une seule : la foi promise au mar«
chand de Kasan.
Le son éclatant des trompettes annonça
l'approche deTemperetu*; toutes les jeunes
filles, conformément à l'étiquette pres-
crite, forent placées sur le premier rang;
par ce mouvement, Natalie se trouva en
vue, malgré elle; son tuteur se tint à
son côté. Aussitêt les pmtières de la ga-
lerie s'ouvrirent, et le czar s'avança dans
tout l'éclat de la puissance souveraine, la
couronne en tête; toute sa personne
étincelait de pierreries. Suivi des boyards
et des officiers de sa maison, il marchait
'
/
Bgv*'-
I « é
k
•♦f»
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— iO —
4«liltine«t, disant arec no 9ooiire quel*
fpMflOMis aîiutbles, en |Mro«inMt le cerdê
de cee jeones beaméH tandifl qne set re*
ffxis cherchaient Mdtroment qnekpi'an
M eiUîeo d'elles. Il aperçot NauKe et m
dirifsa de son oôté. Coofose, eaihaiTassèe,
la jeane fiUe tenait obstinément son regani
Mssé, loHIine Makoff loi dit à l'oPeiUe :
c Levei ks yevx« mon enfant; Totre
isoBveriin Tient à tous, h
Elle les le?a atec effort, et regarda
l'imposante ligare de i'eospcrear qui se
^ttteovak détint elle; mais reoonnaissint
4atk finoé dans la pemosme dn pins pnis-
eant panni les pm8Rint& .• ette mesnra d*nn
•cenp d*enl rimmense distance qui la sépa*-
rait de lui, et, saisie de douleur, elle tomba
•jams mou?ement dans les bras de son tu-
teur. Le cannr fit un signe, une porte s'en-
Trit, et Natalie fut portée dans un cabinet
^ù l'empereur s'était rendu par un autre
^passage.
« Ualkoff» dit-il à son Tieux précepteur,
déposai sorte siège votre précieux fardeau,
mais restes pour être témoin du serment
que je Tais renouTeler. » En ce moment,
Natalie revint à elle, fit un geste d'effroi
^n Toyant le czar, et voulu s^éloigner.
« He m'enlevez pas, efière Natalie,
IHnnocente joie de votre présenœ, lui
dit doucetnent le czar, et pardonnez-
moi les épreuves auxquelles je tous ai
eonmise ; je réparerai mes torts par le
don de mon cmnr, de ma main, de mon
trône et de toute ma Tie... Tos couleurs
TCTiennent, ma bien-aimée... mais laissez
l'air circuler librement autour de vous...
votre Alexis peut-il prendre le droit de dé-
tMNwr votre écharpe 7
— C'était le droit dn fiancé aoquel jV
vais donné ma foi, sire.,, je n'ai pas cêné
de ennre en lui, car je le jugeais d'après
mon cœur, et l*taifemr a aeutle droit de
réclamer la promease faite «u marchand
deKasan.
•— Mon vieH ami, dit le caar à Malkoff,
je retiiume dans la salle du trône; amsitôt
qne Natalie sera entièrement remise, vous
l'amènerez devant mm. » *
Peu d'instants après, l'heureBse Nata*
lie fut «ondoite au pied du trône... le
Gur en descendit, et lui donnant la main»
ii la })laça I ses côtés en la prodamaot ioh-
fiéntrioe de toutes les Rnssies.
MataKe Narisbkinn, femme d'AlmJa
Michelowitz, fut mère de Pierre le GramL
On sait qu'après la mort de «on époux
elle se rendit, sekm Tusage, an mo-
nastère de Bérézoff, où les iremes des em-
pereurs étaient obligées de se retirer. Sor^
tie du «Mipe par te volonré de son flk,
elle dt preuve d'une grande énenïie an
milieu des sanglants événements d'me
orageuse minorité. Ces troubles étaient
excités par l'ambition de la princesse So-
phie, aœnr de Pierre, mais dn prenrii^
lit Lors de la révolte des Strélitz, voyant
massacrer presque sous ses yeni une par-
tie de sa famille, que l'empereur avait rap^
pelée de l'exil et comblée d'honneurs,
Naftalie Narishkinn diercha pour son fils
un relÉge ao pied de l'image de saint Ni*
ohohs, et loi faisant un rempart de son
corps, elle inspira un tel respect attt
meurtriers, qu'ils se ratirènent 'snsis
d'épouvante.
Pierre le Grand chérissait sa mère, et
tant qu'elle vécut elke conserva. le pins
grand ascendant snr ce caractère fon*
gueux. Sa mort fut un deuil général dans
l'empire,' où ses vertus l'avaient fait adorer.
Tradmt de fangMs,
Par M** LAUHÉ Psus.
.j^^'â
— U —
A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON.
PROVERBE EN DEUX ACTES.
M ADàME DE CURSY.
CLÉMENTINE DE GURST, <a filte.
MADAME DE BRUKIU sœur de M»« de Cursy.
MADAME BLONDEAU, vieille gouvernante.
RAOUL DE BRUEIL.
Un Laquais.
ACTE PREMIER.
La seèn$ $6 pasie, en 1788, dam %m hôtel de
Parie.
SCENE PREMIÈRE.
M"' BLONDEAU, seufe, et s'adressafU d
la cantonade.
Affingez \t lustre. .. mcitleE l66 aiinutes
autour des gradins de Torchestre Là,
c'est bienl... Grâce au ciel, voilà nos pré-
paratifs presque terminén... La fête sera
Mhu*. Damel il faut tenter te efforts
pour amuser une personne inamusaUe...
Mais Ymd, je crois, madame de BrueiL
M»« DE BRUEIL, M- BLONDEAU.
M^ D£ BftUBa. BoBjoiir , aa chère
BlMideav ; je «ois vraimettC liçoreuse de
vo» ToiTt après uuu d'ataées 4'Alisettoe.. .
M** BLONDEAU. Ges aooées s'ont pas
es le iMOf oir de changer te toute de Ma-
dame, ni mes feotiments pour elfe.
tr* m BftUfiiL. Et ma siècel •* donc
c*-€lle} h croyait la irtmrer daM ce
M"* BLONDBAU. Madame. ••
M BBQBii. Sib eM mea nfes mat-
tMs. Vhd, jfà m ÈWÊ pttfidbée éa aoB
abienat, ni de ^aHeéa ma «aar m da
mon frère, qui me procurent rootasio»
de causer avec tous, ma chère Bfendean.
M*** BLONDEAU. Madame.. .
M^ DE BiUEiL. Vous coDBaisaex nos
projets, et ?ons savei que ma nièce doit
devenir un jonr ma belie-fiUe, la fèane
de mon dier Raoul Le vif iniérét que
m'inspire cette euiint est donc bien na-
tord : elle sera un jour tont rorneœent
de noire aolkude...
M"* BLONDEAU. Madame ne compte pa»
revenir^ l^rjs?
M"* DE BBUEIL. Noo, oia chèro BJon*
deau, non certes ; depnis trop longtemps
je goûte fe charme de la retraite et de la
liberté, ponr consentir k reprendre les
chaînes du monde^ Mon fils pense comme
moi... Yens connaiase^ notre manière de
vivre... Notre vieux château est une habi-
tation aussi commode à Tintérieur que
sombre et antique au dcdhors; nos jardins
sont très-beaui, nous avone une bonne
bibliothèque, quelques collections d'his*
toiro natnrdle que mon fils augmente
tone les jours; Raoul s'occupe de i'admi'-
nistration de nos terres, et se délasse par
l'étude et par la musique ; pour moi» ma
tapisserie, mes livres, le soin de nos pau-
vres, remplissent ma journée ; nous réo»
nissons souvent qudqom vieux amis, «t la
vk conle ainsi tout doncement. démen-*
tîne y répandra l'agréaient de m jeunesse
et de ses talents... Toute ma crainte, c'est
qn'eUe ne se plaifie pas avec noua. . . Qu''en^
pensei-vona» ma bonne Bloodeau?
M** BLONABAy • Yous jogerez mieux qne -
moi, madame, les cll'potttions de made—
maiseUe... Mais je l'entends... La voici {...
(M">« Blondeau sort.)
l
.j^Oï^Cî
lij-
SCSBHE m.
M»* DE BRUEfL, CLÉMENTINE,
triê-parée.
u^* DS BRUEIL. Bonjour y ma chère
nièce.
CLÉMENTINE. Ma tante... {Elh baise la
mavn dé M** de Brv/tU.)
M*"* DE BRUEIL. Yous ToUà bien parée,
ma chère amitî. ..
CLÉMENTINE. Moi I point da tout... je
me lève à peine, et j*ai mis la première
robe^enne... je suis coiCTéeàfaire horreur.
{Elle se regarde à la glace,)
M"** DE BEUBIL. YoUS TOUS loveS à
peine! Mais tous Ôtes donc malade!
CLÉMENTINE. {Elle bâUle.) Mais non...
un peu de courbature... Je ne me lèTe
gnère plus tôt...
M"* DE BRUEIL. Et Tos études!
CLÉMENTINE. Ùh I i'on douue des ca-
chets aux maîtres et on les renToie... ils
sont très-contents... Ce matin, j'ai fait
donner des cachets à mon maître d'anglais
et à ma maîtresse de harpe. . . Pour TiTre à
la cour, il ne faut pas tant d'études...
M""* DE BRUEIL. Et si TOUS étiez desti-
née à TiTre à la campagne, comme moi,
par exemple, comment feriez-vous!
CLÉMENTINE. Oh I matante, j'y mour-
rais d*ennui.
M""* DE BRUEIL, à part. Et elle en ferait
mourir les autres. . . Mon pauTre Raoul I
-. 12 —
M"** DE GURSY. Et elle danse I elle
danse I Au dernier goûter de madame de
Chartres, elle éclipsait toutes les jeunes
personnes du bal... Elle s'habille d'un
goût parfait, et certainement elle sera un
jour une femme bien distinguée...
M""' DE BBUEIL. Et l'instruction, les ta-
lens! Je ne doute pas, ma sœur, que
TOUS n'ayiez donné à ces points essentiels
des soins tout particuliers!
M"' DE CURSY. Elle a eu tous les maî-
tres; mais TOUS saTez, ma chère amie,
qu'une femme de la cour est assez mau-
Tais juge en grammaire, histoire, arithmé-
tique... Je ne désire pas, d'ailleurs, que
ma fille soit une pédante, ni Raoul, non
plus, je gage ?. . . Aureste, tous jugerez ma
fille ce soir ; nous donnons une petite soi-
rée dansante pour l'anniversaire de sa
naissance. {Elle sonnej un laqtuxie paraît,)
Lorrain, apportez la corbeille qui est dans
mon cabinet... Yqus Terrez nos présents,
ils sont délicieux. ( Le laquais rentre et
dépose sur la table une corbeille couverte.)
Mais Toici Clémentine.
SCÈNE V.
Les Mêmes, CLÉMENTINE, en toilette
de bal.
Les Mêmes, M»'' DE CURSY.
M">*DE GURST. Ma chère sœur!... je
craignais de tous trouTer seule, mais je le
Tois, Clémentine m*a remplacée... Elle
est à TOUS, elle est toute tôtre... {A voix
basse.) Comment la trouTez-TÇUs... fran*
chement! {Pendant ce couplet j Clémen-
tine baise la main de sa mère et sort.)
M"** DE BBUEIL, hésitant. Ma sœur
c'est une personne agréaUe... sa figure
est charmante..*
M"* DE CURST. Yiens, ma chère enbnt,
et regarde au fond de cette corbeille, Tois
si ce qu'elle contient te platt. {Clémentine
regarde négligemment^ en éparpillant sur
la table : un écrin^ des fleurs^ des boU
les, etc). Que dis-tu de cette parure!
Nous r^TOns prise pour toi chez fiœmer,
le joaillier de la cour!...
CLÉMENTINE , noncholommenL Elle
n*est pas mal Merci, maman.
M** DE GURST. Tuaimesles boîtes? En
Toid une qui me parait jolie, elle est en
cristal de roche, aTec ton chiflre en
rubis.
CLÉMENTINE. Mou Dieul namM, je
n'aime plus que les éTentails... Les bon-
; bonmèree m'enaaiettl.
... ^ \
OA
<2â^
— 15 -
.>^e3^
M"** DB GUBST. LeséTentaik!.. . en Yoici
nn fort beau, en bois de sandal ; il vient
des Indes.. . Tu vois, chère enfant, que je
n*ai i>as oublié ce qui pouvait te plaire.
M"** DE BRCEU., à demî-voix. Mais tous
n'avez pas deviné, ma sœur, ce qui aurait
pn l'amuser... Aucune de ces jolies baga-
telles ne l'intéresse.
M"^ DE GURSY. Le bal l'amusera, an
moins... Clémentine, nous allons passer
an salon ; tes jeunes amies vont arriver.
CLÉUENTIME, vitemerU. J'espère au
moins, maman, que vous n'avez pas in*
vite Emilie?
M"* DS CURST. Et pourquoi donc pasT
CLÉMENTINE. Je la déteste, je ne puis
la voir.. M. Si elle s'y trouve, je ne dan-
serai certes pas... Une orgueilleuse, une
pédante!
M"^ DE GURSY. Je n'ai pu faire autre-
ment que de l'inviter. Songe donc, obère
enfant, que sa mère est^on amie intime.
Je croyais que tu aimais Emilie.
CLÉMENTINE. Elle m'est odieuse! elle
vent m'édipeer... On me croyait bien
loin, l'autre jour, pendantque le petit cbe-
Talier de Yarville causait au jardin avec
mes cousins, on parlait de nous : d'Emilie
et de "noi, et cet insolent chevalier a osé
dire qu'elle possédait toutes les qualités
dont je n'avais que les prétentions. J'étais
dans le bosquet... je les ai entendus.
M""* DE CURST. Eh bien 1 tn ne danseras
pas si tu veux ; m^s viens toujours.. . C'est
l'anniversaire de ta naissance que nos amis
viennent oéUbrer; il ne faut pas te refu-
ser k leur empressement
CLÉMENTINE, 86 iat^Mnt emmener. Je
ne dirai mot k Emilie, c'est sûr.
M** DE CURST. Ma chère sœur, vous
veiez avec nous T
W^ DB BRUEiL. Je VOUS SUIS à l'instaut.
MÉne ▼!.
M-* DE BRUEIL, $euU,
Grand INetf 1... qnd caractèrel... En-
vieuse, comme l'ignorance ; blasée sur tout,
ennuyée de tout ; gâtée I. . . avec un excès. ..
Destinée à passer sa vie dans une longue et
futile enfance... quel sort subirait Raoul
avec une telle coiupagnel... Il m'en coû-
tera de rompre les doux projets formés
entre ma sœur et moi ; mais le bonheur
de mon fils est le premier de mes devoirs,
et jamais, jamais ma nièce ne deviendra
ma fille.
M- BLONDEAU, accourarUy M"* DE
BRUEIL.
M"** BLONDEAU. Mon Dien! madame,
voilà mademoiselle qui vient de faire une
scène affreuse à cette bonne demoiselle
Emilie. Tout est en rumeur h-dedans.
M"' DE BRUEIL. Pauvro petite I que de
malheur dans un tel caractère I... Allons,
ma chère Blondeau... (Elles sortent.)
ACTE II.
Le théAtre représente la chambre d'une petite
ferme de la Frise. Sur une table, quelques
livres et un tabler de dessins, une harpe est
posée près de la fenêtre. La scène se passe
en 179tf .
■GBIIE PSEBOÉRE.
RAOUL, mU.
Quelle douce hospitalité j'ai trouvée
ici !. .. C'est toute la France d'autrefois ,
avec sa grâce, ses talents et sa politesse...
Qui s'y serait attendu, au fond de la Hol-
lande? Mes hôtes ont beau vouloir se ca-
cher, je ne puis douter qu'ils n'appartien*
nent à une classe élevée, et que, %omme
tant d'autres pauvres émigrés, ils ;^*^i«.f
trouvé dans leur industrie une noble res-
sourcé. ?*"» tcnreux, j'ai conservé, grâce
à la prudence de ma mère^ ma patrie et
ma fortune ; le vieux château de mes pères
est encore debout .. Je serais heureux, en
vérité, de rendre à mes hôtes de cette nuit
b cordiale hospiulité que j'ai reçue en
leur maison. Cette jeune fille surtout
te
ï
\l\p^^^
— 14 —
ctidrinante.. . Qudâ soins pour sa mère !
de quels égards elle entoore sou pèrel
quelle déiï'rence ttême pour cette tieille
fille, seryaote autrefois, compagne aujour-
d'huiy et qui rend au malheur de ses maî-
tres plus de respects peut-être qu'elle n'en
portait à leur prospérité I Lucie comprend
cela. .. je l'ai vu.. . Tout me platt en elle*
jusqu'à son nom, qui est aussi le nom de
ma mère. Mx mèrel abl si je pouTais lui
ramener une pareille fille... Mais quel
rêve!... J'entends du bruit... voici cette
bonne servante.
SGÉIIE II.
M"« BLONDEAU, RAOUL.
Madame Blondeau, madame de Cursy, Clémen-
tine, portent le costume des paysannes hollan-
daises : ju(;e de laine rouge, jaquette de drap
Doir, coiffure de dentelle, retenue sur les
tempes par du plaque» d'or.
RAOUL. J'aurais voulu, madame, avant
de partir, offrir mes vifs remercîments au
maître et à la mîiiiressc de la maison, pour
l'excellent accueil que j'ai trouvé chez
eux.
M""* BLONOËAU. Rien ne vous presse,
monsieur. Mon mattre est allé inspecter
les faneurs, et mademoiselle e<:t auprès de
sa mèrts qui n'a pas encore quitté sa
chamb: c, car elle souffre beaucoup.
RAOUL. Elle regrette peut-être...
M"''' BLONDEAU. Qui ûe regrotte pas en
tse monde, monsieur? Mais souffrez que je
TOUS qnitte; je VMs porter du bouillon et
de la tisane à un pauvre homiBe que ma-
demoiselle Lucie secourt «atani qu'elle te
peut.
RAOUL. Votre jeune maltresse est ut
ange!... Tourquoi faut-il gne 4^ malheurs
immérités...
M*"* BLONDEAU. Le malhcur est un
grand maître, monsieur, et mademoiselle
Lucie^ moins qu'une auJlre, doit s'e^
plaindre Hais pardon» monsieur, j[e
vous laisse.
flcàiiBin.
RAOUL, ieul.
J*ai été bien indiscret, et elle bien ré-
servée... Mes hôtes m'intéressent à un
point... Tout en eux décèle leur mal-
heur... Ces livres... {Il les par€(mrt.)BoS''
suet, les Éludes de la Natare, la Fontaine,
Souvenirs de la Patrie... Ces dessins... [Il
les parcourt.) Une vue de Versailles et
une autre prise en Hollande; toutes deux
signées du seul nom de Lucie... Cette
harpe... gracieux emblème I... elle est
mêlée aux instruments de la vie agricole, et,
comme celle qui la possède, destinée aux
palais, elle est cachée dans un désert. {Il
s'approche de la fenêtre.) Voilà Lude;
elle inspecte sa basse-cour, elle se dirige
vers cette chambre... Je m*éloigne... je ne
la reverrai qa*en présence de ses parents*
(// sort par une porte à gauche; Clémentine
entre de Cautre côté ; elle porte du grain
dans son tablier, relevé,)
MBNB 1¥.
CLÉMENTINE, seule.
Neuf heures ! papa va revenir et ma-
man va se lever. Préparons le déjeuner
à noire tour I Les pouîets ont mangé les
premiers... A tout seigneur tout hon-
neur !.. . Dame ! lorsqu'on est fermière I. ..
{Elle va et vient avec activité.) Voilà le
chocolat de maman, voici le lait pour papa,
Blondeau et moi... Tout est en ordre...
Ah ! j'oubliais un couvert pour l'étranger.
SOÉRB V.
CLÉMENTINE, M- BLONDEAU»
CLÉMENTH9E. Ab < Blou^eau. Eh hieAl
dbèfe bowe» et I^ v»m Jjw, cQnuaent le
trouves- tu?
]a"* BLONDEAU. Vjfsni^ ^^a^cwoiselle,
il n*a plus de Gèvre.
CLÉMEEfTiN^. Qm Itttti en soit béni 1
Cela me fait un plaisir f... Vois, Blondeau,
tout est-il à 'sa phceT. .. k couTert est-il
bieamiat
.<5îC^
M"* it.ONWéO. ▲ merf i ifc . àb 1 ma-
demoiselle, ¥Wft M ViMS doMâMi g«èi«, à
tai>hb ^ib'ba jour vow atiiez n» vous-
même le couvert, daii4 te «aUe 4'iiae
iénne4«»« Pittwe eoCMitt qMlh éi^Mive !
CLÉMENTINE. Ma «Ml» liowie, frandie-
«•aly A «t o'élaît à cawe 4e fwpa, qui
doit travailler, de maman, qui souffre et
«gvette te FraoMi je héwrais de bon
cœur <sl te i^folotîoB et rémigratiea, qui
nV>at bk eonnattre trois cbasee*,» à siveir :
4fte j'aiiete «ne âme jpoiir «Éier, des iwaB
your UvHuUer et des jambes four mt*
cher.
V*»* BLONDEAU. Il est certain qu'à Paris
et à Yers^Biilles tous courez risque de Ti-
gnorer tMjevrF»... La «éœsik^ mûrit
cxÉMENTiNE. Je suis heureuse, mainte-
nant, mille fois plus qu'autrefois, et rien
ne me manquerait si mes parents étaient
heureux aussi. Tout me plaît, tout m'a-
muse : mes poutes , mo4 ei|;tàfle, mes Q*
vreSy ma harpe, mes crayons.. . tant négli-
gés autrefois I
M"* BLONDEAU. Je le cTois bien , vous
n*étes pas blasée sur ces vrais plaisirs, par
ceux qui n'en sont que l'ombre.
CLÉMENTINE. Je voudrais que papa fût
tranquille et satûfait.
M'"* BLONDEAU. Monsieur est dbltgé ii
de grandes précautions, car si on se dbto-
tait que le pauvre fermier de la Frise était
un grand seigneur à la cour êê fiaiioe,
on ne le laisserait pas en paix sur ce petit
domaine.
CLÉMENTINE, atecinquiétvde. Mais per-
sonne ne s'en doute, n'est-ce pas? on le
croit simplemeot M. Forêt, un pauvre
émigré, sans nom^ sans fortune, qui a fui
te France à cause des horreurs qui s'y
commettaient, et qui a erapler^ ses pe-^'
tites économies à monter cette métairie?
M""* BLONDEAU. Tout le monde le pense
ainsi, et comme monsieur parle conr^in**
ment le hollandais et qu'il oo/i^iaU bie«
l'agriculture, on n'est pas près de deviner
son secret Notre hôte m'a fait beaucojup
de questions dé(oiirtaée&.. fl est curieux»
ce jetaè bemÉM.
GLÉMENTINE. Cest bOHti 4e CUbUT,
Blondeau.
M""' -BLONDEAU. Sbît t ïûsk je vouA^ais
te voir {KUPti»
<2L^iiENTiBi& Tiens, As v«llà, il diifllè
te brM à ma mètt.^, il est polL..
a""* isjORDeail Ovmme an vrai FMi^
fais»
M"* DÉ CtJRSY, RAÔÛt, CLÉMEN-
TINE, BLÔNbEAÙ.
M"** DE CDBfir. Chère «nftftt, raowvcie
monsieur qui vieot de m'offirîf «rèHifatt^
geamment son to» l^oar Iraveraer là
basseconr. {Avec un soupir,) On voit
bien, monsieur, que vous venez du pays
de la courtoisie... heureux êtes-vousd'y
retourner !
iAOtJt. Que me puls-Je, madame, en
rouvrir les portes à tous mes compatriotes
malheureux ! mais l'heure me presse. ( Il
tire sa montre, ) Souffrez que je vous
prie d'agréer mes remercîments et mes
adieux... Jamais^ madame, je n'oublierai
ce que j'ai trouvé ici. {Pendant qu'il
parle^ le cachet de sa montre est tombée
madame de Cursy le ramasse négligem-^
mmt et yjéde un regard. )
M"" DE CURSY, se Uvant avec mvaciti.
Au nom du ciel, qui étes-vuus? monsieur,
quel est veUrenom,? qoeHes sotlt ces armes !
BAOUL. Ces armes?. •• ce sont les mien-
nes. Mon nom 7... Raoul de Brueil.
M*"' DE CURSY. Raoul I... mouneveu!...
est-ce possible ?
RAOUL. De grâce, madame^ expliquez-
vous?
M** M CURSY. Mon pauvre enfant, en-
8€fTeii au fond de voire province, éloigné de
nous depuis votre enfance, vous ne nous
GounaissieB'paâ..* Je sbis la sœur de votre
mère» et voictma fille. . . Yoioi des lettres. . .
Yoici le portrait de ma sœur, que j'ai
sauvé de noue naufrage.
M.-, c-
— 16 —
bâool. Eh quoi I Lnde serait..
CLÉMENTINE. J'aTais pris, en émigraiit,
ce nom de Lade, qoi m'était dier, à cause
de ma tante.
RAOUL. Oh I ma chère cousine I et moi
qui TOUS cherchais dans tout le Nord
pour vous ramener en France* car vous
êtes libres, tous êtes rayés de la liste des
émigrés, et ma mère vous attend à bras
ouverts 1... Bénie soit la Providence qoi
nous a révélés Tun à l'autre 1
CLÉMENTINE. Nous retoornous OU Fran-
ce I chère maman, que mon père sera
heureux!
RAOUL. Ma tante, me permettrez-vous
de reprendre ces projets auxquels autre-
fois vous aviez consenti?
M*** BE CURST. Franchement, je croyais
que ma sorar y avait renoncé.
RAOUL. AhE c'est qu'elle ne connaissait
pas ma cousine I
CLÊMENTiNB. Hamau, vdlk mon père,
allons II sa rencontre.
M"* DE GUR8T. Allons lui présenter son
neveu.
RAOUL. Son fils, n'est-ce pas?... nous
ne formons plus qu'une jenle famille.
M"^ BLORDEAU, à part. Grftces I ces
heureux malheurs, qui ont donné à Clé*
mentine raison, talents et bonté; il est
vrai de dire :
A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON.
M"* EVELINE RiRBIGOURT.
LE MASSACRE DES INNOCENTS.
«•
Aux murs de la ville sacrée
Le sang jaillit en longs ruisseaux ;
Le glaive au loin parcourt Sion désespérée.
Et se plonge au fond des berceaux*
Pour saluer l'enfant au monde entier propice^
Des enbnts à la vie ont fait un long adieu ;
Et ce lugubre sacrifice
Précède le trépas d'un Dieu.
Martyrs insouciants et calmes,
N'ayant rempli du moins qu'un facile devoir,
Ils viendront dans le ciel jouer avec des ptloM
Qu'ils cueillirent sans le savw.
Mais loin du sinistre poignard,
Et pendant que4a mort va planant sur la ville,
Au fond d'un solitaire asile
Qu'ai-je vu trembler à l'écartT
\
1
.>^^
^ 17 ~
Deai Ammes ont pirn : Tone immobile et pâle»
Et nns pleon et nus Yoix. Fardeau crod et doux»
Son fib, dépooiUe sépulcrale.
Repose, mort, sur ses genoux.
n n*est plus, si j*en crois cette large blessure ;
Il n'est plus, ou du moins il ne saurait tarder.
Elle, de son malheur craint pourtant d*étre sûre
£t n'ose pas le regarder.
Mais l'autre peut trembler encore :
Sans cesse l'eCDroi ?eiDe en ses traits conyolsifs.
Et de la bouche qu'elle adore
EBe éteint par pitié les murmures plaintifs.
« Pardonne-moi ma prévoyance.
Toi qui ne peux préfoir ton sort :
Silence 1 a-t-elle dît, ô mon enfant, silence I
Tes cris feraient venir la mort I
Yainement, quand le glaiTe à tes yeux Tiendrait luire.
Confiant ou timide à l'aspect du trépas,
Tu voudrais pleurer ou sourire ;
Ton souris ni tes pleurs ne te défendraient pas.
Que dis-je ! destinée étrange !
Tes attraits même» hélas I causeraient ton malheur :
Te voyant la beauté d'un ange.
Ils te prendraient pour le Sauveur.
Ah 1 si le despote honjicide
Par qai Jérusalem se débat dans les fers,
Crut voir dans un enfant timide
Le monarque de l'univers;
Que n*a-t-il, prévoyant tant de larmes amères,
Hâté ce jour infortuné,
Et déchiré le sein des mères,
Avant qu'un fils leur fût né 1
Témoin des pleurs dont je m'abreuve.
Dieu I prends pitié de moi I prends pitié de mes joivs !
Prends pitié de mon fils I prête<-lui les secours
Qu'obtint de toi Moïse errant sur le grand fleuve.
MXHmmftin aiuiéi, 4* siÉan — N * I.
^ô^>^'
"^^^
< * V
>^S^
.vc3<5a(
-. 18 —
Je sais bien qQ6 aot jonn OBt fais effaeii>
Ad delà da cercutii an jow plu Imm
Mais ta mère, ô mon fils I ne t'aime pas
Pour consentir à ton abMOce. »
Et i*enfant s'indignait de ne pouvoir crier {
Et la mère éperdue et dévorant sas lanne%
De loin, croyait oubr le cliquetis des ariD€s«
Et le bmit d'un pas meurtrier.. «••
Charles Froment.
MELANGES.
DÉCOUVERTE DES MINES D'OR DE LA CALIFORNIE.
Suivant toute apparence, les Indiens de
la Californie connaissaient depuis long-
temps la présence du ^ablt brillant (ils
appellent ainsi la poudre d'or) sur la «ur-
fiice et dans l'intérieur des sables, et sous
les courants d'eau, usais sans avoir la
moindre idée de sa valeur, bien que pour-
tant ils recherchent avec une avidité
remarquable toutes les pièces de monnaie,
mais surtout les pièces d'or. On a appris
d'eux qu'il était ordinaire^ autrefois, de
trouver des lingots de ce méial, dont quel-
ques-uns de la grosseur de la léte d'un
homme, répandus çà et là; mais qu'ils
avaient tous disparu mystérieusement de-
puis l'arrivée du capitaine Sutter.
Ce capitaine Sutter est un homme remar-
quable, et sans doute à présent le plus ri-
che personnage du monde. Suissed'orjgîne,
ex-officier dans la garde de Charles X, il
vint, après la révolution de 1830, de-
meurer à Baltimore, puis à Philadelphie, et
dans d'autres parties des États-Unis, où il
mena une existence très-précaire. Enfin,
dégoûté du monde civilisé, il tint se
blottir dans les déserts de la Californie ; là
en labourant la terre pour nourrir sa fâ*-
mille, il découvrit une mine de awrcure,
la troiotme du monde. Il garda précien-
sement son secret jusqu'à ce ipi'il eût ob-
tenu du gouvernement mexicain une con-
cession de quarante mille acres de terre,
s'assonnt ainsi cette miaa de ricbes8e«
productive d'un énorme revenu qui s'ac-
croît tous les jours. Il a maintenant plus
de cent Indiens travaillant à l'exploitation,
et plus du double de ce nombre, tous ar-
més jusqu*aux dents, pour prot^er sa
propriété. Bien qu'il eût pendant des an-
nées recueilli de l'or en lingots et en pou*
dre, il fut assez heureux pour cacher la
source de ses richesses. Lorsqn'enfin on
eut découvert la contrée aurifère, il cher-
cha à discréditer cette nouvelle en faisant
publier dans les journaux qu'il y avait
beaucoup plus à gagner en Californie à
tenir une ferme qtt*à creuser pour avoir
de l'or, et qu'il attachait beaucoup plus de
prix à son champ de choux qu'à toutes
les mines du pays.
II y a trois récits divers et à peu près
égriement acerédHés sur les circonstances
immédiates qui auraient amené la décou-
verte de ce secret. Suivant le premier, un
nommé Grimer aurait voulu, le ïhhb étant
rare, faire «ne AnstmctieA àfec des pier-
ra; l'mied'eDes «ynnintiiré Mo attention,
il k soomità ranalTM, «t ditconvrit qu*eUe
E)€>!»^
f.
'^•«^S
Cr^ _
~ 19 —
pe . ■ I
RUfemak 0et»t oooeB d'or pur; il firt m-
tnreKemeiit engagé à ehercher de non*-
▼<«!i, et les minei fareat décoafertes. Le
secoHd rédt est celui-ci ; Un voyagear
travenaat un raîMeati wat on arbre jeté
en traters, en guîse de pont, tomlM dans
Peau, et en sortit convert de aable et de
booe. n'ayant ni le tempe ni les moyena
de faire sécher et de nettoyer ses effets, il
les mit dans son sac ; qfoand il l*Mivrit, à
son arrifée à San-Francisco, il tit ses tô*
tements couverts de partieales briilanles
qa'il conserva et reconnut enseite pottr
être de l'or, ce qui ciHiséqnemnient prou-
vait la présence de ce métal dans les ri-
vières de la Californie. Toici le troisième
récit, et peut-être le plus probaUe.
MM. Howland et Aipinwril, de New-
York, correspondants do capitsine Sotier,
étonnés des remises qu*ii leur faisait en
Kngols bruts, voulurent pénétrer ce mys-
tdre. Ils envoyèrent un Jeune homme,
nommé Dimond, fils du fameux oonstrnc^
teur de navires de ce nom, pour explorer
le pays. Le résultat de Texpédition fut que
M. Dimond découvrit, il y a environ deux
ans, le secret du capitaine Sutter, et
étonna le monde par la promulgation de
cette nouvelle.
La richesse et Tavenir des districts où
se trouvent les mines «nt imprimé une
inmiense impulsion I la proi^iérité des
vilks, qui, au commencement de Thiver,
se déveJoppaient avec une activité extraor-
dinaire. Le déluge qui a englouti la ville
de Sacramento et menacé tout le district
d'une ruine complète, semble n'avoir eu
que peu dlnfloence sur la valeur des pro-^
priétés. Les constructions se continuent à
des prix fnrt élevés, et il y aeo ^ moment
des contrats passés pour plus d'un million
de dollars.
A San-Francisco, on voit s'élever sept*
dément les rues les unes après les autres,
et le dernier incendie ayant démontré l'a-
vantage de la brique pour les construc-
tions, la ville commence à prendre une .
apparence [rins substantif, La célérité
qu'on met dans les trar^^aux de toute sorte
est telte^ qu'il doit nécessairement y a#ir
sous peu un temps d'arrêt pour la bâtisse,
an moins pour ce qui est de la ville, où il
ne restera bientôt plus rien à faire.
San- Francisco compte maintenant huit
églises, quelques écoles publiques, une
société des amis des étrangers, une société
religieuse, etc. Le prix du terrain, en de-
hors de la valeur fictive à laquelle il est
arrivé, peut être estimé par ce fait, que le
gouvernement paye pour le loyer du bu-
reau de la douane, quatre-vingt-dix-huit
mille dollars, prè^ de cinq cent mille
francsL
Les crimes sont fort rareset sans gravité,
toute quereUe est promptement apaisée. Il
n*y a pas jusqu'aux accessoires de la civi-
lisation la plus avancée qui ne soient en
voie rapide de progression . On vient de for*
merune compagnie oiaritimecalifornienne,
au ca|Htal de un milieu de dollars, dont
c&nq cent mille ont déjà été souscrits par
les villes de San-Franci>co et de Sacra-
mento ; le commerce avec tous les ports de
la mer Pacifique promet de donner les
plus beaux résultats.
Suivant toute apparence, la bouille fi-
gurera bientôt parmi les productions in-
digènes de ce pays. Les couches de bitume
récemment découvertes sur le rivage
donnent tout espoir que les recherches
ordonnées i ce sujet prouveront l'exis-
tence de dépôts carbonifères.
On conçoit facilement que, dans un pays
semblable, toute autre chose que le com-
merce ait, jusqu'à présent, peu de chances
pour fixer l'attention. L'arrivée des émi-
grants et des navires, la vente des mar-
cbandisesenconsigaation,lesdépôts dépen-
dre d'or qui se font journellement, les nou-
velles arrivées des placers, et les émotions
multipliées d'une existence dans nn pays
tout neuf et grandissant pour ainsi dire à
vue d'œil, tout cela suffit pour occuper
l'esprit et le rendre peu soucieux des di-
t
^fi^
— 20 —
.>i^ï^3
TertihsemenU d'aoe fie comparativemeiit
plus oisive. D'après les dernières nouvelles,
BÊti, le célèbre pianiste, annonçait nn
concert à San-Francisco; mais les canses
mentionnées pins haut, jointes à la rareté
des dames, deyaient naturellement nuire
au succès de toute entreprise de cette
sorte, jusqu'à ce que la fièvre se fût un
peu calmée, et que les transactions eus-
sent repris un cours moins galvanique.
Indépendamment des métaux précieux,
la Californie possède des ressources inté-
rieures qu'on trouverait difficilement autre
part. Ce pays a quatre à cinq cents milles
de côtes maritimes; la partie septentrio-
nale est couverte de forêts magnifiques;
les cours d'eau sont remplis de poissons,
les plaines de milliers de troupeaux, et le
sol riche et fertile rapporte de soixante-dix
à quatre-vingts pour cent. Le climat est un
des plus beaux du monde, et les maladies
endémiques ou épidémiques y sont pres-
que inconnues. Les vignes sont très-pro-
ductives, et une population nombreuse et
qui augmente tous les jours est prête à
consommer les denrées que fourniront le
commerce, le travail et les capitaux.
L'agriculture, conduite principalement
sous la direction des catholiques mexicains,
est peu perfectionnée; mais un Anglais
vient de faire une expédition qui amènera
probablement une révolution dans tout le
système. Sur un grand navire, équipé à
ses ffais, H a embarqué une centaine de
travaiUeors d'élite et tous les instruments
nécessaires. Il a obtenu une grande con-
cession de terrain qu'il se propose de cul-
tiver en blé pour les marchés de la Cali-
fornie. Il s'est pourvu en outre d'an»areils
pour brasser la bière, faire du vin et dis-
tiller les esprits ; il emmène avec lui des
gens versés dans la fabrication de ces di-
vers produits, entre autres un vigneron du
continent. Ces préparatifs ont^été faits sur
une grande échelle, et Ton ne saurait dou-
ter que les expériences ne soient couron-
nées de succès.
On a singulièrement exagéré le récit
des misères endurées en Californie. Sans
doute qu'un individu qui va s'aventurer
dans des plaines où l'on ne trouve que de
Tor, et qui est obligé de coucher en plein
air, de rester toute la journée enfoncé
dans l'eau et la boue jusqu^à la ceinture»
et de se livrer à un travail manuel auquel
il n'a pas été accoutumé, cet homme, di-
sons-nous, devra se trouver très-misé-
rable. Mais dans un pays nouveau, si le
travail est plus rude, il est moins pro-
longé, et le succès manque rarement de
récompenser les gens déterminés, entre-
prenants et persévérants. Néanmoins,
ceux qui, craignant le travail, projette-
raient un voyage en Californie, en Aus-
tralie, au Natal, ou au Texas, feront mieux
de changer d'idée, et de rester chez eux.
(Traduit de Vanglaù,)
SÊYBRIN*
ÉNIGME HISTORIQUE, N« L
D Quelle est la femme qui fut tout à | la ibis impératrice, religieuse et mariée?
e«t"J
'<£<,y^^
•/09C&2
— 21 —
SOINS HYGIÉNIQUES DE LA BOUCHE.
Les dents prifées de soins journaliers
ne tardent pas à s'entourer de tartre. On
donne le nom de tartre à une substance
qui, d'abord liquide, se dépose sur la cou-
ronne des dents, s'épaissit peu à peu,
prend la consistance d'une pâte ou limon,
et acquiert en peu de temps la dureté de
la pierre. Le tartre s'attache à la couronne
de la dent, étreint le collet, s'insinue dans
l'alvéole, s'étendant quelquefois le long
de la racine, et les dents, qui ne sont plus
retenues que par l'adhérence des genci-
yes, ne tardent pas à chanceler, puis à
tomber.
On peut prévenir l'accumulation du
tartre sur les dents, et toutes les altéra-
tioDs qui en sont la conséquence, par le
moyen d'une brosse et d'un bon denti-
frice. Il est préférable de choisir le matiu
pour cette opération, parce qu'il se dépose
sur les dents, pendant le sommeil, une
substance limoneuse qui nuit à leur éclat
et à leur conservation.
La brosse ne doit être ni dure ni
molle, et doit être arrondie du bout, afin
de pouvoir glisser entre la joue et les
dents, et pénétrer jusqu'à l'extrémité de
l'arcade dentaire.
Les personnes dont les dents sont
ébranlées, ou dont les gencives sont ma-
lades, emploieront une brosse très-douce
ou une éponge fixée sur le manche d'une
brosse.
Ce serait déjà une excellente chose de
se servir tout simplement d'une brosse et
d'eau pure, mais on peut mieux iaire en
se servant d'une de ces préparations nom-
mées dentifrices.
Il y en a de trois sortes : les dentifrices
liquides, les poudres, les opiats.
C'est aux dentifrices liquides que l'on
doit accorder la préférence. Il faut se dé-
fier de ceux qui blanchissent très-vite les
dents ; on doit choisir cdui qui nettoie^ et
non celm qui blanchit.
Cependant, bien que l'usage de la pou-
dre ait des inconvénients, on peut s'en
servir une on deux fois par semaine lors-
que le dentifrice liquide ne suffit pas à dé-
barrasser facilement les dents du limon
qui s'attadie à leur surface. La poudre de
charbon est un bon dentifrice, mais elle a
l'inconvénient de laisser im liséré noir
sous le bord libre des gencives, et de rayer
les dents.
La poudre de quinquina exerce une ac-
tion tonique sur les gencives ; elle jouit,
ainsi que le charbon, de la précieuse pré-
rogative de purifier la bouche, mais seule
elle est insuffisante, et doit être associée à
d'autr«;s substances. Dans le mélange que
l'on fait avec les poudres, on fait entrer
de la crème de tartre; c'est un acide, et
c'est un inconvénient
Quelques personnes font usage de mie
de pain réduite en charbon préparé par
les pharmaciens- chimûîtes, et se trouvent
bien de son usage.
Quant aux opiats, ils ont rinconvénîent
des poudres, c'est-à -dire l'introduction de
la crème de tartre, et la matière colorante
que l'on y ajoute produit, sur l'émail des
dents, une teinte qui n'est pas agréable.
Après avoir fait choix d'un bon denti-
frice liquide, on en versera trente à qua-
rante gouttes dans un verre d'eau tiède,
on agitera l'eau avec la brosse, que l'on
fera passer à plusieurs reprises sur les
dents, puis de haut en bas, de bas en
haut, et en dedans, surtout , devant, à la
mâchoire inférieure où séjourne la salive.
On peut, pour cet usage, se servir d'une
brosse dont l'une des extrémités est ren-
versée.
Quel que soit le soin que l'on apportet
au nettoyage des dents, on ne parvien
f.-v.et^
— 9S —
pas tonjonrs à prévenir la formation du
tartre ; il est alors indispensable d'avoir
recours au chirorgien-dentiste ; c'est une
erreur de croire qoe cette opération nuit
aux dents, et Ton est amplement dédom-*
mage du petit agacement nerveux et pas«
aager que caosent les instruments, par la
sensation de bi^-ètre qui succède à l'en*
lavement du tartre. Faire visiter sa bou-
de, une lois l'an, par le dentiste, est chose
iadispensable.
Aux soins hygiéniques donnés le matin
à ses dents, il faut encore ajouter ceux-ci :
passer de l'eau tiède dans sa bouche après
chaque repas ; éviter le contact de l'eau
très -chaude ou très- froide. Ainsi, une
boisson frdde après un potage très-chaud,
et le changement subit de la teippératnre,
sont pernicieux aux dents ; leur substance
étant dénature vitreuse, se fendille comme
l'émail de certains vases, et les addes
employés dans l'alimentation, pénétrant
par ces petites fentes, altèrent l'ivoire des
dents, qui ne tardent pas à devenir dou-
loureuses.
& l'on doit avoir soin de sa bouche
dans l'état de santé, les précautions doivent
redoubler pendant les maladies on la oon-
valeseenoe. Les fièvres typhoïdes, les affec*
tions dans lesquelles les vomissements sont
fréquents, laissent dans la bouche d^ par-
ticules qui altèrent l'émail des dents, cl
peuvrat déterminer la carie; après chaque
crise il fondra se laver la bouche avec soin
et délayer de la magnésie dans le liquide
qui servira à cet usage; la magnésie s'emr
parera de l'adde et neutralisera son ac«-
tiOtt.
Tels sont les conseils qui doivent être
suivis pour la conservation d'un des plus
beaux ornements du visage et des organes
les plus importants pour la digestion.
TlSAMfi DE POMMES.
Prenez 250 grammes (8 onces) de
pommes de reinette blanche, 2 litres d'eau.
Coupez les pommes par quartiers, faites-
les bouillir dans Teau jusqu'à ce qu'elles
soient cultes. Jetez le tonl dans une pas-
soire, en ayant soin de ne pas écraser les
pommes.
GeUe eau est une tisane adoucissante,
agréable , qui est un remède populaire
conire le rhume.
On prépare avec les pommes de reinette
grises une tisane légèrement acidulé, qui
est excellente pour calmer la soif des ma-
lades; mais aGn qu'elle soit agréable, il
faut la faire par infusion : on coupe les
pommes par tranches minées, et l'on jette
tout simplement de l'eau bouillante des-
sus, dans des proportions analogues à cel-
les indiquées pour la tisane de pommes.
{Le Médecin de la Maison,)
Economie Domestiqae.
COMPOSITION POUR BEMETTRE A NEUP LES MEUBLES VEBWIS.
AcheteB chez im marchand de coo-
kors:
Huile de lio 10 centimes.
E0prit*de-viD .••••• • 10
Verses le tout dans une petite fiole et
bouchez-)iL Prenez un morceau de fla-
nelle, formez-en un tampon gros comme
one pomme d'apis; an moment de vons
servir de oe mélange» secouez la fiole
ce
^r/*:
^^^j^Sj^^^v^
— 2» —
.><5^52
pour mêler ensemble ce qif elle contient ;
placezle tampon snr le goulot de cette fiole»
retournez-la, relevez-la, bouchez-la aussi-
tôt, et déposez-la \ cOté de tous. Tous
tenez votre tampon, vous en frottez en-
tièrement le meuble que vous voulez re-
mettre à neuf, et toutes les fois que le
tampon est sec, vous employez les mêmes
précautions pour Finabiber.
Cette dépense de 20 centimes suffit
pour un lit, une armoire à glace, une
toilette et un chiffonnier.
CHROMQUE MUSICALE.
La première représenution de l'Ënfànt
prodigue a eu lieu à l'Opéra, le mercredi
6 décembre. tJne foule pleine d'empres-
sement et de curiosité encombrait la salle,
trop étroite pour cette solennité depuis
longtemps attendue. (Test qu^il s*agis$ait
d*un des sujets les plus touchants de
l'Écriture Sainte, traité par un des prin-
cipaux représentants de l'art français,
M. Auber.
Le livret, qui est de M. Scribe, n'a pas
conservé à la douce et naïve légende sa su-
blime simplicité, et l'a entremêlée de scènes
et d'expressions qui en obscurcissent la
pure morale sans en augmenter l'intérêt
Le compositeur a tiré un bon parti du
sujet, et sa nouvelle partition peut, sans
déshonorer ses aînées, aller prendre place
à c6té du Philtre et de t Ambassadrice,
On y retrouve les mêmes qualités, La
pensée musicale est toujours nette, facile,
précise, et la mélodie totgours intelligible
et gracieuse, ce qui, pour le plus grand
nombre des auditeurs, vaut infiniment
mieux que la science, car il est plus
agréable de s*amuser que d^étudier en
écoutant
Au p];^mier arte, Pair : t Aurore étin-
celante^ et un duo plein de sentiment
entre l'Enfant prodigue et son père, sont
remarquables, et seront souvent chantés.
Mais c'est surtout ati second et au
troisième acte, dans les chœurs et dans
le ballet, que le musicien prodigue son
entrain, sa facilité, sa vive imagination,
qualités naturelles chez loi. H sortira de
cette partie de Y Enfant prodigue une foule
de moti& de quadrilles, de valses et de
polkas; il n'y a presque qu'à les copier.
L'émotion et le pathétique trouvent
leur part aussi dans ces deux acfes, et
rien n'est plus touchant que la romance
de Ruben : Mon fils, je fai perdu f...
Au quatrième acte, les couplets du cha-
melier, au cinquième, le chant des mois-
sonneurs et le chœur final ont obtenu un
succès qu^ se continue à toutes les repré-
sentations. Jamais, de l'avis de tous, l'Opéra
n'avait offert un spectacle avec une mise en
scène plus riche, ni de plus merveilleux
décors : cela suffirait pour un succès.
L'Opéra-Comique a donné aussi, dans
les premiers jours de décembre, un ou-
vrage en un acte, paroles de M. Scribe,
musique de Victor Massé, la Chanteuse
voilée, qui a obtenu un succès brillant et
mérité. L'auteur de la musique y a pro-*
digue toutes les richesses d'une vive ima-
gination et toutes les ressources acquises
par de longues et sérieuses études.
Le premier aur est d'une coupe origi-
nale ; la romance : Il faut partir ^ est très-
jolie pour voix de femme. Le boléro est
un des meilleurs morceaux de la pièce.
■^^^C^^
^ej^
— 24 —
ainsi que les couplets qui le saîvent.
L'air : Quel bruit! vous venez de V en-
tendre. Le boléro : Lair au loin retentit
du son des castagnettes^ et l'air final : Avant
qu'en mon ménage, l'amour m* engage; ces
morceaux d*un caractère particulier, et
pleins de jeunesse et de verve , sont
appelés à une immense vogue, et devien-
dront populaires comme les airs les phis
célèbres. L*air : Ce soir, et lorsque la nuit
sombre^ et celui : D*une lampe mot^ante
Pincertaine lumr^ sont aussi fort ap-
plaudis.
Les airs de la Chanteuse voilée seront
publiés en plusieurs tons; ceux d'hommes,
pour ténor ou baryton, ceux de femmes
pour soprano, mezzo - soprano ou con-
tralto, ce qui permet à toutes les voix de
les adopter indifféremment.
L'audition des Albums continue chaque
jour. Celui d'Éiienne Arnaud n'a pas obtenu
le succès que lui promettait le nom de son
auteur. A part une jolie romance : Ce que
mon fils sait dire, 'û n'y a rien de reihar-
quable dans ce recueil. Des réminiscences,
des accompagnements peu soignés, quel-
que négligences, enfin.
Paul Henrion a fait entendre aussi ses
nouvelles productions, qui ont été généra-
lement bien accueillies. Le Mineur a pro-
duit une vive impression ; et la Brise est
une mélodie fort gracieuse.
L'album Glapisson n'a pas encore subi
répreuve de l'audition publique, mais déjà
les chanteurs de chansonnettes se sont
emparés du duo bouffé : Un mariage chi"
nois, et de quelques morceaux d'un comi-
que amusant et naturel. A côté, se trou-
vent (dusieurs mélodies écrites avec un
goût et un soin extrêmes, sur des paroles
de M. Frédéric de Courcy, qui sortent des
banalités ordinaires.
Quant aux nouvelles corapositbns de
M. François Bonoldi, les artistes qui les ont
interprétées y ont trouvé de légitimes et
constants triomphes. Pour répondre au
désir de nos abonnées qui habitent la pro-
vince, nous leur dirons qu'elles recevront
franco l'Album Bonoldi, richement relié
et ornée de charmantes lithographies «
en envoyant un bon de douze francs, sur
la poste, à MM. Bonoldi frères, éditeurs de
musique (ancienne maison Padnt), ftowte-
vart des Italiens, ?»• 11. L'envoi suivra
immédiatement.
L'album de M. Eugène de Lonlay vient
de paraître, publié par le journal la Mode.
Des paroles spirituelles, gracieuses on tou-
chantes ont heureusement inspiré les mu-
siciens dont le talent a su si bien s'adapter
à ces charmantes romances.
Strauss a fait entendre au Jardin d'Hiver
le répertoire de ses valses, quadrilles, etc.»
destinés à la saison qui commence. K suf-
fit pour faire l'éloge de cette nouvelle mu-
sique, de dire que Strauss est resté égal à
lui-même.
Un nouveau recueil de quadrilles de
Camille Schubert est de même appelé à
une grande vogue. Abordable aux jeunes
talents par sa facilité, il deviendra indis-
pensable dans toute soirée joyeuse, à cause
de la gaieté de ses motifs et de leur ha-
bile arrangement
M. Théodore Blangini, digne héritier
d'un nom qui a joui d'une juste célébrité
musicale, a fait paraître, pour le piano»
deux Albums de quadrilles, valses et polkas
à quatre mains, qui, composés sur les
motifs de prédilection de Félix Blangini»
sont remarquables par leur allure facile et
gracieuse. Nous les recommandons vive-
ment comme bonne musique et bon sou-
venir. Prix, 6 francs.
M. Scholtus, facteur de pianos, récom-
pensé d'une médaille d'honneur à la der-
nière exposition de l'industrie française»
et admis à l'exposition de Londres, ayant
pour spécialité le piano demi-oblique, a
adapté à ses instruments un échappement
composé^ emprunté aux différentsUystèmes
en usage. Ses étouffoirs fonctionnent der-
rière les cordes avec une grande énergie»
et pAur donnera l'artiste b facilité de bien
•^^<aîQ.
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— 2» —
nuancer, il a établi une pédale servant \
rapprocher les marteaai des cordes, ce
qui diminae la distance à parcourir et
atténue l'impulsion donnée.
La déviation occasionnée dans les pianos
par la tension des cordes, étant une des
principales causes du peu de durée des
instruments ordinaires, neutraliser cette
déviation a été le inrobléme que se sont
toujours proposé les facteurs. Mille essais
infructueux avaient été tentés. M. Schol-
tus a inventé un système de mécanisme
assez puissant pour maintenir l'accord et
sur lequel la température n'a aucune in-
fluence. Il maintient le sommier et le
contre-sommier sans craindre le décolle
souvent inévitable. h^cramyons-SchoUm
se composent d'une barre en fer laminé,
rabattu, ayant la forme d'un 7 allongé,
dont le crochet vient se rabattre sur le
sommier, où il est solidement maintenu
par une vis.
Pour les pays à température variable, il
a opposé de la résistance à la dilatation des
barres de fer en les accouplant solidement
à une barre de cuivre. Par cette union,
l'effet de la température se trouve con-
trarié, amorti : ce sont les crampons
compensateurs. Ces crampons, sans rien
enlever à Pélégance des instruments,
donnent aux pianos Scholtus une grande
solidité, qui est l'agent le plus puissant de
la sonorité.
Ces pianos se recommandent aux pro-
fesseurs et aux amateurs, mais particuliè-
rement aux personnes à qui le séjour de
la campagne ne permet que rarement de
faire donner aux instruments de musique
les réparations nécessaires.
Jules Loutet.
CORRESPONDANCE
J'étais ce matin préoccupée de toi; je
cherchais ce que j'aurais à te raconter,
lorsque deux légers coups frappés à ma
porte se firent entendre. « Entrez ! • dis-
je sans me retourner, et continuant à ca-
resser de mes lèvres la plume qui allait
t'écrira •• Aussitôt deux petites mains s'ap-
puyèrent sur mes épaules : « G'et»t Flo-
rence ! m'écriai-je; c'est elle qui arrive tou-
joui^ à propos, et qui est toujours la bien-
venue. —Oui, c'est moi, ma chère Jeanne;
je me sentais tourmentée du désir de te
voir. — Moi, de même. — Quand il y a
sympathie entre deux cœurs ils doivent
ainsi se deviner. — J'aime cette croyance
et j'en profiterai pour me rendre auprès
de toi, toutes les fois que je voudrai te
voir, car alors je penserai que tu m'at-
tends. — C'est convenu, Jeanne; juge
toujours -de mon cœur par le tien... Em-
brassons-nous, et voyons ce que nos deux
amitiés réunies pourront envoyer d'utile à
nos amies absentes. »
Tandis qu'elle se débarrassait de son
chapeau, j'approchai du feu ma chiffon-
nière, dont les deux battants étaient re-
levés, j'étendis dessus la planche I, nous
nous asstmes Florence et moi en face l'une
de l'autre, je lui passai ma plume, et lui
dictai ce que tu vas lire.
Le n"* 1 est un dessin de vieille dentelle,
pour voilette, dont les deux côtés sont pa-
reils au bas. Ce dessin peut se broder avec
un point de cordonnet sur une application
de nansouk posée sur du tulle de Bruxelles,
ou en reprises avec un fil plat très-fin,
après avoir tracé tous ces dessins avec un
fil plat plus gros. Les barres qui sont au
milieu des feuilles se font en points à
jour. On entoure cette voilette d'un point
de feston auquel on coud un picot On
peut, avec ce dessin, faire pour sa mère
des volants de dentelle, hauts de 15 cen-
timètres, et en garnir une robe de tulle de
coton blanc ou de taffetas rose, gris ou
bleu«
^-^a^
M I
— «e ~
— Ajoate que l'on aura one voilette de
dentelle noire en se serrant de tulle de
soie noire sur lequel on applique du flo-
rence noir» très-léger et très-souple, que
l'on brode en point de cordonnet fait avec
de la fine soie noire, à peine tordue. On
pourrait ainsi faire des volants de dentelle
noire pour orner un mantelet, un katza-
week ou une robe de gros-de-Naples noir,
gros vert, gros bleu ou marron.
— Une idée I On pourrait bâtir un en-
cadrement de tulle sous un mouchoir de
fine batiste, broder dessus, ce dessin, tout
autour, le festonner, le découper, et le
garnir d'un picot.
— Recommande donc le papier à dé-
calquer qui se vend chez mademoiselle
Chanson, rue de Ghoiseul, 3. Ce papier
est blanc, bleu, jaune ou rouge, il coule
35 c. la feuille, et peut servir plusieurs
fois ; on le prend de la couleur opposée à
rétoffe que l'on doit broder. Quand le
florence uoir est bâti sur le tulle, on
place le papier sur le florence, le dessin
sur le papier, puis avec un crayon mine
de pfefflb» très-dur, on tuil chaque trait,
puis on enlève : dessin « papier, et l'on a, i»nr
le florence noir, le même dessin marqué
en Uanc, je suppose, si Ton y a posé dn
papier blanc à décalquer.
— Le n'' 2 est un coin de mouchoir en
broderie anglaise. Il peut servir aussi pour
bas de jupon.
Le n* 3 est le dos d'un ficb»-guimpe ;
il s'ouvre au milieu du nœud et se ferme
avec des petits boutons et des brides; je
te conseille de lailler ton ficha d'avance,
de ressayer et de le dessiner ensuite.
Le n^ U est le devant. Ce fichu se
brode au plometis et au point d'arme;
chaque étoile à cinq pointes, a des points
à jour où se trouve une étoile; mais tu
peux ne rien faire au milieu des feuilles
poiotiUées, et rien aa milieu des étoiles
k cinq pointes.
Le n"" 5 est ni desâo de volant pour
robe de mousseline ; il se brode au pln*
QMtiaon aapassé^ et se fealoime. Ce de^
ain peut servir pour bas de jupon; il sa
brode les nœuds au plometis et les ronds
en broderie anglaise^ ou en points de
feston.
Le n"" 6 est une marmotte qui se brode
au plumetis, sur belle moosseUne, et s'en-
toure d'un point de feston*
Le jour où tu es souffrante» tu arrangea
tes cheveux comme à l'ordinaire; tultaiîles.
deux morceanx d'un ruban de velours
noir» ou de satin rose, vert foncé, ou bien
de France, large de 8 centimètres chacun,
longs de 16 centimètres ; tn en prends un
que tu replies sur lui-même, envers snr
envers; sur l'endroit de ce ruban, tu couds
des boucles de ruban de velours ou de
satin, de manière à en former une rosette,
puis, tu couds une seconde rosette sur l'an-
tre bout de ruban. Tu prends un ruban de
la couleur de ces rosettes, tu le replies en
deux, tu le places sur ta tête, tu l'arrêtes
en formant un nœud derrière ; de chaque
côié des joues tu couds le haut du ruban
sur lequel tu as cotisa une mette, pois tu
places à plat celte marmotte sur ta lête» en
l'y arrêtant au ruban par denx éjûngles
semblables à ceiled de la planche XII
1850; ao-dessDS des rosettes, ta formes
quelques plis à la marmotte, qui retombe
ensuite derrière ces rosettes jusqu'au bas
de tes joues.
Le n* 7 est un alphabet en broderie an-
glaise. Ce genre ne pent produire que de
grandes lettres ; tu ne feras donc que tes
initiales an coin de tes moucheirs en bro«
derie anglaise.
Le n° 8 est une dentelh en filet carré,
brodé en reprises, que ta m'as demandée
ponr garnir un coussin de filet brodé de
même. Cette dentelle se cond ensuite au-
tour du coussin.
. Lb n* 9 est une autre dentelle qui se
fait à même le coussin , mais celle - ci
se fait au point ordinaire ; on peut le
grandir en ajoutant un ou deux rangs de
filet.
I^Q^
— 97 —
Le n* 10 est un Umi héraldique. Ce des-
nu s'exécute sar fiiet carré, et se brode en
reprises ; il est fait pour couvrir un cous-
sin. On peut aussi l'exécuter an crochet
Il vient de chez mademoiseDe Chanson,
me de Ghoiseul, n?^.
— - A la bonne heure 1 voilà qui me rap-
pelle nos vieux dessins I... Auras-tu un
pendant ?--Ooi... un hypogriphe. —C'est
très-hieni continue.
—* Le n"" 11 est la moitié d'un manteau
que je t'ai envoyé dans Tannée 18^9, sous
le nom de manteau solitaire^ car on ne
pouvait donner le bras k personne ; mais
anjonrd'hoi il a pris le nom de Talma (je
ne sais pourquoi), et, si Ton veut donner
le bras, on relève ce manteau comme on
relève un ch&le. Il se taille en drap ou en
mérinos» ntHr, on vigogne ; les plus simples
se doublent de soie pareille, et se ouatent à
partûrdu cou jusqu'au coude ; ils se termi-
nent dn bas par un onrlet, et devant, ils ont
des boutonnières et des petits boutons de
soienoîre, pointus. Au lieu de boutonniè-
res, je préférerais une ganse rondtr, cousue
à surj€t, le long dn bord du devant du
manteau, et tournant de temps en temps
sur elle-même, pour former des boucles
qui s'accrocheraient aux boutons.
Le n* 12 est la moitié de la longueur
du petit col, il est taillé double, et rabat
en dedans sur la douMure. Ce col ferme
aussi par une boutonnière, ou par la ganse
formant boucle ; il se coud comme il est
placé; et, à propos de ce manteau, je vaii
dire à nos nouvelles amies :
COMMENT RELEVER LES PATRONS.
Les chiffres représentent dès centimètres.
Tu te mets devant une grande table sur
hquelle tu places une grande feuiUe de pa-
pier. Ta poses ton. mètre où tn vois le
néro, tn as nn crayon, tu tires une ligne
horizontale jusqu'au chifire 27, tu l'écris ;
tu continues jusqu'à ce que tu aies 1 mètre
15 (115 oentimètres) tu l'écris. Tn relèves
ton mètn et le plaots, toajMinè pmir4n
zéro ; tu tires une ligne perpendiculahre
jusqu'au chiffre 6, lu l'écris; jusqu'au
chiffre iU; 15 ; 27 ; 60 ; 90 ; 115, que
tu écris à mesure. Puis tu relèves ton mè-
tre, tn le poses à partir du chiffre 6, tu ti-
res une ligne' horizontale jusqu'au chiffre
17, tu l'écris, lu le poses à partir du chif-
fre 14, tu tires une ligne jusqu'au chiffre
7 1/2 ; du chiffre 27 tu tires une ligne jus-
qu'au chiffre 26 1/2, et continue jusqu'au
chiffre 112 ; du chiffre 60 jusqu'au chiffre
99 ; du chiffre 90 jusqu'au chiffre 77, puis
avec ton crayon il ne t'est pas difficile d'ar-
rondir ce manteau du bas, de l'échancrer
pour l'encolure, et de marquer ce qui doit
êire enlevé sur l'épaule. Tu laisses au bas
du manteau deux centimètres et demi pour
i'uurlet, il te faudra donc 2 mètres 35
centimètres de drap on de mérinos, qui,
repliés en deni, feront: 115 centimètres,
plus, 2 centimètres et demi pour l'ourlet.
Le col aura 5 centimètres de haut (sans
les remplis) et Ul centimètres de long. Ce
col se replie en deux.
C'est ainsi que tu pourras relever tous
les petits patrons du Jouroal.
Le n*" 13 est la moiiié du dos d'un ca-
nezou de jaconas, pomr petite fille. Il se
boutonne derrière.
Le n"* 14 est le devant qui se taille dou-
ble. Au milieu du devant, on coud, fron-
cée, à la vieille, une bande de jaconas
ornée de chaque côté d'un dessin de bro-
derie anglaise.
Le n*^ 15 est la moitié dn col. Il se bon-
tonne derrière. Deux signes semblables
indiquent où il se coud au-devant
Le n* 16 est le col ; il se boutonne der-
rière, et se garnit d'une bande de jaconas
froncée, ornée d'une broderie anglaise.
Le n"" 17 est une des manches.
Le n"" 18 est le poignet. Une étoile hi-
dique où il se coud à la manche.
Le n"* 19 est la manchette, elle se coud
au poignet, et se garnit d'une bande de
jaconas froncée ornée d'une broderie til-
glaiee.
.^'«ïOa
- «8 —
Le n"" 20 est la ceinture.— Est-ce fini!
— Oui, pour une partie de nos amies ;
non pour l'autre. Nous avons à expliquer
le re?ers>de cette planche. Ce patron est
la moitié du manteau Talma, replié en
long et en large.
Le n^" 20 est le dessin du haut du de*
vaut qui se continue par une grecque un
peu plus grande — une plus petite, — une
un peu plus grande et ainsi de suite jus-
qu'au bas.
Le n"" 21 est le dessin du bas.
Le n*" 22 est la moitié du dessin du mi-
lieu du dos.
Le n*" 23 est la moitié du dessin qui se
trouve au bas du dos, au milieu.
Ces grecques s'exécutent en lacet et en
soutache de soie, de la couleur du man-
teau, le lacet se coud de chaque côté, la
soutache se coud au milieu. Ce .manteau
se ferme par des pattes faîtes avec du lacet
de soie, et des boutons qui se placent au
milieu de ceux des ronds de soutache qui
se trouveut le plus près du bord.
Le n" 2li, Idaline, se brode au plumetis.
Le n*" 25 Aurore, se brode de même.
— Certainement, Aurore est joli à lire,
à prononcer, mais, quand on porte ce nom,
il ne faudrait pas vieillir... afin de rester
V Aurore aux doigts de rose, et de n'avoir
pas de neveux qui vous appellent : Ma
tante.,. Aurore,
— Il est heureux, Florence, que ce
nom soit venu te distraire, car je crois,
ma bonne amie^ que tu étals à bout de ton
dévouement et ma reconnaissance ....
— Attends pour me remercier.... nous
avons encore notre gravure de modes.
— C'est juste. La dame assise, celle qui
est en visite, a une robe de gros-de*Naples
vert, garnie de 9 rangs de dentelle haute
de 5 centimètres, cousus, froncés, chacun
à un passe-poil, cousus ensuite trois par
trois sur la jupe en formant de larges fes-
tons. Les manches, à deux coutures, ont
un revers garni de trois rangs de dentelle
cousus comme stfr la jupe. Le corsage,
ouvert devant, est orné de revers garnis
de trois rangs de dentelle, cousus de
même. Les sous-manches et la guimpe
sont en mousseline, garnies de bandes de
mousseline brodée. La capote est en ve-
lours groseille, ornée de dentelle noire,
autour de la passe et du bavolet ; le des-
sous de celte passe est doublé de satin blanc,
garni de chaque côté par de la petite
blonde blanche, et par des brides en satin
blanc. La jeune dame qui est chez elle a
une robe de popeline de soie à carreaux,
couleur tourterelle, dont les devants sont
ornés de trois >elour8, marron foncé, gar-
nis de petits glands de soie pareille. Son kat-
zaweck, en velours marron clair, a, devant,
deux rangs de velours marron foncé, gar-
nis des mêmes petits glands ; le même ve-
lours continue autour des basques; les
manches, à deux coutures, sont plus larges
du bas et forment chacune quatre basques
garnies aussi de velours. Ses sous-manches
sont ornées de garnitures en broderie an-
glaise. Son bonnet en dentelle noire mêlée
de dentelle blanche, est orné de rubans
blancs. Repose ta main, ma mignonne, et
causons... Qu'as-tu fait!-^ J'ai beaucoup
travaillé. — Tu as fait des choses nou-
velles? — Non, j'en ai rajeuni de vieilles.
— Comment cela? — J'ai remarqué que
la mode cet hiver est de garnir les gilets et
les devants des redingotes d'hommes d'un
galon de soie, large d'un centimètre, cousu
à cheval; ordinairement les redingotes
s'usent au bord; j'ai profité de la mode
pour garnir ainsi une des redingotes de
mon père. — Je vais faire la cour à mon
frère en lui rajeunissant ain^i un gilet.
Cela me donne une idée. Tu sais que les
cravates longues s'usent au milieu, je vais
en couper une, en deux, dans sa largeur
et la réunir des deux bouts par un surjet
bien fin. Ce qui est usé, se trouvera au bas
de la cravate ; Frick, rue de la Paix, n"" 1 1 , la
teindra en noir,cela fera les beaux joursde
mon orphelin.— Encore une idéel ma chère
Jeanne, lorsque les daps de lit sont usés, on
"if
l^S>iîy*-
— 29 —
les change delîsière.c'est toDnn.mais quand
ib sont encore plos osés, on peut les cooper
en deux dans leur hrgeor, réunir les deux
bouts par une couture à rabattre» et ce qui
est usé se trouvera aux pieds et à la tête...
cela fera de bons draps de domestique. A
propos de domestique: Un monsieur, qui
ade très-belles flearsdans son parterre, pré-
sumant qu'il allait Tenir un orage, dit à son
valet de chambre, « Charles, vous rentrerez
ces pots. — Oui, monsieur. » Charles dépote
les fleurs et rentre les pots. — Âhl que
c*est joli! — Une serrante était arrivée
depuis peu de sa province^ sa maîtresse lui
dit : n Allés me moudre ce poi?re i le mou-
lin est sur la planche de la cuisine. ^
Qu'est-ce que c'est qu'on moulin? —
C'est un petit instrument en .bois qui a
une maniTelle que l'on tourne quand on
a rempli le moulin. » La servante cherche,
trouve l'instrument , y met le poivre ,
tourne la manivelle, et revient auprès de
sa maltresse, en s*écriaDt toute effrayée :
« Mon poivre qui chante! » Elle l'avait
mis dans une serinette. — Ah I que c'est
drôle! T'ai-je dit que j'avais eu une
femme de chaajbre qui, au moment de
m'babiller, s'était retirée.. . par discrétion.
— C'est très-bien!... je te vois, obligée de
te lacer toi-même. — Du temps où les
lettres étaient taxées selon Féloignement
du lieu d'où elles venaient, notre cuisi-
nière se trouvait à la loge au moment
où arriva le facteur. — As-tu des lettres
pour madame?» lui dit -elle, Adélaïde
tutoyait tout le monde, eUe était vieille,
je appelai Adélaïde du Déclin. Le fac^
leur lui remet une petite lettre et lui de-
mande une somme assez forte. Adélaïde
ne savait pas lire. « £>t-ce que tu te mo-
de moi? s'écrie-t-elle, est-ce que tu crois
que je vais donner cela à madame... m'en
but une plus grande / » — C'est malheu-
reux que Jocrisse ait été inventé , ton
Adélaïde serait devenue célèbre. Quelle
toil^te comptes-tu porter au premier bal?
— Yoilà ce que j'ai décidé : Devant, mes
cheveux en bandeaux ondulés; derrière,
mes cheveux tournés en corde ; puis, sur la
tête, une couronne de boutons de roses
moussues, sans feuilles, plus grosses de cha-
que côté des joues, et là, de chaque côté
des joues, parmi les boutons, quatre bou-
cles de ruban de taffetas rose , dont les
deux bouts inégaux pendraient longs de 20
à 25 centimètres. Une robe de taffetas
rose : corsage à pointe, décollt té ; Berthe
ouverte sur les épaule^; manches courtes,
un peu larges du bas et diminuant de lon-
gueur à partir du coude jusque sous le
bras; sur l'ourlet de ces manches, sur ce-
lui de la Berthe, un bouillonné de gaze
rose. Des souliers de taffetas rose, et des
gants blancs. Pour entrer au bal, une pè-
lerine de satin blanc, ouatée, faite sur Iç
patron n"* 12, mais s'arrêunt au chiffre 60,
pour la longueur du dos, et au 9* bouton
pour celle du devant. Cette pèlerine aurait
un collet haut de 5 centimètres, piqué en
losanges, et, les devants et le bas seraient
piqués de même, sur une hauteur de 10
centimètres. — Tu viens précisément, ma
chère, de me décider pour le choix d'une
toilette. J'aurai une couronne de même,
mais en feuilles de houx, ornée de nœuds
et de bouts de ruban de taffetas blanc,
deux jupes de mousseline, celle de dessus
relevée , de chaque côté du devant, par
une branche de houx terminée du bas par
quatre boucles et deux bouts de ruban de
taffetas blanc; corsage à pointe, décolleté ;
les manches, forme pagode, ne tombant que
jusqu'au coude, relevées sous le bras par
deux boucles de ruban ; deux BerChes en
mousseline ornées^ chacune, d'un ourlet
haut de 2 centimètres, relevées devant par
une branche de houx terminée du bas par
quatre boucles et deux bouts de ruban«
Gants blancs. Souliers de satin noir. — Si
je suis d'un dîner prié, j'aurai une jupe de
gros d'Afrique, gris-perle, un canezou de
tulle blanc, à manches pagodes, des bra-
celets en tricot-corail; mes cheveux en
bandeaux ondulés et une corde de tricot-
c^Ô«<^
— 50 —
corail, termiaée par des glands , tournée
autoor de mes cheveux de derrière, re-
tomberait, de chaque côté de mes ban-
deaux. J'aurais des gants blancs, et des
bottines de prunelle noire. — Mon père re-
cevra des personnes de province, à dîner ;
comme je suis maîtresse de maison, tu com-
prends, ma Jeanne, qu*il me faudra une toi-
lette un peu plus grave que la tienne. J*aurai
une robe de gros-de-Naples marron : le cor-
sage colleté, à pointe, ouvert devant, lais-
sant voir une guimpe brodée. Comme à
table les manches pagodes renversent tout,
goûtent à tout, j'aurai des manches justes,
laissant passer un petit bouillonné de mous-
seline. Je m'étais fait pour ce jour une coif-
fure : c'était une étroite paille, longue de 30
centimètres, sur laquelle j'avais cousu un
fil d'archaly et que j'avais recouverte d'un
velours noir tourné en spirale; aux deux
extrémités j'avais cousu quatre boucles de
ruban de velours noir large de 8 centimètres,
laissant retomber deux bouts inégaux longs
de 20 à 25 centimètres, j'aurais posé cette
coiffure sur mes cheveux de derrière, de
manière à ce que les deux bouts retom-
bassent sur chaque oreille... mais c'est
un peu coquet... — Tu as raison ; ne mets
rien sur tes cheveux A propos de dtner,
une de nos amies de province, qui se trouve
dans ta position, me demande comment elle
doit placer les conviés de son père. — Lors-
que le domestique aura annoncé : Monsieur
est servi ! mon père présentera sa main à
la dame qui, par le rang de son mari, doit
êfre la plus considérée, il la placera à sa
droite*; les cartes mises sur les serviettes
suivront la même hiérarchie pour la gauche,
et les autres places ; moi, j'aurai quitté le
salon un peu avant, et me trouverai dans la
salle à manger. A ma droite, je placerai
l'homme le plus considéré par sa position
sociale : un ecclésiastique, un magistrat ; à
ma gauche, les cartes suivront la même hié-
rarchie, puis je m'assiérai, et ferai servir
les conviés en suivant le même ordre, c'est-
2(-dir6, tandis que mon père ferait servir par
sa droite, et moi par ma droite, ceux qui
seront l la gauche de mon père et à la
mienne, seront servis presque en même
temps.— C'est juste. — Je m'aperçois qae,
denos jours, la vieillesse n'est plus^ seule, un
titre I la considération, elle n'a droit quHi
nos respects. Un vieillard qui, tonte sa vie,
a été inutile à son pays, ne peut exiger les
mêmes honneurs qu'un homme, jeune en-
core, qui lui consacre sa vie.— Tu deviens
bien grave, Florence !. .. As-tu remarquéles
gracieuses étrennes qui s'offrent à nos re*
gards dans nos riches magasins? — Oui,
j'ai vu un bracelet formé d'un- serpent
vert roulé trois fois sur lui-même, et dont
la tête, qui s'appuie sur le bras, est cou-
verte de diamants ; un autre était formé
d'une lourde chaîne d'or soutenant on
cœur, un médaillon, une croix. Les mon-
tres ont des chaînes ornées de turquoises
du plus élégant travail. Les boucles d'o*
reilles se portent en boutons de différentes
formes : ronds, ovales. Pas de cdliers en*
core. . . cela va venir ; c'est si joli I puis,
cela couvre un peu ... il me semble* . . et l'on
est moins embarrassée quand on prend
place dans un quadrille. — Il faut que je
te quitte, ma chère Jeanne, et te souhaite
une bonne fin d'année... — Cest vrail
Adieu, année 1850, nous ne te reverrons
plus!. . . que dans notre sonvenfarl. . . puisse-
tu n'y laisser d'autre regret que cdui de
t'avoir perdue! — Allons, ma mignonne,
que ce regret soit remplacé par Tespoir.
— Tu as raison, Florence. Voici l'année
1851 qui arrive*., recevons-la bien; prions
Dieu pour la prospérité de notre chère pa-
trie, pour le bonheur de toutes nos tmies
absentes, pour la santé des nôtres... et ai-
mons-nous toujours. .. »
Florence me tendit la main; nous nous
séparâmes... les larmes aux yeux, et je
finis ma lettre en te disant : « Aimons-
nous toujours ! » Puissent tes mots trovrer
un écho dans ton cœur.. . car aulieud'un...
Adieu !... ce sera... Au revoir!
I. I.
-.^ —
ËPBÉHÉRIDES.
5 JÂlfYIER 1477. -" MOBT DE CHABLES l^ TÊMÊKàlRE^
Le pirissant doc de Boargogne arait déjà
perdu deux batailles (celle de Granson et
celle de Btorat) contre les Suisses, terri-
bles ennemis qull avait trop dédaignés;
it réunit ses dernières troupes, le ban et
farrière-ban de ses états, derant Nanci,
espérant terminer gtoneusement cette
triste guerre, et comptant même entrer
trioQipbant daos la ville avant le jour des
Rois. Il fut averti que les Lorrains, com-
mandés par le duc René» et les Suisses,
conduits par leurs magistrats^ ou landam-
mtms, ftSivançaient pour lui ofHr la ba-
taiHei H s*arma prompsement, liais ou re-»
marqua que le cimier de son oisque se
détacha el roula à terre : iiHoc est signum
Dei/ » dit le duc tristement II rangea ^es
troupiçsY commandées par Josse de La-
laing et par le grand-bâtard de Bourgogne.
A travers la neige qui tombait en abon-
dance, on vit les Suisses qui ppprochaient.
A la vue de l'armée Bourguignonne, ils
s'arrêtèrent, se mirent à genoux^ baisèrent
lesol glacé et firentleur prière; puis, se rele-
vant, ks gens d^Uri et d^oierv^alden firent
retentir au loin, et par trois ft)is, le son de
leurs trompes. Le duc de Bourgogne, re-
connaissant ce son terrible, qui rappelait
Granson et Morat, se sentit glacé jusqu'au
fond du cœur. Cependant, en homme vail-
lant, il encouragea ses soldats, donna ses
ordres et essay t éè fûre face à ses redou-
tables ennemiSb Mais, accablé par le nooa-
bre» il s'aperçut Uentôt que ses egurt»
étaient vaû». Ses troupes fuyainat de
tonte» parts» son eanp était eni tm, ses
meiOeurs amto morts ou prisonmtrs i M-
même^ emporté par le tourbiBon des
fuyards, disparttt dn ahamp de ba-
taille. Le combat avait peu duré et n'avait
pas été meurtrier. René de Lorraine en-
tra dans sa capitale qu'il venait de déli-
vrer, au son des cloches et an bruit des
acclamations popuhrlres. Le lendemals,
jour des Rois, il fit chercher sur le lieu du
combat le cadavre du duc Charles, mais
on ne put le découvrir. Le 7 janvier, le
comte de Campo-Basso, Italien au serrice
de Bourgogne, qui, la veille de la bataille
de Nanci, était passé aux Lorrains, vint
s'oflrir pour chercher le corps de son an-
cien maître; on alla vers un étang, et Q,
près d'une chapelle nommée Saint-Jean
de TAtre, on trouva une douzaine de ca-
' davres dépouillés. Une pauvre blanchis-
seuse de la maison du duc s'était mise
comme les autres à cette recherche ; elle
aperçut briller la pierre d*un anueau au
doigt d'un cadavre dont on ne voyait pas
la face. £)le retourna le corps m Ah! Mon
prince!» s'écria-t-elie. On courut à elle, on
dégagea ce corps de la glace de l'étang où
il était à demi retenu ; on le lava, et il fut
pleinement reconnu, à des signes particu-
liers, pour celui de Charles le Téméraire.
Le duc de Lorraine vint aussitôt, et fit
transporter ces'restes dans la ville. On les
exposa sur un* lit de parade; on posa la
couronne ducale sur ce front défiguré par
les blessures et la dent des loups, et le
vainqueur vint en pleurant baiser la main
de son malheureux rival.
Telle fut la mort de Charles le Témé-
raire, et la ruine de cette puissante mai-
son de Bourgogne. M. de Barante en a
excellemment raconté la gloire et la dé-
cadence, et "Walter Scott, dans Quentin
Durtcard et Anne de Geiersteint a peint
avec les couleurs les plus vives le carac^
tère dtt fils de Philippe le Bon.
Charfe»<}uint, arrière-petit-fils de Char-
les le Téméraire, réunit à Bruges, dans
un même mausolée, les restes du vaincu
de Nanci à ceux de sa fille, la douce Marie
de Bourgogne.
"ej&B^
.~ .^ ane fois commia ne s'efface plus,
D'eût-il en de suites fnnestes pour per-
sonne ; il subsiste pour celai qni l'a com-
mis ; il demeure comme nne lacune dans
nirtre existence, comme nne dëcbimre que
rien ne pent remplir, pas mSme les plus
hantes vertos.
M"* GUiZOT.
Tout amusement inutile est on mal pour
na être dont la vie est si courte et le
temps si prédenx.
J. J. RoossE&ir.
Rien n'est grand que ce qui est calme,
SÉNËQUE.
L'âme hunuine a soif de «vire, d'in-
terrc^er, de toncber par an point quel-
conque il on poni oir supérieur ï elle.
De Chaiifagnt.
Dans l'andenDe loi, Diea recenit dans
son temple les prémices des biens de la
terre; dans la nouvelle loi, le teffl|de où
nous offrons ces fruits et ces prémices,
c'est l'hôpital, c'est la demeure d'une paa>
vre famille, et les prêtres qui la reçoivent
an nom du Seigneur, ce sont ces orphelins,
c'est cette venve, ce père, ceite mère, qui
tiennent b {dace de Dieu.
BODBOUOUE.
Celai qui honore sa mère est comme un
homme qni ramasse nn trésor.
LlTBE OE L'ECCLÉSIASTE.
La compassion qni accompagne l'au-
mône est un don plus grand que l'aDmône
elle-même.
Uassilloh.
Craignez Dieu et votre âme vivra.
PSATJHES.
Pute. — Imprinteria de M"* V* DoBder-Dnpri, rw Salal-Loato, 46, an HtraU.
-«^^î-
i
Journal hs JDrmoisfllfS'.
,î,„i™„,, .i,.i ,ii»i'.„„.
— 83 —
LE COMBAT DES TRENTE.
Ploêrmel et Josselin sont deux petites
Tilles de l'aocienne Armoriqae, situées
aujourd'hui dans le département du Mor-
bihan, et dont la plus peuplée ne compte
guère plus de cinq mille habitants. La pre-
mière, Ploêrmel ou Plou-Armel^ doit son
origine à un château-fort que les premiers
ducs de Bretagne firent bâtir sur la route
de Vannes à Rennes, et son nom à Armel,
saint ermite du temps des rois mérovin-
giens, qu'elle a pris pour patron de son
. église paroissiale ; Plou- Armel, mot com-
posé, dérivé du celtique, voulant dire tout
simplement paroisse d'Armel. La seconde
de ces villes, Josselin, autrefois capitale du
comté de Forhoët, n*^t plus qu'un chef-
lieu de canton de Tarrondissement dont
Ploêrmel est le chef-lieu. Son admi-
rable château , élevé par un comte de
Rohan , seigneur du Porhoêt , atteste
encore ton ancienne importance féodale,
Ploêrmel et Josselin ne sont séparées l'une
de l'antre que par une campagne riante,
et une vaste lande, appelée la ifi-t/oie, qui,
vers le milieu du quatorzième sièclt, a été
le théâtre du fameux combat des Trente.
C'était au temps où Philippe VI était
roi de France, et Edouard III, son re-
douté rival, roi d'Angleterre. Depuis la
mort de Jean III, duc de Bretagne, en
13^1, deux de ses héritiers se disputaient
les armes à la main la succession de ce du-
ché, qui, certes, en valait bien la peine :
d'une part, Jeanne la Boiteuse, fille de
Gui de Penthièvre, frère atné de Jean II ;
de l'autre part, Jean, comte de Montfort,
troisième frère du dernier duc de Breta-
gne. Jeanne la Boiteuse avait épousé
Charles de Blois, neveu de Philippe de
Valois; Jean de Montfort avait été marié â
Da-muviiMB annéb, 4« stfan, — N* L
Mai^uerite, sœur de Louis, comte de
Flandre. Bientôt^ Jean de Montfort, jeté
dans une prison d'État par le roi de France,
laissa le champ libre à son concurrent; mais
Charles de Blois, prince naturellement
faible et absorbé par les pratiques d'une
dévotion excessive, ne sut pas se prévaloir
de cet avantage. En définitive ce furent
leurs femmes, Jeanne et Marguerite^ qui
supportèrent tout le poids de cette guerre,
dans laquelle Philippe de Valois prit parti
pour son neveu, et Edouard III soutint la
cause du comte de Montfort On sait que
les deux comtesses furent également re-
marquables par leur rare mérite, leur ca-
ractère énergique et leur courageuse per-
sévérance dans la bonne, comme dans la
mauvaise fortune. La comtesse de Mont-
fort, plus heureuse, l'emporta sur Jeanne
I de Penthièvre, et vit régner son fils sous
le nom de Jean IV. La guerre de succes-
sion de Bretagne, aussi sanglante que cala-
miteuse, s'était prolongée pendant vingt-
trois ans (13^1-1365).
Ce fut dans la dixième année de cette
guerre, que l'esprit de chevalerie entoura
les noms des villes de Ploêrmel et de
Josselin, jusqu'alors peu connus dans
l'histoire, d'une illustration qui, par sa dra-
matique et saisissante réalité, surpasse les
fictions les plus célèbres des romanciers
et des poètes. Une bataille générale, où
cent mille homme?, excités par des intérêts
rivaux, se seraient disputé la victoire, n'eût
pas remué si profondéoient les esprits que
le combat singulier dont le gage fut jeté
sous les murs de Ploêrmel et dans lequel
on ne vit figurer qu'un petit nombre de
chevaliers.
Quoique cette ville n*eût guère pour
3
"«^^îC^;
— M —
fortifications qae des palissades en bois,
comme on en élevait au moyen âge ,
sa position sur la route de Rennes à Van-
nes lui donnait quelque importance comme
place de guerre. En 1351, 'elle était oc-
cupée par les auxiliaires anglais de Jean
de Montfort, commandés par Richard
Benborough (1), A quelques lieues de
là , un illustre chevalier breton^ ami et
compagnon d'armes de du Guesclin, Jean
de Beaumanoir, maréchal «de Bretagne,
tenait le château de Josselin pour Charles
de Blois. Les soldats des deux capitaines,
dans leurs fréquentes rencontres, se dis-
putaient la possession du pays avec achar-
nement. Ces sorties, du côté des Anglais
surtout, étaient accompagnées par toutes
les horreurs de la guerre : il n'y avait pas
un endroit qui ne portât des traces de
mort, d'incendie on de ruine. La trêve
signée entre le roi Jean , successeur de
Philippe y l, et le roi Edouard d'Angleterre,
n'amena pas même la suspension des hos-
tilités. Richard Benborough continua de
désoler la campagne par ses inutiles et
insolentes cruautés.
Soit que le maréchal Jean de Beau*
manoh: regardât ces infractions répétées
à la trêve comme autant de bravades,
soit que les plaintes des paysans bretons
l'eussent touché, ainsi que le prétend un
vieux poète, il sortit un jour du château
de Josselin, avec « grand'foison de 'gen-
darmes et soudoyers, » et se dirigea vers
PloërmeL Son but était d'aller â la recher-
che des Anglais, et de prendre sur eux une
éclatante revanche. A son grand désap-
pointement, il arriva en vue de la ville,
sans les avoir rencontrés ; et comme un
litm qui mord les barreaux de sa cage, il
s'arrêta courroucé devant les barrières
« élevées par les alliés de Montfort » Sa
hardie contenance et son regard impatient
semblaient provoquer ces étrangers à une
(1) Prononcez: Bennbaurau,
sortie; mais, dit Froissart «nul de cib
dedans » ne se présenta. Le maréchal ne
pouvant amener la garnison anglo-bretonne
à un combat, prend alors la résolution gé-
néreuse de jeter un défi personnel à son
chef. Après avoir probablement fait quel-
que signal pour annoncer ses intentions,
il se rapproche encore de la ville, et de-
mande à parler au capitaine ennemi. Celui-
ci se montre à la porte, devant laquelle
l'attend fièrement le chevalier breton.
« Benborough I lui dit Jean de Beauma*
noir en l'interpellant vivement, y a-t-il, là
dedans nuls hommes d'armes^ vous ni au-
tre, deux ou trois, qui voulussent jouter
de fer de glaives contre autres trois, pour
l'amour de leurs amies? »
L'Anglais, calme et froid, repousse avec
un dédaigneux sourire et sans hésiter l'idée
d'un combat posé en ces termes.
«Leurs amies, répliqua-t-il, ne vou-
draient mie qu'ils se fissent tuer, lui on
les siens, si méiAamment d'une seule
joute; car c'est une aventure de fortune
trop tôt passée ; si en acquiert-on plutôt le
nom de folie que renommée d'honneur. »
Irrité du ton de blâme et de sarcasme
qui accompagne ce refus, le maréchal va
répondre avec sa vivacité ordinaire. Ben-
borough, par un geste, réclame son atten-
tion et lui donne à entendre qu'il n'a pas
fini.
« Je vous dirai ce que nous ferons, si il
vous plaît, ajouta l' Anglais; vous prendrez
vingt on trente de vos compagnons de
votre garnison, et j'en prendrai autant de
la nôtre. Si allons en un bel champ, là où
nul ne nous puisse empêcher ni destour-
ber; et là endroit nous éprouvons, et fai-
sons tant que on en parle au temps ave-
nir, en salles, en palais, en places et en
autres Ceux de par le monde. »
Autant Beaumanoir s'était senti offensé
par les premières paroles de Benborough,
autant il est charmé de cette proposition.
« Je m'y accorde t s'écrie-t-il avec joie.
I Or, soyez-vous trente, et nous serons,
Z^^'
— 58 —
.<53<S@
BOUS» trente aiusL Et le créante (1) ainsi,
par ma foi I »
« — Aussi le créanté-je, reprend le ca-
pitaine. Car là acquerra plus d'honneur
qui bien s'y maintiendra, que à une
joute. »
Rien, en ces temps héroïques, ne pou-
vait être {dus saon^ qu'un engagement
scellé par la parole de deux chevaliers. Le
combat des trente arrêté, on en régla les
conditions. De Ploërmei à Josselin, il y a
bien trois lieues, et cette distance est en
glande partie occupée par la lande de
Mi-voie. Au milieu de la lande, presque
dépouillée de verdure et toute couverte de
bruyères, il y avait autrefois un gros chêne,
remarquable par son isolement. L'arbre,
situé à une égale distance des deux villes,
fut choisi, de part et d'autre, pour lieu de
rendez-vous. Quant au jour de la ren-
contre, on convint que ce serait le 27
mars 1351. Le choix des combattants fut
plus difficile. Du c5té de Beaumanoir,
rembarras vintde la foule des concurrents;
du côté de Beuborough, de la difficulté de
concilier les prétentions opposées des
hommes de tous les pays, réunis sous ses
ordres. Il finit par adjoindre à sa petite
troupe, composée presque entièrement
d'Anglais, [dusieurs auxiliaires flamands et
quelques Bretons du parti de iHontlort.
Les trente compagnons du maréchal et les
trente partenaires du capitaine étant ainsi
bien désignés, il ne resta (dus, pour les uns
el pour les antres, qu'à se préparer à la
bitte : chacun y pourvut comme il l'enten-
dit, selon sa position, sa foi, ses aièctions,
ses goûts et son caractère.
Le 27 mars, la troupe anglaise, conduite
par Benborough, se rendit la première
sous les branches du vieux chêne. Le parti
français commandé par Beaumanoir arriva
plus tard.
Des deux o5tés, les tenants, bardés de
fer, avaient franchi sur de vigoureux
(1) £t le promets ainsi, par na foi I
coursiers la distance qui les séparait du
champ de bataille ; car, devant combattre
à pied, ils avaient voulu ménager leurs
forces. Tous, chevaliers, écuyers, gens
d'armes, étaient armés comme il convenait
de l'être pour une rencontre où tous les
coups ne pouvaient manquer d'avoir une
terrible portée. Ce n'était pas trop des deux
mains pour manier avecdextérité leurs mail-
lets de fer, qui pesaient jusqu'à vingt-cinq
livres, leurs énormes brancs d*acier (1),
leurs haches et leurs longs fanchards,
garnis d'un côté de crochets et de l'autre
côté d'un fer bien tranchant. Ils portaient
aussi des lances, des fauchons, espèce
d'épées courbées en (auciUe, des épées or-
dinaires et des dagues. Donc rien ne leur
manquait de ce qui pouvait décupler leurs
forces ou servir leur adresse : ni l'arme
pesante pour briser l'enveloppe métallique
dans laquelle chaque poitrine et chaque
membre étaient étroitement emboîtés, ni
l'arme légère pour trouver le défaut du
casque et de la cuirasse, et aller chercher
la vie derrière ses plus forts et ses plus sub-
tils reuranchements.
Quoique le chroniqueur se taise sur
toutes les circonstances étrangères au com-
bat, il est probable que la foule, toujours
curieuse et avide d'émotions, n'avait pas
non plus manqué au rendez-vous. Depuis
le jour où Beaumanoir était allé défier Ben-
borough sous les murs de Ploërmei, le
bnût de la lutte s'était répandu au loin.
Elle avait fait le sujet de tous les entre"
tiens du noble, du bourgeois, du manant^
dans les villes, les châteaux, les chaumières
du pays. Un peuple immense devait donc
entourer le champ de bataille; la lande,
ordinairement silencieuse et sillonnée seule-
ment par quelques pâtres, suivis de leurs
troupeaux, devait, ce jour-là, fourmiller
de vie , et bruire de ces mille voix con-
fuses qui annoncent la présence de la
multitude.
I (1) Espèces d'épées maisives.
i;©«£><-
'kjrip-'
'^^«!®,
^':^.
"''Pî^K*.
,i>V
^<y
— 36 —
Il n*y avait point de barrières pour con- \
tenir le peuple. On ne Toyait sur le terrain
ni tentes, ni galeries, ni pavillons aux
étoffes soyeuses, aux tapisseries, aux pa-
nonceaux éclatants ; en un mot, rien ne
rappelait la pompe militaire, le luxe de dé-
coration, la société brillante qui donnaient
alors un air de fête aux jou'es où les
chevaliers faisaient assaut d'adresse, de
force et de courage. G*est qu'il s'agissait
là de quelque chose de plus grave que de
rompre des lances pour conquérir les ap-
plaudissements de la foule on le sourire de
la beauté ; il y allait réellement, pour les
uns comme pour les autres, de Thonnenr
de leur drapeau et de la gloire de leur pays.
Sans doute le souvenir de leurs « amies »
s*était d'abord mêlé aux paroles de défi que
les deux capitaines avaient échangées, tant
les mœurs chevaleresques du temps avaient
d'empire sur les meilleurs esprits; mais
cette allusion, remarquez-le bien, était in-
tervenue comme un prétexte , comme un
sacrifice aux formes usitées, et presque
aussitôt elle avait été écartée pour faire
place aux sentiments de nationalité et de
rivalité qui remplissaient les cœurs intré-
pides du Breton et de l'Anglais.
Dès que les soixante cavaliers eurent
mis pied à terre, des pourparlers s'enga-
gèrent entre eux an sujet des conditions
de la bataille. II fut convenu qu'aucun des
spectateurs ne pourrait intervenir • pour
chose ni pour méchef > qui pourrait arri-
ver aux combattants; et, d'un commun
accord, ceux-ci intimèrent cette défense à
leurs amis respectifs. On arrêta, en outre,
que les champions « ne pourraient ni ne
devraient fuir. » Deux voies seulement leur
seraient ouvertes pour sortir du combat :
une mort glorieuse, ou la perte de leur li-
berté ; bien entendu» toutefois, que si le
chevalier auquel un des tenants se serait
rendu prisonnier venait à succomber lui-
même dans la mêlée» le captif serait im-
médiatement libre, pour le seul fait de ce
revirement de fortune.
Dès que les conditions de la lutte furent
réglées, les combattants se séparèrent en
deux troupes et se rangèrent en ligne de
bataille, tandis que les hommes attachés à
ieur service s'éloignaient en silence et avec
un sentiment de tristesse, convaincus qu'ils
étaient que beaucoup d'entre eux venaient
de parler pour la dernière fois à leurs
maîtres.
Un des chevaliers ayant donné le si-
gnal , les partis opposés se précipitèrent
l'un sur l'autre, comme un seul homme,
et avec un choc épouvantable ; on eût dit,
à les voir se mouvoir « tout en un tas, •
deux blocs d'acier qui se heurtaient, en fai-
s^pt jaillir de leur surface anguleuse mille
étincelles. Puis, de chaque côté, on recu-
lait, pour revenir à la charge avec un re-
doublement de fureur. D'abord les Anglais
eurent un avantage assez marqué sur les
Franco-Bretons. Deux des plus braves com-
pagnons de Jean de Beaumanoir, Geoffroy
Mellon et GeofiGroy Foulard furent tués ; et
trois autres, Tristan de Pestivien, Tvain
Gharruel et Caro de Bodogat, devinrent les
prisonniers de Benborough. Mais ces pre-
miers résultats ne servirent qu'à exalter
encore davantage, chez les uns l'espoir du
succès, chez les autres l'ardeur de la ven-
geance. La lutte devint aussi acharnée,
aussi sanglante, selon l'expression de Frois-
sart, que « si tous les combattants eussent
été des Rolands et des Oliviers; • et ils se
disputèrent tant et si bien la victoire, que
c tous perdirent force et haleine • et fu-
rent contraints de s'arrêter par l'impui^
sauce où ils étaient de continuer. On con-
vint donc mutuellement d'une suspension
d*armes afin de se donner le temps de
prendre du repos, et, pendant ces mo*
ments de trêve, chacun des chefs put
compter ses pertes. Six des tenants avaient
déjà péri: quatre Français et deux Anglais;
de sorte que le parti du marédial se trou-
vait réduit à vingt-trois combattants, et
celui Au capitaine à vingt-huit.
Les survivants s'étendirent, pour soula-
Sôî^
— 57 —
ger lenr extrême lassitade, sur ce champ
qu'ils ayaient t rosoyé de leur sueur et de
leur sang. > On leur apporta du vin d'An-
jou; beaucoup eu prirent pour étancher
leur soify tandis que d'antres étaient oc-
cupés à panser leurs blessures, ou li ra-
juster leur armure à moitié brisée. L'é-
puisement dai combattants était tel qu'ils
se reposèrent « longuement. *
Enfin, un des chevaliers, selon qu'il
avait été convenu, donna aux autres, en
se relevant, le signal de la reprise du com-
bat. On se remit fièrement en ligne, on
s'apprêta, avec une résolution nouvelle, à
donner ou à receyoir la mort. Le second
acte de ce terrible drame s'engagea donc
aussitôt; et s'il faut en croire le chroni-
queur, il surpassa encore le premier en
• belles appertises d'armes, » en prodiges
de courag3, en terribles péripéties. Les
champions, « gens pour gens, corps h
corps, mains à mains, se donnaient mer-
veilleusement grands horions, t avec leurs
courtes épées de Bordeaux, « raides et ai-
guës, » leurs haches, leurs épîeux et leurs
dagues. Jean de Beaumanoir était partout,
excitant les siens de la parole et de l'exem-
ple; d'incroyables efforts épuis^ent sa vi-
gueur naturelle. Blessé, affaibli par la perte
de son sang et dévoré de soif, il demanda
à boire : Bois ton sang, Beaumanoir^ lui
dit Geofiroi du Bois, et ta soif passerai
Mais i'ftme héroïque du maréchal fit taire
aussitôt'Ce cri qu'un moment d'angoisse
avait arraché à la faiblesse de l'homme ; il
rallia ses compagnons pour les ramener au
combat. Benborough se préparait aussi à
frapper un dernier coup. Tout au con-
traire de Beaumanoir, qui avait foi dans
la protection divine, le capitaine anglais
mettait son espoir dans les croyances su-
perstitieuses de sa nation : il rappelait à
ses hommes les prophéties de Merlin, qui
leur promettaient la victoire.
Les deux chefs se joignirent au plus fort
de h mêlée. Benborough parvint à saisir
le maréchal \ la gorge. Peut-être celui-ci
eût-il succombé, si un de ses compagnons
ne fût venu à son aide : le capitaine an-
glais, frappé d'un coup de lance à travers
sa visière, fut renversé sans via Sa mort
permît II ses trois prisonniers Bretons, Bo-
degat,'Gharruel, Pestivieo, de retournera
leurs frères d'armes et de reprendre une
part active à la lutte. Mais cet avantage
fut contre-balancé par l'énergie et l'intré-
pidité de Croquart, aventurier normand :
s'emparant du commandement de la troupe
anglaise, il l'exhorta à reformer sa ligne
de fer et à l'opposer aux Français avec
l'inébranlable fermeté qu'ils avaient dé-
ployée Eous les ordres de Benborough.
En effet, les courageux eiïorts des guer-
riers du maréchal continuèrent à se bri-
ser, presque sans résnhat, contre cette
barrière humaine , toute cuirassée d'ar-
mes défensives, et à travers laquelle ils
cherchaient vainement à se frayer une
ouverture. Le jour avançait, sans que la
victoire se décidât en faveur de l'un des
deux partis, quand un écuyer breton,
Guillaume de Montauban s'avisa d'un stra-
tagème qui changea tout à coup la face
du combat
Il se retire un ^moment à l'écart, sans se
laisser arrêter par les reproches qui l'assail-
lent de tons côtés, chausse ses éperons,
s'élance sur son cheval, tourne le dos aux
combattants; puis, décrivant un chrcnit,
il revient au galop sur les Anglais, les cul-
bute à coups de maillet et les foule aux
pieds de son destrier. Les compagnons de
Montauban n'ont pas platôt saisi l'inten-
tion de sa feinte retraite, qu'ils se hâtent
d'en profiter. Se jeunt avec impétuosité
dans les rangs bouleversés de leurs enne-
mis, ils les pressent, les attaquent en détail,
les tuent ou les forcent à se rendre. Il était
bien temps, pour tous, qu'il fût mis fin â
la lutte. Au moment où les Français se
trouvèrent maîtres du champ de bataille,
quatre des leurs étaient morts, et neuf
Anglais avaient péri ; ce qui revient à dire
qu'un cinquième environ des combattants
%^^^^i
-:: 'Ci
N^
^P^Sl.
»-«'
-. 38 —
anoft mccombé. Da dreste, les survivautA,
Ya&nqveurs on vaincus ne valaient gvè^e
mieux qoc ies morts : pacmi les qoataoLe-
neof hommes qui araieot échappé au car-
nage» il n*ea était aiiCDS doBt le corps et
le YÙage, taiités ou troués par le fer, ne
fiusent couverts de larges blesswies. t On
B*aTaît point en devant, passé avoir cent
ans (1), 1» dit le chponJqoeuTy « ont xtr-
corder ckase pareille. »
€e dut être nn beau' moment pour Jean
de Beaumanoir et pour ses compagnons
que celai oà, noblement défigurés par ces
marques de lutte et de sang, ils traver-
sèrent les flots de la foule qnî se près-
-sait sur leur passage, pour regagner le
« cbate! losselin. » Avec euxdievauchaieirt
leurs vingt et un prisonniers anglo-breioos.
<!îcux-ci, comme blessés, reçurent les mê-
mes soins que leurs adversaires de fa verlie;
\t maréchal de Rcaumanoîr et ses cheva-
liers se complurent à leur prodiguer les té-
moignages de i*estime qu'ils leur avaient
inspirée; et dés qu'une complète gn^'rison
permit à ces hôtes étrangers de quitter la
ville, îk furent rendus à hi liberté au prix
•d'une modique rançon.
Telles forent les causes accidentelles,
les péripéties et la fin glorieuse du « com-
bat des Trente : » véritable bataille de
géants, d'^ù les vaincus sonirent presque
avec autant d'honneur que les vainqueurs;
lutte înouie, oà l'efitheusiasme et fo gé-
nérosité des oombatcams ne knssèreiit au-
^:ane place aux combînaisDns de la poli-
tkfue ni aux calcvk de l'intérêt; dévofoe^
ment spontané et svMimey qui ne s»ngea
point à faire ses cMiAtions> en stipulant,
pour 'le parti victorienz, la redditkm des
vSes diePioâineil ou de Josselin. Aussi
n'ett-œ pas an point de vue d'une raison
' wilgaire qu'il faut se placer pom* com-
prendre radmsrable action des Trente.
(i) fl f avait pins de ceat ans fu'on n'avaàt
eBtflsiHcacooter chese pareiiia.
Elle €6t du nombre de ces faits dont l'in-
fluence est incalculable, parce qu'ils agran-
dissent et élèvent Tâme et l'esprit d'un
peuple, et qn'ils agissent par la puissance
de l'esemple, non pas seulement sur un
siède, mais&ur tous les âges. Voilà pour-
quoi, sans doute, la nation bretonne ne
niardiauda point son admiradon aux hé-
ros de Mi-Toie, quoique leur victoire eût
laissé les choses de la guerre précisénifint
en l'état où elles étaient aupai*avant; on
leur sut autant de gré d'avoir soutenu avec
un bonheur si éclatant la gloire du nom
franco-breton, que s'ils eussent gagné une
bataille rangée sur l'armée du roi Edouard.
Le sanglant tournoi, selon un vieux
poëie français, fut célébré ^r tretom les
États qui sont de ci la mer^ avec la même
ardeur que dans la province armoricaine.
Il pasi'a en proverbe de dire au sujet d'une
bataille bravement et longuement dispu-
tée : * On s'y battit œmme au combat des
Trente; » et pour donner une idée de
riaitérêt qui s'attachait à la personne des
combatlaoïs, il nous suffira de rappeler la
profonde impression que fit sur Froissart
la vue de l'un d'eux, Yvain Gbarruel. Ce
fut dans le palais de Charles Y, et parmi
les hôtes as&is à la table royale, qu'il en fit
un jour la rencontre. Très-probablement
Yvain fut amené, pendant le repas, à ra-
conter tout ce qui s'était passé et tout ce
qu'il avait fait dans la fameuse journée ;
et rbistorien dut, sans doute, à ce récit
une bonne partie des détails qu'il nous a
conservés, c Le chevalier» dit-il, avait Je
vis^e si taillé et si découpé, qu'on re-
connaissait bien que la bescgne fut bien
combattue. »
Le intiment national ne s'en tint pas
à ces vives démonstrations d'admiration
et de sympathie pour les Trente : un mo-
nument fut élevé £n leur honneur, sur
le champ de bataille, au milieu de la lande
de Hi-voie. £nfin, la famille de l'illustre
maréchal de Bretagne, jalouse d'avoir sa
part d'un tel souvenir , prit les mots :
%
^^iOG
Beaumanoir, bms ton sang! pow dMs
et pour cri de guerre.
Les PIoS^nle^ii3 se sont loujoars mon-
tré! fen dn trionptic ren^wrté pv 1» ma-
réstud de BosnaoB' i
hie* qnC'yboBMBreB'doiTC- phtâl
ee«z-ci es étaieu si ji^on qn'Ha. t/aàmai-
nïeM p» mSiiM' le partage ivk Wksioî^
riM. oD^nis tejoBr Aicoinbat, tHsiiien
177a, U. de Tousuin-Itichebonrg, «ae
«gfit* de rivalité r'eBt tobMs satre le
Meno'peDpledes AesxTille»; et se aewi-
ment, il n'y a qu'ose vingtain* dtené»,
donnait encore nsûsmce i bsiwoQp^
qnereltesrians les feires, los nMrtbé9et les
fttes da cantsn. »
Lm enfirom de Pfoftmel pw wui fc t de
becagrs, de cMnes, de hâlresi et àt cbltai-
jpàer», eBfreleBfnets s'éteDdnot de netes
praàiies, cAent des nt«i agréaMes. Han
lorsqu'on a saivi pendant naebciire envi-
RM la rame qni condnt i Jmsdin, on
Toit la ECène changer sabil«iiieM; le pay-
MSe, se dépomlbnt de ses belles tentnres
d*arbree, de ses riches taprj dcimlare, ne
présmte plus qu'âne Ta^te plhine, qo^Mie
hads ennUe pv la IniiTère. Cotie kmâe
est celle de la bataille des Trente. Si Pm
eMtinae i s'anncer vers Ji>seliB, on
apR-çeit bientôt, an-énsns dn pktitat[t»ns
fni bwdeat la ^le rivière ée l'Ougi, dis
flèches gothiques, des e<»Bl)lbs, de hautes
cbeminées; c'eM la eapitife de» aadens
ati|iHW« dn Poi^toH, escore tonte cmr
muée de ki baate svoctirre de bm d)ft>
. 38 —
;. iMu A 4es poétiques aouTenirs du uioyeik-
"âge.
Arretons-nons nn momwt k Bas-Gail-
tec, ftwninM- située k Teti de PktErmal
et au nord de lauoUa. U. amie-t-on,
le &MMU1 eUBftd&Mi-Toie iuil eaoore
dehoQt wn ICSS : A «ait sorrteiLi l'ag«
hérolqae de la chevalerie, ï la maison sou-
Teraioe de Hoatfoct, aa doc&A mtaM de
Bretagne.. taatiMsaeDtrilBleinalttBtioBB,
les bérwet les pauaauceB de ce noadel
BaG>, oc aoiuemporaîn dn BeaniBanoîr,
des Clisson, des du Gaescllo, dn Bcèaa.
dw RicbemoBt, tamis de iUnUk. Oft le
Pem^ça paa ane peàie ceaix «n pierM,
qui fai abattac t l'époque de 1» BësolaliM.
Hais qnwqne «con téneigaige o'y rapi-
pdât la gnode action d*a Trente, de
annbreui curiemo se rendaient ^ Ui-wte.
Ces marques d'intérêt psfalie étateat «a
aiertÎBMmeal peur l'admHualriliMt locale.
EUea frappèrent le caoMil de l'arrondiâM-
ment d» Ploèraael, qui propoei an coaseit-
gëaéral du déportmeat d'élew an. mtma-
aaent, à la méraeire dea ckeraUers bre-
tons. Ce projet ayant été adopté, oa poaa
la première piarte le il jafflet 18i9 : c'est
on obélisqae en ^nit, de qnàn» nètres-
de bantaar, sir le^ei sont intnls, d'un
cAté, la date de labaUUIe: 27 ma» 1351;,
et ée l'autre oftté hs loni des eenr
battanlB. Toot auprès «a a placé, œnnfr
nn soarenir tùtoiiqiic, la pierre sar U-
qocBe »l gravie naserytioD de 1'
ABEnniE GWLMRTi
— 40 —
BIBLIOGRAPHIE.
^•^
L'Éducation du Foyer ^ conseib aux mires
qui élèvent leurs fiUetf par M"^* A. Mo-
linos-Lafitte. Chez Desesserts , éditeur ,
passage desPanoramas, 38. Prix : 1 f. 50.
Il en est 'plusieurs parmi vous, mesde-
moisellesi qui peuvent un jour se trouver
chargées du soin d'élever déjeunes sœurs,
de jeunes frèreSt ce livre peut donc vous
être utile.
« Madame de Genlis et madame Gampan
ont écrit d*nne façon remarquable sur Té-
ducation des filles, dit l'auteur ; nuds la
première s'adressait aux gouvernantes des
jeunes personnes riches ; la seconde, aux
institutrices des pensionnats ; mère, je tra-
cerai pour les mères, dans un petit nombre
de pages faciles à parcourir, quelques-
unes de mes idées sur la direction à im-
primer au caractère du jeune garçon qui
doit devenir un citoyen, et à celui de la
jeune fille destinée à devenir une mère de
fiimille.
« Ce petit livre est partagé en trois épo -
ques : de deux à sept ans, de sept à treize,
et de quatorze à dix-huit J'écrirai ce que
j'ai vu, senti, observé avec une exacti-
tude consciencieuse , un désir ardent de
convaincre, enfin avec mes souvenirs;
ce ne sera pas un traité, mais une espèce
de petit manuel, mis à la portée de tontes
les mères, et bon à consulter dans l'occa-
sion, comme on consulte quelquefois un
ami. »
Nous allons extraire quelques-uns des
X conseils que renferme rÉducation du
Foyer.
« Ne placez auprès de votre enfant, même
pour les premiers soins, qu'une femme
qui n'ait rien de vulgaire, car en éduca-
tion il arrive trop souvent de voir son
œuvre détruite par des paroles indiscrètes,
des réflexions inconvenantes sur telle ou
telle défense des parents.
t ipiM'enez à l'enfant à se rendre compte
de tout ce qui est à sa portée ; répondez
à ses questions avec1l>ienveillance; ne lui
faites jamais une réponse évasive ; dites-lui
la vérité, s'il est possible, sinon, dites-lui
simplement que vous ne pouvez lui ré-
pondre, parce qu'il ne vous comprendrait
pas.
9 La peur étant un sentiment très-nnisi-
ble à la santé des enfants, il ne faut pas
souffrir qu'on le menace de l'ogre, deCro-
guemitaine, du loup, etc.
» Un enfont doit être vêtu selon la sai-
son et sans exagération ; dans un climat
aussi variable que le nôtre, des bas de
laine, en hiver, et des chemises de fla-
nelle, jusqu'après les dents de sept ans,
font éviter la coqueluche, le croup, la
fièvre cérébrale.
» Les bains sont bons en général, mais
on n'en doit pas faire abus.
» Pour la nuit, des chemises très-longues
et fermant, dan^ le bas, par une coulisse,
sont d'un usage parfait; les enfants peu-
vent les conserver jusqu'à l'âge de sept
ans.
I Les poupées exercent l'adresse et ser-
vent aux observations que l'on peut faire
sur le caractère des petites filles ; les mères
doivent favoriser ce jeu.
» Lf s amitiés prennent quelquefois en-
tre les jeunes personnes des proportions exa-
gérées; il faut que la mère se hâte d'ansêter
tes amitiés, car elles lui retirent une partie
de cette confiance que son enfant ne saurait
lui reprendre sans péril. >
Madame Molinos-Lafitte accompagne la
jeune fille jusqu'à ce qu'elle soit mariée.
Nous ne la suivrons pas, laissant aux
jeunes mères le plaisur de lire ce livre qui
respire la plus douce religion et la morale
la plus pure.
M°" J. J. FOUQUEAU DE PUSST.
^1^
— 41 —
UTTÉRÂTUBB fiTRAIVGËRE.
PROVEKBIOS ESPANOLES.
PROVERBES ESPAGNOLS.
Ai buen entendedor con média palabra basta. Le sage entend i demi-mot.
Ahora que te yeo, me acuerdo.
Qoien maeho alMrea, poco aprieta.
A buena gana no bay pan duro.
Hors de Tue, bon de souvenir.
Qui trop embrasse, mal étreint.
11 n*e8t sauce que d'appétit.
Diroe con quien andas, y te dire quien ères. Dis-moi qui tu bantes, je te dirai qui tu es.
Una golondrina no bace el verano.
Mo bay mal que por bien no Tenga.
Del mal, el menos.
Quien compra y miente su boisa lo siente.
No todas Terdades, son para diebas.
La ocasion bace el ladron.
Mas Taie am toma, que dose te daré.
Con la pacienda todo se logra.
A quien se bace miel , moscas se le comen.
Al bierro ealiente, bâtir de repente.
El bombre propone y Dios dispone.
Une birondelle ne fait pas le printemps.
A quelque cbose malbeur est bon.
De deux maux il faut éviter le pire.
Qui acbète et ment k sa bourse le sent.
Toutes les vérités ne sont pas bonnes i dire.
L'occasion fait le larron.
Un tiens, vaut mieux que deux tu auras.
La patience vient à bout de tout.
Qui se fait miel, les moucbes le mangent.
11 faut battre le fer tandis qu'il est cbaud»
L'homme propose et Dieu dispose.
LA CHMOIN£SS£ £T LE CHËVAUE& D£ UALTE.
I. — LES C&DETS DE FAMILLE.
<[ Ah 1 ma piuTre Henriette, on notis
stcrifie!
— Nous sacrifier! monconsinl Âi-je
donc l'air d'au victiaie T
— Vous, vous prenez toujoars le sort
«n bonne part, mais mol, je sontTre de la
deslinéfl.qa'oB me fair, et, je le jore, je
sanrai y écbapper I Je serai matelot, garde-
franç^M, amier... queiais-jttT... miisje
aeseni pas, malgré moi, cbevalierde Halte I
— HélasT mon pinm Gaston, vim les
cadets de la maison de Trëfille n'entrent-
ils pas en rdigionT Votre oncle esc grand-
bailli d« l'ordre de Sùat-Jeai; votre
grand onde Nicolas est comte-chanoine de
■ Lyon; fMl ...... »
Elle bit interrompne dans sa nomencla-
ture, par la bmsqnerie des monTcmems
dn jeuiM homme, qui arpentait la cham-
bre d'oB pas bmyant et saccad6 où se
pdgnait l'iadigMtjM kvônUe de son
Ame. Gaston de Trénlle était Sgé de dix-
itnit 108 ; SI 4gnre n^avrit 4*«A« Vmlé
^in'iine e^fH'ession intelligente et franche,
'egtfds surtout peignaient la can-
e-sau ime, kreip'il regardait sa
Henriette, qn'il diérissait comme
or. Cadet de sa maison, il était, dès
ance, destiné k entrer dans l'ordre
spitaliers de Saint-Jean , et pcH--
I bontonnlère la petite croix noire
Miintes, s^ne distinctif des chera-
1 consine, Jolie personne de seize
imier rejeton d'anc famille aussi
qne noble, était également destinée
lat, et sur ses habits, de conlenr
et modeste, elle portait nn lai^e
de soie bleae, liséré de ronge, ïq-
qnel était attachée une médaille d'or,' re-
présentant saint Bomaric, fondaleor des
chanoinesges de nemiremont [l]. Hen-
riette n'ayant pour tout bien que les
Tieilles chartes, les vieux diplOmes attes-
tant Qpuf géaéntiow de Mfalene clienle-
resque, devait jouir d^ine prébende dans
cet antique chapitre, orgaeil dfl la I/jr-
raine. Et en attendant qu'elle allât jouir
de ce privilège, elle bahiuit avec madame
de Trévîlle, aa graad'mère, nn vieux dil-
teau au bord de la Moselle ; c'était là
que Gasto> Ctail y«iri préanNcr ses A-
voirs à (on aïeule et i sa counne, avant de
s'embarquer sur une gaHre de la religion,
qui devait le porter )i La VaÛelte, où,
après nn court noviciat, it prononcerait
ses vœux «nin leimaiis^Dgruid-MalIre.
<t Mais, mon cousis, dit enfin timide-
ment Henriette , vous ne songeriei pas à
désobéir i votre père 7
— Je veux choisir mon sort, et ne pas
engager ma vie entière. oniqEemut sar
celte parole : Lei cadet* de Tréville m ont
toi^MÈTs agi de i» lorte I
— On vovs donne nue poaitioD hono-
rable....
(1) L'égl'itt ei le chapitre noble de Reofreroont
rorent foDdéi en 820, par mIdI Romatlc; lei
chiDoineHCf De falMlent aucuD visa : ellei
ponvilent reolrer dam le monde pour m ma-
rier. Il leur fallait, afia d'itre admiia, faire
preuTe de neuf géDénlloni de nobUue ehtva-
Itmui; elle* étaient loumlseï immédiaument
au laint^iéfe. Otte malMii poi'Mait, entre
■utrea privilège*, etlui de pouToir déllTrer 1
certain! joun tout le* priionnicn détenu* i la
(Conciergerie, et celui de l'împoier el'
dau le* contribnlloni de l'État, L'ai ~
pHoeei** de l'Empire, etiiég'ilt e
nal pour rendre justice i les
^.C^ii
— 45 —
— EBe Tétait autrefois ; mais anjonr-
d*hai, qne pèse, dans la balance dn monde,
répée d*un chevalier de Malte?
— Vous frrez tos caravanes ....
— Cest nne plaisanterie.
— Vous succéderez à la commanderie
de votre oncle. ..
— Je ne le désire pas... L'avenir ne
m'inquiète point,. le mien, s'entend; mais
le vôtre, ma sœnr, ma bonne Eknrielte. ..
— Oh I mon cher Gaston, je m'estime
bien heureuse...
— Dite»-vous vrai î
— Sans doQte. Pauvre, orpheKoe, sans
appui, je tronveraî à Remiremont un aâie
sûr, une protection honorable; une vie
cdme, où la prière, le tavail, les bonn«6
œuvres auront leur place; je ne demande
rien de pins.
— Sans affections?
— Et Dieu ! pour qui le comptez-voi»?
Revivra pour lui, je tâcherai de le servir,
e» iwtroisani les pauvres et les enfants,
et quand je serai bien vieille, vous me ra*-
conterei vob voyages, vous me Imz £aire
le tour du mondé, à moi qm n'aura ja«-
mais perdu de vue les tours de mon cha-
pitre. Que nous seroiM graves alors I...
IVionneinrle eommandeurl... Ittadame la
chanoinessel...
— Commandeur ? jamais l... Henriette,
retenez-le bien! Soyez heureuse, puisque
vous acceptez votre avenir, moi, je vais tâ-
cher de créer le mien. .. »
Gaston partit le lendemain pour Mar-
seille, laissant dans Tîn piétude son aïeule
et sa cousine, qui, toutes deux, priafent
pour lui.
II. — 1792.
Quatre ans s'étaient écoulés^ années
tirriblf s qui marqueront dans l'histoire,
car elles comprenaient tout l'espace écou!é
entre les états généraux de 1789, et la
ecnveiitien siégeant en 1792. Les habi-
tants du château de Tréville avaient eu
leur part 4es ^nieurs* puMîques : dimi-
nution de fortune, vagues inquiétudes»
craintes redoublées, angoisses ooi^umI-
le?, et à ces peines dudehers se joignaient
les doulienrs intimes, les croix domestî-^
ques, personnelles, dont la souArance'gé'»
nérale n'exempte pas. Le comte de Tré^
ville avait succombé, eu 1790, à une
courte maladie; Albéric, son fils aîné,
était mort nob^e.nent au 10 aoât,, et Ga»^
ton, après quelques mois de séjour à
Malte, avait formellement refiisé de pro-
noncer ses VŒUX, et s'était enrôlé dans h»
rangs de Tannée française, dès les pre-
miers monvementff qu'elle fit vers la fron-
tière de PEst. Sa désobéinuMMe et sa dé*
fection avaient navré de douleur l'ftme du
son aïeule, qui, retirée dans son vieux cfaâ<
teau de la Lorraine , n'avait plus d'autre
appui, diantre consohtion qu^Heuriette.
dont la pr^ade venait d'être saisie pat
les décrets révolutionnaires. Les deux
pauvres fernssee vivaient seules, presque
cachées au fond de ce manoir d'oà lenv»
ancêtres autrefois commandaient en sou-
^rains k toute la contrée; elles tn»»
blaient devant ke paysans, qu'avait itrités
depuis longtemps la rigueur avee hqudife
les comtes de Tréville exerçaient leure
droits, droits de chasse, tailles^ corvées,
privil^es féodaux dent l'injuste sévérité
était presque toufours adoucie par la bien-
faisance des cbâldlaiiies. M^is en ces jnnrs
d'effervesoence, le peuple ne ne sonvenaift
que des fautes qui semblaient légitimer
ses finrcuie, il eubliait les bienfaits répan-
dus par une douce main, le remède afi-
porté au mahde, ta layette donnée à l'en-
fant, les hospices fondés, les écoles on--
vertes, et tant d^autras bieniaits, qui ho-
norent la charité générense des femmes
llmçaises.
tJn jour do mois de décembre 1792,
la douairière de Tréville était assise dane
un petit saton reculé; Henriette, anprèe^
#e)le, lisait à haute voix l'admirable ser-
mon de Bossuet sur la Passion de JéH»-
€hrjBt; de temps en temps, elle sospen-
^e)©^-
"^^i^C
— 44 —
dait sa lecture, et regardait tristement la
campagne blanchie par la neige, le cid uni-
forme et gris, d'où les blancs flocons des-
cendaient lentement. Une tiistesse morne
régnait sur ce paysage», et pesait sur les
deux pauvres femmes , qui jamais ne s'é-
taient senties plus abandonnées qu'en ce
moment. Arrivée à la seconde partie du
sermon, Henriette ferma le livre, et dit, en
regardant tomber la m ige :
« Ce mauvais temps sera funeste au
paoïvre Simon.
— Tu l'as vu ce matin^ ma fille?
— Oui, bonne maman, je suis allée k la
ferme ; il souffrait beaucoup, il demandait ,
un prêtre, et Just, son fils, est allé cher-
cher M. le curé, qui est caché chez Hen-
riot, déguisé en vacher.
— Quelle époque » grand Dieu ! mon
pauvre fils est heureux de n'avoir pas
vécu plus longtemps ; il est heureux , il
est mort dans son lit... tandis que tant
d'autres... »
Elle n'acheva pas; sa fille lui baisa la
main en silence. Tout à' coup, on firappa à la
porte du petit salon ; Henriette ouvrit, et
Just, le fils du fermier, entra, pâle et l'air
troublé.
c Mon amil s'écria la comtesse, émue
à son aspect, qu'y a-til7... votre père...
— Mon père est mort, répondit le
jeune homme dont les lèvres tremblaient ;
il a prié pour vous, madame, qui l'avez se-
couru.
— C'était un digne homme, et Dieu lui
fera paix. Mais vous, mon cher Just, re-
tournez auprès de votre mère, elle doit
être inquiète et affligée...
— Je ne le pois, car elle-même m'a
ordonné de venir vous trouver. Vous ne
savez pas ce qui se passe dans le village,
madame; ce malin, au club, on a fait la
motion, conune on dit, de piller le châ-
teau, ce repaire de la tyrannie, comme ils
disent encore, et devons envoyer, sous
bonne escorte, à Metz, ainsi que made-
moiselle Henriette. Tons les mauvais su-
jets du village sont au cabaret ; ils boivent,
ils s'échauffent... avant une heure ils se-
ront ici.
— Grand Dieul que bire?
— Voulez-vous vous fier à moi, ma-
dame? j'ai quitté le lit de mort de mon
père pour venir vers vous; j'espère vous
sauver... Vous avez un escalier qui des-
cend au parc?...
— Oui, et l'entrée de cet escalier se
trouve dans le cabinet voisin.
— C'est par là qu'il vous faut partir sur-
le-cbamp. J'ai attelé à notre vieille carriole
un cheval que j'ai emprunté à un voisin,
qui croit que je vais annoncer à mes on-
cles la mort de mon pauvre père; j'ai
laissé cet équipage dans le sentier désert
de roseraie qui borde votre parc. . La
nuit tombe, personne ne nous verra par-
tir... et demain nous aurons passé ]a fron-
tière.
— Mais les lois contre les émigrés, ma
fortune, ou plutôt la fortune de cette pau-
vre enfant?
— Mais la vie, madame, la vie!... on
guillotine à Metzl »
La douairière frémît, et attira sur son
sein Henriette tremblante ; puis jetant an-
tour d'elle un long regard, elle murmura :
t Tout quitter I
— Madame, le temps presse.
— Mon pauvre garçon , vous exposez
votre vie I
— A la grâce de Dieu I Vous avez tou-
jours été bonne pour nous, madame ; mon
père vous aimait, et s'il vivait, il m'ordon-
nerait ce que je fais en ce moment. »
• Madame de Tréville parut prendre une
forte résolution. Elle se leva, ouvrit un
secrétaire d'ébène, qui occupait l'angle du
salon , et y prit un rouleau d'argent :
< C'est tout ce que nous possédons I »
dit-elle à Henriette.
La jeune fille leva les yeux au ciel avec
confiance.
« Mes bijoux sont dans mon cabinet de
V
.><5i«(3
- 4» —
toilette, ajouta la vieille dame ; ma femme
de chambre y travaille.
— N'y allez pasi madame; vos domesti-
ques vous trahisseat..
— Partons! répondit la comtesse; puis-
que les hommes me délaissent et me trom-
pent... je m'abandonne à Dieu! »
Henriette jeta sur les épaules de sa
grand'mère une pelisse fourrée, s'enve-
loppa dans la sienne, et prit un paquet où
elle avait rassemblé à la hâte quelques li-
vres, une boîte à écrire et à peindre, et le
peu de vêtements qni se trouvaient disposés
dans le cabinet voisin de ce salon. Au mo-
ment de franchir la première marche de
Fescalier qui devait la conduire hors du
château, la comtesse s'écria douloureuse-
ment : n Qu'il m'est dur de quitter ainsi
la maison de mes pères, le tou^beau de
mon mari et de mes pauvres enfants !...
Qoe n'y suis-je en paix avec eux ! »
Henriette pleurait silencieusement. £Iles
arrivèrent sans obstacle à la voiture, qui
les entraîna pendant plusieurs heures. Par-
venues au milieu de la nuit sur une hauteur
qui dominait tout le pays, elles virent au
bout de l'horizon une lueur éclatante,
comme si l'on eût allumé un immense
foyer an milieu de la campagne blanche
de neige.
« Ils ont mis le feu à Tréville I Tréville
n'existe plus ! » s'écria la douairière en re-
tombant au fond de la voitare.
Just ne répondit rien, et pressa le che-
val Henriette regarda encore les Oammes
d'un rouge sombre qui montaient an ciel,
et dit en son cœur : «c Adieu ! adieu pour
jamais 1 »
III. — ÉMIGRATION.
Vavbe aim yetix gris, comme dit
Sbakspeare, éclairait l'horizon, quand la
voiture des deux fugitives passa la fron-
tière^ Madame de Tréville embrassa sa fille
avec une sorte de joie amère, en s'écriant :
« Faut-il se réjouir en quittant le sol de
sa patrie! »
Lorsqu'elles furent arrivées à Luxem-
bourg, Just se disposa à les quitter. Ma-
dame de Tréville voulut lui ofliir une ré-
compense, car Just était pauvre, mais le
jeune homme s'y refusa absolument.
ce Vous avez aidé et consolé mon père^
dit-il, c'est moi qui suis votre débiteur.
— Prenez au moins cette bague pour
votre mère, reprit Henriette, vous me la
rendrez si des jours meilleurs se lèvent
pour nous. »
Le jeune homme prit l'anneau et le mit
à son petit doigt; puis, d'une voix étouiïée,
il dit : oc Au revoir, notre damel au revoir,
mademoiselle I »
Il sauta en voiture , et les deux exilées
suivirent longtemps des yeux le pauvre
paysan qui retournait vers la France.
La province de Luxembourg ne pouvait
pas offrir un lieu de refuge aux fugitives;
elles gagnèrent promptement Liège, et de
là, la Hollande, et arrivèrent au bout de
huit jours de voyage à Amsterdam. De
"l quelle tristesse poignante leur caur fut pé-
nétré en entrant dans cette ville, où plus
rien ne rappelait la France ! Climat, lan-
gage , mœurs , physionomie , tout était
changé. Après une nuit d'insomnie passée
dans une mauvaise auberge, elles se mi-
rent à parcourir les rues de la ville, déci-
dées i cbercbçr un logement, oi!i elles
pussent : (c Vivre de privations • disait la
comtesse. — De travail, » ajoutait Hen-
riette. Elles errèrent longtemps dans les
rues peuplées, mais silencieuses, de la Ve-
nise du Nord , sur ses beaux quais om-
bragés de tilleuls , le long de ses canaux
bordés de hautes maisons, élevées sur (?es
marches, et au sommet desquelles la cigogne
fait son nid. Un sentiment de curiosité
dissipa leur inquiète mélancolie, à l'aspect
de cette population étrangère et bigarrée,
où le robuste paysan de la Frise coudoyait
le Malais maigre et basané ; où la fermière,
parée de sa jupe écarlate, de ses voiles de
dentelle et de son diadème d'or, se croi-
sait avec la n^resse coiffée d'un madras
(È
'^^Qi
— 4C —
bariolé; où le bruyant matelot heurtait
brusquement de graves personnages vêtus
à la mode de Louis XIV. Grands penfdon-
naîres, membres 4^s États, ricbes arma-
teurs, puissants banquiers, fils de ces
hardis soldats, de ces sages politiques, qui
résistèrent à Philippe II, à l'Angleterre , à
la France, et faibles par leur nombre, me-
nacés par la nature et par les armes de
leurs ennemis, fondèrent au milieu des
flots la plus fière des républiques, et s'af-
fermirent par l'union et par la constance.
Ces réflexions occupaient l'esprit d'Hen-
riette, pendant que ses yeux, errant sur les
enseignes, cherchaient les appartements à
louer. Enfin, une inscription, en hollan-
dais, en français et en anglais, frappa ses
regards. Soutenant son aïeule, la jeune fille
entra dans une modeste boutiqtie où Ton
vendait des pinceaux et des couleurs , et
demanda à voir le logement qui se trouvait
vacant. La maîtresse du logis, à l'aide de
quelques lambeaux de français , invita les
dames à la suivre, et leur montra un petit
appartement, meublé d'une manière puri-
taine, dont une extrême propreté faisait
tout l*ornement.
« Restons ici, ma fille, dit la comtesse;
cette chambre est assez grande pour y
mourir, et je n'ai plus que cela à faire en
ce monde. Installons-nous, et quittons
cette chambre d'auberge, qui n'est pas à
nous, puisqu'elle est à tous. »
Henriette obéit, et le soir même leur
petit bagage fut arrangé dans les armoires
de chêne poli qui garnissaient la chambre
à coudier ; Bossuet, l'Imitadon, un volume
4e Racine, consolateorsemportés en fuyant,
dirent posés sur la cheminée de la salle I
manger ; Henriette prépara près de la fe-
nêtre une petite table sur laquelle elle
plaça ses godets, ses couleurs, ses vélins,
et dès qu*à l'aide de quelques emplettes,
soigneusement ménagées, elle eut pourvu
aux habitudes et a«x besoins de sa grand'-
mèr^, la jeo9e fille se mit au travail, im-
p^tiepte de réaliser le dmf^in qu'elle avui /
conçu. Elle prit conseil de son hôte, qui
joignait à la vente des couleurs le brocan-
tage des objets d*art, et d'après ses avis*
elle peignit un tableau de fleurs, un au-
tre de fruits et de nature morte, genres
auxquels die s'était particulièrement ap-
pliquée, et qu'elle traitait avec une heu-
reuse facilité de pinceau. Les jours qu'elle
employa à cette occupation furent des jours
d'espoir et de ravissement ; âme forte et
qui se révtiait dans le malheur, Henriette
jouissait d'être elle-même, de se sentir
bonne à quelque chose. Elle était heureuse
des soins qu'elle rendait à son aïeule, heu-
reuse de son travail, heureuse de ses espé-
rances, et ce fut avec la plus douce effusion
de cœur que, le dimanche venu, die se
réunit, dans la chapeDe catholique, à h re-
ligieuse assemblée des fidèles.
Au bout de trois .«emaines, ses tableaux
forent achevés et vendus pour les colonies,
où les habitants, qui sont eux aussi des
exilés, recherchaient ces peintures qui
leur rappelaient les productions de la mère
patrie. Le marchand de tableaux demanda
d'autres toiles, et Henriette se mit au tra-
vail avec une nouvelle ardeur. Elle ne
sortait que pouf aller à l'église, lieu chéri
de refuge et de paix ; au musée, où elle
étudiait les œuvres de Rachel Ruysch, de
Spaêndouck, et des peintres célèbres qui
ont reproduit avec le pinceau les belles
fleurs dont la Hollande est idolfttre. Par-
fois, vers le soir, la douairière et sa fille
allaient jusqu'au port, et, silendeuses, ap-
puyées l'une sur l'antre, elles regardaient
ks flots, à la même place peut-être où
Yondd, le vieux poète, vint s'asseoir du-
rant tant d'années, regardant toujours si la
voile de son fils apparaissait à l'horizon (i).
Les heures d'une vie laborieuse coulent
(1) Vondel, poète bollandaii» a fait ks tra-
gédies de Guy (i*Am$tel et de Luciftr; on croit
que MilloD s'est inspiré de cette dernière pour
la créa lion de son Paradis pnclu. Vondel mou-
rut, dit-on, de chagrin, a cause de l'absence de
son fils qui s'était embarqué pour les Iodes.
•OVT*
<i?V^
'^^!©G^
J
> _-•■
— 47 —
rapidement , et quelques années passèrent
ainsi, sans que leur poids parût trop lourd
aux deux exilées.
XY. _ L'omOER DB ta ItÊPUBUQUB.
La nation française avait étendu ses
conquêtes; les eavtliersde Pichegru« pas-
sant les eaux glacées du Rbin, de la Meuse
et du Zuyderzée (1), avaient envahi cette
Bauvie que tes flots n'avaient plus su dé-
fendre. Le ccenr de Henriette palpita,
lorsque, accoudée à sa fenêtre, elle vit pas-
ser les régiments français, défilant, fiers et
calmes; lorsqu'elle entendit les sons de la
hngue maternelle, doux comme une har-
monie à Poreille d'une exilée ; uae ivresse
guerrière exalta son esprit, lorsque les
clairons sonnèrent l'air belliqueux con^sé
pour les paroles de Cbénier :
La vicloire enchantant, baiis onvcse ia harrière
•»•
« Des Français! répétait-dle avec une
émotion de joie.
— Des répoMicainsI des ennemis I t'ê*
criait madame de TréviHe. Hélas ! mon en-
iSint , pevtpétre nou fMvenMiUis à fuir <le
noQveaik Regards cette kaiMèra : «e n'est
plus celle de L<»a«i aie Fontenoi!.*.
«- Ah! Maman» cet soldais sont si
bri¥6s!... c'est loiyovni caUe de Phon-
nenri»
fin pariaal ainsi , «Ue remarqua que
les soldats s'étaient arrêtés sur la pkoe voi-
sine, les armes en faisceaux, et qu'on leur
distribuait des billets de logement. Un offi-
cier s'avança vers la maison ; Henriette se
retira alors de la fenêtre, et reprit ses pin-
ceaux; bientôt elle entendit le nouvel hôte
entrer dans une chambre voisine, conduit
par la maltresse de la maison, et sTy instal-
ler après quelques paroles échangées aux-
quelles elle ne prêta nulle attention. Pen-
dant toute la journée, eHe entendit les
bottes de l'offider qui criaient sur le sable
dont la chambre était Jonchée, et sa voix
(1) 1704.
qui accompagnait le monvement régulier
de ses pas. Le sofa*, eUe l'entendit encore;
il chantait; elle fut tout k coup émue,
car elle reconnut un refrain familier anx
pâtres de la Lorraine ; et rien que d'en-
tendre cet air plaintif, cet air connu, qui
lui rappelait le manoir paternel, elle fondit
en larmes. Mais son attention un instant
attirée par cet incident, fut bientôt distraite
par des pensées pins graves : madame de
Tréville tomba malade, et tout^ Tafiection
comme tous les soucis de Henriette furent
concentrés sur sa vieille mère mourante et
sans ressources.
Alors disparurent les jours de paisible
travail, de labeur régulier; toutes les heures
de la jeune fiHe furent enchaînées au che-
vet du lit oâ souifrait son aïeule; les cbétives
économies, acquises par tant de privations,
furent promptement englouties, et, trem-
blante, Henriette vit approcher à grands
pas l'indigence absolue , rindigence sans
espoir, sans amis, sans protecteurs... Elle
vendit peu à peu les objets de quelque
valeur (hélas I en petit nombre] ; elle con-
nut la douleur de voir passer aux mains
d'un orfèvre ou d'un brocanteur, de pau-
vres bijoux riches des souvenirs de toute
une vie ; fl ne lui en restait plus qu'un seul,
et elle se résolut à en faire le sacrifice. EUe
sortit furtivement, et se rendit i h boutique
du joaillier, qui, sans hésiter, lui compta
une petite somme en échange de l'objet
qu'elle lui offrait, et, les larmes aux yeux,
une certaine joie amère dans le cœur,
Henriette regagna son logis. Elle ne s'était
pas aperçue que l'officier français, son
voisin, Pavait suivie à sa sortie, et avait
observé ses démarches. Il entra après elle
dans le maga^ de l'orfèvre, et demanda
à voir le bijou que cdui-'d venait d'ache-
ter. Le marchand le montra aussitôt : c'é-
tait un petit porte-crayon en vermefl, dont
le pommeau portait un écusson en losange ;
l'officier y jeta les yeux , changea de cou-
leur^ et dit aussitôt : « Je l'achète I » B paya,
et sortit précipitamment
"^^^QC
—.48 —
En peu de minutes, ii revint à son loge-
ment. L*hôtesse, d'un air triste, lui dit en
mauvais français : a La vieille dame est
bien mal la juffrouw est allée cher-
cher un prêtre... »
L'officier, de plus en plus troublé,
monta rcscalier» entr'ouvrit doucement la
porte de la chambre de madame de Tré-
ville, et ne voyant auprès d'elle que la
servante de la maison, il entra en étouf^
faut le bruit de ses pas.
La mourante avait les yeux fermés. Une
courte somnolence l'enlevait au sentiment
de ses maux et de sa fin prochaine. L'of-
ficier put contempler ce visage pâle, ce
front sillonné, sur lequel tombaient quel-
ques mèches de cheveux blancs, ces lèvres
d'où s'échappait un souffle intermittent
et pénible... Il regarda longtemps, s'ap-
procha enfin, s'agenouilla près du lit et
colla sa bouche sur la main froide de ma-
dame de Tréville. La servante, surprise,
poussait des exclamations en hollandais...
Réveillée par cette voix, la mourante ou-
vrit les yeux; ils se fixèrent sur le visage
de l'officier, puis, par un effort surnaturel,
elle se dressa sur son séant, et s'écria :
« Gaston ! Gaston 1 »
Sa voix avait eu d'abord une faible ex-
pression de joie, qui s'éteignit dans l'ac-
cent du reproche et de la douleur.
« Va-t'en 1 continua-t-elle en ajoutant
un faible geste à sa faible voix, va- t'en !.. .
parjure !
— Ma mère I répondit Gaston, ne me
repoussez pas!... Votre cceur m'a reconnu
malgré le changement de mes traits, votre
cœur doit vous dire que je ne suis pas in-
digne de vous...
— Traître à ta foi, à ton pays, à ta fa-
mille. . . » Elle n'acheva point, et loi jeta
un triste regard.
« Ma mère, reprit-il, j'ai obéi à ma con-
science en refusant une carrière où Dieu |
ne me voulait pas ; je n'ai pas cru dés-
honorer ma fanûlle en combattant sons les
drapeaux de mon pays, pour défendre les
frontières menacées. Cependant, si j'ai
failli en n'obéissant pas aux désirs de mon
père, en m'enivrant de ces idées d'indé-
pendance, chères au jeune âge.. . je me
suis repenti, et je suis encore un homme
d'honneur , je suis encore un chrétien/
— Si je pouvais te crohre 1 >•
Elle secoua la tête; les doutes aigris de
la vieillesse troublaient son esprit :
« Ma mère I ajouta le jeune homme ,
croyez-moi, pardonnez-moi, bénissez-
moi I »
Elle ne répondit pas. Au même instant
la porte s'ouvrit : Henriette entra, pâle,
éplorée, suivie par un vieillard de l'aspect
le plus doux et le plus vénérable. C'était
un de ces dignes prêtres que la révolution
française montra aux peuples séparés de
l'Unité, comme la meilleure apologie de la
religion catholique. Il s'approdia, salua la
marquise d'une parole et d'un sourire de
paix, puis jetant tout à coup les yeux sur
Gaston, il s'écria : ce Eh quoi I ne me trom-
pé-je pasi Est-ce bien vous, mon cher
libérateur?
— Que voulez-vous dire, mon père ?
Vous connaissez ce jeune homme ? de-
manda la comtesse étonnée.
— Comme quelqu'un à qui je dois la
vie. A Nantes, il m'a sauvé des fureurs
de Carrier, il m'a donné des habits, de
l'argent, et si je suis ici, c'est à lui seul
que je le dois.....
— A mon enfant ! dit la bonne dame
en joignant les mains.
— J'ignorais son nom...
— Gaston de Tréville, mon père!
— Votre petit -fils! madame... Eh bien!
je le dis pour réjouir votre oeur de mère,
il est non-seulement un courageux soldat,
mais encore un chrétien sincère.. . il en a
rempli avec moi tous les devoirs. .»
La marquise, épuisée, mais heureuse,
.tendit la main à son petit-fils.
Henriette s'approcha tout émue :
« Je te la confie, Gaston, murmura ma-
-- 49 --
dame de Tréyille, sois poar elle on bon
frère...
— Ma mère, dit-il, si Henriette y con-
sent, permettez qu'elle soit ma femme;
elle m'aidera à servir Dieu. >
Madame de TréviUe inclina la tête et
réunit dans sa main les mains de ses en-
fants. Le bonheur avait un peu ranimé ses
forces, elle vécut encore quelque temps,
et put bénir l'union des deox cousins que
la Providence avait destinés l'un à l'autre.
Gaston ramena Henriette à Tréville,
bien de son père, qu'on n'avait pu lui ar-
racher ; il fut heureux et béni avec elle,
car y dit l'Écriture, kz pères et le$ mères
donnent les richesses^ mais c'est le Sn-
gneur qui donne à Vhomme une femme
prudente.
W £V£UNE RiBBEGOURT.
. <- •«•'. ^< «M '
LA REINE DES SYLPHES.
>
L'ombre du soir entoure la nature ,
Devant ses pas le jour s'est éclipsé ;
Plus faiblement chaque ruisseau murmure.,
Sylphes , debout ! mon règne a commencé.
Oh I maintenant
Que notre chant
Mène la danse ,
Et qu'en cadence
Nos pas joyeux
Charment les yeux.
Déjà les fleurs ,
Nos jeunes sœurs ,
Dorment ensemble ;
Le nid d'oiseau
Dans le rameau
Sous le vent tremble.
O douce nuit !
La brise fuit
Tout embaumée ;
Nous n'entendons
Que nos chansons
Sous fa ramée ;
Nul indiscret
DjUS la forêt
]>a-iiBQTiftMB ANMiB, 4« séniB. — :N<^ II.
J^^
— 80 —
Ne nous flienace :
Vite , éumms ,
Sons ces IraisBons
Est notre place I
Or, pendant qne b natt passait sâendeuse.
Les sylphes gracieux se balançaient en chœnr,
Effleurant doucement, de leur danse moetteuse,
Le gazon émailié^ sans ternir sa fraîcheur.
Sous leurs agiles pas l'herbe à peine s'agite...
Mais ?oilà que le jour rend Thorizon vermeil :
Chaque sylphe soudain , reyolant ?ers son gite.
Dans le sein d*nne fleur se dérobe an solefl.
( Impressions et Rêveries,) M"' Lodisa Stappaerts.
SALON DE 18S1.
Premier artiele.
La première exhibition publique des
ouvrages des artistes peintres^ sculpteurs
et grayeurs, a eu lieu en France dans la
cour du Palais-Royal, en 1673. Elle se
composait en tout de cent trente-deux mor-
ceaux. C'était bien peu en comparaison de
celles de notre temps, qui comptent par
milliers; mais en reyanche on y voyait
les Batailles d'Alexandre par Lebrun, des
tableaux de Bon Boulogne, de Philippe
de Champaigne , d'Antoine Stella , de
Yandermculen , de Jacques Comtois, dit
le Bourguignon, et des morceaux de sculp-
ture de Girardon, Lehongre, Desjar-
dins, etc.
Après soixante dix-sept années écoulées
nous trouvons revenue à son berceau l'ex-
position des peintres et sculpteurs vivants.
C'est au Palais-National qu'elle a lieu
cette année; mais comme cet édifice n'a-
vait ni l'étendue nécessaire ni la distri-
bution convenable, on a été obligé de
construire un grand pavillon dans la cour
d'honneur du palais. Ce b&liment qu'on i
dit ne devoir être que temporaire est par-
faitement approprié à sa destination. Il se
compose d'un grand salon central, construit
dans les proportions du salon carré du
Louvre et des quatre galeries qui Tentou-
rent L'ornementation de ces diverses
salles est simple et de bon goôt ; la lu-
mière venant du haut, elles sont parfaite-
ment éclairées. On n'yii pas non plus
négligé le comfqrtable; elles sont très-
bien chauffées^ ce qui n*est pas à dédai-
gner, vu l'époque choisie cette année pour
l'exposition. Le grand salon carré et les
galeries qui t'entourent sont particulière-
ment destinés à la peinture, néanmoins
on y a disposé çà et là quelques statues ;
cette innovation qui nous parait heureuse
est généralement approuvée. Le vestibule
du palais, qui avait trois entrées et trois sor-
ties pour aller de la cour de l'horloge à
celle d'honneur, a été converti en salle
d'exposition ; cette salle, et une galerie atte-
nante contiennent les sculptures. Quant
aux appartements du premier étage du
.><7^®
— Si
palais on y trouve encore une grande
quantité de peintures qni n'ont pn trouver
place au rez-de-chaussée, puis les dessins,
pastels, gravures, lithographies, archi-
tecture, miniatures, etc. Enfin, le nombre
total des objets d'art admis cette année
s'élève à 3923.
Les œuvres les plus remarquables et les
toiles de grande dimension ont été placées
dans le bâtiment neuf. En entrant dans le
grand salon carré, l'attention est d'abord
attirée par le beau tableau de M. Yincbon,
représentant une scène des Enrôlements
tolontaires sur la place de V Hôtel de Vilky
UnjnilUtMn.
L'Assemblée Législative était divisée par
des partis opposés. Presque toute l'Europe
avait pris les armes contre la France, et
déjà les troupes étrangères s'avançaient
vers les frontières. En présence de cette
situation alarmante, le président de ras-
semblée Législaiive déclare la pairie en
danger. Dès cet instant, toutes lesanimosi-
tés s'oublient, les opinions les plus oppo-
sées se réunissent dans l'intérêt commun.
Des amphithéâtres sont élevés sur les pla-
ces publiques et principalement sur celle
de l'Hôtel de Ville. Là, des officiers muni-
cipaux inscrivent le nom des citoyens qui
viennent s'enrôler volontairement pour se
porter aux frontières.
Cet élan patriotique qui contribua si
puissamment à sauver la France de l'in-
vasion étrangère a été très-bien rendu par
IM. Vinchon. Les groupes sont bien agen-
cés, ils sont pleins de vie, et le mouve-
ment en est simple et naturel. Dans ces
sortes de compositions rien n'est plus à
redouter que Peffet théâtral; M. Vinchon
l'a évité avec beaucoup de bonheur. Ces
jeunes gens qui partent si ardents, si una-
nhnes, parce qu'il s'agit uniquement de
sauver Thonnenr du pays, c*esi la réalité
même; on ne saurait trop louer surtout la
pose du jeune Gouvion Saint-Cyr, depuis
maréchal de France, qui est à leur tête et
semble les guider. En avant de l'amphi-
théâtre, le génl?ral Dumourier encourage
les citoyens dans cet élan national ; près
de lui, Pétion, maire de Paris, promet
aux épouses éplorées que la ville subvien-
dra aux besoins de leurs enfants, en Fab-
sence de leurs pères. Les tribunes sont
l'emplies de femmes^ parmi lesquelles on
remarque madame Roland, applaudissant
à ce noble courage ; plus loin on distribue
des armes.
M. Muller nous a retracé des scènes
bien différentes appartenant à peu près à
la même époque. Son Appel des dernières
victimes de la terreur est une page saisis-
sante de vérité, devant laquelle on demeure
cloué, malgré l'horreur qu'inspire le sou-
venir de ces temps désastreux. M. Muller
nous introduit dans la prison de Saint-La-
zare, où se trouvent pêle-mêle hommes et
femmes de tous âges, de toutes condi-
tions. L'anxiété est peinte sur tous les vi-
sages, le désespoir sur quelques-uns I Au
second plan du tableau un représentant
du peuple, debout, tient un papier à la
main; c'est la liste des victimes cpi'ilva
conduire au bourreau. Il les appelle avec
une impassibilité qui contraste d'une ma-
nière effrayante avec les cruelles angoisses
des prisonniers ; les plus accablés ne sont
pas ceux qui bientôt vont cesser de vivre,
mais bien ceux qui se voient condamnés à
survivre à le«rs parents, à leurs amis, et
à les voir arracher de leurs bras. Tous les
rangs étaient confondus sur cette liste; on
y lisait les noms de madame Leroy, actrice
delà Comédie Française, M. Hébert, ex-
curé de Courbevoîe, madame Sabine Viri-
ville, femme de Bessejouis de Roquelaure,
ex-marquis, Antié, dit Léonard, coiffeur
de la femme de feu Capet, Saint-Simon,
ex-évêque d'Adge, le poète André Ché-
nier... des ex-princesses, des soldats, des
ouvriers. Ces scènes sinistres sont rendues
par M. Mufter avec un talent au-dessus de
tout éloge. Bien pensée, bien exécutée,
cette œuvre capitale impressionne vive-
ment le public.
^^^4
C€>^^
— »a —
Les Fiancés de Manxoni oot fourni à
M. Coubertin le SDJet de son tableau, su-
jet bien triste encore, mais rempli d'inté-
rêt; c*est un épisode de la peste de MUan.
c Alors une femme dont Taspect annon-
)> çait une jeunesse fatiguée, mais non pas-
» sée, descendait au seuil de la porte...
» elle tenait dans ses bras une jeune en-
» faut que la mort semblait avoir endor-
» mie sur son sein, et qu'elle sïtait plue à
» parer de Têtements d'une éclatante blan-
» cheur, comme pour un jour de grande
» fête et de joyeuse solennité. La majesté
de sa douleur imposa à cette race perdue
» qui faisait métier de charrier les corps ,
» profanant souvent les cadavres et les dé-
» pouillant toujours. Un de ces hommes
» voulant prendre la jeune fille morte des
» bras de sa mère, celle ci leur fit signe
» qu'elle voulait la déposer elle-même dans
» le tombereau et l'y ensevelir dans ses
» vêtements sans qu'une main profane
» touchât ce corps si chaste et si jeune;
» émus de pitié, les fossoyeurs lui promet-
» tent de respecter sa demande... Ce soir,
» dit-elle en remontant, vous pouvez ven'r
» chercher mon corps, j'aurai rejoint ma
» fille. »
M. Coubertin a été bien inspiré par
Manzoni II a compris et rendu avec fidé-
lité le sujet qu'il lui a emprunté.
VAbdiccUiondu dogeFoscan^ par H. Du-
veau, mérite de fixer l'attention; il y a
beaucoup d'originalité dans l'exécution de
celte toil^.
« Lorsque le décret qui obligeait Fos-
» cari à se démettre de sa dignité fut porté
» au. doge, ce fut Loienzo, son ennemi,
» qui eut la cruelle joie de le lui présen-
» ter ; il répondit : Je me conformerai au
» décret : puis il se dépouilla des marques
» de sa dignité, remit l'anneau ducal et
» quitta le palais qu'il avait habité pendant
» trente-cinq ans, accompagné de son frère
» et de sa belle-fille. On l'in^ ita à descendre
» par un escalier dérobé, afin d'éviter la
n ioule du peuple qui s'était rassemblée
» dans les cours ; mais il s'y refusa, disant
» qu'il voulait descendre par où il était
» monté, et quand il fut au bas de Tesca-
» lier des géants, il se retourna, appuyé
» sur sa béquille, vers le palais, en pro-
» nonçant ces paroles : Mes services m'y
» avaient appelé, la malice de mes enne-
» mis m'en fait sortir. »
( Daru, Histoire de Venise. )
Voilà les plus grandes pages du Salon,
mesdemoiselles; nous continuerons dans
un prochain article.
M™* Edmée de Syva.
CHRONIQUE MUSICALE.
Le succès de l'Enfant Prodigue^ bien
qu'annonce avec une pompe et une obsti-
nation dignes d'une meilleure cause, ne
promet pas d'être durable, et l'Opéra,
après quelques représentations consécuti-
ves, a cherché dans d'autres éléments une
fortune qui se faisait attendre. Ce n'est pas
que la jolie musique de M. Auber perde à
être entendue plus d'une fois ; loin de là ,
mais l'ensemble de cette œuvre ne peut
remplacer un intérêt véritable par le luxe
inou! et c[uelquefois surabondant des ac-
cesaoires.
Puis est venue la première représenta-
tion d'un nouveau ballet de MM. Théophile
Gautier et Saint-Léon : Pâquerette. La
musique e^t de M. fienoist; une valse sur-
tout est'r«^marqnable; quelques autres airs
de daose d'une facture gracieuse pourront
produire un bon effet au piano. On adonné
avec ce spectacle le petit opéra le Rossignol^
qui renferme un air de soprano avec acoom-
«y !>
'^^^
— »5 —
pagnemeat de flûte qui pent coDTenir aux
Yoix lé-gères et aux talents déjà faits.
S'il est nne administration infatigable,
c'est celle de l'Opéra-Comique ; rien n'é-
gale son étonnante activité , si ce n'est son
bonheur : bonhenr bien placé, du reste,
car directeur, artistes, compositeurs, tous
rivalisent de zèle ; l'empressement du pu-
blic répond à cette bonne volonté et à cet
appel séduisant : c'est justice. Après le
Caïd, le Songe d^une nuit d'étés Giralda,
la Chanteuse voilée , c'était dernièrement
le tour de la Dame de pique^ de M. HaléTy.
Le sujet a été emprunté par M. Scribe
à un auteur russe. Rien de bien original
dans l'action ; pour mobiles, la passion du
jeu et une protection mystérieuse.
L'auteur du Val d'Andorre a traité ce
SDJct avec ce talent consciencieux et agréable
qai obtient les suffrages du plus grand
nombre des auditeurs , bien qu'il manque
quelquefois de véritable inspiration. La
Dame de pique a obtenu un brillant succès,
dont une bonne part revient aux artistes.
Nous citerons parmi les morceaux que vous
pouvez chanter la romance et l'air : Cré-
neaux qtieje vois apparaître 1 le duo pour
soprano et ténor : Dans ces murs solitaires,
et les couplets du troisième acte, suivis
d'un duo : Ne stiis-je pas une sœur^ une
amie? Nous avons aussi remarqué au
commencement *de la pièce une légende
d'un bon ( ffet.
Le Théâtre Italien a donné successive^
ment la Figlia del regimento^ la Sonnam-
hula^ il Barbiere, Don Pasquale^ sans que
le talent immense de M""* Sontag et la verve
toujours jeune et toujours plaisante de La-
blache, peu secondés d'ailleurs, eussent
fait une salle parée , animée et sans vides,
comme dans les beaux jours de ce théâtre.
Ce miracle dans lequel ils avaient échoué ,
une jeune ûlle l'a opéré tout à coup.
M"* Caroline Duprez, fille et élève du cé-
lèbre ténor, a débuté , le 9 janvier , dans
Lucia di Lammermoor, de Donizetti. Son
père chantait le rôle d'£dgardo. Jamais
triomphe plus complet n'a été obtenu
Mlle Duprez est la réalisation vivante de la
Lucie de Walter Scott, et sa voix, d'une
fraîcheur et d'une pureté parfaite, est di-
rigée avec une assurance, une hardiesse,
un goûs une agilité qui font le plus grand
honneur au maître et à l'élève. Aussi l'en-
thousiasme a immédiatement gagné toute
la salie, et chaque apparition que fait main-
terant W^" Caroline Duprez est pour elle
une pluie de bouquets et un concert de
bravos.
Les sociétés musicales continuent leurs
séances et rivalisent d'habileté dans la com-
position de leurs programmes. Les œuvres
immortelles de Beethoven, de Mozart, de
Haydn trouvent dans ces réunions de dignes
Interprètes.
V Union musicale, dirigée par Félicipu
David, a conservé le rang qu'elle avait
pris entre ces sociétés dès sa fondation;
l'exécution répond à l'habiletédu chef d'or-
chestre.
La Société Sainte-Cécile , rivale del'î/-
nion , doit la plus grande part de sa réus-
site au zèle intelligent de son directeur,
M. Seghers. Ami de la vieille musique, qui
est presque toujours la bonne, jce cher-
cheur infatigable trouve sans cesse pour ses
auditeurs quelque curiosité charmante des
premiers temps de l'art français.
Hector Beijioz , à la tête de la Grande
Sodétéphilharmoniqiie de Paris, lutte avec
avantage contre ces deux adversaires re-
doutables. Il appelle à lui les talents les plus
divers. C'est ainsi qu'il a fait apprécier par
son public le talent si précoce et hi ex-
traordinaire du jeune violon Julien. Cet
enfant de dix ans, qui, après quelques mois
d'études au Conservatoire, y a remporté le
premier prix, diffère singulièrement des
autres jeunes merveilles. On arrive à faire,
des doigts de certains enfants, de petites
machines qui dévorent les notes avec une
rapidité qui étonne au premier abord, mais
qui chagrine après, car il n*y a rien au
delà. Ce jeune artiste, au contraire, fait
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— »4 ~
chanter son instrument avec un sentiment
exquis, et donne à la musique qu'il' joue
toute l'expression dont elle est susceptible.
On peut prédire une brillante carrière à un
enfant dont les débuts sont si remarquables.
Le célèbre baryton Géraldy est de retour
à Paris. Rien n'égale la souplesse et la Ta-
ri^té de ce talent hors ligne ; il compose-
rait à lui seul tout un concert. Les mor-
ceaux qu'il chante de préférence cet hher
sont un duo du Puits d'Amour, de Balfe,
le trio du Torréadar^ et comme romances:
André, deBonoldi, la Sérénude, de Stads-
feld, (t Rien, de Hocmelle. Nul ne sait
mieux que lui saisir les diverses nuances
de cette musique, et nul ne chante aiec une
plus excellente méthode.
Oscar Gomettant vient de faire paraître
des Etudes pour piano qui seront égale-
ment recherchées par les professeurs et par
les élèves. Ces exercices, composés spécia-
lement pour faire acquérir aux pianistes le
seniiment de l'expression et des nuances,
remplissent une véritable lacune et ren-
dront un service éminent à toute personne
qui comprend que l'art ne consiste pas à
faire entendre plus ou moins de notes dans
un temps donné, mais bien à faire rendre
par ces notes lldée et l'intention du com-
positeur. Nous recommandons vivement
à nos lectrices ces études, qui n'ont rien
d'aride , et qui sont nommées des plus jo-
lis noms. Une série de vabes faciles et gra-
cieuses, les petits Oiseaux, du même auteur,
doit convenir et plaire aux jeunes pianistes ;
elles se distinguent surtout par une com-
position irréprochable de tout point
Nous avons entendu un quadrille de
Çîlodo sur l'album Bonoldi. Les jolis motifs
des diverses romances qui le composent ont
été arrangés de la façon la plus habile , et
ce quadrille , plein de gaieté et d'entrain ,
a été redemandé plusieurs fois. Il est du
pet't nombre de ceux qui ne perdent rien
à être réduits pour le piano, car les motift
restent, et ils sont pleins de charmes.
Nous terminomv par une réponse. On
nous a demandé l'indication au métronome
du mouvement des airs de dan^ Ce mou*
vement n'a point de règles jn^clses; il dé-
pend du goût, du caractère, de la dispo-
sition des personnes qui dansent, et la
mesure d'une valse, d'un quadrille, t»
doit pas être la même durant toute l'exé^
cutîon; la fin, presque toujours, doit être
plus pressée ; un mouvement régulier se*
rait monotone et ennuyeux. Le nouvement
du qnadriHe , de la valse , de la poHca est
généralement connu, celui de la polk»-
mazurka , de la schotisch et de la redovFa
est un peu ralenti. Au reste, nous mettrons
maintenant en tête des airs de danse que
publiera le journal le chiffre du métro-
nome. JULEd LOUTET.
EXPLIGiTION DE L'ÉNIGME »"> i.
Pulchérie* fille d'Arcadîus» empereur
d'Orient , et petite-fille du grand Théo-
dose, honora son sexe par les plus
pures vertus, et le trône par les dons les
plus rares du génie. A seize ans elle fut
associée à l'empire et déclarée Auguste, et
sous ce titre elle servit de tutrice à son
jeune frère, Théodose II. Elle se consacra
à Dieu par le vœu de virginité, et prati-
qua dès lors dans l'intérieur du palais im-
p/'rial les plus austères pratiques de la vie
religicu«ïe. A la mort de son frère elle
monta sur le trône de Bvzanre ; mais elle
s'associa Marcien, général, chargé d'ans
et d'honneurs, er, sans rompre un vœu sa-
cré, elle lui donna le titre d'époux, et
travailla de concert avec lui à ia paix de
PÉgîise, troublée par les hérésies de Nes-
torius. L'Orient jouit de quelques beaux
jours sous le sceptre de ces saints monar-
ques, et le règne du Puîchérie fut pres-
que le setil moment heureux qu'eût vn
l'empire de Constantin dans une période
de onze siècles. Elle mourut en ^i53, lais-
sant l'Orient à Marcîen, et l'Occident au
faible et malheureux Valentînîcn.
t^fiB^'
^^<^^<L
-N^,
*•/.
— tt» —
Économie DomesGqae.
CHINCHILLA.
Ayez six œofr, n coiUerées à bmiche
dé sacre ràpè^ une beimecQâlerée d'ane ti*
qneur qudcooqoe : rham, lircbeiiwaMry
cniraço, etc.
Cassez les six «aifs» laissez tomber les
blancs dans an compotier de porcebiiie,
et mettez les jannes dans nne tasse; bat-
tez les blancs d'iraft» lorsqu'ils sont bien en
noigç, arjontez-y k sacre, pois la Kqoeor,
en battant toujtmrs.
Vous avez n»e casserole |fleme d*eao
boiùUanft, voas y placez votre compotier;
nn qnart 4'fafeare suffit pour la cuisson de
cet eslremets, que tous servez okand.
Poor ntiliser vos jannes d*cen6» fidtes
nne crème, on dn sambayon.
LIMONADE RUSSE.
Achetez «ne onœ de crème de tartre.
Une csilierée de fie de bière.
Un kîkigramnie et demi de ancre.
Sxdtroi».
Un 1/2 kilogramnie de feniUes de cassis.
Vous cfamsissez nne croche de terre,
bien propre, vous mettez dedans la lie de
bière, le snore, ks six ctHons, coopés
cbacon en six morceaux.
Faites dissoudre la crème de lanre dans
na verre d'eau dianfle, pals versez-la dins
k croche, ajontei-y 13 litres d*ean ckaude,
cottvrez k cmcbe d*im morceau de papier,
ipie vous perom^ dans pIosieniB
avec nne épingle pour donner passage à
ran*. Laissez ce méknge pendant trois
jours exposé an sotel , et remueu4e a»
moins trok fon par jour.
Prenez une aaire cruche, placez idesmis
une servktte, versez k liquemr à travers k
serviette; prenez des bouteilles; avec un
entonnoir, remptissez ces bouteilles que
vous boucherez bien «t que tous ferez
descendre à la cave.
Après douze jonrs, vous pouvez em-»
pIo}'er cette limonade ^ est très-rafrat-
cUssaote et d'un goût fort agréaUe.
CORRESPONDANCE.
Tu me demandes de t'iaitier à mes ac'*
tiona, à mes ^^sées; de tout mon ccBor,
ma chère Mme; mes actions et mes pen-
sées ac«pierroDt ainsi ponr mm on doubte
întéi^t, et je te devrai d'avoir ^kmbléma
vie... Tu le vois... en amitié : qui donne
s'eneicbitl
Il est deux heures. Je vais, sur ma robe
degrooil'Âfriqtte noir, passer un katzaweck
de même étoffé, garni d'une Iraiige de soie
noire, chausser des bottines de satin de
laine Mire» â hauts udons, boulonnés
c£y^
k cou-de-pied, et mettre «me oapotte de
velours groseille, dont lé bard lextérieur
de k passe et celui du bavotot sont ooa-
pés par une dentelle noire, ce qui rend
cette coiffnre moins lourde et édaircit k
figure; dés fleurs en velomv groseife et
des brides de même coukur ornent k
dessous de la passe; je retire de son* étui
un manchon d'hermine, et va» frapper Si
k porte du cabinet de mon père. J'entre...
il continue de lire son journal ; j'at*
tends. .. il ne lève pas lesyevz. .. je tousse :
""-^Q^^^y
— 86 —
Haml huml — Ahl c*est toi? — Oui,
père. — Eh bien, que me veux-tu î... Où
vas-tu donc? te voilà prête à sortir! —
Comme vous dites, père, et je viens vous
demander votre bras pour faire notre vi-
site accoutumée. — Je l'avais oublié en-
tièrement., et sans toi. — Dites que je
ne vous suis pas utile, nécessaire —
Gomment, donc!... maisindispeftable...»
ajouta-t-il avec un son de voii moqueur ;
et comme il cherchait en vain ce qu'il lui
fallait pour s'habiller, je m'empressai de
lui présenter son paletot, son chapeau, sa
canne et ses gants les plus chauds.. . en lui
disant : « Tenez, père ingrat!. . . — Ah ! père
ingrat I reprit-il en riant, et si je me re-
mettais dans mon fauteuil, si je repre-
nais mon journal, si je refusais mon bras,
ma protection?... — Vous affligeriez une
petite orgueilleuse que vous aimez... mal-
gré ses défauts, » dis-je d'un ah: contrit.
Tout en causant , nous arrivâmes chez
Florence. Dès que j'eus salué son père,
elle m'emmena dans sa chambre. « Ah I
ça, ma chère, qu'est-ce que je vois là?
m'écriai-je, est-ce que tu fais concurrence
au fameux costumier Babin? — Oui, me
répondit-elle en riant. Il y a dans notre so-
ciété un bal déguisé, et, comptant sur mon
adresse, les mères m'ont priée de choisir
dans leur garde-robe ce qui (:ourrait com-
poser des costumes d'enfants.
Voici de quoi faire une bergère Louis XV,
Un pot de rouge , des mouches de taiïelas
d'Angleterre , noir ; les cheveux seront
relevés à la chinoise, mais non serrés, et
formeront un accroche -cœur de chaque
côté des joues ; une couronne de roses
roses, nouée par un ruban de satin rose
formant deux boucles et deux longs bouts
pendants, sera posée sur le côté gauche de
la télé; la bergère aura une robe blanche;
par-dessus, une robe de soie de couleur
claire, relevée tout autour par des nœuds
de rn|)an rose ; des manches courtes ,
garnies d'une ruche d'étoffe pareille,
des mitaines noires ; à la main, une hou-
lette formée d'une baguette d'osier , recou-
verte d'un ruban rose , tourné en spirale ,
terminée du haut par un bouquet de roses,
retenu par un nœud de ruban rose, et ses
souliers seront ornés de rosettes pareilles.
— Ton Estelle sera charmante, mais ce cos-
tume coûtera encore cher. — Mon Dieu,
non , ce sont de vieilles fleurs rafraîchies, et
ce qu'il a fallu acheter de ruban ne sera
pas perdu. — C'est juste!... Qu'est-ce
que cet autre costume?
— C'est celui d'un galant espagnol Voici
une paire de moustaches qui s'accroche dans
les narines, une résille formée d'un cache-
nez en filet, une chemise dont le col sera ra-
battu, une veste de drap, noir ou brun, or-
née au bas de la taille, devant, sur les épaules
et au poignet, d'aiguillettes, espèces de
nœuds de ruban rouge ou bleu, dont les
bouts sont ferrés en or; les mêmes nœuds
sont cousus le long de la coulure du pan-
talon; les bas blancs ont les coins formés
d'un étroit ruban de satin rouge ou bleu
cousu en zig zag, des souliers noirs ornés
d'une rosette dont les bouts sont ferrés, et
pour ceinture une écharpe de gaze rouge
ou bleue nouée sur le côté. — ^11 me semble
que la veste a été raccourcie en la rele-
vant en dedans, et le pantalon rétréci et
raccourci en le relcTant aussi en dedans, et
jusqu'aux genoux.
— Sans doute ! Voici la toilette d'une
senora* Jupe de taffetas de couleur claire,
mise avec le corsage d'une robe de taffe-
tas noir ou brun, à manches courtes, ou lon-
gues et à coude ; des aiguillettes de ruban
de satin, ferrées en aident, posées au bas du
corsage, sur les épaules, et, si les manches
sont longues , à partir du coude jusqu'au
poignet; des bas de soie blanche, des coins
formés par un petit galon d'or cousu en
zig-zag, des souliers noirs, ornés d'aiguil-
lettes comme celles du corsage ; les che-
veux en bandeaux, un peigne à cintre très-
élevé, une rose rouge posée sur l'oreille
gauche, un voile noir jeté sur la tête re-
tombera sur les épaules, et elle aura on
"^^^©^3^^
!^^<
— 57 —
éTentai) à la main. — Quel est ce mélange
de costumes d'homme, de femme!
— C'est une vivandière. Jupe de mérinos
gris ou Meu , canezou de mousseline ,
tablier formé d'un mouchoir de batiste ,
plissé à gros plis plats , ceinture de ru-
ban de taffetas noir, nouée derrière,
pantalon blanc, bottines noires, cheveux
en bandeaux, et derrière noués ensem-
ble du bout, puis roulés sur eux-mêmes
de manière à faire une coiffure semblable
à celle de la Jeanne d'Arc de la princesse
Marie ; une casquette rouge ou bleue, ou
un chapeau d'homme qui sera posé sur
ForelUe droite et retenu par deux longs
rubans de taffetas noir : sous le menton
faisant rosette. Sur le chapeau on pour-
rait ajouter une longue plume blanche ou
noire, tournant autour de la forme, ou bieo
un bouquet de trois têtes de plumes rap-
pelant les couleurs nationales, et le petit
tonneau sera suspendu à son côté par un
ruban de taffetas noir passé en sautoir.
— Je ne vois pas de pierrot., permets-
moi de t'indiquer ce costume. Pantalon
blai^c, sans broderie, camisole blanche sans
broderie, dont on a eu soin d'ôter la cou-
lisse et les rubans de taille, et dont les
manches, sans poignet, sont rallongées, eu
laissant, en dessous ^ place pour passer les
mains. D'énormes boutons, formés d'un
morceau de ouate et d'un rond de satin ro^e
ou rouge, cousus le long du devant de la
camisole et te long de la couture extérieure
du pantalon ; colerette formée d'une bande
de mousseline empesée, plissée à gros plis
ronds; serre-tête blanc, la figure blanchie
de farine ; bas de coton blanc, souliers
noirs et un gros bouquet de roses à la
boutonnière.
— C'est bien! les petits garçons n'ont
pas de prétentions ; mais regarde mon cos-
tume déjeune Grecque, Ses cheveux pen-
dront séparés eu deux longues tresses,
nouées du bas par un galon d'or, elle po-
sera sur le coin de sa tête^ ce bonnet grec
auquel j'ai ajouté ce galon et ce long gland
d'or ; ce pantalon, cette robe de mousse-
line et ces manches longues, larges du
bas comme du haut, sont garnies de ce
même galon d'or; sur sa poitrine, elle
aura de nombreux rangs de perles ou de
corail); une écharpede gaze, d'une couleur
tranchante, tournera autour de sa taille et
retombera sur sa hanche; sa mère lui prê-
tera un élégant katzaweck qui restera ou-
vert sur sa poitrine et dont les manches se-
ront relevées de manièreàfaire des manches
courtes. — Mais, toi, Florence, comment
seras-tu 7
— J'aurai une couronne de feuilles de
chêne, une robe de mousseline blanche,
faite à la grecque, des manches courtes et
justes, et par-dessus, des manches longues
formées d'un seul morceau de mousse-
line, dont les deux côtés, au lieu de se
réunir, sepnt ourlés et se trouveront
placés, non sous le bras, mais dessus,
puis une ceinture de feuilles de chêne
retiendra une faucille d'or. — C'est-à-dire
que tu seras une Yellédaf une druidesse.. .
Je feu fais mon compliment, il paraît que
tu as les bras blancs et les cheveux bruns
des Gauloises. Mais si tu ne les avais pas?
— Je choisirais un costume Louis XV.
Mes cheveux, poudrés, seraient relevés de-
vant ; derrière, ils seraient aplatis sur ma
tête, sous la forme d'un petit chignon retenu
par un peigne d'acier poli, et j'aurais une
rose rose sur le côté gauche. Ma robe de
dessous serait en taffetiis blanc, celle de des-
sus en mousseline blanche ; la jupe relevée
devant, de chaque côté, par une rose rose.
Mon corsage à pointe et décoleté serait
garni autour du haut par une dentelle
froncée, mes manches, courtes et serrées,
garnies de manchettes en dentelles, des-
cendraient jusqu'au cx>ude et remonte-
raient jusqu'au «pli du bras, là elles se-
raient relevées par une rose. J'aurais des
mitaines longues , en soie blanche ou
noire, des souliers de satin noir à ta-
lons rouges, du rouge sur les joues, et
une mouche près de l'œil gauche. Je
— 88 —
tiendrais im éventail orné de peintures re-
présentant des bergers et des bergères.
— Tes *deux costumes seraient char-
mants, Mm, repris-je en rougissant, et
te corar mpen gros, si f allais à un
bat déguisé je choisirsis F un on l'autre
de ces costumes... maiit; je n'y Tais pas!
— Yeux^tn que je demande une invitation
pour ton père et pour toi? nous sommes
intimes dans cette famille. — Que tu serais
bonne!... Embrasse-moi... — ^Jeteguetterai
I rentrée du bal et te présenterai .Toyonsf. . .
veux-tu essayer une présentation?»
Floirence et moi nous sortîmes de sa
diambre. Elle me prit la main, nous en-
trâmes. Dès la porte, je promenai mes re-
gards autour du salon comme pour recon-
naître les personnes présentes, pois m'a-
vançant devant un fauteuil qui représen-
tait la mattresse de la maison, je lui fe, les
yeux timidement baissés, une profonde ré-
vérence; ensuite, toujours conduite par Flo-
rence, j'arrivai à la place qui m'était des-
tinée, et faisant une demi-révérence à mon
introductrice, je pris place sur une ban-
quette, d*od j'adressai de légers saints, avec
mon éventail, aux chaises représentant les
jeunes personnes de ma connaissance...
Après cette cérémonie, jouée très-sérieuse-
ment, nous n'avions plas qu^ éclater de
rire.. . ce que Ffon^nce et moi nous fîmes
de très-bon cœur.
« C'est assez de folie, me dit-elle, as-
seyons-nous, et causons. Qu'as-tu fait?
— J'ai rassemblé toutes les cartes de vi-
site du premier de l'an, et revu, corrigé et
at^^enté notre livre d'adresses par ordre
alphabétique; les marchands et fournisseurs
y sont distingués par une étoîlt*, à la marge.
— Moi, j'ai fait la revue de toutes
les factures acquittées, de tous les mé-
moires soldés, et j'ai détruit ceux qui
étaient inutHes ou saws importance, vu leur
date de deux ans, car les commerçants et
les ouvriers ayant pour usage de ne point
attendre une année avant de rédamer ce
qui leur est dft , et mon père ayant Fhabi-
tode de ptiyer tout comptant, s*il j avait
une rédamation, elle ne serait pas vahMe.
— Je prépare d ma mère une surprise.
Tu sais que depuis longtemps j'ai fût des
sacs sur lesquels j'ai écrit pour étiquette les
mots : toife, percale , broderie , dentelltj
soie , laine , rubans , indienne, etc. ; fy
mettais, selon l'étiquette , tout ce dont
on ne pouvait plus rien faire pour per-
sonne... Eh bien, j'ai pris le wc broderie^
j'ai trouvé un vieux mouchoir de batiste
admirablement brodé, faî découpé tous
les dessins, j'ai monté , snr un métier, rni
morceau de belle mousseline, j'ai indiqué
dessus, par un fil, la forme de deux man-
ches pa^es taiHées sur celles de la plan-
che X, année 1S50. Avec mes broderies, j'ai
feit un semé et formé des festons, tantôt
plaçant, tantôt déphçant mes broderies,
comme si j'eusse joué aux dames, puis, les
distances bien prises , j'» bSti fleurs et
feuilles aux places qui leur étaient desti-
nées. Alors f ai démonté la mousseline; avec
du fil très-fin , j'ai cousu fleurs et feuilles, à
Tenvers, à points de côté, en passant mon
aiguille entre les brins de coton de la bnr-
derie, et prenant quelques fils de la mous-
seline. Je compte employer le reste des
dessins du mouchoir à orner des bonnets
du matin, des sous-manches montées sur
un entre-deux... toutes choses dont on
ne peut voir l'envers.
— C'est très-bien pensé. Tu pourrais réu-
nir toutes les vieilles blondes blanches et
celles jadis noires, les faire teindre toutes
en noir et apprêter grossièrement^ puis
acheter du tulle de soie noire de quoi faire
une robe, monter chaque lé sur un métier,
former, avec les fleurs, des colonnes qui
s'arrêteraient à trente centimètres avant le
bas de la jupe, ces trente centimètres res-
teraient pour y mettre un semé qui for-
merait garniture et serait terminé du bas
par des festons daus chacun desquels serait
une fleur ; le corsage, tout taillé, serait
bradé à oobnnes. Cette rabe , portée sur
un dessous bleu, lihs ou rose, serait très-
^<î^
.CVfr
^'?><.
al»
^^^.
— 89 —
riche, très-élégante pour une dame... »
Udie sonnette se ût entendre.
« Je te quitte un ingtaot, médit Florence,
mon père m'appelle. Bonne noufellel
Jeanne , sVcria-t-elle «n rentrant , nous
dînons chez toil Nous partons tout de
suite. Ces messieurs veulent faire un tour
de promenade , et tandis qu'ils causeront
politique, nous regarderons les magasins
et les toilettes. — Oh ! oui^ bonne nou-
velle! m'écriai-je en frappant des mains;
dépêche-toi ! »
Floi ence ndt par-dessus sa robe de sa-
lin de iaine marron , un manteau Talma de
même couleur, brodé d*nne grecque en
soutacbe et lacet, et se coiila d'une capote
de satin blanc
u La mode n*est pas si bizarre qu'on le
dit, me fit observer Florence lorsque nous
fûmes sur les boulevards; l'hiver nous
ayant forcées à relever nos longues jupes,
a donné l'idée de porter de riches jupons
brodés; voilà môme un jupon de soie
noire, ouaié, doublé et piqué du bas, en
formant des losanges sur une hauteur de
tcente ccntunètres^ qui me parait très-
confortable. — Comment trouves-tu ces
capotes? — Mais... très-laides; on dirait
un gros limaçon qui couvre la nuque, cela
fajc paraiure la tête sur les ^[Mwles et dé*
couvre la figure, ce qui donoe l'air ef-
fronté... Ansoi je remarque qu'il n'y a
que les deux classes les pins opposées de la
société qui les fiorlent JUais cette mode ne
peu durer... Coname c'est commode, un
chapeau que l'on est obJigé de s'altacber
sur la tête par le moyen d'une longue
épingle passée à travers les cheveux de
derrière t.. . Ahl voici de jolies bagues:
ces serpents en or poli, tournés autour
du doigt et avançant leur tête couverte
d'un rubis ou d'tine émeraude. £n veici
une autre plus forte ; «ur la tête est un
chiffre, elle peut servir de cachet. Les
boutons d'oreilles ont cela de remarquable
que l'eu n'aperçoit pas l'anneau qui les
«outieiit.,. li'abusons pas de la cumplai-
sance de nos pères qui s'arrêtent quand
nous nous arrêtons... continuons notre
chemin. — Je vois que les coiffures de
soirées sont un mélange de fleurs de fan-
taisie , de feuilles en velours de couleur
foncée et de brins d'herbe mêlés à des
brins d'or qui pendent jusque sur la poi-
trine... de vraies coiffures de naïades...
— Jeanne , regarde ces élégantes qui
sortent sans doute de l'Exposition de pein-
ture : ces capotes de velours uoir, or-
nées de jais; ces katzawecks pareils, bfo-
dés de même . tout cela, mêlé de dentelle
noire, a un petit air espagnol qu'il ne me
déplaît pas... de voir à d'autres qu'à moi;
j'aime peu oe qui brille. .. dans la rue. —
Ces petites têtes de plumes poséei) des deux
côtés d'un chapeau sont assez gracieuses.
— Oui, à cause de la forme écrasée des
chapeaux; mais, avoue que, posées d*un seul
côté, ce serait plus coquet. Je rends justice
aux étoffes de cette année : de jolis écossais,
de richesdamas, de brillantes étoffes delaine
et de soie, et je remercie la mode de n'avoir
rien changea la forme des robes; j'admire
ses coiffures, mais je n'accepte pas ses
chapeaux. — llnà faut pas dire fontaine^
je lie... Mais voici les pompiers qui se
rendent à l'Opéra. Messieurs ! dis-je à nos
pères, il est cinq heures et demie ! »
Nous rentrâmes. Le diner fini, j'emme-
nai Florence dans ma chambre. — Est-ce
pour le Journal? me demanda- t-elle en re-
gardant une gravure attachée avec une épin-
gle ^ l'un de mes rideaux. — Oui, ce sont
deux demoiselles s'exerçant à danser une
polka-avourka, avant d'aller au bal. L'une a
trois jupes de crêpe ou de gaze rose, feston-
nées à l'emporte-pièce ; son corsage est Ucé
derrière, sa Berthe est formée de trois Ber«
tbes de même étoffe ; la pièce de devant est
couverte de bandes pareilles; tout cela,
ainsi que la manche un peu large, est {es-
tonné comme les jupes. Sa coiffure est
composée de houtons de roses, moussus;
deux rosettes de Tuï»n de taffetas rose
acconiMigaenl sa h^nri^ et tembent sur ses
^
f.
^^'^'
•'^S^©^^*.
^^^^^^^''
— 60 —
épaules. L'autre a deux jupes de mousse-
line blanche ou de taffetas blanc, celle de
dessus eut relevée par une fleur verte, de
fantaisie; sa manche, un peu large, est re-
levée, au-dessus du pli du bi as, par la même
fleur, mais plus petite; sa Bertbe, aussi de
mousseline ou de taffetas, est relevée de
même; sa guirlande est composée des
mêmes fleurs vertes. — Il me semble, ma
chère Jeanne , que tu doutes de Tintelli-
geijce de nos amies. — C'est vrai, pour quel-
ques-unes, mais il y a des pays si loin de
Paris, que les objets de toilette n'y portent
plus les mêmes noms... et je leur apprends
ainsi à les reconnaître. — J'imiterai cette
dernière toilette, mais au lieu de ces
fleurs, je ferai une rosette de petits rubans
de velours ; pour coiffure, je coudrai un fil
d'arcbal sur une paille que j'entourerai
d*un ruban de velours tourné en spirale,
sur cette paille je coudrai des rosettes de
trois boucles sur le front et grossissant à
proportion jusqu'aux oreilles; là, je laisserai
tomber des petits velours que je friserai,
en les tenant, l'un après l'autre, par un
bout entre le pouce et l'index de ma main
gauche, tandis que je les ferai passer, en
les pressant fortement, entre mon pouce
droit et une lame de couteau — Veux- tu
m*aider à expliquer notre planche II ? —
Je suis toute à toL.. dicte!... j'écris.
Le n^ 1 est un col en broderie anglaise.
Le n^ 2 une pelote qui se brode sur ve-
lours ou Casimir , en soutache d'or ou de
soie. Ce dessin peut servir pour mouchoir;
il se brode en points de chaînette, on au
crochet, en soie jaune orange, ou noire, si
c'est pour deuil.
Le n"* 3 est un dessin de taye d'oreiller ;
il se brode en points de feston, et se dé-
coupe. On taille cette taye en deux mor-
ceaux ; le dessus, d'un carré de 70 centi-
mètres, le dessous, de 60 centimètres. On
dit un point de feston pour couvrir l'es-
pace indiqué par les deux Ugnes; c'est sous
ces deux lignes que l'on coud trois des côtés
du dessous de la taye d'oreiller ; sous le qua-
trième côté, on ajouteune petite bande d'é-
toffe à laquelle on a fait des œillets, et l'on
fait de semblables œillets au côté du des-
sous qui n'est pas cousu. On lace ensuite
ces œillets avec |un lacet de coton.
Ce dessin peut servir pour mouchoir,
bas de jupon et camisoUe.
Le n' h, Désirée se brode au plumetis.
Le n"" 5 est le quart d'un mouchoir qui
se brode de même. Il se garnit de deux
rangs de dentelle, cousus le long de ces
deux lignes ondulées. Ce dessin, tenniné
par un point de feston sur les deux lignes
qui se trouvent sous la broderie, peut con-
venir pour un mouchoir du matin.
Le n^ 6 Mathilde se brode au plumetis.
Le n* 7 est un dessin qui s'exécute en
filet, au point carré, et se brode en repri-
ses, ou bien, il s'exécute au crochet. Avec
les nombreux dessins de ce genre qu'a
envoyés le Journal, on peut faire un man-
teau de lit, une nappe d'autel.
Le n"" 8 est un alphabet pour marquer
le linge.
Le n* 9 est une dentelle que je nouune
Frédériqm, en souvenir de l'amie qui me
l'a envoyée.
DENTELLE FAÊDÊRIQUE.
Monte treize mailles et tricotte tous les
tours à l'endroit
1^'TOUR. Tricotte 3 mailles simples —
jette le fil sur ton aiguille de droite comme
si tu voulais tricoter à l'envers — tri-
cotte 2 mailles ensemble — 3 mailles
simples — jette le [fil sur ton aiguille de
droite — tricotte limaille simple — jette
le fil sur ton aiguille de droite — tricotte
k mailles simples. Tu dois avoir 1 5 hrides
sur cette aiguille.
2* TOUR. Quatre mailles simples ~ jette
le fil — 3 mailles simples — jette le fil —
2 ensemble — 3 simples — jette le fil —
2 ensemble — 1 simple. 16 brides sur l'ai-
guille.
3* TOUR. S simples — jette le fil — 2
ensemble — encore 2 ensemble — jette le
^'§
O^J^.^
.>^®3
— 61 —
fil — 5 simples — jette je fil — U simples.
17 brides.
k* TOUR. Prends une maille sans la tri-
coter — tricotte celle qui suit — rabats par-
dessus cette maille celle non tricotée —
prends de même une maille sans la tricoter,
et rabais par-dessus celle que tu as sur ton ai-
guille de droite— prends encore une maille
sans la tricoter, rabats par-dessus la maille
qui le reste sur ton aiguille de droite —
jette le ûl — 2 ensemble — 3 simples —
2 ensemble — jette le fil — 2 ensemble
— 1 simple — jette le fil — 2 ensemble
— 1 simple. ! 3 brides.
5* TOCB. 3 simpl's — jette le fil — 2
ensemble — 1 simple — jette le fil — 2
ensemble — 1 simple — 2 ensemble —
jette le fil — 2 simples. l5 brides.
6* TOUR. 3 simples — jette le fil —
prends une mail'e sans la tricoter — 2
ensemble — rabats par-dessus la maille
non tricotée — jette le fû — U mailles
simples — jette le fil — 2 mailles ensemble
— 1 simple. 13 brides.
Recommence le 1" tour jusqu'au 6% et
ainsi de suite.
Le n^" 10 est la moitié du derrière d'un
mznlAet'Ckambord, en Casimir ou en mé-
rinos; il se taille double.
Le n"" 11 est un des devants. Les deux
se font aussi dans la largeur de l'étoffe.
Ce mantelet se brode en soutache ou se
garnit d'un large galon de soie cousu à
plat
Le n* 12 est un bonnet de chez soi
qui se foit en tulle de soie et se garnit
de ruban de gaze festonné. On frise les
bouts qui tombent, ainsi qu'il rient d'être
indiqué pour le yelours Tert
Le n^ 13 est un bonnet de nuit en ja-
conas, dont le fond est semé de broderie
anglaise, et garni de bandes et d'entre-deux
de cette même broderie.
Le n* ik est un fichu-guimpe en
jaconas. Le col est monié à an petit entre-
deux; le devant est formé de plis et de
Iffoderie anglaise. Pour cacher le com-
mencement de ces plis et de cette brode-
rie, on fait un pli aux deux côtés d« de-
vant du fichu.
Le n° 15 est un canezou habillé, en
mousseline brodée ; il s'ouvre devant ; deux
bandes de mousseline pareille, festonnées,
sont cousues, froncées autour de ce cor-
sage, et forment Berihe derrière ; une troi-
sième bande, aussi festonnée, forme la
manche courte. Ce canezou est monté sur
une ceinture d'étoffe pareille. Dans de pe-
tites soirées dansantes, il se porte avec une
jupe de taffetas gris, rose ou bleu .
Ici, je réclame l'indulgence d'une partie
de nos amies... — Je comprends, ma
pauvre Jeanne, ici commence la planche
pour la grande édition ; heureusement qu'il
y a peu de chose à expliquer. Continue.
— Le n"" 16 est un riche bas de jupon
qui se fait au point de feston et en brode-
rie anglaise.
Le n° 17 est un sachet pour mouchoirs,
il se brode au métier, sur moire on caslmir
bleu de France ou noir, en soie demi-torse ;
les muguets, les roses, les ne m*oubliei
pas, les coquelicots, les feuilles se font
avec les couleurs que Dieu leur a données,
et les ornements se font en jaune d'or,
ainsi que le mot mmchoirs.
Le n® 18 est unsemépourgilet d'homme.
Les n<^ 19 et 20 sont deux dessins que
l'on brode sur llourlet qui recouvre les
boutonnières d'une chemise d'homme.
Le n* 21, Maël est le nom d'un gentil
petit garçon.
Les n®' 22 et 23 sont des entre-deux
en broderie anglaise.
Les n°' 24, Angéiine; 25, Berthe; 26,
Néomie; 27, Hermance; 28, Françoise ^
dans un écusson ; 29, Gabrielle; 30, Adèle;
31, Agathe; 32, Céline; 33, Va/^ne,dans
un écusson.
Le n"" 34 est one mitaine.
MITAINE EN FILET.
Ach&te de la laine noire et de la laine
bleu-ciel, très-fine, en trois brins, toaméflt
?)Ôîe^
>^q:.
n^ér.
— ea —
Prends un moule d*acier de 6 milli-
mètxcs de circonférence — charge deux
navettes: une de laine noire, une de laine
bleue.
Prends la laine noii*e, monte 32
mailles, fais, en rond, trois rangs de filet
— au quatrième rang, tourne deux fois
ta navette autour du moule — au cinquième
rang, casse ta laine.
Prends la navette chargée de laine bleue,
noue ensemble ces deux laines, fais
deux rangs de filet ordinaire.
Reprends ta laine noire, fais quatre
rangs — au cinquième, noue un fil blanc
autour d'une ynaille pour indiquer le mi-
lieu du pouce ; après celte maille^ lève-z-en
une, fais un tour — en revenant, avant
cette maille^ lèves-en une —ainsi de suite
avaut et après ces mailles levées jusqu'à
ce que tu aies fait huit tours et levé seize
mailles puur le pouce — tu comptes ces
seize mailles sur ton moule ^ tu les fais
en^ronds , en abandonnant les 32 autres
mailles.
Tu fais quatre tours — tu prends la laine
bleue, tu fais un tour — tu prends la laine
noire, tu la tournes deux fois autour du
moule — tu prends la laine bleue, tu fais
un tour, et casses ta laine. Le pouce est fini.
Tu enfiles les 32 maiUes qui forment
la mitaine, tu fais trois tours en rond —
tu prends la laine bleue, tu fais un tour
— tu prends la laine noire, tu tournes ta
navette deux fois autour du moule — tu
prends la laine bleue, tu fais un tour...
la mitaine est fiuie.
Pour la garnir, tu enfiles les 32 mailles
du bas, sur ton moule tu prends la laine
noire, tu fais deux mailles dans chaque
maille.
Tu prends la laine Ueue^ tu fais deux
mailles dans chaque maille.
Tu prends la laine neire, tu Eus une
maille dans chacune de ces mailles... la
garniture est finie.
Si tu exécutes cette mitaine en cordonnet
de soie, tu la feras toute noire.
Les n°' 35, Ephraïme, 36, EUadme,
37, 38,39, ao, (il, ^2, 43, représentent
en grandeur naturelle un patron de cor-
sage à basques , orné d'une grecque. Ces
basques se réunissent entre elles et à celle
du dos.
Florence, est-ce tout? — Oui! mille fois
merci I. .. Hélas ! ma chère, ce proverbe
est bien vrr.i ! Vhomme propose et Dieu
dispose, ou plutôt, le journal propose et
le graveur dispose... La gravure qui a été
faite d'après la nouvelle insérée dans le mois
de janvier n'est pas encore prête... quand
les artistes ont du talent ils se permettent
de n'avoir pas d'exactitude.,, je suis con-
trariée. — £h bien , ma chère, nos amies
savent que ce n'est pas ta faute.. . Console-
toi!... Voyons...* changeons d'idée : quel
est ton dernier rébus 7
— C'est un mi — des œufs, — un
veau, — une lyre, — un homme, — une
queue de paon — et 10 livres dans une
bibliothèque, ce qui veut dire :
Mieux vaut lire un homme que dix
Uvres.
— C'est bien; j'avais peur que tu n'aies
pris une de ces phrases que l'on fait à
plaisir. Permets-moi de te réciter cette
énigme.
Nom tomnes d'un grand luage
Dans 1UI fort petit ménage ;
On nous vend sans nous compter
A qui nous veut acheter,
JSt tous les soirs sur la brune,
De nous il périt quelqu'une
Qui laisse en finissant son sort...
Quelque odeur après sa mort.
— Pauvres petites! elles m'intéressent..*
c est 7. • .
— Devine 1
— £h bien, méchante, allons au Salon ;
après le travail, lepiainr... »
YoUà le rédt de ma journée, ma chèce
amie , paisses-tn y avoir trouvé ^eiqae
choee qui te soit utile.
h J.
— 65 —
ÉraÉHCllIIIE0.
& féYrier 1778.— naissance d*augustin de gandolle, botaniste.
Angoatin de Gandolle naquit à Genève,
d'ane Hunille française d'origine, et dès
se» premiers pas dans la carrière des étu-
des^ il marqua un esprit vif et porté veis
les lettres. Quelques leçons de botanique
qu*ii reçut en "1794 déterminèrent son
goût pour cette science. Afin de la mieux
cultiver, il parcourut à pied les Alpes
Pœnnines, et publia, sur une nouvelle es-
pèce de champignons, un Mémoire qui
fut accueilli avec feveur. Il vint à Paris,
et assista aux leçons de Guvier, de Four-
croy, de Yauquelin, et, devenu Français
par la réunion de Genève à la France, il
occupa une chaire de botanique à Mont-
pellier, et fit des rapports étendus sur l'état
de la botanique et de l'agriculture en
France. Des travaux éminents l'occupaient;
il publia successivement son Histoire des
plarUes gnmes^ avec les planches, par Re-
douté ; la Flore française, la Théorie élè-
mentaire de la Botanique, et un ouvrage
en langue latine : S^sitème du règne végé-
tal, dont les sept premiers volumes ont
demandé seize ans de travaux. Les événe-
ments de 1815 ramenèrent M. de Can»
doUe dans sa patrie, où, plein de patrio*
tisme, il occupa une chaire aux modiques
émoluments de 1,500 francs, car il parta-
geait grandement Tamour qu'ont tous les
Genevois pour leur patrie. Il fonda un
jardin botanique, une classe d'agriculture,
un salon de lecture; comme membre du
grand conseil, il prit une part active à
tous les travaux législatifs, et visa tou-
jours à éclairer ses compatriotes et à leur
inspirer l'amour de l'ordre et de l'union.
Il termina le 9 septembre ISiil une vie
toute dévouée à la science et aux nobles
affections.
MWiMVVE.
LES PETITES SOEURS DES PAUVRES.
Une pauvre servante, nommée Jeanne
Jugan, née à Seint-Servan , sans autre
puissance qœ sa diarké, vient de créer
un nouvel ordre rdigieBZ, et d'q>porter
un nouveau second à des misères trqp
souvent ■■Miiei, Jcnac a pew tfkMM
les pauvres vidBarih, si iléliisifi, et qui,
dans les boargsAn, tnlaeic de porte eu
porte le doutoureai iardea» de leur nisère
et de leurs infirmités. Entraînée par le cœur
le plus généreux, la pauvre fille de Saint-
Servan débuta par consacrer ses petites
économies à hMcr vie ehanbre, oè eSè
rassembla deux, trois, ^eu^^ six pauvres
vieUlards, dont elle se fit la servante. Afin
de pourvoir \ kor nourriture, die ineii-
dia nohiiwfai» aux portis des maisons
aisées de la ville, k dsssensét k tihles
on plaça un tronc dans l'église, et la pre-
mière pièce de 50 centûnes qui y tomba
fut portée aux pieds de la sainte yia*ge,
qui se chargea de la multiplier. An bout
de quelque temps, d'autre pieuses filles se
joignirent à Jeanne ; sa maison s'agrandit,
elle put étendre \ un plus grand nombre
d'infortunés ses soins compatissants, et,
merveilleuse fécondité des œuvres de Dieu,
doux grandes villes aqppelèrent en leur
sein ks petite Soiv^s des pauvres, nom
caractérisCiqne que Jeanne avait donné à
ses coflqMgiies, Nantes et Paris passèdent
des hospices de vieillavisi, dîrigCa par les
Sœurs de Saint-Scrvan; d'autres villes en
demandent également, et la créatrice de
cette cMvre excdknte n'a d'autre science
q«e celle de Ken : — l'humble Jeanne
Jogan M sait pas lire 1 (1).
( BuUetin es la conférenes de saint Vin-
cent de Paul. )
(1) Cinquante francs par an suffisent à la
pension d*un pauvre TieUlard, placé dans, les
bospicet des Smun des pasMrss.
L'éducation modiGe i'ime des enfants
an point de la plier insensiblement à det
habitudes qui l'embellissent on qui la dé-
^i;nrent
Plctabqdb.
Le plaisir qu'on apporte au Iravail cm-
' pEcbe d'en sentir la fatigue.
Ovide.
Attacbons-nons aux choses éternelles :
tout ce qni fiait est si conrl I
Saiht AocnsTiN.
La délicatesse est k la tdenfaisance ce
qne la grSce est à la beauté.
HlCHADD.
Le sage est ménager dn temps et des
paroles.
La Fontaine.
Veillons bien sur noire caractère ! Son-
geonsxfue nous pouvons, avec un attache-
ment profond, n'en pas moins empoisonner
RÉBUS.
des jours que nous rachèterions au prix de
tout noue sang. Quand nos amis sont des-
cendus dans la tombe, quel moyen avons-
nous de réparer nos torts T Nos inutiles
regrets, nos vains repentirs, sont-ils un
remède aax maux qne nous leur avons
faitsT ILh auraient mieux aimé en nous nn
sourire pendant leur vie que tontes nos
larmes après lenr mort.
Chateaubhiamd.
Où la iDorale ne gonverne pas, le bon-
heur se perd par la démence, l'adversité se
dégrade par l'avilissement.
Beniauin Constant.
Aimer quelque chose plus que soi-même,
U est le secret de tout ce qui est grand;
savoir vivre en dehors de sa propre per-
sonne, lï est le but de tont intérêt gé-
néreux.
{Magasin pittoresque.)
Ifflomual îif5|)nnoisfllrs.
,Aox,ee^^-,-3r., t'^t^it^.i
<è^
— 6tS ~
ORDRES RELIGIEUX MIUTAIRES.
OUATElftMS AATICXB.
Le vertueux Pie YII répétait souvent,
comme nous le voyons par les Mémoires
du cardinal Pacca, son intime ami, que
les femmes françaises étaient les seules qui
possédassent les qualités nécessaires à une
bonne religieuse hospitalière^ car on trouve
chez elles, ajoutait-il, le zèle uni à la pru-
dence, la plus tendre charité à la plus
exacte modestie, et Tintelligence la plus
vive à la piété la plus sévère. Ces paroles
sont un titre de gloire pour les Françaises,
comme les ordres religieux sont une cou-
ronne d'honneur pour la France, par les
services qu'ils rendent et les sublimes
exemples de dévouement et de vertu qu'ils
offrent à notre admiratipn. Aussi avons-
nous cru que quelques mots sur les ordres
religieux de femmes ne seraient pas dé-
placés dans un journal consacré aux jeunes
filles.
Trois emplois différents ont surtout oc-
cupé les femmes vouées au Seigneur : la
contemplation, l'enseignement et l'hospi-
talité. Les hommes ont eu de plus une
quatrième vocation, qu'on pourrait appe-
ler apologétique, et qui comprend la dé-
fense et la propagation des idées religieuses,
soit par la parole, soit par les écrits.
Quoi qu*il en soit, les premiers insti-
tuts religieux élevés en Occident depuis le
quatrième siècle jusqu'au onzième, adop<
tèrcnt tous, ou la règle de saint Augustin
ou celle de saint Benoît. Ces deux règles
prescrivent, quel que soit le but de l'in-
stitut, et la communauté d'habitation, et
l'émission des trois vœux substantiels : vœu
de pauvreté, par lequel on renonce à ses
biens ; vœu d'obéissance, par lequel on
renonce à sa volonté; vœu de chasteté, par
lequel on renonce à sa personne. Ces trois
Da-KBUviiHi AHiiiK, 4« sian. — N«
vœux, en dépouillant l'individu de sa per
sonnalité, tendent à le donner plus par-
faitement à Dieu et au prochain.
Nous ne parlerons pas ici des monas-
tères de femmes, qui, avant la révolution,
s'élevaient si nombreux sur la terre de
France : royales abbayes, couvents hospita-
liers, maisons religieuses où le pauvre
trouvait des soins, et l'enfant l'enseigne-
ment et les lumières; demeures saintes
élevées sur les tombeaux des saints, vivi-
fiées par le souvenir des Bernard, des
Jeanne de France, des François de Sales,
des Chantai, des Bérulle, des Vincent de
Paul; demeures sacrées rendues vénérables
par les plus beaux souvenirs de talent, d'ab-
négation et de vertu, et qui, cependant,
n'ont pu trouver grâce devant le marteau
destructeur. La révolution anéantit, pour
un temps, les ordres religieux, et la bande
noire, achevant son œuvre, fit disparaître
les nobles monuments qui, si longtemps,
avaient servi d'aiile à la prière ; il ne resta
plus pierre sur pierre de ces beaux mo-
nastères de Panthémont, de Chelles, de
Notre-Dame de Ronceray, de Royaumont,
de Fontevrault, chefe-d'œuvre que l'art
avait consacrés à la religion.
Mais à peine le concordat eut-il rouvert
les temples et replacé les pasteurs sur leurs
sièges désolés, que de toutes parts les évê-
ques s'occupèrent ou à réorganiser les
congrégations anciennes, ou à créer de
nouvelles institutions destinées aux œuvres
de zèle et de charité. En peu de temps
un grand nombre de communautés furent
rétablies sur leurs bases. Admirons ici
l'esprit vivifiant et généreux de la religion
catholique, que dix ans de persécutions
n'avaient pu éteindre; qui se montrait,
III. «
^î^s*.
'i>â^
— «a^
au sortir d*ane ère de tempêtes, plus que
jamais dévoué, lart, wlàfi de sacriftces* et
trouvait parmi ses enfants de nouvelles
victimi'S pour la mortification et la prière,
de nouvelles servantes pour les pauvres,
de nouvelles mères pour les orphelins (1).
Codt \t tableau 4e ces iaaiitutioxis, éta •
blies en France ieçiaifi celle époque, que
BOUS voudriouB offrir k nos lectrices. Nous
h diviserons fa trois parties : — les ordres
conteoiplatib ~ les ordres UospHaliers —
les ordces enseignants.
Les ordres cimtemplatifs s#nt adonnés ï
la prière, soumis à l'éiroiie pauvreté et anx
awtiériiés rigoureuses. Leur missioa, trop
peu comprise^ est grande et sublîmo, car
ils prient, ils firieut toujours, ils pilent
pour tous, angles de paii placés entre la
terre ccmpabie et le ciel irrité.
¥càci quels sont en France les ordres
amio»plati&.
Les Cao'méliteif fondées en 1420 par
Joan âorelle, réforu^es en 1562 par
sainte Thérèse, établies en France par les
Mwas da cardinal BéruUe et de madame
Axarie. EUes portent une robe brune, un
manteau et «B scapuUire blaacsL Elles pos-
sèdegt en France un assez grand nombre
de maÀso V.
Les Clarisses ou pauv^reg Claires, Fon-
ééis en Ralie, eu 1212, par saint Fran-
cm d*AiS8iflB et par &iinte Claire, sa fille
spirituelle, cet onlre se répandit par toute
l'Europe; il Tait proCesif a d'uoe pauvreté
particulière. Les Cloîmae» sont vôtres
d'une robe de gros drap couleur fiuive,
seapulaire pareil, pieds nus.
(1) En 1807, l'easpereur convoya 4 Parb
wi eenaeU fi»rmé d« lupérlearei géttéraie» de
tous les ordres existants eo France, sous la pré-
sidence de Madame-Mère et du cardinal Fescb.
Le désir avoué de Tautorité civile était de fondre
les diverses communautés en ane seule; mafs la
Jaste opposition des déléguées triompha de ce
éMiM, et U résulta de oe cMseil en fiveun
aocordéei, par l'emperew» aua cangrégaUona
dont 11 avait reconnu le bon esprit et l'utUité.
Les Trappùtines appartiennent à Tor-
dre de vint Semard et à la réforme de
l'abbé de Rancé. Gomme les trappistes^
dles cultivent la terre, observent Tabsti-
nence et le silence perpétuels, et récitent
le Bréviaire cistercien. Elles sont vêtues
de blanc avec le seapulaire noir. Leurs
maisons, peu nombreuses, ont pour supé-
rieur l'abbé de la Meilkraye.
Les Bénédictines de V Adoration perpé^
tuelle ou du Saint-Sacrement, La mère
Uechtiide du Saint-Sacrement fonda cet
ordre en 1633, dans le dessein de réparer
les outrages que la Sainte Eucharistie re-
çoit de la part des hérétiques et des pé-
cheurs. Jour et nuit les religieuses ado-
rent le Saint-Sacrement Elles sont vêtues
de noir, et portent sur la poiurine Timage
d'un ostensoir. La maison-mère eac à Pa-
ris. Quelques maisons de cet ordre s'occu-
pent de l'instmction des jeunes personnes.
ORDRBS HOSPITACIERS.
Les Augusiines, Cet ordre, si ancien
dans TÉglise, dessert un grand nombre
d'hôpitaux à Paris et dans Tes provinces, et
l'on ne saurait compter les services rendus
à l'humanité par ces pauvres jeunes filles
que Hélyot représente si bien « comme
I» de saintes victimes qu'on voit non-seu-
• lement panser, nettoyer les malades,
» bîre leurs lits, mais encore, au fort de
» l'hiver, casser la glace de la rivière qui
9 passe au milieu de cet hôpital ( Y Hôtel-
m Dieu de Paris) et y entrer jusqu'à la
» moitié du ooips pour laver les linges
■ pleins d'ordures et de vilenies, et par un
» excès d*amour et de charité pour leur pro-
i chain, courant ainsi volontiers à la mort
1 qu'elles affrontent au milieu de tant de
» puanteurs et d'infections causées par les
» maladies.. . » Les Augustines "portent fa
robe blanche, te scapolaire noir, le ban-
deau et le voile noir avançant en pointe
snr le front.
Les Sœurs de Saint-Thomas de ViUe-
neuve. du tiers-ordre de saint Augastîn.
'^'^îQa
.>^(sa
— «T —
Elles ont été institiié« en 16S§ par le
frère ÂDge de Rroost, pour le sn'vke des
paarres malades, et dk» ee mirent boqs la
protection de saint Thomas de TTSenenve^
qui venait d'être canonisé. Elles pcurtent
une robe noire fermée par nne cefntmre
de cuir, une cometfe et an moueheir de
COQ en toile, et mi grand ▼oAe noir. Letr
maison-ffière test h ftrts.
Les Bégnints, trè^-répanAKs en Flan-
dre, desservent en France les bôpîvata de
Di^, de CAiàlflaM-slif-6aÔ(ïe et de Beaune,
fondés par Nicolas RoHd, chancelier de
Bourgc^ne. Elles portent une robe de drap
noir, une guimpe de toile et nne fkUk da !
serge noire.
Les ScBurs de la Charité^ fojidées en
1633 par saint Vincem de Paul, secondé
par maileatoiseUe Ije^rasi^e ftlariUac. Cet
miére ai omum tt n raapacté se dévoue
4M Aoin dea àôpiiai»» à i'inatnictîon des
eaknto, à la visite dea pauvres à dunidle,
«t aucune ceuvre ne senble trop péaiUa,
MMUB sertice trop rt bâtant, è eca pieoa^
fiUes« chea qui anrvit toij^onra l'esprit de
leur saÎAt ÙÈoàaieur. On oonnntt burcos-
tnnae, qai teuaoe celni dea mcMksales Imw-
geoisesdtt siècle de Louis XUI, la Mibe de
drap gria, pttsaëe eC ajualée, k oaneMe «t
le fidMUb toile Manche. L'ordre das Sœurs
%d la Charité^ répantia par tout l'anivers,
couple en ce nioinefit pràs éà dix aûUe
teligieusesb La nMÉNMHnàra^at U Paria.
Les FUkê de la Soyesss* foariéea par
Liuia-Marie Gri^aon de Monfart» mort
en 1120, et par Sœur Lowao'de Jésos. Cet
ordre, qid prit naiaiance à Paîliam, est
spédalement dévooé an sarvica dea bagnes
«cdeak^phaux miKtanraa» il conpteprès
éa deux mMe religieiiaasL Lea Sasura por-
tent le Goatnme despayraBnes da Poilov :
jupe, jaquette et tahker <de serge griaa,
coiffe et mouchoir blancs, un grand om-
dfix SOT la poitrine. A l'^ëaa tc dana la
rae, nn anpie ntantean noir, ia maiaQii-
mère est à Saàni*LBiineBt*aQr*â*vre&
Lea Sœurs hœpMiirm de Saint- Jêêeph^
ftmdéea en 1656, par Henri Manpaa de la
Tonr, éfOqne dn Pay , à la soltieitadon du
P. Médaille^ de la Compagnie de Jésus,
filles aaîgnent les pawrres k domicite et
dans les hèpitaux.
Les Sœur» de /a Charité d^Évron. Nous
ne connaissons pas l'origine de cel institni,
maia oe nom de Sawrs de la Chariié est
oammon à pluaienrs oréraa, et il existe
entre antres en Beigicpie des Sœurs de la
C%ani^ fondées par le pieux chandne
Triest, qui ont adopté, »rec les amvns
de saint Vincent de Paal, la règle austère
de saint Bernard.
IM Sseurs grises appartiennent an tiers-
ordre de saint François ; elles vi»itent les
malades et desservent quelques hospices.
On leur a conservé le nom générique de
SmiBfs ^rùea, qooîqv'itt grand nombre
d'enire eUes portent le costume Meu ou
noir.
Les Hospitalières de la CliariU de
Notre-Dame, fondées par Simonne Gau-
guin, en 1624, ont pour vocation parti-
culière la soin dea pauvres temmca ma-
lades. £ttea sont r^nodnes dans le Lan-
gnednc Bobe et manteau gris, acapulaire
Uanc, voile noir.
Les Seswrs de Sai^^Charks, fondées
en 1675 par M. Charles Demis, promo-
teur de l'archevôcbé de Lyon, déwméas
an soin des malades et k rinstructîon de
la jeunesse. Lenr maison-mère est k Lyoû.
€oat«ma entièrement noir.
Les Soeurs de l*En(mt Jésm, fandéaa
en i^fik par nne pauvre servante, noaa-
mée en religion sœur Nathalie. Eiiea ont
pour but principal le soin des prisona, des
bôpitanx et des «maisons d'aliénés. Cet
OFire nabsant compte aujourd'hui vingt-
quatre maisons. CoetuoM noir, cordeUèin
range. La maîsen-mève eat è litie.
Lea Sœurs de Notre-Dame de Boê^
Secours, garde •mabdea dea peraonnea
rtehes on aisées, ^i trop aooveni éprou-
vent en leurs infinnitéa h privation de
Cet ordre fondé, il y a
^'^sQ
— 68 —
quarante ans, par la enpérieure générale,
encore Tivante, compte qndqaes maisons,
dont le cheMiea est à Paris. Ces bonnes
sœurs portent une robe et un châle noirs,
coiffe et manchettes blanches^
Les Scmrs de Saint^Joseph de Cluny
furent fondées en 1800 par trois sœurs
selon le sang, qui placèrent le berceau de
leur ordre dans la petite ville de Cluny,
en Bourgogne» si célèbre dans les annales
bénédictines. Elles comptent aujourd'hui
douze cents compagnes, et possèdent des
écoles et des hospices au Sénégal et jus-
que dans les Indes. Maison-mère à Paris.
Les Petites Sœu/rs des Pauvres sont des
hospitalières d'une fondation récente. Une
pauTre serrante bretonne a institué ( sans
le saToir elle-même ) un ordre pour le
soulagement des pauvres vieillards. Sa
pensée a grandi, et les filles de la modeste
Jeanne ont actuellement plusieurs mai-
sons à Saint-Serran, à Besançon, à Nan-
tes, etc.
H""* Eyeune Ribbegourt.
BIBLIOGRAPHIE.
Histoire de l'Assemblée constituante^ par
J. B. Degalmer, 2 vol. in-8^ A Paris,
chez Poussielgue-Ruzan , rue du Petit-
Bourbon Saint-Snlpice, 5.
(Premier article.)
Nous TOUS l'avons déjà dit • mesdemoi-
selles, et nous ne saurions trop vous le ré-
péter, il est indispensable aujourd'hui
qu'une femme connaisse l'histoire de son
pays, et qu'elle puisse parler, avec connais-
sance de cause, des événement politiques
qui l'ont agité depuis plus d'un demi-siè-
cle, et dont nos pères ont été les témoins,
les acteurs, et presque toujours les victi-
mes. L'Histoire de CÀsiembUe consti-
tuante de M. Degalmer vous fera suivre
pas à pas les phases de cette douloureuse
et terrible époque.
La rétoltUion française^ dit-il, a été le
crime d'un grand nombre^ et la faute de
totts. C'est à démontrer celte vérité qu'il
s'est attaché dans un examen lucide et
consciencieux des travaux de l'Assemblée
constituante* Dans ce récit, chacun a sa
part de blâme et sa part de louange; la
cour, la noblesse, le clergé, le tiers-état y
sont jugés par les faits.
Voici en quels termes l'auteur explique |
les causes de la révolution et de ses cri-
mes : a Les |Mosophes de tous les temps
avaient toujours reconnu que la Divinité
n'était pas indifférente à ce qui se passe
dans le monde; qu'elle avait le pouvoir et
la volonté de punir le crime et de récom-
penser la vertu ; mais au milieu du dix-
huitième siècle, il parut des hommes d'un
génie audacieux qui, divisés sur beaucoup
de pdnts, furent d'accord pour enseigner
que^ s'il existe un Dieu, il est indifférent
au bien comme au mal. Ils attaquèrent
avec succès, dans leurs innombrables ou-
vrages, tous les principes moraux et reli-
gieux, qu'ils renversèrent comme des pré-
jugés ; les dasses élevées furent les pre-
mières séduites, et l'impiété se propagea
ensuite rapidement de haut en bas. Deux
générations s'étaient à peine écoulées, et
le peuple français, dodie à leurs instruc-
tions, allait pratiquer la doctrine que
Vhomme^seuljuge les actions des hommes;
aussi la révolte, le pillage et les massacbes
ne furent pas, comme dans les révolutions
précédentes, le seul effet des passions vio-
lentes momentanément déchaînées, mais
ils4>arurent calculés et exécutés régulière-
ment comme une grande opération, fruit
d'une savante théorie, et préparée long-
^^^
ij-^^
- 69 —
temps d^âvance, même dans ses détails.
Lf s honnêtes gens étaient trop nombreux
en France, alors comme aojoaVd'hui, ponr
qn'ane réYolntion pût a^oir lien sans lenr
concours; 8*ib l'eussent faite eni-mêmes,
ils en auraient peut-être empêché les ex-
cès; mais ib en abandonnèrent la princi-
pale exécution aux hommes sans princi-
pes, parce qu'ils avaient un intérêt com-
mun et les mêmes droits qu'eux à reven-
diquer, et que l'homme vertueux applaudit
à la justice et répugne à en être l'instru-
ment. » Après ce tableau de la situation
de la France, l'auteur trace le portrait
suivant du roi qui devait être la victime de
cette disposition des esprits.
« Louis XVI était monté sur le trône
avec toutes les vertus de l'homme privé et
très-peu des qualités d'un roi; plein de
cette justice qui récompense le mérite et
pardonne au repentir, il était dépourvu de
celle qui prévient ou punit le crime. Il
avait assez d'intelligence pour entrevoir
les moyens capables de sauver la France;
son caractère faible et bésitatif lui fit adop-
ter ceux qui la perdirent avec lui ; il ne
savait pas que le ccenr ne doit pas dicter
seul le langage d'un prince ; que l'amour
des sujets pour le souverain n'est pas con-
fiant si la crainte ne l'accompagne, que
soft épée n'était pas un vain ornement, et
que c'était pour lui un devoir de s'en ser-
vir. D'autres ont calomnié la nature hu-
maine ; quant à lui, il ne put jamais croh-e
à sa perversité; il pensait que ses ennemis
l'attaquaient seulement parce qu'ik le ju-
geaient coupable, et il espérait les désar-
mer en leur prouvant qu'il était innocent.
Aucun roi ne mérita plus d'être aimé
comme un père, pourquoi eut-il le sort
d'un tyran? pourquoi trouva t-il tant d'in-
grats et de bourreaux? Parce que les
qualités qu'on n'a pas rendent inotUes et
souvent nuisibles celles qu'on a. Nous le
verrons n'apportant à l'outrage et au crime
que la patience et la résignation ; nous le
verrons descendre du trône et monter à
l'échafaud pour épargner le sang de ses
meurtriers. Puisse l'histoire de louis ser-
vir de leçon aux peuples et aux rois! »
Ce malheureux prince , qui n'avait de
courage que lorsque le danger le menaçait
seul, et qui devenait fidble lorsque le dan-
ger menaçait les siens, avait à lutter contre
tout ce qui l'entourait. Une révolution était
imminente , et les futures victimes de la
catastrophe qui se préparait, guidés par
des intentions diverses, allaient au même
but que ceux qui devaient être leurs bour-
reaux. On ne fit rien de ce qui pouvait
empêcher la révolution, et l'on n'omit
rien de ce qui pouvait la favoriser; chacnti
attaquait les abus dont il souffrait, et dé-
fendait ceux dont il profitait. Tous les ef-
forts se réunissaient pour attaquer la
royauté, pour l'abaisser et l'affaiblir, et le
gouvernement royal lui-même favorisa les
manœuvres de ses ennemis. Les grands
coups étaient portés par le clergé, la no-
blesse, les parlements et les grands corps
de l'État ; c'est alors qu'on chercha un re-
cours dans la bourgeoisie mais il était
trop tard! »
Ici l'auteur, dans un récit clairet rapide,
fait suivre pas à pas la marche des événe-
ments qui amenèrent la convocation des
États généraux et le serment du Jeu de
paume ; il démontre comment l'obstination
de la noblesse, l'entêtement du clergé, les
exigences du tiers-état accélérèrent la dé-
considération de la royauté et entraînèrent
rapidement sa chute.
Bientôt des troubles graves éclatèrent
dans Paris; le tiers-état, qui s'était consti-
tié en Assemblée Nationale, poussait le
peuple à la révolte ; les clubs devenaient de
jour en jour plus séditieux. Une foule de
furieux, partis du Palais-Royal aux cris de
Camille Desmoulins, avalent été incendier
les barrières ; les prisonniers furent déli-
vrés; une grande sédition effrayait et en-
sanglantait la capitale; il fallait aux insur-
gés une jirmée pour l'opposer à celle du
gouvernement, et on organisa une garde
'e)&^
— TO-
Ate^hildMucr desvMn, 'A
b p>U<r fbUtl do InnWcK,
Asii PM oe nalbeurm de
éootU ûUe doBoait plue tard
» «itmptd de diioiK««at BliaL
l'iu p» lie lie c«» Êirivux n-
ttet dee lMt«li'JF>, ■•« a«tie
■uaquer U Bwinp'; ià encwe
a» »ne jrunc fille q^ domu
I iclMMi« lU tonrage.
mj, goKTcnteiir dfl b ButiHe,
f«e u fititle ganiwR il ae poa-
'C la pJace, voulait oKitre k foi
« «1 s'enseTelir sous kt rmaea
Ue. < A ce Boownt àiaetfhé,
; Btte jenae perauMc, fpcrioe,
k stover »■ père, parak iw
fMk; » n* nnit éésânaé
taaata q«e d« anassÎM.
: «C'est h iiled* gtHnrenwnr!
1 (et c'était cel'e du Montigny,
ittcûm), il but U brikr tuote
e £6 rend pas. m Oo l'£lcad sur
se embruitiée; son père voit ae
pour la protéger, il ïambe Irappé
I à bout ponant ; et il y avait U
Attrals, qfi'tM garde fm(aisc,
', eta beuiconp de peiaei sau-
e fille, a
lenreux de Linuy fat traîné
place de Grève, liia^ ï la Im-
■i que pliuieurs de ses offidera
ëles fitreiK (KoiMBées avec la
bwit des pi(t«et, du» les raes
.. Voilà ce q«'«o appelait alors
lu peuple.
Il, ce fareacbe triboa qni denii
mpa apris se Tcsdra ï la cow,
L alors la royauté peur la bttaa
atn cooditioiis. Ctat use re-
luire, qu'à tiMtes les époqees de
i, les plus forcent partiMtikde
I OBt tMtjours fait marcbander
et leur iUaBoire popslarité. Lors-
aonoDcsr i, l'Assemblée Natio-
le roi ailait y venir BaB8_ eeoertA,
lé seukflMotdeMi UtaeB,i'ea-
làoHinMM ftf il se* cooMe» an't Uin-
beaa.^wt là. el sa partis pcrftok i» cet
aathouâuMe : ■ Au«wl«i, dil-il. ^e le
h4 Mue ail Tait Cdwialure sm bwMSidift-
poMiiiNift; qii'M DNraeresprctaMt le pn-
nier acciwil fait «i mDkait[Be da«s ce
HMB>eBt de deeleur. Le siiena dti pettpits
eu h. Iffon d» rms. »
Lom \VL fet Ooëc froideflueat accueilli
par l'Arsenhlée, bob discMirs se ressentit
de cet accueil, «t L'AMeabUe cempreuBt
l'na»n^«qu't4le viwaitde r«t»pe*ker, bc-
cvMllit avec enikewiasiB« Im coocessioBs
qne le oulbeBrcui aioBtrqBe venait debii
laiffi.
Dès ce moment, La latrchede la r^eliF
tâan s'accéilèrt. le freatiga 4e la loyauté
était éteint; YtiatnMi* NaiiMMle p^M
•cnle, et a» délég»é>, BùUy et U Fayette,
deviamt lont-pewiaBts. Uais biefll&t ces
inatigatetira des désordres reeulëf«at de-
vant les atrocités dut P»i.et la France
entière deviu le Utéàure.
Non Bc chercfaereos fas ici k aBalyMr
ce qeïiepaisnit danslesntÏBdel'AiBeubtée
Nalioiiale, bvsqite d»s la lesgoeaéaBce
du ik aoOt 1^89, l'oii vil toute la no-
blesse elle clergé ^ndoniier lespriril^es
aaxquelsjus^' alors ils avaieBt aiUcbé tant
de prix, et qu'ils avaint défeodiis avec
tant de «oknce. Nous citere«s £«BlanBtf
les paroles de Lally, le prébident, qui,
après la proposiiiun de l'irthevéque de
Pvis de censacrer par un Te Deitm cet
'mn"" httlocauBle, s'écria i v Nederens-
nous pan bous suuTenir éé roi qui nous a
coBraqués apràs deux cents ans d'inter-
m^tion, qui nens a invitée à l'heureuse
réunion des esprits etdes cttursl C'eU aa
BÛlien de eetie naiion qne Lovis XII fut
pradamé le pirt du pei^ , c'est au mi-
lieu de l'AoBtinblée Natieuale qne noas
dewns proclsmer Louis XVI it rtUaura-
teur de la lii/erii françaùel « Cette prapo-
sîlioB fataccBallieperd'aniBi
dBMoeats; et cependaiu, le 31 janvier
1793 n'était pas bien éloigué 1
©!»<_
— 71 .
Abl «'«H qat, cobhm le dit fort bien
l'snlew, ce n'était pas l'eqwit de jndkc
qui avait inspiré ces imporuata cbangn-
ntnu, t'itaitïiatfimiëMCe ie tefater au
lérolutionMîrat ane (oie k kna tes bonle-
Tersements, à toutes les déprédatien» té-
gaki <fBi vADt devenir lenr naiiqne occn-
* patùw. Anwi l<ii déyatés dn tieri-ëiat pri-
rmu-ib peu de part i cette diiic&uioii ; ils
; awistdrf nt cadmm 1» Kobuiiu 1 des
gowJmib de gUdîaienn, et les discoan
qin'il» enleadaÎKiK a'éuient gnère ^ue h
puapbme dn moriOtri te aalutamt (cmk
^ vont mouiâ te nlueni) t^i'odreasakat
lei ^diatenn aux Céam.
Ces coDces.''ioDs, luulea larges qs'rilei
fussent, ne produtvirent pH l'effsl qu'un en
■ttendait , et l'aHlPOr du liw-e qne noiu
citMS «n expliqne fort iiiea la raison.
« C'est, dK-il, qu'antmne referme u'rtt
bonne, qneUe qoe soit sen etceUenn in-
trinsèque, si oUe n'est longtemps pfsée et
mûrie, (nâparAe d'avaMe, assnjeuie i des
gradMi(»t diverses, et acronpagoée de
ToalrîctÎDns et <1 e lempiranKntft (>Bi en mé-
nagent l'introduclioB et i'empâcbent ée
rainer ks ïMérCts «lisianti. »
Cette réfleiioa est fart jante. Halbea-
rensement à toutes les époques de révohi-
liOD oa appeUe progrès le renrccseeteot de
ee qtd etiste, on ne pense pas que le pr»-
grte indiqae Im-mêse par son étym»logie
la teoteor de son action.
A dater de ce BMWient la réTolulîon
n'eat pins de frem : les lois étaient sans
force, les formes de la justice aécennwe
etrcnf>!acérspir desToies de fait, pardts
prescripiioBs aibiUiifes, et Ite propriétés
étaient enrabieB da«6 lentes les proiiacea.
Des maina incendiaires riUageaitnt les ha-
bitaliofls des citoyens; les asiles de la ptété
élaknt violés, l'industrie et le commcn»
sn^tendus, la turour et la dévasiatioD ré-
pandues dans lont le rojauine. L'onfragê
de M. Degalmer tous fera c«iin:iltre par
quelle soiteaoB ifrinrempue de déceptions,
de déboires, d'affroot», le nuittieNreun
Lan» XVI «rin n OMdite dn mdieus.
TOQS ses droîls, tontes ses prérogatives Ym
furent arracbés snccesïiremBnt; on hii iK
nn crime des coacessioDs qu'il bilut b>
l'AsannUée, et dëei \ka ta résobitde len-
ter nn ceny de mua et de s'emparv de s»*
personne et de sa familie. Il bilaït nn pré-
texte, on le trauia Uentôt, Le cnale d'£»-
taiag, eonraaadant de la garde natkAale
de Versailles, sollicita one augmentatioir
de tranpes, et demanda qne le tégimeaK
de Flandre Tint faire partie de b garnison,,
afin de repousser l'agression dont oa
était menacé do la part des gardes fraa-
çaincs et dn penple de Paris.
« An milien de drconif ces ansd difi—
ciJes, dit l'autenr, et avec la aaenate jour>-
na'iëre d'nne invaiion de la populace dfr
Paris, Wb gardes du co^ se compiaieni ;
c'était i «nz principalement qu'était can-
&ée la défense dn cbMran et de la fMaillc-.
royale; en w^nitt lenr petit nombre, ib-
comprenaieot Doubien il kor importait dBr
vivre en parfaite nnion avec lên antre»^
corps militaires; ils vonlnrent donc, sni^
vent l'usage, doiner nn repas aux oficiers-
dunÉgiaM:ntdeFlBDdre,el ils y iimtérenr
tons les officiel» de la garnisMi et de 1»
garde natiBaale. Ce rapas eut lien Ir
1" oalobre dans la salle de spetuade dit-
cbateau.
» La reàae nVait point en l'ioleniîott-
de paraibe b celte fête, ei asait wtèm»
cbsiigé une dn ses fenmee. Al"* Canqiaa,.
d'y ai'sisler et de Ini en reaAe compie^
Vers la fin dn repas , le duc de luxem-
boorg vint lui faire part des sentimenl»'
d'amonr et de lîdWté sane m^aDCje que-
manifestaient 1rs oKivives; il lei insinuft
qne sa préienoe an miliei d'eu leur dw
neraitnn noneelélaneteo serait la récom-
pense. De longs joufs.liélasl et de knigacs
nniiB s'étaient écoulée à Versailles dqwi»-
l'ouverture des Étais gënérauz ; l'horïu»
avait tot^ours été chargé de nnages som-
bres et menaçants; J)lusieurs fois la fondre-
^en était écb»pp6e, elle était ve
à:
— 72 —
jusque sur les marches da trône, et ces
premiers coups ne paraissaient que les
avant-coureurs de tempêtes terribk-s et
sans fin
» Pendant vingt ans, Marie-Antoinette
avait été heureuse du Iwnheur qu'elle
prodiguât; elle commençait à connaître
le malheur, elle le supportait avec courage,
mais le poids en était lourd sur ses épaules.
Il lui sembla que des milliers de bras le
soulevaient pendant le récit du duc de
Luxembourg ; elle voulut jouir de cette ré-
miniscence des anciens jours O barba-
res 1 vous le lui avez reproché I
» La reine entra dans la salle du ban-
quet, entraînant le roi avec elle et menant
le jeune dauphin. On venait d*y introduire,
pour qu'ils prissent part à la fête, un
grand nombre de soldats des régiments
dont les officiers étaient présents. L'en-
thousiasme fut doublé par la présence de
la fiunille royale; des cris universels de
Yive le roi / retentirent; tous les convives,
l'épée nue à la main, portèrent de nou-
veau la santé du roi
» La reine, à laquelle tant do cris d'a-
mour avaient rendu un instant de bonheur
et cette puissance irrésistible qui subjugue
Ks cœurs, fit le tour de Ja salle en tenant
le dauphin par la main, puis la famille
royale se retira, i»
C'est de cette démardie, si naturelle,
qu'on fit un crime au roi et à la reine. Les
agitateurs répandirent le bruit que la co-
carde tricolore avait été foulée aux pieds,
qnlon avait proféré des menaces contre
l'Assemblée Nationale, et on parvint ainsi
à ameuter la populace pour arriver aux
sanglantes journées des 5 et 6 octobre.
Un membre de l'opposition» nommé Du-
port, fut le premier à attaquer le banquet
des gardes du corps, qu'il appela une fête
scandaleusej une de ces orgies dont la pru-
denu s'effraye et dont la misère murmure.
Une réprobation presque générale accueillit
ces funestes paroles ; mais Mirabeau, qui
cherchait déjà à faire payer ses services, à
se vendre à la royauté qu'il calomniait,
vint en aide au fougueux tribun, et me-
naça d'accuser la reine, sachant bien qu'on
ne le sommerait pas d'articuler aucun des
griefs qu'il prétendait avoir contre cette
princesse.
Dans un récit intéressant et coloré, l'au-
teur explique par quelles menées démago-
giques on parvint à ameuter une masse
considérable de femmes de la plus basse
classe, auxquelles se mêlèrent des hommes
déguisés en feounes, qui commencèrent
par piller l'hôtel de ville, et se ruèrent en-
suite sur la route de Versailles, en faisant
entendre ces cris: Du painl du paini
à Versailles! à Versailles!
Toutes les péripéties de ces fatales jour-
nées sont racontées avec chaleur par
M. Degulmer. Louis XVI voulut dans ce
terrible moment éloigner sa femme et ses
enfants, la reine s'y refusa avec énergie ;
elle ne voulut point abandonner son époux.
Vous lirez avec intérêt, avec émotion, j'en
suis sûr, le récit de ces terribles événe-
ments, de ces combats qui se succédaient
de salle en salle; vous admirerez le dé-
vouement de ces braves gardes du corps
qui se firent massacrer pour défendre le
roi et la reine.
Reposons nos cœuis et nos yeux en les
détomrnant de ces infamies pour les arrêter
sur ce qui se passait dans l'iniérieur de la
famille royale pendant ces épouvantables
événements, et laissons parler l'auteur.
aDèsque la reine avait été réunie au roi,
elle avait fait venir ses enfants; elle cher-
chait dans les caresses qu'elle leur prodi-
guait quelques distractions aux douleurs du
moment, lorsque le jeune dauphin lui dit :
« Maman, j'ai bien faim. — Il faut, lui
répondit-elle tristement, attendre que le
tumulte soit passé. — Mais, répondit le
petit prince, est-ce que hier n'est pas fini 7 »
u avait deviné, le pauvre enfant, et son
expression naïve était an augure pour l'a-
venir ; ce jour néfaste ne devait pas avoir
sitôt de lendemain ! les attentats contre h
^^
®i)^*
— 73 —
faaiille royale venaient de commencer pour
ne plus s'arrêter qoe sur la place Louis XY ,
et dans la boutique du cordonnier Simon. »
« Cependant, ajoute Fauteur, la foule
des assaillants, repouJ^sée du château et
forcée au dehors de relâcher la proie qu'elle
avait plus d'une fois saisie (les gardes du
corps), encombrait la place d'armes; les
vociférations, les injures, les menaces
étaient plus faibles, mais n'avaient pas en-
core cessé. De temps en temps, la reine
s'approchait avec inquiétude de la fenêtre
pour voir si quelque garde du corps ne
payait pas de sa vie son dévouement pour
elle ; l'idée qu'une seule vitre la séparait
du plomb meurtrier ne l'arrêtait point ;
et, en effet, plusieurs balles vinrent frap-
per près d'elle.
y> Alors la Luzerne, ministre de la ma-
rine, veut se placer entre la fenêtre et Sa
Majesté. « Je vois votre intention, lui dit
Marie* Antoinette, je vous en remercie ;
mais je ne veux pas que vous restiez là,
ce n'est pas votre place, c'est la mienne ;
le roi a besoin de conserver un serviteur
aussi fidèle que vous. » Quel magnanime
sentiment I »
Bientôt de nouveaux cris se firent en-
toidre; c'étaient quatre gardes du corps que
la populace allait ^rger ; Louis XVI cou-
rut au balcon, il demanda leur grâce, et la
foule, étonnée de Tattitude et de la prière
du roi, pour lui témoigner qu'elle accep-
tait cet hommage, laissa échapper les mal-
heureux gardes du corps; puis elle ne fit
plus entendre que ces cris forcenés : Le
roi à Paris l Enfin Lafayette arracha au
roi la promesse de satisfaire à ce vœu im-
périeux.
C'est alors que le roi reparut au balcon
pour confirmer la parole qu'il venait de
donner à Lafayette. A son aspect, des ap-
plaudissements universels éclatèrent. Mais
bientôt on demanda la reine : c'était un
nouveau supplice elle s'y soumit.
« Marie- Antoinette, dit M. Degalmer,
s'avança avec cet air de dignité qui exclut
l'abaissement sans être la fierté. Elle me-
nait ses enfants par la main. De brutales
voix, craignant l'impression que pouvait
produire ce touchant spectacle, s'écrièrent :
Point d'enfants I point cC enfants ! La reine
les fit rentrer; et, malgré la menace que
cachait cette injonction , elle revint plus
majestueuse qu'auparavant Cette grandeur
d'âme imposa aux assassins ; ils crièrent :
Vite la reine! Leurs armes s'inclinèrent,
mais ne leur tombèrent pas des mains. . . ils
admiraient, mais ils haïssaient toujours, d
L'auteur peint ici avec des couleurs fort
vives la triste part que prirent Lafayette et
Mirabeau à ces terribles événements, et
par quelles manœuvres coupables ils or-
ganisèrent ce départ du roi, qui était pour
la populace ameutée un nouveau triomphe
sur la royauté affaiblie et dégradée.
Rien de plus triste et de plus affligeant
que le tableau du voyage de la famille
royale, de Versailles à Pari?, a Ce voyage,
dit l'auteur, fut le complément des atten-
tats de îa veille et de la matinée : un déta-
chement, composé de ce qu'il y avait de
plus sanguinaire parmi des hommes qui
l'étaient tous, formait une espèce d'avant-
garde ; ce détachement portait conune des
dépouilles triomphales les têtes des gardes
du corps massacrés. Il était parti deox
heures auparavant, non point pour épar-
gner à la famille royale la vue de cet hor-
rible spectacle, mais pour en faire jouir
plus tôt les Parisiens.
)» Autour de la voiture du roi, les fem-
mes et les brigands hurlaient des airs pa-
triotiques et des chansons obscènes, dont
par leur geste ils appliquaient à la reine
les allusions grossières et outrageantes. »
Tout le récit de cette page dégoûtante
de la révolution est tracé avec une vi-
gueur et une indignation qui font honneir
aux sentiments et au talent de l'auteur.
La fin du premier volume de cet inté-
ressant et instructif ouvrage contient \%
tableau de la disette, qui vint ajouter aux
embarras du moment, et des assassinats
— "^îj^Sî—
4I« forent caBonis k cette époqoe. C'«R i
4» mameiit que oomnmçàtà n fure r-
«tarqtier Hobaptem, cet inbtîgtble <M-
-fenscvr âet ioBHrrectiau et du anuriaMs
o»uiÙB par le peiple.
EflQo, ceila prenière phawde l'hiMoirc
<de ]a rëvoliMioD se tei^iM pv ia prad»-
nutioB â« la loi mutiale et pw la «paiis-
iioo dei btens dn dwfé, tpalhiina qa'oM
l'M^na d'Aatn,
Mws le nom d« Tatteynsd de Périfpwd, et
qai depuis a joné bd rtlte «i isiportaiit
dmu Motn nos a'iaes poMqnei.
Vm wcoimI article avirra l'aotevr daas
kfl déf deppementa qa'3 doane aar laa k«-
?•!» de l'Asseoiblée csnatitoante et *v
rinflaeaoe qn'enreit n»décwoiu iv le
sort de la n'aoce. A. iàSUt.
littératche ëtbangèbe.
BMnIJ, ttnit, md nrity,
^ranifi (D siinpliciir,
Hera «DcUte'd in elndera ti«.
Duth il now ihe phœali o«it;
And i)h tDrtle's loyal bt«ut
To eteroilj doth reat,
XuwiDg no poiUiilj :
T was DOl Ihier iDBrmlt;,
It wai mtrried ehutelT.
' Itatk aaar aMni. bal cmbM. be ■
BMUtJ btag, but 'lit not the;
Trutb aad buuij burrled ba.
T»tU* vn lat thaïe nf aiD
TiiM ara ciUer true or fak ;
For.llieH daad liirda figli a prajei.
EsiKuruaa.
Btauld. cindeur, disiirictian , grlte duu
(ouic ft limpliciU, toDl renferméei Ed iTec cm
cendre*.
La mort eit à présent le Bid ^{A<iii«i at le
caiulide asur de la '■"''"" **" h repofa daoi
L'élrmité-
Ella n'a patat MsaMa patMW; ntm-qn'atte
ftU wlnUre : c'ait qat, w iiii, eUe gwta aa
cbaueté.
Un («iMant de tAM pent pankre entore,
Bail eHa n'aitata ftti§i la beauté patf hritlar .
McoM^ nuit ea n'iU pliu «Ha. La itrilé M la
beauté «ont enicrréei ici.
Que eeUei qut «ont Tnwm « fcellei ■'appro-
cbeoL ^ eetu uma «i aat^iinat nw prike
ff(Mi iraaoiaBaui umUi.
W' F. F.
<3
— 7« —
LE CHEVALIER BLAXC.
LEGENDE IRLAKAIIBG.
Sur les tords da Shamimii, mm loi» 4e
Limerict, tm voit «ncore les r«i«« dH»
vieiîx inamnr qui a oonservé le ne» ée
GarrigrHgmiBîd (cMteauâe la Inmièreé»
roc). Panm la ^es pHtoresqaes qire IV»
rencontre si communément dans la verte
Irhnde, cehri-là fst aîwpéinettt Ton des
phis remarquables. Démantelé «oos le roi
Gaîtlamne IH, cet iWrfice ^Téftve ott la
cime d'une roche escarpée, aride ci dé-
solée un côté de la rivière, mais tpii^ du
côté de la prairie, s'étend sor la pente
douce de la montagne, au miliea d'une
forôi d'ormes cenlestaires qne ces miiies
dépassent orgoeillensement.
En face du manoir iéodai est une im-
mense roche d^ granit dont le sommet,
brzarrcment découpé, rappeFïe fa forme
lie ces dolmens druidiqu^'S dont le sonve-
iifr est toujours d'un si puissant intérêt.
Ce sommet est inaccessible, jamais le pied
humain n'a pu gravir lespanois unies ét%
pic de sa base , et cependant, malgré cette
a^Tparente impossiUlKé, une légenfle ra-
conte que jadis apparaiisaic parfois, sur la
pointe la plus élevée, nne lumière blan-
che, limpide connue telle de h lune, et
hîrsque c*ftle himiêfre échiirait îa face d*un
itiortel, c'était toujours pour lui un fu-
11^ ste présage. Toici ) qucRt occasion la
K'gT^nde attribue la cessation de ce mjpsté-
rit ax pifaénemëne.
Sur la pente de la montagne était un
modeste cottage babtté par Mina O'Dîlton
er sa tante Rate û'OonnelL^Jn jour d*au-
t'jinne, Mina, ai;slse devant un miroir que
{soTitenait en souriant la bonne vieille pa-
nute, Miua, dis-je; achevait de donner!
la dernière main à sa parure, dont la frat- 1
cbe blancheur annonçait une soleanitê ]
importante : la jeune fille devait se marier r
tous les amis étaient déjà arrivés ; fl ne
manquait phis que le fiancé. Morice avait-
obtenu ^e son seigneur, le ehevàHer
Blavf , fun «des chieftams qui* combat-
taient alurs pour l'indépendance delà maï--
hrureuse Iifande, une penm'ssion de quel-
ques Jours pour Tenir éponser sa diôre
kflna. B avait quitté son seigneur comme
il se ratdait à son châttpau et devait aller-
l'y rejoindre quelques jours*apri&s Ta «éré-
UKioîe de son mariage.
Les iicdamatîoBS du dehors annoncè-
rent l'arrivée du fiancé. Iffina sTélança, .
obéissant à rimpulsion de sa joie, maSs eflé
heurta le miroir qui se brisa en tonfbait.
« mina ! maladroite enfant t iTécria la
bonne vîeiQè.
— A qui la faute? tarrte Ketty. D'ail-
leurs, il n'avait pas une grande vaflenr.
— €e n'est pas pour sa valeur, mina,.
c'est que briser un miroir, est toujours
signe de malheor. »
Mais la jeune fiHe était dép^ loin... Elle
revint avec Morice sous le bras, et Ton $%
mit II taible. La gaieté )a plus vive prési-
dait ^ ce repas champêtre 4 le petit cot-
tage n'avait jamais été si bruyant. On
dansa la vieiHe dan^e nationale, qui tou-
jours a pour rirlandals le charme de la^
nouveauté. Puis on chanta. Quand ce fut
le toiir de Morice, il fit entendre ces pa-
roles:
1 love my love in the nnorning,
For sfae lilic mom is fair;
flec blmhkigs «bwln, ht mmion MPtaU j
Ils cloada, kor goUan ha»,
fier g1aAC0^ ta hcAïas .«o soft asd kitd ;
Her tears, Ut dewy &hower8
A.Bd her voice, the Icaicr whispcruig wiod
That stirs thc <ar y bo\«crs.
tt
4.
ï T
i :
'^^
jb^,Ç^'
— 76 —
« J'aime ma douce amie dans l'aspect du matin ;
car elle est fraîche comme lui. Ses joues roses,
ce sont les couleurs de l'aurore; les nuages
pourprés, ce sont ses beaux cheveui dorés ; et
les rayons du soleil, ses regards si doux et si
bons. Ses pleurs même, sont la rosée bienfaisante,
et je retrouve le son de sa Toix dans le doux
xéphir qui caresse k feuillage> »
»
Les deux jennes fiancés se prirent de
nouveau par la inain pour danser. Éle?és
ensemble, leur familiarité datait de l'en-
fance, et la naïve joie qu'ils manifestaient
faisait l'éloge de la pureté de leurs mœnrs.
Tout à coup, une luenr blanche illu-*
mina le ciel au-dessus du sommet de la
roche Noire... h danse cessa... un silence
profond succéda aux éclats bruyants du
plaisir, et Mina s'élançant vers les volets
intérieurs les ferma brusquement On se
hâta d'éclairer le parloir, et chacun s'ef-
forçait de surmonter la terreur qu'inspi-
rait la lumière fatale , lorsque le bruit
de plusieurs chevaux qui s'approchaient
donna une nouvelle direction aux idées.
« Mes pressentiments étaient justes ,
murmura Morice; le chevalier filanc, mon
noble chiefiain, n'a pu rentrer hier dans
son château Maintenant , il est en
fuite. »
La porte du cottage fut vivement pous-
sée et le chieftain entra, suivi de deux
écuyers. Ses vêtements étaient couvens
de sang et de poussière; il fit un geste.. .
Les invités quittèrent le parloir; il n'y resta
que Morice et Mina.
<c Morice, mon brave serviteur, je t'ai
congédié dans un mauvais moment, dit le
chieftain. Les Anglais se sont emparés de
mon château et sont à ma poursuite. U
me reste à peine le temps de rejoindre
mes braves soldats.
— Mon seigneur, reprit respectueu-
sement Morice, si vous daignez accepter
un asile dans cette humble demeure, Mina
et moi nous serons glorieux de vous y re-
cevoir. »
Le chevalier Blanc jeta un coup d'œil
sur la toilette nuptiale de la jeune fille et
répondit: a Je refuse, mes amis; je ne
veux pas ensanglanter cette heureuse mai-
son par une rencontre inévitable avec mes
ennemis. Nous tâcherons de découvrir
ailleurs un refuge.
— Il n'en peut être ainsi, monsei-
gneur, il ne sera pas. dit que vous serez
entié sous le toit de Morice sans qu'il ait
rien fait pour vous prouver son dévoue-
ment S'il y a pour vous quelque danger
ici, fuyons ensemble, je vous guiderai dans
la forêt.
* Si je puis gagner un jour, répondit
le chevalier, mon lieutenant Kavanag e^t
à Kilmallock, et le château peut redevenir
mien avant demain soir.
— Kavanag est à Kilmallock ! s'écria
Morice ; oh ! mon maître ne vous arrêtez
pas ici, courez vous joindre à lui, vous en
avez encore le temps; votre cheval est
épuisé, le mien est tout frais , et comme
votre costume peut vous trahir, daignes
réchanger contre le mien ; puis laisser
moi le soin de vous débarrasser de vos per-
sécuteurs.»
Le chieftain hésitait, car il sentait à
quel péril Morice s'exposait par un tel dé-
vouement Un gémissement étouffé que
Mina ne put entièrement réprimer décida
sa réponse. « Non, Morice, s'écria*t-il en
se tournant vers la jeune fille, je devien-
drais votre meurtrier.
-» Ne craignez rien, monseigneur, vous
serez de retour ici avic vos amis, dissez
à temps (four prévenir tout malheur,
et si vous restiez ce serait pour nous voir
partager votre sort ; votre départ est donc
notre seule chance de salut, car je ne sup-
porterais pas la honte qui s'attacherait à
moi, si je survivais à mon maître dans un
tel moment. •
— Que dit votre jeune femme î.répliqua
le chevalier en jetant sur Mina un regard
d'admiration et de pitié.
— Je répondrai pour elle, monseigneur ;
Mina préfère rester la veuve d'un brave
i/&^'
Ts^'
- 77 —
Irlandais, que la femane d'an lâche.. . d'an
ingrat.
— Morîoe vons dit vrai , » marmora la
tremblante jenne fille.
Elle fut récompensée de cet effort par
nne fenrente pression de main de Morice,
qui la regarda fixement Elle comprit son
intention, sortit de la maison, et aperce-
vant le curé qni devait bénir son nnion«
elle Ini annonça la présence du chieftain à
la chanmière et le conjnra d'emmener
chez Ini sa Tieilie tante et de renvoyer
chez eaz tons les invités de la noce. Puis
elle se rendit «nsnite dans la cônr, sella
elle-même le cheval de son fiancé, et le
ramena à la porte dn cottage.
L'échange des habits avait été fait en
son absence, entre le. chevalier Blanc et
Morice ; le chieftain se mit en selle, et ten-
dant la main à son généreaz serviteur :
« Morice, Ini dit il, je serai de retour de^
main à cette même heure, et assez li temps,
j'espère, pour vous délivrer de tout em«
barras. Mais s'il arrivait quelque malheur,
je jure par l'âme de mon père de ne ja-
mais porter d'autres vêtements que les
vôtres. De nous deux en ce moment,
c'est vous qui êtes le vrai chevalier ; lais-
sez-moi presser votre main, car jamais
main plus noble n'a porté le gantelet. »
Aloiïce s'inclina avec respect, et le che-
valier s'éloigna rapidement, suivi de ses
deux écuyers.
Le jeune vassal se retonrna vers sa fian-
cée : «Maintenant^ Mina, loi dit-il, regar-
diZ moi l » Elle releva la tête. <c Oui, vous
êtei bien la femme que j'ai toujours aimée,
uniquement aimée, mais que je puis à pré-
sent admirer et aimer plus encore. Si au-
cun événement n'arrive , demain matin ,
Mina, demain nous serons unis. Allez
vous reposer, je veillerai à votre sûreté ;
quoique vous n'ayez rien à craindre des
Anglais, cependant ma présence sous ces
vêteoients pent gravement vons compro-
mettre.
— Je ne veux pas vous quitter, Morice,
répondit Mina avec fermeté; je suis pour
vous quelque chose de plus qu'une fiancée,
depnis qne vous jouez votre tête pour le
chevalier Blanc. »
Le jenne homme sourit gravement, il
lui avança un siège près du foyer, et tous
deux attendirent en silence l'approche des
hommes d'armes qui poursuivaient le chief-
tain. Pendant quelque temps ils n'enten-
dirent que le bruit des raSales qui se-
couaient les arbres de la forêt. Cependant
des sons éloignés se rapprochèrent, et les
fiancés purent bientôt distinguer le piéti-
nement d'une troupe à cheval qui s'arrêta
à la porte de la cabane. Morice insista
inutilement pour qne Mina se retirât, afin
de lui éviter les terreurs de; la scène qui
se préparait. « A tout antre commande-
ment je suis prête à obéir, Morice, lui dit-
elle, mais je ne veux pas vous quitter, je
serai muette; pas un cri, pas nn mur-
mure, pas même une pensée; laissez-
moi près de vous... (elle appuya son
front sur la main que lui tendait le jeune
homme.) Quel que soit le sort qui vous
attend, il sera le mien. Ne doutez plus de
ma fermeté, dites que vous avez confiance
en elle... je suis préparée â tout i>
La porte fut ouverte avec violence ,
une troupe de soldats venaient d'entrer en
tumulte, ils s'arrêtèrent à la vue de Morice
vêtu du costume de son seigneur, t Ar-
rière l leur dit-il, se mettant en défense à
leur approche. Avant d'entrer plus avant,
dites ce qui vous amène ; les habitants de
cette maison sont sous la protection des
lois anglaises 5 ils ne peuvent être insultés
qu'à vos risques et périls.
— Si vous êtes le chevalier Blanc, ren-
dez-vous, répondit l'officier qui comman-
dait ; c'est vous seul que nous cherchons ,
personne autre ici ne sera inquiété. Seu-
lement je demande des rafralcbissements
pour ma troupe; et nous vous garderons
dans cette maisoh jusqu'au point du jour.
— Je ne disputerai pas ma liberté, je
sais qu'en la défendant je n'ajouterais pas
V
— 78 —
unecfaanee de plnsen favevrde moftsort
qui dépend da lord président
— Je ne jeta, pas wons tromper, sir
chevalier, votre soumission. Hrdive otnài
d'on failde poids «après de la comnission
miliUirK, car voici k warraat qsi oom*
mande votre exéenlion , sit henres aprts
la remise de vmn épée. »
Mortce se sentie pCitir en «ongeamt k
mina^ mais il n'osa U re^nrder.
« Je croyais, répondit-nU, qne /aurais
an moins an jeurponr ne préparer à sii«*
bir ma senleoce.
— Pas nne betre de pkis; mes ordres
sottt précia
— liens, oapîtalne, faissei-moi sen) k
mes penarâs. Cette jenne fiHe va poÉrteir
à tons vos besoins ; je péckoie de vonr le
respect convenable envers fHe.
— Je le promets ; mais la panvn en-*
fant parak vivement s'intéresser h jonre
maifceiir, snr cbevalier. D'aiHenrs, ses iar«
mes sont excosaMes; vons avez empêché
la céiéforàti(Hl de son mariage.
— Mina, loi dit le fanz chevalier jHanc
en Ini pressant les mains itvec intentie»,
votre fiancée est nn brave ^rçon , je le
connais assez pour savoir <}«*il n'eât pas
échangé son cœar contre un amonr salas
abnégation; vons pouvez le lai prouver
en déployant en cette occâsioA là fermeté
qa'il doit attendre de vous. S'il en était
autrement, votre faiblesse loi prouverait
qu'il s'est grandement troilipi^. »
La malheareuse fille réunit toutes ses
forces pour dompter l'élan de désespoir
qu'elle sentait s'élever de son sein. £lle
laissa Mukice retirer sa main, et se tint
droit*", iiQmobile, pendant qu'il s'éloignait
suivi des hommes de l'escorte.
Restée seubi Mina, portant les mains à
sou front, sembla rappeler sa raison prête
à l'abandonner. Elle demeura quelques
minutes dans l'attitude de quelqu'un qui
écoute attentivement, et lorsqu'elle enten-
dit la porte de la chambre, où on menait le
conduire, se refermer sur lui, elle croisa les
mains sur sa poitrine et fondit en lanoei^
Il est bien étrange que, chez quelques
femiiMi, ciCte marque de fûbtesse précède
toujours une résolutioa éMvgique, «»
giand $a% de fetnnaté* Mina arrêta ses
pleorsy en réfléchissant q«n sii luMires
seokmeot étaient dMUiéen k l'eiisl^ce de
son AaïKé; eUe ealcula froidement ses
cbanoes dn salut» aés mofftws deavecès, et
les mit en œu«re airee tm» admirable mpi»*
dite d'enéeution.
Morioe avait été iatasé seul ponr se pré*
pare» à an finprochêitteç M étttt dans une
obscurité céniplète. Il sentait qu'il allait
jouer un anUe rôle» saais précédents dans
les annales de son paySj et voulait mourir
martyr de sou béroiqva fidékié ; mais être
arraché éd l'aMei nèur maroher au sof^Uce,
lorsqu'il avait devant lui un kwg avenir de
bonheur en s'unissant à la douce Mina^
était «a sujet de craels itegtets, £puisé
par la violeact de ses émotions , il cédait
au besoin de sommeil, lorsqu'il sentit la
p:*essk>n légère d'une main sdr son front;
il tressaillilv et vit Mina debout devant tei,
tenant we de ces petites chandelles de
veUe-, nommées rusMighU
a Silence ! Morioe , loi dit-elle à voii
basse. Vovlez-vons faire on effort pour ob-
tenir votre Uberté 7 d
Il bohdit snr ses pieds en la regardant
avec surprise. D'un geste, elle lui montra
la porte et murmura à son oreille : « Les
soldats sont là, je les ai fait boire, ils dor-
ment dans l'obscurité, j'ai éteint leur lu-
mière. No craignez pas leurs mousquets,
j'en ai retiré itt pierres. Deux êddats seu*
lement sont à craindre: ce sont les senU-
nelies du dehors. Pour ceux-là, placez
toute votre espérance date to protection du
del. Ne perdons pas on moment, marchez
sur mes pas.
— Mais o éomptez-Yohs foir, Mina ?
— A la caverne druMiqae oà lord
Fitzgerald se cacha après le malheur des
siens. »
£Ue souffla sa lumière. Us traversèrent
>'- 5>,0'JÉ>^*"
'>*©d^^:
.J^ï©^
— 7» —
ayec une précatition extrême la chambre
oà les soldats dormaient ; lorsqn^ils appro-
chèrent de la porte d'entrée, Afina posa le
pied snr qndque substance qoi éclata sous
son poids. « Les fragments du miroir!
pensa t-elle; pauvre tante 1 elle avait rai-
raison. » Un soîdat s'éveilla à ce bruit et
saissant le pan du mantean de Morice.
<cQui va là? cria-t-il, qui êtes-vousî...
— I«alssez-moi« npionsieur, loi répon(Ct
à voix basse la jeune Gllé ; je tais chercher
de la lumiëre dans les centres de la cui-
sine. D
Le soldat lâcha le mantean et se replaça
pour dormir. Ils atteignirent la porte dé
sortie.
c( Maintenant, chère Mina, luf dit Afo-
rice, passez la première, les sentineHes ne
s'y opposeront pas, rendez-Tous prompte-
ment au lieu convenu. »
La jeune fiBe obéit sans s'arrêter on
seul moment. Quelques plaisanteries sur
sa sortie à pareille heure furent les sente
incouTénients qu'elle eut à subir. Quand
le [temps suffisant pour l'évasion de Mina
se fut écoulé, Morice rejeta son manteau,
éleva les mains vers le ciel pour en appeler
à sa protection, et ^éla«gi à frinrera ifs
bois.
L'étonnement des deux sentinelles les
tint un moment en suspens, mais elles
donnèrent promptement Talarme, en ti-
rant dans la direction que le fugitif avait
prise ; les belles sifflèrent aux oreilles de
Morice, qui redoubla de vitesse. Il pouvait
entendre les imprécations des soldais su-
bitement éveiRés et trouvant leurs aroies
hors de service. Bientôt il aperçut ap tra-
vers des arbres la robe blanche de sa
fiancée ; AJina l'attendait. II la saisit dans
ses bras, et tous deux passèrent le gué
qui les séparait <Je la grotte de FitigeraW,
qu'ils atteignirent peu de moments après.
Quoique heureux de se voir écjiappés à
ce premier danger, ils ne s'abusaient pas
sur leur position, car ils ne pouvaient s'^-
vêûturer à sortir de la cavune, et ils sa-
vaient que leur retraite serait découverte;
mais Ils espéraient ainsi gagner du temps
jusqu'au retour du chiefum et de ses soi'
dats. En effet, au point du jour les Anglais
arrivèrent devant la grotte, mais n'en con-
naissant pas les détours, et soupçonnant
quelque piège, ils s'arrêtèrent devant l'ou-
verture ; là, ils tinrent conseil sur ce qu'ils
avaient à faire. Peu de moments après, les
fugitlb entendirent le bruit de pierres
amoncelées devant l'ouverture de leur re-
fuge. Ne pouvant former aucune conjec-
ture snr le projet de leurs ennemis, ils at-
tendaient avec h plus mortelle anxiété.
Tout \ coup nue lueur pénétra dans k
caverne, «c Regardez, chère Mina, h so^
leil se lève et nous pouvons espérer le
prompt retour de notre seigneur.
— Si cette clarté était celle du sotefl,
Moriee, nous ne pourrions la voir, c^est
une clarté fatale... c'est la lumière de ta
roche Noire.
— Patafe, pay pour nous, Mina, car en
ce moment ele éclaire nos ennemis. y>
Tous deux se signèrent dévotement sans
se communiquer leurs terreurs, car depuis
quelques minutes une épaisse fumée se
fipan^iilt 4bp» la ffiverne. <x Dieu de mi-
séricorde F s'écria le jeune homme, ils
vont nous étouffer. » Alors il voulut
l'entraîner au dehors, et s'offrir seul en
sacrifice... mais une brûlante vapeur le fit
reculer précipitamment Mina lui saisit la
main. <xRé;>ignons-nous« n)on ami, lui dit-
elle; ]à-ba3 compieici la mort est inévitable.
Vous ne voudriez pas, sans doute, racheter
votre vie par une IScheté» en dévoilant votre
déguisement; accomplissons notre des-
tinée qui permet qu'au mçins nous ne
soyons pas séparés. »
Mais le manque d'air lui ôtant la respi-
ration, elle fléchit sur ses genoux, et une
sorte de délire s'jpmpara d'elle. « Mina!
chère Mina! criait le malheqreux Moriro,
reprenez voire courage, pose? votre figure
sur la terre, là est eocore un peu de fraî-
cheur. » Mais elle perdit le sentiment
^'"^^î^^
'-^liX'^y^*^
f^>
— 80 —
et s'affaissa dans les bras de son fiancé.
A ce moment, une yiire fusillade s'enga-
gea au dehors ; le combat fut court , ren-
trée bientôt déblayée, et le chevalier Blanc,
à la tête de ses compagnons, se précipita
dans la grotte ; ils enlevèrent les corps à
demi suffoqués de Mina et de Morice, les
exposèrent à Fair libre, et les soins les
plus empressés les rendirent à la vie.
Le chevalier Blanc récompensa leur hé-
roïque dévouement en les unissant lui-
même, et en leur assurant une existence
aisée. Son affection pour ses fidèles servi-
teurs éclatait en toute occasion; il se char-
gea de l'avenir de leurs enfants, mais quant
à leur bonheur intérieur, il ne pouvait y
ajouter..... ce bonheur était complet.
A trois années de là. Mina essayait les
pas de son premier né sur la pelouse qui
s'étendait entre sa maison et les arbres
de la forêt Un pèlerin courbé par l'âge
et les fatigues s'avança lentement ven
elle, il implora sa charité. Mina s'em-
pressa de lui donner quelques pièces de
monnaie et l'invita à accepter un asile, car
la nuit s'approchait. Tout à coup, la fatale
lumière de la roche Noire brilla et alla
éclairer la face du pèlerin.La jeune femme,
oubliant qu'elle s'exposait au même danger,
lui saisit le bras pour l'obliger à entrer
prédpitanmient dans le cottage..... mais
le vieillard prononça ces mots : « Mina
D O'Dillon I reste, et ne fuis plus cette
x> lumière ; l'esprit qui h commande est
x> lui-même soumis à la volonté du Très-
» Haut. Sa puissance va cesser, et Dieu
y> permet qu'en faveur de tes bonnes acp-
. y> tions, cette lumière funeste disparaisse
». à jamais. )»
Le vieillard étendit les mains vers la
roche, la lumière s'affaiblit peu à peu en
même temps que la forme du vieillard de-
venait moins distincte, et lorsque la lu-
mière eut complètement disparu, aucune
trace du pèlerin ne resta visible.
Depuis ce jour, la lumière de b roche
Noire ne se ralluma plus.
M'* LlURE Prus.
LA PIÈCE DE VINGT SOLS.
«•»
Le joli village de B... , entre Bailleul et
Gayel, était en fête : le 8 septembre, jour
de la Nativité de Marie, ramenait la ker-
messe traditionnelle, célébrée le matin à
l'église par une messe en musique, à midi
par une revue de la garde nationale, digne
d'inspirer lesjoyeuxcrayonsdeCham onde
Gharlet, et célébrée encore à domicile par
de longs festins et de bruyantes réunions.
Partout, noces de Gantache ; le plus pauvre
métayer avait, sinon la poule au pot du
bon roi Henri, au moins le jambon et le
gâteau aux raisins, mets de fondation dans
le pays des kermesses. La grande ferme
de la Motte-aux-Bois avait surtout servi de
théâtre à un festin homérique, et les nom-
breux convives, assis encore autour du
champ de bataille où tous s'étaient vail-
lamment conduits, vidaient lentement les
derniers verres, en attendant le moment
d'aller faire un tour à la foire qui s'étalait
sons les tilleuls. La fille de la maison, Lu-
cie, déjii parée d'une fraîche toilette,
semblait attendre le signal du départ avec
une certaine impatience ; ses regards non-
chalants erraient autour de la table, s'ar-
rétant avec un dédain peu déguisé sur les
oncles, les cousins, qui discutaient trop
longuement le prix des huiles ou le der-
nier tarif des grains : entourée de ces vi-
^ 81 —
sages rustiques, rougis à Fair, brûlés par
le solei], ridés par la fatigue, Lude sem-
blait une jolie fleur champêtre éclose au
milieu d'un gros buisson épineux, car Lu-
cie, élevée à la ville, avait reçu l'éduca-
tion d'une demaisdle ; elle avait l'extérieur,
les goûts et les idées de celles qui ne doi-
vent connaître que de doux loisirs ou de
faciles travaux : elle était l'idéal de sa
mère, qui, après une vie passée dans de
rudes labeurs, ne désirait rien, sinon que
sa fille» nof demoiselle^ ne sût et ne dût
rien faire. La bonne mère s'aperçut enGn
de l'ennui que ressentait sa fiUe :
« Jean-B|ptiste, dit-elle en^s'adressant
à son mari, ne serait-il pas temps que Lu-
cie allât voir la foire 7
— Eh bien I nous partons.. . Et toi ,
femme, tu viens aussi?
— Que nenni I et les vaches, et les
poules donci Crois- tu, Jean- Baptiste, que
je me fie aux servantes? La tête leur
tourne, par un jour pareil; elles seraient
capables de mettre le lait ^ns des seaux
qu'on n'aurait pas rincés I >
Et l'active fermière ayant dit les Grâces,
noua un tablier de toile bleue sur sa robe
de soie, et se mit à émietter le pain des-
tiné à la basse-cour. Lucie attachait son
chapeau de paille et son mantelet de taffetas.
c Père, dit-elle, je suis prête!
— Et tu t'en vas sans avoir un sou dans
ta poche ? Je crois que le boursiquet est
vide?
— Oh 1 père, cela tç regarde.
— Viens donc voir si je puis le remplir ! »
La jeune fille s'appuya sur l'épaule du
vieux fermier : il tira lentement une
bourse de cuir, l'ouvrit et prit une pièce
d'or, neuve et brillante, qu'il fit étinceler
entre ses doigts.
« Pour moi? dit-elle.
— Oui, je l'ai mise de côté au dernier
marché de Lille. Les grains se sont bien
'Vendus : tu en profites.
— Merci, père !
DIX-NlDTlàXB ANNiH 4" SéRII. — M*
— Ça, partons ! »
Lucie embrassa sa mère, prit le bras du
fermier, et, entourée des cousins et des
cousines, ils s'acheminèrent vers le champ
de foire. Le tumulte croissait à mesure
que Ton approchait de ce lieu de délices :
les cris des paysans qui joutaient k l'ar-
quebuse ou à l'arbalète étaient dominés
par la grosse caisse du charlatan et la ver-
beuse éloquence d'un paillasse debout et
pérorant sur ses tréteaux. Enfin, on dé-
couvrit les baraques, et bientôt les jeunes
filles errèrent, ravies, de la boutique d'un
bijoutier nomade à l'étalage de la lingère,
de là aux lithographies et aux enluminures
du marchand d'estampes et aux ingénieuses
petites créations du débitant de jouets. Lu-
cie pensait à sa pièce d'or : que sera-
t-elle 7 Dieuy table ou cuvette ? Elle com-
parait le bracelet doré qu'elle avait vu
tout à l'heure, au joli mantelet blanc qui
flottait avec tant de grâce, à la boite à ou-
vrage en imitation de laque, et se sentait
fort indécise, lorsqu'on loi toucha douce-
ment le bras. Lucie se retourna et vit à
côté d'elle une paysanne, son amie d'en-
fance, l'unique fille d'une pauvre fermière.
« Lucie, dit-tlle tout bas, croyez-vous
que la marchande me laisse ce mouchohr-
là pour vingt sous? » et elle désignait un
petit cbâle de laine commune, qui aurait
cependant remplacé avec avantage le mou-
dioir usé et pâle qui couvrait les épaules
de la pauvre enfant.
« Mon Dieu, Thérèse, je le croisL...
mais demande-le. »
Thérèse regarda d'un air incertain la
pièce de vingt sous qu'elle afait à la main,
et se mettant à sourire elle dit :
a Je vais aller consulter ma mère.
^ Va ! » et Lucie se prit h rire, pen-
dant que la petite fermière s'éloignait à
grands pas.
c Eh bien ! Lucie, lui demanda son père,
que vas-tu acheter? ce beau bouquet de
iïeurs artiGcielies, du paind'épice...
IIL 6
-î^ô^
— Papa, je voudrais biea ce bracelet
fiie aoos a¥ODf f« tantôt . .
— Fi donc ! c'est de la dorare ; Je ne
Tem pas de fnux chei moi.. . >
Licie batasaît la tête, indécise. ENe
pensait an joli mantelet btanc. La raison
disait : Tb m'ta as pas besoin , l'été tou-
che à sa fin. .. C'est «ne dépense inntik. . .
La fantaisie répUipiait : Il est bien joli, et
tu en as envie.*. La fantaisie fnt obéie, et
Lacis échangea sa pièce d'or contre le
Biatttelet de «Masseline.
Deax MMS s'étaient passés ; l'office do
jour de la Toossaint venait do inir, H les
fidèks de B*^*, arrêtés so«s le pcircbe de
l'église, regardaient «rec ennni um plaie
iœ et glacée qni conbaît sans interrn|H
tion, et ajontatt aa caractère de méianeo^
lie ^'imprimttt à la campagne les cloches
foi sottflatciit la veille des Morts. Les pins
h^dis se hasardèrent cependant, et bien*
tèt il ne resta so«s le portiqœ «onipcrt de
nnasse qœ deos jewaes filles, Thérèse et
Lucie. Locîe était envebppée dans un bon
oiaoteaa, mais Thérèse semblait grekrer
soossa petite voba et son mouchoir usé, le
uiéme (faVlle portait au jour de la foise.
« Lapfade necessefias, dit enfin Lucie,
nMds j'ai un paraplnie; si tu m^en crw,
Thécése, ta reviendras avec nm j«i|o'à
la Mettfr-auj^BaîSv ta te sécheras un pev,
d pais je te ferai recendoire par notre
vieHK beiiger; il prendra la grosse lan-
terne, car le chemin n'est pas bon*..
Veusrtn ?
— Oui ; ma mère ne sera pas en peine,
car eooaiae Mmimmt loi tieot compagnie.
EHoB dirent le chapelet poar les âmes dn
Purgatoire.
— Mens donc ! » et ksdeox jennes
niies, abritées sons un seul parapluie, s'a-
cheaûnèrent à travers les ténèbres creîB-
santés, qui leur permettaient à peine de se
caodeire dans un cheiuin raboteux. Lucie
sentant le bras de sa compagne tremUer
sous le sien» dit :
<t Tuas froid, TIl('r^s(•? i
-^ Un pen. .. ce n'est rien I
-<- Nous arrivons I Yois-ta les kiaièresî
Nons aHons nous sécher toot à rbeare. Il
fait si bon de se chauffer qoand il j^eat
au dehors! i»
Cinq misâtes après , elles étaient en
effet installées dans la sadie commone de la
fenne, devant nu bon feu pétillant, et
Lude regardant alors son amie d'un oeil
plus attentif, lui dit soudain :
c( Mais comment se fait>il qne , par une
teHe fête et par un tel temps, ta n'aies pas
mis le moochoir acheté à la foire?
— Je ne l'ai pas acheté, répaadic sim-
pàenent Ijiérèsa
<^ Pourquoi pas?
— - Dame I
<*— Tiens, Thérèse, je tecoanais, il y a
quelque chos^là-dessoos ! Ta mère n*a-t»
die pas veoki I
•^ Sdgneor-Dien f on paarrre mèrel
eVe qai ne demande pas mieux qne de me
— Tu avai§de l'argent cependntl
— Oui, ÛDgtSOOS.
~ Eh bien?
— Eh bieni je les ai «ntiployés aillenvs.
— Ah I ma petite Thérèse, dit Lude an
la caressant, diê^moi ton secret, je meofs
d'envie de le oonnattre.
— Il n'y a pas grand secret è cda, je
vais te le dire. Le jour de hi foire, ma
mère m'arait donné an franc ; c'était hcan^
coup pour nous, car tu sais, Lucie, fne
nous ne sommes pas riches, et qne ma
mèffe a bien de la pdne à payer lé fermage
quand arrive Noél on la Saist-Jean. Fnête
h échanger ces vingt sous contre on mooH
chdr, je voulus cependant consolter ma
mère, et je rentrai à la maison. SHe m'ap-
prouva, mais elle me dit : c avant que de
retourner à la foire, porte donc ce pdn et
œ panier de pommes de terre ehei la
veate Hobert. Tout le monde est en ièls,
et peut-être n'a-t-elle pas de qud dtaec...
cela me serre le cœur I » J'obéis, je pris le
panier et j*all:i chox la veave Robert. Tu
'-?^^ï^
te 8MiTte*s tticie» que cette fetnaie eat
venoe à B*** depuis qbelquM mois , après
la QMlrltfai MB mm t elk espérait tn)a¥er
idde l*9uvragt'.et vivreànD«i]tear ooinpte...
mni elle â*a trevfé ^u'twe plas grande
mi^rp. Quinë jVntfai obez eUe> eUe était
aate wm et iite Gatker»e, entre les
qmiÉt mwe ppeeqae n«e.4 • m» sur la
table... rien dans le foyer... rien daM
l'araraîra ... Clbra étaient oi3iTCfl oemme
un jour de dimanche, et pliia tnstieii, phu
accaUéCi ifn'aptèa te pkis nide travail
f( Voici ce que ma mère vous enToie» » dis-
je en posant le panier.
La Teuve regarda le panier, les pommes
de terre, le grand pain bien cuit, puis elle
regarda sa fille, et se ttit à {ftVltr en M-
sant :
« Nous dînerons donc aujourd'hui ?
— Quoi! m'écriai- je, vous n'avez pas
dînél
— Quand on n'a pas d'ouvrage, on »e
mange (>asde pain, Thérèse,» dit Caihe-
rine à voix basse.
Pas d'ouvrage 7 pas de pain ? et je pleu-
rais aussi comme une biche.
« Ahl s'écria Catherine, e>i j'av&is ce
que j'ai vu tout à l'heure à la foire, je
pourrais travailler, et nous Tivrions toutes
les deux I
— Et qu'avez-vous vu? sans vous com-
mander 7
— Un crochet, un crochet à faroderv..
J'ai appris à Bailleul, chez les beBoes
sœurs de la charité, à coudre et à broder,
et je crois que si je pouvais montrer un
échaotlilon de mon travail aux fabricants
de sarraux de la ville, ils consentiraient à
m'employer
— Et ce crochet coûte donc bien
cher 7
— Quinze ou vingt sous, peut-être
ce serait une fortune pour moi... mais
qui, au village, consentirait ù nous prêter,
à nous inconnues, cette petite somme? H
n'y a que les pauvres, à qui nous ne pouvons
le demander, et les riches, que nous n'o-
— 8* —
soM ielKdter ; le deeserwit mbkù bM.. «
mais si pauvre hii^même 1... »
Pesdaat <p»'eMepatlait« LuMe» tMpièoe
de vingjt se«s brftlait dans bm iniia et je
me disais : Ne vaut-il pae iftiem ^pie 4es
crëattirei dn twn Dieu ttieftt du pains qte
moi au cb&le aeiif sor lee épiMde»? le n'y
tins plus :
« Tenet, db-jè^ veici mû fiittc e acbe-
t« ta«t cèii|B'il wmùiuL »
Puis, sans écouter les remeralmeilts, je
m^n alalk mi fk» viée. Getedie J'avaiale
cœur te«t plein ) j'eatrai à l^ésKae «t>
priai un moment. J'avais pleuré de peine,
je pleurai d'aise devant le Saint-Sacrement
qui était là tout seul, tout abandonné, pen-
dint qte û6ê ^bi^ticts b'amusaient à la
foire.
De retour au logis , je dit tout à ma
mère, elle m'embrassa... et voilà pour-*
quoi, Lucie, je n'ai pas de mouchoir.
(( Ëi Gatherine? répondit Lucie, for-
teinent préoccupée* Catherine a-t-elle
réussi 7
— Dame I je crois bien ! Catherine est
fine ouvrière',1 Avec son crochet et du co-
ton bleu, blanc, rouge, elle fit sur de la
toile de beaux dessins, et les porta à un
fabricant de sarraux de Bailleul. Aussitôt
elle eut d6 l'oûvraj^ : sa mère cousait les
blouses dont elle brodait les cols et les bou-
tonnières : quelques settiiines après , elle
pot occuper mie petite ouvrièi*e, puis
deux, puiâ quatre ; maintenant elle a un
vériuble atelier. .. et tient son monde en
respect 1 Le dimanche, elle conduit tou-
tes les petites filles à la messe, aux vêpres;
après, elle les amuse, chf-z elle, elle lit de
belles histoires dans des livres qu'ele a
apportés de Baithul, on chante des canti-
ques, on prie le bon Dieu... on joue aassi,
lout^ les ouvrières soRt<eonte«ites... Ma-
daimè Hubert est lienreiiBe comme une
rcifte et 1 atheriee comme «ne sainte !
-^ Et ks vingt souB, ne te les a-t*elle
pas readus?
— Oh ! si fait. .. mais j'ai du guignon.. .
I
— 84 —
h \ieiUe Marie, notre Toisine, s'est avisée
d'avoir an rhume, il a falia dn sirop. . .
adieu les vingt sous ! mais je pense sérieu-
sement à économiser afin d'avoir on mou-
ciMMT pour les fêtes de Noël »
La fermière s'était rapprochée, elle avait
entendu ce dialogue, et s'adressani à Lucie,
elle dit :
<( Thérèse est plus avisée que toi, fille ;
ses vingt sous ont plus rapporté que tes
vingt francs.
— Hélas i c'est bien vrai 1 qn'ai-je eu
pour mes vingt francs I ce manteiet blanc
qui m'était inutile, qui ne m*a point ser-
vi., et toi, Thérèse !
— Vrai, je suis heureuse -quand je
songe à Catherine.
— J'aurai aussi part à ce bonheur , ma
bonne Thérèse , tu m'aideras de tes con-
seils, tu me feras connaître quelle valeur
peut avoir en ce monde une pièce de vingt
sousl
— Ma fine, alors, pensa la fermière»
not' Lucie sera parûdte. »
M"^ Éy£UNE RlBBEGOUBT.
LA ROSE ET L'IMMORTELLE.
Dans un verger rempli de fleurs
J'apercevais la rose*auprès de Timmortelle ;
L'une étalant sa verdure éternelle,
m
L'autre ses brillantes couleurs.
Dans une iliosioa charmante.
Mon cœur les animait et leur donnait des sens;
Bientôt de la tige odorante
J'entendis la première exhaler ces accents :
Hélas 1 que mon sort est à plaindre I
Le même jour me voit naître et mourir :
Un rayon de soleil suffit pour me flétrir.
Et du zéphir léger ma vie a tont à craindre.
Mais vous, enfant chéri des dieux,
Vous existez longtemps, ô fleur trop fortunée;
Votre éternel printemps charme toujours les yeux ;
Ah! que je porte envie à votre destinée!
Revenez, croyez-moi^ d'une fatale erreur^
.Lui répondait tristement son amie;
Le bonheur n*est jamais dans une longue vie :
Elle meurt bientôt votre fleur,
Oui, mais elle est toujours chérie.
Vos jours, plus long, seraient plus orageux :
,/rCV^^^
■^^i^-'^
— 8» —
Des froids hivers l'horrible violence,
Et des aalaos le souffle impétueux
Viendraient flétrir votre existence :
Ah I que votre sort est heureux I
Oui, dis-je en m'éloignant, une courir carrière
£st le plus beau présent de la Divinité ;
La. coupe de l'humanité
A rhomme est trop souvent amère.
Heureux l'enfant qui meurt à son berceau»
Et qui de sa course éphémère.
N'emporte, en mourant, au tombeau,
Que les baisers et les pleurs de sa mèrel
C F.
SiULOxV DE 1851.
DBUXIÂMB 1RTICLB«
Quoi que puissent dire quelques admi-
rateurs frénétiques d'informes barbouil-
lages, sans la sévérité du dessin il ne sau-
rait y avoir d'oanvre capitale en peinture,
et les artistes qui négligent cette base fon-
damentale de l'art et ne tendent qu'à être
coloristes, non - seulement font faubse
route, mais, ce qui est encore bien plus à
déplorer (lorsqu'ils se trouvent doués d'é-
minentes qualités ainsi que cela arrive à
quelques-uns d'entre eux), c'est qu'iliB en-
traînent à leur suite dans une voie fatale
une foule d'imitateurs maladroits séduits
parla facilité avec laquelle on réussite
produire de l'efiiet en couvrant une toile
de tons plus ou moins brillants et discor-
dants. Par ce procédé on attire les re-
gards du public, de même qu'en s'aban-
donnant au parti pris de ne voir et de ne
rendre la nature que dans son récUisme le
plus laid et le plus repoussant, on obtient
ce qu'on appelle un succès de vogue ; mais
satisfait-on en même temps le goût éclairé
des connaisseurs 7 et les exigences si éle-
vées de Fart se trouvent-elles remplies?
Nous nous fai^ion8 celte question en
eiaminant attentivement VEnUrrenunt à
Omm, de M. Courbet. Le portrait de cet
artiste peint par lui-même révèle un ta-
lent hors ligne dont on ne retrouve guère
de traces dans la toile où il a sans doute
eu l'intention de nous faire assister à une
scèœ d'une solennité profondément grave,
triste et religieuse. Au milieu d'une fort
grande toile est une fosse ouverte ; à drpite
de cette fosse on voit le curé, U porte-croix,
les chantres, les enfants de chœur ; à gau-
che, les parents, hommes et femmes, les
autorités de la commune, et enfin le mort
porté dans son cercueil par ses plus inti-
mes amis. Traité avec habileté et sagesse,
ce sujet serait saisissant d'intérêt; eh
bien, Tœuvre de M. Courbet n'excite au-
cun autre sentiment que la curiosité La
^(
^^^
.>«?<5a
Vf»
- 8« —
recherche de la réaiité l'a conduit à éon-
ner à ses pepson nages les faces les pins hi-
deusement laides qui se puissent imaginer ;
ces gens-là n'émeuvent point, ils n'insipê
rent que le dégoût.
M. Isidore fils a peint d'une manière
bien différente la Mart de la mire Saint-
Prosper^ sœur de Charité à l'hôpital
SaiJit-Louiif. Elle est exposée dans sa cel-
lule^ les malades et les pauvres viemmel
prier au pied de son lit. Ici point de fra*
cas, tout est simple et vrai. Les malades et
les pauvres, hommes, femmes et WBdsmîA^
forment un groupe très-nalurellemeot dis-
posé. Toutes ces figures sont empruntes
d'un seniiment de profonde douleur. Celle
de la jeune religieuse qui garde le corps
de la mère Saint-Prosper, debout dans une
altitude de dooce contemplation,, est sur*
tout très-remarquable. Son regard fixé
sur la morte exprime naïvement les pieu-
ses et saintes pensées que lui inspire la
certitude du bonheur dont jouit actuelle-
ment au ciel la sainte femme.
M. Chassériau a représenté des Cava-
liers arutm emportant leurs morts après
une affaire contre ks spahis. Cette 9cène
est rtndtieaTec une sorte de fougue très-
é i ta g wpi c . Lors d«8 tlèbuts de cet arti^e
dlsiingoé on >h]i reprcvchaît de sacrifier h
couleur an tiessin; tnanisleiiant bien des
gens sont disposés à hji faire le reproche
coiftraire. Il se plati trop, dit-en, à peindre
les étoffer, tes habits, les oost»n}es, parce
que là, te cohrisme trouve à s'exercer.
Daiftftson taUean >de8 Cacaiiers ambes, t>n
se rend, en dffef , pent-^être éifficilemem
con^te des personnages, quH faut dier-
cher ira tra<reiis de bon noisbre de Tête-
mcffiB dont les riches «OB^eors éblouissent
it^mpèdheirt de bien «rislr l'action prin-
cipale. Quoi qu'il en seît , l'œuvre de
M. Ghassériao est une ^es meîlletipes â«
l'atposkioH.
lA Me^aillB de KmiHkoro est une en-
rieuse page qui mérhe de fixer l'attention
et par Timérêt du sujet, «t par les qualités
rerairqmibleB qs^ a déployées M. Y von.
Cette hatMlle gagiiée en 4378, par Dmitri
Ivaamtcii* ffând dhio db Moscovie, sur les
Tatars oomMaadés par Mamal, eut pour
résultat la constitution de l'empire russe
et l'expulsion des Tatars du nord de l'Eu-
rope. EHe contribua ainsi à amener le
triomphe dëÛBÎtir du cbristianisme et de
la dvifisaflion mir l'islamisme et la bar-
barie.
Les pripcm «( its «oUfodes slaves s'é-
taient bgoés et «vaient mis à leur tête le
frasMl 4iic Dositri j^omr wcouer le joug de
Taiaerlaa, qui» avec ka Tatars, avait cn-
yahi le territoire russe. Les deux armées
se rencontrèrent le 8 septembre dans la
plaine de KoulikOTO, située entre les rives
du Don et celles de la Népriadva. Les rangs
se nélent ; ki les Russes triomphent des
Tatars ; A; les Tatars l'emportent sur les
Russes, la terre est rougie du sang des
chrétiens et des infidèles. Un instant ces
dfrniers pénétrèrent jusqu'aux drapeaux
noirs de Dmitri*.. . ces étendards sacrés, qui
portaient l'effigie du Christ, allaient tom-
ber «frtre lests main» înpies, larsqn'Hs
furent dégagés par la treope spédaleneKi
préposée à le«r gavtfe. BwHii, après «■ car-
nage tin cent nriie iNrtimita peiéiimt la
vie, les Tatars lâokèiMR |Ded. Mamaf,
lenr chef, placé sur un tertve voisift, assis-
tait I la déroute des ans. éêu comble de
la rage et du désespoir, il lève lealnas an
ciel en s^écriam : « Le Dien des •chrétiens
esit ptrissant I » cf il *« prédpiie tkaa la
déroofê générale, CTeA oAte iNOaille qui
Tal8t% Buriiari le««naoin de ttandtei.
Les fivere épisodes 4e «ttae sanglaate
journée «ont <frè6-blen rendis 'éaoa le ta-
blesH de M. Tven. H y -abesncoop de Im,
de mowvemettt et nn pêle-mêle aane an-
cuve confusion ; c est «ne graode Mficttké
vaincue avec boofhear.
Passer delà bataftie de KfoaMlM)ve'aiiK
toHes lilttpotiemKs de M . Meissonnier. . . la
transition est bien fcrwque... mm qa'im-
porteatet k genre «et la dimonmon 7 iTest-
'^'^J
.>^"
*- 87 —
ov pa9 forcé de s^rrêter ^and on rencon-
tre sur son chemin des créations admirables?
M. Meiasonnier a exposé cette année qnatre
taUea«x ; qaelte bonne fortune ponr les
nombreux admirateim de son talent I
Le Dimanche est nne scène rendae avec
ce naturel parfait et cette finesse d'inten-
tion qa*oa troare à on plus on moins haut
degré dans les eravres de M. Heîssonnier.
Sur le premier plan du tablean » nn
jonenren Teste jtnne jette son palet ; d'^aa-
très joueurs antorar du tonneau surrent le
coup avec attention. Sons une treille se
titmrent placés deux groupes ; l'nn, an mi-
fien, semble s'intéresser au jeu ; Tautre,
placé nn pen à gauche, boh et cause sans
s*inquiéter de ce qoi se passe. On apercent
an fond dn tablean nn second groupe de
joneorset sons une tonnelle è droite, denx
bommes et une dame qui interrogent une
serrante. Cette fiHe interrompt son travail
pour tes écouter, et reste les mains ap-
puyées sur la table qu'elle nettoyait. Une
antre table arec quatre verres et un broc
est inoccupée ; c'est sans doute celle où
buvaient les joueurs^ car voici leurs habits
sur les bancs. Un coq et ses poules, un
chien endormi complètent cette scène dont
on ne sait ce qu'on doit le plus admirer»
on de la naïve simplicité avec laquelle elle
est composée, on du charme infini de
l'exécution.
Le Peintre montrant ses dessms est
paiement une ravissante peinture. Il est
impossible d'être plus absorbé, pins at-
tentif que ne Test cet amateur, se cares-
sant machinalement le menton. On devine
qu'il comble d'aise par ses remarques in-
telligentes l'artiste qui, tout en lui exhi-
bant ses œuvres, semble être très-occupé
du soin de les fahre valoir. Ces gens-ft ne
s'inquiètent gdère de ce qui se passe autour
d'eux, ils ne posent pas pour le publie, ils
sont sevls, causant avec déPces de Tart
dont ils paraissent si bien épris. M. Meia-
sonnier excelte dans cet art difljcîfe d'iso-
ler comi^étement ses personnages, et ce
n'est pas le moindre mérite de ses com-
positions.
ÈSàÇME GÉOGRAPQIQOB.
D. Quelle est la mer qui baigne trois
continents, qoi a vn naître près de ses
eaux le grand L^lateur, et les trois con-
quérants qui ont dominé le mondcu et qoi
a été le témoin dfis plos graves évéoenenls
de l'histoire ancienne et medeme I
MÉLANGES.
DES FUNÉRAILLES CHEZ LES GALLO-ROMAINS.
Une ancienae loi défendait d'enierfer
les aioffts dans faiceiiite des villes, et des
insGf jpttoBS indiquaient ainsi hss emplace-
ments fooéraiiies.
« On peM^ircnler UhnnMnt eu ceUeu
et y apporta desoyps on des ossements. »
il avuit iDiqours été facnllatif de brûler
les morts ou de les inhumer. Pour les brû-
ler : après iet avuk* imbibés d*haiies aroma-
tiques, ks poUinct&urs les plaçaient sur le
bûcher; ils ésd^naient le feu en y ^versant
dtt m« et recneiHMDt les cendres dans
des urnes de terre ouîte, de pierre ou de
verre, dont l'orifice était bouché par un
-^^C
— 88 —
bouchon formé d'une pierre plate, d'une
brique, d'un os de bœuf ou d'une plaque
de fer on de cuivre. Cependant, dès le
troisième siècle on avait presque généra-
lement renoncé à la combustion des corps;
les défunts, escortés par le clergé, étaient
portés sur un brancard par les fossoyeurs,
et déposés, la tête tournée vers FOrient,
dans des cercueils de pierre, de terre
cuite, de plomb ou de maçonnerie, quelle
que fût leur forme, cippe, table de mar-
bre, piédouche surmonté d'un bassin.
Ils étaient revêtus d'inscriptions en
prose ou en vers :
« Je me nomme Accia, je succombai
au moment de cueillir la rose de mes dix-
neuf ans, hélas I et la mort flétrit mon
avril printanier. J'ai toujours marché droit
dans le sentier de la vie ; mon esprit, mûr
pour les bonnes mœurs, n'a pas attendu
les années. Mon cher époux, mon héri-
tier^ sait que j'ai quitté le monde avec
une dévotion sincère pour le Christ éter-
nel, et que je recevrai dans une vie meil-
leure la couronne que j'ai méritée.
> Le tout a été fait pieusement par les
soins d'un époux, Artorius Julianus Ma-
gethius, homme clarissima^ le 6 des ides
d'avril.
» Un père a rendu ces derniers devoirs
à TulKana, son innocente fille, le 7 des
kalendes de juin. »
D'autres tombeaux ne portaient ni le
nom, ni même l'iûdication du sexe du
défunt.
c J*ai évité les inconvénients des maladies
et les plus grands maux de la vie ; main-
tenant je suis exempt de peines ; je jouis
d'une paix complète. »
Les mausolées collectifs s'élevaient an
centre d'un parterre; on les faisait garder
par des esclaves ou par des affranchis; au-
dessus de la porte était écrit en lettres
rouges le nom de la personne qui avait
fait construire le mausolée.
Les cenires du mari et de la femme
étaient souvent réunies. Les niches du
mausolée recevaient les urnes on les cer-
cueils des membres de la famille. Sur la
face extérieure étaient sculptées des scènes
bibliques : le passage de la mer Rouge —
David combattant (Goliath, — le bon Pas-
teur — Jésus ressubcitant Lazare , — le
Christ au milieu des Apôtres. On y gravait
aussi différentes figures emblématiques :
la colombe — le dauphin, symbole de pu-
reté, de bienveillance — un cheval an
galop — une ancre — un navire voguant
à pleines voiles, pour signifier la marche et
la longueur de l'existence — Jésus-Christ,
fils de Dieu, Sauveur — ou la Croix
sainte.
EMILE DE LA BÊDOLLIERBE.
CORRESPONDANCE.
Que n'étais-tu des nôtres , chère amie,
et ma joie eût été complète ! mais, hélas I
il paraît qu'il n'en est pas de complète en
ce monde, puisqu'il s'y mêle toujours un
regret... Cependant je veux diminuer ce
regret en te faisant le récit de ma joie...
Tu sauras donc que samedi je recevais;
maman m'avait permis le plaisir de réunir
mes amies ; mes invitations étaient ainsi
conçues : Mademoiselle X prie mademoi-
selle X de venir pas^r la soirée chez elle,
samedi 22 février 1851. On causera.
Dès le matin, j'avais préparé des as-
siettes de petit four, j'avais fait des pots
de gislée au citron, de crème au chocolat,
j'avais beurré des tranches de pain entre
lesquelles j'avais plaoé des tranches de
jambon, de charcuterie; le soir, le pâtis-
sier devait m'apporter la brioche et les gâ-
teaux de pâte ferme. Une table sur laquelle
était un tapis, fut dressée dans ma cham-
bre ; sur cette table j'avais pkcé des lam-
pes. A deux heures Slorence vint; lors-
! qu'elle eut jeté un coup d'œil investigateur
tD^^
IC.J:',
^<^
"X^^
— 80 —
sur mes préparatifs : « Voyons, me dit-elle,
ta planche III ; le trayail d'abord, !e plaisir
ensuite.. . comme récompense, i»
NoQs nous assîmes en face l'une de l'au-
tre ; elle prit une plume, j'étendis la plan-
che sur la table , et je dictai ce qui
suit :
Le n** 1 est le dessin d'un bas de jupon
qui se bm^e d'un point de feston, se brode
d'un point de cordonnet, kl se découpe
partout où tu vois un petit rond.
Comme ce travail rétrécit l'étoffe, je te
conseille de broder des bandes à part, de
les blanchir, de faire quatre petits plis à
un jupon» de coudre au bas de ce jupon, à
l'endroit, cette bande, par un point de cOté,
puis de former un cinquième pli qui ca-
chera la réunion du jupon et de sa brode-
rie.
— Je comprends. C'était difficile à ex-
pliquer... Continue.
Le n<* 2 est un vrai col de demoiselle.
Il se brode au plumetis, sur mousseline.
Le n* 3 est une garniture haute de 3
centimètres, elle se festonne, se brode au
plumetis et se coud autour de ce coL Ce
col se monte sur un petit collet
Le n"* & est un entre-deux, aussi au plu-
metis.
Le n*^ 5, A D, dans un écusson, se
brode en point de feston.
Le n^ 6 est un encadrement de mou-
choir du matin; il se^fait en point de feston,
les ronds an plumetis sont entourés d'un
point de cordonnet Ce mouchoir peut se
festonner en coton de couleur, et les ronds,
qui seront en coton blanc, seront entou-
rés d'un point de cordonnet en coton de
mê<ne couleur que le feston.
Le n* 7, Blanche , est le nom d'une jolie
petite fille.
Le n"» 8, Célina, se brode au plumetis
et en points de cordonnet.
Le n* 9, Zénaïde^ se brode de même.
Le n* 10 est nûo sous-manche faite d'un
tulle que j*ai appris à broder au cours de
madame Morin.
Vous achetez 35 centimètres de tulle de
Bruxelles.
Une pièce de lacet de coton large d'un
millimètre.
Vous taillez, en biais, une bande large de
8 centimètres, longue de 18. Vous enfilez
le lacet dans une aiguille ; à un centimètre
du bord, vous passez, sur la longueur, votre
aiguille entre les réseaux comme si vous fu-
siez une reprise, c'est-À-dire, en prenant un
fil sur le lacet et en laissant un en dessous.
Ce premier rang fini, on en fait un second,
puis un troisième, en laissant un réseau en-
tre chaque rang. 2 centimètres dprès ce der-
nier rang de lacet, vous en faites encore
trois autres semblables, puis vous pliez le
tulle en deux, et vous avez ce qui sera le
poignet. Vous taillez deux morceaux de
tulle hauts de 35 centimètres, et larges
chacun de 25, vous faites de même trois
rangs de lacet, passez en biais; 2 centi-
mètres après le dernier rang de lacet ,
vous passez encore trois autres lacets, ainsi
de suite jusqu'à ce que vous ayez couvert
votre tulle. Vous froncez du haut et du
bas cette sous-manche que vous montez
du bas sous le poignet que vous avez fait,
et du haut sur une simple bande de tulle.
Le tulle étant transparent, voilà pourquoi
cette sous-manche forme un quadrille.
— Je vois, ma chère, qu'avec ce travail
on peut faire de jolis bonnets du matin,
des volants de tulle qui seraient soutenus
par le lacet, des garnitures de canezous,
de bonnets; pour mon compte, je te re-
mercie, j'aime le tulle; c'est une étoft à
la fois élégante et solide.
Le nMl e:>t un riche encadrement de
manteau de lit, il se fait au crochet, ou
se brode en reprises, sur filet au point
carré. Ce dessin peut avoir 21 centimètres
de haut.
Le n* 12 est un griffon que je t'ai pro-
mis pour pendant à ton lion héraldique.
Ce dessin peut servhr pour coussin de tête-
à-tête ou pour couvrir le dos d'un fau-
teuil.
-^|g*
— 90
13 ^
Le nM3 ce lont lea diifires romeiAs et
les chiffres arabes qui servent pour mar-
quer le linge et font suite à Talplabet cfue
je t'ai envoyé planche II.
Le n* ik est une faolie à gants que j*ai
encore apikrise à faire chez madame Morin*
Je rais te donner ki l'eipliration de ce
trairail dont les patrons sont sur la
planche de la grande édition , mais avic
un peu pins de peine on pomria les sop-
plécr.
Achetez S écbeveaux de laine de ietUn;
50 centimètres de florenee;
1 mètre 50 oentîmètre» de ruban de
smen'' k»
Laine» florenee et rubas peavcat être
blen-del ou ponceau ;
De la poudre d'irîs.;
Une feuille de carton du prix de 25 cen-
times.
Vous leillffi I morceau de papi'^r végétal
sur le n*" 38» c'est te fond;
U morceaux sur le n« 39, ce sont les
deux eûtes de la boite et les deux pMrtiei
da convcffde ;
2 morceaux sur le n* 40 , ce sont les
deux bouts de ia boite ;
2 niorceattKf>ur le n" 41» ce soni les
deux triangtes qui se cousent aux deux
boots du dessus de la bdite» ^ s'alUchent
par des rubans.
Vous places le papier végétal sur k pa-
tnen n* ^ ; âvec un crayon vous en traces
la iuoBt^ vous drnnÉiri chacun des points
noirs de ce ptlnm, et vou» les percez avec
ooméfiogie.
Vt>us placez sur votre feuille de carloo»
ce pnpier, qa\ est le patron n"" 38; avec on
crayon vous en tracez la forme, et vous la
oottj^; puis posant ce cariou sur une
coBvertore ï i^passer, vous pàaeez dessus
le papier végétal, et avec uneiêpingle vous
p jToea (DUS les poinis noirs qae vous voyez
à ce patron.
Vous faites de même pour les modèles
^ 60, 41. Le côté du carlOB que vous
piquez sera le dessus de la boîte. Vous
voyiez poarquoî, c'est qu'il ost plus unL
Vous prenez une aigalUo enfilée de bine,
vous y faites un nœud, vans passez l'ai-
guiUt en dessus» dans le premier point
noir» prèsde cosigne -4*» ittuftla sortez au
bas de la ligne, vous la. passez dans le
nœud de la laine, vous l'entrez en dessus
dans le point noir qui soit, vous la sortez
au bas de la ligna, et vous foites ainsi* em
allant de gauche à droite, un point de fes»
ton en passant raigniUe dans chaque point
noir etea la sortant au bas delà ligne qui
le suit
Lorsque vous avez fini ce point de fes*
ton* vous reprenez une antre aiguillée de
laine, vous y laites on nœud, vous passez
l'aiguille en dessous, dans le second trou,
à ce signe -^^ pour la sorfir en dessus ; puis
vous la faites rentrer en dessous, dans le
second trou, comme si vouafiûsies un point
arrière ; vous continuez à réunir ainsi ton»
ces deux trous. Vous faites de même aux
quatre angles. .
Vos 9 morceaux de carton entourés ainsi
d'un poistde feston, vous taillez 9 mor-
ceaux de florenee, en y ajoutant les reoflis
d'un centmètee; vous couvrez chaque
morceau d'une couche de ouate, vous pi-
quez le florenee et la ouate en formant
des losanges avec du cordonnet de soie de
la couleur du florenee, et vooa saupoudres
la «naiede poudre d'irisw Vous faites deux
petit» Bosads formés chacun de quatre bou^
clés et de deux bouts, sépasés par im
ruban formant agrafe ; ipou» cousez chaque
nœudaumiliendesdeuxmodèlesin^40; |«is
par un surjet tait à Tenvers^ vous séunisses
la doubtnro aur-dessus en la cousant après
les points de feston* Lorsque tout est dou-
blé, voua cousez au fond, à l'endroit, par
un surjet, deux des 4 patrons n"* 39, puis,
oncore au fend, les deux n** 40, qui sont
les deux bouts de la boite; vous rt^levez
ces quatre morceaux et oouf«s les quatre
coioa; puis ks deux derojers palroos
n* 49 que vous cousez à Teadroit, dans
leur longueur, et d'un seul oMé, avec cha-
— »l —
CDD dis côtés dD la boîte; œs deux patrois
rabattent Tua sur Taatre, et furnieut le
couvercle. Alainteiiaati vous cijusqi, I Teo-
droit, aux deux faoutt^k la boite, lef aior-
ceaax n' 61, et aux deux jpointes qui
en reiombaut sur la boiie se regardent,
on ajoute à chacune deux petites fooucUs
f éparées par un ruban formant agrak, et
on long boat qui sert à nouer cette boite
dasfl laquelle on p«nt inelire des gants, des
cetotu.'*es, des nuncbottes. Si IVn £ait un
cadeau, on peut l'offrir dans celte bcâie
qui pourrait au besoin contenir un tricot,
une broderie, ot âe porter à U uam pour
aller traTaiJler chea une eiitie»
Ici commence la description da la plan-
che de la grande éditioB.
Le n^ 1 S est un enure-deux de broderie
anglaise, on y fronce le bas des pantalons
des petits garçonset des petites Biles, quand
ces pantalons finissent an bas des genoux.
En festonnant la moitié de ce dessin, ce-
lui qui iorme le bas, on aura la garnitore
k coudre au bas de cet entre-deux, qui
peut ausn servir pour col et pour bon-
net puisqu'il peut aussi devenir garni-
ture.
Le n"" 16 est an dessin de voilette. 11 se
brode sur tuJK <^n reprises ou en applica-
tion de mousseline.
Le n* 1 7 est un riche entre-deux qiii
se brode au plometîsi, au-dessus des plis
d'une robe de mousseliae.
Le n* 18 est un col qui se découpe
comme la broderie anglaise et se brode te«at
en point de feston ; ce point, qui couvre
deux lignes, se nomme point de rose.
Le n« 19 est nu semé qui se brode au
plometis.
Le n^ 30 un semé qui s*ex6cote en
broderie anglaise.
Le n"* 21 est un des côtés d'un sac-au-
môoière qui se fait eo cachemire ou en
moire. Les étoiles indiquent où ce côté du
sac rabat de l'autre côté.
Le n*" 22 est l'autre côté.
Les dessins qui couvreni ce sac s'exé-
cuipm avec une somncbe de soioi et les
pois el les feuilles se font en soie demi-
torse. Ce sac se brode au mîiier: la souta-
cbe, enjaune; les pois, kspluspetits,en bleu
pâle; les plus gros, en bleu un peu p)«s
loncéi; les qoaOre feuilles, eo «rert. On don-
ble le sac d'un L'*giar floreoce ; on couvre
la couture qui réuniX Les deux côtés d'yiie
ganse ronde, en soie jaune. A k pointe
qui retombe, ou coud un riche gland de
me formé4)Our trois quarts de la couleur
du sac et pour un quart dts couleur» qui
compesem la broderie.
Le n*" 2S Lydie, se brode an plumelîs
entouré d'un point de cordonnet.
Le n'' 2/i Honora, an piumeiis, pois et
cordonuet.
Le n"" 25 Uonid^ plnmetis, pois et cer-
donneL
Le n° 26 est un col de camisolle de
»nuit, il se brode au plumetis, sur jaconas.
Le n** 27 est le devant de cetle canu-
soUe, dont les dessins forment brandebourgs
en diuunuant jasqe'au bas de la taille, et
augmentant jusqu'au bas de la camiaoUe,
qui est garnie d'un ourlet devant et au
iia&
Le n"" 2S est le don.
Le n* 29 e.st la manche, de tonne pa-
gode. Tu peux la fûre moins large.
Ce dessin brodé sur mousseline et ter-
miné du bas par un feston» serait joli pour
manches de dessous.
Le n° 30 Mark, pois et i^metis.
« Le n'' 31 Ert^eUviie^ pois^ plnmetis et
cordonnet.
Le n"" 32 Félicie, pois, plumetia.
Le n"* 33 Victoi/re, plometis.
Le n^ 3^ Àdelim, plnmetis.
Le E"* 35 Sabine, plnmetis.
Le n° 30 Césarine^ lettres gothiqoesi.
Le n"" 37 AlberU^ lettres aBglaiaf&
Nous venions de terminer notre des*
criptioo, et déjà nous non» rq^ardionev
heureuses comme des écolières qui om
fini leur tâche, lorsqu'on vint nous avertir
que le diaer était serij*
i)©î^-
■^^'^^v
a
92 —
A sept heures , Florence et moi noas
revînmes dans ma chambre. Le feu ral-
lumé, les lampes sans abat-jour, les chai-
ses posées comme si elles attendaient . .
Des fleurs inodores dans des caisses, dans
des vases... Enfin, un petit air de fôte. Tu
penses bien que je ne fis pas annoncer
c'eût été jouer la comédie.
A huit heures, nous étions une dou-
zaine d'amiea réunies autour de h table,
chacune avait apporté son oorrage ; Flo-
rence, encore inconnue à quelques-unes,
avait exigé de doubles présentations. J Sa-
vais couvert la table d'albums, délivres et
de journaux qui devinrent le but de notre
causerie.
« Savez-vous , mesdemoiselles , nous
dit une jeune personne grave, nommée
Bathilde, que nous avons lieu d'être fières
de l'importance que nous avons acquise?
Il y aura cette année autant de juurnauf
de femmes que de journaux politiques. —
Qu'est-ce que cela prouve? répondit une
petite brune, nommée Louise; on nous
exploite, comme dit mon père, nous
sommes devenues un objet de commerce.
Il y a des gens qui ne savent que faire, ils
font des journaux de femmes, cela n'est
pas difficile : prenez beaucoup de gravu-
res de mode, des tapisseries copiées d'a-
près une mauvaise maison de Berlin;
avec des ciseaux, détachez un épisode d'un
voyage, ramassez quelque vieille traduction
que vous retraduisez en changeant le titre,
achetez sur les quais un livre de recettes
culinaires inconnues, parce qu'elles sont
impossibles, mettez-en beaucoup ; répan-
dez sur du papier jaune un tohu-bohu
de dessins plus ou moins laids.. . voilà !.. .
la chose est faite! — Et avec cette
chose, dit en éclatant de rire une grosse
blondine, nommée Marie , on nous forme
Vesfprit et le cœur^ on fait d*' nous des
femmes â^une éducation forte, (Tune mo-
rale,,. Ah ! que c'est joli I — C'est triste!
reprit Florence, et cette pauvre province
qui reçoit comme, acte de foi tout ce qui
lui vient de Paris, est la seule victime ,
car , nous qui connaissons les ficelles
qui font mouvoir toutes ces choses, ainsi
que les appelle mademoiselle Marie, nous
n'y sommes pas prise;! cependant,
nous en sommes honteuses. — Je suis
bien de votre avis, mademoiselle, reprit
Bathilde; par exemple je cherche, dans un
de ces journaux qui nous sont destinés,
un proverbe pour le jouer en famille...
et puis je vois que l'héroïne se désha-
bille, se couche, se lève et se rhabille de-
vant les spectateurs... quelle inconvenan-
ce ! L'autre jour, je lisais :0n a calculé que,
pour la ville de Madrid, il y aurait durant
cet hiver 1,220,000 déclarations d'amour
et 5 mariages, et on demandait un sem-
blable calcul pour la ville de Paris. Cepen-
dant, ce journal est sous la direction. .. —
Mais, oà ce monsieur a*t-il donc vécu? s'é-
cria Louise, qui est-ce qui a reçudts dècla^
rations d^amour? — Pas moi, pas moi, ni
moi, dtmes-nons toutes d'une seule voix.
— Moi, voilà ce qui m'est arrivé, reprit
Marie ; j'ai la prétention de bien lire, je
vois un de ces journaux ouverts.. . et me
voilà à prononcer : Madame la duchesse
une tille montait à cheval, la... cuisse à
droite ou à gauche. .. je ne m'en souviens '
plus, et, ce malheureux mot prononcé plu-
sieurs, fois fut ma punition, pour avoir
voulu montrer que je savais lire l>aut;
mais hier je lus tout bas... et c'était une
accusation contre ces bonnes et saintes
filles hospitalières, nos garde-malades...
j*en al le cœur navré I — Je suis plus heu-
reuse, dit Louise ; j'ai trouvé dans un de
ces nouveaux journaux, la description d'un
serpent qui a 30 à 60 pieds de long sur 30
à UQ pieds de large... — £h bien! nous
écriâmes-nous. — Est-ce que vous ne trou-
vez pasceserpenttrès-curieux?repriiLouise.
—Ton serpent est donc carré? reprit Ma-
rie, c'est à-dire que je n'y comprends rien.
— Eh bien, ma bonne, voilà le mérite de
ce journal, c'est qu'on n'y co'nprend rien. ^
~ Et toi, Jeanne, ajouta Florence, tu es * ^'
©©î^
J'^^^'^A.
"^O
•^^^^
^.*^^
-9îf-
toute soDciense; tu pourrais cependant
nous dire quelque chose. — Certainement,
ma chère, aussi je me demande : com-
ment cela finîra-t-il 7 Autrefois, un jour-
nal de demoiselles n'euToyait en province
que ce qui se faisait à Paris, choisissait
parmi nos petits travaux les plus gracieux,
les plus utiles, des dessins de hroderie pris
chez nos meilleurs dessinateurs, des tapis-
series d'après des dessins de Paris on de la
meilleure maison de Berlin, et les rendait
avec des signes, ce qui était bien plus facile
à exécuter fidèlement; mais d'autres jour-
naux se sont élevés qui ont tout houleversé;
maintenant, cette pauvre province me fait
peine I on lui envoie des dessins de Berlin ,
dont nous ne voudrions pas, même dans
notre* antichambre, car le mauvais goût est
partout mauTais goût ; des dessins de bro-
derie, faits par unematson de Paris, que nos
Kngères renommées n'emploient jamais; et
puis, comme il faut bien remplir ces énor-
mes planches, c'est une foule de dessins de
tontes sortes : de sacs, de crochets, de
bourses, pris sans choix, en Suisse, enHol-
hnde, en Allemagne, qui n'ont ni la grâce
ni la tournure françaises, et qui ne sont
piys de mode à Paris. Certainement, tous
ces pays ont des choses qui sont bien. ..
chez eux ; mais c'est tromper la province
et l'étranger que de leur envoyer comme
modes de Paris des choses que nous trou-
vons très-laides et ne voyons d'ailleurs qoe
sur ces journaux. Le dernier qui vient de
paraître et prétenrl nous guider dans nos
travaux, parie d'un mouchoir de 70 cen-
timètres. «. il n'en doit avoir que &5!
On m'écrit de province : « Que pensez-
vous des dents artificielles et du dentiste
dont le journal des héhaU fait ton( é!il(h
968 ?» Je réponds : Quand on n'a pas de
dents vraies, il faut en avoir de fausses,
par respect pour soi, d'abord, ensuite par
respect pour les autres ; mais le journal
des DébaH» est tout à fait éuranger , ainsi
quêtons les grands journaux, à ces feuil-
les d'annonces , qui sont vendues à une
compagnie. Ainsi, vous voyez ce qui me
rend triste, c'est que la province se laisse
toujours tromper I
Je sonnai , la domestique parut ; d'un
signe imperceptible je lui dis de servir un
plateau sur la table ; ces demoiselles quit-
tèrent chacune son ouvrage et se mirent
à prendre du thé et à manger des petits
gftteaux.
a Avez-vbns eu de beaux bals dans
votre société, mesdemoiseUes? dis-je en
remplissant ma théyère. — Mais oui, me
répondit Berthilde. Maman était fort bien !
Elle avait une robe de satin rose; dessus,
une robe de tulle rose, toute couverte de
voîants de toUe rose, hauts de 15 centi-
meures, garnis du bas d'un ruban de satin
rose large de 2 centimètres, froncé au mi-
lieu et cousu au bas de chacun des volants,
lesquels étaient cousus, froncés sur la robe,
et pour cacher les points, on avait cousu,
froncé au milieu, un pareil ruban de patin
rose; les manches, courtes,étaient couvertes
de garnitures, plus courtes, mais semblables
à.celles de la jupe; devant, un morceau de
tuUe ayant la forme d'u n Y s'avançant du bas
sur la jupe, et cousu du haut, de chaquecôté
sur la pièce d'épaule , était couvert d'une
garniture froncée à la vieille et diminuant
du bas de manière à former la pointe. Un
nœud de satin rose était posé au milieu du
haut de ce y. Dans ses cheveux elle avait
une guirlande de feuillage de velours vert,
qui, mêlé à de petites fleurs de fantaisie,
retombait de chaque côté en grappes
jusque sur la poitrine. — Et vous, ma-
demoiselle, comment étiez-vousT — J'a-
vais une robe de taffetas blanc, par-dessus
une robe de tulle blanc, plus courte de 20
centimètres, relevée au-dessus de chaque
genoo par un nœud de ruban de satin, sou-
tenu par un ruban pareil cousu au bas du
corsage. — Et dans vos cheveux ? — Rien.
Des bandeaux ondulés, de longues bou-
des d'oreilles en perles et un collier formé
de deux rangs de perles. — C'était très-
noble, très-élégant. Et vous, mademoiselle
>%^
Ifam? -^ Moi, j'avais imé les lestOM dts
jupes ^e crêpe rose de la 5g«riiie du bmns
de mars (c'était ma toileile), et je les ai
cachés en les coiiTrMt d'un robftn de satin
TOse. froncé an milieu ; marebe n'en était
que pins jolie. — Votre mère , canment
était-elle? — Ëik» arait une robe de uflé-
las bleu , naît robe de cripe bien, au-des-
sus de l'ourlet était une légère gvipare
d'argent, et la jufie était couTene de vo-
lants lerinés de rubans de gace bleue,
garnis de cette méoie guipure; puis pour
eacber la plaœ oà ces volants étaient cou-
sus, froncés sur la jupe, on avait cousu
cette ndrae gvipure d'argent. Sur la léte,
elle avait des fleurs blenes «fui retom-
baient mêlées à des cercles d'argent —
Ma mère né danse plus, dît Ionise. Elle
avait umerobe de moîroniaiive, garnie d'un
bont de dentelle de point d'Alençon qui
formait brandebourgs sur (a poitrine , et
diminnait jnsqu^au bas Ai corsage, puis
4e là, s'élargissait jnsqu*au bas de la jupe ;
tes mancbes, comtes, garnies d'one den-
feHe, étaient >elevées au-4«8Aus do pli du
bras. Le baut de la robe , décolletée, était
garni de cette même dentelle, et ponr ca-
cher les points qui avaient cousu la den-
telle an bas des manches et au haut dn
corsage, on avait front é au milieu et oonsn
un ruban de satin mauve , haut de trois
centimètres. 6nr la téie, maman arait une
barbe de pareille éentelle, retenue par deux
riches épingles de diamants. Quant à ma
toilette, j'aurai pçu de choses k vous
en dire c'est toujours k même : trois
jupes de mousseline, tniis Bertbes, trois
mancbes courtes, relevées au-^ssos du pli
du bras par une rosette de salin blanc ;
et mes cheveux noirs en bandeaux... Mais
quel est, mêlé parmi tous ces riches albums,
ce vieux bouquin où je vois le portrait èe :
Heftri III, roi de Pologne, et cehii de
t/mke de Lorraine? — MesdeiroisdSes,
répondiS'je d'un air grave, ce livre a été
fait ponr nous par le seigneur i^ederic de
— '»4 —
teor, il dit : « Aie égard an grand et
» pénible labenr ; j*^ du prendre ponr
» depaindre et mette en lumièrt grande
» quantité d'exceJleots petraiia et poor-
» tndcts d'ouvrages de danNs, lequel livre
» j'ay dédiez à la majesté de la royne, le
» priant, kctenr, qœ s'il se artove quelque
» va de ces paartraicts qui ne te paraisse
» si beau que ta le dasires, ne cendamhar
» pi>ur cela mon «avure, ni la baone le-
» lente que ie ports à la nalîan françoiiieà
» laqneSie ie prie Diea estre en ton! tvnips
» seconrable. >• <*^ Voilà un bravn étran-
ger, dit Marie iînppant dans ses mains...
Après, ma chère Jeanne? -^ Dans aa dé-
dicace b la roync, i dit : « En parcourant
» r Italie, ayant rencontré qucicpaes singn-
« irrs patrons et pourtraicto ai en' ajant
• innenté quelques vos sefon mon petit
n «eaiiojr, 1 ai pemé à m'eohardir à ks
» présaater ^votue majesté, afin c^ ai oes
» patrons ei ponrtraicu atneinenc qudqne
» profit et vtilité à la France, elle vons en
» doit principalement esire tenne, ponnoe
» que ie les ai /aicts poar voire regaad, et
» ain dfen contenter vo»tre oail, tant gm-
» denx et debonaaire. £l aonsTeapenioce
» que vous prendrez en gré ces inuentiena,
» que ie m'attends à voos angmenier en
» bref, Dien aydant, de ploaieurs antres
» dîféreiMe patrons et pourtraids, ie prie
» Dien, Madame, vous d<^iiner henrense et
» longue yït et faccomplissemeBt de aos
» bons dceiin. Esorit ce dernier ionr de
» may 4587. »
— Gomme c'est bon et nait, m£Bdenwi-
seHesl dit Flapenee, etqoe Ton^sawitalars
relever tontes choses!... Dieu, leadanaas,
l'otiNté de la France véunicB dans un ivre
de dessins de filet brodé en refarises] et de
point cenpé ! — Ainsi, reprit Louise, ce
lion, ce griffon, ce riche encadrenemaont
dus an seigneur Yinçiolo?... Jalta brode 1
— Et moi, repris- je, je vous premeis Ions
les admirables dessina de ce vieux livre. Je
ie dois à la bonté oUigeaMede n^^ Anab,
Vinçiolo. Dans nn avertissement an lec«- \ et nous allons indre une tasse de thé en son
-98-
honneur. Voici mon toast: A celle q«i
possédant i» (résor ne l'a point gardé paur
elle seule, et a youIq y /aire participer
toutes sea sœurs du Journal des Demoi-
selles! — A M"* Anais, les abonnées re-
o«Mi«lMmtes! ajouta LMiise en élevant
sa tasse; pi^ssf -^Ue être heereiKey maée,
cmmMrée! — Onil beorease» aimée,
considérée ! » nous éeriâiiie»4MNis tontes.
Lorsqve neus fêeaês plus calmes, Flo-
rence onTrant le dernier numéro du Jour-
nal, ne demanda l'expiicaiion an rébus.
« La toîci, répondis-je : Le Temps— mi
ciel sillonné d'éclairs — et sît toues tra-
Tersant nn deme : Le temps éclaircit tœit
— Ce que j'admire dans vos rébus, me dit
!■■• Baihiide, cVst qu'ib sont toujours
exacts pour l'oreille. — M»i, j'aîme mfeux
les énigmes, reprit M"* Marie, j'y ai pkis
de succès... cependant je n'ai pas deviné
Telle de février. QueUes sont 4«ac ces pau-
vres filles qw lussent chaque soir quelque
odeur après leur mort? —Ce sont des aUu-
, — Elleest jolie!... Ah t mademoiselle
Jeanne» donnez- nous-en une autre? — Eh
Uen, devinez celle-ci? Je vous demande
pardon de ne vons l'effirir qu'en pcose. •
ÉNIGME.
Je suis ftls de la terre ; des misérables,
pour m'avoir, déchirent ses entrailles et
me brûlent; mais au Tieu de me consumer
je deviens liquide, puis solide; alors on
me bat y on me tord, on me donne cent
coups que je souffre avec patience... Puis
un jour vient où, fils Ingrat,, j'ouvre les
flancs de ma mère, où je frappe à mon
tour, et souvent je donne la mort. Ce-
pendant, je sers aux bons comme aux mé-
chants, et je suis aussi utile que nuisible,
car si je donne à l'homme l'esclavage , je
l'aide aussi à recouvrer sa liberté.
Onze heures aonoèniiiL . . et netns
inît.. Puisse le réek que je lelmie nos
pbisirs l'égayer dans U BoHtnde... Acbenl
J. J.
ÉrmÉMEBMBEM.
23 VOS Mfti. — HORT Bft GLASM BOtHASD» fe
Né à Dijon , d'une famille neUe ,
1568, Claude Bernard fut amené à une
vie de pénitence et de charité par les
exhortations de Pierre Camus, évéque de
Belley. Il vint à Paris, pour y chercher des
malheureux. Il vendit ses biens et leur en
consacra le prix : it fit pins, il lenr donna
sa vie tout eslière.
Les hôpitaux et les prisons furent tes
principan théâtres ée mm zèle ; les ma-
lades les plus dégûâtants, les criminels les
plus hideux avaient senti ses préférences.
On l'appela d'abord le fou du bon Dieu ;
mais bientôt le peuple, frappé de ses ver-
tosy le surnomma le pauvre prêtre, et il
fut connu sous ce nom par ces contempo-
rains. RidieKen désira le vnîr, et l'invita
à lui demander une grâce. Le pauvre prê^
tre ne demanda que la permission d*assis«
ter les criminels à la mort Mandé une se-
conde fois, il répondit à Richelieu, qui le
pressait sérieusement de déclarer ce que
Ton pouvait faire pour lui : — Je pri^
Votre Éminence d'ordonner que l'on mette
de meilleures planches au tombereau dans
lequel j'accompagne les condamnés au lien
du supplice.
Voilà ce que pouvait pour le saint homme
le tout-puissant Richelieu.
Claude Bernard mourut le 23 mars
16M, après avoir excellemment pratiqué
la pauvreté et la charité.
Tmilation-
Celai qui n'a qae 'le Trës-Qaut pour
appui, recevra des marques sensibles de
la protection du Dieu de Jac«b.
DeuUranome,
Le secret de la lertu et du bonhenr
consiste dans ces mots de saint Paul : Sup-
port mufiW.
Traité des petites tterttts,
par RoBEa-n.
Un des effets des révolutions eA d'at-
trister le caractère des peuples. Ces gran-
des comnaoliong onirant violemment le
coeur de l'homme, on en découvre le fond
"^a^^^S—
HOMl(|IIE.
[ détourner les yeux des ] qu'on ne voit jamais sans effroi
choses qui déplaisent, et laisser ï chacun douleur,
son sentiment, que de désobliger par dea Lamennais.
La religion ne consiste pas dans une
scrnptdeuse observation de petites fornu-
lilés i dte consiste, pour chacnn, dans tes
vertus proi»es de son état
FeNËLON (LeUru).
Ma chère fille , je vous assure que le
métier de reprendie est fort aisé, et celui
de faire mienx très-difficile.
S. François de Sales.
Il vaut mîeax prendre œille fois sur
nous-mémes , qn'one Benle fois sar les
autres.
^^ Nepveu.
Soyez platAt enclume qne marleao.
S. Fbançois db Salles.
RÉBUS>
Pub. — Imprimerie de H>* V* Doader-Dapré, res Saiat-Lonfi, 4«, u Marali.
(
'i
3'iitirnHi hi's Dratoisfllfs.
— »7 —
ORDRES RELIGIEUX DES FEMMES.
DEUXIÈME ET DBRIilIR ARTICLE.
ORDEES ENSEIGNANTS.
Les Bénédictines. C'est à Tordre de saint
Benoit que l'Europe doit en grande partie
sa civilL^ation, car il est sorti de cette
famille illustre des apôtres, des prédica-
teurs, des écrivains, des historiens, des
moralistes, et enfin, des instituteurs, des
institutrices, qui ont donné à nos pères,
à nos mères, cette ibrte éducation dont
celle d'aujourd'hui n'est plus que l'ombre.
Les Bénédictines, répandues en plusieurs
diocèses, notamment a;lui de Tours, con-
tinuent leur œu\re en dignes filles du
grand saint Benoît, à qui les derniers pa-
triciens de la vieille Rome confiaient leurs
enfants, comme au seul homme capable,
en ces temps de barbarie, d'en faire des
chrétiens et des citoyens. £Ues portent la
robe et le scapulaire noirs.
Les Bernardines sont une branche de
l'ordre de saint Benoît, réformée par le
dernier docteur de l'Église, par le grand
abbé de Clairvaux. £Ues s'occupent avec
un grand succès de l'éducation des jeunes
filles; le département du Nord compte
deux niaisons remarquables appartenant à
cet ordre. Les Bernardines portent la robe
blanche, le scapulaire noir, et, au chœur,
le froc ou manteau blanc.
Les UrsiUines, fondées en Italie par la
bienheureuse Angèle de Bresse, intro-
duites en France, l'an 1610, par une
pieuse veuve, madame de Sainte-Beuve,
n'ont d*autre but que l'instruction de la
jeunesse. Leur costume est noir, avec la
guimpe et le bandeau blancs.
Les Sœurs de la Visitation de Notre-
Dame^ fondées en 1610 par saint Fran-
çois de Sales et sainte Jeanne-^ançolse
Frémiot de Chantai ( aïeule de madame
de Sévfgné], joignent aux exercices de la
vie contemplative les devoirs de l'ensei-
gnement. Leur ordre est fort répandu ; il
en existe même une maison dans le Liban.
Le premier monastère est à Paris. Gos*
tume noir, avec une croix d'argent sur la
poitrine.
Les Somrs de Noire-Dame furent insti-
tuées par le R. Pierre Fourrier, curé de
Mattaincourt, en Lorraine, et la vénérable
mère Alice Leclercq, dans le cours du dix-
septième siècle. Elles possèdent à Paris
l'Abbaye aux-Bois et la célèbre maison des
Oiseaux. Robe et Toile noirs, guimpe
blanche.
Les Religieuses de Notre-Dame de la
CJiarilé du Bon Pasteur , fondées par le
P. Eudes en 16^1, ont pour mission spé-
ciale la préserTation des enfants exposés
au vice et la conversion des pécheresses.
Une branche de leur ordre a pris, depuis
quelques années, une grande extension ;
elle s'est r^^pandue dans les quatre parties
du monde, et s'occupe, avec un admi-
rable dévouement, du rachat des petites
esclaves nubiennes et éthiopiennes. Pour
mieux réussir dans cette œuvre de miséri-
corde, les dames du Bon Pasteur ont fondé
one maison au Caire, une autre à TripolL
Robe et scapulaire blancs , cordelière
bleue ; sur la poitrine, un cœur d'argent
Généralat, ou maison-mère, à Angers.
Les ScBurs des S. S. Cœurs de Jésus et
de Marie (dites de Louvencourt ). Elles
furent fondées au dix-huitième siècle, par
la pieuse demoiselle de Louvencourt, qui
leur 1^^ son zèle et ses talents. Cos-
tume noir, coiffe Manche. Maison-mère k
Amiens*
7
..»6)®â
— M —
Les Dominicaines furent instituées
en 1206, par saint DoKiilii(|tte 4t Gaz-
man. Lear premier monastère fut celai de
Prouille; elles se répandirent en Italie, en
Espagne, en France. Elles possèdent au-
jourd'liui des maisons à Paris et à Avi-
gnon.
Ids Dames du Sacré-Cœur fiireat insii-
taées en 1800 par le P. Varin, le P. Ba-
rat» de la compagnie de Jésus, et made-
moiselle Madeleine Darat» sœur du der-
nier. Cet institut jette un grand éclat par
le talent et la ?erludescs membres, et par
l'excelleiHe éducation qu'y reçoivent les
jeaoes filles. Les maisons de Paris, de
Ljon^ d*Amiens« soot pariicurièrement
renommées. Bobe et pèlerine noire, coiir<2
Utnclie surmontée d'un voile noir. La
maison-mère est à Paris.
Les Sœurs de saint André s'occapent de
rinsUruction des jeunes filles de la campa-
gne. Elles sont fort répandues dans le cen-
tre de la France.
L%s Sœurs desainle Chrétienne (l)iarent
éUbUe»ea 1807, à Metz» pac IVlgr JaulTret,
énécfÊA de cette ville^ et madame de Méja-
nès, piense veuve, qui devint la première
sapérieure de la congrégation naissante. Ces
sœurs ont des écoles et des pensionnats.
Placées sur les frontières, durant les fa-
neslos années 1813, 1814, et 1815, elles
rendirent do grands services dans les bô-
pitau miliiaircs. Elles portent une robe
noire serrée par une ceinture de drap,
nne coiffe assez haute, et une croix d'ar-
gent, tvec les mot j : La charité de Jésus-
Christ nous presse. Maison-mère à Metz.
Les sœurs de la Doctrine chrétienne^
fondées en 1678, par le P. Nicolas Barré,
religieux minime. Obligées par leur règle
de fiiire Técole aux enfants pauvres, ces re-
Ugveoses s'acqiiiuent de ce devoir avec au-
(1^ La pieme esclave qni, p«r ses «lomples,
convertit à U foi la nation des Ibériens, n'est
pas connue dans l'église sous d'autre nom que
sainte Chrétienne.
tant de succès que de dévouement Gob-
ttaw noir. Maiîon mère à Nancy. Un an-
tre ordre du même nom est établi en Bre-
tagne.
Les Sœurs de la Présentation de Notre"
«
Dame ont été fondées au commencement
iu dii-OMivième siècle, par Marie Rivier,
morte en 1838 à Bourg-Saint- Andéol (Ar-
dèche). D*aotres religienses avaient été in-
stituées sons la même appellation, par Ifi*
colas Sanguin, évêque de Senli». Nons
ignorons si leur ordre s'est relevé après
la révolution. Costume noir, avec guimpe
blanche.
Les Sœurs de la Providence^ fondées
en 1776, par M. Fabbé Moye, se sont
étendues jusqu*en Chine, où elles comp-
tent plus de trois cents religieuses, Chi-
noises d*origine, soumises à leur règle.
Ces sœurs, spécialement destinées aux
écoles de campagne, ont pour supérieur
Févéque de Saiol-Dié; la maison-mère de
leur congrégation est à Portieux (Vosges).
Elles portent nne robe de seiige noire ,
coiffe et mouchoir de calicot; sur la poi-
trine, une croix de bois.
D'autres religieuses ont également
adopté ce doux nom de Filles de la Provi-
dence : on connaît les Sœurs de la Provi-
dence de Chavagne^ établies à Angoulême,
les Sœurs de la PromdencedePeltre^ qui se
consacrent aux écoles et aux hôpitaux ;
nous manquons de détails sur ces diverses
communautés. Madame de Poltadion, amie
de saint Vincent, avait aussi fondé un
institut sous le nom de Filles de la Proti-
dence, La maison fondée à Bordeaux au
commencement de ce siècle, par made-
moiselle de Lamourous, mériterait égale-
ment le nom de maison de la Providence,
puisquMle existe sans ressource, sans re-
venu, sans autre appui enfin que h bonté
du ciel. Les pieuses filles rassemblées par
la bonne mère de Lamourous se dévouent
aux mêmes emplois que les Dames du Bon
Pasteur.
Les Sœurs de la Sairite-Famille ont été
Z^'^
>^^^
.>«5^
dtaBtoiit<oiMMnrécBàr6Me%ii«iMDt. Vn»
attira bvittoh* et ctC mbe est établie à
v è tm umwâ à Dovi, mr d^s éool» et dea
Naw icra Mawaaa Id eatte ênuménh-
llan, ddjè iDap loagoa; maladte proofre 1»
lÉèlaiet la dévon onw i des faimiieB Aran-
çaises, qui, pour chaque misère de fftme
M du toifa, igttOMBiee w oMiMiet aban*
doB éa Fenhaoa ce ik» d'un fige plus
vnacé, trooraot mm oamolatmi, mi fc-
nMa Cette Bdte aal bm kioomptèle, car
ohiqiie diaoèB4ft peeaède des institiitiei»
partieiilières^dait to long dtoM ne sacrraît
ttoover piaee dana eea eoloimea.
Ott pest juger ce|M]idaiit par eette a»- 1
parMte et ooiiMa eequiaBa, de Fiifflité des
ordres feHgiem et de l*écfeil que )ear hooi*
Me bérotsme jette sur la retîgion eti? pa-
trie. Noas ne peurettsuien terminer eet
artiele qii'ett aitant Télege que les tertas
reNgteuaaa oai aifacbé à Voltaire hf-
mine :
« PeuNêtpe B'eét'«it rien de plas grand
asor la terre que le sacrifice qne fût nn
1» sexe défcat, de ki beamé et de la jea«
»ne9se, sonfeot de h baote natssance,
» pour sodager dans les bdpifanx ce ramas
D de ttwtas les misères hnaaniaes, dont la
a f tie est si humittante pour Taf gneil bu-
» main, et si révoitanie pour noire déffi-
»cate»ie. Les peopks séparés de la corn-
» mnnion romaine n*ont imité qQ*impar«
a failement une charité si générenaa. »
Mr* BnuNE RiBBEcoun.
Ni^
BIBLIOGRAPHIE.
i
\
kZs
Histoire de V Assemblée conslituante, par
J. B. Degalmer, 2 toI. in-S*". A Paris,
chez Poussielgne-Rozand, rue da Petit-
Bourbon Saint-Salpice, 5.
(2*** et dernier artlda.)
Nous TOUS avons fait connaître, mesde-
moiselles , les événements principaux qui
signalèrent la première période des séances
del* Assemblée Nationale, devenue plus tard
l'Assemblée constituante. Après les san-
glantes journées des 5 et 6 octobre, qui
avaient ramené la famille royale à Paris,
Fandace des révolutionnaires n*eut plus
de frein, chaque jour ils devinrent plus
exigeants. L*auréoIe de la royauté n'eiistait
plus; le respect qui faisait sa force et sa
puissance était détruit Les premiers au-
teurs de la révolution, ceux qui lui avaient
donné de félan et de la force, s'apercevaient
avec frayeur de h rapidité de sa marche
destructive; en vain ils voulaient Farrêter,
leurs efforts étaient infructueux : ils avaient
rompu fa digue, et le torrent les em-
portait.
Les besoins d*argent devenaient de jour
en jour plus pressants; afin d'y remédier,
TAssembléeordonna qu*il serait vendu pour
quatre cents millions des biens de la cou-
ronne et da clergé, et qu'il serait émis pour
une pareille somme de nouveaux bons du
Trésor, auxquels on donna le nom d*assi-
gnats. Telle fut l'origine de la banqueroute
qui amena la ruine et le déshonneur de
rÉtat Dans cette situation périlleuse, les
partis loin de s'entendre s'adressaient des
reproches mérités, ils se redoutaient, et la
révolution inspirait plus d'effroi), parce
qu'elle possédait la force brutale, et qu'elle
en faisait souvent usag&
— 100 —
Ce fut alors que s'organisa ce fameux
club des Jacobins qui prit une part si vio-
lente à toutes les atrocités qui allaient avoir
lieu. Ce club, en rapport avec tous les an-
tres clubs établis dans les provinces, leur
transmettait ses instructions, leur com-
muniquait ses fureurs; toutes les ques-
tions qui devaient être traitées à l'Assem-
blée y étaient discutées d'avance, et la
décision prise était présentée comme un
arrêt du peuple souverain. Les membres
de ce club envahissaient constamment les
tribunes de l'Assemblée; ils appuyaient
de leurs applaudissements ou de leurs
improbations les discours des constituants,
et quand ils voulaient faire adopter une
motion révolutionnaire, les membres de
la gauche ne manquaient pas de s'écrier :
« Entendez la voix du peuple souverain I »
Ici l'auteur revient à sa pensée première,
c'est que riudolence des honnêtes gens
donna beaucoup de force à l'audace des
factieux.
« Les honnêtes gens , dit-il , s'abste-
naient d'aller dans les clubs; les uns par
indifférence; les autres de peur de se com-
promettre par une opposition inutile ; ceux-
là enfin parce qu'ils voulaient abandonner
les révolutionnaires à eux-mêmes, espé-
rant que l'excès du mal amènerait le bien.
Ce dernier motif animait aussi un certain
nombre de députés à l'assemblée, lesquels
cessèrent de prendre une part active à ses
travaux. Les résultats de cette tactique im-
prudente ont prouvé combien elle devait
être désastreuse : il est trop tard pour son-
ger à éteindre un incendie lorsqu'il a déjà
tout consumé. »
Ces réflexions semblent avoir été faites
pour nos jours.
La lutte n'était ni moins vive ni moins
violente entre les organes de la presse; les
îournaax révolutionnaires surtout s'expri-
maientavec une audaceinouîe. Marat, dans
son journal, disait qu*il fallait pendre huit
cents députés à huit cents arbres des Tuile-
ries, Desmoulins, dans le sien, se proclamait
le procureur général de la lanterne. Les em-
barras du présent, les inquiétudes de l'a-
venir préoccupaient vivement Louis XVI;
l'ingratitude des révolutionnaires lui cau-
sait un chagrin profond; tous les sacrifices
qu'il avait faits ne pouvaient les contenter;
il se décida à se présenter devant l'Assem-
blée ; là, dans un long discours, il [urotesta
de sa sympathie pour la révolution, et
engagea tous les députés à la paix et à
l'union.
Ce discours, que l'auteur cite tout en-
tier, est une nouvelle preuve de la généro-
sité, mais en même temps de la faiUesse
de Louis XVI. Il fut accueilli par de nom-
breux applaudissements. « Les députés, dit
l'auteur, qui avaient ?ccompagné le roi à sa
sortie de l'Assemblée, rapportèrent que la
famiile royale était venue au-devant de Sa
Majesté, et que la reine leur avait dit : « Je
partage tous les sentiments du roi ; voici mon
fils, je l'entretiendrai sans cesse des vertus
du meilleur des pères; je lui apprendrai à
chérir la liberté publique, et j'espère qu'il
en sera le plus ferme appui. » Ces paroles
de la reine excitèrent des applaudissements;
mais il y avait dans le discours du roi l'ex-
pression du désir que la révolution s'arrêtât
aux limites déjà trop reculées où elle était
parvenue ; ce n'était pas cela que vou-
laient les partisans effrénés de la révolu-
tion, et ilii profitèrent des troubles qu'ils
suscitèrent dans les provinces pour atté-
nuer l'effet qu'aurait pu y produire le dis-
cours du roi.
L'Assemblée s'était déjà emparée des
biens du clergé; elle avait suspendu les
vœux monastiques; elle résolut de sup-
primer les ordres religieux, et à la suite
d'une discussion vive et tumultueuse, elle
y réussit
Après avoir détruit tant de respectables
institutions, l'Assemblée ne pouvait souf-
frir que la noblesse fût conservée. Un dé-
puté, Charles Lambel, demanda que Ton
défendît à toutes personnes de prendre
la qualité de comte, baron, marquis, etc. ,
fijK
'^(^C^^'
— 101 —
.>eî^
et que la noblesse ne fût plas héréditaire.
Ce qa*il y a de singulier, c*est que cette
proposition était Tivement appnyée par des
nobles de rAssemblée, et qu'ils cherchèrent
à Tenvi à renchérir sur les propositions
les uns des autres ; enfin , la noblesse
héréditaire fut abolie , les titres de no-
blesse furent supprimés ; et il fat défendu
d'avoir des armoiries , de faire porter une
livrée aux domestiques, etc., etc.
L'Assemblée ne 8*arrêta pas là; elle Tota
celte constitution civile du clergé qui de-
vait trouver tant de réfractaires et faire
tant de martyrs !
L'anniversaire de la prise de la Bastille,
ce premier acte sérieux de la révolution,
approchait, et d'immenses préparatifs se
faisaient pour le célébrer au Champ de
Mars. Gomme on craignait que les travaux
ne fussent pas achevés à temps, la munij
dpallté de Paris fit un appel au patriotisme
des habitants de la capitale. Quelques-uns
par enthousiasme, beaucoup par peur,
s'empressèrent de venir en aide aux ou-
vriers. « C'était, dit Fauteur, un spectacle
étrange^ que de voir accolés ensemble et
maniant la pelle et la pioche, le moine et le
comédien, le grand seigneur et l'artisan, la
poissarde et la dame de haut parage, l'éco-
lier et le vieillard. Les travailleurs se ré-
créaient par des chants joyeux, mais des
refrains sanguinaires se faisaient aussi en-
tendre, et rappelaient que l'esprit révolu-
tionnaire planait sur l'ensemble. » Chacun
croyait par là donner un gage à la révolu-
tion et échapper ainsi à ses fureurs.
Le récit détaillé de cette fête révolution-
naire serait trop long, et vous le lirez avec
plus d'intérêt dans l'ouvrage dont nous
analysons quelques passages. Vous y re-
trouverez comme acteur principal, Talley-
rand, eet évêque d'Autun qui , la prière
sur les lèvres et l'apostasie dans le cœur,
prêta le serment au nom des fédérés des
armées de terre et de mer, des gardes na-
tionales du royaume et de tous les districts
des départements et de la capitale. Le
marquis de Bonnay, président de TÂssem-
blée Nationale, prêta le même serment;
mais le moment le plus solennel fut celui
où le roi se levant, prononça les paroles
suivanus : « Moi, roi des Français, je jure
d'employer tout le pouvoir qui m'est dé-
légué par la loi constitutionnelle de l'État,
à maintenir la Constitution décrétée par
l'Assemblée Nationale et acceptée par moi,
et à faire exécuter les lois. »
Au même instant, de nombreuses dé-
charges d'artillerie qui se répandirent de
distance en distance apprirent à toute la
France que la Constitution venait d'être
proclamée. Après ces paroles du roi, la reine
prenant le dauphin dans ses bras, le montra
à la foule; aussitôt les cris de Vive le rai!
vite lareme! vive le dauphin ! partirent de
toutes les bouches, et les acclamations des
soixante mille fédérés et des trois cent
mille spectateurs se confondirent avec le
bruit du canon. Mais cet enthousiasme n'é-
tait qu'éphémère ; Louis XVI seul devait
rester fidèle à cette Constitution qu'on lui
avait imposée^ et qu'il n'abandonna que
quand les révolutionnaires, après l'avoir
violée contre lui, voulurent s'en servir
pour le renverser.
L'agitation populaire qui augmentait
chaque jour n'était pas propre à diminuer
l'irritation de la noblesse, qui se trouvait
bien plus blessée dans son amour-propre
et dans sa dignité que dans ses intérêts. Ce
fut alors que l'émigration prit un caractère
grave, elle devint une obligation pour
quelques-uns, et, disons-le, une mode pour
beaucoup. Il ne restait {Masque plus de
gentilshommes en province ; le point d'hon-
neur leur faisait une loi de s'exiler : on
répandit sur les assistants des bénédictions f envoyait Thumiliante quenouille à ceux qui
qui ne furent point ratifiées dans le cieL j se hâtaient nx)ins que les autres de partir ;
Malgré des torrents de pluie, le nombre les femmes elles-mêmes excitaient leurs
des curieux était considérable. Lafayette maris, croyant qu'ils se déshonoraient
J^^^^
^^i>^-
— lOS —
slls refusMeit de fuir une pairie oè ib m ^
po« weic pto Tîffe qae dans la limite et
Nosf ne wons feroiMpeiot lesdéfesseom
érl'éfugratioo ; nooscroyonsqueU mUmm
tU été plus -stiie an roi en restant près de
loi, ce lui servant de rempart, ^*enl^a»
bandoeiMMt; mais nom partageens en
qvelqves points ia pensée de t'ameor,
quand ii dit : « L'émigration fot bbdb
doute l*eiei d'nnc coacepcion naliKoreose,
qoe ie saocès ne devait pas conronaar;
nais oa ne peat nier que ce fat one pea*
sée chevaleresque, <pi'ii n'y eut de la
^andeor, de rhérois(Be; et la «oUease, il
fnt le dire , a péri ^ec honnenr. «
L'émigration inquiéla les réY^otion-
nijres ; ils te ui ar ol Ti^terdire snême an
fisames. àtiei, Mesdames, tantesén roi,
dont les ionoialioBS de l'^Useoiblée alar-
maient la consdenee réâ^unetf avaient
ntso'ii de se rendre à Rome, ain de pou*
rar pralâqner af ec Hberté les deroirs de
kBorreUgion. Le club des Jacobins s'émut
^ ce projet, et le maire de Paris, pooasé
par loi. Tint ansoncer aa roîqneie penpfle
^oppœaitan départ de 3e$ ESBles. Lboés XYI
répdndit qn'ancane ki ne s'opposait an
d^rtdecesdaoKs; atorsuneénaenteiat
OBBanisée, et cette portmn du peuple qni
•est toujours prête à s'inswger, n'importe
pourquoi, n'importe conlFe qoi^ se porta
an cblteaa de Beilcfrae; beorensenKnt ,
nMsdunes Vieiiire et AdéfaUe en étaient
parties Ja veiik; Mais arréléesà Amay4»-
Bnc, elles écrivirent ao président de VàB^
semblée pour réclamer, an aom de k ki,
la liberté qu'elles auient, cossme dr
tof eones, de se rendra partout où elles le
«ranfa-aisiit Leur lettre mit l'Aseeaibiée
dans un grand embarras; d'après k nan-
vdleConsiitmion, le roi aeol devait avoir
SB ffésidenoe près de l'AesemUée ; l'bérilâer
présomptil de h couronne pouvait vojfeger
avec k pcrmismn du roi, aak rien de
panîmlier n'était impoaf pour la rtoidttioe
am aatnas membres de la iamilk royale ;
ils étaient seakancnt seuaûs j»l
Bumes ï tans les citoyens., oe» damas
étaient denclibresL Unetoopie et broyante
d ia oBa ri e n ent iien à ce saget; UiHibean
Y prit «ne grande part ; oe fougueux tribu
qni avait kit bire tant de pas à la i^vo^
kitiott, vanlak sders Farréier. Ce n'était pas
dM hri reflet d'une oonvicdon ; coonae
nous i'avnns dit, il -s'était vendu h la cour,
et voulait gagner l'aripent qn'«n lai pro-
diguait. Dana celle idiecnsaion aokantUe
ilfitytenve d'an incentanafale trient, et,
aaaa ouine à sa popokrité, il sut se mllier
une grande partie des membres dn côté
dPiif. Un pian avait été formé par hn ; on
n'en connaît pas toas ks détaik, on sait
aeulement qu'il voulait entraîner k nn
bors de f ans, abolir k Constitution, et en
pnblier iaunédiatemeat nae aatreplusuio-
nardnqne, qm aurait coolena tout ce que
k premiève avait de bon, et d'où il aurait
BSHaatché UMst ce qa'U y traavait de man-
vain Loitts XVI avait repris ooafianoe, H
suivait avec attention k condaite de Mira*
beau, et raeonnaisaait dans ses discoars et
JBsque dans son sifenoe qafil oammençait
àteniriespromca8aB;deson oOté, Mira-
beauavaitaîlorsanlant d'iatérltè combattre
k révoktîou qn'à k aoulenir ; la puissance
wnciaqaeUe ilaifait ébranlé ktrôoe don-
nait k mesunedeceHe qu'il aliait employer
pon* kconsolider. « Maistoutli eoup, dit
l'ameur^ no cri sinktre ae répand dans Pa-
ris : Jf«ra&0ai4 as mêuirtt Deux jenrs an-
paearvant il avait encore parlé deaant l'As-
semblée Natioaak et brillé de tout son
édat ontinaire. il ne pat retourner ù k
sèancedu kndeniaki;iié^ioaaraimspaBma
si vkrientquepeadaat sii beures on croyait
à ebaque instant qu^il allait rendre k der-
nier aonpir. U expma k 2 airil, sans re-
mard» dn mal qu'il avait kit, et ne segret*
tant de ne pauvatr eiécuter khien qu'il
avait prajelé, qu'à cause des ignobles
joauasaaowqu'il bu anndt procmias et qui
lui écàappaient. »
lA mort de Uiaabaan kisia k royauté
— 103 —
ans déteoÊBf et. cette iofliienee fst m»
nomralie pna?e qpele génie sauf h Terta
est on 6é«i pour h pierie»
Bienlfttceiiiiiieneèreiit 1» ye w é c mie»
conlreleclergl « Le fanetfme irraUg^e«K|
fBc Tnitear, fot [Mniiié si IttB^ qoe k |iea»
pie pioÉigaa ke pla» iadi^MS mxtngK nx
frères de^éooleschiéliefiiies, qni pHeaient
leur m k rinsirane^el sortont eacscnn
de chanté, q«i raasMtaieBt^ le censeUent
dans h mlidie; des femam de Baeiivaise
▼îe, esôtéee et acooiû|iagiiéea par des
hommes, le rebat de la popvlaee, doBnè*
rent le fonet à ces saintes filles et k des
dames pieeses qui étaient feanes prier awec
eHes.»
Malgré les snpplieatieiis do roi pour
iaire cesser ds pareils scandales, l'Assem-
blée ne prit ancan moyen de l'empêcher.
A dater de ce moBieiit les tortoreB du
maUiMreHz Louis XYI ne forent plus ses-
lemeat physiques, dles Revinrent mwales :
on l'avait fait prisonnier; on attaqua sa
conscience, sa foi ; on le dénonça comme
ayant entendu la messe le dimanche des
Rameanx, et comme ayant reçn la-cemm»^
mon pascale des mains d'un prtee non
aasementé. Puis, pour M faire mieux
cofloprendre Fesdavage dans lequel il était
tombé par sa faiblesse, on lui refusa l'auto-
risatien d'aller passer quelques jours à
Saiflt-Gloud.
Ne pouvant plu» supporter ce suppUee
incessant, Louis résolut de fuir et d'aller
attendre loin de Paris que le calme fût ré-
tabli.
Vous tires avec intérêt, mesdemeiselles,
le récit de ce triste Toyage; vous y reuroii-
verez la reine avec tout son courage et
toute son énergie. Malgré le» efforts de
plusieurs officiers détoués, le roi fut re*-
connu, an^ié à Yarennes. et ramené à
Paris. Il n'est pas aéeessafane de leos dire
le parti que tirèrent de ce lait les révolu-
tionflaines; le rd et sa faaûUe devinrent
dés ce moment tout à fait captib» Descâoa-
misBaires £wr^t nemoiéB par l'Assemblée,
pour interroger le roi et laidne. En nàa
h rai déchra que les wtiûb de son départ
avaientété lesmenacesellesentrages adrea»
ses à sa famille et àlui-mtee, le 18 avrils
en lodn ttafirma qoe son intention n'avait
jamais été de quitter la France, mais qu'il
vonhdt seulenaent se rendre à Montmédy
parce que cette place étant fartifiée, sa
futtiUe y aurait été en sûrelé ; rion ne fut
éconté.
«La reine, dit l'anleur, fit «ae déclara-
tien beanooup plus brève ; elle donna peu
de renseignements, et s'attacha surtout ^
ne compromettre personne : Je déclare^
dit-elle, que le roi désirant partir avec ses^
enliints, rien dans la nature n'aurait pu
m'empécher de le suivra. Ce qui m'a eur-
oore plus déterminée, c'est l'assuranoe po-
sitive que j'avaisy que le roiae voulait pas
sertir du royaume; s'il en avait eu lediMr
tome ma forai eût été empkyée à Fen em-
pêcher.»
Ces déclarations, les explications den^
nées pl^ M. de BouUlé, qui assuma sur lui
toute la responsabilité de la démarche du
roi, ne firent qu'esciter les fureurs du club
des Jacobins^ aux injonctions duquel l'As-
semblée n'osait résister. Le roi fut sue-
pettdtt de ses fonctions, on resserra déplus
en plus les liens de la captivité de la fa-
miUe royale ; des sentinciies forent placées
dans l'intérieur des TuSeries, la chambre
de la rém ne iiut pas même respectée ; la
perte devait toujours en rester ouverte, et
un garde national enoocupait le seuil pomr
la surveiller, même pendant la nuit Nul
antre que le Diauphin n'avait h licullé ie
sortir pour aller à la promenade. Enfin^
personne ne pouvait pénétrer dans le chA*^
teao sans «ne permission de Laiiyette,
permission qui fiit bientôt refusée, mtae
aux membres de l' Assemblée.
Les Jacobins désiraieni ardemment qne
le Eoi fût décrété d'accusation et jo^ ;
peur y parvenir, ils mnneeuvrMMit en de-
hors de r Assemblée ; mettaient le peuple
en mnuvement, agitaient les sociétis pu-
lY
^
^SîÇkï.
— lOt —
triotiqaes, a6n d'eflraycr la majorité ; mais
le moment du régicide n'étant pas encore
ai rivé, ils IrouTèrent, malgré leurs cris,
une telle opposition qu'ils demandèrent
l'ajournement de la proposition. Ce qu'il y
ent de plus remarquable dans cetie lutte
qui fut vive et animée, c'est le discours
de Barnave.
« Le jugement du roi, s*écria-t-i1, que
serait-il autre chose que la proclamation
de la république? On vous propose donc
de détruire votre ouvrage au premier
choc des événements, ou plutôt Ionique,
par l'assistance du ciel, une tentative qui
pouvait avoir des résultats funestes à la
paix du royaume, n'en a eu aucun. Vous
mettez votre gloire à terminer une révo-
lution sans exemple dans les annalt'sdu
monde, et Ton vous propose d'en ouvrir une
nouvelle, de laisser ce terrible héritage aux
Français, de les faire rouler de lois en lois,
d'orages en orages, d'abîmes en abîmes.
Vous avez exercé, mais avec modération,
des pouvoirs effrayants, on veut qfte vous
appeliez une Convention Nationale investie
de pouvoirs encore plus redoutables. Vous
avez créé la liberté : on veut vous faire
établir im despotisme viol<'nt et sangui-
naire. Mais ne craignez-vous pas que ceux
qui commenceront à juger lé roi ne vous
jugent à votre tour, et ne traitent d'actes
servîtes tous ceux par lesquels vous aurez
consacré la séparation et l'indépendance
des pouvoirs? Si vous prolongez la révolu-
tion, il m'est facile de vous dire jusqu'où
elle ira à travers ses continuels progrès. Dans
la nuit du U août, vous avez renversé des
privilèges odieux; on voudra faire une
nouvelle nuit du U août, et l'on ne trou-
vera plus à renverser que les propriétés
mêmes. Oui, vous les verrez attaquées par
des confiscations barbares, par mille sortes
de décrets extravagants ; on les rendra^
vous, dis-je, ces décrets ; car si l'on sé-
duit quelques métaphysiciens, quelques
géomètres avec des abstraction», on ne
séduit le peuple qu'avec des réalités ,
qu'avec des avantages palpables; et ponr
le satisfaire, on portera le brigandage dans
les lois. Quel est donc le motif de tant de
désordres où l'on veut vous lancer ? C'est
parce qu'on cède h des motifs de haine
contre un roi malheureux. Si Ton accorde
tant aujourd'hui à la haine, demain on
peut accorder davantage à l'amour ; car il
est plus naturel aux Français d'aimer que
de haïr. Un chef nouveau se présentera,
et peut-être nos malheurs seront .tels que
l'on se croira heureux de trouver un re-
fuge sous sa tyrannie. »
Neiisait-il pas dans l'avenir, celui qui
prononçait ces paroles prophétiques au mo-
ment où la Constituante allait faire place k
la Convention, et ne prédisait-il pas et h s
crimes de la Terreur, et le despotisme de
l'Empire?
Malgré les efforts des Jacobins, malgré
les attroupements qu'ils formèrent au
Champ de Mars, et que Lafayette fut obligé
de repousser par la force, la majorité dé*
ci<ia que le roi prêterait serment à la Con*
stitution, ce qu'il fit, cédant aux conseils
impérieux des chefs du parti cx)nstitution-
nel qui avaient jusqu'alors été les moins
méchants de ses ennemis ; il fut alors ré-
intégré dans ce qu'on appelait ses fonc-
tions.
L'Assemblée avait terminé ses travaux, le
30 septembre 1 792 fut choisi pour la clôture
de cette session qui durait depuis deux ans
et demi; le roi vint en personne dissoudre
le corps constituant, il protesta de nouveau
de la vigilance et de la fermeté qu'il met-
trait à f;iire exécuter la Constitution, et
termina son discours par ces paroles pa-
ternelles :
tt En retournant dans vos foyers, mes-
sieurs, je compte que vous serez les inter-
prètes de mes sentiments auprès de vos
concitoyens. Dites- leur bien à tous, que
le roi sera toujours leur premier et leur
plus fidèle ami; qu'il a besoin d'être aimé
d'eux; qu'il ne peut être heureux qu'avec
eux et par eux. L'espoir de contribuer i
~ 10» ~
leur bonhenr sontiendra mon courage,
comme la satisfaction d*y avoir réussi sera
ma plus douce récompense. »
Le livre de M. Degalmer, dont nous
Yous ayons donné un rapide et incomplet
résumé, est écrit avec 80>n, les faits y sont
classés avec ordre; en le lisant on pressent
tous les malheurs qui se préparent, on Toit
Torage qui approche, on devine ce que
deviendront un jour les terribles acteurs
qui entrent en scène ; on comprend les
fautes qui devaient amener tant de mal-
beuris, et on dit avec Tauteur :
« La révolution française a été le crime
d'un grand nombre et la faute de tous. »
Dieu veuille que les leçons qu'on peut
puiser dans cet instructif ouvrage profi-
tent à notre génération^ et nous préservent
des maux qui furent la suite de tant de
fautes I
A. JADIN.
UTTÉRÂTURB £TRÂNfiÈRE#
LA PAROLA D'ONORE.
Né fune iotorno crederô che stringa
Soma cos\, ne' cosi legno cbiodo,
CoiDc la fé, ch' uoa bell' aima cinga
Del suo tenace indissolubil nodo.
T<e' dagli antichi par che si dlpînga
La santa Fè vestita in altro modo,
Che d'un vel bianco ehe la copre lutta ;
Che. un sol puntO; un sol neo la pu6 far brut ta.
La fede unqua non deve esser corrotta,
data a un solo, o data iosieme a mille ;
E cofti in unaselva, in una grotta,
Lontan dalle citladi et dalle ville ;
Corne dioauzi ai tribunali in frotta
Di testîmon, di scritti e di postille,
ScnzB giurare, o segno altro piu espresso,
Basti una ToUa, che si abbia promesso.
Akiosto.
LA PAROLE D'HONNEUR.
Je ne crois pas qu'il y ait de corde qui serre
autant un fardeau, ni de clou qui entre aussi
ayant dans une pièce de bois que la foi lors-
qu'elle entoure une belle âme d'un naud ferme
et indissoluble. 11 semble que les anciens n'aient
jamais peint cette vertu que têtue d'un voile
blanc qui la couvre tout entière, car un seul
moment, une seule tache peut la souiller.
La parole donnée à un seul ou i plusieurs,
dans un bois ou dans uoe caverne, loin des
villes ou des villages, devant les tribunaux, de-
vant des témoins, dans des actes ou des écrits,
sans serment, sans un engagement formel, ne
doit pas être trahie : il suffit qu'on ait promis
une fois.
l
*>l«**
■■^ flW "^
ZAIDA,
LÉOBITDB HÉRALDIQUE.
Henri III menait d'épouser Éléonore de
Provence, sœnr de la reine de France»
épouse de Louis IX, lorsque la deuxième
croisade fut résolue, et ces monarques qui
joignaient Tenthousiasme religieux à l'es-
prit chevaleresque df etttt étmfWdt êctcp-
tèrent avec empressement la nùssioa d'al-
ler délivrer la ville sainte du joug des in-
fidèles. La noblesse des deux royaumes,
^ l'exemple de son souverain, appela sous
ses bannières les vassaux de ses domaines
et alla se ranger sous l'étendard de la Foi.
A VéfotfM é& celte néiiwniUe expédi-
tion, existaient déjà dans le €umlberland
six châteaux principaux dont les seigneurs
s'armèrent pour la sainte cause. L'un de
ces domaines, celai de MiUonm* apporte*
naii à une noble faouUe eaieene d« eem
de Hudlesloa, descesdiiilB d'AAelsiBae,
l'un des anciens rois de l'Heptarchie.
Le chef des Budleston, lord Nilloum*
partit »fec ses vassaux, en laîssaotk ha
jeone frère l'tdoaittstniieo de ses Uens^
mais arrivésor tae cAiei4'Alnq«e, lesMB-
pètes, toujours si fréquentes, firent périr
ou dispersèrent les vaisseaux des croisés ;
celui que montait le sire de Milloum fut at-
taqué par une tartane barbaresque, et mal-
gré la plus vigoureuse résistance, les pas-
sagers qui survécurent au combat devin-
rent prisonniers des corsaires algâîens.
Entré dans le port d'Alger, le pinle
conduisit ses captifs à terre et les exposa
dans le Battistan ( marché aux esclaves ],
où ils furent mis à l'enchère. Chaque pri-
sonnier était payé selon son âge, sa force,
sa santé apparente et le rang qu'il occu-
pait dans sa patrie. Lord Milloum avait une {
teîUe noble et imposante, tas tcaits do«
et réguUevsteient gnudernsemeiit eaabre-
gés par une magnifique chevelure blonde,
et toute sa personne portait une telle
distinction que, considéré comme le plas
beau les Ciiiibsnis en vente, il fut acheté
pour le compte du dey. Une jeune feomie
anj^se, qui avait perdu son mari dans le
combat contre les pirates, et un religieux
franciscain, achetés à un prix très-inférieur,
devinrent ses compagnons d'infortune.
Tous trois furent envoyés â la Casbah,
résidence des deys et avant eux des rois
d'Alger. Au mBieu de ses hantes murailles
crénelées se trouvaient toutes les magni-
ficences décrites par les poêles arabes.
Construite pour servir de refoge, en cas
de revess, à la famille di souverain, eette
forteresse eflmit dans son intérieur le nué*
lange sii^nUer des douces babirndes du
hareoael de ta âailMitance d'une pièce de
guerre.
Le kodja, tm trésorier du palais, suivi
d'un interprète ang^s (le dey en entre-
tenait de toutes les langues au Battistan ) ,
conduisit lord Milloum ài Tanikartement de
son mettre. Ce prince, assis à l'orientale,
fumait son cbibouk près d'une terrasse
donnant sur la mer.
Nonchalamment appuyée sur des cous-
sins, une jeune fille, insoucieuse et gaie,
^eœupeît à enfiler des fleurs de jasmin
qu'elle destinait à sa parure. Ses beaux
cheveux teints avec le henné, s'échap-
paient en profusion de sa chachia de ve-
lours bleu, couverte de sequins, et retom-
baient autour d'elle, tournés et serrés dans
des rubans bleu et or. Sa chenûse de
— 107 —
éê saée Umdiei kiodén amfmir ^
feïïXfémàé ém toMMihev, Mi»
n kns» Unt'fiBtt dv Tdonv
dhMMMUt à ia iHMtear de nixiiMre
et était fixer à la tiilie yirfo ima {édnrpB
rayée en ivams) ipî tombait flMaaia wmr
aan large paatalaiiu Lea onglaa de* «es
pîdb» €OiBiiKace«r da aca maÎMy éCaieiit
aasBi tebrtf aivcc te aoc da fceiuié^ el pla«
lieura otreiea d'br^ foi eatoaraient ses
jaaabea» oofléiairwr kaoiteiaade'lajoiie
C'était la prhKtase ZadMa, «le Miqu»
du dey.
Le bodja, le captif 6t llvterprète atten-
diiept dass «n ailence rapectfieox que te
dt^ fcan* adresaât la parole. Feodant oea
qaeiipRa momaiti, loid IlillDiiaii, alMoiM
daaa la ooiHemphiMn de h belie jeune
fifle, ae demaodak a^il n'éuii pas le jevrai
d^one Hhuîav, Jaaoaia il n'avait imigiiié
nu asBenhiage avni CMnplet de grieea et
èe perlbctîMia. Lea Irâ do haren o^eii-
geaiettfpaB eocere q«e la princesse caèMt
9««tiajls aoya uortmla pour les dérober
aux regarda des bemaoes : qfielqiies neîo
devaîeDt s'écowler avaM qne, eafsant
d'êtve conidérée comme «ne enCint, elle
fit aa umiaL a«r exigenocs imposée» ans
Bsfio le dejr se tommant Ters la porte,
fit «n signe de la naw, le kodja se pros^
terna, pus, se relevant, il fit anneer- le
captif. Le prince le^ensMéra ^elqaes nii<-
Bmes. Satisiait sane dôme de eet eiamen,
M M adressa quelques qaestioBs que f i»-
tcrpfète tradnbH k lord Milliim, dont 1
traisaaetlait an de^ tea^rèpoiiBcn.
tt Qiiii«at Ion pays? qav e»-tof qneRe
est ta fortnne? — L'Ângleferre est mon
pa>8, mes aîeni ont porté la ocraronne.
Ma condition est celle d'niè nebfe^ seig n e o r
et mk fortwM est pent-être égale à la
tienne. »
Oetae déchataHon sonna agréablement
t*oreiJ)es da dey, elle flattait son ava-
rne; ns aaarioe impeitqitflie effiaor»
ff Alors tn estimes assez ta liberté {XMSf
ta radieter par nne forte rançon? — Rxe-
la toi-même et donne-moi les meyena*
d^écripe \ ma femiUe : la somme qne tn
demanderas te sera envoyée. — Dix nùBe
éctwd^orf — Dix mille éctis d'or, soit! n
lie dey regretta de n'avoir pas donMé^
hr somme qne son captif consentait si aisé*
ment I payer, m»s il fit mentalement ses
réserves, «r Trait» ce cbrétien avec qnel-
qnes égaids, dit-if an Icodja, qne le soin
des flenrs de h terrasse et des galeries Inl
soit confié. » Pois, d*nn signe il congédia
tout te monde.
Denx noirs entrèrent, déposèrent avrprèn
dn prince tme petite table d*un pied de
haut, en marqueterie d*écaille et d*ivoire
sur hqneBe était nne coupe d'argent ri-
chement ciselée, et Ton des noirs y vena
dn café; « Père, dit Zalda, s*approckana
dn dey et Ini passant les bras aoteor da
COQ, si ce pauvre capdf a ime mère, il
doit être bien nuAenrettxi ne ponmis-ts
Ini rendre h liberté snr parole? — Le
captif est un seigneur riche et puissant, sa
rançon ne se fera pas attendre. — Uns a»
des êvénementa on PéleigneBeirt de se»
pays empêchaient ranrivée de sa rançoa ?
— Son esclavage deviendrait plas pénîMey
car il me coûte fort cher, et je ne» veoi
pas avoir fait une dépense inutile. »
Zalda' sa retira rêveuse, des larmes reu-
fAient dans ses yenx; pour les cacher h
son père, ele attisa machinateaMnt Icn
charbons éPnn brasero et y jela qad-
qnes graines de lemisques qui parfomè*
rent Fair; puis, prenant me sorte de
théori>e, de en essaya quelques sons;
mars la voix du muezzin, dn haut des
mînarefs, ayant appelé les fidèles à la
priêro, le dey se Tendit h la mosquée de la
Casbah et ZaNh rentra dans les apparte*
ments intérieurs.
Qoelqties mois se passèrent. La jeune
princesse venait tous les jours dans cette
.>^i<S(l
— 108 —
salle qui ne fidsait point partie des appar-
tements du sérail, et dont les larges croi-
sées donnant sur une spacieuse terrasse,
Ini offraient un aspect moins triste que les
fenêtres grillées du logement des femmes.
Un jour, le simoun soufflait avec impétuo-
sité; les hommes et les animaux, haletants
sous la pesanteur de cet air empoisonné,
s'étaient retirés au fond de leur demeure
pour y chercher un peu de fraîcheur.
Protégée par les épaisses jalousies, la jeune
musulmane cherchait cependant à aperce-
voir les mouvements du dehors. Tout à
coup, elle tressaillit... Un esclave s'avan-
çait sur la terrasse, sous l'action de cet air
de feu ; il portait un arrosoir, et abreuvait
la terre desséchée de quelques plantes
rares que Zaîda affectionnait particuLèrc-
ment; c'était lord Miiloum.
« Éloigue-toi 1 lui cria Zalda ; ignores-tu
donc le danger de t'exposer ainsi ? — Ces
fleurs sont les vôtres, madame, et je me
reprocherais de les négb'ger dans un mo-
ment où mes soins peuvent vous les con-
server. — Mais, répondit-elle d'une voix
tremblante d'émotion, tu ne sais donc pas
que je préfère voir périr tous les arbustes
du monde plutôt que de te voir affrontant le
moindre danger? Si Zaîda pouvait adoucir
ton sort, pauvre seigneur, Allah lui est té-
moin qu'elle sacrifierait tout l'or qui l'en-
toure; va te reposer, et si son ordre ne
suffit pas, Zaîda t'en supplie ! t
Lord Miiloum b'éloigoa ; ces paroles, si
bienveillantes pour lui, le rendirent bien
heureux, car il aimait Zaîda ; loin de vou-
loir chasser son souvenir, lorsque étendu
sur sa couche il revoyait son riche ma-
noir, ses nombreux serviteurs, ses chiens
favoris, assis au foyer, l'image de Zaîda
venait toujours y prendre place comme
dame et souveraine, et il redoutait l'in-
stant où sa rançon remise an dey l'obli-
gerait à abandonner des chaînes qu'il eût
préféré porter toujours.
Cependant deux lettres adressées à sa
famille étaient restées sans réponse, pi:ut-
étre n'avaient-elles pas atteint leur desti-
nation. Mais deux ans s'étaient écoulés,
et si le dey ne témoignait pas ouvertement
son mécontentement d'nne aussi longue at-
tente, c'est qu'il pensait quelquefois à la
possibilité d'avofa- été trompé par le chré-
tien sur l'état réel de sa fortune.
Des deux compagnons d'esclavage de
lord Milioum, le père Mathias, le religieux
franciscain, avait déclaré s'entendre aux
travaux du jardinage, et Venifrede, b
jeune Anglaise, avait été attachée an ser-
vice de Zaîda ; elle lui apprit l'anglais, et
sa maltresse l'ayant prise en amitié, la
comblait de ses dons.
Un matin que, couverte de son voile et
suivie de Venifrede , Zaîda se promenait
sous les galeries, Ali, un vieil esclave noir,
vint se jeter à ses pieds en implorant sa
protection : « J'ai négligé le soin de la
ménagerie, dit il en frappant la terre de
son front ; un lion s'est échappé cette nuit,
et a dévoré vos charmantes gazelles.»
Voyant le chef des bostangis qui venait
réclamer l'esclave pour le livrer à une cor-
rection crutlte. « Arrête I s'écria la prin-
cesse, je prends cet esclave sous ma pro-
tection ; les gazelles étaient à moi, je lui
fais grâce I La miséricorde est un encens
agréable à Dieu ; relire à Ali son emploi
et donne-lui-en un auquel il puisse mieux
convenir. — Je ne saurais te refuser,
perle royale, dit le bostangi se prosternant
aux pieds de la princense ; ta voix, douce
comme le miel de l'abeiUe, adoucit mon
cœur qui ne devrait pas pardonner.» Puis
se relevant il dit à Ali. « Je te confie la
garde de la prison des captifs. » Le nègre
leva sur la princesse des yeux pleins de
reconnaissance et suivit le bostangL
Mais lord Miiloum avait été témoin de
cette scène, et Tadmiration qu'il en té-
moigna fut si agréable à Zaîda que Veni-
frede s'aperçut de leurs mutuels senti-
ments.
Rentrée dans l'appartement de sa mat-
tresse elle crut devoir lui donner des con«
c;€>^
.Ji'^^a
--. i09 —
seils. « Tous vous exposez au plas grands
périb, madame ; songez à la veugeance du
dey s*il yient à découvrir que ce jeune
homme tous aime et qu*il est aimé de
TOUS. — Tu as raison, Yenifrede, l'image
de lord Milloum livré au supfriice par
amour pour moi me détermine ; je Tais
payer sa rançon... il partTra; tu le suivras,
et tu lui parleras quelquefois de Zaîda. —
J'ai perdu dans le combat l'époux qui me
faisait aimer ma patrie, tos bontés m'ont
fait oublier que j'étais esclaTe, je ne tous
quitterai jamais. — Reste donc ! ton dé-
Touement m'assure une amie, et j'aurai
besoin de tes consolations. »
Le jour même Zaîda envoya dans la ville
une esclaTe fidèle aTec Tordre de lui ame-
ner un de ces juifs qui font le commerce
des pierreries.
« Je t'ai fait Tenir, lui dit-elle, pour que
tu estimes la Taleur de ces bijoux; en
Toici d'autres plus beaux encore. 11 me
faut aujourd'hui dix mille écus d'or ; au-
jourd'hui ! tu m'entends? Demain, ta to-
lonté tardive me serait inutile. )» Elle es-
pérait, en se hâtant ainsi, empêcher le
soupçon de naître. Le juif examina les
joyaux et promit de reTenir Ters la fin du
jour alerter en échange la somme de-
mandée.
Mais en quittant la princesse» le juif,
inquiet des conséquences de cette afibire,
alla attendre le dey au sortir de la mos-
quée, et lui raconta que la princesse lui
STait demandé dix mille écus d'or pour
prix de ses joyaux. « C'est bien ! juif, ré-
pondit le dey, garde tes dix mille ^cus
d'or, je te récompenserai pour ta fidélité,
tu n'y perdras rien. »
Rentré au palais il fit Tenir le gardien
des femmes, et lui commanda d'obserTer
les démarches de sa fille et de lui en ren-
dre compte.
Vers l'heure de la dernière prière, Zaîda
et Yenifrede descendirent dans les jardins;
parTenues à la galerie des bains du dey, en
aperceTant lord Milloum elles s'arrêtèrent.
Il s'aTança aTec nespect « Noble captif,
lui dit Zaîda, assez longtemps tu as gémi
sur la terre de l'esclaTage , réjouis-toi, tu
Tas reToir ton pays, ta famille, et si tu
penses quelquefois à Zaîda, souviens-toi
qu'elle a préféré te saToir heureux sous le
ciel de ta patrie, que d'être heureuse elle-
même en te Toyant chaque jour. r>
Les traits de lord Milloum s'altérèrent,
il répondit d'une Toix tremblante : «J'ai
cessé de désirer la liberté depuis que Zaîda
m'a fait chérir l'esclaTage; j'étais heu^
reux de sa présence, d'un seul de ses
regards, d'une seule de ses douces paroles ;
cette existence, quoique imparfaite, eût pu
longtemps suffire à mon bonheur. »
La princesse fondit en larmes. Lord Mil-
loun la conjura de renoncer au projet de
lui rendre la liberté, il fallut que la jeune
fille lui retraçât les dangers où elle-même
serait exposée, si le dey Tenait à découvrir
leur intelligence. Alors il céda, mais avec
désespoir; puis, comme il entendit un
léger bruit dans le feuillage voisin, il s'éloi«
gna précipitamment.
C'est que derrière ce feuillage les épiait
le redoutable gardien des femmes ; il laissa
rentrer la princesse dans ses appartements,
et alla rendre au dey compte de sa mis-
sion.
Le lendemain, le dey, sous prétexte
d'affaires, refusa de voir lEa fille ; la jour-
née se passa sans qu'elle aperçût lord Mil-
loum sur les terrasses et sous les fenêtres;
elle n'eut plus de doute car, jusque-là,
malgré le manque de parole du juif, elle
n'avait pas soupçonné que son projet pût
être découTert Dans son anxiété elle en-
Toya Yenifrede parcourir les parties du
jardin où elle pouvait rencontrer lord Mil-
loum. En passant près de la prison des
esclaTes, l'Anglaise s'entendit appeler à une
voix basse ; c'était Ali. Après avoir jeté
avec inquiétude les yeux autour de lui.
« Ya dire à la princesse que le seigneur
blond est là, afin qu'elle demande sa grâce
an dey ; mais qu'elle se hâte, car chaque
Zt>^'
.j^/SQi
— IM •>
mrit h cht^MdB MtMnfMnAv pciiAiiit deux
beire» par to cke^wtX) k la- pencre ée «i
prison. » f eniffèi* ndah ëpcfmmtëb.
c Va donc pMHlptdDMMl, a^tateiègre,
et 8qiplie4« de ae pas ooianMr Ali. i»
A ee récit, k jcme Miniiltn»ae 9t litm
an déRSpcâr. La poviaéci d'abaiidoiiMr boh
père ne lui étail jaaoalB imte t nate la
cmaalé qnMl «neitpait air son «»plif fil se
Whroher en* «Ue lès aentimeiits de raspeot
(t de aonammn aaxqoeb eHe an»t 1M*
jours eM ; et €b songeant qn'Mle était k
cause des maHKQrsda v«Me RHIlown, eUe
résakit de k délîfrer et 4e Mr a?ee M,
£Me ohargea ?enfrede d'introduire k
gardien des prisons dans me partie dn
palais, où oHfe pooraient ae rendre sans
évdikr les sonpfons. a AhJ m- es**tu 4é**
voué? D Ini dît la piincease en entrant pré*
cipkanHnent Ali porta Ita detnc mailis
sttr sa tête, en signe d'assentioBem. lilk
ajouta : t YiNa-tn t'atiacber à nen sort,
keurenx on miséralik ? » Même ^eaie
de U part d*Ali. « Et., oentinoa t^e
plus lentement, cononi»-tH dans œ pakis
dont serviteurs nnsai dévouée que lei, qui,
k nuit produiine, puisacnt nens en mnr rir
les portes 7 Réfléohk, Ali. De l'or, k
liberté près de nm si Dans réoeissena.... .
Mais... les supplices et la mort ensemlde ai
nous sooMnee trahis! » Le nè|^ sembla
seoonscdter, puis il se jeta amc pnda4e sa
mattrease , peita à se» îèirea k ina de eon
Toiie et dit : « AU et ses Mres donne-
raient lenr >k peur toi, car to as tonjojars
été bonne aux pannes noira; partoot eu
tu iras nona iiOBB, nà tn wvras nous vi-
vrons, ni lu nanmni...* nona monr^
rona. )»
Zaîda étnne lui tendk raie main qne
Tesckve porta b aon front. Il ne retira,
en glissant comme un setpent à traTtts k
feuillage du jardin.
Ali s'aaanra des dent nègres qui far-
daient l'une des paaseada pakk ; l'espoir
d'uoi aort'Mdéiiendantkaengffgeakkfe-
rtyer TéTasion des fugitifs. Le père Ha-
Mas 9*khupfik arossMt ^e k prodence
pet k parmetare, et oonrut an port, où fl
a l nt eu d i t awc le patron d>me felouque
napoHtalne qui, pour me somme consi*
dértMe, consentît à rece? oir sur son bord
ks peraonnes annoncées, et k religieux se
tint eacké ani «nvlrond afin de guider ks
i^tMs jnsqnW Oeu de kor etnliarqiie*-
menl
La dernière prière du jour venaît d*9tre
preckmée du haut des mHiareta, il Mkt
attendre que le dey ftt de retour de k
mosquée, et qne k bruit et k moura»
ment eussent cessé dans le pakis. Alors k
princesse sortît snivk de l^BMrede ; dks
se glissèrent dans la gakrie qui eemnmni-
qoait an jardin, et parf inrent à k prison^
Ali ks reçut, il ks prévint en tremblant
que le dey était venu faire exécuter nn sa
présence raffrense torture k kqucUe il
avait condamné k captid.... Méa n'en
entendit pas davnntage, elle se précipita
dans, k cachot , obane^knte , éperdue
A la vue de celui qu'elle aimait, dont ka
traits étaient affreuaeinenc oontraotés par
k douleur, elk tira précipitamment son
poignard, s'élom Mr les épiiulaa d'Ali «dans
l'espoir, en coupant ka cheveux, de tar-
miner à l'instant cot atroce supplice
Mais la malheureuse jeune fille, violen^-
ment émne, ne porta qu*on coup mal as-
suré, qui fit anr k lêea de lord Wilkuni
nne krge nadaku.*. et ansskdt, entraîné
par um propre pesda, il tomba... k aèse
80»4>éa..
Un souid géonisseaiient fut la seok mar-
que de fdbkase^ue k tiatow arrachnou
conragem jeune houraie; anrnnaignoAe
Zaîda, Ali détacha du |4afond kdéponiUe
sanglante quelajennemuaulmane reeoeillit
dans ses deux meina; pniB,comp»imantnan
désespoir envoyant l'héitique fan net é que
montrait la victime, elle lui paît k nén
etih sM^reni en palais, autviado leuts fi-
dèleanervîteora. Le^père AtotUas leeguet-
uit, il lea guida vers klakuqœ, qui
tôt prit k large ; pok il a'empresaa de
ê
J^^^
^i,>^
D©«^
'"d^y^.
'^•'^:^-^^^'
— 111 —
prodiguer à lord Milloum tons les soins
qoe l'art de guérir put mettre à sa dispo-
sition ; mais ZaSda oe pouvait se consoler ,
il lai semblait que le dévouement de toute
sa vie serait insuffisant pour dédommager
le noUe lord de ce qu*n souffrait. £Ue se
tenait près de sa couche dans un respec-
tueux et timide silence, dévorant ses lar-
mes, étouffant ses sanglots. Jamais elle ne
souffrit qu'aucune autre main que la sienne
aid&t aux soins que le religieux donnait au
blessé qu'elle servait avec l'empressement
d'une épouse et rbwaHité d'une esclave.
Lorsque enOn h gsérison de lord Mil-
loum lui fat anaoBcée. pleine de joie^
Zalda se jeta aux genoux du religieux.
« Mon père! 8*éoria-t-elle, mon père, en-
tendez-moi! » Et croisant alors pieuse-
ment ses bras sur sa poitrine : « Dieu des
chréiiens, reçois le vceu de Zaîda, qui dé-
sormais Ttvra sous ta loi, alla et n'êire
pas sépaiée de Milloum ni dans œ monde
ni dans Taotre. »
Le jeune lord et le père MaAiai parta-
gèrent avec bonheur cet élan de reconnais-
sance. To«s deux avaioit évité jusqu'alors
de toudier «u point auffû délictt que celui
d'une opnveniûn qu'ils eussent fadltment
obteiue de «eite docile enfanta ton ils
avaieat résdhi d'«tteiMk# ^e l'inflotnce
douce et puissante de Fexemple et le be-
soin d'unir son âme à celle de son époux
dans une même communion» déterminât
chez la jeune fille la volonté d*être chré-
tienne.
Le bon moine, pteéti4 â^i ne 9iu teo-
tion» lui demanda si elle se croyait suffi-
samment dégagée de tout regret, de toute
pensée qui pût altérer la pureté d'un tel
eng^ement; elle répondit : « Eu recevant
la foi du sire de Milloum, j*ai sent! que je
ne pouvais plus avoir d'autre croyance que
la sienne ; dès ce moment, j'ai prié le Dieu
des chrétiens d'éclairer mon âme de sa di-
vine lumière et de me rendre digne de
mon noble époux. »
Alors le religieux se tournant vers le
jeune seigneur, dit d*une voix solennelle :
« Lord Milloum, quel est le nom de votre
mère? — Anna, » répondit-il. Le reli-
gieux prit de feau d'une aiguière, s'ap-
procha de la jeune musuhnane et l'ondoya
en disant : « Anna, Je te baptise au nom
du Père, du Flîs tt du Sahit-Esprit
— Amen I > répétèrent ks assistants.
Le lendemain ils débarquèrent à Mar-
seille, traversèrent la France, et prirent
passage sur nn bâtiment qui partait pour
le nord de TAngîeterre.
CONCLUSION.
Tout était eu mouvement au château de
Milloum. Il y avait nombreuse compagnie;
car aucune nouvelle du chef de la fnniBe
n*étant parvenue en Angleterre; pas un
de ses vassaux n*ayant reparu, et ceux des
barons chrétiens assez heureux pour avoir
revu leur patrie, ne pouvaient donner le
moindre Indice sur Texîstence du eire de
Milloum; lord Hudleston jouissait de
toute la fortune de son frère et menait
joyeuse vie. Cependant it éprouvait comme
un remords, et au moindre bruit de che-
vaux, il hd semblait voir apparaître son
frère , réclamant le dépôt qu'il lui avait
confié.
Dfx heures venaient de sonner ; le ma*
jordome, sa baguette blanche à la main ,
alla prévenir les nombreux invités que le re*
pas était servi, et ils entourèrent l'immense
table seigneuriale chargée d'énormes pié-
gea de vtuaiBM» trophées d'une abondante
chasse. Les joyeux éclats de la gaieté con-
trastaient avec la figure froide et sévère
de Hudleston ; mais les convives n'en te-
naient compte et faisaient fête au splen-
dide festin...
Tout à coup le son dn cor se fit enten-
dre par trois fois à la porte du maooir ;
c'était le signal ordinaire pour faire abais-
ser le pont-levis, toujours relevé I l'heure
des repas.
Une révélation subite frappa Hudleston,
-^^i^^c®^^
-î^^s-
_,««(^
I pals comme la mort , et saisi
e violente émotion, il s'écria : • C'est
H frère !, . . »
Des acclimations broyantes, des cri* de
j.jie retentirent daas tout le chiteao, la
porta de la salie s'ouvrit, et laissa voir le
chllelaia qui s'avançait tenant par la main
la belle Zaïda ; derrière enx venaient les
fidèles serviteurs, qoi avûent été leurs
compagnons d'iofortane.
□udieston, éperdu, se précipita aux pieds
de son frère, qui le releva, le pressa sur
son cœur, et, en lui pardonnant d'avoir
disposé trop tôt de ses richesses, Ini assors
une fortune honorable.
Le baptême de Zalda, qui devait précé-
der la cérémonie de son mariage, fat célé-
bré avec tout l'éclat convenable à sa nais-
sanre. Elle prit le nom d'Anna qni lui
avait été donné en l'oudoyant, et le len-
demain lord Milloum conduisit i l'autel la
nouvelle chrétienne.
Lady MiUonm écrivit une lettre respec-
tueuse i son père, lui demandant nn gé-
néreux pardon. L'envoyé attendait nue
réponse ï sa missive lorsqu'une révolte
éclata dans le palais, et il rapporta la triste
nouvelle que le dey avait été massacré.
Tels furent le respect et la vénération
inspirés par la nouvelle chitelaiae, que le
petit port de mer où elle débarqua sur la
côte du Cumberland, reçut à cette occa-
non le nom à'Anna's E<ue (repos d'Anna),
qu'il a conservé depuis, et le village porte
encore le nom d'Jnrut/s. Quelques-uns
des descendants de cette famille eurent le
titre de lord Hudleslon ofAnneys.
Après son mariage, h nonvelle lady
Hilloam souhaita qoe la chevelnre de son
mari, qu'elle avait si pieusement conser-
vée, fat placée dans les armoiries de la
maison Hudieston, dont nous tous don-
nons ici la gravure.
M-* Ladre Prcs.
UNE HISTOIRE DE GRANDMÊRE.
« Toj'ons, ma chère Jolie, sois franche :
Gustave tedéplatt, n'est-ce pasi la n'en
veux pas pour mari T
— Grand'mère, je vous l'ai dit ce ma>
tin, j'aimerais mieux devenir vieille fille
que de l'épouser I
— C'est one grande décision ! Venx-tu
bien me dire en quoi ce panvre GosUve
a pu tant te dépUùreT Que lui repro-
ches-tuT parle avec confiance; je com-
prends tout, moi, je n'ai pas toujours eu
quatre-vingts ans.
— Je le pense bien, grand'mère. Hais
tenez, puisque tous voulez que je vous
— i«5 —
parle franchement, il me semble que quand
on a quatre-vingts ans, on ne peut plus
avoir les mêmes impressions qu'à dix-sept
ans... c'est si différent !
— Sans doute ! cependant, je t*assure
que, moi du moins, je n*ai pas perdu la mé-
moire, et que je me souviens parfaiiement
de mon j<'une temps, et, comme tu dis,
de mes impressions, car moi aussi j'avais
mes impressiùfui !
' — Vraiment?
— Il en résulte que je te connais beau-
coup mieux que tu ne le supposes... la
preuve, c'est que je sais la cause de ton
refus.
— Est-ce possible?
— Écoule : voici tes griefs contre Gus-
tave : il a trente ans, donc il est trop
vieux; il aime la caiïipagne, donc il est
triste; il est chasseur, donc il est en-
nuyeux ; ce n'est point un fashionable, il
ne te fait pas de compliments, donc il est
insupportable et puis, ma petite : tu
n'aimes pas Gustave, parce que tu te figu-
res que tu aimes Arthur.
— Moi?
— Oh ! comme tu rougis !. . . allons, con-
viens-en ?
— Yrail grand'mère, ce n'est pas ma
faute c'est plus fort que moi.
— C'est plus fort que toi ? A merveille,
je reconnais mes impressions,,, c'était ab-
solument la même chose. A présent que
tu es grande, je vais te raconter mon his-
toire.
*- Votre histoire, bonne grand'mère 7
Ah 1 quel bonheur I
— J'avais à peu près ton âge quand
mes respectables parents me proposèrent
pour époux ton grand-père; c'était un
jeune homme de bonne mine, qui joignait
aux bonnes manières de ce temps-là des
principes solides ; ma famille l'estimait
beaucoup.
La première hU qu'on m'en parla je
baissai les yeux et je fondis en larmes.
Mon père prit cela pour de l'enfantillage,
DlX-nEUVlÈMK AXM#.K, 4« SÉRIE. — N'» IV.
et résolut de différer de quelques mois mon
établissement : je n'aurais jamais osé lui
avouer le véritable motif de mon refus.
J'avais une amie un peu plus figée que
moi, qui s'appelait Antoinette; c'était une
demoiselle de fort bel air, mais dont l'es-
prit, faussé par la lecture de romans très-
frivoles, se nourrissait de chimères.
Cette jeune demoiselle avait su prendre
beaucoup d'ascendant sur moi, qui étais
fort simple el d'une candeur extrême. Elle
me faisait, en termes ampoulés, de ma-
gnifiques récits des aventures qu'elle avait
lues, ayant soin d'y joindre ses propres
rêveries, qui, à elles seules, eussent fait
un assez beau volume, et j'ajoutais une
telle foi à tout ce qu'elle me disait, qu'en
peu de temps j'en vins à ne plus com-
prendre la vie réelle : tout me paraissait
petit, les soins du ménage me semblaient
ridicules, et je ne concevais pas qu'on pût
s'enfermer dans le cercle si étroit du ma-
riage, en CDmpagnie d'une âme vulgaire^
comme disait Antoinette. Il me fallait un
bonheur idéal dont rien autour de moi ne
m'offrait l'image, mais qui se parait cha-
que jour des plus riantes couleurs, grâce
aux inspirations de la poétique Antoinette.
Sur ces entrefaites, mon père avait ren-
contré par hasard un de ses anciens amis,
bon gentilhomme de province, qu'une af-
faire importante retenait passagèrement à
Paris : cet ami lui avait présenté son ne-
veu, jeune homme à la mode, qui dansait
à ravir et babillait fort bien. Un assez joli
visage, une coiffure irréprochable, un cos-
tume remarquable par son originalité de
bon goût, tel était le ravissant personnage
qui devait me faire verser mes premières
larmes.
11 s'appelait le vicomte de Neufcastel...
•— Comment! ce vieux monsieur avec
ce grand nez... cette perruque jaune...
qui ne sait rien dire d'aimable, et qui
choisit le plus grand fauteuil pour s'endor-
mir plus vite quand il vient vous voir?
— Ah! ma chère! tu prends bien peu
8
c>QsQ
>>s3e^
— 114 —
de managements... songe donc qne je Fai
aimél
— Lui ! mais comment pouvait- il plaire,
même étant jeune? Point d*esprlt, point
de bieuTeiOance, il me semble (pi*it ne
devait rien avoir de bien séduisant.
— Je te demande pardon : il avait un
habit gorge de pigeon comme on en por-
tail dans ce temps-li, ce qui par paren-
thèse était fort joli ; cet habit prenait Bien
sa taiHe et lui donnait fort bonne façon ;
de plus, il se dandinait en marchant, ce
qui ne manquait pas d'une certaine grâce;
il était coiffé d*une grecque admirablement
poudrée, et répandait une forte odeur de
musc et d'ambre; en outre il employait
des termes nouveaux alors pour émettre
sur toutes choses des idées étranges, ce
qu]« dans mon esprit, en faisait un homme
à part, un homme supérieur.
H dix-sept ans, on prend facilement le
change, j'osai me flatter d'avoir été re-
marquée par le vicomte ; j*en parlai à la
romanesque Antoinette, qui m'assura que
positivement j'étais aimée.
Dès lors, je me mis à m'occuper de mon
déficieux chevalier : quand il parlait, j'ad-
mirais sa facilité d*élocution ; quand il se
taisait, je trouvais son tact prodigieux. Ce
jeune homme devint pour moi le type du
vrai gentilhomme, et je lui prêtai .toutes
les vertus dont une belle âme est parée ;
ses visites à mon père étaient assez rares
pour entretenir nilusion, je ne le voyais
qu'en représentaiion et, pour ain» dire,
posant.
Comme j'avais eu Pimprudence de ne
point me coLfier à ma mère, il arriva né-
cessairement que ma tête s'exalta, et que
je crus de bonne foi que j'aimais le vi-
comte. De là, rniHe rêveries absurdes,
mille projets de dévouement impossibles.
J'en étais fii de mon roman lorsque,
ainsi que je te le disais tout à l'heure, mes
parents me proposèrent pour époux ton
grand-père, ce qui m'avait fait pleurer.
En feaune prudente, ma mère ne brus-
qua rien : elle se contenta d^éloigner de
moi Antoinette, dont elle avait trop tard
reconnu la dangereuse influence, et
au bout de quelques mois, elle me renou-
vela la proposition de M. de TaudreuiL
Ce prétendant n'avait rien de hrillant : il
était tout simplement un honnête homme,
un brave militaire, estimé de tous. J'avais
en perspective un bon mari, des relations
honorables, une fortune solide ; mais tout
cela n'était rien, comparé au charmant
babil du vicomte, à son habit gorge de pi-
geon, et à sa grecque que son valet de
chambre crêpait et poudrait dans la der-
nière perfection.
Ma mère me témoigna dans cette cir-
constance tant d'aiïection et d'indulgence
que je finis par lui ouvrir mon cœur, en
la conjurant de ne pas me sacrifier. Elle
sourit quand je lui dépeignis M. de Neuf-
castel sous les traits dont l'avait revêtu
mon imagination.
« Ma chère fille, me dit-elle, ne croyez
pas que votre père et moi puissions jamais
avoir l'intention de vous sacrifier : votre
bonheur nous est plus cher encore que le
nôtre; seulement nous a^ons pour nous
l'expérience qui vous manque, et nous
savons que le parti que nous vous présen-
tons est non-seulement sortable, mais
encore digne en tous points d'être agréé.
Ces mots de ma mère n'avaient pas com-
plètement dessillé mes yeux ; mais comme
je me montrais docile à ses avis, elle vou-
lut bien me mettre à même de counaître
davantage le héros de mes pensées.
A dater de ce jour, on fit plus de poli-
tesses au jeune vicomte, et comme mon
père était fort bien en cour, l'espoir de sa
protection rendit M. de Neufcastel de plus
en plus assidu.
J'eus alors le loi*-ir de le considérer à
mon aise et d'entendre les appréciations
qu'on en faisait dans le cercle intime de
notre société.
Mes frères et mes cousins, qui ne se
dootaieut nuilomcnt de aies beaux senti-
/T-^^
^^^
©^a.
- il» —
iMBla,. ii«i B^igdBaieBt foint poar nous ra-
OMilfr en riant aux édais la vu^ème pàt-
lie des proueisM du ïicoatte» J'ahuris
aififli qa^l jMSWît aa vk k jouer» à boire
a^r^ qwelpoi écwwtii& da floa oepàce»
N'ayant pas asaui 4'ai|apiit' pwr satÛaire
9fs$ ipAts frivoicB» il en eiopniiiUit de tous
Gdtés : il était légfr« igowaiU, fat« en un
mol, il avait touatodéfeots des grands aei-
gneurs sans en avoir les qualités.
Qnand je fis <le toutes parts le mépris
tomber sur lui, je me sentis humiliée à
mes propres yeux d'avoir pu placer aussi
mal cette préférence que toute jeune fille
doit garder avec soin pour l'époui que ses
parents lui destinent
Ma mère étaitsi bonne qu'eUc WNdnt Uen
me plaindre; mais mon père, qui aimait \
rire, me dit qu'il m'engageait à m'unir
préalablement à M. de Vaudreuil, quitte à
lui faire faire un habit gorge de pigeon
tout aussi élégant que celui de M. de
Nenftastel.
J'obéis sans regrets à mes bons parents,
car depuis que mon héros avait pris le
soin de se dépoétiser lui-même^ j'avais su
rendre justice à M. de Vaudreuil, et ne
sentais plus pour lui le moindre éloigne-
ment
On célébra notre mariage avec grande
pompe, et peu après M. de Ifeufcastel
épousa une veuve beati60q>flos âgée que
lui , mais qui possédait im fort beso fm^
trimoioe.
La révolution vint bientôt briaar tMlê$
les existences; nous émigrâmes, et»|>arun
singulier hasard , nous rencontrâmes sur
la terre étrangère M. et M*"* de Neufcastel:
ils étaient aussi pauvres que la plupart des
éuiigrés, mais en réalité beaucoup plus à
plaindre, car le caractère tëgerduvkomtene
pouvait résister au malheur, flacé hors de
son cadre, il redevint lui-même, et comme
sa valeur intrinsèque était fort miine, il
eut peu de relations et point d'amis.
De retour en France, il (levdit b i»-
comtesse, puis vinrent les infirnaîléB d'me
vieillease prématurée; il mrnva alors^dana
mon mari, je ne dirai point on. ami, nuis
du moins une ressource contre l'isolenent*
et depuis que j'ai en le malheur de pendre
ton grand-père, je me suis fait, un devek
de continuer à offrir à ce panvm vieillard
ce qui manque à tout homme qni se sent
seul au monde. .. un coin du feu, et sa pe-
tite partie.
Oh ! certes* il ne ae doute pas qu!U..m'a
fait rêver et pleurer! moi-même ji^ ne
me le rî^^pelle qu'avec étonnemeat
— Il est si maussade I si ennuyeux I
— Eh bien, ma petite Julie, il a pour-
tant failli être cause de ma résistance aux
vœux de toute ma famille I et voilà comment
oa peut se monter la tête, et faire d'un
être fort -ordinaire, un personnage de ro-
man. Qu'en dis-tu? »
Julie ne répondait point; elle baissait les
yeux, elle était embarrassée.
« Allons, allons, reprit la bonne grand'-
mère, c'est fini ! je ne te parlerai pins de
mon cher Gustave , qui est pourtant bien
le meilleur garçon que je connaisse ; je
veux te laisser le temps de réfléchir ; con-
sens seulement à étudier de près le carac-
tère d'Arthur ; laisse-moi te faire part de
mes observations, et tu me diras toi-même
si ce Jeune homme est vraiment digne de
tcm dM^ix, «t ^ ton cœur s'est aérieuse-
mem andelié I kri, ou Men si plutôt ce
n'ist pas «M «rpsarde tM knagination.
-^ Ja fenai Cent et ^ftm vous voudrez,
^anAVnève* »
Ceei fut dit en soupirant et comme à
regret
Trois mois plus tard, il y avait une fête
de famille chez madame de YaudreuiL
Un notaire demandait à Julie sa signa-
ture, eHe la donnait, et sa main ne trem-
blait pas : un jeune homme calme et sé-
rietnr 9e tenait près d'elle; il n'avait rien
«de lirilhnt, mai» Julie et son aïeule avaient
confiance en lui.
An nom dt la chnanét^ on voyait un
vieillard de (pnire-^gt^-quatre ans, à l'œil
— 116 —
sec, «aax lèvres pincées : il ne disait mot
quand il ne dormait pas ; il était là par ha-
bitude et presqae sans saToir pourquoi.
Uo élégant pirouettait autour du salon,
frisant sa moustache, lorgnant et se redres-
sant; Julie le regardait avec indifférence.
« A quoi penses-tu? lui dit tout basson
aïeule.
— Grand'mère, répondit plus bas en-
core la jolie fiancée, je voudrais bien savoir
si M. de Neufcastel ressemblait à M. Ar-
thur le jour où Ton signa votre contrat
— A s'y méprendre, ma chère enCaint. .
à part la différence des costumes I... Pour-
quoi me demandes-tu cela?
— Parce que je pensais tout à l'heure
que M. Arthur pourrait bien un jour res-
sembler à M. de Neufcastel
— C'est probable, ma fille, et je te fais
mon compliment d'avoir bien voulu, d'a-
près mes avis, consentir à le juger de
prèé. •
M"* DE Stolz.
LES VIOLETTES.
Lodeur d'une seule violette nous rappelle
les souvenirs de plusieurs printemps.
Ramond.
Mes violettes bien-aimées.
Mon suave, mon doux trésor.
Eh quoi I je vous revois encor,
Et vos haleines parfumées
Vers moi reprennent leur essor I
Vous n'avez rien perdu de vos senteurs premières :
Gomme vous fleurissiez au pied de nos chaumières.
Comme vous embaumiez mes pas d'enfant naïf.
Telles vous fleurissez, bien loin de ma patrie,
Pour m'offrir l'image chérie
De mon ancien bonheur, à jamais fugitif.
Je vous aîmai du jour où j'ai pu me connaître.
Belles du sombre bleu qu'abritaient les grands bois;
Le passé me revient, et mes jours d'autrefois,
Semblent sourire à ma fenêtre,
Aussitôt que je vous revois.
Je baigne de baisers vos fleurs, votre verdure;
Je redeviens moi-même, et toute la nature
©«^
— 117 —
En sa magnificence aussitôt m'apparalt ;
Je remonte à ces jours pleins d'âme et d'innocence,
Où je comparais en silence
La pauvre violette et la vaste forêt.
Gomme à chaque printemps vous renaissez plus belles,
Triomphant de Thiver et de ses jours de deuil,
Ainsi je crois qu'ouvrant de blanches ailes,
Mon âme sortira de l'hiver du cercueil I
G. F.
EXPLICATION DE L'ÉNIGME GÉOGRAPHIQUE r 3.
La Méditerranée baigne à la fois l'Eu-
rope, l'Afirîque et l'Asie ; par le Pont-
Euxin et le Tanals, elle remonte jusqu'aux
steppes de la Tartarie ; par le Nil, jusqu'aux
cataractes d'Éléphantine; peu de jours de
route la mettent en communication par
l'Ëbre avec le Tage et toute la côte de la
Lusitanie; par le Rhône avec le Rhin et les
mers du Nord; parle Nil avec la mer Rouge
et la Judée. Jésus-Christ e^t né près de ses
bords ; Ut ont été remportés tous les triom-
phes du christianisme, depuis le sacrifice
du Galvaire jusqu'à la bataille de Lépante.
La croix arborée au Vatican, non loin de
cette mer, domine le monde. Alexandre,
Jules-César et Napoléon sont nés sur ses
rivages. Près d'elle se sont élevées Rome
et Ganhage, Venise et Gorinthe, Athènes
et Alexandrie, Gonstantinople et Jérusa-
lem. Elle a vu les guerres des Perses con-
tre les Grecs; les guerres puniques; les
guerres civiles des Romains , les batailles
de Pharsale, de Philippe et d'Actium ; ses
flots ont vu les barbares en Italie ; ils ont
porté les croisés en orient et les Turcs à
Gonstantinople ; l'empire de Gharlemagne
et celui des califes se sont étendus sur ses
bords ; elle a vu les luttes des Guelfes et
des Gibelins ; la défaite des Maures ; la
grandeur ^de r£spagne ; dans les temps
modernes , les campagnes d'Italie et
d'Egypte, la bataille de Navarin , la prise
d'Alger, celle de Rome ; sur ses flots ou
près de ses bords se sont jugées toutes les
questions décibives de l'humanité ; « elle
» est, dit Juste Lipse, jetée à travers le
» monde comme un baudrier sur le corps
• de, l'homme; ceinture , 'magnifique en-
» chassée jdlles comme de pierres pré-
» cieuses, qui resserre et qui^ réunit en
» même temps qu'elle distingue et qu'elle
» partage. »
M- E. R.
uO'^.T-:?
^"Vt-.
a
-. 118 --
CHRONIQUE iroSICiLE,
Ufl des fias célèbres compositeondece
siècle vient de moarir. L'auteur de la Ves-
tale eiàe Femand Cortex, Gaspard Span-
tint a soccombé, k 2U janvier, à TSge de
soixante-doaza ans, à Jesy (Éuts-Ro-
maiiii*), sa tille natale, où il s'était rendu,
il y a pen de mois, poar rétablir sa santé.
Il voulut, malgré la rigueur de Tbiver, as-
sister à la messe; un refroidissement le
saisit en sortant de Téglise et remporta
après une courte maladie.
Venu à Paris en 1803, il commença par
y donner des leçons de musique qui
étaient fort recherchées.
Nommé directeur de la musique de
rfanpératrice Joséphine, il dut à cette pro-
tection puissante de pouvoir surmonter
ks^ybstacles que l'on 'opposait 11 la mise en
scène de la Vestate, qu! devait faire sa
renommée et le placer d'un seul coup à
fa hauteur des phis grands compositeurs
de cette époque.
Deux ans après ce triompbe, l^ntioi
donna l'opéra de Fernand Cortex. C'était
le complément de la théorie qu^ avait
exposée si heureusement dans la Vestale.
Les métnes qualités dramatiques et, il faut
le dire, les mêmes imperfections s*y re-
trouvent. A la largeur des mélodies Fau-
teur avait su, dans son œuvre nouvelle,
unir la naïveté primitive que comportait le
sujet. Femand Cortex renouvela le succès
de la Vestakf et le nom de Spontini de-
vint célèbre.
Plus tard il écrivit Pelage, sur un livret
de M. de Jouy : œuvre de circonstance
qui eut peu de succès. La poésie était froide
cl la musique trop bruyante, sans être dra-
matique.
En 1817, pour la reprise des Danaïdes,
de Salieri, il ajouta quelques morceaux à
cette partition: la bacchanale du troîsièffle
acte eàt une de ses productions les plus
remarquables. Il fit quelque temps a|H^
jouer Olympie, le dernier opéra qu'il ait
fait pour la France. Les réminiscences,
les défectuosités, la froideur se font
sentir à chaque mesure de cet ouvrage;
l'auteur semble avoir perdu toute sa verve.
L'aecoeil valut l'cNiTre.
Sur la proposition du roi de Prusse,
Spontini partit pour Berlin, en 1820, avec
d^ormes avantages : le titre de premier
maître de chapelle de la cour et de direc-
teur de la musique du théâtre. Il y fit
jouer son dernier opéra, retouché par
Hoffmann. Il composa ensuite Latta-Rouck,
opéra-balkt; plus tard , il intercala quel-
ques fragments dans Nourmahal, puis il
fit subira FemoTid Cortex une troisième
ou quatrième transformation. En 1825« il
donna l'opéra féerique fAlcidor, et quatre
ans après Agnès de Hohenstaufen, grande
partition à laquelle^ selon sa coutume,
il fit de nombreux changements. Les
critiques allemands sont divisés sur lè
mérite de ces productions, qui ne sont
guère supérieures à Olympie.
Arrivé 'à Ptirls^ en 1839, il fut nommé
à une place vacante à Tlnslltut, sons la
condition de renoncer à la position qu'il
occupait l Berlin.
Cependant, après son retour dans la capi-
tale de la Prusse, il paraissait avoir oublié
ses engagements avec la France^ lorsque la
mort du roi Frédéric-Guillaume III vint
changer son sortlilacour. Unelettreimpm-
dentc qu'il fit insérer dans un journal, parut
uneatteinte âi la majestédu nouveau monar-
que ; Spontini fut cité devant un tribunal
et condamné à un emprisonnement dans
une forteresse ; mais la bonté du roi le
«^sQG?
— Il» —
dédflnrge» de œtte peine, lui assura le
nnioMin en araiitages qu'il peovnt es-
pérer pour Mt servîoM et kn perasU ée se
retirer oè il fondrait.
Spentinl étnt ineiBJbre de pkniefirs
acadéiMB ; il était décoré des ordres de
la LégioQ d*koiiiieir; de 1* Aigle ronge et
da Mérite, de Prusse ; de Saint-Grégoire,
dn pape; d« Riérite, de He^se Darmsiadt;
de la Govronne, de Bavière ; de François P',
des Denx-Siciles; dn Danebrog, du I>ane-
BMrck , et de Léopold, de la Belgique. Il
était natnralîsé français, et le pape hri
arait donné le titre de comte de Saîst-An-
dréa, en récompense des institutions de
bienfaisance qill avait créées dans sa
patrie.
Un senrice funèbre a été célébré pour
lai à l'église de la Madeleine. Onyaeiéorté
divers morceaux de Fernand Cortez et
de la Vestale. Spontini avait épousé la sœur
du célèbre facteur Erard.
VOpén vit, deyiHMs quelque temps» 'de
reprises, de rentrées et de débats. L'Opéra-
Comique vient de donner Bonsoir^ mon^
simr PantaUmy paroles de M. Xockroy,
musique de M. Albert Grisar» qui a obtenu
un brillant succès.
Albert Grisar obtient de grands effets
par des moyens simples et naturels. Les
détails de cette nouvelle partition sont
pleins de charme» de gràœ, de fcalcbeur,
et la science s'y laisse voir juste assez pour
paraître aimable. Un véritable déluge de
mélodies d'un style original et excellent
se succèdent délicatement , sans fracas ,
et respirent une gaieté franche «tinôpoi*
sable. Les couplets de CoUmbint et d7«a*
bMe sont des fins gracieux i le duo qui
les suit, dans lequel IMio dit le mot :
Tairne^ sur tons lésions, est d*un comique
excellent» et le morceau d'ensemble. Bon-
soir ^ numskur PatUcUoUt est un véritable
petit chef-d'œuvre.
La théâtre Itali^^n a donné la Tem-
desta^ <^ra de AL Balévy, que Londres
i si chaudement i^Iaudi l'été dernier. La
musique a vn véritable mérile; k fralo-
gœ lent entier est digne des plus grands
éloges. On y remarque surtout h prière
àt Ferdinand, la eataiine, déNcieuK mor-
ceau, doucement mélanoolique , aussi bien
composé que bien chanté par ll**8on-
tag ; nn trio entre CMiban, Mi/nmda et
Prospéro, émt dans le style italien, est un
des pascagas de la Tempe9ki les plus g oêt éa
des speetalenrs.
Il y a, au second acte, un movceau îitfinî-
nient remarqnaUe et dramatique, le récit
de CcUiban; au tableau suivaut, un jeune
matelot {fA^ Berlraud) entonne, le verre
en main, une chanson pleine d'oitrain et
de gaieté : Viva U rhum ohe fijt oomare^
que le chœur reprend avec des modula-
tions d'ane grâce extrême. Le cantabile de
M"" Suitag : Deh taglio signore, est aussi
accueilli par de vifs et jastes applandisse-
meut>. Enfin la chanson à boire de Ca-
lihan : Se tuUo girar, expression saisis-
sante du délire de l'ivresse» est saluée par
les bravos répétés de toute la salle.
Une des dernières soirées de la grande
Société Philharmonique de Paris a été
signalée par une ovation qui bit égale-
ment honneur à ceux qui en ont eu l'idée et
à celui qui en a été l'ol^jet. Après l'exécution
de plusieurs fragments des oeuvres de l'il-
lustre compositeur qui dirigeait l'orchestre
et au moment où l'admiration et l'enthou-
siasme étaient à leur paroxysme, une cou-
ronne d'or massif a été présentée à M. Hec-
tor Berlioai. Une société d'amateurs avait
voulu témoigner ainsi, par un souvenir
durable, lout le prix qu'ils attachent aux
productions hardies et originales de l'autour
de Roméo ei JulieUe. On a beaucoiip ap-
plaudi aussi , à cette même soirée, une jeune
et fort remarquable pianiste, mademoi-
selle Clauss, de Prague, élève d'unprofes-
seur aveugle.
Une œuvre très-importante vient d*êlre
publiée: la Hédemption^ grand oratorio,
d'un compositeur italien, de mérite hors
ligne, GiuUo Alazary. L*cxécutioa de cet
*^?^
^^Q
— 120 —
ouvrage sévère et imposant eut liea, Tan
dernier, à la salle Ventadour, et il fat ac-
cuilli par des éloges et des applandisse-
menU) chaleureux. Un trio surtout fut dis-
tingué parmi les autres morceaux de cette
musique large et savante, dont la grâce
propre au style italien adoucit la sévérité.
Les divers morceaux de chant que ren-
ferme la Rédemption se recommandent
particulièrement à nos lectrices, pour les
paroles et pour la musique.
Nous avons sous les yeux deux ro-
mances nouvelles de Niedermeyer^ sur
des poésies de Victor Hugo : Oceano nox,
mélodie qui respire une tristesse inspirée
et poétique comme les paroles, et Gaiti-
belza, que la musique de Monpeou rendait
si difficile à traiter. Il est piquant de faire
la comparaison des idées musicales de ces
deux compositeurs, sur le même sujet.
Le succès que nous avions prédit aux ro-
mances de Ed. F. Bonoldi se confirme
chaque jour. L'une d'elles, particulière-
ment, les Adietix de Marie Stuart à la
France, de Béranger, est devenue popu-
laire; cette belle inspiration musicale figure
sur les programmes des principaux con-
certs et fait le charme des soirées de
famille. C'est une réussite égale à celle de
rHiivndelle et du Vietix Caporal, du même
auteur.
JULtS LOUVET.
Économie Domestiqae.
PROCÉDÉ POUR BLANCHIR LES PLUMES ET LES MARABOUTS.
Achetez un demi-quart de savon blanc.
De l'amidon en grain.
Une boule d'indigo à bleuir le linge.
De la chaux en poudre.
Râpez du savon dans un litre d'eau,
faites-le fondre sur le feu; quand il est
fondu, versez le tiers de cette eau dans
un plat long, attendez qu'elle soit tiède
pour y étendre vos plumes, de manière à
ce que cette eau les recouvre. Une heure
après, vous prenez, par le pied, une plume
que vous tenez ferme entre le bout des
doigts de votre main gauche, puis, en la
tirant du pîed jusqu'à la tête, vous la passez,
en la serrant doucement, entre le pouce
et l'index de votre main droite. — Yous
recommencez une ou deux fois cette opé-
ration, ensuite vous retirez les plumes. —
Jetez cette eau de savon sale, et remplacez-la
par un autre tiers d'eau de savon propre, plus
chaude ; vous y plongez vos plumes et les
passez de suite entre vos doigts. — Jetez
cette eau de savon sale, et remplacez-la
par le dernier tiers d'eau de savon propre,
encore plus chaude; vous y plongez vos
plumes une dernière fois, puis vous les
rincez jusqu'à ce qu'elles laissent l'eau
claire.
Tous étendez sur une table une feuille
de papier blanc ; dans le même plat qui
vous a servi, vous mettez de l'eau froide,
dans laquelle vous faites dissoudre une
cuillerée à bouche d'amidon en grain,
vous y posez votre boule d'indigo pour
donner une petite teinte bleue, vous met-
tez tremper vos plumes dans cette eau
amidonnée, puis vous les placez sur votre
feuille de papier; — là, si vous ne les
trouvez pas assez blanches, vous les sau^
poudrez légèrement de chaux... une mi-
nute après, vous les replongez dans l'ean
amidonnée, et les placez de nouveau sur
la feuille de papier. — Si c'est en été, vous
les faites sécher au soleil ; lorsqu'elles son
à moitié sèches, vous en prenez une, vous
la posez dans votre main gauche, toute ou-
verte, vous approchez votre main droite,
et, des deux mains, vous frappez molle-
ment sur la plume jusqu'à ce que son du-
vet se soit entièrement développé. — Si
j^<y''-'V^-9.
'^i<^A>i^
D^i^^
'i>'
— ifii —
c'est en birer, vous placez le papier près
da feu, et tous présentez vos plumes à
la chaleur pour achever de gonfler leur
duvet.
Deui heures suffisent pour blanchir un
bouquet de plumes ou de marabouts.
Si les plumes étaient frisées, vous choi-
siriez un couteau dont la lame serait
étroite, et, tout en tenant légèrement, en-
tre le pouce et l'index de votre main
gauche, la plume par sa côte, du côté de (
la tète, vous prendriez la lame du couteau
entre le pouce et l'index de votre main
droite, vous feriez passer, en partant de la
côte, chaque brin de plnrne entre votre
pouce et le dos de la lame de votre couteau,
tandis que, par un mouvement de gauche
à droite, vous tourneriez ce brin de plume
de manière à former un cercle. — Ce côté
de la plume étant frisé, vous frisez Tautre
côté en commençant par le pied.
EAU-DE-VlE CAMPHRÉE.
Faites fondre dans un liure d'eau-de-vie,
14 grammes 16 décigrammes (4 gros) de
camphre.
Celte eau s'emploie en lotions et en com-
presses dans les contusions et les foulures.
EAU DE COLOGNE NON DISTILLÉE.
Achetez :
1 lilre d'esprit-de-\ia à 36 degrés. 2' 25*
7 grammes 8 décigrammes (1
gros] d'essence de bergamoite 25
Idem — de cilron 25
Idem — decédiat. ... 25
Idem — de néroli fin. . 1 50
1 gramme 35 centigrammes (1/2
gros) d'essence de romarin
10
4' 60
Mêlez le tout dans une cruche, puis rem<
plissez~en des bouteilles.
CORRESPONDANCE.
Que Dieu t'accorde la santé, ma chère
amie, car , sans elle , on ne peut être
parfaitement heureux. A Paris , nous
avons été, nous sommes ou nous serons
grippés; nous toussons, par sympathie,
par imitation, c'est involontaire, cela se
gagne... et, comme c'est à celle quiapayé
sa dette à l'épidémie, de venir consoler
celle qui est grippée... J'attends Floren-
ce... La voilà!
• Comment vas-tu 7 me dit-elle en me
regardant avec intérêt. — Mieux, merci )
que tu es bonne d'être venue! — J'ai
bien peu de mérite, je t'assure; j'étais si
inquiète... — Que je t'aime I — A la
bonne heure ! aime-moi, tant que tu pour-
ras, je te le permets. • Elle m'embrassa,
puis, ôtant chapeau efmanteau : « Qu'as-tu
fait, ma pauvre amie? reprit- elle en s'as-
seyant près de moi. — Regarde sur cette
table. — Eh bien 1... Mais ce sont des gue-
nilles à jeter à la borne. — Ah I Florence!
toi qui as dit : rien de perdu t c'est ma de-
vise. — Je ne m'en dédis pas. .. mais en-
core.. . ? — Dans l'envoi que m'a fait ma-
demoiselle Anals, il y avait un commence-
ment de tapis mosaïque que je viens d'imi-
ter. Tu vois ces morceaux de mérinos, de
drap, de mousseline de laine, de soie, de
bouts de ruban, de toutes les grandeurs :
vieux et neuf, irais et fané que j'ai tirés
des sacs que tu connais ; après m'étre bien
assurée que l'on ne pouvait rien en faire
d'utile, j'ai coupé tous ces morceaux par
bandes larges de 13 millimètres, j'ai réuni
ensemble, par un point dessus, les bandes
«'T»^.
— 122 —
pareîiks, tantfti a?êc du fil Uaac pour les
eoufeufs |»lleBy tantôt avec du fil noir pour
les couleurs foncées ; j*aî fait des pelotes de
chacune de ces couleurs et j*en ai arrêté
les bouts avec une épingle.. J*ai pris deux
Mgnilies de boîs de 16 miiiknètrea de cîr-*
oonfereaccy pu», choisissant une des pe-
lotes, formée de bandes de nêrinos noir,
je suppose, j'ai môme dnq mailles et j*ai
tricoté cinq tours, comme ai je tricotais
une jarretière, puis j'ai coupé ma bande,
et, pliant du bout, en deux, une bande de
soie bleue, je l'ai mise à cheval sur le peu
qui me restait de la bande de mérinos
noir, je les ai attachées ensemble par on
point, et j'ai encore tricoté cinq tours,
comme si je tricotais une jarretière. Tu
t'aperçois que ce tricot a un envers, c'est
le côté où Ton voit les deux couleurs
formant un seul rang. Si je me sers de
drap, je suppose, ma bande ne sera large
que de 8 millimètres; si je me sers de
barége ou de léger Florence^ ma bande
sera large de 20 millimètres, de manière à
^ce que mon tricot soit d'égale largeur. J'au-
rai soin de bien mêler les couleurs et les
étoffes : du brun et du clair, du mate et du
brillant; je ne dédaigne pas les morceaux en
biais, ces bandes forment une espèce de ga-
zon qui fait encore une variété. .. Enfin, ma
chère amie» je ne peux jetei* les plus petits
bouts» quand je pense qu'avec un point j'en
ferai un grand bout... Arrivée ï la Ion-
gneur que j'ai décidée, je ferme ma jar-
retière» j'en fais une autre, puis quand
j'ai ce qu'il m'en faut, je réunis ces jarre-
tières par un surjet fait à l'envers, avec do
gros fil noir. — Ah I je te comprends!
tu obtiendras ain^ de chauds et solides
tapis de voiture, de ces tapis sar kft-
qiu'ls» sans crainte de les salir, on fait
jouer les petits tn&nts dans les saloAS,
dans les jardins; des tapis que Ton peui
mettre sons ks tables de salle à man^r, et
qui seraient bien» dans une chambre car-
relée, sous les pieds d'un pauvre vieillard.
-— Tu pourrais ajouter que ce serait un
travail pour Je» bennes mainais dont la
inie cet aiaiblie, que cetleoGcaiMaaon dt
couper, coudre et tricoter n'est point mo^
notone, que, pour les petites filles» cela
krar apprend à mettre du geàt dans le
mélange des couleuis. Et pnii , ma chèrev
coaçois-tu «plaisir? IDerien, iûn quel-
que chosel Je ne peux ptos voir tratoer ie
plus petit nmrcean d'étefié, c'est au poinl
que... j'enfle les cbiif6nnière& — Voîlà de
renihoofliasniel — Oui, du chère Iki*
rence, c'est ainsi que je fais toutes choses.
— Tu es bien heureuse I... Yeux-tu de
mon aide pour expliquer la planche TV ?
— Tallais te le demander, — Ne te dé-
range pas, je vais tout préparer sur celte
table..... IMcte-moi I
— Le n^ 1 est une partie du bas« et l'un
des montants d'un dessin de voilette; ce
dessin se brode en points de cordonnet ou
au crochet, sur tulle de Bruxelles, avec ap-
plication de NanzouL Sur tulle de soie
noire, en points de cordonnet, avec
application de marceline noire. Dans cha-
que fleur on fait des jours différents.
Ce dessin peut aussi servir pour imiter
de riches dentelles, blanches ou noires.
Cette voilette et ces dentelles se garnissent
d'un picot.
Le n^ 2 est le quart d'un encadrement
de mouchoir. Ce dessin se brode en pointe
de feston, nommés pointe de rase^ le^ronds
se ibat de môme et forment des jeux de
perdrix. Brodé en colon ronge, ce mou-
choir serait très-eriginal. Four le marquer,
je mettrais l'initiale de mon petit nom dans
l'ovale du milieu de la cornet celui qui a
un rond dessus et un autre dessous.
Ce dessin peut aussi servir pour bas
de jupon.
Le n** 3, k nom à'Elodie se biede au
plumetis.
Le st" Ut Ludovic se brode poi&et pbi*
métis.
Le n^ 5 te repiésente quatre dessins :
un écm-enii, deux différents papillons et
un esargot. Us sont disposés de auniôre
'^.^^.
— ftA5 —
à tenir te mmaa de place fmsîbte. Ta ^
peux, tes seoMT sur àeè oMuains, mr éa
U|Ms/poiir «bs 9k feras 4e fa«teujl; U
peax les.exécuter a« crocfcel on bien ks
teflder en reprises «ir ces omis àt fitet
de 45 ttiaàUes qai se foat tu point carré,
et dont je t'ai déjà donné tant de deasios.
Len*" 6 est on dsasin de tapisKrîe pior
CQVfortiire de Kvre qne ta peui gnadir
ou diminuer selon ie iivre qne tn fmxt
eoafnr,
— Done-aons donc, ma chère Jeanne,
■ne idée de ce desnn... car en6n, bien
qne i'en s'en ransorle è tai pour le choisir,
SMore fjttdrait-*^ saioir,..
— C'est jBsfe. Le milieu est de ce bean
bleu de France que nous aimons tant, il
esc enteraré d'ornements semblables à de
beaux eoquHbges. Le fond est déjà in-
diqué en noir, il se continue de même.
S les laines sont bien choisies, ce dessin
sera charmant. En filosc^e, il ne coûterait
que le tiers de i^lus qu'en bine.
— Je te remercie. Continue.
— Ce dessin , sur canevas Péuêîope ,
H* "§, peutservlr pour faire ces coussins de
mn, d'un carré long, que Ton place au
bas du dos d'un fauteuil Yohaire pour rem-
plir le liée et soutenir les reins de la pér-
il peut encore faire on sachet pour mou-
choir, pour buvard.
Le n*" 7, ce sont les s^nes qui repré-
sentent les couleurs employées dans ce
dessin. J'ai feit mettre à part les laines et
h fitosdie dans le magasin de tapisserie du
passage de rOpéra ; tu pourras les y faire
demander ; on te ks enverra par h dili-
gence. ^
Le n<» 8 est le dos d'une veste de petit
garçon.
Le n"" 9 est l'un des côtés du devant. Le
col est placé comme il doit être cousu, l'é-
toile qui est au milieu du col rejoint
l'étoile qui est au milieu du dos.
.Lb n* 10 est ïespèce de basque qui ae
coud AU has de cette veste et na rcyaindse
le des.
Le n^ii esâle dessus d*nneaaaMke.
Le a** 1(2 esl oetlc veste teUeqa'eHe. date
êCBe portée» depuis cinq êm jasqu!ii éix
ans.
Cette veale as fait «s drap léger, bteu
fottoé ou Doir;GCiétéctteBefesaen nai-
kîn ou en mérinos gris. Je te la donoffni
avec une broderie en sMitaehe.
Len* 13* est ledes et sa pièce de cèté; on
peut bke ce cwsage eoUcié on déotlltlé «
ledevant l'indiquepar un poimîllé; il a été
oublié aor le dos, aaaiaen suivanl te poânrtMé
du devant, on arrtvepa ainr le des eu chif-
fre 12 1(2.
Le o!" 14 est un de^deraflls etea pièce
de cêté. La flèche indique te droift^l; natte
pièce se lailte en biais.
Le n"" i^ est le gouaaat qui seplaoa
entre te dos et celte piène de côté, oà sa
trouve te chiffre S et te cbSbe il. Ce
gousset empêche tes grimaces que fait pres-
que tnujoors te ém, et hii pf^raaet de desr-
cendre s«rU jupe, eeqiii aUottgeitetaâite»
Le tt* 16 est une manche ooarte.
Le a'' 17 une Manche pagode.
Le tt^" 18 est wefMèeeé'étoOe sembhUe
à la robe; on l'ajoate à oa osasage.
Cette pièce ne dnit fias être séparée dn
milieu dn ha8;eitese' convre de deux rangs
de petites garnitures qui suivent et tour-
nent, consuesaur les deux ygne8,ea formant
ée«x tâtes ;cetle pièce sepoaeaur la poitrine,
elle n'est cooeue qne sur les épaules où te
trouvent tes chiffras 22 et 27« du bas ette
s'attache sur la jupe avec une épingte.
Len^ 19 est nnerebedaperoateipoor pe-
tit garçon de 2 à 5 ans; te des est plat, tes
davants sont en biais, ornés de petits plis;
ces devants se boutonaettt et tes boutons
sont cachés par une bande de percate bro-
dée , garnie de chaque e6té d'oae petite
bande festonnée; les jockeys, en biais, sont
ornés de petits plis, d'une broderie al d'ane
petite bande festonnfe; te bas des mancifees
est .monté sur te même eatre^deuiL ^que
®©î^"
>^'^^
— 181 —
celui que forme le col, et est garni de
même. En nankin, en piqué à raies bleaes,
ce vêtement pourrait avoir pour tout orne-
ment un galon de coton blanc, large d'un
centimètre, cousu dans le sens des petits
plis; un galon sur le col, un sur le poi-
gnet , nn de chaque côté de la bande qui
recouvre les boutons et deux sur la cein-
ture.
Le n"* 20 est un bonnet formé d'un rond
de tulle ou de mousseline, garni tout autour
d'un ou de deux rangs de dentelle cou-
sus assez froncés pour continuer de for-
mer un rond. Pour monter ce bonnet on
se pose sur la tête un ruban plié en deux,
que Ton noue derrière ; de chaque côté ,
on fait une pince à ce ruban de manière à
former une pointe qui descend devant To-
reille ; sur celte pointe on coud une pro-
jfusion déboucles inégales d'étroits rubans,
on place le rond de manière à ce que, sur
le front, la dentelle recouvre le ruban , on
forme au rond des pinces de chaque côté
que l'on arrête sur le ruban ; on prend 8
centimètres de ruban, semblable à celui
qui se noue sur la tête, on le replie deux
fois, de manière à former un carré, sur
lequel on coud une rosette , et six on hut
bouts de petits rubans frisés; et l'on coud
ensuite ce carré de ruban sur les pinces
du bonnet Leblanc, le bleu foncée le vert,
le rouge sont à la mode.
Pour bonnet de fantaisie : ce bonnet se fait
en tulle de soie noire, garni de dentelle
noire, et en rubans de velours noir; au lieu
de la rosette, on met une rose rose, sans
feuilles.
Pour deuil, au lieu de la rose , on met
une rosette de velour noir; pour demi-
deuil , on met une touffe de violettes de
Parme, sans feuilles.
Le n^ 21 est une manche de mousseline
on de jaconas qui se met sous une manche
pagode.
Ici commence la description de la plan-
che de la grande édition.
Le n* 22 est un coussin algérien ; il se
fait en velours on en casimir et de trois
couleurs : rouge foncé, jaune orange et
vert foncé, placées ainsi : rouge, jaune,
vert, rouge, jaune et vert ; de cette façon
les deux couleurs pareilles seront en face
l'une de l'autre. La broderie sera exécutée
en soutache verte sur rouge, rouge sur
jaune et jaune sur vert. Ces six pointes se
réunissent, à l'envers, par une couture à
points arrière, très-serrés.
Le n" 23 est la bande qui entoure le
coussin et forme son épaisseur ; elle se fait
en velours ou en Casimir vert, se brode
en soutache jaune et se coud à l'envers à
points arrière avec le dessus; le dessous
du coussin se fait d'un seul morceau, en
velours ou en casimir rouge.
Pour le monter, on taille, en toile grise,
deux ronds sur le n° 22, et une bande sur
le n^ 23 ; on coud à l'envers la bande avec
l'un des ronds, on remplit de crin l'inté-
rieur de ce coussin, on le couvre de l'au-
tre rond de toile, puis on le recouvre avec
le coussin de velours ou de casimir. On
achète une ganse ronde formée des laines
qui rappellent les trois couleurs du cous-
sin , l'on coud cette ganse sur les coutures
qui cousent la bande au-dessus et au-des-
sous, mais à la place où se trouve le^chiOre
23 on laL<ise, en cousant chaque ganse»
une boucle de vingt centimètres; de ces
deux boucles, on forme une espèce de
poignée pour enlever le coussin.
Au milieu de ces six pointes ont fait une
petite rosette avec de la soutache janne.
Lorsque l'on va coudre la grosse ganse
ronde sur la couture de la bande, on dé-
coud un point, on introduit le bout entre
le dessus et le dessous du coussin, et
lorsque l'on finit de la coudre, on intro-
duit de même l'autre bout de la ganse et
l'on recoud proprement cette cx>uture en
y renfermant les deux bouts.
On peut ne faire le coussin algérien que de
deux couleurs : 3 pointes rouge foncé, et 3
jaune orange, ou bien d'une seule couleur :
sur le dessus, jaune orange, et dessous,
— IStt —
rooge foncé, la bande sera de Tune de ces
deux couleurs.
Le n"" 24 est an col qui se festonne à
Textérieur et se brode au plnmetis ou à
l'anglaise, en poiots de cordonnet.
Le n*" 25 est un col qui se brode en
points de feston (point de rose}*
Les n« 26 Albanie, 27 Eulalie, 28 Ap-
poline^ 29 Elvire, se brodent au plu-
métis.
Le n"* 30 est le dos d*un gilet d'bomme.
Le n" 31 est le devant, semé d'une rose
qai se brode en soie noire sur casimîr noir,
jaune sur casimir jaune, et en coton blanc
sur piqué jaune ou blanc.
Le n*' 32 est le même devant de gilet,
mais le cbâle est rabattu pour que tu puis-
ses juger du dessin qui so brode en souta-
cbe, de la couleur du gilet.
Ce patron , pour taille moyenne , vient
du directeur du Journal des Tailleurs.
Le n*^ 33 est un entre-deux en broderie
anglaise.
Le n? ^U est la garniture qui se coud à
cet entre-deux.
Le n"* 35 est un riche entre-deux qui se
brode au plumetis, au-dessusdes plis d'une
robe de mousseline.
Le n^ 36 est le quart d'un mouchoir qui
se brode en points de feston (en points de
rose) et au plumetis.
Le n° 37 est le quart d'un mouchoir
qui se brode tout en points de rose.
Le n"* 38, Emilie, se brode à l'anglaise.
Le n^ 39, J. B. jP., au plumetis.
Le n** kOt Irma, se brode de même.
— Ah ça, ma chère amie, tu vas donc
nous faire passer en revue tous les noms
possibles et impossibles ! — Que veux-tu ?
les demoiselles ont si peu de temps à por-
ter leur petit nom qu'elles en profitent;
une fois mariées, elles ne peuvent plus
mettre qu'une initiale, ajoutée à celle du
nom propre de leur mari... Moi, j'avoue
que je ne brode en toutes lettres le nom
de ma sainte patronne que sur mes mou-
choirs du matin ; sur mes beaux mouchoirs
je ne brode qu'une initiale et celle du nom
de mon père... je ne quitterai peut-être
jamais ce nom 7... — Ce n'est guère pro-
bable. . . mais j'aimerais mieux te voir res-
ter fille que te voir faire un mariage iné-
gal, soit par la fortune, soit par la position
sociale... Hier, tout en travaillant, j'enten-
dais cette conversation que deux dames
âgées tenaient à Toix basse. « Il n'y a que
les mariages de convenance qui puissent
apporter le bonheur. —-Et vous avez bien
raison, madame. Par exemple, si une femme
qui a beaucoup de fortune épouse un
homme qui n'en a pas.. . il n'y a plus éga-
lité. . . ces époux doivent sans cesse craindre
de se blesser : le mari, en disposant de
celte fortune comme le chef de la commu-
nauté; la femme, par la plus petite obser-
vation... Si c'est répoux qui a la fortune, il
y a moins dlnconvénient**, seulement,
réponse se trouve placée dans une plus
grandedépendance. Et puis, chère madame,
si rhomme est dans une position élevée, si
toute sa famille est posée honorablement et
qu'il épouse une femme dont le père ait
exercé une de ces professions mal famées que
la fortune rend encore plus accusable.. . quel
malaise il doit en résulter dans le ménage,
dans les réunions de famille. .. on plutôt il
ne peut pas y en avoir. . . on ne s'entend pas,
on ne parle pas la même langue... et les en-
fants rougiront de leur père qui a fait un
mariage d'argent, de leur grand-père, de
la source de leur fortune... Si c'est la
femme qui se mésallie pour être riche...
c'est bien pis encore, voilà une maison
perdue... la considération ne venant que
du chef de la famille, il n'y a plus de
considération pour la femme, plus d'a-
venir pour les enfants I et puis, la fortune
tient à si peu de choses 1 un vol, un incendie,
une fausse spéculation... La considération
ne craint rien de tout celai » Ici ces dames
parlèrent plus bas. Tu le vois, chère Jeanne,
la chanson dit vrai : // fatU des époux m^
sortis. — Sois tranquille, mon père et ma
mère sont là... ce soin les r^arde. Quels
e)©s^"
^'^^^^<.
^^•■j^'
^-<^:
— 198 —
projets ie tottette a»»tvponr eeprmlttnpBT
qoeHe 8€ta la mode t — Les chafieaiix
seront érasi», à forme roade et à barolet;
les orBPemeMts seront comme tovjoors: ro-
bafls, plames et ieors. Les mantelets et
kafsawecks seront brodés en soutache. Les
roèes seront, oeanno foii)onrs, bngaes de
jope et de taille ; les eorsages montants,
on Marie Lezimha, Les manclies pago-
des seront garnies dn bas atec des ban-
des d^éMffe pareille. Beancoop de petits
vobttts atnc robes de tafktas, fm trois
grands Toiants, tout ceib festonné ë Fem-
porte-pièce» on brodé en point de feston.
Les osîAHres en eberreux seroiU toujours
«ctrêmenent dsrevaeê. — Oui. On fend
cben nn eoiffisnr, nie des Saints-Pères,
dtfl petits pe^es adaptés h des espèces
de croissants arrondis, formés de crin
reconrert d'une pesa marron, qui ser-
vant ^ exécBter h eoittare Marie StuarL
Voici eomment. On rabat sur ses joues les
dioTenx que fou destine à l»ire des ban-
deavx, on prend un de ces croissants, on
entre le petit peigne dams les cheveux
qoi sont sur le côté de la tête, on retère
les cherevx rabattus, on en couvre le
croissant; à Pane de ses pointes est nn
brin de caoutcbonc qoi sert à arrêter ces
chef eox et va s'accrocher à l'antre pointe, et
Ton place de même le second croissant On
peut réunfar les dJievevx de derant ft cevx
de derrière, les tourner en nne corde que
Pon pose à plat, en formant nn grand cercle
sur le derrière de la tête , ou reprendre les
chereux de devant et les faire tomber en
tire-bouchons derrière chaque oreiUe. Bien
entendu que, de chaque e5té des joues, on
se fait tm accrûcke-comr. Cette coilToresied
aux brunes, aux blondes qui ont des soor-
eib bruns, et aux personnes qui ont les
cheveux plantés bas et les dnq pointes
marquées; eHe fcît fort bien sous nos cha-
peaux et sous les petits bonnets habillés.. .
Te dire que la mode en sera adoptée dans
h rue par les femmes comme U faut, ^ ne
le puis ; mais dans im bal, et ches elle.
une demoisele, une jenne dame peinent
se coiffer à la Marie SiuarU Ces peignes-*
croissants coûtent 5 fr. la paire. — Il y a
encore une nouvelle ooifltare ; ce sont des
cheveux en bandeaux plais, réunis aux
cheveux de derrière, et fermant nne tresse
qoi passe sur ces bandeaux et revient d'où
eileert partie. Cette coiffure faii aussi fort
bien sous nos chapeaux... ^ As- tu reçu
beaucoup de lettres? — Oui, desjeanee
mères qoi demandent des toilettes de pre-
mière communion... eltes veulent que K^ir
fdlesoit belle... — Mois, ma chère, réponds
à ces (hmes qu'à Paris, selon l'égalité et
l'humilité chrétiennes, pour h fiie dn
ittiffîounairc, comme pour h fiUe du sa-
vetier, le costume est le même. Dessous,
robe de percale, colletée; dessus, robe de
mousseline, corsage pareil , jupe ornée
de deux plis; manches lougms , demi-
larges, montées sur nn poignet recouvert
d^uiie ruche de coton; autour du cou,
ruche en tulle de coton ; cheveux en bnn^
deaiix plats ; bonnet de mousseline, garni
d'une ruche en tulle de coton et d'un
étroit ruban blanc; sur la tête, voile de
mousseline orné d'un simple oiiHet. —
Mais, ma chère Florence, je vais les déses-
pérer ces pauvres |)etiies mères qui ne rê-
vaient que rubans, fleurs et dentelles pour
embellir leur ange, et qui vont Tenhiidir.-^
Oui, mais leurs (îHes n'exciteront ni Ten-
vie ni la jalousie ; elles seront moins occn*
pées d'elles, moins distraites par le plaisir
de se voir admirées; Dieu y gagnera... et
tout le monde atissi. — Allons, tu me ras-
sures. Crois-tu que j'aie besoin d'expliquer
la toilette de mode de [a grande édition?
-^ Ce serait douter de rinteffigence de tes
amies. Cependant, je demande pour mon
compte le'motde Téuigme. -^ C'est k fer.
— Je m*en doutais. L'explication dn ré*-
bus? — La voilti:
Un toue qui vient I un poing, — un
acquit,— > la villede Cette«-et unA, bon,
seiisible, qui pleure, tm A tendre.... ce
qnifah:
'-r^' v'-:^^
"^âb'
;^^
.>^'
— 187 —
"Fout Tient à point, à qui sait attendre.
Adieu, chèrd et bonne; le mois pro-
chain, je te parlerai de nos toilettes de
priBttai{)& Gomj^ rar moi pour te dire
tout ce qui te sera utiie. Porte-toi bieal
J, J.
CnBÉHlCRlIIES.
6 AVRIL 1760.— NAISSANCE DU PEINTRE PRUOHON,
Prudhon naqnit à Cluny fSaône-et-
Loire); il était le treizième enflant d*un
pauTre maçon. Les moines dn célèbre
monastère lui firent faire ses premières
études, et, enfant encore, il se livra a?tc
la plus vÎTe persévérance à Tétude de la
peinture. Ses cahiers étaient couverts de
dessins; faute de matériai», il (aillait, il
sculptait dans du savon les personnages de
la Paasion ; il exprimait le jus des herbes
et des fleurs pour se composer une pa-
lette, et il prenait pour modèles les ta-
bleaux qui ornaient la magnifique église d^
Cluny. Les moines, touchés de son ziilc et
appréciant ses dîspositîoiis, le reoominaa-
dèreic à M. Morcau, évéqoe de MaGon,
qui fit donner à Prudhon des Icçom de
dessin et de peinture. Peu d'années après,
il remporta le prix de peinture établi par
les États de Boucgyigne ^ et fut envoyé à
Rome.
Il revint à Paris en 1789, riche de U-
lent, Biais pauvre et sans appui. U passa
par les plus triâtes phases que peut subir
le génie aux prises avec la pauvreté.
Plus tard, sons le Directoire, sous F Em-
pire» la fortune lui sourit; mais des infir-
mités et des peines de cœur assombrirent
son âge mûr, comme l'indigence avait at-
tristé sa jeunesse.
Parmi les tableaux les plus célèbres de
Prudhon , on remarque surtout le Crime
fHmnuim fwr la Justice et la Vengeatice,
Jésus en croix, le Zéphyr ^ etc.
■IMAItOE.
I^ pkqMot des hyonies chantées I l'é-
glise, dans les divers temps de Tannée,
sont d*uiM date fort anrieone, et l'origine
de plusieurs d'entre elles est iiicoaniie.
On sait que le Tê Deum est reauvm de
saint Ambroise ; ou attribue égriement à
ce saint et savant docteur : Lux BeoUa
TrinitasI Le Lauda Sùm StdooitoreHi f«t
composé par saint TkxMiias d'Aquin; le
Salve Hegina est attribué par les uns )
Adhémar de Montell, évêquc du Puy eu
Auvergne, chef spirituel de la presrière
croisade, et par les autres, au pape Ittao*-
cent III ; les dernières paroles de ce chant :
clemensl ô pia! ô dulàs Virgo Mariai
furent ajoutées par saint Bernard ; l'hymne
Âlma Redemptoris Mater fut composée
par Herman Contractur , bénédictin ;
l'hymne Vejnlla Régis est très-ancienne et
se chantait au temps des croisades, mais
Sô«^*
nous croyons que son auteur est resté in-
connu. Le chant Ragimi Cœli, que Poglise
redit an temps pascal, fot Mgué aux fidèles
par le pape Gri^soire le Graad, qui l'avait
écrit à la suite d'une vision miraculeuse;
le pd}>e Innocent III est également Tau-
teur du Veni^ Sanclus Si^itusl On attri-
boe à BoSoe lliTiBfie pour la fête de saint
Pierre et saint Panl ; les hymnes du bré-
viaire de Paris sont dues presque toutes à
U plume du cfaaiioiiie Santsail; dles sont
d'une latinité élégame, màsTe^iression en
est son^wit prétentieuse et surchargée d'an-
tithèses.
Ne prenons pas de tons superbes et
avantageux. C'est faiblesse que de s'ani-
mer de la sorte : la force est dans la raison
tranquillement exposée.
BOSSUET.
iQj^^^
— 1S&
La religioD est l'aromate .'^ans lequel
toute scieDce bumainc se corrompt.
Bacon.
Une chose supeiOue u'est jamais i boa
nurcbé, Auyot.
La prospérité est plus sûre, eDlre-mdi'e
de rcTers.
De Chabkage.
L'éloquence est au sublime ce que le
tout est ï la partie.
La Bbcyëbe.
Vons serez toujours contcntle soir, quand
TOUS aurez utilement employé la journée.
Imi talion.
Jouis de ta vie sans la comparer i c^e
d'autrui.
CONDOHCET.
Éprouve ton nouvel ami, et n'oublie pas
l'ancien, pour l'amour de lui.
Latater.
indolence et indécision d'esprit! Si
vous n'êtes pas de véritables vices, k com-
bien de cruelles mi&ères et d'alTreux lour-
menis tous frayez parfois la route!
Walter Scott.
C'est un grand mal de ne pas faire asseï
de bien.
SAl^T François' de Sales.
Kn^ATi-H. l'agi' 03, au lipii dej luiiis : Oi'Jres religim
rtUgimx det femmet, l" arUcle.
itililaim, i' article. Lisuz : Ordru
f
V
J'unnial iirs ïlfraDtsrllrs.
.'S<,„ù«ax,. dr.. c'ilal'i,*
— 189 —
CHRISTINE DE PISAN,
ÉTUDE BIOGBAPHIQUB ET LITTÉRAIRE.
Voici ua sujet qui n'est guère sorti jus-
qu'à présent du domaine de l'érudition.
Les oeuvres de Ghri&tine de Pisan n'exis-
tent, pour ainsi dire, qu*à i*état de curio-
âtéâ bibliographiques ; on les traite dans
les bibliothèques avec le même respect
que les Chartes de Charles le Chauve, et
elles partagent avec celles-ci le privilège
de n'être jamais feuilletées que par les sa-
vants, les studieux et les antiquaires.
Rendons hommage aux antiquaires et
aux bibliophiles, à ces hommes parmi les--
quels il y a de grands hommes, pionniers
dévoués de la science , qui vouent leur
existence à la recherche des vieux monu-
ments littéraires et mettent leur bonheur
et leur gloire à secouer les premiers la
poudre d'un parchemin cinq fois séculaire,
ou à déchlITrer un papyrus exhumé des
ruines de Memphis. Ces hommes sont les'
bénédictins de notre siècle ; c'est à eux
que l'histoire est redevable de la vérité,
la littérature de sa généalogie. Mais pour-
quoi Christine de Pisan n'a-t-elle encore
trouvé asile qu'auprès des bibliophiles et
des antiquaires? Pourquoi n'a-t-elle pas
obtenu jusqu'ici l'honneur d'une édition
moderne! Pourquoi n'est-elle connue du
public que par des extraits disséminés
dans les Revues , et par son Histoire
de Charles V, comprise dans la collec-
tion des mémoires relatifs à l'Histoire de
France? Est-elle trop peu de chose pour
mériter une place dans les annales de la
littérature française ? Tout e&t là pour té-
moigner du contraire.
D'avoir le prix en science et doclrioe.
Bien mérita de Pisan la Christine,
Dorant êtB jours
Je prends ces vers de Jean Marot parmi |
DIX-NKUVIÈIIE ÂNNÉI, 4* SiRU. — N* V.
les nombreuses marques d'estime que lui
ont consacrées les poètes de son époque.
Louer asseï je ne la paii,
dit encore, en parlant d'elle, Martin le
Franc , auteur d'un poème intitulé le
Champion des Darnes^ et qui devint plus
tard secrétaire ou protonotaire du pape
Nicolas V.
Car vrayment toutes les fleurs
Avait en son jardin joly.
Dont les beaux dictiers (1), longs ou courts.
Sont faicts en langaige poly.
. , . Elle fut Tulle (2) et Cathon (3);
Toile, car en tonte éloquence
Elle eut la rose et le bouton,
Cathon aussi en sapienoe (4).
Est-ce encore parce que Christine de
Pisan est née en Italie, que la critique
française l'a si longtemps oubliée? Il n'y
a pas d'écrivain plus éminemment fran-
çais que Chri^tine de Pisan. — Voici
en quels termes l'auteur du Champion des
Darnes^ que j'ai déjà cité, Martin le Franc,
revendique pour elle l'honneur de cette
nationalité qui lui appartient mieux qu'à
personne, parce qu'elle l'a conquise :
Aux estrangiers povons la feste
Faire de la vaillant Christine,
Dont la vertu est manifeste,
£n lettre et en langue latine ,
Et ne devons pas sous courtine (tf)
(1) Dictiers, éeritt,
(2) Tulle, Cicéron. Cicëron s'appelait Marcus
Tullius ; il est souvent désigné sous ce dernier
nom.
(8) Caton.
(4) Sapience, $agé$$e,
(tf) Mettre sous courtine, laisHf if^nûrés.
f
t
— «0 —
Mettre tes œuvres et ses dicts,
Afin que si mort eu courtine (1)
Le corps, son nom dure tondis (3).
n y aurait beauooup à dire sur Ghris^
tine de Pisan,.8iroaTOuIait faire de cette
femme remarquable le sujet (l'une étude
philologique. Il serait intéressant d'exami-
ner le parti qu'elle a su tirer de h hngue
de Bon siècle, qui était la fin du tangage
roman et le comniettctment du parler
français; comment, nourrie de la moelle
des lions, je veux dire de la substance
saine et yigoureuse de rantiquité, qu^eFe
possédait à fond, elle a su créer un
idiome qui lui est propre, précéder Mon-
taTgne, et frayer la route aux deux Marot.
L'entreprise est pleine de lentatioos^ et
j*ai besoin pour y résister de me rappeler
poor qui j'écHs cette notice.
Ge n'est point que les femmes soient, à
mon sens, indignes des graves sujets ; de
nos jours, leur éducation ne les laisse plus
indifférentes à rintérêt des études sérieu-
seSy et s'il se rencontre encore qn^ques
femmes savantes qui méritent une place
dans la galerie comique où Pbilaminte,
Armande et BelLsc tiennent le baut bout,
U y a aussi beaucoup de femmes instruites
chez lesquelles la pédanterie ne paralyse
point le cœur, et dont Texquise nature
ne fait pas naufrage au froid océan de la
science. C'est pour elles qu'il faut écrire,
et si ce travail, qui leur est destiné, n'a
point pour objet principal Christine de
Pisan, considérée comme écrivain, poète
et philosophe, c'est qu'à côté de l'écrivain
et du philosophe^ il y a chez elfe un autre
personnage non moins Intéressant, un type
charmant, dont la place est toujours mar-
quée daiis ce recueil; je veux dire la
fenune par excellence , parée de toutes
les vertus en môme temps que des grâces
de l'esprit.
Thomas de Pisan, le père de Christine,
(i) Si la mort enveloppe son eorfs, il la
tombe s'empare d'elle.
{Si To«ioan .
r^
i)©'i>^
était un homme versé dans la connaissance
du droit, dans la politique^ dans la chi-
mie, dans l'astronomie, dans les mathé-
matiques, le grec, le htin, Thébreu et le
syriaque, dans la médecine et dans l'astro-
logie. Au quatorzième siècle, les savants
ne couraient pas les rues comme en ce
temps-ci ; mais que ne savaient-ils past le
passé, le présent, voire l'avenir... étaient
pour tux sans secrets et sans mystères.
Thomas de Pisan était originaire de Bo*
logne, mais sa gran:^e réputation comme
juriste et politique l'élcva au rang de coti*
seiller de la république de Venise. C'est
dans c^tte ville que naquit Christine,
l*an 1363. Elle était âgée de cinq ans Inrs*
que le foi de France, Charles V, fit offrir
à son père un trahement de douze cents
livres par année et la place de premier as-
trologue. — Il y avait alors un premier»
un second et un troisième astrologue du
roi, qui avait aussi son alchimi>te et son
nécromancien en titre. Ce fait n'a rien qui
doi^e surprendre, si l'on considère que te
siècle de Charles V faisait suite à une ère
de barbarie, de profonde ignorance et et
superstition. « L'astrolo^^ie, dit un histo-
rien du dix-huitième siècle , élait en si
grande vénération qu'elle avait sul^ugné
la médecine. La plupart des médecins
étaient astrologues. Le père de Christine
de Pisan, physicien du roi, avait une mer-
veilleuse connaissance de l'influence des
astres sur les maladies du corps humain
et sur les aflaires ée ce monde... » A«x
absuttlités de l'astrologie judiciaire on
peut ajouter les opinions extravagantes
sur la magie, dont les grands et le peuple
étaient presque également entêtés. On
attribuait une vertu miraculeuse \ des
figtires de mivre, de plomb, de dre on
d'autres matières consacrées «wc des
cérémonies mystérieuses, sons l'aspect de
certaines planètes. ...
« Un sçavant maître wtronomim cvoU
prédit au roiqtœ U datiphin s&n fUs anv^U
m mjwmessemauU affam^ etéchoffperoU
— iSi -^
de grands pétrils ei woQ:»^rei, » Et. le roi
ôtoit aa Ik delà vumi exlrêoienMiit4igité d»
la terreor de eeite piédictioa.
Rlus si Cbariefi Y partageait la sepeMFr
lion géoérate, il était en méoiei temps
aniinè d'un gia»d zèfe iMmr k gknre ùem
laHres, il voulait qMa(Nk voyaune 9, briUâl
'par toute HÙmee, ^^
a L'on ne i^est trop iMmerer les dercs^
diaaî^ii ordÎMiffemeat» et tant qae s»*
pience^ sera tiMorée en ce royanae ; il
œntinnera à proapérité; mais: quand dé**
bootée y aeea» il décharra. »
On peat le considérer comme le foml»*
tev de la Bibliotlièi|ae royale, il en porta
la nombre des voluncs jusqu'à neuloaat».
Il n'avait rien négligé pour se procorar^
une collection des mëlkors (Nivrages, et
on conçoit ûsément que cet assemblage
exigeait de graada sacrifices d'argent et
des soins in&ais, en réfléchissant qu'on
ignorait alors le secret de multiplier les
livres par le secours de Timpression ; un
manuscrit était un effet prédeox, on le
léguait oMome une part considéraUe dane
une succession. Marguerite de Sicile laissa
par son testament un bréviaire au roi de
Sicitoy son père» On conservait soigneuse-
ment daaft les églises un bréviaire com-
mun» enfermé dans: tma cage de fer, pour
la commodité des prêtres qui manquaient
de livres^ et ce bréviaire était exposé dans
la lieo le plos- éclairé, afin qpe piosieurs
eeclésaastiqQes pussent réciter leurs offices
eo mômt temps.
Ce n'était pas seuleniettt comme astco*
logue que Charles Y appdail anprèe de lui
Thomas de Pisan, c'était encore en sa qna*
lilé de eUvo d tovâe mpienoe^ capable de
lai donner d'utiles con::eils pour ks fonda-*
tkwa d'émblissements d'instruction publi-
qtt& qu'il se propesait d'entreprendre. la
poMiâon offerte au savant Bolonais était
vraimeni magniique, eu égard à U vateur
de l'aigent, dont il est facile de sn faire une
idée d'aprèi un compte original extrait des
rçgiatact: ds eoUége de Beauvaîs.
It résulte de ce compte que le repas^
ofiN't au roi à roecaAÎon de la fondaticn
dndit ooUége coûu neuf 9m» (1).
Thomas de Pisan n'hésita pd.s à se ren*»
dre aux désirs du roi de France, car il
était sans patrimoine, et sa dignité lui rap-
portait pii» d'honneur que d'écus; mais it
n'accepta qu'en secret, de peur d'encourir
le mécontentement de la république de
Venise, qui tenait à ses magistrats et 2t ses
savants, à- ceux*là surtout qu'elle avait ho-
norés du droit de cité, et il crut prudent
de partir seul pour ne point éveiller lea
soupçons. Ce fut un an plus tard seule-
ment, que sa femme et sa fille se mirent
en route pour venir le rejoindre. On partit
encore furtivement; le voyage fat long,
périlleux et péniMe, et dans plus d'une
occasion^ Christine^ tout enfant, donna des
preuves de cette fermeté d'âme et de cette
persévérance dans la foi qui fut toajours le
trait le plus saillant de son caractère.
11 faut passer rapiicment sur les pre-
mi< rs temps de son séjour en France. Son
père vivait à la cour, traité par le roi sur
U même pied que les phis nobles gentils^
hommes; elle y prit les façons élégantes
des damoiselles de qaalité, en même temps
que le goût des lettres, dont la culture
était encouragée par les essais précoces du
prmce Charles d'Orléans. Mais son pen-
chant naturel la portait plutôt aux études
sérieuses qu'aux simples jeux de l'esprit ;
ce qu'elle aimait surtout, c'étaient les le-
çons de son père, qui lui apprenait le latin
el le grec, et la conduisait par la main à
travers les trésors de l'antiquité.
La tâche de Tbomas de Pisan était fa-
cile Au besoin, Christine eût fait toute
seule son éducation.
« Ainsi que l'enfant se met ea premier
à l'oy 6, e^ âit-el!e, je me pris aux hia<
toirea anciennes dôa le commencement
da monde, les histoires des HéfaroLi,
(i) Neuf souf d'argent.
I
— 152 —
.>«î@3
d€8 Assyriens et des principales seigneu-
ries, procédant de Tune à rantre» des-
cendant aux Romains, aux Français, aux
Bretons, d
Il/aut se figurer ce que c'était que d'ap-
prendre ainsi l'histoire, qui n'était point,
comme de notre temps, condensée en
précis lucides, en tableaux chronologiques,
synoptiques, mnémoDiques, à l'usage des
jeunes personnes. Il fallait la lire en latin
et en grec dans Hérodote, Pansanias, Po-
lybe, Tite-Live, et la découvrir dans les
chroniques obscures et diffuses du moyen
âge ; peu de personnes, peu de femmes
surtout s'en doutaient ; on connaissait seu-
lement les noms des grands hommes con-
fondus avec les personnages fabuleux. Mal-
gré ces difficultés, à douze ans Christine
savait l'histoire à fond.
a Puis, je me pris aux livres des poètes.
Adonc fus-je aise quand j'eus trouvé le
style à moi naturel, me délectant en leurs
subtiles ouvertures et manières, cachées
sous fictions morales, et au beau style de
^leur prose déduite par belle et polie rhé-
torique. » ( Vision de Christine de Pisan, )
L'étude du beau style, les douces con-
versations avec les poètes, tels étaient les
plus chers passe-temps de Christine; elle
s'y reposait de la fatigue des fêtes conti-
nuelles auxquelles il fallait qu'elle assistât,
qu'elle aimait, an reste, avec tout l'entrat-
nement de son âge et dont elle était l'orne-
ment, car chez elle l'esprit n'était pas seul
précoce, et je ne sais plus quel auteur dit
qu'elle était ce femme de grâce et de
beauté. »
Thomas de Pisan, malgré toute sa mo-
destie de savant, iie pouvait s'empêcher
de concevoir pour sa fille l'espoir d'une al-
liance brillante ; ce rêve se fût réalisé si
Christine n'avait eu plus d'estime pour les
vertus, le vrai mérite et le savoir, que pour
la richesse et l'éclat du rang. Elle préféra
à un grand seigneur « un jeune escolier
gradué, de nobles parents de Picardie,
de qui les vertus passaient la richesse. »
Cel écolier dont elle vient de parier elle-
même s'appelait Etienne du Castel; il
n'avait pour tout bien que sa science et
quelques émts, et ce fut pour Thomas de
Pisan un grand crève-cœur de voir s'éva-
nouir ainsi ses châteaux en E^>agne ; mais
il était vieux et souffirant; il penchait vers
la tombe, et se consola en songeant qu'E-
tienne, dont il savait apprécier les qualités,
serait après lui pour sa fille un protecteur
digfte de le remplacer; il donna donc son
consentement, et le mariage eut lieu le
jour où Christine atteignait le terme de sa
quatorzième année.
Le roi Charles Y avait voulu en eette
occasion donner â son astrologue une non*
veUe marque d'estime, en faisant du sim-
ple écolier Etienne du Castel son notaire
et secrétaire privé. Ces fonctions, à la
fois lucratives et des plus honorées, équi-
valaient à une fortune. Elles contribuèrent
à la résignation de Thomas de Pisan. Ras-
suré sur le sort de sa fille chérie, il ne de-
mandait plus à Dieu que la grâce de vivre
assez pour voir quelques années de ce bon-
heur naissant., il vécut assez pour le voir
s'éteindre.
Après la mort de Charles Y, qui arriva
en 1 380, les ducs d'Anjou, de Berry et de
Bourgogne, oncles du jeune roi, se dispu-
tèrent la régence, ils écartèrent du champ
de bataille où s'agitait leur ambition, tous
les hommes qui avaient été jadis en posses-
sion de la confiance ou de la faveur de
Charles Y : Thomas de Pisan était un de
ceux-là; il se vit dépouillé de sa charge en
même temps qu'Etienne du Castel de la
sienne, et cette famille n'eut plus pour
subsister qu'un mince revenu mis en ques-
tion par un procès.
C'est ici que commence le rôle héroïque
de Christine de Pisan. « Nourrie en délices
et mignottements, elle parvint à sover
son désolé ménaige, et à conduire la nef
demeurée sans patron en mer on^^euse. »
( Manuscrit de Christine de Pisan, )
Il est touchant de voir celte femme.
— 135 ^
cette enfant de dix sept ans, faire prenTe
d'ane énergie virile, tenir tête k elle senle
anx hommes de chicane qni loi disputaient
le pain de son vieux père et de son enfant,
écraser leur habileté sons le poids de sa
science profonde, qui embrassait depnis le
droit romain jusqu'aux moindres cou-
tumes, et pourvoir en roêoie temps à Teii»*
tence de ceux qu'elle aimait, de ces pau-
vres cbers naufragés demeurés avec elle,
« sur une nef sans patron, en mer ora-
geuse. » Le désespoir avait jeté son mari
dans l'inertie la plus complète, elle seule
luttait bravement. A la lueur d'une lampe
fameuse, elle passait une partie des nuits
I copier et enluminer des manuscrits; elle
ne. craignait pas, l'élégante jeune fille ^
élevée au milieu du luxe de la cour, d'ac-
cepter les travaux les plus humbles, elle
en remerciait la Providence, et disait que
a plus le travail est repoussant et pénible,
plus il sanctifie le salaire, d
C'est ainsi que Christine de Pisan com-
prenait son devoir de fille, d'épouse et de
mère. Dans un temps encore barbare,
où la religion chrétienne se confondait gros-
sièrement avec la foi dans l'astrologie, elle
avait su en découvrir le vrai sens, et de-
venir comme l'incarnation de ses trois
vertus fondamentales : la foi, Pespérance
et la charité.
Voilà ce qu'était cette femme savante. Ce
seul exemple devrait suffire pour détrôner
ce préjugé contemporain : que la culture
des lettres et des arts exclut nécessaire-
ment chez les femmes la simplicité du
cœur et le dévouement aux devoirs que
leur impose leur place dans la famille.
Aucun malheur, aucune épreuve n'al-
térèrent la sérénité de Christine, jusqu'au
moment où son père lui fut enlevé. Le
vieillard avait été rapidement conduit par
le chagrin jusqu'au bord de la tombe, mais
fl y était descendu consolé, car la persua-
sion coulait des lèvres de Christine, ses
saintes actions étaient plus fortes que les
plus forts raisonnements. Elle avait fait du
vieil astrologue un simple chrétien, et ce
chrétien retournait à Dieu plein d'espé-
rance et de foi naïve.
Christine pleura amèrement son vieux
père. C'étaient là les chi^ins qui avaient
prise sur son coeur ; ils y laissaient des
traces profondes que le temps n'eŒaçait
pas.
n y avait sept uis déjà que Thomas de
Pisan n'était plus, lorsqu'elle composa ces
vers mélancotiques où respire toute la sen-
sibilité de cette ftme aimante et fidèle aux
pieux souvenirs :
Com turtre suis, sans per, toute seulète,
Et com brebi sani pastour, égarée,
Car par la mort fu iadis séparée
De mon dons per qu'à toute heure regrette (1).
La mort d'Etienne du Castel suivit d'as-
sex près celle de Thomas de Pisan. Bien
que l'ancien notaire du roi Charles Y ap-
paraisse comme un homme d'assez faible
valeur à c6té de sa femme, il faut croire
cependant que son travail était encore
d'une certaine ressource, puisque Chris^
tine nous dit elle-même qu'elle se trouva
dès lors a plus povre que jamais. » Mais
ce fut là le moindre motif de son chagrin.
Les regrets poétiques qu'elle a consacrés
à son époux ne contiennentaocuneallnslon
aux fâcheuses conséquences de sa mort;
ils s'adressent à l'ami perdu, à celui qui
avait su comprendre les suaves délicatesses
de son coeur et ne jamais les froisser, à
celui dont la tendresse avait résisté à ce
qui la détruit très-souvent : la gêne du mé*
nage, et ces misères quotidiennes qui sont
quelquefois la cause de mutuels ressen-
timents.
Bien souvent, dans tout le cours de sa
vie qui ne se termina qu'en 1^15, au
milieu des grands travaux littéraires de~
(!) Je suis, sans mon père, comme une tour-
terelle abandonnée, comme une brebis égarée
loin du pasteur ; la mort m'a séparée de mon
doux père, qu'à toute heure je regrette.
^
— 154 —
8W. noiqpt occvpatoiii., en vtit
Ghrifltiiie rdrenir sur ce 8«|et d'éteraeHe
douleur. 11 n'y a aucufte de ses œuvres
dans laquelle en ne retrewre queiqocs vers
«drctsés dttrectemeBt ou parallusioDà ces
^aQd>EBa ehâeies, semblaUes à ces fleura
qm ées uuhmb pieuses répandent sur ubb
tombe bien-aimée.
J*ai dit que la mort d'Etienne du Gastel
Wflsa Ghnstine dans un état de gêne voisin
delà misère. La vaillante femme ne perdit
pastCMicagepour si peu. £ile conticma ses
travaux avec cette liberté d'esprit tpÀ
ne résite pas d'ordinaire aux durçs
épreuves de la vie. De 1399 à ihQ5, c'est-
à-dire dans l'espace de ciaq ou six ans,
eUe composa, dit-elle, a quioie ouvrages
priacipaux, sans compter les autres par-
ticnKers petits dictiers, lesquels, tous
ensemble, contiennent soixante-dix ca-
hiers de grant volume, i»
Ces part!€nli»TS petits dictiers, domt elle
parle, étaient des œuvres de peu d'impor-
tance. Ils consi talent en rondeaux, lais,
virelais et sonnets d*un assez mauvais goût,
conformément à la mode du temps, et or-
dinal ement dédiésaux priaceset aux sei-
gneurs de la cour. Le prix qu'elle en rece^
vftit constiiuait le plus clair de son revenu.
Quant atix grands ouvrages , ce sont
des écrits sur toutes les matières qui mé-
ritent d*occoper un grand esprit.
« Elle fat à la fois, dît l'auteur d'une
eioel!(ente brochure publiée en 1838 ,
moraliste, historien, poète, publiciste,
philosophe ; il- ne lur manqua vraiment
que le rôle d*orat?ur que son sexe ne
lui' permettait pas. »
On peut juger de ce qu'elle valait comme
poëte par les fragments et les témoignag<îS
déjà cités dans le cours de cet article;
conHue- historien et publiciste, elle se re-
commande par son Histoire de Charles F,
document recueilli parmi les renseigne-
ments les ptus auAentiques; comme pbi«-
losophe et moraliste, par l'amitié du cé-
lèbre Gecson^ sucnommé le docteur évaa-
géliqtK et trèft^hiélieii, eC par 1» ]m%
<IB^«Ue soutint coalre les partiMun dn
Boman de la Am, moniinmi de grossîeff
maléfsaliMae.
Les doctrines viciemes dn Bofmiv de la
A)Mi avaient de nombreux adliéfenfe» à In
cour ; à leor tête se bi^Aalalt Isabean do
Bavière^ dont les débordements déshooo-
raioit la mejeslé du trône. L'aatenr de ce
livre, Jean de JMknng, faisait consister In
souverain bien dans la jou'ssance^ le plai-
sir et la satisfaction brutale de tous les
appéût&i La croisade entreprise pnr Chris-
tine de Pisan contre cette école- dange-
reuse qni s-'étendait dana la société comme
une tache. d'huile, lui valut Thonnear de
la persécnâion. On ne se contenu pas de
la raillée, on i'atuqim dans le pur sanc-
tuaire. de sa vie privée. Je ne sais jusqu'à
qael point ses contemporains' se laiesèrent
prendre à la calomnie, mais elle est restée,
malgré lesi^efforis de ses ennt^mis» le typ»
de l'angélique vertu.
IL y a.,, à ce peopns, une remampte*
asseï cunouse* à. faire, c'est que ce fat
précisément à laabeaa de Bavière que
Ghnsline* s'adressa pour demander appui
dans sa qnerelle. Dans un.rondeaa.où eUe
l'appelle: «. Mon» chier seigneur ,» elle hii
diti:
Mon chier sei^near, loyez de ma paiti«(
ÀMiklIi m'ont à grand' goorre dei cJoio (1)
Les «iUét du Romao de la.Boïc,
Pour leur assaut ne ierai ralentie
De mon propos (2), car c'est commune chose
Que l'on cuert (3) sus à qui droit défendre ose.
Les ennemis de Christine avaient eu
l'imprudence de tourner en ridicule les
femmes qui s'occupent des affaires de
l'état ; c'en fut assez pour que la reine se
mit du parti de Christine.
C'était pour la vertueuse Christine de
Piian une assez éirange protection. Il n'y
avait guère de points de contact entre ces*
(1) Deseloze, déeîaré9.
(9) Prorpos dmmk^, enirêprii^*
(S) Goert, osturf..
Ji>'ff<^^
-* I«S —
deux natures ; cependant on n'en Yoit pas ]
moins Christine admise dans le oonicU
privé de la reioe; mais là encore elle sait
demeurer dans son rôle et dans sa dignité.
Elle est au milieu des passions violentes
gui agitent la cour, comme un ange de
paix, et l'influence de ses avis n*est pas
étrangère aux courts assoupissements de la
guerre civile.
Son cceur était navré des maux aux-
quels la querelle des Armagnacs et des
Bourguignons livrait la France^ et je vau-
drais que les limites de cet article me per-
missent de citer la complainte touchante
qu'elle écrivit en lAlO, à propos des pre-
mières atteintes portées au traité de Bicê-
tre, et qui annonçaient une prochaine
conflagration. Ce morceau, écrit en prose,
respire, comme VOde à Jeanne d!Arc^ le
plus ardent patriotisme.
Pour £e reposer de ers émotions, Chris-
tine coatposa le livre inlilulé les Proverbes
moraux^ le Traité de prudence à l'en-
seignemeni de bien vivre. C'est un traité
de sagesse et de vertu dans leqnel elle n'a
oublié qu'une chose, c'est de se proposer
elle-même pour modèle; il a maiheuren*
sèment le défaut d'être farci d*Jine exubé-
rante érndiiion. Les anciens y occupent
trop de place. On peut faire la même ob-
servation à propos du recueil des «•useils
qu'elle adresse «à son fils.
« Fils^ lui dit-elle, je n'ay mie grant
trésor pour t'enrichir. »
Mais à Ja place de la richesse qni loi
manque, elle cherche à lui donner l'amour
de la vertu, de la fimplicilé, et le goût
du travail, du travail, ^n sort à elle, et
sa gloire.
Ce fils, connu sous In nom de Jean
Castel, profita des sages avis de sa mère;
ce lut un homme savant et vertueux. Far-
venu par son seul mérite au rang de chro-
niqueur du roi, il se retira sor la fin de
ses jouFS dans un oouvent ile Mnédictins
où il mourut.
Ce lut aussi dans une retraite religieuse,
en l'abbaye de Poissy, que Christine da
Pisan alla terminer sa vie. Elle y passa ses-
denières années, occupée à revoir ses pré-
cieux manuscrits, parmi lesquels il faut
citer : Les Trois Vertus^ la Cité des Dames et
les Cent Histoires de Troie^ ouvrage destiné
jadis au jeune duc d'OiIéans, dans lequel
Othéa, déesse de la raison, lui donne dea
préceptes de sagesse, appuyés d'exemplea
empruntés à la fable ou à Fhistoire. Le
manuscrit était accompagné d'une dédi-
cace où Christine se compare modestement
aune humble clochetle qui sonne quelque-
fois pour tenir les sages en éveil et leur
conseiller le labeur.
On ne peut se dispenser de citer en-
core : Ix Chemin de longue estude^ où la
dame Chrestdenne du Castel examine qui
mérite le mieux de gonvtrner le monde :
ou la noblesse, on la valeur, ou la ri-
chesse, ou la sagesse.... • On devine que
c'est la sagesse.
Christine mourut saintement en l'ab-
baye de Poissy, l'an l(il5. Elle avait vécu
cinquante^eux ans, et traversé les temps
lespJus agités de notre histoire, sans «ea-
ser on instant de chérir Ja France.
« Ah ! France I France 1 très-do«oe
Firance! » dit-elle dans oelte complainte
dont j'ai parlé pins luiut : « Jadis glorieux
royaume, hélas I que pois-je dire depbis!'
des pleurs amers, des iarmes «lariasa-
Mes coulent sur mon papier comme de»
ruisseaux. »
11 n'eût tenu qu'à elle de céder aux in-
stances du roi d'Angleterre et de Galéaa
Visconii, duc de Milan, qui clieFohèrent.k
l'attirer à leur cour; mais kft souvenirs
de ce bonheur éphémère qu'elle avait goûté
sous le ciel de ta douce France^ et soft
culte pobr la cendre des étresqu'elle avait
tant aimés, étaient des liens tr4)p puissanta-
pour que l'espoir d'nne existence bitillaole
pût .la 4étermiAtf à les rompre. Elle vécut
et raonnit irançaise, et c'est une gkm
pour notre j^ys 4]ue 4'avoir été sa patrie
d'adoption. Jules ihb QuTitLON.
««/•T
r^
^^^
— 1S6 —
BIBLIOGRAPHIE.
Le Guide du Domestique, à l'usage du
simple domestique, du valet de chambre,
de la femme de chambre et de la cuibi-
Dière, contenant des conseils de con-
duite et des instructions claires et pré-
cises sur fout le détail du service dans
les petits ménagi's, dans les maisons
bourgeoises et dans les grandes maisons.
La manière descrvir à table et de mettre
le couvert pour les déjeuners et dîners
de famille, d^invitation et de cérémonie,
et des recettes et renseignements pour
le nettoyage de l'argenterie, des cris-
taux, des meubles et des habits, etc. ;
avec neuf planches gravées indiquant
l'arrangement des différents services de
la table pour le déjeuner et le dlaer.
Chez Martinon, éditeur, rue du Coq
Saint-Honoré. Prix : 2 fr. 50 c.
Le litre seul de ce livre donne une idée
de son utilité; comme je ne peux m'a-
dresser à la classe qu'il intéresse, soyez
mes intermédiaires, mesdemoiselles; lisez-
le d'abord pour votre compte, car les
femmes ne doivent rien ignorer de ce qui
regarde le ménage; vous y apprendrez à
commander à vos domestiques, et un jour
vous sauriez les aider et même vous passer
d'eux, si besoin était, en voyage, dans une
partie de campagne; puis, quand vous l'au-
rez lu, vous le laisserez tout ouvert sur
la table de l'antichambre.
J'ai remarqué dans ce livre des conseils
que je vais placer sous vos yeux, dans l'es-
poir qu'ils pourront être utiles.
« Lorsque vous avez lavé une brosse avec
de l'eau chaude et du savon, et qu'elle est
bien rincée, vous la posez en travers sur
deux petits morceaux de bois, les crins en
dessous ; autrement, le fil d'arcbal qui re-
tient les crins se rouillerait, casserait bien-
tôt, et le dos de la brosse se fendrait »
c< Quand vous avez lavé des carafes ,
placez-les sur un égouttoir; si vous n'avez
pas d'égouttoir, entrez-les dans une cru-
che, afin qu'elles s'égouttent bien ; si vous
y laissiez de l'humidité, avant de les serrer
dans une armoire, elles prendraient un
goût de moisi que vous auriez de la peine
à leur faire perdre, et se terniraient au
lieu de rester claires et brillantes. »
(c Quelquefois, les bouchons de cristal
entrent si fortement dans les goulots des
carafons et si collent s'y bien qu'on ne
peut les en retirer sans casser les goulots.
Si le carafon est plein de liqueur, versez
quelques gouttes d*huiie d'olive autour du
bouchon; si le carafon est vide, trempez
bouchon et goulot dans de l'eau tiède; une
demi-heure après, poussez le bouchon avec
le pouce, un peu d'un côté, un peu de
Tanlre, et il sortira. »
(( Pour nettoyer les cadres dorés, frot-
tez-les avec de la ouate de coton écm, on
avec une peau douce, roulée sur elle-même,
comme une brosse. »
a Pour préservez les cadres dorés, des
piqûres de mouches, quand vient la sai-
son, faites bouillir quatre on cinq poi-
reaux dans un litre d'eau, laissez la refroi-
dir, trempez-y un pinceau et passez-le sur
les parties de ces cadres qui ne sont pas
dorées : de^^sus, dessous, de côté; cela ne
gâtera en rien la dorure, et les mouches
n'en approcheront jamais. »
Sur le soin et l'entretien des habits, j'ai
remarqué de très-bons conseils.
(( On doit battre et brosser les pantalons
ï l'envers d'abord, puisa l'endroit. Pour
ceux à sous- pieds, principalement, il faut
tremper une éponge dans de l'eau propre,
mouiller légèrement la place des genoux
et laisser sécher ; cela bit revenir le drap,
et la place des genoux disparaît.» J'ajou-
terai que, pour les habits, il &ut battre
— 157 —
les derants à l'enTers, a6n de ménagrr les
boutons. D
Qaant au costume des femmes de
chambre et des cuisinières, je désirerais
qu'elles voulussent toutes suivre ces sages
avis :
« Ne frisez point vos cheveux, cela ne
convient ni à la nature de vos occupations,
car vous ne pouvez décemment paraître
avec des papillotes devant vos maîtres, et
si vous vous frisiez dès le matin, vos che-
veux pendraient et seraient en désordre la
plus grande partie de la journée ; or, une
fois votre toilette faite, vous ne devez plus
y revenir. Que vos cheveux soient bien
peignés et lisses ; relevez-les sans préten-
tion, et n'entrez jamais dans l'appartement
la tête nue; peu de maîtresses le permet-
tent, et quand bien mêœe la vôtre le per-
mettrait, ayez le bon sens de ne pas le
faire. Que votre bonnet soit léger, si un
bonnet trop chaud vous incommode; mais
portez-en un ; c'est une habitude que vous
aurez bientôt prise. Dans votre condition,
une mise modeste vous attirera le respect
de vos égaux et Festime de vos supé-
rieurs. )»
» Quand vous êtes dans l'appartement
et quand vous sortez avec votre maltresse
ou avec les demoiselles de la maison, met-
tez toujours un tablier blanc. Cependant,
si pour sortir avec ces dames vous devez
porter tin chapeau, Ôtez votre tablier, que
votre chapeau soit en paille jaune. Télé; en
paille ou en taffetas noir, Thiver, mais
bien simple, et n'ayant pour tout orne-
ment qu'un ruban croisé. »
Tous voyez, mesdemoiselles, dans quel
bon esprit est écrit ce livre ; aussi je re-
grette que l'auteur ne se soit pas nommé,
je lui aurais fait compliment sur son style
si clair, si précis, et sur les utiles et mo-
raux enseignements qu'il donne à cette
classe sans laquelle nous ne pouvons vivre»
qui ne peut vivre sans nous, et dont la
bonne conduite et les bons services nous
rendraient la vie plus facile , en même
temps qu'ils leur feraient un avenir plus
heureux.
J. J. FOUQUEÂU DE PrSST.
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
THE MAGNETIC TELE6RAPH.
AloDg tbe f mooth and sleoder wires
The ileepleii heralds ruD,
Fasl as the clear and living rajs
Go streaming from tbe sun.
No peals or flasbes, heard or seen,
Tbeir wondroos fligbt betray ;
And yet tbeir words are strongly felt
lo cities far away.
Nor summer's beat, nor winter's hall,
Can cbeck tbeir rapid course;
Tbey meet uomoved the flercewind's rage,
Tbe rough wave* s sweeping force :
In tbe loDg nigbt of rain and wratb.
As in tbe blaze of day,
Tbey rush ; with news of weal or wo,
To thousands far away.
LE TÉLÉGRAPHE ÉLECTRIQUE.
D'élranges meiiagen, aani repos, sans sommeil.
Sur les fils de métal glissent aussi rapides
Que les frui jaillissant de ces rayons limpides
Qu'en torrents lumineui déverse le soleil.
Rien de leur vol secret ne trahit les mystères;
Pas de soudains éclairs, de tonnerre éclatant ;
Tout est calme à l'eotour; leurs paroles, pour«
[Unty
Vont émouvoir au loin des cités tout entières.
Ni les hivers glacés, ni les élés brûlants,
Ne peuvent ralentir leur course infatigable;
Ils traversent Forage et la mer indomptable.
Étonnés, cette fois, de se voir impuissants.
Pendant les longues nuits de pluie et de tour-
[mente,
Pendant les jours brillants, sous la splendeur
[des deux.
Ils volent, apportant, coursiers insoucieux,
Parmi la foule, au loin, la joie ou l'épouvante.
— »a—
B«i fMUr tUll Ikaik Udlogt hoiM
On that electric cord,
Rise the pure ihougbts of him vrho lovet
The Christiao'fl life and lord;
Of hior who, taoght, in imilei and tean,
Wilh ferrent lipt io praj,
Maintiiini higb oonTerae hère od ecrth
With brigbi world» far aiiraf .
Ayl AoQgh noravtwtrd wish irbreatheé,
Nor Mtwaré aotiref giveo,
The sigbing ot thtti kanUe heart
U known and £aU m beayen;
ThoieloDg frall wires maj bend and break»
Those View leas beraido ttray.
But failb's last word sball reacb the throne
Of 6od, ihovgb ter away.
Bj the rev. Jamis Gilbbrne Ltons» LL. D.
M iif» tk rapîdoi aolant l'éUn et la TifliMW
Que le fil électrique à la pensée imprime»
Kncore plus rapide est, dans son vol sublime,
L'esprit du nai chrétien montant Ters le Sei-
[gncur;
Do, ebféifen dont la bouebe, instruite àès \\
Bn dMileur eoiMM e» joie, è prier ardemment»
S'anltetieMft» par dalÉ U dernier Imamal»
i.Tec les pan esprila, dans un espace immcnae.
E'oreille n'entend pas quand H fbrme des tcbox;
L'ovetHe n'enl«nd pas la réponse dlrine;
HavdaoallittmiKiéqiind le chrétien aTiofliBe^
Son àaae qui soupire est «nteBdiieaiii eéen.
Que la fil conducteur brise & inceitaintr emDl%
La ?oix mystérieuse est perdue en chemin.
Le juste meurt: aux pieds de son mettre dirin»
L'a déjà précédé sa prière expirante.
Sbtbrin.
HILTON ET SES FILLES.
Milton avait époasé uae jeune femme
appartenant à une bsuUe attachée à la
cause royale. Cette union pouvait être heu-
reuse, maii lorsque éclata la réfolution, la
fureur avec laquelle Milton attaqua la
royauté, ses Knoas vnc le? plus farou*-
ches ennemis de Tinfortuné Charles^ P'',
elTrayèrent la jeune épouse, qui se retira
dans sa famille. Lorsque enfin les attaques
du parlement et des ennemis de la royauté
«went décidé la chute du trône et la cap-
tivité de Charles I*', une entrevue mé-
nagée par quelques amis^ ranima toute
la tendresse du farouche tribun; il reçut
la fugitive avec empreasement, accueillit
de même toute k famille d6 sa femme,
menacée par les proscriptions , et loi pro-
digua les soins les plus généreux.
On sait comment se termina cette révo-
lution faite au nom de la liberté : elle abou-
tit au. meurtre et à la dictature. L*ambi-
tieux Gromwell se faisant un marchepied
de Téchafaud de son roi, s*empara du pou-
; veir, sMaletitiede Protecteur. Milton, ce
fanatique de la liberté, se laissa flétrir par
les honneurs de Cromwell, cet ia^ilacable
ennemi de toute liberté, comme le sont
les dictateurs.
Le long parlement poursuivait avec fu-
reur les débris des défenseurs de la cause
du roi, et h mort était le prix de la fidélité
aux serments. Un jour, un prisoniiier fut
amené devait Milton aiocs poissant ; c'é-
tait un officier de l'armée royale qui ve-
nait de tomber entre les mains de ses im-
placables ennemis.
« Qui esttt? lui demanda aévèrement
Milton, sans même le regarder. — Un of-
ficier du roi, qui a fait son devoir jusqu'au
dernier moment. — > Oui, un vassal au
double cœur: un esclave et un traître.
— Tu n'as pas le droit de m*appeler traî-
tre, toi qui trahis la liberté pour servir un
assassin. — Tu es donc bien pressé d^aller
— 159 —
t^iûdre Abarlesi*'? — €'eit OMii.pbis
grand désir. — Ton nooiT — SavenaAt.
— Ciel I yt 'Et Je terriUe Miiton, (quittant
son siège, Rapproche da prisonaier,.le.re-
.garde: a Qui, je tous reoonaaifi, dit-il;
pois se tonrnant vers la troupe, il «'écrie
avec autorité : Qu'on se. retire.! qu'oame
laisse seul avec cet honuie ; je veux l'in-
terroger. ï>
Aussitôt qu'ils furent seuls, k poète
l'emporta sur le proconsul, el s'approchant
du captif, il lui prit les mains, et d'une
voix attendrie lui dit : « Quoil c'e&tveus,
I)a¥enaat, vous dont la .musevpure etjgra-
cîeuse m'apporta tant et de sidouxioisirs!
— Ehl mon Dieu, eui, c'est moi, moi qui
bientôt ne cban'erai phis, et qui dis pour
toujours adieu à celte muse dont vons par-
iiez tout à l'heure. — Obi eette muse
TOUS protégera t — Laissons U, je vous
^rie, ce fuiile entretien; j'ai fait mon de-
voir, faites le vôtre... je suis résigné. —
.Oui, mais si nous avons été ennemis sur le
.sentier politique, il en est un autre plus
doux et plus facile sur lequel nous avons
toujours été amis ; je ne veux vous recon-
naître que sur celui-là, il n'y a plus ici de
tribune, il y a deux poètes qui s'aimeni.
— Quoil mes faibles poésies l... — Les
beaux vers doivent être une égide, et la
liberté ne peut exiger qu'on lui sacrifie un
enfant d'Apollon l Je puis vous sau\er, et
si je ne remplis pas mon devoir de répu-
blicain, je remplis mon devoir de poêle.
Un homme sûr va vous oûBduire hors de
cette terrible enceinte; alle^, fi^ez* etre-
j)renant vos doux travaux,, payez là la pos-
térité le service que je vous, rends en son
nom.)»
Tout réussit au gré de kurs souhaits,
et lord DaTenant, échappé des mains de
ses persécuteurs, pot aller r^olndre en
Hollande le fils de son malheureux. roi, £t
partager ses dangers et sa misère.
Jlemarqné par Gromwell à cause 4e ses
talents et de l'ardeur de sea opinions,. Mil-
ion fut nommé secrétaire-^interprète pour
ia laagiie laime près 4e «oaaeï Him.
Celte charge était imptrioMeiCV, ^nt «se
politique altière qu'il applinfuMtè'tool, èe
iProircteur voulait faire sue lalongw latine
le «eul mode de comonrication avec lea
ipunsances étran^hvsi ilalgné les jun»
bneux travaux de bmi empki, Malgré le
temps que lui ]veiiait âa compnkiimé»
'.oui ragea qu'il .publia à celte' époque et qui
«ont des taches daas sa «vie, Hilton imh^
vait encore le temps de s'occuperde Tédn-
.ration de ^es filles, qui, jyaAt perdu
mère, ne trouvaient pas, dît -on,
TcUe' qui l'avait rtmpboée Conte la êtÊt-
dnesse qu'elles :anraîentipa>en attendre.
iLa vue de Miltmiawit iMJeurs éléluMe»
leUe diminuait de jour en joor et mena-
çait de s'éteindre pour jamais. Dans k-
ppévision de oe malheur, le poète, qoilû-
.aait son bonheur et aon senl délassement
de la leeCure des auteurs de l'antiquité, i fit
apprendre & ses ûlies à lire le grec ebllré-
breu; elles y parvinrent, stns cependant
comprendre ce qu'elles lisaient
Vous* conviendrez avec nroi, meademoi-
ecUes» qu'il y avait «n pen drégoTsmeidans
.Ae ^enre d'instrwftlîoD, et que tiredu.gnec
et de i'bébreu sans savoir ce qn'on lit, de-
vait être un passe^tempsipenrécréalifipovr
des jeunes personnes. Cependant «!les««n
«valent tdUement TJiabltiide, qu!on .rap-
porte que sa fille atnée Emma, longtemps
^aprèsla mort de son père, Tédiait dos vers
.d'ttonrère qn'eUe avait netenus par «œnr^
ntdont eile ignorait enrore le sens.
Aumllieo de l'agitation et. di s éésîllu--
wnside sa vie, Mîitoninelronvait deife-
poset de calme qu'au :sein< de «a familie.
U, du moins, ia^endrêsœ de ses -filles
adoucissait Lamertnnie de «aaituallon. Il
féHiit pnissact encore, mais il urélàii .pas
iMureux. Morose et sonOrant, eprèsiaioir
épanché dans d'atroces pampUets sa bMe
répiibiicaine,>il iwoait calmer .«on âme «r-*
.dentcjdans les oomrersaiions vives «t en-
jouées de ses jeunes filles qui ne oher-
cbaient qu'à lui phice et A le consoler. Il
/r-%
— 140 —
aimait la muàqae, et quelquefois les ac-
cords de son téorbe se mariaient aux voix
mélodieuses de ses filles.
« Pourquoi donc, mon père, lui disait
souvent sa douce Emma, ce front triste et
rêveur? Que pouvez-vons désirer! favori
du Protecteur, chargé d'un emploi hono-
rable, célèbre par vos écrits, entouré de
Taffection de vos enfiints, comment se foit-il
que vous ne soyez pas heureux? — Âh !
c'est que j'ai tout sacrifié à l'amour de la
liberté, et jusqu'à ce rêve de gloire qui
depuis si longtemps berce mon imagina-
tion! Favori du Protecteur, dites-vous?
oui, il se sert de moi comme d'un instru-
ment utile à son ambition. Célèbre par mes
écrits I quelques vers dont l'existence n'est
pas même soupçonnée par celui qui m'em-
ploie 1 Ah I ce n'est pas là ce qui enflamme
mon imagination, ce n'est pas à ces faibles
succès que se borne mon ambition de
poète ; non, j'ai là quelque chose qui me
dit que ce nom obscur de Milton est appelé
à une autre célébrité. Mais ce que je
cherche, ce que je médite, ce n'est pas
l'œuvre d'un jour ; le sujet qui fermente
là et que je mûris pendant les courts repos
de mes journées, pendant les longues in-
somnies de mes nuits, ce sujet n'embras-
sera pas seulement l'intérêt d'une faoûile
ou d'un peuple, mais de l'humanité tout
entière I
» Cependant, ce Dieu dont je veux chan-
ter la grandeur et la puissance, ce Dieu
qui doit donner à mon génie le sublime
élan dont ila besoin, vient, hélas ! me frap-
per cruellement et m'ôter peut-être jus-
qu'à l'espoir de réaliser ce rêve de ma vie.
— Mon père,' en VHus privant d'admi-
rer ses merveilles. Dieu n'a pas voulu
vous ôter les moyens de les célébrer, car
il a placé près de vous des filles qui seront
fières et heureuses de vous être utiles dans
de si nobles travaux. Oui, mon père, si-
lencieuses et attentives à vos côtés, nous
recueillerons religieusement les mots qui
s'échapperont de vos lèvres. Ah I ne crai-
gnez pas qu'un emploi si doux nous fati-
gue; non, soit le jour, soit la nuit, quand
dans votre génie inspiré viendront à éclore
vos sublimes pensées, nous serons là, et
rivalisant de zèle, cdies qui ne feront qu'é-
couta seront jalouses de celle qui tiendra
la plume, car la mémoire des filles de Mil-
ton passera à la postérité avec les vers
qu'elles auront écrits.
— Merci, enfants, merci ; mais le temps
n'est pas encore venu, et d'ailleurs qui
sait ce que l'avenir nous réserve? »
Milton avait raison de se défier de l'a-
venir : le bonheur des méchant» comme
un torrent s'écoule^ a dit un de nos grands
poètes. L'usurpation de Cromwdl ne pou-
vait durer. Cet ambitieux qui n'avait re-
culé devant aucun crime pour s'emparer
du pouvoir, devait tôt ou tard être puni
par la justice divine. Les plus noirs cha-
grins déchiraient son cœur. Ses filles, ses
gendres détestaient sa tyrannie. Les ter-
reurs attachées à son crime le poursuivaient
partout; couvert d'une cuirasse, chargé
d'armes offensives, environné d'une garde
nombreuse, ne couchant pas trois nuits de
suite dans la mêtne chambre , il craignait
sans cesse d'être assassiné. De si vives agi-
tations lui causèrent une fièvre dont il
mourut le 3 septembre 1058. Richard,
son fils, vaine ombre de Cromwell, promp-
tement convaincu de son incapacité, ab-
diqua, et Chafles II, rappelé par la nation
fatiguée de révolution et de tyrannie, re-
monta sur le trône de ses pères.
La courte durée de la révolution, en
rapprochant toutes les scènes de ce drame
terrible, et en ne laissant vieillir aucune
injure, donnait plus de vivacité à toutes
les haines et à tous les désirs de punition
et de vengeance. Les insultes si odieuses
que Milton avait proférées contre la
royauté; son enthousiasme pour une li-
berté devenue sanguinaire, ses engage-
ments dans le parti de Cromwell, son apo-
logie du régicide, appelaient sur lai les re-
gards du nouveau parlement. Pour éviter
— 141 —
les persécntioBS qu'il redoutait, il s'était
retiré cliez un vieil ami, où il espérait
trouver un sûr abri et le repos Ce
fut vainement; il avait blessé trop de
cœui*s, il avait fait couler trop de larmes
pour être oublié dans la prosciiption.
Cbarles II était un prince doux et géné-
reux ; mais, trop occupé de ses plaisirs, il
s'inquiétait peu de ce qu'on faisait en son
nom ; il avait prodamé une amnistie, dans
laquelle il avait laissé introduire un grand
nomlM« d'exceptions qui permettaient à la
haine d'exercer ses vengeances. Surpris
dans son humble réduit, Milton fut arrêté
par ordre du parie ment. Ni les larmes ni
les prières de ses filles ne purent attendrir
les soldats chargés de le conduire en pri-
son. Enfin, à force de suppliques, elles
obtinrent la grâce de servir de guide à leur
père aveugle, et de rester près de loi cha-
cune à son tour.
Tandis que Milton, voyant toutes ses il-
lusions détruites, réfléchissait à Tincon-
stance des choses humaines, et se résignait
à son sort, une seule pensée préoccupait
l'esprit de ses filles : sauver leur père,
l'arracher au trépas qui le menaçait, c'é-
tait presque impossible; mais y a-t-il quel-
que chose d'impossible I l'amour filial?
Argent, promesses, tout avait échoué au-
près de ses gardiens; le temps s'écoulait,
et les pauvres filles commençaient à déses-
pérer, lorsqu'une pensée soudaine vint ra-
nhner Emma. Elle avait entendu souvent,
dans d'autres temps, reprocher à son père
l'évasion de lord Davenant Davenant,
l'un des plus zélés partisans de Charles I",
lui qui a partagé l'exil et les dangers du
fils de son roi ; il doit être revenu avec
lui, se dit-elle, il doit être en faveur à la
cour. Elle part, elle s'informe ; c'est dans
le palais du roi qu'il faut pénétrer, elle y
pénétrera, elle, la fille de Milton, du fa-
vori de Gromwell !. .. car c'est la grâce de
son père qu'elle va chercher.
Après bien des essais, bien des démar-
ches, le succès couronne sa persévérance,
elle est devant Davenant « Milord, lui dit-
elle en se jetant à ses pieds, je suis la fille
de Milton; il est accusé, il est captif, je
viens savoir si Votre Grâce se souvient en-
core comment on sauve un prisonnier. —
Le cœur d'un vrai gentilhomme n'a pas
besoin qu'on lui rappelle un service, car
il ne l'oublie jamais. Relevez-vous, miss,
et comptez sur moi. Cependant ce sera
difficile... — Gromwell était- il moins se*
vère que Charles II? — Je sais le danger
auquel s'exposait votre père, et je sais que
je lui dois la vie. Connaît-il votre démar-
che ? — Il ne l'aurait pas permise. — Re-
tournez près de lui et attendez avec con-
fiance... j'espère lui rendre plus qu'il ne
m'adonne. »
Soulagée par cette douce promesse ,
Emma courut reprendre sa pénible et no-
ble surveillance; elle comptait les heures et
les instants auprès de son père, qui, muet
et pensif, attendait son sort avec une fer-
meté stoïque. La voix de ses enfants l'ar-
rachait seule à ses som))res méditations,
« Ne me laissera-t-on donc pas, s'écriait-il
parfois, le temps d'accomplir mon œuvre ?
et ce feu qui brûle là doit-il s'éteindre
sans avoir rien produit?
— Rassurez-vous, mon père, lui disait
Emma, qui cependant dévorait ses larmes,
car elle commençait à désespérer, on dit
que le roi... — Je n'attends rien du roi
que la vengeance et la mort; mais il me
fait bien languir I »
Un soir, Emma venait de dire la prière,
et lisait un passage de la Bible, lorsque
des pas se firent entendre ; la porte de la
prison s'ouvrit, de nombreux soldats pré-
cédés d'un chef pénétrèrent dans le cachot
(c Ëh bien, s'écria Milton, faut-il mourir ?
je suis prêt — Voici l'ordre du roi, dit le
chef en présentant un parchemin* >i— Je
ne puis le lire, et que m^apprendrait-
il ? Ah I peut-être le nom de celui que
Charles a chargé du soin de sa vengeance.
— Le porteur du message est milord Da-
venant, répondit le chef. ^ Davenant ! oui.
^^s—
11^
~ 142 —
celui .qu'autrefois..^ mais les temps &<mt
change ! Je duis prêta vobs suivm
— L'ordre de Sa Majesté doit tods être
lu. — J'écouro. N^ Mademoiselle, dit<Da-
.venant à £111013, Yeuillez faire connaître
la volonté de Sa Majesté. »
Emma prit en tremblant le papier et hit
4*une voix émue : «Charles II, roi d'Angle-
teiTe... — Passez les tHres, interrompît
-Milton. — Voulant, reprit Emma, égaler
la récompense au bienfait, et joindre la
•justice à la clémence, accordons à Datc-
nant, pour pm de sa fidélité, la grâce de
-Milton — Vous vous vengez en poète,
mi'ord , dit l'aveugle. — J'acquite une
det(e, répondit -Davt^nant, et je vous dis à
m->n tour : Reprenez vos travaux et payw
•à la postérité le service que je vous rends
en son nom. -^ Oui, avec la liberté je re-
trouverai mon génie; l'air de la captinté
lui était mortel; je vais reprendre mon
v6\ dans ce monde divin que je n'aurais
pas dû quitter. »
Libre et oublié, Milton se livra tout
ent'cr à la composition de fou œuvre im-'
mortelle. Retiré dans une modeste habi-
tation, tourmenté de souffrances physiques
et morales, subissant la perte de ses illu-
sions, rhuniiliation delà disgrâce publique,
la honte de voir ses écrifs politiques, dont
il avait été si fier, brfllé^ par la nnin du
bourreau, tout venait Taccabler; dans sa
vîc étroite et pauvre il n'avait qu'une con-
solation, l'amour de ses enfants; qu'un
refcge contre ses tristesses, le travail. Sé-
paré de la terre par la porte du jour et par
la haine des bommes, 9 n'appartenait plus
qn'A ce monde mystérieux dont il dé ri-
vait les merveilles. II vivait en lui-même
dans le vaste champ de sa pensée et de ses
souvenh's.
Chaque jour Milton se faisait lire par
Emma un chapitre de la Bible hébraïque,
et des vers d'Homère. Voici en quels
termes un grand pcjëte qui, lui aussij a il-
lustré son paysy M. de Chateaubriand nous
représente sa fiUe faisant cette kctareà
0on père :
Ostelle qui souvent dans un docte entretien
Relit le vieil Homère à l'Homère chrétien ;
Et des teites sacrés interprète modeste,
A son père elle rend la lumière céleste ,
En échange eu jour ^'eUe vécut de lui.
Après ces leciitres, Mâlon trafraillaît
à lion poème. Assises près de hii, ses
filles recueillaient avec soin les vers iqui
s'échappaieat de sa pensée ;€^ Dae4eoos
scènes teuebantes r[aVi reproduite snr ia
toile Tauteor du charmant tableau éfM,
•nous vous donnons au jonrd'ltui k copie.
An milieu de cette vie «isipk et eceu-
pée, le Paradis perdu fat prompleaient
terminé. Dtnxans «après, Mîtton tendit son
manuscrit trente livres sterling, fiayables
à des conditions qui indiquaient àa dé^
fi::nce de l'éditeur. La censure vint àsan
tour en retarder la publkatitm. Enfin l'ou-
vrage parut; et fe poème, i|iii devait lùre
rorguetl de TAvgktetYe, n'obtint noenn
soccès. Le nom de l'aiHeur lui était défa-
vorable. Le sujet qu'il «tait choisi attirait
peu l'attention. Les amis du trône et des
lois repoussaient le défenseur fanatique du
régicide. Les hommes frivoles et légers
qui peuplaient la eour de Charles, les
beautés célèbres amusées par les vers ga-
lants ou satiriques des Rocbester et des
Waller, et par les comt dits de Wicberley,
ne, pouvaient éprouver que du dédatn et
de l'ennui pour un sn^t si grave et si
triste. L'indifférence religieuse qui avait
succédé aux fureurs des puritains, l'élo-
quente frivolité qui était alors une mode ,
jetaient une sorte de dérision sur des chants
religleupc. Aussi le génie de Milton resui-
t-il inconnu et son poëme sans lecteur. Ce
ne fut que plusieurs années après sanaort,
arrivée en iô^Zi, qu'Addisson prouva mé-
thodiquement que Milton était un géoie
auquel il n'avait manqué que le climat et
lalangne d'Homère, ajoutant |que si on
refusait à cet ouvrage le nom de poème
SALON 0E.185I
M3LTDN
Liiil If l'.ii-.iJis pml» ,i
i
^
—, 145 —
épique, il faudrait rappeler un po€ine
divin.
Dès lors on passa de l'indifférence à
l'enthousiasme; l'Angleterre, si orgueil-
leuse de tout ce qu'elle produit, se vante
de son Milton comme dis soi^ SJ^akçpc^e,
cet enthousiasme ne fit que s'accroître,
et les filles de Milton, qui l'avaient aidé de
leurs faibles moyens dans ses longs et as-
sidus travaux, passèient à la postérité avec
le nom à jamais immortel de leur père.
A. JADm.
QUAND Oi\ Nk PAS CE QUE L ON AIME
n faal iMm^^r ce que Ton a.
CHANSON.
Paroles de F. de CQVïiCY^ musique de L. Clâpisson (1).
C'en ici-ba» la loi.cQmmqqe
De Q'aToir pas tout ce qu'on veut.-.
Au jour le jour vit la fortune
Et le hasard fait ce qu'il peut
Point de regrets, point de blasphèmes...
Retenei bien cet aviv-là :
Quand on n'a pat oe que l'on aine.
Il iai|t aimer ce que l'on a»
La vie au printemps se colore ;
Partout des plaisirs enchanteurs I
Moi, la campagne, je l'adore.
J'aime les prés, les bois, let fleurs I
L'hiver revient... autre syi^l^^;
Je me résigne À l'Opéra...
Quand on n'a pas ce que l'on aime
Il faut aimer ce que l'on a.
Ahl plaignes un millionnaire
Qui ne peut pas vivre à son. goût*.*
Moi* j'aimerais un ordinaire
Simple et réglé, frugal, surtout 1
Mais on me sert, toujours, quand même,
Truffes, Champagne et Malaga !..
Quand on n'a pas ce que l'on aime,
11 ùut aimer ee que l'on a.
]>ans ses moments de r^verie^
Au bivouac, en pays conquis.
Le soldat songe à la patrie,
A ses parents, à ses amis ,
Tout son bonheur est un problèma...
Mais il se dit : La gloire est là 1
Quand on n'a pas ce que l'on aime,
11 faut aimer ce que l'on a.
Je connais une demoiselle
Qui vous déclarait sans façon
Ne vouloir qu'un mari modèle.
Un Adonis, un Apollon!
Mais pour répondre à cet emblème
Qui croyes-YOus qu'on lui donna...
Quand on n'a pas ce que l'on aime»
U faut aimer ce que l'on a.
L'objet aimé soudain vous quitte
Et doit-il jamais revenir?
A l'amitié qu'on déshérita
Du moins il reste ua souj^enir...
C'esl un portrait, gage suprême,
Que sur SQU cœur on gardera...
Quand on n'a pas ce que l'on aimOi
Il faut aimer ce que l'on a.
Loin d'aceuser le sort contraire,
Le mieux ^ de voir tout en beau...
Si nous n'avons qu'une chaumière,
Qu'elle soit pour nous un chàteai^ I
Enfin, en politique^ même,
C'est mon journal qui dit cela :
Qaapd on n'a pas ce que l'on almOt
11 faut aimer ce que l'oi) a.
Cette chanson que j'ai chantée
Vous aimeriez mieux ici,
Qu'elle TOUS fût interprétée ,
Par Lablache, ou par Alboni;
Pour YOtts akuTi quel dkavne extcémel
Mais par malheur, moi, je suis là.....
Quand on n'a pas ce que Ton aime,
Il faut aimer ce que l'on a.
(1) Chex I. MeissoDuicr fils, 18, rue Dauphine*
^^^%(2C;
S)îÉ>
— 144 —
REVUE DES THÉÂTRES.
Bataille de Dames, comédie en trois actes
et en prose, par MM. Scribe et Ernest
LegouYé.
Le théâtre représente un galon d'été. À droite,
deux portes, un canapé, une petite table à
ou?rage. An fond, une porte ; V gauche, une
porte et un guéridon. Au milieu du salon, un
portrait est posé sur un chevalet.
La ieèn9 tepasie au château d^Àutreval, près
de Lyon, en octobre 1817.
An lever du rideau , Charles , en livrée
élégante» redingote gros-bleu, ornée d'ai-
guillettes, bottesàlaSouwaroff, chapeau
galonné, est arrêté devant le portrait et dit :
«C'est charmant I... une finesse I une
grâce I 9 Léonie , jeune fille d"". seize ans ,
Yient'd'entrer : « Qu'est-ce que j'entends I •
dit -elle étonnée; puis, après un moment de
silence : « Charles I reprend-elle d'un ton
sévère. — Mademoiselle ! répond-il en
s'indinant. — Que faites-vous là T — Par-
donnez-moi, mademoiselle, je regardais le
portrait que vous faites de madame votre
tante, notre maîtresse. . . car je l'ai reconnue
tout de suite , tant il est ressemblant —
Qui vous demande votre avis 7... Les let-
tres, les journaux? — Voici ce que j'ai
rapporté de Lyon pour tout le monde...
pour mademoiselle d'abord. — Donnez !...
Ah! d'Hortense» mon amie de pension.
(Elle lit sa lettre.) Chère Hortensel elle
s'inquiète des troubles de Lyon, des dan-
gers qui nous environnent. « Quant à Pa-
» ris, à la cour» il est difficile que cela
» aille bien , en l'an de grâce 1817 , sous
» un roi qui fait des vers latins et ne donne
» pas de baL » Elle me demande : Si je me
marie... Ah I bien oui !... est-ce que l'on
a le temps de songer à cela!... les jeu-
nes gens s'occupent de politique , et non
pas de demoiselles I » (Charles lisant les
adresses et posant les lettres sur la table : )
Madame la comtesse d'Autreval, née Rer-
madio; timbrée d'Auray, pleine Vendée...
(Léonie* fronce les sourcils.) C'est tout
simple t.. • une excellente royaliste comme
Madame. -— Encore ! dit impatiemment
Léonie. — Pour le frère de Madame, con-
tinue Charles^ et pour M. GusUve de Gri-
gnon, ce jeune maître des requêtes qui est
ici depuis huit jours. — Donnez-moi les
journaux !— Les voici ! — Dans un bel eut !
— Le cocher et la femme de chambre
voulaient les lire avant Madame et Made-
moiselle , ce qui est leur manquer de res-
pect... et je me suis opposé... — Je ne
vous en demande pas tant !— Je ne croyais
pas que Mademoiselle me blâmerait de mon
zèle... — Ce qui souvent déplaît le plus...
c'est l'excès de zèle. — Comme disait
M. de Talleyrand, ajoute en souriant Char-
les. — Voilà qui est trop fort I s'écrie Léo-
nie encore plus étonnée, et si monsieur
Charles se permet... — Qu'y a-t-îl donc,
ma chère? dit en entrant la Comtesse. —
Ce qu'il y a, ma tante, c'est monsieur
Charles qui cite M. de Talleyrand I — Un
homme qui a porté malheur à tous ceux
qu'il a servis... c'est une mauvaise recom-
mandation pour un domestique I... Ras-
sure-toi... Charles aura lu cela quelque
part... sans comprendre... — Oui, ma-
dame, répond Charles en s'indinant avec
une grâce respectueuse , et je ne pensais
pas que cela offusquât mademoiselle. —
Offusquât I répète Léonie... un subjonctif,
à présent — Pas un mot de plus ! dit la
Comtesse à Charles qui veut s'excuser;
vous parlez trop... vous oubliez votre si-
tuation... Votre place d'ailleurs n'est pas
ici » (Charles lui remet ses lettres, la salue
respectueuement et se retire.)
Léonie, dans un coin du salon, parcourt
©5^^
v4^«
— t4o
le jonrna]» tandis qae la Comtesse s'assied
sur aa canapé.; elle oa?re nne de ses let-
tre^. « C'est de ma pao?re amie I... dit-elle
aYec émotion; comme elle tremblait en
m'écrivant I (Elle lit :) u Ma chère Cécile,
» soyez bénie mille fois ! Je reprends espoir
9 depuis que je sais mon fils auprès
9 de yods; votre château, situé à deux
» lieues de la frontière, lui permet d'at-
» tendre sans danger Tissue de ce procès
» fatal... Et, d'ailleurs, qui pourrait soup-
9 çonner que le château de la comtesse
» d'Autreval recèle un homme accusé de
9 conspiration contrôle roi ? Du reste, que
9 Yos opinions politiques se rassurent... »
(Gomme si mon cœur avait des opinions
politiques I ) « c'est un malheureux coup de
> tête qui a donné à Henri une apparence
» de conspirateur, mais qui suffirait pour
> le perdre s'il était pris. 0*un autre côié,
> Ton assure que Ton ne veut pas pousser
» plus loin les rigueurs... » — Ah ! s'écrie
L^nie. — Qu'est-ce donc? demande la
Comtesse. — Encore une condamnation â
mort I et montrant le journal elle lit : « Le
» conseil de guerre séant à Lyon a con-
» damné hier le principal chef du complot
» bonapartiste , M. Henri de Flavigneul ,
» un jeune hojame de vingt-cinq ans. »
—Qui heureusement s'est évadé avec l'aide
de quelques amis, dit la Comtesse. — Oui,
oui !... je me rappelle maintenant., ajoute
Léonie, cette évasion qui excitait l'enthou-
siasme de IVI. Gustave de Grignon. Â propos,
il m*a engagée à danser avec lui , car nous
avons un bal et un concert pour votre fête. ..
et j*ai pensé à votre coiffure, un azalia su-
perbe que j'ai vu dans la serre et qui vous
ira à merveille! — Coquette pour ton
compte, je le concevrais, mais pour ta
tante !.. — Vous, c*est moi ! si bien que
quand on fait votre éloge , ce qui arrive
souvent, je suis tentée de remercier. ( Se
mettant â genoux près de la Comtesse. )
Aussi , jugez de ma joie lorsque ma mère
m*a permis de venir passer un mois ici,
auprès de vous. .. Il me semblait que, rien
DIX-NEUYIBaiB ANNÉE, 4* SÉRIK. ^ N* V.
qu'en vous regardant , j'allais devenhr par-
faite... Vous souriez... est-ce qua j'ai mal
parlé?... — Non, cher fille, car c'est ton
cœur qui parie... Si je souris , c'est de la
candeur avec laquelle tu me dis : Je vous
admire 1 —C'est si vrai !. . . A la maison, l'on
me raille et l'on répète sans cesse : Oh !
quand Léonie a dit... ma tante f elle a tout
dit! On a raison... La mode que vous
adoptez, la robe que vous portez me sem-
blent toujours plus belles qu'aucune autre.
On dit même... vous ne savez pas, ma
tante ? on dit que j'imite votre démarche
et vos gestes... C'est bien sans le savohr. ..
Et quand vous m'embrassez en m'appelant,
ma chère fille I je suis presque aussi heu-
reuse que si j'entendais ma mère. — Prends
garde I dit en l'embrassant la Comtesse, il
ne faut pas me gâter ainsi... j'aurai trop
de chagrin de te voir partir... ce sera ma
jeunesse qui s'en ira t — Mais vous êtes
très -jeune à vous tonte seule, ma tante I —
Certainement d'une jeunesse de
Voyons, devine le chiffre?... —Je ne m'y
connais pas, ma tante. — Je vais t'aider...
Trente — Trente*. ... répète Léonie.
— Allons! fais-un effort.... — Trente
et un I — On ne peut dire moins I... j'a-
chèverai donc. .Trente-trois!. ..Oui, chère
fille, trente- trois ans... L'année prochaine,
je n'en aurai peut-être plus que trente-
deux ; mais maintenant voilà mon chiffre.
Hein !... quelle vieille tante tu as là I... —
Vieille ! . . . chaque matin je ne forme qu'un
vœu, c'est de vous ressembler I — Ce que
tu dis là n'a pas le sens conmiun, mais
c'est égal , cela me fait plaisir. Eh bien 1
voyons , mon élève » car j'ai promis à U
mère de te faire travailler... as-tu dessiné
ce matin? — J'étais descendue pour cela
dans ce salon , répond Léonie se relevant ;
devinez qui j'ai trouvé devant mon cheva-
let?... monsieur Charles I — Eh bien? —
Eh bien > ma tante I il disait : C'est char-
mant ! — Et cela t'a rendue furieuse? —
Certainement!... un domestique; est-ce
qu'il doit savoir si un dessin est joli ou
10
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»^©G^;
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— ÏA6 —
noB ? — Oh I petite marquise! — Ce n'est
pas tout ! croiriez - vous, ma tante, qu'il
chante ?— Eh bien. .. s'iJ est gai. ce garçon !
Est-ce que Dieu ne lui a pas permis de
chanter comme à toi? — Mais... c'est
qu'il chante très-bijn ! voilà ce qui me ré-
volte! — Ahl... ah!... Conte-moi donc
cela T — Hier , je me promenais dans le
parc ; arrivée derrière la haie du bois des
Chevreuils, J'entends une vohr qui chan-
tait les premières mesures d'un air de Ci-
marosa ; mais une voix charmante, pleine
de goût... Je m'approche... c'était mon-
sieur Charles ! — En vérité ! — Vous riez,
ma tante, continue Léonie avec dépit; eh
bien, moi, cela m'indigne... je ne sais pas
pourquoi, mais cela m'indigne I . . .Comment
distinguera-ton un homme bien-né d'un
vatet de chambre, s'ils sont tous deux élé-
gants de flginre, i% manières? car remar-
quez, ma tante, qu'il est tout à fait bien
de sa personne, et îorsqu'à table il vous
sert, qu'il vous offre un fruit, c'est arec un
choix de termes, un accent de bonne com-
pagnie qui me mettent hors de moi...
parce qu'il y a de l'impertinence à lui de
s'exprimer aussi bien que ses maîtres; cela
nous déconsidère, cela non?... enfin , ma
tante, ajoute-t-elte avec impatience, je ne
sais comment vous exprimer ce que je res-
sens; mais moi, qui suis bienveillante pour
tout le monde, j'éprouve pour cet insolent
valet un€ antipathie qui va jusqu'à l'aver-
sion, et si j'étais maîtresse ici, bien certai-
nement il n'y resterait pas 1 — Là, là !
calmons-nous. ..Le temps est beau, va met-
tre ton habit de cheval, et tu essayeras ma
ponette dans le parc. *- Avec vous, chère
tante? --^ Non, avec mon frère. Charles
vous suivra; il est fort habile cavalier, et
son habileté rassure ma tendresse pour toi.
— J'y vais, chère tante. Ah ' je le déteste I »
dit-elle en s'en allant.
La Comtesse sonne ; Charles entre, où
plutôt Henri de Fiavigneul , car c'est lui
qui est caché sous les habits d'un dômes*
à être découvert. . . Henri répond que cette
vie de conspirateur poursuivi l'amuse
comme un roman, a Eh bien 1 reprend h
Comtesse, dites-vous que si vous étiez con-
damné, votre mère mourrait de votre
mort ; dites-vous encore que si vous étiez
arrêté chez moi , j'aurais tout à la fois lé
âé:<iespoir du regret et le dése^ir du re-
mords... Retracez- vous tontes ces dou-
leurs, c'est du dramatique aussi, cela...
c'est amusant comme un roman*. • Ah!
vous n'avez pas de coeur t — Pardon ! dit
Henri^ ému, j'ai tort; quand notre existence
inspire de telles sympathies, elle doit nous
êire stcrée... Je veillerai sur moi... pour
ma mère et pour... (il lui prend hi main }
pour ma sœur \ — A la bonne heure I
Mais quel coup de tête a pu faire de vous
un conspirateur ? — Vous savez que ma
famille était attachée, comme la vôtre, à b
monarchie ; mon père refusa de paraître à
ta cour de l'empereur. — Oui, ajoute la
Comtesse, il avait la manie de la fidélité,
comme moi ! — Mais le jour ou j'eus quinze
ans: « Mon fils, me dit-il, j'avais prêté
> serment au roi, j'ai dû le tenir et rester
» inactif; toi, tu es libre; un homme doit
» SCS services à son pays , tu entreras à
» seize ans à l'École Militaire , et à dix-
• huit dans l'armée. > Je répondis en
m'engageant le lendemain comme soldat ,
et je fi^ la campagne de Russie et d'Alle-
magne... C'est vous dire le peu de sympa-
thie que j^ai pour le gouvernement que
vous aimez... Cependant, je vous le jure,
je n'ai jamais conspiré... et je ne conspi-
rerai jamais , parce que j'ai horreur de la
guerre civile, et que, quand un Français
tire sur un Français, c'est au cœur de la
France dte-même qu'il fi^ppe !.. ..
Il y a un mois, j'entre un matin à Lyon,
je vois, rangé sur la place Bellecour, un
peloton d'infanterie, et, avant que j'aie pu
demander quelle exécution s'apprêtait.....
arrive une voiture de place suivie de cara-
biniers à cheval ; j'en vois descendre, en*
tique ; elle le gronde de s'exposer sans cesse j tre deux soldats , un vieillard en cheveux
'^/^^
«^•^Ki-^i.-y^
^^^
— 44f —
.>6^3
Uaio»» ea {nuid uaiforme, et je recoiH
Jiais... noB ancien .général, qui a reçu
fingt blessures au service de notre pays I
Je m'élance, eroyant qu'on l'aiBeoait
pour le fusiller I... Non I c'était bien pis
«ncore,.. poar te dégrader 1 Était- il cou-
pable 7 je rjgBor&v. Mais qnt'lqae crime
podUciqoe qu'ait commis ua brave soldat, on
nele dégrade pas. .. ou le tue ! Aussi, qoand
jie vis un jenne coinnanâant arracbor à
ce vieillard sa décoration, je ne me conams
pins moi^mêske, je m'élançai vers mon an-
cien général, et lut remeiiant b croix qoe
j'avais reçve de sa main, je m'<éeridi : Vire
Tempereur ! — JUaUieu-reax ! dit avec le
.plus tendre intérêt la Comtesse. — Saisi,
■arrêté, je serais enoore en prison, ou plu-
tôt je ne serais plus de ee monde , ^i le
.gedlier, gagné par vous, ne m'avait donné
te moyen de fair, ici... chez une royaliste,
'flion ennemie... Ici, où j'ai le double bon-
•henr d'être sauvé... et sauvé par vous !.. .
Yeilà mon crime! — Dites votre gloî'e,
Henri... Mais, je vous sauverai.. . Qu'ils
vteanent vous chercher auprès de moi ! »
Blte sort avec Léonie q ui venait de met tre
son habit de cheval ; Henri les accompagne.
AL de Grignon entre ; il buit des yeux la
Comtesse qu'il admire et qu'il aime; n'6.«ant
lui offrir sa main, il se décide à lui éerire ;
sa lettre faite, il la place sur le guéridon,
BOUS BU petit miroir, et se Muve. La Com-
tesse rentre soutenant sa nièce presque
évanouie , et l'assied sur le canapé.
n Ma tante I ma tante! s'écrie Léooie
avec joie, reprenant connaissance, si vous
saviez ! C'est une aventure si éton-
DADte... ou plutôt... si heureuse! Imagi-
neK'VOUs» ma tante, que Charles... (se
reprenant) non, monsieur Henri... non...
je disais bien! Charles... ce pauvre Char-
les... — Tu sais tout? s'écrie avec effroi
te Comtesse. — £h ! oui, répond Léonie ;
mais je me tairai, n>a tante, je vous le
jure... Je vous aiderai à le proléger, à le
défendre... ne fût-ce que par reconnais-
sance... — Mais tout cela ne m'explique
rten, ditâvcc impatience Ja Comtesse. «^
C'est juste 1 répond Léonie. Voilà donc
qoe nous galopions daos te parc avec
mon onde, quand, tout à coup, son cheval
prend peur, la ponetle en fait autant et
m'emporte du côté du bois. D^à ma jupe
s'était accrochée à «ne branche ; j'allais
être arrachée de ma sclte et traînée peut--
être sor la route, quand Charles... -moii-
sleur Charles se précipite à terre , se jette
au-devant de la ponelte , l'arrête d'une
main, me retient de l'autre, et me dépose
à moitié épanouie sur le gazon. — Brave
garçon ! dit la Comtesse émue. •— Et mA-
gré cela, j'étaij d'une colère... — Tu lui
en voulais de te sauver 7 — Non pas de me
sauver , mais de me sauver avec ei peu de
respect. Ims^nex^vous, ma tante, qu'il m?
prenoit tes m^ias pour me tes réchauffer,
me faisait respirer un flacon... Je vons de-
mande si un domestique doit avoir un fla-
con! et qu'il répétait sans cesse, comme il
aurait fait pour son égale: Pauvreeniantl...
pauvre enfant I ... Je nftpouvais pas répon-
dre, parce que j'étais évanoote. . . miis j'é-
tais ti*ès^n oolèit), en dedans, et tersfu'en
ouvrant les yeux je te trouva à mes ge-
nonx.. . presque aussipête qvemoi, et qu*il
me tendit la main en ine disant : £h bien,
chère demoiselle, coain>ent vons trouvée-
vous 7... mon indignation fut telte^ qne je
répondis par un coup de eravaclK dontje
frappai la main qu'il oaait me tendre...
puis je fiMidis en larmes. . . sans savoir pour-
quoi. — Après? dit avecioquiétudela Com-
tesse. — Après?... juges de OKI surprise,
de ma jote , quand je le vis se relever en
«ouriant... découvrir sa tête avec une
grâce charmante, et médire, après m'a^oir
saloée : Que votre légitime orgueil ne s'a-
larme pas de ma témériié, mademoiselle ;
celui qui a osé tendre la main à maéemoi-
selle de Villegontier , ce n'est pas Charles,
le vakt de chambre... c'est M. Henri de
Flavig^leul, te proscrit. — Ah I te malheu-
reux 1 il se perdra ! — Parce qu'il m'a con-
fié son secret 7 Ah ! ne redoutez rien... je
^ 148 ^
serai forte. . • il 8*agtt de lui ! ^ De lai I dit
irivement la Comtesse. — Pardonnez-moi,
répond ayec aba adon Léonie; mais pourquoi
vous le cacher, à t«us7... Eh bien, oui,
depuis quinze jours je ne pouvais m'expli-
qner à moi-même ce que je ress.^ntais...
c'était de h honte, de la colère... — Que
veux-tu dire? demande avec anxiété la
Comtesse. — Si j'étais aussi indignée con-
tre lui... et contre moi, ma tante... c'est
que je l'aimais 1... — YonsFaimes ! s'écrie
la Comtesse. — Vous semblez irritée contre
moi, reprend Léonie; est-ce de ma con-
fidence tardive?. . . Je vous l'aurais faite plus
tôt, si je l'avais su plus tôt. — Laissez-moi I
— Vous ne me dites plus toi ! répond-
elle en pleurant. — Pardon, chère enfant,
si je t'ai affligée... c'est que je souffre...
(Elle l'embrasse vivement.) Laisse-moi, va-
t'en I — A la bonne heure, au moins I » dit
la pauvre petite en s'en allant.
Restée seule, la Comtesse s'effraye de
ses sentiments; elle aussi aime Henri... et
sa rivale est l'enfant de son cœur... « Eh
bien I reprend-elle après avoir vainement
combattu avec son cœur, qu'Henri choi-
sisse!... Mais, puis-je plaire encore? »
Elle prend pour se regarder la petite glace
qui est sar le guéridon, et découvre la let-
tre dans laquelle M. de Grignon lui de-
mande sa main... Elle peut donc espérer
encore être aimée I
Ici, la BataUle de Dames commence.
« Il y a bal et concert pour ma fête, se
dit la Comtesse, je chanterai, je dan-
serai... Léonie a seize ans... qu'elle se dé-
fende 1 » La tante et la nièce ont chanté
un duo. Henri exprime à la Comtesse son
admiration pour sa belle et touchante voix ;
mais l'inexpérience de Léonie était char-
mante ; cependant il s'ouUiait à causer avec
la jolie veuve, lorsque se. rappelant qu'il a
promis d'être le vis-à-vis de Léonie , il se
rend au baL . . Léonie entre au salon gar une
autre porte. Elle vient demander des con-
seils à sa tante. « Ma voix a paru plaire à
monrieur Henri, mais j'ai peur que ma
danse ne lui semble gauche ; hior vous me
reprothiez trop de raideur dans les bras...
les épaules pas assez effacées... — Et mal-
gré cela, tu étais charmante ! — Ah l tant
mieux I Si je plaçais comme vous quelque
ornement dans mes cheveux ?. . . Ce bracelet
de perles... — Enfant I qui ne sait pas qu'en
voulant parer un front de seize ans, on le
déparel... — Je ne meturai rien... Herd,
ma tante. Ah I j'oubliais... S'il me parle
en dansant., j'ai peur de lui paraître
sotte... donnez-moi un sujet de conversa-
tion... votre esprit lui plaît tant ! — U te
l'a dit? demande vivement la Comtesse. —
Oui!... et des paroles inspirées par vous
garderaient quelque chose de votre grâce. ••
J'y sais ?. .. je parlerai... — De quoi ? —
De vous I... sur ce chapitre- là , je réponds
de mon éloquence. — Ah ! bonne et ten-
dre nature, » dit avec effusion la Comtesse
ébranlée dans sa résolution de lui disputer
le cœur de Henri. Léonie court au bal;
la Comtesse l'observe de loin, la voit pâlir
et revenir éperdue : « Le château est en-
touré de dragons, dit-elle; ils viennent
pour l'arrêter I... — Du calme! reprend
la Comtesse. — Du crime I voos pouvez
en avoir , vous, ma tante, vous ne l'aimez
pas! ^Tu crois ?. .. Oh ! se dit la Comtesse,
s'il est en péril, ^il verra bien laquelle de
nous deux l'aime le plus I »
Henri vient confirmer la nouvelle : le
préfet de Lyon, M. de Montrichard, ac-
compagne les dragons ; Léonie, éperdue ,
pleure ; la douleur de la Comtesse lui donne
du courage. Quant à Henri, il bénit s(m
danger : « Sans lui, dit -il, vous verrais-je
toutes deux à mes côtés, me plaignant, me
défendant.. » La Comtesse fait éloigner
Léonie, et désire que Henri reste, afin que
M. de Montrichard le voie d'abord comme
domestique et ne le soupçonne pas. Elle
reçoit le préfet avec grâce ; mais apprenant
qu'il vient pour arrêter le chef d'un com-
plot bonapartiste, elle change de ton, se
plaint de l'injure qu'il lui fait comme far-
vente royaliste. « Je vais me venger, dit-
i
è
^fgî-
^^■^î^^^
— 149 —
elle en le faisant asseoir à ses côtés sur le
canapé. (Henri se rapproche.) Yons écou-
tez, je crois, lui dit sèchement la Com-
tesse ; faites yotre service I (S'adressant an
baron.) Yoas rappelez-ifous qn'ii y a dix-
hnit ans nn jeune magistrat fut envoyé au
château de Kermadio pour arrêter trois
chefs vendéens ? — C'était moi ! — Vous
étiez alors procureur de la République. —
Vous croyez î — J'en suis sûre. — C'est
possible 1 — Tous souvenez-vous qu'une
petite fille de treize à quatorze ans... —
Fit évader trois chefs vendéens à ma barbe,
et cela avec une adresse 1... — Épargnez
ma modestie, monsieur le Baron ; cette pe-
tite fille, c'était moi ! — Vous 7 madame...
— Douze ans après, en Normandie... où
TOUS étiez fonctionnaire, sous l'Empire...
— Madame!... dit avec embarras le Ba-
ron.— Vous rappelez-vous ces compagnons
du général Moreau qui allèrent rejoindre
une frégate anglaise... — Sous prétexte
d'un déjeuner en rade... — Où je vous
avais invité... Vous voyez que nous avons
déjà combattu sur terre et sur mer... Nous
voici de nouveau en présence : vous, cher-
chant toujours, moi, cachant encore, à ce
que vous croyez... Rien de changé à la si-
tuation , sinon que vous êtes aujourd'hui
préfet de la royauté. Eh bien I Baron, sui-
vez mon raisonnement... Ou monsieur de
Flavigneul est ici, ou il n'y est pas. — Il y
est, madame. — A moins qu'il n'y soit
pas. — Il y estl — Décidément?... Eh
bien 1 vous savez comme je cache .. cher-
chez I (Elle se lève , et voyant rire Henri.)
Que faiies-vons là avec vos bras pendants?
servez des rafraîchissements à monsieur le
préfet Adieu, Baron, ou plutôt au revoir!
car si vous restez ici jusqu'à la capture
faite... vou| voilà chez moi en semestre. •
(Elle lui bit la révérence et sort.)
Le baron ne sait plus ce qu'il doit croire.
(Apercevant Henri qui le suit avec des ra-
fraîchissements), ff Combien vous donne
votre maîtresse pour vous malmener comme
tout à rheure ? — Rien, monsieur le Ba*
^^Cr
ron.—Yeux-tu gagner de Pargent ? — Oui,
monsieur le Baron. — (Mystérieusement.)
M. de Flavigneul doit être caché dans ce
château. — Âh ! — Si tu veux me le mon-
trer... je te donne vingt-cinq louis. Pour-
quoi ris-tu ? — C'est que c'est de l'argent
gagné... Ou je me trompe fort ou je vous
le montrerai... — Voilà un louis d'avance.
— Merci, monsieur le Baron. — Va-t'en,
car la Comtesse est fine 1. . . — Si je me fai-
sais attacher par Madame à votre service,
nous pourrions plus facilement nous par-
ler. — Très-bien I Je vois que je ne me suis
pas trompé en te choisissant (Henri sort)
Léonie entre, pensive, croyant trou-
ver sa tante dans le salon. « Vous savez ,
mademoiselle, lui dit le préfet, que je viens
pour vous ravir quelqu'un qui vous est
cher ? — Il veut me sonder, se dit Léonie,
je vais être fine. (Haut.) Je ne sais ce que
vous voulez dire, monsieur. * J'ai changé
d'idée, je ne crois pas que M. de Flavigneul
soit ici. — Ah ! — Et je pars. — Tout de
suite I s'écrie-t-elie avec joie. — Votre em-
pressement me donne des soupçons. — ^Je ne
comprends pas.. . dit-elle avec trouble. —
Ce ne sont que des soupçons. .. car je crois
que M. de Flavigneul n'est pas, ou n'est
plus dans ce château. — Vous avez bien
raison ! — Je vais faire fouiller les bois...
(L'observant.) — Faites, monsieur le Baron.
— ( À par t ) U n'est pas dans les bois. (A Léo-
nie.) Visiter les combles, les placards, les
cheminées du château. — C'est votre devoir»
monsieur le Baron. — (A part) Il n'est pas
dans le château!... Examiner... car il y a
aussi des déguisements... (Elle tressaille.)
Interroger les domestiques... (Elle trem-
ble.) Puis, je serai forcé d'accomplir mon
pénible devob*. — Oh I vous ne l'enverrez
pas à la mort I s'écrie Léonie éperdue ; il
a une mère qui mourra s'il meurt; il a des
' amis qui ne vivent que de sa ^ie... Grâce I
'^ n'a pas conspiré... il me Ta dit... — Pre«
nez garde I mademoiselle , vous me parlez
comme s'il était en mon pouvoir... Il est
donc ici ? — Je ne l'ai pas dit.. — Quand
tvQ^
— 1^0 —
j'ai parlé d'ioterroger les domestiques vous
avez pâli... — Moi 7 — Vous m'avez dit :
Ne Tarrétez pasi... — Moil... (Aperce-
vant Henri qui entre, elle jette un cri ter-
rible et reste éperdue, la (été dans f es deux
mains. Henri s'approche de M. de Montri-
chard et lui dit à voix basse : ) — Je sui^
sur sa trace. — Et moi aussi. — Il est dans
ce château sons un déguisement — Bcavol
s'écrie le préfet. (Voyant que Louise a re-
levé la tête et le regarde. ) Vous êtes si
émue, mademoiselle, que je me retire.
(A Henri, en s'éloignant.) Veille à ce qu'tl
ne sorte pas d*icil — Il n'en sortira pas,
tant que j'y serai. Il reconduit le préfet
et retient se jeter sur une chaise en écla-
tant de rire. — Ah I ne riez pas, mon-
sieur, lui dit Léonie.— Quelle douleur sur
vos traiti^I qu'avez-vous 7 — Vous m'aviez
révélé le secret d'où dépend votre vie; c«
secret, je l'ai livré.— Comment I — Ici...
\ rinsunt même!. .. Oh! lâche que jesiâs!
J'ai eu peur... peur pour vous, mon-
sieur!... MoiI.«. TOUS perdre.... «joute
t elle sanglottant, moi, qui donnerais ma
vie pour vous sauverl— Qu'enteuds-je?...
s'écrie Henri. — Mais je ne survivrai pas à
votre arrêt... aussi^ je vous supplie de ne
pas m'en vouloir et de me pardonner...
(Elle se jeite à genoux. ) — Léonie I au
nom du ciel! .. relevez-vous t (La Com-
tesse entre vivement.) — Que fais-tu là? —
Je lui demande grâce. Par moi, tt^ut est
découvert, lout est perdu.— Non pas, s'é-
crie la Comtesse, je suis là, moi! (Un bri-
gadi(r de gendarmerie vient chercher
Henri.) N^avouez rien, lui dit tout bas la
Comtesse, je réponds de tout. (Il sort avec
le brigadier.*) Perdu par elle ! se dit U
Comtesse, sauvé par moi I »
Pour détourner les soupçons qui pla-
nent sur Henri, elle engage M. de Grignon
à se vêtir des habits du cocher et à la
conduire au château voisin. Le préfet s'in^
quiète de cette promenade ; il reconnaît
ce prétendu cocher pour l'avoir vu le
matin en bourgeois; on trouve sur lui
une lettre adressée à M. deFlavîgneiiL..
plus de doute I ... Il le fait emmaner par des
gendarmes et enfermer dans use dcseham-
bres du château. « Ta ne m'avais pas
trompé, dit lepréfetà Henri, qui entrait,
il était ici, sous on déguisement... ( Lai
prenant la main. ) Je le tiens ! — Eh bien !
monsieur, répond résolument Henri, qui
se croit découveit, ne sachant pas r«arresta-
tîon de M. de Grignon. — Silence !.. . Voilà
tes vingt-cinq loui^. — Qu'est-ce que cela
signifie ? — Que vous êtes saufé I lui
dit tout bas Lé< nie, gnâce à ma tanie.
(Pois elle conduit le préfet dans on oabiott
où il écrira au maréchal l'arrestation qa'il
^ientde faire.)
« Je vous dois la vie, dit Henri à la
Comtess*. — Pas encore ! j'ai détourné les
soupçons, mais tant que vous n'aurez pas
traversé la frontière, je craindrai toujours.
— Moi, je ne crains rien, grâce â celle dont
reprit, dont l'adresse... — Il n'y a eu que
du cœur, cher Henri. Vous croyez que
l'aiTcction pour un malheureux consiste à
perdre la tête au moment de son danger, à
le trahir par son émotion, comme foat les
enfants... Non, Henri, la tendresse pro-
fonde c'est de rire en face du péril , de
railler avec la mort dans le cœur; seule-
ment, quand le danger s'éloigne, le cou-
rage vous abandonne... (Fondant en lar-
mes. ) Ah ! si V(>tt9 aviez été arrêté, je s«-
ra's mortel — Chaque jour me révêle en
vous une qualité nouvelle!... Ange, fée,
enchaii tel esse , enseignez -moi donc le
moyen de vous payer ce que je vous doisl..
— £h bien I mon ami^ c'est de m'aiiuer ..
car je vous aime!... Silence! on vient
(Le préfet rentre avec Léonie.) — Il faut
que vous ayez soudoyé quelqu'un de mes
gens, Ikl. le baroDi lui dit froidement la
comtesse, (regardant Henri )^et vos re-
gards d'intelligence avec ce garçon... Ah!
misérable serviteur... c'est vous qui m'a-
vez trahie... je vous chasse !... Sortez! s'é-
crie-t-elle, étouffant un sourire. — Et moi,
je le prends à mon Ferfice, dit le Biroa.
— Ittl —
SiHitràQdéoi; ta reawltrtt oeUftlelIretM
mirédMit riiiumiiiiinl la diviaiiMi. «-«-ALiîs^
M. le préfet, je b'm pi» de chefiL —
f readsîdiniea. — Maii» M* le préfet, les
soldat» se me Imstmit pes pattor. »
Tandift que k préfet y» diMiner l'oidie
•u dragcAs, Henri ctit à la Gontefie :
«.Je fava doîa ma vie... di8poaea--eB ! »
La €k>ttie8aa se croit sûre du cour et
de la maÎB d'Henri. U part ! mai» il lui
frat mie heure pour se vendre ila froB-
lièr& La Gomteese emploie mille mats
pour qne M. de Gr'^oon ne mit pas encore
reconnu; cette heure éeeidée, elk jetle
le mas^e et rend an préfet ses ?ingtcinq
louis :<( Car, payer pour avoir été trompé,
loi dit-elle, ce serait trop fort. — Et moi
qui ai écrit au maréchal : je tiens le chef
de la conspiration! s*écrie le préfet, furieux.
(Léonie entre très-agitée , elle lui remet
une dépêcha) — Ah ! je vais me venger!
reprend-il avec joie; c*est l'ordre de forcer
le fugitif à se remettre en mon pouvoir,
en quelque lien qu'il soit. Au revoir! ma-
dame la Gomlesse , » dit-il en. soriamt.
Léonie annonce à sa taate que Henri est
de retour ; elle Ta laissé dans le cabinet voi^
sin.. Henri paraît. « Malheureux ! s'écrie la
comtesse, qae venei-vons £aiire ici 7 — Le
vieux garde qui accompagnait ma fuite
m*a ap^ que U. de Grignen avait été
arrêté pour moi, répond Henri, jie vien»
B^^ndre ma place et le délivrer à mon
tous..* — Le ck'mier Heu où L'on vou»
clMirGlicra maintenant, c'est ici 1 reprend
a.YG& énergie la Comtesse. RentreiL dans ce*
cabiaet» et avant peu... plus de danger.
Ta peux partager ma sécurité, ditr-elle à
Léonie, Icursq^'elles sont seules. Eh! mon
Dieu l d'où viennent tes larmesZ — Je ne
pleure pas, matante, répond-elle en 8an<*
glotant, je suis heureuse, il est sauvé L. .
mais en même je sois au désespoir, car il
m'a dit tout à l'heure.. . — Quoi donc ?
— ( Pleurant toigours. ) Est-ce que je
8ai&.. Tout ce que j'ai compris , c'est
que nottSi ne pouvions pins être l^nn^ à
Tautna» *i- Paovre en&ntl répond tm-
temeni la Gomtesèe, loi pemant les mini
et cherchant à la consefer, si par exemple
il était Ué à une autre pecsonnei.. -^
C'est ce qn'il m'a dit , lié à jnmeia! -**
Et il t*a nomaé cette penonne 7 — Non^
mais vous, ma. tante, vouskoonnaîsse^-*-
Jie etoia cpi'Qail — Savei-vons si elle
l'aime... beancmp! — Ooil — Blle est
aimable... elle eitjolie 7».. -^ Moins qœ
toi» sann donle... . — Bh bien ! aloi»7.^ —
Qne veaxr-tu î s'U la ptéfét» ... si die es*
aimée. — ^M aïs, pas dn tout 1 c*cet moi qu'il
aime, il me l'a avvNié... mab il esc lié h
elle... par la reoonnaîssance. — La recon-
naissance. . . répèle la Comtesse.. .Ah ! - Lié
surtout par une promesse qu'il lui a faite...
et qu'il tiendra, même au prix de son sangl
Voilà qui est absurde 1 dites-le-lui, ma
tante... — Taisez-vousl taisez-vons ! s'écrie
Henri, s'élançant du cabinet, d'où il écou-
tait depuis quelques instants. — Laisse-moi
lui parler, dit la Comtesse à Léonie. (Léo-
nie s'éloigne.) Alors prenant à part HenrL
tt Je vous dois ma vue, dieposefr-en« • m'a-«
vez-vouadit.- — Qu'exiigex-votte7 demanda
Henri. — La seule choseque j'aindéaùnie. •«
votre bonheur I )i» EUe fait signe à Léonin
de s'approcher, lui j^send la rnain^ et la
mettant dans ceUe de lenni : « Yeitk, InL
dit-elle, celld qu'il faut cbDiair. *^ Ahl je
savais bien que je vous le devrais I » s'écrie
Léonie.
M. de Grignon entre avec le prélal... il
n'est plus possibledecadier Henri; la. Corn*
tesse devine que le pcéiet est porteur. ..» non
d'un ordre d'extradition, maisd'une ordon-
nance d'amnistie. « Maudile feinmel s'ô-»
orie-t-il, on ne peut pas plus la uromper en
bien qu'en mal !
-^ Et maintenant, tous trois réunis, dit
Li'onie à la Comtesse. — Oui, ma ûJk, lui
répond-elle, mais plus tard.. . car aujour-
d'hui, je dois partir... — EhbiQnl je pars
avec vous! s'écrie M. de Grignon, etpeut^
être qu'un jour, vous feroz aussi de moi un
^ lcS2 —
bomme heureux I... — Ne parlons pas de
cela, lui répond-elie ; puis s'adressant au
préfet : Eh bien I baron ? — J'ai perdu,
madame la Comtesse. — Vous n'êtes pas
le seuil répond -elle avec émotion. Que
Yonlez-yous? ajoute-t-elle en affectant la
gaieté, pour gagner^ il ne suffit pas de bien
jouer! — Il faut avoir pour soi, les as et
les rois, dit le baron. — Oui, ajoute la
Comtesse en regardant Henri, le roi, sur-
tout!... dans les batailles de dames 1 9
Après avoir lu celte charmante pièce
de MM. Scribe et Legouvé, je me suis dit :
En effet, un homme placé dans cette posi-
tion doit toujours ôtre ingrat ; il n'est pas
dans la nature de ce roi de la création
d*aimer la femme belle , spiritndle , intel-
ligente, mais plus âgée que lui, qui Taime
et qui le sauve ; il préférera la jeune fille
niaise qui Ta perdu et se jette à ses genoux
pour lui en demander pardon; il est là
dans son rôle de protecteur. Une jeune
fille au contraire , bien que son ceenr Fait
portée d*abord vers un jeune homme, s'il
se montre maladroit, sans énergie, elle lui
préférera l'homme de trente-cinq ans qui,
par ses actions, aura mérité qu'elle ait pour
lui de la reconnaissance... elle sera dans
son rôle de protégée... Je crois que vos
mères feront les mêmes réflexions que
moi, mesdemoiselles.
J. J. FOOQUBAU DE PU88T.
SALON DE 1851.
TROISl&MB ARTICLS.
M. Meissonnier devait nécessairement
fûre école; il est certes sans rival, mais ce-
pendant parmi les peintres qui ont adopté
sa manière, il y en a qui no manquent ni
de talent ni d'une certaine originalité. Ci-
tons d'abord M. Fauvelet dont le Ciseleur
est peint avec une finesse pleine de suavité,
puis M. Chavet qui a fait Van Dick et son
modile, charmant petit tableau, et M. Henri
Lafon Une femme lisant une lettre. Cette
dernière toile est composée et exécutée
avec beaucoup d'habileté.
L'intérieur d! école de 'petites filles orphe-^
lineSfde H. Bonvin, doit être mentionné à
part. Cet artiste suit une antre voie que
BL Meissonnier ; sa manière n'appartient
pas à notre époque, elle est d'un temps
plus reculé, cela ne l'a pas empêché d'être
très-bien inspiré : sa composition est heu-
reuse d'arrangement; la religieuse qui
tient la classe , la petite fille debout réci-
tant sa leçon , ses compagnes assises, sont
d'un naturel pa! fait et d*ime naïve simpli-
cité qu'on ne saurait trop louer ; il est si
difficile d'être vrai sans afféterie I
Les tableaux de M. Decamps sont pres-
que des tableaux d'histoire, tant il a élevé
le genre à la hauteur de ce que l'art a de
plus sérieux. La Rencontre d^Eliézer et de
Rébecca à la fontaine, est une œuvre ravis-
sante d'exécution. Malheureusement, sous
le rapport de la composition elle ne satisfait
pas également ; les figures, tout en y tenant
beaucoup de place, ne semblent cependant
y être qu'un accessoire; ce qui frappe
tout d'abord c'est cette splendide magnifi-
cence d'un plein midi de Palestine rendu
avec une vigueur étonnante. L'effet du
paysage est tellement saisissant qu'il dé-
tourne trop l'attention qui devrait se con-
centrer plus particulièrement sur les per-
sonnages.
M. Decamps a exposé cette année plu-
sieurs autres toiles également remarqua-
bles; nous indiquerons les Pirates grecs,
assis et causant dans une grotte dont l'ou-
— 185 —
.>'<F®^
Tertore donne sur la mer; puis le Trou-
peau de canest
Quand les canes y ont au champ,
La première Ta devant,
dit la vieille chanson populaire. En effet,
l'on voit sur le premier plan trois canes
marchant à la suite l'une de l'autre avec
ce balancement devenu proverbial. Une
poule et ses poussins sont dans l'ombre,
et, tout à fait au fond, on aperçoit un
coq campé sur ses ergots. Tous ces ani-
maux sont merveilleusement exécutés.
Jane Shore, femme d'un orfèvre de Lon-
dres, condamnée par Richard III à mourir
de faim, comme sorcière et comme adul-
tère, poursuivie et insultée dans les rues
de Londres par la populace, est un sujet
qui devait nécessairement être traité par
M. Robert Fleury. Jane Shore se traîne
pour s'abriter derrière une colonne; sa
figure exprime l'effroi, la faim, la douleur,
ses pieds nus sont ensanglantés^^ des hommes
la menacent, des enfants lai jettent de
la boue.... Le talent sombre et énergique
de cet artiste a trouvé là les moyens de se
développer à l'aise. Sa Jane Skore ne peut
qu'ajouter à la brillante réputation qu'un
grand nombre d'autres œuvres, non moins
remarquables, lui ont justement acquise.
M. Robert Fleury a exposé un autre
tableau désigné au livret sous le titre : Le
Sénat de Venise, En voici le sujet tiré de
l'histoire de Venise, par M. Daru :
« La réputation de sagesse dont jouis-
sait le sénat de Yenise donnait beaucoup
de poids à son suffrage. Henri JY, dont il
avait reconnu les droits au trône de France,
envoya, en gage de son amitié, au doge
Pascal Cicogna, par Hurault de Maisse, no-
tre ambassadeur à Venise, son épée. Cette
épée, écrivait-il , dont il s'était servi à la
bataille d'Yvry. »
La solennité de cette scène imposante a
été parfaitement rendue par M. Robert
Fleury.
C'est une époque plus rapprochée et
bien triste, de notre histoire, qui a i nspir
M. Jules Duvaux. Il a retracé la Bataille
de WaterloOy épisode du plateau de la Haie-
Sainte (iSiumiSiS).
« Les cuirassiers Milhau avaient été re-
poussés par l'armée anglaise; Napoléon
donne l'ordre aux cuirassiers Kellermann
de les maintenir ; lorsque ces quatre bri-
gades, parvenues à la hauteur de la Haie-
Sainte, se rangèrent pour charger, les cui-
rassiers Milhau vinrent prendre place à
leurs côtés. Tous s'ébranlent aux cris de
Vive l'Empereur I Ils étaient 7,000 che-
vaux lancés contre la cavalerie anglaise ;
celle-ci se reploie et démasque soixante
pièces de canon qui vomissent la mort
parmi nos soldats; mais ces braves ne sont
point ébranlés, ils enlèvent les batteries et
tombent comme la foudre sur les carrés
qu'elles protégeaient. En ce moment nos
7,000 cavaliers parcourent en maîtres toute
la surface du plateau, ils chargent partout,
mais partout les carrés se reforment et les
accablent de leurs feux. Onze fois enfoncés,
les carrés anglais se reforment onze fois et
disputent pied à pied le terrain aux Fran-
çais. Ceux-ci l'emportent enûn et 12,000
Anglais terrassés témoignent de la bravoure
de nos soldats. Cette lutte gigantesque avait
duré deux heures.
M. Du vaux n'est pas resté au-dessous de
son sujet, il l'a traité d'une manière très-
énergique , sans confusion ; il y a une vie,
un mouvement dans son tableau, qui le font
remarquer et examiner avec un vif in-
térêt
M. Guillemin nous a donné , dans Mil-
ton et ses filles , une scène d'intérieur
pleine de nalvt té qui séduit au premier
aspect et se fait remarquer ensuite par
les qualités les plus brillantes et les plus
solides : dessin correct, coloris puissant et
harmonieux, touche large, mais conscien-
cieuse. Vous pouvez juger de cette œuvre,
mesdemoiselles, M. Guillemin ayant permis
qu'elle fût gravée pour votre Journal.
M"** Edmêe de Syya.
"^^t^
^^^
\iî^ •
— 184 -^
ieei«nie Domestiqoe.
CHARLOTTE RCSSE.
Pren€z douze pomrors de calville, pe-
lez-les, ôtez le cœur, mettez-les dans une
casserole avec 125 grammes de beurre,
125 grammes de sucre râpé, un peu de
canneU^en poudre, faites-ies cuire «ans les
écraser. Coupes des tranckes de xnie de pain
de deux ligoesd'épaisseur, et assez grandes
pour garnir le fond et Je tour d'une petite
casserole; mettez fondre du beurre dans
celte casserole, mettez dedans les tranches
de mie de pain, fai es-les blondir d'un
côté, garnissez-en la casserole ; mettez au
fond on lit de pommes, puis une touche
de gelée de coings ou de groseilles on
de Uiarmelade d'abricots, alternez ainsi,
Gnissez par des pommes, et couTrez ce
petit édifice avec des tranches de pain.
Mettez la casserole au four ou enfono^z-la
dans les cendres rouges, ou bien couvrez-
la avec un couvercle pltin de braise. Lors-
que les tranches de pain seront dorées,
renversez lestement la charlotte sur un
plat 1 1 servez chaud.
POUMfiS FLAMBANTES.
Prenez des pommes de calvïïle, pel( z-
les, Tldez-les, faites-les cuire avec un peu
d'eau, du zeste de citron et du sucre râpé.
Lorsqu'elles seront cuites, mettt^z dans le
vide de ces pommes^ des confitures, de ?a
gelée ou de la marmelade, n'importe la-
quelte ; arrosez abondamment de rhum,
et au mommt de servir, metiez-y le feu.
SIROP DE LIMON.
Prenez douze citrons; ôtez-en le zeste;
fendez-les en deux ; faires-en sortir fout le
jus, au moyen d'un petit ustensile de
buis ou d'ivoire; passez ce jus, pesez-le;
prenez le double de hon poids de beau
sucre ; faites cuire ce sucre avec un demi-
virre d'eau. Écumez à mesure; lorsque
les fils du sucre, recueillis au bout d'une
fourchette, se casserort aoos la dent, le
sucre sera à son point de cuisson. Akrs,
retirez-le du feu, Yersez-y le jus de citron,
faites-lui jeter un bouillon et kissez re-
froidir. Ce sirop ie met en bouteilles et se
conserve dans un lieu Irais.
ÉNIGME HISTORIQUE.
Quels 8«nt les deux princes du même | pire , et dont le second assista à la raine
nom , dont le premier fonda un grand em- 1 de ce même empire et périt avec lui 7
— 1»B —
CORRESPONDANCE.
J'aUab/t'écrire, nn chère amie, pour
caDser avee- td, kmque je mesouvina que
c'était le derDÎer jonr de Loogchamp et
qpte Florenee devaîi Tenir me prewli-e pour
dUkr nous y promener. L'atmoephère étail
douce, le ciel légèrement con^rt; c était un
véritable temps de demomUes^ comme dit
le prof erbe, ni pludi^ m sokiL Je mis «ne
robe de taffetas vert, glasé de noir, ferme
amazone» c'est-à^dke le cbs pldt, terminé
du bas par une poinie; iesi devants, moQ-
tants, termijiés'dn bas par une pointe, ce
corsage agrafé sor la poitrine et orné d'un
rang de boutons; manches pagode^: ; sons
CMS manches, des manches de mousseline-,
très-larges, fimncéds du bas et montées à uo
étroit entre-deux de mousseline, brodé au
plumetis; on col formé d'une dentelle cou-
sue ai un entre-deux de dentvUe; un man-
telet de taffetas noir, garni d'une baote
frange de soie; une* capote de crêpe* blanc,
ornée, en d» sont» de boiKlej$derubaas de
taffetas blans, mêlées de boucles de tafliitas
gros-vert, et, s^ir le côté gauchev unrbo»-
quet de liias blanc, au feuillage vert ; des
g^uOs couleur paille ; des bottines d» pro-
neUe gros^vert ei une eobrelle blanche...
J'étais prêta, lorsque notre amîe arriva.
« Je te fais compliment de ta toiletle,
dit-elle après m'avoir embrassée; tent ceia^
est lirais comme le mois d'avril. — £l toi,
tu me repffésenleak moisé'août, i^pondis*
je, et en m'éMgnant , afin de mieux juger
l'ensemble* »> £Ue avait on ohapeau(depailte
cousue, orné, dcssa»» de rubans- blimes,
dessous» de petiAia flews des champs, niê«^
léea d'épis dfr blé; une.robe de grenadine
écossaise; un. kalaoweck de ta&ta8.noir,
orné du bas. et a» bas des manches pago-
des, de plusieurs rangs de garniture de
t^Jfetaadéettupéàl'emperterpiéefi; sa robe
était montante; son col, de mousseline
bffoiée an plumetis, étaitmonté sur nn^ cn:-
tre-de»x et garni d^ne bittde de mous-
sehne brodée; devant, cette garniture
descendait sur la robe et formait jabot;
sous la manche de son katzaweck^ on aper^-
cevak la minche de sa robe qui laissait
dépasser la même garniture; }«s g^nts
étaient gris, ses bottines noires, son om-
brelle verte. Il étoit quatre heures; nous
neos rendîmes au salon, et bientôt nous
partîmes.
Arrivées aux Champs-Elysées, nous nous
as^!mes sur des chaises, et tandis que nos
parents causaient entre eux, nous causions
entre nous. « Gomme lont change! dit
Florence ; l'abbaye de Longchamp, Htuée
à deux lieues de Paris, fut fondée c» 1260
par sainte Éiisabetb, sœur de saint Louis ;
la ville et la cour s'y rendaient dorant la
Semaine Sainte pour entendre chanter les
religieuses, puis ce ne fût plus qu'un pré-
texte- pour montrer ses chevaux, sa livrée.
La première* Révolutk>n détruisit le cou-
vent; sous l'Empire, sous la Restauration,
et sous Lonis-Philippe, mon père dit que
Longchamp^brilkiit par ses riches éffuipages;
les voilures de la cour, celle» des ambassa-
deurs avaient seules le droit de passer sur
la chaussée; maintenant, il suffit d'avoir
quatre chevaux à sa voRure, et les per«-
sonnes que l'on y voit sont des industriels
qui font ce qu'en style de journaux oft
nomme... dean^tofwss. — Voilé, en eff^'t,
une voitase couverte d'ombrdlesde toute»
sortes, de parapWesde tontes grandeurs;
ik y en a un assez commode. .. le* manthe-
reste attaché à la voilure, et lorsque vie«l'
ott orage, le paraploios'o<uvre et s'avance
jusque sur le cocher, pour l'abriter dé 1»
pfane. — Regarde cet hoame qvi cottduiD
^
— 1B6 —
cette espèce de f oiture peinte en rooge,
— Ah 1 ma chère 1 c'est un dentiste, car
des milliers de... chicots, puisqu'il faut les
appeler par leur nom, flottent en guirlande
autour de sa voiture, avec un cliquetis sem-
blable à celui que feraient des os de morts. ..
mais c'est une horreur I — Voyons, change
d'idée. Regarde ces dames la poitrine dé-
couverte, coiffées en cheveux, dans ce
cabriolet-milord C'est un coiffeur qui
fait promener deux figures de cire. . . —
Encore une réclame! Mais celle-ci au
moins est drôle. Ah I voilà le magasin du
Prince Eugène^ représenté par des jeunes
gens à cheval, faisant exhibition de ses
paletots de printemps... Gela ne nous re-
garde pasl — Mais, ce qui nous regarde,
Jeanne, ce sont les chapeaux revenus à
leur forme gracieuse... la mode des ca-
potes^limaçons aura fui comme une om-
ftre..... — Pourvu que, comme Ginevra,
ce ne soit pas : en nom disant, je
reviendrai! Voilà de jolies toilettes :
des mantelets roses, bleus, blancs, garnis
d'effilés; des mantelets bleu de France,
gros vert brodés en soutache noire garnis
de dentelles cousues très-froncées; des par-
dessus sur la forme Stella^ garnis de trois
ou quatre rangs de petites bandes pareilles
festonnées à l'emporte-pièce. Florence, ai-
mes-tu les corsages Louis XV 7 les corsages
Leczinska 7 -* Oui, mais pas à la ville. — Et
les corsages ouverts, laissant voir un fichu
blanc 7 — Je m'y ferai. . ♦ Je vois avec plaisir
que les pagodes sont moins laides et lais-
sent moins voir les bras. — Les robes de
taffetas noir à trois hauts volants festonnés
à l'emporte-pièce et cousus à peine fron-
cés, sont aussi nombreuses que les robes
écossaises; ce qui annonce le printemps^
ce sont ces robes lilas-rosé, garnies aussi
de trois volants, le mantelet pareil, un
chapeau de paille jaune dont le bavolet est
une hante bande de paille formant des plis,
et orné de lllas, on d'un bouquet de têtes
de tînmes. — Les petits garçons sont mis
de même que l'année dernière, les petites
filles aussi; comme les robes ne tiennent
pas toujours sur leurs épaules, avec un
pardessus , elles sont toujours habillées et
toujours à leur aise. — As-tu beaucoup
travaillé depuis que je ne t'ai vue 7 — Oui!
J'avais remarqué chez les chemisiers, des
chemises blanches dont les devants, les
cols y les manchettes étaient en percale, à
raies on à fleurs bleues, roses ou rouille...
Je me suis dit : si, au lieu de remplacer par
de la percale blanche des devants, des cob
et des manchettes usés, je les remplaçais
par de b percale de couleur 7 Je me suis ré-
pondu : tu ferais bien, pour deux raisons; la
première^: c'est que» la percale neuve ne se-
rait pas du même blanc que la vieille ; la
deuxième, c'est que la percale de couleur
durera tout autantqne le reste delachenuse,
et je t'assure que, pour cet été, à la cam-
pagne, ces chemises seront fort convenablei.
— Voilà une bonne idée ! j'en profiterai pour
mon frère. — As-tu reçu beaucoup de let-
tres 7 — Oui, et je n'ai pu répondre à tontes,
c'est ce qui me désole. La fille d'un manu-
facturier qui tient les livres de son père et
est chargée de la correspondance, se trouve
très-embarrassée pour terminer ses lettns,
s'il s'agit, par exemple, de demander une
adresse î — Il y a une terminaison qui est
bien simjrfe : Votre tris -humble sermnte^
mais l'esprit d'égalité, de fraternité s'est
révolté de cette humilité. . . — Que de rimes
eaél— N'y fais pas attention. Cette for-
mule était si conmiodel A présent on se
met à la torture pour écrire deux lignes
que personne ne lit. . . Voici, je crois, ce que
cettedemoiselle pourrait mettre : « Recevez,
je vous prie, monsieur ou madame, les re-
merdmentsde votre très*humble servante. »
Si c'est pour annoncer un envoi à un mar-
chand : a Recevez l'assurance du dévoue-
ment de votre très-humble servante. »
Pour demander à un industriel des pro-
duits de sa fabrique : « Je compte sur votre
exactitude, et suis votre très- humble ser-
vante. »
— Ma mère se lève , nous partons. Ta
©!©^4.
V'
— 187 —
dînes ayec nous? — Oui, je t'aiderai à
expliquer ta planche.
Noos rentrâmes, et» à sept heures du
soir, an moment où l'on passait au salon,
Florence et moi, nous revînmes dans ma
chambre ; là , après avoir étendu sur une
table notre énorme planche. Allons ! dis-je,
après k plaisir la peine I pauvre Florence !
— Une autre fois ce sera : après la peine
le plaisir I — Tu as de la philosophie. Je
vais mettre à l'épreuve une de ses vertus...
h patience 1... Prends la plume.
Le n* 1 est un encadrement de châle
carré , qui se fait en organdy et se brode
au passé; ks dents se festonnent au point
de rose. Pour une jeune fille de 12 à
15 ans, on peut ne broder que les dents.
Ce dessin sert aussi pour volants de mous-
seline. On en met trois qui retombent
juste, la fin de l'un sur le commencement
de l'autre. Us doivent avoir chacun 30 cen-
timètres de haut
Le n** 2 est un petit col qui se brode sur
mousseline, au plumeiis. Le pointillé, ce sont
trois petits points faits l'un à côté de l'autre.
Le n* 3 est la garniture que Ton coud
froncée autour de ce col; elle se taille
haute de 3 centimètres. Ce petit col se
coud à un petit collet , le petit collet se
coud à nn fichu de dessous, en mousseline;
du côté droit de ce fichu on coud, fron-
cées, deux rangs de la bande n** 3 ; après
chaque bande, un pli cache les points qui
la cousent au fichu; du côté gauche, une
bande est cousue dans le même sens
que les deux autres^ c'est-à-dire que les
trois bandes rabattent de droite à gauche,
comme un jabot d'homme rabat de gauche
à droite. En jaconas et broderie anglaise,
en tulle et dentelle, cela Mi des fichus qui
couvrent bien la poitrine lorsque l'on porte
des corsages ouverts.
Le n"" A, AD, dans nn écusson, se
brode aussi au plumetis.
Le n* 5, Charlotiet se brode de même,
pour un moudioir du matin, ou pour
mouchoir de petite fille.
Len® 6 A/6^ri0 dans un écusson se brode
de même.
Le n"* 7 est une bande de lys blancs, en
teintes plates, elle s'encadre de dents noires,
le fond se fait ponceau ; la bande de velours
qui devra se coudre de chaque côté sera
marron» vert foncé, ou bleu de France.
Avec cette bande , on fait chaises —
fiinteuils — canapé — coussin — > tapis de
Ut.
Len"* 8...
— Je sais, interrompit Florence, ce
sont les signes qui représentent les cou-
leurs employées dans ce dessin. J'ai bonne
mémoire!... Continue!
— Si tu veux faire ces lys, jaunes, tu
choisiras six nuances, depuis l'orange
foncé Jusqu'au jaune pâle, pour lequel tu
emploieras la soie. Tu feras le fond bleu de
France, noir ou blanc, alors l'encadrement
sera ponceau ; la bande de velours qui de-
vra se coudre de chaque côté sera choisie
d'après le fond. Te souviens-tu d'un des-
sin de tulipes en teintes plates qui a eu
tant de succès en 18467 Je cherchais vai-
nement un dessin qui pût lui faire pen-
dant... le voilà trouvé. .. mais bien tard!
Dans le passage de l'Opéra toutes ces
laines et le canevas , sont choisis pour toi»
et d'avance.
«
Le n° 9 est la moitié du dos d'un man-
telet- Parisien.
Le n^ 10 est l'un des devants.
Le n* 11 est le morceau qui se coud sur
l'épaule et réunit le devant avec le dos,
ainsi que l'indiquent différents signes.
Le n*" 12, ce sont des biais que l'on re-
plie en deux et que l'on coud, le long de ce
n"* 1 1 , de façon à le couvrir, en les plaçant
ainsi que l'indiquent les pointillés qui sont
au bas de ce n* 11.
Le n» 1 3 est la moitié de la garniture
de ce mantelet, elle se fronce, et se coud
du côté du biais, à partir du milieu du dos,
et s'arrête sur le bras ; les chiffres 96,
et les chiffres 36 1|2, doivent se réunir
ainsi que l'indiquent les signes.
r^,
_ft/frv
v-^©^^
qJ^
>^e^^^
— 18» —
Pour caeher les points des biais posés
sur Tépaule, on coud d.ssus une petiie
soatache que Ton coud aussi tout autour :
sur l'ourlet do mantelet, sur celui de la
garniture, et sur les points qui la réunis*
sent au mantelet.
Sii boutons à gaucbe et six bndes à
droite ferment ce Rtanlelet sur la poitrine.
Il se taille en tall^tas noir, ou en taffisti»
glac\ Il convient aux jeunes dames et
aux jeunes (iilcs.
Ici commence la description de la plan-
che de la grande édition.
Le n^ 14 est un col^Mazarin qui s«
brode au plumetis, sur mousseline.
Le «• 15 est le &• d'une ombrelle qitî se
taille en iianzouk ; ce dessin est en bro-
derie anglaise. Il sert à recouvrir les om-
brelles roses, bleues, lîlas que lesoleii a
fanées. Cette ombrelle n'a pas besoin d'être
garnie.
Les n- 16-17-18 19-20-21-22-23-24-
25-26-27-28-29.30-31 : Àihgelina^ChaT'
lutte — Hortense — Berthe — Clara —
Apolline — S. D. — Janmj — Alexandnne
— Léontine — Zénats — Caroline — Clé-
mentine^ Adèle — G, E, D, — Alice, se
brodent an plumetis.
Le n"* 32 < est un encadrement poor
châle d'organdy, il se brude au passé ei
atr crochet ; les ctenis se font en poi.its de
rose.
Ce dessin peut aussi servir pour grands
volants de mousselkie.
Le n^ 33 est un dessin de chemisette
pour robe habillée, il se brode au i^umetis
et au peint de cordonnet; les palmes se
f<mt en broderie anglaise.
Le n* Iky ce sent les deux côléi d'un
col, en broderie anglaise, pour le canezov
de petite fille, qui a étémis n^ 3, plan*
che I. Ce col se bovteane derrière.
Le n* 35 est un entre-deuz auquel on
coud ceooL
Le v* 36 est la manehette.
Le n* 37 est Tentre-deux aiquel on
coud cette manchette qui. doit se rele-
ver mxr la manche , laquelle se coud 1-
rentre-deux.
Lesn"** 38 est ledessind'nn hasde jspen,
il se brode an point de rose et en broderie
anglaise.
Les n**» 39 et li^O. Anna et Pénélope,
se brodent an plnmetts;
Le n* hi c^t un bairde jupon en points
de rose.
Le n^ 42 est un enti^denr en broderie
anglaise et plumetis.
Le n^ 43 est le dessin de la* moitié dune
bonrse longue qui se fait an filet et se brode
en i)erles.
Le n* 44 est la moitié d'une pièce d'é-
pctule et sa manobe pagode qui se taillent
(Unn s ni morceau. Ce patron sert peur
nrbe de chambre, peigneir et camisole de
nuit... C'est fini!
— Ce n'est pas malheureux 1 Je ne
t*ai pas interrotopue, Jeanne, mais lorsque
tu as fait défiler ce régiment de noms, je
me suis mise à la place de tes abonnées
qui sont jeunes femmes et que cela doit
parfaitement ennuyer, car elles ne brodent
que des iniiiaies à leurs mouchoirs habillés
ou non. — J'avais résîisté jusqu'à pi^ésent,
tu le Sdis, mais il parait que voir son nen
brodé en entier, cela fait grand iibisir.
-- Den goUU» et des couleurs U ne faut pas
dispiiter,., À propos! et h description de
la gravure de modes?
— La mmée a une robe de dawas de
soie ; sr» manches pagodes sont garnies de
deux rangs de dentelle; la même dentelle
est froncée auteur de son cou ; la même
dentelle fenne brandebourgs sur sa poi^
trine et redesoand e»t>MiMr sv sa robe ;
sa guirlande eat tonte en fleurs d*uranger;
son voile est en telle de soie. Sa sasarv
dont les ba n de aux sont crêpés en dedans^
relevés et retournés sur eux^mênaas, a de
chaque cdté un nceud formé de deua bei-
cles et de deux boots; sa robe en gros
de Napks gris rosé, est garnie de volants,
fesloanés à l'emporte^pièce, un petit ruban»
froncé au milieu , cache lau petaHi qii
?'^C>^îSa.
— 189 -
cousent les Yolanls. La petite sœur a une
robe et un pardessus pareils. Je conseillerai
de raccourcir le pardessus de manière à ce
que sa dernière garniture tombe au-dessus
de la première garniture de la jupe.
— Tu as encore ton rébus à nous expli-
^nÊT : Un homne qui sème...* un homme
quilMNSsonne, qu'est-ce que eelt veut dire?
— Mon Dieu I un proverbe assez triste :
L'un sàrw, Vautre moissonne !
— Je ne le connaissais pas. Maintenant,
Jf«iiise» retournons mi ««Iob , et, cette
fois, l« le TOfs, c'est... après la peine, le
p^omr î »
Je sois forcée de te quitter^ ma chère;
la place me manque ; cependant, je trou-
verai bien encore le moyen de te dire
que le tricot mosaïque du mois d'avril se
compose de cinq tours à l'endroit et cinq
tours à l'envers, ce qui doit former un
carré... Je t'annonce que tu auras pro-
chainement de magnifiques tapisseries en
couleur dont une d'elles sera reçue "à IVx-
position de Londres.
Adieu ! que le soleil (e ménage ses feux,
que les fl urs t'envcient leurs parfums et
qae tons les coeurs t'aim* nt comme je
i»-î
taime.
J. J.
ËPnÉniEBIDES.
PRISE DE CONSTANTINOPLE PAR LES TURCS. — 29 mai lii53.
L'empire était menacé depuis long-
temps et pressé de tous côtés par les bar-
bares, lorsqu'au commencement du prin-
temps de 1/^53, Mahomet VI, fils d'Amu-
rat, vint mettre le siège devant Byzance.
Constantin Paiéologne régnait, digne par
ses vertus et ^ valeur de coounander à
une nation plus noMe que ces Grecs,
énervés dans la mollesse et les vaines dis-
putes des écoles. Il fit, à la tête de quel-
ques troupes fidèles, des^prodiges d'hé-
roïsme ; mais il ne put ritn contre une
destinée inévitable. Le 28 mai, voyant que
tout eftpoir de si^ot était perdu, il passa la
nuit en prières, et au lever de l'aube, il
reçut la communion. II quitta l'élise de
Sainte*SopMe poar marcher aoK ranpnts,
et api^ use loi^e r^sisiamoe, :U tomba,
frappé d*im coup 'mortel , en disant :
<x N'y a-t-il pas ici un soldat chréitea qn,
par charité, veuille me couper la tête! »
Les Turcs, maîtres 4e ia vHÂ, y^Batrèreot
en triomphe; Mahomet marchait à leur
tête, en répétani ces vers d*un poëte per-
san : « L'araignée file silencieusement sa
» toile sous 1« s lambris des palais, et l'oi-
» seau des ténèbres pousse des cris sinis-
» très sur los tours d'£ufrasiab ! » Le corps
du dernier empereur fat exposé à la vue
de la multitude, et IVglise de Sainte^So-
piiic, lavée à l'eau de roses, fut transfor-
mée en mosquée. Que9(pm Grecs par-
vinrent à échapper au massacre o« à l'es-
clavage, et faisant voile vers l'Italie, ils lui
apportèrent le dépôt des lettres et des arts,
dont l'eiupire d'Orient, au milieu des té-
nèbres et de la omifttsion du moyen âge,
avait été si longtemps le fidèle gardien. On
cite parmi eux le célè* re Lascaris. Ils
furent noblement accueillis en Italie par
les Médids et par le cardinal Bessarion,
Grec d'origine, qui, rentré au sein de
r£g)iseT«niaine, accnpait un poste impor-
tut auprès du saint-snége.
■-^
.;a^£3-
■MAIQVE.
Une boDoe action va de l'Orient ï l'Oc-
cident; elle monte lers le ciel, d'où elle
retombe comme une rosée ter le monde.
Lacordaike.
Il bat iwanoinp an laie et peu ponr
la nature.
Ddcis.
L'étnde et la méditation sont les pre-
mières patBsances de l'homme.
HIBABEAD.
Si l'on pouvait aToir on pen de pa-
tience, on s'ëpai^aerait beaucoup de du-
grins : le temps en Ate auUnt qu'il en
donne.
M"* DE Sévigké.
Celai qni vent ètn beurein occupe pen
de place et en diange peu.
FOSTENELLE.
L'ar^nt ne doit entrer en la maim
des gens dlioanenr que par la TMe de b
Ttnn.
Amiot.
Des cbosn Ttînes et friroles prennent
une importance dont elles ne sont pas
susceptibles en elles-mêmes, lorsqu'eUei
se rattadient i l'existence de ceux que
nous avons aimés et perdus.
Walter Scott.
Une marque de grand courage eit la
doaceor.
BossctT.
RÉBUS-
PiiU. — jTj^riphu d* bMiuis naît Da.iJef-Du.irj, rus SiiDt-Luuii, *6, ID Mini*. ^
-!SSS3s>-
"!>%.
3limrnal ies ^fmDT8fIlf5.
— 161 —
ÉTAT ACTUEL DE LA CALIFORNIE.
Les bruits confas qai se répandirent,
a y a environ trois ans, sur les fouilles
éCor^ excitèrent partout le rire de Tiocré-
dulité. On ne pouvait pas admettre la pos-
sibilité qu'un métal bi envié se ramassât
comme on ramasse des coquilles et des
cailloux sur le bord de la mer. Des récits
postérieurset plus autiientiques prouvèrent
néanmoins que, pour une fois, la rumeur
publique était au-dessous de la réalité. La
région d*or , en Californie, est d'une telle
étendue, que celles que Ton coonaissait
jusqu'à présent perdent toute importance.
On a découvert de l'or dans des endroits
éloignés l'un de l'autre de plusieurs cen-
taines de milles, et l'on a constaté que la
partie intermédiaire éuit, sur une largeur
considérable, proïfondément imprégnée de
ce précieux métal; on croit que dans les
montagnes les filons, dont les dépôts trouvés
dans le sable ne sont que le lavage superfi-
ciel, ont aumoins six cents milles d'étendue.
La conséquence naturelle ne s'est pas
bit attendre; un mouvement s'est opéré
daus le monde, tel que l'histoire n'offre rien
de pareil. Des chefs de famille se sont arra-
chés à tout ce qui leur est cher pour voler
à la recherche de la source de tous les maux.
. Les feuimes et les enfants pleurent Tab-
sence de leur mari ou de leur père, sou-
haitant bien sincèrement qu'on n'eût
jamais entendu parler des mines d'or, et
qu'un tremblement de terre eût, depuis
longtemps, bouleversé la Californie et ses
placers.
Mais la surexcitation qui règne dans nos
contrées n'est que de l'apathie, si on la
compare à la fièvre frénétique qui désole
l'autre côté de l'Atlantique, où nous prions
DlX-.NKtYlÈllE ANNÉE 4' SÉRIE. —N* VI.
nos lectrices de vouloir bien nous accom-
pagner. Là, partout, villes et villages sont
abandonnés par la partie mâle de leurs
habitants qui, sans prendre à peine le temps
de s'informer du chemin, se lancent pour
se joindre à la chasse de l'or. Les routes
de rOrégon et de Mexico sont couvertes
de voyageurs suivant tous la même direc-
tion. Dans le village de San-Padra , il ne
reste pas une âme. La fièvre a trayersé la
mer Pacifique; des nouvelles récentes nous
annoncent que les Chinois se jettent dans
toutes sortes de jonques, se livrant aux
vague?, sans boussole. Les îles Sandwich
sont en voie d'être bientôt dépeuplées; il
y en a plusieurs qui ont perdu 25 pour cent
de leurs adultes mâles. Un journal améri-
cain annonce plaisamment que le roi Ro-
meha mehda a perdu son cabinet et demande
un premier ministre.
L'excitation n'est pas moiudre dans les
grandes villes de l'Amérique^ parmi -les
personnes de la classe aisée. Les journaux
sont remplis d'annonces relatives à la Cali-
fornie, et tous les objets de commercé qui
peuvent être utiles dans la région de l'or
ont augmenté de valeur. Les négociants
abandonnent leurs magasins, les commis
rompent leurs engagements, les hommes
de loi laissent là leur clientèle, et les mé-
decins leurs malades. Les écrivains et les
éditeurs se joignent aux émigrants par ving-
taines; nous avons entendu parler d'un
jeune homme de New- York qui, relevant
de maladie, entreprit le voyage malgré
l'opposiiion formelle de son médecin , et
la prédiction positive qu'il ne résisterait pas
plus d'une semaine aux fatigues qui l'at-
tendaient.
«/•
^ 162 -~
A Lynn, dans le Massachnssets , la
moitié des hommes non mariés a été prise
de la contagion, ainsi que dans tons les
États de TOuest; dansTAlabamaetla Loni-
sîane , ils sont devenus des curiosités. Mais
l'exemple le plus frappant est ce fait dé-
plorable que, à Sag-Narbour et dans le voi-
sinage, à Long-Island, où l'on compte
deux cents belles filles de dix-sept ^ vingt
cinq ans, il n'y a que trois hommes sus-
ceptibles des honneurs de Tfaymen , et les
pauvres diables sont tellement embarrassés
et effrayés de leur désespérante minorité,
qtt'à moins d'un embargo mispromptement
sur eux par ces dames, il est à craindre
qu'ils ne partent aussi. À New- York même
dans les promenades publiques, quantité
de visages pâles annoncent éloqaemment
les regrets causés par le départ des fiancés;
tandis que de laids personnages , à qui pas
une fille n'aurait pensé il y a trois mois,
Commencent à lever la lêle et à se faire
valoir. Eufin, les régions aurifères font le
désespoir des belles Américaines, et bientôt
nous entendrons parler d'un navire fj été
pour la Californie par des dames allant à la
recherche de maris ou de fiancés fugitifs,
sans doute mauvais appréciateurs de la vé-
ritable richesse , car autrement ils n'au-
raient pas abandonné de tels trésors pour
tout le vil métal du moderne El Dorado.
n y a plusieurs routes pour aller de New-
York en Californie ; mais le passage du Cap
semble être préféré en ce qu'il entraîne
moins d'embarras et de dépenses. Il est à
craindre cei)endant que beaucoup de ceux
qnî, depuis peu, ont suivi cette route, ne
voient jamais San -Francisco. Plusieurs des
embarcations^étaient de vieux navires hors
d'état et faisant eau; les équipages, suivant
toute apparence , aussi fous que les passa-
gers, disposés à tout affronter pour gagner
la Californie, et bien résolus à déserter
aussitôt qu'ils seraient arrivés. En outre,
la manière dont quantité de poudre était
entassée dans la plupart des embarcations
ajoutait encore aux chances défavorables
à une hem*euse arrivée, surtout si Ton
considère que presque tous les passagers
étaient Aed failieuré détèrifiinés. Si aucun
I de ces navires ne saute , ce ne sera pas
grâce à la prudence de ceux qui les montent.
Le passage autour du Cap est estimé de
cinq à six mille lieues et demande quatre
ou six mois, de sorte que ceux qui prennent
cette route ont tout le temps de réfléchir
à l'emploi qu'ils feront de letir of avant de
l'avoir recueilli. Les voyagirars sefônt sMges
s'ils évitent de prendre terfe , nUflUporte
sur quel point de la cOte de la Patagonie ;
car il court des brtiits effrayants sur de
gigatitesquessàutagesdèce pays, ayant m^
prédilection si prononcée pour ks bhoos
qu'ils mangeût tous ceux qnlb peuvent
attraper.
Doubler te Cap est , en outre , une en-
treprise qtil , une tbin effectuée, ttet pv»
toujours un homme ï fabrf du tobriqvtt
de marin d'eau dmice, La houle de l'Océan
frappe d'étonnement le matelot le plus et-
périmenté. Dans les temps qvi'on poutrait
qualifier de calmes, la mer est enenre tttèi-
grosse ; les conps de vent se suocèdent à
des imervaHes si rapprodiés, qne les va|;aes
n'ont pas le temps de s'abattre, et les na*-
vires à peine maîtrisés par les voiles et le
gouvernail, so^tbaBottéscommedespoiiifes
sur les eaux. Le froM est d'une teRe inten-
sité qu^ est posirivement impossible ée
ré:àster en foce au vent. Les tempêtes y sont
aussi soudaines qu'inattendues. On voit
un nnage se lever an sud-otiest , et avant
que Tordre d^amener et de caiiguer les voiles
ait pu étreexécnîé, Porage tombe avec Afrie
sur le vaisseau ; la grêle , la pluie, la neige
et le grésil s'abattent avec tonte la force
que leur imprime un vent désordonné , «t
l'on se trouve en un moment jriongé dans
robscorlté la plus profonde. Pourtant, les
misères du Cap ne sont que pour les ma^
tdots , car pour que les passagers aient la
permission de monter sur le pont , il font
non-seulement nn temps de calme, tuais
encore la certitnde de sa dorée; et au
— i«5 —
asped ifedaiager on les fût
QwBt aHiioltB par Une, ktéaaK hs
plus swvifli aoiit : i'««e par MexiM^ ïan-
Ire ptr te uMilafiMs RûcIimms. Far k
pranièra» It layage se Mi à dos d« nuilet
depuis Yeet-Gru , et ptead 4m qpim»
fmn à tnîs semainii. Cette fente eat,
dk-on» phB agréaUei i>iw feue les cas,
en 7 cenrt meioe lîsqae de meodr de
fidm fue par les momigaes. Om affireae
qn'oiM troupe ds six Toyaganrs fnt sédiate
à l'affreuse altmatiee de tirer an sert afin
de décUer leqael seraîl sacriié peur noer-
cir ]ee eatree, tt^ panai les dut fiierisée se
iroDTaitiefrèredelayictiaMl laroelepar
Mexioe o'est pes lumphis seesdanssn; maïs
cooMiie IP'priflK^ipal est celiiî de rencontrer
des beedi^ nue révnion de vie^ Toye-
gewrs pent êure à peu près tranquille; des
brigands Meikains, en qndfne nombre
qu'ils soîanC» n'oseront jamais altafner
nne telle bande d'Américains armés. Mais
nn foyagenr iselé est presfne sûr d'être
dépoeîàlé, henrenx enœre s'il édiappe la
fie sauYe. llyaqaelqi)et«ps,minemmé
Jobn Anderson, fiimnt partie d'nne troope
d'émigrants, ayant quitté Buifalo pour aller
en dalifomie, ent l'imprudenoe de s'éloi-
gner de ses eompagnime; troii gnérittas
s'élaneireat sur hd, le renversèrent de sa
mnle, l'altaqnèrettC k eonpede pislaiet et
de poignardant Ini firent d'imrribles Ues-
sores. Maie Andersen élait na homme
figonrenx: armé d'nn Sort blton* il réns-
sit A tner nn des assaillants et à tenir ks
antres en respect josqn'A l'arrirée de ses
compagnons» ^« trèe-freldeaMut^ pendi-
re«t les den bandits à nn arbre avee des
lambeamt dn lenrs propreB Tétements. Les
Uesstties de H. Andereen n'étaient pis
dangneneee» et aeivant tente prohabiliié,
tt se console maintenamt desessonffirances
ea amoncelant des pUea du aaétal précieu.
La route par la rivière de Gbagres est
préférée par qnehiaes Toyageurs, mais il
faut bien se garder de m/ettre le pied sur
ces rires inealobres, dent les marais pesti-
kualietB sont s» favorables au développe-
ment de la vie des reptiles, que ce pars
semble être la propriété de monstres anx
pvoportiens antédilufiennes. Le ver de
terre comman y atteint la longueur de
dnuxe pieds, et est aussi venimeux que la
vipère ; les crapandls» les boas constricteurs,
les crocodiks» les serpents, les scorpions,
les léaards y couvrent littéralement le sol.
On y trouve même des animaux de Tes^
pèee du mammontb, ioooanns dans l'his-
feoire naturelle actueUe, mais que l'esprit
d'entreprise destine à venir visiter avant
peu les pays ci? ilis^. M. Barnnm, proprié-
taire de Tem-Pouce, vient, ditM)n, de di-
riger nne eaipédition sur la rivière de Cba^
grès, afin de s'emparer de quelques-uns de
ces monstres, pour son muséum, d'oà ils
iront sans doute en Angleterre.
Sien que beaucoup de fimmes se soient
rendues en Californie, elles sont inûoi-
ment inférieures en. nombre aux maîtres
de la création, et appréciées en consé-
quence. En outre, la plupart de ces oames
aventureuses sont mariées et accompagnées
de leurs maris, ce qui rend les demoiselles
plus in'écienscs et les fait vidoir plus que
kwr pnant d'or. C'est, disent les rap-
ports, nn spectacle divertissant de voir
combien elles sont recherchées par les pi<h
cheurst qni leur oiïrent de mettre des
monceaux de pondre d'er à leurs pieds en
échange de leur main. Quelques-unes $e
sont rendues, mah» les prétemknts sont si
nombreux, et si également riches que les
demoiselles craignent de montrer une pf c-
férence.
Les pUntes qni arnven^de toutes parts
aoot au moins assez flatteuses pour le beau
sexe, pui^sque la perte de la société de
la femme semble être regardée comme
nne privation plus pénible que toutes les
atttr^ (t Ce pays est eertaioement fvrt
liean, écrit im émigrant, mais pour moi,
il est aussi triste que rÉrèbe, il y a si peu
de femmes ! d Un autre donne cet avis :
e««^
.>^®^
— tel —
« Si TOUS voulez faire quelque chose de
réellement profitable pour la GaIif(»*oie,
envoyez-nous quelques cargaisons de filles
à marier; la femme la plus ordinaire de
Boston passerait ici pour un ange. » Un
troisième s'écrie piteusement : « Les
femmes sont assez vengées de nous; car
en les quittant pour aller chercher de l'or,
nous avons changé le plus grand trésor de
la vie pour ce qui nous semble mainte-
nant UQ vaste monceau de cendres. »
Nous croyons, malgré les bruits con-
traires, qu'il n'y a eu que peu on point
de souffrances causées par le manque de
provisions en Californie, et à cause de l'é-
lévation du prix des denrées; mais de
bons lits, du linge propre, les objets de
première utilité, sont néanmoins des choses
auxquelles il ne faut pas penser ; il y a
bien peu de piocheurs qui pourraient se
vanter de posséder plusieurs chemises; et
ce vêtement vaut une teUe quantité de
poudre d'or que personne ne se croit assez
riche pour ea avoir deux à son usage. De
plus, le luxe du blanchissage , en suppo-
sant que les piocheurs y songeassent , serait
presque une impossibilité, faute de vais-
seaux à cet usage ; tous les objets de cette
nature, à partir de l'écaillé d'huître, étant
tellement consacrés au lavage de l'or qu'on
regarderait comme une sorte de profana-
tion de les employer autrement
La rigueur de l'hiver dernier, plus
grande que celle des quinze années pré-
cédentes, n'a pas empêché les mineurs d'é-
tendre leurs explorations; parfont ils ont
découvert des gisements productifs. Dans un
endroit appelé la fouille de George-Town,
à douze milles du moulin de M. Sutter,
plusieurs individus ont obtenu chacun une
livre d'or par jour, et en tirent maintenant
deux ou trois onces. Des lingots énormes
ont été extraits; on en a reçu im à New-
York, qui pesait quatorze livres, et der-
nièrement on en montrait un à Stockton,
pesant vingt trois livres.
Dans quelques-uns des nouveaux gise-
ments, l'or est d'une beauté remarquables
malgré son abondance ; et en conséquence
du nouveau mode de lavage au moyen du
mercure, de l'expérience acquise et dé
l'immigration, on est persuadé que le pro-
duit de cette année sera au moins quin-
tuple de celui de l'année dernière. L'opé-
ration des mines est aussi dirigée d'aprèe
un système mieux organisé. Dans le prin-
cipe, les gens se précipitaient çà et là,
tantôt se disputant telle partie du sol,
tantôt l'abandonnant pour une antre plus
enviée, et laissait souvent l'endroit le plus
productif à quelque aventurier plus heu-
reux on plus persévérant Les inondations
désastreuses de l'hiver dernier, qui ont failli
englouthr la ville de Sacramento, ont mis
à jour une quantité d'or considérable et
en même temps ont enseigné aux mineurs
le mode de travail. On construit des digues
dans la plupart des cours d'eau : sur la
rivière Tuolomne, une troupe de cent
hommes est occupée à creuser un canal
d'un mille de longueur pour détourner le
courant. Les expériences de sondage déjà
faites promettent ï chaque travailleur un
produit assuré de trois à quatre onces par
jour.
Les chercheurs d'or n'ont pas de repas
réglés; ils mangent ce qu'ils trouvent,
debout, courant, grimpant, piochant,
comme cela se rencontre. Ainsi qu'on peut
bien se le figurer, l'art culinaire est ra-
mené à un état primitif qui glacerait
d'horreur les disciples de Soyer (1). Ce-
pendant il s'est élevé des établissements
pour ceux qui ont plus de souci p9ur le
comfort matériel. Ces établissements, te-
nus généralement par des familles indien*
nés, ont beaucoup de l'apparence bohé-
mienne. Ils consi:)tent simplement en un
chaudron suspendu à un triangle que for-
ment trois pieux plantés en terre. Dans ce
chaudron bout contiauellement un mé-
(i) Célèbre reitaurateur.
c;©^^
— J68 —
lange de viande, de paio» de pommes de
terre, de cboux et de tontes sortes de choses
qni ne sont pas positiTement capables
d'empoisonner ; on distribue ce potage aax
hôtes à raison d'un dollar hi pinte. Les
Indiens sont également en mesure de ré-
galer leur clientèle d'eau de feu^ qu'ils
Uùt payer un jpT'm encore plus exorbitant;
et se réglant sur une coutume de nos pays,
ils ont pour demoiselles de comptoir, dans
leurs établissements en plein air, de jolies
squaws (femmes mariées), qui compre-
nant toute l'importance de leur sexe , se
donnent des airs et des grâces qui feraient
honneur à un monde plus fashionable.
Les crimes sont trè»*rares en Californie,
grâce, selon tonte apparence, â l'applica-
tion immédiate de la loi de Lynch. Les
vols étaient fréqnents dans le principe,
mais on a pris des mesures séfères pour
la défense de la communauté, et l'exécu-
tioTi de quelques délinquants, peodus aus-
sitôt qu'aiTétés, à l'arbre le plus Toisio, a
eu pour effet de mettre ainsi un terme
au système des gens peu scrupuleux.
Tous les chercheurs d'or n'ayant en
vue que l'accumulation de h fortune,
on conçoit facilement l'uniformité des
événements de chaque jour. L'extrac-
tion d'un lingot d'une grosseur peu
ooQomune , la découverte d'un nouveau
filon, l'arrivée d'une troupe d^émigrants
apportant des nouvelles du pays^ et de
temps en temps la vi^ite des Indiens de
l'intérieur, voilà les seules circonstances
qui rompent la monotonie de la recher-
che de l'or. Il y a quelque temps on leur nouvelle position. Un homme qui
vit arriver aux placera une troupe d'In-
diens, de mine avantageuse, appartenant
à une tribu inconnue jusqu'alors aux Amé-
ricains; ils étaient accompagnés de trois
jolies filles qui firent sensation. On repré-
sente ces Indiens comme excessivement
intelligents et pleins de charme et de di-
gnité dans leurs manières. Ayant entendu
parler du prix que les émigrants atta-
chaient à For, ils avaient fait un voyage
aux mines pour devenir possesseurs d'une
partie de ce précieux méul. Ce qu'ils ra-
content d'eux-mêmes jette un nouveau
jour sor l'opinion qui s'accrédite rapide-
ment, que l'Amérique était autrefois peu-
plée par une grande nation, fort instruite
et avancée dans les arts; ces visiteurs ont
prouvé qu'ils n'y étaient pas étrangers
eux-mêmes. Us disent qu'ils habitent une
ville à plusieurs lieues au nord-ouest; on
peut donc présumer qu'ils ne font pas
partie de h race commune des Indiens,
mais que ce sont les descendants des véri-
tables constructeurs de huXtes, réels abori-
gènes du pays. Une lettre venue de ce
placer fait le pins grand éloge de ces fiUes
indiennes, les représeate comme de véri-
tables personnes bien élevées, et dit que
si ce n'était leur teint un peu trop foncé»
leur taille et leur figure les feraient prendre
pour des anges.
Les volontaires amëricaios, commandés
par le colonel Stevenson , sortant en
grande pariie des classes inférieures de la
société, ont opéré, par l'envoi de leurs
trésors, des changements surprenants dans
la position de leurs parents restés dans les
villes de l'Amérique. On raconte à ce sujet
des anecdotes extraordinaires : De vieilles
marchandes de pommes, dont les fils s'é-
taient enrôlés, achètent maintenant des
toilettes sp!endides pour représenter dans
les cercles de l'aristocratie. Deux petites
filles qui balayaient New-Broadtcay ont été
mises dans une grande pension pour y
recevoir une éducation en rapport avec
était dans une maison de mendicité il y a
quatre mois, vient d'acheter une terre con-
sidérable où il fait construire une magni-
fique habiution. Le matire d'une petite ta-
verne dans les environs de Ne w- York étonna
fort ses voisios un jour, en jetant au milieu
de la rue ses barriques de gin, qu'il offrait
à qui voulait les emporter. Cet accès de
générosité était produit par la remise qtii
venait de lui être laite d'une somme con-
— 166 —
sidéraMe proTCunt dfs miiws. Us
lard reçQl oiie lettre àt se» fib, aloiB à
Panama, qui lui aonoiiçait qu'ayant dé*
fierté chi régiment dea YoIont2ires« M ae
troaTaît rédoit k ht pVn raâréiiie pavnrefeé,
le priant de Ini ewreyer qnekpies éeHars
ponr revenir an pays ; mais tand» qne lo
père s'efforçait de satiafaîre à sa deaaaade
an moyen d'une seuscription parmi ses
connaîssaneea, M reçnt nne awire lettre
loi donnant arâ de YewnA d'wi petit
baril de pondre d'er de la Tafeor d'eof
vire» cinquante mille doUara. An commen-
cement de janvier, une panvre Irb»-
daise reçnt une lettre qu'cÂle porta à nn
homme de loi de New-York, dans WaU*
Street^ le priant de loi en fedre la fecftura.
L'hemme de loi, surpris de voir le tiaa-
bre de San-Frandsco, demanda à cette
femme, avant d'ouvrir la lettre, de qui dk
venait
« Bfo foi, monsieur, répondîtrelle, je ne
sais an monde de qui die peut vemr, et
j'miagine qu'il y a méfmse.
— - N'avei-vous pas de parents en Gali-
forme?
•— Ni n, ni aillenra, moosieurr et ce
n'est pas des gens comme mot qui savent
cenlement où se trouve ce pays-liu
— Est-ce qu'aucun niemfare de votre
f«mUe n'est parti ponr la guerre du Alex»-
-que?
— ^t si, votre hoanenr; nn anémalde
mari que le diable l'emporte. Il est parti
dans le régiment dn cohmel StevcnsoUt et
J'espire bien qu'à ne reviendra pas-
— ¥oib qm édaîraît l'tfWfe;^ » dk
l'homme de lot en ««vinnl b ktire. IBb
reiimBait nne traîae de din mHie dnilan
snr la mmen Honrland et AflynavalU et
cenlenait ces mots :
ic Ghére Peggy, je t'envMe ww ba^i-
teAe:; je aoulmite qu'elle vaille qndqae
chose; car je Pai achetée à tant haaard,
et j'ai assez é'oe en ma poasenîan penr
en acheter pins de viugt eamaae «la.
Tâche d'apprendae à derenir une ^anie
dame le pins tôt que ta ponrrae, car leta-
qne je uerieirirat jeté Kadiaè riche eomme
mie reine. »
La traite te payée à présentatien^ ei
sans dsRSIe que Pifigy ne désira pinemaln-
tenanaqne son animal de mari ne revisnne
jamais.
Ilestnnfail singulier» c'est queF^ialenoe
de l'or dans les menftagneidela Galifarnie
était oonnne depuis firès de deui aîèeieaw II
en est itit memien dans phwienra livres
anciens; et 11 court une tradîùen,i ifue ke
mines étaient exploitées par des races qui
se sont éttintce depuis ioogtemps. Gdn
semblerait confirmé par ledéooiiverte dans
celte localité de plusienrftinstmments d'ex-
pkHtaUen. Ces oeiils sont hi posseattan d«
capitaine. Sutter» nn ies premiers cher-
cheurs d'er de la CaISfornie, qui a obtenu
des Indianft nn grand nombre de reliques
étabhsaant to prewreque la GaliComie était
anUreiais nn paqfs puiimanl ettUmen ci*
SeYEEDI.
( Tradmil de ranglmi.)
— 167 ~
BIBLIOGRAPHIE.
La Lyre des Petits Enfants, poésies non-
TeUes, dédiées à toutes les mères chré-
tiennes; par M. Alphonse Gordier (de
Tonrs).
Il vient de nous tomber entre les mains
nn recueil de poésies qui, dédié à tontes
les mères chrétiennes, mérite d'occuper
une place dans le journal consacré à leurs
filles aînées. Ce volume, venu après tant
JTantres, faits pour les enfants, est ce-
pendant neuf et charmant ; éloigné de F af-
féterie, du faux enfantillage, langue qu^à-
doptent toujours ceux qui ne connaissent
ni ne chérissent les enfants, il est à la foia
gracieux et raisonnable^ doux et grave
comme une bonne mère qui se met à la
portée de ses petits enfants, tout en tâ-
chant de les élever avec amour à sa propre
hauteur.
La pièce insérée dans ce numéro vous
donnera, mesdemoiseHes, une idée des
productions de Tauteur.
**¥
UTTÈnATUBE DfiTlIAIf G]
A',^
LAftOSA.
FAYOiA.
LA ROSE.
FABtS.
Di se Stella invaghita, e del sue bdlo
Si ipecchiava la roia
In un limpido e rapido roscello
Quando d'ognl ma fo((na
UnC aura impetuoM
Ia bdia fMa ipoglia.
Gasear* nel ri» le loglie; et U rio Aiflindo
Se Je porta corxendo s
E coii la beUà
Rapidiuîmamente oh Dio I len va.
DB LnusifB.
Amoureuie d'elle-même et de m beauté,
La rose se miiaii
Dans un limpide et rapide ruisiean»
Quand un vent impétueux
La dépouilla de ion feuillage,
Oui tomba dam l'eau.
L'ea» dans sa laite
L'emporta en eeuaani.
Hélas l c'est ainsi, mon Dieu,
Que la beauté s'en val
• A*
— 168 —
LES TROIS AMIES.
« Ainsfàonc, tu te maries 2
— £t toi aussi?
— Et Delphine ausi !
— Quel singulier coup du sort! les
rois intimes seront mariées le même mois,
la même année, à huit jours de distance...
et mariées par inclioation, car, je le sup-
pose^ tu aimes le capitaine Julian ?
— Mais... il ne mVslpas indifférent...
Et le docteur David te plaii?...
— Âh I ma chère, il y a (aut de sympa-
thie entre nous ! nous nous comprenons
si bien ! »
Ainsi parlaient deux jeunes filles, instal-
lées dans un petit salon d'une maison de
la place Bellecour, à Lyon. Gabrielle, la
fiancée du médecin, dit tout à coup à sa
compagne, en accentuant ses paroles, et
en les accompagnant d*un regard n alin :
« A propos, ma chère, on dit que le ca-
pitaine à l'intention de se retirer du ser-
vice, €t d'aller habiter sa terre, située au-
près de Nantua.
— Il n*en fera rien! répondit brusque-
ment Lucie.
— Il en aurait le droit. Quoique jeune,
il a déjà bien des années de service ; il a
lait la campagne du Trocadéro et et lie de
Gr^ce, il croit avoir payé sa dette à la
patrie
— Et il voudrait prendre sa retraite I
et je serais la femme d'un capitaine re-
traité, relire à Nantua, et n'ayant pour
toute distinction que le salut du garde
champêtre tt Ju facteur rural 1... Cela ne
sera pas!... Si j'épouse Henri, M. Julian,
veox-je dire, il poursuivra sa canière, et
ne bii^era pas sous ses pieds l'échelon qui
peut le faire monter bien haut
1
— Tu as de l'ambition ?
— Peut-être!,.. Et toi?
— Oh I moi, je veux, avant tout, un
intérieur paisible, les joies du sentiment,
les plaisirs de la famille Il ne me faut
pas de fêtes, mais je désire un cœur tout
à moi, une existence qui me soit consa-
crée
— Tu as de l'ambition à ta manière...
Et Delphine, que désire-t-elie?
— Qui peut le savoir ? Elle est si sim-
ple ! Si ses livres de commerce sont bien
tenus, ses armoires bien rangées, s'il ne
manque ni un chiffre à son quotient, ni
une serviette à ses piles de linge, elle sera
heureuse, très-heureuse I
— Le loin de $<m troupeau
L'occupe tout entière,
fredonna ironiquement Lucie. C'est vrai ;
Delphine ne voit rien au delà de la messe
de la paroisse, de son comptoir et de sa
cuisine.
— Comme tu ne vois rien au delà d'un
mari colonel 1 »
Lucie haussa les épaules en rinnt, mais
ce mot traduisait parfaitement sa pensée.
Elle ne demandait le bonheur qu'à l'éclat,
aux distinctions, et ne choisissait le capi-
taine Julian que parce que, jeune encore,
il avait de l'avenir et qu'il pouvait faire
monter sa femme à une de ces hautes po-
siiionsqui inspirent l'envie à ceux quiigno*
rent le fond des choses humainef*. Pour
acquérir ce rang, pour devenir l'objet de
cette eiivie, Lucie sacrifiait volontiers la
paix domestique, la félicité intérieure, les
douces joies d'une vie passée à l'écart, loin
du bruit, sous un beau ciel, et cette des-
tinée qu'elle méprisait était la seule qui
pût satisfaire les vues de son amie. Ambi-
D^^<
— 169 —
tiense aussi, Gabrielle voulait, à tout prix,
être henreui^e par le cœur, par Pégoïsme à
deux, qui renferme deux êtres dans un
cercle étroit, d'où le devoir rigoureux,
Taustëre nécessité sont exilés. Vivre pour
soi était la devise de ces deux jeunes filles,
qu'elles désirassent les joies de rambition
ou celles do sentiment : vivre pour Dieu et
pour les autres était l'unique régie qui
dirigeait les actions de leur modeste com-
pagne.
Delphine, moins favorisée que ses amies,
épousait, d'après le désir que son p^re lui
avait manifesté au lit de mort, Edouard
Forêt, son parent éloigné. Ce jeune homme
ava't peu de fortune, et il ne possédait pas
ce caractère énergique, patient et fort,
qui semble destiné à se faire jour à travers
les obstacles. Son petit commerce de soie
à coudre était assez négligé, son avenir
offrait peu d'espérance, et lui-même, par
ses dehors gracieux et faciles, inspirait à
ceux qui le connaissaient, plus d'amitié
que de respect et une bienveillance plus
voisine de la pitié que de l'estime. Del-
phine n'ignorait aucune des épines qui
allaient se cacher sous sa blanche cou-
ronne de mariée ; ni les soucis de fortune,
ni les soins iaborieax d'un négoce obéré,
ni le faible caractère de l'époux, ni son
penchant pour les frivoles plaisirs. .. maiselle
embrassait ces difficultés avec courage,
jalouse de dégager la parole donnée par
son père, et confiante en Dieu et en la
puissance du devoir.
Les trois mariages se firent presq^ie en
même temps : celui de Lucie avec le ca-
pitaine Jnlian fut splendide et répondit
aux goûts brillants de la fiancée ; celui de
Gabrielte, plus mode&tt>, s'entoura d'une
teinte romanesque qui fit sourire les uns
et soupirer les autres; celui de Delphine
fut conforme à son humble fortune, et
dès le lendemain, b jeune femme entra
d'un pas ferme dans la voie de travail et
de sacrifices qu'elle avait acceptée au pied
de l'autel.
n
Deux ans s* étaient écoulés. On était eu
1832, et les troupes françaises, comman-
dées par les jeunes princes d'Orléans, fai-
saient le siège de la citadelle d'Anvers, si
noblement défendue. Un ofBcier français,
debout à l'entrée du pont, examinait avec
attention les vaisseaux de guerre hollan-
dais, commandés par Koopman, qui reflé-
taient -^ans les flots tourmentés de l'Escaut
le pa'villoo aux trois couleurs, que la na-
tion néerlandaise a fait tant de fois triom-
pher sur les mers. Pendant que les yeux
de l'officier erraient des bastions à demi
ruinés de la citadelle aux mâts légers des
canonnières, des tours de la ville aux si-
nuosités du fleuve, uu jeune homme vint
se placer auprès de lui, et lui dit en bon
et pur français :
« Oserai-je, monsieur, vous prier de
me prêter un instant votre longue-vue? »
L'officier se retourna précipitamment, et
tous deux jetèrent uu cri de joyeuse sut—
prise :
« Eh quoi ! Julian, est-ce vous 7
— Vous ici ? Edmond ! est-ce possîbre T
— Eh ! mon cher, je conçois votre sur-
prise. Vous ne vous attendiez guère à
trouver ici un pauvre pékin comme moi.
Vous, c'est autre chose.
— Oui, dît l'ofGcier sérieusement, je
suis à mon devoir, je suis ici parce qu'il le*
faut Mais il fait un froid de loup ; venez,
si vous n'avez rien de mieux à faire, venez
jusqu'à mon logement, et nous causerons. »
Edmond Forêt fit un signe d'assenti-
ment, et bientôt ils se trouvèrent installés
dans la petite chambre, logement provi-
soire de l'ofGcier.
« Vous ici, je n'en reviens pas I s'écria
encore le capitaine, tout en activant son
feu de houille.
— Les affaires, mon cher Henri...
— Gomment I vous savez ce que c'est
que les afliairesT Elles vous préoccupent
assez pour tous tirer, en plein hiver, de
-^^^^oc
-: tro —
TOtre cher Lyon, et tous amener à trois
-cents lieues? Résolntion héroïque et
-qne j*«Aniice 1
— ^ le sois marié....»*
— Eh bien !î
— £h bifin ! .nuin cber« Delphine, ma
femme, «m'a presque fionYerfti à rxNrdre,
elle m'a presque donné le goût du travail.
— Je coDfois oela : on veut éure riche
pottf parer ce que l'on aime.
—- Je crojs que vous voias trompeiK; .je
n'aime pas Delphine 4e cette iiaçoiL CesX
r«Bemple donné pv «Ue qui m'a r^ndn
an peu honteux de mes habitudes indo*
kates.*... Dès les pceaiîersjours de notre
aMuriaget elle a voulu se mettre au coacaat
de nosaffurea.. Je croyais que leur fâ-
aheiise fiituatioa Tançait rebutée pour lou-
jaHS... Point du toatl... £Ue m'a prié
de supprimer le commis^ et s'est mise
aHe-méme à Ja be«^e avec aulaat.de
«ûle.que d!ai:deur.o*« Que iaire à.cela,
moucher capitaine? Ponvais-je être pares-
seux, k cM de ma courageuse feamie ?
Pouvais- je fahre moins qu'elle ne faisait,
enfin ? Elle (n'a 4onné goût<à b besogne,
tUe. p'ja iaU çgùlter mes babUades de^ar-
çqn, «oaT^, ^pfKiîUcIe, ^te., etc. Ddphine
in'a résuma maison si.agréable, (|ue j'ou-
blie, pour le coin dnXea» mes plaisirs d'an-
trefois. Toujours douce, toiqonrs 'égale...
oij^ ti;ouver un jaieiUenr ami? Toujours
a^ jtravail, trav^ de bureau, travail des
maina.- où trouver un meilleur associé ?
Elle m'anime, elle m'encourage, elle me
console, et c'est pour la seconder dans ses
généreux efforts, que j'ai entrepris ce
voyage qui vous étonne, et où il s'agit de
iioqiçr quelque relations utiles à notre
^^;oce.
— U ne m'étOQue plus maintenant.....
— Mais votre présence à Anvers, mon
cher Julian, serait en droit de me sur-
prendre à wàn tour. Ne deviez-vous pas
quitter le service ?
— En eQet.. , répondit le capitaine d'un
air soucieux.
~ Vousdeviea aonai^otîw % JbifiUê7
«^ iSaaa doute. «•
-^ Et pourta^tJ
«^ £t pourtant» vous me r^ftoiurez wm
labaroaist llMvrai; j?j»a4ésiraiaau9
le rqiWj la vie cahne, i(9s «r»? aux* to
joqiiaftttfies de la oampwuf^-* D^pt)i3 cinq
ani« j^ m'éltais^plu ^.di^pf^ oçto pçtltiç
m^ispii» t embeUirce poînda terre ^ugn^
Dieu a .prp4tfpé le» eaux ^i les m^m/^-A
Après dix ans de services actifs, je rfivaJ9
tt jHiQ^ vie lie (MUa, de jrâ;, de .^-
di^m ioiaîc9, .car j*y av^î^ ma 4e3 jivr^
mes lavoria: les Commentaires. de Géfiar^
JoiAville, Sallnstej Commin^, et tutu
quanti.. . Bah 1 autant en eiwoirt^le v^nt !
J'ai rôvé, joea cher^, rêvé beep.^el« 4o(}|:
paysages, beures trauqoiUes... me voU>
réveillé.. •«. I^ caaop i;rande, et le tiua-*-
bfm va m'appeler.à la trançjite. .t • •
^ Hais /quelle cai$oa.T..<.« Yqus ave;i
une lortnae ind^adante.7*«««.
^- Ce que femmfi veiU, Dieu U veiUl
mon tcés-.cber. Soldat sois, et soldat
mourrai.. 4
Le/apitaina étouffa ua soiipa;» tordit
ses .moustaches, et voulut prendre un air
jovial 2
« Et notre.ami Davidt demanda-i-il, cet
amoureux 4e la scienca, que iaît-il 7
— ^ Jl visite ses malades.
"^ J'entends bien, mais le choléra a dft
donner un coup de collier à sa réputation?
— Je n'en ai pas trop ouï parler. Il ne
se met pas en avant, il vit chez lai, pour
sa feîFHPfrr
'— Huml murmura la 4»4Ûtaina:, je
compreads... Mais qu'est-ce que je vous
disais? voilà le tambour... Adiea, mon
cher lEdmomLi. ou platOt venei avec moi,
vous varraz la tranchée.*, c'est canaux,
qnaad oa ne l'a jamais vu... »
m
Bien des années s'étaient écoulées en«
I Gore , égrenant , comme les perles d'un
.^
— 171 —
m lion tMiH fofOB il taalAl
ihht s1§tait kfé «fcc ses pré*
UHlet, Jes inqnétiAei 'cMIci,
les bmits de 0Dem« ks daolrineB
fimfUMMtxMén.
4m VÊatt 4b «mk,
jooir d'an intime bonheur, «■ ébfit en
ynUtapieft, «BM feoMMe jeune
:, tent «1 fanint, le to-
ieVt faneadiit int om
ehnobM 4Ugm%b^ qa'inimaMt des por-
traits de famille,, ^ae laupèakil des Irms
de flcîMoe €t 4t KttApttM, plaeés à la
portétéeèinâ dn leelflar. Gme éomm
était fiahnirife, don igée de trent^uit
ans» c* q« dartic ve inogw jeimeswè
nne Tîe deèoaàsac. B o w oim b JfMfn'alors
entre tontes, elle n*avait en dlMlre devoir
qœ ses aSectÎDW, et janMeHeii'cvMt dû
frira noleooe an fsÂta, cdx dérirs deaaa
ima danceat t«riK, poar aeaoïBplîr wmt
aèrère oUigaiîaA. fiiaai m Vm9à faaUtsée
à séparer l'idée dn devoir de celle 4a bon*
Jbaar, at lasosar mm posvait oanpreadre
les amers plaisirs d'nna cooarïeMa salia-
laUe, fBi daaa un mmmaml Mafpsge,
aadb, tfeatlhn da looL «abdelia mdaU
se sentir henrense, heureuse à laittfiii*.
Tolonté dHm àam e apie s B easa n Crible,
^oa hMilsadiffiaB tnata «l qas r^obatade
UdlaailBftdritaaiiflari
aTacuae nue imfarisaee. BUa ûm uM un
coup d'ail an -eoaTei* 4m éégevner ; et
ylayt mm foe de l^wrisHi 4a riaotanr, mm
lattae parlMit k rinJbre da la MoriripaMé
de lifioB. €a sain était à peiM achefé,
qu'oa «Mm, al M. David, laB snêna
tant, aniai dans k chambra, amdit
main à sa femaifrat k èaisa an tnom.
a €M4attn, aawi ani, hri diurile.
— Ah! daaaa... ahhàl de kiMdrie.. .)»
M k décacheta et sa dgve deaîirt sav-
«c Sais-tu ce qn'on me mande, Gahrkik?
•^ K(w, mon aal, qa'eirt^eet
— - Le cMéraTkBtde se déokMr dans
pMaara qaaMkrs de k dlk, k
arisriaft desahhrilé foUiqne aaa omâSm
ta direction de rh6pital.aDib«knoa da h
GnUarière, et m dérigae pe«r wiriter ka
■akdcs à dandcHe.
— ^Gvand Oieaf... lira aori, la n^ae^
eaplaras pas oe poste dafigeraox P
-*- Gomment memtTim qae je refasaî
— En a i hy^MiH les naaaiareasia œœ-
paiians, ta santé délioaie, tes demrs de
fanlle...
— Cek ne «e peat, Oihaielk, fout le
moada nie jetterait k pkrre.
— <}noi! povr Icsaats prapaa de quel-
fse» nattas fenSf feai-ia me caadaoner
t «oTîrd'iMquiétBie «da doaleart
-— CribriaNe, se» doœ rasomable.
— Le paîB-je quand ta tîe est es jeut
iMBeEdajeaneflmédeeinBdéripeBdkncasieii
de se montrer, sans qve^ aMes, épan
et père, risqver une vie ri préoîeaae i ta-
Ismme et à tes enfants.
— n y m de i'honwnr.
— li y ^ de BM ^et Je t'en aoafare,
lefaae ! qn'as4a besoin de comlr ces dmn
fera, toi ^ jonk d'une nép u lari en tfdta,
d'nne isrtune indépendante! ta •')ippar-
tMM pas dm pahlic, ta es à nous, k tis
«nfwts chéris q« ont bearin dîna père
pour ks -guider. )»
Elle park iangteaiva encore, nlkntaux
raisonnenraatoepécieux les expresrions de
tendresse, puissantes sur le cœur de son
épMx. Vaincn, il céda, saerifkm k di^oir
et l'honneur aux aiTections d u B WoU quci;
mak kraqn'il ont Irit perthr k ktare qui
«■■avçait son refas h la «unicipalité de
iiyoei, U re t o mba sar aan fameuil, insan-
rifale a«x canescsde GabrieMe, pâte,
saunant, coawie ri i'a¥enîr M eût
dainement apparu, et il s'écria : « fi bm
sembte q^eje làens de rigaer mon arrêt
demerti »
A k même heure, Lucie recevait «ne
ktire de fien mari, akrs en garnison h
Parjs. Voici ce qu'elle*renfermait :
K Tous vous plrignez, Lucie, de k froi-
%
1^
-'^f>:'>v^^'>-V5?-
>«îG>
— I7i —
dcnr de mes lettres, et tous me demandez
h raison du diangement apporté dans nos
relations. Ai-je besoin de ?ous rexpliqoer?
Quel mauTais génie, pesant sur tons mes
jours, contrariant mes goûts, violentant
mes inclinations, a dénaturé mon carac-
tère, et remplacé par le fiel et Taigreur
ces sentiments doux qui jadis remplissaient
mon âme? Ai-je besoin de tous nommer
celle dont la Tolonté, sans cesse en oppo-
sition aTec.la mienne, me forçait, ou à
des luttes quotidiennes, ou au sacrifice
absolu de mes vues et de mes projets?...
Du jour où votre caractère s'est dévoilé à
mes yeux, j*ai renoncé à la \ïe d'intérieur
que vous auriez empoisonnée ; je suis resté
sons les drapeaux, seifl refuge que vous
m'eussiez laissé ; j'y ai conquis ce rang et
ces honneurs qui vous plaisaient tant;
mais puisque vous avez atteint votre but,
souffrez avec patience les ennuis de l'homme
qui a manqué le sien ; vous n'avez pas
voulu que je goûtasse le calme de l'étude,
l'indépendacce des champs, eh bien, ma-
dame, endurez, endurez sans vous plain-
dre l'humeor et les bourrasques du soldat.
1» Vous pouvez venir me rejoindre à
Pari.0, où le régimr nt que je commande
doit séjourner quelques mois : le monde
ne doit pas pénétrer les secrets amers ca-
chés entre nous. Adieu, Lucie.
» JULIAN. »
Lucie rêva un instant, plia la lettre, et
dit à demi-voix :
« Il sera bientôt lieutenant général. »
A la même heure, dans un modeste
bureau y Delphine, assise auprès de son
mari, lui disait, d'une voix douce où reten-
tissait l'affectueux dévouement de toute
sa vie :
« Mon amî, pourquoi vous troubler,
pourquoi vous décourager ainsi? la Pro-
vidence nousabandonnera-t-elle? Ce billet
qui revient protesté n'engage pas notre
fortune. *
— Non, mais en ce moment de crise.
il la dérange. Toute l'année, déjà si pé-
nible, s'en ressentira. Ah 1 qu'il est triste,
après vingt ans de labeur, de fatigue ,
d'échouer presque au port 1 »
Delphine s'était levée et fouillait dans le
secrétaire. Elle en tira un portefeuille, et
dit à son mari :
« Tenez, Edmond, voici l'argent que
vous m'avez remis à l'avance pour acquit**
ter les deux dernières années de pension
de notre fille. Il vous servira plus utile-
ment à solder cette traite.
— Mais conunenl faire? et Ghariotte?
laisserez^vous son éducation inachevée?
— Si vous voulez me le permettre, mon
ami, Ghariotte reviendra près de nous, et
je lui tiendrai lien d'institutrice.
— Vous?
--* Sans doute ! vous m'avez encoura-
gée à cultiver mes petits talents, je pour-
rai donc les lui communiquer, et je la
mettrai de plus au courant des affaires du
ménage.
— Ce sera une lourde charge pour vous,
ma chère Delphine.
— Une occupation , oui , mais une
charge !. . . un enfant est-il jamais à charge
à sa mère?
— Vous avez tant de travail !
— Je me lèverai une heure plus tôt, je
me coucherai une heure plus tard. Vous
savez que la besogne ne me déplaît pa^ »
Edmond réfléchissait. Enfin, il prit la
main de sa femme, et lui dit avec une
sorte d'attendrissement : « Delphine, je
puis disposer de quelque heures par jour :
M. Albaut, notre voisin, désire trouver
quelqu'un qui l'aide à tenir ses livres. .. il
m'acceptera, je le sais. .. je vais aller me
proposer, qu'en dites-voos?
— Oh I mon ami, cela vous coûte I
— Bah t si cela m'ennuie, je penserai
aux enfants, à tous, à l'honneur de notre
maison qu'il faut sauvegarder. J'y vais de
ce pas... »
Et le front et le cœur joyeux, il sortit
en fredonnant : « Fats ce que dois^ ... . v
S2^
^^
— 175 —
IV
Il y a peu de jours, la femme da géné-
ral Jalian, de |>a&age à Lyon, viat ren-
dre YÎsite Si madame Forêt^ qu'elle trouTa
environnée de sa famille. Charlotte, sa 6Ue
aînée, copiait de la masiqoe; Etienne ,
sons les yenx de sa mère, dessinait des
coopes de pierre, car il se destinait à l'ar-
chitecture, et Roger s'égarait dans les
colonnes d'une formidable addition. Leur
mère, sans quitter l'aiguille, surreiliait
leurs travaux, et reposait ses «yeux avec
une douce joie sur ces enfants beaux,
modestes, inielligeots, et préparés, par
une éducation solide, aux luttes de l'ave-
nir. £lle reçut son amie d*enfance avec
un seniiiLent vif et tendre, et ce fut un
frappant contraste quand ces deux femmes
s'embrassèrent, tant il y avait sur le front
de Delphine de jeunesse et de sérénité,
tant Lucie semblait vieillie par les chagrins
ambitieux et les ennuis, fils de Tégoîsme.
Et cependant Delphine avait eu en par-
tage les soucis, les travaux, les peines ma-
térielles, toujours épargnés à sa brillante
amie. Celle-ci, après les premières effu-
sions, en fit elle-même la remarque :
« Que ta figure est calme et reposée 1 s'écria-
t-elle, tu es donc bien heureuse? »
Delphine sourit avec douceur, et porta
les yeux sur ses enfants.
(( Oui, je te comprends, poursuivit Lu-
cie, tu es mère; moi, je n'ai pas ce bon^
heur... je suis seule, toujours seule... y>
En parlant ainsi, elle détourna son vi-
sage fier et triste, pour dérober les larmes
involontaires qui tombaient de ses yeux.
Delphine fit signe à ses enfants, qui sor-
tiren t aussitôt ; alors prenant la main de ma-
dame Julian, elle s'écria : « Tu n'es donc
pas heureuse ?
— Hélas! dit Lucie.
— Cependant, ton mari est un homme
d'honneur, un homme excellent, il est
haut placé, ta fortune est grande, tes dt'sirs
sont comblés I
^ Mais personne ne m'aime, je suis seule,
misérable, et j'entrevois le plus triste ave-
nu*. Tu sais que M. Julian, grièvement
blessé au siège de Rome, a demandé sa
mise en disponibilité... il se retire à Nan-
tua, dont l'air et le site lui plaisent., nous
partons demain...
— Eh bien I je ne vois pas là un si
grand malheur...
— Ah I c'est que tu ignores combien
le caractère de Henri est changé 1 changé
pour moi seule, entends-tu? Dur, absolu,
hautain, aigri par la souffrance, il tnç fait
sentir le joug. . . et je prévois de tristes jours,
dans cette solitude où je vais me confiner. . •
Autrefois, aussi, il désirait me mener à
Nantua.... mais alors il m'aimait, alors il
voulait que je fosse heureuse.. . mainte-
nant je ne l'intéresse plus... son cœur
m'est fermé... Ah! que je regrette ce
temps où sa tendresse me promettait de
si beaux jours.. . i>
Delphine baissait les yeux : elle n'osait
répondre à ces tristes plaintes par les pa-
roles qu'une raison trop dure aurait pu
lui dicter, et lorsque Lucie lui dit avec
amitié : <c Mais toi, du moins, tu es heu-
reuse? »
Ele répondit simplement : « Dieu a été
bon pour moi.
— Et ta fortune?
— Elle s'est augmentée, il y a quelques
mois, par l'héritage de notre bonne tante
de Belley ; nous n'avons plus d'inquiétude
pour nos chers enfants.
— Ah! Unt mieux! Et Gabrielle? est-il
vrai qu'elle soit veuve ?
— Hélas ! oui.
— Je t'avoue que je ne comprends rien
à son mari : comment est-fl allé mourir
en Afiique, simple médecin d'armée, lui
qui jouissait à Lyon d'une si belle clien-
tèle?
— Il s'est réhabilité, répondit grave-
ment Delphine.
— Ce qu'on m'a dit est donc vrai ? il
avait déserté son poste, failli à son devoir,?
*.v<*^
— 174 —
*-Ne soytmspars sévèpcstfntersIwTiiorts !
il arait cédé am instances û^ Gahricflte tt
à sa tendresse potir elle. BientM fi sTaper-
çot qne la cotisidémtion pnbliqn^ s*6lm-
gntiit de M, !I ne rencomraît qne 4es
regmtls moqueurs, ancnne mam ne s'a*
Tançait ao-devant de la sienne... Son dés*
espoir fat terrible, et te bonhenf qoe noire
pauvre amie avait cherché ant dépens 'd^In
rigonrenx Heroir, s'évanoidt connne nne
formée. Son mari Taccabla d*abord par sa
tristesse, pms par sa froideur, son^ence,
cfnfin, par ses éclatants reproches, et sans
oéder k ses hnmes, à son repentir, il par-
tit ponr PAinqne, où îl Tenaît d'drtemr
une place de médecin de régimeiA. Fen-
darrt ptasieursinois, Il nes^épargnaïKinrt»
il dieroha la mort au diefet destaonrants
avec une espèce de rage, et enfin il h
trouva. • . B tomba malade d'nne fièrre per-
nicietise, contractée ëans les hOpitawK;
alors inspiré par un bon prêtre, il écrivit
à sa femme pour lui pardonner... et cAte
Itttre, dictée d*un lit de mort, éuit la pre-
mière que Gabrielle eût reçue de son mari
depuis ôx moisi ce filt la dernière
aussi. ... le pauvre M. David mourut ..
— Et Gabrielle?
— Se iuenrl <te chagrin : elle n'a pas
le coura\0e de vivne pour ses enfants!
-* £tte«aft ^«s malheureose fue moi,
et poorunt, îe souffre bien !
— Btm mij chère Lue, fa pen avé-
Uflrer lontsort Ta douceur^ tes Mîns rar-
flrtnereot le ^Meur de ton viarL
^Sij'mdsreqiérerl
«^JBssafel
*<— 'Om, je le iBiAerai, 'et n Je itussb,
DeliAiine, tu auras été ma iHimdence, car
je conprenéis bien pourquoi» seule de
nous trois, tu «s faevirease : — c'est que
tu as préféré ton devmr à tes dénrs, et
qne tu n*as employé ton pouvoir de femme
que pour le bc«beur des autres! •
M** ËVEum RiBBECOuvr.
LE MOUCHOIR BRODÉ.
O'étak \ la fin de déeembre de Tannée
ÎBk5 ; neuf heures venaient de sonner k
Sanrt-flodi ; le froid étrit des plus intenses,
et une épaisse couéhe de nëfge couvrait
entièrement le sol. Ters le milieu de la
rue Saint-Honoré, couimençait une lon-
gue file de voitures, qui s'étendait jusqu'à
k porte de ranfiba8saded'Aii|(leterre.
INMNni les élégantes jemes personnes,
alors enveloppées dans tenn ebsudes 'feur-
rore», ily «n avak ptus d'une, sans duuies,
dont le cœur, agité tour à tour par la joie
ou llapstlettoe, protestait contre le temps
â*arrêt qu'il lui fallait subhr. Parmi elles,
nous devons ciler uKidemoiselle Glaire de
Kffvoa, jeune personne élevée modeste-
ment au fond de la Bretagne, et qui allait
assister pour la seconde fois seulement à
l'une de ces fdies brillantes que diaque
hiver voit se succMer si r apH c m cpti Pa-
ris. Glaire aimait le bal avec toute l'ardeur
de sessdzeans, «t te temps qui s'éooidait
dans cette péniUe attente lui paraissait une
perte irréparable. Son séjour chez madauie
dH^rsigny, sa bonne aSeide, touchait ï sa
fin; bieiftôt H lui faudrait retourner dans
le vieux château de Kervon , et elle vou*
lait du moins emporter des souvenirs pour
toute sa vie. Âpt^ ^"^e amusée pendant
quelques instants des plaisantes hmenta-
tions de la jeune f He, madame dHMguy
avait fini par céder au sommefl , et Glaire
.^^©•a
— 17» -
seisaiîiiBg. Afin 4*âbr^v im peu le
temps, «Ile somoit k uae oomplgisante iu-
TesUgation m fratcbe toilette 4q bal ! Ja^
mais efiooreeHe m s'éUit vve a^m élé~
gammeat pav6e» cA le se«(yneat ^'o«e
naiTe coquetterie agitait doucemeat soa
cœur» lant|ue ses riante» préQccupj^tîons
furent iaterreoipues par la vue d*uae
panvia femme toMot up «nfant dans ses
bras, et trataant par la main une petite
fille de douis aas que 1^ froid empêc^^ait
de marcber. Soa c(e«r i^n fitl épau; se-
courir ces inforlunis d/eTÎnt à l'instant
pour elle un besoin imp^içu^. Madame
d*Orsigny, qn'elle sebasard j^d'évei^er , avait
oublié sa bourse. Ce âcbeia contre-temps
désola la jeune fille, car la malbeureuse
mère, ne pouvant calmer la souffrance de
son plos jeune enfant qui ple^aiten lui
demandant du pain« venait de se laisser
tomber sar le trottoir, épuisée par le cbagrin
et la souffrance.
« Je ne pourrai m'amuser à ce bal, se dit
Claire; l'image de cette malbeureuse fa-
mille m'y poursuivra. . .1» Elle tourna vers sa
grand'mère des regards pleins de détresse.
Mais madame d'Oraigoy avait succombé de
nouveau 9x1 sommeil, et Glaire n'osa plus la
réveiller. Ob ! que ne donnerait-elle pas
pour convertir en argent qnelqu'une de
ces brillantes futilités achetées la veille
avec tant de plaisir 1
Ses yeux s*arcétërent sur spnmoucboir,
elle savait que le fini merveilleux de la bro-
derie en serait admiré et lui 9ttû*erait de
justes éloges... « f Mais elle se dit, mieux
vaut un sacrifice qu'un remords. » Aussi-
tôt, d*ttB geste bienveillant, elle engagea la
pauvre mère à s'approcher de la voiture,
poisj tendant son mouchoir : « Je n'ai pas
d'argent, pauvre femme, dit-elle avec bonté;
mais preaei ced ; cette broderie doit avoir
quelque vsleur.»
L'infortunée hésitait malgré sa misère...
« Songez à vos enfants que le firoid et
k faim font soulirîr, » ajouta-t^elle.
En ce moment la file des voitures se
mit en marche, et Glajre, en s'éloigaaqt,
enieadit la pauvre mère lui envoyer nue
bénédiction.
La soirée se troQvait très-avancée, les
magasins de lingerie devaient être fermés. ..
Pour se défaire de Télégant mouchoir, la
pauvre femme chargea sa fille de l'offrir
aux personnes dont ks voitures avançaient
lentement.
L'enfant s'approcha d'un élégant coupé :
a Madame, achetiez-moi ce beau mou-
choir, s'il vous plait. »
Ces paroles se trouvaient être adressées!
un jeune homme, M. le comte Horace de
Blancé. Par désœuvrement, il prit l'objet
que lui présentait la jeune fille, et s'éton-
nait qu'un mouchoir ainsi parfumé pût se
trouver en la possession d'une petite men-
diante ; lorsqae la mère s'étant approchée :
« C'est une jeuae demoiselle, mon bon
monsieur, qui, n'ayant pas d'argent sur
elle, me l'a donné pour acheter du pain
k mes enfants... Si vous en doutez, voici
mon nom et mon adresse. »
M. de Bhncé voulant s'associer dans la
bonne «euvre de la jeune inconnue, paya
généreusement le mouchoir, et la pauvre
mère, qui ne s'était jamais vue si riche, &e
hâta de regagner son grenier, bénissant
Dieu qui lui' avait fait rencontrer deux
cœurs généreux.
Horace, blasé sur les plaisirs du monde,
ne comptait faire dans ce bal qu'une
courte appari!ùan; mais à peine était-il
entré , que se retirant au milieu d'ar-
bustes en fleurs , il se mit à regarder ce
mouchoir, à réfléchir sur le sentiment
charitable de cette jeune fille. £lle doit,
pensait*il, préférer les bénédictions du pau-
vre aux louanges du monde, Tapprobalion
de sa conscience aux triomphes de la vanité.
L'imagination d'Horace une fois sur ce
thème, la fête à laquelle il n'apportait d'à*
bord que Ion indifférence ordinaire, em-
prunta un certain charme b cette circon-
stance romanesque; Use promit de décou^
-^t
->*a^
' cette jeune GUe, ceUe qae son imi-
ition libérale dotait de Ions leg dons de
«auté, comme elle possédait tons cenx
cœar. 1! se persuada qu'il «aurait devi-
, et commença le cours de ses invesli-
oas. Parmi cet essaim de femmes char-
ités qai garnissaient les salons, il n'en
rchait qu'une senle. Leur beauté n'ex-
it point son admiration, il n'accordait
ju regard distrait ii l'ensemble de leur
:lte, dont nn senl deuil intéressait
mentson attention. Parfois ilGecr<>yait
terme de ses redierches et le plaisir
lit battre son ccenr, maîsil reconnaissait
itAt ton errenr et s'éloi^niaiE brusque-
it. Horace rencontra plnsieurii de ses
I ; les uns cbeichèrent à l'entratner
; le salon de jen ; lesantres luireprochè-
de ne point danser.. . c'est qu'ils a valent
sœur on une cousine qui soupirait
ement aprës nne iavitation. Rien ne
l'arracher i la mission qu'il s'était
lée; il mit mCme une SMie d'amOur-
r^i rénssir; d'abord, il n'avait sonate
|)lorer que les premiers rangs des dan-
i", ce qu'il se reprocha bientAt comme
maladresse : simple, modeste, l'hé-
; de son rêve devait craindre les re-
!i de la fonle, et préf^r sans doute
e qu'au second rang. Le comte rv-
ueiiça donc de nouvelles recherches,
l'insuccès avait aœené le décourage-
t, et maudissant sa mauvaise étoile, il
' tiait assis dans l'embrasure d'nne croisée
squc le dialogne suivant attira son at-
ilion ;
« Ainsi, n'ayant pas d'argent tn as donné
I mouchoir T
— Oui , bonne maman ; j'étais assez
arcuse d'aller an bal, il fallait bien que
te pauvre femme fût
lillcurs, je n'innis |
isirs de cette soiré
eiqu'un souffrait pai
H. de Blaaeé lonn
: deux inlnlocntric
Kgard glisM vivement d'nne femme
k l'air noble et bon, aor nne jeune
dont la Bgnre gracieuse , le mil
réservé avaient quelque chose de s
trayant, qu'elle efll perdu k écbangei
avantages contre ccni d'nne écla
beauté.
I.e hai-ard l'avait mieux favinîsé
tontes ses recherches; d'après l'areu
jeune fille, et d'après nn rapide exai
il put constater qu'elle n'avait pas de i
choir. Ses mains parfaitement libres i
salent sar ses genoux, du jouaient mi
nalement avec les bouts Outiants d
longue ceintnre.
■ Déjà deux heures l ajouta-t-i
comme le temps s'écoule rapidement!
— Tn t'amuses donc T
— '■ Mais sans doute, grand'mamtu.
— Cependant tu n'as guère dansé.
Il y eqt entre cette observation i
réponse 1 intervalle d'un soupir.
« Je vois danser... et c'est presque i
amusant. »
Horace se leva, il lui semblait
délicat d'écouterplos longtemps celle)
veri>aiîon ; puis aprfa avoir fait qndi
pas dans le bat, il revint vers ces damt
engagea la pins jeune k danser. A cettt
viiaiion inespérée, la jenne fille rougi'
plaisir. En attendant le signal qui de
engager les danseurs i former le qnadr
M. de Blancé fit sur la beauté de la
quelques réOexions qui servirent k uo
avec madame d'Orsigny un entretien
qnel, seuli-, elle prit part. Claire, par
sentiment de réserve qui sied si biei
nne jeune (tersonne, se bornait k répi
dre aux questions qui Ini étaient perw
nelletnenl adressées.
L'orchestre ayant lait entendre les p
{nadrille, Hor
t la conduisit i
mais il pos>!é(
irit de convenai
: bien élevé pi
lier nn cntrct
— I
avec une jenne personne quand elle se
trouvait éloignée de la protection mater-
nelle. Il garda donc pour lai le «secret da
mouchoir, et Glaire pnt se livrer sans con-
trainte an plaisir de la danse ; elle le fit avec
toute la gaieté de son âge, et apparut ainsi
à Borace sous uo jour opposé, mais encore
sédoisant.
Madame d'Orsigoy n'atlendait que la
fin du quadrille pour se retirer; elle se
leva au moment où Claire revenait auprès
d'elle, reconduite par M. de Blaacé, qui,
après s'être respectueusement incliné en
signe de remerctment, se retira en même
temps que ces dames, emportant sur son
cœur ce mouchoir qu'il n'eût osé rendre
en ce moment, mais qu'il se proposait de
rendre plus tard.
Les divers iacideot3 de cette soirée
avaient fait une assez vive impression sur
M. de B'ancé pour lui donner le désir de
revoir son intéressante danseuse; il la
chercha vainement dans toutes les fêtes,
mais sans réi^ultat, par unn raison bien
simple, c'est que Claire était retournée
depuis longtemps en Bretagne.
Au printemps suivant, M. de Blancé fut
attaché de nouveau à une ambassade au-
près de l'une des cours du Nord ; cette
circonstance fit une diversion à ses regrets.
Il n'avait point oublié les protégés de sa
jolie danseuse. La mère était devenue con-
cierge du petit hôtel qu'il habitait dans
les Champ >-Éiysérs, et la fille avait été
placée en apprcntissag*) dans l'une des
principales mai>ons de lingerie de Paris.
M. de Blancé fut absent pendant trois
ans; ses fonctions diplomatiques n'avaient
pas à tel point absorbé son esprit, que le
souvenir du bal de l'i^mbassade ne vînt son-
vent s'y présenter. On oublie une belle
personne par la vue d'une autre plus belle;
le talent se trouve éclipsé par un talent
supérieur; une bonne action laisse des
traces plus durables, en ce qu'elle ne s'a-
dresse ni aux yeux, ni à l'esprit, mais au
cœur.
DlX-KEUVlfeuF. ANN^B, 4« SéP.IE. — N* VI.
77 —
Le peu de succès qu'avait obtenu ses
précédentes démarches n'avaient pas re-
buté le comte. Un jour, qu'il contemplait
pour la centième fois peut-être le mou-
choir de Claire, il découvrit, enlacé dans
sa magnifique broderie, un petit losange
an milieu duquel se trouvaient des armes,
Ce fui un trait de lumiè e pour Horace,
qui se hâta d'aller consulter à ce sujet un
graveur héraldique. Il sut que ces armes
étaient celles de la famille de Kervon,
qui habitait les environs de iilorlaix, en
Bretagne. Cette découverte inspira à M. de
Blancé la joie la plus vive. L'un de ses
amis résidait précisément à Morlaix, il ré-
solut d'aller le visiter. Toutes les infor-
mations que reçut M. de Blancé sur h
famille de Kervon ne firent qu'augmenter
son dé ir d'obtenir la main de Claire, qui se
trouvait libre encore de tout engagement.
Al. de Blanoé se fit présenter chez le
comte de Kervon, où il fut parfaitement ac-
cueilli. Les trois années qui s'étaient écou-
lées depuis qu'il n'avait vu Claire sem-
blaient avoir augmenté encore le charme sé-
duisant qui éibanait de toute sa personne.
Soit réserve, (o.'t oubli de la part de la
jeune personne, il ne put deviner si elle le
reconnaissait; quant à lui, il avait résolu
de ne faire aucune allusion au passé.
Un mois plus tard, M. de Blancé de-
mandait au comte de K< rvon la main de
sa fille; et le comte la lui accordait avec joie,
car ce mariage dépassait de beaucoup les
espérances qu'avait pu former l'ambition
pattTiielli\
La modeste Claire ne revint pas de sa
surprise lorsqu'elle apprit la de Ji- nde d'Ho-
race. Comment un homme aussi brillant,
aussi recherché, venait-il se choisir pour
coiDpagne une petite Brdonne simple et
pauvre comme elle?
Le jour où devait se Ctlébrer les fiançail-
les de ^I. le comte Horace de Blancé avec
mademoiselle Claire de Kervon, on vit ar-
river dés le matin, au château, la foule des
conviés h citte solenni'.é. La société était
12
Î0^'
^^'^Oà)^
— 178 ^
réunie dms le sdon.- Les jeunes filles,
parentes ou amies de Claire, Tenaient tour
à tour Tembrasser et lui offrir leurs féllci*
tations. Il en était plus d*nne peut^>étre
qui, dans le secret de sou cœur, enviait
le sort de la future comtesse de Blancé.
Puis leur curiosité était vivement eicitée;
elles savaient que les cadeaux offerts par
le comte étaient attendus d*»n instant à
l'autre, et eiles avaient b&te de juger de
leur magnificence. Ghàre était assise à côté
de sa bonne aïeule, madame d'Orsigny,
arrivée tout récemment à Kervon , pour
remplacer, dans celte i mportante circon-
stance, la m^re que Claire avait perdue.
Horace était debout près d'elles, son regard
quittait rarement sa charmante fiancée;
mais par un calcul babile, c'éuit à la res-
pectable aïeule qu'il prodiguait les douces
prévenances, les gracieuses flatteries; il
savait que le cœur de Glaire hii en saurait
gré. Un domestique vint dire quelques
mots au comte, qui sortit aussitôt
« Sans doQte la corbeille est arrivée, »
se dirent à Toreille les amies de Glaire;
et leur impatiente coriosité s'en accrut en-
core. M. de Blancé tarda peu à reparaître ;
il était accompagné d*une jeune ouvrière,
deuxdomestiques suivaient, cbargés d'une
magnifique corbeille; la jeune ouvrière
étala devant les regards avides tous les
trésors inventés par l'industrie pour la
toilette des femmes. Horace avait chargé
de ces brillants achats l'une des premières
lingères d£ ParÎBL Ckttiie ae moiiuait paa
une jeîa immodénée, nais elle évitait aussi
toute aiectation d'indifireuee, en payant
auK dons fttiaeiix de sot fiancé un jutti
tribut d'admiratioiL Toutit coup, elle pAUi»
un nage obscurcit sa vue; ses makia tre»*
blanles venaient de saisir dans la corbeille
un mouchoir dont ses yeux ne pouvaient
se détacher ^ne pour aUer interroger ceux
de M. de fiJancé.
€ Oui, mademoiaelie, dit la jeune on-
vrière.-s'approobant af«c respect, je suis la
petite mendiante èqui vousavez donné vobrn
nMMKbeir. Je Tai vendn à monaieuTi ajou-
ta-t-elle en incKqpiant le comte, ma mèn
loi avait donné noire adresse pour kd
prouver que nous n'anons pas volé votm
mouchoir^ et depuis ce jour M. le comte
nous a protégés.... en souvenir de vous,
mademoiselle, de vous qu'il aime depuis
trois ans, à cause de voUre bon cœur... »
La jeuneonvrière pleurait... Glaire aussi,
elle venait de comprendre le passé, et
pourquoi le présent était si heureux pour
elle!
Gomme tout le monde l'entourait, la (é-
licitait : « Ah! dit-eHe en tendant la
main à son fiancé, je n'avais fait qu'ébau-
cher une bonne oeuvre, et vous avez su la
perfectionner. »
<c M'enviez-vous ce bonheurî
— Oh I noii, mais je m'efforcerai tou-
jours de le partager. »
Marie Émbrt.
-r^.^.
^•^IQ.
— Ift —
LES GENOUX D'UN PÈRE
Mon cœur est triste, enfant, laisse là tes joujoux :
Viens un instant, mon fils, t'asseoir sur mes genoux.
Pardonne si ton père, à présent, te dérange :
Mais il veut caresser la tête, mon cher ange,
Coller sa bouche en feu sur ton beau front si pur.
Rafraîchir son regard dans tes deux yeux d'azur.
Connais-tu, doux agneau, mes droits à ta tendresse ?
Sais-tu, mon bien-aimé, pourquoi je te caresse?
Pourquoi je suis heureux brsque tu viens, le soir,
Gentil, comme h présent, sur mes genoux t'asseoir 7
D*abord, ô chérubin que le bon Dieu m'envie,
Je t'ai fait trouver place au banquet de la vie;
C'est moi qui le premier, te prenant dans le ciel.
Ai versé sur ta lèvre une goutte de miel.
Le Seigneur te créa petit mouton sans laine,
Ta mère et moi t*a¥Qns chauffé de notre haleine,
Endormi dans nos bras, couché dans un berceau*
Arrosé nuit et jour, frêle et tendre arbrisseau.
Oui, tu dois chérir Dieu comme sa créature.
Mais nous t'avons donné, mon fils, la nourriture,
Nous t'avons défends cdntte l'hiver glacé.
Par un chaad v ê trtn cnt Uen sonvent ren^placé ;
Nous t'avons prodigué, dans ta ooncbe in«bile,
Les mille soins voulus par %)■ être débile ;
Chaque fois que tes yen te renqiUsnient 4e pleors.
Ton père, mon anoar, ressentait le» douterai ;
Le moindre cri fonssé redosMait «es abraies.
Il eût versé «m «ang pmnr essuyer les Ivnnes 1
Tu me dois, après Dieu, l'existence et le pain :
Mon titre à tes baisers esl-il «n titre Tun î
Pour te nourrir, enfant, il faut que je travaille;
Ma main doit séparer le froment de sa paiUe,
Semer, chaque matin, pour recueillir le soir,
Émousser la faucille, épuiser l'arrosoir,
— 180 —
Guider dans les sillons le soc de la charrue.
Couper rherbe d<*8 prés par la chaleur accrue,
Émooder les rameaux de la vigoe aux doux fruits ,
Et jeiez les filets, à la faveur des nuits.
Dans les flots tournoyants dont la surface écume.
Courbé sur le pitpier que doit noircir ma plume,
Il faut, pour te nourrir, que j'écrive longtemps;
Que je chante (u hiver les roses du printemps;
Mon doux enfant, il faut que toute la journée
Par les nœuds du travail ma m^ân soit enchaînée.
Hélas l triste héritier du crime paternel,
L'homme lave en ses pleurs le crime originel 1
Eh bien! lorsque le soir, abandonnant Tétude,
Ou revenant des champs rempli d'inquiétude,
Je rentre à mon foyer, n*est-il pas juste alors
Que tu m'ouvres, mon fils, tes plus riches trésors.
Et qu'enchaînant mon cou de tes petits bras roses,
Tu verses tes baisers sur mes deux lèvres closes ?
L'amour fait tant de bien c[uand le cœur est souffrant 1
Qui me caressera si ce n'est mon enfant?...
Ange qui me dois tout, tout, jnsqii'à la naissance,
Je ne veux rien de toi que la reconnaissance,
Qu'un peu de ton amour dont je suis affamé :
L'enfant qui n'aime pas ne sera pas aimé. '
Entre ta mère et moi partage tes richesses,
A nous deux tes baisers I à nous deux tes caresses 1
Je ne puis à moi seul prendre tout le butin ,
Ta mère doit avoir ton sourire au matin ;
Mais lorsque je reviens, accablé de fatigue,
Le soir, tout est à moi, tu dois être prodigue;
Bien mieux, ô mon enfant, tu comprendras un jour
Pourquoi le cœur d'un père a tant besoin d'amour.
Alphonse Cordier (de Tours).
{La Lyre des petits Enfants. )
7)S^
^<7^^0!^<,
■Kij^^j^âr*
— 101 —
EXPLICATION DE L'ÉNIGME N' 5
GoDstantin , fils c!e Constance-Chlore
et d'Hélène, après avoir Taincn Maxence,
près do Pont-Mll¥iu8 (1) , et Licinia?, près
de CîbaleSy en Pannonie, demeura senl
maîire da monde , et protégea publique-
ment la religion chrétienne. Dégoûté de
l'Italie, où l'idolâlrie régnait encore, il
transporta en Orient le siège do gouverne-
ment, et fonda, entre TEorope et TAsie,
sur ks rives de deoi mers, la ville de
Conslaotinople, biège d'un empire qui de-
vait durer onze cent quarante sept ans.
On conoait la ûe de Constantin : la divi-
sion de l'Empire en quatre gran.les parties ;
les disputes suscitées dans l'Église par
Arius, le concile de Nicée, régulateur de
la foi; la Perse, effrayée par les armes de
l'Empereur, et celui-ci, enfin, mourant à
Nicomédie , recevant des mains d'Eu&èbe
on tardif baptême et expirant , à Tdge de
soixante-trois ans, après trente ans de
règne (337).
Onze siècles écoulés , un autre prince
du nom de Constantin était assis sur le
trône de Byzance. Il était de la race des
Paléclogue, qui avaient succédé aux empe-
reurs latins. Jamais l'hisioire ne trnça de
tableau plus lamentable que l'e&t celui de
l'empire grec à celte époque. Resserré,
amoindri, ses étroites frontières étaient
cernées par des nuées de Turcs, qui n'at-
tendaient que l'instant de se partager les
débris de ce fantôme de Oionarcbie ; les
finances étaient épuisées; tous les Grecs ,
y compris l'empereur, étaient pauvres;
le patriotisme n'existait que dans le cœur
du malheureux Constantin , et ce dernier
soccesseur de tant de monarques ne
(1) Celte bataille a fourni le sujet d'uo tableau
admirable.
trouvait personne qui vootût se dévouer
avec loi ao salut de la patrie et de la foi.
Ao printemps de l'année iti5±, les Turcs
parurent auprès de Constantinople ; la Pro-
pontide était couverte de leurs bataillons
innombrables; des tribus barbares sorties
de l'Asie et du continent africain se ran-
geaient à la suite des spahis et des janis-
saires. Mahomet II commandait cette armée
et n'avait plus qu'un voeu , qu'un désir :
conquérir Byzance I L'empereur, seul,
pour lutter contre tant d'ennemis, écrivit
au sultan cette lettre si noble que l'his-
toire a conservée :
« Nos traités, nos serments, tous mes
efforts ne peovent assurer la paix à mon
peuple ; je ne mets plus ma confiance qu'en
Dieu : il changera votre cœur ou vous li-
vrera Constantinople. Je me soumettrai à
lui sans murmurer, mais tant qu'il n'aura
pas prononcé mon arrêt , je remplirai mon
devoir , je défendrai mes sujets; je vaincrai
ou mourrai avec eux. >»
Touchante et vaine protestation ! Deux
ceiit cinquante mille hommes, trois cent
vingt voiles investirent la cité malheureuse
dont le sort était décidé. Constantin dé-
ployait une venu égale à son malheur,
mais aotoor de loi il ne trouvait qu'égol^me
et rébellion; seul, il était dans cette ville
condamnée , soldat , citoyen , général ,
chi éiien. Il donnait ses dernières richesses ;
il veillait sur les murailles ; il conduisait la
garnison à l'attaque ou à la défense ; il es-
sayait de concilier les esprits, et ne prenait
de repos qu'au pied des saints tabernacles.
I La ville résista jusqu'à la fin du mois de
mai; le 28, tout espoir était perdu. Con-
stantin rassembla le peuple , le harangua ,
l'encoorageant à moorir sor les raines de
la patrie , demandant pardon à tous ceux
182 —
qu'il aytit offensés et promettant de ne pas
sorrivre à son trône et à sa» pen^j^ ijprte
ce discours, il alla à Sainte-Sophie» et reçut
l'Eucharistie; puis, quittant la pourpre
pour Tarmure d*un soldat , il monta aux
remparts. L'assaut fut donné au coucher
du BQkàl; la ki»èohe«i¥ene hA dtfwdoe
béroiquaneiil p«r rfiiaperear, mit il rao-
coBiba» et sa ^eavec luL OacaïuiiitlBB
horreurs de la prise de Gonstantinoide ;
BDUi a%A diniBB pas davantage . Le corps
de Constantin fut retrouvé, criblé de bles-
sures; on le reconnut à ses brodequins
semés d'aigles. Sa tète fut présentée à Ma-
homet , qui en fit un trophée sur la co-
knme'de f AvgMftien; le oerps reçut une
sépikiire honorable.
«-•B. R.
tconomie IKimesliqae.
MANlÈAfi D£ &£|l£rTB£ A NfiUF US TÊTEIfElITS DE V£[i8DB&
Défaites-les avec soin, brossez-les, ver-
sez de Peau dans une casserole assez
large, placez-la sur un f airneau; lorsque
l'eau bout étendez dessus du côté de l'en-
droit, chaque morceau de velours, en le
tenant des deux mains entre le pouce et
rindex; lorsque vous croyez que h vapenr
a suffisamment imbibé le velours, vous le
tenez de même de chaque main, et vous
le fiiilcs repasser à l'envers avec un fer
cyfindriqne, car nn fer ordinaire laisserait
des raies ; étendez ensuite chaque morceau
de velours, l'envers sur une planche à
repasser ; si c'est nn chapeau, attachez-le
avec quelques épingles, prenez un torchon
de toile neuve, et frottez-en le velours,
à l'endroit. Si le velours est gras, trempez
une éponge dans de l'essence de térében-
thine, imbibez-en également votre vdoura
et frottez-le avec un torchon neuf qui em-
portera la graisse et l'essence.
Ce procédé dégraisse le velours et lui
redonne du ton ; si, cependant, la cou-
leur du velours paraissait passée, agnès
avoir subi l'épreuve de l'essence de téré-
benthise, vous achèteriez de l'alcali volatil,
vous feriez un tanymn de toile neuve, vous
l'imbiberiez d'alcali, et vous en frotteriez
le velours.
D'ici à l'hiver prochain le velours auca
perdu l'odeur de la térébenthine^ mais si le
velours devait être employé tout de suite,
il faudrait l'exposer à l'air.
lUJflÈRe DB HfilRTTRC A NBITP tZS KOfiliNS DE GAKB.
Faites fondre 6 morceaux de gooune
arabique dans un verre d'eau chaude;
mettez une toile neuve sur une {danche à
repasser^ étendez dessus les nibans« alla-
chez-lcs avec des épingles, iaiics chauffer
des Sem erdifleires, ftongez «ne éponge
dans l'eau de gooMaae, passM-la légàre-
aent sur TenYers des rubans, jpois
mottittez-les égalenent, et rqpaaigi4es tont
4ie suite.
DIFFÉRENTES MANIÈRES D'ACGOMMODEB LES FRAISES.
Les fraÎBM se marient avec des groseilles
CPU ifec des framboises ; on les édulcere de
sucre en poudre, on les arrose d'eau, de
4ait, de crème, de toutes sortes de vins,
tels que : vin de Bordeaux, de Bourgogne,
de GfaftMis, de {Ifadère, ou de vins de des-
sert, tels que : de Lsnel, de FrsntigMn,
ou bien d'eau-de-vie, de rhum, d*amset(e;
^^^Q
~ M5 ~
w swÊt les msMièMBles pfkn eenaMS, mais
M y €n a de plus dtaliiigaées.
Praises à la LucuUu»*
Prenez tine orange, enlerez-en la pean
et les peiiins, éétachez-en les quartiers qne
vous htcbez avec an contean d'argent et
méitz-les aux fraises rsanpoadrez de sucre.
Fraises à Is^oréoh.
Lorsque les fraises sont bien saupou-
drées de sucre, arrosez-les aTecIejus d*un
citron et tous croirez manger de l'ananas.
Compote de fraises.
Achetez 1 kHograwaie de fruset qui a«
soient pas trop mûres; ^ucbez-les, U«*
?ei-les, meitez-Ies égootter swr un uoms i
faites bouffibr dix minutes 250 graumes
de SQcre dans un peu d'eau, jetei-y les
fraises; après un bouillon^ retirez-les, rerw
seifr-ks dans on compotier et serTez^ks à
moitié froides.
Lssfiwmboi8ess*apprêlentdi même, ex
€splé qntett M les bYe ft».
ConfUures de fraises.
Épluchez 506 grammes de fraises, <eas«-
ses tm petits moreeMix 4 làlograrame de
svem, mettez le tout dans umt bmane de
CMÎTre sur un feu lrès-4oux ; lorsque le
SMK est fondu, que fraises et suera ont
booiiiî pendant dix minutes, jetez le tooC
smr un tamis et remplissez tos pois. Ls
marc4|w re^te sur le tamis fait4l8 hanaes
tartines pour les pelits eoéanlSL
Les coofitnres de framboises se font de
mtee.
Le jus de fraise, mêlé à un pen d'eao,
sort è laver le f isage. Ge mélange a ont
bonne <idew; il ads«cit et rafralcbit la
pea«$ mais il ne se cooser?e pai^
Le fraisier ananas nons fut apporté de
la Louisiane en 1767. Dqwis quelques
années, on vend boanooup de ces frateesi
elles coûtent moins cher que celles ordi*
naires et ne ae mangent que fraîches.
CHRONIQUE MUSICALE.
Le pianiste le pku à la mode en ce
moment est , sans Gontradit, fiotlsthalk.
L'hMer n'a été poDrliiiqa'anesuile d'ap-
plaadiseamenÉs «t tda tcimnphea. la {mrelé
et h periectifin ée son je» aant ponasées
aussi iaki qne le camiparte le pîana San
bon goût lui fait éviter la vîgnmMr<eKoesme,
la transîliaa trop brusque, le sacrifice des
détails aux passages à effet, défauts trop
communs aujourd'hui. Il n'est pas d'exé-
cution plus brillante ni plus expressive que
la sienne ; on ne sait ce qu'il faut le plus
admirer, de son talent d'exécutant ou de
son charmant génie de compositeur. Tous
les cla\iers connaissent déjà la Baimboula^
te Savons, k Banemer^ le caprice sur h
Songe d*une Nuit d'é$é, et plnsieurs autres
moroeaiw écrits avee tout le fen/de la jeis»
nesse et toute la science de Tartiste oon**
sommé* Parmi ses nouveUes inspirations,
tontes ramaïqnaUea, nous avons spéciale*
ment diatingné le MancmiUiert monceau
original, comme ses devanôsrs, et qni
porte avec lui le parfum sauvage des grandes
forêts d'Amérique auxquelles Gottschalk
a pris ces idées si neuves et si séduisantes
pour nous.
Madame Henaelle, professeur distin-
gué et cantatrice remarquable, a réuni
son fidèle auditoire de chaque année, et
,t)îé*<«
— 184 —
lai a fait admirer le bel Ave Maria, de
Chémbini, accompagné da délicienx haut-
bois de Verroust, et un Boléro, de Des-
sauer : Ouvrez, ouvrez, c'est nous I d'une
facture gracieuse et originale.
Le violoniste européen, Vienxtemps,
aprèsuneloogueabsence, s'est faitemendre
dernièrement dans un concert donné par
lui. Il a trouvé moyen d'étonner encore ceux
qui le connaissaient comme artiste d'une vi-
gueur et d'une hardiesse hors de toute
comparaison. Il qaii tuple la puissance de
son d'un instrument de qualité ordinaire,
et entre mille tours de force, exécute le
ti ille en octave, que les hommes du métier,
eux-mêmes, ont peine à s'expliquer. Son
jeu est souverainement pur et précis;
talent prodigieux, auquel on ne peut re-
procher que de s'adresser plutôt à l'admi-
ration qu'à la sensibilité.
Une représentation à bénéfice a été, à
ropéra-Gomique, l'occasion de la reprise
de deux ouvrages délaissés depuis trop
longtemps : k Calife de Bagdad , de Boîel-
dieu, et le Tableau parlant, de Grétry.
Cette musique, aassi simple que char-
mante, a fait une heureuse diversion au
bruit, fatigant à la longue, des pièces
nouvelles (|ui sont en vogue, et l'accueil
fait par le public à ces anciennes et bonnes
connaissances, qu'il a retrouvées jeunes
et gracieuses comme autrefois, les a en-
gagées à reparaître souvent sur l'affiche. Il
est vrai que Grétry et Boïeldieu n'ont ja*
mais trouvé d'interprètes plus intelligf nts,
plus dévoués.
Nous saisissons cette occasion pour en-
gager nos lectrices à faire ou à renouveler
connaissance avec ces deux partitions ; elles
y trouveront du plaisir sans apprêt, et de
l'effet sans fatigue.
L'immense succès obtenu cet hiver par
le Slurm, galop de Bisle, succès qui ne se
ralentit pas, a engagé divers musiciens à
arranger ce morceau origtna^ W. Kroger
en a fait ce qu'il a fait déjà de la Polka les
Clochettes , et de la romance les Hiron^
délies, c'est-à-dire, un morceau qui dé-
borde de verve, d'élégance et d'entraîne-
ment, et qui est assez difficile pour être
un utile objet d'étude.
Citons parmi les nouveautés musi-
cales:
Un divertissement de G. Guichard, pour
piano sur des moi ifs de VAnie en peine :
morceau facile, où se retrouvent les pas-
sages les plus gracieux de l'opéra de Flot-
tow. Une mazurka de Longpérier, la Fée
du sovr, qui se recommande par sa dis-
tinction et son bon goût, et un morceau
dechant appeléàun grand succès, Grenade,
orientale de M. Victor Hugo^ mise en mu-
sique par Betozzi.
Rosalie-Walser, grande valse brillante
pour le piano sur des motifs de F. Bazin,
par Camille Schubert. Le nom de l'auteur
est la garantie d'un arrangement facile et
agréable. Il y a deux éditions, l'une à deux
mains, l'autre à quatre.
Les romances do l'Album de M. F. de
Courcy et L Clapisson poursuivent leurs
brillants succès dans les salons : Deiuc
enfajits — Une chanson dans un nid — la
Bête à bon Dieu — un Mari c'est trop cher^
pour voix de femmes : Mon âme à Dieu —
le RéveU du jour, pour ténors ; la Chanson
de l'ottblieur — une Lettre au pays —-/m
Fourches Claudine, et le duo : tin Ménage
chinois, pour basse taille» ne peuvent vous
être trop recommandés.
Jules Looyet.
®©^^
^^^
^^:i^
-.18» —
mm
CORRESPONDANCE.
Si ta rencontres le printemps, ma chère
amie, dis-loi qae nous Fattendons avec
impatience, que ce n'est pas bien à loi de
noos manqoer ainsi de parole, car, d'après
Talmanach, il nous avait donné rendez-Toos
le 21 mars ; je sais qu'en France il n'est
pas exact... mais cela passe la permission,
nous Toîci au 21 mai! Tous les joors, en
m'éveillant, je demande « quel temps fail-
li? » et le vent me répond « il fait froid ! »
Ce matin cependant, un air doux entrait
par ma fenêtre ouverte... Mon Dieu, m'é-
criai-je avec joie, si le printemps était
arrivé ! si ce rayon de soleil était sa carte
de visite ! comme j'irais lui porter la mienne
aux Tuileries, sons nos v ieux marronn iers. . .
mais pas seu^e; saus une amie, le plus
beao spectacle de la nature devient triste
à pleurer, on se dit : « Elle ne le voit pas! »
J'en étais h de mes réflexions, lorsque
des pas légers, un frôlement de robe qui
se firent entendre dans la salle à manger,
quelques coups frappés à ma porte me
firent battre Je cœur : « C'est toi ! dis-je
gaiement — Oui, me répondit, en entrant,
Florence ; mon père part pour la cam-
pagne, je viens te consacrer ma jour-
née.. . nous travaillerons, nous nous pro-
mènerons.. . il fait le plus beau temps du
monde. — Double bonne nouvelle I. . . Gom-
ment te portes- tn? — Très-bien, et toi? —
A merveille I DébarraiFse-tui de ton cha-
peau, de ton pardessus. .. Tu me trouves
occupée à ranger mes livres intimes. — Tu
nonmies ainsi ? — Le livre dei dépenses de
la maison, jour par jour, inscrites ainsi
que tu me Tas enseigné. Tu vois! chaque
page contient un mois composé de 6 co-
lonnes, ayant chacune un de ces titres en
tête : Nourriture — Maison — Dépenses
impréxnies — Plaisirs. — Il me semble,
ma chère, que le chiffre des dépenses de
la dernière colonne est énorme, en com-
paraison des autres. — Qae cela ne fé-
lonne pas, ma chère; les amnÔLes que
nous faisons, nous les mettons au nombre
de nos plaisirs. — Voilà qui s'explique... —
Le livre de l'économie domestique et des
différents procédés indiqués dans notre
journal. Le livre de mes souvenirs, ce sont
les pensées, les maximes qui me frappent
le plus dans mes lectures, et le livre des
adr< sse3 de toutes les personnes que nons
connaissons. — Veux-tu que nous décri-
vions ensemble la planche VI, en atten-
dant l'heure de la promet) ade? — Tu pré-
viens mon désir. .. Comme nous nous en-
tendons[l
Le n"" 1 est un alphabet gothique alle-
mand qui se brode au plumetis; tu y pren-
dras tes initiales.
— Recommande bien à nos amies de
ne pas changer ces lettres de place, car elle
ne pourraient plus les reconnaitt e.
— C'est vrai!... Le n*" 2 est un entre-
deux qui peut servir pour rayer une
guimpe, Taire nn collet, ou monter le bas
d'une manche de dessous.
— Le n*" 3 est un dessin qui peut servur
pour garniture de cette guimpe, pour faire
un col, en la cousant k l'entre-deux, et
pour garnir une manche pagode.
Le n® û, Zoé.
Le n'S, Modeste^ sont en lettres très-...
modestes.
Le n ' 6 est un dessin de broderie an-
glaise, pour bas de jupon'; il s'exécute en
points de rose et points de cordonnet. Ces
papillons, ces mouches sont très-originaux
et peu longs à broder. Tu sais que le point
de ro>e est un point de feston que l'on a
bourré?
— Le dessinateur a eu une très-bonne
idée; voyons à la mettre à profit. Par exem-
^œs
^ IS6 —
pie : on peat festonner an mouchoir avec \
le feston en points de rose qui est placé
sous la mouche, puis hroder un papil-
lon à chaque corne. Ce dessin doit être
charmant, car le mat y fait adroitement
r^SMTtk le clêîr. Ua Manleau de lit en
percale, semé de papîUoiiSt oraé t««t m-
tour d'«Me garniture froncée, havte de 15
ceatinètres, faîte «rec ce n* 5» «oraitHrès-
joli jeté sor une courie^pointe de oottfeur.
"•* Je ans bien aise q«« ce deasi* soît
de ton goût. Le n* 7, Marie f est écrit fout
en mejusculea.
Le n"" 8 esi un entre-deux qui peut
aeryir pour h reoe d'enfont n*" 15.
Le a'' 9eat au dessin q<û garnirait cette
même robe.
Les n"* 10 et il sont des dentelles au
crochet qui se font dans ]e«r laii^ear ; cet
anFaatage a aon ÛMXMrrénient, ces danteliee
sont moins jolies.
Le a"* 13 est le dessin du bandeau d'un
bMiaet d'faooiBie qui s'exéorite «a crochet
avec de la ficelle ; il en faut six peiales
à oOceaitiaMS, achetées passage de l'Opéra.
Le a* là eetk fond. Ge bonnet se double
de taffelas blea de FVanœ, et se garnît
d'aa glaad de soie pareil. ... Yoîd la ma-
nière deot ce rend s'exécute; je l'aï copiée
de t'éviter -cette peiae«
ÀbréYiatioos : maîlle-chatnet'.e, M.-C. Haille
lon^e, M. L.
Prends da fild'Irlaada a*" 30« et aa cra-
chet ordinaire.
V RANG. 10 mailles^hatoettes, re-
prends la dernière maiUe paar former le
cercle.
2* BA»«^« 5 m.-c. 1 m. /. (composée de
arois nudMcs sar le crochet), cette maille
prise dans la preaûère m.-c. da rang prè-
cédeat: — 2 ai.-c. 1 «i. L — 2 ib.-€. 1
m. i. — 2 M.-C 1 ta. {* — 2 wurC. i
iTk L «— 2 an.-€, I m. i. ^ 2 m.-c 1
m. L — 2 m.-c. 1 m. /. — 2ib,-«. i
Maille daoble prise dans la ^ aa.-c.
S* aiNG. S nk-c i m. (. — 2 a^-c
3 m. /. en piquant le crochet dans la maille
du mitteii du tour précédent
4* RANG. 3 m.-c. 2 m. L — 2 m.-c. 5
m. /. en piquant le crochet dans la maille
du milieu du tour précédent
5* RANG, S Bt«c %m, /. -*- 2 ni.-e. 7
«I» ^ en piq«M de mente le crochet dans
k aiailledaiailiea.
6« Raug. 3 n.-a 4 m. /. •-• 2 m.-c 9
m. L en picfuaatde même le crochet dans
la raaiUe da mUiea.
7" aAMGw 3 w^-c 4 m. L — - 3 m.<^ 9
m. L audessas des 9 m./. du icar pré-
cédeat
8^ RANG. 3 m.-c 5 m. i -^ 3 m.-c
il m. /. en piquant le crodiet dans la 2*
maille qai suit
%* RAiMt* ^ DQ*-^* 5 m, L — 4 m.«c. il
m. i. au*dcssas des il m. /. du rang pré-
cédent
10* RANG. 3 m.-c 6 m. ^ — 3 m.-c.
13 m. /. en piqaant k crochet dans k 3*
maille qui sait
il* RANG. 3 m.-c. 6 m. /. — 2 m.-c
1 m. l. prise dans k 2* ni.-c — 2 m.-c.
13 m. L auHiessuA des 13 m. /. du rang
préeédenl.
12* RANG. 3 ro.<. 5 m. L — 2 m.-c.
im.L prise dans la 2* ol-c — 3 ffl.-c. 1
m. /.«— 2 D^-c 11 m. {. en ayant soin de
réirédr œ losange d'une nuiàk de chaque
13* RANG. 3 a.-«. hm. L — 2 ul-c
im, L prisedaasb 2* -^ S m.-c i m. L
— 3 mw-c. im, L — 2 m.-c 9 m, /. en
ayant soin de rétrécir encore d'une mailk
de chaque oôlé.
14* RANG. 8 m.-c 3 m. i. — 2 m.-c
i I». /. prisedans k 2* — 3 ».-€. Im. L
3 HL-c i m. 2. — - 3 m.-c. 1 m. i. — 2
HL-c. 7 m. /. en rélrédssaac d'uae maiie
de chaque tiâé.
i5* RAN&. ^ m.-€. 2 m. f. — 2 nt-c
1 m. /. prise dans la 2* — 3 ai.-c. im. L
— 3 ni.-c im. L — 3 «.-c. 1 m. /. —
3 m.-c. i m, L — 2 m.-c. 5 m. I. en
rétrécissant d'une maille de chaque côté.
— ia7~
16* RANG. S m.-c. i m. t •— 2 m.-c
1 m. L prise daw la 2* — 3 in.-c. iim, L
Bépète 5 fêtèi 3 m.-c 1 tni. L — 2 vau-c
3 m. L dont 1 rétréeie de chaque celé»
17* BANG. 6>ia.-«. iitk,l. jpmêàBOkgh
2* OL-c lU^te 6 Im» : 3 m.-€. iwk. L
— 3 nk-c 1 tik. /. fuse ao nîMea des &
m. L du r^Dg piécédeat.
18* RANG. 1 m. /. iicise Mi milieu des
3 m^-c du ran^ précédeAt *— 3 iik.-c 1
m. i» — ainsi de huitd posr le tour de œ
rond.
19* RANG. ComiBe le 1&*.
— £a effet, c'est pea amusani,, et Je
sois recoiuiaisfiaiile de tm aUentioii. —
Je veux bien user de mes amies» mais
je ne veux pas en abuser, et je rc noncerais
au crochet s'il me fallait donner songent
de ces fastidieuses descriptions ; henreur
sèment (fie les personnes habiles pensent
s'en passer ; je n'ai donné celle-ci qoe pour
les jeunes sœurs.
De ce rond on peut faise une pelote„
garnie avec la dentelle n^ 10.
Une couverture de tabouret de ptanot
en grandissant le losange et entoiuaot ce
rond avec le bandeau (sans le grandir)»
Une couverture de guéridoB» en gran-
dissant aussi le losange, mais dans de plus
fortes proportioui:, sans changée rien au
bandeau. Il faudrait doubler cette dernière
couverture en percaline de la couleur du
meuble de l'appartement.
Le n* 1/i [ce numéro se trouve répété)
est un dessin qui représente la moitié clu
bas d'une bourse au filet, brodé en perles.
Le n* 15 *cst une robe de petite fille,
ornée de plis, d'oo entre-deux et d'une
garniture.
Le nM6 e&t un canezou de mousseline
brodée à courant, à la pièce; il y a une
couture au milieu du dos* une sous chaque
bras; devant^ trois plis serrent la taille de
chaque côté et diminuent du haut et du
bas. Une garniture formée de la même
mousseline, mais festonnée,, sert de col; le
devant se boutonne; une bande festonnée^
non froncée, rabat de dioîbe à gauche
la poitrine, et son feston se contiwieavee
edtti dn bas du caneieu.
Le des^ de tapisserie ea cetthnr aeri
pour duBsea et luiteuîis.
Ici commence la deseripliottéeki^iaMée
planche.
Le A* 17 est une guimpe «pn pe«l an
brader on. au phunetis et en broderie an->
gfaifie,. OB tout en broder ie anglaise..
Les deax n*' 16 représentent le cet
ouvert devant et boutonné derrière.
Le n* 19 est le quart d'un mouchoir qui
s'exécute en point de rose et en bnoderie
anglaise.
Le n* 20 est encore le quart 4'un mou-
choir q« s'exécnte en point de festoià, et
comme le» feuilles du bas sont trés-rappra^
cbécs, le feston de L'une est mordu par le
feston de l'autre, ce qui Isn rénnil Uxilos
du bas.
Le a"* 21,. CydcUise, Le n* 22» Céleste.
Le n"" 23,. ÉUm. Le n^" 20, Flore^ se bro»
dentanpliimvtis.
Le «° 2Â, Emhcvriê, en broderie an-
IjO n* 26 est le dessin de la moitié d'un
mantelet qui se fait en gras-de^apies noir,
mairon ou gros vert, glacé de noir, et se
brode en hcet et en soutache noire. Quand
les quatre pinces qui sont sur l'épaule
seront cousues, ce dessin redeviendra
correct.
Le n* 27 est le bas du mantelet qu'U a
blla couper, faute de place.
Ce mantelet s'ourle tant antour ; il se
garnit, du bas, d!une dentelle nmre très-
froacée, haute au moins de IS centimè-
tres ; sur l'ourlet, on coud,, froncé au mi-
lieu^ un petit ruban de taffetas noie , ornii
de raies de satin.
Ce mantelet ainsi orné est un peu trof
dame poux nous;, je te conseille de ne pas
le broder,, de le garnir d'un ricbe effilé de
soie noire, long de 15 centimètres» et en
couper nn morceau, de le coodre autoui
du couji afin de cacher les pinces» et de
■<%^^j^^
— 188 —
coudre sur l'onrlet da devant an petit
galon noir.
On bien encore de garnir ce mantelet
tout autour d'un petit ruban de taffetas
noir, cousu, plissé au milieu à plis ronds,
puis d'ajouter autour du cou, en laissant
entre eux un espace de 2 centimètres, deux
autres petits rubans plissés de même, aûn
de cacher les pinces, et d'ajouter de même,
du bas, en bissant entre eux un espace de
2 centimètres, deux autres petits rubans
plissés.
Le n* 28 est une boutonnière pour che-
mise d'homme.
Le ii°.29 une boutonnière pour chemi-
settc de femme.
Le n* 30, Francisque. Le n* 31, Clé-
mence. Le n* 32, C. G. Le n» 33, Ànaïs.
Le n» 3û, Denise. Le n° 35, Jiilie, se bro-
dent au plumetis.
— A présent, ma chère, permets-moi
de te faire une observation. — > Gomment
donc ! mais tu en as bien le droit 1 — Tu
as donné, il y a un au, la manière de
calquer les dessins sur différentes étoffes :
je crois que nos nouvelles amies auraient
besoin d*étre mises au courant. — Tu as
raison. Veux-tu écrire 7
Achetez, passage del*Opéra, deux feuilles
de papier à décalquer , une bleue , une
Jaune (35 centimes chaque). Sur une table
à repasser, attachez, avec des épingles, un
mouchoir de batiste , je suppose ; sur la
corne, posez la feuille de papier bleae, du
côté de Tendroit ; sur ce papier placez le
nom de Marie^ l'envers de ce dessin sur
l'envers du papier ; attachez bien le nom
de manière à ce que la pointe du dessin se
trouve placée sur la ponte du mouchoir,
pm's avec un crayon un peu dur, suivez,
sur ce dessin, les contours de ces lettres;
quand vous avez fini, enlevez : dessin, et
papier à décalquer, et sur le mouchoir se
trouve dessiné en bleu le nom de Marie,
Pour le mantelet, quand vous l'avez
taillé sur ce modèle , vous employez les
mêmes moyens, mais avec le papier jaune.
/ Ces feuilles de papier peuvent servir
plusieurs fois, et, ce qu'il y a de mieux,
les planches du journal ne sont pas cou-
pées et peuvent se conserver intactes.
— A présent, me dit Florence, nous avons
la description de la gravure de modes de la
grande édition : — Oui, mais elle est pour
nos jeunes amies qui soi:t mariées, celles
qui ne le sont pas s'en plaignent...» Ici
Florence partit d'un éclat de rire, et comme
je la regardais étonnée. « Je v.'^is, me dit-
elle, te répéter ta phrase : Elle est (la gra-
vure) pournas ieunes amies qui sont ma-
riées, celles qui ne le sont pas. .. s'en plai-
gnent... De quoi? de n'être pas mariées?
— Ah ! malemoiselle, vous vous moquez
de moi !. .. Tu as raison. . . je viens de faire
une phrase un peu amphigourique. Eh
bien, c'est de la gravure de modes qu'elles
se plaignent, et je vais leur dire les chan-
gements qu'elles peuvent y faire.
La fignrine qui est chez elle a un bonnet . .
elles seront en cheveux, leur jupe, sans
garniture, sera en taffetas uni, leur corsage
sera fait de même ; au lieu de broderie et
de festons, elles auront un petit ruban
plissé à plis ronds, cousu au bord du re-
vers, au bord des manche?, autour de cette
espècede basque et au milieu de ces bandes
qui s'agrafent au côté gauche de la poi-
trine; leur manche pagode n'aura qu'une
bande de mousseline brodée semblable à
celle du coL
La figurine qui fait une visite a une
capote ornée defleurs et de dentelles.. . elles
n'auront dessus qu*un simple.ruban ; des-
hoos, des fleurs. Elles auront une robe de
barége marron, rayé de dessins blancs;
un châle de filet de soie noire, et une
guimpe plus haute.
En ce moment, deux petits coups furent
frappés k ma porte, c'était la femme de
chambre.
« Madame fait prévenir ces demoiselles
qu'elle les attend pour aller à la prome-
nade. — Allez dire à maman que nous
vous suivons... Elle sortit. Mais avant,
— 180 —
Florence» écris Yite Texplicaiion du rébus :
Un cerf qui fait nn bond — un G qui
▼ant cmt en chiffres romains — un nœud —
P' — et la ville d'Eu — lo Mans —
et un Hr...
Bon sang ne peut mentir.
Nous nous rendîmes au salon, et par-
tîmes pour les Tuileries. Je donnais le
bras à Florence, nous marchions à côié de
maman et de quelques dames, ses amies.
Elles s'arrêtèrent devant nos riches ma-
gasins.
« On voit bien, me dit Florence, que
nous sommes dans une rue où passent des
étrangères, car voici des sacs de plusieurs
sortes, et nous n'en portons pas. Quel luxe !
des pantoufles en taffetas rose, recouvertes
en mousseline semée de boutons de roses,
brodés en coton blanc , et garnies d'une
ruche de ruban de taffetas rose, entourée
de dentelle blanche formant rosette sur le
pied. Yoicl un manteletdegros-de-Naples
blanc, brodé en soie, en perles et en jais
blancs, garni d'une haute d«*nte1lc en imi-
tation d*Âng'eterre.... Quel gracieux dia-
dème formé de fleurs en diamants! quelle
profusion de riches bracelets I quelles jolies
montres! leur cbatne, leur agrafe ornées
de pierres de couleur. . . Eh bien, tout cela
n^excite pas mon envie. — Ni la mienne;
mais cela excite mon admiration pour le
tali*nt de l'artiste qui a fait ces belles
choses, et je désire qu'il trouve des ache-
teurs. — Tu ne dis donc pas comme ces
faux moralistes: les riches devraient plutôt
donner leur arg'^nt aux pauvres qu'à des
bijoutiers. — Non, Florence, car cet argent
fera plus de bien en passant par les mains
industrielles qui ont créé ces chefs-d'œuvre,
depuis le dessinateur habile et instruit
jusqu'au plus ignorant des ouvriers, car
celui-ci aura gagné cet argent par s^n tra-
vail, et non par sa paresse. Que les riches
dépensent, ib auront bien mérité de la
patrie et de l'humanité. — Bravo I tu^t>arles
comme un profond économiste. — Je ré-
pète CCI que j'ai entendu dire, et ce que
mes petites observations m'ont appris. »
Nous arrivions aux Toileries; ces dames
s'assirent {M-ès d'un oranger et causèrent
entre elles de leur mari, de leurs enfants;
nous, nous causâmes des passants. « Voici
des Anglaises fraîchement débarquées, me
dit Florence , on les reconnaît à la bouf-
fiïssure de leur jupe... il semble qu'elles
marchent dans un ballon. — Que vien-
nent-elles faire à Paris, tandis que l'uni-
vers est à Londres?
— A propos , dis-je, il parait que cette
exposition renfermera plus de sept mer-
veilles, le monde aura dépassé son chiffre.
On parle d'une carafe de cristal qui vient
de Paris, elle peut contenir tme table et
trois personnes assises. Pour se rendre
dans cette nouvelle espace de salle à man-
ger, il faut une échelle en dehors et une
en dedans. — Quel est le mérite de cette
chose excentrique 7 — Cette carafe est sans
doute le résultat du souffle d'un ouvrier
verrier... et celui-là avait la respiration
longue ! On parle d'un lit musical qui vient
d'Allemagne ; il fait entendre le soir une
douce mélodie pour endormir le maître, et
le matin il joue un air gai pour le réveiller
à l'heure qu'il a Indiquée. On voit un mou-
choir de batiste fait en Belgique avec dn fil
qui a coûté 4,000 fr. la livre, et une robe de
guipure de Bruxelles, si admirable, qu'elle
vient d'être achetée 45,000 fr. Nancy a
fourni un couvre-pieds dont la broderie a
occupé pendant 9 mois 14 ouvrières; Pa-
ris a envoyé l'admirable toilette, en argent,
ornée de statuettes et de pierres préc-
ieuses, présent offert par des dames
françaises, à la bonne et gracieuse du-
chesse de Rosny, à l'occasion de son ma-
riage avec le duc de Parme.... Jusqu'à pré-
sent, ce qu'il y a de... moins bien, est
envoyé par l'Espagne. Imagine-toi une
robe de dentelle noire dont les volants re-
présentent des fleurs brodées avec les cou-
leurs que la nature leur a données; de
plus, une chemise d'homme sur le devant
de laquelle on a brodé tous les monuments
— iOO —
de Madrid, de SéviHe : palais, catMArale.. .
— Maïs quittons Londres. GoanneDt
trooves-to la toikcte de cette denoîseit^e? sa
cajpote est de crêpe lisse, blaoc, garnie, de
chaque côté des joues, de trois roses b)a»-
dies; sa rolM et son maiMelet sont de taf-
fetas tourterelle, son mantelet a poor tout
ornement un galon de soie pareil, cousu
tout autour; son jupon de percale n'a
qu*un âflipie ourlet — Je trouve cette
toilette très- distinguée; cette demeiseHe a
sans doute Toiture. — Et cette dame en
robe de taffetas noir, garnie de trois hauts
volants, à peine froncés, découpés à rem-
porte-pièce, son châle carré est en gre-
nadine bleu de France, entouré d'une
large bande en satin pareil ; son chap^m
de paille, à raies noires, est orné de ni-
bans bleu de France, et de bleuets posés
sur et sous la passe. — Je dis que c'est
très- joli, très -original. J'ai vu, chez
M"« Fauvel, celte couturière qui a tant de
goût, et dont les ouvrières cousent si bien,
destoftettes qui n'attendent qu'un soleil
m peu plus chaud pour se montrer. Ce
sont des canezous 2r basqnines, des mante-
kts de mousseline brodée doublés de taf-
fetas rose on bleu et garnis d'une niche de
petits rubans roses ou bleus; des robes de
talfetas chiné, des baréges imprimés re-
présentant des colonnes de fleurs, ou un
semé de gros bouquets. On parle de gîlvts,
en as^tu vu? — Non, pas encore; il ne
nous manquera plus qu'un chapeau rond,
une cravate et une cravache pour avoir
l'air d'amazones descendues.. . ou tombées
de cheval. — Ce que mode veut. . . femme le
teut ! — Ah ! je le sais bien, Jeanne; arussî,
ferai-je comme tout le monde. — Lorsque
tu seras abordée par un homme de ta so-
ciété, lui tendras-tu la main, qtand tu seras
mariée? car enfin, c'est la mode pour les
dames et les demoiselles anglaises, et nous
Pavons adoptée... je dis nous, c*'esl-9hdire
nos jeunes femme^. — Je ne chhs pas 1
f ailleurs le jeune homme qui tient d'une
main une canne ou un parapluie, ne
peut vovB secouer la bmib, à oniM àê
garder son chapeau sur s» têle, et tela
me paraîtrait pftuB que sans façon. Qoaai
je serai mariée, vois-tit, je lâcherai de
ramener, autant que possible, ao» aft->
ciens usagea , ceux de nos grand^nières,
et quand tv ser» fesMe, si tu ve«x n'y
aider..... peut-être qu1i nous deux
— De tout inoB cœur, ma chère; pnsque
ces messieurs lànt les lots, nous, ■•«
ferons les mœurs. — Sais^tv, Jeamie, qu«
c'est fort ambitieux ce que nous dûion
Vk; car, j'ai in quelque part : les mœurs font
les luis,. . mais, nousac mom em vanteroon
pas, pour ne pas efiaroudier ces messieurs.
As-tu reçu h^Miooap de lettres? *- Oui,
des rqiroches sur ce que je ne dM ne pas
de eompte-rendode pîèeesde théâtre. J'en
Msaîs quclqiies-*unes , et je trouvai cette
scène qui est très-drÔle..... OMistrèe-peu
digne.
Dans une rue de Paris, deux hommes se
heurtent, s'injurient, semraacent, seregar^
dent, et se reconnaissent I C'est Rocambol»,
décroteur dtt coin, et le docteur Chiendent,
marchand de vulnéraire ; ils s^embrassent
«Oh asard I dit l'un. — O amitié ! dit l'autre.
— As- tu cent sous à me prêter? demande
Chiendent. — J'allais Remprunter deux
francs, reprend son ami. — Je voud r a »
pouvoir te les donner.... je les garderais
pour mol. — Tu en es là, Chiendent!
toi, que j'ai vu débiter tes àrogues dans
une si beHe voiture jaune. — Que veux-
tu I elle ne m'appartenait pas fai
été obligé de la vendre... aussi, je renonce
à la médecine; j'ai envie d'apjN'endrt à
toucher du piano! — OA demeure»-tu?
— Je suis diez moîî •— Dans la me! ^
J'occupe ce rer-de-chaossée. — Est-ce
qu'on t*Éurait chassé? — Du toutl ou
a profité du moment oè je sortais pour
fermer h porte sur moi — Je t'offirirais
bien la moitié de ma chambre, mais on n*y
peut tenir qu'un.... en se serrant. — C^
pendant, Rocambole, je t'ai connu dans
une beBe position. — CM vraif méi^
cT-r^ffi
©D^fc^
— idi —
vdtô^
n'étant pas assez riche poar épotlMrt^rfk ' Moftst en étoffe pareille, juste au corps,
9plè j'âf Biais « /s rMot ée Cure fortane*
J'avais un talent que je cnltifaii «kpois
mon enfiince..... je savais patiner. — Au
fait, on Ta quelquefois très-loin en pa-
tinant. — Je résolus d'y aller. Je possé-
dais un léger patrimoine, je le vendis pour
rien.... muni de celte somme, je m'em-
barquai avec une colleciion de patins pour
le Brésil. — Intrigant I — A peine arrivé,
j'appris par les papiers publics que le climat
où je me trourais était un pays chaud....
jamais d'hiver ! jamais de glace! au
point que les personnes qui veulent pa-
tiner, sont obligées de venir au canal de
rOurcq ! J'ai vendu mes patins à la livre et
je suis revenu en France, k pied, sur un
vaisseau dont je cirais les bottes! — C'est
douloureux. . . — Mais, tu n'es pas au bout I
A mon retour, j'apprends que celle que
j'aime est mariée. — Je m'y attendais, dit
Chiendent. — Je suis donc gueux comme
la noisette... je dis la noisette, parce que
c'est le plus pauvre des quatre mendiants. .*
J'ai bien dos cousins qui sont riches, re-
prend Rocambole. — Il faut aller les trou-
ver, mon cher. — Ah ! je les connais, ils ne
me donneront rien... — S'ils ne te donnent
rien... tu n'accepteras pas. — C'est bien
mon inteattai. »
Si nous étions cbex toi, Jeanne^ comme
nous ririons et ces foMet, mus, sur une
promenade.. «•»
Cinq heures smioèrent à Fhorloge éts
Tuileries, et wn r a vlw M à H HMiion.
tt Ne trouVM^tH pasqne les petits gar(ons
seront cette aanée pfan gmtfls qpe les
petites filles? ne dh floreBoe. «— Oui,
vraiment! regarde cehii qui tfcm une
balle? lltée8ài0a]is;8(Ni dMpeau
est de Mmn wmk^ rtwd, à boNt n pe«
large», à tmé im f6« ham, «né 4^in
veltan «iM |^ une boade; ton pan-
talon de Casimir xm èe airioos gris-fer,
froncé du bas sur une bande pareille, ne
descend qu'au bas des genoux et recouvre
de longues guêtres grises, boutonnées; sa
ne descend que jusqu'au bas des bancbest»
et est serrée à la taille par une ceinture de
maroquin noir; ses manches ont la forme
pagode; sa chemise, froncée devant et der-
rière, est montée du haut sur un petit
entre-deux; ses manches, larges, sont fron-
cées du bas et montées de nc^ême; ses bot-
tines noires sont boutonnées... Ne dirait-
on pas un petit bourgeois du temps de
Louis XIII? — Cet autre, de 5 à 6 ans,
a un chapeau de paille de même forme,
noué sous le menton par un étroit ruban
noir; son pantalon n'est pas fermé du bas,
il est garni d'un galon de coton blanc, cousu
à plat au-dessus de l'ourlet ; ses jambes
sont à moitié nues, il a des chaussettes
blanches rayées de rouge, des bottines
grises ; sa blouse de nankin est ornée tout
autour et devant, le long de l'ouverture,
d'un même galon blanc; sa ceinture est de
nankin et, au milieu, est aussi cousu un
galon blanc. — Il paraît, ma chère, que
ks petites filles se trouvent assez bien, elles
ne changent pas : de 4 à 10 ans, c'est un
chapeau de paille à la glaneuse; an bas
du fond, un laiigc ruban tourne, forme
deux boucles et retombe en deux bouts,
longs chacun de AO à 50 centimètres, des
rosit tes attadiéesdessens, swchaque bride,
servent > nouer ce chapeau sous le men-
ton. Jusqu'à 6 ans, ce sont det robes aux
jupes counes, très-larges, des pantalons
ne descendant qu'aut genoux, les jambes
nues et des chaussettes ou des bas blancs ;
des robes écosnises, corsages guimpe et
katzawecks de taffetas Mir, gros vert ou '
marron, Ji la taiBe mur^Êttmi non mar-
quée. De 6 à 10 ans, les pantalons des-
cendent jusqu'à 11 dKVittev et les jnpes
jusqu'à mi-jambe; plus tard, je trouve
que les capotes et les robes longues,
sans pantalon, conviennent mienx. »
Cette journée a été pour Hioi tout plai-
sir. . . puisses-tu en trouver un peu à me
lire. Ton amie,
J. J.
^^t-
CPBÊnEBWE*.
923. — NIISSANCE RE BEBHARD DB UENTHON, FONDATEDR VS
on GRAND S&INT-BEBNABD.
d DsqDit an cbSleau de Heothon,
nnecy, en Savoie, de Richard,
a Henihon, et de Beroiole de
an éponse. Il se voua de bonne
»inl ministÈre, et deviot archi-
ioste. Son cœur, fuyer de toutes
) aposioJiques, fnt vifcmcnt tou-
ilangerg qne couraient les voya-
^vui^ «• milieu des Alpes Pcnnines, et il
couçDt la pensée d'éiab'ir nn asile, consa-
cré par la religion, dans lequel ces voya-
geurs recevraient des soins et des con-
solations. Il eut i surmonter de grandes
difliculiés : le paganisme régnait encore
parmi 1rs habitants des montagnes; Ber-
nard le combaiiît par ses prédications, et
animé de zèle, il osa enfin renverser la
statue de Jupiter à laquelle s'adressaient
les hommages de ces peuples égarés. Ponr-
lUÈBUS.
soivant son œnfre, il alla cbe
les réduits les plus secreis des
des âmes i 6vangèliser, des mi
Ug^r, et par l'ascendant d'nm
géiiqae, il vint ï bout de rifili
bus grossières, et de les amei
de Je sus- Christ.
Ce fnt vers l'an 962 qn'il élt
hospices ila grand et du petit
nard, placés sons l'invocatioi
Nicolas de Myre. Ils furent d
des chanoines réguliers.
Le bienheureux Bernard
1008, i rage de 85 ans. Il fut i
l'an 1681.
On connaît les ravages qne k
Euiî!sede 1848aappoitésdans(
neuf fois séculaire I
P«i», — T/,> igrjpliiu djiiiia>ni< reuT» DoDdsjr-Dupri, nie Sainl-Laiii). I
Ml
ri
M
Ilinnrnul Us^moxsdUg.
— 1»5 —
COUP D*(SIL
SUR
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE
i
Premier article.
ORIGINE DU DESSIN. — LES HIÉROGLYPHES. — PALÊIION ET OIRUTADE.
— LES PEINTRES GRECS.
Je ne doote pas que Porigine de k pein-
ture ne soit antédiluvienne. Il est bien
eonTena que personne n'a jamais va de
peintures faites avant le déluge ; le masto-
donte , découvert par M. Guvier, pourrait
seul donner quelques renseignements sar
le degré d'avancement où le génie des
hommes avait poussé cet art à l'époque de
ce grand châtiment Malheureusement le
mastodonte i^ un animal fossile, et ne
fût-il pas un fossile , il n'est pas bien cer-
tain qu'il ait jamais parlé. Une reste pas non
plus le moindre fragment de l'arche , en
sorte qu'il est impossible de constater si
l'arche était ou non décorée à l'iniérieur de
peintures, comme je l'aiéntepdo prétendre
par un savant dont le nom allemand est
aussi dif6ciié ï prononcer qu'à écrire;
mais si l'on m'obligeait à domier mes rai-
sons, voici celles que j'apporterais à l'ap-
pui de l'opinion que j'avance. Il est évi-
dent qu'avant d'avoir trouvé le moyen
d'échanger leurs pensées par des mots, les
hommes ont employé des signes, c'est-à-
dire qu'avant d'écrire leur pensée, ib l'ont
dessinée^ et une preuve de l'éiistence du
dessin comme art avant le déluge, se trou-
verait dans le texte des versets 21 et 22
de la Genèse (chap. it), où il est dit que
Jobal fut père de tous ceux qui touchent
le violon et les orgues, et que Tsilla en-
fanta Tobal Gain, qui forgeait toutes sortes
d'instruments d'airain et de fer.
Qui dit fabricaiion d'un instrument de
DU-NKUVlàHB AlfN^E, 4* StllIB. — N^ Vil.
musique quelconque , dit sentiment de la
forme, observation de proportion^'dàns
les' contours; ce sera simplement, si l'on
veut , le dessin industriel , mais ce sera
toujours le def^in. Ainsi plus tard, les prê-
tres égyptiens inventèrent une écriture
mystérieuse où la fornie exacte des choses
et des êtres animés tenait lieu de lettres ;
je vejDx parler des hiéroglyphes dont tout
le monde connaît des spécimens authen-
tiques. On sait aussi quelle pureté de
ligo€0, quelle netteté de contours font le
mérite des figures dont les poteries , qui
dateiit de ces anciens dges , sont ornées.
— A l'époque où Salomon fit élever son
fameux temple, l'art de la sculpture', et par
conséquent du dessin , était arrivé à un
degré d'avancement dont il est facile de
se faire une idée en lisant le livre des
Rbis(l).
Mais la peinture proprement dite, c'est-
à-dire l'art de représenter, au moyen de
lignes et de couleurs , les hommes et les
• •
. (1) Chap. YI. -^ 23. Il fit'dérs l'oracle deux
chérubins de bofs d'oliviers qui avaient cbacuo
d X coudées de haut.
29. Et il entailla toutes les murailles de Kulp-
tures profondi'S, de chérubins^ de palmes, de
boutons de fleurs épanouies.
2 1-24. 11 fit une mer de fonle, et au-dessous
de son bord il j avait drs figures de relief tout
autour.
2tt. Elle était posée sur douxe bœufs dont
trois regardaient le septentrion, etc., etc.
e
»-<!?
''>
•ÎN^4J(^
(
— !•« —
choses , et ce qu'on appelle la science de la imagina de couvrir de terre glaise l'espace
composition , eurent la Grèce peur ber-*
ceau. Une fable charmante yous appren-
dra, si vous voulez bien y croire, et il n*y
a pas à cela grand inconvénient, comment
les rudiments d^ cet art fifreUt réfélés l^lk
nation spirituelle et artistique par excel-
lence, poétique aussi plus que tout autre,
et plus que tout autre aimant à couvrir du
vêtement de rall(!''gorie les traditions du
passé.
« Palémon est le plus brave, le plus h%w
» parmi les jeunes hommes de Sicyone. Il
» trionphe de tous ses rhravx dm les
» lottes dia stade.
» Il aime Df bstade , qui est ÉUa d'wi
» potier etq«i n'a pm de rivale dans toute
D il Grèce, pour la beaaté tt le àên de
» chamer.
» Palémon est aimé de Dihalado; mai»)
» hélas ! h belle Dibutade a juré à b ehasie
» Uane qae jamais les torches de l'hymen
» ne Beraàeat portée» demnt elle, jaoïaîi
» Ditotadc ne quittera la maisen de flou
1» père, jaroaiie Palémon ne la verpa épease
3» et mère assise à son foyer.
» G'est pourquoi Palémon pNnd ses
> armas et se dispo^^e, impatient de moarir,
1» à w)ler aux combats. Mais il ne pamica
» point sans revoir Dibutade.
)i> Il entre chez le potier, père de la belle
» ille , et salue d'abord les dienx domesti-
» ques. Levieillirdrinviteaurepasdnanir.
» Coarhé en lace de la prêtresse de Dône,
» Palémon prend une lyre et chaule sa don^
H leur en strophes mélancoliques*
» Ils sont pénibles les adieux des deux
r> jeunes gens I C*est d'une main tremblante
» que Dibutade prend une lampe' pour le
» conduire jusqu'au seuil do la maison.
» Comme elle détournait la tête pour loi
» cacher ses larmes, elle aperçoit sur le
» murl'oiDbre de Palémon; ellesafsftun
» charbon et trace rapidement l'image ché-
» rie, en suivant les contours de l'ombre.»
La tradition ajoute qu'à la vue de cette
Cêmpfia entre les lignes tracées par sa fille ,
et d'en faire une image durable au moyen
de la caisson. Le même hasard venait de
faire découvrir le dessin et la sculpture...
St 91 Tel» Aé demandez li quelle époque
il faut placer le fait charmant dont vous
venez de lire le récit , je vous dirai qu'il
précéda certainement la guerre de Troie,
qui eut lieu douze cents ans avant Jésus-
Christ «^il snffit en effet de fin dans Ho-
mèr» b description du bouclier d'Achille
pour demeurer convaincu que l'art du
dessin et cehn de 1h scnlptnre en relief
étaient ëéjii de date ancienne en Grèce, il
eit piohaU» même qu'on, y connaisBaît ce»
lai d'faarmoniser entre elles les oouleain
dan» les tapiasei^ieSv Hélène oeeape ses kn*
shn è rttracer, an ««yen de la soie elde
la laine» les oomhals dont elle a été ta
cause, d A4idromtqiie représenle de ta
BêMie manière des flenrs et des fruits
11 n'est pas ton aisé d'assigner ane date
précise I ta déooaverte de la peinture è
Ifsfdednpinceaa. Tont ce qn'on SKt è ce
sajet, c'est fn'elle est due è Cléantfae de
Gorimiie, et que Téliphane de Sicyone,
qat hii sncoéda de près, vivait vers le
même temps qu'Homère. Enfin, sept cents
ans avant JésuflChrltt, Bdtarchos peignit un
tableaa veprésentant la bataille des Magné*
fliens, ^pa le roi Gandanle acheta an poids
de Tor. En /iâO, Panaenus, frère 4a scalp*
lieor Phidias, fit nn tableaa qui représentait
tai banaillede Marathon. €e n'était plus seu-
lement un essai grossier comme ceux qni
l'avaient précédé, présentant une suite de
personnages vangés sur la même ligne,
mais une véritable composition où le pein-
tre avait placé des perunks d^uoe exacle
ressem Manne....
Depuis le si^cle de Périclè», oà vivait
Pananns , on suit facilement l'hiâtoire de
la peîntiire en Grèce. Parmi les plus grands
artistes qnî briilèrent dans ce siècle txt
meux par l'impulsiott ^e les arts et les
espèce de portrait, le père de Dibotade [ lettres y reçurent, il faut citer Polgfgnote
€>:«N.
— 10» —
.>^î^^
de Thasm. Polygnote de Tbasus peigDait
poar les riches cltôyeDS d'Athènes des ta-
bleaux de fantaisie , dont la vérité de la
couleur faisait le grand mérite. It est le
premier qui ait abordé la peinture murale,
et il se signala dans cette branche de son
art par la décoration des portiques d'Athè-
nes, où il représenta les principaux épi-
sodes de la guerre de Troie.
Tontes mes lectrices savent que la pein-
ture à Thuile n'était point connue des
anciens. Le procédé de Polygnote consis-
tait à étendre sur une planche dlvoire
ou de bois poli ud certain encaustique ce-
reux au moyen d'un style. Et ce qui priûu-
veralt assez que, quant à la durée des
tableaux, la peimure à la cire valait au
moins la peinture à l'huile , c^est que le
tableau le plus admiré de Polygnote, le
Sac de Troie , existait encore cinq cents
ans après Jésus-Christ, à Constantinoypie.
J'ai hâte d'arriver aux temps modernes,
c'est pourquoi je me contenterai de citer des
noms. Après Polygnote , c'est ApoUodore,
puis Zeuxis, son élève, dont vous avez In
partout la vie» en sorte que je crois devoir
me dispenser de tous parler de ce tableau
de fleurs et de fruits si bien imités, que les
oiseaux s'en approchaient pour le becqueter,
et de ce rideau tronape-l'œil qui abusa Jus-
qu'à Parrhasius,le rival de Zeuxis.Yous sa-
vez que ce dernier mourut d'un accès de
rire en considérant une figure grotesque
peinte par lui-même.
Après Zeuxis le sceptre de la peinture
appartint en partage à Parrhasius et à TI-
mante, tous deux célèbres par leur faste. Per-
sonne ni'a poussé plus loin que Parrhasius
Tamour de la vérité dans la peinture;
c'est lui qui voulant représenter le sup-
plice de Prométhée, fit, dit-on, mourir
pour lui servir de modèle, un de ses es-
cla/es dans d'épouvantables tourments.
Cest Sénèque^ le théteur, qui rapporte ce
Tait odieux.
Entre Parrhasius et Âpelles se placent
encore Eupompe qui fonda l'école illustre
de Sîcyone , et Pamphile d'Amphipulis.
a Pamphile donna tant de lustre à la pein-
ture, dit un écrivain moderne, que d'a-
bord à Sicyone, et ensuite dans toute la
Grèce, eHe fut mise au premier rang entre
les arts libéraux, et que tous les jeunes
gens bien nés voulurent l'étudier. Il n'y
eut d*abord que des ingénus qui pussent
exercer cet art, et ensuite que des gens de
la condition la plus honnête. Il fut toujours
interdit aux esclaves, d
Enfin en Tan 332 avant Jésus-Christ, pa-
rurent Apelles et Proiogène après lesquels
commença en Grèce la décadence de la
peinture. Elle cessa tout à fait d'y être cul-
tivée an commencement denotreère. L'Ita-
lie ne l'avait jamais assez honorée pour
qu'elle y brillât encore d'un grand éclat.
C'était pourtant à elle qu'il élait réservé
de la créer de nouveau sous riuspiralion
du {énie chrétien.
J. DE CUATILLON.
BIBLIOGRAPHIE.
MisUÀre .des Fran§ai& (kê diven Étais »
ou Hiitoire dé France au» cinq (i^r-
niers ùècUê. -^ Par AflMHt-Alew
ftlonteil.
L'oHVFj^ dom ttou» venons vous dire
guelqaesmotSy iiiesdemois«Ues, reareroie
en ses cinq voIuoms le résokat des travaux
da vingt années ; il préseate sous la forme la
plus naive, la plus piquante , la plus iogi-
niense, une science presque effrayanie ,
puisée aux sources les plus sérieuMs:
chartriers, diplômes, itecueils des lois,
h.sloires locales des provinces , des dù^-
— 196 —
cèses et des villes, collections des mé-
dailles et des monnaies, ordonnances des
rois, mandements des évéques, placards
des maires, éche?ins et prud'hommes, ar-
rêts des parlements, etc. , etc. Là , revit
la vieille France, depuis le^ conslitulions
qui régissaient le royaume jusqu'aux cou-
tumes^ quelquefois gracieuses, quelquefois
burlesques*, qui avaient cours dans les
plus humbles villages* Rien n'est omis
dans ce vaste tableau, ni les avantages, ni
les abus du temps passé , et l'on peut se
former une idée irès-nettê des usages de
nos ancêtres, après avoir parcouru les
cinq volumes de YHistoire des Français
des divers Étais. Cependant, quelque in-
téressant que soit cet ouvrage , nous enga-
geons les mères de famille à le parcou-
rir elles-mêmes avant de le laisser lire à
leurs filles ; leur prudence choisirez entre
ces nombreux récits ceux qui pourront
être offerts sans inconvénient à ces jeunes
intelligences.
Le quatorzième siècle est le point de dé-
part de ce vaste travail, où se déroule
successivement les siècles suivants jusqu'au
nôtre exclusivement. Un cadre ingénieux
renferme les faits groupés, coordonnés
sous la forme la plus attrayante. Le pre-
mier volume , consacré au quatorzième
siècle, offre la correspondance d'un cor-
delier de Tours qui écrit à un frère en
religion, et qui lui raconte, de la manière
la plus sensée et la plus spirituelle, ce
qu'il voit autour de lui, dans son couvent,
chez les nobles , chez les bourgeois , chez
les paysans, gens de divers états ^ avec les-
que's il se trouve en rapport. Qui pour-
rait dire combien de couleur locale nos
romanciers ont puisé dans ce livre trop
peu connu ! Mais au plaisir de louer l'au-
teur, nous préférons le plaisir de le citer,
afin que vous puissiez le louer à votre tour.
Voici un tableau de mœurs féodales :
c*est l'hommage dû au seigneur de la terre
par les vassaux, tenanciers et possesseurs
de fiefs.
Frère Jehan à frire Atulré. EpU. xxill.
c( Aujourd'hui le sire de Montbazon est
parti du château avec toute sa suite , à la
plus belle heure du jour. Il était monté
sur un cheval blanc , l'oiseau sor le poing,
en grande parure, l'habit armorié, mi-
part de rouge et de bleu. Arrivé au lieu
appelé la Table de pierre , il s'est assis. Un
seigneur, dont les terres relèvent de Mont-
bazon , s'eiit présenté nu-tête , sans épe-
rons ni épée , et s'est mis à genoux devant
le sire de Montbazon , qui, ayant pris ses
mains dans les siennes , lui a dit : Voiu
cognoissez estre nostre homme-lige ^ pour
raison de votre chastel, et juret à I>ieu
par la foi de vostre corps , que vous nous
servirez comme tel et contre tous ceux qui
peuvent vivre et mourir, fors contre le
Roy nostre sire. Le seigneur ayant ré-
pondu : Je le jure , le sire de Montbazon
l'a baisé, et a ordonné qu'il fi]kt dressé acte
de cet hommage.
» Cependant le sire de Montbazon a fait
signe d'approcher à une foule de villageois
qtii , tous chargés de denrées et de pro*
visions, se tenaient respectueusement à
une certaine distance. Aussitôt la terre a été
couverte autour de lui de blé , de volailles,
de jambons, de beurre, d'œufs, de cire, de
miel , de légumes, de fruits, de gâteaux, de
bouquets de fleurs , de chapeaux de roses.
En un moment, les gens du château ont
tout enlevé, et le terrain se trouvant libre
et net, plusieurs tenanciers se sont appro-
chés: les uns en faisant des grimaces,
d'autres en faisant des gambades Le
sire de Montbazon a ordonné qu'il fût déli-
vré à tout le monde bonne et valable quit-
tance.
y> L'assemblée s'est alors formée en
rond : Mis amis, a dit le sire de Montba-
zon , j'ai reçu trop d'argent de vous cette
année ; à mon grand regret, les amendes
pourvois, querelles, blessures, coups de
poing, ne m'ont jamais tant rendu. Je suis
assez content de la manière dont les gens
de métier font les corvées ; cependant il
ï)©«»^
•^
r^.
^"^O
_ 107 —
reste qadques habits de pages qui n'ont
pas été finis ; il manque an grand nombre
de i>ottines pour mes gens.. . Monseignenr^
Ini a répondu nn pauvre homme nommé
Simon, les tailleurs, les conlonnîers et
les saietiers de la terre., nous ayons tra-
vaillé toute la semaine que nons tous de-
vons : nous ne sommes pas tenus au delà.
C'est bien , a répondu le sire de Montba-
zon. Ensuite il a dit à une bonne femme
qui n'était pas loin de lui : Veuve Martin ,
vous faites assez mal le guet de mon châ*
teau de Porigni ; je suis informé que vous
dormez fort souvent au lieu de veiller;
vous ne dormez pas quand il faut venir
prendre le blé que les anciens actes vous
accordent pour cette garde. Adressant de
nouveau la parole à l'asseiublée , il a dit :
J'ai à me plaindre de ce que vous laissez
plusieurs champs en jachère pendant plus
de trois ans ; je les ferai cultiver à mon
compte , j'en ai le droit , j'en userai. J'ai
I me plaindre de ce que ceux qui ont des
héritages dans d'autres seigntnries vont y
demeurer : il me semble qne vous êtes
assez bien traités dans la mienne pour que
vous y fassiez feu vif. Mes amis les bour-
geois , je dois vous protéger et vous aimer;
vous , à votre tour, vous devez m'aimer et
me le témoigner.
» Le cercle des bourgeois a fait |riace
aux serfs , que , dans les campagnes, on
nomme plus communément hommes de
corps ^ hommes couiumiers. J'ai remarqué
beaucoup plus de familiarité, de cordialité
entre ces bonnes gens et le am de Mont-
bazon , qui les caressait de l'œil , de la
parole et de la main. A toutes demandes ,
il répondait : Avec plaisir I avec grand
plaisir ! ce qui vous manquera à la mai-
son, vous le ttonverez toujours au châ-
teau. »
Peut-être, en qualité de futures mat-
tresses de maison, seriez-vous curieuses
de savoir comment vivaient nos aïeules?
VUistoire des Français nous révèle le
menu de la table des princes, d'où vous
pourrez conclure comment vivaient les
simples bourgeois.... Qui peiU le pltis^
peut le moins,
« Les jours ordinaires, on servait à dîner
sur la table du dauphin , un potage au riz ,
aux poireaux ou aux choux, une pièce de
bœuf , une autre de porc salé , on entre-
mets de six poules on de douze poulets
partagés en deux , une pièce de porc rôti ,
du fromage et do fruit. A souper, une
pièce de bœuf rôtie, un entremets de cer-
velles, de pieds de bœuf au vinaigre, du
fronoage et du fruit.. . •
Yoici une curieuse description de Ver-
sailles an quatorzième siècle :
ce Ce \illage, de l'aspect le plus misé-
rable , n'offre qoe des maisons couvertes
de paille et de genêt. Le ciiâteau, entouré
de palis et de fossés, est encore mieux
défendu par sa pauvreté.
» Je vis le seigneur qui allait à la chasse
avec une petite meute; il portait sous l'ais-
selle un arc dont il décochait de temps en
temps quelques traits aux lapins et aux
lièvres qui fuyiiient sur ces terres sablon-
neuses. On me dit qu'il était souvent
obligé de gagner son dtner à la poiote de
ses flèches. On me dit encore qu'il plai-
dait son curé pour le forcer à prier Dieu
gratuitement pour lui, en vertu de ses
droits de patronage et de haute justice.
Cependant, ajouta-t-on, il est bon et gé-
néreux , il tait volontiers remise de plu-
sieurs redevances, entre antres du droit
de tombe lorsqu'on ensevelit quelqu'un
au cimetière ; et si vous le voyez vêtu d'une
gonelle grise, c'est qu'il a donné sa robe
fourrée à un messager qui est venu lui
porter i'hr nreuse nouvelle de la convales-
cence de son père, i»
Voici ce que frère Jehan écrit à propos
de la pe^te noire :
« Ahl frère André, ce n'est rien que
l'épidémie dont vous me parlez, en compa-
raison de la fameuse peste noire de 1 5(i8,
qui dépeupla les trois parties du monde ;
j'étais alors ici , et je me souviens qu'un
Fa*'©;
— 198 —
.>^®2.':';-
matia, après la soupe de prime, ocras
montâmes à la plate-forme de notre tour ;
on voyait au loin , sur tous les clochers ,
flotter h drap mortuaire qpii épouvantait
également les hommes et les animaux. On
apercevait sur tous ces chemins des oon-
Tois funèbres; en entendait continuelle-
ment les cloches de tontes les paroisses :
c'était on glas continue}.
» La plupai t des curés et des YÎcarrcs
ayant succombé à fa fatigue et à la maladie,
les jeunes religieux furent trouver le gar-
dien : a Mon père, loi dirent -ils, la
peste a enlevé presque tons les pasteurs ;
ouvrez-nous les portes du ciel! hissez-
nous aller secourir ce pauvre peuple qui
nous a nourris et qui maintenant a besoin
de nousl Nous remplacerons les curés,
nous deviendrons médecms, chirurgiens,
garde-malades. » Hs prièrent tant, insis-
tèrent tant, que le frère-gardien , ne pou-
vant plus réidster, lemr drt : « Alez , mes
enfants , puisque ce monde ne vous paraît
j)Ius digne de vous. » Dès que ces jeunes
gens eurent quil.té le couvent , on ne pat
ph]S retenir les autres^ bien qu'ils sussent
que tous leurs camarades avaient pêrL
» Ce fut alors que je perdis mon grand
ami le fr^re Omer. Il ftït des six premiers
qui sortiiient. Il mourut avec cette rési-
gnation céleste qui, h cette époque, se
faisait remarquer dans tous les malades.
« allez, dit-il, lorsqu'il fut prés d'expirer*
allez avertir le frère Jehan , qu^il demande
à me remplacer avant qu'un autre le pré-
vienne. »
V H élan f je ne fus pas averti : le père
gardien m^aima ti op , ou plutôt ne m'aima
pas assez?...»
Nous avons cru bien finir par cette der-
nière citation qui rend un juste hommage
au dévouement et à !a chanté catholique.
Dans un prochain ardde^ nous parierons
des siècles' suivants, traités avec la même
sctence et la mêase shnplieité, par Fau-
te«r de YHkimre des Français deê dn-erÈ
ÉtaU,
E. R.
LITTEBATUBE ÉTRAKGERE^
KY KOTHCR.
Who fed me ber geatle brea»t,
And hush'd me in his arms to rest,
And ou iny checks sveel ki^ses prest?
SIj modier.
Di/hen sleep forsook my open eyc
Who sung me sweet luUaby
Aad sooth'd me thaï I staould nol cryT
My mortier.
Who taughl my infant beart U) pray
And love God's holybooks and day
And taught me wisdom's pteasant vray ?
M y molher.
And can I ever cease to be
Affectionate and kind to the
Who waf $0 very krnd to met
Ah nol «bai ilMugbt I cvimmC l^tm
Avid if God pAeMt my lifie to ipare
1 hope I schall rcwani thy care
My molher.
COWPBE.
BA MËHK.
Qui me nourrit de son sein Midc et m'eBr
dttMOût ea me bereanl ^ set braa, ^oeatit de
doui baisers sux ma joue t ma mare.
Lenque le fomoMll iayâtt nés yen ou^wt»,
qai ciunUit dtuecMMiit aar imo beocaau el ■»
cakaail pour que je ne pleure fM t ma mère.
Qui éleva mon cœur enliint à la prière, qui
m'enseigna l'amour de Dieu et des livres saints
et me montra le chemin intéressant des scien-
ces t ma mère.
Pourrais-je >amais ce«ser d*étre affectionnée
et douce pour celle qui fut si bonne pour moit
Oh T non, je ne puis supporter cette pensée,
et s'ItplaH è Dieu d'ép&rgner ma lie, j^espère
te readffv tes ivins, mi Mère.
M»* 9. S.
i
1
m
'A,A,, ,/- aJ.'vV.
SAINTE ClOTILM
i.iml Cl.ni.. :i l;i irli.non Am-\,
i>!&^
SAINTE CLOTTLDE,
REINE DE FRANCE.
L ^ FILL&
Les TXffùw d'un diavd sofeU d*ao4t
éclaiiaîfint leg AJpes^ et ae miraknt dans
le beau kc auquel lavilkdeG^nèYe doojie
sfltt nom. CeUe viUe appartenait alors, ù Ja
BûurgogDfitrattsjuraac; debauts remfiarAs
dékiubieiU son «uceiale ; quelques pools
étroits et arqués étaient jelés sur le Rhôûe
qui la partageait €A deux moitiés inégales;
ÏSÊpect de la villa était triste el sombre,
mais la magnificence de Tisnyre des sia
jours éclatait dans le paysage ; les séf ères
moùUig^m^ les vallées umbreuees» les
eaux miraitanites et limpides étaient alors
ce qu'elles sont aujourd'hui : elles demeu-
rent tODJours jeunes, toujours belles, pen-
dant que rbomme s'agite, passe et meurt
à leur pied.
Dans la salle vaste et fratcbe d'an pa-
lais de oonstniction romaine, dominant le
Rbône, une jeune ûUe Iravailiait avec ar-
deur à des vêtements grossiers, dealinés
aux indigents. Sa beauté calme et simple
frappait les ycox^ quoique uiUe parure ne
fît valoir la régularité de ses traits, car elle
était vêtue d une robe noire, et un voUc
de lin couvrait les iresses de sa chevelure,
qu'elle portait dans toute sa loogoenr,
comme une femme noble et libre. Noble
et libre en effet, car elle appartenait à
la royale maison de Bourgogne, et cepen-
dant, de fait, Glotilde était opprimée et
captive. Gbilpéric, son père, avait été
massacré par Gondebaud » son propre
frère; la mère, les frères de Glotilde
avaient péri sous les mêmes coups, et la
royale orpheline s'était vue traînée à Ja
suite du meurtrier, du spoliateur de sa
lamiUe. Depuis dix ans» elle vivait aous fe
toU de Gondebaud^ à la fois aon unique
parent et son plus cruel ennemi ; soumise
à cette rigoureose nécessité, Glotilde vivait
d'une vie grave, itecaeiUie, solitaire,, et,
conune le disent les vieux l^endaires-:
pitoyable uw indigents et souffreteux^ plus
assidue es-maison qmwutuoiUre de [estes
ei ébats.
Ge jour-là, elle denrisait avec Bertrade»
sa nourrice, et Ide, aa suivante, des so-
lennités de la fête de Saint-Just, qu'on
avait célébrée le matia même; car bien
que Glotilde fût, dès sou bas-âge, élevée
au milieu d'une cour arienne, eUe gardait
et protégeait assidûment la pure doctrine
de l'Église catholique. Le matin, elle avait
assisté au saint sacriGce, et an sortir de
l'église, elle avaîi distribué «es aumônes
coutumières aux pauvres de Jésus-Gbrist :
ce souvenir la remplissait d'une douce joie,
el elle travaillait avec plus d'activité aux
robes et aux tuniques qui devaient vêtir
les membres souff/ants du Seigneur. £Ue
fut interrompue dans son travail par une
de ses femmes qui vint Ini dire qu'un men-
diant étranger demandait à lui parler. *-»
Faites k venir» répondit €lolilde; Dieu
nous garde de rebuter les envoyés de sa
providence I
La suivante souleva la courtine de laine,
et introduisit un homme pauvrement vêtu,
et dont les traits, bruns et r^llers, ne
paraissaient pas appartenir aux races sep*
tentrionales. Glotilde le regarda et s'émut
un peu, car elle reconnut en cet étranger
un mendiant auquel, le matin, elleavait fait
l'aumône, et qui, s'étant agenouillé, avait
baisé la main royale qui le secourait. Une
ï)®'^^
.><?îca
seconde fois il se mit k gf doux ; Glotilde,
surprise, lui dit : « Qui ètes-vous, étran-
ger? Pourquoi me rendez-vous une mar-
que de respect si peu usitée parmi les
chrétiens ?
— Madame (1), répondit-il, ]e suis Ro-
main, du nom de Floreniinus-Âurélianus,
et attaché à la personne de Glovis, roi des
Francs. J*ai pris ce déguisement a6n de
pouvoir approcher de votre royale per-
sonne.
— Qu'avez- vous à dire?
— Je vous apporte le salut de mon maî-
tre ; il désire dans son cœur vous avoir
pour épouse, et je suis chargé de vous
offrir son anneau comme gage de sa foi.»
Glotilde se troubla ; le nom du jeune
chef des Saliens, du vainqueur de Sya-
grius, du triomphateur de la Tfauringe,
était parvenu jusque dans sa retraite. Mais
une grande objection s*éli?vait :
« Le roi Glovis, dit-elle, est païen, et je
suis chrétienne.
— Nos pères en Jésus-Ghrist, les saints
évoques des Gaules, approuvent cette
union, car il «st écrit : la femrM fidèle
sanctifiera Vépoux infidèle. Acceptez-vous
cet anneau, madame ? »
£!le le prit d'une main tremblante, et
dit:
11 n'est point permi:^ à une chrétienne
d'épouser un païen; mais si le Siigneur
mon Dieu dispose de sa servante, qu'il
soit fait selon sa volonté. Reportez mon
salut an roi Glovis. »
Les fiançailles étaient accomplies, et de
ce saint mariage devaient naître les fils
aînés de l'égUbe, les champions de la croix,
les glorieux rois de France.
Peu de temps après, Glovis fit publique-
ment réclamer son épouse : Gondebaud,
surpris, furieux, voulut résister, mais Glo-
tilde montra Tanneau passé à son doigt.
(1) Au cinquième siéclei on donnait déjÀ le
nom de seigneur {dominut) et de madame
[domina) aux personnes élevées en dignité.
— soo ^
Alors le roi des Burgondes, cédant devant
la sainteté d'un engagement sacré pour les
barbares, baissa la tète et dit : « Elle a
prit le gage, qu'elle soit conduite I son
époux. »
Glotilde quitta avec joie des lienx té-
moins des s^ouffrances de sa jeunesse; elle
partit emmenée par Aurélien, escortée par
les cavaliers francs, que lui avait envoyés
son royal fiancé, et se dirigea vers Sois-
sons, où le mariagf", béni par les évéques,
fut célébré selon les coutumes germatai-
qups, La jeune femme, épousée par le sol
et le denier^ reçut le don du moHn^ apa-
nage qui consistait en un revenu impor-
tant sur les domaines royaux, en courtiers,
en troupeaux, auxquels la munificence de
l'époux avait joint du lin blondet moelleux,
de la soie aussi précieuse que l'or, des per-
les et des pierreries. L'orpheline délaissée
avait un protecteur et un époux, la captive
était devenue reine, car le Dieu puissant,
le Dieu d'Esther, le Dieu de Glotilde, est
bon à ceux qui ont le cœur droit !
IL — F£MMB ET Reims.
Le mariage de Glotilde avait été béni
par la naissance d'un fils, et Glovis, cé-
dant aux instances de sa femme, avait con-
senti à ce que Théritier de son pouvoir
reçût le saint baptême. Mais Dieu a ses
desseins, et il permit que ce premier né,
encore revêtu de la robe blanche des nou-
veaux chrétiens» mourût entre les bras de
sa mère. Alors, le jeune roi barbare, vio-
lent et irascible comme tous ceux de sa
race, éclata en reproches. « Femme I ré-
pétait-il, si l'enfant eût été consacré à
mes dieux, il vivrait encore I »
Glotilde lui répondait avec douceur et
trist( sse :
« Je rends grâces an Tout - Puissant,
auteur de toutes choses, qu'il ne m'ait pas
jugée indigne de voir le fruit de mon sein
admis en son royaume. Permets I ta ser-
vante de te le répéter : Si nous vivons en
OO!^^
o^^
,^^-
— SOI —
la grâce da Seigneur, nous rererrons notre
entant. Oh ! si tu daignais m*écouter I la
foi t'élèverait au-dessus des choses passa-
gères, et les douleurs mêmes se tourne*
raient en allégresse !...
Le jeune Franc se calmait, car la dou-
ceur et la soumission de Glotilde Tenchan-
taieiit non moins que sa beauté. Un second
fils leur fut accordé, et Glotilde, entiaîwée
par sa foi, malgré Ls répugnances de ton
épouY, le fit présenter aux fonts baptis-
maux. Cet enfant reçut le nom de Glodo-
mir, mais peu de temps après sa naissance,
Dien, pour éprouver la confiance de sa
mère, permit qu'il tombât dangereuse-
ment malade.
cEh bien I s'érria le roi, Toilà que mon
fils, baptisé au nom de ton Ghiist, va re-
joindre son frrre ! Ne vois-tu pas, femme,
que ton Dieu est ennemi de ma race, et
qu'à cause de ma lâcheté, je suis aban-
donné par mes dieux, qui jusqu'ici, m'a-
yaient si fidèlemeat protégé?
— O roi ! lui répondit Gloiilde, ccm-
meut tes dieux pourraient-ils te protégei
ou t'abandonner, puisqu'ils ne sont pas?
Laisse-moi prier le mieo, il daignera peut-
être m'écouter •
Et prosternée au pied du berceau où
l'enfant dormait dun sommeil fiévreux,
Glotilde priait, invoquant la douce mère
du Christ, en lui promettant des vœux et
des ofTrandes. Elle intéressa même au suc-
cès de ses pri^^res Geneviève, la servante
de Dieu, qui, psirvenue alors à un âge
avancé, avait rempli l'église du renom de
sa sainte vie et de ses miracîes. Geneviève
fit répondre k l'épouse de Glovis : « Que la
reine Glotilde continue à prier ; elle sera
exaucée. »
Le troisième jour, Glotilde épuisée de
jeûnes, de prières, de veilles, était assise
auprès de Glodoaiir, qui semblait toucher
aux derniers moments de sa yie. Elle le
regardait avec douleur, quand tout à coup,
il lui parut que les jouis et les lèvres pâles
de l'enfant se coloraient, et que ses yeux
s'ouvraient doucement. Est-ce une illu-
sion T.. . Est-ce le premier rayon de l'aube
qui teint de ses vives nuances le front du
petit mourant? Mais non , l'enfant se
drei^e, il rit. en agitant ses petites mains.
Glotilde le sai it dans ses bras, et louant
Dieu, elle court le déposer sur le sein de
son père
Depuis ce jour, signalé par ses bontés
divines, la reine des Francs redoubla de
prières et de larmes pour obtenir la con-
version de son époux. Elle aimait tant cette
âme que Pieu avait unie à la sienne, elle
désirait avrc une si Tive ardeur lui pro-
curer les biens éternels! Souvent, elle
parlait à Glovis du Ghiist, et de sa loi, es-
sayant de le toucher, tantôt en loi racon-
tant comment Jésns a aimé les hommes et
les a aimés jusqu'à la fin^ tantôt en lui
expliquant les préceptes de la morale évan-
géli^ue, lui montrant que cette loi de
grâce et de douceur avait allumé dans les
âmes les plus héroïques vertus, et que,
forte en son humiliti\ elle avait détruit le
paganisme, et renverhé le tyrannique em-
pire des Césars. Mais des voiles couvraient
encore rintelligence de Clovi^. cTu ne
connais ton Dieu que par la voix de tes
prêtres, disait-il parfois ; nous, nous ado-
rons ce qui frappe nos yeux; nos divi-
nités se font connaître aux hommes par
les bienfaits qu'elKs leur accordent.
Regarde Bélinus , cet as're qui nous
éclaire; Dis, qui nous prodigue les fruits
et les moissons; Niord r, qtà gronde, qui
mugit... ces dieux sonl-ils des chimc^res?
Ils peuvent à leur g^é nous nuire ou nous
combler de bien», il est juste que nous les
servions (1), — Seigneur, ré^iondait Glo-
tilde, permets à ta servante d'élever en-
core la voix. Pourquoi ton esprit, à tous
égards si plein d'inteliigence, conf ind il
l'effet et 'a cause, le bienfait avec le bi>'n-
faiteur? Tu adores des astres... Moi, j'a-
(1) Bëlinuêf le soleil, Di$, U terre, Niordêr,
te vent.
i)€V»^
^ê^
— S»2 —
^rê te DieQ qoî a frit ces astres; qtiilear
«tracé learroQte, et deiuifft lequel, counne
fc dfseni DOS Rvres saints : les* étoiles
prennent plaisir à Itdre^ parée que c^est
Lui qm les a* créfesL
La terre et la mer sont, nt)n pas des
dieux, mais des créattires, et nous les in-
iritons^ dans nos sacrés cantiques, à louer
le Dieu qui les a faites si beNes Bt si puis-
santes. Le Dieu que les chrétiens adorent
est celui qui a fkit tomtes cboses, qui a dés^
tiné la création au service de f homme; ce
Dieu est ia\isiblte pour nous, car un œil
mortel ne pourrait sO|)porter l'éclat de sa
divinité; mais nous le ctmnaissons par ses
œuvres et par la samte loi qu'il a donnée
aux hommes, en leur parlant par la bou-
che de son Fils unique. Dieu comme hil.
Voyez ici, roi, Timage de ce divin Fih,
descendu sur la terre, humilié, frappé, at-
taché Il une croix poni* expier les Aunes
des hommes. Comment ne pas adorer un
Dieu si généreux et si bon I Gomment ne
pas suivre les saints préceptes qu'il nous a
laissés tracés dans le livre des Évangiles I. . .
Parfois, seigneur, tu as paru godter les
paroles de cet auguste Gyre que ta ser*
vante te lisait, qu'une si sainte loi ne peut
émaner que d'un Dieu, que ce Dieu est
le seul qu'on doive servir, le seul qui vive,
qui règue, qui possède Tempire, Dieu
unique en trois personnes, le Père créa-
teur, le Fils rédempteur, et 1* Esprit sanc-
tificateur des justes. H n'est d*autre Dieu
que le Dieu des chrétiens ; lui seul peut
tout, les autres ne sont pas » (1).
Oovis n'était pas persuadé; mais conmie
une liqueur qui Bitre goutte à goutte, la
foi tombait dans son cœur, grâce aux pa-
roles de Clotilde, grâce surtout à ses ac-
tions. La vie de la reine des Francs était
grande et sainte. Elle se rendait agréable
à son époux par sa vertu et son inaltérable
(1) Ces paroles sont à peu près celles que
<rifgoire de Tours attribue i sainte Glotiide.
Liv. II.
sérénité; die exerçait sur ses enfanta «ne
autorité grave et tmdre-; i ses serviteurs
efle offrait un modèle dé vigitainoe, de so-
briété, de modiestie ; les pauvres avaient
en elle une mère, les malades et les infir-
mes, une servante. Lorsque le roi ne ré-
clamait pas sa présence, elle priait devant
les tombeaux des saints, vishait les hôpi-
taux élevés par les évêqoes, on s'employait,
Ains rintérieur de son pdais, ^ des tra-
vaux utiles. Elle aimait sa quenouille, ce
sceptre des femmes fortes; elle fflait de la
laine pour les pauvies, ou du lin destmé
aux ornements de l'auteL Mais dans toutes
ses prières, ses bornes œuvres, ses travaux,
une seule pensée dominait., h conver-
sion de Clovis.
Vers ce temps-A, les Allemands, peuples
belliqueux, établis entre le Rhin, le MeîiL
et le Danube, arborèrent leurs êtendarAs
suspendus dans les bois sacrés, plièrent
leurs tentes et firent une invasion dans le
pays de Cologne, où régnait Sighebert,
allié de Clovis. CcM-ci, inquiet pour ses
provinces du Nord, rassemlj^ son armée,
SCS tribus franques, ses milices gallo-ro-
maines, et marche vers l'Allemagne. Au
moment de son départ, Clotilde l'arréla,
et après l'aToîr embrassé lui dit : <( Mon
époux et seigneur, au milieu des dangers
que tu Tas courir, n> oublie ^pae le Dieu des
dirétiens!))
Ce fut dans les plaines de Tolbiac
que les deux armées se rencontrèrent,
CeHe des Allemands ét»it grossie par les
Suèves, essaim barbare et indhfoiplitté ;
celle de €lovis avait su allier Tordonnanoe
militaire des Ronrains aux coutumes stra-
tégiques des Francs. Forte, vaillante, con-
duite par un chef aussi brave qufnbile,
é\e semblait «ùre de la victoire, et pour-
tant, le courage aveugle, la foree sûrira-
maine des Oermann remportait. Clovis
voit avec désespoir ses bataillons décimés,
ses braves soldats mut9és, écrasés sous le
poids des chars que des taureaux indomp*
tés, aigttiHoiinés par les Germains, tra!-
^ ^f fV
— S05 —
nent t trav«v»k nêUe* Leg Fnneft, les '
G«Qloi0, les R^DMÔiB re^nUnU.. Eaoone
un instant peut-être... et ka Germaios
nktorieex eomèOMMtciptiii^ ùMm» nn
Itebe UtûU Gl0¥ifli» se» floMbt», ses. diiés.
Le roi FrasQ, ^inhi Mté,. lère les miins
an ciel, et s'écrie : « Dien de €]edUe,.t»i
qa*oa dit sj poissant, tienft \ «m âd»!
Si tu me dMnc6 la vicloirei, je coaîrai en
toi et je recavraî k bay^éme ! i»
A peiiaie a^H preMMé ees pandes,
qu*aBiiBé d*uiie confiattee nonfelle, il rat-
lie ses soldats, et tmà ayec em sur les
Gecmaiofli. Sa priera était JDDCtttée-aiacieL^
nne heure après, Clovis trionphaol sur le
champ de bataille, lendait aaJDimi qu*il
avait si lengteoapa nateoBiM, d^ardentas
aaioas de grâces, peadaot qn* ses-siiltees
poQcsiivaient l'année vaineiie , et qit*«]i
messager, pressant de Fépevonlea Sanes
de son courtier, portait à Glotilde k-BiNir
Telia d'mi# double victoire.
Peu As mois apcès (1), dam h mit de
Kûël, Qi cortège nagÎM^qne s^acbensînsst
Ters i*égUao de SaiiH-AIailin » b BrâM.
Los rues et les place^étaieMt décorées a?ec
une grande splendeur; des mîUîer» de
lampes, de candélabres, dt oierg^a et de
torches les illoasinaient aiec jmt leikpro-
fusion^ qu'oA aurait dit que le soleil éuk
revena sur ses pae poni; assista b oeue fftte
des anges et des hommes. Des< guÉrlandes
de. Terdore, aanquellea on avait méK des
miroirs d'argent, d'autres di'aci«:r pdi, or-
naient les mura^ et, décoration vifanie, m
peuple immense bordait ks mes et atta^
cbait sur ce cortège des regards émua et
joyenx. Les prêtres, en anhe de lin, por-
tant la croix et les Évangiles, owrraiest la
Durche^ Les évoques, accourus doi diflé^
rentes églises des Gaules, les suivaient à
pa& lenls ; decrièro eux venaient Rwnigine,
év&iue de Reims» tenant par la main,
comme un père tient soià fils bien-aimé, le
fier et puissant Clovis, q|û, véta de la ta-
niqvedescatéebnnèiie», s'irançait le front
vadienc GiollMe le sorrait, condnisam Ics^
den sceirs de son époor, AKmflîde et
jjrtbiifk, qui, eile9 aussi , allaient rece-
voir la sacrement régénérateur. Une lon-
gue AledegwrriCTs, en mniqnesblaActies,
amis idoles» qa* après avoir svivi Clotis à
fai conquête des ro^amneflp de la terre, se
pressaient ao»i sur ses pas lorsqo^îl aPait
wv»le royffOBie des ciciix. La maison du
Seîgnenr reçut ses ntweaux bdt^s : parée
aiec on art ioaccoatnmé, eRe ravit Bps
yma de Cfcvis : il regarda ces autels re9-
phs n di ssanrts, il écont» ces* chane» célestes^
il Mspira ces parisras exquis, et dit dans
eM» extase: « Mon père, est-eelà te royaume
do iéeo»-Gbrist que tu m'a promis ! —
DIoiiv mon fils, nlpKqoa Remlgins, cen*est
que le chemin qui y conduit. »
ClotiMev oombiée d'une joie qni n'est
pas de ce monde, vit l'époux qni lui était
si cher, receiwir l'onde saénte, elle Ten-
tendit abjurer ses idoles; arrivée au terme
de sevYeBur, elle croyait quola terre ne
penvait plns^ «voit d'araevtnnie peur elle.
La fidélité do Clovif Ait réeDn^>ensée peu
dn tempo api^ln par la souoission des Pa-
ri8ii> qui avaient juré de ne pas* se rendre
b nn princn pafen. Ils owrirent les portes^
de'l'anliqne Lnlèoe k Clovis, elirétien, €t
leeenonvent pour mettre' celui qui venait
doeenrberson ftnDCsow lé joug dte lit toi.
ni. — ▼ÈtJVB.
Le bonheur de Glotilde ne fut pas de
longue durée : Clovis mourut en 511» à
L'agio dft quarante-doqans, etaon royaume
fut divisé entre ses quatre fils, Thierry (i),
Ckdomir, Childebert et Clotaiwe.
La. veuve dn roi des Francs se retira à
Tours» près du tombeau de saint Martin,
pour y pleurer sans contrainte Téponx et
l'ami qu'elle avait perdu. Pendant la mi-
norité de ses fils^ elle cexint souvent b
1) £d l'an du Chriil 406»
1 (i> TUerry éult isfo d^m prenkr IM^
— 204 —
Paria, et proGta de ce séjour pour achever
la babilique des saints apôtres Pierre et
Paul, cotomencée par Glovis, et qui reçut
ses restes mortels. Clotilde y fit transporter
au>si ceux de Geneviève, la vierge de Nan-
terre, qui, peu d'années auparavant, s'é-
tait endormie dans la paix du Seigneur.
La reioe croyait que sa vie se serait ache-
vée dans les œuvres pieusf s et les saintes
larmes données à des morts qu'on espère
bientôt revoir... mais les amertumes de
son âge mûr devaient surpasser les mal-
heurs de sa triste jeunesse I La mémoire
des outrages faits à Clotilde avait germé
dans l'âme de ses fils, et elle-même,
Xemme au cœur ardent, n'avait pas assea
su réprimer la soif de vtngeaoce qu'exci-
taient contre Gondebaud et sa race, b
mort sanglante de Cbilpéric et les noirs
souvenirs de sa jeuoesse orpheline. Glodo-
mir, Talné de ses fils, venait de périr dans
la guerre qu'il livrait à Sigismond, fils de
Gondebaud, roi de Bourgogne. Le sang
des barbares bouillonnait parfois dans les
veines de la sainte, il ptovoqua les seules
fautes qui aient terni cette noble vie, fautes
cruelles que Clotilde lava par tant de lar-
mes ! Elle se prit à chérir d'une grande
tendresse les trois fils laissés par Clodomir,
et les aima d'autant plus que leurs oncles,
Chi!debert et Clotaire, les avaient dépouil-
lés de liur héritage et se l'étaient appro-
prié. Clotilde ne diiisimulait pas à ses fib
le désir de voûr rentrer les orphelins dans
les possessions de leur père, et peu à peu,
les deux rois s'alarmèrent devant ces droits
manîftstes, appuyés ^ar l'autorité d'une
reine vénérée. Ils s'entendirent en secret.
Un malin, un messiiger se présente an
palais des Thermes, où demeurait Clotilde ;
il vient, au nom de Cdildebert et de Clo-
taire, réclamer les fils de Clodomir : ils
vont à l'heure même être élevés sur le pa-
vois. La reine, transportée de joie, assem-
ble ses serviteurs et leur apprend 1 heu-
reuse nouvelle : on revêt les jeunes princes
de leurs plus beaux habits ; la main de leur
aïeule arrange leur longue chevelure, elle
lis bénit, le& embrasse et les voit partir
pleine de joie.
Aossitôi qu'ils furent arrivés chez leurs
oncles, et enfermés dans une chambre so-
litau%, les rois dépêchèrent vers Clotilde
un sénateur, nommé Arcadius; il se pré-
senta devant h reine, tenant à la main une
épée et des ciseaux : « Reine! lui dit-il,
décide de la destinée de tes petits-fils : les
deux rois la remettent entre tes mains.
Veux-tu qu'ils meurent ou ordonnes-tu
qu'ils aient les cheveux coupés? d Et par-
lant ainsi, il présentait à Clotilde les ci-
seaux et l'épée.
La reine éclata en cris de douleur, se
reprochant avec amertume sa folle crédu-
lité. Le messager insistait : elle céda aux
préjugés de sa race, et montrant Tépèe :
(I La mort I s*écria-t-elle ; jriutôt morts que
tondus I «
Arcadius repartit aussitôt et dit aux rois :
« Faites à votre guise I « Ce mot fut le signal
du massacre : Théobald et Gunther tom-
bèrent sous les coups de leurs oncles dont
ils embrassaient les genoux. .. Seul, le pe-
tit Clodoald fut dérobé an supplice.
Les restes inanimés des deux princes
furent rapportés à leur aïeule : elle les
ensevelit.. Qui dira sa douleur, ses inex-
primables remords et les larmes de sang
dont elle arrosa ces petits cercueils?
Elle se disposait à quitter Paris, lors-
qu'un soir, eue entendit frapper à la porte
de son oratoire. Elle ouvrit... un religieux
parut sur le seuil : la reine crut qu'il ve-
nait solliciter une aumône, elle le fit en-
trer. Lorsque la porte fut refermée, le
moine ouvrit son manteau de bure, un en-
fant dormait tranquillement, la tête pen-
chée sur la poitrine du bon religieux. On
voyait à peine sa figure que rt?couvraient
les tresses de ses cheveux blonds, mais
Clotilde ne s'y ti'ompa point : « Clodoald I
s'écria-telle tremblante de trouble et de
joie.
L'enfant se réveilla et fcourit à son aïeule.
'^^(^
I
— so» —
«Mon frère, dit-elle, est-ce possible? —
Reine, j*ai nnyé cet enfant, et je Tiens te
le rendre. »
Glotilde le prit dans ses bras, l'accabla
de caresses, mais après an long épanche-
ment, elle le rendit an religieux : • Re-
prenez-le, dit-elle, et qu'il ne vive que
pour Dieu qui l'a sauvé. Je le consacre
aux saints autels ; puisse-t-il y trouver une
couronne meilleure que celle qu'on lui a
ravie ! Apprenez-lui, mon frère, à renoncer
au siècle, et k ne chercher que les iAem
éternels.. ...»
Ce vœu fut exaucé, et FÉgiîse invoque
sous le nom de saint Cloud le fils de Glo-
domir.
Depuis ce jour, la reine, retirée à Tours,
ne vécut que pour Dieu seul. Sa vie se
consuma dans les larmes, les jeûnes, les
veilles ; elle répandit sur le pauvre peuple
des aumônes si abondantes^ qu'il semblait,
selon l'expression d'un historien, que ses
biens ne fussent pas à elle, mais aux in-
fortunés; elle éleva de beaux monastères
et de nombreuses basiliques,etaprès trente-
quatre ans de veuvage, d'austérités et de
pénitence, elle mourut à Tours, non loin
du tombeau de saint Martin, qu'elle nV
vait pas voulu quitter.
Sainte reine des Francs, priez pour
nous !
M"'* ÉVELINB RlBBECOURT.
DEMOISELLE ET VILLAGEOISE.
« Qn'as-tu donc, Marie? disait Clémence
de Sénancour à sa sœur de lait, jeune
paysanne dauphinoise; tu me parais toute
mélancolique.
— C'est vrai, mademoiselle, j'ai du
chagrin, répondit-elle en soupirant; mais
à quoi bon vous le dire? vous n'y pour-
riez rien.
— Qui sait? Dis toujours.
— D'ailleurs, mon chagrin est de telle
sorte que vous en concluriez peut-être
qu'il altère l'amitié que je vous porte , et
poui tout au monde je ne voudrais vous
laisser croire cela.
— Oh! non, ma bonne Marie, je sais
que rien ne pourrait altérer notre attache-
ment. Allons I allons! dis*^moi franche*
ment ce que tu as sur le cœur.
— C'est bien difficile à exfdiquer... j'au-
rai de la peine à me faiie comprendre...
£h hieni je suis malheureuse d'être née
paysanne , non pas tout à fait pour les
raisons que vous pourriez croire ) je me
résignerais patiemment au travail, à la
pauvreté, à l'infériorité de ma condition ,
mais je souffre de penser qu'il y a dans la
vie une foule de plaisirs que j'ignore et
qui me seront à jamais inconnus. Je ne
parle pas seulement des bals, des fêtes,
des spectacles, dont on jouit dans les
villes, quoique je les regrette bien aussi;
je parle surtout des plaisirs que les per-
sonnes comme vous tirent de leur éduca-
tion. Vous aimez la musique, les tableaux,
la lecture ; vous faites usage de votre es-
prit, et moi, si j'en ai un peu, comme
tout le monde le dit , il ne me sert qu'à
comprendre l'étendue des privations aux-
quelles il faut me soumettre. Je suis une
pauvre sourde et aveugle née, qui sait seu-
lement qu'on trouve un plaisir infini à
voir et à entendre. Je m'ennuie à mourir,
parce que je suis obligée de passer mes
jours dans un hameau , où je ne puis rien
- Ii9« ~
listes, Ififi a«fteor», les aatgal» on( r««)|iU
ParisL»
déffience troiin la dugri« de sa mm
ia lait assez ffloUvé ; elle la plaigoîl, Tem*-
hrassa; et lui promîi;. 4e 4ei»aiidar à un-
iuat de SéoaBcour la pernii(»i0n dfi l'anir
moner tous b». btv«râ pour loi faûre mit
les specticles , les inuséea^ et o» se pror-
posait riea mwas que de eoaduifle Mftsie
à une séanee pobliciiie de rAcadéakie Fraa*
Clémence , en exprimaiic k sa n^e te
Yccn qd'eMe aYait formé, lia doutait ^s
de le voir exaucé. La bonté de madain^dt
Séflaocota% sa branveitlaBen ponr Marie
étaient connues ; quelle fut donc la sur-
prise de la jeune fille en receTanl un refus
positif. «Est- il possible, maman! s'écria-
t-dle, vous nous rtfusez cette grâce; vous
qui sein!)lez aimer Marie presque antvnt
que moi I
que je ne veux pas lui laisser pnnlre
rhabitude d*un genre de vie dont elle
jt)v irait seulement p»r intisrtaltea, M (ftri,
par le confritsm , lui rendtaH sa eottdifjofi
ptt)s pénible au moment où elfe y PCMre^
rart.
— - M^ie, mAmaii, elte ^aperçoit d^l
fort b'en des privatMnt qu« sa tondiiAin
lui impose ; elle s'en dCtrtsile beaticdtip. Cet
vt)}â^es à Paris seraient uM trôva à ses
soulftances et nelts augmenteraient pas.
-^ Tu es dîvns ritrem*. J* tirta f eMcff*
gn^^r te vrai ftinyett de calmer Tittqifféfade
dont Màiie est agitée. J'ai déjà rcMiai^é
d^lis dette f ctiie paysanne tfne icriaglnatfdii
tî^M-^ihe, tin* rare iûttetligwire. Je M
tn'étonne f^as qu'elle Se sente tt»ttrmeii(ée
p^r ces hci^lti^s dont elle ne Mx p^em
faire usa-e. [Viafsdiea kf potor les ^éttêt
mille moyenis auxqtti?!^ elle ne stMigè p»*
flaippd'e-tol te pas^agt! de BertaHiKil de
âaini-Pierre que Mot» lîsieii^ feier sofr s
<i QaelA^ serait la fi^ifCité éss tiHl^g^ofa
1 s*ib savaient^aprécier les menreiHes dont {
ibsMteiiîiraiiais I Slalbevreusevientils
traversant sans s*eo apercevoir les praif*
ries, les vallons, les forêts ^ la nature
m'est riea ptor eqx, Les végétaux qni en
faut W plus b9l QrjàeineQt oje parlent paa
à léur ioia. Nos Uboureors ae voient
qv€L des. bott«s. de foija dans les préa
fleuris^, et d«s saca^de Ué dans iaa mioJSr
aana. <NBdoyaaKa8». Ia forât la fins naa*
J6$t«Miat ne leur j^rfean/la qua d«s bâr
«Wa ei. das bgota; elle a'est digne da
leur aUenUoniq/a^^uand elle est es coupe
réglée ; ils ne la regardent que quand
etta «it abattue. Ils ne voient de baauté
daoa nm cmpagnea que là oà ils voî^ol
leurs revenus. L'ignorance, rirréflexioo.
leur serrent le cœur et leur ferment les
yeux. •
Bernardin a raison. Il y a une grande
lacune dans l'éducation des paysans; on
oublie (fe Ibut faîte aiiiier le séjour où ils
doivent Yivre; on oublie qu'il n'est terrain
— Oui, je l'aime, et c'est pour cala ai aride où la nature ne fasse éclore quel-
ques fleurs, ni imagination si engourdie
dans laquelle ne s'éveille parfois quelque
besoiii de poMe. CM tour laisse prendre
leur état en méprki et méconnaître l'ina-
purtanee en h- digÉité de lenni travami. Si
tu veux faire quelque chose pour te> foen^
heur de Marie*, g*om; de suppléer à l'in-
attiK'ifon itiv«fii8anie qu'ëk a reça« dans
fécole' Al VlKage. €9f r^Iul fas ya«t et
les oreilles; faiî>-lui remarquer ]e»cilurnr.es
de la campagne i réveillai le» prodiges
Éeatçtê que reniermeiit ksobjet» qui Teu-
founmt. Effé se eroft dims ta bassesse 7 ap»
pfi^nfds^liFqtiessiaMiéition a été honorée,
(mvfée parf tes plus grsMh homn}«it» -
Madame de Sénancoffr ettlNf emuite
dafis qoeUfaes detirifs , et finit eii disant à
CléM^ttce \ <« lé t*ïvai^ reosMimuAé de ne
jaffta^ entretenir Marfede cequy pootult
lui donner le êé3k ^ feHlr II Pa¥is<| jt
crains de nTafirfr pa^^ élé «Mfe Men exac-
tf meuf, êtqere tes fti^oui% ne s>eiievit eaose
en parrie de ses regretai SU ea M atnaiv
c*est unie raison de plus pour t'appMforer
"^^'
'^^^<.
^>i^
.^.C3
_ M7 .
ft répara* le «al que tn «s feif. Ma fille,
les personnes pieuses et sensées ne dokreat
pas aller dans leurs terros po«r inspirera
ceux <|iii y stmi nés PamWcion mal enten-
due de venir s'engouffrer dam les Tîiaa,
et d'augmester le nombre été désœntrés,
des aixibitieni. âb ooniraire , tons nos
soins doivent ienàre I faire sentir anK
pdysaas ee qne lenr sort a d^eareai ; à
eomlMltre on préjugé qni, de l'épeqoe oO
Us étaient serfs, est tenu jusque eue an
travers des siècles, et leur représentelcnr
coodilion comme la dernière de tomes.
Nous devons enfin diercber h les eon^
vainerc qu'un cnliivatenriionBêlefiomme,
qui hrii ce qu'il doit savoir, et dont lin-
structîon a pdli les naœnfs, est inégal de
tout le monde. »
Le lendemain, Clémence dit à JUariec
« Veox-tu venir te promener arec moip
Maman m'a recommandé d'tiefboriser pen-
dant notre séjour à la campagne; tn m'ai-
deras dans mes rectierches.
^ Je ne demande pas mieux de vous
rendre service, mademoiselle, miis je ne
pourrai peut-être pat, car je ne sab ce que
c'est que d'herboriser.
— Tu ne t'es donc jarmats avisée d'exa-
miner les plantes, les herbes ; tn n'ad donc
jamais observé ces choses admirables t
— Won vraiment, mademoiselle. Je
n'aurais pas cru qu'A pût y avoir quelque
chose d'admirable d^ms l'befbe qne man-
gent nos montoas.
— Viens avec moi , je tele ferai \oir. ..
mais prends garde en passant près de
ces ruches. Neûchons pas les abdlles...
D'ailleurs eNes ont droit à nos égards à
cause de !enr iuKinct mervcileui. Tu
connais leur histoire, sans doute?
— Je sais qu'elfes courent sur les fleurs,
qu'elles font le nrid, la cire... ' {*-
— Oui, mais leurs mœurs, leur goo^
vernement, les phénomènes de leur exis-
tence...
— Gomment , mademoiselle , leurs
mœurs, leur gouvernement? Est-ce qu'on
peut dire cela dea abeilles 7 Qii'est*ce denc
que vous appelea les phénomànes de leur
enstencet
-*• Quoi, Marie I ta ignores des faits si
extraordinaires qui se passent conlinuuUe-
ment sons tes yeux ? Oh I jp te prêierai un
eahler qae maman a écrit pour moi , on
extrait de ploaieurs grands ouvrages, el.tti
verriB tont ce qne cette lecture -t'appvettr
dra 'dintéreasant sur les abeilles, lesloon-
misi lee papillons, les oiseaux.. .
-^ Héïiisl je n'ai pas 4e lempa pear
iire, toute ma journée estreopMe par iM
travaux.
-*- Boni quand on veut on (rooee dn
temps ffmr font, diaque jonr ta mève
t'envoie porter des fruits à la vHIe : on lit
irès^bien en marchant, ainsi tu peux,
sans rien prendre sur ton travail , donner
chaque Jour deux grandes heures à la
lecture.
— Tiens i c'est vrai ; je ne pensais pas
Il cela. 9
Tout entamant, Clémence renieillait
des phmtes et faisait part à Marie des no-
tions que sa mère Iw avait données sur la
ix>tanique. Elle « lui enseignait à examiner
% les plantas, à comparer leurs divers oa«
» raclèrea, è remarquer leurs rapports et
» lenrs différanees, a ol)server l'ofganisa-
t tlon végétoie de manière à suivre la
» marche eC le jeu de ces machines vivanr
» les, à diaroher la rai&on et la lin d^
» leurs structures diverses. »
En découvrant dans les objets qa*dle
foulait aux pieds d<'puii< l'enfaDce , tant de
sujets d-admiratfon , Marie demeura éton-
née et ravie. BHe reauoillait avec acidité
les pareles instructives de CléaKnce, et
jamais Espagnol, è la vue des trétors de
i'Amérîqne , ne ressentit une joie égale à
celle de la pauvre villageoise en reconnais-
sant quelle inépuSsable soureede plaisir la
terre lui offrait de toutes paris. « Gomme
c'est surprenant ! comme c'est curieux !
disait-elle. Qud f le bon Dieu a mis de a
beliea choses dans nos champs! Oh I doré-
»..'->:-:
'•«•«C'-Jaîl^ii^
.>«®a
j
^ S08 —
naTant je ne m'eanuirai plus le dimanche;
je ferai comme yoos » j'herboriserai , et ce
sera bien employer cetie joarnée; car tout
le temps que je regarderai les plantes, je
penserai à l>ieu qui les a créées. »
Tel fut le point d*où partit Clémence
pour dévoiler à Marie les merveilles de la
nature, dont la connaissance est à la portée
des jeanes filles. Elle voulut même que la
nuit eût toute sa beauté pour l'habitante
des champs. Marie remplissait souvent les
fonctions de bergère à Fépoqne où les
troupeaux passent des mois entiers dans
les pâturages. Clémence lui révéla le secret
du q[)ectacle magniGque qui s'offrirait alors
à ses regards. Elle lui parla de la grandeur
et de la marche des planètes, de l'immen-
sité des cieux, du nombre infini des soleils;
et jonit de la stupeur où ces découvertes
jetaient Marie, découvertes qui devinrent
pour elle le sujet de longues rêveries.
Ce n'était pas tout. Dans leurs prome-
nades solitaires, Clémence lui faisait re-
marquer les charmes de leur séjour cham-
pêtre. Le silence et le calme des bois, le
murmure des eaux, le rhant des oiseaux,
les beaat<^s terrib'es de Forage, \ei splen-
deurs de l'aurore et du so*eil couchant,
cessèrent enfin d'être méconnus par la
jeune villageoise. Pour compléter son œu-
vre, mademoiselle de Sénancour lut à Ma-
rie plusieurs passages des auteurs et âes
poêles qui ont décrit la nature et peint la
vie pasiorale avec des couleurs riantes et
gracieuses.
Il est rare qu'un paysan comprenne des
pensées exprimées en vers; mais, nous
Tavons dit, Marie était douée d'une intel-
ligence peu commune et fort développée
par ses fréquents rapports avec sa sœur
de lait ; cette lecture la jeta dans un vérita-
ble enchantement. « Esi-il possible? disait-
elle ; des hommes qui avaient tant d'esprit
se sont occupés de nous? Ils ont décrit
nos coutumes, nos travaux, nos jeux I Ils
les ont représentés si jolis, si aimables!
Combien je suis étonnée! jamais je ne me
serais doutée qu'on nous fit tant d'hon-
neur.
— Eh bien, tu le vois, vos amusements
sont estimés dignes de compenser ceux
que nous offre Paris.
— Oh I mademoisflle, il en est cepen-
dant qui me semblent toujours regretta-
bles : ce sont les jouissances que vous
donnent les arts. Vous aurez beau dire,
je ne croirai pas que votre maman dépen-
serait tant d'argent pour vous foire ap-
prendre la musique et la peinture, si de
semblables talents ne devaient pas contri-
buer beaucoup ^ votre bonheur.
— Tiens, Marie, dit Clémence en l'ar-
rêtant par la main, regarde autoi^r de
toi dans la campagne. Vois ce joli ruis-
seau qui forme une petite cascade et fait
jaillir autour de lui sur les flt^nrs mille
gouttes légères que le soleil paraît changer
en poudre de diamants ; vois comme ces
nuages en se réfléchissant dans ks eaux
leur donnent nne belle couleur d'or et de
rose ; regarde ces bois sur cette colline,
ces belles prairies, à nos pieds, ces mon-
tagnes qui dans l'éloiguement paraissent le
soir couvertes de tapis de velours ; crois-
tu que tout l'art d'un paysagiste puisse
donner à ceux qui placent son œuvre dana
leur salon une idée juste du charmant ta-
bleau qui est sous tes yeux? Mous avons
des copies, tu possèdes l'original et ta
te plains! Notre art de la peinture a
pour but de nous faire partager cette con-
templation que tu dédaignes! Quant à la
musique c'est différent; je ne vois pas
pourquoi, si lu l'aimes, tu ne l'appren-
drais pas tout comme un antre.
— Eh ( bon Dieu, qui m'en donnerait
des leçons?
— Ce sera moi; à la condition que tu
enseigneras à tes compagnes ce que je
t'aurai appris.
— Ah! Mademoiselle, que vous êtes
bonne! Mais le temps! le temps!
Occupée sans cesse comme je le 8ui:>, quel
moment prendrai-je pour étudier?
I
'
c»^'
- 209 —
— A t'en croire, le tempe te manque tou-
jours! Ne danse t-on pas ici tous les diman-
ches? Ëh bien, tu te rendras au bal une
heure ou deux (>lu8 tard, et tu consacrerai
cesdeux heures à l'étude. D'ailleurs pendant
la semaiU'i même, si tu voulais supprimer
les folâtreries aycc (on cbier, les cau^eries
avec les voisines, etc. , etc. , etc. , je suis
sûre que tu épargnerais bien des minutes
et ces minutes mises au bout l'une de
Tautre te feraient chaque jour plus de loi-
sir qu'il ne t'tn faut pour être bientôt en
état de connaître parfaitement le solfège.
Alors je te donnerai des airs et des paroles
que tu pourras chanter à l'église on bien
en chœur avec tes amies, foit à la veillée,
soit à la promenade. .. cela sera charmant. »
En effet, avec une de ces méthodes nou-
vellement inventées pour rendre la musi-
que populaire, rinielligente Marie fat bien-
tôt en état, non-seufement de chanter en
partie avec beaucoup d'agrément, mais
encore de servir de professeur à tout le
village. La musique devint pour elle le
plus vif de tous les plaisirs dont Clé-
mence lui avait appris à jouir. « Ah!
Mademoisel'e, lui dit- elle un jour, que
je TOUS ai d'obligations ! Grâce à vous
je ne m'ennuie p'u<, je ne suis plus
triste. Tout ce qui m'tntoure excite ma
curiosité et mon intérêt. Je ne vois plus
une plante qui ne me donne envie de
savo'r comment elle est faite, pas un in-
secte, pas un animal dont je ne sois cu-
rieuse d'observer l'inslinct. Depuis que
vous m'avez fait remarquer dans la cam-
pagne tout ce qui plaît aux peintres et
aux poètes, je lui trouve quelque chose
d'agréable q^e je ne «aurais dire et doot
je ne m'apercevais pas auparavant Puis j'ai
des idées folles et trè.i-amusantes. Je me
plais à me figurer quelles promenades je
ferais sur les fli'ur», sur les arbre», si j'é-
tais mouche, papillon, oiseau; quel aspect
m'offrirait le m n le où j'habiterais, com-
ment j'y passerais ma vie, et tous les é\ éne-
ments qui pourr.nent la remplir. C'est un
DU-IfEUVlÈMB AlflléB, 4« SÉHIB. — M* Vil.
;È4)y£^
véritable eufantillage, cependant ces ima-
ginations me divertissent encore. plus que
les histoires de revenants et de sorciers
qu'on raconte à nos veillées. Mais savtz-
vous ce qui me fait songer surtout? Ce sont
toutes ces p'anètes, tous ces soleils dont
vous m'avez parlé. L'univers me parait si
graud, si magnifique, que j'en suis étour-
die. Vous m'avez rendue dix fois plus
pieuse que je ne l'éiaid. Je ne sais com-
ment exprimer ce que j'éprouve devant
Dieu, et je suis bien heureuse alors de
trouver la musique pour lui parler. Je com-
prends maintenant que ce n'est pas seu-
lement dans les villes qu'on peut voir des
choses dignes d'admiration et faire usage
de son intelligence. Aussi, loin de conti-
nuer à tourmenter ma mère pour qu'elle
envoie mon jeune frère étudier à Paris,
je souhaite de le garder auprès de moi,
et je lui apprendrai tout ce que je sais, afin
que nous puissions en parler ensemble.
— Et moi, dit Clémence en embi assant
Marie, je te promets de la part de mon
frère qu'il donnera an tien quelques no-
tions sur la chimie et la physique, tout
juste assez pour lui faire comprendre
quels prodigis les sciences peuvent opé-
rer, et le garantir de la croyance aux sor-
ciers, à laquelle on est si fort enclin dans
le village. Nous assisterons à la leçon, et
tu apprendras aushi tout ce qui petit pré-
munir coutre les superstitions capables de
te causer de vaines frayeurs. »
Clémence rapporta cette conversation
à sa mère. « Vois, lui dit midame de Sé-
nancour, si tu n'as pas fait beaucoup
plus pour Marie que si tu Tavais conduite
tous les hiverstà Paris? Tu co.sentaîs à
sacrifier l'argent de tes menus plai^rs pour
subvenir aux frais de ce voyage, c'était
fort généreux ; mais il est deux sortes de
chaiité: Tune couhiste à se priver d'un
peu d'or eu faveur des pauvres geus; l'au-
tre est plus noblt', plus difficile à exercer,
plus méritoire aux y< ux de Dieu, car sou-
vent elle n'est COI nue que de lui... cette
.1.^5^3
- 210 —
charité consiste à faire entrer la paix dans
one âme troublée, à guérir les souffrances
d'une fierté blessée, à préserver notre pro-
chain d'une humiliation dont il est en
notre pouvoir de le garantir; à lui décou-
vrir des sources de plaisir placées dans son
Intelligence et qu'il ignore, à faire cesser
cette espèce d'inanition qui tourmente
un esprit supérieur auquel une éducation
insuffisante n*a pas fourni assez d*aliment8.
Voilà le service dont Marie te sera rede-
vable. Tu as fait plus que l'enricbir... ta
i*as rendue heureuse I »
m™* F. TlIBEBT.
SAINT VmCE!«T DE PAULE.
La f<ri«l respéranoe faneront, k thAfté
demeoreni étcmelltiiienl.
Un jour, 801» le betn cîel dt la riche Provenoe,
Couvert de Thabit d'un forçat,
Ramant sur le fltit bleu qui mène à Ciotat,
Un homme pâle aborde et le peaplc s*atance.
n se Fépafld dès lors en crfs de joie, en {fleurs.. .
Des prisonniers en vain le fouet meurtrit l'épaule,
Ils reconnaissent tous f Apôtre des douleurs,
Le disciple du Ghri.^t, Thumble Vincent de Paule!
Lui, calme et sovriant, du farouche gardfea.
D'un geste apaise la colère.
Puis, dit au peu|)le ému : <( Vous jne me devez rien;
Qu*ai-je pris, si ce n'est le fardeau de mon frère?
Le voyant tout meurtri, j'ai craîiK pour loi la mort,
Et j'obtins de prendre sa place;
11 auiait maudit Dieu, moi, je bénis sa grâce*..
Mon frère était û faible, et moi, je snis à fort! »
M-' M. F.
ÉNIGAUE HISTORIQUE, N^ k.
Quel est le roi de France qui épousa en
premières noces une mainte , en secondes
noces une veuve, princesse «ouveraine
d'un grand pays; en troisièmes noces , une
jeune fille appartenant à une nation lopg-
temps ennemie et toujours rivale de la
France, et qui , remariée à son tour, de-
vint l'aïeule d'une reine d'Angleterre?
^g)Sy»<
— SU —
ËMiMBie Dmeslifiie.
POUDRE POUA t(£XTOYE]l L* ARGENTERIE.
M ¥00» httntês la eampag^e , faite» re^
euelllip en printemps- la moow veidAtre
q«i eooTf e fee pièees d*eM ; fiiÉei la sé^
cher, ganteï-lR dlHi»ii»saode ptpiflrgcb,
et krsque voue voD^res «etioyersae' pièce
d'ai^fiieriev déltytc ai eeilt pondre ism
éd wiMHgre tt frattea-^n 1* nital daoa tow
te aeiuL Easu^Ksi a^feo luie peu» ée dm.
Eàu de-vie (fe laimniC^.
Afikeiez : 1 lixre d*(att-(k-vie à 32 de-
grés. 63 grammes (2 onces) de fleurs fraî-
ches de lavande.
Les flenrs sèches donnent un moins
bon produit.
Mettez le tout infnserdans une croche;
an hout d'un mois, filtrez à travers da pa-
pier Joseph.
L*eau-de-vie de lavande s'emploie pour
la toitelte. Présentée sons le nez dans les
syncopes, elle contribue à ranimer.
Achf tf z : 1 kilo et demi (3 livres) de
fleurs de lavande.
7 litres t\li centilitres (8 phtes) de vi-
iKiigre.
lu grammes 16 décigrammes {U gros)
d*e*^prii do lavande.
Mt'ittz le tout infuser dans une cruche,
près du feu ; au bout d'un mois filtrez à
travers un papier Joseph.
On préparc de même les vinaigres de
romarin, de «auge, de serpolet et de thym.
GELÊB DE BAIKS D£ SUREAU.
On prend les baies noires du sureau qui
mûrissent en juillet, et on suit, pour les
réduire en g*^Iée, le m^-me procédé que
pour la gelée de groseilles. Celle gelée
brune, et d'un goût astringent, est un
excellent remède contre !esmmnr4e gorge,
inflammations de rarrière^boocliey eie.
Cl st un remède et non une firiandisi^.
BLAHO-MANGKR.
Prenez i 25 grammes(/i onces) d^amanrUs
doaces , plus six amaiides amères; met-
tczrles du» une casserole pleine d'eau,
laissez-les bouillir, retirez la casserole,
pressez chaque amande entre le pouce
el l'index de votre main droite, pour les
faire aarlir de leur enveloppe; jetez-les
dans l'eau froide, puis dans un mortier de
marbre, où vous les pilez an moyen d'un
pilon de bois; ajoutez-y 157 grammes
(5 onces) de sucre blanc et 314 grammes
(10 onces] d'eau, que vous ne versez que
peu à peu, à mesure que la pâte se forme
et devient plus fine. Vous avez ainsi ce
qu'on appelle une émulsion , ou Tait
d'amande, que vous passez à travers un
linge peu serré. Pendant ce temps , vous
faites fondre U gros de colle de poisson
dans une quantité d'eau suffisante, et
vous la faite bouillir jusqu'à e» qu'il reste
euMron 125- grammes [U onces) de ce
liquide, que vous passez aussi à travers un
linge et mêlez à l'émulsion déjà faite.
Aromatisez le tout avec une cuillerée d'eau
de fleur d'oranger, ou bien, ce qui est plus
délicas avec de l'esprit de citron.
Versez ce mélange dans des petits pots
à crème, exposez-les pendant quelques
~ filfi —
heures à l'air froid, en biTer, oa dans une
cave si c'est en été; \oas aurez une espèce
de crème blanche, demi-molle, gélati-
neuse, légère, d'un goût exquis; et non-
seulement ce blanc manger sera un mets
de luxe sur votre table , mais il sera encore
d'un effet salutaire pour les estomacs pa-
resseux ou fatigués.
CRÈME DE GROSEILLES.
* écrasez des groseilles rouges, passez-
en le jus à travers un tamis de soie jusqu'à
ce que vous en ayez obtenu un verre et
demi. MÔlez-y une demi-livre de sucre
CRÊlfB DE FRAMBOISES.
Écrasez des framboises ou des fraises
bien mûres que vous passez an travers d'un
gros tamis. Fouettez une pinte de crème
naturelle en y mêlant du sucre rSpé, ajoutez-
en poudre. Quand ce sucre est bien fondu,
mêlez le jus à une pinte de crème naturelle
bien épaisse , mêlez et laissez reposer en
un lieu frais. Servez pour dessert
y l<>s fraises on les framboises. Avant de
servir, gainissez cette crème d'un cordon
de belieu framboises ou de belles fraises
entières.
MÉLANGES.
EXPOSITION DE LONDRES.
PREMIÈRK LBTTRB.
Me voici à Londres, chère Léonie; j'y
suis venue, vous le savez , pour mon bon
plaisir, mais je voudrais que ce fût aussi
un peu pour le vôtre , et puisque le triste
état de votre santé ne vous permet pas de
{dire le voyage d*outre-!Vlanche , je se-
rais heureuse de vous faire participer au
mien par des récits qui sauraient vous
amuser ou vous intéresser. Réussirai- je 7
je n'ose m'en flatter, mais :
J'aurai du moins U c€sur dt l'avoir entrepris 1
Nous gommes partis de Paris par le train
de plaisir, et pendant que je jetais un der-
nier adieu aux tours de Notre-Dame, j'ai
vu paraître et disparaître Saint-Denis,
Montmorency, Pontoise, etc., etc. Enfin,
malgré mon respectueux amour pour les
cathédrales^ c'est à peine si j'ai eu le temps
de saluer celles d'Amiens, d'Arras, de
Lille, de Hazebrouck et de Saint Orner ;
toutes semblaient passer à la fois dt-vant
nos yeux, et nous sommes arrivés à Calais,
laissant derrière nous les hirondelles du
ciel ; il est vrai qu'elles ont pu nous ra-
trapper pendant les trois heures moins un
quart que nous avons mises à traverser la
mer... et nous fjiisions tous une triste
figure, moi en particulier, car j'ai été aussi
malade qu'il est posible de l'être.
Je ne vous parlerai pas d'une halte faite à
Douvres , pour laisser visiter nos bagages
par messieurs les employés des douanes
anglaises , tout aussi peu courtois , s'il est
possible , que ceux des douanes françaises.
Remontés en chemin de fer, nous fran-
chissons de nouveau l'espace et nous voici
^ à Londres... A Londres I jadis ville loin-
I taine , ville ennemie , qui semblait nous
A montrer sans cesse les dents de son lion
vT^-:^^
w>«*^
— fiiS —
icenaçant, et qui, voisine aujoard^hoi, nous
appelle d'une façon tout huspitalière , et
semble donner à Paris une bonne et franche
poignée de main. Rendons grâces auxche-
nÛDS de fer qui, mélangeant les peuples,
kurs habitudes, leurs intérêts, finirent
par les unir d*un sentiment vraiment fra-
ternel.
Faut-il, ma bonne amie, vous dire mes
premières impressions , mes jugements k
vol de chemin de fer T... £h bien! en ar-
rivant par la Cité dans la capitale de l'An-
gleterre, je conservais toute ma confiance
en notre supériorité parisienne. Dans mon
amour-propre patriotique je jouissais de
ce brouillard au charbon de terre, de
ces maisons noires , sans ordre régulier
d'architecture, de ces rues très-ordiuaires,
de cette population marchande qui parais-
sait n'agir, ne parler, ne se remuer que pour
le gain. Je trouvais à reprendre à tout, ou,
pour mieux dire, à rire de tout I... Celte
grande ville sent la petite boutique, me
disais-je ; comme Paris a un autre a^^pect 1
Mais en avançant toujours , et arrivés dans
le beau qaartier d'Oxford-street, je com-
mençai à élfre surprise de la largeur ('es
rues, des magasins princiers, de cette
circulation facile , active , incessante , des
piétons, des voitures de tous les genres ,
qui est la vie des cités , et que l'on peut
consulter, pour savoir si elles sont pro-
spères, comme on consulte en nous la
circulation du sang, pour connaître Tétat
de notre santé. Enfin, quand nous sommes
entrés daus le grand quartier, celui de
l'aristorratie, et devant Hyde-Park, où
nou^ sommes logés, tout m'a paru si beau,
si noble, si grandiose, qu'il m'était impos-
sible de ne pas prendre une haute idée de
ce peuple qui , d'un côté , sait s'enrichir,
et de l'autre royalement dépi-nser.
Londres me semble l'I.omme avec sa
tail'e élevée, sa puissance, ses idées mâles,
profondes et larges; Paris, c'est la femme
élégante, aimable etcoquette, qui saitplaire,
se faire aimer toujours! De l'union de ces
' deux villes , il doit résulter un*[bon mé-
nage... Mais je vous arrête trop longtemps
avec mes impressions, réOexions, com-
paraisons, sur un pays que vous connais-
sez depuis longtemps. Ce qui eiciie au-
jourd'hui votre curiosité, ce^ue votre
pensée cherche dans Londres, c'est l'expo-
sition européenne... £h bien! donc^ tra-
versons Hyde-Park, et devant le délicieux
lac formé par la petite rivière nommée
Serpentine, regardez ce parais des Fées I .. .
A Paris, à L<)ndres , j'avais vu des gra-
vures, des plans fi 'èles de ce monnineat
aérien , que l'on doit à l'habile architecte
Josrph Pazton. Je le connaissais dans
toutes ses divisions» ses détails; ma pen-
sée me l'avait montré mille fois; mais je
défie à la pins brillante imagination qui
crée sans s'inquiéter du possible, de n'être
pas cette Im dépassée par la réalité.
An milieu de l'immense Hyde-Park,
s'élévc l'immense Palais de Cristal, res-
plendis.«ant aux rayons du soleil Tous les
pavillons flottent fièrement sur l'édifice
pour annoncer le triomphe de tontes les
nations civilisées 1 Les piétons en habits de
fête , les équipages , les cavalcades accou-
rent par trois principales allées drcnlaires
et arrivent au même centre , sans tapage,
dans Tordre le plus parfait. Tout cet en*
semble a été pour moi étourdissant de
nouveauté et d'admiration.
Vous avez lu déjà bien des descriptions
de cette huitième mei veille du monde;
vous savez qu'elle occupe vingt arpents;
vous connaissez sa forme , espèce de carré
long , se déployant de Test à l'ouest; ce
carré a autant de pieds daos la longueur
que nous comptons d'années depuis l'ère
chrétienne, c'est-à-dire 1851 ; sa ia'geur
est de Ù56 pieds. Dans ces dimensions je
ne compte pas la salle des chaudièn s et des
ré^rvoirs destinés à faire mouvoir les ma-
chines qui sont exposées. Le vitrage figure
pour une superficie d'environ 900,000
pieds; les ceintures de fer, ajoutées les
unes au bout des autres , feraient, dit-on.
~S14-
305 «uIIm d9- iMguMir ( ^5 Séné» 4e
FraoM )« G«t édiâoe a ««ilé envma
liicoolraft pitté panr son «Uretîtii «Ade
On «faïadt imiift q«e wtte prodigmie
6«nCriielioii«ppai>teiiait à m» oompagMe
4fù «a> «Mit fettmi les iMMh pow en re-
eniUlr les bfoéftees» Non. il faut ie direà
k kMttige ées Anglaj»^ l« P*Us de TEx^
siUoii<estiiiitt «nirTne Bitioaale eiéoiitféeaa
ttoyeiii d» daoB «olosulres» La reine et le
yrioQfi iybert oïl, comme toujeuis,
doané b mWt eKtni|iie ,. et chaque riche
DiMlle s'asft enpr(wée d*eanwyer sa g èaé-
raMeeffraadft» si hien «pi'éB pevde tetÊ^
on. a réqu «ne sanMia oaasMéraUe ; le
flurphw 4a h dépenee faite sera bienttèt
ammrt par ka recettes. iiNidrea possède
encore piBsieir8.beaiiKélaiiys8eaaenta, e»-
Ue anttea» de» hôpifani, dos ^ la géaéro-
«M collMlif e de eatte ^ iUe. Les Anglais sa-
vent hifere «B helnsage ée hors richesses,
a a if c non^^n !'
Paw enivea k l'Expositiott pir ta porie
pipiaeilpale, oa passe sons rondes portiques
<pri SB tvMvent à chaque aile du bAtirDent.
Malgré rafisMace, Taccès eiv «et facile, car
tt B*y a paa d'eaciMiilMrenieml à cause des
diverses entrées et des uombrewz bareaux
qui per^aivfl»! la vecettev Le prîK est en*
core de 5 shellings (^> ir. ) ; après là 25,
Ott m V^Bnt yhis qaTim aheUing (1 fr.
i5c;)(i).
On caoit avois fpnieé tous les sentiments
de surprise et d'adnûralion ï la Toe exté»
rieuna du Pdais de Cristal; mais. dès <(«e
l'oBf pénètre- dans l'intérienr de ce tem*
pie traMaporent, on s'étonne, on s'émer*
leîHe encore t.. . on se cpoit sous Teni^
pire de la nagie oi «o\asi : 4es statues
coloasalea, dasib&taitteajttiyssaniles, des
tentes ilresfées, des ponts, des monuments
çntiers» des arbres sécula'res, enceints,
mais à l'aise , dans ces galeries de géants.
Ctsf, surtout lorsqu'on arriye au point cen-
tral, à la galerie transTersale, dant la voûte
est à 66 pieds au-dessus du sot, que Tœil
embrasse son plus splendiJe tableau I —
Assis sous de vieui ormeaux ou à l'ombre
des palmiers, l'air est rafraîchi par le
mouTemeat de l'eau qui jaillil des fontaines ;
celle que l'on a deyant soi jette un éclat
diamanté incroyable ; alla est en cristal de
Bohême. De toutes parts la richesse des
peuples vous enveloppe; là se trouve, pour
ainsi dire , l'essence du génie humain , et
l'on est profondément impressionné de la
puissaace de Tbomme, 6ire si petit au mi-
Ueu de la création» et si grand par la pensâe
et rintelligence... ces souffles divins jetés
en nous parle Créateur, et qui, dans notre
sphère, nous permettront de créer aussi ;
sceaux de la prédilection et de Tamour ia
Dieu , dont nous. ne devrions faire qu*un
noble usage!... Mais je reviens à UExpo-
sition.
Dix escaliers doubles» larges de 8 pieds,
conduisent aux galeries supirieures (2).
De là encore le spectacle est saisissant par
sa variété bizarre, son grandiose, son ani-
mation« — Vous vous proa^enez dans les
magasins de Dresde ou de Berlin, et vous
inspectez à vol d'oiseau ceux des Étafs-
Uois , pendant que .les pianos d'Érard ou
les orgues de Debain font entendre leurs
sons mélodieux. — Vous vous croyez en
£spagne , en Portugal , au milieu des
serres de Constantin, dont les fleurs sont
si naturelles , quA l'on croit ea respirer
les parfums, et vous voyez au-dessous
de vous les produits des mers du Nord :
l'ambre, admirablement travaillé en col-
lier ou en tuyau de pipe , par les ou-
(i) On ne reçoit ni Ton nVelrange I fa porte dres, <^uol qu'on en di»e, acceptent parement no-
dariCipotitlaa, Targeat da PVince. Noire change m mMaaie.
à Londres ea6te aatea char,, il seraU kow de se | (2j Tout oe qm peut éire Décesaaira en cas
apMUiîr d'argent aaglais. Les narcbands de Lon- j d'iocen Jie se trouve disposé sous ces cscaJiers.
0®l^t,
— SIS —
*43w»r-3
vriers de Danlrick. — Paris, avec son éï*-
gance coquette et de bon goât, voit pr-
faîtetnent ses anti|>odes; Pondichery, avec
ses riches tapis, ses draps d*or, ses cbàies,
ses écharpes brodées, m-s mode» a^sez
lourdes , tandis qae Sf s meubles en bam-
bou sont d'une eiïrayaote Kgèreté. — Vous
êtes en Italie, admirant les cheb-d'œuvre
des arts, et vos yeux tombent sur une bi-
zarre collection de poupées fndie mits I —
Pendant qp]*en s\barite vous trempez votre
mouchoir dans les fontaines parfumées
de Farina ou dans d'autres encore, les
armes tartares semblent vous menacer.
Les prodigieuses dentelles de France, de
Belgique et d'Angleterre sont au-de.^sus des
cuirs delà Russie et des fourrures de la Si-
bérie. — Éblouis par toutes les merveilles
de Torfévrerie qui , à TExposition , tient
une place remarquable , les yeux tombent
sur les primitifs oatemiles africains, ur
leurs lourds étriers de fer et leur chan-
delle de résrne. — Tous quittez un étal de
modes françaises ou anglaises, ce qui main-
tenant est à peu près la même chose, pour
voir fonctionner tnutes les machines in-
dustrielkssi — Les cathédrales de Cologne,
de Saint-Étienne, de Magdebourg et bien
d'autres encore, dont ks modules «ont
exposés , ont pour voisin des temples de
riodoAaii. -^ Un mobilier en cerne da
cerf se trouve près d'une cheminée en
porœlaRue anglaise , ayant un tsibfier en
crtsial , montant et descendant comme
ceux en tôle. — Des verres de Bdhéme ,
des porcelaines de Saxe, régnent au-
dessus des poteries du Maroc. Tous voyez
des farines , du charbon , des ailla mettes,
des voitures, des locomotives, des dievanx,
des ponts suspendus, des docbes ï plonger,
des bonbons en chocolat ^ des boulets de
canon, des vitrages, des bustes en savon,
des blocs de noarbre. — Tous êtes dans
l'appartement d'une lady , vous avez passé
en revue tous les meubles sculptés, iu-
crustés, dures et toujours confortables qui
sont à son usage... vous entrez dans une
tente turque; dans celle d'un guerrier
indien , ou dans la chambre d*une grande
dame chinoise ; enfin, le Palais de Cristal
réunit les principales nations du globe qui
vous iuitient à leurs habitudes intimes,
vous apprennent leurs mcenrs , Icir lan-
gage même , vous foirt connaître les pro-
duits de leur sol et ceux de leur Industrie.
An soin particulier donné à tel ou t«loli]<t,
il est facile de devmer les basoinset les sym-
pathies de chaque peuple. Quelle b^le,
quelle produciive idée pour Tinielligence,
comme pour l'intérêt nuitérlel, que cette
Exposition I La France, l'Angleterre et les
ÉUb-Unis, dilron, s'en disputent l'idée
première, je le conçois; mais convenons
humblement qu'avec la meilleure volonté
du monde, il nous eût été impossible de
tirer parti de ce vaste projet, et de l'exé-
cuter surtout avec hi largesse, le grandiose
qui distinguent nos heureux voisins dans
leurs Œuvres nationales.
J'ai dit que, dans le Palais de CrisOal, cha-
que peuple laissait deviner ses sympathies ;
j'en trouve la preuve positive dans l'hom-
mage mulriptié que les provinces ang aises
se sont plues à rendre à Ivnr reiae bicn-
aimée, à 'Victoria I Toutes ont reproduit
son image. On la voit galopant k cheval
avec une aisance, nne grdce parfaites;
tantôt (Test nne souveraine portant majes-
tueusement les insignes de sa puissance ,
t^miôt c^est une jeune mère au milieu de
son peuple, comme au milieu de sa famîflet
aimable et souriant à tons; enfin partout
on l'a placée avec une pensée de respect ,
d'orgueil et d'amour?
Je ne vous en dh*ai paspfns long «ujonr^
d'hui sur r£xposi(ion, chèi-e*" Léonie^; fl
faut ravoir visitée souvent pour pouTOhr
reconnaître et signaler les choses qui peu-
vent vous iméresser. Peu de temps sTest
écoulé depuis mon arrivée, et encore, an
jour cniicr a-t-îl été perdu pour ma curio-
sité ; un jour étrangenrent silenclevx oà,
dans ma surprise, je dirais : a Londres ne
se réveilleia donc pas aDJourd^niî ilest
-1.
— 216 —
bien tard.elaucune boutique n'est onverie,
peu de personnes circulant , on n'rnteud
aucun bruit , quelques rar' s voitures pis-
sent... D*où vient celte inaction dans la
ville travailleuse î Tous ses habitants sont-
ib frappés de léthargie ? — Non , m*a-t-on
répondu, non, Londres vit plus profita-
biement que jamais; car c'est le jour où
rien ne la distrait de la vie morale , c*est
le jour où ses yeux quittent la terre pour
regarder le ciel ; c'est le jour de la prière »
le jour consacré an Seigneur... c'est di-
ujanche , enfin t »
Quelle leçon pour nos pays catholiques !
Ceci , dit en passant , a son côté bien sé-
rieux, je le li>re à vos sages réflexi»^ns,
et je vous quitte pour aller assister aux
courses d'Epsoom; si nous pouvions y
von !"« reine , plus d'un plaibir nous serait
assuré.
Adieu , adieu donc, à bientôt I
Emma Ferramd de Beaujouan.
CORRESPONDANCE
•**.■•>
La moitié de Paris est allée, ou se promet
d'aller à Londres, ma ch^re ami(' ; cha un
veut avoir fait tion pèlerinage au Palais de
Cristal, d'autant mieux que ledix-ïienvième
siècle ne revena plus une exposition uni-
verselle ; moi, je n:e contente des récits
que nous en feront nos amies, et reste
tranquillement à les attenire. D'ailleurs,
puis-je quitter mon poste 7 ne suis-je pas
ici comme une sentinelle (lOur veiller à ce
qui peut t'intérrsîcr, et pour te le dire?
mais la iftibe est longue aujourd'hui!
Aussi, j'attends Florence, elle m'aidera : à
deux, le travail, c'e^t un plaisir ! Je vais
préparer ti ut pour la recevoir, cela la fera
venir.... On sonne doucement.... c'est
elle!... En France, sonner doucement
désigne une personne bien élevée ; sonner
fort, c'est sonner en maître, dit-on , et
cela n'est 'permis que chez soi m
province; à Paris, on troublerait ses voi-
sins.
« Je t'avais devinée, di. -je en allant au
devant d'elle. — Vraimei.t! ^ Regarde.. .
(Florence lut le commencement de ma
lettre). — Eh bien! reprit-elle s'asseyant
et prenant ma plume, je continue :
Il n'y a que !es Anglaises qui sonnent
1 9k vous faire sauter sur rotre chaise; ci^la
signifie : je suis une personne comme il
faut. — Je te trouve très-bien dans cette
position, lut dis-je en riant ; et j'ai bonne
envie de te débarra>ser de ton châle et de
ton chapeau pour que nous puissions dé-
crire notre planche... Qu'en dis-tu? — Ce
Qu'en dvhtu? de Manlius était, dit-on,
admirable dans la bouche de Talma. — •
Oui, chère Florence, mais comme ici il ne
s'agit pas de tragédie — Eh bien
je suis à tes ordres. — Voici noire planche
VII ; accorde-moi toute ta bonne volonté.
Le n* t est un d^'S.^in de manche pagode,
en jaconas, tu la tailleras en droit-fil, sur
50 c^'Utimètres de haut ; ce dessin s'exé-
cute en broderie anglaise, les ronds du bas
se font en points de feston, les autres des-
sins en points de cordonnet. Tu ajouteras
un semé jusqu'à la ligne du haut de cette
manche, puis tu l'arrêteras I2i ; celte manche
se bâtit sous la manche de des.«us.
Le n** 2 est une bande qui se brode de
même et sert à former la garniture, haute
de 15 centimètres, que l'on coud au bas
d'un jupon. Cette garniture n'a que la
moiiié en plus de la largeur du jupon.
Le n* 5 est un entre-deux qui se brode
i)®î^^
'^5©
— «17 —
et sert avec le n"* 2 à composer un fichu-
guimpe orné d'eatre-deux et de garoitares
cousues à peine froncées; celte guimpe a
un col formé de l'entre-deux; à Tentre-
deux, on coud une bande à peine froncée.
L*élégance exige que manche , jupon ,
fichu aient le même dessin, la même bro-
derie.
Le n* /t, LoLure se brode au plumetis et
en points de cordonnet
Le n* 5, Eugénie se brode de même.
Le n* 6 est un alphabet que je t*ai
promis pour marquer le linge damassé; il
peut servir aussi pour marquer des mou-
choirs d'hommes ou de petites filles.
Le n" 7 est une des 6 pointes d*nne
étoile blanche qui s*exécute au crochet sur
fond rouge. Si tu veux en faire un coussin
de tête-à-tête, une couverture de lit, tu
achètes, passage de TOpéra, un crochet
ordinaire, du coton blanc n"* 15, et du
coton rouge de même grosseur. Prends le
coton blanc.
f BANG, fais 12 mailles simples. —
2% 12 mailles doubles. — 5*", 12 mailles
doubles, 2 simples. — &*, 12 mailles dou-
bles. — 5*, 12 mailles doubles, 2 simples.
— 6% 12 mai les doubles. — 7*, 12 mailles
doublt^s, 2 simples. — 8*, 12 mailles dou-
blas. — 9% li mailles doubles, 2 simples.
— 10% 12 mailles doubles. — 11% 12
mailles doubles, 2 simples. — 12*, 1 2 mailles
doubles. — 13% 12 mailles doubles.
Celte pointe finie, tu recooimences cinq
autres pointes et tu réunis ces 6 pointes,
par un surj<t à Tenvers, avec une aiguille
enfilée de coton blanc, ou par un point au
crochet Tu fai:^ de même 6 pointes en
coton rouge, elles servent à remplir les
vides qui se trouvent entre les 6 pointes
blanches de l'étoile, et s'y réunissent de
même par un surjet; ce travail est ce qu*on
appe-Ie le point allemand, il n*est pas dif-
ficile. Quand on va passer^ en vihite, une
journée à lacampagne, on n'emporte qu'une
petite botte contenant un crochet et une
pelote de coton, on fait des pointes d'é-
toiles en caasant, en se proqienant, et un
beau jour on se trouve avoir composé un
coussin ; puis, si l'on y a mis le temps, on
aura un tapis de table, un manteau de
lit qui pourra se passer d'un transparent,
et durera assez pour faire dire à nos petits-
neveux qu'ils ont eu une grand'tante bien
laborieuse. On pourrait faire le fond jaune,
ou bien les étoiles jaunes sur fond rouge :
ces deux couleurs sont bon teint.
— Gomment garnirait-on le tapis de
table? — Avec un effi é formé des deux
couleurs du tapis. — Si Ton exécutait ce
de&sin en laine, on pourrait faire l'étoile de
six nuances de jaune, et sur fond bleu-ciel ;
toutes les couleurs seraient à votre ser-
vice ; on pourrait encore, avec ce dessin,
composer des descentes de lit, des tapis de
cheminée, doublés d'une toile verte, on
bien en recouvrir des tabourets usés. Ce
dessin est représenté ici dans la grandeur
qu'il doit avoir.
— Mais d'où t'est donc tombée cette
étoile 7 — Elle a été créée par de belles
mains dans un château de l'Allemagne;
j'ignore le nom de celle qui me l'envoie.
— G'e&t fâcheux ! tu l'aurais donné à cette
étoile; on aimerait à perpétuer sa recon-
nais a nce.
— Le n"" 8 est cette étoile blanche en-
tourée de son fond rouge.
Le n^ 9 est un dessin de crochet pour
couvrir le dos et *es bras d'un fauteuil.
Le n° 10 est un dessin, pour cou:^sin de
têle-h-tête, qui se fait sur filet carré et se
brode en reprises, ces reprises ne sont pas
recouvertes. Le coton pour le filet doit
être du n^ 15, et le coton plat pour la
broderie, du n* 20. Le moule doit avoir 2
centiuiètrf s de circonférence.
— Pardon... Que représente ce dessin?
— Le Printemps : je l'ai pris dans ce vieux
livre que m'a envoyé M"* Anal-i. — Ne
trouvts-tu pas qu*il faudrait reculer de
deux carreaux le cadre de ce dessin 7 — *
C'est mon avis ! les points du surjet qui
réuniront ce dessus du coussin* au-des-
*8©
— 916 —
8oa9, se perdront dans la braderie. On
m*a demandé comment se faisait le filet
carré, bien que je Taie dit déjà, je ?ais
être obLfgée de me répéter et j'en
demande pardon à nos anciennes abon-
nées.
Pour e:iécnter ce filet» tu prends une tête^
tu Y montes 8^ mailles» ta retires ton
moule, Retournes ton filet, et ne fais que
83 mailles en prenant ensemble les deux
dernières; retire ton moule, retourne
ton filety et ne fais que 82 mailles en pre-
nant ensemble les deux deruières.. . ainsi de
suite jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une
seule maille, alors tu coupes ton coton, et,
après avoir détaché /a tête^ tu recommences
dans les SU premières mailles à en faire 83,
en prenant ensemble les deux dernières ;
ainsi de ^uite ju>«qu'à ce qu'il ne te reste
plus qu'une maille, et tu auras un carré
exact. Tu laveras ce Biat, tu le mettras en
amidon, tu retendras sur une coa¥erture
en rattachant avec des épingles ; quand •!
seia «ec, tu le niiontoras sur un métier à
broder, ta prendras le coton plat a'' 20, tu
renfileras dans une aiguille assez longue
et tu commenceras par le cadre. Tous les
carrés indiqués par un x, tu les couvriras
par une reprise, en prenant alternative-
ment dessus, puis dessous chaque ligne du
carré, et au lieu de couper ton coton tu
passeras ton aiguille soujj le carré déjà
couvert pour laisser vides les carrés que
tu vois à jour et couvrir ceux qui ne
sont pas encore couverts. Je te ferai ob-
server qu'il faut faire les reprises dans le
sens du desi^in; qu'en commençant une
aiguillée de coton on doit laisse^ sur le
df ssin un bout, un peu long, que l'on a
soin de tourner autour d'un des fils du
carré que Ton va couvrir d'nne reprise II
ne faut reprendre de coton que le moins
passible. Ce travail se fait très-vite.
On peut, an lieu de fi'et brodé en re-
prises, exécuter ce dessin au crochet.
— Mais, ma chère, on ne peut enire^
prendre un seul coussin, U en faut deux
semblables, — Aussi aî-je VEfé pour faire
pendant au Printemps ; puis^ plus tard, je
donnerai rAutomne et rilkei\ — Voilà
qui est bien! pardonne -moi d'avoir pu
douter de tdi... Continue... je l'éconte.
Le n"" 11 est un dessin qui s'exécute de
même que le précédent, mais avec un
moule de 6 millimètres de circonféreece,
du coton apprlé fil dlrlandti n' 120, en
pelote, et pour broder, du coton n° 50 ;
ce dessin est représenté dans la grandeur
qu'il doit avoir pour former une nappe
d'auteU un manteau de lit, un dessus de
chemini^^ un tapis de table. Depuis dé-
cembre \ShS, j'ai donné une quantité de
dessins dilTéreiUs; si tu ne veux p^us at-
tendre pour composer un manteau de lit,
voyons comment nous allons nous y pren-
dre. Le lit a-t-il 3 pieds et demi de large sur
6 pieds de long? le manteau aura 1 mètre
50 de large sur 2 mètres de long ; chaque
carré a 10 centimètres, il faudra 300 carrés
pour couvrir cet espace. Si je l'ai donné 30
dessins, tu en f^ras 10 de chaque et tu auras
ton compte; mais si tu n'en veux faire que
5 tu remplaceras les 5 autres par des carrés
de percale festonnés df s quatre côtés et or-
nés au milieu d*ime broderie anglaise que
tu choisiras sur nos différentes planches.
De celle-ci, par exemple, tu prendras quatre
fleurs de la bande n** 2 que tu placeras aux
quatre cûin& d'un carré, et, au milieu, tu
broderas une des fleurs, sans ses fenillts. Si
tu veux un milieu à ton manteau de liu tu
emploies le dcs*-in n** 10, tu te sers du moule
et du fil du n"" 1 1, tu lèves 9U mailles au lieu
de 84, il y en aura une de chaque côté (U
dehors du cadre, et quatre de plus de cha-
que côté dans l'intérieur. Ce n* 10 te
représentera l'espace de qnatre carrés
n** il, il ne te fHudra donc plus que iliS
carrés en filet et l/iS en percale; tu cou-
dras d'abord, par un furjet à l'envers
du côté do la tête du Print/^mps^ un carré
de percale et un carré de filet, ta les réu-
niras entre eux aussi de la même ma-
nière; à cf s deux carrés tu en réuniras
®©<^
— 1119 —
dcm «uinef «n ayant soiii de coiidr« altcir^
DatîTeroem le filet à la fercale et ht pnmte
WM filet en môlant le» dessins^ Qvattd tu
aB ONisii dm oêcé ik camés de ftlet et 1 A
de percale, tu reprends en oèt6 detp'edi
du Printemps, et en face du carré e* filet ;
10 couds un carré en percdle, de «iline
qu'en lace dn xarré «a |»Kaie, tu cewis
«n carré eft filet, pw, apirèB a? oir co»im
de ce côté le même noniltre de carrés que
de Tai^e côté, ta coDtinoeSy à droite «t
à ganclic éa n" 1#, à placer de ulsne
toiB les carrée; ta eo aunas owsa 2A8
dans la longueur du lit et 1^ daas sa
laifew*, soBa conpter le Prmtempà qot se
tvowrera placé ea travers do lie, iea pieds
tminiés vers ks pied^.«.^ da lit. «^ Mais
peaiant fne j'écrivais, >s réikhissais à
tons «es carrés de percale*..,.-^ Eh bieat
•^ fih bioky cette «ovre, si j'étais asaez
beoreure penravair Je tesipsde l'exécuter,
reBfrnnerait Mis mes seMiasenift, toutes
rocs pensées. Sur 4t» carrés de percaVe,
j'eiécaAeraÎB, eu broderie asiglai»e, les ini-
tiales àft mes pari' ut», e«r d'autres carr^
kna» anacB, s'ils en avaient, j 'écrirait en
broderie, au plumctis, quelques «axfanes
bien miHies, encadrées avec Tentre-deux
nf 5. *- Mab, c'est Men œ que tu dis
fiil.« voilà o0e idée«.. €e q«R e*est que
d*étre dcui 1. . .. Reprends la pkHne.
Le %" 12 est sa bracelet peur mieanf
les sous -manches» Acbèic deui cercles en
caoutckouc paor 5 caemimes, le caoaAcboiuc
doit èto-ede S milllmèCres de banleur, -^ k5
centimètres de ruban desaw Manche^ krge
de 1 centimètre, ^5 centimètres de ivban
deaoie rose, large de 3 ctntiaièiiies, prends
une plancheiie large de 2i cenciniètrcs «t
épaisse de 1 centimètse, réunis ensemble
les deOK i)Onisrdtt ruban rose,, pu» les deux
boots du ruban blanc. Entre la plaociMtto
dans le cercle de ruban rose, do nmniére
à ce que la couture aoît deasns f place enr
ce ruban une bande de papier de soie, large
de 2 centimètres eidenû; snrce papier es
soie, entre le cercle en caoulckonc^ reoou»
vre^dn snrpios decenêane papter; éiiftre,
sot ce papier, le oendede ruban blanc; le
rulnn rose duit le dépaaser do bnaft et du
bas. Eafile de h soie rose daas uneaigvillet,
ioiroduts les doigta de tt «nani faucbe
eniiie la plasM^knlie et le ruban rose, pois,
de ta main ditaèle^ fais^ en prenaM le n^
ban rose, «n paâat devants S mMîmèMs
après la bondduènntdunAanUaffc, et$
avant celai dn bas^ puis arrête ta aaie par
un noeud. Tu relira Je bracelet de II p1an«>
cbeite et tu as, en grand, la modèle w i%
(ies braceieta aencaasst fins ntfles po«r
relaver les minofaes pagodes lorsqde i'ott
sert à labie, — ils peuvent servir de jatt^
tièroA. *~'Avecun aelonra laigede # cenil*
mèlres et dena cercteaée caoutcbonc, r«l
dans le baut, Tainre dans le bas, on ftnt
des braceleisqui ae citent anr lepnîgoerv
et diiuwanleni un peu les braa fne i'on
voit trop i^ous ka uiandics panades.
Le nf 13 est nn bonnet de jaoonas m*
co«ivert de bandes bradées è l'anglaise, le*
barbes aom foraaèes de deux inndes rén**
nies.
Le n* 14 est une Movse de teart peiit
enfant, tV^ se fait en percale.
le n* iS est un fidin nmé de pK», et
d'entre-deux en broderie anglaise et gond
d'au» bande de oetie même broderie.
A préeenty nous continnDns la descrip-
tion de la grande plancbo, car ta nons res-
tée, tu «si Doospour soute Is journée, c'est
convenu. «^ Ooit et Cu pana dispoaar de
moi. — Eb bien denc« j'en pmfitei
Le nM6 est un destin pour baade ja-
pon ; il se brode : le bas en pnima de inae,
et lout le reste en point» de feston.
Le n*" 17, Âlzire^ en broderie anglaise.
Le n*" 18, Mmie^ de même.
Le n*" 19 est un semé qui se brade an
plumeiis, et se sème : dans le fond d*nn.
gilet d'homase, d'un bonnet on <rnn ca-
nezou.
Le n" 2(1 eai moi dessin de garniture en
broderie anglaise, pour pantainna, }n«
pona^ licbiis oicamiaaèts.
— 2:o —
Voici l'ét^, rien n'et»t chaud comme nn
corset, et, à la campagne, où Ton n'est
pas toujours en toilette, an corset à la
paresseuse serait bien reço. J'tii donc
cherché une forme nouvelle.. . mais je n'en
ai trouvé qu'aux dépens de la grâce et de
la commodité... il m'a fallu revonir an
corset Josselin, le née plus uUrà des cor-
sets. — Ah I si tu cites du latin.. • cela de-
vient grave. — Certainement, ma chère,
il n'y a rien de si grave que mon snjet;
être gênée dans son corset... c'est une
des plus grandes tribulations de l'exis-
tence I Yoici donc ce que je conseille à
notre amie. Achète, passage de l'Opéra,
dn canevas de fil de 60 centimètres de
large, à 3 fr. le mètre ; taille les modèles
n- 21-2^.23-24-25-26 et 27, en y lais-
sant tout autour 5 millimètres de plus ;
quant au n* 27, je te recommande de le
tailler de manière à ce que le bout (où
sont les cinq œillets métailiquef») soit placé
en droit fi.L J'ai posé ce bout un peu en
biais^ afin de pouvoir placer cette patte
comme elle doit être cousue au corset.
Lorsque tout est taillé, tu fais aux mo-
dèles 21-2/1-25 26-27 et à l'ouverture
n*" 28, un rempli de 5 millimètres. Ces
modèles, tu les bordes de chaque côté, à
cheval» avec un ruban de M de 12 milli-
mètres que tu couds à points arrière.
Le n*" 22, les deux pinces, tu les couds
à Tenvers, à poiuts arrière, et tu bordes
ce numéro comme les précédents.
Le n" 23, lorsque les remplis sont faits,
tu le doubles d'un ruban de fil de 2 cen-
timètres et demi» tu introduis, entre le
dessus et le dessous*, six petites ganses ron-
des et fermes, en coton, que tu arrêtes
l'une après l'autre, par un point arrière,
et tu bordes ensuite ce numéro comme h s
précédents.
Au n^ 26, tu places en dessous nn ru-
ban de fil large d'un ceutim(^tre que tn
couds à points de côté, et dans lequel tu
introduiras plus tard une baleine. Tous
les n*' bordés de chaque côté, tu les réu-
nie, dans l'ordre où ils sont placés, par un
surjet fait à l'envers.
Au n* 21 (le devant do corset), ta couds
à l'envers, à points de côté, un ruban de
fil pour y introduire plus tard nn petit
buse d'acier.
Maintenant, tu fais un rempli dans le
haut, puis dans le bas dn corset, et tu le
bordes à cheval, à points arrière, avec le
ruban de fil. Compte 2â centim^tres à
partir du milieu du n* 21 et couds-y une
grosse agrafe la tête en l'air, afin d'arrêter
ton jupon, s'il avait envie de remonter.
Le n® 27 est la patte qui se coud du côté
droit dn corset» à Tenvers, par un surjet,
étoile contre étoile. La patte cousue au
côté gauche se taille de même, mais elle
n'a pas l'ouverture n* 28, et se termine
par une agrafe cousue au bout de manière
à entrer dans un des œillets de la patte de
droite ; la patte de gauche ne se coud an
corset que du haut et du bas afin de lais-
ser passer la patte droite.
Au milieu du dos, dn côté gauche, sur
le ruban qui contient la baleine, on coud,
à l'envers , une agrafe dont la tête revient
en dessus.
Au milieu de la patte de gauche, n* 27»
à côté de ce chiffre, on coud, à l'envers,
une porte qui dépasse, et lorsque les pattes
sont croisées, cette porte et cette agrafe
s'accrochent en passant la patte de gauche
au milieu de l'ouverture n* 28.
Ce corset peut se faire en coutil, il se
borde comme le précédent, ou bien en ca-
nevas de soie, alors il se borde en ruban
de sde.
Le n"^ 29 est le dessin dn dos d'une
veste de petit garçon de six à dix ans.
Le n"" 30 est le devant.
Len^ 31 est le pan qui second au bas du
devan t, et va rejoindre le dos pour s'y réunir.
Le n"* 32 est la manche qui n'est cousue,
du côté du coude, qne jusqu'au bas de la
broderie; là, doit dépasser et retomber
une manche de chemise, froncée du bas
sur un po^net.
"*^i
:€^4
— SSl —
Le n* 35 est le col de cette reste.
Cette Teste se taille ea mf'rinos gris,
blea de France^ on >ert, et se brode en
lacet et en sontache de soie de la même
nuance.
£n nankin, on emploie du lacet et de la
soutache de coton blanc.
Le n^ 36 est un écusson, et les lettres
P et B qui s*eiécntent en broderie an-
glaise.
Le n*" 35 est le derrière d'nne bottine
de tout pftit enfant
Le n^ 36 est le dessn.^, le n^ 35 se réu-
nit an n'' 36, étoile contre étoile.
Le no 37 est la semelle, le talon se réu-
jiit au derrière , étoile contre étoile.
Les huit ronds noirs sont des œillets à
trarers lesquels- on passe un ruban pour
nouer la bottine.
Elle se taille en mérinos blanc, bleu,
ou rose, plus large tout autour de 5 mil-
limètres, se brode en soutache blanche,
bleue ou rose, et se double de soie ou de
percale branche, ain^i que la semelle. Sur
cette doublure on place une légère feuille
de ouate que Ton arrête par des points de-
vant formant des losangf s sur le mérinos.
Le n^ 38, Alfred^ se brode en points de
feston.
Le n* 39 est le qnart d*nn mouchoir
pour deuil, il se festonne et se brode en
points de chaînette, en soie noire. Cette
broderie ne se fait plus pour les mou-
choirs ordinaires . C^^ci s'adresse à celles de
nos amies qri se plaignent de ce que je ne
leur envole pas de ces dessins de mouchoir.
— Mais ces demoiselles ne peuvent exi-
ger ce qui plaît à chacune dans son dépar-
tement I Quelle tour de Babel notre Jour-
nal deviendrait pour les modes I
— Aussi, tu vois que j*ai résisté aux
dessous de pendule en mousse, aux man-
ches tricotées pour dessous de pagodes. .. ..
Mais revenons à nos montons.
Le n" UO est un semé qui se brode au
pîumetis sur bille mousseline pour bon-
nets du malin.
Le D^" ^1 L P se brode au plametis et
au point d*arme.
Le n<* A2 V P se brode en points de
chaînette.
Le n"" A3 £ P se brode au plnmetls.
— Maintenant, à notre gravure de mo-
des. Ces dames et cette petite fille sortent
de réglii»e ; Tuoe a un châle de cachemire
brodé en soie de toutes les couleurs. . . ma^s
je crois que le reste de leur costume s'ex-
plique de lui-même.
— Oui, passons au rébus. Mon esprit a
gravi ces sept marches. J'ai trouvé sur ce
piédestal le crime : cet homme qui ôte la
vie à son semblable pour lui voler son ar-
gent, et sur cet autre piédestal, la vertu:
cet homme qui coupe la moitié de son
manteau pour la donner à un pauvre
mais je n*ai pas deviné...
— Eh bien, j*ai voulu représenter ce
vers :
Ainsi que la vertu ^ le crime a ses de-
grés.
— Hum, hum... Torei'le est obligée d'ê-
tre indulgente... ma mignonne. Il est vrai
que les faiseurs de rébus n'y regardent pas
de si près... mais le tien est original, et je
te rends cette justice que, lorsqu'on l'a
deviné, on n'a pas perdu son temps.
— Ah I quelle séance je t'ai fait faire !
m'écrlai-je en me levant, quarante objets
à expliquer I — Aussi ces demoiselles au-
ront plus d'un cadeau à donner pour une
fête : un coussin — des bracelets — des
couvertures de dos et bras de fauteuils —
des bottines pour une layette — un mou-
choir pour un deuil.. . — quel rapproche-
ment! dit Florence en se levant à son
tour, la vie, la mort Si nous passions
chez ta mère, c'est l'heure des visites,
nous avons tant à apprendre en écoutant
les dames plus êgéf s que nous. . . »
Je pris le bras de Florence, et nous nous
rendîmes au salon. Mdis ces dames avaient
décidé une promenade, nous revîmmes
prendre chapeaux, mantelets et ombrel-
les, puis nous partîmes. En route, maman
e/S^'
«^<^©S8)s^
V^^,jjti^
Si22 —
nous proposa de monter chez luademoi-
seile Fauvet, sa couturière. Nous trouvâ-
mes son modeste sa^oa orné tout autour
des robes qui formaient le trousseau d*une
jejiae mariée de province. C'était d'abord :
Une robe de mérinos b^'ge, corsage ama
lone, ornée d'un galon de soie d'une
naance plus foncée, formant échelle sur
la jupe et sur la poitrine ; manches p^o-
des ; le pardessus en étoile pareille, garni
du même galon. — Une rediogote de
jaconas, à petites fleurs, garnie devant
d'une bande cousue, de manière k for-
mer un bouillonné et deux têtes feston-
nées; mantelet-^écharpe, garni de même.
— Une robe de mousseline brodée, gar-
nie devant d'une bande de mous^^elii^e
unie brodée et festonnée de chaque côté ;
celte i>ande;t cousue au milieu du devant
de la robe, autour du cou, au bas des
manches pagodes, formait deux têtes fes-
tonnées, et un bouillonné dans lequel était
paaaé un ruban lilas; casaque de mousse-
line pareille, garnie de même. — Un€ robe
de barége fond blanc, à grands dessins,
corsage en gerbe, ouvert devant, orné de
pelits rubans de gaze, formant feston d'un
côté et rappelant les couleurs de la ri>be ;
sir b jupe, trois hauts volants en droit fil,
garAÎs d'un même ruban — Une robe en
gro8-de^aples bleu de France, la jupe cou-
verte de volants de dentelle noire, cousus
presque à plat, corsage décolleté, manches
courtes, le tout orné de dentelle noire, de
nœuds de ruban bleu de France, un second
corsage, façon amazone, manches pagodes.
— Une robe de taiïetas chiné, f«jnd hlas,
fleurs lilas (once ; jupe ornée de (rois volants
découpés à lemporte^pièce, corsage décou^
vert, noanches Louis XIII, le tout garni de
nœuds de rubans et de point d'Alençon* —
Une robe de gros de iNaptes blanc, lajupe cou-
verte de deux volants d'application d'angle-
terre, corsage décolleté, manches courtes, le
tout garni de nœuds et de denifUe ; un se-
cond corsage amazone« manches pagodes
garnies d'angleterre ; mantelet-écharpe en
gros-de-Naples blanc, orné de galons et
d'une angleterre haute de 15 centimètres,
cousue, ti ès-froncée — Une robe de mous-
seline blanche, la jupe garnie de volants
brodés et festonnés, corsage en gerbe,
manches pagodes, cordage et manches gar-
nis de mousseline brodée et festonne;
pour ceinture, un large ruban retom-
bant en écharpe sur le côté de la jupe.
— Une robe de grenadine, à dessins écos-
sais rouge et noir, sur fond poussière ; le
corsage moulant était fenué devant sous
un ruban cousu froncé, rappelant les cou-
leurs de la robe ; ce même ruban, au bas
de la poitrine, formait deux nœuds, le der-
nier terminé par deux boiUs un peu pen-
dants; les manches pagodes garnies du
même ruban froncé , c'était charmant. —
Une robe de foulard à carreaux gris pous-
sière, corsage à basquines. — Sur la
table étaient, eu pièces, les robes qui ne
seront faites que cet hiver : une riche
étoffe de soie vei t anglais, recouverte de
gracieux dessins blancs — une robe de ve-
lours noir, et enfia une robe rose, sur la-
quelle étaient brochés, en rose d'une teinte
plus foncée, des kiosques, des Chinois, des
Chinoises... Ce trousseau te représente no
échantillon de toutes les étoffes qui sont
bien portées ; mademoiselle Fauvet avait
tout fourni, excepté les dentelles.
Te décrire la gt âce des ornements des
corsages et des manches, cela me serait
impossible. J'ai remarqué que les coutu-
res qui réunissent les lés des jupes et les
bandes qui forment les volants n*avaient
pas été repassées pour être aplaties ; |ea
effet, cela leur eût ôié de la fraîcheur, de
l'ampleur.
t Heureuse fiancée I dis-je à Florence,
comme nous descendions f our continuer
notre promenade — Dieu seul le sait I me
rép'jndit-elle av>c un soupir; il y a quelque
fois plus de bonheur dans le cœur qui bat
sous un simple corsage de percale blao-
che ! — Enfin I tu m'accorderas au moins
qu'elle peut être heureuse , car le bonheur
^ 243 ^
n*«l |N» ici phitôt qie^H. -^ Tu dis vrai,
Jemie, cela dépendra d'«U»;. . tt! oHe u'eat
pM tpop exigeante.. .11
Mmi «IMiaQes aons aaMiaîr a«x Champa*-
Élj^slea. « Ne trowea-ttt pal « ne dit FIih
raace, qfve neas perdons le f oit dea chose»
siaipleft et richea, qne Bèaa reseeeeMona
à des Zerbinettea î ~ J0 t'acconie Zerbi-
nette; en effet, cette création de MoUài^
eat nétna de dinqi ant -^ «es cercles ^^r-
méa de courts brins de paAIfo, enfiiéa daes
un fil et fermant des ronds enlacés l'on
dans l'antre qui, mêlés à des fleurs, retom-
bent le long des joues, en dehors des cha-
peaux ; ces voiles de toile de sole noire
brodés en paille, ce jais noir qni brode ces
chapeaux de soie, se mêle parmi les fleurs,
les franges, les passementeries ; c*est pan-
Hv.,. mais cela brilkl... GeS'Ctiiles seufs,
en cachemires français aunqucla on a
ajMité me bordure fmrmée de bandea d*m
vieux cachemire rayé, coupé en travers,
c'est pauvre... mais de mauvais goût. —
Que veux-tu ? nous n'avons à Paris ni cour
ni salon qui nous donnent des modes riches
et diailngiiées, nos marchands en profitant
poup nous rendre de la paille et des viea<
cachemires... Ah I Jeanne 1 regarde ao-
deasaa de nos tètes un baHon^ deux bal»
Ions !. .. Je remarqua que les proaaneurs
n^y praaaent même pas garde... — C'est
que c'est tràs-commun des baUenaeai l'air ;
ou noua en montra trois fois par aenaaine.. .
Taui le monde peut y aller moyennant
150 Dr. par personne... Gomne oeo mea»
sieurs et ces damée n'y vont que pour leur
plaisir. .. cela ne nous regarde pas. »
Nous laissâmes les voitures roulant en-
core vers le bois de Boulogne, et revînmes
à la maison. Moi, tandis que Floftnee ac-
corapngnait ma mère au safonr, je rentrai
dans ma cfaan)bre, où je me retrouvai seule
avec toi ; car je veux que nous causions de
loin comme si nous étions bras-dessus,
bras-dessous. Je veux qne tu saches mes
actions, mes pensées de tous les jours...
Sans cela, nous aimerions-nous? L'amitié,
c'est la conCance...
Adieu I toute à toi.
J. J.
CPHÉnERIDE0.
20 JUILLET 1554. — NiLISSANCE DU ROI SÉBASTIEN.
Sébastien, petit-ftls dis roi Emmanuel
le Grand y et fils de Don Juan III, fut cou-
ronné dès le b^eeav, et stm éducation fut
confiée à aa graid'nière , Catlieriae d'Au-
triche , k son onde le carfini^ Henri et
au Père GonzaWe de Caméra. La religion
dirigea ses passioiia hautaines et violeutes
vers Q» bot âevé : il désira la gloire ; mais
il ne cofrit pas qn'vne si généreuse pas-
sion a denanéme besoin d'être modérée ;
avec le cœur d'un kéros, il eut le sort
d'un arcnlnrier, et rencontrant sur Tes
champs de bataîDe nne mort prématurée ,
il hiÎMa son propre pays ^ans défense,
exposé aux entreprises d'un dangereux
voisin.
Les grandes victoires que les Portu-
gais avaient remportées dans les Indes,
pendant l'enfance de Sébastien , avaient
excité , développé en lui le goût et le désir
de la guerre. H se résolut à porter ses
armes en Afrique. Il consulta son précep-
teur Gonzahe, demeuré son ami, et celui-
ci le supplia d'attendre, de se marier et de
ne hasarder sa vie que lorsque plusieurs
enfants auraient assuré h succession au
trône. Ces sagf s conseils restèrent inulSes ;
le 2^ juin 1578, Don Sébastien s'embar-
qua, suivi de la fleur de sa noUease; il
ïïvra bataille aux Maures le & août anmnt,
sur le champ d*Alcaçar, et fut, dit-on^ ané,
ainsi que la plus graad^ partie de aca sol-
dats.
La couronne de Portugal édbait^ par la
mort du jeune roi, à Don Henri, son oncle,
cardinal et prince de relise romaine ; il
«^51
-îlîî!»-
léait pea, A n mort, le duo d'&lbe te
pridpiu, aa nom de ion va^tn, mr le
fiible pays privé de mi rois légiiimet, et b
coDTeatioB de Comar mit la coaronne de
Poftngil sar la eête de Philippe II.
La iDort da maUieareDX Sébanieii anit
été eDïïroDDée de tant de circonstances
mysIérieDses , que longieuips les peuples
cnireat i son retoor , et l'épiupbe de sa
sépnlinre, aa royal nioaaMtère de BeleiD,
témoigne elle-mém'; decesdoDtespablics;
on y lit ; Sous txtle piem repoK , n la
dU vrai, !t roi
QfM-lqoet-nns de ceoi qni atlendaieat
retour vonlarent s'o|ipoBeT i b pri>« de
pmsesnoB de Philippe . nuis il for«Dl dé-
bits k b hataiUe d'Akaolara. Le nom dn
roi Séfamien nooi est arriié enfirooné
de mysttresqne le temps n'a pasécbircu,
et il orne bien b bble d'nn dnii^e on d'an
roman.
Sébastien prol^ea (.énérensement le
Camoéns , dont b lie fut vouée i b nu-
Bère , lorvqn'il eot perdu son royal ami.
Fnppez i b première porte renne et il
en Bonira sans donte quelque misère i
soulager ou k consoler, quelque mabdîe
de rime ou du corp^ ï guérir, de l'Ame
surtout Frappez! et dites hardiment :
tt Qu'arez-TonsT qui vous bit sonlfrirT b
Gustave DB0^l^E4t[.
Sans l'écODiunie il n'y a point de i
cbesses awx grandes : avec eQe il n'y en
a pas de trop petites,
Sènëqdb.
Les aumOnes que Jésus-Chrisl lone, ce
sont celles où l'un prend sur soi, car de
telles aamOnes sont les seules qui méritent
le nom de sacrifice.
BCSSUET.
RÉBUS.
7^
Ptrii. — Tjfngtêfh'w <!• midana nnt* Daidef-Dupri, tus SiJDt-Laui
— i
Tllournnl hce ^emoxsdUs.
.«...f,..,^ .!„ o:i,.f,.„.
— 99» —
COUP D'OEIL
SUR
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE.
ÉCOLES D'ITALIE.
DEUXIÈME ARTICtB.
Commencement de« écoles d'Italie. — Une manie d'antiquaire. — Cimabué. — Giotto. — Le
Pérogin. -^ Raphaël. — Le siècle de Léon î. — Léonard de Vinci. — Eclat de Técole de
Venise. — Le Titien. -* Paul Véronèse. — Le Tintoret.
Il y a un fait remargable, une Térité
qui domine dans l'histoire et qui ne sau-
rait échapper à l'obser?adon, si l'on ap-
porte dansl)étude des annales humaines
un esprit quelque peu disposé à y chercher
autre chose que des dates alignéeaavec une
régularité plus on moins scrupuleuse, ou
une sèche nomenclature de noms et d'é-
vénements. Je Teax parier de la manifes-
tation constante de celte loi supérieure
qui assigne à chaque peuple sa tâche à
remplir dans le travail universel imposé à
l'humanité, travail dont Dieu seul sait le
but et le terme, et que Bossuet définissait
dans le mot célèbre que vous connaissez :
« L'homme s'agite et Dieu le mène. » Les
résultats visibles de ce travail sont certains
progrès dans ce que la langue moderne
appelle la civilisation. Ils profitent à l'hu-
manité tout entière, mais il est remar*
quable qu^une partie seulement de l'hu-
manité les accomplit à son tour. Je touche
ici à une vaste question dont le dévelop-
pement demanderait des volumes si l'on
voulait l'examiner dans tous ses points de
vue ; mais ce n'est pas ici l'occasion d'une
leçon d'histoire, et je ne veux que l'effleu-
rer au point de vue d'un des puissants
éléments de la civilisation, au point de vue
de l'art, de sa marche, de ses chutes et
de ses progrès.
C'est en Orient, vers le berceau de la race
DIX-NBUVlftMl ÀNNÉB, .4* S^RIE. — N<* VIII.
humaine, que l'art s'est d'abord manifesté:
les ruines de l'Assyrie portent encore ses
signes ; après l'Assyrie ce fat l'Egypte qui
eut la mission de le conserver et de l'é- '
tendre, dans le sens et dans la mesure de
son génie ; elle a ses sphinx et ses pyra-
mides qui datent de trois mille ans et qui
verront encore passer bien des générations.
En fait d'art, c'était sans doute tout ce
qu'elle pouvait donner, elle n'y a rien
ajouté. A chaque chose ici-bas son temps,
à chaque peuple sa mission.
A rÉgypte a succédé la Grèce dans le
brillant monopole des œuvres du génie.
Elle a nourri Homère, Euripide, Sophocle,
Phidias, Apelles, Zeuxis, Parrhasius et
construit le Parthénon, puis les Romains
sont venus fouler brutalement ce sol poé-
tique, ils ont joué aux dés sur les tableaux
d'ApeUes, exercé leur adresse contre les
statues de Phidias, et trouvant que ces
chefs-d'œuvre figureraient brillamment
dans un triomphe, ils les ont, les grossiers
soldats , emportés pêle-mêle parmi leurs
bagages, sans se douter qu'ils venaient de
tuer le génie d'une grande nation, et qu'ils
emportaient en Italie une étincelle divine,
qui devait plus tard devenir au sein de la
ville conquérante fondée par le sauvage
Romulus, un foyer dont l'éclat éblouirait
le monde.
Mais cette grande lumière devait, avan
^)!*<^
de resplendir, vaciller sons le souffle de
bien des orages. Elle faillit d'abord s'étein-
dre à cause de Tindifférence des Roœains,
qui estimaient avant tout le talent de la
parole, nécessairement en première ligne
chez une nation qui passait le temps à
conquérir le monde et à s*agîter sur la
place ptibliqne, au pied d'une tribune.
L'art oratoire y était à son apogée quand
la peinture se voyait abandonnée aux mains
de quelques esclaves Grecs, ou cultivée
seulement par un petk nombre d'hommes
épris des charmes d'une vie paisible. Après
le poëte dramatique Pacuvius, qui décora
le temple d'Hercule ; après Herpilius, le che-
valier, qui peignait de la main gauche; après
Arélius, nommé négligemment par Pline;
après JUarcus Ludius, contemporain d'Au-
guste, on cite encore A mutins^ l'ami de
Néron, Autistius, Lubeo et Cornélius Si-
nus, et la liste s'arrête. C'est à Byzance,
auprès de Constantin, que la peinture
fleurit encore un instant p;/ur être bientôt
étouffée en apparence par les Invasions
barbares.
Heureusement l'art clirélien commen-
çait à poindre dans les églises souterraines,
où les mains pieuses des persécutés es-
sayaient de peindre les principaux sujets
des Saintes Écritures. Ces essais naïfs et
tout imparfaits se perfectionnèrent quand
ils purent se produire au grand jour, et ce
génie nouveau avait déj ^ inspiré de grands et
beaux ouvrages, lorsque parut , au sixième
siècle , la secte fameuse des iconoclastes
ou briseurs d'images. Dans leur impatience
d^anéantir tout ce qui pouvait rappeler le
paganisme et servir encore à ses profanes
cérémonies, les iconoclastes portèrent la
torche et le marteau partout où se trouvait
un tableau ou une statue, confondant dans
leur zèle aveugle les beaux marhi es venus
d*Athèoes et de Corinthe, avec K^s saintes
images taillées dans les catacombes, Jupi-
ter avec Jésus-Christ, Vénus et Minerve
avec la Vierge, Mercure avec saint Jean.
— EnDUt après les iconoclastes, les Goths,
ayant à leur tdte le sauvage Totila, se
ruèrent sur Rome^ et quand ils l'eurent
pillée à cœur joie, ils y déchaînèrent l'in-
cendie. Qui peut dire combien de mer-
veiUes périrent en cea jours d'effroyables
saturnales? En dépit des iconoclastes, Rome
était encore encombrée de chefs-d'œuvre.
J'ai eu pour voisin an vieil antiquaire,
légèrement atteint de folie depuis la perte
d'un anneau ayant appartenu à la femme
de Socrate^ et qui lui fut dérobé il y a
qeinze ans» par «n «atre savant. IMoa voi-
sin n'était pmi qn fou daa^renx ; il ap-
partenait à la catégorie de ces e^iMÎts
timbrés qu'on appelle maniaques, et sa
manie consistait à croire qu*il avait vu
l'incendie de Rome aUumé par les Gotbs.
Il m'a raconté plus d'une fbis cett» grande
catastrophe au milieu de laquelle il n'avait
dû h vie, disait-il, qu'à la protection d*un
petit Jupiter sauveur, qui se trouva sous
sa main. J*ai vu le Jupiter sauveur; il est
en bronze et haut de quatre ponces. Mon
voisin qui est mort, béhis! comme un vrai
païen du temps de Périclès, en interpel-
lant Piuton dans le grec le plus pur, mon
voisin, dis-je, était un de ces hommes dans
lesquels la science paraît incamée. L'a»-
tiquité n'avait pour lui aucun mystère, il
se promenait en imaginaion à Rome et
à Athènes aussi bien qu'à Corinthe, à
Memphis et à Paimyre, comme vous pour-
riez le faire dans votre jardin ; il nommait
les rues, les places, les carrefours, les mont»*
ments;tonsccssouveDirsd'une vie consacrée
à explorer les ruines du passé venaient st
confondre dans son rêve favori, et il racon-
tait comme un poète qu'il devenait alors,
versant de vraies larmes sur la chute lamen*
table de la grande maltresse du monde, et
interpellant Totila sur le ton véhément de
l'ode. Plus d'une fois, nous qui nous faisions
un divertissement cruel de son innoeente
manie, rangés en cercle autour de son foyer
modeste, dans la petite chambre qu'il oc-
cupait près de nous, sous les toits, plus
d'une fois, dis-je, il nou:» arriva de céder
îa*"
€>!^
^
.^^
— ««7 *-
à l'iHnsion, et 4\ip tc^ioir à Mv«rs l'é*
parisse famée tle sa \Afè illemakide cette
Rome teaginaire / dMt il ooas tmm*
trait da A>tgt l«s déMmbH». La «oirée
termîaée, c*e8it-k dire Aome almiidonnée
par les barbares, «bacim retotN^âait à ses
étedes, ceiai-ci ânx iDâtkaies'et ati Gode
civil, celai-Jà à GaMien et à ff9ppfo<A>ate, et
personne ne riait ploa qne dtscrètcttent,
domme on sourit qnelqocffeis ^ l'emhoQ-
ftiasme é*Bn vrai ^poéie. -^Excepté ^inq
on six qwe tktms édons parmi les tiiai)ifiBâts
de cène rnclie'd*étudiatfts où mon toisin
était venu abriter m tdte savante, personntt
nVtt soupçonné q«e 'ce tieillarrd qoi s'en
aHalt chaque m^trn.nne botte de fer-^Uanc
à la main, adieterà la laitière in coin de
la me son frngal déjeuner, était un Ro-
main du sixième siècle, échappé à la bru-
talité de Totila.
An Ireu de raconler cette anKpedota, je
ferais mieux de décrire ce qu*^ft Roaoe
avant l'invasion des Goths, et je le ferais
vraiment si j'en savais quelque chose, mais
je coofesse que je n'en sais rien, sinon
qu'elle était encore, malgré les détourne*
ments accomplis en fliTeur de Constanti-
nople, le dépôt dos phis admirables mer-
veilles de l'art grec.
Depuis cette époque jusqu'au treitième
siècle, c'est au fond des coaTents qu'il
faudrait aller chercher ks tfoms des pein^
très, s'il est possible d'appeler ainsi les
religieux, dont tout l'art consistait è en-^
hsminer des manuscrits; le temps n*a
fait grâce qu'à un bien petit nombre de
ces pieux essais dans lesquels les flgores
sont ordinairement représentées droites,
les jambes raides, les preds sur la même
ligne et 1( s bras collés le long du corps. ^--^
Yers le domième siède seulement, des
religieux de Bologne , instruits pnr les
Grecs mosaïstes, commencèrent à peindre
des images de la Vierge, suivant un tfp^
de convention, plus rapproché de la nature;
dans les peintures à la détrempe et à l'oraf,
qui datent du commencement du douzième
rîècle,on aperçoit déjè, indépendamment
de la délicatesse du travail qui fait leur
principal mérite, nn pressentiment de
î'etpression, et une certaine recherche
dttns l'arrangement de la composition.
Yoilà où en était la peinture à Bologne,
à Sienne, à Florence et à Pise, lorsqu^an
milieu de ce siècle naqnit Gimabué, qu'on
peut considérer comme te messie de h
peinture en Italie. Le principal mérite de
Gfdiabuéy après celui d'aToir indiqué les
voies iDÙ devait marcher l'art moderne,
c'est d'avoir découvert et formé Giotto.
— Gimabué , dit Vasari , rencontra un
berger qni, tout en gardant son trou-
peau, s'amusait à dessiner une brebis sur
le sable. Il conçut aussitôt h projet d*ett
faire du peintre et l'emmena à Florence,
où Giotto faillit devenir fou à la vue des
ouvrages de son maître et des honnemii
que lui valait son talent. Quelque temps
après, Gimabué, qui l'avait laissé seul dans
son atelier, le retrouva tout en larmes de-
vant un de ses tableaux, et tel'ement ab-
sorbé par ^a contemplation qu'il ne s'a-
perçnt pas de l'arrivée de son maître.
*- Gimabué , surpris de son immo-
bilité, s'approcha de lui, et lui frappant
sur l'èpanle : » Eh bien, Giotto, lui dit-il,
voilà que tu pleures I est-ce que tu souf-
fres auprès de moi, et regrettes-tu ton
troupeau de chèvres?
*— Non, répondit Giotto, mais je songe
que je ferais bien peut-être de retourner à
mon métier. Gomment pourral-je faire de
si belles choses, et combien de temps me
faudra-t*il sew'em<rfit pour en approcher? »
Telle était h r: «sedu chagrin de Giotto.
Gimabué le consola de son mieux, sans se
douter qu'il nourrissait sous ^on toit celni
qui, suivant l'expression do Dante, devait
lui ravir le sceptre de la peinture.
fin effet, Gimabué, tout en s*éloignant
d'un pas des traditions de l'art bysantin,
avait néanmoins conservé la plupart des
types consacrés. Ge fut Giotto qui assura
définitivement le triomphe du schisme, en
j^^T<^^,
^^^^
rv^y-»
— 998 —
sabstilaant à des principes d^éaérés ceux
que loi dictaient son goût original et le
sentiment de la beanté naturelle.
Giotto parcourut toute l'Italie comme
un apôtre, il alla même jusqu'à Avignon,
hissant partout des modèles et des élèves.
Il avait formé Técole de Florence ; après
sa mortj deux peintres qui rayaient suivi
dans ses pérégrinations, vinrent fonder
celle de Bologne. C'étaient Pace Ottaviano
de Faenza et Guguilmo de Forli. Après eux
il faut citer en première ligne Lorenzo et
Vitale. On ne peut prononcer le nom de
ce deniier sans parler d'une singlarité
qui donne une idée du caractère profon-
dément religieux de la peinture au qua-
torzième siècle.
Yitale et Lorenzo étaient liés d'une
étroite amitié. Renommés pour leur ha-
bileté, ils étaient appelés dans les couvents
et dans les cathédrales pour couvrir de
leurs fresques les murs des chapelles, et
la besogne se partageait fraternellement
entre eux comme le profit — Cependant
la piété de Vitale allait si loin, et son res-
pect pour Jésus lui faisait de tels scru-
pules, qu'il laissait toujours à Lorenzo h
tâche la plus pénible, de peindre le Christ
en croix, disant qu'il n'en avait pas le
courage, parce que « c'était bien assez
que les juifs l'eussent crucifié une fois, et
que les mauvais chrétiens renouvelassent
tous les jours pour lui ce cruel supplice. »
Tels furent les commencements de l'é-
colede Bologne, tels furent à peu près ceux
des écoles de Florence et de Sienne, en un
mot de toutesles écoles italiennes qui prirent
naissance sous l'inspiration de l'idée chré-
tienne. Elles restèrent stationnahres jus-
qu'au moment où l'influence du Pérugîn,
puis celle de Raphaèl, succédèrent en Italie
aux traditions laissées par Giotto.
J'ai prononcé le nom de Raphaèl et il
me coûte beaucoup de ne pouvoir m'étendre
longuement sur cet inépuisable sujet d'ad-
miration. En arrivant à Raphaèl je me
trouve de plain ^ ied au milieu du siècle
de Léon X, et il me coûte encore beau-
coup de passer rapidement sur tontes les
gloires dont l'éclat rejaillit comme un
hommage mérité sur le grand pape. Mais
il m'est interdit par le titre de ces arti-
cles de franchir les limites d'un abrégé.
-— N'ai-je point eu l'audace d'intituler ce
travail : Coup d'œil sur l'histoire de la
peinture? Concevez- vous qu'on offense
d'un simple coup d'œil Raphaèl, I^nard
de Vinci, les Carrache, le Dominiquin,
Michel-Ange, ces grands hommes, ces
géants qu'il faut regarder d'en bas 1 Qu'on
me pardonne cet orgueil et qu'on veuille
bien considérer ce coup d'oeil impertinent
comme un simple recueil de renseigne-
ments, peut-être utiles à celles de nos lec-
trices qui voudraient, ce que je leur con-
seille bien, approfondir davantage ce que
je ne fais ici qu'indiquer. On a beau-*
coup écrit sur les inmienses génies appe*
lés Raphaël, le Titien, Léonard de Vinci,
Michel- Ange; mais il manque un livre que
je ferais si je savais tailler ma plume assez
délicatement, un livre dont l'auteur, et il
faudrait que cet auteur fût un poêie, s'ap-
pliquât à montrer comment au milieu de
l'enivrement de la gloire, comment brûlé
par d'implacables passions, Raphaël a su
imprimer à ses œuvres la marque d'une
nature presque angélique, comment noyé
dans les voluptés qui hâtèrent la fin de sa
vie, nul mieux que Ini n'a exprimé la pu-
reté du sentiment, la pureté de l'amour
divin, la pureté de la femme, l'idéale in-
nocence de la beauté. Il n'y a pas de vier-
ges plus sans tache, plus divines, plus mère
de Dieu que les vierges de Raphaèl ; il n'y
a pas de Christ plus Dieu que son Christ.
C'est par cette puissance sentimentale, si je
puis ainsi m'exprimer, qu'il domine de si
haut tout ce grand siècle artistique qui
porte le nom de Léon X, et qu'il est en-
core aujourd'hui Raphaël Sanzio la divin,
Raphaël était né le vendredi saint de l'an-
née 1483, à UrbiBO, petite ville pitto«*
resque située entre Pezaro et Pérouse; on
— 289 —
eût dit qu'il ayait ce jour-là entreva par
nn coin soulevé du voile de Jérusalem les
radieuses images dont il a peuplé le Va-
tican.
Raphaël^ c'est toute l'école romaine
dans laquelle son plus briUant successeur
fut son élève Jules Romain; il en avait
fait pendant sa vie la première école de
l'Italie; mais après sa mort» ni Jules Ro-
main ni aucun de ses élèves ne surent la
maintenir à cette hauteur, et elle était en
pleine décadence lorsque celles de Flo-
rence palpitaient encore bien vivement du
gém'e de filichel-Ange et de Léonard de
Vinci.
£n tournant les pages de ce livre d'or
de l'art, je passe rapidement sur des exis-
tences toutes empreintes d'un caractère
original qui teqte la plume du biographe.
Celle de Léonard de Vinci est une des plus
remarquables, parce qu'elle offre le rare
exemple d'un homme que la nature sem-
blait avoir doué de toutes les aptitudes.
Léonard de Vinci a été à la fois le premier
peintre, le premier architecte, le premier
ingénieur de son temps. Il n'est pas une
science qui n'ait été familière à cet esprit
universel, et s'il fatft en croire les annales
du grand œuvre, il alla bien avant dans celle
de l'alcbimie, dont il est regardé par quel-
ques écrivains spéciaux, comme un des
maîtres. Tout était supérieur en lui, tout
frappait d'étonnement, jusqu'à son adresse
dans les exercices du corps et à sa force
prodigieuse dont ses contemporains ci-
tent des exemples dignes de Milon de
Grotone. Ainsi il lui arriva, dans un
mouvement d'impatience, de tordre entre
ses mains une barre de fer épaisse de trois
lignes. Il arrêta un jour par la queue un
cheval lancé au galq), sur lequel s'enfuyait
nn homme qui venait de l'insulter. Sa vie
né pouvait finir d'une manière commune;
tout le monde sait qu'étant venu en France
où l'appelait François T', il devint l'ami
intime du roi, et mourut entre ses bras
au château d'Amboise, au mois de mai de
ty(?<^
l'année 1519. — Un des motifs qui avaient
déterminé Léonard de Vinci à se rendre
à l'appel de François I'', était le chagrin
de voir sa renommée éclipsée par celle de
Michel-Ange, qui avait sur lui l'avantage
que donne la jeunesse. Il y avait longtemps
qu'on admirait Léonard de Vinci, et quand
les Florentins virent s'élever ce jeune
talent, remarquable par une énergie qui
n'était point la qualité dominante de son
rival, ils lui accordèrent la palme qui était
restée si longiemps aux mains de Léonard.
L'arrêt n'était pas juste, il ne fallait pas
plus retirer la palme à Léonard de Vinci
pour la donner à Michel-Ange, que la par-
tager entre eux. Il fallait leur faire à cha-
cun son triomphe. Léonard de Vinci alla
chercher le sien entre les bras de Fran-
çois !*'• Disons en passant qu'une des
principales gloires de la France est d'avoir
offert un asile à tons les génies blessés, ^
toutes les gloires insultées ou méconnues.
— Le nom de François I*' réveille encore
le souvenir de Tiziano Vicelli, ou le Ti-
tien, qui est toute la gloire de l'école vé-
nitienne, et auquel l'empereur Charles-
Quint fit un jour l'honneur de ramasser
son pinceau. Quel que fût le mérite du
peintre, ce n'était après tout qu'un pein-
tre, et les gentilshommes qui entouraient
l'empereur ne purent s'empêcher de ma-
nifester un profond étonnement d'un pa-
reil oubli de l'étiquette. Charles-Quint
ayant appris qu'ils en murmuraient dans
son antichambre, voulut profiter de l'oc-
casion pour leur donner une leçon sé-
rieuse. Il fit asseoir le Titien à sa droite et
reçut ainsi ses courtisans. Tous en passant
devant le peintre affectaient de ne pas le
remarquer, alors l'empereur les obligea à
se découvrir pour lui, en leur adressant
cette dure semonce : « M'oubliez pas, mes-
sieurs mes gentilshommes , que je puis
faire à volonté des douzaines de comtes et
de ducs comme vous; mais il n'y a que
Dieu qui puisse créer un peintre comme
le Titien, i»
s^tQ
— 250 —
Et Titien était drgne de l'honneur qne
tni faisait Chaties-Quint. De même qae
Raphaël représente loi s^'ul presque tontes
b gloire de l'école romaine, le Titien ré-
snmait en lui toutes les brillantes qua-
lités qui font celles de l'école vénitienne.
Nul n'a porté plus haut que lui la magiie
du coloris. Sa palette était, sHon IVxpres-
fiton à pdne exagérée d'un biographe ita-
Ben, tine casi-ade de lumière; nul, non
pins, n'a exprimé mieux qne lui lemonve-
ment dn sang sons la chair et le frémisse-
ment dé la TÎe. Il eut pour surxesseurs
Paul Véronèse et le Tintorit.
Panl Véronèse était le peintre des gran-
des compositions. Il ne se trouvait à l'aise
qn^en fece d'une toile gigantesque ou dhin
mur de cathédrale. Aussi e^t-ce par la
grande peinture qu'il domii^a les mahres
de son temps. Le .tableau des Noces de
Cana que pos^ède le musée du Louvre,
«t l'un de ses plus magnifiques ouvrages,
donne une large idée de l'opulence de son
géDie merveilleux, auquel il ne fallait
qu'un mois pour produire une telle œuvre.
D'une hauteur de plus de vingt pieds sur
vingt-huit de large, le tableau des Noces
de Cana ne comprend pas moins de cent
trente fîgun s parmi lesquelles il a intro-
duit les portraits des principaux person-
nages de son temps, f l s'y est rrpiéscniS
Ini-même avec les plus habiles peintres de
Venise, au milieu d'un groupe de musi-
ciens qui occupe le prenier plan. Il joue
du violoncelle; derrière lui, le Tinloret et
le Titien l'accompagnent sur la basNe. Par
une étrange fantaisie, qui soulèverait de
nos jours de justes réclamations de la part
de la critique, tous c<*s personnages sont
vêtus k la mode vénitienne du seizième
siècle. Il est incontestable que Paul Véro-
nèse a c >mmis i desselu cet anachronisme,
pour avoir l'occasion de dépenser avec
prodigalité au milieu de ce spleudide fouil-
lis d'étuffes de soie et de velours, les ri-
chesses de sa fiaiette magique.
Chargé d'immenses travaux par le sénat
de Venise, Panl Véronèse avait acquis
comme le Titien une fortune considé*
raMe, et rivalisait de luxe avec les plus
opulents seigneurs de la République; il
donnait des fêtes somptueuses et des fes-
tins auprès desquels pftlisMrient même les
Noces 4e Cann. nais tout en donnant
à son goût pomr le Inxe une si large satis-
faction, il faut dire ^encore qu'il était en
mène temps la Providence des pauvres ar-
tistes. Plus d'une fois il vint généreuse-
ment au secours du Trntorct 'son rival
FUs d'un teimorier, le Tintoret avait
été tongtemps forcé de lutter avec la mi-
sère, il avait conservé de ces temps diffi-
ciles une sorte de misanthropie qui l'em-
pêchait d'aller au-devant des hautes pro-
tections. Il arrivait résolu à se faire jour
par ses propres foroes à travers la foule
des peintres qui occupaient Faitention du
public, et travailla longtemps dans la soli-
tude, grandissant à Ttdsu de ses émules,
et acquérant à force de travail une prodi-
gieuse facilité. On pourrait dilTicilement
faire Téunniération des tableaux qu'il pei-
gnit dans sa jeunesse. Mais voici un trait
qui pronve en même temps que cette faci-
lité la tournure bizarre de son caractère.
Il arriva que les religieux de Saint-
Roch voulant faire décorer de peintures le
cloître de leur couvent, ouvrirent un con-
cours entre les peintres de Venise. Sans
confier son dessein k pprKmne, le Tintoret
se procure la mesure de l'espace ^ remplir,
et en quelques semaines il exécute un im-
mense tableau représeniant saint Roch
reçu par le Père Éternel, et entouré d'an-
ges. Son œuvre terminée il sMuit quel-
ques religieux, et parvimi à la foire mettre
en place. Cependant les autres peintres en
étaient encore à Tébaudie de leurs com-
positions. Le jour du eoncuors arrive, et
Paul Véronèse, le Schiavone, Salviad,
Zuccharo, présentent leurs caquisses»
« Mais ne vois-je pas Ici le TintoreiT dit
un des religieux, n'a-i-il pas aussi pris
place parmi les concurrentsT » — Le Titt-
— sai —
toret était, en effet, assis dans un coin de
h salle ; à l'appel de sen nom il se leva,
et comme il était paoTrement vétn. Tas-
sistance se mit à rire. L*hilanté redout la
quand on le vit se diriger da c6té de la
porte comme nn homme qui Tent se déro-
ber à une attention importune. Mais la
scène ne tarda pas li prendre une antre
physionomie. — Au lieu de sortir, le Tin-
toret alla soulever la tapisserie qui C4iuvrait
le mur du cloître et son o'uvre apparut
Les peintres qui s'étaient moqués de
lui n'eurent pas plus tôt vu cette adïiûrable
production qu'ils demeurèrent stupéfaits,
dit un biographe, et remportèrent leur»^
dessins en s'avouant vaincu&
C'est à dater de ce moment que Paul^
Yéronèse et le Tintoret devinrent amis..
Loin d>n vouloir à son heureux rival,
Paul Yéronèse lui ouvrit ra bourse, pour
le mettre à même de se livrer à de grands-
travaux, et sa générosité ne se démentit
jamais. Telle n'avak pas été la conduite
du Titien, son premier maître, qui, son»
un prétexte frivole, mais en réalité par
jalousie, l'avait congédié de son école.
J. DE CHATiLLON.
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE^
IL CAYÂLLO ED IL CAYALIERE.
FAVOLA.
Dovcndo un cavalière andar in hmtaM dttA,
fere lelUre il hio palafreoo, e montuio fopn»
forte iproooro; licchè d'aperta irollo andé
moite miglia. Ma stucra )a bestia del freno, li
volse al padrouf, e disse : « Egli mi pare che
voi abbiate, sigoore, gran fretta. Ob! perché
•tringermi ad abboecar questo ferro?' vl con-
durrei piû leggîpro che vento, se lasciate die
sciullo a mia posta corressi Credeite il pazzo
cavalière, ê sfrenolto. Meschino a lui! prese dt
galoppo a volare lo sfreaato cavallo, uè ravvî-
sando un larg^issimo fossa laccio balz6 di sella
il signore, e dentro vi rovinarono entrambi.
Chi abbisogna d'e9«er diretto, fa gran smno
•oggetiando se st^so al govareo d'alirui. La
gioveiitù soprattutto deve tener questo saggio
consiglio : puicbè senza freoo vivendo, trabocca
facilipente in precipisi ron dolore di se, e dl
qaelli pure cbe superiori le lono.
GivsBppB MAifzoni.
LE CHEYAL ET LE CÂYALIER.
PABLI.
Obligé de partir pour une ville éloignée, ud
cavalier Gt seller son cbe fal et, monté dessus,
il réperonna forteroeni; si bien qu'il parcourut
d'un trot rapide plusieurs milles. Mais l'ani-
mal, révolté du frein, se tourne vers son maître
et lui dit : « Il me parait, seigneur, que vous
avez grande bâte. Oh! pourquoi ce fer
m'étreintil la bouche? Je V'»u8 conduirais
plus vite que le vent si, dégagé, vous me
laissiez courir à ma guise, p L'imprudent
cavalier le croit, et le dt*bride. Malheur A luit
Le cberal effréné part comme un trait. Le maî-
tre, surpris, ne peut éviter un large fossé ; il est
désarçonné, et tous deux ils font la culbute.
Celui qui a besoin d*ètre dirigé fait bien de
se laisser gouverner par autrui. La jeunesse
surtout doit retenir ce n^e con^eiL puisqu'on
vivant sans frein on trébuche facilempot dans
des précipices, avec douleur pour soi autant
que pour ceux qui sont nos supérieurs.
M"» Van Te:! ac.
<s%<
,^^^®.ç^^
^ S52 ^
UNE REPRESENTATION A SAINT-CYR.
PROVERBE.
PERSONNAGES.
M"» DE Maintenon.
M"« Dakgbau.
Marguerite de Servan,\ ,
RENfe d'Ambocze, f ^demoiselles de Sainl-
Annb de Presles, ( ^y""» ^"*°^® ■ »«"«
Isabelle d'Avexay, y *°'*
Constance de Pons, )
Charlotte de Septeuil, ] ^^•'^'^« «»«•
Nicole, servante, quinze ans.
Plusieurs Élèves, Personnages muets.
Les demoiselles de Saint -Cyr portaient une
robe et un tablier bruns — un petit bonnet de
linon ou de batiste — un bouillon de mousse-
line autour du cou — le tablier bordé d*un
ruban de la même couleur que les nœuds du
bonnet — ceinture pareille. — Les rubans
des plus grandes demoiselles sont bleus, ceux
de Constance cl de Charlotte sont ;aunef. Les
rubans désignaient les classes.
ACTE PREMIER.
La scène représente^ un parloir intérieur de
Saint'Cyr, très-simplement meublé ^ sur la
cheminée un portrait de Louis IlV-^une
table ronde recouverte d*un lapis — des chai-
ses — un fauteuil,
SCENE PREiméRE.
MARGUERITE, RENÉE, CHARLOTTE.
CHARLOTTE, atec joie. Mon Dieu! Mar-
guerite, que vous devez être contente I
MARGUERITE, ossisô à l'écart auprès
d'une table et tenant un livre. Et pour-
quoi ? vous savez que je ne suis pas d'hu-
meur très-enjouée.
CBARLOTTE, Les autres jours, cela se
conçoit , mais aujourd'hui ! jouer le rôle
d'Esther I dire les vers de monsieur Racine,
devant le roi, devant Madame, devant toute
la cour.. . quel bonheur 1
MARGUERITE. C'cst vraî. . je n'y pensais
plus.
RENÉE, avec ironie. Mademoiselle de
Servan avait oublié qu'elle paraissait ce
soir devant le roi ?.. . C'est faire peu d'hon-
neur à Sa Majesté I
MARGUERITE. N'interprétez pas ainsi
mes paroles, mademoiselle; j'apprécie
l'honneurqui m'est échu. .. mais en ce mo-
ment... mes pensées se portaient ailleurs...
CHARLOTTE, avec ifUérét.Yous soiittrezl
chère amie, auriez -vous reçu quelque
fâcheuse nouvelle ?
{ Marguerite soupire en regardant une
lettre déployée dans son livre,)
RENÉE, é^un air piqué. Je croîs qu'avant
peu d'heures les applaudissements du roi
et de la cour auront eu le pouvoir d'effacer
les fastueux chagrins de mademoiëelle de
Servan !
CHARLOTTE, avec onction. Dieu le fasse !
( Étourdirmnt. ) Pour moi, je l'avoue ,
depuis quinze jours je ne pense qu'à une
seule chose... au costume de Zarès et à
la manière dont je devrai entrer en scène.
Qui pourrait me dire quelle était l'étiquette
chez les filles des Persans ? Comment
faisait-on la révérence?... Monsieur Ra-
cine ne m'en a rien dit; il m'enseigne seu-
lement à parler français. .. Voyons si je me
souviens de ses leçons:
C'est donc ici d'Esther le superbe jardin ;
Et ce salon pompeux est le lieu du festin !
Mais tandis que la porte en est encor fermée.
Écoutez les conseils d'une épouse alarmée...
( Avec impatience. ) Mais, vous ne m'écou-
— 1183 —
tez ni l'une ni l'autre ! Marguerite réfe?...
et TOUS, Renée. . .
BENÊEt cTun ton piqué. Moi! je suis
très-mauvais juge en pareille matière. Ai-
je été consultée ! ai-je assisté aux leçons
de monsieur Racine, à celles que Madame
TOUS a données? Je ne sais rien
absolument rien....
CHARLOTTE, atec molice. Cependant, on
prétend que par précaution, yous a?icz
appris tout le rôle d*E8theî\ afin de n'être
pas prise sans vert, si le choix tombait iur
vous.
BENÉE, rotujismnL Voilà bien la plus
sotte histoire...
scÉmB II.
ANNE DE PRESLES, ISABELLE D'A-
VENAY , CONSTANCE DE PONS ,
plusieurs Jeunes Élèves.
ANNE. Mesdemoiselles, ne voudriez-
vous pas répéter encore une fois, entre
nous, les dernières scènes du premier
acte?
BENÊR. Pourquoi cela? N'avez-vous pas
eu assez de répétitions, devant Madame ,
devant M"* de Briccou? Vous devez être
sûres de vous-mêmes!
CHARLOTTE. On voit bien que vous ne
jouez pas I
ISABELLE. Allons ! en place. Mais où est
donc mademoiselle Marguerite , Esther
enfia?*
BENÊE. Elle goûte le plaisir de se faire
oublier^ ou plutôt de se faire chercher.
MARGUERITE. Me voici ! Mesdemoiselles,
pardonnez-moi ma distraction...
CONSTANCE. Commençons.
MARGUERITE.
Quai profane en ce lieu s'ose avancer vers nous?
Que vois-je? Mardochée! d mon père! est-ce vous?
Un ange du Seigneur, lous son aile sacrée,
A donc conduit vos pas, et caché votre entrée ?
Mais d'où vient cet air sombre, etcecilice affreui.
Et celle cendre enOn qui couvre vos cheveuif...
Que nous annoncez- vous?
ANNE , à part et passant la main sur
sa robe et sur ses cheveux. Un dlice? de
la cendre?... pas encore!... (Haut.)
reine infortunée!
Od'un peuple innocent barbare destinée!
Lisez, lisez Tarrét dëtesUble, cruel...
Nous sommes tous perdus !.. .et c'es t fait d'Israël I
RENÉE. Quelle monotonie ! quel r(m rem
de pensionnaire! Annonce- t-on un mal-
heur du ton qu'a madame de Glapion
lorsqu'elle lit au réfectoire?
MARGUiRiTE. Nous tâcherons de mieux
faire.
Juste ciel I toutmon sang dans mes veines se glace!
Allons, Mardochée l
ANNE.
On doit de tous les Juifs eitcrminer la race.
Au sanguinaire Aman nous sommes tous livrés ;
Les glaives, les couteaux sont déjà préparés ;
Tonte la nation à la fois est proscrite :
Aman, l'Impie Aman...
{Elle hésite.)
CONSTANCE. Eh bien! Mardochée?
ANNE.
L'impie Aman, race, race de... de Médianiie.
CHARLOTTE. D*Àmalécite I Vous n'avez
pas l'oreille poétique, Mardochée!
ANIW.
L'impie Aman, race d'Amalécite,
A, pour ce coup.funeste, armé tout son crédit.
Et le roi trop crédule, a signé cet édii.
Prévenu contre nous par œtte bouche impure,
II nous croit en horreur i toute la nature :
Ses ordres sont donnés; et, dans tous ses États,
Le jour fatal ei t pris pour tant d'assassinats.
Cieux, éclairerez-vous cet horrible carnage !
ISABELLE. Que de gestes! ma s<Bur
Anne! Croyez-vous que Mardochée ^ si
grave et si vieux^ s'agitât en tous sens,
même en décrivant cet horrible carnage ?
ANNE. Dame! je ne sais trop Je ne
me figure pas MardocJiée autrement que je
le fais...
ISABELLE. Voulez-vous avoir un modèle
1 de bonne déclamaiion 7 Priez notre chère
^T^
®©:^'
.•^i7<^^
■'^r
JEstkmr 4e nm» réciter sa prière. Le voa-
Jes-vons, ma cb^e am îe
IIAUGOBBITE* VoloDtîerB ! d'auMst phis
>que vos bons confu^ils pourront m'éda^rer.
ISABELLE. Silence I jeunt» israélitegl
CbatI ÉUsel AUentionl MardochéeL..
allons, nia cLère Esêher^
tout oreilles.
MARGUERITE.
mon floavernin roi,
Me voici donc tremblaDte et seule devant toi f
Mon père mille fois m'a dit, dans mon enfance»
Qu'avec nous tu jm'as nne sainte alliance,
Quand, pour te faire un peuple agréable à tes
[jew,
n plut à ton amour de choisir nos aïeux;
Même, tu leur promis de la bouche aacrée»
Une postérité d'éternelle durée...
Hélas! ce peuple ingrat a méprisé ta loi;
La nation chérie a violé aa foi ;
Elle a répudié son époux et son père,
Pour rendre à d'autres dieux un^onncur adnl-
[tère:
Maintenant, elle sert sous un mattre étranger;
Maia c'est peii4*être esclave... on la veut égor-
[ger...
{Elle se tait, tombe dans une profonde
rêverie^ et dit enfin à voix basse : )
O mon père! ô ma mère! je devrais
offrir pour vous des prières à Dien, au lieu
de réciter des yers!... Que ne snis-je au-
près de vous I
CHARLOTTE» avcc intérêt. Qu'avez-Tous
donc, ma chère?
MARGUERITE, émue. Pardonoei - moi ,
mesdemoiselles, je suis un peu souffrante.
EEKÊE, d^un ton sec. Gomment soutien-
drez-vous dt>DC YOtre rôle, si vous tombez
dans la distraction? Que dira le roi?
que dira Madame?
MARGUERITE. Leur présence me sou-
tiendra; avec vous^ mes chères amies, je
ne crois pas devoir me contraindre.
ISARELLE, avec bonté. Non, sans doute,
reposez-vous, ma chère Marguerite, afm
d*être bien calme et bien belle pour repré-
senter Esther au naturel (1).
(1) Si on jouait ce proverbe et qu'on poiié-
— 884 -.
CBARIOTTE. Et elle la représentera bien,
je vous en réponds!.... (DtsD heures son-
nent,) Dix heures déjh 1 11 faut nous rendre
à la salle des eiercioes. Venez-vous, Mar-
guerite ? {Toutes les jevmes fUke s'éM-
gnênL)
MAROOBRITB. le VOUS BOÎS.
RENÉE. Je reste ! on n*a pas besoin
de moi, «a ce Jour de fêle.
CHABLOTTB. Au contrdre 1 noua comp-
tons sur fous pour nous applaudir... si le
roi le permet 1 {Elle sort avec MarguierUe ,
un papier tombe de sa poche. Marguerite a
laissé sur la uMe V enveloppe de fo lettre
qu*elle lisait. Renée les suit des yeuso. }
BE^ÈEtSeule^seprom^nantavecagiUUion.
Tous applaudir? j'y suis bien di^fiosée,
en effet ! après Tinjustice qu'on me fait
éprouver ! Ce rôle A' Esther ^ qui met l'heu-
reuse favorisée en rapport avec le roi, ayec
le dauphin, avec la duchesse de Bourgo-
gne... ce rôle m'était dû, et je m'en vois
dépouillée pour cette Marguerite qui m'est
odieuse.,. J'étouffe I (Elle s'arrête.) Mais,
qu'est-ce que ce papier que j'ai vu tomber
de la poche de Charlotte... [Elle le ra-
masse.) Que vois-je ? une chanson sur le
roi I... contre le roi 1... une raillerie mor-
dante... Si on trouvait ce papier entre
mes mains, je serais perdue! {Elle le jette
sur la ta^ble.) Mais... une réflexion!... Si
Marguerite avait perdu ce papier, et qu'on
l'eût trouvé?... elle ne jouerait pas...
j'empêcherais son succès d'aujourd'hui ,
voilà touil... et je jouerais à sa place...
{Après un moment d'hésitation.) Pourquoi
pas?... il n'y apas là grand mal. . Madame
l'aime, et lui pardonnera... {Elle prend le
papier.) Cette enveloppe qu'elle a laissée
dAt la mvafqne de Méhul > on pourrait afovter s
ANNB. Estayons les ehcBura.
Et placer ici le chœur : Plêurom et gémitsimip
mes fidèles compagnes, qui termine le premier
acte d' Esther.
^♦^^
— ik5» —
là^k'SOD adrem^ portant. les armes dasa
kmille^ ne semble- t-elU j^ disposée tout
exprès 7... (Elle met le papier sous l'envCf-
lappe^)Quùim9 7k.. luiJaissfirai-jeracaeillir
casi^audissemeiOs, ci8SfflûlsflateDcs,cM
lûHaogesieoûraates d'au grand roi» dciuM
caup si aimabla^si .polie.... Non^jioi^elle ne
jouera paaJ...« Voilà NiMle.... [ElU Pxtf^
pelle.) Nicole!
■GàHB lY.
NICOLE, RENÉE.
NICOLE. QaoLI osamzeile?
RENfiE, avecprécipiUUion. Tiens, Nicolel
ta Tois cetu» i«tire ; lu^ fa» ii porter à
madame de Fomaine (1). Ta diras qae
ta Tas ramassée dans une allée où la classe
bkue 8*éi«itproiBeijé&«. TB.<m'eatends7
NICOLE, éUmnét, Mais je n'ai rie» rai»
mawé dtt tout, OMmieUe, puisque tiiuà
ve» qoi mehaillez: cette lettre.
UNÉe, d*unttefn impérmuBi Ta dins
ee que jet teréiade dire I et si tu f«s biett
ma QOfDimssian,}«ftedennerû, àma^soitiev
«M jupe et an corpe d'étamine detLudet....
tempreada^ai7.
B1G0L& Nenai dU je nfcomugoadl
ime..^.maiB je leas ehéirei . . lappHit i,lk
BfiNÊB.. G*est ban.... Ite-ffen 1
mix)L&.. Jft wNu deane lei lian)oor,
memiflllffi'
RENÉE, seule.
C'est nn graDd€Ottpl...-mais cette Mar-
gaerite m'offasqaait... [Avec dédain.) Et
qiiiestrellev»d'aiUeai»7 Son père habile
une pauvre gentilhommière à colombier,
elle a eu toAiIjastfties.quartiers néceisaires
pour être admise à faire ses pruiifes.... Et
on*préteadJa mettre aft^essos de moi I...
U, est bon que cet orgueil soit. rabattu». •
Uais on. TienU .. îp me. sauvei
(1) Supérieure de Silel^jr au tioips de
M"« de Maintenon.
8GÉHE.VL
M- DE MAINTENONS, têtw dé noir,
rode de domos ou de satin; coiffure
de dtntelle noire, cheveux blancs; en
bœndeauar.
(Elle s*assied,)Qud\e douceur, quelrepoe
d'esprit. j^ goûie dans celte chàre.meifienl
En ?érité, je ne vis qu!ici, et si- ja suivais
meeioclinaiiena, je meretir^raiapour jamais
dans cet asile de paix, au milieu de mesear
fants, .de ce» pauvres filles q^i me retracent
ce que j'étais jadis : nohleet misérable.— La
fareufy.les adulations, les comptaisanees...
tout met pèse ;. mai& aujourd'hui,. yesptee
quelque douceur à me trouver au. milieu'
de mes<filles, et à leur procuceD ca petit ^f-
vertissement. .. Mademoiselle de Secvan me-
platt... Caractère solide, franche etpru-
dente, sensible et réservée^ eU&ferahour
neur à la fondation du roi... Puissions-
nous en dire autant de toutes^les fiUes de
SaisU-Cyr!
M-DEMAINTENON, M-DANGEAU (1).
M"* DE MAINTENON, sc levant. Bhrbîeir*
chère amie, tout se disp09e^-3 pour Hr
, reprétentatioQ ? Eslfter esr*eHe bien belle,
! et Assuérus bien majestueux' 7
M"* DANGEAU. RiOn Diëu I madsosep,
jj'ai une nouvelle fâcheuse à vou9 s^
;prendl«... Nos dames de Saint^Louis sent
-désolées, elles m'ont envoyée auprès Af
VOUSi..
M"*^ DE liAiNTENON. De qaeîs^agttAa*?
Rien- de bien grave» j'espèt^ !.. .
M"*'DANGEAi;. Tout se prépu slU [«w
la représentation, et nos dames réunieS'ii
lâ salle du chapitre, se disposaient à'atter à
la rencontre de Sa Majesté, lorsquHme-
fine de basse oonr, Nicole. ..
(i)'FeiinMi de^Bangean, aute» àtfMêmairsê
fur Loais XIY, amie particulière de MM de
Maintenon*.
ur* DE iiAiNTENON. Nicole 1 oui , je
la connais.. . Après î
DANGEAU. Nicole est Yenae ap-
porter à ma sœur de Fontaine nne lettre
qu'elle venait de tronver dans l'allée des
Bleues, Cette lettre, adressée à mademoi-
selle de Serran...
M"* DE MAINTEMON. Marguerite 1 quel-
que enfantillage, sans doute.
M"* DANGEA0. Hélas ! madame, plût à
Dieu ! cette lettre contenait une chanson
satirique contre Sa Majesté. [Elk remet la
UUre à Jf"* de Maintenoiu)
M"* DE MAINTENON, lisant. Coutre le
roi ! Marguerite f .. . c'est impossible !
Pardon, ma chère amie, mais je crois
cette enfant aussi bonne que candide, et
incapable. . .. .
M"** DAN6EAU. Tout le moude parta-
geait l'opinion de Madame, mais beaucoup
de preuves s'élèvent contre cette jeune
personne. On l'a vue, au dernier jour de
parloir, recevoir de la dame qui la visi-
tait, une lettre qu'elle a cachée à tous
les yeux, et qu'elle relisait souvent à Té-
cart. On comptait parler à Madame de
cette circonsunce... Cette lettre doit être
celle-ci, car la supérieure déclare qu'elle n*a
pas passé par ses mains, ainsi que le veut la
règle de la maison. D'ailleurs, mademoi-
selle de Servan, accusée, ne s'est pas dé-
fendue
M"' DE MAINTENON, vivement. Qu'a-t-
eUe dit?
M""* DANGEAD. Ellc a déclaré ne pou-
voir répondre, et s'est mise à pleurer. Ma-
dame de Fontaine, surprise, irritée, a dé-
cidé alors, sauf l'approbation de Madame,
que Marguerite ne paraîtrait pas devant Sa
Majesté, faveur dont elle s'est rendue in-
digne.
M"* DE MAINTENON. Mais le rôle à'Es-
thertLe roi compte sur la représentation,
et vous savez, chère Dangeau, combien il
e$t difficile d'amuser un homme inamu-
sable !
— S56 —
donné le rôle à mademoisdle Renée d' Am-
bouze, qui le sait, et s'en acquittera fort
bien.
M"* DE MAINTENON. Soit I. .. Nous éclair-
cirons plus tard cette malheureuse affaire.
Voilà le roi I {On entend les tambours haitre
aux champs,) Venez, chère amie, allons
recevoir Sa Majesté à la porte de clôture.
{Elles sùrtent.)
ACTEn.
Même décor.
SGBRE PI
•^ ' 1 iiM
M™« DE MAINTENON, seuk.
Le souvenir de cette enbnt me pour-
suit; il m'a troublée pendant la représen-
tation, et, grâces à ma distraction, j'ai
perdu l'occasion de dire bien des flatte-
ries!... Comment concitier une si noire
ingratitude, envers un roi, un bienfaiteur
insigne, avec cette bonté, cette noblesse
d'âme que toujours j'avais vu reluire en
celte jeune fille, et qui me l'avaient fait
distinguer d'entre ses compagnes? Si elle
est coupable, ce me sera nne nouvelle
leçon de ne pas m'attacher à la créature,
si gracieuse , si séduisante qu'elle soit, et
de ne chercher dans les bonnes œuvres
que Dieu, leur juge et leur rémunéra-
teur... J'ai demandé Marguerite Elle
tarde... Ahl la voidl...
M- DB MAINTENON, MARGUERITE.
MARGUERITE, avec humilité. Je me
rends à vos ordres, Madame.
M"' DE MAINTENON, (Tun ton sévère.
Vous devinez, mademoiselle, la raison qui
vous amène en ma présence. Avant de
vous faire quitter cette maison, où vous
ne semblez plus digne d'habiter, j'ai vnola
M""* DANGEAU. Ma sœur de Fontaine a | vous entendre , et recevoir vos explica-
"jm
— 9S7 —
lions. . . si Yous pooTez m'en donner. . . Vous
TOUS taisez?... N*ayez-Tou8 rien à dire?...
Cette lettre, la reconnaiasez-Tons ?
UARGUERiTBf émue, Oui, madame.
M"** DB MAINTENON. VoUS eSt - elle
adressée?
MARGUEBITE. Oui, madame.
M""* DE MAINTENON. Elle ne TOUS est
pas parvenue par les voies ordinaires; la
supérieure de cette maison ne Ta point
vue.
MARGUERITE. Non, madame.
M*' DE MAINTENON. Eilc Contenait donc
un secret que vous vouliez dérober aux
yeux de celles qui vous tiennent lieu de
mère ? Et quel secret t. . . une basse raillerie
contre un roi vénéré, dont les bienfaits
vous assurent Téducation et Texistence,
qui, redoutable à l'Europe, cher à son
peuple, doit être, par une élève de Saint-
Gyr, aimé comme un père, respecté comme
un bienfaiteur! Pourquoi ne pas brûler
cette misérable chanson, aussitôt qu*uQe
main étrangère vous Tavait fait parvenir ?
MARGUERITE. Hélas I madame, elle ne
m'appartenait pas !
M" DE MAINTENON. Que VOUkz-VOUS
dire?
MARGUERITE. Jamais je n'ai eu en mon
pouvoir rinûme libelle dont vous me
parlez.
!!>"« DE MAINTENON. Yous en connais-
siez cependant l'existence?
MARGUERITE. Oui, madame.
M°" DE MAINTENON. Et qui douc gar-
dait ces couplets entre ses mains?... Est-
ce une de vos amies?.. . de vos compagnes?
Répondez I Marguerite.
MARGUERITE. Jamais, madame, non,
jamais I
M""* DE MAINTENON. Alors quo faut-il
que je croie de votre asseriion? Toutes les
preuves sont contre vous: cette lettre mys-
térieusement remise, gardée par vous et
lue à l'écart. . . votre silence. . . vos larmes. . .
Une explication franche pourrait seule.....
M- DE MAINTENON, MARGUERITE,
CHARLOTTE, accourant.
CHARLOTTE, avêc animation, Abl ma-
dame! que viens-je d'apprendre I... On
accuse Marguerite, et c'est moi, moi qui
sois la seule coupable I
MARGUERITE, avec doukuT, Oh I Char-
lotte, tù te perds !
CHARLOTTE. Je te justifio I. .. (A M^^ de
MainUnon.) Ces couplets sont à moi, ma-
dame, ils m'ont été donnés à ma dernière
sortie... et ce matin, je les ai perdus
M"* DB MAINTENON, sévèrement. Pour-
quoi, mademoiselle, gardiez-vons de teb
écrits?
CHABLOTTB, naïvement. Madame. . . par-
donnez-moi. .. je les gardais.. . parce que.. .
ces couplets sont très-chantants... Us sont
sur l'air des Folies d'Espagne,
U^ DE MAINTENON. Je crois qu'il y a
eu dans votre faute plus d'enfantillage que
de méchanceté. De qui tenez-vous ces
couplets? Parlez I je ne ferai pas mauvais
usage de voire secret..
CHARLOTTE. C'est uu de mes cousins
qui me les a doonés... Il avait quelque
mécontentement à son régiment..
M"»* DE MAINTENON. C'est bieul... et si
son mécontentement est fondé, on y fera
droit. Pourvou5i, Charlotte...
CHARLOTTE, Ics larmes aux yeux. Ah I
madame , je sais que je suis indigne de vos
bontés I Je ne mérite plus de rester à Saint-
Cyr!
M"« DE MAINTENON. Pour VOUS... VOUS
apprendrez et vous chanterez à genoux, à
la chapelle, le motet :
Grand Dieu! sauvez le roil
Grand Dieu! vengei le roi (1)1
CHARLOTTE, baisant la main de if»* de
(1) Motet chanté à Saint-Cyr i ur Tair qui a
servi depuis pour le God gave the King.
(È
'^'^^ô!^*-'
Maintenon. Obi de hieo graod cœnr,
loadaïue!
u^^ DE MAINTENON. Margoerite aTait
donc TU CCS couplets entre les mains de
Charlotte?
j^ARGUERiTL II est YT^U madame*
GHABLOTTE. Et uiêine, elie in.*a?aU bien
grondée!... Mais, tous le saTez». madame,
les rubans jaunes n'ont paëleseoatCOBi''
mun.
U^ DB MAINTENON. PoUTez-TOOS QIC
dit*e par qui ces couplet» ont été mis dajis
oelte euTcloppe 7
HABGUEaiTE. NoQs l'ignoroos, madame.
une DE MAJflTENON « à part. Jb le
saurai. {Haut.) Allez» Gbarlottev.et soyez
dorénavant plus sage et plus prudente...
Une seconde faute ne serait j^us gar-
dooflée. {^CharloUô fait la réoérmce el
sorL)
M'-DE MAINFENON, MARGUERITE.
M»« DE MAINTENON, avec bonté. Cette
enveloppe est à vous, Marguerite ; to ulez-
vous me dire cequN^lle a conteni ?
MARGUERITE. Hélas I madame , une
lettre de ma bonne mère !
M"* DE MAINTENON. De TOtre mère T
MARGUERITE, remettant la lettre à
U^^ de Maintenon, Oui, madame; elle
me conûe ses peines. .. PauTre, chargée
dV.nùiDts en bas âge , elle Toit mon père
prêt à partir pour l'armée ; mon père , si
languissant, si aiïaibli par ses campagnes
et ses blessures ! Elle a épuisé ses der-
nières ressources pour son équipement, et
Tavenir la désole , car elle ne Toit que
soucis, misère^., et un. malbeur... peut-
être irréparable 1
M""* DE MAINTENON. Quel poste occupe
TOlre père ?
MARGUERITE. Il est Capitaine an régi-
ment de Poitou , et cbeTalier de Saint -
Louis.
W^ Oft M àliiTBNOil. Sa ftHtone?
«ARGOERiTB. bi mille; les goema
continuelles nova oat voîAéSb
M** DR HâmTBNOII» à pOTt, VêXmt
el bcaTe noblesse f... [Hmit.) BUis pour-
quoi, Marguerite, la lettre de Totre meure
TOUS a-t-elle été remise en secret ?
MARGUERITE. Bélas ! madame , com-
blée des bienfaits du roi, devaîs-je encore
en provoquer d'antres par la révélation de
nos infortunes?... (Avec exaltation, ) Ni
mon père, ni ma mère ne Teussent souf-
fert I
M"* DE MAINTENON. Galmcz-Tous, ma
fille, et écriTez à TOtre digne mère que,
dès ce jour, elle possède une pension de
quinze cents livres, dontManceau (1) vous
payera ce soir le premier semestre ; dites-
lui aussi que votre père sera nommé au
commandement du château de Belle-Isie,
poste aujourd'hui Tacant
MARGUERITE, tombant à genoux. Ohf
madiiroe..... ohl ma chère bienfaitrice...
que de grâces I
M""' DE MAINTENON, la relâf^anL Mon
enfant, ne me remerciez pas ; je ne fiiis
qu'acquitter une dette, dette sacrée eib-
Ters la ProTidence. J'étaià pauTre comme
TOUS, plus que tous.. . et Dieu m'a fait ce-
que jesuis. Remetlei-Tous, ma fille, étaliez
meqoéril' Nicole... A^l... un instantl...
Quelqu'un se trouTait-il aTec tous lorsque
mademoiselle de Septeuil a perdu ces nial-
beureuz couplets 7
MARGUERITE. Oui, madame; mademoi*
selle Renée d'Ambouze.
M^ DE MAINTENON. Bien; fUle»-la
Tenir également {Marguerite sort,)
M- DE MAINTENON, «'asseyant.
Afmabto et bonne créature! qu'il m'est
doux d'aToir pa rendre justice à faut de
(l}.Iot6adant de M**- de Maintenon.
c/-*
qualités ! .. . Hais que Ta dire sa ccnopa-
gne 7. . . La baoteor de mademoiseUe d*Aiii-
lx>uze m'a toujours déjrfu* • . ^ot-^trt iufa-
je appelée aujourd*liai à h punir et à l'hu-
milier?
ëCÈMB VI.
li»DE MÂtNTENOIf » RENÉE, NVCOLE.
{Nicole reste au fond 4a parloir.)
M"^ DB XAJlITBNaN. ApprOtlMI» Nî-
€ole !... Vous atei porté ce itiatk à ma-
dame de FootaïBe use grosie lettre,
a'eil»il pas vrai !
NICOLE, fBLiêatU ta rMrene^ Ooi» soi'
dSBK.
M">* DE M AMTeiiONi 1/oè teiiîez-voas
cette lettre?
MicoLE. Je b toMiiL.* rapfiort à un
ootilhMi.
un* D£ MAiiiTBNOif. Comnoiit ?
NICOLE, montrant Ritnée. Mamselle que
t'A, not' dame» m'a dit : Porte celte lettre,
et t'avras une jupe et un corps d'éiaimtte
de Lude. J'ai porté h lettre, mais je n'ai
pasla jupe, et le««.
M"* DE XAINTENCHI » l^ifUtrrompant.
C'est mademoiseUe d'Ambouxe qui vous a
remis cette lettre ?
NICOLE. Oui, not' dame... Demandex-
Ini, d'ailleurs, c'est un grand brin de fille,
elle peut répondre.
1|B« DE MAlNTENOil. G'^stbien, Nicole;
allez dire à madame Oangean et aux élèfes
qu'dies aient \ se rendre ici* {Nicole sork
Si adressant d Renée.) La confusion em-
preinte sur vos traits m'assure, mademoi-
selle, que Nicole a dit la f éri(é. Mais j'exige
une confession pleine et entière. Pariezl
(En ce momera, Jf"** Dangeauy Margue-
rite^ Charlotte^ Constance^ Anne, Isabelle^
et plusieurs élèves entrent précédées par
Aico/s qui se retire à V écart.)
BEKÊE, baissant la tête. Il est vraL..
madame... un mauvais mouvement m'a
poussée... j'ai trouvé ]es couplets et l'en-
veloppe, je les ai réunis et envoyés à ma-
dame de Fontaine... je l'avoue. .. je n*iyou-
terai pas un mensonge à ma faute.. .
M""" DE UAINTENON, ss UvanU Mais quel
motif a pu vous porter à une telle bas*
sesse 7
BSNÉE. Ce rôle à*Esiher^ donné à ma-
demoiselle de Servan, me la rendait bals-
sable. Je viens de le remplir, ce rôle qui
excitait mon envie et pourtant, je ne
suis pas plus beureuseJ...
. M*"* DE MAiMTENON. O ma fille ! que
votre faute est grande et qn'eUe date de
loin I... Yous avez gardé chez vous deux
ennemis domestiques : l'envie et la baine
contre une sœur, une compagne; vous
n'avez pas détruit ces sentiments dans leur
germe; peut-être avez-vouscru qu'aucune
action perfide ne soriirait, comme un fruit
empoisonné , de cette tige vicieuse.. . vous
venez d'être détrompéel. .. (Renée fait laré^
vérence^ et se retire à l* écart ; les autres de-
moiselles s'avancent, M^* de Maintenon
continue.) Mais retenez-le désormais : les
mauvaisprincipes font les mauvaises mœurs,
les mauvais sentiments les mauvaises ac-
tions... Celle qui veut garder sa vie pure
et sans tacbe, doit étouffer dans son cœur
le foyer des passions, car un proverbe vul-
gaire le dit :
IL N'EST POIHT DU FEU SANS Mîl !
M"* ÉVEUNE RiBIBCOURT.
^^^
T^%^^
~S40 —
LES DEUX ANGELES
« Ouï, oui, tu as beau dire ! mon ami
Bibolet a raison il faut qu'un homme
soit le maître cliez lui.
— Eh bien, qu'est-ce qui te dit le con-
traire?
— Oh I mais ce n'est pas tout ; Bibolet -
dit encore, que pour qu'un homme soit le
maître chez lui, il faut qu'il fasse toujours
l'opposé de ce que Teut sa femme.
— Ton ami Bibolet est un imbécile.
— Si ce n'était pas ton avis ce serait
peut-être le mien. . . dans certains moments;
mais je soutiens qu'il a raison quand il dit
qu'il ne faut pas qu'un homme libre soit
l'esclave de sa femme ; et tous croyez que
nous avons fait une révolution pour conti-
nuer à vous obéir? non I et comme le
dit fort bien Bibolet, la République a pro-
clamé les Droite de rHomme, elle n'a pas
parlé de ceux de la femme donc, au
nom de tégolité, la femme n'a pas de
droits Qu'as- tu à répondre à cela?
— Rien que ce que je l'ai déjà dit.. .
ton ami Bibolet est un imbécile.
— Je le pensais d'abord , mais puisque
tu insistes, je commence à croire qu'il est
plein de bon sens ; car enCn, un homme
doit être mattre chez lui, et je ne veux
pas souffrir qu'on dise du mal de mon
ami. »
Il ne faut pas s'imaginer, d'après ce sin-
gulier dialogue, que Pierre Meunier, per-
ruquier à Rouen, fût un méchant homme;
loin de là. . . c'était la bonté même ; il n'avait
pas d'autre travers que celai de vouloir
être le maître chez lai et de suivre les avis
de son ami Bibolet. Mais, à cela près , il
aimait beaucoup sa femme, Madeleine, et la
rendait fort heureuse ; d'autant mieux que,
sans s*en douter, il faisait tout ce qu'elle
foulait, bien que cependant il fût persuadé
qu'il était le mattre.
En femme d'esprit Madeleine avait tiré
parti du travers de son mari. Voulait-elle
qu'il sortit? elle l'engageait à rester;, vou-
lait-elle qu'il restât ? elle l'engageait à sor-
tir ; en un mot, elle lui demandait toujours
le contraire de ce qu'elle voulait. .. c'était un
mensonge , mais un mensonge bien inno-
cent, et qui, loin de faire du tort à son
mari, lui rendait souvent grand service,
car le bonhomme était facile à se laisser
entraîner ; il n'avait de caractère, on phi-
tôt d'entêtement , que pour sa prétention
d'être le maître chez lui; et, à cheval sur
le principe si spirituel de son ami Bibolet,
il n'aurait pas cédé aux raisonnements de
sa femme, il se serait au contraire de plos
en plus entêté; mais grâce au moyen em-
ployé par Madeleine, elle gouvernait par le
fait; aussi, le brave Meunier poovait har-
diment répéter partout : « Je suis le maître
chez moi; c'est moi qui commande, qui
mène tout; » son orgueil était satisfait...
c'était beaucoup pour un Normand.
Un jour, Madeleine voulait rester seule,
elle avait reçu une lettre de sa sœur, et il
fallait y répondre ; le moyen de renvoyer
Meunier était bien simple :
t Ah çà , lui dit-elle, j'espère que tu ne
vas pas aller flâner avec ton Bibolet
— C'est ce qui te trompa* , j'ai rendez-
vous avec lui pour aller voir défiler la pa-
rade; c'est si beau nos nouveaux régi-
ments I
— C'est cel», va perdre ton temps, va I
— Certamemcnt que j'irai ; je suis le
maître, je crois. Ah! ce n'est pas moi qu'on
empêchera de faire ce que je veux. »
Et, en prononçant ces mots d'an air
^^<S(^
— 241 —
vaiaqneor, il prit gon chapeau et s'en alla
en répétant : « Il faut qa'un homme soit
le mattre chez lui, comme le dit si bien
mon ami Bibolet. »
Madeleine aimait beaucoup sa sœur,
quoiqu'elle ne Fait pas Tue depuis bien
longtemps, car il s'était passé de tristes
événements pendant plusieurs années.
D'ailleurs celte sœur, mariée et veuve, ha-
bitait à plus de cinquante lieues de Rouen,
et à cette époque, an commencement de
l'Empire, c'était un long voyage à faire, la
Tapeur n'avait pas encore détruit la dis-
tance , on allait à petites journées. Les
deux sœurs n^ataient donc correspondu
que par des lettres dans lesquelles elles se
racontaient tout ce qui leur arrivait d'heu-
reux ou de mallieureox.
C'est ainsi que Madeleine avait appris
que sa sœur, outre sa fille, avait une autre
enfant à élever. Marie, c'est aiosi que
s'appelait la sœur de Madeleine, n'était pas
riche, mais le bonheur a^ait voulu qu'au
moment où elle venait d'être mère, une
occasion fayoraUe se présentât. Unegrande
dame était Tenue lui demander de prendre
en nourrice sa petite fille qui avait juste
l'âge de celle de Marie ; de plus cette dame
aTait Toulu être la marraine de la fille de
Marie, elle lui aTait donné le même nom
qu'à la sienne, Angèle, elle lui avait donné
le même trousseau, et avait voulu que tou-
tes deux fussent toujours mi.'^es de même.
Un jour Marie écrivait à sa sœur : < Tu
ne peux pas te faire une idée de la res-
semblance de mes deux jolies petites filles,
toutes deux blanches et roses, toutes deux
de la même taille, pas un signe ne peut
les faire distinguer. Deux petits chevreaux
tout blancs, qui cabriolent autour de leur
mère, ne sont pas plus pareils que mes
deux petites Angeles, il faut mon cœur de
mère pour deviner ma fille, et encore m'y
trompai-je quelquefois, »
Pendant la tourmente révolutionnaire,
Mario n'avait plus entendu parler de la
grande dame> die n'en élevait pas moins
mX-NfitVlèUE A.N.NÉE 4* SÉIUS. — N*
avec soin celle qu'elle appelait sa seconde
fille; elle avait tout partagé entre elles
deux, et les aimait également; depuis son
veuvage, surtout, elle s'était tellement ha-
bituée à considérer Us doux enfants comme
les siens, qu'elle ee persuadait quelquefois
qu'elles étaient eœurs et le leur avait laissé
croire. Tous les voisins de Marie l'auraient
juré, ils ne pouvaient se persuader qu'on
pût se ressembler aussi paifaitement sans
être sœurs.
La lettre que ven3it de recevoir Made-
leine l'inquiétait ; Marie lui annonçait
qu'elle était malade, et lui témoignait le
désir delà voir, mais elle ne pouvait entre-
prendre un ^i long voyage avec ses deux
enfants, d'ailleurs l'état de sa santé ne le
lui aurait pas permis. Il régnait dans toute
cette lettre une teinte de tristesse, un vague
pressentiment de malheur qui frappa le
cœur de Madeleine. Si elle avait été libre »
elle serait partie à l'instant même, mais il
fallait décider Meunier à fuire deux sacri-
fices assez grands : la dépense du déplace-
ment et l'ennui de rester seul ; car si, pour
dire comme Bibolet, il disait quelquefois
que le mariage était un esclavage qu'il fal-
lait rendre moins dur, en exigeant une
obéissance passive de sa feume , il aimait
bien Madeleine et ne pouvait se passer
d'elle.
C'était à tout cela que réfléchissait Ma-
deleine, c'était ce qu'elle expliquait à sa
si^ur dans sa réponse, lorsque Meunier
rentra avec son aini Bibolet. Le père Bibo-
let éiait un vieux garçon qui prétendait ne
s'être pas marie par amour pour la liberté,
mais qui, dans le fait, n'avait jamais trouvé
une femme qui consentit à l'épouser. Il
s'était jeté dans les ridicules de la Révolu-
tion, il avait joué auSpartiate, il s'habillait
en Romain, et écrivait sur sa porte : Ici on
se tutoyé: Fermez la par te ^ s il voiis plaît!
Madeleine le ménageait parce que c'était
en ore un moyen d'aciion sur l'e^^prit de
Meunier, cl qu'en flatinnt son amour-pro-
pre elle obieuait par lui ce que Meunier
VllI.
'^^O
16
»^ï(5C7^iîp«<.'
anrait refusé si elle Teût demandé tout
simplement
Bibolel et son ami revinrent, a Allons
donc, paresseux, allons donc I s^écrla Ma-
deleine; pendant que m te promenais
comme un rentier, on est venu te cher-
cher pour accommoder Tépicier de la me
Grand-Pont.
— Ah I c'est un fidèle , celui-là , il n*a
pas sacrifié aux modes ridicules d'k-présent,
il a conservé la poudre, Taile de pigeon
dans son intégrité, et le cadogan dans sa
majestueuse rondeur.
— Cela sent l'ancien régime d'une
lieue, citoyen Meunier, dit Bibolet.
— C'est-h-dirc que cela sent bon , père
fiibolet. La révolu ion a eu de bonnes cho-
ses , je ne vous dis pas le contraire, mais
elle anrait dû respecter la coiffure; elle ne
l'a pas fait, et c'est là son grand tort à mes
yeux. Vous ne pouvez pas le nier, elle a
ruiné les pauvres perruquiers.
— La liberté ex»ge des sacrifices, ci-
toyen Meunier, et c*cst sans regret que je
lui ai fait celui de mon cadogan qtn exci-
tait l'admiration générale.
— C'est vrai, mais cependant...
— Si tu te mets à causer, reprit Made-
leine, Tépicier s'impatientera; il a dit qu'il
était très-pressé.
— J'y cours, je sais qu'il faut saisir
l'occasion par 1( s cheveux ; malheurense-
ment dans ces temps-ci l'occasion est bien
souvent chauve... Âttendez.moi , Bibolel,
dans un quart d'heure je serai ici ; » et il
partit.
— Ah ! monsieur Bibolet, dit Madeleine,
Meunier est bien heureux d'avoir un ami
comme vous, vous ne lui donnez jamais que
de bons conseils, vous I
— Je le crois, Madeleine; j'ai une
(;rande expérience du cœur de l'homme;
je suis un philosophe , et quoi qu'on en
dise , la philosophie est la sagesse en ac-
tion.
— Eh bien, monsieur Bibolet, je compte
est bien malade, elle désire ne voir ; il a'yii
que vous qui avei tant d'empire sur Mes*
nier, qui puissiez le décider I me lûser
partir.
— Dans les ancienne républiques, Ma-
deleine , on ne sacrifiait les affection es
la famille qu'aux intérêts sacrés de la pt*
{ trie , et comme je ne crois pas que la pttris
soit intéressée à ce que «mus restiez ici , je
ne vois pas d'inoenvéoi«it à œ que vous
désirez.
— Je n*oserai jamais le dtaiander k
Meunier; vous qvii avez tauc d'toflaeiMt
snr lui , si vous vouliez lui en p«lerf
— Vous êtes dans les bons principes»
Madeleine ; la femme ne doit «fu'obéir à
son mari. Soyez tranquiHe, je vais aUer
an-devant de lui, et je hii en dirai deu
mots. »
Une demi-heure après. Meunier roDinL
« Madeleine, dit-il, songe qu'il n'y •
pas d'objections à faire sur ce que je vais
te dire :
— J'écoute.
— Tu vas aBer chez ta sœur.
— Si loin?
-^ Pas d'observation , je le veux , ei
je suis le matire ici. J'ai réfléchi qu'il y a
bien longtemps que tu ne l'as vue ; elle
est malade , il faut y aller. Pendant que jo
serai chez mes pratiques, Bibolet gardon
la boutique. Fais tes pr^[»aratifiB et ne ré*
pllque pas.
— Mais je voulais te dire...
— Pas un mot I Comme le dit Bibolet ;
La poule ne doit pas chanter devant k coq.
Il faut partir le plus tôt possible.
— Puisque tu le veux absolument»
j'obéis; dans une heure je serai prête. •
Madeleine se mit en route, contente et
heureuse. Hélas I sa joie ne devait pas être
de longue durée! lorsqu'elle arriva dans le
village qu'habitait sa f œur, la pauvre femme
venait de mourir, klle ne trouva près de ses
restes que deux petites filles et quelques
voisins. Après les premiers accès de la dou*
sur vous ; voici ce dont il s'agit : ma sœur | leur que lui causait la perte de sa sœur.
\J^^i!0^
Madeleine embrassa les deux «nfanto et
kar demasë» laquelle des deur était la
f lie de la défmitii. Lee eafents la regar-
dèrent aveo bonnement ei loi répondirent
en même temps : « G*esi moi I •
JBé Tain Madeleine les interrogea* à pln-
àenre repris^'S , en vain elle oonsolta les
wisîns, elle ne pot avoir aucun indice :
mêmes figares' fraîche» et graeieases»
mêoMB ebeveux blonds VMnbattt sur leurs
épaules, mêines yewc< nom aux longs cils
bronsv et dans ce triste momi^nt, où elles
se levaient étroifemeni enlacées pour mê-
ler leurs larmes et s'embrahser, on eût dit
deux roses écioee» au même moment et
humides de la rosée du matin. Il ne f iLt
pas un instant à Madeleine la pensée de
séparer cee deux charmantes créatures;
d'ailleurs, son embarras était grand... elle
ne pouvait ni n*osait choihir ; aussi , après
quelques jours employés à régler les ar-
Fangements que nécessitaient la mort de
sa sœur, Madeleine repartit pour Rouen ,
emmenant avec elle celles qu'elle appelait
défà see deux nièces.
Meunier avait trouvé Tabsence de sa
femme un peu longue; la converi<ation db
son ami Bibolt't ne remplaçait pas pour
lui tous ces petits soins, toutes ces dou-
eeura du ménage auiquels on s'habitue si
facilement et dont on ne sent véritable-
ment le prix que lorsqu'on en est privé.
li< s«'apprêtait li gronder Madeleine ; mais
quand il la vit arriver, tenant parla main
deux jolies petites filles, toute sa colère
tomba; Meunier regrettait beaucoup de
n'avoir pas d'enfants, il avait un bon
omur, et n'avait de travera que dans Tes-
prit« H embrassa d'abord les deux enfants,
puis «'adressant à Madeleine : « Ah çà I loi
dit-il, laquelle est ma nièce î
— - Yoiià précisément la difficulté.
•» Quoi I tu ne le sais pas? Attends,
je vas les faire parler, moi. Gomment t'ap-
pelias-tu? dit-il à l'une.
— - Angèle.
— La fille de ta saur Madeleine s'ap- i
I pelait Aiigèle; ça- doit être calMlt EtM>t
demanda-t-il à Tantra
— Angèle.
— - Tien», c'est singulier; eti qval Ige
as-tu?
—-Dix an»
— Juste l'âge de h fille de- ta soeur ;
et toi?-
— Dix ans.
— Te rappelles-tu bien ta* mamau-7
-^ Maman Marie? oh I oui , mou oncle^
elle*écait sl< bonne !. ..
— C'est celle-là ; et toi tu avais une
maman aussi?
— Oui , mon oncle, maman Macie qui
nous aimait tant toutes les deux.
— Et tu n'en avai<9 pas une autre?
— Une autre quoi?
— - Une autre maman.
— Est-ce qu'on a deux mamans T N6u3
n'en avions qu'une pour nous dei», el
nous Taimions bien.
— Sais-tu, Madi'Ieine, que voilk qui
devient fort embarrassant? reprit Meu*^
nier se grattant l'oreille.
— Cependant nous ne pouvons pas les
garder toutes les deux, dit Madeleine t
avec intention.
— Nons ne pouvons pas , ce n'est pas à
toi à décider cela ; je sois le roattre ici, et
je ferai ce que je voudrai , ea n'estpas li
toi à commander.
— C'était une simple observaliou.
— - Je ne les aime pas, tu le sais.
Écoute, femmp, le ciel ne nous a pas
donné d'enfants, voilk qu'il nous en en-
voie deux qui ressemblent à deux petits
anges ; il ne faut jamais refuser ce que le
bon Dieu nous envoie. D'ailleurs, l'une
des deux est de notre famille et nous ne
pouvons pas l'abandonner. Laquelle? c^est
ce qu'il est impossible de savoir. Eh bien !
gardons-les toutes les deui, nous aurons
deux nièces au lieu d'une. Je Mis œ que
tu vas me dire, que la perruque est bien
bas^ qu'il faut se donner bien du ma
pour vivre, mais à brM$ tondue Dim,
— Mi —
fnemrê le tetu^ oomoie on dit, et Dieo ne
noosabaDdoDoenpaf. Aiflâ, c'est enteoda,
▼oitt DOS deux nièees. »
Mideieiiie avait écoolé avec attendris-
sement ce que venait de dire son mari ;
des larmes de reconnaissance roulaient
dans ses yenx; quand il ent fini» die n'y
put pas tenir* elle loi santa an con et Tem-
brassa.
c Pas d'dbsenration , dit Menoier , je
sois le maître ici, et quand j'ai parlé, je
▼eox qu'on m'obéisse. Haintenant* pour
éfiter tontes les questions, il ne fout pas
dire que nous n'sTons qu'une nièce ; d'ail-
leurs je ne veux plus chercher quelle est
la Traie ; elles le sont dès à présent toutes
deux. Justement voilà Bibolet, c'est un
bavard, et ce soir tout Rouen saura ce
que je veux que l'on sache.
Arrivex donc I Bibolet, arrivez donc !
que je vous montre mes deux nièces.
— Quoi! ces deux jolies enfants.. .
— Oui, monsieur Bibolet, dit Made-
leine, ce sont les filles de ma sœur qui
vient de mourir.
— Et je les aime déjà, ajouta Meunier,
comme si j'étais leur père. Viens , mes
nièces , que je t'embrasse , s'écria-t-il
avec attendrissement.
— Qu'est-ce que vous dites 7 reprit Bi-
bolet d'un air étonné.
— Je dis : Viens, mes nièces, que je
t'embrasse.
— Mais on dit : Venez, mes nièces, que
je vous embrasse.
— Voilà qui est singulier ! Gomment I
vous qui vouliez autrefois que tout le monde
se tutoie, vous ne voulez pas maintenant
que je tutoie des enfants qtie j'adopte, que
je vais élever, chérir? Eh bien I ça serait
drôle, par exemple ; je veux les tutoyer,
moi, et je suis le maître ici... Viens, mes
nièces, que je t'embrasse.
— Gomme vous voudrez, dit Bibolet en
riant. Elles sont jumelles, n'est-ce pas?
—Parbleu, ça se voit, de reste 1 N'est-ce
pas, mes nièces, que tu es jumelles? •
— Encore..
— G'est en signe d'amitié et d'attacbe-
ment que je les tutoie comme ça, Bibolet ;
je suis sûr que ça leur fait plaîaîr, car elles
rient et Madeleine anssL >
La nature , qui avait donné aux deux
jeunes filles unt de traits de ressemblaice,
leur avait donné aussi le caractère le
plus doux et le plus affectueux ; en gran-
dissant, elles affectèrent davantage les
soins matemeb de Bladeleine et rattache-
ment de Meunier, qui était tout fier de ses
deux filles. Il fallait le voir le dimanche,
se promenant avec elles sur le quai ou sur
la Gdte Sainte-Gatberine ; il se pavanait
auprès d'elles, car leur beauté se dévelop-
pait chaque jour et dies faisaient i'aduû-
ration de la ville. Une vieille dame, cha-
noinesse de je ne sais plus quel chapitre,
retirée à Rouen , les avait prises en ami
tié; tous les soirs, elle leur donnait des
leçons de langue firançaise, de géographie et
d'histoire dont elles profitaient à merveille.
De son côté , Madeleine , habile ouvrière
en broderie , leur avait appris à confec*
tionner ces jolis petits riens si (M'écieux
pour la toilette des dames ; elles avaient
bientôt surpassé leur maîtresse , et quel-
ques années après leur arrivée, on se dis-
putait les collerettes, les bonnets brodés
par les deux sœurs, leurs ouvrages en filet,
en tapisserie étaient recherchés par tout
le monde ^ elles avaient en un mot une
vogue qui leur permettait d'apporter l'ai-
sance dans la maison de leurs bienfaiteurs.
« Tu le vois bien , disait Meunier à sa
femme , je t'avais prédit que ces eofancs-là
nous porteraient bonheur, et je ne me
suis pas trompé. Dieu, qui a permis que
la perruque tombât dans le discrédit,
nous a envoyé ces deux anges pour venir
à notre secours; car sans elles je ne sais
pas ce que nous deviendrions.
— Oui , reprit Madeleine , elles nous
portent bonheur et honneur, car il n*est
pas dans toute la ville une mère qui en
m'envie mon sort »
è4)«^
— 24» —
C'est au milieu de cette pbase d'un bon-
heur si bien apprécié par Meunier, Made-
leine et les deux Angeles , qu'un jour un
équipage s'arrêta devant la boutique de
Meunier, car le brave homme avait con-
servé son ofâcine ; seulement, au lieu de sa
vieille enseigne : Au désir de plaire , ici
on rajeunit ; il avait mis : Aux deux sœurs^
ici on rasera gratis, demain.
Une dame fort élégante descendit de la
v(Mture, et pénétra dans une arrière-
boutique qui servait d'atelier et de maga-
sin à Madeleine et à ses deux nièces. La
dame demanda à vofa* des broderies , des
lingeries, des tapisseries. Étant à Rouen
depuis quelques jours seulement , et n'y
devant rester que momentanément , elle
avait entendu parler du talent des deux
sœurs , et voulait emporter un échantillon
de leur savoir-faire. Elle admira tout et
parut très-surprise de trouver dans une
province des ouvrages supérieurs à ceux
de la capitale.
Mais ce qu'elle admirait surtout, c'était
l'air de bonté , de douceur et de modestie
des deux jeunes ouvrières. « Que vous êtes
heureuse , madame , dit elle à Madeleine ,
d'avoir de si charmants enfants I Hélas I
j'avais une fille qui aurait à présent à peu
près l'âge des vôtres , et ce qui est bien
plus cruel que de l'avoir vu >uourir, j'i-
gnore ce qu'elle est devenue I » _
Meunier entra en ce moment : « J'es-
père, dit il en se rengorgeant, que ma-
dame est contente du travail de mes
nièces?
— Tos nièces ! ce ne sont donc pas vos
filles^ madame?
— Non, madame , répondit Madeleine,
ce sont les filles de ma sœur.
— Je ne vous en félicite par moins;
permettez que je les embrasse. Je serais
contente si ces demoiselles voulaient m'ap-
porter elles-mêmes ce dont j'ai fait choix.
— Sans doute, sans aucun doute, re-
prit vivement Meunier, mes nièce?, je te
conduirai chez madame. » Puis se tournant
vers l'étrangère, il ajouta : « Je les tutoie
parce que je les ai vues enfants. »
Lorsque la dame fat partie, Madeleine
devint rêveuse ; un vague pressentiment
Tagitait; elle n'avait pas osé interroger
davantage l'étrangère , et craignait même
de sonder le fond de sa pensée. Elle ne
voulait pas faire part à Meunier du soup-
çon qui naissait dans son esprit, quelque
léger qu'il fût Sa tendresse ingénieuse
cherchait au contraire à se persuader de
Timpossibilité d'une rencontre si étrange.
Meunier, tout glorieux, accompagna ses
nièces qui portaient , bien pliées dans des
petits cartons, les emplettes faites par
cette dame.
« Voilà, je crois, une bonne pratique,
mes nièces. C'est une personne qui a l'air
d'être riche ; il faut la contenter et être
aimable avec elle. Vois-tu, mes nièces^ tu
as bien du talent , mais ton amabilité est
aussi pour quelque chose dans ton succès ;
l'amabilité ne gâte jamais rien. »
Lorsque l'oncle et les nièces se présen-
tèrent à l'hôtel qu'occupait M"** la com-
tesse de Seonevîlle , ils furent immédia-
tement introduits dans un vaste salon
meublé avec luxe ; - la comtesse parut
bientôt et remercia les jeunes filles de leur
exactitude. Elle les examinait toujours avec
une attention toute particulière. On eut
dit qu'elle cherchait quelque chose dans
son souvenir, puis elle les caressait et
semblait se complaire à les regarder, à
passer ses doigts dans leurs longs cheveux
blonds. Hélas I disait-elle en soupirant,
sans tous les malheurs qui sont venus me
frapper, j'aurais aussi une fille jeune
comme vous ^ peut-être aussi jolie, au^si
bonne ^ et je serais bien heureuse ! Mai^,
dites - moi , comment vous nommez •
vous?
— Angèlel dit l'une d'illes, croyan'
répondre pour les deux.
— Angèle I dit la comtesse en jetant un
cri, et vous? demanda-elle à l'autre.
— Angèle aussi, madame.
— S4« —
— Ah I grand DLea I et viNift a«w
élevées dansice pays?
— Mous rhabilooa depiiîs loogjtemps.
— ^loQsieurl mais non.*. YitaU.
courousi elles, vous y je veiu parler à voire
femme, elle me comprendra mieox». Yabck»
mesMilieintiH venezJ j*ai uo. grand. mystère
à éclaircir ^» et la comtesse lea-emaieaa
tous trois dans sa vobmre.
A peine arrivée , la comtease s'empara
de Madeleine : » Madame I loi dir-eilo,,
vous aure^ pitié de moi ; vobs oDHOfrea-
drcz le cœur d'une mère Cea drax
jeunes filles ne sont pas ici depuis leur
naissance?
— Non, madame ; elles ont été nonr-
ries par ma soiur.
— Mari i Lacroix? à Brécourt en liv-
raine?
— D'où le savez-vjoos, madame ?
— Votre sœur est morte, et vous avez
adopté ces enlantii 7
— Oui , madame.
— - L'une» vous le saves*. n'estpas votre
nièce»
— Héla&l oui, madame.
— Ah! par pitié, ditea-moilaqaeUe est
ma fille 1...
— Gela m'est impossible» madame ,
jMgnore moi-même, laquelle est ma nièce,
ma soeur était morte loisqpe je sois arri-
vée ponr les chercher, et tout le monde
dans le pays les croyait sœurs.
— Eh bien. L'une d'elles e&t ma fille. Il
avait peu de temps que j'avais confié
mon enfant à votre sœur, lorsque, par
suite des malheurs du temps, mon mari
fat obligé de fuir, nous étions.condamnés,
nous n'avions pasuamomentà perdre. Je
chargeai une feouie à laquelle je croyais
pouvoir me fier, d*aller reprendre ma fille
et de me la ramener en Angleterre où
nous allions nous réfugier. La misérable
garda la somme que je lui avais confiée et
ne s'inquiéta pas de mon enfaou II serait
trop long de vous raconter tous les mal-
heurs qui m'ont empêchée derevenir; mais
vous coB^Nrendrez qu'ils devaient être bien
grands et bie& insurmontables, puisqne
Vamonr matiemel n'a pa en. triompher.
Snfin • il y a denx ans seulement., jft pu
renirer. en France ; ja courue, k Brécourt,
j|ap|N'i& la mort de votre sœoii; j'appris
que ions aviez emmené les enlants, mais
personne ne sanuit de quel côté vons-vons
étiez dirigée, ie fia faire biea des DecheiN*
cbee, bien, des démarches^ josqu-'à oa mo-
ment elles sont restées infructueuses..».,
et maintenaotme voilà retombée dans une
granda incertitude ; jo suis sûre que L'une
d'elles est ma fille, mais laquelle? Man
Dieu ! comment donc fairo?
— Faî^. comme nous ,. dil en entrant
Meunier, qui avait, tout écouté. Faire
comme nous,, madame la comtesse. Noos
a'avioas qu'une nièce, et dans rincerii*
tuda nous en avons gardé denx ; vous
n'aviez qu'une fille , vous en aurez deux^
ce quk ne les empêchera pas. d'être nos
nièces, pas plus que d'être nos nièces nn
les empêchera d'être vos fijyies. C'est dair
cela.
-^ Avant de prendre une détermination,,
ajouta Madeleine,, il faut consulter les jea-~
nés filles; si elles allaient toutes deux.vooi^
loir être les filles de madame?
— Oui , dit. Meunier, et si elles soient,
tontes deux vouloir être nos nièces?..^.,
ça serait embarrassant. »
Les deux Angeles furent. appelées; Ma-
deleine leur raconta ce que vous savez
déjà. Elle ne leur cacha rien ,. ni le so. t
heureux qui attendait la fille de la comr
tesse , ni le sort modeste qui attendait la
nièce du perruquier.
Enlacées comme deux tiges de fleurs ,
le.« jeunes filles écoutaient attentivement ;
leurs regards se portaient alternativement
sut la comtesse , sur Meunier et sur sa
femme. Quand Madeleine eut terminé,
elles se regardèrent un instant , des lar-
mes semblables à des perles tombèrent de
leurs yeux, puis s'élançant dans les bras
l'une de l'autre, et s'embrassant avec une
— M7 —
m« tenéresBe elles s'éeriireit : Q«d q«e
ioit le sort qai noos attend» heoreox oa
malhearevx , noos ne imws qoUteroiis
jamais, n'est-ce pas, sœar? Non, noo,
jamais 1 Et voqs, mon boB oncle et ma
bonne tante, avei^vons pensé que nous
Toos abandonner ions, que none oublierions
▼os soins , TOire bonté maternelle? Non,
noos serions indignes de tous et de ma«
dame, et si nous agissions ainni, cette
mère qne le cM rend à Taoe de nous , à
tontes les deux, noos l'espéron» I ne pour-
rait pas compter sur notre attacbem€nt,
elle ne pourrait pas nous aimer, car elle
aurait le droit de craindre aussi notre
ingratitude.
— mes enfants! dit la comtesse
en s'élançant vers elles les bras ouverts»
non , \ODS ne vous séparerez pas , non ,
vous ne quitterez pas les dignes gens qui
ont eu tant de soin de votre enfance et qui
vous ont donné de si nobles sentiments ;
pouvez-vous penser que je n'aie pas pour
eux, moi aussi , une bien vive reconnais-
sance? N'ont-iispas donbié mon bonheor,
n'est-ce pas à eox que je dois de croire
presser ma fille sur mon coeur, quelle que
soit celle de vous deux que j'emfcrasse.
Non , Bons ne noos quitterons plus , nous
ne ferons qn'nne seule famille t
— Ah I dit lleunier en esatiyatft une
larme, je savais bien que ces enfMMs-lfc
feraient notre bonheur. Mais il y a «ne
chose qui me taquine , c'est qne je ne vas
plus oser les tutoyer, et ce diable de Bibolet
croira que je me rends à ses raisonne-
ments. Ah! bahL.. n'est-ce pas, madame
la comtrsse, que je pourrai toujours les
tutoyer? car c'est maintenant plus que
jamais que je dois dire : Viens, mes nièces,
que je t'embrasse I »
A quelque temps de là, madame la
comtesse, les deux jolies brodeuses de
Rouen , le brùve perruquier et son excel-
lente femme vivaient heureux et contents
tons ensemble dan;) le château de la com-
tesse de Senteterre.
A. Jadin.
EXPLICATION DE L'ÉNIGME N* 7.
Louis , doc d'Orléans , épousa en pre-
mières noces Jeanne de Yalo's, sa cousine,
fille de Louis XI. Il fut forcé k ce mariage
par la volonté duroi, et quelles que fussent
les émînentes vertus de la princi sse , quel
que fût fe dévouement dont elle hri donna
les marques, il ne la traita jamais en
épouse. Parvenu an trône sons le nom de
Louis Xn (1&98) , il fit dissoudre son ma-
riage : Jeanne reçut cet afront sans se
plaindre , disant que Dieu lui envoyait une
telle humiliation, afin qu'elle le servit
mieux que par le passé. ERe se retira à
Bourges, et y fonda une congrégation de
filles sous le nom de rAnnonciade , et mou-
rut en odeur de sainteté le h février !505.
Louis, aussitôt après le divorce , épousa
Anne de Bretagne, venve de Charles YIII,
roi de France. Cette princesse, unique en-
fant de François II, duc de Bretagne.
apporta en apanage à la France le beau
duché dont elle était souveraine. Louis
Faimait depuis longtemps , et son affection
était d*accord avec sa politique. Anne avait
un caractère élevé, le goût des lettres et
des arts; mais elle entacha sa mémoire
par la vengeance qu'elle exerça sur le ma-
réchal de Gié , qui lui avait fait quelques
légères oOensos, et qu'elle dépouilla de ses
biens après l'avoir fait empiisonner et dif-
famer par arrêt de justice. Anne de Bre-
tagne mourut avant son mari , qui toute
sa vie pleura sa Bretonnu.
Malgré son deuil et fon âge avancé, (t
se décida à de troisièmes noces. Henri VIU,
roi d'Angleterre, menaçait de ses armes la
France épuisée par les guerres d'Italie. Il
avait remporté à Gninegatte une éclatante
victoire, et s'était emparé de Thérouane
et de Tournay. Louis fit des propositions
— 248 —
de paix; mais il ne put les obtenir qD*en
époQsant Marie d'Angleterre, sœnr de
Henri YIII. Le mariage se fit dans l'église
de Saînt-Wulfran d' AbbeviUe , et quelques
mois après la conclusion de cette union ,
Louis XII mourut (1515). Sa jeune yeuve
retourna en Angleterre , où elle épousa un
homme qu'elle aimait, le duc de SuSbIkt
et devint ainsi l'aïeule de Jeanne Gray.
Son nom est oublié; celui d'Anne de
Bretagne survit à peine dans quelques mo-
numents presque en ruines» dans quelques
écrits qu*on ne lit {dus; celui de Jeanne
de Valois, inscrit aux dyptiques de l'église,
reçoit tous les jours des hommages qui
s'adressent, non k l'illustration et k la
naissance, mais aux vertus éclatantes dont
cette princesse donna l'exemple, dans une
vie d'aboégation , de douceur et de dé-
vouement. M"* M. F.
Écouomie Domestiqoe.
EAU DE BOTOT.
Cochenille en pondre, 1 gramme 95
centigrammes (i[2 gros).
Anis vert en poudre, 31 grammes 25
centigrammes (1 once).
Cannelle concassée, 1 gramme 95 cen-
tigrammes (1)2 gros).
Gérofle concassé, 1 gramme 95 centi-
grammes (1(2 gros).
Mêlez le tout ensemble dans une bou-
teille cobtenant un litre de forte eau-de-
vie, agitez cette bouteille pendant vingt
jours. Passez ensuite le tout à travers un
papier gris; lorsque tout est passé, vous
y ajoutez :
Essence de menthe, 1 gramme 95 cen-
tigrammes (li2 gros).
Alcool d'ambre, 1 gramme 95 centi-
grami^es (li2 gros).
Bouchez bien la bouteille chaque fois
que vous retirez de Veau de Botot pour en
remplir un petit flacon.
PRUNES CONFITES A L'EAC-DE-VIE
Cueillez des prunes de reine-claude
a?ant le lever du soleil et quand elles ap-
prochent de leur maturité.
Pesez-en trois kilogrammes (6 livres),
piquez-les avec une grosse épingle. Dans
une bassine de cuivre, faites clarifier 2
kilog. 250 grammes {h livres li2)de sucre;
quand il est clarifié, ajoutez-y cinq ou six
verres d'eau pour le décuire ; jetez-y vos
prunes et continuez d'échauffer le tout sur
un feu très-modéré , en agitant douce-
ment les prunes avec une cuiller de bois.
Lorsque les prunes commencent à jaunir,
retirez la bassine du feu, versez ce qu'elle
contient dans une terrine de terre et ex-
posez-la à l'air libre.
Vingt-quatre heures après, mettez cette
terrine sur le feu; quand le liquide est
plus que tiède, retirez -la. On recommence
trois fois, en laissant entre chaque fois
deux jours d'intervalle, mais en ayant soin
de chauffer de plus en plus le liquide.
Vingt-quatre heures après la dernière
iaçon, on enlève les prunes avec une cuil-
ler, on les place sur un tamis, on verse 1
litre /tO centilitres (3 chopines) d'esprit -de-
vin dans le sirop; on le passe au travers
d'une chausse en flanelle, on en remplit
un bocal jusqu'aux deux tiers de sa capa-
cité, on y dépose doucement les fruits, on
bouche le bocal, on le place dans une ar-
moire , et trois mois après on y ajoute kl
centilitres d'esprit-de* vin (une chopine^.
Toutes les prunes se confisent de la
môme manière.
%V>„j5^.
— 24» —
COMPOTE D* ABRICOTS SOUS L£ FOUR DE CAMPAGNE.
Prenez huit abricots bien mûrs» fea-
dez-les en deux , ôtei-en les noyaux , pla-
cez les abricots sur une tourtière » le côté
de la peau tourné en dessus, prenez 125
grammes {k onces) de sucre en pondre ,
cassez quatre noyaux, épluchez -en les
amandes, bachiz-Ies grossièrement et ré-
pandez-les, en même temps que le sucre,
sur les abricots; arrosez le tout d'un
demi verre d'eau; posez la tourtière sur
un feu doux, recouvrez-la du four de
campagne, chaud, et couvert de braise,
▲près un quart d'heure la compote sera
faite.
Yllf AIGRE POUR LES SALADES.
Mettez au fond d'un pot de grès deux
poignées d'estragon, une demi-poigoée de
cresson alénois, autant de cerfeuil et de
jeunes feuilles de pimprenelle, deux gousses
d'ail et une gousse de pimeot encore vert.
Couvrez de 2 litres de bon vinaigre , lais-
se z reposer huit jours, passez ) travers un
papier Joseph et mettez en bouteilles.
CORRESPONDANCE.
Que le temps passe vite, mon Dieu !...
Le printemps... nous ne l'avons pas vu;
l'été joue à cache-cache , et déjà l'automne
va venir nous annoncer Fhiver. Eh bien ,
ma chère , je ne trouve pas cela ennuyeux
du tout; cette alternative de beaux et de
•vilains jours, cela anime l'existence; ce
ciel où courent des nuages dont Timagi-
nation forme mille tableaux mouvants, me
semble préférable à un ciel toujours bleu :
Diursilés c'est ma devise ! et mon premier
rébus... s'il t'en souvient. Il n'y a que mes
amies , dont je ne veuille pas le change-
ment , car si mon esprit se plaît à voyager
avec les nuages ^ mon cœur aime à rester
à la maison. Mais je suis inquiète,
j'attendais Florence , elle ne vient pas...
elle, si exacte!... il faut qu'il lui soit arri-
vé quelque chose de fâcheux. . . Je ne peux
tenir en place... la crainte d'un malheur
est pire que le mulheur lui- môme... Je te
demande la permission de te quitter, mais
je te reviendrai bientôt.
Après avoir fait un rouleau de notre
planche VIII, j'allai exprimer à ma mère
le désir d'aller chez notre amie ; ma mère
l'approuva et me donna sa feoune de
chambre pour m'accompagner. Arrivée rue
d'Aumale, je levai les yeux... les jalousies
étaient fermées ; il n'y avait cependant pas
de soleil Sans rien demander au con-
cierge, je montai en courant les deux éia-
geSy en voulant tirer le cordon de la son-
nette, je m'aperçus qu'il était relevé ; je
cognai à la porte avec la première pha-
lange d'un de mes doigts^ et j'attendis
dans l'anxiété... Ce fut Florence que je vis
en entrant, et comme je l'interrogeais du
regard : « ^lon ^re est un peu malade,
me dit-elle à voix basse ; je te remercie
d'être venue; tu vas le distraire peut-
être le guérir I. .. Devine mes intentions,
et suis-les. — Père t dit-elle en entrant
doucement dans sa chambre, je t'annonce
mon amie, Jeanne, qui vient me deman-
der de lui être utile pour la description de
sa planche. — Je venais aussi^ monsieur,
demander à Florence son avis sur un valse
nouvelle; mais je n'ose plus..... en vous
voyant dans votre grand fauteuil, on vous
croirait souffrant.. Cependant, vous n'en
avez pas l'air, ajoutai-je en lui tendant la
main et le baisant au front.... — Vous
trouvez , mon enfant 7 — On dirait plutôt
qu'ici tout est en fête... Mou père va ve-
nir causer avec vous. — Il me fera plaisir.
-— Peimettez-voos qae noms fusicos on
peu de musique, père ? lui dit FloreDoe«
cela se vous gênera pas... nous fermerons
iK>tre porte. — Ccmine vous voudrez ! »
Lorsque nous fûmes dans le salon : « Je
t'ai ceeipri8e,(dis-je à mon amie» ta veux
sortir ton père de ses tristes préoccnpa*-
tions : ces fleurs qui Tentourent , ces oi-
seaux qui gazouillent.. Mais je n'ai pas de
valse sur laquelle je veuille te demander
ton avis, et mon père ne doit pas venir. —
Ta femme de chambre va partir avec un mot
de toi pour ton père. — C'est bien I • J'é-
crivis. « Cher bon papa , votre ami est
triste et souffrant , mais vous n'êtes pas
censé le savoir ; venez vite ! entres gaie-
ment , n'oubliez pas que vous venez de
vous-même , sans être prévenu. » Cette
lettre partie, « Mels-toi au piano, me dit
Florence , et joue quelque mazourka. . . »
Elle alla poser son oreiile contre la porte...
•A présent, joue une polka ; mon père vient
de se lever... Continue... il marchel...—
Florence , si nous chantions? — Oui , une
romance de sa jeunesse ; laisse-moi pren-
dre.ta place. » A peine avait-elle fini le
premier couplet d'un chant du temps de
l'Empire que son père ouvrit la porte ; je
loi présentai un fau euil... Florence con-
tinua. « N'est-ce pas, Diesdemi/iselles,
dit-il, quand elle rut fini , qu'il y avait
quoique chose de naïf et de chevaleresque
dans cette musique ? d<ins ces paroles 7 »
Nous fûmts de son avis , et nous allions
passer en revue ces viiillfs romances qui
parlent si bien de dévouement et de gloire,
lorsque la sonnette celte fois se fit enten-
dre. .. C'était mon père ; les deux amis se
mirent à causer révision^ au milieu des
plus jolies fleurs et dt^s plus gais oiseaux ;
une table fut dressée, un piquet com-
mencé, et Florence, qui suivait des yeux
son père dans tous ses mouvements , le
quitta pour m*emmener dans sa chambre,
et me dit, en me serrant dans ses bras.. .
c Mon pauvre père qu'il faut peu de
chose pour l'abattre, peu de chose pour le
relever! — Je n'ouMi«»^i pas ta recette,
lui dis-je. — Ajmitevy qull est md»-
droit de dire à une per.onne qui tousse :
« Com«i6 v^iis tousses I... i» Elfe f ou-
blierait, vous l'en foites soutenir. Ou
bien: <c Comme vous êtes changée! i»
A moins que ce chang'>ment n'ait une
cause moraia : la mort d'un père , d'une
mère. — Tes réflexions sont très-justes ;
j'y ajouterai qu'aux personnes âgées, on
ne doit jamais parler de leur âge , pour
plusieurs raisons : d'abord , si elles veu-
lent le cacher , et puis si elles l'oublient.,
dans l'un ou l'autre cas, c'est peu gai,
peu poli , peu charitable , de dire à des
vieillards dont l'esprit et le cœur sont
jeunes encore, qu'ils vont avoir à compter
avec la vie. En général, il n'y a que les gens
mal élevés qui parlent aux femmes de leur
âge ; passé douze aus , cela devient de fort
mauvais ton. — Mais, ma dtèrc Jeanne, tu
oublies U planche YlII. — J'aime tant à
causer... avec toi!... Eh bien, ma bonne
amie, prends une plume... travaillons...
Le n* 1 est un dessin ^le col , qui se
brode au plumetis, et au point de cordon-
net, sur mousseline. La ligne extérieure
se festonne et l'on y coud une petite den-
telle. Ce col se monte sur un petit collet.
Le n^ 2 , Félicité , est au milieu d!une
hortensia qui se brode au métier ou au plu-
metis, avec un des points d'armes (le poin-
tillé) , il s'exécute en faisant trois petits
points très-près Tun de l'autre.
Le u° 3 , Françoise , se brode au pki-
métis.
Le n"* 4 , Cïiloé , se brode de même.
Le n*' 5 est un dessin pour bas de ju-
pon ou pour bandes; il se brode en points
de feston et à l'anglaise. A Textérieur , le.
feston se fait en points de rose.
Le n** 6 est la moitié d'un bonnet d'en-
fant, il se fait en percale, avec broderie
anglaise : en points de feston, pour les cinq
ronds qui formeniguirlande, et en pdurtsde
~1KS1~
oordomiet pour les Mitres ronds et les
fleors» excepté «ellos qei forment le bas»
Ge bminet n*a pas besoin de deate^le.
Le n"* 7 est ie fend.
Les B^ 8 , 9 et 10 ce sont des bonton-
sières pour dtemises d'hemrae oh pei*-
gBoirs de femme.
L«s n''' 11 et 12 ce sont des dentelles au
crochet qui n*ont pas besoin d*être expli-
quées.
Le n*> 13 est on ficha- pèlerine qni se
talAe en iHlle'bianc et se 'couvre àlfieraati-
Teraenl d*u«e dentelle blanche et d'une
dentelle noire, cousues très-pou froncées ;
nn ruban i^ose , plissé à pifs ronds, entoure
-le haut et le derantde ce firhu-^pèlenne,
sons ce m ban e»t connue, à plat, une den-
t^ blanche, qui rabat snr la poitrine.
Le n° 1^ est un panier à ouirage que j«
Taist'eKpKquer.
Tu acliètes, passage de TOpéra, une
bande de canevas , iongae de 65 centi-
mètres : 50 pour le panier, 15 pour le
fond, et haute de 16 oentimètres; une pièce
de gansedepaiiie appelée grenu (de la plus
grosse). Les étoiles indiquent où conirneiH
cent et finissent les brins de grenu ; les A
indiquent la hauteur que doit avoir le ca-
nevas; les B indiquent la hautear qne doit
avoir la tapisserie.
Le n'' 15 e>t le fond de ce panier qui se
couvre de tapisserie en laine vert-chou.
L€ n° 16 , ce sont les couleurs employées
dans cette tapisserie, dont le fond se fait
vert-chou ; on ne l'a indiqué que sur nn
petit Ciipace hi partant du bas du pairit r.
On monte son canevas sm* un métier ,
on fait ce dessin en kissant de 12 en 12
fils, trois fils que l'on couvre par le grenu ;
on l'attache snr le canevas avec de la laine
noire que Ton passe par*dessus, de droite
à gauche, sans former ie point de marque.
On taille nn rond de carton sur le n^ 15,
on couvre Tun des côtés d*une couche de
ouate et d*un rond de taffetas blanc que
l'on arrête, de l'autre cMé du carton, par
des fils passés du btnt an bas, et de droite
à gauche ; puis on ta lie le rond de tapis-
serie, on le place sur' le côté du canon qni
a les fils , on fait nn remi^li à «ette tapis-
[ série, et on 4a eoud, à surjet, ^vec le rond
de taffetas blanc. On détnonie la bande
B^ 14, on la couvre d'une couche de
«ouate, on y feit du;haut nn rem^i qui va
de A à'B , on double cette bande d'un taf-
Jélas Uanc que l'on coad du haut et du
bas , à surjet, aToc le canevas , 'en ayant
^u de replier en dedans les pieds de cha^
que monceau de grenu ; puis on cond ,
à surjet, en dedans, le bas du n^ 14, an*
4onr du n* 15; onsuite, on coud une ganse
blanche sur ^e surjpt du haut, et 'Sur celai
dn has ; puis, entre clraqne anneau iormé
par le grenu, on passe une ganse plate,
jaune d'or, terminée par des glands qui
retombent de chaque côté.
C'est ici que finit la petite planche.
Len»14,..
— Pardon, nous sommes au n* 17.
'— Oui , ma dière , mais je m'aperçois
que j'ai sauté par-dessus trois naméros.
C'est une erreur irréparable... jecontinne:
Le <n° 1 11 est ta moitié da dos d'une
robe de -petite fille.
Le n* 15 la pir^e^ini , sous le bras, joint
le dos an devant.
Le n* 16 est la nioiti'^3 du devant qui ne
taille double; ce corsage se boutonne der-
rière.
Le n"" 17 est la manche pagode, telle
qu'elle doit êtreéchancréedubautet du bas.
Si , de ce cor>age montant , on veut
faire un corsage iiécolleté , on coupe le
dos, le long de latigne, dr B à B . le devant,
le long de la ligne <ie  jusqu'à A , et l'on
continue le long de la ligne du hant, de A
jnsqu'à C. Les étoiles indiquent où hs
épaulières se réunissent.
Si l'on veut broder cette rrbe , on 60iq)e
ce corsage de même le long de la ligne ,-de
A jusqu'à A , puis, en pariant du bas , le
long de la ligne , de C jnsqu'à C.
Le n^ 18 est le devant du corsage qni se
brode à l'anglaise et s'ajoute à A contre A
.^e^e^
— 9»2 ~
Le n*^ 19 est le devant de la jupe , il se
brode de même.
Le n** 20 est la garnitare qui se taille sur
7 centimètres de haat et se brode aussi de
même ; cette garniture se coud, au cor-
sage , légèrement froncée le long de la li-
gne de B à B ; le long de la ligne de G à
G, puis, le long de chacun des côtés de la
broderie du n"* 19. On peut, si Ton vent,
ajouter une garniture semblable au bas de
la jupe, c'est-à-dire au bas du n"" 19, an-
dessus de l'ourlet du bas. Il faudra alors
que la jupe ait 7 centimètres de plus en
hauteur pour la garniture, qui retombera
an-dessns des 7 centimètres de Tourlet
Au lieu de manches courtes, on coud à
l'entournure une garniture froncée dont
on croise les deux bouts sur Tépaule, bouts
que l'on cache, en les relevant, par un
nœud de ruban de taffetas , bleu, pour un
petit garçon. A ce costume, on ajoute une
ceinture formée d'un large ruban bleu ,
terminé par un effilé de soie bleue. A cette
ceinture on fait les boucles d'avance et on
l'agrafe snr le côté gauche.
Le n* 21 est la moitié d'une brassière
pour le premier âge ; elle se taille double ,
en percale, et se ferme derrière ; les deux
lignes de pointillés qui se trouvent dans le
bas indiquent la coulisse où Ton passe le
ruban qui noue cette brassière.
Le n? 22 est la manche.
Le n* 23 indique comment elle se re-
lève pour former le revers.
Le n"" 2U est la moitié de la pèlerine qui
se coud à cette brassière;
Le n"" 25 est une dentelle au crochet.
Quand elle est cousue, le pied se trouve sur
une ligne droite , et la tête forme de gros
plis ronds.
Le n*" 26 est une bande au crochet , elle
peut se réunir à d'anures bandes sembla-
bles et former un manteau de lit
Le n* 27 est le dessin d'une manche pa-
gode et d'un semé. Ge dessin est semblable
à la bande n* 5 , et se brode de même.
Le n"* 28 est un col Maxarin encore
formé du même dessin et se brodant de
même. Ge col se porte à plat sur le cou.
Le n* 29 est un entre-deux qui rappelle
ce même dessin. Tu as donc, si tu le veux:
jupon, manche, col, semé et entre-deux
du même dessin , de la même broderie, ce
qui a l'air très-riche , très comme il faut ,
et ne coûte pas davantage de temps ni d'ar-
gent
Le n* 30 est un grand dessin de brode^
rie anglaise, pour bas de jupon.
Le n* 31 est un rond pour sac à tabac.
Ge dessin arabe vient du palais de l'Alham-
bra. On taille ce rond d'un centimètre de
plus. Il se fait en Casimir rouge ou bleu,
et se brode : en soutache, au crochet ou
en points de chaînette: la rosace da mi-
lieu en or et les autresdessins en soutache
on en cordonnet bleu, sur rouge et rouge
sur bleu ; on double ce rond d'un rond de
peau blanche ou de taffetas rouge ou bleu ,
on fait tout autour des œillets , deux par
deux ; tu as de tour à peu pr^s 55 centi-
mètres , tu placeras ainsi tes œillets : 3 cen-
timètres , deux œillets dans un espace He
deux centimètres ; 3 centimètres, 2 œillets
dans l'espace de 2 centimètres... toujours
de même jusqu'à la fin. Tu couds une pe-
tite ganse ronde, en or , sur les points qui
réunissent la doublure au-dessus. Si ta
passes dans tes œillets une ganse ronde ,
lu fais tes ceillets ronds. Si tu y passes une
ganse plate , tu fais des boutonnières. Tu
peux même ne faire tout autour qu'une
coulisse.
Gomme un sac à tabac se met dans la
poche, il faut qu'il tienne le moins de place
possible; tu ne mettras donc pas de glands
à la ganse qui serrera le sac, tu réuniras de
chaque côté les deux bouts de ces ganses
par un nœud que tu feras en tournant en-
semble les deux ganses.
Ge dessin se transporte sur le drap ou
sur le velours, par le moyen du papier à
décalquer que tu achèteras passage de
l'Opéra , ainsi que le Casimir, la soutache,
les ganses et les cordonnets d'or et de soie.
,^<^'
^^'<^^^ié^
— 2S5 —
Le n"* 32, I Jf , se brodent au plometis.
Le n* 33 , Alzire , s'exécute en brode-
rie anglaise.
Le n"* 3^ , Elisabeth , au plu métis.
Le n** 35, / £, entrelacés, se brodent
de même.
Le n* 36 est la moitié d'une robe façon
amazone.
Le n» 37 est la pièce qui réunit le de-
vant au dos.
Les deux zéros indiquent l'espace du-
rant lequel on doit légèrement faire boire
le dos en le cousant à la pièce de côté.
Les deux étoiles indiquent où ces deux
modèles se réunissent
Le n* 38 est l'un des devants de cette
robe.
Le n* 39 est la mancbe , elle se taille en
biais.
Le B? UO, indiqué pardes petites barres,
se taille en percale légère, pour le dessou<i,
et en percale lustrée pour le dessus ; cette
pièce se oaate plus fortement près du bras^
le dessus et le dessous se réunissent par un
surjet ; un centimètre après, on passe un
point devant qui réunit le dessus au des-
sous ; lorsque le corsage est cousu^ on place
cette pièce ainsi que tu la vois, on la coud
par un surjet à l'entournure, et par un
point sur la pièce de côté.
Observations: Les boutons s'espacent
davantage afin d'arriver jusqu'au bas du
corsage. La forme grelot est à la mode.
Lorsque les pinces sont cousues , on les
coupe également et on les ouvre. Les étoi-
les qui sont au haut et au bas de deux de
ces pinces , sous le bras et au bas du dos,
indiquent où l'on doit poser une mince ba-
leine, large d'un centimètre, enfermée
dans un ruban de fil blanc.
Avec ce corsage tu peux faire un gilet.
Le n* ^1 est le dos, il se fait en percale
blanche, lustrée, se taille d'un seul mor-
ceau , c'est-à-dire sans pièce sous le bras,
et se réunit ainsi au-devant du corsage ; le
milieu du dos se fend du bas jusqu'à l'é-
toile.
Les devants se coupent duba?, ainsi qu'il
est indiqué; les boutons se placent de
même , excepté qu'ils se mettent à droite.
Le n^ U2 est la moitié du col, il se coud
B contre B, Â contre Â. Ce gilet se double
de percale blanche, lustrée, il se taille en
taffetas, selonla fantaisie, et s'orne de riches
boutons qui nécessitent des boutonnières.
Ce gilet se fait du reste entouré d'un tout
petit passe-poil, comme le corsage ama-
zone. Il se porte sous un corsage ouvert,
ou bien, sur une jupe de taffetas noir,
gros bleu, ou d'une étoffe à carreaux écos-
sais , et se recouvre d'un kazaweck noir,
gros-bleu ou écossais.
— Pardon, Jeanne, mais je n'ai pas
encore aperçu un seul de ces gilets.
— Peut-être la mode n'en sera-t-elle
pas adoptée de sitôt... Mais je m'empresse
d'en donner un bon patron, d'après celui
que j'ai vu chez mademoiselle Fauvet : il
était en taffetas bleu pâle, glacé de blanc,
les boutons étaient en argent d'un riche
travail.
— Et ta gravure de modes?
— Nous y voilà 1 Deux jeunes personnes
se promènent dans un jardin; l'une a
une jupe de taffetas écossais, un canezou à
basques, en mousseline blanche ; le cor-
sage, fait en gerbes, est monté sur une
ceinture haute de trois centimètres; à cette
ceinture est cousue une bande de mousse-
line formant sept basques, garnies, ainsi
que le cou, le devant et les manches, d'une
bande de mousseline haute de huit centi-
mètres festonnée de chaque côté et cousue
de manière à former un bouillonné ayant
deux têtes ; devant, sont posés douze petits
boutons d'or. Un ruban de velours noir
entoure ses cheveux de derrière et re-
tombe de chaque côté.
L'autre a une robe de grosde-NapIes,
corsage amazone ; du côté droit, un ruban
de la couleur de la robe est cousu, froncé
au milieu , tourne du bas et remonte jus-
qu'au haut du corsage où il tourne deux
fois autour du cou. Les mêmes rubans sont
'-^-è^-:
1
— 254 —
consw au bas de la manche Louis Xlil.
Le mantelet pamten e>t en mouftsetine bro-
dée à courant, à la pièce, découpé en fes-
tons et garni d'un ruban de talîttas, froncé
comme la bande de mousseline du corsage
à basques...
Des voix se firent entendre derrière la
porte, « Peut-on entrer? —Certainement,
messieurs, » répondlmcs-nous en allant au
devant d'eux. « J'ai perdu ! dit mon père.
Savez-Tous ce que j'ai perdu?... une pro-
menade en Toitare au bois de Boulogne I
— Dépêche-toi de mettre ton chapeau, ma
fille, » ajouta le père de Florence, qui se
frottait gaiement les main». Mon amie en-
voya chercher une calèche de remise.
Mais, juge de notre étounement, ces mes-
sieurs voulurent absolument nous donner
les places du fond I c Vous n'êtes pkis des
petites filles, vous êtes des demoiselles à
marier, nous disait mon père, d'un air on
peu moqueur, il est vrai. — Et la politesse
que nous vous faisons, cela nous rajt*unit,i>
ajoutait le père de Florence... r^ous partî-
mes ; je fis arrêter devant rotre maison,
j'allai prévenir ma mère de notre prome-
nade, et redescendis avec une invitation k
diner pour Florence et son père... Quand
nous fumes dans les Champs-Elysées, une
jennefile s'accrochant à n(*tre portière,
nous jeta à chacune un bouquet, que mon
père paya généreusement ; puis ces tues-
sieurs se mirent à causer entre eux, et nous
en profilâmes pour causer entre nous.
« Il n'y a pas de modes nouvelles, me dit
Florence, c'e t ttnjours: robes de taffetas
noir, barége noir, mousseline de la'ue
noire, à trois hauts voyants, bottines de
prunelle noire, chapeau de gaze orné de
jais noir. Après, c'est le gros-de-Naples
Uen de France, puis la couleur marron :
les bottines, le kazawt ck, la robe pareils; il
n*y a pas jusqu'aux chapeaux de paille qui
ne rappellent la couleur du costume par des
plumes ou des rubans... mais le jais noir
trouve encore moyen de se glisser «ur
es fleurs qui ornent le dessous de ces
chapeaux. -^ Je remarque des dames et
des demoiselles mises absolument de
même... Des dames... j'aime cela : des
sœursqoi, bieoque mariées restent encore
sœurs, même par le co&tume ! A propos^
mon pèie a lu dans son journal qu'une
dame des États-Unis trouvant les jupons
chauds en été, et froids en hiver, les a rem-
placés par des pantalons à la turque sur
lesquels, au lieu de robe, elle porte une tu-
nique courte. — Mat8,maciière, c'est bien,
si cette dame est jeone, elle aura l'air d*nn
gamin de Paris, mais plus -lard... et puis
quel chapeau porie-t-^lle? — On ne le
dit pas ; on dit aederaent que oe cost«me
est suivi par beaucoup de dames, que dans
un bal elles ont en beauconp^e -succès, ce
qui pourritit bien décider la mode... Ooi,
dans !e nouveau monde, repris^ je, mais pas
chez nous. Onditau«i que des Anglais ^de
la haute vie (high-lifé) ae HHit réunis pour
changer les vêlements et surtout le bidevx
chapeau des hommes. A la bonne heure I
je ne reconnais qu'aux Anglais le drok de
régler le costume des tne8^ieurs, et âux
Françaises, celui des dames... >
Dès que nous lûmes de retour dans nm
chambre, F orencese mit à fondre en lar-
mes. « Ëh bien 1 lui dii<-JH étonnée.— ^ C'est
de joie, me r^pondit-eile, laisse-nK>i stula-
gtf'r mon cœur ; je tne n^tiens depuis trop
longtemps. Mon p(>re, ce matin, était ma-
lade, une nuit de fièvre et d'inson.nie
m'avait désolée*; j'allais demander 4e mé-
decin... tu es venue, ton père nous a
aidées... et une distraction du cœur et de
l'esprit, un changement de place, ont remis
l'équilibre dans sa santé... — Viens au
salon, je vais prévenir maman de ne ser-
vir à ton père que les cltoses 1rs pli» con-
venables à son état. — Prie-ia athsi de
nous renvoyer de bonne heure... Je ne
désire pas que tu aies jamais besoin de
moi en pareille circcmsiance, Jeanne...
mais tu sain si ma reconnaissance.. . mon
dévouement.. > Nous nous embrassâmes
avec effusion... en silence.
■^^QG^S*^
— 28» —
MamteMjit, aeofe airec toi, je t*ai écrit
le récit de ma jouroée. Mais je m'ap-
perçois que j'ai onbliô de t*eipliquer le
rébus.
L'J]Ie> rivière «-un sœod — le dieu des
Chinois, Fo — le pas de... Calais si tu veux
— no mètre — un la — une bougie re-
couverte d'un boisseau... Cela veut dire:
// ne faut pas mettre la lumière sous le
boisseau^
Adieu 1.. . Joie et sauté pour toi et pour
les tiens. J. J.
ÉPHÉMIËRIDES.
26 AOUT- 1346. —BATAILLE DB CRÉCY.
Edouard III, après avoir ravag^> la Nor- 1 1er aux pieds des chevaux, et ces malhen-
mandie et les environs de Paris , voyait
l'armée de Philippe de Valois se renforcer
de jour en jour, se dirigea vers son comté
de Ponthieu , dont la capitale , Abbeville,
était occupée par les troupes françaises. I!
passa la Somme et conduisit son armée
vers le nord-est, du côté de l'Artois. H
s'arrêta près du bourg de Crécy, situé non
loin de la forêt qui pririe le même nom.
Philippe de Valois voulut le rejoindre
pour lui offrir le combat, et eut le malheur
de fatiguer ses troupes par d ^ longues mar-
ches sous un soleil brûlant. On remarquait
dans l'armée française, parmi les plus ce-
^lèbres guerriers, le roi de Bohême, toujours
an premier rang malgré sa cécité ; le comte
d'Alençon, fière de Philppe VI, Jacqu<'S
de Bourbon, les sires d'Aubigny, de Beaii*^
jeu, de Montmorency. Les Anglais avaieat
à leur tête les deux maréchaux Warwick
et d'Ilarcourt, le jeune prince de Galles»
fmroommé le Prince-Noir, les comtes de
Northampton et d'Arundel.
Le comte d'Alençon engagea la bataille,
en d^pil des ordres r^itérén dt» aett royal
frère, qui devrait faire rafraîchir les trou*
pes et leur donner une mlleure peailûui»
et grâce à cette désobéisauice , \^ Fran-
çais, en arrivant devant rennemi, a* pres-
sentaient qu'une ma^se dAsordoftoée,. «au^
verte de poubsîère , haraaaée de fatîgwr et
de chaleur, et où les cmmnandeiDflntH s*
perdaient dans une vaste confa^ion d'hom-
mes et de chevaux. Les archers génois,
qui marchaient en tête de l'armée fran-
çaise, accablés par les flèches des Anglais,
reculèrent ; le comte d'Alençon les fit fou-
reux, pour se venger, enfonçaient leurs
dagues dans le ventre des destriers. Les
Anglais profitaient de cette horrible mé«
lée; Jacques de Bourbon essaya en vain de
dégager le premier corps , commandé par
le comte d'Alençon; un instant de succès
ranima le courage des Français : ils péné-
trèrent dans les rangs enne nis et entourè-
rent le prince de Gales. On avertit son
père du danger qu'il courait, Edouard ré-
pondit : Qu'on laisse fenfant gagner ses
éperons ;je veux que la journée soit sienne.
Un chevalier normand couvrit le jeune
prince de sa bannière, et le dégagea ; les
Français furent repous^^és ; le comte d'Alen-
çon, Louis de Châtillon, les comtes
d'Auxerre et de Sancerre lAobkVeat pour
ne plusse relever. Le roi Philippe s'avança
avec impétuosité ; le roi de Bohême», aiveu-
gle, voulut aller k la recheicbe de wut fils»
f et se jeta daw^ les rangs ennMÛ^ ayanl la
bride de son cheval attachée aux rênes de
ses deux écuyers. Le roi de Bohême ne
reparut plus, et Philippe, après s'être ex-
po&é avec une intrépidité désespérée, dut
quitter le champ de hatnilte ea fuyant, en-
traîné de force par sefroompagnoos. Il alla
demander un asiie au diâtewb de La
Broyé.
Edouard fit appeler MHk fils, eft Ittt mon-
trant la plaine de Crécy jonchée de cada-
vres, il lui dit : Que votis sembla d'um
bataille ? pensez-'t&ua que ce soit jeu. plai-
sant? Puis l'embrassant, il ajovta : Beau
fils, vous avez loyalement combattu; vous
êtes digne de terre tenir.
Les blessés furent transportés en l'ab-
"va!Q^^S3 —
baye de Vatloircs, où la chariië cliréiienne
les soigna sans ^'informer à quelle natioD
Us appartenaient. Le roi de BobCme fut
reirouvé luonraut; il eipîra dans les hras
du Prince-Nuir, en redemanda nt son Gis,
qui avait hir, peu digne du dévouement
paternel. On l'ensevelit dans l'rglise de
l'abbaye.
Le lendemain de It bataille, une tioope
de valeureux gentilshomi
attaquer l'armée anglaise. Ils a
rcnt tous , en répétant le mot moriamur
(mourons) qu'ils avaient pris pour devise.
La chapelle élevée i leur mémoire porte
encore ce mot ï son fronton.
Telle fut cette funeste bataille qui devint
ponr la France l'aurore d'an siècle de mal-
heur.
Lesbonsêcoulcursri:S£i;mblentauibons
ménagers: i!s fout profit de tout.
AllYOT.
Un peu de science éloigne de la religion ;
beaucoup de b ience y ramène.
Bacon.
Quandr^goïsme augmente, la jouissance
de foi-mS'nu diurnue; quand l'égoisme
diminue, la jouissance de soi-même aug-
mente.
Lavateb,
La sensibilité, quelquefois mère des bi-
blcsses, l'est plus eourent des grandes
vertus. Celui qui pleure à l'aspect du mal-
heur, au récit d'une belle action, prouve
qu'il veut soulager l'un et qu'il est capable
de l'autre. Flobian.
Il n'y a rien sur la terre qui ne montre
00 la misère de l'bomme, ou la miséricorde
de bien; ou l'impuissance de l'homme sans
Dieu, ou la puissance de l'homme avec
Dieu, Pascal.
St'X
le de SI"" V D«ni!q-nu[>ii', i
iI-Loui', te, au Marais.
Journal iirs ïlrmoisrllcs.
.n ■,,.,, j,.. ,i,.r;,.
— 2tt7 —
UNE PARTIE DE PLAISIR AU TEXAS.
Un pen avant qae la dernière guerre
entre les États-Unis et le Mexique n*eût
éclaté, réveillai nt ainsi Tespoir et les pas-
sions des tribns basannécs qui peuplent les
frontières des puissances belligérantes, la
famille Rock, originaire d'Irlande, réduite
à la misère par les désordres du père, vint
s*établir sur la lisière même du territoire
des Indiens. Cette famille se composait do
mari et de sa femme, tous deux âgés, d*un
garçon de vingt ans et d'une fille de seize
ans. Ils s'arrêtèrent à l'entrée d'un ravin
profond, sur le bord d'une épaisse forêt,
construisirent une cabane avec des troncs
d'arbres et défrichèrent à l'entour un petit
espace de terrain pour eu faire un champ
de mais, qui, avec les produits de la chasse
et de la pêche, formait toutes leurs res-
sources. Les deux enfants fournissaient à
la famille le gibier, tels que daims, per-
drix, dindes sauvages, qui se trouvent en
abondance dans les plaines fertiles du
Haut-Texas, et qu'ils poursuivaient avec
une ardeur infatigable. Le vieux couple
ne faisait absolument que boire, manger,
dormir et fumer, oublnnt complètement
leor ancienne position dans la société amé-
ricaine.
Peu après leur arrivée, les membres de
la famille Rock apprirent qu'il leur était
survenu un voisin. Un grand gail'ard du
Kentucky, épris de la vie sauvage, s'était
établi à un mille de leur habitation, avec
un vigoureux domestique, son compatriote,
quatre esclaves nègres, une douzaine de
chevaux, un troupeau de bétail et un cha-
riot Il construisit une solide maison de
troncs d'arbre, et donna à sa résidence le
nom de Snowville, lui-même s'appelant
le capitaine Snow. Dans un temps de paix
Pa-lfBUViàMB ANN^, 4« liui. — N« IX.
et de tranquillité, sa ferme n'aurait sans
doute pas tardé à devenir le centre d'un
village, et enfin d*une ville, mais un fléau
plus destructif que la peste on le choléra
s'approchait : le Texas allait être la cause
d'une terrible guerre I
Quand le capitaine Snow fut bien in-
stallé, qu'il eut terminé sa maison et
ensemencé son champ, il jugea convenable
de faire une visite à la familfe Rock. Il fut
frappé de la misère de leur demeure, de
l'abrutissement des vieillards, de l'intelli-
gente activité des enfants, et surtout de
la beauté de Mai-y. D'un caractère franc et
sociable, il fut bientôt l'ami du jeune
Rock» et devint le compagnon inséparable
du frère et de la sœur, dans leurs parties
de chasse et de promenade. La conséquence
se devine : quand bien même Mary n'eût
pas été la seule femme qui se trouvât à
cent milles à la ronde, elle aurait captivé
le cœur de tout jeune homme, par sa sim-
plicité, sa candeur et sa sincérité. Au bout
d'un mois, le capitaine SnoW était amou-
reux fou; au bout de deux, il était le
fiancé de miss Rock. On convint, des deux
côtés, qu'aussitôt après la récolte du mais
on fréterait une barque, et qu'on descen-
drait aux habitations pour se marier.
Pendant l'intervalle, tout le temps de
loisir se passa en parties de chasse, de
pêche, de promenades en bateau et à
cheval. La nouvelle de la guerre fit bondir
le cœur du capitaine Snow; mais ses aspi-
rations belliqueuses tombaient à la vue de
Mary, qu'il aimait avec toute l'ardeur d'un
franc, honnête et loyal pionnier. Cepen-
dant, il ne pouvait se défaire entièrement
des regrets qu'il éprouvait de ne pouvoir
partager les dangers de l'expédition; et
17
"e/Q^^
_^^^
'^'^^Ji
(MCA
ponr donner le cbanee 3i Fes pensées, il
proposa an frè e et ^ la sœur une seoiaiiie
de chas-e aux buffles dans U prtje iiion-
lagnei'Se du pays. L'offre fut acceptée vo-
louiien ; et uu matin, au point du jour,
3s partirent.
Celle foi^s les chasseurs montaient des
ch^'vatix; Sntiw avali dioisi les meilleurs
des biens. Tous portaient une carabine,
one |M)n Jrière, un paquet de biscuits, un
flacon de wbibky et un couteau de citasse.
Mary, n vêtue d*un costume qui la distin-
guait à peine de ses compagnons, ne s'était
jamais sentie plus heureuse, plus aniinée,
plas rt'uiplie d*eutbuusij2jme pour la vie de
prairie. Ils allaient, gravissant des gorges
escarpées, traversant des pLiines recou-
vertes d'herbes ondoyantes, le loog de
frais ruisseaux , ou à l'o-ubce d*épaisses
forêts. Ils marchaieat toute la maiiuée,
jusqu'à ce qu'ils eussent trouvé un en-
droit favorable à la chasse ; alors ils fai-
saieoi halte, allumaient du feu, atta' hiiieni
li'urs chevaux, et partaient à pied en quête
du gibier, tautôt ens* ml^le, tantôt s^p^iré-
meiit. Quand ils avaient eu bitnne chasse,
ou bien à l'approche de la nuit, ils reve-
naient au camp et r^ooiiaient Après celte
opération, qui. dans les p airies, ne laisse
pas que d'avoir son importance, ils alla-
quaifnt modérément leurs gourdes de
whisky et leurs provisions de tabac, cau-
saient pendant quelque temps, et enfm
allaient prendre un repos dont ils avaient
grand besoin. Mary avait toujours une
petite cabane construite de branches d'ar-
bre, et recouverte des trois manieaux ; le
frère et le fiancé se couchaient au dehors,
de chaque côté de la cabane.
Il y avait pluH dune semaine qu'ils
oienaîent cette vie errante, et aucun d'eux
ne pensait à revenir. Si Ton fait ahstractioo
des habitudes de pi lage et de meurtre»
presque inséparables de la vie sauvage,
où l'tm retrouve tous les vices de la vie
civilisée sans, pour ainsi dire, aucune de
aes vertus y la vie d'aventures, dans les
forét.<) et dans les prairies vlem^es de l'A-
mérique posi^^te 00 clarine ioexpriujable.
Notre |)eiîte troupe le sentiiit b en : cato^ier
la nuit, sous des arbres, à des ce tain«^
de milles des hommes et des habitations,
esi uue situation qui éveille des sentiments
romantiques chez les natures les plus
grossières ; et telle n'était pas celle de nos
cha seurs.
Un jour, n'ayant pu tronver de cam-
pement favorable dans une plaine a*ide,
ils avaietit été obligés de regagner celui
qu'ils venaient de quitter le matin. Après
une manhe assez rude, ils arrivaient
au lit de^séché d'un torrent qu'il leur
fallait t)av4 rser, la nuit était dose et leurs
chevaux étaient exténués.
« Je ne su<s pas d'avis de traverser cet
endroit-là ce soir, dit le capitaine Suow;
mon cheval est presque boiieui et a grand
peine à se traîner. »
« Chut ! » dit le jeune Rock à voix basse.
c Qu'y at-il? » demanda l'autre avec la
même précaution.
Le jeune Rock indique du doigt le lit
du torrent, qui était re«i*pli de bui<»s«m9
épais, et recouvert par les branches des
arbrts coissant sur ses bords; à une
distance assez considérable, sur les bran-
ches blrtnchâires d'un mél ze se réfléchis-
sait la faible lueur d'un feu dont tm n'a-
percevait nuQement le f>»yer, tant il eût
é«é adiuirabl-mt^nt caché bans une éd^trcie
accidentelle dans les arbres.
« Des Indiens I des peaux rouges ! dit
le capitaine Snow ; voui et Mary, glssez-
vons jusqu'à ce bouquet d arbres là-bas,
etcachez bien leschevaux, pen lantque je
vain me tratuer jusqu'à ces reptile^ pour
voir la manière dont ilssesontpi-intsfi). »
En parlant ainsi le Keuturkien mit
pied à ttrre, ôta son manteau, et se débar-
rassant de sa carabine, de sa gibecière,
(1) Les Iiidiens m peIgMoi la figure d'une
bçoo partlcuUèce, quand ils partent pour una
upédilioQ de guerre.
..jH^
— 2m^
de te«t enfin, sauf son grw pentalon,
M irbeiiM^e de ÛMielie , se» mocaHsiiw et
Mm coateeu de chasse, se mit à desoea-
dre 2e lit rocaillens de la riyière. Alary
et tioa frère fwrtirent doocemeat ao p^
de lears dievuiix, conduisam le troi-
sième cheval entre eox deux. Snow e*aii*
çak avec louie la précaution d'un goer-
rier indien. Ayant vécn trois am» chez les
Gherckces, il ^%*ait été lémnln 4e l'an
qu'île dé^4oiM>t dans la prufessioR de
tueur éT hommes. Il ra|»pela tiNis si'S son-
v«^irs. Le voisinage des Indiens poovait
éire savis danger, ct»inme il poovait en
présenter beaucoup; et la sûreté de sa
fiancée faisait battre le canr do j>iine
tioinme, 8ans lai rien êter néaonioins de
»m sang- froid. Il mit une heure «-uiière è
atteindre une petite co iine qui dominait
1« camp ; Sriow respirait ë peine. L'endn)it
où il se trouvait était couvert de bai:«<)o s
épineux, et éloigné du da^tgereni biveuac
d'environ vingt loiscs. Il leva doucement
la tête, et le spectacle qni s*oiïrii à a^s
regar b fut celui d'une centaine d'f ndiens
dauM ICiir hideuse peinture de guerre : les
uns donnant, d'auH*es fumant et deux ou
trois taisant le guer. A trois toises en^iroQ
du Keiitiickien, on de ces derniers se
tenait appuyé contre un arbre, les yeiix
fixés daTts le vide ; nn •noment il les tourna
rapidement dans la direction de Snow,
mais l'îiiuRobi lié de cHui-ci et les ténè-
bresl'f inpôchèri^nt derien \oir, et Thoiume
blanc pot conânutr ses observations en
repos. Les K>n«UFs lances des Indiens,
appuyét^s contre les arbres, lui apprirent
que c'étaient des ravaliers, déci»trverte qui
lui fut pQirticftli('*rement dés<igréable. il
avait esp/'ré que les chevaux de ha troupe
lui auraient dmné nue certaine supério-
rité sur les Indiens, et ri voyait cette snpé-
Tiorifté lui échapper. Avec cette tri^e con-
viction, il aMarit tte retirer quand un jenne
ludit^n, sorti de derrière les arbres, e*a-
Tai^ça dans le oratie dn cercle et se posa
a^oG la gravité convenable. « Des y isages
pAies ! » dit le jenne hoittaie après b me*
meitft de sitewce habituel.
« Eng • ! 9 répliqua le chef.
• Ttds, continua le jt'uiie bemme, nne
sqnav (femuie), deux guerriers; la squaw
habillée comme un gnerricr ; sa voix douce
comme celle d*une fille vidage paie. »
« Ëughl » dit •'ucire le vïtet
Un i*utre silence b'en>uivii ; pois le jeutte
homme ayant expliqué que la troupe des
Mânes était fatiguée et ne pouvait aller
loia, le chef lui ordonna de prendre one
douzaine de guerriers et d'aller l'attaquer
an puiut do j<iur. Le jeune bomm« grogna
84 r< pon>ie K s'assit.
Le capitalise Snow était raeintenant
romplétement édifié sur la nature de la
tribn indienne : c'étai»4it de^ Gomm^n-
chrs, les Arabes du désert des grandes
pra ries, parcourant l' s bois dans l'espoir
d't'nWver Nw troupes de soldats en route
poor le Mexique. Il s'éloigna de son dan-
gereux pOHte en ram^vant avec loute la
précaution dont il était capable, et con-
tinua sa marche leme et silencieuse l'es-
l^ace d'un demi-milie. Arrivé à cette
di}<tance, il ^e lança rapidement vers le
hoHqa> t d'arbres oCk il avait conseillé i ses
amis de se retirer. 11 les trouva bien ca-
chés» tout au centre, prés d'un petit feu,
et les chevaux paissant les pie ts entravés.
« Mettez encore dn bois sur le feu. dit
le fjrpitaine Sn*m en arrivant ; les reptiles
nous oni ap«'rçns, et la vue de ncnre camp
peut contribuer à les tenir en Inmoe Im-
mfur. Je suis sdr que lenrbéclairéurs nous
épit nt à ce moment même. » Et II leur
raconta tout ce qu'il avait e ntendn.
Dès qu'il eut fini, ils firent un repas
rapide, ma» copieux, et s**iendtrent poer
prendre quelque repos. Les Rock, avec
tente Tinsovciance d« leor sang irlandaFt,
dormirent parfaitement jusqu'à detax
heures avant le point dn jour; Snevtr fut
obligé de les réveiNer. On se la les clicvanx
devant le chef qui fumait son calnmet | en silence, tout en caiMut une croûte; le
<^.
.J^'
— 2eo —
capitaine distriboa à chacun, et prit pour
lui-fflémey une petite gourde d'eau-de-vie;
ils en burent la moitié, mêlèrent l'autre
moitié avec de l'eau et en frottèrent les
articulations, la bouche et les oreilles de
leurs chevaux ; puis, entassant une grande
quantité de bois sur le ftu, ils montèrent
à cheval et partirent.
On n'échangeait pas une parole; Snow
guidait la marche, il modérait le pas, ré-
servant les forces des animaux pour les
cas pressants. Bientôt ils entrèrent dans
une forêt où, jusqu'au point du jour, ils
suivirent un sentier frayé ; la nuit avait été
sombre, sans lun^ et sans étoiles; quand
parut la lumière grise du matin, ils s'a-
perçurent que la connaissance imparfaite
où ils étaient du pays les avait égarés. Ils
revinrent sur leurs pas, guidés par la haute
colonne de fumée du feu qu'ils avaient
allumé ; non ^qu'ils eussent l'intention de
retourner jusque là, mais pour gagner
un autre sentier traversant la vaste prairie,
dans la direction de leur demeure.
Au bout de quelque temps, ils atteigni-
rent la lisière du bois, et mirent le pied
sur la plaine Immense. Cette plaine était
de la nature de celles qu'en Amérique on
appelle roulantes: couverte de longues
herbes, elle s'étendait à perte de vue. Un
nuage épais, suspendu au bord de l'hori-
zon, indiquait que la prairie était en feu
de ce côté ; ce fut par là q*^e se dirigèrent
les trois fugitifs, en suivant une diagonale
qui leur promettait de laisser à lenr gauche
le vaste incendie.
« Fouettez, ferme I s'écrie tout à coup
Snow, les reptiles sont sur nous. »
Au même instant, on entendit le cri
de guerre des Indiens partir avec toutes
ses horreurs d'une centaine de go^iers, et
l'on vit les longoeç lances des Comanches
se balancer dans le lointain. Aussitôt ,
pressés par le fouet et par Téperon, les
chevaux partirent en bondissant , et ne
tardèrent pas à gagner du terrain sur les
Indiens, mais néanmoins on apercevait
toujours leurs longues iance& Pendant
quatre heures ik galopèrent sur la plaine,
et ils ne se trouvaient plus qu'à deux milles
des hautes herbes qui flambaient, fu-
maient et pétillaient en alavançant sur eux
comme une terrible avalanche. A leur
gauche se trouvait un cours d'eau, à leur
droite une plaine unie qui avait été incen-
diée il y avait quelques mois, et que cou-
vrait maintenant un petit gazon touffu;
préférant cette voie de salut à la chance
de trouver un gué, ils se dirigèrent vers
cette plaine, sur le bord de laquelle pais-
sait une troupe de chevaux sauvages qui
levèrent la tête à leur approche.
« Les reptiles! s'écria tout à coup Snow
en arrêtant sa monture. Yovez-vous ces
chevaux-là? eh bien, chacun d'eux a un
démon d'Indien pendu à son côté tout
prêt à nous saisir! Je reconnais ce tour-là
à un mille de distance. »
Les Indiens du Mexique, au moyea
d'une courroie autour de la selle et d'un
étrier particulier, resteront des heures
entières suspendus au flanc de leurs che-
vaux qui sembleront ainsi galoper en li-
berté dans la plaine. Ils ont généralement
recours à cette ruse, quand ils fuient de-
vant des forces supérieures, pour se
garantir des flèches et des balles.
Le capitaine Snow jeta autour de lui des
regards inquiets. Les Indiens qui les pour-
suivaient étaient environ à un mille der-
rière eux, les Indieqs embusqués, à un
demi-mille sur lenr droite, tandis que de-
vant eux, à une distance à peu près égale,
était l'incendie.
«Nous n'avons pas beaucoup à choisir,
dit-il avec cahne ; mes amis, il s'agit de
prendre un parti désespéré I Cela ne sera
peut-être pas tout à fait du goût des che-
vaux; mais, avec du coup d'oeil et du
sang froid, nous nous en tirerons. Il faut
que nous traversions la prairie enflam-
mée! »
Cette proposition frappa les deux jeunes
gens de stupéfaction. Snow ne leur laissa
''«î©;
^'G?^-^'
•^rr---^
— 961 —
pas le temps de réfléchir. Les Indiens em-
busqués, se Toyant découverts, sanièrent
snr leors selles et se lancèrent vers enx. Les
trois fogitifs n'y firent pas attention, oc-
cupés qu'ils étaient à leurs préparatife :
plaçant leurs cornets à poudre de manière
^ ce que le feu ne pât les atteindre; en-
veloppant leurs carabines dans des lam-
beaux arrachés de leurs manteaux, ser-
rant fortement autour de leur corps toutes
les parties de leurs vêtements, et bandant
les yeux et les narines de leurs chevaux ;
quand ils eurent terminé, ils sautèrent en
selle, et partirent vers le rempart de feu
et de fumée derrière lequel ils voulaient se
mettre en sûreté... il était temps I les In-
diens arrivaient.
La ligne de flammes avait environ trois
milles de long. La prairie, composée de
roseanx et d'herbes mouillées par des
ploies récentes, ne brûlait pas avec cette
rapidité qui ne laisse aucune chance de
salut ; et Snow remarqua que dans certains
endroits, la fumée dominait la flamme.
Précisément devant eux, un grand bou-
quet de buissons élevés jetait des flammes
hautes et claires; mais, sur la gauche, une
fomée noire et épaisse semblait indiquer
un terrain marécageux qui donnait moins
de prise à Tincendie. Ils précipitaient leur
course, car les Indiens n'étaient plus qu'à
deux cents toises derrière eux, poussant
des hurlements de joie, et gagnant à cha-
que minute snr les fugitifs qu'ils croyaient
déjà tenir.
« Fermez les yeux, et suivez-moi 1 » s'é-
cria tout à coup le capitaine Snow, en sai-
sissant la bride du cheval de Mary, et plon-
geant, tête bais&ée, dans l'épaisse fumée
b'élevant du marécage réduit en poussière.
L'atmosphère, depuis longtemps épaisse,
devint alors positivement soflbcante. C'était
un bruit infernal 1 Des roseaux qui pétil-
laient, des buissons humides qui sifflaient,
des herbes qui flambaient, une noire va-
peur qui k>s étouffiait, une chaleur qui les
brûlait... voilà tout ce qu'ils distinguèrent
et sentirent d'abord ; puis ils virent de-
vant eux une vaste plaine noire, couverte
de bois brûlé et de monceaux de char-
bons fumants ; le passage s'était opéré avec
le moins de dommage qu'il fût poNsible
d'espérer. Quelques brûlures, une soif
dévorante, des figures noires comme des
nègres, tels éuientles résultats insigni-
fiants de leur entreprise désespérée. Snow
pressa la main de Mary, et examina les che-
vaux.. . ils étaient entièrement perdus 1. ..
leurs jambes étaient brûlées de manière à
leur rendre impossible la continuation du
voyage ; et pourtant, malgré cet état dé-
plorable, les fugitifs furent contraints à
les pousser encore de tonte leur vitehse!
Un hurlement, que Snow ne connais-
sait que trop bien, lui révéla la présence
d'un nouveau danger. Les loups des mon-
tagnes arrivaient sur eux en troupes nom-
breuses. Ces animaux suivent les feux de
prairia«, en quête des carcasses des daims,
lapins, lièvres, etc., qui ont péri dans les
flammes; et réunis ainsi, ils deviennent
formidables. Les chevaux s*élancèrent in-
stinctivement , et les fugitifs les diri-
gèrent vers un bois, à cinq milles de
distance environ, qui arait été ép^^rgné
par le feu , protégé qu'il était par une
herbe trop courte et trop humide pour
propager les flammes. Tout en galopant,
ils détachèrent leurs carabines et leurs
pistolets, et débarrassèrent leurs cornets à
poudre des enveloppes nombreuses qni les
avaient garantis du feu. Ils s'arrêtèrent
plusieurs fois pour tirer sur len loups fu-
neux, au nombre de quatre cents environ,
dont ils étaient poursuivi4. [.es coups por-
tèrent, et nue halie générale indiqua que
les animaux étaient en train de dévor<jr
leurs compagnons blessés. Enfin, on at-
teignit le bois, et tandis qu'une décharge
générale arrêtait pour un instant la course
des bêtes affamées, Mary grimpa sur uu
arhre, prît les armes, les provisions et
autres objets, puis les deux hommes exté-
nués la suivurent LesL chevaux partirent
s.'?^^©)
•
an galop «t fvcM bienl6t Je prtie4et «ai-
laaiu léroces.
Il fallut «ne heni« de ivp*s aësota
avxnt ^04* kf fugiiif» fMaeot fiailiTcie
k*ur pi siiioQ ; i^ iiangrrt^Bt, buttent, el
fuHièivni eB feîWare fimdaMt u^e m¥^
deiiiî b4vrPy «^ s4'uleiiMiiâ aiurs m iroitxè-
reitt en eut de trair otifi8*iL Autour de
1 arbre, qui était baiit et g»mi de brancbea
épaissets, hurlaient le» kMp, pamiafia»! dé-
leriniiiéi» à ne |UM ahandooner leor proie.
MaÎ8 1*8 troÎN fiigitilït 6t ieiit h^ars de inv
atteinie; ce qui les ocntpaît siint«t. c*é*
tait la perte de leurs clte\auK, et la per-
spectii^ de retonrn* r à pied à icw* de-
meure. Ils ne redoutaient plus les indieoH*
•qui devaient les croire tonil)é8 dans les
flammes, et qui avaient dû prendre une
ruute oppesfe à la marche de riiioett<iie.
ils prièrent qa«'U|iie lempit à voix
basse ; mais les hurlemeutii des loups de-
veoani int(»lé*ab^, le capiuliH' Sbuw et
le jeoDe Knrk néstilntent « se débanas^er
de ce coocert ioctjftiiWKle. Ib deseendi -
rent jusqu'aux plus basses branches de
Tarbre, et ret^ard^rent au- iessiiDS dVwx.
Le bniiernent borribie qui les arcueillit«
l'aspect d s liMtgu»-s languies p^'ndauies,
4es yeiAi eiiilaoïniés, et des dents blaiiclieH
d'ofle ceiitaiae d'animaux d*- cette espèi^e.
annuent suffi p'iur terriiier tout autre que
•des honitne^ lamiti iiis^ avec le danger.
Un feu roulant de leurs pisioleti» à cioq
coups éh»igiia les loups. Snow ^'élan^a sMr
im gras tas de fetiilles ouKiitoelées par les
Ttttsa il y jeta une |)mg«ée «le p«wdre,
pais de la inoniise qiiM d lacha de l'aib e,
et du tabac a luujé; le» I up?» revena^eoià
li charge, quaod U pnadre en s'enAajH
manty.c *minaa qua le feu aux feuilles et
reiiToya une seo^Mle fiis les Ii4ips à di»-
iÊBDt; Rock jeta du h'is Mir les feodi'S,
01 fateniôt ijM nrmiNirt de feu iniouiaiit
IMbre sur lequel ils ^ reposaîettt, ib
parent panser kwrs brûlures.
Lelendecaain, lestoopH, qnioeseréniiif»-
€B gtaad numbfo qne dans de rares
oocasions, sfétaient dispersés sar la phiaa
nui «eiùiinaai«;i44ruiipe partît à.pie*i.
fat un pMble ve%age qa*i ceéat^là, à tra-
vers doN iorèis, des mari^ages, de bngaei
plaMs iaemilAab es» avt^c i»ne poifaate
cacabîueflir répaule. Us uiang^irai «a-
FOMieni, osant à pt«ae tirer, car b déio*
nation pouvait devenir dangereuse. Pen-
dant dix jonrii, ils se tralatTent ainsi, et le
Hoûeuie, ae tnaiin, ils se iroavaient à im
miiie de la demeure du capitaine Snov.
Deax on trois coups ^ecli d argues à fen,
Miivii» du bruit pins sourd d**s la!ii\s In-
dieiiM leiirn firent dresser i'oteiUe.lKs en-
fcancèrent danit on taillis, .prépaH^reat leurs
carabines, et s'avancèicnt En dix mifia-
tes i*s enri'iit atb'itit la lisière da bois.
Sn«>wvilie n'était plus qn^à une centaine
de I4>is* s. À claquante, des Indiens se te-
uai<'!ftt deiriâre iMie meuW* de bl^. Prompts
comme la ptnsée, Snow et »e8 compa-
gniMis firent fen« et poussant à la Iwis un
grand cri, s'élaacèreui vers ^kib tation.
Pris en flancs, les i^uvagips se léfHgièrent
dans le b-is et n'apportèret.t aucun 4ibsta-
cie 4 ta jonciion des bl«mcs. Sm»w apprit
que les Indi* ns tenaient sa m<«iH>n blo-
quée depuis deux jours, et que ><« do-
mestique et les quatre esclaves nègres
avaieat Ui une résâsiance énergique. Mary
conçut les pUtsgraiid^'saiarmeh ^ur le sort
de ses parents . mais il ne taUsii pa^ pi^nser
k faire le moindre mouvement peiidant
font le joar. On atie»«ùt âomc le soir, en
fui>»iil de nouveaux préparatifs de défense ;
et i la lokiiliée de la nnit, on bissai Snow-
vile à U g^trde de deax aègres. Suow
a\at* toujours ^é bon pour ses esclaves,
ceux-ci se comportèrent eu conséquence.
Ui petite ir«»ope, compoeiée de six pen«a*
nés, ramfia-Mir les genoux et sur h» mains
à travers an diamp de mai , at gagna da
cette manière un ^e•'tier qui coadowait à
la uiaifon de U fimiUr Rock. Une grande
flanmae iear annonça qne oe*ae nm iasa
brùlMÎi. Mary, désespérée, aMait s'élancer;
il ialiat tous ko efuris de soa iancé paar
v^ —
^j^*
— 20^ —
la retenir dans les Himte^ de la prodenre.
Ih arrh'èrenl binnlAt à Tenlré*- H« ravin,
altirs la scène, éclairée par ta cabane en
flammes, 8e mmitra dans toute sa gravité.
Le vif 'ni Rock et sa ftfiiune H'ik*nt ac-
croupis contre dt'S pieux, et les rndten<i, an
no'Mbredeviii|(t, leu' préparaient^ torture
Les blancs n*hé^itèrf*ijt paM;anOf*nrani lenr
pr»^sence par une volée de coups de cara-
bin* s, ils se préciiMtèrent en avant. Ils
n'avaient pas fan ta moitié du chemin, que
leK d»'nx \iei'lards se trouvaient an niiliea
d'eux, tenant chacun un fi»sil indien. On
battit en retraite ansbildt; et avant que l^s
sauvages étonnés eussent eu le t**mps de
se rallier, les %i âge» plies commandaient
l'entrée du ravin, et se reriraîent (*n bon
ordre : la ré|>ttCation ma^ne des cam-
bines de TOuest tenant les Comancbes à
une distance respettoeiise.
Trois jom-K s^près, toute la troupe ^tait à
chevaf ; le chariot, traîné par 0es b<enffi,
contenait tout ce que la famille Kock avait
de précieux, et sur le rommet èfaieirt
assis le vieux Rock et sa ^mme. Le r Ktn>
formait l'escorte. Ils se rendaient darts^
un comîé, à deux cents milles de Hi,
où le capitaine Snow devait être nni à
Mary. Après le maria^e, les bardts pîon-
nifTs, auxquels s'étaient réunis quatre^
firoilles entre prenanlt*»», s'e» fonçaient de
noQvean datis le désert, et regagna eut
leur ancienne résidence. Il se forma mt
village, dont le cap tame Snow fut nommé
shérif: La Cf^nmiunaut'' é a-t peu mim-
breus*», mais pleine de persévérance, et»
bien qu'elle ait eu d'abord à souffrir des
attaques des Indiens, le courage et Tin*
dos* rie des habitants sut réparer le dom-
mage; et madame Snow, l'héroïne de
ce récit, maintenant épouse et mère, a
laissé de côté les Iiabiiudes nomades de
Mary Rock.
^ Se VERIN.
(TraâuU de Canglcns.)
BIBLIOGRAPHIE.
Hisiûire des Franfais de éiven étattt, par
Alexis de Blonteil.
(2"»« article.)
L'auteur, ^'«ittachant à la forme animée
et piquarte sous laquelle il voile sa science,
a placé à Troycs, du temps de Louis XII, la
scène de son second volnnie. I es luftgistraf s
de cette vil e fi^nt comparmr de\ani • ux les
hommes de dixers états, dtpuis le pauvre
qui mendie à \h poiie d'une église jus/|u*à
rhomme de cour, car il s*9g<t de décider
quel est de tous les états le |)liift matheu^
reux. Donc, on p^sse en revue le.s lois, 1*^
coutumes, les usages, liens varé:^, mais
tenaces, qui étreignent U vie de l'homme,
I quelque condition qu'il appartienne, de-
puis les lois du myamrne, égales pour tous^
ju qu'aux règlnn enis des corps et roét^ers-
qui régentent l'artisan, juNqn'à t*é<iqueite
de la cour qui lie et dirige le g» ntrfhomme.
I-e pauvre raconte aioM hes aventures,,
qui ne le rendait.nt pas, il me semble, tro(^
mafb* oreox :
• I or8()U*on entre dans une ville, ordi-
nairement on df-mandela meilleure hAtel-
lerie; nou^, les plus malhtureux des hom-
n es, m»us demaudofis la pins mauvaise,
et encore craignons- nous toujours qu'elle
ne soit trop bonne, c'e^t- à-dire trop chère.
A Rouen, j*eu trouvai une qui me con*
venait parfaitement : 2i peine m'étaLs-je
assÎM, que Tbôte, accompagné d'un valet de
livrée, vint me dire : « Un gentilbommu
i
f
<;^
i— .>'
— 26i —
fait chercher partout on pauvre qui veuille
aller à Paris sur le cheval qu*ii doit con-
duire lui-même par la bride. — Bon ! ré-
pondis-je, je sais ce que c'est : il a fait
un vœu; je serai volontiers son homme.
— En ce cas, me dit l'hôte en montrant
le valet de livrée, suivez ce biave garçon.»
Je le suivis, il me conduisit ï Tbôtellerie
de son maître, t Vite, en selle, en selle I
me cria le gentilhomme dès qu'il m'a-
perçut; nous avons aujourd'hui bien du
chemin à faire. » Noos nous mîmes en
route. Nous étions quatre et nous voya-
gions dans cet ordre : Técuyer en tête,
à cheval; le gentilhomme à pied, me-
nant par la bride le cheval sur lequel j'é-
tais; le valet de livrée, qui était venu me
chercher et qui était aussi à cheval, fer-
mait la marche. Quand nous arrivions
dans une hôtellerie, le gentilhomme res-
tait à la cuihine et mangeait dans une
écuclle les mets les plus grossiers; moi,
j'étais conduit dans la salle, je me mettais
à la place qu'aurait dû occuper le gen-
tilhomme, et j'étais respectueusement
servi par le valet de livrée. En chemin,
le gentilhomme se tournait quelquefois
de mon côté, en me disant : « Allons, cou-
rage, mon frère, courage 1 priez bien
Dieu pour moi... Voyez la manière dont
on vous traite ! » Nous ne pouvions aller
qu'à petites journées, mais en6n, à force
de journées, nous arrivâmes. La première
chose que nous flmes, en entrant à Paris,
ce fut d'entendre la mes5e à Saint- Jacques
du Haut-Pas. Lorsque la me&se fut finie,
le gentilhomme me donna de Teau bénite,
me congédia sans mettre la main à son es-
carcelle, et me dit, en me rendant l'écuelle
de bois : « Mon ami, reprenez votre métier,
chacun son tour... . Je suis quitte de mes
engagements envers monsieur saint Jac-
ques... »
Le bourgeois, échevin de la ville de
Troyos, se plaignant du luxe touj<>urs
croissant en dépit des lois {>'omptuaires, dé-
crit la maison qu'il a fait bâtir pour sa fille.
« J'avais dit an mature entrepre-
neur que j'entendais que toutes les parties
du bâtiment fussent simples, et entre
autres les portes que je voulais en ogive
ou tiers -point. A cet égard, je fus unani-
mement condamné. C'était bon, me dit-
on, pour les bâtiments du barbare siècle
auquel nous venons d'échapper : le goût
actuel n'admet pour les portes que la
plate-bande ou le plein ciutre. Mais la
corniche, dis-je, convenez-en, elle est
d'un ordre trop riche , c'était assez du
toscan ou de l'ionique. On me répondit
que pour l'honneur de l'échevinage , il
aurait fallu le dorique, mais que ma fille
avait voulu aller jusqu'au corinthien, et
que, lorsqu'une corniche corinthienne
était une fantaisie de jeune femme, per-
sonne n'avait rien à dire. « Je vois là, dis-
je, à l'entablement, deux médaillons, l'an
de Trajan, l'autre de Marc-Aurèle; saint
Pierre et saint Paul auraient été plus con-
venablfs. — Maître Lapîerre, me répondit
l'entrepreneur, j'en demeure d'arcord,
mais si cela vons plaît, vous pouvez les
appeler saint Pierre et saint Paul. .. x> Je
ne contestai pas trop sur ces médaillons,
fort heureux qu'on n'en eût pas mis sur
toutes les portes, comme c'est aujourd'hui
la mode. Mais je ne pus me contenir quand
j'en fus aux plafonds sculptés; ce fut pis
quand l'entrepreneur s'écria qu'il ne ra-
battrait pas un denier du prix des grandes
cheminées , de leurs grands manteaux
chargés de figures et de dorures. Mes amis
me calmèrent en me disant que nous
étions venus à l'âge des belles cheminées.
Je me fâchai contre les devises des verres
de couleur : elles étaient toutes grecques
ou latines, et si savantes, que tout l'Hôtel
de ville, y compris les ckrcs-grelfiers, était
dans l'impossibilité de les expliquer. A
leur place, j'aurais souhaiiéde belles devises
bourgeoises : Tel me demande^ qui me
d<nL — Un tiens^ txiul mieux que deux
tu aurast etc., etc. Enfin, dis-je, voilà qui
est fini! — ^Non certes ! me répondit le mal-
— SOtt —
tre entrepreneur; qui me payera donc la
fontaine? — Ce ne aéra pas moi, répliqnai-
je, j'irai plutôt m'y no^er ! »]1 fant savoir
qne mon gendre, au lieu d'une fontaine
aux eaux plates, avait fait faire une fon-
taine pyramidale avec nymphes, dryades,
bamadryades, et toute la séquelle des dieux
grecs, actuellement si en vogue... C'était
une savante fontaine, plus séante au mi-
lieu de la cour d'un grand collège ou d'un
magnifique château... Il fallut meubler la
maison : on y voyait des tentures de draps
de soie, des tapisseries de Dinant, des
tapiisseries de Verdun, des lits à pavillon
de soie; toute sortes de meubles de menui-
serie, sculptés, peints., .jusqu'à d( s chaises
dorées; des chandeliers d'argent, des
miroirs à cadre d'argent, de grandes fon-
taines de cuivre en forme de chapelle, des
plats dt^ cuivre, de fer, émaillés, à fleurs,
à personnages.... Enfin, je vous dirai que
j'aimerais mieux bâtir deux maisons qu'en
meubler une. Oui, j'en conviens, les meu-
bles de nos pères étaient lourds et massifs,
mais ils étaient solides, ils usaient plusieurs
maisons : les miens sont du temps de Phi-
lippe le Bel. •
Les artisans se plaignent à leur tour,
soit que, orfèvres, ils marchent sous les ban-
nières de saint Éloi ; maçons, sons celle
de saint Biaise; potiers, sons celle de saint
Fiacre ; menuisiers, sous celle de saint
Joseph ; vitriers, sous celte de saint Marc ;
brasseurs, sous celle de saint Âmand;
boulangers, sous celle de saint Honoré,
bouchers^ sous celle du saint Sacrement; ou
pelletiers, sous celle de saint Jean-Baptiste ;
c'est un concert de plaintes, grâce auquel
on s'instruit des usages et des lois en vi-
gueur dans ces antiques maîtrises, si dif-
férentes de la libre concurrence d'au-
jourd'hui.
Quatre-Sous, l'hôtelier, raconte ainsi
son mariage , qui diffère pour la forme
des usages actuels :
• Quand le prêtre, après m'avoir fait les
demandes de consentement, les répéta à
Paulette, et lui dît : Paulette Ia Gris^ veux-
tu Joseph Quaire-Souêy qui cij est, n époux
et mary, si Dieu et sainte Église te l^accoT"
dent ? Elle répondit oui, et ajouta sans
hésitation, sans le secours du prêtre qui
souffle ordinairement ces paroles : Je te
prends à mon époux et mary, et promets
que je te porterai foy et loyauté, et cy te
garderai sain et malade, en quelque état
qu*il plaise à Dieu que tu sois; ne pour
pire y ne pour meilleur, je ne te changerai
jusqu'à la mort. Je loi mis l'anoeau au
premier doigt de sa main, di^sant : Paulette,
de cet annelje vous honore ; le passant au
second doigt, je lui dis encore, Paulette^
de cet annelje vous espouse: enfin le pas-
sant au troisième doigt, j'ajoutai : Pautelte^
de cet annelje vowi dote »
Le savant, latiniste, helléniste, hébraN
sant, se plaint des déboires de la science,
il montre â l'assemblée le cortégn de ceux
qui n'ont obtenu la gloire qu'à la condi-
tion du malheur.
« Le premier, dit-il, ce vieillard cassé,
plié en deux, ridé par les soufTranres et
les peines, c'est Gerson. Il nous fut légué
tout brillant de jeunesse par le siècle der-
nier : à combien de reconnaissance et
d'honneur ne devait-il pas s'attendre après
aVoir n souvent défendu, de sa voix, de sa
plume, dans les conciles, dans le monde,
l'ÉgHi^e et le roi! Il fui exilé par la fac-
tion de Bourgogrje; entendez de sa bouche
le récit de cette longue persécution.
Celui qui le suit, c'est Thomas à-Kem-
pis; il porte plusieurs livres de morale
sous son bras gauche , et sous son bras
droit, le premier des livres de morale,
V Imitation de Jésus-Christ; mais voyez
comme l'opinion, qui l'attribue à Gerson,
s'efforce de le lui arracher. Voici Cuba, le
naturaliste, qui, dans son Jardin de santé,
a été en même t^mps physicien et natura-
liste ; il a toujours représenté le dénûment,
le malheur des uns et des autres
Voici les poètes français; ils se plaignent
plus que les autres poètes; ah! véritable-
-^îOC
— see —
ment, ils sont à plaindre, car aa miliea
dVui » élèvent atijou d'buÎB o^^ulHiDfDt
des procureurs p êtes, uiaû encore des
butssiers-poêles, mais » Dcore des pripces-
poêtes. Vo>ez connue ils t'Oot à plaindre
par ce grand nombre de conrurrenis !
liais par une antre raÎKon, plaignez aussi
Blartiii Franc : bon Champion des dame»
DO peut se défend e contre les critiques ;
plaignez Viii »n, d^ns son TefitamerU il n'y
a pas un seul vers légué à la posiériié ;
pkligoez Mariirfl, non de Koine, mais d* Au-
Tor^ne, ses Arrêta (T amour seront causés
par les gens de Iwirsens ; ses Vigile* feront
dormir 1 s gens de g«>ût.... plaignez les
traducteurs plaignez les liisiorieiis, Irs
deux Chartiers, Jtliao et Alain; pour le
prolixe iMorist- clet, il a toujours été fort
content de lui, soit en se lisant, soit en
s*ente«d.int lire; certes, c'est un bonheur
dont je ne voudrais pas... Plaignez-les tous !
maiA, saint! mille fois salui ! à ceux qui ont
inventé le moyen de graver les lettres, de
les teindre, d'en tirer des empreinti's; à
ceux qui ont fait les premiers pas pour
découvrir l'imprimerie; salut I c«*nt fois
salut à ceux qui ont (ait les deruiersl
Noble GuUemberg, k plus nuble de votre
race, qni «vex inveiué les caractères mo*
biles; Clerc S«toffrr, qui aves jeté les
caractèn-s en fonie.... »
L'homiBe de conr fiocoède aa vîeox sa-
vant il s'écrie : « Quel beaa règne que
ceini de Lout^Xli t quel si beau règne qae
celui où UMl le peuple, traospoflé du
bonheur de posséder son roi, fait , des
ugnes de la dévotion pour les Hainia, les
signes de son amour poor lui, baise les
pas de la mule qui le porte, froUe ses
mains eouire ses royaux habits et s'en
frotte ensniie le visage ! Quel si beau règne
que celui où la monarchie n'«^ qu'une
famille, où le roi n'est qu'on pèrecoa-
ronnél Et cependant, les courtisans n'ont
jamais été si miiihearenx; leur art si
long , si difficile à apprendre , est devenu
inutile. Us ne peuvent maintenant laire
leur oonr an roi qu't^n aimant, qu'en lai-
saut le bien du peuple ..•• »
Nous termiiierous, nesdemoiseUes, par
ce spirituel él^ige do roi qni fut nommé,
l'èrt du, peuple^ remettant à un prjcbaîa
nuinéni le plaisT de vonsparirr en<.orode
cette Riêioire^ hi fnnçaiae dans le lond cC
dans la forme.
£. R.
BERTIIE AU GRAND PIED ,
FEMME DE PEPUf LE BREF.
« Do temps que la reloe Borths filait, v
Cet adage, qni remonte à no» bons
alenx, nous prouve que la relue Bertbe
était restée dans liur souvenir. C'est qu'dl*"
fut la mère de Charlemagne, et, sous les
voûtes de Saint-Denis, entre toutes les
pierres fuoèhres, ce n'était pas celle qui
éveillait le moins d'intérêt que cette. tombe,
ér'gfe en IS^ et
quelle on lisait :
en 1793, sur la«
BEAT A, HATSa CABOLI HVCM.
Mais KÎ les historiens ne noas ont rieA
dit de ceue reioe, uo nimaucior nous a
donné li romtm de B^ihé ou ^rafs pH^
^^^^,
en nous firér €imt qii'R dt^it cifte hf^
1i>irv i la cooriofstîe if oir bon nonie de
Saînt-Denîs ; ttqne, cutnine elle Hii paroi
fausa^ par qo« lqu«^ apprenti écmaîiv, M
avait fil ta pen^ée de h redre»«*T. et de la
mettre m vers. Ce roman a Ifti^ eofrpksts
on chapftrtK, r haci^n Mor one flenle rime.
• B«^ the« ranmte le romancifr, était Aile
de Flore, roi de^ Hongrois, et de Blanchf-
flc'iir. Lorsque Pépin l'eut demandée en
mariagn; elle <{hitt» e» pIraraDt an mère, et,
BMMiièe- «ir 811 het palefreiv cUi tra%erMt
l'Ai en»gvie, accompagnée de Margisie, aa
nouirii-e, d'Ali>ie, sa saevr delsik, et de
Fécnyer Tibe U Blaocbefleor, les ayant
ncheiés de iVsclavage, leor avait confié aa
fille hicn-MÎin^e ; cllf aimait hurtout Alinte
p«irce qiv'eik* re^nemlilvft à sa cbèreeufant;
elle lei recommande ces trois servitenn.
« Dame (dit Berih«,) la reio«)« je lei ai
Et d«« clM*M»q<«« j'«i«« jamais b« kaur fondrai,
▲lixif, fi j« puis, très-bien marierai.
— Fille, (répond la rtiiie) bun gré vous ^n
saurai.
La n^me» ifnî venait decondnire Bcrthe
anasi kmi ^Vlie I a?ait pu, Ini demande
nn dernier ga^ d'amont :
• L'amicf ijte votre d«»igt. . . à moi remporterai ,
Bn laaBM»aaM plena» leaveni la baitceai» v<N
Berthe ôta ton annelet
à aamèPt le baille, m e nH pleura et nieulii'ëi>-
nieia(lh
Blancheflenr ? eut conmier sa fille.
• ••• ns^pav joyetjee aa eete,
Veua an aUram Prance, être mon coar s'apeie
Qu'an nul pa|i n'a ^tat pina douée* ai plus
[vraie (3).
(1) L'aoneau de votre doigt, avec mol je t'em-
porterai, en larmes et en ^vrs sauvant le bal-
ai.
(2) Bile le danna i aa aièie; plaora baan-
beancoup s'ement.
(3) Vous ailes en Franaa, de ce
— «87 —
Cependant,
Au dép rtir, cbacua à picnrer se rassafe (1).
Oir emm<*iie la mère, dontfe ct'ur était
tout pièsde fail ir; fierlhe venait de 8*éva-
«
Douîr, il fdltut que sa sœur la ducoîse (2)
le>ul>ra8Sât maint»'» foin pour la rappeler
à la \iH, puise le la quitta en hii disant un
dernier adieu... Et mainteoani le roman-
ci^r va cliaai«T l»s malheurs de Berthe la
débonnaire^ la blimdty rescheeée (3).
Quant elle a paaaé le Rhin, traversé
les Ardi'nues que »on royal fiancé est
venu à .sa reucoutre; comme elle appro-
chait de Paris, la vieille Ma^giste, pr«>fi-
tanl de la r&^seiiib aiice de ha (ille avec la
priocesse, lorsque Theure est arrivée de
remettre Brthe à Pépin, la fait cacher,
re^ét Aliste des habi s roy^tux, et c'est elle
cpii est reçue comme reine et conduite an
palais. Puis elle Hait pas>er Berthe pour
 liste, Taccuse d av(»ir tenté d'a>8a8bin«'r la
reiot^, et Uiut se passe si rapidement que
le roi se laisse tma)|)er, et que Tinfortu-
née Berti'^ ne peut he défendrp. L'écuyer
Tihert la remet entre les mains de misera*
ble^ pa\és par lui, aven mdre de la tuer.
Ils leuim^ntiit loin de Paris, dann la (urét
du M.ID8, mais la pi lié s'empare d*eux, ils
st; contentent do la dépouiller de s(^ ri-
ches véteitieott» ne lui laissent qu'une tu*
nique et im petit manteau, et lui disent :
• Belle, fti y aa vr ans an , n'y sait piM délaie
Dam Dieu voua cooduiaa par la sftvaandlié (I);
pni» \h l'abandenneiit
La dame fat av bois qui d u ie m c nt plera,
tea leus ooIC iil<er ai li biiaaia bii%
Il aspartoît Amnani et duaMsant lonna Mt
s^araiiev car en nnl peye ne sent gana ptna
éa«tv ni plue ^raisw
(^1 Au départ cbacnn à plaarea f t rimtt
(2) La duchesse.
(3) Aui beaux cbeveux.
(4) B* Ile fuyez saus dë'af, et que Dfan tous
conduise |Mr la sienne amitié.
(.^) Elle entendit hurler les loupa, et huer la
hibou; il éclairait ferme et
— 268 —
Et plut menuement, et gtesille, et venta :
C'est hideui temps à dame qui compagnie n'a!
Dame-Dieu et ses saints doucement réclama.
Quand eut fait sa prière, 809 mantel es-
courça (t),
m
A Dieu s'est commandée^ parmi les bois s'en va.
Souffrant de la faim, de la «oif, de la
fatigue et de la pluie, Berthe marchait
toujours durant t:ette nuit sombre; die
trouve une source qui la désaltère, évite
un ours qui allait la dévorer, et après
avoir laissé une partie de sa tunique aux
buibsons de la route, blessé ses pauvres
pieds, elle trouve enQn un ermite qui a
pitié délie et lui indique la cabane de Si-
mon le bûcheron, où elle pourra tron?er
ufl asile.
Berthe, cachant son nom et ses mal-
heurs, est bien accueillie par la femme du
bûcheron qu'elle se met à servir comme si
elle était sa mère ; elle aime leur fille comme
si elle était sa sœur, et passant Fa vie à
filer ce fil si fin, si uni, qui depuis a fjit sa
renommée, elle s'acquittait ainsi envers le
bûcheron qui vendait ensuite à la ville ce fil
fort cher, acheuit en échange de l'or, de
la soie, dont Berthe faisait ensuite des
broderies merveilleuses qui embellissaient
les dames de la cour.
Depuis sept ans Berthe vivait cachée
dans la famille du bûcheron sans avoir
osé donner de ses nouvel'es à sa mère
dans la crainte de se faire découvrir; mais
Blanchefleur trouvait longues ces années
d*éloiguenient de sa fille chérie; elle sup-
plie le roi de la laisser partir, obtient celte
faveur et se met promptement en route.
Arrivée sur la terre des Franks, an lieu
des bénédictions qu'elle espérait enten-
dre sur son passage, elle n'entend, que
des malédictions contre la reine... Blan-
chefleur ne peut croire que sa douce Ber-
the soit ainsi changée; elle accuse le peuple
d'erreur, se hâte d'arriver à ParLo, et se
(1) Bdeva.
I présente au palais. Mais Uargiste pftle,
effrayée» dit que « la reine est endormie. »
Blanchefleur demande à voir Âliste; Mar-
giste feignant un grand chagrin, répond :
oc Ali&te est morte. » Enfin, quand elle a
épuisé tous les délais, elle introduit Blan-
chefleur dans un appartement obscur où la
malade est couchée au fond d'une alcôve.
De draps d'or et de soie très-bien eocourtinée (1).
Aliste, craignant de se trahir, parle d'une
voix si basse qu'à peine la reine l'entend;
elle dit qu'eUe n'ose se montrer dans la
crainte d'effrayer sa mère :
.... Je souffre un tel martyre
Que j'en sois devenue aussi jaune comme cire.
Elle la supplie de lui pardonner si elle ne
peut mieux la recevoir, et finit par lui dire
qu*elle a besoin de repos et qu'elle veut
rester seule.
Blanchefleur, qui dès le commencement
de cei te scène avait des soupçons, à ces
mots s*écrie :
Aide Diexl qui oncques ne menti;
Ce n'o»t ntie ma fille que j'ai trouvée icil
Si fust demie morte, par le cor saint RemI!
M'eust-elle baisée as»ei et conjoî (2).
Elle veut voir de près celle qui se dit sa
fille, elle prend un cierge allumé, appro-
che, lui découvre les pieds.. . Or AlL>te avait
les pieds parfaitement égaux... Berthe au
grand pied où éiait*elle7.. . Les misérables
auxquels Blanchefleur l'avaient confiée,
i'avaient-ilsdonc abandonnée en roule?...
i'avaient-ils donc tuée?
Blanchefleur éclate en pleurs, en san-
glots, elle va*se prosterner aux genoux du
roi, lui découvre la perfidie dont il est vic-
time et demande justice.
(1) Courtine, rideau.
(2) Que Dieu m'aide! qui jamais ne mentit;
ce n'est pas ma fiUe que j'ai trouvée ici I Par
le corps de saint Rémi l.elle serait à moitié morte
quelle m'eût embrassée avec joie.
Se
c^
— 26» —
Pépin, qni n'avait jamais aimé Thumenr
de la reine, est facilement convaincu. Mar-
giste et Aliste sont chassées du palais avec
ignominie, on les enferme en attendant la
pnoition qu'elles ont méritée ; mais Blan-
cbéflenr redemande sa fllle : Tibert avone
qn'il était chargé de la luer, et que. Mo-
rand, son serviteur, lui a laissé la vie. Le roi
fait parcourir son royaume en tous sens, ses
écuyers sonnant du cor et de la trompette^
le peuple se met en prières, demandant à
Dieu la bonne reine, mais on ne découvre
nulle trace de rexi^tfuce de Berthe, et
Blancbefleur est réduite à retourner en
Hongrie, persuadée que sa fille a péri de
froid, de misère, ou a été dévorée par les
bêtes de la forêt. Margiste avait'été brûlée
vive, Tibert pendu, et Aliste renfirmée
dans un cloître pour le reste de ses jours.
La triste histoire de Berthe était dans
toutes les bouches,, et le roi n'espérant
plus retrouver sa Gancée, s'abandonnait à
la douleur, lorsqu'un jour s'étant égar.é
dans la forêt du Mans, il rencontre une
belle fille et lui demande son chemin. C'était
Berthe, qui venait de faire sa prière dans
une vieille chapelle. La beauté de Berthe
touche Pépin ; il lui dit « Je suis premier
dans la maison du roi, » il veut l'emmener
à la cour, et lui promet de grandes riches-
ses. Berthe s'offense de ses discours, elle
refuse de le suivre; mais pressée de plus
en plus, et pour sauver son honneur, elle
s'écrie : « Je suis la femme de votre roi,
j'ai droit à vos respects.
El nom à ce Seigneur qui m laissa pener,
Ens en la saiole croix pour son peuple sauver,
Fille suis, le roi Flore, qui tant fut à loer
Et fille Blauchefleur, de ce n'estuel à douter (1).
Le roi ne se nomme pas. Il veut parler
au bûcheron. Berthe le conduit à la chau-
(1) Au nom du Seigneur qui se laissa souffrir
sur la croii pour sauver son peuple, je suis
fille du roi Flore qui tant fut à louer, et fille
de Blaachefleur, de ve n'est à douter.
mière, et se retire dans sa chambre. Si-
mon et Ckmsunce, sa femme, disent à l'é-
tranger que cette sainte fille, qu'ils font
passer pour leur nièce, est depuis sept ans
chez eux, qu'ils l'ont recueillie prête à
mourir de douleur, de froid et de faim, et
que, par sa présence, depuis sept ans, leur
chaumière est bénie.
Pépin s'éloigne sans avoir revu Berthe;
trompé une première fois par Aliste, il ne
veut pas risquer de l'éire une Féconde
fois par cette paysanne qui se dit si à pro-
pos la reine Berthe. Il juge plus sage
d'envoyer en ffongrie; Blancbefleur et le
roi Flore devront reconnaître leur fille.
La reine, dans sa joie, se nôet aussitôt en
route, son époux l'accompagne. Pépin les
reçoit « en toute liesse et honneur, » les
conduit dans la forêt, chez le bûcheron,
et là, ils reconnaissent Berthe ! Le royaume
est en fête, les choches sonnent dans cha-
que ville pour le passage des époux, du
roi de Hongrie et de Blanchefleur; le bû-
cheron, sa femme, sa fille, reçoivent des
litres et la ft»rtune; Morand, qui avait
conservé la vie de Berthe, est recompensé.
Berthe reste aussi modeste, aussi bonne,
c'est toujours BertÂe la débonnaire, une
noble reine, aimée de tous; et le roman-
cier, après avoir nommé tous les enfants
de cette reine, finit par Téloge de Charle-
magne.
C'est ainsi que « Bert?ie gui fut au
bois >» méi ita de devenir la femme du
roi Pépin et la mère de Charkmagne.
Adenès le Roi chantait les aventures de
son héroïne devant la belle et savante
Marie de Brabant, épouse de Philippe III;
le peuple en répétait les refrain^f, et Ber-
the au pied d'oue (d'oie ) , Berthe au long
pied devenait chère à tous les vil ageois,
car elle avait vécu comme eux avant de
porter une couronne.
Nous ne pouvons parler avec l'assurance
du poète, nh du roi Flore, ni de Blanche-
fleur; nous sommes réduits à répéter
qu'Éginhard, Ayinoin, et le moine de Sainte
-^ »T0 —
Gail ne diseat que ^dqiieft mots de A^-
tlhe an grand pied^ et (fu'eii réuninsant
tous leurs téuioigneges, nous ne ^«ttuvocs
découvrir le nom des pa'eiii»^et te lien de
la nais>ance de cette pi inct^ss^^.
Il ne peut être dwiteux qu*elle fut de
race germanique ; ¥i c'eiit dViieque i.har-
lemagiie, le (ils de Pépin le«Br*f, tint cette
noble Mature <|ui le 6i adourer cuire tous
les hommes de son temps.
En 752, Bertbe reçut avec Pépin le sacre
et ronction royale, qui lui furent conférés
à Soissons, par Boiii£ace, archevêque de
Maycnce.On voit la reine accompagn r tou-
jours son mari, f^ire les honneurs de la
table royale, et recevoir, avec Pépin, le
pape Éiieune II, lorsque ce pontife vint
demand^-r les secours et la iTOtectii»n du
roi des Franks, contre Astolphe, roi des
Lombards. Bertbe fut de nouve«iu sacrée
avec Pépin, iqoi voulut que les cérémonies
de son couronnement fu'isoiit renouvelées
par U pape lni-n«ême. Oo croit que cette
solennité eut lieu dans Tabbave dn V^-r-
rières. C*est dans bi cour de celte abbaye
que Ton place aussi le fiiHeui combat du
lion et du taureau, dans lequel PépÎD le
Bref acquît un ri haut degri d*estîme
parmi les leudes.
Egiiihard nous dit que Cbarlemagne
aima tpndienient ^^a mère, qn c'ie vieillit
auprès de lui c« roblée d*bonneurs. Benhe
mourui,en 783, h Choisy; Lkarlemiigne
fit Nihumer sci re&tes 'aus la cathédrale de
Sa nt- Denis.
Elle ava-t ea neuf enfarts: Talné de ses
fils fut Karl U Gfand ( Cha< leuiagne )^
dft»nt le ncun seul réveille toutes les gran-
deurs -— le second, rarloman, ne portd la.
couronne que tro s ans. — Bertiic perdit
un troisième fîls do nom de Pépiu, et deux
filles, Romaide et AHelaile, tous trois
mo'*ts dans leur eufance — une autre fille,
Isleberge, a été reg.irdée comme sainte —
une liuatrième, Giselle, a pris le voile et a
gouverné en qualité d'abbesse la commu-
nauté d*f Notre-Dame de Soissons — une
ciuqui«'nie princesse qti'on ne nomme p«s»
a vécu non mariée à la cour de C^arle-
magne, et une siii^me, appelée Rolh il le,
femme d*nn c )iute du Mans, e t regardée
comoM la uière du fameux Roland.
M"* A. Cellik.z.
( Le$ Reines de France. )
SPERAXZA-MARIA.
En i8t5, le JMir ée PAiiceiisiofi, le m^
leil d'Afi-iqne s'était Wvé dan» lowie s»
m»jesiè; WHlam et redieiii, M étend k
snr ïts> vagM^ bfeues île Ut ilMiterra«é»
la poarpre ée shi rayons, qui se dém»-.
latent au lot» comme une faste nappe do-
rée. Le» voilrtt MaaeheH &iint^ pei te flot-
tille destinée à la péthedu cora*l, se Ink
lançaient 9*aci«iifl*iiient an sou'fle de la
bri^e» elte »e diri§eiic itrs le mage de la
CaKe, non loôi des eaui de Bone. Après
avnirjelé ks ancres, les marins, levéïna
de Venrs habits de fête, prirent terre et
s*acheiiiinére»t dévotement versnne petite
chapelle dont la c'oche tintait les vêpres
de ce jiMir. De notubreux Arabes pétaient
rassemblés sur le rivage, ils reçurent It'S
arrivants san^ manifesf«*r auctioe imentitm
l'Ostile. Deux cent-» chréfi«*ns environ se
ir<'U«è>e'*t réunis hoiis les murs de la petite
égli»i<*, tr p étroite pour les contenir. La
plupart éuient Français; il y avait au-ri
des Corses, des Napolitains, des Sardes el
des Maltais. Les port s de Tédifice a*oiF
bJ^u^^e)©^^^
;?r^
.'t»
^^â t^» ^ .^y*
J»*
.-rs*
— Ml —
vrirent pour recevoir oae pariie des fidè-
IsK, et 8e reiVrmèrefit aucskfVl Akm» des
6ris.déct»ira«itH m) firent eHirudri*, car dtt»
▲raben cacbén daus le (ieu saint écenm^tihh
saient un aiïrem laaHsacre, peadant qu'au
debonid*aiiirt*s'Ârai«eBse ranlei't sur W^
Gliiéti«-Ds pnMteriiéi& |HHir ia prière, et qui
rec^-Taieiit la mort sans avoir ni le leujps
ni li*s uio)e<»K de he défi^iidre.
(«e cumptot avait éié niéiilé par les
Haures pour se venger de la kétOfe Wçou
à *'ux donné»' par lespuiH>aiicesd'E4in*pe,
le>q»ielles esptVaient par Ift in -tire un
tvruie aux pirateries continuelles qui dé-
solaient la lUéditerraoée.
Des deux ceotH victioM^s qui lom^èt ent
sous le plomb ou le yatagan dfs Ar^lnss,
les enfants seuls furent épargnés, mais
réserves à IVcl^ivage. On le» traîna du uii-
lieu de celte aff. t*use boack«;rie au marclié
des e.sc]a?es« où ils furent vendus et diri-
gé» sur plusieurs points de la pnivinc«'.
L*un d'eux. Français <le n«iis0ance, h pein**
âgé de (piiiize aus, ble>sé, p e^que mou-
rant, écUoi en iiartageii un AUurt*, uoimiié
Achmet, qui l'emporta dans sa maistm.
oà il luid nu.i lesboius nécessaires eonimp
à un a«<iuial q»n a sa valeur et dont on
tient à la oo'«servation. Rendu à la saiit^,
toos Wh travaux d«i la donientieité kii furent
asMgnés; ilh'y réégna ooniagenseuieiit, ei
s'ar.quit |iar sa couduite nn flMiîleur irai*
teoicut d^. son maître, puis» la confiance
de la famille.
L'année soi vaole, la fli»t^e anglaise* cnm-
niandt'e par lord ExiihniUi, parut en vue
des côtes d'Afrique ; elle venait venger
la mort des infortunés égorgés aux vê-
pres de i'Aticenhion. Les Maures, pro-
priétttirfs d*e«claves cbri^iiens &«; hâtent t
de s%nfoncer an loin d.ms les terres,
▲climet cbarnea sur des diameaux i^a U-
mille, ses escItveH, se8 plus précieux eiï«rs,
et se ntira à Cott>tantioe où il n*a ait
noUc cra»ttt d être inquiété. L'amirsl Rx-
mooth détruisit icwtes len babitat <ms de la
Cajle, les XortifiGatious de Boue et d'Aller»
coula bas toutes les embarcations algé-
riennes qu'il reucontra dans cette expédi-
tion , et bigoifii au dey d'Alger qu au
premier sujet de plainte donné par la ré^
gence, il ferait d*s rivages de l'Afiique le
prolongement du Sabara, c'est-à-dire un
lieu sans autres créa ures vivantes que les
bêtes féroces. Cette menace eut yaa tffet ;
pendant quelques auoées, la terreur com-
prima le brigandage des tribas du nord de
l'Algérie.
Acbmet, saiisl^jt de son jeune esclave,
le traitait avec douceur. Pierre ou Pietro,
c'élaitsun nom,actif,latiOrieux, iotelligent,
d'un exeeilent natnel, se fit aimer de
tonte la famille, mais surtout d'une jeune
enfant de quatre ans« qui se familiarisa
bieotôl avec lui jusqu'au point de le com-
prendre et de s'expliquer en français, au
graud amusement de «es parent». Fatma
s'aitacba à Pitiru, et par son innocente
mé<liation le so'i d^ ce jeune garçon de-
vint lout à fait supportable.
Trois années .^écoulèrent. Pietro venait
vratiein^lre dixntuf ans, Fatma en avait
ouii; son père vo>ait saos déplaisir le rap-
proc^iement des deux eiifautM, il s'était
même fatiiiliarisé avec l'idée d'une union
tl0K^ible si INetro se convt;i' lissait à la foi
mustiltiiane; il y songea enfin sérieuse-
ineni, et ptuir y parv*'nir il résolut d'em-
ployer les iou» ccttte» séductions de la gen-
tille Faima. Ou lui fit sa leçon, et l'ayant
per>uadée quMIe iigirait dans les intérêts
du chrétien, on U laissa libre après l'iai-
pu^sÎMn donnée.
Coostautine ef^t située sur le sommet
d'un rocher trés-élevé, et si cette pohl«ion
assure sa sécurité, elie en rend le séjour
encore as.«ez incouuiNide aujourd'hui aux
Européens qui l'ba binent. Beaucoup de
Ci(m>truciions françaises ont maintenant
remédié aux dé.-<agrém<'nt8 du lieu, mais
en 1819, c'était plutôt un nid d'aigle ou
de vautour qu'une ville habitable. La mai-
son d'Achmet était sur les remp'irts, et sa
terrasse dominait à pic un précipice de s x
J^'<9^^
J^^(â
- S7S —
cents pieds de profondeur. Cependant,
sans crainte aucune, Fatma courait en
jouant sur ses bords* et se riait des ter-
reurs de Pietro, qui veillait avec anxiété
sur tous ses mouvemenis. Trop peu
maître de sa terreur, il retint un jour
Tenfant dans ses bras en la suppliant de ne
pas s*exposer ainsi.
ff Si je tombais, Pietro, tu serais donc
malheureux?
— Fatma! ne parle pas ainsi la
senle idée de te perdre me glace le cœur. ..
n*es-tu pas ma seule amie?
— Mais mon père t'aime aussi, et si tu
voulais devenir musulman, tu serais son
fils en cessant d*étre esclave.
— Ton père est un bon mattre, Fatma ;
mais le Dieu des chrétiens est le seul vrai
Dieu, je ne puis ni ne veux renoncer à
son cuHe, même pour devenir ton frère.
— Si mon père voulait t'y contraindre,
il le pourrait, et tu deviendrais heureux
malgré toi, Pietro.
— Il n'y parviendrait pas, Fatma, car
je persisterais dans ma croyance et pré-
férerais souffrir le martyre pour l'amour
de ma religion.
— Qu'est-ce que le martyre, Pietro?
— C'est souffrir les supplices et la mort
au lieu d'abjurer. Le premier des martyrs
fut le Sanvtur du monde, il se dévoua
pour nous et racheta notre salut par ses
souffrances sur la croix. •
Alors, répondant aux questions de Fat-
ma, Pietro lui raconta la passion de Notre-
Seigneur Jésus-Christ.
t Jésus-Christ a fait cela! dit la jeune
fille en frappant dans ses petites mains,
il est mort sur la croix pour expier le mal
fait par les méchants; oh! que ton Dieu
est bon, et que les chrétiens doivent l'ai-
mer I Tu as raison, Pietro, reste chrétien,
je ne te demanderai plus de renoncer à ta
foi.»
Fatma s'éloigna pensive et raconta à ses
parents le peu de tmccès de sa mission.
Achmet ne se rebuta pas et espéra un tout
I autre résultat pour l'époque où Fatma se-
rait en âge d'être mariée. Sa treizième
année s'accomplit , et avec elle le déve-
loppement de toute sa beauté; en Orient,
les femmes sont de onze à quatorze ans
ce qu'en Europe elles deviennent de seize
i dix-huit. Pietro reçut d' Achmet l'offre de
la main de sa fille en échange de sa con-
version à rislamisme. L'esclave fondit en
larmes; c'était un bonheur qu'il n'eût osé
espérer. .. mais il refusa : prières, menaces,
tout fut inutile, il resta inébranlable. Une
nuit, son maître vint substituer à ses
vêtements habituels, ceux de musulman,
croyant obtenir par ce moyen un consente-
ment tacite. Pietro déchira ces vêtements,
et les foula aux pieds, ainsi que le turban,
symbole de la fui musulmane. Le cas était
grave ! Achmet livra son esclave au cadi,
qui le condamna à deux cents coups de
bâton sous la plante des pieds.
En apprenant la sentence rendue contre
Pietro, Fatma se livra au plus affreux
désespoir, elle s'accusa des'étre rendue l'in-
strument du fanatisme de sa famille, et
d'être devenue pour Pietro un motif de
persécution. La veille de l'exécution,
Achmet assis sur sa terrasse songeait tris-
tement au sort de son esclave favori, il
regrettait d'avoir agi si durement, mais il
ne voyait aucun moyen d'arrêter la mar-
che de la justice. Fatma se présenta devant
lui.
« Père, dit-elle, celui que vous jugiez
digne de moi, va subir demain le châti-
ment des malfaiteurs, et c'est pour être
rosté fidèle à sa reli^^ion. Il faut que cette
religion soit bien puissante pour avoir dé-
cidé Pietro à la préférer k moi. Mdis, moi,
je ne veux pas renoncer à lui, et si vous le
laissez mourir, j'abjure la foi musulmane,
je trouve au fond de ce précipice la mort
dont il m'a si souvent garantie, et je vais
le trouver dans le paradis des chrétiens. »
Achmet désolé c*iercha vainement à con-
soler sa fille, sans oser lui rien promettre,
mais épouvanté à l'idée de quelque catas-
iS^èsy^^
^^
>«^;
— 975 —
trophe, il se rendit aussitôt chez le mn-
phti, chef de la religion mahcnnétane. Il
lui exposa les faits. Celai-ci fit demander
le cadl, et Ton conféra snr Timportance de
cette affaire. Le supplice d'un chrétien
poarait avoir du retentissement et parve-
nir en Europe. La dernière leçon donnée
par lord Exmouih était encore assez ré-
cente pour qu'on regardât à deux fois à
loi donner matière à correction. On fit de
nécessité Ycrtn, et la grâce de Pletro fut
accordée.
De retour dans la maison d'Achmet, il
fat uni à Fatma ; mais, en loi permettant,
selon sa demande, le libre exercice de sa
religion, on exigea de lui, sons les plus
terribles serments, de ne pas user de son
influence sur sa femme pour la détourner
de la foi dans laquelle elle avait été élevée.
Pietro le promit v.t tint parole.
Leur union fut heureuse. Fatma, tendre
et dévouée, s'efforçait d'effacer par les
soins les plus doux les chagrins qu'avait
éprouvés son mari. Pie(ro remplissait ou-
vertement ses devoirs religieux, môme en
présence de sa jeune épouse. Fatma écou-
tait les prières chrétiennes avec une atten-
tion respectueuse; mais, fidèle à ^a pro-
messe, il ne fit rien qui pût éveiller en
elle une volonté contraire à celle de sa
famille.
Une petite fille vint resserrer leurs liens
et compléter leur bonheur. Pietro avait le
premier reçu son enfant dans ses bras. Ce
jour-là, le sirocco soufflait avec fureur. La
malade, couchée près d'une porte donnant
sous la galerie circulaire qui existe dans
toutes les maisons mauresques, aspirait pé-
niblement le peu d'air atmosphérique qui
fût respirable. Elle suivait des yeux, avec
un plaihir indicible, tous les mouvements
de rheureux père qui, couvrant son enfant
de caresses, le tenait à l'air extérieur. Tout
à coup il vint se pencher vers elle, et lui
demanda avec tendresse quel nom elle dé-
sirait donner à sa fille. « Speranza, » ré-
pondit-elle. Pietro fit encore quelques
DIX-NVUVlàyB ANNÉE, 4* S^RIB. — N<^
tours sous les portiques, puis, s*approchant
de la citerne, la jeune mère le vit fléchir le
genou et ondoyer son enfant; elle l'enten-
dit prononcer les paroles sacrées qui la
rendaient chrétienne : « Speranza, je te
baptise au nom du Père, du File et du
Saint-Esprit.^* Quand il rentra... Fatma
fermait les yeux et oroisait ses mains sm*
sa poitrine.. . en la voyant ainsi, il la sup-
posa endormie.
Speranza, enfant adorée de toote la mai-
son, grandit en force et en beauté; mais
la jeune mère, dont la constitution était
frêle et délicate, fut attaquée d'une con-
somption que le défaut de soins éclairés
rendit irrémédiable Un jour, Pietro la sur-
prit fort occupée à tatouer sur le front de
sa 611e une ancre de navire qu'elle s'ap-
pliquait à rendre aussi nette qu'ineffaça-
ble. D'abord mécontent, il lui demanda
pourquoi cette pratique sur son enfant.
C'est le symbole qui appartient â Speranza;
elle peut survivre à sa mère» et le signe
qu'elle porte maintenant sur le front lui
rappellera qu'elle est chrétienne.
— Fatma, tu le savais donc?... en as-tu
quelque regret?»
La jeune mère sourit, et posant ses mains
en croix sur sa poiurine comme an bap-
tême de sa fille, elle ferma doucement les
yeux, les rouvrit, regarda son mari, puis
le ciel avec l'expression d'une joie inef-
fable.
« Fatma I s'écria Pietro, chère Fatma,
mon serment m'enchaîne, je ne puis, je
n'ose t'adresser une seule question, et
pourtant, je crois comprendre....»
Fatma posa un doigt sur ses lèvres en
lui montrant une vieille esclave qui les
observait.
Peu de temps après, Pietro s'aperçut
qu'un petit crucifix qu'il portait dans son
enfance, lui avait été soustrait ; il ques-
tionna , fit des recherches , mais vaine-
ment. .. le crucifix ne se retrouva pas.
La santé de Fatma déclina rapidement,
bientôt on ne conserva plus d'espoir. A
IX.
^s^^
w>^
— 874 —
ws derniers moiîM>ntR, après avoir adressé
de louchants adieux à son père et à sa
mère, elle hoiihaiia rester ^eule avec aua
mari et sim enfant Pieiro, I genoax près
de sa feiBiae» reçue* MaH pieusemeat ses
paroles qu*un«^ etcpssiie faiblesse renditil
à peine iDU'Iligibles. Si^^ranza, âgée de huit
aiiK, sang^otair, inclinant sa jeune têie sur
les gi^nonx de sa mère. Fairna 6t un ge.^'le
pour obtenir le silen- e. Alors, MHMtiSMif
la main d<* sou mirrî, elle la posa sur («on
cœur... il tressait it, car sur ce c«ur
qtiHt croyaK ninf(ulm»n, éiiût suspendu de-
puis longtemps le signe de la rèdvmp îon,
le cruciHxde Pietro. «Je suis dirèiienne,
lui dll*«lle, pui«4fu« la volonté peut tout.
je HtiÎH chrétienne, et cependant tu as tenu
fi«lèlf*ment ton seraient envers ma fa-
mille, le crois «'n IMeu, je ends en la
Vierge Marie, aioiita-t-i*|(e, je crois en Je-
sns^^hri^t depuH <fu« tu m'as raconté ses
souflFi ances. J ai sef»ii ffiie j*aiinaifi ce
Dieu de boulé 4fiii sacrifiait sa vie pour
raclH*tf*r le uionde d'une étt'rneiie damna*
tioii. (Vest ce que tu apiN'Ues la Grâce,
nV 1-0*1 paH 7 Ce?*t ce que j'ai lu dans ton
Évaugile depuis que, par ti*s soins, je sais
lire, i^tthitenam, Pietio, nous ne serons
p>s s^n*8 lè-^aut, notre enCaut nous y
8*H^ra. Éeo*«t«-moi bien, c»r je Ken« la
mort qui N*appf oclie. Piiis cette iiuii même
avec ta tlle, demain tu uVn serais plus
le maître ; retiie-toi à Bone, élève notre
en a ut en chréii<'ttn«*, et forme son cœur
sur It* mmlèlt^ du il<4i. »
L^ îfune femme attira vers ette la fille,
éii'ndit leH maitis et ta l^énit.
M Speransa, lui ék-t lie, tu portes do-
pitÎH ton «'nUoce le signe d'une ch^ trois
\ettiis chrétienneN Je l'ai tnoi-mèaïc gra-
vé ^wr Ion ir'#nt cotumi* une mauifeMatiou
aviheytique de i»a nouvel^ croyance, et
pinir te laisser à lui U inar()ue ineffaçable
d'usé reiitdon dans laqwIlH, comme ton
ï^re, ta dos vifr«- et mourir. Adieu, Pic-
tid, adieu, maSperauxa. fuy tx tous deux. . .
cette nuit même, entendœ-vous 1 ne reatfs
pas Fpeciaieurs des pratiiitifs qtd àmont
lieu d«>nuiin à mes funératUes, et que. • a
Fat ma UuHsa dmoeuient rHombcr a^ tètB
sn* I épule de M>n époux en niui murant:
a Mon Dieal recev<'z mo» àmel Mon
Oiml protégez Pietro et noir«^ enfjiitt »
Suivant religieu**ement les dernièn*R vo-
lontés de sa chèpe Fat ma, iM^tro enleva
Hin eiffiinf ei quitta Consiantitie la mait
même. Il ta comkiiiiit à fr>iie. 1^ cette
jeune fdle fut confiée aux S'îns des rein
fcicuseH de neiie vile qui cumpléiorent son
itistroctiiHi obrétienue. i eitr di^e supé-
rieure et M. le curé de Don** U présentè-
rent M «acreoM'nt'du haiitême ma elle
reçut le nom de Marie. Augim aoâ
fut épaignè pcNir lui donner toutes lus
naitiSdures que sa rare iftielligenoe réola-
n ait (i't'St nen-aeulemettt une jtHine fiHe
pieuse, kuinble et instruite, mais un mo-
dèle d« douceur, (te vertus et de bonté.
A Boue, rue des Pyramides, est une
anii^nn; mosquée» étroite et basse, qui
depuis plu&ieurs a niées ^ert d'église pro-
visoire à !<• poimlation chréiienne de celte
\ille trop petite pour contenir la ibnie des
fidfles qui se presse contre ses portes;
les preutiers arrivés ont seuls Tespoir d*y
trouver place, les autres doivent se réii-
gner à écouler au dehors ce qu'ils peuvent
entendre du service divin. Mais le matin,
lorsque le son grôk de la petite clocke
appelle l s fidèles à la premiè«e messe, on
voit d«*8cendre dans le saint lieu une
jeiine fille vêtue à Teuropéeiiiie, et qui
pofte sur son front une ancre de navire
profondément tatouée^ BMe e^t accompa-
gMéed un homme jeune encore. Cest Spe-
raoza et mm père ; ils ko dirigent vers l'an*
te< de la Vierge placé au fond de Tun des
bas côtés, et se prohieruf^nt dévotement
sur la dalle en attendaui la célébration dn
saint sacrifice.
W^^ Laubs Pni».
i.^RC*i
— «78 —
LES ÉTOILES ET LES FUSÉES.
FABLE.
Du milieu d*une fonle à grandis frais amusée.
Vers uu (irl dont la nuit obscurcissait l'azur.
Une pdiHanUs fusée
S*é'ai»çait bardintfut; et dans lVf>pa€« olNicar,
Par nh sillon de feu sa qu^ne éiinrelante
nar<{uaît sa route triouiphaote.
Le peuple ap,)laurlissait ; et dans son fol orgueil
£l*c fondait sur ce bruy.tnt accueil
Les plus brillantes destinées,
S^écriant : a PUce, place» étoiles surannées!
» A nioî le OrraaineAi ! vos honneurs sont passés,
» U.S n'oDt duré que trop d'années
» Caches TOOR, asitres éclipsés. •
Elle éclate li ces mots eu vives étincf^llffi;
Et jette ddns les airs, tout à coup éclairés
Par l'ardente lueur de ces feux colorés ,
Un gn^upe dYtoilcs nouvelles ;
Aux transp(»rts d'un peuple enchanté
Rfd'Mible ha folle jactiince;
Nais Vu il sur bmt d'é lat H*est à peine arrêté,
Qn*il s' éclipse et s'éieiot ; h peuple fait silence.
L*air reprend sen obscurité ;
Et m* twÊée évanovie
H^est <^*viie bagwtte noircie,
Qoi, lofn d*atteftidre an fîrmanx*!!!,
S*en >ient sur le pavé retotobiT lnurdement
Aux piifds de la foule ébahie.
La f^Mm mit parfois la vogue et fe fraean ;
Biais hon temple est jonché de baguettes brisées;
Et roiympe est eu vain assailli de fuséts ;
Les étoiles n*en tombent pas.
Yi£fiN£T, de r Académie Française.
s>T.^
■^^^iî^^'
— 3176 —
MELANGES.
EXPOSITION DE LONDRES.
DKUXlftlIB LBrniB.
U n'y a pas encore longtemps, tous Je
savez, chère Léonie, que pour la première
fois, un appel fat fait à toutes les nations,
leur disiint : « Levez-vous! prenez If s
armes paissantes de la civilisation, venez,
venez, nous allons tous entrer en lice, et
je vous prépare one arène digne de vous
recevoir I » Ces paroles n'avaient rien de
menaçant, car elles étaient prononcées par
une douce voix de femme, par Victoria,
reine d'Angleterre..... et tous les peuples
accoururent.
Ils sont en présence, le combat est com-
mencé, mais la victoire, cette fois, ne coû-
tera ni sang ni larmes, et nous voyons
eoGn, à Uyde-Park, un champ de bataille
dont nos yeux ne se détourneront pas. Les
canons qui s'y trouvent ne feront point en-
tendre leur tonnerre homicide, les armes
ne cesseront pas de briller d'un innocent
éclat, ce n'est plus une lutte barbare, ce
n'est plus la force brutale qui doit l'em-
porter non, c'est la plus belle, la plus
proûtable des guerres : ta guerre de la
paix, celle où les intelligences seules se
mesurent, où elles grandissent par une
noble rivalité. L'immense Palais de Cristal
renferme aujourd'hui toutes les conquêtes
de l'esprit humain ; c'est là un spectacle
unique, que le monde voit avec étonne-
ment, que Thi^toire enregistrera dans ses
fastes, et d'où l'on verra sortir sans doute
l'ère nouvelle de l'union des peuples !
C'est assez discourir, n'esl-ce pas, ma
bonne amie, et vous dédirez être rame-
née, sans retard, à l'exposition univer-
selle^ devant chacune des choses qui me
semblent dignes d'ane attention partica-
lière. Je le conçois, mais mon embarras
est grand ! Comment me reconna!tre aa
milieu des quatre parties dn monde?
Comment vous faire voyager, sans trop
de fatigue, au centre des nations? Pour y
parvenir, j'ai voulu suivre un plan, me
créer une méthode ; tantôt j'adoptais la
division géographique, commençant par
l'Europe et finissant par l'Amérique. D'au-
tres fois j'appelais à mon aide les points
cardinaux, ou les quatre éléments, ou les
trois règnes de la nature... eh bien ! mal-
malgré le meilleur vouloir, noon esprit
rebelle à la classiûcation, n'a pu adopter
aucun mode régulier. De la France à l'An-
gleterre, se donnant la main, se compli-
mentait à bon droit, ma pensée s'envole
au Canada, en Russie, en Belgique, aux
Indes, que sais-je? Mais elle galope
toujours de ci, de là, sans pouvoir s'as-
treindre à aucun des freins qui lui sont
présentés. Voulez-vous la laisser errer en
liberté? Youlei-vous me permettre de
vous parler des chos^^s que j'ai remarquées
sans suivre une ligne droite ou courbe?
Cette manière dont nos seigneurs et maî-
tres critiqueront sans doute la légèreté,
aura du moins l'avantage d'échapper à une
fâcheuse ressemblance, à celle d'un lourd
catalogue. Je commence donc
Suivez -moi au rez-de-chaussée, dans
la galtrie du milieu, et rendons hom-
mage à une sutue colossale, modelée par
Dantan atné, et coulée en zinc ; c'est celle
de la reine Victoria. Elle sort des ateliers
paribiens; cette œuvre est là comme on
■^Sô^^
— 277 —
témoignage de reconDaissance pour l'appel
particulier qui nous a ét( fait, pour l'ac-
cueil que nous avons reçu, et pour la jus-
tice rendue généralement par les Anglais
à l'expositîoo française. La pensée, le ta-
lent de l'artîstr, l'habileté de l^ouvrier qui
a substitué le zinc au bronze, rendent cette
statue fort Remarquable.
Tout en tous rendant compte d'un ou-
vrage solide qui doit traverser les siècles,
je pense à un autre, gigantesque aussi,
mais fragile, et qui n'a pu traverser impu-
nément la Iklancbe ; il est venu se briser
an port; je veux parler de la fameuse ca-
rafe en cristal, et dans laquelle trois per-
sonnes pouvaient dîner à l'aise. Je Tai de-
mandée à. tous les policemen qui gardent
l'exposition, et j'ai su qu'elie avait été
C9ts>$ée à la douane.
— Cette nacelle américaine que l'on
voit en entrant est d'un seul morceau^
elle a trente pieds de long et a été creusée
dans un arbre de la Caroline quelle
taille doivent avoir les arbres de ce pays !
— L'Angleterre a fourni des sculptures
en bois, admirables objets d'art , qu'elle
approprie à l'ameublement. Je citerai un
fauteuil dont les deux appuis sont formés
par de beaux chiens couchés; ils sont
d*une vérité parfaite, et donnent Tenvie
de les caresser. Un encadrement de glace,
pour salle à m'tnger, est formé par des
poissons, des fleurs, du gibier, des fruits
sculptés aussi en chêne : ils sont ajustés
avec beaucoup de goût et leur fini ne laisse
rien à désirer : les plumes des oiseaux
semblent légères... comme la plume elle-
même.
— Â Tune des extrémités de la galerie
principale, on remarque une glace im-
mense en hauteur comme en largeur. Elle
réfléchit les objets avec une pureté par-
faite; les Anglais ont imaginé de nouveaux
procédés pour perfectionner leur miroite-
rie; ils n*étament plus, mais ils argentent
leurs glaces. Le verre de ces glaces est
double et laisse un vide dans le milieu
comme s'il y avait deux verres de mètue
dfanension, un peu séparés et maintenus
par trois côtés fermés. On remplit le vide
par une solution d'argent mêlé, dit-on,
avec du sucre de raisin, bientôt il se forme
sur la glace une belle couche argentée, on
enlève ce qui reste de la solution, on lave
l'intérieur des deux verres ; lorsqu'ils sont
secs on scelle le côté laissé ouvert pour
pratiquer l'opération, l'air ne peut plus
ainsi exercer son influence sur la pureté de
la glace qui ne s'alière jamais.
— Quand les magnifiques orgues ces-
sent de retentir dans le Palais de Cristal,
on peut entendre un piano des États-Uois,
dont les touches font rendre au même ins-
trument, selon la volonté de l'artiste, ou
le son du piano ou celui du violon. Cette
invention précieuse est encore dans l'en-
fance, mais elle offre beaucoup d'avenir,
et l'on assure même qu'un Français en a
déjà obtenu des résultats étonnants.
Au mitit'U de pianos remarquables, en-
tre autres ceux de Belgique, les regards
s'arrêtent sur un piauo d'Éraid; il est à
queue, feuperbe de décors ai tisiiques, et
resplendissant de dorure. Madcime Saint-
Phal, dame parisienne. Ta fait entendre ua
jour, et la foule attentive pouvait dire :
Sans mpiitir, son ramage
Se rapporte à son plumage,
Et c*€st bien le phénix des pianos de ces lieujc.
Avec de tels facteurs, et avec les fameux*
violons de Willau ne, les intruments de
musique français obtiendront une distinc-
tion au grand concours européen.
— Une maison toute en zinc me sem-
ble assez agréable ; elle est meublée, on la
dit chaude l'hiver et froide l'été. Si vous
la trouvez mal placée, si vous vous en-
nuyez du site que vous avez sous les yeux,
emportez votre maison pour la poser où
bon vous semble, car on prétend qu'elle
est facile à transporter. On pourrait voir
ainsi des villes ambulantes? Ce serait cu-
rieux I uiais je craindrais que nos cités
?j&»*
^^^^Ôi
— «78 —
fraaçaîseft» à la recherche, d*m système
politique qni puise les satû»C«ire, ne r^
nouTeiasMeul le sort éa mallieureux juif
errani!
— Paroiî les filuH jolies Toitures an-
glaises» ami'ricaip en^ (f*auçatses ou bi»lge%
doDt pliihieurs ^'agl andisseot el se rapetis-
sent à ▼••lon^é, deueunent des cabriolets,
on des cliars-à bancs, des calé* hea o i-
Teries ou des voiures fermées, il en ea
une que j'ai lun^temps • xaniiuéc; e]l•^^ert
à faire voyager les malades sans qu'ils ^ui -
lent le lit s«t lequel ou les transporte;
d4*s ctHillMsea so^it préparées dans ia v«ii-
tnre pour recevoir ce lit, il y gli^-e facile-
ment et sans secousses, soit pour entrer,
soit pour sortir, lorsqu'il convient au ma-
lade de quitter la voiture. On ne saurait
trop encourager lt s inventions dont le but
est de soulager l'humanité Nouiïiante.
— I^ sculptiif e occupe une place inté-
resooie à 1 Kxposiiioa de L« ndres» on y
voit : la l'hryné de Pradier, la BacchanU
de Cieiuier, l* Archange^ terrassant le
Démon par D seigneur ; irois group<*8 de
A. I>ecb»^ne, Fun représ»'n e : un Enfant
menacé par un serpent et détendu par un
chieu; l'autre montre TEnfant dé ivre
du serpent par ce. même chien^ et dai.s
le troisi'^me, on voit un Aigle énorme
s*abattre sur un j»one enfant el le prendre
dans ses serren pour remporter peudaut
le somm*'il de sa nièrel La foule entoure
constanimeia o s tnus groupes, l'émo'iiMi
qu*eUe téoioigne est le plus sàr des éloges.
La statue éqnestr«« d« Godtfroy «fe
BofuilUm e^t une belle page faisant le plus
grand bannenr à SimotiLs de fimxiiles
On adoûre beanronp aa^i, du mêiue ar-
tiste, tui Enfant ai^anl crtvé mn lamèour.
11 pleure si fort, il est m \éiiii»bleineot dé-
solé, ce pa»ivre pititl que l'un voudrait
aller veriiloi, W caresser» le cooaoler ; et je
vous assure qu'iostinctivement, j*ai ciier-
ché hi je ne trouverais pas antour de nioi
un tambour, p< ur remplacer cdni qui fai*
sait couler tant de larmes.
SaMt-Pétersbourg a envoyé uns Ccmo-
diewnf sortie du €LH«*atfr de L de Cuypea ;
elle pleure la mort de sou eofa^tt* et ^
yeaoux elle arrose de son lait la lomb^
nouvelle I
Voue devinei bien que l'art b* itannlqne
n'a pas manqué de fe produire ^ Hyde-
Park. On doit des éluges à une charmante
couipoMtlou roinauiique de Jone Ang,
repré^ntant trois des entants royaux :
(Wttx 8»ut sur un ponty^ pendant que le
Uoi^ème, le plus jeune, est par. terre,
couché »ur un grosépagneul^'ei présente
des feuilles au cheval qui cherche k les
prendre doucement.
Uu relit-f (ait honneur à l'Anglais Evan
Thon; il met en aciiou une belle pensée.
L'on y loit Tespiit de la science lever le
voile é^iaiti dont Tignorance est e|iv«l<»p-
pée. — Le Wurtemberg a envoyé deux
superbes c' eiaux.— Berlin, fon Aœazioe
en bronze, par A. Kiss* tout cela e>t bien,
adiuir.ib'e, et cependant l'Italie me sem-
ble C(»nserver ici le sceptre de i'ari. Que
de choHt'S je pourrais vi»us signaler I Mais
je nie bornerai à citer seulement : Ètt
apri$ le péchés et une Jeune teeiaU foor--
laul le fpu sacrée chef d'œuvre que Toia
d«>it à Rafaël )lonii, de ^lilao. Qu'elle est
belle» sut tout, celle veMale sous la trana-
parente mousseline qui couvre fon vi-
sage ! comme on serait tenté d'en déranger
les ptisyde lever ce voile léger! oui»
maiHce v^tile téger, c'e»t du marbre 1... En
véiilé, it laut le loocber pour y croire l
— Maiaien4nt, regardons d^ns l'orfé^
vrei ie fi'aiK;^i8e : vjoe couronne deslinée à
la rnne d Espagne, Ne soyez point tffira^éo
dn poids des 8,500 pierres précieuses qui
s'y trouvent enchâssées; e'I**» sontbihaiM-
Unent, al légèrement montées, que la
jeune tête d'l>abelle portera sans peine
cette resplendissante couronne»
— J'aurais dû votis montrer d'abord
le b'i'laut hommage ofleri au Roi due
Rois, l'ostensoir tout en pierreties, monifr
à Madrid, et destiné, dit-^n, à la calhé*
■«s®25>
9iJ>
^y9
— «79 —
drale de Lima. Il est magnifi^^ne et les
ra;oDs qiir ja tiifwent de non centre indi-
quent bien quelles grâces , quelles lu-
mières font njfcillir bur doos les béuéJio
lions de Diea!
-- Ces ouvrages en bois que vous voyri
k gatiche, tiennent de la Suisse ; lis sont
si simples qne l'on M*éionne de K*s trouver
an miliea de tant de travaux extraoïdi-
Daîres. Mais sachez qu*i'<t ont ^té faits p;ir
des aveugles de l'ttdbli st^ment de Lau-
sanne. La loupe porte montre qui ***élève
au milieu de ce iiiodeiïte étalage a été faite
par Edouard Meystre; non-seulement ce
jeune ouvrier eat aveugle, mais enco«e
sourd-muet !
— En passant devant le chanvre in-
dien qui paraît très-vulgaire, et tout à
fait semblable k celui que nous connais-
sons, ne nous en moquons pas, car il ne
plaisante pas, lui, et V*>n assure qu'il
rendit fous les 8i>ldaisde l'armée de Xéno-
phon, qui s'amusèrent è boire de son ym.
rians riude et en Chine, oette boisson est
depuis longten*ps emplo\ée potir rendre
insensible le roaliide que Ton doit opérer.
On s'en sert comme on se sert mainteuant
en Europe du chloroforme.
— Vous qui marchez si difncilement,
ehëreamie, vons pourriez, en réalité, par-
courir sans fatigue les galeries de PExpo-
sition, et cela, parce que le peufli^ anglais
admet tout ce qui est confonable, et veut
que chacun puisse, autant que possible,
prendre sa part des jouissances de ce
monde. Ainsi, pour les viriilaids, les en-
fant% les gens souffreteux eu On, il y a de
petits cabrioli ts, très-b m, fort commode»,
qu'une personne peut traîner aisément ; il
n circula beiuconp dan^ le Pala's de
Crisial : l'on en voit aussi de trôs-èlég<»nis
exposés comme mod le^, dans la salle des
vnitures. Ce moyen facile de promener et
d'amuser les malades devrait charitable-
ment devenir un usage françab.
— Qu'elles sont admirables lesdentHles
d'Angleterre, de Bel^i^ue, du Calvados
et d'Alonçon I Ell*^ f^emblont être plutôt
un travail d'araignéen qu'un ouvrage sorti
de la luain d« s femuies ; J*ai rematqué urne
rol)e en dent"ll»-, 'dnnt le b 49 est oriié
d'une guirlande de fleurs et de f^uiUes
bUnclies, fi*i es en points d'Alençon; ces
fleurs sont eu saillie, ayant les pétales
déta< hés, com<i e s its é'ai**nt véritables^
Ponr acro.'Mp.-gner celte robe, il y a une
Gi»iflure, fortiiaiftv uiri nd»*, retombant a\ec
grâce des deux cô é>; et!e tïst d;; même ma
poidisd'Al^-nçon, elle doit bien fuira égale-
ment *t9iW d* H cheveux blonds ou murs.
Le b«»uquet n*a pas été oublié non plus il
revient à 500 fr., dii-on, ce qui peut
donner Tidée du piix qu'il faudrait mettre
à toute la toilette , elle se blanchit parfaite-
ment.
— Le costume d'une jolie femme en
cire doit ans^l exciter l'envie, sa robe cou-
verte de hauts volants, son mantelet garni|
la pointe jetée sur sa tète, tout est ea ma-
guiGque* dente- le de Bruxelles.
— Les glaces des mers du nord ont
longtemps retenu les navires apportant
L*s produits russes; ils sont arrivés et
TExposititm en est superbe. Aucnn pays
ne peut hitter avec la richesse de cette
cheminée, de ce bureau, de ces tables, de
ces fauteuils, de cette énorme porte à dent
battants, de ces vases gigantesque tous
en malachite*, avec de riches ornements en
bnmze doré. La pKleterie y est admira-
ble; je crois me rappeler qu'un dé)icî«*fiK
service à thé tout en cornaline, n^me les
cuillères, appartient aussi à la Russie. Elle
a enci re exposé beaucoup de beaux dia-
man*s, montés avec pet f.-ction : en colliers,
bouquets, diadèmes, vutrlandes, broclies,
agrafes, etc. Le cnitn^z-vons, de toutes
tes parures fabuf'^us s, il ne restait plus
à vendre, il y a déjà trois semaines, que
quatre ou cinq objets, et encore, c'étaient
ceux du prix le moins élevé. Hélas! sur
|a liste de<( acheteurs il ne se trouve pas
un nom fimiçaisl L'amnur du l)eau, le
désir d*eaconrager Tart et le travailleur
>4^
ne manquent poorlant pas à notre pays?
Sans don te, mais il y marque ce qui
abonde chez nos riches voisios, ce qui
reviendrait chez nous avec le calme, l'u-
nion, la confiance qui sont pour les peu-
ples une véritab e Californie. Le Français,
toujours fier et dL^eur, conserve quand
même, sonépéeet sa harpe... mais c'est
un léger bagage pour voyager aujourd'hui,
surtout, en Angleterre, dans le palais de la
paix et de l'industrie 1
Le temps passe vile à l'Exposition ; afin
de ne pas oublier l'heure, regardons à une
montre que j'aperçois au travers d*un
^ «80 —
bocal. Elle est suspendue dans le milieu
d'un vase oA vivent de jolis poissons rouges,
et je la nommerai montre aquatique, ou
tout bonnement : montre canard, tant elle
semble se bien trouver dans l'eau qui l'en-
toure... J'y vois qu'il est bientôt six heu-
res et demie, le Palais de Cristal se ferme,
nous y avons fait une longue séance, puis-
siez-vons n'en être pas trop lasse et me
permettre d'y revenir encore promener
avec vous que j'aime et embrasse du meil-
leur de mon cœur.
Emma Ferband de Beaujouan.
OEUVRE CATHOLIQUE DU BON PASTEUR.
Mesdemoiselles,
Cet article est un appel à votre charité ;
à cette charité qui doit s'éveiller* si com-
patissante et si tendre dans le cœur des
heureuses jeunes filles, dont la vie s'é-
coule, pure et paisible, sous la protection
de parents vénérés. Votre âme, abritée au
foyer paternel, ne connaît que par ouï-
dire les périls du monde, mais ces périls
existent, nombreux et redoutables, pour
tant de filles de votre âge, orphelines, dé-
laissées» exposées chaque jour, ou à de
durs traitements, ou à de funestes in-
fluences. Ignorantes, et par cela môme
oisives, elles demandent souvent au mal
le pain de chaque jour ; elles vivent et
meurent dans l'oubli de Dieu, du devoir
et de l'honneur.
Mais la religion catholique, qui jamais
n'a laissé une misère sans secours, a
trouvé, dans sa féconde charité, un remède
à ces maux. Elle a ouvert des maisons où
des religieuses, connues sous le nom de
Filles du Bon Pasteur , accueillent la
pauvre jeune fille prête à s'égarer. Là,
traitée avec des soins maternels, surveillée
avec un tendre et vigilant amour, elle se
forme aux douces leçons de la religion ;
son âme s'élève et s'épure, ses principes
s'affermissent, elle prend le goût et l'habi-
tude du travail ; au bout de quelques an-
nées, elle peut, sans danger, rentrer dans
le monde où elle saura occuper une place
désormais honorée, mais quelquefois elle
préfère vieillir et mourir à l'abri des murs
sacrés qui Tout défendue et sauvée.
Ces maisons, si utiles, sont nombreu-
ses, mais elles ne le sont pas assez; cha-
que grande ville, centre d'une population
industrielle, devrait en avoir une, et les
ressources de l'institut sont loin de pou-
voir suffire à tant de besoins. C'est pour
suppléer à celte insuffisance, que Nossei-
gneurs les archevêques d'Angers, de Sens,
de Saint-Claude, de Cambrai, etc., ont
autorisé l'établissement de VOEuvre caXho^
tique du Bon Pasteur. Le 3 avril 1835,
un bref de Grégoire XVI érigea la maison
d'Angers en généralat; le but de cette
œuvre consiste à recueillir des souscrip-
tions, par lesquelles les signataires s'enga-
gent à donner pendant l'espace de dix
ans, chaque année, une aumône de cinq
francs^ environ dix centimes par semaine.
Ces sommes si minimes, obole de la
— S81 *-
femme, de la veuve, de la jeuae fille
chrétienne, suffiront, on Tespère, non-
seulement à restaurer et agrandir les mai-
sons du Bon Pasteur qui existent en ce
moment, mais donneront l'existence à de
nouvelles maisons ouvertes à l'innocence
en péril, au repentir et k la pénitence.
Nous vous en conjurons donc, mesde-
moiselles, par la charité de Jésus-Christ,
donnez votre aumône aux Filles du Bon-
Pasteur I
f^lm« ÉVELINB RlBBECOURT.
Le Caissier da Journal des Demoiselles rece-
vra les aumônes et délivrera des feuilles d'As-
socintion, au Dom de M. Tabbé Vtot, procureur
de l'OËQvre.
m»m
ÉiNIGME GÉOGKAPBIQUB.
Quelle est la ville où Ton a livré trois | batailles contre trois Philippe de France?
Économie Domestiqae.
MANIÈRE D'EMPLOTER LA CIRE A CACHETER QUI A DEJA SERVI.
Placez les cachets dans un petit panier
de fil d'archal, à claire voie, suspendez-le
sur une casserole où vous faites bouillir
de l'eau, la cire se détachera du papier,
traversera le panier, et tombera au fond
de la casserole, d'uù vous la retirerez pour
en former des bâtons.
Madame la duchesse d*Angoulême, lors-
que l'e habitait les Tuileries, formait ainsi,
avec les cachets des lettres adressées au
château, des bâtons de cire qu'elle faisait
vendre pour les pauvres.
CANNES.
On a souvent des cadeaux à faire, à son
frère, à son cousin ; voici quelques con-
seils dont on pourra profiter, si Ton ha-
bite la compagne.
Les tiges des jeunes poiriers sauvages
donnent des cannes en bois noueux. On
les passe au feu, i'écorce s'enlève, et le
bois se marbre de roux et de brun foncé.
Si, autour d*uue épine blanche, on
tourne en février un fil d'archal en for-
mant une spirale, la sève produira dans
les intervalles des renflements curieux.
Voici comment on fait de charmantes
cannes de vlgoe sauvage. On coupe une
tige ; pour la colorer, on la laisse un mois
dans de la chaux récemment éteinte, puis,
pour la redresser on la suspend par un
des bouts, tandis qu'à l'autre bout on at-
tache un poids. Ces cannes sont remar-
quables par leur flexibilité.
BROSSES DENTIFRICES DE RACINE DE GUIMAUVE^ DE MAUVE OU DE RAIFORT.
Coupez en bâtons longs de 20 centi-
mètres l'une ou l'autre de ces racines;
faites des entailles aux deux bouts de ces
bâtons de manière à former une espèce
d'effilé, sur une longueur d'un centimètre;
mettez ces bâtons bouillir dans l'eau avec
de la racine de pyrèthre et de la cannelle
en morceaux, relirez- les pour les jeter
— M2 .
dans de IVau-de-vie, où vous le« laissez
pendant vingi-qnain'' l^enres, pu s \0usle5
retirez pour les faire sécher au foor.
Qaand on vent s*en servir on trempe
ces hrnssps dans Teau tiède et Ton s*en
frotte IfS dents.
PASTILLES CONTRE LA MAUTAISE ODEUR DB L'HALEINE.
Prenn 93 |{ramiD« s 75 a^ntigramines
( 3 oncps ) de caié en fM>ud*'e.
31 grammes 25 ceniig'a'umes (1 onci*)
de charbon vé^éial |X)r»ihyns6.
31 gnimmes 25 ceniigrammes (1 once)
de sucre.
3 grammes 9 dé t iy anm es (1 giw) de
vantlle.
Jd. d«* nracilage de genmie.
Mêl>z bien le tout ensemble et diTi<ez-
le en pabtilles du poids de 1 gramme (18
grains ).
MANIÈRE D'eNLKVHR LES TÂCHES DE CAMBOUIS.
Snr les mains : frotte-l<»s av*'C de l'huile
d'olive, puii avec du son b>en St^c et lavez-
les avec du 8a\on.
Sur les éfoiïes : beurrez du pépier grie,
poi^ez-en une partie sur la tache, prome-
nez 8nr le papier une coillèré dans laquelle
it y a un charbon rongî au feu, posez sur
la tache une autre pariie du papier, et
recoMMwre/. jusqu'à ce que tout le cam-
bouis bc soit volatilisé.
PUDDING AUX FRUITS.
Prenez de*? cerises, des pommrs, ou
tout autre fruit; piéparez-les, pour les
cerises et les pruiie«, en ôtant les noyaux;
pour les poujmes, en les pelant et les
coupant en petits morceaux.
Mettez dans un saladier un demî-kilo-
gramme de farine, un peu de sel fin, gros
comme un œuf de beurre très- frais, |)é-
trîs^ez, ^n ajoutant de Peau jusqu'à ce
que vous ay* z obtenu une pâle bien liée ;
saupoudrez la lahln de farine, étendez la
pâte dessus, formez-en un nmd de deux
lignes dVpaisseur; placez vos fruits sur
une muiiié de cette paie, en y mêlant du
surre fâpé (et de la cannelle si ce sont
des pommf^sj ; rabattez l'autre moitié, eo
réunissant adroitement les bords ; enve-
loppez ce pudding d'une serviette que
vous aurez préalablement rincée,, tordue
et satipoudréede frine, liez-la avec une
ficelle, pl>icez-]a dans nne marmite pleine
d*eau bouillaiite, faites bouillir à gros bouil-
Ions le pudding pendant une heure et
decn'e, et laissez-le refroidir pendant un
quart d'heure, afin qu^il prenne de la con-
sist'^nce.
Otez la serviette et serrez pour entre-
mets.
PROCÉDÉ POUR FAIRE CUIRE LES CHATAIGNES.
mettez de l*ean dans on pot de terre,
remtilissez-fe de châaignes, ajoatez-y du
sel. un bouquet de fenouil ou un brin de
céleri, faites bouillir le tout d vaat le feu
pendant une demi-h^'ure, verst'z les châ ai-
g«es dans une (lasHOire ; quaed ell^'s sont
ègouHées, nietiez-leii dans «m brûlear li 1
rafé, snr un fiîu clair, et tournez-les jus-
qti'à ce qu'elles soient rissolées. Le suc
développé par la première cuisson est
ensuite omceatré par la seconde^ et les
châiaignod acquièrent de la sorte nn goût
ezqeis^
i^^
— SOS —
CORRESPONDANCE.
Cbère amie,
Florence, à qui je fais lire tes lettres,
sachant que c'était mim j*)ur de t'écrire,
est venue se joindre à moi pour te remer-
cier des amitiés que lu lui adresses, et te
dire combien elle est heureuse de la pl-ice
que tu lui accorde^dans ton cœur; je n'en
suis pas jalouse, nous y vivrons fort bien
ensemble ; mais au nom de m»'» droits,
ceux de l'iincienneié, je viens reprendre
avec toi ma correspondance acrontumée;
Florence m'y aidera; elletitut la plume
et je lui dicte.
Le n" 1 serait le quart d'un •»ncadre-
ment de mouchoir en broderie am;'ai<e,
si le côté du h^ut avait dnix dénis d«' pi iS.
Les dents se couvrent d'un pr>int d- f s-
ton ou point de rose, le re>te se fnit »'n
point df cordonnet ou en point d-* fes-
ton ordinaire.
Le n* 2 J^erait aussi le quart d'un enca-
drement de mooch'iir, si le côté du haut
av^il deux feuilles entières. lA'Xiérieiir de
ces feuilles se fait en point de fe.ston ou
point de rose, la tige en point de cor-
donnet, la queue au plumetis, et les fruits
en point de rose.
Le n* 3 est un col f n broderie anglaise,
il s'exécute ainsi : les dents en point de
feston ainsi que le milieu des Ar-nr*, les
ronds, les feuilles, leurs tiges et les pénales
CD point de cordonnet. Ce col se monte à
nn petit collet.
Le n* U est nn entre-deux pour coudre
entre le bas d'une jupe et son onriet,
entre le bas et f 'ourlet d'un p.in talon de
petit garçon on de petite 611e, poor rallon-
ger jupon et pantalon.
— Ajoutes, me dit Florence, que ri ce
issAa phdt, on peut y faire an feston et
Ton aura une b^nde pour f^arniture de col,
de camis(de ou de p^ntahm.
— Le n* 5 est on autre col, toujours en
broderie anglaise, les ronds qui forment
les dents s'exé nient en point de feston,
le reste du dessin peut s'exécute»* de mf^me
ou en point de c^)rdonnet. Ce cul se
monte sur un petit roilet. •
Le n" 6 est nn entre-deux, toujours en
broderie anglaise, point de feston ou de
cordonnet.
En ajoutant un fission Si cet entre-denx,
on en ferait une bande p<Mir garniture.
Avec cet entre deux et cette bande on
former;»it nn joli fichi'-.uimpe.
Le n'* 7 t-st un semé pour fond de bon-
net, il se brode au pluoietis.
Le n* 8 e^t nn se«i»é pour fond de gilet
d'hntnme, il se brorle au métier, en coton
blunc, snr piqné blanc on jaune, et en
soie demi-torse sur mérinos ou snr ca>i-
mir; la soie doit être de la même cou eur
que Ir* gilet.
Le n' 9 contient les couronnes qui sont
d'usage dans le blason de France. Ces
coutonoes ne peuvent être bi<'n brodées
qu'ati mét'er; ^ll^s embctiisseut le plus
simple moucb<nr et se |)1'ireat aa-dessus
des iiiiti^iles, à l'un des roins.
— 1 .epeod<flnt, ma chère Jeanne, depuis
18^8 la noblesse est abdie.
— Mais, si Ton n^ Kut, dans nn acte
public, prendra le titre de dnche^se,
de b'roone, ri n'y a pas de loi qui em-
pêche de porter sa couronne de titre, bro-
dée sur son moue* oir. Et puis, comme
tout le monde n'a pas rhonneur d'avoir
des ancêtres qui, pttor leur sai>g versé
dans les combats, ponr lenr fortnne sacri-
fiée an senice 4e leur rvi et de leur payst
^fe©e9^'
.*45^'
— 284 —
on rpçn en recompense des titres de no- ;
blesse, j'ai fait dtssiner des couronnes de
fantaisie.
Le n* 10 contient : Une conronne de
roses que Ton peut broder pour une jeune
mère, nne sœur mariée. Une couronne de
pensées^ pour une tante, une protectrice.
Une couronne de myosotis pour une amie.
Une couronne de tilleul pour une grand'-
mère, car tout est bon de cet arbre : son
bois, ses feuilles et ses fleurs. Une cou-
ronne de laurier et d*olitier, pour un
poète; en ôiant les olives elle peut servir
pour un guerrier, bien que maintenant
on ne fasse plus la guerre que dans le but
d'obtenir la paix. Une couronne de chêne
pour tous les Français qui font respecter
les lois et travaillent à la prospérité de leur
pays. Quant aux couronnes de roses et de
pâquerettes^ qui n'ont pas la forme des
couronnes héraldiques, elles sont pour les
jeunes filles. A propos des pâquerettes, on
dit que Malvina, Glle de Fiogal, ayant perdu
ses enfants par la mort, les pleurait en
errant à travers les prés, et que ses hrmes
en tombant donnèrent naissance à ces jo-
lies petites fleurs.
Le n"" 11 est une étole en tapisserie.
Elle (e compose de grappes de raisins, de
feuilles de vignes, d'épis de blé, et d*une
espèce d'ostensoir aux rayons d'or et d'ar-
gent mêlés de rayons bitus. Ce dessin se
continue du haut.
Le n* 12, ce sont les signes qui repré-
sentent les couleurs employées dans cette
étule.
Il te faut 1 mètre UO centimètres de
canevas Pénélope, n* 22, large de GO cen-
timètres.
— Mais, ma chère, je vois des nuances
que tu nommes : baroque clair — baroque
foncé... Comment veux-tu qu'une étran-
gère te comprenne?
-—Ces deux nuances sont employées ici
pour représenter les liges, et ce qui, dans
l'épi très-mur, a pris une couleur d*un
jaune terne, d'un jaune bois de noyer
On peut faire acheter^ passage de l'Opéra,
UQ écheveau de chacune de ces nuances.
Le blanc de l'ostensoir étant fait en soie, le
fond de i'étole peut se faire en laine blan-
che.
C'est ici que finit l'explication de la
planche de la petite édition, et, comme dit
une de ses abonnées, c'est ici que rom-
mence pour eWe le supplice de Tantale...
qu'elle se promet bien de ne pas éprouver
en 1852.
Le n"" 13 est la passe d'un bonnet Ma-
rie Stuart, cette passe s'ourle autour de la
tête, les deux côtés de cette passe se réu-
nii^sent derrière, par une couture à ra-
battre.
Le n** 1& est le fond, dont la pointe du
devant (celle qui a le chifTre \U) vient
tomber au-dessus de la pointe de la passe.
Ce fond se coud^ sur l'ourlet de la passe, à
points de côté, à plat, devant et derrière,
et de chaque côté, on y forme trois plis
plats. Ce fond se découd pour blanchir le
bonnet.
Le n® 15 est une des barbes, elles se
cousent à l'ourlet de la passe. Ce bonnet
se taille en jaconas, il se brode en points
de rose et se découpe comme la broderie
anglaise.
Ce bonnet est fort élégant pour chez
soi. 11 peut se faire en tulle avec applica-
tion de mousseline^ ou brodé en reprises.
Le n* 16 est un entre-deux en broderie
anglaise, il s'exécute en point de feston.
Le n*" 17 est une bande aussi en brode-
rie anglaise pour garnir des camisoles, des
mouchoirs du matin.
LcnM8, E. A.
Le n* 19, Hilarine.
Le n* 20, Amarante.
Le n"" 21, R. M.- se brodent au pln-
metis.
Le n° 22, Alix^ se brode aussi au plu-
metis, dans un écusson en broderie an-
glaise.
Le n"* 23 est la moitié d'une bavette.
Elle se taille en percale, se double, se
^^î»3
— 98»-*
ouate, se pique à points devant» se borde
tout autour, à cheval, avec un étroit ruban
de coton croisé, et se ferme derrière par
des boutons et des brides.
Le n** 2U est l'un des deux côtés d'un
béguin pour Je premier âge.
Le n"" 25 est la bande qui réunit les
deux côtés. On peut garnir ces béguins
d'une petite dentelle du prix de 10 cen-
times.. . c'est fort joli.
— Les jeunes mères, en e^tpérance, les
jeunes filles qui, dans leurs loisirs, font des
trousseaux qu'elles donnent aux mères qui
n'ont ni le temps, ni l'intelligence, ni
l'argent, nécessaire pour babiller leurs pe-
tits, te seront bien reconnaissantes : que
de morceaux peuvent servir quand on a
un bon patron I Permets-moi d'ajouter un
conseil.
— Mais, ma obère, nos amies et moi
nous t'en remercions à l'avance.
— Tu sais combien les petits enfants sont
longs à babiller, combien cela leur cause
d'ennui, ennui qu'ils expriment par des
cris qui troublent les pères et les voisins;
pourévitercela, il faut d'abord eotrer la che-
mise dans la brassière, la brassière dans la
robe, le tout manche dans manche; quand
ces trois vêtements n'en feront plus qu'un,
on y entrera le petit. On placera de même
le bonnet de dessous dans celui de dessus,
et l'enfant se trouvera habillé si vite, qu'il
n'aura pas le temps de crier.
— > A propos de petits enfants, une nou-
velle abonnée me prie de lui choisir un
nom pour le fils ou la fille que Dieu va lui
donner. Je sois de l'avis de Socrate, les
parents doivent choisir avec soin le nom
de leur enfant, car un nom influe sur le
bonheur. D'abord, il faut éviter ces con-
trastes : Alcide Petit — Gabriel le Camus;
Blanche Leroux — Mélanie Leblanc (Mé-
lanie» en grec, veut dire noire ); ou bien
ces rimes : Coraly Marly — Arthur Tur-
pin. Il faut encore se dire, l'enfant res-
semblera à son père ou à sa mère, il sera
grand ou petit, brun ou blond, gai ou
grave; il faut lui choisir un nom en rap-
port avec son physique et son caractère. Il
y a des noms qui sont vieux et ne doivent
pas être précédés par des noms modernes.
Par exemple, Jules ou Ernest Fouquet^
vont moins bien que Guillaume ou Etienne
Fouquet. Athénais ou Adolphine Gauthier
vont moins bien que Thérèse ou Marie
Gauthier. On doit éviter les noms signifi-
catifs, tels que : Espérance, Divine, Cé-
leste, Fortuné, Prudent, Paterne. — Les
noms qui sont devenus célèbres, grâce à
des romans, à des pièces de théâtre :
Basile, Léandre; Agnès^ Héloîse
— Mais, ma chère, tu n'indiques que
les noms qu'il ne faut pas choisir.
— Précisément!... excepté ceoxlè, on
peut prendre tous les antres. Et d'ailleurs
il y en a souvent qui vous sont imposés :
celui du père, du parrain ; de la mère ou
de la marraine. Enfin, je crois qu'il est
facile en France de donner de jolis noms
et que nous sommes assez riches pour ne
pas en emprunter aux étrangers.
— Tu n'as pas reçu d'autres lettres?
— Une de nos amies me demande si,
lorsqu'elle sera épouse et mère, elle devra
se faire tutoyer par ses enfants. Qu'en
penses-tu?
— Je pense que cela dépend un peu
de l'usage du pays que l'on habite, de la
religion que l'on suit. Avant 93, les en-
fants ne tutoyaient pas leurs parents. Les
protestants ont conservé cet usage ; mais
les catholiques disent volontiers toi, et se
le laissent dire... c'est plus tendre, plus ai-
mable dans la bouche d'un enfant envers
sa mère, d'une mère envers son enfant.,
aussi, lorsque fâchée, elle lui dit: vous!
quel chagrin il en éprouve! Mais je
crois que, passé la première communion,
la tendresse des enfants pour les mères, et
des mères pour leurs enfants, prend un air
plus grave, plus réservé.... alors, le vom
convient mieux.
— Je pense comme toi, Jeanne, et,
bien qu'un poète ait dit :
^^^OC)
re ttt UD tmi donné par U nitoM,
imitié, selon moi, ne peut exister
\ea pères tl les enfants qv quand
ri soni tr^s-jeanes, ou quaad ils sont
lUS pères i lear tonr.
C'est mon avis... Quelle gramre de
1 (tonncs-tu i la giande édttionT
Deux jeunes femmes et une pétrie
en toilette de TÎlle, se promennot
in jar<1iB. L'une a une rol>c de ba-
iloDt les Tolanis sont imprimés ï la
son cbile est en dt^nlelle de taine
; l'autre a une robe et nn pardcst-o^
ilard dont les dessins qui oment la
itlepardessRSKont aiiS'iimpiim/^â la
La p tite fille a nue robe de percjle,
« est oruée d'en're-dfui et de gami-
en broderie anglaise, le enrage a un
on brodé comme la robe, et e.it orné
aque câié d'une gariiitnre seuihbhle
?9 de la jupe, laquelle Karniitire re-
! ei tourne amour du haut du cor-
Au bas de la manchu est nn inTe-
et une garniiure dont les deux b-uis
lisent, eD biaisant sur ledissusdu
Le nœud de cetie ceimurc ^e fait
ice et se c('ud »nr la ctiniure qui
rrfilée par des puries et par diS
'3.
I j'oubliais... On me demande com-
je ferais une pelote ronde, avec le
de crochet u" 1 8, de la flanche VI, la
I marquise. Cette forme est nnmelle,
tige, en effet, une cxplicaiiun.
'abord, je taillerais en f<<rle percale
ronds de 15 renllDittres d« diamë're,
moins, selon la grandeur que je vou-
lu! dunner ; je ferais un rempli i ces
ronds, je les réunirais par an sur-
Fendroit ; je laisserais une outennre
f introduire le ^on, puis je fermerais
nure. Je recouvrirais res deux ronds
Ivux ronds de soie rose, que jr réu-
aussi par nn surjet; avec un pinit
rose, je serrerais foriem'-nt la (Hrlote,
1 an-dessoos du suijet, ctla fvrait an
des ronds pins larfte et pins hant qm fa»-
irc, ce dernier serait le rleSimiS de la prlm
J'aurais on inèire de ruban de satin ha
de 8 c<'nii<ué<n>s, je le plia«erars k p
rmids, sur l'un dis bords, qnejecoudi;
ensuite sur le rvbiii qui serre !■ p^loi
cela ferait loot auio-ir comme un taUtêh
puis )e cootriia's 14 pchie d'im rond
crochet iniorrré d'nne dentelle. au crucbi
haute de 6 cenimèirt-s. ce rond serait i
rété sur la pel-ite par mie ganse de soie rt
pos^ au-d<nïusde b droirlle; jecundn
sur cette ganse trois nœud^ d« rnban '
SHiia rom, plact-sâ des distauces égala
La denielle doit «'tiendre sur le rnb.^
salin plirsé, qui la dépassera de 2 ceuiu
très.
— Ss-tn qnehpies idées sur les toiletl
de ce! hiver T
— Oui, f lorenr*. On portera beancoi
d'érolTes b'odérs : du tulle de i^oie bm
«■n paille; de* iriBntelnl.i, des camails, é
pai-ibs-us hioiJés en soi-, en pertes, i
jais, en nr; des volants dr. mousseline hi
dfe au métier avw les dessin» n" 1 et 8
planche V. Je C0'>seitle i nos amhs
tenu'ner ce qu'elt-s peuvent avoir ernr
pri-^, afin du cummenctr un de ces In
ontrag-'S.
— Ru parlaitt df longs ouvrages, il y
Bor cette fh^che IX, des dessins de br
din-ic ang'aise qiri peuvent être Wpéi
d-ms c<s carrés de percale qoe Ton ei
ploie ponr manteau de fil, «joniés k <i
carrés ei) filet brodé.
— Oui, ma ctiere, n-ais ce long tmm
durera plnveurs géuérat eus , la mti
n'aara rim a y fa rel... A prop «, fti i
marqu^que 1rs blanchisseuses avaient au
voulu iiinorerl le devant des chemii
d^omme est repassé if abord k plat, pa
a>-ec nne esp>M:e de fer i <nTaa(tT, <baq
pli ewt soulevé : les peitts pt s [Aits d*i
seul cAtë, bien entendu, les [lis roods^
d'Ui cdrés senlenieiit, de nonifreque
milieu reste encore li pin aor h Cbeadl
Cela lui donne de la giiclé.
teo»*"
*SSS>-
-•- De la gaic'é i dd devant de clie-
mise!... Tu va« en donner a<i frire qiiî te
lira... et w wra k les déi<«a>.
— C'est |iossiblt;t... muis, stissAreqtie,
tont >"0 se iD'iqnant de moi, 'e fr re si ra
eDcha'iiË <iue sa Me<ir le inet^e i la miide.
Les hoinni s lienneni he-ucimp i U lieaiiié
de leur ling-', cVsi une oiqueilerie du buo
goûi.
— Il me aemhle que tu nous nnblies un
pen; n'aiirais lu ilunc pan une pauvre |e-
tiie toîleiie de bal champêtre i dvuk of-
frir I
— Mon Dieu, ma chère, je nn mnntis
rien de ptns ^l^gant que trois j"pe^ de
inon>s>-lim- terminées pardesoitrteishaMf
de 10 eeniiin^reH et espacées cnire «lli^s
charnne de 1 cpntimèipes, inancbe^ coit-
m, lirEew. froHrées nr un pulguet itarni
d'an rabao de (afTeta!) froncé an milieu
ou. tnanrhes lon'jueg, forme pgode, ga r-
nies, du baH, n'u<i ruban de taffetas fiunc^
aa milieu. Coreat^e en gi-rbe, se feruiaui
derrière. Le haut du corsage eaituri d'un
ruban plis.<të de tuême. Les cheveux de
deiant trettsés, h pariK du haut, de cha-
que cM, noM si lâcbes qu'ib bnt l'eftel
de baMlraux. De chaque cAié de» ctieveui
de derrière, ire»sis aussi tre»-tAcbe)', des
boucles de ruban d>t Uffeias, ier>iiin*'e!t
par deux bouts iuégauz, rctasibant sur
rhaqne ér>aule. An lieu d'nn ruban froncé,
nn pout rondre une deiit< Ile aui manches
f( amour du f*u. Pwir eoiffure, celles de
nus ainies qui savent fsi'-e ries tlt^nrs pour-
nwt entourer It- urs cheveur de derrière
d'une couronne de heus ou de feuillet d»
chêne quVBfs auront curillres le nmin,
— Quelle simple, élég-inie et grar.ieuse
iniletret... Mi bien, il y a 'les pays où «He
n'aura pas le mui idre succ^
— Alain cerlaiuemeiit! Notre dernier
■éboa, l'as-tucodiprLfî
— Non.
— Les mines d'une lille, Bëliepolis,
cffébm |sr la défaite des MamebirJu, ville
cpii, avant d'ëtra ùm^i mmunt», s'appelait
On — neuf doigts — le taux d» l'aient
— le J/«ure Otcllo a>lant étouffer Drs lé-
luooe — une qmw se dirigeant vers un
spseUcie — i» VériiA.
On ne doit aux nwwW que la vérité.
J'i'spère que tu admires comment je
re.'^P'Cie la prononciation I
— Tu aurais pu me laisser le faire ce
complim' ni...
— J'étais pressée de 1' recevoir... Mais
l'espace me dit qu'il te faut qnilier la
plume... donne-la moi.afin qu'ayant &<ra-
n>enc£ ma leHre, je puisse aushi la Guir...
Adieu, ma châre saie, adieu I pour
Fkirence et pour moi!... J. J.
sa
Puiiqup j'entrii diDt l'atche où je fut conservé.
L'on ms trouverait bi>n en Chine,
Mail pourquoi t'envojrr en pija élranger,
LeotviH-. lonque J'biliIc eu France?
D» mai M VM un* d< Ble mal iug't.
Apprend!id*»e4H(je*uii«fie'rd'iiiarii>DDcence,
Uuoiq-e je trritc avec indilTéicoce
A la dëbsuciie, au vice, à la mtcbancei^i
Me livrant à l'ï a tempérance,
Jamaii à la lobriété.
Chaci D. il m vrai, me pouède,
Et chacun doublemeot » beioin de mon aide.
A C-jthéte on ma volt tenir le premier rang.
Et Biturrr panai lei gràcei.
J occupe FMcw bien d'aulrei ptacei :
J'en pourrab ciier ptua de crut.
Véiiua ■!• port» * •* crintiire,
Ft de 1011 Bl* je rampoae l'armiue.
J'annonce le couiagp. et préiide aui combat* :
Quoii|ur banni du teni|itc de mémoire,
Vue de oomi fameni ■■ — ■"■■—■—
Lail lanimor oeiiili
De mot l'on parle avec prudeucc:
Uaii li it luia bon de raiion,
Ou que je piralise en démence.
Le Françti* me mi
-*sSSî-
ÉPHÉnERIDES.
12 SKPTEMBBE 1715. — UT DE. JUSTICE TENU PAE LODIS XV.
hovia XV, Sgé de cinq ans, présida le
lit de JQsltce où Tat cassé le iCEtament de
^n bisaïeul. Loais XIV avait légué la ré-
gence an duc du Blaioe. Le Parlcmeat
cassa celte dernière disposition et déféra
le commandement du royaume à Philippe
d'Orléans, premier prince du sang. La dé-
cision du Parlement reçut une conGrma-
lion solennelle dans an lit de justice, oiX
parut l'enfant sur qui reposait La monar-
chie française.
«•MJQDG.
S'il est Dtile d'avoir poorami un homme
pour de grandes occasions, il faut délirer
l'amitié d'une femme pour le bonbeor de
tous les jours.
Tbom&s.
Dans les méchants halsseï le crime ; nuis
s'ils reviennent ï la rertn, recevez-les
dans votre sein comme s'ib n'avaient ja-
mais fait de faates.
Co»Fuau3.
L'exc^ de poUlesse est an manqae de
politene. loansos.
RÉBUS.
Paru, — Tji)ogr»plii« de mclime yen»* Doadcj-Dupr^, rue SaiDt-Lsuia , 46, iu Hartil.
■^sdSM
Journal ôrs îlnnoiafllfs.
— 289 —
COUP D'OEIL
SUK
UHIStOIRE DE LA PEINTURE
lïL
ÉCOLES ESPAGNOLES. — VELASQUEZ. — BIBEUA.
Il n'y a pas bien longtemps que la pein-
ture espagnole est découverte; avant l'in-
vasion de l'Espagne par les armées impé-
riales, on ne se doutait pas en France
qu'il y eût par delà les Pyrénées des chefs-
d'œuvre dignes de rivaliser sous de cer-
tains rapports avec ceux de l'Italie; la
collection du maréchal Soult fut en ce
sei s une sorte de révéldtion, et aussitôt
que la paix permit aux touristes d'explorer
en toute sécurité les ville^t de la Péninsule
Hispanique, plusieurs s'empressèrent d'al-
ler étudier ces nruvelles écoles, dont les
échantillons apportés en France, pêle-mêle
avec les drapeaux ennemis, avaient fait con-
cevoir la plus haute idée. Un des hommes
qui ont, par leur dévouement à cette tâche,
acquis le plus, de titres k l'estime et à la
reconnaissance des amis de l'art, e^i sans
contredit M. le baron Tajlor. Grâce k lui,
on a des renseignemcntscertains sur l'his-
toire des écoles espagnoles.
L'origine de la peinture espagnole re-
monte au quinzième siècle; ses premiers
vestiges se retrouvent encore sous les
peintures nouvelles de la cathédrale de
Tolède, ils sont dus à Juan Alfor, élève
du Florentin Dello. Quelque part qu'on
voie naître un art, c'est toujours de l'Ita-
lie qu'il a pris son premier essor. Sous
cette inspiration, et grâce à des traditions
de goût, encore bien vagues, apportées de
Flandre et de Florence, une école se forma
DlX-NEQVlillE INNÉB, 4* S^RIB. >- N*
à Séville en 1&50* Elle ne donna pas tout
d'abord naissance à des o uvres bien éle-
vées. Pendant longtemps Jes^ artistes es-
pagnols, appliqués à la sèche imitation
de la nature, errèrent, sans pouvoir en
découvrir rentrée, autour du sanctuaire
de l'art. C'est à la guerre qu'ils durent
leur initiation, comme l'^ tr^s-bien fait
remarquer un écrivain c ntemporaîn, qui|
bien à tort, n'a pas signé son livre. En
soumettant Tune des deux Péninsules à
l'autre, Gharlrs-Quint alluma en Espagne
ce mouvement des intelligences qui ^uit
ordinairement les grandes commoùon^piô-
litiques, et jette une nation dms la voie
de toutes les conquêtes.
Il se trouva parmi les Espagnols que les
intérêts impériaux appelaient en Italie, des
officiers de fortune et de 'simples soldats,
que la vue des chefs-d'œuvre renfermés
dans les palais de Nap>les et de Florence
enflamma d'enthousiasme; quelques-uns
revinrent artistes. C'étaient AIr.nzo Ber-
rugeto et Juan Fernandez Navarrete de
Madrid; Yicente Juan de Joanès, dé Va-
lence, et Francisco Ribalta ; c'étaient en-
core Luis de Vargas et Pedro de Velngas
MarmolejO; de Séville, enfin Peblo de
Cespedes, de Cordoue.
Des écoles se formèrent rapidement à
Madrid et à Valence, elcn furent le ber-
ceau d'un grand nombre dVtistes dignes
d'occuper chacun une page dans l'histoire
X. 10
£)©%««-.
'9 w •
— 200
de la grande peinture ; mais notre inten-
tion étant de nous arrêter seolement, dans
cette rapide revue , aux personnalités les
plas brillantes, nous nous bornerons à par-
ler de Yelasquez et de Ribera , dans les-
quels se résume h gl'jîre des deux écoles
que nous venons de nommer.
Diego Velasquez de Silva naquit à Sé-
vllle en 1599, il descendait par le filon le
plus pur de la très-noble et très-illustre
maison des Silva, l'une des premières du
Portugal. Une Mie origine vouait né-
cessairement le jfune Diego à la carrière
des armes ou à celle deâ grands emploto
de cour, et c'est dans ce« vues que fat
d'abord dirigée son éducation. U apprit les
belles-lettres et ce qu'on appelait alors la
philosophie, c'est-à-dire une série de sen-
tences aristotélques. Sa précoce inteUi-
gence loi rendit faciles et aimables ces
études, dont la vivacité de sa cenception
lui permettait à peine d'apercevoir les côtés
arides, et il eut prompteraenl terminé et
parfait l'éducatioa la plus brillante que pût
recevoir un gentilbomme de ce temps-là.
A sâse ans, il n'avait plus besoin de maî-
tres. C'était l'âge de la dissipation» et son
père» confiant dans la noblesse de ses in-
stincts, crut agir sagement en lui laissant
la liberté de disposer à sa gui>e de cette
exubérance d'activité qui dévore et tour-
mente à cette époque de la vie les orga-
nisations riches et passionnées. Mais, contre
l'ordinaire, et contre toutes les prévisions,
le jeune Diego ne donna pas un jour de
sa vie à cette école d'expérience qui s'ap-
pelle le temps des folies. Un goût naturel
le portait vers les choses de l'art, le hasard
l'avait mis en rapport avec des artistes, et
il n'avait pu résister à cette existence, si
pleine d'attraits pour les natures un peu
élevées au-dessus du commun, qui fait leur
envie quand elles ne peuvent l'apercevoir
que de loin, et leur bonheur quand les
circonstances leur permettent d*en suivre
le courant.
Die^o Yelasquez ne rencontra pas heu-
reusement chez son père cette morgue qui
était le grand ridicule des gentilshommes
de son pays et de son temps. Quand il
lui découvrit le dessein qu'il avait de sui-
vre la carrière des arts, il ne s'entendit
pal r^^oodre que c'était déroger aux tra-
ditions guerrières de la famille, et reçut an
contraire les encouragements qui étaient
dus à seâ dispositions non équivoques, déjà
prouvées par des essais échappés à sa verve
impatiente.'
Il fut placé d'abord dans l'atelier de
Herrera le Vieux. Mais C6 peintre dont les
ouvrais, sans mériter d'occuper le pre-
mier rang dans les écoles espagnoles, se
distingaent par d'éminentes qualités, était
un homme de mœurs rudes, et peu fait
pour inspirer un grande sympathie au
jeune gentilhomme, é!evé dans des habi-
tudes d'urbanité et d'élégance personnelle.
Le mattre et l'élève ne tardèrent pas à s'a-
percevoir qu'ils n'étaient pas nés sympa-
thiques Tun à l'autre , et ils se séparè-
rent. Velasquez devint alors le disciple de
Francisco Pacheco, homme distingué et
instruit, autant qu'artiste remarquable, et
dont la maison était le centre d'une com-
pagnie de choix, composée de tout ce que
Séville renfermait de beaux esprits. Une
étroite amitié naquit des simples rapports
établis entre le mattre et le disciple, et
quelques années plus tard Velasquez de-
vint le gendre de Pacheco. En ce temps-
là un artiste travaillait longtemps avant
d'oser affronter le jugement du public.
Malgré tous les encouragements qu'il re-
cevait» Velasquez hésitait à produire ses
œuvres. U allait oser, lorsque plusieurs
peintures italiennes et flamandes s'offri-
rent par hasard à sa vue. Attaché jusqu'a-
lors, suivant les errements des écoles
espagnoles, à une sèche imitation de la
nature, il comprit dès ce moment tout ce
qui lui restait à apprendre; et c'était ce
que ni Pacheco ni le séjour de SéuUe ne
pouvaient lui enseigner. Il résolut donc
d'aller à Madrid, qui renfermait d'admi-
?^-^^
<^
.j^^(S(^m^g::^'
— i»i —
rld[)*es peintures italiennes, et mit ce pro-
jet à eiécntion en !622. li fut bientôt en
réputation à la cour de Philippe lY, dont
il eut }*lK)nnenr de faire le portrait Ce
fut là le commencement de sa haute for-
tune. Admis, comme le poète Gahleron,
dans l'intimité du monarque, il fut tonte
sa vie un de ces courtisans familiers au
milieu desquels l'infortuné Philippe IV
oubliait, dans la culture des lettres et des
arts, ses nombreuses disgrâces politiques.
En 1628, Rubens vint à Madrid comme
ambassadeur d'Angleterre. Yelasquez était
loin alors du haut degré auquel il éleva
plus tard son talent, mais Rubens le com-
prit néanmoins au premier coup d'œil.
Tous deux devaient être naturellement rap-
prochés par la conformité de la naissance,
des goûts et de la vocation, ils le furent
bientôt plus étroitement par cette intimité
qui ne manque jamais de s'établir entre
deux hommes de génie mis en rapport par
les circonstances. « Je sais le plus grand
peintre de ce temps-ci , disait naïvement
Rubens, il ne te manque pour être au
même rang que moi, que d'aller respi-
rer un peu l'air de l'Italie , et cette at*
mo«^phère vivifiante qui est autour des
grandes œuvres de Raphaël et de Michel-
Ange. »
Aller vivre en Italie I Cette idée devint
le rêve unique de Velasquez. Enchaîné
à la cour par le lien quelquefois bien lourd
de la faveur royale, il eut quelque peine
à obtenir la permission de s'éloigner; en<-
fin, il y parvint et partit pour Venise,
chargé par Philippe IV d'or et d'insignes
honorifiques. Philippe IV voulait que son
favori lui f tt honneur. Celui-ci n'y man-
qua pas. Pendant le voyage et à Tenise il
mena le train d'un prince, mais sans rien
perdre de son aiîabilité et de cette amé-
nité de caractère qui lui gagnait tons les
cœurs. A Venise , les oeuvres du Titien ,
de Paul Véronése et du Tintoret firent de
Velasquez le plus grand coloriste de l'école
espagnole ; à Rome, l'ombre de Michel- /
Ange lui enseigna le secret de ses touches
vigoureuses. Velasquez était complet.
Rappelé par Philippe IV, il revient en
Espagne en 1631, et commence nn série
de tableaux représentant les principaux
Êiits accomplis sous le règne de son sou-
verain. Cette grande entreprise dura dix-
sept ans, elle s'acomplit sous Is yeux
de Philippe IV lui-même, qui passait son
temps et donnait des aodiences dans l'ate-
lier de son peintre. Enfm, en 16ii8,
chargé par le n>î de fonder une académie
de peinture, Velasquez jtrgea nécessaire
d'aller visiter encore celles qui florissaient
en Italie. C)mblé d'honneurs par le pape,
il en fut encore écrasé à son retour à Ma-
drid, où son entrée avait l'apparence d'un
triomphe antique, à cause des nombreuses
statues qu'il apportait av(*c lui. Velasquez
est un de ces hommes très-clair-semés dans
l'histoire des artistes, que la fortune nV
bandonne jamais ; il mourut entre les
bras de la folle déesse, fidôle pour lui, et
si souvent inconstante, l'an 1660, âgé de
soixante et un ans.
a Velasquez, dit un critique judicic^ux, a
peint avec un égal succès les frnirs, les
fleurs, les animaux, les intérieurs, les por-
traits, le paysage, l'histoire sacrée ou pro-
fane. Rien de plus suave et de plus ac-
compli que SCS petites scènes donie tiques
à la flamande ; rien de plus simple et de
plus sublime à la fois que la manière dont
il a peint les bois sauvages du Pario, les
jardins sablés d'Aranjuez et l'affreuse soli-
tude de Thëbaîde; rien enfin de plus poé-
tique que ses grandes compositions histo-
riques dont chacune est un véritable chef-
d'œuvre de nablesse. Quant au caractère
de son talent, on peut dire que, bien qu'il
peignît du premier jet, sans hésitation,
sans retouche, son dessin est toujours
d'une irréprochable pureté ; sa couleur est
toujours ferme, sûre et parfaitement natu-
relle. En un mot, Velasquez fut l'homme
de la nature et de la vérité. »
Voilà certes de belles et brillantes qua-
.- r • >,
^^^.
^"^O
— 282 —
lités, et le panégyrique dont je cite ici un
passage ne saurait être accusé d'exagéra-
tion. Aux yeux de quelques-uns, il y man-
querait |)eut-étre une louange. Le mot
sentiment n*y est pas prononcé. C'est
qu'en c[T«'t ce qui manque dans cette page
de biographie manque aussi dans les œu*
vres du peintre qui en est l'objet. Yc-
lasquez n'est pas un artiste sentimental;
ce qu'il a rapporté d'Italie, c'est la pureté
de la forme, il a passé des mois entiers de-
Tant les grandes pages de Micbel-Ange et
de Raphaël, sans être atteint par les efQu-
Tes de passion qui émanent des fresques
et des toiles touchées p:ir leur pinceau.
Peintre de cour et d'histoire officielle, il
excelle à reproduire les traits des hauts
personnages qui l'entourent, et sous ce
rapport il est l'égal de Van Dick ; mais on
dirait qu'une sorte de convenance l'oblige
à se garder des tentations de la grande fan-
taisie.
C'est en quoi Ribera son compatriote,
connu encore sous le nom de l'Espagnolet,
lui est supérieur. Tout est passion chez
Ribera, dans sa vie comme dans ses œu-
vres, to-it sa>sit et impressionne vivement.
Destiné lui aussi à la carrière des ar-
mes par un p>e qui avait porté trente ans
le harnais, il part à Valence, vers l'âge de
quinze ans, sous prétexte d'achever son
éducation, en réalité pour échapper à l'en-
nui du foyer paternel. Là il fait par ha-
sard la connaissance du peintre Ribalta,
l'un de ceux qui avaient fait le voyage d'I-
talie, et rapporté de Rome et de Florence
la suavité idéale de la ligne, léguée par la
Grèce, et la divinité de la forme répandue
dans les ruines inépuisables de la Pénin-
sule rivale, dépositaire tout à la fois de la
poésie païenne et de la foi catholique.
Du jour où le jeune étudiant mit h
pied dans l'atelier du peintre, il fut en
proie aux tourments de la vocation. Laissé
sans ressources par son père qui ne voulait
pas l'aider à d^-venir artiste, il se fit pres-
que le valet de Ribalta, pour profiter des
leçons que ce dernier donnait à ses élèves;
mais Ribalta devina bientôt tout ce qu'il y
avait de promesses dans cette persévérance.
Il fit son élevé favori de celui qui n'eât
pas rougi d'être son 8crviteur pour l'amour
de Tarti et l'associa bientôt aux travanx
considérables dont il était chargé.
En 1605 on trouve Ribera à Naples, où
commence pour lui la série des misères
douloureuses. Arrivé i Naples avec quel-
ques ressources, il ne tarda pas, obscur
qu'il était, à en voir la fin, et tomba dans
un complet dénûment. Assidu aux leçons
duT^aravage, dont l'atelier était alors ûé-
quenté par de nombreux élèves, distingué
bientôt entre tous par le maître, il rece-
vait de lui dfs conseils et des encourage-
ments qui profitaient à son talent et flat-
taient son orgueil ; mais l'intérêt que lui
portait le Curavage n'avait rien de com-
mun avec la cordiale et secourable amitié
de Ribalta*
A la mort du Caravage, Ribera résolut
d'aller à Rome. Déjà suffisamment connu
et apprécié à Naples pour vivre presque
aisément du produit de son pinceau, il se
détourna de ces premiers succès comme
d'une pierre d'achoppement, et partit pour
la capitale du monde artistique, peu sou-
cieux de recommencer à gravir les rudes
sentiers de la mis6re, pourvu qu'il pût re-
cueillir une étincelle du foyer sacré où
s'allume la gloire.
Ce vovage à Rome exerça une grande
influence sur le talent de Ribera. Façonné
à l'école du Caravage, il s'était d'abord
laissé prendre d'enthousiasme pour la ma-
nière de ce peintre, énergique et vraie
jusqu'à la rudesse ; mais la vue des gran-
des œuvres de Raphaël et du Caravage ne
tarda pas à modifier ses principes et à dé-
tourner ses prédilections. Son âme ardente
entra dans le monde idéal, vierge des
émotions qu'il lui réservait, et d'autant
mieux préparée à l'initiation qu'elle n'a-
vait encore fait qu'en pressentir les mys-
térieux attraits.
^J^k)&^'
— 295 —
C'était alors le beau temps de Fécoie
lombarde, et presque tous les maftres qui
Font illustrée se trouvaient à Rome, les
uns an dv'but , les autres au milieu ou à
la fin de leur carrière. Ribera put ainsi
connaître TAlbanc, les G^rrache^, le Do-
mîniquiti, Lanfranc» le Guerchin et le
Guide, dont Jo^epin disait au pape : «Nous
• travailloQS nous autres comme des hom-
» mes, mais 4e Guide travaille comme les
» anges, i Au milieu de cetle foule de
rivaux si redoutables, Ribera ne voulut
pas entrer en lice avant d'être sûr de lui-
même. Sa prétenfion était d*y vaincre à
la première joute ; aussi vécut-il à Rome
d'une double existence : Tune bienheu-
reuse et en quelque sorte extatique, de-
vant les merveilles de Fart; Fautre amère,
pénible, arrachée Jiiette à miette à l'ad-
versité. Il parcourut ainsi Parme, Molène,
Yenise, Bologne, et revint à Naples décidé
cette fois à s'annoncer au public par une
œuvre capitale. Le hasard lui fit faire dans
cette ville la connaissance d*un riche mar-
chand de tableaux qui sut Fappréd.T. Ce
fut le commencement de sa haute fortune.
Il vit bientôt les riches amateurs de Na-
ples couvrir d'or ses moindres produc-
tions, et d'.'vint le favori du vice -roi.
C'eût été une belle vie que celle de FEs-
pagnolet, s'il eût profité de sa fortune et
de sa faveur pour venir en aide aux artis-
tes ses frères; mais soit qu'il fût né mé-^
chant, soit que la misère Feût aigri, on le
vit poursuivre d'une haine implacable
FAlbane, Josepin, les Carraches, et surtout
le Dominiquin, dont la mort tragiqae lui
est attribuée (1).
La plupart des œuvres de Ribera se dis-
tinguent assez par leur aspect général,
pour permettre d'apprécier aisément les
différentes manii^res qu'il a successivement
adoptées ou rejetées. Ainsi, entre le Mar-
tyre de saint Barthélémy tiVAdaraXi^m des
bergerSy que nous avons vus au musée du
Louvre, il y a toute la distance qui sépare
nécessairement de Féleve du Caravage, re-
venant par circonstance aux traditions de
ses premières études, le disciple di; Ra-
phaël, cherchant dans le monde idéal un
rayon divin pour éclairer les yeux de la
Mère du Sauveur.
J. DE Ghatjllon.
(1 Quelques-uns racontant que le Domini-
quin tomba dans une mélancolie à laquelle il
finit par se soustraire en prenant du poison.
Le Dominiquin mourut-il volontairement, ou
de la main d'un scélérat aui g^ges de FEspa-
gnoletr C'est là un doute élevé par Thistoire,
et sur lequel il est par trop pénible de discuter.
Toujours est-il que l'opinion publique fut una-
nime pour accuser Ribera.
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE*
THE CUSHAT THIT WANDERS.
Tbe eusbat tbat wanders the wild woods among
Cornes home in the eveniog, and breatbes bis
love Bong;
But thou, mj unkindone, art far, far away,
Tbougb the night round me gathers on lonely
Glenfay,
Oh, leave tbe wild haunts of tbe deer and tbe roe;
Thy hills bave been marked by the steps of the foe;
LE RETOUR BU RAMIER.
Le tendre ramier, errant dans nos monUgnes
sauvages, revient le soir à son nid pour dire
son chant d'amour; et toi, méchante tu t'en vas
loin, bien loin de moi, et cependant le sombre
voile de la nuit obscurcit déjà les hauteurs de
Glenfay. Quitte les traces du daim et du che-
vreuil sauvage que tu poursuis. J'ai vu l*em-
preiute des pas ennemis marqués sur le sable •
<yj^^
'«briteot
M f<i«* on
,j. Si une
I écrit il
«nemed
aîl qu'on
an qn on
~ Je saiA que tome g3(es; aussi tn I pas tranquiHeï Lyon. Hier j'éiais as
l>eanx îi
l>eanx t
je brodi
m piei
cansaiei
ce qu'i
'il y 3>3
j'on cra
larait qa
!<> je coni
on père
:ai-ta q
ist toi, i
ISBÎ tu Ta:
tuleî n'y
le garde 1
-^^oei
f't.
— S«B —
que je ferti Tenir T d'sillefin tu seras de
retour ce soir, et pais, qne Yem-tn qii*oii
■e fasse? qa'esiKseqoi m'en Tent, idr
— Ok 1 pour ça, c» serait être iMeii en*
Bemi da bon Diea qoe de foos en ¥oii«-
kir \ TOUS qni éles la pretîdenoe du pays;
mais par la même raison, qni donc tini-
hs-TOOS qni en Teoille à vetre père T
— Je sais qu'il est aimé de ses onmere,
dont il est plutôt le père et Tami qoe le
aattre; mais je piris me tromper... j'ai be-
soin d*6tre rassurée, et ce sentiment est si
fort, vois-tu, que si tu me refuses .. eh
bien , je suis capable d^ aller tonte
seule.
— Toute seule t y pensez-vous? par le
temps qui court, ¥0us hasarder dansia ville!
il ne manquerait plus que ça! Non, non, ra»-
sure^voBS, je vais y aller et je vous rappor-
terai ce soir des nouvelles. Mais pendant
mon absence vous me promettez de rester
bien tranquille dans la maison.
— Je te jure de ne m*occoper que de mon
claiveein et de mes oiseaux. Dépêche-tm de
te (Nréparer; je vais écrire un mot à papa,
tu viendras le prendre dans ma chambre. »
Et elle s*élança comme un papillon à
travers les arbustes et les fleurs, ornements
de la terrasse qui séparait la maison de
M. Devîlliers, de la place du village de
SaÂnt-Rambert.
« il vaut mieiix que je fesse ce qu'elle
désire, se dit le brave François r«sté seul ;
ele serait capidile de s'échapper, et Men-
aîenrqaé m'a tant recommandé de bien la
garder ici, de ne lui Idisser voir personne
qui puisse rimtruire de ce qui se passe à
Lyon... il m'en voudrait ; un mot de sa
main la rassurera pour quelques jours; et
puis, moi-même, je ne suis pas sans inquié-
tude ; tout ce que j'entenéi dhre est loin
de me tranqviltiser.. . Que le bon Dieu ait
pitié de nous I »
Quelques iastants plus tard, le vieux do-
mestique, muni d'une lettre, s'éloignait de
la maison après avoir bien recommaodé à
cevx qu'il y laissait de veiller sur sa jeune
mahresse et de ne laisser pénétrer per^
sonne jusqu'à elle.
La conversation qu'on vient de lire avait
été tenue sur la terrasse d'une charmante
maison située k Saint-Rambert, joii vil-
lage couché au pied d'un coteau sm* les-
bords de la Saône, vis-à-vis Ttle Barbe ;
^e avait eu lieu entre Laure Devilliers et
François Ghéron. M. Devilliers, père de
Laure, veuf depuis qudques années, était
un grand manufacturier de soieries; B
avait commencé par être ouvrier, et à
force d'intelligence, de travail et d'éco-
nomie, il était arrivé à être un riche
négociant, aimé, estimé de toute la ville,
et chéri de ses ouvriers. Resté veuf avec
deux enfants, un fib et une Glle, il leur
avait fait donner une éducation, solide
pour le jeune homme, modeste pour la
jeune fille. Mais aussitôt que l'esprit ré-
volutionnaire s'empara de la ville de Lyon,
il envoya sa fille dans sa maison de cam-
pagne, où il venait la voir tous les samedis
jusqu'aux lundis, la laissant pendant la se-
maine sous la garde de domestiques fidèles
et dévoués, particulièrement sous celle de
François Ghéron, qui l'avait vue naître.
François Ghéron avait été le compagnon
de H. Deviliierâ ; devenu mattre, cehii-^i
ne l'oublia jamais, fl traita toujours Ghé-
ron comme un ami et finit par en faire
son fiictotum, en un mot François était un
canut (1) en retraite qui n'avait pa5 à se
plaindre de son sort Quant à Edmond,
frère de Laure, c'était un beau garçon,
intelligent, actif, qui aidait son père dans
la direction de la manufacture, dont il
était destiné à devenir le chef lorsque son
père irait prendre auprès de sa fille un re-
pos bien mérité.
Le peuple de Lyon se divise en deur
classes : Tune, bourgeoise, riche et indos-
trielle, l'autre, composée d'ouvriers actifs
et laborieux ; par suite du mode de fabrr-
(f ) On appeik aioii les ouvriers en ide.
:
-» >^3®^i^MK21flfl
— 296 —
cdtion adopté dans cette \itle manufactu-
rière les intérêts de ces deux classes se
trouvent liés ; la ville est donc essentielle-
ment plébéienne, et l'on comprend qu'elle
fut plus républicaine que monarcliique,
et, bien qu'étant resté étranger à tout ce
mouvement qui avait amené la i évolution,
le peuple de Lyon applaudit à la chute de
l'aristocratie et de la mouarchie; il ne
comprit pas d'abord que le luxe était ce
qui faisait sa richesse, et il accueillit
avec transport ce qui devait amener sa
ruine.
Mais dès que le jacobinisme se montra
à découvert, dès que ses principes se tra-
duisirent en désordres, menacèrent le
commerce i t l'industrie, il devint impo-
pulaire; il en résulta que le jacobinisme
ne pouvant trouver st^s meneurs et ses ora-
teurs dans les rangs de la bourgeoisie ou
du peuple honnête et laborieux, les recruta
dans la lie de la population flottante de
celte ville. N'éiant pas les plus nombreux,
les jacobins en devinrent plus furieux ; ils
voulurent imposer p^r la terreur et finirent
par se rendre odieux à la population.
Ajoutez à cela que le commerce taris-
sait, le luxe tombait, les fabriques étaient
feimécs, tout dépérisi^air, et la \iile com-
mençait à confondre ses plaintes avec
celle des royalibtes qui accouraient des con-
trées voisines pour chercher un refuge
dans la ville.
Afin de ranimer l'csp'.it républicain ,
la Convention avait envoyé à Lyon un
ramnsMS de brigands à la tète desquels
elle plaça Châlier, jeune séminariste, qui
a>ait abandonné la prêtrise ]3our se livrer
à toute la férocité de son caractère; il viut
fonder à Lyon le gouvernement révolu-
tionnaire, et établit entre Lyon et Paris
une émulation de sang. C'éiait cette ter-
rible situation qu'on avait voulu cacher à
Laure, et c*était pour lui éviter la vue de
toutes Ci s horreurs que son père la retenait
dans le petit lameau de Saint Rambeit,
lequel n'avait pas alors avec Lyon toutes
les communications qui l'en rapprochent
aujourd'hui.
Il y avait à peine deux heures que Fran-
çois était parti ; Laure se trouvait dans si
chambre, où elle étudiait son clavecin;
tout à coup, elle entend des cris an dehors;
elle descend sur la terrasse, et à travers les
branches touffues d'un bosquet de char-
mille, elle regarde ce qui peut causer ce
tumulte. Un spectacle affreux s'offre à sa
vue : au pied de la terrasse passait une
bande d'assassins couverts de sang, escor-
tés par des hommes hideux, et par des
femmes plus hideuses encore, portant en
triomphe au bout de leurs pi.jues et de
leurs sabres, d^s membres humains dépe-
cés par morceaux. Leurs figures atroce.%
leurs cris de joie, leurs blasphèmes, je-
taient l'épouvante de tous côtés ; tout le
monde fuyait devant eux, et cfux qu'ils
pouvaient aiteiudre, ils les forçaient de
porter à *eur tour ct's horribles trophées.
Éperdue, hors d'elle-même, Laure s'é-
chappe par une allée couverte, court vers
'a maison, (t tombe sans connaissance sur
le seuil de la porte. Relevée an bout de
quelque temps par Brig>tle, qui ia cher-
chait partout, file revient à la vie grâce
aux soins de la fidèle servante ; mais sa
tête est égarée, elle croit sortir d'un rêve
affreux. « Où suis- je? dit-elle, qu'ai-je vu?
Que^s sont ces tigres ? Quel est ce sang?.. .
mais répon'ez-moi donc! c'est une
illusion, n'cht ce j^as? une horrible vision ?
— Calmez-vous, mademoiselle, lui ré-
(londit Brigitte, le danger est passé ; dans
leur rage impie, ils n'ont pas aperçu notre
maii>on cadrée par la terrasse et par les
arbres, 11^ se sont rués sur l'église.
— Sur l'église, dites- vous ?
*- Hélas! oui, mademoiselle, ils ont tont
dévasté, t't cmiuené monsieur le curé.
— Oh I mon Dieu ! »
En ce moment arrive Bruno, ie garde-
chasse, il était pâle et défait; rencontré à
l'entrée du village par les assassins, et en-
traîné par eux, forcé de vociférer comm^
f^S^&Q^'
^^
<^:
'iyB^
— 287 —
eux, il n'avait réossi à s'échapper qu'au
moment où une partie de ces brigands,
peu satisfaits du butin qu'ils Tenaient de
faire dans Téglise, poursuivaient, pour les
dépouiller, ceux qui, arrivés les premiers,
araient eu une meilleure part.
« Quels sont ces hommes 7 lui demanda
Laure.
— Ce sont des amis à Châlier, le
chef de la bande. Comme il ne veut pas
être en reste avec Paris, il a envoyé ses
amis dans toutes les prisons; ceux-ci
viennent du château de Belle-Cise ; ils n'y
ont trouvé, disent-ils, que on/e officiers
de Royal-Pologne qui y ont été enfermés
comme suspects de royalisme; en vain
rcademoiselie de Belle -Cise, aussi bonne
que belle, a voulu sauver les prisonniers,
en vain elle s'est jetée entre eux et les
assassins et s'est fait blesser en cherchant
à écarter les sabrts et les piques, ils les
ont massacrés, et ce sont leurs membres
que les assassins vont porter à Lyon pour
les suspendre aux arbres de la place Belle-
cour afin, d'épouvanter le quartier des
aristocrates, comme ils disent.
— Voilà donc ce danger qu'on voulait
me cacher ! s'écrîa Laure; voiU donc poïir-
quoi on m'isolait dans ce séjour ! Mais je
comprends mon devoir, et je le remplirai.
Bruno! vous aimez M. Devilli.'rs.
— C'est mon bienfaiteur, je lui dois
tout.
— Vous allez me conduire à Lyon, chez
mon père.
— Mai.s, mademoiselle.....
— Pas de réflexion... je le veux!
— Mais monsieur votre père m'en
voudra.
— Bruno, si vous courriez un grand
danger, voudriez-vous que votre fjlle, ma
filleule, vous abandonnât, vous laissât
seul, sans consolations, sans secours?
-» Elle ne le ferait certes pas, mademoi-
selle.
— Eh bien , ce que votre fille ferait
pour vous, je dois le faire pour mon
père Partons!
— Mais, ma chère demoiselle, votre
costume élégant vous fera reconnaître par
ces misérables, si nous les rencontrons.
— La fille de basse-cour va m'en prê-
ter un. le plus simple, le plus commun...
Mon cher Bruno, tenez-vous prêt, je suis
ici dans quelques minutes. A propos, vo-
tre nièce, Marie- Jeanne, la batelière, a
toujours sa bêche (f)î
— Oui, mademoiselle.
— C'f st bien I au lieu de me conduire
à l'île Barbe, comme elle le fait souvent ,
elle nous descendra jusqu'à Lyon; nous
éviterons ainsi les mauvaises rencontres,
et arrivés sur le quai de Saône, nous pour-
rons gagner facilement la demeure de mon
père. Allez prévenir Marie-Jeanne, je vous
retrouverai à son bateau. »
Bruno et Brigitte se regardèrent d'un
air alarmé, mais il y avait une volonté si
marquée dans la manière dont Laure s'é-
tait prononcée, qu'ils virent bien qu'ils ne
réussiraient pas à la dissuader..... ils se
résignèrent.
Laure eut bientôt changé de costume,
et avec un courage qu'on n'aurait pu lui
SUPPOSAT, elle rejoignit, seule, Bruno, îjui
l'attendait dans le bateau de Marie-Jeanne;
ils descendirent silencieusement la Saône,
livrés tous trois aux tristes pensées que
leur inspirait le hideux speciacle qui les
avait effrayés le matin.
A son arrivée à Lyon, François ava't
trouvé la ville dans la siuprur : le ma>sacre
dans les prisons, commencé le malin, con-
tinua-t ave:, fureur ; Châlier, Coupel son
complice parcouraient les rues en excitant
le peuple au meurire et au pillage: «Le
temps est venu î s'écriaient- ils , où doit
s'accomplir celle prophétie : a les rirhes
seront dépouillés et les pauvres enrichis! »
(1) Batclet recouvert d'une toile, soutenue par
des cerceaux, comme les charrettes des blan-
chisseuses des enviroQS de Paris.
i)€>!«^
.M^i&èi
:
— S98 —
« Voulez- TOUS , disait on autre, on mot
qui paye pour tout ce dont nous avons be-
soin à Lyon : Mourei ou faites msurî/r ! x>
Eiïrayé de tant d*horreur» François par-
Tint jusqu'au domicile de M. Devilliers; il
le trouva cherchant avec son fils les moyens
ée prévenir le danger, et vint augmenter
leur anxiété en leur faisant part des dispo-
-sitions d*esprit de Laure, de son inquié-
tude vague, de sespressentiments. Un mot,
dit- il, peut Téclairer, une indiscrétion peut
tout lui apprendre, et rien ne parviendrait
à la retenir. Cette pensée affligeait vivement
lecœar de Devilliers; il aurait voulu à tout
prix épargner à sa fille chérie le spectacle
Hiui effrayait la ville ; il donnait à François
de nouvelles instructions, l'engageait à re-
doubler de soins pour laisser tout ignorer
à Laure ; car, un pareil état de choses ne
pouvait durer; on parviendnit à se débar-
rasser des brigands qui asservissaient la gé-
néreuse population lyonnaise.
— Oui, s'écriait Edmond, il ne faut que
de l'énergie pour nous délivrer de ce joug
honteux, nous n'en manquerons pas. L'in-
dignation est à son comble, déjà les section-
naires se rassemblent, nos frères d'Aix et de
Marseille ne nous abandonneront pas
rassurons-nous, espérons qu'avant peu no-
tre ville ne sera plus souillée par la présence
de ces cannibales.
— Que Dieu t'entende I reprit M. De-
villiers; mais jusque-là il faut tâcher que
ta sœur ignore... »
En ce moment la porte s'ouvrit avec
fracas, et Laure parut suivie de Bruno.
a Laurel... s'écrièrent à la fois Devil-
liers Edmond et François.
— Oui, Laure ; Laure Devilliers, votre
fille, votre sœur qui accourt où son devoir
l'appelle.
— Malheureuse enfant, que viens-lo
faire dans cette \ille maudite 7
— Vous consoler, vous sauver... si je le
pois, et partager votre sort si la Providence
nous abandonna
— Mais to ne sais pas . .
— lésait tout! et c'est piroeque je sauB
tout que me voilà... D'où vient doac vioire
étoonemeiit? Âh ! sam douiB ée ce oob-
tome qoe j'ai cm devoir revêtir par pror
dsDce; car je pense bien que voos n'avei
pas cro que je resterais traMfuiUe et in*
soudante stms les ombrages fleuris de
Saint-Rambert, tandis que vous seriez id
exposés à tous les périls ; en butte peut-
être aux persécutions, auxouurages... non,
vous ne l'avez pas pensé!. . . Dans votre ingé-
nieuse tendresse, vous avez cherché tous
à me tromper par de pieux mensonges» je
vous en remercie; mais maintenant que
malgré vous, une horrible vision est venue
me révéler nos dangers communs, je se-
rais indigne du nom sacré de fiUe , de ce
titre si doux de sœur , si je n'étais là à
vos côtés, prête, non pas à voos défendre,
ce n'est pas mon rôle, mais à mourir avec
vous s'il le faut.
— Noble et digne enfant! s'écria De-
villiers en pressant sa fille sur son cœur;
il est impossible que Dieu ne protège pas
tant de courage et de dévouement; ooi,
je le sens, ta présence me rend la con-
Gance et l'espoir; tu seras notre provi*
dence dans ces moments de cruelle épreuve,
tu prieras pour nous, et nous aurons fd
en tes prières qui doivent être si agréables
au souverain maître de toutes choses, i»
Nous l'avons dit, Devilliers était ahné
de ses ouvriers, ils étaient tons laborieux
et rangés; la cessation de leurs travaux
augmentait leur haine contre ceux qui
ruinaient et ensanglaient leur ville, antre-
fois si laborieuse et si opulente. DeviDiera
n'avait donc rien à craindre d'eux; totale-
ment inconnu de la tourbe des étrangers
qui dominait dans la ville et asservissait
la manicipaliié lyonnaise, il parvint à res-
ter inaperça ao milieu du tumulte géné-
ral. Chaque jeor François et Bruno, affa-
bles do costume des jacobins, parcouraient
ta ville, s'introduisaient dans les clubs et
venaient le soir raconter à leur maître œ
qa'ib avaient vu et entendu.
tvK^.n
■>^^^
-î^l»*-
Lenrs lécib étaintt Ma d'Mr« rasn-
nntB; la nge dee boHireaox de Ly<n
Msnentait do )oar en joir; ifs Toutaicat
iserdecmtuKéxree Paris; dra Cmis-
s du club des Gm-dpliers eratsùal
Te leur furie. La nourelle de la mort
oi boiris XVI fal accueittie avec des
de joie par ces fMrenés; Cbftlier,
: son entbonsiasme féroce, s'écria :
□q cents têtes sont paraoi nans 4pii
Itent le swt de celle dn tyran I je ions
AwKveî le liste, tdos n'anni qu'à
pcr. • Puis, prenant dans n main oae
;e du Christ, i ajinrta : a Cen'eMpas
E d'avoir kit péiir le t^randee corps,
«que le tyran des Ames loitdélrtnél »
iritMit l'iina^ dn crncifîx, il em foula
Itbris sons ses pieds (1):
es soins, )a tendresse de Laure adoo-
lient les cèigrins que ces siaisires
tcffiCBif onsaient i DeriHlors; de son
, Idwond, pour le vsaetirer, lai faisait
des ^jels réactionaaires des ré-
licains modérés; il lai racontait avec
le iDlrépidité Nivi6i>e, maire de Lyon,
jt ifite aux bciieni. « Rassum-vons,
I père, lui dit^l un jour, les jacobins
mis le comble i leurs forfaits; dans
OMdliabale lenn celle nuit, ils ont
hi de s'emparer des meuibreB dn dé-
«meit, du prisideets et dee secr6-
» df s sediens et de ks égoi^er. Oet
me complot, heoruiseineut déceuvert,
icidé les sections k se réunir et ii mar-
rcoatreooBtyrans... je vais me joindre
IX, Cl j'espère qne bientAt je powrai
s aonoACer notre délivrance. ■
a joarnée fnt terrible, vingt mille-sec-
iiaircs, divisés en deni oolonnes, nuiv
rcM contre rarsenal et l'hAtel de vib
les jaeotnns s'étaient râogiéa et ferti-
; CM ocdounes furent accnedlies par
décku'gesDeartrifavsdemilraille; mais
toancuabatopiDUtre.lcstectiraiBaîres
:èFent midiMs^dei dens poMies, arràft-
) LoMistlJDf , BUtotr» du GiTondiM.
rent Cbèli^ e
et
les
-<^
~ 500 —
défense, construire des redoutes, fondre
des canons, créa une monnaie, et nowma
pour commanda» t de ses forces M . le comte
de Pf écy, ancien colonel du régiment des
Vosges.
D<ins ces circonstances solennelles^ Laure
retrouva tout son courage; il ne s'agissait
plus de se soustraire au fer de quelques
assassins... il fallait ?gir, tout préparer pour
une lutte formidable ; elle n*bésita pas ;
elle se joignit aux auires dames de la ?ille
de Lyon pour apprêter tout ce qui devait
être néces>aire au soulagement des blessés.
Avec un zèle infatigable on voyait ces
dames préparer des ambulances, réunir
du linge et s'occuper de tous ces soins
doot les femmes ont si bien le secret. Pen-
dant ce temps, de Précy organisait ses
forces, si peu nombreuses, et sons son ir-
rés'stible impulsion, les remparts, les bat-
teries, les rtdoutfs, les ponls coupés ou
prêts à s'écrouler, présentaient de toutes
parts un fornddable aspect de résistance
contre les troupes de la Convention.
Devilliers avait repris son courage stoî-
que; convaincu de la nécessité d'opter
entre i'écbafaud et la mort dans les com-
bats, il n'hésita pas ; il avait été un des
députés de Lyon cbargés d'aller proposer
le commandement à de Précy ; il était un
de ceux qui, aux observations de ce géné-
ral sur les dangers de cette guerre, dans
laquelle les habitants n'avaient à espérer
que la victoire ou la mort, répondit par
ces paroles du désespoir : a Nous avons
pesé dans nos pensées I'écbafaud contre
l'oppression de la Convention , et nous
avons choisi l'échafaud.
— Et moi, s'écria de Précy, je l'accepte
avec de tels hommes I»
Par ordre de la Convention, l'armée de
Kellermann vint bloquer Lyon, elle fut
bientôt augmentée pardesbandesde paysans
des montagnes de l'Auvergne et des Basses-
Alpes, entraînés par des envoyés de la
Convention, qui leur promettaient le ]iil-
lage de l'opulente cité ; aussi ces paysans
avaient-ils amené avec eux des chariots,
des mulets , des chevaux pour emporter
le butin qui leur était promis. Attaqués
de tous côtés pir des forces bien supé-
rieures, les Lyonnais firent des prodiges
de valeur. Leur digne général, de Précy,
donnait à tous l'exemple du courage et de
l'intrépidité; toujours à cheval, toujours
le premier au combat, il les électrisait par
son exemple.
Edmond marchait parmi les premiers
combattants, Devilliers se tenait avec la
garde nationale, qui était chargée de com-
primer les jacobins à l'intérieur de la ville;
François et Bruno couraient de l'un à
l'autre, portant des nouvelles et en rap-
portant, afin de rassurer ceux qui avaient
tant besoin de courage et de persévérance.
Quant à Laure, on la voyait partout, se-
courant et pansant les blessés, consolant
les mourants, portant des vivres aux avant-
postes et ranimant le courage des femmes
que la vue du sang tt des bles&és faisaient
faiblir.
Le bombardement commença le 10 août,
et pendant dix-huit jours les boulets,
les bombes, les fusées incendiaires dé-
truisirent et brûlèrent les qnarti^v les
plus riches de la ville, et écrasèrent une
grande partie des habitants. En vain,
selon l'usage des villes assiégées où l'on
épargne les asiles consacrés à 1 hnmnanité,
Lyon avait arboré un drapeau noir sur son
hôpital; les artilleurs de la Convention
criblaient ses murs de boulets et d'obus.
Les bombes éclataient dans les salies, en-
sevelissaient les bles^sés sous les voûtes où
ils venaient chercher leur salut Des si-
gnaux perfides, faits pendant la nuit par les
amis de Châtier, indiquaient les édifices et
les maifons k brûler ; ainsi les boulets et
les bombes choisissaient leur but et incen-
diaient les quartiers les plus populeux.
On avait été obligé d'évrcuer l'hôpital,
point de mire des assaillants, et l'on soi-
gnait les blessés dans les rues, où l'on
étendait un peu de paille. Là, comme à
©îç><.
^■4>*
^^^
— 501 —
rbôpîuK comme anx avant-postes, comme
partout iiilieura, Laaf e faisait preuye de ce
zèle pieax qui. devant tant de crnantés et
de crimes, réconcilie avec l'bnmanité. Un
choc terrible venait d'avoir lien entre les
tronpesdn général républicain, Doppel, et
les phalanges lyonnaises; celles-ci, après
un combat opiniâtre, avaient repoussé l'en-
nemi, mais cette victoire avait coûté à la
ville le plus pur et le p^us généreux de
son sang. On apporta à l'ambnlance où se
trouvait Laure un jeune volontaire que la
mitraille ennemie venait de frapper, il
était expirant. A son aspect, un cri don-
ioureux échappa à Laure. .. elle avait re-
connu Edmond!... a iMon frère I s'écria-
t-elle! Edmond, me reconnais-tu 7 oh!
dis-moi que tu ne vas pas mourir !
— C'est Dieu qui me conduit près de toi,
ma bonne Laure; il veut ainsi me recom-
penser de mon dévouement à sa sainte
cause. Ne pleure pas, masfur; en tombant
j'ai vu fuir l'ennemi, cela me console. Mais
ce que je regrette, pauvre sœur, c'est de te
lai&iser seule pour veiller sur notre père ;
ne le quitte pas, redouble de tendresse,
rea)p!ace'moi, et que Dieu te soutienne
dans ce^te noble tâche!... Dis à notre père
que je meurs digne de lui, fier d'avoir
pa^é de mon sang notre victoire, et que...
je le prie de me bénir...
— Edmond!... mon frère!... non, tu
ne mourras pas!...
— Adieu, sœur... adieu... quand tu
seras plus ht'ureuse... pense quelquefois à
moi adieu!... » et il expira.
Ce nialheur semb'a ranimer l'énergie
de Laure ; sauver les restes chéris de son
frère devint sa seule pensée. Dévoués et
fidèles, François et Biuno ne refu8^rent
pas de l'aider à transporter, dans le jardin
de Saint- Rambert, ce corps inanimé ; en
vain ceux qui l'enicuraient voulurent lui
repré^enter les dangers auxquels elle s'ex-
posait: (( Croyez«vousdonc, répondait-elle,
qu'il y ait des hommes assez cruels pour
empêcher une sœur d'aller faire enterrer
son frère? pour moi je ne le crois pas et
je vais accomplir mon devoir, n
Arrivée aux avant-postes de l'armée as-
siégeante, Laure fut arrêtée ai ni que son
funèbre cortège, et conduite devant un
officier de l'armée républicaine: a Citoyen,
lui dit Laure, un éclat d'une de vos bom-
bes a tué mon frère ; vous n'empêcherez
pas sa saur d'aller lui creuser une tombe
dans le cimetière de sa famille 7 »
Il y a quelque chose de si noble et de si
touch nt dans le vrai coumge, dans le dé-
vouement désintéressé, que les cœurs les
plus endurcis s'y laissent souvent atten-
drir ; d'ailleurs les soldats de la république,
les vrais soldats, n'^ se montraient pas
cruels, ce n'était pas l'armée qui devait
venger la Convention; ils comprirent la
douleur de cette jeune fille, le dévouement
de ces deux fidèles serviteurs, et les lais-
sèrent passer. C'tst ainsi que les grands
arbres de Ss^iut-Ranibert reçurent sous
leur ombrage les restes inanimés de ce
jeune homme dont ils avaient si souvent
abrité et les jeux de l'enfance et les dou-
ces rêveries de l'adolescence.
La grande difficulté eût été de rentrer
dans la ville; mais la prise de Lyon, par
l'armée de Kellermann, permit à Laure
de revenir près de son père, son unique
et bien chère affection.
Malgré l'héroïque et opiniâtre défense de
la ville, malgré les pertes nombreuses qu'a-
vait éprouvées l'armée républicaine, elle
entra dans Lyon avec une apparence de
modération et de fraternité; les soldats de
la république se montrèrent généreux ; ils
empêchèrent d'abord tous les désordres,
toutes les violences, par'agèrent même
leur pain avec les habitants affamés ; mais
la victoire ne suffisait pas aux jacobins; les
amis de Châlier, longtemps comprimés par
les royalistes et les girondins de Lyon,
sortirent de leurs refuges en demandant
vengeance aux représentants, en sommant
la Convention de leur livrer enfin leurs en-
nemis. Les représentants essayèrent quel.
o^.-
^Vt^,
— 862 —
-r^
4,tr
que Xecûfs de conteuir celte rage , et
finirent par lui obéir; 11$ instituèreat des
tribunaux révolutioBoaires et rendirent
des décrets d*exterminatiaja. A dater de ce
jour, Lyon devint le théâtre des crimes
les plus atroces; la destruction de cette
TÎUe fut ordonnée; Gouthon, accusé de
BiodérajtL'me, fut remplacé par des bour-
reaux plus actiis et plus cruels. Ne comp-
tant pas sur ks soldats pour exécuter leurs
ordres sanguinaires, ils appelèrent les bri-
gands commandés par Ronsin» et formè-
rent une armée pareille dans chacun des
six d i^ârtements voisins. La mission de
ces arm^^es, recrutées dans Técume du
peuple, était de généraliser, sur toute la
surface de ces d(^partements, les mesures
d^inquisiiion, de spoliaiion, d'arrestation
et de meurtres juridiques dont Lyon allait
devenir le foyer* Des milliers de détenus
de toutes conditions : nobles, prêtres pro-
priétaires, négociants, cultivateurs, en-
combrèrent en peu de jours les prisons
de la \ille. Dans un pareil désordre, à une
époque où la dénonciation était non-seoie-
ment récompensée, nuis payée double ou
tiiple suivant Fimportance des têtes qu'elle
livrait aux bourreaux, Devilliers ne pouvait
échapper au sort réservé à tout ce qui était
bon et honnête : dénoncé par un de ces
misérabU s qui vivaient de cet infâtoe tra-
fic du sang des citoyens, il fut arrêté et
jeté dans une des cinq prisons qui regor-
geaient de victimes dévouées à Téchafaud.
Si la rage des bourreaux ne se lassait
pas, la tendresse d«s mères, des filles» des
sœurs ne se décourageait pas. .. La daoger
de SQ compromettre , en a'inlérassaat au
sort des prisonniers, et de mourii* avec eux,
dit un historien, n*inJtimidait pas la ten-
dresse de leurs parents, de leurs amis, de
leurs serviteurs. Nuit et jour, des aturou-
pements de iemmes, da mères» de sœurs
rôdaient autour des prisons. L'or ei les
larmes qui coulaient sur les maias des
geôliers arrachaient des entrevues, des en-
tretiens, des adieux suprêmes. La religioa
at la charité, si activas et si coorageosas k
Lyen, ne reculaient ni devaat la suspicion,
ni devant le digoût, pour pénéirer dans
ces souterrains et pour y soigner les ma-
lades, y nourrir les aSsmés, y consoler les
mourants. De« ienuses pieuses aciietaient
dos administrateura et des geMiers la per-
mission de se faire les servantes des ca-
chots.
Laure obtint, à prix d'or, d'un des
commissaires des priions, la permission de
venir soigner son |ière, et déguL>ée en garde-
malade des prisonniers jetés sur la paille,
elle passait des journées entières à ses
côtés.
AXais que pouvaient l'amour et le courage
d'une jeune fille contre la rage de ces
bourreaux qui avaient juré d'anéantir ia
population lyonnaise? Chaque jour un
greffier de la prison lisait, à haute voix, la
liste des détenus appelés au tribunal. Gel
appel était une condamnation. . . on ne sor-
tait de la prison que pour aller à la uKNrt.
Un jour le nom de Devilliers fut appelé I. . .
Nous ne chercberons pas à peindre la don-
leur d'une fille qui voit arracher son père
de ses bras... c'est une tâche an- dessus de
nos forces.
Devilliers entendit avec calme prononcer
Tarffèt qui le condamnait ; it pria Dieu,
et se résigna. Pendant que le père et la
fille étaient dans cette terrible et cruelle
situation, deux hommes dévoués goettaient,
aux alentours de la prison, la sortie des
victimefi. GoilEés de bonneta rouges, les
bras nus, annés de haches, revêtus du
ooslume hideux des héros de ces sanglantes
saturnales» ils témoignaient d'une faç<m
bruyante le désir de voir passer ceux qui
allaient racevo'ur la mort dans la plaine des
BroUeaax. Le funèbre coriége sortit enfin;
deux cent neuf coudamnés nurcbaiemt
deux i iêm et étaient dirigés delà sombre
prison de Roanne vers la théà re de leur
agopie* Pressée par les assassins» la colonne
arrivaaupont Morand; là, celui qui la con-
duisait voulut compter les prisonniers pour
séy*
— 5«)S —
s'assarer qu'aacun n*aTait échappé dans
la marche; mais au lien de deux cent neuf,
il en trouva deux cent dix. Il y avait plus
de présents que de condamnés. Lequel
était innocent?... Le chef du convoi arrêta
la colonne, et envoya transmettre son
doute à Gollot d'Oerbois. La réponse ne
se fit pas attendre : « Qu'iaqx>r(e un de
plnsl répondit le proconsul sanguinaire;
mieux vaut un de plus qu*un de moins;
d'ailleurs, celui qui mourra aujourd'hui,
ne mourra pas demain... qu'on achève I »
Cet ordre firtce fit frémir même les {dos
avides spectatenn de ces sanglaiMes exé-
cutions. Profitant de ce moment d'hésita^
tion, les deux hommes dont nous avons
parlé »'élancèr«nt vers les pni>0DJiiers, et
saibissant Deviiliers chacun par un bras,
ils s'écrièrent : « Ah çà, qu'est-ce qae
vous faites donc, vous autres? est-ce que
vous perdez la tête? Gomment, vous em-
menez ce ciioyen-là? C'est le meilleur
patriote et le plus ardent jacobin du pays;
nous en répondons sur notre têie..« vous
voyez bien qn'il y a erreur, puisqu'il y en
a un de tropl » Les soldats et k peuple
commt Bçaient à se lasser de voir répandre
tant de sang. . . personne ne die oaot. . . et les
deux kommes annés de hache emmenè-
rent DcvlUiers, sans opposition (1).
Ces deux farovehes républicnos qui
venaient ainsi, sous leur responsabilité,
enlever me victime à Téchalaud, n'éuient
antres que François et Bruno, qui entraî-
nèrent Deviiliers à tniver»les mes désertes,
et le conduisireQl à Saint Rambert, où
(1) L'auteur de cet article a connu dans son
enfance l'homme qui a été ainsi soustrait au
sopplice.
Lanre , instruite de leur projet, les avait
devancés.
L^, près du tombeau de son fils, en-
touré des soins de sa fille, caché aux yeux
de tous, ignoré du très-petit nombre de ses
ennemis, oublié de la plupart de ceux dont
il avait été le bienfaiteur, l'honnête négo-
ciant put, dans sa soJ&tude, pleurer sur ses
maUieurs et sur ceux qui accablaient ses
concitoyens, ses anus, et ses ouvriers dont
il avait été le père.
Cependant, peu à peu la tempête se
calma; emportés ^ leur tour par le tourbil-
lon révolutionnaire, les bourreaux de Lyon
expièrent, presque tous , leurs crimes sur
l'échaDaud qu'ils avaient dressé, et ce qu'il
restait de Lyonnais put enfin respirer sur
les ruines fumantes de cette opulente cité.
Lorsque l'ordre fut rétabli, lorsque le
jeune héros d'Arcole^ de Marengo et des
Pyramides eut, en revenant, ordonné la
reconstruction de Lyon, et posé la pre-
mière pierre de la première maison de la
place Bellecour, les ouvriers qui avaient
besoin d'un chef habile, expérimenté et
intègre, vinrent prier Deviiliers de réor-
ganiser la fabrique et de leur prêter l'ap-
pui de sa longue expérience.
Heureux de pouvoir être encore utile à
ses compatriotes , Deviiliers accepta cette
noble mission et s'en occnpa avec zèle.
Secondé par Laure , dont l'intelligence et
l'activité lui furent d'un grand secours , il
put bientôt reprendre la position que les
désastres de Lyon lui avaient enlevée. Ce
fut près de son père , soit au milieu des
travaux de sa manufacture , soit sous les
ombrages de Saint-Rambert où ils allaient
prier tous deux, qu3 Laure trouva la ir-
compense de l'accomplidsonient de son de-
voir et de son dévouement filial.
Â. Jadin.
€)Ô!^
t u..
'vA-v.:
â
"1
i
— 304 ~
MINUIT.
LÉGENDE.
C'était par une froide nuit d'hiver Wil-
frid sortit le dernier de la maison of il avait
passé la soirée; il marcha rapideirent dans
les rues couvertes de neige : il ne sentait
pas le froid, il ne s'apercevûit pas de
l'heure avancée , car il pensait toujours à
cette table de jeu devant laquelle il s'était
assis; il pensait à ces masses d'or qui
avaient ruisselé sous ses yeux, et qui, au
milieu des ténèbres, semblaient scintiller
devant lui et lui dire : Nous sommes la
joie , nous sommes le pouvoir , nous sommes
le bonheur ! Tout à coup, la demi-heure
avant minuit sonna lentement à une clo-
che. Wilfrid s'arrêta, et regardant autour de
lui , il ne reconnut pas le lieu où il se
trouvait , et qui était sans doute un des
faubourgs de la ville de Prague. Une
église s'élevait au milieu d'un cimetière
que bordait la Moldaw. A la lueur d'un
pâle rayon de lune, liVitfrid vit, debout sur
le sommet de l'édifice, la gigantesque sta-
tue de saint Jean Népomucène, le patron
de la Bohême , en costume de prêire et
couronné d'un diadème d'étoiles... La
porte de cette église était ouverte, Wilfrid
se sentait fatigué, il entra... Guidé par la
clarté tremblante d'une petite lampe allu-
mée devant le tabernacle, il se dirigea vers
le chœur, et s'assit dans une stalle. A peine
s'était-il reposé un insta;n que la porte de
la sacristie s'ouvrit... un prêtre en soriit,
portant l'aube et la chasuble, et tenant
dans ses mains un calice d'or. Arrivé de-
vant l'autel, le prêtre s'arrêta, regarda au-
tour de lui, et dit à haute voix :
Y a-t-ii ici quelqu'un qui veuille me
servir la messe 7 »
Personne ne répondit ; sa voix résonna
dans les profondeurs de l'église, et réveilla
quelques échos endormis dans les tombes,
comme si les aoges de marbre, placés à
leur chevet, eussent soupiré et génu
Il répéta sa question, mais d'un accent
plus triste Rien encore! Une troi-
sième fois, il interrogea, et avec une nou-
velle désolation. Alors Wilfrid se leva, il
dit:
K Me voici I »
Aussitôt, il alluma les cierges, disposa
l'autel, et se mit en devoir de répondre au
célébrant Le saint sacrifice s'acheva, pois
lorsque le prêtre eut pieusement lu le
dernier Évangile selon saint Jean, il se
tourna vers Wilfrid et lui dit :
« Mon fils, pour te récompenser du ser*
vice que tu m'as rendu, je t'annonce que
tu mourras dans un an. Au revoir donc!
au tribunal de Dieu 1 »
Wilfrid demeura seul : le matin , il se
leva, regagna sa demeure , mais un grand
changeoaents'étaitfaitenlui. Sa conscience
réveillée par l'assurance d'une mort pro-
chaine, jetait de hauts cris :
«Il faut, disait-elle, restituer ce bien
mal acquis, pardonn>T à cet ennemi dont
tu as tant de fois juré la ruine, abandonner
ces liaisons frivoles ou perfides, renoncer
à ces plaisirs criminels, à ces projets d'or-
gueil cl d'avarice... Enfin, il faut te con-
vertir I »
Wilfrid consentait à tout: l'éternité seule
l'occupait désormais...
Huit jours s'écoulèrent, et déjà, malgré
la terrible révélation, il avait repris posses-
sion de la vie, et aux aiguillons de sa con-
science il répondait :
« J'ai une année entière devant moi, six
mois suffiront bien à ma conversion : je
puis, durant la moitié du temps qui me
r9^ ~
e-j.
>v
DO^<
este, jouir de la vie et de ses plaisirs... A
six mois ma conversion 1 )»
Les six mois passèrent comme Téclair
rapide. li\'ilfi-id se réveilla un matin : Fhi-
Ter avait fait place à Tété ; les épis jannis*
salent aux champs que couvrait jadis la
neige, et l'ardent soleil de juillet chemi-
nait dans les cieux.
« Il me reste six mois ! se dit Wilfrid ;
mais faut-îl donc un si long temps pour le
changement du cœur? Trois mois suffiront
à me réconcilier avec Dieu et à purifier
ma conscience... Jouissons encore... cou-
ronnons-nous des roses qui ne vivent
qu'un jour A trois mois ma conver-
sion! »
Les jeux et les fêtes entraînèrent ces
trois mois sur leurs ailes. Les feuilles jau-
nies couvraient les chemins; le raisin aux
grappes pesantes était déjà foulé dans la
cuve des vendangeurs. Wilfrid regarda le
soleil qui approchait du signe du Capri-
corne, et il se dit :
«Encore trois mois! Mais qu'ai-je be-
soin d'une préparation si longue ! ne dit-
on pas que la miséricorde divine est im-
mense et qu'un seul acte de repentir suffit
pour effacer les péchés de toute une vie?
Je sentirai venir la mort, et alors. . . alors,
je me convertirai ! »
L'hiver arriva. Novembre aux jours
sombres, décembre avec ses journées de
frimas et ses nuits dts fêtes ; Noël passa.
Dix jours encore, s'écoulèrent : la veille
del'aa sonna, et Wilfrid courut au bal que
donnait un homme riche pour accutiilir
joyeusement l'année nouvelle. 11 joua, il
dansa, il rit comme de coutume, arrêtant
parfois un regard un peu inquiet sur lu ca-
— 505 —
dran où les heures marchaient silencieuses.
Onze heures!...
« Pense au jugement de Dieu !» lui di-
sait SI conscience.
« Wilfrid, veux-tu une carte? • lui disait
un joueur.
Wilfrid se tourna vers la table où rou-
laient l'or, les cartes et les dés.
« Je n'ai besoin que 'd'un instant pour
me réconcilier avec Dieu I » se dii-il.
Jamais le bal ne fut plus bruyant, jamais
le jeu ne fut plus passionné. La demi-
heure avant minuit sonna, personne n'y
prit garde... Wilfrid, penché sur la table,
l'œil fixe, la poitrine haletante, suivait le
mouvement des dés, qui, à chaque instant,
accroissaient ou diminuaient la pile d'or
amassée devant lui... Quel jour, quelle
heure était-il 7 U n'en savait rien ! Tout à
coup. . . il se sentit frémir, sa langue s'arrêta
glacée... le premier coup de minuit venait
de sonner !. . . Il joignit les mains avec dé-
sespoir, et
Il s'éveilla.
L'église de Saint-Jean où il s'était re-
posé était calme et*silencieuse : la nuit ré-
gnait, il n'y avait ni prêtre à l'autel, ni bal,
ni table de j>'u Cette année si fugitive,
ce réveil si terrible n'étaient tous deux
qu'un songe.
Wilfrid, plein de frayeur et de joie, se
mit à genoux, pria, et dès ce moment il
fut converti. Il mourut longues années
après, eu paix avec Dieu et avec les
humaies , heureux de n'avoir pas retardé
sa conversion jusqu'au dernier soupir, car
il est écrit : Le Fils de Cfiomme vient à
l'heure où on m V attend pas !
M"* ÉVELINE RlBBECOURT.
DIX-NEUVIÈME ANX^B 4* séWB. — N» X.
>^0 .
— 306 —
L'ANGE GARDIEN.
Dormez, mes chers enfants, dormez longtemps eneore.
Il est bien noit ;
Votre père pour yods se lève a^ant Tantore,
Et part sans bruit.
Je craindrais qu*un baiser n'entrouyrit vos paupières,.
Dormez heureux:
Sur votre doux sommeil je verse mes prières ,
Silencieur.
Il faut partir, adieu ! Quelle nuit froide et sombre
Glace num sang!
L'orage autour de moi se déchaîne dans Tombre
£n mugissant»
Mais votre ange gardien, penché sur vous» pr^nge
Votre sommeil;
Votre sourire, enfants, le remercie en songe
Jusqu*au réveS.
Je laisse près de vous, en Fabsence d'un père.
Ce doux soutien ;
H est là, sous les traits de votre bonne mère >
L'auge gardien.
En prenant cette forme il a quitté ses ailes ,
Vains ornements:
Voudrait-il remonter aux voûtes éternelles ,
Smis vous, enfants !
SEVBRIN.
EXPLICATION DE L'ÉNIGME N^ 8.
Cassel, dëi)artement du Nord.
La première bataille fut livrée en 1071,
contre Philippe T', qui y fut défait par
Robert le Frison, comte de Flandre; la
seconde, en 1328, contre Piiilippe le Bel,
qui y remporta une victoire complète et
saccagea la ville; la troisième, en 1679,
contre Philippe, duc d'Orléans, frère de
Louis XIV, qui déût le prince d'Orange,
et prit aussi la ville. Cassel est dans une
position élevée et agréable; du haut de sa
montagne, on domine les plaines fertiles
de la Flandre, ses villes industrieuses, ses
bourgs opulents, ses nombreux villages^
et rœil, après avoir erré des clochers
d'Ypres aux tours de Sainu-Omer, n'est
arrêté que par la ligue bleue de l'Océan
qui borne le tableau. Cassel possédait au-
trefois une belle église et un chapitre,
fondés en Thonneur de Saint-Pierre, par
Rebâtie Frison, comme témoignage de sa
reconnaissance^ pour l'éclatante victoire
qu'il avait remportée en ce lieu sur le roi
d/s Français.
®^
— 807 —
MÉLANGES.
EXPOSITION DE LONDRES.
TROISIÈME ET DERNIÈRE LETTRE.
Je suppose qtie vous tous appuyez sur
mon bras, chère Léonie, et que je tous
conduis de nouveau au Palais de Cristal,
car il s'y trouve encore bien des choses
dignes d'une attention particulière. Il en
est de cette exposition universelle comme
de la science : plus on avance, plus on
apprend, et plus on s'aperçoit qu'il reste à
apprendre. D'abord il y a deux manières
de voir les objets, par les yeux et par Tin-
telUgence; la première manière est rapide,
passagère et sans empreinte, comme le
reflet d'une glace ; l'autre ne néglige au-
cun détail, se rend compte de tout et en
garde le souvenir; c'est celle que nous
cherchons à adopter. J'oubliais! il est
encore une troisième manière d'apprécier
les choses, c'est par le toucher; et cer-
taines gens, bien que loin d'être aveugles,
ont voulu glisser leurs mains parmi les
brillants étalages de Hyde-Park; mais
co.^mc le chien de chasse qui flaire, suit
la piste et arrête le gibier, un policeman
se trouvait toujours là!... et sans bruit,
avec toutes les formes possibles, justice était
bientôt faite t.. . Ou assure que de tous les
pays, les voleurs en réputation s'étaient
donné rendtzvous à Londres; ils de-
vaient, eux mêmes, se décerner des mé-
dailles d'honneur, puisque les gouverne-
ments n'encouragent pas les progrès d'une
industrie qui, cependant, florissait déjà
aux beaux temps de Sparte. Biais ces mes-
sieurs, à la main légère et crochue, n'ont
pu exercer leurs talents, ils ont trouvé à
Londres plus habile qu'eux; M. Garlior
et le chef.de la police russe ayant envoyé
en Angleterre leurs phis adroits limiers.
Entrons tout d^abord dans la galerie des
machines industrielles qui fonctionnent à
l'exposilion. C'est là que l'on reste saisi
d'étonnement devant îe g^nie de l'homme. ..
Que de volumes il faudrait pour décrire
toutes ces mécaniques qui s'agitent, tour-
nent, crient, sifflent, scient, grincent, se
meuvent en tous sens au moyen de l'eau
ou de la vapeur , et qui enfantent sous
vos yeux de véritables prodiges!
Ici une mécanique g^ant prend du
bois , le façonne, l'ajuste , et en cinq mi-
nutes le métamorphose en une barrique
à bière. — Là, une mécanique Tom-Pou ce
fait très-habilement des chaussons de li-
sières. — Des masses d'aiguilles se fabri-
quent en quelques instants. — Une ma-
chine, dont l'u^^age devrait se répandre
pour le bien-être des populations, est celle
qui nettoie en une heure quatre cents
boisseaux de blé, et enlève le charbon du
froment. Cette utile invention est anglaise.
— Plus loin une presse à vapeur tire en
une heure dix mille exemplaires du jour-
nal-monstre le Times t — Plos loin encore
on a bien de la peine à s'expliquer com-
ment une même machine fait à la fois deux
espèces de blondes, l'une ordinaire, et l'au-
tre très-fine. — Ici, on voit exécuter en fi-
let, des rideaux, des couvertures de lit re-
présentant les dessins les plus variés, les
plus riches tout cela semble tenir du
prodige.
L'homme a créé avec soin et amour
ces mécaniques, il leur donne la vie par
l'eau et le feu, et chacune alors fonctionne
selon la ligne qu'il lui a tracée. H me
semble que nous sommes les mécaniques
«vQîOC
;^
— f 08 —
da bon Diea ; il nous a donné pour agir une
âme, une intelligence, et si nous suivons
aussi la ligne qu*ii nous a tracée, nous
accomplissons notre œuvre sur la lei re ;
mais si nous nous en écartons... tout de-
vient trouble, confusion tout se brise!
Pour nous reposer des^ grandes œuvres
humaines et des sérieuses pensée:» qu'elles
nous inspirent, allons nous amuser en Alle-
magne 9 devant des scènes d'animaux, em-
paillés avec autant d'adresse que d'esprit.
Des chats sont as^is autour d'une table et
prennent le thé. Tous ont une pbysiono*
mie qui révèle Iturs différents caractères.
G*estune prétentieuse tmani sa tasse d un
air maniéré et buvant comme quelqu'un
qui se donne des grâces , à côté d'une
bonne personne de chatte , un peu bour-
geoise, qui boit de tout son cœur et témoi-
gne une parfaite satisfaction. — Plus loin
c*est maître renard tenant son chapelet, d'un
air de componction; il fait le dévot devant
an coq qui, les lunettes sur le nez, lit un
papier qu'il tient dans sa pitte gauche, et
sur lequel £ont écrites les piièrcit récitées
par le Tartuffe de nouvelle espèce... Gare
au coq s*il se laisse prendre aux apparen-
ces ! — Puis c*est uue grenuuille fa>hio-
nable, marchant a\ec précaution, comme
pour éviter la boue, et s'abritant sous un
parapluie virC, pour éviter la pluie. — Là,
c'est une souris blanche, naluie trop sen-
sible, ayant des maux de nerfs; elle reçoit
la visite de son lédecin, rat fort bien
nourri; illui tâte le pouls, lui regarde la lan-
gue, et semble y découvrir l'iudice d'une
grave maladie. A son air sinistre, la souris
blanche est prête à s'évanouir , et sa ûlie,
petite souris très-éveilk'c, s'effraye, quitte
ses jeux, et de loin montre dni^bï sa langue
au rival d'Ësculape. — Avançons. Nous voici
en face d'un loseau et d'un épi de blé, faits
en bois; chacun e^td'un seul morceau. On
ne peutcomprendrc comment on est parven u
à tailler ce soi disant brin de paille si élancé
et si recourbé d'en haut par la richesse de
son épL La tige de roseau ôionnc également.
— Admirons les splendides ornements de
nos églises, travaillés en Belgique. Sous la
même vitrine, sont représentés en cire
(ce qui me parait peu convenable et d'assez
mauvais goût) Bossuet, Fénélon et un cardi-
nal portant les plus magniûques costumes
des princes de l'Église. L'on voit aussi le
pape actuel, dont les habits pontificaux sont
brodés en pierres précieuses; ils ont été corn-
mencésen 1841 et finis eo-l 851. — En con-
tinuant notre promenade, nous voyonsdans
an bassin rempli d'eau, le i.énuphar et les
plus belles plantes aquatiques étalant leur
splendeur; nous n'y pouvons toucher, elles
sont défendues par un vitrage formant
comme un jardin d'hiver, en miniature. —
Consolons- nous I voici des fleurs de géra-
nium, de U lavande, et surtout un pied
de réséda qui doit parfumer l'air. Si j'en
cueillais un briu? ses tiges sont si vigou-
reuses qu'il serait bientôt repoussé. —
< Vous vous trompez, me oiit une Espa-
gnole, gardienne de ce jardin, ces fleurs
sont en cire. » — Pendant que nous nous
trouvons dans la galerie du baut, alk ns
recevcir sur nos mouciioirs l'eau parfu-
mée qui jaillit des fontaines de Jean-Marie
Farina, et de celles de ses rivaux, sur les-
quels, selon moi, il continue de l'empor-
ter. — Yo}ons, en passant, cette statuette
du roi de Sardaigne, et ces bracelets, bro-
ches, épingles, châtelaines, tasses, assiettes
et fleurs, admirables ouvrages eu filagrane
d'or et d'argent; la plupart viennent de
Malte, les autres de Gènes. — Maintenant
reposons-nous sous ce vaste berceau cham-
pêtre placé dans la grande galerie. Comme
le pampre grimpe et se marie heureuse-
ment avec le bois rustique qui le soutient I
comme ce dôme de verdure est joli 1 comme
tout cela est élégant, léger! .. ce berceau
est en fonte. — Si, dans vos voyages, il vous
prend envie d'emporter avec vous du
lait, toujours fiais, remplissez en vos po-
ches!... Vous croyez que je plaisante?
Non, je parle trè.>-.^érieuscment. On peut
emporter maintenant du lait aussi bien
c^^}^
'ï-v"»
■^
♦'■»_
^"w^
— 509 —
qu'une tablette de chocolat. On a trouvé
le moyen de transformer ce liquide en un
corps solide ; dans cet état il ressemble à
du savon de Windsor. Un morceau assez
petit délayé dans de l'eau, donne une bou-
teille de lait ordinaire. Que de métamor-
phoses se font dans notre siècle I... quand
on volt le liquide changé en pierre, et la
pierre changée en liquide, comme, par
exemple, Thuile de schiste, peut-on s'éton-
ner de quelque chose?... — Si nous cou-
rons dans le chemin du progrès, les Chinois
ou plutôt les Chinoises n'y marchent guère,
car elles continuent à mutiler leurs pieds.
Un modèle en cire, exposé au Palais de
Cristal, reproduit exactement l'un de ces
membres que la civilisation de la Chine
rend difformes; on n'y voit plus qu'un
pouce rabougri , tous les autres doigts,
repliés forcément sous le pied, ont fini par
disparaître et faire corps avec la chair
c'est hideux! Je i^uis persuadée que les
Chinoises doivent avoir un mauvais carac-
tère, car j'ai remarqué que rien ne rend
plus grognon que d'avoir les pieds com
primés. Tant mieux, si ces dames sont peu
aimables dans leur intérieur, et si elles
font enrager leurs maris; c'est un juste châ-
timent du supplice que, par jalousie, les
hommes imposent aux pieds des femmes. —
Dans l'exposition chinoise on remarque un
modèle de temple qui paraît très curieux;
cet édifice religieux se nomme Joss. —
Les étoffes de Chine sont fort riches, et les
nuances des fleurs brodées ont un éclat
sans pareil Cela me fait penser que Lyon
a exposé une étoffe de &00 fr. le mètre.
— Regardez , ma bonne amie , cette
pièce de tenture blanche, c'est une feuille
d'ivoire mince comme le papier, elle
a cinquante trois pieds de long sur un
pied de large. — Nous admirons sans cesse
le travail de Thomme, admirons un instant
celui des animaux. Lesabeilies, par exemple,
ne perdent pas leur temps à l'exposiiion.
Une quantité de ruches sont placées contre
le vitrage de la galerie supérieure du sud;
elles sont d'invention nouvelle , et la plu-
part transparentes; on voit donc ces tra-
vailleuses dans l'intérieur de leurs cases,
puis sortir dans H^de-Park, puis revenir
en foule, se presser en bourdonnant contre
le vitrage extérieur, puis enGn chacune
entre par le trou qui communique à sa
ruche, et revient dans sa cellule où elle
dépose son miel. Nous savons tout cela,
nous avons eu Toccasion de l'exami-
ner iiouvent, direz-vous. J'en conviens,
car depuis leur création, ces industrielles
n'ont changé ni leur manière de fabriquer
le miel, ni leur gouvernement monarchi-
que. On dit qu'elles ont cependant Inventé
le proverbe : En cherchant le mieiix, on
trouve k pire, — Entrons dans cette belle
tente, venue, je crois, deTonqnin, pays ( ù
la soie est si commune que les pauvres
s'en habillent tout comme les riches. Cette
tente ainsi que les meubles dont elle est
garnie donnent l'idée de la mollesse et du
syharitisme indien. Le soleil de ces cli-
mats féconde le sol, mais il semble engour-
dir les facultés de rhomm<>, qui ne pre-
nant pas la p* ine de les réveiller, les laisse
s'éteindre doucement. C'est qu'il manque à
cet homme la lumière véritable , les rayons
qui animent et chauffent sans brûler... le
soleil du christianisme! — Des harnais
pour les éléphants sont venus de La-
hore, ils sont magnifiques; les selles de
ces animaux sont faites surtout avec un
grand luxe de velours et de broderie d'or.
Elles forment comme une petite ^ente en
dôme dans laquelle le voyageur est com-
mudément assis ; des rideaux épais le dé-
fendent contre l'ardeur du soleil. Malgré
le pas égal de l'éléphant, il me semble
qu'il faut un peu d'habitude pour se trou-
ver à son aise, ainsi perché dans un belvé-
dtr ambulant. — Les instruments de musi-
que du Bengale témoignent de la singulière
harmonie des concerts de ce piys, ils doi-
vent parfaiitment ressembler à un chari-
vari. — On voit aussi de petites maquettes
représentant des Indous percevant les im-
"à
€)©î^
- 310 —
fè\B w fluUîea de la campigne, oo te-
nant leur cour de justice en plein air. —
De petits modèles ph» curieux encore,
sont ceux repré&entant les pénitences reli-
gîeuse» de ce pays. Des nialbeurenx sont
coodaouiiés à tourner an soleil une lounde
maclujie ayant à peu près la forme de nos
jeux de bagues. Mais bien pins malheu-
reux encore sont les pécbenrs qui» en
expiation de leurs fautes., sont pendus par
le milieu du corps aux branches de cette
uuchioe^ et tournent, tournent lonjours I
Les pénitences d'une religi<Mi toute maté-
rîeile doifent être naiurelfemont toutes
physiques. — Parmi les plus belles choses
de l'exposition on doit placer le portrait de
la reine Victoria, peint sur porcelaine de
Sèvres, par Docioseau , d'après le portrait
de Winterhalier, et surtout celui du prince
Albert peint par Béranger. Ces deux por-
traits furent donnés par Louis-Philippe à
la reine d'Angleterre. — Du tempi que la
reine Berthe filait , certes elle eût (Ai ve-
nir k sa cour la paysanne suédoise qui a
envoyé à l'exposition un écheveau de fil
lung de 4,000 aunes ai ne pesant qu'une
demi-ooœ. Celte œuvre éminemment lé-
minine sera très-incomprise à notre épo-
que. L'important, c'est d'arriver à point,
et la pauvre ûleuse suédoise est venue trop
tard... elle n'aura pas même, je le crains,
une mention honorable à l'eiposition de
1851. — Prenez le microscope vertical de
Munich, qui grossit dix-neuf cents fois
l'objet, .et regardez un noyau de cerise sur
lequel sont gravés, en ronde-bosse, les
portraits des douze poêles de l'Italie. Ce
travail imperceptible à l'œil nu est d'une
parfaite exécution, et ces douze grands
hommes, ainsi réduits, méritent notre ad-
miration- — Voici une selle norvégienne
qui me semble très-commode, on y est assis
comme dans un fauteuil-gondole, et de
chaque côté, sur l'appui de ceue gondole,
on a ménagé un trou pour recevoL: le
manche d'un parapluie : le promeneur e^
ainsi préservé d'un coup de soleil et d'une
[ aTtfseï Je ne signale reste aœélioratloii que
j parce qu'eUe est facile à introduire chez
j nous. — Le terre 4 terre est fart méprisé,
I nous en avons la prenve chaqpe jour dans
! l'empressement que Ton meta monter en
balon, à s'élever au-dessus des nuages , à
dominer notre pauvre planète ! Pour mon
compte, j'aime mieux voirtout sinoplement
les choses du haut de mes qnatre pieds
neuf pouces que de me hasarder dans ces
machines aériennes, quelque séduisantes
qu'elles puissent être, et je a'ai aucune
envie de mcmter dans ce ebar, suspendu
au-dessus de l'une des galeries du Palais de
Cristal; il va très-bien et vite, dit-on, tiré
dans les airs par deux ceris-volants.....
croyeï-le, mais n'allez pas y voir, je vous en
prie. — Un manequin, homme d'adrr,arréte
la foule, il est composé de 7,000 (>ièces
séparées ; on peut lui donner tous les mou-
vements du corps humain et aussi la forme
de chaque personne, ce qui serait admira-
blement commode pour les tailleurs. Le
seul inconvénient de ce manequin, c'est
qu'il coûte 175,000 framrs.
— Au milieu de tous les magnifiques
meubles en bois sculptés qui forcent sans
cesse à l'admiration, nous devons men-
tionner particulièrement le bu&iet de War-
wick; immense dressoir, où l'on voit sculp-
tés les événements remarquables qui se
sont passés au château de Kenilwortb.
L'infortunée reine Marie Stuart se retrouve
plusieurs fois sur ce buffet historique.
— J'ai vu un morceau de fer pesant 300
kilogrammes , aller s'attacher à im fer ai-
manté et y rester soudé , pour ainsi dire ,
sans autre lien que celui de cette force
attractive. — Un échiquier en or, argent
et émail, est d'une rare beauté : chacune
des pièces qui le composent est une déli-
cieuse statuette à mettre plutôt sons verre
qu'entre les mains d'un joueur, qui ris-
querait fort d'être distrait de sa partie,
par ces charmants objets d'art, venus de
Hanovre. — On ni|a fait remarquer un
mouchoir tissé avec un fil estimé i!i,000 fr.
-*ts^
.^^<s^
- 511 —
la livre; c'est un progrès, disent les jctt-
nés femmes ; mais les hommes prétendent
que c*est reculer jusqu'au temps où Ton
se... passait de mouchoir.
— Dans toutes lessaisons maintenant on
aura des légumes verts et savoureux. Un
Français, M. Masson, a découvert un pro-
cédé pour conserver les végétaux : c*est
par la des^iccation et la compression. Avec
une tablette d*un l^me quelconque , de
trois pouces carrés , sur à peu prèi huit
lignes d'épaisseur, on a cinq plats. Pour ren-
dre à ces végétaux leurs qualités premières,
on laisse tremper dans de Peau chaude la
portion dont on veut se servir, et après une
demi-heure on les retire, on les laisse
égoutter, puis on les prépare comme s'ils
étaient fraîchement cueillis. Celte décou-
verte, heureuse pour tous, est un grand
bienfait pour la marine, on pourra ainsi
faire tenir dans peu d'espace une grande
provision de légumes, ce qui combattra
la mauvaise influence de i*alimcntatioB
salée et améliorera la santé des marins,
— Une table pour mettre l'argent et les*
papurs à Tabri des voleurs et du feu me
semble une heureuse invention. Ce genre
de cuflire-fort consiste dans une boite en
fer cylindrique, cachée dans la colonne
qui forme le pied de cette table. — Il
y a bcaucovp de pendules, et d'horloges
remarquables à l'eiposition; nous cite-
rons l'borloge de Jersey qui marebe qua-
tre eents jours sans être remontée ; puis
celle électrique et celle d'fxeter, aavre
prodigieuse d'industrie mécanique, où je
trouvent les détails les plus compliqués,
entre autres un almanach perpétuel mar-
quant les années bissextiles, horloge qui
ne demande à être réglée qu'une fois tons
les cent trente-six ans. Le patient artiste
qui a fait cette horloge y a travaillé trente-
six ans. Il est mort dans la misère !
— Pendant que nous en sommes aux
inventions utiles, laissez-moi vous montrer
ce petit modèle d'omnibus-cabriolet, venu
d'Ecosse ; il est déjà exécuté en grand, et
je l'ai vu circulant dans Londres. Chacun
s'y trouve placé dos à dos, mais dans une
case particulière et bien séparée; on y
arrive facilement et sans déranger per-
sonne. Ce nouveau véhicule me parait fort
commode ; j'espère qu'on ne tardera pas
à l'introduire en France où, malgré les
améliorations, on sait trop souvent encore
ce que pèse un voisin d'omnibus !.. .
J'ai peur que vous ne sentiez aussi le
poids d'une lettre trop longue, et je finis,
après vous avoir promenée au milieu
des 78 pays qui se sont faits représenter au
Palais de Cristal, mais sans avoir pu vous
désigner tout ce qu'il y avait de remarqua-
ble à l'exposition universelle de 1851.
Votre amie dévonée,
Emma Ferrand de Beaujovah.
Écouomie Domestique.
LIMONADE.
Achetez : 20 citrons.
1 kilogramme de sucre.
Enlevez le zest des citrons, frottez des-
sus des morceaux de sucre, jusqu'^ ce que
vous en ayez retiré toute l'huile ; coupez
les citrons en denx , fakes-en sortir le jus
en les pressant au-dessus d'un saladier,
passez ce jns à travers un tamis de crin ,
©€)^
-r.
réiilj^sez en poudre le sucre, mêlez-le avec
le jus, jusqu'à ce que vous en ayez formé
une espèce de gelée, et mettez-la dans des
pots de confiture que vous couvrez d'un
papier.
Pour offrir un verre de limonade vous
délayez dans un verre d'eau fraîche une
cuillerée de cette gelée.
^■^x>
V
^(if^ "^
-
^y^^
— 512 —
SIROP DE PUNCH.
Rhum, première qualité, 125 grammes
[h onces).
Alcool, à 36 degrés, 125 grammes ( k
onces ).
Sirop de sucre 750 grammes ( 1 livre
8 onces).
Esprit de citron 7 grammes 8 déca-
grammes (2 gros).
Acide citrique et tartriqne ( ^0 grains).
On fait dissoudre Tacide dans le rhum,
puis on y mêle le tout que Ton verse dans
une bouteille bien propre et séchée d'a-
vance. Ce sirop se conserve longtemps, i
Lorsqu'on veut préparer du punch, on
prend T grammes 8 décagrammes (2 gros)
de bon thé, on le lave dans une petite
quantité d*eau froide que l'on rejette, puis
on le met dans une théière ; on fait bouil-
lir une pinte d'eau, on la verse dans la
théière; au bout de quinze minutes on
passe le thé, et on y ajoute autant de sirop
de punch qu'il en faut pour plaire aux
dames.
Quelques personnes, au lieu de thé, font
une infusion de café; ce punch au moka
e&t aussi fort agr'^ble.
CRÈME D'ANIS.
Prenez 125 grammes (un quart) de
graine d'anis.
500 grammes de sucre ( une livre ).
93 centilitres (une pinte) d'eau-de-vie.
Faites cuire le sucre dans deux verres
d'eau ; quand il est cuit jetez-y les graines
d'anis, puis l'eau-de-vie, et mettez le tout
infuser dans une cruche pendant six se-
maines. Filtrez à travers une chausse de
papier Joseph.
CORRESPOIVDANCE.
Ma chère amie,
Voici l'automne qui s'avance à grands
pas, accompagné, soir et matin, de son
petit vent froid qui nous crie de renfermer
nos effets d'été et de sortir ceux d'hiver. On
fait poser les tapis, les bouitilets. .. A pro-
pos de bourrelets; pour les vestiliules et les
salles à manger qui sont dallés , p^r con-
séquent souvent lavés , je te conseille de
placer en dehors, par terre, dans toute la
largeur des portes, un gros bourrelet rem-
pli de sable au lieu di^ filasse ; ce bourrelet
empêchera le vent d'entrer; on le relèvera
pour laver les dalles, et le printemps venu,
on le meltra au garde-meuble.
Mai:i pour renfermer nos robes, j'ai
inventé cette boîte dont je t'envoie la des-
cription.
Tu sais que h robe la plus riche, si elle
est froissée , perd de sa valeur, et que nous
n'avons pas, comme nos mères, ces grandes
armoires à porte-manteaux, ces grands ca-
binets de toilette Voici comment j'ai
remplacé t')ut cela.
Commande à un layetier une boite de
bois blanc ayant 1 mètre 25 centimètres
de haut, sur 70 centimètres de large, et
50 de prof )ndeur, que celte boîte ait un
couvercle retenu par des charnières en fil
d'archal, et qu'il ait. des trois autres côtés,
un rebord qui rabatte sur la boîte; fais po-
ser, de chaque côté du haut de cette boîte,
deux poignées en fer poli. Cette boîte sera
garnie en dedans avec du papier gris- bleu.
Fais clouer, des deux bouts, quatre rubans
de fil, longs de 52 centimètres, an derrière
et au devant de la boîte, à égales disunces,
et 5 centimètres plus bas que le haut de la
boîte. Introduis une robe entre le côté
^^^^3
— 515 —
droit de la boîle et Tun de ces rubans,
rabats, par dessus ce ruban, le corsage
et les manches» de manière à ce qu*ils re-
tombent de l'autre côté de la jupe, tends la
ceinture de la robe le long dé ce ruban sur
lequel tu rattaches avec deux épingles; in-
troduis une seconde robe entre le premier
et le second ruban , suspends-la de même
à ce second ruban, en faisant retomber
manches et corsage du côté opposé à la
jupe de la seconde robe, et ainsi de suite
pour les deux autres robes.
Si tu es obligée de placer cette boite
dans la chambre , tu la feras couvrir d*un
papier orné de kiosques et de Chinois,
cela aura Tair d'un meuble venu du Cé-
leste Empire.
J'ai beaucoup de choses à t'écrire aujour-
d'hui; mais j'attends notre amie, elle m'ai-
dera... Cependant, me disje, autrefois,
j'étais Feule — Autrefois, répond ma
pare>se, tu n'a ais pas quarante it quelques
travaux à expliquer... » Ci'tte discussion
allait ( ontinuer lorsque Florence entra,
a J*ai reçu ton invitation» me dit-elle :
» Mademoiselle Jeanne prie mademoi-
» selle Florence de lui faire le plaihir de
» venir passer la soirée chez elle, le 25
» beptembrt 1851.
» On se réunira à huit heures. On eau-
» sera en travaillant. »
< Et je viens à deux heures pour travail-
ler en causant. — Que cela est bien pensé I
que cela est bien diti » m'écriai-je en l'em-
brassant sur les deux joues.
Elle se débarrassa de son châle et de
son chapiau, puis, ôt.<nt ses gants, elle se
plaça devant ma table, prit du papier, une
plume, et leva sur moi ses yeux qui di-
saient : commençoi s.
— Àh ! je vois que lu connais ce vers :
Et qui satisfait tôt, satisfait doublement,
répondis-je à son regard en dépliant notre
X"* planche, dont je lui dictai ainsi l'expli-
cation :
Le n^ 1 est un riche dessin de bas de
jupon qui s'exécute en broderie anglaise
et en points de feston, pour l'entourage des
feuilles et pour les deuts du bas.
— Je suis bien fâchée que iu aies donné
une destination à ce dessin, j'en aurais
fait un devant de nappe d'autel, ou bien,
le bas d'une aube et ses manches...
~ Rien ne t'en empêche^ ma mignonne.
Le n"" 2, Bérénice^ se brode au plumetis.
Le n"" 3 est un petit dessin qui se fait en
broderie anglaise, pour garniture de bonnet
de nuit
Le n"" U est une boutonnière de chemise
d'homme ; elle se brode au plumeti<i.
Le u° 5 ( st une autre boutonnière pour
chemise de nuit ou peignoir de femme.
Elle se brode au plumetis et an point
d'arme. Je te conseille de couvrir de
noeuds cette feuille de vigne.
Le n** 6 est un entre-deux pour broder
à l'anglaise et en points de feston.
Le n"* 7 est encore un dessin qui se
brode de même, pour bas de jupon.. Les
sept petits ronds se font au plumetis.
Le n"* S est une bande qui se brode au
crochet, pour couverture de lit.
Le n*" 9 est un dessin de filet carré qui
se brode en rf prises ; il fait le pendant de
celui de la planche ViL Et, à propos de
ce dessin 9 je préviens nos amies que je me
suis trompée... le 1", représente VÉié; le 2*,
celui-ci, représonle le Pnntemps; tu au-
ras, en 1852, l'^u/omne, sous les traits
d'un gros Bacchus élevait une coupe en-
tourée de raisins , et V Hiver ^ sous ceux
d'un vieillard à longue barbe, couvert d'un
long manteau et chauffant au feu ses longs
doigtji.
I^ n* 10 est un dessin de tapisserie qui
convient à des pantoufles de dames. Pour
exécuter ce dessin, on emploie du lacet
d'or et de la chenille. Le lacet se place,
comme tu le vois, au njilieu de la grecque
noire, il couvre deux carrés du canevas,
on l'arrête sur le canevas, par deux points
en soie bleue. Ce mélange de laine, de che-
nille, de soie et d'or produit un gracieux
-*^^
r%*r^~
— 514 —
eiét. Ce 4eflnn sert aussi |)oor un élégant
cabas. An lien de lacet d'or , on pem
mettre un lacet de soie jaune d'or.
Le B* It ce Eont les signes qui repré-
sentent les eonlenrs employées dans ce
éessin.
Le n"" 12 est une mancbe qoi se porte
0008 aae ntnche pagode. Cette manche
est montée sur un poignet sur !ec[nel rabat
mw manchette brodée à l'anglaise.
Le n* i3 est mi fkhu de dessons.
Denx garnitures sont froncées légère-
ment au milîen et au bas d*nn petit col-
let ; le o6té droit dn devant est orné de
petits plis dont le dernier reeouTre les
points qui consent une garniture pareille
Ml col; le côté gauche a au milieu un es-
pace vide, cekii snr leqoel rabat la garni-
ture de droite, poi?» après cet espace vide
est cousue une garniture qui a Tair de
faire partie du jabot.
Le n* 1û est une camisoUe de nuit sur
la forme des katzawecks dont le journal a
donné les patrons.
Le n" f 5 esi un bonnet de nuit ou du
matin, ce bonnei est formé de petits p'is^
d*entre-deux et de ba:«des brodées à Tan-
glaise.
Ici finit.. . bien à regret ! la description
de la planche de la petite édition.
Le n** 16 est une pale qui se brode an
phimetis, sur mousseline, ou au métier,
en soie fine, demi torse, sur gros-de-Naples
Manc ou noir ; on fait les rai*tins, en gros
bleu; les tortillons, en vert clair; les feuilles
de vignes, de deux verts ; les cdtes, du vert
le plus foncé; les tige-», couleur bois foncé ;
les épis de blé se font jaune paille, leurs
tiges couleur bois; le nœud qoi les noue
se fait en rouge. Les lettres et la croix se
font en jaune; les feuilles, de deux verts;
les rosaces, en rooge ; les pois, gros bleu ;
les losangt's. vert clair. î.e cœur se feit en
rouge; les flammes, en jaune, et la cou-
ronne d'épines, couleur bois foncé.
Le n* 17 est le quart d'un mouchoir qui
se brode au point de feston.
Le nr* 18 est un antre quart de mouchoir;
il se brode : les ronds, la tige qui se tronvc
à la corne et le bas de ces dnq espèces de
pétales, an plumetis; le reste, en points de
rose, on points de feston formant feuilles de
rose.
Le n* 19 est un col du même dessin
que le n^ 7, il se brode de même.
Les deux n** 20 indiquent par un poin-
tillé jusqu*où Fou doit continuer le dessin
de ce col pour en faire une manche pagode.
Tu as donc sur cette planche col, manche,
bas de jupon, ou garniture pareils.
Le n'* 21, Amanda^ le n* 22, Virginû^,
se brodent au plumetis.
I>e n* 23 et le n* 24 sont de riches
entre-deux en broderie angla'se. Ils peu-
vent servir pour peignoir, pour camîsolle.
Si on y ajoute une large dent ils servent
pour volant ou bas de jupon.
Le n** 2d est un entre-deux pour broder
entre les plis d'une chemise d'homme on
d'un peignoir de femme.
Les n~ 26—27 et 28 sont de jolis entre-
deux pour fichus-guimpes et pour poignets
de manches.
Revers de la grande planche.
Le n* 29 est un dessin pour volant ou
pour bas de jupon, en broderie anglaise,
points de cordonnet et points de rose.
Le n* 30 est un dessin en points de fes-
ton pour bandes de bonnet de nuit et gar-
niture de camisolle.
Le n» 31, Marguerite, se brode au plu-
metis.
Le n» 32, Mariette, au plumetis, et Técus-
son en points de chaînette.
Le n** 33, Amélie, au plumetis.
Le n" 34 se brode : les ronds au plume-
tis, le reste en points de cordonnet et les
dents en points de feston. Ce dessin sert
pour bandes de col , de guimpe et de ca-
misolle.
Le n* 35 est un des devants d'une Teste
grecque ; ses dessins sont au nombre de Ix;
ils se reconnaissent par un pois noir au mi-
lieu.
'ï'.^^
— 51» —
Le n" 36 est la moitié du dos ; ses des*
sÎBS sont au nombre de U^ ils se reconnais-
sent par uoe croix an milien.
Le n^ 57 est la mancbe, ses dessins sont
an nombre de U, ils se reconnaissent par
quatre petites barres croisées.
Les trois lignes du bas de cette mancbe,
èa bas du devant et du bas dn dos, ainsi
ffue les deui lignes de diaqne côté dn des-
sous dn bras, se couvrent d'une petite
sontacbe d*or; les dessins formés de trois
Ugnes se couvrent de même , ceux formés
de deux lignes se couvrent d'une peiil^e
ganse plate.
Cette veste se tai le en drap, on en ve-
lours bleu de France, ou rouge; elle se
porte sur une robe habillée, au coin an
Ceu, dans le salon, pour dîner ; elle ne s'at-
tache pas. On la double de s^ie blanche,
bleue OH rouge.
— il me semble, Jeanne, que cette veste,
ainsi brodée, est pour les dames et non pour
les demoiselles.
— Oui, ma chère, n<>us nous réservons
le plaifir de la broder. Mais elle peut aussi,
entourée d'un seul gaiwn ou d'un velours,
servir pour les petites filles et pour les pe-
tits garçons; on change alors la ganse et la
soutache d'or, en ganse et en soutache de
soie jaune.
— Âs-tu encore besoin de mes services,
comme scribe?
— Certainement. Notre gravure de
mode représente deux jeunes dames^ c))ez
eHes, prêtes à sortir ; il ne leur mancfne
plus que le cachemire, on le manteau.
L'une est vêtne d'une robe dont le corsage
a une basque ajoutée tout autour, garnie
de deux rubans de la couleur de la robe;
les manches sont taiHécs en droit-fil, la
Sêuk couture qu'il y ait, se trouve devant;
elles sont garnies du bas de deux rubans
froncés ; le tour du col est garni de m£fme ;
k jupe se ierne devant par des nœods de
mban qoe terminent des petiu grelots de
soie ; on aperçoit, en des&ouf^, des manches
pagodes garnies de deux garnitures bro-
dées. I^s bandeaux blonds de cette datne
sont on inlés, sa capote est de gros-de-
Napies blanc. L'antre dame a une robe
dont le corsage est ouvert dn haut dn
devant jusqu'au haut du bnsc et ornée à
4 droite et à gauche de gros boutons en pas-
sementerie rappelant les conlenrs de la
robe; i partir du haut dn base jusqu'à
la pointe du bas du cordage, il n'y a pins
qu'un rang de boutons ; la jupe s'ouvre sur
le côté g'Uiche; les manches, taiUées en
biais, ont, dans le bas, six grandes detits de
loup terminées, à la pointe du haut, et à
celle du bas par un de ces mêmes boutons.
Je ne conseille pas la bande d'étoffe qui est
cousue au bas des dents; les manches
blanches qui les dépassent sont très-larges
et montées sur un entre-deux brodé. Son
fichu, ouvert devant, a un col de dentelle
qui rabat. Son chapeau est de velours gre-
nat.
— ^ Elles sont él''gantGS , ces dames ;
mais, à part h lichesse des étoffes et des
ornements une demoiselle à marier pour-
rait, il me semble, se meure de même.
— Mais^ oui, ma chère, c'est bien ainsi
qtie je Tenten 's.
Notre tapisserie coloriée représente uoe
espèce d'oiseau de paradis perché sor une
branche, posée au-dessus de différentes
fleurs jetées dans une espèce de coquille
fc;rmée d'arabesques.
Ce dessin fera un riche coussin sur un
canavas n"* "20.
Il pourra servir pour écran de chemi-
née, pour milieu de descente de lit, ou
pour devant de canapé. Il y a longtemps
que tu n'as eu d'encadrement, je t'en en-
verrai un pour ce dessin, à moins que tu
ne l'encadres de mousse sur une largeur de
12 centimètres, ce qui serait nouveau et de
bon goût Ce dessin de tapisserie, sur du
canevas n"" 20, aura déj^ près de 60 cen«
timètres de haut, tu laisserais 8 centimè-
tres entre la mousse et le dessin, ce qui te
ferait un tapis de 80 centimètres de large
{ auqnel tu donnerais 1 mètre 90 de Icng.
i,',i>«d^'
A propoSy^on fait les devants de cheinioée
sur un carré de 1 mètîe 80 c^niîmèlres,
ce qui est plus confortable» car on était
assis devant h feu... et devant un tapis,
maintenant on aura les pieds dessus.
— As-tu loutdit, Jeanne?
-— Ouï, pourquoi ?
— C'est que j'aurais quelque chose à
ajouter.
— Parle 1
Du choc de deui catUoui doit jaillir la lumière.
— Eh bitn 1 excepté le bec, l'aile et les
pattes on peut broder cet oiseau au passé,
le passé ressen[iî)li'ra davantage à des plu-
mes, et ce genre de bro ierie fera res«*orlir
davaniage l'oiseau sur le fond mat et
uniforme du point de tapiss* rie.
— C'eit évident I et c'est bien facile à
faire... Un moment, j'ai aussi moa idée...
-— Tu veui dire ion étincelle , pour
continuer la comparaison du cailloxi,
— Moqueuse 1... Ost qu'on peut aussi
broder cet oiseau au petit point... mais
mon idée ne vaut pas la tienne, car elle ne
fait pas ressortir l'oiseau.
— Et l'énigme, et le rébus du mois der-
nier?
— Vrai?... tu n'as rien deviné?
— Non !
— L'énigme, c*est la lettre C,
Le rébus représente : un Camp — un
til arbre dont l'écorce sert à faire des cor-
des à puits — un faix (un f irdeau) sur
les crochets d'an portefaix — un beau ( un
dandy ) — un mai — un thon sur le nez
d'un âne — la ville de Mantes (la jolie) ,
comme dit le sobriquet— et des os... tout
cela Yondrait dire :
Qiuind il fait beau mets ton manteau,
— Eh bien! cela le dit parfaitement...
pour l'oreille. Mais voiià le Journal fini,
causons un peu. Tu as donc une soirée
d'amies?... à quelle occasion?... sans être
trop curieuse.
— C'est la fôte de ma mère. Nous voa-
— 51G —
Ions lui faire une surprise. Ma soirée est
un prétexte; les pères, les mères ont reçu
des lettres conQdeniielles et viendront
comme pour a^nener leurs filles, les autres
personnes invitées Feront censées être ve-
nues.. . par hasard. Le plus difficile, c'est de
faire habiller ma mère. Silence. .. la voici! »
Nous nous leva nés, elle tendit sa ma'n
à Florence qui la prit et y posa ses lèvres.
« Je vous dérange de votre travail , mes-
demoiselles, nous dit-elle gracieusement.
— Non, madame, répondit Florence,
nous parlions de vous.
— Comment cela ?
— Oui, maman , et de la jolie robe
que votre couturière Tient de vous en-
voyer.
— Ah ! madame , reprit Florence, si
j'osais vous prier de la mettre aujourd'hui;
mon père et moi nous dînons avec vous,
faites- nous les honneurs de cette robe
nouvelle !
— Je n*ai pas de bonnet assez frais, mon
enfant
— N'en mettez pas I m'écriai-je ; aussi
bi^^Uy mon père me disait l'autre jour: Re-
garde ta mère , elle est en cheveux ; ja-
mais elle n'est mieux coiffée.
— Il t'a dit cela? demanda-t-elle en
souriant.
— Oui, maman.
— Au fait! il me vienlra peut-être
quelques personnes... grâce à ta soirée. Et
moi qui voulais rester en robe de chambre.
Allons! je vais faire ma toilette Mire
propose et fille dispose! ajouta-t-elle en
riant. » Puis après nous avoir embrassées
mon amie et moi, elle sortit
« Tu m'as entendue à demi-mot, ma
chère Florence, je t'en remercie, et tout va
pour le mieux. Passons an salon ; demain,
je finirai ma lettre à notre amie »
Ce matin, seule, et toute à toi, je viens
te raconter notre soirée. Louise, Berthilde,
Marie, que tu connais déjà, furent des
premières arrivées. Après les compliments
d'usage, je les fis asseoir autour d'une
■*^'z>
-- 3!7 —
table ronde recouverte d'un tapis, et cha-
cune prit son ouvrage, a Savez -vous quel-
que chose de nouveau, mesdemoiselles?
leur dîs-je m'asscyant à mon tour.
— C'est bien vague, ma chère, répon-
dit en riant Berthilde, précisez... et nous
Terrons I
— En modr;s d'hiver, par exemple.
— Ah l votre question est intempestive...
attendez !
^- Atti ndez ! c'est bon à dire à nous,
mais non à nos amies de province ; elles ,
qui veulent en novembre recevoir les mo-
dèles de leurs manteaux d'hiver.
^- Mais à moins de les deviner ou de les
inventer, jo ne vois pas moyen de satisfaire
ces demoiselles. Je sais cependant que le
manteau-Talma que vous avez donné l'hi-
ver dernier, on le portera sous le nom
de manteau Henri HT.
-— Sans doute, repris-je, parce qu'on le
brodera en soie, en or, en perle*, comme
devait le porter ce roi si coquet. Cette
année nous ajouterons : un large collet fai-
sant revers, ou bien un capuchon orné d'un
gland, on bien encore une espèce de pè-
lerine à pointe derrière et à pointes de-
vant, terminées chacune par un g^and; je
donnerai cesdiffért'nts patrons le l*' novem-
bre. Je vois que les capotes de velours
seront rendues plus légères par de la den-
telle. A propos de dentelle, vous connaissez
l'application de Bruxelles, elle ne se faisait
qu'en fil b'anc ; des demoiselles de Gand
viennent de la faire fabriquer en soie noire,
elles ont exposé au Palais de Cristal un
châle de deux mètres carrés qui est admi-
rable. C'est une invention heureuse : on
obtiendra des fleurs plus jolies , et quand
une dentelle sera usée on pourra en repor-
ter les fleurs sur un autre fond. Cette in-
dustrie nouvelle, due à des sœurs qni ont
vonlu ainsi se créer une position, une for-
tune, mérite tout notre intérêt.
— Je lui accorde ma protection, dit
une petite fille qui venait d'entrer avec sa
grande sœur ; j'ai essayé l'autre jour une
barbe noire, cela m'allait très-bien, v Nous
nous regardâmes toutes en souriant... Je
continuai. « Les couleurs sombres : le noir,
le puce, le gros vert , le bleu de France
seront de mole ainsi que les carreaux
écossais; les raies ont disparu. J'ai vu des
mérinos f(»nd noir dont le fon 1 étiit cou-
vert de larges dessins de flturs formant
conrant. Les voilettes de tulle noir seront
toujours brodées en soie jaune ; je conseil-
lerais pour soirée une robe de gros-de-Na-
ples, d'un n >ir terne, dont le devant de la
jupe serait semé de petits jais noir, ainsi
que tout U corsage et les manches courtes,
ou le bas des manches longues, cela serait
simple, élégant Avec cette robe, on mettrait
dans ses cheveux une barbe en application
de soie noire, retombant derrière des touf-
fes de roses sans feuilles, posées de cha-
.que côté et recouvertes d'anneaux entre-
lacés, formés de petits jais noirs.
— Oui, cette toilette me plairait, inter*
rompit la petite fille.
— Je vous demande pardon, mesde-
moiselles , nous dit sa'grande sœur, pour
les excentricités de cette enfant, j'ai bien
de la peine à lui faire comprendre qu'il
y a des ensemble de toilette comme celle-
ci, par exemple , qui ne conviennent qu'à
de jeunes dames. .... Parce qu'elle a fait sa
première communion cet été elle se croit
tout permis. Savoir s'habiller d'une ma-
nière toujours convenable, n'est pas chose
déjà pour nous si facile...
— Mais enfin, ma sœur, est-ce que je ne
pourrais pas avoir quelque chose dans mes
cheveux?
Non, ma fille : si tu avais mon âge, tu
pourrais, dans une soirée , porter sur tes
bandeaux, ou parmi tes boucles de cheveux
à l'anglaise, plusieurs longues rangées de
chaînes formées d'anneaux larges de 6 cen-
timètres faits de morceaux de chenille ou
de ruban large de 3 millimètres , dont les
deux bouts sont colléi l'un sur l'autre par
un peu de gomme ; tu pourrais aussi en
porter sous ta capote.
e:^>^
^ij
^!a
— En ce cas j'altendrai, reprit la peiîte
fille ; ce qui me console, ajouta-t>elle, c'est
que les écharpes reviennent à la motie et
qne, pour porter des écharpes, il n'y a pas
d'âge.
— Moi, ajouta Marie , je sais que pour
aller avec nos gilets, nous porterons des
crafates... Mon Dieu, oui, grâce k nos
bottints à hauts talons, à nos pantalot^s et
ànospaietols, on ne reconnaîtra bientôt plus
le beau sexe d'dixec celui qui n'est [ as beau.
— Chut)... dit t(»ut bas Louise, si nos
frères, si nos cou.-in"^ nous entendaient!...
— Mais rassurez- vous, mesdemoiselles,
continua Marie, nos cairotes nous sauve-
ront... nous ne porterons pas le chapeau
de CCS messieurs.
— J'ai lu, dit Florence, que les An-
glais ont découvert des mines d'or en
Australie; c'est dans le milieu d'un tor-
rent nommé Ophh- (le mol est joli); on
en tire des morceaux de deux kilogram'ues.
— Eh bien, cet or, repitli petite fille,
il devient trop commun, je le dédaigne.
— Esl-ce ainsi que le renard? » lui dit-
on. Elle fit une petite moue et ne répondit
pas.
« Vou»; savez , continua Florence, que
M. Petin prétend p )uvoir diriger les bal-
lons. Leur origine est encore tjute mo-
derne. 11 y a 60 an»*, mad'^me ^Tontgolfier
faisait sécher une robe d'enfant sur un pa-
nier d'osier, au milieu duquel était un ré-
chaud allumé, dont l'air rare fié entra sous
la robe et l'enleva jusqu'au plafond. Cet
accident donna à M. I^îontRollier l'idée
du ballon nommé inonUjnlfière, du nom
de son auteur. Ce système a été aban-
donné; maintenant les ballons sont gonflés
par le gaz. Quant au parachute on le doit
à M. Garnerin; m^is celle invention n'est
pas de lui. On dit que des esclaves In-
diens, pour amuser leur maître, se lais-
sent tomber d'un Heu élevé, en tenant à
la main un parapluie.
— Croyez-vous que Ton puise parve-
nir à diriger les ballons? demanda Lonise.
— Si Dieu le permet , tout e^t permis
au génie de l'homme... mais j'avoue que
jusqu'à présent je n'en voâs pas l'milité.
— Ni moi, ajouta ta petite fille. D'ailleurs,
les ballons deviennent aussi communs que
l'or de la Californie et de l'Australie; ils sont
cause que l'on a inventé, pour amaser les
enfants, des parachutes en papier et que la
promenade n'est plus possible ; à chaque
instant on reçoit sur la tête un parachute et
ses fic<'lles, tandis qu'un autre vous embar-
lificotc les jambes... Enfin, mesdemoiselles,
ce qui est fort laid, c'est que dans l'aUée de
Diane, aux Tuileries, les marronniers por-
tent des parachutes suspendus i leurs bran-
c!i&s, comnM ce printemps ils portaient âe9
fleurs... M. le préfet de police devrait bien
défendre ce nouveau joujou que le veit en-
lève aux petits enfants... ce qui les fait
pleurer.
— M. Carlier prot^era «ae industrie
qui def)ui^ un mois a rapporté au com-
merce plus de /iOO,000 fi*., mademoiselle,
lui dit Florence.
— C'est bien ! reprit la petite fiUe. Mais,
autrefois, sur les boulevards, c'était nue
petite grenouille verte que... Vindusirie
fai^iait sauter devant nous; maintenant» c'est
une grosse araignée noire qui grimpe avec
ses grandes pattes... Vous avouerez, ma-
demoiselle, que ce joujou peut éire dan-
gereux je ne dis pas pour moi... mais
pour les dames qui sont.. Eiles'arr^.
— Dans une position intéressante^
comme disent les Anglais, ajouta Marie,
i-etenant une bonne envie de rire..... A
propos de bête, reprit-elle d'nn air grave,
il n'est par une de nous qui n'ait détourné
les yeux avec un sentiment de sonlfrance,
en voyant passer ces voitures remplies de
veaux, les quatre pattes liées, les têtes pen-
dantes, les yeux et la langue gonflés de sang ;
le conducteur, assis mollement sur leur
corps, les jetait ensuite durement à terre,
et le boucher venait terminer lenr fongne
agonie... Eh bien! un brave homme, le
père Fusz, a consacré dix années de priva-*
vi^â?
^"
4:.
•Ç^a.
— 519 —
tions et de misère ponr inventer et con-
struire une Toiture qui pourra amener
au marché seize veaux ayant chacun
une petite auge, contenant de quoi boire,
de quoi manger...
— Brave homme I dit Florence, TAcadé-
mie devrait bien lui décerner un des prix
de vertu. Tous savez, mesdemoiselles que,
chaque année, le 2h août, l'Académie dis-
tribue les prix que M. de Montyon a légués
par son testament aux bonnes et belles
actions et aux livres les plus uilks aux
mœurs. Cette année, le prix le plus élevé,
&,000 fr. , a été donné pour un livre inti-
tulé : Histoire pkilosophiqiLe de F Académie
de Prusse.
— Je ne comprends pas! ... dit Berthilde.
Quel rapport y a-t-il entre Tamélioration
des mœurs en France et ce litre?
«—A , 000 fr . ! s^écria Lovise,on peutmain-
tenant travailler pmir le roi de Prusse!
—Sans plaisanterie, mesdemoiselles, re-
prit Florence, je crois que TAcadémie a
oublié de lire les livres que des femmes
ont dû lui envoyer, car, parmi celles qni
écrivent, il en est beaucoup dont les cen-
vres sont dignes de récompense , et pas
une femme n'a été citée.
— Leurs livres sont utiles, ajouta Ber-
thilde, ils seront lus, ce sera leur récom-
pense; et qui est-ce qui lira l'Histoire
philosophique de l'Académie de Prusse? y^
En ce moment, dix heures sonnaient,
c Mesdemoiselles, dis-je à mes amies, voilà
le signal convenu, soyez as^ez bonnes pour
m'aider à fêter ma mère. » J'apportai une
corbeille remplie de fleurs, et chacune de
nous tenant un bouquet à la main, nous
nous rendîmes au salon, où la surprise et la
joie de ma mère furent complètes. Mon
père fit servir thé, punch, glaces, petits
gâteaux ; puis je jouai quelques polkas,
quelques valses, que dansèrent papas et
mamans, et à minuit, je regagnai ma pe-
tite chambre où je m'endormis bien heu-
reuse.. .
Puisses-tu l'être aussi, car si tu ne l'étais
pas, ma joie ne saurait être complète.
Adieu! Toute à toi.
ÉPHÉineRIDES.
17 OCTOBKE 1571. "—Bataille de Lépante.
L'Occident était en proie aux guerres
civiles et religieuses; l'Orient et le Midi
se voyaient menacés par les armes musul-
manes; les belles lies de la Méditerranée
étaient devenues la proie des Turcs, et
Ton se demandait avec effroi quel serait
l'homme, quelle serait la nation qni s'op-
poseraient à cet envahissement des bar-
bares. Yenise était appauvrie par la guerre
et la famine; Sigismond, le dernier de»
Jagellons, s'oubliait dans la mollesse et les
plaisirs : l'Espagne se débattait contre les
Provinces-Unies ; l'Angleterre» protestante,
n'avait plus souci des périls de la chré-
tienté ; la France était occupée chez elle
par des guerres de religion : le pape Pie V
éleva seul la voix et prêcha la nouvelle
croisade; il fut entends. L*ordre de Malte,
Venise, la Savoie et l'Espagne réimirent
leurs forces navales, doit le commande-
ment fut donné à don Jmn d'Autriche,
frère de Philippe IL La flotte chrétienne
rencontra la flotte musulmane dans le
goUé de Lépante, à la hauteur des lies
Gursolaires, près du rocher de Leucade et
du cap d'Actium, où Octave arracha au-
trefois l'empire du monde à son puissant
rival Le combat fut court et meurtrier ;
Hali-Pacha fut tué à bord du vaisseau
amiral, et sa tête, arborée sur la galère de
don Juan, devint le signal de la victoire
ponr les chrétiens. Cent trente galères
ottomanes tombèrent en leur pouvoir;
quatre-vingt-dix furent brisées sur le ri-
<ïS^^
TSge on englouires dans les flots; vingl-
cioq mille Turcs trouvèrent la mort dans
le combat, et cinq mille furent réservés à
la captivité. Les chrétiens aussi avaient
essuyé de grandes pertes ; ' iguci Cer-
vantes fut au nombre des bifssés.
te saint pape Pie V s'enlreicnait à Rome
arec son trésorier, an moment de la ba-
taille, lorsque tout à coup il Be lève, le
visage baigné de larmes, el s'écrie :
« Gloire ï DienI l'armée chrétienne est
triompliante [1). u
Pour ptTpétuer le souvenir de cette
éclatante victoire, saint Pie V institua 1>
fête de Notre-Dame du Rosaire, qui se cé-
lèbre le premier dimanche d'octobre, et
ajouta aut litanies de la sainte Vierge l'in-
ïucation : Àuxilium chrisiianorum, ora
pro nobUl Secours des chrétiens, priei
pour nous!
L'avenir n'appartient qu'à Dieu , (t
c'est an présent que sont attachées nos
obligations ; le gaspiller d»ns l'alieiitc du
futur, c'est emprunter vans savoir si l'ju
aura de quoi rendre, et s'exposer au dan-
ger d'être trouvé un jour ir.sulvublc.
H"" GUIZOT.
La Providence mfle de l'amertume â
tous les éias de la vie, pi.ur nous sevrer
de l'attachement que nous y portons, et
guérir par des bnmilations l'orgneil dont
tout lé monde est malade, par la pauvreté
et la douleur par l'alTcction aui biens tem-
porels et aux aises de la vie. Boodun.
Il n'y a pas d'aussi grarde gloire, pu
d'aussi précieuse richesse qoc le sentiment
de la juittice dans une conscience irrépr»-
chalile. Saint Bernabi).
(1) Rauke, Bûtoire de ta Papauié,
RÉBUS.
/Jj
— Iiiipriiuerle de V" V° Dan<l>!i-Dupn<, rue Saiol-LoiiiF, ts.
'■Û-'jmmm^f^f^ssm'- .
Jiinrual tirs Innoisrllrs.
*>*?<*
— 321 —
VISITE AUX RUINES DHIPPONE.
En sortant de BAne par la porte Constan-
tine, on longe une large chaussée, bordée
à gauche par la Méditerranée, à droite
par une Yallée qui s*étend josqu*ao pied
de l'Edough. C'est Tanclenne Toie romaine
qui jadis de Carthage conduisait au détroit
de Gibraltar. A un quart de lieue se trouve
une petite rÎTière dont le non! arabe Abou-
Gemma, signifie père de VEglise, Un pont
antique, récemment réparé par les Fran-
çaisy sert de communication entre les deux
rTs%?. Le» on commence à fouler un sol
noirâtre d'une étonnante énergie. Le che-
min se rétrécit, et jusqu'à son extrémité
il reste encaissé entre deux haies Tiyes
dHilo^s, de jujubiers et de cactus. Parfois,
du sein des arbustes épineux s'échappent
des rameaux d'acanthe, dont les feuilles si
élégamment dentelées se réunissent en
corbeilles et ressemblent à ces chapiteaux
corinthiens qu'on rencontre au milim des
ruines antiques. Deux collines bo'seoses
terminent cette route.
Salut à la ville sainte! safot au sol d'Hip-
pone^ qui autrefois couvrait de ses édifices
ces collines jumelles qui s'étendent par
une pente insensible jusqu'aux bords de la
Seybouse. Devant vous s'élèvent les restes
encore imposants de l'église de la Paix,
église primitive, dont saint Augustin fut le
dernier pasteur.. . Ici la nature est restée
toujours jeune, toujours féconde, l'homme
seul a disparu ; quatorze siècles ont pesé
sur cette antique construction, ils ont res-
pecté ces piliers massifs, où de larges cail-
loux de marbre et de granit, superposés
dans une épaisseur de trois \ quatre pieds,
servent de base à d'immenses blocs, les-
quels se réunissent en voûtes indestruc-
tibles. D'épais cactus, aux larges raquettes,
hérissées de pointes aiguës, ont pris ra-
cine aux parois de ces pierres, ou se sont
attachés à ses aspérités; le grenadier à la
fleur étincelanle en It au hasard suspendu
au sommet d'une arcade par la seule vi-
gueur de sa sève, ou sort comme par ma*
gie d'une crevasse; autour des ruines, dans
les ruines, sur les ruines, une végétation
luxuriante étale tous ses trésors pour orner
l'ancienne basilique qui entendit si sou-
vent retentir la voix de saint Augustin.
En l'année /^30, Genseric, à la tête de
ses Vandales, envahit l'Afrique chréiienne
et la couvrit de ruines. Saint Augustin
mourut de douleur cette même année; ses
restez^ furent déposés dans la partie supé-
rieure de la crypte. Lorsque les Vandales
furent maîtres d'Hippone comme de tout
le sol africain , IVgHse de la Paix ne parut
pas aux fidèles un asile assez .«ûr pour ces
précieuses reliques. Lilu de Sardaigne,
voisine de l'Afrique, servait de refuge aux
confesseurs de la foi chassés par les ariens.
Les évèques d'Afrique qui purent échap-
per à la persécution spécialement eiercée
contre ces prélats, s'emparèrent des saints
ossements que la malh/ureuse Ilippone
n'était plus digne de posséder, et la ville
deCagliari, enSardaigne, reçut le précieux
dépôt, dans la basilique de Saint-Saturnin,
qui le conserva deux cent vingt-trois ans.
En l'année 753, la Sardaigne elle-
même étant tombée aux mains des infi-
dèles qui avaient conquis l'Afcique, ceux-
ci cédèrent le corps de saint Augustin pour
le prix de soixante mille écus d'or, au pieux
Dix-Mcvi&MB AifNis, 4' stov. — N« XL
<
x^*
ai
»^<*(3^
^
— sst —
Luitprand, qui portait a ors Pavie la
couronne de fer des rois Lombards. Ce
monarque, pour y i^Otf^tf la laitte ch^am,
fit bâtir avec magnificence la basilique de
Saint-Pierre, au ciel d'or.
«Quel ornement pourrait-elle encore dé--
sirer, aimait-il à répéter, maintenant qu'elle
possède celui-là? »
Aes reliques de saint Âv^nstîn forent
dfipiàB cette époque l'ohjet d'Bv cdlte so^
leimely qui n*a jaiMisp éié intanon^n.
Nuit et jour tin grand nombre de Imipes
brûlaient près de la confassimi, «ymbole^e
la prière qui veille ssms cesse.
Mais Bippone, reftdoe de Aos jonr» à
une population chrétienne, était veove de
son évoque, des pompes cfco eolte dim, de
la tfânératioit qui s'attaebait aux saints
lieux jadis habité» par riUastne pontiCe, et
pour lesquels l'Arabe seni femblait um»*
jours. tômaîgAer une rispeetuense défè*
reiice« S<yavent o^n yoh àe& Kabyles éet-
cendre de leurs montagnes et se léoDir
le vendredi dan« les ruines de tt mille
basilique comme à nA rcndez-Tons reli-**
gievx. Ils croient que ce lieu est saint et
qu'il faut aTttir le oœur pur pour en ap^
proctcr. Quelques-uns, non sans peiee et
sane périls, montent sur an pan de la mo-
ralité, diii;s un des angles de rédiftce^ et là,
sur uoe kirge pierre qu'on emt avoir éié la
pierre louiulaire du saint évéquc, ils loue
fuoier Teiiceiis et immelent de^ coqs ( ainsi
que Tatlesteiit les plumes fraîcbemeiit dé-
posée» que noÊB y at^oiM vue» ) ; d'autres
y soeriOeiK un Ttau noir, et ceht arrive
frêq^ftnmeiit dans les anciens édiêces
qnKs regardent comme sacrés^
Quand on les torerrage sur le nrafif de
leur emyaiieei ifc disent que lft< rheh jadis
UR grand RounU (4) , qme soft bisieioe était
écrife sur la pierre , if«e cette pierre a
été Msée, «Mis qn^U rrrienc qoelqiieleis,
vêtu d'ufl burnous d'une blancheur écla-
tàot», titther tes lieux qoi Ment été diers.
(]) Romailk
La vénéraiîon qu'ils professent pour ces
lieux saints, les porte à l'exprimer en ca-
ractères arabes sur teepareisdles murs qui,
en effet, sont entièrement couverts de sen-
tences, à l'endroit même où se pratiquent
le»rî(es de leur croyance.
Dieu n'a pas permis que le saint pasteur
d'Hippone fût complètement exilé de ces
rives africaines qu'il a taaii ilkislrées ; pen-
dant quatorze siècles* le seoveair de sa
gletre passée se mâle aux récits merreil-
leux. dre Arabesv ou dans le» grossière»
ppatkfitrside leurs sopepstkions.
Sane^ouie» frapi^ detoufte^^oe» pensées,
monseigneur l'évéque d'Aiger résolut de
rendre saint Augustin à Ilippone ; le pieux
prdat n'épargna ni fatigues ni seins pour
parvenir à ce but qu'un heureux succès a
courouBé.
La Iranelaiiun. des reliques de saint Au-
giistie, de Pa^ie à Teule*, et de TouIob à
Bône, fui une époque mémorable pour les
populations qui accoururent eu Coule de la
vieille Provence a&i d'ji^sister à l'embar-
qaeuieftt» et recevoir labéBédlctiea qae,
d» hacK de l'autel où la eMsse était dépo-
sée, les évoques du saiiàt cerlége adminis-
traient au peuple. J'emprunte à la pinoàe
éloquente de M. l'abbé Sibour (1), les dé-
tails stHvant»:
<c [lier, 30 octobre tô42, à huit beures
» àm matinal par un soleil radieux, la Goê-
» sefuH et le Ténart avaient biIb toutes
)) leuracbaloupes ^ la mer. Le» raaieursy
» l'anirea kvé, le» yeux fixés sur k ebef
)) qa» les cooMMinder aUendaieut le sî^at
» du départ. Neos éiioae mouiUée dana la
)) rade de- Bôcie, entce le for-t de la Cî^h
» 0M, qui délsnd la rade, et ime masse
» de vodters fuî, vus de loîn, ressemblent
» b «D iios cdossel, le mer était «nie
» eoflMM tm eristal, et le débarquenaent
)> de npotver sainte et paeifique Mpéditîoa
» s'efrciae dans le plus grand entre* de
D eeort trajet a pris tout à eeuf» la ferme
(I) Maioteoaiit Mouieîgiiettt de Paris.
0^^>«v
«t/
^■'
'Xi
— 5«S —
» d'one proeessioii sur tes flots. C'était na
D Inblean nivIssiQr, avec ie ca4re étraage
» dont }a phig€ africaine rentaiirtk, avec
» toutes les pens<^es, toos les sowfeiiirs
» qu'il faisait naître. Ce tableau a pris le
» caractère d'une pompe religieuse aussi
y> solennelle qu'attendrisi^ante.
i> Noire flotiiile se composait de douze
» canots. Dans la chaloupe d'hooneiri lev)
»aYec Tévêque d'Alger, revêiu de ses
» plus beaux ornements pontîQcaux, s'a-
ï) \ançait seînt Augustin, dont la cliisse
» de cristal et d'argent brillait sons fe so-
D Ici! d'Afrique d'on éclat înaecomumè.
» Les six autres évtêques suivaient en ro-
» chet et en mitre; après eux les prétrea,
)) distril^ués sur différents canots , toufi
» en babils de chœur. Une chaloupe por-
7> tait les religit'uses de la doctrine chr6-
» tienne, une aotre les frèr(«B hospitaliers.
» Du sein de cbaqne emlMircaiion s'élevait
» le chant des psaumes, comme la voix du
y> Seigneur du milieu des flots.
y> Et de toutes ces plages, de tontes cci^
» collinf's où dormaient depuis tant de
» siècles dans son linceul de sable et de
» verdure l'église chrétienne d'Afrique ,
)i des Toix immenses s'élevaient en répé-
î> tant : a Misérfcorde et liberté! » Nous
» approchions de la j^tée, oA se pressait
» aac foule innombrable aux costumes
D varif's. Un arc de triomphQ avait été
» préparé sur le quai, avec cette Inscrip-
»lion : « A AtiQn^n, Htppone renais-
» santé. )» Arrivés sur la place, oA un aatel
» attendait le saint cortège, Tév ê(fiie d'Aï-
y> ger plaça au sommet les jprécfienaes re^
» liqnes, tonte la population se prosterna*
y» et la messe fut célébrée. Autour du mé-
» tropolitain étalent rangés en denri-cer-
y» cle les évêqnes de Bordeaux, de Mar*
» seille, de Digne, de Talenee et de Ne«-
»yer^, L'évéquc d'Alger s'adre^a % la
T» foule qui encomtt)raft la place et k^s mai*
» sons voisines; d'une voix animée II retraça
D les principales circonstances de fa vie de
^atint Angnstin, sa mort, l'exil de ses
» reliqoes et knr glorienx retour sous la
» protection des bannières de la Friincc.
» Le lendemain, la sainte procession
D prit ia route d'Hippone par la voie ro-
D maine; arrivée an pont autiqve, un nou-
» vel arc de triomf>be, élevé par Tenthou-
x>siasme et la piété de tous l^s ûdèles,
y> arrêta les pas du cortège qui fit une sta-
y» tifiL Les autorités civiles et militaires
» Tattendaient, un Te Deum d'action de
» grâces fut chanté, les voix d'une fou!e
D immense et les sons brillants de la mu-
» sique militaire qui précédait la procès-
» sion complétaient l'imposant effi de cette
» scène. Le cortège monta lentement la
» aainto coltine, oà un tombeau provisoire
Délait ûgoré en forme cfantel. La châsse
» hit alorseï posée ith vénération publique.
«L'^éque d'Alger célébra la messe et
» prêcha avec tonte l'onction et cepen-
» dant toute l'éloquenoe poétique que ce
))heu et ses souvenirs, la présence des
« satntes reliques, l'enthousiasme et Thum-
» Me adorât on de la foule devaient exciter
» en lui. Tontes les populations française,
D coTRe, sarde, espagnole, italienne, mal-
» taise, étaient prosternées le front dans
» la poussière , on élevaient aux cieux les
» prières qne la langue latine a rendues
» générales ponr tons les peuples. Du
» commet de la rolKne d'Hippone on dé-
1» couvrait la MMiterranée reflétant le beau
»ciel bien d'Afrique, bornée par les
» hantes montagnes, remparts naturels de
y> Tunis, qui abritent le sol de h vieille
» Oarthage ; an fond, par nn soleil dont
T» les feux et la majesté ont fait dire que
» l'Afrique avait son soleil à elle ; car cet
» astre est colossal, Immense comme ses
» déserts, ses montagnes et ses aâimanx,
9 Le canan de la Casbah tonnait de dls-
» tance en dintanoe depuis le oommence-
ï> ment do la cérémonie. La mnsiqn^ mi-
n UCinra stnnblait éteetriBer tout le monde
1» an BMMnent où l'on Iki finauguraiion de
» laslatiiodesaint Avgnstio. BUeesl placée
» Mirun antel en marbre blanc qn'élève
•'^bc^
*^î<i&
• '«
» an socle circolaire à deax gradins, aassi
» en marbre blanc. Cette statue en bronze
» est tournée vers la France, pour indi-
» quer que cette France se montre digne
x> de compter aujourd'hui le bienheureux
» saint parmi ses enfants. »
— 324 —
Les frais de ce monument ont été faits
par monseigneur i'évêque d'Alger, par les
é\éques de Fraoce et par des offrandes par-
ticulières,
M"** Laure Prus.
BIBLIOGRAPHIE
Histoire des Français de dicers Étals, par
A, A, de MonteiL
3« arliele.
Nous sommes au troisième Tolume et au
seizième siècle. Un gentilhomme espa-
gnol, homme de loisir, s'en vient visiter la
France, marchant uu peu au hasard, à
petites journées , s'arrêtant lorsque les
monuments lui paraissent beaux, lorsque
les usages semblent lui offrir de rin:étêt.
Il étudie ainsi la société française dans son
âge de transition, subissant l'influence des
disputes religieuses, du réveil des lettres,
de la perfection des arts, des relations plus
faciles et plus fréquentes avec les peuples
lointains, perdant chaque jour un peu de
la bonne et rode franchise du moyen âge
pour acquérir la politesse, les grâces, les
lumières qui caractérlsjut les nations â
leur âge mur. Pendant les jours de congé,
lisez, me^idemoiselles, lisez à vos frères de
quelle façon les écoliers, leurs prédéces-
seurs, étaient régentés dans les collèges :
Un l'ancien écolier de Saint-Flour donne
à r£«pagnol ces détails :
<( Lorsque vous approchez des fenêtres
d'un collège de l'Université, vous enten-
dez lesrt^gents qui, cueillant à pleines
mains les fleurs des auteurs grecs et latins,
en font admirer à leurs écoliers les vives
couleurs, les élégantes formes, qui les
excitent à fleurir ainsi leurs compositions;
lorsque vous avancez encore, vous enten-
dez surtout ce régent de rhétorique élever
de plus en plus la voix, tonner, éclater;
lorsque vous entrez, vous le voyez , non
en chaire, mais â la tribune, aux rostres ;
ses écoliers sont des Aih^niea^i, des Ro-
mains transportés par les Philippiques, les
Gatilinaires, à Athènes, à Rome; ils veu-
lent se lever pour marcher contre Phi-
lippe; ils cherchent des yeux Gatîllna
pour le livrer* sans autre jugement , aux
licteurs. Daiis l'enseignement, c'est bien
s'y prendre que de frapper les jeunes
âmes par toutes les beautés des grands
modèles; cette méthode est assurément
bonne, excellente.
» Cependant, il en est une meilleure.
Lorsque vous approchez des fenêtres d'un
collège de Jésuites, vous n'entendez guère
la voix du régent; vous entendez presque
touj(jurs celle de l'écolier ; brsque vous
entrez, vous voyez les écoliers ri iisés en
décnries ; vous voyez un écolier d'une dé-
curie supérieure qui récite, et un écolier
d'une décurie inférieure qui aussit6t se
lève et se présente pour le reprendre, sans
livre ; vous voyez que, si l'écolier de la
décurie inférieure sait mieux sa leçon , il
monte â la place de son concur. eut. Même
combatâ l'explication, même déplacement
Un autre écolier lit-il sa composition?
tous les écoliers peuvent en reprendre les
fautes, tous les écoliers deviennent maî-
tres. Ensuite, lit-un les auteurs, chaque
écolier est successivement interrogé sur
les beautés, sur les défauts; tous ses ca-
marad(4 peuvent critiquer ses louanges,
critiquer ses critiques. Les collèges de l'U-
niversité, par leurs fréquentes compoti-
i:o^^
^S^s^
^■^'"
— 5S» —
tiens y exercent plus l'esprit dans i*art
d'écrire ; les collèges des Jésuites, par leurs
débats classiques, exercent plus l'esprit
dans Part de parler : celui-ci Yaat mieux
que Tautre, ou du moins est d'un plus fré-
quent usage. »
L'ancien écolier continue :
€ On apprend dans les collèges et dans
l'élégant latin d'Erasme les beaux pré-
ceptes d'éducation. Par exemple, j'appris
qu'il fallait dire : Monsieur, en parlant an
maître ; qu'il fallait , en parlant ft des
personnages, à des magistrats , à de vénéra-
bles et scientifiques personnes, à des ré-
gents de théologie, des docteurs, des clercs,
fléchir de temps en temps le genou ; qu'il
ne fallait point parler des dents, qu'il ne
fallait point gesticuler^ ni se pencher tan-
tôt sur un pied, tantôt sur l'autre; j'en-
tendais souvent à table les maîtres crier
aux nouveaux venus : Poculum a dextrisi
ad lœvam partis! le vbrre à droite! le
pain à gauche ! Il arrivait à de jeunes vil-
lageois de ne pas toujours baisser les yeux
quand ils buvaient; si les maîtres le remar-
quaient, ils criaient : Bibere intortis ocv*
lis illiberale est! et de même ce principal
criait à ces gros villageois qui ne savent
rien dire, mais qui mangent admirable-
ment bien et ne se taillent guère de petits
morceaux : Camem minutim in quadra
distserel Là aussi, j'appris à mes dépens
qa*on ne devait point parler an lit Un Foir
je voulus demander à mon ami si le lende-
main nous irions aux champs ; Incubir
culo laudatur silentium^ au lit le silence
est recommandé. .. fut toute sa réponse. »
L'Espagnol arrive à Paris.
a J'avoue, dit-il, que j'ai passé plusieurs
jours sans voir ni le Louvre ni les Toileries.
J'ai trouvé que cela ne seyait pas mal à la
fierté espagnole, à la gloire de notre Buen-
Retiro et de notre EscuriaL Dans cette ville,
les hôtels des princes et des grands sei-
gneurs paraissent être, par leurs vastes di-
mensions, les châteaux des rues où ils sont
bftds. Suivant moi, l'hôtel de Carnavalet,
rue de la Culture Sainte-Catherine , élev
sur les plans de l'abbé de Cluny, décoré
par les sculptures de Goujon, est le [lus
beau, le plus élégant.
» L'hôtel de Cluny, rue des Mathurins,
malgré les dentelles en pierre de ses portes
et de ses fenêtres, ne peut lui être com-
paré. Il me tardait de voir le fameux
hôtel d'Hercule, devant la porte duquel ce
fou de Rabelais fit tant de folies divertis-
santes, afin d'attirer l'attention des gens
du chancelier Duprat, et d'être admis à son
audience. Cet hôtel est sur le quai des
Augustins. A peu de distance, du même
côté de la rivière, est le magnifique hôtel
de Nevers, pour lequel Henr i III fit bâtir
le Pont-Neuf. Je n'approchai pas sans un
sentiment de respect, de l'hôtel de Clisson
ou de la Miséricorde, rue du Chaume ; il
n'y a pas encore douze ans qu'il était ha-
bité par le duc de Guise. Je vis l'hôtel de
Soissons, bâti avec une .dépense toute
royale par Catherine de Médicis. La haute
colonne astronomique dont il est surmonté
a fait croire au peuple que dans ses vastes
appartements avaient lieu des opérations
et des scènes de magie. Le peuple a ton
jours aimé à croire aux magiciens, surtout
aux magiciennes, surtout aux magiciennes
couronnées. ,• «
» Même solitude, et depuis bien long-
temps, sur le quai du Louvre, à Thôtel du
connétable de Bourbon. Tout le monde
sait qu'il prit les armes contre son roi, et
qu'il le fit prisonnier à Pavie. Les portes et
les fenêtres de son hôtel furent barbouillées
de jaune par la main du bourreau. Les
ploies de plus de soixante hivers ne les ont
pas encore lavées!
» J'allai , rue Saint-Antoine , visiter
l'hôtel de Brissac. Celui-là est fort fré-
quenté, fort animé; j'espérais y voir ce
fameux duc qui, à la journée des Birrica-
des, avec quelques barriques placées à
rextrémité de chaque rue, fit sortir de
Paris Henri III; qui, sept ans après, au
moyen des bas de chausse blancs que por-
Il
i
i
\
— MO —
tèrent cofnmc sîgrtc de ralliement les bons i
Français, y fil entrer Henri IV. i»
Après les pdais viennent les hô|Mtain,
palais ouverts par la charhé, à DieUf dans
des pairrres.
a Ad commencement de cetre seminBe,
j'étais «ortf ponr aller faire nne vîbiie ; je
rencontrai dans U me Sainf-Denis ntie
•Iroope de je nnts gmrçons et de jennes
filles tous babiflés de bien; hcatiosité
«qu'eidia en iHoi leur joli et uniforme ba-
bîile.»em me les fit suivre jusque dans lenr
^naison : 'c'était l'hôpitïl des Enfœnts or-
jfhelins. Lorsque je fus ôzns la cour, j*m-
lerrogeai: éconoraei*, sœurs, domesti.fues;
toot le monde s'emfvessait de répondre à
«les Bombreiises qoestion^; j'émis e»-
<€b«ntè de ce qne je voyais et de ce ^que
j'entendais.
i> Je %bitai en détail les salles d'instruc-
tion. Ou me fit ensnite passer dans lasdle
ée» méfiers où trois, quatre cents jennes
fens m&DÎâîent les insiraments ée (ons les
arts. L» laine, la soie, le coton, Tiviiire, les
bois, les métaux, étalent t»us à la fo« h-
fOMés. J'étaij émesrveilfê ; je me disais
>poorquoi nne pareiUe salle d'arts mêcani-
^es ne œ trou^^it pas dans tous les grands
hôpitaux d'enfants. Les jeunes filles, à lenr
tour, lavent, cardent, filent les laines, les
«cotons et les soies ; les plas figées les ou-
irreni à raîgnille et les iricot^^nt
— Maître, deuiandai-je^ k quel âge sor-
tent les jeunes garçons et les jennes
^fiUesT
-^ A vingt^nq ans. Ordinairement, en
^nlttantia maison, ils se marient entre eux,
et ces jeunes ouvriers, acoouiumés aox ver-
tus religieuses, au travail, à l'économie, for-
m nt d'excellents ménages. Les plus heu-
reux époux, les plus sages, les plus habiles
artisans de Paris sont sortie des Enfants
iAtus. Ces pauvres edfants, dhi reste, n'ont
«u de déjeuner que définis le don d'une
renfe.en Mé qui leur a été fait par Gnillau-
mette ée TArche. Qoe tous les jours IMeu
rende bien pour Irien à cette bonne Goil-
lamnette ! Jamais les enfants ne coomieii-
cent leur déjeuner sans la nommer.
» Je puis vous parler aussi des Enfants
rouges , dont l'hôpital a ôté fondé pjr la
bonne et aimable rcîne de Navarre, sœ«r
de François P'. La chapelle, agrés/blement
et gaiement éclairée par les vitraux qui
rcpréseni»'nt des histoires d'enfants , est à
voir... Les premiers orphefins des ffn/îx^ite
rmi(jes furent dei fils de pauvres gens for-
cés de se rWtigicr dans Paris par les i^estes
ou les girerres , et qui y moururent sans
laisser aucun bien.
• Je veux parloraussî de l'nôtel-Di^ de
Lyon, de son 5er\!ce sim^de, économique,
admirable. Pour tout l'Hôtel Dieu, une
j:enle salle; elle est, à la vérité, vaste,
aérée , divisée en deux d;ins sa longueur
par des piliers et des grilles; 4' nu côté
sont les hommes , de Pautre les femmes.
Au milieu se trouve nne grande cheminée
comiiiune autour de laqueBe les uns et les
antres peuvent se voir, mais sans pouvoir
communiquer. Par cette dispositroo , de-
viennent encore communs : le monvemeiit
de l'air, la lumière des fenêtres, la claité
des lampes ; et de plus , tons les malades
peuvent aussi , de leurs lits, entendre h
messe, voir le prêtre qoi ta dît. J^ ai
surtout admiré la propreté : les lits , faits
en bi«n noyer, étoffr^s en tapisserie , sont
tous les jours exactement nettoyés ; les
ustensiles brillent. Cette vaste safle fomte
presque tout l'hépital : elle est comme te
temple de la bienfaisance ou de rhosfnta-
lité. L*administration a pour le service des
malades vingt femmes , sans autre salaire
que la promesse des récompenses éter-
nelles.., »
Les rois de France, k'ieur tour, cmm-
paraissent devant l'Espagnol. Il hiterroge
les anciens serviteurs de la monarchie'.
«Qnel air trouvies^vous I LonisHlf T
— ^L'arrantique, matsnoble, magnifique.
Tel il était, telle êtaK sa cour. On y «verfdt
les anciennes lottes, tes anciens eombats à
la hache; mais on y voynt ann une in-
^^.^^
f/^
— 327 —
nombrable conr, toujours bien Tétae,
toujours bien nourrie « touj^vrs^oDoraat
le roi, dont le principal goût était celui du
spectaoie Aa busheur de sa rnaîMn, qui
lui rappelait celui du bonheur de son
peuple.
— Qvdl air trottviei-TMisÀ François P'?
— L*air élégant et leste d*uD cfaevalier
française.
— Dires la TÔrilé, dîtes plutôt que
TOUS lui trouYÎez l'air pédant ; tel il était»
telle était sa cour. On n'eAteodait, k la
table da soi, que du grec ei du latin.
La Boit, les jeunes seigMiirs ailaienl fer-
raHler eoî.tre les premiers venus. Le jour,
autre pisse-temps de forfanterie , et un
noatin^quc les uns assaillaient une maison,
et que les autres la défendaienU un tison,
lancé par le seigneur de Larges,, blessa à
la tête un des assaillants.,, cet assaSIant
était le roi , qui , obHgé de raser ses cbe-
yeux, laissa croître sa barbe ; toute la cour,
toute la France^ comnte si chacun avait été
blessé à la tête , porta et depuis porte ks
cbeveux courts et la barbe longua
•*— Quel air Irooviez-Toss à Henri II?
— Le même air qu'avait son père. Je re-
marquerai qœ W goûts, les amusements
des sièges figurés finirent k la mort du duc
d'Enghien, frappé mortelleiuent par un
coffre jeté d'une fenêtre; que les goûts,
les amusements des batailles finirent à la
mort de Henri IL Ainsi donc, pour faire
cesser les amusements les plus déraison-
nables^ les plus dangereux , autorii^és par
l'usage ou les permanences de la mode , il
faut toujours une grande catastrophe.
— Quel air trouviez-vous à François II?
— L*air d'un grand jeune homme laa-
guissitnt.
— Et à Charles IX t
— L'air violent, sauvage, féroce. Tel il
était,. telle cependant n'était pas^sa cour.
El Henri m?
^ Jk ne vous le cBrai point ; jamais je
n'ai pu lui trouver d'air caractéristique.
Gommem se faisait-il que .ce inonarque*
qui, au conseil des rois de Tunivcrs, aurait,
par la majesté de sa personne et de ses pa-
roles, occupé le trftiie d'AgamemBon, ne-
craignait pas de se montrer à sai conr età
son peu|de, tantôt avec un bilboquet ài I»
nMîn^ tantôt avec une corbeille remplie de
petiisi cbieis? Snccessivetneot voi de deix
grandes natiene, il ne régna javiaiSL
— Quel air t!WiVoz-vons à Henri IV 7
— L'air franc et jovial. Tel il est, telle est
sa cour; car le courtisan ne manque pas-
de se faire avec beaucoup d'art une figure*
aussi bien qu'une âme à l'image de celksdii
roi. Henri IVanme beawcoop la joie, en fai
grande dépense, peree qu'elle ne lui coûte*
rien. Du resie, je dois conveinr que pen-
dant bien des années îl n'a pu en faire
d'autre. Il était si' pauvre, qu'il éKiit Migé
d!al(er manger tamôt dvez les riches sei-
gneurs, tantôt chez les riches financiers;
si pauvre, qoe souvent se.s Oàftciers étaient
obligés de fournir aux avances de ces
nombreuses centaines de pains, deqiTartcs
de ¥in, mentionnées dans de longs rou-
leaux de parchemin ou états de la dispense
du jour, appelée paneterie... Aujourd'hui,
le roi est, à la vérité, fort riche, depuis
quM a pu renoncer à ses goûts pour la>
poudre à canon qui, si j'ose ainsi parler^,
faisaient aller tout son argent en fumée , et
il a pu se livrer ) ses goûts pour les beaux,
jardins et les beaux bâtiments... »
Mous nous amêtexpoi ici, niesdemoi-
{•elles faute d'espace et non faute de ma*
tière; dons un prochain article, nous don-
ntxon» de nouveaux extraits des Uimes Uk
et lY de cet intéressant ouvrage.
E. R.
*<*
""^^I^,
*^^
— 528 •-
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
r
IL FUOOO, LACQUA E L'ONORE. LE FEU, L'EAU ET L'HONNEUR.
FAVOLA.
II Fuoco, l'Acqua et l'Ooore fecero un tempo
comuDetla insienie. Il Fuoco non puô mai
stare io un luogo; l'Acqua aoche seropre ai
move; onde tutti dalla loro inclinazione in-
dussero l'Onore a far vlaggio in .compagnia.
Prima dunque di parlirsi tutti e tre dissero,
che abbisognaya darsi fra loro un segno da po-
ferai ritrovare, se mai si fossero scostati, e
smarriti Tuno dall' altro. Disse il Fuoco :
« S' e' mi aYvenisse mai questo caso, che io mi
segregassi da voi, ponete bon mente coIà doye
voi vedrete fumo ; questo è il mio segnale ; e
quivi mi trovereie certamente. — E me» disse
l'Acqua» se Toi non mi vedete più, non mi
cercale colè, do\e vedreie saici, aloi, cannucce,
o erba molto alta e verde; andate costà in
traccia di me ; e quivi sarô io.— Quanto é da me,
disse rOnore, spalancate ben gli occbi, e fissa-
temegli bene adfsso, e tenetemi sa4do, perché
se la mala ventura mi guida fuori di cammino,
s\ ch' io mi perda una volta, noivroi troTereste
più mai. » Il conte Gasparc Gozzi.
FABLE.
Le Feu. l'Eau et l'Honneur se mirent en
communauté pour quelque temps. Le Feu ne
peut jamais rester dans le même lieu; l'Eau sa
meut aussi toujours. Kn raison de cette pro-
pension, tous deux engagèrent l'Honneur i
voyager de compagnie. Avant donc de se mettre
en route tous trois, ils convinrent de se donner
entre eui un stgne pour se retrouver, si jamais
ils venaient à s'écarter l'un de l'autre Le Feu
dit : « Si, par hasard, je me trouvais séparé de
TOUS, n'oubliez pas que je serai où vous verrei
de la fumée; c'est là mon signal; vous m'y
trouverez certainement. ~ Et moi, dit l'Eau, si
vous me perdez de vue» ne me cherchez point
là où vous verrez la (erre aride ou crevassée,
mais là où seront des saules, des aulnes, des
plantes marécageuses ou de l'herbe bien haute
et bien verte ; allez sur ma trace en ce lieu-là; j'y
serai. — Quant à moi, dit l'Honneur, ouvrez les
yeui tant grands que vous pourrez, regardez-
moi bien et tenez-moi ferme ; car si le desUn
contraire me conduisait hors du chemin , de
sorte que je m'y perdisse une fois, vous ne me
retrouveriez jamais. »
M»« Vapt Tbnac.
BERTHILDE.
I.
t Parbleu I mon cher maîire, tous êtes
un heureux mortel d'avoir pu contempler
tout à TOlre aise la jeune Glle qui a posé
pour ce charmant portrait ; et, s'il est aussi
res emblant que vous le dites, j'offrirais
Toion tiers à Toriginal ma main, ma for-
tune et mon cœur. »
Celui qui parlait de la sorîe éuit un
jeune homme d'une beauté noble et élé-
gante; son costume de bon goût, ses ma-
nières simples et aisées annonçaient une
haute position.
« Rien ne tous sera plus facile que de
Toir après demain cette demoiselle au bal
de la préfecture, répondit Tariisie.
— J'irai biin certainement, reprit le
jeune enthousiaste delà beau lé. quand il me
faudrait pour cela renoncer à cette fameuse
chasse au loup que nous deTons faire dans
la forêt d'Âmboise. Mais la chasse et les
arts peuTcnt à peine me consoler de ne
pas suiTre l'empereur et partager la gloira
de nos soldats.. . mon grand père s'y op-
pose Mon Dieul quelle raTissante fi-
gure ! ajouta-t-il en se plaçant de nouToao
devant l'objet de son admiration, et qne
^^
^0^^
V.-'
-. 529
le sort de ctlai qui épousera une pareille
femme, sera digne d'envie I
— Peut-être ! dit le peintre.
— Pourquoi ce peut-être? interrompit
le jeune homme arec vivacité ; cette de*
moiselle ne serait-elle pas aussi vertueuse
que belle ? cela me paraît impossible avec
une physionomie si pleine de candeur et
d'innocence; lui connaîtriez* vous quelque
défaut de caractère? .* Mais parlez donc !
— Que voulez- vous que je vous dise?
répondit le vieux peintre en riant, Ton
m'a donné six séances de deux heures
chacune ; ce tetnps suffit pour faire un
portrait, mais non pour connaître une
femme. D'ailleurs, je ne vois pas en quoi
le caractère de cette demoisede peut tous
intéresser ; vous ne pouvez pas l'épouser.
— Pourquoi pas, s'il vous plaît ?
— Parce que monsieur votre oncle n'y
coDsentirait jamais, répondit le peintr**,
car cette jeune fille n'est distinguée ni par
sa fortune, ni par sa naissance.
— Elle est admirablement belle , et
pour une femme c'vst la preuoière des dis-
tinctions, répondit vivement le jeune
homme; ainsi» dites- moi, de grâce, son
nomi sa position, tout ce que vous avez
appris sur son compte »
L'artiste allait répondre, lorsqu'il fut
interrompu par deux ou trois petits coups
frappés discrètement à la porte de l'atelier. . .
Ua domestique en livrée entra.
U venait de la part de M. le marquis de
Vermorand, chercher M, Emile.
« Adieu, donc, mon cher maître, dit
le jeune homme à l'artiste ; demain nous
repren irons cet entretien. »
II.
Dix minutes plus tard , le comte Emile
de Vermorand se trouvait eu présence
d'un vieillard dont la haute taille, bien
que légèrement courbée sous le poids de
ses soixante-dix années, conservait cepen-
dant toute la dignité de l'âge mûr. Au
mouient où le jeune homme entra dans
rapprte.nent , le marquis, enveloppé
dans une douillette de soie brune, était
asbis devant son bureau. Il répondit par
une légère inclination de tête an salut
resf^ctueox du comte, et de la main lui
désignant un siège :
a Asseyez- vous, mon neveu, lui dit -il
d'un air grave, et écoutez-moi attentive-
ment, car je vais vous parler de choses
importantes.
— Je suis à vos ordres, monsieur, ré-
pondit le jeune homme d'une voix pres-
que timide, et qui contractait étrangement
avec le ton dégagé de sa conversation chez
le peintre.
— La mort s'i st appesantie cruellement
sur tous les membres de notre famille, jadis
si florissante. . . reprit le vieillard d'une voix
lente et douloureuse, elle m'a enlevé mes
tr. isfils, et, de tous c ux qui m'étaient
attachés par les liens du sang, il ne me
reste plus d'héritiers que vous et votre
cousine de Boisvilliers, fille unique de feu
ma pauvre sœur, comme vous êtes l'uni-
que enfant, de feu mon frère. J'ai donc
pris la résolution d'unir votre destinée
i celle de ma nièce, afin d'ajouter, aux
biens que je vous laisserai après ma mort,
l'immense fortune des Boisvillien>, et re-
lever ainsi le nom et l'iclat de notre
maison.
— Mon cher oncle, reprit Emile faisant
un effort pour surmonter la crainte extrême
que lui inspirait le marquis, j'aurai l'hon-
neur de vous faire observer que nous ne
nous sommes jamais vus , ma cousine et
moi, et qu'il pourrait se faire que je
ne loi convinsse pas.
— Votre cousine est bien élevée; sa
mère lui a fait part, avant de mourir., du
projet d'union qu'el'e et mol, nous avions
conçu depuis longtemps, et le moindre désir
de ma sœur sera toujours un ordre pour sa
fille* Ne vous mettez donc point en peine
du consentement de mademoiselle de
.
- 550 —
fioistiUîen; songez seuleiuMit \ fous ren-
dre digne de non affection. Si je «e iwus
ni pas^rlépliisiôidaiortbrinaflt qnîtous
était iiré^ré, c'est que la •oérémonîe du
«ariage ne devant 8*'acc«np]fr-qQ*aprés ia
lîn du denil de ma nîèoe , je n*ai pa» eru
demr iidus distraire de vos éludes ; main-
tenant, ce deoil est fini, llerthitde nous at-
tend, laites donc à la bâte yen préparatifs
de voyage. .. nnns partirons demain matin
|Hmr le cbfttean de BoistiHiein. n
Le jeune homaie avait changé phisienrs
ibis de «onieur en entendant les paroles
de son onde; mais quels qne fussent les
nentments divers qui s'agitaient dans son
Jne, il sortit sans se penasettre de faire
d'autre observation.
ra.
Le lendemain , une chaise de po^e em-
fpnrtaic le marquis et son neveu sur la
rtnite de Tonrs à Poiiiers. Le vieillard,
•rëvoillé plus matin que de coutume et
liercé par les mouvements de hk voiture,
ne taida pas à s'endormir d'un profond
«ommeK , tandis qne le jeune bomme,
pYoïxgë dans ses réflexions, regardait
d'un air disirait K» arbres chargés de
fruits «et la campagne verdoyante qui
s'eilfoyaienl rapidement derrière lui.
« Et ce bai, où cette Mie personne doit
«e trouver ce soir et auquel je n'assis^terai
pas!... se disuit-il. Ab! si ma cousine
vivait le bon esprit de ressembler à ce déli-
xienc portrait qui est res^ gravé dans mon
souvenir l on si , du moins , die ressem-
4)Iait à sa mère I Ha UÉnte de BoîsTilliers
"était, dit-on, aussi remarquable par sa
beauté qne par son esprit. »
Dans ce moment, un tcahot- de la voittfre
éveilla le marqms. Il buma lentement une
prise de tabac, regarda par la portière, *et
dit d'un ton joyeux, qui ne Iji était pas
iiabitiKl':
« Mon Dlenl que cette campagne est
riche et que le ciel est pur aujourd'hui I Si
le temps se maintient ainsi toute la jour-
née, nous aurons Tait un agréaMe voyage.
— Monsiair, dit ÉmHe, encouragé par
la bonne humeur du vieHIard, vous avez
déjii vu ma cousine?
— 'Safis doute, réponffit le* marquis; f ai
fté deux fois Si Boisvilliers pendant tjue
vans voyagiez en Allemagne, avec votre
précepteur; et j'y suis retourné, il y a
un an, au moment de la mort de la corn-
— 'Alors, vous pouvez me faire îe por-
trait de BerthHde.
— Je vous ai dît qu'elle était digne en
tout point du nom que vous allez lui
Offrir.
— Je ne doutepas de «es vertus , mon-
sieur, répfîqua le jeune bomroe, s^enhardia-
sant pen à peu ; mais jesaîs très-préoccupé,
je l'avoue, de savoir si ma cousine est
laide on jolie , blonde ou brune , grande
ou petite.
— Vous le saurez ce soTr. »
Ces paroles furent prononcées d'un ton
qui n'admettait pas de réplique ; le jeune
homme prit le parti de se taire, mais il ne
put de ortme imposer silence à son ima-
"gination.
«Ah! ma cousine est sèche, noire et
gravée de pedte vérole, se disait-il en ron-
geant de dépit le bout de ses gants ; au-
trement , pourquoi mon onde refaseralt-
il de me la dépeindre*?... Peut-être aussi,
ajoota-t-ii, après quelques minutes de
réflexion, l'âge du marquis le rend-itsi in-
différent pour la beauté , qu^ n*a pas
même remarqué les traits de Bertfallde, et
qui sait I ce bon oncle veut peut-6treme
ménager une agréable surprise! »
Ce fut dans ces alternatives de crainte
et d'espérance que. le jeune homme arriva
à Poitiers.
ÏV.
Il ^ait sept heures du soir, brsque la
chaise de poste entra dans la longue allée
de platanes qui conduit au château de
-«gss^-
Dnisiiltiws. k ITappMchede i'tauitfae no-
irair, iaat lot tnirelleséiiiur^n h dita-
'^(iiirabtRMiitBBr l'hoiiEoii, ^ré
erwàina lann du jwn, Ëutila
cam battre nec hrce, il att*-
■z nr les épùses manilles da
ce, oomiiB s'il eM pa mr an
iBt, an c<aifii«iDtiilB du iauct
n, D» jeme pajsan, placé «a
|iril*a «Mise m» lecMtean.el
m femmes ■'aiancèrcM s«r !•-
'om d'rilea éok -vftue de iMÎr
it teMemeni ; i la légèneti avec
Bitre atnwnit Hi-deiast de la
i jagnil facMoMBt qu'^e était
« derait èm Stnhijdfc Sa rabe
lOMMeliM biaflchc, son wife de
I as gré' du reirt; eetenaembls
diaMti le jn»e hovna
vit Mn efaarannle, » fewa-i->l,
t flou ml et «• efceMui, fem-
evarquâ laetttit pied 1 lerre.
je GDJs benren» deTousreffDir,
«Mie , tfit ope voâz doace
■se qoi atlait I rtme; et «dm,
R, Royei lo bienvenu dau ie
! nos aïeux , où jt ton seule,
f Toasrtoewîr... ■
I pencèa Timnent verala jau»
^;8rder Boi visage; mais, tmat
Fcnir de la nihe-cbém «fa'ele
ma c< sae , Benbtide ««Mit de
mwKhmr i ara yaoK, «t avn
mtl'aperceïoir^d'ailleDns, l'ob-
lit déjli deveoiie tre|» grand*
eftt pu dielîtigwr suffisam-
'aits.
rez-fons sur moi, mftn han
t B«rrt)Me, quête vieillard «-
merdaM aesbrai avecnne ten-
t sen nefen □« f avait pas cm
tis <acbeiiiiit(reirt alon lente- ■
le ftiatoan , oft M-" HiAert,
:e do M"* de ftisTiWBrs, Ifls
ms le îaloa.
t J« TSM ai fait allnn
FMréea. comneBseot Ji i
Berihilde en condnisao
va grmd fameolL
B» «a aumeAl, Eoiili
voir, h U lueur des bw
letfBel ii anait di^ fait
diTerfes. Hélas I le dési
vait dire ««mpletl fier
laideoi rare cbez une j
sept au z sa figiEB pAI
cowett« de tacbes de rc
épaîwes laHsaÙBt aperce
vrant an moio'lre sourir
cbea, nuit md rangéei
g rii <é la ttiH a HmWBtéa â
blancs ; ses cfaevetH, d'i
étâent rtlevéscD petitv:
es-4ef9as d'iw routcopi
■aille tnaa^ait ds grice
Iji fmdre laotbée aa
heaac l'aurait Bains .
ensemble di^acieux ; h
BenhiU^ qa'«)la M s
rirapreBatM ddaignéaJUc
pMtdnive aur sim umû
qu'elle éiait de ses devoi
niaiB«o»Cil, qadqws iw
cbe anaonçaot te wap
br<« s«u cekii dn mtrq
daas la Balle ï mangar, o
aileiidsiï les voyageurs.
(( £• «ériié, DU ni<
TDW vt^m m pf u £êe pt
vtnË tous <KE gpAtSt M
mangeant d'un appétit
sait plus depuis longtein[
— Je n'ai point deviné
répaudit Berlbllde, jp ■
iD«U ^e TOn& préfériex.
— Que TM)s éus bt
rvpritle laairquis bkc aS
mon neven, tous ne lût
cet^aceUeMsâlnnude b
— Je craiaa qne moD
soit malade, dit M'^ Ett
— Ce n'est rien, abso
— 552 —
dame, une migraine subite, se bâta-t-ilde
répondre; ne faites pas attention, je tous
prie.»
Les regards de Berihiide s'attachèrent
snr son consin avec une viye sollicitude;
après le repas elle s'approcha de lui, et lui
demanda timidement : « Gomment va votre
migraine, mon consin? »
Celui-ci releva vivement la tête, et ses
yeux , rencontrant le fade visage de
Bl"* de Boisvilliers, il les baissa aussitôt en
balbutiant quelques mots de remerct-
mcnts et d'excuse ; puis il demanda la per-
mission de se retirer.
M"^ Hubert le conduisit dans une pièce
meublée avec une élégante recherche, car
tout avait été prévu par Berthilde pour
rendre sa maison agréable aux hôtes qu'elle
attendait ; mais Emile était trop préoccupé
pour remarquer alors toutes ces attentions;
ce qu*il voulait, surtout, c'était se trouver
seul avec ses pensées, seul avec son déses-
poir.
« J*irai demain trouver mon oncle, se
dit-il, et je lui déclarerai hardiment qu'il
m'est impossible de lui obéir dans cette
circonstance. »
Pendant ce temps, Berthilde accompa-
gnait le vieillard jusqu'à l'appartement
qui lui était préparé, s'assurait par elle-
même qn'il avait sous la main tout ce
qui pouvait lai être utile on agréable, et
allait se renft-r'uer dans sa chambre le
cxBur troublé de crainte et d'espérance,
à ridée de son prochain mariage.
V.
Dès qn'il fut jour, Emile, qui n'avait
pas dormi de la nuit, résolut de mettre
ï exécution son projet de la veille.
o( Mon oncle est-il seul? demanda-t-il
au valet de chambre.
— - Monsieur le marquis Ift son journal,
tout ravi de l'attention que ^Mademoiselle a
eue de le faire venir ici, où il ne s'atten-
dait pas à le trouver. i>
Le moment est favorable , pensa le
jeune homme; mais, prêt à franchir le
seuil de la porte, il sentit son courage
faiblir. Emile de Yermorand avait été
élevé dans de tels sentiments de crainte
et de respect pour le parent généreux,
mais sévère, qui l'avait recueilli dès l'en-
fance, que, sur le point de déclarer la
résolution qu'il avait prise de ne pas
épouser M"* de Boisvilliers, il n'eut plus
la force d'affronter l'iodignation du mar-
quis et se retira honteux de sa timidité, et
mécontent de lui-même et des antres.
Gomme il traversait le vestibule pour
aller respirer l'air dans le parc, il fut tout
étonné d'y rencontrer la jeune maîtresse
de la maison, entourée de plusieurs peti-
tes paysannes qui recevaient d'elle du paia,
des médicaments et des vêtements. A la
vue de sa cousine, dont le négligé, quelque
propre qu'il fût, n'augmentait point les
charmes, Emile sentit redoubler sa mau-
v.iL«e humeur; il accusait injustement h
|)auvre ûlle du chagrin qu'il éprouvait, et
se disposait même à l'éviter lorsque s'avait-
çant à sa rencontre, elle lui dit d'une voix
affectueuse : « Gomment vous trouvez-
vous ce matin?
— Je souffre beaucoup, répondit-il avec
brusqueiie, mais ne vous occupex -point
de moi... le grand air me fera du bien. •
Et il s'éloigna précipitamment.
« Monsieur le comte est certainement un
beau cavalier, mais pour un fiancé, il se
montre peu aimable, dit la vieille gouver-
nante, qui venait d'entrer.
— U est souffrant , » répondit Ber-
thilde avec indulgence.
Quand rheure du déjeuner fut venue,
et que le marquis, s'apercevant à son tour
de l'humeur maussade du jeune homme,
lui en témmgna à haute voix son mécon-
ttntement, mademoiselle dvf Boisvilliers prit
la défense de son cousin, avec une bonté
charmante, assurant que b migraine fai-
sait tellement souffrir, qu'elle s'étonnait
qu'il eût eu le courage de quitter son lit.
ij^"
— 553 —
« Allons I il ne me manquait plus qoe '
d'être excaaê par elle, après avoir été
grondé comme nn enrant par mon onde, »
se dit Emile avec dépit
Pour chercher nne contenance, il s'ap-
procha d'nn chevalet tout dressé dans un
coin du salon. '
« Vous vous occupez de peinture, made-
moiselle? dit-il i Berthilde.
•^ Oui, mon cousin ; je sais que vous
aimez beaucoup cet art, et, s*il vous était
agréable de peindre quelque paysage, je
vous indiquerais des sites délicieux dans les
environs du château.
— Le paysage est un genre qui ne me
platt pas, répondit-il froidement, je ne
m'occupe que du portrait; j'ai déj) copié
plusieurs tètes de femme, de jolies femmes,
bien entendu, car je ne puis aimer que
celles-là ; la beauté est è mes yei'JL le plus
grand de tous les avantages. »
Une rongeur subite colora les joues de
la jeune fill«^, et d*unevmxr itérée elle dit,
en baissant les yeux : « l^e» portraits de
nos aïeules se trouvent ^<ans la bibliothè-
que ; vous les verrez avec plaisir, mon
cousin , car il y en a de diarmantes » .
Cette inaltérable douceur désarma Emile;
il eat honte de sa cruauté.
« Après tout , se dit-il, ce n'est pas sa
faute, si elle est laide. »
Et, soit pitié, soit repentir, il se montra
plus affable ; mais le mal était fait. Ber-
thilde souffrait à la fois dans sa légitime
alTection et dans son amour- propre; et
quand le soir fut venu , que la pauvre
enfant se trouva libre de se retirer dans
sa cha nbre, elle en ferma la porte avec
soin, et se plaçant devant sa glace : « Hélasl
dit-elle avec découragement, si mon cou-
sin ne peut aimer qu'une jolie feume , il
n'aura jamais d'affection pour moi I »
Des larmes amères s'échappèrent de ses
yeux , puis elle tomba à genoux et s'écria
du fond du cœur :
■ Mon Dieu ! vous savez que c'était pour
obéir au dernier vœu de ma mère que je
désirais ce mariage, et sans connaître
mon cousin, je m'étais si fort habituée à
le regarder comme mon fiancé devant
vous, que mon cœur saigne à la seule
idée de renoncer à lot; cependant , ô mon
Dieu I s'il devait être malheureux auprès
de moi, brisez vous-même un engagement
que je n'aurais peut-être plus le courage
de rompre. »
Pendant qu'elle. continuait de prier, un
bruit étrange, à cette heure avancée, trou-
bla le silence de la nuit Berthilde prêta l'o-
reille, c'étaient les pas de plusieurs chevaux
galopant dans la grande allée ; elle re-
garda à travers les vitres, et vit des armes
briller à la clarté de la lune. Mademoiselle
de Boisviliiers sonna ses gens ; mais avant
qu'ils fussent en eut de paraître devant
leur maîtresse, on frappait rudement à la
porte principale.
« Qui demandez-vous ? dit Berthilde en
ouvrant sa fenêtre.
— M. Émiltf de Yermorand I lui répondit
une voix. Nous lui apportons un ordre de
l'empereur.
— Mon Dieu I que signifie tout cela 7
s'écria-telle très -alarmée en s'élançant
dans le corridor où les domestiques arri-
vaient de toutes parts. .
— Je vais en avoir Texplication , ma
cousine , dit Émi!e , qui venait de paraître
à la porte de sa chambre ; attendez-moi
ici, de grâce. »
Quelques moments après , il remontait
les yeux pétillants d'une joie qu'il ne cher-
chait pas à dissimuler.
« C'est un brevet de garde-d'honneur
qui m'arrive, dit-il ; il me faut partir à
l'instant même, »
Berthilde jeta un cri de douleur.
« M*y a-t-il aucun moyen de vous iaire
remplacer? s'écria-t-elle; un cou.*in est
presque un frère , et toute ma fortune est
à votre disposition.
— Vous l'avouerai-jeî répondit Emile, il
m'en coûterait beaucoup de perdre cette
occasion d'acquérhr quelque gloire; d'ail-
â
.?€>^n
— 354 —
lenrft nal fte fmt »e sommire an «rdrtt
d6reaifN««eiir; leisBet-moidenciiie renâl%
où mon ifldïMtîMi m'appelle àMnt qae
inoB ëefoif d« Frânçaiis.
-^ Totre iKMPheQr aéra aûmjMnra I« ploa
char éi toas loacs , lui dit-etle aiM èiia^
limi, et aoyez paramdé, WMi eousb, qpi'll
n'est aocuQ aacnfica qan Je ne sois |rdt«
à lai faire.
^ Vont été) M ange, BariMdef » s'è-
cria-t-ilt «t Mia dam se rendiram ctex le
Riftt ne aavraH di^nére le otranrofiT
du ^iettat d contre ce giaiifenieadeiit ifii-
l^èriai qai hii ealcvaft ai inopiaérnent TM-
rhièr de son nom, aoa enfmt d'adoption;
uiaiaiA fallut Mett le laiaser partir... Le
gânle-d'iNiHiieur« afrda avoir fa$< ses adieot
à tofl oncle, salua mademaîselle de ioiftyil'-
liers, et dit en lui baisant la main ! « Croyez,
ina €ei»irt<^, ^de je n^Dilbiîerai jamaifT com-
bien TOUS èx^A bonne.
•^ Moi, Je prierai Dieu poifrTOua tons
If s jours de ma fie. »
lis se séparèrent, Ini joyenx cottitne un
j(june et afdent eoursier Mltré de ses
t'Airafea^ elta le corar bffsé et lea jetfx
pleine de larues^
vr.
Les lendres aoina de Bertkildb adoutirent
pau à peu Taffliction do mar<tuia« et lui
devinrent si indispensables, qu'après un
s/^jonr de q<iielqneB raeia au cbftleao de
BoisviUi^rs « le vieillard la pria de le suivre
à Tours , où ses affaires la rappelaient. Ce
ne fut point saiia une vive dduienr qù^BMe
quitta ce vieut nanair où tiHe amt long-
temps \ècu beureuse auprès de sa mère
chérie , dont iea restes BMriela reposaieit
dans la cëapalle; nais «ttesâcfillai sans
baiancef, loua ees gèûts de rt iraitOf k la
pensée d'éti^ulîla et agréaUe>k son oncle>
qui lui confia le soin de sa iHaissa.
CepènAaiit de Aedvèaan dM^Hns atten-
daiaol la jènse fille dana té monde «ù le
maniais voulut abaohinmit topKlsMler; j
sa laideur éMgnait d'eUe tons iea jeunes
gans, «1 ia première fois ^'eUe parut ai
baU il Mlut que lajnalmsse éa la n»îson
lui cherchât des danaautfs.
« Mon biea 1 qs'il est èir d'être dé-
labsèa-de la aertel » se dil^rileiveo tris-
tesse, quand elle fut de retour dans ssk
appartement. BHe se déInrraBBa à la hâte
de la brillante parUre qnt son onde avait
ciMiaieteHmêae, et se prastarnana devant
son lûmcifix I elle s'ârria :
« AteD Déen 1 qui avet pennia qiae je
sBUhse«esh«miliatiotts, ftâtes^mî In grâce
d'être si bonne pour isos âetK qui m'ap*
praehe&t, ipM je parvienne â m'en faire
aimer, malgré ma laideur. »
En parlant de ia sorte, Berthilde pensait
surtant à smi cousin » donc le Hi^an nvaii
été déjà cité plosieufs fois avee éloge dans
les bullatinade la Grande* Armée*
Le vœu de madeoaoisellis de Bols^illiem
fat exaucé en panîe, car elle se montra ai
bienveillanlie envers iea natives feincnest si
atmableetsi indulgente povrteut le monde,
qu'elle devint cbère snit amis de son^inela,
et qu'aa boat de qnelqaes mois , m répii-
utlon d'esprit et de bonté ^ak si soNde*
ment établie^ qtie personne n'eâs esé f e
permettre la plus i^re plaisanterie sur sa
fignfn oa sur sa taiMa. Ce snetès mérité
releva le courage de la fMwre enfiiat.
« Poor^néi mon fiancé ne m*aimerail<4i
pasanssi^ qnand Je loi anrsi donné des.
pnBaves deaenâreBi« « de détwoemena? »
se dit-ette. et dans cet espeîr d'teoomplîr
un ^mt la demière fnlonai de sa mère,
ettt travaiMfeit avec con^anoe à aeqaérir
de mniftanot talanas ot à pcafeciioaner ses
Emile qui s'était oondolt en brave, et
avait heufflusemeftc éoltappé à tons iea
périls de la guerre, éciivit à Son ande me
let»e, datée de Pars» où NafK)léon venait
de nadirer. Le marcfuis At amaitèt des dé^
marches, parvint à obtenir, feor le garder
d'iMHsnaifr, nn n>irgé de detit tDo's> et Ini
otdonna de veaér snr-le^cliamp, mariant
'?"5
'^'.^1
I
.^
'3
ipcûfiter de ce temps de vepo^alki de réa- 1 elL, s'approebanl des cîerges fimèbMS que
liser le pbis cher àe ses vœux. BecUàHde,
idoucemeat émue, quoique fort ioquièie,
attendait sou cousin , lorsqu'on joitr le
laarqais enti» chiez elle dans un état d*ir-
ritatioii diffii:ile k dâcrktf. Ses membres
éimnt agiles d*aa moiivemest nervtuz,
ii'froiâSAit ci»avutaiv«inent ej^tre^es mains
une (lettre ,(|tt 'ii MùsiL de recevoir»
«uLe 4iiiséo«Ue I «\écrîa*l-t), ma <dre
manqua à ma j^amlfu. mA résister de la
Le vieillard n*en put idm idamniag e,
son visage s'empourpra» ses feus «devin-
ceB(t fi^es «t hagarib,.. il itomba firaiipé
<l'apeplexie.
VII.
Une abondante saîgDëe, des soéosântel-
ligetts et assidas ranimèrent le marquis.
Son regard erna d'ahord q«elqo€ rtemps,
JacertalA, tout auleor de «iobambr«, pois
reconnaissant Bertliilde : n C'est fVQS, ana
ifiUel Mdât-il, tous 6les toujours là comme
mon Jbon «lie-; so}iez bénie pour tousses
st^ius que j'at r^^çiis de toos, pour toutes
les joies fdoat imis^aieziembeUi meeder-
Mères ftOBées.4^ntàiiMiinev€u*.... »
La jeuiie ûle voidflit répoadre.
« Les momeots sofll ipvécieux, >âit le
malade «n l*inteiiroai(>aDt ; ^voiei kcMide
moA (««créuire, il reoferaae ttoa testa-
•aaintyidoivt je veux queJ¥G«s preuasz con-
Missance ausaîlât que j'amiai oeisé de
vivre; maintenant, faites appeler mon
ooniisttCMir, car je u'ii pas de temps à per-
dre. »
Quelques Inmres plus tard, le marquis
4e ¥G»i»oiMd, Atteifti d'une nouvelle et-
iaqu^« •ei|»ii:Mt doucamest entre les bras
de 4» ûlled'adoptioB.
BertUde, t<iiile*en krtttfi, voulut «Ile-
jnêoie lui lecmer les yeux ; et» comme elle
lui reodAîtfOe dentier devoir, eHe aperçut
eur le Ut, la lettre qui «vart «i fort exoité
h cMte àa vîeiUafd. La jeuae fille sen
empara, recouont l'écrituf e de son cousin,
madame Hubert venait d'aUiuiKer, 4db<lut
ce qui suit :
« Mon cher oncle,
» Pardonnez-moi de résister à vos or-
dres ; j'estime ma cousine de Botsvilliers,
mais je ne «aurais TaHiier, tntt je fa trouve
dépourvue de beauté «et de grâce, (l'avais
voulu vousie dire dès le premier jour que
je la vis; ie courage me manqua, je re-
doutais de vous déphire; en réOécbfssant
a«jourd%«i qu'il me 'serait Impossible de
la rendre heureuse, et que, d'ailleurs, son
immense fortune et ses vertoslui feront
trouver sans peine un meri digne de sou
altiaBce et de la ii5lp>e, j'éprouve muins de
regrets à rompre un eogagemevt auquel
ma bottolie et mon cieur sont restés étran-
ges-»
t Mon Dieu I que votre volonté soit
faite! r> dit la jeune fifle, en donnaiit un
libre oounil «es «lannes.
Pais, oe rappelant ausshAt les derniers
«rdres de son onele , etle ouvrit le secré-
taire, en tira un testament qu'«4le lut tout
hanl, et dont vm«i la pi^incipiile disposition :
« ie lègue tous mes biens, par portions
égales, à mon neveu ut à ma nièce, mes
héritiers naturels , à la oondilion expresse
•qu'avant la fia de fannée ll»s'uaieont en-
eamble par les b»ns du mariage ; «t si
moo neveu reteaft 4e se soumettre k cette
clause, ma fortune «ppartieodroit tout en-
tière h ma nièce bien^atmée. »
a Pauvre oher^on<del dit la Juuutt fllle
en •déposant un dermer bain»r sur la
iroide maîu du cadavre, votre affection
ponr moi ne uTefliaoera jamais de mon
«ouvenk. »
Alors, s'ttpprocbattt d^n dierge, elle
bvûla le testament
« Qye faites «vous! i^écria madame
Hubert
— Je suis l'inspirMion de «ion cœur,
répondit-«Me €n adiyant la flamme , et
je suis sûre qne, du haut du ciei, mon
oncle, en ce moment, m'approuve. »
l. 3)
mm
'•*•%-*.
— 556
Pais, s'agenooillant au pied du lit fflor-
taaire, elle passa la nuit à prier.
VIII.
Trois ans plas tard, par une nuit da
mois de juin 1815, deux braves, échap-
pés aux désastres de Waterloo, se traînaient
péniblement dans les seotiers d*un bois.
. » Capitaine! il m'est impossible d'aller
plus loin y dit Tun d'eux en s'asseyant au
pied d'un chêne ; et les cosaques^ la fatigue
ou la faim devraient-ils me tuer celte nuit .. .
je ne peux aller plus loin.
— Allons, Antoine, du courage, répon-
dit le capitaine, qui portait un bras en
écharpe et dont la tête était entourée
d'un mouchoir ensanglanté, marchons en-
core. . . nous devons approcher du château. »
Mais, pendant qu'il parlait, ses forces le
trahissant, il tomba évanoui.
a Au secours ! mon capitaine se meurt! •
s'écria le soldat, qui se relevait à demi
et s'affaissa de nouveau, épuisé par ce der-
nier effort.
Cependant deux bûcherons , qui se
rendaient à leur travail matinal, entendi-
rent les cris et accoururent en toute hâte.
a Ces hommes sont blessés et bien ma-
lades, dit l'un d'eux en les examinant
avec attention; ce que nous avons de
mieux à faire, c'est de les porter chez la
bonne datne. Amène la charrette, mon
garçon, et mettons- nous en route, car
nous avons du chemin à faire. »
Lorsque l'officier blessé reprit l'usage
de ses sens, sa tête et son bras étaient pan-
sés avec soin, ses membres endoloris re-
posaient dans un lit bien propre, et une
femme d'un âge mûr, portant le costume
des religieuses hospit jlières , lui faisait
avaler quelques gouttes de bouillon.
a Où suis-je? balbatia-i-il d'une voix
à peine intelligible.
— Dans une maison où vous ne man-
querez pas de soins , répondit sa garde-
malade.
— Et mon soldat? demanda le capitaine,
cherchant à regarder autour de lui.
— Il dort dans ce lit; mai& tenez-vuoB
tranquille et gardez le silence. »
Le capitaine obéit d*autant plus aisé-
ment que ses forces ne lui permettaient
pas d'en dire davantage; et, le bien être
qu'il éprouvait lui venant en aide, il s'en-
dormit de nouveau. Durant ce sommeil il
lui sembla voir une vieille dame reposer
près de lui dans un fantenil et une jeune
fille prier à genoux au pied de son lit ;
il se trouvait dans une pièce, aussi propre
que simplement meublée, contenant plu-
sieurs lits entourés de rideaux blancs.
« Comment suis-je donc arrivé dans cet
hôpital 7 • se disait-il , essayant de recueil-
lir ses souvenirs.. . il ne s*éveilla que le len-
demain au grand jour.
« Eh bien I capitaine, comment ça ¥a-
t-il maintenant? lui dit Antoine.
— Beaucoup mieux, et toi-même, mon
garçon ?
— Oh I moi , répondit-il en se mettant
sur son séant, je suis comme qui dirait
hors de danger ; j'ai bu, mangé et dormi ;
et, comme je n'étais malade que de soif,
de faim et de fatigue, le traitement a réassi
à merveille ; si bien que je suis tout prêt
à doubler la dose; mais parlons de tos
blessures, j'espère que l'on ne sera pas
obligé de vous couper le bras comme le
chirurgien le voulait hier au soin Mille
bombes! ce serait dommage, un bel offi-
cier comme vous ?
— Que dis-tu ? s'écria le capitaine avec
un certain effroi.
— Je dis que le chirurgien voulait vous
couper le bras, donnant pour ses raisons
qu*ii fallait savoir sacrifier un membre afin
de conserver Its autres ; les \ieiiles Sœurs
disaient romme lui, mais la jeune a assuré
qu'elle saurait bien vous guérir sans cela ;
puis elle vous a pansé si gentiment que
j c'était plaisir à voir ; et, tenez, la voiU qui
; vient vers vous, ajouta-t-il en posant sur
l son front le revers de sa main droite.
— 557
— Ea croîrai-je mes yeux! s'écria le
capitaine , qui n'était autre qu*Émile de
Yermorand ; il venait de reconnaître
mademoiselle de Boisvilliers d^ns la jeune
garde-malade qui Tavait veillé toute la
nuit; TOUS ici, ma cousine? dans un hô-
pital
— Non, monsieur, répondit madame
Hubert, qui entrait en ce moment, c'est
rhôpital qui est chez mademoiselle.
— Qu*est-ceque cela signiQe? demanda
le capitaine.
— Itfon Dieu! rien que de bien simple,
répondit Berihilde timidement; je tâche
d'employer le temps et la fortune, dont
j*ai de reste, à être utile aux pauvres gens
de ce pays ; deux bonnes sœurs hospila -
lières veulent bien m'aider dans cette tâ-
che, et nous avons consacré une aile de ce
vaste manoir à servir d*école aux petits
enfants du village et d'hôpital aux malades.
Je rends grâce à la Providence qui a ins-
piré aux bûcVetons, lorsque vous étiez
évanoui dans le bois , l'idée c-e vous
transporter dans le château de notre cher
oncle.
— Âh I ma cousine, comment vous ex-
primer ma reconnaissance?
— En me laissant vous soigner de mon
mieux, dit-elle avec un doux sourire; j'ai
promis au docteur de vous guérir, et vous
ne voudriez pas me faire manquer à ma
parole. »
Pendant un mois entier, Berthilde, ai-
dée des bonnes sœurs, pansa les blessures
de son cousin avec une adresse qui eût
fait honneur au chirurgien le plus habile.
Au bout de ce temps, le malade put être
transporté au pavillon du jardin, dans le-
quel se trouvait un apparteiuent complet,
qoi avait été restauré avec beaucoup de
luxe; Antoine, fidèlement attaché au scr-
Yice de son capitaine, l'avait suivi; et
fierthilde, toujours bonne et douce, cher-
chait à le distraire en causant avec lui et
en lui faisant de temps à autre des lectures
intéressantes.
DIX-NLLVlèMR ANNÉE, \* SÉRIE. ~ K» XI.
Vers ce temps , on apprit au château la
seconde abdication de Napoléon et le li-
cenciement de l'armée impériale; cette
circonstance rei)daità M. de Yermorand sa
liberté. Dès qu'il fut en état de marcher,
il voulut visiter eu détail les fondations
charitables de sa cousine; l'école où les
sœars enseignaient le catéchisme, la lec-
ture et l'écriture, à tous les infants du
village ; Touvroir où elles montraient aux
petites filles â coudre et à tricoter ; l'hos-
pice où deux ou trois vieillards sans fa-
mille avaient dôjà reçu leurs invalides; les
salles où les malades étaient soignés ; et
Berthilde tnuvait un grand plaisir àvour
son cou>in approuver vivement tout ce
qu'elle avait établi. Lorsqu'elle parut dans
la cour où les enfants prenaient alors leurs
ébats, tous se précipitèrent à sa rencouire
eu l'appelant la Bonne Dame, c'était à qui
eu obtiendrait un sjurire ou parviendrait
à lui baiser la main.
« Comme on vous aime ici! lui dit le
capitaine en la regardant avec intérêt.
— Oui, répondit Berthilde tout émue ;
aussi suis -je bien heureuse.
— Ainsi, vous ne désirez pas d'autre
bonheur?
— Non, dit-elle, car je n'aime point le
monde et je ne veux plus me marier.
— Parlez vous sérieusement, ma cou-
sine 7
— Très - sérieusement , répondit - elle ;
voilà déjà plusieurs années que je pense de
la sorte.
Le capitaine dtvint pensif, mais la jeune
ûUe ne s'en aperçut |as, occupée qu'elle
était à distribuer des livres et des images
aux enfants qui s'étaient le mieux conduits
dans le cours de la semaine; puis, dans la
crainte qu'il ne se fatiguât trop cejour-lâ,
file prit le bras de son cousin et le recon-
duisit jusqu'à la porte de son pavillon.
Le tempi de la convalescence s'écoula
dans une douce iutiuiité; un mois se passa
encor<* s:ins que le capitaine parlât de son
dépars M. Gautier, le vieil intendant de
cW'^
'< ?
^M
i^l^
— 538 —
la famille, qui, depuis la mort du oiar- mademoiselle ne veuille point se marier!
quis, n*avait point quitté mademoiselle répliqua madame Hubert.
de BoisTlIliers et lui servait, pour ainsi
dire, de tuteur, commença à trouver
étrange ce séjour prolongé; et, d'accord
-avec madame Hubert, il alla trouver le
}eeme homme pour lui dire que , quoiqu'il
convenances ne lui permettaient guère de
rester plus longtemps chez mademoiselle
<Ie Boisvilfiers.
« Est- ce de la part de ma cousine que
tous me donnez cet avis? demanda-t-il en
changeant de couleur.
— Non, monsieur le capitaine ; c^estmoa
attactiement pour mademoiselle qui m'a
fait incraH son mettre ces réflexions que je
vous prie de ne point prendre en mauvaise
part
— J'approuve votre zèle, monsieur^ ré-
pondit le jeune homme , et je ferai dès
aujourd'hui mes préparatib de départ;
mais je veux auparavant avoir un entretien
avec ma cousine.
— Vous la trouverez dans son atelier de
peinture avec madame Hubert, » dit Tin*
ten>ifinr, t[ut s^inclina et sortit.
Le capitaine s'y rendit aussitôt.
« Ma cousine , dit-il d'une toIx émue,
je viens "vous fdiro mes adieux.
— Qboi, vous partez l s'écria-t-elle en
pâlissant.
— Il le Tant bien , répondit-il avec un
«oupir.
— Et où allez-vous î
— *]t9i ttalîe, en Allemagne. .. que sais-
je? Pcn m'importe l'endroit, puis^tie je ne
puis rester auprès de 'voas, et que je serai
égalemem mftiuearevx partout où vons ne
serez pas.
— Que dKes^ vous T reprit-elle en rou-
gissant.
— Je dis que je tous aime de toute
mon Ime, et que je suis an détespoir de la
résolution que vous avez prise de ne point
vous marier.
— Où prenez-Yous, s'il vous plaît, que
— Hélas ! répondit-il, ma cousine elle-
même me l'a répété plusieurs fuis, et je
sais bien qu^elle a refusé les plus brlUants
partis de la province.
— C'est que j'avais promis à ma mère
n^abitât pas précisément le château , les mourante de n'avoir d'autre époux que
celui qu^elle m'avait choisi dès l'eof «nce;
etje lui tiendrai parole, répondit Berthîlde
en baissant les yeux.
— Que veulent dire ces motst ^'écria le
capitaine transporté de joie; ODnsentiriez-
vous à devenir ma femme ?
— Si ma figure ne vous fait plus pem>
dit Berlhiide avec un triste sourire.
— Ah I quelle injure , ma chère Ber-
thîlde!... Puis il ajouta, après un instant
de réflexion : Je ne veux rien vous cacher,
ma cousine; j'avoue, à ma boute, qu'il fut
un temps où je ne vous trouvais rien
moins que jolie ; mais vous avez tellement
embelli depuis lors qu'aucune femme ne
me parah plus charmante que vous.
— 'Vous vous tron)pez, monsieur le ca-
pitaine, dit madame Hubert, naademoiselle
n'a pas embelli , mais c'est que vous la
connaissez maintenant, et tous ceux qui
la connaissent ne peuvent s'empêcher de
l'aimer. »
IX.
Tf ok> semaines plus tard, le dernier rotn
de la comtesse de Boisvilliers et de son
noble frère se trouvait accompli. Ce ne
fut que plusieurs mois après que le capi-
taine qui prit dès lors le titre de marquis
de Vermorand, apprit de madame Hdbert
avec quelle générosité mademoiselle de
Boisvilliers avait brûlé le testament de son
oncle, qui la faisait seule héritière au pré-
judice de son cousin, et cela au moment
même où elle venait d'apprendre qu'il re-
fusait de l'épouser. fAm déjà ri m ne pou-
vait ajouter à l'admiration ei à la tendresse
^i^t
— ^5t ~
qne le jenne mari ressentait pour son ai-
mable femme, et se$ sentiments, fondés sur
l'estime et le charme de la vertu, ne s'affai-
blirent jamais.
Bertbilde eut plasienni beaux enfants
qu'elle éleva avec swn , el qui l'entourent
encore de reopect el d'amour.
Eugénie D. die la Roghère.
LA TOUSSAINT.
Nous n'avoni point ici de demeure
perminente.
SàJXTPkXïL, Atm Hébreux.
Des lauriers de ses fils quand Rome enorgueillie,
Saluant la victoire en ses murs aecueiHie,
Du Capitole auguste ornait les vieux parvis.
Et pour mieux applaudir, à la fois reine et mère,
L'heureux triomphateur du Partlie ou de Plbère,
Étalait ses trésors, au monde entier ravis ;
Quelle fête éclatante et quel prix pour la gloire !
Le vainqueur dominait, de son char de victoire,
Ses vaillants compagnons, aux I^elliqueux refrains;
Les aigles s'inclinaient, de lauriers couronnées,
Et les rois, ses vaincus, fronts nus, mains enchaînées,
A sa suite traînaient leur honte et leurs chagriss.
Les Romains retenus sur un lointain rivage^
Dans la Scythie inculte ou la Gaule sauvage.
Pour ce superbe espoir affrontaient le péril;
Ils saluaient, joyeux, ces fêtes solennelles,
Le repos succédant aux guerres éterncUen,
Le triomphe an labeur, la patrie à l'exil !
Gomme ces fils de Rome antique,
Notre vie est un long combat.
Mais dans le sein le plus stoïque.
Parfois l'âme tribte s'abat
Pourtant, il est un jour suprême,
Il est un brillant diadème
Pour le front des victorieux ;
iprès tant de luttes fatales.
Il est des pompes triomphales,
Il e^t des repos glorieux.
— 540 —
Oui, notre loi noas les révèle.
Ces jours d'immortelles spleodeurs,
Dont l'image sainte et fidèle
Guide au but nos pas voyageurs.
Ob ! quelles pléiades briUdntesI
Nuit, moins d'étoiles scintillantes
Brodent tes Toiles azurés t
O mer I moins de vagues plaintives
Tiennent, amantes de tes rives.
Mourir sur les sables dorés I
Je vous connais, je vous salue.
Troupes de bienbeureux esprits.
Milice par le Christ élue.
Hommes par la terre proscrits.
Vous guidez cette sainte armée.
Vous, rois-pasteurs de lldumée,
Et vous, propbète du Carmel,
David, votre harpe sublime,
Conduit dans la sainte Siilvme
Le chœur des Anciens d'Israël.
Tous que Dieu tira de la fange.
Et qu'il éleva sur les rois,
Hérauts du Christ, sainte phalange,
Échos d'une céleste voix,
C'est donc vous, humbles pêcheurs d'hommes!
Vous possédez ces purs royaumes
Payés du sang de votre Ami :
C'est Pierre, aux larmes repentante^*,
Paul, aux paroles éclaUntes,
Jean, au cœur du Maître, endormi t
C'est vous aussi, tribus vaillantes,
Qui dans le sang pur de l'Agneau,
Lavez vos robes triomphantes
Qu'à teint le glaive du bourreau I
Vous avez du Dieu véritable
Confessé le nom redoutable
Jusque sous le fer des licteurs;
Et le rayon de votre joie
Maintenant terrasse et foudroie
Le front de vos persécuteurs 1
4"/»*^
■^!^
— 541 —
Quelle splendenr tous environne
Tous que tout cachait ici-bas I
Fils des déserts! qoelle couronne
Esl le prix de vos longs combats I
Purs époux de la solitude »
Votre vie était un prélude
Des hymnes du divin séjour,
Maintenant, votre âme ravie.
Aux sources profondes de vie
S'abreuve d'extase et d'amour!
Au monde dérobant vos traces,
Beaux lis du jardin de l'Époux,
Vous avez vu fleurir vos grâces
Aux seuls regards du Dieu jaloux ;
Du Verbe, fidèles amantes,
De l'indigent humbles servantes,
Vous jetiez à Téternité,
Gomme autant de célestes gages,
Vos vertus, terrestres langages
De l'immortelle charité 1
m
Travaux, tourments, comme un vain songe,
Ont disparu devant vos yeux;
Et votre âme à jamais se plonge
Dans les secrets profonds des citux !
Plus d'énigmes, de voiles sombres !
La Foi, lumière de nos ombres,
Fait place aux saintes visions;
L'espérance même assouvie
Ne laisse en votre âme ravie
Que joie et qu'adorations!. ..
Mais nous, assis aux bords des fleuves
De ce lieu de bannissement,
Nous qui parfoi.<«, sous les épreuves,
Plions en notre abattement,
Pour affermir notre courage,
Levons les yeux : un doux mirage
Nous offre des soleils meUlcurs ;
Soldats, combattons pour la palme I
Passants, il est un lieu de calme...
Bannis, la patrie est ailleurs 1...
M""* EVELINE DE RiBBECOUBT.
-^ 5W —
ÉNIGME GÉOGRAPHIQUE.
Quelle est la Yîlle de France qui fil par-
tie de la rançon d*un roi captif, qui porte
dans ses armes le témoignage de sa fidélité
3i ce roi et à ses successeurs, et qui fut
téniots d» Tœa sDleoMl par lequel la
Fraws ett «omnréeà la Sainte- Vierge?
MÉLANGES.
AIGDIL1E9.
Vous avez sans doute remarqué, mesde-
moiselles, que les merciers prennent sou-
vent pour enseigne un F. Voici l'origine
de cet usage :
Nos ancêtres portaient un vêtement
qu'ils nommaient tine grègue; plus tard
ce mot fnt employé au pluriel, car Ha
Fontaine nous dit dans la fable intitulée :
Le Coq et le Renard.
le galant aussitôt
Tire set grègues gagne au haut.
Mal content de son stratagème,
Et notre vieux coq, en soi-même,
Se mit à rire de sa peur :
Car c'est double plaisir de tromper un trompeur.
Plus tard encore les grègues furent rea>-
placées par les hauts de chausses, puis par
le vêtement porté de nos jours. La grègue
avait la longueur de la toge que portaient
les Romains, elîc devait beaucoup gêner la
marche ; aussi les Gaulois la relevaieat-ib
par le moyen d'un ruban de soie; les riches
pouvaient se procurer ces lie-grigues^
mais les pauvres se servaient simplement
de petites pointes d'acier poli, très-aîguës,
que plus tard on nomma aiguilles. Ce fut
donc à bon droit que les marchands mer-
ciers prirent pour enseigne : A lie-grègue.
Sans doute, un peintre qui ne connaissait
pas l'origine de ce mot, crut bien faire en
mettant i Vi-grec, plus tard, un autre,
crut mieux faire encore, en mettant à
l'y. Gomme le mercier y gagnait quelques
lettres et ne perdait pas ses pratiques, voilà
pourquoi vous achetez maintenant des ai-
guilles à Vy, f)n donne ce nom à celles
dent l« tête est frèsKnrverte et dont l'acier
e.«t très-fleiifale. Ce soat les plus renom-
mées, elles surpassent pour la forme et
pour Ifr qualité les aiguilles anglaises.
Lorsque la tête d'une aiguille coupe le
fil, il fcvt la passer \ la imime d'une bou-
gie, ce qui la bvonie «t f émousse.
Pvnr déroaiBer les »gmlle<), on les pose
€Kfivedeux fi^oittes de pafùer de verre et on
frotte ce papier sur Ir^ aiguilles.
Il est et la fdns grande imprudence de
Mnir entre aes lèvres des aiguilles et des
épîngiefi; il en peutrésuher de graves ac-
cidents, et souvent la mort. Quand les ai-
gniies iw sent pas descendues bien bas
dans Tcesophage, les doigis sufGsent pour
le» en retirer; mais ce cas est rare; or-
dinairement on emploie des éponges, des
pinces, des crochets de ûl d'archal que
Ton a grand soin de tenir solidement ; ou
bien on fait av»ler à la personne impru-
dente un morceau de viande durcie, auquel
on a attaché un (ont de fli, aGn de pouvoir
le reth*er lorsque raîgmtle«'y est enfoncée.
Ci."- -J^
.>^K53
— 345 —
Écoiiomie Domestique
SALMIS DE BÉCASSES ET DE PERDREAUX.
Lorsque deux bécasses ou deux per-
dreaux oui été retirés de la broche, on «n
sépare les ailes, les cuisses, restotnac ; on
hache les têtes» les croupions, tes car-
misses et riaiérieiir dtss corps ; on net le
tout dans «ne cassent, on le êâi booîilir
à petit fett ()eftdaBt mn ^urt 4'heare a? ec
quatre échakitcs h2€hées,'iia vcrrede Tin
blaiic, un vetre de boinUon, sel, 'poivre,
une gousse d'ail, dn bearre gros comme
une noix; puis on |MBse le tout à travers
une passoire posée sur une autre cassemle
dans laquelle on a placé les morceaux des.
bécasses ou des perdreaux. On met mqo-
ier le tout ua quart d'heure sur an ieu
do(iX. Pendant ce temps on taille autant
de minces tranches de pain qu'il y a de
morceaux de hécasse ou de perdreau, on
fait griller ces tranches sur le gril, on
eoape mi citron en tranches minces que
Ton pose sur les bords d*utt plat, on place
dans ce plat chaque tranche de pain, sur
bqueNe on met un morcvan de bécasse
ou de perJneau, on jette la sauce par-des-
BUS, et au moment de senrhr on Tarrose de
deux cuillerées d*huile.
GBLÉ£ DE POMME&
Prenet SO belles pommes de raoette,
bien mûres. Pelez-les, ooapez-ies en huit
quartiers, Otcz^en les pépins; jetez ces
quartiers à meswe dans Teau iratcbe pour
> qu'iifi^ne se noircissent pas ; relirez -les pour
les mettre dans une bassine, avec de nou-
velle eau qui les reoouTre un peu; faites
bouillir, et quand les quartiers s*écrasent,
retirez la bassine du feu. Posée «n grand
tamis sur une terrine, versez les pommes
dans ce tamis, laLssez-enpasser.touile ju5,
sans les presser ; pesez ce jus ; mettez dams
une bassine autant de beau sucre concassé
que TOUS avez pesant de jus, ajoutez-y un
MOYEN DE COfiSEEVBR LES FRUITS.
demi-litre d'eau, mettez cette bassine sur
un bon feu, faites cuire cjd sucre au petit
cassé (1), retirez la bassine du feu, versez
dedans le jus des pommes» remuez le tout,
et remettez-le sur le feu, ajoutez-y le jus
de trois citrons, faites lui faire cinq ou
six bouillons , enlevez soigneusement Té-
cume qui surnage; coupez deux écorces
de citran en petits Glets longs d'un
centimètre, larges de 2 millimètres, jetez-
les dans la bassine. Lonque h gciée de
pommes est à la nappe,^c'Bsi'i^^e lors-
qu'elle s'étend sur l*écumoire et reloiibe
en nappe, elle est fidbe.
Un propriétaire près d'Alger, ayant
planté en 18^^ un cep originaire de Bour-
gogne, a récolté cette année une grappe
de raisin pesant S kilogrammes , qu'il a
envoyée au Ministre de la guerre qui l'a
fait exposer chez Chevet, où le public pa«
ri>ien a pu fadmirer pendant trois joursi,
puis elle a été portée à l'Elysée.
Cette grappe a fait ^00 lieues et est
arrivée sans accident ; le moyen que l'on
a employé est celui-ci :
sons le couvercle qu'ensuite on a cloué ;
alors, par dis trous pratiqués de chaque
côté de ce couvercle, on a introduit dans
la boite du sable de mer, Idvé à l'eau fraî-
che, tamisé et séché au soleil.
Ce moyen peut être employé partout et
pour la conservation de tous les fruits,
(1) Pour oonnattre ce degré de cuisson, trem-
pez la queue d'une cuiller de bois dans le suere,
puis d<<ns l'eiU Aroide, prenex ce sucrt, routez-
^__j le sou» vos dofgts, placez-le sous vos deats;
On a attaché la grappe par la queue, ■ s'il casse et s'y attache, il est au pelii cassé.
I
544
mais plus particulièrement des raisins On
pourrait se servir également du sable de
iac ou de rivière, séché au soleil ou dans
un four, et tamisé ; il faut que ces deux
opérations soient faites avec soin. Ce même
sable pourrait servir les années suivantes ;
11 Bufûraii de le faire sécher de nouveau.
POMMADE ROSAT
Cire blanche, 33 grammes.
Huile d'amandes douces, 60 grammes.
Essence de roses, 300 centigrammes.
Essence de cannelle fine, 300 centi-
grammes.
Choisissez un vase verni, mettez dedans
la cire blanche et versez-y l'huile d'a-
mandes» douces. lUetiez &ur le feu une
Comme il ne s'agit plus ici de faire voya-
ger ces fruits, on pourrait, pour les rai-
sins, les étendre dans une grande bo!te,
sur une couche de sable, et les en recou-
vrir ; pour les pommes et les poires, on
emploierait le même moyen, et je crois que
les œufs pourraient se conserver de même.
POUR LES LÈVRES.
casserole pleine d'eau, placez le vase dans
cette casserole ; quand la cire est fondue^
versfz lentement dans ce vase l'une et
l'autre des deux essences, remuez bien ce
mélange avec une spatnle de bois et versez-
le dans de petits pots, ou dans de petites
boites, que vous placerez au frais.
COSMÉTIQUE.
Baume de la M< cque, 6 gouttes.
Sucre, U grammes.
Eau distillée de rose, 160 grammes.
Un jaune d'œuf frais.
Mettez dans un vase le Jaune d'œuf et
le sucre, battez jusqu'à ce que le sucre
peu l'eau de rose ; passez ce mélange à
travers un morceau de flanelle blanche
que vous avez suspendu sur un entonnoir
placé dans une petite bouteille.
Le soir, on trempe un linge dans cette
eau balsamique, on s'en frotte le visage et
soit fondu, ajoutez les gouttes de baume de ; on ne l'essuie pas. Le lendemain matin,
la Mecque, mêlez le tout en versant peu à .' on se lave avec de l'eau pure.
CORRESPONDANCE
Enfin !. .. voilk la Toussaint qui s'avance,
et le foyer qui lui ouvre ses bras. O mon coin
du feu 1 si je t'aime, c'est quepr* s de toi l'on
aime mieux ; il semble que tu sois le soleil
du cœur. Oh ! que ne peux-tu réunir cha-
que soir toutes mes amies absentes I quelle
bonne causerie nous ferions (rès de toi, et
la main dans la main Hélas! j'aurais
beau t'invoquer, elles sont trop loin I
Aussi, pour me consoler, je vais pi nser à
elles, m'occuper d'elles, leur prouver que
j'ai mis toute mon intelligence à leur être
utile, à leur plaire, et mériter qu'elles me
renvoient ma devise : Loin des yeux^ pris
du cœur. ..
Je me mis à lire haut cette tête de lettre^
■\ pour m'assurer si quelques mots ne se
gênaient pas; comme je finis^^als, je sentis
deux petites mains ^e placer sur mes
épaules, et Florence, que je n'avais | as
entendue entrer, me dit d'un ton de
reproche... « Pourquoi sans moi? pour-
quoi me priver du plaisir de faire quelque
chose en commun avec toi? tu sais que
tes amies ^ont devenues un peu les mien-
nes... et c'est maly de nous séparer dais
leur cœur.
— Mon Dieu ! dis-je en me levant et
l'embrassant malgré elle, que tu as l'esprit
mal fait ce matin ! je voulais t'épargner ui
travail...
— Un travail partagé avecune amie est un
plaisir dont tu voulais me priver, méchante 1
Par bonheur je suis arrivée à temps.
— 548 —
— £h bien, dis-je en riant, commen-
çons.
— Toat de suite!... s*écria-t-elie en
s'asseyant à ma place... Ah! mademoi-
selle I vous vouliez vous passer de moi!...
Voyons, diclezl... J'écris.
— Le n* 1 est le quart d'un mouchoir
qui s'exécute en broderie anglaise, formée
d'un point de feston.
— Je te ferai observer que les ronds
seraient mieux au piumetîs.
— Adopté I Le n"* 2 est au<^si le quart
d'un mouchoir qui se brode au plumetis,
et se festonne tout autour; les tortillons,
les feuilltfs couvertes de piqûres» les raisins
se font en points de cordonnet, le milieu des
raisins s'enlève où tu vois ce signe x » on
le remplace par des jours; l3s piqûres des
feuilles se rendent par trois petits points :
deux passés l'un à c5ié de l'autre, et le
troisième, par-dessus les deux premiers :
cela fait comme un grain de sable. Des
autres feuilles, on ne brode au passé que
l'extérieur et l«s côies.
— Voilà un grand travail!... heureuse-
ment le mouchoir est petit
— Le n"* 3 est l'un des côtés d'un porte-
cigares, il se taille en drap, se brode au
crochet, ou en points, de feston, avec un
cordonnet de soie : bleu de France, gros
rouge et orange, ou un ûi d*or. Les pois
rencadremeni et les dessins qui nt; se sui-
vent pas se feront en soie orange on en fil
d or, les autres dessins en bleu et en rouge.
Commence toujours par une des pointes du
milieu de ces dessins. D<ins l'espace vide,
brode en or, en points de chaînette, le
chifl're de la personne à laquelle tu destines
ce porte-cigares. De l'autre côté, tu brode-
ras une espèce de naud formé des deux
feuilles de trèfle que tu réuniras par le pied.
Sur la couture tu feras une rangée de points
de chaînette en fil d'or.
Le n^ U est une dentelle au crochet
Le n* 5 est un dessin de filet carré qui
se bro le en reprises et sert, ajouté à beau-
coup d'autres, à garnir des aubes, des
nappes d'autel, des mauteaux de lit, des
dessus de cheminée et des tapis de table.
Le tout se garnit d'une dentelle en filet,
non brodé.
Le n* 6 est un bouquet formé d'une
rose rouge, d'une rose rose, de ne m* ou-
bliez pas et d'une pensée. Ce bouquet se
sème pour un fauteuil-Voltaire ou pour
un canapé. Il peut faire le milieu d'un ta-
bouret : le fond sera blanc, gris ou cho-
colat.
Le n^ 7 indique les couleurs à employer
pour rendre ce dessin.
— Tu as fait une variante à la phrase
accoutumée. Je te fais mon compliment.
— Je Tacceplel Le n® 8 est un porte-
montre qu'une bonne et douce amie m'a
envoyé d'Alger. Voici comment tu pourras
l'exécuter.
Achète : une feuille de carton du prix
de 15 centimes — du velours de soie
rouge — de la percaline gros bleu — 42
paillettes d'or — du fil d'or — de la
canetille d'or, et une feuille de parchemin.
— Fais cuire» dans un verre d'eau, une
cuillerée d'amidon en grain; quand il est
bien cuit, retire-le, fais-y fondre dix boules
de gomme arabique, passe le tout à travers
un linge et vprse cette colle légère dans un
petit pot à confitures. — Taille fn carton
ce modèle n"^ 8 — taille-!e aus.>i en per-
caline gros bleu, sans laisser de remplis
— trace 6ur le velours rouge, avec un
fii, ce même modèle u* 8 — à partir de
la raie noire qui, dans sa largeur, fait
ombre sur le porte-montre; taille jusqu'au
bas de ce n* 8 un autre morceau de carton
qui formera le gousset dans lequel descen-
dra la montre, pour ressortir par le rond
que tu vois au bas du n* 8 — taille sur ce
gousset un morceau de percaline gros
bleu, sans y hisser de remplis — trace ce
gousset sur le velours. — A présent, avec
un pinceau, couvre de gomme le canon
n* 8 — colle dessus sa percaline bleue
— couvre de gomme le carton du gousset,
I colle dessus sa percaline et laisse sécher. —
D©^
>*
— 54G —
Quand ils aont secs, réunis-les tout autour \
a?ec du fil jaone-arange, en ioiilant k
point que tu y vois.
Prends la feuille de parchemin, dessine
dessus avecuacrayonminje deplomb, Tara-
besqpedu milieu et rencadrement; à partir
du haut jusque après la raie noire qui tra-
Terse le porte->juoiitre dans sa largeur,
c'est-à-dire» plus ba& que la pointe et les
quatre paillettes qui sont aux deux tiers de
ce modMe n° 8, ei coupe ce parchemin, en
y laissant une bande semblable à ceile qni
entoure ce modèle. -- Reprends la Ceuille
de parchemin; dessine, à partir de la raie
noire qui fait ombre, les arabesques, Teo-
cadremeut^ et le rond par où ressort la
montre, ce qui forme le gousset — attache
ces deux dessins de parchemin sur le ve-
lours, brode-les avec le fil d'or, en tra-
versant parchemin et velours — découpe
le parchemin à un millimèire de chaque
côté de la broderie et d'un seul côté du
rond et des encadremet'ts — couds les
paillettes ayec de la canetillc d'or — Déta-
che du métier le morceau de velours, dé-
coupe l'ensemble du porte^moulra n* 8
et le gousset» en suivant le tracé du fil
— couds, avec un Gl d'or, sur le velours
du modèle n*' 8, en imitant c% poÎAt, la
bande de parchemin qui encadre le mo-
dèle, y com^iris la Ininde qui le traverse;
couds de méme^ sur le gou&set^ rencadne-
ment de parchemia — réunis, par un
turjet qni prend le fil. jaune de la dou-
blure et le fil d'or du dessus, le porte-
montre etsoD gousset avec la. doublure, en
ayant soin de renfermer dans le baat uu
fil d'or pour fonner cet annean.
— Yoilk un riche et éié^ani cadeaa
pour étrenfies; mais celle de im>us qui ne
voudrait pas se donner aatani de travail
poacrait se passer de parchemin , et bro-
der a» arabesques en paLUteUes et en sou-
tache d'or; il y aurait^ il est vrai, un vide j
au miMeu de eea deasins^ ce q«à.]eur ôte-
rait ttu peu l'air arabe..» mais pour qui
ne poursait (ake de comparaitwtt...
— C'est une benne idée I Le i^ d est on
brin de crin noir.
Le «° 1(> eal un patBOB de fleur d'a-
voine. Tu as le pot de ooUn qiâ l's servi
pour le portfuiHNitre — on placeen de
10 centimes — une pince à flevv de 50 cen-
tiaaea — une poignée d'asiowe — des crtns
noirs longa comme ceux b* 9« etor 11
— de petits morceaux dt miovs de
soie reuf e eni noire — mie bobine de
.soie plate rouge ott mtk «— da fitd'ar-
chai — Ml attache» sur une table vu mor-
ceau dfi vehàur», tu l'eadai» de ordle à
l'envers — qvand ii est ste, tu tvîlles, je
suppose, 20 pétales de velonrS'aoîr, sur le
modèle n° \ (à; tu pneeds ua grain d'avoine,
avec toa ptncfas, tu Icoonviiesdeoone, tu y
appuie» uft crin noir, èong^onioecc^u» dvi
n"" il. To endoisde gonmelebasdelVa^
vers d'un des pétales de velours, du cd«6
le pluS' large, tu le colles ainsi qu'il est
posé sur le grain d'avoine; en face de ce
pâale tu en colles un autre qui recouvre
du bas une partie du premier, t» pewl»
de la soie plate, tu la touruee autour du
crin n*" 1 1, en y renfennaiic le bm des pé-
tales; lu tournes 4^te soie la longueur de 2
centimètivs — tu prends le crin n* 9, tu
l'aÎMite» au premier crin, tu Tentinires
de soie en le tournant entre le pouce et
rindex de ta mai» gauehe, et chngeaat
avec tamaiii droilu cette soie, lu l'arrêtes
pan un u«ud — tu prends un fil d'arebal,
long de 10 centimètres; avec la même soie
plate, tu attaches tout autour, de distance
en distance, les. 1<§ brine de crîo et leur
fleur — et tti fais une autre branche pa-
re lie. €e8 branches se posent de chaque
côté du dessons d'un, chapeau, d'efr cha-
que fleur retombe en clocbette — de cha-
que o&ié d'un bonnet de soirée, dont les
rubans sont roses on blanm -*- de chaque
côté des joues, parmi des cfaeveniE ftvsés,
ou entre les bandenax et les <Ae«eui de
dM!rièr&
— Bien entendu que cette fleur d'a*-
voine peutseiaire en satin blev^iel, rose-
<s^ ^''
— 347 —
OQ Tert; cria serait charmant an' bal. et
même une reserost entourée de clochettes
de vekHKS nom ferait an effet très-original.
Le i/' 12 est une manche de monsselme
ornée d'^ntre-deux ^ de dentelle; eile «e
met sous 'tes manches Louis XIH ou mous-
quetaire, ce qui est la même chose.
Le n* 1 3 est une diemisette que h*s pe-
tits garçons de cinq à neuf ans portent
Sïous un sarrau de yeluurs noir ou de drap
gris, et sons une vesie à l'anghiise. Les
plis sont ronds, et arrêtés ronds, du haut
et du bas. Les petites Qlles portent ces
chemisettes sons Iccn's robes.
Le n* 14 est une Ikîrthe formée de rangs
de dentelle noire ou blanche, froncée à un
entre-deux de dentelle noire on blancha
Cette Eerthe se porte pour soirée on dfner
prié. On peut la poser sur une robe mon-
tante; cVst ainsi qu'elle convient aux
lionnes mamans.
Ici commence la description de la grande
planche.
Le n'» 45, Âzélie,m*9i été demandé pour
remplacer Félické, qni se trouve dans une
hortensia.
— Est-ce que tu préfères le nom de cette
flenr au féminin T
— Ouï, d'abord pour l'oreille; car, au
masculin, on prononce un nortma^ia^ ce
qui eSi pi^u harmonietix; enstriie, parce
qoe cette fleur a reçu son nom de la reine
Dorlense, puis, parce que Phorte nsîa est
la rose do Japon, et enfin parce que le
dictionnaire met S. F., ou S. M. à notre
choix.
Le n** 46, Lom&a^ point de feston et
foioderie «glaise.
Le n" 17, Henriftte.
1.C n* 18, Joséphine.
l.e n" 49, -Claudine, pinmetis.
Len* 20 est un dessin pour brande-
bourgs', il s'exécute en sontathe noire sur
noir; bien sur bleu; on marron sur mar-
ron. Pour se servir de ce dessin, on le
calque sorun papier végétal, puis on prend
du papier & calquer, jaune. Si la robe se
ferme par derrîh*e, on place, sur le haut
du corsage, une bande de ce papier, large
de 5 centimètres; sur cette bande, an place
ce papier végétal, et avtpc un crayon mine
de plomb, un peu dnr, on soit œ dessin,
composé de six fleurs — plus bas, on re-
place le papier à décidquer demanièreàôter
une fleur de droite, et à ne faire que 5
fleurs — plus bas on n'en fait que k ^-
et pins bas on n'en fait que 2. On a
(oin , lorsque Ton desâne , de ne pas
mettre la queue de la fleur de droite, de
continuer, par nue dent arrondie, les
deux lignes qui sont au bas de cette fleur,
et de terminer de même la qoeue qui
tient à la fleur de gauche. Pour le haut de
la jupe, on commence par 2 fleurs, puis
on continue en atTgmenfant chaque rang
d'une fleur jusqu*à ce qu*il y ait 8 ou 9
rangs, en laissant cuire eux à peu près
10 cemimètres. Ce dessin peut servir pour
robe de petite fille on sarrau de petit gar-
çon. Il pefut au>si entourer un manieau
Talma.
te !!• 21 contient Fcmw/, Isabelk^ au
plumetis.
Le n" 22 est un dessin di* broderie an-
glaise, pour bas de jupon; il s^exécute au
point de cordonnet, et le feston en peints
de rose.
Le n* 23 est un F en broderie anglaise.
Le n* 1h est un dessin de manteao de
lit, ou de titpis de table, qui s'exécute au
crochet, ou au filef, au point carré.
Le n* 25 est l'on des c6tés du dos d'un
corset de coutil blanc; les 6 raies inégales
indiquent'trois ruban-t comus à Tenvers et
dans lesquels on passe 3 baleines — >- les ^
lignes du milieu du dos indiquent on large
ruban cousu à Tenvers, dans lequel on
passe deux petits buses en baleine, et sur
lequd on fait les œillets; les 10 petites
lignes du ha«t indiquent les 9 petites
ganses de coton que f on introduit entre
ce large ruban et le contit, ganses qui
sont séparées par un point devant.
Le n"* 26 est l'un des côtés du devrnit
'^^^iiOC
— 3:8 —
do corset — 1^ U raies inégales, iadiqnent
un ruban dans lequel on passe denx ba-
leines—les 2 raies près du milieu , indiquent
aussi un ruban contenant une baleine.
Le n"" 26 se réunit au n* 25, étoile
contre étoile.
Les n*' 27 et 28 sont les deux goussets
du haut; ils se placent en rapprochant les
lettres semblables.
Les n"** 29 et 30 sont les deux gouss*. ts
du bas ; ils se placent en rapprochant les
lettres semblables.
Ce corset est taillé sans les remplis, que
Fou fait très-larges de chaque côté des
goussets; on les termine carrément du bas.
Pour tailler : derrières, devants et gous-
sets, suppose que cette planche est un
morceau de coutil, et taille-les dans les
mêmes biais et dans les mêmes droit- fils.
Devant, on coud un ruban dans lequel on
entre un mince buse d'acier. Ce corset est
bordé à cheval, tout autour, par un ruban
de fit. Dans le haut du devant, on coud
un entre-deux de percale brodée, qui est
terminé du haut par un ourlet dans lequel
on a passé un petit lacet de coton; à cet
ourlet on coud une petite dentelle.
Le n"" 31 Si tu veux avoir un corsage
à basquines, prends les patrons n^ 36, 37
et 38, planche YIII, taille le dos, arrête-toi
avant ({ue ce dos se réiargisse pour former
la pointe, et termine-le par ce numéro 31.
Le n*" 32 est la basque du côté, elle se
réunit à la basque du dos.
Le h? 33 est la basque du devant, elle
se réunit, du haut, jusqu'à la raie, seule-
ment, avec la basque du côté; ces deux
basques se cousent le long du bas du
corsage, jusqu'à la pointe du milieu du de-
vant; les n~ 1 indiquent le haut de ces
basques; les étoiles et les pois noirs indi-
quent où ces basques se réunissent entre
el!e«. Pour les tailler, suppose que ce pa-
pier est une étoffe et taille-les dans les
mêmes biais et dans les mêmes droit-fils.
Le n? 34 est la manche monsquetah*e
qui se porte avec ce cordage.
Les deux u~ 35 sont les parements. Ces
manches se cousent depuis le coude jusqu'au
bas ; ces parements se cousent seulement
au bas de la manche; pour qu'ils ne re-
tombent pas du haut, on les attache de
chaque côté de la manche par un point où
se trouve une étoile. Parements et bas-
quines se garnissent d'un ruban de gue»
plissé à plis ronds, ou bien de deux ve-
lours noirs.
Le n*" 36 est la moitié d'un capuchon
qui, cette année, se porte avec le manteau
Tajma, dont tu as reçu plusieurs patrons.
Où tu vois un F, est la pointe du capu-
chon; là, se coud un gros gland. Pour le
faire, tu achètes de la grosse soie demi-
torse, tu la coupes en brins longs de 20
centimètres; avec une aiguille enfilée de
cette même soie, tu arrêtes ces brins soli-
dement au milieu; lu tailles trois brins de
soie, longs chacun de 10 centimètres» tu en
formes une tresse, dont tu noues ensemble
les deux extrémités, cela fait un anneau
dans lequel tu passes les brins de soie ; tu
les replies en deux dans leur longueur»
puis avec ton aiguille, qui est restée enfi-
lée, tu les réunis à un centimètre plus bas
que l'endroit où tu les as repliés. C'est cet
anneau que tu couds à la pointe F du ca-
puchon.
— Noos devenons bien laborieuses,
Jeanne; à l'entrée d*uAe saison, ce n'est
pas étonnant. J*ai remarqué que nuus pou-
vions faire des ornements pour les bon-
nets» les dessous de chapeau, les coiffures
en cheveux : achète du ruban large de
cinq millimètres, en gaze, dont les bords
soient de satin ; coupe ce ruban en mor-
ceaux longs de 5 centimètres et demi,
prends-en un, réunis-en les deux bouts
en les posant l'un sur l'autre, et les arrê-
tant par quelques points avec du fil très^
fin; entre dans cet anneau un autre ruban
que tu réunis de même; ainsi de suite,
jusqu'à ce que tu aies fait une douzaine
de chaînes, composées chacune de cinq à
douze anneaux pins ou moins , car tu sais
iS^éy
— 540 —
qûB ces traînes (terme de fleuriste) traînent
jusque sur le cou. On en recouvre les
fleurs des bonnets , celles du dessous des
chapeaux; elles se mêlent parmi les touffis
de cheYeux et augmentent la grosseur des
bandeaux. Tu fais des traînes en jais noir
composées de cinq jais longs d*un centi-
mètre, enfilés dans de la soie, que Ton
noue pour former l'anneau. Sur les ca-
potes on porte des plumes que nous pour-
rions nous permettre. Si ta mère en a de
vieilles, blanchis-les, ou fais-les teindre de
la couleur de ta capote , détaches-en les
brins les plus chargés de duvet, coupe-les
en morceaux longs de 5 centimètres et
demi, avec ton pinceau mets sur un des
bouts un peu de la gomme que tu as faite
pour le porte-monlre et appuie légère-
ment dessus l'autre bout; dans cet anneau,
entre un autre brin de plume, ainsi de
suite. Ces chaînes doivent être in^'gales de
longueur et avoir la forme d'une plume;
on les enfile dans leur dernier chaînon et ou
les pend de chaque côté, sur la passe : cela
fera très-bien, agité par le vent. As-tu re-
marqué quelques toilettes d'hiver?
— Oui, une demoiselle, qui marchait à
côté de sa mère, avait un chapeau de feutre
blanc, orné de ces anneaux de plumes blan-
ches. Sa robe était de mérinos écossais, et
elle portait un long manteau Talma, en drap
marron, qu'elle relevait tout naturelletneni
en se croisant en dessous les bras sur sa
poitrine. Une autre avait un manteau
pareil, mais plus court, en drap gris, avec
un capuchon ; le manteau et le capuchon
étaient ornés, tout autour, de trois velours
noirs : le premier, large de 2 centimètres
placé à 2 centimètres du bord ; le second,
large de 6, placé à un cenûmètre du pre-
mier; et le troisième, large de 2, placé de
même à un centimètre du second. La cou-
ture du milieu du capuchon était couverte
du large velours, et avait de chaque côté
le velours étroit. Ces manteaux sont ouatés
chaudement jusqu'au coude et entière-
ment doublés de soie de la couleur du
dessus. Son chapeau était en velours noir
et sa robe en mérinos de même couleur. Les
jeunes mères portent des pardessus de ve-
lours garnis de dentelle; les paletots de
soie à manches et ouatés sont encore de
mode , seulement, on y ajoute une longue
pèlerine , ce qui convient fort aux bonnes-
mamans.
Nos petits garçons et nos petites filles
se couvrent aussi du manteau l'aima, mais,
dans les proportions, il est beaucoup plus
court On le fait en piqué d'hiver, pour les
enfants que l'on porte, et en velours, en fla-
nelle ou en drap, pour ceux qui courent
après un cerceau et ceux qui donnent le
bras à leur mère. Ce manteau est orné de
brandebourgs posés de chaque côté du de-
vant . Ce sont deu\ galons, sur le velours, et
deux velours, sur le drap; ils sont larges
d'un centimètre et demi, longs de 10 cen-
timètres , espacés entre eux d'un centimè-
tre, cousus à p^at, à trois centimètres du
bord et repliés chacun des deux bouts. 5
centigiètres plus bas, deux autres velours,
cousus de même ; ainsi de suite jusqu'au
bas du manteau. Des deux côtés du haut,
on coud trois boutons, à trois centimètres
du bord, on coupe trois ganses rondes,
longues chacune de 15 centimètres, on les
replie en deux ; à moitié de leur longueur,
on les tourne de manière à y faire un
nœud, ce qui forme une boucle; les
doux bouts de la ganse, on les coud à droite
sous un boulon, et le nœud on le coud au
bord du manteau. C'est ainsi que tu fer-
meras : pardessus, coin du feu, katzaweck,
et veste grec )ue.
Les bonnets des dames sont bien fa-
ciles à faire. Je leur dirai : ayez un rond
de dentelle noire, de 30 centimètres de
diamètre, et cousez k l'envers, froncée
autour de ce lond, une dentelle blaTxbe,
en point d'Alençon (si c'est possible),
haute de 5 centimètres ; mettez une gub:-
lande de fleurs et posez sur le dessus de
votre tCte, ce rond de dentelle noire, en-
touré de dentelle blanche. Si vous ne vou-
^-UJ^^:^
— tWO —
lez pts mettre ée fleurs» prenez du rnban
de Teloors roIt, groseille, <mi mairon, large
de 6 centimètres , formez-en des rosettes
que TOUS atrachez sur un petit niban de
Telonrs, qoe tous nouez autour de votre
tête, ott bien, achetez deux mètres de ce
même ruban de Telours, brodez-y un semé
de petits jais ; coupez ces ^ elours en quatre
bout?f, pliez-les chacun en deux bouts iné-
gaux, consez^es sur un petit velours que
TOUS nouez autour de votre tète, de ma-
nière à ce qu'Hs retombent de chaqae
côté des joue:?. — Des rubans de Telours
noir, brodés en jais, se placent aussi sous
des chapeaux biens ou ro6e«.
Quant à nous, pour un ba4 : robe de
taffetas blanc, bien ou rose, corsage à poime
devant et derrière; manches courtes, pour
les joRs bras; manclies pagodes pour ks
antres. Berthe, longue derrière et redes-
cendant devant, en mourant jusqu'à la
pointe du bas du corsage. Hanches et Ber-
tbe, garnies d'effilés de soie ou de ruban
festonné et cousu froncé. — Ou bien : jupe
de taffetas et canezon de mousseline. l\>ur
coiffure : guirlande de fleurs d'aTOÎne, ou
rosettes formées de trois roses ornées de
clocheiies.— Ou bien : trois jupes de mous-
setine oudetuNe, corsage en gerbe et man-
ches courtes ou manches pagodes; ou cor-
sage décolleté, et Berthe garnie de ruban
blanc ou rose. Pour coiffure : guirlande
de feuillage, ou noeuds de Tef*ours ornés de
jais noir. Pour sortie de bal, un manteau
Talma descendant au bas du genou, et son
capuchon, en soie grise, ouaté, piqué
et doublé de rose. Le gland sera rose.
— A présent, ma chère Jeanne, cau-
sons : que dis-tu des BlooyneHstes et dj
leur costume? Pantalon blanc à la turque,
paletot de drap et large chapeau de feutre ?
— Je dis que les disciples de la femme
de favocat Bloomer feront bien de ne pas
Tenir prêcher leur costnme en France;
nous sommes accoutumées à imposer nos
modes à tontes les nations du monde civi-
lise, ce n'est pas pour adopter les excentri-
cités de^ danaes des Etats^Uni», elles n'oiit
pas réussi en Angleterre, et }« leurcos-
seflle de retourner dans leur répvbliqae, «û
je leur souhaite le plus grand succès.
— Mais que dis tu du télégraphe élec-
trique sous-marin, qui fait que la France
et l'Angleterre peuvent causer ensemble T
— le dis que c'est admirable! ffotre
siècle ne sera de fer, d'ai^ent, ni d'or, il
sera le siècte de rintelHgence. .... Bemer-
cions Dieu qui sT inspiré oes raerreiHes, et
qui a permis que nous TiTÎons pour kl rar
et pour les comprendre.
— Ma petite enthoniaste, tu en an les
laro^es auicyeox. .. Embrasse-moi !.. . Riais,
pardon, si je te rappelle à des choses awins
graTCs. Et ta gravure de modes î
— (Test Traî, Florence, je l'aTaîs ««-
bliée. La jeune personne qui est AebiNit
a une robe de taffetas marron, «orsage à
basques arrondies ; ce corsage, k mandies
mousquetaire , ^agrafe de cfaaqve côté
Pur le gilet. Ce gilet est en Gachemire
bleu. Cette demoiselle es^ coiffée d'oae
pointe de tulle noir, arrondie derrière ,
garnie d'une dentelle frcyiicée derrière et
terminée devant par un nibaii cousu à
chaque pointe. Cette marmotte est mal
placée, elle devrait être posée très «■ ar-
rière. — La jeune personne assise a «m
corsage à basqoii?es dont je ("enToiê le
modèle, celui de cette figurine n'est pas
exact; il ne dort pas être garni intMr
do cou. — Le petit garçon a une robe €n
velours noir, et un nicHrtean Talma en
même étoffé. — Quant à la jeune naaur 4e
rhvité qui vieatc^ereher le trowsea» qae
ces demoiselles ont fini, je n'ai pas k i'ck-
plîquer son costume, «tu le connais, teivs
combien il est ^orienx et honoté.
— Sais-tu, ma ebère, q«B notre Indre
est longue, etqaetn n'as pas encore tout
dit?
— Quoi donc?
— Le rdbusl
— - Je roufolie toujours 1 Se^ iMig««-«>Lttf ,
ville de France — f ami de Jésus «^ist
^^fel
i)ôî^'
A.y9
^'^J
_ r5i —
on enfant de cbœar encensant l'amel.
SJXON lES GENS, L*£NCENSw
A préseit, permefs^-moi ck finir ma
lettre et de dire à notre amie, qve fe
l'ârifne, qne ta YzSmes, et que nom allons
loi chercher de jolis travanx pour cet hiver,
des fleurs, par eiemple : des camélias, des
clochettes, etc.
Adien, ma chère, à la fin de Tannée,
c'est-à-dîre, à bientôt !
J. J. FOUQUEAD DE PUSSY.
ZO ROTEMimE 1750. — HOBT DU IkTÂRtCTTAt. DE SAXE.
nmrîoe de Saxe était né à Dresdi», en
1696 ; il était fib d'Auguste II, électeur de
Saxe ot roi de Pologne. Soo enfance se
passa dans les travaux de la guerre : à
Tâge de douze ans, il assistait au siège de
Litte (17d8) ; «n an aprè», au bi^^ge de
Toornay, il eut an cheval tué sous lui.
Emporté par sfMi désir d^aTeniares, il cou*
rut en Hongrie coorfMttre sous les dra-
peaux du prince Eugèoe ; mais là, se tron-
Tant en relation avec plusaeors gentils-
hommes français , il conçut du goût pour
' notre nation et il vint à Paiis , où le ré-
gont l'accueillit avec distinction et l'atta-
cha au service de la France, avec le grade
de maréchal de camp. Pendant la paix, il
étudia profondément les sciences militai-
res; à. la reprise de fa guerre avec TAutri-
che, il se distingaa de la ■anière la pirai
brillante an siège de PhiUpsiioiPY, et h
paix de 1736 le vk Mmmer Kemenant
général.
Bientôt la mort de Ckarles TI, enpe^
reur d'AlIcmagBe, ameM un cesllit géné-
ral entre let piûssances esrepéenfSw
Louis XY eivfoya en ftehème a«e armée,
dont l^ile gaudie, eomviandée par Blao-
rice, enleva d'asMmt Timporlaiite ville de
Prague , ainsi qœ la forteresse d*Égra, ei
revenu en France, il défendit vaillaiDiiieiiC
TAlsace contre Tarchidnc Charles et Lor-
raine , et mérita k bftloii de neréchal en
17U.
£n 17/i5, il fut appelé au commande-
ment général de Tarmée , réunie alors en
Flandre. Une hydropisie cruelle minait ses
forces, mais le dépérissement de sa san^é
n*ôta rien à ^a valeur et à la sagesse de ses
dispositions militaires; la brillmte victoire
de Fontenoy en fut bientôt la preuve, et la
ra{>ide conqiTête des Pays-Bas couronna
dignement cette campagne.
Louis XV fut en cette occasion le digne
interprète de la nation ; if récompensa
iMaurice de S^xe aves {ïrandeur : déclaré
Français par des lettres de natora'isa ion
conçues dans les tercnes les plus honora-
bles, il reçut la jouissance du domaine
royal de Chambord,avec /iO,000 livres de
revenu, et la campagne de ilU^, contre
les alliés, justifia bientôt ces marques de
gratitude. La victoire de Laufeld et la
prise (le Maestricht mirent le sceau à la
renommée de Maurice de Saxe, et forcè-
rent les alliés à conclure la paix.
Le maréchal pasaa les dernières années
de sa vie à Chambord, au mil ie«r dPetercices
guerrierH qaf fai rappelaient sa gloire et
entouré des ténw%aages d'une estime uni-
verselle. Une fièvre putride Fenleva le 30
novembre 1759. « La songe de ma vie a
été bean , nais court ^ » dil-il au moment
d'empirar. Ses restée naetel^ forent dépo-
séadaaeàe temple ptetesiant de Strasbonrg,
et le mviçêfwt Pigalle hii consacra un
mansofée^ mm est le dhef-d'amvse de son
La leinr Hirie LecliiiwHy aengeant à
Iliérésie eè avait ^éoa ce grand capitaine,
disait : « Qu't est cruel de ne pouvoir
dire un De profiuidis pour celui qui nous
I a fait chanter tant de Te Deum! »
5^,;>-
— 532 —
■•0AIQOE.
iDScripliuD ea langue arabe LrouTée ati- j elle a eu le bonhenr de rendre la sanlë k
dessus de la porte d'une mosquée de l'île plusieurs d'entre eux. Mais une plus douce
Johanna, sur l' Atlantique, au large de la , récompense lui était ré»>enée : sa Glle,
cdle d'Afrique. malade depuis quelque temps, fui prise
« Le monde nous a été donné pour y '. au milieu de la nuit d'un vomissemenl de
con:>lrnire rédifice de noire perreclion, saug; on était loin de tout secours, il
nullement pour y bâiir de soaipiueux mo- fallait agir k l'inslant, et la science acquise
numents ; la vie, pour y ïocuiuplir les de-
Toirs qoe la morale et la religiun cnra-
mandent, point du tout pour y chercher
le plaisir et les excès, larichesso, pourôire
généreusement dépcosée, non pas pour
être hoD te uïiement entassé'' ; l'inslructiun,
pour y produire de bonnes actions, el point
pour aboutir i des diMCU&'ioiis stériles. «
« Je connais une femme qui a appris
un peu de médecine, afiti de jtouvoir soi-
gner les paj^aus voisins de L icnc qu'elle
habite. N'ayant poim de médecin ils vien-
nent la consu'ter ea loii'e occasion, ei
^'Sî
par la cbaritë vint en aide k l'amour de
la mère. Le lendemain nu médecin arriva,
et déclara qu'il serait venu trop tard si l'on
n'avait ïu ce qu'il fallait faire. »
Annales de ll gbabitê.
C'est la vraie grlce de l'aumOne, en
soulageant l^s besoins des pmvres, de di-
minuer e.i uous d'autres besoins, c'est-i-
dire ces besoins honteux que fait la déli-
catesse, comme si la nature n'était pas
assez accablée de nécessités.
BOSSUET.
.Il j-liupri', rue SaiBl-Lovi-, iG.
»cJC@
journal Î)r5 DmniscUf5.
.'.\«,.r^^«^>i .V.. ."ti..f,...j. I,
^^^
V^j^;
--383 —
COUP D'OEIL
SUR
L'HISTOIRE DE LA PEINTURE.
IV.
ÉCOLES ALLEMANDE^ HOLLANDAISE ET FLAMANDE.
Nous avons en jusqu'à présent à indi-
quer de grandes figures» fortement accu-
sées; nous allons avoir à classer quelques
maniaques. Ce n'est pas que Fart n'ait ja-
mais été traité par les écoles allemande,
flamande et hollandaise, d'un point de vue
fort élevé et dans une grande manière ; ce
serait là une proposition historique que ré-
futeraient aisément les noms de Rubens
et de Van Dick. — Mais Rubens, Van
Dick et Rembrandt peuvent être considé*
rés ici comme des exceptions.
L'école allemande est la première qui
s^offre à nous dans le nord de l'Europe. —
Les Allemands reçurent comme les Ita-
liens leurs traditions artistiques des mo-
saïstes et des miniaturistes bysantins; seu-
lement, privés des beaux modèles laissés par
l'art antique, ils se bœrnèrent longtemps à
une très- sèche imitation de la nature. —
On peut dire ^que l'élément spiritualiste
leur manqua toujours , même à leur
époque la plus iNriilante. — C'est là le
grand défaut d'Albert Durer. U a pour
conséquence de donner à ses œuvres quel-
que chose de dur et de sec ; mais en re-
vanche, excepté le Lorrain Jacques Gallot»
il n'y a pas d'artiste qui ait lEût preuve
dans la composition de plus de prompti-
tude, de spontanéité et de hardiesse.
Albert Durer naquit à Nuremberg en
i&Tl ; sa famille était d'origine hongroise,
et il était lui-même le seizième fils d'un
honnête orfèvre, qui sut comprendre sa
vocation. Placé tour à tour dans l'atelier |
MX-NBUVliMB Aimii, 4* siuB. — N* XII.
du graveur Hupse Martin et dans celui de
peintre Wolfmuth pour y étudier les prin-
cipes de l'art, Albert Durer fit de rapides
progrès. « Sa réputation, dit un de ses
biographes, commença avec ses premiers
ouvrages. Âdmhrés et recherchés de tout
le monde , ils ne tardèrent pas à le faire
connaître de l'empereur Maximilien I**",
qui l'appela à la cour, occupa alternative-
ment son burin et son pinceau» et fut si
content de l'un et de Tautre » qu'il ano-
blit l'artiste. )»
La manière dont l'empereur accorda
cette faveur à Albert Durer, éunt à l'hon-
neur des princes, même en ces temps dé-
mocratiques nous ne craignons pas de ra-
conter comment la chose arriva.
Albert Durer, chaîné de décorer une
partie du palais impérial, s'occupait un
jour à tracer une esquisse sur la muraille.
Fort absorbé par son travail, il ne s'aper-
çut pas de la fM'ésence de l'empereur qui
le regardait faire, entouré de quelques
gentilshommes. Tout à coup l'échelle sur
JaquêJle se trouvait l'artiste vacille, et ce-
lui-ci est forcé, pour ne pas tomber, de se
retenir à l'échafaudage.
ce Tenez le pied de l'échelle, » dit l'em-
pereur à l'un de ses courtisans. Le noble
comte hésite ; il est le descendant authen-
tique d'une glorieuse riR^e de preux, et cet
homme, qui est là perché sur une échelle,
c'est tout simplement le cadet d'une fa-
mille d'artisans. — Voyant Thésitation du
gentilhomme, Maximilien s'approche et
23
ï>^(^
— 6BI —
tient m-méme l'échelle. Albert Durer
alors se retoarne pour remercier celui
qui venait de lui rendre un service aussi
opportun. A la ?ue de rempereur» il des-
cend précipitjunment de l'échelle et se
confond en Kawignages de respect. —
« Seigneur peintre, lui dit Maxinulien,
en yous tenant l'échelle, je tous ai fait
noble. » £t il ajouta en s'adressant à ses
courtisans : oc Apprenez, messieurs, que
d'un paysan je puis faire un gentilhomme,
mais qu'avec tMte ma puissance, je ne
pourrais jamafs d'n geiitiMiomBie âdre an
graad artiste comme ceioi-ci. »
Albert Dorer voyagea pendant plttieurs
années en Italie et damiês Pays-Bas, nais
ees voyages modifièrent peu «a mmière; il
resta ce qu'il était, le premier grarrev de
son temps pour la pureté du trait, mtisi
demeura bien inférieur aux artistes ita-
liens pour la sdenoe de h perspective et
l'agencement des draperies. Dans la pein-
ture, son grand mérite consiafte dans une
oalveté de sentiment qui le rapproche des
pieux artistes du moyen Age, et dans des
quaKcésde coloris qu'il ne devait qu*li loi-
même. •— Le sujet 4e prédilection d'Al-
bert Durer est la Vierge. Rkn de phis
chaste et de plus simplement poétique que
es tiMeam qui lui ont été inspirés par
€e type éternellement jeune , souveraine-
ment beau, et susceptible de tant d'ioter*
prélatiott} diverses. Il a représenté la Viflige
-Marie à toutes les époques de sa vie. —
Ici, c'est la jeune fille ; ici, k jeone mère ;
ici, la mère éprouvée par cette deoleur
immense qui fit presque tonte la poésie
du moyen âge et qui demeure encore la
phiB touchante et h pios irrésiitible do
wBCrè.
Albert Durer voyait la femme à travers
le nuage de vague rêverie dont loi appa-
raissait enveloppée la mère d« Sauveur,
il la rêvait ange de douoeur, d'abnégation
et de dévouement. — C'était le channe
de ses songeries de poète ; ce fut le mal-
heur de sa vie. Marié assez tard, il fut
loin de rencontrer chez la compagne qu'il
s'était choisie ces douces et charmantes
vertus; et le chagrin, le désenchantement,
résultatsinévitablesd'une telle union, hâtè-
rent la fin de sa vie, qui se termina le 8 avril
1528; il avait alors cinquante-sept ans.
Gomme portraitiste et comme graveur,
Albert Durer ne fut pas moins remar-
quable que comme interprète de la poésie
chrétienne. H serait impossible de dhre au
juste le nombre de femlles gravées par lui
sur le bois, tur le cuivee, qoelquafeis à
l'eaQ-fortefwr leler, qnekpflMiafls même
légèrement «t capriâeuseiiieot dessinées à
raiguille «ur l'étaio, car U était infatigable
4ans la recherche des procédés aonveaux.
— Dans toutes c^gravnres, qu'elles soient
empruntées aux tradilâons dn christianisme
ou de la anthologie, on retrouve tontes
les qualités du printt^. C'est icmjours la
même proftisicNa gracieuse et abandonnée.
Dans f école aUmaande, lean HelbeiA est
le peintre q«'il convient da placer après
Albert Durer. Ce n'est pas que k manière
de Ton procède de celle de son devancier.
Le talent d'Hdbein et celui d'Aihert Durer
sont entre eux aussi éMhrenls ^e leurs
cn-adères. Albert Dorer est on rdveir à
l'imagination tendre et douce, Holbein est
un génie capricieux, plein de fougue,
porté I la satire, apprenant «on monde
dans les cabarets. Sa iuneose Danse des
MoTis, qu'il peignit sur les mors du cime-
tière de Baie, sa vMle natale, est le produit
d'une Imagination «a proie à une sorte
de délire. Un grand nombre des ooAcef)-
tiens d'floifaein sont marqoées de ce ca-
chet d'éarangeté*
La vie tvès-pen régriière d'Bolbein ne
fsnpêiha pas de parvenhr k wm haute fa-
veuraopràsde Benri VIII» reid'Angletene.
Énsme, le oroirait-on7 ledou Énsme, si
différentdeloi parlesmœmv etlatoomure
d'esprit, était l'ami inlâme de œ eourtor
de tavernes; il l'avait rBoommandé à
Thomas Morua, chancelier d'Angleterre;
et c'est aînai qa*Bolbein fut présenté à la
— 58» —
oonr èe Heur Tllf. —Il existe une lettre
de Monts dans laquelle le chancelier ex-
prime k Tauteur des EnireHens son éton*
nement de lui savoir un tel amL — « C'est
un fou, lui dit-il, de quelque côté qu'on
le regarde.» — Érasme, lui répondit :
t C'est un enfiint turbulent et un grand
peintre ; ayons soin de son ftme et de son
bonheur ici-bas, car je l'aime Traiment
sans trop savoir pourquoi. »
J'ai dit que Holbein obtint prompte-
ment, grâce à son talent, la faveur du roi
d'Angleterre. EHe ne tarda pas à hii être
d'une grande utilité. — Voici à quelle oc-
casion. — n ahnait à fravailler seul dans
son atelier.Un jour un seigneur de la cour,
cufieux de le voir à l'ouvrage, voulut en
forcer l'entrée. Holbem lui crie à travers
l'huis qu'il n'y a d'exception pour per-
sonne, et que, fût-il pair du royaume, il
n'entrera pas. — Le seigneur, piqué de
cette réponse, réplique à son tour avec
hauteur. Holbein alors n'y tient plus, il
ouvre la porte, saisit le seigneur par les
épaules, etle 6it rouler jusqu'au bas de l'es-
calier. — Grand esdandre à la suite de cette
aventure. Effrayé de son action, Holbein
court se jeter aux pieds du roi, et il obtient
de lui la promesse de sa grâce, pourvu
qu'il consente à faire au gentilhomme des
excuses publiques. — Mais des excuses
ne suffisaient point à ce dernier; tout
meurtri de sa chute , il se présente k son
toer, demande vengeance, et rédame, sur
un ton un peu trop haut, la pendaison im-
médiate de l'artiste. Son emportement ir-
rita le roi, qui lui fit une réponse assez
sembtaible k celle que nous rapportions
tout à l'heure de l'emperenr Haximilien.
« Monsieur, lui dit-il, je vous défends,
sur votre vie, d'attenter k celle de mon
peintre. De sept paysans, je puis faire sept
comtes comme vous, mais de sept comtes
comme vous je ne ferais jamais un Hol-
bein. 9
Holbein mourut de la peste, k Londres,
en 1554. Sa vie fourmille de traits pareils
k celui que nous venons de raconter.
Plongé dans un continuel désordre, les
sommes immenses qu'il gagnait ne suf-
fisaient point k ses prodigalités. Il avait
toujours k ses trousses une mente de créan-
ciers. Après sa mort, on ne trouva pas
chez lui de quoi subvenir aux frais de ses
funérailles. Ce fut la Société royale de
peinture qui s'en chargea.
École hollandaise. L'origine de l'école
hollandaise est assez difficile k constater.
On a beaucoup disserté sur cette matière,
nous nous garderons bien d'ajouter un
chapitre aux volumes très-nombreux et
très-compactes auxquels elle a donné nais-
sance. — Contentons-nous de citer des
noms. Dans le quatorzième siècle, les his-
toriens de l'école hollandaise nomment
Albert Van Ovater et Thierry ( de Harlem ) ,
qui peignirent des sujets sacrés ; puis qud-
ques autres dont les ouvrages n'ont pas
survécu. — Au temps d'Albert Durer^
plusieurs peintres dignes de fixer l'atten-
tion parurent en Hollande ; ce furent Lu-
cas de Leyde, Martin Hemskerke, Théo-
dore Bernard, l'ami du Titien, Ottovœnius,
qui eut la gloire d'être le maître de Rubens.
— Enfin, en entrant dans le dix-septième
siècle, on arrive k l'époque la plus brillante
de l'école hollandaise, et l'on rencontre
en première ligne Rembrandt.
La peinture de Rembrandt étonne et sur-
prend au premier coup d'ail ; la puissance
des effets y est due k Topposiiion hardie des
ombres et des lumières. — Le plus son-
vent c'est par le jeu de la lumière que
Rembrandt indique les formes k peine
dessinées de ses personnages ; il ne faut
chercher dans ses œuvres ni la beauté des
lignes, ni la pureté des types. — Vingt
fois Rembrandt a peint le sujet charmant
de la crèche sacrée. Ne croyez pas qu'il
ait en aucune de ces occasions cherché k
donner k ses figures l'expression idéale que
leur prête la tradition religieuse. Loin de
Ik, il représente la Vierge sous les traits et
avec h tournure d'une servante de cabaret,
I
.^ySfi'
1
— 586 —
Fenfant Jésus devient sous son pincean on
marmot joufflu, barbouillé comme un pe-
tit paysan; mais en revancbe, toutes les
attitudes sont animées, tous les objets s'é-
lancent de la toile par la puissance de
la lumière mise en opposition avec l'om-
bre. — On comprend que Rembrandt ait
bien mieux exprimé le sentiment énergi-
que. — Ainsi, rien n'est comparable au
geste de Jésus, leyant le bras pour com-
mander k la tombe de rendre Lazard k la
Tie. — La peinture de Rembrandt est,
pour employer un terme tecbnique, une
peinture empâtée, c'est-à-dire qu'il pro-
cède en accumulant sur un seul point
une certaine masse de couleur. — Ce pro-
cédé, employé habilement, donne beau-
coup de Tiguenr et aide singulièrement à
l'effet. — Rembrandt l'a quelquefois poussé
jusqu'à l'excès. Ainsi, l'on cite de lui un
certain portrait dont le nez offrait en de-
hors de la toile une saillie de plusieurs
lignes. — Une telle manière devait avoir
beaucoup d'imitateurs, et elle en eut, en
effet, mais parmi les peintres les moins
remarqués de la Hollande. — La manière
générale des peintres hollandais consiste,
au contraire, en général, dans une recher-
che minutieuse.
En ce genre, l'original le plus complet
est Gérard Dow. — Gérard Dow, le con-
temporain, et, qui le croirait? l'élève de
Rembrandt, mettait sa gloire à peindre
une perruque avec tant d'exactitude qu'on
pouvait en compter les cheyeux. — Rien
n'est propre comme sa peinture, et rien
n'est comparable, en bit de minutie, aux
soins qu'il prenait pour la garantir de tout
ce qui pouvait en ternir l'éclat. — Ainsi,
les serrures de son atelier étaient bouchées
de peur que les courants d'air ne fissent
voler quelques grains de poussière sur sa
palette. — Gérard Daw était au comble
de l'orgueil quand il avait peint un chau-
dron de manière à en faire un trompe-
l'œil, et Ton cite un manche à balai qu'il ne
mit pas moins de dix jours à terminer. —
Henreosement Gérard Dow est on artiste
spirituel au plus haut degré. — Ses com-
positions sont gaies, réjouissantes à l'œil
et toujours agréablement conçues. Parmi
les artistes qui s'attachèrent à l'imiter et
qui l'ont fait avec succès, il faut citer
François Mieris, Gérard Terburg et Ga-
briel Metzu.
U y a enfin dans l'école hollandaise une •
classe de peintres qu'il ne faut pas oublier,
je veux parler des paysagistes et des pein-
tres d'animaux. Nuls n'ont égalé en ce
genre Corneille Puelmboni|;, Jean Botb,
Wonwermans, Berghem, Ruisdaél, Paul
Potter. — Je dis que nuls ne les ont éga-
lés. J'oublie une femme, une jeune fille»
notre contemporaine, mademoiselle Roea
Bonheur, dont la critique n'a qu'à consta-
ter depuis quelques années les éclatants
succès. Quand nous aurons nommé comme
peintres de genre Adrien Brower, Kard
Dujardin et Yan Steen, qui n'ont peint
que des scènes de cabaret, mais avec une
vérité inimitable, nous aurons terminé
cette rapide revue de l'école hollandaisel
École flamande. Nous ne parlerons pas
en courant de Rubens et de Van Dick. Ces
deux grands noms ne sont pas de ceux qui
se jettent sur le papier au milieu d'une liste.
Chacun d'eux a joué un rôle trop impor-
tant dans l'histoire de son temps, et exerce
encore de nos jours une trop grande in-
fluence sur l'art de la peinture, pour que
nous ne fassions pas une place plus large
à leur bi<^raphic.
Pierre-Paul Rubens naquit à Cologne,
le 29 juin 1577. Sa famille, originaire de
Styrie, était noble; attachée à la maison
de Charles-Quint, elle le suivit à Aix-la-
Chapelle, et s'établit peu de temps après à
Anvers, où Jean Rubens, le père du grand
artiste, occupa pendant six années les fonc-
tions de conseiller du sénat. — Ce fut pour
échapper aux inquiétudes que les querelles
de religion dont Anvers était le théâtre lui
inspiraient pour l'avenir de sa nombreuse
I famille, que Jean Rubens s'en alla au bout
— 5K7 —
de ce temps à Cologne. — Sa femme, Ma-
rie Pypeling, Tavait déjà rendu père de six
fils, elle lui en donna bientôt un septième.
— On rappela Pierre-Paul, pour attirer
sur lui la protection de deux saints aux-
quels il paraît que la famille avait déjà
de grandes obligations. — Heureusement
Jean Rubens, ruiné par la guerre civile,
était parvenu à rebâtir solidement Tédifice
de sa fortune dans la profession d'argen-
tier. Le nouveau venu fut donc accueilli
avec joie, et sa naissance considérée OHume
une bénédiction du ciel. — Passons sur
Tenfance de Pierre -Paul Rubens, qui
n'oifre aucun trait remarquable, si ce
n*est une précocité peu ordinaire. A dix
ans, il traduisait à livre ouvert les poètes
grecs et latins, et savait parler quatre lan-
gues vivantes ; — l'espagnol, l'italien, l'an-
glais et le français. Ses études, commencées
à Cologne, s'achevèrent à Anvers, où sa
mère était retournée après la mort de
Jean Rubens, arrivée en 1587. — Ce
fut donc à Anvers qu'il entra sérieusement
dans la vie. — Doué par la nature de tous
les prestiges, il fut accueilli dans le monde,
où l'introduisit la comtesse de Lalaing, sa
marraine, avec cette bienveillance qu'ins-
pirent toujours une belle figure, une gé-
nérosité chevaleresque et un esprit distin-
gué. La comtesse de Lalaing l'avait pris
auprès d'elle en qualité de page, il eut
tous les triomphes de cour, de petite cour,
s'entend; il faut ajouter à sa louange qu'il
n'en fut pas enivré et qu'il s'en lassa vite.
Le génie de l'art l'avait effleuré de son aile;
ses rêves le promenaient dans un avenir
autrement vaste que celui des honneurs
de la chevalerie moderne. -— La bonne
dame Rubens était loin de rêver les mê-
mes choses : faire de son fils un gentil-
homme accompli, plus tard un conseiller
quelconque, c'était là toute son espérance;
— il eut quelque peine à obtenir d'elle la
liberté de suivre son penchant; — mais il
y parvint à force d'insistance et de raison-
nements spirituels, et il quitta les salons
de la comtesse de Lalaing pour l'ateUer
d'Adrien Van Noordt. — Adrien Van Noordt
était un peintre de mérite, mais un homme
de mœurs dépravées. Un jour Rubens le
vit rentrer dans un état complet d'ivresse.
C'en fut assez, de telles relations ne pou-
vaient continuer; elles blessaient trop sa
nature de gentilhomme et faisaient un con-
traste par trop criard avec ses habitudes de
bonne compagnie. — U quitta Van Noordt
pour Octavius Van Veen, plus connu sous
son nom latinisé d'Ottovœnius, qui l'em-
mena à Bruxelles et dirigea sagement ses
premiers pas. — Ce fut sur le conseil de
son maître que Rubens partit quatre ans
après pour l'Italie, la gravide écoky disait
Ottovœnius. Il se mit en route au mois de
mai 1600, après avoir été présenté à l'ar-
chiduc Albert, qui daigna lui remettre des
lettres de recommandation, et débuta par
Venise, où se trouvaient les plus grands
chefs-d'œuvre du Titien et de Paul Véro-
nèse. C'est là qu'il acquit cette puissance
de coloris qui est la plus remarquable et la
plus complète de ses qualités.
Rubens n'était point un de ces génies
qui se forment lentement, il avait la con-
ception large et facile, l'inspiration do-
cile, et le don précieux de s'approprier par
une intuition très-vive les qualités domi-
nantes de ses modèles. Dès qu'il fut devenu
peintre, il devint un grand peintre, il fut
Rubens. Son talent apparut tout complet,
avec ce qui est admirable en lui, l'abon-
dance de la composition et la largeur
de la touche, la splendeur du coloris,
avec, ce qui est peut-être son défaut, je
veux dire quelque chose de très-négligé
dans les détails. — Ses premiers tableaux
lui valurent la protection d'un gentilhomme
attachéàla personne duduc de Mantoue,que
le hasard avait fait son voisin à Venise; ce-
lui-ci en parla avec enthousiasme au prince,
qui invita sur-le-champ le jeune artiste à
venir à Mantoue, où il lui donna le titre
de gentilhomme et de peintre de la cour.
—Il était dans la destinée de Rubens d'être
■m>
t de cour ; il n'y ataît pas cli:i ans
rait quitM l'aignillette de page, que
de Mantoue, fraiq)é de la dlMinction
Krsonne et de son esprit, comme de
l'étendue de ses connaissances et de sa
merveilleuse aptitude, fit de lui son ambas-
sadeur aaprès de Philippe III. De retonr
de cette cspédilion dipttHDatJqne dans fa-
quelle il fit preuve dn plus grand tact,
Rubeng obtint de Vincent de Conzagne la
pennisBioa de parcourir l'Italie. A Rome, il
obtint la fafeardu pape dément Vn cwnrae
il avait obtenu celle du duc de Mantoue; i
Florence, il devient l'ami du duc régnant ;
à Galles, il est reçu arvec les pins grands
honneurs par les princes du négoce, rénnis
en dépDtation ; enRn, ilrecunlle pendant
ce voyage, qsi dure plusieurs années, toutes
lea satisfactions que l'amour-propre d'nn
artiste peut e<ipérer du public, et son infa-
tigable pinceau crée chef-d'œnvre surchef-
d'œnvre. — La nouvdle d'une maladie qui
mettait en danger les joors de sa mJre le
ruaena i Anvers. Quand il arriva la moit
avait visité sa maism. Sa douleur filiale le
retint longtemps dans une profonde re-
il fallut toutes ks instances d'Otto-
I, son maître et son meilleur ami,
! rendre au monde et à l'art,
nonde d'Anvers témoigna du plaisir
rait è retrouver son Rubens, par les
strations les moins équivoques; ce
sque une dmdeur publique lorsqu'on
qu'il avait l'intention de retourner
ie pour s'y fixer définitiremenL La
ion de l'artiste était bien arrêtée,
céda qne devant les prières de l'ar-
Attiert, qui imagina pour le retenir
réer chambellan; cette dignité le fixa
d!es. En retour de ces fiivcnrs Far-
tant dn peintre de magnïGques
es, les plus beaux qne Rubens ait
les seuls qoi puissent donner une
i son immense talent — A ce pro-
isons que le musée du Louvre ne
B rien des véritabfes chefs-d'œuvre
ïens, — ïrexcuption des portraits, où
i^
-<ss>-
dÉBÏndeBaektn^iam,
iatkniL Onnitcequc
nt rltpkaMtiiyn Tin-
lagne, avertie par l'ar-
! de*
ÏT»A lar le parti qu'il
rendre, fi ubens tto^a
î doimttte de taUenix
oraz Msrtyre de Sùsl
it n'être plus délOHiie
stiques, lorsque fhi-
it des hmifoesde ks
, le isanda àsi c«ur
ui au sujet des négo-
- Il n'eOt tenu qu'à lui
ia de Philippe IT, le
iinte d'Olivarës, mais il
la favew, il te kisEait
charge honorifique de
Dnseil [ut la plus haute
sentit k accepter, en-
élasquez fît beaucoup
le loi poB- )'7 détenni-
ix-hnit mois à Madrid.
I, il ne pot se r^ieer i
s, mnni d'iostniotians
u titre d'aaalHMade«r.
i k la main, et tout en
chancelier Cottington,
lu roi d'Angleterre la
im, mort depuis deux
Iplomate vint à bout de
icate nûasion. — Les
paix MtJrfaBaates paur
farent arrêtées au bout
iférences; un an après
ries I", comblé par Jui
ches présenta. Mais il
itne ne bit pas «ec le
jnifîcencc; en quittant
laissait le portrait de
iggre de Saiat Geories
eaux et un plaffind an
sans compter nne his-
huit tableaux. — Une
1, dont te chargea Tar-
des États Néerlandais,
termisa la canière pcditiqne de f
Dès ion, de 16S0 Ji 1640, époque
mott, il se denna tout entier à la pe
Id listedes ovrrages qu'il exécnU (
termma sur l'ëbaiidie de ses élërc
dnt celte période, tiendrait h peu
un Buméro de ce recueil Le non
CBux que la gravure a leproduife ■'<■
douze ou mïEecaits.
Pmr lenaitier celte courte uot
RidieiB, et pour donner urne apprt
lrË»-gé«érale de son talent , noug diro
tient à l'école eq>agDOle pu- le réali
BaïaauèK, et i l'école Téuiticn«
richesse du coloris. — Rubens n'es
un penseur ni un poète ; il a peint
ture comme il la Toyait, sans cherc
déri ; «lis il De la voyait que dans sa
n aime i la représenter palpitante
exubérante de vigueur, et s'il lui i
Tent arrivé de toucher en ce sens
géiiition, il est toujours resté éloi
l'étiauge comme du triviaL
Dans cette constellation de grai
tistes qui projette sur le dix-septièn
un si bel éclat. Van Dick peut ètn
déré •oorame te satdlite de Ruben
fut le plus glorieux élève de ce der
ponr qne sa destinée ressemblât i
points à celle de son maître, il r
manqué que d'être envoyé en am
par quelque souverain. Comme I
Van Qick passa sa vie dans les cour
rope, et fut le pùntre des nwen
partie la plus btttante de wm ei
s'écoula en Angleterre. Aossi l'Ani
est-elle le pays le plus riche de ses i
— Les plus importants ouvrages <
Dick, ceux qui réunissent toutes s>
nentes qualités, sont les portraits,
liste ne Va Bnntaaaê «n ce genre i
quel il bt «ipérienr mène i ion
Le musée dn Louvre possède le pli
qu'ait produit son pinceau; nous
parler du portrait de Charles I", d<
les peintres de portraits devraiec
une copie dans ieur atelier.
Van Dick pour l'alchimie servit de point
lie départ. — Il est positif que Van
Dick croyait V la possibilité de découvrir la
pierre philosophale. Le creuset des alchi-
mistes lui dévora des sommes énormes ;
mais ce n'était pas l'or qu'il espérait y trou-
ver, c'était je ne sais quel mystérieux ta-
lisman, comme l'élixir de longue vie. —
Ardemment et constamment hvré à des re-
d'uu
tnen
deq
les :
daP
doni
avon
tITTERATURE E
THE LAJ1E.NT8 OF MART, OUEENOFSCOTS. LES
Now nature her hangi Tnanlle greeu
On «Terf bloamjng tree,
And ipreadi hcr ahMU of daliiei «bits
Oui o'er the gnMj 1m ;
How Phobui chMts tbe crystal itrMBU,
And glada Ibe azuré àtiet;
But noughl eau gltd ibe wearj wigbt
Thaï fait la duraiice lies.
How lïTerock» wake ihe merrr mom,
Aloft on d«wy wing
Tbg merle, io hi( mootide bower
Makes woodUnd ecboci ring{
The mtTM «ild, with manj noie,
Sirgi drawtf daj to rrit :
Id lote and fntiom ihej r«joic«,
Vith eare uor ihrall opprcut.
Kow blooiBi the lilj bj the bank,
Tbe primroie dovn tbe brae;
Tbe haviborn'i budding in ibe g)en
ind mUk-nhile JB ibe alae :
meaaest Lind in Teir Scoiltnd
Haj rove tfaelr iweets among;
Bill I, quecn ot (11 Seolland,
Huit lie Id prîMo fUoDg,
Toui
eept
hebi
le un
vieill
J
— 561 —
But as for thee, thou false wonnan,
My sister and my foe,
Grim vengeance yet shall whet a sword
That througfa thy soûl shall go ;
The weeping blood in woman's breast,
Was never knowa to thee;
Mor the balm that drops on vounds of iroe
From woman's pitying o'e.
! soon to me may summer suns
No more light up the mom t
No more to me tbe autumn winds
Ware o'er the yellow corn !
Aod in tbe narrow bouse of deatb
Let winter round me rave ',
And ihe neit flowers that deck the spring,
Bloom on my peacefui grave.
BURNS.
Mais qutnt à toi, femme perfide, toi, ma
sœur et mon ennemie, ton aifreuse vengeance
aiguise contre moi une épée qui percera ton
âme comme le remords ; le sang d'une femme
ne coule pas dans tes veines, et tu ignores quel
soulagement les gouttes de la pitié apporte-
raient aux bles.'ures de l'infortune, toi qui n'as
jamais coonu le malheur.
Ah ! bientôl pour moi plus de soleil de mal,
plus de lumière du matin. Bientôt aussi les
vents d'automne ne feront plus onduler pour
moi les épis dorés; dans l'étroite habitation de
la mort, l'hiver seul se déchaînera autour de
moi, et les premières fl«urs qui embelliront le
printemps brilleront sur ma tombe paisible.
N^i« Emma Faucon.
UNE ANNÉE A LOWELL (i) .
i.
a Monsieur Atkins, hé ! mon mari, en-
tendez-vous ce qne dit Abby 7
— Est-ce quelque chose qui vaille la
peine d'être écoulé 7 » demanda M. Aïkins,
répondant k cette question par une autre
question.
'» ■!
(1) LoweU est une ville manufacturière du
Massâchussets, où beaucoup de jeunes per-
sonnes, filles de fermiers et autres, viennent
clwreher de l'emploi dans les comptoirs des
fabriques- La conduite en général exemplaire
de ces demoiselles de bureau, de même que
leur goût et leurs talents littéraires, sont cités
par les voyageurs anglais comme une sorte de
merveiUe. Chaque année, les diverses produc-
tions sorties de leur plume, soit en vers, soit
en prose, forment un Recueil édité sous le titre
de Lowell Offering; et c'est de l'une de ces in-
téressantes publications, où elle a paru signée
du nom de Ludnday que la présente histoire
est tirée ; elle vous donnera une idée, mesde-
moiselles, de l'indépendance que les parents
accordent à leurs filles, et des mœurs des États-
Unis.
En même temps, il quitta des yenx le
Patriote du New-Hampshire ^ et regarda
par-dessns ses lunettes.
t Abby veut aller à Lowell et s'y placer
dans nn comptoir.
— Eh bien, ma femme, qu'elle y aille. »
M. Atkins reporta de nouveau ses yenx
sur le Patriote du New-Hampskire,
c Mais je ne toîs pas comment je pour-
rai me passer d'elle. L'écnrage du prin-
temps n'est pas terminé; la lessive n'est
pas faite; les vêtements d'été des enfants
sont à confectionner. Votre intention est
maintenant de nourrir tos ouvriers chez
TOUS, d'atoir une vache de plus que l'an-
née dernière ; et Gharley qui sait à peine
marcher seul! je ne vois vraiment pas
comment me tirer d'affaire sans son aide.
— Cependant, vous dites qu'Abby ne
vous est d'aucun secours dans la maison.
— C'est vrai, mon ami, mais elle pour-
rait m'étre très^ulile.
— Oui, elle pourrait faire, en effet, bien
des choses, ce à quoi elle ne songe pas ; et
comme elle me paraît peu di<tposée à se
-eîg§Jï-
ntil0 as logis, now la
im complu.
Mon père, est-ce tont de bon? Inti-
me à Lowell! (Bt Abby, levaDt sur son père
des yenx noirs,, où brillait une me exprea-
àaa. de piaiâr.
— Ouï, Abby, sooa aS* coDdkion ; c'eu
qne vous me promettrez d'y rester un an
tout entier, sans venir nous voir, excepté
en cas de maladie , %l de n'y rester
qu'un on.
— Jftvon promettrai lo«t ce qb'H voui
I^aira, snn père, pourvn senlement qne
vous me laïssiei partir. Je pensais que
- TOUS alliex dîn fK mràu valait pour moi
demeurer ici, flter les cailloux et les maa-
vaiiies herbes du jardin, vanner le bie,
faner te foin. Pourrai-je me mettre en
roote avec les miss Slater, nurti prsehiin ;
car c'est le jonr fix£ pour leur retour !i
Lowell î
— Oui, Abbyj mais sonvenei-Tons que
voos devei resler i LavfH. lovU vm année,
et rien ^u'und amnét, r
Abby se retira ce wir-Ik la eonir boAf-
diisaïuda joie; car, depuis l'arriv et des
missSlater, avec leurs rot>eade Mie nraives,
leurs cbapeaus garnis de fttnis, lesn vei-
les de denteUa et leurs écharpei de gne,
sa (été n'avait plos cassé d'être ren^ da
visions de toUette; et rine dans na lieu
où elle aura la facaké de s'babiller «m»,
lui paraisiait devoir être pour die le com-
ble du bonbear. Elle avait nn penchant
inné pour I» parure. Soavent, toraqa'dle
était encore petite ûUe, elle allait s'astaoir
an bord de k grand'ronte, pour gnetltf
du regard la voiture puUique, qni ehaqm
joue i^aasait prbs de l'halHUtioa isriie de
son pëce; et quand les rnbau de vive
nuança, quand les «bUes anx cenleurs
tranchies glisHaient comme une briUaate
apparition devant ae» yeux endaiiés,
Abby £e disait que, plus tard, elle atuei
aurait en sa possession loues ces choses
qui lui semblaient si belles. L'igs de
femme se montrait ji son esprit, comme
tin temps de la vie dont te principal plaisir
consiste à se parer. H^ i mesure que lea
années s'écoulaient, Abby s'apercevait de
plus en plus que ce serait là nne source de
jouissance fermée peuc elle tant qn'dle ha-
biterait sons le toit de sa bniUèe, en- Mo
père ne pouvait ni ne voelait la satisfaire
sur ce point ; et tout lui faisait craindre de
n'avoir jamais pour coiSbre que le même
chapeau de batiaU écrae; poar tmlette
des grands joui», qwe la Même petite robe
d'indienne. Hais quand il Ait dCddé qn'eRe
irail i Lowell, eBe se promettait d'y gt>
gner de l'argent autant qu'elle en pour-
rait gagner, et l'emploierait à s'acheter de
beaux habits. Elle aurait des robes de soie;
l'une couleur vert-pré; une autre ronge-
cerise; une troisième de telle nuance 1
décider an moment de l'acquiàtion. Elle
aurait im chapeau dans le dernier genre,
beaucoup plus joli que celui de Juha Siater.
Lorsqu'enfin die tomba endormie, ce fnt
ponr rêver de flenrs et de dentelles; et sa
riante lanUisie se promena toute la nuil
an milieu d'une vaste et charmante collec-
tion des produits élégants dos i Tart des
marchandes de modes.
Mais bien différents étaient les rêves de
la mère d'Abby; et les premières paroln
que, le lendemain matin, elle adressa, en
s'é veillant, à sob mari, furent cellee-ci :
iftlonsienr Atktns, est-ce sérieusenenl
que vous avez donné hier soir !i notre Ablq
la peraùssion de partir pour LowellIJe pen-
sais d'abord qoe yam itàa fiché d'avoir
été interrompu par noi dans votre ieenire,
et qu'en parlant ainsi, tous n'aviez en
d'autre intention qne de couper court i la
conversation,
— b'on, ma fenime, je parius aimaa^
mtafr et vens ne m'iaiercoofiai paa, eai
j'M^ éeooté tout ce qui s'était dît enta
Abby et vens. Abby est une jeune Iffle
d'an caractère indépendant et inconsidéré.
Je ne sais trop ce qu'il est bon de faire
avec elle, mais peut-être est-ce aoe expé-
rience i (enter de la laisser quelque ten^
-<&>-
•<3SI^
T et agir par elle-mAme. Je m'atleods
\ ce qu'elle dissipera d'abord la loUlité de
ses apptHotements en dépeases de toileite ;
mais elle ne tardera pas à reconnaître la
folie d'one partàlle conduite. Dans tnas ks
cas, elle sera Traisanblableoient amenée i
comprendre nn peu nûeu la laleor de
l'argent, quand elle se sera tne obligée
d'en acquérir par son propre travail. Après
avoir été Uvrée à ses génies inspirations
dnrant une année, il est possible qn'elie
revienne de son plein gré près de noas,
qu'eDe se montre plus posée, et consente
& consacrer ses actives jàcultés {car c'est
nne enËint très-capaUe) ani soins do
ménage. Jusijn'i présent, en eOct, c'est
an dehors que nous avons principalement
utilisé ses services. La voilà désormais
d'un âge qui ne noua permet plus d'en
user ainsi. Je désire d'ailLenrt qu'elle voie
nn pen le monde et ce qui s'y passe. J'es-
père que si elle n'en retire ancnn profit,
elle n'en recevra non plus aucun dommage.
— Oh I mon ami, je crains bien pour
e^ Les miss Slater n'ont pas une meil-
kore cervelle que la sienne, et l'entraîne-
ront dans toutes sories de fdiee. Obli^ps-
la, je inns en prie, de rester aupr^ de
noDS.
— J'ai promis, répondit M. Atluos, je
tiendrai ma {iromease. ■
Abbf all^t et venait avec iiniaaiiiwi,
s'occnpant des préparatifr nécemairei i son
voyage, et ta mère la secondait, le «nr
gros de BDupirs.
La veille de son départ, dans la soirée,
son père l'appela, et fixant sur elle un re-
gard grave, attentif et presqae triste :
■ Abby, dit-il, aiee-vous jamais réflé-
chiT*
Abby fut dominée et presque intimidée.
> Oui, mon père, répoudit-elle enfin,
j'ai beaucoup pensé dans ces derniers temps
4 m'en aller à LowtU.
— Uaia je ne crois pas, mcai enlani
vous ayez sériensemeat réfléchi
jet, et je crains d'avoir mat agi en consen-
tant i votre départ. Si j'étais trop pauvre
pour fournir à vosbesoins, et que jen'eusse
ancnn moyen de vous occuper utilement
chez moi, je ne m'adresserais point de
reproches, et vous laisserais partir, en me
disant qne tout est pour le mieux. Uais
maiuieuant j'ai fait ce dont pins tard,
peut-être, je me repentirai cruellement
Si donc vous ne voulez pas me rendre bien
nùsérable, Abby, vous ocus reviendrez
meilleure fille, pins douce et plus sensée. ■
Li mit suivante Abby se livra, pour la
première fois de sa vie, i de profondes
méditations. Les paroles de son père,
rendues plus impressiounantes par le re-
gard et le ton qui les accompagnaient,
étaient descendues dans son cceur avec une
autorité qu'aucune parole venue de lui
n'avait eue jusqu'alors. Le prompt acquies-
cement donné à ses désirs l'avait d'abord
éloouèe; mais cet acquiescement prenait
aujourd'hui une signification nouvelle. Elle
comprit que ses parents l'abandonnaient à
son libre arbitre, parce qu'ils désespéraient
de pouvoir exercer aucune action utile
sur elle, et la jugeaient trop indocile, trop
insoudaolf, trop indomptable, pour être
instruite autrement que par les leçons de
l'expérience.
* Je les surprendrai, se dit-elle. Je leur
montrerai que je suis capable de quelque
réQexion, et mon père n'aura plus lieu
dorénavant de me deounder si je réfléchis.
Oui, je connais quelles sont leurs o-aintes,
et je leur [vouverai que je puis veiller sur
ma propre conduite avec autant de pru-
dence qu'eux-mêmes y ont jumais veillé.
Je sais que je n'ai pas toujours agi comme
je l'aurais dû ; je vais maintenant com-
mencer il bien faire, et ils trouveront en
moi, k mon retour, une fille meilleure,
plus douce et plus sensée. Ce prix de
travail, qne je me proposais de dépenser
en paruresj je le déposerai à la Caisse
-îSS^s-
— 564 —
d*épargne, je Ty déposerai intégralement,
et mon père reconnaîtra mon aptitude,
non-seulement à gagner de Targent, mais
à le bien administrer. Oh! combien je
différerai de ce que l'on croit! Et quelle
joie pour mes parents quand ils verront
qu'après tout je ne suis pas d'une si mau-
vaise nature I d
Des impressions et des idées nouvelles
avaient engendré de nouvelles résolutions.
Les rêves de cette nuit ne furent pour
Abby que sourires de sa mère et mots
approbateurs de son père, tels qu'elle n'en
avait jamais obtenu ni mérité.
Lorsqu'elle leur fit ses adieux, le lende-
main matin, elle ne trahit en rien le chan-
gement survenu dans ses projets et dans
ses sentiments; car elle ne laissait pas
d'entretenir quelque doote sur sa constance
à y persévérer.
Cette défiance était digne d'éloge, et fa-
vorable au succès même de ses desseins.
Mais Abby avait un développement très-
marqué dans cette partie du crâne où les
phrénologistes localisent l'organe de la
fermeté, et quand une fois elle avait pris
une détermination, elle y persistait d'ordi-
naire jusqu'au bout. Elle adopta une ligne
de conduite entièrement opposée à celle
qu'on attendait d'elle , comme à celle
qu'elle-même s'était d'abord tracée. Ce
dernier point était le plus difficile, à cause
de son penchant dominant pour la toilette,
penchant que ses compagnes ne se fai-
saient pas faute d'encourager. Mais quand
Julia Slater la pressait d'acheter telle ou
telle pièce de belle soie, telle autre de ma-
gnifique mousseline, elle répondait inva-
riablement :
a Non, j'ai résoln de ne rien acheter de
pareil, et je maintiendrai ma résolution. »
Avant de venir à Lowell, Abby s'éton-
nait, dans sa simplicité, qu'on pût ré&ider
dans un lieu où il y avait tant de choses à
vendre, et ne pas y dépenser jusqu'à sa
dernière pièce de monnaie. Maintenant, il
.lui fallait appeler à son aide toute sa force
d'âme, pour résister aux mille séductions
que rencontraient ses yeux, tandis qu'elle
se promenait le soir dans les rues inon-
dées de lumières. Passer près des maga-
sins de modes et des ateliers de confec-
tion sans s'y arrêter, c'étaient là de rudes
épreuves. Néanmoins, elle surmonta toutes
les tentation^.
Mais Abby comprit que l'argent qui ré-
munérait son travail ne serait en sûreté
qu'à la Caisse d'épargne, et il y fut régu-
lièrement déposé, à l'abri de tout caprice,
auquel elle eût pu momentanément céder.
Elle ne satisfit aucun de ses goûts, si ce
n'est celui que, depuis peu, elle avait
conçu pour les choses de l'intelligence : et
c'était à lire des livres utiles qu'elle em-
ployait ses heures de loisir.
L'année s'écoula pour Abby dans un état
permanent de contestation avec elle-même
et de privations volontaires, mais non de
peines sans compensations. Les désirs de
tant d'années précédentes ne pouvaient
être domptés par la résolution d'un mo-
ment ; mais après la lutte venait la satis-
faction du triomphe. Plus le combat avait
été désespéré, plus grand était le mérite
de la victoire. C'est ainsi qu'Abby passa
tout un dimanche dans les larmes, parce
que Judith Slater n'avait pas voulu lui per-
mettre de raccompagner dans leur réu-
nion habituelle de jeunes fiUes, avec son
chapeau antédiluvien. Une autre de ses
compagnes observa que sa robe devait da-
ter de l'an premier. Le sang alors lui mon-
tait aux joues , des éclairs jaillissaient de
ses yeux ; elle eût souhaité se trouver bien
loin de là, pour ne point entendre les ma-
lignes allusions dont elle était l'objet. Ce-
pendant rien ne put l'ébranler.
UL
Au terme d'une belle joarnée d'avril,
M. Atkins était assis près du feu de sa cui-
sine, avec Charley sur ses genoux.
« Ma femme, dit-il à mîstress Atkins,
, qui s'occupait activement à pré|.ar6r le
^
— 568 —
repas dasoir, n*y a-t-il pas un an qu'Âbby
nonsa quittés?
— Voyons, mon ami» que j*y songe. Je
nettoie d'ordinaire la maison de fond en
comble un peu avant le vendredi saint, et
l'onvrage n'était pas terminé quand Abby
est partie. Je me souviens que je lui en
parlai, et lui dis que c'était mal fait à elle
de me laisser seule ainsi, avec tant de be-
sogne sur les bras, c Ma mère, me répon-
dit-elle, je serai ici l'année prochaine pour
vous aider, d Oui, il y a un an, et je ne
serais nullement étonnée de la voir revenir
celte semaine.
— Peut-être ne reviendra-t-eUe ni
maintenant ni plus tard, dit M. Atkins
d'un air sombre. Elle ne nous a écrit que
rarement. Elle a, je le suppose, le bon
sens de comprendre qu'il vaut mieux point
de nouvelles que de mauvaises nouvelles;
et n'ayant guère de choses agréables à
nous dire sur son propre compte, elle
préfère ne rien dire du tout.
— Mon ami, je vous eiposai mes crain-
tes ; et, si vous aviez voulu faire usage de
votre autorité, Abby eût été forcée de res-
ter sous le toit paternel Mais sa conduite
n'est peut-être pas aussi mauvaise que vous
le pensez. Elle est, vous le savez, peu ac-
coutumée à écrire, et cela explique la ra-
reté et la brièveté de ses lettres ; mais tou-
tes, même les plus courtes, nous ont donné
l'assurance qu'elle serait de retour au bout
de l'année révolue.
— Papa, la diligence s'arrête ici I » dit
le petit Gharley.
Et il sauta en bas des genoux de son
père. Une exclamation retentit dans la
cuisine : « Toici Abby 1 voici Abby I »
Peu de minutes après, Abby était au
milieu du groupe joyeux. Son père lui ser-
rait la main en silence, et de grosses lar-
mes roulaient dans les yeux de sa mère.
Ses frères et ses sœurs faisaient échter au-
tour d'elle 4eur joie bruyante, à l'excep-
tion du petit Charley, pour qui Abby n'é-
tait plus qu'une étrangère, et qui repous-
sait avec terreur toutes les avances qu'elle
lui faisait dans le but d'en di>teDir meil-
leur accueil. Ses parents la contemplaient
avec une joie muette ; car ils comprenaient
qu'un changement heureux s'était opéré
dans le caractère de leur fille. Elle était là,
devant eux, un peu plus grande, un peu
plus mince, et, quand les teintes animées
de la première émotion se furent effacées
de ses joues, un peu plus pâle peut-être
qu'autrefois; mais ses yeux brillaient d*une
douce gaieté, et le sourire de la santé et de
l'innocence se jouait autour de ses lèvres
roses. Elle suspendit soigneusement son
chapeau de paille neuf, orné d'une simple
garniture de rubans bleu clair, et dégagea
des plis de son chftle la pureté de ses for-
mes bien dessinées, que sa robe de mé-
rinos d'une couleur foncée faisait ressortir
dans tout leur avantage. Il y avait plus de
délicatesse dans son extérieur que lors-
qu'elle les avait quittés, et, en même
temps, plus de douceur dans ses manières;
car un frottement continuel avec tant de
jeunes personnes de son sexe avait usé
les petites aspérités qu'on remarquait pré-
cédemment dans son humeur.
« Eh bien ! Abby, combien de robes de
soie avez- vous rapportées? demanda son
père, comme elle ouvrait une grande malle
toute neuve.
— Pas une, mon père, répondit-elle en
fixant sur lui ses yeux noirs. Mais voici,
continua-t-elle, quelques petits livres pour
les enfants, et une robe d'indienne pour
ma mère. Yoici encore une cravate de soie
noire, que je vous prierai de nouer au-
tour de votre cou le dimanche. Acceptez-
k, cher père, c'est le 'premier don que
vous offre votre fille.
— Vous auriez mieux fait de m'acheter
une paire de lunettes, car je n'y vois
plus...f y>
Il y avait des pleurs dans les yeux du
rude fermier ; mais il s'efforçait de rire et
de plaisanter, afin de ne pas le laisser aper-
cevoir.
;,<;^
^^<^
-^s^
— 566 —
a Alors qu'arez-TOiis fût de toat Totre
argent ? reprit -il après an court silence.
— J*ai pensé qu'il valait mieux l'ap-
porter ici, » dit Abby.
Elle remit son livret de Caisse d'épargne
dans les mains de son père. M. Atkins le
regarda un insUnt, et son sourire forcé
s'évanouit C'était pour lui une surprise
trop grande, et les larmes tombèrent lar-
ges et rapides de ses yeux paternels.
« Ce n'ist que peu de chose, ajouta
Abby.
— - Mais c'est tout ce que vous avez pu
mettre de côté, et je suis fier de vous,
Abby; oui, fier d'être le père d'une telle
fine. Ce n'est pas cette somme insigni-
fiante qui me cause unt de plaisir, mais
la prudence, l'empire sur vous-même,
l'affection réelle pour nous dont vous avez
fait preuve. Cependant ne vous a-t-il pas
été quelquefois bien dur de résister à la
tentation?
— Oui, mon père, plus dur que vous
ne pourrez jamais l'imaginer. Mais la pen-
sée du moment où nous sommes m'a sou-
tenue. Je me représentais d'avance votre
sourire; je savais ce que ma mère dirait
et sentirait; et qu<Nqu*il y ait eu bien des
instants, et même des heures, où je me
sois trouvée malheureuse , ceUe wriiée
suffit pour les racheter tous. Il n'y a qu'une
chose qui gâte mon bonheur : c'est de
voir que ce petit homme m'a entièrement
oubliée. »
Elle attira Cbarley auprès d'elle. Uaisle
nouveau livre d'images avait déjà opéré
des merveilles : bientôt après il était sur
les genoux de la jeune fille, lui entourant
k cou de ses petits bras^ et sa mère ne
put lui persuader d'aHerse coucher, avant
qu'il eût donné cent baisers à sœur Abby.
« Mon père, dit Abby en se levant pour
se retirer au moment où la grande horloge
sonnait onze heures, ne pourrai-je pas ,
lorsque ma mère n'aura pas besoin de mes
services, retourner quelquefois à Lowdi ?
Je désire grossir un peu la somme que j'y
ai gagnée, et je serais bien aise d'avoir une
robe de soie.
— Oui, Abby, vous pourrez faire tout
ce que vous voudrez. Tous avez prouvé
que vous possédiez une vertu sans laquelle
nul ne peut s'attendre à inspirer en ce
monde ni respect ni confiance : la force
de se rdfuser quelque ohose à soi-même, d
[Traduit de l'anglais, )
M"' A. DE BfiNT.
MARIE-THÉRÈSE DE FRANCE,
DUCHESSE D'ANGOULÊME.
Un grand martyre vient de s'achever ;
une -sainte vient de monter au ciel I Tel
est le cri qu'arrache en œ moment à tous
les cmurs pieux , à toutes les âmes recon-
naissantes la douloureuse et presque inat-
tendue nouvelle de la mort de madame la
duchesse d'AngouIéme.
Il y a des existences prédestinées que
Dieu semble désigner pour porter le poids
de toutes les fautes de l'humanité ; ce |
sont , pour ainsi dire, ite v ictinies élues.
Dans les temps horribles que la fille de
Louis XYI 'traversa , ses larmes furent
comme une offrande de chaque jour pour
l'expiation desforfaits qui se consomnQSiîent
autour d'elle. Il n'y a pas dans les livres
saints une figure plus noble et (dus dou-
loureose ; et voyez quel est l'empire de k
vraie vertu : à une époqite où l'accumu^-
lation des catastrophes et la philosophie de
J^^^
^^)^
-. 567 ~
rtdsioire ont eiidvrci leà oœvra, h mert
de Marie-Thérèse de France eat «ftoore
QBe douleur générale t. ••
Oui , tontes les dhersions de partb se
sont tues devant cette tombe ^i s'oOTre;
tous se sont associés an denll de l'antique
famille de nos rois. C'est qne lorsqae l'on
considère la somme immense de donlenr
amassée sur cette auguste orpheline , la
grandeur et la persévérMice des malheurs
qni ont fait de sa m nn perpétud holo*
causte, on ne peut s'empêcher d'éprouTer
tout ce que le sentiment de la pitié ren*
ferme de pieux et de respectoeux. C'est
bien à propos de la fille de Louis XYI et
de Marie-Antoinette qn'on dok s'étonner
atec Bossuet de la quantité de larmes que
peuvent c<mtenir les yeux des reines. Sa
vie peut se résumer en un seul mot : die
a été malheureuse depuis le premier jour
jusqu'au dernier.
Bien que née sur les marches du pre-
mier trône de l'Europe et du monde,
Marie-Thérèse de France n'a jamais connu
le bonheur; les splendeurs qui entourèrent
son enfance ne firent que rendre plus
cruelles les circonstances fatales dont elle
fut bientôt h victime. Née le 49 décem-
bre 1778s Marie-Thérèse avait à peine
rage de raison lorsque la fermentation ré-
Tolutionnaire vint jeter le trouble an sein
de sa royale famille. Loin d'être calmes et
doux comme ils le sont ordinairement, ces
jours de son enfance forent agités par les
clameurs popohiires, par les menaces et
les cris de haine d'une populace aveuglée.
Après avoir passé, dans le palais de Ver-
sailles et dans celui des Tuileries, par
toutes les angoisses de l'humiliation et de
répouvante, die se vit^ à Tige de treize
ans, jetée avec toute sa famiHe dans une
sombre prison.
Cette transition snl»te du trône dans un
cachot n'était qu'un prélude à des événe-
ments plus douloureux. La famille royale
vivait au Temple sous la surveillance in-
quiète et brutale des affidés de la Com-
mune ; mais la reine, sa fiHe et madame
Elisabeth, logées dans un appartement sé-
paré, voyaient encore le roi tous les joum
Étrangers aax bruits du dehors , ib re*
trouvaient dans le silence de la captivité
toute cette simplidté d'affection qui se
perdait jadis au milieu des préoccupations
da trône et des embarras de la grandeur.
La jeune fiHe rivalisait avec sa tante pour
adoudr par ses soins, par sa tendresse, les
tourments de son père et de sa mère;
mais ce dernier, ce plus grand bonheur'
loi fnt bientôt enlevé. Séparée d'abord de
son père, elte entendait avec effroi les
rugissemoftts de la multitude égarée de-
mander le supplice de tous ceux qu'elle
aiSMit : c'était dans ces transes inces-
santes, dans ces terreurs de tous les in-
stants que s'écoulaient les premiers jours
de son adolescence.
Le suppHce de son père, les adieud dé-
chirants qui le précédèrent , ne furent pas
les derniers malheurs qui devaient la frap-
per; elle était condamnée à assister au
martyre de tous les siens. En quittant sa
prison pour monter sur l'échafaud» sa
mère, Marie^Antdnette, cette rdne tMt
calomniée , avait confié sa fiHe à sa belle-
soeur, la douce et pieuse madame Elisabeth^
La tendresse ingénieuse de cette vertueuse
princesse avait caché avec soin à la jeune
orpheline le nouveau malheur qui venait
de l'atteindre. Mais, hélas ! entraînée bien-
tôt elle-même dans cette horrible pro-
scription , elle eut la douleur de laiseer sa
nièce, seule, à la merci de ses geôliers. Dès
le lendemain de cette dernière et cruelle
séparation , la jeune princesse , qui n'avait
pas encore quinze ans, redemandait à
tous les geôliers, sa nière et sa tante, sans
soupçonner même qn'die en fOt séparée
par la mort Elle les croyait dms une aatre
prison, ou retenues par les interrogatoires
d'un tribunal ; elle espérait» dit un histo-
rien , que la porte du Temple, en se rou-
vrant, allait les rendre à sa soUtcitude et à
I sa tendresse. Les geôliers eux-mêmes ne
f
II
^0
ofM
'^^ih
*<f?^'^
"^^^•i;
— 868 —
furent pas assez cruels pour la détromper;
le temps seul et l'absence , en se prolon-
geant , lui firent deviner Taffreuse Térlté.
Elle fondit en larmes, elle ne pouvait
croire à tant de malheur le silence de
ses geôliers, à toutes ses questions^ acheva
seul l'affreuse révélation.
Sa mère et sa tante, en sortant de la
prison , lui avaient dit : Si nous ne reve-
nons pas, tu demanderas à la Commune de
Paris une femme pour t*assîster dans le
cachot, afin de ne pas rester seule au mi-
lien des hommes. Elle leur obéit par dé-
férence, dit-elle, et sans aucun espoir que
sa requête lui fût accordée par la dureté
de ses gardiens. On lui répondit, en effet,
qu'elle n'avait pas besoin de femmes pour
se parer devant des murailles. On feignit
de craindre que l'isolement et le désespou:
ne la portassent au suicide, que sa tendre
piété regardait comme le plus grand des
crimes. On loi 6la ces petits couteau
dont on se servait alors pour enlever la
pondre sur le front des femmes; ses ci-
seaux, ses aiguilles à tricoter, jusqu'aux
plus innocents ustensiles de fer ou d'acier
nécessaires aux ouvrages de jeune fille, par
lesquels elle aurait pu distraire au moins
l'oisiveté de sa solitude , ou raccommoder
ses vêtements en lambeaux. On lui eoleva
jusqu'au briquet à l'aide duquel elle pou-
vait éclairer la longueur de ses nuits et de
ses insomnies ; la lumière même parut une
douceur trop indulgente pour la jeune
captive. On lui défendit d'allumer le poêle
qui chauffait sa prison.
EUe n'avait 9 continue M. de Lamar-
tine , dans son Hietok^e de la Révolution p
pour conscdalion que le sommeil , la vue
du cicl,.le jour, à travers les grilles, et
quelques visites an dauphin son frère,
captif dans une chambre voisine , et déjà
dégradé par la maladie et par la férocité
de ses gardiens. Ceux qui la conduisaient
près de lui étaient quelquefois cléments et
attendris, souvent ivres et brutaux. La
vue et l'entretien de son frère ne faisaient
qu'accroître sa consternation; die le voyait
dépérir, et monrait ainsi elle-même de
deux agonies... bientôt le pauvre enfant
s'achemina lentement vers la mort, comme
une plante sans air et sans soleil.
La princesse bénit cette mort en la
pleurant. Dieu enlevait enfin son frère et
son roi à son long supplice. EOe acheva
en silence le sien.
Ainsi s'écoulaient, pour la captive de
seize ans^ dans la tour du Temi^, les
jours, les mois» les années. Cependant,
du jour où la Convention ne craignit
plus un [Hrétendant , elle permit à la
pîiié publique d'en ap|MX>cher. Après la
chute de Robespierre les mesures devin-
rent moins sévères; plusieurs villes récla-
mèrent la liberté de la jeune orpheline.
La ville d'Orléans donna le signal^ elle en-
voya, peu de jours après la mort de
Louis XVII, des députés à la Convention
pour réclamer la délivrance de la jeune
princesse et sa translation au sein de sa
famille, a car^direntles députés d'Orléans,
qui d'entre nous voudrait la condamner à
habiter des lieux encore fumants du sang
de sa famille ? »
Nantes suivit cet exemple; Charette
demanda au nom de la Vendée, et comme
condition de la pacification de ces provin-
ces, que la fille de Louis XVI fût rendue à
sa famille. La Convention hésitait encore.
Cependant la prisonnière pouvait, grâce à
la connivence des conmiissaires, qui fer-
maient les yeux, correspondre avec quel-
ques serviteurs fidèles, et en se promenant
dans le jardin avec son unique compagnon^
le chien que son père lui avait laissé en
partant pour l'échafaud, entrevoir des
visages amis aux fenêtres environnantes.
Enfin, le 30 juillet, la Convention, sur
le rapport de son comité de salut public et
de sûreté générale, décréta que la fille de
Louij XVI serait échangée avec l'archidoc
contre les représentants et les minisires
que Dumouriez avait livrés au prince de
Cobourg. Le 19 décembre 1795, jour an-
— 360 —
nÎTersaire de sa naissance, à mînoit, elle
sortit de sa prison , n'y laissant d'autre
trace de sa captivité et de ses larmes que
ces deux lignes, gravéej par elle sur la
pierre de sa fenêtre pendant les longues
oisivetés de la réclusion : mon père I
veille sur inoi du haut du ciel, mon
Dieu /pardonnez à ceux qui ont fait mou-
rir mon père l
Pour éviter toute émotion du peuple, le
ministre chargé de la faire conduire à l'é-
tranger, l'emmena, à pied, du Temple
jusque dans une rue voisine où une voi-
ture l'attendait; de là, on gagna, par des
sentiers déserts et à peine bâtis aux alen-
tours du boulevard, un terrain vide situé
derrière la porte Saint-Martin ; là , une
berline de poste occupée par madame de
Sancy, sous-gouvernante des enfants de
France, et par un ofûcierde gendarmerie,
reçut la princesse qui partit en versant
des larmes, car elle laissait derrière elle,
avec ses quatre ans de jeunesse écoulés à
l'ombre d'un cachot, les cadavres de son
père , de sa mère , de son frère , de sa
tante , de la princes:ie de Lamballe, des
personnes de sa cour et de tout ce qu'elle
avait connu et aimé dès le berceau.
Telle fut, mesdemoiselles, la première
partie de cette douloureuse existence ; la
jeune princesse n'avait que dix-sept ans,
et elle avait déjà éprouvé plus de mal-
heurs qu'on n'en peut ordinairement
compter dans la vie la plus longue et la
plus infortunée. L'exil, ce supplice si cruel
aux coeurs généreux, devenait pour elle un
soulagement; elle allait retrouver ce qui
lui restait de famille , elle allait encore
donner au monde l'exemple du dévoue-
ment et de Tamour filial ; elle avait jus-
qu'alors montré des vertus de jeune fille,
elle allait montrer qu'elle possédait aussi
celles de la femme.
Elle se rendit d'abord à Vienne, où l'em-
pereur, son oncle, et toute la famille im-
périale lui firent Faccueil que méritaient
ses malheurs et le caractère dont elle
PIX-NBUVIÈME ANNÉE, 4* SlÎRIB. — N° XII.
avait fait preuve. L'intention de l'empe-
reur était de l'uuir à son frère l'archiduc
Charles, le héros de l'Allemagne ; mais elle
se rappela que son père l'avait destinée à
son cousin le duc d'Angouléme, fils aîné
du comte d'Artois ; elle voulut obéir à sa
dernière volonté, et partit pour Mittau, où
son oncle Louis XYIII l'appelait pour
cette union de famille. Ce fut là^ que le 10
juin elle épousa son cousin, et, chose re-
marquable, son mariage fut bénit parTabbé
Edgeworth, qui avait reçu les dernières
prières et la dernière confession de
Louis XTI , et ne l'avait quitté qu'au pied
de l'échafaud en lui disant : Fils de saint
Louis^ montez au ciel î
La duchesse d'Angouléme suivit dans
toutes leurs vicissitudes les exils, les chan-
gements de patrie et de fortune de son on-
cle. Ce prince l'aimait par sentiment et
par orgueil ; il se parait de cette beauté,
de cette jeunesse , de cette piété aux yeux
de TEurope. Il l'appelait son Antigone, et
se montrait appuyé sur le bras de cette
nièce, comme une royauté protégée d'en
haut par l'ange du deuil. Elle suivit son
oncle à Hartvrel, où elle vécut dans une
profonde retraite jusqu'en 181^, époque
à laquelle la Providence replaça sa famille
sur le trône de ses pères ; mais ce bonheur
ne devait pas être de longue durée ; elle
était à Bordeaux lorsque Napoléon, brisant
ses fers , débarqua à Cannes ; forcée de
s'expatrier de nouveau, la duchesse d'An-
gouléme se rendit en Angleterre; enfin, le
28 juillet 1815, elle rentra en France.
L'accueil enthousiaste que fit alors à cette
royale famille la population tout entière
dut adoucir un peu Tamertume qu'éprou-
vait son cœur en revoyant des lieux où
elle avait tant souffert. A dater de ce jour,
sa vie se partagea entre des actes de piété
et des actes de bienfaisance qu'il serait im-
possible d'énumérer. Outre les nombreux
bienfaits qu'elle répandait sur tous ceux
qui avaient recours à elle, elle avait trouvé
un ingénieux moyen d'aller au-devant de
24
m^\:
_>^V5^
— 570 —
ces misères qui se cachent et qoi sodi lès i n lions sur la France^ que fai toujours
plus cruelles. Tous les aos, le 19 décem-
bre, auniversaire de sa naissance , elle
partait de bonne heure , Fans escorte,
dans une voilure sans livrée, emportant
tout l'argent dont elle pouvait disposer,
puis elle a lait de grenier en grenier por-
tant partout des secours et des consola-
tions , et ne renti-ait que lorsqu'elle avait
distribué tout ce qu'elle avait emporté. Ce
retour aux splendeurs du trône fut encore
semé, pour elle, de douleurs et de chagrins.
Les conspirations contre son oncle, l'assas-
sinat du duc de Berry , la mort de
Louis XVIII lui rappelèrent que sa mission
ici-bas était de souffrir.
Enfin, la révolution de juillet lui ouvrit
une troisième fois les portes de l'exil, une
troisième fois elle retourna demander
l'hospitalité à la terre étrangère sur laquelle
elle devait mourir; et comme si ce n'était
pas assez de toutes ces vicissitudes de la
fortune, la calomnie vint encore froisser
son cœur : des esprits étroits, incapables
de comprendre ce qu'il y avait de grand et de
généreux dans une âme comme celle de la
duchesse d'Angouléme, l'accusaient de ne
pas aimer la France , on plutôt de ne pas
pouvoir l'aimer. A ceux qui ont cru, et
ceux qui croient encore à cette calomnie
nous répondrons par les passages suivants
du testament qu'elle vient de laisser.
a A l'exemple de mes parents, je par-
» donne de tonte mon âme, et sans excep-
)) tion, à tous ceux qui ont pu me nuire
ï> et m'offenser, demandant sincèrement à
» Dieu d'étendre sur eux sa miséricorde,
» aussi bien que sur moi-même , et le
y> supplie de m'accorder le pardon de mes
» fautes.
)) Je remercie tous les Français qui sont
> restés attachés à ma famille et à moi,
if> des preuves de dévouement qu'ils nous
D ont données , des souffrances et des
» peines qu'ils ont subies à cause de
» nous.
D Je prie Dieu de répandre ses bétiédic"
y> aimée au milieu de mes plus amires
» afflictions.
r> Ayant toujours considéré mon nevea
» Henri et ma nièce Louise comme mes
» enfants, je leur donne ma bénédiction
)) maternelle; ils ont eu le bonheur d'être
» élevés dans notre sainte religion; qu'ils
» lui restent constamment fidèles, qu'ib
» soient toujours les dignes descendants
» de saint Louis ! Puisse mon neven con-
D sacrer ses heureuses facultés à Taccom-
D plissement des grands devoirs que sa po-
» sition lui impose I poisse-t-il ne s'écarter
» jamais des voies de la modération, de la
ï> justice et de la vérité t »
Tels ont été les derniers vœux de cet
ange sur la terre.
Madame la duchesse d'Angouléme fut le
modèle de toutes les vertus sanctifiées par
tous les malheurs. Sa vie fut uTéprodia-
ble comme sa conscience ; elle portait en
elle cette grandeur d'âme que la fortune
ne peut dégrader, que les revers ne peu-
vent décourager. Inflexible comme le de-
voir, elle fut toujours semblable à elle-
même aussi bien dans les demeures de
l'exil que dans les palais de la royauté I
Son cœur était ouvert à tout ce qui était
noble et généreux. Française par son sang,
tous ses vœux étaient pour sa patrie ; chré-
tienne par son éducation, par ses malheurs
et par ses convictions, toutes ses pensées
et toutes ses espérances étaient en Dieu.
Madame la duchesse d'Angoidême vivra
dans l'histoire comme une des femmes
qui ont le plus honoré son pays et son
temps; à la place de la couronne qu'elle
devait porter. Dieu lui en réservait nne
autre 1 elle vient de la recevoir
Nous avons cru, mesdemoiselles, devoir
appeler votre attention sur l'existence si
douloureuse de cette princesse), dont les
malheurs, comme le dit Chateaubriand,
sont montés si haut qu'ils sont devenus
une des grandeurs de notre histoire.
A. Jadin.
*^ii^
— 871 —
LA SŒUR aînée.
Tandis que la maison paternelle reten-
tissait des préparatifs de la fête qui allait
avoir lieu pour le mariage de sa jeune
sœur, Amélie Valcour s'était retirée au
fond d'un jardin solitaire, et, cachée dans
un pavillon, elle laissait couler des larmes
jusqu'alors contenues avec effort Qui peut
néanmoins tromper l'œil d'une mère?
MadameVanderville, aïeule d'Amélie, avait
lu dans l'âme de sa petite-Bile ; elle cher-
chait l'occasion de Pentretenir sur la cause
de son chagrin, et la surprit an mîKeu de
ses pleurs. La jeune fille les essuya précî-
piumment, et s'efforça de sourire. « Ne
cherche pas à dissimuler avec moi, ma
chère enfant, dit madame Vanderville en
lui prenant la main avec bonté, et l'o-
bligeant de se rasseoir auprès d'elle, fai
bien vu ta tristesse, et je viens ici pour la
dissiper.
— Mais, grand'maman, à l'instant de
quitter ma sœur, dit Amélie avec beau-
coup d'embarras, il est bien naturel que
je ressente un peu d'affliction... Je ne vois
pas pourquoi vous vous étonnez...
— Oui, tu es affligée de quitter Caro-
line, mais votre séparation a peu de part à
U douleur. Voici quelle en est la vériiable
cause : tu crois recevoir un affront, toi
l'ainée, en voyant ta sœur se marier la
première. »
Amélie rougit et garda d'abord le si-
lence ; mais elle ne put résister au désnr
de soulager son cœur en l'ouvrant à sa
meilleure amie. « £h bien, oui, maman,
dit-elle enfin, vous avez deviné juste.
Je me sens profondément blessée de ce
mariage, il me semble voir dans tous les
yeux un air de nargue qui me dit : C'est
bien humiliant pour toi de te voir préférer
ta sœur cadette! Toutes celles de mes
compagnes dont je ne suis pjs aimée,
triomphent de cet événement qui me cou-
vre de ridicule. Désormais je n'oserai me
montrer nulle part dans ia crainte d'enten-
dre quelque allusion à cette mortification.
On ne manquera pas sans doute de la rap-
peler à toutes les personnes auxquelles je
parahrai amiable, afin de me dénigrer à
leurs yeux, et de jeter sur moi un air de
rebut Mon père et ma sœur ne m'aiment
guère apparemment, puisqu^Us ont con-
senti il me faire subir une injure si grave
et si pubSqne.
— Voilà bien de Fexagératîon, mon
enfant, ou plutôt, voilà bien de la folie.
Tu viens de me débiter des phrases de
peusionnaire tout à fait au-dessous du
bon sens que je te connais. Ton idée de
subir une humiliation n'est pas fondée le
moins du monde. Si dans la France les
mariages se faisaient comme chez les Sam-
tiites, si l'homme le plus estimable de la
nation avait le droit de choii>ir une épouse
entre toutes les femmes, oh I j'in con-
viens, ce serait alors un honneur de passer
la première ; mais comme les usages des
Samnites ne sont pas les nôtres, et que
pour un homme de mérite il y a mille am-
bhieux, mille avares, mille fous qui se
marient; il y a mille femmes que leur
rang, leur fortune, ou leur dissimulation
fera marier, contre une qui devra son ma-
riage à ses propres et véritables qualités.
Il faut être bonne, sage, vertueuse, aima-
ble en vue de plaire à Dieu, à nos parents,
et pour notre propre dignité; mais en vé-
rité c'est faire trop d'honneur aux hommes
et à leur pénétration que de juger de la
valeur d'une femme d'après la promptitude
avec laquelle elle trouve un époux. Le
mariage est un résultat du hasard qui met
enirapport deax personnes dont la posi-
tion sociale est à peu près semblable, et
dont les caractères paraissent s'accorder,
souvent même à cause de leurs défauts.
♦
9^$^
■^^
V
^
— 572 —
Écoutez la plupart des maris parler de
leurs femmes, et vous verrez quelle gloire
elles peuvent tirer du mariage. Tu as lu
l'histoire de France, tu sais si madame de
Pompadour était une femme méprisable?
Avant qu'elle eût quinze ans, un honnête
homme, trompé sur son caractère, l'avait
déjà choisie pour épouse. Mademoiselle de
Sombreuil méritait sans doute d'être re-
marquée et d'inspirer le plus vif intérêt,
elle ne s'est jamais mariée. Les agréments
mêmes d'une jeune personne entrent pour
fort peu de chose dans cette affaire. Assu-
rément madame de Maintenon était plus
jolie k dix-huit ans qu'à cinquante ; ce-
pendant à dix-huit ans elle ne trouvait
pour époux qu'un perclus assez ridicule; à
cinquante, elle devenait la feoune du plus
grand roi de l'Europe. YoiU, mon enfant,
les exemples et les pensées que tu dois
avoir présents à l'esprit, si tes compagnes
manquent à la délicatesse et à la décence
au point de t'adresser quelques railleries.
Je dis qu'elles manqueraient à la décence,
parce qu'une jeune fille, sans se jeter dans
les exagérations des héroïnes des romans
de chevalerie, ne doit pas cependant pro-
clamer si haut l'importance qu'elle attache
au mariage et le goût qu'il lui inspire.
— Oh I ma bonne maman, ne dîtes pas
cela pour moi, je n'avais aucun empresse-
ment de me marier, et je vous jure qu'à
la place de Caroline, j'aurais refusé de
passer avant ma sœur.
— Oui, je te connais, je suis con-
vaincue que tu lui aurais fait ce sacri-
fice. Mais, chère amie, il est un degré de
générosité, d'abnégation, qu'on peut sentir
en soi, sans avoir le droit de l'exiger des
autres. Caroline fait ce que presque toutes
les jeunes filles feraient à sa place. Sa con-
duite n'est point blâmable, elle est seule-
ment vulgaire : et tiens ; c'est une nou-
velle preuve à l'appui de ce que je te disais
tout à l'heure. Si Caroline pensait et sen-
tait comme toi, elle aurait plus de ten-
dresse fraternelle, plus de désintéresse-
ment, plus d'élévation d'âme, et point de
mari.
^ Mais pourquoi mon père nVt-il pas
exigé que cette union fût retardée d'un
an ou deux?.., d'ici là qui sait!...
— Mon enfant, un mariage différé est
souvent un mariage rompu. Réfléchis. Ton
père possède une fortune très-médiocre; il
se présente pour ta sœur un parti an-dessus
de tout ce qu'on pouvait espérer sous le
rapport du rang et de la fortune. Devait-il,
pour ménager en toi une susceptibilité
assez déraisonnable, risquer de priver Ca-
roline d'un établissement si avanUgeuxî
Lui est-elle moins chère que tui? Doit-il
moins songer à ses intérêts qu'aux tiens T
D'ailleurs tu ne vois dans ce mariage que
le côté blessant pour ton amour-propre.
Tu ne songes pas aux avantages qu'il
pourra te valoir. Tels parents n'auraient
point voulu laisser entrer dans leur famille
une jeune personne ayant une aussi faible
dot que la tienne, qni se décideront peut-
être en songeant à l'appui qa'un beau-
frère très-riche et très-haut placé, don-
nera à leur fils pour son ayancement dans
le monde : tu vas voir chez ta sœur une
société pins nombreuse, plus distinguée ;
ton père ayant moins à songer à Caroline,
s'occupera de toi bien davantage. Allons,
essoie tes yeux, que nul n'y puisse aper-
cevoir les traces de tes larmes. Le Trii
moyen de déconcerter l'impertinence et la
méchanceté, c'est de paraître contente de
ce qui se passe. On dura alors : le marié
possède une grande fortune, un rang fort
élevé, c'est vrai ; mais sous les autres rap-
ports, c'est un homme assez ordinaire;
qui sait s'il n'épouse pas la cadette au refus
de l'aînée?... Mais quoi! suis-je réduite en
parlant à mon Amélie à me servhr du lan-
gage qu'il faudrait employer avec une
jeune personne dont la vanité aurait ré-
tréci l'esprit et le cœur? Non, non, j'en
suis certaine, il suffira de te dire : Songe
à ton père, mon enfant Moins pénétrant
que moi, il n'a pas su detiner combien tu
c«>îô^
•Oi'*j
— 575 —
fiinaginais être offensée. Quelle sera sa
doulear s'il croit remarquer que le boa-
hear d'une de ses filles fait la désolation
de l'antre I Le jour du mariage de nos en-
fants est ordinairement un des beaux jours
de notre vie. Veux-tu, par ta tristesse,
empoisonner, détruire toute la joie de
ton père?
— Ohl que le ciel me préserve de re-
trancher une minute de bonheur dans
sa vie! Voilà qui est fait. Je chasse-
rai toutes les pensées qui m'affligeaient ;
d'ailleurs, les quelques larmes que j'ai
versées id m*ont soulagée. Il me semble
avoir payé à mon chagrin tout le tribut
que je lui devais. Dorénavant je songerai
à lasatis&ction de mon père, à la vôtre, à
celle de Caroline, et tout naturellement je
serai très-gaie.
-— A la bonne heure I je te reconnais
maintenant, je te retrouve. Viens, ma
fille, mon enfant chérie, viens embrasser
ta mère , et sois-en bien convaincue , la
prédilection dont tu es l'objet pour celle
qui depuis ton enfance ne t'a pas quittée
des yeux, qui connaît les mouvements de
ton âme , les pensées de ton esprit , les
traits de ton caractère, prouve cent fois
plus en ta faveur que la préférence accor-
dée par tous les étourdis du monde à une
femme qu'ils ne connaissent que pour
l'avoir vue danser , chanter et babiller
dans un salon. »
M"* F. Ymbert.
DULOGUE ENTRE UN AVEUGLE ET UN SOURD-MUET.
L'AVEUGLE.
Moi, je ne puis te voir, toi, tu ne peux m'entendre ;
Ensemble conspirons pour charmer nos douleurs :
Sans regards et sans voix, nous saurons nous comprendre,
En nous donnant la main, en rapprochant nos cœurs.
LE SOUBD-MUET.
Du fraternel amour doux et triste mystère 1
Tu me touches.... . déjà je l'ai senti gémir;
Ce silence éternel où je me désespère
A fait place, il me semble, à l'écho d'un soupir
l'aveugle.
Dans ma profonde nuit, il n'est nul trait de flamme
Qui peindrait à mes yeux ton sort infortuné ;
Mais voilà quelques pleurs, paroles de ton âme,
Qui tombent sur mon sein et j'ai tout deviné.
LE SOURD-MUET.
De la sainte pitié je connais la prière.
Je veux chaque matin la soupirer pour toi.
Tu la connais aussi, mon bon et tendre frère.
Que ta langue tout haut la répète pour moi !
*^-;' -'©ï^Na,
"^^^^^^y^
- 574 —
l'atedgle.
En paavres résignés traversons cette vie;
Le temps passera vite, et dans l'éternité,
Où tout n'est que lainière, où tout n'est guliarinoniey
Frère, je te verrai sourire à mon côté.
LE SOURD-MCET.
En paovres résignés traversons cette vie ;
Le temps passera vite, et dans l'éternité,
Où tout n'est que lumière, où tout B*est qu'harmonie.
Frère» je t'eiktendrai chantant à mon côté.
***
EXPUGATION DE L'É:>ïIGM£ GÉOGRAPHIQUE.
Abbeville, capitale du Ponthîeu, fut cé-
dée aux Anglais par le roi Jean^ qui avait
été fait prisonnier à la bataille de Poiiiers.
Ce fut avec vn mortel d^lïisir qae les ha-
bitants de celte ville se virent ainsi livrés
à la puissance d'une nation ennemie.
« Nous aimerions mieux être taxés de la
moitié de nos biens et rester Français i »
s'écriaient-ils. Cet accommodement ne fut
point accepté ; les Anglais se rendirent
maîtres de la ville , mais^non sans essuyer
une dure résistance. Un bourgeois, aommé
Ringois, fut arrêté dans une émeute, et
conduit à Douvres. On le plaça, chargé de
chaînes, sur le parapet de la forteresse
qui dominait la mer^ et on lui dit : < Re-
connaissez - vous pour seigneur le roi
Edouard? — Non, répondit-il, je ne re-
connais d'autre souverain que Jean de Va-
lois I » Et ce vaillant homme fut précipité
dans les flots.
Cet acte de cruauté redoubla l'ardeur de
la lutte entre les Abbevillois et les Anglais.
Le roi Edouard vint en personne prendre
possession de son 6ef ; il jura le maintien
des privilèges, tête nue, en présence des
échevins de la ville ; mais cet acte de défé-
rence ne put apaiser le ressentiment qui
s'élevait contre lui.
Charles Y, le Sage , seconia re(rf)rt des
habitants d' Abbeville , et leur aida à se-
couer le joug britannique. Les bonrgeois
battirent la garnison, ouvrirent les portes
aux Français, et le roi accorda St la ville
courageuse et fidèle de nombreuses fran-
chiites, la liberté du commence, le droit de
voter elle-même les taxes et les impôts
qu'elle devait payer ; il ajouta à ses armes
les fleurs-de-lys d'or et la devise Fidelis.
Charles VI, dans ses rares moments de
raison et de santé, témoigna une vive pré-
dilection pour ie séjour d' Abbeville ;
Loiû XII 7 contracta sen troi:>ième ma-
riage, et Louis XIII, peadant le siège
d'Hesdin , y vint faire Êe» dévolions à l'é-
glise des Minimes , vouant publiquement
son royaume à la sainte Vierge , deman-
dant la cessation des gaerres civiles et la
naissance d'un héritier. On sait que sa
piété fut récompensée par h soumission
des calvinistes et la naissance de Louis XIV.
La procession solennelle du 15 août re-
nouvelle chaque année la mémoire de ce
vœu.
Sous Louis XlVj Colbert encouragea
puissamment les manufactures d'Abbe-
ville, et surtout la fabrique de draps, diri-
gée par ^ancienne et historique famille de
Van Robaix.
L'église de Saint- Wulfran est le monu-
ment le plus curieux d* Abbeville ; et cette
ville se gloriGe avec raison d'avoir vu naî-
tre Millevoie^ ce poète gracieux, dont
quelque vers vivront toujours.
^'^^f
— 37tt —
CORRESPONDANCE.
Oui^ c*est ainsi que» dans notre Paris,
Dieu noDS (ait les beaux jours d'automnef
Le matin, nn brouillard gris et froid, at-
triste Patmosphère, pois, à midi nn ciel
bleu, un brSlant soleil lui rendent la gaieté.
Où es-tu, en ce moment, toi à qui et pour
qui f écris sur ma grande table ronde,
dans quelle partie de Tunivers ma lettre
ira-t-elle te porter mes Yoeux de bonne fin
d*anaéel A travers Hyde-Park, le Tent
agite-t-il tes doux et blonds cbeteui ? —
Dansunlégertratneau, cacbéesonstesfour-
rures, glis»es-tu sur les neiges de la yaste
Russie? — Fals-tn redire à ton pfano les
polkas, les mazurkas de ton pays bien-
aimé 7 — Peut-être brodes-tu le nom de ton
fiancé en chantant Vergissmein nieht! —
Sans doute, tu peins une Semper Augtis-
iu8^ la plus belle des tulipes de ta HoOande?
— Hais non, tu es à genoux devant la Ma-
done^ tu lui demandes sa protection pour
ta belle Italie. — Je me trompe, sons ta
mantiUe noire et suhrie de ta duègne, il
me semble te voir traverser le Prado et
entrer à l'église où tu pries pour llieu-
reuse délivrance de ta reine Isabelle. —
Si ta respires les douces odears de l'oran-
ger fleuri des horâB du Tage, ne m'ou-
blie pas ! — Ne m'oublie pas, si tu es
éclairée par le beau et grand soleil de
notre Algérie.
filais en quelque pays que tu sois, en
France ou à l'étranger... partout j'irai
le dire que je suis tout à toi. Et puisque
tu veux reprendre le gracieux travail des
fleurs, nous allons reconmiencer les pre-
mières iostmctionst dans la cndnle que tu
ne le» aies oubliées.
D'abord, tu as une petite table sur la-
quelle tu places plusieurs petite cartons.
S'il s'agit, je suppose, de faire des cam^
lias, tu £iis acheter, chez madame Lefort :
Une pince : . . . ^0 cent.
Un pinceau 10
Du papiçr Uanc ou rose, h
feuille 10
Du fil de fer long de 35 cen-
timètres 40 (I)
Id. long de 18 centimètres. 35 (2)
Id. très-fin, long de 10 cen-
timètres 80 (3)
Une bobine de soie plate vert
pistache 10
Du papier serpente, 2 feuil-
les 5
Du papier bois, 1 feulfle.. . 5
Des feuilles variées, la grosse. 1 25
Du carmin 50
Tu as une soucoupe — un dé — un
gros étoiy rond des deux bouts — une
carde de ouate — du fil d'Ecosse, blanc,
d'une moyenne grosseur — . un petit pot
dans lequel tu as mis fondre^ dans de
l'eau, dix boules de gomme arabique
auxquelles tu as ajouté une demi-cuillerée
de farine de froment — une petite boîte
remplie de semoule dans laquelle tu auras
mis du jaune en poudre — des feuilles de
papier gris, une pelote pas très-dure, de
20 centimètires carrés, recouverte en per-
cale blanche, et des ciseaux.
A présent que tu as toutes ces choses
sur ta taide ou dana ton tiroir, je me re-
commande ^ ta patience, ^ ton intelli-
gence accoutumé, te priant d'exécuter
exactement tout ce que je vais te dire»
et j'espère. . . bien mieux I je suis sûre que
tu réussiras à imiter cette jolie fleur.
Prends le papier bois, coupe-le en ban-
des larges de 8 millimètres. Je te préviens
qu'il faut les couper dans la longueur,
c'est-à-dire dans le sens des raies que ta
aperçois en plaçant le papier entre toi et
la lumière.
Prends le papier serpente, coupes-en de
*fS^
— 576 —
mêaie des bandes sur ane largeur de U
millimètres.
Prends da papier rose on blanc, tailles-
en huit modèles, n* 6 — cinq n'» 7 —
dix n"* 8 — dix n"" 9. Ce sont les pétales.
Prends le papier serpente, tailles-en 10
modèles n* 10. Ce sont les coquilles.
A présent, délaye, dans la soucoupe,
du carmin avec un peu d'eau ; de ta main
gauche prends la pince, a?ec la pince
prends une de ces coquilles ; de ta main
droite, prends le pinceau, trempe-le dans
le carmin, et passe- le sur le bord de ces
coquiile.4, de manière à colorer en même
temps le dessus et le dessous, chacun sur
une largeur d'un demi-millimètre. Dépose
ces coquilles sur une feuille de papier
gris. Coupe une aiguillée de fil d'Ecosse,
trempe-la dans la gomme, laisse -la aussi
sécher sur le papier gris. Place l'un après
l'autre les pétales n"^ 6, 7, 8 et 9 sur
la pelote ; avec ton étui appuie sur le
haut de ces pétales, de manière à les
creuser légèrement ; prends les coquilles
n* 10, et, avec ton dé, creuse-les profon-
dément ; place ensemble, dans chacun des
cinq cartons, les pétales qui portent le
même numéro, ainsi que les coquilles.
Taille 10 brins de fil d'Ecosse, longs de
&> centimètres^ formes en une petite boite
que tu trempes d'un bout dans la gomme
puis dans la semoule jaunie ; trempe de
même l'autre bout, et laisse sécher. Ce
sont les pistils.
Il serait b^n d'avoir sur ta table deux
champignons à porter des chapeaux : de
« l'un à l'autre de ces champignons, tu atta-
cherais un fil qui te servirait à suspendre
les fleurs, afin de les laisser sécher.
POUB UN GAMÉLU.
Prends un brin de fil de fer n* 2, forme
un petit crochet à l'une de ses extré-
mités ; sons ce crochet, avec la soie pista-
che, attache, par le milieu, mais en lais-
sant un côté plus long que l'autre, la
botte de dix brîns de fi), de manière à ce
que, étant relevée, il y ait 10 pistils courts
et 10 pistils pins longs.
Prends quatre pétales n** fi, plie-les en
deux, le creux en dedans, attache-les par
le bas autour et au bas de ces pibtils ;
prends les quatre autres pétales n^ 6, atta-
che-les de même, mais en les contrariant.
— Avec ton pinceau, enduis de gomme le
bas de ces huit pétales et la soie qui les
attache; entoure-les de ouate de ma-
nière à former une petite aveline ; enduis
cette ouate de gomme. — Prends les cinq
pétales n^ 7, colle-les le pied sur la ourtc,
le côté creux en dessus. — Enduis de
gomme le pied de chacun de ces pétales ;
colle dessus, en les contrariant, cinq des pé-
tales n"" 8, le côté crenx en dessous;
enduis de gomme le pied de ces pétales,
coUedessus les cinq autres pétales n? 8, tou-
jours en les contrariant, et je creux en
dessous ; colle de même sur deux rangs
les dix autres pétales n^ 9.
A présent, forme un cercle avec le
pouce et l'index de ta main droite, de ta
main gauche introduis dans ce cercle le fil
de fer qui sert de tige à ce camélia, tire en
bas ce fil de fer, referme le cercle de tesdeux
doigts, de manière à coller, du bas, les
péules les uns sur les autres, et à former
une espèce de culot sous la fleur. Lors-
qu'il est formé, tu l'enduis de gonuue ; tu
colles dessus, du côté creux, cinq des co-
quilles n*" 10, puis tu enduis de gomme
l'espace entre chacune de ces coquilles et
tu colles dessus les cinq autres, en les
contrariant. — Recourbe le bout de cette
tige, accroche-le au fil suspendu aux deux
champignons, et laisse sécher le camélia.
POUR UN BOUTON OUVEBT.
Prends un fil de fer n* 2, recourbe ane
de ses extrémités, recouvre-la de ouate,
de manière à former une grosse aveline;
taille, en papier blanc ou rose, six pétales
sur le modèle n* 8, place-les sur la pelote,
creuse-les avec ton étui; enduis la ouate de
e^omme ; place trois de ces péules, du côté
qui creose, sur la oaate» de manière à la
coQTrir entièrement du bas, et à ce que
du haot ik se collent l'un sur Tautre; en-
duis de gomme l'espace entre chacun de
ces pélales, colle dessus les trois autres
du côté du creux, et en ks contrariant.
— Taille, sur le modèle n* 10, dix co-
quilles en ]Mpier serpente, entoure-les d'un
cercle de carmin, enduis de gomme le bas
des trois pélales, colle dessus cinq des
coquilles, puis, en les contrariant, colle les
cinq autressurlescinq premières. Recourbe
le bout de cette tige, accrochele et laisse
sécher.
POUR UN BOUTON FERMÉ.
Prends un brin de fil de fer n* 2, for-
me un petit crochet à l'une de ses extré-
mités, accroches-y de la ouate, de manière
à former une grosse aveline. Taille, en pa-
pier serpente, six coquilles n* 10, entoure-
les d*un cercle de carmin, creuse-les avec
ton dé, enduis la ouate de gomme, colle
dessus, du cAté qui creuse, trois coquilles,
de manière à ce que, du haut, elles for-
ment une pointe en se couvrant l'une l'aa-
tre, et s'élargissant du bas; sur ces trois
coquilles , colle , en les contrariant, les
trois autres coquilles
POUR MONTER LES FEUILLES.
Prends un brin de fil de fer n"" 3, long
de 10 centimètres, et une bande de pa-
pier serpente^ prends une des extrémités
de cette bande, mouille-la avec tes lèvres,
colle-la sur un des bouts du fil de fer,
puis, tourne-le, en le serrant entre le pouce
et l'index de ta main droite, à mesure
qu'il se couvre de la bande de papier que
tu diriges de ta main gauche. Quand le fil
de fer est couvert, tu déchires le papier,
tu appuies tes lèvres sur cette déchirure,
et tu la colles sur elle-même; avec ton
pinceau , enduis de gomme tout un côté
de la longueur de ce fil de fer, et appuie-le
fortement sur le milieu d'une feuille, du
côté de l'envers, et 2 centimètres plus bas
que le haut de cette feuille.
— 577 —
POUR MONTER LA BRANCHE DE CAMÊU
Prends de la ouate, formes-en une
amande de cerise, enduis de gomme un
petit carré de papier serpente, couvres-en
la ouate et laisse dépasser, du bas, un peu
de ce papier. Fais ainsi trois ou quatre
bourgeons plus ou moins gros.
Prends du fil de fer n" 2, entoure-le
entièrement de ouate, attaches-y, avec de
la soie, le camélia; 1 centimètre plus bas
attache un bourgeon, et une feuille;
2 ceniimètres plus bas attache une auure
feuille ; prends une bande de papier bois,
colle une de ses extrémités sous le camélia,
et couvres-en le fil de fer.
Prends le bouton ouvert, entoure de
ouate le fil d'arcbal, attaches-y le hou*
ton fermé, une petite feuille et un bour-
geon, — 3 centimètres plus bas une feuille
plus grande ; -» 3 centimètres plus bas
une feuille encore plus grande. Prends une
bande de papier bois, couvres-en ce fil de fer.
A présent, prends un fil de fer n"" 1,
entoure-le de ouate , attaches-y la branche
de camélia et plus bas la branche de
boutons , puis continue de couvrir ce
fil de fer.
Lorsque la branche est ainsi montée, tu
trempes ton pinceau dans le carmin et tu le
passes sur les tiges, sur les bourgeons^ de
manière à les colorer plus ou moins; si le
camélia est blanc, tu peux aussi mettre du
rouge au bout d'un seul des pétales. Je te
ferai observer que cette branche n'est pas
exactement dessinée^ chaque bourgeon doit
être au pied d'nne feuille et le bouton
ouvert a plus de coquilles qu'il n'en faut.
En grossissant ou diminuant également
ces modèles, en retranchant un rang de
pétales n*" 8, tu auras, bien entendu, des
camélias de différentes grosseurs. Tu pour-
ras remplir de ces branches la jardinière
du salon, — six camélias, sans feuilles ni
boutonsi suffisent pour orner le dessous
d'une capote. — Tu peux te monter
une coiffure sur un fil de fer entouré
®©^^
-m^
— 378 —
et ouate, et oooTert d'une bande de
papier bois» sur lequel ta «attacheras des
camélias arec leurs boutons et leurs feuil-
les. — Tu peux en composer une cou-
ronne pour la Vierge, et en remplir les
Tases de Pautel. On fait des camélias blancs
panachés de rose et roses panachés de
Uanc, ou tout blancs et tout roses.
A présent que tu as meublé ton atelier
et que les plus grandes difficultés sont
aplanies, je continuerai de te donner les
modèles et les eiplîcations nécessaires
pour imiter les plus jolies fleurs de nos
serres et de nos jardins.
n me reste à t'expîiqaer notre plan-
che Xir, mais je m'en garderai bien avant
l'arrirée de Florence , eUe souffrirait si je
n'usais pas de sa complaisance; son cœur
est susceptible, je dois le ménager... Ha
pendule marque bientôt deux heures, on
sonne ^ notre porte... « Précisément!
m'écriai-je, c'est elle! — Ouil répondit
Florence, l'exactitude est la Terta des...
rois, et c*est la mienne. — Assieds-toi, »
lui dis-je en l'aidant à décrocher son man-
teau Tahna et plaçant m tabouret devant
son fauteuil; pois me plaçant à son côté :
c Qu'as-tu fait depuis que je ne t'ai vue?
— Bien qui mérite l'honneur de t'être ra-
conté ; mais toi, dont la vie est si occupée,
as-tu des projets de bal, de soirée? — Très-
peu, pour mon compte ; mais nos amies me
demandent des consefls. Si tu avais deux
belles jeunes filles, l'une de quinze et f au-
tre de dix-sept ans, quelle toilette leur ferais-
tu pounller au bal? — Celle de quinze ans
aurait, sur une robe de percale blanche, une
robe de tuHe de coton blanc, formée de trois
jupes, garnies d'un ourlet haut de 1 centi-
mètres et espacées entre ellesde 10 centi-
mètres — le corsage décolleté^ à pointe, laoé
derrière, seraitdotibléde percale — ^lesman-
cfaes, courtes, un peu laides, ayant forme
pagode , garnies du In» de trois ourletsde
2 centimètres cbacun, espacés entre eux de
2 centimètres, trois Berthes de totie, finis-
(unt en pointe de chaque €ôlé de la pointe
qmest M bas du eorsage, et, derrière, des-
eendant en pHerine presque jusqu'au bas
de la taille ; œs Berdies garnies chacune
d'm ourlet haut de t centimètraB et espa-
cées entre elles de ^ centimètres. Devant,
entre chaque cM de la Berthe Je placerais
six nttods de ruban rose, hrge de près de 7
œntimètres^ formés de deux boudes et de
deux boots : le ncond do haut, le 1**, se-
rait formé de 50 centimètres de rvban, le
2- de &5, le V de &0, le &• de 35, le S* de
8§. Derrière, un nœud comme le 1* se-
rait posé au haut de la Berthe ; tra noeud
comme le 5*" serait posé au bas ; un nœud
comme le l*' relèverai de chaque côté la
Quncbe courte, au-dessos de b saignée.
— Les <:beve«, en handea«x , lanM-
raientdeaière nneœvde, toonée en mmd
sur k Ifite; un mètre de ruban, ooopéea
deux morceaax forjaantehaoMudenx bo«-
cles et denx bonis , secaii attaché der-
rière^ de chacpe côté des bandeaux, et re-
tomberait sur les épanles, — 60 centi-
mètres de imbaft de velours noir hvge de
2 cenlimèlraB, noué autour du cou, ntom-
hvi'ii suria poîlriM. — A dnqiie bras ma
braodet de .50 centimètres du mène m-
leurs noir, — des gante Uanes, eovrts;
des souliers de satin noir.
La jeune fille de dix-sept ans aurait la
même robe, un caméfia blanc relèverait
chacune de ses manches; — devant , au
Veu d'une écheBe de ruban, tme échelle
formée de 5 ^ de & , de 3 , de 2 et de
1 caméfra; — 3, posés derrière, dans le
haut de la Berthe , et 1 , dans le bas du
dos. — les cheveux en bandeaux ; — de
chaque côté, S caméUas formant une
rosette. — Un mètre de ruban de velours
noir, large de 6 centimètres, coupé en
deux bouts , de 50 centimètres clnKun ,
puis pfié en deux , de manière 9i ce qu'un
bout soit de 20 centimètres et Fautre de 30;
ces deux bouts , attachés chacun derrière
la rosette de camélias, retomberaient sur
les épaules. — C'est simple, élégant, c'est
de mode. Une amie me demande comment
5dO
^*^>;
— 57» —
sa mère y veave et jeune encore, doit se
mettre le jour où elie se remariera, et ce
qu'elle doit faire de sa première aUiance*
Je lui réponds : Que cette dame ait une
robe de damas de soie grise» à devx corsa-
ges : l'un, montant, pour les cérémonies
de la mairie et de Téglise, l'autre décolleté
pour le d!ner et pour le soir ; le matin un
mantelet de velours noir, et une capote
formée d'un mélange de satin blanc et de
Monde blanche, ornée, dessous, de fleurs
roses , et dessus , âe plumes blanches po^
sées de chaque c6té. A dtner cette dame
se coiffera d'une barbe de dentelle , posée
très en arrière. Elle doit garder tiQojonrs
sa première alliance et nKttre la seconde
aprèa k première. -- C'est juste. Mais je
iiea& pour eipKquer notre pkAche Xil, je
prends la phime.. . éict^HDoi ï — Je com-
Le n^ 1 est un dessin de manche de
dessous , en broderie anglaise , ce semé
se eonClniue jusqu'au ceude. Ne brode pas
les deux lignes qui séparent le fond et la
gamifiQre;..Le feston seÛt en point de rose.
Le A* 2 esC uoe gurniture , toujours «a
biodeiM anghûse, poor col, bonaet ée
noic^ eamisole, pantalon^ etc.
Le m* ) est le quart d'ua mouchoir qui
se brode au phiMetis et se festomae au
point de rose*
Le n*" i!i est un écuasen en broderie an*
glaise contenant les lettres M-R, en même
broderie ; il sesaii facile de dessiner sur ces
modèles toutes les autres lettres de Tal-
pbabeL
Le n® 5 est un dessin de fikt carré,
bcodé eft reprises» Ou de crochet fait au
poiot rusas. Ce dessin peut servir pour
coussin et pour couterture d'édredon. Ce
filet doit être an moina deux fois plus
grand» ce qmi dennera près de 15 centi-
mètres k la bordUiOt et fera que le canard
du coia aura plus de.^10 centiurètres de
baui« On pourrût détacher ce canard et
les feuilles pour semer le tout dans le fond
da coussin ou de la couverture de Tédre-
don.
Les n"" 6, 7, 8, 9 et 10« ce sont les pa-
trons du camélia.
Le n"" 11 est une manche de tnlla de
coton blanc, composée d'un eatre^eux
et de deux rangs de dentelle blanche, sé-
parés par un rang de dentelte noires rele-
vés par une rosette de satin rose» Ces man-
ches se mettent sous une robe de velours
ou de soie.
Le n*" 12 est un eaneaou de moussdîne
brodée à la pièce, il se perle sur une jipe
de taffetas, pour soirée de famille.
Le n® 13 est un bonnet du matin. Il se
compose d'un fond, nommé por<6» d'uae
passe et de bandes brodées d'^ale lai|;euf •
Ct'He qui est cousue, froncée, sur les joues,
continue et remonte pom: former la barbe,
que le dessinateur a eu le tort da ûire plus
large du bas que du haut»
Le n** 14 est un fichu-guimpe fermé
d'entue-deux séparés par des plis; ces
entre-deux sont ajoutés au corps du fichu,
et leur réunion est cachée sous un pli,
formé par ce même corps du ficlui. On le
monte autour du cou, à un petit entre-
deux, auquel on coud une petite dentelé.
Ici s'arrête reiplicatioa de la petite plan-
che.
Le n* 15 est un col Mazarin qui se bcode
sur mousseline , les poia aa pkmetis , le
reste au point de rose.
Le n"" 15 est un alat-jour. Prends une
grande feuille de papier, à foire des fleurs,
vert, je suppose; pUo-la en deux comme
pour écrire une lettre» puis en deux dans
l'autre sens, puis en biais, de fiiçon que
la pointe étant formée du haut, tu puisses
compter du bas 8 feuilles de papier* Place
sur le n^ 16 cette espèce de cornet^ re-
tranches-y du haut ce qui dépasse et arron«
dLi-le du bas. Avec du papier végi§tal, cal-
que ce dessin , place ce papier sur cette
espèce de cornet que ta poses sur une
couverture de laine, et, avec une aignitte,
tu piques ce dessin en suivant tous les
contours et en traversant les 8 fcnUes de
papier. Je te forai obnrver qu'il fout dé-
/
N^^r»
©©î^^
c^'. ■^^^
— 380 —
couper la ligne extérieure des dents da
bas y la pointe du haut^ et non les lignes
de droite et de gauche; cet abat-jour de-
vant former un rond.
— Ne pourrait-on faire en percale blan-
che, cet abat-jour, et lebroder à l'anglaise,
avec du coton blanc, bleu, rouge, ou jaune?
Ce serait original — Oui, cela pourrait se
laver ; c'est peut-être une heureuse idée ,
comme tu en as toujours.
Les n"" 17 et 18 se brodent à l'anglaise,
sur percale, pour bas de jupon et volants.
Les n**' 19 et 20 se brodent an plumetis,
sur mousseline, pour garniture de bonnet
de nuit.
Les n« 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28,
29, 30, 31, 32 : Comélia — Harriet —
Ellen — Laura — Ànneiie — Astérie —
Mary — Mary Anne — Armande — F^-
licie — S. D. S. et C. F. sont des noms de-
mandés que je m'empresse de donner à la
fin de 1851.
Le n"* 33 est le côté droit du devant
d'un manteau Haïdée , il se replie du bas
sur lui-même, faute de place.
Le n"* ^U est la moitié du derrière de ce
manteau, il se replie de même que le de-
vant. Il se taille double, si l'étoffe est assez
large.
Le n* 35 est une partie de la manche,
mise là, fante de place.
Lorsque tu as taillé ce manteau en grosse
mousseline à 20 centimes le mètre , dont
la transparence te permet de suivre les raies
de chaque modèle, tu tournes en arrière la
manche, et la ramènes du bas de manière à
ce que D et D, G et G se rapprochent, afin
de coudre ensemble les deux rangs d'X et
les deux rangs d'O. Puis, eu rapprochant
A et A, B et B, on réunit le dos au devant;
de cette manière, les deux enuilles E et
E se rencontrent, sous le coude, avec l'E
qui se voit à la pointe, aussi sous le coude,
et le dos et le devant se trouvent réunis à
la manche.
Le n<» 36 est la moitié de la pièce d'é-
paule du capuchon de ce manteau.
Le n° 37 est la moitié de ce capuchon;
il se coud à la pièce d'épaule où tu vois ces
F barrés, et il se relève pour rabattre sur
les épaules.
Quand la pièce d'épaule est cousue au-
tour du cou, et dans le haut du manteau,
où tu vois ces O barrés, il ne s'agit plus
que de garnir ce manteau. S'il est en ve-
lours, tu couds, au capuchon, au bas du
manteau, autour des manches, une frange
de soie noire, haute de 8 centimètres. Si
le manteau est en drap ou en gros d'Afriquet
tu couds, à plat, à 2 centimètres du bord:
au haut du capuchon, dans le devant du
manteau, au bas et autour des manches,
un velours noir, large de 8 centimètres...
ce qui n'empêche pas la frange, si l'on veut
enrichir ce gracieux et chaud vêtement
— As-^tu découvert quelques modesnon-
vellesT
— Mon Dieu, non, ma chère Florence,
tout le monde est encore censé à la cam-
pagne; quand on se rencontre, on ne se
reconnaît pas, c'est convenu. Mais je sais
que, excepté les chapeaux de castor noir
ou gris, on ne portera que des capotes for-
mées de satin et de blonde , de veloun et
de dentelle. Pour couleur , nous avons le
noir, le marron, le Ueu de France. J'ai
bien vu deux longs manteaux Talma , Tua
en cachemire ponceau, l'autre en casnnir,
mais c'est chez M. Deroy, notre dessina-
teur. .. Ge n'est vraiment qu'au mois de
janvier que nous pourrons connaître, la
mode choisie par les femmes comme il faut*
En attendant, fais-toi un gilet en piqué
blanc, orné de petits boutons en imitation
d'or; fais-toi une jupe, cela n'est pas diffi-
cile, et mets ton pardessus à basquine ou
ton katza week en velours ou en taffetas noir,
arrondi devant. Si tu y fais une bouton-
nière à droite et à gauche du bas de la
taille, ta l'arrêteras avec deux jolis boutons ,
retenus par une jolie chaîne... comme
font ces messieurs.
— Sais-tu que le Bloomerisme nous
gagne? — Je n'osais pas te le dire. Nos pe-
— 581 —
tites filles avec un cbapean de castor noir,
orné d*ane aigrette de plames noires, et
relevé à la Henri IV , leurs cheveax frisés
tombant sur leurs épaules ; un gilet de pi-
qué blanc, un pardessus de mérinos à bas-
quines orné de petits rubans de yelonrs
noir, une jupe de mérinos, courte, garnie
de même , un pantalon blanc , des bottines
noires. .. — Mon Dieu, oui, Jeanne, il ne
leur manque plus qu'un petit tonneau sus-
pendu sur la bauche gauche , et un petit
panier au bras droit... Ce serait précisément
le costume d'une Tivandière. — Qu'est-ce
que cela fait , si leurs mères les trouvent jo-
lies comme ceLi 7
Les petits garçons ont adopté le cha-
peau ciré de nos matelots, ils le nouent
sous le menton, avec un étroit ruban noir;
ils portent le manteau Henri IV, la ja-
quette courte, serrée par une ceinture de
cuir yemi , le pantalon arrêté au bas des
genoux^ les guêtres hautes...
— Il ne leur manque plus que le serre-
tête noir et la longue rapière pour avoir l'air
de Grispins. — Que veux-tu 7 cela n'est
pas noble, mais cela leur donne un air leste
ËPBÉmÊRIDES
et déluré en rapport avec celui des petites
filles. — Jeanne, et le rébus? — Le rébus t
le voilà :
A qui mal fait, mal arrive.
— Et la pantoufle 7 — Elle est jolie, c'est
tout ce que je puis en dire. — Et la gravure
de modes 7 — L'une des figurines n'a pas
besoin d'explication, l'autre a une sortie de
bal en cachemire blanc, ornée de passemen-
teries ; le capuchon et la garniture sont en
dentelle de laine blanche.
— C'est bien. Allons courir les maga-
sins, nous ferons quelques découvertes
utiles à nos amies, et nous les leur annon-
cerons dans le Journal qui doit paraître
avant le 1*' janvier, afin qu'elles puis-
sent le recevoir pour étrennes. »
Mais ce que dit Florence m'attrisfe,
ma chère amie , c'est peut-être un adieu
que je te fais aujourd'hui... notre année
est Gnie... puisse celle qui va recom-
mencer me prouver que tu as toujours
compté sur moi ! C'est dans cette espérance
que je me dis, comme toujours, ta toute
dévouée.
J. J. FOUQCEAU DE PUSST.
18 DÉCEMBRE 1610. — NAISSANCE DE CHARIES DU GANGE.
Du Cange naquit à Amiens, et fut élevé
avec soin par son père, savant helléniite,
et par les jésuites de sa ville natale. Dès
sa jeunesse, il sut concilier son goût pour
l'étude avec les soins de la vie de famille
et les devoirs de sa place de trésorier gé-
néral des finances au bureau d'Amiens. Sa
science historique et linguistique semblait
tenir du prodige; mais jamais il n'étudia
par le désir de briller, ni par aucune pen-
sée de fortune : « Un homme de lettres,
disait-il, doit être satisfait s'il a de quoi
manger, sevêlir, et acheter des livres.» Ses
travaux ont été nombreux, et sont «ncore
une source féconde où viennent puiser les
érudiu. Il publia : V Histoire de l'empire de
Comtantinople sous les empereurs fran-
çais, avec le texte de Ville-Hardouin ; V His-
toire de saint Louis, par le svre de Join-
ville, dont il remania le texte, de manière
à le rendre intelligible, sans lui ôter sa
précieuse fleur de naïveté ; les Gestes de
Jean et de Manuel Comnène, des annota-
tions sur fAlexiade de la savante Anne
Comnène ; un Glossaire de la basse lati-
nité, chef-d'œuvre de patientes recher-
ches, où l'on voit les déviations qu'a subies,
durant le moyen dge, la langue de Gcéron
et de Tacite; un Glossaire grec; un Traité
historique sur le chef de saint Jean ; il
ajouta à la Byzantine d'autres travaux dont
il fut le patient et savant éditeur. La mort
vint le surprendre au milieu de ses études
chéries; il s'y prépara en chrétien. Son
nom s'éteignit promptement, car ses fils
moururent en célibat, et ses œuvres pos-
'7^^'^'
»
SSSî-
^ ibiiBe) paseërent en dn nnios étrangè-
res. Un libraire qni en devint possessenr
les vendit an priace Ei^ne, et ceinî-cî
lea légna i U bibliothèque de Vieiine;
Marie-TbérÈae lea resUtna ï Lonis XV,
et eltes se trotmat aajoarà'hiii à la Biblio-
ifaèqne nationale.
La ville d'Atmeas a à-igë nne sutne i
Da Cauge, savant iHnscre et hooMoa de
bien.
RU»«Ut|IIE.
La vertD a cela d'henrenx, qu'elle se
snrm à elle-même, et qu'elle sait se passer
d'adrairatenrg, de partisans et de protec-
teurs; le maiiqne d'appai et d'approba-
don, non-sealement ne lui nait pas, mais
il la conserve, l'épare et la rend parfaite ;
qu'elle soit ï la mode, qu'elle n'y soit plus,
elle demeure verin.
1a BBUTÈHB.
S'ioqoiiiler , c'est oablier qae Dieu
prend soin de noua.
NEpyto.
Qsand l'ordre, le goût et k précieuse
habitude d'une sage économie se trouvent
réunîB, on |peot, avec de la persévérance,
accroître sa fonnne, comme on la déna-
ture et on la détruit promptement par les
défants opposés.
H"" Caupah.
Les grandes et importantes déconerlea
ont toujours été préparées, aosvent de
loBgne maia, pendant le conrs des siècles,
jusqu'à ce que, dans m nomcnt bvon-
ble, le sonffle du génie et do benbcur soit
venu allumer le fen qoi eonnit aona la
cendre,
Fb6dékiqiib Bbcbmkb.
Le moyen le plus sflr de |riaire est l'ou-
bti constant et presqae MCal de sni^ntme
pour ne s'occupa que des satres.
MOHGBIP.
KÉBVS'
«^ôîS.>-l5®B**~
TABLE
DES MATIEEES C PJ fl' Kf l UlM DANS CE VOLUME.
(DIX-NBOVlàm ANNÉE.)
INSTRUCTION.
Le» diamanU, par ***, page 1. — I> Combat det
TretUe, par Ariitidâ Gailbert, 33. — Ordrft religieux
dêt femmes j 1" article, par M** ETelioe Ribbeeoart,
05. — 2* et dernier article, 97. — Christine dt Piton,
par J. de Chatillon, 13.'3. ~ Etat actuel de la Califar-
fiie, par M. SdYerio, 161. — Covm d'ail tuT Vhinoire
de lapHrUwe^ 1" article, par J. de Chatillon, 191. —
S* article, Î25. — Une vartie de plaisir au Texas,
fax M. Seyerin, 957. — CoupScril sur l'histoire de
M peinture, 3* article, 989. ~ KMtfo auw rtûnes c^Hip'
0OfM, par M*« Laare Priu, 891. — Coup d^oHl sur
i'hittoire de la peinture, A' article, flS3.
BIBUOGRAPHIE.
Le Mérik dcr Femmasy de M. LagmiTé, par Louis
Ulbacb. page i-^U^Educatùm du Foyer, par M" Mo-
linos Laffitte, 40. — Histoire de F Assemblée Comsii-
tuante, de J. B. JDegalmé, 1*' article, par A. Jadin,
68. — 9* et dernier article, 99. — Le Guide du domeS'
tique, par M"* J. J . Foaqoeau de Puatr, 1S6. — La
Zfre des petits enfants, par Alphonse Cordier, 167.
— Histoire des Français des divers états, 1" article,
par M- E. R., 193.— 9* article, 963. - 8- article, 894.
LITrÉRATURE ÉTRANGÈRE.
La Rose, tradactioo de M"* Etther Leroy, page4. — ■
Proverbes espagnols, ipax M"*,Louis Hatz,41.— TArem»,
par M"' F. F., 74 — La Parole d'honneur, par M** S.
105. ~ Le Télégraphe électrique, par M. Severin, 187.
— La Rose, fable, par *^, 167. — Ma Mère, par
M"' S. S., 198. — Le Cheval et le Cavalier, par
M** Van Tenac, 993. — Le Retour du Rotnier, par
M"* Emma Faocon, 998. — Le Feu, l'Eau et rBon-
neur, par M"* Yan Tenac, 898. -^ Les Lamentations
es Marie Stuart, par M"* Emma Fanoon, 857.
ÉDUCATION.
Nathalie NarishMinn, par M** Laare Pnis, page 5.
— A quelque chose malheur est bon, prorerbe par
M** Kreline Ribbecourt, 11. — La Chanoinesse et le
Chevalier de Malte, par la même, 49. — Le Chevalier
Blane^ par M"* Laure Pru«, 75. — La Pièce de vingt
sols, par M** Ereline Ribbecourt, 80. — Zcîda, le-
Îende héraldique, par M*' Laore Pnit, 106. — Une
ïisloire ds grand^mère, par M-' de Stole, 11 9. ~ Mil-
ion et ses nlles, par A. Jadin, 138. ^ Les Trois
Amies, par M"* Ereline Ribbecourt, 158. — Lt Mou-
choir brodé, par M" Marie Emerj, 174. ~ Saints
Clotilde, reine des Francs, par M«** ETeline Rlbbe-
coart, 169. — Demoiselle et Villageoise, par M"* F.
Ymbort, 905. — Une représentation à Saint-Cyr, par
M** ETeline Ribbecourt. — Les Deute Angètes, par
A. Jadln, 240. — Berthe au grand pied, par M^** A.
Celliex, 966. — Speransa-Maria, par M** Laure Prus,
970. — Laure Denlliers, par A. Jadin. — Saihilde.
par M** Eoffénie de la Rochere, 834 — Une année a
LowéU, par M"* A. de Beay, 358. — Marie Thérèse de
France, par A. Jadin, 863. La Sœur ainée, par M** F.
Ymbert, 867. .
POÉSIE.
Le Massacre des Innocents, par Charles Froment,
Sage 16. — La Reins des Sylphes, par M" Louisa
tappaëru, 49.— La Rose et f Immortelle, par Charles
Froment, 84. — Les Violettes, par le même, 116. ~
Quami on n'a pas es que l'on aime, il faut aimer ce
que Ton a, par Frédéric d«i Courcy, 148. — L«x Genoux
éTun père, par Alphonse Cordier, 179. — Saint- Vin-
csnt,de Pauls, par M- £. R. 910. — Les Etoiles, par
M. Viennet de l'Académie française, S75. — L'Ange
Sardien, par M. Severin, 806. — La Toustaint, par
1*' ETeline Ribbecourt, 384. — Dialoguf entre un
aveugle et un sourd-muet, par ***, 370
MÉLANGES.
Découverte des mines d'or de la CaUfomie, par
M. SâTerin, page 18 — Des Funérailles ches les Goulo-
Romains, par Emile de la Bédolllère, 87. — Exposi-
tion ds Londres, 1" lettre, par M"' Emma Ferrand,
919. — 9* lettre. 276. — OÉuvre catholique du Bon-
Pasteur, par M"* Eveline Ribbecourt, 980. — Ex-
position de Londres, 3* et dernière lettre, 307. — Les
Aiguilles, par ***, 349.
REVUE DES THÉÂTRES.
Bataille de Dames, oomédie en trois «ctes, de
MM. Seribe et l^egotué, page 144.
ÉNIGMES HISTORIQUES ET GÉO<^APHIQUES.
N* 1, page 90. — Explication, 84. — N- 9, 87. —
Explication, 117. — N' 3. 154. — Explication, 181. —
N- 4, 910. — Explication. 947. — N* 6, 981. —
Explication, 306. — N* 6, 319. — Explication, 871.
HYGIÈNE. ECONOMIE DOMESTIQUE.
Soins de la bouche, page 91. Tisane de pommes;
composition pour nettoyer les meubles, 9j. — Gfafai-
chilla. Limonade rosse, 53.— Procédé pour blanchir les
marabouts et les plumes. £au-de-Tie camphrée Baa
de Cologne, 190. —Charlotte russe Pommes flamban-
tes. Sirop de limon. 154. — Manière de remettre à
neuf les Irâtements de velours et les rubans de gaxe.
Différentes manières d'accommoder les fraises, 189. — *
Poudre pour nettoyer l'argenterie. Eau-de-Tie de
laTande. Vinaigre de lavande. Gelée de baiee de
sureau Blanc, roangtr Crème de groseilles de fram-
boises, de fraises, 911. — Eau de Botot. Prunes
& l'ean-de-Tie. Compotes d'abrJcots. Vinaigre pour
les salades , 948. — Manière d'employer la cire
à cacheter qui a servi. Cannes. Brosses dentifrices.
Pastilles contre la mauTaise haleine Manière d'en
leTer le camboui. Pudding aux fruits. Procédé pour
cuire les châtaignes, 981.— Limonade Sirop de punch.
Crème d'anis, 311.— Salmis Gelée de pommes. Moyen
de conserTOr les fruits. Pommade pourles lèTres. Cos*
métique pour la figure, 343. — Des bas. Charlotte de
pommes. Meringues, 371.
SALON DE 1851, par M** Eomêb m Stta.
Pages .SO — 86 — 159.
CHRONIQUE MUSICALE, par M. J. Loutct.
Pages 93 - 59 — 118 — 181.
CORRESPONDANCE, par M- J. J. Fovqdbao db
PUSST.
PlancubI. n** 1, Toilette. — 9, mouchoirs. — 8
et 4. fichu-guimpe. — 6, Tolant. — 6, marmotte. —
7, alphabet en broderie aui^laise. — 8 et 9, dentelles
au filet. — 10, lion héraldique. — 11 et 19, manteau
Talma. — 18, 14, 15, 16. 17, 18, 19 et 90, canezou de
petite fille. — 90, 91, 9-i,93, dessins en soutache pour
un manteau Talms. — 94. IdaJie. — 95, Aurore,
page 95. — Plancbb II. N" 1, col. — 9, pelote. —
8, taie d'oreiUer. - 4, Dénrû, - 6, Mathilde. — 7,
carré en filet. — 8, alphabet pour marquer le linge. —
9, dentelle en tricot. — 10 et 11, mantelet Chambord.
— 12 et 18. bonnet. — 14, gnimpe. — 15. canezou. —
16, jupon. — 17, saclif't. — 18, semé. — 19 et 90, bou-
tonnières. — 91, Maèl. — 29 et 23, entre- deux. —
-*^ï®3
— 584 —
S4, Angeline. — 96, Berthe. — S6, Noémi.— 87, H^r-
manee. — 98^ Françoise (écusson). — î9, Gabrielle.
— 30, AdéU. — 81, Angèle. - 33, Céline. - 83, Valé-
rie (écussou). — 84, mitaine. — 35, Kphraime. — 36,
Rliacitne. — 87, 38, 89, 40, 41, 4S et 48, corsage à
basques, page 55. — Planchk lll. N" 1, jupon. — 9
ei 3, col. — 4, entre-deux. — 5j écnison. — 6, mou-
choir. — 7, Blanche. — 8, Célma. — 9, Zénàîde. —
10, manche en tulle. — 11, bordure au crochet. — 19,
hypogriphe pour coussin. — 18, chiffres pour mar-
quer le linge. — 14, boite en carton. — 15, entre-deux.
— 18, Toilette. — 17, grand entre-deux. — 18, col. —
19 et 90, remcs. — 91 et S9, aumônière. — 93, 94, 95,
Lydie, Hcmora^ Léonide. — 96, col. — 97, 98 et 99,
camisole brodée. — 30, 81, 32, 33, 81, 8.'), 86, 37, if-,
rw, Bmentine, Félicie^ Vidoire, Adeline^ Sabine, Co-
sarine^ Albtrte, — 38, 39, 40,41, parties d'une boîte-
page 68. — Plâncbb IV. N" 1, voilette. — 2 ,'moue
choir. — 8 et 4, Élodie, Ludovie. — 5, semé de papil-
lons, escargots, etc. — 6 et 7, tapisserie, couverture de
lÎTre. — 8, 9» 10, 11, 19, Teste de petit garçon. — 13,
14, 15, 16, 17, 18, cortage colleté et àécoUelé. — 19,
robe d'enfant. — 90, bonnet. — 91, manches. — 99, 93,
ooussin algérien. — 94, 95, cols. — 96, 97, 28. 59, Al-
banie j EulalU. Appoline^ Elvire. — 30, 81, 39, gilelt
d'homme.— 33, 34, entre-deux, garniture. — 35, riche
entre-deux. — - 36 et 87, mouchoirs. — 38, 89, 40, Emilie,
J. B. F., Irma, page 191.-Planchb V. N" 1, chAle.
— 9 et 8, col. — 4, A. D. (écusson). — 5, Charlotte.
— 6, Albérie (éeu«sou). — 7 et 8, tapisserie, bande de
l78.~9, 10, 11, 19, 13, mantelet parisien. — 14, col.
— 15, couTerture d'ombrelle. — 16, 17, 18, 19, 90,
91, 99, 98, 94, 98, 96, 97, 98, 99, 30, 81, AngéHna,
Charlotte, Hortente^ Berthe^ Clémentine , Appoline ,
5. B., Jenny, AleaBondrine, ÏMmtine, Zénaït, Clara ^
Caroline, Adèle, G. E. D., Alice. — 89, autre châle.
— 33, chemisette. — 34, col. — 35, entre-deux. — î;6
et 37, manchette. — 88, jupon. — 89, 40, Anne, Pé-
nélope. — 41, autre Jupon. — 49, entre-detiz. — 43,
bourie, filet et perles. — 44,'pièce d'épaule et sa man-
che, pour peignoT et camisole , page 155. — Plan-
che VI. N** 1, alphabet gothique allemande. — 9, en-
tre-deux. — 3, garniiure. — 4 et 5, Zoé, Modeste. —
6, jupon. — 7, Mari''. — 8, garniture. — 9, entre-
deux. — 10 et 11, dentelle au crochet. — 19 et 13,
bonnet d'homme. — 14, bourse en perles. — 15, robe
d'enfant. — 16, katzaweck. — 17, guimpe. — 18, col.
— 19 et 90, mouchoir.s.— 91, 22, V3, 24 et 95, Cyda-
lise, Cél€it*\ Elisa, Flore, Eueharis. — 5/6 i-l i'7, i/.an-
telet brodé en »on tache. — 38 et i29, boutoanières. —
30, 31, S9, :'3, 34. 35, Francisque, Clémsnc, C. D ,
Anaïs, Denise, Julie, pige 185. — Planche VII. N'* J.
maucho pagode, — 9, garniture. — 3, entre-deux. — 4
et 5, Laure, Euy.énic. — 6, 7, 8, étoile au crochet. — 9,
brAs cl dos de fauteuil. — 10, coussin. — 11, Ûlet pour
coussin [l'Eté], — 1-i, bracelet. — 13, bonnet. — 11,
blouse. — 13, iichu. — 16, jupon. — 17 et 18, AUire,
Morte. — 19, semé. — 90, garniture. — 21, S9, 23,
24, 9.S, 96, 27 et 98. corset à la parosseuf e. — -29, 30,
81, 3i et 83, Teste do petit garçon. — â4. P. B. — 36,
36, 37, bottines pour le premirr Age. — 38, Alfred. —
39, mouchoir. — 40, feœé. — 41, L. P. — 45, V. P.
— 43, L. P., pagî 216. — Planciik VIII. N" 1', col.
— 9. Félicité {dans une hortensia). — 3 et 4, Fran-
Sisf, Chloé. — 6 et 7, bonnet d'enfant. — 8, 9 et lO,
mtonnières. — 11 et 19, dentelles an crochet. — 13,
pèlerine en dentelle. — 11, lô et 16, panier en tapis*
cerie. — 14, 15, 16 et 17, cordage do petite fille. — 18,
19 et 90, broderies pour ce corsage. — 21, 29, 93 et 24,
brassière d'enfant — 95 et 2G, d«:ntelle et banJe au
crochet. — 97, manche pagoJc. — '2B, col Mazarin. —
99, entre-deax. ^ 30, jupon — 31, f^ac à tabac. —39,
ô3,31 et 35, L. M., Alzire, Elisabdh, J. L. — 86, 87,
38, 89 et 40, corsage amazoue. — 41 , 49, gilet de femme,
page 919.— Planche IX. N" 1 et 9, mouchoirs.— 3,
col. — 4, entre-deux. — 5, col. — 6, entre-deux. — 7
et 8, semés. — 9, couronnes de litre. — 10, couronnes
de fantasie. — 11 et 12, éto.e en tapisserie. — 18, 14
et 15, bonnet Marie-Stnart. -^ 16, entre-deux. — 17,
garniture. — 18, 19, 20, 91 et V9, E. A., Hilarine,
Amarante, R. M., Alix (écusson). — 93, baTette. —
94 et 95, béguin, page 283.- Planche X. N" 1, ju-
pon. — 2, Bérénice. — 3, garniture. — 4 et 6, bouton-
nières. — 6, en(re-deux. — 7, garniture. — 8, bande
au crochet. — 9, filet pour coussin (le printemps). —
10 et 11, pantoufles eu tapisserie. — 19, manches. —
18, fichu. — 14, camisole. — 15, bonnet. — 16, pale.
— 17 et 18, mouchoirs. — 19, mouchoir. — 90, man-
che pagode. — 91 et 99, Amanda, Virginie. — 93 et
94, grands entre-deux. — 95, 96. 97 et 98, autres entre-
deux. — St9, Tolant. — 80, garniture. — SI, 3^, 83,
Marguerite. Amélie, Mariette (écusson). — 34, Japon.
— 35, 36, 87, Teste grecque, page 319. — Planchk XI.
N" 1 et 9, mouchoirs. — 3, étui de porte-cigare. —
4, dentelle au crochet. — 5, dessin de tilet. — 6 et 7,
bouquet en tapisserie. • 8, porte-montre arabe. — 9,
10, 11, fl-urs de fantaisie. — 19, manche garnie. — 18,
chemisette d'enfant. — 14, berthe en dentelle. — 15,
16, 17. 18 et 19, Atélie, Louisa, Henriette, JosMitUy
Claudine.^ 90, dessin de brandebourg. — 91, Ftmnyy
Isabelle. — 99, jupon. — 23, F. — 94, dessin de cro-
chet pour lit. — 25, 26, 27, 98, 29 et 30, patron d'oa
corset. — 31, 39, 33, basquines. — 34, 35, mancbei
mousquetaire. — 36, capuchon, page 344.— Planche
XII. N" 1, manche pagode. — 2, gnrnituie. — 3, mou-
choir. — 4, M. B. dans un écusson. — 6, coussin en
filet, — 6, 7, 8, 9. 10, fleurs en papier : camélia. — 11,
manche — 12, canezou. — 13, bonnet. — 14, fichu-
guimpe. — 15, col. — 16, abat-jour. — 17, 18, bat de
jupon. — 19, 90, garniture. — 91, 29, 28,94,25, 96, 97,
98, 99, 80, 31, 39 : Comélia, Harriet, Èllen, Lemra,
Annette, Attérie, Mary, Mary Anne, Armamde, Fe-
lieie, S. D. 8., C. F. — 83,34, 85, 86 et 87, manteau
Hatdée, et son capuchon, 376.
ÉPUBMÉRIDES.
Jaktier : Mort de Charles le Téméraire, page 8. —
Févaiia : Naissance d'Augustin GandoUe, 63. —
Mabs : Mort de Claude Bernard, 95. — AvaiL: Naie-
sance dn peintre Prudhon, 127. — Mai : Prise de
Constantinoplo, 159. — Je in: KAis.«anoe de Bernard
de Menthon, 199. — Juillet : Naissance du roi Sé-
bastien, 233.— AocT : Baia lie de Orécy, 955. — Sep-
TKMBRB : Lit de justice tenu par I..onis XV. 988. —
OcTOBr.E : Bataille d*- Lépante, 810. — NoTEMTiai :
Mort du maréchal de Saxe, 3'1. — DKCBMBas : Nais-
sance de Charles du Gange, 381.
RÉBUS.
Mieux Tant liroun homme que dix livret, page 39.
— Le temps érlaircit tout, ôi. — Tout Tient à point à
qui sait attendre, 96. — L'un sème, l'autre moitsonne,
198. — Bon sang ne peut mentir, 160. — Ainsi que la
Tortu le crime a t^es degrés, 1'j2 — Il ne faut pas met-
tre la lumière sous le bois6e.iu, 994. — On ne doit aux
morts que la vérité, 956. — Quand il fait beau, mets
ton manteau, 288. — Selon los gens l'encens, 320. —
A qui mal (ait, mal arriTe. .S:t2. — Il faut que la Ta-
che broute où elle est attachée, 389.
GRVVCRES SUR ACIER.
Nathalie Narishkinn, pi ce 1. — Miîtcn et tet fiîlet,
139. — Sainte Clotilde , J93. — Laure DeviUiert, 989.
MODES.
Pages 1—83— 05—97- 187— 161 —.191
— 92j — 257 — 989 - 391 - 353.
MUSIQUE.
Je veux être un ange,\ romance. Oletiia, polka-
roaxurka, page 1. — X* rcvenes ^u$, binette. Ka-
dina, 8chottiach-polka,83. ^MonsUur Mathieu, qua-
drille, 66. — Hosanna 1 mélodie k deux Toix, 97. —
Le Chant de la Nourrice, 139 —Grajina, aehotUsch,
161. — L'Ange des r/f«, mélodie. La Sal, Talte,
191. — Sturm^gallap, 293. — La Serrana MarieHa,
polka-mazurka, 957. — Les Clochettes, polka, 989. —
Une Lettre au Pays, polka- mazurka, 391. — Les m
m'oublies pas, quadrille, par S.Tamburini, 858.
TAPISSERIES COLORIÉES.
Lambrequin, page 1.— Etoffe en teintes ptattt, 139.
— Oiseau pour écran, 269. — Pantoufles, 853.
Paris. — Impriment de M»* veuve Dondej-Dopré, nie Saint-Loms, 46, au Marau.
^^S^
r
IlÉPONSES DE DÉCEMBRE.
IpM lel|re« veUUÎ^es au terviM clv «IoU'oaI» d^mandet d'abonneqwnU ■ . ■ ■■■u,
pM»B|#l«oiM, «haogements d'adrene, devront être adressés à M. rédilettr 4« JoivimI,
banîe^ard des Italiens, 1. ^
Foftr la rédaction à M»* J. J. FOUQUCAU DE POWT, directrice du JtDunial des
f^iDoîselies, 'Tue de la Victoire, 46.
hts lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Thouars, ^ Mademoiselle, œ }ivce eit trèt-carieux;
TOUS Beriex bien aimable si vous le fiiities asettre entre
deux canons, envelopper d'une toile sor laquelle serait
cousue mon adref.se et pais ai voas Je confiiez à la dili-
gence. Je vous le renverrais par le môme moyen. Re-
cevez, mademoiselle , mes vifs remerclments de votie
bienveillante sollicitude pour notre journal.
De mon fauteuil v^t. -^ Tu es abo^juée depuis qua-
torze ans, ei tn as iii<2eHs6aumomt'ntûe renouveler toa
abonnement. — ^.'artioie éducalion ne t apprend rien,
dis-tn, — les traduotioaa de laug;ue étrangère ne »ont
que d\xr(mplistu^, ainsi que l'aiHilyse des pièc^-nou-
▼elles. Tu désiras, au hau de touleàla, de la géographie
et des voyaget. —Tu me demandes si les dewius de
brodetie ut de tapisserie aurofit une amélioration déti-
rable: ai je te réponds oui^ tu ne quitteras pas les bonnes
et douces causeries de Jeanne et du Florence, jtfa chère,
^oilà ma réponse : Bem oup ne sont pas de ti>u avis
et.... « Toujours au plus grand nombre il faut s'ac-
commoder: >
De mon balcon sur hs Champs- El t/sées. — Lisez les
3* et 17* réponses du n* XII, année 18^0 ..je n'en sa u-
xais faire d'autre, ma belle demoiselle.
De vous à moi. — Cest aum! comme épouse et com me
mère que j'ai plaint Cullk dont vous m'accusez de voua
entretenir trop souvent, madame ; et j'espère n'avor
plus à vous en parler, car j'espère que Dieu n'enverra
pas d'autre mal heur à cette noble famille, et il n'y aura
donc plus de fiel entre nous... Du fiel mon D.eu.
Un arain de frivolité. — Au mois de décembre, je
lépondais A votre lettre avant de l'avoir reçue. J'ajou-
terai : plus vous tirerez la ruban, plut le«OB<iula(ious
de vos cheveux seront accusées. — Vous êtes absoute,
tsecusé^j belle dnmo» et je vois avec plaisir que le désir
de plaire est très-naturel, ( ar la question que vous m'a-
vez faite m'est venue du tous les pays du monde.
Vaucouleurs. — J'ai reçu voira bon sôuvëaî7!*TS5t
dame.
Près de l'Eglise. — Chaque planche est composée un
mois et demi avant le jour ou eile doit parallf», ma
belle demoiselle. Ce que vous me demandiez le 36 no-
vembre j-> n'ai donc pu vous le donn-r le l" décembre
— Faites c«U'j blague marron et bleu de France, ces
deux couleurs vont très-bien ensemble et ne «ont pas
dans le nombre de celles que vous proscrivez. —On dit
blagtnâ ou 6/0311* ,. ce sont des mots allemands. Je voua
conseille ae ne vous .servir que du dernier de ces mois
— Je n'oublierai pss ce que vous désirez , mais il vous
faudra attendre... — JeauneetFlorence continuèroot da
causer avec vous.
Ge^e. - Il y a, iBa4««i«>4«BlV), dfa i^BttMm tn
tricot dans les aenéea 1848 , 1849 et 1850; je ne peux
vous promettre d'en trouver do plus jolies. — Quantau
i,'?**.^ ^^ frangipane, il se trouve dans toutes les
^utsi%ières bourgeoises. Recevez mes tirets. -
En vue de la petite rivière d^Orb. — Ma belle demoi-
aa^Ie,. vous auriez r««çu ce que vous désirez, si voua
iB avi^z dU ^ quelle 44iy en tow Mm aheanéa. *» Dar«
ttaf serre la patte au belActéon, il y a sympathe
99kttû i^z ; mais pour serrer la patte à Mimie, Das-
I 9«r«^crMl pas à ees ron-rons... U a trop Vejipdriaoca
«I SMnda I < Merci poux Jeaoae et peiu Floieaoe....
A Vous domten genliment vos qualités au» auint. »
Ij* moa bursau.-^ Le manieau-paletot convient pour
madame votfe mèse . mademoi»elle ; il peut se faire
en veloura, en drap , en gros d'Afrique , en mérinos
noir.
De mon petxt cobinei de travail. — Mademoiselle ,
on ne porte rien qui se nomvifi frileuse.'^ Voua alliez
votre nom.— S» vous lisiez avec attention les ensembles
de toilette que je vpus doona, ycms sauriez que les
jeunes filles ne portant paa 1m jupes de leur* rphes
brodées an aeutaoW
AroosdelaFoniana. -^ Voue aurez, madame, ce
que vous désirez , loieque j'aurai trouvé ce qui pourra
vous plaire .*
Oarcassonne. -r Vous avez égaré la gravure de
modes du mot de mai, la musique dos mois de : janvier,
msrs, avril, juillet, et la planche 111 d« 1850; eat.«e
-bien cela V — Envoyez un bon de 6 fr. On ne peut ?«tt-
dreque les numéros complets. — Si vous m'aimez,
ainsi que vous le dites , comment ne vous aim«raia-j«
pas ? Vous paraissez si vraie , ei spiriiualle , vous pre-
nez si bien mon parti contre les abonnées de mauvaise
humeur, que je souris db votre colère — Croyaz que je
me sens bien heureuse et bien flère d'être pour quelque
chose dans 1*8 compliments que vous recevez. Ai-
mez-moi toujours. — Je vous baise le front.
De ma Congrégation.— Je n'ai pu répondre à volie
lettre, mademoiselle; mais j'espère que le journal
vous aura répondu.
A Valneige. — Il n'y a pas assez d'intérêt pour dec
FraMçai.^M, dans l'article que vous avez biea ▼oolu
m'envoyer. Recevez , mes regrets , madomoiseUe.
Bordeaux. — NUd^me, tout a été dit dans les tettrai
d'une grand'mèr?^ 'at endez un peu qu'elles aoieat
oubliées, on ne pourrait que recommeacer , et aous
avons des a|^onnéd8 qui n'aiment pas à lira daoj:
fois la même chose, bien que changea daQ<< la forne.
— Le nom de voire jeune fille est célèbre en France, bmI'
damp, notre histoire le prouve, et ce nom lui portera
bonheur. — J'exp»^re que, grâce à la censura, noua
pourrons bienlôl vous donner d^^s analyses.de pèoes
Qouveslles. — Recevez mes remerclments pour toat ce
que vous me dites d'aimable.
Sauxillonges. — Merci de votre bon souvenir.
Reims. — O que vous demandez, madame, eUbien
difficile, dans si peu de place... J'essayerai.
Sirasbourg.-'Je suis très-reconnaissante, ^
de ce que vous avez bien voulu m'envoyer. Si je pai»
vous être bonne âjiuelquq chose, ne m'oubliez pas.
ilupréi de ma bonne mère.— Vons aares les
toe vous désira?, m» beUa deafcoiseUa.^ Paiaquaaoui
ne pouvons causer de vive voix... caoaoba en eapiit «
rêves le bruit des voitures, l'éclat du gaa, la boae en
macadam: je rêver<)i votre mer^ sesvagoes et «B
wame. ~ Hélas 1 le baiser qae vona n'aaToyes ae aeia
perde earoviiai
SiBle avtc mu. — 3e ns atiii point ingnlr, ma
vranf wi awHin... tt^aurt. 4}ii>He< ramarqueal
pnndra — Ns maboud» pii 1 - Je luiii lenila la
nltla. — Je garda ee que *oua m'aTei enioii, at Tona
le [<>i>T>iTiHpnt-«ln M Jour.
flflVfUi ~ Mon pelll ange 1 qtie Dfeu nraa aecarde
CB que toui me loubiilei : la uoli. It.joit, la boo-
Di ma fntln.— UlM«i-mol qMlqua Umpi, bonne
•œiir, pour Tooa acTOjBr u palron dont tolre frtte
p«iaa«éiia«MMnt.
srofH.— Uiil,T01iean)iiitin'MtchiraUT(HaeiieBDa,
il^''a3re.'"* °'"
.il .00. Sol, cal
ganUllt>l)M.B«a:
J'ai», m^. l'b.>U>ira des leuoea Elle qai ont chaoe
Tooi nardrait le. taies.- - )'»p*« que . [.lign«i
d-aioa érr.l TOI Imi. pagu, dlgoai >l'un àludianl mal
.ppr>.,.OD> ne tipoodre. pa. 1 drttâ lellre, et na tou-
dni plui. dan. ToUe h.ioe eonlt» la mooaicl»*, »ou.
lotiir da U iKBia. . celle iiiTenlion li'ua roi !
aa'-l»;U..-J-alfrçuTotrBpcnfr-.n.aehtrep«iiU
da^r ^.ôc" "Ï'"uf d"e»ra"qa°pÔ"" «o'.' '."'"
pour nnnieau .le b.plia»; na hroUai que la raoyenoa
et lapBUle gTccqna, iiirrangei-ioNiOaiinDiir^ica
qu* la n^aaiis »oit «ui daui poinlaa da baa daa dé-
laçai et an aoulachï da loia bl'anch-. - fo\n JDornil
de pflilgaiçan, je Touicoo'aïUe J'Erfucalw» nouKlI-,
rua Nau.a de* PaliI^Cflamp!, n- M; le prli poot l>
Soui la hi<^oux de ■» MU Rtane - -1» chire
aiDJ., quoique bien ilofgafc. Vnoe da laolre, BDU.
noua eal>ndoai, car pour la paMée il nï paa daa-
p.o.. - Merci de to. t«u. pont le honh^ni de ma
palri*; - Merci .n.toul pour » que lou. raa.ei
eniOTé ! - Je tirai ïolta liqueur, el le premier lOrre
qn» j'en boirai .er. un Ux-I i Tolro .Ml4 et 4 la pto.-
ïérlti de ™„ [.mille.
Langrri. — Chtr* awd^me, quo votre Jellre tat
De'-B«J.-We. KniiaTon. parlé d* tous. N™
■TmENXBS.
&a KXVBB SMS ±001.11108
[DIED — PlTBiR — FUILLË.)
Histoire, voyagei, ccnies, Douvellet, fables, tégendei, etc., par H"* J. t. Fonqnotu de Pnuj,
BVM 'la collaboralMHi d«s rédacteurs du JourDal dus DHEnoiselles. lUiufrofioni dHSainées par
HH. Dd tria, LéopoM LevL'rl, etc., gravées par Lacaate, Baudoin, ete, lin fort volume
grand ii).8> de 400 pages, oraé de 400 gravures. Prix; 3 (r., au bureau du Journal des
Demoisellei, n" i, boulevard des Italiens, i-t 9 fr, par la poste.
JJI MÉOMtUM DB MJL MAISOK,
nufects SB t.'HxaTaiBS bb ia mAvoi.«-row bt du l'bmpibx
inaacE et EvanVi (1789-1814),
Par Camille Roossel, profeHeur d'histoire au lycée Bonaparte, un beau volarae in-B*, prix : 4 tri,
cbez Amyot, 8, rue de la Paii.
M. le Ministre de rinslruclion publique a fait prendre un grand noRibire de volumes de ce
précis de l'Histoire de la Révolution.
DICTlomiAmE DE CtMfVEIlBATION i l'usage des dames, 10 volumes in-8°, ornés de
t,200 vignettes el de 24 cartes géographiques. Prix ; 30 fr , che7 Pion, libraire-éditeur, rue de
Vaugirard, 36. Nous en avons rendu comple, n" 11, année 1800.
PATR(nf8.—CBBIIiE CELESTE, pour blanchir et rafraicbirla peau.— POHMADE COMA-
GENE, pour faire pousser les cheveux et les rendre souples et brillants — EAU OElvTIFflICE
AMEBICAIHE, du docteur Grabam, pour puriller l'haleine, blanchir les deutt et les
coDserrer. POOPEBS ET TRODSSEADZ pour élrennes. Cbez U» Baireui, rue d'IIa-
ndvre, 31.
JKtmHËH MS 1DSBIIDIS1IU.3S. ^
PiUlSUITT LE ta Dl XHiODB HO», A PIBTIK DD 10 llKTlEB.
Ce Journal se compose de 12 livraisons de chicuce deux feiiilles, imprimées sur deux
11 coniiunt : 4 gravure* sur acier, 2 doot Im sujets ss nUacbent aux nouvelles Inséré
journal , et 2 représentant chacune un des remarquables tablsaui du Salon, —
musique : lei romances les plus jolies, les quadrilles les plus brillanis, les valses le
les polkas, nazourkis et scolischs les plus k la mode— 4 planches de deasios d« ta
— 13 gravures de modes de jeunes personnas, d'enfant et déjeunes femmes — 1
— 24 grandes plaocbes contenant des patrons- de grandeur naturelle do : r(^
pMorines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets maotelets — v^lemenls
— de pi'tïtea fHles. — des dessinB de tapisserie, dont les couleurs sont indiqué!
qui les représentent — des dessins de broderie pour : cols — manchettes — moucboirs -
— rubes — gilets — canezoua — jupons — camisoles etc. — Des ouvrages de fantaisie,
cartes de visite, tétet de lettres cgloriéee — pages manuscrites — fleurs eu papier — t
bobèches, etc. — ouvrages en tricots, au crochel , au lllet, toqjours clairemeut expliqi
imprimé sur plut grand papier, est entourâd'un riche encadrement et satiné.
10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 francs pi
19 francs pour l'Espagne el le Porlugal.l;
TABLE.
PREMIER NUMÉRO.
[nstidctioh. — Les diamanis, par "•"
BiBtioeniPBiB. — Le roérit« des femmes, de H. Legouvé. par Lonis Ulbicb
LininiTURB ÉtbjUHîèbe.— I* Rose, Iraductlon de M"' Ester Lehov
Education. — Kalalie Nariechkinn, par M"" Laube Pbus
k qiielque chose malheur est bon, proverbe, par M"* ëveline Ribbbcodht
Fo^iE. —le massacre des innocents, par Chiules Froment
MÉLàNSES, — Découverte des mines d'or de la Californie, par Sbvbbis
Enigme uistobiooe- — N° 1 ' _
HiGiÈNE. — Soins de la bouche
Tisane de poonmes
RcoNoaiB DOUESTiaDB. — ComposilJon pour Deltojer les meubles
THRoniouE HL'sicALB, par H. Jules Uiuvet
COBRESPONDANCE, par M"* I. J. PoifOUBAD DE PUSST
E?BriHâKiDES.* — . Mort de Charles le téméraire
HwiïoUF
RÉBM •
fîBAVBBE. — Nalatie Naritchkinn. Nota. Celte gravure ne pouvant âtre prâle ne pai
le numéro de février.
Modes.
MusiuUR.— '' c«ux ilre un Ange, romance, paroles de H. Henbi Albset, musique de
— Olestia , ]iolka-Maiurlia, par OstAK Cohettant.
Tapissbbie EX COULEUR. — Lambrequin.
PLANCHE I, N» 1, Voilette. — N" 2, Coin de Mouchoir. — N" 3, Dos de Fichu*uini|
Devant. — N' 5, Volant. — N* 6, Marmotte. — S' 7, Alphabet en broderie angli
Dentelle au fllel. — K° 9. Autre dentelle. — N" 10, Lion héraldique. — N'Il, Mai
— N° 12, Son collel. — N" 13, Dos d'un Fichu- Canezou. — M" 1*. Devant. — N°
M" 16, Col. — N" 17, Manche. — N" 18, Poignet. — K" J9, Manohelle. — N* 30,
HEVEBS DE LA PLANCHE.— N» 20, Dessin d'une grecque, du haut du devant du Ma
— K" 31, 'Dessin du bas, — N" 22. Dessin du milieu du haut du dos. — M" 21
milieu du bas. — .\° 21, Idaline. — M' 25, Aurore.
Paris. — Imprimerie de M" V'DoNDBT-DopRd,
c Saïnt-LoDls, 4ft,
AVIS
Les ptnwuÊn nml aandeal des
«'«i«re ^rlt « <Mi «Mis MH* ta
réetaBMtiOBs à faire mdI priée» d'y ftrtndre le
afipoNses m. sAsvtm.
Bout mon irine rocher du Pa$tour. — J'étaif à la
,esBipaf ne lorsque j'ai ri çu ta içentille lettre ; elle était
égarée, «t je ▼:en8 t'en demjinder pardon. — Je pré-
fère la devise : Ce que l'on veui on le peut^ l'autre
.étant tiop orgaeil'ease. — ^e sors jamais sans te
oottTrir lie T|#age ds coldrcrjeam ou d£ cièiae céleste.
— Les 4ïareia«s «Qoe SS^j^ir envoie A JD«4ing seront
.^cceptéei si... ieqrsTaoas sofft amies... einen, je-pcé-
woia UB dueU. A 4raope de dents.
•
In a gréai Inirry »— VMdleiuNit <qae im mkç en Jrawii
^e la nnuvelle année est faite, j'espère que vous êtes
^os calme, ma chère compatriote de coeur et d'esprit'.
— Je suis reconnaissante de tos boanes paroles, de
votre bon souTonir.
De -ma Chambre blanche. — Merci ponr ros sou-
haits de bonne année, mademoiselle.^ J'ai le regret de
TOUS ipinoucef que le changement que tous désirez ne
ae pecU faire.— Vous aurez plus de romances.
De la Veillée de Famille, -n Madame 'Votve mère ne
pouTsJl choisir un meilleur secrétaire, ma belle demoi-
selle, <et je l'en remexcie. — Oui, lei deux amies sont
▼ai amies.
Enlsfe mes deux 'petites jUles. -> Ce que me demande
aiademoiselle A. est irop juste, il y sera fait droiL —
Ce qoe mon homonyme, mademoiselle J. J.-a'eoTole
iMt trop bon à recevoir... je tends ma joue. — Vous
aares, madame, la feuille de titre qui a été oubliée. —
Je fieia avec joie l'échange de nos amitiés et tâcherai,
que TOUS ne perdiez rien au change.
En face de glaciers étemels. — Oui, chère et bonne,
tous «riez raison, mes amies n'ont point été incon-
ttantee, et vous m'avez porté bonheur. — Je vous
donnesai des tajpissehes dont les couleurs sont indi-
' qaéea|>ar des sigjaes; je suis de votre avis, elles sont
plus faciles & exécuter que les coloriées '«■■ft'fl
en faut pour tous lés goûts. — Je vous promets le des-
sin de prie-Dieu... si la planche peat le contenir.
temps ; la troisième, plus d'argent que oe coûte une
ann^e du Journal. Voilà ma réponse ans cinq ews
ik qui je souhaite une bonne année.
.
Castagnes. — Vous
mouoKoir.
aurez, madame, le nom^ j)a <
Rosnont. — Notre Journal .est très-fier que vous
vouUet bien le j^endre pour guide, et très-heureux de
vous faire rire et pleurer. — Vous parlez sagement,
quand vous dites que vous ne regrettez pas mesdames
telles et telles. Il faut de la variété dans les sujets, dans
le style.— Quelle espèce de pèlerine demande madame
votre mère 7 Si c'est en étoffe, vous avez, le manteau
Talm»! il ne s'agit que de le raccourcir. — Que ne
donn]B2-vous une pale en filet brodé en reprises? Vous
la feriez de la g^andonr «(fv vovs c<iB«ii>iit. *— Les
deux baisers qu'»ppof le votre lettre, je^es garde pour
moi. ___^_^
Vif^s. — Hélas! madame, on ne peut faire un
journal pour chaque abonnée.
près de mon^pelit serin vtrt. — Vous lisez avec fort
neu d'attention voire Jovrncl, ma ImILl* •demoiselici.
Dites-vous bien : ce qu'il conseille est utile, ce qu'il ue
conseille pas il le défend. — Consultez votre médecin
sur Ci qui vo(M déeole, il en saura la cause et le re-
mède. — Bonsoir, bonne naUjOoqoetlc !
De mon aUUer dr peinture^ en face âe ta Loire. —
Mettre la oonleur à tà\é du signe qui la représente
est iropoesibla ^pour troie rtnom : la^wemière, il lan-
drait du papier blanc ; la deuxième , beaucoup de
Amiens. — Je n'ai pas va de cabas an crochet,
dame, je ne pensée laoi ooaeeiller la bandena 9a
faoniket d'iiomme f«d a pam ma taois de juin 18&0.
De son Ermitage, urne lAosm és
«nie ! on wk qae tmtre fisne
durant votre réjour à Paris,
pas dans mes prières.
âe dix ams. — Bamvta
Venez me voir
Je ne voas oublierai
itouUm. — - Je remercie jeune mère el jeane iffle de
la confiance qu'elles veulent bien m'aecorder. J'y tè-
pondrai dans le Journal. — Vous avez troiadeemns de
pantoufle, année 1£50.
Touiouu. ~- Merci, madame, de vos :bons et ahna-
hks souhaits; permettez-moi de vooa offrir les mina
peur toat ee qoe vous désirez. — Je vais m'asonrer
du dessin le plus à la mode pour une caosease , al
vous le recevrez.
Brest. '- Je ne suis pas initiée dans les secrels qoe
vous me demandez, madame, adressez-vous k nn idn-
tarier.
Près de cehd que mon cœur aime. — Je aons_4eiHb
la main... soyons sœurs ! Malheoreasement noâs ue
pouvons guère causer ainsi.... Msis j*enteadtai ea
qne vous me direz... le soir... quand vom seras eauLe.
— Adieu ! recevez mes vœnz pour votia bonbear.
Pour wnts dite encore je vous aime, — Oui, je ma
souviens de vous, et je reçois vos vosttx dans mim
cœur. — Nos deux familles ont beaucoup de rapport
entre elles.' — Dites à votre compagne : Une mariée
pose son bouquet sur sa poitrine, elle quitte son voile
après la cérémonie religieuse. — Voaa êtes indécise,
heureusement ! sur le choix de votre avenir. Voilà le
conseil que je vous donne : Quant à on mariage, si
vous n'avez aucune préférence, laisses choisir votre
père; ne fuyez pas les épreuves de la vie : si les lainta
ont institué les couvents, Dieu a institué le mariage.
— AdiesQ, aimez-moi r
Verdun sur Meuse. — Si l'on imprimait les réponses
sur papier blanc, il faudrait l'ajouter et augmenter le
pijjiz du journal. Beaucoup de personnel réunissent le»
diauze couvertures, et les font relier i la fin du volume,
-^n échange de voa vœux pour moi, atadame, je sou-
haite que tous vos jours soient couleur 'de rose: amis si
JH-oo^eisis fte^ni «ecattoée, je rouhaito ^ue le Journal
Toas pevtf, comme toajours, courage ei consolât km l
Moirons de risère. — Vous Faimetf dont vos mon-
iagnes, et vous voudriez la voir aimer par tcus... mais
nous, habitants des plaines, nous ne l'aimons pai h
cause de cenx à qui elle doit l'eslstenoe ; nous avoae
d'ailleurs d'autres affections; cous avons le respeot da
pass4L l'<amoar du BoaKsiii... et, fcandxement, moi^
ftienr. pour qu'elle fat aimée, il faudrait qu'elle te IK
aimable.
SaitU-Yaurft, — Le chieyi est bien â voaa, madaaw,
car c'est itat Wreor que l'on avait annonce le lam-
brequin en déc-?inbre, mais vous l'avez reçu en jaa-
vi«r.~Vou8 êtes bien bonn«t de me dire qae, sans co m
'plimentSy notre Journal est le wurilUur de tous les jour'
naux de ce genrey cela me donue du courage.
i
jyr« mon ils et 'fM fille. - Je «i» préewéajent
imoB Totre pontioD, madame, el mM »gtete •oatjo»»
sMsi dénoUreMèfl que lei tôItm. — A un TielUard oo
M peut offrir qoe ee qui doit loi être utile : bonnet,
mtooflet. couMln, chaooeUéro, Jolie cwine.— Lep<$nt
nïne oa point carré a été indiqaé dans le Jouroal ;
mia je ^oos enToie snrUmt dea modèles de filet m
■oint «arré, ce tra^aU étant le plat à la modo. — Je
aniabeoiease de partaKor too sTrapathies... qoand on
^^Ind snr ce point, il eat difficile de ne paa s enten-
en mu les aotree
Toulbn. — Je tnis toochée de tos ywoz pour moi ,
ma belle demofsetle, el ai looe les miens pour Tooa se
lÉalisnient, Diea se cbargerait de ma reoonnaissanoe.
wnwiiv. — Yo» demandes les initiales M D en
braderie snglaiae, cependant, mademoiselle, Tona les
nsea dans l'alphabfet de lapianebe dn mois dejanner.
1a mis beoreuse qoe le Jonraal Yons plaise... sanf
la oompte rendu des pièces de tbëfttre, parce qoe, dites-
•vnpa, ) vans n'allés |as an tbéâtce... mais, oes«omplM
idos, ce sont de petites hi«toires et toos les
_. -petH eom dn Arêameê. — Clière
|-> fois qne le Journal sera aossl intéressant qne
in le délire, je penserai à toc», qui saTes si bien l'ap-
■■éeier. Votre sympatbia m'est bien chère. ^ Yotxa
|MHie ande aura son joli nom.
IWÏon. — Mademoiselle Deroj est une de nos meil-
nas brodeuses, elle pourra être eonaultée.— J'attends
t«connais4anoe, rfiademoiselle, ce qoe tous m'aTex
CkdUau de Fabiè$. l>n coin de mon feu. ~ Jemne
•t Florence s'ocooperont de maabler Totre apparte-
mant... ponrru que votre mariage ne soit pas trop
prochain... comptes snr elles I — £Ues vonaprient de
»û leurs amitiés réunies.
Samt'Jamn. — Voos l'aTo», m adame.
Smunllangeiy Toulon, Belfort, Moulin»^ Maubeuge,
JM, Sacquênay, BretU. Beamaire. — Vous aves en
•■ TOUS aurez ce que tous avez demandée
^. — Vous les recevrez, madame, en attendant
Je TOUS envoie mes sentiments les pins affectuenz.
jr....«.. Blesdames de'B. et de S. n'ont écrit ^ue ce
epe vona avez lu, ma chère fiancée. ~ Oui, j'ai souri
le votre confidence ; puis mes yeux se sont voilés de
lannea..... o'est si tondant, une affection qui date de
In BRiniére communion l Dieu vous donners le bon-
' fcenr, à voos qui ne loi demandes que le bonheur des
1 ! — Avanoes votre front que j'y pose mes le-
votM lettre, madame, qui tout d'abord m'a fait vous
aimer... Vous m'aimiet, dites-vous?... alors c'est deja
sympathie... — 3e suis heureuse que le Journal ait
pu vous porter quelques distractions agréables, et les
r»merehD«nts de voUe msri me sool bien sensibles.....
Adieu, madame ; agréez, pour cette nouvelle année
les vœoz sincères d'une amie.
Une républicaine de cœur, et catholique ftfivenle. —
Féoelon a dit : So^ron* toutes les reltgûms, puuque
Dieu les souffre. Souffrez donc, madaoae, toutes les
opinions.— »i j'ai ri quelquefbU de ce qui a bouleversé
la France, c'était afin de ne pas en pleurer, et c est à
tort que vous m'accus«-z de pmniùn politique. Je com-
nrends du reste gtCil vous soit impossible de ne pas
penser un peu eomme ceux que vous aime z, sans cela, je
Wm demande ce que nous avons à faire, nous autres
femmes, de ces mots : Liberté ^Egaltte - Fraterntie !
..ia suis faeurenae et fière des bons seaUmenU que vous
inspire le Journal, et de ceux que voun voulez bien
m'âfrir, et j'accepte votre amrtié car je nem effraye
peu de la signature de votre lettre.
Bn ftnouvelant «on abonnement. — M*^*»**^"*»
TOUS ne savez pas comment on brode un gHCi au
passé? Mais quand le gilet est dessiné on le moi^
ïurun méUer et on couvre les dessins avec de Usoie,
dn fil ou du coton, comme si on brodait an plumetia,
excepté «ue l'aiguille qui entre en dessow. poussée
par la main droite, ressort en dessus, poussée par la
Min gauche. — ^otre cordonnier seul peut vous
donner un modèle de botUne; la peUte planche en
serait couverte.
Dm Vont du Sas. - Les grandes «fe"""*»?*» *,**
ans ne portent de pantalons qoe pour aller ft cheval,
ou pour voyager ; mais s'il y en a qui, comme vous, en
portent toujours, cela ne peut ôlre P»;.«>Y»«""»*";-
fe crois qu'il ne faut au bss qu'une petite denteUe,une
louie peUte broderie qui no se fasse pas remarquer.
Heureuse d être abonnée au Journal des VemoisUes
wmr avoir une petite part dans votre sduventr. — lin-
ÎS^Tburiarun 6on de 75 c. si c'est un numéro
de 1% peUte édition qui vous manque, ou 1>'«5 { /'• »J
S c'est un numéro de U grande édiUon. - Voilà, ma
petite amie. .
Sotwionf . — Madame, c'ert Un bon de S ft. 75 c.
in*il vons «audra envoyer par la poste, pour 5«fJ~r
faa tfoia nnmétof que tous avez égarés. ~ P«»q««
vons êtes souffrante , pas««|, par-dessus ▼otre cami-
sole de nuit un katzaweck de cachemire ou de soie
coaté et doublé, qu'il sOit rose, bien pâle, ou bleu de
Franoe. - Que l?iea vous rende ia santé, madame.
2
De mon château de Bettel. — Que Dieu -vous rende
la contentement que votre lettre m'a donné, ma hun
ékèreamie.
TMon. — On vous a envoyé le numéro de janvier
1860, mademoiselle, vos trois lettres prouvaient que
vons aviez bonne envia de le recevoir BSais nous
n'avons pas reçu votre mandat de poste.
Toujours seule. — Ce moule doit se vendre rue
Bo^e; lé, on vous indiquera comment faire ce
tmvail. •— A votre premier voyage, voos saurez si Elle
•st petite et gaie, grande et triste curieosel —
CUe reçoit vos vœux et vous envoie les siens.
Bêome. — Merci, chère petite amie, pour votre gra-
cisose et bonne petite lettre. —Votre Journal fera tou-
jours ses efforts pour vous plaire.
Château de Larvy — C'est de Paris, belle dame, quo
noua vous dirons ce qae vons désirez savo'r... Atten-
des nn peu... ce printemps. — Pour manteau de lit, je
vous conseille des petiu carrés. -Faites le lion héral-
dique pour milieu Vous avez déji une douzaine de
onnés, je vous en promets d'autres. Ce travail sera
admirable ! Ces manteaux sont jetés sur une courte-
pointe de couleur, ils ne se doublent pas.
Marmande. — H y a un scnUment de tristesse dsns
■ — —
Nemours. - Le petit Aapean ouaté et piqué serait
convenable pour la »i«on^mais il n w»P^« P" *«
patit bonnetV- Cinq années du J^^^y»»"»^) Sen-
tent au bureau 18 fr.; par la poste «8 fr. Il vaudrait
mieux, je crois, vous les envoyer par la dlhgence..^.
choisissez! - àerci,pour moi, madame, etjpour votre
ci«r Jsurnal.
Marmande. —Mademoiselle, si vous avez payé
W fr 6oT pour la grande édiUon qui n'est que de
S fr* vous ni vous êtes point abonnée au bureau.
Adreilez-vous à la personne qui a fait votre abonne-
ment. .
Château de Monts. - Vous voyez, ma belie demoi-
seUe,Te^ Totre recette a été bien vite employée. Je
wml en remercie. — Comment ! Sait, ce roi du désert,
îfctoS nSnne amiUé de Darling? Mais c'e-t trop
dïônnenr pour un pauvre petit lévrier écossais..... -^
Je ne puis îien changer « Journal ; ^"»*'» J Î^S:,^^?
que ce que je dirai aux abonnées do la grande édition
soit utile aux abonnées do la petite.
Au pied de mes belles Pyrénées - H en a ért fait
ainsi que tu las détiré, chère et ^û«ine. - Jesuis
contente que Dash ait reçu son portrait «n taptoe-
comenw. M ^^^ ^^^ oonnaîirons des
ne. — J «■F^^ 4" «» A....*,-.. An ra»oT. et ie orie Dieu
1
;"^uzTatrrn^us^ït;;?ci"i;^^^^^^^^^^ Fie Dieu
qu'ilte réunisse à la sœur qui est si loin de toi !
Thouars. - J'ai reçu... tout ce que vous m'avez
envoyé, mademoiselle ; mille romercîmente.
is (le chacune deux fouilles, irnprjmfes sur deux colonnes,
r, 3 dont les sujets se rallacbent aui Douvetlis iosArét:» dans lo
, cl 2 rrprêsttntant chacune un des renurquables («bloBui du Salon. -
sîi|ue : tes tomaocns li's plus jblice, les quadrilles les plus briURDie, les valas les plus
■a puilas, niiizKuiIcts et scliulisclis tes plus i la mode — 4 plaaches de dessins de lapisserJi
'12 gravures de modes de jeunes perwnoes, d'enfacil cl da jeunes femmes — 12 râbus lltuslrés
— ii grandes planches contenant des patrons de grandeur nalvirelle de : robes — Tichus —
[jéleiines — cliapeaux — calèches — manleaui— ^onnel5 'rantolets — vflenienlsde pelil» garçon»
— de pelitcB nilcs. — des dessins do tapisserie, dont les couleure soDl indiquées par des aigoo»
qui les reprfwnteHl — disdt'Esins de broderie pour : cols— manchettes — mouchoirs — boanels
— ri.^bcs — gilets — canezous — jupons — camisoK's, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels que :
3ai les de visite, Ifles de lultrcs co'orites — pages manuscrites — fleurs en papier — enlaine —
kihècl'.es, elc. " ouvrages en tricots, au crochet, au filet, toujours clairemfnl expliqués. Lu texte,
imprimé surplus grand papi(T,es( entouré d'un riche rncadri ment et saline.
I 10 fiants |:ai- an pfur Paris, — 12 francs pour les déparlemeolB,— U francs poor l'élranger.—
I 15 francs pour l'Espagne et le Portufral.
BELXIKME XUMÉBO.
IssTBUcTjON. — Le coiiibal des Trenle, par Ahistide Giii.iitnT , - 33
ic,— L'éducation du foyer, par H"^ A, Moi.iNos-L.WFiTiî io
LnitHATLnE ^.TlA^cÈBï. — Proverbes espagnols, tradudion dt- M,"' LoiiSE Hvti Jl
Enur^Tio». — La Chanoinesse et le Clievaiierde Malle, par SI"" Eveli>e llmDtcoL'ikT.. .'...; ti
PoÉsta. — La reine des Sylphes, par M"* Loviba Stavpaeuts 49
1891. — Premier article, par M"' Koméb du Svïa
: , par H. Jules Louvet
ir.VE HlîTOItlOCE. — N» 1
KcoNoBiE noMESTioi'E. ~ Chinchilla. — Limonade russe
r M" J. J. FlIUQUEAU DE Pussï - ^
isfance d'Auguslit; de Candolle 63
MOSAÏQU E.
GntvDHB. ■
E Lo^LiY, musique d'EsNEst
PLANCHE II. N"' t, Col. - 2. Pelote. — 3. Taie d'oreiller. — 4, Dûslrfe, — S, Hlouciioir. — 0,
Mathilde. — 7, Carré en lllet. — 8, Alphabet pour maniuer le îinge. — 9, Dentelle en liirol- —
10 et 11, Mautelel-Chambord.-Jaelia, Bonnets.— H, Guimpe— IH, Canezuu habillé. 0. Bas
de jupon. — 17, >'achet pour mouchoirs. — 18, Semfl. — 19 ut ÏO, Doulouiilùios. — 21, I^aijl.
— 22 a 2.1, Enlredeui. — 2f, Augeliue, - Berlhi'.- 28. Nodmi. r- 27. Ui-rnisnce. — 28, Tr^in-
i;iiise, dans un écusson.— 21», GabntUo.- 30, Adèle. - 31, Anijèlc. — 32, CiHine.— 33, Tuliirie,
d,ini unécusson. — 3( .«liainB. ■
- y-'-^S, Kphra
.■. — 30, Elia
-37, 38. 39, W, Jl,*2 e
AVIS.
Les penoMMS 4«l aaratcnt «es f e cteauHt O M ftUtfrc sont priées #7 feindre le
«'ordre «crU à la main sur la bande imprimée qui couvre lenr journal.
RÉPONSES DE FÉVftlEk.
OuêTMfy. — Il en a été fait aiosi que vous le de-
«iriez, deareti mistf il ne me reste plus qu'à vous en-
Toyer ce que demande votre lettre. — Quant à broder
en lacet sur mousseline, cela ne ae fait pas à Paris :
le lacet, en blanchi*.sant, se vesserre et ferait gripper
la mousseline. — Recevez un bon soo^renir pour vous
etpourTotre poëte quel dommage de ne pouvoir
dire poétesse !
En façades tours de Saint-Otien.^ Madame, pour
robe de petite fille, je préférerais des petits plis et des
entre-deux; m^is sur les côtés de cette espèce de
tablier, et afin decncher on oes plis et ces entre-deox
■6 réunissent k la robe, je voudrais une petite garni-
ture qui rappellerait le dessin de l'entre-denx. — 11 7
a eu un patron de kaiwwock etaon dessin en brodarie
anglaise sur «ae des planches de la itrande édition,
année 1820 ; pour cette année, attendez un peu.
Montauhan. — La broderie au passé se fait au
métier, nademoiselle ; vous devet avoir dei brodeuses
dans votre pays, demandez-leur une leçon de cette
broderie.
D'un noir château Brdon. — Patience ! madame,
le journal ne peut donner tout en un jour, eH vous
n'avez encore reçu que le numéro de janvier. —
Il y a denx mots dnns votre lettre que je n'ai pas pu
lire : Une petite feuille... en noir ou en couleurfei^je
voudrais que vous me parlassiez de la pour visite,
d/ineTf etc. ; voilà mon excuse pour ne pas y répondre.
Auprès de mes élèves. — Hélas! madomoisella^ je.
ciains que le dessin : une Vi^rge^ au crochet,ja'<existe
pas ! Je sais bien qu'il faudiait l'inventer ! mais en ai-
teadant, je ne peux vous envoyer que mes regrets. —
Je vous serre la main, et baise tous ces jolis fronts
qui se penchent vers moi.
D'un coin de terre oublié, — Pauvre petite I comme
Il y a êympathie dans nos antipathies..,., tous me
Dûtes souvenir d'un t-i^ps bien loin de moi!... —
Jlais retenons au cadeau que vous pourries faire : une
couverture de livre en tapisserie?... toos n'avez pas
de relienr assez habile, — nn coussin de pied on de
diTan? — ou bien, que n'achetez-vous de bans linsea,
an bon tableau... cela plaît toujours. ^ Adieu; aimez
les nuages, les arbres, les fleurs, et les pauvres qui
souffrent ; aimes les petils enftala, «tBiea oroabUeia
pas le pttit coin de terre oubHé.
en avez un sur la planche n' III de cette année, tou-
jours grande édition. 11 n'y aurait pas de place nxt la
petite. — Nous n'oublierons pas le blond et lai*rune.
— Totre lettre, écrite avec la cœur, est arrivée à —
adresse.
Verbeirie. — Monsieur, Tourrage que toqs me pro-
poeez ■sralt, Je le crains, trop considérable pov la
place que le Jlournal des Demoiselles pourrait tni
Honner. Recevez mes regrets et mes remercîmenti.
*tm
Tours. '- Vous avez un riche dessin pour manches
pegodes, grande ^^tlion, numéro XII, année 19^; tcm
Paris. — Le hasard fait que vous recevrez vosinî'
tides, madame. Quant aux morceaux de musique que
vous demandez, ils sont trop connus.
Au chdi^au de la Moite. — Belle dame, si -«oos
prenez da oanevas une toM pins gros, ce lambreqnîD,
avec son gland, aeta long de %5 oentimètres ; il toqi
faodra le doubler de percaliae janae, et sur las points
qui joindront le dessas ait la doiAilare, voue coadrm
une ganse ronde, jaune. Vous serez forcée de faire coa>
vrir l'autel d'une planche, la planche vous:la couvrirez
d'une tapisserie fond noir sur laquelle vous semeries
des fleurs; ot 'se lambrequin, vous le feriez clouet,
avec des dons dorés, sur le bord de la planobe qai
couvrirait l'autel. — A. M. seraient bien dans le lam*
breouin du milieu. — L'explication du rébus de dé-
cemore ne peut étxe que anf la table des matières.
De ma cfumAre parfumée. — Adressez-vous à votta
médecm, mademoiselle, lai seul pourra connattre le
mal et le remède. — Je regrette que vous ne tiaaviez
pas le journal ausii intéressant qu'autrefois. — Il n'y a
plus, dan« l'auteur que vous me citez, de poénei qaa
vous puissiez lire. — Je vous remercie de vos sonhaits
et vous envoie les miens... bien que tardifs.
Contentement passe richesse. — Que votre lettre est
aimable et sensée ! combien elle m'arafrahshi !e csrar !
— Oui, vous me connaissez, et je vous consais.— Slnrcl
de votre douce causerie.
Pau. — Toutes les abonnées sont servies dès
qu'elles sont abonnées. — Puisque vous ne m'envoyez
J)as le numéro d'ordre écrit sur la bande de votre
ournal, c'est que vous n'êtes pas sur nos registres...
»- Adressez-Tous de nouveau à votre libraire, ma
béUe demoiselle, et surtout ne croyez pas un mat «do ;
la réponse qu'il vous a faite.
VassyrfoiiS'Pisy. -^ Mademoiselle, nonsjie donnons
que les noms qui nous sont particiilièrement demaa4it^
vous aurez le vôtre.
Soi** les sapins de notre Germanie. —'Non ,
dames, mesdemoiselles et messieurs, non, curieuse»
et curieux , Darling n'est pas de la même raoe qne
Duke, bien qu'ils soient de la même nation. — Je vois
avec plaisir que vous approuvez mon chien de mordre
les talons à ces héro'ines... que vous détestes.
Conques. — Merci de ton bon souveah» coBetaate
amie. ' '
De Vouvroir des quatre soeurs. — L*aatenr et mol
nous avions énblié, mademoiselle, et s'il jrmvait nn «on*
cours pour le prix de mémoire, c'est vons qpi le mé-
riteriez. — Je regrette de ne pouvoir vous envoyer de
sitôt voire alphabet. — Jeanne et Florence voos of-
frent leur bonne amitié.
Toulouse. — Dansi: cinq mois la poste payera voUe
mandat , qu'elle l'ait ou ne l'ait pas retrouvé. Vettà»
xiadBmoiselle^oe faeje pas -tens répondce.
Toulon. — Ligny le Chdtel.
voir.
Vous avez dft rece-
Lapaiiste. — Vêi été aussi éto mée qne voai. a
dame , de tous ces noms étranges donnés sans ooate
a dM m0ls ooanas , et ne jmu voas lea «zpUgaer. —
J'enverrai à mademoiselle votre sœur las di
qu'elle d^re.
» *-•
Ax. ~ ÉlM-Toat abonnée à la grande édition ? ma>
damoïMlle, car la petite planche ne pourrait contenir
raabe qne roua me demandes.
Hofi-ie-Boi. — Vons anres votre nom, madame. —
Je enia henrense que tous approuriat le jonmal : sa
UttAratun», tes travaux... et jei>enae comme Toas anr
lea personnes qui s'en plaigoeot. — Jeanne et Floren ce
▼cas remercient.
Colmar. — Voni avex le riche dessin de manche
pagode, planche XII année 1850, tous en avez encore
os sur oett(« plauche III. — Je vous remercie de tous
Tos remercîments, madame, et furtoai de la tainie et
grtteieute image qne tous m'envojrtz. Elle restera
eomme un lien, comme un intermédiaire entre nous.
Au coin d'un bon feu, par un temps dtt brouillard.
'— Ces dessins de mouchoir, Berthe, paire de manches
^^odée en lacet snr tnlle ne se font plus, ma belle
demoiaelle ; demandez-moi toute autre chose et je serai
trop henrense de tous être agréable , mais, une fois
rr tontes, diles-Tona bien qne c'est Paris qui Aut
mode , et que J4 suis \ï pour tous enroyir ce
401 psralt de noavean.
Prêt d'un bouquet de bruyère rose. — J'ai peur
que TOUS ne tous trompiez, sur la tapisserie que tous
iKelamei... voyez d'abord si vons avez votre compte.
— Il est bien tard, mademoiselle, pour vous remercier
4a Toe sonhaits de bonne année, et vous envoyer les
miens ; mais, a6n de réparer le temps perdu, je les
•Tais envoyés au bon Dien.
Houvinj prit Frévent. ~ Oai, Biadame, j'àime A
panser que nous nous entendons sur beaucoup de
ohoses, et qne ai nous sommes en désaccord suc d'au-
ttei, 11 n*y aura jamais entre, nous m haine^ ni fiel,..
BOQS n'en avons pas dans le cœur. — Je sais heureuse
qoe lea travaux du Journal vous aient été utiles.
En face d'un vieux château. — Je continuerai, je
l'espère, de satisfaire aiuz désirs des cinq sœurs «-
mais je snis triste car je n'ai que le temps de
répondre ce peu de mots aux troii jolies petites pages
de l'aimable interprèle qu'elles ont choisi.
Maine Brun. — Le gi'et brodé en sou tache ne
paraîtra que dans le mois de février — les pantoufles,
plus tard encore... — Tu* as. planche lU, un petit col
garni, tout nouveau. — Dpja dix-neuf années que nous
nous connaissons, et que de petite fille tu es devenue
dame!... Qne de choses se sont passées, mon Dieu,
depuis ce temps et dont nous garderons souvenir !
Saint'Vaury. -.-Vos deux abonnements avaient été
inscrits ainsi que je vous l'avais annoucé, mademoi-
selle, depuis ils ont étà payés. Si vous ne les avez pas
rf çus pins tôt, c'est le désordre d'un renouvellement
3 ni est venu plus considérable qu'on ne s'yatleudait...
e Tiens vous en demander pardon pour les bureaux.
Au coin de mon feu. — Vous a^rez un oiseau pour
pendant an perroquet; — faites le chien de décembre
18*0, et je vous enverrai pour pendant un autre qua-
drupède. — Je ne puis me charger d'ancune de vos
commissions ; recevez mes regrets, madame.
Angers. — Voici une de ces lettres qui seront pour
moi , madame, comme un titre, comme une récom-
pense, et qne je garderai toute ma vie... il est impos-
sible de aire mieux, de dire plus, et en moins de
mots... Recevez mes remerclments^ et mes sentiments
les plus alTectueux .
Je prie les abonnées de vouloir bien agréer mes ex-
cuses , mais le temps me manque pour répondre aux
nombreutes lettres qu'a nécsssitées le renouvdllement
au Journal.
£TRE\.\ES.
I.nrHS D88 i:OOUBH8
(DIEU — PATAIE ^ FAMILLE.)
Histoire, voyages, cqntos, nouvelles , fables, légendes, etc., par N*«l. J. Fouqueau de Pussy,
avec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. Jlkutrationi dessinées par
MM. Deveria, Léopold Levert, etc., grarées par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume
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iBioiselles-, n* 1, boulevard des Italiens , et 5 fr. par la poste.
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i«M> vignettes ,et de 34 cartes géographiques. Prix : 30 fr., chez Pion, libraire-Éditeur, rue de
Tangirard, 96. Nous en avons rendu oomptë, n* 11, année 1650.
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tlENE,pour faire pousser les cheveux et les rendre souples et brillants.— E AD OENTIffUIGE
AMERICAINE, du docteur Graham, pour purifier l'haleine, blanchir les dents et les
oonserver. POI)PBE8 ET TROUSSEAUX pour étrennes.
ik
a.. _
mtimm^ss^iié^^
AVIS.
On ne povrra #àlt*e droit à aarnnes réela«Miton« «I Wles ne softl aceompigné#s
do Bnméro d'ordre écrit à la main sur la bande Imprlttiée 4iit couvi t Icnr Journal.
RÉPONSES DE MARS.
' La Fèrê. — Voire lettre, madAne, «l( de(S»re«qtii
sont lues et rolaes avec un doâx phtisit, et votre
joamal, ft qui elle est adressée , me charge de Tûat
dire qu'il est bien fier de compter parmi ses lectrices
une femme au sui spirituelle, dont le style est à la Fois
ti éMgant, si riair, si élevé... Mais, commencée g»lo-
ment, votre lettre finit avec tristesse... comme toutes
choses ici-bas... Passons à vos demandes.— Je ne peux
rendre compte des pièces anciecne?, et les nouvelles
ne sont pas di^nca de viim être faecaièes. — Je vous
conseille ée JEis*fe relief la mnsiqoe et l«l planches avec
le journal , celli se fait tonjoura ainsi. >~ Voas verrez
que j'ai pensé eomtoe voaa sur les quelques lignes que
TOUS m'envoye». -^ Puisque vous viendrez à Pâqtes,
nous échangerons notre amitié.
Dft h&fdt de ta Loire. — Votre filîe chérie aura
son nom et le dessin qu'elle désire : — le dessin de ta-
pisserie en signes que demande M. vôtre mari n*«st
pas asses expliqué : est-ce un tapis de pied? — 11 pa-
rait, madame, que vous ne demandez rien pour vous?
Arcen-Barrou. — Ma belle demoiselle, nous ne
portons pas de sac au crochet, ni autrement, ce n'est
pais la mode — quant à la bourse au crochet , parse-
mée de fleurs de lys, diminuez le dessin que je vous
ai envojé pour boutonuicre de chemises d'homme,
qai est sur la planche de U grande édition.
Pi-èi de mon amie, — Vous aurez au mois de mai
une toilette de mariée, mademoiselle ; je-désiro qu'tlie
ptisse couTenir à votre, cousiue. — Darling est re-
cûnnai'sant des avances de SunJerland. — C'est la
faute de la poste si vqus recevez votre journal chif-
fonné, mais c'est notre f.iute si vous ne le recevez pas
exactement... cela n'arrivera plus.
Valnripe. — Le journal a déjà mis cette légende,
mais il n aurait pu arcepier la vôtre. — Vous me de-
man iez si vous d'vez renoncer à la carfière des lettre».
— Oui, mademoiselle, voue y rencontreriez trop d'ob-
stacles, vous n'avez pas de guide, et vous n'êtes pas
asfez lorte pour y Taire seule votre chemin. Je désire
que vous preniez mon conseil comme une preuve
d'amitié.
Jti milieu de mes enfants chéris. — Madame, cinq
uHits plis froncés au bas d'uu jupon et une bande
uruée de cinq petits pMs, cousue au bas de ce jupoo,
p^ruvent se porter pour deuil. — A vos autres ques-
tions , je répondrai dans le journal.
Sur mon bureau. — Je viens bien tard vous remer-
cier de vos vœux de bonne année , madame , et vous
pri-r de jecevoir les miens^ me fiant snr le proverbe :
Mieux vaut tard que jamais. — J'avais fait ce que
yous désiriez.
Quelques demandes. — J'ai dû. dire souvent que la
broderie anglaise se faisait en points de cordonnet ou
en points de fesion. — Vous aurez votre nom. — Puis-
que nos abat-jours surtout ont fait fureur en Hol-
lande, je vous enverrai ce qui paraîtra de nouveau en
ce ^'cnre. — Le poëte dont vous me citez le nom m'esi
inconnu. —Vous no jouvez jamais être importune,
mademoiselle.
é .— — — ^—
Auxerre. — LoT!>q<ie la mode sera décidée, je vous
enverrai ces paîtrons. En attendant, cherchez sur les
planches de 1850, U y en a de fort jolis pour petits
garçon» de 3 à 4 ans. — Vous êtes contente du jour-
nal, vûu^ le garderez pour que vos tilles y puis^^nt de
bons conseils... Tout ce que vous me dito^ d'aimnble
est b'. en dit,madome; le coeur compietid toujours le
langage du cœur.
A là Campa ff né. -^ Vous avez reçu votre nom, ma-
dame, do moins je l'espère, car vous ne me dites pai
k quelle édition vous êtes abonnée. — Je trouve que
des seiviettes pliées en éventail , c'est uA peu table
d'hâte ; il me semble que pliées en tr'angle et couvrant
le pain, c'est plus propre et plus convenab'e. — Vovf
aurez votre dessin de vide-poche. — Je sens qu'il y a
sympathie entre nous, et que si nous nous voyiOas,
vieilles amies inconnues, nous aurions depuis 18 aaa
bien des ohoscs A nous direl
Lusfévil.-^ Ce n'est pas par un esprit prétentieux ou
romanesquef qae quelques abonnéQ.<( du jonmal datent
leur lettre : Ve mon pavillon chinois — Prés de mon
amie —Auhord de Veau, ete., mais bien pour n'être pas
reconnues et par une norte de pudeur. J'avais besoin
de vous expliquer le bot de ces petites phrases qui ont
le malheur de vous agacer les nerfs. — Vous voulez
bien me â\re, après avoir cité différents jonmaoa de
demoiselles : Mi n Journal me contient , sa rédaction
est très-bonne, et Tes causeries de Jeanne et de F/o-
rence sont très-amusantes et fort instructives. Je res^
terai voire abonnée. Je vous en remercie. — ^ie,
sous le prétexte de me faire une petite observation^
vous entrex dans une colère un peu rouge conira ttiet
pauvres opinions. J'ai r<?ndu compte, il est vrai, de
pièces fort piquantes : La propriété c'est le rolf —
les Saisons, qui ont fait rire tout Paris, et voCfime
dites : // n'y a que les lâches qui insultent les tain
eus; merci de ^otre fraternelle" épithète. — Tout
ajoutez : Je ne sais H vous me croyez républicaine,
je n'ai pas analysé mes sentiments. Permettez-nMl
de vous drre ce qt e vous êtes : à vot/e haine contre
la nobleiese, contre la richesse, dont vous voya par-
tout l'omnipotence^ que je ne vois nulle part, j'ai peur
que vous ne tourniez au ^ociaIi8me... Ce qui n'em-
pécherii pas que je vous envoie le dcssiu detapts^*rie
que VJU8 me demandez , ni de recevoir vos vœux de
honne année, et de vous envoyer les niit^nt... jusqu'en
1852...
Château de Brignac. — Je vous enverrai plu»
tard bonnet et katzaweck. Que n'étiez-vou^t abonnée
en 1850 ! vous n'auriez rien eu à me demander ! Mais,
soyez la bien revenue, mademoiselle — Ja suis heu-
reuse de l'approbation de votro père à certaines ré-
ponses de janvier. — Darling, reconnaissaot des avan-
ces de mademoiselle Mouche, se dit son dévoué servi-
teur.
Dà ma triste solitude. - Mettez Bijou sur un fond
bleu ciel ou vert d'eau. — Dites-vous, pauvre Ame eti-
lée, que les 200 lieue.s qui nous séparent ne sont point
un obstacle à nos bons sentiments l'une pour l'autre.
— Patience et résignât' on !
Du presbytère de près de la collection du Jour"
nal des Demoiselles. — Vous aurez, sur la grande
planche de septembre, un magnifique dessin d'étoleen
tapisseïie, et je n'oublierai rien de ce qui pourra orner
votre égli»e. — Je me anis transportée par la pansée,
ledférrier., à noire revdex-rous de cfrur... J'avais bien
besoin que vous me nommi-s à Dieu ! — 'Merci, ma-
demoiselle, de votre constante amitié.
Pffs la mystérieuse fontaine de Baranthon, — Ras-
surez-vous, madame, je n'ai pas dit que ladomeetique
qui a pris une serinette pour un moulin à poivre était
de la Bretagne, et je veux croire que dans vos vil-
lages on cultive rintelligonce musicale de Toi.* eau des
Canaries; mais H est d'autres confrces où, sans mar-
cher à quatre pattes , il est pererit d'ignorer le serin et
son metrww»-Ri.— Lorfone, moyant veaper la province,
vou* me dit»* qnSih PaH'i.'-w . inspecteur d'agricul-
ture, daiis l'exercice de • ses fonctious , prenait des
aotx pmr dei pnni«s, des ehoor ponr dn tsfosc, je ré-
pondrai QQ'il avait sani doate la yvlb baise. — Les
petites filles ne portent pas de robe* de mousseline,
mais de jaconas oa de peroal^ — Vans anres tobre
nom. £8t-ce bien Zénaïs r F« est tr^a-peu diaiincte.
Par un temps affreum. — Vous aurf a le» Uroia eho-
ses que vous demander, mademoiselle, mais un pen
tard, car votre kttre était restée au bureau.
V^ante». — On ne brode plus de mouchoir en soie
-a'ine d*or, ni de lettres enlacées, et je ne peux vous
«nvof er que ce qui convient à plusieurs. — Lisez avec
attention la descripUoa des objets de toilette que je
vous envoie, madame, J<) dis tout ce qu'il faut, et rien
' que ce qu'il Cant. ~ Votre dernière demande vous
jnra vite accordée Amitié !
Penset à moi, je pense à wmt. — Mademoiselle, il
m'a élé impossible de vous donner le bonnet ; que ne.
)e ftùtes-voua avec 1m dessins qae je vous envoie en
broderie anglaise? — Voua aurez votre nom.
Auzances. — Voua me croyez ingrate, ma belle de-
moiselle, de ne pas avoir répondu à votre lettre si ai-
mable. Hélas I je n'aTaia pour y répondre ni le temps
ni la place ! — Ce que vous faiiea eat bien. — Les ro-
bes de jaconas, A dessins, n'exigent pas de volants: si
voua eu voulez maître, qu'ils soient longs, car les
courts la'tsent voir le dessous qui n'est pas semblable
an dessos — > Merci & votre frère, à votre mèn... —
Puissiez-vous vous retrouver en famille !
Un petit grain d? coquetterie, — Gonanltes votre
médecin, mademoiselle. — Au bal, piettex une guimpe
de crêpe blanc, un on deux rangs de grosses perles
banchea ou un veloura noir loorcé autour de votre
cou, pour cacher le haut de votre guimpe, puis ayez
nne robe décolletée, une Bdrtho, des manches pago-
des et des gants demi-'.ungt. — Si,* grâce à vctre
journal, de petite /o{/«* que vous ét}éz« voui êtes deve-
nue un peu raisonnable^ j'en suis bien heureuse, et
vous ouvre les bras... pour que vaus ra'tmhrassiet Utn
fort! ^^_^^
Tulle. — Les petitqs filles de 9 ans n'ont pas de
costume particulier , madame; c*e»t l'âge le plu«
ingrnt : elles ne sont pins enfant, et ne sont pas en-
core demoiselles. — Je penserai à vous, à votre fiUe. ~
Je vous donne la recette que vous désirez.
En nous terrant la main. -> J'ai fait changer votre
adr<>s»e. — Le choix que voire mari a fait de voui
prouve qu'il est homme d'esprit. — Ne lui brodez pas
de cravate. — A ses mouchoirs, broies le petit écus-
son qui est séparé par une -barre, vou^ mettrez une
leltro adroite, l'autre à gauche, c'est très-diatingaé. —
S'il est trop tard pour le présent, ce a^ra pour l'ave-
nir. — Adieu, ma boune amie, à bienldt! — En cau-
sant avec vous je répondrai i votre a mable lettre. —
Rappelez-moi 4 l'amitié de vos trois sœurs.
De ma forteresse. — Jeté conseille un cfiâ'e en or-
gandy, double. Je t'enverrai des dojfsins au moin de
mai; si tu es pressée, cherche dans l'année 1850. —'
Les katzawecks de 1849 et oenx de 1850 sont encore
de mode. — Si, comme tu le crains, nous avions la
guerre civile, je prierais et pleurerais avec toi, cartoua
les soldats sont mes frères. — Tiiéln« si prè<« de moi.
et tu n'as pas sonnéà ma portai c'eit mal... Je t'aime!
tn vois qu'il y a de Uécho dans mon coeur.
Au coin du feu. — Mademoiselle, personne ne
pen^e à nettoyer son chapeau de paille, il y n des cho-
ses qu'on ne peut bien faire «oi-mâme. — Vous avez
eu de jolis de«sins de pantoufle en 1850, vont en aurez
bientôt d'autres.
De mon hureau'étagère, -^ Je remerc'e le hasard,
ma belle demoiselle, qui vous a fait devenir notre
abonnée. — Oui, vous pouvez porter des cailloux du
Rhin. — Les gants de pean de Suède ne se portent
que l'été, le matin, en néf^gé. -^ Le point de tige ae
fait au métio>r ; on nn peut l'expliquer sans un dessin
Îni le représente. — Il est minuit. Darling envoie à
'ox on good night ! da si Toiz la plus c'aire. — Et
moi, je vous envoie ce souvenir de mon cœor,airessé
à votre cœur.
N'ouhliex pas celle qui vous aime. — Vous. êtes
malheureuse, vous souffrez... vous en accusez vos hé-
sitations dans le chemin du devoir et l«s serments
que vous vous êtes faits et n'avez pas su tenir... Hé-
las ! ma pauvre enfant, je ne puis que voun plaindra
maïs je veux bien entendre voire confidence tout en-
tière... peut-être alors pourrai-je vous donner courage
et consoiallon.
Du bord de Veau. —■ L'etpace m*a manqué pour ré-
pondre à vos nombreuses questions, madame la ma-
riée, mais ai vous avez lu avec attention toutes les
toilettes que noua avons décrite, votre choix est fait.
Je n'ai plus qu'à vous souhaiter tout le bonheur pos-
sible.
Une Bourbonnaise. — Vous aimpz la musique et la
danse, mai» vous éte«, dites-vous, noire et laid% vous
n'osez pas vous habiller on toilette de bal, et vous me
demandez mea consetia : lisez la 90* réponse. — Avee
nne robe montante, on ne met pas de fleurs dans ses
cheveux, mats on y met des rubans, c'est une coiffure
qui sied très-bien. — Je m'occuperai de votre position^
qui ne me parait paa si désespérée, puisque vous trou-
vez des danseurs.
Au pied d'un cyprès. — Je répondrai partiellement
à vos nombreuses questions, ma chère petite, et vona
aenz content^de moi. — Si votre gros César n'humi-
lie pas mou j9f /z< Darling^ à la bonne heure... aans
evla {rnre les gros mots^ c'est comme cela qu'il se
venge des gro.i chiens.
En vue de la petiif. rivière d'Oib. — Oui, c'est un
très-grand malheur d'avoir perdu ses cheveux... mais
avec le) conseils d'un méde''in et la pommade èomagène
ils repousseront... Eu attendant, jt^ vous recommande
le bonnet de la planche IV. — Adéon est bien hon-
nête, et Darling me charge de le baiser sur le front.
Quant à Mimi, dites-lui que^je ne partage pas la mé-
fiance de certains petits roqoets contre les chats, et
lui fais de bonnes caressée. — Adieo, madame; merci
de vouloir bien m'aimer.
Château de Lawy. — J'ai en l'honneur de vous dire
que les édredons notaient plus de mole ; qu'on en
faisait une espèce de matelas piqué. Les nombreux
deskins de filet pour broder en reprises ne con/iennent
que pour former des manteaux de lit, des nnppes d'an-
tel, des tapis de table, des dessus de cheminée et des
dessus de commode. Si ces <jarrés ont quelques mailles
de plus les ans que les autres, ayez <iea mou'es plus
gros les uns que les autres. Je ne conaprenda pa.s que
vous me demandiez si nu mouf^ d'un centimètre et
demi pouvait vous servir; mais c'est trois fois la gros-
seur de celui qu'il vous fkut. Relisez, je vous prie, la
description de ce travail, année 18 19.
La Ferté Loupière, près du pont neuf. — Pour den-
tiste, je t'indique M. Labarre tils, et tu m'en remeï-
cieras. Tout le monde te dira son adresse. -- Comme
personne ne porte de chà'.e au crochet, on n'a pas su
me dire ce que le tien aurait pu coûter. — Saiponne ce
châle, r<»passe-le à l'envers ainsi que sa frange, ou
donne-le à un teinturier. — Voilà, ma chère amie ,
tout ce que je puia répoudre à ta longue et bonne
lettre ; je suis pressée par le lomps, resserrée par l'es-
pace... Adieu 1
lA UV&E USB ÉOOUB&S
. (dieu — PATRIE - FAMILLE.)
Par M"« J. J. Fouqueau de Pussy. Prix : 3 f r , au bureau dn Journal des Demoiselles, bou-
levard des Italiens, 1 ; 5 fr. par la poste.
>
I:
10 FRANCS PAR MPOCKPABIS,
12 liâtes pou iBS dtpaitemenls,— 14 Sam fm I
15 Ima pour l'Espipe et It PortugiL
19'iiiiiée. — 4"Série.
K" 5.— 1" Mal.
iD NiUD m «rniiu, looinuD ois nui
Jkin/wuin/wuuinAfwyiAAnnnAnnAnAAn/uuuuuiA/
AVIS.
Ob ne ponrra faire «rolt à mmtumtB récUnuiiloBs, il cllec ae soBt
nonero d'ordre écrit à la malD Mir la kaode Imprimée «ol cosYre le Journal
RÉPONSES D'AVRIL.
Saurilînngei. — Il est bien tard, mn^^emoixelle,
pour répoa^ra à votre lettre ; ma's la place m'avait
toujonri manqua! — Oui, je p^nse comme vqts, tout
oh'nu trouve »im nid b^au. — Vous aurez de? patron*
de il»*iir« eu papier, au risque de déplaire k : ourroir
det Quatre -iiifurs. — Darling reçoit les co-ipg de bec
de TOtre Cocotte^ paisque ce sont 8»s care'^es.
Parit. — Je vous re;nercif, roonni'ur, fios vers que
vous avez bien voulu envoyer au Journal d-s Df-moi'
êellegf maiii ils ne peuvent lui convenir.
H — Ce n'est pin la première fois, ma ciière
ami«, que l»? ni.il a sa récorapen.ve sur la terre, car ce
retard du journil m'a vam de h,en aitia'* »•> r pro-
ches... en comptant les TÔiresI — Volrtî lo-ietle était
charmante et dist ngnée. — Oui, je m'int-^rest: à votre
mariaK*''.. niai« jh m luléressa au.^si à rolre pauvrd
pète ; qui va se trouver aeul. .. abandonné !... — i e tous
baise au front.
Une lettre encadrée die noir. — Vous aurez 'ii s des-
sins de bourse, madame. — Pour mo icîioir de douil,
prenez le de.sKin de la pelote numéro ^, pLauche II, et
brodec-le au crochet, en soie noire.
Caen. — Votre nom n'est pas sur nos registres, ma-
demoiselle.
De ma Congrcgntion. — 11 y a de pl^i^r à être
lonée par vous; Cr.la n'<'St ni fade ut vulg.iire, et je
trouve qu'avec vos quinze an.^, voua et»-!! plus qxi'aises
gentille. — J'ai bien ri du système d'»;coiJomi.' de ma-
dame votre mère ! — Ce» petite* majuscules, pour mar-
quer le litige, sont sans doute brodées; je vous en en-
verrai un alphabet. — Adieu, enfant gâtée! — Tin-
iim est tu nom original, Darhng en a dressé les
oreilles.
Méâ*ah. — Le grand nombre des renoavellements
a occasionné le retard dont voas avez eu raison de vous
plaindre, mademoiselle, et j'en ai été bien contrariée.
Posad'oro [Pologne). — Si votre famille est abonnée
depuis dix ans, mademoiselle, vous avez dû trouver,
on décembre 1347, une liste des livrei que tous pouvez
lire; à c<*tte liste, j'ajouterai les premières années du
Journal det Demoiselles. — Je suis bien heureuse d'a-
voir pu mériter l'approbation de madame votre mère,
et voire Kympa'hie pour moi ne mo surprend pas;
dans iiotre orgueil ualioral, nous disons: les Polonaises
iO'it les Fran^'aises du Nord I — j'accepte avec recon-
naissance votre (rauuction d'anglais ; si vou9 l'aviez
lignée, nos noms au moins se seraieot trouvëi réunis!
— Maigre vus quinze sns et votre petite taille, mettez-
vous comme une demoiselle, je vous en prie! — Je
vous enverrai ce que je pourrai de tout ce que votia
me demandez.
De ma salle d'étude. — Mademoiselle, vous avez
déjà un alphabet et* broderi>i anglaise ; au mois de juin,
vous en recevrez nu qui se brodera au plumetis; (n
attendant, que ne prenez- vous les initiales det noma
que vous trouvez dins le Journal?
Grignan. — Je ne vous envoie, madame, que les
objetA de toilette les mieux portés..... c'est à vous de
choisir. — La mousseline d-j'laino blanchaest très-peu
convenable pour des jeunes filles de cinq et de neuf
ans. Je ne sais vraiment quelle fsçon vous indiquer.
Près du Journal det Demoiselies. — La mise d'une
demoiselle de vingt-sept ans, qui est nécessaire à sa
famille et croit devoir renoncer au mariage, eit celle
d'une dame.
Je meurs ou je m'attache. — Je n'ai fiaa trouvé de
livre qui voulût m'indiquer la manière défaire lea S«-
V'irins, et les pâti<isi-r3 ne le vou iraient pas. — Ton
^'à eau de carottes ressemble un peu au thé do madame
(iibou cependant je l'essayerai, et je l'en remercie.
— Ta raison, qui te disait de ne p.\s entrer an n* 46,
a en tort, tu d«svais écouter ton cœur. Tu ii:e trouveras
toujours un diaanche de une heure à cinq. — Jo ré-
pondrai à ta dernière question.
ChanteJose. — L'objet que vous déUrez, et surtout
avec yo- initiales, ne pouvant convenir à un grand nom-
bre d'abonnées, je regrette de no pouvoir vous satis-
faire, mademoiselle.
Près de metfleurt. — Vous demandez «n* prime,
parce qa il j a, dites-vous, dix-neuf ans eue vous êtes
abonnée an Journal des Demoisellet... Mais A votre
04101 p:e, il faudrait bientôt que le Jooxnai payAt ses,
abonnées...
Ktalhet. — Les étoffes sont toujours les mêmes,
dame, seulement elles changent de nom tous les ans.
— Je vous tiendrai au courant des modes.
Saint-Fernando. — Les objets dont vous me deman-
dez If^s dessins, madame, ne sont point en usage dans
nos église.<i, voilà ce qui m'a empêché de vous les en-
voyer : on couvre le saint ciboire avee des pales, nous
en avons envoyé plusieurs. Recevez mes regrets.
Toulouse. — Je n'ai que des remercîments •& vool
adresser, madame, pour votre aimable ei gracieuse
lettre.
En face de ma verte colline d'orang.rs. —Il parait
que vous n'êtes point une ancienne abonnée, made-
moiselle j je vous expliquerai ce manteau de lit.
Lisbonne. — Comment ! ces quelque» lignes 4 votre
adress»' ont été répétées dans un de vos journaux?...
C'est très-flatteur pour elles I — Merci de votre pensée;
elle était encore odorante. — Nous sympathisons sur
deux points : l'amour pour certaines personnes et
pour nos pays respectifs. — Je fiii des vœux pour
votre reine, je 1 aime. — S. vous venez à Paris, je vous
tends la main.
Par un temps nfigrux — I^es manches pagodes de
la planche 111 peuvent vo :s convenir. On en fait beau-
coup girnies ne deux rangi de bandes brodées. —
Votre lettre est bonne et aimable pour moi, vous criti-
2uez celles qui me critiquent, puis vous vous joignes
celle» qui réclament Za Revue det Théâtres]... Mais
vous savez bien ce que je leur ai répondu : Il n'y a
pas de pièces qui soient dignes de vous être racon-
tées 1... Je vous boude.
Manneville. — Chaque romance coûte 1 fr., franche
de port. Adressez vous à M"' Bonoldi, ancienne mal-
son Pacini, bou evard des Italiens, n* 6, et affranchis-
ses votre lettre — Les vers ne peuvent convenir, ma-
dame, mais je vous en remercie.
Paris. — Je vous envoie un mantelet nouveau.
C'est à vans, mademoiselle, de prendre vos mesures, la
quantité de l'étoffe dépendant de la largeur de celle
que Vous emploierez.
Prtj de mespigeom blancs.— Vn châle de crêpe de
Cbiae est assez précieux pour ne point risquer de la
nettoyer soi-iuùme... Je n'ai pas d'autre conseil à vous
donner, madame.
De »ion foyer toUtaire. — J'ai dit en IdSO tout ce
que je pourais dire sur les crèchet. Madame, adresse^
TOUS à M. Marbeaa, leur fondateur, roe Joubert, n* 4",
par une lettre affranchie ; je ne doute paa qu'il ne vous
donne tous les renseignements que vous désires.
Emerhîas. — Je n'ai trouvé personne qui ait pu me
renseigner sur une aube au filet ; mais le nombre de
points dépend de la grosseur du réseau, et cela dépend
de vous. — Je préfère les mouchoirs qui se brodent eu
points de feston... c'est plus comme il faut. — Je suîj
bien en retard, madame; daignez agréer mes excuses ;
votre lettre s'était égarée..-
Marsillarguêi. — Vous avez envoyé 10 fr., made-
moiselle, et vous recevez un journal de 10 fr., c*est-à-
diro la petite édition augmentée de h ail gravures de
modes, une chaque mois Si vous voulez ajouter 2 fr.,
on vons envorra les nuaiéros suivants de la grande
édition, ou 5 fr., et l'on voua enverra de plus les nu-
méros parus.
De mon jardin de Paris. — Une maison de ref «po
servie par les petite» sœur* det paurrest vient de s'oo-
Trir rue du Regard, faubourg Siint-Germain. Le re-
fuge coûte 160 franc* pour une femme, SOO pour un
vieillard. — Je suis reconnaissante, madame, de vos
bons sentimenta pour moi.
De ma chambre hîeue. — Je .suis bien coupable de
ne vous avoir pas pépondn plus tôi ? Père, mère, frère^
lœur.. vous êtes tous si bons pour, moi ! — J'ai donne
en 1850 le bonnet qne tous me demondez ; je vais en
chercher un autre.
Cetion-la-Hastide. — Madame, si vousn'aTez pas
reçu le Livre des EcoîitrSy c'est qu'aux 3 francs que
TOUS avez envoyés, il auraii fallu ajouter 2 francs pour
la poste. Les 3 francs ou le livre sont i votre disposi-
tion.
Villrguert. — Vou«î avez déjà r-'çu réponse à l'une de
vos demandes, madame, vous aurez réponse à l'autre.
Saint-Venant. — Que de malheurs coup sur coup...
pauvre f''mrae ! pauvre mère J... veillez bien sur ce qui
TOUS reste'.... Je ne peux que pleurer arec vous, et
prier avec vous !
Heureuse et fière de mes deux filles. — Je n'oublie
Sas que les mères sont coquettes pour leurs petites
lies.
De non Ve aux vertes collines. — Oui, ma belle de-
moiselle, dans tous les pays da monde, les abonnées
sont mes filles ou mea sœurs. — Vous avez déjà trois
des choses demandées ; quant à la quatrième, faites un
semé dans votre caneseu et garnissez-le d'une bande
dont la dent festonnée oontieodra ce semé.
Près de mes ûeurt. — L'éloge qae'Tous faites des
œuvres de M"' Eveline Ribbecourt est en même t*<njps
Totre éloge, mademoiselle. — Les embrassements de
coeur que vous envoyez à Jeanne sont arrivés à leur
adresse, et mon cœur s'empresse de vous envoyer les
de&s.
Au milieu de mes élèves. — Vous aTez ou Tous au-
ras oe que vous demandez, mademoiselle.
auprès de mon père. — Consultez votre famille, VM
goftts et votre aptitude, mademoiselle, je ne sais réel-
lement que Tsms répondre sur l'état sédentaire que vous
devez cnoisir.
— 4* pour le sachet, plus tard ; — 5* le Livré desBc9'
tiers peut être donné a un jeune homme de neuf à
quinze ans ; — 6' le manteiet Stella se porte encore...
— La lettre que vous m'avez écrite au mois de jan-
vier, madame, je ne l'ai pas reçue, et je la regrette,
si elle rwsamblait à celle que je viens de recevoir. —
Puisque vous voulez bien me nommer votre amfe, don-
nez-moi une petite place entre vous et votre mari, et
croyez que je vous en serai bien reconnaissante.
Entre mon carlin et mon roquet. — Je vous ensei-
gnerai ce qne vous voulez savoir, mademoiselle. —
Quant à la romance, le journal a pris des engagements;
je vous remercie.
Tourcoing. — Madame, en 1814 j'ai déjà donné des
détails Siir La manière de meubler un appartement, la
mode n'a pas changé.
Vn éelf ctique. — Vous vous trompez, monsieur, sur
le nom de la personne à laquelle je réponds dans la
numéro de février. — Vous êtes, dites-vous, noire
aboDué depuis la création du journal ; alors, vous avez
dCL voir que mes sentiments ont toujours été les mêmes,
et je vous assure qu'ils ont la sympathie de toutes les
familles, sauf deux ou trois exceptions dont vous faites
partie, et si vous croyez que ces sentiments puissent
influencer sur des sentiments contraires, vous me faites
trop d'honneur.
Erreux. — Vos goûts, en fait de toilettes, sont ab •
sulumeut les miens, madame, et le journal vous ré-
pondra.
Des hords de îa Seine. — Nous tâoherons de réson-
dru votre embarras, madame. J'ai pris pour moi seule
le baiser que vous envoyez à Jeanne et à Florence.
Pays haut. — Je n'ai pas encore pu mettra la main
sur nu cimi de It taille d'un chien... c'est diffîcile!...
Merci, madame, de votre bonne opinion du Journal.
Paris. —Ma réponse est si tardive, madame, qu'elle
devient inutile. Les journaux vous ont appris que cette
maison de refuge et^i rue du Regard. — Vous appelés
un p'tii mouf?ement d'amour-propre le désir d'une ré-
ponse; mais ce désir me donne beaucoup d'orgueil.
Au retour du printemps. — Vous aurez tout ce que
je pourrai vous envoyer, mademoiselle, et je serai très-
flsAtèo de vous recevoir à votre premier voyage.
Mareuille-sur- Belle — Vous avez au moins, depuis
un an, une douzaine de dessins de broderie anglaise
pour garnir cols et manchettes, et vous en recevrez
chaque fois, madame.
Nantes. — J'embrasse iiit fille qui Tsut bien pro-
noncer mon nom dans les prières, et j'enTerrai à tiH
mère ce qu'elle demande.
Près de ma mère et de ma sœur. — Mademoiselle,
on ne porte pas de manche* pagodes eu tulle brodé
avec application, je ne peux tous en donner de mo-
dèles ; — les desrins de tapisserie dont vous parlez
eout troavés très-laids... à Paris.
D'une forteresse isolée. — V On place les serviettes
en pile et on en remet une à chaque personne en lui of-
frant une tasse de thé; — S" tous aTez deux dessins pour
broder votM chftle; — 8* vous «nrez TOtre
Nimes. » Pour les présents à faire à son fiancé, il
faut suivre l'usage du pays qne l'on habite, joadenoi-
selle... mais peut-être êtes-vous déjà madame ?
Deux lettres timbrées: l'une à*Ostende, — Tautre,
dont le cachet représentait un chien avec ces mots :
Beviensvitef n'étant point affranchies, n'ont point été
reçues.
D^ rèpoimes à des lettres de mars et d'aTril n*ont
pu trouTer de place ; il ne m' en teaie que pour expri-
mer mes regrets.
IB I.ITB1I BBS ÛOOtXBBM
(DIEO —• PATRIE — FAIULLK.)
"^ Par M«»e J, J. Fouqœau de Pussy. Prix : 3 fr,, aa bureau t!« Journal des Demoiselles, bou
levard des baliens, i;li frases par la poste.
HM^
MltAISSAirr LE 1" DE CHAQUI'
Ce Journal se compose de 13 livraisons de cbacune deux feuilles, impiin
Il coDllent : J gravures sur acier, 2 dont les sujets se riltacbent aux i
e journal ; et 2 représentant chacune un des remarquables tableaux du Sa
musique : les romancva les plus jolie*, les quadrilles les plus brillaola,
velles, les polkaa, mazourkaE et schotiscbs tes plus à la mode — 4 planches
coloriées — 12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfants el de Jeu
illustrés — 24 grandes plancbes contenant des patrons de grandeur natun
- pèlerines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets — mantelels
garçons — de petites Qlles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs
signes qui les représentent — des dcssioa de broderie pour : cols — manc
boonels — robes — gilets — caoeïoua — jupons — camisoles, elo. — Des on
[ue : cartes de visite, têtes de lettres coloriées — pages manuscrites — Deu
— bobèches, etc. — ouvrages au tricot, au crochet, au Blet, toujours clairem
mprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné.
10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 (ï:
10 francs pour l'Espagne et le Portugal.
TABLE.
CINQUIÈME NUMERO.
Instruction. — Christine de Pissn, étude biographique et littéraire, par 1
lioghaphie. —Le Guide du Domestique, H'> J. j. FouODEiu de Pussy..
LiTT^BATURK ÉTRANGÈSB. — Le Télégraphe éleolrique, traduction de M. Ss
Eddcàtion. — Mtllon et ses Filles, par M. A. Jadin
Chanson. Qi;and on n'a pas ce que l'en aime, il faut aimer ce que l'on a,
Councv, musique de Clambson
Revus des Théâtres.— Bataille de Dames, par MH, Schibe et Legoovë, H'
DE Puasv
Saion DE 18S1. — Troisième article, par M"» EDifiE di Stva
Economie domestique — Charlotte russe. — Pomtnes flambantes. — Sirop d
Enigme BiSTOniotE , M* 3, par A" E. R. . .
CoHHESPONDANCE, par H" J. J. FouocsAU DB Pcssr
EfuëmAivides.— Prise de Constanlinopte, par les Turcs
MosAÏonE
RÉBUS
GiUTDiiE. — Salon de 1801. Hilton et ses Filles.
HonouB. — Le Chant de la Nourrice, paroles de Charlu Nodieb, musiqu
CaOMHE.
PLANCHE V. N> 1, Encadrement de chAle. — 3, Col. — 3, Sa garniture. ■
S, Chartotu. — è, Àlbtris, écusson. — 7, L^s en tapisserie. — 8, Signes
11, 12. 13. manielet parisùn. — 14, Col mazarïn. — 19, Dessin pour reco
16, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 33, 24, 2tt, 20, 27, 28. 20, 30, 31, Angtlini
Berthe, CUrnentine, Apolline, S B, JMnu, ÀUxandrine, Liontine, Zénaù,
G. E. D. Alice, noms demandés. — 32. Encadrement de châle. — 33, Cb(
38, Enlra-deui. -36, Manchette. — 37, Poignet.— 38, Basde japon.— S
— 41, Bas de Jupon en points de rose. — 42, Entre-deux. — 43, Dass
perles. — 44, Pièce d'épaule et manche pour peignoir, et camisole.
pull. — T jpoEnphlB ds w T* Donilej'Dapt^ , n* Siial-laati , 4S , ■■
i^mmsm^m^
iuvuv\njvwvvwuvvnnnfuinAAfuvvuvuuuvuvuuuuuvi/\
EIHSBU
(0 FRANCS PAU AN POUR PARIS,
Irancs pu les dèpirtacnls,— 14 fmus pour l'élniger.
15 tacs po¥ l'Sspajne el le Ponnsal
AVIS.
Un oe ponrra faire droit 4 aucaBeft r^Umatloiu si elles ne timt aceompacaée*
eu naméro d'ordre é«rU à la main sor la bande mpiinife «ol eonvre le Joamai.
R£POi>SES DE MAI.
Près de mes pensées en fleurs. — On a fait droit à
Totre réri:Iamation, mademoiselle — le compte-rt^du
des pièces de théâtre était, dites-roos, très-amvsani,
et vous le regrettet... mais j'ai déjà répondu à de pa-
reilles plaintes que je ne trourais pas depières qui fus-
•ent dignes da tous ôtre rscootéei... tous Toyez
d'ailleurs par le numéro do mois de mai que je ne de-
mande pas mieux que de tous ôtre agréable. — Vous
aurez la recette.
Sous mon rocher du pasiour. — Comment peut-on
Atre ce que lu dia aye» des yeux bleuf, des choreux
blonds dorés, et la peau tràs-blancha... tu te calomniea
•t surtout qnand tu dia que tu n'es qu'une campa-
gnarde... mais tu ne me tromperas pas, ma spirituelle
amie, je m'y coonaia I — J'ai donné la recette du cold
eream en ld'jO;aa lieu d'eau de rose, mets-j de l'huile
deroae.
Une abonnée à la grande édition. — Les 25 patrons
qui composent une layette ke trouTont chez M^'.Be-
reux ; pour 6 fr. tous aurez ce qui tous sera le plus
utile; je n'ai pu encore trouTer place sur doi planches
pour ce.H patrons, les broderies absorbent tout. Rece-
vez mes regrets, madame.
Près de mes pervenches bien aimées. — On ne por-
tera guàro d'écharpe, ma belle demoiselle.
SoHvenee-voL's J — Oui, madame, si ce chah de
tulle brc'lê au passé est a'un beau noir, s'il n'est paa
trop peiii, il peut se porter encore — la casquutte de
Telours est >rop chaude, tous avez raison.
Des li'ux que je vais quitter à regret. — Il me fau-
drait un volume pour vous répoudre ici, et je n'ai que
quelques lignes...— Je ne voua ai jamais conseillé le
journal en question, madame. — Je vais faire la liste
des livres que v:us pouvez donner à lire h mademoi-
■elle votre ûlle. — La pommade comagène peut rendre
la vie aux cheveux... a condition qu'ils ne seront pas
tout à fait morts. — Vous recevez les gravures de iLodea
beaucoup trop tard, dites-vous, je ne suis pas de votre
avis; coronvni pois-je savoir avant le 1" février ce
qni se portera au printemps? avant le 1" novembre
ce qui se portera en hiver ! — A quoi bon envoyer
Totre tille en pension à Paiis'/ — Hélas! nos jours
prospères ont fui!... est-ce pour tonjours? Dieu seul
le sait! — Je reçois votre amitié, madame», à con«iition
que vous voudrez bien recevoir la mienne en échange.
A'j bords de l'Esse. — Le trousseau, la corbeille...
tout cela d-p«'n 1 du pays que vous habitez, de vutrc po-
sition sociilJ et de celle do voire futur mari. Je re-
grette, nndemoiselle, de ne pouvoir répondre à vos
questions... mais je ne 'e saurais. — Mt rci de votre
bieDveillanoe pour le Journal.
Près dr mon piano. —.Mademoiselle, jamais les
gants b!aiics et paille ne noui as^'ez frais quand ils
sont ni'tti-y.^s. jo VOU.S conseille do les faire teindre en
noir, pour col hivor. — Vous avez ie« «heveux courts,
vou.H 1 f» \ )i'l.'7 pa-, VOH3 coilF.T à la Ninon } coitT»'Z-
vou> li la rhiuoise, si cela vous sjod, cest la mode,
voi» . ,'j( ■;'• riîz uun ire'^'^o autour du cordon qui roue-
rait vos » II* V'ux. — Je vous enverrai ce que vous de-
mandez.
mille lieues de la France ! A cette idée le cœur vous
bat... le cœur battrait A moins!... — Sur la gravure
de modes, vous avez une tciletle de mariée— vous avez
la toilette de sa sœur ^ai peat être pour vous celle da
lendemain. —Qae Dieu tous protège et vous coadaise !
Sous mon beau ciel du Languedoc, — Votre lettre
s'était égarée, mademoiselle, mais le hasard m'a fait
TOUS enroyer one partie de ce que vous me demandiez.
— Quant au dessin dnn bonnet en filet brodé, cela
n*est pas de mode. — Allez veilUr aux soint de votre
empire, tâchez de remplacer pour les autres^ celle que
rien ne pourra reoiplaeêr pour vont.
Près de ma fiUe. — En 1848 il y a un patron da
robe de baptême ; cette robe ne peut servir qae si l'en-
fant est porté dans les bras, pins tard on pent la rac-
courcir. — On met à une petit fille de quatre mois,
pour la promener, une robe et une pèlerine de percale
brodée à l'anglaise, ou garnie d'ane bande brodée de
même.
I
A mo (ii.> rèle amie. — 11 ny a de remède qu'une
P"liu* {.Inc.. oi puis du cournge, car « il faut souf-
jrii pour éti- b*Ue,i> disait Agnè* Sorel»^n se mettant
un coUi. r u»» pierres précieuses, non taillcpf, qui lui dé-
chiraient le cou.
Beaumont. — Mademoiselle, en lisant Totre gra-
cieuse lettre, j'ai été bien contrariée de ne pouvoir y
répondre selon votre désir, car vous ôtes abonnée à U
petite édition, et la guimpe ne pouvait tenir que sar la
planche de la grande éd. lion.
.Srt's^— C'est sans doute le climat qui en est cause...
consultez les médecins; mo*, je ne peux que vous con-
seiller la pommade comagène qui se vend chez M"* Bs-
reux.
Près d" n's sœurs. — Les ch&les d'organdy (et non
de mousselin^f] se portent grands de six quarts (veux
style] ; vous avez deux dessins dans la grande édition.
— Je ne crois pas que l'usage de l'eau sur la tâ*e
fasse blanchir les cheveux. — Je vous remercie dos
choses aimables que vous vonlcx bien me dire, made-
moiselle. — Il y a des figurés qui excitent la ^ympa-
thie, il y a pour moi des écritures qui ont ce pouvoir...
la vdtre est du nombre.
Courage^ espoir, patience. — « J'ai, dites-vous, la
* faiblesse de croire que les réponses qui sont sur la
> couverture de mou Journal ne sont que de pure in-
> vention ; vous seriez de la plus grande amalilité de
> me répondre, afin do me prouver que ce sont de vé-
y ritabks réponses, et vous me rendriez service, car il
> serait triste de croire que ces charmantes petites eon-
> versaiions viennent de votre imagination, et ne sont
> pas d's réponses véritables à des lettres avoua adres-
> sées. > A certaines questionSf dit le proverbe, pas de
réponse; j'ai fait ce que dit le proverbe... mais vues
m'avez écrit une leconde lettre dans laquelle je vois
que c'est à votre cousin qu'est venue cette lumineuse
idée... c'est différent... je vous réponds. — Vous me
demandez votre nom : Cydatise, vous l'avet ; le sien :
Athanase... vous ne l'aurez pas; je ne suis pas obligée
d'envf ver le nom de tous les cousins, surtout qusnd
ils se nomment Athanase et ont si mauvaise idée de
mou caractère.
Angouïcme. — Vous vous mariez, vous allez à six .
Tar<rny. — Je vous remercie, madame, de l'atta-
chement que vous portez au Journal des Demoiselles.
i^uini uni mauvais sentiments qu'il a exciiés en vous :
la jalousie, contre celles à qui je répondais des choses
aimabks; l'amour propre qui vous fait désirer qu'à ses
quatre gravures sur acit^r, votre Journal puisse «goûter
encore d'autres avantages afin de l'emporter en tout et
sur tous... ces mauvais sentiments vous seront par-
donné», je les prends pour moncompte.
Près d( ma f-dite-hièce. — Le velours de coton blanc
ccûte 4 francs le mètre, a:adame, mais je doute que l'oa
puisse tur cette étoffe rien faire de bien en peinture.
Voas avez, pour enfant de deux an*, en 18S0, dans la
grande édition, on patron de katsaweck en broderie
englaise — si le dessin ne tobs convient pas, entourez
Ce yétement d'one bande frraicée »ur laquelle Tons ferez
un dessin de broderie anglaise. Votre nièce de 19 ans
pourra se paror du mnntelet de la planche VI.— -Je suis
bien hi>ureuse que l'esprit du Journal soit apprécié
par madame votre sœur, comme mère, et par vous,
comme tante.
De mon chdleau en Siiésie. — Je suis étonnée, ma
belle demoiiielle, que vous ne consultiez pas les gra-
vures de modes, et rurtout les ensembles de toilette
que nous von* donnons chaîne mois ; vous y verriez
que demoiselles et jeunes dames ne portent de robes de
mousseline qu'au bal, en été, à la eampsgne, et ja-
mais en v'site, en promenade. — A douze ans, la jeune
AUe ne porta pins de roba de percale blandie. — Les
pantalons de voire sœur de huit ans doivent être longs.
— Votre frère les portera courts jusqu'à cinq ans. —
Votre lettre n'étant pas affranchie, a coûté 1 fr. de
port au commis qui Ta reçue, elle devait être refusée.
De mon paisible cabinet. — Mademoiselle, comme
pour faire un civet il faut d'abor j un lièvre, pour
broder au passé il faut d'abord un mét'er; en avez-vons
nn? — Que ne donnez- vous à ce monsieur on coussin
de fauteuil en tapisserie, un buvard, une couverture de
livre ? — Des choses que vous me demandez, je vous
envola l'une, mon amitié, et plus tard je vous enverrai
l'autre : la manière de broder au passé. — Darîing est
trop bien élevé pour ne pas répondre à la politesse de
M. Stop.
Soui les yeux de leur bonne mire. — Vous voyez,
mesdemoiselles, que j'ai répondu à vos demandes.
Devant mon feu <ît cheminée. — Votre sœur a plu-
sieurs dessins à choisir. — Quant aux modes, le Journal
vous a répondu et vous répondra. — Ne prenez ni les
volauts ni les dentelles, et les modes de dames vous
serviront. — Que voulez-vous, ma chère amie, mes
poëtes sont devenus des hommes politiques... en ré-
publique il y a peu de poëtes! — Soyez tranquille,
vous ne redeviendrez pas allemande, votre cœur est
trop français, et nous irions vous faire rendre votre
nationalité. — Que vous avez des mots touchan'.s : les
orphelins n'ont pas asset aimél
Près de mes chers parents. — Les petites filles sont
fort élégantes, comme toujours; elles se mettent de
même depuis trois ans jusque six — vous avez un
modèle sur la gravure du mois de mai. — Malheureu-
sement la petite édition ne peut donner de patrons avec
les broderies.
De celle-ci j'attends plus de succès. — Lisez la troi-
siègae réponse, madame. — Je vois qu'une mère devrait
toujours garder les patrons de la layette de sa fille et
les ajouter à son trousseau.
Moulins. — Depuis dix-huit ans et demi il est pos-
sible que notre dessinateur nous ait vendu deux fois le
même dessin, s'il était redevenu à la mode; on ne peut
pas exiger plus, de la mémoire des yeux. — Je vous
ai annoncé VEaueaiion du foyer de madame Molinos
Lafitte, il se p^ye 1 fr. 50 c, et vous vous plaignez à
moi de ce que ce petit volume n'est pas un ia-S"; mais
d'abord ce n'est paa ma faute, puis la sujet ne le com-
portait pas, et le prix devait vous annoncer la grosseur
du volume. — Vous avez eu, vous avez, vuus aurez tous
les dessins que vous demandez en broderie anglaise.
De l'ermitage que j'avais rêvé. — A huit ans, un
petit garçon e^t trop grand pour porter de.s pantalons
courts. — Vous comprenez, madame, que i'âge ne fait
rien aux plis que Ton met ou ne met pas au bas du
pantalon d'une petite fille de d<x à douze ans. — Quand
il ne fait pas chaud, des manches de dessous en per-
cale, montées chacune sur un poignet qui se boutonne,
conviennent à la ville e't chez soi, sous des mancheâ
pagodes. — Jeanne et Florence vous remercient.
N' 5658. — Cherchet et vous trourerti, madame ;
ce bonnet de baptême doit étro sur l'une des planches
de 1850, je ne pourrai en donner ce moii-ci.
De mon cabinet, — Je vous excuse, mademoiselle,
car je sais mieux que personte ce que c'est (}ue le< af-
faires. — Je n'ai pas de filoir sous les yeux, je ne peux
vous dire en quoi le vôtre est défectueux. — Quand
vous en aurez le temps, pensez k moi I
En attendant le printemps. — Mademoiselle, je vais
rechercher l'éditeur du livre intitulé ; Conseils aus
mères. — Rassurei-vous, nous n'avons pas l'intention
de votts faire prendre des gravures de modes poui: des
portraits. Ces figures sont toujours très-grandes, ttès-
gra^ses, et minces de taUle, elles ont la bouche comme
une cerise, le pied tout petit, c'est chose de conven-
tion... et Us ParisiMnes ne trouvent cela ni faux ni
ridicule. •> Si Love fait une caresse à Darling^ Dar-
ling lui en fait deux.
Auprès de ma jeune sœur. — Vous aurez au mois de
septembre l'éiole en tapisserie, mademoiselle. — Vous
avez dû recevoir le numéro que vous aviez perdu; pour •
vous acquitter envers le Bureau, vous enverrez 75 cen-
times en renouvelant votre abonnement de 1853, car
vous ne quitterez pas votre Journal, ce phare qui^
dites-vous, vous éclaire et tous guide au milieu de ce
monde oii vous n'avez plus de mère !
De ma pelouse verte. — Vous dites que votre robe
est née sous une mauvaise étoiUf madame, qu'elle est
malheureuse... ne serait-ce pas parce que vous êtes un
peu... maladroite,! On l'a dit : le malheur ne fait
jamais que la moitié du chemin... Enfin ! il s'agit main-
tenant de la teindre, et vous m'en d^^mandez le moyen ;
hélas I madame, vous ne réussiriez qu'à vous teindre
les mains... Je vous en parle p.ir ezpérience... Donnez
votre robe au teinturier... chacun son méiier^ les ..
robes seront bien noires... et les mains resteront blan-
ches.
Près de ma jardinière en fleurs. — Mademoiselle,
en envoyant, fronc do p rt, un bon de 1 Ir. sur la poste,
à l'adresse de Al. Bonoldi, b :ule»ard des lUiliens, 11,
vous lecevre*. franc do port la romance que tous dé-
» roz. — Vous avez d:ux dos.-.ins d'application d'an-
gleterre. — Florence et Jeanne vous rendent votre
serrement de main.
De mes Salions. — Madame votre mère est bien
bonne pour moi, mademoitelle, et j'en suis bien re-
connaissante. — Je vous répondrai dans le Journal. —
Il règne dans votre courte lettre un sentiment de grâce
et de douceur qui toucha... — Triïby est un joli nom,
Darling est fier de son souvenir.
Amitié — espoir — Mademoiselle, je vous enverrai
votre nom comme à toutes les personnes qui me le de-
mandent. — Il parait que vous n'êtes pas une ancienne
abonnée, car vous sauriez comment on peut calquer
un dessin... mais je voos le dirai.
Au bord de l'Océan, — Quand tu viendras, tu seras
la bien reçue.
Rive-^le-Gier. — Le Journal vous a répondu, ma-
dame.
Sauveterre de Bearn. — Pardonnez-moi, madame,
mon temps est absorbe par d'autres travaux, le tricot,
le crochet, les modes l'emportent sur les fleurs... mais
bientôt.. .
Sous mes lilas fleuris. — Je vous réponds dans le
Journal, ma belle demoiselle; votre lettre m'a fait tant
de plaisir que je serai heureuse le jour où je pourrai
voua en remercier.— Pfp/ et Darling sont compatriotes,
je présume qu'ils seraient amis.
Des bords d^ la Seine. — Je désire, cbèro madame,
que vous soyez sali*faite des simples formules qui sont
dans le Journal ; avec tant d'esprit, de clarté et de
force dans le sty e, uu peu d'humilité à la fin de vos
lettres fera fort bien.
Paris. — J'ai déjà donné, en 1850, des dentelles au
crochet qui se font dans leur largeur, venez les cher-
cher, madame-, en voi i encore deux, mai.s voui savez
que, faites dans ce .so.js, ellei ne peuvent p i? être au*si
jolies... Je dôsire qu'eilei$ soient ntilas à cette pauvre
princesse de Joinvi.le qui, dans l'exil, s'occupe à orner
Itis vèiemeui.s de ses peiits enfants, etpuissiez-vous lui
témoigner ainsi voire reconnaissance.
ri^iuixT LE 1" Cl CB^oai unis., a riMTia dv IS j*.iT[EH.
:e Journal i<e compose de 12 livraisods du chacune deux futiillcs. imprimées sur deux colonoi
1 conlient : A gravures sur aciai*, S dont les eujiils ae ralUchuDl «ui nouvelles insérées dans
journal , cl 2 représentant chscuDO un des remarquables tableaux du Salon. — 24 morceaux '
musique : les romanoes les plus jolies, les quadrilles les plus briltanls, 1>» TaUes les plus nouvclti
es polkas, mazouiluâ el scliotlsclis les plus à la modii— 4 planches de dessins de tapisserie colorié
-12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfant et déjeunes femmes — 12 rébn» itlusti
— 24 grandes planches contenant des patrons de grandeur nalurelie du : robes — tlcbus
pèlurincE — cliapcaux — calèclies — manteaux — bonnuts mantclels ^ vf^lemenls de petits gar(0
ie i>3tiles filles. — des dessins do tapiiscrle, doDt- les couleurs sont indiquées par des ugD
qui les représentent — des dessins du bruderiii pour : cols — manchettes — mouchoirs — boom
— rûbcs — gilets — caoezoos — jupuns — csmisiiles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tel» qm
cartes do visite, tSIes de lettres coloriées — pages manuscriles — lleun en papier — en laine
bobèches, etc. — ouvrages en lri(.-ots, au crochet , au lik'l, toujours clairement expliqués. Le texl
imprimé snr plus grand papier, est entouréd'un fiche encadrement ut satiné.
10 francs par an pour Paris, — 11 francs pour les dûparlemenls,— 14 francs pour l'étraDgcr.
IS lï-ancs pour rEspaj^ne el le Portopl.^
TABLE.
IssmiCTION- — Htal actuel de la Californie, pur H, Sf.vkms. ,
DiKi.iuonÀFnil.— La L>re tJcs pi lits Enfants, par U. .4ilpiio.vsf. CoiiDiEn, de Tours...
niÉii«TiiiiE ÉTHANfiÈni. — La llosa, fiivola, par de Luiese
Biiur.iiTiON. — Les Trois Amies, par M"' EïEllHE Kibbewukt- l,,..
Le Mouchoir brodé, par M""" M*niB Eiif ny
Poésie. — Las liimoux d'un pèie, par Alpuonsi: ConniEn, dn Toun
KxPLIciTiON UE i.'ÉNiGME o» S, par M"' E. H
KcoNOHia DOHEsTiooB — Uanlcru dv remettra à neuf les vélemenls de vulouis ut les r
de gaze. — Dllîéreutes maniâres d'accommoder les fiaises
CuaoKioL'Kii(.-8ii:Aj.K, par M. Jules LnuvKT...-.
C<iitaEsro.iDiNUE, par M" J. 1. KoivuEiu de IVssï
ËrnéHËainES. — Naissance de Reruanl d;.' Hentliuo, fondileur du l'husiiice du fnnû :
Rdsts ".'.
Tii>issEKii! pour cliaifes el (siitcuils.
GiiÀvuHEnEMonis.
MisslQLE. — Grajinu. si'hulii-b, par H. Alfbku AiBttv,
TLASCHK VI. — V 1, AIplL-ibel gothique alltmaudy. - 2, Knlu-deux, - 3, ICatuiu ft
4,Zo<', — », Modïrtf, — 6, l'asdu ju|Kjn. - 7, i/ortc, — C, llandc r,-,ioi,-.|.,' _v ;
— 10. Iknlellc au ciocliel, — ii, id. , — il. Ilandoaii, — IJ, U.jnd d
CD pu. lis, — 15, Ho'ji'd'entai l, — IG, Kalzaweck, — 17, Cuitiinc, — 18, Cd |A
mouchoir, — 20, id . — 2l. Cy^latitt. - 22, Célrile. — 2.1, Élîia. - 21, IL.n ~ iî
— 28 et 27, Mantulet,— 28elï«. Kouloiinims, — ;tu, Framùin,,,; ~ ?,i,n.'n,c„,f _
■ - 34, Dtnit.', - 38, JhUc.
ATIS.
4'ortbe
félre «rott à ai
êerllàlaflulB
REPONSES.
Jk I0 immtlU de mon vieux chdteau. — Votre pe-
tilMraaTeUa TiTra« madame ; qui rtancwiirtMlf i>
dsmner aa ira T— Voilà oe que jo ^ooi dlMii.
de jaîD, mais ma réponie n'a pa 'traover^AkMec
BttU-oi, le Joarnal répond encore mieux a totre der-
Bibro lettre, «t je terais trèe-benrease, madame» si tous
vsMlies bien continuer une aussi utile et aussi simable
mvTt ij Mmdtmce.
'De ma ioHtude, — J'ai lu et relu "votre graTO et tou<
«hanta letti^, m«MiMU'.:«4lto «&*« :Mil
'fie TOUS dé*liec...i|0«e faanMJeriiiptii
.Bftl ne peut aller «uddeU-jfalbutfîîaf il hù^«tt
d*«t4eindre.'fia Btf8rite«it<Ai Maakk
«fanablcB, éet épaMW 4biilèiMNS«di
MHes et éAvouéea, et non ^e aaintce rflUgieoses...
jNeir^eol lep«utl — Daignes xeoeToir, monsieur, l'ex-
;;9MSSion de-ma reconnaissance pour tout ce que tous
"imthM bien me dire de flatteur, et croire à ma respeo-
taeaae admiraUon et à mes symnalhist^^*^. Msstiwni- /
Mlle totre nièce recevra la feuille de titre de l'aunée
1850. — Cette réponse qui n'a pu trouTer place au
43e juin, tous dit, monsieur, qu'il n'y aiait de
^ tù,màifférencey ni ouM».
rc ma mère et ma eœwr, — Cette.aouTelle ne
,psnt coDYenir, mademoiselle, elle paemetjtear l'afMir,
'■Mis >?ous éies encore trop jeune ; lises, lises beaucoup,
«t -pent>étre appreodrfs-Tous dans les liTres ce que
1*400 TOUS anrsit appris dans le monde.
âemeejacynihes de Hollande.^Voite Jonrual
<kfat promis qu'il reprendrait sa Revue des
Ibéâiees; if sursit fallu que les auteurs eussent '
de iUre des pièces qu'il ait pu décemment tous ra
Ju-miiieu de wtet eérieueet pensées. — Vous êtes sa-
•Htfaile du. Journal, madame, et me pries de Je^eonti-
— e r .'dans le même esprit, c'est ce qusiie litii.-4Voas'
«Mes : pale, nappe d'autel et tous les renseignements
-:q)S»TOus désires.
"Parie. — Tenes me Toir un dimanche, je tous ez-
:|ii|4«erai Ofttrioot. I
Seure. -^8i tom Tones à Paris, maduiq, je «eni
faiett' flsttée de tous receToir, nous parlerons du hhnd
ei/iela hrwte, dont je consenrerai la blanche poisée.,
Sous mes lUas en fleurs.
Pensive et toute en pleurs. — Que ta situation est
.pénible etembarrassante, ma pauvre amie ! ton père
tue peut revenir sur ses pas. Lui ne peut fisireune nou-
tyme démarche... il n'y a que ton beau-frère qoi pour-
> lait renouer ce nœud rompu .. mais alors, que ton
(fère lui donne cette mission... explique-toi... n'attends
plus... pouTTu qu'il ne soit pas déjà trop tard... llMfi.
dss Ters que tu as bien voulu m'adreiser. )
Pris de mon Aïsha." Je i»i»fi»is •4t«iée .à.wi^fun-
fleeur célèbre : il ne connaît paa4at«fl«lé«4e iesM^.«>-«'
Votre Stvutri fait beaucoup d'honneur à mon Darting.
Nuremberg. " Madame, d'abord les Françaises ne
se aervent pas de foulards ; elles mettent dans lqui
poche le mouchoir de batiste qui leur est utile, et Al'
•est beau, eUet le tiennent à la main. Noua ne pouTons
donner pou^Aode.le riiUcii^e que. voua, atm bien VQola
BOUS envoyer. Le mot ridicule n'est- pas eo usage, pas
inins que l'objet qu'il représentait. Je tiens à Totre
di^pyatintt «ettaespèeei de petite giberne de cuir lilas ,
Roueawrt. — Noos «ma donné beaaoMp-do ém*
ililVis.ep ttiteoMMèsiiitseUe ; chevdies danclee el^
dflBiièWMiiMéssÀ HpvdsI. Quant au bonnit on er»-
itkiHt qm «ousdIvBaiiilai, sa forme n'est pins de mode ;
faites le rond de la planche VI. On ne perle phis da
cols ni de manchettes an crochet.
Vu fond de ma chère solitude. — Madam«|Teipin
TOUS enToyer tout œ que tous me demandes, toos mê
faites le reproche de ne pas tous donner ••esas da
#0lhf, de <MTiithn»i4» dflWitistThi». On ^imersy
fsa jtm fOMMS... jyamtrm
dersMMMM, |f»aree que les
„ HNoo léboirids , en 0km mieoz eela,
MUâÊjf m i ^m RSihMtdiwantSBriHMlç. Onnepeui
Chartres. — Toutes nos cheminées, nos ooamodsp
sont recouvertes de Tolours, de damas ou de Inpisse-
: riy, let iogt<Sfi»sjMM»fc de tapis, alors, à quoi* bon !••
dessous de lampeP?' vous pouTcx en iUre un on Islp^
an crochet, aTec le rond de la planche VI. Je no Ti«v
ai indiqué que Isa fleurs en laine qui ne s'éonaent pet
sous les pieds, tons les mains ; le lampe d'une fesMsa
cet si précieux I — Voss Toulez dee tapisseiias oh le
jsis soit unplcré... mais elles ne peuvent serrir qRM
:poar lest peud'nsages: brosses le jais, il coupera. In
soie. — On ne fait point à Paris de dessous de pus-
dule en mousse.— Vous êtes bonne et charma«le peur
Totre Journal, et si je ne suis pas plus aimable panr
Toui, mademoiselle, c'est que je souffre de voir ifoe
TOUS TOUS occupiez de choses inutiles et de -maoïils
(oùt. — Merci pour Totre recette, mais ee n*ett pgs in
Je la cherche.
En face d'une verte colline d* orangers .• _ ,
à Totre demande dans le Joumsl. — Monsieâr,V«laa
onde a très-spirituellement défini Totre nom et.celA(dt
In jeune . fille que tous aimez et qui. diies-voos, «m
.v»M>ei«M g»&|e ; mais elle a tort, si j en juge d*aMèa
mon cQBur. — Je me suis mbe à la fenêtre, «t an iImi
de la douce brise qui doit m'spporter Totre jevne aat
tié, je n'ai reçu qu'un âpre Tent du nord... J*»tteBd0l
.Z^ la cAaiitftrtf ^ «M mère. — Si TOUS
^Journal aussi tard, ssademoiselle, c'est que Toàs n*dlaf
pas abonnée directement à noire bureau ; jlatgnii»
TOUS à qui de droit. — Vous sTez tout ce que .toos 4^
sires sur la planche de la grande éditimu
MM... — Vous sTsz reçu ce que tous me d<
dies, mademoiselle ; quant à ce aue tous Tqnles que
l'on ajoute au Journal, à quoi cela sert-il? qn*6tt-qe
que cela dit anx yeux et an coeur T..«., Et qm fOQli»>
TOUS que nous ôtions en échange ?
.^tt milieu de ma eîeuse. — MademoiseIle»«Tons au-
«sos.pour les Tscanoes un proTerbe de M** -BTdine
/|UbbeciQ«rt qui sers tel que tous le désires.» Vo«g
nous reproches de ne donner que des nouveUts tufli-
nées psr des mariages ; cela n'est pas en^ct, et pais,
c^ite%fqM,<<a. amtfmn4mP* «#< trop oeeufA de loî-
' hties'^du^motsde, de ' Étousseamm de mariage. Vetprit
mairtmoKial rement à tout bout de champ, vous Jn-
-ges le Joumsl comme une iobtitutrice entoosée d^ses
petits enfants ; vous oublies que les femmee qtf ne
f ipulent pas se marier ne sont qu'une exception, et
Sue noe abonnées sont des jeunes mèree ou des jeunes
lies qui se marieront, je l'espère. Je ne fsis d'aïUenis
me iépo94re,à tojBrs ita|M94AS».aa« TVa» ,iaàm,4ri9-
futues. Je sais bien quHl / a eneeie des mèms de pco-
Tiuoe qui ne parlent jamais asariage ni toilett».a lesôs
fllies et croient les sToir psrfjtUsmuit iiet(lieir lof».
qn'dUM^ lesMont Uen gauchèaet Men4gQ0|nnles««K
bras .« v>é9inx^à>. )4t»'ijine.«MUtq...aiais «•
ii'«tt fw BOtra lyMèiM. Jetait Uml — J w BO i ttIto,
^n» pour rim a» fli«fu2e «oim n« fXfudriet m'offetuer,
el qm ce aa« Tom me ditM est, selon voos, <laiu Vin-
iéHt du Jotimal : Mssi, Jei
He ma ta/Ie d'étui: — Qa*appelez-Toai, mademoi-
feUe, de» frign^tie» au piumetU^ pour servir à broder
êeêbandeautefl^i ie^vêofMO ai àemné4* . > eii >t »nihni- »
/p<t pour eet otage, c'était bien tans le MToir... -^ Je
Tout reoerGia de Totre petite croix, dont J'igaoïe le
travail; je la mettrai an nombre de met bot* Mm*
*Frl»deme9'lyt éhérie. -» ^ai r ipeafc i^ aiui»leai
Tcaime, touehée de Totre pre&leeSon poor élie, vom*
àjinMie naine. •»- Je partage toi opiaiona, maii non
' ' «neie«ee«t'epiriiM{ka*a«ie.....8it|e
|fiie«t4UA.«»ricmerOOQe4*aoooi4o. ,
yf le dire... nous eommef^tiop loin 1 '
^fftande édition; UpaMH^Mvew tfèiii aboiiaéf
2 n'a la petite ; que ne le dieioa tou ? — L*eaa dent^
'ice américaine da docteur Graham, oontre la caria
dflMMutt, «B^Mdiflm^rinadame Bérenx. — Vu ohAla
«P(i|liil»eeUMtjà flfe jtjjijiitelle. - Je Tooa e&ferraS
ce que Toai dénraB.
Mail je ne pnia Tottf
•■«•«MVf*
MPM*
JtbevUle. ^Yo^ pmiTei iaire un fond marron à
Tatie Upine rin du 'leia'de eey tembi e y toteBd> hla a e , I
«Mi .qNe,i«ina^fii'.disieK, #it. le j>l«a tolide ; ,qaant au ,
nd bleu, il n'irait, aveo dei roses, qa*à la eeudltion '
i4*«lM|bMDtfMe.«<- fi»:ii'«ittfM .t«o^ imokÊ ^'auM», ^
Madame, qne Ton ponralt (kire ohaoger Totreadrease.
'•tVane'Meadû
r. ~ tftdemoiselle, on ne pent broder un ehàle
-«fr'ttet que^^wHid il eiViiitrtsn-H)0l>an'MaBc«i4au dtot
CKvé. Pa iPbâV» en met.ordviaire et surtout .en laine
groeeine ne ee peut ai ne se doit broder... Vous avec
an une singulière idéel A /moi^ioia «Kt4/9QO ,T«(Ge ,
Journal?
Sout le hfau ciel de ma Bretaone, — Tu ne lis pas
mes réponses aTec assez d'attention, ms chère, car J'ai
conseillé de mettre un peu de crin sous les bandeaux,
oela épargne la peine de les crêper. — Sous les pago-
des on ne porte pas de manches tricotées. — Quand
les souliers Ternis sont éraillès, Je ne connais pas
d'autre moyen que de les couvrir de ternis. — Je t'en-
verrai le nom qiie tu me demandes. — Je te remeis^e -
pour le Journal d'abord, et pour moi ensuite ; com- *
^mentl tu m'adresses des vers, à moi si prosaïque I —
A la description que tu me fais de ta personnç, tu dois
avoir plus de phyaionomie que de beauté ; je^tSanialf
■uyn compliment.
Uine Mire eueadrée de noir. — Le nom que vous
dsBaaiai. madmnoiaettitfJt élé^mia sur iakalanobe -da,
^WA|bimof»'«mie. — «VAe Mite brodée an paaeé
n'est ^ère riche, mademoiselle. J ignore leiemede à
.rtiieof»eenten< dont vous vous plaignes.
De sof» ermiiaget une ahotmée de di» ont, — J*«i
leçu vos deux pensét* et foue envoie toutes les mi«ui|t*
,A^^pmM« «M. — .ViOtre.jQniaiil vi'eat jmAii.À «te
poaiè, mademoiselle, car il vous a dié envéyé.
De mon village, -<-Vous n'êtes pas sur nos leglitvei.
pdemoieeUe, tdwnM mw AiM
■i>»q n » éc i
fPJi^rkmh^XmiM
rante polkaa aa mole
de septembre.
J)e mon atelier, — Le cours de |l. Anbnr ^ firnét
«isidemoisalle, et ien'en oenaaie -pas pour'' les iltaimea.
M ^as (éUelte d'iavoir ekoéai joe 4al9at.ai jie .iMt#
avoir rien de si attachant que l'action de reproduire an
«•vase, aae*fls«r, B aeM ni a.,.^ V wi rja i fatr.ifia«lidl|^
aarais-Je quelque chose à vous dire sur les lecoas qaa
veoefvonles pieiidie ; dens leae tes eae, jurais d ihm
jiiM/lue^i'«Uaa«i»MiB 47 la^é^gant ^iaolfirt).
'IVèf de eebdque'menr'cmur'aime,-^ Vi
un IwileaaRt de Taisaeaa,.l>ji»i de .Tatre..ej!iftûii^««t
vous me demandes si vous deves le suivre sur mer -et
igb andaa aie r ^aise ^imm*f^,ti^t$nimotnm,„ ^'al-
ternative est oruelle , je le sais, mais restes près de
.votre viei»<pèse«et«pffes )Di«i'poM votaa^paaxiVeaa
serez malheureuse dans tons les cas ; cependant, prèe
de votre père, vous aurai de moins le remords... Du
courage 1 petite sœur.
De l'utine du vallon. — Je deviens très-distraite, ma
ehèie amie, soyec indulgente ; votre lettre du mois da
février, je l'ai touchée vingt fois ; mais croyant y avoir
répondu. Je n'y répondais pss... — Les bandes pou
1^ oolsvpour les jabots, sont hsutss de 6 centimètrei.
.-«-iLeJebat se compose de l'entre-deux, qui descend
du col sur la poitrine ; s'il est détsché, il se garnit des
deux côtés. — Les plis des chemises d'homme sont en
général aa nombre de quatre de chaque côté.— Adieu,
(DIEU — PATEIB. •— ,|^I1XB.)
JOgloire, ToyafBi, oonlM, noavélles» tablât^ légendes^ eii^^ par JI»« J. J. FopqjiQSkn da ^M/Mb
a^fo la çQUiiboi;ation,4Ô9 r^dacteiu:» JM Jo.uF^al des PemoUell^. ^muttfi^vmf àifs/i^né^ Dtfit
Mil. .P0?ena, LéopoM Levert, çiçM^lsavées par L%CQ§le, Bau(|pi.i|, etc. Qn /ôft yo)«i|M
ffrand iii-8* de 400 pages* orné de 400 gravures. Prix : Z ,fç,, t^u bui^^Ji 4u foWi/^ to
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Journal d'hygiène, de médecine et de pharmaoie usuelles.' Prix : 6 fr. jpoar Paris, 7 fr. pour Ja
provinoe. On s'abonne à Paris, rue du Faubourg-Hontmartre, 10.
Xf^Tfli^* ,A.,Celliez.«Up yoMime j^^tit bii4o OegOO p^ges, 9ri»é 4u pertc^àt enpîQd de 4lM%»
^ne, lithographie sur deux teintes, avec un riche encadrement. Prifi : 10.fr. Chôz P. C* l^
«iH^^.^bniire^teur, rue de Seine, OiS. Ce volume est un riche cadeau à offrir pour une fdte.
I >.. lUUP.. ■* 9 1 ^
gQ»i^tno ni feltos. dédiées ^ toutes Ic^ mères -dlirétieoihes, .par l'Abbé ^IplUNIie G(«nli9r.(de
Tonn). Chez l'auteur, rue de Yaugirard, 49^ à Paris.
Ce lournal se compose de IS livraisons de cbacune deui feuilles, imprimées sur deni colonnes.
Il contieDt : 4 gravures sur acier, S dont les sujets m rttUcbenI aux nouvelles insérées dans
le journal ; et 3 repréienlant cbacune un des remarquables tableaux dn Salon —
muBique : les romances les pins jolies, les quadrilles les plus brillanU, les valses les plus n
velles, les polkas, mazourkas et scholischs les plus & la mode— 4 planches de dessins de tapisserie
coioriéea — 12 grsTures de modes de jeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmes — IS rébus
illuslr^B — 24 grandes planches contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — fichus
— pèlerines — chapeaux — calèches — manleaui — bonnets — manlelels — vêlements de peKls
garçons — de petites filles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des
signes qui les représentent — des dessins de broderie pour : cols — manchettes — mouchoirs—
bonnets — robes — gilets — canezous— jupons— camisoles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels
que : cartes de visite, tétea de lettres coloriées — pages manuscrites — fleurs en papier — en laine
— bobèches, etc. — ouTrages an tricot, au crochet, au filet, toujours clairement expliqués. Le texte,
imprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné.
10 francs par an pour Paris, — IS n-ancs pour les départements, — 14 francs pour l'étranger. —
IB trancs pour l'Espagne et le Portugal.
TABLE.
SEPTIÈME NUMERO.
I.tSTRDCTroN. — Coup d'œil sur l'Histoire de !a Peinture. Premier article. Par M. I. db Cha-
TILLÇN 1 _ .
BiBLtOGUPHiB. -Histoire des Français des divers Etals, par H» E. B 193
LittïhjITDHE tTRAUGËHi. — Hf molher . par Cowper. traduction de H"' S. S IM
EnucATiOtt. — Sainte CloUlde, reine de France, par H"* Evglinb Ribbbcodbt 109
Demoiselle et Villageoise, par V° P. ¥mbrbt 90S
Po^iB. — Saint Vincent de Paule, par M. F 310
EiiGHE aisTORrgt B , N° 4. par M~" E. H 211
EcoNOBiE ooMsaTiODB. — Poudre pour nettoyer l'argenterie.- Eau de vie de lavande.— Vi-
nsigi-e de lavande. — Gelée de baie» de sureau, — Blanc manger. — Crème de groseilles —
— de frambroises ..- de fraises 211
HÉLANGES. — Exposition de Londres, l'ileltre, par H"* Êhka FERiLuro ob Bgaujovut. ... 913
ConBESPONOANCB, par H"* J. J. Fodourau ns Pusav 216
£FUÉiii>itiDBS.— Naissance du roi Sébastien î"
Mosaïque !
R"«s !
GntvL'RES DE Modes.
MusiouB. — f.'Angc du rives, mélodie, paroles de M. Ehilien PicciNt, musique de Lion Bro<
CARD. — la Sot, valse sur une romance espagnole, musique de Yradier.
Sainte Clolilde et Clovjs, dessiné par A., de T., d'après le tableau de Tr'ezbl, gravée par Hargbot.
PLANCHE VII. — S" I, Manche pagode, — 2, Bande, — 3, Entre-deux. — 4, taure, — S, Bs-
génî^. — 6, 7, 8, Etoile au crochet, — 9, dos et bras de fauteuil, — 10, coussin, — 11, Carré
pour nappe d'autel, — 12, Bracelet, — 13, Bonnet, — 14, Blouse, — IS, Fichu. — 16. Bas de
jupon, — 17. Aliirt, — 18, Mane. -~ 19. Semé, — M, Bande, — 21, 22, 23, 2<, 28, 26, 27,
28, Corset à la paresseuse, — 2B, 30. 31, 39, 33, veste de petit garçon, — 34, P, B, — 35. SO,
87. Bottines de tout petit enbnl, — 38, Alfred, — 39, Mouchoir, — 40, Semé, — 41, /., P, —
42 F P, _ 43, L, P.
*■ — Tjpopifhie da
t , n» BaiDi.Lonli , M , >ii
AVIS.
n. nm nonR-a faire droit * aucBBea réclamalloiis, bI elle» ne «oet areoi»pag»ée« €w
.m-ero d'ordMteci li k la main Bur la baude imprimée qol coan^ le JourMl.
1^ UMMM relatives au .cfvioe du Journal, demandes d'abonnementa, renoavelteiiieiiia|>
rélS:J!!SZr^ln^^^ d!ad«Me, devront être adr-é* à M. l'éditeur du Jounml,
*^pLrîa ^S""!' i- J- J- FO€QIÏBAU DE P0S8Y. directrice du Journal d-
DemoûeUea, rue de la^Victoire, 46.
l($ lettres non affranchies ne seront pas reçues.
^« «.,; ^'.uiriraii^iit s'aboTinflr DDur 9 mois li Boajri^îeni à partir du i^ juil-
le^sr^X-rmerutlTeti"^^^^^^^^ 3 fT; pour la p^viace. 4 fr. A I.
SiBde Èdiûon ; pour Paris 5 tr., et 6 fr. pour la province.
RÉPONSES.
SÏT^de b«"d8 Spon, sans 1«. roue, qui vous n'. -
±! Si _ Je n« peux eneof. vou. donn-r une coif-
Si SS^ Tec - J»i commandé les d*«.in. que tou»
ponrlei grand'mères.
De ma helli vallée. - Le» p«-»on»i« «fc ^^"IZ'
ooniafttouBle dites fort W-n. mademo»»ell<s »o»< »o«-
^t victime» dfs charlatans. Voua me deroandw mon
ténoïKlTe : oonsuU« votre médecin. - Je crois que
Iw aStei do mousseline brodée seront longtemps de
mode.
Pris de mamère. — Ma bêle demoisel!*», j'«i donné
de jolis dessins de dentelle au tricot,, cherchez dans
Iw années passées. - Je nsi pu vous .nvoyer yotro
nom, ce sera pour le mois de «eptembre.
Loin de ceiui que mon cœur aime. — Oui, petite
sœur de cœur, toutes les f o s qu'il y aura vent ou
OTS«», je prierai Dieu pour le marin. - Vous a«ï
rempli vos devoirs envers votre père, vong en seres
rècomnen&ée par vos enfants.
AwBpi^f* <f««^ *»«''•• "" ^°^* ™* demsndez à ôlre
xnon-sinie, vous me dites vos chagrins, sans doute
povrene je vous plaigne... Eh bien! oui, j« suis votre
amfe4 oui, je voui plains, mais «n même- temps je
vous félicite de trouver en votre esprit, en ^os talents
en aàDuoissement à votre position. — Je comprends
la fMgnation de votre sainte mère... vous, cest dif-
férent, voua n« pouvex vous résigner aux maux qu'elle
Bonfta.
CîtarlevilUi — Je vous ai répondu dans le Journal
du mois de Juillet, monsieur ; quant à oe que vous
voûl« bien m'olTrir... je l'attends... nous réglerons
lom du ronouvellemeut de votre abonnement..
Vujoli ra//on au hourg. — Je vous ai fait envoyer
la planche qui conlpnait cette guimpe en question,.
miKJfmo.solle. — Vous arcs sur la planche Vil f, air
joli bonnet d'eufant, mai« il n'y a pas pour les petites
flilps de cim ans ce que vous tLÇfeÏBX^de» ùonwiiJiO^
billes, ce» petites filles sont cfce» eilèa tâia no^ «t
dehors elles portent un chapeau.
A ma nouvelle amie. — Si vous voulex envover au
bureau, on pourra sans doute vous retrouver le nu-
ïnéro que vous avpz perdu, madame. — Quai'd votrcn
fiU ft^a un grand K'rçou, nous lui donnerons Je Livre
des Ecoliers»
ffèmon doiiwn garni de fleurs. — Mademoi»^!!**,
l'ai d*jà envoyé tiois dessins composés pour broder
des chàlf» «irrés ou de* pointes de mousseline biam-
<jh»t, ohoisisMfcJ — Oirn<»fait pas de déssios pour )et
jeimes flllts da dix-si-pt an»; mais srvous tronvesqne
I)» d«»8slBi. sont, trop^riches, PimphAez-les. — Jeann»»
et> l'iuf ence sDtoBt gran* plsisir à causer avec vous.
DftlsB ffTsm ieg: grtmdi ehaimp». — Mademoiselle,
rtm< avaz àmm \k petûeéittton* pèaneHe i; n' S; pi. Il,
n«»3i-5,,7>:pr. ini;.tt«T; i^.lV, n- 3, dea dessins 4e
mouchoir qui" doivent' vous convenir, vdtts aves deux
alphabets : pl^inchea I et VI, dans lesquels vmis pou-
vez prendre vos initiales, car la plsnche da mois
d'ao&t était faite quand votre lettre m'est arrivée. -^
Je mi«r bearsusa qnuvona trouviez votre Jouroad amu-
sant et surtout ntife.
Du vieux manoir de mes ancêtres. — On no brode
pas d'entre-deux au plumetis, au bas des japons de
porcale, ma belle d*-moiselle.— J'aurais désiré qnevona
m'eussiez demandé quelque chose que j'aie pn vona^
envoyer, à. vous, si dévouée à votre JournsU à vonr
qui voudriez voir votre enthousiasme partagé partout
tes les abonnées d^s autres jonmaux, et qui faites pour
lui un si ardent proséit/tisme... mais j'espère que voas'
ne me forcerez pas à i arattre iui^rate. — Remercies
pour moi, je vous prie, madame votre mère da l'ap-
probation qu'elle accorle à l'esprit qui nous dirige;
cette approbation est une douce récompense.
j
En Cevetines. — On ne fait pas de jouroanx pour
les petites filles de huit ans, madame, du moins^je n*ea
conuaia pai.
Du château de Freedwhei. — Madame, vous^ne de-
mandes s*il est vrai que cette toilette soit la dtmièf
mode de Paris : Une rolte de soie verte f ouverte devasU
• pour /atss«r voir un jupon de satin ros*T Je com-'
* prends la deuelle froncée, consoe au bord (bon par*
brodant)^ deadeux côtés de l'ouverture de la jmpe da<
dessus — ■ je comprend* les msnches de cette^ robe»,
ayant la forme Louis XIII (non pas pagode); sons osa»
maaches et à leur revers qui se termine en point^
une dentelle froncée semblsble à celle du devant de
la jope de dessus.— Le devant du corsage orné d'noe
f>ièce pireille an jupon, et garni de dentelle ainsi que
e tour du haut du corsage... Cette toil<»tte de grande
soirée était une des modes d'hiver, d'il y a trots ans.
— Darling envoie ses compliments à votre petite chienne
Koh I Nôor.
De mon loudoir de satin rose. — Les patrons d'ona
layette sont au nombre de 94, madame, et ooAtent
l^fr. cbeaJd"' B4renx..Je compte vous en envoyer
qiialqinS''iflsv dli tespa eai^teoips. Vous avec déjà:
des souliers, une brassière, un bonnet de baptême «,
vous aurez le reste.
f A une jeune Irlandaise. -^ La planche dn mois
' d^soùt est faite d<>pnis longtemps, madcm«>iso)le, oa.
que vous demandez ne pourra être que sur la planche
du mois de septembre.
Freii»urg. — K.<»lisi>z avec soin la descriptron der
cache-pots> ma bt'llo demoisolIe,.et*ne me denvindes-
pas antre «hos* /nie^ œ^que je voas vn ai/dit; -^-Mdiaat
réponse- poar ttuM car(yii*p«itt' nrorarrir Ièa^p)É»atea^
dont on couvre le marbre dps ehoosènée') dM oaai*
modes et des secrétaires. — Faites sefomvDsidreeak'
leaiandes, et ne noas demandes paa d^ân^vonver des
cache-poU brodés en perles ; vous ajoutez, à l'appui de
Totre heureutfiiie, des perles, cela se lave.., mats des
cacbe-poU D*ont pas be^oia d'étie Uvés! Quant à
la mulique, ce que tous déatser tfieit ttV slbektvué an
français... c'ast impossible...
Sous le marrotmier. — Vous ar<»s, ma lame, un
bonnet sur la plaoehft' Vlfl. — Voi» av^z un^ rohè
dont, pour en Uire une robe de bspiôme, yc\i< n'aver
qu*à rallonicer le detsin du dsYsnt do U jupt». A cou
robes on met der manches. — On ne garnit pa^ le bar
de ces robes. — Qtiant au nom que von<< n^e demau-
dex, il dépend de celui q*Je toui portez, ces dpuz
noati3d%?aDt sa pnmwMev eiNMsMe^Jeiii>«t>c«a doac.
rieil TOUS dira au hasard.
PoiPis» -> Hèlaal madame^ j>i mis tos confitares
an mois d'aoû't 1850, ach«t«e ce'niiméro, je ne me r^-^
pèttnqw' tro^ ««misant, las ancteanea abonnéetr s'em
plaignent. — Florence et Jeanne toqs remercient de
rsiiinbltf» aaoaeil qM tboufÂcUrA >lëar#caiiiBrtaa.
De ma ioureÏÏe gothique au fùud'de la S^rttagni.-^
Coït an-KMOatai bt«mtiDO(tfMMi^.<nadaaM; qae Tmaioira
qoa TOUS me racontez si bien... et où vous jouez un si
nobf» rdli». BVla lefk- fait Yeflir lës'îarftierattiff rm«t -^
Si j>«<B*aipaa eneote rois les vers en (^ie*tiûii, c'e»t
qa'ils sont .sans intérêt pour des jennes tilles .. dtms le
cw*otrt&tm9t a«riaa awrnn.aQtra. ao}ei, je-n» doute
pas qu'ils ne ppiMent être insérés dans le Journal des
D«métsél]li8.^
Du pays de S-ifnenee. ~ Je n'accepte pas l'opinion
qne votre modestie vent me ft^re prendre sur votre
, esppt, madf^moifelle. il n'aurait pas fa'lu m'écrira
i uif«r(»f^Ue l*t»#.l. est! jfj vois que rotiir ft'-s bien de
" vofte^ pays ! — t^n inftmctions que vous demandez
sur l'aquarelle et le paxt^-l ne vont pas à toutes nos
bboQhfes, et iw<4 re«ue des anciennes pièces d«t théft-
tre*seraeat inutile à cdtlea qui ont cc« œuvres dans
leur bibliothèque. — Vous aurez un joli porte-
montre arabe, puisqae vous dites que pour expliquer
lartravaux dn femme, voire Journal est hors ligne. —
Quant à la citation que vou^ me faites, tirée d'un cer-
tain journal, je suis de voire a^ii -. c'eat faux et c'est
béta! ^ Ja réuni» mes éobaMilIona de toutes scrte«>
de points de broderie... — R-c^vez en échange de
r(HT« amitié); le» aaai^iés réaDi«sdei^ Jeann» et dei
Florence... — EuToycz dans une lettre le bon da
30 fi-. , la gn>s«6tir db* votté doigt^' vt>fre' adi«kv«er. et*
M. Esiiae, qoi> démence dans ma maison, vons fera
parvenir une b^gna contenant une boussole. -~ Dar-
liiffréctfaagnnAeaiwtneHi^da patle avaa la»-<2MNt/pè«-
resjumtaux,.Cwiotei Pblloz.
ManeilU. — ^T9uy a«Mf| ma - chftM* «mie : coo»
,rage^ espoir! — Laoonrocsne béiiiterque voaam-'afea
envoyée a remplacé celle qui était fanée.
t^a^
Kn'qwïqt^Héu qwtur tnkf. — ffiaa'seffibleH^a^ltf
temps passe moins vite qu'en 18 >0. — Je te suis da
kMta^i^a^A^U
Médita
^atiÊiâàÊ^titik » t* K\>
Histoire, voyages, contes, nouveires, fkhW, Téffemi^i, enr., par I!I"*X> J. F^ftijIRîâWtdé'P'u^y,'
avec la co'ilahorolion des rédacteurs du Journal des ÛetatMseHosl l^tosMiriMiu èleeiinéis fj^
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Demoiselles, n^ 1 , boulevard des Italiens, et 5 fr. par la poste.
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Journal d'hygiène, de médecine et de phaaflMelv usuelles. Prix : 6 fr. pour Paris, 7 fr. pour la
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Contmrantl'bistoricnie, la marche, les règles, cenventionset maxiroeB' des jeux: 6& usage davs-los :
cerefea etd^iis h^ salons, avec tin^abrégé de calciif, dias protmlnlil^é et dée appKtMiionsrawKJdU'C
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Les atMïétB du Journal d^ Demoiselles foruient ch^Qi»ne un Yjeav' velwate ixk9^ omë de pUuii-
chea-.d© broderie, de tapisserie, etc., mtfêiqvr'^ gravtireade nfyod^el-gfair«re6-8iiv*aoKr&
1839^38-30^40-4t-42>'43-4<^l'5'4tr3e vcndeirt 4 fr. lé votuim broohé-; /wM^iMeMa^e^n. Le» per^
£onnes qui prendraient ces 10 volumes ne les paier&i«Mit que 30 fr. Ce serait une utile et inté-
ressante bibliothèque déjeune personne.
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JKDIMMi IDIIS~MISf)ISIIM.]ES.
PARAISSANT LE 1«<^ DE CHAQUE UOIS , A PARTIR DU 1*^ JANVIER.
Ce Journal se compose de 12 livraisons de chacune deux faillies, imprimées sur deux coloiuies.
II contient : 4 gravures sur acier, 2 dont les sujets se rattachent aux nouvelles insérées dans
le journal; et 2 représentant chacune on des remarquables tableaux du Salon — 24 morceaux de
musique : les romances les plus jolies, les quadrilles les plus brillants, les valses les plus nou-
velles, les polkas, mazourkas et schotischs les plus à la mode— 4 planches de dessins de tapisserie
coloriées — 12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmes — 12 rébus
Illustrés r- 24 grandes planches contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — fichus
— pèlerines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets — mantelels — vêtements de petits
garçons — de petites filles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des
signes qui les représentent — des dessins de broderie pour : cols — manchettes — mouchoirs —
bonnets — robes — gilets — canezous — jupons — camisoles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels
que : cartes de visite, têtes de lettres coloriées ^ pages manuscrites — fleurs en papier — en laine
— bobèches, etc. — ouvrages au tricot, au crochet» au filet, toujours clairement expliqués. Le texte,
imprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné.
10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 francs pour l'étranger. —
15 francs pour l'Espagne et le Portugal.
TABLE.
HUITIÈME NUMERO.
Pajçes.
Instruction.— Coup d'œil sur l'Histoire de la Peinture. Deuxième article. Par M. J de Cha-
TILLON 225
InrétATURE ÉTRANGàRB. — Il Cavallo ed il Cavalière, fable, par Giuskpfe Manzoni, traduc-
tion de M""« Van Tenac , • 231
Education. — Une Représentation à Saint-Cyr, proverbe, par M"« Evblinb Ribbecourt 232
Les Deux Angeles, par À. Jadin 240
Explication de l'iênigmb historique, n® 7. 247
Economie domestique. — Eau de Botot. — Prunes à l'eau-do-vie. ~ Compote d'abricots. —
Vinaigre pour les salades • , , , 248
Correscondancb, par M"« J. J. Fouqueau de Pussy ; : 249
EpHi^MéRiDEs. — Bataille de Crécy 255
Mosaïque.. . . 1 250
Réeus... 256
,Gravurk de Modes.
Musique. Sturm-GaUot par Belsb.
PLANCHE Vni. — N" I, Col, — 2, F^/w€dans une hortensia, — S, Françoise, — 4, (^loé, —
5, Garniture, — 6, 7, Bonnet d'enfant, -^ 8, 9, 10, Boutonnières pour câemises d'hommes, —
It, 12, Dentelles au crochet, — 13, Pèlerine en dentelle, — 14, 15, 16« Panier en tapisserie, »
U, 15, 16, 17, Corsage de petite fille,— 18, 19, 20, Broderies pour ce corsagt),— 21, 22, 23, 24,
Brassière d'enfant, — 25, Dentelle au crochet, — 26, Bande id., — 27, Manche pagode, -r 28,
Col Mazartn, — 29, Entre-deux, — 30, Bas de jupon, — 31, Sac à tabac, — 32, £ Jf , — 33,
Alsiret — 34, Elisabeth, — 35, J £, — 36, 37, 38, 39, 40, Corsage amazone, — 41, 42, Gilet.
ParU. — Typographie de ■"• Y* Dondey-Doprë, rue Safnt-Lools, 46, en Marais.
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Oa Jie pourra faire droit A aecascs r«elamattoDs al ellea no aonl
ëm ■^•nCro d'ordre écrit A la maUi aor la iMiiide imprlméo «si coavre le JoarnoL
lettres relative* an terviee da Journal, demandes d'abonnements, n
tîons, ehaogements d'adresse, devront Atre adressées à M. réditeur d«
lioaiiiiard des Italiens, 1.
Foar la rédaetion à M'"« J. J. FOCQUEAU DE PCflBT, direetrioe da Joamd dce
Deaaoîsolle*, rue de la Victoire, 46«
Les lettres non affranchies ne senmt pas reçues.
Les personnes qui voadraient s'abonner pour 6 roots le pourraient à partir du l**" juillet
18S1. Un abonneroenl à la petite Edition; pour Paiis, 3 fr.; pour la province, 4 Ar. ^ À la
frande Edition ; pour Paris 5 fr., et 6 fr. pour la province.
RÉPONSES.
De wMn eabinwt de iravmU. — Madwas, pour repro-
éaire soac la iorais de drammi, oownUe*, OQ vaiuto*
vtflss , U$ hitUrirtg ou naut^Un publiées daos la J wir-
ael daa Demoiselles, il faudrait en demnaier la per-
■ission à leora auteors.
IVvp loin de PartMÎ — Envoyer tontes les couleurs,
toutes les nuances et les sif^nes qui les représentent,
cela nous coûterait bien cher et ne serait point exact;
CKoepté les couienrs principales, voos avez dft remar-
qoar que Us mêmes signes servent pour rendre des
aaaaces diflfèrenieSf et puis il faudrait recommencer
teas les ans pour chaque nouvelle abonnée... recevez
■as regrets, madame.
La Flèche. — Lorsque vous recevez des dessins
d*aube, vous recev(>z en même temps les dessins des
■saches. Comme tous ces dessins tiennent une place
éaormd, non-seulement, mndamn , je ne pourrai vous
dooner à cÂomr, mats la planche d'octobre e«t déjà
tells, ce qui reculera l'envoi que vous désirez.
W Sn vue de fiolre parterre. — 11 e»t bien tard, ma-
desDO selle, pour vou« iaire un mantelet de moosse-
tine, et puis, vo<i carreaux «6 paraissent Hien grands!
One garniture festonnée sérail convenable. — Vous
aarez un dessin de pantoufle en octobre... mais il
n'est pas /orf simple... au contraire... peut-être pour»
roas-uous le simplitier... noua verrons I
Sur to buUe de NeuvUler. — II faudrait voua écrire
tout un livre, madame, pour vous apprendre à faire
dtt vieux laque, et cet ouvrage n'est plus de mode ;
recevez mes excuses.
N^château. — Madame, on ne double pas les cols
brodés ; «ous ceui qui se montent à un putit coilet.
on pai8>i un ruban qce l'on noue devant, ou que 1 on
eroise el arrâle avec une broche. — Je vous envoie un
patron de homiel forl riche. — Vous aur«*z une |>A'e
en octobre. — il«^cev-ez, je vous prie, tous mes remer-
oimenis pour votre bonne lettre.
Tours. — \j/f* tricot dont j> vous ai parlé fait de
&ott£, non (le htaux t^pis. — Il m'a été impossible de
4^bi(T(er les deux majusc'jleK que vous me deman-
des, j'en suis aésolée. — J'apprendrai avec plaisir à
faire les pelit^i vaniers en qtjPsiiun,e! je ne doute pns
que vous ne rt'v.issis^it^z à exécuter le coussin en tili4
oarrô. — Je baise le front de la brune el vous serre la
main.
Toujours seuU. — Laissez à votre mod'ste le soin
de faire voire chapeau, mademoiselle, c'est son état.
— S nploy*-z poui caba» le dessin de tapisserie du raoi.<
d'aoàt, planche Mil, vou« rot placirrz Je grenu par
deux raiigi ce points en laine paiKe. — Les descentes
de lit on mousse de lame tont toujours de mode.
J>s (mavèrec. — 1* Cs n'sst pas nne mode, _
cela peut être une fantaiaie; S* on ne porte pas _
collier ; 3* oui, o» femi meure «et oroemeot daos ses
cheveux : 4* on peut porter deux bracelets. Voilà,
dame, réponse à toutes vos questions.
Quignet RahuHn. — E«t-ce pour nettoyer da bronse
doré, argemé ou peint en bronze que vous demandes
unn recette ? Malgré ma bonne volonté de voua étit
agréable, madame, dans le doute, je n%i pu vous ré-
pondre. — Les dessins de bourse ont le nombre de
mailles voulu, c'est à vous de prendre un moule pins
petit, *i vous désirez une plus éiroiie bourse. -^ Quant
aux charades et énigmes, ce genre est vieux... je ne
vou« en ai promis que si j'avais de la place de reste.
— J'ai eu l'honneur de vous dire que le Journal ne
Eonvflit plus mettre d'adresses. Cherchez oelie de
1"' Béreux sur la couverture de votre Journal, n*l.
Port Sainte-Marie. — Votre lettre est écrite avee
esprit, grâce et clarté, ma belle demoiselle ; je vous
en. fais compliment. -> Si vous aviez été abonnés 41a
grande édition, je vouv aorais envoyé votre nom ; mais
je n'avais plus de place sur la petite ce sera pour
novembre.
Du vallon. -~Voua avez eu un joli dessin de bonnet
d'enfint, en broderie anglaise, au mois d'aoû.t dernier,
belle dame, je ne peux encore en donner un autre; at-
tendez un peu. — Je vais essayer votre gâteau à la
graffinried, il me parait fort bon. Mille remerclmenta
pour noi abonnées.
Saint-Uippolyte. — A seize ans, en été, vous n'a-
vez besoiu que d'eau de rivière ou d'eau de ploie; en
hiver, c'est différent, le froid gerce la peau, et le eold
cream peut être utile... — Dans le cas oii vous ne trou- '
veriez pa* une amie qui pût vona prêter cette recette ,
attendez, mademoiselle... Si vous n'avez besoin que de
Cela pour être jolie... je crois que rien ne presse.
Entre mon Journal et mon ouvrage. — Si mes filles
avaifut sali leurs camniis de fausse hermine, voici ce
que je ferais : J'étendrais un camnil sur nue table, et je
le frotterais, avec un pain de blanc d'Ë.«pagne, dans le
sens du poil, puis à rebrousse-poil, je replierais ce ca-
mail sur lui-mè ne, et je le Laisserais ainsi durant un
jour ; le If-ndoniain, je le se*:ouerai8 par la fenêtre, je
1 étendrais de nouveau sur une table, et J We brosse-
rais avec une brns^e, puis je recommenottais à le
frotter avec du blanc d'E''pa^:ne, et à le brosser. Vous
çavex qu'on ne p'ut mou l'er la peau des fourrures,
le blnuc u'Espa^-i.e a la vertu d'eiiL ver la graisse, et
conioie il ne peut qno bianchir la Taus.^e hermioe, je
crois que c'esi 1»* Feul moven... S'il est bon, dites-le-
moi, j'en ferai part à no« abonnées. — Lp dictionnaire
des racine* grtcques t-t latines à l'usage des gens du
monde, se trouve chez tous les libraires. — Je re-
mercie mademoiselle votre fille d'avoir confianre en
J, J. — R»cevp7.. madame, mes remen luienls pour le
bonheur qne mo donne voira approbation, et croyet
que voire sympatliie m'est bien précieuse.
r
^1»
•*'
Dm loiirt «I« Satii<tf*Jlane d^Aueh, >- Madame,
TMt arec, pUnehe VIII, Tan des deux corsagei de
gandear naturelle qae ?oufc.<lilim; «tbc oe aèaa
OMMge, que Tooe décoUeles dewat at^nr le doe, voas
aTSK le lecond corsage. — Je ne préaiime pas qae tous
90fe% abonnée à la petite éditma, las plaooliea étant
ftop petites poar cootanir ces patcons.
Stule dan$ ma chambre. — Envojet, avec un fil de
laîtODy la grosseur de Totre doigt : ces ligues, conte-
aant nne booMole, se font en or, an argent, ou en
4Mdlle$ lanvienne est en écaille, eNe coftte 18 francs.—
iaao mprends tout... ce qna toos dites» ce que «ans no
dltoe pea...']floa Diea 1 que de choses nons aurions à
fiMa meoaler^ peur aona consoler an nons affligeant
eoieinUel miis, ma paarre amie, je ne peux qne tous
eftTiir mes bras.
Par un temps ealme^ gant pluie ni soUU, — Ma
bill*4em»teMâ, An, penoane >qni voas a dit qa'na
^f^^°^° brodé, que tous Tonex de finir, na se porte
mas^eet jalouse de votre japon... — Il fitudrait avoir
ralbnm , avant de faire aa coaTertim en lapiaserie ;
pour le cottTrir, adreura^vons à un élégant papetier.
--OAne peut fisiru an fond en Jaisblaac, ce n'est pas
solide ; le jais, d'ailleurs, ne se place que dsns
■MMms, et pour des objeu qa'on ne tonche pas...
s donc un album en jais sous votre bras !... Votre
a'est point approuvée par vos amies, Jeanne et
9ÎM Lorraine qui aime ton paye. — A Paris, les
demoiselles d'bouueur ua reçoivent r:en et ne donoent
rien ; mais puisque tel n'est pas l'utage de votre pays,
offrez au garçon d'honneiir, en échange de «-erdousi*
paires de gants dans leur botte, de êes bonbons et dr
set /leurs : une cann«*, nne bourse, une blsgae. . —
Jeanne et Florence continueront leurs causeries, puis-
qu'eies vous intéressent — Que la robe de noce de
gros de Naples blanc de maderoois*ille vo:re sœur
msee no peu la queue, que sous ses zuanchps pagodes
elle ait ces manches de tulle de soie, montées d u bas
à an entre-denz de dentelle ; que sa rube, si elle n'est
pas colletée, laisse voir une gmmpe de tatle couverta
de dentelle pour cacher la poitrine... pas de bracelets
de biiimx. — .Qoaad j'anral place pour ce que vooa
m'offirez, je vons^ le demanderai, ma petite aaiie, et
vous en remercie d'avance.
Sous mon catalpa m fleurs. — Cette petite fille de
5ans, coiffée d'un riche bonqet brodé, couvert d'an faix
de velours roses et d'ane capote de satiu blanc ornée
d'une gairlaode de rones, paraîtrait ici fort ridicole.-*-
Je ne fais aucune différence entre les anciennes et les
aonveUes aboaaé»8, mademoiaaHa, mais je vont pré-
viens que je ne m'associerai jamais aux excentricités
de qoeiqnes personnes de previoee. -^ Une attira fait,
j'es|iè»e pontoir répondrei vos demandes. — Dit^s-moi,
je voas prie, ce que vous entendes par an faim de
pelours roses.
Une lettre timbrée de Bruxelles, 17 aodLt, n*étant
point aifmachief a!a pas été reçue.
Château d'Eekersdorf. — Merci, madame la oom-
teese, de l'incérét que, du fond de la Silésie, voaa von-
\n bien pren-ire an Journal des Demoiselles. Vos
charmants ouvrages serojt exéeotés d'après vas in-
•irnctioiis. Recevez, je vous prie, l'expression de ma
reconnaissance.
Frontière de Suisse. —■ Rolisez ma réponse, ma-
dame, et TOBi la oomprendrex beaueoap pins à votre
avantage. — Le fragment de lettre ne peut convenir,
le tableau qu'il décrit e.st trop sombre, il n'est pas
vrai. — Je viens de recevoir oeque votre lettre m'an-
uonçaît ; je vou-« en remercie ; je vais le l<re. — Je se-
rai très h^'Ureuse de votre visite, madame — Ce qae
vous avez la bonté de ma raconter sur N. L. R. est
bien honorable pour le Journal des Demoiselles. —
Croytz, je vous prie, à toute mon amitié et au désir que
j'ai de vous conuatire, vous, et monsieur votre mari*
Marseille. — Allez donc à la poste, chère et bonne,
vous verrez qu'on ne vous onblle pas.
(DIEU — PATRIE — FAMILLE.)
Bistoire, voyages, contes, nouvelles, fables, légendes, etc., par M«« J. J. Fouqueau de Pussy»
arec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. lUuitiraUont dessinées par
WA, Deveria, Léopold Levert, etc., gravées par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume
Kand in-8* de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr,, au bureau du Journal des
ïmolselles, n» 1, boulevard des Italiens, et 5 fr. par la posle.
VIS DB GOmXF&OI BIS BAMAS,
Par M. le vicomte de Marquessac, chez A. Va ton, libraire-éditeur, rue du Bac, n» 50.
ZtiB BSXNSS Bfi TBAnCEf
Par BI*i* A. Celliez. Un volume petit in-4<* de 800 pages, orné du portrait en pied de chaq-ie
reine, lithographie sur deux teintes, avec un riche encadrement. Prix: 10 fr. Chez P. C. Le-
huby, libraire-éditeur, rue de Seine, 53. Ce volume c.«t un riche cadeau à offrir pour une fôt«.
XJl Is-nLE BISS PETITS EKFAMTS,
Poésies nouvelles dédiées h toules les mères chrétiennes, par Tabbé Alphonse Cordier (de
Tours.) Chez l'auteur, rue de Yaugirard, 49, à Paris.
Broirvzi.x.E bibuothè^ui: bes a^is z;e z^'enfance,
Ou manuels élémeolaires sur toutes choses, par C. Jubé do la Perreilo, chef du bureau des
écoles de tilles et des salles d'asile, au ministère do l'mslruction publique et des cultes. Gé(^
graphie Générale : Géographie de la France. 1 petit volume cartonné, suivi d'un nouvel Atlas de
Séographie moderne, aussi cartonné. Chez E. Ducrooq, rue Hautcfeuille, 10.
C01I8EZI.S SVTL L'ETUBE BU CHAMT,
Par Giovanni Duca, professeur de chant. Prix : 3 fr. 50. Chez Bonoldi frères, boulevard
des Italiens, U.
LE 1" Dl CHtOni Mots, A PAKTim DD IS làt
i2 livraisons de chacune deux feuilles, imprii
acier, 3 dont lei sujets se rattacbent aux m
lacune un des reniiarquables tableaux du S
xB jolies, les quadrilles les plus brillanls, lus
scbs les plus à la mode— 4 planches Av dessii
9unes personnes, d'enfanls et de jeunes fi^mn
Bnant des patrons de grandeur naturelle
;hes— manteaux— bonnets— mantelets — v^l
stini de tapisserie, dont les couleurs sont
isÎDB de broderie pour : cols — maDchettes •
— jupons — camisoles, etc. — Des ouvragei
es coloriées — pages manusCTiles — fleurs
tricot, au crochet, au filet, toiijours clalreD
entODrâd'uaricbeencadrenieot et satiné.
i, — 12 h-ancs pour tes départemealE,— 141
9 Portugal.
TABLÉ.
NEUVIÈME NUMÉRO.
I plaisir au Texas, traduit de l'angluii par M
^s Français de divers élals. par Alexis ne Mo
)d I ieii, rcmme de Tt^pin le Bref, par Hadun
LxinRpBus
. ^ IBNNET de l'Académie française
jDi dres, 2* Lettre, pai- M"" Emha Fbaiund i
Pssieur, par »!■' Eveline RiBeacoDET.., , .
nii're d'emploj^er la cire à cacheter qui » s
,ill< s contre la mauvaise baleiné. — Manièri
l!. — Procédé pbur faire cuire les chStaigne
. i. FouQDEtu DB Pi'ssr
Crécy
Mtw •'
Gbaïukb BE Modes. "' ■"'"^' v t^.^^-~-'^ i^^S^
Musique, to Serram, valse sur une romance espûgoole, musique de Vni
mazurka, par CuahlbsGaillt.
PLANCHE JX. — N°' 1. Encadrement de mouclioir, — 2, Autre encadi
derie anglaise, — 4, Entre-deux, — 8. Aulre col en broderie anglaise,
Semé pour bonnet, — 8, Serait pour fond de gilet, — 9, Couronnes de
de fantaisie— il. Etuleen tapisserie,- 12, Signes qui reiuésenlenl les
Passe tond et barbe d'un Iwiipet Wariï-.''mnr(,— 16, Entre-deux, brorii'
id — 18, KA, — 19. UiUirint, — 20. Amaranie, — 21, H .W, — 22,
23,'Bavette, — 2* et23,'BéKuin pourle promiei ige.
Paris. — Imprimerie de H"' V Uoxvbt Dope*, rue Salni-Louis
wmrnmvwss^^s^^'
AVIS.
4
Lm lettre! relatives ou service du Jonmel, demeadet â'aluuinemeaU, refiouvelleme«ls«
réolamatlons, chaa|g;eiiients d'adresse, devront être adressés à M. I* éditeur du Journal,
boulevard des Italiens, 1.
Pour la rédaction, à M-« J. J. FOUQCBAD DE PDSST, directrice du Journal dea
Demoiselles, rue de la ▼tctoîre, 46.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Les personnes qui voudraient s'abonner pour 6 mois le pourraient à partir du !•' juil-
let 4854. Un abonnement à la petite Edition ; pour Baris, 3 fr. ; pour la province, 4 fr. A k
grande Edition ; pour Paris 5 fr., et 6 fr. pour It provinee.
RÉPONSES.
Sangy. — Ponr quel arage voulez-vous broder, en
laine nuancée, le n* 3 de la planche IX, qui e«t, comme
Tons sav€i, le quart d'un mouchoir que l'on brode en
point de fefton avec du coton blanc? Je ne sais que
TOUS répondre. — Voua aarez votre ncm, mademoi-
sdle, nais pas de sitât; je n*ai pas de place sur la
petite planche.
Par la pensée, auprès de Jeanne et de Florence. —
Ce que vous voulez savoir a été dit, mais 'il j a lo^-
temps ! — En efTet, lorsque dans un grand dtner nne
deme se met à table, elle ne sait plus où poser ses
gants ; celle qui ne boit pas de vin de Champagne
g eut les mettre dan< ^on Tecre. — Merci pour votre
onne et gracieuse lettre.
Ne nCotibliczpas ! — Si les bandeaux courts et gon-
flés voDt à votre nez rotrous'é, pourquoi les changez-
vous? Ingrate! — - Avet-vous essayé des bandeaux on-
dulés^ Ils vous iraient encore. — Je ne sais rien qui
rende les mains blaoches : mettez des gants le plus
souvent que vous pourrez. — Adieu, petite coquette,
les deux amies vous aiment.
je n'ai qu'un regret, . c'est de ne pouvoir vous remer-
cier autrement de leur bonne visite.
A toutes nos abonnées. — On ne pourra faire droit
àaucuncR réclriTrations si elles no sont accompngnéei
du numéro d'ordre écrit à la main sur la bande im-
primée qui couvre le Journal.
Sur les bords du Bérange. ~ Vous savez bien, ma-
demoiselle, que les bureaux n'ont pu inventer le nom
de la pe'sonne qui reçoit votre journal; pendant neuf
mois vous avez trouvé très-bien qu'il en fût ainsi ;
vous vous plaignez maintenant... à qui la faute? J'ai
lait rtf trancher ce nom. — La forme des bourses algé-
riennes est bien connue. Est-ce l'espèce de tricot dont
dles sont faites que vous désirez apprendre?
Près de mestnfants chéris. —Vous me demandez,
madamr*, au nom de plusieurs abonnées, det dessins été
broderie au plumeiis^ cour les halits de vos maris et
lie vos frèics ; je veux oien prendre votre demande au
sérieux, et vous répondra que l'on ne brode pas les
habits bourgeois... au plumetis surtout!
Reconnaiasanre et admiration. —Il n'existe pas de
tricot qui puisse imiter le filet, madame ; j'ai indiqué
cette aLuée la manière de faire le ûlet carré, cherchez,
ou attendez jusqu'on 1802. — Les couvertures de lit
tricotées ise font par bandes de dilTérentes couleurs; le
tricot n'est rien, le choix et l'arrangement des couleurs
en font tout le mérite : ces covvtctares sont isoroiss
d'une longue IVango, fermée d'un brin de laine noaé
au bord, toat autour.
Jjoifi de ma mère. — Vous aurez votre nom. — Vo-
tre sœur aura bientôt, sur la planche de la grande édi-
troD, un encadrement et une rosace au crochet, pour
couverture d'édredon. — Votre position est très déli-
cale. Si vous .aviez on frère, ou un .cousin... il pour-
rait étro un utile intermédiaire... — Barling vous
donns la pattt.
;
Feeamp. — Je ne pem, madame, vous envoyer un
dessin représentant le bonnet Jtfsrie-Stuart; essayez-le
d'abord en grosse mousseline : je l'ai exactement dé-
crit. — Vons aurez des dessina de crochet, mais je ne
peux vous promettre le pendant d'un coussin que j«
ne connais pas et qui n'existe pas peut-être; mes occa-
pations d'aillears m'ern pèchent de faire toute recher-
cha à cet égard.
Un eotniié d'abonnées. — 1» Les inant<»aux sont éga-
lement pour mère et pour grandmère. S'il y a des mo-
dèles nouveaux, ce sera au mois de novembre. — S* Je
cherche un chat de la taille de ce chien, dont le fond
doit être vert-chou,— 3° Quel bonnet voulez^ons? —
4' Tous les cols se portent avec ce gilet, excepté la
col Mazarin. — 5» Vous vous ôies répondu avec ua
tact parfait. — 6» Quand je ferai le gâteau en ques-
tion, j'en donnerai une part aux petîis oiseaux, ce
?era celle de votre petite fille.
Toujours seule. ^ La bague-boussole se porte par
utilité, par curiosité. On l'ôte le soir en se couchant,
ei surtout quand on sa lave les mains... elle serait
perdue 1 — Je vous embrasse du cœur.
Pan».— Madame, je suis aussi très-préoeeapée de
savoir comment employer de petits morceaux de v^
lour?, je fais de» essais... si je réussis, je vous le dirai.
~ Il n J a que les bonnets à barbe qui ne se chiffon-
nent pas.
Alats. — Pour petit garçon de sept ans, il y a la
manteau Talma. - Pour petite fille de trois a^s, una
robe ouverte devant, et une longue pèlerine. ~ Le
mois prochain nous apportera sans doute quelquemode
nouvelle. - Je suis reconnaissante, madame de l'in-
térêt que vous voulez bien me témoigner.
Detnm cabiwide travail- Merci, gracieuse abon-
née, de vouloir bien embellir notre Journal des pro-
ductions de votre adresse.
Au confluent de la Saône et du Doubs. - Mademoi-
seUe, J espère vous donner en novembre le vétenent
que vous désirez. — Vous aurez votre nom.
Lyon. - Vousvoua êtes trompée, madenioiselte. en
me demandant un dessin au plumetis, haut deiJO &
60 centimètres, pour le broder au-dessus d'nn ourlet-
c'est sans dôme tt à 6 wmtimètres que voua voa-
lez dire; mais il n'y a qu'aux robes de peroale des
petits enfanta que l'on brode des entre^eux et ces
entre-deux sont en broderie anglaise. — Vous leoevrea
votre nom.
Parts. — Ijefrife et la tour ont reçu raecueil qu'ils
«raient droit d'4itt«odTC, venant de vous, madame, et
Poi/t^r».— Il y a plusieurs formes de prie-Dieu, j'w,
vais choisir une qui puisse tenir le moins de place et
1a tapiiiforie ne sera pas difticile à trouver. — Merci.
me«iiemoiteHeR, de votre sympathie.
•Du Palaù de Criiial. — Le Journal n'étant pattim-
^l'â} je ne puis y mettre d'adreMet. Recelés mes re-
grets, mesd- moiseUet, et permeltex-inoi detonhaiter
00 grand faccèt à votre heureuse uTenlion.
L'espoir rend tout JaciU. — L»» Journ»! ne fait pait
de distinction entre ses abonnées, ma belfe demoi-
selle, xans cela fons en mériteries nne. — 3e rois que
TOUS le lisez sérieusement, avec fruit ; je rpçoia pour
lui Tos compliments, et suis heureuse qu'il offre à rotra
père quelques délassements. — Vous aurez les deux
noms. — Le po'<nt de rose est le point de fe^toa que
Ton a TemlK>nrré en dessons en y passant du coton.
Une amxp de^ Jeanne et de Tlorenre. — l' L'étole peut
être exécutée sur gros canevas de soie, nais blanc, il
n'y en a pas d'une autre coulanc. ~ S* Un tapis de
table qui serait fait sur le modèle de cette jolie btotlb
^itt nout ai lauiiCK- d'AUemagnts pourrait sa laver,
puisque les cotons : blanc, rouge et rouille se lavent. —
Il esr inutile de gonraier ce tapb, doubles-le d'ane
toile blanche, si tobs voulez lui donner plus èe con-
sistance. — S"* La bande de raisfns bleus et blancs fera
bien pour devant d^autel ; vous, ue pouvez y mettre
qn'uce frange en laine de la couleur du fond d» cette
bandai — 4^ Si les eonleura de* votre raba de popeIin<)
écossaise le perm-'Uent, j'aimerais un gilet de gros-de-
Naplee bleu de France ; le corsage de la robe doit être
ouvert sur la* poitrine, powr laiaser voir le gilet, qpii
peut être caché du ba«, sons un conaae à pointe. —
Avecnn giîct, lee maneltea Lonis XII i sont préféra-
bles ; TOUS en aurez- nn patron en novembre. — Je
ferai tout ce qui dépendra de moi pour que voirecher
Journ.ll vous soit toujours dé plut en plu* utile et io-
téressmt, rt ses r-.^cettes praticable» et peu éUspendi<ni-
s't. ~ JjB vois qiiA nout nous eniendena, et; pvnipxe
vous m'aimez, je vous aime.
formant deux rangs autour de vos manches pa^o<f? ou
Louis XIII. Ces velours onces galon « seraient repliés
en dedans aaz denz extr^mitéf, de manière à former
uns pointé. — Je vons conseille de fermer votre robe su r
la poitrine par des agrafes et non pur des boutonniè-
res. — Les boutons doivent avoir la forme de grelots.
Bciden. — Mademoiselle, j'ai fait co»nposer c« d*'ss'n
pour soutachp, mais la p!anch'> d'octobre étant faite
lorsque v )tre Mit? m'e<;t arrivée, ce spra pour novem-
bre. — S: cppendjrii vow< étiez pressée, il y a quelqao
chose, selon moi, de plus joli et de plus demoiselle :
ce sont des p<^tits velonrs ou galons de soie, niMra.lar-
tes d'un cenMmè:re et demi, cousus à plat, formant
chelte, sur votre cotA.ige, sur votre jupe de drap et
Mars'ille. — Hé'as! oui, madame, votre antique
Bfassilie eU bien loin de son origine; ses femmes seu-
les ont conservé l'esprit, la beauté, la grAce de leurs
ancêtres. — Voilà, pour votre table ovale, le tapis que
je ma permets de vous conseiller. Faites tailler jastt,
sur le des«us de la tab>e, un morceau de velours de
laine, de lacouiAur du menblasda l'appartement ; bra-
dez une binded') tapisserie de la longueur du pour-
tour de cette table ; que Ton donblo le tapis d'onre toile
verte, la bande d'une toile verte ; que l'on réunisse la.
bande au tapis, et que l'on rabatte la toile verte de la
bordure anr cella dn tapis ; au bas de cette bordure,
larg'? au moins de 15 centimètres, on coudra une
frange torse, haute de 19 centinètrea, de la co^Iear
du velours. 11 faudrait quelle fond d^ la bordure fàt
blanc. Ce tapis lais /Brait voir les pieds de la table ,
paisqu';ls sont richement sculptés. -> Les ooossins en
filet brodé en reprises, se posent sur des cous&in^ de
percaline de la couleur du enapé dn salon, et se gt^
ni«tsent d'une torsade en soie de )a même couleur, ou
d'une des dentelles en filet dont j'ai donné des modèle».
— Je vous remeccie. madame, de m'avoir initiée dans
votre gracieuse famille, et mon cœur a compris ce
qu'i! y avait Ûrdedana d'aimable pour moi : les per-
sonnes auxquelles on parle de ceux qu'on aime, sont
celles que l'on e^t bien prèa d'aimer.
ChâU^au SEekeredarf<. — Qbo de joUfia< cboMS vous
m'avez envoyées, madame la comtesse! que notre Jour-
nal sera heureux ! et comment pourrait-Il ne pas être
reconnai5sant pour Véloiîe d'Eckersdorff qui veut bien
êtio sa bonn.) étoile?
Marseille — Ma chère amie, vous avez reçu tous
les numéros oubliés... pas par moi! C'est mal de ne
les avoir pas réclamés l Vous pouviez donc vous passer
de r^iiser avec moi I... malgré cela je vous aime tou-
joura.
US ULTRB BBS ÉGOLIEAS
(dieu — PATRIE — FAMILLE.)
Histoire, voyages^ eonteg, nouvelles, fables, légendes, etc., par M"* J. J» Fouqueau de Piusf,
avec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles» /Kti^ratton^ dessinées par
MM.. De cria, Léopold Levert, etc^, gravées par Lacoste, Baudoin, eto. Un fbrt volume
grand in>8o de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr;, au bureau du Journal de»
Demoiselles, n^ i , boulevard des Italiens, et K fr. par la poste.
VIE BB GOBEFROI BE BAMAS.
Par M. le vicomte de Marquessac, chez A. Valon, libraire-édileur, rue du Bac, n^ IH).
Poésies nouvelles dédiées à toutes les mères chrétiennes, par l'abbé Alphonse Cordier (de
Tours). Chez l'auteur, rue de Vaugirard, 49, à Paris.
OOMSBILS SUR Z.'ÉTUBE BU CBAWT,
Par Giovani Duca, professeur de chant. Prix : 3 te. 50. Chez Bonoldi frères,, bou levard des
Italiens, 11. ^^^^^
Nous recommandons à nos abonnées les jolies romances de L. Clapisson : Une Chanson dans
un nid; Une lettre au Pays; le Réveil duxour; les Veux enfants; Mon dme à Dieu, mon cœwr
à. toit et Ut Bête à bon Dieu.
A-VIA.
Quelles numéros dépareillés du Journal des Demoiselles, depuis l'année ISSS jusqu'à l'année
90Bt à vendre au bureau du Journal^ au prix de 20 centimes. Tous savez, mesdemoiselles,
que lés articles et les nouvelles sont tmijours terminés dans chaqae numéro. C'est donc une
bonne occasion qtw je nfempresse d'annoncer à celtes dfe vous qui ne seraient pas d'anciennes
abonnées. 12 nuinéros. pris m bureau, coûteraient 2 fr. 40 o. 30 co<lteraieint 5'fr. Comme la
poste doublerait ces prit, il faudrait faire prendre os numéros et les envoyer par la diligence.
tODiMMi mn mmmMSMt
PAKAÎSSAXT LC !«' DE CnAQCB MOIS , A PARTIR DU 1*' JANVIER.
Ce Journal se compose de 12 livraisons de chacune deux feuilles, imprimées sur deux colonnes.
11 contient : 4 gravures sur acier, 2 dont les sujets se rattachent aux nouvelles insérées dans
le journal ; et 2 représentant chacune un des remarquables tableaux du Salon — 24 morceaux de
musique : les romances les plus jolies, les quadrilles les plus brillants, les valses les plus nou-
velles, les polkas, mazouricas et schotischs les plus à la mode-- 4 planches de dessins de tapisserie
coloriées — 12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmes — 12 rébus
illustrés ~ 24 grandes planches conlensni des patrons de grandeur naturelle de : robes — fichus
— pèlerines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets — mantelets — vêtements de petits
garçons — de petites filles, -* des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des
signes. qui les représentent — des dessins de broderie pour i cols — mansliettes — mouchoirs —
bonnets — robes — gilets — canezous — jupons — camisoles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels
que : cartes de visite, têtes de lettres coloriées — pages manuscrites — fleurs en papier -» en laine
— bobèches, etc. — ouvrages mi tricot, au crochet, au filet, toujours clairement expliqués. Le texte,
imprimé sur grand 4)apier, est entouré d'un riche encadrement et satiné.
10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 francs pour ^étranger. —
15 francs pour l'Espagne et le Portugal.
TABLE.
DIXIÈME NUMERO.
Ptg«i.
InstructioV. * Coup d'œil sur Thistoire de la peinture, 3* article, par M. J. de Chatillon. . 289
Littérature étrangère. — Le Retour du Ramier, traduction par Mademoiselle Emma
Faucon • 293
Education. -* Laure Devilliers, par A. Jadin 294
Minuit, légende, par M*°« Evelinb Ribbecourt •.•..••••« 30f
Poésie. — L'Ange gardien, par M. Severin. . • « . . . • • . 306
Explication de l'énigme historiqle, n<* 8 306
Mélanges. — Exposition de Londres, 3* et dernière Lettre, par M"** Emma Ferrand de Beau-
JOUAN 307
Economie domestique. — Limonade. — Sirop de punch. — Crème d'anis , . 311
Correspondance, par M"« J. J. Fouqueau de Pusst 312
Ephémi^rides. — Bataille de Lépante # ... 319
Mosaïque • 320
Rébus 320
GrIvurb sur acier : Laure Devilliers, dessinée par Philippotcaux, gravée par Nargeot.
Gravure de Modes.
Tapisserie coloriée.
Musique. — Les Clochettes, polka par Labitzky.
PLANCHE X. — N°* I. Bas de jupon, — 2, Bérénice, — 3, Garniture festonnée pour bonnet de
nuit, — 4 et 5, Boutonnières de chemises pour hommes et pour femmes, — 6, Entre-deux, — 7,
Garniture de camisole, — 8, Bande au crochet, — 9, Filet carré pour coussin, — 10, Pantoufle,
— 11. Signes des couleurs, — 12, Manche de dessous, — 13, Fichu, — 14, Camisole, — 15, Bon-
net du matin, — 16, Pale, — 17 et 18, Mouchoirs en points de feston, — 19, Col feston et plu-
metis; — 20, Manche pagode, — 21, Àmanday — 22, Virginie, — 23 et 24, Grands entre-deux,
— 25, 26, ^, 28, Autres entre-deux, — 20, Volant pour bas de jupon, — 30, Garniture pour
bonnet de nuit. — 31, Marguerite^ — 32, Mariette, dans un écusson, — 33, Amélie, — 34, Bas
de jupon, — 35. Devant d'une veste grecque, —36, Dos, — 37, Manche de Cette veste.
Ce Numéro se vend au Bureau 2 fr. 25 et 2 fr. 50 par la poste.
Paris. — Typagrapble de H*« T* Dond«j-Duprë, rue Saini-Louit , 46, an Maraii.
.•W «^ ♦ (^ f^ {^♦W'^W(î) (JWWî?
Kàf
AVIS.
Lei lettre» relatives au tervîee du Journal, demandât d'abonnenieBls, renoaveUeoBQBfti,
réolamattont, ohangenaenU d'adresse, devront être adroMés à H. Féditear du Jotwn*!,
boalevari des Italiens, 1.
Pour U rédaction, à M'^» J. J. FOUQUEAU DE PUSST, directrice do Journal des
Demoiselles, rue de la Victoire, 46.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Les personnes qui voudraient s'abonner pour 6 mois le pourraient à partir du 1" juil-
let 1851. Un abonnement à la petite Edition ; pour Paris, 3 fr. ; pour la province, 4 fr. A la
grande Edition ; pour Paris 5 fr., et 6 fr. pour la province.
RÉPONSES.
Bien loin ât tous ncux que j'aime. —Vous avez vingt
ani, et vous voulez vous f«re sœur de charité, à Pa-
ris... N'y a-t-il donc pas autour de vous de roaladei
et de pauvres à soigner? A moins que vous n'ayez ni
parents, ni assez de fortune pour vivre ; alors l'habit de
sœur de charité vous assurera une existence respectée
dans cemonde et récompenséo dans l'autre... Excusez-
moi si je ne vous donne pas les détails que vous me
demBDdez, ce sera pour le mois prochain.
De ma chambre virie. — Mademoiselle, la planche
de l'édition A 6 fr. est trop petite pour contenir les
patrons que vous désirez — Vous dites que les des-
sins qu'elle contient sont insignifiants; permettez-moi
de trouver votre réflexion peu juste ; il vous est d'ail-
leurs facile d'ajouter 4 francs à votre abonnement, et
il m*e8t impossible de grandir les petites planches.
A toutes nos (kbonnies. — On ne pourra faire droit
à aucunes réclamations si elles ne sont accompagnées
du numéro d'ordre écrit à la main sur la bande im-
primée qui couvre le Journal.
Pentîani le sominHl de mon fils. — Pantalon blauc
descendant au bas des genoux et monté sur un entre-
deux garni d'une bande de percale brodée à l'anglaise
— guêtres hautes eu drap mirron — sarrau eu ve-
louia noir ~ chapeau rond, aussi en velours noir, orné
d*one plume de môme couleur — Troavez-vous que
▼otra fils sera joli sous ce costume?
Beas-Espana-Catalana. — Votre bonne amie Jeanne
sait maintenant, madame, toutes vos tribulations pour
recevoir le Journal. — La grande édition vous coûtera
16 francs, rendue chez vous.
Préside met poissons rouges qui m'annoncent le
beau temps. — Vous pouvez vous broder un troisième
jupon en broderie anglaise, mademoiselle. — A Paris
one robe de jaconas brodée en tablier et au bas des
manches pagodes, était portée cet été par une dasne^
chez elle, sous un peignoir de barége, de cachemire,
ou de soie de couleur ; il n'y a que les petites filles qui
portent co costume dans la rue.
Sous lea omf^rages de PiiU Bois. — Vous avez votre
nom, mri belle demoiselle. Je vous donnerai lé Lan-
gage lirs Jleurs. — Voici les uiinûes du Journal qui
leiieiit à vendre : 183'>3S-l9 10-41-12-13-4 1-43-40, pe-
tite édition, 4 fr. le vol. ; 1') vol. 30 fr., pns au bu-
reau. 184H-4J» -50-51, netitf) oditio i, 6 fr. 50 c, toujours
pris au bureau. — Vos clones sont reçus avec grand
plaisir.
Au château de la Jonchère. — Mademoiselle, je vous
donnerai un patron au mois de novembre.
Ciirentan. — Madame, vous m'écrivez : € Le Jour»
> na'i des Demoiselles n'est fait que pour elles, ou
> pour io4 dames qui, cimme moi, ont déjeunes de-
» moiselles et le conservent pour elles, c'est pourquoi
> il faudrait que ce Journal se dégage de toute idée
> politique, et n'eu parla jamais, vous savez qu'il a
26 octobre.
> âlé cité par les grands jauTnaax pour en faire, il
» faut éviter ce ridicule qui ne convient pas à tout le
> mondo.> Vous répondre serait parler politique, nous
ce parlons pas d'ailleurs le même français,
Laval. — Madame, cherchez parmi les nombreux
entre-deux des planches de la grande édition. Je ne
peux vous en envoyer d'autres. — Votre recette 6tt
connue : elle est bonne pour du blanc, mais non pour
la couleur. Ja vous on remercie.
A l'amie que j'aime. — Avec du barége à fleuii,
tu ne peux faire une robe à deux jupes, pour trois
raisons : parce que la jupe du dessus, n*ayant pas le
transparent blanc du jupon, paraîtrait plus brune que
celle du dessous "— parce que l'on ne sort pas dans 1«
rue avec une robe à deux jupes — et puis, parce que ta
n'aurais pas de quoi. — Ne fais pas de plis, tu gâterais
les fleurs ; mais fais des volants en biais, bordés d'uD
ruban de gaze rappelant les couleurs de la robe.
Sous le plus beau ciel. — Mademoiselle, couvrir des
boites do carton avec de la cire i cacheter et du ris,
cela me parait un travail peu joli et trè*-difBcile J'ai-
merais mieux employer mon temps à me promener
comme les dames dont vous habitez le pays. — Merd,
pour votre bonne sympathie.
Sur une iomhe. — Je ne peux encore, mademoisdld,
vous envoyer ce que vous me demandes.
Près de ma mire. — Je ne sais pas ce que c'est
qa*uB plastron, si ce n'est en flanelle pour couvrir la
poitrine. — Vous avez eu un corsage sur la planche
n* Vlll, la planche n* X complète ce corsage. -^ Lises
l'article correspondance, mademoiselle, et vous j trou-
verez réponse a votre lettre.
Loin — Vous reoevex vos initiales, mademoi*
selle, mais vous ne recevrez pas votre guirlande mal-
gré le désir que j'aurais de vous être agréable, mes
occupations me privent de ce plaisir. — Je ne peux
vous donner l'adresse que vous me demandez, cela nous
est défendu par les lois du timbre. Croyez à tous mei
regrets.
Ma pensée va ious un autre ciel. — On ne porte
de jupon en broderie anglaise que sous une robe qne
l'on paisse relaver, afln de laisser voir le jupon. —
Sous une robe de mousseline on ne met que de la per-
cale lustrée ou du taffetas blanc. — Relisez les ré-
ponças, relisez la correspondance, vous y verres des
toilettes de mariée, il n'y a rien de nouveau. — Don-
nez une riche épingle à votre fiancé. — Soyez heu-
reuse !
Périgueua. — Madame, que ne vous serves-voni de
papier a décalquer? tous pourries ensuite bâtir votre
dessin sur du papier vert, gommé, ce qui serait mieux.
Château des FerrUres. — Oni, ma belle demoi*
selle, on portera des manches pagodes, c'est ai gra-
cieux : — Faites des branches de fleur a'avoine enve-
1
louis, cest un cadean. — Merci de Totre bonne re-
cette, ie vais l'essayer. — Je regrette bien de ne pas
connaître de soulagement à la soufOrtnce de madame
Totre mère; je ne peax que la plaindre et lui con-
seiUer des haint de p... et plus de place dans ses s
Des hords de l'Hérault, — Les petits garçons de
trois ans portent inditféremment des feutres blancs ou
noirs ornés de pl»mes ; cela dépend du reste de leur
toilette. — Lorsque le drap d'une table de jeu est
xué on en fait ordinairement mettre «n autre, ou bien
on couvre toute la table d'un tapis carré de tapisserie,
on en drap garni d*une bande de tapisserie.
De Vune de$ anciennes iMes de Paris. — Uélas !
madame, quand le pauvre Fulz ne sera plus, ceux qui
l'auront laissé mourir.de faini lui élèveront une statuel
Il faudrait forcer les bouchers à ne vendre que du
Teau amené par les voitures Fulz... mais la liberté s'y
oppose... et la santé publique et l'humanité en souf-
frent ( — L'histoire de ce pauvre petit tout nu qui
préfère un livre à des vétemeuU, bien qu'il ne sache
pas lire,' et répond : < Ze n'ai pas froid, ie veux un
livre, «'apprendrai, > m'a fait venir les larmes aux
yeux. Que vous êtes heureuse, dans la position élevée
où le ciel vous a placée, de pouvoir être utile k ces pau-
vres enfsnts I
Sous mon toU de chaume, — Madame, permettez-
moi d'être flère de l'assentiment d'une personne de
votre mérite. Mon Dieu I que de talents, de vertus sur
cette terre, qui ne sont connus que de vous ! — Je ne
peux vous envoyer cette année ce que vous me de-
mandez» recevez mes regrets.
Il faut dans ce monde Vun Vautre s'enir'aider. —
Que de choses bonnes et utiles vous m'avez envoyées,
mademoiselle, tans compter celles que vous me pro-
mettez ; j'en suis reconnaissante pour le présent, pour
l'avenir. Mais vous ne me demandez rien, vous qui me
donnez' tant I
' Avenue des Champs-Mysée». — Vous aurez TOS
noms, mademoisolle. Relisez la description du bonnet
Jfof-îe-^/^aW, et vous verrez que l'on n'a pas besoin
de patron.
Myosotis. — Votre neveu d'un an, voué à sainte
Anne, peut porter une robe et une longue pèlerine en
Siqué blanc. Ce piqué est pelucheux & l'envers. —
ferci, madame, de votre plat économique.
Un4 hière hchnnaissajUe'. — Vous m'avez procuré le
plaisir de -vons voir, de vous connaître vous et votre
fille chérie ; merci, madame, c'est moi qui vous redois.
D'une forteresse à 1,600' mï^m au-dessus de la mer.
— Vous avez confié votre Marguerite à la garde de
Dieu et de la reine des mères ^ vous ne ' pouviez foire
mieux. — Je n'oublierai rien de ce que vous me de-
mandez. — Songez qu« Je vous attends, çuand vous
viendrez à Paris. Le jour où je vous verrai sera pour
moi un jour de fôte.
..
Sans mère ! — Choisissez dans les toilettes qui sont
décrites à la fin de la correspondance, mademoiselle ;
toutes peuvent vgua convenir, -^esuis heureuse que
vous ne trbuviez.^vTljfis dQvaJWmojB au Journal : il
parait trop rarement, f tes-vcfos, et uf est trop court.
Entre Ztfhir et Fanfan» — C'est précisément dans
le mois de juillet 1850, qu'est la recette diwrokl cream;
il y a, comme tu dis, de la fatalité. Veux -tu que je te
renvoie ce numéro? — Tu es donc une accapareuse,
ma chérie, toi qui demandes à acheter de l'esprit, et
qui en as tant ! — Darling rend l'accolade à Zéphir^
et dit & Fanfan que, quand on n'a que des coups de
griffes à donner, on les garde pour qui peut vous en
rendre.
Toujours seule! — Chère voyageuse, j'espère que
cet été votre bague boussole vous ira mieux. — Merci
de votre bonne et longue lettre qui me. fait mieux
vous connaître. — Quand je regarderai ma bagne je
penserai à vous ; en regardant )a vdtre, pensez i^ m(â.
En quitiani ma digne amie. — Il est regrettable,
mademoiselle, que madame votre* grand'mère n'ait
pas su vous initier aux premiers devoirs, aux premiè-
res exigeances du monde. Cherchez parmi les person-
ne» qui vous entourent une dame qui puisse vous ren*
dre ce service ; je ferai de mon côté tout ce que je
pourrai pour vous être utile, et d'abord, quand voua
écrirez à une dame, ne mettez pas pour suscription :
A Mademoiselle.
Faubourg de Nanies. — Vous n'êtes pas abonnée au
bureau, mademoiselle, la preuve, c'est que tous nous
envoyez une bande où se trouve les noms de MM. Le"
doyen et Giret, adressez-vous à ces messieurs. Nous
ne répondons que des abonnements faits directement
au bureau du Journal.
Deus sœurs. — On ne fait pas de bourse au filet
carré, mesdemoiselles, car ce filet no prèle pas, et il
faut qu'une bourse pr»^...
Tilly sur Seulles. — Il y a eu dans le courant de
cette année trois dessins de voilettes, pour être brodés
en application ou en reprises, madomoiselle; mais peut- .
être n'élei-vous abonnée qu'A la petite édition, et vous
n'en avez pas assez pour choisir... j'en suis fftchée!
En vue du pic du Gard. — Le bien à la mode est
bleu de France. — Lisez l'article Correspondancej il
vous dira 1a couleur des pardessus.
Fécamp. — Une lettre encadrée de noir n*étant
point affranchie, n'a pas été reçue.
Sur ma terrasse. — Que vous êtes bonne ! vous sa-
vez donc combien je pense à vous et combien Je voua
aime, que vous me pardonnez de ne pas voua l'écrire?
De ma solilude. — Ta lettre est plus raisonnable,
elle me rassure sur ton bonheur à venir.
I.B UEVAB DS8 ÉOOUBRS
(DIBO — PATRIE — FAMILLE.)
Histoire, voyages, contes, nouvelles, fables, légendes, etc., par M"»« J. J. Fouqueau de Pussy,
aveo la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. Illustrations dessinées par
MM. Deveria, Léopold Levert, etc., gravées par Lacoste, Baudoin, eto. Un fort volume
grand in-ô* de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 8 fr., au bureau du Journal des
Demoiselles, n« I, boulevard des Italie ns, et g fr . par la poste. -^
Nous recommandons à nos abonnées les jolies romances de L. Clapisson : Une Chanson dans
un nid; Une Lettre au Pays; le Réveil du jour; les Deux enfants; Mon âme à Dieu, mon cœur
4 toi, et la Bête à bon Dieu»
Des accidents de dentition, chez les enfants en bas âge, et des moyens de les combattre, par
M. A. Delabarre, fils, docteur en médecine, médecin-dentiste deThospioe des Enfants-Trouvés et
Orphelins de Paris, des crèches et des écoles communales du 1" arrondissement, eto., eto. 1 vol.
in-S» avec figures dans le texte. Prix : 3 fr. Chez Victor Masson, place de l'Ecole de Méde-
cine, n® 17.
JUDraBËU BIES DiEsimsmis.
i-
! CtlAQDE MOIS, k MHTin DU 1" IINVIKH.
Ce Journal se compose de IS livraiHns de chacune deni feulllffl, imprimées sor deux colDones.
Il contient : 4 gravures sur acier, 3 dont lei siijels M ratlacbent aux nouvelles insértef dans
le journal , et 2 leprËccDlaDl chacune un des remarquables Ubleiui du Salon — 24 moroetox de
musique : les romances les plut joliei, les quadrilles les plus brillanls, les valse* les plni nou-
es, les pollcas, mazourlias et scholischs les plus i la mode~ 4 planches de dessina de tapisserie
rolonées — 12graruresde modes déjeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmez — IS rébni
luslri^B — 34 grandes planches contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — flchu!
- piledDea — ctiïpc3ui — calèches — manteaux — bonnets — mantelets — rêlements dt peUti
garçons — de petites Glles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des
Lcs qui les représentent — des dessins de broderie pour ! cols — msDolietles — monehdrs —
bonnets — robes — gilets — canezous — jupons — camisoles, etc. — Des ouvrages de tanldsfe, tels
que : cartes do visite, télés de lettres coloriées — pages manuscrites — fleurs en papier — en laine
— bobèches, etc. — ouvrages au Irioot, au crochet, au fllcl, toujours clairement expliqués. Le texte,
imprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné.
10 Trancs par an pour Paris, — 12 francs poor les départements, — 14 francs pour r^tranger. —
IS francs pour l'Espagne et le Portugal.
f
TABLE.
ONZIÈME NUHéRO.
Instsucthiii. — Visite aux ruines dHippone, par M"* Liuhe Prvs SSt
BiBUOCRAFfllB- — Histoire des Français de divers états, 3* article > 134
LittUathiib imâNciM. — Le Feu, l'Eau et TBooncur, traduction par M» Vin Tbmic-.. 328
Edccatiou. — Balbildc, par M-* EugïMIE D. de Là. Hochëhe S28
ToisiE. — La Toussaint, par M" Evrline Ribbicodbt 334
EnICHS crioCRAPHIQUE. n*ll S4S
HÏLANGis. — Les Aiguilles 343
Egondhtb Dn¥MTiQUE. — Salmis. -^ Gelée de pommes. — Moyen de conserver les fruits. —
Pommade pour les lèvres. — Cosmétique pour la figure 343
CoBHESPOXDANCB , par M~* I. t Ut
EpniaAniuES. — Mort du maréchal de Saie ÏBl
HosuouE • m
Rdaus, dessiné par LAOPOLD Letert, graié par Cuxlbs Gilbert...,,». •-■':' 3S2
GravVri PS HoDU. - i.
HusioDi. — Une Utlre au pat/t , chanson, paroles de F, DBCouBCT,.«ûsiqne de Cumssok.
MarUtla, polka-maiurka, par Chirlu Giillt.
PLANCHE XL — W" 1 et 2, — Quarts de mouchoirs, — 3, Etui de porlMigares, —4, Dentelle a
crochet, - S, Dessin de fitet,— t. Bouquet pour tapisserie. — 7, Signes qui représentent les cou-
leurs de ce bouquet, —8, Porte-montre arabe,— 9, 10, 11, Fleurs de fantaisie, —12, Manche garnie,
— 13, Chemisette d'en ts ni, —14, Berihe,— 15, JUiie, — W, touira,— 17, H^rietle,— 18, José-
phine, — 19. Claudine, — 20, Dessin pour brandebourgs, — 21, fontiy, h 'ntU, — 22, Bas do
jujion, — 23, F, — 24, Quart d'un dessin de crochet pour tapis de lit. 20, 27, 28, 29 et
30, (etron d'un corset, — 31, 3S, sa.Dasquines qui s'ajoutent au ba-<:'- ..-agei, —34, 30,
Manche mousquetaire, — 3», Moitié d'un capuchon.
Pajs dans lesquels on peut recevoir le Journal, franc de port, au prix de :
paris 10 fr. Suisse... 14 fr. Colonies (Pays d'outre-mer). 16 fr. llalio(voicde terre), 19 fr.
Départem. 12 . Turquie. 18 Espagne cl Portugal 16 Italie (voie de mer). 14
Belgique. .14 Toscane. Ifl Sardaigne 12
Pays pour lesquels on ne peut alfranchir le Journal que jusqu'à la frontière frangalsQ,
au prix de 12 francs :
Angleterre, Allemagne, Prusse et Russie.
• V' DsmlM-Doprt, riH Stiat-Losit , U, >■ Wui\t.
AVIS.
!««• IriUres relatÎTefl au lervioe da Jovraal» deoMiadefl d'abonaernew to ,
rtiJiwliuni, ofaongements d'adrcMe, devront être edreiséet à M. Tédîteiir d« Jooraaly
Walevarddef UelieM, 1.
Povr la rédeetîon à M""* I. I. FOUQUEAU DE PU98T, dîreotrioe du Jounud dee
BeoMÎtenet, me de la Vietoire, 46.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçim.
Les personnes qui voudraient s'abonnor pour 6 iikms le pourraient à partir du i«' juillet
f851. Un abonnement à la petite Edition , pour Paris, 3 fr.; pour la province, 4 fr. — A la
grande Edition f pour Paris 5 tv., et 6 fr. pour la province.
RÉPONSES.
ÎO novembre
Petite. — HélM ! madame, si, comme tous le dites :
Souffrance variagée console ; quelquefois, soafTniDce re-
nouvelée désole... et je craindrais que tos yers sur la
perte que tous Tenez d'éprouTerne âssent pleurer une
mère sur uoe perte semblable... mais votre cher Jour-
nal n'est pas moins reconnaissant de Totre désir d3
faire quelque chose pour lui, et c'est aTec plaisir que
Je me rends son interprète.
Par un imips sombre. — Le petit garçon de la gra-
TUte de modes a un manteau Talma, ou grande pèle-
rine, en Telours noir, et un sarrau, ou blouse, en étoffe
pareille. — Sur du drap gris, mettez pour ornement
du gris plus foncé ou du noir. — Les manteaux de lit
leoouTrent ordinairement uoe courtepointe ; il Tant
mieux qu'ils ne descendent pas devant jusqu'au bois
du lit. — Merci, madame, pour vos Tœiix de bonne
année ; permettex-moi de vous envoyer les miens.
.En tongeant à l'avenir. — Ce que tous me deman-
des, mademoiselle, est trop difficile de si loin ; il fau-
drait que TOUS fussiez à Paris, et je ne vous conseil-
lerais pas d'y Tenir, si tous n'y connaissez personne.
Je présume que tos parents consentent.
De mon pays natal. — Vous avez déjà un camélia,
mademoiselle; plus tard tous aurez ce que demande
votre lettre.
Chaylades. — Madame, tous avez on gilet brodé en
aoutacbe, plancha IV. — Pour les taches d'huil^ lisez
page 981. — Nous aTons donné deux proTerbes cette
année : le premier peut être joué en famille; le second
dans une pension. Vous demandez < des petites pièces
> qui peuvent être jouce par des jeunes personnes
> dans une pension quelques sujets moral assez gais
> et formant l'esprit à la réplique de bons mots fai-
> tuntjiguré plusieurs personnages divers. ■» Pardon-
nez-m-i, madame, si malgré votre menace de nous
quitter pour reprendre un autre Journal, je croîs ne
pouvoir donner ces pièces à tos élèves... mais vous
Dcus resterez, je l'fspère; car, du reste, vous < nous
> remerciez Je la manière qu^ nous emploitons bien Var-
> Çfut des alonnéts par la rédaction au Journal et des-
> s in s. >
Au coin du Jeu. — Non, mademo^'selle, il est impos-
sible que la planche de la petite édition soii plus eom"
plèle^ et c'est pour les personnes économes, qui taillent
elles-mêmes leurs manteaux et leurs robes, que la
grande édition a été faite, afin de leur donner des pa-
trons da grandeur nature. — Mais avant de nous quit-
ter, informez-vous de la grandeur des autres planches
et de ce qu'elles contiennent, car si vous tenez à moi,
je tiens à vojifl.
To South- Borough. —Madame, pour i'Ani^leterreon
ne peut affranchir nos journaux que jusqu'à la fron-
tière de France; il parait qu'ensuite la poste anglaise
les pè>e et vous fait payer les numéros plus ou moins
char, selon leur poids. — Vous avez votre joli nom. —
Vous avez une f\miT. Si vous ne recevez pas ce jour-
nal, je ne sais comment vous dire de reclamer auprès
de madame Deligny, car c'est chez cette dame que
TOUS êtes abonnée.
Dans le Nord. — L'étiquette pour les deuils de
TeuTe est exacte dans notre Journal, madame, et d'a-
près VAlmanach Royal de 1818.
Près de majille a\né<>. — Oui, madamf>, on ne porte
pins de cols b!»ncs en batiste (.nie, et rien ne distin-
gue une veuve d'une orph^^liiie. (}ae vos cols de crêpe
noir aient un simple ourlet, double, large de 3 centi-
mètres.
Entre mes deux filles. — Vous aurez le nom que
TOUS me demandez, madame. — Florence et Jeanne,
fières d'être consultées sur un sujet aussi intéressant, ae
sont empressées de vous répondre dans le Journal.
Charlevillc. — J'ai reçu, monsieur, ce que tous avez
bleu voulu m'envoyer.
Bflllinjlnn. — Une lettre ayant ce timbre parmi
pluMeur*» autres et n'étant point affranchie, bien que
ce mol fût écrit sur l'enveloppe, n'a point été rrçue.
Désir de vous connaUre. — Vous avez le nom que
TOUS désirez broder pour étrennes, chère madame;
quant aux initiales, je n'avais plus de place, je les met-
trai sur la planche dn janvier, tant jo suis persuadée que
TOUS serez encore des noires, r»r ai vous avez choisi
notre Journal^ moi je vous aiirais choisie pourabonnée,
tant je vois qu'entra nous deux il y a sympathie.
Paris. — Mademoiselle, ii me faudrait denx colon-
nes de notre Journal pour vous expliquer comment
tricoter et exécuter une descente do lit, en mousse; de-
mandez ces renseignements ;\ la personne qui voas
Tendra les Isiocs.
Boute de V ïnde. — Mademoiselle R. M. est pré-
Tcnue qu'elle est abonnée pour 1851.
Knr^qariiant tomber les feuilles. — Je ferai pour
TOUS l'impossible : trouver une bourse qui soit grande,
tolicie et gracieuse à la fois. — Quelle bonne et ai-
mable lettre vous m'avez écrite! croyes, chère ma-
dame, que l'en suis bien touchée. Ahl si je l'osais,
comme j 4 repondrais k toutes vos bontés pour moi!
Auprès de ma mère. — Vous receTez tout oa qoe
Toos aviez demandé, madumoiselle.
Près de ma jeune familh. — La mode pour les pe-
tits garçons change peu, madame, et tous Toyei par la
graTure de novembre que je ne les oublie pas. — Vous
aurez vos deux jolis noms, miis pour janvier, car Je
compte sur vous. — Vous aurez au.%si une pantoufle
brodée en soutache d'or, msis en janvier seulement.
Voua le voyez, les amis sont les plus mal serTis.
Place Chevert. — Vous vous nla!gn(>z, madame, que
les causei'ifs av(c madt^moiselleFlorence sont loin d'être
r
r
■
ammanietj ei tout au plut bonnet pour âêt enfonU ; que
la oorretpondanci était beaucoup mieux rédigée lorsque
y était seule ; qae ne sachant ^g la musique, «om ne
fouvet qu'allumer le feu avec let quaârUlet eiletpol'
Itttt, et, a?aDt de recommencer votre abonnement, tous
demandei : 1* les patrons de layette promis; 9r'deux
planehes au lieu dune, ei turlaut pas de noms sur let
planches ; 3* qu'il n'y ait plus de causerie. Y oià ma ré-
ponit : 1' Vous ayex reça cette année pour layette :
liégnio, fiehn, bonnet de baptême, brassière, bottines
du premier Age... & moins que tous ne Toaliex des cou-
ches et des langes !... 3* On ne peut rien ajouier en fait
deplaaches, et rtefi 6ter. — 8" Jeanne et Florence sont
inséparables.
Careatsonne, — Madame, on m'a remis votre lettre
«i gracieuse, pour les personnes qui écrÏTent dans le
Journal des Demoiselles, et tous leur donneriez en
effet le droit d'être fières et heureuses si elles pouvaient
lire votre approbauon.fondée sur les nobles sentiments
^ne TOUS savet si bien eiprimer.
Banders. —- J'ai reçu, monsieur, ce que vous aves
bien voulu m'envoyer; je vous en remercie.
I>««ion cabinet de travail. — Mademoiselle, VÉdu-
cation as soi-même coûte à peu prés 3 Ar. ~ Je ne con-
nais rien qui puisse rendre aux cheveux leur couleur
lorsque la doulear on l'âge les ont blanchis. — On ne
r)rie pas de bonnet de crôpe. blanc, mais de tulle. ~
embrasse les deux amies, si elles veulent bien le
permettre.
Dans mon bateau^ sur le lac. — Je répendrai à ta
mère, ma chère amie ; quant à toi, voici ma réponse :
brode le mouchoir de la planche XII. — Tu auras les
morceaux d'italien, puisque tu aimes cette douce lan-
jtne. --Oui, les jeunes filles peuvent porter des gileis:
lémoiinotre gravure de novembre. — Florence et moi,
nous recevons ton serrement de main et noua te le
rendons de bon cœur.
Jassy. — Jeanne est entièrement de votre avis, ma-
dame, et le mois de janvier vous le prouvera. Mille
remerciements.
De la sacristie de .S**'. — Si vous voulez broder en
reprises sur filet carré, il faut faire composer des des-
sins, car il n'en existe pas. Si c'est sur .filet ordinaire,
vous arez reçu un riche dessin.
Gâtée par mon père fi ma mère. — l* Les mante-
lets-Chambord sont plus dame; les manteaux- Talma
sont plus demoiselle, tous deux sont de mode. 9* Bro-
dez un troisième jupon et ne vous inquiétez pas de la
jacquerie contre la broderie anglaise. 3" Les cami-
soles de nuit , ordinaires, se font sur le modèle plan-
ohe 111. — Votre trousseau me paraît énorme! Que
ferec-voQs de vos 19 douzaines de chemises? Songes
qn&la mode change à peu près tons les cinq ans, que
le linge Jannfl dans les armoires... il vaut mieux ra-
jeunir son trousseau que d'être vieillie par lui. —Vous
embrassez Florence parce que vous aimez ses cause-
ries avec Jeanne. -^ Mais vous ne cmignei donc pas
que Jeanne loit jalouse?
Liberté, Fraternité, Egalité. ^Yons «vex pris pour
épigraphe, madame, une variante de cette formnle très-
connue : Liberté, EgalHé, Fraternité. —Vous me de-
mandez < dans le prodiain nuatéros un dessin de bon^
net grec pour brtMer au plumetis. > Vous vous trom-
pez j^ans doute, car on ne brode au plumetis que sur
la percale ou la mousseline, et vons n*&vez pas l'inten-
tion d'enrhumer monsieur votre mari. —Vous me dites :
c Si vous pouviez retrancher le commencement de
> votre correspondance, qui est parfaitement «wnvyffttse,
> vous me feriez plaisir. Tout k vous. > -- Et dans on
post-scriptum vous ajoutez : c Si vous ne l'Mez pas de
> concert avec mon mari, nous avons résolu de ijuit-
> ter le Jourrjal. > — Lt^té / madame, — Egalité i la
Journal vous quittera, — et Fraternité!... nous res-
terai
Sur ma terrasse. — Pauvre smie 1 i'ai bien compris
une phrase de votre lettre : Résignation sera toujours
notre devise 1
Pe ma solitude. — J'ai pleuré quand j'ai appris ton
départ... la mer me fait peur... Quand^. donc revien-
dras- tu?
Tours. — J'ai reçu le joli panier , chère madame,
je vous en remercie ; je remercie ma petite amie de
sa bonne intention de le remplir de pruneaux. —
J'attends voire adresse pour vous envoyer un échan-
tillon de ce tapis en iricot'qw>niîles sur lequel vous
pourrez laisser jouer le blond et la bruve.
Près de mon Journal. — Les années 1848, 41, 50, 51,
sont brochées sans les couvertures, elles n'existent plus.
Ces quatre volumes coûtent au bureau 2G fr.; on
pourrait vous les envoyer par la diligence. Combien
vous êtes gracieuse et bonne pour moi, madame ! Sa-
vez-vous que je prends notre amitié au sérieux ?
Devousàmoi.^ Que votre obligeante bonté, que votre
esprit aimable se montre bien dans votre lettre... par
malheur rien do tout ce que vous proposez ne peut se
faire... — Je vous assure que nos relieurs sont moins
scrupuleux que les vôtres, ils placent très-bien à la fin
de chaque volume les douze couvertures. Adieu, ma-
dame, recevez mes vœux de bonne année.
Philippecille. — Chère inronnue, madame Lefort a
une fabrique de papier pour les fleurs, et Ton trouve
chez f IJp tout ce' qui .lert à ce gracieux travail. Je
Kuis fàchôd que votre amie ne soit point une ancienne
abonnée, elle aurait trouvé dans le Journal tout ce
qu'elle désire.
£TRENNES.
lA UVBS SSS ÉCOX.XSAS
(DIBU — PATRIE — FAMILLE.)
Histoire, voyages, contes, nouvelles, fables, légendes, etc., par M"* J. J. Pouquean de Pussy,
avec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. Illustrations dessinées par
MM. Deveria, Léopold Levert, etc., gravées par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume
^and in-8* de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr., au bureau du Journal des
Denaoiselles, n* 1, boulevard des Italiens, et 5 fr. par la poste.
Des accidents de denHiion, chez les enfants en bas âge, et des moyens de les combattre, par
M. A. Delabarre, fils, docteur en médecine, médecin-dentiste de Thospice des Enfants trouyés et
Orphelins de Paris, des crèches et des écoles communales du 1®' arrondissement, etc., etc. 1 vol.
in-8** avec figures dans le texte. Prix : 3 fr. Chez Victor Masson, place de l'Ecole du Méde-
cine, n» 17.
Traité de FUws en papier» Chez Lefort aîné, 12, rîie ilau<î0i>8eil. Un petit volume, 1 fr. 50 c-
Ce journal se compose de 12 Hvraisons de chacune deux reuilles, imprimée Eur deur colonnes.
' Il coniitnt : 4 gravures aur acier, 9 doDt le* sujets w raltacbent «ai DOnvellea iaUréet dans le
journal , et 2 représentant chicane un des remarquablet tableaux dn Salon. — it morceaux de
musique : les romances le< plus joliei, les quadrilles les plu* brillanli, le* f aise* les plus nouf elles,
les polkas, mazurkas et schotiscbs les plus à la mode — 4 planches de destins de tapisserie coloriées
-12 gravures de modes de jeunet personnes) d'enfants et déjeunes temmei — 13 ribns illustrés
.^— 24 grandes plancbea contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — flcbua -
pèlerines — chapeaux — calècbes— manteaux— bonnets— mantelet* — vêtements de petits garçons
- de petites filles. — des dessins de lapiaterle, dont les oouleuri sont indiquées par des signes
|ui les représentent — de* dessins de broderie pour : ool* — manchette* — mouchdrs — bonnet*
- robe*— gilols — canezons — jupons — camisoles, etc. — Des ouvragei de rantaisie, tels que i
larles de visite, léle* de lettre* coloriées — pages manuicrites — fleur* en papier — enKine —
bobèches, elc. — onvrages au tricot, an crocbet , au Blet, toiqourt clairement expliqué*. Le texte,
imprima sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné.
TABLE.
DOUZIÈME NUMÉRO.
Instsuction. — Coup d'ctil sur l'HisloiTe de la peinture, 4' article, par M. J. de Cbatillon. 30
UiiKn'ATUHE étm«ng6iib. — Les plaintes de Marie, reine d'Ecosse, traduction de H"* t^Hiti
FiDCOK —
Education. — Une année à Lowell, par M"" A. Brar 361
Sloiie-Thérè&e de l'rance, par A. Jaws ~*
La Sœur aînée, par M"" F. ïhbbut _„
PiifisiE. — Dialogue entre un Aveugle et un Sourd-rouet .". m
ExpuiATiON de l'Enigme géographique n' H 87*
CoRHESPONn-tNCE , par M" J. J. FotrouaAO db Pussï 37B
EfuémIbiues. — Naissance de Charles du Cange ST'
MOBMOUE... W
Kieus, dessiné par LtoFOLD Levirt, gravé par Chahleb GiLiEBT -8t
GaATDKB PE Mode*.
HusiQtiE. — l»t!fe m'oublUi pal, quadrille, par S. Takbdiuni.
Tapissebir kn covLBtR, panloulles.
PLANCHE XII. — N" 1, Manche pagode. — 2, Garniture, — 3, Mouchoir, — t. Beuason, ■
5, Coussin en filet, — 6, 7, 8. 9 et 10, Fleurs en papier : Camélia, — 11, Manche parée,-
13, Canezou. — 13, Bonnet du matin, ~ 14, Fichu-guimpe, — 15, Col Mazarin, — Ifl, Abat-
jour, — 17 et 18, Guirlandes et palmes pour bas de jupon cl volants, — 19 et 20, Bandes pour
gainiluro. - 21,22, 23, 24, 30, 26, 37, 38, 39, 30, 31, 32, Camélia— Harriet ~ EUtn —
laura — ÀnMUe — Aitint — Mary — MaryARne — Armaïuii — FUtùU — S-D-S. — C-F. —
33, Uos d'un manteau Haïdée, — 34, Morceau de la manche, — 35, Devant, — 30, Pièce d'épaule,
— 37, Capuchon.