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Full text of "Journal des demoiselles"

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I^ARin, — IMPRrVRHfK DR M*' V* MVTittfil-WfKi, 
rue SoInt'Loiiiii, Ad, au Maral*. 



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DIX-HEIIVIÉHB AnHCB. 

AU nUllEAU DU JOUBNAI., BOULEVAKT DES ITALIENS, N' 1. % 








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HARVARD COLLEGE LIBRARY 

GfVEN IN MEMORY OF 
ARCHIBALO CARY COOUDQE 

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Journal ôf5 jBmowlles. 











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JOURNAL 



DES DEMOISELLES 



LES DIAMANTS. 




La chimie — pour cette science il n'est 
rien de sacré -r a décoaTert que les dia- 
mants, dont (>n forme ces belles parures 
qui coûtent si cher, ne sont que du char- 
bon crisUtllisé, et, bien qu'ils soient indes- 
tructibles, cependant, exposés à une forte 
chaleur, ils s'é?aporent sous forme de gaz. 

Les diamants faux ne sont que du verre 
plus ou moins parfait; si l'on pouvait les 
composer avec du charbon, ils seraient des 
diamants véritables. 

Le diamant est le plus souvent sans cou- 
leur, quelquefois il présente les teintes : 
rose, jaune, bkne, verte, brune, plus on 
mmns belles. Son éclat a quelque chose 
d'onctueux à l'œil qui se rapproche plus 
de l'éclat méulliqne que de l'édat vitreux. 
Son caractère le plus saillant est son ex- 
trême dureté ; il raye tous les corps sans 
pouvoir être rayé par ancun d'eux, et sert 
aux vitriers à couper le verre. C'est un 
jeune homme de Bruges , nommé Louis 
de Berquem, qui découvrit par hasard le 
moyen de tailler le diamant en remar- 
Da-moTiàME ANNÉK 4* fiaii. — H* L 



quant que deux diamants frottés l'un 
contre l'autre finissaient par s'user et par 
former une poussière fine. Celte poussière 
se nomme égrisée. Depuis Berquem on 
taille le diamant au moyen d'une plate- 
forme horizontale, en acier, qu'on ùat 
tourner rapidement. Cette plate-forme est 
couverte d'égrisée délayée dans de l'huile ; 
on y appuie la partie du diamant que l'on 
veut tailler, jusqu'à ce qu'elle soit suffisam- 
ment polie. 

Les brillants sont les diamants taillés à 
facettes par-dessus et par-dessous; les roses 
sont taillées en dessus-, en facettes pointues, 
et sont plates par-dessous. . 

On ne trouve les diamants que dans 
deux contrées fort éloignées Tune de 
l'autre; aux Grandes-Indes : dans les 
royaumes de Golconde etdeVisapour et au 
Brésil Les mines de Golconde, dès 1622^ 
occupaient 30,000 ouvriers. Les diamants 
sont ordinairement enveloppés d'une cou- 
che terreuse qui les dérobe à la vue et en 
rend la recherche difficile. Dans l'Inde» 




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on commence par laver la terre qui est 
présumée contenir les diamants ; la plus 
grande partie de cette terre se iroavavl 
ainsi enlevée, le reste est répandu sur une 
aire,[oà des hommes font la recherche des 
diamants, sous la surveillance d'inspec- 
teur^ Au Bré$il^ le lavage et 1^ recherche 
se font en m^e lemps; 09 feit UKokev 
la terre le iQjPg d'ua gl^d^^r iaclind. fut 
lequel coule en même temps un ûlet d'eau 
qui enlève la plus grande partie du sable, 
et permet aux nègres laveurs de chercher 
plus facilement les diamants dans le gravier 
qui reste. 

La recherche du diamant s'effectue au 
Brésil par des nègres esclaves. Si un nègre 
a le bonheur de trouver un diamant d'un 
octave {iU carats et demi), on le couronne 
de fleurs, et on le mène en triomphe à 
l'administrateur, qui lui donne sa liberté; 
il reçoit en outre un habit neuf. Un dia* 
mant de 8 ou 10 carats vaut au nègre qui 
le trouve, deux chemises neuves, un ha- 
billement complet, un chapeau et un cou- 
teau. Dès qù^un nègre a trouvé un dia- 
mant, il lève un bras, puis frappe dans ses 
mains, et Tinspecteur ainsi averti vient 
chercher le précieux caillou. 

Le diamant se pèse au carat, et non pas 
au poids ordinaire. Un carat répond à vingt 
centigrammes et demi. Le carat est le 
poids de la fève d'un arbre originaire 
d'Afrique. Cette fève, nommée carat, étant 
toujours, à très-peu de chose prèSi d'un 
poids égal, servait aux sauvages da pays à 
peser Tor. Transportés ensuite dans l'Inde» 
les carats ont servi dans le principe à pe- 
ser les diamants. 

Le prix des diamants, avant d'être taillés, 
est en raison du carré de leur poids. Aivsi 
le prix du diamant de un carat étani de 
UO francs. 

Le diamant de 2 carats vaut k fois UQ fr. 

Le diamant da 3 carats vaut 8 fois /^O ir. 

Le diamant de k carats vaut 1 6 fois U) fiv 

On voii quel prix énonna dniveBt at«- 
teindre des diamants d'une certaine gros- 




seur. Ce prix varie suivant leur forme et 
leur limpidité lorsqu'ils sont sortis des 
fiaia^ d^ lapidaire. 

if est assez rare qu'un diamant pèse 
plus d'un carat ; on en trouve cependant 
de 12 à 20. 

I^ piws gvos diaqis^H? eo9«ns sont : 

Celui ivk r^ah Majnn, ^ iPVUéo ; il pèse 
phw do 3A0 carats, qui équivalait à 2 onces 
ou 6/i grammes. 

Celui de l'empereur du Mogol, trouvé à 
Golconde, en 1550, pèse 279 carats; il 
est gros comme la moitié d'un oeuf de 
poule , il est taillé en rosé et déparé par 
un léger défaut; c'est pour cette raison 
qu'on ne l'estime que 12 millions de francs. 

Les ambassadeurs du Népaul, arrivés cet 
été à Londres, et que nous avons vus à 
Paris, étaient porteurs de ce célèbre dia- 
mant, nommé koh-ir-nour (montagne-de- 
lumière), destiné à la reine Victoria. 

L'histoire de cette pierre précieuse est 
étroitement liée avec les événements dont 
l'Inde a été le théâtre dans les trois der- 
niers siècles. Extraite des mines de Gol- 
conde, en 1550, elle passa avec la con- 
quête des petits royaumes de Dekkân dans 
le trésor du grand Mogol, à Delhi; c'est 
là que le voyageur français, Tavernler, l'a 
admirée et pesée, le 2 novembre 1665, 
l'empereur étant assis sur son trône. €e 
diamant était porté tantôt? comme orne*- 
ment par le souverain , ou tantôt servait à 
déeorer so» trône à> queue de paon. Il est 
resté à Delhi jusqu'en 1739, année dans 
laquelle le célèbre ooaqnéraot de l'Inde, 
Naidir, shah de Perse, s'en est emparé, et 
l'a transporté dans le Korassao. Après 
l'assassinat de Nadir,, il a passé enune les 
mains du chef afghan, Ahmed-Shah, q«t 
l'a porté à KabooL Un des successeurs de 
celoi-d,. Shab-ZamflB, emprisonné par son 
foère Shab^bondjla , cacha ce diamant 
dma une Aas murailles de sa* prison ; soa 
frdrel'y dâcoavrlt, et.Sliah-âboudia^devan« 
ret da Kabout, le portait ea hraoelet» km** 
que M. Eli^iastûAC fat envoyé par lord 






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Minto auprès du Shab-Shoudja; mais à 
peine l'ambassadear avait-il repassé riii|bl9 
qae le Shah, privé de son trône» chercha un 
refuge auprès du roi de Lahore, Rundjit- 
Singh, et n'oublia pas d'emporter le joyau 
de Golconde. Au boit de qiialqae tempSi 
Rimdjlt-8inf^ fit we denuAde fennette k 
0bab-âhoudja de lif livrer le koh-^r^aour, 
œ que eéhai^ ^dait poue différents prér 
textes; enfin, le l*' juin 1813 Ait le jour 
fixé pôor h livrami. Les den souverains 
se renooQtrèf«Dt dans an appartomest Ai 
poliis de Rond^t; assis tous les deus pu- 
terre, ib se regarderez pendaet une heâre 
sans échanger wm parole; enfin Riind|it« 
impatienté, dit à on des assistants de rap* 
peler k Shah^âhoadja le snjet de leur en^ 
trevue ; alors le princedéirôoé fit un «igné 
à son esclave, celui-ci sorfit, et apprala 
un rouleau qu'il déposa sur le tapis, entre 
les deux princes. Sur un signe de Rundjit, 
le rouleau fut développé, et montra lema> 
gnîfique diamant du grand Mogol. 

Le hoh-i-wyuT a oàiofmsé d'^yporfeenir 
aux descendants des rois de Lahore jusqu'à 
la conquête de leur royaume par les An- 
glais, qui le laissèrent d'abord dans le tré- 
sor, et au moment de la dernière insurrec- 
tion, le firent, pour plus de sécurité, 
transporter \ Calcutta, d'où il vient de 
faire heureusement le voyage de Ports- 
mouih. 

Lorsque l'empdlr^ur de l'Iode » Shab- 
fijiluuin, le «eçut en présent, il était bmt, 
et pesait, dit-on, près de 800 carats; mais 
par la maladresse d'un joaillier vénitien, 
Hortensio Borgis, chargé de le tailler, il 
fut réduit à 279 carats. L'artiste, au lieu 
d'une récompense, a élé condamné à une 
«rnende de 10,000 ronpies (25,000 fr.) 
]>ar le grand Mogol furieux. 

Le diamant de l'empereur de Russie est 
aussi un diamant du grand Mogol, connu, 
jdit-on, sous le nom de Soleil des mers, il 
ipèse 77J) caral^ et selon les règles établies 
il ne vaudrait pas noiiis de $l2,58299ii fr. 
U éirmiit «m des yeux de la statue de 




Brahma, dans un temple, près de Pondi« 
cbérjr, Ufi soldat de la Compagnie des 
Indes parvint \ le soustraire en se fusant 
Brahmane et en obtenant la garde du 
temple. Il le vendit 50,000 fr. dans les 
étaÛîf^inents anglais, «t rimpératrice d^ 
Rqssiôle r.ac|ieta pbis tard 13 millions, et 
accorda en outre, au veniikur, une pension 
viagère et das titres de noblesse. 

Le diamant de l'emtM'rânr d'Autriche 
pès^ 140 carats. 

Celui du grand dnc de Toscane pèse 
139 carats, il est d'une valeur de 2,608,335 

Le Sanûi^ qui appartient à la France» 
pèse 106 oarats, et ne coûta, dit-on, qu^ 
600,:000 inncs. 

Le Bigefnt^ le phis beau diamant qui 
existe, non pas à cause de sa grosseur, 
mais à canse de sa heUe eau et de sa forme 
heureuse, appartient aussi à la France ; il 
pèse 137 carats. Il fut apporté de Madras 
en 1717 par Pitt, le grand -père de lord 
Cibata«i,.qui i^ iiendil 2,500,000 fi-ancs à 
Philippe d'Orléans, régent du royaume 
pendant la minorité de Louis XY. Il est' 
taillé en brillants ; il a coûté au lapidaire 
deux années de travail. 

Tous ces diamants viennent des Indes. 

Le plus gros diamant est celui de la 
couronne de Portugal ; il vient du Brésil, 
et pèse 1730 carats; il vaudrait quelques 
centaines de millions et serait le plus beau 
du monde s'il ne contenait quelques dé- 
fauts. 

On n'emploie aujourd^ui que deux 
sortes de tailles : la taille en rose , 
pour les diamants trop peu épais , et la 
taille en brillant. Celle-ci est beaucoup 
plus estimée, parce que le diamant 
étant taillé sur tous ses côtés, et am- 
vant des facettes mieux disposées pour re- 
fléter la lumière, brille d'un plus grand 
éclat; aussi, tandis qu'un diamant en 
rose de 1 carat coûte 80 francs et quel- 
quefois 125, un brillant coâte 240 francs 
et quelquefois 288. 




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BIBLIOGRAPHIE. 




Le Mérite des Feumes, par Gabriel 
Legouvê, cinquarUiême idUien; un 
charmant volume in-32, prix : 65 cen- 
times; chez Gustave Sandre, éditeur 
de V Histoire morale des Femmes^ par 
M. Ernest Legouvé, rue Percée-Saint- 
André-des-Arts, n* 11. 

Le Mérite des Femmà vient d'atteindre 
sa cinquantième éditioD. La célébration 
d'une telle cinquantaine est un fait trop 
rare et trop glorieux pour vous, mesde- 
moiselles, pour que nous ne le constations 
pas ici. 

A répoque où ce livre parut, ce petit 



poCme, d'un honnête homme qui le dé- 
diait à sa femme, remua tous les coeurs; 
et chacun comprit et trouva dans ces vers 
la formule de ce qu'il sentait instinctive- 
ment lui-même. 

Par une idée heureuse, l'éditeur^ réu- 
nissant dans le même volume le père et le 
fils, a pris soin d^ajouter à cette cinquan- 
tième édition du MérUe des Femmes un 
fragment de V Histoire morak des Femme» 
et une délicieuse idylle de M. Ernest Le- 
gouvé, qui, vous le savez, mesdemoiselles, 
continue dignement la mission que lui a 
transmise soif père. 

Louis Ulbach. 



LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE 



THE ROSE. 

Tbe rose had been vash'd, just waih'd in a 

Which Mary to Anna convey 'd; [sbower 

The plentiful moisture encumber'd ibe flower 

And weigb'd down ils beau ti fui head. 

Tbe cup vas ail fill'd and tbe leaves were ali 

And it seemed to a fanciful view [wet; 

To veep for tbe buds it bad left with regret, 

On tbe flourisbing busb wbere it grew. 

I bastily seiz'd it, un fit as it waa 

For a nosegaj, so dripplng and drown'd, 

And swinging it rudely, too rudely, alaa I 

I snapp'd it ; it fell to tbe ground. 

And 8ucb, I exclaimed, it tbe pitilen part. 

Some act by ibe délicate mind ; 

Begardieu of wringing and breaklog a beart 

Abready to sorrow resign*d. 

Thii beautiful rose, bad I sbaken it lees, 

Migbt bave bloom*d witb its owner avbile 

And ihe tear that is wip'd with a litUe address, 

May be foilowcd perbaps by a smile. 



LA ROSE. 

Marie portait à Anna une rose qu'eUe venait 
de cueillir. Une averse subite inonda la fleur, 
imprégna sa tige d'une pesante bumidité, rem- 
plit son calice, mouilla ses pétales, et fit cour- 
ber sa belle tète; elle semblait en pleurant re- 
gretter les boutons qu'elle avait laissés sur 
l'arbuste où elle était née. Mal|(ré la perte de 
sa beauté, car elle ne devait jamais plus briUer 
dans un bouquet, je la saisis, et secouai rude- 
ment, trop rudement peut-être, ses feuilles 
ruisselantes encore de l'eau du ciel ; bêlas 1 je la 
brisai, elle tomba sur le sol. 

Tel est, m'écriai-je, l'effet produit sur une 
âme sensible par ceux qui ne craignent pas de 
froisser un cœur brisé par la douleur, mais 
résigné à souffrir. Cette belle rose, si je l'eusse 
traitée plus doucement, aurait pu.vivre quelques 
jours encore sous les yeux de Marie. Des pleurs 
essuyés par une main délicate peuvent quel- 
quefois être soivii d'un sourire* 

W^ EsTHUi LiaoT. 





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MTALIE NAWSHKINN. 





Michel Fedorowitz, czar de ttmtes les 
Rossies, régna 33 ans ; la fermeté de son 
administration, tempérée par sa bonté na- 
turelle, établit son pouvoir et maintint dans 
leur soumission les turbulents boyards, 
pendant que la paix et la tranquillité, si 
longtemps inconnues à ses peuples, leur 
faisait cbérir sa domiifation. Désirant 
une épouse qui ne lui fût point imposée 
par des raisons d'État, il fit proclamer dans 
les provinces de son empire, un édit qui 
enjoignait à tontes les jeunes et belles filles 
de se rendre à Moscou dant un délai de 
sept jours. Elles furent reçues au palais, 
où l'empereur les traita somptueuse- 
ment , présidant loi-même aux fêtes qu'il 
leur donnait Quelle que fût la manière un 
peu cavalière de faire arriver ainsi près de 
lui la femme qu'il se destinait, aucune ne 
manqua ou n'osa manquer à l'appel du 
souverain. Dès qu'il eut fixé son choix, il 
ne le laissa pas connaître et renvoya ho- 
norablement dahs leurs demeures respec- 
tives timtes ses belles sujettes; nuJs un 
cortège spécial accompagna celle qu'il avait 
choisie, et peu de jours après, le czar hii 
envoya annoncer son élévation, en lui fai- 
sant présent de la robe nuptiale portée 
par les impératrices. Au moment de l'ar- 
rivée des officiers du czar, l'histoire dit 
que la future souveraine était occupée à 
seconder son père dans les occupations de 
sa ferme. 

Alexis Micbdowitz fut le fruit de cette 
union. A l'exemf^e de son père, il choisit, 
à dix-sept ans, sa première épouse parmi 
ses sujettes. Devenu yeuf, dix années plus 
tard, il résolut de contracter une deuxième 
union toute différente de la première, et 
de ne plus associer à son sort une humble 
esdaye, obéissant servilement à sa moindre 



yolonté, et incapable de lui otErir, comme 
compagne, le charme d'un intérieur dont 
il sentait le besoin, au milieu des graves 
{H^occupations du gouvernement 

Aletis s'était proposé de se faire aimer 
d'une jeune et belle fille, mais pour lui- 
même, et sans lui faire connaître son haut 
rang. Élevé par le savant Maikoff, l'empe- 
reur était l'homme le plus instruit de son 
empire, et, sans oseir l'espérer, il souhaitait 
fort de rencontrer dans sa nouvelle épouse 
assez de lumières et d'éducation pour 
l'asBOcier quelquefois à ses pensées ou à 
ses projets. Il résolut de yisiter les classes 
moyennes de ses sujets, dans un cir- 
cuit |issez éloigné de Moscou pour n'être 
pas connu, laissant sa suite à distance, 
déguisée comme lui ; et, dépouillant toutes 
marques distinctives qui eussen^pu le tra- 
hir, il se donna tantôt pour un botaniste à 
la recherche de plantes médicinales; tantût 
pour un naturaliste curieux de visiter les 
mines de sel d'Astrakan; d'autres fois, pour 
un érudit à la recherche de manuscrits an* 
ciens ; mais souvent pour un négociant de 
Kasan, voyageant dans les intérêts de son 
commerce. 

Plusieurs mois s'étaient écoulés pendant 
ces pérégrinations, mais sans aucun suc- 
cès. Le prince commençait à désespérer 
de trouver la femme dont il avait peut-être 
rêvé l'existence, lorsque passantdansie voi- 
sinage de son ancien précepteur Maikoff, 
il songea à le visiter, quoiqu'il sût parfaite- 
ment que la famille de cet homme savant 
ne consistait qu'en son épouse et quatre 
fils au service. 

Tout en réfléchissant à l'objet de ses 
recherches, il suivait lentement les bords 
de la Moskowa, non loin de sa capitale, 
lorsqu'il aperçut Maikoff se dirigeant vers 







b^y^' 







S3SS»- 



lufe. Après avoir reçu les respects 

nme de sciesce : 

ilkoiï! lui dît le czar, ei ta n'as au- 

ranger daôs ta maisou, je dînerai 

i'Iiui chez toi. 

Ion gracieux EooTerain, répondit 

, je n'ai cbex hmï que ma femUe 

enbnt, précient dépôt qne m'a 
a Imi oxniraat. 

serai Ion bOtei mais voulant garder 
strict incognito, ne dis b personne, 
ne k ta femme, qui tn tas recBToir; 
e-moi oomme un négociant de 

du nom de Bmnow, et appliqne- 
fl traiter comme tel 
Nie votre Tolonlé aoit accomplie, 
igneur, je ferai oe qn'ii me sera poa- 
mr TOUS satisftiire. ■ 
;off précéda l'empereur pour annon- 
I feraOM qu'un hAle lenr arrivait : 
nie s'empressèrent k etcrcerenvers 
deroin de l'hospitalité. Le mar- 
Brtmow fut reçu par les deux épons 
«tfi l'urbanitâ moscovite de l'épo- 
ei deni Itommn se mirent k table, 
mt ser\'iB par une jeane fille qui 
scMoir les plats d'un viens serti- 
et, loas la direction de Uaihea, 

dte Haikoff, les plaçait devant les 
OBvhes. Celle jenne Glle était par- 
mi belle, elle portait des vêtements 
préa semblables k ceux de Hatbea . 
m de dciucenr dont on lui parlait is' 
t qu'elle avait rang dans la fkmilie. 
npcrenr la regardait avec surprise, 
rac un plaisir qu'il s'efforçait de dis- 

I cn;aiB que u pnpille était une «o- 
lalkoff i nuis cette enfant me paraît 
ne funnte. 

Sa n'a pas encore leiae ans, ré- 
Hadiea, qnoiqa'elle soit grande et 
Mon mari a cultivé dès renranc« la 
nl^igence qn'elle déployait. A«8U, 
d'hni, NalaUe parti^ lea études de 
iteor et l'aide daas Me recfaercbaa 




Le czar, en écornant son hfttease, 
Tiit des y«u1 (ooB les mouTemeots i 
jeune fille, il s'étonnait de lui voir remplir 
des attributions domesiiqnea ; il ne man- 
geait pas et paraissait révenr. 

Votre seigneurie manque d'appétit, 
oa ces meta ne savent pas ini plaire, dit 
WàkaB. 

— Le dloer est excellent, mon cher 
hOte , mais j'aimttajs k le voir partagé par 
voe dames ; cela me peine de lea voir de- 
boat. 

— Ne vous occupes pas de uons, sei- 
gnear,répoBditlabonneHathea;nons n'a- 
vons d'asueties ici que celles qui sont sur 
table i le vtHÛn Bombrowski a raariéaa fille, 
il nonsa emprunté tout ce qui lui manquait 
poOr le festin de noce ; nos domestiques 
sont allés aidA" les siens, et nous n'avona 
gardé qoe le vienx jardinier. Ainsi il fon- 
dra bien que voua excusiez ai^ourd'hui la 
pauvreté de notre réception... nons ferons 
mienx une aitre fois. 

— El si nons avions nos serviteurs, 
^onu Natalie, je n'aurais pas le {Saisir de 
vous servir. 

— Je vous garantis, reprit Mathea, que 
si elle avait k choisir entre an repas déJicat 
et la leanre d'nn vieox manuscrit moisi, 
mais qui contiendrait des documents his- 
toriques sur lesnd~est de KsMn, elle dé- 
vorerait des yeux le Tiuux larchenùn, et 
oublierait aisément le bon repas. ■ 

Natalie sourit avec affection k U bonne 
Hatbea, et continuait son service; maisle 
ciar se leva, et la prenant par bnurin, il la 
fit asBOur auprès de lui. 

Une jenne fille instruite était k cette 
époque an prodige; cependant, Ik ne se 
bornaient pas les prélcntionB de l'empereur 
rdatives aux qualités qu'il voulait rencon- 
trer dans sa femme. Il engagea la conver- 
sMion sur diflëreols snjeu, toujours s'a- 
dreasaat k Natalie, qui Un répondait avec 
une extr&ae modestie et avec une justesse 
dont le prises était encfaanté. Hais klalbea 
jngMM que l'entrotien se prolongeait trop 




-^ 



^^<, 

'^^ 





— 7 — 



togHitipi» rMnut Y9iâ% à^hi^tm fiUe, 
fêor de» soîA» di mrveiUuiee^ «l Umâm 
deux Citèrent b cbavitNre. 

« Cette aimable créature doit êtpB «s 
titeor pov toi» VUMit dttkpriofie. 

-^Oui, 8Nre>^'eil 1« chame d« «ta nt 
et VesjftQir de ms» vieux ave. 

-— Un j«iir tiendra iiieiittt* cependant» 
oik il te JiiQdfa la dotfiaer k qjidqoe boa 
mariy tandis que, jeune et docile, elle peut 
encore se piler au earadàre e( aux faabi- 
tadM de cet épi^ux. 

-^ Mon aeigneur, Katalie ne aéra Ji^ 
msis b triste eompagae de qnelque: rinkn 
wJUard qui Tépouseraît penr «e œ&iasv 
dans aes infirmUte le» aoins et le dévwe- 
menl de cette chère enfant ; vnia plutôt 
miUe foia la laisser ^ivre dans le célibat, 
que da la marier à un honune jeune, qui 
ne Fapjprécierait paa à sa baute Ysleur, et 
qui, a^^rte avoir été quelques senaaines 
épris de sa beauté, agitait ensuile avec 
elle comme avec uoe servante à ses gages ; 
aussi je prie Dieu qu'elle reste ûile. si 
elle n*eiit pas destinée à un mari qui re- 
connaisse son mérite^ 

— Je t*aiderai, Mallmft je t'aiderai 
dans les soins de lui trouver u» époux di* 
gne d'elle ; mais... je n'aimerais pas H loi 
trouver de l'aversion pour l'homiue de 
mon cboiXt ou de la pavUalilé pour un 
autres •• 

-.^ Je siiis certaiu que cette ettbnl n'a 
jamais porté sa pensée sur aucun bemne; 
elle connaît mtes idées^ les partage» et se- 
rait fermement décidée h refuser toute pto* 
position qui leur sérail contraivei comne 
1^ se retirer dans un oouveat quand ma 
femme et moi ne serons pbis, » 

li'enqiereur devint pensif. 

a Dana bnit jours je reviendrai, M aUmff s 
gficde toujours fidèlemenl moa secret ; je 
te donne ma parole impériale que je m!oc- 
cnperal du soin d'étahUr Naialie» » 

Alexis prit congé de sea botes» Deux 
jours après, il leur adressa un de seaoflih 
cjen de conâaiiee. noaunÀ DendtrL ou'il 




knr reeommaada comme u» jeune 
mecçattt, fib d'un de ses amb ôtaUi b A»» 
tracan. Dembri, après avoir remb sa letlie 
d'intraduetion, fut dès*c^ moment reçu et 
traité comme un membre de la âmitte. 
Malgré les avantagea de sou extérieur etles 
effortj» qu'il disait pour se rendre agréable 
kMatalie, il perdhii beaucoup dana la oom*^ 
paraisott qu'eUe faisab de lui avec Bruuow^ 
le négodaut de Kasan. Deoiitri avait reçu 
ses instructiei» du cmr, qui lui pronît 
que s'il parvenait à plaire à b pn^Uede 
Maikoff, il lui ferait obtMibr sa main airee 
une dot tiès-eonsidérable. Le monarque 
faisait malgré loi une épreuve dangereuse! 
mab de cette épreuve dépendait rqpiniou 
qu'il voulait se former du caractère de 
Natalie et de l'impresBion qu'elle pouvait 
afroir conservée de bii. 

Les soins et l'empressement que dé^ 
ployait le jeune homme ne faisaient aneui^ 
progrès auprès de la jeune fiUe. En valu 
il décrivait le luxe et les attentions dont 
il comblerait celle qui serait son épouse^ 
Natatte a'accueiUait ces tentations qu'a- 
vec une pafbite indifférence. Il résobir 
d'eu finir avec elle juar un iacte de bar- 
dlease qui devait nécessiter son consens 
temeateu marbge« 

Un jour, b trouvant seule, il fit apper^ 
ter un ballot de ricbes étoffes qu'il disait 
vouloir envoyer \ Sioscott, et, lui faisant 
âdsiirer une écbarpe, il dâieua lestement 
celle qu'eUe portait, et la rempleça. par 
celle qu'elle avait admbée. Cette action 
était trop hasardée, car,, passer une écbarpe 
au cou d'une jeuoe fitte, c'était une pr6<^ 
rogative qui n'appartenait c[u'à un fiancé» . 
Natalie, indignée,6e débarrassa vivemenide 
cette parure, b foula aux pieds> et sortb 
sans vouloir entendre les excuses ni les 
supplications de son maladroit admirateur» 
que Maikoff et sa femme se vbeet dans le 
nécessité de congédier. 

Pendant tout le lenp» que ce jauur 
homme bisait sa cour» le csar rendait d» 
fréquentes visitée k MaUteff» n^ljaut pear 





t^'S>^ 











.^'^^^ 




1 



_ 8 — 




Maladie qne des paroles de politesse. Le 
Jonr même, il Tint comme d'habitude; on 
lui raconta la mésaventure de son protégé 
dont il chercha vainement à obtenir le 
pardon. 

<x C'est une coutume de notre pays, dit- 
Q à la jeune fille ; tout homme a le droit de 
poser cet ornement sur la personne qu'il 
choisit pour sa fiancée, et le czar lui- 
même n'agirait pas autrement...» Avez- 
Yous jamais vu le czar, Natalie ? 

— Jamais, seigneur; mais tous les jours 
je prie Dieu de le bénir. 

•— Et qu'a-t-il fait pour mériter une si 
fervente prédilection? » . 

Natalie sourit en essuyant ses larmes; 
l'empereur répéta sa question. 

« Il a fait plus pour la Russie qu'aucun 
de ses prédécesseurs, car il a rendu le 
peuple plus éclairé, conséquemment plus 
heureux. 

— Et cependant vous ne lui permet- 
triez pas de jeter un écharpe sur votre 
joli cou? 

— Il est trop réellement le père de ses 
sujets pour exiger d'une pauvre fille le 
sacrifice de sa dignité. Ce n'est d'ailleurs 
le droit que d'un fiancé accepté. .. Mais 
assez sur ce sujet, seigneur, ajouta-t-elle 
trè:»-émue, il me tourmente et m'afflige. » 

Mathea, la voyant ainsi agitée, lui prit 
le bras et l'emmena dans sa chambre. 

L'empereur la suivit des yeux, puis il se 
leva, fit quelques pas, et s'adressant brus- 
quement à Malkoff : • 

« Il faut en finir, lui dit-il As-tu trouvé 
quelque prétendant digne de cette admi- 
rable lille 7 

— Non, sire, excepté le jeune négo- 
ciant qui vient d'être refusé. 

— Eh bien, j'ai été plus heureux, car 
j'en connais un qui recevra ta pupille 
comme un trésor inespéré. 

— Dieu et saint Nicholas vous récom- 
pensent, mon seigneur; ma pieuse recon- 
naissance est une pauvre oflirande... mais 
elle est ardente et sincère. 



— Pourquoi te tiendrais-je en suspens, 
mon bon Malkoff T l'époux que je destina 
à Natalie est moi-même... si elle veut être 
àmoL )» 

Malkoff» muet d'étonnement et de joie, 
tomba aux pieds de l'empereur. Alexis le 
releva avec bonté, l'engageant à se contenir; 
mais son vieux précepteur n'y consentit 
qu'en le suppliant de lui accorder une 
grâce. 

« Mon souverain seigneur, lut dit-il, ne 
décidez pas ainsi du sort de Natalie avant 
que, selon l'usage, les filles de votre em^ 
pire ne soient appelées dans votre pa- 
lais pour se soumettre au choix que vous 
avez le droit de faire parmi elles. Que je 
désire le bonheur et l'élévation de ma pu- 
pille, cela ne peut être douteux; mais il 
est de mon devohr d'engager mon empe- 
reur à examiner si, parmi les belles filles 
de ses vastes états, il n'en est pas une 
douée de plus de perfections que Natalie, 
et qui mérite mieux une si haute desti- 
née. 1» 

Le czar resta silencieux quelques mi- 
nutes, puis il répondit gravement : 

« Ce n'est pas par mon ordre, c'est par 
son Ubre consentement que je désire ob- 
tenir Natalie; je souhaite lui parler; mais 
avant que tu ne me l'amenés ici, je te pro- 
mets de satisfaire ton loyal désintéressement 
ensuivant ton conseil, celui d'assembler 
au Kremlin toutes les belles filles de la 
Moscovie. » 

Malkoff ayant amené Natalie , le pré- 
tendu négociant lui déclara son amour, et 
sollicita le don de sa main. La jeune fille 
baissa la tête, rougit, lui laissd prendre 
cette main qu'elle ne retira pas; puis, 
comme il la conjurait de lui répondre, del 
l'accepta pour époux avec une émotion si 
vive, qu'elle se hâta de la cacher dans le 
sein de son tuteur; et lorsqu'elle releva 
la tête, son sourire était si timide et si 
doux, que l'heureux Alexis en fot comblé 
de joie. 

Après les premières effusions, le fanx 





e/©^ 







nATAiiE KMasHiaira. 





9 






— — 



négociant s'adressaiit à sa jeune fiancée 
lui dit avec on léger tremblement : 

« J'ai appris aujourd'hui dans la vilk 
que toutes les belles filles de cet empire 
allaient être invitées, par une proclama* 
tion» à se rendre à la cour. J'ai accordé 
un mois à msr Natalie pour se préparer 
à changer de condition. Avant ce délai, *il 
se peut qu'elle se voie âevée au trône, et 
se croie dans l'obligation de rompre ses 
engagements. Je ne voudrais pas être un 
obstacle h sa haute fortune ; mais séparé 
d'elle, la vie ne serait plus pour moi qu'un 
pénible 6rdeau. 

— Je n'hésite pas à prévenir en vous 
tonte inquiétude à oe sujet, répondit la 
jeune fille ave(^ une naïve tendrene. L'em- 
pereur jetât-il les yeux sur moi, je lui di- 
rais que je ne suis pas libre. .. Jamais je de 
changerai. •• Cette main si pauvre est à vous, 
bien à vous... à vous seul... 

— Adieu, Natalie, ma Natalie pour tou- 
jours, dit le feux marchand. Une affaire 
pressante me rappelle à la ville, mais je 
reviendrai demain. » 

Avant de quitter Natalie, il lui passa 
au oon un coUier d'ambre auquel était 
suspendue un» iaiage dorée de saint Ni- 
chdas; il recouvrit le tout d'une écharpe 
qu'il noua lui-même, et dit en souriant : 

« C'est mon droit de fiancé, ma Natar 
lie. 9 

Puis, ayant pris congé d'elle, il la quitta 
précipitamment. 

Le lendemain matin, la proclamation du 
ciar fut publiée dans tous les quartiers de 
la ville impériale. Des messagers furent 
envoyés dans toutes les provinces pour 
convoquer les jeunes et belles «id^tes du 
ciar à lamatritnoniale revue du ^jfemlin, 
sept jours après cette galante sommation. 

Ce lendemain, le marchand de Kasan 
ne vint pas, malgré sa promesse; ni le 
jour d'ensuite, et la seuudne s'écoula sans 
qu'il parût ches Maikoff. 

On remarqua seulement que, contre sa 
coutume, Maikoff sortait souvent. 11 était 





presque tous les jours mandé an palais. 
Le czar sut de lui que Natalie, confiante 
en sa promesse, espérait chaque joiur sa 
visite; que. lorsque la bonne Mathea, m6» 
contente du retard ou de la négligence du 
négociant de Kasan, le blâmait, Natafie le 
défendait, faisant reposer sa sécurité sur 
l'honneur et la sainteté de la foi promise» 
auxquels son futur ne saurait manquer, bien 
convaincue qu'à son retour il expliquerait 
aisément le mystère de sa conduite. Mai- 
gré sa répugnance à paraître à la cour, 
comme le czar devait être obéi, et qu'il 
avait envoyé à Natalie la toilette de pré- 
sentation, comme à toutes les autres jeunes 
filles, il fallut bien qu'elle se disposât à 
comparaître. 

Le jour de cette cérémonie arrivé, 
Mathea mit tous ses soins à pner sa chère 
pupille. Natalie passa à son cou le col- 
lier d'ambre qui suspendait Timige de 
saint Nicholas, et s'enveloppa de l'écharpe ; 
ces dons, précieux pour elle, elle voulait les 
porter comme une protestation contre la 
démarche qui lui était imposée. 

Maikoff l'accompagna au Kremlin. L'a^ 
pect de la magnificence du palais impérid 
l'éblouit à lA point qu'elle se sentit étour- 
die et comme hors d'elle-même. Mais la 
foule de jeunes filles rassemblées dam la 
grande galerie la ra|^a au motif qui les 
amenait, et elle chercha â se placer sur le 
dernier rang, concentrant toutes ses pen- 
sées en une seule : la foi promise au mar« 
chand de Kasan. 

Le son éclatant des trompettes annonça 
l'approche deTemperetu*; toutes les jeunes 
filles, conformément à l'étiquette pres- 
crite, forent placées sur le premier rang; 
par ce mouvement, Natalie se trouva en 
vue, malgré elle; son tuteur se tint à 
son côté. Aussitêt les pmtières de la ga- 
lerie s'ouvrirent, et le czar s'avança dans 
tout l'éclat de la puissance souveraine, la 
couronne en tête; toute sa personne 
étincelait de pierreries. Suivi des boyards 
et des officiers de sa maison, il marchait 



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4«liltine«t, disant arec no 9ooiire quel* 
fpMflOMis aîiutbles, en |Mro«inMt le cerdê 
de cee jeones beaméH tandifl qne set re* 
ffxis cherchaient Mdtroment qnekpi'an 
M eiUîeo d'elles. Il aperçot NauKe et m 
dirifsa de son oôté. Coofose, eaihaiTassèe, 
la jeane fiUe tenait obstinément son regani 
Mssé, loHIine Makoff loi dit à l'oPeiUe : 

c Levei ks yevx« mon enfant; Totre 
isoBveriin Tient à tous, h 

Elle les le?a atec effort, et regarda 
l'imposante ligare de i'eospcrear qui se 
^ttteovak détint elle; mais reoonnaissint 
4atk finoé dans la pemosme dn pins pnis- 
eant panni les pm8Rint& .• ette mesnra d*nn 
•cenp d*enl rimmense distance qui la sépa*- 
rait de lui, et, saisie de douleur, elle tomba 
•jams mou?ement dans les bras de son tu- 
teur. Le cannr fit un signe, une porte s'en- 
Trit, et Natalie fut portée dans un cabinet 
^ù l'empereur s'était rendu par un autre 
^passage. 

« Ualkoff» dit-il à son Tieux précepteur, 
déposai sorte siège votre précieux fardeau, 
mais restes pour être témoin du serment 
que je Tais renouTeler. » En ce moment, 
Natalie revint à elle, fit un geste d'effroi 
^n Toyant le czar, et voulu s^éloigner. 

« He m'enlevez pas, efière Natalie, 
IHnnocente joie de votre présenœ, lui 
dit doucetnent le czar, et pardonnez- 
moi les épreuves auxquelles je tous ai 
eonmise ; je réparerai mes torts par le 
don de mon cmnr, de ma main, de mon 
trône et de toute ma Tie... Tos couleurs 
TCTiennent, ma bien-aimée... mais laissez 
l'air circuler librement autour de vous... 
votre Alexis peut-il prendre le droit de dé- 
tMNwr votre écharpe 7 

— C'était le droit dn fiancé aoquel jV 
vais donné ma foi, sire.,, je n'ai pas cêné 
de ennre en lui, car je le jugeais d'après 




mon cœur, et l*taifemr a aeutle droit de 
réclamer la promease faite «u marchand 
deKasan. 

•— Mon vieH ami, dit le caar à Malkoff, 
je retiiume dans la salle du trône; amsitôt 
qne Natalie sera entièrement remise, vous 
l'amènerez devant mm. » * 

Peu d'instants après, l'heureBse Nata* 
lie fut «ondoite au pied du trône... le 
Gur en descendit, et lui donnant la main» 
ii la })laça I ses côtés en la prodamaot ioh- 
fiéntrioe de toutes les Rnssies. 

MataKe Narisbkinn, femme d'AlmJa 
Michelowitz, fut mère de Pierre le GramL 
On sait qu'après la mort de «on époux 
elle se rendit, sekm Tusage, an mo- 
nastère de Bérézoff, où les iremes des em- 
pereurs étaient obligées de se retirer. Sor^ 
tie du «Mipe par te volonré de son flk, 
elle dt preuve d'une grande énenïie an 
milieu des sanglants événements d'me 
orageuse minorité. Ces troubles étaient 
excités par l'ambition de la princesse So- 
phie, aœnr de Pierre, mais dn prenrii^ 
lit Lors de la révolte des Strélitz, voyant 
massacrer presque sous ses yeni une par- 
tie de sa famille, que l'empereur avait rap^ 
pelée de l'exil et comblée d'honneurs, 
Naftalie Narishkinn diercha pour son fils 
un relÉge ao pied de l'image de saint Ni* 
ohohs, et loi faisant un rempart de son 
corps, elle inspira un tel respect attt 
meurtriers, qu'ils se ratirènent 'snsis 
d'épouvante. 

Pierre le Grand chérissait sa mère, et 
tant qu'elle vécut elke conserva. le pins 
grand ascendant snr ce caractère fon* 
gueux. Sa mort fut un deuil général dans 
l'empire,' où ses vertus l'avaient fait adorer. 

Tradmt de fangMs, 

Par M** LAUHÉ Psus. 















.j^^'â 



— U — 




A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON. 



PROVERBE EN DEUX ACTES. 




M ADàME DE CURSY. 
CLÉMENTINE DE GURST, <a filte. 
MADAME DE BRUKIU sœur de M»« de Cursy. 
MADAME BLONDEAU, vieille gouvernante. 
RAOUL DE BRUEIL. 
Un Laquais. 

ACTE PREMIER. 

La seèn$ $6 pasie, en 1788, dam %m hôtel de 

Parie. 

SCENE PREMIÈRE. 

M"' BLONDEAU, seufe, et s'adressafU d 

la cantonade. 

Affingez \t lustre. .. mcitleE l66 aiinutes 

autour des gradins de Torchestre Là, 

c'est bienl... Grâce au ciel, voilà nos pré- 
paratifs presque terminén... La fête sera 
Mhu*. Damel il faut tenter te efforts 
pour amuser une personne inamusaUe... 
Mais Ymd, je crois, madame de BrueiL 



M»« DE BRUEIL, M- BLONDEAU. 

M^ D£ BftUBa. BoBjoiir , aa chère 
BlMideav ; je «ois vraimettC liçoreuse de 
vo» ToiTt après uuu d'ataées 4'Alisettoe.. . 

M** BLONDEAU. Ges aooées s'ont pas 
es le iMOf oir de changer te toute de Ma- 
dame, ni mes feotiments pour elfe. 

tr* m BftUfiiL. Et ma siècel •* donc 
c*-€lle} h croyait la irtmrer daM ce 




M"* BLONDBAU. Madame. •• 

M BBQBii. Sib eM mea nfes mat- 
tMs. Vhd, jfà m ÈWÊ pttfidbée éa aoB 
abienat, ni de ^aHeéa ma «aar m da 



mon frère, qui me procurent rootasio» 
de causer avec tous, ma chère Bfendean. 

M*** BLONDEAU. Madame.. . 

M^ DE BiUEiL. Vous coDBaisaex nos 
projets, et ?ons savei que ma nièce doit 
devenir un jonr ma belie-fiUe, la fèane 
de mon dier Raoul Le vif iniérét que 
m'inspire cette euiint est donc bien na- 
tord : elle sera un jour tont rorneœent 
de noire aolkude... 

M"* BLONDEAU. Madame ne compte pa» 
revenir^ l^rjs? 

M"* DE BBUEIL. Noo, oia chèro BJon* 
deau, non certes ; depnis trop longtemps 
je goûte fe charme de la retraite et de la 
liberté, ponr consentir k reprendre les 
chaînes du monde^ Mon fils pense comme 
moi... Yens connaiase^ notre manière de 
vivre... Notre vieux château est une habi- 
tation aussi commode à Tintérieur que 
sombre et antique au dcdhors; nos jardins 
sont très-beaui, nous avone une bonne 
bibliothèque, quelques collections d'his* 
toiro natnrdle que mon fils augmente 
tone les jours; Raoul s'occupe de i'admi'- 
nistration de nos terres, et se délasse par 
l'étude et par la musique ; pour moi» ma 
tapisserie, mes livres, le soin de nos pau- 
vres, remplissent ma journée ; nous réo» 
nissons souvent qudqom vieux amis, «t la 
vk conle ainsi tout doncement. démen-* 
tîne y répandra l'agréaient de m jeunesse 
et de ses talents... Toute ma crainte, c'est 
qn'eUe ne se plaifie pas avec noua. . . Qu''en^ 
pensei-vona» ma bonne Bloodeau? 

M** BLONABAy • Yous jogerez mieux qne - 
moi, madame, les cll'potttions de made— 
maiseUe... Mais je l'entends... La voici {... 
(M">« Blondeau sort.) 



l 










.j^Oï^Cî 



lij- 



SCSBHE m. 

M»* DE BRUEfL, CLÉMENTINE, 

triê-parée. 

u^* DS BRUEIL. Bonjour y ma chère 
nièce. 

CLÉMENTINE. Ma tante... {Elh baise la 
mavn dé M** de Brv/tU.) 

M*"* DE BRUEIL. Yous ToUà bien parée, 
ma chère amitî. .. 

CLÉMENTINE. Moi I point da tout... je 
me lève à peine, et j*ai mis la première 
robe^enne... je suis coiCTéeàfaire horreur. 
{Elle se regarde à la glace,) 

M"** DE BEUBIL. YoUS TOUS loveS à 

peine! Mais tous Ôtes donc malade! 

CLÉMENTINE. {Elle bâUle.) Mais non... 
un peu de courbature... Je ne me lèTe 
gnère plus tôt... 

M"* DE BRUEIL. Et Tos études! 

CLÉMENTINE. Ùh I i'on douue des ca- 
chets aux maîtres et on les renToie... ils 
sont très-contents... Ce matin, j'ai fait 
donner des cachets à mon maître d'anglais 
et à ma maîtresse de harpe. . . Pour TiTre à 
la cour, il ne faut pas tant d'études... 

M""* DE BRUEIL. Et si TOUS étiez desti- 
née à TiTre à la campagne, comme moi, 
par exemple, comment feriez-vous! 

CLÉMENTINE. Oh I matante, j'y mour- 
rais d*ennui. 

M""* DE BRUEIL, à part. Et elle en ferait 
mourir les autres. . . Mon pauTre Raoul I 



-. 12 — 

M"** DE GURSY. Et elle danse I elle 
danse I Au dernier goûter de madame de 
Chartres, elle éclipsait toutes les jeunes 
personnes du bal... Elle s'habille d'un 
goût parfait, et certainement elle sera un 
jour une femme bien distinguée... 

M""' DE BBUEIL. Et l'instruction, les ta- 
lens! Je ne doute pas, ma sœur, que 
TOUS n'ayiez donné à ces points essentiels 
des soins tout particuliers! 

M"' DE CURSY. Elle a eu tous les maî- 
tres; mais TOUS saTez, ma chère amie, 
qu'une femme de la cour est assez mau- 
Tais juge en grammaire, histoire, arithmé- 
tique... Je ne désire pas, d'ailleurs, que 
ma fille soit une pédante, ni Raoul, non 
plus, je gage ?. . . Aureste, tous jugerez ma 
fille ce soir ; nous donnons une petite soi- 
rée dansante pour l'anniversaire de sa 
naissance. {Elle sonnej un laqtuxie paraît,) 
Lorrain, apportez la corbeille qui est dans 
mon cabinet... Yqus Terrez nos présents, 
ils sont délicieux. ( Le laquais rentre et 
dépose sur la table une corbeille couverte.) 
Mais Toici Clémentine. 




SCÈNE V. 

Les Mêmes, CLÉMENTINE, en toilette 

de bal. 



Les Mêmes, M»'' DE CURSY. 

M">*DE GURST. Ma chère sœur!... je 
craignais de tous trouTer seule, mais je le 
Tois, Clémentine m*a remplacée... Elle 
est à TOUS, elle est toute tôtre... {A voix 
basse.) Comment la trouTez-TÇUs... fran* 
chement! {Pendant ce couplet j Clémen- 
tine baise la main de sa mère et sort.) 

M"** DE BBUEIL, hésitant. Ma sœur 

c'est une personne agréaUe... sa figure 
est charmante..* 




M"* DE CURST. Yiens, ma chère enbnt, 
et regarde au fond de cette corbeille, Tois 
si ce qu'elle contient te platt. {Clémentine 
regarde négligemment^ en éparpillant sur 
la table : un écrin^ des fleurs^ des boU 
les, etc). Que dis-tu de cette parure! 
Nous r^TOns prise pour toi chez fiœmer, 
le joaillier de la cour!... 

CLÉMENTINE , noncholommenL Elle 
n*est pas mal Merci, maman. 

M** DE GURST. Tuaimesles boîtes? En 
Toid une qui me parait jolie, elle est en 
cristal de roche, aTec ton chiflre en 
rubis. 

CLÉMENTINE. Mou Dieul namM, je 
n'aime plus que les éTentails... Les bon- 
; bonmèree m'enaaiettl. 



... ^ \ 



OA 



<2â^ 









— 15 - 



.>^e3^ 



M"** DB GUBST. LeséTentaik!.. . en Yoici 
nn fort beau, en bois de sandal ; il vient 
des Indes.. . Tu vois, chère enfant, que je 
n*ai i>as oublié ce qui pouvait te plaire. 

M"** DE BRCEU., à demî-voix. Mais tous 
n'avez pas deviné, ma sœur, ce qui aurait 
pn l'amuser... Aucune de ces jolies baga- 
telles ne l'intéresse. 

M"^ DE GURSY. Le bal l'amusera, an 
moins... Clémentine, nous allons passer 
an salon ; tes jeunes amies vont arriver. 

CLÉUENTIME, vitemerU. J'espère au 
moins, maman, que vous n'avez pas in* 
vite Emilie? 

M"* DS CURST. Et pourquoi donc pasT 

CLÉMENTINE. Je la déteste, je ne puis 
la voir.. M. Si elle s'y trouve, je ne dan- 
serai certes pas... Une orgueilleuse, une 
pédante! 

M"^ DE GURSY. Je n'ai pu faire autre- 
ment que de l'inviter. Songe donc, obère 
enfant, que sa mère est^on amie intime. 
Je croyais que tu aimais Emilie. 

CLÉMENTINE. Elle m'est odieuse! elle 
vent m'édipeer... On me croyait bien 
loin, l'autre jour, pendantque le petit cbe- 
Talier de Yarville causait au jardin avec 
mes cousins, on parlait de nous : d'Emilie 
et de "noi, et cet insolent chevalier a osé 
dire qu'elle possédait toutes les qualités 
dont je n'avais que les prétentions. J'étais 
dans le bosquet... je les ai entendus. 

M""* DE CURST. Eh bien 1 tn ne danseras 
pas si tu veux ; m^s viens toujours.. . C'est 
l'anniversaire de ta naissance que nos amis 
viennent oéUbrer; il ne faut pas te refu- 
ser k leur empressement 

CLÉMENTINE, 86 iat^Mnt emmener. Je 
ne dirai mot k Emilie, c'est sûr. 

M** DE CURST. Ma chère sœur, vous 
veiez avec nous T 

W^ DB BRUEiL. Je VOUS SUIS à l'instaut. 

MÉne ▼!. 

M-* DE BRUEIL, $euU, 
Grand INetf 1... qnd caractèrel... En- 





vieuse, comme l'ignorance ; blasée sur tout, 
ennuyée de tout ; gâtée I. . . avec un excès. .. 
Destinée à passer sa vie dans une longue et 
futile enfance... quel sort subirait Raoul 
avec une telle coiupagnel... Il m'en coû- 
tera de rompre les doux projets formés 
entre ma sœur et moi ; mais le bonheur 
de mon fils est le premier de mes devoirs, 
et jamais, jamais ma nièce ne deviendra 
ma fille. 

M- BLONDEAU, accourarUy M"* DE 

BRUEIL. 

M"** BLONDEAU. Mon Dien! madame, 
voilà mademoiselle qui vient de faire une 
scène affreuse à cette bonne demoiselle 
Emilie. Tout est en rumeur h-dedans. 

M"' DE BRUEIL. Pauvro petite I que de 
malheur dans un tel caractère I... Allons, 
ma chère Blondeau... (Elles sortent.) 

ACTE II. 

Le théAtre représente la chambre d'une petite 
ferme de la Frise. Sur une table, quelques 
livres et un tabler de dessins, une harpe est 
posée près de la fenêtre. La scène se passe 
en 179tf . 

■GBIIE PSEBOÉRE. 

RAOUL, mU. 

Quelle douce hospitalité j'ai trouvée 
ici !. .. C'est toute la France d'autrefois , 
avec sa grâce, ses talents et sa politesse... 
Qui s'y serait attendu, au fond de la Hol- 
lande? Mes hôtes ont beau vouloir se ca- 
cher, je ne puis douter qu'ils n'appartien* 
nent à une classe élevée, et que, %omme 
tant d'autres pauvres émigrés, ils ;^*^i«.f 
trouvé dans leur industrie une noble res- 
sourcé. ?*"» tcnreux, j'ai conservé, grâce 
à la prudence de ma mère^ ma patrie et 
ma fortune ; le vieux château de mes pères 
est encore debout .. Je serais heureux, en 
vérité, de rendre à mes hôtes de cette nuit 
b cordiale hospiulité que j'ai reçue en 
leur maison. Cette jeune fille surtout 







te 



ï 





\l\p^^^ 







— 14 — 




ctidrinante.. . Qudâ soins pour sa mère ! 
de quels égards elle entoore sou pèrel 
quelle déiï'rence ttême pour cette tieille 
fille, seryaote autrefois, compagne aujour- 
d'huiy et qui rend au malheur de ses maî- 
tres plus de respects peut-être qu'elle n'en 
portait à leur prospérité I Lucie comprend 
cela. .. je l'ai vu.. . Tout me platt en elle* 
jusqu'à son nom, qui est aussi le nom de 
ma mère. Mx mèrel abl si je pouTais lui 
ramener une pareille fille... Mais quel 
rêve!... J'entends du bruit... voici cette 
bonne servante. 

SGÉIIE II. 

M"« BLONDEAU, RAOUL. 

Madame Blondeau, madame de Cursy, Clémen- 
tine, portent le costume des paysannes hollan- 
daises : ju(;e de laine rouge, jaquette de drap 
Doir, coiffure de dentelle, retenue sur les 
tempes par du plaque» d'or. 



RAOUL. J'aurais voulu, madame, avant 
de partir, offrir mes vifs remercîments au 
maître et à la mîiiiressc de la maison, pour 
l'excellent accueil que j'ai trouvé chez 
eux. 

M""* BLONOËAU. Rien ne vous presse, 
monsieur. Mon mattre est allé inspecter 
les faneurs, et mademoiselle e<:t auprès de 
sa mèrts qui n'a pas encore quitté sa 
chamb: c, car elle souffre beaucoup. 

RAOUL. Elle regrette peut-être... 

M"''' BLONDEAU. Qui ûe regrotte pas en 
tse monde, monsieur? Mais souffrez que je 
TOUS qnitte; je VMs porter du bouillon et 
de la tisane à un pauvre homiBe que ma- 
demoiselle Lucie secourt «atani qu'elle te 
peut. 

RAOUL. Votre jeune maltresse est ut 
ange!... Tourquoi faut-il gne 4^ malheurs 
immérités... 

M*"* BLONDEAU. Le malhcur est un 
grand maître, monsieur, et mademoiselle 
Lucie^ moins qu'une auJlre, doit s'e^ 

plaindre Hais pardon» monsieur, j[e 

vous laisse. 




flcàiiBin. 

RAOUL, ieul. 

J*ai été bien indiscret, et elle bien ré- 
servée... Mes hôtes m'intéressent à un 
point... Tout en eux décèle leur mal- 
heur... Ces livres... {Il les par€(mrt.)BoS'' 
suet, les Éludes de la Natare, la Fontaine, 
Souvenirs de la Patrie... Ces dessins... [Il 
les parcourt.) Une vue de Versailles et 
une autre prise en Hollande; toutes deux 
signées du seul nom de Lucie... Cette 
harpe... gracieux emblème I... elle est 
mêlée aux instruments de la vie agricole, et, 
comme celle qui la possède, destinée aux 
palais, elle est cachée dans un désert. {Il 
s'approche de la fenêtre.) Voilà Lude; 
elle inspecte sa basse-cour, elle se dirige 
vers cette chambre... Je m*éloigne... je ne 
la reverrai qa*en présence de ses parents* 
(// sort par une porte à gauche; Clémentine 
entre de Cautre côté ; elle porte du grain 
dans son tablier, relevé,) 

MBNB 1¥. 

CLÉMENTINE, seule. 

Neuf heures ! papa va revenir et ma- 
man va se lever. Préparons le déjeuner 
à noire tour I Les pouîets ont mangé les 
premiers... A tout seigneur tout hon- 
neur !.. . Dame ! lorsqu'on est fermière I. .. 
{Elle va et vient avec activité.) Voilà le 
chocolat de maman, voici le lait pour papa, 
Blondeau et moi... Tout est en ordre... 
Ah ! j'oubliais un couvert pour l'étranger. 

SOÉRB V. 
CLÉMENTINE, M- BLONDEAU» 

CLÉMENTH9E. Ab < Blou^eau. Eh hieAl 
dbèfe bowe» et I^ v»m Jjw, cQnuaent le 
trouves- tu? 

]a"* BLONDEAU. Vjfsni^ ^^a^cwoiselle, 
il n*a plus de Gèvre. 

CLÉMEEfTiN^. Qm Itttti en soit béni 1 
Cela me fait un plaisir f... Vois, Blondeau, 
tout est-il à 'sa phceT. .. k couTert est-il 
bieamiat 














.<5îC^ 





M"* it.ONWéO. ▲ merf i ifc . àb 1 ma- 
demoiselle, ¥Wft M ViMS doMâMi g«èi«, à 
tai>hb ^ib'ba jour vow atiiez n» vous- 
même le couvert, daii4 te «aUe 4'iiae 
iénne4«»« Pittwe eoCMitt qMlh éi^Mive ! 

CLÉMENTINE. Ma «Ml» liowie, frandie- 
«•aly A «t o'élaît à cawe 4e fwpa, qui 
doit travailler, de maman, qui souffre et 
«gvette te FraoMi je héwrais de bon 
cœur <sl te i^folotîoB et rémigratiea, qui 
nV>at bk eonnattre trois cbasee*,» à siveir : 
4fte j'aiiete «ne âme jpoiir «Éier, des iwaB 
your UvHuUer et des jambes four mt* 
cher. 

V*»* BLONDEAU. Il est certain qu'à Paris 
et à Yers^Biilles tous courez risque de Ti- 
gnorer tMjevrF»... La «éœsik^ mûrit 

cxÉMENTiNE. Je suis heureuse, mainte- 
nant, mille fois plus qu'autrefois, et rien 
ne me manquerait si mes parents étaient 
heureux aussi. Tout me plaît, tout m'a- 
muse : mes poutes , mo4 ei|;tàfle, mes Q* 
vreSy ma harpe, mes crayons.. . tant négli- 
gés autrefois I 

M"* BLONDEAU. Je le cTois bien , vous 
n*étes pas blasée sur ces vrais plaisirs, par 
ceux qui n'en sont que l'ombre. 

CLÉMENTINE. Je voudrais que papa fût 
tranquille et satûfait. 

M'"* BLONDEAU. Monsieur est dbltgé ii 
de grandes précautions, car si on se dbto- 
tait que le pauvre fermier de la Frise était 
un grand seigneur à la cour êê fiaiioe, 
on ne le laisserait pas en paix sur ce petit 
domaine. 

CLÉMENTINE, atecinquiétvde. Mais per- 
sonne ne s'en doute, n'est-ce pas? on le 
croit simplemeot M. Forêt, un pauvre 
émigré, sans nom^ sans fortune, qui a fui 
te France à cause des horreurs qui s'y 
commettaient, et qui a erapler^ ses pe-^' 
tites économies à monter cette métairie? 

M""* BLONDEAU. Tout le monde le pense 
ainsi, et comme monsieur parle conr^in** 
ment le hollandais et qu'il oo/i^iaU bie« 
l'agriculture, on n'est pas près de deviner 
son secret Notre hôte m'a fait beaucojup 



de questions dé(oiirtaée&.. fl est curieux» 
ce jetaè bemÉM. 

GLÉMENTINE. Cest bOHti 4e CUbUT, 

Blondeau. 

M""' -BLONDEAU. Sbît t ïûsk je vouA^ais 
te voir {KUPti» 

<2L^iiENTiBi& Tiens, As v«llà, il diifllè 
te brM à ma mètt.^, il est polL.. 

a""* isjORDeail Ovmme an vrai FMi^ 
fais» 

M"* DÉ CtJRSY, RAÔÛt, CLÉMEN- 
TINE, BLÔNbEAÙ. 

M"** DE CDBfir. Chère «nftftt, raowvcie 
monsieur qui vieot de m'offirîf «rèHifatt^ 
geamment son to» l^oar Iraveraer là 
basseconr. {Avec un soupir,) On voit 
bien, monsieur, que vous venez du pays 
de la courtoisie... heureux êtes-vousd'y 
retourner ! 

iAOtJt. Que me puls-Je, madame, en 
rouvrir les portes à tous mes compatriotes 
malheureux ! mais l'heure me presse. ( Il 
tire sa montre, ) Souffrez que je vous 
prie d'agréer mes remercîments et mes 
adieux... Jamais^ madame, je n'oublierai 
ce que j'ai trouvé ici. {Pendant qu'il 
parle^ le cachet de sa montre est tombée 
madame de Cursy le ramasse négligem-^ 
mmt et yjéde un regard. ) 

M"" DE CURSY, se Uvant avec mvaciti. 
Au nom du ciel, qui étes-vuus? monsieur, 
quel est veUrenom,? qoeHes sotlt ces armes ! 

BAOUL. Ces armes?. •• ce sont les mien- 
nes. Mon nom 7... Raoul de Brueil. 

M*"' DE CURSY. Raoul I... mouneveu!... 
est-ce possible ? 

RAOUL. De grâce, madame^ expliquez- 
vous? 

M** M CURSY. Mon pauvre enfant, en- 
8€fTeii au fond de voire province, éloigné de 
nous depuis votre enfance, vous ne nous 
GounaissieB'paâ..* Je sbis la sœur de votre 
mère» et voictma fille. . . Yoioi des lettres. . . 
Yoici le portrait de ma sœur, que j'ai 
sauvé de noue naufrage. 











M.-, c- 













— 16 — 



bâool. Eh quoi I Lnde serait.. 

CLÉMENTINE. J'aTais pris, en émigraiit, 
ce nom de Lade, qoi m'était dier, à cause 
de ma tante. 

RAOUL. Oh I ma chère cousine I et moi 
qui TOUS cherchais dans tout le Nord 
pour vous ramener en France* car vous 
êtes libres, tous êtes rayés de la liste des 
émigrés, et ma mère vous attend à bras 
ouverts 1... Bénie soit la Providence qoi 
nous a révélés Tun à l'autre 1 

CLÉMENTINE. Nous retoornous OU Fran- 
ce I chère maman, que mon père sera 
heureux! 

RAOUL. Ma tante, me permettrez-vous 
de reprendre ces projets auxquels autre- 
fois vous aviez consenti? 




M*** BE CURST. Franchement, je croyais 
que ma sorar y avait renoncé. 

RAOUL. AhE c'est qu'elle ne connaissait 
pas ma cousine I 

CLÊMENTiNB. Hamau, vdlk mon père, 
allons II sa rencontre. 

M"* DE GUR8T. Allons lui présenter son 
neveu. 

RAOUL. Son fils, n'est-ce pas?... nous 
ne formons plus qu'une jenle famille. 

M"^ BLORDEAU, à part. Grftces I ces 
heureux malheurs, qui ont donné à Clé* 
mentine raison, talents et bonté; il est 
vrai de dire : 

A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON. 
M"* EVELINE RiRBIGOURT. 



LE MASSACRE DES INNOCENTS. 



«• 




Aux murs de la ville sacrée 
Le sang jaillit en longs ruisseaux ; 
Le glaive au loin parcourt Sion désespérée. 
Et se plonge au fond des berceaux* 

Pour saluer l'enfant au monde entier propice^ 
Des enbnts à la vie ont fait un long adieu ; 

Et ce lugubre sacrifice 

Précède le trépas d'un Dieu. 

Martyrs insouciants et calmes, 
N'ayant rempli du moins qu'un facile devoir, 
Ils viendront dans le ciel jouer avec des ptloM 

Qu'ils cueillirent sans le savw. 

Mais loin du sinistre poignard, 
Et pendant que4a mort va planant sur la ville, 
Au fond d'un solitaire asile 
Qu'ai-je vu trembler à l'écartT 



\ 








1 







.>^^ 





^ 17 ~ 

Deai Ammes ont pirn : Tone immobile et pâle» 
Et nns pleon et nus Yoix. Fardeau crod et doux» 

Son fib, dépooiUe sépulcrale. 

Repose, mort, sur ses genoux. 

n n*est plus, si j*en crois cette large blessure ; 
Il n'est plus, ou du moins il ne saurait tarder. 
Elle, de son malheur craint pourtant d*étre sûre 
£t n'ose pas le regarder. 

Mais l'autre peut trembler encore : 
Sans cesse l'eCDroi ?eiDe en ses traits conyolsifs. 

Et de la bouche qu'elle adore 
EBe éteint par pitié les murmures plaintifs. 

« Pardonne-moi ma prévoyance. 
Toi qui ne peux préfoir ton sort : 
Silence 1 a-t-elle dît, ô mon enfant, silence I 
Tes cris feraient venir la mort I 

Yainement, quand le glaiTe à tes yeux Tiendrait luire. 
Confiant ou timide à l'aspect du trépas, 

Tu voudrais pleurer ou sourire ; 
Ton souris ni tes pleurs ne te défendraient pas. 

Que dis-je ! destinée étrange ! 
Tes attraits même» hélas I causeraient ton malheur : 
Te voyant la beauté d'un ange. 
Ils te prendraient pour le Sauveur. 

Ah 1 si le despote honjicide 
Par qai Jérusalem se débat dans les fers, 
Crut voir dans un enfant timide 
Le monarque de l'univers; 

Que n*a-t-il, prévoyant tant de larmes amères, 
Hâté ce jour infortuné, 
Et déchiré le sein des mères, 
Avant qu'un fils leur fût né 1 

Témoin des pleurs dont je m'abreuve. 
Dieu I prends pitié de moi I prends pitié de mes joivs ! 
Prends pitié de mon fils I prête<-lui les secours 
Qu'obtint de toi Moïse errant sur le grand fleuve. 
MXHmmftin aiuiéi, 4* siÉan — N * I. 





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-. 18 — 

Je sais bien qQ6 aot jonn OBt fais effaeii> 
Ad delà da cercutii an jow plu Imm 
Mais ta mère, ô mon fils I ne t'aime pas 
Pour consentir à ton abMOce. » 

Et i*enfant s'indignait de ne pouvoir crier { 

Et la mère éperdue et dévorant sas lanne% 

De loin, croyait oubr le cliquetis des ariD€s« 

Et le bmit d'un pas meurtrier.. «•• 




Charles Froment. 



MELANGES. 



DÉCOUVERTE DES MINES D'OR DE LA CALIFORNIE. 





Suivant toute apparence, les Indiens de 
la Californie connaissaient depuis long- 
temps la présence du ^ablt brillant (ils 
appellent ainsi la poudre d'or) sur la «ur- 
fiice et dans l'intérieur des sables, et sous 
les courants d'eau, usais sans avoir la 
moindre idée de sa valeur, bien que pour- 
tant ils recherchent avec une avidité 
remarquable toutes les pièces de monnaie, 
mais surtout les pièces d'or. On a appris 
d'eux qu'il était ordinaire^ autrefois, de 
trouver des lingots de ce méial, dont quel- 
ques-uns de la grosseur de la léte d'un 
homme, répandus çà et là; mais qu'ils 
avaient tous disparu mystérieusement de- 
puis l'arrivée du capitaine Sutter. 

Ce capitaine Sutter est un homme remar- 
quable, et sans doute à présent le plus ri- 
che personnage du monde. Suissed'orjgîne, 
ex-officier dans la garde de Charles X, il 
vint, après la révolution de 1830, de- 
meurer à Baltimore, puis à Philadelphie, et 
dans d'autres parties des États-Unis, où il 
mena une existence très-précaire. Enfin, 
dégoûté du monde civilisé, il tint se 
blottir dans les déserts de la Californie ; là 
en labourant la terre pour nourrir sa fâ*- 
mille, il découvrit une mine de awrcure, 
la troiotme du monde. Il garda précien- 



sement son secret jusqu'à ce ipi'il eût ob- 
tenu du gouvernement mexicain une con- 
cession de quarante mille acres de terre, 
s'assonnt ainsi cette miaa de ricbes8e« 
productive d'un énorme revenu qui s'ac- 
croît tous les jours. Il a maintenant plus 
de cent Indiens travaillant à l'exploitation, 
et plus du double de ce nombre, tous ar- 
més jusqu*aux dents, pour prot^er sa 
propriété. Bien qu'il eût pendant des an- 
nées recueilli de l'or en lingots et en pou* 
dre, il fut assez heureux pour cacher la 
source de ses richesses. Lorsqn'enfin on 
eut découvert la contrée aurifère, il cher- 
cha à discréditer cette nouvelle en faisant 
publier dans les journaux qu'il y avait 
beaucoup plus à gagner en Californie à 
tenir une ferme qtt*à creuser pour avoir 
de l'or, et qu'il attachait beaucoup plus de 
prix à son champ de choux qu'à toutes 
les mines du pays. 

II y a trois récits divers et à peu près 
égriement acerédHés sur les circonstances 
immédiates qui auraient amené la décou- 
verte de ce secret. Suivant le premier, un 
nommé Grimer aurait voulu, le ïhhb étant 
rare, faire «ne AnstmctieA àfec des pier- 
ra; l'mied'eDes «ynnintiiré Mo attention, 
il k soomità ranalTM, «t ditconvrit qu*eUe 



E)€>!»^ 



f. 




'^•«^S 





Cr^ _ 







~ 19 — 



pe . ■ I 



RUfemak 0et»t oooeB d'or pur; il firt m- 
tnreKemeiit engagé à ehercher de non*- 
▼<«!i, et les minei fareat décoafertes. Le 
secoHd rédt est celui-ci ; Un voyagear 
travenaat un raîMeati wat on arbre jeté 
en traters, en guîse de pont, tomlM dans 
Peau, et en sortit convert de aable et de 
booe. n'ayant ni le tempe ni les moyena 
de faire sécher et de nettoyer ses effets, il 
les mit dans son sac ; qfoand il l*Mivrit, à 
son arrifée à San-Francisco, il tit ses tô* 
tements couverts de partieales briilanles 
qa'il conserva et reconnut enseite pottr 
être de l'or, ce qui ciHiséqnemnient prou- 
vait la présence de ce métal dans les ri- 
vières de la Californie. Toici le troisième 
récit, et peut-être le plus probaUe. 
MM. Howland et Aipinwril, de New- 
York, correspondants do capitsine Sotier, 
étonnés des remises qu*ii leur faisait en 
Kngols bruts, voulurent pénétrer ce mys- 
tdre. Ils envoyèrent un Jeune homme, 
nommé Dimond, fils du fameux oonstrnc^ 
teur de navires de ce nom, pour explorer 
le pays. Le résultat de Texpédition fut que 
M. Dimond découvrit, il y a environ deux 
ans, le secret du capitaine Sutter, et 
étonna le monde par la promulgation de 
cette nouvelle. 

La richesse et Tavenir des districts où 
se trouvent les mines «nt imprimé une 
inmiense impulsion I la proi^iérité des 
vilks, qui, au commencement de Thiver, 
se déveJoppaient avec une activité extraor- 
dinaire. Le déluge qui a englouti la ville 
de Sacramento et menacé tout le district 
d'une ruine complète, semble n'avoir eu 
que peu dlnfloence sur la valeur des pro-^ 
priétés. Les constructions se continuent à 
des prix fnrt élevés, et il y aeo ^ moment 
des contrats passés pour plus d'un million 
de dollars. 

A San-Francisco, on voit s'élever sept* 
dément les rues les unes après les autres, 
et le dernier incendie ayant démontré l'a- 
vantage de la brique pour les construc- 
tions, la ville commence à prendre une . 




apparence [rins substantif, La célérité 
qu'on met dans les trar^^aux de toute sorte 
est telte^ qu'il doit nécessairement y a#ir 
sous peu un temps d'arrêt pour la bâtisse, 
an moins pour ce qui est de la ville, où il 
ne restera bientôt plus rien à faire. 

San- Francisco compte maintenant huit 
églises, quelques écoles publiques, une 
société des amis des étrangers, une société 
religieuse, etc. Le prix du terrain, en de- 
hors de la valeur fictive à laquelle il est 
arrivé, peut être estimé par ce fait, que le 
gouvernement paye pour le loyer du bu- 
reau de la douane, quatre-vingt-dix-huit 
mille dollars, prè^ de cinq cent mille 
francsL 

Les crimes sont fort rareset sans gravité, 
toute quereUe est promptement apaisée. Il 
n*y a pas jusqu'aux accessoires de la civi- 
lisation la plus avancée qui ne soient en 
voie rapide de progression . On vient de for* 
merune compagnie oiaritimecalifornienne, 
au ca|Htal de un milieu de dollars, dont 
c&nq cent mille ont déjà été souscrits par 
les villes de San-Franci>co et de Sacra- 
mento ; le commerce avec tous les ports de 
la mer Pacifique promet de donner les 
plus beaux résultats. 

Suivant toute apparence, la bouille fi- 
gurera bientôt parmi les productions in- 
digènes de ce pays. Les couches de bitume 
récemment découvertes sur le rivage 
donnent tout espoir que les recherches 
ordonnées i ce sujet prouveront l'exis- 
tence de dépôts carbonifères. 

On conçoit facilement que, dans un pays 
semblable, toute autre chose que le com- 
merce ait, jusqu'à présent, peu de chances 
pour fixer l'attention. L'arrivée des émi- 
grants et des navires, la vente des mar- 
cbandisesenconsigaation,lesdépôts dépen- 
dre d'or qui se font journellement, les nou- 
velles arrivées des placers, et les émotions 
multipliées d'une existence dans nn pays 
tout neuf et grandissant pour ainsi dire à 
vue d'œil, tout cela suffit pour occuper 
l'esprit et le rendre peu soucieux des di- 



t 




^fi^ 








— 20 — 



.>i^ï^3 



TertihsemenU d'aoe fie comparativemeiit 
plus oisive. D'après les dernières nouvelles, 
BÊti, le célèbre pianiste, annonçait nn 
concert à San-Francisco; mais les canses 
mentionnées pins haut, jointes à la rareté 
des dames, deyaient naturellement nuire 
au succès de toute entreprise de cette 
sorte, jusqu'à ce que la fièvre se fût un 
peu calmée, et que les transactions eus- 
sent repris un cours moins galvanique. 

Indépendamment des métaux précieux, 
la Californie possède des ressources inté- 
rieures qu'on trouverait difficilement autre 
part. Ce pays a quatre à cinq cents milles 
de côtes maritimes; la partie septentrio- 
nale est couverte de forêts magnifiques; 
les cours d'eau sont remplis de poissons, 
les plaines de milliers de troupeaux, et le 
sol riche et fertile rapporte de soixante-dix 
à quatre-vingts pour cent. Le climat est un 
des plus beaux du monde, et les maladies 
endémiques ou épidémiques y sont pres- 
que inconnues. Les vignes sont très-pro- 
ductives, et une population nombreuse et 
qui augmente tous les jours est prête à 
consommer les denrées que fourniront le 
commerce, le travail et les capitaux. 

L'agriculture, conduite principalement 
sous la direction des catholiques mexicains, 
est peu perfectionnée; mais un Anglais 
vient de faire une expédition qui amènera 
probablement une révolution dans tout le 
système. Sur un grand navire, équipé à 
ses ffais, H a embarqué une centaine de 



travaiUeors d'élite et tous les instruments 
nécessaires. Il a obtenu une grande con- 
cession de terrain qu'il se propose de cul- 
tiver en blé pour les marchés de la Cali- 
fornie. Il s'est pourvu en outre d'an»areils 
pour brasser la bière, faire du vin et dis- 
tiller les esprits ; il emmène avec lui des 
gens versés dans la fabrication de ces di- 
vers produits, entre autres un vigneron du 
continent. Ces préparatifs ont^été faits sur 
une grande échelle, et Ton ne saurait dou- 
ter que les expériences ne soient couron- 
nées de succès. 

On a singulièrement exagéré le récit 
des misères endurées en Californie. Sans 
doute qu'un individu qui va s'aventurer 
dans des plaines où l'on ne trouve que de 
Tor, et qui est obligé de coucher en plein 
air, de rester toute la journée enfoncé 
dans l'eau et la boue jusqu^à la ceinture» 
et de se livrer à un travail manuel auquel 
il n'a pas été accoutumé, cet homme, di- 
sons-nous, devra se trouver très-misé- 
rable. Mais dans un pays nouveau, si le 
travail est plus rude, il est moins pro- 
longé, et le succès manque rarement de 
récompenser les gens déterminés, entre- 
prenants et persévérants. Néanmoins, 
ceux qui, craignant le travail, projette- 
raient un voyage en Californie, en Aus- 
tralie, au Natal, ou au Texas, feront mieux 
de changer d'idée, et de rester chez eux. 

(Traduit de Vanglaù,) 

SÊYBRIN* 




ÉNIGME HISTORIQUE, N« L 
D Quelle est la femme qui fut tout à | la ibis impératrice, religieuse et mariée? 




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•/09C&2 





— 21 — 



SOINS HYGIÉNIQUES DE LA BOUCHE. 




Les dents prifées de soins journaliers 
ne tardent pas à s'entourer de tartre. On 
donne le nom de tartre à une substance 
qui, d'abord liquide, se dépose sur la cou- 
ronne des dents, s'épaissit peu à peu, 
prend la consistance d'une pâte ou limon, 
et acquiert en peu de temps la dureté de 
la pierre. Le tartre s'attache à la couronne 
de la dent, étreint le collet, s'insinue dans 
l'alvéole, s'étendant quelquefois le long 
de la racine, et les dents, qui ne sont plus 
retenues que par l'adhérence des genci- 
yes, ne tardent pas à chanceler, puis à 
tomber. 

On peut prévenir l'accumulation du 
tartre sur les dents, et toutes les altéra- 
tioDs qui en sont la conséquence, par le 
moyen d'une brosse et d'un bon denti- 
frice. Il est préférable de choisir le matiu 
pour cette opération, parce qu'il se dépose 
sur les dents, pendant le sommeil, une 
substance limoneuse qui nuit à leur éclat 
et à leur conservation. 

La brosse ne doit être ni dure ni 
molle, et doit être arrondie du bout, afin 
de pouvoir glisser entre la joue et les 
dents, et pénétrer jusqu'à l'extrémité de 
l'arcade dentaire. 

Les personnes dont les dents sont 
ébranlées, ou dont les gencives sont ma- 
lades, emploieront une brosse très-douce 
ou une éponge fixée sur le manche d'une 
brosse. 

Ce serait déjà une excellente chose de 
se servir tout simplement d'une brosse et 
d'eau pure, mais on peut mieux iaire en 
se servant d'une de ces préparations nom- 
mées dentifrices. 

Il y en a de trois sortes : les dentifrices 
liquides, les poudres, les opiats. 

C'est aux dentifrices liquides que l'on 
doit accorder la préférence. Il faut se dé- 
fier de ceux qui blanchissent très-vite les 



dents ; on doit choisir cdui qui nettoie^ et 
non celm qui blanchit. 

Cependant, bien que l'usage de la pou- 
dre ait des inconvénients, on peut s'en 
servir une on deux fois par semaine lors- 
que le dentifrice liquide ne suffit pas à dé- 
barrasser facilement les dents du limon 
qui s'attadie à leur surface. La poudre de 
charbon est un bon dentifrice, mais elle a 
l'inconvénient de laisser im liséré noir 
sous le bord libre des gencives, et de rayer 
les dents. 

La poudre de quinquina exerce une ac- 
tion tonique sur les gencives ; elle jouit, 
ainsi que le charbon, de la précieuse pré- 
rogative de purifier la bouche, mais seule 
elle est insuffisante, et doit être associée à 
d'autr«;s substances. Dans le mélange que 
l'on fait avec les poudres, on fait entrer 
de la crème de tartre; c'est un acide, et 
c'est un inconvénient 

Quelques personnes font usage de mie 
de pain réduite en charbon préparé par 
les pharmaciens- chimûîtes, et se trouvent 
bien de son usage. 

Quant aux opiats, ils ont rinconvénîent 
des poudres, c'est-à -dire l'introduction de 
la crème de tartre, et la matière colorante 
que l'on y ajoute produit, sur l'émail des 
dents, une teinte qui n'est pas agréable. 

Après avoir fait choix d'un bon denti- 
frice liquide, on en versera trente à qua- 
rante gouttes dans un verre d'eau tiède, 
on agitera l'eau avec la brosse, que l'on 
fera passer à plusieurs reprises sur les 
dents, puis de haut en bas, de bas en 
haut, et en dedans, surtout , devant, à la 
mâchoire inférieure où séjourne la salive. 
On peut, pour cet usage, se servir d'une 
brosse dont l'une des extrémités est ren- 
versée. 

Quel que soit le soin que l'on apportet 
au nettoyage des dents, on ne parvien 














f.-v.et^ 



— 9S — 




pas tonjonrs à prévenir la formation du 
tartre ; il est alors indispensable d'avoir 
recours au chirorgien-dentiste ; c'est une 
erreur de croire qoe cette opération nuit 
aux dents, et Ton est amplement dédom-* 
mage du petit agacement nerveux et pas« 
aager que caosent les instruments, par la 
sensation de bi^-ètre qui succède à l'en* 
lavement du tartre. Faire visiter sa bou- 
de, une lois l'an, par le dentiste, est chose 
iadispensable. 

Aux soins hygiéniques donnés le matin 
à ses dents, il faut encore ajouter ceux-ci : 
passer de l'eau tiède dans sa bouche après 
chaque repas ; éviter le contact de l'eau 
très -chaude ou très- froide. Ainsi, une 
boisson frdde après un potage très-chaud, 
et le changement subit de la teippératnre, 
sont pernicieux aux dents ; leur substance 
étant dénature vitreuse, se fendille comme 
l'émail de certains vases, et les addes 



employés dans l'alimentation, pénétrant 
par ces petites fentes, altèrent l'ivoire des 
dents, qui ne tardent pas à devenir dou- 
loureuses. 

& l'on doit avoir soin de sa bouche 
dans l'état de santé, les précautions doivent 
redoubler pendant les maladies on la oon- 
valeseenoe. Les fièvres typhoïdes, les affec* 
tions dans lesquelles les vomissements sont 
fréquents, laissent dans la bouche d^ par- 
ticules qui altèrent l'émail des dents, cl 
peuvrat déterminer la carie; après chaque 
crise il fondra se laver la bouche avec soin 
et délayer de la magnésie dans le liquide 
qui servira à cet usage; la magnésie s'emr 
parera de l'adde et neutralisera son ac«- 

tiOtt. 

Tels sont les conseils qui doivent être 
suivis pour la conservation d'un des plus 
beaux ornements du visage et des organes 
les plus importants pour la digestion. 




TlSAMfi DE POMMES. 



Prenez 250 grammes (8 onces) de 
pommes de reinette blanche, 2 litres d'eau. 

Coupez les pommes par quartiers, faites- 
les bouillir dans Teau jusqu'à ce qu'elles 
soient cultes. Jetez le tonl dans une pas- 
soire, en ayant soin de ne pas écraser les 
pommes. 

GeUe eau est une tisane adoucissante, 
agréable , qui est un remède populaire 
conire le rhume. 



On prépare avec les pommes de reinette 
grises une tisane légèrement acidulé, qui 
est excellente pour calmer la soif des ma- 
lades; mais aGn qu'elle soit agréable, il 
faut la faire par infusion : on coupe les 
pommes par tranches minées, et l'on jette 
tout simplement de l'eau bouillante des- 
sus, dans des proportions analogues à cel- 
les indiquées pour la tisane de pommes. 
{Le Médecin de la Maison,) 



Economie Domestiqae. 



COMPOSITION POUR BEMETTRE A NEUP LES MEUBLES VEBWIS. 




AcheteB chez im marchand de coo- 
kors: 

Huile de lio 10 centimes. 

E0prit*de-viD .••••• • 10 



Verses le tout dans une petite fiole et 
bouchez-)iL Prenez un morceau de fla- 
nelle, formez-en un tampon gros comme 
one pomme d'apis; an moment de vons 
servir de oe mélange» secouez la fiole 







ce 








^r/*: 



^^^j^Sj^^^v^ 



— 2» — 



.><5^52 



pour mêler ensemble ce qif elle contient ; 
placezle tampon snr le goulot de cette fiole» 
retournez-la, relevez-la, bouchez-la aussi- 
tôt, et déposez-la \ cOté de tous. Tous 
tenez votre tampon, vous en frottez en- 
tièrement le meuble que vous voulez re- 



mettre à neuf, et toutes les fois que le 
tampon est sec, vous employez les mêmes 
précautions pour Finabiber. 

Cette dépense de 20 centimes suffit 
pour un lit, une armoire à glace, une 
toilette et un chiffonnier. 




CHROMQUE MUSICALE. 





La première représenution de l'Ënfànt 
prodigue a eu lieu à l'Opéra, le mercredi 
6 décembre. tJne foule pleine d'empres- 
sement et de curiosité encombrait la salle, 
trop étroite pour cette solennité depuis 
longtemps attendue. (Test qu^il s*agis$ait 
d*un des sujets les plus touchants de 
l'Écriture Sainte, traité par un des prin- 
cipaux représentants de l'art français, 
M. Auber. 

Le livret, qui est de M. Scribe, n'a pas 
conservé à la douce et naïve légende sa su- 
blime simplicité, et l'a entremêlée de scènes 
et d'expressions qui en obscurcissent la 
pure morale sans en augmenter l'intérêt 

Le compositeur a tiré un bon parti du 
sujet, et sa nouvelle partition peut, sans 
déshonorer ses aînées, aller prendre place 
à c6té du Philtre et de t Ambassadrice, 
On y retrouve les mêmes qualités, La 
pensée musicale est toujours nette, facile, 
précise, et la mélodie totgours intelligible 
et gracieuse, ce qui, pour le plus grand 
nombre des auditeurs, vaut infiniment 
mieux que la science, car il est plus 
agréable de s*amuser que d^étudier en 
écoutant 

Au p];^mier arte, Pair : t Aurore étin- 
celante^ et un duo plein de sentiment 
entre l'Enfant prodigue et son père, sont 
remarquables, et seront souvent chantés. 

Mais c'est surtout ati second et au 



troisième acte, dans les chœurs et dans 
le ballet, que le musicien prodigue son 
entrain, sa facilité, sa vive imagination, 
qualités naturelles chez loi. H sortira de 
cette partie de Y Enfant prodigue une foule 
de moti& de quadrilles, de valses et de 
polkas; il n'y a presque qu'à les copier. 

L'émotion et le pathétique trouvent 
leur part aussi dans ces deux acfes, et 
rien n'est plus touchant que la romance 
de Ruben : Mon fils, je fai perdu f... 

Au quatrième acte, les couplets du cha- 
melier, au cinquième, le chant des mois- 
sonneurs et le chœur final ont obtenu un 
succès qu^ se continue à toutes les repré- 
sentations. Jamais, de l'avis de tous, l'Opéra 
n'avait offert un spectacle avec une mise en 
scène plus riche, ni de plus merveilleux 
décors : cela suffirait pour un succès. 

L'Opéra-Comique a donné aussi, dans 
les premiers jours de décembre, un ou- 
vrage en un acte, paroles de M. Scribe, 
musique de Victor Massé, la Chanteuse 
voilée, qui a obtenu un succès brillant et 
mérité. L'auteur de la musique y a pro-* 
digue toutes les richesses d'une vive ima- 
gination et toutes les ressources acquises 
par de longues et sérieuses études. 

Le premier aur est d'une coupe origi- 
nale ; la romance : Il faut partir ^ est très- 
jolie pour voix de femme. Le boléro est 
un des meilleurs morceaux de la pièce. 







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— 24 — 



ainsi que les couplets qui le saîvent. 
L'air : Quel bruit! vous venez de V en- 
tendre. Le boléro : Lair au loin retentit 
du son des castagnettes^ et l'air final : Avant 
qu'en mon ménage, l'amour m* engage; ces 
morceaux d*un caractère particulier, et 
pleins de jeunesse et de verve , sont 
appelés à une immense vogue, et devien- 
dront populaires comme les airs les phis 
célèbres. L*air : Ce soir, et lorsque la nuit 
sombre^ et celui : D*une lampe mot^ante 
Pincertaine lumr^ sont aussi fort ap- 
plaudis. 

Les airs de la Chanteuse voilée seront 
publiés en plusieurs tons; ceux d'hommes, 
pour ténor ou baryton, ceux de femmes 
pour soprano, mezzo - soprano ou con- 
tralto, ce qui permet à toutes les voix de 
les adopter indifféremment. 

L'audition des Albums continue chaque 
jour. Celui d'Éiienne Arnaud n'a pas obtenu 
le succès que lui promettait le nom de son 
auteur. A part une jolie romance : Ce que 
mon fils sait dire, 'û n'y a rien de reihar- 
quable dans ce recueil. Des réminiscences, 
des accompagnements peu soignés, quel- 
que négligences, enfin. 

Paul Henrion a fait entendre aussi ses 
nouvelles productions, qui ont été généra- 
lement bien accueillies. Le Mineur a pro- 
duit une vive impression ; et la Brise est 
une mélodie fort gracieuse. 

L'album Glapisson n'a pas encore subi 
répreuve de l'audition publique, mais déjà 
les chanteurs de chansonnettes se sont 
emparés du duo bouffé : Un mariage chi" 
nois, et de quelques morceaux d'un comi- 
que amusant et naturel. A côté, se trou- 
vent (dusieurs mélodies écrites avec un 
goût et un soin extrêmes, sur des paroles 
de M. Frédéric de Courcy, qui sortent des 
banalités ordinaires. 

Quant aux nouvelles corapositbns de 
M. François Bonoldi, les artistes qui les ont 
interprétées y ont trouvé de légitimes et 
constants triomphes. Pour répondre au 
désir de nos abonnées qui habitent la pro- 





vince, nous leur dirons qu'elles recevront 
franco l'Album Bonoldi, richement relié 
et ornée de charmantes lithographies « 
en envoyant un bon de douze francs, sur 
la poste, à MM. Bonoldi frères, éditeurs de 
musique (ancienne maison Padnt), ftowte- 
vart des Italiens, ?»• 11. L'envoi suivra 
immédiatement. 

L'album de M. Eugène de Lonlay vient 
de paraître, publié par le journal la Mode. 
Des paroles spirituelles, gracieuses on tou- 
chantes ont heureusement inspiré les mu- 
siciens dont le talent a su si bien s'adapter 
à ces charmantes romances. 

Strauss a fait entendre au Jardin d'Hiver 
le répertoire de ses valses, quadrilles, etc.» 
destinés à la saison qui commence. K suf- 
fit pour faire l'éloge de cette nouvelle mu- 
sique, de dire que Strauss est resté égal à 
lui-même. 

Un nouveau recueil de quadrilles de 
Camille Schubert est de même appelé à 
une grande vogue. Abordable aux jeunes 
talents par sa facilité, il deviendra indis- 
pensable dans toute soirée joyeuse, à cause 
de la gaieté de ses motifs et de leur ha- 
bile arrangement 

M. Théodore Blangini, digne héritier 
d'un nom qui a joui d'une juste célébrité 
musicale, a fait paraître, pour le piano» 
deux Albums de quadrilles, valses et polkas 
à quatre mains, qui, composés sur les 
motifs de prédilection de Félix Blangini» 
sont remarquables par leur allure facile et 
gracieuse. Nous les recommandons vive- 
ment comme bonne musique et bon sou- 
venir. Prix, 6 francs. 

M. Scholtus, facteur de pianos, récom- 
pensé d'une médaille d'honneur à la der- 
nière exposition de l'industrie française» 
et admis à l'exposition de Londres, ayant 
pour spécialité le piano demi-oblique, a 
adapté à ses instruments un échappement 
composé^ emprunté aux différentsUystèmes 
en usage. Ses étouffoirs fonctionnent der- 
rière les cordes avec une grande énergie» 
et pAur donnera l'artiste b facilité de bien 







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— 2» — 



nuancer, il a établi une pédale servant \ 
rapprocher les marteaai des cordes, ce 
qui diminae la distance à parcourir et 
atténue l'impulsion donnée. 

La déviation occasionnée dans les pianos 
par la tension des cordes, étant une des 
principales causes du peu de durée des 
instruments ordinaires, neutraliser cette 
déviation a été le inrobléme que se sont 
toujours proposé les facteurs. Mille essais 
infructueux avaient été tentés. M. Schol- 
tus a inventé un système de mécanisme 
assez puissant pour maintenir l'accord et 
sur lequel la température n'a aucune in- 
fluence. Il maintient le sommier et le 
contre-sommier sans craindre le décolle 
souvent inévitable. h^cramyons-SchoUm 
se composent d'une barre en fer laminé, 
rabattu, ayant la forme d'un 7 allongé, 
dont le crochet vient se rabattre sur le 



sommier, où il est solidement maintenu 
par une vis. 

Pour les pays à température variable, il 
a opposé de la résistance à la dilatation des 
barres de fer en les accouplant solidement 
à une barre de cuivre. Par cette union, 
l'effet de la température se trouve con- 
trarié, amorti : ce sont les crampons 
compensateurs. Ces crampons, sans rien 
enlever à Pélégance des instruments, 
donnent aux pianos Scholtus une grande 
solidité, qui est l'agent le plus puissant de 
la sonorité. 

Ces pianos se recommandent aux pro- 
fesseurs et aux amateurs, mais particuliè- 
rement aux personnes à qui le séjour de 
la campagne ne permet que rarement de 
faire donner aux instruments de musique 
les réparations nécessaires. 

Jules Loutet. 





CORRESPONDANCE 



J'étais ce matin préoccupée de toi; je 
cherchais ce que j'aurais à te raconter, 
lorsque deux légers coups frappés à ma 
porte se firent entendre. « Entrez ! • dis- 
je sans me retourner, et continuant à ca- 
resser de mes lèvres la plume qui allait 
t'écrira •• Aussitôt deux petites mains s'ap- 
puyèrent sur mes épaules : « G'et»t Flo- 
rence ! m'écriai-je; c'est elle qui arrive tou- 
joui^ à propos, et qui est toujours la bien- 
venue. —Oui, c'est moi, ma chère Jeanne; 
je me sentais tourmentée du désir de te 
voir. — Moi, de même. — Quand il y a 
sympathie entre deux cœurs ils doivent 
ainsi se deviner. — J'aime cette croyance 
et j'en profiterai pour me rendre auprès 
de toi, toutes les fois que je voudrai te 
voir, car alors je penserai que tu m'at- 
tends. — C'est convenu, Jeanne; juge 
toujours -de mon cœur par le tien... Em- 
brassons-nous, et voyons ce que nos deux 
amitiés réunies pourront envoyer d'utile à 
nos amies absentes. » 




Tandis qu'elle se débarrassait de son 
chapeau, j'approchai du feu ma chiffon- 
nière, dont les deux battants étaient re- 
levés, j'étendis dessus la planche I, nous 
nous asstmes Florence et moi en face l'une 
de l'autre, je lui passai ma plume, et lui 
dictai ce que tu vas lire. 

Le n"* 1 est un dessin de vieille dentelle, 
pour voilette, dont les deux côtés sont pa- 
reils au bas. Ce dessin peut se broder avec 
un point de cordonnet sur une application 
de nansouk posée sur du tulle de Bruxelles, 
ou en reprises avec un fil plat très-fin, 
après avoir tracé tous ces dessins avec un 
fil plat plus gros. Les barres qui sont au 
milieu des feuilles se font en points à 
jour. On entoure cette voilette d'un point 
de feston auquel on coud un picot On 
peut, avec ce dessin, faire pour sa mère 
des volants de dentelle, hauts de 15 cen- 
timètres, et en garnir une robe de tulle de 
coton blanc ou de taffetas rose, gris ou 
bleu« 








^-^a^ 




M I 








— «e ~ 




— Ajoate que l'on aura one voilette de 
dentelle noire en se serrant de tulle de 
soie noire sur lequel on applique du flo- 
rence noir» très-léger et très-souple, que 
l'on brode en point de cordonnet fait avec 
de la fine soie noire, à peine tordue. On 
pourrait ainsi faire des volants de dentelle 
noire pour orner un mantelet, un katza- 
week ou une robe de gros-de-Naples noir, 
gros vert, gros bleu ou marron. 

— Une idée I On pourrait bâtir un en- 
cadrement de tulle sous un mouchoir de 
fine batiste, broder dessus, ce dessin, tout 
autour, le festonner, le découper, et le 
garnir d'un picot. 

— Recommande donc le papier à dé- 
calquer qui se vend chez mademoiselle 
Chanson, rue de Ghoiseul, 3. Ce papier 
est blanc, bleu, jaune ou rouge, il coule 
35 c. la feuille, et peut servir plusieurs 
fois ; on le prend de la couleur opposée à 
rétoffe que l'on doit broder. Quand le 
florence uoir est bâti sur le tulle, on 
place le papier sur le florence, le dessin 
sur le papier, puis avec un crayon mine 
de pfefflb» très-dur, on tuil chaque trait, 
puis on enlève : dessin « papier, et l'on a, i»nr 
le florence noir, le même dessin marqué 
en Uanc, je suppose, si Ton y a posé dn 
papier blanc à décalquer. 

— Le n'' 2 est un coin de mouchoir en 
broderie anglaise. Il peut servir aussi pour 
bas de jupon. 

Le n* 3 est le dos d'un ficb»-guimpe ; 
il s'ouvre au milieu du nœud et se ferme 
avec des petits boutons et des brides; je 
te conseille de lailler ton ficha d'avance, 
de ressayer et de le dessiner ensuite. 

Le n^ U est le devant. Ce fichu se 
brode au plometis et au point d'arme; 
chaque étoile à cinq pointes, a des points 
à jour où se trouve une étoile; mais tu 
peux ne rien faire au milieu des feuilles 
poiotiUées, et rien aa milieu des étoiles 
k cinq pointes. 

Le n"" 5 est ni desâo de volant pour 
robe de mousseline ; il se brode au pln* 




QMtiaon aapassé^ et se fealoime. Ce de^ 
ain peut servir pour bas de jupon; il sa 
brode les nœuds au plometis et les ronds 
en broderie anglaise^ ou en points de 
feston. 

Le n"" 6 est une marmotte qui se brode 
au plumetis, sur belle moosseUne, et s'en- 
toure d'un point de feston* 

Le jour où tu es souffrante» tu arrangea 
tes cheveux comme à l'ordinaire; tultaiîles. 
deux morceanx d'un ruban de velours 
noir» ou de satin rose, vert foncé, ou bien 
de France, large de 8 centimètres chacun, 
longs de 16 centimètres ; tn en prends un 
que tu replies sur lui-même, envers snr 
envers; sur l'endroit de ce ruban, tu couds 
des boucles de ruban de velours ou de 
satin, de manière à en former une rosette, 
puis, tu couds une seconde rosette sur l'an- 
tre bout de ruban. Tu prends un ruban de 
la couleur de ces rosettes, tu le replies en 
deux, tu le places sur ta tête, tu l'arrêtes 
en formant un nœud derrière ; de chaque 
côié des joues tu couds le haut du ruban 
sur lequel tu as cotisa une mette, pois tu 
places à plat celte marmotte sur ta lête» en 
l'y arrêtant au ruban par denx éjûngles 
semblables à ceiled de la planche XII 
1850; ao-dessDS des rosettes, ta formes 
quelques plis à la marmotte, qui retombe 
ensuite derrière ces rosettes jusqu'au bas 
de tes joues. 

Le n* 7 est un alphabet en broderie an- 
glaise. Ce genre ne pent produire que de 
grandes lettres ; tu ne feras donc que tes 
initiales an coin de tes moucheirs en bro« 
derie anglaise. 

Le n° 8 est une dentelh en filet carré, 
brodé en reprises, que ta m'as demandée 
ponr garnir un coussin de filet brodé de 
même. Cette dentelle se cond ensuite au- 
tour du coussin. 

. Lb n* 9 est une autre dentelle qui se 
fait à même le coussin , mais celle - ci 
se fait au point ordinaire ; on peut le 
grandir en ajoutant un ou deux rangs de 
filet. 




I^Q^ 












— 97 — 



Le n* 10 est un Umi héraldique. Ce des- 
nu s'exécute sar fiiet carré, et se brode en 
reprises ; il est fait pour couvrir un cous- 
sin. On peut aussi l'exécuter an crochet 
Il vient de chez mademoiseDe Chanson, 
me de Ghoiseul, n?^. 

— - A la bonne heure 1 voilà qui me rap- 
pelle nos vieux dessins I... Auras-tu un 
pendant ?--Ooi... un hypogriphe. —C'est 
très-hieni continue. 

—* Le n"" 11 est la moitié d'un manteau 
que je t'ai envoyé dans Tannée 18^9, sous 
le nom de manteau solitaire^ car on ne 
pouvait donner le bras k personne ; mais 
anjonrd'hoi il a pris le nom de Talma (je 
ne sais pourquoi), et, si Ton veut donner 
le bras, on relève ce manteau comme on 
relève un ch&le. Il se taille en drap ou en 
mérinos» ntHr, on vigogne ; les plus simples 
se doublent de soie pareille, et se ouatent à 
partûrdu cou jusqu'au coude ; ils se termi- 
nent dn bas par un onrlet, et devant, ils ont 
des boutonnières et des petits boutons de 
soienoîre, pointus. Au lieu de boutonniè- 
res, je préférerais une ganse rondtr, cousue 
à surj€t, le long dn bord du devant du 
manteau, et tournant de temps en temps 
sur elle-même, pour former des boucles 
qui s'accrocheraient aux boutons. 

Le n* 12 est la moitié de la longueur 
du petit col, il est taillé double, et rabat 
en dedans sur la douMure. Ce col ferme 
aussi par une boutonnière, ou par la ganse 
formant boucle ; il se coud comme il est 
placé; et, à propos de ce manteau, je vaii 
dire à nos nouvelles amies : 




COMMENT RELEVER LES PATRONS. 

Les chiffres représentent dès centimètres. 

Tu te mets devant une grande table sur 
hquelle tu places une grande feuiUe de pa- 
pier. Ta poses ton. mètre où tn vois le 
néro, tn as nn crayon, tu tires une ligne 
horizontale jusqu'au chifire 27, tu l'écris ; 
tu continues jusqu'à ce que tu aies 1 mètre 
15 (115 oentimètres) tu l'écris. Tn relèves 
ton mètn et le plaots, toajMinè pmir4n 




zéro ; tu tires une ligne perpendiculahre 
jusqu'au chiffre 6, lu l'écris; jusqu'au 
chiffre iU; 15 ; 27 ; 60 ; 90 ; 115, que 
tu écris à mesure. Puis tu relèves ton mè- 
tre, tn le poses à partir du chiffre 6, tu ti- 
res une ligne' horizontale jusqu'au chiffre 
17, tu l'écris, lu le poses à partir du chif- 
fre 14, tu tires une ligne jusqu'au chiffre 
7 1/2 ; du chiffre 27 tu tires une ligne jus- 
qu'au chiffre 26 1/2, et continue jusqu'au 
chiffre 112 ; du chiffre 60 jusqu'au chiffre 
99 ; du chiffre 90 jusqu'au chiffre 77, puis 
avec ton crayon il ne t'est pas difficile d'ar- 
rondir ce manteau du bas, de l'échancrer 
pour l'encolure, et de marquer ce qui doit 
êire enlevé sur l'épaule. Tu laisses au bas 
du manteau deux centimètres et demi pour 
i'uurlet, il te faudra donc 2 mètres 35 
centimètres de drap on de mérinos, qui, 
repliés en deni, feront: 115 centimètres, 
plus, 2 centimètres et demi pour l'ourlet. 
Le col aura 5 centimètres de haut (sans 
les remplis) et Ul centimètres de long. Ce 
col se replie en deux. 

C'est ainsi que tu pourras relever tous 
les petits patrons du Jouroal. 

Le n*" 13 est la moiiié du dos d'un ca- 
nezou de jaconas, pomr petite fille. Il se 
boutonne derrière. 

Le n"* 14 est le devant qui se taille dou- 
ble. Au milieu du devant, on coud, fron- 
cée, à la vieille, une bande de jaconas 
ornée de chaque côté d'un dessin de bro- 
derie anglaise. 

Le n*^ 15 est la moitié dn col. Il se bon- 
tonne derrière. Deux signes semblables 
indiquent où il se coud au-devant 

Le n* 16 est le col ; il se boutonne der- 
rière, et se garnit d'une bande de jaconas 
froncée, ornée d'une broderie anglaise. 
Le n"" 17 est une des manches. 
Le n"" 18 est le poignet. Une étoile hi- 
dique où il se coud à la manche. 

Le n"* 19 est la manchette, elle se coud 
au poignet, et se garnit d'une bande de 
jaconas froncée ornée d'une broderie til- 
glaiee. 












.^'«ïOa 




- «8 — 




Le n"" 20 est la ceinture.— Est-ce fini! 

— Oui, pour une partie de nos amies ; 
non pour l'autre. Nous avons à expliquer 
le re?ers>de cette planche. Ce patron est 
la moitié du manteau Talma, replié en 
long et en large. 

Le n^" 20 est le dessin du haut du de* 
vaut qui se continue par une grecque un 
peu plus grande — une plus petite, — une 
un peu plus grande et ainsi de suite jus- 
qu'au bas. 

Le n"" 21 est le dessin du bas. 

Le n*" 22 est la moitié du dessin du mi- 
lieu du dos. 

Le n*" 23 est la moitié du dessin qui se 
trouve au bas du dos, au milieu. 

Ces grecques s'exécutent en lacet et en 
soutache de soie, de la couleur du man- 
teau, le lacet se coud de chaque côté, la 
soutache se coud au milieu. Ce .manteau 
se ferme par des pattes faîtes avec du lacet 
de soie, et des boutons qui se placent au 
milieu de ceux des ronds de soutache qui 
se trouveut le plus près du bord. 

Le n" 2li, Idaline, se brode au plumetis. 

Le n*" 25 Aurore, se brode de même. 

— Certainement, Aurore est joli à lire, 
à prononcer, mais, quand on porte ce nom, 
il ne faudrait pas vieillir... afin de rester 
V Aurore aux doigts de rose, et de n'avoir 
pas de neveux qui vous appellent : Ma 
tante.,. Aurore, 

— Il est heureux, Florence, que ce 
nom soit venu te distraire, car je crois, 
ma bonne amie^ que tu étals à bout de ton 
dévouement et ma reconnaissance .... 

— Attends pour me remercier.... nous 
avons encore notre gravure de modes. 

— C'est juste. La dame assise, celle qui 
est en visite, a une robe de gros-de*Naples 
vert, garnie de 9 rangs de dentelle haute 
de 5 centimètres, cousus, froncés, chacun 
à un passe-poil, cousus ensuite trois par 
trois sur la jupe en formant de larges fes- 
tons. Les manches, à deux coutures, ont 
un revers garni de trois rangs de dentelle 
cousus comme stfr la jupe. Le corsage, 



ouvert devant, est orné de revers garnis 
de trois rangs de dentelle, cousus de 
même. Les sous-manches et la guimpe 
sont en mousseline, garnies de bandes de 
mousseline brodée. La capote est en ve- 
lours groseille, ornée de dentelle noire, 
autour de la passe et du bavolet ; le des- 
sous de celte passe est doublé de satin blanc, 
garni de chaque côté par de la petite 
blonde blanche, et par des brides en satin 
blanc. La jeune dame qui est chez elle a 
une robe de popeline de soie à carreaux, 
couleur tourterelle, dont les devants sont 
ornés de trois >elour8, marron foncé, gar- 
nis de petits glands de soie pareille. Son kat- 
zaweck, en velours marron clair, a, devant, 
deux rangs de velours marron foncé, gar- 
nis des mêmes petits glands ; le même ve- 
lours continue autour des basques; les 
manches, à deux coutures, sont plus larges 
du bas et forment chacune quatre basques 
garnies aussi de velours. Ses sous-manches 
sont ornées de garnitures en broderie an- 
glaise. Son bonnet en dentelle noire mêlée 
de dentelle blanche, est orné de rubans 
blancs. Repose ta main, ma mignonne, et 
causons... Qu'as-tu fait!-^ J'ai beaucoup 
travaillé. — Tu as fait des choses nou- 
velles? — Non, j'en ai rajeuni de vieilles. 
— Comment cela? — J'ai remarqué que 
la mode cet hiver est de garnir les gilets et 
les devants des redingotes d'hommes d'un 
galon de soie, large d'un centimètre, cousu 
à cheval; ordinairement les redingotes 
s'usent au bord; j'ai profité de la mode 
pour garnir ainsi une des redingotes de 
mon père. — Je vais faire la cour à mon 
frère en lui rajeunissant ain^i un gilet. 
Cela me donne une idée. Tu sais que les 
cravates longues s'usent au milieu, je vais 
en couper une, en deux, dans sa largeur 
et la réunir des deux bouts par un surjet 
bien fin. Ce qui est usé, se trouvera au bas 
de la cravate ; Frick, rue de la Paix, n"" 1 1 , la 
teindra en noir,cela fera les beaux joursde 
mon orphelin.— Encore une idéel ma chère 
Jeanne, lorsque les daps de lit sont usés, on 




"if 




l^S>iîy*- 












— 29 — 



les change delîsière.c'est toDnn.mais quand 
ib sont encore plos osés, on peut les cooper 
en deux dans leur hrgeor, réunir les deux 
bouts par une couture à rabattre» et ce qui 
est usé se trouvera aux pieds et à la tête... 
cela fera de bons draps de domestique. A 
propos de domestique: Un monsieur, qui 
ade très-belles flearsdans son parterre, pré- 
sumant qu'il allait Tenir un orage, dit à son 
valet de chambre, « Charles, vous rentrerez 
ces pots. — Oui, monsieur. » Charles dépote 
les fleurs et rentre les pots. — Âhl que 
c*est joli! — Une serrante était arrivée 
depuis peu de sa province^ sa maîtresse lui 
dit : n Allés me moudre ce poi?re i le mou- 
lin est sur la planche de la cuisine. ^ 
Qu'est-ce que c'est qu'on moulin? — 
C'est un petit instrument en .bois qui a 
une maniTelle que l'on tourne quand on 
a rempli le moulin. » La servante cherche, 
trouve l'instrument , y met le poivre , 
tourne la manivelle, et revient auprès de 
sa maltresse, en s*écriaDt toute effrayée : 
« Mon poivre qui chante! » Elle l'avait 
mis dans une serinette. — Ah I que c'est 

drôle! T'ai-je dit que j'avais eu une 

femme de chaajbre qui, au moment de 
m'babiller, s'était retirée.. . par discrétion. 

— C'est très-bien!... je te vois, obligée de 
te lacer toi-même. — Du temps où les 
lettres étaient taxées selon Féloignement 
du lieu d'où elles venaient, notre cuisi- 
nière se trouvait à la loge au moment 
où arriva le facteur. — As-tu des lettres 
pour madame?» lui dit -elle, Adélaïde 
tutoyait tout le monde, eUe était vieille, 
je appelai Adélaïde du Déclin. Le fac^ 
leur lui remet une petite lettre et lui de- 
mande une somme assez forte. Adélaïde 
ne savait pas lire. « £>t-ce que tu te mo- 
de moi? s'écrie-t-elle, est-ce que tu crois 
que je vais donner cela à madame... m'en 
but une plus grande / » — C'est malheu- 
reux que Jocrisse ait été inventé , ton 
Adélaïde serait devenue célèbre. Quelle 
toil^te comptes-tu porter au premier bal? 

— Yoilà ce que j'ai décidé : Devant, mes 





cheveux en bandeaux ondulés; derrière, 
mes cheveux tournés en corde ; puis, sur la 
tête, une couronne de boutons de roses 
moussues, sans feuilles, plus grosses de cha- 
que côté des joues, et là, de chaque côté 
des joues, parmi les boutons, quatre bou- 
cles de ruban de taffetas rose , dont les 
deux bouts inégaux pendraient longs de 20 
à 25 centimètres. Une robe de taffetas 
rose : corsage à pointe, décollt té ; Berthe 
ouverte sur les épaule^; manches courtes, 
un peu larges du bas et diminuant de lon- 
gueur à partir du coude jusque sous le 
bras; sur l'ourlet de ces manches, sur ce- 
lui de la Berthe, un bouillonné de gaze 
rose. Des souliers de taffetas rose, et des 
gants blancs. Pour entrer au bal, une pè- 
lerine de satin blanc, ouatée, faite sur Iç 
patron n"* 12, mais s'arrêunt au chiffre 60, 
pour la longueur du dos, et au 9* bouton 
pour celle du devant. Cette pèlerine aurait 
un collet haut de 5 centimètres, piqué en 
losanges, et, les devants et le bas seraient 
piqués de même, sur une hauteur de 10 
centimètres. — Tu viens précisément, ma 
chère, de me décider pour le choix d'une 
toilette. J'aurai une couronne de même, 
mais en feuilles de houx, ornée de nœuds 
et de bouts de ruban de taffetas blanc, 
deux jupes de mousseline, celle de dessus 
relevée , de chaque côté du devant, par 
une branche de houx terminée du bas par 
quatre boucles et deux bouts de ruban de 
taffetas blanc; corsage à pointe, décolleté ; 
les manches, forme pagode, ne tombant que 
jusqu'au coude, relevées sous le bras par 
deux boucles de ruban ; deux BerChes en 
mousseline ornées^ chacune, d'un ourlet 
haut de 2 centimètres, relevées devant par 
une branche de houx terminée du bas par 
quatre boucles et deux bouts de ruban« 
Gants blancs. Souliers de satin noir. — Si 
je suis d'un dîner prié, j'aurai une jupe de 
gros d'Afrique, gris-perle, un canezou de 
tulle blanc, à manches pagodes, des bra- 
celets en tricot-corail; mes cheveux en 
bandeaux ondulés et une corde de tricot- 





c^Ô«<^ 









— 50 — 





corail, termiaée par des glands , tournée 
autoor de mes cheveux de derrière, re- 
tomberait, de chaque côté de mes ban- 
deaux. J'aurais des gants blancs, et des 
bottines de prunelle noire. — Mon père re- 
cevra des personnes de province, à dîner ; 
comme je suis maîtresse de maison, tu com- 
prends, ma Jeanne, qu*il me faudra une toi- 
lette un peu plus grave que la tienne. J*aurai 
une robe de gros-de-Naples marron : le cor- 
sage colleté, à pointe, ouvert devant, lais- 
sant voir une guimpe brodée. Comme à 
table les manches pagodes renversent tout, 
goûtent à tout, j'aurai des manches justes, 
laissant passer un petit bouillonné de mous- 
seline. Je m'étais fait pour ce jour une coif- 
fure : c'était une étroite paille, longue de 30 
centimètres, sur laquelle j'avais cousu un 
fil d'archaly et que j'avais recouverte d'un 
velours noir tourné en spirale; aux deux 
extrémités j'avais cousu quatre boucles de 
ruban de velours noir large de 8 centimètres, 
laissant retomber deux bouts inégaux longs 
de 20 à 25 centimètres, j'aurais posé cette 
coiffure sur mes cheveux de derrière, de 
manière à ce que les deux bouts retom- 
bassent sur chaque oreille... mais c'est 
un peu coquet... — Tu as raison ; ne mets 
rien sur tes cheveux A propos de dtner, 
une de nos amies de province, qui se trouve 
dans ta position, me demande comment elle 
doit placer les conviés de son père. — Lors- 
que le domestique aura annoncé : Monsieur 
est servi ! mon père présentera sa main à 
la dame qui, par le rang de son mari, doit 
êfre la plus considérée, il la placera à sa 
droite*; les cartes mises sur les serviettes 
suivront la même hiérarchie pour la gauche, 
et les autres places ; moi, j'aurai quitté le 
salon un peu avant, et me trouverai dans la 
salle à manger. A ma droite, je placerai 
l'homme le plus considéré par sa position 
sociale : un ecclésiastique, un magistrat ; à 
ma gauche, les cartes suivront la même hié- 
rarchie, puis je m'assiérai, et ferai servir 
les conviés en suivant le même ordre, c'est- 
2(-dir6, tandis que mon père ferait servir par 




sa droite, et moi par ma droite, ceux qui 
seront l la gauche de mon père et à la 
mienne, seront servis presque en même 
temps.— C'est juste. — Je m'aperçois qae, 
denos jours, la vieillesse n'est plus^ seule, un 
titre I la considération, elle n'a droit quHi 
nos respects. Un vieillard qui, tonte sa vie, 
a été inutile à son pays, ne peut exiger les 
mêmes honneurs qu'un homme, jeune en- 
core, qui lui consacre sa vie.— Tu deviens 
bien grave, Florence !. .. As-tu remarquéles 
gracieuses étrennes qui s'offrent à nos re* 
gards dans nos riches magasins? — Oui, 
j'ai vu un bracelet formé d'un- serpent 
vert roulé trois fois sur lui-même, et dont 
la tête, qui s'appuie sur le bras, est cou- 
verte de diamants ; un autre était formé 
d'une lourde chaîne d'or soutenant on 
cœur, un médaillon, une croix. Les mon- 
tres ont des chaînes ornées de turquoises 
du plus élégant travail. Les boucles d'o* 
reilles se portent en boutons de différentes 
formes : ronds, ovales. Pas de cdliers en* 
core. . . cela va venir ; c'est si joli I puis, 
cela couvre un peu ... il me semble* . . et l'on 
est moins embarrassée quand on prend 
place dans un quadrille. — Il faut que je 
te quitte, ma chère Jeanne, et te souhaite 
une bonne fin d'année... — Cest vrail 
Adieu, année 1850, nous ne te reverrons 
plus!. . . que dans notre sonvenfarl. . . puisse- 
tu n'y laisser d'autre regret que cdui de 
t'avoir perdue! — Allons, ma mignonne, 
que ce regret soit remplacé par Tespoir. 
— Tu as raison, Florence. Voici l'année 
1851 qui arrive*., recevons-la bien; prions 
Dieu pour la prospérité de notre chère pa- 
trie, pour le bonheur de toutes nos tmies 
absentes, pour la santé des nôtres... et ai- 
mons-nous toujours. .. » 

Florence me tendit la main; nous nous 
séparâmes... les larmes aux yeux, et je 
finis ma lettre en te disant : « Aimons- 
nous toujours ! » Puissent tes mots trovrer 
un écho dans ton cœur.. . car aulieud'un... 
Adieu !... ce sera... Au revoir! 

I. I. 












-.^ — 



ËPBÉHÉRIDES. 



5 JÂlfYIER 1477. -" MOBT DE CHABLES l^ TÊMÊKàlRE^ 





Le pirissant doc de Boargogne arait déjà 
perdu deux batailles (celle de Granson et 
celle de Btorat) contre les Suisses, terri- 
bles ennemis qull avait trop dédaignés; 
it réunit ses dernières troupes, le ban et 
farrière-ban de ses états, derant Nanci, 
espérant terminer gtoneusement cette 
triste guerre, et comptant même entrer 
trioQipbant daos la ville avant le jour des 
Rois. Il fut averti que les Lorrains, com- 
mandés par le duc René» et les Suisses, 
conduits par leurs magistrats^ ou landam- 
mtms, ftSivançaient pour lui ofHr la ba- 
taiHei H s*arma prompsement, liais ou re-» 
marqua que le cimier de son oisque se 
détacha el roula à terre : iiHoc est signum 
Dei/ » dit le duc tristement II rangea ^es 
troupiçsY commandées par Josse de La- 
laing et par le grand-bâtard de Bourgogne. 
A travers la neige qui tombait en abon- 
dance, on vit les Suisses qui ppprochaient. 
A la vue de l'armée Bourguignonne, ils 
s'arrêtèrent, se mirent à genoux^ baisèrent 
lesol glacé et firentleur prière; puis, se rele- 
vant, ks gens d^Uri et d^oierv^alden firent 
retentir au loin, et par trois ft)is, le son de 
leurs trompes. Le duc de Bourgogne, re- 
connaissant ce son terrible, qui rappelait 
Granson et Morat, se sentit glacé jusqu'au 
fond du cœur. Cependant, en homme vail- 
lant, il encouragea ses soldats, donna ses 
ordres et essay t éè fûre face à ses redou- 
tables ennemiSb Mais, accablé par le nooa- 
bre» il s'aperçut Uentôt que ses egurt» 
étaient vaû». Ses troupes fuyainat de 
tonte» parts» son eanp était eni tm, ses 
meiOeurs amto morts ou prisonmtrs i M- 
même^ emporté par le tourbiBon des 
fuyards, disparttt dn ahamp de ba- 
taille. Le combat avait peu duré et n'avait 
pas été meurtrier. René de Lorraine en- 
tra dans sa capitale qu'il venait de déli- 
vrer, au son des cloches et an bruit des 



acclamations popuhrlres. Le lendemals, 
jour des Rois, il fit chercher sur le lieu du 
combat le cadavre du duc Charles, mais 
on ne put le découvrir. Le 7 janvier, le 
comte de Campo-Basso, Italien au serrice 
de Bourgogne, qui, la veille de la bataille 
de Nanci, était passé aux Lorrains, vint 
s'oflrir pour chercher le corps de son an- 
cien maître; on alla vers un étang, et Q, 
près d'une chapelle nommée Saint-Jean 
de TAtre, on trouva une douzaine de ca- 
' davres dépouillés. Une pauvre blanchis- 
seuse de la maison du duc s'était mise 
comme les autres à cette recherche ; elle 
aperçut briller la pierre d*un anueau au 
doigt d'un cadavre dont on ne voyait pas 
la face. £)le retourna le corps m Ah! Mon 
prince!» s'écria-t-elie. On courut à elle, on 
dégagea ce corps de la glace de l'étang où 
il était à demi retenu ; on le lava, et il fut 
pleinement reconnu, à des signes particu- 
liers, pour celui de Charles le Téméraire. 
Le duc de Lorraine vint aussitôt, et fit 
transporter ces'restes dans la ville. On les 
exposa sur un* lit de parade; on posa la 
couronne ducale sur ce front défiguré par 
les blessures et la dent des loups, et le 
vainqueur vint en pleurant baiser la main 
de son malheureux rival. 

Telle fut la mort de Charles le Témé- 
raire, et la ruine de cette puissante mai- 
son de Bourgogne. M. de Barante en a 
excellemment raconté la gloire et la dé- 
cadence, et "Walter Scott, dans Quentin 
Durtcard et Anne de Geiersteint a peint 
avec les couleurs les plus vives le carac^ 
tère dtt fils de Philippe le Bon. 

Charfe»<}uint, arrière-petit-fils de Char- 
les le Téméraire, réunit à Bruges, dans 
un même mausolée, les restes du vaincu 
de Nanci à ceux de sa fille, la douce Marie 
de Bourgogne. 





"ej&B^ 








.~ .^ ane fois commia ne s'efface plus, 
D'eût-il en de suites fnnestes pour per- 
sonne ; il subsiste pour celai qni l'a com- 
mis ; il demeure comme nne lacune dans 
nirtre existence, comme nne dëcbimre que 
rien ne pent remplir, pas mSme les plus 
hantes vertos. 

M"* GUiZOT. 

Tout amusement inutile est on mal pour 
na être dont la vie est si courte et le 
temps si prédenx. 

J. J. RoossE&ir. 

Rien n'est grand que ce qui est calme, 
SÉNËQUE. 

L'âme hunuine a soif de «vire, d'in- 
terrc^er, de toncber par an point quel- 
conque il on poni oir supérieur ï elle. 
De Chaiifagnt. 




Dans l'andenDe loi, Diea recenit dans 
son temple les prémices des biens de la 
terre; dans la nouvelle loi, le teffl|de où 
nous offrons ces fruits et ces prémices, 
c'est l'hôpital, c'est la demeure d'une paa> 
vre famille, et les prêtres qui la reçoivent 
an nom du Seigneur, ce sont ces orphelins, 
c'est cette venve, ce père, ceite mère, qui 
tiennent b {dace de Dieu. 

BODBOUOUE. 

Celai qui honore sa mère est comme un 
homme qni ramasse nn trésor. 

LlTBE OE L'ECCLÉSIASTE. 

La compassion qni accompagne l'au- 
mône est un don plus grand que l'aDmône 
elle-même. 

Uassilloh. 

Craignez Dieu et votre âme vivra. 
PSATJHES. 



Pute. — Imprinteria de M"* V* DoBder-Dnpri, rw Salal-Loato, 46, an HtraU. 



-«^^î- 




i 



Journal hs JDrmoisfllfS'. 



,î,„i™„,, .i,.i ,ii»i'.„„. 







— 83 — 



LE COMBAT DES TRENTE. 




Ploêrmel et Josselin sont deux petites 
Tilles de l'aocienne Armoriqae, situées 
aujourd'hui dans le département du Mor- 
bihan, et dont la plus peuplée ne compte 
guère plus de cinq mille habitants. La pre- 
mière, Ploêrmel ou Plou-Armel^ doit son 
origine à un château-fort que les premiers 
ducs de Bretagne firent bâtir sur la route 
de Vannes à Rennes, et son nom à Armel, 
saint ermite du temps des rois mérovin- 
giens, qu'elle a pris pour patron de son 
. église paroissiale ; Plou- Armel, mot com- 
posé, dérivé du celtique, voulant dire tout 
simplement paroisse d'Armel. La seconde 
de ces villes, Josselin, autrefois capitale du 
comté de Forhoët, n*^t plus qu'un chef- 
lieu de canton de Tarrondissement dont 
Ploêrmel est le chef-lieu. Son admi- 
rable château , élevé par un comte de 
Rohan , seigneur du Porhoêt , atteste 
encore ton ancienne importance féodale, 
Ploêrmel et Josselin ne sont séparées l'une 
de l'antre que par une campagne riante, 
et une vaste lande, appelée la ifi-t/oie, qui, 
vers le milieu du quatorzième sièclt, a été 
le théâtre du fameux combat des Trente. 
C'était au temps où Philippe VI était 
roi de France, et Edouard III, son re- 
douté rival, roi d'Angleterre. Depuis la 
mort de Jean III, duc de Bretagne, en 
13^1, deux de ses héritiers se disputaient 
les armes à la main la succession de ce du- 
ché, qui, certes, en valait bien la peine : 
d'une part, Jeanne la Boiteuse, fille de 
Gui de Penthièvre, frère atné de Jean II ; 
de l'autre part, Jean, comte de Montfort, 
troisième frère du dernier duc de Breta- 
gne. Jeanne la Boiteuse avait épousé 
Charles de Blois, neveu de Philippe de 
Valois; Jean de Montfort avait été marié â 
Da-muviiMB annéb, 4« stfan, — N* L 




Mai^uerite, sœur de Louis, comte de 
Flandre. Bientôt^ Jean de Montfort, jeté 
dans une prison d'État par le roi de France, 
laissa le champ libre à son concurrent; mais 
Charles de Blois, prince naturellement 
faible et absorbé par les pratiques d'une 
dévotion excessive, ne sut pas se prévaloir 
de cet avantage. En définitive ce furent 
leurs femmes, Jeanne et Marguerite^ qui 
supportèrent tout le poids de cette guerre, 
dans laquelle Philippe de Valois prit parti 
pour son neveu, et Edouard III soutint la 
cause du comte de Montfort On sait que 
les deux comtesses furent également re- 
marquables par leur rare mérite, leur ca- 
ractère énergique et leur courageuse per- 
sévérance dans la bonne, comme dans la 
mauvaise fortune. La comtesse de Mont- 
fort, plus heureuse, l'emporta sur Jeanne 
I de Penthièvre, et vit régner son fils sous 
le nom de Jean IV. La guerre de succes- 
sion de Bretagne, aussi sanglante que cala- 
miteuse, s'était prolongée pendant vingt- 
trois ans (13^1-1365). 

Ce fut dans la dixième année de cette 
guerre, que l'esprit de chevalerie entoura 
les noms des villes de Ploêrmel et de 
Josselin, jusqu'alors peu connus dans 
l'histoire, d'une illustration qui, par sa dra- 
matique et saisissante réalité, surpasse les 
fictions les plus célèbres des romanciers 
et des poètes. Une bataille générale, où 
cent mille homme?, excités par des intérêts 
rivaux, se seraient disputé la victoire, n'eût 
pas remué si profondéoient les esprits que 
le combat singulier dont le gage fut jeté 
sous les murs de Ploêrmel et dans lequel 
on ne vit figurer qu'un petit nombre de 
chevaliers. 
Quoique cette ville n*eût guère pour 

3 




"«^^îC^; 






— M — 





fortifications qae des palissades en bois, 
comme on en élevait au moyen âge , 
sa position sur la route de Rennes à Van- 
nes lui donnait quelque importance comme 
place de guerre. En 1351, 'elle était oc- 
cupée par les auxiliaires anglais de Jean 
de Montfort, commandés par Richard 
Benborough (1), A quelques lieues de 
là , un illustre chevalier breton^ ami et 
compagnon d'armes de du Guesclin, Jean 
de Beaumanoir, maréchal «de Bretagne, 
tenait le château de Josselin pour Charles 
de Blois. Les soldats des deux capitaines, 
dans leurs fréquentes rencontres, se dis- 
putaient la possession du pays avec achar- 
nement. Ces sorties, du côté des Anglais 
surtout, étaient accompagnées par toutes 
les horreurs de la guerre : il n'y avait pas 
un endroit qui ne portât des traces de 
mort, d'incendie on de ruine. La trêve 
signée entre le roi Jean , successeur de 
Philippe y l, et le roi Edouard d'Angleterre, 
n'amena pas même la suspension des hos- 
tilités. Richard Benborough continua de 
désoler la campagne par ses inutiles et 
insolentes cruautés. 

Soit que le maréchal Jean de Beau* 
manoh: regardât ces infractions répétées 
à la trêve comme autant de bravades, 
soit que les plaintes des paysans bretons 
l'eussent touché, ainsi que le prétend un 
vieux poète, il sortit un jour du château 
de Josselin, avec « grand'foison de 'gen- 
darmes et soudoyers, » et se dirigea vers 
PloërmeL Son but était d'aller â la recher- 
che des Anglais, et de prendre sur eux une 
éclatante revanche. A son grand désap- 
pointement, il arriva en vue de la ville, 
sans les avoir rencontrés ; et comme un 
litm qui mord les barreaux de sa cage, il 
s'arrêta courroucé devant les barrières 
« élevées par les alliés de Montfort » Sa 
hardie contenance et son regard impatient 
semblaient provoquer ces étrangers à une 



(1) Prononcez: Bennbaurau, 




sortie; mais, dit Froissart «nul de cib 
dedans » ne se présenta. Le maréchal ne 
pouvant amener la garnison anglo-bretonne 
à un combat, prend alors la résolution gé- 
néreuse de jeter un défi personnel à son 
chef. Après avoir probablement fait quel- 
que signal pour annoncer ses intentions, 
il se rapproche encore de la ville, et de- 
mande à parler au capitaine ennemi. Celui- 
ci se montre à la porte, devant laquelle 
l'attend fièrement le chevalier breton. 

« Benborough I lui dit Jean de Beauma* 
noir en l'interpellant vivement, y a-t-il, là 
dedans nuls hommes d'armes^ vous ni au- 
tre, deux ou trois, qui voulussent jouter 
de fer de glaives contre autres trois, pour 
l'amour de leurs amies? » 

L'Anglais, calme et froid, repousse avec 
un dédaigneux sourire et sans hésiter l'idée 
d'un combat posé en ces termes. 

«Leurs amies, répliqua-t-il, ne vou- 
draient mie qu'ils se fissent tuer, lui on 
les siens, si méiAamment d'une seule 
joute; car c'est une aventure de fortune 
trop tôt passée ; si en acquiert-on plutôt le 
nom de folie que renommée d'honneur. » 

Irrité du ton de blâme et de sarcasme 
qui accompagne ce refus, le maréchal va 
répondre avec sa vivacité ordinaire. Ben- 
borough, par un geste, réclame son atten- 
tion et lui donne à entendre qu'il n'a pas 
fini. 

« Je vous dirai ce que nous ferons, si il 
vous plaît, ajouta l' Anglais; vous prendrez 
vingt on trente de vos compagnons de 
votre garnison, et j'en prendrai autant de 
la nôtre. Si allons en un bel champ, là où 
nul ne nous puisse empêcher ni destour- 
ber; et là endroit nous éprouvons, et fai- 
sons tant que on en parle au temps ave- 
nir, en salles, en palais, en places et en 
autres Ceux de par le monde. » 

Autant Beaumanoir s'était senti offensé 
par les premières paroles de Benborough, 
autant il est charmé de cette proposition. 

« Je m'y accorde t s'écrie-t-il avec joie. 
I Or, soyez-vous trente, et nous serons, 




Z^^' 












— 58 — 



.<53<S@ 




BOUS» trente aiusL Et le créante (1) ainsi, 
par ma foi I » 

« — Aussi le créanté-je, reprend le ca- 
pitaine. Car là acquerra plus d'honneur 
qui bien s'y maintiendra, que à une 
joute. » 

Rien, en ces temps héroïques, ne pou- 
vait être {dus saon^ qu'un engagement 
scellé par la parole de deux chevaliers. Le 
combat des trente arrêté, on en régla les 
conditions. De Ploërmei à Josselin, il y a 
bien trois lieues, et cette distance est en 
glande partie occupée par la lande de 
Mi-voie. Au milieu de la lande, presque 
dépouillée de verdure et toute couverte de 
bruyères, il y avait autrefois un gros chêne, 
remarquable par son isolement. L'arbre, 
situé à une égale distance des deux villes, 
fut choisi, de part et d'autre, pour lieu de 
rendez-vous. Quant au jour de la ren- 
contre, on convint que ce serait le 27 
mars 1351. Le choix des combattants fut 
plus difficile. Du c5té de Beaumanoir, 
rembarras vintde la foule des concurrents; 
du côté de Beuborough, de la difficulté de 
concilier les prétentions opposées des 
hommes de tous les pays, réunis sous ses 
ordres. Il finit par adjoindre à sa petite 
troupe, composée presque entièrement 
d'Anglais, [dusieurs auxiliaires flamands et 
quelques Bretons du parti de iHontlort. 
Les trente compagnons du maréchal et les 
trente partenaires du capitaine étant ainsi 
bien désignés, il ne resta (dus, pour les uns 
el pour les antres, qu'à se préparer à la 
bitte : chacun y pourvut comme il l'enten- 
dit, selon sa position, sa foi, ses aièctions, 
ses goûts et son caractère. 

Le 27 mars, la troupe anglaise, conduite 
par Benborough, se rendit la première 
sous les branches du vieux chêne. Le parti 
français commandé par Beaumanoir arriva 
plus tard. 

Des deux o5tés, les tenants, bardés de 
fer, avaient franchi sur de vigoureux 



(1) £t le promets ainsi, par na foi I 



coursiers la distance qui les séparait du 
champ de bataille ; car, devant combattre 
à pied, ils avaient voulu ménager leurs 
forces. Tous, chevaliers, écuyers, gens 
d'armes, étaient armés comme il convenait 
de l'être pour une rencontre où tous les 
coups ne pouvaient manquer d'avoir une 
terrible portée. Ce n'était pas trop des deux 
mains pour manier avecdextérité leurs mail- 
lets de fer, qui pesaient jusqu'à vingt-cinq 
livres, leurs énormes brancs d*acier (1), 
leurs haches et leurs longs fanchards, 
garnis d'un côté de crochets et de l'autre 
côté d'un fer bien tranchant. Ils portaient 
aussi des lances, des fauchons, espèce 
d'épées courbées en (auciUe, des épées or- 
dinaires et des dagues. Donc rien ne leur 
manquait de ce qui pouvait décupler leurs 
forces ou servir leur adresse : ni l'arme 
pesante pour briser l'enveloppe métallique 
dans laquelle chaque poitrine et chaque 
membre étaient étroitement emboîtés, ni 
l'arme légère pour trouver le défaut du 
casque et de la cuirasse, et aller chercher 
la vie derrière ses plus forts et ses plus sub- 
tils reuranchements. 

Quoique le chroniqueur se taise sur 
toutes les circonstances étrangères au com- 
bat, il est probable que la foule, toujours 
curieuse et avide d'émotions, n'avait pas 
non plus manqué au rendez-vous. Depuis 
le jour où Beaumanoir était allé défier Ben- 
borough sous les murs de Ploërmei, le 
bnût de la lutte s'était répandu au loin. 
Elle avait fait le sujet de tous les entre" 
tiens du noble, du bourgeois, du manant^ 
dans les villes, les châteaux, les chaumières 
du pays. Un peuple immense devait donc 
entourer le champ de bataille; la lande, 
ordinairement silencieuse et sillonnée seule- 
ment par quelques pâtres, suivis de leurs 
troupeaux, devait, ce jour-là, fourmiller 
de vie , et bruire de ces mille voix con- 
fuses qui annoncent la présence de la 
multitude. 




I (1) Espèces d'épées maisives. 




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— 36 — 



Il n*y avait point de barrières pour con- \ 
tenir le peuple. On ne Toyait sur le terrain 
ni tentes, ni galeries, ni pavillons aux 
étoffes soyeuses, aux tapisseries, aux pa- 
nonceaux éclatants ; en un mot, rien ne 
rappelait la pompe militaire, le luxe de dé- 
coration, la société brillante qui donnaient 
alors un air de fête aux jou'es où les 
chevaliers faisaient assaut d'adresse, de 
force et de courage. G*est qu'il s'agissait 
là de quelque chose de plus grave que de 
rompre des lances pour conquérir les ap- 
plaudissements de la foule on le sourire de 
la beauté ; il y allait réellement, pour les 
uns comme pour les autres, de Thonnenr 
de leur drapeau et de la gloire de leur pays. 
Sans doute le souvenir de leurs « amies » 
s*était d'abord mêlé aux paroles de défi que 
les deux capitaines avaient échangées, tant 
les mœurs chevaleresques du temps avaient 
d'empire sur les meilleurs esprits; mais 
cette allusion, remarquez-le bien, était in- 
tervenue comme un prétexte , comme un 
sacrifice aux formes usitées, et presque 
aussitôt elle avait été écartée pour faire 
place aux sentiments de nationalité et de 
rivalité qui remplissaient les cœurs intré- 
pides du Breton et de l'Anglais. 

Dès que les soixante cavaliers eurent 
mis pied à terre, des pourparlers s'enga- 
gèrent entre eux an sujet des conditions 
de la bataille. II fut convenu qu'aucun des 
spectateurs ne pourrait intervenir • pour 
chose ni pour méchef > qui pourrait arri- 
ver aux combattants; et, d'un commun 
accord, ceux-ci intimèrent cette défense à 
leurs amis respectifs. On arrêta, en outre, 
que les champions « ne pourraient ni ne 
devraient fuir. » Deux voies seulement leur 
seraient ouvertes pour sortir du combat : 
une mort glorieuse, ou la perte de leur li- 
berté ; bien entendu» toutefois, que si le 
chevalier auquel un des tenants se serait 
rendu prisonnier venait à succomber lui- 
même dans la mêlée» le captif serait im- 
médiatement libre, pour le seul fait de ce 
revirement de fortune. 



Dès que les conditions de la lutte furent 
réglées, les combattants se séparèrent en 
deux troupes et se rangèrent en ligne de 
bataille, tandis que les hommes attachés à 
ieur service s'éloignaient en silence et avec 
un sentiment de tristesse, convaincus qu'ils 
étaient que beaucoup d'entre eux venaient 
de parler pour la dernière fois à leurs 
maîtres. 

Un des chevaliers ayant donné le si- 
gnal , les partis opposés se précipitèrent 
l'un sur l'autre, comme un seul homme, 
et avec un choc épouvantable ; on eût dit, 
à les voir se mouvoir « tout en un tas, • 
deux blocs d'acier qui se heurtaient, en fai- 
s^pt jaillir de leur surface anguleuse mille 
étincelles. Puis, de chaque côté, on recu- 
lait, pour revenir à la charge avec un re- 
doublement de fureur. D'abord les Anglais 
eurent un avantage assez marqué sur les 
Franco-Bretons. Deux des plus braves com- 
pagnons de Jean de Beaumanoir, Geoffroy 
Mellon et GeofiGroy Foulard furent tués ; et 
trois autres, Tristan de Pestivien, Tvain 
Gharruel et Caro de Bodogat, devinrent les 
prisonniers de Benborough. Mais ces pre- 
miers résultats ne servirent qu'à exalter 
encore davantage, chez les uns l'espoir du 
succès, chez les autres l'ardeur de la ven- 
geance. La lutte devint aussi acharnée, 
aussi sanglante, selon l'expression de Frois- 
sart, que « si tous les combattants eussent 
été des Rolands et des Oliviers; • et ils se 
disputèrent tant et si bien la victoire, que 
c tous perdirent force et haleine • et fu- 
rent contraints de s'arrêter par l'impui^ 
sauce où ils étaient de continuer. On con- 
vint donc mutuellement d'une suspension 
d*armes afin de se donner le temps de 
prendre du repos, et, pendant ces mo* 
ments de trêve, chacun des chefs put 
compter ses pertes. Six des tenants avaient 
déjà péri: quatre Français et deux Anglais; 
de sorte que le parti du marédial se trou- 
vait réduit à vingt-trois combattants, et 
celui Au capitaine à vingt-huit. 

Les survivants s'étendirent, pour soula- 






Sôî^ 












— 57 — 



ger lenr extrême lassitade, sur ce champ 
qu'ils ayaient t rosoyé de leur sueur et de 
leur sang. > On leur apporta du vin d'An- 
jou; beaucoup eu prirent pour étancher 
leur soify tandis que d'antres étaient oc- 
cupés à panser leurs blessures, ou li ra- 
juster leur armure à moitié brisée. L'é- 
puisement dai combattants était tel qu'ils 
se reposèrent « longuement. * 

Enfin, un des chevaliers, selon qu'il 
avait été convenu, donna aux autres, en 
se relevant, le signal de la reprise du com- 
bat. On se remit fièrement en ligne, on 
s'apprêta, avec une résolution nouvelle, à 
donner ou à receyoir la mort. Le second 
acte de ce terrible drame s'engagea donc 
aussitôt; et s'il faut en croire le chroni- 
queur, il surpassa encore le premier en 
• belles appertises d'armes, » en prodiges 
de courag3, en terribles péripéties. Les 
champions, « gens pour gens, corps h 
corps, mains à mains, se donnaient mer- 
veilleusement grands horions, t avec leurs 
courtes épées de Bordeaux, « raides et ai- 
guës, » leurs haches, leurs épîeux et leurs 
dagues. Jean de Beaumanoir était partout, 
excitant les siens de la parole et de l'exem- 
ple; d'incroyables efforts épuis^ent sa vi- 
gueur naturelle. Blessé, affaibli par la perte 
de son sang et dévoré de soif, il demanda 
à boire : Bois ton sang, Beaumanoir^ lui 
dit Geofiroi du Bois, et ta soif passerai 

Mais i'ftme héroïque du maréchal fit taire 
aussitôt'Ce cri qu'un moment d'angoisse 
avait arraché à la faiblesse de l'homme ; il 
rallia ses compagnons pour les ramener au 
combat. Benborough se préparait aussi à 
frapper un dernier coup. Tout au con- 
traire de Beaumanoir, qui avait foi dans 
la protection divine, le capitaine anglais 
mettait son espoir dans les croyances su- 
perstitieuses de sa nation : il rappelait à 
ses hommes les prophéties de Merlin, qui 
leur promettaient la victoire. 

Les deux chefs se joignirent au plus fort 
de h mêlée. Benborough parvint à saisir 
le maréchal \ la gorge. Peut-être celui-ci 





eût-il succombé, si un de ses compagnons 
ne fût venu à son aide : le capitaine an- 
glais, frappé d'un coup de lance à travers 
sa visière, fut renversé sans via Sa mort 
permît II ses trois prisonniers Bretons, Bo- 
degat,'Gharruel, Pestivieo, de retournera 
leurs frères d'armes et de reprendre une 
part active à la lutte. Mais cet avantage 
fut contre-balancé par l'énergie et l'intré- 
pidité de Croquart, aventurier normand : 
s'emparant du commandement de la troupe 
anglaise, il l'exhorta à reformer sa ligne 
de fer et à l'opposer aux Français avec 
l'inébranlable fermeté qu'ils avaient dé- 
ployée Eous les ordres de Benborough. 
En effet, les courageux eiïorts des guer- 
riers du maréchal continuèrent à se bri- 
ser, presque sans résnhat, contre cette 
barrière humaine , toute cuirassée d'ar- 
mes défensives, et à travers laquelle ils 
cherchaient vainement à se frayer une 
ouverture. Le jour avançait, sans que la 
victoire se décidât en faveur de l'un des 
deux partis, quand un écuyer breton, 
Guillaume de Montauban s'avisa d'un stra- 
tagème qui changea tout à coup la face 
du combat 

Il se retire un ^moment à l'écart, sans se 
laisser arrêter par les reproches qui l'assail- 
lent de tons côtés, chausse ses éperons, 
s'élance sur son cheval, tourne le dos aux 
combattants; puis, décrivant un chrcnit, 
il revient au galop sur les Anglais, les cul- 
bute à coups de maillet et les foule aux 
pieds de son destrier. Les compagnons de 
Montauban n'ont pas platôt saisi l'inten- 
tion de sa feinte retraite, qu'ils se hâtent 
d'en profiter. Se jeunt avec impétuosité 
dans les rangs bouleversés de leurs enne- 
mis, ils les pressent, les attaquent en détail, 
les tuent ou les forcent à se rendre. Il était 
bien temps, pour tous, qu'il fût mis fin â 
la lutte. Au moment où les Français se 
trouvèrent maîtres du champ de bataille, 
quatre des leurs étaient morts, et neuf 
Anglais avaient péri ; ce qui revient à dire 
qu'un cinquième environ des combattants 




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-. 38 — 



anoft mccombé. Da dreste, les survivautA, 
Ya&nqveurs on vaincus ne valaient gvè^e 
mieux qoc ies morts : pacmi les qoataoLe- 
neof hommes qui araieot échappé au car- 
nage» il n*ea était aiiCDS doBt le corps et 
le YÙage, taiités ou troués par le fer, ne 
fiusent couverts de larges blesswies. t On 
B*aTaît point en devant, passé avoir cent 
ans (1), 1» dit le chponJqoeuTy « ont xtr- 
corder ckase pareille. » 

€e dut être nn beau' moment pour Jean 
de Beaumanoir et pour ses compagnons 
que celai oà, noblement défigurés par ces 
marques de lutte et de sang, ils traver- 
sèrent les flots de la foule qnî se près- 
-sait sur leur passage, pour regagner le 
« cbate! losselin. » Avec euxdievauchaieirt 
leurs vingt et un prisonniers anglo-breioos. 
<!îcux-ci, comme blessés, reçurent les mê- 
mes soins que leurs adversaires de fa verlie; 
\t maréchal de Rcaumanoîr et ses cheva- 
liers se complurent à leur prodiguer les té- 
moignages de i*estime qu'ils leur avaient 
inspirée; et dés qu'une complète gn^'rison 
permit à ces hôtes étrangers de quitter la 
ville, îk furent rendus à hi liberté au prix 
•d'une modique rançon. 

Telles forent les causes accidentelles, 
les péripéties et la fin glorieuse du « com- 
bat des Trente : » véritable bataille de 
géants, d'^ù les vaincus sonirent presque 
avec autant d'honneur que les vainqueurs; 
lutte înouie, oà l'efitheusiasme et fo gé- 
nérosité des oombatcams ne knssèreiit au- 
^:ane place aux combînaisDns de la poli- 
tkfue ni aux calcvk de l'intérêt; dévofoe^ 
ment spontané et svMimey qui ne s»ngea 
point à faire ses cMiAtions> en stipulant, 
pour 'le parti victorienz, la redditkm des 
vSes diePioâineil ou de Josselin. Aussi 
n'ett-œ pas an point de vue d'une raison 
' wilgaire qu'il faut se placer pom* com- 
prendre radmsrable action des Trente. 



(i) fl f avait pins de ceat ans fu'on n'avaàt 
eBtflsiHcacooter chese pareiiia. 





Elle €6t du nombre de ces faits dont l'in- 
fluence est incalculable, parce qu'ils agran- 
dissent et élèvent Tâme et l'esprit d'un 
peuple, et qn'ils agissent par la puissance 
de l'esemple, non pas seulement sur un 
siède, mais&ur tous les âges. Voilà pour- 
quoi, sans doute, la nation bretonne ne 
niardiauda point son admiradon aux hé- 
ros de Mi-Toie, quoique leur victoire eût 
laissé les choses de la guerre précisénifint 
en l'état où elles étaient aupai*avant; on 
leur sut autant de gré d'avoir soutenu avec 
un bonheur si éclatant la gloire du nom 
franco-breton, que s'ils eussent gagné une 
bataille rangée sur l'armée du roi Edouard. 
Le sanglant tournoi, selon un vieux 
poëie français, fut célébré ^r tretom les 
États qui sont de ci la mer^ avec la même 
ardeur que dans la province armoricaine. 
Il pasi'a en proverbe de dire au sujet d'une 
bataille bravement et longuement dispu- 
tée : * On s'y battit œmme au combat des 
Trente; » et pour donner une idée de 
riaitérêt qui s'attachait à la personne des 
combatlaoïs, il nous suffira de rappeler la 
profonde impression que fit sur Froissart 
la vue de l'un d'eux, Yvain Gbarruel. Ce 
fut dans le palais de Charles Y, et parmi 
les hôtes as&is à la table royale, qu'il en fit 
un jour la rencontre. Très-probablement 
Yvain fut amené, pendant le repas, à ra- 
conter tout ce qui s'était passé et tout ce 
qu'il avait fait dans la fameuse journée ; 
et rbistorien dut, sans doute, à ce récit 
une bonne partie des détails qu'il nous a 
conservés, c Le chevalier» dit-il, avait Je 
vis^e si taillé et si découpé, qu'on re- 
connaissait bien que la bescgne fut bien 
combattue. » 

Le intiment national ne s'en tint pas 
à ces vives démonstrations d'admiration 
et de sympathie pour les Trente : un mo- 
nument fut élevé £n leur honneur, sur 
le champ de bataille, au milieu de la lande 
de Hi-voie. £nfin, la famille de l'illustre 
maréchal de Bretagne, jalouse d'avoir sa 
part d'un tel souvenir , prit les mots : 



% 






^^iOG 





Beaumanoir, bms ton sang! pow dMs 
et pour cri de guerre. 

Les PIoS^nle^ii3 se sont loujoars mon- 
tré! fen dn trionptic ren^wrté pv 1» ma- 
réstud de BosnaoB' i 
hie* qnC'yboBMBreB'doiTC- phtâl 



ee«z-ci es étaieu si ji^on qn'Ha. t/aàmai- 
nïeM p» mSiiM' le partage ivk Wksioî^ 
riM. oD^nis tejoBr Aicoinbat, tHsiiien 
177a, U. de Tousuin-Itichebonrg, «ae 
«gfit* de rivalité r'eBt tobMs satre le 
Meno'peDpledes AesxTille»; et se aewi- 
ment, il n'y a qu'ose vingtain* dtené», 
donnait encore nsûsmce i bsiwoQp^ 
qnereltesrians les feires, los nMrtbé9et les 
fttes da cantsn. » 

Lm enfirom de Pfoftmel pw wui fc t de 
becagrs, de cMnes, de hâlresi et àt cbltai- 
jpàer», eBfreleBfnets s'éteDdnot de netes 
praàiies, cAent des nt«i agréaMes. Han 
lorsqu'on a saivi pendant naebciire envi- 
RM la rame qni condnt i Jmsdin, on 
Toit la ECène changer sabil«iiieM; le pay- 
MSe, se dépomlbnt de ses belles tentnres 
d*arbree, de ses riches taprj dcimlare, ne 
présmte plus qu'âne Ta^te plhine, qo^Mie 
hads ennUe pv la IniiTère. Cotie kmâe 
est celle de la bataille des Trente. Si Pm 
eMtinae i s'anncer vers Ji>seliB, on 
apR-çeit bientôt, an-énsns dn pktitat[t»ns 
fni bwdeat la ^le rivière ée l'Ougi, dis 
flèches gothiques, des e<»Bl)lbs, de hautes 
cbeminées; c'eM la eapitife de» aadens 
ati|iHW« dn Poi^toH, escore tonte cmr 
muée de ki baate svoctirre de bm d)ft> 




. 38 — 

;. iMu A 4es poétiques aouTenirs du uioyeik- 
"âge. 

Arretons-nons nn momwt k Bas-Gail- 
tec, ftwninM- située k Teti de PktErmal 
et au nord de lauoUa. U. amie-t-on, 
le &MMU1 eUBftd&Mi-Toie iuil eaoore 
dehoQt wn ICSS : A «ait sorrteiLi l'ag« 
hérolqae de la chevalerie, ï la maison sou- 
Teraioe de Hoatfoct, aa doc&A mtaM de 
Bretagne.. taatiMsaeDtrilBleinalttBtioBB, 
les bérwet les pauaauceB de ce noadel 
BaG>, oc aoiuemporaîn dn BeaniBanoîr, 
des Clisson, des du Gaescllo, dn Bcèaa. 
dw RicbemoBt, tamis de iUnUk. Oft le 
Pem^ça paa ane peàie ceaix «n pierM, 
qui fai abattac t l'époque de 1» BësolaliM. 
Hais qnwqne «con téneigaige o'y rapi- 
pdât la gnode action d*a Trente, de 
annbreui curiemo se rendaient ^ Ui-wte. 
Ces marques d'intérêt psfalie étateat «a 
aiertÎBMmeal peur l'admHualriliMt locale. 
EUea frappèrent le caoMil de l'arrondiâM- 
ment d» Ploèraael, qui propoei an coaseit- 
gëaéral du déportmeat d'élew an. mtma- 
aaent, à la méraeire dea ckeraUers bre- 
tons. Ce projet ayant été adopté, oa poaa 
la première piarte le il jafflet 18i9 : c'est 
on obélisqae en ^nit, de qnàn» nètres- 
de bantaar, sir le^ei sont intnls, d'un 
cAté, la date de labaUUIe: 27 ma» 1351;, 
et ée l'autre oftté hs loni des eenr 
battanlB. Toot auprès «a a placé, œnnfr 
nn soarenir tùtoiiqiic, la pierre sar U- 
qocBe »l gravie naserytioD de 1' 



ABEnniE GWLMRTi 







— 40 — 



BIBLIOGRAPHIE. 



^•^ 






L'Éducation du Foyer ^ conseib aux mires 
qui élèvent leurs fiUetf par M"^* A. Mo- 
linos-Lafitte. Chez Desesserts , éditeur , 
passage desPanoramas, 38. Prix : 1 f. 50. 

Il en est 'plusieurs parmi vous, mesde- 
moisellesi qui peuvent un jour se trouver 
chargées du soin d'élever déjeunes sœurs, 
de jeunes frèreSt ce livre peut donc vous 
être utile. 

« Madame de Genlis et madame Gampan 
ont écrit d*nne façon remarquable sur Té- 
ducation des filles, dit l'auteur ; nuds la 
première s'adressait aux gouvernantes des 
jeunes personnes riches ; la seconde, aux 
institutrices des pensionnats ; mère, je tra- 
cerai pour les mères, dans un petit nombre 
de pages faciles à parcourir, quelques- 
unes de mes idées sur la direction à im- 
primer au caractère du jeune garçon qui 
doit devenir un citoyen, et à celui de la 
jeune fille destinée à devenir une mère de 
fiimille. 

« Ce petit livre est partagé en trois épo - 
ques : de deux à sept ans, de sept à treize, 
et de quatorze à dix-huit J'écrirai ce que 
j'ai vu, senti, observé avec une exacti- 
tude consciencieuse , un désir ardent de 
convaincre, enfin avec mes souvenirs; 
ce ne sera pas un traité, mais une espèce 
de petit manuel, mis à la portée de tontes 
les mères, et bon à consulter dans l'occa- 
sion, comme on consulte quelquefois un 
ami. » 

Nous allons extraire quelques-uns des 
X conseils que renferme rÉducation du 
Foyer. 

« Ne placez auprès de votre enfant, même 
pour les premiers soins, qu'une femme 
qui n'ait rien de vulgaire, car en éduca- 
tion il arrive trop souvent de voir son 
œuvre détruite par des paroles indiscrètes, 
des réflexions inconvenantes sur telle ou 
telle défense des parents. 



t ipiM'enez à l'enfant à se rendre compte 
de tout ce qui est à sa portée ; répondez 
à ses questions avec1l>ienveillance; ne lui 
faites jamais une réponse évasive ; dites-lui 
la vérité, s'il est possible, sinon, dites-lui 
simplement que vous ne pouvez lui ré- 
pondre, parce qu'il ne vous comprendrait 
pas. 

9 La peur étant un sentiment très-nnisi- 
ble à la santé des enfants, il ne faut pas 
souffrir qu'on le menace de l'ogre, deCro- 
guemitaine, du loup, etc. 

» Un enfont doit être vêtu selon la sai- 
son et sans exagération ; dans un climat 
aussi variable que le nôtre, des bas de 
laine, en hiver, et des chemises de fla- 
nelle, jusqu'après les dents de sept ans, 
font éviter la coqueluche, le croup, la 
fièvre cérébrale. 

» Les bains sont bons en général, mais 
on n'en doit pas faire abus. 

» Pour la nuit, des chemises très-longues 
et fermant, dan^ le bas, par une coulisse, 
sont d'un usage parfait; les enfants peu- 
vent les conserver jusqu'à l'âge de sept 
ans. 

I Les poupées exercent l'adresse et ser- 
vent aux observations que l'on peut faire 
sur le caractère des petites filles ; les mères 
doivent favoriser ce jeu. 

» Lf s amitiés prennent quelquefois en- 
tre les jeunes personnes des proportions exa- 
gérées; il faut que la mère se hâte d'ansêter 
tes amitiés, car elles lui retirent une partie 
de cette confiance que son enfant ne saurait 
lui reprendre sans péril. > 

Madame Molinos-Lafitte accompagne la 
jeune fille jusqu'à ce qu'elle soit mariée. 
Nous ne la suivrons pas, laissant aux 
jeunes mères le plaisur de lire ce livre qui 
respire la plus douce religion et la morale 
la plus pure. 

M°" J. J. FOUQUEAU DE PUSST. 





^1^ 







— 41 — 



UTTÉRÂTUBB fiTRAIVGËRE. 




PROVEKBIOS ESPANOLES. 



PROVERBES ESPAGNOLS. 



Ai buen entendedor con média palabra basta. Le sage entend i demi-mot. 



Ahora que te yeo, me acuerdo. 
Qoien maeho alMrea, poco aprieta. 
A buena gana no bay pan duro. 



Hors de Tue, bon de souvenir. 
Qui trop embrasse, mal étreint. 
11 n*e8t sauce que d'appétit. 



Diroe con quien andas, y te dire quien ères. Dis-moi qui tu bantes, je te dirai qui tu es. 



Una golondrina no bace el verano. 
Mo bay mal que por bien no Tenga. 
Del mal, el menos. 

Quien compra y miente su boisa lo siente. 
No todas Terdades, son para diebas. 



La ocasion bace el ladron. 



Mas Taie am toma, que dose te daré. 
Con la pacienda todo se logra. 
A quien se bace miel , moscas se le comen. 
Al bierro ealiente, bâtir de repente. 
El bombre propone y Dios dispone. 



Une birondelle ne fait pas le printemps. 
A quelque cbose malbeur est bon. 
De deux maux il faut éviter le pire. 
Qui acbète et ment k sa bourse le sent. 
Toutes les vérités ne sont pas bonnes i dire. 



L'occasion fait le larron. 



Un tiens, vaut mieux que deux tu auras. 
La patience vient à bout de tout. 
Qui se fait miel, les moucbes le mangent. 
11 faut battre le fer tandis qu'il est cbaud» 
L'homme propose et Dieu dispose. 










LA CHMOIN£SS£ £T LE CHËVAUE& D£ UALTE. 




I. — LES C&DETS DE FAMILLE. 

<[ Ah 1 ma piuTre Henriette, on notis 
stcrifie! 

— Nous sacrifier! monconsinl Âi-je 
donc l'air d'au victiaie T 

— Vous, vous prenez toujoars le sort 
«n bonne part, mais mol, je sontTre de la 
deslinéfl.qa'oB me fair, et, je le jore, je 
sanrai y écbapper I Je serai matelot, garde- 
franç^M, amier... queiais-jttT... miisje 
aeseni pas, malgré moi, cbevalierde Halte I 

— HélasT mon pinm Gaston, vim les 
cadets de la maison de Trëfille n'entrent- 
ils pas en rdigionT Votre oncle esc grand- 
bailli d« l'ordre de Sùat-Jeai; votre 
grand onde Nicolas est comte-chanoine de 

■ Lyon; fMl ...... » 

Elle bit interrompne dans sa nomencla- 
ture, par la bmsqnerie des monTcmems 
dn jeuiM homme, qui arpentait la cham- 
bre d'oB pas bmyant et saccad6 où se 
pdgnait l'iadigMtjM kvônUe de son 
Ame. Gaston de Trénlle était Sgé de dix- 
itnit 108 ; SI 4gnre n^avrit 4*«A« Vmlé 
^in'iine e^fH'ession intelligente et franche, 
'egtfds surtout peignaient la can- 
e-sau ime, kreip'il regardait sa 
Henriette, qn'il diérissait comme 
or. Cadet de sa maison, il était, dès 
ance, destiné k entrer dans l'ordre 
spitaliers de Saint-Jean , et pcH-- 
I bontonnlère la petite croix noire 
Miintes, s^ne distinctif des chera- 
1 consine, Jolie personne de seize 
imier rejeton d'anc famille aussi 
qne noble, était également destinée 
lat, et sur ses habits, de conlenr 
et modeste, elle portait nn lai^e 
de soie bleae, liséré de ronge, ïq- 



qnel était attachée une médaille d'or,' re- 
présentant saint Bomaric, fondaleor des 
chanoinesges de nemiremont [l]. Hen- 
riette n'ayant pour tout bien que les 
Tieilles chartes, les vieux diplOmes attes- 
tant Qpuf géaéntiow de Mfalene clienle- 
resque, devait jouir d^ine prébende dans 
cet antique chapitre, orgaeil dfl la I/jr- 
raine. Et en attendant qu'elle allât jouir 
de ce privilège, elle bahiuit avec madame 
de Trévîlle, aa graad'mère, nn vieux dil- 
teau au bord de la Moselle ; c'était là 
que Gasto> Ctail y«iri préanNcr ses A- 
voirs à (on aïeule et i sa counne, avant de 
s'embarquer sur une gaHre de la religion, 
qui devait le porter )i La VaÛelte, où, 
après nn court noviciat, it prononcerait 
ses vœux «nin leimaiis^Dgruid-MalIre. 
<t Mais, mon cousis, dit enfin timide- 
ment Henriette , vous ne songeriei pas à 
désobéir i votre père 7 

— Je veux choisir mon sort, et ne pas 
engager ma vie entière. oniqEemut sar 
celte parole : Lei cadet* de Tréville m ont 
toi^MÈTs agi de i» lorte I 

— On vovs donne nue poaitioD hono- 
rable.... 



(1) L'égl'itt ei le chapitre noble de Reofreroont 
rorent foDdéi en 820, par mIdI Romatlc; lei 
chiDoineHCf De falMlent aucuD visa : ellei 
ponvilent reolrer dam le monde pour m ma- 
rier. Il leur fallait, afia d'itre admiia, faire 
preuTe de neuf géDénlloni de nobUue ehtva- 
Itmui; elle* étaient loumlseï immédiaument 
au laint^iéfe. Otte malMii poi'Mait, entre 
■utrea privilège*, etlui de pouToir déllTrer 1 
certain! joun tout le* priionnicn détenu* i la 
(Conciergerie, et celui de l'împoier el' 
dau le* contribnlloni de l'État, L'ai ~ 
pHoeei** de l'Empire, etiiég'ilt e 
nal pour rendre justice i les 





^.C^ii 







— 45 — 




— EBe Tétait autrefois ; mais anjonr- 
d*hai, qne pèse, dans la balance dn monde, 
répée d*un chevalier de Malte? 

— Vous frrez tos caravanes .... 

— Cest nne plaisanterie. 

— Vous succéderez à la commanderie 
de votre oncle. .. 

— Je ne le désire pas... L'avenir ne 
m'inquiète point,. le mien, s'entend; mais 
le vôtre, ma sœnr, ma bonne Eknrielte. .. 

— Oh I mon cher Gaston, je m'estime 
bien heureuse... 

— Dite»-vous vrai î 

— Sans doQte. Pauvre, orpheKoe, sans 
appui, je tronveraî à Remiremont un aâie 
sûr, une protection honorable; une vie 
cdme, où la prière, le tavail, les bonn«6 
œuvres auront leur place; je ne demande 
rien de pins. 

— Sans affections? 

— Et Dieu ! pour qui le comptez-voi»? 
Revivra pour lui, je tâcherai de le servir, 
e» iwtroisani les pauvres et les enfants, 
et quand je serai bien vieille, vous me ra*- 
conterei vob voyages, vous me Imz £aire 
le tour du mondé, à moi qm n'aura ja«- 
mais perdu de vue les tours de mon cha- 
pitre. Que nous seroiM graves alors I... 
IVionneinrle eommandeurl... Ittadame la 
chanoinessel... 

— Commandeur ? jamais l... Henriette, 
retenez-le bien! Soyez heureuse, puisque 
vous acceptez votre avenir, moi, je vais tâ- 
cher de créer le mien. .. » 

Gaston partit le lendemain pour Mar- 
seille, laissant dans Tîn piétude son aïeule 
et sa cousine, qui, toutes deux, priafent 
pour lui. 

II. — 1792. 

Quatre ans s'étaient écoulés^ années 
tirriblf s qui marqueront dans l'histoire, 
car elles comprenaient tout l'espace écou!é 
entre les états généraux de 1789, et la 
ecnveiitien siégeant en 1792. Les habi- 
tants du château de Tréville avaient eu 
leur part 4es ^nieurs* puMîques : dimi- 




nution de fortune, vagues inquiétudes» 
craintes redoublées, angoisses ooi^umI- 
le?, et à ces peines dudehers se joignaient 
les doulienrs intimes, les croix domestî-^ 
ques, personnelles, dont la souArance'gé'» 
nérale n'exempte pas. Le comte de Tré^ 
ville avait succombé, eu 1790, à une 
courte maladie; Albéric, son fils aîné, 
était mort nob^e.nent au 10 aoât,, et Ga»^ 
ton, après quelques mois de séjour à 
Malte, avait formellement refiisé de pro- 
noncer ses VŒUX, et s'était enrôlé dans h» 
rangs de Tannée française, dès les pre- 
miers monvementff qu'elle fit vers la fron- 
tière de PEst. Sa désobéinuMMe et sa dé* 
fection avaient navré de douleur l'ftme du 
son aïeule, qui, retirée dans son vieux cfaâ< 
teau de la Lorraine , n'avait plus d'autre 
appui, diantre consohtion qu^Heuriette. 
dont la pr^ade venait d'être saisie pat 
les décrets révolutionnaires. Les deux 
pauvres fernssee vivaient seules, presque 
cachées au fond de ce manoir d'oà lenv» 
ancêtres autrefois commandaient en sou- 
^rains k toute la contrée; elles tn»» 
blaient devant ke paysans, qu'avait itrités 
depuis longtemps la rigueur avee hqudife 
les comtes de Tréville exerçaient leure 
droits, droits de chasse, tailles^ corvées, 
privil^es féodaux dent l'injuste sévérité 
était presque toufours adoucie par la bien- 
faisance des cbâldlaiiies. M^is en ces jnnrs 
d'effervesoence, le peuple ne ne sonvenaift 
que des fautes qui semblaient légitimer 
ses finrcuie, il eubliait les bienfaits répan- 
dus par une douce main, le remède afi- 
porté au mahde, ta layette donnée à l'en- 
fant, les hospices fondés, les écoles on-- 
vertes, et tant d^autras bieniaits, qui ho- 
norent la charité générense des femmes 
llmçaises. 

tJn jour do mois de décembre 1792, 
la douairière de Tréville était assise dane 
un petit saton reculé; Henriette, anprèe^ 
#e)le, lisait à haute voix l'admirable ser- 
mon de Bossuet sur la Passion de JéH»- 
€hrjBt; de temps en temps, elle sospen- 




^e)©^- 






"^^i^C 







— 44 — 



dait sa lecture, et regardait tristement la 
campagne blanchie par la neige, le cid uni- 
forme et gris, d'où les blancs flocons des- 
cendaient lentement. Une tiistesse morne 
régnait sur ce paysage», et pesait sur les 
deux pauvres femmes , qui jamais ne s'é- 
taient senties plus abandonnées qu'en ce 
moment. Arrivée à la seconde partie du 
sermon, Henriette ferma le livre, et dit, en 
regardant tomber la m ige : 

« Ce mauvais temps sera funeste au 
paoïvre Simon. 

— Tu l'as vu ce matin^ ma fille? 

— Oui, bonne maman, je suis allée k la 
ferme ; il souffrait beaucoup, il demandait , 
un prêtre, et Just, son fils, est allé cher- 
cher M. le curé, qui est caché chez Hen- 
riot, déguisé en vacher. 

— Quelle époque » grand Dieu ! mon 
pauvre fils est heureux de n'avoir pas 
vécu plus longtemps ; il est heureux , il 
est mort dans son lit... tandis que tant 
d'autres... » 

Elle n'acheva pas; sa fille lui baisa la 
main en silence. Tout à' coup, on firappa à la 
porte du petit salon ; Henriette ouvrit, et 
Just, le fils du fermier, entra, pâle et l'air 
troublé. 

c Mon amil s'écria la comtesse, émue 
à son aspect, qu'y a-til7... votre père... 

— Mon père est mort, répondit le 
jeune homme dont les lèvres tremblaient ; 
il a prié pour vous, madame, qui l'avez se- 
couru. 

— C'était un digne homme, et Dieu lui 
fera paix. Mais vous, mon cher Just, re- 
tournez auprès de votre mère, elle doit 
être inquiète et affligée... 

— Je ne le pois, car elle-même m'a 
ordonné de venir vous trouver. Vous ne 
savez pas ce qui se passe dans le village, 
madame; ce malin, au club, on a fait la 
motion, conune on dit, de piller le châ- 
teau, ce repaire de la tyrannie, comme ils 
disent encore, et devons envoyer, sous 
bonne escorte, à Metz, ainsi que made- 
moiselle Henriette. Tons les mauvais su- 





jets du village sont au cabaret ; ils boivent, 
ils s'échauffent... avant une heure ils se- 
ront ici. 

— Grand Dieul que bire? 

— Voulez-vous vous fier à moi, ma- 
dame? j'ai quitté le lit de mort de mon 
père pour venir vers vous; j'espère vous 
sauver... Vous avez un escalier qui des- 
cend au parc?... 

— Oui, et l'entrée de cet escalier se 
trouve dans le cabinet voisin. 

— C'est par là qu'il vous faut partir sur- 
le-cbamp. J'ai attelé à notre vieille carriole 
un cheval que j'ai emprunté à un voisin, 
qui croit que je vais annoncer à mes on- 
cles la mort de mon pauvre père; j'ai 
laissé cet équipage dans le sentier désert 
de roseraie qui borde votre parc. . La 
nuit tombe, personne ne nous verra par- 
tir... et demain nous aurons passé ]a fron- 
tière. 

— Mais les lois contre les émigrés, ma 
fortune, ou plutôt la fortune de cette pau- 
vre enfant? 

— Mais la vie, madame, la vie!... on 
guillotine à Metzl » 

La douairière frémît, et attira sur son 
sein Henriette tremblante ; puis jetant an- 
tour d'elle un long regard, elle murmura : 

t Tout quitter I 

— Madame, le temps presse. 

— Mon pauvre garçon , vous exposez 
votre vie I 

— A la grâce de Dieu I Vous avez tou- 
jours été bonne pour nous, madame ; mon 
père vous aimait, et s'il vivait, il m'ordon- 
nerait ce que je fais en ce moment. » 

• Madame de Tréville parut prendre une 
forte résolution. Elle se leva, ouvrit un 
secrétaire d'ébène, qui occupait l'angle du 
salon , et y prit un rouleau d'argent : 
< C'est tout ce que nous possédons I » 
dit-elle à Henriette. 

La jeune fille leva les yeux au ciel avec 
confiance. 

« Mes bijoux sont dans mon cabinet de 






V 










.><5i«(3 




- 4» — 




toilette, ajouta la vieille dame ; ma femme 
de chambre y travaille. 

— N'y allez pasi madame; vos domesti- 
ques vous trahisseat.. 

— Partons! répondit la comtesse; puis- 
que les hommes me délaissent et me trom- 
pent... je m'abandonne à Dieu! » 

Henriette jeta sur les épaules de sa 
grand'mère une pelisse fourrée, s'enve- 
loppa dans la sienne, et prit un paquet où 
elle avait rassemblé à la hâte quelques li- 
vres, une boîte à écrire et à peindre, et le 
peu de vêtements qni se trouvaient disposés 
dans le cabinet voisin de ce salon. Au mo- 
ment de franchir la première marche de 
Fescalier qui devait la conduire hors du 
château, la comtesse s'écria douloureuse- 
ment : n Qu'il m'est dur de quitter ainsi 
la maison de mes pères, le tou^beau de 
mon mari et de mes pauvres enfants !... 
Qoe n'y suis-je en paix avec eux ! » 

Henriette pleurait silencieusement. £Iles 
arrivèrent sans obstacle à la voiture, qui 
les entraîna pendant plusieurs heures. Par- 
venues au milieu de la nuit sur une hauteur 
qui dominait tout le pays, elles virent au 
bout de l'horizon une lueur éclatante, 
comme si l'on eût allumé un immense 
foyer an milieu de la campagne blanche 
de neige. 

« Ils ont mis le feu à Tréville I Tréville 
n'existe plus ! » s'écria la douairière en re- 
tombant au fond de la voitare. 

Just ne répondit rien, et pressa le che- 
val Henriette regarda encore les Oammes 
d'un rouge sombre qui montaient an ciel, 
et dit en son cœur : «c Adieu ! adieu pour 
jamais 1 » 

III. — ÉMIGRATION. 

Vavbe aim yetix gris, comme dit 
Sbakspeare, éclairait l'horizon, quand la 
voiture des deux fugitives passa la fron- 
tière^ Madame de Tréville embrassa sa fille 
avec une sorte de joie amère, en s'écriant : 
« Faut-il se réjouir en quittant le sol de 
sa patrie! » 



Lorsqu'elles furent arrivées à Luxem- 
bourg, Just se disposa à les quitter. Ma- 
dame de Tréville voulut lui ofliir une ré- 
compense, car Just était pauvre, mais le 
jeune homme s'y refusa absolument. 

ce Vous avez aidé et consolé mon père^ 
dit-il, c'est moi qui suis votre débiteur. 

— Prenez au moins cette bague pour 
votre mère, reprit Henriette, vous me la 
rendrez si des jours meilleurs se lèvent 
pour nous. » 

Le jeune homme prit l'anneau et le mit 
à son petit doigt; puis, d'une voix étouiïée, 
il dit : oc Au revoir, notre damel au revoir, 
mademoiselle I » 

Il sauta en voiture , et les deux exilées 
suivirent longtemps des yeux le pauvre 
paysan qui retournait vers la France. 

La province de Luxembourg ne pouvait 
pas offrir un lieu de refuge aux fugitives; 
elles gagnèrent promptement Liège, et de 
là, la Hollande, et arrivèrent au bout de 
huit jours de voyage à Amsterdam. De 
"l quelle tristesse poignante leur caur fut pé- 
nétré en entrant dans cette ville, où plus 
rien ne rappelait la France ! Climat, lan- 
gage , mœurs , physionomie , tout était 
changé. Après une nuit d'insomnie passée 
dans une mauvaise auberge, elles se mi- 
rent à parcourir les rues de la ville, déci- 
dées i cbercbçr un logement, oi!i elles 
pussent : (c Vivre de privations • disait la 
comtesse. — De travail, » ajoutait Hen- 
riette. Elles errèrent longtemps dans les 
rues peuplées, mais silencieuses, de la Ve- 
nise du Nord , sur ses beaux quais om- 
bragés de tilleuls , le long de ses canaux 
bordés de hautes maisons, élevées sur (?es 
marches, et au sommet desquelles la cigogne 
fait son nid. Un sentiment de curiosité 
dissipa leur inquiète mélancolie, à l'aspect 
de cette population étrangère et bigarrée, 
où le robuste paysan de la Frise coudoyait 
le Malais maigre et basané ; où la fermière, 
parée de sa jupe écarlate, de ses voiles de 
dentelle et de son diadème d'or, se croi- 
sait avec la n^resse coiffée d'un madras 




(È 













'^^Qi 











— 4C — 




bariolé; où le bruyant matelot heurtait 
brusquement de graves personnages vêtus 
à la mode de Louis XIV. Grands penfdon- 
naîres, membres 4^s États, ricbes arma- 
teurs, puissants banquiers, fils de ces 
hardis soldats, de ces sages politiques, qui 
résistèrent à Philippe II, à l'Angleterre , à 
la France, et faibles par leur nombre, me- 
nacés par la nature et par les armes de 
leurs ennemis, fondèrent au milieu des 
flots la plus fière des républiques, et s'af- 
fermirent par l'union et par la constance. 
Ces réflexions occupaient l'esprit d'Hen- 
riette, pendant que ses yeux, errant sur les 
enseignes, cherchaient les appartements à 
louer. Enfin, une inscription, en hollan- 
dais, en français et en anglais, frappa ses 
regards. Soutenant son aïeule, la jeune fille 
entra dans une modeste boutiqtie où Ton 
vendait des pinceaux et des couleurs , et 
demanda à voir le logement qui se trouvait 
vacant. La maîtresse du logis, à l'aide de 
quelques lambeaux de français , invita les 
dames à la suivre, et leur montra un petit 
appartement, meublé d'une manière puri- 
taine, dont une extrême propreté faisait 
tout l*ornement. 

« Restons ici, ma fille, dit la comtesse; 
cette chambre est assez grande pour y 
mourir, et je n'ai plus que cela à faire en 
ce monde. Installons-nous, et quittons 
cette chambre d'auberge, qui n'est pas à 
nous, puisqu'elle est à tous. » 

Henriette obéit, et le soir même leur 
petit bagage fut arrangé dans les armoires 
de chêne poli qui garnissaient la chambre 
à coudier ; Bossuet, l'Imitadon, un volume 
4e Racine, consolateorsemportés en fuyant, 
dirent posés sur la cheminée de la salle I 
manger ; Henriette prépara près de la fe- 
nêtre une petite table sur laquelle elle 
plaça ses godets, ses couleurs, ses vélins, 
et dès qu*à l'aide de quelques emplettes, 
soigneusement ménagées, elle eut pourvu 
aux habitudes et a«x besoins de sa grand'- 
mèr^, la jeo9e fille se mit au travail, im- 
p^tiepte de réaliser le dmf^in qu'elle avui / 




conçu. Elle prit conseil de son hôte, qui 
joignait à la vente des couleurs le brocan- 
tage des objets d*art, et d'après ses avis* 
elle peignit un tableau de fleurs, un au- 
tre de fruits et de nature morte, genres 
auxquels die s'était particulièrement ap- 
pliquée, et qu'elle traitait avec une heu- 
reuse facilité de pinceau. Les jours qu'elle 
employa à cette occupation furent des jours 
d'espoir et de ravissement ; âme forte et 
qui se révtiait dans le malheur, Henriette 
jouissait d'être elle-même, de se sentir 
bonne à quelque chose. Elle était heureuse 
des soins qu'elle rendait à son aïeule, heu- 
reuse de son travail, heureuse de ses espé- 
rances, et ce fut avec la plus douce effusion 
de cœur que, le dimanche venu, die se 
réunit, dans la chapeDe catholique, à h re- 
ligieuse assemblée des fidèles. 

Au bout de trois .«emaines, ses tableaux 
forent achevés et vendus pour les colonies, 
où les habitants, qui sont eux aussi des 
exilés, recherchaient ces peintures qui 
leur rappelaient les productions de la mère 
patrie. Le marchand de tableaux demanda 
d'autres toiles, et Henriette se mit au tra- 
vail avec une nouvelle ardeur. Elle ne 
sortait que pouf aller à l'église, lieu chéri 
de refuge et de paix ; au musée, où elle 
étudiait les œuvres de Rachel Ruysch, de 
Spaêndouck, et des peintres célèbres qui 
ont reproduit avec le pinceau les belles 
fleurs dont la Hollande est idolfttre. Par- 
fois, vers le soir, la douairière et sa fille 
allaient jusqu'au port, et, silendeuses, ap- 
puyées l'une sur l'antre, elles regardaient 
ks flots, à la même place peut-être où 
Yondd, le vieux poète, vint s'asseoir du- 
rant tant d'années, regardant toujours si la 
voile de son fils apparaissait à l'horizon (i). 

Les heures d'une vie laborieuse coulent 



(1) Vondel, poète bollandaii» a fait ks tra- 
gédies de Guy (i*Am$tel et de Luciftr; on croit 
que MilloD s'est inspiré de cette dernière pour 
la créa lion de son Paradis pnclu. Vondel mou- 
rut, dit-on, de chagrin, a cause de l'absence de 
son fils qui s'était embarqué pour les Iodes. 






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— 47 — 



rapidement , et quelques années passèrent 
ainsi, sans que leur poids parût trop lourd 
aux deux exilées. 

XY. _ L'omOER DB ta ItÊPUBUQUB. 

La nation française avait étendu ses 
conquêtes; les eavtliersde Pichegru« pas- 
sant les eaux glacées du Rbin, de la Meuse 
et du Zuyderzée (1), avaient envahi cette 
Bauvie que tes flots n'avaient plus su dé- 
fendre. Le ccenr de Henriette palpita, 
lorsque, accoudée à sa fenêtre, elle vit pas- 
ser les régiments français, défilant, fiers et 
calmes; lorsqu'elle entendit les sons de la 
hngue maternelle, doux comme une har- 
monie à Poreille d'une exilée ; uae ivresse 
guerrière exalta son esprit, lorsque les 
clairons sonnèrent l'air belliqueux con^sé 
pour les paroles de Cbénier : 

La vicloire enchantant, baiis onvcse ia harrière 



•»• 



« Des Français! répétait-dle avec une 
émotion de joie. 

— Des répoMicainsI des ennemis I t'ê* 
criait madame de TréviHe. Hélas ! mon en- 
iSint , pevtpétre nou fMvenMiUis à fuir <le 
noQveaik Regards cette kaiMèra : «e n'est 
plus celle de L<»a«i aie Fontenoi!.*. 

«- Ah! Maman» cet soldais sont si 
bri¥6s!... c'est loiyovni caUe de Phon- 
nenri» 

fin pariaal ainsi , «Ue remarqua que 
les soldats s'étaient arrêtés sur la pkoe voi- 
sine, les armes en faisceaux, et qu'on leur 
distribuait des billets de logement. Un offi- 
cier s'avança vers la maison ; Henriette se 
retira alors de la fenêtre, et reprit ses pin- 
ceaux; bientôt elle entendit le nouvel hôte 
entrer dans une chambre voisine, conduit 
par la maltresse de la maison, et sTy instal- 
ler après quelques paroles échangées aux- 
quelles elle ne prêta nulle attention. Pen- 
dant toute la journée, eHe entendit les 
bottes de l'offider qui criaient sur le sable 
dont la chambre était Jonchée, et sa voix 




(1) 1704. 




qui accompagnait le monvement régulier 
de ses pas. Le sofa*, eUe l'entendit encore; 
il chantait; elle fut tout k coup émue, 
car elle reconnut un refrain familier anx 
pâtres de la Lorraine ; et rien que d'en- 
tendre cet air plaintif, cet air connu, qui 
lui rappelait le manoir paternel, elle fondit 
en larmes. Mais son attention un instant 
attirée par cet incident, fut bientôt distraite 
par des pensées pins graves : madame de 
Tréville tomba malade, et tout^ Tafiection 
comme tous les soucis de Henriette furent 
concentrés sur sa vieille mère mourante et 
sans ressources. 

Alors disparurent les jours de paisible 
travail, de labeur régulier; toutes les heures 
de la jeune fiHe furent enchaînées au che- 
vet du lit oâ souifrait son aïeule; les cbétives 
économies, acquises par tant de privations, 
furent promptement englouties, et, trem- 
blante, Henriette vit approcher à grands 
pas l'indigence absolue , rindigence sans 
espoir, sans amis, sans protecteurs... Elle 
vendit peu à peu les objets de quelque 
valeur (hélas I en petit nombre] ; elle con- 
nut la douleur de voir passer aux mains 
d'un orfèvre ou d'un brocanteur, de pau- 
vres bijoux riches des souvenirs de toute 
une vie ; fl ne lui en restait plus qu'un seul, 
et elle se résolut à en faire le sacrifice. EUe 
sortit furtivement, et se rendit i h boutique 
du joaillier, qui, sans hésiter, lui compta 
une petite somme en échange de l'objet 
qu'elle lui offrait, et, les larmes aux yeux, 
une certaine joie amère dans le cœur, 
Henriette regagna son logis. Elle ne s'était 
pas aperçue que l'officier français, son 
voisin, Pavait suivie à sa sortie, et avait 
observé ses démarches. Il entra après elle 
dans le maga^ de l'orfèvre, et demanda 
à voir le bijou que cdui-'d venait d'ache- 
ter. Le marchand le montra aussitôt : c'é- 
tait un petit porte-crayon en vermefl, dont 
le pommeau portait un écusson en losange ; 
l'officier y jeta les yeux , changea de cou- 
leur^ et dit aussitôt : « Je l'achète I » B paya, 
et sortit précipitamment 





"^^^QC 






—.48 — 





En peu de minutes, ii revint à son loge- 
ment. L*hôtesse, d'un air triste, lui dit en 
mauvais français : a La vieille dame est 
bien mal la juffrouw est allée cher- 
cher un prêtre... » 

L'officier, de plus en plus troublé, 
monta rcscalier» entr'ouvrit doucement la 
porte de la chambre de madame de Tré- 
ville, et ne voyant auprès d'elle que la 
servante de la maison, il entra en étouf^ 
faut le bruit de ses pas. 

La mourante avait les yeux fermés. Une 
courte somnolence l'enlevait au sentiment 
de ses maux et de sa fin prochaine. L'of- 
ficier put contempler ce visage pâle, ce 
front sillonné, sur lequel tombaient quel- 
ques mèches de cheveux blancs, ces lèvres 
d'où s'échappait un souffle intermittent 
et pénible... Il regarda longtemps, s'ap- 
procha enfin, s'agenouilla près du lit et 
colla sa bouche sur la main froide de ma- 
dame de Tréville. La servante, surprise, 
poussait des exclamations en hollandais... 
Réveillée par cette voix, la mourante ou- 
vrit les yeux; ils se fixèrent sur le visage 
de l'officier, puis, par un effort surnaturel, 
elle se dressa sur son séant, et s'écria : 

« Gaston ! Gaston 1 » 

Sa voix avait eu d'abord une faible ex- 
pression de joie, qui s'éteignit dans l'ac- 
cent du reproche et de la douleur. 

« Va-t'en 1 continua-t-elle en ajoutant 
un faible geste à sa faible voix, va- t'en !.. . 
parjure ! 

— Ma mère I répondit Gaston, ne me 
repoussez pas!... Votre cceur m'a reconnu 
malgré le changement de mes traits, votre 
cœur doit vous dire que je ne suis pas in- 
digne de vous... 

— Traître à ta foi, à ton pays, à ta fa- 
mille. . . » Elle n'acheva point, et loi jeta 
un triste regard. 

« Ma mère, reprit-il, j'ai obéi à ma con- 
science en refusant une carrière où Dieu | 
ne me voulait pas ; je n'ai pas cru dés- 
honorer ma fanûlle en combattant sons les 
drapeaux de mon pays, pour défendre les 




frontières menacées. Cependant, si j'ai 
failli en n'obéissant pas aux désirs de mon 
père, en m'enivrant de ces idées d'indé- 
pendance, chères au jeune âge.. . je me 
suis repenti, et je suis encore un homme 
d'honneur , je suis encore un chrétien/ 

— Si je pouvais te crohre 1 >• 
Elle secoua la tête; les doutes aigris de 

la vieillesse troublaient son esprit : 

« Ma mère I ajouta le jeune homme , 
croyez-moi, pardonnez-moi, bénissez- 
moi I » 

Elle ne répondit pas. Au même instant 
la porte s'ouvrit : Henriette entra, pâle, 
éplorée, suivie par un vieillard de l'aspect 
le plus doux et le plus vénérable. C'était 
un de ces dignes prêtres que la révolution 
française montra aux peuples séparés de 
l'Unité, comme la meilleure apologie de la 
religion catholique. Il s'approdia, salua la 
marquise d'une parole et d'un sourire de 
paix, puis jetant tout à coup les yeux sur 
Gaston, il s'écria : ce Eh quoi I ne me trom- 
pé-je pasi Est-ce bien vous, mon cher 
libérateur? 

— Que voulez-vous dire, mon père ? 
Vous connaissez ce jeune homme ? de- 
manda la comtesse étonnée. 

— Comme quelqu'un à qui je dois la 
vie. A Nantes, il m'a sauvé des fureurs 
de Carrier, il m'a donné des habits, de 
l'argent, et si je suis ici, c'est à lui seul 
que je le dois..... 

— A mon enfant ! dit la bonne dame 
en joignant les mains. 

— J'ignorais son nom... 

— Gaston de Tréville, mon père! 

— Votre petit -fils! madame... Eh bien! 
je le dis pour réjouir votre oeur de mère, 
il est non-seulement un courageux soldat, 
mais encore un chrétien sincère.. . il en a 
rempli avec moi tous les devoirs. .» 

La marquise, épuisée, mais heureuse, 
.tendit la main à son petit-fils. 
Henriette s'approcha tout émue : 
« Je te la confie, Gaston, murmura ma- 













-- 49 -- 



dame de Tréyille, sois poar elle on bon 
frère... 

— Ma mère, dit-il, si Henriette y con- 
sent, permettez qu'elle soit ma femme; 
elle m'aidera à servir Dieu. > 

Madame de TréviUe inclina la tête et 
réunit dans sa main les mains de ses en- 
fants. Le bonheur avait un peu ranimé ses 
forces, elle vécut encore quelque temps, 
et put bénir l'union des deox cousins que 




la Providence avait destinés l'un à l'autre. 
Gaston ramena Henriette à Tréville, 
bien de son père, qu'on n'avait pu lui ar- 
racher ; il fut heureux et béni avec elle, 
car y dit l'Écriture, kz pères et le$ mères 
donnent les richesses^ mais c'est le Sn- 
gneur qui donne à Vhomme une femme 
prudente. 

W £V£UNE RiBBEGOURT. 



. <- •«•'. ^< «M ' 



LA REINE DES SYLPHES. 




> 




L'ombre du soir entoure la nature , 
Devant ses pas le jour s'est éclipsé ; 
Plus faiblement chaque ruisseau murmure., 
Sylphes , debout ! mon règne a commencé. 

Oh I maintenant 
Que notre chant 
Mène la danse , 
Et qu'en cadence 
Nos pas joyeux 
Charment les yeux. 
Déjà les fleurs , 
Nos jeunes sœurs , 
Dorment ensemble ; 
Le nid d'oiseau 
Dans le rameau 
Sous le vent tremble. 
O douce nuit ! 
La brise fuit 
Tout embaumée ; 
Nous n'entendons 
Que nos chansons 
Sous fa ramée ; 
Nul indiscret 
DjUS la forêt 



]>a-iiBQTiftMB ANMiB, 4« séniB. — :N<^ II. 








J^^ 






— 80 — 

Ne nous flienace : 
Vite , éumms , 
Sons ces IraisBons 
Est notre place I 

Or, pendant qne b natt passait sâendeuse. 
Les sylphes gracieux se balançaient en chœnr, 
Effleurant doucement, de leur danse moetteuse, 
Le gazon émailié^ sans ternir sa fraîcheur. 

Sous leurs agiles pas l'herbe à peine s'agite... 
Mais ?oilà que le jour rend Thorizon vermeil : 
Chaque sylphe soudain , reyolant ?ers son gite. 
Dans le sein d*nne fleur se dérobe an solefl. 

( Impressions et Rêveries,) M"' Lodisa Stappaerts. 



SALON DE 18S1. 



Premier artiele. 




La première exhibition publique des 
ouvrages des artistes peintres^ sculpteurs 
et grayeurs, a eu lieu en France dans la 
cour du Palais-Royal, en 1673. Elle se 
composait en tout de cent trente-deux mor- 
ceaux. C'était bien peu en comparaison de 
celles de notre temps, qui comptent par 
milliers; mais en reyanche on y voyait 
les Batailles d'Alexandre par Lebrun, des 
tableaux de Bon Boulogne, de Philippe 
de Champaigne , d'Antoine Stella , de 
Yandermculen , de Jacques Comtois, dit 
le Bourguignon, et des morceaux de sculp- 
ture de Girardon, Lehongre, Desjar- 
dins, etc. 

Après soixante dix-sept années écoulées 
nous trouvons revenue à son berceau l'ex- 
position des peintres et sculpteurs vivants. 
C'est au Palais-National qu'elle a lieu 
cette année; mais comme cet édifice n'a- 
vait ni l'étendue nécessaire ni la distri- 
bution convenable, on a été obligé de 
construire un grand pavillon dans la cour 
d'honneur du palais. Ce b&liment qu'on i 




dit ne devoir être que temporaire est par- 
faitement approprié à sa destination. Il se 
compose d'un grand salon central, construit 
dans les proportions du salon carré du 
Louvre et des quatre galeries qui Tentou- 
rent L'ornementation de ces diverses 
salles est simple et de bon goôt ; la lu- 
mière venant du haut, elles sont parfaite- 
ment éclairées. On n'yii pas non plus 
négligé le comfqrtable; elles sont très- 
bien chauffées^ ce qui n*est pas à dédai- 
gner, vu l'époque choisie cette année pour 
l'exposition. Le grand salon carré et les 
galeries qui t'entourent sont particulière- 
ment destinés à la peinture, néanmoins 
on y a disposé çà et là quelques statues ; 
cette innovation qui nous parait heureuse 
est généralement approuvée. Le vestibule 
du palais, qui avait trois entrées et trois sor- 
ties pour aller de la cour de l'horloge à 
celle d'honneur, a été converti en salle 
d'exposition ; cette salle, et une galerie atte- 
nante contiennent les sculptures. Quant 
aux appartements du premier étage du 












.><7^® 






— Si 

palais on y trouve encore une grande 
quantité de peintures qni n'ont pn trouver 
place au rez-de-chaussée, puis les dessins, 
pastels, gravures, lithographies, archi- 
tecture, miniatures, etc. Enfin, le nombre 
total des objets d'art admis cette année 
s'élève à 3923. 

Les œuvres les plus remarquables et les 
toiles de grande dimension ont été placées 
dans le bâtiment neuf. En entrant dans le 
grand salon carré, l'attention est d'abord 
attirée par le beau tableau de M. Yincbon, 
représentant une scène des Enrôlements 
tolontaires sur la place de V Hôtel de Vilky 
UnjnilUtMn. 

L'Assemblée Législative était divisée par 
des partis opposés. Presque toute l'Europe 
avait pris les armes contre la France, et 
déjà les troupes étrangères s'avançaient 
vers les frontières. En présence de cette 
situation alarmante, le président de ras- 
semblée Législaiive déclare la pairie en 
danger. Dès cet instant, toutes lesanimosi- 
tés s'oublient, les opinions les plus oppo- 
sées se réunissent dans l'intérêt commun. 
Des amphithéâtres sont élevés sur les pla- 
ces publiques et principalement sur celle 
de l'Hôtel de Ville. Là, des officiers muni- 
cipaux inscrivent le nom des citoyens qui 
viennent s'enrôler volontairement pour se 
porter aux frontières. 

Cet élan patriotique qui contribua si 
puissamment à sauver la France de l'in- 
vasion étrangère a été très-bien rendu par 
IM. Vinchon. Les groupes sont bien agen- 
cés, ils sont pleins de vie, et le mouve- 
ment en est simple et naturel. Dans ces 
sortes de compositions rien n'est plus à 
redouter que Peffet théâtral; M. Vinchon 
l'a évité avec beaucoup de bonheur. Ces 
jeunes gens qui partent si ardents, si una- 
nhnes, parce qu'il s'agit uniquement de 
sauver Thonnenr du pays, c*esi la réalité 
même; on ne saurait trop louer surtout la 
pose du jeune Gouvion Saint-Cyr, depuis 
maréchal de France, qui est à leur tête et 
semble les guider. En avant de l'amphi- 



théâtre, le génl?ral Dumourier encourage 
les citoyens dans cet élan national ; près 
de lui, Pétion, maire de Paris, promet 
aux épouses éplorées que la ville subvien- 
dra aux besoins de leurs enfants, en Fab- 
sence de leurs pères. Les tribunes sont 
l'emplies de femmes^ parmi lesquelles on 
remarque madame Roland, applaudissant 
à ce noble courage ; plus loin on distribue 
des armes. 

M. Muller nous a retracé des scènes 
bien différentes appartenant à peu près à 
la même époque. Son Appel des dernières 
victimes de la terreur est une page saisis- 
sante de vérité, devant laquelle on demeure 
cloué, malgré l'horreur qu'inspire le sou- 
venir de ces temps désastreux. M. Muller 
nous introduit dans la prison de Saint-La- 
zare, où se trouvent pêle-mêle hommes et 
femmes de tous âges, de toutes condi- 
tions. L'anxiété est peinte sur tous les vi- 
sages, le désespoir sur quelques-uns I Au 
second plan du tableau un représentant 
du peuple, debout, tient un papier à la 
main; c'est la liste des victimes cpi'ilva 
conduire au bourreau. Il les appelle avec 
une impassibilité qui contraste d'une ma- 
nière effrayante avec les cruelles angoisses 
des prisonniers ; les plus accablés ne sont 
pas ceux qui bientôt vont cesser de vivre, 
mais bien ceux qui se voient condamnés à 
survivre à le«rs parents, à leurs amis, et 
à les voir arracher de leurs bras. Tous les 
rangs étaient confondus sur cette liste; on 
y lisait les noms de madame Leroy, actrice 
delà Comédie Française, M. Hébert, ex- 
curé de Courbevoîe, madame Sabine Viri- 
ville, femme de Bessejouis de Roquelaure, 
ex-marquis, Antié, dit Léonard, coiffeur 
de la femme de feu Capet, Saint-Simon, 
ex-évêque d'Adge, le poète André Ché- 
nier... des ex-princesses, des soldats, des 
ouvriers. Ces scènes sinistres sont rendues 
par M. Mufter avec un talent au-dessus de 
tout éloge. Bien pensée, bien exécutée, 
cette œuvre capitale impressionne vive- 
ment le public. 








^^^4 





C€>^^ 










— »a — 



Les Fiancés de Manxoni oot fourni à 
M. Coubertin le SDJet de son tableau, su- 
jet bien triste encore, mais rempli d'inté- 
rêt; c*est un épisode de la peste de MUan. 
c Alors une femme dont Taspect annon- 
)> çait une jeunesse fatiguée, mais non pas- 
» sée, descendait au seuil de la porte... 
» elle tenait dans ses bras une jeune en- 
» faut que la mort semblait avoir endor- 
» mie sur son sein, et qu'elle sïtait plue à 
» parer de Têtements d'une éclatante blan- 
» cheur, comme pour un jour de grande 
» fête et de joyeuse solennité. La majesté 

de sa douleur imposa à cette race perdue 
» qui faisait métier de charrier les corps , 
» profanant souvent les cadavres et les dé- 
» pouillant toujours. Un de ces hommes 
» voulant prendre la jeune fille morte des 
» bras de sa mère, celle ci leur fit signe 
» qu'elle voulait la déposer elle-même dans 
» le tombereau et l'y ensevelir dans ses 
» vêtements sans qu'une main profane 
» touchât ce corps si chaste et si jeune; 
» émus de pitié, les fossoyeurs lui promet- 
» tent de respecter sa demande... Ce soir, 
» dit-elle en remontant, vous pouvez ven'r 
» chercher mon corps, j'aurai rejoint ma 
» fille. » 

M. Coubertin a été bien inspiré par 
Manzoni II a compris et rendu avec fidé- 
lité le sujet qu'il lui a emprunté. 




VAbdiccUiondu dogeFoscan^ par H. Du- 
veau, mérite de fixer l'attention; il y a 
beaucoup d'originalité dans l'exécution de 
celte toil^. 

« Lorsque le décret qui obligeait Fos- 
» cari à se démettre de sa dignité fut porté 
» au. doge, ce fut Loienzo, son ennemi, 
» qui eut la cruelle joie de le lui présen- 
» ter ; il répondit : Je me conformerai au 
» décret : puis il se dépouilla des marques 
» de sa dignité, remit l'anneau ducal et 
» quitta le palais qu'il avait habité pendant 
» trente-cinq ans, accompagné de son frère 
» et de sa belle-fille. On l'in^ ita à descendre 
» par un escalier dérobé, afin d'éviter la 
n ioule du peuple qui s'était rassemblée 
» dans les cours ; mais il s'y refusa, disant 
» qu'il voulait descendre par où il était 
» monté, et quand il fut au bas de Tesca- 
» lier des géants, il se retourna, appuyé 
» sur sa béquille, vers le palais, en pro- 
» nonçant ces paroles : Mes services m'y 
» avaient appelé, la malice de mes enne- 
» mis m'en fait sortir. » 

( Daru, Histoire de Venise. ) 

Voilà les plus grandes pages du Salon, 
mesdemoiselles; nous continuerons dans 
un prochain article. 

M™* Edmée de Syva. 



CHRONIQUE MUSICALE. 




Le succès de l'Enfant Prodigue^ bien 
qu'annonce avec une pompe et une obsti- 
nation dignes d'une meilleure cause, ne 
promet pas d'être durable, et l'Opéra, 
après quelques représentations consécuti- 
ves, a cherché dans d'autres éléments une 
fortune qui se faisait attendre. Ce n'est pas 
que la jolie musique de M. Auber perde à 
être entendue plus d'une fois ; loin de là , 
mais l'ensemble de cette œuvre ne peut 
remplacer un intérêt véritable par le luxe 



inou! et c[uelquefois surabondant des ac- 
cesaoires. 

Puis est venue la première représenta- 
tion d'un nouveau ballet de MM. Théophile 
Gautier et Saint-Léon : Pâquerette. La 
musique e^t de M. fienoist; une valse sur- 
tout est'r«^marqnable; quelques autres airs 
de daose d'une facture gracieuse pourront 
produire un bon effet au piano. On adonné 
avec ce spectacle le petit opéra le Rossignol^ 
qui renferme un air de soprano avec acoom- 



«y !> 










'^^^ 







— »5 — 




pagnemeat de flûte qui pent coDTenir aux 
Yoix lé-gères et aux talents déjà faits. 

S'il est nne administration infatigable, 
c'est celle de l'Opéra-Comique ; rien n'é- 
gale son étonnante activité , si ce n'est son 
bonheur : bonhenr bien placé, du reste, 
car directeur, artistes, compositeurs, tous 
rivalisent de zèle ; l'empressement du pu- 
blic répond à cette bonne volonté et à cet 
appel séduisant : c'est justice. Après le 
Caïd, le Songe d^une nuit d'étés Giralda, 
la Chanteuse voilée , c'était dernièrement 
le tour de la Dame de pique^ de M. HaléTy. 

Le sujet a été emprunté par M. Scribe 
à un auteur russe. Rien de bien original 
dans l'action ; pour mobiles, la passion du 
jeu et une protection mystérieuse. 

L'auteur du Val d'Andorre a traité ce 
SDJct avec ce talent consciencieux et agréable 
qai obtient les suffrages du plus grand 
nombre des auditeurs , bien qu'il manque 
quelquefois de véritable inspiration. La 
Dame de pique a obtenu un brillant succès, 
dont une bonne part revient aux artistes. 
Nous citerons parmi les morceaux que vous 
pouvez chanter la romance et l'air : Cré- 
neaux qtieje vois apparaître 1 le duo pour 
soprano et ténor : Dans ces murs solitaires, 
et les couplets du troisième acte, suivis 
d'un duo : Ne stiis-je pas une sœur^ une 
amie? Nous avons aussi remarqué au 
commencement *de la pièce une légende 
d'un bon ( ffet. 

Le Théâtre Italien a donné successive^ 
ment la Figlia del regimento^ la Sonnam- 
hula^ il Barbiere, Don Pasquale^ sans que 
le talent immense de M""* Sontag et la verve 
toujours jeune et toujours plaisante de La- 
blache, peu secondés d'ailleurs, eussent 
fait une salle parée , animée et sans vides, 
comme dans les beaux jours de ce théâtre. 
Ce miracle dans lequel ils avaient échoué , 
une jeune ûlle l'a opéré tout à coup. 
M"* Caroline Duprez, fille et élève du cé- 
lèbre ténor, a débuté , le 9 janvier , dans 
Lucia di Lammermoor, de Donizetti. Son 
père chantait le rôle d'£dgardo. Jamais 




triomphe plus complet n'a été obtenu 
Mlle Duprez est la réalisation vivante de la 
Lucie de Walter Scott, et sa voix, d'une 
fraîcheur et d'une pureté parfaite, est di- 
rigée avec une assurance, une hardiesse, 
un goûs une agilité qui font le plus grand 
honneur au maître et à l'élève. Aussi l'en- 
thousiasme a immédiatement gagné toute 
la salie, et chaque apparition que fait main- 
terant W^" Caroline Duprez est pour elle 
une pluie de bouquets et un concert de 
bravos. 

Les sociétés musicales continuent leurs 
séances et rivalisent d'habileté dans la com- 
position de leurs programmes. Les œuvres 
immortelles de Beethoven, de Mozart, de 
Haydn trouvent dans ces réunions de dignes 
Interprètes. 

V Union musicale, dirigée par Félicipu 
David, a conservé le rang qu'elle avait 
pris entre ces sociétés dès sa fondation; 
l'exécution répond à l'habiletédu chef d'or- 
chestre. 

La Société Sainte-Cécile , rivale del'î/- 
nion , doit la plus grande part de sa réus- 
site au zèle intelligent de son directeur, 
M. Seghers. Ami de la vieille musique, qui 
est presque toujours la bonne, jce cher- 
cheur infatigable trouve sans cesse pour ses 
auditeurs quelque curiosité charmante des 
premiers temps de l'art français. 

Hector Beijioz , à la tête de la Grande 
Sodétéphilharmoniqiie de Paris, lutte avec 
avantage contre ces deux adversaires re- 
doutables. Il appelle à lui les talents les plus 
divers. C'est ainsi qu'il a fait apprécier par 
son public le talent si précoce et hi ex- 
traordinaire du jeune violon Julien. Cet 
enfant de dix ans, qui, après quelques mois 
d'études au Conservatoire, y a remporté le 
premier prix, diffère singulièrement des 
autres jeunes merveilles. On arrive à faire, 
des doigts de certains enfants, de petites 
machines qui dévorent les notes avec une 
rapidité qui étonne au premier abord, mais 
qui chagrine après, car il n*y a rien au 
delà. Ce jeune artiste, au contraire, fait 







•^a:^5 





O!^ 






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— »4 ~ 



chanter son instrument avec un sentiment 
exquis, et donne à la musique qu'il' joue 
toute l'expression dont elle est susceptible. 
On peut prédire une brillante carrière à un 
enfant dont les débuts sont si remarquables. 

Le célèbre baryton Géraldy est de retour 
à Paris. Rien n'égale la souplesse et la Ta- 
ri^té de ce talent hors ligne ; il compose- 
rait à lui seul tout un concert. Les mor- 
ceaux qu'il chante de préférence cet hher 
sont un duo du Puits d'Amour, de Balfe, 
le trio du Torréadar^ et comme romances: 
André, deBonoldi, la Sérénude, de Stads- 
feld, (t Rien, de Hocmelle. Nul ne sait 
mieux que lui saisir les diverses nuances 
de cette musique, et nul ne chante aiec une 
plus excellente méthode. 

Oscar Gomettant vient de faire paraître 
des Etudes pour piano qui seront égale- 
ment recherchées par les professeurs et par 
les élèves. Ces exercices, composés spécia- 
lement pour faire acquérir aux pianistes le 
seniiment de l'expression et des nuances, 
remplissent une véritable lacune et ren- 
dront un service éminent à toute personne 
qui comprend que l'art ne consiste pas à 
faire entendre plus ou moins de notes dans 
un temps donné, mais bien à faire rendre 
par ces notes lldée et l'intention du com- 
positeur. Nous recommandons vivement 
à nos lectrices ces études, qui n'ont rien 
d'aride , et qui sont nommées des plus jo- 



lis noms. Une série de vabes faciles et gra- 
cieuses, les petits Oiseaux, du même auteur, 
doit convenir et plaire aux jeunes pianistes ; 
elles se distinguent surtout par une com- 
position irréprochable de tout point 

Nous avons entendu un quadrille de 
Çîlodo sur l'album Bonoldi. Les jolis motifs 
des diverses romances qui le composent ont 
été arrangés de la façon la plus habile , et 
ce quadrille , plein de gaieté et d'entrain , 
a été redemandé plusieurs fois. Il est du 
pet't nombre de ceux qui ne perdent rien 
à être réduits pour le piano, car les motift 
restent, et ils sont pleins de charmes. 

Nous terminomv par une réponse. On 
nous a demandé l'indication au métronome 
du mouvement des airs de dan^ Ce mou* 
vement n'a point de règles jn^clses; il dé- 
pend du goût, du caractère, de la dispo- 
sition des personnes qui dansent, et la 
mesure d'une valse, d'un quadrille, t» 
doit pas être la même durant toute l'exé^ 
cutîon; la fin, presque toujours, doit être 
plus pressée ; un mouvement régulier se* 
rait monotone et ennuyeux. Le nouvement 
du qnadriHe , de la valse , de la poHca est 
généralement connu, celui de la polk»- 
mazurka , de la schotisch et de la redovFa 
est un peu ralenti. Au reste, nous mettrons 
maintenant en tête des airs de danse que 
publiera le journal le chiffre du métro- 
nome. JULEd LOUTET. 




EXPLIGiTION DE L'ÉNIGME »"> i. 




Pulchérie* fille d'Arcadîus» empereur 
d'Orient , et petite-fille du grand Théo- 
dose, honora son sexe par les plus 
pures vertus, et le trône par les dons les 
plus rares du génie. A seize ans elle fut 
associée à l'empire et déclarée Auguste, et 
sous ce titre elle servit de tutrice à son 
jeune frère, Théodose II. Elle se consacra 
à Dieu par le vœu de virginité, et prati- 
qua dès lors dans l'intérieur du palais im- 
p/'rial les plus austères pratiques de la vie 
religicu«ïe. A la mort de son frère elle 
monta sur le trône de Bvzanre ; mais elle 



s'associa Marcien, général, chargé d'ans 
et d'honneurs, er, sans rompre un vœu sa- 
cré, elle lui donna le titre d'époux, et 
travailla de concert avec lui à ia paix de 
PÉgîise, troublée par les hérésies de Nes- 
torius. L'Orient jouit de quelques beaux 
jours sous le sceptre de ces saints monar- 
ques, et le règne du Puîchérie fut pres- 
que le setil moment heureux qu'eût vn 
l'empire de Constantin dans une période 
de onze siècles. Elle mourut en ^i53, lais- 
sant l'Orient à Marcîen, et l'Occident au 
faible et malheureux Valentînîcn. 





t^fiB^' 



^^<^^<L 






-N^, 










*•/. 



— tt» — 



Économie DomesGqae. 




CHINCHILLA. 



Ayez six œofr, n coiUerées à bmiche 
dé sacre ràpè^ une beimecQâlerée d'ane ti* 
qneur qudcooqoe : rham, lircbeiiwaMry 
cniraço, etc. 

Cassez les six «aifs» laissez tomber les 
blancs dans an compotier de porcebiiie, 
et mettez les jannes dans nne tasse; bat- 
tez les blancs d'iraft» lorsqu'ils sont bien en 



noigç, arjontez-y k sacre, pois la Kqoeor, 
en battant toujtmrs. 

Vous avez n»e casserole |fleme d*eao 
boiùUanft, voas y placez votre compotier; 
nn qnart 4'fafeare suffit pour la cuisson de 
cet eslremets, que tous servez okand. 

Poor ntiliser vos jannes d*cen6» fidtes 
nne crème, on dn sambayon. 



LIMONADE RUSSE. 



Achetez «ne onœ de crème de tartre. 

Une csilierée de fie de bière. 

Un kîkigramnie et demi de ancre. 

Sxdtroi». 

Un 1/2 kilogramnie de feniUes de cassis. 

Vous cfamsissez nne croche de terre, 
bien propre, vous mettez dedans la lie de 
bière, le snore, ks six ctHons, coopés 
cbacon en six morceaux. 

Faites dissoudre la crème de lanre dans 
na verre d'eau dianfle, pals versez-la dins 
k croche, ajontei-y 13 litres d*ean ckaude, 
cottvrez k cmcbe d*im morceau de papier, 
ipie vous perom^ dans pIosieniB 



avec nne épingle pour donner passage à 
ran*. Laissez ce méknge pendant trois 
jours exposé an sotel , et remueu4e a» 
moins trok fon par jour. 

Prenez une aaire cruche, placez idesmis 
une servktte, versez k liquemr à travers k 
serviette; prenez des bouteilles; avec un 
entonnoir, remptissez ces bouteilles que 
vous boucherez bien «t que tous ferez 
descendre à la cave. 

Après douze jonrs, vous pouvez em-» 
pIo}'er cette limonade ^ est très-rafrat- 
cUssaote et d'un goût fort agréaUe. 




CORRESPONDANCE. 




Tu me demandes de t'iaitier à mes ac'* 
tiona, à mes ^^sées; de tout mon ccBor, 
ma chère Mme; mes actions et mes pen- 
sées ac«pierroDt ainsi ponr mm on doubte 
întéi^t, et je te devrai d'avoir ^kmbléma 
vie... Tu le vois... en amitié : qui donne 
s'eneicbitl 

Il est deux heures. Je vais, sur ma robe 
degrooil'Âfriqtte noir, passer un katzaweck 
de même étoffé, garni d'une Iraiige de soie 
noire, chausser des bottines de satin de 
laine Mire» â hauts udons, boulonnés 



c£y^ 



k cou-de-pied, et mettre «me oapotte de 
velours groseille, dont lé bard lextérieur 
de k passe et celui du bavotot sont ooa- 
pés par une dentelle noire, ce qui rend 
cette coiffnre moins lourde et édaircit k 
figure; dés fleurs en velomv groseife et 
des brides de même coukur ornent k 
dessous de la passe; je retire de son* étui 
un manchon d'hermine, et va» frapper Si 
k porte du cabinet de mon père. J'entre... 
il continue de lire son journal ; j'at* 
tends. .. il ne lève pas lesyevz. .. je tousse : 



""-^Q^^^y 







— 86 — 



Haml huml — Ahl c*est toi? — Oui, 
père. — Eh bien, que me veux-tu î... Où 
vas-tu donc? te voilà prête à sortir! — 
Comme vous dites, père, et je viens vous 
demander votre bras pour faire notre vi- 
site accoutumée. — Je l'avais oublié en- 
tièrement., et sans toi. — Dites que je 

ne vous suis pas utile, nécessaire — 

Gomment, donc!... maisindispeftable...» 
ajouta-t-il avec un son de voii moqueur ; 
et comme il cherchait en vain ce qu'il lui 
fallait pour s'habiller, je m'empressai de 
lui présenter son paletot, son chapeau, sa 
canne et ses gants les plus chauds.. . en lui 
disant : « Tenez, père ingrat!. . . — Ah ! père 
ingrat I reprit-il en riant, et si je me re- 
mettais dans mon fauteuil, si je repre- 
nais mon journal, si je refusais mon bras, 
ma protection?... — Vous affligeriez une 
petite orgueilleuse que vous aimez... mal- 
gré ses défauts, » dis-je d'un ah: contrit. 

Tout en causant , nous arrivâmes chez 
Florence. Dès que j'eus salué son père, 
elle m'emmena dans sa chambre. « Ah I 
ça, ma chère, qu'est-ce que je vois là? 
m'écriai-je, est-ce que tu fais concurrence 
au fameux costumier Babin? — Oui, me 
répondit-elle en riant. Il y a dans notre so- 
ciété un bal déguisé, et, comptant sur mon 
adresse, les mères m'ont priée de choisir 
dans leur garde-robe ce qui (:ourrait com- 
poser des costumes d'enfants. 

Voici de quoi faire une bergère Louis XV, 
Un pot de rouge , des mouches de taiïelas 
d'Angleterre , noir ; les cheveux seront 
relevés à la chinoise, mais non serrés, et 
formeront un accroche -cœur de chaque 
côté des joues ; une couronne de roses 
roses, nouée par un ruban de satin rose 
formant deux boucles et deux longs bouts 
pendants, sera posée sur le côté gauche de 
la télé; la bergère aura une robe blanche; 
par-dessus, une robe de soie de couleur 
claire, relevée tout autour par des nœuds 
de rn|)an rose ; des manches courtes , 
garnies d'une ruche d'étoffe pareille, 
des mitaines noires ; à la main, une hou- 





lette formée d'une baguette d'osier , recou- 
verte d'un ruban rose , tourné en spirale , 
terminée du haut par un bouquet de roses, 
retenu par un nœud de ruban rose, et ses 
souliers seront ornés de rosettes pareilles. 
— Ton Estelle sera charmante, mais ce cos- 
tume coûtera encore cher. — Mon Dieu, 
non , ce sont de vieilles fleurs rafraîchies, et 
ce qu'il a fallu acheter de ruban ne sera 
pas perdu. — C'est juste!... Qu'est-ce 
que cet autre costume? 

— C'est celui d'un galant espagnol Voici 
une paire de moustaches qui s'accroche dans 
les narines, une résille formée d'un cache- 
nez en filet, une chemise dont le col sera ra- 
battu, une veste de drap, noir ou brun, or- 
née au bas de la taille, devant, sur les épaules 
et au poignet, d'aiguillettes, espèces de 
nœuds de ruban rouge ou bleu, dont les 
bouts sont ferrés en or; les mêmes nœuds 
sont cousus le long de la coulure du pan- 
talon; les bas blancs ont les coins formés 
d'un étroit ruban de satin rouge ou bleu 
cousu en zig zag, des souliers noirs ornés 
d'une rosette dont les bouts sont ferrés, et 
pour ceinture une écharpe de gaze rouge 
ou bleue nouée sur le côté. — ^11 me semble 
que la veste a été raccourcie en la rele- 
vant en dedans, et le pantalon rétréci et 
raccourci en le relcTant aussi en dedans, et 
jusqu'aux genoux. 

— Sans doute ! Voici la toilette d'une 
senora* Jupe de taffetas de couleur claire, 
mise avec le corsage d'une robe de taffe- 
tas noir ou brun, à manches courtes, ou lon- 
gues et à coude ; des aiguillettes de ruban 
de satin, ferrées en aident, posées au bas du 
corsage, sur les épaules, et, si les manches 
sont longues , à partir du coude jusqu'au 
poignet; des bas de soie blanche, des coins 
formés par un petit galon d'or cousu en 
zig-zag, des souliers noirs, ornés d'aiguil- 
lettes comme celles du corsage ; les che- 
veux en bandeaux, un peigne à cintre très- 
élevé, une rose rouge posée sur l'oreille 
gauche, un voile noir jeté sur la tête re- 
tombera sur les épaules, et elle aura on 





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— 57 — 



éTentai) à la main. — Quel est ce mélange 
de costumes d'homme, de femme! 

— C'est une vivandière. Jupe de mérinos 
gris ou Meu , canezou de mousseline , 
tablier formé d'un mouchoir de batiste , 
plissé à gros plis plats , ceinture de ru- 
ban de taffetas noir, nouée derrière, 
pantalon blanc, bottines noires, cheveux 
en bandeaux, et derrière noués ensem- 
ble du bout, puis roulés sur eux-mêmes 
de manière à faire une coiffure semblable 
à celle de la Jeanne d'Arc de la princesse 
Marie ; une casquette rouge ou bleue, ou 
un chapeau d'homme qui sera posé sur 
ForelUe droite et retenu par deux longs 
rubans de taffetas noir : sous le menton 
faisant rosette. Sur le chapeau on pour- 
rait ajouter une longue plume blanche ou 
noire, tournant autour de la forme, ou bieo 
un bouquet de trois têtes de plumes rap- 
pelant les couleurs nationales, et le petit 
tonneau sera suspendu à son côté par un 
ruban de taffetas noir passé en sautoir. 

— Je ne vois pas de pierrot., permets- 
moi de t'indiquer ce costume. Pantalon 
blai^c, sans broderie, camisole blanche sans 
broderie, dont on a eu soin d'ôter la cou- 
lisse et les rubans de taille, et dont les 
manches, sans poignet, sont rallongées, eu 
laissant, en dessous ^ place pour passer les 
mains. D'énormes boutons, formés d'un 
morceau de ouate et d'un rond de satin ro^e 
ou rouge, cousus le long du devant de la 
camisole et te long de la couture extérieure 
du pantalon ; colerette formée d'une bande 
de mousseline empesée, plissée à gros plis 
ronds; serre-tête blanc, la figure blanchie 
de farine ; bas de coton blanc, souliers 
noirs et un gros bouquet de roses à la 
boutonnière. 

— C'est bien! les petits garçons n'ont 
pas de prétentions ; mais regarde mon cos- 
tume déjeune Grecque, Ses cheveux pen- 
dront séparés eu deux longues tresses, 
nouées du bas par un galon d'or, elle po- 
sera sur le coin de sa tête^ ce bonnet grec 
auquel j'ai ajouté ce galon et ce long gland 





d'or ; ce pantalon, cette robe de mousse- 
line et ces manches longues, larges du 
bas comme du haut, sont garnies de ce 
même galon d'or; sur sa poitrine, elle 
aura de nombreux rangs de perles ou de 
corail); une écharpede gaze, d'une couleur 
tranchante, tournera autour de sa taille et 
retombera sur sa hanche; sa mère lui prê- 
tera un élégant katzaweck qui restera ou- 
vert sur sa poitrine et dont les manches se- 
ront relevées de manièreàfaire des manches 
courtes. — Mais, toi, Florence, comment 
seras-tu 7 

— J'aurai une couronne de feuilles de 
chêne, une robe de mousseline blanche, 
faite à la grecque, des manches courtes et 
justes, et par-dessus, des manches longues 
formées d'un seul morceau de mousse- 
line, dont les deux côtés, au lieu de se 
réunir, sepnt ourlés et se trouveront 
placés, non sous le bras, mais dessus, 
puis une ceinture de feuilles de chêne 
retiendra une faucille d'or. — C'est-à-dire 
que tu seras une Yellédaf une druidesse.. . 
Je feu fais mon compliment, il paraît que 
tu as les bras blancs et les cheveux bruns 
des Gauloises. Mais si tu ne les avais pas? 

— Je choisirais un costume Louis XV. 
Mes cheveux, poudrés, seraient relevés de- 
vant ; derrière, ils seraient aplatis sur ma 
tête, sous la forme d'un petit chignon retenu 
par un peigne d'acier poli, et j'aurais une 
rose rose sur le côté gauche. Ma robe de 
dessous serait en taffetiis blanc, celle de des- 
sus en mousseline blanche ; la jupe relevée 
devant, de chaque côté, par une rose rose. 
Mon corsage à pointe et décoleté serait 
garni autour du haut par une dentelle 
froncée, mes manches, courtes et serrées, 
garnies de manchettes en dentelles, des- 
cendraient jusqu'au cx>ude et remonte- 
raient jusqu'au «pli du bras, là elles se- 
raient relevées par une rose. J'aurais des 
mitaines longues , en soie blanche ou 
noire, des souliers de satin noir à ta- 
lons rouges, du rouge sur les joues, et 
une mouche près de l'œil gauche. Je 












— 88 — 



tiendrais im éventail orné de peintures re- 
présentant des bergers et des bergères. 

— Tes *deux costumes seraient char- 
mants, Mm, repris-je en rougissant, et 
te corar mpen gros, si f allais à un 
bat déguisé je choisirsis F un on l'autre 
de ces costumes... maiit; je n'y Tais pas! 
— Yeux^tn que je demande une invitation 
pour ton père et pour toi? nous sommes 
intimes dans cette famille. — Que tu serais 
bonne!... Embrasse-moi... — ^Jeteguetterai 
I rentrée du bal et te présenterai .Toyonsf. . . 
veux-tu essayer une présentation?» 

Floirence et moi nous sortîmes de sa 
diambre. Elle me prit la main, nous en- 
trâmes. Dès la porte, je promenai mes re- 
gards autour du salon comme pour recon- 
naître les personnes présentes, pois m'a- 
vançant devant un fauteuil qui représen- 
tait la mattresse de la maison, je lui fe, les 
yeux timidement baissés, une profonde ré- 
vérence; ensuite, toujours conduite par Flo- 
rence, j'arrivai à la place qui m'était des- 
tinée, et faisant une demi-révérence à mon 
introductrice, je pris place sur une ban- 
quette, d*od j'adressai de légers saints, avec 
mon éventail, aux chaises représentant les 
jeunes personnes de ma connaissance... 
Après cette cérémonie, jouée très-sérieuse- 
ment, nous n'avions plas qu^ éclater de 
rire.. . ce que Ffon^nce et moi nous fîmes 
de très-bon cœur. 

« C'est assez de folie, me dit-elle, as- 
seyons-nous, et causons. Qu'as-tu fait? 

— J'ai rassemblé toutes les cartes de vi- 
site du premier de l'an, et revu, corrigé et 
at^^enté notre livre d'adresses par ordre 
alphabétique; les marchands et fournisseurs 
y sont distingués par une étoîlt*, à la marge. 

— Moi, j'ai fait la revue de toutes 
les factures acquittées, de tous les mé- 
moires soldés, et j'ai détruit ceux qui 
étaient inutHes ou saws importance, vu leur 
date de deux ans, car les commerçants et 
les ouvriers ayant pour usage de ne point 
attendre une année avant de rédamer ce 
qui leur est dft , et mon père ayant Fhabi- 




tode de ptiyer tout comptant, s*il j avait 
une rédamation, elle ne serait pas vahMe. 

— Je prépare d ma mère une surprise. 
Tu sais que depuis longtemps j'ai fût des 
sacs sur lesquels j'ai écrit pour étiquette les 
mots : toife, percale , broderie , dentelltj 
soie , laine , rubans , indienne, etc. ; fy 
mettais, selon l'étiquette , tout ce dont 
on ne pouvait plus rien faire pour per- 
sonne... Eh bien, j'ai pris le wc broderie^ 
j'ai trouvé un vieux mouchoir de batiste 
admirablement brodé, faî découpé tous 
les dessins, j'ai monté , snr un métier, rni 
morceau de belle mousseline, j'ai indiqué 
dessus, par un fil, la forme de deux man- 
ches pa^es taiHées sur celles de la plan- 
che X, année 1S50. Avec mes broderies, j'ai 
feit un semé et formé des festons, tantôt 
plaçant, tantôt déphçant mes broderies, 
comme si j'eusse joué aux dames, puis, les 
distances bien prises , j'» bSti fleurs et 
feuilles aux places qui leur étaient desti- 
nées. Alors f ai démonté la mousseline; avec 
du fil très-fin , j'ai cousu fleurs et feuilles, à 
Tenvers, à points de côté, en passant mon 
aiguille entre les brins de coton de la bnr- 
derie, et prenant quelques fils de la mous- 
seline. Je compte employer le reste des 
dessins du mouchoir à orner des bonnets 
du matin, des sous-manches montées sur 
un entre-deux... toutes choses dont on 
ne peut voir l'envers. 

— C'est très-bien pensé. Tu pourrais réu- 
nir toutes les vieilles blondes blanches et 
celles jadis noires, les faire teindre toutes 
en noir et apprêter grossièrement^ puis 
acheter du tulle de soie noire de quoi faire 
une robe, monter chaque lé sur un métier, 
former, avec les fleurs, des colonnes qui 
s'arrêteraient à trente centimètres avant le 
bas de la jupe, ces trente centimètres res- 
teraient pour y mettre un semé qui for- 
merait garniture et serait terminé du bas 
par des festons daus chacun desquels serait 
une fleur ; le corsage, tout taillé, serait 
bradé à oobnnes. Cette rabe , portée sur 
un dessous bleu, lihs ou rose, serait très- 





^<î^ 





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^^^. 



— 89 — 




riche, très-élégante pour une dame... » 

Udie sonnette se ût entendre. 

« Je te quitte un ingtaot, médit Florence, 
mon père m'appelle. Bonne noufellel 
Jeanne , sVcria-t-elle «n rentrant , nous 
dînons chez toil Nous partons tout de 
suite. Ces messieurs veulent faire un tour 
de promenade , et tandis qu'ils causeront 
politique, nous regarderons les magasins 
et les toilettes. — Oh ! oui^ bonne nou- 
velle! m'écriai-je en frappant des mains; 
dépêche-toi ! » 

Floi ence ndt par-dessus sa robe de sa- 
lin de iaine marron , un manteau Talma de 
même couleur, brodé d*nne grecque en 
soutacbe et lacet, et se coiila d'une capote 
de satin blanc 

u La mode n*est pas si bizarre qu'on le 
dit, me fit observer Florence lorsque nous 
fûmes sur les boulevards; l'hiver nous 
ayant forcées à relever nos longues jupes, 
a donné l'idée de porter de riches jupons 
brodés; voilà môme un jupon de soie 
noire, ouaié, doublé et piqué du bas, en 
formant des losanges sur une hauteur de 
tcente ccntunètres^ qui me parait très- 
confortable. — Comment trouves-tu ces 
capotes? — Mais... très-laides; on dirait 
un gros limaçon qui couvre la nuque, cela 
fajc paraiure la tête sur les ^[Mwles et dé* 
couvre la figure, ce qui donoe l'air ef- 
fronté... Ansoi je remarque qu'il n'y a 
que les deux classes les pins opposées de la 
société qui les fiorlent JUais cette mode ne 
peu durer... Coname c'est commode, un 
chapeau que l'on est obJigé de s'altacber 
sur la tête par le moyen d'une longue 
épingle passée à travers les cheveux de 
derrière t.. . Ahl voici de jolies bagues: 
ces serpents en or poli, tournés autour 
du doigt et avançant leur tête couverte 
d'un rubis ou d'tine émeraude. £n veici 
une autre plus forte ; «ur la tête est un 
chiffre, elle peut servir de cachet. Les 
boutons d'oreilles ont cela de remarquable 
que l'eu n'aperçoit pas l'anneau qui les 
«outieiit.,. li'abusons pas de la cumplai- 




sance de nos pères qui s'arrêtent quand 
nous nous arrêtons... continuons notre 
chemin. — Je vois que les coiffures de 
soirées sont un mélange de fleurs de fan- 
taisie , de feuilles en velours de couleur 
foncée et de brins d'herbe mêlés à des 
brins d'or qui pendent jusque sur la poi- 
trine... de vraies coiffures de naïades... 

— Jeanne , regarde ces élégantes qui 
sortent sans doute de l'Exposition de pein- 
ture : ces capotes de velours uoir, or- 
nées de jais; ces katzawecks pareils, bfo- 
dés de même . tout cela, mêlé de dentelle 
noire, a un petit air espagnol qu'il ne me 
déplaît pas... de voir à d'autres qu'à moi; 
j'aime peu oe qui brille. .. dans la rue. — 
Ces petites têtes de plumes poséei) des deux 
côtés d'un chapeau sont assez gracieuses. 

— Oui, à cause de la forme écrasée des 
chapeaux; mais, avoue que, posées d*un seul 
côté, ce serait plus coquet. Je rends justice 
aux étoffes de cette année : de jolis écossais, 
de richesdamas, de brillantes étoffes delaine 
et de soie, et je remercie la mode de n'avoir 
rien changea la forme des robes; j'admire 
ses coiffures, mais je n'accepte pas ses 
chapeaux. — llnà faut pas dire fontaine^ 
je lie... Mais voici les pompiers qui se 
rendent à l'Opéra. Messieurs ! dis-je à nos 
pères, il est cinq heures et demie ! » 

Nous rentrâmes. Le diner fini, j'emme- 
nai Florence dans ma chambre. — Est-ce 
pour le Journal? me demanda- t-elle en re- 
gardant une gravure attachée avec une épin- 
gle ^ l'un de mes rideaux. — Oui, ce sont 
deux demoiselles s'exerçant à danser une 
polka-avourka, avant d'aller au bal. L'une a 
trois jupes de crêpe ou de gaze rose, feston- 
nées à l'emporte-pièce ; son corsage est Ucé 
derrière, sa Berthe est formée de trois Ber« 
tbes de même étoffe ; la pièce de devant est 
couverte de bandes pareilles; tout cela, 
ainsi que la manche un peu large, est {es- 
tonné comme les jupes. Sa coiffure est 
composée de houtons de roses, moussus; 
deux rosettes de Tuï»n de taffetas rose 
acconiMigaenl sa h^nri^ et tembent sur ses 




^ 



f. 





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•'^S^©^^*. 

^^^^^^^'' 



— 60 — 





épaules. L'autre a deux jupes de mousse- 
line blanche ou de taffetas blanc, celle de 
dessus eut relevée par une fleur verte, de 
fantaisie; sa manche, un peu large, est re- 
levée, au-dessus du pli du bi as, par la même 
fleur, mais plus petite; sa Bertbe, aussi de 
mousseline ou de taffetas, est relevée de 
même; sa guirlande est composée des 
mêmes fleurs vertes. — Il me semble, ma 
chère Jeanne , que tu doutes de Tintelli- 
geijce de nos amies. — C'est vrai, pour quel- 
ques-unes, mais il y a des pays si loin de 
Paris, que les objets de toilette n'y portent 
plus les mêmes noms... et je leur apprends 
ainsi à les reconnaître. — J'imiterai cette 
dernière toilette, mais au lieu de ces 
fleurs, je ferai une rosette de petits rubans 
de velours ; pour coiffure, je coudrai un fil 
d'arcbal sur une paille que j'entourerai 
d*un ruban de velours tourné en spirale, 
sur cette paille je coudrai des rosettes de 
trois boucles sur le front et grossissant à 
proportion jusqu'aux oreilles; là, je laisserai 
tomber des petits velours que je friserai, 
en les tenant, l'un après l'autre, par un 
bout entre le pouce et l'index de ma main 
gauche, tandis que je les ferai passer, en 
les pressant fortement, entre mon pouce 
droit et une lame de couteau — Veux- tu 
m*aider à expliquer notre planche II ? — 
Je suis toute à toL.. dicte!... j'écris. 

Le n^ 1 est un col en broderie anglaise. 

Le n^ 2 une pelote qui se brode sur ve- 
lours ou Casimir , en soutache d'or ou de 
soie. Ce dessin peut servir pour mouchoir; 
il se brode en points de chaînette, on au 
crochet, en soie jaune orange, ou noire, si 
c'est pour deuil. 

Le n"* 3 est un dessin de taye d'oreiller ; 
il se brode en points de feston, et se dé- 
coupe. On taille cette taye en deux mor- 
ceaux ; le dessus, d'un carré de 70 centi- 
mètres, le dessous, de 60 centimètres. On 
dit un point de feston pour couvrir l'es- 
pace indiqué par les deux Ugnes; c'est sous 
ces deux lignes que l'on coud trois des côtés 
du dessous de la taye d'oreiller ; sous le qua- 




trième côté, on ajouteune petite bande d'é- 
toffe à laquelle on a fait des œillets, et l'on 
fait de semblables œillets au côté du des- 
sous qui n'est pas cousu. On lace ensuite 
ces œillets avec |un lacet de coton. 

Ce dessin peut servir pour mouchoir, 
bas de jupon et camisoUe. 

Le n' h, Désirée se brode au plumetis. 

Le n"" 5 est le quart d'un mouchoir qui 
se brode de même. Il se garnit de deux 
rangs de dentelle, cousus le long de ces 
deux lignes ondulées. Ce dessin, tenniné 
par un point de feston sur les deux lignes 
qui se trouvent sous la broderie, peut con- 
venir pour un mouchoir du matin. 

Le n^ 6 Mathilde se brode au plumetis. 

Le n* 7 est un dessin qui s'exécute en 
filet, au point carré, et se brode en repri- 
ses, ou bien, il s'exécute au crochet. Avec 
les nombreux dessins de ce genre qu'a 
envoyés le Journal, on peut faire un man- 
teau de lit, une nappe d'autel. 

Le n"" 8 est un alphabet pour marquer 
le linge. 

Le n* 9 est une dentelle que je nouune 
Frédériqm, en souvenir de l'amie qui me 
l'a envoyée. 

DENTELLE FAÊDÊRIQUE. 

Monte treize mailles et tricotte tous les 
tours à l'endroit 

1^'TOUR. Tricotte 3 mailles simples — 
jette le fil sur ton aiguille de droite comme 
si tu voulais tricoter à l'envers — tri- 
cotte 2 mailles ensemble — 3 mailles 
simples — jette le [fil sur ton aiguille de 
droite — tricotte limaille simple — jette 
le fil sur ton aiguille de droite — tricotte 
k mailles simples. Tu dois avoir 1 5 hrides 
sur cette aiguille. 

2* TOUR. Quatre mailles simples ~ jette 
le fil — 3 mailles simples — jette le fil — 
2 ensemble — 3 simples — jette le fil — 
2 ensemble — 1 simple. 16 brides sur l'ai- 
guille. 

3* TOUR. S simples — jette le fil — 2 
ensemble — encore 2 ensemble — jette le 



^'§ 









O^J^.^ 






.>^®3 




— 61 — 



fil — 5 simples — jette je fil — U simples. 
17 brides. 

k* TOUR. Prends une maille sans la tri- 
coter — tricotte celle qui suit — rabats par- 
dessus cette maille celle non tricotée — 
prends de même une maille sans la tricoter, 
et rabais par-dessus celle que tu as sur ton ai- 
guille de droite— prends encore une maille 
sans la tricoter, rabats par-dessus la maille 
qui le reste sur ton aiguille de droite — 
jette le ûl — 2 ensemble — 3 simples — 
2 ensemble — jette le fil — 2 ensemble 

— 1 simple — jette le fil — 2 ensemble 

— 1 simple. ! 3 brides. 

5* TOCB. 3 simpl's — jette le fil — 2 
ensemble — 1 simple — jette le fil — 2 
ensemble — 1 simple — 2 ensemble — 
jette le fil — 2 simples. l5 brides. 

6* TOUR. 3 simples — jette le fil — 
prends une mail'e sans la tricoter — 2 
ensemble — rabats par-dessus la maille 
non tricotée — jette le fû — U mailles 
simples — jette le fil — 2 mailles ensemble 

— 1 simple. 13 brides. 
Recommence le 1" tour jusqu'au 6% et 

ainsi de suite. 

Le n^" 10 est la moitié du derrière d'un 
mznlAet'Ckambord, en Casimir ou en mé- 
rinos; il se taille double. 

Le n"" 11 est un des devants. Les deux 
se font aussi dans la largeur de l'étoffe. 
Ce mantelet se brode en soutache ou se 
garnit d'un large galon de soie cousu à 
plat 

Le n* 12 est un bonnet de chez soi 
qui se foit en tulle de soie et se garnit 
de ruban de gaze festonné. On frise les 
bouts qui tombent, ainsi qu'il rient d'être 
indiqué pour le yelours Tert 

Le n^ 13 est un bonnet de nuit en ja- 
conas, dont le fond est semé de broderie 
anglaise, et garni de bandes et d'entre-deux 
de cette même broderie. 

Le n* ik est un fichu-guimpe en 
jaconas. Le col est monié à an petit entre- 
deux; le devant est formé de plis et de 
Iffoderie anglaise. Pour cacher le com- 




mencement de ces plis et de cette brode- 
rie, on fait un pli aux deux côtés d« de- 
vant du fichu. 

Le n° 15 est un canezou habillé, en 
mousseline brodée ; il s'ouvre devant ; deux 
bandes de mousseline pareille, festonnées, 
sont cousues, froncées autour de ce cor- 
sage, et forment Berihe derrière ; une troi- 
sième bande, aussi festonnée, forme la 
manche courte. Ce canezou est monté sur 
une ceinture d'étoffe pareille. Dans de pe- 
tites soirées dansantes, il se porte avec une 
jupe de taffetas gris, rose ou bleu . 

Ici, je réclame l'indulgence d'une partie 
de nos amies... — Je comprends, ma 
pauvre Jeanne, ici commence la planche 
pour la grande édition ; heureusement qu'il 
y a peu de chose à expliquer. Continue. 

— Le n"" 16 est un riche bas de jupon 
qui se fait au point de feston et en brode- 
rie anglaise. 

Le n° 17 est un sachet pour mouchoirs, 
il se brode au métier, sur moire on caslmir 
bleu de France ou noir, en soie demi-torse ; 
les muguets, les roses, les ne m*oubliei 
pas, les coquelicots, les feuilles se font 
avec les couleurs que Dieu leur a données, 
et les ornements se font en jaune d'or, 
ainsi que le mot mmchoirs. 

Le n® 18 est unsemépourgilet d'homme. 

Les n<^ 19 et 20 sont deux dessins que 
l'on brode sur llourlet qui recouvre les 
boutonnières d'une chemise d'homme. 

Le n* 21, Maël est le nom d'un gentil 
petit garçon. 

Les n®' 22 et 23 sont des entre-deux 
en broderie anglaise. 

Les n°' 24, Angéiine; 25, Berthe; 26, 
Néomie; 27, Hermance; 28, Françoise ^ 
dans un écusson ; 29, Gabrielle; 30, Adèle; 
31, Agathe; 32, Céline; 33, Va/^ne,dans 
un écusson. 

Le n"" 34 est one mitaine. 

MITAINE EN FILET. 

Ach&te de la laine noire et de la laine 
bleu-ciel, très-fine, en trois brins, toaméflt 




?)Ôîe^ 






>^q:. 





n^ér. 







— ea — 

Prends un moule d*acier de 6 milli- 
mètxcs de circonférence — charge deux 
navettes: une de laine noire, une de laine 
bleue. 

Prends la laine noii*e, monte 32 
mailles, fais, en rond, trois rangs de filet 

— au quatrième rang, tourne deux fois 
ta navette autour du moule — au cinquième 
rang, casse ta laine. 

Prends la navette chargée de laine bleue, 
noue ensemble ces deux laines, fais 
deux rangs de filet ordinaire. 

Reprends ta laine noire, fais quatre 
rangs — au cinquième, noue un fil blanc 
autour d'une ynaille pour indiquer le mi- 
lieu du pouce ; après celte maille^ lève-z-en 
une, fais un tour — en revenant, avant 
cette maille^ lèves-en une —ainsi de suite 
avaut et après ces mailles levées jusqu'à 
ce que tu aies fait huit tours et levé seize 
mailles puur le pouce — tu comptes ces 
seize mailles sur ton moule ^ tu les fais 
en^ronds , en abandonnant les 32 autres 
mailles. 

Tu fais quatre tours — tu prends la laine 
bleue, tu fais un tour — tu prends la laine 
noire, tu la tournes deux fois autour du 
moule — tu prends la laine bleue, tu fais 
un tour, et casses ta laine. Le pouce est fini. 

Tu enfiles les 32 maiUes qui forment 
la mitaine, tu fais trois tours en rond — 
tu prends la laine bleue, tu fais un tour 

— tu prends la laine noire, tu tournes ta 
navette deux fois autour du moule — tu 
prends la laine bleue, tu fais un tour... 
la mitaine est fiuie. 

Pour la garnir, tu enfiles les 32 mailles 
du bas, sur ton moule tu prends la laine 
noire, tu fais deux mailles dans chaque 
maille. 

Tu prends la laine Ueue^ tu fais deux 
mailles dans chaque maille. 

Tu prends la laine neire, tu Eus une 
maille dans chacune de ces mailles... la 
garniture est finie. 

Si tu exécutes cette mitaine en cordonnet 
de soie, tu la feras toute noire. 





Les n°' 35, Ephraïme, 36, EUadme, 
37, 38,39, ao, (il, ^2, 43, représentent 
en grandeur naturelle un patron de cor- 
sage à basques , orné d'une grecque. Ces 
basques se réunissent entre elles et à celle 
du dos. 

Florence, est-ce tout? — Oui! mille fois 
merci I. .. Hélas ! ma chère, ce proverbe 
est bien vrr.i ! Vhomme propose et Dieu 
dispose, ou plutôt, le journal propose et 
le graveur dispose... La gravure qui a été 
faite d'après la nouvelle insérée dans le mois 
de janvier n'est pas encore prête... quand 
les artistes ont du talent ils se permettent 
de n'avoir pas d'exactitude.,, je suis con- 
trariée. — £h bien , ma chère, nos amies 
savent que ce n'est pas ta faute.. . Console- 
toi!... Voyons...* changeons d'idée : quel 
est ton dernier rébus 7 

— C'est un mi — des œufs, — un 
veau, — une lyre, — un homme, — une 
queue de paon — et 10 livres dans une 
bibliothèque, ce qui veut dire : 

Mieux vaut lire un homme que dix 
Uvres. 

— C'est bien; j'avais peur que tu n'aies 
pris une de ces phrases que l'on fait à 
plaisir. Permets-moi de te réciter cette 
énigme. 

Nom tomnes d'un grand luage 
Dans 1UI fort petit ménage ; 
On nous vend sans nous compter 
A qui nous veut acheter, 
JSt tous les soirs sur la brune, 
De nous il périt quelqu'une 
Qui laisse en finissant son sort... 
Quelque odeur après sa mort. 

— Pauvres petites! elles m'intéressent..* 

c est 7. • . 

— Devine 1 

— £h bien, méchante, allons au Salon ; 
après le travail, lepiainr... » 

YoUà le rédt de ma journée, ma chèce 
amie , paisses-tn y avoir trouvé ^eiqae 
choee qui te soit utile. 

h J. 












— 65 — 

ÉraÉHCllIIIE0. 

& féYrier 1778.— naissance d*augustin de gandolle, botaniste. 




Angoatin de Gandolle naquit à Genève, 
d'ane Hunille française d'origine, et dès 
se» premiers pas dans la carrière des étu- 
des^ il marqua un esprit vif et porté veis 
les lettres. Quelques leçons de botanique 
qu*ii reçut en "1794 déterminèrent son 
goût pour cette science. Afin de la mieux 
cultiver, il parcourut à pied les Alpes 
Pœnnines, et publia, sur une nouvelle es- 
pèce de champignons, un Mémoire qui 
fut accueilli avec feveur. Il vint à Paris, 
et assista aux leçons de Guvier, de Four- 
croy, de Yauquelin, et, devenu Français 
par la réunion de Genève à la France, il 
occupa une chaire de botanique à Mont- 
pellier, et fit des rapports étendus sur l'état 
de la botanique et de l'agriculture en 
France. Des travaux éminents l'occupaient; 
il publia successivement son Histoire des 
plarUes gnmes^ avec les planches, par Re- 




douté ; la Flore française, la Théorie élè- 
mentaire de la Botanique, et un ouvrage 
en langue latine : S^sitème du règne végé- 
tal, dont les sept premiers volumes ont 
demandé seize ans de travaux. Les événe- 
ments de 1815 ramenèrent M. de Can» 
doUe dans sa patrie, où, plein de patrio* 
tisme, il occupa une chaire aux modiques 
émoluments de 1,500 francs, car il parta- 
geait grandement Tamour qu'ont tous les 
Genevois pour leur patrie. Il fonda un 
jardin botanique, une classe d'agriculture, 
un salon de lecture; comme membre du 
grand conseil, il prit une part active à 
tous les travaux législatifs, et visa tou- 
jours à éclairer ses compatriotes et à leur 
inspirer l'amour de l'ordre et de l'union. 
Il termina le 9 septembre ISiil une vie 
toute dévouée à la science et aux nobles 
affections. 



MWiMVVE. 




LES PETITES SOEURS DES PAUVRES. 

Une pauvre servante, nommée Jeanne 
Jugan, née à Seint-Servan , sans autre 
puissance qœ sa diarké, vient de créer 
un nouvel ordre rdigieBZ, et d'q>porter 
un nouveau second à des misères trqp 
souvent ■■Miiei, Jcnac a pew tfkMM 
les pauvres vidBarih, si iléliisifi, et qui, 
dans les boargsAn, tnlaeic de porte eu 
porte le doutoureai iardea» de leur nisère 
et de leurs infirmités. Entraînée par le cœur 
le plus généreux, la pauvre fille de Saint- 
Servan débuta par consacrer ses petites 
économies à hMcr vie ehanbre, oè eSè 
rassembla deux, trois, ^eu^^ six pauvres 
vieUlards, dont elle se fit la servante. Afin 
de pourvoir \ kor nourriture, die ineii- 
dia nohiiwfai» aux portis des maisons 
aisées de la ville, k dsssensét k tihles 
on plaça un tronc dans l'église, et la pre- 
mière pièce de 50 centûnes qui y tomba 
fut portée aux pieds de la sainte yia*ge, 



qui se chargea de la multiplier. An bout 
de quelque temps, d'autre pieuses filles se 
joignirent à Jeanne ; sa maison s'agrandit, 
elle put étendre \ un plus grand nombre 
d'infortunés ses soins compatissants, et, 
merveilleuse fécondité des œuvres de Dieu, 
doux grandes villes aqppelèrent en leur 
sein ks petite Soiv^s des pauvres, nom 
caractérisCiqne que Jeanne avait donné à 
ses coflqMgiies, Nantes et Paris passèdent 
des hospices de vieillavisi, dîrigCa par les 
Sœurs de Saint-Scrvan; d'autres villes en 
demandent également, et la créatrice de 
cette cMvre excdknte n'a d'autre science 
q«e celle de Ken : — l'humble Jeanne 
Jogan M sait pas lire 1 (1). 

( BuUetin es la conférenes de saint Vin- 
cent de Paul. ) 



(1) Cinquante francs par an suffisent à la 
pension d*un pauvre TieUlard, placé dans, les 
bospicet des Smun des pasMrss. 









L'éducation modiGe i'ime des enfants 
an point de la plier insensiblement à det 
habitudes qui l'embellissent on qui la dé- 
^i;nrent 

Plctabqdb. 

Le plaisir qu'on apporte au Iravail cm- 
' pEcbe d'en sentir la fatigue. 

Ovide. 

Attacbons-nons aux choses éternelles : 
tout ce qni fiait est si conrl I 

Saiht AocnsTiN. 

La délicatesse est k la tdenfaisance ce 
qne la grSce est à la beauté. 

HlCHADD. 

Le sage est ménager dn temps et des 
paroles. 

La Fontaine. 

Veillons bien sur noire caractère ! Son- 
geonsxfue nous pouvons, avec un attache- 
ment profond, n'en pas moins empoisonner 




RÉBUS. 



des jours que nous rachèterions au prix de 
tout noue sang. Quand nos amis sont des- 
cendus dans la tombe, quel moyen avons- 
nous de réparer nos torts T Nos inutiles 
regrets, nos vains repentirs, sont-ils un 
remède aax maux qne nous leur avons 
faitsT ILh auraient mieux aimé en nous nn 
sourire pendant leur vie que tontes nos 
larmes après lenr mort. 

Chateaubhiamd. 

Où la iDorale ne gonverne pas, le bon- 
heur se perd par la démence, l'adversité se 
dégrade par l'avilissement. 

Beniauin Constant. 

Aimer quelque chose plus que soi-même, 
U est le secret de tout ce qui est grand; 
savoir vivre en dehors de sa propre per- 
sonne, lï est le but de tont intérêt gé- 
néreux. 

{Magasin pittoresque.) 




Ifflomual îif5|)nnoisfllrs. 



,Aox,ee^^-,-3r., t'^t^it^.i 







<è^ 








— 6tS ~ 



ORDRES RELIGIEUX MIUTAIRES. 




OUATElftMS AATICXB. 




Le vertueux Pie YII répétait souvent, 
comme nous le voyons par les Mémoires 
du cardinal Pacca, son intime ami, que 
les femmes françaises étaient les seules qui 
possédassent les qualités nécessaires à une 
bonne religieuse hospitalière^ car on trouve 
chez elles, ajoutait-il, le zèle uni à la pru- 
dence, la plus tendre charité à la plus 
exacte modestie, et Tintelligence la plus 
vive à la piété la plus sévère. Ces paroles 
sont un titre de gloire pour les Françaises, 
comme les ordres religieux sont une cou- 
ronne d'honneur pour la France, par les 
services qu'ils rendent et les sublimes 
exemples de dévouement et de vertu qu'ils 
offrent à notre admiratipn. Aussi avons- 
nous cru que quelques mots sur les ordres 
religieux de femmes ne seraient pas dé- 
placés dans un journal consacré aux jeunes 
filles. 

Trois emplois différents ont surtout oc- 
cupé les femmes vouées au Seigneur : la 
contemplation, l'enseignement et l'hospi- 
talité. Les hommes ont eu de plus une 
quatrième vocation, qu'on pourrait appe- 
ler apologétique, et qui comprend la dé- 
fense et la propagation des idées religieuses, 
soit par la parole, soit par les écrits. 

Quoi qu*il en soit, les premiers insti- 
tuts religieux élevés en Occident depuis le 
quatrième siècle jusqu'au onzième, adop< 
tèrcnt tous, ou la règle de saint Augustin 
ou celle de saint Benoît. Ces deux règles 
prescrivent, quel que soit le but de l'in- 
stitut, et la communauté d'habitation, et 
l'émission des trois vœux substantiels : vœu 
de pauvreté, par lequel on renonce à ses 
biens ; vœu d'obéissance, par lequel on 
renonce à sa volonté; vœu de chasteté, par 
lequel on renonce à sa personne. Ces trois 
Da-KBUviiHi AHiiiK, 4« sian. — N« 



vœux, en dépouillant l'individu de sa per 
sonnalité, tendent à le donner plus par- 
faitement à Dieu et au prochain. 

Nous ne parlerons pas ici des monas- 
tères de femmes, qui, avant la révolution, 
s'élevaient si nombreux sur la terre de 
France : royales abbayes, couvents hospita- 
liers, maisons religieuses où le pauvre 
trouvait des soins, et l'enfant l'enseigne- 
ment et les lumières; demeures saintes 
élevées sur les tombeaux des saints, vivi- 
fiées par le souvenir des Bernard, des 
Jeanne de France, des François de Sales, 
des Chantai, des Bérulle, des Vincent de 
Paul; demeures sacrées rendues vénérables 
par les plus beaux souvenirs de talent, d'ab- 
négation et de vertu, et qui, cependant, 
n'ont pu trouver grâce devant le marteau 
destructeur. La révolution anéantit, pour 
un temps, les ordres religieux, et la bande 
noire, achevant son œuvre, fit disparaître 
les nobles monuments qui, si longtemps, 
avaient servi d'aiile à la prière ; il ne resta 
plus pierre sur pierre de ces beaux mo- 
nastères de Panthémont, de Chelles, de 
Notre-Dame de Ronceray, de Royaumont, 
de Fontevrault, chefe-d'œuvre que l'art 
avait consacrés à la religion. 

Mais à peine le concordat eut-il rouvert 
les temples et replacé les pasteurs sur leurs 
sièges désolés, que de toutes parts les évê- 
ques s'occupèrent ou à réorganiser les 
congrégations anciennes, ou à créer de 
nouvelles institutions destinées aux œuvres 
de zèle et de charité. En peu de temps 
un grand nombre de communautés furent 
rétablies sur leurs bases. Admirons ici 
l'esprit vivifiant et généreux de la religion 
catholique, que dix ans de persécutions 
n'avaient pu éteindre; qui se montrait, 
III. « 









^î^s*. 



'i>â^ 




— «a^ 



au sortir d*ane ère de tempêtes, plus que 
jamais dévoué, lart, wlàfi de sacriftces* et 
trouvait parmi ses enfants de nouvelles 
victimi'S pour la mortification et la prière, 
de nouvelles servantes pour les pauvres, 
de nouvelles mères pour les orphelins (1). 

Codt \t tableau 4e ces iaaiitutioxis, éta • 
blies en France ieçiaifi celle époque, que 
BOUS voudriouB offrir k nos lectrices. Nous 
h diviserons fa trois parties : — les ordres 
conteoiplatib ~ les ordres UospHaliers — 
les ordces enseignants. 

Les ordres cimtemplatifs s#nt adonnés ï 
la prière, soumis à l'éiroiie pauvreté et anx 
awtiériiés rigoureuses. Leur missioa, trop 
peu comprise^ est grande et sublîmo, car 
ils prient, ils firieut toujours, ils pilent 
pour tous, angles de paii placés entre la 
terre ccmpabie et le ciel irrité. 

¥càci quels sont en France les ordres 
amio»plati&. 

Les Cao'méliteif fondées en 1420 par 
Joan âorelle, réforu^es en 1562 par 
sainte Thérèse, établies en France par les 
Mwas da cardinal BéruUe et de madame 
Axarie. EUes portent une robe brune, un 
manteau et «B scapuUire blaacsL Elles pos- 
sèdegt en France un assez grand nombre 
de maÀso V. 

Les Clarisses ou pauv^reg Claires, Fon- 
ééis en Ralie, eu 1212, par saint Fran- 
cm d*AiS8iflB et par &iinte Claire, sa fille 
spirituelle, cet onlre se répandit par toute 
l'Europe; il Tait proCesif a d'uoe pauvreté 
particulière. Les Cloîmae» sont vôtres 
d'une robe de gros drap couleur fiuive, 
seapulaire pareil, pieds nus. 



(1) En 1807, l'easpereur convoya 4 Parb 
wi eenaeU fi»rmé d« lupérlearei géttéraie» de 
tous les ordres existants eo France, sous la pré- 
sidence de Madame-Mère et du cardinal Fescb. 
Le désir avoué de Tautorité civile était de fondre 
les diverses communautés en ane seule; mafs la 
Jaste opposition des déléguées triompha de ce 
éMiM, et U résulta de oe cMseil en fiveun 
aocordéei, par l'emperew» aua cangrégaUona 
dont 11 avait reconnu le bon esprit et l'utUité. 





Les Trappùtines appartiennent à Tor- 
dre de vint Semard et à la réforme de 
l'abbé de Rancé. Gomme les trappistes^ 
dles cultivent la terre, observent Tabsti- 
nence et le silence perpétuels, et récitent 
le Bréviaire cistercien. Elles sont vêtues 
de blanc avec le seapulaire noir. Leurs 
maisons, peu nombreuses, ont pour supé- 
rieur l'abbé de la Meilkraye. 

Les Bénédictines de V Adoration perpé^ 
tuelle ou du Saint-Sacrement, La mère 
Uechtiide du Saint-Sacrement fonda cet 
ordre en 1633, dans le dessein de réparer 
les outrages que la Sainte Eucharistie re- 
çoit de la part des hérétiques et des pé- 
cheurs. Jour et nuit les religieuses ado- 
rent le Saint-Sacrement Elles sont vêtues 
de noir, et portent sur la poiurine Timage 
d'un ostensoir. La maison-mère eac à Pa- 
ris. Quelques maisons de cet ordre s'occu- 
pent de l'instmction des jeunes personnes. 

ORDRBS HOSPITACIERS. 

Les Augusiines, Cet ordre, si ancien 
dans TÉglise, dessert un grand nombre 
d'hôpitaux à Paris et dans Tes provinces, et 
l'on ne saurait compter les services rendus 
à l'humanité par ces pauvres jeunes filles 
que Hélyot représente si bien « comme 
I» de saintes victimes qu'on voit non-seu- 
• lement panser, nettoyer les malades, 
» bîre leurs lits, mais encore, au fort de 
» l'hiver, casser la glace de la rivière qui 
9 passe au milieu de cet hôpital ( Y Hôtel- 
m Dieu de Paris) et y entrer jusqu'à la 
» moitié du ooips pour laver les linges 
■ pleins d'ordures et de vilenies, et par un 
» excès d*amour et de charité pour leur pro- 
i chain, courant ainsi volontiers à la mort 
1 qu'elles affrontent au milieu de tant de 
» puanteurs et d'infections causées par les 
» maladies.. . » Les Augustines "portent fa 
robe blanche, te scapolaire noir, le ban- 
deau et le voile noir avançant en pointe 
snr le front. 

Les Sœurs de Saint-Thomas de ViUe- 
neuve. du tiers-ordre de saint Augastîn. 







'^'^îQa 






.>^(sa 



— «T — 



Elles ont été institiié« en 16S§ par le 
frère ÂDge de Rroost, pour le sn'vke des 
paarres malades, et dk» ee mirent boqs la 
protection de saint Thomas de TTSenenve^ 
qui venait d'être canonisé. Elles pcurtent 
une robe noire fermée par nne cefntmre 
de cuir, une cometfe et an moueheir de 
COQ en toile, et mi grand ▼oAe noir. Letr 
maison-ffière test h ftrts. 

Les Bégnints, trè^-répanAKs en Flan- 
dre, desservent en France les bôpîvata de 
Di^, de CAiàlflaM-slif-6aÔ(ïe et de Beaune, 
fondés par Nicolas RoHd, chancelier de 
Bourgc^ne. Elles portent une robe de drap 
noir, une guimpe de toile et nne fkUk da ! 
serge noire. 

Les ScBurs de la Charité^ fojidées en 
1633 par saint Vincem de Paul, secondé 
par maileatoiseUe Ije^rasi^e ftlariUac. Cet 
miére ai omum tt n raapacté se dévoue 
4M Aoin dea àôpiiai»» à i'inatnictîon des 
eaknto, à la visite dea pauvres à dunidle, 
«t aucune ceuvre ne senble trop péaiUa, 
MMUB sertice trop rt bâtant, è eca pieoa^ 
fiUes« chea qui anrvit toij^onra l'esprit de 
leur saÎAt ÙÈoàaieur. On oonnntt burcos- 
tnnae, qai teuaoe celni dea mcMksales Imw- 
geoisesdtt siècle de Louis XUI, la Mibe de 
drap gria, pttsaëe eC ajualée, k oaneMe «t 
le fidMUb toile Manche. L'ordre das Sœurs 
%d la Charité^ répantia par tout l'anivers, 
couple en ce nioinefit pràs éà dix aûUe 
teligieusesb La nMÉNMHnàra^at U Paria. 

Les FUkê de la Soyesss* foariéea par 
Liuia-Marie Gri^aon de Monfart» mort 
en 1120, et par Sœur Lowao'de Jésos. Cet 
ordre, qid prit naiaiance à Paîliam, est 
spédalement dévooé an sarvica dea bagnes 
«cdeak^phaux miKtanraa» il conpteprès 
éa deux mMe religieiiaasL Lea Sasura por- 
tent le Goatnme despayraBnes da Poilov : 
jupe, jaquette et tahker <de serge griaa, 
coiffe et mouchoir blancs, un grand om- 
dfix SOT la poitrine. A l'^ëaa tc dana la 
rae, nn anpie ntantean noir, ia maiaQii- 
mère est à Saàni*LBiineBt*aQr*â*vre& 

Lea Sœurs hœpMiirm de Saint- Jêêeph^ 




ftmdéea en 1656, par Henri Manpaa de la 
Tonr, éfOqne dn Pay , à la soltieitadon du 
P. Médaille^ de la Compagnie de Jésus, 
filles aaîgnent les pawrres k domicite et 
dans les hèpitaux. 

Les Sœur» de /a Charité d^Évron. Nous 
ne connaissons pas l'origine de cel institni, 
maia oe nom de Sawrs de la Chariié est 
oammon à pluaienrs oréraa, et il existe 
entre antres en Beigicpie des Sœurs de la 
C%ani^ fondées par le pieux chandne 
Triest, qui ont adopté, »rec les amvns 
de saint Vincent de Paal, la règle austère 
de saint Bernard. 

IM Sseurs grises appartiennent an tiers- 
ordre de saint François ; elles vi»itent les 
malades et desservent quelques hospices. 
On leur a conservé le nom générique de 
SmiBfs ^rùea, qooîqv'itt grand nombre 
d'enire eUes portent le costume Meu ou 
noir. 

Les Hospitalières de la CliariU de 
Notre-Dame, fondées par Simonne Gau- 
guin, en 1624, ont pour vocation parti- 
culière la soin dea pauvres temmca ma- 
lades. £ttea sont r^nodnes dans le Lan- 
gnednc Bobe et manteau gris, acapulaire 
Uanc, voile noir. 

Les Seswrs de Sai^^Charks, fondées 
en 1675 par M. Charles Demis, promo- 
teur de l'archevôcbé de Lyon, déwméas 
an soin des malades et k rinstructîon de 
la jeunesse. Lenr maison-mère est k Lyoû. 
€oat«ma entièrement noir. 

Les Soeurs de l*En(mt Jésm, fandéaa 
en i^fik par nne pauvre servante, noaa- 
mée en religion sœur Nathalie. Eiiea ont 
pour but principal le soin des prisona, des 
bôpitanx et des «maisons d'aliénés. Cet 
OFire nabsant compte aujourd'hui vingt- 
quatre maisons. CoetuoM noir, cordeUèin 
range. La maîsen-mève eat è litie. 

Lea Sœurs de Notre-Dame de Boê^ 
Secours, garde •mabdea dea peraonnea 
rtehes on aisées, ^i trop aooveni éprou- 
vent en leurs infinnitéa h privation de 

Cet ordre fondé, il y a 






^'^sQ 









— 68 — 



quarante ans, par la enpérieure générale, 
encore Tivante, compte qndqaes maisons, 
dont le cheMiea est à Paris. Ces bonnes 
sœurs portent une robe et un châle noirs, 
coiffe et manchettes blanches^ 

Les Scmrs de Saint^Joseph de Cluny 
furent fondées en 1800 par trois sœurs 
selon le sang, qui placèrent le berceau de 
leur ordre dans la petite ville de Cluny, 
en Bourgogne» si célèbre dans les annales 
bénédictines. Elles comptent aujourd'hui 
douze cents compagnes, et possèdent des 




écoles et des hospices au Sénégal et jus- 
que dans les Indes. Maison-mère à Paris. 
Les Petites Sœu/rs des Pauvres sont des 
hospitalières d'une fondation récente. Une 
pauTre serrante bretonne a institué ( sans 
le saToir elle-même ) un ordre pour le 
soulagement des pauvres vieillards. Sa 
pensée a grandi, et les filles de la modeste 
Jeanne ont actuellement plusieurs mai- 
sons à Saint-Serran, à Besançon, à Nan- 
tes, etc. 

H""* Eyeune Ribbegourt. 



BIBLIOGRAPHIE. 




Histoire de l'Assemblée constituante^ par 
J. B. Degalmer, 2 vol. in-8^ A Paris, 
chez Poussielgue-Ruzan , rue du Petit- 
Bourbon Saint-Snlpice, 5. 

(Premier article.) 

Nous TOUS l'avons déjà dit • mesdemoi- 
selles, et nous ne saurions trop vous le ré- 
péter, il est indispensable aujourd'hui 
qu'une femme connaisse l'histoire de son 
pays, et qu'elle puisse parler, avec connais- 
sance de cause, des événement politiques 
qui l'ont agité depuis plus d'un demi-siè- 
cle, et dont nos pères ont été les témoins, 
les acteurs, et presque toujours les victi- 
mes. L'Histoire de CÀsiembUe consti- 
tuante de M. Degalmer vous fera suivre 
pas à pas les phases de cette douloureuse 
et terrible époque. 

La rétoltUion française^ dit-il, a été le 
crime d'un grand nombre^ et la faute de 
totts. C'est à démontrer celte vérité qu'il 
s'est attaché dans un examen lucide et 
consciencieux des travaux de l'Assemblée 
constituante* Dans ce récit, chacun a sa 
part de blâme et sa part de louange; la 
cour, la noblesse, le clergé, le tiers-état y 
sont jugés par les faits. 

Voici en quels termes l'auteur explique | 



les causes de la révolution et de ses cri- 
mes : a Les |Mosophes de tous les temps 
avaient toujours reconnu que la Divinité 
n'était pas indifférente à ce qui se passe 
dans le monde; qu'elle avait le pouvoir et 
la volonté de punir le crime et de récom- 
penser la vertu ; mais au milieu du dix- 
huitième siècle, il parut des hommes d'un 
génie audacieux qui, divisés sur beaucoup 
de pdnts, furent d'accord pour enseigner 
que^ s'il existe un Dieu, il est indifférent 
au bien comme au mal. Ils attaquèrent 
avec succès, dans leurs innombrables ou- 
vrages, tous les principes moraux et reli- 
gieux, qu'ils renversèrent comme des pré- 
jugés ; les dasses élevées furent les pre- 
mières séduites, et l'impiété se propagea 
ensuite rapidement de haut en bas. Deux 
générations s'étaient à peine écoulées, et 
le peuple français, dodie à leurs instruc- 
tions, allait pratiquer la doctrine que 
Vhomme^seuljuge les actions des hommes; 
aussi la révolte, le pillage et les massacbes 
ne furent pas, comme dans les révolutions 
précédentes, le seul effet des passions vio- 
lentes momentanément déchaînées, mais 
ils4>arurent calculés et exécutés régulière- 
ment comme une grande opération, fruit 
d'une savante théorie, et préparée long- 






^^^ 



ij-^^ 











- 69 — 



temps d^âvance, même dans ses détails. 
Lf s honnêtes gens étaient trop nombreux 
en France, alors comme aojoaVd'hui, ponr 
qn'ane réYolntion pût a^oir lien sans lenr 
concours; 8*ib l'eussent faite eni-mêmes, 
ils en auraient peut-être empêché les ex- 
cès; mais ib en abandonnèrent la princi- 
pale exécution aux hommes sans princi- 
pes, parce qu'ils avaient un intérêt com- 
mun et les mêmes droits qu'eux à reven- 
diquer, et que l'homme vertueux applaudit 
à la justice et répugne à en être l'instru- 
ment. » Après ce tableau de la situation 
de la France, l'auteur trace le portrait 
suivant du roi qui devait être la victime de 
cette disposition des esprits. 

« Louis XVI était monté sur le trône 
avec toutes les vertus de l'homme privé et 
très-peu des qualités d'un roi; plein de 
cette justice qui récompense le mérite et 
pardonne au repentir, il était dépourvu de 
celle qui prévient ou punit le crime. Il 
avait assez d'intelligence pour entrevoir 
les moyens capables de sauver la France; 
son caractère faible et bésitatif lui fit adop- 
ter ceux qui la perdirent avec lui ; il ne 
savait pas que le ccenr ne doit pas dicter 
seul le langage d'un prince ; que l'amour 
des sujets pour le souverain n'est pas con- 
fiant si la crainte ne l'accompagne, que 
soft épée n'était pas un vain ornement, et 
que c'était pour lui un devoir de s'en ser- 
vir. D'autres ont calomnié la nature hu- 
maine ; quant à lui, il ne put jamais croh-e 
à sa perversité; il pensait que ses ennemis 
l'attaquaient seulement parce qu'ik le ju- 
geaient coupable, et il espérait les désar- 
mer en leur prouvant qu'il était innocent. 
Aucun roi ne mérita plus d'être aimé 
comme un père, pourquoi eut-il le sort 
d'un tyran? pourquoi trouva t-il tant d'in- 
grats et de bourreaux? Parce que les 

qualités qu'on n'a pas rendent inotUes et 
souvent nuisibles celles qu'on a. Nous le 
verrons n'apportant à l'outrage et au crime 
que la patience et la résignation ; nous le 
verrons descendre du trône et monter à 




l'échafaud pour épargner le sang de ses 
meurtriers. Puisse l'histoire de louis ser- 
vir de leçon aux peuples et aux rois! » 

Ce malheureux prince , qui n'avait de 
courage que lorsque le danger le menaçait 
seul, et qui devenait fidble lorsque le dan- 
ger menaçait les siens, avait à lutter contre 
tout ce qui l'entourait. Une révolution était 
imminente , et les futures victimes de la 
catastrophe qui se préparait, guidés par 
des intentions diverses, allaient au même 
but que ceux qui devaient être leurs bour- 
reaux. On ne fit rien de ce qui pouvait 
empêcher la révolution, et l'on n'omit 
rien de ce qui pouvait la favoriser; chacnti 
attaquait les abus dont il souffrait, et dé- 
fendait ceux dont il profitait. Tous les ef- 
forts se réunissaient pour attaquer la 
royauté, pour l'abaisser et l'affaiblir, et le 
gouvernement royal lui-même favorisa les 
manœuvres de ses ennemis. Les grands 
coups étaient portés par le clergé, la no- 
blesse, les parlements et les grands corps 
de l'État ; c'est alors qu'on chercha un re- 
cours dans la bourgeoisie mais il était 

trop tard! » 

Ici l'auteur, dans un récit clairet rapide, 
fait suivre pas à pas la marche des événe- 
ments qui amenèrent la convocation des 
États généraux et le serment du Jeu de 
paume ; il démontre comment l'obstination 
de la noblesse, l'entêtement du clergé, les 
exigences du tiers-état accélérèrent la dé- 
considération de la royauté et entraînèrent 
rapidement sa chute. 

Bientôt des troubles graves éclatèrent 
dans Paris; le tiers-état, qui s'était consti- 
tié en Assemblée Nationale, poussait le 
peuple à la révolte ; les clubs devenaient de 
jour en jour plus séditieux. Une foule de 
furieux, partis du Palais-Royal aux cris de 
Camille Desmoulins, avalent été incendier 
les barrières ; les prisonniers furent déli- 
vrés; une grande sédition effrayait et en- 
sanglantait la capitale; il fallait aux insur- 
gés une jirmée pour l'opposer à celle du 
gouvernement, et on organisa une garde 





'e)&^ 







— TO- 

Ate^hildMucr desvMn, 'A 
b p>U<r fbUtl do InnWcK, 
Asii PM oe nalbeurm de 
éootU ûUe doBoait plue tard 
» «itmptd de diioiK««at BliaL 
l'iu p» lie lie c«» Êirivux n- 
ttet dee lMt«li'JF>, ■•« a«tie 

■uaquer U Bwinp'; ià encwe 
a» »ne jrunc fille q^ domu 
I iclMMi« lU tonrage. 
mj, goKTcnteiir dfl b ButiHe, 
f«e u fititle ganiwR il ae poa- 
'C la pJace, voulait oKitre k foi 
« «1 s'enseTelir sous kt rmaea 
Ue. < A ce Boownt àiaetfhé, 
; Btte jenae perauMc, fpcrioe, 
k stover »■ père, parak iw 

fMk; » n* nnit éésânaé 
taaata q«e d« anassÎM. 

: «C'est h iiled* gtHnrenwnr! 
1 (et c'était cel'e du Montigny, 
ittcûm), il but U brikr tuote 
e £6 rend pas. m Oo l'£lcad sur 
se embruitiée; son père voit ae 
pour la protéger, il ïambe Irappé 
I à bout ponant ; et il y avait U 
Attrals, qfi'tM garde fm(aisc, 
', eta beuiconp de peiaei sau- 
e fille, a 

lenreux de Linuy fat traîné 
place de Grève, liia^ ï la Im- 
■i que pliuieurs de ses offidera 
ëles fitreiK (KoiMBées avec la 

bwit des pi(t«et, du» les raes 
.. Voilà ce q«'«o appelait alors 
lu peuple. 

Il, ce fareacbe triboa qni denii 
mpa apris se Tcsdra ï la cow, 
L alors la royauté peur la bttaa 

atn cooditioiis. Ctat use re- 
luire, qu'à tiMtes les époqees de 
i, les plus forcent partiMtikde 
I OBt tMtjours fait marcbander 
et leur iUaBoire popslarité. Lors- 

aonoDcsr i, l'Assemblée Natio- 
le roi ailait y venir BaB8_ eeoertA, 
lé seukflMotdeMi UtaeB,i'ea- 




làoHinMM ftf il se* cooMe» an't Uin- 
beaa.^wt là. el sa partis pcrftok i» cet 
aathouâuMe : ■ Au«wl«i, dil-il. ^e le 
h4 Mue ail Tait Cdwialure sm bwMSidift- 
poMiiiNift; qii'M DNraeresprctaMt le pn- 
nier acciwil fait «i mDkait[Be da«s ce 
HMB>eBt de deeleur. Le siiena dti pettpits 
eu h. Iffon d» rms. » 

Lom \VL fet Ooëc froideflueat accueilli 
par l'Arsenhlée, bob discMirs se ressentit 
de cet accueil, «t L'AMeabUe cempreuBt 
l'na»n^«qu't4le viwaitde r«t»pe*ker, bc- 
cvMllit avec enikewiasiB« Im coocessioBs 
qne le oulbeBrcui aioBtrqBe venait debii 
laiffi. 

Dès ce moment, La latrchede la r^eliF 
tâan s'accéilèrt. le freatiga 4e la loyauté 
était éteint; YtiatnMi* NaiiMMle p^M 
•cnle, et a» délég»é>, BùUy et U Fayette, 
deviamt lont-pewiaBts. Uais biefll&t ces 
inatigatetira des désordres reeulëf«at de- 
vant les atrocités dut P»i.et la France 
entière deviu le Utéàure. 

Non Bc chercfaereos fas ici k aBalyMr 
ce qeïiepaisnit danslesntÏBdel'AiBeubtée 
Nalioiiale, bvsqite d»s la lesgoeaéaBce 
du ik aoOt 1^89, l'oii vil toute la no- 
blesse elle clergé ^ndoniier lespriril^es 
aaxquelsjus^' alors ils avaieBt aiUcbé tant 
de prix, et qu'ils avaint défeodiis avec 
tant de «oknce. Nous citere«s £«BlanBtf 
les paroles de Lally, le prébident, qui, 
après la proposiiiun de l'irthevéque de 
Pvis de censacrer par un Te Deitm cet 
'mn"" httlocauBle, s'écria i v Nederens- 
nous pan bous suuTenir éé roi qui nous a 
coBraqués apràs deux cents ans d'inter- 
m^tion, qui nens a invitée à l'heureuse 
réunion des esprits etdes cttursl C'eU aa 
BÛlien de eetie naiion qne Lovis XII fut 
pradamé le pirt du pei^ , c'est au mi- 
lieu de l'AoBtinblée Natieuale qne noas 
dewns proclsmer Louis XVI it rtUaura- 
teur de la lii/erii françaùel « Cette prapo- 
sîlioB fataccBallieperd'aniBi 
dBMoeats; et cependaiu, le 31 janvier 
1793 n'était pas bien éloigué 1 



©!»<_ 





— 71 . 

Abl «'«H qat, cobhm le dit fort bien 
l'snlew, ce n'était pas l'eqwit de jndkc 
qui avait inspiré ces imporuata cbangn- 
ntnu, t'itaitïiatfimiëMCe ie tefater au 
lérolutionMîrat ane (oie k kna tes bonle- 
Tersements, à toutes les déprédatien» té- 
gaki <fBi vADt devenir lenr naiiqne occn- 
* patùw. Anwi l<ii déyatés dn tieri-ëiat pri- 
rmu-ib peu de part i cette diiic&uioii ; ils 
; awistdrf nt cadmm 1» Kobuiiu 1 des 
gowJmib de gUdîaienn, et les discoan 
qin'il» enleadaÎKiK a'éuient gnère ^ue h 
puapbme dn moriOtri te aalutamt (cmk 
^ vont mouiâ te nlueni) t^i'odreasakat 
lei ^diatenn aux Céam. 

Ces coDces.''ioDs, luulea larges qs'rilei 
fussent, ne produtvirent pH l'effsl qu'un en 
■ttendait , et l'aHlPOr du liw-e qne noiu 
citMS «n expliqne fort iiiea la raison. 
« C'est, dK-il, qu'antmne referme u'rtt 
bonne, qneUe qoe soit sen etceUenn in- 
trinsèque, si oUe n'est longtemps pfsée et 
mûrie, (nâparAe d'avaMe, assnjeuie i des 
gradMi(»t diverses, et acronpagoée de 
ToalrîctÎDns et <1 e lempiranKntft (>Bi en mé- 
nagent l'introduclioB et i'empâcbent ée 
rainer ks ïMérCts «lisianti. » 

Cette réfleiioa est fart jante. Halbea- 
rensement à toutes les époques de révohi- 
liOD oa appeUe progrès le renrccseeteot de 
ee qtd etiste, on ne pense pas que le pr»- 
grte indiqae Im-mêse par son étym»logie 
la teoteor de son action. 

A dater de ce BMWient la réTolulîon 
n'eat pins de frem : les lois étaient sans 
force, les formes de la justice aécennwe 
etrcnf>!acérspir desToies de fait, pardts 
prescripiioBs aibiUiifes, et Ite propriétés 
étaient enrabieB da«6 lentes les proiiacea. 
Des maina incendiaires riUageaitnt les ha- 
bitaliofls des citoyens; les asiles de la ptété 
élaknt violés, l'industrie et le commcn» 
sn^tendus, la turour et la dévasiatioD ré- 
pandues dans lont le rojauine. L'onfragê 
de M. Degalmer tous fera c«iin:iltre par 
quelle soiteaoB ifrinrempue de déceptions, 
de déboires, d'affroot», le nuittieNreun 




Lan» XVI «rin n OMdite dn mdieus. 
TOQS ses droîls, tontes ses prérogatives Ym 
furent arracbés snccesïiremBnt; on hii iK 
nn crime des coacessioDs qu'il bilut b> 
l'AsannUée, et dëei \ka ta résobitde len- 
ter nn ceny de mua et de s'emparv de s»* 
personne et de sa familie. Il bilaït nn pré- 
texte, on le trauia Uentôt, Le cnale d'£»- 
taiag, eonraaadant de la garde natkAale 
de Versailles, sollicita one augmentatioir 
de tranpes, et demanda qne le tégimeaK 
de Flandre Tint faire partie de b garnison,, 
afin de repousser l'agression dont oa 
était menacé do la part des gardes fraa- 
çaincs et dn penple de Paris. 

« An milien de drconif ces ansd difi— 
ciJes, dit l'autenr, et avec la aaenate jour>- 
na'iëre d'nne invaiion de la populace dfr 
Paris, Wb gardes du co^ se compiaieni ; 
c'était i «nz principalement qu'était can- 
&ée la défense dn cbMran et de la fMaillc-. 
royale; en w^nitt lenr petit nombre, ib- 
comprenaieot Doubien il kor importait dBr 
vivre en parfaite nnion avec lên antre»^ 
corps militaires; ils vonlnrent donc, sni^ 
vent l'usage, doiner nn repas aux oficiers- 
dunÉgiaM:ntdeFlBDdre,el ils y iimtérenr 
tons les officiel» de la garnisMi et de 1» 
garde natiBaale. Ce rapas eut lien Ir 
1" oalobre dans la salle de spetuade dit- 
cbateau. 

» La reàae nVait point en l'ioleniîott- 
de paraibe b celte fête, ei asait wtèm» 
cbsiigé une dn ses fenmee. Al"* Canqiaa,. 
d'y ai'sisler et de Ini en reaAe compie^ 
Vers la fin dn repas , le duc de luxem- 
boorg vint lui faire part des sentimenl»' 
d'amonr et de lîdWté sane m^aDCje que- 
manifestaient 1rs oKivives; il lei insinuft 
qne sa préienoe an miliei d'eu leur dw 
neraitnn noneelélaneteo serait la récom- 
pense. De longs joufs.liélasl et de knigacs 
nniiB s'étaient écoulée à Versailles dqwi»- 
l'ouverture des Étais gënérauz ; l'horïu» 
avait tot^ours été chargé de nnages som- 
bres et menaçants; J)lusieurs fois la fondre- 
^en était écb»pp6e, elle était ve 



à: 







— 72 — 




jusque sur les marches da trône, et ces 
premiers coups ne paraissaient que les 
avant-coureurs de tempêtes terribk-s et 
sans fin 

» Pendant vingt ans, Marie-Antoinette 
avait été heureuse du Iwnheur qu'elle 
prodiguât; elle commençait à connaître 
le malheur, elle le supportait avec courage, 
mais le poids en était lourd sur ses épaules. 
Il lui sembla que des milliers de bras le 
soulevaient pendant le récit du duc de 
Luxembourg ; elle voulut jouir de cette ré- 
miniscence des anciens jours O barba- 
res 1 vous le lui avez reproché I 

» La reine entra dans la salle du ban- 
quet, entraînant le roi avec elle et menant 
le jeune dauphin. On venait d*y introduire, 
pour qu'ils prissent part à la fête, un 
grand nombre de soldats des régiments 
dont les officiers étaient présents. L'en- 
thousiasme fut doublé par la présence de 
la fiunille royale; des cris universels de 
Yive le roi / retentirent; tous les convives, 
l'épée nue à la main, portèrent de nou- 
veau la santé du roi 

» La reine, à laquelle tant do cris d'a- 
mour avaient rendu un instant de bonheur 
et cette puissance irrésistible qui subjugue 
Ks cœurs, fit le tour de Ja salle en tenant 
le dauphin par la main, puis la famille 
royale se retira, i» 

C'est de cette démardie, si naturelle, 
qu'on fit un crime au roi et à la reine. Les 
agitateurs répandirent le bruit que la co- 
carde tricolore avait été foulée aux pieds, 
qnlon avait proféré des menaces contre 
l'Assemblée Nationale, et on parvint ainsi 
à ameuter la populace pour arriver aux 
sanglantes journées des 5 et 6 octobre. 
Un membre de l'opposition» nommé Du- 
port, fut le premier à attaquer le banquet 
des gardes du corps, qu'il appela une fête 
scandaleusej une de ces orgies dont la pru- 
denu s'effraye et dont la misère murmure. 
Une réprobation presque générale accueillit 
ces funestes paroles ; mais Mirabeau, qui 
cherchait déjà à faire payer ses services, à 





se vendre à la royauté qu'il calomniait, 
vint en aide au fougueux tribun, et me- 
naça d'accuser la reine, sachant bien qu'on 
ne le sommerait pas d'articuler aucun des 
griefs qu'il prétendait avoir contre cette 
princesse. 

Dans un récit intéressant et coloré, l'au- 
teur explique par quelles menées démago- 
giques on parvint à ameuter une masse 
considérable de femmes de la plus basse 
classe, auxquelles se mêlèrent des hommes 
déguisés en feounes, qui commencèrent 
par piller l'hôtel de ville, et se ruèrent en- 
suite sur la route de Versailles, en faisant 
entendre ces cris: Du painl du paini 
à Versailles! à Versailles! 

Toutes les péripéties de ces fatales jour- 
nées sont racontées avec chaleur par 
M. Degulmer. Louis XVI voulut dans ce 
terrible moment éloigner sa femme et ses 
enfants, la reine s'y refusa avec énergie ; 
elle ne voulut point abandonner son époux. 
Vous lirez avec intérêt, avec émotion, j'en 
suis sûr, le récit de ces terribles événe- 
ments, de ces combats qui se succédaient 
de salle en salle; vous admirerez le dé- 
vouement de ces braves gardes du corps 
qui se firent massacrer pour défendre le 
roi et la reine. 

Reposons nos cœuis et nos yeux en les 
détomrnant de ces infamies pour les arrêter 
sur ce qui se passait dans l'iniérieur de la 
famille royale pendant ces épouvantables 
événements, et laissons parler l'auteur. 

aDèsque la reine avait été réunie au roi, 
elle avait fait venir ses enfants; elle cher- 
chait dans les caresses qu'elle leur prodi- 
guait quelques distractions aux douleurs du 
moment, lorsque le jeune dauphin lui dit : 
« Maman, j'ai bien faim. — Il faut, lui 
répondit-elle tristement, attendre que le 
tumulte soit passé. — Mais, répondit le 
petit prince, est-ce que hier n'est pas fini 7 » 
u avait deviné, le pauvre enfant, et son 
expression naïve était an augure pour l'a- 
venir ; ce jour néfaste ne devait pas avoir 
sitôt de lendemain ! les attentats contre h 




^^ 





®i)^* 





— 73 — 



faaiille royale venaient de commencer pour 
ne plus s'arrêter qoe sur la place Louis XY , 
et dans la boutique du cordonnier Simon. » 

« Cependant, ajoute Fauteur, la foule 
des assaillants, repouJ^sée du château et 
forcée au dehors de relâcher la proie qu'elle 
avait plus d'une fois saisie (les gardes du 
corps), encombrait la place d'armes; les 
vociférations, les injures, les menaces 
étaient plus faibles, mais n'avaient pas en- 
core cessé. De temps en temps, la reine 
s'approchait avec inquiétude de la fenêtre 
pour voir si quelque garde du corps ne 
payait pas de sa vie son dévouement pour 
elle ; l'idée qu'une seule vitre la séparait 
du plomb meurtrier ne l'arrêtait point ; 
et, en effet, plusieurs balles vinrent frap- 
per près d'elle. 

y> Alors la Luzerne, ministre de la ma- 
rine, veut se placer entre la fenêtre et Sa 
Majesté. « Je vois votre intention, lui dit 
Marie* Antoinette, je vous en remercie ; 
mais je ne veux pas que vous restiez là, 
ce n'est pas votre place, c'est la mienne ; 
le roi a besoin de conserver un serviteur 
aussi fidèle que vous. » Quel magnanime 
sentiment I » 

Bientôt de nouveaux cris se firent en- 
toidre; c'étaient quatre gardes du corps que 
la populace allait ^rger ; Louis XVI cou- 
rut au balcon, il demanda leur grâce, et la 
foule, étonnée de Tattitude et de la prière 
du roi, pour lui témoigner qu'elle accep- 
tait cet hommage, laissa échapper les mal- 
heureux gardes du corps; puis elle ne fit 
plus entendre que ces cris forcenés : Le 
roi à Paris l Enfin Lafayette arracha au 
roi la promesse de satisfaire à ce vœu im- 
périeux. 

C'est alors que le roi reparut au balcon 
pour confirmer la parole qu'il venait de 
donner à Lafayette. A son aspect, des ap- 
plaudissements universels éclatèrent. Mais 
bientôt on demanda la reine : c'était un 
nouveau supplice elle s'y soumit. 

« Marie- Antoinette, dit M. Degalmer, 
s'avança avec cet air de dignité qui exclut 




l'abaissement sans être la fierté. Elle me- 
nait ses enfants par la main. De brutales 
voix, craignant l'impression que pouvait 
produire ce touchant spectacle, s'écrièrent : 
Point d'enfants I point cC enfants ! La reine 
les fit rentrer; et, malgré la menace que 
cachait cette injonction , elle revint plus 
majestueuse qu'auparavant Cette grandeur 
d'âme imposa aux assassins ; ils crièrent : 
Vite la reine! Leurs armes s'inclinèrent, 
mais ne leur tombèrent pas des mains. . . ils 
admiraient, mais ils haïssaient toujours, d 

L'auteur peint ici avec des couleurs fort 
vives la triste part que prirent Lafayette et 
Mirabeau à ces terribles événements, et 
par quelles manœuvres coupables ils or- 
ganisèrent ce départ du roi, qui était pour 
la populace ameutée un nouveau triomphe 
sur la royauté affaiblie et dégradée. 

Rien de plus triste et de plus affligeant 
que le tableau du voyage de la famille 
royale, de Versailles à Pari?, a Ce voyage, 
dit l'auteur, fut le complément des atten- 
tats de îa veille et de la matinée : un déta- 
chement, composé de ce qu'il y avait de 
plus sanguinaire parmi des hommes qui 
l'étaient tous, formait une espèce d'avant- 
garde ; ce détachement portait conune des 
dépouilles triomphales les têtes des gardes 
du corps massacrés. Il était parti deox 
heures auparavant, non point pour épar- 
gner à la famille royale la vue de cet hor- 
rible spectacle, mais pour en faire jouir 
plus tôt les Parisiens. 

)» Autour de la voiture du roi, les fem- 
mes et les brigands hurlaient des airs pa- 
triotiques et des chansons obscènes, dont 
par leur geste ils appliquaient à la reine 
les allusions grossières et outrageantes. » 

Tout le récit de cette page dégoûtante 
de la révolution est tracé avec une vi- 
gueur et une indignation qui font honneir 
aux sentiments et au talent de l'auteur. 

La fin du premier volume de cet inté- 
ressant et instructif ouvrage contient \% 
tableau de la disette, qui vint ajouter aux 
embarras du moment, et des assassinats 










— "^îj^Sî— 



4I« forent caBonis k cette époqoe. C'«R i 
4» mameiit que oomnmçàtà n fure r- 

«tarqtier Hobaptem, cet inbtîgtble <M- 
-fenscvr âet ioBHrrectiau et du anuriaMs 
o»uiÙB par le peiple. 

EflQo, ceila prenière phawde l'hiMoirc 
<de ]a rëvoliMioD se tei^iM pv ia prad»- 
nutioB â« la loi mutiale et pw la «paiis- 
iioo dei btens dn dwfé, tpalhiina qa'oM 



l'M^na d'Aatn, 
Mws le nom d« Tatteynsd de Périfpwd, et 
qai depuis a joné bd rtlte «i isiportaiit 

dmu Motn nos a'iaes poMqnei. 

Vm wcoimI article avirra l'aotevr daas 
kfl déf deppementa qa'3 doane aar laa k«- 
?•!» de l'Asseoiblée csnatitoante et *v 
rinflaeaoe qn'enreit n»décwoiu iv le 
sort de la n'aoce. A. iàSUt. 




littératche ëtbangèbe. 



BMnIJ, ttnit, md nrity, 
^ranifi (D siinpliciir, 
Hera «DcUte'd in elndera ti«. 

Duth il now ihe phœali o«it; 
And i)h tDrtle's loyal bt«ut 
To eteroilj doth reat, 

XuwiDg no poiUiilj : 
T was DOl Ihier iDBrmlt;, 
It wai mtrried ehutelT. 

' Itatk aaar aMni. bal cmbM. be ■ 
BMUtJ btag, but 'lit not the; 
Trutb aad buuij burrled ba. 



T»tU* vn lat thaïe nf aiD 
TiiM ara ciUer true or fak ; 
For.llieH daad liirda figli a prajei. 
EsiKuruaa. 



Btauld. cindeur, disiirictian , grlte duu 
(ouic ft limpliciU, toDl renferméei Ed iTec cm 
cendre*. 

La mort eit à présent le Bid ^{A<iii«i at le 
caiulide asur de la '■"''"" **" h repofa daoi 

L'élrmité- 

Ella n'a patat MsaMa patMW; ntm-qn'atte 
ftU wlnUre : c'ait qat, w iiii, eUe gwta aa 
cbaueté. 

Un («iMant de tAM pent pankre entore, 
Bail eHa n'aitata ftti§i la beauté patf hritlar . 
McoM^ nuit ea n'iU pliu «Ha. La itrilé M la 
beauté «ont enicrréei ici. 

Que eeUei qut «ont Tnwm « fcellei ■'appro- 
cbeoL ^ eetu uma «i aat^iinat nw prike 
ff(Mi iraaoiaBaui umUi. 

W' F. F. 












<3 



— 7« — 



LE CHEVALIER BLAXC. 



LEGENDE IRLAKAIIBG. 




Sur les tords da Shamimii, mm loi» 4e 
Limerict, tm voit «ncore les r«i«« dH» 
vieiîx inamnr qui a oonservé le ne» ée 
GarrigrHgmiBîd (cMteauâe la Inmièreé» 
roc). Panm la ^es pHtoresqaes qire IV» 
rencontre si communément dans la verte 
Irhnde, cehri-là fst aîwpéinettt Ton des 
phis remarquables. Démantelé «oos le roi 
Gaîtlamne IH, cet iWrfice ^Téftve ott la 
cime d'une roche escarpée, aride ci dé- 
solée un côté de la rivière, mais tpii^ du 
côté de la prairie, s'étend sor la pente 
douce de la montagne, au miliea d'une 
forôi d'ormes cenlestaires qne ces miiies 
dépassent orgoeillensement. 

En face du manoir iéodai est une im- 
mense roche d^ granit dont le sommet, 
brzarrcment découpé, rappeFïe fa forme 
lie ces dolmens druidiqu^'S dont le sonve- 
iifr est toujours d'un si puissant intérêt. 
Ce sommet est inaccessible, jamais le pied 
humain n'a pu gravir lespanois unies ét% 
pic de sa base , et cependant, malgré cette 
a^Tparente impossiUlKé, une légenfle ra- 
conte que jadis apparaiisaic parfois, sur la 
pointe la plus élevée, nne lumière blan- 
che, limpide connue telle de h lune, et 
hîrsque c*ftle himiêfre échiirait îa face d*un 
itiortel, c'était toujours pour lui un fu- 
11^ ste présage. Toici ) qucRt occasion la 
K'gT^nde attribue la cessation de ce mjpsté- 
rit ax pifaénemëne. 

Sur la pente de la montagne était un 
modeste cottage babtté par Mina O'Dîlton 
er sa tante Rate û'OonnelL^Jn jour d*au- 
t'jinne, Mina, ai;slse devant un miroir que 
{soTitenait en souriant la bonne vieille pa- 
nute, Miua, dis-je; achevait de donner! 
la dernière main à sa parure, dont la frat- 1 
cbe blancheur annonçait une soleanitê ] 




importante : la jeune fille devait se marier r 
tous les amis étaient déjà arrivés ; fl ne 
manquait phis que le fiancé. Morice avait- 
obtenu ^e son seigneur, le ehevàHer 
Blavf , fun «des chieftams qui* combat- 
taient alurs pour l'indépendance delà maï-- 
hrureuse Iifande, une penm'ssion de quel- 
ques Jours pour Tenir éponser sa diôre 
kflna. B avait quitté son seigneur comme 
il se ratdait à son châttpau et devait aller- 
l'y rejoindre quelques jours*apri&s Ta «éré- 
UKioîe de son mariage. 

Les iicdamatîoBS du dehors annoncè- 
rent l'arrivée du fiancé. Iffina sTélança, . 
obéissant à rimpulsion de sa joie, maSs eflé 
heurta le miroir qui se brisa en tonfbait. 

« mina ! maladroite enfant t iTécria la 
bonne vîeiQè. 

— A qui la faute? tarrte Ketty. D'ail- 
leurs, il n'avait pas une grande vaflenr. 

— €e n'est pas pour sa valeur, mina,. 
c'est que briser un miroir, est toujours 
signe de malheor. » 

Mais la jeune fiHe était dép^ loin... Elle 
revint avec Morice sous le bras, et Ton $% 
mit II taible. La gaieté )a plus vive prési- 
dait ^ ce repas champêtre 4 le petit cot- 
tage n'avait jamais été si bruyant. On 
dansa la vieiHe dan^e nationale, qui tou- 
jours a pour rirlandals le charme de la^ 
nouveauté. Puis on chanta. Quand ce fut 
le toiir de Morice, il fit entendre ces pa- 
roles: 

1 love my love in the nnorning, 

For sfae lilic mom is fair; 
flec blmhkigs «bwln, ht mmion MPtaU j 

Ils cloada, kor goUan ha», 
fier g1aAC0^ ta hcAïas .«o soft asd kitd ; 

Her tears, Ut dewy &hower8 
A.Bd her voice, the Icaicr whispcruig wiod 

That stirs thc <ar y bo\«crs. 



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4. 

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— 76 — 





« J'aime ma douce amie dans l'aspect du matin ; 
car elle est fraîche comme lui. Ses joues roses, 
ce sont les couleurs de l'aurore; les nuages 
pourprés, ce sont ses beaux cheveui dorés ; et 
les rayons du soleil, ses regards si doux et si 
bons. Ses pleurs même, sont la rosée bienfaisante, 
et je retrouve le son de sa Toix dans le doux 
xéphir qui caresse k feuillage> » 
» 

Les deux jennes fiancés se prirent de 
nouveau par la inain pour danser. Éle?és 
ensemble, leur familiarité datait de l'en- 
fance, et la naïve joie qu'ils manifestaient 
faisait l'éloge de la pureté de leurs mœnrs. 

Tout à coup, une luenr blanche illu-* 
mina le ciel au-dessus du sommet de la 
roche Noire... h danse cessa... un silence 
profond succéda aux éclats bruyants du 
plaisir, et Mina s'élançant vers les volets 
intérieurs les ferma brusquement On se 
hâta d'éclairer le parloir, et chacun s'ef- 
forçait de surmonter la terreur qu'inspi- 
rait la lumière fatale , lorsque le bruit 
de plusieurs chevaux qui s'approchaient 
donna une nouvelle direction aux idées. 

« Mes pressentiments étaient justes , 
murmura Morice; le chevalier filanc, mon 
noble chiefiain, n'a pu rentrer hier dans 

son château Maintenant , il est en 

fuite. » 

La porte du cottage fut vivement pous- 
sée et le chieftain entra, suivi de deux 
écuyers. Ses vêtements étaient couvens 
de sang et de poussière; il fit un geste.. . 
Les invités quittèrent le parloir; il n'y resta 
que Morice et Mina. 

<c Morice, mon brave serviteur, je t'ai 
congédié dans un mauvais moment, dit le 
chieftain. Les Anglais se sont emparés de 
mon château et sont à ma poursuite. U 
me reste à peine le temps de rejoindre 
mes braves soldats. 

— Mon seigneur, reprit respectueu- 
sement Morice, si vous daignez accepter 
un asile dans cette humble demeure, Mina 
et moi nous serons glorieux de vous y re- 
cevoir. » 

Le chevalier Blanc jeta un coup d'œil 




sur la toilette nuptiale de la jeune fille et 
répondit: a Je refuse, mes amis; je ne 
veux pas ensanglanter cette heureuse mai- 
son par une rencontre inévitable avec mes 
ennemis. Nous tâcherons de découvrir 
ailleurs un refuge. 

— Il n'en peut être ainsi, monsei- 
gneur, il ne sera pas. dit que vous serez 
entié sous le toit de Morice sans qu'il ait 
rien fait pour vous prouver son dévoue- 
ment S'il y a pour vous quelque danger 
ici, fuyons ensemble, je vous guiderai dans 
la forêt. 

* Si je puis gagner un jour, répondit 
le chevalier, mon lieutenant Kavanag e^t 
à Kilmallock, et le château peut redevenir 
mien avant demain soir. 

— Kavanag est à Kilmallock ! s'écria 
Morice ; oh ! mon maître ne vous arrêtez 
pas ici, courez vous joindre à lui, vous en 
avez encore le temps; votre cheval est 
épuisé, le mien est tout frais , et comme 
votre costume peut vous trahir, daignes 
réchanger contre le mien ; puis laisser 
moi le soin de vous débarrasser de vos per- 
sécuteurs.» 

Le chieftain hésitait, car il sentait à 
quel péril Morice s'exposait par un tel dé- 
vouement Un gémissement étouffé que 
Mina ne put entièrement réprimer décida 
sa réponse. « Non, Morice, s'écria*t-il en 
se tournant vers la jeune fille, je devien- 
drais votre meurtrier. 

-» Ne craignez rien, monseigneur, vous 
serez de retour ici avic vos amis, dissez 
à temps (four prévenir tout malheur, 
et si vous restiez ce serait pour nous voir 
partager votre sort ; votre départ est donc 
notre seule chance de salut, car je ne sup- 
porterais pas la honte qui s'attacherait à 
moi, si je survivais à mon maître dans un 
tel moment. • 

— Que dit votre jeune femme î.répliqua 
le chevalier en jetant sur Mina un regard 
d'admiration et de pitié. 

— Je répondrai pour elle, monseigneur ; 
Mina préfère rester la veuve d'un brave 




i/&^' 








Ts^' 





- 77 — 



Irlandais, que la femane d'an lâche.. . d'an 
ingrat. 

— Morîoe vons dit vrai , » marmora la 
tremblante jenne fille. 

Elle fut récompensée de cet effort par 
nne fenrente pression de main de Morice, 
qui la regarda fixement Elle comprit son 
intention, sortit de la maison, et aperce- 
vant le curé qni devait bénir son nnion« 
elle Ini annonça la présence du chieftain à 
la chanmière et le conjnra d'emmener 
chez Ini sa Tieilie tante et de renvoyer 
chez eaz tons les invités de la noce. Puis 
elle se rendit «nsnite dans la cônr, sella 
elle-même le cheval de son fiancé, et le 
ramena à la porte dn cottage. 

L'échange des habits avait été fait en 
son absence, entre le. chevalier Blanc et 
Morice ; le chieftain se mit en selle, et ten- 
dant la main à son généreaz serviteur : 
« Morice, Ini dit il, je serai de retour de^ 
main à cette même heure, et assez li temps, 
j'espère, pour vous délivrer de tout em« 
barras. Mais s'il arrivait quelque malheur, 
je jure par l'âme de mon père de ne ja- 
mais porter d'autres vêtements que les 
vôtres. De nous deux en ce moment, 
c'est vous qui êtes le vrai chevalier ; lais- 
sez-moi presser votre main, car jamais 
main plus noble n'a porté le gantelet. » 

Aloiïce s'inclina avec respect, et le che- 
valier s'éloigna rapidement, suivi de ses 
deux écuyers. 

Le jeune vassal se retonrna vers sa fian- 
cée : «Maintenant^ Mina, loi dit-il, regar- 
diZ moi l » Elle releva la tête. <c Oui, vous 
êtei bien la femme que j'ai toujours aimée, 
uniquement aimée, mais que je puis à pré- 
sent admirer et aimer plus encore. Si au- 
cun événement n'arrive , demain matin , 
Mina, demain nous serons unis. Allez 
vous reposer, je veillerai à votre sûreté ; 
quoique vous n'ayez rien à craindre des 
Anglais, cependant ma présence sous ces 
vêteoients pent gravement vons compro- 
mettre. 

— Je ne veux pas vous quitter, Morice, 





répondit Mina avec fermeté; je suis pour 
vous quelque chose de plus qu'une fiancée, 
depnis qne vous jouez votre tête pour le 
chevalier Blanc. » 

Le jenne homme sourit gravement, il 
lui avança un siège près du foyer, et tous 
deux attendirent en silence l'approche des 
hommes d'armes qui poursuivaient le chief- 
tain. Pendant quelque temps ils n'enten- 
dirent que le bruit des raSales qui se- 
couaient les arbres de la forêt. Cependant 
des sons éloignés se rapprochèrent, et les 
fiancés purent bientôt distinguer le piéti- 
nement d'une troupe à cheval qui s'arrêta 
à la porte de la cabane. Morice insista 
inutilement pour qne Mina se retirât, afin 
de lui éviter les terreurs de; la scène qui 
se préparait. « A tout antre commande- 
ment je suis prête à obéir, Morice, lui dit- 
elle, mais je ne veux pas vous quitter, je 
serai muette; pas un cri, pas nn mur- 
mure, pas même une pensée; laissez- 
moi près de vous... (elle appuya son 
front sur la main que lui tendait le jeune 
homme.) Quel que soit le sort qui vous 
attend, il sera le mien. Ne doutez plus de 
ma fermeté, dites que vous avez confiance 
en elle... je suis préparée â tout i> 

La porte fut ouverte avec violence , 
une troupe de soldats venaient d'entrer en 
tumulte, ils s'arrêtèrent à la vue de Morice 
vêtu du costume de son seigneur, t Ar- 
rière l leur dit-il, se mettant en défense à 
leur approche. Avant d'entrer plus avant, 
dites ce qui vous amène ; les habitants de 
cette maison sont sous la protection des 
lois anglaises 5 ils ne peuvent être insultés 
qu'à vos risques et périls. 

— Si vous êtes le chevalier Blanc, ren- 
dez-vous, répondit l'officier qui comman- 
dait ; c'est vous seul que nous cherchons , 
personne autre ici ne sera inquiété. Seu- 
lement je demande des rafralcbissements 
pour ma troupe; et nous vous garderons 
dans cette maisoh jusqu'au point du jour. 

— Je ne disputerai pas ma liberté, je 
sais qu'en la défendant je n'ajouterais pas 




V 













— 78 — 




unecfaanee de plnsen favevrde moftsort 
qui dépend da lord président 

— Je ne jeta, pas wons tromper, sir 
chevalier, votre soumission. Hrdive otnài 
d'on failde poids «après de la comnission 
miliUirK, car voici k warraat qsi oom* 
mande votre exéenlion , sit henres aprts 
la remise de vmn épée. » 

Mortce se sentie pCitir en «ongeamt k 
mina^ mais il n'osa U re^nrder. 

« Je croyais, répondit-nU, qne /aurais 
an moins an jeurponr ne préparer à sii«* 
bir ma senleoce. 

— Pas nne betre de pkis; mes ordres 
sottt précia 

— liens, oapîtalne, faissei-moi sen) k 
mes penarâs. Cette jenne fiHe va poÉrteir 
à tons vos besoins ; je péckoie de vonr le 
respect convenable envers fHe. 

— Je le promets ; mais la panvn en-* 
fant parak vivement s'intéresser h jonre 
maifceiir, snr cbevalier. D'aiHenrs, ses iar« 
mes sont excosaMes; vons avez empêché 
la céiéforàti(Hl de son mariage. 

— Mina, loi dit le fanz chevalier jHanc 
en Ini pressant les mains itvec intentie», 
votre fiancée est nn brave ^rçon , je le 
connais assez pour savoir <}«*il n'eât pas 
échangé son cœar contre un amonr salas 
abnégation; vons pouvez le lai prouver 
en déployant en cette occâsioA là fermeté 
qa'il doit attendre de vous. S'il en était 
autrement, votre faiblesse loi prouverait 
qu'il s'est grandement troilipi^. » 

La malheareuse fille réunit toutes ses 
forces pour dompter l'élan de désespoir 
qu'elle sentait s'élever de son sein. £lle 
laissa Mukice retirer sa main, et se tint 
droit*", iiQmobile, pendant qu'il s'éloignait 
suivi des hommes de l'escorte. 

Restée seubi Mina, portant les mains à 
sou front, sembla rappeler sa raison prête 
à l'abandonner. Elle demeura quelques 
minutes dans l'attitude de quelqu'un qui 
écoute attentivement, et lorsqu'elle enten- 
dit la porte de la chambre, où on menait le 
conduire, se refermer sur lui, elle croisa les 




mains sur sa poitrine et fondit en lanoei^ 

Il est bien étrange que, chez quelques 
femiiMi, ciCte marque de fûbtesse précède 
toujours une résolutioa éMvgique, «» 
giand $a% de fetnnaté* Mina arrêta ses 
pleorsy en réfléchissant q«n sii luMires 
seokmeot étaient dMUiéen k l'eiisl^ce de 
son AaïKé; eUe ealcula froidement ses 
cbanoes dn salut» aés mofftws deavecès, et 
les mit en œu«re airee tm» admirable mpi»* 
dite d'enéeution. 

Morioe avait été iatasé seul ponr se pré* 
pare» à an finprochêitteç M étttt dans une 
obscurité céniplète. Il sentait qu'il allait 
jouer un anUe rôle» saais précédents dans 
les annales de son paySj et voulait mourir 
martyr de sou béroiqva fidékié ; mais être 
arraché éd l'aMei nèur maroher au sof^Uce, 
lorsqu'il avait devant lui un kwg avenir de 
bonheur en s'unissant à la douce Mina^ 
était «a sujet de craels itegtets, £puisé 
par la violeact de ses émotions , il cédait 
au besoin de sommeil, lorsqu'il sentit la 
p:*essk>n légère d'une main sdr son front; 
il tressaillilv et vit Mina debout devant tei, 
tenant we de ces petites chandelles de 
veUe-, nommées rusMighU 

a Silence ! Morioe , loi dit-elle à voii 
basse. Vovlez-vons faire on effort pour ob- 
tenir votre Uberté 7 d 

Il bohdit snr ses pieds en la regardant 
avec surprise. D'un geste, elle lui montra 
la porte et murmura à son oreille : « Les 
soldats sont là, je les ai fait boire, ils dor- 
ment dans l'obscurité, j'ai éteint leur lu- 
mière. No craignez pas leurs mousquets, 
j'en ai retiré itt pierres. Deux êddats seu* 
lement sont à craindre: ce sont les senU- 
nelies du dehors. Pour ceux-là, placez 
toute votre espérance date to protection du 
del. Ne perdons pas on moment, marchez 
sur mes pas. 

— Mais o éomptez-Yohs foir, Mina ? 

— A la caverne druMiqae oà lord 
Fitzgerald se cacha après le malheur des 
siens. » 

£Ue souffla sa lumière. Us traversèrent 






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— 7» — 



ayec une précatition extrême la chambre 
oà les soldats dormaient ; lorsqn^ils appro- 
chèrent de la porte d'entrée, Afina posa le 
pied snr qndque substance qoi éclata sous 
son poids. « Les fragments du miroir! 
pensa t-elle; pauvre tante 1 elle avait rai- 
raison. » Un soîdat s'éveilla à ce bruit et 
saissant le pan du mantean de Morice. 
<cQui va là? cria-t-il, qui êtes-vousî... 

— I«alssez-moi« npionsieur, loi répon(Ct 
à voix basse la jeune Gllé ; je tais chercher 
de la lumiëre dans les centres de la cui- 
sine. D 

Le soldat lâcha le mantean et se replaça 
pour dormir. Ils atteignirent la porte dé 
sortie. 

c( Maintenant, chère Mina, luf dit Afo- 
rice, passez la première, les sentineHes ne 
s'y opposeront pas, rendez-Tous prompte- 
ment au lieu convenu. » 

La jeune fiBe obéit sans s'arrêter on 
seul moment. Quelques plaisanteries sur 
sa sortie à pareille heure furent les sente 
incouTénients qu'elle eut à subir. Quand 
le [temps suffisant pour l'évasion de Mina 
se fut écoulé, Morice rejeta son manteau, 
éleva les mains vers le ciel pour en appeler 
à sa protection, et ^éla«gi à frinrera ifs 
bois. 

L'étonnement des deux sentinelles les 
tint un moment en suspens, mais elles 
donnèrent promptement Talarme, en ti- 
rant dans la direction que le fugitif avait 
prise ; les belles sifflèrent aux oreilles de 
Morice, qui redoubla de vitesse. Il pouvait 
entendre les imprécations des soldais su- 
bitement éveiRés et trouvant leurs aroies 
hors de service. Bientôt il aperçut ap tra- 
vers des arbres la robe blanche de sa 
fiancée ; AJina l'attendait. II la saisit dans 
ses bras, et tous deux passèrent le gué 
qui les séparait <Je la grotte de FitigeraW, 
qu'ils atteignirent peu de moments après. 

Quoique heureux de se voir écjiappés à 
ce premier danger, ils ne s'abusaient pas 
sur leur position, car ils ne pouvaient s'^- 
vêûturer à sortir de la cavune, et ils sa- 




vaient que leur retraite serait découverte; 
mais Ils espéraient ainsi gagner du temps 
jusqu'au retour du chiefum et de ses soi' 
dats. En effet, au point du jour les Anglais 
arrivèrent devant la grotte, mais n'en con- 
naissant pas les détours, et soupçonnant 
quelque piège, ils s'arrêtèrent devant l'ou- 
verture ; là, ils tinrent conseil sur ce qu'ils 
avaient à faire. Peu de moments après, les 
fugitlb entendirent le bruit de pierres 
amoncelées devant l'ouverture de leur re- 
fuge. Ne pouvant former aucune conjec- 
ture snr le projet de leurs ennemis, ils at- 
tendaient avec h plus mortelle anxiété. 
Tout \ coup nue lueur pénétra dans k 
caverne, «c Regardez, chère Mina, h so^ 
leil se lève et nous pouvons espérer le 
prompt retour de notre seigneur. 

— Si cette clarté était celle du sotefl, 
Moriee, nous ne pourrions la voir, c^est 
une clarté fatale... c'est la lumière de ta 
roche Noire. 

— Patafe, pay pour nous, Mina, car en 
ce moment ele éclaire nos ennemis. y> 

Tous deux se signèrent dévotement sans 
se communiquer leurs terreurs, car depuis 
quelques minutes une épaisse fumée se 
fipan^iilt 4bp» la ffiverne. <x Dieu de mi- 
séricorde F s'écria le jeune homme, ils 
vont nous étouffer. » Alors il voulut 
l'entraîner au dehors, et s'offrir seul en 
sacrifice... mais une brûlante vapeur le fit 
reculer précipitamment Mina lui saisit la 
main. <xRé;>ignons-nous« n)on ami, lui dit- 
elle; ]à-ba3 compieici la mort est inévitable. 
Vous ne voudriez pas, sans doute, racheter 
votre vie par une IScheté» en dévoilant votre 
déguisement; accomplissons notre des- 
tinée qui permet qu'au mçins nous ne 
soyons pas séparés. » 

Mais le manque d'air lui ôtant la respi- 
ration, elle fléchit sur ses genoux, et une 
sorte de délire s'jpmpara d'elle. « Mina! 
chère Mina! criait le malheqreux Moriro, 
reprenez voire courage, pose? votre figure 
sur la terre, là est eocore un peu de fraî- 
cheur. » Mais elle perdit le sentiment 





^'"^^î^^ 



'-^liX'^y^*^ 












f^> 



— 80 — 



et s'affaissa dans les bras de son fiancé. 

A ce moment, une yiire fusillade s'enga- 
gea au dehors ; le combat fut court , ren- 
trée bientôt déblayée, et le chevalier Blanc, 
à la tête de ses compagnons, se précipita 
dans la grotte ; ils enlevèrent les corps à 
demi suffoqués de Mina et de Morice, les 
exposèrent à Fair libre, et les soins les 
plus empressés les rendirent à la vie. 

Le chevalier Blanc récompensa leur hé- 
roïque dévouement en les unissant lui- 
même, et en leur assurant une existence 
aisée. Son affection pour ses fidèles servi- 
teurs éclatait en toute occasion; il se char- 
gea de l'avenir de leurs enfants, mais quant 
à leur bonheur intérieur, il ne pouvait y 
ajouter..... ce bonheur était complet. 

A trois années de là. Mina essayait les 
pas de son premier né sur la pelouse qui 
s'étendait entre sa maison et les arbres 
de la forêt Un pèlerin courbé par l'âge 
et les fatigues s'avança lentement ven 
elle, il implora sa charité. Mina s'em- 
pressa de lui donner quelques pièces de 




monnaie et l'invita à accepter un asile, car 
la nuit s'approchait. Tout à coup, la fatale 
lumière de la roche Noire brilla et alla 
éclairer la face du pèlerin.La jeune femme, 
oubliant qu'elle s'exposait au même danger, 
lui saisit le bras pour l'obliger à entrer 
prédpitanmient dans le cottage..... mais 
le vieillard prononça ces mots : « Mina 
D O'Dillon I reste, et ne fuis plus cette 
x> lumière ; l'esprit qui h commande est 
x> lui-même soumis à la volonté du Très- 
» Haut. Sa puissance va cesser, et Dieu 
y> permet qu'en faveur de tes bonnes acp- 



. y> tions, cette lumière funeste disparaisse 
». à jamais. )» 

Le vieillard étendit les mains vers la 
roche, la lumière s'affaiblit peu à peu en 
même temps que la forme du vieillard de- 
venait moins distincte, et lorsque la lu- 
mière eut complètement disparu, aucune 
trace du pèlerin ne resta visible. 

Depuis ce jour, la lumière de b roche 
Noire ne se ralluma plus. 

M'* LlURE Prus. 




LA PIÈCE DE VINGT SOLS. 



«•» 



Le joli village de B... , entre Bailleul et 
Gayel, était en fête : le 8 septembre, jour 
de la Nativité de Marie, ramenait la ker- 
messe traditionnelle, célébrée le matin à 
l'église par une messe en musique, à midi 
par une revue de la garde nationale, digne 
d'inspirer lesjoyeuxcrayonsdeCham onde 
Gharlet, et célébrée encore à domicile par 
de longs festins et de bruyantes réunions. 
Partout, noces de Gantache ; le plus pauvre 
métayer avait, sinon la poule au pot du 
bon roi Henri, au moins le jambon et le 
gâteau aux raisins, mets de fondation dans 
le pays des kermesses. La grande ferme 
de la Motte-aux-Bois avait surtout servi de 




théâtre à un festin homérique, et les nom- 
breux convives, assis encore autour du 
champ de bataille où tous s'étaient vail- 
lamment conduits, vidaient lentement les 
derniers verres, en attendant le moment 
d'aller faire un tour à la foire qui s'étalait 
sons les tilleuls. La fille de la maison, Lu- 
cie, déjii parée d'une fraîche toilette, 
semblait attendre le signal du départ avec 
une certaine impatience ; ses regards non- 
chalants erraient autour de la table, s'ar- 
rétant avec un dédain peu déguisé sur les 
oncles, les cousins, qui discutaient trop 
longuement le prix des huiles ou le der- 
nier tarif des grains : entourée de ces vi- 








^ 81 — 



sages rustiques, rougis à Fair, brûlés par 
le solei], ridés par la fatigue, Lude sem- 
blait une jolie fleur champêtre éclose au 
milieu d'un gros buisson épineux, car Lu- 
cie, élevée à la ville, avait reçu l'éduca- 
tion d'une demaisdle ; elle avait l'extérieur, 
les goûts et les idées de celles qui ne doi- 
vent connaître que de doux loisirs ou de 
faciles travaux : elle était l'idéal de sa 
mère, qui, après une vie passée dans de 
rudes labeurs, ne désirait rien, sinon que 
sa fille» nof demoiselle^ ne sût et ne dût 
rien faire. La bonne mère s'aperçut enGn 
de l'ennui que ressentait sa fiUe : 

« Jean-B|ptiste, dit-elle en^s'adressant 
à son mari, ne serait-il pas temps que Lu- 
cie allât voir la foire 7 

— Eh bien I nous partons.. . Et toi , 
femme, tu viens aussi? 

— Que nenni I et les vaches, et les 
poules donci Crois- tu, Jean- Baptiste, que 
je me fie aux servantes? La tête leur 
tourne, par un jour pareil; elles seraient 
capables de mettre le lait ^ns des seaux 
qu'on n'aurait pas rincés I > 

Et l'active fermière ayant dit les Grâces, 
noua un tablier de toile bleue sur sa robe 
de soie, et se mit à émietter le pain des- 
tiné à la basse-cour. Lucie attachait son 
chapeau de paille et son mantelet de taffetas. 

c Père, dit-elle, je suis prête! 

— Et tu t'en vas sans avoir un sou dans 
ta poche ? Je crois que le boursiquet est 
vide? 

— Oh 1 père, cela tç regarde. 

— Viens donc voir si je puis le remplir ! » 
La jeune fille s'appuya sur l'épaule du 
vieux fermier : il tira lentement une 
bourse de cuir, l'ouvrit et prit une pièce 
d'or, neuve et brillante, qu'il fit étinceler 
entre ses doigts. 
« Pour moi? dit-elle. 

— Oui, je l'ai mise de côté au dernier 
marché de Lille. Les grains se sont bien 

'Vendus : tu en profites. 

— Merci, père ! 

DIX-NlDTlàXB ANNiH 4" SéRII. — M* 





— Ça, partons ! » 

Lucie embrassa sa mère, prit le bras du 
fermier, et, entourée des cousins et des 
cousines, ils s'acheminèrent vers le champ 
de foire. Le tumulte croissait à mesure 
que Ton approchait de ce lieu de délices : 
les cris des paysans qui joutaient k l'ar- 
quebuse ou à l'arbalète étaient dominés 
par la grosse caisse du charlatan et la ver- 
beuse éloquence d'un paillasse debout et 
pérorant sur ses tréteaux. Enfin, on dé- 
couvrit les baraques, et bientôt les jeunes 
filles errèrent, ravies, de la boutique d'un 
bijoutier nomade à l'étalage de la lingère, 
de là aux lithographies et aux enluminures 
du marchand d'estampes et aux ingénieuses 
petites créations du débitant de jouets. Lu- 
cie pensait à sa pièce d'or : que sera- 
t-elle 7 Dieuy table ou cuvette ? Elle com- 
parait le bracelet doré qu'elle avait vu 
tout à l'heure, au joli mantelet blanc qui 
flottait avec tant de grâce, à la boite à ou- 
vrage en imitation de laque, et se sentait 
fort indécise, lorsqu'on loi toucha douce- 
ment le bras. Lucie se retourna et vit à 
côté d'elle une paysanne, son amie d'en- 
fance, l'unique fille d'une pauvre fermière. 

« Lucie, dit-tlle tout bas, croyez-vous 
que la marchande me laisse ce mouchohr- 
là pour vingt sous? » et elle désignait un 
petit cbâle de laine commune, qui aurait 
cependant remplacé avec avantage le mou- 
dioir usé et pâle qui couvrait les épaules 
de la pauvre enfant. 

« Mon Dieu, Thérèse, je le croisL... 
mais demande-le. » 

Thérèse regarda d'un air incertain la 
pièce de vingt sous qu'elle afait à la main, 
et se mettant à sourire elle dit : 

a Je vais aller consulter ma mère. 

^ Va ! » et Lucie se prit h rire, pen- 
dant que la petite fermière s'éloignait à 
grands pas. 

c Eh bien ! Lucie, lui demanda son père, 
que vas-tu acheter? ce beau bouquet de 
iïeurs artiGcielies, du paind'épice... 
IIL 6 









-î^ô^ 




— Papa, je voudrais biea ce bracelet 
fiie aoos a¥ODf f« tantôt . . 

— Fi donc ! c'est de la dorare ; Je ne 
Tem pas de fnux chei moi.. . > 

Licie batasaît la tête, indécise. ENe 
pensait an joli mantelet btanc. La raison 
disait : Tb m'ta as pas besoin , l'été tou- 
che à sa fin. .. C'est «ne dépense inntik. . . 
La fantaisie répUipiait : Il est bien joli, et 
tu en as envie.*. La fantaisie fnt obéie, et 
Lacis échangea sa pièce d'or contre le 
Biatttelet de «Masseline. 

Deax MMS s'étaient passés ; l'office do 
jour de la Toossaint venait do inir, H les 
fidèks de B*^*, arrêtés so«s le pcircbe de 
l'église, regardaient «rec ennni um plaie 
iœ et glacée qni conbaît sans interrn|H 
tion, et ajontatt aa caractère de méianeo^ 
lie ^'imprimttt à la campagne les cloches 
foi sottflatciit la veille des Morts. Les pins 
h^dis se hasardèrent cependant, et bien* 
tèt il ne resta so«s le portiqœ «onipcrt de 
nnasse qœ deos jewaes filles, Thérèse et 
Lucie. Locîe était envebppée dans un bon 
oiaoteaa, mais Thérèse semblait grekrer 
soossa petite voba et son mouchoir usé, le 
uiéme (faVlle portait au jour de la foise. 

« Lapfade necessefias, dit enfin Lucie, 
nMds j'ai un paraplnie; si tu m^en crw, 
Thécése, ta reviendras avec nm j«i|o'à 
la Mettfr-auj^BaîSv ta te sécheras un pev, 
d pais je te ferai recendoire par notre 
vieHK beiiger; il prendra la grosse lan- 
terne, car le chemin n'est pas bon*.. 
Veusrtn ? 

— Oui ; ma mère ne sera pas en peine, 
car eooaiae Mmimmt loi tieot compagnie. 
EHoB dirent le chapelet poar les âmes dn 
Purgatoire. 

— Mens donc ! » et ksdeox jennes 
niies, abritées sons un seul parapluie, s'a- 
cheaûnèrent à travers les ténèbres creîB- 
santés, qui leur permettaient à peine de se 
caodeire dans un cheiuin raboteux. Lucie 
sentant le bras de sa compagne tremUer 
sous le sien» dit : 

<t Tuas froid, TIl('r^s(•? i 





-^ Un pen. .. ce n'est rien I 

-<- Nous arrivons I Yois-ta les kiaièresî 
Nons aHons nous sécher toot à rbeare. Il 
fait si bon de se chauffer qoand il j^eat 
au dehors! i» 

Cinq misâtes après , elles étaient en 
effet installées dans la sadie commone de la 
fenne, devant nu bon feu pétillant, et 
Lude regardant alors son amie d'un oeil 
plus attentif, lui dit soudain : 

c( Mais comment se fait>il qne , par une 
teHe fête et par un tel temps, ta n'aies pas 
mis le moochoir acheté à la foire? 

— Je ne l'ai pas acheté, répaadic sim- 
pàenent Ijiérèsa 

<^ Pourquoi pas? 

— - Dame I 

<*— Tiens, Thérèse, je tecoanais, il y a 
quelque chos^là-dessoos ! Ta mère n*a-t» 
die pas veoki I 

•^ Sdgneor-Dien f on paarrre mèrel 
eVe qai ne demande pas mieux qne de me 

— Tu avai§de l'argent cependntl 

— Oui, ÛDgtSOOS. 

~ Eh bien? 

— Eh bieni je les ai «ntiployés aillenvs. 

— Ah I ma petite Thérèse, dit Lude an 
la caressant, diê^moi ton secret, je meofs 
d'envie de le oonnattre. 

— Il n'y a pas grand secret è cda, je 
vais te le dire. Le jour de hi foire, ma 
mère m'arait donné an franc ; c'était hcan^ 
coup pour nous, car tu sais, Lucie, fne 
nous ne sommes pas riches, et qne ma 
mèffe a bien de la pdne à payer lé fermage 
quand arrive Noél on la Saist-Jean. Fnête 
h échanger ces vingt sous contre on mooH 
chdr, je voulus cependant consolter ma 
mère, et je rentrai à la maison. SHe m'ap- 
prouva, mais elle me dit : c avant que de 
retourner à la foire, porte donc ce pdn et 
œ panier de pommes de terre ehei la 
veate Hobert. Tout le monde est en ièls, 
et peut-être n'a-t-elle pas de qud dtaec... 
cela me serre le cœur I » J'obéis, je pris le 
panier et j*all:i chox la veave Robert. Tu 



'-?^^ï^ 








te 8MiTte*s tticie» que cette fetnaie eat 
venoe à B*** depuis qbelquM mois , après 
la QMlrltfai MB mm t elk espérait tn)a¥er 
idde l*9uvragt'.et vivreànD«i]tear ooinpte... 
mni elle â*a trevfé ^u'twe plas grande 
mi^rp. Quinë jVntfai obez eUe> eUe était 
aate wm et iite Gatker»e, entre les 
qmiÉt mwe ppeeqae n«e.4 • m» sur la 
table... rien dans le foyer... rien daM 
l'araraîra ... Clbra étaient oi3iTCfl oemme 
un jour de dimanche, et pliia tnstieii, phu 
accaUéCi ifn'aptèa te pkis nide travail 
f( Voici ce que ma mère vous enToie» » dis- 
je en posant le panier. 

La Teuve regarda le panier, les pommes 
de terre, le grand pain bien cuit, puis elle 
regarda sa fille, et se ttit à {ftVltr en M- 
sant : 

« Nous dînerons donc aujourd'hui ? 

— Quoi! m'écriai- je, vous n'avez pas 
dînél 

— Quand on n'a pas d'ouvrage, on »e 
mange (>asde pain, Thérèse,» dit Caihe- 
rine à voix basse. 

Pas d'ouvrage 7 pas de pain ? et je pleu- 
rais aussi comme une biche. 

« Ahl s'écria Catherine, e>i j'av&is ce 
que j'ai vu tout à l'heure à la foire, je 
pourrais travailler, et nous Tivrions toutes 
les deux I 

— Et qu'avez-vous vu? sans vous com- 
mander 7 

— Un crochet, un crochet à faroderv.. 
J'ai appris à Bailleul, chez les beBoes 
sœurs de la charité, à coudre et à broder, 
et je crois que si je pouvais montrer un 
échaotlilon de mon travail aux fabricants 
de sarraux de la ville, ils consentiraient à 
m'employer 

— Et ce crochet coûte donc bien 
cher 7 

— Quinze ou vingt sous, peut-être 

ce serait une fortune pour moi... mais 
qui, au village, consentirait ù nous prêter, 
à nous inconnues, cette petite somme? H 
n'y a que les pauvres, à qui nous ne pouvons 
le demander, et les riches, que nous n'o- 




— 8* — 

soM ielKdter ; le deeserwit mbkù bM.. « 
mais si pauvre hii^même 1... » 

Pesdaat <p»'eMepatlait« LuMe» tMpièoe 
de vingjt se«s brftlait dans bm iniia et je 
me disais : Ne vaut-il pae iftiem ^pie 4es 
crëattirei dn twn Dieu ttieftt du pains qte 
moi au cb&le aeiif sor lee épiMde»? le n'y 
tins plus : 

« Tenet, db-jè^ veici mû fiittc e acbe- 
t« ta«t cèii|B'il wmùiuL » 

Puis, sans écouter les remeralmeilts, je 
m^n alalk mi fk» viée. Getedie J'avaiale 
cœur te«t plein ) j'eatrai à l^ésKae «t> 
priai un moment. J'avais pleuré de peine, 
je pleurai d'aise devant le Saint-Sacrement 
qui était là tout seul, tout abandonné, pen- 
dint qte û6ê ^bi^ticts b'amusaient à la 
foire. 

De retour au logis , je dit tout à ma 
mère, elle m'embrassa... et voilà pour-* 
quoi, Lucie, je n'ai pas de mouchoir. 

(( Ëi Gatherine? répondit Lucie, for- 
teinent préoccupée* Catherine a-t-elle 
réussi 7 

— Dame I je crois bien ! Catherine est 
fine ouvrière',1 Avec son crochet et du co- 
ton bleu, blanc, rouge, elle fit sur de la 
toile de beaux dessins, et les porta à un 
fabricant de sarraux de Bailleul. Aussitôt 
elle eut d6 l'oûvraj^ : sa mère cousait les 
blouses dont elle brodait les cols et les bou- 
tonnières : quelques settiiines après , elle 
pot occuper mie petite ouvrièi*e, puis 
deux, puiâ quatre ; maintenant elle a un 
vériuble atelier. .. et tient son monde en 
respect 1 Le dimanche, elle conduit tou- 
tes les petites filles à la messe, aux vêpres; 
après, elle les amuse, chf-z elle, elle lit de 
belles histoires dans des livres qu'ele a 
apportés de Baithul, on chante des canti- 
ques, on prie le bon Dieu... on joue aassi, 
lout^ les ouvrières soRt<eonte«ites... Ma- 
daimè Hubert est lienreiiBe comme une 
rcifte et 1 atheriee comme «ne sainte ! 

-^ Et ks vingt souB, ne te les a-t*elle 
pas readus? 

— Oh ! si fait. .. mais j'ai du guignon.. . 



I 











— 84 — 



h \ieiUe Marie, notre Toisine, s'est avisée 
d'avoir an rhume, il a falia dn sirop. . . 
adieu les vingt sous ! mais je pense sérieu- 
sement à économiser afin d'avoir on mou- 
ciMMT pour les fêtes de Noël » 

La fermière s'était rapprochée, elle avait 
entendu ce dialogue, et s'adressani à Lucie, 
elle dit : 

<( Thérèse est plus avisée que toi, fille ; 
ses vingt sous ont plus rapporté que tes 
vingt francs. 

— Hélas i c'est bien vrai 1 qn'ai-je eu 
pour mes vingt francs I ce manteiet blanc 




qui m'était inutile, qui ne m*a point ser- 
vi., et toi, Thérèse ! 

— Vrai, je suis heureuse -quand je 
songe à Catherine. 

— J'aurai aussi part à ce bonheur , ma 
bonne Thérèse , tu m'aideras de tes con- 
seils, tu me feras connaître quelle valeur 
peut avoir en ce monde une pièce de vingt 
sousl 

— Ma fine, alors, pensa la fermière» 
not' Lucie sera parûdte. » 

M"^ Éy£UNE RlBBEGOUBT. 



LA ROSE ET L'IMMORTELLE. 




Dans un verger rempli de fleurs 
J'apercevais la rose*auprès de Timmortelle ; 
L'une étalant sa verdure éternelle, 

m 

L'autre ses brillantes couleurs. 

Dans une iliosioa charmante. 
Mon cœur les animait et leur donnait des sens; 

Bientôt de la tige odorante 
J'entendis la première exhaler ces accents : 

Hélas 1 que mon sort est à plaindre I 
Le même jour me voit naître et mourir : 
Un rayon de soleil suffit pour me flétrir. 
Et du zéphir léger ma vie a tont à craindre. 

Mais vous, enfant chéri des dieux, 
Vous existez longtemps, ô fleur trop fortunée; 
Votre éternel printemps charme toujours les yeux ; 
Ah! que je porte envie à votre destinée! 

Revenez, croyez-moi^ d'une fatale erreur^ 

.Lui répondait tristement son amie; 
Le bonheur n*est jamais dans une longue vie : 
Elle meurt bientôt votre fleur, 
Oui, mais elle est toujours chérie. 
Vos jours, plus long, seraient plus orageux : 




,/rCV^^^ 
■^^i^-'^ 







— 8» — 

Des froids hivers l'horrible violence, 
Et des aalaos le souffle impétueux 
Viendraient flétrir votre existence : 
Ah I que votre sort est heureux I 

Oui, dis-je en m'éloignant, une courir carrière 
£st le plus beau présent de la Divinité ; 
La. coupe de l'humanité 
A rhomme est trop souvent amère. 
Heureux l'enfant qui meurt à son berceau» 
Et qui de sa course éphémère. 
N'emporte, en mourant, au tombeau, 
Que les baisers et les pleurs de sa mèrel 

C F. 




SiULOxV DE 1851. 



DBUXIÂMB 1RTICLB« 




Quoi que puissent dire quelques admi- 
rateurs frénétiques d'informes barbouil- 
lages, sans la sévérité du dessin il ne sau- 
rait y avoir d'oanvre capitale en peinture, 
et les artistes qui négligent cette base fon- 
damentale de l'art et ne tendent qu'à être 
coloristes, non - seulement font faubse 
route, mais, ce qui est encore bien plus à 
déplorer (lorsqu'ils se trouvent doués d'é- 
minentes qualités ainsi que cela arrive à 
quelques-uns d'entre eux), c'est qu'iliB en- 
traînent à leur suite dans une voie fatale 
une foule d'imitateurs maladroits séduits 
parla facilité avec laquelle on réussite 
produire de l'efiiet en couvrant une toile 
de tons plus ou moins brillants et discor- 
dants. Par ce procédé on attire les re- 
gards du public, de même qu'en s'aban- 
donnant au parti pris de ne voir et de ne 
rendre la nature que dans son récUisme le 
plus laid et le plus repoussant, on obtient 
ce qu'on appelle un succès de vogue ; mais 



satisfait-on en même temps le goût éclairé 
des connaisseurs 7 et les exigences si éle- 
vées de Fart se trouvent-elles remplies? 
Nous nous fai^ion8 celte question en 
eiaminant attentivement VEnUrrenunt à 
Omm, de M. Courbet. Le portrait de cet 
artiste peint par lui-même révèle un ta- 
lent hors ligne dont on ne retrouve guère 
de traces dans la toile où il a sans doute 
eu l'intention de nous faire assister à une 
scèœ d'une solennité profondément grave, 
triste et religieuse. Au milieu d'une fort 
grande toile est une fosse ouverte ; à drpite 
de cette fosse on voit le curé, U porte-croix, 
les chantres, les enfants de chœur ; à gau- 
che, les parents, hommes et femmes, les 
autorités de la commune, et enfin le mort 
porté dans son cercueil par ses plus inti- 
mes amis. Traité avec habileté et sagesse, 
ce sujet serait saisissant d'intérêt; eh 
bien, Tœuvre de M. Courbet n'excite au- 
cun autre sentiment que la curiosité La 

^( 








^^^ 



.>«?<5a 



Vf» 





- 8« — 



recherche de la réaiité l'a conduit à éon- 
ner à ses pepson nages les faces les pins hi- 
deusement laides qui se puissent imaginer ; 
ces gens-là n'émeuvent point, ils n'insipê 
rent que le dégoût. 

M. Isidore fils a peint d'une manière 
bien différente la Mart de la mire Saint- 
Prosper^ sœur de Charité à l'hôpital 
SaiJit-Louiif. Elle est exposée dans sa cel- 
lule^ les malades et les pauvres viemmel 
prier au pied de son lit. Ici point de fra* 
cas, tout est simple et vrai. Les malades et 
les pauvres, hommes, femmes et WBdsmîA^ 
forment un groupe très-nalurellemeot dis- 
posé. Toutes ces figures sont empruntes 
d'un seniiment de profonde douleur. Celle 
de la jeune religieuse qui garde le corps 
de la mère Saint-Prosper, debout dans une 
altitude de dooce contemplation,, est sur* 
tout très-remarquable. Son regard fixé 
sur la morte exprime naïvement les pieu- 
ses et saintes pensées que lui inspire la 
certitude du bonheur dont jouit actuelle- 
ment au ciel la sainte femme. 

M. Chassériau a représenté des Cava- 
liers arutm emportant leurs morts après 
une affaire contre ks spahis. Cette 9cène 
est rtndtieaTec une sorte de fougue très- 
é i ta g wpi c . Lors d«8 tlèbuts de cet arti^e 
dlsiingoé on >h]i reprcvchaît de sacrifier h 
couleur an tiessin; tnanisleiiant bien des 
gens sont disposés à hji faire le reproche 
coiftraire. Il se plati trop, dit-en, à peindre 
les étoffer, tes habits, les oost»n}es, parce 
que là, te cohrisme trouve à s'exercer. 
Daiftftson taUean >de8 Cacaiiers ambes, t>n 
se rend, en dffef , pent-^être éifficilemem 
con^te des personnages, quH faut dier- 
cher ira tra<reiis de bon noisbre de Tête- 
mcffiB dont les riches «OB^eors éblouissent 
it^mpèdheirt de bien «rislr l'action prin- 
cipale. Quoi qu'il en seît , l'œuvre de 
M. Ghassériao est une ^es meîlletipes â« 
l'atposkioH. 

lA Me^aillB de KmiHkoro est une en- 
rieuse page qui mérhe de fixer l'attention 
et par Timérêt du sujet, «t par les qualités 



rerairqmibleB qs^ a déployées M. Y von. 
Cette hatMlle gagiiée en 4378, par Dmitri 
Ivaamtcii* ffând dhio db Moscovie, sur les 
Tatars oomMaadés par Mamal, eut pour 
résultat la constitution de l'empire russe 
et l'expulsion des Tatars du nord de l'Eu- 
rope. EHe contribua ainsi à amener le 
triomphe dëÛBÎtir du cbristianisme et de 
la dvifisaflion mir l'islamisme et la bar- 
barie. 

Les pripcm «( its «oUfodes slaves s'é- 
taient bgoés et «vaient mis à leur tête le 
frasMl 4iic Dositri j^omr wcouer le joug de 
Taiaerlaa, qui» avec ka Tatars, avait cn- 
yahi le territoire russe. Les deux armées 
se rencontrèrent le 8 septembre dans la 
plaine de KoulikOTO, située entre les rives 
du Don et celles de la Népriadva. Les rangs 
se nélent ; ki les Russes triomphent des 
Tatars ; A; les Tatars l'emportent sur les 
Russes, la terre est rougie du sang des 
chrétiens et des infidèles. Un instant ces 
dfrniers pénétrèrent jusqu'aux drapeaux 
noirs de Dmitri*.. . ces étendards sacrés, qui 
portaient l'effigie du Christ, allaient tom- 
ber «frtre lests main» înpies, larsqn'Hs 
furent dégagés par la treope spédaleneKi 
préposée à le«r gavtfe. BwHii, après «■ car- 
nage tin cent nriie iNrtimita peiéiimt la 
vie, les Tatars lâokèiMR |Ded. Mamaf, 
lenr chef, placé sur un tertve voisift, assis- 
tait I la déroute des ans. éêu comble de 
la rage et du désespoir, il lève lealnas an 
ciel en s^écriam : « Le Dien des •chrétiens 
esit ptrissant I » cf il *« prédpiie tkaa la 
déroofê générale, CTeA oAte iNOaille qui 
Tal8t% Buriiari le««naoin de ttandtei. 

Les fivere épisodes 4e «ttae sanglaate 
journée «ont <frè6-blen rendis 'éaoa le ta- 
blesH de M. Tven. H y -abesncoop de Im, 
de mowvemettt et nn pêle-mêle aane an- 
cuve confusion ; c est «ne graode Mficttké 
vaincue avec boofhear. 

Passer delà bataftie de KfoaMlM)ve'aiiK 
toHes lilttpotiemKs de M . Meissonnier. . . la 
transition est bien fcrwque... mm qa'im- 
porteatet k genre «et la dimonmon 7 iTest- 









'^'^J 











.>^" 




*- 87 — 




ov pa9 forcé de s^rrêter ^and on rencon- 
tre sur son chemin des créations admirables? 
M. Meiasonnier a exposé cette année qnatre 
taUea«x ; qaelte bonne fortune ponr les 
nombreux admirateim de son talent I 

Le Dimanche est nne scène rendae avec 
ce naturel parfait et cette finesse d'inten- 
tion qa*oa troare à on plus on moins haut 
degré dans les eravres de M. Heîssonnier. 

Sur le premier plan du tablean » nn 
jonenren Teste jtnne jette son palet ; d'^aa- 
très joueurs antorar du tonneau surrent le 
coup avec attention. Sons une treille se 
titmrent placés deux groupes ; l'nn, an mi- 
fien, semble s'intéresser au jeu ; Tautre, 
placé nn pen à gauche, boh et cause sans 
s*inquiéter de ce qoi se passe. On apercent 
an fond dn tablean nn second groupe de 
joneorset sons une tonnelle è droite, denx 
bommes et une dame qui interrogent une 
serrante. Cette fiHe interrompt son travail 
pour tes écouter, et reste les mains ap- 
puyées sur la table qu'elle nettoyait. Une 
antre table arec quatre verres et un broc 
est inoccupée ; c'est sans doute celle où 




buvaient les joueurs^ car voici leurs habits 
sur les bancs. Un coq et ses poules, un 
chien endormi complètent cette scène dont 
on ne sait ce qu'on doit le plus admirer» 
on de la naïve simplicité avec laquelle elle 
est composée, on du charme infini de 
l'exécution. 

Le Peintre montrant ses dessms est 
paiement une ravissante peinture. Il est 
impossible d'être plus absorbé, pins at- 
tentif que ne Test cet amateur, se cares- 
sant machinalement le menton. On devine 
qu'il comble d'aise par ses remarques in- 
telligentes l'artiste qui, tout en lui exhi- 
bant ses œuvres, semble être très-occupé 
du soin de les fahre valoir. Ces gens-ft ne 
s'inquiètent gdère de ce qui se passe autour 
d'eux, ils ne posent pas pour le publie, ils 
sont sevls, causant avec déPces de Tart 
dont ils paraissent si bien épris. M. Meia- 
sonnier excelte dans cet art difljcîfe d'iso- 
ler comi^étement ses personnages, et ce 
n'est pas le moindre mérite de ses com- 
positions. 



ÈSàÇME GÉOGRAPQIQOB. 



D. Quelle est la mer qui baigne trois 
continents, qoi a vn naître près de ses 
eaux le grand L^lateur, et les trois con- 



quérants qui ont dominé le mondcu et qoi 
a été le témoin dfis plos graves évéoenenls 
de l'histoire ancienne et medeme I 



MÉLANGES. 



DES FUNÉRAILLES CHEZ LES GALLO-ROMAINS. 



Une ancienae loi défendait d'enierfer 
les aioffts dans faiceiiite des villes, et des 
insGf jpttoBS indiquaient ainsi hss emplace- 
ments fooéraiiies. 

« On peM^ircnler UhnnMnt eu ceUeu 
et y apporta desoyps on des ossements. » 

il avuit iDiqours été facnllatif de brûler 




les morts ou de les inhumer. Pour les brû- 
ler : après iet avuk* imbibés d*haiies aroma- 
tiques, ks poUinct&urs les plaçaient sur le 
bûcher; ils ésd^naient le feu en y ^versant 
dtt m« et recneiHMDt les cendres dans 
des urnes de terre ouîte, de pierre ou de 
verre, dont l'orifice était bouché par un 








-^^C 










— 88 — 



bouchon formé d'une pierre plate, d'une 
brique, d'un os de bœuf ou d'une plaque 
de fer on de cuivre. Cependant, dès le 
troisième siècle on avait presque généra- 
lement renoncé à la combustion des corps; 
les défunts, escortés par le clergé, étaient 
portés sur un brancard par les fossoyeurs, 
et déposés, la tête tournée vers FOrient, 
dans des cercueils de pierre, de terre 
cuite, de plomb ou de maçonnerie, quelle 
que fût leur forme, cippe, table de mar- 
bre, piédouche surmonté d'un bassin. 

Ils étaient revêtus d'inscriptions en 
prose ou en vers : 

« Je me nomme Accia, je succombai 
au moment de cueillir la rose de mes dix- 
neuf ans, hélas I et la mort flétrit mon 
avril printanier. J'ai toujours marché droit 
dans le sentier de la vie ; mon esprit, mûr 
pour les bonnes mœurs, n'a pas attendu 
les années. Mon cher époux, mon héri- 
tier^ sait que j'ai quitté le monde avec 
une dévotion sincère pour le Christ éter- 
nel, et que je recevrai dans une vie meil- 
leure la couronne que j'ai méritée. 

> Le tout a été fait pieusement par les 
soins d'un époux, Artorius Julianus Ma- 
gethius, homme clarissima^ le 6 des ides 
d'avril. 

» Un père a rendu ces derniers devoirs 
à TulKana, son innocente fille, le 7 des 
kalendes de juin. » 




D'autres tombeaux ne portaient ni le 
nom, ni même l'iûdication du sexe du 
défunt. 

c J*ai évité les inconvénients des maladies 
et les plus grands maux de la vie ; main- 
tenant je suis exempt de peines ; je jouis 
d'une paix complète. » 

Les mausolées collectifs s'élevaient an 
centre d'un parterre; on les faisait garder 
par des esclaves ou par des affranchis; au- 
dessus de la porte était écrit en lettres 
rouges le nom de la personne qui avait 
fait construire le mausolée. 

Les cenires du mari et de la femme 
étaient souvent réunies. Les niches du 
mausolée recevaient les urnes on les cer- 
cueils des membres de la famille. Sur la 
face extérieure étaient sculptées des scènes 
bibliques : le passage de la mer Rouge — 
David combattant (Goliath, — le bon Pas- 
teur — Jésus ressubcitant Lazare , — le 
Christ au milieu des Apôtres. On y gravait 
aussi différentes figures emblématiques : 
la colombe — le dauphin, symbole de pu- 
reté, de bienveillance — un cheval an 
galop — une ancre — un navire voguant 
à pleines voiles, pour signifier la marche et 
la longueur de l'existence — Jésus-Christ, 
fils de Dieu, Sauveur — ou la Croix 
sainte. 

EMILE DE LA BÊDOLLIERBE. 



CORRESPONDANCE. 




Que n'étais-tu des nôtres , chère amie, 
et ma joie eût été complète ! mais, hélas I 
il paraît qu'il n'en est pas de complète en 
ce monde, puisqu'il s'y mêle toujours un 
regret... Cependant je veux diminuer ce 
regret en te faisant le récit de ma joie... 

Tu sauras donc que samedi je recevais; 
maman m'avait permis le plaisir de réunir 
mes amies ; mes invitations étaient ainsi 
conçues : Mademoiselle X prie mademoi- 
selle X de venir pas^r la soirée chez elle, 
samedi 22 février 1851. On causera. 



Dès le matin, j'avais préparé des as- 
siettes de petit four, j'avais fait des pots 
de gislée au citron, de crème au chocolat, 
j'avais beurré des tranches de pain entre 
lesquelles j'avais plaoé des tranches de 
jambon, de charcuterie; le soir, le pâtis- 
sier devait m'apporter la brioche et les gâ- 
teaux de pâte ferme. Une table sur laquelle 
était un tapis, fut dressée dans ma cham- 
bre ; sur cette table j'avais pkcé des lam- 
pes. A deux heures Slorence vint; lors- 
! qu'elle eut jeté un coup d'œil investigateur 







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— 80 — 




sur mes préparatifs : « Voyons, me dit-elle, 
ta planche III ; le trayail d'abord, !e plaisir 
ensuite.. . comme récompense, i» 

NoQs nous assîmes en face l'une de l'au- 
tre ; elle prit une plume, j'étendis la plan- 
che sur la table , et je dictai ce qui 
suit : 

Le n** 1 est le dessin d'un bas de jupon 
qui se bm^e d'un point de feston, se brode 
d'un point de cordonnet, kl se découpe 
partout où tu vois un petit rond. 

Comme ce travail rétrécit l'étoffe, je te 
conseille de broder des bandes à part, de 
les blanchir, de faire quatre petits plis à 
un jupon» de coudre au bas de ce jupon, à 
l'endroit, cette bande, par un point de cOté, 
puis de former un cinquième pli qui ca- 
chera la réunion du jupon et de sa brode- 
rie. 

— Je comprends. C'était difficile à ex- 
pliquer... Continue. 

Le n<* 2 est un vrai col de demoiselle. 
Il se brode au plumetis, sur mousseline. 

Le n* 3 est une garniture haute de 3 
centimètres, elle se festonne, se brode au 
plumetis et se coud autour de ce coL Ce 
col se monte sur un petit collet 

Le n"* & est un entre-deux, aussi au plu- 
metis. 

Le n*^ 5, A D, dans un écusson, se 
brode en point de feston. 

Le n^ 6 est un encadrement de mou- 
choir du matin; il se^fait en point de feston, 
les ronds an plumetis sont entourés d'un 
point de cordonnet Ce mouchoir peut se 
festonner en coton de couleur, et les ronds, 
qui seront en coton blanc, seront entou- 
rés d'un point de cordonnet en coton de 
mê<ne couleur que le feston. 

Le n* 7, Blanche , est le nom d'une jolie 
petite fille. 

Le n"» 8, Célina, se brode au plumetis 
et en points de cordonnet. 

Le n* 9, Zénaïde^ se brode de même. 

Le n* 10 est nûo sous-manche faite d'un 
tulle que j*ai appris à broder au cours de 
madame Morin. 




Vous achetez 35 centimètres de tulle de 
Bruxelles. 

Une pièce de lacet de coton large d'un 
millimètre. 

Vous taillez, en biais, une bande large de 
8 centimètres, longue de 18. Vous enfilez 
le lacet dans une aiguille ; à un centimètre 
du bord, vous passez, sur la longueur, votre 
aiguille entre les réseaux comme si vous fu- 
siez une reprise, c'est-À-dire, en prenant un 
fil sur le lacet et en laissant un en dessous. 
Ce premier rang fini, on en fait un second, 
puis un troisième, en laissant un réseau en- 
tre chaque rang. 2 centimètres dprès ce der- 
nier rang de lacet, vous en faites encore 
trois autres semblables, puis vous pliez le 
tulle en deux, et vous avez ce qui sera le 
poignet. Vous taillez deux morceaux de 
tulle hauts de 35 centimètres, et larges 
chacun de 25, vous faites de même trois 
rangs de lacet, passez en biais; 2 centi- 
mètres après le dernier rang de lacet , 
vous passez encore trois autres lacets, ainsi 
de suite jusqu'à ce que vous ayez couvert 
votre tulle. Vous froncez du haut et du 
bas cette sous-manche que vous montez 
du bas sous le poignet que vous avez fait, 
et du haut sur une simple bande de tulle. 
Le tulle étant transparent, voilà pourquoi 
cette sous-manche forme un quadrille. 

— Je vois, ma chère, qu'avec ce travail 
on peut faire de jolis bonnets du matin, 
des volants de tulle qui seraient soutenus 
par le lacet, des garnitures de canezous, 
de bonnets; pour mon compte, je te re- 
mercie, j'aime le tulle; c'est une étoft à 
la fois élégante et solide. 

Le nMl e:>t un riche encadrement de 
manteau de lit, il se fait au crochet, ou 
se brode en reprises, sur filet au point 
carré. Ce dessin peut avoir 21 centimètres 
de haut. 

Le n* 12 est un griffon que je t'ai pro- 
mis pour pendant à ton lion héraldique. 
Ce dessin peut servhr pour coussin de tête- 
à-tête ou pour couvrir le dos d'un fau- 
teuil. 




-^|g* 








— 90 



13 ^ 



Le nM3 ce lont lea diifires romeiAs et 
les chiffres arabes qui servent pour mar- 
quer le linge et font suite à Talplabet cfue 
je t'ai envoyé planche II. 

Le n* ik est une faolie à gants que j*ai 
encore apikrise à faire chez madame Morin* 
Je rais te donner ki l'eipliration de ce 
trairail dont les patrons sont sur la 
planche de la grande édition , mais avic 
un peu pins de peine on pomria les sop- 
plécr. 

Achetez S écbeveaux de laine de ietUn; 

50 centimètres de florenee; 

1 mètre 50 oentîmètre» de ruban de 
smen'' k» 

Laine» florenee et rubas peavcat être 
blen-del ou ponceau ; 

De la poudre d'irîs.; 

Une feuille de carton du prix de 25 cen- 
times. 

Vous leillffi I morceau de papi'^r végétal 
sur le n*" 38» c'est te fond; 

U morceaux sur le n« 39, ce sont les 
deux eûtes de la boite et les deux pMrtiei 
da convcffde ; 

2 morceaux sur le n* 40 , ce sont les 
deux bouts de ia boite ; 

2 niorceattKf>ur le n" 41» ce soni les 
deux triangtes qui se cousent aux deux 
boots du dessus de la bdite» ^ s'alUchent 
par des rubans. 

Vous places le papier végétal sur k pa- 
tnen n* ^ ; âvec un crayon vous en traces 
la iuoBt^ vous drnnÉiri chacun des points 
noirs de ce ptlnm, et vou» les percez avec 
ooméfiogie. 

Vt>us placez sur votre feuille de carloo» 
ce pnpier, qa\ est le patron n"" 38; avec on 
crayon vous en tracez la forme, et vous la 
oottj^; puis posant ce cariou sur une 
coBvertore ï i^passer, vous pàaeez dessus 
le papier végétal, et avec uneiêpingle vous 
p jToea (DUS les poinis noirs qae vous voyez 
à ce patron. 

Vous faites de même pour les modèles 
^ 60, 41. Le côté du carlOB que vous 
piquez sera le dessus de la boîte. Vous 





voyiez poarquoî, c'est qu'il ost plus unL 
Vous prenez une aigalUo enfilée de bine, 
vous y faites un nœud, vans passez l'ai- 
guiUt en dessus» dans le premier point 
noir» prèsde cosigne -4*» ittuftla sortez au 
bas de la ligne, vous la. passez dans le 
nœud de la laine, vous l'entrez en dessus 
dans le point noir qui soit, vous la sortez 
au bas de la ligna, et vous foites ainsi* em 
allant de gauche à droite, un point de fes» 
ton en passant raigniUe dans chaque point 
noir etea la sortant au bas delà ligne qui 
le suit 

Lorsque vous avez fini ce point de fes* 
ton* vous reprenez une antre aiguillée de 
laine, vous y laites on nœud, vous passez 
l'aiguille en dessous, dans le second trou, 
à ce signe -^^ pour la sorfir en dessus ; puis 
vous la faites rentrer en dessous, dans le 
second trou, comme si vouafiûsies un point 
arrière ; vous continuez à réunir ainsi ton» 
ces deux trous. Vous faites de même aux 
quatre angles. . 

Vos 9 morceaux de carton entourés ainsi 
d'un poistde feston, vous taillez 9 mor- 
ceaux de florenee, en y ajoutant les reoflis 
d'un centmètee; vous couvrez chaque 
morceau d'une couche de ouate, vous pi- 
quez le florenee et la ouate en formant 
des losanges avec du cordonnet de soie de 
la couleur du florenee, et vooa saupoudres 
la «naiede poudre d'irisw Vous faites deux 
petit» Bosads formés chacun de quatre bou^ 
clés et de deux bouts, sépasés par im 
ruban formant agrafe ; ipou» cousez chaque 
nœudaumiliendesdeuxmodèlesin^40; |«is 
par un surjet tait à Tenvers^ vous séunisses 
la doubtnro aur-dessus en la cousant après 
les points de feston* Lorsque tout est dou- 
blé, voua cousez au fond, à l'endroit, par 
un surjet, deux des 4 patrons n"* 39, puis, 
oncore au fend, les deux n** 40, qui sont 
les deux bouts de la boite; vous rt^levez 
ces quatre morceaux et oouf«s les quatre 
coioa; puis ks deux derojers palroos 
n* 49 que vous cousez à Teadroit, dans 
leur longueur, et d'un seul oMé, avec cha- 










— »l — 



CDD dis côtés dD la boîte; œs deux patrois 
rabattent Tua sur Taatre, et furnieut le 
couvercle. Alainteiiaati vous cijusqi, I Teo- 
droit, aux deux faoutt^k la boite, lef aior- 
ceaax n' 61, et aux deux jpointes qui 
en reiombaut sur la boiie se regardent, 
on ajoute à chacune deux petites fooucUs 
f éparées par un ruban formant agrak, et 
on long boat qui sert à nouer cette boite 
dasfl laquelle on p«nt inelire des gants, des 
cetotu.'*es, des nuncbottes. Si IVn £ait un 
cadeau, on peut l'offrir dans celte bcâie 
qui pourrait au besoin contenir un tricot, 
une broderie, ot âe porter à U uam pour 
aller traTaiJler chea une eiitie» 

Ici commence la description da la plan- 
che de la grande éditioB. 

Le n^ 1 S est un enure-deux de broderie 
anglaise, on y fronce le bas des pantalons 
des petits garçonset des petites Biles, quand 
ces pantalons finissent an bas des genoux. 
En festonnant la moitié de ce dessin, ce- 
lui qui iorme le bas, on aura la garnitore 
k coudre au bas de cet entre-deux, qui 
peut ausn servir pour col et pour bon- 
net puisqu'il peut aussi devenir garni- 
ture. 

Le n"" 16 est an dessin de voilette. 11 se 
brode sur tuJK <^n reprises ou en applica- 
tion de mousseline. 

Le n* 1 7 est un riche entre-deux qiii 
se brode au plometîsi, au-dessus des plis 
d'une robe de mousseliae. 

Le n* 18 est un col qui se découpe 
comme la broderie anglaise et se brode te«at 
en point de feston ; ce point, qui couvre 
deux lignes, se nomme point de rose. 

Le n« 19 est nu semé qui se brode au 
plometis. 

Le n^ 30 un semé qui s*ex6cote en 
broderie anglaise. 

Le n"* 21 est un des côtés d'un sac-au- 
môoière qui se fait eo cachemire ou en 
moire. Les étoiles indiquent où ce côté du 
sac rabat de l'autre côté. 

Le n*" 22 est l'autre côté. 

Les dessins qui couvreni ce sac s'exé- 





cuipm avec une somncbe de soioi et les 
pois el les feuilles se font en soie demi- 
torse. Ce sac se brode au mîiier: la souta- 
cbe, enjaune; les pois, kspluspetits,en bleu 
pâle; les plus gros, en bleu un peu p)«s 
loncéi; les qoaOre feuilles, eo «rert. On don- 
ble le sac d'un L'*giar floreoce ; on couvre 
la couture qui réuniX Les deux côtés d'yiie 
ganse ronde, en soie jaune. A k pointe 
qui retombe, ou coud un riche gland de 
me formé4)Our trois quarts de la couleur 
du sac et pour un quart dts couleur» qui 
compesem la broderie. 

Le n*" 2S Lydie, se brode an plumelîs 
entouré d'un point de cordonnet. 

Le n'' 2/i Honora, an piumeiis, pois et 
cordonuet. 

Le n"" 25 Uonid^ plnmetis, pois et cer- 
donneL 

Le n° 26 est un col de camisolle de 
»nuit, il se brode au plumetis, sur jaconas. 

Le n** 27 est le devant de cetle canu- 
soUe, dont les dessins forment brandebourgs 
en diuunuant jasqe'au bas de la taille, et 
augmentant jusqu'au bas de la camiaoUe, 
qui est garnie d'un ourlet devant et au 
iia& 

Le n"" 2S est le don. 

Le n* 29 e.st la manche, de tonne pa- 
gode. Tu peux la fûre moins large. 

Ce dessin brodé sur mousseline et ter- 
miné du bas par un feston» serait joli pour 
manches de dessous. 

Le n° 30 Mark, pois et i^metis. 
« Le n'' 31 Ert^eUviie^ pois^ plnmetis et 
cordonnet. 

Le n"" 32 Félicie, pois, plumetia. 

Le n"* 33 Victoi/re, plometis. 

Le n^ 3^ Àdelim, plnmetis. 

Le E"* 35 Sabine, plnmetis. 

Le n° 30 Césarine^ lettres gothiqoesi. 

Le n"" 37 AlberU^ lettres aBglaiaf& 

Nous venions de terminer notre des* 
criptioo, et déjà nous non» rq^ardionev 
heureuses comme des écolières qui om 
fini leur tâche, lorsqu'on vint nous avertir 
que le diaer était serij* 



i)©î^- 



■^^'^^v 



a 







92 — 




A sept heures , Florence et moi noas 
revînmes dans ma chambre. Le feu ral- 
lumé, les lampes sans abat-jour, les chai- 
ses posées comme si elles attendaient . . 
Des fleurs inodores dans des caisses, dans 
des vases... Enfin, un petit air de fôte. Tu 

penses bien que je ne fis pas annoncer 

c'eût été jouer la comédie. 

A huit heures, nous étions une dou- 
zaine d'amiea réunies autour de h table, 
chacune avait apporté son oorrage ; Flo- 
rence, encore inconnue à quelques-unes, 
avait exigé de doubles présentations. J Sa- 
vais couvert la table d'albums, délivres et 
de journaux qui devinrent le but de notre 
causerie. 

« Savez-vous , mesdemoiselles , nous 
dit une jeune personne grave, nommée 
Bathilde, que nous avons lieu d'être fières 
de l'importance que nous avons acquise? 
Il y aura cette année autant de juurnauf 
de femmes que de journaux politiques. — 
Qu'est-ce que cela prouve? répondit une 
petite brune, nommée Louise; on nous 
exploite, comme dit mon père, nous 
sommes devenues un objet de commerce. 
Il y a des gens qui ne savent que faire, ils 
font des journaux de femmes, cela n'est 
pas difficile : prenez beaucoup de gravu- 
res de mode, des tapisseries copiées d'a- 
près une mauvaise maison de Berlin; 
avec des ciseaux, détachez un épisode d'un 
voyage, ramassez quelque vieille traduction 
que vous retraduisez en changeant le titre, 
achetez sur les quais un livre de recettes 
culinaires inconnues, parce qu'elles sont 
impossibles, mettez-en beaucoup ; répan- 
dez sur du papier jaune un tohu-bohu 
de dessins plus ou moins laids.. . voilà !.. . 
la chose est faite! — Et avec cette 
chose, dit en éclatant de rire une grosse 
blondine, nommée Marie , on nous forme 
Vesfprit et le cœur^ on fait d*' nous des 
femmes â^une éducation forte, (Tune mo- 
rale,,. Ah ! que c'est joli I — C'est triste! 
reprit Florence, et cette pauvre province 
qui reçoit comme, acte de foi tout ce qui 





lui vient de Paris, est la seule victime , 
car , nous qui connaissons les ficelles 
qui font mouvoir toutes ces choses, ainsi 
que les appelle mademoiselle Marie, nous 

n'y sommes pas prise;! cependant, 

nous en sommes honteuses. — Je suis 
bien de votre avis, mademoiselle, reprit 
Bathilde; par exemple je cherche, dans un 
de ces journaux qui nous sont destinés, 
un proverbe pour le jouer en famille... 
et puis je vois que l'héroïne se désha- 
bille, se couche, se lève et se rhabille de- 
vant les spectateurs... quelle inconvenan- 
ce ! L'autre jour, je lisais :0n a calculé que, 
pour la ville de Madrid, il y aurait durant 
cet hiver 1,220,000 déclarations d'amour 
et 5 mariages, et on demandait un sem- 
blable calcul pour la ville de Paris. Cepen- 
dant, ce journal est sous la direction. .. — 
Mais, oà ce monsieur a*t-il donc vécu? s'é- 
cria Louise, qui est-ce qui a reçudts dècla^ 
rations d^amour? — Pas moi, pas moi, ni 
moi, dtmes-nons toutes d'une seule voix. 
— Moi, voilà ce qui m'est arrivé, reprit 
Marie ; j'ai la prétention de bien lire, je 
vois un de ces journaux ouverts.. . et me 
voilà à prononcer : Madame la duchesse 
une tille montait à cheval, la... cuisse à 
droite ou à gauche. .. je ne m'en souviens ' 
plus, et, ce malheureux mot prononcé plu- 
sieurs, fois fut ma punition, pour avoir 
voulu montrer que je savais lire l>aut; 
mais hier je lus tout bas... et c'était une 
accusation contre ces bonnes et saintes 
filles hospitalières, nos garde-malades... 
j*en al le cœur navré I — Je suis plus heu- 
reuse, dit Louise ; j'ai trouvé dans un de 
ces nouveaux journaux, la description d'un 
serpent qui a 30 à 60 pieds de long sur 30 
à UQ pieds de large... — £h bien! nous 
écriâmes-nous. — Est-ce que vous ne trou- 
vez pasceserpenttrès-curieux?repriiLouise. 
—Ton serpent est donc carré? reprit Ma- 
rie, c'est à-dire que je n'y comprends rien. 
— Eh bien, ma bonne, voilà le mérite de 
ce journal, c'est qu'on n'y co'nprend rien. ^ 
~ Et toi, Jeanne, ajouta Florence, tu es * ^' 




©©î^ 



J'^^^'^A. 



"^O 






•^^^^ 



^.*^^ 




-9îf- 



toute soDciense; tu pourrais cependant 
nous dire quelque chose. — Certainement, 
ma chère, aussi je me demande : com- 
ment cela finîra-t-il 7 Autrefois, un jour- 
nal de demoiselles n'euToyait en province 
que ce qui se faisait à Paris, choisissait 
parmi nos petits travaux les plus gracieux, 
les plus utiles, des dessins de hroderie pris 
chez nos meilleurs dessinateurs, des tapis- 
series d'après des dessins de Paris on de la 
meilleure maison de Berlin, et les rendait 
avec des signes, ce qui était bien plus facile 
à exécuter fidèlement; mais d'autres jour- 
naux se sont élevés qui ont tout houleversé; 
maintenant, cette pauvre province me fait 
peine I on lui envoie des dessins de Berlin , 
dont nous ne voudrions pas, même dans 
notre* antichambre, car le mauvais goût est 
partout mauTais goût ; des dessins de bro- 
derie, faits par unematson de Paris, que nos 
Kngères renommées n'emploient jamais; et 
puis, comme il faut bien remplir ces énor- 
mes planches, c'est une foule de dessins de 
tontes sortes : de sacs, de crochets, de 
bourses, pris sans choix, en Suisse, enHol- 
hnde, en Allemagne, qui n'ont ni la grâce 
ni la tournure françaises, et qui ne sont 
piys de mode à Paris. Certainement, tous 
ces pays ont des choses qui sont bien. .. 
chez eux ; mais c'est tromper la province 
et l'étranger que de leur envoyer comme 
modes de Paris des choses que nous trou- 
vons très-laides et ne voyons d'ailleurs qoe 
sur ces journaux. Le dernier qui vient de 
paraître et prétenrl nous guider dans nos 
travaux, parie d'un mouchoir de 70 cen- 
timètres. «. il n'en doit avoir que &5! 
On m'écrit de province : « Que pensez- 
vous des dents artificielles et du dentiste 
dont le journal des héhaU fait ton( é!il(h 
968 ?» Je réponds : Quand on n'a pas de 
dents vraies, il faut en avoir de fausses, 
par respect pour soi, d'abord, ensuite par 
respect pour les autres ; mais le journal 
des DébaH» est tout à fait éuranger , ainsi 
quêtons les grands journaux, à ces feuil- 
les d'annonces , qui sont vendues à une 





compagnie. Ainsi, vous voyez ce qui me 
rend triste, c'est que la province se laisse 
toujours tromper I 

Je sonnai , la domestique parut ; d'un 
signe imperceptible je lui dis de servir un 
plateau sur la table ; ces demoiselles quit- 
tèrent chacune son ouvrage et se mirent 
à prendre du thé et à manger des petits 
gftteaux. 

a Avez-vbns eu de beaux bals dans 
votre société, mesdemoiseUes? dis-je en 
remplissant ma théyère. — Mais oui, me 
répondit Berthilde. Maman était fort bien ! 
Elle avait une robe de satin rose; dessus, 
une robe de tulle rose, toute couverte de 
voîants de toUe rose, hauts de 15 centi- 
meures, garnis du bas d'un ruban de satin 
rose large de 2 centimètres, froncé au mi- 
lieu et cousu au bas de chacun des volants, 
lesquels étaient cousus, froncés sur la robe, 
et pour cacher les points, on avait cousu, 
froncé au milieu, un pareil ruban de patin 
rose; les manches, courtes,étaient couvertes 
de garnitures, plus courtes, mais semblables 
à.celles de la jupe; devant, un morceau de 
tuUe ayant la forme d'u n Y s'avançant du bas 
sur la jupe, et cousu du haut, de chaquecôté 
sur la pièce d'épaule , était couvert d'une 
garniture froncée à la vieille et diminuant 
du bas de manière à former la pointe. Un 
nœud de satin rose était posé au milieu du 
haut de ce y. Dans ses cheveux elle avait 
une guirlande de feuillage de velours vert, 
qui, mêlé à de petites fleurs de fantaisie, 
retombait de chaque côté en grappes 
jusque sur la poitrine. — Et vous, ma- 
demoiselle, comment étiez-vousT — J'a- 
vais une robe de taffetas blanc, par-dessus 
une robe de tulle blanc, plus courte de 20 
centimètres, relevée au-dessus de chaque 
genoo par un nœud de ruban de satin, sou- 
tenu par un ruban pareil cousu au bas du 
corsage. — Et dans vos cheveux ? — Rien. 
Des bandeaux ondulés, de longues bou- 
des d'oreilles en perles et un collier formé 
de deux rangs de perles. — C'était très- 
noble, très-élégant. Et vous, mademoiselle 







>%^ 








Ifam? -^ Moi, j'avais imé les lestOM dts 
jupes ^e crêpe rose de la 5g«riiie du bmns 
de mars (c'était ma toileile), et je les ai 
cachés en les coiiTrMt d'un robftn de satin 
TOse. froncé an milieu ; marebe n'en était 
que pins jolie. — Votre mère , canment 
était-elle? — Ëik» arait une robe de uflé- 
las bleu , naît robe de cripe bien, au-des- 
sus de l'ourlet était une légère gvipare 
d'argent, et la jufie était couTene de vo- 
lants lerinés de rubans de gace bleue, 
garnis de cette méoie guipure; puis pour 
eacber la plaœ oà ces volants étaient cou- 
sus, froncés sur la jupe, on avait cousu 
cette ndrae gvipure d'argent. Sur la léte, 
elle avait des fleurs blenes «fui retom- 
baient mêlées à des cercles d'argent — 
Ma mère né danse plus, dît Ionise. Elle 
avait umerobe de moîroniaiive, garnie d'un 
bont de dentelle de point d'Alençon qui 
formait brandebourgs sur (a poitrine , et 
diminnait jnsqu^au bas Ai corsage, puis 
4e là, s'élargissait jnsqu*au bas de la jupe ; 
tes mancbes, comtes, garnies d'one den- 
feHe, étaient >elevées au-4«8Aus do pli du 
bras. Le baut de la robe , décolletée, était 
garni de cette même dentelle, et ponr ca- 
cher les points qui avaient cousu la den- 
telle an bas des manches et au haut dn 
corsage, on avait front é au milieu et oonsn 
un ruban de satin mauve , haut de trois 
centimètres. 6nr la téie, maman arait une 
barbe de pareille éentelle, retenue par deux 
riches épingles de diamants. Quant à ma 
toilette, j'aurai pçu de choses k vous 
en dire c'est toujours k même : trois 
jupes de mousseline, tniis Bertbes, trois 
mancbes courtes, relevées au-^ssos du pli 
du bras par une rosette de salin blanc ; 
et mes cheveux noirs en bandeaux... Mais 
quel est, mêlé parmi tous ces riches albums, 
ce vieux bouquin où je vois le portrait èe : 
Heftri III, roi de Pologne, et cehii de 
t/mke de Lorraine? — MesdeiroisdSes, 
répondiS'je d'un air grave, ce livre a été 
fait ponr nous par le seigneur i^ederic de 




— '»4 — 

teor, il dit : « Aie égard an grand et 
» pénible labenr ; j*^ du prendre ponr 
» depaindre et mette en lumièrt grande 
» quantité d'exceJleots petraiia et poor- 
» tndcts d'ouvrages de danNs, lequel livre 
» j'ay dédiez à la majesté de la royne, le 
» priant, kctenr, qœ s'il se artove quelque 
» va de ces paartraicts qui ne te paraisse 
» si beau que ta le dasires, ne cendamhar 
» pi>ur cela mon «avure, ni la baone le- 
» lente que ie ports à la nalîan françoiiieà 
» laqneSie ie prie Diea estre en ton! tvnips 
» seconrable. >• <*^ Voilà un bravn étran- 
ger, dit Marie iînppant dans ses mains... 
Après, ma chère Jeanne? -^ Dans aa dé- 
dicace b la roync, i dit : « En parcourant 
» r Italie, ayant rencontré qucicpaes singn- 
« irrs patrons et pourtraicto ai en' ajant 
• innenté quelques vos sefon mon petit 
n «eaiiojr, 1 ai pemé à m'eohardir à ks 
» présaater ^votue majesté, afin c^ ai oes 
» patrons ei ponrtraicu atneinenc qudqne 
» profit et vtilité à la France, elle vons en 
» doit principalement esire tenne, ponnoe 
» que ie les ai /aicts poar voire regaad, et 
» ain dfen contenter vo»tre oail, tant gm- 
» denx et debonaaire. £l aonsTeapenioce 
» que vous prendrez en gré ces inuentiena, 
» que ie m'attends à voos angmenier en 
» bref, Dien aydant, de ploaieurs antres 
» dîféreiMe patrons et pourtraids, ie prie 
» Dien, Madame, vous d<^iiner henrense et 
» longue yït et faccomplissemeBt de aos 
» bons dceiin. Esorit ce dernier ionr de 
» may 4587. » 

— Gomme c'est bon et nait, m£Bdenwi- 
seHesl dit Flapenee, etqoe Ton^sawitalars 
relever tontes choses!... Dieu, leadanaas, 
l'otiNté de la France véunicB dans un ivre 
de dessins de filet brodé en refarises] et de 
point cenpé ! — Ainsi, reprit Louise, ce 
lion, ce griffon, ce riche encadrenemaont 
dus an seigneur Yinçiolo?... Jalta brode 1 
— Et moi, repris- je, je vous premeis Ions 
les admirables dessina de ce vieux livre. Je 
ie dois à la bonté oUigeaMede n^^ Anab, 



Vinçiolo. Dans nn avertissement an lec«- \ et nous allons indre une tasse de thé en son 
















-98- 



honneur. Voici mon toast: A celle q«i 
possédant i» (résor ne l'a point gardé paur 
elle seule, et a youIq y /aire participer 
toutes sea sœurs du Journal des Demoi- 
selles! — A M"* Anais, les abonnées re- 
o«Mi«lMmtes! ajouta LMiise en élevant 
sa tasse; pi^ssf -^Ue être heereiKey maée, 
cmmMrée! — Onil beorease» aimée, 
considérée ! » nous éeriâiiie»4MNis tontes. 

Lorsqve neus fêeaês plus calmes, Flo- 
rence onTrant le dernier numéro du Jour- 
nal, ne demanda l'expiicaiion an rébus. 

« La toîci, répondis-je : Le Temps— mi 
ciel sillonné d'éclairs — et sît toues tra- 
Tersant nn deme : Le temps éclaircit tœit 
— Ce que j'admire dans vos rébus, me dit 
!■■• Baihiide, cVst qu'ib sont toujours 
exacts pour l'oreille. — M»i, j'aîme mfeux 
les énigmes, reprit M"* Marie, j'y ai pkis 
de succès... cependant je n'ai pas deviné 
Telle de février. QueUes sont 4«ac ces pau- 
vres filles qw lussent chaque soir quelque 
odeur après leur mort? —Ce sont des aUu- 




, — Elleest jolie!... Ah t mademoiselle 
Jeanne» donnez- nous-en une autre? — Eh 
Uen, devinez celle-ci? Je vous demande 
pardon de ne vons l'effirir qu'en pcose. • 

ÉNIGME. 

Je suis ftls de la terre ; des misérables, 
pour m'avoir, déchirent ses entrailles et 
me brûlent; mais au Tieu de me consumer 
je deviens liquide, puis solide; alors on 
me bat y on me tord, on me donne cent 
coups que je souffre avec patience... Puis 
un jour vient où, fils Ingrat,, j'ouvre les 
flancs de ma mère, où je frappe à mon 
tour, et souvent je donne la mort. Ce- 
pendant, je sers aux bons comme aux mé- 
chants, et je suis aussi utile que nuisible, 
car si je donne à l'homme l'esclavage , je 
l'aide aussi à recouvrer sa liberté. 



Onze heures aonoèniiiL . . et netns 
inît.. Puisse le réek que je lelmie nos 
pbisirs l'égayer dans U BoHtnde... Acbenl 

J. J. 




ÉrmÉMEBMBEM. 



23 VOS Mfti. — HORT Bft GLASM BOtHASD» fe 



Né à Dijon , d'une famille neUe , 
1568, Claude Bernard fut amené à une 
vie de pénitence et de charité par les 
exhortations de Pierre Camus, évéque de 
Belley. Il vint à Paris, pour y chercher des 
malheureux. Il vendit ses biens et leur en 
consacra le prix : it fit pins, il lenr donna 
sa vie tout eslière. 

Les hôpitaux et les prisons furent tes 
principan théâtres ée mm zèle ; les ma- 
lades les plus dégûâtants, les criminels les 
plus hideux avaient senti ses préférences. 
On l'appela d'abord le fou du bon Dieu ; 
mais bientôt le peuple, frappé de ses ver- 
tosy le surnomma le pauvre prêtre, et il 
fut connu sous ce nom par ces contempo- 




rains. RidieKen désira le vnîr, et l'invita 
à lui demander une grâce. Le pauvre prê^ 
tre ne demanda que la permission d*assis« 
ter les criminels à la mort Mandé une se- 
conde fois, il répondit à Richelieu, qui le 
pressait sérieusement de déclarer ce que 
Ton pouvait faire pour lui : — Je pri^ 
Votre Éminence d'ordonner que l'on mette 
de meilleures planches au tombereau dans 
lequel j'accompagne les condamnés au lien 
du supplice. 

Voilà ce que pouvait pour le saint homme 
le tout-puissant Richelieu. 

Claude Bernard mourut le 23 mars 
16M, après avoir excellemment pratiqué 
la pauvreté et la charité. 








Tmilation- 

Celai qui n'a qae 'le Trës-Qaut pour 
appui, recevra des marques sensibles de 
la protection du Dieu de Jac«b. 

DeuUranome, 

Le secret de la lertu et du bonhenr 
consiste dans ces mots de saint Paul : Sup- 
port mufiW. 

Traité des petites tterttts, 
par RoBEa-n. 

Un des effets des révolutions eA d'at- 
trister le caractère des peuples. Ces gran- 
des comnaoliong onirant violemment le 
coeur de l'homme, on en découvre le fond 




"^a^^^S— 



HOMl(|IIE. 

[ détourner les yeux des ] qu'on ne voit jamais sans effroi 
choses qui déplaisent, et laisser ï chacun douleur, 
son sentiment, que de désobliger par dea Lamennais. 

La religion ne consiste pas dans une 
scrnptdeuse observation de petites fornu- 
lilés i dte consiste, pour chacnn, dans tes 
vertus proi»es de son état 

FeNËLON (LeUru). 

Ma chère fille , je vous assure que le 
métier de reprendie est fort aisé, et celui 
de faire mienx très-difficile. 

S. François de Sales. 

Il vaut mîeax prendre œille fois sur 
nous-mémes , qn'one Benle fois sar les 
autres. 

^^ Nepveu. 
Soyez platAt enclume qne marleao. 
S. Fbançois db Salles. 



RÉBUS> 







Pub. — Imprimerie de H>* V* Doader-Dapré, res Saiat-Lonfi, 4«, u Marali. 





( 

'i 



3'iitirnHi hi's Dratoisfllfs. 








— »7 — 



ORDRES RELIGIEUX DES FEMMES. 

DEUXIÈME ET DBRIilIR ARTICLE. 




ORDEES ENSEIGNANTS. 



Les Bénédictines. C'est à Tordre de saint 
Benoit que l'Europe doit en grande partie 
sa civilL^ation, car il est sorti de cette 
famille illustre des apôtres, des prédica- 
teurs, des écrivains, des historiens, des 
moralistes, et enfin, des instituteurs, des 
institutrices, qui ont donné à nos pères, 
à nos mères, cette ibrte éducation dont 
celle d'aujourd'hui n'est plus que l'ombre. 
Les Bénédictines, répandues en plusieurs 
diocèses, notamment a;lui de Tours, con- 
tinuent leur œu\re en dignes filles du 
grand saint Benoît, à qui les derniers pa- 
triciens de la vieille Rome confiaient leurs 
enfants, comme au seul homme capable, 
en ces temps de barbarie, d'en faire des 
chrétiens et des citoyens. £Ues portent la 
robe et le scapulaire noirs. 

Les Bernardines sont une branche de 
l'ordre de saint Benoît, réformée par le 
dernier docteur de l'Église, par le grand 
abbé de Clairvaux. £Ues s'occupent avec 
un grand succès de l'éducation des jeunes 
filles; le département du Nord compte 
deux niaisons remarquables appartenant à 
cet ordre. Les Bernardines portent la robe 
blanche, le scapulaire noir, et, au chœur, 
le froc ou manteau blanc. 

Les UrsiUines, fondées en Italie par la 
bienheureuse Angèle de Bresse, intro- 
duites en France, l'an 1610, par une 
pieuse veuve, madame de Sainte-Beuve, 
n'ont d*autre but que l'instruction de la 
jeunesse. Leur costume est noir, avec la 
guimpe et le bandeau blancs. 

Les Sœurs de la Visitation de Notre- 
Dame^ fondées en 1610 par saint Fran- 
çois de Sales et sainte Jeanne-^ançolse 
Frémiot de Chantai ( aïeule de madame 




de Sévfgné], joignent aux exercices de la 
vie contemplative les devoirs de l'ensei- 
gnement. Leur ordre est fort répandu ; il 
en existe même une maison dans le Liban. 
Le premier monastère est à Paris. Gos* 
tume noir, avec une croix d'argent sur la 
poitrine. 

Les Somrs de Noire-Dame furent insti- 
tuées par le R. Pierre Fourrier, curé de 
Mattaincourt, en Lorraine, et la vénérable 
mère Alice Leclercq, dans le cours du dix- 
septième siècle. Elles possèdent à Paris 
l'Abbaye aux-Bois et la célèbre maison des 
Oiseaux. Robe et Toile noirs, guimpe 
blanche. 

Les Religieuses de Notre-Dame de la 
CJiarilé du Bon Pasteur , fondées par le 
P. Eudes en 16^1, ont pour mission spé- 
ciale la préserTation des enfants exposés 
au vice et la conversion des pécheresses. 
Une branche de leur ordre a pris, depuis 
quelques années, une grande extension ; 
elle s'est r^^pandue dans les quatre parties 
du monde, et s'occupe, avec un admi- 
rable dévouement, du rachat des petites 
esclaves nubiennes et éthiopiennes. Pour 
mieux réussir dans cette œuvre de miséri- 
corde, les dames du Bon Pasteur ont fondé 
one maison au Caire, une autre à TripolL 
Robe et scapulaire blancs , cordelière 
bleue ; sur la poitrine, un cœur d'argent 
Généralat, ou maison-mère, à Angers. 

Les ScBurs des S. S. Cœurs de Jésus et 
de Marie (dites de Louvencourt ). Elles 
furent fondées au dix-huitième siècle, par 
la pieuse demoiselle de Louvencourt, qui 
leur 1^^ son zèle et ses talents. Cos- 
tume noir, coiffe Manche. Maison-mère k 
Amiens* 

7 










..»6)®â 




— M — 




Les Dominicaines furent instituées 
en 1206, par saint DoKiilii(|tte 4t Gaz- 
man. Lear premier monastère fut celai de 
Prouille; elles se répandirent en Italie, en 
Espagne, en France. Elles possèdent au- 
jourd'liui des maisons à Paris et à Avi- 
gnon. 

Ids Dames du Sacré-Cœur fiireat insii- 
taées en 1800 par le P. Varin, le P. Ba- 
rat» de la compagnie de Jésus, et made- 
moiselle Madeleine Darat» sœur du der- 
nier. Cet institut jette un grand éclat par 
le talent et la ?erludescs membres, et par 
l'excelleiHe éducation qu'y reçoivent les 
jeaoes filles. Les maisons de Paris, de 
Ljon^ d*Amiens« soot pariicurièrement 
renommées. Bobe et pèlerine noire, coiir<2 
Utnclie surmontée d'un voile noir. La 
maison-mère est à Paris. 

Les Sœurs de saint André s'occapent de 
rinsUruction des jeunes filles de la campa- 
gne. Elles sont fort répandues dans le cen- 
tre de la France. 

L%s Sœurs desainle Chrétienne (l)iarent 
éUbUe»ea 1807, à Metz» pac IVlgr JaulTret, 
énécfÊA de cette ville^ et madame de Méja- 
nès, piense veuve, qui devint la première 
sapérieure de la congrégation naissante. Ces 
sœurs ont des écoles et des pensionnats. 
Placées sur les frontières, durant les fa- 
neslos années 1813, 1814, et 1815, elles 
rendirent do grands services dans les bô- 
pitau miliiaircs. Elles portent une robe 
noire serrée par une ceinture de drap, 
nne coiffe assez haute, et une croix d'ar- 
gent, tvec les mot j : La charité de Jésus- 
Christ nous presse. Maison-mère à Metz. 

Les sœurs de la Doctrine chrétienne^ 
fondées en 1678, par le P. Nicolas Barré, 
religieux minime. Obligées par leur règle 
de fiiire Técole aux enfants pauvres, ces re- 
Ugveoses s'acqiiiuent de ce devoir avec au- 

(1^ La pieme esclave qni, p«r ses «lomples, 
convertit à U foi la nation des Ibériens, n'est 
pas connue dans l'église sous d'autre nom que 
sainte Chrétienne. 



tant de succès que de dévouement Gob- 
ttaw noir. Maiîon mère à Nancy. Un an- 
tre ordre du même nom est établi en Bre- 
tagne. 

Les Sœurs de la Présentation de Notre" 

« 

Dame ont été fondées au commencement 
iu dii-OMivième siècle, par Marie Rivier, 
morte en 1838 à Bourg-Saint- Andéol (Ar- 
dèche). D*aotres religienses avaient été in- 
stituées sons la même appellation, par Ifi* 
colas Sanguin, évêque de Senli». Nons 
ignorons si leur ordre s'est relevé après 
la révolution. Costume noir, avec guimpe 
blanche. 

Les Sœurs de la Providence^ fondées 
en 1776, par M. Fabbé Moye, se sont 
étendues jusqu*en Chine, où elles comp- 
tent plus de trois cents religieuses, Chi- 
noises d*origine, soumises à leur règle. 
Ces sœurs, spécialement destinées aux 
écoles de campagne, ont pour supérieur 
Févéque de Saiol-Dié; la maison-mère de 
leur congrégation est à Portieux (Vosges). 
Elles portent nne robe de seiige noire , 
coiffe et mouchoir de calicot; sur la poi- 
trine, une croix de bois. 

D'autres religieuses ont également 
adopté ce doux nom de Filles de la Provi- 
dence : on connaît les Sœurs de la Provi- 
dence de Chavagne^ établies à Angoulême, 
les Sœurs de la PromdencedePeltre^ qui se 
consacrent aux écoles et aux hôpitaux ; 
nous manquons de détails sur ces diverses 
communautés. Madame de Poltadion, amie 
de saint Vincent, avait aussi fondé un 
institut sous le nom de Filles de la Proti- 
dence, La maison fondée à Bordeaux au 
commencement de ce siècle, par made- 
moiselle de Lamourous, mériterait égale- 
ment le nom de maison de la Providence, 
puisquMle existe sans ressource, sans re- 
venu, sans autre appui enfin que h bonté 
du ciel. Les pieuses filles rassemblées par 
la bonne mère de Lamourous se dévouent 
aux mêmes emplois que les Dames du Bon 
Pasteur. 

Les Sœurs de la Sairite-Famille ont été 





Z^'^ 



>^^^ 








.>«5^ 




dtaBtoiit<oiMMnrécBàr6Me%ii«iMDt. Vn» 
attira bvittoh* et ctC mbe est établie à 

v è tm umwâ à Dovi, mr d^s éool» et dea 



Naw icra Mawaaa Id eatte ênuménh- 
llan, ddjè iDap loagoa; maladte proofre 1» 
lÉèlaiet la dévon onw i des faimiieB Aran- 
çaises, qui, pour chaque misère de fftme 
M du toifa, igttOMBiee w oMiMiet aban* 
doB éa Fenhaoa ce ik» d'un fige plus 
vnacé, trooraot mm oamolatmi, mi fc- 
nMa Cette Bdte aal bm kioomptèle, car 
ohiqiie diaoèB4ft peeaède des institiitiei» 
partieiilières^dait to long dtoM ne sacrraît 
ttoover piaee dana eea eoloimea. 

Ott pest juger ce|M]idaiit par eette a»- 1 



parMte et ooiiMa eequiaBa, de Fiifflité des 
ordres feHgiem et de l*écfeil que )ear hooi* 
Me bérotsme jette sur la retîgion eti? pa- 
trie. Noas ne peurettsuien terminer eet 
artiele qii'ett aitant Télege que les tertas 
reNgteuaaa oai aifacbé à Voltaire hf- 
mine : 

« PeuNêtpe B'eét'«it rien de plas grand 
asor la terre que le sacrifice qne fût nn 
1» sexe défcat, de ki beamé et de la jea« 
»ne9se, sonfeot de h baote natssance, 
» pour sodager dans les bdpifanx ce ramas 
D de ttwtas les misères hnaaniaes, dont la 
a f tie est si humittante pour Taf gneil bu- 
» main, et si révoitanie pour noire déffi- 
»cate»ie. Les peopks séparés de la corn- 
» mnnion romaine n*ont imité qQ*impar« 
a failement une charité si générenaa. » 

Mr* BnuNE RiBBEcoun. 




Ni^ 



BIBLIOGRAPHIE. 



i 



\ 





kZs 



Histoire de V Assemblée conslituante, par 
J. B. Degalmer, 2 toI. in-S*". A Paris, 
chez Poussielgne-Rozand, rue da Petit- 
Bourbon Saint-Salpice, 5. 

(2*** et dernier artlda.) 

Nous TOUS avons fait connaître, mesde- 
moiselles , les événements principaux qui 
signalèrent la première période des séances 
del* Assemblée Nationale, devenue plus tard 
l'Assemblée constituante. Après les san- 
glantes journées des 5 et 6 octobre, qui 
avaient ramené la famille royale à Paris, 
Fandace des révolutionnaires n*eut plus 
de frein, chaque jour ils devinrent plus 
exigeants. L*auréoIe de la royauté n'eiistait 
plus; le respect qui faisait sa force et sa 
puissance était détruit Les premiers au- 
teurs de la révolution, ceux qui lui avaient 
donné de félan et de la force, s'apercevaient 



avec frayeur de h rapidité de sa marche 
destructive; en vain ils voulaient Farrêter, 
leurs efforts étaient infructueux : ils avaient 
rompu fa digue, et le torrent les em- 
portait. 

Les besoins d*argent devenaient de jour 
en jour plus pressants; afin d'y remédier, 
TAssembléeordonna qu*il serait vendu pour 
quatre cents millions des biens de la cou- 
ronne et da clergé, et qu'il serait émis pour 
une pareille somme de nouveaux bons du 
Trésor, auxquels on donna le nom d*assi- 
gnats. Telle fut l'origine de la banqueroute 
qui amena la ruine et le déshonneur de 
rÉtat Dans cette situation périlleuse, les 
partis loin de s'entendre s'adressaient des 
reproches mérités, ils se redoutaient, et la 
révolution inspirait plus d'effroi), parce 
qu'elle possédait la force brutale, et qu'elle 
en faisait souvent usag& 












— 100 — 



Ce fut alors que s'organisa ce fameux 
club des Jacobins qui prit une part si vio- 
lente à toutes les atrocités qui allaient avoir 
lieu. Ce club, en rapport avec tous les an- 
tres clubs établis dans les provinces, leur 
transmettait ses instructions, leur com- 
muniquait ses fureurs; toutes les ques- 
tions qui devaient être traitées à l'Assem- 
blée y étaient discutées d'avance, et la 
décision prise était présentée comme un 
arrêt du peuple souverain. Les membres 
de ce club envahissaient constamment les 
tribunes de l'Assemblée; ils appuyaient 
de leurs applaudissements ou de leurs 
improbations les discours des constituants, 
et quand ils voulaient faire adopter une 
motion révolutionnaire, les membres de 
la gauche ne manquaient pas de s'écrier : 
« Entendez la voix du peuple souverain I » 

Ici l'auteur revient à sa pensée première, 
c'est que riudolence des honnêtes gens 
donna beaucoup de force à l'audace des 
factieux. 

« Les honnêtes gens , dit-il , s'abste- 
naient d'aller dans les clubs; les uns par 
indifférence; les autres de peur de se com- 
promettre par une opposition inutile ; ceux- 
là enfin parce qu'ils voulaient abandonner 
les révolutionnaires à eux-mêmes, espé- 
rant que l'excès du mal amènerait le bien. 
Ce dernier motif animait aussi un certain 
nombre de députés à l'assemblée, lesquels 
cessèrent de prendre une part active à ses 
travaux. Les résultats de cette tactique im- 
prudente ont prouvé combien elle devait 
être désastreuse : il est trop tard pour son- 
ger à éteindre un incendie lorsqu'il a déjà 
tout consumé. » 

Ces réflexions semblent avoir été faites 
pour nos jours. 

La lutte n'était ni moins vive ni moins 
violente entre les organes de la presse; les 
îournaax révolutionnaires surtout s'expri- 
maientavec une audaceinouîe. Marat, dans 
son journal, disait qu*il fallait pendre huit 
cents députés à huit cents arbres des Tuile- 
ries, Desmoulins, dans le sien, se proclamait 




le procureur général de la lanterne. Les em- 
barras du présent, les inquiétudes de l'a- 
venir préoccupaient vivement Louis XVI; 
l'ingratitude des révolutionnaires lui cau- 
sait un chagrin profond; tous les sacrifices 
qu'il avait faits ne pouvaient les contenter; 
il se décida à se présenter devant l'Assem- 
blée ; là, dans un long discours, il [urotesta 
de sa sympathie pour la révolution, et 
engagea tous les députés à la paix et à 
l'union. 

Ce discours, que l'auteur cite tout en- 
tier, est une nouvelle preuve de la généro- 
sité, mais en même temps de la faiUesse 
de Louis XVI. Il fut accueilli par de nom- 
breux applaudissements. « Les députés, dit 
l'auteur, qui avaient ?ccompagné le roi à sa 
sortie de l'Assemblée, rapportèrent que la 
famiile royale était venue au-devant de Sa 
Majesté, et que la reine leur avait dit : « Je 
partage tous les sentiments du roi ; voici mon 
fils, je l'entretiendrai sans cesse des vertus 
du meilleur des pères; je lui apprendrai à 
chérir la liberté publique, et j'espère qu'il 
en sera le plus ferme appui. » Ces paroles 
de la reine excitèrent des applaudissements; 
mais il y avait dans le discours du roi l'ex- 
pression du désir que la révolution s'arrêtât 
aux limites déjà trop reculées où elle était 
parvenue ; ce n'était pas cela que vou- 
laient les partisans effrénés de la révolu- 
tion, et ilii profitèrent des troubles qu'ils 
suscitèrent dans les provinces pour atté- 
nuer l'effet qu'aurait pu y produire le dis- 
cours du roi. 

L'Assemblée s'était déjà emparée des 
biens du clergé; elle avait suspendu les 
vœux monastiques; elle résolut de sup- 
primer les ordres religieux, et à la suite 
d'une discussion vive et tumultueuse, elle 
y réussit 

Après avoir détruit tant de respectables 
institutions, l'Assemblée ne pouvait souf- 
frir que la noblesse fût conservée. Un dé- 
puté, Charles Lambel, demanda que Ton 
défendît à toutes personnes de prendre 
la qualité de comte, baron, marquis, etc. , 





fijK 






'^(^C^^' 









— 101 — 



.>eî^ 




et que la noblesse ne fût plas héréditaire. 
Ce qa*il y a de singulier, c*est que cette 
proposition était Tivement appnyée par des 
nobles de rAssemblée, et qu'ils cherchèrent 
à Tenvi à renchérir sur les propositions 
les uns des autres ; enfin , la noblesse 
héréditaire fut abolie , les titres de no- 
blesse furent supprimés ; et il fat défendu 
d'avoir des armoiries , de faire porter une 
livrée aux domestiques, etc., etc. 

L'Assemblée ne 8*arrêta pas là; elle Tota 
celte constitution civile du clergé qui de- 
vait trouver tant de réfractaires et faire 
tant de martyrs ! 

L'anniversaire de la prise de la Bastille, 
ce premier acte sérieux de la révolution, 
approchait, et d'immenses préparatifs se 
faisaient pour le célébrer au Champ de 
Mars. Gomme on craignait que les travaux 
ne fussent pas achevés à temps, la munij 
dpallté de Paris fit un appel au patriotisme 
des habitants de la capitale. Quelques-uns 
par enthousiasme, beaucoup par peur, 
s'empressèrent de venir en aide aux ou- 
vriers. « C'était, dit Fauteur, un spectacle 
étrange^ que de voir accolés ensemble et 
maniant la pelle et la pioche, le moine et le 
comédien, le grand seigneur et l'artisan, la 
poissarde et la dame de haut parage, l'éco- 
lier et le vieillard. Les travailleurs se ré- 
créaient par des chants joyeux, mais des 
refrains sanguinaires se faisaient aussi en- 
tendre, et rappelaient que l'esprit révolu- 
tionnaire planait sur l'ensemble. » Chacun 
croyait par là donner un gage à la révolu- 
tion et échapper ainsi à ses fureurs. 

Le récit détaillé de cette fête révolution- 
naire serait trop long, et vous le lirez avec 
plus d'intérêt dans l'ouvrage dont nous 
analysons quelques passages. Vous y re- 
trouverez comme acteur principal, Talley- 
rand, eet évêque d'Autun qui , la prière 
sur les lèvres et l'apostasie dans le cœur, 



prêta le serment au nom des fédérés des 
armées de terre et de mer, des gardes na- 
tionales du royaume et de tous les districts 
des départements et de la capitale. Le 
marquis de Bonnay, président de TÂssem- 
blée Nationale, prêta le même serment; 
mais le moment le plus solennel fut celui 
où le roi se levant, prononça les paroles 
suivanus : « Moi, roi des Français, je jure 
d'employer tout le pouvoir qui m'est dé- 
légué par la loi constitutionnelle de l'État, 
à maintenir la Constitution décrétée par 
l'Assemblée Nationale et acceptée par moi, 
et à faire exécuter les lois. » 

Au même instant, de nombreuses dé- 
charges d'artillerie qui se répandirent de 
distance en distance apprirent à toute la 
France que la Constitution venait d'être 
proclamée. Après ces paroles du roi, la reine 
prenant le dauphin dans ses bras, le montra 
à la foule; aussitôt les cris de Vive le rai! 
vite lareme! vive le dauphin ! partirent de 
toutes les bouches, et les acclamations des 
soixante mille fédérés et des trois cent 
mille spectateurs se confondirent avec le 
bruit du canon. Mais cet enthousiasme n'é- 
tait qu'éphémère ; Louis XVI seul devait 
rester fidèle à cette Constitution qu'on lui 
avait imposée^ et qu'il n'abandonna que 
quand les révolutionnaires, après l'avoir 
violée contre lui, voulurent s'en servir 
pour le renverser. 

L'agitation populaire qui augmentait 
chaque jour n'était pas propre à diminuer 
l'irritation de la noblesse, qui se trouvait 
bien plus blessée dans son amour-propre 
et dans sa dignité que dans ses intérêts. Ce 
fut alors que l'émigration prit un caractère 
grave, elle devint une obligation pour 
quelques-uns, et, disons-le, une mode pour 
beaucoup. Il ne restait {Masque plus de 
gentilshommes en province ; le point d'hon- 
neur leur faisait une loi de s'exiler : on 




répandit sur les assistants des bénédictions f envoyait Thumiliante quenouille à ceux qui 
qui ne furent point ratifiées dans le cieL j se hâtaient nx)ins que les autres de partir ; 
Malgré des torrents de pluie, le nombre les femmes elles-mêmes excitaient leurs 
des curieux était considérable. Lafayette maris, croyant qu'ils se déshonoraient 











J^^^^ 
^^i>^- 




— lOS — 




slls refusMeit de fuir une pairie oè ib m ^ 
po« weic pto Tîffe qae dans la limite et 

Nosf ne wons feroiMpeiot lesdéfesseom 
érl'éfugratioo ; nooscroyonsqueU mUmm 
tU été plus -stiie an roi en restant près de 
loi, ce lui servant de rempart, ^*enl^a» 
bandoeiMMt; mais nom partageens en 
qvelqves points ia pensée de t'ameor, 
quand ii dit : « L'émigration fot bbdb 
doute l*eiei d'nnc coacepcion naliKoreose, 
qoe ie saocès ne devait pas conronaar; 
nais oa ne peat nier que ce fat one pea* 
sée chevaleresque, <pi'ii n'y eut de la 
^andeor, de rhérois(Be; et la «oUease, il 
fnt le dire , a péri ^ec honnenr. « 

L'émigration inquiéla les réY^otion- 
nijres ; ils te ui ar ol Ti^terdire snême an 
fisames. àtiei, Mesdames, tantesén roi, 
dont les ionoialioBS de l'^Useoiblée alar- 
maient la consdenee réâ^unetf avaient 
ntso'ii de se rendre à Rome, ain de pou* 
rar pralâqner af ec Hberté les deroirs de 
kBorreUgion. Le club des Jacobins s'émut 
^ ce projet, et le maire de Paris, pooasé 
par loi. Tint ansoncer aa roîqneie penpfle 
^oppœaitan départ de 3e$ ESBles. Lboés XYI 
répdndit qn'ancane ki ne s'opposait an 
d^rtdecesdaoKs; atorsuneénaenteiat 
OBBanisée, et cette portmn du peuple qni 
•est toujours prête à s'inswger, n'importe 
pourquoi, n'importe conlFe qoi^ se porta 
an cblteaa de Beilcfrae; beorensenKnt , 
nMsdunes Vieiiire et AdéfaUe en étaient 
parties Ja veiik; Mais arréléesà Amay4»- 
Bnc, elles écrivirent ao président de VàB^ 
semblée pour réclamer, an aom de k ki, 
la liberté qu'elles auient, cossme dr 
tof eones, de se rendra partout où elles le 
«ranfa-aisiit Leur lettre mit l'Aseeaibiée 
dans un grand embarras; d'après k nan- 
vdleConsiitmion, le roi aeol devait avoir 
SB ffésidenoe près de l'AesemUée ; l'bérilâer 
présomptil de h couronne pouvait vojfeger 
avec k pcrmismn du roi, aak rien de 
panîmlier n'était impoaf pour la rtoidttioe 
am aatnas membres de la iamilk royale ; 




ils étaient seakancnt seuaûs j»l 
Bumes ï tans les citoyens., oe» damas 
étaient denclibresL Unetoopie et broyante 
d ia oBa ri e n ent iien à ce saget; UiHibean 
Y prit «ne grande part ; oe fougueux tribu 
qni avait kit bire tant de pas à la i^vo^ 
kitiott, vanlak sders Farréier. Ce n'était pas 
dM hri reflet d'une oonvicdon ; coonae 
nous i'avnns dit, il -s'était vendu h la cour, 
et voulait gagner l'aripent qn'«n lai pro- 
diguait. Dana celle idiecnsaion aokantUe 
ilfitytenve d'an incentanafale trient, et, 
aaaa ouine à sa popokrité, il sut se mllier 
une grande partie des membres dn côté 
dPiif. Un pian avait été formé par hn ; on 
n'en connaît pas toas ks détaik, on sait 
aeulement qu'il voulait entraîner k nn 
bors de f ans, abolir k Constitution, et en 
pnblier iaunédiatemeat nae aatreplusuio- 
nardnqne, qm aurait coolena tout ce que 
k premiève avait de bon, et d'où il aurait 
BSHaatché UMst ce qa'U y traavait de man- 
vain Loitts XVI avait repris ooafianoe, H 
suivait avec attention k condaite de Mira* 
beau, et raeonnaisaait dans ses discoars et 
JBsque dans son sifenoe qafil oammençait 
àteniriespromca8aB;deson oOté, Mira- 
beauavaitaîlorsanlant d'iatérltè combattre 
k révoktîou qn'à k aoulenir ; la puissance 
wnciaqaeUe ilaifait ébranlé ktrôoe don- 
nait k mesunedeceHe qu'il aliait employer 
pon* kconsolider. « Maistoutli eoup, dit 
l'ameur^ no cri sinktre ae répand dans Pa- 
ris : Jf«ra&0ai4 as mêuirtt Deux jenrs an- 
paearvant il avait encore parlé deaant l'As- 
semblée Natioaak et brillé de tout son 
édat ontinaire. il ne pat retourner ù k 
sèancedu kndeniaki;iié^ioaaraimspaBma 
si vkrientquepeadaat sii beures on croyait 
à ebaque instant qu^il allait rendre k der- 
nier aonpir. U expma k 2 airil, sans re- 
mard» dn mal qu'il avait kit, et ne segret* 
tant de ne pauvatr eiécuter khien qu'il 
avait prajelé, qu'à cause des ignobles 
joauasaaowqu'il bu anndt procmias et qui 
lui écàappaient. » 
lA mort de Uiaabaan kisia k royauté 












— 103 — 




ans déteoÊBf et. cette iofliienee fst m» 
nomralie pna?e qpele génie sauf h Terta 
est on 6é«i pour h pierie» 

Bienlfttceiiiiiieneèreiit 1» ye w é c mie» 
conlreleclergl « Le fanetfme irraUg^e«K| 
fBc Tnitear, fot [Mniiié si IttB^ qoe k |iea» 
pie pioÉigaa ke pla» iadi^MS mxtngK nx 
frères de^éooleschiéliefiiies, qni pHeaient 
leur m k rinsirane^el sortont eacscnn 
de chanté, q«i raasMtaieBt^ le censeUent 
dans h mlidie; des femam de Baeiivaise 
▼îe, esôtéee et acooiû|iagiiéea par des 
hommes, le rebat de la popvlaee, doBnè* 
rent le fonet à ces saintes filles et k des 
dames pieeses qui étaient feanes prier awec 
eHes.» 

Malgré les snpplieatieiis do roi pour 
iaire cesser ds pareils scandales, l'Assem- 
blée ne prit ancan moyen de l'empêcher. 

A dater de ce moBieiit les tortoreB du 
maUiMreHz Louis XYI ne forent plus ses- 
lemeat physiques, dles Revinrent mwales : 
on l'avait fait prisonnier; on attaqua sa 
conscience, sa foi ; on le dénonça comme 
ayant entendu la messe le dimanche des 
Rameanx, et comme ayant reçn la-cemm»^ 
mon pascale des mains d'un prtee non 
aasementé. Puis, pour M faire mieux 
cofloprendre Fesdavage dans lequel il était 
tombé par sa faiblesse, on lui refusa l'auto- 
risatien d'aller passer quelques jours à 
Saiflt-Gloud. 

Ne pouvant plu» supporter ce suppUee 
incessant, Louis résolut de fuir et d'aller 
attendre loin de Paris que le calme fût ré- 
tabli. 

Vous tires avec intérêt, mesdemeiselles, 
le récit de ce triste Toyage; vous y reuroii- 
verez la reine avec tout son courage et 
toute son énergie. Malgré le» efforts de 
plusieurs officiers détoués, le roi fut re*- 
connu, an^ié à Yarennes. et ramené à 
Paris. Il n'est pas aéeessafane de leos dire 
le parti que tirèrent de ce lait les révolu- 
tionflaines; le rd et sa faaûUe devinrent 
dés ce moment tout à fait captib» Descâoa- 
misBaires £wr^t nemoiéB par l'Assemblée, 







pour interroger le roi et laidne. En nàa 
h rai déchra que les wtiûb de son départ 
avaientété lesmenacesellesentrages adrea» 
ses à sa famille et àlui-mtee, le 18 avrils 
en lodn ttafirma qoe son intention n'avait 
jamais été de quitter la France, mais qu'il 
vonhdt seulenaent se rendre à Montmédy 
parce que cette place étant fartifiée, sa 
futtiUe y aurait été en sûrelé ; rion ne fut 
éconté. 

«La reine, dit l'anleur, fit «ae déclara- 
tien beanooup plus brève ; elle donna peu 
de renseignements, et s'attacha surtout ^ 
ne compromettre personne : Je déclare^ 
dit-elle, que le roi désirant partir avec ses^ 
enliints, rien dans la nature n'aurait pu 
m'empécher de le suivra. Ce qui m'a eur- 
oore plus déterminée, c'est l'assuranoe po- 
sitive que j'avaisy que le roiae voulait pas 
sertir du royaume; s'il en avait eu lediMr 
tome ma forai eût été empkyée à Fen em- 
pêcher.» 

Ces déclarations, les explications den^ 
nées pl^ M. de BouUlé, qui assuma sur lui 
toute la responsabilité de la démarche du 
roi, ne firent qu'esciter les fureurs du club 
des Jacobins^ aux injonctions duquel l'As- 
semblée n'osait résister. Le roi fut sue- 
pettdtt de ses fonctions, on resserra déplus 
en plus les liens de la captivité de la fa- 
miUe royale ; des sentinciies forent placées 
dans l'intérieur des TuSeries, la chambre 
de la rém ne iiut pas même respectée ; la 
perte devait toujours en rester ouverte, et 
un garde national enoocupait le seuil pomr 
la surveiller, même pendant la nuit Nul 
antre que le Diauphin n'avait h licullé ie 
sortir pour aller à la promenade. Enfin^ 
personne ne pouvait pénétrer dans le chA*^ 
teao sans «ne permission de Laiiyette, 
permission qui fiit bientôt refusée, mtae 
aux membres de l' Assemblée. 

Les Jacobins désiraieni ardemment qne 
le Eoi fût décrété d'accusation et jo^ ; 
peur y parvenir, ils mnneeuvrMMit en de- 
hors de r Assemblée ; mettaient le peuple 
en mnuvement, agitaient les sociétis pu- 



lY 





^ 



^SîÇkï. 








— lOt — 





triotiqaes, a6n d'eflraycr la majorité ; mais 
le moment du régicide n'étant pas encore 
ai rivé, ils IrouTèrent, malgré leurs cris, 
une telle opposition qu'ils demandèrent 
l'ajournement de la proposition. Ce qu'il y 
ent de plus remarquable dans cetie lutte 
qui fut vive et animée, c'est le discours 
de Barnave. 

« Le jugement du roi, s*écria-t-i1, que 
serait-il autre chose que la proclamation 
de la république? On vous propose donc 
de détruire votre ouvrage au premier 
choc des événements, ou plutôt Ionique, 
par l'assistance du ciel, une tentative qui 
pouvait avoir des résultats funestes à la 
paix du royaume, n'en a eu aucun. Vous 
mettez votre gloire à terminer une révo- 
lution sans exemple dans les annalt'sdu 
monde, et Ton vous propose d'en ouvrir une 
nouvelle, de laisser ce terrible héritage aux 
Français, de les faire rouler de lois en lois, 
d'orages en orages, d'abîmes en abîmes. 
Vous avez exercé, mais avec modération, 
des pouvoirs effrayants, on veut qfte vous 
appeliez une Convention Nationale investie 
de pouvoirs encore plus redoutables. Vous 
avez créé la liberté : on veut vous faire 
établir im despotisme viol<'nt et sangui- 
naire. Mais ne craignez-vous pas que ceux 
qui commenceront à juger lé roi ne vous 
jugent à votre tour, et ne traitent d'actes 
servîtes tous ceux par lesquels vous aurez 
consacré la séparation et l'indépendance 
des pouvoirs? Si vous prolongez la révolu- 
tion, il m'est facile de vous dire jusqu'où 
elle ira à travers ses continuels progrès. Dans 
la nuit du U août, vous avez renversé des 
privilèges odieux; on voudra faire une 
nouvelle nuit du U août, et l'on ne trou- 
vera plus à renverser que les propriétés 
mêmes. Oui, vous les verrez attaquées par 
des confiscations barbares, par mille sortes 
de décrets extravagants ; on les rendra^ 
vous, dis-je, ces décrets ; car si l'on sé- 
duit quelques métaphysiciens, quelques 
géomètres avec des abstraction», on ne 
séduit le peuple qu'avec des réalités , 




qu'avec des avantages palpables; et ponr 
le satisfaire, on portera le brigandage dans 
les lois. Quel est donc le motif de tant de 
désordres où l'on veut vous lancer ? C'est 
parce qu'on cède h des motifs de haine 
contre un roi malheureux. Si Ton accorde 
tant aujourd'hui à la haine, demain on 
peut accorder davantage à l'amour ; car il 
est plus naturel aux Français d'aimer que 
de haïr. Un chef nouveau se présentera, 
et peut-être nos malheurs seront .tels que 
l'on se croira heureux de trouver un re- 
fuge sous sa tyrannie. » 

Neiisait-il pas dans l'avenir, celui qui 
prononçait ces paroles prophétiques au mo- 
ment où la Constituante allait faire place k 
la Convention, et ne prédisait-il pas et h s 
crimes de la Terreur, et le despotisme de 
l'Empire? 

Malgré les efforts des Jacobins, malgré 
les attroupements qu'ils formèrent au 
Champ de Mars, et que Lafayette fut obligé 
de repousser par la force, la majorité dé* 
ci<ia que le roi prêterait serment à la Con* 
stitution, ce qu'il fit, cédant aux conseils 
impérieux des chefs du parti cx)nstitution- 
nel qui avaient jusqu'alors été les moins 
méchants de ses ennemis ; il fut alors ré- 
intégré dans ce qu'on appelait ses fonc- 
tions. 

L'Assemblée avait terminé ses travaux, le 
30 septembre 1 792 fut choisi pour la clôture 
de cette session qui durait depuis deux ans 
et demi; le roi vint en personne dissoudre 
le corps constituant, il protesta de nouveau 
de la vigilance et de la fermeté qu'il met- 
trait à f;iire exécuter la Constitution, et 
termina son discours par ces paroles pa- 
ternelles : 

tt En retournant dans vos foyers, mes- 
sieurs, je compte que vous serez les inter- 
prètes de mes sentiments auprès de vos 
concitoyens. Dites- leur bien à tous, que 
le roi sera toujours leur premier et leur 
plus fidèle ami; qu'il a besoin d'être aimé 
d'eux; qu'il ne peut être heureux qu'avec 
eux et par eux. L'espoir de contribuer i 













~ 10» ~ 



leur bonhenr sontiendra mon courage, 
comme la satisfaction d*y avoir réussi sera 
ma plus douce récompense. » 

Le livre de M. Degalmer, dont nous 
Yous ayons donné un rapide et incomplet 
résumé, est écrit avec 80>n, les faits y sont 
classés avec ordre; en le lisant on pressent 
tous les malheurs qui se préparent, on Toit 
Torage qui approche, on devine ce que 
deviendront un jour les terribles acteurs 
qui entrent en scène ; on comprend les 




fautes qui devaient amener tant de mal- 
beuris, et on dit avec Tauteur : 

« La révolution française a été le crime 
d'un grand nombre et la faute de tous. » 

Dieu veuille que les leçons qu'on peut 
puiser dans cet instructif ouvrage profi- 
tent à notre génération^ et nous préservent 
des maux qui furent la suite de tant de 
fautes I 

A. JADIN. 



UTTÉRÂTURB £TRÂNfiÈRE# 



LA PAROLA D'ONORE. 

Né fune iotorno crederô che stringa 
Soma cos\, ne' cosi legno cbiodo, 
CoiDc la fé, ch' uoa bell' aima cinga 
Del suo tenace indissolubil nodo. 
T<e' dagli antichi par che si dlpînga 
La santa Fè vestita in altro modo, 
Che d'un vel bianco ehe la copre lutta ; 
Che. un sol puntO; un sol neo la pu6 far brut ta. 

La fede unqua non deve esser corrotta, 
data a un solo, o data iosieme a mille ; 
E cofti in unaselva, in una grotta, 
Lontan dalle citladi et dalle ville ; 
Corne dioauzi ai tribunali in frotta 
Di testîmon, di scritti e di postille, 
ScnzB giurare, o segno altro piu espresso, 
Basti una ToUa, che si abbia promesso. 

Akiosto. 




LA PAROLE D'HONNEUR. 

Je ne crois pas qu'il y ait de corde qui serre 
autant un fardeau, ni de clou qui entre aussi 
ayant dans une pièce de bois que la foi lors- 
qu'elle entoure une belle âme d'un naud ferme 
et indissoluble. 11 semble que les anciens n'aient 
jamais peint cette vertu que têtue d'un voile 
blanc qui la couvre tout entière, car un seul 
moment, une seule tache peut la souiller. 

La parole donnée à un seul ou i plusieurs, 
dans un bois ou dans uoe caverne, loin des 
villes ou des villages, devant les tribunaux, de- 
vant des témoins, dans des actes ou des écrits, 
sans serment, sans un engagement formel, ne 
doit pas être trahie : il suffit qu'on ait promis 
une fois. 




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ZAIDA, 




LÉOBITDB HÉRALDIQUE. 



Henri III menait d'épouser Éléonore de 
Provence, sœnr de la reine de France» 
épouse de Louis IX, lorsque la deuxième 
croisade fut résolue, et ces monarques qui 
joignaient Tenthousiasme religieux à l'es- 
prit chevaleresque df etttt étmfWdt êctcp- 
tèrent avec empressement la nùssioa d'al- 
ler délivrer la ville sainte du joug des in- 
fidèles. La noblesse des deux royaumes, 
^ l'exemple de son souverain, appela sous 
ses bannières les vassaux de ses domaines 
et alla se ranger sous l'étendard de la Foi. 

A VéfotfM é& celte néiiwniUe expédi- 
tion, existaient déjà dans le €umlberland 
six châteaux principaux dont les seigneurs 
s'armèrent pour la sainte cause. L'un de 
ces domaines, celai de MiUonm* apporte* 
naii à une noble faouUe eaieene d« eem 
de Hudlesloa, descesdiiilB d'AAelsiBae, 
l'un des anciens rois de l'Heptarchie. 

Le chef des Budleston, lord Nilloum* 
partit »fec ses vassaux, en laîssaotk ha 
jeone frère l'tdoaittstniieo de ses Uens^ 
mais arrivésor tae cAiei4'Alnq«e, lesMB- 
pètes, toujours si fréquentes, firent périr 
ou dispersèrent les vaisseaux des croisés ; 
celui que montait le sire de Milloum fut at- 
taqué par une tartane barbaresque, et mal- 
gré la plus vigoureuse résistance, les pas- 
sagers qui survécurent au combat devin- 
rent prisonniers des corsaires algâîens. 

Entré dans le port d'Alger, le pinle 
conduisit ses captifs à terre et les exposa 
dans le Battistan ( marché aux esclaves ], 
où ils furent mis à l'enchère. Chaque pri- 
sonnier était payé selon son âge, sa force, 
sa santé apparente et le rang qu'il occu- 
pait dans sa patrie. Lord Milloum avait une { 




teîUe noble et imposante, tas tcaits do« 
et réguUevsteient gnudernsemeiit eaabre- 
gés par une magnifique chevelure blonde, 
et toute sa personne portait une telle 
distinction que, considéré comme le plas 
beau les Ciiiibsnis en vente, il fut acheté 
pour le compte du dey. Une jeune feomie 
anj^se, qui avait perdu son mari dans le 
combat contre les pirates, et un religieux 
franciscain, achetés à un prix très-inférieur, 
devinrent ses compagnons d'infortune. 

Tous trois furent envoyés â la Casbah, 
résidence des deys et avant eux des rois 
d'Alger. Au mBieu de ses hantes murailles 
crénelées se trouvaient toutes les magni- 
ficences décrites par les poêles arabes. 
Construite pour servir de refoge, en cas 
de revess, à la famille di souverain, eette 
forteresse eflmit dans son intérieur le nué* 
lange sii^nUer des douces babirndes du 
hareoael de ta âailMitance d'une pièce de 
guerre. 

Le kodja, tm trésorier du palais, suivi 
d'un interprète ang^s (le dey en entre- 
tenait de toutes les langues au Battistan ) , 
conduisit lord Milloum ài Tanikartement de 
son mettre. Ce prince, assis à l'orientale, 
fumait son cbibouk près d'une terrasse 
donnant sur la mer. 

Nonchalamment appuyée sur des cous- 
sins, une jeune fille, insoucieuse et gaie, 
^eœupeît à enfiler des fleurs de jasmin 
qu'elle destinait à sa parure. Ses beaux 
cheveux teints avec le henné, s'échap- 
paient en profusion de sa chachia de ve- 
lours bleu, couverte de sequins, et retom- 
baient autour d'elle, tournés et serrés dans 
des rubans bleu et or. Sa chenûse de 









— 107 — 



éê saée Umdiei kiodén amfmir ^ 
feïïXfémàé ém toMMihev, Mi» 

n kns» Unt'fiBtt dv Tdonv 
dhMMMUt à ia iHMtear de nixiiMre 
et était fixer à la tiilie yirfo ima {édnrpB 
rayée en ivams) ipî tombait flMaaia wmr 
aan large paatalaiiu Lea onglaa de* «es 
pîdb» €OiBiiKace«r da aca maÎMy éCaieiit 
aasBi tebrtf aivcc te aoc da fceiuié^ el pla« 
lieura otreiea d'br^ foi eatoaraient ses 
jaaabea» oofléiairwr kaoiteiaade'lajoiie 



C'était la prhKtase ZadMa, «le Miqu» 
du dey. 

Le bodja, le captif 6t llvterprète atten- 
diiept dass «n ailence rapectfieox que te 
dt^ fcan* adresaât la parole. Feodant oea 
qaeiipRa momaiti, loid IlillDiiaii, alMoiM 
daaa la ooiHemphiMn de h belie jeune 
fifle, ae demaodak a^il n'éuii pas le jevrai 
d^one Hhuîav, Jaaoaia il n'avait imigiiié 
nu asBenhiage avni CMnplet de grieea et 
èe perlbctîMia. Lea Irâ do haren o^eii- 
geaiettfpaB eocere q«e la princesse caèMt 
9««tiajls aoya uortmla pour les dérober 
aux regarda des bemaoes : qfielqiies neîo 
devaîeDt s'écowler avaM qne, eafsant 
d'êtve conidérée comme «ne enCint, elle 
fit aa umiaL a«r exigenocs imposée» ans 

Bsfio le dejr se tommant Ters la porte, 
fit «n signe de la naw, le kodja se pros^ 
terna, pus, se relevant, il fit anneer- le 
captif. Le prince le^ensMéra ^elqaes nii<- 
Bmes. Satisiait sane dôme de eet eiamen, 
M M adressa quelques qaestioBs que f i»- 
tcrpfète tradnbH k lord Milliim, dont 1 
traisaaetlait an de^ tea^rèpoiiBcn. 

tt Qiiii«at Ion pays? qav e»-tof qneRe 
est ta fortnne? — L'Ângleferre est mon 
pa>8, mes aîeni ont porté la ocraronne. 
Ma condition est celle d'niè nebfe^ seig n e o r 
et mk fortwM est pent-être égale à la 
tienne. » 

Oetae déchataHon sonna agréablement 

t*oreiJ)es da dey, elle flattait son ava- 





rne; ns aaarioe impeitqitflie effiaor» 

ff Alors tn estimes assez ta liberté {XMSf 
ta radieter par nne forte rançon? — Rxe- 
la toi-même et donne-moi les meyena* 
d^écripe \ ma femiUe : la somme qne tn 
demanderas te sera envoyée. — Dix nùBe 
éctwd^orf — Dix mille éctis d'or, soit! n 

lie dey regretta de n'avoir pas donMé^ 
hr somme qne son captif consentait si aisé* 
ment I payer, m»s il fit mentalement ses 
réserves, «r Trait» ce cbrétien avec qnel- 
qnes égaids, dit-if an Icodja, qne le soin 
des flenrs de h terrasse et des galeries Inl 
soit confié. » Pois, d*nn signe il congédia 
tout te monde. 

Denx noirs entrèrent, déposèrent avrprèn 
dn prince tme petite table d*un pied de 
haut, en marqueterie d*écaille et d*ivoire 
sur hqneBe était nne coupe d'argent ri- 
chement ciselée, et Ton des noirs y vena 
dn café; « Père, dit Zalda, s*approckana 
dn dey et Ini passant les bras aoteor da 
COQ, si ce pauvre capdf a ime mère, il 
doit être bien nuAenrettxi ne ponmis-ts 
Ini rendre h liberté snr parole? — Le 
captif est un seigneur riche et puissant, sa 
rançon ne se fera pas attendre. — Uns a» 
des êvénementa on PéleigneBeirt de se» 
pays empêchaient ranrivée de sa rançoa ? 
— Son esclavage deviendrait plas pénîMey 
car il me coûte fort cher, et je ne» veoi 
pas avoir fait une dépense inutile. » 

Zalda' sa retira rêveuse, des larmes reu- 
fAient dans ses yenx; pour les cacher h 
son père, ele attisa machinateaMnt Icn 
charbons éPnn brasero et y jela qad- 
qnes graines de lemisques qui parfomè* 
rent Fair; puis, prenant me sorte de 
théori>e, de en essaya quelques sons; 
mars la voix du muezzin, dn haut des 
mînarefs, ayant appelé les fidèles à la 
priêro, le dey se Tendit h la mosquée de la 
Casbah et ZaNh rentra dans les apparte* 
ments intérieurs. 

Qoelqties mois se passèrent. La jeune 
princesse venait tous les jours dans cette 















.>^i<S(l 





— 108 — 




salle qui ne fidsait point partie des appar- 
tements du sérail, et dont les larges croi- 
sées donnant sur une spacieuse terrasse, 
Ini offraient un aspect moins triste que les 
fenêtres grillées du logement des femmes. 
Un jour, le simoun soufflait avec impétuo- 
sité; les hommes et les animaux, haletants 
sous la pesanteur de cet air empoisonné, 
s'étaient retirés au fond de leur demeure 
pour y chercher un peu de fraîcheur. 
Protégée par les épaisses jalousies, la jeune 
musulmane cherchait cependant à aperce- 
voir les mouvements du dehors. Tout à 
coup, elle tressaillit... Un esclave s'avan- 
çait sur la terrasse, sous l'action de cet air 
de feu ; il portait un arrosoir, et abreuvait 
la terre desséchée de quelques plantes 
rares que Zaîda affectionnait particuLèrc- 
ment; c'était lord Miiloum. 

« Éloigue-toi 1 lui cria Zalda ; ignores-tu 
donc le danger de t'exposer ainsi ? — Ces 
fleurs sont les vôtres, madame, et je me 
reprocherais de les négb'ger dans un mo- 
ment où mes soins peuvent vous les con- 
server. — Mais, répondit-elle d'une voix 
tremblante d'émotion, tu ne sais donc pas 
que je préfère voir périr tous les arbustes 
du monde plutôt que de te voir affrontant le 
moindre danger? Si Zaîda pouvait adoucir 
ton sort, pauvre seigneur, Allah lui est té- 
moin qu'elle sacrifierait tout l'or qui l'en- 
toure; va te reposer, et si son ordre ne 
suffit pas, Zaîda t'en supplie ! t 

Lord Miiloum b'éloigoa ; ces paroles, si 
bienveillantes pour lui, le rendirent bien 
heureux, car il aimait Zaîda ; loin de vou- 
loir chasser son souvenir, lorsque étendu 
sur sa couche il revoyait son riche ma- 
noir, ses nombreux serviteurs, ses chiens 
favoris, assis au foyer, l'image de Zaîda 
venait toujours y prendre place comme 
dame et souveraine, et il redoutait l'in- 
stant où sa rançon remise an dey l'obli- 
gerait à abandonner des chaînes qu'il eût 
préféré porter toujours. 

Cependant deux lettres adressées à sa 
famille étaient restées sans réponse, pi:ut- 



étre n'avaient-elles pas atteint leur desti- 
nation. Mais deux ans s'étaient écoulés, 
et si le dey ne témoignait pas ouvertement 
son mécontentement d'nne aussi longue at- 
tente, c'est qu'il pensait quelquefois à la 
possibilité d'avofa- été trompé par le chré- 
tien sur l'état réel de sa fortune. 

Des deux compagnons d'esclavage de 
lord Milioum, le père Mathias, le religieux 
franciscain, avait déclaré s'entendre aux 
travaux du jardinage, et Venifrede, b 
jeune Anglaise, avait été attachée an ser- 
vice de Zaîda ; elle lui apprit l'anglais, et 
sa maltresse l'ayant prise en amitié, la 
comblait de ses dons. 

Un matin que, couverte de son voile et 
suivie de Venifrede , Zaîda se promenait 
sous les galeries, Ali, un vieil esclave noir, 
vint se jeter à ses pieds en implorant sa 
protection : « J'ai négligé le soin de la 
ménagerie, dit il en frappant la terre de 
son front ; un lion s'est échappé cette nuit, 
et a dévoré vos charmantes gazelles.» 

Voyant le chef des bostangis qui venait 
réclamer l'esclave pour le livrer à une cor- 
rection crutlte. « Arrête I s'écria la prin- 
cesse, je prends cet esclave sous ma pro- 
tection ; les gazelles étaient à moi, je lui 
fais grâce I La miséricorde est un encens 
agréable à Dieu ; relire à Ali son emploi 
et donne-lui-en un auquel il puisse mieux 
convenir. — Je ne saurais te refuser, 
perle royale, dit le bostangi se prosternant 
aux pieds de la princense ; ta voix, douce 
comme le miel de l'abeiUe, adoucit mon 
cœur qui ne devrait pas pardonner.» Puis 
se relevant il dit à Ali. « Je te confie la 
garde de la prison des captifs. » Le nègre 
leva sur la princesse des yeux pleins de 
reconnaissance et suivit le bostangL 

Mais lord Miiloum avait été témoin de 
cette scène, et Tadmiration qu'il en té- 
moigna fut si agréable à Zaîda que Veni- 
frede s'aperçut de leurs mutuels senti- 
ments. 

Rentrée dans l'appartement de sa mat- 
tresse elle crut devoir lui donner des con« 






c;€>^ 









.Ji'^^a 



--. i09 — 





seils. « Tous vous exposez au plas grands 
périb, madame ; songez à la veugeance du 
dey s*il yient à découvrir que ce jeune 
homme tous aime et qu*il est aimé de 
TOUS. — Tu as raison, Yenifrede, l'image 
de lord Milloum livré au supfriice par 
amour pour moi me détermine ; je Tais 
payer sa rançon... il partTra; tu le suivras, 
et tu lui parleras quelquefois de Zaîda. — 
J'ai perdu dans le combat l'époux qui me 
faisait aimer ma patrie, tos bontés m'ont 
fait oublier que j'étais esclaTe, je ne tous 
quitterai jamais. — Reste donc ! ton dé- 
Touement m'assure une amie, et j'aurai 
besoin de tes consolations. » 

Le jour même Zaîda envoya dans la ville 
une esclaTe fidèle aTec Tordre de lui ame- 
ner un de ces juifs qui font le commerce 
des pierreries. 

« Je t'ai fait Tenir, lui dit-elle, pour que 
tu estimes la Taleur de ces bijoux; en 
Toici d'autres plus beaux encore. 11 me 
faut aujourd'hui dix mille écus d'or ; au- 
jourd'hui ! tu m'entends? Demain, ta to- 
lonté tardive me serait inutile. )» Elle es- 
pérait, en se hâtant ainsi, empêcher le 
soupçon de naître. Le juif examina les 
joyaux et promit de reTenir Ters la fin du 
jour alerter en échange la somme de- 
mandée. 

Mais en quittant la princesse» le juif, 
inquiet des conséquences de cette afibire, 
alla attendre le dey au sortir de la mos- 
quée, et lui raconta que la princesse lui 
STait demandé dix mille écus d'or pour 
prix de ses joyaux. « C'est bien ! juif, ré- 
pondit le dey, garde tes dix mille ^cus 
d'or, je te récompenserai pour ta fidélité, 
tu n'y perdras rien. » 

Rentré au palais il fit Tenir le gardien 
des femmes, et lui commanda d'obserTer 
les démarches de sa fille et de lui en ren- 
dre compte. 

Vers l'heure de la dernière prière, Zaîda 
et Yenifrede descendirent dans les jardins; 
parTenues à la galerie des bains du dey, en 
aperceTant lord Milloum elles s'arrêtèrent. 



Il s'aTança aTec nespect « Noble captif, 
lui dit Zaîda, assez longtemps tu as gémi 
sur la terre de l'esclaTage , réjouis-toi, tu 
Tas reToir ton pays, ta famille, et si tu 
penses quelquefois à Zaîda, souviens-toi 
qu'elle a préféré te saToir heureux sous le 
ciel de ta patrie, que d'être heureuse elle- 
même en te Toyant chaque jour. r> 

Les traits de lord Milloum s'altérèrent, 
il répondit d'une Toix tremblante : «J'ai 
cessé de désirer la liberté depuis que Zaîda 
m'a fait chérir l'esclaTage; j'étais heu^ 
reux de sa présence, d'un seul de ses 
regards, d'une seule de ses douces paroles ; 
cette existence, quoique imparfaite, eût pu 
longtemps suffire à mon bonheur. » 

La princesse fondit en larmes. Lord Mil- 
loun la conjura de renoncer au projet de 
lui rendre la liberté, il fallut que la jeune 
fille lui retraçât les dangers où elle-même 
serait exposée, si le dey Tenait à découvrir 
leur intelligence. Alors il céda, mais avec 
désespoir; puis, comme il entendit un 
léger bruit dans le feuillage voisin, il s'éloi« 
gna précipitamment. 

C'est que derrière ce feuillage les épiait 
le redoutable gardien des femmes ; il laissa 
rentrer la princesse dans ses appartements, 
et alla rendre au dey compte de sa mis- 
sion. 

Le lendemain, le dey, sous prétexte 
d'affaires, refusa de voir lEa fille ; la jour- 
née se passa sans qu'elle aperçût lord Mil- 
loum sur les terrasses et sous les fenêtres; 
elle n'eut plus de doute car, jusque-là, 
malgré le manque de parole du juif, elle 
n'avait pas soupçonné que son projet pût 
être découTert Dans son anxiété elle en- 
Toya Yenifrede parcourir les parties du 
jardin où elle pouvait rencontrer lord Mil- 
loum. En passant près de la prison des 
esclaTes, l'Anglaise s'entendit appeler à une 
voix basse ; c'était Ali. Après avoir jeté 
avec inquiétude les yeux autour de lui. 
« Ya dire à la princesse que le seigneur 
blond est là, afin qu'elle demande sa grâce 
an dey ; mais qu'elle se hâte, car chaque 






Zt>^' 









.j^/SQi 



— IM •> 



mrit h cht^MdB MtMnfMnAv pciiAiiit deux 
beire» par to cke^wtX) k la- pencre ée «i 
prison. » f eniffèi* ndah ëpcfmmtëb. 
c Va donc pMHlptdDMMl, a^tateiègre, 
et 8qiplie4« de ae pas ooianMr Ali. i» 

A ee récit, k jcme Miniiltn»ae 9t litm 
an déRSpcâr. La poviaéci d'abaiidoiiMr boh 
père ne lui étail jaaoalB imte t nate la 
cmaalé qnMl «neitpait air son «»plif fil se 
Whroher en* «Ue lès aentimeiits de raspeot 
(t de aonammn aaxqoeb eHe an»t 1M* 
jours eM ; et €b songeant qn'Mle était k 
cause des maHKQrsda v«Me RHIlown, eUe 
résakit de k délîfrer et 4e Mr a?ee M, 

£Me ohargea ?enfrede d'introduire k 
gardien des prisons dans me partie dn 
palais, où oHfe pooraient ae rendre sans 
évdikr les sonpfons. a AhJ m- es**tu 4é** 
voué? D Ini dît la piincease en entrant pré* 
cipkanHnent Ali porta Ita detnc mailis 
sttr sa tête, en signe d'assentioBem. lilk 
ajouta : t YiNa-tn t'atiacber à nen sort, 
keurenx on miséralik ? » Même ^eaie 
de U part d*Ali. « Et., oentinoa t^e 
plus lentement, cononi»-tH dans œ pakis 
dont serviteurs nnsai dévouée que lei, qui, 
k nuit produiine, puisacnt nens en mnr rir 
les portes 7 Réfléohk, Ali. De l'or, k 
liberté près de nm si Dans réoeissena.... . 
Mais... les supplices et la mort ensemlde ai 
nous sooMnee trahis! » Le nè|^ sembla 
seoonscdter, puis il se jeta amc pnda4e sa 
mattrease , peita à se» îèirea k ina de eon 
Toiie et dit : « AU et ses Mres donne- 
raient lenr >k peur toi, car to as tonjojars 
été bonne aux pannes noira; partoot eu 
tu iras nona iiOBB, nà tn wvras nous vi- 
vrons, ni lu nanmni...* nona monr^ 
rona. )» 

Zaîda étnne lui tendk raie main qne 
Tesckve porta b aon front. Il ne retira, 
en glissant comme un setpent à traTtts k 
feuillage du jardin. 

Ali s'aaanra des dent nègres qui far- 
daient l'une des paaseada pakk ; l'espoir 
d'uoi aort'Mdéiiendantkaengffgeakkfe- 
rtyer TéTasion des fugitifs. Le père Ha- 





Mas 9*khupfik arossMt ^e k prodence 
pet k parmetare, et oonrut an port, où fl 
a l nt eu d i t awc le patron d>me felouque 
napoHtalne qui, pour me somme consi* 
dértMe, consentît à rece? oir sur son bord 
ks peraonnes annoncées, et k religieux se 
tint eacké ani «nvlrond afin de guider ks 
i^tMs jnsqnW Oeu de kor etnliarqiie*- 
menl 

La dernière prière du jour venaît d*9tre 
preckmée du haut des mHiareta, il Mkt 
attendre que le dey ftt de retour de k 
mosquée, et qne k bruit et k moura» 
ment eussent cessé dans le pakis. Alors k 
princesse sortît snivk de l^BMrede ; dks 
se glissèrent dans la gakrie qui eemnmni- 
qoait an jardin, et parf inrent à k prison^ 
Ali ks reçut, il ks prévint en tremblant 
que le dey était venu faire exécuter nn sa 
présence raffrense torture k kqucUe il 
avait condamné k captid.... Méa n'en 
entendit pas davnntage, elle se précipita 

dans, k cachot , obane^knte , éperdue 

A la vue de celui qu'elle aimait, dont ka 
traits étaient affreuaeinenc oontraotés par 
k douleur, elk tira précipitamment son 
poignard, s'élom Mr les épiiulaa d'Ali «dans 
l'espoir, en coupant ka cheveux, de tar- 

miner à l'instant cot atroce supplice 

Mais la malheureuse jeune fille, violen^- 
ment émne, ne porta qu*on coup mal as- 
suré, qui fit anr k lêea de lord Wilkuni 
nne krge nadaku.*. et ansskdt, entraîné 
par um propre pesda, il tomba... k aèse 
80»4>éa.. 

Un souid géonisseaiient fut la seok mar- 
que de fdbkase^ue k tiatow arrachnou 
conragem jeune houraie; anrnnaignoAe 
Zaîda, Ali détacha du |4afond kdéponiUe 
sanglante quelajennemuaulmane reeoeillit 
dans ses deux meina; pniB,comp»imantnan 
désespoir envoyant l'héitique fan net é que 
montrait la victime, elle lui paît k nén 
etih sM^reni en palais, autviado leuts fi- 
dèleanervîteora. Le^père AtotUas leeguet- 
uit, il lea guida vers klakuqœ, qui 
tôt prit k large ; pok il a'empresaa de 




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— 111 — 




prodiguer à lord Milloum tons les soins 
qoe l'art de guérir put mettre à sa dispo- 
sition ; mais ZaSda oe pouvait se consoler , 
il lai semblait que le dévouement de toute 
sa vie serait insuffisant pour dédommager 
le noUe lord de ce qu*n souffrait. £Ue se 
tenait près de sa couche dans un respec- 
tueux et timide silence, dévorant ses lar- 
mes, étouffant ses sanglots. Jamais elle ne 
souffrit qu'aucune autre main que la sienne 
aid&t aux soins que le religieux donnait au 
blessé qu'elle servait avec l'empressement 
d'une épouse et rbwaHité d'une esclave. 

Lorsque enOn h gsérison de lord Mil- 
loum lui fat anaoBcée. pleine de joie^ 
Zalda se jeta aux genoux du religieux. 
« Mon père! 8*éoria-t-elle, mon père, en- 
tendez-moi! » Et croisant alors pieuse- 
ment ses bras sur sa poitrine : « Dieu des 
chréiiens, reçois le vceu de Zaîda, qui dé- 
sormais Ttvra sous ta loi, alla et n'êire 
pas sépaiée de Milloum ni dans œ monde 
ni dans Taotre. » 

Le jeune lord et le père MaAiai parta- 
gèrent avec bonheur cet élan de reconnais- 
sance. To«s deux avaioit évité jusqu'alors 
de toudier «u point auffû délictt que celui 
d'une opnveniûn qu'ils eussent fadltment 
obteiue de «eite docile enfanta ton ils 
avaieat résdhi d'«tteiMk# ^e l'inflotnce 
douce et puissante de Fexemple et le be- 
soin d'unir son âme à celle de son époux 
dans une même communion» déterminât 
chez la jeune fille la volonté d*être chré- 
tienne. 

Le bon moine, pteéti4 â^i ne 9iu teo- 
tion» lui demanda si elle se croyait suffi- 
samment dégagée de tout regret, de toute 
pensée qui pût altérer la pureté d'un tel 
eng^ement; elle répondit : « Eu recevant 
la foi du sire de Milloum, j*ai sent! que je 
ne pouvais plus avoir d'autre croyance que 
la sienne ; dès ce moment, j'ai prié le Dieu 
des chrétiens d'éclairer mon âme de sa di- 
vine lumière et de me rendre digne de 
mon noble époux. » 

Alors le religieux se tournant vers le 




jeune seigneur, dit d*une voix solennelle : 
« Lord Milloum, quel est le nom de votre 
mère? — Anna, » répondit-il. Le reli- 
gieux prit de feau d'une aiguière, s'ap- 
procha de la jeune musuhnane et l'ondoya 
en disant : « Anna, Je te baptise au nom 
du Père, du Flîs tt du Sahit-Esprit 

— Amen I > répétèrent ks assistants. 

Le lendemain ils débarquèrent à Mar- 
seille, traversèrent la France, et prirent 
passage sur nn bâtiment qui partait pour 
le nord de TAngîeterre. 

CONCLUSION. 

Tout était eu mouvement au château de 
Milloum. Il y avait nombreuse compagnie; 
car aucune nouvelle du chef de la fnniBe 
n*étant parvenue en Angleterre; pas un 
de ses vassaux n*ayant reparu, et ceux des 
barons chrétiens assez heureux pour avoir 
revu leur patrie, ne pouvaient donner le 
moindre Indice sur Texîstence du eire de 
Milloum; lord Hudleston jouissait de 
toute la fortune de son frère et menait 
joyeuse vie. Cependant it éprouvait comme 
un remords, et au moindre bruit de che- 
vaux, il hd semblait voir apparaître son 
frère , réclamant le dépôt qu'il lui avait 
confié. 

Dfx heures venaient de sonner ; le ma* 
jordome, sa baguette blanche à la main , 
alla prévenir les nombreux invités que le re* 
pas était servi, et ils entourèrent l'immense 
table seigneuriale chargée d'énormes pié- 
gea de vtuaiBM» trophées d'une abondante 
chasse. Les joyeux éclats de la gaieté con- 
trastaient avec la figure froide et sévère 
de Hudleston ; mais les convives n'en te- 
naient compte et faisaient fête au splen- 
dide festin... 

Tout à coup le son dn cor se fit enten- 
dre par trois fois à la porte du maooir ; 
c'était le signal ordinaire pour faire abais- 
ser le pont-levis, toujours relevé I l'heure 
des repas. 

Une révélation subite frappa Hudleston, 







-^^i^^c®^^ 





-î^^s- 



_,««(^ 



I pals comme la mort , et saisi 
e violente émotion, il s'écria : • C'est 
H frère !, . . » 

Des acclimations broyantes, des cri* de 
j.jie retentirent daas tout le chiteao, la 
porta de la salie s'ouvrit, et laissa voir le 
chllelaia qui s'avançait tenant par la main 
la belle Zaïda ; derrière enx venaient les 
fidèles serviteurs, qoi avûent été leurs 
compagnons d'iofortane. 

□udieston, éperdu, se précipita aux pieds 
de son frère, qui le releva, le pressa sur 
son cœur, et, en lui pardonnant d'avoir 
disposé trop tôt de ses richesses, Ini assors 
une fortune honorable. 

Le baptême de Zalda, qui devait précé- 
der la cérémonie de son mariage, fat célé- 
bré avec tout l'éclat convenable à sa nais- 
sanre. Elle prit le nom d'Anna qni lui 
avait été donné en l'oudoyant, et le len- 
demain lord Milloum conduisit i l'autel la 
nouvelle chrétienne. 

Lady MiUonm écrivit une lettre respec- 
tueuse i son père, lui demandant nn gé- 
néreux pardon. L'envoyé attendait nue 
réponse ï sa missive lorsqu'une révolte 
éclata dans le palais, et il rapporta la triste 
nouvelle que le dey avait été massacré. 

Tels furent le respect et la vénération 
inspirés par la nouvelle chitelaiae, que le 
petit port de mer où elle débarqua sur la 
côte du Cumberland, reçut à cette occa- 



non le nom à'Anna's E<ue (repos d'Anna), 
qu'il a conservé depuis, et le village porte 
encore le nom d'Jnrut/s. Quelques-uns 
des descendants de cette famille eurent le 
titre de lord Hudleslon ofAnneys. 

Après son mariage, h nonvelle lady 
Hilloam souhaita qoe la chevelnre de son 
mari, qu'elle avait si pieusement conser- 
vée, fat placée dans les armoiries de la 
maison Hudieston, dont nous tous don- 
nons ici la gravure. 

M-* Ladre Prcs. 




UNE HISTOIRE DE GRANDMÊRE. 



« Toj'ons, ma chère Jolie, sois franche : 
Gustave tedéplatt, n'est-ce pasi la n'en 
veux pas pour mari T 

— Grand'mère, je vous l'ai dit ce ma> 
tin, j'aimerais mieux devenir vieille fille 
que de l'épouser I 

— C'est one grande décision ! Venx-tu 




bien me dire en quoi ce panvre GosUve 
a pu tant te dépUùreT Que lui repro- 
ches-tuT parle avec confiance; je com- 
prends tout, moi, je n'ai pas toujours eu 
quatre-vingts ans. 

— Je le pense bien, grand'mère. Hais 
tenez, puisque tous voulez que je vous 









— i«5 — 



parle franchement, il me semble que quand 
on a quatre-vingts ans, on ne peut plus 
avoir les mêmes impressions qu'à dix-sept 
ans... c'est si différent ! 

— Sans doute ! cependant, je t*assure 
que, moi du moins, je n*ai pas perdu la mé- 
moire, et que je me souviens parfaiiement 
de mon j<'une temps, et, comme tu dis, 
de mes impressions, car moi aussi j'avais 
mes impressiùfui ! 

' — Vraiment? 

— Il en résulte que je te connais beau- 
coup mieux que tu ne le supposes... la 
preuve, c'est que je sais la cause de ton 
refus. 

— Est-ce possible? 

— Écoule : voici tes griefs contre Gus- 
tave : il a trente ans, donc il est trop 
vieux; il aime la caiïipagne, donc il est 
triste; il est chasseur, donc il est en- 
nuyeux ; ce n'est point un fashionable, il 
ne te fait pas de compliments, donc il est 

insupportable et puis, ma petite : tu 

n'aimes pas Gustave, parce que tu te figu- 
res que tu aimes Arthur. 

— Moi? 

— Oh ! comme tu rougis !. . . allons, con- 
viens-en ? 

— Yrail grand'mère, ce n'est pas ma 
faute c'est plus fort que moi. 

— C'est plus fort que toi ? A merveille, 
je reconnais mes impressions,,, c'était ab- 
solument la même chose. A présent que 
tu es grande, je vais te raconter mon his- 
toire. 

*- Votre histoire, bonne grand'mère 7 
Ah 1 quel bonheur I 

— J'avais à peu près ton âge quand 
mes respectables parents me proposèrent 
pour époux ton grand-père; c'était un 
jeune homme de bonne mine, qui joignait 
aux bonnes manières de ce temps-là des 
principes solides ; ma famille l'estimait 
beaucoup. 

La première hU qu'on m'en parla je 
baissai les yeux et je fondis en larmes. 
Mon père prit cela pour de l'enfantillage, 





DlX-nEUVlÈMK AXM#.K, 4« SÉRIE. — N'» IV. 



et résolut de différer de quelques mois mon 
établissement : je n'aurais jamais osé lui 
avouer le véritable motif de mon refus. 

J'avais une amie un peu plus figée que 
moi, qui s'appelait Antoinette; c'était une 
demoiselle de fort bel air, mais dont l'es- 
prit, faussé par la lecture de romans très- 
frivoles, se nourrissait de chimères. 

Cette jeune demoiselle avait su prendre 
beaucoup d'ascendant sur moi, qui étais 
fort simple el d'une candeur extrême. Elle 
me faisait, en termes ampoulés, de ma- 
gnifiques récits des aventures qu'elle avait 
lues, ayant soin d'y joindre ses propres 
rêveries, qui, à elles seules, eussent fait 
un assez beau volume, et j'ajoutais une 
telle foi à tout ce qu'elle me disait, qu'en 
peu de temps j'en vins à ne plus com- 
prendre la vie réelle : tout me paraissait 
petit, les soins du ménage me semblaient 
ridicules, et je ne concevais pas qu'on pût 
s'enfermer dans le cercle si étroit du ma- 
riage, en CDmpagnie d'une âme vulgaire^ 
comme disait Antoinette. Il me fallait un 
bonheur idéal dont rien autour de moi ne 
m'offrait l'image, mais qui se parait cha- 
que jour des plus riantes couleurs, grâce 
aux inspirations de la poétique Antoinette. 

Sur ces entrefaites, mon père avait ren- 
contré par hasard un de ses anciens amis, 
bon gentilhomme de province, qu'une af- 
faire importante retenait passagèrement à 
Paris : cet ami lui avait présenté son ne- 
veu, jeune homme à la mode, qui dansait 
à ravir et babillait fort bien. Un assez joli 
visage, une coiffure irréprochable, un cos- 
tume remarquable par son originalité de 
bon goût, tel était le ravissant personnage 
qui devait me faire verser mes premières 
larmes. 

11 s'appelait le vicomte de Neufcastel... 

•— Comment! ce vieux monsieur avec 
ce grand nez... cette perruque jaune... 
qui ne sait rien dire d'aimable, et qui 
choisit le plus grand fauteuil pour s'endor- 
mir plus vite quand il vient vous voir? 

— Ah! ma chère! tu prends bien peu 




8 



c>QsQ 








>>s3e^ 





— 114 — 



de managements... songe donc qne je Fai 
aimél 

— Lui ! mais comment pouvait- il plaire, 
même étant jeune? Point d*esprlt, point 
de bieuTeiOance, il me semble (pi*it ne 
devait rien avoir de bien séduisant. 

— Je te demande pardon : il avait un 
habit gorge de pigeon comme on en por- 
tail dans ce temps-li, ce qui par paren- 
thèse était fort joli ; cet habit prenait Bien 
sa taiHe et lui donnait fort bonne façon ; 
de plus, il se dandinait en marchant, ce 
qui ne manquait pas d'une certaine grâce; 
il était coiffé d*une grecque admirablement 
poudrée, et répandait une forte odeur de 
musc et d'ambre; en outre il employait 
des termes nouveaux alors pour émettre 
sur toutes choses des idées étranges, ce 
qu]« dans mon esprit, en faisait un homme 
à part, un homme supérieur. 

H dix-sept ans, on prend facilement le 
change, j'osai me flatter d'avoir été re- 
marquée par le vicomte ; j*en parlai à la 
romanesque Antoinette, qui m'assura que 
positivement j'étais aimée. 

Dès lors, je me mis à m'occuper de mon 
déficieux chevalier : quand il parlait, j'ad- 
mirais sa facilité d*élocution ; quand il se 
taisait, je trouvais son tact prodigieux. Ce 
jeune homme devint pour moi le type du 
vrai gentilhomme, et je lui prêtai .toutes 
les vertus dont une belle âme est parée ; 
ses visites à mon père étaient assez rares 
pour entretenir nilusion, je ne le voyais 
qu'en représentaiion et, pour ain» dire, 
posant. 

Comme j'avais eu Pimprudence de ne 
point me coLfier à ma mère, il arriva né- 
cessairement que ma tête s'exalta, et que 
je crus de bonne foi que j'aimais le vi- 
comte. De là, rniHe rêveries absurdes, 
mille projets de dévouement impossibles. 

J'en étais fii de mon roman lorsque, 
ainsi que je te le disais tout à l'heure, mes 
parents me proposèrent pour époux ton 
grand-père, ce qui m'avait fait pleurer. 

En feaune prudente, ma mère ne brus- 



qua rien : elle se contenta d^éloigner de 
moi Antoinette, dont elle avait trop tard 
reconnu la dangereuse influence, et 
au bout de quelques mois, elle me renou- 
vela la proposition de M. de TaudreuiL 
Ce prétendant n'avait rien de hrillant : il 
était tout simplement un honnête homme, 
un brave militaire, estimé de tous. J'avais 
en perspective un bon mari, des relations 
honorables, une fortune solide ; mais tout 
cela n'était rien, comparé au charmant 
babil du vicomte, à son habit gorge de pi- 
geon, et à sa grecque que son valet de 
chambre crêpait et poudrait dans la der- 
nière perfection. 

Ma mère me témoigna dans cette cir- 
constance tant d'aiïection et d'indulgence 
que je finis par lui ouvrir mon cœur, en 
la conjurant de ne pas me sacrifier. Elle 
sourit quand je lui dépeignis M. de Neuf- 
castel sous les traits dont l'avait revêtu 
mon imagination. 

« Ma chère fille, me dit-elle, ne croyez 
pas que votre père et moi puissions jamais 
avoir l'intention de vous sacrifier : votre 
bonheur nous est plus cher encore que le 
nôtre; seulement nous a^ons pour nous 
l'expérience qui vous manque, et nous 
savons que le parti que nous vous présen- 
tons est non-seulement sortable, mais 
encore digne en tous points d'être agréé. 

Ces mots de ma mère n'avaient pas com- 
plètement dessillé mes yeux ; mais comme 
je me montrais docile à ses avis, elle vou- 
lut bien me mettre à même de counaître 
davantage le héros de mes pensées. 

A dater de ce jour, on fit plus de poli- 
tesses au jeune vicomte, et comme mon 
père était fort bien en cour, l'espoir de sa 
protection rendit M. de Neufcastel de plus 
en plus assidu. 

J'eus alors le loi*-ir de le considérer à 
mon aise et d'entendre les appréciations 
qu'on en faisait dans le cercle intime de 
notre société. 

Mes frères et mes cousins, qui ne se 
dootaieut nuilomcnt de aies beaux senti- 







/T-^^ 






^^^ 





©^a. 





- il» — 



iMBla,. ii«i B^igdBaieBt foint poar nous ra- 
OMilfr en riant aux édais la vu^ème pàt- 
lie des proueisM du ïicoatte» J'ahuris 
aififli qa^l jMSWît aa vk k jouer» à boire 
a^r^ qwelpoi écwwtii& da floa oepàce» 
N'ayant pas asaui 4'ai|apiit' pwr satÛaire 
9fs$ ipAts frivoicB» il en eiopniiiUit de tous 
Gdtés : il était légfr« igowaiU, fat« en un 
mol, il avait touatodéfeots des grands aei- 
gneurs sans en avoir les qualités. 

Qnand je fis <le toutes parts le mépris 
tomber sur lui, je me sentis humiliée à 
mes propres yeux d'avoir pu placer aussi 
mal cette préférence que toute jeune fille 
doit garder avec soin pour l'époui que ses 
parents lui destinent 

Ma mère étaitsi bonne qu'eUc WNdnt Uen 
me plaindre; mais mon père, qui aimait \ 
rire, me dit qu'il m'engageait à m'unir 
préalablement à M. de Vaudreuil, quitte à 
lui faire faire un habit gorge de pigeon 
tout aussi élégant que celui de M. de 
Nenftastel. 

J'obéis sans regrets à mes bons parents, 
car depuis que mon héros avait pris le 
soin de se dépoétiser lui-même^ j'avais su 
rendre justice à M. de Vaudreuil, et ne 
sentais plus pour lui le moindre éloigne- 
ment 

On célébra notre mariage avec grande 
pompe, et peu après M. de Ifeufcastel 
épousa une veuve beati60q>flos âgée que 
lui , mais qui possédait im fort beso fm^ 
trimoioe. 

La révolution vint bientôt briaar tMlê$ 
les existences; nous émigrâmes, et»|>arun 
singulier hasard , nous rencontrâmes sur 
la terre étrangère M. et M*"* de Neufcastel: 
ils étaient aussi pauvres que la plupart des 
éuiigrés, mais en réalité beaucoup plus à 
plaindre, car le caractère tëgerduvkomtene 
pouvait résister au malheur, flacé hors de 
son cadre, il redevint lui-même, et comme 
sa valeur intrinsèque était fort miine, il 
eut peu de relations et point d'amis. 

De retour en France, il (levdit b i»- 
comtesse, puis vinrent les infirnaîléB d'me 




vieillease prématurée; il mrnva alors^dana 
mon mari, je ne dirai point on. ami, nuis 
du moins une ressource contre l'isolenent* 
et depuis que j'ai en le malheur de pendre 
ton grand-père, je me suis fait, un devek 
de continuer à offrir à ce panvm vieillard 
ce qui manque à tout homme qni se sent 
seul au monde. .. un coin du feu, et sa pe- 
tite partie. 

Oh ! certes* il ne ae doute pas qu!U..m'a 
fait rêver et pleurer! moi-même ji^ ne 
me le rî^^pelle qu'avec étonnemeat 

— Il est si maussade I si ennuyeux I 

— Eh bien, ma petite Julie, il a pour- 
tant failli être cause de ma résistance aux 
vœux de toute ma famille I et voilà comment 
oa peut se monter la tête, et faire d'un 
être fort -ordinaire, un personnage de ro- 
man. Qu'en dis-tu? » 

Julie ne répondait point; elle baissait les 
yeux, elle était embarrassée. 

« Allons, allons, reprit la bonne grand'- 
mère, c'est fini ! je ne te parlerai pins de 
mon cher Gustave , qui est pourtant bien 
le meilleur garçon que je connaisse ; je 
veux te laisser le temps de réfléchir ; con- 
sens seulement à étudier de près le carac- 
tère d'Arthur ; laisse-moi te faire part de 
mes observations, et tu me diras toi-même 
si ce Jeune homme est vraiment digne de 
tcm dM^ix, «t ^ ton cœur s'est aérieuse- 
mem andelié I kri, ou Men si plutôt ce 
n'ist pas «M «rpsarde tM knagination. 

-^ Ja fenai Cent et ^ftm vous voudrez, 
^anAVnève* » 

Ceei fut dit en soupirant et comme à 
regret 

Trois mois plus tard, il y avait une fête 
de famille chez madame de YaudreuiL 

Un notaire demandait à Julie sa signa- 
ture, eHe la donnait, et sa main ne trem- 
blait pas : un jeune homme calme et sé- 
rietnr 9e tenait près d'elle; il n'avait rien 
«de lirilhnt, mai» Julie et son aïeule avaient 
confiance en lui. 

An nom dt la chnanét^ on voyait un 
vieillard de (pnire-^gt^-quatre ans, à l'œil 














— 116 — 




sec, «aax lèvres pincées : il ne disait mot 
quand il ne dormait pas ; il était là par ha- 
bitude et presqae sans saToir pourquoi. 

Uo élégant pirouettait autour du salon, 
frisant sa moustache, lorgnant et se redres- 
sant; Julie le regardait avec indifférence. 

« A quoi penses-tu? lui dit tout basson 
aïeule. 

— Grand'mère, répondit plus bas en- 
core la jolie fiancée, je voudrais bien savoir 
si M. de Neufcastel ressemblait à M. Ar- 
thur le jour où Ton signa votre contrat 



— A s'y méprendre, ma chère enCaint. . 
à part la différence des costumes I... Pour- 
quoi me demandes-tu cela? 

— Parce que je pensais tout à l'heure 
que M. Arthur pourrait bien un jour res- 
sembler à M. de Neufcastel 

— C'est probable, ma fille, et je te fais 
mon compliment d'avoir bien voulu, d'a- 
près mes avis, consentir à le juger de 

prèé. • 

M"* DE Stolz. 



LES VIOLETTES. 



Lodeur d'une seule violette nous rappelle 
les souvenirs de plusieurs printemps. 

Ramond. 





Mes violettes bien-aimées. 
Mon suave, mon doux trésor. 
Eh quoi I je vous revois encor, 
Et vos haleines parfumées 
Vers moi reprennent leur essor I 
Vous n'avez rien perdu de vos senteurs premières : 
Gomme vous fleurissiez au pied de nos chaumières. 
Comme vous embaumiez mes pas d'enfant naïf. 
Telles vous fleurissez, bien loin de ma patrie, 

Pour m'offrir l'image chérie 
De mon ancien bonheur, à jamais fugitif. 

Je vous aîmai du jour où j'ai pu me connaître. 
Belles du sombre bleu qu'abritaient les grands bois; 
Le passé me revient, et mes jours d'autrefois, 

Semblent sourire à ma fenêtre, 

Aussitôt que je vous revois. 

Je baigne de baisers vos fleurs, votre verdure; 
Je redeviens moi-même, et toute la nature 



©«^ 












— 117 — 

En sa magnificence aussitôt m'apparalt ; 

Je remonte à ces jours pleins d'âme et d'innocence, 

Où je comparais en silence 
La pauvre violette et la vaste forêt. 

Gomme à chaque printemps vous renaissez plus belles, 
Triomphant de Thiver et de ses jours de deuil, 
Ainsi je crois qu'ouvrant de blanches ailes, 
Mon âme sortira de l'hiver du cercueil I 

G. F. 




EXPLICATION DE L'ÉNIGME GÉOGRAPHIQUE r 3. 




La Méditerranée baigne à la fois l'Eu- 
rope, l'Afirîque et l'Asie ; par le Pont- 
Euxin et le Tanals, elle remonte jusqu'aux 
steppes de la Tartarie ; par le Nil, jusqu'aux 
cataractes d'Éléphantine; peu de jours de 
route la mettent en communication par 
l'Ëbre avec le Tage et toute la côte de la 
Lusitanie; par le Rhône avec le Rhin et les 
mers du Nord; parle Nil avec la mer Rouge 
et la Judée. Jésus-Christ e^t né près de ses 
bords ; Ut ont été remportés tous les triom- 
phes du christianisme, depuis le sacrifice 
du Galvaire jusqu'à la bataille de Lépante. 
La croix arborée au Vatican, non loin de 
cette mer, domine le monde. Alexandre, 
Jules-César et Napoléon sont nés sur ses 
rivages. Près d'elle se sont élevées Rome 
et Ganhage, Venise et Gorinthe, Athènes 
et Alexandrie, Gonstantinople et Jérusa- 
lem. Elle a vu les guerres des Perses con- 
tre les Grecs; les guerres puniques; les 
guerres civiles des Romains , les batailles 



de Pharsale, de Philippe et d'Actium ; ses 
flots ont vu les barbares en Italie ; ils ont 
porté les croisés en orient et les Turcs à 
Gonstantinople ; l'empire de Gharlemagne 
et celui des califes se sont étendus sur ses 
bords ; elle a vu les luttes des Guelfes et 
des Gibelins ; la défaite des Maures ; la 
grandeur ^de r£spagne ; dans les temps 
modernes , les campagnes d'Italie et 
d'Egypte, la bataille de Navarin , la prise 
d'Alger, celle de Rome ; sur ses flots ou 
près de ses bords se sont jugées toutes les 
questions décibives de l'humanité ; « elle 
» est, dit Juste Lipse, jetée à travers le 
» monde comme un baudrier sur le corps 
• de, l'homme; ceinture , 'magnifique en- 
» chassée jdlles comme de pierres pré- 
» cieuses, qui resserre et qui^ réunit en 
» même temps qu'elle distingue et qu'elle 
» partage. » 

M- E. R. 








uO'^.T-:? 



^"Vt-. 



a 






-. 118 -- 



CHRONIQUE iroSICiLE, 




Ufl des fias célèbres compositeondece 
siècle vient de moarir. L'auteur de la Ves- 
tale eiàe Femand Cortex, Gaspard Span- 
tint a soccombé, k 2U janvier, à TSge de 
soixante-doaza ans, à Jesy (Éuts-Ro- 
maiiii*), sa tille natale, où il s'était rendu, 
il y a pen de mois, poar rétablir sa santé. 
Il voulut, malgré la rigueur de Tbiver, as- 
sister à la messe; un refroidissement le 
saisit en sortant de Téglise et remporta 
après une courte maladie. 

Venu à Paris en 1803, il commença par 
y donner des leçons de musique qui 
étaient fort recherchées. 

Nommé directeur de la musique de 
rfanpératrice Joséphine, il dut à cette pro- 
tection puissante de pouvoir surmonter 
ks^ybstacles que l'on 'opposait 11 la mise en 
scène de la Vestate, qu! devait faire sa 
renommée et le placer d'un seul coup à 
fa hauteur des phis grands compositeurs 
de cette époque. 

Deux ans après ce triompbe, l^ntioi 
donna l'opéra de Fernand Cortex. C'était 
le complément de la théorie qu^ avait 
exposée si heureusement dans la Vestale. 
Les métnes qualités dramatiques et, il faut 
le dire, les mêmes imperfections s*y re- 
trouvent. A la largeur des mélodies Fau- 
teur avait su, dans son œuvre nouvelle, 
unir la naïveté primitive que comportait le 
sujet. Femand Cortex renouvela le succès 
de la Vestakf et le nom de Spontini de- 
vint célèbre. 

Plus tard il écrivit Pelage, sur un livret 
de M. de Jouy : œuvre de circonstance 
qui eut peu de succès. La poésie était froide 
cl la musique trop bruyante, sans être dra- 
matique. 

En 1817, pour la reprise des Danaïdes, 
de Salieri, il ajouta quelques morceaux à 




cette partition: la bacchanale du troîsièffle 
acte eàt une de ses productions les plus 
remarquables. Il fit quelque temps a|H^ 
jouer Olympie, le dernier opéra qu'il ait 
fait pour la France. Les réminiscences, 
les défectuosités, la froideur se font 
sentir à chaque mesure de cet ouvrage; 
l'auteur semble avoir perdu toute sa verve. 
L'aecoeil valut l'cNiTre. 

Sur la proposition du roi de Prusse, 
Spontini partit pour Berlin, en 1820, avec 
d^ormes avantages : le titre de premier 
maître de chapelle de la cour et de direc- 
teur de la musique du théâtre. Il y fit 
jouer son dernier opéra, retouché par 
Hoffmann. Il composa ensuite Latta-Rouck, 
opéra-balkt; plus tard , il intercala quel- 
ques fragments dans Nourmahal, puis il 
fit subira FemoTid Cortex une troisième 
ou quatrième transformation. En 1825« il 
donna l'opéra féerique fAlcidor, et quatre 
ans après Agnès de Hohenstaufen, grande 
partition à laquelle^ selon sa coutume, 
il fit de nombreux changements. Les 
critiques allemands sont divisés sur lè 
mérite de ces productions, qui ne sont 
guère supérieures à Olympie. 

Arrivé 'à Ptirls^ en 1839, il fut nommé 
à une place vacante à Tlnslltut, sons la 
condition de renoncer à la position qu'il 
occupait l Berlin. 

Cependant, après son retour dans la capi- 
tale de la Prusse, il paraissait avoir oublié 
ses engagements avec la France^ lorsque la 
mort du roi Frédéric-Guillaume III vint 
changer son sortlilacour. Unelettreimpm- 
dentc qu'il fit insérer dans un journal, parut 
uneatteinte âi la majestédu nouveau monar- 
que ; Spontini fut cité devant un tribunal 
et condamné à un emprisonnement dans 
une forteresse ; mais la bonté du roi le 








«^sQG? 








— Il» — 



dédflnrge» de œtte peine, lui assura le 
nnioMin en araiitages qu'il peovnt es- 
pérer pour Mt servîoM et kn perasU ée se 
retirer oè il fondrait. 

Spentinl étnt ineiBJbre de pkniefirs 
acadéiMB ; il était décoré des ordres de 
la LégioQ d*koiiiieir; de 1* Aigle ronge et 
da Mérite, de Prusse ; de Saint-Grégoire, 
dn pape; d« Riérite, de He^se Darmsiadt; 
de la Govronne, de Bavière ; de François P', 
des Denx-Siciles; dn Danebrog, du I>ane- 
BMrck , et de Léopold, de la Belgique. Il 
était natnralîsé français, et le pape hri 
arait donné le titre de comte de Saîst-An- 
dréa, en récompense des institutions de 
bienfaisance qill avait créées dans sa 
patrie. 

Un senrice funèbre a été célébré pour 
lai à l'église de la Madeleine. Onyaeiéorté 
divers morceaux de Fernand Cortez et 
de la Vestale. Spontini avait épousé la sœur 
du célèbre facteur Erard. 

VOpén vit, deyiHMs quelque temps» 'de 
reprises, de rentrées et de débats. L'Opéra- 
Comique vient de donner Bonsoir^ mon^ 
simr PantaUmy paroles de M. Xockroy, 
musique de M. Albert Grisar» qui a obtenu 
un brillant succès. 

Albert Grisar obtient de grands effets 
par des moyens simples et naturels. Les 
détails de cette nouvelle partition sont 
pleins de charme» de gràœ, de fcalcbeur, 
et la science s'y laisse voir juste assez pour 
paraître aimable. Un véritable déluge de 
mélodies d'un style original et excellent 
se succèdent délicatement , sans fracas , 
et respirent une gaieté franche «tinôpoi* 
sable. Les couplets de CoUmbint et d7«a* 
bMe sont des fins gracieux i le duo qui 
les suit, dans lequel IMio dit le mot : 
Tairne^ sur tons lésions, est d*un comique 
excellent» et le morceau d'ensemble. Bon- 
soir ^ numskur PatUcUoUt est un véritable 
petit chef-d'œuvre. 

La théâtre Itali^^n a donné la Tem- 
desta^ <^ra de AL Balévy, que Londres 
i si chaudement i^Iaudi l'été dernier. La 





musique a vn véritable mérile; k fralo- 
gœ lent entier est digne des plus grands 
éloges. On y remarque surtout h prière 
àt Ferdinand, la eataiine, déNcieuK mor- 
ceau, doucement mélanoolique , aussi bien 
composé que bien chanté par ll**8on- 
tag ; nn trio entre CMiban, Mi/nmda et 
Prospéro, émt dans le style italien, est un 
des pascagas de la Tempe9ki les plus g oêt éa 
des speetalenrs. 

Il y a, au second acte, un movceau îitfinî- 
nient remarqnaUe et dramatique, le récit 
de CcUiban; au tableau suivaut, un jeune 
matelot {fA^ Berlraud) entonne, le verre 
en main, une chanson pleine d'oitrain et 
de gaieté : Viva U rhum ohe fijt oomare^ 
que le chœur reprend avec des modula- 
tions d'ane grâce extrême. Le cantabile de 
M"" Suitag : Deh taglio signore, est aussi 
accueilli par de vifs et jastes applandisse- 
meut>. Enfin la chanson à boire de Ca- 
lihan : Se tuUo girar, expression saisis- 
sante du délire de l'ivresse» est saluée par 
les bravos répétés de toute la salle. 

Une des dernières soirées de la grande 
Société Philharmonique de Paris a été 
signalée par une ovation qui bit égale- 
ment honneur à ceux qui en ont eu l'idée et 
à celui qui en a été l'ol^jet. Après l'exécution 
de plusieurs fragments des oeuvres de l'il- 
lustre compositeur qui dirigeait l'orchestre 
et au moment où l'admiration et l'enthou- 
siasme étaient à leur paroxysme, une cou- 
ronne d'or massif a été présentée à M. Hec- 
tor Berlioai. Une société d'amateurs avait 
voulu témoigner ainsi, par un souvenir 
durable, lout le prix qu'ils attachent aux 
productions hardies et originales de l'autour 
de Roméo ei JulieUe. On a beaucoiip ap- 
plaudi aussi , à cette même soirée, une jeune 
et fort remarquable pianiste, mademoi- 
selle Clauss, de Prague, élève d'unprofes- 
seur aveugle. 

Une œuvre très-importante vient d*êlre 
publiée: la Hédemption^ grand oratorio, 
d'un compositeur italien, de mérite hors 
ligne, GiuUo Alazary. L*cxécutioa de cet 







*^?^ 

^^Q 




— 120 — 



ouvrage sévère et imposant eut liea, Tan 
dernier, à la salle Ventadour, et il fat ac- 
cuilli par des éloges et des applandisse- 
menU) chaleureux. Un trio surtout fut dis- 
tingué parmi les autres morceaux de cette 
musique large et savante, dont la grâce 
propre au style italien adoucit la sévérité. 
Les divers morceaux de chant que ren- 
ferme la Rédemption se recommandent 
particulièrement à nos lectrices, pour les 
paroles et pour la musique. 

Nous avons sous les yeux deux ro- 
mances nouvelles de Niedermeyer^ sur 
des poésies de Victor Hugo : Oceano nox, 
mélodie qui respire une tristesse inspirée 
et poétique comme les paroles, et Gaiti- 




belza, que la musique de Monpeou rendait 
si difficile à traiter. Il est piquant de faire 
la comparaison des idées musicales de ces 
deux compositeurs, sur le même sujet. 

Le succès que nous avions prédit aux ro- 
mances de Ed. F. Bonoldi se confirme 
chaque jour. L'une d'elles, particulière- 
ment, les Adietix de Marie Stuart à la 
France, de Béranger, est devenue popu- 
laire; cette belle inspiration musicale figure 
sur les programmes des principaux con- 
certs et fait le charme des soirées de 
famille. C'est une réussite égale à celle de 
rHiivndelle et du Vietix Caporal, du même 
auteur. 

JULtS LOUVET. 



Économie Domestiqae. 




PROCÉDÉ POUR BLANCHIR LES PLUMES ET LES MARABOUTS. 




Achetez un demi-quart de savon blanc. 

De l'amidon en grain. 

Une boule d'indigo à bleuir le linge. 

De la chaux en poudre. 

Râpez du savon dans un litre d'eau, 
faites-le fondre sur le feu; quand il est 
fondu, versez le tiers de cette eau dans 
un plat long, attendez qu'elle soit tiède 
pour y étendre vos plumes, de manière à 
ce que cette eau les recouvre. Une heure 
après, vous prenez, par le pied, une plume 
que vous tenez ferme entre le bout des 
doigts de votre main gauche, puis, en la 
tirant du pîed jusqu'à la tête, vous la passez, 
en la serrant doucement, entre le pouce 
et l'index de votre main droite. — Yous 
recommencez une ou deux fois cette opé- 
ration, ensuite vous retirez les plumes. — 
Jetez cette eau de savon sale, et remplacez-la 
par un autre tiers d'eau de savon propre, plus 
chaude ; vous y plongez vos plumes et les 
passez de suite entre vos doigts. — Jetez 
cette eau de savon sale, et remplacez-la 
par le dernier tiers d'eau de savon propre, 
encore plus chaude; vous y plongez vos 



plumes une dernière fois, puis vous les 
rincez jusqu'à ce qu'elles laissent l'eau 
claire. 

Tous étendez sur une table une feuille 
de papier blanc ; dans le même plat qui 
vous a servi, vous mettez de l'eau froide, 
dans laquelle vous faites dissoudre une 
cuillerée à bouche d'amidon en grain, 
vous y posez votre boule d'indigo pour 
donner une petite teinte bleue, vous met- 
tez tremper vos plumes dans cette eau 
amidonnée, puis vous les placez sur votre 
feuille de papier; — là, si vous ne les 
trouvez pas assez blanches, vous les sau^ 
poudrez légèrement de chaux... une mi- 
nute après, vous les replongez dans l'ean 
amidonnée, et les placez de nouveau sur 
la feuille de papier. — Si c'est en été, vous 
les faites sécher au soleil ; lorsqu'elles son 
à moitié sèches, vous en prenez une, vous 
la posez dans votre main gauche, toute ou- 
verte, vous approchez votre main droite, 
et, des deux mains, vous frappez molle- 
ment sur la plume jusqu'à ce que son du- 
vet se soit entièrement développé. — Si 






j^<y''-'V^-9. 



'^i<^A>i^ 





D^i^^ 



'i>' 



— ifii — 



c'est en birer, vous placez le papier près 
da feu, et tous présentez vos plumes à 
la chaleur pour achever de gonfler leur 
duvet. 

Deui heures suffisent pour blanchir un 
bouquet de plumes ou de marabouts. 

Si les plumes étaient frisées, vous choi- 
siriez un couteau dont la lame serait 
étroite, et, tout en tenant légèrement, en- 
tre le pouce et l'index de votre main 
gauche, la plume par sa côte, du côté de ( 




la tète, vous prendriez la lame du couteau 
entre le pouce et l'index de votre main 
droite, vous feriez passer, en partant de la 
côte, chaque brin de plnrne entre votre 
pouce et le dos de la lame de votre couteau, 
tandis que, par un mouvement de gauche 
à droite, vous tourneriez ce brin de plume 
de manière à former un cercle. — Ce côté 
de la plume étant frisé, vous frisez Tautre 
côté en commençant par le pied. 



EAU-DE-VlE CAMPHRÉE. 



Faites fondre dans un liure d'eau-de-vie, 
14 grammes 16 décigrammes (4 gros) de 
camphre. 



Celte eau s'emploie en lotions et en com- 
presses dans les contusions et les foulures. 




EAU DE COLOGNE NON DISTILLÉE. 

Achetez : 

1 lilre d'esprit-de-\ia à 36 degrés. 2' 25* 
7 grammes 8 décigrammes (1 

gros] d'essence de bergamoite 25 

Idem — de cilron 25 

Idem — decédiat. ... 25 

Idem — de néroli fin. . 1 50 



1 gramme 35 centigrammes (1/2 
gros) d'essence de romarin 



10 



4' 60 



Mêlez le tout dans une cruche, puis rem< 
plissez~en des bouteilles. 



CORRESPONDANCE. 



Que Dieu t'accorde la santé, ma chère 
amie, car , sans elle , on ne peut être 
parfaitement heureux. A Paris , nous 
avons été, nous sommes ou nous serons 
grippés; nous toussons, par sympathie, 
par imitation, c'est involontaire, cela se 
gagne... et, comme c'est à celle quiapayé 
sa dette à l'épidémie, de venir consoler 
celle qui est grippée... J'attends Floren- 
ce... La voilà! 

• Comment vas-tu 7 me dit-elle en me 
regardant avec intérêt. — Mieux, merci ) 
que tu es bonne d'être venue! — J'ai 
bien peu de mérite, je t'assure; j'étais si 
inquiète... — Que je t'aime I — A la 
bonne heure ! aime-moi, tant que tu pour- 
ras, je te le permets. • Elle m'embrassa, 
puis, ôtant chapeau efmanteau : « Qu'as-tu 




fait, ma pauvre amie? reprit- elle en s'as- 
seyant près de moi. — Regarde sur cette 
table. — Eh bien 1... Mais ce sont des gue- 
nilles à jeter à la borne. — Ah I Florence! 
toi qui as dit : rien de perdu t c'est ma de- 
vise. — Je ne m'en dédis pas. .. mais en- 
core.. . ? — Dans l'envoi que m'a fait ma- 
demoiselle Anals, il y avait un commence- 
ment de tapis mosaïque que je viens d'imi- 
ter. Tu vois ces morceaux de mérinos, de 
drap, de mousseline de laine, de soie, de 
bouts de ruban, de toutes les grandeurs : 
vieux et neuf, irais et fané que j'ai tirés 
des sacs que tu connais ; après m'étre bien 
assurée que l'on ne pouvait rien en faire 
d'utile, j'ai coupé tous ces morceaux par 
bandes larges de 13 millimètres, j'ai réuni 
ensemble, par un point dessus, les bandes 







«'T»^. 








— 122 — 



pareîiks, tantfti a?êc du fil Uaac pour les 
eoufeufs |»lleBy tantôt avec du fil noir pour 
les couleurs foncées ; j*aî fait des pelotes de 
chacune de ces couleurs et j*en ai arrêté 
les bouts avec une épingle.. J*ai pris deux 
Mgnilies de boîs de 16 miiiknètrea de cîr-* 
oonfereaccy pu», choisissant une des pe- 
lotes, formée de bandes de nêrinos noir, 
je suppose, j'ai môme dnq mailles et j*ai 
tricoté cinq tours, comme ai je tricotais 
une jarretière, puis j'ai coupé ma bande, 
et, pliant du bout, en deux, une bande de 
soie bleue, je l'ai mise à cheval sur le peu 
qui me restait de la bande de mérinos 
noir, je les ai attachées ensemble par on 
point, et j'ai encore tricoté cinq tours, 
comme si je tricotais une jarretière. Tu 
t'aperçois que ce tricot a un envers, c'est 
le côté où Ton voit les deux couleurs 
formant un seul rang. Si je me sers de 
drap, je suppose, ma bande ne sera large 
que de 8 millimètres; si je me sers de 
barége ou de léger Florence^ ma bande 
sera large de 20 millimètres, de manière à 
^ce que mon tricot soit d'égale largeur. J'au- 
rai soin de bien mêler les couleurs et les 
étoffes : du brun et du clair, du mate et du 
brillant; je ne dédaigne pas les morceaux en 
biais, ces bandes forment une espèce de ga- 
zon qui fait encore une variété. .. Enfin, ma 
chère amie» je ne peux jetei* les plus petits 
bouts» quand je pense qu'avec un point j'en 
ferai un grand bout... Arrivée ï la Ion- 
gneur que j'ai décidée, je ferme ma jar- 
retière» j'en fais une autre, puis quand 
j'ai ce qu'il m'en faut, je réunis ces jarre- 
tières par un surjet fait à l'envers, avec do 
gros fil noir. — Ah I je te comprends! 
tu obtiendras ain^ de chauds et solides 
tapis de voiture, de ces tapis sar kft- 
qiu'ls» sans crainte de les salir, on fait 
jouer les petits tn&nts dans les saloAS, 
dans les jardins; des tapis que Ton peui 
mettre sons ks tables de salle à man^r, et 
qui seraient bien» dans une chambre car- 
relée, sous les pieds d'un pauvre vieillard. 
-— Tu pourrais ajouter que ce serait un 




travail pour Je» bennes mainais dont la 
inie cet aiaiblie, que cetleoGcaiMaaon dt 
couper, coudre et tricoter n'est point mo^ 
notone, que, pour les petites filles» cela 
krar apprend à mettre du geàt dans le 
mélange des couleuis. Et pnii , ma chèrev 
coaçois-tu «plaisir? IDerien, iûn quel- 
que chosel Je ne peux ptos voir tratoer ie 
plus petit nmrcean d'étefié, c'est au poinl 
que... j'enfle les cbiif6nnière& — Voîlà de 
renihoofliasniel — Oui, du chère Iki* 
rence, c'est ainsi que je fais toutes choses. 

— Tu es bien heureuse I... Yeux-tu de 
mon aide pour expliquer la planche TV ? 

— Tallais te le demander, — Ne te dé- 
range pas, je vais tout préparer sur celte 
table..... IMcte-moi I 

— Le n^ 1 est une partie du bas« et l'un 
des montants d'un dessin de voilette; ce 
dessin se brode en points de cordonnet ou 
au crochet, sur tulle de Bruxelles, avec ap- 
plication de NanzouL Sur tulle de soie 
noire, en points de cordonnet, avec 
application de marceline noire. Dans cha- 
que fleur on fait des jours différents. 

Ce dessin peut aussi servir pour imiter 
de riches dentelles, blanches ou noires. 
Cette voilette et ces dentelles se garnissent 
d'un picot. 

Le n^ 2 est le quart d'un encadrement 
de mouchoir. Ce dessin se brode en pointe 
de feston, nommés pointe de rase^ le^ronds 
se ibat de môme et forment des jeux de 
perdrix. Brodé en colon ronge, ce mou- 
choir serait très-eriginal. Four le marquer, 
je mettrais l'initiale de mon petit nom dans 
l'ovale du milieu de la cornet celui qui a 
un rond dessus et un autre dessous. 

Ce dessin peut aussi servir pour bas 
de jupon. 

Le n** 3, k nom à'Elodie se biede au 
plumetis. 

Le st" Ut Ludovic se brode poi&et pbi* 
métis. 

Le n^ 5 te repiésente quatre dessins : 
un écm-enii, deux différents papillons et 
un esargot. Us sont disposés de auniôre 





'^.^^. 







— ftA5 — 



à tenir te mmaa de place fmsîbte. Ta ^ 
peux, tes seoMT sur àeè oMuains, mr éa 
U|Ms/poiir «bs 9k feras 4e fa«teujl; U 
peax les.exécuter a« crocfcel on bien ks 
teflder en reprises «ir ces omis àt fitet 
de 45 ttiaàUes qai se foat tu point carré, 
et dont je t'ai déjà donné tant de deasios. 

Len*" 6 est on dsasin de tapisKrîe pior 
CQVfortiire de Kvre qne ta peui gnadir 
ou diminuer selon ie iivre qne tn fmxt 
eoafnr, 

— Done-aons donc, ma chère Jeanne, 
■ne idée de ce desnn... car en6n, bien 
qne i'en s'en ransorle è tai pour le choisir, 
SMore fjttdrait-*^ saioir,.. 

— C'est jBsfe. Le milieu est de ce bean 
bleu de France que nous aimons tant, il 
esc enteraré d'ornements semblables à de 
beaux eoquHbges. Le fond est déjà in- 
diqué en noir, il se continue de même. 
S les laines sont bien choisies, ce dessin 
sera charmant. En filosc^e, il ne coûterait 
que le tiers de i^lus qu'en bine. 

— Je te remercie. Continue. 

— Ce dessin , sur canevas Péuêîope , 
H* "§, peutservlr pour faire ces coussins de 
mn, d'un carré long, que Ton place au 
bas du dos d'un fauteuil Yohaire pour rem- 
plir le liée et soutenir les reins de la pér- 



il peut encore faire on sachet pour mou- 
choir, pour buvard. 

Le n*" 7, ce sont les s^nes qui repré- 
sentent les couleurs employées dans ce 
dessin. J'ai feit mettre à part les laines et 
h fitosdie dans le magasin de tapisserie du 
passage de rOpéra ; tu pourras les y faire 
demander ; on te ks enverra par h dili- 
gence. ^ 

Le n<» 8 est le dos d'une veste de petit 
garçon. 

Le n"" 9 est l'un des côtés du devant. Le 
col est placé comme il doit être cousu, l'é- 
toile qui est au milieu du col rejoint 
l'étoile qui est au milieu du dos. 

.Lb n* 10 est ïespèce de basque qui ae 





coud AU has de cette veste et na rcyaindse 
le des. 
Le n^ii esâle dessus d*nneaaaMke. 
Le a** 1(2 esl oetlc veste teUeqa'eHe. date 
êCBe portée» depuis cinq êm jasqu!ii éix 
ans. 

Cette veale as fait «s drap léger, bteu 
fottoé ou Doir;GCiétéctteBefesaen nai- 
kîn ou en mérinos gris. Je te la donoffni 
avec une broderie en sMitaehe. 

Len* 13* est ledes et sa pièce de cèté; on 
peut bke ce cwsage eoUcié on déotlltlé « 
ledevant l'indiquepar un poimîllé; il a été 
oublié aor le dos, aaaiaen suivanl te poânrtMé 
du devant, on arrtvepa ainr le des eu chif- 
fre 12 1(2. 

Le o!" 14 est un de^deraflls etea pièce 
de cêté. La flèche indique te droift^l; natte 
pièce se lailte en biais. 

Le n"" i^ est le gouaaat qui seplaoa 
entre te dos et celte piène de côté, oà sa 
trouve te chiffre S et te cbSbe il. Ce 
gousset empêche tes grimaces que fait pres- 
que tnujoors te ém, et hii pf^raaet de desr- 
cendre s«rU jupe, eeqiii aUottgeitetaâite» 
Le tt* 16 est une manche ooarte. 
Le a'' 17 une Manche pagode. 
Le tt^" 18 est wefMèeeé'étoOe sembhUe 
à la robe; on l'ajoate à oa osasage. 

Cette pièce ne dnit fias être séparée dn 
milieu dn ha8;eitese' convre de deux rangs 
de petites garnitures qui suivent et tour- 
nent, consuesaur les deux ygne8,ea formant 
ée«x tâtes ;cetle pièce sepoaeaur la poitrine, 
elle n'est cooeue qne sur les épaules où te 
trouvent tes chiffras 22 et 27« du bas ette 
s'attache sur la jupe avec une épingte. 

Len^ 19 est nnerebedaperoateipoor pe- 
tit garçon de 2 à 5 ans; te des est plat, tes 
davants sont en biais, ornés de petits plis; 
ces devants se boutonaettt et tes boutons 
sont cachés par une bande de percate bro- 
dée , garnie de chaque e6té d'oae petite 
bande festonnée; les jockeys, en biais, sont 
ornés de petits plis, d'une broderie al d'ane 
petite bande festonnfe; te bas des mancifees 
est .monté sur te même eatre^deuiL ^que 




®©î^" 










>^'^^ 



— 181 — 




celui que forme le col, et est garni de 
même. En nankin, en piqué à raies bleaes, 
ce vêtement pourrait avoir pour tout orne- 
ment un galon de coton blanc, large d'un 
centimètre, cousu dans le sens des petits 
plis; un galon sur le col, un sur le poi- 
gnet , nn de chaque côté de la bande qui 
recouvre les boutons et deux sur la cein- 
ture. 

Le n"* 20 est un bonnet formé d'un rond 
de tulle ou de mousseline, garni tout autour 
d'un ou de deux rangs de dentelle cou- 
sus assez froncés pour continuer de for- 
mer un rond. Pour monter ce bonnet on 
se pose sur la tête un ruban plié en deux, 
que Ton noue derrière ; de chaque côté , 
on fait une pince à ce ruban de manière à 
former une pointe qui descend devant To- 
reille ; sur celte pointe on coud une pro- 
jfusion déboucles inégales d'étroits rubans, 
on place le rond de manière à ce que, sur 
le front, la dentelle recouvre le ruban , on 
forme au rond des pinces de chaque côté 
que l'on arrête sur le ruban ; on prend 8 
centimètres de ruban, semblable à celui 
qui se noue sur la tête, on le replie deux 
fois, de manière à former un carré, sur 
lequel on coud une rosette , et six on hut 
bouts de petits rubans frisés; et l'on coud 
ensuite ce carré de ruban sur les pinces 
du bonnet Leblanc, le bleu foncée le vert, 
le rouge sont à la mode. 

Pour bonnet de fantaisie : ce bonnet se fait 
en tulle de soie noire, garni de dentelle 
noire, et en rubans de velours noir; au lieu 
de la rosette, on met une rose rose, sans 
feuilles. 

Pour deuil, au lieu de la rose , on met 
une rosette de velour noir; pour demi- 
deuil , on met une touffe de violettes de 
Parme, sans feuilles. 

Le n^ 21 est une manche de mousseline 
on de jaconas qui se met sous une manche 
pagode. 

Ici commence la description de la plan- 
che de la grande édition. 

Le n* 22 est un coussin algérien ; il se 




fait en velours on en casimir et de trois 
couleurs : rouge foncé, jaune orange et 
vert foncé, placées ainsi : rouge, jaune, 
vert, rouge, jaune et vert ; de cette façon 
les deux couleurs pareilles seront en face 
l'une de l'autre. La broderie sera exécutée 
en soutache verte sur rouge, rouge sur 
jaune et jaune sur vert. Ces six pointes se 
réunissent, à l'envers, par une couture à 
points arrière, très-serrés. 

Le n" 23 est la bande qui entoure le 
coussin et forme son épaisseur ; elle se fait 
en velours ou en Casimir vert, se brode 
en soutache jaune et se coud à l'envers à 
points arrière avec le dessus; le dessous 
du coussin se fait d'un seul morceau, en 
velours ou en casimir rouge. 

Pour le monter, on taille, en toile grise, 
deux ronds sur le n° 22, et une bande sur 
le n^ 23 ; on coud à l'envers la bande avec 
l'un des ronds, on remplit de crin l'inté- 
rieur de ce coussin, on le couvre de l'au- 
tre rond de toile, puis on le recouvre avec 
le coussin de velours ou de casimir. On 
achète une ganse ronde formée des laines 
qui rappellent les trois couleurs du cous- 
sin , l'on coud cette ganse sur les coutures 
qui cousent la bande au-dessus et au-des- 
sous, mais à la place où se trouve le^chiOre 
23 on laL<ise, en cousant chaque ganse» 
une boucle de vingt centimètres; de ces 
deux boucles, on forme une espèce de 
poignée pour enlever le coussin. 

Au milieu de ces six pointes ont fait une 
petite rosette avec de la soutache janne. 
Lorsque l'on va coudre la grosse ganse 
ronde sur la couture de la bande, on dé- 
coud un point, on introduit le bout entre 
le dessus et le dessous du coussin, et 
lorsque l'on finit de la coudre, on intro- 
duit de même l'autre bout de la ganse et 
l'on recoud proprement cette cx>uture en 
y renfermant les deux bouts. 

On peut ne faire le coussin algérien que de 
deux couleurs : 3 pointes rouge foncé, et 3 
jaune orange, ou bien d'une seule couleur : 
sur le dessus, jaune orange, et dessous, 















— IStt — 



rooge foncé, la bande sera de Tune de ces 
deux couleurs. 

Le n"" 24 est an col qui se festonne à 
Textérieur et se brode au plnmetis ou à 
l'anglaise, en poiots de cordonnet. 

Le n*" 25 est un col qui se brode en 
points de feston (point de rose}* 

Les n« 26 Albanie, 27 Eulalie, 28 Ap- 
poline^ 29 Elvire, se brodent au plu- 
métis. 

Le n"* 30 est le dos d*un gilet d'bomme. 

Le n" 31 est le devant, semé d'une rose 
qai se brode en soie noire sur casimîr noir, 
jaune sur casimir jaune, et en coton blanc 
sur piqué jaune ou blanc. 

Le n*' 32 est le même devant de gilet, 
mais le cbâle est rabattu pour que tu puis- 
ses juger du dessin qui so brode en souta- 
cbe, de la couleur du gilet. 

Ce patron , pour taille moyenne , vient 
du directeur du Journal des Tailleurs. 

Le n*^ 33 est un entre-deux en broderie 
anglaise. 

Le n? ^U est la garniture qui se coud à 
cet entre-deux. 

Le n"* 35 est un riche entre-deux qui se 
brode au plumetis, au-dessusdes plis d'une 
robe de mousseline. 

Le n^ 36 est le quart d'un mouchoir qui 
se brode en points de feston (en points de 
rose) et au plumetis. 

Le n° 37 est le quart d'un mouchoir 
qui se brode tout en points de rose. 

Le n"* 38, Emilie, se brode à l'anglaise. 

Le n^ 39, J. B. jP., au plumetis. 

Le n** kOt Irma, se brode de même. 

— Ah ça, ma chère amie, tu vas donc 
nous faire passer en revue tous les noms 
possibles et impossibles ! — Que veux-tu ? 
les demoiselles ont si peu de temps à por- 
ter leur petit nom qu'elles en profitent; 
une fois mariées, elles ne peuvent plus 
mettre qu'une initiale, ajoutée à celle du 
nom propre de leur mari... Moi, j'avoue 
que je ne brode en toutes lettres le nom 
de ma sainte patronne que sur mes mou- 
choirs du matin ; sur mes beaux mouchoirs 





je ne brode qu'une initiale et celle du nom 
de mon père... je ne quitterai peut-être 
jamais ce nom 7... — Ce n'est guère pro- 
bable. . . mais j'aimerais mieux te voir res- 
ter fille que te voir faire un mariage iné- 
gal, soit par la fortune, soit par la position 
sociale... Hier, tout en travaillant, j'enten- 
dais cette conversation que deux dames 
âgées tenaient à Toix basse. « Il n'y a que 
les mariages de convenance qui puissent 
apporter le bonheur. —-Et vous avez bien 
raison, madame. Par exemple, si une femme 
qui a beaucoup de fortune épouse un 
homme qui n'en a pas.. . il n'y a plus éga- 
lité. . . ces époux doivent sans cesse craindre 
de se blesser : le mari, en disposant de 
celte fortune comme le chef de la commu- 
nauté; la femme, par la plus petite obser- 
vation... Si c'est répoux qui a la fortune, il 
y a moins dlnconvénient**, seulement, 
réponse se trouve placée dans une plus 
grandedépendance. Et puis, chère madame, 
si rhomme est dans une position élevée, si 
toute sa famille est posée honorablement et 
qu'il épouse une femme dont le père ait 
exercé une de ces professions mal famées que 
la fortune rend encore plus accusable.. . quel 
malaise il doit en résulter dans le ménage, 
dans les réunions de famille. .. on plutôt il 
ne peut pas y en avoir. . . on ne s'entend pas, 
on ne parle pas la même langue... et les en- 
fants rougiront de leur père qui a fait un 
mariage d'argent, de leur grand-père, de 
la source de leur fortune... Si c'est la 
femme qui se mésallie pour être riche... 
c'est bien pis encore, voilà une maison 
perdue... la considération ne venant que 
du chef de la famille, il n'y a plus de 
considération pour la femme, plus d'a- 
venir pour les enfants I et puis, la fortune 
tient à si peu de choses 1 un vol, un incendie, 
une fausse spéculation... La considération 
ne craint rien de tout celai » Ici ces dames 
parlèrent plus bas. Tu le vois, chère Jeanne, 
la chanson dit vrai : // fatU des époux m^ 
sortis. — Sois tranquille, mon père et ma 
mère sont là... ce soin les r^arde. Quels 




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projets ie tottette a»»tvponr eeprmlttnpBT 
qoeHe 8€ta la mode t — Les chafieaiix 
seront érasi», à forme roade et à barolet; 
les orBPemeMts seront comme tovjoors: ro- 
bafls, plames et ieors. Les mantelets et 
kafsawecks seront brodés en soutache. Les 
roèes seront, oeanno foii)onrs, bngaes de 
jope et de taille ; les eorsages montants, 
on Marie Lezimha, Les manclies pago- 
des seront garnies dn bas atec des ban- 
des d^éMffe pareille. Beancoop de petits 
vobttts atnc robes de tafktas, fm trois 
grands Toiants, tout ceib festonné ë Fem- 
porte-pièce» on brodé en point de feston. 
Les osîAHres en eberreux seroiU toujours 
«ctrêmenent dsrevaeê. — Oui. On fend 
cben nn eoiffisnr, nie des Saints-Pères, 
dtfl petits pe^es adaptés h des espèces 
de croissants arrondis, formés de crin 
reconrert d'une pesa marron, qui ser- 
vant ^ exécBter h eoittare Marie StuarL 
Voici eomment. On rabat sur ses joues les 
dioTenx que fou destine à l»ire des ban- 
deavx, on prend un de ces croissants, on 
entre le petit peigne dams les cheveux 
qoi sont sur le côté de la tête, on retère 
les cherevx rabattus, on en couvre le 
croissant; à Pane de ses pointes est nn 
brin de caoutcbonc qoi sert à arrêter ces 
chef eox et va s'accrocher à l'antre pointe, et 
Ton place de même le second croissant On 
peut réunfar les dJievevx de derant ft cevx 
de derrière, les tourner en nne corde que 
Pon pose à plat, en formant nn grand cercle 
sur le derrière de la tête , ou reprendre les 
chereux de devant et les faire tomber en 
tire-bouchons derrière chaque oreiUe. Bien 
entendu que, de chaque e5té des joues, on 
se fait tm accrûcke-comr. Cette coilToresied 
aux brunes, aux blondes qui ont des soor- 
eib bruns, et aux personnes qui ont les 
cheveux plantés bas et les dnq pointes 
marquées; eHe fcît fort bien sous nos cha- 
peaux et sous les petits bonnets habillés.. . 
Te dire que la mode en sera adoptée dans 
h rue par les femmes comme U faut, ^ ne 
le puis ; mais dans im bal, et ches elle. 




une demoisele, une jenne dame peinent 

se coiffer à la Marie SiuarU Ces peignes-* 
croissants coûtent 5 fr. la paire. — Il y a 
encore une nouvelle ooifltare ; ce sont des 
cheveux en bandeaux plais, réunis aux 
cheveux de derrière, et fermant nne tresse 
qoi passe sur ces bandeaux et revient d'où 
eileert partie. Cette coiffure faii aussi fort 
bien sous nos chapeaux... ^ As- tu reçu 
beaucoup de lettres? — Oui, desjeanee 
mères qoi demandent des toilettes de pre- 
mière communion... eltes veulent que K^ir 
fdlesoit belle... — Mois, ma chère, réponds 
à ces (hmes qu'à Paris, selon l'égalité et 
l'humilité chrétiennes, pour h fiie dn 
ittiffîounairc, comme pour h fiUe du sa- 
vetier, le costume est le même. Dessous, 
robe de percale, colletée; dessus, robe de 
mousseline, corsage pareil , jupe ornée 
de deux plis; manches lougms , demi- 
larges, montées sur nn poignet recouvert 
d^uiie ruche de coton; autour du cou, 
ruche en tulle de coton ; cheveux en bnn^ 
deaiix plats ; bonnet de mousseline, garni 
d'une ruche en tulle de coton et d'un 
étroit ruban blanc; sur la tête, voile de 
mousseline orné d'un simple oiiHet. — 
Mais, ma chère Florence, je vais les déses- 
pérer ces pauvres |)etiies mères qui ne rê- 
vaient que rubans, fleurs et dentelles pour 
embellir leur ange, et qui vont Tenhiidir.-^ 
Oui, mais leurs (îHes n'exciteront ni Ten- 
vie ni la jalousie ; elles seront moins occn* 
pées d'elles, moins distraites par le plaisir 
de se voir admirées; Dieu y gagnera... et 
tout le monde atissi. — Allons, tu me ras- 
sures. Crois-tu que j'aie besoin d'expliquer 
la toilette de mode de [a grande édition? 
-^ Ce serait douter de rinteffigence de tes 
amies. Cependant, je demande pour mon 
compte le'motde Téuigme. -^ C'est k fer. 
— Je m*en doutais. L'explication dn ré*- 
bus? — La voilti: 

Un toue qui vient I un poing, — un 
acquit,— > la villede Cette«-et unA, bon, 
seiisible, qui pleure, tm A tendre.... ce 
qnifah: 











'-r^' v'-:^^ 



"^âb' 



;^^ 



.>^' 




— 187 — 

"Fout Tient à point, à qui sait attendre. 



Adieu, chèrd et bonne; le mois pro- 
chain, je te parlerai de nos toilettes de 



priBttai{)& Gomj^ rar moi pour te dire 
tout ce qui te sera utiie. Porte-toi bieal 

J, J. 




CnBÉHlCRlIIES. 

6 AVRIL 1760.— NAISSANCE DU PEINTRE PRUOHON, 



Prudhon naqnit à Cluny fSaône-et- 
Loire); il était le treizième enflant d*un 
pauTre maçon. Les moines dn célèbre 
monastère lui firent faire ses premières 
études, et, enfant encore, il se livra a?tc 
la plus vÎTe persévérance à Tétude de la 
peinture. Ses cahiers étaient couverts de 
dessins; faute de matériai», il (aillait, il 
sculptait dans du savon les personnages de 
la Paasion ; il exprimait le jus des herbes 
et des fleurs pour se composer une pa- 
lette, et il prenait pour modèles les ta- 
bleaux qui ornaient la magnifique église d^ 
Cluny. Les moines, touchés de son ziilc et 
appréciant ses dîspositîoiis, le reoominaa- 
dèreic à M. Morcau, évéqoe de MaGon, 
qui fit donner à Prudhon des Icçom de 



dessin et de peinture. Peu d'années après, 
il remporta le prix de peinture établi par 
les États de Boucgyigne ^ et fut envoyé à 
Rome. 

Il revint à Paris en 1789, riche de U- 
lent, Biais pauvre et sans appui. U passa 
par les plus triâtes phases que peut subir 
le génie aux prises avec la pauvreté. 

Plus tard, sons le Directoire, sous F Em- 
pire» la fortune lui sourit; mais des infir- 
mités et des peines de cœur assombrirent 
son âge mûr, comme l'indigence avait at- 
tristé sa jeunesse. 

Parmi les tableaux les plus célèbres de 
Prudhon , on remarque surtout le Crime 
fHmnuim fwr la Justice et la Vengeatice, 
Jésus en croix, le Zéphyr ^ etc. 



■IMAItOE. 




I^ pkqMot des hyonies chantées I l'é- 
glise, dans les divers temps de Tannée, 
sont d*uiM date fort anrieone, et l'origine 
de plusieurs d'entre elles est iiicoaniie. 
On sait que le Tê Deum est reauvm de 
saint Ambroise ; ou attribue égriement à 
ce saint et savant docteur : Lux BeoUa 
TrinitasI Le Lauda Sùm StdooitoreHi f«t 
composé par saint TkxMiias d'Aquin; le 
Salve Hegina est attribué par les uns ) 
Adhémar de Montell, évêquc du Puy eu 
Auvergne, chef spirituel de la presrière 
croisade, et par les autres, au pape Ittao*- 
cent III ; les dernières paroles de ce chant : 
clemensl ô pia! ô dulàs Virgo Mariai 
furent ajoutées par saint Bernard ; l'hymne 
Âlma Redemptoris Mater fut composée 
par Herman Contractur , bénédictin ; 
l'hymne Vejnlla Régis est très-ancienne et 
se chantait au temps des croisades, mais 



Sô«^* 



nous croyons que son auteur est resté in- 
connu. Le chant Ragimi Cœli, que Poglise 
redit an temps pascal, fot Mgué aux fidèles 
par le pape Gri^soire le Graad, qui l'avait 
écrit à la suite d'une vision miraculeuse; 
le pd}>e Innocent III est également Tau- 
teur du Veni^ Sanclus Si^itusl On attri- 
boe à BoSoe lliTiBfie pour la fête de saint 
Pierre et saint Panl ; les hymnes du bré- 
viaire de Paris sont dues presque toutes à 
U plume du cfaaiioiiie Santsail; dles sont 
d'une latinité élégame, màsTe^iression en 
est son^wit prétentieuse et surchargée d'an- 
tithèses. 



Ne prenons pas de tons superbes et 
avantageux. C'est faiblesse que de s'ani- 
mer de la sorte : la force est dans la raison 
tranquillement exposée. 

BOSSUET. 




iQj^^^ 





— 1S& 
La religioD est l'aromate .'^ans lequel 
toute scieDce bumainc se corrompt. 
Bacon. 



Une chose supeiOue u'est jamais i boa 
nurcbé, Auyot. 

La prospérité est plus sûre, eDlre-mdi'e 
de rcTers. 

De Chabkage. 

L'éloquence est au sublime ce que le 
tout est ï la partie. 

La Bbcyëbe. 

Vons serez toujours contcntle soir, quand 
TOUS aurez utilement employé la journée. 
Imi talion. 



Jouis de ta vie sans la comparer i c^e 
d'autrui. 

CONDOHCET. 




Éprouve ton nouvel ami, et n'oublie pas 
l'ancien, pour l'amour de lui. 

Latater. 

indolence et indécision d'esprit! Si 
vous n'êtes pas de véritables vices, k com- 
bien de cruelles mi&ères et d'alTreux lour- 
menis tous frayez parfois la route! 

Walter Scott. 

C'est un grand mal de ne pas faire asseï 
de bien. 

SAl^T François' de Sales. 



Kn^ATi-H. l'agi' 03, au lipii dej luiiis : Oi'Jres religim 
rtUgimx det femmet, l" arUcle. 



itililaim, i' article. Lisuz : Ordru 



f 




V 



J'unnial iirs ïlfraDtsrllrs. 



.'S<,„ù«ax,. dr.. c'ilal'i,* 








— 189 — 



CHRISTINE DE PISAN, 



ÉTUDE BIOGBAPHIQUB ET LITTÉRAIRE. 





Voici ua sujet qui n'est guère sorti jus- 
qu'à présent du domaine de l'érudition. 
Les oeuvres de Ghri&tine de Pisan n'exis- 
tent, pour ainsi dire, qu*à i*état de curio- 
âtéâ bibliographiques ; on les traite dans 
les bibliothèques avec le même respect 
que les Chartes de Charles le Chauve, et 
elles partagent avec celles-ci le privilège 
de n'être jamais feuilletées que par les sa- 
vants, les studieux et les antiquaires. 

Rendons hommage aux antiquaires et 
aux bibliophiles, à ces hommes parmi les-- 
quels il y a de grands hommes, pionniers 
dévoués de la science , qui vouent leur 
existence à la recherche des vieux monu- 
ments littéraires et mettent leur bonheur 
et leur gloire à secouer les premiers la 
poudre d'un parchemin cinq fois séculaire, 
ou à déchlITrer un papyrus exhumé des 
ruines de Memphis. Ces hommes sont les' 
bénédictins de notre siècle ; c'est à eux 
que l'histoire est redevable de la vérité, 
la littérature de sa généalogie. Mais pour- 
quoi Christine de Pisan n'a-t-elle encore 
trouvé asile qu'auprès des bibliophiles et 
des antiquaires? Pourquoi n'a-t-elle pas 
obtenu jusqu'ici l'honneur d'une édition 
moderne! Pourquoi n'est-elle connue du 
public que par des extraits disséminés 
dans les Revues , et par son Histoire 
de Charles V, comprise dans la collec- 
tion des mémoires relatifs à l'Histoire de 
France? Est-elle trop peu de chose pour 
mériter une place dans les annales de la 
littérature française ? Tout e&t là pour té- 
moigner du contraire. 

D'avoir le prix en science et doclrioe. 
Bien mérita de Pisan la Christine, 
Dorant êtB jours 

Je prends ces vers de Jean Marot parmi | 






DIX-NKUVIÈIIE ÂNNÉI, 4* SiRU. — N* V. 



les nombreuses marques d'estime que lui 
ont consacrées les poètes de son époque. 

Louer asseï je ne la paii, 

dit encore, en parlant d'elle, Martin le 
Franc , auteur d'un poème intitulé le 
Champion des Darnes^ et qui devint plus 
tard secrétaire ou protonotaire du pape 
Nicolas V. 

Car vrayment toutes les fleurs 

Avait en son jardin joly. 

Dont les beaux dictiers (1), longs ou courts. 

Sont faicts en langaige poly. 

. , . Elle fut Tulle (2) et Cathon (3); 
Toile, car en tonte éloquence 
Elle eut la rose et le bouton, 
Cathon aussi en sapienoe (4). 

Est-ce encore parce que Christine de 
Pisan est née en Italie, que la critique 
française l'a si longtemps oubliée? Il n'y 
a pas d'écrivain plus éminemment fran- 
çais que Chri^tine de Pisan. — Voici 
en quels termes l'auteur du Champion des 
Darnes^ que j'ai déjà cité, Martin le Franc, 
revendique pour elle l'honneur de cette 
nationalité qui lui appartient mieux qu'à 
personne, parce qu'elle l'a conquise : 

Aux estrangiers povons la feste 
Faire de la vaillant Christine, 
Dont la vertu est manifeste, 
£n lettre et en langue latine , 
Et ne devons pas sous courtine (tf) 

(1) Dictiers, éeritt, 

(2) Tulle, Cicéron. Cicëron s'appelait Marcus 
Tullius ; il est souvent désigné sous ce dernier 
nom. 

(8) Caton. 

(4) Sapience, $agé$$e, 

(tf) Mettre sous courtine, laisHf if^nûrés. 



f 



t 













— «0 — 




Mettre tes œuvres et ses dicts, 
Afin que si mort eu courtine (1) 
Le corps, son nom dure tondis (3). 

n y aurait beauooup à dire sur Ghris^ 
tine de Pisan,.8iroaTOuIait faire de cette 
femme remarquable le sujet (l'une étude 
philologique. Il serait intéressant d'exami- 
ner le parti qu'elle a su tirer de h hngue 
de Bon siècle, qui était la fin du tangage 
roman et le comniettctment du parler 
français; comment, nourrie de la moelle 
des lions, je veux dire de la substance 
saine et yigoureuse de rantiquité, qu^eFe 
possédait à fond, elle a su créer un 
idiome qui lui est propre, précéder Mon- 
taTgne, et frayer la route aux deux Marot. 
L'entreprise est pleine de lentatioos^ et 
j*ai besoin pour y résister de me rappeler 
poor qui j'écHs cette notice. 

Ge n'est point que les femmes soient, à 
mon sens, indignes des graves sujets ; de 
nos jours, leur éducation ne les laisse plus 
indifférentes à rintérêt des études sérieu- 
seSy et s'il se rencontre encore qn^ques 
femmes savantes qui méritent une place 
dans la galerie comique où Pbilaminte, 
Armande et BelLsc tiennent le baut bout, 
U y a aussi beaucoup de femmes instruites 
chez lesquelles la pédanterie ne paralyse 
point le cœur, et dont Texquise nature 
ne fait pas naufrage au froid océan de la 
science. C'est pour elles qu'il faut écrire, 
et si ce travail, qui leur est destiné, n'a 
point pour objet principal Christine de 
Pisan, considérée comme écrivain, poète 
et philosophe, c'est qu'à côté de l'écrivain 
et du philosophe^ il y a chez elfe un autre 
personnage non moins Intéressant, un type 
charmant, dont la place est toujours mar- 
quée daiis ce recueil; je veux dire la 
fenune par excellence , parée de toutes 
les vertus en môme temps que des grâces 
de l'esprit. 

Thomas de Pisan, le père de Christine, 

(i) Si la mort enveloppe son eorfs, il la 
tombe s'empare d'elle. 
{Si To«ioan . 





r^ 



i)©'i>^ 




était un homme versé dans la connaissance 
du droit, dans la politique^ dans la chi- 
mie, dans l'astronomie, dans les mathé- 
matiques, le grec, le htin, Thébreu et le 
syriaque, dans la médecine et dans l'astro- 
logie. Au quatorzième siècle, les savants 
ne couraient pas les rues comme en ce 
temps-ci ; mais que ne savaient-ils past le 
passé, le présent, voire l'avenir... étaient 
pour tux sans secrets et sans mystères. 

Thomas de Pisan était originaire de Bo* 
logne, mais sa gran:^e réputation comme 
juriste et politique l'élcva au rang de coti* 
seiller de la république de Venise. C'est 
dans c^tte ville que naquit Christine, 
l*an 1363. Elle était âgée de cinq ans Inrs* 
que le foi de France, Charles V, fit offrir 
à son père un trahement de douze cents 
livres par année et la place de premier as- 
trologue. — Il y avait alors un premier» 
un second et un troisième astrologue du 
roi, qui avait aussi son alchimi>te et son 
nécromancien en titre. Ce fait n'a rien qui 
doi^e surprendre, si l'on considère que te 
siècle de Charles V faisait suite à une ère 
de barbarie, de profonde ignorance et et 
superstition. « L'astrolo^^ie, dit un histo- 
rien du dix-huitième siècle , élait en si 
grande vénération qu'elle avait sul^ugné 
la médecine. La plupart des médecins 
étaient astrologues. Le père de Christine 
de Pisan, physicien du roi, avait une mer- 
veilleuse connaissance de l'influence des 
astres sur les maladies du corps humain 
et sur les aflaires ée ce monde... » A«x 
absuttlités de l'astrologie judiciaire on 
peut ajouter les opinions extravagantes 
sur la magie, dont les grands et le peuple 
étaient presque également entêtés. On 
attribuait une vertu miraculeuse \ des 
figtires de mivre, de plomb, de dre on 
d'autres matières consacrées «wc des 
cérémonies mystérieuses, sons l'aspect de 
certaines planètes. ... 

« Un sçavant maître wtronomim cvoU 
prédit au roiqtœ U datiphin s&n fUs anv^U 
m mjwmessemauU affam^ etéchoffperoU 













— iSi -^ 



de grands pétrils ei woQ:»^rei, » Et. le roi 
ôtoit aa Ik delà vumi exlrêoienMiit4igité d» 
la terreor de eeite piédictioa. 

Rlus si Cbariefi Y partageait la sepeMFr 
lion géoérate, il était en méoiei temps 
aniinè d'un gia»d zèfe iMmr k gknre ùem 
laHres, il voulait qMa(Nk voyaune 9, briUâl 
'par toute HÙmee, ^^ 

a L'on ne i^est trop iMmerer les dercs^ 
diaaî^ii ordÎMiffemeat» et tant qae s»* 
pience^ sera tiMorée en ce royanae ; il 
œntinnera à proapérité; mais: quand dé** 
bootée y aeea» il décharra. » 

On peat le considérer comme le foml»* 
tev de la Bibliotlièi|ae royale, il en porta 
la nombre des voluncs jusqu'à neuloaat». 
Il n'avait rien négligé pour se procorar^ 
une collection des mëlkors (Nivrages, et 
on conçoit ûsément que cet assemblage 
exigeait de graada sacrifices d'argent et 
des soins in&ais, en réfléchissant qu'on 
ignorait alors le secret de multiplier les 
livres par le secours de Timpression ; un 
manuscrit était un effet prédeox, on le 
léguait oMome une part considéraUe dane 
une succession. Marguerite de Sicile laissa 
par son testament un bréviaire au roi de 
Sicitoy son père» On conservait soigneuse- 
ment daaft les églises un bréviaire com- 
mun» enfermé dans: tma cage de fer, pour 
la commodité des prêtres qui manquaient 
de livres^ et ce bréviaire était exposé dans 
la lieo le plos- éclairé, afin qpe piosieurs 
eeclésaastiqQes pussent réciter leurs offices 
eo mômt temps. 

Ce n'était pas seuleniettt comme astco* 
logue que Charles Y appdail anprèe de lui 
Thomas de Pisan, c'était encore en sa qna* 
lilé de eUvo d tovâe mpienoe^ capable de 
lai donner d'utiles con::eils pour ks fonda-* 
tkwa d'émblissements d'instruction publi- 
qtt& qu'il se propesait d'entreprendre. la 
poMiâon offerte au savant Bolonais était 
vraimeni magniique, eu égard à U vateur 
de l'aigent, dont il est facile de sn faire une 
idée d'aprèi un compte original extrait des 
rçgiatact: ds eoUége de Beauvaîs. 





It résulte de ce compte que le repas^ 
ofiN't au roi à roecaAÎon de la fondaticn 
dndit ooUége coûu neuf 9m» (1). 

Thomas de Pisan n'hésita pd.s à se ren*» 
dre aux désirs du roi de France, car il 
était sans patrimoine, et sa dignité lui rap- 
portait pii» d'honneur que d'écus; mais it 
n'accepta qu'en secret, de peur d'encourir 
le mécontentement de la république de 
Venise, qui tenait à ses magistrats et 2t ses 
savants, à- ceux*là surtout qu'elle avait ho- 
norés du droit de cité, et il crut prudent 
de partir seul pour ne point éveiller lea 
soupçons. Ce fut un an plus tard seule- 
ment, que sa femme et sa fille se mirent 
en route pour venir le rejoindre. On partit 
encore furtivement; le voyage fat long, 
périlleux et péniMe, et dans plus d'une 
occasion^ Christine^ tout enfant, donna des 
preuves de cette fermeté d'âme et de cette 
persévérance dans la foi qui fut toajours le 
trait le plus saillant de son caractère. 

11 faut passer rapiicment sur les pre- 
mi< rs temps de son séjour en France. Son 
père vivait à la cour, traité par le roi sur 
U même pied que les phis nobles gentils^ 
hommes; elle y prit les façons élégantes 
des damoiselles de qaalité, en même temps 
que le goût des lettres, dont la culture 
était encouragée par les essais précoces du 
prmce Charles d'Orléans. Mais son pen- 
chant naturel la portait plutôt aux études 
sérieuses qu'aux simples jeux de l'esprit ; 
ce qu'elle aimait surtout, c'étaient les le- 
çons de son père, qui lui apprenait le latin 
el le grec, et la conduisait par la main à 
travers les trésors de l'antiquité. 

La tâche de Tbomas de Pisan était fa- 
cile Au besoin, Christine eût fait toute 
seule son éducation. 

« Ainsi que l'enfant se met ea premier 
à l'oy 6, e^ âit-el!e, je me pris aux hia< 
toirea anciennes dôa le commencement 
da monde, les histoires des HéfaroLi, 



(i) Neuf souf d'argent. 



I 











— 152 — 



.>«î@3 



d€8 Assyriens et des principales seigneu- 
ries, procédant de Tune à rantre» des- 
cendant aux Romains, aux Français, aux 
Bretons, d 

Il/aut se figurer ce que c'était que d'ap- 
prendre ainsi l'histoire, qui n'était point, 
comme de notre temps, condensée en 
précis lucides, en tableaux chronologiques, 
synoptiques, mnémoDiques, à l'usage des 
jeunes personnes. Il fallait la lire en latin 
et en grec dans Hérodote, Pansanias, Po- 
lybe, Tite-Live, et la découvrir dans les 
chroniques obscures et diffuses du moyen 
âge ; peu de personnes, peu de femmes 
surtout s'en doutaient ; on connaissait seu- 
lement les noms des grands hommes con- 
fondus avec les personnages fabuleux. Mal- 
gré ces difficultés, à douze ans Christine 
savait l'histoire à fond. 

a Puis, je me pris aux livres des poètes. 
Adonc fus-je aise quand j'eus trouvé le 
style à moi naturel, me délectant en leurs 
subtiles ouvertures et manières, cachées 
sous fictions morales, et au beau style de 
^leur prose déduite par belle et polie rhé- 
torique. » ( Vision de Christine de Pisan, ) 

L'étude du beau style, les douces con- 
versations avec les poètes, tels étaient les 
plus chers passe-temps de Christine; elle 
s'y reposait de la fatigue des fêtes conti- 
nuelles auxquelles il fallait qu'elle assistât, 
qu'elle aimait, an reste, avec tout l'entrat- 
nement de son âge et dont elle était l'orne- 
ment, car chez elle l'esprit n'était pas seul 
précoce, et je ne sais plus quel auteur dit 
qu'elle était ce femme de grâce et de 
beauté. » 

Thomas de Pisan, malgré toute sa mo- 
destie de savant, iie pouvait s'empêcher 
de concevoir pour sa fille l'espoir d'une al- 
liance brillante ; ce rêve se fût réalisé si 
Christine n'avait eu plus d'estime pour les 
vertus, le vrai mérite et le savoir, que pour 
la richesse et l'éclat du rang. Elle préféra 
à un grand seigneur « un jeune escolier 
gradué, de nobles parents de Picardie, 
de qui les vertus passaient la richesse. » 




Cel écolier dont elle vient de parier elle- 
même s'appelait Etienne du Castel; il 
n'avait pour tout bien que sa science et 
quelques émts, et ce fut pour Thomas de 
Pisan un grand crève-cœur de voir s'éva- 
nouir ainsi ses châteaux en E^>agne ; mais 
il était vieux et souffirant; il penchait vers 
la tombe, et se consola en songeant qu'E- 
tienne, dont il savait apprécier les qualités, 
serait après lui pour sa fille un protecteur 
digfte de le remplacer; il donna donc son 
consentement, et le mariage eut lieu le 
jour où Christine atteignait le terme de sa 
quatorzième année. 

Le roi Charles Y avait voulu en eette 
occasion donner â son astrologue une non* 
veUe marque d'estime, en faisant du sim- 
ple écolier Etienne du Castel son notaire 
et secrétaire privé. Ces fonctions, à la 
fois lucratives et des plus honorées, équi- 
valaient à une fortune. Elles contribuèrent 
à la résignation de Thomas de Pisan. Ras- 
suré sur le sort de sa fille chérie, il ne de- 
mandait plus à Dieu que la grâce de vivre 
assez pour voir quelques années de ce bon- 
heur naissant., il vécut assez pour le voir 
s'éteindre. 

Après la mort de Charles Y, qui arriva 
en 1 380, les ducs d'Anjou, de Berry et de 
Bourgogne, oncles du jeune roi, se dispu- 
tèrent la régence, ils écartèrent du champ 
de bataille où s'agitait leur ambition, tous 
les hommes qui avaient été jadis en posses- 
sion de la confiance ou de la faveur de 
Charles Y : Thomas de Pisan était un de 
ceux-là; il se vit dépouillé de sa charge en 
même temps qu'Etienne du Castel de la 
sienne, et cette famille n'eut plus pour 
subsister qu'un mince revenu mis en ques- 
tion par un procès. 

C'est ici que commence le rôle héroïque 
de Christine de Pisan. « Nourrie en délices 
et mignottements, elle parvint à sover 
son désolé ménaige, et à conduire la nef 
demeurée sans patron en mer on^^euse. » 
( Manuscrit de Christine de Pisan, ) 

Il est touchant de voir celte femme. 














— 135 ^ 





cette enfant de dix sept ans, faire prenTe 
d'ane énergie virile, tenir tête k elle senle 
anx hommes de chicane qni loi disputaient 
le pain de son vieux père et de son enfant, 
écraser leur habileté sons le poids de sa 
science profonde, qui embrassait depnis le 
droit romain jusqu'aux moindres cou- 
tumes, et pourvoir en roêoie temps à Teii»* 
tence de ceux qu'elle aimait, de ces pau- 
vres cbers naufragés demeurés avec elle, 
« sur une nef sans patron, en mer ora- 
geuse. » Le désespoir avait jeté son mari 
dans l'inertie la plus complète, elle seule 
luttait bravement. A la lueur d'une lampe 
fameuse, elle passait une partie des nuits 
I copier et enluminer des manuscrits; elle 
ne. craignait pas, l'élégante jeune fille ^ 
élevée au milieu du luxe de la cour, d'ac- 
cepter les travaux les plus humbles, elle 
en remerciait la Providence, et disait que 
a plus le travail est repoussant et pénible, 
plus il sanctifie le salaire, d 

C'est ainsi que Christine de Pisan com- 
prenait son devoir de fille, d'épouse et de 
mère. Dans un temps encore barbare, 
où la religion chrétienne se confondait gros- 
sièrement avec la foi dans l'astrologie, elle 
avait su en découvrir le vrai sens, et de- 
venir comme l'incarnation de ses trois 
vertus fondamentales : la foi, Pespérance 
et la charité. 

Voilà ce qu'était cette femme savante. Ce 
seul exemple devrait suffire pour détrôner 
ce préjugé contemporain : que la culture 
des lettres et des arts exclut nécessaire- 
ment chez les femmes la simplicité du 
cœur et le dévouement aux devoirs que 
leur impose leur place dans la famille. 

Aucun malheur, aucune épreuve n'al- 
térèrent la sérénité de Christine, jusqu'au 
moment où son père lui fut enlevé. Le 
vieillard avait été rapidement conduit par 
le chagrin jusqu'au bord de la tombe, mais 
fl y était descendu consolé, car la persua- 
sion coulait des lèvres de Christine, ses 
saintes actions étaient plus fortes que les 
plus forts raisonnements. Elle avait fait du 




vieil astrologue un simple chrétien, et ce 
chrétien retournait à Dieu plein d'espé- 
rance et de foi naïve. 

Christine pleura amèrement son vieux 
père. C'étaient là les chi^ins qui avaient 
prise sur son coeur ; ils y laissaient des 
traces profondes que le temps n'eŒaçait 
pas. 

n y avait sept uis déjà que Thomas de 
Pisan n'était plus, lorsqu'elle composa ces 
vers mélancotiques où respire toute la sen- 
sibilité de cette ftme aimante et fidèle aux 
pieux souvenirs : 

Com turtre suis, sans per, toute seulète, 

Et com brebi sani pastour, égarée, 

Car par la mort fu iadis séparée 

De mon dons per qu'à toute heure regrette (1). 

La mort d'Etienne du Castel suivit d'as- 
sex près celle de Thomas de Pisan. Bien 
que l'ancien notaire du roi Charles Y ap- 
paraisse comme un homme d'assez faible 
valeur à c6té de sa femme, il faut croire 
cependant que son travail était encore 
d'une certaine ressource, puisque Chris^ 
tine nous dit elle-même qu'elle se trouva 
dès lors a plus povre que jamais. » Mais 
ce fut là le moindre motif de son chagrin. 
Les regrets poétiques qu'elle a consacrés 
à son époux ne contiennentaocuneallnslon 
aux fâcheuses conséquences de sa mort; 
ils s'adressent à l'ami perdu, à celui qui 
avait su comprendre les suaves délicatesses 
de son coeur et ne jamais les froisser, à 
celui dont la tendresse avait résisté à ce 
qui la détruit très-souvent : la gêne du mé* 
nage, et ces misères quotidiennes qui sont 
quelquefois la cause de mutuels ressen- 
timents. 

Bien souvent, dans tout le cours de sa 
vie qui ne se termina qu'en 1^15, au 
milieu des grands travaux littéraires de~ 



(!) Je suis, sans mon père, comme une tour- 
terelle abandonnée, comme une brebis égarée 
loin du pasteur ; la mort m'a séparée de mon 
doux père, qu'à toute heure je regrette. 






^ 







— 154 — 




8W. noiqpt occvpatoiii., en vtit 
Ghrifltiiie rdrenir sur ce 8«|et d'éteraeHe 
douleur. 11 n'y a aucufte de ses œuvres 
dans laquelle en ne retrewre queiqocs vers 
«drctsés dttrectemeBt ou parallusioDà ces 
^aQd>EBa ehâeies, semblaUes à ces fleura 
qm ées uuhmb pieuses répandent sur ubb 
tombe bien-aimée. 

J*ai dit que la mort d'Etienne du Gastel 
Wflsa Ghnstine dans un état de gêne voisin 
delà misère. La vaillante femme ne perdit 
pastCMicagepour si peu. £ile conticma ses 
travaux avec cette liberté d'esprit tpÀ 
ne résite pas d'ordinaire aux durçs 
épreuves de la vie. De 1399 à ihQ5, c'est- 
à-dire dans l'espace de ciaq ou six ans, 
eUe composa, dit-elle, a quioie ouvrages 
priacipaux, sans compter les autres par- 
ticnKers petits dictiers, lesquels, tous 
ensemble, contiennent soixante-dix ca- 
hiers de grant volume, i» 

Ces part!€nli»TS petits dictiers, domt elle 
parle, étaient des œuvres de peu d'impor- 
tance. Ils consi talent en rondeaux, lais, 
virelais et sonnets d*un assez mauvais goût, 
conformément à la mode du temps, et or- 
dinal ement dédiésaux priaceset aux sei- 
gneurs de la cour. Le prix qu'elle en rece^ 
vftit constiiuait le plus clair de son revenu. 
Quant atix grands ouvrages , ce sont 
des écrits sur toutes les matières qui mé- 
ritent d*occoper un grand esprit. 

« Elle fat à la fois, dît l'auteur d'une 
eioel!(ente brochure publiée en 1838 , 
moraliste, historien, poète, publiciste, 
philosophe ; il- ne lur manqua vraiment 
que le rôle d*orat?ur que son sexe ne 
lui' permettait pas. » 

On peut juger de ce qu'elle valait comme 
poëte par les fragments et les témoignag<îS 
déjà cités dans le cours de cet article; 
conHue- historien et publiciste, elle se re- 
commande par son Histoire de Charles F, 
document recueilli parmi les renseigne- 
ments les ptus auAentiques; comme pbi«- 
losophe et moraliste, par l'amitié du cé- 
lèbre Gecson^ sucnommé le docteur évaa- 




géliqtK et trèft^hiélieii, eC par 1» ]m% 
<IB^«Ue soutint coalre les partiMun dn 
Boman de la Am, moniinmi de grossîeff 
maléfsaliMae. 

Les doctrines viciemes dn Bofmiv de la 
A)Mi avaient de nombreux adliéfenfe» à In 
cour ; à leor tête se bi^Aalalt Isabean do 
Bavière^ dont les débordements déshooo- 
raioit la mejeslé du trône. L'aatenr de ce 
livre, Jean de JMknng, faisait consister In 
souverain bien dans la jou'ssance^ le plai- 
sir et la satisfaction brutale de tous les 
appéût&i La croisade entreprise pnr Chris- 
tine de Pisan contre cette école- dange- 
reuse qni s-'étendait dana la société comme 
une tache. d'huile, lui valut Thonnear de 
la persécnâion. On ne se contenu pas de 
la raillée, on i'atuqim dans le pur sanc- 
tuaire. de sa vie privée. Je ne sais jusqu'à 
qael point ses contemporains' se laiesèrent 
prendre à la calomnie, mais elle est restée, 
malgré lesi^efforis de ses ennt^mis» le typ» 
de l'angélique vertu. 

IL y a.,, à ce peopns, une remampte* 
asseï cunouse* à. faire, c'est que ce fat 
précisément à laabeaa de Bavière que 
Ghnsline* s'adressa pour demander appui 
dans sa qnerelle. Dans un.rondeaa.où eUe 
l'appelle: «. Mon» chier seigneur ,» elle hii 
diti: 

Mon chier sei^near, loyez de ma paiti«( 

ÀMiklIi m'ont à grand' goorre dei cJoio (1) 

Les «iUét du Romao de la.Boïc, 

Pour leur assaut ne ierai ralentie 

De mon propos (2), car c'est commune chose 

Que l'on cuert (3) sus à qui droit défendre ose. 

Les ennemis de Christine avaient eu 
l'imprudence de tourner en ridicule les 
femmes qui s'occupent des affaires de 
l'état ; c'en fut assez pour que la reine se 
mit du parti de Christine. 

C'était pour la vertueuse Christine de 
Piian une assez éirange protection. Il n'y 
avait guère de points de contact entre ces* 

(1) Deseloze, déeîaré9. 

(9) Prorpos dmmk^, enirêprii^* 

(S) Goert, osturf.. 









Ji>'ff<^^ 





-* I«S — 




deux natures ; cependant on n'en Yoit pas ] 
moins Christine admise dans le oonicU 
privé de la reioe; mais là encore elle sait 
demeurer dans son rôle et dans sa dignité. 
Elle est au milieu des passions violentes 
gui agitent la cour, comme un ange de 
paix, et l'influence de ses avis n*est pas 
étrangère aux courts assoupissements de la 
guerre civile. 

Son cceur était navré des maux aux- 
quels la querelle des Armagnacs et des 
Bourguignons livrait la France^ et je vau- 
drais que les limites de cet article me per- 
missent de citer la complainte touchante 
qu'elle écrivit en lAlO, à propos des pre- 
mières atteintes portées au traité de Bicê- 
tre, et qui annonçaient une prochaine 
conflagration. Ce morceau, écrit en prose, 
respire, comme VOde à Jeanne d!Arc^ le 
plus ardent patriotisme. 

Pour £e reposer de ers émotions, Chris- 
tine coatposa le livre inlilulé les Proverbes 
moraux^ le Traité de prudence à l'en- 
seignemeni de bien vivre. C'est un traité 
de sagesse et de vertu dans leqnel elle n'a 
oublié qu'une chose, c'est de se proposer 
elle-même pour modèle; il a maiheuren* 
sèment le défaut d'être farci d*Jine exubé- 
rante érndiiion. Les anciens y occupent 
trop de place. On peut faire la même ob- 
servation à propos du recueil des «•useils 
qu'elle adresse «à son fils. 

« Fils^ lui dit-elle, je n'ay mie grant 
trésor pour t'enrichir. » 

Mais à Ja place de la richesse qni loi 
manque, elle cherche à lui donner l'amour 
de la vertu, de la fimplicilé, et le goût 
du travail, du travail, ^n sort à elle, et 
sa gloire. 

Ce fils, connu sous In nom de Jean 
Castel, profita des sages avis de sa mère; 
ce lut un homme savant et vertueux. Far- 
venu par son seul mérite au rang de chro- 
niqueur du roi, il se retira sor la fin de 
ses jouFS dans un oouvent ile Mnédictins 
où il mourut. 

Ce lut aussi dans une retraite religieuse, 




en l'abbaye de Poissy, que Christine da 
Pisan alla terminer sa vie. Elle y passa ses- 
denières années, occupée à revoir ses pré- 
cieux manuscrits, parmi lesquels il faut 
citer : Les Trois Vertus^ la Cité des Dames et 
les Cent Histoires de Troie^ ouvrage destiné 
jadis au jeune duc d'OiIéans, dans lequel 
Othéa, déesse de la raison, lui donne dea 
préceptes de sagesse, appuyés d'exemplea 
empruntés à la fable ou à Fhistoire. Le 
manuscrit était accompagné d'une dédi- 
cace où Christine se compare modestement 
aune humble clochetle qui sonne quelque- 
fois pour tenir les sages en éveil et leur 
conseiller le labeur. 

On ne peut se dispenser de citer en- 
core : Ix Chemin de longue estude^ où la 
dame Chrestdenne du Castel examine qui 
mérite le mieux de gonvtrner le monde : 
ou la noblesse, on la valeur, ou la ri- 
chesse, ou la sagesse.... • On devine que 
c'est la sagesse. 

Christine mourut saintement en l'ab- 
baye de Poissy, l'an l(il5. Elle avait vécu 
cinquante^eux ans, et traversé les temps 
lespJus agités de notre histoire, sans «ea- 
ser on instant de chérir Ja France. 

« Ah ! France I France 1 très-do«oe 
Firance! » dit-elle dans oelte complainte 
dont j'ai parlé pins luiut : « Jadis glorieux 
royaume, hélas I que pois-je dire depbis!' 
des pleurs amers, des iarmes «lariasa- 
Mes coulent sur mon papier comme de» 
ruisseaux. » 

11 n'eût tenu qu'à elle de céder aux in- 
stances du roi d'Angleterre et de Galéaa 
Visconii, duc de Milan, qui clieFohèrent.k 
l'attirer à leur cour; mais kft souvenirs 
de ce bonheur éphémère qu'elle avait goûté 
sous le ciel de ta douce France^ et soft 
culte pobr la cendre des étresqu'elle avait 
tant aimés, étaient des liens tr4)p puissanta- 
pour que l'espoir d'nne existence bitillaole 
pût .la 4étermiAtf à les rompre. Elle vécut 
et raonnit irançaise, et c'est une gkm 
pour notre j^ys 4]ue 4'avoir été sa patrie 
d'adoption. Jules ihb QuTitLON. 





««/•T 



r^ 



^^^ 










— 1S6 — 



BIBLIOGRAPHIE. 





Le Guide du Domestique, à l'usage du 
simple domestique, du valet de chambre, 
de la femme de chambre et de la cuibi- 
Dière, contenant des conseils de con- 
duite et des instructions claires et pré- 
cises sur fout le détail du service dans 
les petits ménagi's, dans les maisons 
bourgeoises et dans les grandes maisons. 
La manière descrvir à table et de mettre 
le couvert pour les déjeuners et dîners 
de famille, d^invitation et de cérémonie, 
et des recettes et renseignements pour 
le nettoyage de l'argenterie, des cris- 
taux, des meubles et des habits, etc. ; 
avec neuf planches gravées indiquant 
l'arrangement des différents services de 
la table pour le déjeuner et le dlaer. 
Chez Martinon, éditeur, rue du Coq 
Saint-Honoré. Prix : 2 fr. 50 c. 

Le litre seul de ce livre donne une idée 
de son utilité; comme je ne peux m'a- 
dresser à la classe qu'il intéresse, soyez 
mes intermédiaires, mesdemoiselles; lisez- 
le d'abord pour votre compte, car les 
femmes ne doivent rien ignorer de ce qui 
regarde le ménage; vous y apprendrez à 
commander à vos domestiques, et un jour 
vous sauriez les aider et même vous passer 
d'eux, si besoin était, en voyage, dans une 
partie de campagne; puis, quand vous l'au- 
rez lu, vous le laisserez tout ouvert sur 
la table de l'antichambre. 

J'ai remarqué dans ce livre des conseils 
que je vais placer sous vos yeux, dans l'es- 
poir qu'ils pourront être utiles. 

« Lorsque vous avez lavé une brosse avec 
de l'eau chaude et du savon, et qu'elle est 
bien rincée, vous la posez en travers sur 
deux petits morceaux de bois, les crins en 
dessous ; autrement, le fil d'arcbal qui re- 
tient les crins se rouillerait, casserait bien- 
tôt, et le dos de la brosse se fendrait » 




c< Quand vous avez lavé des carafes , 
placez-les sur un égouttoir; si vous n'avez 
pas d'égouttoir, entrez-les dans une cru- 
che, afin qu'elles s'égouttent bien ; si vous 
y laissiez de l'humidité, avant de les serrer 
dans une armoire, elles prendraient un 
goût de moisi que vous auriez de la peine 
à leur faire perdre, et se terniraient au 
lieu de rester claires et brillantes. » 

(c Quelquefois, les bouchons de cristal 
entrent si fortement dans les goulots des 
carafons et si collent s'y bien qu'on ne 
peut les en retirer sans casser les goulots. 
Si le carafon est plein de liqueur, versez 
quelques gouttes d*huiie d'olive autour du 
bouchon; si le carafon est vide, trempez 
bouchon et goulot dans de l'eau tiède; une 
demi-heure après, poussez le bouchon avec 
le pouce, un peu d'un côté, un peu de 
Tanlre, et il sortira. » 

(( Pour nettoyer les cadres dorés, frot- 
tez-les avec de la ouate de coton écm, on 
avec une peau douce, roulée sur elle-même, 
comme une brosse. » 

a Pour préservez les cadres dorés, des 
piqûres de mouches, quand vient la sai- 
son, faites bouillir quatre on cinq poi- 
reaux dans un litre d'eau, laissez la refroi- 
dir, trempez-y un pinceau et passez-le sur 
les parties de ces cadres qui ne sont pas 
dorées : de^^sus, dessous, de côté; cela ne 
gâtera en rien la dorure, et les mouches 
n'en approcheront jamais. » 

Sur le soin et l'entretien des habits, j'ai 
remarqué de très-bons conseils. 

(( On doit battre et brosser les pantalons 
ï l'envers d'abord, puisa l'endroit. Pour 
ceux à sous- pieds, principalement, il faut 
tremper une éponge dans de l'eau propre, 
mouiller légèrement la place des genoux 
et laisser sécher ; cela bit revenir le drap, 
et la place des genoux disparaît.» J'ajou- 
terai que, pour les habits, il &ut battre 










— 157 — 



les derants à l'enTers, a6n de ménagrr les 
boutons. D 

Qaant au costume des femmes de 
chambre et des cuisinières, je désirerais 
qu'elles voulussent toutes suivre ces sages 
avis : 

« Ne frisez point vos cheveux, cela ne 
convient ni à la nature de vos occupations, 
car vous ne pouvez décemment paraître 
avec des papillotes devant vos maîtres, et 
si vous vous frisiez dès le matin, vos che- 
veux pendraient et seraient en désordre la 
plus grande partie de la journée ; or, une 
fois votre toilette faite, vous ne devez plus 
y revenir. Que vos cheveux soient bien 
peignés et lisses ; relevez-les sans préten- 
tion, et n'entrez jamais dans l'appartement 
la tête nue; peu de maîtresses le permet- 
tent, et quand bien mêœe la vôtre le per- 
mettrait, ayez le bon sens de ne pas le 
faire. Que votre bonnet soit léger, si un 
bonnet trop chaud vous incommode; mais 
portez-en un ; c'est une habitude que vous 
aurez bientôt prise. Dans votre condition, 
une mise modeste vous attirera le respect 




de vos égaux et Festime de vos supé- 
rieurs. )» 

» Quand vous êtes dans l'appartement 
et quand vous sortez avec votre maltresse 
ou avec les demoiselles de la maison, met- 
tez toujours un tablier blanc. Cependant, 
si pour sortir avec ces dames vous devez 
porter tin chapeau, Ôtez votre tablier, que 
votre chapeau soit en paille jaune. Télé; en 
paille ou en taffetas noir, Thiver, mais 
bien simple, et n'ayant pour tout orne- 
ment qu'un ruban croisé. » 

Tous voyez, mesdemoiselles, dans quel 
bon esprit est écrit ce livre ; aussi je re- 
grette que l'auteur ne se soit pas nommé, 
je lui aurais fait compliment sur son style 
si clair, si précis, et sur les utiles et mo- 
raux enseignements qu'il donne à cette 
classe sans laquelle nous ne pouvons vivre» 
qui ne peut vivre sans nous, et dont la 
bonne conduite et les bons services nous 
rendraient la vie plus facile , en même 
temps qu'ils leur feraient un avenir plus 
heureux. 

J. J. FOUQUEÂU DE PrSST. 



LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE. 



THE MAGNETIC TELE6RAPH. 

AloDg tbe f mooth and sleoder wires 

The ileepleii heralds ruD, 
Fasl as the clear and living rajs 

Go streaming from tbe sun. 
No peals or flasbes, heard or seen, 

Tbeir wondroos fligbt betray ; 
And yet tbeir words are strongly felt 

lo cities far away. 



Nor summer's beat, nor winter's hall, 

Can cbeck tbeir rapid course; 
Tbey meet uomoved the flercewind's rage, 

Tbe rough wave* s sweeping force : 
In tbe loDg nigbt of rain and wratb. 

As in tbe blaze of day, 
Tbey rush ; with news of weal or wo, 

To thousands far away. 




LE TÉLÉGRAPHE ÉLECTRIQUE. 

D'élranges meiiagen, aani repos, sans sommeil. 
Sur les fils de métal glissent aussi rapides 
Que les frui jaillissant de ces rayons limpides 
Qu'en torrents lumineui déverse le soleil. 
Rien de leur vol secret ne trahit les mystères; 
Pas de soudains éclairs, de tonnerre éclatant ; 
Tout est calme à l'eotour; leurs paroles, pour« 

[Unty 
Vont émouvoir au loin des cités tout entières. 

Ni les hivers glacés, ni les élés brûlants, 
Ne peuvent ralentir leur course infatigable; 
Ils traversent Forage et la mer indomptable. 
Étonnés, cette fois, de se voir impuissants. 
Pendant les longues nuits de pluie et de tour- 

[mente, 
Pendant les jours brillants, sous la splendeur 

[des deux. 
Ils volent, apportant, coursiers insoucieux, 
Parmi la foule, au loin, la joie ou l'épouvante. 








— »a— 




B«i fMUr tUll Ikaik Udlogt hoiM 

On that electric cord, 
Rise the pure ihougbts of him vrho lovet 

The Christiao'fl life and lord; 
Of hior who, taoght, in imilei and tean, 

Wilh ferrent lipt io praj, 
Maintiiini higb oonTerae hère od ecrth 

With brigbi world» far aiiraf . 




Ayl AoQgh noravtwtrd wish irbreatheé, 

Nor Mtwaré aotiref giveo, 
The sigbing ot thtti kanUe heart 

U known and £aU m beayen; 
ThoieloDg frall wires maj bend and break» 

Those View leas beraido ttray. 
But failb's last word sball reacb the throne 

Of 6od, ihovgb ter away. 

Bj the rev. Jamis Gilbbrne Ltons» LL. D. 



M iif» tk rapîdoi aolant l'éUn et la TifliMW 
Que le fil électrique à la pensée imprime» 
Kncore plus rapide est, dans son vol sublime, 
L'esprit du nai chrétien montant Ters le Sei- 

[gncur; 
Do, ebféifen dont la bouebe, instruite àès \\ 

Bn dMileur eoiMM e» joie, è prier ardemment» 
S'anltetieMft» par dalÉ U dernier Imamal» 
i.Tec les pan esprila, dans un espace immcnae. 

E'oreille n'entend pas quand H fbrme des tcbox; 
L'ovetHe n'enl«nd pas la réponse dlrine; 
HavdaoallittmiKiéqiind le chrétien aTiofliBe^ 
Son àaae qui soupire est «nteBdiieaiii eéen. 
Que la fil conducteur brise & inceitaintr emDl% 
La ?oix mystérieuse est perdue en chemin. 
Le juste meurt: aux pieds de son mettre dirin» 
L'a déjà précédé sa prière expirante. 

Sbtbrin. 



HILTON ET SES FILLES. 




Milton avait époasé uae jeune femme 
appartenant à une bsuUe attachée à la 
cause royale. Cette union pouvait être heu- 
reuse, maii lorsque éclata la réfolution, la 
fureur avec laquelle Milton attaqua la 
royauté, ses Knoas vnc le? plus farou*- 
ches ennemis de Tinfortuné Charles^ P'', 
elTrayèrent la jeune épouse, qui se retira 
dans sa famille. Lorsque enfin les attaques 
du parlement et des ennemis de la royauté 
«went décidé la chute du trône et la cap- 
tivité de Charles I*', une entrevue mé- 
nagée par quelques amis^ ranima toute 
la tendresse du farouche tribun; il reçut 
la fugitive avec empreasement, accueillit 
de même toute k famille d6 sa femme, 
menacée par les proscriptions , et loi pro- 
digua les soins les plus généreux. 

On sait comment se termina cette révo- 
lution faite au nom de la liberté : elle abou- 
tit au. meurtre et à la dictature. L*ambi- 
tieux Gromwell se faisant un marchepied 



de Téchafaud de son roi, s*empara du pou- 
; veir, sMaletitiede Protecteur. Milton, ce 
fanatique de la liberté, se laissa flétrir par 
les honneurs de Cromwell, cet ia^ilacable 
ennemi de toute liberté, comme le sont 
les dictateurs. 

Le long parlement poursuivait avec fu- 
reur les débris des défenseurs de la cause 
du roi, et h mort était le prix de la fidélité 
aux serments. Un jour, un prisoniiier fut 
amené devait Milton aiocs poissant ; c'é- 
tait un officier de l'armée royale qui ve- 
nait de tomber entre les mains de ses im- 
placables ennemis. 

« Qui esttt? lui demanda aévèrement 
Milton, sans même le regarder. — Un of- 
ficier du roi, qui a fait son devoir jusqu'au 
dernier moment. — > Oui, un vassal au 
double cœur: un esclave et un traître. 
— Tu n'as pas le droit de m*appeler traî- 
tre, toi qui trahis la liberté pour servir un 
assassin. — Tu es donc bien pressé d^aller 














— 159 — 

t^iûdre Abarlesi*'? — €'eit OMii.pbis 
grand désir. — Ton nooiT — SavenaAt. 
— Ciel I yt 'Et Je terriUe Miiton, (quittant 
son siège, Rapproche da prisonaier,.le.re- 
.garde: a Qui, je tous reoonaaifi, dit-il; 
pois se tonrnant vers la troupe, il «'écrie 
avec autorité : Qu'on se. retire.! qu'oame 
laisse seul avec cet honuie ; je veux l'in- 
terroger. ï> 

Aussitôt qu'ils furent seuls, k poète 
l'emporta sur le proconsul, el s'approchant 
du captif, il lui prit les mains, et d'une 
voix attendrie lui dit : « Quoil c'e&tveus, 
I)a¥enaat, vous dont la .musevpure etjgra- 
cîeuse m'apporta tant et de sidouxioisirs! 

— Ehl mon Dieu, eui, c'est moi, moi qui 
bientôt ne cban'erai phis, et qui dis pour 
toujours adieu à celte muse dont vons par- 
iiez tout à l'heure. — Obi eette muse 
TOUS protégera t — Laissons U, je vous 
^rie, ce fuiile entretien; j'ai fait mon de- 
voir, faites le vôtre... je suis résigné. — 
.Oui, mais si nous avons été ennemis sur le 
.sentier politique, il en est un autre plus 
doux et plus facile sur lequel nous avons 
toujours été amis ; je ne veux vous recon- 
naître que sur celui-là, il n'y a plus ici de 
tribune, il y a deux poètes qui s'aimeni. 

— Quoil mes faibles poésies l... — Les 
beaux vers doivent être une égide, et la 
liberté ne peut exiger qu'on lui sacrifie un 
enfant d'Apollon l Je puis vous sau\er, et 
si je ne remplis pas mon devoir de répu- 
blicain, je remplis mon devoir de poêle. 
Un homme sûr va vous oûBduire hors de 
cette terrible enceinte; alle^, fi^ez* etre- 
j)renant vos doux travaux,, payez là la pos- 
térité le service que je vous, rends en son 
nom.)» 

Tout réussit au gré de kurs souhaits, 
et lord DaTenant, échappé des mains de 
ses persécuteurs, pot aller r^olndre en 
Hollande le fils de son malheureux. roi, £t 
partager ses dangers et sa misère. 

Jlemarqné par Gromwell à cause 4e ses 
talents et de l'ardeur de sea opinions,. Mil- 
ion fut nommé secrétaire-^interprète pour 




ia laagiie laime près 4e «oaaeï Him. 
Celte charge était imptrioMeiCV, ^nt «se 
politique altière qu'il applinfuMtè'tool, èe 
iProircteur voulait faire sue lalongw latine 
le «eul mode de comonrication avec lea 
ipunsances étran^hvsi ilalgné les jun» 
bneux travaux de bmi empki, Malgré le 
temps que lui ]veiiait âa compnkiimé» 
'.oui ragea qu'il .publia à celte' époque et qui 
«ont des taches daas sa «vie, Hilton imh^ 
vait encore le temps de s'occuperde Tédn- 
.ration de ^es filles, qui, jyaAt perdu 
mère, ne trouvaient pas, dît -on, 
TcUe' qui l'avait rtmpboée Conte la êtÊt- 
dnesse qu'elles :anraîentipa>en attendre. 

iLa vue de Miltmiawit iMJeurs éléluMe» 
leUe diminuait de jour en joor et mena- 
çait de s'éteindre pour jamais. Dans k- 
ppévision de oe malheur, le poète, qoilû- 
.aait son bonheur et aon senl délassement 
de la leeCure des auteurs de l'antiquité, i fit 
apprendre & ses ûlies à lire le grec ebllré- 
breu; elles y parvinrent, stns cependant 
comprendre ce qu'elles lisaient 

Vous* conviendrez avec nroi, meademoi- 
ecUes» qu'il y avait «n pen drégoTsmeidans 
.Ae ^enre d'instrwftlîoD, et que tiredu.gnec 
et de i'bébreu sans savoir ce qn'on lit, de- 
vait être un passe^tempsipenrécréalifipovr 
des jeunes personnes. Cependant «!les««n 
«valent tdUement TJiabltiide, qu!on .rap- 
porte que sa fille atnée Emma, longtemps 
^aprèsla mort de son père, Tédiait dos vers 
.d'ttonrère qn'eUe avait netenus par «œnr^ 
ntdont eile ignorait enrore le sens. 

Aumllieo de l'agitation et. di s éésîllu-- 
wnside sa vie, Mîitoninelronvait deife- 
poset de calme qu'au :sein< de «a familie. 
U, du moins, ia^endrêsœ de ses -filles 
adoucissait Lamertnnie de «aaituallon. Il 
féHiit pnissact encore, mais il urélàii .pas 
iMureux. Morose et sonOrant, eprèsiaioir 
épanché dans d'atroces pampUets sa bMe 
répiibiicaine,>il iwoait calmer .«on âme «r-* 
.dentcjdans les oomrersaiions vives «t en- 
jouées de ses jeunes filles qui ne oher- 
cbaient qu'à lui phice et A le consoler. Il 




/r-% 








— 140 — 




aimait la muàqae, et quelquefois les ac- 
cords de son téorbe se mariaient aux voix 
mélodieuses de ses filles. 

« Pourquoi donc, mon père, lui disait 
souvent sa douce Emma, ce front triste et 
rêveur? Que pouvez-vons désirer! favori 
du Protecteur, chargé d'un emploi hono- 
rable, célèbre par vos écrits, entouré de 
Taffection de vos enfiints, comment se foit-il 
que vous ne soyez pas heureux? — Âh ! 
c'est que j'ai tout sacrifié à l'amour de la 
liberté, et jusqu'à ce rêve de gloire qui 
depuis si longtemps berce mon imagina- 
tion! Favori du Protecteur, dites-vous? 
oui, il se sert de moi comme d'un instru- 
ment utile à son ambition. Célèbre par mes 
écrits I quelques vers dont l'existence n'est 
pas même soupçonnée par celui qui m'em- 
ploie 1 Ah I ce n'est pas là ce qui enflamme 
mon imagination, ce n'est pas à ces faibles 
succès que se borne mon ambition de 
poète ; non, j'ai là quelque chose qui me 
dit que ce nom obscur de Milton est appelé 
à une autre célébrité. Mais ce que je 
cherche, ce que je médite, ce n'est pas 
l'œuvre d'un jour ; le sujet qui fermente 
là et que je mûris pendant les courts repos 
de mes journées, pendant les longues in- 
somnies de mes nuits, ce sujet n'embras- 
sera pas seulement l'intérêt d'une faoûile 
ou d'un peuple, mais de l'humanité tout 
entière I 

» Cependant, ce Dieu dont je veux chan- 
ter la grandeur et la puissance, ce Dieu 
qui doit donner à mon génie le sublime 
élan dont ila besoin, vient, hélas ! me frap- 
per cruellement et m'ôter peut-être jus- 
qu'à l'espoir de réaliser ce rêve de ma vie. 

— Mon père,' en VHus privant d'admi- 
rer ses merveilles. Dieu n'a pas voulu 
vous ôter les moyens de les célébrer, car 
il a placé près de vous des filles qui seront 
fières et heureuses de vous être utiles dans 
de si nobles travaux. Oui, mon père, si- 
lencieuses et attentives à vos côtés, nous 
recueillerons religieusement les mots qui 
s'échapperont de vos lèvres. Ah I ne crai- 





gnez pas qu'un emploi si doux nous fati- 
gue; non, soit le jour, soit la nuit, quand 
dans votre génie inspiré viendront à éclore 
vos sublimes pensées, nous serons là, et 
rivalisant de zèle, cdies qui ne feront qu'é- 
couta seront jalouses de celle qui tiendra 
la plume, car la mémoire des filles de Mil- 
ton passera à la postérité avec les vers 
qu'elles auront écrits. 

— Merci, enfants, merci ; mais le temps 
n'est pas encore venu, et d'ailleurs qui 
sait ce que l'avenir nous réserve? » 

Milton avait raison de se défier de l'a- 
venir : le bonheur des méchant» comme 
un torrent s'écoule^ a dit un de nos grands 
poètes. L'usurpation de Cromwdl ne pou- 
vait durer. Cet ambitieux qui n'avait re- 
culé devant aucun crime pour s'emparer 
du pouvoir, devait tôt ou tard être puni 
par la justice divine. Les plus noirs cha- 
grins déchiraient son cœur. Ses filles, ses 
gendres détestaient sa tyrannie. Les ter- 
reurs attachées à son crime le poursuivaient 
partout; couvert d'une cuirasse, chargé 
d'armes offensives, environné d'une garde 
nombreuse, ne couchant pas trois nuits de 
suite dans la mêtne chambre , il craignait 
sans cesse d'être assassiné. De si vives agi- 
tations lui causèrent une fièvre dont il 
mourut le 3 septembre 1058. Richard, 
son fils, vaine ombre de Cromwell, promp- 
tement convaincu de son incapacité, ab- 
diqua, et Chafles II, rappelé par la nation 
fatiguée de révolution et de tyrannie, re- 
monta sur le trône de ses pères. 

La courte durée de la révolution, en 
rapprochant toutes les scènes de ce drame 
terrible, et en ne laissant vieillir aucune 
injure, donnait plus de vivacité à toutes 
les haines et à tous les désirs de punition 
et de vengeance. Les insultes si odieuses 
que Milton avait proférées contre la 
royauté; son enthousiasme pour une li- 
berté devenue sanguinaire, ses engage- 
ments dans le parti de Cromwell, son apo- 
logie du régicide, appelaient sur lai les re- 
gards du nouveau parlement. Pour éviter 











— 141 — 




les persécntioBS qu'il redoutait, il s'était 
retiré cliez un vieil ami, où il espérait 

trouver un sûr abri et le repos Ce 

fut vainement; il avait blessé trop de 
cœui*s, il avait fait couler trop de larmes 
pour être oublié dans la prosciiption. 

Cbarles II était un prince doux et géné- 
reux ; mais, trop occupé de ses plaisirs, il 
s'inquiétait peu de ce qu'on faisait en son 
nom ; il avait prodamé une amnistie, dans 
laquelle il avait laissé introduire un grand 
nomlM« d'exceptions qui permettaient à la 
haine d'exercer ses vengeances. Surpris 
dans son humble réduit, Milton fut arrêté 
par ordre du parie ment. Ni les larmes ni 
les prières de ses filles ne purent attendrir 
les soldats chargés de le conduire en pri- 
son. Enfin, à force de suppliques, elles 
obtinrent la grâce de servir de guide à leur 
père aveugle, et de rester près de loi cha- 
cune à son tour. 

Tandis que Milton, voyant toutes ses il- 
lusions détruites, réfléchissait à Tincon- 
stance des choses humaines, et se résignait 
à son sort, une seule pensée préoccupait 
l'esprit de ses filles : sauver leur père, 
l'arracher au trépas qui le menaçait, c'é- 
tait presque impossible; mais y a-t-il quel- 
que chose d'impossible I l'amour filial? 
Argent, promesses, tout avait échoué au- 
près de ses gardiens; le temps s'écoulait, 
et les pauvres filles commençaient à déses- 
pérer, lorsqu'une pensée soudaine vint ra- 
nhner Emma. Elle avait entendu souvent, 
dans d'autres temps, reprocher à son père 
l'évasion de lord Davenant Davenant, 
l'un des plus zélés partisans de Charles I", 
lui qui a partagé l'exil et les dangers du 
fils de son roi ; il doit être revenu avec 
lui, se dit-elle, il doit être en faveur à la 
cour. Elle part, elle s'informe ; c'est dans 
le palais du roi qu'il faut pénétrer, elle y 
pénétrera, elle, la fille de Milton, du fa- 
vori de Gromwell !. .. car c'est la grâce de 
son père qu'elle va chercher. 

Après bien des essais, bien des démar- 
ches, le succès couronne sa persévérance, 





elle est devant Davenant « Milord, lui dit- 
elle en se jetant à ses pieds, je suis la fille 
de Milton; il est accusé, il est captif, je 
viens savoir si Votre Grâce se souvient en- 
core comment on sauve un prisonnier. — 
Le cœur d'un vrai gentilhomme n'a pas 
besoin qu'on lui rappelle un service, car 
il ne l'oublie jamais. Relevez-vous, miss, 
et comptez sur moi. Cependant ce sera 
difficile... — Gromwell était- il moins se* 
vère que Charles II? — Je sais le danger 
auquel s'exposait votre père, et je sais que 
je lui dois la vie. Connaît-il votre démar- 
che ? — Il ne l'aurait pas permise. — Re- 
tournez près de lui et attendez avec con- 
fiance... j'espère lui rendre plus qu'il ne 
m'adonne. » 

Soulagée par cette douce promesse , 
Emma courut reprendre sa pénible et no- 
ble surveillance; elle comptait les heures et 
les instants auprès de son père, qui, muet 
et pensif, attendait son sort avec une fer- 
meté stoïque. La voix de ses enfants l'ar- 
rachait seule à ses som))res méditations, 

« Ne me laissera-t-on donc pas, s'écriait-il 
parfois, le temps d'accomplir mon œuvre ? 
et ce feu qui brûle là doit-il s'éteindre 
sans avoir rien produit? 

— Rassurez-vous, mon père, lui disait 
Emma, qui cependant dévorait ses larmes, 
car elle commençait à désespérer, on dit 
que le roi... — Je n'attends rien du roi 
que la vengeance et la mort; mais il me 
fait bien languir I » 

Un soir, Emma venait de dire la prière, 
et lisait un passage de la Bible, lorsque 
des pas se firent entendre ; la porte de la 
prison s'ouvrit, de nombreux soldats pré- 
cédés d'un chef pénétrèrent dans le cachot 
(c Ëh bien, s'écria Milton, faut-il mourir ? 
je suis prêt — Voici l'ordre du roi, dit le 
chef en présentant un parchemin* >i— Je 
ne puis le lire, et que m^apprendrait- 
il ? Ah I peut-être le nom de celui que 
Charles a chargé du soin de sa vengeance. 
— Le porteur du message est milord Da- 
venant, répondit le chef. ^ Davenant ! oui. 





^^s— 








11^ 



~ 142 — 




celui .qu'autrefois..^ mais les temps &<mt 

change ! Je duis prêta vobs suivm 

— L'ordre de Sa Majesté doit tods être 
lu. — J'écouro. N^ Mademoiselle, dit<Da- 
.venant à £111013, Yeuillez faire connaître 
la volonté de Sa Majesté. » 

Emma prit en tremblant le papier et hit 
4*une voix émue : «Charles II, roi d'Angle- 
teiTe... — Passez les tHres, interrompît 
-Milton. — Voulant, reprit Emma, égaler 
la récompense au bienfait, et joindre la 
•justice à la clémence, accordons à Datc- 
nant, pour pm de sa fidélité, la grâce de 

-Milton — Vous vous vengez en poète, 

mi'ord , dit l'aveugle. — J'acquite une 
det(e, répondit -Davt^nant, et je vous dis à 
m->n tour : Reprenez vos travaux et payw 
•à la postérité le service que je vous rends 
en son nom. -^ Oui, avec la liberté je re- 
trouverai mon génie; l'air de la captinté 
lui était mortel; je vais reprendre mon 
v6\ dans ce monde divin que je n'aurais 
pas dû quitter. » 

Libre et oublié, Milton se livra tout 
ent'cr à la composition de fou œuvre im-' 
mortelle. Retiré dans une modeste habi- 
tation, tourmenté de souffrances physiques 
et morales, subissant la perte de ses illu- 
sions, rhuniiliation delà disgrâce publique, 
la honte de voir ses écrifs politiques, dont 
il avait été si fier, brfllé^ par la nnin du 
bourreau, tout venait Taccabler; dans sa 
vîc étroite et pauvre il n'avait qu'une con- 
solation, l'amour de ses enfants; qu'un 
refcge contre ses tristesses, le travail. Sé- 
paré de la terre par la porte du jour et par 
la haine des bommes, 9 n'appartenait plus 
qn'A ce monde mystérieux dont il dé ri- 
vait les merveilles. II vivait en lui-même 
dans le vaste champ de sa pensée et de ses 
souvenh's. 

Chaque jour Milton se faisait lire par 
Emma un chapitre de la Bible hébraïque, 
et des vers d'Homère. Voici en quels 
termes un grand pcjëte qui, lui aussij a il- 
lustré son paysy M. de Chateaubriand nous 




représente sa fiUe faisant cette kctareà 
0on père : 

Ostelle qui souvent dans un docte entretien 
Relit le vieil Homère à l'Homère chrétien ; 
Et des teites sacrés interprète modeste, 
A son père elle rend la lumière céleste , 
En échange eu jour ^'eUe vécut de lui. 

Après ces leciitres, Mâlon trafraillaît 
à lion poème. Assises près de hii, ses 
filles recueillaient avec soin les vers iqui 
s'échappaieat de sa pensée ;€^ Dae4eoos 
scènes teuebantes r[aVi reproduite snr ia 
toile Tauteor du charmant tableau éfM, 
•nous vous donnons au jonrd'ltui k copie. 

An milieu de cette vie «isipk et eceu- 
pée, le Paradis perdu fat prompleaient 
terminé. Dtnxans «après, Mîtton tendit son 
manuscrit trente livres sterling, fiayables 
à des conditions qui indiquaient àa dé^ 
fi::nce de l'éditeur. La censure vint àsan 
tour en retarder la publkatitm. Enfin l'ou- 
vrage parut; et fe poème, i|iii devait lùre 
rorguetl de TAvgktetYe, n'obtint noenn 
soccès. Le nom de l'aiHeur lui était défa- 
vorable. Le sujet qu'il «tait choisi attirait 
peu l'attention. Les amis du trône et des 
lois repoussaient le défenseur fanatique du 
régicide. Les hommes frivoles et légers 
qui peuplaient la eour de Charles, les 
beautés célèbres amusées par les vers ga- 
lants ou satiriques des Rocbester et des 
Waller, et par les comt dits de Wicberley, 
ne, pouvaient éprouver que du dédatn et 
de l'ennui pour un sn^t si grave et si 
triste. L'indifférence religieuse qui avait 
succédé aux fureurs des puritains, l'élo- 
quente frivolité qui était alors une mode , 
jetaient une sorte de dérision sur des chants 
religleupc. Aussi le génie de Milton resui- 
t-il inconnu et son poëme sans lecteur. Ce 
ne fut que plusieurs années après sanaort, 
arrivée en iô^Zi, qu'Addisson prouva mé- 
thodiquement que Milton était un géoie 
auquel il n'avait manqué que le climat et 
lalangne d'Homère, ajoutant |que si on 
refusait à cet ouvrage le nom de poème 









SALON 0E.185I 



M3LTDN 

Liiil If l'.ii-.iJis pml» ,i 






i 








^ 



—, 145 — 



épique, il faudrait rappeler un po€ine 
divin. 

Dès lors on passa de l'indifférence à 
l'enthousiasme; l'Angleterre, si orgueil- 
leuse de tout ce qu'elle produit, se vante 
de son Milton comme dis soi^ SJ^akçpc^e, 




cet enthousiasme ne fit que s'accroître, 
et les filles de Milton, qui l'avaient aidé de 
leurs faibles moyens dans ses longs et as- 
sidus travaux, passèient à la postérité avec 
le nom à jamais immortel de leur père. 

A. JADm. 



QUAND Oi\ Nk PAS CE QUE L ON AIME 
n faal iMm^^r ce que Ton a. 

CHANSON. 

Paroles de F. de CQVïiCY^ musique de L. Clâpisson (1). 




C'en ici-ba» la loi.cQmmqqe 

De Q'aToir pas tout ce qu'on veut.-. 

Au jour le jour vit la fortune 

Et le hasard fait ce qu'il peut 

Point de regrets, point de blasphèmes... 

Retenei bien cet aviv-là : 

Quand on n'a pat oe que l'on aine. 

Il iai|t aimer ce que l'on a» 

La vie au printemps se colore ; 
Partout des plaisirs enchanteurs I 
Moi, la campagne, je l'adore. 
J'aime les prés, les bois, let fleurs I 
L'hiver revient... autre syi^l^^; 
Je me résigne À l'Opéra... 
Quand on n'a pas ce que l'on aime 
Il faut aimer ce que l'on a. 

Ahl plaignes un millionnaire 
Qui ne peut pas vivre à son. goût*.* 
Moi* j'aimerais un ordinaire 
Simple et réglé, frugal, surtout 1 
Mais on me sert, toujours, quand même, 
Truffes, Champagne et Malaga !.. 
Quand on n'a pas ce que l'on aime, 
11 ùut aimer ee que l'on a. 

]>ans ses moments de r^verie^ 
Au bivouac, en pays conquis. 
Le soldat songe à la patrie, 
A ses parents, à ses amis , 
Tout son bonheur est un problèma... 
Mais il se dit : La gloire est là 1 
Quand on n'a pas ce que l'on aime, 
11 faut aimer ce que l'on a. 




Je connais une demoiselle 
Qui vous déclarait sans façon 
Ne vouloir qu'un mari modèle. 
Un Adonis, un Apollon! 
Mais pour répondre à cet emblème 
Qui croyes-YOus qu'on lui donna... 
Quand on n'a pas ce que l'on aime» 
U faut aimer ce que l'on a. 

L'objet aimé soudain vous quitte 
Et doit-il jamais revenir? 
A l'amitié qu'on déshérita 
Du moins il reste ua souj^enir... 
C'esl un portrait, gage suprême, 
Que sur SQU cœur on gardera... 
Quand on n'a pas ce que l'on aimOi 
Il faut aimer ce que l'on a. 

Loin d'aceuser le sort contraire, 
Le mieux ^ de voir tout en beau... 
Si nous n'avons qu'une chaumière, 
Qu'elle soit pour nous un chàteai^ I 
Enfin, en politique^ même, 
C'est mon journal qui dit cela : 
Qaapd on n'a pas ce que l'on almOt 
11 faut aimer ce que l'oi) a. 

Cette chanson que j'ai chantée 
Vous aimeriez mieux ici, 
Qu'elle TOUS fût interprétée , 
Par Lablache, ou par Alboni; 
Pour YOtts akuTi quel dkavne extcémel 
Mais par malheur, moi, je suis là..... 
Quand on n'a pas ce que Ton aime, 
Il faut aimer ce que l'on a. 



(1) Chex I. MeissoDuicr fils, 18, rue Dauphine* 





^^^%(2C; 






S)îÉ> 





— 144 — 



REVUE DES THÉÂTRES. 




Bataille de Dames, comédie en trois actes 
et en prose, par MM. Scribe et Ernest 
LegouYé. 

Le théâtre représente un galon d'été. À droite, 
deux portes, un canapé, une petite table à 
ou?rage. An fond, une porte ; V gauche, une 
porte et un guéridon. Au milieu du salon, un 
portrait est posé sur un chevalet. 

La ieèn9 tepasie au château d^Àutreval, près 
de Lyon, en octobre 1817. 

An lever du rideau , Charles , en livrée 
élégante» redingote gros-bleu, ornée d'ai- 
guillettes, bottesàlaSouwaroff, chapeau 
galonné, est arrêté devant le portrait et dit : 
«C'est charmant I... une finesse I une 
grâce I 9 Léonie , jeune fille d"". seize ans , 
Yient'd'entrer : « Qu'est-ce que j'entends I • 
dit -elle étonnée; puis, après un moment de 
silence : « Charles I reprend-elle d'un ton 
sévère. — Mademoiselle ! répond-il en 
s'indinant. — Que faites-vous là T — Par- 
donnez-moi, mademoiselle, je regardais le 
portrait que vous faites de madame votre 
tante, notre maîtresse. . . car je l'ai reconnue 
tout de suite , tant il est ressemblant — 
Qui vous demande votre avis 7... Les let- 
tres, les journaux? — Voici ce que j'ai 
rapporté de Lyon pour tout le monde... 
pour mademoiselle d'abord. — Donnez !... 
Ah! d'Hortense» mon amie de pension. 
(Elle lit sa lettre.) Chère Hortensel elle 
s'inquiète des troubles de Lyon, des dan- 
gers qui nous environnent. « Quant à Pa- 
» ris, à la cour» il est difficile que cela 
» aille bien , en l'an de grâce 1817 , sous 
» un roi qui fait des vers latins et ne donne 
» pas de baL » Elle me demande : Si je me 
marie... Ah I bien oui !... est-ce que l'on 
a le temps de songer à cela!... les jeu- 
nes gens s'occupent de politique , et non 
pas de demoiselles I » (Charles lisant les 




adresses et posant les lettres sur la table : ) 
Madame la comtesse d'Autreval, née Rer- 
madio; timbrée d'Auray, pleine Vendée... 
(Léonie* fronce les sourcils.) C'est tout 
simple t.. • une excellente royaliste comme 
Madame. -— Encore ! dit impatiemment 
Léonie. — Pour le frère de Madame, con- 
tinue Charles^ et pour M. GusUve de Gri- 
gnon, ce jeune maître des requêtes qui est 
ici depuis huit jours. — Donnez-moi les 
journaux !— Les voici ! — Dans un bel eut ! 
— Le cocher et la femme de chambre 
voulaient les lire avant Madame et Made- 
moiselle , ce qui est leur manquer de res- 
pect... et je me suis opposé... — Je ne 
vous en demande pas tant !— Je ne croyais 
pas que Mademoiselle me blâmerait de mon 
zèle... — Ce qui souvent déplaît le plus... 
c'est l'excès de zèle. — Comme disait 
M. de Talleyrand, ajoute en souriant Char- 
les. — Voilà qui est trop fort I s'écrie Léo- 
nie encore plus étonnée, et si monsieur 
Charles se permet... — Qu'y a-t-îl donc, 
ma chère? dit en entrant la Comtesse. — 
Ce qu'il y a, ma tante, c'est monsieur 
Charles qui cite M. de Talleyrand I — Un 
homme qui a porté malheur à tous ceux 
qu'il a servis... c'est une mauvaise recom- 
mandation pour un domestique I... Ras- 
sure-toi... Charles aura lu cela quelque 
part... sans comprendre... — Oui, ma- 
dame, répond Charles en s'indinant avec 
une grâce respectueuse , et je ne pensais 
pas que cela offusquât mademoiselle. — 
Offusquât I répète Léonie... un subjonctif, 
à présent — Pas un mot de plus ! dit la 
Comtesse à Charles qui veut s'excuser; 
vous parlez trop... vous oubliez votre si- 
tuation... Votre place d'ailleurs n'est pas 
ici » (Charles lui remet ses lettres, la salue 
respectueuement et se retire.) 
Léonie, dans un coin du salon, parcourt 











©5^^ 



v4^« 




— t4o 




le jonrna]» tandis qae la Comtesse s'assied 
sur aa canapé.; elle oa?re nne de ses let- 
tre^. « C'est de ma pao?re amie I... dit-elle 
aYec émotion; comme elle tremblait en 
m'écrivant I (Elle lit :) u Ma chère Cécile, 
» soyez bénie mille fois ! Je reprends espoir 
9 depuis que je sais mon fils auprès 
9 de yods; votre château, situé à deux 
» lieues de la frontière, lui permet d'at- 
» tendre sans danger Tissue de ce procès 
» fatal... Et, d'ailleurs, qui pourrait soup- 
9 çonner que le château de la comtesse 
» d'Autreval recèle un homme accusé de 
9 conspiration contrôle roi ? Du reste, que 
9 Yos opinions politiques se rassurent... » 
(Gomme si mon cœur avait des opinions 
politiques I ) « c'est un malheureux coup de 

> tête qui a donné à Henri une apparence 
» de conspirateur, mais qui suffirait pour 

> le perdre s'il était pris. 0*un autre côié, 

> Ton assure que Ton ne veut pas pousser 
» plus loin les rigueurs... » — Ah ! s'écrie 
L^nie. — Qu'est-ce donc? demande la 
Comtesse. — Encore une condamnation â 
mort I et montrant le journal elle lit : « Le 
» conseil de guerre séant à Lyon a con- 
» damné hier le principal chef du complot 
» bonapartiste , M. Henri de Flavigneul , 
» un jeune hojame de vingt-cinq ans. » 
—Qui heureusement s'est évadé avec l'aide 
de quelques amis, dit la Comtesse. — Oui, 
oui !... je me rappelle maintenant., ajoute 
Léonie, cette évasion qui excitait l'enthou- 
siasme de IVI. Gustave de Grignon. Â propos, 
il m*a engagée à danser avec lui , car nous 
avons un bal et un concert pour votre fête. .. 
et j*ai pensé à votre coiffure, un azalia su- 
perbe que j'ai vu dans la serre et qui vous 
ira à merveille! — Coquette pour ton 
compte, je le concevrais, mais pour ta 
tante !.. — Vous, c*est moi ! si bien que 
quand on fait votre éloge , ce qui arrive 
souvent, je suis tentée de remercier. ( Se 
mettant â genoux près de la Comtesse. ) 
Aussi , jugez de ma joie lorsque ma mère 
m*a permis de venir passer un mois ici, 
auprès de vous. .. Il me semblait que, rien 

DIX-NEUYIBaiB ANNÉE, 4* SÉRIK. ^ N* V. 




qu'en vous regardant , j'allais devenhr par- 
faite... Vous souriez... est-ce qua j'ai mal 
parlé?... — Non, cher fille, car c'est ton 
cœur qui parie... Si je souris , c'est de la 
candeur avec laquelle tu me dis : Je vous 
admire 1 —C'est si vrai !. . . A la maison, l'on 
me raille et l'on répète sans cesse : Oh ! 
quand Léonie a dit... ma tante f elle a tout 
dit! On a raison... La mode que vous 
adoptez, la robe que vous portez me sem- 
blent toujours plus belles qu'aucune autre. 
On dit même... vous ne savez pas, ma 
tante ? on dit que j'imite votre démarche 
et vos gestes... C'est bien sans le savohr. .. 
Et quand vous m'embrassez en m'appelant, 
ma chère fille I je suis presque aussi heu- 
reuse que si j'entendais ma mère. — Prends 
garde I dit en l'embrassant la Comtesse, il 
ne faut pas me gâter ainsi... j'aurai trop 
de chagrin de te voir partir... ce sera ma 
jeunesse qui s'en ira t — Mais vous êtes 
très -jeune à vous tonte seule, ma tante I — 

Certainement d'une jeunesse de 

Voyons, devine le chiffre?... —Je ne m'y 
connais pas, ma tante. — Je vais t'aider... 

Trente — Trente*. ... répète Léonie. 

— Allons! fais-un effort.... — Trente 
et un I — On ne peut dire moins I... j'a- 
chèverai donc. .Trente-trois!. ..Oui, chère 
fille, trente- trois ans... L'année prochaine, 
je n'en aurai peut-être plus que trente- 
deux ; mais maintenant voilà mon chiffre. 
Hein !... quelle vieille tante tu as là I... — 
Vieille ! . . . chaque matin je ne forme qu'un 
vœu, c'est de vous ressembler I — Ce que 
tu dis là n'a pas le sens conmiun, mais 
c'est égal , cela me fait plaisir. Eh bien 1 
voyons , mon élève » car j'ai promis à U 
mère de te faire travailler... as-tu dessiné 
ce matin? — J'étais descendue pour cela 
dans ce salon , répond Léonie se relevant ; 
devinez qui j'ai trouvé devant mon cheva- 
let?... monsieur Charles I — Eh bien? — 
Eh bien > ma tante I il disait : C'est char- 
mant ! — Et cela t'a rendue furieuse? — 
Certainement!... un domestique; est-ce 
qu'il doit savoir si un dessin est joli ou 

10 




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noB ? — Oh I petite marquise! — Ce n'est 
pas tout ! croiriez - vous, ma tante, qu'il 
chante ?— Eh bien. .. s'iJ est gai. ce garçon ! 
Est-ce que Dieu ne lui a pas permis de 
chanter comme à toi? — Mais... c'est 
qu'il chante très-bijn ! voilà ce qui me ré- 
volte! — Ahl... ah!... Conte-moi donc 
cela T — Hier , je me promenais dans le 
parc ; arrivée derrière la haie du bois des 
Chevreuils, J'entends une vohr qui chan- 
tait les premières mesures d'un air de Ci- 
marosa ; mais une voix charmante, pleine 
de goût... Je m'approche... c'était mon- 
sieur Charles ! — En vérité ! — Vous riez, 
ma tante, continue Léonie avec dépit; eh 
bien, moi, cela m'indigne... je ne sais pas 
pourquoi, mais cela m'indigne I . . .Comment 
distinguera-ton un homme bien-né d'un 
vatet de chambre, s'ils sont tous deux élé- 
gants de flginre, i% manières? car remar- 
quez, ma tante, qu'il est tout à fait bien 
de sa personne, et îorsqu'à table il vous 
sert, qu'il vous offre un fruit, c'est arec un 
choix de termes, un accent de bonne com- 
pagnie qui me mettent hors de moi... 
parce qu'il y a de l'impertinence à lui de 
s'exprimer aussi bien que ses maîtres; cela 
nous déconsidère, cela non?... enfin , ma 
tante, ajoute-t-elte avec impatience, je ne 
sais comment vous exprimer ce que je res- 
sens; mais moi, qui suis bienveillante pour 
tout le monde, j'éprouve pour cet insolent 
valet un€ antipathie qui va jusqu'à l'aver- 
sion, et si j'étais maîtresse ici, bien certai- 
nement il n'y resterait pas 1 — Là, là ! 
calmons-nous. ..Le temps est beau, va met- 
tre ton habit de cheval, et tu essayeras ma 
ponette dans le parc. *- Avec vous, chère 
tante? --^ Non, avec mon frère. Charles 
vous suivra; il est fort habile cavalier, et 
son habileté rassure ma tendresse pour toi. 
— J'y vais, chère tante. Ah ' je le déteste I » 
dit-elle en s'en allant. 

La Comtesse sonne ; Charles entre, où 
plutôt Henri de Fiavigneul , car c'est lui 
qui est caché sous les habits d'un dômes* 





à être découvert. . . Henri répond que cette 
vie de conspirateur poursuivi l'amuse 
comme un roman, a Eh bien 1 reprend h 
Comtesse, dites-vous que si vous étiez con- 
damné, votre mère mourrait de votre 
mort ; dites-vous encore que si vous étiez 
arrêté chez moi , j'aurais tout à la fois lé 
âé:<iespoir du regret et le dése^ir du re- 
mords... Retracez- vous tontes ces dou- 
leurs, c'est du dramatique aussi, cela... 
c'est amusant comme un roman*. • Ah! 
vous n'avez pas de coeur t — Pardon ! dit 
Henri^ ému, j'ai tort; quand notre existence 
inspire de telles sympathies, elle doit nous 
êire stcrée... Je veillerai sur moi... pour 
ma mère et pour... (il lui prend hi main } 
pour ma sœur \ — A la bonne heure I 
Mais quel coup de tête a pu faire de vous 
un conspirateur ? — Vous savez que ma 
famille était attachée, comme la vôtre, à b 
monarchie ; mon père refusa de paraître à 
ta cour de l'empereur. — Oui, ajoute la 
Comtesse, il avait la manie de la fidélité, 
comme moi ! — Mais le jour ou j'eus quinze 
ans: « Mon fils, me dit-il, j'avais prêté 
> serment au roi, j'ai dû le tenir et rester 
» inactif; toi, tu es libre; un homme doit 
» SCS services à son pays , tu entreras à 
» seize ans à l'École Militaire , et à dix- 
• huit dans l'armée. > Je répondis en 
m'engageant le lendemain comme soldat , 
et je fi^ la campagne de Russie et d'Alle- 
magne... C'est vous dire le peu de sympa- 
thie que j^ai pour le gouvernement que 
vous aimez... Cependant, je vous le jure, 
je n'ai jamais conspiré... et je ne conspi- 
rerai jamais , parce que j'ai horreur de la 
guerre civile, et que, quand un Français 
tire sur un Français, c'est au cœur de la 
France dte-même qu'il fi^ppe !.. .. 

Il y a un mois, j'entre un matin à Lyon, 
je vois, rangé sur la place Bellecour, un 
peloton d'infanterie, et, avant que j'aie pu 
demander quelle exécution s'apprêtait..... 
arrive une voiture de place suivie de cara- 
biniers à cheval ; j'en vois descendre, en* 




tique ; elle le gronde de s'exposer sans cesse j tre deux soldats , un vieillard en cheveux 



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«^•^Ki-^i.-y^ 





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— 44f — 



.>6^3 



Uaio»» ea {nuid uaiforme, et je recoiH 
Jiais... noB ancien .général, qui a reçu 
fingt blessures au service de notre pays I 
Je m'élance, eroyant qu'on l'aiBeoait 
pour le fusiller I... Non I c'était bien pis 
«ncore,.. poar te dégrader 1 Était- il cou- 
pable 7 je rjgBor&v. Mais qnt'lqae crime 
podUciqoe qu'ait commis ua brave soldat, on 
nele dégrade pas. .. ou le tue ! Aussi, qoand 
jie vis un jenne coinnanâant arracbor à 
ce vieillard sa décoration, je ne me conams 
pins moi^mêske, je m'élançai vers mon an- 
cien général, et lut remeiiant b croix qoe 
j'avais reçve de sa main, je m'<éeridi : Vire 
Tempereur ! — JUaUieu-reax ! dit avec le 
.plus tendre intérêt la Comtesse. — Saisi, 
■arrêté, je serais enoore en prison, ou plu- 
tôt je ne serais plus de ee monde , ^i le 
.gedlier, gagné par vous, ne m'avait donné 
te moyen de fair, ici... chez une royaliste, 
'flion ennemie... Ici, où j'ai le double bon- 
•henr d'être sauvé... et sauvé par vous !.. . 
Yeilà mon crime! — Dites votre gloî'e, 
Henri... Mais, je vous sauverai.. . Qu'ils 
vteanent vous chercher auprès de moi ! » 

Blte sort avec Léonie q ui venait de met tre 
son habit de cheval ; Henri les accompagne. 
AL de Grignon entre ; il buit des yeux la 
Comtesse qu'il admire et qu'il aime; n'6.«ant 
lui offrir sa main, il se décide à lui éerire ; 
sa lettre faite, il la place sur le guéridon, 
BOUS BU petit miroir, et se Muve. La Com- 
tesse rentre soutenant sa nièce presque 
évanouie , et l'assied sur le canapé. 

n Ma tante I ma tante! s'écrie Léooie 
avec joie, reprenant connaissance, si vous 
saviez ! C'est une aventure si éton- 
DADte... ou plutôt... si heureuse! Imagi- 
neK'VOUs» ma tante, que Charles... (se 
reprenant) non, monsieur Henri... non... 
je disais bien! Charles... ce pauvre Char- 
les... — Tu sais tout? s'écrie avec effroi 
te Comtesse. — £h ! oui, répond Léonie ; 
mais je me tairai, n>a tante, je vous le 
jure... Je vous aiderai à le proléger, à le 
défendre... ne fût-ce que par reconnais- 
sance... — Mais tout cela ne m'explique 




rten, ditâvcc impatience Ja Comtesse. «^ 
C'est juste 1 répond Léonie. Voilà donc 
qoe nous galopions daos te parc avec 
mon onde, quand, tout à coup, son cheval 
prend peur, la ponetle en fait autant et 
m'emporte du côté du bois. D^à ma jupe 
s'était accrochée à «ne branche ; j'allais 
être arrachée de ma sclte et traînée peut-- 
être sor la route, quand Charles... -moii- 
sleur Charles se précipite à terre , se jette 
au-devant de la ponelte , l'arrête d'une 
main, me retient de l'autre, et me dépose 
à moitié épanouie sur le gazon. — Brave 
garçon ! dit la Comtesse émue. •— Et mA- 
gré cela, j'étaij d'une colère... — Tu lui 
en voulais de te sauver 7 — Non pas de me 
sauver , mais de me sauver avec ei peu de 
respect. Ims^nex^vous, ma tante, qu'il m? 
prenoit tes m^ias pour me tes réchauffer, 
me faisait respirer un flacon... Je vons de- 
mande si un domestique doit avoir un fla- 
con! et qu'il répétait sans cesse, comme il 
aurait fait pour son égale: Pauvreeniantl... 
pauvre enfant I ... Je nftpouvais pas répon- 
dre, parce que j'étais évanoote. . . miis j'é- 
tais ti*ès^n oolèit), en dedans, et tersfu'en 
ouvrant les yeux je te trouva à mes ge- 
nonx.. . presque aussipête qvemoi, et qu*il 
me tendit la main en ine disant : £h bien, 
chère demoiselle, coain>ent vons trouvée- 
vous 7... mon indignation fut telte^ qne je 
répondis par un coup de eravaclK dontje 
frappai la main qu'il oaait me tendre... 
puis je fiMidis en larmes. . . sans savoir pour- 
quoi. — Après? dit avecioquiétudela Com- 
tesse. — Après?... juges de OKI surprise, 
de ma jote , quand je le vis se relever en 
«ouriant... découvrir sa tête avec une 
grâce charmante, et médire, après m'a^oir 
saloée : Que votre légitime orgueil ne s'a- 
larme pas de ma témériié, mademoiselle ; 
celui qui a osé tendre la main à maéemoi- 
selle de Villegontier , ce n'est pas Charles, 
le vakt de chambre... c'est M. Henri de 
Flavig^leul, te proscrit. — Ah I te malheu- 
reux 1 il se perdra ! — Parce qu'il m'a con- 
fié son secret 7 Ah ! ne redoutez rien... je 











^ 148 ^ 




serai forte. . • il 8*agtt de lui ! ^ De lai I dit 
irivement la Comtesse. — Pardonnez-moi, 
répond ayec aba adon Léonie; mais pourquoi 
vous le cacher, à t«us7... Eh bien, oui, 
depuis quinze jours je ne pouvais m'expli- 
qner à moi-même ce que je ress.^ntais... 
c'était de h honte, de la colère... — Que 
veux-tu dire? demande avec anxiété la 
Comtesse. — Si j'étais aussi indignée con- 
tre lui... et contre moi, ma tante... c'est 
que je l'aimais 1... — YonsFaimes ! s'écrie 
la Comtesse. — Vous semblez irritée contre 
moi, reprend Léonie; est-ce de ma con- 
fidence tardive?. . . Je vous l'aurais faite plus 
tôt, si je l'avais su plus tôt. — Laissez-moi I 
— Vous ne me dites plus toi ! répond- 
elle en pleurant. — Pardon, chère enfant, 
si je t'ai affligée... c'est que je souffre... 
(Elle l'embrasse vivement.) Laisse-moi, va- 
t'en I — A la bonne heure, au moins I » dit 
la pauvre petite en s'en allant. 

Restée seule, la Comtesse s'effraye de 
ses sentiments; elle aussi aime Henri... et 
sa rivale est l'enfant de son cœur... « Eh 
bien I reprend-elle après avoir vainement 
combattu avec son cœur, qu'Henri choi- 
sisse!... Mais, puis-je plaire encore? » 
Elle prend pour se regarder la petite glace 
qui est sar le guéridon, et découvre la let- 
tre dans laquelle M. de Grignon lui de- 
mande sa main... Elle peut donc espérer 
encore être aimée I 

Ici, la BataUle de Dames commence. 
« Il y a bal et concert pour ma fête, se 
dit la Comtesse, je chanterai, je dan- 
serai... Léonie a seize ans... qu'elle se dé- 
fende 1 » La tante et la nièce ont chanté 
un duo. Henri exprime à la Comtesse son 
admiration pour sa belle et touchante voix ; 
mais l'inexpérience de Léonie était char- 
mante ; cependant il s'ouUiait à causer avec 
la jolie veuve, lorsque se. rappelant qu'il a 
promis d'être le vis-à-vis de Léonie , il se 
rend au baL . . Léonie entre au salon gar une 
autre porte. Elle vient demander des con- 
seils à sa tante. « Ma voix a paru plaire à 
monrieur Henri, mais j'ai peur que ma 





danse ne lui semble gauche ; hior vous me 
reprothiez trop de raideur dans les bras... 
les épaules pas assez effacées... — Et mal- 
gré cela, tu étais charmante ! — Ah l tant 
mieux I Si je plaçais comme vous quelque 
ornement dans mes cheveux ?. . . Ce bracelet 
de perles... — Enfant I qui ne sait pas qu'en 
voulant parer un front de seize ans, on le 
déparel... — Je ne meturai rien... Herd, 
ma tante. Ah I j'oubliais... S'il me parle 
en dansant., j'ai peur de lui paraître 
sotte... donnez-moi un sujet de conversa- 
tion... votre esprit lui plaît tant ! — U te 
l'a dit? demande vivement la Comtesse. — 
Oui!... et des paroles inspirées par vous 
garderaient quelque chose de votre grâce. •• 
J'y sais ?. .. je parlerai... — De quoi ? — 
De vous I... sur ce chapitre- là , je réponds 
de mon éloquence. — Ah ! bonne et ten- 
dre nature, » dit avec effusion la Comtesse 
ébranlée dans sa résolution de lui disputer 
le cœur de Henri. Léonie court au bal; 
la Comtesse l'observe de loin, la voit pâlir 
et revenir éperdue : « Le château est en- 
touré de dragons, dit-elle; ils viennent 
pour l'arrêter I... — Du calme! reprend 
la Comtesse. — Du crime I voos pouvez 
en avoir , vous, ma tante, vous ne l'aimez 
pas! ^Tu crois ?. .. Oh ! se dit la Comtesse, 
s'il est en péril, ^il verra bien laquelle de 
nous deux l'aime le plus I » 

Henri vient confirmer la nouvelle : le 
préfet de Lyon, M. de Montrichard, ac- 
compagne les dragons ; Léonie, éperdue , 
pleure ; la douleur de la Comtesse lui donne 
du courage. Quant à Henri, il bénit s(m 
danger : « Sans lui, dit -il, vous verrais-je 
toutes deux à mes côtés, me plaignant, me 
défendant.. » La Comtesse fait éloigner 
Léonie, et désire que Henri reste, afin que 
M. de Montrichard le voie d'abord comme 
domestique et ne le soupçonne pas. Elle 
reçoit le préfet avec grâce ; mais apprenant 
qu'il vient pour arrêter le chef d'un com- 
plot bonapartiste, elle change de ton, se 
plaint de l'injure qu'il lui fait comme far- 
vente royaliste. « Je vais me venger, dit- 



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— 149 — 




elle en le faisant asseoir à ses côtés sur le 
canapé. (Henri se rapproche.) Yons écou- 
tez, je crois, lui dit sèchement la Com- 
tesse ; faites yotre service I (S'adressant an 
baron.) Yoas rappelez-ifous qn'ii y a dix- 
hnit ans nn jeune magistrat fut envoyé au 
château de Kermadio pour arrêter trois 
chefs vendéens ? — C'était moi ! — Vous 
étiez alors procureur de la République. — 
Vous croyez î — J'en suis sûre. — C'est 
possible 1 — Tous souvenez-vous qu'une 
petite fille de treize à quatorze ans... — 
Fit évader trois chefs vendéens à ma barbe, 
et cela avec une adresse 1... — Épargnez 
ma modestie, monsieur le Baron ; cette pe- 
tite fille, c'était moi ! — Vous 7 madame... 

— Douze ans après, en Normandie... où 
TOUS étiez fonctionnaire, sous l'Empire... 

— Madame!... dit avec embarras le Ba- 
ron.— Vous rappelez-vous ces compagnons 
du général Moreau qui allèrent rejoindre 
une frégate anglaise... — Sous prétexte 
d'un déjeuner en rade... — Où je vous 
avais invité... Vous voyez que nous avons 
déjà combattu sur terre et sur mer... Nous 
voici de nouveau en présence : vous, cher- 
chant toujours, moi, cachant encore, à ce 
que vous croyez... Rien de changé à la si- 
tuation , sinon que vous êtes aujourd'hui 
préfet de la royauté. Eh bien I Baron, sui- 
vez mon raisonnement... Ou monsieur de 
Flavigneul est ici, ou il n'y est pas. — Il y 
est, madame. — A moins qu'il n'y soit 
pas. — Il y estl — Décidément?... Eh 
bien 1 vous savez comme je cache .. cher- 
chez I (Elle se lève , et voyant rire Henri.) 
Que faiies-vons là avec vos bras pendants? 
servez des rafraîchissements à monsieur le 
préfet Adieu, Baron, ou plutôt au revoir! 
car si vous restez ici jusqu'à la capture 
faite... vou| voilà chez moi en semestre. • 
(Elle lui bit la révérence et sort.) 

Le baron ne sait plus ce qu'il doit croire. 
(Apercevant Henri qui le suit avec des ra- 
fraîchissements), ff Combien vous donne 
votre maîtresse pour vous malmener comme 
tout à rheure ? — Rien, monsieur le Ba* 



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ron.—Yeux-tu gagner de Pargent ? — Oui, 
monsieur le Baron. — (Mystérieusement.) 
M. de Flavigneul doit être caché dans ce 
château. — Âh ! — Si tu veux me le mon- 
trer... je te donne vingt-cinq louis. Pour- 
quoi ris-tu ? — C'est que c'est de l'argent 
gagné... Ou je me trompe fort ou je vous 
le montrerai... — Voilà un louis d'avance. 

— Merci, monsieur le Baron. — Va-t'en, 
car la Comtesse est fine 1. . . — Si je me fai- 
sais attacher par Madame à votre service, 
nous pourrions plus facilement nous par- 
ler. — Très-bien I Je vois que je ne me suis 
pas trompé en te choisissant (Henri sort) 

Léonie entre, pensive, croyant trou- 
ver sa tante dans le salon. « Vous savez , 
mademoiselle, lui dit le préfet, que je viens 
pour vous ravir quelqu'un qui vous est 
cher ? — Il veut me sonder, se dit Léonie, 
je vais être fine. (Haut.) Je ne sais ce que 
vous voulez dire, monsieur. * J'ai changé 
d'idée, je ne crois pas que M. de Flavigneul 
soit ici. — Ah ! — Et je pars. — Tout de 
suite I s'écrie-t-elie avec joie. — Votre em- 
pressement me donne des soupçons. — ^Je ne 
comprends pas.. . dit-elle avec trouble. — 
Ce ne sont que des soupçons. .. car je crois 
que M. de Flavigneul n'est pas, ou n'est 
plus dans ce château. — Vous avez bien 
raison ! — Je vais faire fouiller les bois... 
(L'observant.) — Faites, monsieur le Baron. 

— ( À par t ) U n'est pas dans les bois. (A Léo- 
nie.) Visiter les combles, les placards, les 
cheminées du château. — C'est votre devoir» 
monsieur le Baron. — (A part) Il n'est pas 
dans le château!... Examiner... car il y a 
aussi des déguisements... (Elle tressaille.) 
Interroger les domestiques... (Elle trem- 
ble.) Puis, je serai forcé d'accomplir mon 
pénible devob*. — Oh I vous ne l'enverrez 
pas à la mort I s'écrie Léonie éperdue ; il 
a une mère qui mourra s'il meurt; il a des 

' amis qui ne vivent que de sa ^ie... Grâce I 

'^ n'a pas conspiré... il me Ta dit... — Pre« 

nez garde I mademoiselle , vous me parlez 

comme s'il était en mon pouvoir... Il est 

donc ici ? — Je ne l'ai pas dit.. — Quand 




tvQ^ 













— 1^0 — 




j'ai parlé d'ioterroger les domestiques vous 
avez pâli... — Moi 7 — Vous m'avez dit : 
Ne Tarrétez pasi... — Moil... (Aperce- 
vant Henri qui entre, elle jette un cri ter- 
rible et reste éperdue, la (été dans f es deux 
mains. Henri s'approche de M. de Montri- 
chard et lui dit à voix basse : ) — Je sui^ 
sur sa trace. — Et moi aussi. — Il est dans 
ce château sons un déguisement — Bcavol 
s'écrie le préfet. (Voyant que Louise a re- 
levé la tête et le regarde. ) Vous êtes si 
émue, mademoiselle, que je me retire. 
(A Henri, en s'éloignant.) Veille à ce qu'tl 
ne sorte pas d*icil — Il n'en sortira pas, 
tant que j'y serai. Il reconduit le préfet 
et retient se jeter sur une chaise en écla- 
tant de rire. — Ah I ne riez pas, mon- 
sieur, lui dit Léonie.— Quelle douleur sur 
vos traiti^I qu'avez-vous 7 — Vous m'aviez 
révélé le secret d'où dépend votre vie; c« 
secret, je l'ai livré.— Comment I — Ici... 
\ rinsunt même!. .. Oh! lâche que jesiâs! 
J'ai eu peur... peur pour vous, mon- 
sieur!... MoiI.«. TOUS perdre.... «joute 
t elle sanglottant, moi, qui donnerais ma 
vie pour vous sauverl— Qu'enteuds-je?... 
s'écrie Henri. — Mais je ne survivrai pas à 
votre arrêt... aussi^ je vous supplie de ne 
pas m'en vouloir et de me pardonner... 
(Elle se jeite à genoux. ) — Léonie I au 
nom du ciel! .. relevez-vous t (La Com- 
tesse entre vivement.) — Que fais-tu là? — 
Je lui demande grâce. Par moi, tt^ut est 
découvert, lout est perdu.— Non pas, s'é- 
crie la Comtesse, je suis là, moi! (Un bri- 
gadi(r de gendarmerie vient chercher 
Henri.) N^avouez rien, lui dit tout bas la 
Comtesse, je réponds de tout. (Il sort avec 
le brigadier.*) Perdu par elle ! se dit U 
Comtesse, sauvé par moi I » 

Pour détourner les soupçons qui pla- 
nent sur Henri, elle engage M. de Grignon 
à se vêtir des habits du cocher et à la 
conduire au château voisin. Le préfet s'in^ 
quiète de cette promenade ; il reconnaît 
ce prétendu cocher pour l'avoir vu le 
matin en bourgeois; on trouve sur lui 




une lettre adressée à M. deFlavîgneiiL.. 
plus de doute I ... Il le fait emmaner par des 
gendarmes et enfermer dans use dcseham- 
bres du château. « Ta ne m'avais pas 
trompé, dit lepréfetà Henri, qui entrait, 
il était ici, sous on déguisement... ( Lai 
prenant la main. ) Je le tiens ! — Eh bien ! 
monsieur, répond résolument Henri, qui 
se croit découveit, ne sachant pas r«arresta- 
tîon de M. de Grignon. — Silence !.. . Voilà 
tes vingt-cinq loui^. — Qu'est-ce que cela 

signifie ? — Que vous êtes saufé I lui 

dit tout bas Lé< nie, gnâce à ma tanie. 
(Pois elle conduit le préfet dans on oabiott 
où il écrira au maréchal l'arrestation qa'il 
^ientde faire.) 

« Je vous dois la vie, dit Henri à la 
Comtess*. — Pas encore ! j'ai détourné les 
soupçons, mais tant que vous n'aurez pas 
traversé la frontière, je craindrai toujours. 
— Moi, je ne crains rien, grâce â celle dont 
reprit, dont l'adresse... — Il n'y a eu que 
du cœur, cher Henri. Vous croyez que 
l'aiTcction pour un malheureux consiste à 
perdre la tête au moment de son danger, à 
le trahir par son émotion, comme foat les 
enfants... Non, Henri, la tendresse pro- 
fonde c'est de rire en face du péril , de 
railler avec la mort dans le cœur; seule- 
ment, quand le danger s'éloigne, le cou- 
rage vous abandonne... (Fondant en lar- 
mes. ) Ah ! si V(>tt9 aviez été arrêté, je s«- 
ra's mortel — Chaque jour me révêle en 
vous une qualité nouvelle!... Ange, fée, 
enchaii tel esse , enseignez -moi donc le 
moyen de vous payer ce que je vous doisl.. 
— £h bien I mon ami^ c'est de m'aiiuer .. 
car je vous aime!... Silence! on vient 
(Le préfet rentre avec Léonie.) — Il faut 
que vous ayez soudoyé quelqu'un de mes 
gens, Ikl. le baroDi lui dit froidement la 
comtesse, (regardant Henri )^et vos re- 
gards d'intelligence avec ce garçon... Ah! 
misérable serviteur... c'est vous qui m'a- 
vez trahie... je vous chasse !... Sortez! s'é- 
crie-t-elle, étouffant un sourire. — Et moi, 
je le prends à mon Ferfice, dit le Biroa. 













— Ittl — 



SiHitràQdéoi; ta reawltrtt oeUftlelIretM 
mirédMit riiiumiiiiinl la diviaiiMi. «-«-ALiîs^ 
M. le préfet, je b'm pi» de chefiL — 
f readsîdiniea. — Maii» M* le préfet, les 
soldat» se me Imstmit pes pattor. » 

Tandift que k préfet y» diMiner l'oidie 
•u dragcAs, Henri ctit à la Gontefie : 
«.Je fava doîa ma vie... di8poaea--eB ! » 

La €k>ttie8aa se croit sûre du cour et 
de la maÎB d'Henri. U part ! mai» il lui 
frat mie heure pour se vendre ila froB- 
lièr& La Gomteese emploie mille mats 
pour qne M. de Gr'^oon ne mit pas encore 
reconnu; cette heure éeeidée, elk jetle 
le mas^e et rend an préfet ses ?ingtcinq 
louis :<( Car, payer pour avoir été trompé, 
loi dit-elle, ce serait trop fort. — Et moi 
qui ai écrit au maréchal : je tiens le chef 
de la conspiration! s*écrie le préfet, furieux. 
(Léonie entre très-agitée , elle lui remet 
une dépêcha) — Ah ! je vais me venger! 
reprend-il avec joie; c*est l'ordre de forcer 
le fugitif à se remettre en mon pouvoir, 
en quelque lien qu'il soit. Au revoir! ma- 
dame la Gomlesse , » dit-il en. soriamt. 

Léonie annonce à sa taate que Henri est 
de retour ; elle Ta laissé dans le cabinet voi^ 
sin.. Henri paraît. « Malheureux ! s'écrie la 
comtesse, qae venei-vons £aiire ici 7 — Le 
vieux garde qui accompagnait ma fuite 
m*a ap^ que U. de Grignen avait été 
arrêté pour moi, répond Henri, jie vien» 
B^^ndre ma place et le délivrer à mon 
tous..* — Le ck'mier Heu où L'on vou» 
clMirGlicra maintenant, c'est ici 1 reprend 
a.YG& énergie la Comtesse. RentreiL dans ce* 
cabiaet» et avant peu... plus de danger. 

Ta peux partager ma sécurité, ditr-elle à 
Léonie, Icursq^'elles sont seules. Eh! mon 
Dieu l d'où viennent tes larmesZ — Je ne 
pleure pas, matante, répond-elle en 8an<* 
glotant, je suis heureuse, il est sauvé L. . 
mais en même je sois au désespoir, car il 
m'a dit tout à l'heure.. . — Quoi donc ? 
— ( Pleurant toigours. ) Est-ce que je 
8ai&.. Tout ce que j'ai compris , c'est 





que nottSi ne pouvions pins être l^nn^ à 
Tautna» *i- Paovre en&ntl répond tm- 
temeni la Gomtesèe, loi pemant les mini 
et cherchant à la consefer, si par exemple 
il était Ué à une autre pecsonnei.. -^ 
C'est ce qn'il m'a dit , lié à jnmeia! -** 
Et il t*a nomaé cette penonne 7 — Non^ 
mais vous, ma. tante, vouskoonnaîsse^-*- 
Jie etoia cpi'Qail — Savei-vons si elle 
l'aime... beancmp! — Ooil — Blle est 
aimable... elle eitjolie 7».. -^ Moins qœ 
toi» sann donle... . — Bh bien ! aloi»7.^ — 
Qne veaxr-tu î s'U la ptéfét» ... si die es* 
aimée. — ^M aïs, pas dn tout 1 c*cet moi qu'il 
aime, il me l'a avvNié... mab il esc lié h 
elle... par la reoonnaîssance. — La recon- 
naissance. . . répèle la Comtesse.. .Ah ! - Lié 
surtout par une promesse qu'il lui a faite... 
et qu'il tiendra, même au prix de son sangl 
Voilà qui est absurde 1 dites-le-lui, ma 
tante... — Taisez-vousl taisez-vons ! s'écrie 
Henri, s'élançant du cabinet, d'où il écou- 
tait depuis quelques instants. — Laisse-moi 
lui parler, dit la Comtesse à Léonie. (Léo- 
nie s'éloigne.) Alors prenant à part HenrL 
tt Je vous dois ma vue, dieposefr-en« • m'a-« 
vez-vouadit.- — Qu'exiigex-votte7 demanda 
Henri. — La seule choseque j'aindéaùnie. •« 
votre bonheur I )i» EUe fait signe à Léonin 
de s'approcher, lui j^send la rnain^ et la 
mettant dans ceUe de lenni : « Yeitk, InL 
dit-elle, celld qu'il faut cbDiair. *^ Ahl je 
savais bien que je vous le devrais I » s'écrie 
Léonie. 

M. de Grignon entre avec le prélal... il 
n'est plus possibledecadier Henri; la. Corn* 
tesse devine que le pcéiet est porteur. ..» non 
d'un ordre d'extradition, maisd'une ordon- 
nance d'amnistie. « Maudile feinmel s'ô-» 
orie-t-il, on ne peut pas plus la uromper en 
bien qu'en mal ! 

-^ Et maintenant, tous trois réunis, dit 
Li'onie à la Comtesse. — Oui, ma ûJk, lui 
répond-elle, mais plus tard.. . car aujour- 
d'hui, je dois partir... — EhbiQnl je pars 
avec vous! s'écrie M. de Grignon, etpeut^ 
être qu'un jour, vous feroz aussi de moi un 














^ lcS2 — 



bomme heureux I... — Ne parlons pas de 
cela, lui répond-elie ; puis s'adressant au 
préfet : Eh bien I baron ? — J'ai perdu, 
madame la Comtesse. — Vous n'êtes pas 
le seuil répond -elle avec émotion. Que 
Yonlez-yous? ajoute-t-elle en affectant la 
gaieté, pour gagner^ il ne suffit pas de bien 
jouer! — Il faut avoir pour soi, les as et 
les rois, dit le baron. — Oui, ajoute la 
Comtesse en regardant Henri, le roi, sur- 
tout!... dans les batailles de dames 1 9 

Après avoir lu celte charmante pièce 
de MM. Scribe et Legouvé, je me suis dit : 
En effet, un homme placé dans cette posi- 
tion doit toujours ôtre ingrat ; il n'est pas 
dans la nature de ce roi de la création 




d*aimer la femme belle , spiritndle , intel- 
ligente, mais plus âgée que lui, qui Taime 
et qui le sauve ; il préférera la jeune fille 
niaise qui Ta perdu et se jette à ses genoux 
pour lui en demander pardon; il est là 
dans son rôle de protecteur. Une jeune 
fille au contraire , bien que son ceenr Fait 
portée d*abord vers un jeune homme, s'il 
se montre maladroit, sans énergie, elle lui 
préférera l'homme de trente-cinq ans qui, 
par ses actions, aura mérité qu'elle ait pour 
lui de la reconnaissance... elle sera dans 
son rôle de protégée... Je crois que vos 
mères feront les mêmes réflexions que 
moi, mesdemoiselles. 

J. J. FOOQUBAU DE PU88T. 



SALON DE 1851. 



TROISl&MB ARTICLS. 



M. Meissonnier devait nécessairement 
fûre école; il est certes sans rival, mais ce- 
pendant parmi les peintres qui ont adopté 
sa manière, il y en a qui no manquent ni 
de talent ni d'une certaine originalité. Ci- 
tons d'abord M. Fauvelet dont le Ciseleur 
est peint avec une finesse pleine de suavité, 
puis M. Chavet qui a fait Van Dick et son 
modile, charmant petit tableau, et M. Henri 
Lafon Une femme lisant une lettre. Cette 
dernière toile est composée et exécutée 
avec beaucoup d'habileté. 

L'intérieur d! école de 'petites filles orphe-^ 
lineSfde H. Bonvin, doit être mentionné à 
part. Cet artiste suit une antre voie que 
BL Meissonnier ; sa manière n'appartient 
pas à notre époque, elle est d'un temps 
plus reculé, cela ne l'a pas empêché d'être 
très-bien inspiré : sa composition est heu- 
reuse d'arrangement; la religieuse qui 
tient la classe , la petite fille debout réci- 
tant sa leçon , ses compagnes assises, sont 
d'un naturel pa! fait et d*ime naïve simpli- 




cité qu'on ne saurait trop louer ; il est si 
difficile d'être vrai sans afféterie I 

Les tableaux de M. Decamps sont pres- 
que des tableaux d'histoire, tant il a élevé 
le genre à la hauteur de ce que l'art a de 
plus sérieux. La Rencontre d^Eliézer et de 
Rébecca à la fontaine, est une œuvre ravis- 
sante d'exécution. Malheureusement, sous 
le rapport de la composition elle ne satisfait 
pas également ; les figures, tout en y tenant 
beaucoup de place, ne semblent cependant 
y être qu'un accessoire; ce qui frappe 
tout d'abord c'est cette splendide magnifi- 
cence d'un plein midi de Palestine rendu 
avec une vigueur étonnante. L'effet du 
paysage est tellement saisissant qu'il dé- 
tourne trop l'attention qui devrait se con- 
centrer plus particulièrement sur les per- 
sonnages. 

M. Decamps a exposé cette année plu- 
sieurs autres toiles également remarqua- 
bles; nous indiquerons les Pirates grecs, 
assis et causant dans une grotte dont l'ou- 













— 185 — 



.>'<F®^ 



Tertore donne sur la mer; puis le Trou- 
peau de canest 

Quand les canes y ont au champ, 
La première Ta devant, 

dit la vieille chanson populaire. En effet, 
l'on voit sur le premier plan trois canes 
marchant à la suite l'une de l'autre avec 
ce balancement devenu proverbial. Une 
poule et ses poussins sont dans l'ombre, 
et, tout à fait au fond, on aperçoit un 
coq campé sur ses ergots. Tous ces ani- 
maux sont merveilleusement exécutés. 

Jane Shore, femme d'un orfèvre de Lon- 
dres, condamnée par Richard III à mourir 
de faim, comme sorcière et comme adul- 
tère, poursuivie et insultée dans les rues 
de Londres par la populace, est un sujet 
qui devait nécessairement être traité par 
M. Robert Fleury. Jane Shore se traîne 
pour s'abriter derrière une colonne; sa 
figure exprime l'effroi, la faim, la douleur, 
ses pieds nus sont ensanglantés^^ des hommes 
la menacent, des enfants lai jettent de 
la boue.... Le talent sombre et énergique 
de cet artiste a trouvé là les moyens de se 
développer à l'aise. Sa Jane Skore ne peut 
qu'ajouter à la brillante réputation qu'un 
grand nombre d'autres œuvres, non moins 
remarquables, lui ont justement acquise. 

M. Robert Fleury a exposé un autre 
tableau désigné au livret sous le titre : Le 
Sénat de Venise, En voici le sujet tiré de 
l'histoire de Venise, par M. Daru : 

« La réputation de sagesse dont jouis- 
sait le sénat de Yenise donnait beaucoup 
de poids à son suffrage. Henri JY, dont il 
avait reconnu les droits au trône de France, 
envoya, en gage de son amitié, au doge 
Pascal Cicogna, par Hurault de Maisse, no- 
tre ambassadeur à Venise, son épée. Cette 
épée, écrivait-il , dont il s'était servi à la 
bataille d'Yvry. » 

La solennité de cette scène imposante a 
été parfaitement rendue par M. Robert 
Fleury. 

C'est une époque plus rapprochée et 




bien triste, de notre histoire, qui a i nspir 
M. Jules Duvaux. Il a retracé la Bataille 
de WaterloOy épisode du plateau de la Haie- 
Sainte (iSiumiSiS). 

« Les cuirassiers Milhau avaient été re- 
poussés par l'armée anglaise; Napoléon 
donne l'ordre aux cuirassiers Kellermann 
de les maintenir ; lorsque ces quatre bri- 
gades, parvenues à la hauteur de la Haie- 
Sainte, se rangèrent pour charger, les cui- 
rassiers Milhau vinrent prendre place à 
leurs côtés. Tous s'ébranlent aux cris de 
Vive l'Empereur I Ils étaient 7,000 che- 
vaux lancés contre la cavalerie anglaise ; 
celle-ci se reploie et démasque soixante 
pièces de canon qui vomissent la mort 
parmi nos soldats; mais ces braves ne sont 
point ébranlés, ils enlèvent les batteries et 
tombent comme la foudre sur les carrés 
qu'elles protégeaient. En ce moment nos 
7,000 cavaliers parcourent en maîtres toute 
la surface du plateau, ils chargent partout, 
mais partout les carrés se reforment et les 
accablent de leurs feux. Onze fois enfoncés, 
les carrés anglais se reforment onze fois et 
disputent pied à pied le terrain aux Fran- 
çais. Ceux-ci l'emportent enûn et 12,000 
Anglais terrassés témoignent de la bravoure 
de nos soldats. Cette lutte gigantesque avait 
duré deux heures. 

M. Du vaux n'est pas resté au-dessous de 
son sujet, il l'a traité d'une manière très- 
énergique , sans confusion ; il y a une vie, 
un mouvement dans son tableau, qui le font 
remarquer et examiner avec un vif in- 
térêt 

M. Guillemin nous a donné , dans Mil- 
ton et ses filles , une scène d'intérieur 
pleine de nalvt té qui séduit au premier 
aspect et se fait remarquer ensuite par 
les qualités les plus brillantes et les plus 
solides : dessin correct, coloris puissant et 
harmonieux, touche large, mais conscien- 
cieuse. Vous pouvez juger de cette œuvre, 
mesdemoiselles, M. Guillemin ayant permis 
qu'elle fût gravée pour votre Journal. 

M"** Edmêe de Syya. 






"^^t^ 





^^^ 






\iî^ • 



— 184 -^ 



ieei«nie Domestiqoe. 




CHARLOTTE RCSSE. 



Pren€z douze pomrors de calville, pe- 
lez-les, ôtez le cœur, mettez-les dans une 
casserole avec 125 grammes de beurre, 
125 grammes de sucre râpé, un peu de 
canneU^en poudre, faites-ies cuire «ans les 
écraser. Coupes des tranckes de xnie de pain 
de deux ligoesd'épaisseur, et assez grandes 
pour garnir le fond et Je tour d'une petite 
casserole; mettez fondre du beurre dans 
celte casserole, mettez dedans les tranches 
de mie de pain, fai es-les blondir d'un 
côté, garnissez-en la casserole ; mettez au 



fond on lit de pommes, puis une touche 
de gelée de coings ou de groseilles on 
de Uiarmelade d'abricots, alternez ainsi, 
Gnissez par des pommes, et couTrez ce 
petit édifice avec des tranches de pain. 
Mettez la casserole au four ou enfono^z-la 
dans les cendres rouges, ou bien couvrez- 
la avec un couvercle pltin de braise. Lors- 
que les tranches de pain seront dorées, 
renversez lestement la charlotte sur un 
plat 1 1 servez chaud. 



POUMfiS FLAMBANTES. 



Prenez des pommes de calvïïle, pel( z- 
les, Tldez-les, faites-les cuire avec un peu 
d'eau, du zeste de citron et du sucre râpé. 
Lorsqu'elles seront cuites, mettt^z dans le 



vide de ces pommes^ des confitures, de ?a 
gelée ou de la marmelade, n'importe la- 
quelte ; arrosez abondamment de rhum, 
et au mommt de servir, metiez-y le feu. 



SIROP DE LIMON. 



Prenez douze citrons; ôtez-en le zeste; 
fendez-les en deux ; faires-en sortir fout le 
jus, au moyen d'un petit ustensile de 
buis ou d'ivoire; passez ce jus, pesez-le; 
prenez le double de hon poids de beau 
sucre ; faites cuire ce sucre avec un demi- 
virre d'eau. Écumez à mesure; lorsque 



les fils du sucre, recueillis au bout d'une 
fourchette, se casserort aoos la dent, le 
sucre sera à son point de cuisson. Akrs, 
retirez-le du feu, Yersez-y le jus de citron, 
faites-lui jeter un bouillon et kissez re- 
froidir. Ce sirop ie met en bouteilles et se 
conserve dans un lieu Irais. 



ÉNIGME HISTORIQUE. 

Quels 8«nt les deux princes du même | pire , et dont le second assista à la raine 
nom , dont le premier fonda un grand em- 1 de ce même empire et périt avec lui 7 














— 1»B — 



CORRESPONDANCE. 





J'aUab/t'écrire, nn chère amie, pour 
caDser avee- td, kmque je mesouvina que 
c'était le derDÎer jonr de Loogchamp et 
qpte Florenee devaîi Tenir me prewli-e pour 
dUkr nous y promener. L'atmoephère étail 
douce, le ciel légèrement con^rt; c était un 
véritable temps de demomUes^ comme dit 
le prof erbe, ni pludi^ m sokiL Je mis «ne 
robe de taffetas vert, glasé de noir, ferme 
amazone» c'est-à^dke le cbs pldt, terminé 
du bas par une poinie; iesi devants, moQ- 
tants, termijiés'dn bas par une pointe, ce 
corsage agrafé sor la poitrine et orné d'un 
rang de boutons; manches pagode^: ; sons 
CMS manches, des manches de mousseline-, 
très-larges, fimncéds du bas et montées à uo 
étroit entre-deux de mousseline, brodé au 
plumetis; on col formé d'une dentelle cou- 
sue ai un entre-deux de dentvUe; un man- 
telet de taffetas noir, garni d'une baote 
frange de soie; une* capote de crêpe* blanc, 
ornée, en d» sont» de boiKlej$derubaas de 
taffetas blans, mêlées de boucles de tafliitas 
gros-vert, et, s^ir le côté gauchev unrbo»- 
quet de liias blanc, au feuillage vert ; des 
g^uOs couleur paille ; des bottines d» pro- 
neUe gros^vert ei une eobrelle blanche... 
J'étais prêta, lorsque notre amîe arriva. 

« Je te fais compliment de ta toiletle, 
dit-elle après m'avoir embrassée; tent ceia^ 
est lirais comme le mois d'avril. — £l toi, 
tu me repffésenleak moisé'août, i^pondis* 
je, et en m'éMgnant , afin de mieux juger 
l'ensemble* »> £Ue avait on ohapeau(depailte 
cousue, orné, dcssa»» de rubans- blimes, 
dessous» de petiAia flews des champs, niê«^ 
léea d'épis dfr blé; une.robe de grenadine 
écossaise; un. kalaoweck de ta&ta8.noir, 
orné du bas. et a» bas des manches pago- 
des, de plusieurs rangs de garniture de 
t^Jfetaadéettupéàl'emperterpiéefi; sa robe 



était montante; son col, de mousseline 
bffoiée an plumetis, étaitmonté sur nn^ cn:- 
tre-de»x et garni d^ne bittde de mous- 
sehne brodée; devant, cette garniture 
descendait sur la robe et formait jabot; 
sous la manche de son katzaweck^ on aper^- 
cevak la minche de sa robe qui laissait 
dépasser la même garniture; }«s g^nts 
étaient gris, ses bottines noires, son om- 
brelle verte. Il étoit quatre heures; nous 
neos rendîmes au salon, et bientôt nous 
partîmes. 

Arrivées aux Champs-Elysées, nous nous 
as^!mes sur des chaises, et tandis que nos 
parents causaient entre eux, nous causions 
entre nous. « Gomme lont change! dit 
Florence ; l'abbaye de Longchamp, Htuée 
à deux lieues de Paris, fut fondée c» 1260 
par sainte Éiisabetb, sœur de saint Louis ; 
la ville et la cour s'y rendaient dorant la 
Semaine Sainte pour entendre chanter les 
religieuses, puis ce ne fût plus qu'un pré- 
texte- pour montrer ses chevaux, sa livrée. 
La première* Révolutk>n détruisit le cou- 
vent; sous l'Empire, sous la Restauration, 
et sous Lonis-Philippe, mon père dit que 
Longchamp^brilkiit par ses riches éffuipages; 
les voilures de la cour, celle» des ambassa- 
deurs avaient seules le droit de passer sur 
la chaussée; maintenant, il suffit d'avoir 
quatre chevaux à sa voRure, et les per«- 
sonnes que l'on y voit sont des industriels 
qui font ce qu'en style de journaux oft 
nomme... dean^tofwss. — Voilé, en eff^'t, 
une voitase couverte d'ombrdlesde toute» 
sortes, de parapWesde tontes grandeurs; 
ik y en a un assez commode. .. le* manthe- 
reste attaché à la voilure, et lorsque vie«l' 
ott orage, le paraploios'o<uvre et s'avance 
jusque sur le cocher, pour l'abriter dé 1» 
pfane. — Regarde cet hoame qvi cottduiD 






^ 











— 1B6 — 




cette espèce de f oiture peinte en rooge, 
— Ah 1 ma chère 1 c'est un dentiste, car 
des milliers de... chicots, puisqu'il faut les 
appeler par leur nom, flottent en guirlande 
autour de sa voiture, avec un cliquetis sem- 
blable à celui que feraient des os de morts. .. 
mais c'est une horreur I — Voyons, change 
d'idée. Regarde ces dames la poitrine dé- 
couverte, coiffées en cheveux, dans ce 

cabriolet-milord C'est un coiffeur qui 

fait promener deux figures de cire. . . — 
Encore une réclame! Mais celle-ci au 
moins est drôle. Ah I voilà le magasin du 
Prince Eugène^ représenté par des jeunes 
gens à cheval, faisant exhibition de ses 
paletots de printemps... Gela ne nous re- 
garde pasl — Mais, ce qui nous regarde, 
Jeanne, ce sont les chapeaux revenus à 
leur forme gracieuse... la mode des ca- 
potes^limaçons aura fui comme une om- 
ftre..... — Pourvu que, comme Ginevra, 
ce ne soit pas : en nom disant, je 

reviendrai! Voilà de jolies toilettes : 

des mantelets roses, bleus, blancs, garnis 
d'effilés; des mantelets bleu de France, 
gros vert brodés en soutache noire garnis 
de dentelles cousues très-froncées; des par- 
dessus sur la forme Stella^ garnis de trois 
ou quatre rangs de petites bandes pareilles 
festonnées à l'emporte-pièce. Florence, ai- 
mes-tu les corsages Louis XV 7 les corsages 
Leczinska 7 -* Oui, mais pas à la ville. — Et 
les corsages ouverts, laissant voir un fichu 
blanc 7 — Je m'y ferai. . ♦ Je vois avec plaisir 
que les pagodes sont moins laides et lais- 
sent moins voir les bras. — Les robes de 
taffetas noir à trois hauts volants festonnés 
à l'emporte-pièce et cousus à peine fron- 
cés, sont aussi nombreuses que les robes 
écossaises; ce qui annonce le printemps^ 
ce sont ces robes lilas-rosé, garnies aussi 
de trois volants, le mantelet pareil, un 
chapeau de paille jaune dont le bavolet est 
une hante bande de paille formant des plis, 
et orné de lllas, on d'un bouquet de têtes 
de tînmes. — Les petits garçons sont mis 
de même que l'année dernière, les petites 





filles aussi; comme les robes ne tiennent 
pas toujours sur leurs épaules, avec un 
pardessus , elles sont toujours habillées et 
toujours à leur aise. — As-tu beaucoup 
travaillé depuis que je ne t'ai vue 7 — Oui! 
J'avais remarqué chez les chemisiers, des 
chemises blanches dont les devants, les 
cols y les manchettes étaient en percale, à 
raies on à fleurs bleues, roses ou rouille... 
Je me suis dit : si, au lieu de remplacer par 
de la percale blanche des devants, des cob 
et des manchettes usés, je les remplaçais 
par de b percale de couleur 7 Je me suis ré- 
pondu : tu ferais bien, pour deux raisons; la 
première^: c'est que» la percale neuve ne se- 
rait pas du même blanc que la vieille ; la 
deuxième, c'est que la percale de couleur 
durera tout autantqne le reste delachenuse, 
et je t'assure que, pour cet été, à la cam- 
pagne, ces chemises seront fort convenablei. 
— Voilà une bonne idée ! j'en profiterai pour 
mon frère. — As-tu reçu beaucoup de let- 
tres 7 — Oui, et je n'ai pu répondre à tontes, 
c'est ce qui me désole. La fille d'un manu- 
facturier qui tient les livres de son père et 
est chargée de la correspondance, se trouve 
très-embarrassée pour terminer ses lettns, 
s'il s'agit, par exemple, de demander une 
adresse î — Il y a une terminaison qui est 
bien simjrfe : Votre tris -humble sermnte^ 
mais l'esprit d'égalité, de fraternité s'est 
révolté de cette humilité. . . — Que de rimes 
eaél— N'y fais pas attention. Cette for- 
mule était si conmiodel A présent on se 
met à la torture pour écrire deux lignes 
que personne ne lit. . . Voici, je crois, ce que 
cettedemoiselle pourrait mettre : « Recevez, 
je vous prie, monsieur ou madame, les re- 

merdmentsde votre très*humble servante. » 
Si c'est pour annoncer un envoi à un mar- 
chand : a Recevez l'assurance du dévoue- 
ment de votre très-humble servante. » 
Pour demander à un industriel des pro- 
duits de sa fabrique : « Je compte sur votre 
exactitude, et suis votre très- humble ser- 
vante. » 

— Ma mère se lève , nous partons. Ta 









©!©^4. 



V' 



— 187 — 




dînes ayec nous? — Oui, je t'aiderai à 
expliquer ta planche. 

Noos rentrâmes, et» à sept heures du 
soir, an moment où l'on passait au salon, 
Florence et moi, nous revînmes dans ma 
chambre ; là , après avoir étendu sur une 
table notre énorme planche. Allons ! dis-je, 
après k plaisir la peine I pauvre Florence ! 
— Une autre fois ce sera : après la peine 
le plaisir I — Tu as de la philosophie. Je 
vais mettre à l'épreuve une de ses vertus... 
h patience 1... Prends la plume. 

Le n* 1 est un encadrement de châle 
carré , qui se fait en organdy et se brode 
au passé; ks dents se festonnent au point 
de rose. Pour une jeune fille de 12 à 
15 ans, on peut ne broder que les dents. 
Ce dessin sert aussi pour volants de mous- 
seline. On en met trois qui retombent 
juste, la fin de l'un sur le commencement 
de l'autre. Us doivent avoir chacun 30 cen- 
timètres de haut 

Le n** 2 est un petit col qui se brode sur 
mousseline, au plumeiis. Le pointillé, ce sont 
trois petits points faits l'un à côté de l'autre. 

Le n* 3 est la garniture que Ton coud 
froncée autour de ce col; elle se taille 
haute de 3 centimètres. Ce petit col se 
coud à un petit collet , le petit collet se 
coud à nn fichu de dessous, en mousseline; 
du côté droit de ce fichu on coud, fron- 
cées, deux rangs de la bande n** 3 ; après 
chaque bande, un pli cache les points qui 
la cousent au fichu; du côté gauche, une 
bande est cousue dans le même sens 
que les deux autres^ c'est-à-dire que les 
trois bandes rabattent de droite à gauche, 
comme un jabot d'homme rabat de gauche 
à droite. En jaconas et broderie anglaise, 
en tulle et dentelle, cela Mi des fichus qui 
couvrent bien la poitrine lorsque l'on porte 
des corsages ouverts. 

Le n"" A, AD, dans nn écusson, se 
brode aussi au plumetis. 

Le n* 5, Charlotiet se brode de même, 
pour un moudioir du matin, ou pour 
mouchoir de petite fille. 





Len® 6 A/6^ri0 dans un écusson se brode 
de même. 

Le n"* 7 est une bande de lys blancs, en 
teintes plates, elle s'encadre de dents noires, 
le fond se fait ponceau ; la bande de velours 
qui devra se coudre de chaque côté sera 
marron» vert foncé, ou bleu de France. 

Avec cette bande , on fait chaises — 
fiinteuils — canapé — coussin — > tapis de 
Ut. 

Len"* 8... 

— Je sais, interrompit Florence, ce 
sont les signes qui représentent les cou- 
leurs employées dans ce dessin. J'ai bonne 
mémoire!... Continue! 

— Si tu veux faire ces lys, jaunes, tu 
choisiras six nuances, depuis l'orange 
foncé Jusqu'au jaune pâle, pour lequel tu 
emploieras la soie. Tu feras le fond bleu de 
France, noir ou blanc, alors l'encadrement 
sera ponceau ; la bande de velours qui de- 
vra se coudre de chaque côté sera choisie 
d'après le fond. Te souviens-tu d'un des- 
sin de tulipes en teintes plates qui a eu 
tant de succès en 18467 Je cherchais vai- 
nement un dessin qui pût lui faire pen- 
dant... le voilà trouvé. .. mais bien tard! 

Dans le passage de l'Opéra toutes ces 
laines et le canevas , sont choisis pour toi» 
et d'avance. 

« 

Le n° 9 est la moitié du dos d'un man- 
telet- Parisien. 

Le n^ 10 est l'un des devants. 

Le n* 11 est le morceau qui se coud sur 
l'épaule et réunit le devant avec le dos, 
ainsi que l'indiquent différents signes. 

Le n*" 12, ce sont des biais que l'on re- 
plie en deux et que l'on coud, le long de ce 
n"* 1 1 , de façon à le couvrir, en les plaçant 
ainsi que l'indiquent les pointillés qui sont 
au bas de ce n* 11. 

Le n» 1 3 est la moitié de la garniture 
de ce mantelet, elle se fronce, et se coud 
du côté du biais, à partir du milieu du dos, 
et s'arrête sur le bras ; les chiffres 96, 
et les chiffres 36 1|2, doivent se réunir 
ainsi que l'indiquent les signes. 






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— 18» — 



Pour caeher les points des biais posés 
sur Tépaule, on coud d.ssus une petiie 
soatache que Ton coud aussi tout autour : 
sur l'ourlet do mantelet, sur celui de la 
garniture, et sur les points qui la réunis* 
sent au mantelet. 

Sii boutons à gaucbe et six bndes à 
droite ferment ce Rtanlelet sur la poitrine. 

Il se taille en tall^tas noir, ou en taffisti» 
glac\ Il convient aux jeunes dames et 
aux jeunes (iilcs. 

Ici commence la description de la plan- 
che de la grande édition. 

Le n^ 14 est un col^Mazarin qui s« 
brode au plumetis, sur mousseline. 

Le «• 15 est le &• d'une ombrelle qitî se 
taille en iianzouk ; ce dessin est en bro- 
derie anglaise. Il sert à recouvrir les om- 
brelles roses, bleues, lîlas que lesoleii a 
fanées. Cette ombrelle n'a pas besoin d'être 
garnie. 

Les n- 16-17-18 19-20-21-22-23-24- 
25-26-27-28-29.30-31 : Àihgelina^ChaT' 
lutte — Hortense — Berthe — Clara — 
Apolline — S. D. — Janmj — Alexandnne 
— Léontine — Zénats — Caroline — Clé- 
mentine^ Adèle — G, E, D, — Alice, se 
brodent an plumetis. 

Le n"* 32 < est un encadrement poor 
châle d'organdy, il se brude au passé ei 
atr crochet ; les ctenis se font en poi.its de 
rose. 

Ce dessin peut aussi servir pour grands 
volants de mousselkie. 

Le n^ 33 est un dessin de chemisette 
pour robe habillée, il se brode au i^umetis 
et au peint de cordonnet; les palmes se 
f<mt en broderie anglaise. 

Le n* Iky ce sent les deux côléi d'un 
col, en broderie anglaise, pour le canezov 
de petite fille, qui a étémis n^ 3, plan* 
che I. Ce col se bovteane derrière. 

Le n* 35 est un entre-deuz auquel on 
coud ceooL 

Le v* 36 est la manehette. 

Le n* 37 est Tentre-deux aiquel on 
coud cette manchette qui. doit se rele- 





ver mxr la manche , laquelle se coud 1- 
rentre-deux. 

Lesn"** 38 est ledessind'nn hasde jspen, 
il se brode an point de rose et en broderie 
anglaise. 

Les n**» 39 et li^O. Anna et Pénélope, 
se brodent an plnmetts; 

Le n* hi c^t un bairde jupon en points 
de rose. 

Le n^ 42 est un enti^denr en broderie 
anglaise et plumetis. 

Le n^ 43 est le dessin de la* moitié dune 
bonrse longue qui se fait an filet et se brode 
en i)erles. 

Le n* 44 est la moitié d'une pièce d'é- 
pctule et sa manobe pagode qui se taillent 
(Unn s ni morceau. Ce patron sert peur 
nrbe de chambre, peigneir et camisole de 
nuit... C'est fini! 

— Ce n'est pas malheureux 1 Je ne 

t*ai pas interrotopue, Jeanne, mais lorsque 
tu as fait défiler ce régiment de noms, je 
me suis mise à la place de tes abonnées 
qui sont jeunes femmes et que cela doit 
parfaitement ennuyer, car elles ne brodent 
que des iniiiaies à leurs mouchoirs habillés 
ou non. — J'avais résîisté jusqu'à pi^ésent, 
tu le Sdis, mais il parait que voir son nen 
brodé en entier, cela fait grand iibisir. 
-- Den goUU» et des couleurs U ne faut pas 
dispiiter,., À propos! et h description de 
la gravure de modes? 

— La mmée a une robe de dawas de 
soie ; sr» manches pagodes sont garnies de 
deux rangs de dentelle; la même dentelle 
est froncée auteur de son cou ; la même 
dentelle fenne brandebourgs sur sa poi^ 
trine et redesoand e»t>MiMr sv sa robe ; 
sa guirlande eat tonte en fleurs d*uranger; 
son voile est en telle de soie. Sa sasarv 
dont les ba n de aux sont crêpés en dedans^ 
relevés et retournés sur eux^mênaas, a de 
chaque cdté un nceud formé de deua bei- 
cles et de deux boots; sa robe en gros 
de Napks gris rosé, est garnie de volants, 
fesloanés à l'emporte^pièce, un petit ruban» 
froncé au milieu , cache lau petaHi qii 











?'^C>^îSa. 






— 189 - 



cousent les Yolanls. La petite sœur a une 
robe et un pardessus pareils. Je conseillerai 
de raccourcir le pardessus de manière à ce 
que sa dernière garniture tombe au-dessus 
de la première garniture de la jupe. 

— Tu as encore ton rébus à nous expli- 
^nÊT : Un homne qui sème...* un homme 
quilMNSsonne, qu'est-ce que eelt veut dire? 

— Mon Dieu I un proverbe assez triste : 
L'un sàrw, Vautre moissonne ! 

— Je ne le connaissais pas. Maintenant, 
Jf«iiise» retournons mi ««Iob , et, cette 
fois, l« le TOfs, c'est... après la peine, le 
p^omr î » 




Je sois forcée de te quitter^ ma chère; 
la place me manque ; cependant, je trou- 
verai bien encore le moyen de te dire 
que le tricot mosaïque du mois d'avril se 
compose de cinq tours à l'endroit et cinq 
tours à l'envers, ce qui doit former un 
carré... Je t'annonce que tu auras pro- 
chainement de magnifiques tapisseries en 
couleur dont une d'elles sera reçue "à IVx- 
position de Londres. 

Adieu ! que le soleil (e ménage ses feux, 
que les fl urs t'envcient leurs parfums et 
qae tons les coeurs t'aim* nt comme je 



i»-î 



taime. 



J. J. 



ËPnÉniEBIDES. 



PRISE DE CONSTANTINOPLE PAR LES TURCS. — 29 mai lii53. 




L'empire était menacé depuis long- 
temps et pressé de tous côtés par les bar- 
bares, lorsqu'au commencement du prin- 
temps de 1/^53, Mahomet VI, fils d'Amu- 
rat, vint mettre le siège devant Byzance. 
Constantin Paiéologne régnait, digne par 
ses vertus et ^ valeur de coounander à 
une nation plus noMe que ces Grecs, 
énervés dans la mollesse et les vaines dis- 
putes des écoles. Il fit, à la tête de quel- 
ques troupes fidèles, des^prodiges d'hé- 
roïsme ; mais il ne put ritn contre une 
destinée inévitable. Le 28 mai, voyant que 
tout eftpoir de si^ot était perdu, il passa la 
nuit en prières, et au lever de l'aube, il 
reçut la communion. II quitta l'élise de 
Sainte*SopMe poar marcher aoK ranpnts, 
et api^ use loi^e r^sisiamoe, :U tomba, 
frappé d*im coup 'mortel , en disant : 
<x N'y a-t-il pas ici un soldat chréitea qn, 
par charité, veuille me couper la tête! » 
Les Turcs, maîtres 4e ia vHÂ, y^Batrèreot 




en triomphe; Mahomet marchait à leur 
tête, en répétani ces vers d*un poëte per- 
san : « L'araignée file silencieusement sa 
» toile sous 1« s lambris des palais, et l'oi- 
» seau des ténèbres pousse des cris sinis- 
» très sur los tours d'£ufrasiab ! » Le corps 
du dernier empereur fat exposé à la vue 
de la multitude, et IVglise de Sainte^So- 
piiic, lavée à l'eau de roses, fut transfor- 
mée en mosquée. Que9(pm Grecs par- 
vinrent à échapper au massacre o« à l'es- 
clavage, et faisant voile vers l'Italie, ils lui 
apportèrent le dépôt des lettres et des arts, 
dont l'eiupire d'Orient, au milieu des té- 
nèbres et de la omifttsion du moyen âge, 
avait été si longtemps le fidèle gardien. On 
cite parmi eux le célè* re Lascaris. Ils 
furent noblement accueillis en Italie par 
les Médids et par le cardinal Bessarion, 
Grec d'origine, qui, rentré au sein de 
r£g)iseT«niaine, accnpait un poste impor- 
tut auprès du saint-snége. 





■-^ 





.;a^£3- 



■MAIQVE. 




Une boDoe action va de l'Orient ï l'Oc- 
cident; elle monte lers le ciel, d'où elle 
retombe comme une rosée ter le monde. 
Lacordaike. 

Il bat iwanoinp an laie et peu ponr 
la nature. 

Ddcis. 

L'étnde et la méditation sont les pre- 
mières patBsances de l'homme. 

HIBABEAD. 

Si l'on pouvait aToir on pen de pa- 
tience, on s'ëpai^aerait beaucoup de du- 
grins : le temps en Ate auUnt qu'il en 
donne. 

M"* DE Sévigké. 



Celai qni vent ètn beurein occupe pen 

de place et en diange peu. 

FOSTENELLE. 

L'ar^nt ne doit entrer en la maim 
des gens dlioanenr que par la TMe de b 
Ttnn. 

Amiot. 

Des cbosn Ttînes et friroles prennent 
une importance dont elles ne sont pas 
susceptibles en elles-mêmes, lorsqu'eUei 
se rattadient i l'existence de ceux que 
nous avons aimés et perdus. 

Walter Scott. 

Une marque de grand courage eit la 
doaceor. 

BossctT. 



RÉBUS- 




PiiU. — jTj^riphu d* bMiuis naît Da.iJef-Du.irj, rus SiiDt-Luuii, *6, ID Mini*. ^ 



-!SSS3s>- 




"!>%. 



3limrnal ies ^fmDT8fIlf5. 









— 161 — 



ÉTAT ACTUEL DE LA CALIFORNIE. 





Les bruits confas qai se répandirent, 
a y a environ trois ans, sur les fouilles 
éCor^ excitèrent partout le rire de Tiocré- 
dulité. On ne pouvait pas admettre la pos- 
sibilité qu'un métal bi envié se ramassât 
comme on ramasse des coquilles et des 
cailloux sur le bord de la mer. Des récits 
postérieurset plus autiientiques prouvèrent 
néanmoins que, pour une fois, la rumeur 
publique était au-dessous de la réalité. La 
région d*or , en Californie, est d'une telle 
étendue, que celles que Ton coonaissait 
jusqu'à présent perdent toute importance. 
On a découvert de l'or dans des endroits 
éloignés l'un de l'autre de plusieurs cen- 
taines de milles, et l'on a constaté que la 
partie intermédiaire éuit, sur une largeur 
considérable, proïfondément imprégnée de 
ce précieux métal; on croit que dans les 
montagnes les filons, dont les dépôts trouvés 
dans le sable ne sont que le lavage superfi- 
ciel, ont aumoins six cents milles d'étendue. 

La conséquence naturelle ne s'est pas 
bit attendre; un mouvement s'est opéré 
daus le monde, tel que l'histoire n'offre rien 
de pareil. Des chefs de famille se sont arra- 
chés à tout ce qui leur est cher pour voler 
à la recherche de la source de tous les maux. 
. Les feuimes et les enfants pleurent Tab- 
sence de leur mari ou de leur père, sou- 
haitant bien sincèrement qu'on n'eût 
jamais entendu parler des mines d'or, et 
qu'un tremblement de terre eût, depuis 
longtemps, bouleversé la Californie et ses 
placers. 

Mais la surexcitation qui règne dans nos 
contrées n'est que de l'apathie, si on la 
compare à la fièvre frénétique qui désole 
l'autre côté de l'Atlantique, où nous prions 



DlX-.NKtYlÈllE ANNÉE 4' SÉRIE. —N* VI. 



nos lectrices de vouloir bien nous accom- 
pagner. Là, partout, villes et villages sont 
abandonnés par la partie mâle de leurs 
habitants qui, sans prendre à peine le temps 
de s'informer du chemin, se lancent pour 
se joindre à la chasse de l'or. Les routes 
de rOrégon et de Mexico sont couvertes 
de voyageurs suivant tous la même direc- 
tion. Dans le village de San-Padra , il ne 
reste pas une âme. La fièvre a trayersé la 
mer Pacifique; des nouvelles récentes nous 
annoncent que les Chinois se jettent dans 
toutes sortes de jonques, se livrant aux 
vague?, sans boussole. Les îles Sandwich 
sont en voie d'être bientôt dépeuplées; il 
y en a plusieurs qui ont perdu 25 pour cent 
de leurs adultes mâles. Un journal améri- 
cain annonce plaisamment que le roi Ro- 
meha mehda a perdu son cabinet et demande 
un premier ministre. 

L'excitation n'est pas moiudre dans les 
grandes villes de l'Amérique^ parmi -les 
personnes de la classe aisée. Les journaux 
sont remplis d'annonces relatives à la Cali- 
fornie, et tous les objets de commercé qui 
peuvent être utiles dans la région de l'or 
ont augmenté de valeur. Les négociants 
abandonnent leurs magasins, les commis 
rompent leurs engagements, les hommes 
de loi laissent là leur clientèle, et les mé- 
decins leurs malades. Les écrivains et les 
éditeurs se joignent aux émigrants par ving- 
taines; nous avons entendu parler d'un 
jeune homme de New- York qui, relevant 
de maladie, entreprit le voyage malgré 
l'opposiiion formelle de son médecin , et 
la prédiction positive qu'il ne résisterait pas 
plus d'une semaine aux fatigues qui l'at- 
tendaient. 



«/• 













^ 162 -~ 



A Lynn, dans le Massachnssets , la 
moitié des hommes non mariés a été prise 
de la contagion, ainsi que dans tons les 
États de TOuest; dansTAlabamaetla Loni- 
sîane , ils sont devenus des curiosités. Mais 
l'exemple le plus frappant est ce fait dé- 
plorable que, à Sag-Narbour et dans le voi- 
sinage, à Long-Island, où l'on compte 
deux cents belles filles de dix-sept ^ vingt 
cinq ans, il n'y a que trois hommes sus- 
ceptibles des honneurs de Tfaymen , et les 
pauvres diables sont tellement embarrassés 
et effrayés de leur désespérante minorité, 
qtt'à moins d'un embargo mispromptement 
sur eux par ces dames, il est à craindre 
qu'ils ne partent aussi. À New- York même 
dans les promenades publiques, quantité 
de visages pâles annoncent éloqaemment 
les regrets causés par le départ des fiancés; 
tandis que de laids personnages , à qui pas 
une fille n'aurait pensé il y a trois mois, 
Commencent à lever la lêle et à se faire 
valoir. Eufin, les régions aurifères font le 
désespoir des belles Américaines, et bientôt 
nous entendrons parler d'un navire fj été 
pour la Californie par des dames allant à la 
recherche de maris ou de fiancés fugitifs, 
sans doute mauvais appréciateurs de la vé- 
ritable richesse , car autrement ils n'au- 
raient pas abandonné de tels trésors pour 
tout le vil métal du moderne El Dorado. 

n y a plusieurs routes pour aller de New- 
York en Californie ; mais le passage du Cap 
semble être préféré en ce qu'il entraîne 
moins d'embarras et de dépenses. Il est à 
craindre cei)endant que beaucoup de ceux 
qnî, depuis peu, ont suivi cette route, ne 
voient jamais San -Francisco. Plusieurs des 
embarcations^étaient de vieux navires hors 
d'état et faisant eau; les équipages, suivant 
toute apparence , aussi fous que les passa- 
gers, disposés à tout affronter pour gagner 
la Californie, et bien résolus à déserter 
aussitôt qu'ils seraient arrivés. En outre, 
la manière dont quantité de poudre était 
entassée dans la plupart des embarcations 
ajoutait encore aux chances défavorables 




à une hem*euse arrivée, surtout si Ton 
considère que presque tous les passagers 
étaient Aed failieuré détèrifiinés. Si aucun 
I de ces navires ne saute , ce ne sera pas 
grâce à la prudence de ceux qui les montent. 
Le passage autour du Cap est estimé de 
cinq à six mille lieues et demande quatre 
ou six mois, de sorte que ceux qui prennent 
cette route ont tout le temps de réfléchir 
à l'emploi qu'ils feront de letir of avant de 
l'avoir recueilli. Les voyagirars sefônt sMges 
s'ils évitent de prendre terfe , nUflUporte 
sur quel point de la cOte de la Patagonie ; 
car il court des brtiits effrayants sur de 
gigatitesquessàutagesdèce pays, ayant m^ 
prédilection si prononcée pour ks bhoos 
qu'ils mangeût tous ceux qnlb peuvent 
attraper. 

Doubler te Cap est , en outre , une en- 
treprise qtil , une tbin effectuée, ttet pv» 
toujours un homme ï fabrf du tobriqvtt 
de marin d'eau dmice, La houle de l'Océan 
frappe d'étonnement le matelot le plus et- 
périmenté. Dans les temps qvi'on poutrait 
qualifier de calmes, la mer est enenre tttèi- 
grosse ; les conps de vent se suocèdent à 
des imervaHes si rapprodiés, qne les va|;aes 
n'ont pas le temps de s'abattre, et les na*- 
vires à peine maîtrisés par les voiles et le 
gouvernail, so^tbaBottéscommedespoiiifes 
sur les eaux. Le froM est d'une teRe inten- 
sité qu^ est posirivement impossible ée 
ré:àster en foce au vent. Les tempêtes y sont 
aussi soudaines qu'inattendues. On voit 
un nnage se lever an sud-otiest , et avant 
que Tordre d^amener et de caiiguer les voiles 
ait pu étreexécnîé, Porage tombe avec Afrie 
sur le vaisseau ; la grêle , la pluie, la neige 
et le grésil s'abattent avec tonte la force 
que leur imprime un vent désordonné , «t 
l'on se trouve en un moment jriongé dans 
robscorlté la plus profonde. Pourtant, les 
misères du Cap ne sont que pour les ma^ 
tdots , car pour que les passagers aient la 
permission de monter sur le pont , il font 
non-seulement nn temps de calme, tuais 
encore la certitnde de sa dorée; et au 












— i«5 — 



asped ifedaiager on les fût 




QwBt aHiioltB par Une, ktéaaK hs 
plus swvifli aoiit : i'««e par MexiM^ ïan- 
Ire ptr te uMilafiMs RûcIimms. Far k 
pranièra» It layage se Mi à dos d« nuilet 
depuis Yeet-Gru , et ptead 4m qpim» 
fmn à tnîs semainii. Cette fente eat, 
dk-on» phB agréaUei i>iw feue les cas, 
en 7 cenrt meioe lîsqae de meodr de 
fidm fue par les momigaes. Om affireae 
qn'oiM troupe ds six Toyaganrs fnt sédiate 
à l'affreuse altmatiee de tirer an sert afin 
de décUer leqael seraîl sacriié peur noer- 
cir ]ee eatree, tt^ panai les dut fiierisée se 
iroDTaitiefrèredelayictiaMl laroelepar 
Mexioe o'est pes lumphis seesdanssn; maïs 
cooMiie IP'priflK^ipal est celiiî de rencontrer 
des beedi^ nue révnion de vie^ Toye- 
gewrs pent êure à peu près tranquille; des 
brigands Meikains, en qndfne nombre 
qu'ils soîanC» n'oseront jamais altafner 
nne telle bande d'Américains armés. Mais 
nn foyagenr iselé est presfne sûr d'être 
dépoeîàlé, henrenx enœre s'il édiappe la 
fie sauYe. llyaqaelqi)et«ps,minemmé 
Jobn Anderson, fiimnt partie d'nne troope 
d'émigrants, ayant quitté Buifalo pour aller 
en dalifomie, ent l'imprudenoe de s'éloi- 
gner de ses eompagnime; troii gnérittas 
s'élaneireat sur hd, le renversèrent de sa 
mnle, l'altaqnèrettC k eonpede pislaiet et 
de poignardant Ini firent d'imrribles Ues- 
sores. Maie Andersen élait na homme 
figonrenx: armé d'nn Sort blton* il réns- 
sit A tner nn des assaillants et à tenir ks 
antres en respect josqn'A l'arrirée de ses 
compagnons» ^« trèe-freldeaMut^ pendi- 
re«t les den bandits à nn arbre avee des 
lambeamt dn lenrs propreB Tétements. Les 
Uesstties de H. Andereen n'étaient pis 
dangneneee» et aeivant tente prohabiliié, 
tt se console maintenamt desessonffirances 
ea amoncelant des pUea du aaétal précieu. 

La route par la rivière de Gbagres est 
préférée par qnehiaes Toyageurs, mais il 
faut bien se garder de m/ettre le pied sur 




ces rires inealobres, dent les marais pesti- 
kualietB sont s» favorables au développe- 
ment de la vie des reptiles, que ce pars 
semble être la propriété de monstres anx 
pvoportiens antédilufiennes. Le ver de 
terre comman y atteint la longueur de 
dnuxe pieds, et est aussi venimeux que la 
vipère ; les crapandls» les boas constricteurs, 
les crocodiks» les serpents, les scorpions, 
les léaards y couvrent littéralement le sol. 
On y trouve même des animaux de Tes^ 
pèee du mammontb, ioooanns dans l'his- 
feoire naturelle actueUe, mais que l'esprit 
d'entreprise destine à venir visiter avant 
peu les pays ci? ilis^. M. Barnnm, proprié- 
taire de Tem-Pouce, vient, ditM)n, de di- 
riger nne eaipédition sur la rivière de Cba^ 
grès, afin de s'emparer de quelques-uns de 
ces monstres, pour son muséum, d'oà ils 
iront sans doute en Angleterre. 

Sien que beaucoup de fimmes se soient 
rendues en Californie, elles sont inûoi- 
ment inférieures en. nombre aux maîtres 
de la création, et appréciées en consé- 
quence. En outre, la plupart de ces oames 
aventureuses sont mariées et accompagnées 
de leurs maris, ce qui rend les demoiselles 
plus in'écienscs et les fait vidoir plus que 
kwr pnant d'or. C'est, disent les rap- 
ports, nn spectacle divertissant de voir 
combien elles sont recherchées par les pi<h 
cheurst qni leur oiïrent de mettre des 
monceaux de pondre d'er à leurs pieds en 
échange de leur main. Quelques-unes $e 
sont rendues, mah» les prétemknts sont si 
nombreux, et si également riches que les 
demoiselles craignent de montrer une pf c- 
férence. 

Les pUntes qni arnven^de toutes parts 
aoot au moins assez flatteuses pour le beau 
sexe, pui^sque la perte de la société de 
la femme semble être regardée comme 
nne privation plus pénible que toutes les 
atttr^ (t Ce pays est eertaioement fvrt 
liean, écrit im émigrant, mais pour moi, 
il est aussi triste que rÉrèbe, il y a si peu 
de femmes ! d Un autre donne cet avis : 





e««^ 











.>^®^ 




— tel — 




« Si TOUS voulez faire quelque chose de 
réellement profitable pour la GaIif(»*oie, 
envoyez-nous quelques cargaisons de filles 
à marier; la femme la plus ordinaire de 
Boston passerait ici pour un ange. » Un 
troisième s'écrie piteusement : « Les 
femmes sont assez vengées de nous; car 
en les quittant pour aller chercher de l'or, 
nous avons changé le plus grand trésor de 
la vie pour ce qui nous semble mainte- 
nant UQ vaste monceau de cendres. » 

Nous croyons, malgré les bruits con- 
traires, qu'il n'y a eu que peu on point 
de souffrances causées par le manque de 
provisions en Californie, et à cause de l'é- 
lévation du prix des denrées; mais de 
bons lits, du linge propre, les objets de 
première utilité, sont néanmoins des choses 
auxquelles il ne faut pas penser ; il y a 
bien peu de piocheurs qui pourraient se 
vanter de posséder plusieurs chemises; et 
ce vêtement vaut une teUe quantité de 
poudre d'or que personne ne se croit assez 
riche pour ea avoir deux à son usage. De 
plus, le luxe du blanchissage , en suppo- 
sant que les piocheurs y songeassent , serait 
presque une impossibilité, faute de vais- 
seaux à cet usage ; tous les objets de cette 
nature, à partir de l'écaillé d'huître, étant 
tellement consacrés au lavage de l'or qu'on 
regarderait comme une sorte de profana- 
tion de les employer autrement 

La rigueur de l'hiver dernier, plus 
grande que celle des quinze années pré- 
cédentes, n'a pas empêché les mineurs d'é- 
tendre leurs explorations; parfont ils ont 
découvert des gisements productifs. Dans un 
endroit appelé la fouille de George-Town, 
à douze milles du moulin de M. Sutter, 
plusieurs individus ont obtenu chacun une 
livre d'or par jour, et en tirent maintenant 
deux ou trois onces. Des lingots énormes 
ont été extraits; on en a reçu im à New- 
York, qui pesait quatorze livres, et der- 
nièrement on en montrait un à Stockton, 
pesant vingt trois livres. 

Dans quelques-uns des nouveaux gise- 



ments, l'or est d'une beauté remarquables 
malgré son abondance ; et en conséquence 
du nouveau mode de lavage au moyen du 
mercure, de l'expérience acquise et dé 
l'immigration, on est persuadé que le pro- 
duit de cette année sera au moins quin- 
tuple de celui de l'année dernière. L'opé- 
ration des mines est aussi dirigée d'aprèe 
un système mieux organisé. Dans le prin- 
cipe, les gens se précipitaient çà et là, 
tantôt se disputant telle partie du sol, 
tantôt l'abandonnant pour une antre plus 
enviée, et laissait souvent l'endroit le plus 
productif à quelque aventurier plus heu- 
reux on plus persévérant Les inondations 
désastreuses de l'hiver dernier, qui ont failli 
englouthr la ville de Sacramento, ont mis 
à jour une quantité d'or considérable et 
en même temps ont enseigné aux mineurs 
le mode de travail. On construit des digues 
dans la plupart des cours d'eau : sur la 
rivière Tuolomne, une troupe de cent 
hommes est occupée à creuser un canal 
d'un mille de longueur pour détourner le 
courant. Les expériences de sondage déjà 
faites promettent ï chaque travailleur un 
produit assuré de trois à quatre onces par 
jour. 

Les chercheurs d'or n'ont pas de repas 
réglés; ils mangent ce qu'ils trouvent, 
debout, courant, grimpant, piochant, 
comme cela se rencontre. Ainsi qu'on peut 
bien se le figurer, l'art culinaire est ra- 
mené à un état primitif qui glacerait 
d'horreur les disciples de Soyer (1). Ce- 
pendant il s'est élevé des établissements 
pour ceux qui ont plus de souci p9ur le 
comfort matériel. Ces établissements, te- 
nus généralement par des familles indien* 
nés, ont beaucoup de l'apparence bohé- 
mienne. Ils consi:)tent simplement en un 
chaudron suspendu à un triangle que for- 
ment trois pieux plantés en terre. Dans ce 
chaudron bout contiauellement un mé- 




(i) Célèbre reitaurateur. 




c;©^^ 














— J68 — 



lange de viande, de paio» de pommes de 
terre, de cboux et de tontes sortes de choses 
qni ne sont pas positiTement capables 
d'empoisonner ; on distribue ce potage aax 
hôtes à raison d'un dollar hi pinte. Les 
Indiens sont également en mesure de ré- 
galer leur clientèle d'eau de feu^ qu'ils 
Uùt payer un jpT'm encore plus exorbitant; 
et se réglant sur une coutume de nos pays, 
ils ont pour demoiselles de comptoir, dans 
leurs établissements en plein air, de jolies 
squaws (femmes mariées), qui compre- 
nant toute l'importance de leur sexe , se 
donnent des airs et des grâces qui feraient 
honneur à un monde plus fashionable. 

Les crimes sont trè»*rares en Californie, 
grâce, selon tonte apparence, â l'applica- 
tion immédiate de la loi de Lynch. Les 
vols étaient fréqnents dans le principe, 
mais on a pris des mesures séfères pour 
la défense de la communauté, et l'exécu- 
tioTi de quelques délinquants, peodus aus- 
sitôt qu'aiTétés, à l'arbre le plus Toisio, a 
eu pour effet de mettre ainsi un terme 
au système des gens peu scrupuleux. 

Tous les chercheurs d'or n'ayant en 
vue que l'accumulation de h fortune, 
on conçoit facilement l'uniformité des 
événements de chaque jour. L'extrac- 
tion d'un lingot d'une grosseur peu 
ooQomune , la découverte d'un nouveau 
filon, l'arrivée d'une troupe d^émigrants 
apportant des nouvelles du pays^ et de 
temps en temps la vi^ite des Indiens de 
l'intérieur, voilà les seules circonstances 
qui rompent la monotonie de la recher- 




che de l'or. Il y a quelque temps on leur nouvelle position. Un homme qui 




vit arriver aux placera une troupe d'In- 
diens, de mine avantageuse, appartenant 
à une tribu inconnue jusqu'alors aux Amé- 
ricains; ils étaient accompagnés de trois 
jolies filles qui firent sensation. On repré- 
sente ces Indiens comme excessivement 
intelligents et pleins de charme et de di- 
gnité dans leurs manières. Ayant entendu 
parler du prix que les émigrants atta- 
chaient à For, ils avaient fait un voyage 



aux mines pour devenir possesseurs d'une 
partie de ce précieux méul. Ce qu'ils ra- 
content d'eux-mêmes jette un nouveau 
jour sor l'opinion qui s'accrédite rapide- 
ment, que l'Amérique était autrefois peu- 
plée par une grande nation, fort instruite 
et avancée dans les arts; ces visiteurs ont 
prouvé qu'ils n'y étaient pas étrangers 
eux-mêmes. Us disent qu'ils habitent une 
ville à plusieurs lieues au nord-ouest; on 
peut donc présumer qu'ils ne font pas 
partie de h race commune des Indiens, 
mais que ce sont les descendants des véri- 
tables constructeurs de huXtes, réels abori- 
gènes du pays. Une lettre venue de ce 
placer fait le pins grand éloge de ces fiUes 
indiennes, les représeate comme de véri- 
tables personnes bien élevées, et dit que 
si ce n'était leur teint un peu trop foncé» 
leur taille et leur figure les feraient prendre 
pour des anges. 

Les volontaires amëricaios, commandés 
par le colonel Stevenson , sortant en 
grande pariie des classes inférieures de la 
société, ont opéré, par l'envoi de leurs 
trésors, des changements surprenants dans 
la position de leurs parents restés dans les 
villes de l'Amérique. On raconte à ce sujet 
des anecdotes extraordinaires : De vieilles 
marchandes de pommes, dont les fils s'é- 
taient enrôlés, achètent maintenant des 
toilettes sp!endides pour représenter dans 
les cercles de l'aristocratie. Deux petites 
filles qui balayaient New-Broadtcay ont été 
mises dans une grande pension pour y 
recevoir une éducation en rapport avec 



était dans une maison de mendicité il y a 
quatre mois, vient d'acheter une terre con- 
sidérable où il fait construire une magni- 
fique habiution. Le matire d'une petite ta- 
verne dans les environs de Ne w- York étonna 
fort ses voisios un jour, en jetant au milieu 
de la rue ses barriques de gin, qu'il offrait 
à qui voulait les emporter. Cet accès de 
générosité était produit par la remise qtii 
venait de lui être laite d'une somme con- 















— 166 — 



sidéraMe proTCunt dfs miiws. Us 
lard reçQl oiie lettre àt se» fib, aloiB à 
Panama, qui lui aonoiiçait qu'ayant dé* 
fierté chi régiment dea YoIont2ires« M ae 
troaTaît rédoit k ht pVn raâréiiie pavnrefeé, 
le priant de Ini ewreyer qnekpies éeHars 
ponr revenir an pays ; mais tand» qne lo 
père s'efforçait de satiafaîre à sa deaaaade 
an moyen d'une seuscription parmi ses 
connaîssaneea, M reçnt nne awire lettre 
loi donnant arâ de YewnA d'wi petit 
baril de pondre d'er de la Tafeor d'eof 
vire» cinquante mille doUara. An commen- 
cement de janvier, une panvre Irb»- 
daise reçnt une lettre qu'cÂle porta à nn 
homme de loi de New-York, dans WaU* 
Street^ le priant de loi en fedre la fecftura. 
L'hemme de loi, surpris de voir le tiaa- 
bre de San-Frandsco, demanda à cette 
femme, avant d'ouvrir la lettre, de qui dk 
venait 

« Bfo foi, monsieur, répondîtrelle, je ne 
sais an monde de qui die peut vemr, et 
j'miagine qu'il y a méfmse. 

— - N'avei-vous pas de parents en Gali- 
forme? 

•— Ni n, ni aillenra, moosieurr et ce 
n'est pas des gens comme mot qui savent 
cenlement où se trouve ce pays-liu 

— Est-ce qu'aucun niemfare de votre 
f«mUe n'est parti ponr la guerre du Alex»- 
-que? 

— ^t si, votre hoanenr; nn anémalde 
mari que le diable l'emporte. Il est parti 
dans le régiment dn cohmel StevcnsoUt et 
J'espire bien qu'à ne reviendra pas- 





— ¥oib qm édaîraît l'tfWfe;^ » dk 
l'homme de lot en ««vinnl b ktire. IBb 
reiimBait nne traîae de din mHie dnilan 
snr la mmen Honrland et AflynavalU et 
cenlenait ces mots : 

ic Ghére Peggy, je t'envMe ww ba^i- 
teAe:; je aoulmite qu'elle vaille qndqae 
chose; car je Pai achetée à tant haaard, 
et j'ai assez é'oe en ma poasenîan penr 
en acheter pins de viugt eamaae «la. 
Tâche d'apprendae à derenir une ^anie 
dame le pins tôt que ta ponrrae, car leta- 
qne je uerieirirat jeté Kadiaè riche eomme 
mie reine. » 

La traite te payée à présentatien^ ei 
sans dsRSIe que Pifigy ne désira pinemaln- 
tenanaqne son animal de mari ne revisnne 
jamais. 

Ilestnnfail singulier» c'est queF^ialenoe 
de l'or dans les menftagneidela Galifarnie 
était oonnne depuis firès de deui aîèeieaw II 
en est itit memien dans phwienra livres 
anciens; et 11 court une tradîùen,i ifue ke 
mines étaient exploitées par des races qui 
se sont éttintce depuis ioogtemps. Gdn 
semblerait confirmé par ledéooiiverte dans 
celte localité de plusienrftinstmments d'ex- 
pkHtaUen. Ces oeiils sont hi posseattan d« 
capitaine. Sutter» nn ies premiers cher- 
cheurs d'er de la CaISfornie, qui a obtenu 
des Indianft nn grand nombre de reliques 
étabhsaant to prewreque la GaliComie était 
anUreiais nn paqfs puiimanl ettUmen ci* 




SeYEEDI. 

( Tradmil de ranglmi.) 










— 167 ~ 



BIBLIOGRAPHIE. 




La Lyre des Petits Enfants, poésies non- 
TeUes, dédiées à toutes les mères chré- 
tiennes; par M. Alphonse Gordier (de 
Tonrs). 

Il vient de nous tomber entre les mains 
nn recueil de poésies qui, dédié à tontes 
les mères chrétiennes, mérite d'occuper 
une place dans le journal consacré à leurs 
filles aînées. Ce volume, venu après tant 
JTantres, faits pour les enfants, est ce- 
pendant neuf et charmant ; éloigné de F af- 



féterie, du faux enfantillage, langue qu^à- 
doptent toujours ceux qui ne connaissent 
ni ne chérissent les enfants, il est à la foia 
gracieux et raisonnable^ doux et grave 
comme une bonne mère qui se met à la 
portée de ses petits enfants, tout en tâ- 
chant de les élever avec amour à sa propre 

hauteur. 
La pièce insérée dans ce numéro vous 

donnera, mesdemoiseHes, une idée des 

productions de Tauteur. 



**¥ 



UTTÈnATUBE DfiTlIAIf G] 



A',^ 




LAftOSA. 



FAYOiA. 



LA ROSE. 



FABtS. 



Di se Stella invaghita, e del sue bdlo 

Si ipecchiava la roia 

In un limpido e rapido roscello 

Quando d'ognl ma fo((na 

UnC aura impetuoM 

Ia bdia fMa ipoglia. 
Gasear* nel ri» le loglie; et U rio Aiflindo 

Se Je porta corxendo s 

E coii la beUà 
Rapidiuîmamente oh Dio I len va. 

DB LnusifB. 



Amoureuie d'elle-même et de m beauté, 
La rose se miiaii 

Dans un limpide et rapide ruisiean» 
Quand un vent impétueux 
La dépouilla de ion feuillage, 
Oui tomba dam l'eau. 
L'ea» dans sa laite 
L'emporta en eeuaani. 
Hélas l c'est ainsi, mon Dieu, 
Que la beauté s'en val 



• A* 








— 168 — 



LES TROIS AMIES. 





« Ainsfàonc, tu te maries 2 

— £t toi aussi? 

— Et Delphine ausi ! 

— Quel singulier coup du sort! les 
rois intimes seront mariées le même mois, 

la même année, à huit jours de distance... 
et mariées par inclioation, car, je le sup- 
pose^ tu aimes le capitaine Julian ? 

— Mais... il ne mVslpas indifférent... 
Et le docteur David te plaii?... 

— Âh I ma chère, il y a (aut de sympa- 
thie entre nous ! nous nous comprenons 
si bien ! » 

Ainsi parlaient deux jeunes filles, instal- 
lées dans un petit salon d'une maison de 
la place Bellecour, à Lyon. Gabrielle, la 
fiancée du médecin, dit tout à coup à sa 
compagne, en accentuant ses paroles, et 
en les accompagnant d*un regard n alin : 

« A propos, ma chère, on dit que le ca- 
pitaine à l'intention de se retirer du ser- 
vice, €t d'aller habiter sa terre, située au- 
près de Nantua. 

— Il n*en fera rien! répondit brusque- 
ment Lucie. 

— Il en aurait le droit. Quoique jeune, 
il a déjà bien des années de service ; il a 
lait la campagne du Trocadéro et et lie de 
Gr^ce, il croit avoir payé sa dette à la 
patrie 

— Et il voudrait prendre sa retraite I 
et je serais la femme d'un capitaine re- 
traité, relire à Nantua, et n'ayant pour 
toute distinction que le salut du garde 
champêtre tt Ju facteur rural 1... Cela ne 
sera pas!... Si j'épouse Henri, M. Julian, 
veox-je dire, il poursuivra sa canière, et 
ne bii^era pas sous ses pieds l'échelon qui 
peut le faire monter bien haut 



1 




— Tu as de l'ambition ? 

— Peut-être!,.. Et toi? 

— Oh I moi, je veux, avant tout, un 
intérieur paisible, les joies du sentiment, 

les plaisirs de la famille Il ne me faut 

pas de fêtes, mais je désire un cœur tout 
à moi, une existence qui me soit consa- 
crée 

— Tu as de l'ambition à ta manière... 
Et Delphine, que désire-t-elie? 

— Qui peut le savoir ? Elle est si sim- 
ple ! Si ses livres de commerce sont bien 
tenus, ses armoires bien rangées, s'il ne 
manque ni un chiffre à son quotient, ni 
une serviette à ses piles de linge, elle sera 
heureuse, très-heureuse I 

— Le loin de $<m troupeau 
L'occupe tout entière, 

fredonna ironiquement Lucie. C'est vrai ; 
Delphine ne voit rien au delà de la messe 
de la paroisse, de son comptoir et de sa 
cuisine. 

— Comme tu ne vois rien au delà d'un 
mari colonel 1 » 

Lucie haussa les épaules en rinnt, mais 
ce mot traduisait parfaitement sa pensée. 
Elle ne demandait le bonheur qu'à l'éclat, 
aux distinctions, et ne choisissait le capi- 
taine Julian que parce que, jeune encore, 
il avait de l'avenir et qu'il pouvait faire 
monter sa femme à une de ces hautes po- 
siiionsqui inspirent l'envie à ceux quiigno* 
rent le fond des choses humainef*. Pour 
acquérir ce rang, pour devenir l'objet de 
cette eiivie, Lucie sacrifiait volontiers la 
paix domestique, la félicité intérieure, les 
douces joies d'une vie passée à l'écart, loin 
du bruit, sous un beau ciel, et cette des- 
tinée qu'elle méprisait était la seule qui 
pût satisfaire les vues de son amie. Ambi- 







D^^< 





— 169 — 



tiense aussi, Gabrielle voulait, à tout prix, 
être henreui^e par le cœur, par Pégoïsme à 
deux, qui renferme deux êtres dans un 
cercle étroit, d'où le devoir rigoureux, 
Taustëre nécessité sont exilés. Vivre pour 
soi était la devise de ces deux jeunes filles, 
qu'elles désirassent les joies de rambition 
ou celles do sentiment : vivre pour Dieu et 
pour les autres était l'unique régie qui 
dirigeait les actions de leur modeste com- 
pagne. 

Delphine, moins favorisée que ses amies, 
épousait, d'après le désir que son p^re lui 
avait manifesté au lit de mort, Edouard 
Forêt, son parent éloigné. Ce jeune homme 
ava't peu de fortune, et il ne possédait pas 
ce caractère énergique, patient et fort, 
qui semble destiné à se faire jour à travers 
les obstacles. Son petit commerce de soie 
à coudre était assez négligé, son avenir 
offrait peu d'espérance, et lui-même, par 
ses dehors gracieux et faciles, inspirait à 
ceux qui le connaissaient, plus d'amitié 
que de respect et une bienveillance plus 
voisine de la pitié que de l'estime. Del- 
phine n'ignorait aucune des épines qui 
allaient se cacher sous sa blanche cou- 
ronne de mariée ; ni les soucis de fortune, 
ni les soins iaborieax d'un négoce obéré, 
ni le faible caractère de l'époux, ni son 
penchant pour les frivoles plaisirs. .. maiselle 
embrassait ces difficultés avec courage, 
jalouse de dégager la parole donnée par 
son père, et confiante en Dieu et en la 
puissance du devoir. 

Les trois mariages se firent presq^ie en 
même temps : celui de Lucie avec le ca- 
pitaine Jnlian fut splendide et répondit 
aux goûts brillants de la fiancée ; celui de 
Gabrielte, plus mode&tt>, s'entoura d'une 
teinte romanesque qui fit sourire les uns 
et soupirer les autres; celui de Delphine 
fut conforme à son humble fortune, et 
dès le lendemain, b jeune femme entra 
d'un pas ferme dans la voie de travail et 
de sacrifices qu'elle avait acceptée au pied 
de l'autel. 




n 




Deux ans s* étaient écoulés. On était eu 
1832, et les troupes françaises, comman- 
dées par les jeunes princes d'Orléans, fai- 
saient le siège de la citadelle d'Anvers, si 
noblement défendue. Un ofBcier français, 
debout à l'entrée du pont, examinait avec 
attention les vaisseaux de guerre hollan- 
dais, commandés par Koopman, qui reflé- 
taient -^ans les flots tourmentés de l'Escaut 
le pa'villoo aux trois couleurs, que la na- 
tion néerlandaise a fait tant de fois triom- 
pher sur les mers. Pendant que les yeux 
de l'officier erraient des bastions à demi 
ruinés de la citadelle aux mâts légers des 
canonnières, des tours de la ville aux si- 
nuosités du fleuve, uu jeune homme vint 
se placer auprès de lui, et lui dit en bon 
et pur français : 

« Oserai-je, monsieur, vous prier de 
me prêter un instant votre longue-vue? » 
L'officier se retourna précipitamment, et 
tous deux jetèrent uu cri de joyeuse sut— 
prise : 

« Eh quoi ! Julian, est-ce vous 7 

— Vous ici ? Edmond ! est-ce possîbre T 

— Eh ! mon cher, je conçois votre sur- 
prise. Vous ne vous attendiez guère à 
trouver ici un pauvre pékin comme moi. 
Vous, c'est autre chose. 

— Oui, dît l'ofGcier sérieusement, je 
suis à mon devoir, je suis ici parce qu'il le* 
faut Mais il fait un froid de loup ; venez, 
si vous n'avez rien de mieux à faire, venez 
jusqu'à mon logement, et nous causerons. » 

Edmond Forêt fit un signe d'assenti- 
ment, et bientôt ils se trouvèrent installés 
dans la petite chambre, logement provi- 
soire de l'ofGcier. 

« Vous ici, je n'en reviens pas I s'écria 
encore le capitaine, tout en activant son 
feu de houille. 

— Les affaires, mon cher Henri... 

— Gomment I vous savez ce que c'est 
que les afliairesT Elles vous préoccupent 
assez pour tous tirer, en plein hiver, de 





-^^^^oc 










-: tro — 



TOtre cher Lyon, et tous amener à trois 

-cents lieues? Résolntion héroïque et 

-qne j*«Aniice 1 

— ^ le sois marié....»* 

— Eh bien !î 

— £h bifin ! .nuin cber« Delphine, ma 
femme, «m'a presque fionYerfti à rxNrdre, 
elle m'a presque donné le goût du travail. 

— Je coDfois oela : on veut éure riche 
pottf parer ce que l'on aime. 

—- Je crojs que vous voias trompeiK; .je 
n'aime pas Delphine 4e cette iiaçoiL CesX 
r«Bemple donné pv «Ue qui m'a r^ndn 
an peu honteux de mes habitudes indo* 
kates.*... Dès les pceaiîersjours de notre 
aMuriaget elle a voulu se mettre au coacaat 
de nosaffurea.. Je croyais que leur fâ- 
aheiise fiituatioa Tançait rebutée pour lou- 
jaHS... Point du toatl... £Ue m'a prié 
de supprimer le commis^ et s'est mise 
aHe-méme à Ja be«^e avec aulaat.de 
«ûle.que d!ai:deur.o*« Que iaire à.cela, 
moucher capitaine? Ponvais-je être pares- 
seux, k cM de ma courageuse feamie ? 
Pouvais- je fahre moins qu'elle ne faisait, 
enfin ? Elle (n'a 4onné goût<à b besogne, 
tUe. p'ja iaU çgùlter mes babUades de^ar- 
çqn, «oaT^, ^pfKiîUcIe, ^te., etc. Ddphine 
in'a résuma maison si.agréable, (|ue j'ou- 
blie, pour le coin dnXea» mes plaisirs d'an- 
trefois. Toujours douce, toiqonrs 'égale... 
oij^ ti;ouver un jaieiUenr ami? Toujours 
a^ jtravail, trav^ de bureau, travail des 
maina.- où trouver un meilleur associé ? 
Elle m'anime, elle m'encourage, elle me 
console, et c'est pour la seconder dans ses 
généreux efforts, que j'ai entrepris ce 
voyage qui vous étonne, et où il s'agit de 
iioqiçr quelque relations utiles à notre 
^^;oce. 

— U ne m'étOQue plus maintenant..... 

— Mais votre présence à Anvers, mon 
cher Julian, serait en droit de me sur- 
prendre à wàn tour. Ne deviez-vous pas 
quitter le service ? 

— En eQet.. , répondit le capitaine d'un 
air soucieux. 





~ Vousdeviea aonai^otîw % JbifiUê7 
«^ iSaaa doute. «• 

-^ Et pourta^tJ 

«^ £t pourtant» vous me r^ftoiurez wm 

labaroaist llMvrai; j?j»a4ésiraiaau9 
le rqiWj la vie cahne, i(9s «r»? aux* to 
joqiiaftttfies de la oampwuf^-* D^pt)i3 cinq 
ani« j^ m'éltais^plu ^.di^pf^ oçto pçtltiç 
m^ispii» t embeUirce poînda terre ^ugn^ 
Dieu a .prp4tfpé le» eaux ^i les m^m/^-A 
Après dix ans de services actifs, je rfivaJ9 
tt jHiQ^ vie lie (MUa, de jrâ;, de .^- 

di^m ioiaîc9, .car j*y av^î^ ma 4e3 jivr^ 

mes lavoria: les Commentaires. de Géfiar^ 
JoiAville, Sallnstej Commin^, et tutu 
quanti.. . Bah 1 autant en eiwoirt^le v^nt ! 
J'ai rôvé, joea cher^, rêvé beep.^el« 4o(}|: 
paysages, beures trauqoiUes... me voU> 
réveillé.. •«. I^ caaop i;rande, et le tiua-*- 
bfm va m'appeler.à la trançjite. .t • • 

^ Hais /quelle cai$oa.T..<.« Yqus ave;i 
une lortnae ind^adante.7*«««. 

^- Ce que femmfi veiU, Dieu U veiUl 
mon tcés-.cber. Soldat sois, et soldat 
mourrai.. 4 

Le/apitaina étouffa ua soiipa;» tordit 
ses .moustaches, et voulut prendre un air 
jovial 2 

« Et notre.ami Davidt demanda-i-il, cet 
amoureux 4e la scienca, que iaît-il 7 

— ^ Jl visite ses malades. 

"^ J'entends bien, mais le choléra a dft 
donner un coup de collier à sa réputation? 

— Je n'en ai pas trop ouï parler. Il ne 
se met pas en avant, il vit chez lai, pour 

sa feîFHPfrr 

'— Huml murmura la 4»4Ûtaina:, je 
compreads... Mais qu'est-ce que je vous 
disais? voilà le tambour... Adiea, mon 
cher lEdmomLi. ou platOt venei avec moi, 
vous varraz la tranchée.*, c'est canaux, 
qnaad oa ne l'a jamais vu... » 



m 



Bien des années s'étaient écoulées en« 
I Gore , égrenant , comme les perles d'un 







.^ 





— 171 — 




m lion tMiH fofOB il taalAl 
ihht s1§tait kfé «fcc ses pré* 
UHlet, Jes inqnétiAei 'cMIci, 
les bmits de 0Dem« ks daolrineB 

fimfUMMtxMén. 
4m VÊatt 4b «mk, 
jooir d'an intime bonheur, «■ ébfit en 
ynUtapieft, «BM feoMMe jeune 
:, tent «1 fanint, le to- 
ieVt faneadiit int om 
ehnobM 4Ugm%b^ qa'inimaMt des por- 
traits de famille,, ^ae laupèakil des Irms 
de flcîMoe €t 4t KttApttM, plaeés à la 
portétéeèinâ dn leelflar. Gme éomm 
était fiahnirife, don igée de trent^uit 
ans» c* q« dartic ve inogw jeimeswè 
nne Tîe deèoaàsac. B o w oim b JfMfn'alors 
entre tontes, elle n*avait en dlMlre devoir 
qœ ses aSectÎDW, et janMeHeii'cvMt dû 
frira noleooe an fsÂta, cdx dérirs deaaa 
ima danceat t«riK, poar aeaoïBplîr wmt 
aèrère oUigaiîaA. fiiaai m Vm9à faaUtsée 
à séparer l'idée dn devoir de celle 4a bon* 
Jbaar, at lasosar mm posvait oanpreadre 
les amers plaisirs d'nna cooarïeMa salia- 
laUe, fBi daaa un mmmaml Mafpsge, 
aadb, tfeatlhn da looL «abdelia mdaU 
se sentir henrense, heureuse à laittfiii*. 
Tolonté dHm àam e apie s B easa n Crible, 
^oa hMilsadiffiaB tnata «l qas r^obatade 





UdlaailBftdritaaiiflari 
aTacuae nue imfarisaee. BUa ûm uM un 
coup d'ail an -eoaTei* 4m éégevner ; et 
ylayt mm foe de l^wrisHi 4a riaotanr, mm 
lattae parlMit k rinJbre da la MoriripaMé 
de lifioB. €a sain était à peiM achefé, 
qu'oa «Mm, al M. David, laB snêna 
tant, aniai dans k chambra, amdit 
main à sa femaifrat k èaisa an tnom. 
a €M4attn, aawi ani, hri diurile. 
— Ah! daaaa... ahhàl de kiMdrie.. .)» 
M k décacheta et sa dgve deaîirt sav- 



«c Sais-tu ce qn'on me mande, Gahrkik? 

•^ K(w, mon aal, qa'eirt^eet 

— - Le cMéraTkBtde se déokMr dans 



pMaara qaaMkrs de k dlk, k 
arisriaft desahhrilé foUiqne aaa omâSm 
ta direction de rh6pital.aDib«knoa da h 
GnUarière, et m dérigae pe«r wiriter ka 
■akdcs à dandcHe. 

— ^Gvand Oieaf... lira aori, la n^ae^ 
eaplaras pas oe poste dafigeraox P 

-*- Gomment memtTim qae je refasaî 

— En a i hy^MiH les naaaiareasia œœ- 
paiians, ta santé délioaie, tes demrs de 
fanlle... 

— Cek ne «e peat, Oihaielk, fout le 
moada nie jetterait k pkrre. 

— <}noi! povr Icsaats prapaa de quel- 
fse» nattas fenSf feai-ia me caadaoner 
t «oTîrd'iMquiétBie «da doaleart 

-— CribriaNe, se» doœ rasomable. 

— Le paîB-je quand ta tîe est es jeut 
iMBeEdajeaneflmédeeinBdéripeBdkncasieii 
de se montrer, sans qve^ aMes, épan 
et père, risqver une vie ri préoîeaae i ta- 
Ismme et à tes enfants. 

— n y m de i'honwnr. 

— li y ^ de BM ^et Je t'en aoafare, 
lefaae ! qn'as4a besoin de comlr ces dmn 
fera, toi ^ jonk d'une nép u lari en tfdta, 
d'nne isrtune indépendante! ta •')ippar- 
tMM pas dm pahlic, ta es à nous, k tis 
«nfwts chéris q« ont bearin dîna père 
pour ks -guider. )» 

Elle park iangteaiva encore, nlkntaux 
raisonnenraatoepécieux les expresrions de 
tendresse, puissantes sur le cœur de son 
épMx. Vaincn, il céda, saerifkm k di^oir 
et l'honneur aux aiTections d u B WoU quci; 
mak kraqn'il ont Irit perthr k ktare qui 
«■■avçait son refas h la «unicipalité de 
iiyoei, U re t o mba sar aan fameuil, insan- 
rifale a«x canescsde GabrieMe, pâte, 
saunant, coawie ri i'a¥enîr M eût 
dainement apparu, et il s'écria : « fi bm 
sembte q^eje làens de rigaer mon arrêt 
demerti » 

A k même heure, Lucie recevait «ne 
ktire de fien mari, akrs en garnison h 
Parjs. Voici ce qu'elle*renfermait : 

K Tous vous plrignez, Lucie, de k froi- 




% 



1^ 




-'^f>:'>v^^'>-V5?- 




>«îG> 






— I7i — 



dcnr de mes lettres, et tous me demandez 
h raison du diangement apporté dans nos 
relations. Ai-je besoin de ?ous rexpliqoer? 
Quel mauTais génie, pesant sur tons mes 
jours, contrariant mes goûts, violentant 
mes inclinations, a dénaturé mon carac- 
tère, et remplacé par le fiel et Taigreur 
ces sentiments doux qui jadis remplissaient 
mon âme? Ai-je besoin de tous nommer 
celle dont la Tolonté, sans cesse en oppo- 
sition aTec.la mienne, me forçait, ou à 
des luttes quotidiennes, ou au sacrifice 
absolu de mes vues et de mes projets?... 
Du jour où votre caractère s'est dévoilé à 
mes yeux, j*ai renoncé à la \ïe d'intérieur 
que vous auriez empoisonnée ; je suis resté 
sons les drapeaux, seifl refuge que vous 
m'eussiez laissé ; j'y ai conquis ce rang et 
ces honneurs qui vous plaisaient tant; 
mais puisque vous avez atteint votre but, 
souffrez avec patience les ennuis de l'homme 
qui a manqué le sien ; vous n'avez pas 
voulu que je goûtasse le calme de l'étude, 
l'indépendacce des champs, eh bien, ma- 
dame, endurez, endurez sans vous plain- 
dre l'humeor et les bourrasques du soldat. 
1» Vous pouvez venir me rejoindre à 
Pari.0, où le régimr nt que je commande 
doit séjourner quelques mois : le monde 
ne doit pas pénétrer les secrets amers ca- 
chés entre nous. Adieu, Lucie. 

» JULIAN. » 

Lucie rêva un instant, plia la lettre, et 
dit à demi-voix : 

« Il sera bientôt lieutenant général. » 

A la même heure, dans un modeste 
bureau y Delphine, assise auprès de son 
mari, lui disait, d'une voix douce où reten- 
tissait l'affectueux dévouement de toute 
sa vie : 

« Mon amî, pourquoi vous troubler, 
pourquoi vous décourager ainsi? la Pro- 
vidence nousabandonnera-t-elle? Ce billet 
qui revient protesté n'engage pas notre 
fortune. * 

— Non, mais en ce moment de crise. 





il la dérange. Toute l'année, déjà si pé- 
nible, s'en ressentira. Ah 1 qu'il est triste, 
après vingt ans de labeur, de fatigue , 
d'échouer presque au port 1 » 

Delphine s'était levée et fouillait dans le 
secrétaire. Elle en tira un portefeuille, et 
dit à son mari : 

« Tenez, Edmond, voici l'argent que 
vous m'avez remis à l'avance pour acquit** 
ter les deux dernières années de pension 
de notre fille. Il vous servira plus utile- 
ment à solder cette traite. 

— Mais conunenl faire? et Ghariotte? 
laisserez^vous son éducation inachevée? 

— Si vous voulez me le permettre, mon 
ami, Ghariotte reviendra près de nous, et 
je lui tiendrai lien d'institutrice. 

— Vous? 

--* Sans doute ! vous m'avez encoura- 
gée à cultiver mes petits talents, je pour- 
rai donc les lui communiquer, et je la 
mettrai de plus au courant des affaires du 
ménage. 

— Ce sera une lourde charge pour vous, 
ma chère Delphine. 

— Une occupation , oui , mais une 
charge !. . . un enfant est-il jamais à charge 
à sa mère? 

— Vous avez tant de travail ! 

— Je me lèverai une heure plus tôt, je 
me coucherai une heure plus tard. Vous 
savez que la besogne ne me déplaît pa^ » 

Edmond réfléchissait. Enfin, il prit la 
main de sa femme, et lui dit avec une 
sorte d'attendrissement : « Delphine, je 
puis disposer de quelque heures par jour : 
M. Albaut, notre voisin, désire trouver 
quelqu'un qui l'aide à tenir ses livres. .. il 
m'acceptera, je le sais. .. je vais aller me 
proposer, qu'en dites-voos? 

— Oh I mon ami, cela vous coûte I 

— Bah t si cela m'ennuie, je penserai 
aux enfants, à tous, à l'honneur de notre 
maison qu'il faut sauvegarder. J'y vais de 
ce pas... » 

Et le front et le cœur joyeux, il sortit 
en fredonnant : « Fats ce que dois^ ... . v 





S2^ 



^^ 






— 175 — 



IV 



Il y a peu de jours, la femme da géné- 
ral Jalian, de |>a&age à Lyon, viat ren- 
dre YÎsite Si madame Forêt^ qu'elle trouTa 
environnée de sa famille. Charlotte, sa 6Ue 
aînée, copiait de la masiqoe; Etienne , 
sons les yenx de sa mère, dessinait des 
coopes de pierre, car il se destinait à l'ar- 
chitecture, et Roger s'égarait dans les 
colonnes d'une formidable addition. Leur 
mère, sans quitter l'aiguille, surreiliait 
leurs travaux, et reposait ses «yeux avec 
une douce joie sur ces enfants beaux, 
modestes, inielligeots, et préparés, par 
une éducation solide, aux luttes de l'ave- 
nir. £lle reçut son amie d*enfance avec 
un seniiiLent vif et tendre, et ce fut un 
frappant contraste quand ces deux femmes 
s'embrassèrent, tant il y avait sur le front 
de Delphine de jeunesse et de sérénité, 
tant Lucie semblait vieillie par les chagrins 
ambitieux et les ennuis, fils de Tégoîsme. 
Et cependant Delphine avait eu en par- 
tage les soucis, les travaux, les peines ma- 
térielles, toujours épargnés à sa brillante 
amie. Celle-ci, après les premières effu- 
sions, en fit elle-même la remarque : 
« Que ta figure est calme et reposée 1 s'écria- 
t-elle, tu es donc bien heureuse? » 

Delphine sourit avec douceur, et porta 
les yeux sur ses enfants. 

(( Oui, je te comprends, poursuivit Lu- 
cie, tu es mère; moi, je n'ai pas ce bon^ 
heur... je suis seule, toujours seule... y> 

En parlant ainsi, elle détourna son vi- 
sage fier et triste, pour dérober les larmes 
involontaires qui tombaient de ses yeux. 
Delphine fit signe à ses enfants, qui sor- 
tiren t aussitôt ; alors prenant la main de ma- 
dame Julian, elle s'écria : « Tu n'es donc 
pas heureuse ? 

— Hélas! dit Lucie. 

— Cependant, ton mari est un homme 
d'honneur, un homme excellent, il est 
haut placé, ta fortune est grande, tes dt'sirs 
sont comblés I 





^ Mais personne ne m'aime, je suis seule, 
misérable, et j'entrevois le plus triste ave- 
nu*. Tu sais que M. Julian, grièvement 
blessé au siège de Rome, a demandé sa 
mise en disponibilité... il se retire à Nan- 
tua, dont l'air et le site lui plaisent., nous 
partons demain... 

— Eh bien I je ne vois pas là un si 
grand malheur... 

— Ah I c'est que tu ignores combien 
le caractère de Henri est changé 1 changé 
pour moi seule, entends-tu? Dur, absolu, 
hautain, aigri par la souffrance, il tnç fait 
sentir le joug. . . et je prévois de tristes jours, 
dans cette solitude où je vais me confiner. . • 
Autrefois, aussi, il désirait me mener à 
Nantua.... mais alors il m'aimait, alors il 
voulait que je fosse heureuse.. . mainte- 
nant je ne l'intéresse plus... son cœur 
m'est fermé... Ah! que je regrette ce 
temps où sa tendresse me promettait de 
si beaux jours.. . i> 

Delphine baissait les yeux : elle n'osait 
répondre à ces tristes plaintes par les pa- 
roles qu'une raison trop dure aurait pu 
lui dicter, et lorsque Lucie lui dit avec 
amitié : <c Mais toi, du moins, tu es heu- 
reuse? » 

Ele répondit simplement : « Dieu a été 
bon pour moi. 

— Et ta fortune? 

— Elle s'est augmentée, il y a quelques 
mois, par l'héritage de notre bonne tante 
de Belley ; nous n'avons plus d'inquiétude 
pour nos chers enfants. 

— Ah! Unt mieux! Et Gabrielle? est-il 
vrai qu'elle soit veuve ? 

— Hélas ! oui. 

— Je t'avoue que je ne comprends rien 
à son mari : comment est-fl allé mourir 
en Afiique, simple médecin d'armée, lui 
qui jouissait à Lyon d'une si belle clien- 
tèle? 

— Il s'est réhabilité, répondit grave- 
ment Delphine. 

— Ce qu'on m'a dit est donc vrai ? il 
avait déserté son poste, failli à son devoir,? 






*.v<*^ 










— 174 — 



*-Ne soytmspars sévèpcstfntersIwTiiorts ! 
il arait cédé am instances û^ Gahricflte tt 
à sa tendresse potir elle. BientM fi sTaper- 
çot qne la cotisidémtion pnbliqn^ s*6lm- 
gntiit de M, !I ne rencomraît qne 4es 
regmtls moqueurs, ancnne mam ne s'a* 
Tançait ao-devant de la sienne... Son dés* 
espoir fat terrible, et te bonhenf qoe noire 
pauvre amie avait cherché ant dépens 'd^In 
rigonrenx Heroir, s'évanoidt connne nne 
formée. Son mari Taccabla d*abord par sa 
tristesse, pms par sa froideur, son^ence, 
cfnfin, par ses éclatants reproches, et sans 
oéder k ses hnmes, à son repentir, il par- 
tit ponr PAinqne, où îl Tenaît d'drtemr 
une place de médecin de régimeiA. Fen- 
darrt ptasieursinois, Il nes^épargnaïKinrt» 
il dieroha la mort au diefet destaonrants 
avec une espèce de rage, et enfin il h 
trouva. • . B tomba malade d'nne fièrre per- 
nicietise, contractée ëans les hOpitawK; 
alors inspiré par un bon prêtre, il écrivit 
à sa femme pour lui pardonner... et cAte 




Itttre, dictée d*un lit de mort, éuit la pre- 
mière que Gabrielle eût reçue de son mari 

depuis ôx moisi ce filt la dernière 

aussi. ... le pauvre M. David mourut .. 

— Et Gabrielle? 

— Se iuenrl <te chagrin : elle n'a pas 
le coura\0e de vivne pour ses enfants! 

-* £tte«aft ^«s malheureose fue moi, 
et poorunt, îe souffre bien ! 

— Btm mij chère Lue, fa pen avé- 
Uflrer lontsort Ta douceur^ tes Mîns rar- 
flrtnereot le ^Meur de ton viarL 

^Sij'mdsreqiérerl 

«^JBssafel 

*<— 'Om, je le iBiAerai, 'et n Je itussb, 
DeliAiine, tu auras été ma iHimdence, car 
je conprenéis bien pourquoi» seule de 
nous trois, tu «s faevirease : — c'est que 
tu as préféré ton devmr à tes dénrs, et 
qne tu n*as employé ton pouvoir de femme 
que pour le bc«beur des autres! • 

M** ËVEum RiBBECOuvr. 



LE MOUCHOIR BRODÉ. 



O'étak \ la fin de déeembre de Tannée 
ÎBk5 ; neuf heures venaient de sonner k 
Sanrt-flodi ; le froid étrit des plus intenses, 
et une épaisse couéhe de nëfge couvrait 
entièrement le sol. Ters le milieu de la 
rue Saint-Honoré, couimençait une lon- 
gue file de voitures, qui s'étendait jusqu'à 
k porte de ranfiba8saded'Aii|(leterre. 

INMNni les élégantes jemes personnes, 
alors enveloppées dans tenn ebsudes 'feur- 
rore», ily «n avak ptus d'une, sans duuies, 
dont le cœur, agité tour à tour par la joie 
ou llapstlettoe, protestait contre le temps 
â*arrêt qu'il lui fallait subhr. Parmi elles, 
nous devons ciler uKidemoiselle Glaire de 
Kffvoa, jeune personne élevée modeste- 




ment au fond de la Bretagne, et qui allait 
assister pour la seconde fois seulement à 
l'une de ces fdies brillantes que diaque 
hiver voit se succMer si r apH c m cpti Pa- 
ris. Glaire aimait le bal avec toute l'ardeur 
de sessdzeans, «t te temps qui s'éooidait 
dans cette péniUe attente lui paraissait une 
perte irréparable. Son séjour chez madauie 
dH^rsigny, sa bonne aSeide, touchait ï sa 
fin; bieiftôt H lui faudrait retourner dans 
le vieux château de Kervon , et elle vou* 
lait du moins emporter des souvenirs pour 
toute sa vie. Âpt^ ^"^e amusée pendant 
quelques instants des plaisantes hmenta- 
tions de la jeune f He, madame dHMguy 
avait fini par céder au sommefl , et Glaire 









.^^©•a 




— 17» - 



seisaiîiiBg. Afin 4*âbr^v im peu le 
temps, «Ile somoit k uae oomplgisante iu- 
TesUgation m fratcbe toilette 4q bal ! Ja^ 
mais efiooreeHe m s'éUit vve a^m élé~ 
gammeat pav6e» cA le se«(yneat ^'o«e 
naiTe coquetterie agitait doucemeat soa 
cœur» lant|ue ses riante» préQccupj^tîons 
furent iaterreoipues par la vue d*uae 
panvia femme toMot up «nfant dans ses 
bras, et trataant par la main une petite 
fille de douis aas que 1^ froid empêc^^ait 
de marcber. Soa c(e«r i^n fitl épau; se- 
courir ces inforlunis d/eTÎnt à l'instant 
pour elle un besoin imp^içu^. Madame 
d*Orsigny, qn'elle sebasard j^d'évei^er , avait 
oublié sa bourse. Ce âcbeia contre-temps 
désola la jeune fille, car la malbeureuse 
mère, ne pouvant calmer la souffrance de 
son plos jeune enfant qui ple^aiten lui 
demandant du pain« venait de se laisser 
tomber sar le trottoir, épuisée par le cbagrin 
et la souffrance. 

« Je ne pourrai m'amuser à ce bal, se dit 
Claire; l'image de cette malbeureuse fa- 
mille m'y poursuivra. . .1» Elle tourna vers sa 
grand'mère des regards pleins de détresse. 
Mais madame d'Oraigoy avait succombé de 
nouveau 9x1 sommeil, et Glaire n'osa plus la 
réveiller. Ob ! que ne donnerait-elle pas 
pour convertir en argent qnelqu'une de 
ces brillantes futilités achetées la veille 
avec tant de plaisir 1 

Ses yeux s*arcétërent sur spnmoucboir, 
elle savait que le fini merveilleux de la bro- 
derie en serait admiré et lui 9ttû*erait de 
justes éloges... « f Mais elle se dit, mieux 
vaut un sacrifice qu'un remords. » Aussi- 
tôt, d*ttB geste bienveillant, elle engagea la 
pauvre mère à s'approcher de la voiture, 
poisj tendant son mouchoir : « Je n'ai pas 
d'argent, pauvre femme, dit-elle avec bonté; 
mais preaei ced ; cette broderie doit avoir 
quelque vsleur.» 

L'infortunée hésitait malgré sa misère... 

« Songez à vos enfants que le firoid et 
k faim font soulirîr, » ajouta-t^elle. 




En ce moment la file des voitures se 
mit en marche, et Glajre, en s'éloigaaqt, 
enieadit la pauvre mère lui envoyer nue 
bénédiction. 

La soirée se troQvait très-avancée, les 
magasins de lingerie devaient être fermés. .. 
Pour se défaire de Télégant mouchoir, la 
pauvre femme chargea sa fille de l'offrir 
aux personnes dont ks voitures avançaient 
lentement. 

L'enfant s'approcha d'un élégant coupé : 

a Madame, achetiez-moi ce beau mou- 
choir, s'il vous plait. » 

Ces paroles se trouvaient être adressées! 
un jeune homme, M. le comte Horace de 
Blancé. Par désœuvrement, il prit l'objet 
que lui présentait la jeune fille, et s'éton- 
nait qu'un mouchoir ainsi parfumé pût se 
trouver en la possession d'une petite men- 
diante ; lorsqae la mère s'étant approchée : 
« C'est une jeuae demoiselle, mon bon 
monsieur, qui, n'ayant pas d'argent sur 
elle, me l'a donné pour acheter du pain 
k mes enfants... Si vous en doutez, voici 
mon nom et mon adresse. » 

M. de Bhncé voulant s'associer dans la 
bonne «euvre de la jeune inconnue, paya 
généreusement le mouchoir, et la pauvre 
mère, qui ne s'était jamais vue si riche, &e 
hâta de regagner son grenier, bénissant 
Dieu qui lui' avait fait rencontrer deux 
cœurs généreux. 

Horace, blasé sur les plaisirs du monde, 
ne comptait faire dans ce bal qu'une 
courte appari!ùan; mais à peine était-il 
entré , que se retirant au milieu d'ar- 
bustes en fleurs , il se mit à regarder ce 
mouchoir, à réfléchir sur le sentiment 
charitable de cette jeune fille. £lle doit, 
pensait*il, préférer les bénédictions du pau- 
vre aux louanges du monde, Tapprobalion 
de sa conscience aux triomphes de la vanité. 
L'imagination d'Horace une fois sur ce 
thème, la fête à laquelle il n'apportait d'à* 
bord que Ion indifférence ordinaire, em- 
prunta un certain charme b cette circon- 
stance romanesque; Use promit de décou^ 









-^t 



->*a^ 



' cette jeune GUe, ceUe qae son imi- 
ition libérale dotait de Ions leg dons de 
«auté, comme elle possédait tons cenx 
cœar. 1! se persuada qu'il «aurait devi- 
, et commença le cours de ses invesli- 
oas. Parmi cet essaim de femmes char- 
ités qai garnissaient les salons, il n'en 
rchait qu'une senle. Leur beauté n'ex- 
it point son admiration, il n'accordait 
ju regard distrait ii l'ensemble de leur 
:lte, dont nn senl deuil intéressait 
mentson attention. Parfois ilGecr<>yait 
terme de ses redierches et le plaisir 
lit battre son ccenr, maîsil reconnaissait 
itAt ton errenr et s'éloi^niaiE brusque- 
it. Horace rencontra plnsieurii de ses 
I ; les uns cbeichèrent à l'entratner 
; le salon de jen ; lesantres luireprochè- 
de ne point danser.. . c'est qu'ils a valent 
sœur on une cousine qui soupirait 
ement aprës nne iavitation. Rien ne 
l'arracher i la mission qu'il s'était 
lée; il mit mCme une SMie d'amOur- 
r^i rénssir; d'abord, il n'avait sonate 
|)lorer que les premiers rangs des dan- 
i", ce qu'il se reprocha bientAt comme 
maladresse : simple, modeste, l'hé- 
; de son rêve devait craindre les re- 
!i de la fonle, et préf^r sans doute 
e qu'au second rang. Le comte rv- 
ueiiça donc de nouvelles recherches, 
l'insuccès avait aœené le décourage- 
t, et maudissant sa mauvaise étoile, il 
' tiait assis dans l'embrasure d'nne croisée 

squc le dialogne suivant attira son at- 

ilion ; 

« Ainsi, n'ayant pas d'argent tn as donné 

I mouchoir T 

— Oui , bonne maman ; j'étais assez 

arcuse d'aller an bal, il fallait bien que 

te pauvre femme fût 

lillcurs, je n'innis | 

isirs de cette soiré 

eiqu'un souffrait pai 

H. de Blaaeé lonn 

: deux inlnlocntric 



Kgard glisM vivement d'nne femme 
k l'air noble et bon, aor nne jeune 
dont la Bgnre gracieuse , le mil 
réservé avaient quelque chose de s 
trayant, qu'elle efll perdu k écbangei 
avantages contre ccni d'nne écla 
beauté. 

I.e hai-ard l'avait mieux favinîsé 
tontes ses recherches; d'après l'areu 
jeune fille, et d'après nn rapide exai 
il put constater qu'elle n'avait pas de i 
choir. Ses mains parfaitement libres i 
salent sar ses genoux, du jouaient mi 
nalement avec les bouts Outiants d 
longue ceintnre. 

■ Déjà deux heures l ajouta-t-i 
comme le temps s'écoule rapidement! 

— Tn t'amuses donc T 

— '■ Mais sans doute, grand'mamtu. 

— Cependant tu n'as guère dansé. 
Il y eqt entre cette observation i 

réponse 1 intervalle d'un soupir. 

« Je vois danser... et c'est presque i 
amusant. » 

Horace se leva, il lui semblait 

délicat d'écouterplos longtemps celle) 

veri>aiîon ; puis aprfa avoir fait qndi 

pas dans le bat, il revint vers ces damt 

engagea la pins jeune k danser. A cettt 

viiaiion inespérée, la jenne fille rougi' 

plaisir. En attendant le signal qui de 

engager les danseurs i former le qnadr 

M. de Blancé fit sur la beauté de la 

quelques réOexions qui servirent k uo 

avec madame d'Orsigny un entretien 

qnel, seuli-, elle prit part. Claire, par 

sentiment de réserve qui sied si biei 

nne jeune (tersonne, se bornait k répi 

dre aux questions qui Ini étaient perw 

nelletnenl adressées. 

L'orchestre ayant lait entendre les p 

{nadrille, Hor 

t la conduisit i 

mais il pos>!é( 

irit de convenai 

: bien élevé pi 

lier nn cntrct 






— I 

avec une jenne personne quand elle se 
trouvait éloignée de la protection mater- 
nelle. Il garda donc pour lai le «secret da 
mouchoir, et Glaire pnt se livrer sans con- 
trainte an plaisir de la danse ; elle le fit avec 
toute la gaieté de son âge, et apparut ainsi 
à Borace sous uo jour opposé, mais encore 
sédoisant. 

Madame d'Orsigoy n'atlendait que la 
fin du quadrille pour se retirer; elle se 
leva au moment où Claire revenait auprès 
d'elle, reconduite par M. de Blaacé, qui, 
après s'être respectueusement incliné en 
signe de remerctment, se retira en même 
temps que ces dames, emportant sur son 
cœur ce mouchoir qu'il n'eût osé rendre 
en ce moment, mais qu'il se proposait de 
rendre plus tard. 

Les divers iacideot3 de cette soirée 
avaient fait une assez vive impression sur 
M. de B'ancé pour lui donner le désir de 
revoir son intéressante danseuse; il la 
chercha vainement dans toutes les fêtes, 
mais sans réi^ultat, par unn raison bien 
simple, c'est que Claire était retournée 
depuis longtemps en Bretagne. 

Au printemps suivant, M. de Blancé fut 
attaché de nouveau à une ambassade au- 
près de l'une des cours du Nord ; cette 
circonstance fit une diversion à ses regrets. 
Il n'avait point oublié les protégés de sa 
jolie danseuse. La mère était devenue con- 
cierge du petit hôtel qu'il habitait dans 
les Champ >-Éiysérs, et la fille avait été 
placée en apprcntissag*) dans l'une des 
principales mai>ons de lingerie de Paris. 

M. de Blancé fut absent pendant trois 
ans; ses fonctions diplomatiques n'avaient 
pas à tel point absorbé son esprit, que le 
souvenir du bal de l'i^mbassade ne vînt son- 
vent s'y présenter. On oublie une belle 
personne par la vue d'une autre plus belle; 
le talent se trouve éclipsé par un talent 
supérieur; une bonne action laisse des 
traces plus durables, en ce qu'elle ne s'a- 
dresse ni aux yeux, ni à l'esprit, mais au 
cœur. 

DlX-KEUVlfeuF. ANN^B, 4« SéP.IE. — N* VI. 





77 — 

Le peu de succès qu'avait obtenu ses 
précédentes démarches n'avaient pas re- 
buté le comte. Un jour, qu'il contemplait 
pour la centième fois peut-être le mou- 
choir de Claire, il découvrit, enlacé dans 
sa magnifique broderie, un petit losange 
an milieu duquel se trouvaient des armes, 
Ce fui un trait de lumiè e pour Horace, 
qui se hâta d'aller consulter à ce sujet un 
graveur héraldique. Il sut que ces armes 
étaient celles de la famille de Kervon, 
qui habitait les environs de iilorlaix, en 
Bretagne. Cette découverte inspira à M. de 
Blancé la joie la plus vive. L'un de ses 
amis résidait précisément à Morlaix, il ré- 
solut d'aller le visiter. Toutes les infor- 
mations que reçut M. de Blancé sur h 
famille de Kervon ne firent qu'augmenter 
son dé ir d'obtenir la main de Claire, qui se 
trouvait libre encore de tout engagement. 

Al. de Blanoé se fit présenter chez le 
comte de Kervon, où il fut parfaitement ac- 
cueilli. Les trois années qui s'étaient écou- 
lées depuis qu'il n'avait vu Claire sem- 
blaient avoir augmenté encore le charme sé- 
duisant qui éibanait de toute sa personne. 
Soit réserve, (o.'t oubli de la part de la 
jeune personne, il ne put deviner si elle le 
reconnaissait; quant à lui, il avait résolu 
de ne faire aucune allusion au passé. 

Un mois plus tard, M. de Blancé de- 
mandait au comte de K< rvon la main de 
sa fille; et le comte la lui accordait avec joie, 
car ce mariage dépassait de beaucoup les 
espérances qu'avait pu former l'ambition 
pattTiielli\ 

La modeste Claire ne revint pas de sa 
surprise lorsqu'elle apprit la de Ji- nde d'Ho- 
race. Comment un homme aussi brillant, 
aussi recherché, venait-il se choisir pour 
coiDpagne une petite Brdonne simple et 
pauvre comme elle? 

Le jour où devait se Ctlébrer les fiançail- 
les de ^I. le comte Horace de Blancé avec 
mademoiselle Claire de Kervon, on vit ar- 
river dés le matin, au château, la foule des 
conviés h citte solenni'.é. La société était 

12 




Î0^' 






^^'^Oà)^ 







— 178 ^ 



réunie dms le sdon.- Les jeunes filles, 
parentes ou amies de Claire, Tenaient tour 
à tour Tembrasser et lui offrir leurs féllci* 
tations. Il en était plus d*nne peut^>étre 
qui, dans le secret de sou cœur, enviait 
le sort de la future comtesse de Blancé. 
Puis leur curiosité était vivement eicitée; 
elles savaient que les cadeaux offerts par 
le comte étaient attendus d*»n instant à 
l'autre, et eiles avaient b&te de juger de 
leur magnificence. Ghàre était assise à côté 
de sa bonne aïeule, madame d'Orsigny, 
arrivée tout récemment à Kervon , pour 
remplacer, dans celte i mportante circon- 
stance, la m^re que Claire avait perdue. 
Horace était debout près d'elles, son regard 
quittait rarement sa charmante fiancée; 
mais par un calcul babile, c'éuit à la res- 
pectable aïeule qu'il prodiguait les douces 
prévenances, les gracieuses flatteries; il 
savait que le cœur de Glaire hii en saurait 
gré. Un domestique vint dire quelques 
mots au comte, qui sortit aussitôt 

« Sans doQte la corbeille est arrivée, » 
se dirent à Toreille les amies de Glaire; 
et leur impatiente coriosité s'en accrut en- 
core. M. de Blancé tarda peu à reparaître ; 
il était accompagné d*une jeune ouvrière, 
deuxdomestiques suivaient, cbargés d'une 
magnifique corbeille; la jeune ouvrière 
étala devant les regards avides tous les 
trésors inventés par l'industrie pour la 
toilette des femmes. Horace avait chargé 
de ces brillants achats l'une des premières 





lingères d£ ParÎBL Ckttiie ae moiiuait paa 
une jeîa immodénée, nais elle évitait aussi 
toute aiectation d'indifireuee, en payant 
auK dons fttiaeiix de sot fiancé un jutti 
tribut d'admiratioiL Toutit coup, elle pAUi» 
un nage obscurcit sa vue; ses makia tre»* 
blanles venaient de saisir dans la corbeille 
un mouchoir dont ses yeux ne pouvaient 
se détacher ^ne pour aUer interroger ceux 
de M. de fiJancé. 

€ Oui, mademoiaelie, dit la jeune on- 
vrière.-s'approobant af«c respect, je suis la 
petite mendiante èqui vousavez donné vobrn 
nMMKbeir. Je Tai vendn à monaieuTi ajou- 
ta-t-elle en incKqpiant le comte, ma mèn 
loi avait donné noire adresse pour kd 
prouver que nous n'anons pas volé votm 
mouchoir^ et depuis ce jour M. le comte 
nous a protégés.... en souvenir de vous, 
mademoiselle, de vous qu'il aime depuis 
trois ans, à cause de voUre bon cœur... » 

La jeuneonvrière pleurait... Glaire aussi, 
elle venait de comprendre le passé, et 
pourquoi le présent était si heureux pour 
elle! 

Gomme tout le monde l'entourait, la (é- 
licitait : « Ah! dit-eHe en tendant la 
main à son fiancé, je n'avais fait qu'ébau- 
cher une bonne oeuvre, et vous avez su la 
perfectionner. » 
<c M'enviez-vous ce bonheurî 
— Oh I noii, mais je m'efforcerai tou- 
jours de le partager. » 

Marie Émbrt. 






-r^.^. 










^•^IQ. 



— Ift — 



LES GENOUX D'UN PÈRE 




Mon cœur est triste, enfant, laisse là tes joujoux : 
Viens un instant, mon fils, t'asseoir sur mes genoux. 
Pardonne si ton père, à présent, te dérange : 
Mais il veut caresser la tête, mon cher ange, 
Coller sa bouche en feu sur ton beau front si pur. 
Rafraîchir son regard dans tes deux yeux d'azur. 

Connais-tu, doux agneau, mes droits à ta tendresse ? 
Sais-tu, mon bien-aimé, pourquoi je te caresse? 
Pourquoi je suis heureux brsque tu viens, le soir, 
Gentil, comme h présent, sur mes genoux t'asseoir 7 
D*abord, ô chérubin que le bon Dieu m'envie, 
Je t'ai fait trouver place au banquet de la vie; 
C'est moi qui le premier, te prenant dans le ciel. 
Ai versé sur ta lèvre une goutte de miel. 

Le Seigneur te créa petit mouton sans laine, 
Ta mère et moi t*a¥Qns chauffé de notre haleine, 
Endormi dans nos bras, couché dans un berceau* 
Arrosé nuit et jour, frêle et tendre arbrisseau. 
Oui, tu dois chérir Dieu comme sa créature. 
Mais nous t'avons donné, mon fils, la nourriture, 
Nous t'avons défends cdntte l'hiver glacé. 
Par un chaad v ê trtn cnt Uen sonvent ren^placé ; 
Nous t'avons prodigué, dans ta ooncbe in«bile, 
Les mille soins voulus par %)■ être débile ; 
Chaque fois que tes yen te renqiUsnient 4e pleors. 
Ton père, mon anoar, ressentait le» douterai ; 
Le moindre cri fonssé redosMait «es abraies. 
Il eût versé «m «ang pmnr essuyer les Ivnnes 1 

Tu me dois, après Dieu, l'existence et le pain : 
Mon titre à tes baisers esl-il «n titre Tun î 




Pour te nourrir, enfant, il faut que je travaille; 
Ma main doit séparer le froment de sa paiUe, 
Semer, chaque matin, pour recueillir le soir, 
Émousser la faucille, épuiser l'arrosoir, 








— 180 — 

Guider dans les sillons le soc de la charrue. 
Couper rherbe d<*8 prés par la chaleur accrue, 
Émooder les rameaux de la vigoe aux doux fruits , 
Et jeiez les filets, à la faveur des nuits. 
Dans les flots tournoyants dont la surface écume. 

Courbé sur le pitpier que doit noircir ma plume, 
Il faut, pour te nourrir, que j'écrive longtemps; 
Que je chante (u hiver les roses du printemps; 
Mon doux enfant, il faut que toute la journée 
Par les nœuds du travail ma m^ân soit enchaînée. 
Hélas l triste héritier du crime paternel, 
L'homme lave en ses pleurs le crime originel 1 

Eh bien! lorsque le soir, abandonnant Tétude, 
Ou revenant des champs rempli d'inquiétude, 
Je rentre à mon foyer, n*est-il pas juste alors 
Que tu m'ouvres, mon fils, tes plus riches trésors. 
Et qu'enchaînant mon cou de tes petits bras roses, 
Tu verses tes baisers sur mes deux lèvres closes ? 

L'amour fait tant de bien c[uand le cœur est souffrant 1 
Qui me caressera si ce n'est mon enfant?... 

Ange qui me dois tout, tout, jnsqii'à la naissance, 
Je ne veux rien de toi que la reconnaissance, 
Qu'un peu de ton amour dont je suis affamé : 
L'enfant qui n'aime pas ne sera pas aimé. ' 

Entre ta mère et moi partage tes richesses, 
A nous deux tes baisers I à nous deux tes caresses 1 
Je ne puis à moi seul prendre tout le butin , 
Ta mère doit avoir ton sourire au matin ; 
Mais lorsque je reviens, accablé de fatigue, 
Le soir, tout est à moi, tu dois être prodigue; 
Bien mieux, ô mon enfant, tu comprendras un jour 
Pourquoi le cœur d'un père a tant besoin d'amour. 

Alphonse Cordier (de Tours). 
{La Lyre des petits Enfants. ) 






7)S^ 



^<7^^0!^<, 



■Kij^^j^âr* 










— 101 — 



EXPLICATION DE L'ÉNIGME N' 5 




GoDstantin , fils c!e Constance-Chlore 
et d'Hélène, après avoir Taincn Maxence, 
près do Pont-Mll¥iu8 (1) , et Licinia?, près 
de CîbaleSy en Pannonie, demeura senl 
maîire da monde , et protégea publique- 
ment la religion chrétienne. Dégoûté de 
l'Italie, où l'idolâlrie régnait encore, il 
transporta en Orient le siège do gouverne- 
ment, et fonda, entre TEorope et TAsie, 
sur ks rives de deoi mers, la ville de 
Conslaotinople, biège d'un empire qui de- 
vait durer onze cent quarante sept ans. 
On conoait la ûe de Constantin : la divi- 
sion de l'Empire en quatre gran.les parties ; 
les disputes suscitées dans l'Église par 
Arius, le concile de Nicée, régulateur de 
la foi; la Perse, effrayée par les armes de 
l'Empereur, et celui-ci, enfin, mourant à 
Nicomédie , recevant des mains d'Eu&èbe 
on tardif baptême et expirant , à Tdge de 
soixante-trois ans, après trente ans de 
règne (337). 

Onze siècles écoulés , un autre prince 
du nom de Constantin était assis sur le 
trône de Byzance. Il était de la race des 
Paléclogue, qui avaient succédé aux empe- 
reurs latins. Jamais l'hisioire ne trnça de 
tableau plus lamentable que l'e&t celui de 
l'empire grec à celte époque. Resserré, 
amoindri, ses étroites frontières étaient 
cernées par des nuées de Turcs, qui n'at- 
tendaient que l'instant de se partager les 
débris de ce fantôme de Oionarcbie ; les 
finances étaient épuisées; tous les Grecs , 
y compris l'empereur, étaient pauvres; 
le patriotisme n'existait que dans le cœur 
du malheureux Constantin , et ce dernier 
soccesseur de tant de monarques ne 




(1) Celte bataille a fourni le sujet d'uo tableau 
admirable. 



trouvait personne qui vootût se dévouer 
avec loi ao salut de la patrie et de la foi. 
Ao printemps de l'année iti5±, les Turcs 
parurent auprès de Constantinople ; la Pro- 
pontide était couverte de leurs bataillons 
innombrables; des tribus barbares sorties 
de l'Asie et du continent africain se ran- 
geaient à la suite des spahis et des janis- 
saires. Mahomet II commandait cette armée 
et n'avait plus qu'un voeu , qu'un désir : 
conquérir Byzance I L'empereur, seul, 
pour lutter contre tant d'ennemis, écrivit 
au sultan cette lettre si noble que l'his- 
toire a conservée : 

« Nos traités, nos serments, tous mes 
efforts ne peovent assurer la paix à mon 
peuple ; je ne mets plus ma confiance qu'en 
Dieu : il changera votre cœur ou vous li- 
vrera Constantinople. Je me soumettrai à 
lui sans murmurer, mais tant qu'il n'aura 
pas prononcé mon arrêt , je remplirai mon 
devoir , je défendrai mes sujets; je vaincrai 
ou mourrai avec eux. >» 

Touchante et vaine protestation ! Deux 
ceiit cinquante mille hommes, trois cent 
vingt voiles investirent la cité malheureuse 
dont le sort était décidé. Constantin dé- 
ployait une venu égale à son malheur, 
mais aotoor de loi il ne trouvait qu'égol^me 
et rébellion; seul, il était dans cette ville 
condamnée , soldat , citoyen , général , 
chi éiien. Il donnait ses dernières richesses ; 
il veillait sur les murailles ; il conduisait la 
garnison à l'attaque ou à la défense ; il es- 
sayait de concilier les esprits, et ne prenait 
de repos qu'au pied des saints tabernacles. 
I La ville résista jusqu'à la fin du mois de 
mai; le 28, tout espoir était perdu. Con- 
stantin rassembla le peuple , le harangua , 
l'encoorageant à moorir sor les raines de 
la patrie , demandant pardon à tous ceux 











182 — 




qu'il aytit offensés et promettant de ne pas 
sorrivre à son trône et à sa» pen^j^ ijprte 
ce discours, il alla à Sainte-Sophie» et reçut 
l'Eucharistie; puis, quittant la pourpre 
pour Tarmure d*un soldat , il monta aux 
remparts. L'assaut fut donné au coucher 
du BQkàl; la ki»èohe«i¥ene hA dtfwdoe 
béroiquaneiil p«r rfiiaperear, mit il rao- 
coBiba» et sa ^eavec luL OacaïuiiitlBB 




horreurs de la prise de Gonstantinoide ; 
BDUi a%A diniBB pas davantage . Le corps 
de Constantin fut retrouvé, criblé de bles- 
sures; on le reconnut à ses brodequins 
semés d'aigles. Sa tète fut présentée à Ma- 
homet , qui en fit un trophée sur la co- 
knme'de f AvgMftien; le oerps reçut une 
sépikiire honorable. 

«-•B. R. 



tconomie IKimesliqae. 



MANlÈAfi D£ &£|l£rTB£ A NfiUF US TÊTEIfElITS DE V£[i8DB& 



Défaites-les avec soin, brossez-les, ver- 
sez de Peau dans une casserole assez 
large, placez-la sur un f airneau; lorsque 
l'eau bout étendez dessus du côté de l'en- 
droit, chaque morceau de velours, en le 
tenant des deux mains entre le pouce et 
rindex; lorsque vous croyez que h vapenr 
a suffisamment imbibé le velours, vous le 
tenez de même de chaque main, et vous 
le fiiilcs repasser à l'envers avec un fer 
cyfindriqne, car nn fer ordinaire laisserait 
des raies ; étendez ensuite chaque morceau 
de velours, l'envers sur une planche à 
repasser ; si c'est nn chapeau, attachez-le 
avec quelques épingles, prenez un torchon 
de toile neuve, et frottez-en le velours, 
à l'endroit. Si le velours est gras, trempez 



une éponge dans de l'essence de térében- 
thine, imbibez-en également votre vdoura 
et frottez-le avec un torchon neuf qui em- 
portera la graisse et l'essence. 

Ce procédé dégraisse le velours et lui 
redonne du ton ; si, cependant, la cou- 
leur du velours paraissait passée, agnès 
avoir subi l'épreuve de l'essence de téré- 
benthise, vous achèteriez de l'alcali volatil, 
vous feriez un tanymn de toile neuve, vous 
l'imbiberiez d'alcali, et vous en frotteriez 
le velours. 

D'ici à l'hiver prochain le velours auca 
perdu l'odeur de la térébenthine^ mais si le 
velours devait être employé tout de suite, 
il faudrait l'exposer à l'air. 



lUJflÈRe DB HfilRTTRC A NBITP tZS KOfiliNS DE GAKB. 



Faites fondre 6 morceaux de gooune 
arabique dans un verre d'eau chaude; 
mettez une toile neuve sur une {danche à 
repasser^ étendez dessus les nibans« alla- 
chez-lcs avec des épingles, iaiics chauffer 



des Sem erdifleires, ftongez «ne éponge 
dans l'eau de gooMaae, passM-la légàre- 
aent sur TenYers des rubans, jpois 
mottittez-les égalenent, et rqpaaigi4es tont 
4ie suite. 



DIFFÉRENTES MANIÈRES D'ACGOMMODEB LES FRAISES. 



Les fraÎBM se marient avec des groseilles 
CPU ifec des framboises ; on les édulcere de 
sucre en poudre, on les arrose d'eau, de 
4ait, de crème, de toutes sortes de vins, 




tels que : vin de Bordeaux, de Bourgogne, 
de GfaftMis, de {Ifadère, ou de vins de des- 
sert, tels que : de Lsnel, de FrsntigMn, 
ou bien d'eau-de-vie, de rhum, d*amset(e; 





^^^Q 






~ M5 ~ 




w swÊt les msMièMBles pfkn eenaMS, mais 
M y €n a de plus dtaliiigaées. 

Praises à la LucuUu»* 

Prenez tine orange, enlerez-en la pean 
et les peiiins, éétachez-en les quartiers qne 
vous htcbez avec an contean d'argent et 
méitz-les aux fraises rsanpoadrez de sucre. 

Fraises à Is^oréoh. 

Lorsque les fraises sont bien saupou- 
drées de sucre, arrosez-les aTecIejus d*un 
citron et tous croirez manger de l'ananas. 

Compote de fraises. 

Achetez 1 kHograwaie de fruset qui a« 
soient pas trop mûres; ^ucbez-les, U«* 
?ei-les, meitez-Ies égootter swr un uoms i 
faites bouffibr dix minutes 250 graumes 
de SQcre dans un peu d'eau, jetei-y les 
fraises; après un bouillon^ retirez-les, rerw 
seifr-ks dans on compotier et serTez^ks à 
moitié froides. 




Lssfiwmboi8ess*apprêlentdi même, ex 
€splé qntett M les bYe ft». 

ConfUures de fraises. 

Épluchez 506 grammes de fraises, <eas«- 
ses tm petits moreeMix 4 làlograrame de 
svem, mettez le tout dans umt bmane de 
CMÎTre sur un feu lrès-4oux ; lorsque le 
SMK est fondu, que fraises et suera ont 
booiiiî pendant dix minutes, jetez le tooC 
smr un tamis et remplissez tos pois. Ls 
marc4|w re^te sur le tamis fait4l8 hanaes 
tartines pour les pelits eoéanlSL 

Les coofitnres de framboises se font de 
mtee. 

Le jus de fraise, mêlé à un pen d'eao, 
sort è laver le f isage. Ge mélange a ont 
bonne <idew; il ads«cit et rafralcbit la 
pea«$ mais il ne se cooser?e pai^ 

Le fraisier ananas nons fut apporté de 
la Louisiane en 1767. Dqwis quelques 
années, on vend boanooup de ces frateesi 
elles coûtent moins cher que celles ordi* 
naires et ne ae mangent que fraîches. 




CHRONIQUE MUSICALE. 




Le pianiste le pku à la mode en ce 
moment est , sans Gontradit, fiotlsthalk. 
L'hMer n'a été poDrliiiqa'anesuile d'ap- 
plaadiseamenÉs «t tda tcimnphea. la {mrelé 
et h periectifin ée son je» aant ponasées 
aussi iaki qne le camiparte le pîana San 
bon goût lui fait éviter la vîgnmMr<eKoesme, 
la transîliaa trop brusque, le sacrifice des 
détails aux passages à effet, défauts trop 
communs aujourd'hui. Il n'est pas d'exé- 
cution plus brillante ni plus expressive que 
la sienne ; on ne sait ce qu'il faut le plus 
admirer, de son talent d'exécutant ou de 
son charmant génie de compositeur. Tous 
les cla\iers connaissent déjà la Baimboula^ 



te Savons, k Banemer^ le caprice sur h 
Songe d*une Nuit d'é$é, et plnsieurs autres 
moroeaiw écrits avee tout le fen/de la jeis» 
nesse et toute la science de Tartiste oon** 
sommé* Parmi ses nouveUes inspirations, 
tontes ramaïqnaUea, nous avons spéciale* 
ment diatingné le MancmiUiert monceau 
original, comme ses devanôsrs, et qni 
porte avec lui le parfum sauvage des grandes 
forêts d'Amérique auxquelles Gottschalk 
a pris ces idées si neuves et si séduisantes 
pour nous. 

Madame Henaelle, professeur distin- 
gué et cantatrice remarquable, a réuni 
son fidèle auditoire de chaque année, et 




,t)îé*<« 






— 184 — 




lai a fait admirer le bel Ave Maria, de 
Chémbini, accompagné da délicienx haut- 
bois de Verroust, et un Boléro, de Des- 
sauer : Ouvrez, ouvrez, c'est nous I d'une 
facture gracieuse et originale. 

Le violoniste européen, Vienxtemps, 
aprèsuneloogueabsence, s'est faitemendre 
dernièrement dans un concert donné par 
lui. Il a trouvé moyen d'étonner encore ceux 
qui le connaissaient comme artiste d'une vi- 
gueur et d'une hardiesse hors de toute 
comparaison. Il qaii tuple la puissance de 
son d'un instrument de qualité ordinaire, 
et entre mille tours de force, exécute le 
ti ille en octave, que les hommes du métier, 
eux-mêmes, ont peine à s'expliquer. Son 
jeu est souverainement pur et précis; 
talent prodigieux, auquel on ne peut re- 
procher que de s'adresser plutôt à l'admi- 
ration qu'à la sensibilité. 

Une représentation à bénéfice a été, à 
ropéra-Gomique, l'occasion de la reprise 
de deux ouvrages délaissés depuis trop 
longtemps : k Calife de Bagdad , de Boîel- 
dieu, et le Tableau parlant, de Grétry. 

Cette musique, aassi simple que char- 
mante, a fait une heureuse diversion au 
bruit, fatigant à la longue, des pièces 
nouvelles (|ui sont en vogue, et l'accueil 
fait par le public à ces anciennes et bonnes 
connaissances, qu'il a retrouvées jeunes 
et gracieuses comme autrefois, les a en- 
gagées à reparaître souvent sur l'affiche. Il 
est vrai que Grétry et Boïeldieu n'ont ja* 
mais trouvé d'interprètes plus intelligf nts, 
plus dévoués. 

Nous saisissons cette occasion pour en- 
gager nos lectrices à faire ou à renouveler 
connaissance avec ces deux partitions ; elles 
y trouveront du plaisir sans apprêt, et de 
l'effet sans fatigue. 




L'immense succès obtenu cet hiver par 
le Slurm, galop de Bisle, succès qui ne se 
ralentit pas, a engagé divers musiciens à 
arranger ce morceau origtna^ W. Kroger 
en a fait ce qu'il a fait déjà de la Polka les 
Clochettes , et de la romance les Hiron^ 
délies, c'est-à-dire, un morceau qui dé- 
borde de verve, d'élégance et d'entraîne- 
ment, et qui est assez difficile pour être 
un utile objet d'étude. 

Citons parmi les nouveautés musi- 
cales: 

Un divertissement de G. Guichard, pour 
piano sur des moi ifs de VAnie en peine : 
morceau facile, où se retrouvent les pas- 
sages les plus gracieux de l'opéra de Flot- 
tow. Une mazurka de Longpérier, la Fée 
du sovr, qui se recommande par sa dis- 
tinction et son bon goût, et un morceau 
dechant appeléàun grand succès, Grenade, 
orientale de M. Victor Hugo^ mise en mu- 
sique par Betozzi. 

Rosalie-Walser, grande valse brillante 
pour le piano sur des motifs de F. Bazin, 
par Camille Schubert. Le nom de l'auteur 
est la garantie d'un arrangement facile et 
agréable. Il y a deux éditions, l'une à deux 
mains, l'autre à quatre. 

Les romances do l'Album de M. F. de 
Courcy et L Clapisson poursuivent leurs 
brillants succès dans les salons : Deiuc 
enfajits — Une chanson dans un nid — la 
Bête à bon Dieu — un Mari c'est trop cher^ 
pour voix de femmes : Mon âme à Dieu — 
le RéveU du jour, pour ténors ; la Chanson 
de l'ottblieur — une Lettre au pays —-/m 
Fourches Claudine, et le duo : tin Ménage 
chinois, pour basse taille» ne peuvent vous 
être trop recommandés. 

Jules Looyet. 




®©^^ 




^^^ 

^^:i^ 









-.18» — 



mm 



CORRESPONDANCE. 






Si ta rencontres le printemps, ma chère 
amie, dis-loi qae nous Fattendons avec 
impatience, que ce n'est pas bien à loi de 
noos manqoer ainsi de parole, car, d'après 
Talmanach, il nous avait donné rendez-Toos 
le 21 mars ; je sais qu'en France il n'est 
pas exact... mais cela passe la permission, 
nous Toîci au 21 mai! Tous les joors, en 
m'éveillant, je demande « quel temps fail- 
li? » et le vent me répond « il fait froid ! » 
Ce matin cependant, un air doux entrait 
par ma fenêtre ouverte... Mon Dieu, m'é- 
criai-je avec joie, si le printemps était 
arrivé ! si ce rayon de soleil était sa carte 
de visite ! comme j'irais lui porter la mienne 
aux Tuileries, sons nos v ieux marronn iers. . . 
mais pas seu^e; saus une amie, le plus 
beao spectacle de la nature devient triste 
à pleurer, on se dit : « Elle ne le voit pas! » 

J'en étais h de mes réflexions, lorsque 
des pas légers, un frôlement de robe qui 
se firent entendre dans la salle à manger, 
quelques coups frappés à ma porte me 
firent battre Je cœur : « C'est toi ! dis-je 
gaiement — Oui, me répondit, en entrant, 
Florence ; mon père part pour la cam- 
pagne, je viens te consacrer ma jour- 
née.. . nous travaillerons, nous nous pro- 
mènerons.. . il fait le plus beau temps du 
monde. — Double bonne nouvelle I. . . Gom- 
ment te portes- tn? — Très-bien, et toi? — 
A merveille I DébarraiFse-tui de ton cha- 
peau, de ton pardessus. .. Tu me trouves 
occupée à ranger mes livres intimes. — Tu 
nonmies ainsi ? — Le livre dei dépenses de 
la maison, jour par jour, inscrites ainsi 
que tu me Tas enseigné. Tu vois! chaque 
page contient un mois composé de 6 co- 
lonnes, ayant chacune un de ces titres en 
tête : Nourriture — Maison — Dépenses 
impréxnies — Plaisirs. — Il me semble, 
ma chère, que le chiffre des dépenses de 



la dernière colonne est énorme, en com- 
paraison des autres. — Qae cela ne fé- 
lonne pas, ma chère; les amnÔLes que 
nous faisons, nous les mettons au nombre 
de nos plaisirs. — Voilà qui s'explique... — 
Le livre de l'économie domestique et des 
différents procédés indiqués dans notre 
journal. Le livre de mes souvenirs, ce sont 
les pensées, les maximes qui me frappent 
le plus dans mes lectures, et le livre des 
adr< sse3 de toutes les personnes que nons 
connaissons. — Veux-tu que nous décri- 
vions ensemble la planche VI, en atten- 
dant l'heure de la promet) ade? — Tu pré- 
viens mon désir. .. Comme nous nous en- 
tendons[l 

Le n"" 1 est un alphabet gothique alle- 
mand qui se brode au plumetis; tu y pren- 
dras tes initiales. 

— Recommande bien à nos amies de 
ne pas changer ces lettres de place, car elle 
ne pourraient plus les reconnaitt e. 

— C'est vrai!... Le n*" 2 est un entre- 
deux qui peut servir pour rayer une 
guimpe, Taire nn collet, ou monter le bas 
d'une manche de dessous. 

— Le n*" 3 est un dessin qui peut servur 
pour garniture de cette guimpe, pour faire 
un col, en la cousant k l'entre-deux, et 
pour garnir une manche pagode. 

Le n® û, Zoé. 

Le n'S, Modeste^ sont en lettres très-... 
modestes. 

Le n ' 6 est un dessin de broderie an- 
glaise, pour bas de jupon'; il s'exécute en 
points de rose et points de cordonnet. Ces 
papillons, ces mouches sont très-originaux 
et peu longs à broder. Tu sais que le point 
de ro>e est un point de feston que l'on a 
bourré? 

— Le dessinateur a eu une très-bonne 
idée; voyons à la mettre à profit. Par exem- 




^œs 










^ IS6 — 



pie : on peat festonner an mouchoir avec \ 
le feston en points de rose qui est placé 
sous la mouche, puis hroder un papil- 
lon à chaque corne. Ce dessin doit être 
charmant, car le mat y fait adroitement 
r^SMTtk le clêîr. Ua Manleau de lit en 
percale, semé de papîUoiiSt oraé t««t m- 
tour d'«Me garniture froncée, havte de 15 
ceatinètres, faîte «rec ce n* 5» «oraitHrès- 
joli jeté sor une courie^pointe de oottfeur. 

"•* Je ans bien aise q«« ce deasi* soît 
de ton goût. Le n* 7, Marie f est écrit fout 
en mejusculea. 

Le n"" 8 esi un entre-deux qui peut 
aeryir pour h reoe d'enfont n*" 15. 

Le a'' 9eat au dessin q<û garnirait cette 
même robe. 

Les n"* 10 et il sont des dentelles au 
crochet qui se font dans ]e«r laii^ear ; cet 
anFaatage a aon ÛMXMrrénient, ces danteliee 
sont moins jolies. 

Le a"* 13 est le dessin du bandeau d'un 
bMiaet d'faooiBie qui s'exéorite «a crochet 
avec de la ficelle ; il en faut six peiales 
à oOceaitiaMS, achetées passage de l'Opéra. 

Le a* là eetk fond. Ge bonnet se double 
de taffelas blea de FVanœ, et se garnît 
d'aa glaad de soie pareil. ... Yoîd la ma- 
nière deot ce rend s'exécute; je l'aï copiée 
de t'éviter -cette peiae« 




ÀbréYiatioos : maîlle-chatnet'.e, M.-C. Haille 

lon^e, M. L. 

Prends da fild'Irlaada a*" 30« et aa cra- 
chet ordinaire. 

V RANG. 10 mailles^hatoettes, re- 
prends la dernière maiUe paar former le 
cercle. 

2* BA»«^« 5 m.-c. 1 m. /. (composée de 
arois nudMcs sar le crochet), cette maille 
prise dans la preaûère m.-c. da rang prè- 
cédeat: — 2 ai.-c. 1 «i. L — 2 ib.-€. 1 
m. i. — 2 M.-C 1 ta. {* — 2 wurC. i 
iTk L «— 2 an.-€, I m. i. ^ 2 m.-c 1 
m. L — 2 m.-c. 1 m. /. — 2ib,-«. i 
Maille daoble prise dans la ^ aa.-c. 

S* aiNG. S nk-c i m. (. — 2 a^-c 



3 m. /. en piquant le crochet dans la maille 
du mitteii du tour précédent 

4* RANG. 3 m.-c. 2 m. L — 2 m.-c. 5 
m. /. en piquant le crochet dans la maille 
du milieu du tour précédent 

5* RANG, S Bt«c %m, /. -*- 2 ni.-e. 7 
«I» ^ en piq«M de mente le crochet dans 
k aiailledaiailiea. 

6« Raug. 3 n.-a 4 m. /. •-• 2 m.-c 9 
m. L en picfuaatde même le crochet dans 
la raaiUe da mUiea. 

7" aAMGw 3 w^-c 4 m. L — - 3 m.<^ 9 
m. L audessas des 9 m./. du icar pré- 
cédeat 

8^ RANG. 3 m.-c 5 m. i -^ 3 m.-c 
il m. /. en piquant le crodiet dans la 2* 
maille qai suit 

%* RAiMt* ^ DQ*-^* 5 m, L — 4 m.«c. il 
m. i. au*dcssas des il m. /. du rang pré- 
cédent 

10* RANG. 3 m.-c 6 m. ^ — 3 m.-c. 
13 m. /. en piqaant k crochet dans k 3* 
maille qui sait 

il* RANG. 3 m.-c. 6 m. /. — 2 m.-c 
1 m. l. prise dans k 2* ni.-c — 2 m.-c. 
13 m. L auHiessuA des 13 m. /. du rang 
préeédenl. 

12* RANG. 3 ro.<. 5 m. L — 2 m.-c. 
im.L prise dans la 2* ol-c — 3 ffl.-c. 1 
m. /.«— 2 D^-c 11 m. {. en ayant soin de 
réirédr œ losange d'une nuiàk de chaque 

13* RANG. 3 a.-«. hm. L — 2 ul-c 
im, L prisedaasb 2* -^ S m.-c i m. L 

— 3 mw-c. im, L — 2 m.-c 9 m, /. en 
ayant soin de rétrécir encore d'une mailk 
de chaque oôlé. 

14* RANG. 8 m.-c 3 m. i. — 2 m.-c 
i I». /. prisedans k 2* — 3 ».-€. Im. L 
3 HL-c i m. 2. — - 3 m.-c. 1 m. i. — 2 
HL-c. 7 m. /. en rélrédssaac d'uae maiie 
de chaque tiâé. 

i5* RAN&. ^ m.-€. 2 m. f. — 2 nt-c 
1 m. /. prise dans la 2* — 3 ai.-c. im. L 

— 3 ni.-c im. L — 3 «.-c. 1 m. /. — 
3 m.-c. i m, L — 2 m.-c. 5 m. I. en 

rétrécissant d'une maille de chaque côté. 











— ia7~ 



16* RANG. S m.-c. i m. t •— 2 m.-c 
1 m. L prise daw la 2* — 3 in.-c. iim, L 
Bépète 5 fêtèi 3 m.-c 1 tni. L — 2 vau-c 
3 m. L dont 1 rétréeie de chaque celé» 

17* BANG. 6>ia.-«. iitk,l. jpmêàBOkgh 
2* OL-c lU^te 6 Im» : 3 m.-€. iwk. L 
— 3 nk-c 1 tik. /. fuse ao nîMea des & 
m. L du r^Dg piécédeat. 

18* RANG. 1 m. /. iicise Mi milieu des 
3 m^-c du ran^ précédeAt *— 3 iik.-c 1 
m. i» — ainsi de huitd posr le tour de œ 
rond. 

19* RANG. ComiBe le 1&*. 

— £a effet, c'est pea amusani,, et Je 
sois recoiuiaisfiaiile de tm aUentioii. — 
Je veux bien user de mes amies» mais 
je ne veux pas en abuser, et je rc noncerais 
au crochet s'il me fallait donner songent 
de ces fastidieuses descriptions ; henreur 
sèment (fie les personnes habiles pensent 
s'en passer ; je n'ai donné celle-ci qoe pour 
les jeunes sœurs. 

De ce rond on peut faise une pelote„ 
garnie avec la dentelle n^ 10. 

Une couverture de tabouret de ptanot 
en grandissant le losange et entoiuaot ce 
rond avec le bandeau (sans le grandir)» 

Une couverture de guéridoB» en gran- 
dissant aussi le losange, mais dans de plus 
fortes proportioui:, sans changée rien au 
bandeau. Il faudrait doubler cette dernière 
couverture en percaline de la couleur du 
meuble de l'appartement. 

Le n* 1/i [ce numéro se trouve répété) 
est un dessin qui représente la moitié clu 
bas d'une bourse au filet, brodé en perles. 

Le n* 15 *cst une robe de petite fille, 
ornée de plis, d'oo entre-deux et d'une 
garniture. 

Le nM6 e&t un canezou de mousseline 
brodée à courant, à la pièce; il y a une 
couture au milieu du dos* une sous chaque 
bras; devant^ trois plis serrent la taille de 
chaque côté et diminuent du haut et du 
bas. Une garniture formée de la même 
mousseline, mais festonnée,, sert de col; le 
devant se boutonne; une bande festonnée^ 





non froncée, rabat de dioîbe à gauche 
la poitrine, et son feston se contiwieavee 
edtti dn bas du caneieu. 

Le des^ de tapisserie ea cetthnr aeri 
pour duBsea et luiteuîis. 

Ici commence la deseripliottéeki^iaMée 
planche. 

Le A* 17 est une guimpe «pn pe«l an 
brader on. au phunetis et en broderie an-> 
gfaifie,. OB tout en broder ie anglaise.. 

Les deax n*' 16 représentent le cet 
ouvert devant et boutonné derrière. 

Le n* 19 est le quart d'un mouchoir qui 
s'exécute en point de rose et en bnoderie 
anglaise. 

Le n* 20 est encore le quart 4'un mou- 
choir q« s'exécnte en point de festoià, et 
comme le» feuilles du bas sont trés-rappra^ 
cbécs, le feston de L'une est mordu par le 
feston de l'autre, ce qui Isn rénnil Uxilos 
du bas. 

Le a"* 21,. CydcUise, Le n* 22» Céleste. 
Le n"" 23,. ÉUm. Le n^" 20, Flore^ se bro» 
dentanpliimvtis. 

Le «° 2Â, Emhcvriê, en broderie an- 

IjO n* 26 est le dessin de la moitié d'un 
mantelet qui se fait en gras-de^apies noir, 
mairon ou gros vert, glacé de noir, et se 
brode en hcet et en soutache noire. Quand 
les quatre pinces qui sont sur l'épaule 
seront cousues, ce dessin redeviendra 
correct. 

Le n* 27 est le bas du mantelet qu'U a 
blla couper, faute de place. 

Ce mantelet s'ourle tant antour ; il se 
garnit, du bas, d!une dentelle nmre très- 
froacée, haute au moins de IS centimè- 
tres ; sur l'ourlet, on coud,, froncé au mi- 
lieu^ un petit ruban de taffetas noie , ornii 
de raies de satin. 

Ce mantelet ainsi orné est un peu trof 
dame poux nous;, je te conseille de ne pas 
le broder,, de le garnir d'un ricbe effilé de 
soie noire, long de 15 centimètres» et en 
couper nn morceau, de le coodre autoui 
du couji afin de cacher les pinces» et de 




■<%^^j^^ 






— 188 — 





coudre sur l'onrlet da devant an petit 
galon noir. 

On bien encore de garnir ce mantelet 
tout autour d'un petit ruban de taffetas 
noir, cousu, plissé au milieu à plis ronds, 
puis d'ajouter autour du cou, en laissant 
entre eux un espace de 2 centimètres, deux 
autres petits rubans plissés de même, aûn 
de cacher les pinces, et d'ajouter de même, 
du bas, en bissant entre eux un espace de 
2 centimètres, deux autres petits rubans 
plissés. 

Le n* 28 est une boutonnière pour che- 
mise d'homme. 

Le ii°.29 une boutonnière pour chemi- 
settc de femme. 

Le n* 30, Francisque. Le n* 31, Clé- 
mence. Le n* 32, C. G. Le n» 33, Ànaïs. 
Le n» 3û, Denise. Le n° 35, Jiilie, se bro- 
dent au plumetis. 

— A présent, ma chère, permets-moi 
de te faire une observation. — > Gomment 
donc ! mais tu en as bien le droit 1 — Tu 
as donné, il y a un au, la manière de 
calquer les dessins sur différentes étoffes : 
je crois que nos nouvelles amies auraient 
besoin d*étre mises au courant. — Tu as 
raison. Veux-tu écrire 7 

Achetez, passage del*Opéra, deux feuilles 
de papier à décalquer , une bleue , une 
Jaune (35 centimes chaque). Sur une table 
à repasser, attachez, avec des épingles, un 
mouchoir de batiste , je suppose ; sur la 
corne, posez la feuille de papier bleae, du 
côté de Tendroit ; sur ce papier placez le 
nom de Marie^ l'envers de ce dessin sur 
l'envers du papier ; attachez bien le nom 
de manière à ce que la pointe du dessin se 
trouve placée sur la ponte du mouchoir, 
pm's avec un crayon un peu dur, suivez, 
sur ce dessin, les contours de ces lettres; 
quand vous avez fini, enlevez : dessin, et 
papier à décalquer, et sur le mouchoir se 
trouve dessiné en bleu le nom de Marie, 

Pour le mantelet, quand vous l'avez 
taillé sur ce modèle , vous employez les 
mêmes moyens, mais avec le papier jaune. 




/ Ces feuilles de papier peuvent servir 
plusieurs fois, et, ce qu'il y a de mieux, 
les planches du journal ne sont pas cou- 
pées et peuvent se conserver intactes. 

— A présent, me dit Florence, nous avons 
la description de la gravure de modes de la 
grande édition : — Oui, mais elle est pour 
nos jeunes amies qui soi:t mariées, celles 
qui ne le sont pas s'en plaignent...» Ici 
Florence partit d'un éclat de rire, et comme 
je la regardais étonnée. « Je v.'^is, me dit- 
elle, te répéter ta phrase : Elle est (la gra- 
vure) pournas ieunes amies qui sont ma- 
riées, celles qui ne le sont pas. .. s'en plai- 
gnent... De quoi? de n'être pas mariées? 
— Ah ! malemoiselle, vous vous moquez 
de moi !. .. Tu as raison. . . je viens de faire 
une phrase un peu amphigourique. Eh 
bien, c'est de la gravure de modes qu'elles 
se plaignent, et je vais leur dire les chan- 
gements qu'elles peuvent y faire. 

La fignrine qui est chez elle a un bonnet . . 
elles seront en cheveux, leur jupe, sans 
garniture, sera en taffetas uni, leur corsage 
sera fait de même ; au lieu de broderie et 
de festons, elles auront un petit ruban 
plissé à plis ronds, cousu au bord du re- 
vers, au bord des manche?, autour de cette 
espècede basque et au milieu de ces bandes 
qui s'agrafent au côté gauche de la poi- 
trine; leur manche pagode n'aura qu'une 
bande de mousseline brodée semblable à 
celle du coL 

La figurine qui fait une visite a une 
capote ornée defleurs et de dentelles.. . elles 
n'auront dessus qu*un simple.ruban ; des- 
hoos, des fleurs. Elles auront une robe de 
barége marron, rayé de dessins blancs; 
un châle de filet de soie noire, et une 
guimpe plus haute. 

En ce moment, deux petits coups furent 
frappés k ma porte, c'était la femme de 
chambre. 

« Madame fait prévenir ces demoiselles 
qu'elle les attend pour aller à la prome- 
nade. — Allez dire à maman que nous 
vous suivons... Elle sortit. Mais avant, 










— 180 — 



Florence» écris Yite Texplicaiion du rébus : 
Un cerf qui fait nn bond — un G qui 
▼ant cmt en chiffres romains — un nœud — 
P' — et la ville d'Eu — lo Mans — 
et un Hr... 

Bon sang ne peut mentir. 
Nous nous rendîmes au salon, et par- 
tîmes pour les Tuileries. Je donnais le 
bras à Florence, nous marchions à côié de 
maman et de quelques dames, ses amies. 
Elles s'arrêtèrent devant nos riches ma- 
gasins. 

« On voit bien, me dit Florence, que 
nous sommes dans une rue où passent des 
étrangères, car voici des sacs de plusieurs 
sortes, et nous n'en portons pas. Quel luxe ! 
des pantoufles en taffetas rose, recouvertes 
en mousseline semée de boutons de roses, 
brodés en coton blanc , et garnies d'une 
ruche de ruban de taffetas rose, entourée 
de dentelle blanche formant rosette sur le 
pied. Yoicl un manteletdegros-de-Naples 
blanc, brodé en soie, en perles et en jais 
blancs, garni d'une haute d«*nte1lc en imi- 
tation d*Âng'eterre.... Quel gracieux dia- 
dème formé de fleurs en diamants! quelle 
profusion de riches bracelets I quelles jolies 
montres! leur cbatne, leur agrafe ornées 
de pierres de couleur. . . Eh bien, tout cela 
n^excite pas mon envie. — Ni la mienne; 
mais cela excite mon admiration pour le 
tali*nt de l'artiste qui a fait ces belles 
choses, et je désire qu'il trouve des ache- 
teurs. — Tu ne dis donc pas comme ces 
faux moralistes: les riches devraient plutôt 
donner leur arg'^nt aux pauvres qu'à des 
bijoutiers. — Non, Florence, car cet argent 
fera plus de bien en passant par les mains 
industrielles qui ont créé ces chefs-d'œuvre, 
depuis le dessinateur habile et instruit 
jusqu'au plus ignorant des ouvriers, car 
celui-ci aura gagné cet argent par s^n tra- 
vail, et non par sa paresse. Que les riches 
dépensent, ib auront bien mérité de la 
patrie et de l'humanité. — Bravo I tu^t>arles 
comme un profond économiste. — Je ré- 
pète CCI que j'ai entendu dire, et ce que 





mes petites observations m'ont appris. » 
Nous arrivions aux Toileries; ces dames 
s'assirent {M-ès d'un oranger et causèrent 
entre elles de leur mari, de leurs enfants; 
nous, nous causâmes des passants. « Voici 
des Anglaises fraîchement débarquées, me 
dit Florence , on les reconnaît à la bouf- 
fiïssure de leur jupe... il semble qu'elles 
marchent dans un ballon. — Que vien- 
nent-elles faire à Paris, tandis que l'uni- 
vers est à Londres? 

— A propos , dis-je, il parait que cette 
exposition renfermera plus de sept mer- 
veilles, le monde aura dépassé son chiffre. 
On parle d'une carafe de cristal qui vient 
de Paris, elle peut contenir tme table et 
trois personnes assises. Pour se rendre 
dans cette nouvelle espace de salle à man- 
ger, il faut une échelle en dehors et une 
en dedans. — Quel est le mérite de cette 
chose excentrique 7 — Cette carafe est sans 
doute le résultat du souffle d'un ouvrier 
verrier... et celui-là avait la respiration 
longue ! On parle d'un lit musical qui vient 
d'Allemagne ; il fait entendre le soir une 
douce mélodie pour endormir le maître, et 
le matin il joue un air gai pour le réveiller 
à l'heure qu'il a Indiquée. On voit un mou- 
choir de batiste fait en Belgique avec dn fil 
qui a coûté 4,000 fr. la livre, et une robe de 
guipure de Bruxelles, si admirable, qu'elle 
vient d'être achetée 45,000 fr. Nancy a 
fourni un couvre-pieds dont la broderie a 
occupé pendant 9 mois 14 ouvrières; Pa- 
ris a envoyé l'admirable toilette, en argent, 
ornée de statuettes et de pierres préc- 
ieuses, présent offert par des dames 
françaises, à la bonne et gracieuse du- 
chesse de Rosny, à l'occasion de son ma- 
riage avec le duc de Parme.... Jusqu'à pré- 
sent, ce qu'il y a de... moins bien, est 
envoyé par l'Espagne. Imagine-toi une 
robe de dentelle noire dont les volants re- 
présentent des fleurs brodées avec les cou- 
leurs que la nature leur a données; de 
plus, une chemise d'homme sur le devant 
de laquelle on a brodé tous les monuments 














— iOO — 



de Madrid, de SéviHe : palais, catMArale.. . 
— Maïs quittons Londres. GoanneDt 
trooves-to la toikcte de cette denoîseit^e? sa 
cajpote est de crêpe lisse, blaoc, garnie, de 
chaque côté des joues, de trois roses b)a»- 
dies; sa rolM et son maiMelet sont de taf- 
fetas tourterelle, son mantelet a poor tout 
ornement un galon de soie pareil, cousu 
tout autour; son jupon de percale n'a 
qu*un âflipie ourlet — Je trouve cette 
toilette très- distinguée; cette demeiseHe a 
sans doute Toiture. — Et cette dame en 
robe de taffetas noir, garnie de trois hauts 
volants, à peine froncés, découpés à rem- 
porte-pièce, son châle carré est en gre- 
nadine bleu de France, entouré d'une 
large bande en satin pareil ; son chap^m 
de paille, à raies noires, est orné de ni- 
bans bleu de France, et de bleuets posés 
sur et sous la passe. — Je dis que c'est 
très- joli, très -original. J'ai vu, chez 
M"« Fauvel, celte couturière qui a tant de 
goût, et dont les ouvrières cousent si bien, 
destoftettes qui n'attendent qu'un soleil 
m peu plus chaud pour se montrer. Ce 
sont des canezous 2r basqnines, des mante- 
kts de mousseline brodée doublés de taf- 
fetas rose on bleu et garnis d'une niche de 
petits rubans roses ou bleus; des robes de 
talfetas chiné, des baréges imprimés re- 
présentant des colonnes de fleurs, ou un 
semé de gros bouquets. On parle de gîlvts, 
en as^tu vu? — Non, pas encore; il ne 
nous manquera plus qu'un chapeau rond, 
une cravate et une cravache pour avoir 
l'air d'amazones descendues.. . ou tombées 
de cheval. — Ce que mode veut. . . femme le 
teut ! — Ah ! je le sais bien, Jeanne; arussî, 
ferai-je comme tout le monde. — Lorsque 
tu seras abordée par un homme de ta so- 
ciété, lui tendras-tu la main, qtand tu seras 
mariée? car enfin, c'est la mode pour les 
dames et les demoiselles anglaises, et nous 
Pavons adoptée... je dis nous, c*'esl-9hdire 
nos jeunes femme^. — Je ne chhs pas 1 
f ailleurs le jeune homme qui tient d'une 
main une canne ou un parapluie, ne 





peut vovB secouer la bmib, à oniM àê 
garder son chapeau sur s» têle, et tela 
me paraîtrait pftuB que sans façon. Qoaai 
je serai mariée, vois-tit, je lâcherai de 
ramener, autant que possible, ao» aft-> 
ciens usagea , ceux de nos grand^nières, 
et quand tv ser» fesMe, si tu ve«x n'y 
aider..... peut-être qu1i nous deux 

— De tout inoB cœur, ma chère; pnsque 
ces messieurs lànt les lots, nous, ■•« 
ferons les mœurs. — Sais^tv, Jeamie, qu« 
c'est fort ambitieux ce que nous dûion 
Vk; car, j'ai in quelque part : les mœurs font 
les luis,. . mais, nousac mom em vanteroon 
pas, pour ne pas efiaroudier ces messieurs. 
As-tu reçu h^Miooap de lettres? *- Oui, 
des rqiroches sur ce que je ne dM ne pas 
de eompte-rendode pîèeesde théâtre. J'en 
Msaîs quclqiies-*unes , et je trouvai cette 
scène qui est très-drÔle..... OMistrèe-peu 
digne. 

Dans une rue de Paris, deux hommes se 
heurtent, s'injurient, semraacent, seregar^ 
dent, et se reconnaissent I C'est Rocambol», 
décroteur dtt coin, et le docteur Chiendent, 
marchand de vulnéraire ; ils s^embrassent 
«Oh asard I dit l'un. — O amitié ! dit l'autre. 

— As- tu cent sous à me prêter? demande 
Chiendent. — J'allais Remprunter deux 
francs, reprend son ami. — Je voud r a » 
pouvoir te les donner.... je les garderais 
pour mol. — Tu en es là, Chiendent! 
toi, que j'ai vu débiter tes àrogues dans 
une si beHe voiture jaune. — Que veux- 
tu I elle ne m'appartenait pas fai 

été obligé de la vendre... aussi, je renonce 
à la médecine; j'ai envie d'apjN'endrt à 
toucher du piano! — OA demeure»-tu? 

— Je suis diez moîî •— Dans la me! ^ 
J'occupe ce rer-de-chaossée. — Est-ce 
qu'on t*Éurait chassé? — Du toutl ou 
a profité du moment oè je sortais pour 
fermer h porte sur moi — Je t'offirirais 
bien la moitié de ma chambre, mais on n*y 
peut tenir qu'un.... en se serrant. — C^ 
pendant, Rocambole, je t'ai connu dans 
une beBe position. — CM vraif méi^ 




cT-r^ffi 









©D^fc^ 



— idi — 



vdtô^ 



n'étant pas assez riche poar épotlMrt^rfk ' Moftst en étoffe pareille, juste au corps, 



9plè j'âf Biais « /s rMot ée Cure fortane* 
J'avais un talent que je cnltifaii «kpois 
mon enfiince..... je savais patiner. — Au 
fait, on Ta quelquefois très-loin en pa- 
tinant. — Je résolus d'y aller. Je possé- 
dais un léger patrimoine, je le vendis pour 
rien.... muni de celte somme, je m'em- 
barquai avec une colleciion de patins pour 
le Brésil. — Intrigant I — A peine arrivé, 
j'appris par les papiers publics que le climat 
où je me trourais était un pays chaud.... 

jamais d'hiver ! jamais de glace! au 

point que les personnes qui veulent pa- 
tiner, sont obligées de venir au canal de 
rOurcq ! J'ai vendu mes patins à la livre et 
je suis revenu en France, k pied, sur un 
vaisseau dont je cirais les bottes! — C'est 
douloureux. . . — Mais, tu n'es pas au bout I 
A mon retour, j'apprends que celle que 
j'aime est mariée. — Je m'y attendais, dit 
Chiendent. — Je suis donc gueux comme 
la noisette... je dis la noisette, parce que 
c'est le plus pauvre des quatre mendiants. .* 
J'ai bien dos cousins qui sont riches, re- 
prend Rocambole. — Il faut aller les trou- 
ver, mon cher. — Ah ! je les connais, ils ne 
me donneront rien... — S'ils ne te donnent 
rien... tu n'accepteras pas. — C'est bien 
mon inteattai. » 

Si nous étions cbex toi, Jeanne^ comme 
nous ririons et ces foMet, mus, sur une 
promenade.. «•» 

Cinq heures smioèrent à Fhorloge éts 
Tuileries, et wn r a vlw M à H HMiion. 

tt Ne trouVM^tH pasqne les petits gar(ons 
seront cette aanée pfan gmtfls qpe les 
petites filles? ne dh floreBoe. «— Oui, 
vraiment! regarde cehii qui tfcm une 
balle? lltée8ài0a]is;8(Ni dMpeau 
est de Mmn wmk^ rtwd, à boNt n pe« 
large», à tmé im f6« ham, «né 4^in 
veltan «iM |^ une boade; ton pan- 
talon de Casimir xm èe airioos gris-fer, 
froncé du bas sur une bande pareille, ne 
descend qu'au bas des genoux et recouvre 
de longues guêtres grises, boutonnées; sa 





ne descend que jusqu'au bas des bancbest» 
et est serrée à la taille par une ceinture de 
maroquin noir; ses manches ont la forme 
pagode; sa chemise, froncée devant et der- 
rière, est montée du haut sur un petit 
entre-deux; ses manches, larges, sont fron- 
cées du bas et montées de nc^ême; ses bot- 
tines noires sont boutonnées... Ne dirait- 
on pas un petit bourgeois du temps de 
Louis XIII? — Cet autre, de 5 à 6 ans, 
a un chapeau de paille de même forme, 
noué sous le menton par un étroit ruban 
noir; son pantalon n'est pas fermé du bas, 
il est garni d'un galon de coton blanc, cousu 
à plat au-dessus de l'ourlet ; ses jambes 
sont à moitié nues, il a des chaussettes 
blanches rayées de rouge, des bottines 
grises ; sa blouse de nankin est ornée tout 
autour et devant, le long de l'ouverture, 
d'un même galon blanc; sa ceinture est de 
nankin et, au milieu, est aussi cousu un 
galon blanc. — Il paraît, ma chère, que 
ks petites filles se trouvent assez bien, elles 
ne changent pas : de 4 à 10 ans, c'est un 
chapeau de paille à la glaneuse; an bas 
du fond, un laiigc ruban tourne, forme 
deux boucles et retombe en deux bouts, 
longs chacun de AO à 50 centimètres, des 
rosit tes attadiéesdessens, swchaque bride, 
servent > nouer ce chapeau sous le men- 
ton. Jusqu'à 6 ans, ce sont det robes aux 
jupes counes, très-larges, des pantalons 
ne descendant qu'aut genoux, les jambes 
nues et des chaussettes ou des bas blancs ; 
des robes écosnises, corsages guimpe et 
katzawecks de taffetas Mir, gros vert ou ' 
marron, Ji la taiBe mur^Êttmi non mar- 
quée. De 6 à 10 ans, les pantalons des- 
cendent jusqu'à 11 dKVittev et les jnpes 
jusqu'à mi-jambe; plus tard, je trouve 
que les capotes et les robes longues, 
sans pantalon, conviennent mienx. » 

Cette journée a été pour Hioi tout plai- 
sir. . . puisses-tu en trouver un peu à me 
lire. Ton amie, 

J. J. 






^^t- 



CPBÊnEBWE*. 

923. — NIISSANCE RE BEBHARD DB UENTHON, FONDATEDR VS 
on GRAND S&INT-BEBNABD. 



d DsqDit an cbSleau de Heothon, 
nnecy, en Savoie, de Richard, 
a Henihon, et de Beroiole de 
an éponse. Il se voua de bonne 
»inl ministÈre, et deviot archi- 
ioste. Son cœur, fuyer de toutes 
) aposioJiques, fnt vifcmcnt tou- 
ilangerg qne couraient les voya- 
^vui^ «• milieu des Alpes Pcnnines, et il 
couçDt la pensée d'éiab'ir nn asile, consa- 
cré par la religion, dans lequel ces voya- 
geurs recevraient des soins et des con- 
solations. Il eut i surmonter de grandes 
difliculiés : le paganisme régnait encore 
parmi 1rs habitants des montagnes; Ber- 
nard le combaiiît par ses prédications, et 
animé de zèle, il osa enfin renverser la 
statue de Jupiter à laquelle s'adressaient 
les hommages de ces peuples égarés. Ponr- 

lUÈBUS. 



soivant son œnfre, il alla cbe 
les réduits les plus secreis des 
des âmes i 6vangèliser, des mi 
Ug^r, et par l'ascendant d'nm 
géiiqae, il vint ï bout de rifili 
bus grossières, et de les amei 
de Je sus- Christ. 

Ce fnt vers l'an 962 qn'il élt 
hospices ila grand et du petit 
nard, placés sons l'invocatioi 
Nicolas de Myre. Ils furent d 
des chanoines réguliers. 

Le bienheureux Bernard 
1008, i rage de 85 ans. Il fut i 
l'an 1681. 

On connaît les ravages qne k 
Euiî!sede 1848aappoitésdans( 
neuf fois séculaire I 




P«i», — T/,> igrjpliiu djiiiia>ni< reuT» DoDdsjr-Dupri, nie Sainl-Laiii). I 

Ml 



ri 



M 





Ilinnrnul Us^moxsdUg. 








— 1»5 — 



COUP D*(SIL 



SUR 




L'HISTOIRE DE LA PEINTURE 



i 



Premier article. 

ORIGINE DU DESSIN. — LES HIÉROGLYPHES. — PALÊIION ET OIRUTADE. 

— LES PEINTRES GRECS. 



Je ne doote pas que Porigine de k pein- 
ture ne soit antédiluvienne. Il est bien 
eonTena que personne n'a jamais va de 
peintures faites avant le déluge ; le masto- 
donte , découvert par M. Guvier, pourrait 
seul donner quelques renseignements sar 
le degré d'avancement où le génie des 
hommes avait poussé cet art à l'époque de 
ce grand châtiment Malheureusement le 
mastodonte i^ un animal fossile, et ne 
fût-il pas un fossile , il n'est pas bien cer- 
tain qu'il ait jamais parlé. Une reste pas non 
plus le moindre fragment de l'arche , en 
sorte qu'il est impossible de constater si 
l'arche était ou non décorée à l'iniérieur de 
peintures, comme je l'aiéntepdo prétendre 
par un savant dont le nom allemand est 
aussi dif6ciié ï prononcer qu'à écrire; 
mais si l'on m'obligeait à domier mes rai- 
sons, voici celles que j'apporterais à l'ap- 
pui de l'opinion que j'avance. Il est évi- 
dent qu'avant d'avoir trouvé le moyen 
d'échanger leurs pensées par des mots, les 
hommes ont employé des signes, c'est-à- 
dire qu'avant d'écrire leur pensée, ib l'ont 
dessinée^ et une preuve de l'éiistence du 
dessin comme art avant le déluge, se trou- 
verait dans le texte des versets 21 et 22 
de la Genèse (chap. it), où il est dit que 
Jobal fut père de tous ceux qui touchent 
le violon et les orgues, et que Tsilla en- 
fanta Tobal Gain, qui forgeait toutes sortes 
d'instruments d'airain et de fer. 




Qui dit fabricaiion d'un instrument de 



DU-NKUVlàHB AlfN^E, 4* StllIB. — N^ Vil. 



musique quelconque , dit sentiment de la 
forme, observation de proportion^'dàns 
les' contours; ce sera simplement, si l'on 
veut , le dessin industriel , mais ce sera 
toujours le def^in. Ainsi plus tard, les prê- 
tres égyptiens inventèrent une écriture 
mystérieuse où la fornie exacte des choses 
et des êtres animés tenait lieu de lettres ; 
je vejDx parler des hiéroglyphes dont tout 
le monde connaît des spécimens authen- 
tiques. On sait aussi quelle pureté de 
ligo€0, quelle netteté de contours font le 
mérite des figures dont les poteries , qui 
dateiit de ces anciens dges , sont ornées. 
— A l'époque où Salomon fit élever son 
fameux temple, l'art de la sculpture', et par 
conséquent du dessin , était arrivé à un 
degré d'avancement dont il est facile de 
se faire une idée en lisant le livre des 
Rbis(l). 

Mais la peinture proprement dite, c'est- 
à-dire l'art de représenter, au moyen de 
lignes et de couleurs , les hommes et les 

• • 

. (1) Chap. YI. -^ 23. Il fit'dérs l'oracle deux 
chérubins de bofs d'oliviers qui avaient cbacuo 
d X coudées de haut. 

29. Et il entailla toutes les murailles de Kulp- 
tures profondi'S, de chérubins^ de palmes, de 
boutons de fleurs épanouies. 

2 1-24. 11 fit une mer de fonle, et au-dessous 
de son bord il j avait drs figures de relief tout 
autour. 

2tt. Elle était posée sur douxe bœufs dont 
trois regardaient le septentrion, etc., etc. 



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•ÎN^4J(^ 




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— !•« — 

choses , et ce qu'on appelle la science de la imagina de couvrir de terre glaise l'espace 




composition , eurent la Grèce peur ber-* 
ceau. Une fable charmante yous appren- 
dra, si vous voulez bien y croire, et il n*y 
a pas à cela grand inconvénient, comment 
les rudiments d^ cet art fifreUt réfélés l^lk 
nation spirituelle et artistique par excel- 
lence, poétique aussi plus que tout autre, 
et plus que tout autre aimant à couvrir du 
vêtement de rall(!''gorie les traditions du 
passé. 

« Palémon est le plus brave, le plus h%w 
» parmi les jeunes hommes de Sicyone. Il 
» trionphe de tous ses rhravx dm les 
» lottes dia stade. 

» Il aime Df bstade , qui est ÉUa d'wi 
» potier etq«i n'a pm de rivale dans toute 
D il Grèce, pour la beaaté tt le àên de 
» chamer. 

» Palémon est aimé de Dihalado; mai») 
» hélas ! h belle Dibutade a juré à b ehasie 
» Uane qae jamais les torches de l'hymen 
» ne Beraàeat portée» demnt elle, jaoïaîi 
» Ditotadc ne quittera la maisen de flou 
1» père, jaroaiie Palémon ne la verpa épease 
3» et mère assise à son foyer. 

» G'est pourquoi Palémon pNnd ses 
> armas et se dispo^^e, impatient de moarir, 
1» à w)ler aux combats. Mais il ne pamica 
» point sans revoir Dibutade. 

)i> Il entre chez le potier, père de la belle 
» ille , et salue d'abord les dienx domesti- 
» ques. Levieillirdrinviteaurepasdnanir. 
» Coarhé en lace de la prêtresse de Dône, 
» Palémon prend une lyre et chaule sa don^ 
H leur en strophes mélancoliques* 

» Ils sont pénibles les adieux des deux 
r> jeunes gens I C*est d'une main tremblante 
» que Dibutade prend une lampe' pour le 
» conduire jusqu'au seuil do la maison. 
» Comme elle détournait la tête pour loi 
» cacher ses larmes, elle aperçoit sur le 
» murl'oiDbre de Palémon; ellesafsftun 
» charbon et trace rapidement l'image ché- 
» rie, en suivant les contours de l'ombre.» 

La tradition ajoute qu'à la vue de cette 




Cêmpfia entre les lignes tracées par sa fille , 
et d'en faire une image durable au moyen 
de la caisson. Le même hasard venait de 
faire découvrir le dessin et la sculpture... 
St 91 Tel» Aé demandez li quelle époque 
il faut placer le fait charmant dont vous 
venez de lire le récit , je vous dirai qu'il 
précéda certainement la guerre de Troie, 
qui eut lieu douze cents ans avant Jésus- 
Christ «^il snffit en effet de fin dans Ho- 
mèr» b description du bouclier d'Achille 
pour demeurer convaincu que l'art du 
dessin et cehn de 1h scnlptnre en relief 
étaient ëéjii de date ancienne en Grèce, il 
eit piohaU» même qu'on, y connaisBaît ce» 
lai d'faarmoniser entre elles les oouleain 
dan» les tapiasei^ieSv Hélène oeeape ses kn* 
shn è rttracer, an ««yen de la soie elde 
la laine» les oomhals dont elle a été ta 
cause, d A4idromtqiie représenle de ta 
BêMie manière des flenrs et des fruits 

11 n'est pas ton aisé d'assigner ane date 
précise I ta déooaverte de la peinture è 
Ifsfdednpinceaa. Tont ce qn'on SKt è ce 
sajet, c'est fn'elle est due è Cléantfae de 
Gorimiie, et que Téliphane de Sicyone, 
qat hii sncoéda de près, vivait vers le 
même temps qu'Homère. Enfin, sept cents 
ans avant JésuflChrltt, Bdtarchos peignit un 
tableaa veprésentant la bataille des Magné* 
fliens, ^pa le roi Gandanle acheta an poids 
de Tor. En /iâO, Panaenus, frère 4a scalp* 
lieor Phidias, fit nn tableaa qui représentait 
tai banaillede Marathon. €e n'était plus seu- 
lement un essai grossier comme ceux qni 
l'avaient précédé, présentant une suite de 
personnages vangés sur la même ligne, 
mais une véritable composition où le pein- 
tre avait placé des perunks d^uoe exacle 
ressem Manne.... 

Depuis le si^cle de Périclè», oà vivait 
Pananns , on suit facilement l'hiâtoire de 
la peîntiire en Grèce. Parmi les plus grands 
artistes qnî briilèrent dans ce siècle txt 
meux par l'impulsiott ^e les arts et les 



espèce de portrait, le père de Dibotade [ lettres y reçurent, il faut citer Polgfgnote 










€>:«N. 






— 10» — 



.>^î^^ 




de Thasm. Polygnote de Tbasus peigDait 
poar les riches cltôyeDS d'Athènes des ta- 
bleaux de fantaisie , dont la vérité de la 
couleur faisait le grand mérite. It est le 
premier qui ait abordé la peinture murale, 
et il se signala dans cette branche de son 
art par la décoration des portiques d'Athè- 
nes, où il représenta les principaux épi- 
sodes de la guerre de Troie. 

Tontes mes lectrices savent que la pein- 
ture à Thuile n'était point connue des 
anciens. Le procédé de Polygnote consis- 
tait à étendre sur une planche dlvoire 
ou de bois poli ud certain encaustique ce- 
reux au moyen d'un style. Et ce qui priûu- 
veralt assez que, quant à la durée des 
tableaux, la peimure à la cire valait au 
moins la peinture à l'huile , c^est que le 
tableau le plus admiré de Polygnote, le 
Sac de Troie , existait encore cinq cents 
ans après Jésus-Christ, à Constantinoypie. 

J'ai hâte d'arriver aux temps modernes, 
c'est pourquoi je me contenterai de citer des 
noms. Après Polygnote , c'est ApoUodore, 
puis Zeuxis, son élève, dont vous avez In 
partout la vie» en sorte que je crois devoir 
me dispenser de tous parler de ce tableau 
de fleurs et de fruits si bien imités, que les 
oiseaux s'en approchaient pour le becqueter, 
et de ce rideau tronape-l'œil qui abusa Jus- 
qu'à Parrhasius,le rival de Zeuxis.Yous sa- 
vez que ce dernier mourut d'un accès de 
rire en considérant une figure grotesque 
peinte par lui-même. 

Après Zeuxis le sceptre de la peinture 



appartint en partage à Parrhasius et à TI- 
mante, tous deux célèbres par leur faste. Per- 
sonne ni'a poussé plus loin que Parrhasius 
Tamour de la vérité dans la peinture; 
c'est lui qui voulant représenter le sup- 
plice de Prométhée, fit, dit-on, mourir 
pour lui servir de modèle, un de ses es- 
cla/es dans d'épouvantables tourments. 
Cest Sénèque^ le théteur, qui rapporte ce 
Tait odieux. 

Entre Parrhasius et Âpelles se placent 
encore Eupompe qui fonda l'école illustre 
de Sîcyone , et Pamphile d'Amphipulis. 
a Pamphile donna tant de lustre à la pein- 
ture, dit un écrivain moderne, que d'a- 
bord à Sicyone, et ensuite dans toute la 
Grèce, eHe fut mise au premier rang entre 
les arts libéraux, et que tous les jeunes 
gens bien nés voulurent l'étudier. Il n'y 
eut d*abord que des ingénus qui pussent 
exercer cet art, et ensuite que des gens de 
la condition la plus honnête. Il fut toujours 
interdit aux esclaves, d 

Enfin en Tan 332 avant Jésus-Christ, pa- 
rurent Apelles et Proiogène après lesquels 
commença en Grèce la décadence de la 
peinture. Elle cessa tout à fait d'y être cul- 
tivée an commencement denotreère. L'Ita- 
lie ne l'avait jamais assez honorée pour 
qu'elle y brillât encore d'un grand éclat. 
C'était pourtant à elle qu'il élait réservé 
de la créer de nouveau sous riuspiralion 
du {énie chrétien. 

J. DE CUATILLON. 




BIBLIOGRAPHIE. 




MisUÀre .des Fran§ai& (kê diven Étais » 
ou Hiitoire dé France au» cinq (i^r- 
niers ùècUê. -^ Par AflMHt-Alew 
ftlonteil. 

L'oHVFj^ dom ttou» venons vous dire 
guelqaesmotSy iiiesdemois«Ues, reareroie 



en ses cinq voIuoms le résokat des travaux 
da vingt années ; il préseate sous la forme la 
plus naive, la plus piquante , la plus iogi- 
niense, une science presque effrayanie , 
puisée aux sources les plus sérieuMs: 
chartriers, diplômes, itecueils des lois, 
h.sloires locales des provinces , des dù^- 














— 196 — 



cèses et des villes, collections des mé- 
dailles et des monnaies, ordonnances des 
rois, mandements des évéques, placards 
des maires, éche?ins et prud'hommes, ar- 
rêts des parlements, etc. , etc. Là , revit 
la vieille France, depuis le^ conslitulions 
qui régissaient le royaume jusqu'aux cou- 
tumes^ quelquefois gracieuses, quelquefois 
burlesques*, qui avaient cours dans les 
plus humbles villages* Rien n'est omis 
dans ce vaste tableau, ni les avantages, ni 
les abus du temps passé , et l'on peut se 
former une idée irès-nettê des usages de 
nos ancêtres, après avoir parcouru les 
cinq volumes de YHistoire des Français 
des divers Étais. Cependant, quelque in- 
téressant que soit cet ouvrage , nous enga- 
geons les mères de famille à le parcou- 
rir elles-mêmes avant de le laisser lire à 
leurs filles ; leur prudence choisirez entre 
ces nombreux récits ceux qui pourront 
être offerts sans inconvénient à ces jeunes 
intelligences. 

Le quatorzième siècle est le point de dé- 
part de ce vaste travail, où se déroule 
successivement les siècles suivants jusqu'au 
nôtre exclusivement. Un cadre ingénieux 
renferme les faits groupés, coordonnés 
sous la forme la plus attrayante. Le pre- 
mier volume , consacré au quatorzième 
siècle, offre la correspondance d'un cor- 
delier de Tours qui écrit à un frère en 
religion, et qui lui raconte, de la manière 
la plus sensée et la plus spirituelle, ce 
qu'il voit autour de lui, dans son couvent, 
chez les nobles , chez les bourgeois , chez 
les paysans, gens de divers états ^ avec les- 
que's il se trouve en rapport. Qui pour- 
rait dire combien de couleur locale nos 
romanciers ont puisé dans ce livre trop 
peu connu ! Mais au plaisir de louer l'au- 
teur, nous préférons le plaisir de le citer, 
afin que vous puissiez le louer à votre tour. 

Voici un tableau de mœurs féodales : 
c*est l'hommage dû au seigneur de la terre 
par les vassaux, tenanciers et possesseurs 
de fiefs. 




Frère Jehan à frire Atulré. EpU. xxill. 

c( Aujourd'hui le sire de Montbazon est 
parti du château avec toute sa suite , à la 
plus belle heure du jour. Il était monté 
sur un cheval blanc , l'oiseau sor le poing, 
en grande parure, l'habit armorié, mi- 
part de rouge et de bleu. Arrivé au lieu 
appelé la Table de pierre , il s'est assis. Un 
seigneur, dont les terres relèvent de Mont- 
bazon , s'eiit présenté nu-tête , sans épe- 
rons ni épée , et s'est mis à genoux devant 
le sire de Montbazon , qui, ayant pris ses 
mains dans les siennes , lui a dit : Voiu 
cognoissez estre nostre homme-lige ^ pour 
raison de votre chastel, et juret à I>ieu 
par la foi de vostre corps , que vous nous 
servirez comme tel et contre tous ceux qui 
peuvent vivre et mourir, fors contre le 
Roy nostre sire. Le seigneur ayant ré- 
pondu : Je le jure , le sire de Montbazon 
l'a baisé, et a ordonné qu'il fi]kt dressé acte 
de cet hommage. 

» Cependant le sire de Montbazon a fait 
signe d'approcher à une foule de villageois 
qtii , tous chargés de denrées et de pro* 
visions, se tenaient respectueusement à 
une certaine distance. Aussitôt la terre a été 
couverte autour de lui de blé , de volailles, 
de jambons, de beurre, d'œufs, de cire, de 
miel , de légumes, de fruits, de gâteaux, de 
bouquets de fleurs , de chapeaux de roses. 
En un moment, les gens du château ont 
tout enlevé, et le terrain se trouvant libre 
et net, plusieurs tenanciers se sont appro- 
chés: les uns en faisant des grimaces, 

d'autres en faisant des gambades Le 

sire de Montbazon a ordonné qu'il fût déli- 
vré à tout le monde bonne et valable quit- 
tance. 

y> L'assemblée s'est alors formée en 
rond : Mis amis, a dit le sire de Montba- 
zon , j'ai reçu trop d'argent de vous cette 
année ; à mon grand regret, les amendes 
pourvois, querelles, blessures, coups de 
poing, ne m'ont jamais tant rendu. Je suis 
assez content de la manière dont les gens 
de métier font les corvées ; cependant il 





ï)©«»^ 



•^ 



r^. 



^"^O 












_ 107 — 



reste qadques habits de pages qui n'ont 
pas été finis ; il manque an grand nombre 
de i>ottines pour mes gens.. . Monseignenr^ 
Ini a répondu nn pauvre homme nommé 
Simon, les tailleurs, les conlonnîers et 
les saietiers de la terre., nous ayons tra- 
vaillé toute la semaine que nons tous de- 
vons : nous ne sommes pas tenus au delà. 
C'est bien , a répondu le sire de Montba- 
zon. Ensuite il a dit à une bonne femme 
qui n'était pas loin de lui : Veuve Martin , 
vous faites assez mal le guet de mon châ* 
teau de Porigni ; je suis informé que vous 
dormez fort souvent au lieu de veiller; 
vous ne dormez pas quand il faut venir 
prendre le blé que les anciens actes vous 
accordent pour cette garde. Adressant de 
nouveau la parole à l'asseiublée , il a dit : 
J'ai à me plaindre de ce que vous laissez 
plusieurs champs en jachère pendant plus 
de trois ans ; je les ferai cultiver à mon 
compte , j'en ai le droit , j'en userai. J'ai 
I me plaindre de ce que ceux qui ont des 
héritages dans d'autres seigntnries vont y 
demeurer : il me semble qne vous êtes 
assez bien traités dans la mienne pour que 
vous y fassiez feu vif. Mes amis les bour- 
geois , je dois vous protéger et vous aimer; 
vous , à votre tour, vous devez m'aimer et 
me le témoigner. 

» Le cercle des bourgeois a fait |riace 
aux serfs , que , dans les campagnes, on 
nomme plus communément hommes de 
corps ^ hommes couiumiers. J'ai remarqué 
beaucoup plus de familiarité, de cordialité 
entre ces bonnes gens et le am de Mont- 
bazon , qui les caressait de l'œil , de la 
parole et de la main. A toutes demandes , 
il répondait : Avec plaisir I avec grand 
plaisir ! ce qui vous manquera à la mai- 
son, vous le ttonverez toujours au châ- 
teau. » 

Peut-être, en qualité de futures mat- 
tresses de maison, seriez-vous curieuses 
de savoir comment vivaient nos aïeules? 
VUistoire des Français nous révèle le 
menu de la table des princes, d'où vous 




pourrez conclure comment vivaient les 
simples bourgeois.... Qui peiU le pltis^ 
peut le moins, 

« Les jours ordinaires, on servait à dîner 
sur la table du dauphin , un potage au riz , 
aux poireaux ou aux choux, une pièce de 
bœuf , une autre de porc salé , on entre- 
mets de six poules on de douze poulets 
partagés en deux , une pièce de porc rôti , 
du fromage et do fruit. A souper, une 
pièce de bœuf rôtie, un entremets de cer- 
velles, de pieds de bœuf au vinaigre, du 
fronoage et du fruit.. . • 

Yoici une curieuse description de Ver- 
sailles an quatorzième siècle : 

ce Ce \illage, de l'aspect le plus misé- 
rable , n'offre qoe des maisons couvertes 
de paille et de genêt. Le ciiâteau, entouré 
de palis et de fossés, est encore mieux 
défendu par sa pauvreté. 

» Je vis le seigneur qui allait à la chasse 
avec une petite meute; il portait sous l'ais- 
selle un arc dont il décochait de temps en 
temps quelques traits aux lapins et aux 
lièvres qui fuyiiient sur ces terres sablon- 
neuses. On me dit qu'il était souvent 
obligé de gagner son dtner à la poiote de 
ses flèches. On me dit encore qu'il plai- 
dait son curé pour le forcer à prier Dieu 
gratuitement pour lui, en vertu de ses 
droits de patronage et de haute justice. 
Cependant, ajouta-t-on, il est bon et gé- 
néreux , il tait volontiers remise de plu- 
sieurs redevances, entre antres du droit 
de tombe lorsqu'on ensevelit quelqu'un 
au cimetière ; et si vous le voyez vêtu d'une 
gonelle grise, c'est qu'il a donné sa robe 
fourrée à un messager qui est venu lui 
porter i'hr nreuse nouvelle de la convales- 
cence de son père, i» 

Voici ce que frère Jehan écrit à propos 
de la pe^te noire : 

« Ahl frère André, ce n'est rien que 
l'épidémie dont vous me parlez, en compa- 
raison de la fameuse peste noire de 1 5(i8, 
qui dépeupla les trois parties du monde ; 
j'étais alors ici , et je me souviens qu'un 






Fa*'©; 











— 198 — 



.>^®2.':';- 



matia, après la soupe de prime, ocras 
montâmes à la plate-forme de notre tour ; 
on voyait au loin , sur tous les clochers , 
flotter h drap mortuaire qpii épouvantait 
également les hommes et les animaux. On 
apercevait sur tous ces chemins des oon- 
Tois funèbres; en entendait continuelle- 
ment les cloches de tontes les paroisses : 
c'était on glas continue}. 

» La plupai t des curés et des YÎcarrcs 
ayant succombé à fa fatigue et à la maladie, 
les jeunes religieux furent trouver le gar- 
dien : a Mon père, loi dirent -ils, la 
peste a enlevé presque tons les pasteurs ; 
ouvrez-nous les portes du ciel! hissez- 
nous aller secourir ce pauvre peuple qui 
nous a nourris et qui maintenant a besoin 
de nousl Nous remplacerons les curés, 
nous deviendrons médecms, chirurgiens, 
garde-malades. » Hs prièrent tant, insis- 
tèrent tant, que le frère-gardien , ne pou- 
vant plus réidster, lemr drt : « Alez , mes 
enfants , puisque ce monde ne vous paraît 
j)Ius digne de vous. » Dès que ces jeunes 



gens eurent quil.té le couvent , on ne pat 
ph]S retenir les autres^ bien qu'ils sussent 
que tous leurs camarades avaient pêrL 

» Ce fut alors que je perdis mon grand 
ami le fr^re Omer. Il ftït des six premiers 
qui sortiiient. Il mourut avec cette rési- 
gnation céleste qui, h cette époque, se 
faisait remarquer dans tous les malades. 
« allez, dit-il, lorsqu'il fut prés d'expirer* 
allez avertir le frère Jehan , qu^il demande 
à me remplacer avant qu'un autre le pré- 
vienne. » 

V H élan f je ne fus pas averti : le père 
gardien m^aima ti op , ou plutôt ne m'aima 
pas assez?...» 

Nous avons cru bien finir par cette der- 
nière citation qui rend un juste hommage 
au dévouement et à !a chanté catholique. 
Dans un prochain ardde^ nous parierons 
des siècles' suivants, traités avec la même 
sctence et la mêase shnplieité, par Fau- 
te«r de YHkimre des Français deê dn-erÈ 
ÉtaU, 




E. R. 



LITTEBATUBE ÉTRAKGERE^ 




KY KOTHCR. 

Who fed me ber geatle brea»t, 
And hush'd me in his arms to rest, 
And ou iny checks sveel ki^ses prest? 
SIj modier. 

Di/hen sleep forsook my open eyc 
Who sung me sweet luUaby 
Aad sooth'd me thaï I staould nol cryT 
My mortier. 

Who taughl my infant beart U) pray 
And love God's holybooks and day 
And taught me wisdom's pteasant vray ? 
M y molher. 

And can I ever cease to be 
Affectionate and kind to the 
Who waf $0 very krnd to met 
Ah nol «bai ilMugbt I cvimmC l^tm 
Avid if God pAeMt my lifie to ipare 
1 hope I schall rcwani thy care 
My molher. 

COWPBE. 



BA MËHK. 

Qui me nourrit de son sein Midc et m'eBr 
dttMOût ea me bereanl ^ set braa, ^oeatit de 
doui baisers sux ma joue t ma mare. 

Lenque le fomoMll iayâtt nés yen ou^wt», 
qai ciunUit dtuecMMiit aar imo beocaau el ■» 
cakaail pour que je ne pleure fM t ma mère. 

Qui éleva mon cœur enliint à la prière, qui 
m'enseigna l'amour de Dieu et des livres saints 
et me montra le chemin intéressant des scien- 
ces t ma mère. 



Pourrais-je >amais ce«ser d*étre affectionnée 
et douce pour celle qui fut si bonne pour moit 
Oh T non, je ne puis supporter cette pensée, 
et s'ItplaH è Dieu d'ép&rgner ma lie, j^espère 
te readffv tes ivins, mi Mère. 

M»* 9. S. 











i 
1 



m 



'A,A,, ,/- aJ.'vV. 



SAINTE ClOTILM 

i.iml Cl.ni.. :i l;i irli.non Am-\, 










i>!&^ 





SAINTE CLOTTLDE, 



REINE DE FRANCE. 




L ^ FILL& 

Les TXffùw d'un diavd sofeU d*ao4t 
éclaiiaîfint leg AJpes^ et ae miraknt dans 
le beau kc auquel lavilkdeG^nèYe doojie 
sfltt nom. CeUe viUe appartenait alors, ù Ja 
BûurgogDfitrattsjuraac; debauts remfiarAs 
dékiubieiU son «uceiale ; quelques pools 
étroits et arqués étaient jelés sur le Rhôûe 
qui la partageait €A deux moitiés inégales; 
ÏSÊpect de la villa était triste el sombre, 
mais la magnificence de Tisnyre des sia 
jours éclatait dans le paysage ; les séf ères 
moùUig^m^ les vallées umbreuees» les 
eaux miraitanites et limpides étaient alors 
ce qu'elles sont aujourd'hui : elles demeu- 
rent tODJours jeunes, toujours belles, pen- 
dant que rbomme s'agite, passe et meurt 
à leur pied. 

Dans la salle vaste et fratcbe d'an pa- 
lais de oonstniction romaine, dominant le 
Rbône, une jeune ûUe Iravailiait avec ar- 
deur à des vêtements grossiers, dealinés 
aux indigents. Sa beauté calme et simple 
frappait les ycox^ quoique uiUe parure ne 
fît valoir la régularité de ses traits, car elle 
était vêtue d une robe noire, et un voUc 
de lin couvrait les iresses de sa chevelure, 
qu'elle portait dans toute sa loogoenr, 
comme une femme noble et libre. Noble 
et libre en effet, car elle appartenait à 
la royale maison de Bourgogne, et cepen- 
dant, de fait, Glotilde était opprimée et 
captive. Gbilpéric, son père, avait été 
massacré par Gondebaud » son propre 
frère; la mère, les frères de Glotilde 
avaient péri sous les mêmes coups, et la 
royale orpheline s'était vue traînée à Ja 
suite du meurtrier, du spoliateur de sa 



lamiUe. Depuis dix ans» elle vivait aous fe 
toU de Gondebaud^ à la fois aon unique 
parent et son plus cruel ennemi ; soumise 
à cette rigoureose nécessité, Glotilde vivait 
d'une vie grave, itecaeiUie, solitaire,, et, 
conune le disent les vieux l^endaires-: 
pitoyable uw indigents et souffreteux^ plus 
assidue es-maison qmwutuoiUre de [estes 
ei ébats. 

Ge jour-là, elle denrisait avec Bertrade» 
sa nourrice, et Ide, aa suivante, des so- 
lennités de la fête de Saint-Just, qu'on 
avait célébrée le matia même; car bien 
que Glotilde fût, dès sou bas-âge, élevée 
au milieu d'une cour arienne, eUe gardait 
et protégeait assidûment la pure doctrine 
de l'Église catholique. Le matin, elle avait 
assisté au saint sacriGce, et an sortir de 
l'église, elle avaîi distribué «es aumônes 
coutumières aux pauvres de Jésus-Gbrist : 
ce souvenir la remplissait d'une douce joie, 
el elle travaillait avec plus d'activité aux 
robes et aux tuniques qui devaient vêtir 
les membres souff/ants du Seigneur. £Ue 
fut interrompue dans son travail par une 
de ses femmes qui vint Ini dire qu'un men- 
diant étranger demandait à lui parler. *-» 
Faites k venir» répondit €lolilde; Dieu 
nous garde de rebuter les envoyés de sa 
providence I 

La suivante souleva la courtine de laine, 
et introduisit un homme pauvrement vêtu, 
et dont les traits, bruns et r^llers, ne 
paraissaient pas appartenir aux races sep* 
tentrionales. Glotilde le regarda et s'émut 
un peu, car elle reconnut en cet étranger 
un mendiant auquel, le matin, elleavait fait 
l'aumône, et qui, s'étant agenouillé, avait 
baisé la main royale qui le secourait. Une 





ï)®'^^ 












.><?îca 




seconde fois il se mit k gf doux ; Glotilde, 
surprise, lui dit : « Qui ètes-vous, étran- 
ger? Pourquoi me rendez-vous une mar- 
que de respect si peu usitée parmi les 
chrétiens ? 

— Madame (1), répondit-il, ]e suis Ro- 
main, du nom de Floreniinus-Âurélianus, 
et attaché à la personne de Glovis, roi des 
Francs. J*ai pris ce déguisement a6n de 
pouvoir approcher de votre royale per- 
sonne. 

— Qu'avez- vous à dire? 

— Je vous apporte le salut de mon maî- 
tre ; il désire dans son cœur vous avoir 
pour épouse, et je suis chargé de vous 
offrir son anneau comme gage de sa foi.» 

Glotilde se troubla ; le nom du jeune 
chef des Saliens, du vainqueur de Sya- 
grius, du triomphateur de la Tfauringe, 
était parvenu jusque dans sa retraite. Mais 
une grande objection s*éli?vait : 

« Le roi Glovis, dit-elle, est païen, et je 
suis chrétienne. 

— Nos pères en Jésus-Ghrist, les saints 
évoques des Gaules, approuvent cette 
union, car il «st écrit : la femrM fidèle 
sanctifiera Vépoux infidèle. Acceptez-vous 
cet anneau, madame ? » 

£!le le prit d'une main tremblante, et 
dit: 

11 n'est point permi:^ à une chrétienne 
d'épouser un païen; mais si le Siigneur 
mon Dieu dispose de sa servante, qu'il 
soit fait selon sa volonté. Reportez mon 
salut an roi Glovis. » 

Les fiançailles étaient accomplies, et de 
ce saint mariage devaient naître les fils 
aînés de l'égUbe, les champions de la croix, 
les glorieux rois de France. 

Peu de temps après, Glovis fit publique- 
ment réclamer son épouse : Gondebaud, 
surpris, furieux, voulut résister, mais Glo- 
tilde montra Tanneau passé à son doigt. 



(1) Au cinquième siéclei on donnait déjÀ le 
nom de seigneur {dominut) et de madame 
[domina) aux personnes élevées en dignité. 




— soo ^ 

Alors le roi des Burgondes, cédant devant 
la sainteté d'un engagement sacré pour les 
barbares, baissa la tète et dit : « Elle a 
prit le gage, qu'elle soit conduite I son 
époux. » 

Glotilde quitta avec joie des lienx té- 
moins des s^ouffrances de sa jeunesse; elle 
partit emmenée par Aurélien, escortée par 
les cavaliers francs, que lui avait envoyés 
son royal fiancé, et se dirigea vers Sois- 
sons, où le mariagf", béni par les évéques, 
fut célébré selon les coutumes germatai- 
qups, La jeune femme, épousée par le sol 
et le denier^ reçut le don du moHn^ apa- 
nage qui consistait en un revenu impor- 
tant sur les domaines royaux, en courtiers, 
en troupeaux, auxquels la munificence de 
l'époux avait joint du lin blondet moelleux, 
de la soie aussi précieuse que l'or, des per- 
les et des pierreries. L'orpheline délaissée 
avait un protecteur et un époux, la captive 
était devenue reine, car le Dieu puissant, 
le Dieu d'Esther, le Dieu de Glotilde, est 
bon à ceux qui ont le cœur droit ! 





IL — F£MMB ET Reims. 

Le mariage de Glotilde avait été béni 
par la naissance d'un fils, et Glovis, cé- 
dant aux instances de sa femme, avait con- 
senti à ce que Théritier de son pouvoir 
reçût le saint baptême. Mais Dieu a ses 
desseins, et il permit que ce premier né, 
encore revêtu de la robe blanche des nou- 
veaux chrétiens» mourût entre les bras de 
sa mère. Alors, le jeune roi barbare, vio- 
lent et irascible comme tous ceux de sa 
race, éclata en reproches. « Femme I ré- 
pétait-il, si l'enfant eût été consacré à 
mes dieux, il vivrait encore I » 

Glotilde lui répondait avec douceur et 
trist( sse : 

« Je rends grâces an Tout - Puissant, 
auteur de toutes choses, qu'il ne m'ait pas 
jugée indigne de voir le fruit de mon sein 
admis en son royaume. Permets I ta ser- 
vante de te le répéter : Si nous vivons en 










OO!^^ 




o^^ 

,^^- 




— SOI — 



la grâce da Seigneur, nous rererrons notre 
entant. Oh ! si tu daignais m*écouter I la 
foi t'élèverait au-dessus des choses passa- 
gères, et les douleurs mêmes se tourne* 
raient en allégresse !... 

Le jeune Franc se calmait, car la dou- 
ceur et la soumission de Glotilde Tenchan- 
taieiit non moins que sa beauté. Un second 
fils leur fut accordé, et Glotilde, entiaîwée 
par sa foi, malgré Ls répugnances de ton 
épouY, le fit présenter aux fonts baptis- 
maux. Cet enfant reçut le nom de Glodo- 
mir, mais peu de temps après sa naissance, 
Dien, pour éprouver la confiance de sa 
mère, permit qu'il tombât dangereuse- 
ment malade. 

cEh bien I s'érria le roi, Toilà que mon 
fils, baptisé au nom de ton Ghiist, va re- 
joindre son frrre ! Ne vois-tu pas, femme, 
que ton Dieu est ennemi de ma race, et 
qu'à cause de ma lâcheté, je suis aban- 
donné par mes dieux, qui jusqu'ici, m'a- 
yaient si fidèlemeat protégé? 

— O roi ! lui répondit Gloiilde, ccm- 
meut tes dieux pourraient-ils te protégei 
ou t'abandonner, puisqu'ils ne sont pas? 
Laisse-moi prier le mieo, il daignera peut- 
être m'écouter • 

Et prosternée au pied du berceau où 
l'enfant dormait dun sommeil fiévreux, 
Glotilde priait, invoquant la douce mère 
du Christ, en lui promettant des vœux et 
des ofTrandes. Elle intéressa même au suc- 
cès de ses pri^^res Geneviève, la servante 
de Dieu, qui, psirvenue alors à un âge 
avancé, avait rempli l'église du renom de 
sa sainte vie et de ses miracîes. Geneviève 
fit répondre k l'épouse de Glovis : « Que la 
reine Glotilde continue à prier ; elle sera 
exaucée. » 

Le troisième jour, Glotilde épuisée de 
jeûnes, de prières, de veilles, était assise 
auprès de Glodoaiir, qui semblait toucher 
aux derniers moments de sa yie. Elle le 
regardait avec douleur, quand tout à coup, 
il lui parut que les jouis et les lèvres pâles 
de l'enfant se coloraient, et que ses yeux 





s'ouvraient doucement. Est-ce une illu- 
sion T.. . Est-ce le premier rayon de l'aube 
qui teint de ses vives nuances le front du 
petit mourant? Mais non , l'enfant se 
drei^e, il rit. en agitant ses petites mains. 
Glotilde le sai it dans ses bras, et louant 
Dieu, elle court le déposer sur le sein de 

son père 

Depuis ce jour, signalé par ses bontés 
divines, la reine des Francs redoubla de 
prières et de larmes pour obtenir la con- 
version de son époux. Elle aimait tant cette 
âme que Pieu avait unie à la sienne, elle 
désirait avrc une si Tive ardeur lui pro- 
curer les biens éternels! Souvent, elle 
parlait à Glovis du Ghiist, et de sa loi, es- 
sayant de le toucher, tantôt en loi racon- 
tant comment Jésns a aimé les hommes et 
les a aimés jusqu'à la fin^ tantôt en lui 
expliquant les préceptes de la morale évan- 
géli^ue, lui montrant que cette loi de 
grâce et de douceur avait allumé dans les 
âmes les plus héroïques vertus, et que, 
forte en son humiliti\ elle avait détruit le 
paganisme, et renverhé le tyrannique em- 
pire des Césars. Mais des voiles couvraient 
encore rintelligence de Clovi^. cTu ne 
connais ton Dieu que par la voix de tes 
prêtres, disait-il parfois ; nous, nous ado- 
rons ce qui frappe nos yeux; nos divi- 
nités se font connaître aux hommes par 
les bienfaits qu'elKs leur accordent. 
Regarde Bélinus , cet as're qui nous 
éclaire; Dis, qui nous prodigue les fruits 
et les moissons; Niord r, qtà gronde, qui 
mugit... ces dieux sonl-ils des chimc^res? 
Ils peuvent à leur g^é nous nuire ou nous 
combler de bien», il est juste que nous les 
servions (1), — Seigneur, ré^iondait Glo- 
tilde, permets à ta servante d'élever en- 
core la voix. Pourquoi ton esprit, à tous 
égards si plein d'inteliigence, conf ind il 
l'effet et 'a cause, le bienfait avec le bi>'n- 
faiteur? Tu adores des astres... Moi, j'a- 



(1) Bëlinuêf le soleil, Di$, U terre, Niordêr, 
te vent. 




i)€V»^ 



^ê^ 





— S»2 — 





^rê te DieQ qoî a frit ces astres; qtiilear 
«tracé learroQte, et deiuifft lequel, counne 
fc dfseni DOS Rvres saints : les* étoiles 
prennent plaisir à Itdre^ parée que c^est 
Lui qm les a* créfesL 

La terre et la mer sont, nt)n pas des 
dieux, mais des créattires, et nous les in- 
iritons^ dans nos sacrés cantiques, à louer 
le Dieu qui les a faites si beNes Bt si puis- 
santes. Le Dieu que les chrétiens adorent 
est celui qui a fkit tomtes cboses, qui a dés^ 
tiné la création au service de f homme; ce 
Dieu est ia\isiblte pour nous, car un œil 
mortel ne pourrait sO|)porter l'éclat de sa 
divinité; mais nous le ctmnaissons par ses 
œuvres et par la samte loi qu'il a donnée 
aux hommes, en leur parlant par la bou- 
che de son Fils unique. Dieu comme hil. 
Voyez ici, roi, Timage de ce divin Fih, 
descendu sur la terre, humilié, frappé, at- 
taché Il une croix poni* expier les Aunes 
des hommes. Comment ne pas adorer un 
Dieu si généreux et si bon I Gomment ne 
pas suivre les saints préceptes qu'il nous a 
laissés tracés dans le livre des Évangiles I. . . 
Parfois, seigneur, tu as paru godter les 
paroles de cet auguste Gyre que ta ser* 
vante te lisait, qu'une si sainte loi ne peut 
émaner que d'un Dieu, que ce Dieu est 
le seul qu'on doive servir, le seul qui vive, 
qui règue, qui possède Tempire, Dieu 
unique en trois personnes, le Père créa- 
teur, le Fils rédempteur, et 1* Esprit sanc- 
tificateur des justes. H n'est d*autre Dieu 
que le Dieu des chrétiens ; lui seul peut 
tout, les autres ne sont pas » (1). 

Oovis n'était pas persuadé; mais conmie 
une liqueur qui Bitre goutte à goutte, la 
foi tombait dans son cœur, grâce aux pa- 
roles de Clotilde, grâce surtout à ses ac- 
tions. La vie de la reine des Francs était 
grande et sainte. Elle se rendait agréable 
à son époux par sa vertu et son inaltérable 

(1) Ces paroles sont à peu près celles que 
<rifgoire de Tours attribue i sainte Glotiide. 
Liv. II. 




sérénité; die exerçait sur ses enfanta «ne 
autorité grave et tmdre-; i ses serviteurs 
efle offrait un modèle dé vigitainoe, de so- 
briété, de modiestie ; les pauvres avaient 
en elle une mère, les malades et les infir- 
mes, une servante. Lorsque le roi ne ré- 
clamait pas sa présence, elle priait devant 
les tombeaux des saints, vishait les hôpi- 
taux élevés par les évêqoes, on s'employait, 
Ains rintérieur de son pdais, ^ des tra- 
vaux utiles. Elle aimait sa quenouille, ce 
sceptre des femmes fortes; elle fflait de la 
laine pour les pauvies, ou du lin destmé 
aux ornements de l'auteL Mais dans toutes 
ses prières, ses bornes œuvres, ses travaux, 
une seule pensée dominait., h conver- 
sion de Clovis. 

Vers ce temps-A, les Allemands, peuples 
belliqueux, établis entre le Rhin, le MeîiL 
et le Danube, arborèrent leurs êtendarAs 
suspendus dans les bois sacrés, plièrent 
leurs tentes et firent une invasion dans le 
pays de Cologne, où régnait Sighebert, 
allié de Clovis. CcM-ci, inquiet pour ses 
provinces du Nord, rassemlj^ son armée, 
SCS tribus franques, ses milices gallo-ro- 
maines, et marche vers l'Allemagne. Au 
moment de son départ, Clotilde l'arréla, 
et après l'aToîr embrassé lui dit : <( Mon 
époux et seigneur, au milieu des dangers 
que tu Tas courir, n> oublie ^pae le Dieu des 
dirétiens!)) 

Ce fut dans les plaines de Tolbiac 
que les deux armées se rencontrèrent, 
CeHe des Allemands ét»it grossie par les 
Suèves, essaim barbare et indhfoiplitté ; 
celle de €lovis avait su allier Tordonnanoe 
militaire des Ronrains aux coutumes stra- 
tégiques des Francs. Forte, vaillante, con- 
duite par un chef aussi brave qufnbile, 
é\e semblait «ùre de la victoire, et pour- 
tant, le courage aveugle, la foree sûrira- 
maine des Oermann remportait. Clovis 
voit avec désespoir ses bataillons décimés, 
ses braves soldats mut9és, écrasés sous le 
poids des chars que des taureaux indomp* 
tés, aigttiHoiinés par les Germains, tra!- 









^ ^f fV 




— S05 — 



nent t trav«v»k nêUe* Leg Fnneft, les ' 
G«Qloi0, les R^DMÔiB re^nUnU.. Eaoone 
un instant peut-être... et ka Germaios 
nktorieex eomèOMMtciptiii^ ùMm» nn 
Itebe UtûU Gl0¥ifli» se» floMbt», ses. diiés. 
Le roi FrasQ, ^inhi Mté,. lère les miins 
an ciel, et s'écrie : « Dien de €]edUe,.t»i 
qa*oa dit sj poissant, tienft \ «m âd»! 
Si tu me dMnc6 la vicloirei, je coaîrai en 
toi et je recavraî k bay^éme ! i» 

A peiiaie a^H preMMé ees pandes, 
qu*aBiiBé d*uiie confiattee nonfelle, il rat- 
lie ses soldats, et tmà ayec em sur les 
Gecmaiofli. Sa priera était JDDCtttée-aiacieL^ 
nne heure après, Clovis trionphaol sur le 
champ de bataille, lendait aaJDimi qu*il 
avait si lengteoapa nateoBiM, d^ardentas 
aaioas de grâces, peadaot qn* ses-siiltees 
poQcsiivaient l'année vaineiie , et qit*«]i 
messager, pressant de Fépevonlea Sanes 
de son courtier, portait à Glotilde k-BiNir 
Telia d'mi# double victoire. 

Peu As mois apcès (1), dam h mit de 
Kûël, Qi cortège nagÎM^qne s^acbensînsst 
Ters i*égUao de SaiiH-AIailin » b BrâM. 
Los rues et les place^étaieMt décorées a?ec 
une grande splendeur; des mîUîer» de 
lampes, de candélabres, dt oierg^a et de 
torches les illoasinaient aiec jmt leikpro- 
fusion^ qu'oA aurait dit que le soleil éuk 
revena sur ses pae poni; assista b oeue fftte 
des anges et des hommes. Des< guÉrlandes 
de. Terdore, aanquellea on avait méK des 
miroirs d'argent, d'autres di'aci«:r pdi, or- 
naient les mura^ et, décoration vifanie, m 
peuple immense bordait ks mes et atta^ 
cbait sur ce cortège des regards émua et 
joyenx. Les prêtres, en anhe de lin, por- 
tant la croix et les Évangiles, owrraiest la 
Durche^ Les évoques, accourus doi diflé^ 
rentes églises des Gaules, les suivaient à 
pa& lenls ; decrièro eux venaient Rwnigine, 
év&iue de Reims» tenant par la main, 
comme un père tient soià fils bien-aimé, le 
fier et puissant Clovis, q|û, véta de la ta- 




niqvedescatéebnnèiie», s'irançait le front 
vadienc GiollMe le sorrait, condnisam Ics^ 
den sceirs de son époor, AKmflîde et 
jjrtbiifk, qui, eile9 aussi , allaient rece- 
voir la sacrement régénérateur. Une lon- 
gue AledegwrriCTs, en mniqnesblaActies, 
amis idoles» qa* après avoir svivi Clotis à 
fai conquête des ro^amneflp de la terre, se 
pressaient ao»i sur ses pas lorsqo^îl aPait 
wv»le royffOBie des ciciix. La maison du 
Seîgnenr reçut ses ntweaux bdt^s : parée 
aiec on art ioaccoatnmé, eRe ravit Bps 
yma de Cfcvis : il regarda ces autels re9- 
phs n di ssanrts, il écont» ces* chane» célestes^ 
il Mspira ces parisras exquis, et dit dans 
eM» extase: « Mon père, est-eelà te royaume 
do iéeo»-Gbrist que tu m'a promis ! — 
DIoiiv mon fils, nlpKqoa Remlgins, cen*est 
que le chemin qui y conduit. » 

ClotiMev oombiée d'une joie qni n'est 
pas de ce monde, vit l'époux qni lui était 
si cher, receiwir l'onde saénte, elle Ten- 
tendit abjurer ses idoles; arrivée au terme 
de sevYeBur, elle croyait quola terre ne 
penvait plns^ «voit d'araevtnnie peur elle. 

La fidélité do Clovif Ait réeDn^>ensée peu 
dn tempo api^ln par la souoission des Pa- 
ri8ii> qui avaient juré de ne pas* se rendre 
b nn princn pafen. Ils owrirent les portes^ 
de'l'anliqne Lnlèoe k Clovis, elirétien, €t 
leeenonvent pour mettre' celui qui venait 
doeenrberson ftnDCsow lé joug dte lit toi. 

ni. — ▼ÈtJVB. 



Le bonheur de Glotilde ne fut pas de 
longue durée : Clovis mourut en 511» à 
L'agio dft quarante-doqans, etaon royaume 
fut divisé entre ses quatre fils, Thierry (i), 
Ckdomir, Childebert et Clotaiwe. 

La. veuve dn roi des Francs se retira à 
Tours» près du tombeau de saint Martin, 
pour y pleurer sans contrainte Téponx et 
l'ami qu'elle avait perdu. Pendant la mi- 
norité de ses fils^ elle cexint souvent b 




1) £d l'an du Chriil 406» 



1 (i> TUerry éult isfo d^m prenkr IM^ 












— 204 — 




Paria, et proGta de ce séjour pour achever 
la babilique des saints apôtres Pierre et 
Paul, cotomencée par Glovis, et qui reçut 
ses restes mortels. Clotilde y fit transporter 
au>si ceux de Geneviève, la vierge de Nan- 
terre, qui, peu d'années auparavant, s'é- 
tait endormie dans la paix du Seigneur. 
La reioe croyait que sa vie se serait ache- 
vée dans les œuvres pieusf s et les saintes 
larmes données à des morts qu'on espère 
bientôt revoir... mais les amertumes de 
son âge mûr devaient surpasser les mal- 
heurs de sa triste jeunesse I La mémoire 
des outrages faits à Clotilde avait germé 
dans l'âme de ses fils, et elle-même, 
Xemme au cœur ardent, n'avait pas assea 
su réprimer la soif de vtngeaoce qu'exci- 
taient contre Gondebaud et sa race, b 
mort sanglante de Cbilpéric et les noirs 
souvenirs de sa jeuoesse orpheline. Glodo- 
mir, Talné de ses fils, venait de périr dans 
la guerre qu'il livrait à Sigismond, fils de 
Gondebaud, roi de Bourgogne. Le sang 
des barbares bouillonnait parfois dans les 
veines de la sainte, il ptovoqua les seules 
fautes qui aient terni cette noble vie, fautes 
cruelles que Clotilde lava par tant de lar- 
mes ! Elle se prit à chérir d'une grande 
tendresse les trois fils laissés par Clodomir, 
et les aima d'autant plus que leurs oncles, 
Chi!debert et Clotaire, les avaient dépouil- 
lés de liur héritage et se l'étaient appro- 
prié. Clotilde ne diiisimulait pas à ses fib 
le désir de voûr rentrer les orphelins dans 
les possessions de leur père, et peu à peu, 
les deux rois s'alarmèrent devant ces droits 
manîftstes, appuyés ^ar l'autorité d'une 
reine vénérée. Ils s'entendirent en secret. 
Un malin, un messiiger se présente an 
palais des Thermes, où demeurait Clotilde ; 
il vient, au nom de Cdildebert et de Clo- 
taire, réclamer les fils de Clodomir : ils 
vont à l'heure même être élevés sur le pa- 
vois. La reine, transportée de joie, assem- 
ble ses serviteurs et leur apprend 1 heu- 
reuse nouvelle : on revêt les jeunes princes 
de leurs plus beaux habits ; la main de leur 




aïeule arrange leur longue chevelure, elle 
lis bénit, le& embrasse et les voit partir 
pleine de joie. 

Aossitôi qu'ils furent arrivés chez leurs 
oncles, et enfermés dans une chambre so- 
litau%, les rois dépêchèrent vers Clotilde 
un sénateur, nommé Arcadius; il se pré- 
senta devant h reine, tenant à la main une 
épée et des ciseaux : « Reine! lui dit-il, 
décide de la destinée de tes petits-fils : les 
deux rois la remettent entre tes mains. 
Veux-tu qu'ils meurent ou ordonnes-tu 
qu'ils aient les cheveux coupés? d Et par- 
lant ainsi, il présentait à Clotilde les ci- 
seaux et l'épée. 

La reine éclata en cris de douleur, se 
reprochant avec amertume sa folle crédu- 
lité. Le messager insistait : elle céda aux 
préjugés de sa race, et montrant Tépèe : 
(I La mort I s*écria-t-elle ; jriutôt morts que 
tondus I « 

Arcadius repartit aussitôt et dit aux rois : 
« Faites à votre guise I « Ce mot fut le signal 
du massacre : Théobald et Gunther tom- 
bèrent sous les coups de leurs oncles dont 
ils embrassaient les genoux. .. Seul, le pe- 
tit Clodoald fut dérobé an supplice. 

Les restes inanimés des deux princes 
furent rapportés à leur aïeule : elle les 
ensevelit.. Qui dira sa douleur, ses inex- 
primables remords et les larmes de sang 
dont elle arrosa ces petits cercueils? 

Elle se disposait à quitter Paris, lors- 
qu'un soir, eue entendit frapper à la porte 
de son oratoire. Elle ouvrit... un religieux 
parut sur le seuil : la reine crut qu'il ve- 
nait solliciter une aumône, elle le fit en- 
trer. Lorsque la porte fut refermée, le 
moine ouvrit son manteau de bure, un en- 
fant dormait tranquillement, la tête pen- 
chée sur la poitrine du bon religieux. On 
voyait à peine sa figure que rt?couvraient 
les tresses de ses cheveux blonds, mais 
Clotilde ne s'y ti'ompa point : « Clodoald I 
s'écria-telle tremblante de trouble et de 
joie. 

L'enfant se réveilla et fcourit à son aïeule. 






'^^(^ 






I 



— so» — 



«Mon frère, dit-elle, est-ce possible? — 
Reine, j*ai nnyé cet enfant, et je Tiens te 
le rendre. » 

Glotilde le prit dans ses bras, l'accabla 
de caresses, mais après an long épanche- 
ment, elle le rendit an religieux : • Re- 
prenez-le, dit-elle, et qu'il ne vive que 
pour Dieu qui l'a sauvé. Je le consacre 
aux saints autels ; puisse-t-il y trouver une 
couronne meilleure que celle qu'on lui a 
ravie ! Apprenez-lui, mon frère, à renoncer 
au siècle, et k ne chercher que les iAem 
éternels.. ...» 

Ce vœu fut exaucé, et FÉgiîse invoque 
sous le nom de saint Cloud le fils de Glo- 
domir. 




Depuis ce jour, la reine, retirée à Tours, 
ne vécut que pour Dieu seul. Sa vie se 
consuma dans les larmes, les jeûnes, les 
veilles ; elle répandit sur le pauvre peuple 
des aumônes si abondantes^ qu'il semblait, 
selon l'expression d'un historien, que ses 
biens ne fussent pas à elle, mais aux in- 
fortunés; elle éleva de beaux monastères 
et de nombreuses basiliques,etaprès trente- 
quatre ans de veuvage, d'austérités et de 
pénitence, elle mourut à Tours, non loin 
du tombeau de saint Martin, qu'elle nV 
vait pas voulu quitter. 

Sainte reine des Francs, priez pour 
nous ! 

M"'* ÉVELINB RlBBECOURT. 




DEMOISELLE ET VILLAGEOISE. 






« Qn'as-tu donc, Marie? disait Clémence 
de Sénancour à sa sœur de lait, jeune 
paysanne dauphinoise; tu me parais toute 
mélancolique. 

— C'est vrai, mademoiselle, j'ai du 
chagrin, répondit-elle en soupirant; mais 
à quoi bon vous le dire? vous n'y pour- 
riez rien. 

— Qui sait? Dis toujours. 

— D'ailleurs, mon chagrin est de telle 
sorte que vous en concluriez peut-être 
qu'il altère l'amitié que je vous porte , et 
poui tout au monde je ne voudrais vous 
laisser croire cela. 

— Oh! non, ma bonne Marie, je sais 
que rien ne pourrait altérer notre attache- 
ment. Allons I allons! dis*^moi franche* 
ment ce que tu as sur le cœur. 

— C'est bien difficile à exfdiquer... j'au- 
rai de la peine à me faiie comprendre... 
£h hieni je suis malheureuse d'être née 
paysanne , non pas tout à fait pour les 




raisons que vous pourriez croire ) je me 
résignerais patiemment au travail, à la 
pauvreté, à l'infériorité de ma condition , 
mais je souffre de penser qu'il y a dans la 
vie une foule de plaisirs que j'ignore et 
qui me seront à jamais inconnus. Je ne 
parle pas seulement des bals, des fêtes, 
des spectacles, dont on jouit dans les 
villes, quoique je les regrette bien aussi; 
je parle surtout des plaisirs que les per- 
sonnes comme vous tirent de leur éduca- 
tion. Vous aimez la musique, les tableaux, 
la lecture ; vous faites usage de votre es- 
prit, et moi, si j'en ai un peu, comme 
tout le monde le dit , il ne me sert qu'à 
comprendre l'étendue des privations aux- 
quelles il faut me soumettre. Je suis une 
pauvre sourde et aveugle née, qui sait seu- 
lement qu'on trouve un plaisir infini à 
voir et à entendre. Je m'ennuie à mourir, 
parce que je suis obligée de passer mes 
jours dans un hameau , où je ne puis rien 










- Ii9« ~ 



listes, Ififi a«fteor», les aatgal» on( r««)|iU 
ParisL» 

déffience troiin la dugri« de sa mm 
ia lait assez ffloUvé ; elle la plaigoîl, Tem*- 
hrassa; et lui promîi;. 4e 4ei»aiidar à un- 
iuat de SéoaBcour la pernii(»i0n dfi l'anir 
moner tous b». btv«râ pour loi faûre mit 
les specticles , les inuséea^ et o» se pror- 
posait riea mwas que de eoaduifle Mftsie 
à une séanee pobliciiie de rAcadéakie Fraa* 

Clémence , en exprimaiic k sa n^e te 
Yccn qd'eMe aYait formé, lia doutait ^s 
de le voir exaucé. La bonté de madain^dt 
Séflaocota% sa branveitlaBen ponr Marie 
étaient connues ; quelle fut donc la sur- 
prise de la jeune fille en receTanl un refus 
positif. «Est- il possible, maman! s'écria- 
t-dle, vous nous rtfusez cette grâce; vous 
qui sein!)lez aimer Marie presque antvnt 
que moi I 



que je ne veux pas lui laisser pnnlre 
rhabitude d*un genre de vie dont elle 
jt)v irait seulement p»r intisrtaltea, M (ftri, 
par le confritsm , lui rendtaH sa eottdifjofi 
ptt)s pénible au moment où elfe y PCMre^ 
rart. 

— - M^ie, mAmaii, elte ^aperçoit d^l 
fort b'en des privatMnt qu« sa tondiiAin 
lui impose ; elle s'en dCtrtsile beaticdtip. Cet 
vt)}â^es à Paris seraient uM trôva à ses 
soulftances et nelts augmenteraient pas. 

-^ Tu es dîvns ritrem*. J* tirta f eMcff* 
gn^^r te vrai ftinyett de calmer Tittqifféfade 
dont Màiie est agitée. J'ai déjà rcMiai^é 
d^lis dette f ctiie paysanne tfne icriaglnatfdii 
tî^M-^ihe, tin* rare iûttetligwire. Je M 
tn'étonne f^as qu'elle Se sente tt»ttrmeii(ée 
p^r ces hci^lti^s dont elle ne Mx p^em 
faire usa-e. [Viafsdiea kf potor les ^éttêt 
mille moyenis auxqtti?!^ elle ne stMigè p»* 
flaippd'e-tol te pas^agt! de BertaHiKil de 
âaini-Pierre que Mot» lîsieii^ feier sofr s 

<i QaelA^ serait la fi^ifCité éss tiHl^g^ofa 
1 s*ib savaient^aprécier les menreiHes dont { 




ibsMteiiîiraiiais I Slalbevreusevientils 
traversant sans s*eo apercevoir les praif* 
ries, les vallons, les forêts ^ la nature 
m'est riea ptor eqx, Les végétaux qni en 
faut W plus b9l QrjàeineQt oje parlent paa 
à léur ioia. Nos Uboureors ae voient 
qv€L des. bott«s. de foija dans les préa 
fleuris^, et d«s saca^de Ué dans iaa mioJSr 
aana. <NBdoyaaKa8». Ia forât la fins naa* 
J6$t«Miat ne leur j^rfean/la qua d«s bâr 
«Wa ei. das bgota; elle a'est digne da 
leur aUenUoniq/a^^uand elle est es coupe 
réglée ; ils ne la regardent que quand 
etta «it abattue. Ils ne voient de baauté 
daoa nm cmpagnea que là oà ils voî^ol 
leurs revenus. L'ignorance, rirréflexioo. 
leur serrent le cœur et leur ferment les 
yeux. • 

Bernardin a raison. Il y a une grande 
lacune dans l'éducation des paysans; on 
oublie (fe Ibut faîte aiiiier le séjour où ils 
doivent Yivre; on oublie qu'il n'est terrain 



— Oui, je l'aime, et c'est pour cala ai aride où la nature ne fasse éclore quel- 



ques fleurs, ni imagination si engourdie 
dans laquelle ne s'éveille parfois quelque 
besoiii de poMe. CM tour laisse prendre 
leur état en méprki et méconnaître l'ina- 
purtanee en h- digÉité de lenni travami. Si 
tu veux faire quelque chose pour te> foen^ 
heur de Marie*, g*om; de suppléer à l'in- 
attiK'ifon itiv«fii8anie qu'ëk a reça« dans 
fécole' Al VlKage. €9f r^Iul fas ya«t et 
les oreilles; faiî>-lui remarquer ]e»cilurnr.es 
de la campagne i réveillai le» prodiges 
Éeatçtê que reniermeiit ksobjet» qui Teu- 
founmt. Effé se eroft dims ta bassesse 7 ap» 
pfi^nfds^liFqtiessiaMiéition a été honorée, 
(mvfée parf tes plus grsMh homn}«it» - 

Madame de Sénancoffr ettlNf emuite 
dafis qoeUfaes detirifs , et finit eii disant à 
CléM^ttce \ <« lé t*ïvai^ reosMimuAé de ne 
jaffta^ entretenir Marfede cequy pootult 
lui donner le êé3k ^ feHlr II Pa¥is<| jt 
crains de nTafirfr pa^^ élé «Mfe Men exac- 
tf meuf, êtqere tes fti^oui% ne s>eiievit eaose 
en parrie de ses regretai SU ea M atnaiv 
c*est unie raison de plus pour t'appMforer 




"^^' 



'^^^<. 



^>i^ 








.^.C3 



_ M7 . 




ft répara* le «al que tn «s feif. Ma fille, 

les personnes pieuses et sensées ne dokreat 
pas aller dans leurs terros po«r inspirera 
ceux <|iii y stmi nés PamWcion mal enten- 
due de venir s'engouffrer dam les Tîiaa, 
et d'augmester le nombre été désœntrés, 
des aixibitieni. âb ooniraire , tons nos 
soins doivent ienàre I faire sentir anK 
pdysaas ee qne lenr sort a d^eareai ; à 
eomlMltre on préjugé qni, de l'épeqoe oO 
Us étaient serfs, est tenu jusque eue an 
travers des siècles, et leur représentelcnr 
coodilion comme la dernière de tomes. 
Nous devons enfin diercber h les eon^ 
vainerc qu'un cnliivatenriionBêlefiomme, 
qui hrii ce qu'il doit savoir, et dont lin- 
structîon a pdli les naœnfs, est inégal de 
tout le monde. » 

Le lendemain, Clémence dit à JUariec 
« Veox-tu venir te promener arec moip 
Maman m'a recommandé d'tiefboriser pen- 
dant notre séjour à la campagne; tn m'ai- 
deras dans mes rectierches. 

^ Je ne demande pas mieux de vous 
rendre service, mademoiselle, miis je ne 
pourrai peut-être pat, car je ne sab ce que 
c'est que d'herboriser. 

— Tu ne t'es donc jarmats avisée d'exa- 
miner les plantes, les herbes ; tn n'ad donc 
jamais observé ces choses admirables t 

— Won vraiment, mademoiselle. Je 
n'aurais pas cru qu'A pût y avoir quelque 
chose d'admirable d^ms l'befbe qne man- 
gent nos montoas. 

— Viens avec moi , je tele ferai \oir. .. 
mais prends garde en passant près de 
ces ruches. Neûchons pas les abdlles... 
D'ailleurs eNes ont droit à nos égards à 
cause de !enr iuKinct mervcileui. Tu 
connais leur histoire, sans doute? 

— Je sais qu'elfes courent sur les fleurs, 
qu'elles font le nrid, la cire... ' {*- 

— Oui, mais leurs mœurs, leur goo^ 
vernement, les phénomènes de leur exis- 
tence... 

— Gomment , mademoiselle , leurs 
mœurs, leur gouvernement? Est-ce qu'on 




peut dire cela dea abeilles 7 Qii'est*ce denc 
que vous appelea les phénomànes de leur 
enstencet 

-*• Quoi, Marie I ta ignores des faits si 
extraordinaires qui se passent conlinuuUe- 
ment sons tes yeux ? Oh I jp te prêierai un 
eahler qae maman a écrit pour moi , on 
extrait de ploaieurs grands ouvrages, el.tti 
verriB tont ce qne cette lecture -t'appvettr 
dra 'dintéreasant sur les abeilles, lesloon- 
misi lee papillons, les oiseaux.. . 

-^ Héïiisl je n'ai pas 4e lempa pear 
iire, toute ma journée estreopMe par iM 
travaux. 

-*- Boni quand on veut on (rooee dn 
temps ffmr font, diaque jonr ta mève 
t'envoie porter des fruits à la vHIe : on lit 
irès^bien en marchant, ainsi tu peux, 
sans rien prendre sur ton travail , donner 
chaque Jour deux grandes heures à la 
lecture. 

— Tiens i c'est vrai ; je ne pensais pas 
Il cela. 9 

Tout entamant, Clémence renieillait 
des phmtes et faisait part à Marie des no- 
tions que sa mère Iw avait données sur la 
ix>tanique. Elle « lui enseignait à examiner 
% les plantas, à comparer leurs divers oa« 
» raclèrea, è remarquer leurs rapports et 
» lenrs différanees, a ol)server l'ofganisa- 
t tlon végétoie de manière à suivre la 
» marche eC le jeu de ces machines vivanr 
» les, à diaroher la rai&on et la lin d^ 
» leurs structures diverses. » 

En découvrant dans les objets qa*dle 
foulait aux pieds d<'puii< l'enfaDce , tant de 
sujets d-admiratfon , Marie demeura éton- 
née et ravie. BHe reauoillait avec acidité 
les pareles instructives de CléaKnce, et 
jamais Espagnol, è la vue des trétors de 
i'Amérîqne , ne ressentit une joie égale à 
celle de la pauvre villageoise en reconnais- 
sant quelle inépuSsable soureede plaisir la 
terre lui offrait de toutes paris. « Gomme 
c'est surprenant ! comme c'est curieux ! 
disait-elle. Qud f le bon Dieu a mis de a 
beliea choses dans nos champs! Oh I doré- 








»..'->:-: 



'•«•«C'-Jaîl^ii^ 









.>«®a 




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^ S08 — 




naTant je ne m'eanuirai plus le dimanche; 
je ferai comme yoos » j'herboriserai , et ce 
sera bien employer cetie joarnée; car tout 
le temps que je regarderai les plantes, je 
penserai à l>ieu qui les a créées. » 

Tel fut le point d*où partit Clémence 
pour dévoiler à Marie les merveilles de la 
nature, dont la connaissance est à la portée 
des jeanes filles. Elle voulut même que la 
nuit eût toute sa beauté pour l'habitante 
des champs. Marie remplissait souvent les 
fonctions de bergère à Fépoqne où les 
troupeaux passent des mois entiers dans 
les pâturages. Clémence lui révéla le secret 
du q[)ectacle magniGque qui s'offrirait alors 
à ses regards. Elle lui parla de la grandeur 
et de la marche des planètes, de l'immen- 
sité des cieux, du nombre infini des soleils; 
et jonit de la stupeur où ces découvertes 
jetaient Marie, découvertes qui devinrent 
pour elle le sujet de longues rêveries. 

Ce n'était pas tout. Dans leurs prome- 
nades solitaires, Clémence lui faisait re- 
marquer les charmes de leur séjour cham- 
pêtre. Le silence et le calme des bois, le 
murmure des eaux, le rhant des oiseaux, 
les beaat<^s terrib'es de Forage, \ei splen- 
deurs de l'aurore et du so*eil couchant, 
cessèrent enfin d'être méconnus par la 
jeune villageoise. Pour compléter son œu- 
vre, mademoiselle de Sénancour lut à Ma- 
rie plusieurs passages des auteurs et âes 
poêles qui ont décrit la nature et peint la 
vie pasiorale avec des couleurs riantes et 
gracieuses. 

Il est rare qu'un paysan comprenne des 
pensées exprimées en vers; mais, nous 
Tavons dit, Marie était douée d'une intel- 
ligence peu commune et fort développée 
par ses fréquents rapports avec sa sœur 
de lait ; cette lecture la jeta dans un vérita- 
ble enchantement. « Esi-il possible? disait- 
elle ; des hommes qui avaient tant d'esprit 
se sont occupés de nous? Ils ont décrit 
nos coutumes, nos travaux, nos jeux I Ils 
les ont représentés si jolis, si aimables! 
Combien je suis étonnée! jamais je ne me 



serais doutée qu'on nous fit tant d'hon- 
neur. 

— Eh bien, tu le vois, vos amusements 
sont estimés dignes de compenser ceux 
que nous offre Paris. 

— Oh I mademoisflle, il en est cepen- 
dant qui me semblent toujours regretta- 
bles : ce sont les jouissances que vous 
donnent les arts. Vous aurez beau dire, 
je ne croirai pas que votre maman dépen- 
serait tant d'argent pour vous foire ap- 
prendre la musique et la peinture, si de 
semblables talents ne devaient pas contri- 
buer beaucoup ^ votre bonheur. 

— Tiens, Marie, dit Clémence en l'ar- 
rêtant par la main, regarde autoi^r de 
toi dans la campagne. Vois ce joli ruis- 
seau qui forme une petite cascade et fait 
jaillir autour de lui sur les flt^nrs mille 
gouttes légères que le soleil paraît changer 
en poudre de diamants ; vois comme ces 
nuages en se réfléchissant dans ks eaux 
leur donnent nne belle couleur d'or et de 
rose ; regarde ces bois sur cette colline, 
ces belles prairies, à nos pieds, ces mon- 
tagnes qui dans l'éloiguement paraissent le 
soir couvertes de tapis de velours ; crois- 
tu que tout l'art d'un paysagiste puisse 
donner à ceux qui placent son œuvre dana 
leur salon une idée juste du charmant ta- 
bleau qui est sous tes yeux? Mous avons 
des copies, tu possèdes l'original et ta 
te plains! Notre art de la peinture a 
pour but de nous faire partager cette con- 
templation que tu dédaignes! Quant à la 
musique c'est différent; je ne vois pas 
pourquoi, si lu l'aimes, tu ne l'appren- 
drais pas tout comme un antre. 

— Eh ( bon Dieu, qui m'en donnerait 
des leçons? 

— Ce sera moi; à la condition que tu 
enseigneras à tes compagnes ce que je 
t'aurai appris. 

— Ah! Mademoiselle, que vous êtes 

bonne! Mais le temps! le temps! 

Occupée sans cesse comme je le 8ui:>, quel 
moment prendrai-je pour étudier? 




I 



' 






c»^' 









- 209 — 




— A t'en croire, le tempe te manque tou- 
jours! Ne danse t-on pas ici tous les diman- 
ches? Ëh bien, tu te rendras au bal une 
heure ou deux (>lu8 tard, et tu consacrerai 
cesdeux heures à l'étude. D'ailleurs pendant 
la semaiU'i même, si tu voulais supprimer 
les folâtreries aycc (on cbier, les cau^eries 
avec les voisines, etc. , etc. , etc. , je suis 
sûre que tu épargnerais bien des minutes 
et ces minutes mises au bout l'une de 
Tautre te feraient chaque jour plus de loi- 
sir qu'il ne t'tn faut pour être bientôt en 
état de connaître parfaitement le solfège. 
Alors je te donnerai des airs et des paroles 
que tu pourras chanter à l'église on bien 
en chœur avec tes amies, foit à la veillée, 
soit à la promenade. .. cela sera charmant. » 

En effet, avec une de ces méthodes nou- 
vellement inventées pour rendre la musi- 
que populaire, rinielligente Marie fat bien- 
tôt en état, non-seufement de chanter en 
partie avec beaucoup d'agrément, mais 
encore de servir de professeur à tout le 
village. La musique devint pour elle le 
plus vif de tous les plaisirs dont Clé- 
mence lui avait appris à jouir. « Ah! 
Mademoisel'e, lui dit- elle un jour, que 
je TOUS ai d'obligations ! Grâce à vous 
je ne m'ennuie p'u<, je ne suis plus 
triste. Tout ce qui m'tntoure excite ma 
curiosité et mon intérêt. Je ne vois plus 
une plante qui ne me donne envie de 
savo'r comment elle est faite, pas un in- 
secte, pas un animal dont je ne sois cu- 
rieuse d'observer l'inslinct. Depuis que 
vous m'avez fait remarquer dans la cam- 
pagne tout ce qui plaît aux peintres et 
aux poètes, je lui trouve quelque chose 
d'agréable q^e je ne «aurais dire et doot 
je ne m'apercevais pas auparavant Puis j'ai 
des idées folles et trè.i-amusantes. Je me 
plais à me figurer quelles promenades je 
ferais sur les fli'ur», sur les arbre», si j'é- 
tais mouche, papillon, oiseau; quel aspect 
m'offrirait le m n le où j'habiterais, com- 
ment j'y passerais ma vie, et tous les é\ éne- 
ments qui pourr.nent la remplir. C'est un 

DU-IfEUVlÈMB AlflléB, 4« SÉHIB. — M* Vil. 



;È4)y£^ 




véritable eufantillage, cependant ces ima- 
ginations me divertissent encore. plus que 
les histoires de revenants et de sorciers 
qu'on raconte à nos veillées. Mais savtz- 
vous ce qui me fait songer surtout? Ce sont 
toutes ces p'anètes, tous ces soleils dont 
vous m'avez parlé. L'univers me parait si 
graud, si magnifique, que j'en suis étour- 
die. Vous m'avez rendue dix fois plus 
pieuse que je ne l'éiaid. Je ne sais com- 
ment exprimer ce que j'éprouve devant 
Dieu, et je suis bien heureuse alors de 
trouver la musique pour lui parler. Je com- 
prends maintenant que ce n'est pas seu- 
lement dans les villes qu'on peut voir des 
choses dignes d'admiration et faire usage 
de son intelligence. Aussi, loin de conti- 
nuer à tourmenter ma mère pour qu'elle 
envoie mon jeune frère étudier à Paris, 
je souhaite de le garder auprès de moi, 
et je lui apprendrai tout ce que je sais, afin 
que nous puissions en parler ensemble. 

— Et moi, dit Clémence en embi assant 
Marie, je te promets de la part de mon 
frère qu'il donnera an tien quelques no- 
tions sur la chimie et la physique, tout 
juste assez pour lui faire comprendre 
quels prodigis les sciences peuvent opé- 
rer, et le garantir de la croyance aux sor- 
ciers, à laquelle on est si fort enclin dans 
le village. Nous assisterons à la leçon, et 
tu apprendras aushi tout ce qui petit pré- 
munir coutre les superstitions capables de 
te causer de vaines frayeurs. » 

Clémence rapporta cette conversation 
à sa mère. « Vois, lui dit midame de Sé- 
nancour, si tu n'as pas fait beaucoup 
plus pour Marie que si tu Tavais conduite 
tous les hiverstà Paris? Tu co.sentaîs à 
sacrifier l'argent de tes menus plai^rs pour 
subvenir aux frais de ce voyage, c'était 
fort généreux ; mais il est deux sortes de 
chaiité: Tune couhiste à se priver d'un 
peu d'or eu faveur des pauvres geus; l'au- 
tre est plus noblt', plus difficile à exercer, 
plus méritoire aux y< ux de Dieu, car sou- 
vent elle n'est COI nue que de lui... cette 








.1.^5^3 



- 210 — 



charité consiste à faire entrer la paix dans 
one âme troublée, à guérir les souffrances 
d'une fierté blessée, à préserver notre pro- 
chain d'une humiliation dont il est en 
notre pouvoir de le garantir; à lui décou- 
vrir des sources de plaisir placées dans son 
Intelligence et qu'il ignore, à faire cesser 



cette espèce d'inanition qui tourmente 
un esprit supérieur auquel une éducation 
insuffisante n*a pas fourni assez d*aliment8. 
Voilà le service dont Marie te sera rede- 
vable. Tu as fait plus que l'enricbir... ta 
i*as rendue heureuse I » 

m™* F. TlIBEBT. 




SAINT VmCE!«T DE PAULE. 



La f<ri«l respéranoe faneront, k thAfté 
demeoreni étcmelltiiienl. 




Un jour, 801» le betn cîel dt la riche Provenoe, 

Couvert de Thabit d'un forçat, 
Ramant sur le fltit bleu qui mène à Ciotat, 
Un homme pâle aborde et le peaplc s*atance. 

n se Fépafld dès lors en crfs de joie, en {fleurs.. . 
Des prisonniers en vain le fouet meurtrit l'épaule, 
Ils reconnaissent tous f Apôtre des douleurs, 
Le disciple du Ghri.^t, Thumble Vincent de Paule! 

Lui, calme et sovriant, du farouche gardfea. 

D'un geste apaise la colère. 
Puis, dit au peu|)le ému : <( Vous jne me devez rien; 
Qu*ai-je pris, si ce n'est le fardeau de mon frère? 

Le voyant tout meurtri, j'ai craîiK pour loi la mort, 

Et j'obtins de prendre sa place; 
11 auiait maudit Dieu, moi, je bénis sa grâce*.. 
Mon frère était û faible, et moi, je snis à fort! » 







M-' M. F. 



ÉNIGAUE HISTORIQUE, N^ k. 




Quel est le roi de France qui épousa en 
premières noces une mainte , en secondes 
noces une veuve, princesse «ouveraine 
d'un grand pays; en troisièmes noces , une 




jeune fille appartenant à une nation lopg- 
temps ennemie et toujours rivale de la 
France, et qui , remariée à son tour, de- 
vint l'aïeule d'une reine d'Angleterre? 




^g)Sy»< 










— SU — 



ËMiMBie Dmeslifiie. 



POUDRE POUA t(£XTOYE]l L* ARGENTERIE. 



M ¥00» httntês la eampag^e , faite» re^ 
euelllip en printemps- la moow veidAtre 
q«i eooTf e fee pièees d*eM ; fiiÉei la sé^ 
cher, ganteï-lR dlHi»ii»saode ptpiflrgcb, 




et krsque voue voD^res «etioyersae' pièce 
d'ai^fiieriev déltytc ai eeilt pondre ism 
éd wiMHgre tt frattea-^n 1* nital daoa tow 
te aeiuL Easu^Ksi a^feo luie peu» ée dm. 



Eàu de-vie (fe laimniC^. 



Afikeiez : 1 lixre d*(att-(k-vie à 32 de- 
grés. 63 grammes (2 onces) de fleurs fraî- 
ches de lavande. 

Les flenrs sèches donnent un moins 
bon produit. 

Mettez le tout infnserdans une croche; 
an hout d'un mois, filtrez à travers da pa- 
pier Joseph. 

L*eau-de-vie de lavande s'emploie pour 
la toitelte. Présentée sons le nez dans les 
syncopes, elle contribue à ranimer. 



Achf tf z : 1 kilo et demi (3 livres) de 
fleurs de lavande. 

7 litres t\li centilitres (8 phtes) de vi- 
iKiigre. 

lu grammes 16 décigrammes {U gros) 
d*e*^prii do lavande. 

Mt'ittz le tout infuser dans une cruche, 
près du feu ; au bout d'un mois filtrez à 
travers un papier Joseph. 

On préparc de même les vinaigres de 
romarin, de «auge, de serpolet et de thym. 



GELÊB DE BAIKS D£ SUREAU. 



On prend les baies noires du sureau qui 
mûrissent en juillet, et on suit, pour les 
réduire en g*^Iée, le m^-me procédé que 
pour la gelée de groseilles. Celle gelée 



brune, et d'un goût astringent, est un 
excellent remède contre !esmmnr4e gorge, 
inflammations de rarrière^boocliey eie. 
Cl st un remède et non une firiandisi^. 



BLAHO-MANGKR. 



Prenez i 25 grammes(/i onces) d^amanrUs 
doaces , plus six amaiides amères; met- 
tczrles du» une casserole pleine d'eau, 
laissez-les bouillir, retirez la casserole, 
pressez chaque amande entre le pouce 
el l'index de votre main droite, pour les 
faire aarlir de leur enveloppe; jetez-les 
dans l'eau froide, puis dans un mortier de 
marbre, où vous les pilez an moyen d'un 
pilon de bois; ajoutez-y 157 grammes 
(5 onces) de sucre blanc et 314 grammes 
(10 onces] d'eau, que vous ne versez que 
peu à peu, à mesure que la pâte se forme 
et devient plus fine. Vous avez ainsi ce 




qu'on appelle une émulsion , ou Tait 
d'amande, que vous passez à travers un 
linge peu serré. Pendant ce temps , vous 
faites fondre U gros de colle de poisson 
dans une quantité d'eau suffisante, et 
vous la faite bouillir jusqu'à e» qu'il reste 
euMron 125- grammes [U onces) de ce 
liquide, que vous passez aussi à travers un 
linge et mêlez à l'émulsion déjà faite. 
Aromatisez le tout avec une cuillerée d'eau 
de fleur d'oranger, ou bien, ce qui est plus 
délicas avec de l'esprit de citron. 

Versez ce mélange dans des petits pots 
à crème, exposez-les pendant quelques 














~ filfi — 



heures à l'air froid, en biTer, oa dans une 
cave si c'est en été; \oas aurez une espèce 
de crème blanche, demi-molle, gélati- 
neuse, légère, d'un goût exquis; et non- 



seulement ce blanc manger sera un mets 
de luxe sur votre table , mais il sera encore 
d'un effet salutaire pour les estomacs pa- 
resseux ou fatigués. 




CRÈME DE GROSEILLES. 



* écrasez des groseilles rouges, passez- 
en le jus à travers un tamis de soie jusqu'à 
ce que vous en ayez obtenu un verre et 
demi. MÔlez-y une demi-livre de sucre 

CRÊlfB DE FRAMBOISES. 

Écrasez des framboises ou des fraises 
bien mûres que vous passez an travers d'un 
gros tamis. Fouettez une pinte de crème 
naturelle en y mêlant du sucre rSpé, ajoutez- 



en poudre. Quand ce sucre est bien fondu, 
mêlez le jus à une pinte de crème naturelle 
bien épaisse , mêlez et laissez reposer en 
un lieu frais. Servez pour dessert 



y l<>s fraises on les framboises. Avant de 
servir, gainissez cette crème d'un cordon 
de belieu framboises ou de belles fraises 
entières. 



MÉLANGES. 



EXPOSITION DE LONDRES. 



PREMIÈRK LBTTRB. 




Me voici à Londres, chère Léonie; j'y 
suis venue, vous le savez , pour mon bon 
plaisir, mais je voudrais que ce fût aussi 
un peu pour le vôtre , et puisque le triste 
état de votre santé ne vous permet pas de 
{dire le voyage d*outre-!Vlanche , je se- 
rais heureuse de vous faire participer au 
mien par des récits qui sauraient vous 
amuser ou vous intéresser. Réussirai- je 7 
je n'ose m'en flatter, mais : 

J'aurai du moins U c€sur dt l'avoir entrepris 1 

Nous gommes partis de Paris par le train 
de plaisir, et pendant que je jetais un der- 
nier adieu aux tours de Notre-Dame, j'ai 
vu paraître et disparaître Saint-Denis, 
Montmorency, Pontoise, etc., etc. Enfin, 
malgré mon respectueux amour pour les 
cathédrales^ c'est à peine si j'ai eu le temps 
de saluer celles d'Amiens, d'Arras, de 



Lille, de Hazebrouck et de Saint Orner ; 
toutes semblaient passer à la fois dt-vant 
nos yeux, et nous sommes arrivés à Calais, 
laissant derrière nous les hirondelles du 
ciel ; il est vrai qu'elles ont pu nous ra- 
trapper pendant les trois heures moins un 
quart que nous avons mises à traverser la 
mer... et nous fjiisions tous une triste 
figure, moi en particulier, car j'ai été aussi 
malade qu'il est posible de l'être. 

Je ne vous parlerai pas d'une halte faite à 
Douvres , pour laisser visiter nos bagages 
par messieurs les employés des douanes 
anglaises , tout aussi peu courtois , s'il est 
possible , que ceux des douanes françaises. 
Remontés en chemin de fer, nous fran- 
chissons de nouveau l'espace et nous voici 
^ à Londres... A Londres I jadis ville loin- 
I taine , ville ennemie , qui semblait nous 
A montrer sans cesse les dents de son lion 






vT^-:^^ 



w>«*^ 






— fiiS — 





icenaçant, et qui, voisine aujoard^hoi, nous 
appelle d'une façon tout huspitalière , et 
semble donner à Paris une bonne et franche 
poignée de main. Rendons grâces auxche- 
nÛDS de fer qui, mélangeant les peuples, 
kurs habitudes, leurs intérêts, finirent 
par les unir d*un sentiment vraiment fra- 
ternel. 

Faut-il, ma bonne amie, vous dire mes 
premières impressions , mes jugements k 
vol de chemin de fer T... £h bien! en ar- 
rivant par la Cité dans la capitale de l'An- 
gleterre, je conservais toute ma confiance 
en notre supériorité parisienne. Dans mon 
amour-propre patriotique je jouissais de 
ce brouillard au charbon de terre, de 
ces maisons noires , sans ordre régulier 
d'architecture, de ces rues très-ordiuaires, 
de cette population marchande qui parais- 
sait n'agir, ne parler, ne se remuer que pour 
le gain. Je trouvais à reprendre à tout, ou, 
pour mieux dire, à rire de tout I... Celte 
grande ville sent la petite boutique, me 
disais-je ; comme Paris a un autre a^^pect 1 
Mais en avançant toujours , et arrivés dans 
le beau qaartier d'Oxford-street, je com- 
mençai à élfre surprise de la largeur ('es 
rues, des magasins princiers, de cette 
circulation facile , active , incessante , des 
piétons, des voitures de tous les genres , 
qui est la vie des cités , et que l'on peut 
consulter, pour savoir si elles sont pro- 
spères, comme on consulte en nous la 
circulation du sang, pour connaître Tétat 
de notre santé. Enfin, quand nous sommes 
entrés daus le grand quartier, celui de 
l'aristorratie, et devant Hyde-Park, où 
nou^ sommes logés, tout m'a paru si beau, 
si noble, si grandiose, qu'il m'était impos- 
sible de ne pas prendre une haute idée de 
ce peuple qui , d'un côté , sait s'enrichir, 
et de l'autre royalement dépi-nser. 

Londres me semble l'I.omme avec sa 
tail'e élevée, sa puissance, ses idées mâles, 
profondes et larges; Paris, c'est la femme 
élégante, aimable etcoquette, qui saitplaire, 
se faire aimer toujours! De l'union de ces 




' deux villes , il doit résulter un*[bon mé- 
nage... Mais je vous arrête trop longtemps 
avec mes impressions, réOexions, com- 
paraisons, sur un pays que vous connais- 
sez depuis longtemps. Ce qui eiciie au- 
jourd'hui votre curiosité, ce^ue votre 
pensée cherche dans Londres, c'est l'expo- 
sition européenne... £h bien! donc^ tra- 
versons Hyde-Park, et devant le délicieux 
lac formé par la petite rivière nommée 
Serpentine, regardez ce parais des Fées I .. . 

A Paris, à L<)ndres , j'avais vu des gra- 
vures, des plans fi 'èles de ce monnineat 
aérien , que l'on doit à l'habile architecte 
Josrph Pazton. Je le connaissais dans 
toutes ses divisions» ses détails; ma pen- 
sée me l'avait montré mille fois; mais je 
défie à la pins brillante imagination qui 
crée sans s'inquiéter du possible, de n'être 
pas cette Im dépassée par la réalité. 

An milieu de l'immense Hyde-Park, 
s'élévc l'immense Palais de Cristal, res- 
plendis.«ant aux rayons du soleil Tous les 
pavillons flottent fièrement sur l'édifice 
pour annoncer le triomphe de tontes les 
nations civilisées 1 Les piétons en habits de 
fête , les équipages , les cavalcades accou- 
rent par trois principales allées drcnlaires 
et arrivent au même centre , sans tapage, 
dans Tordre le plus parfait. Tout cet en* 
semble a été pour moi étourdissant de 
nouveauté et d'admiration. 

Vous avez lu déjà bien des descriptions 
de cette huitième mei veille du monde; 
vous savez qu'elle occupe vingt arpents; 
vous connaissez sa forme , espèce de carré 
long , se déployant de Test à l'ouest; ce 
carré a autant de pieds daos la longueur 
que nous comptons d'années depuis l'ère 
chrétienne, c'est-à-dire 1851 ; sa ia'geur 
est de Ù56 pieds. Dans ces dimensions je 
ne compte pas la salle des chaudièn s et des 
ré^rvoirs destinés à faire mouvoir les ma- 
chines qui sont exposées. Le vitrage figure 
pour une superficie d'environ 900,000 
pieds; les ceintures de fer, ajoutées les 
unes au bout des autres , feraient, dit-on. 













~S14- 




305 «uIIm d9- iMguMir ( ^5 Séné» 4e 
FraoM )« G«t édiâoe a ««ilé envma 

liicoolraft pitté panr son «Uretîtii «Ade 

On «faïadt imiift q«e wtte prodigmie 
6«nCriielioii«ppai>teiiait à m» oompagMe 
4fù «a> «Mit fettmi les iMMh pow en re- 
eniUlr les bfoéftees» Non. il faut ie direà 
k kMttige ées Anglaj»^ l« P*Us de TEx^ 
siUoii<estiiiitt «nirTne Bitioaale eiéoiitféeaa 
ttoyeiii d» daoB «olosulres» La reine et le 
yrioQfi iybert oïl, comme toujeuis, 
doané b mWt eKtni|iie ,. et chaque riche 
DiMlle s'asft enpr(wée d*eanwyer sa g èaé- 
raMeeffraadft» si hien «pi'éB pevde tetÊ^ 
on. a réqu «ne sanMia oaasMéraUe ; le 
flurphw 4a h dépenee faite sera bienttèt 
ammrt par ka recettes. iiNidrea possède 
encore piBsieir8.beaiiKélaiiys8eaaenta, e»- 
Ue anttea» de» hôpifani, dos ^ la géaéro- 
«M collMlif e de eatte ^ iUe. Les Anglais sa- 
vent hifere «B helnsage ée hors richesses, 
a a if c non^^n !' 

Paw enivea k l'Expositiott pir ta porie 
pipiaeilpale, oa passe sons rondes portiques 
<pri SB tvMvent à chaque aile du bAtirDent. 
Malgré rafisMace, Taccès eiv «et facile, car 
tt B*y a paa d'eaciMiilMrenieml à cause des 
diverses entrées et des uombrewz bareaux 
qui per^aivfl»! la vecettev Le prîK est en* 
core de 5 shellings (^> ir. ) ; après là 25, 
Ott m V^Bnt yhis qaTim aheUing (1 fr. 
i5c;)(i). 

On caoit avois fpnieé tous les sentiments 
de surprise et d'adnûralion ï la Toe exté» 
rieuna du Pdais de Cristal; mais. dès <(«e 
l'oBf pénètre- dans l'intérienr de ce tem* 
pie traMaporent, on s'étonne, on s'émer* 
leîHe encore t.. . on se cpoit sous Teni^ 
pire de la nagie oi «o\asi : 4es statues 
coloasalea, dasib&taitteajttiyssaniles, des 





tentes ilresfées, des ponts, des monuments 
çntiers» des arbres sécula'res, enceints, 
mais à l'aise , dans ces galeries de géants. 
Ctsf, surtout lorsqu'on arriye au point cen- 
tral, à la galerie transTersale, dant la voûte 
est à 66 pieds au-dessus du sot, que Tœil 
embrasse son plus splendiJe tableau I — 
Assis sous de vieui ormeaux ou à l'ombre 
des palmiers, l'air est rafraîchi par le 
mouTemeat de l'eau qui jaillil des fontaines ; 
celle que l'on a deyant soi jette un éclat 
diamanté incroyable ; alla est en cristal de 
Bohême. De toutes parts la richesse des 
peuples vous enveloppe; là se trouve, pour 
ainsi dire , l'essence du génie humain , et 
l'on est profondément impressionné de la 
puissaace de Tbomme, 6ire si petit au mi- 
Ueu de la création» et si grand par la pensâe 
et rintelligence... ces souffles divins jetés 
en nous parle Créateur, et qui, dans notre 
sphère, nous permettront de créer aussi ; 
sceaux de la prédilection et de Tamour ia 
Dieu , dont nous. ne devrions faire qu*un 
noble usage!... Mais je reviens à UExpo- 
sition. 

Dix escaliers doubles» larges de 8 pieds, 
conduisent aux galeries supirieures (2). 
De là encore le spectacle est saisissant par 
sa variété bizarre, son grandiose, son ani- 
mation« — Vous vous proa^enez dans les 
magasins de Dresde ou de Berlin, et vous 
inspectez à vol d'oiseau ceux des Étafs- 
Uois , pendant que .les pianos d'Érard ou 
les orgues de Debain font entendre leurs 
sons mélodieux. — Vous vous croyez en 
£spagne , en Portugal , au milieu des 
serres de Constantin, dont les fleurs sont 
si naturelles , quA l'on croit ea respirer 
les parfums, et vous voyez au-dessous 
de vous les produits des mers du Nord : 
l'ambre, admirablement travaillé en col- 
lier ou en tuyau de pipe , par les ou- 



(i) On ne reçoit ni Ton nVelrange I fa porte dres, <^uol qu'on en di»e, acceptent parement no- 

dariCipotitlaa, Targeat da PVince. Noire change m mMaaie. 

à Londres ea6te aatea char,, il seraU kow de se | (2j Tout oe qm peut éire Décesaaira en cas 

apMUiîr d'argent aaglais. Les narcbands de Lon- j d'iocen Jie se trouve disposé sous ces cscaJiers. 











0®l^t, 








— SIS — 



*43w»r-3 



vriers de Danlrick. — Paris, avec son éï*- 
gance coquette et de bon goât, voit pr- 
faîtetnent ses anti|>odes; Pondichery, avec 
ses riches tapis, ses draps d*or, ses cbàies, 
ses écharpes brodées, m-s mode» a^sez 
lourdes , tandis qae Sf s meubles en bam- 
bou sont d'une eiïrayaote Kgèreté. — Vous 
êtes en Italie, admirant les cheb-d'œuvre 
des arts, et vos yeux tombent sur une bi- 
zarre collection de poupées fndie mits I — 
Pendant qp]*en s\barite vous trempez votre 
mouchoir dans les fontaines parfumées 
de Farina ou dans d'autres encore, les 
armes tartares semblent vous menacer. 
Les prodigieuses dentelles de France, de 
Belgique et d'Angleterre sont au-de.^sus des 
cuirs delà Russie et des fourrures de la Si- 
bérie. — Éblouis par toutes les merveilles 
de Torfévrerie qui , à TExposition , tient 
une place remarquable , les yeux tombent 
sur les primitifs oatemiles africains, ur 
leurs lourds étriers de fer et leur chan- 
delle de résrne. — Tous quittez un étal de 
modes françaises ou anglaises, ce qui main- 
tenant est à peu près la même chose, pour 
voir fonctionner tnutes les machines in- 
dustrielkssi — Les cathédrales de Cologne, 
de Saint-Étienne, de Magdebourg et bien 
d'autres encore, dont ks modules «ont 
exposés , ont pour voisin des temples de 
riodoAaii. -^ Un mobilier en cerne da 
cerf se trouve près d'une cheminée en 
porœlaRue anglaise , ayant un tsibfier en 
crtsial , montant et descendant comme 
ceux en tôle. — Des verres de Bdhéme , 
des porcelaines de Saxe, régnent au- 
dessus des poteries du Maroc. Tous voyez 
des farines , du charbon , des ailla mettes, 
des voitures, des locomotives, des dievanx, 
des ponts suspendus, des docbes ï plonger, 
des bonbons en chocolat ^ des boulets de 
canon, des vitrages, des bustes en savon, 
des blocs de noarbre. — Tous êtes dans 
l'appartement d'une lady , vous avez passé 
en revue tous les meubles sculptés, iu- 
crustés, dures et toujours confortables qui 
sont à son usage... vous entrez dans une 




tente turque; dans celle d'un guerrier 
indien , ou dans la chambre d*une grande 
dame chinoise ; enfin, le Palais de Cristal 
réunit les principales nations du globe qui 
vous iuitient à leurs habitudes intimes, 
vous apprennent leurs mcenrs , Icir lan- 
gage même , vous foirt connaître les pro- 
duits de leur sol et ceux de leur Industrie. 
An soin particulier donné à tel ou t«loli]<t, 
il est facile de devmer les basoinset les sym- 
pathies de chaque peuple. Quelle b^le, 
quelle produciive idée pour Tinielligence, 
comme pour l'intérêt nuitérlel, que cette 
Exposition I La France, l'Angleterre et les 
ÉUb-Unis, dilron, s'en disputent l'idée 
première, je le conçois; mais convenons 
humblement qu'avec la meilleure volonté 
du monde, il nous eût été impossible de 
tirer parti de ce vaste projet, et de l'exé- 
cuter surtout avec hi largesse, le grandiose 
qui distinguent nos heureux voisins dans 
leurs Œuvres nationales. 

J'ai dit que, dans le Palais de CrisOal, cha- 
que peuple laissait deviner ses sympathies ; 
j'en trouve la preuve positive dans l'hom- 
mage mulriptié que les provinces ang aises 
se sont plues à rendre à Ivnr reiae bicn- 
aimée, à 'Victoria I Toutes ont reproduit 
son image. On la voit galopant k cheval 
avec une aisance, nne grdce parfaites; 
tantôt (Test nne souveraine portant majes- 
tueusement les insignes de sa puissance , 
t^miôt c^est une jeune mère au milieu de 
son peuple, comme au milieu de sa famîflet 
aimable et souriant à tons; enfin partout 
on l'a placée avec une pensée de respect , 
d'orgueil et d'amour? 

Je ne vous en dh*ai paspfns long «ujonr^ 
d'hui sur r£xposi(ion, chèi-e*" Léonie^; fl 
faut ravoir visitée souvent pour pouTOhr 
reconnaître et signaler les choses qui peu- 
vent vous iméresser. Peu de temps sTest 
écoulé depuis mon arrivée, et encore, an 
jour cniicr a-t-îl été perdu pour ma curio- 
sité ; un jour étrangenrent silenclevx oà, 
dans ma surprise, je dirais : a Londres ne 
se réveilleia donc pas aDJourd^niî ilest 














-1. 



— 216 — 



bien tard.elaucune boutique n'est onverie, 
peu de personnes circulant , on n'rnteud 
aucun bruit , quelques rar' s voitures pis- 
sent... D*où vient celte inaction dans la 
ville travailleuse î Tous ses habitants sont- 
ib frappés de léthargie ? — Non , m*a-t-on 
répondu, non, Londres vit plus profita- 
biement que jamais; car c'est le jour où 
rien ne la distrait de la vie morale , c*est 
le jour où ses yeux quittent la terre pour 
regarder le ciel ; c'est le jour de la prière » 




le jour consacré an Seigneur... c'est di- 
ujanche , enfin t » 

Quelle leçon pour nos pays catholiques ! 
Ceci , dit en passant , a son côté bien sé- 
rieux, je le li>re à vos sages réflexi»^ns, 
et je vous quitte pour aller assister aux 
courses d'Epsoom; si nous pouvions y 
von !"« reine , plus d'un plaibir nous serait 
assuré. 

Adieu , adieu donc, à bientôt I 

Emma Ferramd de Beaujouan. 



CORRESPONDANCE 



•**.■•> 




La moitié de Paris est allée, ou se promet 
d'aller à Londres, ma ch^re ami(' ; cha un 
veut avoir fait tion pèlerinage au Palais de 
Cristal, d'autant mieux que ledix-ïienvième 
siècle ne revena plus une exposition uni- 
verselle ; moi, je n:e contente des récits 
que nous en feront nos amies, et reste 
tranquillement à les attenire. D'ailleurs, 
puis-je quitter mon poste 7 ne suis-je pas 
ici comme une sentinelle (lOur veiller à ce 
qui peut t'intérrsîcr, et pour te le dire? 
mais la iftibe est longue aujourd'hui! 
Aussi, j'attends Florence, elle m'aidera : à 
deux, le travail, c'e^t un plaisir ! Je vais 
préparer ti ut pour la recevoir, cela la fera 
venir.... On sonne doucement.... c'est 
elle!... En France, sonner doucement 
désigne une personne bien élevée ; sonner 
fort, c'est sonner en maître, dit-on , et 

cela n'est 'permis que chez soi m 

province; à Paris, on troublerait ses voi- 
sins. 

« Je t'avais devinée, di. -je en allant au 
devant d'elle. — Vraimei.t! ^ Regarde.. . 
(Florence lut le commencement de ma 
lettre). — Eh bien! reprit-elle s'asseyant 
et prenant ma plume, je continue : 

Il n'y a que !es Anglaises qui sonnent 



1 9k vous faire sauter sur rotre chaise; ci^la 
signifie : je suis une personne comme il 
faut. — Je te trouve très-bien dans cette 
position, lut dis-je en riant ; et j'ai bonne 
envie de te débarra>ser de ton châle et de 
ton chapeau pour que nous puissions dé- 
crire notre planche... Qu'en dis-tu? — Ce 
Qu'en dvhtu? de Manlius était, dit-on, 
admirable dans la bouche de Talma. — • 
Oui, chère Florence, mais comme ici il ne 

s'agit pas de tragédie — Eh bien 

je suis à tes ordres. — Voici noire planche 
VII ; accorde-moi toute ta bonne volonté. 

Le n* t est un d^'S.^in de manche pagode, 
en jaconas, tu la tailleras en droit-fil, sur 
50 c^'Utimètres de haut ; ce dessin s'exé- 
cute en broderie anglaise, les ronds du bas 
se font en points de feston, les autres des- 
sins en points de cordonnet. Tu ajouteras 
un semé jusqu'à la ligne du haut de cette 
manche, puis tu l'arrêteras I2i ; celte manche 
se bâtit sous la manche de des.«us. 

Le n** 2 est une bande qui se brode de 
même et sert à former la garniture, haute 
de 15 centimètres, que l'on coud au bas 
d'un jupon. Cette garniture n'a que la 
moiiié en plus de la largeur du jupon. 

Le n* 5 est un entre-deux qui se brode 





i)®î^^ 









'^5© 



— «17 — 




et sert avec le n"* 2 à composer un fichu- 
guimpe orné d'eatre-deux et de garoitares 
cousues à peine froncées; celte guimpe a 
un col formé de l'entre-deux; à Tentre- 
deux, on coud une bande à peine froncée. 
L*élégance exige que manche , jupon , 
fichu aient le même dessin, la même bro- 
derie. 

Le n* /t, LoLure se brode au plumetis et 
en points de cordonnet 

Le n* 5, Eugénie se brode de même. 

Le n* 6 est un alphabet que je t*ai 
promis pour marquer le linge damassé; il 
peut servir aussi pour marquer des mou- 
choirs d'hommes ou de petites filles. 

Le n" 7 est une des 6 pointes d*nne 
étoile blanche qui s*exécute au crochet sur 
fond rouge. Si tu veux en faire un coussin 
de tête-à-tête, une couverture de lit, tu 
achètes, passage de TOpéra, un crochet 
ordinaire, du coton blanc n"* 15, et du 
coton rouge de même grosseur. Prends le 
coton blanc. 

f BANG, fais 12 mailles simples. — 
2% 12 mailles doubles. — 5*", 12 mailles 
doubles, 2 simples. — &*, 12 mailles dou- 
bles. — 5*, 12 mailles doubles, 2 simples. 
— 6% 12 mai les doubles. — 7*, 12 mailles 
doublt^s, 2 simples. — 8*, 12 mailles dou- 
blas. — 9% li mailles doubles, 2 simples. 
— 10% 12 mailles doubles. — 11% 12 
mailles doubles, 2 simples. — 12*, 1 2 mailles 
doubles. — 13% 12 mailles doubles. 

Celte pointe finie, tu recooimences cinq 
autres pointes et tu réunis ces 6 pointes, 
par un surj<t à Tenvers, avec une aiguille 
enfilée de coton blanc, ou par un point au 
crochet Tu fai:^ de même 6 pointes en 
coton rouge, elles servent à remplir les 
vides qui se trouvent entre les 6 pointes 
blanches de l'étoile, et s'y réunissent de 
même par un surjet; ce travail est ce qu*on 
appe-Ie le point allemand, il n*est pas dif- 
ficile. Quand on va passer^ en vihite, une 
journée à lacampagne, on n'emporte qu'une 
petite botte contenant un crochet et une 
pelote de coton, on fait des pointes d'é- 





toiles en caasant, en se proqienant, et un 
beau jour on se trouve avoir composé un 
coussin ; puis, si l'on y a mis le temps, on 
aura un tapis de table, un manteau de 
lit qui pourra se passer d'un transparent, 
et durera assez pour faire dire à nos petits- 
neveux qu'ils ont eu une grand'tante bien 
laborieuse. On pourrait faire le fond jaune, 
ou bien les étoiles jaunes sur fond rouge : 
ces deux couleurs sont bon teint. 

— Gomment garnirait-on le tapis de 
table? — Avec un effi é formé des deux 
couleurs du tapis. — Si Ton exécutait ce 
de&sin en laine, on pourrait faire l'étoile de 
six nuances de jaune, et sur fond bleu-ciel ; 
toutes les couleurs seraient à votre ser- 
vice ; on pourrait encore, avec ce dessin, 
composer des descentes de lit, des tapis de 
cheminée, doublés d'une toile verte, on 
bien en recouvrir des tabourets usés. Ce 
dessin est représenté ici dans la grandeur 
qu'il doit avoir. 

— Mais d'où t'est donc tombée cette 
étoile 7 — Elle a été créée par de belles 
mains dans un château de l'Allemagne; 
j'ignore le nom de celle qui me l'envoie. 

— G'e&t fâcheux ! tu l'aurais donné à cette 
étoile; on aimerait à perpétuer sa recon- 
nais a nce. 

— Le n"" 8 est cette étoile blanche en- 
tourée de son fond rouge. 

Le n^ 9 est un dessin de crochet pour 
couvrir le dos et *es bras d'un fauteuil. 

Le n° 10 est un dessin, pour cou:^sin de 
têle-h-tête, qui se fait sur filet carré et se 
brode en reprises, ces reprises ne sont pas 
recouvertes. Le coton pour le filet doit 
être du n^ 15, et le coton plat pour la 
broderie, du n* 20. Le moule doit avoir 2 
centiuiètrf s de circonférence. 

— Pardon... Que représente ce dessin? 

— Le Printemps : je l'ai pris dans ce vieux 
livre que m'a envoyé M"* Anal-i. — Ne 
trouvts-tu pas qu*il faudrait reculer de 
deux carreaux le cadre de ce dessin 7 — * 
C'est mon avis ! les points du surjet qui 
réuniront ce dessus du coussin* au-des- 









*8© 







— 916 — 




8oa9, se perdront dans la braderie. On 
m*a demandé comment se faisait le filet 
carré, bien que je Taie dit déjà, je ?ais 

être obLfgée de me répéter et j'en 

demande pardon à nos anciennes abon- 
nées. 

Pour e:iécnter ce filet» tu prends une tête^ 
tu Y montes 8^ mailles» ta retires ton 
moule, Retournes ton filet, et ne fais que 
83 mailles en prenant ensemble les deux 
dernières; retire ton moule, retourne 
ton filety et ne fais que 82 mailles en pre- 
nant ensemble les deux deruières.. . ainsi de 
suite jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une 
seule maille, alors tu coupes ton coton, et, 
après avoir détaché /a tête^ tu recommences 
dans les SU premières mailles à en faire 83, 
en prenant ensemble les deux dernières ; 
ainsi de ^uite ju>«qu'à ce qu'il ne te reste 
plus qu'une maille, et tu auras un carré 
exact. Tu laveras ce Biat, tu le mettras en 
amidon, tu retendras sur une coa¥erture 
en rattachant avec des épingles ; quand •! 
seia «ec, tu le niiontoras sur un métier à 
broder, ta prendras le coton plat a'' 20, tu 
renfileras dans une aiguille assez longue 
et tu commenceras par le cadre. Tous les 
carrés indiqués par un x, tu les couvriras 
par une reprise, en prenant alternative- 
ment dessus, puis dessous chaque ligne du 
carré, et au lieu de couper ton coton tu 
passeras ton aiguille soujj le carré déjà 
couvert pour laisser vides les carrés que 
tu vois à jour et couvrir ceux qui ne 
sont pas encore couverts. Je te ferai ob- 
server qu'il faut faire les reprises dans le 
sens du desi^in; qu'en commençant une 
aiguillée de coton on doit laisse^ sur le 
df ssin un bout, un peu long, que l'on a 
soin de tourner autour d'un des fils du 
carré que Ton va couvrir d'nne reprise II 
ne faut reprendre de coton que le moins 
passible. Ce travail se fait très-vite. 

On peut, an lieu de fi'et brodé en re- 
prises, exécuter ce dessin au crochet. 

— Mais, ma chère, on ne peut enire^ 
prendre un seul coussin, U en faut deux 




semblables, — Aussi aî-je VEfé pour faire 
pendant au Printemps ; puis^ plus tard, je 
donnerai rAutomne et rilkei\ — Voilà 
qui est bien! pardonne -moi d'avoir pu 
douter de tdi... Continue... je l'éconte. 

Le n"" 11 est un dessin qui s'exécute de 
même que le précédent, mais avec un 
moule de 6 millimètres de circonféreece, 
du coton apprlé fil dlrlandti n' 120, en 
pelote, et pour broder, du coton n° 50 ; 
ce dessin est représenté dans la grandeur 
qu'il doit avoir pour former une nappe 
d'auteU un manteau de lit, un dessus de 
chemini^^ un tapis de table. Depuis dé- 
cembre \ShS, j'ai donné une quantité de 
dessins dilTéreiUs; si tu ne veux p^us at- 
tendre pour composer un manteau de lit, 
voyons comment nous allons nous y pren- 
dre. Le lit a-t-il 3 pieds et demi de large sur 
6 pieds de long? le manteau aura 1 mètre 
50 de large sur 2 mètres de long ; chaque 
carré a 10 centimètres, il faudra 300 carrés 
pour couvrir cet espace. Si je l'ai donné 30 
dessins, tu en f^ras 10 de chaque et tu auras 
ton compte; mais si tu n'en veux faire que 
5 tu remplaceras les 5 autres par des carrés 
de percale festonnés df s quatre côtés et or- 
nés au milieu d*ime broderie anglaise que 
tu choisiras sur nos différentes planches. 
De celle-ci, par exemple, tu prendras quatre 
fleurs de la bande n** 2 que tu placeras aux 
quatre cûin& d'un carré, et, au milieu, tu 
broderas une des fleurs, sans ses fenillts. Si 
tu veux un milieu à ton manteau de liu tu 
emploies le dcs*-in n** 10, tu te sers du moule 
et du fil du n"" 1 1, tu lèves 9U mailles au lieu 
de 84, il y en aura une de chaque côté (U 
dehors du cadre, et quatre de plus de cha- 
que côté dans l'intérieur. Ce n* 10 te 
représentera l'espace de qnatre carrés 
n** il, il ne te fHudra donc plus que iliS 
carrés en filet et l/iS en percale; tu cou- 
dras d'abord, par un furjet à l'envers 
du côté do la tête du Print/^mps^ un carré 
de percale et un carré de filet, ta les réu- 
niras entre eux aussi de la même ma- 
nière; à cf s deux carrés tu en réuniras 



®©<^ 








— 1119 — 



dcm «uinef «n ayant soiii de coiidr« altcir^ 
DatîTeroem le filet à la fercale et ht pnmte 
WM filet en môlant le» dessins^ Qvattd tu 
aB ONisii dm oêcé ik camés de ftlet et 1 A 
de percale, tu reprends en oèt6 detp'edi 
du Printemps, et en face du carré e* filet ; 
10 couds un carré en percdle, de «iline 
qu'en lace dn xarré «a |»Kaie, tu cewis 
«n carré eft filet, pw, apirèB a? oir co»im 
de ce côté le même noniltre de carrés que 
de Tai^e côté, ta coDtinoeSy à droite «t 
à ganclic éa n" 1#, à placer de ulsne 
toiB les carrée; ta eo aunas owsa 2A8 
dans la longueur du lit et 1^ daas sa 
laifew*, soBa conpter le Prmtempà qot se 
tvowrera placé ea travers do lie, iea pieds 
tminiés vers ks pied^.«.^ da lit. «^ Mais 
peaiant fne j'écrivais, >s réikhissais à 
tons «es carrés de percale*..,.-^ Eh bieat 
•^ fih bioky cette «ovre, si j'étais asaez 
beoreure penravair Je tesipsde l'exécuter, 
reBfrnnerait Mis mes seMiasenift, toutes 
rocs pensées. Sur 4t» carrés de percaVe, 
j'eiécaAeraÎB, eu broderie asiglai»e, les ini- 
tiales àft mes pari' ut», e«r d'autres carr^ 
kna» anacB, s'ils en avaient, j 'écrirait en 
broderie, au plumctis, quelques «axfanes 
bien miHies, encadrées avec Tentre-deux 
nf 5. *- Mab, c'est Men œ que tu dis 
fiil.« voilà o0e idée«.. €e q«R e*est que 
d*étre dcui 1. . .. Reprends la pkHne. 

Le %" 12 est sa bracelet peur mieanf 
les sous -manches» Acbèic deui cercles en 
caoutckouc paor 5 caemimes, le caoaAcboiuc 
doit èto-ede S milllmèCres de banleur, -^ k5 
centimètres de ruban desaw Manche^ krge 
de 1 centimètre, ^5 centimètres de ivban 
deaoie rose, large de 3 ctntiaièiiies, prends 
une plancheiie large de 2i cenciniètrcs «t 
épaisse de 1 centimètse, réunis ensemble 
les deOK i)Onisrdtt ruban rose,, pu» les deux 
boots du ruban blanc. Entre la plaociMtto 
dans le cercle de ruban rose, do nmniére 
à ce que la couture aoît deasns f place enr 
ce ruban une bande de papier de soie, large 
de 2 centimètres eidenû; snrce papier es 
soie, entre le cercle en caoulckonc^ reoou» 





vre^dn snrpios decenêane papter; éiiftre, 
sot ce papier, le oendede ruban blanc; le 
rulnn rose duit le dépaaser do bnaft et du 
bas. Eafile de h soie rose daas uneaigvillet, 
ioiroduts les doigta de tt «nani faucbe 
eniiie la plasM^knlie et le ruban rose, pois, 
de ta main ditaèle^ fais^ en prenaM le n^ 
ban rose, «n paâat devants S mMîmèMs 
après la bondduènntdunAanUaffc, et$ 
avant celai dn bas^ puis arrête ta aaie par 
un noeud. Tu relira Je bracelet de II p1an«> 
cbeite et tu as, en grand, la modèle w i% 

(ies braceieta aencaasst fins ntfles po«r 
relaver les minofaes pagodes lorsqde i'ott 
sert à labie, — ils peuvent servir de jatt^ 
tièroA. *~'Avecun aelonra laigede # cenil* 
mèlres et dena cercteaée caoutcbonc, r«l 
dans le baut, Tainre dans le bas, on ftnt 
des braceleisqui ae citent anr lepnîgoerv 
et diiuwanleni un peu les braa fne i'on 
voit trop i^ous ka uiandics panades. 

Le nf 13 est nn bonnet de jaoonas m* 
co«ivert de bandes bradées è l'anglaise, le* 
barbes aom foraaèes de deux inndes rén** 
nies. 

Le n* 14 est une Movse de teart peiit 
enfant, tV^ se fait en percale. 

le n* iS est un fidin nmé de pK», et 
d'entre-deux en broderie anglaise et gond 
d'au» bande de oetie même broderie. 

A préeenty nous continnDns la descrip- 
tion de la grande plancbo, car ta nons res- 
tée, tu «si Doospour soute Is journée, c'est 
convenu. «^ Ooit et Cu pana dispoaar de 
moi. — Eb bien denc« j'en pmfitei 

Le nM6 est un destin pour baade ja- 
pon ; il se brode : le bas en pnima de inae, 
et lout le reste en point» de feston. 

Le n*" 17, Âlzire^ en broderie anglaise. 

Le n*" 18, Mmie^ de même. 

Le n*" 19 est un semé qui se brade an 
plumeiis, et se sème : dans le fond d*nn. 
gilet d'homase, d'un bonnet on <rnn ca- 
nezou. 

Le n" 2(1 eai moi dessin de garniture en 
broderie anglaise, pour pantainna, }n« 
pona^ licbiis oicamiaaèts. 











— 2:o — 




Voici l'ét^, rien n'et»t chaud comme nn 
corset, et, à la campagne, où Ton n'est 
pas toujours en toilette, an corset à la 
paresseuse serait bien reço. J'tii donc 
cherché une forme nouvelle.. . mais je n'en 
ai trouvé qu'aux dépens de la grâce et de 
la commodité... il m'a fallu revonir an 
corset Josselin, le née plus uUrà des cor- 
sets. — Ah I si tu cites du latin.. • cela de- 
vient grave. — Certainement, ma chère, 
il n'y a rien de si grave que mon snjet; 
être gênée dans son corset... c'est une 
des plus grandes tribulations de l'exis- 
tence I Yoici donc ce que je conseille à 
notre amie. Achète, passage de l'Opéra, 
dn canevas de fil de 60 centimètres de 
large, à 3 fr. le mètre ; taille les modèles 
n- 21-2^.23-24-25-26 et 27, en y lais- 
sant tout autour 5 millimètres de plus ; 
quant au n* 27, je te recommande de le 
tailler de manière à ce que le bout (où 
sont les cinq œillets métailiquef») soit placé 
en droit fi.L J'ai posé ce bout un peu en 
biais^ afin de pouvoir placer cette patte 
comme elle doit être cousue au corset. 

Lorsque tout est taillé, tu fais aux mo- 
dèles 21-2/1-25 26-27 et à l'ouverture 
n*" 28, un rempli de 5 millimètres. Ces 
modèles, tu les bordes de chaque côté, à 
cheval» avec un ruban de M de 12 milli- 
mètres que tu couds à points arrière. 

Le n*" 22, les deux pinces, tu les couds 
à Tenvers, à poiuts arrière, et tu bordes 
ce numéro comme les précédents. 

Le n" 23, lorsque les remplis sont faits, 
tu le doubles d'un ruban de fil de 2 cen- 
timètres et demi» tu introduis, entre le 
dessus et le dessous*, six petites ganses ron- 
des et fermes, en coton, que tu arrêtes 
l'une après l'autre, par un point arrière, 
et tu bordes ensuite ce numéro comme h s 
précédents. 

Au n^ 26, tu places en dessous nn ru- 
ban de fil large d'un ceutim(^tre que tn 
couds à points de côté, et dans lequel tu 
introduiras plus tard une baleine. Tous 
les n*' bordés de chaque côté, tu les réu- 




nie, dans l'ordre où ils sont placés, par un 
surjet fait à l'envers. 

Au n* 21 (le devant do corset), ta couds 
à l'envers, à points de côté, un ruban de 
fil pour y introduire plus tard nn petit 
buse d'acier. 

Maintenant, tu fais un rempli dans le 
haut, puis dans le bas dn corset, et tu le 
bordes à cheval, à points arrière, avec le 
ruban de fil. Compte 2â centim^tres à 
partir du milieu du n* 21 et couds-y une 
grosse agrafe la tête en l'air, afin d'arrêter 
ton jupon, s'il avait envie de remonter. 

Le n® 27 est la patte qui se coud du côté 
droit dn corset» à Tenvers, par un surjet, 
étoile contre étoile. La patte cousue au 
côté gauche se taille de même, mais elle 
n'a pas l'ouverture n* 28, et se termine 
par une agrafe cousue au bout de manière 
à entrer dans un des œillets de la patte de 
droite ; la patte de gauche ne se coud an 
corset que du haut et du bas afin de lais- 
ser passer la patte droite. 

Au milieu du dos, dn côté gauche, sur 
le ruban qui contient la baleine, on coud, 
à l'envers , une agrafe dont la tête revient 
en dessus. 

Au milieu de la patte de gauche, n* 27» 
à côté de ce chiffre, on coud, à l'envers, 
une porte qui dépasse, et lorsque les pattes 
sont croisées, cette porte et cette agrafe 
s'accrochent en passant la patte de gauche 
au milieu de l'ouverture n* 28. 

Ce corset peut se faire en coutil, il se 
borde comme le précédent, ou bien en ca- 
nevas de soie, alors il se borde en ruban 
de sde. 

Le n"^ 29 est le dessin dn dos d'une 
veste de petit garçon de six à dix ans. 

Le n"" 30 est le devant. 

Len^ 31 est le pan qui second au bas du 
devan t, et va rejoindre le dos pour s'y réunir. 

Le n"* 32 est la manche qui n'est cousue, 
du côté du coude, qne jusqu'au bas de la 
broderie; là, doit dépasser et retomber 
une manche de chemise, froncée du bas 
sur un po^net. 








"*^i 





:€^4 





— SSl — 




Le n* 35 est le col de cette reste. 

Cette Teste se taille ea mf'rinos gris, 
blea de France^ on >ert, et se brode en 
lacet et en sontache de soie de la même 
nuance. 

£n nankin, on emploie du lacet et de la 
soutache de coton blanc. 

Le n^ 36 est un écusson, et les lettres 
P et B qui s*eiécntent en broderie an- 
glaise. 

Le n*" 35 est le derrière d'nne bottine 
de tout pftit enfant 

Le n^ 36 est le dessn.^, le n^ 35 se réu- 
nit an n'' 36, étoile contre étoile. 

Le no 37 est la semelle, le talon se réu- 
jiit au derrière , étoile contre étoile. 

Les huit ronds noirs sont des œillets à 
trarers lesquels- on passe un ruban pour 
nouer la bottine. 

Elle se taille en mérinos blanc, bleu, 
ou rose, plus large tout autour de 5 mil- 
limètres, se brode en soutache blanche, 
bleue ou rose, et se double de soie ou de 
percale branche, ain^i que la semelle. Sur 
cette doublure on place une légère feuille 
de ouate que Ton arrête par des points de- 
vant formant des losangf s sur le mérinos. 

Le n^ 38, Alfred^ se brode en points de 
feston. 

Le n* 39 est le qnart d*nn mouchoir 
pour deuil, il se festonne et se brode en 
points de chaînette, en soie noire. Cette 
broderie ne se fait plus pour les mou- 
choirs ordinaires . C^^ci s'adresse à celles de 
nos amies qri se plaignent de ce que je ne 
leur envole pas de ces dessins de mouchoir. 

— Mais ces demoiselles ne peuvent exi- 
ger ce qui plaît à chacune dans son dépar- 
tement I Quelle tour de Babel notre Jour- 
nal deviendrait pour les modes I 

— Aussi, tu vois que j*ai résisté aux 
dessous de pendule en mousse, aux man- 
ches tricotées pour dessous de pagodes. .. .. 
Mais revenons à nos montons. 

Le n" UO est un semé qui se brode au 
pîumetis sur bille mousseline pour bon- 
nets du malin. 




Le D^" ^1 L P se brode au plametis et 
au point d*arme. 

Le n<* A2 V P se brode en points de 
chaînette. 

Le n"" A3 £ P se brode au plnmetls. 

— Maintenant, à notre gravure de mo- 
des. Ces dames et cette petite fille sortent 
de réglii»e ; Tuoe a un châle de cachemire 
brodé en soie de toutes les couleurs. . . ma^s 
je crois que le reste de leur costume s'ex- 
plique de lui-même. 

— Oui, passons au rébus. Mon esprit a 
gravi ces sept marches. J'ai trouvé sur ce 
piédestal le crime : cet homme qui ôte la 
vie à son semblable pour lui voler son ar- 
gent, et sur cet autre piédestal, la vertu: 
cet homme qui coupe la moitié de son 

manteau pour la donner à un pauvre 

mais je n*ai pas deviné... 

— Eh bien, j*ai voulu représenter ce 
vers : 

Ainsi que la vertu ^ le crime a ses de- 
grés. 

— Hum, hum... Torei'le est obligée d'ê- 
tre indulgente... ma mignonne. Il est vrai 
que les faiseurs de rébus n'y regardent pas 
de si près... mais le tien est original, et je 
te rends cette justice que, lorsqu'on l'a 
deviné, on n'a pas perdu son temps. 

— Ah I quelle séance je t'ai fait faire ! 
m'écrlai-je en me levant, quarante objets 
à expliquer I — Aussi ces demoiselles au- 
ront plus d'un cadeau à donner pour une 
fête : un coussin — des bracelets — des 
couvertures de dos et bras de fauteuils — 
des bottines pour une layette — un mou- 
choir pour un deuil.. . — quel rapproche- 
ment! dit Florence en se levant à son 

tour, la vie, la mort Si nous passions 

chez ta mère, c'est l'heure des visites, 
nous avons tant à apprendre en écoutant 
les dames plus êgéf s que nous. . . » 

Je pris le bras de Florence, et nous nous 
rendîmes au salon. Mdis ces dames avaient 
décidé une promenade, nous revîmmes 
prendre chapeaux, mantelets et ombrel- 
les, puis nous partîmes. En route, maman 





e/S^' 



«^<^©S8)s^ 



V^^,jjti^ 









Si22 — 



nous proposa de monter chez luademoi- 
seile Fauvet, sa couturière. Nous trouvâ- 
mes son modeste sa^oa orné tout autour 
des robes qui formaient le trousseau d*une 
jejiae mariée de province. C'était d'abord : 
Une robe de mérinos b^'ge, corsage ama 
lone, ornée d'un galon de soie d'une 
naance plus foncée, formant échelle sur 
la jupe et sur la poitrine ; manches p^o- 
des ; le pardessus en étoile pareille, garni 
du même galon. — Une rediogote de 
jaconas, à petites fleurs, garnie devant 
d'une bande cousue, de manière k for- 
mer un bouillonné et deux têtes feston- 
nées; mantelet-^écharpe, garni de même. 

— Une robe de mousseline brodée, gar- 
nie devant d'une bande de mous^^elii^e 
unie brodée et festonnée de chaque côté ; 
celte i>ande;t cousue au milieu du devant 
de la robe, autour du cou, au bas des 
manches pagodes, formait deux têtes fes- 
tonnées, et un bouillonné dans lequel était 
paaaé un ruban lilas; casaque de mousse- 
line pareille, garnie de même. — Un€ robe 
de barége fond blanc, à grands dessins, 
corsage en gerbe, ouvert devant, orné de 
pelits rubans de gaze, formant feston d'un 
côté et rappelant les couleurs de la ri>be ; 
sir b jupe, trois hauts volants en droit fil, 
garAÎs d'un même ruban — Une robe en 
gro8-de^aples bleu de France, la jupe cou- 
verte de volants de dentelle noire, cousus 
presque à plat, corsage décolleté, manches 
courtes, le tout orné de dentelle noire, de 
nœuds de ruban bleu de France, un second 
corsage, façon amazone, manches pagodes. 

— Une robe de taiïetas chiné, f«jnd hlas, 
fleurs lilas (once ; jupe ornée de (rois volants 
découpés à lemporte^pièce, corsage décou^ 
vert, noanches Louis XIII, le tout garni de 
nœuds de rubans et de point d'Alençon* — 
Une robe de gros de iNaptes blanc, lajupe cou- 
verte de deux volants d'application d'angle- 
terre, corsage décolleté, manches courtes, le 
tout garni de nœuds et de denifUe ; un se- 
cond corsage amazone« manches pagodes 
garnies d'angleterre ; mantelet-écharpe en 





gros-de-Naples blanc, orné de galons et 
d'une angleterre haute de 15 centimètres, 
cousue, ti ès-froncée — Une robe de mous- 
seline blanche, la jupe garnie de volants 
brodés et festonnés, corsage en gerbe, 
manches pagodes, cordage et manches gar- 
nis de mousseline brodée et festonne; 
pour ceinture, un large ruban retom- 
bant en écharpe sur le côté de la jupe. 
— Une robe de grenadine, à dessins écos- 
sais rouge et noir, sur fond poussière ; le 
corsage moulant était fenué devant sous 
un ruban cousu froncé, rappelant les cou- 
leurs de la robe ; ce même ruban, au bas 
de la poitrine, formait deux nœuds, le der- 
nier terminé par deux boiUs un peu pen- 
dants; les manches pagodes garnies du 
même ruban froncé , c'était charmant. — 
Une robe de foulard à carreaux gris pous- 
sière, corsage à basquines. — Sur la 
table étaient, eu pièces, les robes qui ne 
seront faites que cet hiver : une riche 
étoffe de soie vei t anglais, recouverte de 
gracieux dessins blancs — une robe de ve- 
lours noir, et enfia une robe rose, sur la- 
quelle étaient brochés, en rose d'une teinte 
plus foncée, des kiosques, des Chinois, des 
Chinoises... Ce trousseau te représente no 
échantillon de toutes les étoffes qui sont 
bien portées ; mademoiselle Fauvet avait 
tout fourni, excepté les dentelles. 

Te décrire la gt âce des ornements des 
corsages et des manches, cela me serait 
impossible. J'ai remarqué que les coutu- 
res qui réunissent les lés des jupes et les 
bandes qui forment les volants n*avaient 
pas été repassées pour être aplaties ; |ea 
effet, cela leur eût ôié de la fraîcheur, de 
l'ampleur. 

t Heureuse fiancée I dis-je à Florence, 
comme nous descendions f our continuer 
notre promenade — Dieu seul le sait I me 
rép'jndit-elle av>c un soupir; il y a quelque 
fois plus de bonheur dans le cœur qui bat 
sous un simple corsage de percale blao- 
che ! — Enfin I tu m'accorderas au moins 
qu'elle peut être heureuse , car le bonheur 















^ 243 ^ 



n*«l |N» ici phitôt qie^H. -^ Tu dis vrai, 
Jemie, cela dépendra d'«U»;. . tt! oHe u'eat 
pM tpop exigeante.. .11 

Mmi «IMiaQes aons aaMiaîr a«x Champa*- 
Élj^slea. « Ne trowea-ttt pal « ne dit FIih 
raace, qfve neas perdons le f oit dea chose» 
siaipleft et richea, qne Bèaa reseeeeMona 
à des Zerbinettea î ~ J0 t'acconie Zerbi- 
nette; en effet, cette création de MoUài^ 
eat nétna de dinqi ant -^ «es cercles ^^r- 
méa de courts brins de paAIfo, enfiiéa daes 
un fil et fermant des ronds enlacés l'on 
dans l'antre qui, mêlés à des fleurs, retom- 
bent le long des joues, en dehors des cha- 
peaux ; ces voiles de toile de sole noire 
brodés en paille, ce jais noir qni brode ces 
chapeaux de soie, se mêle parmi les fleurs, 
les franges, les passementeries ; c*est pan- 
Hv.,. mais cela brilkl... GeS'Ctiiles seufs, 
en cachemires français aunqucla on a 
ajMité me bordure fmrmée de bandea d*m 
vieux cachemire rayé, coupé en travers, 
c'est pauvre... mais de mauvais goût. — 
Que veux-tu ? nous n'avons à Paris ni cour 
ni salon qui nous donnent des modes riches 




et diailngiiées, nos marchands en profitant 
poup nous rendre de la paille et des viea< 
cachemires... Ah I Jeanne 1 regarde ao- 
deasaa de nos tètes un baHon^ deux bal» 
Ions !. .. Je remarqua que les proaaneurs 
n^y praaaent même pas garde... — C'est 
que c'est tràs-commun des baUenaeai l'air ; 
ou noua en montra trois fois par aenaaine.. . 
Taui le monde peut y aller moyennant 
150 Dr. par personne... Gomne oeo mea» 
sieurs et ces damée n'y vont que pour leur 
plaisir. .. cela ne nous regarde pas. » 

Nous laissâmes les voitures roulant en- 
core vers le bois de Boulogne, et revînmes 
à la maison. Moi, tandis que Floftnee ac- 
corapngnait ma mère au safonr, je rentrai 
dans ma cfaan)bre, où je me retrouvai seule 
avec toi ; car je veux que nous causions de 
loin comme si nous étions bras-dessus, 
bras-dessous. Je veux qne tu saches mes 
actions, mes pensées de tous les jours... 
Sans cela, nous aimerions-nous? L'amitié, 
c'est la conCance... 

Adieu I toute à toi. 

J. J. 




CPHÉnERIDE0. 

20 JUILLET 1554. — NiLISSANCE DU ROI SÉBASTIEN. 



Sébastien, petit-ftls dis roi Emmanuel 
le Grand y et fils de Don Juan III, fut cou- 
ronné dès le b^eeav, et stm éducation fut 
confiée à aa graid'nière , Catlieriae d'Au- 
triche , k son onde le carfini^ Henri et 
au Père GonzaWe de Caméra. La religion 
dirigea ses passioiia hautaines et violeutes 
vers Q» bot âevé : il désira la gloire ; mais 
il ne cofrit pas qn'vne si généreuse pas- 
sion a denanéme besoin d'être modérée ; 
avec le cœur d'un kéros, il eut le sort 
d'un arcnlnrier, et rencontrant sur Tes 
champs de bataîDe nne mort prématurée , 
il hiÎMa son propre pays ^ans défense, 
exposé aux entreprises d'un dangereux 
voisin. 

Les grandes victoires que les Portu- 
gais avaient remportées dans les Indes, 



pendant l'enfance de Sébastien , avaient 
excité , développé en lui le goût et le désir 
de la guerre. H se résolut à porter ses 
armes en Afrique. Il consulta son précep- 
teur Gonzahe, demeuré son ami, et celui- 
ci le supplia d'attendre, de se marier et de 
ne hasarder sa vie que lorsque plusieurs 
enfants auraient assuré h succession au 
trône. Ces sagf s conseils restèrent inulSes ; 
le 2^ juin 1578, Don Sébastien s'embar- 
qua, suivi de la fleur de sa noUease; il 
ïïvra bataille aux Maures le & août anmnt, 
sur le champ d*Alcaçar, et fut, dit-on^ ané, 
ainsi que la plus graad^ partie de aca sol- 
dats. 

La couronne de Portugal édbait^ par la 
mort du jeune roi, à Don Henri, son oncle, 
cardinal et prince de relise romaine ; il 





«^51 








-îlîî!»- 



léait pea, A n mort, le duo d'&lbe te 
pridpiu, aa nom de ion va^tn, mr le 
fiible pays privé de mi rois légiiimet, et b 
coDTeatioB de Comar mit la coaronne de 
Poftngil sar la eête de Philippe II. 

La iDort da maUieareDX Sébanieii anit 
été eDïïroDDée de tant de circonstances 
mysIérieDses , que longieuips les peuples 
cnireat i son retoor , et l'épiupbe de sa 
sépnlinre, aa royal nioaaMtère de BeleiD, 
témoigne elle-mém'; decesdoDtespablics; 
on y lit ; Sous txtle piem repoK , n la 




dU vrai, !t roi 
QfM-lqoet-nns de ceoi qni atlendaieat 
retour vonlarent s'o|ipoBeT i b pri>« de 
pmsesnoB de Philippe . nuis il for«Dl dé- 
bits k b hataiUe d'Akaolara. Le nom dn 
roi Séfamien nooi est arriié enfirooné 
de mysttresqne le temps n'a pasécbircu, 
et il orne bien b bble d'nn dnii^e on d'an 
roman. 

Sébastien prol^ea (.énérensement le 
Camoéns , dont b lie fut vouée i b nu- 
Bère , lorvqn'il eot perdu son royal ami. 



Fnppez i b première porte renne et il 
en Bonira sans donte quelque misère i 
soulager ou k consoler, quelque mabdîe 
de rime ou du corp^ ï guérir, de l'Ame 
surtout Frappez! et dites hardiment : 
tt Qu'arez-TonsT qui vous bit sonlfrirT b 
Gustave DB0^l^E4t[. 



Sans l'écODiunie il n'y a point de i 



cbesses awx grandes : avec eQe il n'y en 
a pas de trop petites, 

Sènëqdb. 

Les aumOnes que Jésus-Chrisl lone, ce 
sont celles où l'un prend sur soi, car de 
telles aamOnes sont les seules qui méritent 
le nom de sacrifice. 

BCSSUET. 



RÉBUS. 



7^ 





Ptrii. — Tjfngtêfh'w <!• midana nnt* Daidef-Dupri, tus SiJDt-Laui 




— i 



Tllournnl hce ^emoxsdUs. 



.«...f,..,^ .!„ o:i,.f,.„. 






— 99» — 



COUP D'OEIL 



SUR 




L'HISTOIRE DE LA PEINTURE. 



ÉCOLES D'ITALIE. 



DEUXIÈME ARTICtB. 



Commencement de« écoles d'Italie. — Une manie d'antiquaire. — Cimabué. — Giotto. — Le 
Pérogin. -^ Raphaël. — Le siècle de Léon î. — Léonard de Vinci. — Eclat de Técole de 
Venise. — Le Titien. -* Paul Véronèse. — Le Tintoret. 



Il y a un fait remargable, une Térité 
qui domine dans l'histoire et qui ne sau- 
rait échapper à l'obser?adon, si l'on ap- 
porte dansl)étude des annales humaines 
un esprit quelque peu disposé à y chercher 
autre chose que des dates alignéeaavec une 
régularité plus on moins scrupuleuse, ou 
une sèche nomenclature de noms et d'é- 
vénements. Je Teax parier de la manifes- 
tation constante de celte loi supérieure 
qui assigne à chaque peuple sa tâche à 
remplir dans le travail universel imposé à 
l'humanité, travail dont Dieu seul sait le 
but et le terme, et que Bossuet définissait 
dans le mot célèbre que vous connaissez : 
« L'homme s'agite et Dieu le mène. » Les 
résultats visibles de ce travail sont certains 
progrès dans ce que la langue moderne 
appelle la civilisation. Ils profitent à l'hu- 
manité tout entière, mais il est remar* 
quable qu^une partie seulement de l'hu- 
manité les accomplit à son tour. Je touche 
ici à une vaste question dont le dévelop- 
pement demanderait des volumes si l'on 
voulait l'examiner dans tous ses points de 
vue ; mais ce n'est pas ici l'occasion d'une 
leçon d'histoire, et je ne veux que l'effleu- 
rer au point de vue d'un des puissants 
éléments de la civilisation, au point de vue 
de l'art, de sa marche, de ses chutes et 
de ses progrès. 

C'est en Orient, vers le berceau de la race 




DIX-NBUVlftMl ÀNNÉB, .4* S^RIE. — N<* VIII. 



humaine, que l'art s'est d'abord manifesté: 
les ruines de l'Assyrie portent encore ses 
signes ; après l'Assyrie ce fat l'Egypte qui 
eut la mission de le conserver et de l'é- ' 
tendre, dans le sens et dans la mesure de 
son génie ; elle a ses sphinx et ses pyra- 
mides qui datent de trois mille ans et qui 
verront encore passer bien des générations. 
En fait d'art, c'était sans doute tout ce 
qu'elle pouvait donner, elle n'y a rien 
ajouté. A chaque chose ici-bas son temps, 
à chaque peuple sa mission. 

A rÉgypte a succédé la Grèce dans le 
brillant monopole des œuvres du génie. 
Elle a nourri Homère, Euripide, Sophocle, 
Phidias, Apelles, Zeuxis, Parrhasius et 
construit le Parthénon, puis les Romains 
sont venus fouler brutalement ce sol poé- 
tique, ils ont joué aux dés sur les tableaux 
d'ApeUes, exercé leur adresse contre les 
statues de Phidias, et trouvant que ces 
chefs-d'œuvre figureraient brillamment 
dans un triomphe, ils les ont, les grossiers 
soldats , emportés pêle-mêle parmi leurs 
bagages, sans se douter qu'ils venaient de 
tuer le génie d'une grande nation, et qu'ils 
emportaient en Italie une étincelle divine, 
qui devait plus tard devenir au sein de la 
ville conquérante fondée par le sauvage 
Romulus, un foyer dont l'éclat éblouirait 
le monde. 

Mais cette grande lumière devait, avan 







^)!*<^ 





de resplendir, vaciller sons le souffle de 
bien des orages. Elle faillit d'abord s'étein- 
dre à cause de Tindifférence des Roœains, 
qui estimaient avant tout le talent de la 
parole, nécessairement en première ligne 
chez une nation qui passait le temps à 
conquérir le monde et à s*agîter sur la 
place ptibliqne, au pied d'une tribune. 
L'art oratoire y était à son apogée quand 
la peinture se voyait abandonnée aux mains 
de quelques esclaves Grecs, ou cultivée 
seulement par un petk nombre d'hommes 
épris des charmes d'une vie paisible. Après 
le poëte dramatique Pacuvius, qui décora 
le temple d'Hercule ; après Herpilius, le che- 
valier, qui peignait de la main gauche; après 
Arélius, nommé négligemment par Pline; 
après JUarcus Ludius, contemporain d'Au- 
guste, on cite encore A mutins^ l'ami de 
Néron, Autistius, Lubeo et Cornélius Si- 
nus, et la liste s'arrête. C'est à Byzance, 
auprès de Constantin, que la peinture 
fleurit encore un instant p;/ur être bientôt 
étouffée en apparence par les Invasions 
barbares. 

Heureusement l'art clirélien commen- 
çait à poindre dans les églises souterraines, 
où les mains pieuses des persécutés es- 
sayaient de peindre les principaux sujets 
des Saintes Écritures. Ces essais naïfs et 
tout imparfaits se perfectionnèrent quand 
ils purent se produire au grand jour, et ce 
génie nouveau avait déj ^ inspiré de grands et 
beaux ouvrages, lorsque parut , au sixième 
siècle , la secte fameuse des iconoclastes 
ou briseurs d'images. Dans leur impatience 
d^anéantir tout ce qui pouvait rappeler le 
paganisme et servir encore à ses profanes 
cérémonies, les iconoclastes portèrent la 
torche et le marteau partout où se trouvait 
un tableau ou une statue, confondant dans 
leur zèle aveugle les beaux marhi es venus 
d*Athèoes et de Corinthe, avec K^s saintes 
images taillées dans les catacombes, Jupi- 
ter avec Jésus-Christ, Vénus et Minerve 
avec la Vierge, Mercure avec saint Jean. 
— EnDUt après les iconoclastes, les Goths, 




ayant à leur tdte le sauvage Totila, se 
ruèrent sur Rome^ et quand ils l'eurent 
pillée à cœur joie, ils y déchaînèrent l'in- 
cendie. Qui peut dire combien de mer- 
veiUes périrent en cea jours d'effroyables 
saturnales? En dépit des iconoclastes, Rome 
était encore encombrée de chefs-d'œuvre. 
J'ai eu pour voisin an vieil antiquaire, 
légèrement atteint de folie depuis la perte 
d'un anneau ayant appartenu à la femme 
de Socrate^ et qui lui fut dérobé il y a 
qeinze ans» par «n «atre savant. IMoa voi- 
sin n'était pmi qn fou daa^renx ; il ap- 
partenait à la catégorie de ces e^iMÎts 
timbrés qu'on appelle maniaques, et sa 
manie consistait à croire qu*il avait vu 
l'incendie de Rome aUumé par les Gotbs. 
Il m'a raconté plus d'une fbis cett» grande 
catastrophe au milieu de laquelle il n'avait 
dû h vie, disait-il, qu'à la protection d*un 
petit Jupiter sauveur, qui se trouva sous 
sa main. J*ai vu le Jupiter sauveur; il est 
en bronze et haut de quatre ponces. Mon 
voisin qui est mort, béhis! comme un vrai 
païen du temps de Périclès, en interpel- 
lant Piuton dans le grec le plus pur, mon 
voisin, dis-je, était un de ces hommes dans 
lesquels la science paraît incamée. L'a»- 
tiquité n'avait pour lui aucun mystère, il 
se promenait en imaginaion à Rome et 
à Athènes aussi bien qu'à Corinthe, à 
Memphis et à Paimyre, comme vous pour- 
riez le faire dans votre jardin ; il nommait 
les rues, les places, les carrefours, les mont»* 
ments;tonsccssouveDirsd'une vie consacrée 
à explorer les ruines du passé venaient st 
confondre dans son rêve favori, et il racon- 
tait comme un poète qu'il devenait alors, 
versant de vraies larmes sur la chute lamen* 
table de la grande maltresse du monde, et 
interpellant Totila sur le ton véhément de 
l'ode. Plus d'une fois, nous qui nous faisions 
un divertissement cruel de son innoeente 
manie, rangés en cercle autour de son foyer 
modeste, dans la petite chambre qu'il oc- 
cupait près de nous, sous les toits, plus 
d'une fois, dis-je, il nou:» arriva de céder 






îa*" 








€>!^ 




^ 




.^^ 




— ««7 *- 



à l'iHnsion, et 4\ip tc^ioir à Mv«rs l'é* 
parisse famée tle sa \Afè illemakide cette 
Rome teaginaire / dMt il ooas tmm* 
trait da A>tgt l«s déMmbH». La «oirée 
termîaée, c*e8it-k dire Aome almiidonnée 
par les barbares, «bacim retotN^âait à ses 
étedes, ceiai-ci ânx iDâtkaies'et ati Gode 
civil, celai-Jà à GaMien et à ff9ppfo<A>ate, et 
personne ne riait ploa qne dtscrètcttent, 
domme on sourit qnelqocffeis ^ l'emhoQ- 
ftiasme é*Bn vrai ^poéie. -^Excepté ^inq 
on six qwe tktms édons parmi les tiiai)ifiBâts 
de cène rnclie'd*étudiatfts où mon toisin 
était venu abriter m tdte savante, personntt 
nVtt soupçonné q«e 'ce tieillarrd qoi s'en 
aHalt chaque m^trn.nne botte de fer-^Uanc 
à la main, adieterà la laitière in coin de 
la me son frngal déjeuner, était un Ro- 
main du sixième siècle, échappé à la bru- 
talité de Totila. 

An Ireu de raconler cette anKpedota, je 
ferais mieux de décrire ce qu*^ft Roaoe 
avant l'invasion des Goths, et je le ferais 
vraiment si j'en savais quelque chose, mais 
je coofesse que je n'en sais rien, sinon 
qu'elle était encore, malgré les détourne* 
ments accomplis en fliTeur de Constanti- 
nople, le dépôt dos phis admirables mer- 
veilles de l'art grec. 

Depuis cette époque jusqu'au treitième 
siècle, c'est au fond des coaTents qu'il 
faudrait aller chercher ks tfoms des pein^ 
très, s'il est possible d'appeler ainsi les 
religieux, dont tout l'art consistait è en-^ 
hsminer des manuscrits; le temps n*a 
fait grâce qu'à un bien petit nombre de 
ces pieux essais dans lesquels les flgores 
sont ordinairement représentées droites, 
les jambes raides, les preds sur la même 
ligne et 1( s bras collés le long du corps. ^--^ 
Yers le domième siède seulement, des 
religieux de Bologne , instruits pnr les 
Grecs mosaïstes, commencèrent à peindre 
des images de la Vierge, suivant un tfp^ 
de convention, plus rapproché de la nature; 
dans les peintures à la détrempe et à l'oraf, 
qui datent du commencement du douzième 





rîècle,on aperçoit déjè, indépendamment 
de la délicatesse du travail qui fait leur 
principal mérite, nn pressentiment de 
î'etpression, et une certaine recherche 
dttns l'arrangement de la composition. 

Yoilà où en était la peinture à Bologne, 
à Sienne, à Florence et à Pise, lorsqu^an 
milieu de ce siècle naqnit Gimabué, qu'on 
peut considérer comme te messie de h 
peinture en Italie. Le principal mérite de 
Gfdiabuéy après celui d'aToir indiqué les 
voies iDÙ devait marcher l'art moderne, 
c'est d'avoir découvert et formé Giotto. 
— Gimabué , dit Vasari , rencontra un 
berger qni, tout en gardant son trou- 
peau, s'amusait à dessiner une brebis sur 
le sable. Il conçut aussitôt h projet d*ett 
faire du peintre et l'emmena à Florence, 
où Giotto faillit devenir fou à la vue des 
ouvrages de son maître et des honnemii 
que lui valait son talent. Quelque temps 
après, Gimabué, qui l'avait laissé seul dans 
son atelier, le retrouva tout en larmes de- 
vant un de ses tableaux, et tel'ement ab- 
sorbé par ^a contemplation qu'il ne s'a- 
perçnt pas de l'arrivée de son maître. 
*- Gimabué , surpris de son immo- 
bilité, s'approcha de lui, et lui frappant 
sur l'èpanle : » Eh bien, Giotto, lui dit-il, 
voilà que tu pleures I est-ce que tu souf- 
fres auprès de moi, et regrettes-tu ton 
troupeau de chèvres? 

*— Non, répondit Giotto, mais je songe 
que je ferais bien peut-être de retourner à 
mon métier. Gomment pourral-je faire de 
si belles choses, et combien de temps me 
faudra-t*il sew'em<rfit pour en approcher? » 

Telle était h r: «sedu chagrin de Giotto. 
Gimabué le consola de son mieux, sans se 
douter qu'il nourrissait sous ^on toit celni 
qui, suivant l'expression do Dante, devait 
lui ravir le sceptre de la peinture. 

fin effet, Gimabué, tout en s*éloignant 
d'un pas des traditions de l'art bysantin, 
avait néanmoins conservé la plupart des 
types consacrés. Ge fut Giotto qui assura 
définitivement le triomphe du schisme, en 




j^^T<^^, 






^^^^ 



rv^y-» 





— 998 — 



sabstilaant à des principes d^éaérés ceux 
que loi dictaient son goût original et le 
sentiment de la beanté naturelle. 

Giotto parcourut toute l'Italie comme 
un apôtre, il alla même jusqu'à Avignon, 
hissant partout des modèles et des élèves. 
Il avait formé Técole de Florence ; après 
sa mortj deux peintres qui rayaient suivi 
dans ses pérégrinations, vinrent fonder 
celle de Bologne. C'étaient Pace Ottaviano 
de Faenza et Guguilmo de Forli. Après eux 
il faut citer en première ligne Lorenzo et 
Vitale. On ne peut prononcer le nom de 
ce deniier sans parler d'une singlarité 
qui donne une idée du caractère profon- 
dément religieux de la peinture au qua- 
torzième siècle. 

Yitale et Lorenzo étaient liés d'une 
étroite amitié. Renommés pour leur ha- 
bileté, ils étaient appelés dans les couvents 
et dans les cathédrales pour couvrir de 
leurs fresques les murs des chapelles, et 
la besogne se partageait fraternellement 
entre eux comme le profit — Cependant 
la piété de Vitale allait si loin, et son res- 
pect pour Jésus lui faisait de tels scru- 
pules, qu'il laissait toujours à Lorenzo h 
tâche la plus pénible, de peindre le Christ 
en croix, disant qu'il n'en avait pas le 
courage, parce que « c'était bien assez 
que les juifs l'eussent crucifié une fois, et 
que les mauvais chrétiens renouvelassent 
tous les jours pour lui ce cruel supplice. » 

Tels furent les commencements de l'é- 
colede Bologne, tels furent à peu près ceux 
des écoles de Florence et de Sienne, en un 
mot de toutesles écoles italiennes qui prirent 
naissance sous l'inspiration de l'idée chré- 
tienne. Elles restèrent stationnahres jus- 
qu'au moment où l'influence du Pérugîn, 
puis celle de Raphaèl, succédèrent en Italie 
aux traditions laissées par Giotto. 

J'ai prononcé le nom de Raphaèl et il 
me coûte beaucoup de ne pouvoir m'étendre 
longuement sur cet inépuisable sujet d'ad- 
miration. En arrivant à Raphaèl je me 
trouve de plain ^ ied au milieu du siècle 




de Léon X, et il me coûte encore beau- 
coup de passer rapidement sur tontes les 
gloires dont l'éclat rejaillit comme un 
hommage mérité sur le grand pape. Mais 
il m'est interdit par le titre de ces arti- 
cles de franchir les limites d'un abrégé. 
-— N'ai-je point eu l'audace d'intituler ce 
travail : Coup d'œil sur l'histoire de la 
peinture? Concevez- vous qu'on offense 
d'un simple coup d'œil Raphaèl, I^nard 
de Vinci, les Carrache, le Dominiquin, 
Michel-Ange, ces grands hommes, ces 
géants qu'il faut regarder d'en bas 1 Qu'on 
me pardonne cet orgueil et qu'on veuille 
bien considérer ce coup d'oeil impertinent 
comme un simple recueil de renseigne- 
ments, peut-être utiles à celles de nos lec- 
trices qui voudraient, ce que je leur con- 
seille bien, approfondir davantage ce que 
je ne fais ici qu'indiquer. On a beau-* 
coup écrit sur les inmienses génies appe* 
lés Raphaël, le Titien, Léonard de Vinci, 
Michel- Ange; mais il manque un livre que 
je ferais si je savais tailler ma plume assez 
délicatement, un livre dont l'auteur, et il 
faudrait que cet auteur fût un poêie, s'ap- 
pliquât à montrer comment au milieu de 
l'enivrement de la gloire, comment brûlé 
par d'implacables passions, Raphaël a su 
imprimer à ses œuvres la marque d'une 
nature presque angélique, comment noyé 
dans les voluptés qui hâtèrent la fin de sa 
vie, nul mieux que Ini n'a exprimé la pu- 
reté du sentiment, la pureté de l'amour 
divin, la pureté de la femme, l'idéale in- 
nocence de la beauté. Il n'y a pas de vier- 
ges plus sans tache, plus divines, plus mère 
de Dieu que les vierges de Raphaèl ; il n'y 
a pas de Christ plus Dieu que son Christ. 
C'est par cette puissance sentimentale, si je 
puis ainsi m'exprimer, qu'il domine de si 
haut tout ce grand siècle artistique qui 
porte le nom de Léon X, et qu'il est en- 
core aujourd'hui Raphaël Sanzio la divin, 
Raphaël était né le vendredi saint de l'an- 
née 1483, à UrbiBO, petite ville pitto«* 
resque située entre Pezaro et Pérouse; on 
















— 289 — 




eût dit qu'il ayait ce jour-là entreva par 
nn coin soulevé du voile de Jérusalem les 
radieuses images dont il a peuplé le Va- 
tican. 

Raphaël^ c'est toute l'école romaine 
dans laquelle son plus briUant successeur 
fut son élève Jules Romain; il en avait 
fait pendant sa vie la première école de 
l'Italie; mais après sa mort» ni Jules Ro- 
main ni aucun de ses élèves ne surent la 
maintenir à cette hauteur, et elle était en 
pleine décadence lorsque celles de Flo- 
rence palpitaient encore bien vivement du 
gém'e de filichel-Ange et de Léonard de 
Vinci. 

£n tournant les pages de ce livre d'or 
de l'art, je passe rapidement sur des exis- 
tences toutes empreintes d'un caractère 
original qui teqte la plume du biographe. 
Celle de Léonard de Vinci est une des plus 
remarquables, parce qu'elle offre le rare 
exemple d'un homme que la nature sem- 
blait avoir doué de toutes les aptitudes. 
Léonard de Vinci a été à la fois le premier 
peintre, le premier architecte, le premier 
ingénieur de son temps. Il n'est pas une 
science qui n'ait été familière à cet esprit 
universel, et s'il fatft en croire les annales 
du grand œuvre, il alla bien avant dans celle 
de l'alcbimie, dont il est regardé par quel- 
ques écrivains spéciaux, comme un des 
maîtres. Tout était supérieur en lui, tout 
frappait d'étonnement, jusqu'à son adresse 
dans les exercices du corps et à sa force 
prodigieuse dont ses contemporains ci- 
tent des exemples dignes de Milon de 
Grotone. Ainsi il lui arriva, dans un 
mouvement d'impatience, de tordre entre 
ses mains une barre de fer épaisse de trois 
lignes. Il arrêta un jour par la queue un 
cheval lancé au galq), sur lequel s'enfuyait 
nn homme qui venait de l'insulter. Sa vie 
né pouvait finir d'une manière commune; 
tout le monde sait qu'étant venu en France 
où l'appelait François T', il devint l'ami 
intime du roi, et mourut entre ses bras 
au château d'Amboise, au mois de mai de 



ty(?<^ 



l'année 1519. — Un des motifs qui avaient 
déterminé Léonard de Vinci à se rendre 
à l'appel de François I'', était le chagrin 
de voir sa renommée éclipsée par celle de 
Michel-Ange, qui avait sur lui l'avantage 
que donne la jeunesse. Il y avait longtemps 
qu'on admirait Léonard de Vinci, et quand 
les Florentins virent s'élever ce jeune 
talent, remarquable par une énergie qui 
n'était point la qualité dominante de son 
rival, ils lui accordèrent la palme qui était 
restée si longiemps aux mains de Léonard. 
L'arrêt n'était pas juste, il ne fallait pas 
plus retirer la palme à Léonard de Vinci 
pour la donner à Michel-Ange, que la par- 
tager entre eux. Il fallait leur faire à cha- 
cun son triomphe. Léonard de Vinci alla 
chercher le sien entre les bras de Fran- 
çois !*'• Disons en passant qu'une des 
principales gloires de la France est d'avoir 
offert un asile à tons les génies blessés, ^ 
toutes les gloires insultées ou méconnues. 
— Le nom de François I*' réveille encore 
le souvenir de Tiziano Vicelli, ou le Ti- 
tien, qui est toute la gloire de l'école vé- 
nitienne, et auquel l'empereur Charles- 
Quint fit un jour l'honneur de ramasser 
son pinceau. Quel que fût le mérite du 
peintre, ce n'était après tout qu'un pein- 
tre, et les gentilshommes qui entouraient 
l'empereur ne purent s'empêcher de ma- 
nifester un profond étonnement d'un pa- 
reil oubli de l'étiquette. Charles-Quint 
ayant appris qu'ils en murmuraient dans 
son antichambre, voulut profiter de l'oc- 
casion pour leur donner une leçon sé- 
rieuse. Il fit asseoir le Titien à sa droite et 
reçut ainsi ses courtisans. Tous en passant 
devant le peintre affectaient de ne pas le 
remarquer, alors l'empereur les obligea à 
se découvrir pour lui, en leur adressant 
cette dure semonce : « M'oubliez pas, mes- 
sieurs mes gentilshommes , que je puis 
faire à volonté des douzaines de comtes et 
de ducs comme vous; mais il n'y a que 
Dieu qui puisse créer un peintre comme 
le Titien, i» 






s^tQ 












— 250 — 

Et Titien était drgne de l'honneur qne 
tni faisait Chaties-Quint. De même qae 
Raphaël représente loi s^'ul presque tontes 
b gloire de l'école romaine, le Titien ré- 
snmait en lui toutes les brillantes qua- 
lités qui font celles de l'école vénitienne. 
Nul n'a porté plus haut que lui la magiie 
du coloris. Sa palette était, sHon IVxpres- 
fiton à pdne exagérée d'un biographe ita- 
Ben, tine casi-ade de lumière; nul, non 
pins, n'a exprimé mieux qne lui lemonve- 
ment dn sang sons la chair et le frémisse- 
ment dé la TÎe. Il eut pour surxesseurs 
Paul Véronèse et le Tintorit. 

Panl Véronèse était le peintre des gran- 
des compositions. Il ne se trouvait à l'aise 
qn^en fece d'une toile gigantesque ou dhin 
mur de cathédrale. Aussi e^t-ce par la 
grande peinture qu'il domii^a les mahres 
de son temps. Le .tableau des Noces de 
Cana que pos^ède le musée du Louvre, 
«t l'un de ses plus magnifiques ouvrages, 
donne une large idée de l'opulence de son 
géDie merveilleux, auquel il ne fallait 
qu'un mois pour produire une telle œuvre. 

D'une hauteur de plus de vingt pieds sur 
vingt-huit de large, le tableau des Noces 
de Cana ne comprend pas moins de cent 
trente fîgun s parmi lesquelles il a intro- 
duit les portraits des principaux person- 
nages de son temps, f l s'y est rrpiéscniS 
Ini-même avec les plus habiles peintres de 
Venise, au milieu d'un groupe de musi- 
ciens qui occupe le prenier plan. Il joue 
du violoncelle; derrière lui, le Tinloret et 
le Titien l'accompagnent sur la basNe. Par 
une étrange fantaisie, qui soulèverait de 
nos jours de justes réclamations de la part 
de la critique, tous c<*s personnages sont 
vêtus k la mode vénitienne du seizième 
siècle. Il est incontestable que Paul Véro- 
nèse a c >mmis i desselu cet anachronisme, 
pour avoir l'occasion de dépenser avec 
prodigalité au milieu de ce spleudide fouil- 
lis d'étuffes de soie et de velours, les ri- 
chesses de sa fiaiette magique. 

Chargé d'immenses travaux par le sénat 




de Venise, Panl Véronèse avait acquis 
comme le Titien une fortune considé* 
raMe, et rivalisait de luxe avec les plus 
opulents seigneurs de la République; il 
donnait des fêtes somptueuses et des fes- 
tins auprès desquels pftlisMrient même les 
Noces 4e Cann. nais tout en donnant 
à son goût pomr le Inxe une si large satis- 
faction, il faut dire ^encore qu'il était en 
mène temps la Providence des pauvres ar- 
tistes. Plus d'une fois il vint généreuse- 
ment au secours du Trntorct 'son rival 

FUs d'un teimorier, le Tintoret avait 
été tongtemps forcé de lutter avec la mi- 
sère, il avait conservé de ces temps diffi- 
ciles une sorte de misanthropie qui l'em- 
pêchait d'aller au-devant des hautes pro- 
tections. Il arrivait résolu à se faire jour 
par ses propres foroes à travers la foule 
des peintres qui occupaient Faitention du 
public, et travailla longtemps dans la soli- 
tude, grandissant à Ttdsu de ses émules, 
et acquérant à force de travail une prodi- 
gieuse facilité. On pourrait dilTicilement 
faire Téunniération des tableaux qu'il pei- 
gnit dans sa jeunesse. Mais voici un trait 
qui pronve en même temps que cette faci- 
lité la tournure bizarre de son caractère. 

Il arriva que les religieux de Saint- 
Roch voulant faire décorer de peintures le 
cloître de leur couvent, ouvrirent un con- 
cours entre les peintres de Venise. Sans 
confier son dessein k pprKmne, le Tintoret 
se procure la mesure de l'espace ^ remplir, 
et en quelques semaines il exécute un im- 
mense tableau représeniant saint Roch 
reçu par le Père Éternel, et entouré d'an- 
ges. Son œuvre terminée il sMuit quel- 
ques religieux, et parvimi à la foire mettre 
en place. Cependant les autres peintres en 
étaient encore à Tébaudie de leurs com- 
positions. Le jour du eoncuors arrive, et 
Paul Véronèse, le Schiavone, Salviad, 
Zuccharo, présentent leurs caquisses» 
« Mais ne vois-je pas Ici le TintoreiT dit 
un des religieux, n'a-i-il pas aussi pris 
place parmi les concurrentsT » — Le Titt- 












— sai — 



toret était, en effet, assis dans un coin de 
h salle ; à l'appel de sen nom il se leva, 
et comme il était paoTrement vétn. Tas- 
sistance se mit à rire. L*hilanté redout la 
quand on le vit se diriger da c6té de la 
porte comme nn homme qui Tent se déro- 
ber à une attention importune. Mais la 
scène ne tarda pas li prendre une antre 
physionomie. — Au lieu de sortir, le Tin- 
toret alla soulever la tapisserie qui C4iuvrait 
le mur du cloître et son o'uvre apparut 

Les peintres qui s'étaient moqués de 
lui n'eurent pas plus tôt vu cette adïiûrable 
production qu'ils demeurèrent stupéfaits, 




dit un biographe, et remportèrent leur»^ 
dessins en s'avouant vaincu& 

C'est à dater de ce moment que Paul^ 
Yéronèse et le Tintoret devinrent amis.. 
Loin d>n vouloir à son heureux rival, 
Paul Yéronèse lui ouvrit ra bourse, pour 
le mettre à même de se livrer à de grands- 
travaux, et sa générosité ne se démentit 
jamais. Telle n'avak pas été la conduite 
du Titien, son premier maître, qui, son» 
un prétexte frivole, mais en réalité par 
jalousie, l'avait congédié de son école. 

J. DE CHATiLLON. 



LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE^ 



IL CAYÂLLO ED IL CAYALIERE. 

FAVOLA. 

Dovcndo un cavalière andar in hmtaM dttA, 
fere lelUre il hio palafreoo, e montuio fopn» 
forte iproooro; licchè d'aperta irollo andé 
moite miglia. Ma stucra )a bestia del freno, li 
volse al padrouf, e disse : « Egli mi pare che 
voi abbiate, sigoore, gran fretta. Ob! perché 
•tringermi ad abboecar questo ferro?' vl con- 
durrei piû leggîpro che vento, se lasciate die 
sciullo a mia posta corressi Credeite il pazzo 
cavalière, ê sfrenolto. Meschino a lui! prese dt 
galoppo a volare lo sfreaato cavallo, uè ravvî- 
sando un larg^issimo fossa laccio balz6 di sella 
il signore, e dentro vi rovinarono entrambi. 

Chi abbisogna d'e9«er diretto, fa gran smno 
•oggetiando se st^so al govareo d'alirui. La 
gioveiitù soprattutto deve tener questo saggio 
consiglio : puicbè senza freoo vivendo, trabocca 
facilipente in precipisi ron dolore di se, e dl 
qaelli pure cbe superiori le lono. 

GivsBppB MAifzoni. 



LE CHEYAL ET LE CÂYALIER. 

PABLI. 

Obligé de partir pour une ville éloignée, ud 
cavalier Gt seller son cbe fal et, monté dessus, 
il réperonna forteroeni; si bien qu'il parcourut 
d'un trot rapide plusieurs milles. Mais l'ani- 
mal, révolté du frein, se tourne vers son maître 
et lui dit : « Il me parait, seigneur, que vous 
avez grande bâte. Oh! pourquoi ce fer 
m'étreintil la bouche? Je V'»u8 conduirais 
plus vite que le vent si, dégagé, vous me 
laissiez courir à ma guise, p L'imprudent 
cavalier le croit, et le dt*bride. Malheur A luit 
Le cberal effréné part comme un trait. Le maî- 
tre, surpris, ne peut éviter un large fossé ; il est 
désarçonné, et tous deux ils font la culbute. 

Celui qui a besoin d*ètre dirigé fait bien de 
se laisser gouverner par autrui. La jeunesse 
surtout doit retenir ce n^e con^eiL puisqu'on 
vivant sans frein on trébuche facilempot dans 
des précipices, avec douleur pour soi autant 
que pour ceux qui sont nos supérieurs. 

M"» Van Te:! ac. 





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^ S52 ^ 



UNE REPRESENTATION A SAINT-CYR. 




PROVERBE. 




PERSONNAGES. 

M"» DE Maintenon. 

M"« Dakgbau. 

Marguerite de Servan,\ , 

RENfe d'Ambocze, f ^demoiselles de Sainl- 

Annb de Presles, ( ^y""» ^"*°^® ■ »«"« 

Isabelle d'Avexay, y *°'* 

Constance de Pons, ) 

Charlotte de Septeuil, ] ^^•'^'^« «»«• 

Nicole, servante, quinze ans. 

Plusieurs Élèves, Personnages muets. 

Les demoiselles de Saint -Cyr portaient une 
robe et un tablier bruns — un petit bonnet de 
linon ou de batiste — un bouillon de mousse- 
line autour du cou — le tablier bordé d*un 
ruban de la même couleur que les nœuds du 
bonnet — ceinture pareille. — Les rubans 
des plus grandes demoiselles sont bleus, ceux 
de Constance cl de Charlotte sont ;aunef. Les 
rubans désignaient les classes. 

ACTE PREMIER. 

La scène représente^ un parloir intérieur de 
Saint'Cyr, très-simplement meublé ^ sur la 
cheminée un portrait de Louis IlV-^une 
table ronde recouverte d*un lapis — des chai- 
ses — un fauteuil, 

SCENE PREiméRE. 

MARGUERITE, RENÉE, CHARLOTTE. 

CHARLOTTE, atec joie. Mon Dieu! Mar- 
guerite, que vous devez être contente I 

MARGUERITE, ossisô à l'écart auprès 
d'une table et tenant un livre. Et pour- 
quoi ? vous savez que je ne suis pas d'hu- 
meur très-enjouée. 

CBARLOTTE, Les autres jours, cela se 
conçoit , mais aujourd'hui ! jouer le rôle 
d'Esther I dire les vers de monsieur Racine, 




devant le roi, devant Madame, devant toute 
la cour.. . quel bonheur 1 

MARGUERITE. C'cst vraî. . je n'y pensais 
plus. 

RENÉE, avec ironie. Mademoiselle de 
Servan avait oublié qu'elle paraissait ce 
soir devant le roi ?.. . C'est faire peu d'hon- 
neur à Sa Majesté I 

MARGUERITE. N'interprétez pas ainsi 
mes paroles, mademoiselle; j'apprécie 
l'honneurqui m'est échu. .. mais en ce mo- 
ment... mes pensées se portaient ailleurs... 

CHARLOTTE, avec ifUérét.Yous soiittrezl 
chère amie, auriez -vous reçu quelque 
fâcheuse nouvelle ? 

{ Marguerite soupire en regardant une 
lettre déployée dans son livre,) 

RENÉE, é^un air piqué. Je croîs qu'avant 
peu d'heures les applaudissements du roi 
et de la cour auront eu le pouvoir d'effacer 
les fastueux chagrins de mademoiëelle de 
Servan ! 

CHARLOTTE, avec onction. Dieu le fasse ! 
( Étourdirmnt. ) Pour moi, je l'avoue , 
depuis quinze jours je ne pense qu'à une 
seule chose... au costume de Zarès et à 
la manière dont je devrai entrer en scène. 
Qui pourrait me dire quelle était l'étiquette 
chez les filles des Persans ? Comment 
faisait-on la révérence?... Monsieur Ra- 
cine ne m'en a rien dit; il m'enseigne seu- 
lement à parler français. .. Voyons si je me 
souviens de ses leçons: 

C'est donc ici d'Esther le superbe jardin ; 
Et ce salon pompeux est le lieu du festin ! 
Mais tandis que la porte en est encor fermée. 
Écoutez les conseils d'une épouse alarmée... 

( Avec impatience. ) Mais, vous ne m'écou- 








— 1183 — 





tez ni l'une ni l'autre ! Marguerite réfe?... 
et TOUS, Renée. . . 

BENÊEt cTun ton piqué. Moi! je suis 
très-mauvais juge en pareille matière. Ai- 
je été consultée ! ai-je assisté aux leçons 
de monsieur Racine, à celles que Madame 

TOUS a données? Je ne sais rien 

absolument rien.... 

CHARLOTTE, atec molice. Cependant, on 
prétend que par précaution, yous a?icz 
appris tout le rôle d*E8theî\ afin de n'être 
pas prise sans vert, si le choix tombait iur 
vous. 

BENÉE, rotujismnL Voilà bien la plus 
sotte histoire... 

scÉmB II. 

ANNE DE PRESLES, ISABELLE D'A- 
VENAY , CONSTANCE DE PONS , 
plusieurs Jeunes Élèves. 

ANNE. Mesdemoiselles, ne voudriez- 
vous pas répéter encore une fois, entre 
nous, les dernières scènes du premier 
acte? 

BENÊR. Pourquoi cela? N'avez-vous pas 
eu assez de répétitions, devant Madame , 
devant M"* de Briccou? Vous devez être 
sûres de vous-mêmes! 

CHARLOTTE. On voit bien que vous ne 
jouez pas I 

ISABELLE. Allons ! en place. Mais où est 
donc mademoiselle Marguerite , Esther 
enfia?* 

BENÊE. Elle goûte le plaisir de se faire 
oublier^ ou plutôt de se faire chercher. 

MARGUERITE. Me voici ! Mesdemoiselles, 
pardonnez-moi ma distraction... 

CONSTANCE. Commençons. 

MARGUERITE. 

Quai profane en ce lieu s'ose avancer vers nous? 
Que vois-je? Mardochée! d mon père! est-ce vous? 
Un ange du Seigneur, lous son aile sacrée, 
A donc conduit vos pas, et caché votre entrée ? 
Mais d'où vient cet air sombre, etcecilice affreui. 
Et celle cendre enOn qui couvre vos cheveuif... 
Que nous annoncez- vous? 




ANNE , à part et passant la main sur 
sa robe et sur ses cheveux. Un dlice? de 
la cendre?... pas encore!... (Haut.) 

reine infortunée! 
Od'un peuple innocent barbare destinée! 
Lisez, lisez Tarrét dëtesUble, cruel... 
Nous sommes tous perdus !.. .et c'es t fait d'Israël I 

RENÉE. Quelle monotonie ! quel r(m rem 
de pensionnaire! Annonce- t-on un mal- 
heur du ton qu'a madame de Glapion 
lorsqu'elle lit au réfectoire? 

MARGUiRiTE. Nous tâcherons de mieux 
faire. 

Juste ciel I toutmon sang dans mes veines se glace! 
Allons, Mardochée l 

ANNE. 

On doit de tous les Juifs eitcrminer la race. 
Au sanguinaire Aman nous sommes tous livrés ; 
Les glaives, les couteaux sont déjà préparés ; 
Tonte la nation à la fois est proscrite : 
Aman, l'Impie Aman... 

{Elle hésite.) 

CONSTANCE. Eh bien! Mardochée? 

ANNE. 
L'impie Aman, race, race de... de Médianiie. 

CHARLOTTE. D*Àmalécite I Vous n'avez 
pas l'oreille poétique, Mardochée! 

ANIW. 

L'impie Aman, race d'Amalécite, 
A, pour ce coup.funeste, armé tout son crédit. 
Et le roi trop crédule, a signé cet édii. 
Prévenu contre nous par œtte bouche impure, 
II nous croit en horreur i toute la nature : 
Ses ordres sont donnés; et, dans tous ses États, 
Le jour fatal ei t pris pour tant d'assassinats. 
Cieux, éclairerez-vous cet horrible carnage ! 

ISABELLE. Que de gestes! ma s<Bur 
Anne! Croyez-vous que Mardochée ^ si 
grave et si vieux^ s'agitât en tous sens, 
même en décrivant cet horrible carnage ? 

ANNE. Dame! je ne sais trop Je ne 

me figure pas MardocJiée autrement que je 
le fais... 

ISABELLE. Voulez-vous avoir un modèle 
1 de bonne déclamaiion 7 Priez notre chère 




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JEstkmr 4e nm» réciter sa prière. Le voa- 
Jes-vons, ma cb^e am îe 

IIAUGOBBITE* VoloDtîerB ! d'auMst phis 
>que vos bons confu^ils pourront m'éda^rer. 

ISABELLE. Silence I jeunt» israélitegl 
CbatI ÉUsel AUentionl MardochéeL.. 
allons, nia cLère Esêher^ 
tout oreilles. 

MARGUERITE. 



mon floavernin roi, 
Me voici donc tremblaDte et seule devant toi f 
Mon père mille fois m'a dit, dans mon enfance» 
Qu'avec nous tu jm'as nne sainte alliance, 
Quand, pour te faire un peuple agréable à tes 

[jew, 
n plut à ton amour de choisir nos aïeux; 
Même, tu leur promis de la bouche aacrée» 
Une postérité d'éternelle durée... 
Hélas! ce peuple ingrat a méprisé ta loi; 
La nation chérie a violé aa foi ; 
Elle a répudié son époux et son père, 
Pour rendre à d'autres dieux un^onncur adnl- 

[tère: 
Maintenant, elle sert sous un mattre étranger; 
Maia c'est peii4*être esclave... on la veut égor- 

[ger... 

{Elle se tait, tombe dans une profonde 

rêverie^ et dit enfin à voix basse : ) 

O mon père! ô ma mère! je devrais 
offrir pour vous des prières à Dien, au lieu 
de réciter des yers!... Que ne snis-je au- 
près de vous I 

CHARLOTTE» avcc intérêt. Qu'avez-Tous 
donc, ma chère? 

MARGUERITE, émue. Pardonoei - moi , 
mesdemoiselles, je suis un peu souffrante. 

EEKÊE, d^un ton sec. Gomment soutien- 
drez-vous dt>DC YOtre rôle, si vous tombez 

dans la distraction? Que dira le roi? 

que dira Madame? 

MARGUERITE. Leur présence me sou- 
tiendra; avec vous^ mes chères amies, je 
ne crois pas devoir me contraindre. 

ISARELLE, avec bonté. Non, sans doute, 
reposez-vous, ma chère Marguerite, afm 
d*être bien calme et bien belle pour repré- 
senter Esther au naturel (1). 




(1) Si on jouait ce proverbe et qu'on poiié- 




— 884 -. 

CBARIOTTE. Et elle la représentera bien, 
je vous en réponds!.... (DtsD heures son- 
nent,) Dix heures déjh 1 11 faut nous rendre 
à la salle des eiercioes. Venez-vous, Mar- 
guerite ? {Toutes les jevmes fUke s'éM- 
gnênL) 

MAROOBRITB. le VOUS BOÎS. 

RENÉE. Je reste ! on n*a pas besoin 

de moi, «a ce Jour de fêle. 

CHABLOTTB. Au contrdre 1 noua comp- 
tons sur fous pour nous applaudir... si le 
roi le permet 1 {Elle sort avec MarguierUe , 
un papier tombe de sa poche. Marguerite a 
laissé sur la uMe V enveloppe de fo lettre 
qu*elle lisait. Renée les suit des yeuso. } 



BE^ÈEtSeule^seprom^nantavecagiUUion. 

Tous applaudir? j'y suis bien di^fiosée, 
en effet ! après Tinjustice qu'on me fait 
éprouver ! Ce rôle A' Esther ^ qui met l'heu- 
reuse favorisée en rapport avec le roi, ayec 
le dauphin, avec la duchesse de Bourgo- 
gne... ce rôle m'était dû, et je m'en vois 
dépouillée pour cette Marguerite qui m'est 
odieuse.,. J'étouffe I (Elle s'arrête.) Mais, 
qu'est-ce que ce papier que j'ai vu tomber 
de la poche de Charlotte... [Elle le ra- 
masse.) Que vois-je ? une chanson sur le 
roi I... contre le roi 1... une raillerie mor- 
dante... Si on trouvait ce papier entre 
mes mains, je serais perdue! {Elle le jette 
sur la ta^ble.) Mais... une réflexion!... Si 
Marguerite avait perdu ce papier, et qu'on 
l'eût trouvé?... elle ne jouerait pas... 
j'empêcherais son succès d'aujourd'hui , 
voilà touil... et je jouerais à sa place... 
{Après un moment d'hésitation.) Pourquoi 
pas?... il n'y apas là grand mal. . Madame 
l'aime, et lui pardonnera... {Elle prend le 
papier.) Cette enveloppe qu'elle a laissée 

dAt la mvafqne de Méhul > on pourrait afovter s 

ANNB. Estayons les ehcBura. 
Et placer ici le chœur : Plêurom et gémitsimip 
mes fidèles compagnes, qui termine le premier 
acte d' Esther. 




^♦^^ 







— ik5» — 




là^k'SOD adrem^ portant. les armes dasa 
kmille^ ne semble- t-elU j^ disposée tout 
exprès 7... (Elle met le papier sous l'envCf- 
lappe^)Quùim9 7k.. luiJaissfirai-jeracaeillir 
casi^audissemeiOs, ci8SfflûlsflateDcs,cM 
lûHaogesieoûraates d'au grand roi» dciuM 
caup si aimabla^si .polie.... Non^jioi^elle ne 
jouera paaJ...« Voilà NiMle.... [ElU Pxtf^ 
pelle.) Nicole! 

■GàHB lY. 

NICOLE, RENÉE. 

NICOLE. QaoLI osamzeile? 

RENfiE, avecprécipiUUion. Tiens, Nicolel 
ta Tois cetu» i«tire ; lu^ fa» ii porter à 
madame de Fomaine (1). Ta diras qae 
ta Tas ramassée dans une allée où la classe 
bkue 8*éi«itproiBeijé&«. TB.<m'eatends7 

NICOLE, éUmnét, Mais je n'ai rie» rai» 
mawé dtt tout, OMmieUe, puisque tiiuà 
ve» qoi mehaillez: cette lettre. 

UNÉe, d*unttefn impérmuBi Ta dins 
ee que jet teréiade dire I et si tu f«s biett 
ma QOfDimssian,}«ftedennerû, àma^soitiev 
«M jupe et an corpe d'étamine detLudet.... 
tempreada^ai7. 

B1G0L& Nenai dU je nfcomugoadl 
ime..^.maiB je leas ehéirei . . lappHit i,lk 

BfiNÊB.. G*est ban.... Ite-ffen 1 
mix)L&.. Jft wNu deane lei lian)oor, 
memiflllffi' 

RENÉE, seule. 

C'est nn graDd€Ottpl...-mais cette Mar- 
gaerite m'offasqaait... [Avec dédain.) Et 

qiiiestrellev»d'aiUeai»7 Son père habile 

une pauvre gentilhommière à colombier, 
elle a eu toAiIjastfties.quartiers néceisaires 
pour être admise à faire ses pruiifes.... Et 
on*préteadJa mettre aft^essos de moi I... 
U, est bon que cet orgueil soit. rabattu». • 
Uais on. TienU .. îp me. sauvei 

(1) Supérieure de Silel^jr au tioips de 
M"« de Maintenon. 



8GÉHE.VL 




M- DE MAINTENONS, têtw dé noir, 
rode de domos ou de satin; coiffure 
de dtntelle noire, cheveux blancs; en 
bœndeauar. 

(Elle s*assied,)Qud\e douceur, quelrepoe 
d'esprit. j^ goûie dans celte chàre.meifienl 
En ?érité, je ne vis qu!ici, et si- ja suivais 
meeioclinaiiena, je meretir^raiapour jamais 
dans cet asile de paix, au milieu de mesear 
fants, .de ce» pauvres filles q^i me retracent 
ce que j'étais jadis : nohleet misérable.— La 
fareufy.les adulations, les comptaisanees... 
tout met pèse ;. mai& aujourd'hui,. yesptee 
quelque douceur à me trouver au. milieu' 
de mes<filles, et à leur procuceD ca petit ^f- 
vertissement. .. Mademoiselle de Secvan me- 
platt... Caractère solide, franche etpru- 
dente, sensible et réservée^ eU&ferahour 
neur à la fondation du roi... Puissions- 
nous en dire autant de toutes^les fiUes de 
SaisU-Cyr! 



M-DEMAINTENON, M-DANGEAU (1). 

M"* DE MAINTENON, sc levant. Bhrbîeir* 
chère amie, tout se disp09e^-3 pour Hr 
, reprétentatioQ ? Eslfter esr*eHe bien belle, 
! et Assuérus bien majestueux' 7 

M"* DANGEAU. RiOn Diëu I madsosep, 
jj'ai une nouvelle fâcheuse à vou9 s^ 
;prendl«... Nos dames de Saint^Louis sent 
-désolées, elles m'ont envoyée auprès Af 

VOUSi.. 

M"*^ DE liAiNTENON. De qaeîs^agttAa*? 
Rien- de bien grave» j'espèt^ !.. . 

M"*'DANGEAi;. Tout se prépu slU [«w 
la représentation, et nos dames réunieS'ii 
lâ salle du chapitre, se disposaient à'atter à 
la rencontre de Sa Majesté, lorsquHme- 
fine de basse oonr, Nicole. .. 



(i)'FeiinMi de^Bangean, aute» àtfMêmairsê 
fur Loais XIY, amie particulière de MM de 
Maintenon*. 











ur* DE iiAiNTENON. Nicole 1 oui , je 
la connais.. . Après î 

DANGEAU. Nicole est Yenae ap- 
porter à ma sœur de Fontaine nne lettre 
qu'elle venait de tronver dans l'allée des 
Bleues, Cette lettre, adressée à mademoi- 
selle de Serran... 

M"* DE MAINTEMON. Marguerite 1 quel- 
que enfantillage, sans doute. 

M"* DANGEA0. Hélas ! madame, plût à 
Dieu ! cette lettre contenait une chanson 
satirique contre Sa Majesté. [Elk remet la 
UUre à Jf"* de Maintenoiu) 

M"* DE MAINTENON, lisant. Coutre le 

roi ! Marguerite f .. . c'est impossible ! 

Pardon, ma chère amie, mais je crois 
cette enfant aussi bonne que candide, et 
incapable. . .. . 

M"** DAN6EAU. Tout le moude parta- 
geait l'opinion de Madame, mais beaucoup 
de preuves s'élèvent contre cette jeune 
personne. On l'a vue, au dernier jour de 
parloir, recevoir de la dame qui la visi- 
tait, une lettre qu'elle a cachée à tous 
les yeux, et qu'elle relisait souvent à Té- 
cart. On comptait parler à Madame de 
cette circonsunce... Cette lettre doit être 
celle-ci, car la supérieure déclare qu'elle n*a 
pas passé par ses mains, ainsi que le veut la 
règle de la maison. D'ailleurs, mademoi- 
selle de Servan, accusée, ne s'est pas dé- 
fendue 

M"' DE MAINTENON, vivement. Qu'a-t- 
eUe dit? 

M""* DANGEAD. Ellc a déclaré ne pou- 
voir répondre, et s'est mise à pleurer. Ma- 
dame de Fontaine, surprise, irritée, a dé- 
cidé alors, sauf l'approbation de Madame, 
que Marguerite ne paraîtrait pas devant Sa 
Majesté, faveur dont elle s'est rendue in- 
digne. 

M"* DE MAINTENON. Mais le rôle à'Es- 
thertLe roi compte sur la représentation, 
et vous savez, chère Dangeau, combien il 
e$t difficile d'amuser un homme inamu- 
sable ! 




— S56 — 

donné le rôle à mademoisdle Renée d' Am- 
bouze, qui le sait, et s'en acquittera fort 
bien. 

M"* DE MAINTENON. Soit I. .. Nous éclair- 
cirons plus tard cette malheureuse affaire. 
Voilà le roi I {On entend les tambours haitre 
aux champs,) Venez, chère amie, allons 
recevoir Sa Majesté à la porte de clôture. 
{Elles sùrtent.) 



ACTEn. 



Même décor. 



SGBRE PI 



•^ ' 1 iiM 



M™« DE MAINTENON, seuk. 

Le souvenir de cette enbnt me pour- 
suit; il m'a troublée pendant la représen- 
tation, et, grâces à ma distraction, j'ai 
perdu l'occasion de dire bien des flatte- 
ries!... Comment concitier une si noire 
ingratitude, envers un roi, un bienfaiteur 
insigne, avec cette bonté, cette noblesse 
d'âme que toujours j'avais vu reluire en 
celte jeune fille, et qui me l'avaient fait 
distinguer d'entre ses compagnes? Si elle 
est coupable, ce me sera nne nouvelle 
leçon de ne pas m'attacher à la créature, 
si gracieuse , si séduisante qu'elle soit, et 
de ne chercher dans les bonnes œuvres 
que Dieu, leur juge et leur rémunéra- 
teur... J'ai demandé Marguerite Elle 

tarde... Ahl la voidl... 



M- DB MAINTENON, MARGUERITE. 

MARGUERITE, avec humilité. Je me 
rends à vos ordres, Madame. 

M"' DE MAINTENON, (Tun ton sévère. 
Vous devinez, mademoiselle, la raison qui 
vous amène en ma présence. Avant de 
vous faire quitter cette maison, où vous 
ne semblez plus digne d'habiter, j'ai vnola 



M""* DANGEAU. Ma sœur de Fontaine a | vous entendre , et recevoir vos explica- 










"jm 







— 9S7 — 




lions. . . si Yous pooTez m'en donner. . . Vous 
TOUS taisez?... N*ayez-Tou8 rien à dire?... 
Cette lettre, la reconnaiasez-Tons ? 
UARGUERiTBf émue, Oui, madame. 

M"** DB MAINTENON. VoUS eSt - elle 

adressée? 
MARGUEBITE. Oui, madame. 

M""* DE MAINTENON. Elle ne TOUS est 
pas parvenue par les voies ordinaires; la 
supérieure de cette maison ne Ta point 
vue. 

MARGUERITE. Non, madame. 

M*' DE MAINTENON. Eilc Contenait donc 
un secret que vous vouliez dérober aux 
yeux de celles qui vous tiennent lieu de 
mère ? Et quel secret t. . . une basse raillerie 
contre un roi vénéré, dont les bienfaits 
vous assurent Téducation et Texistence, 
qui, redoutable à l'Europe, cher à son 
peuple, doit être, par une élève de Saint- 
Gyr, aimé comme un père, respecté comme 
un bienfaiteur! Pourquoi ne pas brûler 
cette misérable chanson, aussitôt qu*uQe 
main étrangère vous Tavait fait parvenir ? 

MARGUERITE. Hélas I madame, elle ne 
m'appartenait pas ! 

M" DE MAINTENON. Que VOUkz-VOUS 

dire? 

MARGUERITE. Jamais je n'ai eu en mon 
pouvoir rinûme libelle dont vous me 
parlez. 

!!>"« DE MAINTENON. Yous en connais- 
siez cependant l'existence? 

MARGUERITE. Oui, madame. 

M°" DE MAINTENON. Et qui douc gar- 
dait ces couplets entre ses mains?... Est- 
ce une de vos amies?.. . de vos compagnes? 
Répondez I Marguerite. 

MARGUERITE. Jamais, madame, non, 
jamais I 

M""* DE MAINTENON. Alors quo faut-il 
que je croie de votre asseriion? Toutes les 
preuves sont contre vous: cette lettre mys- 
térieusement remise, gardée par vous et 
lue à l'écart. . . votre silence. . . vos larmes. . . 
Une explication franche pourrait seule..... 




M- DE MAINTENON, MARGUERITE, 
CHARLOTTE, accourant. 

CHARLOTTE, avêc animation, Abl ma- 
dame! que viens-je d'apprendre I... On 
accuse Marguerite, et c'est moi, moi qui 
sois la seule coupable I 

MARGUERITE, avec doukuT, Oh I Char- 
lotte, tù te perds ! 

CHARLOTTE. Je te justifio I. .. (A M^^ de 
MainUnon.) Ces couplets sont à moi, ma- 
dame, ils m'ont été donnés à ma dernière 
sortie... et ce matin, je les ai perdus 

M"* DB MAINTENON, sévèrement. Pour- 
quoi, mademoiselle, gardiez-vons de teb 
écrits? 

CHABLOTTB, naïvement. Madame. . . par- 
donnez-moi. .. je les gardais.. . parce que.. . 
ces couplets sont très-chantants... Us sont 
sur l'air des Folies d'Espagne, 

U^ DE MAINTENON. Je crois qu'il y a 
eu dans votre faute plus d'enfantillage que 
de méchanceté. De qui tenez-vous ces 
couplets? Parlez I je ne ferai pas mauvais 
usage de voire secret.. 

CHARLOTTE. C'est uu de mes cousins 
qui me les a doonés... Il avait quelque 
mécontentement à son régiment.. 

M"»* DE MAINTENON. C'est bieul... et si 
son mécontentement est fondé, on y fera 
droit. Pourvou5i, Charlotte... 

CHARLOTTE, Ics larmes aux yeux. Ah I 
madame , je sais que je suis indigne de vos 
bontés I Je ne mérite plus de rester à Saint- 
Cyr! 

M"« DE MAINTENON. Pour VOUS... VOUS 

apprendrez et vous chanterez à genoux, à 
la chapelle, le motet : 

Grand Dieu! sauvez le roil 
Grand Dieu! vengei le roi (1)1 

CHARLOTTE, baisant la main de if»* de 



(1) Motet chanté à Saint-Cyr i ur Tair qui a 
servi depuis pour le God gave the King. 




(È 



'^'^^ô!^*-' 










Maintenon. Obi de hieo graod cœnr, 

loadaïue! 
u^^ DE MAINTENON. Margoerite aTait 

donc TU CCS couplets entre les mains de 

Charlotte? 
j^ARGUERiTL II est YT^U madame* 
GHABLOTTE. Et uiêine, elie in.*a?aU bien 

grondée!... Mais, tous le saTez». madame, 

les rubans jaunes n'ont paëleseoatCOBi'' 

mun. 

U^ DB MAINTENON. PoUTez-TOOS QIC 

dit*e par qui ces couplet» ont été mis dajis 
oelte euTcloppe 7 
HABGUEaiTE. NoQs l'ignoroos, madame. 

une DE MAJflTENON « à part. Jb le 

saurai. {Haut.) Allez» Gbarlottev.et soyez 
dorénavant plus sage et plus prudente... 
Une seconde faute ne serait j^us gar- 
dooflée. {^CharloUô fait la réoérmce el 
sorL) 

M'-DE MAINFENON, MARGUERITE. 



M»« DE MAINTENON, avec bonté. Cette 
enveloppe est à vous, Marguerite ; to ulez- 
vous me dire cequN^lle a conteni ? 

MARGUERITE. Hélas I madame , une 
lettre de ma bonne mère ! 

M"* DE MAINTENON. De TOtre mère T 

MARGUERITE, remettant la lettre à 
U^^ de Maintenon, Oui, madame; elle 
me conûe ses peines. .. PauTre, chargée 
dV.nùiDts en bas âge , elle Toit mon père 
prêt à partir pour l'armée ; mon père , si 
languissant, si aiïaibli par ses campagnes 
et ses blessures ! Elle a épuisé ses der- 
nières ressources pour son équipement, et 
Tavenir la désole , car elle ne Toit que 
soucis, misère^., et un. malbeur... peut- 
être irréparable 1 

M""* DE MAINTENON. Quel poste occupe 
TOlre père ? 

MARGUERITE. Il est Capitaine an régi- 
ment de Poitou , et cbeTalier de Saint - 
Louis. 





W^ Oft M àliiTBNOil. Sa ftHtone? 
«ARGOERiTB. bi mille; les goema 
continuelles nova oat voîAéSb 

M** DR HâmTBNOII» à pOTt, VêXmt 

el bcaTe noblesse f... [Hmit.) BUis pour- 
quoi, Marguerite, la lettre de Totre meure 
TOUS a-t-elle été remise en secret ? 

MARGUERITE. Bélas ! madame , com- 
blée des bienfaits du roi, devaîs-je encore 
en provoquer d'antres par la révélation de 
nos infortunes?... (Avec exaltation, ) Ni 
mon père, ni ma mère ne Teussent souf- 
fert I 

M"* DE MAINTENON. Galmcz-Tous, ma 
fille, et écriTez à TOtre digne mère que, 
dès ce jour, elle possède une pension de 
quinze cents livres, dontManceau (1) vous 
payera ce soir le premier semestre ; dites- 
lui aussi que votre père sera nommé au 
commandement du château de Belle-Isie, 
poste aujourd'hui Tacant 

MARGUERITE, tombant à genoux. Ohf 
madiiroe..... ohl ma chère bienfaitrice... 
que de grâces I 

M""' DE MAINTENON, la relâf^anL Mon 
enfant, ne me remerciez pas ; je ne fiiis 
qu'acquitter une dette, dette sacrée eib- 
Ters la ProTidence. J'étaià pauTre comme 
TOUS, plus que tous.. . et Dieu m'a fait ce- 
que jesuis. Remetlei-Tous, ma fille, étaliez 
meqoéril' Nicole... A^l... un instantl... 
Quelqu'un se trouTait-il aTec tous lorsque 
mademoiselle de Septeuil a perdu ces nial- 
beureuz couplets 7 

MARGUERITE. Oui, madame; mademoi* 
selle Renée d'Ambouze. 

M^ DE MAINTENON. Bien; fUle»-la 
Tenir également {Marguerite sort,) 

M- DE MAINTENON, «'asseyant. 

Afmabto et bonne créature! qu'il m'est 
doux d'aToir pa rendre justice à faut de 



(l}.Iot6adant de M**- de Maintenon. 





c/-* 







qualités ! .. . Hais que Ta dire sa ccnopa- 
gne 7. . . La baoteor de mademoiseUe d*Aiii- 
lx>uze m'a toujours déjrfu* • . ^ot-^trt iufa- 
je appelée aujourd*liai à h punir et à l'hu- 
milier? 

ëCÈMB VI. 

li»DE MÂtNTENOIf » RENÉE, NVCOLE. 

{Nicole reste au fond 4a parloir.) 

M"^ DB XAJlITBNaN. ApprOtlMI» Nî- 

€ole !... Vous atei porté ce itiatk à ma- 
dame de FootaïBe use grosie lettre, 
a'eil»il pas vrai ! 
NICOLE, fBLiêatU ta rMrene^ Ooi» soi' 

dSBK. 

M">* DE M AMTeiiONi 1/oè teiiîez-voas 
cette lettre? 

MicoLE. Je b toMiiL.* rapfiort à un 
ootilhMi. 

un* D£ MAiiiTBNOif. Comnoiit ? 

NICOLE, montrant Ritnée. Mamselle que 
t'A, not' dame» m'a dit : Porte celte lettre, 
et t'avras une jupe et un corps d'éiaimtte 
de Lude. J'ai porté h lettre, mais je n'ai 
pasla jupe, et le««. 

M"* DE XAINTENCHI » l^ifUtrrompant. 
C'est mademoiseUe d'Ambouxe qui vous a 
remis cette lettre ? 

NICOLE. Oui, not' dame... Demandex- 
Ini, d'ailleurs, c'est un grand brin de fille, 
elle peut répondre. 

1|B« DE MAlNTENOil. G'^stbien, Nicole; 
allez dire à madame Oangean et aux élèfes 
qu'dies aient \ se rendre ici* {Nicole sork 
Si adressant d Renée.) La confusion em- 
preinte sur vos traits m'assure, mademoi- 
selle, que Nicole a dit la f éri(é. Mais j'exige 
une confession pleine et entière. Pariezl 
(En ce momera, Jf"** Dangeauy Margue- 





rite^ Charlotte^ Constance^ Anne, Isabelle^ 
et plusieurs élèves entrent précédées par 
Aico/s qui se retire à V écart.) 

BEKÊE, baissant la tête. Il est vraL.. 
madame... un mauvais mouvement m'a 
poussée... j'ai trouvé ]es couplets et l'en- 
veloppe, je les ai réunis et envoyés à ma- 
dame de Fontaine... je l'avoue. .. je n*iyou- 
terai pas un mensonge à ma faute.. . 

M""" DE UAINTENON, ss UvanU Mais quel 
motif a pu vous porter à une telle bas* 
sesse 7 

BSNÉE. Ce rôle à*Esiher^ donné à ma- 
demoiselle de Servan, me la rendait bals- 
sable. Je viens de le remplir, ce rôle qui 

excitait mon envie et pourtant, je ne 

suis pas plus beureuseJ... 
. M*"* DE MAiMTENON. O ma fille ! que 
votre faute est grande et qn'eUe date de 
loin I... Yous avez gardé chez vous deux 
ennemis domestiques : l'envie et la baine 
contre une sœur, une compagne; vous 
n'avez pas détruit ces sentiments dans leur 
germe; peut-être avez-vouscru qu'aucune 
action perfide ne soriirait, comme un fruit 
empoisonné , de cette tige vicieuse.. . vous 
venez d'être détrompéel. .. (Renée fait laré^ 
vérence^ et se retire à l* écart ; les autres de- 
moiselles s'avancent, M^* de Maintenon 
continue.) Mais retenez-le désormais : les 
mauvaisprincipes font les mauvaises mœurs, 
les mauvais sentiments les mauvaises ac- 
tions... Celle qui veut garder sa vie pure 
et sans tacbe, doit étouffer dans son cœur 
le foyer des passions, car un proverbe vul- 
gaire le dit : 

IL N'EST POIHT DU FEU SANS Mîl ! 

M"* ÉVEUNE RiBIBCOURT. 




^^^ 




T^%^^ 








~S40 — 



LES DEUX ANGELES 




« Ouï, oui, tu as beau dire ! mon ami 

Bibolet a raison il faut qu'un homme 

soit le maître cliez lui. 

— Eh bien, qu'est-ce qui te dit le con- 
traire? 

— Oh I mais ce n'est pas tout ; Bibolet - 
dit encore, que pour qu'un homme soit le 
maître chez lui, il faut qu'il fasse toujours 
l'opposé de ce que Teut sa femme. 

— Ton ami Bibolet est un imbécile. 

— Si ce n'était pas ton avis ce serait 
peut-être le mien. . . dans certains moments; 
mais je soutiens qu'il a raison quand il dit 
qu'il ne faut pas qu'un homme libre soit 
l'esclave de sa femme ; et tous croyez que 
nous avons fait une révolution pour conti- 
nuer à vous obéir? non I et comme le 

dit fort bien Bibolet, la République a pro- 
clamé les Droite de rHomme, elle n'a pas 

parlé de ceux de la femme donc, au 

nom de tégolité, la femme n'a pas de 
droits Qu'as- tu à répondre à cela? 

— Rien que ce que je l'ai déjà dit.. . 
ton ami Bibolet est un imbécile. 

— Je le pensais d'abord , mais puisque 
tu insistes, je commence à croire qu'il est 
plein de bon sens ; car enCn, un homme 
doit être mattre chez lui, et je ne veux 
pas souffrir qu'on dise du mal de mon 
ami. » 

Il ne faut pas s'imaginer, d'après ce sin- 
gulier dialogue, que Pierre Meunier, per- 
ruquier à Rouen, fût un méchant homme; 
loin de là. . . c'était la bonté même ; il n'avait 
pas d'autre travers que celai de vouloir 
être le maître chez lai et de suivre les avis 
de son ami Bibolet. Mais, à cela près , il 
aimait beaucoup sa femme, Madeleine, et la 
rendait fort heureuse ; d'autant mieux que, 
sans s*en douter, il faisait tout ce qu'elle 




foulait, bien que cependant il fût persuadé 
qu'il était le mattre. 

En femme d'esprit Madeleine avait tiré 
parti du travers de son mari. Voulait-elle 
qu'il sortit? elle l'engageait à rester;, vou- 
lait-elle qu'il restât ? elle l'engageait à sor- 
tir ; en un mot, elle lui demandait toujours 
le contraire de ce qu'elle voulait. .. c'était un 
mensonge , mais un mensonge bien inno- 
cent, et qui, loin de faire du tort à son 
mari, lui rendait souvent grand service, 
car le bonhomme était facile à se laisser 
entraîner ; il n'avait de caractère, on phi- 
tôt d'entêtement , que pour sa prétention 
d'être le maître chez lui; et, à cheval sur 
le principe si spirituel de son ami Bibolet, 
il n'aurait pas cédé aux raisonnements de 
sa femme, il se serait au contraire de plos 
en plus entêté; mais grâce au moyen em- 
ployé par Madeleine, elle gouvernait par le 
fait; aussi, le brave Meunier poovait har- 
diment répéter partout : « Je suis le maître 
chez moi; c'est moi qui commande, qui 
mène tout; » son orgueil était satisfait... 
c'était beaucoup pour un Normand. 

Un jour, Madeleine voulait rester seule, 
elle avait reçu une lettre de sa sœur, et il 
fallait y répondre ; le moyen de renvoyer 
Meunier était bien simple : 

t Ah çà , lui dit-elle, j'espère que tu ne 
vas pas aller flâner avec ton Bibolet 

— C'est ce qui te trompa* , j'ai rendez- 
vous avec lui pour aller voir défiler la pa- 
rade; c'est si beau nos nouveaux régi- 
ments I 

— C'est cel», va perdre ton temps, va I 

— Certamemcnt que j'irai ; je suis le 
maître, je crois. Ah! ce n'est pas moi qu'on 
empêchera de faire ce que je veux. » 

Et, en prononçant ces mots d'an air 










^^<S(^ 



— 241 — 




vaiaqneor, il prit gon chapeau et s'en alla 
en répétant : « Il faut qa'un homme soit 
le mattre chez lui, comme le dit si bien 
mon ami Bibolet. » 

Madeleine aimait beaucoup sa sœur, 
quoiqu'elle ne Fait pas Tue depuis bien 
longtemps, car il s'était passé de tristes 
événements pendant plusieurs années. 
D'ailleurs celte sœur, mariée et veuve, ha- 
bitait à plus de cinquante lieues de Rouen, 
et à cette époque, an commencement de 
l'Empire, c'était un long voyage à faire, la 
Tapeur n'avait pas encore détruit la dis- 
tance , on allait à petites journées. Les 
deux sœurs n^ataient donc correspondu 
que par des lettres dans lesquelles elles se 
racontaient tout ce qui leur arrivait d'heu- 
reux ou de mallieureox. 

C'est ainsi que Madeleine avait appris 
que sa sœur, outre sa fille, avait une autre 
enfant à élever. Marie, c'est aiosi que 
s'appelait la sœur de Madeleine, n'était pas 
riche, mais le bonheur a^ait voulu qu'au 
moment où elle venait d'être mère, une 
occasion fayoraUe se présentât. Unegrande 
dame était Tenue lui demander de prendre 
en nourrice sa petite fille qui avait juste 
l'âge de celle de Marie ; de plus cette dame 
aTait Toulu être la marraine de la fille de 
Marie, elle lui aTait donné le même nom 
qu'à la sienne, Angèle, elle lui avait donné 
le même trousseau, et avait voulu que tou- 
tes deux fussent toujours mi.'^es de même. 

Un jour Marie écrivait à sa sœur : < Tu 
ne peux pas te faire une idée de la res- 
semblance de mes deux jolies petites filles, 
toutes deux blanches et roses, toutes deux 
de la même taille, pas un signe ne peut 
les faire distinguer. Deux petits chevreaux 
tout blancs, qui cabriolent autour de leur 
mère, ne sont pas plus pareils que mes 
deux petites Angeles, il faut mon cœur de 
mère pour deviner ma fille, et encore m'y 
trompai-je quelquefois, » 

Pendant la tourmente révolutionnaire, 
Mario n'avait plus entendu parler de la 
grande dame> die n'en élevait pas moins 

mX-NfitVlèUE A.N.NÉE 4* SÉIUS. — N* 





avec soin celle qu'elle appelait sa seconde 
fille; elle avait tout partagé entre elles 
deux, et les aimait également; depuis son 
veuvage, surtout, elle s'était tellement ha- 
bituée à considérer Us doux enfants comme 
les siens, qu'elle ee persuadait quelquefois 
qu'elles étaient eœurs et le leur avait laissé 
croire. Tous les voisins de Marie l'auraient 
juré, ils ne pouvaient se persuader qu'on 
pût se ressembler aussi paifaitement sans 
être sœurs. 

La lettre que ven3it de recevoir Made- 
leine l'inquiétait ; Marie lui annonçait 
qu'elle était malade, et lui témoignait le 
désir delà voir, mais elle ne pouvait entre- 
prendre un ^i long voyage avec ses deux 
enfants, d'ailleurs l'état de sa santé ne le 
lui aurait pas permis. Il régnait dans toute 
cette lettre une teinte de tristesse, un vague 
pressentiment de malheur qui frappa le 
cœur de Madeleine. Si elle avait été libre » 
elle serait partie à l'instant même, mais il 
fallait décider Meunier à fuire deux sacri- 
fices assez grands : la dépense du déplace- 
ment et l'ennui de rester seul ; car si, pour 
dire comme Bibolet, il disait quelquefois 
que le mariage était un esclavage qu'il fal- 
lait rendre moins dur, en exigeant une 
obéissance passive de sa feume , il aimait 
bien Madeleine et ne pouvait se passer 
d'elle. 

C'était à tout cela que réfléchissait Ma- 
deleine, c'était ce qu'elle expliquait à sa 
si^ur dans sa réponse, lorsque Meunier 
rentra avec son aini Bibolet. Le père Bibo- 
let éiait un vieux garçon qui prétendait ne 
s'être pas marie par amour pour la liberté, 
mais qui, dans le fait, n'avait jamais trouvé 
une femme qui consentit à l'épouser. Il 
s'était jeté dans les ridicules de la Révolu- 
tion, il avait joué auSpartiate, il s'habillait 
en Romain, et écrivait sur sa porte : Ici on 
se tutoyé: Fermez la par te ^ s il voiis plaît! 
Madeleine le ménageait parce que c'était 
en ore un moyen d'aciion sur l'e^^prit de 
Meunier, cl qu'en flatinnt son amour-pro- 
pre elle obieuait par lui ce que Meunier 



VllI. 






'^^O 




16 



»^ï(5C7^iîp«<.' 









anrait refusé si elle Teût demandé tout 
simplement 

Bibolel et son ami revinrent, a Allons 
donc, paresseux, allons donc I s^écrla Ma- 
deleine; pendant que m te promenais 
comme un rentier, on est venu te cher- 
cher pour accommoder Tépicier de la me 
Grand-Pont. 

— Ah I c'est un fidèle , celui-là , il n*a 
pas sacrifié aux modes ridicules d'k-présent, 
il a conservé la poudre, Taile de pigeon 
dans son intégrité, et le cadogan dans sa 
majestueuse rondeur. 

— Cela sent l'ancien régime d'une 
lieue, citoyen Meunier, dit Bibolet. 

— C'est-h-dirc que cela sent bon , père 
fiibolet. La révolu ion a eu de bonnes cho- 
ses , je ne vous dis pas le contraire, mais 
elle anrait dû respecter la coiffure; elle ne 
l'a pas fait, et c'est là son grand tort à mes 
yeux. Vous ne pouvez pas le nier, elle a 
ruiné les pauvres perruquiers. 

— La liberté ex»ge des sacrifices, ci- 
toyen Meunier, et c*cst sans regret que je 
lui ai fait celui de mon cadogan qtn exci- 
tait l'admiration générale. 

— C'est vrai, mais cependant... 

— Si tu te mets à causer, reprit Made- 
leine, Tépicier s'impatientera; il a dit qu'il 
était très-pressé. 

— J'y cours, je sais qu'il faut saisir 
l'occasion par 1( s cheveux ; malheurense- 
ment dans ces temps-ci l'occasion est bien 
souvent chauve... Âttendez.moi , Bibolel, 
dans un quart d'heure je serai ici ; » et il 
partit. 

— Ah ! monsieur Bibolet, dit Madeleine, 
Meunier est bien heureux d'avoir un ami 
comme vous, vous ne lui donnez jamais que 
de bons conseils, vous I 

— Je le crois, Madeleine; j'ai une 
(;rande expérience du cœur de l'homme; 
je suis un philosophe , et quoi qu'on en 
dise , la philosophie est la sagesse en ac- 
tion. 

— Eh bien, monsieur Bibolet, je compte 




est bien malade, elle désire ne voir ; il a'yii 
que vous qui avei tant d'empire sur Mes* 
nier, qui puissiez le décider I me lûser 
partir. 

— Dans les ancienne républiques, Ma- 
deleine , on ne sacrifiait les affection es 
la famille qu'aux intérêts sacrés de la pt* 

{ trie , et comme je ne crois pas que la pttris 
soit intéressée à ce que «mus restiez ici , je 
ne vois pas d'inoenvéoi«it à œ que vous 
désirez. 

— Je n*oserai jamais le dtaiander k 
Meunier; vous qvii avez tauc d'toflaeiMt 
snr lui , si vous vouliez lui en p«lerf 

— Vous êtes dans les bons principes» 
Madeleine ; la femme ne doit «fu'obéir à 
son mari. Soyez tranquiHe, je vais aUer 
an-devant de lui, et je hii en dirai deu 
mots. » 

Une demi-heure après. Meunier roDinL 
« Madeleine, dit-il, songe qu'il n'y • 

pas d'objections à faire sur ce que je vais 

te dire : 

— J'écoute. 

— Tu vas aBer chez ta sœur. 

— Si loin? 
-^ Pas d'observation , je le veux , ei 

je suis le matire ici. J'ai réfléchi qu'il y a 
bien longtemps que tu ne l'as vue ; elle 
est malade , il faut y aller. Pendant que jo 
serai chez mes pratiques, Bibolet gardon 
la boutique. Fais tes pr^[»aratifiB et ne ré* 
pllque pas. 

— Mais je voulais te dire... 

— Pas un mot I Comme le dit Bibolet ; 
La poule ne doit pas chanter devant k coq. 
Il faut partir le plus tôt possible. 

— Puisque tu le veux absolument» 
j'obéis; dans une heure je serai prête. • 

Madeleine se mit en route, contente et 
heureuse. Hélas I sa joie ne devait pas être 
de longue durée! lorsqu'elle arriva dans le 
village qu'habitait sa f œur, la pauvre femme 
venait de mourir, klle ne trouva près de ses 
restes que deux petites filles et quelques 
voisins. Après les premiers accès de la dou* 



sur vous ; voici ce dont il s'agit : ma sœur | leur que lui causait la perte de sa sœur. 











\J^^i!0^ 






Madeleine embrassa les deux «nfanto et 
kar demasë» laquelle des deur était la 
f lie de la défmitii. Lee eafents la regar- 
dèrent aveo bonnement ei loi répondirent 
en même temps : « G*esi moi I • 

JBé Tain Madeleine les interrogea* à pln- 
àenre repris^'S , en vain elle oonsolta les 
wisîns, elle ne pot avoir aucun indice : 
mêmes figares' fraîche» et graeieases» 
mêoMB ebeveux blonds VMnbattt sur leurs 
épaules, mêines yewc< nom aux longs cils 
bronsv et dans ce triste momi^nt, où elles 
se levaient étroifemeni enlacées pour mê- 
ler leurs larmes et s'embrahser, on eût dit 
deux roses écioee» au même moment et 
humides de la rosée du matin. Il ne f iLt 
pas un instant à Madeleine la pensée de 
séparer cee deux charmantes créatures; 
d'ailleurs, son embarras était grand... elle 
ne pouvait ni n*osait choihir ; aussi , après 
quelques jours employés à régler les ar- 
Fangements que nécessitaient la mort de 
sa sœur, Madeleine repartit pour Rouen , 
emmenant avec elle celles qu'elle appelait 
défà see deux nièces. 

Meunier avait trouvé Tabsence de sa 
femme un peu longue; la converi<ation db 
son ami Bibolt't ne remplaçait pas pour 
lui tous ces petits soins, toutes ces dou- 
eeura du ménage auiquels on s'habitue si 
facilement et dont on ne sent véritable- 
ment le prix que lorsqu'on en est privé. 
li< s«'apprêtait li gronder Madeleine ; mais 
quand il la vit arriver, tenant parla main 
deux jolies petites filles, toute sa colère 
tomba; Meunier regrettait beaucoup de 
n'avoir pas d'enfants, il avait un bon 
omur, et n'avait de travera que dans Tes- 
prit« H embrassa d'abord les deux enfants, 
puis «'adressant à Madeleine : « Ah çà I loi 
dit-il, laquelle est ma nièce î 

— - Yoiià précisément la difficulté. 

•» Quoi I tu ne le sais pas? Attends, 
je vas les faire parler, moi. Gomment t'ap- 
pelias-tu? dit-il à l'une. 

— - Angèle. 

— La fille de ta saur Madeleine s'ap- i 





I pelait Aiigèle; ça- doit être calMlt EtM>t 
demanda-t-il à Tantra 

— Angèle. 
— - Tien», c'est singulier; eti qval Ige 

as-tu? 
—-Dix an» 

— Juste l'âge de h fille de- ta soeur ; 
et toi?- 

— Dix ans. 

— Te rappelles-tu bien ta* mamau-7 
-^ Maman Marie? oh I oui , mou oncle^ 

elle*écait sl< bonne !. .. 

— C'est celle-là ; et toi tu avais une 
maman aussi? 

— Oui , mon oncle, maman Macie qui 
nous aimait tant toutes les deux. 

— Et tu n'en avai<9 pas une autre? 

— Une autre quoi? 
— - Une autre maman. 

— Est-ce qu'on a deux mamans T N6u3 
n'en avions qu'une pour nous dei», el 
nous Taimions bien. 

— Sais-tu, Madi'Ieine, que voilk qui 
devient fort embarrassant? reprit Meu*^ 
nier se grattant l'oreille. 

— Cependant nous ne pouvons pas les 
garder toutes les deux, dit Madeleine t 
avec intention. 

— Nons ne pouvons pas , ce n'est pas à 
toi à décider cela ; je sois le roattre ici, et 
je ferai ce que je voudrai , ea n'estpas li 
toi à commander. 

— C'était une simple observaliou. 

— - Je ne les aime pas, tu le sais. 
Écoute, femmp, le ciel ne nous a pas 
donné d'enfants, voilk qu'il nous en en- 
voie deux qui ressemblent à deux petits 
anges ; il ne faut jamais refuser ce que le 
bon Dieu nous envoie. D'ailleurs, l'une 
des deux est de notre famille et nous ne 
pouvons pas l'abandonner. Laquelle? c^est 
ce qu'il est impossible de savoir. Eh bien ! 
gardons-les toutes les deui, nous aurons 
deux nièces au lieu d'une. Je Mis œ que 
tu vas me dire, que la perruque est bien 
bas^ qu'il faut se donner bien du ma 
pour vivre, mais à brM$ tondue Dim, 








— Mi — 





fnemrê le tetu^ oomoie on dit, et Dieo ne 
noosabaDdoDoenpaf. Aiflâ, c'est enteoda, 
▼oitt DOS deux nièees. » 

Mideieiiie avait écoolé avec attendris- 
sement ce que venait de dire son mari ; 
des larmes de reconnaissance roulaient 
dans ses yenx; quand il ent fini» die n'y 
put pas tenir* elle loi santa an con et Tem- 
brassa. 

c Pas d'dbsenration , dit Menoier , je 
sois le maître ici, et quand j'ai parlé, je 
▼eox qu'on m'obéisse. Haintenant* pour 
éfiter tontes les questions, il ne fout pas 
dire que nous n'sTons qu'une nièce ; d'ail- 
leurs je ne veux plus chercher quelle est 
la Traie ; elles le sont dès à présent toutes 
deux. Justement voilà Bibolet, c'est un 
bavard, et ce soir tout Rouen saura ce 
que je veux que l'on sache. 

Arrivex donc I Bibolet, arrivez donc ! 
que je vous montre mes deux nièces. 

— Quoi! ces deux jolies enfants.. . 

— Oui, monsieur Bibolet, dit Made- 
leine, ce sont les filles de ma sœur qui 
vient de mourir. 

— Et je les aime déjà, ajouta Meunier, 
comme si j'étais leur père. Viens , mes 
nièces , que je t'embrasse , s'écria-t-il 
avec attendrissement. 

— Qu'est-ce que vous dites 7 reprit Bi- 
bolet d'un air étonné. 

— Je dis : Viens, mes nièces, que je 
t'embrasse. 

— Mais on dit : Venez, mes nièces, que 
je vous embrasse. 

— Voilà qui est singulier ! Gomment I 
vous qui vouliez autrefois que tout le monde 
se tutoie, vous ne voulez pas maintenant 
que je tutoie des enfants qtie j'adopte, que 
je vais élever, chérir? Eh bien I ça serait 
drôle, par exemple ; je veux les tutoyer, 
moi, et je suis le maître ici... Viens, mes 
nièces, que je t'embrasse. 

— Gomme vous voudrez, dit Bibolet en 
riant. Elles sont jumelles, n'est-ce pas? 

—Parbleu, ça se voit, de reste 1 N'est-ce 
pas, mes nièces, que tu es jumelles? • 




— Encore.. 

— G'est en signe d'amitié et d'attacbe- 
ment que je les tutoie comme ça, Bibolet ; 
je suis sûr que ça leur fait plaîaîr, car elles 
rient et Madeleine anssL > 

La nature , qui avait donné aux deux 
jeunes filles unt de traits de ressemblaice, 
leur avait donné aussi le caractère le 
plus doux et le plus affectueux ; en gran- 
dissant, elles affectèrent davantage les 
soins matemeb de Bladeleine et rattache- 
ment de Meunier, qui était tout fier de ses 
deux filles. Il fallait le voir le dimanche, 
se promenant avec elles sur le quai ou sur 
la Gdte Sainte-Gatberine ; il se pavanait 
auprès d'elles, car leur beauté se dévelop- 
pait chaque jour et dies faisaient i'aduû- 
ration de la ville. Une vieille dame, cha- 
noinesse de je ne sais plus quel chapitre, 
retirée à Rouen , les avait prises en ami 
tié; tous les soirs, elle leur donnait des 
leçons de langue firançaise, de géographie et 
d'histoire dont elles profitaient à merveille. 
De son côté , Madeleine , habile ouvrière 
en broderie , leur avait appris à confec* 
tionner ces jolis petits riens si (M'écieux 
pour la toilette des dames ; elles avaient 
bientôt surpassé leur maîtresse , et quel- 
ques années après leur arrivée, on se dis- 
putait les collerettes, les bonnets brodés 
par les deux sœurs, leurs ouvrages en filet, 
en tapisserie étaient recherchés par tout 
le monde ^ elles avaient en un mot une 
vogue qui leur permettait d'apporter l'ai- 
sance dans la maison de leurs bienfaiteurs. 

« Tu le vois bien , disait Meunier à sa 
femme , je t'avais prédit que ces eofancs-là 
nous porteraient bonheur, et je ne me 
suis pas trompé. Dieu, qui a permis que 
la perruque tombât dans le discrédit, 
nous a envoyé ces deux anges pour venir 
à notre secours; car sans elles je ne sais 
pas ce que nous deviendrions. 

— Oui , reprit Madeleine , elles nous 
portent bonheur et honneur, car il n*est 
pas dans toute la ville une mère qui en 
m'envie mon sort » 





è4)«^ 










— 24» — 




C'est au milieu de cette pbase d'un bon- 
heur si bien apprécié par Meunier, Made- 
leine et les deux Angeles , qu'un jour un 
équipage s'arrêta devant la boutique de 
Meunier, car le brave homme avait con- 
servé son ofâcine ; seulement, au lieu de sa 
vieille enseigne : Au désir de plaire , ici 
on rajeunit ; il avait mis : Aux deux sœurs^ 
ici on rasera gratis, demain. 

Une dame fort élégante descendit de la 
v(Mture, et pénétra dans une arrière- 
boutique qui servait d'atelier et de maga- 
sin à Madeleine et à ses deux nièces. La 
dame demanda à vofa* des broderies , des 
lingeries, des tapisseries. Étant à Rouen 
depuis quelques jours seulement , et n'y 
devant rester que momentanément , elle 
avait entendu parler du talent des deux 
sœurs , et voulait emporter un échantillon 
de leur savoir-faire. Elle admira tout et 
parut très-surprise de trouver dans une 
province des ouvrages supérieurs à ceux 
de la capitale. 

Mais ce qu'elle admirait surtout, c'était 
l'air de bonté , de douceur et de modestie 
des deux jeunes ouvrières. « Que vous êtes 
heureuse , madame , dit elle à Madeleine , 
d'avoir de si charmants enfants I Hélas I 
j'avais une fille qui aurait à présent à peu 
près l'âge des vôtres , et ce qui est bien 
plus cruel que de l'avoir vu >uourir, j'i- 
gnore ce qu'elle est devenue I » _ 

Meunier entra en ce moment : « J'es- 
père, dit il en se rengorgeant, que ma- 
dame est contente du travail de mes 
nièces? 

— Tos nièces ! ce ne sont donc pas vos 
filles^ madame? 

— Non, madame , répondit Madeleine, 
ce sont les filles de ma sœur. 

— Je ne vous en félicite par moins; 
permettez que je les embrasse. Je serais 
contente si ces demoiselles voulaient m'ap- 
porter elles-mêmes ce dont j'ai fait choix. 

— Sans doute, sans aucun doute, re- 
prit vivement Meunier, mes nièce?, je te 
conduirai chez madame. » Puis se tournant 




vers l'étrangère, il ajouta : « Je les tutoie 
parce que je les ai vues enfants. » 

Lorsque la dame fat partie, Madeleine 
devint rêveuse ; un vague pressentiment 
Tagitait; elle n'avait pas osé interroger 
davantage l'étrangère , et craignait même 
de sonder le fond de sa pensée. Elle ne 
voulait pas faire part à Meunier du soup- 
çon qui naissait dans son esprit, quelque 
léger qu'il fût Sa tendresse ingénieuse 
cherchait au contraire à se persuader de 
Timpossibilité d'une rencontre si étrange. 

Meunier, tout glorieux, accompagna ses 
nièces qui portaient , bien pliées dans des 
petits cartons, les emplettes faites par 
cette dame. 

« Voilà, je crois, une bonne pratique, 
mes nièces. C'est une personne qui a l'air 
d'être riche ; il faut la contenter et être 
aimable avec elle. Vois-tu, mes nièces^ tu 
as bien du talent , mais ton amabilité est 
aussi pour quelque chose dans ton succès ; 
l'amabilité ne gâte jamais rien. » 

Lorsque l'oncle et les nièces se présen- 
tèrent à l'hôtel qu'occupait M"** la com- 
tesse de Seonevîlle , ils furent immédia- 
tement introduits dans un vaste salon 
meublé avec luxe ; - la comtesse parut 
bientôt et remercia les jeunes filles de leur 
exactitude. Elle les examinait toujours avec 
une attention toute particulière. On eut 
dit qu'elle cherchait quelque chose dans 
son souvenir, puis elle les caressait et 
semblait se complaire à les regarder, à 
passer ses doigts dans leurs longs cheveux 
blonds. Hélas I disait-elle en soupirant, 
sans tous les malheurs qui sont venus me 
frapper, j'aurais aussi une fille jeune 
comme vous ^ peut-être aussi jolie, au^si 
bonne ^ et je serais bien heureuse ! Mai^, 
dites - moi , comment vous nommez • 
vous? 

— Angèlel dit l'une d'illes, croyan' 
répondre pour les deux. 

— Angèle I dit la comtesse en jetant un 
cri, et vous? demanda-elle à l'autre. 

— Angèle aussi, madame. 











— S4« — 




— Ah I grand DLea I et viNift a«w 
élevées dansice pays? 

— Mous rhabilooa depiiîs loogjtemps. 

— ^loQsieurl mais non.*. YitaU. 

courousi elles, vous y je veiu parler à voire 
femme, elle me comprendra mieox». Yabck» 
mesMilieintiH venezJ j*ai uo. grand. mystère 
à éclaircir ^» et la comtesse lea-emaieaa 
tous trois dans sa vobmre. 

A peine arrivée , la comtease s'empara 
de Madeleine : » Madame I loi dir-eilo,, 
vous aure^ pitié de moi ; vobs oDHOfrea- 

drcz le cœur d'une mère Cea drax 

jeunes filles ne sont pas ici depuis leur 
naissance? 

— Non, madame ; elles ont été nonr- 
ries par ma soiur. 

— Mari i Lacroix? à Brécourt en liv- 
raine? 

— D'où le savez-vjoos, madame ? 

— Votre sœur est morte, et vous avez 
adopté ces enlantii 7 

— Oui , madame. 

— - L'une» vous le saves*. n'estpas votre 
nièce» 

— Héla&l oui, madame. 

— Ah! par pitié, ditea-moilaqaeUe est 
ma fille 1... 

— Gela m'est impossible» madame , 
jMgnore moi-même, laquelle est ma nièce, 
ma soeur était morte loisqpe je sois arri- 
vée ponr les chercher, et tout le monde 
dans le pays les croyait sœurs. 

— Eh bien. L'une d'elles e&t ma fille. Il 
avait peu de temps que j'avais confié 

mon enfant à votre sœur, lorsque, par 
suite des malheurs du temps, mon mari 
fat obligé de fuir, nous étions.condamnés, 
nous n'avions pasuamomentà perdre. Je 
chargeai une feouie à laquelle je croyais 
pouvoir me fier, d*aller reprendre ma fille 
et de me la ramener en Angleterre où 
nous allions nous réfugier. La misérable 
garda la somme que je lui avais confiée et 
ne s'inquiéta pas de mon enfaou II serait 
trop long de vous raconter tous les mal- 
heurs qui m'ont empêchée derevenir; mais 





vous coB^Nrendrez qu'ils devaient être bien 
grands et bie& insurmontables, puisqne 
Vamonr matiemel n'a pa en. triompher. 
Snfin • il y a denx ans seulement., jft pu 
renirer. en France ; ja courue, k Brécourt, 
j|ap|N'i& la mort de votre sœoii; j'appris 
que ions aviez emmené les enlants, mais 
personne ne sanuit de quel côté vons-vons 
étiez dirigée, ie fia faire biea des DecheiN* 
cbee, bien, des démarches^ josqu-'à oa mo- 
ment elles sont restées infructueuses..»., 
et maintenaotme voilà retombée dans une 
granda incertitude ; jo suis sûre que L'une 
d'elles est ma fille, mais laquelle? Man 
Dieu ! comment donc fairo? 

— Faî^. comme nous ,. dil en entrant 
Meunier, qui avait, tout écouté. Faire 
comme nous,, madame la comtesse. Noos 
a'avioas qu'une nièce, et dans rincerii* 
tuda nous en avons gardé denx ; vous 
n'aviez qu'une fille , vous en aurez deux^ 
ce quk ne les empêchera pas. d'être nos 
nièces, pas plus que d'être nos nièces nn 
les empêchera d'être vos fijyies. C'est dair 
cela. 

-^ Avant de prendre une détermination,, 
ajouta Madeleine,, il faut consulter les jea-~ 
nés filles; si elles allaient toutes deux.vooi^ 
loir être les filles de madame? 

— Oui , dit. Meunier, et si elles soient, 
tontes deux vouloir être nos nièces?..^., 
ça serait embarrassant. » 

Les deux Angeles furent. appelées; Ma- 
deleine leur raconta ce que vous savez 
déjà. Elle ne leur cacha rien ,. ni le so. t 
heureux qui attendait la fille de la comr 
tesse , ni le sort modeste qui attendait la 
nièce du perruquier. 

Enlacées comme deux tiges de fleurs , 
le.« jeunes filles écoutaient attentivement ; 
leurs regards se portaient alternativement 
sut la comtesse , sur Meunier et sur sa 
femme. Quand Madeleine eut terminé, 
elles se regardèrent un instant , des lar- 
mes semblables à des perles tombèrent de 
leurs yeux, puis s'élançant dans les bras 
l'une de l'autre, et s'embrassant avec une 







— M7 — 




m« tenéresBe elles s'éeriireit : Q«d q«e 
ioit le sort qai noos attend» heoreox oa 
malhearevx , noos ne imws qoUteroiis 
jamais, n'est-ce pas, sœar? Non, noo, 
jamais 1 Et voqs, mon boB oncle et ma 
bonne tante, avei^vons pensé que nous 
Toos abandonner ions, que none oublierions 
▼os soins , TOire bonté maternelle? Non, 
noos serions indignes de tous et de ma« 
dame, et si nous agissions ainni, cette 
mère qne le cM rend à Taoe de nous , à 
tontes les deux, noos l'espéron» I ne pour- 
rait pas compter sur notre attacbem€nt, 
elle ne pourrait pas nous aimer, car elle 
aurait le droit de craindre aussi notre 
ingratitude. 

— mes enfants! dit la comtesse 
en s'élançant vers elles les bras ouverts» 
non , \ODS ne vous séparerez pas , non , 
vous ne quitterez pas les dignes gens qui 
ont eu tant de soin de votre enfance et qui 
vous ont donné de si nobles sentiments ; 
pouvez-vous penser que je n'aie pas pour 
eux, moi aussi , une bien vive reconnais- 




sance? N'ont-iispas donbié mon bonheor, 
n'est-ce pas à eox que je dois de croire 
presser ma fille sur mon coeur, quelle que 
soit celle de vous deux que j'emfcrasse. 
Non , Bons ne noos quitterons plus , nous 
ne ferons qn'nne seule famille t 

— Ah I dit lleunier en esatiyatft une 
larme, je savais bien que ces enfMMs-lfc 
feraient notre bonheur. Mais il y a «ne 
chose qui me taquine , c'est qne je ne vas 
plus oser les tutoyer, et ce diable de Bibolet 
croira que je me rends à ses raisonne- 
ments. Ah! bahL.. n'est-ce pas, madame 
la comtrsse, que je pourrai toujours les 
tutoyer? car c'est maintenant plus que 
jamais que je dois dire : Viens, mes nièces, 
que je t'embrasse I » 

A quelque temps de là, madame la 
comtesse, les deux jolies brodeuses de 
Rouen , le brùve perruquier et son excel- 
lente femme vivaient heureux et contents 
tons ensemble dan;) le château de la com- 
tesse de Senteterre. 

A. Jadin. 




EXPLICATION DE L'ÉNIGME N* 7. 




Louis , doc d'Orléans , épousa en pre- 
mières noces Jeanne de Yalo's, sa cousine, 
fille de Louis XI. Il fut forcé k ce mariage 
par la volonté duroi, et quelles que fussent 
les émînentes vertus de la princi sse , quel 
que fût fe dévouement dont elle hri donna 
les marques, il ne la traita jamais en 
épouse. Parvenu an trône sons le nom de 
Louis Xn (1&98) , il fit dissoudre son ma- 
riage : Jeanne reçut cet afront sans se 
plaindre , disant que Dieu lui envoyait une 
telle humiliation, afin qu'elle le servit 
mieux que par le passé. ERe se retira à 
Bourges, et y fonda une congrégation de 
filles sous le nom de rAnnonciade , et mou- 
rut en odeur de sainteté le h février !505. 

Louis, aussitôt après le divorce , épousa 
Anne de Bretagne, venve de Charles YIII, 
roi de France. Cette princesse, unique en- 
fant de François II, duc de Bretagne. 



apporta en apanage à la France le beau 
duché dont elle était souveraine. Louis 
Faimait depuis longtemps , et son affection 
était d*accord avec sa politique. Anne avait 
un caractère élevé, le goût des lettres et 
des arts; mais elle entacha sa mémoire 
par la vengeance qu'elle exerça sur le ma- 
réchal de Gié , qui lui avait fait quelques 
légères oOensos, et qu'elle dépouilla de ses 
biens après l'avoir fait empiisonner et dif- 
famer par arrêt de justice. Anne de Bre- 
tagne mourut avant son mari , qui toute 
sa vie pleura sa Bretonnu. 

Malgré son deuil et fon âge avancé, (t 
se décida à de troisièmes noces. Henri VIU, 
roi d'Angleterre, menaçait de ses armes la 
France épuisée par les guerres d'Italie. Il 
avait remporté à Gninegatte une éclatante 
victoire, et s'était emparé de Thérouane 
et de Tournay. Louis fit des propositions 















— 248 — 



de paix; mais il ne put les obtenir qD*en 
époQsant Marie d'Angleterre, sœnr de 
Henri YIII. Le mariage se fit dans l'église 
de Saînt-Wulfran d' AbbeviUe , et quelques 
mois après la conclusion de cette union , 
Louis XII mourut (1515). Sa jeune yeuve 
retourna en Angleterre , où elle épousa un 
homme qu'elle aimait, le duc de SuSbIkt 
et devint ainsi l'aïeule de Jeanne Gray. 
Son nom est oublié; celui d'Anne de 




Bretagne survit à peine dans quelques mo- 
numents presque en ruines» dans quelques 
écrits qu*on ne lit {dus; celui de Jeanne 
de Valois, inscrit aux dyptiques de l'église, 
reçoit tous les jours des hommages qui 
s'adressent, non k l'illustration et k la 
naissance, mais aux vertus éclatantes dont 
cette princesse donna l'exemple, dans une 
vie d'aboégation , de douceur et de dé- 
vouement. M"* M. F. 



Écouomie Domestiqoe. 



EAU DE BOTOT. 



Cochenille en pondre, 1 gramme 95 
centigrammes (i[2 gros). 

Anis vert en poudre, 31 grammes 25 
centigrammes (1 once). 

Cannelle concassée, 1 gramme 95 cen- 
tigrammes (1)2 gros). 

Gérofle concassé, 1 gramme 95 centi- 
grammes (1(2 gros). 

Mêlez le tout ensemble dans une bou- 
teille cobtenant un litre de forte eau-de- 
vie, agitez cette bouteille pendant vingt 



jours. Passez ensuite le tout à travers un 
papier gris; lorsque tout est passé, vous 
y ajoutez : 

Essence de menthe, 1 gramme 95 cen- 
tigrammes (li2 gros). 

Alcool d'ambre, 1 gramme 95 centi- 
grami^es (li2 gros). 

Bouchez bien la bouteille chaque fois 
que vous retirez de Veau de Botot pour en 
remplir un petit flacon. 



PRUNES CONFITES A L'EAC-DE-VIE 




Cueillez des prunes de reine-claude 
a?ant le lever du soleil et quand elles ap- 
prochent de leur maturité. 

Pesez-en trois kilogrammes (6 livres), 
piquez-les avec une grosse épingle. Dans 
une bassine de cuivre, faites clarifier 2 
kilog. 250 grammes {h livres li2)de sucre; 
quand il est clarifié, ajoutez-y cinq ou six 
verres d'eau pour le décuire ; jetez-y vos 
prunes et continuez d'échauffer le tout sur 
un feu très-modéré , en agitant douce- 
ment les prunes avec une cuiller de bois. 
Lorsque les prunes commencent à jaunir, 
retirez la bassine du feu, versez ce qu'elle 
contient dans une terrine de terre et ex- 
posez-la à l'air libre. 

Vingt-quatre heures après, mettez cette 
terrine sur le feu; quand le liquide est 



plus que tiède, retirez -la. On recommence 
trois fois, en laissant entre chaque fois 
deux jours d'intervalle, mais en ayant soin 
de chauffer de plus en plus le liquide. 

Vingt-quatre heures après la dernière 
iaçon, on enlève les prunes avec une cuil- 
ler, on les place sur un tamis, on verse 1 
litre /tO centilitres (3 chopines) d'esprit -de- 
vin dans le sirop; on le passe au travers 
d'une chausse en flanelle, on en remplit 
un bocal jusqu'aux deux tiers de sa capa- 
cité, on y dépose doucement les fruits, on 
bouche le bocal, on le place dans une ar- 
moire , et trois mois après on y ajoute kl 
centilitres d'esprit-de* vin (une chopine^. 

Toutes les prunes se confisent de la 
môme manière. 




%V>„j5^. 








— 24» — 

COMPOTE D* ABRICOTS SOUS L£ FOUR DE CAMPAGNE. 



Prenez huit abricots bien mûrs» fea- 
dez-les en deux , ôtei-en les noyaux , pla- 
cez les abricots sur une tourtière » le côté 
de la peau tourné en dessus, prenez 125 
grammes {k onces) de sucre en pondre , 
cassez quatre noyaux, épluchez -en les 
amandes, bachiz-Ies grossièrement et ré- 




pandez-les, en même temps que le sucre, 
sur les abricots; arrosez le tout d'un 
demi verre d'eau; posez la tourtière sur 
un feu doux, recouvrez-la du four de 
campagne, chaud, et couvert de braise, 
▲près un quart d'heure la compote sera 
faite. 



Yllf AIGRE POUR LES SALADES. 



Mettez au fond d'un pot de grès deux 
poignées d'estragon, une demi-poigoée de 
cresson alénois, autant de cerfeuil et de 
jeunes feuilles de pimprenelle, deux gousses 



d'ail et une gousse de pimeot encore vert. 
Couvrez de 2 litres de bon vinaigre , lais- 
se z reposer huit jours, passez ) travers un 
papier Joseph et mettez en bouteilles. 



CORRESPONDANCE. 




Que le temps passe vite, mon Dieu !... 
Le printemps... nous ne l'avons pas vu; 
l'été joue à cache-cache , et déjà l'automne 
va venir nous annoncer Fhiver. Eh bien , 
ma chère , je ne trouve pas cela ennuyeux 
du tout; cette alternative de beaux et de 
•vilains jours, cela anime l'existence; ce 
ciel où courent des nuages dont Timagi- 
nation forme mille tableaux mouvants, me 
semble préférable à un ciel toujours bleu : 
Diursilés c'est ma devise ! et mon premier 
rébus... s'il t'en souvient. Il n'y a que mes 
amies , dont je ne veuille pas le change- 
ment , car si mon esprit se plaît à voyager 
avec les nuages ^ mon cœur aime à rester 

à la maison. Mais je suis inquiète, 

j'attendais Florence , elle ne vient pas... 
elle, si exacte!... il faut qu'il lui soit arri- 
vé quelque chose de fâcheux. . . Je ne peux 
tenir en place... la crainte d'un malheur 
est pire que le mulheur lui- môme... Je te 
demande la permission de te quitter, mais 
je te reviendrai bientôt. 

Après avoir fait un rouleau de notre 
planche VIII, j'allai exprimer à ma mère 
le désir d'aller chez notre amie ; ma mère 
l'approuva et me donna sa feoune de 



chambre pour m'accompagner. Arrivée rue 
d'Aumale, je levai les yeux... les jalousies 
étaient fermées ; il n'y avait cependant pas 
de soleil Sans rien demander au con- 
cierge, je montai en courant les deux éia- 
geSy en voulant tirer le cordon de la son- 
nette, je m'aperçus qu'il était relevé ; je 
cognai à la porte avec la première pha- 
lange d'un de mes doigts^ et j'attendis 
dans l'anxiété... Ce fut Florence que je vis 
en entrant, et comme je l'interrogeais du 
regard : « ^lon ^re est un peu malade, 
me dit-elle à voix basse ; je te remercie 
d'être venue; tu vas le distraire peut- 
être le guérir I. .. Devine mes intentions, 
et suis-les. — Père t dit-elle en entrant 
doucement dans sa chambre, je t'annonce 
mon amie, Jeanne, qui vient me deman- 
der de lui être utile pour la description de 
sa planche. — Je venais aussi^ monsieur, 
demander à Florence son avis sur un valse 
nouvelle; mais je n'ose plus..... en vous 
voyant dans votre grand fauteuil, on vous 
croirait souffrant.. Cependant, vous n'en 
avez pas l'air, ajoutai-je en lui tendant la 
main et le baisant au front.... — Vous 
trouvez , mon enfant 7 — On dirait plutôt 















qu'ici tout est en fête... Mou père va ve- 
nir causer avec vous. — Il me fera plaisir. 
-— Peimettez-voos qae noms fusicos on 
peu de musique, père ? lui dit FloreDoe« 
cela se vous gênera pas... nous fermerons 
iK>tre porte. — Ccmine vous voudrez ! » 

Lorsque nous fûmes dans le salon : « Je 
t'ai ceeipri8e,(dis-je à mon amie» ta veux 
sortir ton père de ses tristes préoccnpa*- 
tions : ces fleurs qui Tentourent , ces oi- 
seaux qui gazouillent.. Mais je n'ai pas de 
valse sur laquelle je veuille te demander 
ton avis, et mon père ne doit pas venir. — 
Ta femme de chambre va partir avec un mot 
de toi pour ton père. — C'est bien I • J'é- 
crivis. « Cher bon papa , votre ami est 
triste et souffrant , mais vous n'êtes pas 
censé le savoir ; venez vite ! entres gaie- 
ment , n'oubliez pas que vous venez de 
vous-même , sans être prévenu. » Cette 
lettre partie, « Mels-toi au piano, me dit 
Florence , et joue quelque mazourka. . . » 
Elle alla poser son oreiile contre la porte... 
•A présent, joue une polka ; mon père vient 
de se lever... Continue... il marchel...— 
Florence , si nous chantions? — Oui , une 
romance de sa jeunesse ; laisse-moi pren- 
dre.ta place. » A peine avait-elle fini le 
premier couplet d'un chant du temps de 
l'Empire que son père ouvrit la porte ; je 
loi présentai un fau euil... Florence con- 
tinua. « N'est-ce pas, Diesdemi/iselles, 
dit-il, quand elle rut fini , qu'il y avait 
quoique chose de naïf et de chevaleresque 
dans cette musique ? d<ins ces paroles 7 » 
Nous fûmts de son avis , et nous allions 
passer en revue ces viiillfs romances qui 
parlent si bien de dévouement et de gloire, 
lorsque la sonnette celte fois se fit enten- 
dre. .. C'était mon père ; les deux amis se 
mirent à causer révision^ au milieu des 
plus jolies fleurs et dt^s plus gais oiseaux ; 
une table fut dressée, un piquet com- 
mencé, et Florence, qui suivait des yeux 
son père dans tous ses mouvements , le 
quitta pour m*emmener dans sa chambre, 
et me dit, en me serrant dans ses bras.. . 





c Mon pauvre père qu'il faut peu de 
chose pour l'abattre, peu de chose pour le 
relever! — Je n'ouMi«»^i pas ta recette, 
lui dis-je. — Ajmitevy qull est md»- 
droit de dire à une per.onne qui tousse : 
« Com«i6 v^iis tousses I... i» Elfe f ou- 
blierait, vous l'en foites soutenir. Ou 
bien: <c Comme vous êtes changée! i» 
A moins que ce chang'>ment n'ait une 
cause moraia : la mort d'un père , d'une 
mère. — Tes réflexions sont très-justes ; 
j'y ajouterai qu'aux personnes âgées, on 
ne doit jamais parler de leur âge , pour 
plusieurs raisons : d'abord , si elles veu- 
lent le cacher , et puis si elles l'oublient., 
dans l'un ou l'autre cas, c'est peu gai, 
peu poli , peu charitable , de dire à des 
vieillards dont l'esprit et le cœur sont 
jeunes encore, qu'ils vont avoir à compter 
avec la vie. En général, il n'y a que les gens 
mal élevés qui parlent aux femmes de leur 
âge ; passé douze aus , cela devient de fort 
mauvais ton. — Mais, ma dtèrc Jeanne, tu 
oublies U planche YlII. — J'aime tant à 
causer... avec toi!... Eh bien, ma bonne 
amie, prends une plume... travaillons... 
Le n* 1 est un dessin ^le col , qui se 
brode au plumetis, et au point de cordon- 
net, sur mousseline. La ligne extérieure 
se festonne et l'on y coud une petite den- 
telle. Ce col se monte sur un petit collet. 
Le n^ 2 , Félicité , est au milieu d!une 
hortensia qui se brode au métier ou au plu- 
metis, avec un des points d'armes (le poin- 
tillé) , il s'exécute en faisant trois petits 
points très-près Tun de l'autre. 

Le u° 3 , Françoise , se brode au pki- 
métis. 
Le n"* 4 , Cïiloé , se brode de même. 
Le n*' 5 est un dessin pour bas de ju- 
pon ou pour bandes; il se brode en points 
de feston et à l'anglaise. A Textérieur , le. 
feston se fait en points de rose. 

Le n** 6 est la moitié d'un bonnet d'en- 
fant, il se fait en percale, avec broderie 
anglaise : en points de feston, pour les cinq 
ronds qui formeniguirlande, et en pdurtsde 










~1KS1~ 



oordomiet pour les Mitres ronds et les 
fleors» excepté «ellos qei forment le bas» 
Ge bminet n*a pas besoin de deate^le. 

Le n"* 7 est ie fend. 

Les B^ 8 , 9 et 10 ce sont des bonton- 
sières pour dtemises d'hemrae oh pei*- 
gBoirs de femme. 

L«s n''' 11 et 12 ce sont des dentelles au 
crochet qui n*ont pas besoin d*être expli- 
quées. 

Le n*> 13 est on ficha- pèlerine qni se 
talAe en iHlle'bianc et se 'couvre àlfieraati- 
Teraenl d*u«e dentelle blanche et d'une 
dentelle noire, cousues très-pou froncées ; 
nn ruban i^ose , plissé à pifs ronds, entoure 
-le haut et le derantde ce firhu-^pèlenne, 
sons ce m ban e»t connue, à plat, une den- 
t^ blanche, qui rabat snr la poitrine. 

Le n° 1^ est un panier à ouirage que j« 
Taist'eKpKquer. 

Tu acliètes, passage de TOpéra, une 
bande de canevas , iongae de 65 centi- 
mètres : 50 pour le panier, 15 pour le 
fond, et haute de 16 oentimètres; une pièce 
de gansedepaiiie appelée grenu (de la plus 
grosse). Les étoiles indiquent où conirneiH 
cent et finissent les brins de grenu ; les A 
indiquent la hauteur que doit avoir le ca- 
nevas; les B indiquent la hautear qne doit 
avoir la tapisserie. 

Le n'' 15 e>t le fond de ce panier qui se 
couvre de tapisserie en laine vert-chou. 

L€ n° 16 , ce sont les couleurs employées 
dans cette tapisserie, dont le fond se fait 
vert-chou ; on ne l'a indiqué que sur nn 
petit Ciipace hi partant du bas du pairit r. 

On monte son canevas sm* un métier , 
on fait ce dessin en kissant de 12 en 12 
fils, trois fils que l'on couvre par le grenu ; 
on l'attache snr le canevas avec de la laine 
noire que Ton passe par*dessus, de droite 
à gauche, sans former ie point de marque. 

On taille nn rond de carton sur le n^ 15, 
on couvre Tun des côtés d*une couche de 
ouate et d*un rond de taffetas blanc que 
l'on arrête, de l'autre cMé du carton, par 
des fils passés du btnt an bas, et de droite 




à gauche ; puis on ta lie le rond de tapis- 
serie, on le place sur' le côté du canon qni 
a les fils , on fait nn remi^li à «ette tapis- 
[ série, et on 4a eoud, à surjet, ^vec le rond 
de taffetas blanc. On détnonie la bande 
B^ 14, on la couvre d'une couche de 
«ouate, on y feit du;haut nn rem^i qui va 
de A à'B , on double cette bande d'un taf- 
Jélas Uanc que l'on coad du haut et du 
bas , à surjet, aToc le canevas , 'en ayant 
^u de replier en dedans les pieds de cha^ 
que monceau de grenu ; puis on cond , 
à surjet, en dedans, le bas du n^ 14, an* 
4onr du n* 15; onsuite, on coud une ganse 
blanche sur ^e surjpt du haut, et 'Sur celai 
dn has ; puis, entre clraqne anneau iormé 
par le grenu, on passe une ganse plate, 
jaune d'or, terminée par des glands qui 
retombent de chaque côté. 

C'est ici que finit la petite planche. 

Len»14,.. 

— Pardon, nous sommes au n* 17. 

'— Oui , ma dière , mais je m'aperçois 
que j'ai sauté par-dessus trois naméros. 
C'est une erreur irréparable... jecontinne: 

Le <n° 1 11 est ta moitié da dos d'une 
robe de -petite fille. 

Le n* 15 la pir^e^ini , sous le bras, joint 
le dos an devant. 

Le n* 16 est la nioiti'^3 du devant qui ne 
taille double; ce corsage se boutonne der- 
rière. 

Le n"" 17 est la manche pagode, telle 
qu'elle doit êtreéchancréedubautet du bas. 

Si , de ce cor>age montant , on veut 
faire un corsage iiécolleté , on coupe le 
dos, le long de latigne, dr B à B . le devant, 
le long de la ligne <ie  jusqu'à A , et l'on 
continue le long de la ligne du hant, de A 
jnsqu'à C. Les étoiles indiquent où hs 
épaulières se réunissent. 

Si l'on veut broder cette rrbe , on 60iq)e 
ce corsage de même le long de la ligne ,-de 
A jusqu'à A , puis, en pariant du bas , le 
long de la ligne , de C jnsqu'à C. 

Le n^ 18 est le devant du corsage qni se 
brode à l'anglaise et s'ajoute à A contre A 











.^e^e^ 



— 9»2 ~ 




Le n*^ 19 est le devant de la jupe , il se 
brode de même. 

Le n** 20 est la garnitare qui se taille sur 
7 centimètres de haat et se brode aussi de 
même ; cette garniture se coud, au cor- 
sage , légèrement froncée le long de la li- 
gne de B à B ; le long de la ligne de G à 
G, puis, le long de chacun des côtés de la 
broderie du n"* 19. On peut, si Ton vent, 
ajouter une garniture semblable au bas de 
la jupe, c'est-à-dire au bas du n"" 19, an- 
dessus de l'ourlet du bas. Il faudra alors 
que la jupe ait 7 centimètres de plus en 
hauteur pour la garniture, qui retombera 
an-dessns des 7 centimètres de Tourlet 

Au lieu de manches courtes, on coud à 
l'entournure une garniture froncée dont 
on croise les deux bouts sur Tépaule, bouts 
que l'on cache, en les relevant, par un 
nœud de ruban de taffetas , bleu, pour un 
petit garçon. A ce costume, on ajoute une 
ceinture formée d'un large ruban bleu , 
terminé par un effilé de soie bleue. A cette 
ceinture on fait les boucles d'avance et on 
l'agrafe snr le côté gauche. 

Le n* 21 est la moitié d'une brassière 
pour le premier âge ; elle se taille double , 
en percale, et se ferme derrière ; les deux 
lignes de pointillés qui se trouvent dans le 
bas indiquent la coulisse où Ton passe le 
ruban qui noue cette brassière. 

Le n? 22 est la manche. 

Le n* 23 indique comment elle se re- 
lève pour former le revers. 

Le n"" 2U est la moitié de la pèlerine qui 
se coud à cette brassière; 

Le n"" 25 est une dentelle au crochet. 
Quand elle est cousue, le pied se trouve sur 
une ligne droite , et la tête forme de gros 
plis ronds. 

Le n*" 26 est une bande au crochet , elle 
peut se réunir à d'anures bandes sembla- 
bles et former un manteau de lit 

Le n* 27 est le dessin d'une manche pa- 
gode et d'un semé. Ge dessin est semblable 
à la bande n* 5 , et se brode de même. 

Le n"* 28 est un col Maxarin encore 





formé du même dessin et se brodant de 
même. Ge col se porte à plat sur le cou. 

Le n* 29 est un entre-deux qui rappelle 
ce même dessin. Tu as donc, si tu le veux: 
jupon, manche, col, semé et entre-deux 
du même dessin , de la même broderie, ce 
qui a l'air très-riche , très comme il faut , 
et ne coûte pas davantage de temps ni d'ar- 
gent 

Le n* 30 est un grand dessin de brode^ 
rie anglaise, pour bas de jupon. 

Le n* 31 est un rond pour sac à tabac. 
Ge dessin arabe vient du palais de l'Alham- 
bra. On taille ce rond d'un centimètre de 
plus. Il se fait en Casimir rouge ou bleu, 
et se brode : en soutache, au crochet ou 
en points de chaînette: la rosace da mi- 
lieu en or et les autresdessins en soutache 
on en cordonnet bleu, sur rouge et rouge 
sur bleu ; on double ce rond d'un rond de 
peau blanche ou de taffetas rouge ou bleu , 
on fait tout autour des œillets , deux par 
deux ; tu as de tour à peu pr^s 55 centi- 
mètres , tu placeras ainsi tes œillets : 3 cen- 
timètres , deux œillets dans un espace He 
deux centimètres ; 3 centimètres, 2 œillets 
dans l'espace de 2 centimètres... toujours 
de même jusqu'à la fin. Tu couds une pe- 
tite ganse ronde, en or , sur les points qui 
réunissent la doublure au-dessus. Si ta 
passes dans tes œillets une ganse ronde , 
lu fais tes ceillets ronds. Si tu y passes une 
ganse plate , tu fais des boutonnières. Tu 
peux même ne faire tout autour qu'une 
coulisse. 

Gomme un sac à tabac se met dans la 
poche, il faut qu'il tienne le moins de place 
possible; tu ne mettras donc pas de glands 
à la ganse qui serrera le sac, tu réuniras de 
chaque côté les deux bouts de ces ganses 
par un nœud que tu feras en tournant en- 
semble les deux ganses. 

Ge dessin se transporte sur le drap ou 
sur le velours, par le moyen du papier à 
décalquer que tu achèteras passage de 
l'Opéra , ainsi que le Casimir, la soutache, 
les ganses et les cordonnets d'or et de soie. 




,^<^' 



^^'<^^^ié^ 








— 2S5 — 




Le n"* 32, I Jf , se brodent au plometis. 

Le n* 33 , Alzire , s'exécute en brode- 
rie anglaise. 

Le n"* 3^ , Elisabeth , au plu métis. 

Le n** 35, / £, entrelacés, se brodent 
de même. 

Le n* 36 est la moitié d'une robe façon 
amazone. 

Le n» 37 est la pièce qui réunit le de- 
vant au dos. 

Les deux zéros indiquent l'espace du- 
rant lequel on doit légèrement faire boire 
le dos en le cousant à la pièce de côté. 

Les deux étoiles indiquent où ces deux 
modèles se réunissent 

Le n* 38 est l'un des devants de cette 
robe. 

Le n* 39 est la mancbe , elle se taille en 
biais. 

Le B? UO, indiqué pardes petites barres, 
se taille en percale légère, pour le dessou<i, 
et en percale lustrée pour le dessus ; cette 
pièce se oaate plus fortement près du bras^ 
le dessus et le dessous se réunissent par un 
surjet ; un centimètre après, on passe un 
point devant qui réunit le dessus au des- 
sous ; lorsque le corsage est cousu^ on place 
cette pièce ainsi que tu la vois, on la coud 
par un surjet à l'entournure, et par un 
point sur la pièce de côté. 

Observations: Les boutons s'espacent 
davantage afin d'arriver jusqu'au bas du 
corsage. La forme grelot est à la mode. 

Lorsque les pinces sont cousues , on les 
coupe également et on les ouvre. Les étoi- 
les qui sont au haut et au bas de deux de 
ces pinces , sous le bras et au bas du dos, 
indiquent où l'on doit poser une mince ba- 
leine, large d'un centimètre, enfermée 
dans un ruban de fil blanc. 

Avec ce corsage tu peux faire un gilet. 

Le n* ^1 est le dos, il se fait en percale 
blanche, lustrée, se taille d'un seul mor- 
ceau , c'est-à-dire sans pièce sous le bras, 
et se réunit ainsi au-devant du corsage ; le 
milieu du dos se fend du bas jusqu'à l'é- 
toile. 





Les devants se coupent duba?, ainsi qu'il 
est indiqué; les boutons se placent de 
même , excepté qu'ils se mettent à droite. 

Le n^ U2 est la moitié du col, il se coud 
B contre B, Â contre Â. Ce gilet se double 
de percale blanche, lustrée, il se taille en 
taffetas, selonla fantaisie, et s'orne de riches 
boutons qui nécessitent des boutonnières. 
Ce gilet se fait du reste entouré d'un tout 
petit passe-poil, comme le corsage ama- 
zone. Il se porte sous un corsage ouvert, 
ou bien, sur une jupe de taffetas noir, 
gros bleu, ou d'une étoffe à carreaux écos- 
sais , et se recouvre d'un kazaweck noir, 
gros-bleu ou écossais. 

— Pardon, Jeanne, mais je n'ai pas 
encore aperçu un seul de ces gilets. 

— Peut-être la mode n'en sera-t-elle 
pas adoptée de sitôt... Mais je m'empresse 
d'en donner un bon patron, d'après celui 
que j'ai vu chez mademoiselle Fauvet : il 
était en taffetas bleu pâle, glacé de blanc, 
les boutons étaient en argent d'un riche 
travail. 

— Et ta gravure de modes? 

— Nous y voilà 1 Deux jeunes personnes 
se promènent dans un jardin; l'une a 
une jupe de taffetas écossais, un canezou à 
basques, en mousseline blanche ; le cor- 
sage, fait en gerbes, est monté sur une 
ceinture haute de trois centimètres; à cette 
ceinture est cousue une bande de mousse- 
line formant sept basques, garnies, ainsi 
que le cou, le devant et les manches, d'une 
bande de mousseline haute de huit centi- 
mètres festonnée de chaque côté et cousue 
de manière à former un bouillonné ayant 
deux têtes ; devant, sont posés douze petits 
boutons d'or. Un ruban de velours noir 
entoure ses cheveux de derrière et re- 
tombe de chaque côté. 

L'autre a une robe de grosde-NapIes, 
corsage amazone ; du côté droit, un ruban 
de la couleur de la robe est cousu, froncé 
au milieu , tourne du bas et remonte jus- 
qu'au haut du corsage où il tourne deux 
fois autour du cou. Les mêmes rubans sont 







'-^-è^-: 




1 








— 254 — 

consw au bas de la manche Louis Xlil. 
Le mantelet pamten e>t en mouftsetine bro- 
dée à courant, à la pièce, découpé en fes- 
tons et garni d'un ruban de talîttas, froncé 
comme la bande de mousseline du corsage 
à basques... 

Des voix se firent entendre derrière la 
porte, « Peut-on entrer? —Certainement, 
messieurs, » répondlmcs-nous en allant au 
devant d'eux. « J'ai perdu ! dit mon père. 
Savez-Tous ce que j'ai perdu?... une pro- 
menade en Toitare au bois de Boulogne I 
— Dépêche-toi de mettre ton chapeau, ma 
fille, » ajouta le père de Florence, qui se 
frottait gaiement les main». Mon amie en- 
voya chercher une calèche de remise. 
Mais, juge de notre étounement, ces mes- 
sieurs voulurent absolument nous donner 
les places du fond I c Vous n'êtes pkis des 
petites filles, vous êtes des demoiselles à 
marier, nous disait mon père, d'un air on 
peu moqueur, il est vrai. — Et la politesse 
que nous vous faisons, cela nous rajt*unit,i> 
ajoutait le père de Florence... r^ous partî- 
mes ; je fis arrêter devant rotre maison, 
j'allai prévenir ma mère de notre prome- 
nade, et redescendis avec une invitation k 
diner pour Florence et son père... Quand 
nous fumes dans les Champs-Elysées, une 
jennefile s'accrochant à n(*tre portière, 
nous jeta à chacune un bouquet, que mon 
père paya généreusement ; puis ces tues- 
sieurs se mirent à causer entre eux, et nous 
en profilâmes pour causer entre nous. 

« Il n'y a pas de modes nouvelles, me dit 
Florence, c'e t ttnjours: robes de taffetas 
noir, barége noir, mousseline de la'ue 
noire, à trois hauts voyants, bottines de 
prunelle noire, chapeau de gaze orné de 
jais noir. Après, c'est le gros-de-Naples 
Uen de France, puis la couleur marron : 
les bottines, le kazawt ck, la robe pareils; il 
n*y a pas jusqu'aux chapeaux de paille qui 
ne rappellent la couleur du costume par des 
plumes ou des rubans... mais le jais noir 
trouve encore moyen de se glisser «ur 
es fleurs qui ornent le dessous de ces 





chapeaux. -^ Je remarque des dames et 
des demoiselles mises absolument de 
même... Des dames... j'aime cela : des 
sœursqoi, bieoque mariées restent encore 
sœurs, même par le co&tume ! A propos^ 
mon pèie a lu dans son journal qu'une 
dame des États-Unis trouvant les jupons 
chauds en été, et froids en hiver, les a rem- 
placés par des pantalons à la turque sur 
lesquels, au lieu de robe, elle porte une tu- 
nique courte. — Mat8,maciière, c'est bien, 
si cette dame est jeone, elle aura l'air d*nn 
gamin de Paris, mais plus -lard... et puis 
quel chapeau porie-t-^lle? — On ne le 
dit pas ; on dit aederaent que oe cost«me 
est suivi par beaucoup de dames, que dans 
un bal elles ont en beauconp^e -succès, ce 
qui pourritit bien décider la mode... Ooi, 
dans !e nouveau monde, repris^ je, mais pas 
chez nous. Onditau«i que des Anglais ^de 
la haute vie (high-lifé) ae HHit réunis pour 
changer les vêlements et surtout le bidevx 
chapeau des hommes. A la bonne heure I 
je ne reconnais qu'aux Anglais le drok de 
régler le costume des tne8^ieurs, et âux 
Françaises, celui des dames... > 

Dès que nous lûmes de retour dans nm 
chambre, F orencese mit à fondre en lar- 
mes. « Ëh bien 1 lui dii<-JH étonnée.— ^ C'est 
de joie, me r^pondit-eile, laisse-nK>i stula- 
gtf'r mon cœur ; je tne n^tiens depuis trop 
longtemps. Mon p(>re, ce matin, était ma- 
lade, une nuit de fièvre et d'inson.nie 
m'avait désolée*; j'allais demander 4e mé- 
decin... tu es venue, ton père nous a 
aidées... et une distraction du cœur et de 
l'esprit, un changement de place, ont remis 
l'équilibre dans sa santé... — Viens au 
salon, je vais prévenir maman de ne ser- 
vir à ton père que les cltoses 1rs pli» con- 
venables à son état. — Prie-ia athsi de 
nous renvoyer de bonne heure... Je ne 
désire pas que tu aies jamais besoin de 
moi en pareille circcmsiance, Jeanne... 
mais tu sain si ma reconnaissance.. . mon 
dévouement.. > Nous nous embrassâmes 
avec effusion... en silence. 




■^^QG^S*^ 










— 28» — 



MamteMjit, aeofe airec toi, je t*ai écrit 
le récit de ma jouroée. Mais je m'ap- 
perçois que j'ai onbliô de t*eipliquer le 
rébus. 

L'J]Ie> rivière «-un sœod — le dieu des 
Chinois, Fo — le pas de... Calais si tu veux 



— no mètre — un la — une bougie re- 
couverte d'un boisseau... Cela veut dire: 

// ne faut pas mettre la lumière sous le 
boisseau^ 

Adieu 1.. . Joie et sauté pour toi et pour 
les tiens. J. J. 




ÉPHÉMIËRIDES. 

26 AOUT- 1346. —BATAILLE DB CRÉCY. 

Edouard III, après avoir ravag^> la Nor- 1 1er aux pieds des chevaux, et ces malhen- 





mandie et les environs de Paris , voyait 
l'armée de Philippe de Valois se renforcer 
de jour en jour, se dirigea vers son comté 
de Ponthieu , dont la capitale , Abbeville, 
était occupée par les troupes françaises. I! 
passa la Somme et conduisit son armée 
vers le nord-est, du côté de l'Artois. H 
s'arrêta près du bourg de Crécy, situé non 
loin de la forêt qui pririe le même nom. 

Philippe de Valois voulut le rejoindre 
pour lui offrir le combat, et eut le malheur 
de fatiguer ses troupes par d ^ longues mar- 
ches sous un soleil brûlant. On remarquait 
dans l'armée française, parmi les plus ce- 
^lèbres guerriers, le roi de Bohême, toujours 
an premier rang malgré sa cécité ; le comte 
d'Alençon, fière de Philppe VI, Jacqu<'S 
de Bourbon, les sires d'Aubigny, de Beaii*^ 
jeu, de Montmorency. Les Anglais avaieat 
à leur tête les deux maréchaux Warwick 
et d'Ilarcourt, le jeune prince de Galles» 
fmroommé le Prince-Noir, les comtes de 
Northampton et d'Arundel. 

Le comte d'Alençon engagea la bataille, 
en d^pil des ordres r^itérén dt» aett royal 
frère, qui devrait faire rafraîchir les trou* 
pes et leur donner une mlleure peailûui» 
et grâce à cette désobéisauice , \^ Fran- 
çais, en arrivant devant rennemi, a* pres- 
sentaient qu'une ma^se dAsordoftoée,. «au^ 
verte de poubsîère , haraaaée de fatîgwr et 
de chaleur, et où les cmmnandeiDflntH s* 
perdaient dans une vaste confa^ion d'hom- 
mes et de chevaux. Les archers génois, 
qui marchaient en tête de l'armée fran- 
çaise, accablés par les flèches des Anglais, 
reculèrent ; le comte d'Alençon les fit fou- 




reux, pour se venger, enfonçaient leurs 
dagues dans le ventre des destriers. Les 
Anglais profitaient de cette horrible mé« 
lée; Jacques de Bourbon essaya en vain de 
dégager le premier corps , commandé par 
le comte d'Alençon; un instant de succès 
ranima le courage des Français : ils péné- 
trèrent dans les rangs enne nis et entourè- 
rent le prince de Gales. On avertit son 
père du danger qu'il courait, Edouard ré- 
pondit : Qu'on laisse fenfant gagner ses 
éperons ;je veux que la journée soit sienne. 
Un chevalier normand couvrit le jeune 
prince de sa bannière, et le dégagea ; les 
Français furent repous^^és ; le comte d'Alen- 
çon, Louis de Châtillon, les comtes 
d'Auxerre et de Sancerre lAobkVeat pour 
ne plusse relever. Le roi Philippe s'avança 
avec impétuosité ; le roi de Bohême», aiveu- 
gle, voulut aller k la recheicbe de wut fils» 
f et se jeta daw^ les rangs ennMÛ^ ayanl la 
bride de son cheval attachée aux rênes de 
ses deux écuyers. Le roi de Bohême ne 
reparut plus, et Philippe, après s'être ex- 
po&é avec une intrépidité désespérée, dut 
quitter le champ de hatnilte ea fuyant, en- 
traîné de force par sefroompagnoos. Il alla 
demander un asiie au diâtewb de La 
Broyé. 

Edouard fit appeler MHk fils, eft Ittt mon- 
trant la plaine de Crécy jonchée de cada- 
vres, il lui dit : Que votis sembla d'um 
bataille ? pensez-'t&ua que ce soit jeu. plai- 
sant? Puis l'embrassant, il ajovta : Beau 
fils, vous avez loyalement combattu; vous 
êtes digne de terre tenir. 
Les blessés furent transportés en l'ab- 








"va!Q^^S3 — 



baye de Vatloircs, où la chariië cliréiienne 
les soigna sans ^'informer à quelle natioD 
Us appartenaient. Le roi de BobCme fut 
reirouvé luonraut; il eipîra dans les hras 
du Prince-Nuir, en redemanda nt son Gis, 
qui avait hir, peu digne du dévouement 
paternel. On l'ensevelit dans l'rglise de 
l'abbaye. 

Le lendemain de It bataille, une tioope 




de valeureux gentilshomi 

attaquer l'armée anglaise. Ils a 

rcnt tous , en répétant le mot moriamur 

(mourons) qu'ils avaient pris pour devise. 

La chapelle élevée i leur mémoire porte 

encore ce mot ï son fronton. 

Telle fut cette funeste bataille qui devint 
ponr la France l'aurore d'an siècle de mal- 
heur. 



Lesbonsêcoulcursri:S£i;mblentauibons 
ménagers: i!s fout profit de tout. 

AllYOT. 

Un peu de science éloigne de la religion ; 
beaucoup de b ience y ramène. 

Bacon. 
Quandr^goïsme augmente, la jouissance 
de foi-mS'nu diurnue; quand l'égoisme 
diminue, la jouissance de soi-même aug- 
mente. 

Lavateb, 



La sensibilité, quelquefois mère des bi- 
blcsses, l'est plus eourent des grandes 
vertus. Celui qui pleure à l'aspect du mal- 
heur, au récit d'une belle action, prouve 
qu'il veut soulager l'un et qu'il est capable 
de l'autre. Flobian. 

Il n'y a rien sur la terre qui ne montre 
00 la misère de l'bomme, ou la miséricorde 
de bien; ou l'impuissance de l'homme sans 
Dieu, ou la puissance de l'homme avec 
Dieu, Pascal. 




St'X 




le de SI"" V D«ni!q-nu[>ii', i 



iI-Loui', te, au Marais. 




Journal iirs ïlrmoisrllcs. 



.n ■,,.,, j,.. ,i,.r;,. 






— 2tt7 — 



UNE PARTIE DE PLAISIR AU TEXAS. 





Un pen avant qae la dernière guerre 
entre les États-Unis et le Mexique n*eût 
éclaté, réveillai nt ainsi Tespoir et les pas- 
sions des tribns basannécs qui peuplent les 
frontières des puissances belligérantes, la 
famille Rock, originaire d'Irlande, réduite 
à la misère par les désordres du père, vint 
s*établir sur la lisière même du territoire 
des Indiens. Cette famille se composait do 
mari et de sa femme, tous deux âgés, d*un 
garçon de vingt ans et d'une fille de seize 
ans. Ils s'arrêtèrent à l'entrée d'un ravin 
profond, sur le bord d'une épaisse forêt, 
construisirent une cabane avec des troncs 
d'arbres et défrichèrent à l'entour un petit 
espace de terrain pour eu faire un champ 
de mais, qui, avec les produits de la chasse 
et de la pêche, formait toutes leurs res- 
sources. Les deux enfants fournissaient à 
la famille le gibier, tels que daims, per- 
drix, dindes sauvages, qui se trouvent en 
abondance dans les plaines fertiles du 
Haut-Texas, et qu'ils poursuivaient avec 
une ardeur infatigable. Le vieux couple 
ne faisait absolument que boire, manger, 
dormir et fumer, oublnnt complètement 
leor ancienne position dans la société amé- 
ricaine. 

Peu après leur arrivée, les membres de 
la famille Rock apprirent qu'il leur était 
survenu un voisin. Un grand gail'ard du 
Kentucky, épris de la vie sauvage, s'était 
établi à un mille de leur habitation, avec 
un vigoureux domestique, son compatriote, 
quatre esclaves nègres, une douzaine de 
chevaux, un troupeau de bétail et un cha- 
riot Il construisit une solide maison de 
troncs d'arbre, et donna à sa résidence le 
nom de Snowville, lui-même s'appelant 
le capitaine Snow. Dans un temps de paix 

Pa-lfBUViàMB ANN^, 4« liui. — N« IX. 



et de tranquillité, sa ferme n'aurait sans 
doute pas tardé à devenir le centre d'un 
village, et enfin d*une ville, mais un fléau 
plus destructif que la peste on le choléra 
s'approchait : le Texas allait être la cause 
d'une terrible guerre I 

Quand le capitaine Snow fut bien in- 
stallé, qu'il eut terminé sa maison et 
ensemencé son champ, il jugea convenable 
de faire une visite à la familfe Rock. Il fut 
frappé de la misère de leur demeure, de 
l'abrutissement des vieillards, de l'intelli- 
gente activité des enfants, et surtout de 
la beauté de Mai-y. D'un caractère franc et 
sociable, il fut bientôt l'ami du jeune 
Rock» et devint le compagnon inséparable 
du frère et de la sœur, dans leurs parties 
de chasse et de promenade. La conséquence 
se devine : quand bien même Mary n'eût 
pas été la seule femme qui se trouvât à 
cent milles à la ronde, elle aurait captivé 
le cœur de tout jeune homme, par sa sim- 
plicité, sa candeur et sa sincérité. Au bout 
d'un mois, le capitaine SnoW était amou- 
reux fou; au bout de deux, il était le 
fiancé de miss Rock. On convint, des deux 
côtés, qu'aussitôt après la récolte du mais 
on fréterait une barque, et qu'on descen- 
drait aux habitations pour se marier. 

Pendant l'intervalle, tout le temps de 
loisir se passa en parties de chasse, de 
pêche, de promenades en bateau et à 
cheval. La nouvelle de la guerre fit bondir 
le cœur du capitaine Snow; mais ses aspi- 
rations belliqueuses tombaient à la vue de 
Mary, qu'il aimait avec toute l'ardeur d'un 
franc, honnête et loyal pionnier. Cepen- 
dant, il ne pouvait se défaire entièrement 
des regrets qu'il éprouvait de ne pouvoir 
partager les dangers de l'expédition; et 

17 




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'^'^^Ji 








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ponr donner le cbanee 3i Fes pensées, il 
proposa an frè e et ^ la sœur une seoiaiiie 
de chas-e aux buffles dans U prtje iiion- 
lagnei'Se du pays. L'offre fut acceptée vo- 
louiien ; et uu matin, au point du jour, 
3s partirent. 

Celle foi^s les chasseurs montaient des 
ch^'vatix; Sntiw avali dioisi les meilleurs 
des biens. Tous portaient une carabine, 
one |M)n Jrière, un paquet de biscuits, un 
flacon de wbibky et un couteau de citasse. 
Mary, n vêtue d*un costume qui la distin- 
guait à peine de ses compagnons, ne s'était 
jamais sentie plus heureuse, plus aniinée, 
plas rt'uiplie d*eutbuusij2jme pour la vie de 
prairie. Ils allaient, gravissant des gorges 
escarpées, traversant des pLiines recou- 
vertes d'herbes ondoyantes, le loog de 
frais ruisseaux , ou à l'o-ubce d*épaisses 
forêts. Ils marchaieat toute la maiiuée, 
jusqu'à ce qu'ils eussent trouvé un en- 
droit favorable à la chasse ; alors ils fai- 
saieoi halte, allumaient du feu, atta' hiiieni 
li'urs chevaux, et partaient à pied en quête 
du gibier, tautôt ens* ml^le, tantôt s^p^iré- 
meiit. Quand ils avaient eu bitnne chasse, 
ou bien à l'approche de la nuit, ils reve- 
naient au camp et r^ooiiaient Après celte 
opération, qui. dans les p airies, ne laisse 
pas que d'avoir son importance, ils alla- 
quaifnt modérément leurs gourdes de 
whisky et leurs provisions de tabac, cau- 
saient pendant quelque temps, et enfm 
allaient prendre un repos dont ils avaient 
grand besoin. Mary avait toujours une 
petite cabane construite de branches d'ar- 
bre, et recouverte des trois manieaux ; le 
frère et le fiancé se couchaient au dehors, 
de chaque côté de la cabane. 

Il y avait pluH dune semaine qu'ils 
oienaîent cette vie errante, et aucun d'eux 
ne pensait à revenir. Si Ton fait ahstractioo 
des habitudes de pi lage et de meurtre» 
presque inséparables de la vie sauvage, 
où l'tm retrouve tous les vices de la vie 
civilisée sans, pour ainsi dire, aucune de 
aes vertus y la vie d'aventures, dans les 




forét.<) et dans les prairies vlem^es de l'A- 
mérique posi^^te 00 clarine ioexpriujable. 
Notre |)eiîte troupe le sentiiit b en : cato^ier 
la nuit, sous des arbres, à des ce tain«^ 
de milles des hommes et des habitations, 
esi uue situation qui éveille des sentiments 
romantiques chez les natures les plus 
grossières ; et telle n'était pas celle de nos 
cha seurs. 

Un jour, n'ayant pu tronver de cam- 
pement favorable dans une plaine a*ide, 
ils avaietit été obligés de regagner celui 
qu'ils venaient de quitter le matin. Après 
une manhe assez rude, ils arrivaient 
au lit de^séché d'un torrent qu'il leur 
fallait t)av4 rser, la nuit était dose et leurs 
chevaux étaient exténués. 

« Je ne su<s pas d'avis de traverser cet 
endroit-là ce soir, dit le capitaine Suow; 
mon cheval est presque boiieui et a grand 
peine à se traîner. » 

« Chut ! » dit le jeune Rock à voix basse. 

c Qu'y at-il? » demanda l'autre avec la 
même précaution. 

Le jeune Rock indique du doigt le lit 
du torrent, qui était re«i*pli de bui<»s«m9 
épais, et recouvert par les branches des 
arbrts coissant sur ses bords; à une 
distance assez considérable, sur les bran- 
ches blrtnchâires d'un mél ze se réfléchis- 
sait la faible lueur d'un feu dont tm n'a- 
percevait nuQement le f>»yer, tant il eût 
é«é adiuirabl-mt^nt caché bans une éd^trcie 
accidentelle dans les arbres. 

« Des Indiens I des peaux rouges ! dit 
le capitaine Snow ; voui et Mary, glssez- 
vons jusqu'à ce bouquet d arbres là-bas, 
etcachez bien leschevaux, pen lantque je 
vain me tratuer jusqu'à ces reptile^ pour 
voir la manière dont ilssesontpi-intsfi). » 

En parlant ainsi le Keuturkien mit 
pied à ttrre, ôta son manteau, et se débar- 
rassant de sa carabine, de sa gibecière, 

(1) Les Iiidiens m peIgMoi la figure d'une 
bçoo partlcuUèce, quand ils partent pour una 
upédilioQ de guerre. 







..jH^ 












— 2m^ 



de te«t enfin, sauf son grw pentalon, 
M irbeiiM^e de ÛMielie , se» mocaHsiiw et 
Mm coateeu de chasse, se mit à desoea- 
dre 2e lit rocaillens de la riyière. Alary 
et tioa frère fwrtirent doocemeat ao p^ 
de lears dievuiix, conduisam le troi- 
sième cheval entre eox deux. Snow e*aii* 
çak avec louie la précaution d'un goer- 
rier indien. Ayant vécn trois am» chez les 
Gherckces, il ^%*ait été lémnln 4e l'an 
qu'île dé^4oiM>t dans la prufessioR de 
tueur éT hommes. Il ra|»pela tiNis si'S son- 
v«^irs. Le voisinage des Indiens poovait 
éire savis danger, ct»inme il poovait en 
présenter beaucoup; et la sûreté de sa 
fiancée faisait battre le canr do j>iine 
tioinme, 8ans lai rien êter néaonioins de 
»m sang- froid. Il mit une heure «-uiière è 
atteindre une petite co iine qui dominait 
1« camp ; Sriow respirait ë peine. L'endn)it 
où il se trouvait était couvert de bai:«<)o s 
épineux, et éloigné du da^tgereni biveuac 
d'environ vingt loiscs. Il leva doucement 
la tête, et le spectacle qni s*oiïrii à a^s 
regar b fut celui d'une centaine d'f ndiens 
dauM ICiir hideuse peinture de guerre : les 
uns donnant, d'auH*es fumant et deux ou 
trois taisant le guer. A trois toises en^iroQ 
du Keiitiickien, on de ces derniers se 
tenait appuyé contre un arbre, les yeiix 
fixés daTts le vide ; nn •noment il les tourna 
rapidement dans la direction de Snow, 
mais l'îiiuRobi lié de cHui-ci et les ténè- 
bresl'f inpôchèri^nt derien \oir, et Thoiume 
blanc pot conânutr ses observations en 
repos. Les K>n«UFs lances des Indiens, 
appuyét^s contre les arbres, lui apprirent 
que c'étaient des ravaliers, déci»trverte qui 
lui fut pQirticftli('*rement dés<igréable. il 
avait esp/'ré que les chevaux de ha troupe 
lui auraient dmné nue certaine supério- 
rité sur les Indiens, et ri voyait cette snpé- 
Tiorifté lui échapper. Avec cette tri^e con- 
viction, il aMarit tte retirer quand un jenne 
ludit^n, sorti de derrière les arbres, e*a- 
Tai^ça dans le oratie dn cercle et se posa 




a^oG la gravité convenable. « Des y isages 
pAies ! » dit le jenne hoittaie après b me* 
meitft de sitewce habituel. 

« Eng • ! 9 répliqua le chef. 

• Ttds, continua le jt'uiie bemme, nne 
sqnav (femuie), deux guerriers; la squaw 
habillée comme un gnerricr ; sa voix douce 
comme celle d*une fille vidage paie. » 

« Ëughl » dit •'ucire le vïtet 

Un i*utre silence b'en>uivii ; pois le jeutte 
homme ayant expliqué que la troupe des 
Mânes était fatiguée et ne pouvait aller 
loia, le chef lui ordonna de prendre one 
douzaine de guerriers et d'aller l'attaquer 
an puiut do j<iur. Le jeune bomm« grogna 
84 r< pon>ie K s'assit. 

Le capitalise Snow était raeintenant 
romplétement édifié sur la nature de la 
tribn indienne : c'étai»4it de^ Gomm^n- 
chrs, les Arabes du désert des grandes 
pra ries, parcourant l' s bois dans l'espoir 
d't'nWver Nw troupes de soldats en route 
poor le Mexique. Il s'éloigna de son dan- 
gereux pOHte en ram^vant avec loute la 
précaution dont il était capable, et con- 
tinua sa marche leme et silencieuse l'es- 
l^ace d'un demi-milie. Arrivé à cette 
di}<tance, il ^e lança rapidement vers le 
hoHqa> t d'arbres oCk il avait conseillé i ses 
amis de se retirer. 11 les trouva bien ca- 
chés» tout au centre, prés d'un petit feu, 
et les chevaux paissant les pie ts entravés. 

« Mettez encore dn bois sur le feu. dit 
le fjrpitaine Sn*m en arrivant ; les reptiles 
nous oni ap«'rçns, et la vue de ncnre camp 
peut contribuer à les tenir en Inmoe Im- 
mfur. Je suis sdr que lenrbéclairéurs nous 
épit nt à ce moment même. » Et II leur 
raconta tout ce qu'il avait e ntendn. 

Dès qu'il eut fini, ils firent un repas 
rapide, ma» copieux, et s**iendtrent poer 
prendre quelque repos. Les Rock, avec 
tente Tinsovciance d« leor sang irlandaFt, 
dormirent parfaitement jusqu'à detax 
heures avant le point dn jour; Snevtr fut 
obligé de les réveiNer. On se la les clicvanx 




devant le chef qui fumait son calnmet | en silence, tout en caiMut une croûte; le 








<^. 




.J^' 





— 2eo — 



capitaine distriboa à chacun, et prit pour 
lui-fflémey une petite gourde d'eau-de-vie; 
ils en burent la moitié, mêlèrent l'autre 
moitié avec de l'eau et en frottèrent les 
articulations, la bouche et les oreilles de 
leurs chevaux ; puis, entassant une grande 
quantité de bois sur le ftu, ils montèrent 
à cheval et partirent. 

On n'échangeait pas une parole; Snow 
guidait la marche, il modérait le pas, ré- 
servant les forces des animaux pour les 
cas pressants. Bientôt ils entrèrent dans 
une forêt où, jusqu'au point du jour, ils 
suivirent un sentier frayé ; la nuit avait été 
sombre, sans lun^ et sans étoiles; quand 
parut la lumière grise du matin, ils s'a- 
perçurent que la connaissance imparfaite 
où ils étaient du pays les avait égarés. Ils 
revinrent sur leurs pas, guidés par la haute 
colonne de fumée du feu qu'ils avaient 
allumé ; non ^qu'ils eussent l'intention de 
retourner jusque là, mais pour gagner 
un autre sentier traversant la vaste prairie, 
dans la direction de leur demeure. 

Au bout de quelque temps, ils atteigni- 
rent la lisière du bois, et mirent le pied 
sur la plaine Immense. Cette plaine était 
de la nature de celles qu'en Amérique on 
appelle roulantes: couverte de longues 
herbes, elle s'étendait à perte de vue. Un 
nuage épais, suspendu au bord de l'hori- 
zon, indiquait que la prairie était en feu 
de ce côté ; ce fut par là q*^e se dirigèrent 
les trois fugitifs, en suivant une diagonale 
qui leur promettait de laisser à lenr gauche 
le vaste incendie. 

« Fouettez, ferme I s'écrie tout à coup 
Snow, les reptiles sont sur nous. » 

Au même instant, on entendit le cri 
de guerre des Indiens partir avec toutes 
ses horreurs d'une centaine de go^iers, et 
l'on vit les longoeç lances des Comanches 
se balancer dans le lointain. Aussitôt , 
pressés par le fouet et par Téperon, les 
chevaux partirent en bondissant , et ne 
tardèrent pas à gagner du terrain sur les 
Indiens, mais néanmoins on apercevait 




toujours leurs longues iance& Pendant 
quatre heures ik galopèrent sur la plaine, 
et ils ne se trouvaient plus qu'à deux milles 
des hautes herbes qui flambaient, fu- 
maient et pétillaient en alavançant sur eux 
comme une terrible avalanche. A leur 
gauche se trouvait un cours d'eau, à leur 
droite une plaine unie qui avait été incen- 
diée il y avait quelques mois, et que cou- 
vrait maintenant un petit gazon touffu; 
préférant cette voie de salut à la chance 
de trouver un gué, ils se dirigèrent vers 
cette plaine, sur le bord de laquelle pais- 
sait une troupe de chevaux sauvages qui 
levèrent la tête à leur approche. 

« Les reptiles! s'écria tout à coup Snow 
en arrêtant sa monture. Yovez-vous ces 
chevaux-là? eh bien, chacun d'eux a un 
démon d'Indien pendu à son côté tout 
prêt à nous saisir! Je reconnais ce tour-là 
à un mille de distance. » 

Les Indiens du Mexique, au moyea 
d'une courroie autour de la selle et d'un 
étrier particulier, resteront des heures 
entières suspendus au flanc de leurs che- 
vaux qui sembleront ainsi galoper en li- 
berté dans la plaine. Ils ont généralement 
recours à cette ruse, quand ils fuient de- 
vant des forces supérieures, pour se 
garantir des flèches et des balles. 

Le capitaine Snow jeta autour de lui des 
regards inquiets. Les Indiens qui les pour- 
suivaient étaient environ à un mille der- 
rière eux, les Indieqs embusqués, à un 
demi-mille sur lenr droite, tandis que de- 
vant eux, à une distance à peu près égale, 
était l'incendie. 

«Nous n'avons pas beaucoup à choisir, 
dit-il avec cahne ; mes amis, il s'agit de 
prendre un parti désespéré I Cela ne sera 
peut-être pas tout à fait du goût des che- 
vaux; mais, avec du coup d'oeil et du 
sang froid, nous nous en tirerons. Il faut 
que nous traversions la prairie enflam- 
mée! » 

Cette proposition frappa les deux jeunes 
gens de stupéfaction. Snow ne leur laissa 



''«î©; 




^'G?^-^' 





•^rr---^ 




— 961 — 



pas le temps de réfléchir. Les Indiens em- 
busqués, se Toyant découverts, sanièrent 
snr leors selles et se lancèrent vers enx. Les 
trois fogitifs n'y firent pas attention, oc- 
cupés qu'ils étaient à leurs préparatife : 
plaçant leurs cornets à poudre de manière 
^ ce que le feu ne pât les atteindre; en- 
veloppant leurs carabines dans des lam- 
beaux arrachés de leurs manteaux, ser- 
rant fortement autour de leur corps toutes 
les parties de leurs vêtements, et bandant 
les yeux et les narines de leurs chevaux ; 
quand ils eurent terminé, ils sautèrent en 
selle, et partirent vers le rempart de feu 
et de fumée derrière lequel ils voulaient se 
mettre en sûreté... il était temps I les In- 
diens arrivaient. 

La ligne de flammes avait environ trois 
milles de long. La prairie, composée de 
roseanx et d'herbes mouillées par des 
ploies récentes, ne brûlait pas avec cette 
rapidité qui ne laisse aucune chance de 
salut ; et Snow remarqua que dans certains 
endroits, la fumée dominait la flamme. 
Précisément devant eux, un grand bou- 
quet de buissons élevés jetait des flammes 
hautes et claires; mais, sur la gauche, une 
fomée noire et épaisse semblait indiquer 
un terrain marécageux qui donnait moins 
de prise à Tincendie. Ils précipitaient leur 
course, car les Indiens n'étaient plus qu'à 
deux cents toises derrière eux, poussant 
des hurlements de joie, et gagnant à cha- 
que minute snr les fugitifs qu'ils croyaient 
déjà tenir. 

« Fermez les yeux, et suivez-moi 1 » s'é- 
cria tout à coup le capitaine Snow, en sai- 
sissant la bride du cheval de Mary, et plon- 
geant, tête bais&ée, dans l'épaisse fumée 
b'élevant du marécage réduit en poussière. 
L'atmosphère, depuis longtemps épaisse, 
devint alors positivement soflbcante. C'était 
un bruit infernal 1 Des roseaux qui pétil- 
laient, des buissons humides qui sifflaient, 
des herbes qui flambaient, une noire va- 
peur qui k>s étouffiait, une chaleur qui les 
brûlait... voilà tout ce qu'ils distinguèrent 





et sentirent d'abord ; puis ils virent de- 
vant eux une vaste plaine noire, couverte 
de bois brûlé et de monceaux de char- 
bons fumants ; le passage s'était opéré avec 
le moins de dommage qu'il fût poNsible 
d'espérer. Quelques brûlures, une soif 
dévorante, des figures noires comme des 
nègres, tels éuientles résultats insigni- 
fiants de leur entreprise désespérée. Snow 
pressa la main de Mary, et examina les che- 
vaux.. . ils étaient entièrement perdus 1. .. 
leurs jambes étaient brûlées de manière à 
leur rendre impossible la continuation du 
voyage ; et pourtant, malgré cet état dé- 
plorable, les fugitifs furent contraints à 
les pousser encore de tonte leur vitehse! 

Un hurlement, que Snow ne connais- 
sait que trop bien, lui révéla la présence 
d'un nouveau danger. Les loups des mon- 
tagnes arrivaient sur eux en troupes nom- 
breuses. Ces animaux suivent les feux de 
prairia«, en quête des carcasses des daims, 
lapins, lièvres, etc., qui ont péri dans les 
flammes; et réunis ainsi, ils deviennent 
formidables. Les chevaux s*élancèrent in- 
stinctivement , et les fugitifs les diri- 
gèrent vers un bois, à cinq milles de 
distance environ, qui arait été ép^^rgné 
par le feu , protégé qu'il était par une 
herbe trop courte et trop humide pour 
propager les flammes. Tout en galopant, 
ils détachèrent leurs carabines et leurs 
pistolets, et débarrassèrent leurs cornets à 
poudre des enveloppes nombreuses qni les 
avaient garantis du feu. Ils s'arrêtèrent 
plusieurs fois pour tirer sur len loups fu- 
neux, au nombre de quatre cents environ, 
dont ils étaient poursuivi4. [.es coups por- 
tèrent, et nue halie générale indiqua que 
les animaux étaient en train de dévor<jr 
leurs compagnons blessés. Enfin, on at- 
teignit le bois, et tandis qu'une décharge 
générale arrêtait pour un instant la course 
des bêtes affamées, Mary grimpa sur uu 
arhre, prît les armes, les provisions et 
autres objets, puis les deux hommes exté- 
nués la suivurent LesL chevaux partirent 





s.'?^^©) 









• 



an galop «t fvcM bienl6t Je prtie4et «ai- 
laaiu léroces. 

Il fallut «ne heni« de ivp*s aësota 
avxnt ^04* kf fugiiif» fMaeot fiailiTcie 
k*ur pi siiioQ ; i^ iiangrrt^Bt, buttent, el 
fuHièivni eB feîWare fimdaMt u^e m¥^ 
deiiiî b4vrPy «^ s4'uleiiMiiâ aiurs m iroitxè- 
reitt en eut de trair otifi8*iL Autour de 
1 arbre, qui était baiit et g»mi de brancbea 
épaissets, hurlaient le» kMp, pamiafia»! dé- 
leriniiiéi» à ne |UM ahandooner leor proie. 
MaÎ8 1*8 troÎN fiigitilït 6t ieiit h^ars de inv 
atteinie; ce qui les ocntpaît siint«t. c*é* 
tait la perte de leurs clte\auK, et la per- 
spectii^ de retonrn* r à pied à icw* de- 
meure. Ils ne redoutaient plus les indieoH* 
•qui devaient les croire tonil)é8 dans les 
flammes, et qui avaient dû prendre une 
ruute oppesfe à la marche de riiioett<iie. 

ils prièrent qa«'U|iie lempit à voix 
basse ; mais les hurlemeutii des loups de- 
veoani int(»lé*ab^, le capiuliH' Sbuw et 
le jeoDe Knrk néstilntent « se débanas^er 
de ce coocert ioctjftiiWKle. Ib deseendi - 
rent jusqu'aux plus basses branches de 
Tarbre, et ret^ard^rent au- iessiiDS dVwx. 
Le bniiernent borribie qui les arcueillit« 
l'aspect d s liMtgu»-s languies p^'ndauies, 
4es yeiAi eiiilaoïniés, et des dents blaiiclieH 
d'ofle ceiitaiae d'animaux d*- cette espèi^e. 
annuent suffi p'iur terriiier tout autre que 
•des honitne^ lamiti iiis^ avec le danger. 
Un feu roulant de leurs pisioleti» à cioq 
coups éh»igiia les loups. Snow ^'élan^a sMr 
im gras tas de fetiilles ouKiitoelées par les 
Ttttsa il y jeta une |)mg«ée «le p«wdre, 
pais de la inoniise qiiM d lacha de l'aib e, 
et du tabac a luujé; le» I up?» revena^eoià 
li charge, quaod U pnadre en s'enAajH 
manty.c *minaa qua le feu aux feuilles et 
reiiToya une seo^Mle fiis les Ii4ips à di»- 
iÊBDt; Rock jeta du h'is Mir les feodi'S, 
01 fateniôt ijM nrmiNirt de feu iniouiaiit 
IMbre sur lequel ils ^ reposaîettt, ib 
parent panser kwrs brûlures. 
Lelendecaain, lestoopH, qnioeseréniiif»- 
€B gtaad numbfo qne dans de rares 





oocasions, sfétaient dispersés sar la phiaa 
nui «eiùiinaai«;i44ruiipe partît à.pie*i. 
fat un pMble ve%age qa*i ceéat^là, à tra- 
vers doN iorèis, des mari^ages, de bngaei 
plaMs iaemilAab es» avt^c i»ne poifaate 
cacabîueflir répaule. Us uiang^irai «a- 
FOMieni, osant à pt«ae tirer, car b déio* 
nation pouvait devenir dangereuse. Pen- 
dant dix jonrii, ils se tralatTent ainsi, et le 
Hoûeuie, ae tnaiin, ils se iroavaient à im 
miiie de la demeure du capitaine Snov. 
Deax on trois coups ^ecli d argues à fen, 
Miivii» du bruit pins sourd d**s la!ii\s In- 
dieiiM leiirn firent dresser i'oteiUe.lKs en- 
fcancèrent danit on taillis, .prépaH^reat leurs 
carabines, et s'avancèicnt En dix mifia- 
tes i*s enri'iit atb'itit la lisière da bois. 
Sn«>wvilie n'était plus qn^à une centaine 
de I4>is* s. À claquante, des Indiens se te- 
uai<'!ftt deiriâre iMie meuW* de bl^. Prompts 
comme la ptnsée, Snow et »e8 compa- 
gniMis firent fen« et poussant à la Iwis un 
grand cri, s'élaacèreui vers ^kib tation. 
Pris en flancs, les i^uvagips se léfHgièrent 
dans le b-is et n'apportèret.t aucun 4ibsta- 
cie 4 ta jonciion des bl«mcs. Sm»w apprit 
que les Indi* ns tenaient sa m<«iH>n blo- 
quée depuis deux jours, et que ><« do- 
mestique et les quatre esclaves nègres 
avaieat Ui une résâsiance énergique. Mary 
conçut les pUtsgraiid^'saiarmeh ^ur le sort 
de ses parents . mais il ne taUsii pa^ pi^nser 
k faire le moindre mouvement peiidant 
font le joar. On atie»«ùt âomc le soir, en 
fui>»iil de nouveaux préparatifs de défense ; 
et i la lokiiliée de la nnit, on bissai Snow- 
vile à U g^trde de deax aègres. Suow 
a\at* toujours ^é bon pour ses esclaves, 
ceux-ci se comportèrent eu conséquence. 
Ui petite ir«»ope, compoeiée de six pen«a* 
nés, ramfia-Mir les genoux et sur h» mains 
à travers an diamp de mai , at gagna da 
cette manière un ^e•'tier qui coadowait à 
la uiaifon de U fimiUr Rock. Une grande 
flanmae iear annonça qne oe*ae nm iasa 
brùlMÎi. Mary, désespérée, aMait s'élancer; 
il ialiat tous ko efuris de soa iancé paar 





v^ — 



^j^* 








— 20^ — 




la retenir dans les Himte^ de la prodenre. 
Ih arrh'èrenl binnlAt à Tenlré*- H« ravin, 
altirs la scène, éclairée par ta cabane en 
flammes, 8e mmitra dans toute sa gravité. 

Le vif 'ni Rock et sa ftfiiune H'ik*nt ac- 
croupis contre dt'S pieux, et les rndten<i, an 
no'Mbredeviii|(t, leu' préparaient^ torture 
Les blancs n*hé^itèrf*ijt paM;anOf*nrani lenr 
pr»^sence par une volée de coups de cara- 
bin* s, ils se préciiMtèrent en avant. Ils 
n'avaient pas fan ta moitié du chemin, que 
leK d»'nx \iei'lards se trouvaient an niiliea 
d'eux, tenant chacun un fi»sil indien. On 
battit en retraite ansbildt; et avant que l^s 
sauvages étonnés eussent eu le t**mps de 
se rallier, les %i âge» plies commandaient 
l'entrée du ravin, et se reriraîent (*n bon 
ordre : la ré|>ttCation ma^ne des cam- 
bines de TOuest tenant les Comancbes à 
une distance respettoeiise. 

Trois jom-K s^près, toute la troupe ^tait à 
chevaf ; le chariot, traîné par 0es b<enffi, 
contenait tout ce que la famille Kock avait 




de précieux, et sur le rommet èfaieirt 
assis le vieux Rock et sa ^mme. Le r Ktn> 
formait l'escorte. Ils se rendaient darts^ 
un comîé, à deux cents milles de Hi, 
où le capitaine Snow devait être nni à 
Mary. Après le maria^e, les bardts pîon- 
nifTs, auxquels s'étaient réunis quatre^ 
firoilles entre prenanlt*»», s'e» fonçaient de 
noQvean datis le désert, et regagna eut 
leur ancienne résidence. Il se forma mt 
village, dont le cap tame Snow fut nommé 
shérif: La Cf^nmiunaut'' é a-t peu mim- 
breus*», mais pleine de persévérance, et» 
bien qu'elle ait eu d'abord à souffrir des 
attaques des Indiens, le courage et Tin* 
dos* rie des habitants sut réparer le dom- 
mage; et madame Snow, l'héroïne de 
ce récit, maintenant épouse et mère, a 
laissé de côté les Iiabiiudes nomades de 
Mary Rock. 

^ Se VERIN. 

(TraâuU de Canglcns.) 



BIBLIOGRAPHIE. 




Hisiûire des Franfais de éiven étattt, par 
Alexis de Blonteil. 

(2"»« article.) 

L'auteur, ^'«ittachant à la forme animée 
et piquarte sous laquelle il voile sa science, 
a placé à Troycs, du temps de Louis XII, la 
scène de son second volnnie. I es luftgistraf s 
de cette vil e fi^nt comparmr de\ani • ux les 
hommes de dixers états, dtpuis le pauvre 
qui mendie à \h poiie d'une église jus/|u*à 
rhomme de cour, car il s*9g<t de décider 
quel est de tous les états le |)liift matheu^ 
reux. Donc, on p^sse en revue le.s lois, 1*^ 
coutumes, les usages, liens varé:^, mais 
tenaces, qui étreignent U vie de l'homme, 
I quelque condition qu'il appartienne, de- 



puis les lois du myamrne, égales pour tous^ 
ju qu'aux règlnn enis des corps et roét^ers- 
qui régentent l'artisan, juNqn'à t*é<iqueite 
de la cour qui lie et dirige le g» ntrfhomme. 

I-e pauvre raconte aioM hes aventures,, 
qui ne le rendait.nt pas, il me semble, tro(^ 
mafb* oreox : 

• I or8()U*on entre dans une ville, ordi- 
nairement on df-mandela meilleure hAtel- 
lerie; nou^, les plus malhtureux des hom- 
n es, m»us demaudofis la pins mauvaise, 
et encore craignons- nous toujours qu'elle 
ne soit trop bonne, c'e^t- à-dire trop chère. 

A Rouen, j*eu trouvai une qui me con* 
venait parfaitement : 2i peine m'étaLs-je 
assÎM, que Tbôte, accompagné d'un valet de 
livrée, vint me dire : « Un gentilbommu 



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i— .>' 



— 26i — 





fait chercher partout on pauvre qui veuille 
aller à Paris sur le cheval qu*ii doit con- 
duire lui-même par la bride. — Bon ! ré- 
pondis-je, je sais ce que c'est : il a fait 
un vœu; je serai volontiers son homme. 
— En ce cas, me dit l'hôte en montrant 
le valet de livrée, suivez ce biave garçon.» 
Je le suivis, il me conduisit ï Tbôtellerie 
de son maître, t Vite, en selle, en selle I 
me cria le gentilhomme dès qu'il m'a- 
perçut; nous avons aujourd'hui bien du 
chemin à faire. » Noos nous mîmes en 
route. Nous étions quatre et nous voya- 
gions dans cet ordre : Técuyer en tête, 
à cheval; le gentilhomme à pied, me- 
nant par la bride le cheval sur lequel j'é- 
tais; le valet de livrée, qui était venu me 
chercher et qui était aussi à cheval, fer- 
mait la marche. Quand nous arrivions 
dans une hôtellerie, le gentilhomme res- 
tait à la cuihine et mangeait dans une 
écuclle les mets les plus grossiers; moi, 
j'étais conduit dans la salle, je me mettais 
à la place qu'aurait dû occuper le gen- 
tilhomme, et j'étais respectueusement 
servi par le valet de livrée. En chemin, 
le gentilhomme se tournait quelquefois 
de mon côté, en me disant : « Allons, cou- 
rage, mon frère, courage 1 priez bien 
Dieu pour moi... Voyez la manière dont 
on vous traite ! » Nous ne pouvions aller 
qu'à petites journées, mais en6n, à force 
de journées, nous arrivâmes. La première 
chose que nous flmes, en entrant à Paris, 
ce fut d'entendre la mes5e à Saint- Jacques 
du Haut-Pas. Lorsque la me&se fut finie, 
le gentilhomme me donna de Teau bénite, 
me congédia sans mettre la main à son es- 
carcelle, et me dit, en me rendant l'écuelle 
de bois : « Mon ami, reprenez votre métier, 
chacun son tour... . Je suis quitte de mes 
engagements envers monsieur saint Jac- 
ques... » 

Le bourgeois, échevin de la ville de 
Troyos, se plaignant du luxe touj<>urs 
croissant en dépit des lois {>'omptuaires, dé- 
crit la maison qu'il a fait bâtir pour sa fille. 




« J'avais dit an mature entrepre- 
neur que j'entendais que toutes les parties 
du bâtiment fussent simples, et entre 
autres les portes que je voulais en ogive 
ou tiers -point. A cet égard, je fus unani- 
mement condamné. C'était bon, me dit- 
on, pour les bâtiments du barbare siècle 
auquel nous venons d'échapper : le goût 
actuel n'admet pour les portes que la 
plate-bande ou le plein ciutre. Mais la 
corniche, dis-je, convenez-en, elle est 
d'un ordre trop riche , c'était assez du 
toscan ou de l'ionique. On me répondit 
que pour l'honneur de l'échevinage , il 
aurait fallu le dorique, mais que ma fille 
avait voulu aller jusqu'au corinthien, et 
que, lorsqu'une corniche corinthienne 
était une fantaisie de jeune femme, per- 
sonne n'avait rien à dire. « Je vois là, dis- 
je, à l'entablement, deux médaillons, l'an 
de Trajan, l'autre de Marc-Aurèle; saint 
Pierre et saint Paul auraient été plus con- 
venablfs. — Maître Lapîerre, me répondit 
l'entrepreneur, j'en demeure d'arcord, 
mais si cela vons plaît, vous pouvez les 
appeler saint Pierre et saint Paul. .. x> Je 
ne contestai pas trop sur ces médaillons, 
fort heureux qu'on n'en eût pas mis sur 
toutes les portes, comme c'est aujourd'hui 
la mode. Mais je ne pus me contenir quand 
j'en fus aux plafonds sculptés; ce fut pis 
quand l'entrepreneur s'écria qu'il ne ra- 
battrait pas un denier du prix des grandes 
cheminées , de leurs grands manteaux 
chargés de figures et de dorures. Mes amis 
me calmèrent en me disant que nous 
étions venus à l'âge des belles cheminées. 
Je me fâchai contre les devises des verres 
de couleur : elles étaient toutes grecques 
ou latines, et si savantes, que tout l'Hôtel 
de ville, y compris les ckrcs-grelfiers, était 
dans l'impossibilité de les expliquer. A 
leur place, j'aurais souhaiiéde belles devises 
bourgeoises : Tel me demande^ qui me 
d<nL — Un tiens^ txiul mieux que deux 
tu aurast etc., etc. Enfin, dis-je, voilà qui 
est fini! — ^Non certes ! me répondit le mal- 










— SOtt — 




tre entrepreneur; qui me payera donc la 
fontaine? — Ce ne aéra pas moi, répliqnai- 
je, j'irai plutôt m'y no^er ! »]1 fant savoir 
qne mon gendre, au lieu d'une fontaine 
aux eaux plates, avait fait faire une fon- 
taine pyramidale avec nymphes, dryades, 
bamadryades, et toute la séquelle des dieux 
grecs, actuellement si en vogue... C'était 
une savante fontaine, plus séante au mi- 
lieu de la cour d'un grand collège ou d'un 
magnifique château... Il fallut meubler la 
maison : on y voyait des tentures de draps 
de soie, des tapisseries de Dinant, des 
tapiisseries de Verdun, des lits à pavillon 
de soie; toute sortes de meubles de menui- 
serie, sculptés, peints., .jusqu'à d( s chaises 
dorées; des chandeliers d'argent, des 
miroirs à cadre d'argent, de grandes fon- 
taines de cuivre en forme de chapelle, des 
plats dt^ cuivre, de fer, émaillés, à fleurs, 
à personnages.... Enfin, je vous dirai que 
j'aimerais mieux bâtir deux maisons qu'en 
meubler une. Oui, j'en conviens, les meu- 
bles de nos pères étaient lourds et massifs, 
mais ils étaient solides, ils usaient plusieurs 
maisons : les miens sont du temps de Phi- 
lippe le Bel. • 

Les artisans se plaignent à leur tour, 
soit que, orfèvres, ils marchent sous les ban- 
nières de saint Éloi ; maçons, sons celle 
de saint Biaise; potiers, sons celle de saint 
Fiacre ; menuisiers, sous celle de saint 
Joseph ; vitriers, sous celte de saint Marc ; 
brasseurs, sous celle de saint Âmand; 
boulangers, sous celle de saint Honoré, 
bouchers^ sous celle du saint Sacrement; ou 
pelletiers, sous celle de saint Jean-Baptiste ; 
c'est un concert de plaintes, grâce auquel 
on s'instruit des usages et des lois en vi- 
gueur dans ces antiques maîtrises, si dif- 
férentes de la libre concurrence d'au- 
jourd'hui. 

Quatre-Sous, l'hôtelier, raconte ainsi 
son mariage , qui diffère pour la forme 
des usages actuels : 

• Quand le prêtre, après m'avoir fait les 
demandes de consentement, les répéta à 




Paulette, et lui dît : Paulette Ia Gris^ veux- 
tu Joseph Quaire-Souêy qui cij est, n époux 
et mary, si Dieu et sainte Église te l^accoT" 
dent ? Elle répondit oui, et ajouta sans 
hésitation, sans le secours du prêtre qui 
souffle ordinairement ces paroles : Je te 
prends à mon époux et mary, et promets 
que je te porterai foy et loyauté, et cy te 
garderai sain et malade, en quelque état 
qu*il plaise à Dieu que tu sois; ne pour 
pire y ne pour meilleur, je ne te changerai 
jusqu'à la mort. Je loi mis l'anoeau au 
premier doigt de sa main, di^sant : Paulette, 
de cet annelje vous honore ; le passant au 
second doigt, je lui dis encore, Paulette^ 
de cet annelje vous espouse: enfin le pas- 
sant au troisième doigt, j'ajoutai : Pautelte^ 
de cet annelje vowi dote » 

Le savant, latiniste, helléniste, hébraN 
sant, se plaint des déboires de la science, 
il montre â l'assemblée le cortégn de ceux 
qui n'ont obtenu la gloire qu'à la condi- 
tion du malheur. 

« Le premier, dit-il, ce vieillard cassé, 
plié en deux, ridé par les soufTranres et 
les peines, c'est Gerson. Il nous fut légué 
tout brillant de jeunesse par le siècle der- 
nier : à combien de reconnaissance et 
d'honneur ne devait-il pas s'attendre après 
aVoir n souvent défendu, de sa voix, de sa 
plume, dans les conciles, dans le monde, 
l'ÉgHi^e et le roi! Il fui exilé par la fac- 
tion de Bourgogrje; entendez de sa bouche 
le récit de cette longue persécution. 

Celui qui le suit, c'est Thomas à-Kem- 
pis; il porte plusieurs livres de morale 
sous son bras gauche , et sous son bras 
droit, le premier des livres de morale, 
V Imitation de Jésus-Christ; mais voyez 
comme l'opinion, qui l'attribue à Gerson, 
s'efforce de le lui arracher. Voici Cuba, le 
naturaliste, qui, dans son Jardin de santé, 
a été en même t^mps physicien et natura- 
liste ; il a toujours représenté le dénûment, 
le malheur des uns et des autres 

Voici les poètes français; ils se plaignent 
plus que les autres poètes; ah! véritable- 







-^îOC 








— see — 



ment, ils sont à plaindre, car aa miliea 
dVui » élèvent atijou d'buÎB o^^ulHiDfDt 
des procureurs p êtes, uiaû encore des 
butssiers-poêles, mais » Dcore des pripces- 
poêtes. Vo>ez connue ils t'Oot à plaindre 
par ce grand nombre de conrurrenis ! 
liais par une antre raÎKon, plaignez aussi 
Blartiii Franc : bon Champion des dame» 
DO peut se défend e contre les critiques ; 
plaignez Viii »n, d^ns son TefitamerU il n'y 
a pas un seul vers légué à la posiériié ; 
pkligoez Mariirfl, non de Koine, mais d* Au- 
Tor^ne, ses Arrêta (T amour seront causés 
par les gens de Iwirsens ; ses Vigile* feront 
dormir 1 s gens de g«>ût.... plaignez les 

traducteurs plaignez les liisiorieiis, Irs 

deux Chartiers, Jtliao et Alain; pour le 
prolixe iMorist- clet, il a toujours été fort 
content de lui, soit en se lisant, soit en 
s*ente«d.int lire; certes, c'est un bonheur 
dont je ne voudrais pas... Plaignez-les tous ! 
maiA, saint! mille fois salui ! à ceux qui ont 
inventé le moyen de graver les lettres, de 
les teindre, d'en tirer des empreinti's; à 
ceux qui ont fait les premiers pas pour 
découvrir l'imprimerie; salut I c«*nt fois 
salut à ceux qui ont (ait les deruiersl 
Noble GuUemberg, k plus nuble de votre 




race, qni «vex inveiué les caractères mo* 
biles; Clerc S«toffrr, qui aves jeté les 
caractèn-s en fonie.... » 

L'homiBe de conr fiocoède aa vîeox sa- 
vant il s'écrie : « Quel beaa règne que 
ceini de Lout^Xli t quel si beau règne qae 
celui où UMl le peuple, traospoflé du 
bonheur de posséder son roi, fait , des 
ugnes de la dévotion pour les Hainia, les 
signes de son amour poor lui, baise les 
pas de la mule qui le porte, froUe ses 
mains eouire ses royaux habits et s'en 
frotte ensniie le visage ! Quel si beau règne 
que celui où la monarchie n'«^ qu'une 
famille, où le roi n'est qu'on pèrecoa- 
ronnél Et cependant, les courtisans n'ont 
jamais été si miiihearenx; leur art si 
long , si difficile à apprendre , est devenu 
inutile. Us ne peuvent maintenant laire 
leur oonr an roi qu't^n aimant, qu'en lai- 
saut le bien du peuple ..•• » 

Nous termiiierous, nesdemoiseUes, par 
ce spirituel él^ige do roi qni fut nommé, 
l'èrt du, peuple^ remettant à un prjcbaîa 
nuinéni le plaisT de vonsparirr en<.orode 
cette Riêioire^ hi fnnçaiae dans le lond cC 
dans la forme. 

£. R. 




BERTIIE AU GRAND PIED , 



FEMME DE PEPUf LE BREF. 



« Do temps que la reloe Borths filait, v 



Cet adage, qni remonte à no» bons 
alenx, nous prouve que la relue Bertbe 
était restée dans liur souvenir. C'est qu'dl*" 
fut la mère de Charlemagne, et, sous les 
voûtes de Saint-Denis, entre toutes les 
pierres fuoèhres, ce n'était pas celle qui 
éveillait le moins d'intérêt que cette. tombe, 



ér'gfe en IS^ et 
quelle on lisait : 



en 1793, sur la« 



BEAT A, HATSa CABOLI HVCM. 

Mais KÎ les historiens ne noas ont rieA 
dit de ceue reioe, uo nimaucior nous a 
donné li romtm de B^ihé ou ^rafs pH^ 








^^^^, 





en nous firér €imt qii'R dt^it cifte hf^ 
1i>irv i la cooriofstîe if oir bon nonie de 
Saînt-Denîs ; ttqne, cutnine elle Hii paroi 
fausa^ par qo« lqu«^ apprenti écmaîiv, M 
avait fil ta pen^ée de h redre»«*T. et de la 
mettre m vers. Ce roman a Ifti^ eofrpksts 
on chapftrtK, r haci^n Mor one flenle rime. 

• B«^ the« ranmte le romancifr, était Aile 
de Flore, roi de^ Hongrois, et de Blanchf- 
flc'iir. Lorsque Pépin l'eut demandée en 
mariagn; elle <{hitt» e» pIraraDt an mère, et, 
BMMiièe- «ir 811 het palefreiv cUi tra%erMt 
l'Ai en»gvie, accompagnée de Margisie, aa 
nouirii-e, d'Ali>ie, sa saevr delsik, et de 
Fécnyer Tibe U Blaocbefleor, les ayant 
ncheiés de iVsclavage, leor avait confié aa 
fille hicn-MÎin^e ; cllf aimait hurtout Alinte 
p«irce qiv'eik* re^nemlilvft à sa cbèreeufant; 
elle lei recommande ces trois servitenn. 



« Dame (dit Berih«,) la reio«)« je lei ai 
Et d«« clM*M»q<«« j'«i«« jamais b« kaur fondrai, 
▲lixif, fi j« puis, très-bien marierai. 
— Fille, (répond la rtiiie) bun gré vous ^n 

saurai. 

La n^me» ifnî venait decondnire Bcrthe 
anasi kmi ^Vlie I a?ait pu, Ini demande 
nn dernier ga^ d'amont : 

• L'amicf ijte votre d«»igt. . . à moi remporterai , 
Bn laaBM»aaM plena» leaveni la baitceai» v<N 

Berthe ôta ton annelet 

à aamèPt le baille, m e nH pleura et nieulii'ëi>- 

nieia(lh 

Blancheflenr ? eut conmier sa fille. 



• ••• ns^pav joyetjee aa eete, 
Veua an aUram Prance, être mon coar s'apeie 
Qu'an nul pa|i n'a ^tat pina douée* ai plus 

[vraie (3). 



(1) L'aoneau de votre doigt, avec mol je t'em- 
porterai, en larmes et en ^vrs sauvant le bal- 
ai. 

(2) Bile le danna i aa aièie; plaora baan- 
beancoup s'ement. 

(3) Vous ailes en Franaa, de ce 





— «87 — 

Cependant, 

Au dép rtir, cbacua à picnrer se rassafe (1). 

Oir emm<*iie la mère, dontfe ct'ur était 

tout pièsde fail ir; fierlhe venait de 8*éva- 

« 

Douîr, il fdltut que sa sœur la ducoîse (2) 
le>ul>ra8Sât maint»'» foin pour la rappeler 
à la \iH, puise le la quitta en hii disant un 
dernier adieu... Et mainteoani le roman- 
ci^r va cliaai«T l»s malheurs de Berthe la 
débonnaire^ la blimdty rescheeée (3). 

Quant elle a paaaé le Rhin, traversé 
les Ardi'nues que »on royal fiancé est 
venu à .sa reucoutre; comme elle appro- 
chait de Paris, la vieille Ma^giste, pr«>fi- 
tanl de la r&^seiiib aiice de ha (ille avec la 
priocesse, lorsque Theure est arrivée de 
remettre Brthe à Pépin, la fait cacher, 
re^ét Aliste des habi s roy^tux, et c'est elle 
cpii est reçue comme reine et conduite an 
palais. Puis elle Hait pas>er Berthe pour 
 liste, Taccuse d av(»ir tenté d'a>8a8bin«'r la 
reiot^, et Uiut se passe si rapidement que 
le roi se laisse tma)|)er, et que Tinfortu- 
née Berti'^ ne peut he défendrp. L'écuyer 
Tihert la remet entre les mains de misera* 
ble^ pa\és par lui, aven mdre de la tuer. 
Ils leuim^ntiit loin de Paris, dann la (urét 
du M.ID8, mais la pi lié s'empare d*eux, ils 
st; contentent do la dépouiller de s(^ ri- 
ches véteitieott» ne lui laissent qu'une tu* 
nique et im petit manteau, et lui disent : 

• Belle, fti y aa vr ans an , n'y sait piM délaie 
Dam Dieu voua cooduiaa par la sftvaandlié (I); 

pni» \h l'abandenneiit 

La dame fat av bois qui d u ie m c nt plera, 

tea leus ooIC iil<er ai li biiaaia bii% 

Il aspartoît Amnani et duaMsant lonna Mt 



s^araiiev car en nnl peye ne sent gana ptna 
éa«tv ni plue ^raisw 
(^1 Au départ cbacnn à plaarea f t rimtt 

(2) La duchesse. 

(3) Aui beaux cbeveux. 

(4) B* Ile fuyez saus dë'af, et que Dfan tous 
conduise |Mr la sienne amitié. 

(.^) Elle entendit hurler les loupa, et huer la 
hibou; il éclairait ferme et 








— 268 — 




Et plut menuement, et gtesille, et venta : 
C'est hideui temps à dame qui compagnie n'a! 
Dame-Dieu et ses saints doucement réclama. 
Quand eut fait sa prière, 809 mantel es- 

courça (t), 

m 

A Dieu s'est commandée^ parmi les bois s'en va. 

Souffrant de la faim, de la «oif, de la 
fatigue et de la pluie, Berthe marchait 
toujours durant t:ette nuit sombre; die 
trouve une source qui la désaltère, évite 
un ours qui allait la dévorer, et après 
avoir laissé une partie de sa tunique aux 
buibsons de la route, blessé ses pauvres 
pieds, elle trouve enQn un ermite qui a 
pitié délie et lui indique la cabane de Si- 
mon le bûcheron, où elle pourra tron?er 
ufl asile. 

Berthe, cachant son nom et ses mal- 
heurs, est bien accueillie par la femme du 
bûcheron qu'elle se met à servir comme si 
elle était sa mère ; elle aime leur fille comme 
si elle était sa sœur, et passant Fa vie à 
filer ce fil si fin, si uni, qui depuis a fjit sa 
renommée, elle s'acquittait ainsi envers le 
bûcheron qui vendait ensuite à la ville ce fil 
fort cher, acheuit en échange de l'or, de 
la soie, dont Berthe faisait ensuite des 
broderies merveilleuses qui embellissaient 
les dames de la cour. 

Depuis sept ans Berthe vivait cachée 
dans la famille du bûcheron sans avoir 
osé donner de ses nouvel'es à sa mère 
dans la crainte de se faire découvrir; mais 
Blanchefleur trouvait longues ces années 
d*éloiguenient de sa fille chérie; elle sup- 
plie le roi de la laisser partir, obtient celte 
faveur et se met promptement en route. 
Arrivée sur la terre des Franks, an lieu 
des bénédictions qu'elle espérait enten- 
dre sur son passage, elle n'entend, que 
des malédictions contre la reine... Blan- 
chefleur ne peut croire que sa douce Ber- 
the soit ainsi changée; elle accuse le peuple 
d'erreur, se hâte d'arriver à ParLo, et se 




(1) Bdeva. 




I présente au palais. Mais Uargiste pftle, 
effrayée» dit que « la reine est endormie. » 
Blanchefleur demande à voir Âliste; Mar- 
giste feignant un grand chagrin, répond : 
oc Ali&te est morte. » Enfin, quand elle a 
épuisé tous les délais, elle introduit Blan- 
chefleur dans un appartement obscur où la 
malade est couchée au fond d'une alcôve. 

De draps d'or et de soie très-bien eocourtinée (1). 

Aliste, craignant de se trahir, parle d'une 
voix si basse qu'à peine la reine l'entend; 
elle dit qu'eUe n'ose se montrer dans la 
crainte d'effrayer sa mère : 

.... Je souffre un tel martyre 
Que j'en sois devenue aussi jaune comme cire. 



Elle la supplie de lui pardonner si elle ne 
peut mieux la recevoir, et finit par lui dire 
qu*elle a besoin de repos et qu'elle veut 
rester seule. 

Blanchefleur, qui dès le commencement 
de cei te scène avait des soupçons, à ces 
mots s*écrie : 

Aide Diexl qui oncques ne menti; 
Ce n'o»t ntie ma fille que j'ai trouvée icil 
Si fust demie morte, par le cor saint RemI! 
M'eust-elle baisée as»ei et conjoî (2). 

Elle veut voir de près celle qui se dit sa 
fille, elle prend un cierge allumé, appro- 
che, lui découvre les pieds.. . Or AlL>te avait 
les pieds parfaitement égaux... Berthe au 
grand pied où éiait*elle7.. . Les misérables 
auxquels Blanchefleur l'avaient confiée, 
i'avaient-ilsdonc abandonnée en roule?... 
i'avaient-ils donc tuée? 

Blanchefleur éclate en pleurs, en san- 
glots, elle va*se prosterner aux genoux du 
roi, lui découvre la perfidie dont il est vic- 
time et demande justice. 



(1) Courtine, rideau. 

(2) Que Dieu m'aide! qui jamais ne mentit; 
ce n'est pas ma fiUe que j'ai trouvée ici I Par 
le corps de saint Rémi l.elle serait à moitié morte 
quelle m'eût embrassée avec joie. 




Se 



c^ 











— 26» — 



Pépin, qni n'avait jamais aimé Thumenr 
de la reine, est facilement convaincu. Mar- 
giste et Aliste sont chassées du palais avec 
ignominie, on les enferme en attendant la 
pnoition qu'elles ont méritée ; mais Blan- 
cbéflenr redemande sa fllle : Tibert avone 
qn'il était chargé de la luer, et que. Mo- 
rand, son serviteur, lui a laissé la vie. Le roi 
fait parcourir son royaume en tous sens, ses 
écuyers sonnant du cor et de la trompette^ 
le peuple se met en prières, demandant à 
Dieu la bonne reine, mais on ne découvre 
nulle trace de rexi^tfuce de Berthe, et 
Blancbefleur est réduite à retourner en 
Hongrie, persuadée que sa fille a péri de 
froid, de misère, ou a été dévorée par les 
bêtes de la forêt. Margiste avait'été brûlée 
vive, Tibert pendu, et Aliste renfirmée 
dans un cloître pour le reste de ses jours. 

La triste histoire de Berthe était dans 
toutes les bouches,, et le roi n'espérant 
plus retrouver sa Gancée, s'abandonnait à 
la douleur, lorsqu'un jour s'étant égar.é 
dans la forêt du Mans, il rencontre une 
belle fille et lui demande son chemin. C'était 
Berthe, qui venait de faire sa prière dans 
une vieille chapelle. La beauté de Berthe 
touche Pépin ; il lui dit « Je suis premier 
dans la maison du roi, » il veut l'emmener 
à la cour, et lui promet de grandes riches- 
ses. Berthe s'offense de ses discours, elle 
refuse de le suivre; mais pressée de plus 
en plus, et pour sauver son honneur, elle 
s'écrie : « Je suis la femme de votre roi, 
j'ai droit à vos respects. 

El nom à ce Seigneur qui m laissa pener, 
Ens en la saiole croix pour son peuple sauver, 
Fille suis, le roi Flore, qui tant fut à loer 
Et fille Blauchefleur, de ce n'estuel à douter (1). 

Le roi ne se nomme pas. Il veut parler 
au bûcheron. Berthe le conduit à la chau- 




(1) Au nom du Seigneur qui se laissa souffrir 
sur la croii pour sauver son peuple, je suis 
fille du roi Flore qui tant fut à louer, et fille 
de Blaachefleur, de ve n'est à douter. 




mière, et se retire dans sa chambre. Si- 
mon et Ckmsunce, sa femme, disent à l'é- 
tranger que cette sainte fille, qu'ils font 
passer pour leur nièce, est depuis sept ans 
chez eux, qu'ils l'ont recueillie prête à 
mourir de douleur, de froid et de faim, et 
que, par sa présence, depuis sept ans, leur 
chaumière est bénie. 

Pépin s'éloigne sans avoir revu Berthe; 
trompé une première fois par Aliste, il ne 
veut pas risquer de l'éire une Féconde 
fois par cette paysanne qui se dit si à pro- 
pos la reine Berthe. Il juge plus sage 
d'envoyer en ffongrie; Blancbefleur et le 
roi Flore devront reconnaître leur fille. 
La reine, dans sa joie, se nôet aussitôt en 
route, son époux l'accompagne. Pépin les 
reçoit « en toute liesse et honneur, » les 
conduit dans la forêt, chez le bûcheron, 
et là, ils reconnaissent Berthe ! Le royaume 
est en fête, les choches sonnent dans cha- 
que ville pour le passage des époux, du 
roi de Hongrie et de Blanchefleur; le bû- 
cheron, sa femme, sa fille, reçoivent des 
litres et la ft»rtune; Morand, qui avait 
conservé la vie de Berthe, est recompensé. 
Berthe reste aussi modeste, aussi bonne, 
c'est toujours BertÂe la débonnaire, une 
noble reine, aimée de tous; et le roman- 
cier, après avoir nommé tous les enfants 
de cette reine, finit par Téloge de Charle- 
magne. 

C'est ainsi que « Bert?ie gui fut au 
bois >» méi ita de devenir la femme du 
roi Pépin et la mère de Charkmagne. 
Adenès le Roi chantait les aventures de 
son héroïne devant la belle et savante 
Marie de Brabant, épouse de Philippe III; 
le peuple en répétait les refrain^f, et Ber- 
the au pied d'oue (d'oie ) , Berthe au long 
pied devenait chère à tous les vil ageois, 
car elle avait vécu comme eux avant de 
porter une couronne. 

Nous ne pouvons parler avec l'assurance 
du poète, nh du roi Flore, ni de Blanche- 
fleur; nous sommes réduits à répéter 
qu'Éginhard, Ayinoin, et le moine de Sainte 











-^ »T0 — 




Gail ne diseat que ^dqiieft mots de A^- 
tlhe an grand pied^ et (fu'eii réuninsant 
tous leurs téuioigneges, nous ne ^«ttuvocs 
découvrir le nom des pa'eiii»^et te lien de 
la nais>ance de cette pi inct^ss^^. 

Il ne peut être dwiteux qu*elle fut de 
race germanique ; ¥i c'eiit dViieque i.har- 
lemagiie, le (ils de Pépin le«Br*f, tint cette 
noble Mature <|ui le 6i adourer cuire tous 
les hommes de son temps. 

En 752, Bertbe reçut avec Pépin le sacre 
et ronction royale, qui lui furent conférés 
à Soissons, par Boiii£ace, archevêque de 
Maycnce.On voit la reine accompagn r tou- 
jours son mari, f^ire les honneurs de la 
table royale, et recevoir, avec Pépin, le 
pape Éiieune II, lorsque ce pontife vint 
demand^-r les secours et la iTOtectii»n du 
roi des Franks, contre Astolphe, roi des 
Lombards. Bertbe fut de nouve«iu sacrée 
avec Pépin, iqoi voulut que les cérémonies 
de son couronnement fu'isoiit renouvelées 
par U pape lni-n«ême. Oo croit que cette 
solennité eut lieu dans Tabbave dn V^-r- 
rières. C*est dans bi cour de celte abbaye 
que Ton place aussi le fiiHeui combat du 
lion et du taureau, dans lequel PépÎD le 




Bref acquît un ri haut degri d*estîme 
parmi les leudes. 

Egiiihard nous dit que Cbarlemagne 
aima tpndienient ^^a mère, qn c'ie vieillit 
auprès de lui c« roblée d*bonneurs. Benhe 
mourui,en 783, h Choisy; Lkarlemiigne 
fit Nihumer sci re&tes 'aus la cathédrale de 
Sa nt- Denis. 

Elle ava-t ea neuf enfarts: Talné de ses 
fils fut Karl U Gfand ( Cha< leuiagne )^ 
dft»nt le ncun seul réveille toutes les gran- 
deurs -— le second, rarloman, ne portd la. 
couronne que tro s ans. — Bertiic perdit 
un troisième fîls do nom de Pépiu, et deux 
filles, Romaide et AHelaile, tous trois 
mo'*ts dans leur eufance — une autre fille, 
Isleberge, a été reg.irdée comme sainte — 
une liuatrième, Giselle, a pris le voile et a 
gouverné en qualité d'abbesse la commu- 
nauté d*f Notre-Dame de Soissons — une 
ciuqui«'nie princesse qti'on ne nomme p«s» 
a vécu non mariée à la cour de C^arle- 
magne, et une siii^me, appelée Rolh il le, 
femme d*nn c )iute du Mans, e t regardée 
comoM la uière du fameux Roland. 

M"* A. Cellik.z. 
( Le$ Reines de France. ) 



SPERAXZA-MARIA. 




En i8t5, le JMir ée PAiiceiisiofi, le m^ 
leil d'Afi-iqne s'était Wvé dan» lowie s» 
m»jesiè; WHlam et redieiii, M étend k 
snr ïts> vagM^ bfeues île Ut ilMiterra«é» 
la poarpre ée shi rayons, qui se dém»-. 
latent au lot» comme une faste nappe do- 
rée. Le» voilrtt MaaeheH &iint^ pei te flot- 
tille destinée à la péthedu cora*l, se Ink 
lançaient 9*aci«iifl*iiient an sou'fle de la 
bri^e» elte »e diri§eiic itrs le mage de la 
CaKe, non loôi des eaui de Bone. Après 
avnirjelé ks ancres, les marins, levéïna 



de Venrs habits de fête, prirent terre et 
s*acheiiiinére»t dévotement versnne petite 
chapelle dont la c'oche tintait les vêpres 
de ce jiMir. De notubreux Arabes pétaient 
rassemblés sur le rivage, ils reçurent It'S 
arrivants san^ manifesf«*r auctioe imentitm 
l'Ostile. Deux cent-» chréfi«*ns environ se 
ir<'U«è>e'*t réunis hoiis les murs de la petite 
égli»i<*, tr p étroite pour les contenir. La 
plupart éuient Français; il y avait au-ri 
des Corses, des Napolitains, des Sardes el 
des Maltais. Les port s de Tédifice a*oiF 




bJ^u^^e)©^^^ 



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vrirent pour recevoir oae pariie des fidè- 
IsK, et 8e reiVrmèrefit aucskfVl Akm» des 
6ris.déct»ira«itH m) firent eHirudri*, car dtt» 
▲raben cacbén daus le (ieu saint écenm^tihh 
saient un aiïrem laaHsacre, peadant qu'au 
debonid*aiiirt*s'Ârai«eBse ranlei't sur W^ 
Gliiéti«-Ds pnMteriiéi& |HHir ia prière, et qui 
rec^-Taieiit la mort sans avoir ni le leujps 
ni li*s uio)e<»K de he défi^iidre. 

(«e cumptot avait éié niéiilé par les 
Haures pour se venger de la kétOfe Wçou 
à *'ux donné»' par lespuiH>aiicesd'E4in*pe, 
le>q»ielles esptVaient par Ift in -tire un 
tvruie aux pirateries continuelles qui dé- 
solaient la lUéditerraoée. 

Des deux ceotH victioM^s qui lom^èt ent 
sous le plomb ou le yatagan dfs Ar^lnss, 
les enfants seuls furent épargnés, mais 
réserves à IVcl^ivage. On le» traîna du uii- 
lieu de celte aff. t*use boack«;rie au marclié 
des e.sc]a?es« où ils furent vendus et diri- 
gé» sur plusieurs points de la pnivinc«'. 
L*un d'eux. Français <le n«iis0ance, h pein** 
âgé de (piiiize aus, ble>sé, p e^que mou- 
rant, écUoi en iiartageii un AUurt*, uoimiié 
Achmet, qui l'emporta dans sa maistm. 
oà il luid nu.i lesboius nécessaires eonimp 
à un a«<iuial q»n a sa valeur et dont on 
tient à la oo'«servation. Rendu à la saiit^, 
toos Wh travaux d«i la donientieité kii furent 
asMgnés; ilh'y réégna ooniagenseuieiit, ei 
s'ar.quit |iar sa couduite nn flMiîleur irai* 
teoicut d^. son maître, puis» la confiance 
de la famille. 

L'année soi vaole, la fli»t^e anglaise* cnm- 
niandt'e par lord ExiihniUi, parut en vue 
des côtes d'Afrique ; elle venait venger 
la mort des infortunés égorgés aux vê- 
pres de i'Aticenhion. Les Maures, pro- 
priétttirfs d*e«claves cbri^iiens &«; hâtent t 
de s%nfoncer an loin d.ms les terres, 
▲climet cbarnea sur des diameaux i^a U- 
mille, ses escItveH, se8 plus précieux eiï«rs, 
et se ntira à Cott>tantioe où il n*a ait 
noUc cra»ttt d être inquiété. L'amirsl Rx- 
mooth détruisit icwtes len babitat <ms de la 
Cajle, les XortifiGatious de Boue et d'Aller» 





coula bas toutes les embarcations algé- 
riennes qu'il reucontra dans cette expédi- 
tion , et bigoifii au dey d'Alger qu au 
premier sujet de plainte donné par la ré^ 
gence, il ferait d*s rivages de l'Afiique le 
prolongement du Sabara, c'est-à-dire un 
lieu sans autres créa ures vivantes que les 
bêtes féroces. Cette menace eut yaa tffet ; 
pendant quelques auoées, la terreur com- 
prima le brigandage des tribas du nord de 
l'Algérie. 

Acbmet, saiisl^jt de son jeune esclave, 
le traitait avec douceur. Pierre ou Pietro, 
c'élaitsun nom,actif,latiOrieux, iotelligent, 
d'un exeeilent natnel, se fit aimer de 
tonte la famille, mais surtout d'une jeune 
enfant de quatre ans« qui se familiarisa 
bieotôl avec lui jusqu'au point de le com- 
prendre et de s'expliquer en français, au 
graud amusement de «es parent». Fatma 
s'aitacba à Pitiru, et par son innocente 
mé<liation le so'i d^ ce jeune garçon de- 
vint lout à fait supportable. 

Trois années .^écoulèrent. Pietro venait 
vratiein^lre dixntuf ans, Fatma en avait 
ouii; son père vo>ait saos déplaisir le rap- 
proc^iement des deux eiifautM, il s'était 
même fatiiiliarisé avec l'idée d'une union 
tl0K^ible si INetro se convt;i' lissait à la foi 
mustiltiiane; il y songea enfin sérieuse- 
ineni, et ptuir y parv*'nir il résolut d'em- 
ployer les iou» ccttte» séductions de la gen- 
tille Faima. Ou lui fit sa leçon, et l'ayant 
per>uadée quMIe iigirait dans les intérêts 
du chrétien, on U laissa libre après l'iai- 
pu^sÎMn donnée. 

Coostautine ef^t située sur le sommet 
d'un rocher trés-élevé, et si cette pohl«ion 
assure sa sécurité, elie en rend le séjour 
encore as.«ez incouuiNide aujourd'hui aux 
Européens qui l'ba binent. Beaucoup de 
Ci(m>truciions françaises ont maintenant 
remédié aux dé.-<agrém<'nt8 du lieu, mais 
en 1819, c'était plutôt un nid d'aigle ou 
de vautour qu'une ville habitable. La mai- 
son d'Achmet était sur les remp'irts, et sa 
terrasse dominait à pic un précipice de s x 












J^'<9^^ 



J^^(â 



- S7S — 




cents pieds de profondeur. Cependant, 
sans crainte aucune, Fatma courait en 
jouant sur ses bords* et se riait des ter- 
reurs de Pietro, qui veillait avec anxiété 
sur tous ses mouvemenis. Trop peu 
maître de sa terreur, il retint un jour 
Tenfant dans ses bras en la suppliant de ne 
pas s*exposer ainsi. 

ff Si je tombais, Pietro, tu serais donc 
malheureux? 

— Fatma! ne parle pas ainsi la 

senle idée de te perdre me glace le cœur. .. 
n*es-tu pas ma seule amie? 

— Mais mon père t'aime aussi, et si tu 
voulais devenir musulman, tu serais son 
fils en cessant d*étre esclave. 

— Ton père est un bon mattre, Fatma ; 
mais le Dieu des chrétiens est le seul vrai 
Dieu, je ne puis ni ne veux renoncer à 
son cuHe, même pour devenir ton frère. 

— Si mon père voulait t'y contraindre, 
il le pourrait, et tu deviendrais heureux 
malgré toi, Pietro. 

— Il n'y parviendrait pas, Fatma, car 
je persisterais dans ma croyance et pré- 
férerais souffrir le martyre pour l'amour 
de ma religion. 

— Qu'est-ce que le martyre, Pietro? 

— C'est souffrir les supplices et la mort 
au lieu d'abjurer. Le premier des martyrs 
fut le Sanvtur du monde, il se dévoua 
pour nous et racheta notre salut par ses 
souffrances sur la croix. • 

Alors, répondant aux questions de Fat- 
ma, Pietro lui raconta la passion de Notre- 
Seigneur Jésus-Christ. 

t Jésus-Christ a fait cela! dit la jeune 
fille en frappant dans ses petites mains, 
il est mort sur la croix pour expier le mal 
fait par les méchants; oh! que ton Dieu 
est bon, et que les chrétiens doivent l'ai- 
mer I Tu as raison, Pietro, reste chrétien, 
je ne te demanderai plus de renoncer à ta 
foi.» 

Fatma s'éloigna pensive et raconta à ses 
parents le peu de tmccès de sa mission. 
Achmet ne se rebuta pas et espéra un tout 



I autre résultat pour l'époque où Fatma se- 
rait en âge d'être mariée. Sa treizième 
année s'accomplit , et avec elle le déve- 
loppement de toute sa beauté; en Orient, 
les femmes sont de onze à quatorze ans 
ce qu'en Europe elles deviennent de seize 
i dix-huit. Pietro reçut d' Achmet l'offre de 
la main de sa fille en échange de sa con- 
version à rislamisme. L'esclave fondit en 
larmes; c'était un bonheur qu'il n'eût osé 
espérer. .. mais il refusa : prières, menaces, 
tout fut inutile, il resta inébranlable. Une 
nuit, son maître vint substituer à ses 
vêtements habituels, ceux de musulman, 
croyant obtenir par ce moyen un consente- 
ment tacite. Pietro déchira ces vêtements, 
et les foula aux pieds, ainsi que le turban, 
symbole de la fui musulmane. Le cas était 
grave ! Achmet livra son esclave au cadi, 
qui le condamna à deux cents coups de 
bâton sous la plante des pieds. 

En apprenant la sentence rendue contre 
Pietro, Fatma se livra au plus affreux 
désespoir, elle s'accusa des'étre rendue l'in- 
strument du fanatisme de sa famille, et 
d'être devenue pour Pietro un motif de 
persécution. La veille de l'exécution, 
Achmet assis sur sa terrasse songeait tris- 
tement au sort de son esclave favori, il 
regrettait d'avoir agi si durement, mais il 
ne voyait aucun moyen d'arrêter la mar- 
che de la justice. Fatma se présenta devant 
lui. 

« Père, dit-elle, celui que vous jugiez 
digne de moi, va subir demain le châti- 
ment des malfaiteurs, et c'est pour être 
rosté fidèle à sa reli^^ion. Il faut que cette 
religion soit bien puissante pour avoir dé- 
cidé Pietro à la préférer k moi. Mdis, moi, 
je ne veux pas renoncer à lui, et si vous le 
laissez mourir, j'abjure la foi musulmane, 
je trouve au fond de ce précipice la mort 
dont il m'a si souvent garantie, et je vais 
le trouver dans le paradis des chrétiens. » 

Achmet désolé c*iercha vainement à con- 
soler sa fille, sans oser lui rien promettre, 
mais épouvanté à l'idée de quelque catas- 




iS^èsy^^ 



^^ 



>«^; 






— 975 — 




trophe, il se rendit aussitôt chez le mn- 
phti, chef de la religion mahcnnétane. Il 
lui exposa les faits. Celai-ci fit demander 
le cadl, et Ton conféra snr Timportance de 
cette affaire. Le supplice d'un chrétien 
poarait avoir du retentissement et parve- 
nir en Europe. La dernière leçon donnée 
par lord Exmouih était encore assez ré- 
cente pour qu'on regardât à deux fois à 
loi donner matière à correction. On fit de 
nécessité Ycrtn, et la grâce de Pletro fut 
accordée. 

De retour dans la maison d'Achmet, il 
fat uni à Fatma ; mais, en loi permettant, 
selon sa demande, le libre exercice de sa 
religion, on exigea de lui, sons les plus 
terribles serments, de ne pas user de son 
influence sur sa femme pour la détourner 
de la foi dans laquelle elle avait été élevée. 
Pietro le promit v.t tint parole. 

Leur union fut heureuse. Fatma, tendre 
et dévouée, s'efforçait d'effacer par les 
soins les plus doux les chagrins qu'avait 
éprouvés son mari. Pie(ro remplissait ou- 
vertement ses devoirs religieux, môme en 
présence de sa jeune épouse. Fatma écou- 
tait les prières chrétiennes avec une atten- 
tion respectueuse; mais, fidèle à ^a pro- 
messe, il ne fit rien qui pût éveiller en 
elle une volonté contraire à celle de sa 
famille. 

Une petite fille vint resserrer leurs liens 
et compléter leur bonheur. Pietro avait le 
premier reçu son enfant dans ses bras. Ce 
jour-là, le sirocco soufflait avec fureur. La 
malade, couchée près d'une porte donnant 
sous la galerie circulaire qui existe dans 
toutes les maisons mauresques, aspirait pé- 
niblement le peu d'air atmosphérique qui 
fût respirable. Elle suivait des yeux, avec 
un plaihir indicible, tous les mouvements 
de rheureux père qui, couvrant son enfant 
de caresses, le tenait à l'air extérieur. Tout 
à coup il vint se pencher vers elle, et lui 
demanda avec tendresse quel nom elle dé- 
sirait donner à sa fille. « Speranza, » ré- 
pondit-elle. Pietro fit encore quelques 

DIX-NVUVlàyB ANNÉE, 4* S^RIB. — N<^ 





tours sous les portiques, puis, s*approchant 
de la citerne, la jeune mère le vit fléchir le 
genou et ondoyer son enfant; elle l'enten- 
dit prononcer les paroles sacrées qui la 
rendaient chrétienne : « Speranza, je te 
baptise au nom du Père, du File et du 
Saint-Esprit.^* Quand il rentra... Fatma 
fermait les yeux et oroisait ses mains sm* 
sa poitrine.. . en la voyant ainsi, il la sup- 
posa endormie. 

Speranza, enfant adorée de toote la mai- 
son, grandit en force et en beauté; mais 
la jeune mère, dont la constitution était 
frêle et délicate, fut attaquée d'une con- 
somption que le défaut de soins éclairés 
rendit irrémédiable Un jour, Pietro la sur- 
prit fort occupée à tatouer sur le front de 
sa 611e une ancre de navire qu'elle s'ap- 
pliquait à rendre aussi nette qu'ineffaça- 
ble. D'abord mécontent, il lui demanda 
pourquoi cette pratique sur son enfant. 
C'est le symbole qui appartient â Speranza; 
elle peut survivre à sa mère» et le signe 
qu'elle porte maintenant sur le front lui 
rappellera qu'elle est chrétienne. 

— Fatma, tu le savais donc?... en as-tu 
quelque regret?» 

La jeune mère sourit, et posant ses mains 
en croix sur sa poiurine comme an bap- 
tême de sa fille, elle ferma doucement les 
yeux, les rouvrit, regarda son mari, puis 
le ciel avec l'expression d'une joie inef- 
fable. 

« Fatma I s'écria Pietro, chère Fatma, 
mon serment m'enchaîne, je ne puis, je 
n'ose t'adresser une seule question, et 
pourtant, je crois comprendre....» 

Fatma posa un doigt sur ses lèvres en 
lui montrant une vieille esclave qui les 
observait. 

Peu de temps après, Pietro s'aperçut 
qu'un petit crucifix qu'il portait dans son 
enfance, lui avait été soustrait ; il ques- 
tionna , fit des recherches , mais vaine- 
ment. .. le crucifix ne se retrouva pas. 

La santé de Fatma déclina rapidement, 

bientôt on ne conserva plus d'espoir. A 
IX. 











^s^^ 
w>^ 








— 874 — 



ws derniers moiîM>ntR, après avoir adressé 
de louchants adieux à son père et à sa 
mère, elle hoiihaiia rester ^eule avec aua 
mari et sim enfant Pieiro, I genoax près 
de sa feiBiae» reçue* MaH pieusemeat ses 
paroles qu*un«^ etcpssiie faiblesse renditil 
à peine iDU'Iligibles. Si^^ranza, âgée de huit 
aiiK, sang^otair, inclinant sa jeune têie sur 
les gi^nonx de sa mère. Fairna 6t un ge.^'le 
pour obtenir le silen- e. Alors, MHMtiSMif 
la main d<* sou mirrî, elle la posa sur («on 
cœur... il tressait it, car sur ce c«ur 
qtiHt croyaK ninf(ulm»n, éiiût suspendu de- 
puis longtemps le signe de la rèdvmp îon, 
le cruciHxde Pietro. «Je suis dirèiienne, 
lui dll*«lle, pui«4fu« la volonté peut tout. 
je HtiÎH chrétienne, et cependant tu as tenu 
fi«lèlf*ment ton seraient envers ma fa- 
mille, le crois «'n IMeu, je ends en la 
Vierge Marie, aioiita-t-i*|(e, je crois en Je- 
sns^^hri^t depuH <fu« tu m'as raconté ses 
souflFi ances. J ai sef»ii ffiie j*aiinaifi ce 
Dieu de boulé 4fiii sacrifiait sa vie pour 
raclH*tf*r le uionde d'une étt'rneiie damna* 
tioii. (Vest ce que tu apiN'Ues la Grâce, 
nV 1-0*1 paH 7 Ce?*t ce que j'ai lu dans ton 
Évaugile depuis que, par ti*s soins, je sais 
lire, i^tthitenam, Pietio, nous ne serons 
p>s s^n*8 lè-^aut, notre enCaut nous y 
8*H^ra. Éeo*«t«-moi bien, c»r je Ken« la 
mort qui N*appf oclie. Piiis cette iiuii même 
avec ta tlle, demain tu uVn serais plus 
le maître ; retiie-toi à Bone, élève notre 
en a ut en chréii<'ttn«*, et forme son cœur 
sur It* mmlèlt^ du il<4i. » 

L^ îfune femme attira vers ette la fille, 
éii'ndit leH maitis et ta l^énit. 

M Speransa, lui ék-t lie, tu portes do- 
pitÎH ton «'nUoce le signe d'une ch^ trois 
\ettiis chrétienneN Je l'ai tnoi-mèaïc gra- 
vé ^wr Ion ir'#nt cotumi* une mauifeMatiou 
aviheytique de i»a nouvel^ croyance, et 
pinir te laisser à lui U inar()ue ineffaçable 
d'usé reiitdon dans laqwIlH, comme ton 
ï^re, ta dos vifr«- et mourir. Adieu, Pic- 
tid, adieu, maSperauxa. fuy tx tous deux. . . 



cette nuit même, entendœ-vous 1 ne reatfs 
pas Fpeciaieurs des pratiiitifs qtd àmont 
lieu d«>nuiin à mes funératUes, et que. • a 
Fat ma UuHsa dmoeuient rHombcr a^ tètB 
sn* I épule de M>n époux en niui murant: 
a Mon Dieal recev<'z mo» àmel Mon 
Oiml protégez Pietro et noir«^ enfjiitt » 
Suivant religieu**ement les dernièn*R vo- 
lontés de sa chèpe Fat ma, iM^tro enleva 
Hin eiffiinf ei quitta Consiantitie la mait 
même. Il ta comkiiiiit à fr>iie. 1^ cette 
jeune fdle fut confiée aux S'îns des rein 
fcicuseH de neiie vile qui cumpléiorent son 
itistroctiiHi obrétienue. i eitr di^e supé- 
rieure et M. le curé de Don** U présentè- 
rent M «acreoM'nt'du haiitême ma elle 
reçut le nom de Marie. Augim aoâ 
fut épaignè pcNir lui donner toutes lus 
naitiSdures que sa rare iftielligenoe réola- 
n ait (i't'St nen-aeulemettt une jtHine fiHe 
pieuse, kuinble et instruite, mais un mo- 
dèle d« douceur, (te vertus et de bonté. 

A Boue, rue des Pyramides, est une 
anii^nn; mosquée» étroite et basse, qui 
depuis plu&ieurs a niées ^ert d'église pro- 
visoire à !<• poimlation chréiienne de celte 
\ille trop petite pour contenir la ibnie des 
fidfles qui se presse contre ses portes; 
les preutiers arrivés ont seuls Tespoir d*y 
trouver place, les autres doivent se réii- 
gner à écouler au dehors ce qu'ils peuvent 
entendre du service divin. Mais le matin, 
lorsque le son grôk de la petite clocke 
appelle l s fidèles à la premiè«e messe, on 
voit d«*8cendre dans le saint lieu une 
jeiine fille vêtue à Teuropéeiiiie, et qui 
pofte sur son front une ancre de navire 
profondément tatouée^ BMe e^t accompa- 
gMéed un homme jeune encore. Cest Spe- 
raoza et mm père ; ils ko dirigent vers l'an* 
te< de la Vierge placé au fond de Tun des 
bas côtés, et se prohieruf^nt dévotement 
sur la dalle en attendaui la célébration dn 
saint sacrifice. 

W^^ Laubs Pni». 






i.^RC*i 






— «78 — 



LES ÉTOILES ET LES FUSÉES. 




FABLE. 



Du milieu d*une fonle à grandis frais amusée. 
Vers uu (irl dont la nuit obscurcissait l'azur. 

Une pdiHanUs fusée 
S*é'ai»çait bardintfut; et dans lVf>pa€« olNicar, 
Par nh sillon de feu sa qu^ne éiinrelante 

nar<{uaît sa route triouiphaote. 
Le peuple ap,)laurlissait ; et dans son fol orgueil 

£l*c fondait sur ce bruy.tnt accueil 
Les plus brillantes destinées, 
S^écriant : a PUce, place» étoiles surannées! 
» A nioî le OrraaineAi ! vos honneurs sont passés, 

» U.S n'oDt duré que trop d'années 

» Caches TOOR, asitres éclipsés. • 
Elle éclate li ces mots eu vives étincf^llffi; 
Et jette ddns les airs, tout à coup éclairés 
Par l'ardente lueur de ces feux colorés , 

Un gn^upe dYtoilcs nouvelles ; 

Aux transp(»rts d'un peuple enchanté 

Rfd'Mible ha folle jactiince; 
Nais Vu il sur bmt d'é lat H*est à peine arrêté, 
Qn*il s' éclipse et s'éieiot ; h peuple fait silence. 

L*air reprend sen obscurité ; 
Et m* twÊée évanovie 

H^est <^*viie bagwtte noircie, 

Qoi, lofn d*atteftidre an fîrmanx*!!!, 
S*en >ient sur le pavé retotobiT lnurdement 

Aux piifds de la foule ébahie. 

La f^Mm mit parfois la vogue et fe fraean ; 
Biais hon temple est jonché de baguettes brisées; 
Et roiympe est eu vain assailli de fuséts ; 
Les étoiles n*en tombent pas. 

Yi£fiN£T, de r Académie Française. 








s>T.^ 







■^^^iî^^' 



— 3176 — 



MELANGES. 




EXPOSITION DE LONDRES. 



DKUXlftlIB LBrniB. 




U n'y a pas encore longtemps, tous Je 
savez, chère Léonie, que pour la première 
fois, un appel fat fait à toutes les nations, 
leur disiint : « Levez-vous! prenez If s 
armes paissantes de la civilisation, venez, 
venez, nous allons tous entrer en lice, et 
je vous prépare one arène digne de vous 
recevoir I » Ces paroles n'avaient rien de 
menaçant, car elles étaient prononcées par 
une douce voix de femme, par Victoria, 
reine d'Angleterre..... et tous les peuples 
accoururent. 

Ils sont en présence, le combat est com- 
mencé, mais la victoire, cette fois, ne coû- 
tera ni sang ni larmes, et nous voyons 
eoGn, à Uyde-Park, un champ de bataille 
dont nos yeux ne se détourneront pas. Les 
canons qui s'y trouvent ne feront point en- 
tendre leur tonnerre homicide, les armes 
ne cesseront pas de briller d'un innocent 
éclat, ce n'est plus une lutte barbare, ce 
n'est plus la force brutale qui doit l'em- 
porter non, c'est la plus belle, la plus 

proûtable des guerres : ta guerre de la 
paix, celle où les intelligences seules se 
mesurent, où elles grandissent par une 
noble rivalité. L'immense Palais de Cristal 
renferme aujourd'hui toutes les conquêtes 
de l'esprit humain ; c'est là un spectacle 
unique, que le monde voit avec étonne- 
ment, que Thi^toire enregistrera dans ses 
fastes, et d'où l'on verra sortir sans doute 
l'ère nouvelle de l'union des peuples ! 

C'est assez discourir, n'esl-ce pas, ma 
bonne amie, et vous dédirez être rame- 
née, sans retard, à l'exposition univer- 
selle^ devant chacune des choses qui me 



semblent dignes d'ane attention partica- 
lière. Je le conçois, mais mon embarras 
est grand ! Comment me reconna!tre aa 
milieu des quatre parties dn monde? 
Comment vous faire voyager, sans trop 
de fatigue, au centre des nations? Pour y 
parvenir, j'ai voulu suivre un plan, me 
créer une méthode ; tantôt j'adoptais la 
division géographique, commençant par 
l'Europe et finissant par l'Amérique. D'au- 
tres fois j'appelais à mon aide les points 
cardinaux, ou les quatre éléments, ou les 
trois règnes de la nature... eh bien ! mal- 
malgré le meilleur vouloir, noon esprit 
rebelle à la classiûcation, n'a pu adopter 
aucun mode régulier. De la France à l'An- 
gleterre, se donnant la main, se compli- 
mentait à bon droit, ma pensée s'envole 
au Canada, en Russie, en Belgique, aux 

Indes, que sais-je? Mais elle galope 

toujours de ci, de là, sans pouvoir s'as- 
treindre à aucun des freins qui lui sont 
présentés. Voulez-vous la laisser errer en 
liberté? Youlei-vous me permettre de 
vous parler des chos^^s que j'ai remarquées 
sans suivre une ligne droite ou courbe? 
Cette manière dont nos seigneurs et maî- 
tres critiqueront sans doute la légèreté, 
aura du moins l'avantage d'échapper à une 
fâcheuse ressemblance, à celle d'un lourd 
catalogue. Je commence donc 

Suivez -moi au rez-de-chaussée, dans 
la galtrie du milieu, et rendons hom- 
mage à une sutue colossale, modelée par 
Dantan atné, et coulée en zinc ; c'est celle 
de la reine Victoria. Elle sort des ateliers 
paribiens; cette œuvre est là comme on 













■^Sô^^ 



— 277 — 




témoignage de reconDaissance pour l'appel 
particulier qui nous a ét( fait, pour l'ac- 
cueil que nous avons reçu, et pour la jus- 
tice rendue généralement par les Anglais 
à l'expositîoo française. La pensée, le ta- 
lent de l'artîstr, l'habileté de l^ouvrier qui 
a substitué le zinc au bronze, rendent cette 
statue fort Remarquable. 

Tout en tous rendant compte d'un ou- 
vrage solide qui doit traverser les siècles, 
je pense à un autre, gigantesque aussi, 
mais fragile, et qui n'a pu traverser impu- 
nément la Iklancbe ; il est venu se briser 
an port; je veux parler de la fameuse ca- 
rafe en cristal, et dans laquelle trois per- 
sonnes pouvaient dîner à l'aise. Je Tai de- 
mandée à. tous les policemen qui gardent 
l'exposition, et j'ai su qu'elie avait été 
C9ts>$ée à la douane. 

— Cette nacelle américaine que l'on 
voit en entrant est d'un seul morceau^ 
elle a trente pieds de long et a été creusée 

dans un arbre de la Caroline quelle 

taille doivent avoir les arbres de ce pays ! 

— L'Angleterre a fourni des sculptures 
en bois, admirables objets d'art , qu'elle 
approprie à l'ameublement. Je citerai un 
fauteuil dont les deux appuis sont formés 
par de beaux chiens couchés; ils sont 
d*une vérité parfaite, et donnent Tenvie 
de les caresser. Un encadrement de glace, 
pour salle à m'tnger, est formé par des 
poissons, des fleurs, du gibier, des fruits 
sculptés aussi en chêne : ils sont ajustés 
avec beaucoup de goût et leur fini ne laisse 
rien à désirer : les plumes des oiseaux 
semblent légères... comme la plume elle- 
même. 

— Â Tune des extrémités de la galerie 
principale, on remarque une glace im- 
mense en hauteur comme en largeur. Elle 
réfléchit les objets avec une pureté par- 
faite; les Anglais ont imaginé de nouveaux 
procédés pour perfectionner leur miroite- 
rie; ils n*étament plus, mais ils argentent 
leurs glaces. Le verre de ces glaces est 
double et laisse un vide dans le milieu 




comme s'il y avait deux verres de mètue 
dfanension, un peu séparés et maintenus 
par trois côtés fermés. On remplit le vide 
par une solution d'argent mêlé, dit-on, 
avec du sucre de raisin, bientôt il se forme 
sur la glace une belle couche argentée, on 
enlève ce qui reste de la solution, on lave 
l'intérieur des deux verres ; lorsqu'ils sont 
secs on scelle le côté laissé ouvert pour 
pratiquer l'opération, l'air ne peut plus 
ainsi exercer son influence sur la pureté de 
la glace qui ne s'alière jamais. 

— Quand les magnifiques orgues ces- 
sent de retentir dans le Palais de Cristal, 
on peut entendre un piano des États-Uois, 
dont les touches font rendre au même ins- 
trument, selon la volonté de l'artiste, ou 
le son du piano ou celui du violon. Cette 
invention précieuse est encore dans l'en- 
fance, mais elle offre beaucoup d'avenir, 
et l'on assure même qu'un Français en a 
déjà obtenu des résultats étonnants. 

Au mitit'U de pianos remarquables, en- 
tre autres ceux de Belgique, les regards 
s'arrêtent sur un piauo d'Éraid; il est à 
queue, feuperbe de décors ai tisiiques, et 
resplendissant de dorure. Madcime Saint- 
Phal, dame parisienne. Ta fait entendre ua 
jour, et la foule attentive pouvait dire : 

Sans mpiitir, son ramage 
Se rapporte à son plumage, 
Et c*€st bien le phénix des pianos de ces lieujc. 

Avec de tels facteurs, et avec les fameux* 
violons de Willau ne, les intruments de 
musique français obtiendront une distinc- 
tion au grand concours européen. 

— Une maison toute en zinc me sem- 
ble assez agréable ; elle est meublée, on la 
dit chaude l'hiver et froide l'été. Si vous 
la trouvez mal placée, si vous vous en- 
nuyez du site que vous avez sous les yeux, 
emportez votre maison pour la poser où 
bon vous semble, car on prétend qu'elle 
est facile à transporter. On pourrait voir 
ainsi des villes ambulantes? Ce serait cu- 
rieux I uiais je craindrais que nos cités 






?j&»* 








^^^^Ôi 





— «78 — 



fraaçaîseft» à la recherche, d*m système 
politique qni puise les satû»C«ire, ne r^ 
nouTeiasMeul le sort éa mallieureux juif 
errani! 

— Paroiî les filuH jolies Toitures an- 
glaises» ami'ricaip en^ (f*auçatses ou bi»lge% 
doDt pliihieurs ^'agl andisseot el se rapetis- 
sent à ▼••lon^é, deueunent des cabriolets, 
on des cliars-à bancs, des calé* hea o i- 
Teries ou des voiures fermées, il en ea 
une que j'ai lun^temps • xaniiuéc; e]l•^^ert 
à faire voyager les malades sans qu'ils ^ui - 
lent le lit s«t lequel ou les transporte; 
d4*s ctHillMsea so^it préparées dans ia v«ii- 
tnre pour recevoir ce lit, il y gli^-e facile- 
ment et sans secousses, soit pour entrer, 
soit pour sortir, lorsqu'il convient au ma- 
lade de quitter la voiture. On ne saurait 
trop encourager lt s inventions dont le but 
est de soulager l'humanité Nouiïiante. 

— I^ sculptiif e occupe une place inté- 
resooie à 1 Kxposiiioa de L« ndres» on y 
voit : la l'hryné de Pradier, la BacchanU 
de Cieiuier, l* Archange^ terrassant le 
Démon par D seigneur ; irois group<*8 de 
A. I>ecb»^ne, Fun représ»'n e : un Enfant 
menacé par un serpent et détendu par un 
chieu; l'autre montre TEnfant dé ivre 
du serpent par ce. même chien^ et dai.s 
le troisi'^me, on voit un Aigle énorme 
s*abattre sur un j»one enfant el le prendre 
dans ses serren pour remporter peudaut 
le somm*'il de sa nièrel La foule entoure 
constanimeia o s tnus groupes, l'émo'iiMi 
qu*eUe téoioigne est le plus sàr des éloges. 

La statue éqnestr«« d« Godtfroy «fe 
BofuilUm e^t une belle page faisant le plus 
grand bannenr à SimotiLs de fimxiiles 
On adoûre beanronp aa^i, du mêiue ar- 
tiste, tui Enfant ai^anl crtvé mn lamèour. 
11 pleure si fort, il est m \éiiii»bleineot dé- 
solé, ce pa»ivre pititl que l'un voudrait 
aller veriiloi, W caresser» le cooaoler ; et je 
vous assure qu'iostinctivement, j*ai ciier- 
ché hi je ne trouverais pas antour de nioi 
un tambour, p< ur remplacer cdni qui fai* 
sait couler tant de larmes. 




SaMt-Pétersbourg a envoyé uns Ccmo- 
diewnf sortie du €LH«*atfr de L de Cuypea ; 
elle pleure la mort de sou eofa^tt* et ^ 
yeaoux elle arrose de son lait la lomb^ 
nouvelle I 

Voue devinei bien que l'art b* itannlqne 
n'a pas manqué de fe produire ^ Hyde- 
Park. On doit des éluges à une charmante 
couipoMtlou roinauiique de Jone Ang, 
repré^ntant trois des entants royaux : 
(Wttx 8»ut sur un ponty^ pendant que le 
Uoi^ème, le plus jeune, est par. terre, 
couché »ur un grosépagneul^'ei présente 
des feuilles au cheval qui cherche k les 
prendre doucement. 

Uu relit-f (ait honneur à l'Anglais Evan 
Thon; il met en aciiou une belle pensée. 
L'on y loit Tespiit de la science lever le 
voile é^iaiti dont Tignorance est e|iv«l<»p- 
pée. — Le Wurtemberg a envoyé deux 
superbes c' eiaux.— Berlin, fon Aœazioe 
en bronze, par A. Kiss* tout cela e>t bien, 
adiuir.ib'e, et cependant l'Italie me sem- 
ble C(»nserver ici le sceptre de i'ari. Que 
de choHt'S je pourrais vi»us signaler I Mais 
je nie bornerai à citer seulement : Ètt 
apri$ le péchés et une Jeune teeiaU foor-- 
laul le fpu sacrée chef d'œuvre que Toia 
d«>it à Rafaël )lonii, de ^lilao. Qu'elle est 
belle» sut tout, celle veMale sous la trana- 
parente mousseline qui couvre fon vi- 
sage ! comme on serait tenté d'en déranger 

les ptisyde lever ce voile léger! oui» 

maiHce v^tile téger, c'e»t du marbre 1... En 
véiilé, it laut le loocber pour y croire l 

— Maiaien4nt, regardons d^ns l'orfé^ 
vrei ie fi'aiK;^i8e : vjoe couronne deslinée à 
la rnne d Espagne, Ne soyez point tffira^éo 
dn poids des 8,500 pierres précieuses qui 
s'y trouvent enchâssées; e'I**» sontbihaiM- 
Unent, al légèrement montées, que la 
jeune tête d'l>abelle portera sans peine 
cette resplendissante couronne» 

— J'aurais dû votis montrer d'abord 
le b'i'laut hommage ofleri au Roi due 
Rois, l'ostensoir tout en pierreties, monifr 
à Madrid, et destiné, dit-^n, à la calhé* 





■«s®25> 




9iJ> 






^y9 





— «79 — 



drale de Lima. Il est magnifi^^ne et les 
ra;oDs qiir ja tiifwent de non centre indi- 
quent bien quelles grâces , quelles lu- 
mières font njfcillir bur doos les béuéJio 
lions de Diea! 

-- Ces ouvrages en bois que vous voyri 
k gatiche, tiennent de la Suisse ; lis sont 
si simples qne l'on M*éionne de K*s trouver 
an miliea de tant de travaux extraoïdi- 
Daîres. Mais sachez qu*i'<t ont ^té faits p;ir 
des aveugles de l'ttdbli st^ment de Lau- 
sanne. La loupe porte montre qui ***élève 
au milieu de ce iiiodeiïte étalage a été faite 
par Edouard Meystre; non-seulement ce 
jeune ouvrier eat aveugle, mais enco«e 
sourd-muet ! 

— En passant devant le chanvre in- 
dien qui paraît très-vulgaire, et tout à 
fait semblable k celui que nous connais- 
sons, ne nous en moquons pas, car il ne 
plaisante pas, lui, et V*>n assure qu'il 
rendit fous les 8i>ldaisde l'armée de Xéno- 
phon, qui s'amusèrent è boire de son ym. 
rians riude et en Chine, oette boisson est 
depuis longten*ps emplo\ée potir rendre 
insensible le roaliide que Ton doit opérer. 
On s'en sert comme on se sert mainteuant 
en Europe du chloroforme. 

— Vous qui marchez si difncilement, 
ehëreamie, vons pourriez, en réalité, par- 
courir sans fatigue les galeries de PExpo- 
sition, et cela, parce que le peufli^ anglais 
admet tout ce qui est confonable, et veut 
que chacun puisse, autant que possible, 
prendre sa part des jouissances de ce 
monde. Ainsi, pour les viriilaids, les en- 
fant% les gens souffreteux eu On, il y a de 
petits cabrioli ts, très-b m, fort commode», 
qu'une personne peut traîner aisément ; il 
n circula beiuconp dan^ le Pala's de 
Crisial : l'on en voit aussi de trôs-èlég<»nis 
exposés comme mod le^, dans la salle des 
vnitures. Ce moyen facile de promener et 
d'amuser les malades devrait charitable- 
ment devenir un usage françab. 

— Qu'elles sont admirables lesdentHles 
d'Angleterre, de Bel^i^ue, du Calvados 




et d'Alonçon I Ell*^ f^emblont être plutôt 
un travail d'araignéen qu'un ouvrage sorti 
de la luain d« s femuies ; J*ai rematqué urne 
rol)e en dent"ll»-, 'dnnt le b 49 est oriié 
d'une guirlande de fleurs et de f^uiUes 
bUnclies, fi*i es en points d'Alençon; ces 
fleurs sont eu saillie, ayant les pétales 
déta< hés, com<i e s its é'ai**nt véritables^ 
Ponr acro.'Mp.-gner celte robe, il y a une 
Gi»iflure, fortiiaiftv uiri nd»*, retombant a\ec 
grâce des deux cô é>; et!e tïst d;; même ma 
poidisd'Al^-nçon, elle doit bien fuira égale- 
ment *t9iW d* H cheveux blonds ou murs. 
Le b«»uquet n*a pas été oublié non plus il 
revient à 500 fr., dii-on, ce qui peut 
donner Tidée du piix qu'il faudrait mettre 
à toute la toilette , elle se blanchit parfaite- 
ment. 

— Le costume d'une jolie femme en 
cire doit ans^l exciter l'envie, sa robe cou- 
verte de hauts volants, son mantelet garni| 
la pointe jetée sur sa tète, tout est ea ma- 
guiGque* dente- le de Bruxelles. 

— Les glaces des mers du nord ont 
longtemps retenu les navires apportant 
L*s produits russes; ils sont arrivés et 
TExposititm en est superbe. Aucnn pays 
ne peut hitter avec la richesse de cette 
cheminée, de ce bureau, de ces tables, de 
ces fauteuils, de cette énorme porte à dent 
battants, de ces vases gigantesque tous 
en malachite*, avec de riches ornements en 
bnmze doré. La pKleterie y est admira- 
ble; je crois me rappeler qu'un dé)icî«*fiK 
service à thé tout en cornaline, n^me les 
cuillères, appartient aussi à la Russie. Elle 
a enci re exposé beaucoup de beaux dia- 
man*s, montés avec pet f.-ction : en colliers, 
bouquets, diadèmes, vutrlandes, broclies, 
agrafes, etc. Le cnitn^z-vons, de toutes 
tes parures fabuf'^us s, il ne restait plus 
à vendre, il y a déjà trois semaines, que 
quatre ou cinq objets, et encore, c'étaient 
ceux du prix le moins élevé. Hélas! sur 
|a liste de<( acheteurs il ne se trouve pas 
un nom fimiçaisl L'amnur du l)eau, le 
désir d*eaconrager Tart et le travailleur 




>4^ 








ne manquent poorlant pas à notre pays? 
Sans don te, mais il y marque ce qui 
abonde chez nos riches voisios, ce qui 
reviendrait chez nous avec le calme, l'u- 
nion, la confiance qui sont pour les peu- 
ples une véritab e Californie. Le Français, 
toujours fier et dL^eur, conserve quand 
même, sonépéeet sa harpe... mais c'est 
un léger bagage pour voyager aujourd'hui, 
surtout, en Angleterre, dans le palais de la 
paix et de l'industrie 1 

Le temps passe vile à l'Exposition ; afin 
de ne pas oublier l'heure, regardons à une 
montre que j'aperçois au travers d*un 




^ «80 — 

bocal. Elle est suspendue dans le milieu 
d'un vase oA vivent de jolis poissons rouges, 
et je la nommerai montre aquatique, ou 
tout bonnement : montre canard, tant elle 
semble se bien trouver dans l'eau qui l'en- 
toure... J'y vois qu'il est bientôt six heu- 
res et demie, le Palais de Cristal se ferme, 
nous y avons fait une longue séance, puis- 
siez-vons n'en être pas trop lasse et me 
permettre d'y revenir encore promener 
avec vous que j'aime et embrasse du meil- 
leur de mon cœur. 

Emma Ferband de Beaujouan. 



OEUVRE CATHOLIQUE DU BON PASTEUR. 



Mesdemoiselles, 

Cet article est un appel à votre charité ; 
à cette charité qui doit s'éveiller* si com- 
patissante et si tendre dans le cœur des 
heureuses jeunes filles, dont la vie s'é- 
coule, pure et paisible, sous la protection 
de parents vénérés. Votre âme, abritée au 
foyer paternel, ne connaît que par ouï- 
dire les périls du monde, mais ces périls 
existent, nombreux et redoutables, pour 
tant de filles de votre âge, orphelines, dé- 
laissées» exposées chaque jour, ou à de 
durs traitements, ou à de funestes in- 
fluences. Ignorantes, et par cela môme 
oisives, elles demandent souvent au mal 
le pain de chaque jour ; elles vivent et 
meurent dans l'oubli de Dieu, du devoir 
et de l'honneur. 

Mais la religion catholique, qui jamais 
n'a laissé une misère sans secours, a 
trouvé, dans sa féconde charité, un remède 
à ces maux. Elle a ouvert des maisons où 
des religieuses, connues sous le nom de 
Filles du Bon Pasteur , accueillent la 
pauvre jeune fille prête à s'égarer. Là, 
traitée avec des soins maternels, surveillée 
avec un tendre et vigilant amour, elle se 




forme aux douces leçons de la religion ; 
son âme s'élève et s'épure, ses principes 
s'affermissent, elle prend le goût et l'habi- 
tude du travail ; au bout de quelques an- 
nées, elle peut, sans danger, rentrer dans 
le monde où elle saura occuper une place 
désormais honorée, mais quelquefois elle 
préfère vieillir et mourir à l'abri des murs 
sacrés qui Tout défendue et sauvée. 

Ces maisons, si utiles, sont nombreu- 
ses, mais elles ne le sont pas assez; cha- 
que grande ville, centre d'une population 
industrielle, devrait en avoir une, et les 
ressources de l'institut sont loin de pou- 
voir suffire à tant de besoins. C'est pour 
suppléer à celte insuffisance, que Nossei- 
gneurs les archevêques d'Angers, de Sens, 
de Saint-Claude, de Cambrai, etc., ont 
autorisé l'établissement de VOEuvre caXho^ 
tique du Bon Pasteur. Le 3 avril 1835, 
un bref de Grégoire XVI érigea la maison 
d'Angers en généralat; le but de cette 
œuvre consiste à recueillir des souscrip- 
tions, par lesquelles les signataires s'enga- 
gent à donner pendant l'espace de dix 
ans, chaque année, une aumône de cinq 
francs^ environ dix centimes par semaine. 
Ces sommes si minimes, obole de la 














— S81 *- 



femme, de la veuve, de la jeuae fille 
chrétienne, suffiront, on Tespère, non- 
seulement à restaurer et agrandir les mai- 
sons du Bon Pasteur qui existent en ce 
moment, mais donneront l'existence à de 
nouvelles maisons ouvertes à l'innocence 
en péril, au repentir et k la pénitence. 
Nous vous en conjurons donc, mesde- 




moiselles, par la charité de Jésus-Christ, 
donnez votre aumône aux Filles du Bon- 
Pasteur I 

f^lm« ÉVELINB RlBBECOURT. 

Le Caissier da Journal des Demoiselles rece- 
vra les aumônes et délivrera des feuilles d'As- 
socintion, au Dom de M. Tabbé Vtot, procureur 
de l'OËQvre. 



m»m 



ÉiNIGME GÉOGKAPBIQUB. 
Quelle est la ville où Ton a livré trois | batailles contre trois Philippe de France? 



Économie Domestiqae. 



MANIÈRE D'EMPLOTER LA CIRE A CACHETER QUI A DEJA SERVI. 



Placez les cachets dans un petit panier 
de fil d'archal, à claire voie, suspendez-le 
sur une casserole où vous faites bouillir 
de l'eau, la cire se détachera du papier, 
traversera le panier, et tombera au fond 
de la casserole, d'uù vous la retirerez pour 
en former des bâtons. 



Madame la duchesse d*Angoulême, lors- 
que l'e habitait les Tuileries, formait ainsi, 
avec les cachets des lettres adressées au 
château, des bâtons de cire qu'elle faisait 
vendre pour les pauvres. 




CANNES. 



On a souvent des cadeaux à faire, à son 
frère, à son cousin ; voici quelques con- 
seils dont on pourra profiter, si Ton ha- 
bite la compagne. 

Les tiges des jeunes poiriers sauvages 
donnent des cannes en bois noueux. On 
les passe au feu, i'écorce s'enlève, et le 
bois se marbre de roux et de brun foncé. 

Si, autour d*uue épine blanche, on 
tourne en février un fil d'archal en for- 



mant une spirale, la sève produira dans 
les intervalles des renflements curieux. 

Voici comment on fait de charmantes 
cannes de vlgoe sauvage. On coupe une 
tige ; pour la colorer, on la laisse un mois 
dans de la chaux récemment éteinte, puis, 
pour la redresser on la suspend par un 
des bouts, tandis qu'à l'autre bout on at- 
tache un poids. Ces cannes sont remar- 
quables par leur flexibilité. 



BROSSES DENTIFRICES DE RACINE DE GUIMAUVE^ DE MAUVE OU DE RAIFORT. 




Coupez en bâtons longs de 20 centi- 
mètres l'une ou l'autre de ces racines; 
faites des entailles aux deux bouts de ces 
bâtons de manière à former une espèce 



d'effilé, sur une longueur d'un centimètre; 
mettez ces bâtons bouillir dans l'eau avec 
de la racine de pyrèthre et de la cannelle 
en morceaux, relirez- les pour les jeter 









— M2 . 

dans de IVau-de-vie, où vous le« laissez 
pendant vingi-qnain'' l^enres, pu s \0usle5 
retirez pour les faire sécher au foor. 



Qaand on vent s*en servir on trempe 
ces hrnssps dans Teau tiède et Ton s*en 
frotte IfS dents. 




PASTILLES CONTRE LA MAUTAISE ODEUR DB L'HALEINE. 



Prenn 93 |{ramiD« s 75 a^ntigramines 
( 3 oncps ) de caié en fM>ud*'e. 

31 grammes 25 ceniig'a'umes (1 onci*) 
de charbon vé^éial |X)r»ihyns6. 

31 gnimmes 25 ceniigrammes (1 once) 
de sucre. 



3 grammes 9 dé t iy anm es (1 giw) de 
vantlle. 

Jd. d«* nracilage de genmie. 

Mêl>z bien le tout ensemble et diTi<ez- 
le en pabtilles du poids de 1 gramme (18 
grains ). 



MANIÈRE D'eNLKVHR LES TÂCHES DE CAMBOUIS. 



Snr les mains : frotte-l<»s av*'C de l'huile 
d'olive, puii avec du son b>en St^c et lavez- 
les avec du 8a\on. 

Sur les éfoiïes : beurrez du pépier grie, 
poi^ez-en une partie sur la tache, prome- 



nez 8nr le papier une coillèré dans laquelle 
it y a un charbon rongî au feu, posez sur 
la tache une autre pariie du papier, et 
recoMMwre/. jusqu'à ce que tout le cam- 
bouis bc soit volatilisé. 



PUDDING AUX FRUITS. 



Prenez de*? cerises, des pommrs, ou 
tout autre fruit; piéparez-les, pour les 
cerises et les pruiie«, en ôtant les noyaux; 
pour les poujmes, en les pelant et les 
coupant en petits morceaux. 

Mettez dans un saladier un demî-kilo- 
gramme de farine, un peu de sel fin, gros 
comme un œuf de beurre très- frais, |)é- 
trîs^ez, ^n ajoutant de Peau jusqu'à ce 
que vous ay* z obtenu une pâle bien liée ; 
saupoudrez la lahln de farine, étendez la 
pâte dessus, formez-en un nmd de deux 
lignes dVpaisseur; placez vos fruits sur 
une muiiié de cette paie, en y mêlant du 



surre fâpé (et de la cannelle si ce sont 
des pommf^sj ; rabattez l'autre moitié, eo 
réunissant adroitement les bords ; enve- 
loppez ce pudding d'une serviette que 
vous aurez préalablement rincée,, tordue 
et satipoudréede frine, liez-la avec une 
ficelle, pl>icez-]a dans nne marmite pleine 
d*eau bouillaiite, faites bouillir à gros bouil- 
Ions le pudding pendant une heure et 
decn'e, et laissez-le refroidir pendant un 
quart d'heure, afin qu^il prenne de la con- 
sist'^nce. 

Otez la serviette et serrez pour entre- 
mets. 



PROCÉDÉ POUR FAIRE CUIRE LES CHATAIGNES. 



mettez de l*ean dans on pot de terre, 
remtilissez-fe de châaignes, ajoatez-y du 
sel. un bouquet de fenouil ou un brin de 
céleri, faites bouillir le tout d vaat le feu 
pendant une demi-h^'ure, verst'z les châ ai- 
g«es dans une (lasHOire ; quaed ell^'s sont 
ègouHées, nietiez-leii dans «m brûlear li 1 




rafé, snr un fiîu clair, et tournez-les jus- 
qti'à ce qu'elles soient rissolées. Le suc 
développé par la première cuisson est 
ensuite omceatré par la seconde^ et les 
châiaignod acquièrent de la sorte nn goût 
ezqeis^ 





i^^ 








— SOS — 



CORRESPONDANCE. 




Cbère amie, 

Florence, à qui je fais lire tes lettres, 
sachant que c'était mim j*)ur de t'écrire, 
est venue se joindre à moi pour te remer- 
cier des amitiés que lu lui adresses, et te 
dire combien elle est heureuse de la pl-ice 
que tu lui accorde^dans ton cœur; je n'en 
suis pas jalouse, nous y vivrons fort bien 
ensemble ; mais au nom de m»'» droits, 
ceux de l'iincienneié, je viens reprendre 
avec toi ma correspondance acrontumée; 
Florence m'y aidera; elletitut la plume 
et je lui dicte. 

Le n" 1 serait le quart d'un •»ncadre- 
ment de mouchoir en broderie am;'ai<e, 
si le côté du h^ut avait dnix dénis d«' pi iS. 
Les dents se couvrent d'un pr>int d- f s- 
ton ou point de rose, le re>te se fnit »'n 
point df cordonnet ou en point d-* fes- 
ton ordinaire. 

Le n* 2 J^erait aussi le quart d'un enca- 
drement de mooch'iir, si le côté du haut 
av^il deux feuilles entières. lA'Xiérieiir de 
ces feuilles se fait en point de fe.ston ou 
point de rose, la tige en point de cor- 
donnet, la queue au plumetis, et les fruits 
en point de rose. 

Le n* 3 est un col f n broderie anglaise, 
il s'exécute ainsi : les dents en point de 
feston ainsi que le milieu des Ar-nr*, les 
ronds, les feuilles, leurs tiges et les pénales 
CD point de cordonnet. Ce col se monte à 
nn petit collet. 

Le n* U est nn entre-deux pour coudre 
entre le bas d'une jupe et son onriet, 
entre le bas et f 'ourlet d'un p.in talon de 
petit garçon on de petite 611e, poor rallon- 
ger jupon et pantalon. 

— Ajoutes, me dit Florence, que ri ce 
issAa phdt, on peut y faire an feston et 



Ton aura une b^nde pour f^arniture de col, 
de camis(de ou de p^ntahm. 

— Le n* 5 est on autre col, toujours en 
broderie anglaise, les ronds qui forment 
les dents s'exé nient en point de feston, 
le reste du dessin peut s'exécute»* de mf^me 
ou en point de c^)rdonnet. Ce cul se 
monte sur un petit roilet. • 

Le n" 6 est nn entre-deux, toujours en 
broderie anglaise, point de feston ou de 
cordonnet. 

En ajoutant un fission Si cet entre-denx, 
on en ferait une bande p<Mir garniture. 
Avec cet entre deux et cette bande on 
former;»it nn joli fichi'-.uimpe. 

Le n'* 7 t-st un semé pour fond de bon- 
net, il se brode au pluoietis. 

Le n* 8 e^t nn se«i»é pour fond de gilet 
d'hntnme, il se brorle au métier, en coton 
blunc, snr piqné blanc on jaune, et en 
soie demi-torse sur mérinos ou snr ca>i- 
mir; la soie doit être de la même cou eur 
que Ir* gilet. 

Le n' 9 contient les couronnes qui sont 
d'usage dans le blason de France. Ces 
coutonoes ne peuvent être bi<'n brodées 
qu'ati mét'er; ^ll^s embctiisseut le plus 
simple moucb<nr et se |)1'ireat aa-dessus 
des iiiiti^iles, à l'un des roins. 

— 1 .epeod<flnt, ma chère Jeanne, depuis 
18^8 la noblesse est abdie. 

— Mais, si Ton n^ Kut, dans nn acte 
public, prendra le titre de dnche^se, 
de b'roone, ri n'y a pas de loi qui em- 
pêche de porter sa couronne de titre, bro- 
dée sur son moue* oir. Et puis, comme 
tout le monde n'a pas rhonneur d'avoir 
des ancêtres qui, pttor leur sai>g versé 
dans les combats, ponr lenr fortnne sacri- 
fiée an senice 4e leur rvi et de leur payst 





^fe©e9^' 



.*45^' 







— 284 — 




on rpçn en recompense des titres de no- ; 
blesse, j'ai fait dtssiner des couronnes de 
fantaisie. 

Le n* 10 contient : Une conronne de 
roses que Ton peut broder pour une jeune 
mère, nne sœur mariée. Une couronne de 
pensées^ pour une tante, une protectrice. 
Une couronne de myosotis pour une amie. 
Une couronne de tilleul pour une grand'- 
mère, car tout est bon de cet arbre : son 
bois, ses feuilles et ses fleurs. Une cou- 
ronne de laurier et d*olitier, pour un 
poète; en ôiant les olives elle peut servir 
pour un guerrier, bien que maintenant 
on ne fasse plus la guerre que dans le but 
d'obtenir la paix. Une couronne de chêne 
pour tous les Français qui font respecter 
les lois et travaillent à la prospérité de leur 
pays. Quant aux couronnes de roses et de 
pâquerettes^ qui n'ont pas la forme des 
couronnes héraldiques, elles sont pour les 
jeunes filles. A propos des pâquerettes, on 
dit que Malvina, Glle de Fiogal, ayant perdu 
ses enfants par la mort, les pleurait en 
errant à travers les prés, et que ses hrmes 
en tombant donnèrent naissance à ces jo- 
lies petites fleurs. 

Le n"" 11 est une étole en tapisserie. 
Elle (e compose de grappes de raisins, de 
feuilles de vignes, d'épis de blé, et d*une 
espèce d'ostensoir aux rayons d'or et d'ar- 
gent mêlés de rayons bitus. Ce dessin se 
continue du haut. 

Le n* 12, ce sont les signes qui repré- 
sentent les couleurs employées dans cette 
étule. 

Il te faut 1 mètre UO centimètres de 
canevas Pénélope, n* 22, large de GO cen- 
timètres. 

— Mais, ma chère, je vois des nuances 
que tu nommes : baroque clair — baroque 
foncé... Comment veux-tu qu'une étran- 
gère te comprenne? 

-—Ces deux nuances sont employées ici 
pour représenter les liges, et ce qui, dans 
l'épi très-mur, a pris une couleur d*un 
jaune terne, d'un jaune bois de noyer 




On peut faire acheter^ passage de l'Opéra, 
UQ écheveau de chacune de ces nuances. 
Le blanc de l'ostensoir étant fait en soie, le 
fond de i'étole peut se faire en laine blan- 
che. 

C'est ici que finit l'explication de la 
planche de la petite édition, et, comme dit 
une de ses abonnées, c'est ici que rom- 
mence pour eWe le supplice de Tantale... 
qu'elle se promet bien de ne pas éprouver 
en 1852. 

Le n"" 13 est la passe d'un bonnet Ma- 
rie Stuart, cette passe s'ourle autour de la 
tête, les deux côtés de cette passe se réu- 
nii^sent derrière, par une couture à ra- 
battre. 

Le n** 1& est le fond, dont la pointe du 
devant (celle qui a le chifTre \U) vient 
tomber au-dessus de la pointe de la passe. 
Ce fond se coud^ sur l'ourlet de la passe, à 
points de côté, à plat, devant et derrière, 
et de chaque côté, on y forme trois plis 
plats. Ce fond se découd pour blanchir le 
bonnet. 

Le n® 15 est une des barbes, elles se 
cousent à l'ourlet de la passe. Ce bonnet 
se taille en jaconas, il se brode en points 
de rose et se découpe comme la broderie 
anglaise. 

Ce bonnet est fort élégant pour chez 
soi. 11 peut se faire en tulle avec applica- 
tion de mousseline^ ou brodé en reprises. 

Le n* 16 est un entre-deux en broderie 
anglaise, il s'exécute en point de feston. 

Le n*" 17 est une bande aussi en brode- 
rie anglaise pour garnir des camisoles, des 
mouchoirs du matin. 

LcnM8, E. A. 

Le n* 19, Hilarine. 

Le n* 20, Amarante. 

Le n"" 21, R. M.- se brodent au pln- 
metis. 

Le n° 22, Alix^ se brode aussi au plu- 
metis, dans un écusson en broderie an- 
glaise. 

Le n"* 23 est la moitié d'une bavette. 
Elle se taille en percale, se double, se 










^^î»3 









— 98»-* 




ouate, se pique à points devant» se borde 
tout autour, à cheval, avec un étroit ruban 
de coton croisé, et se ferme derrière par 
des boutons et des brides. 

Le n** 2U est l'un des deux côtés d'un 
béguin pour Je premier âge. 

Le n"" 25 est la bande qui réunit les 
deux côtés. On peut garnir ces béguins 
d'une petite dentelle du prix de 10 cen- 
times.. . c'est fort joli. 

— Les jeunes mères, en e^tpérance, les 
jeunes filles qui, dans leurs loisirs, font des 
trousseaux qu'elles donnent aux mères qui 
n'ont ni le temps, ni l'intelligence, ni 
l'argent, nécessaire pour babiller leurs pe- 
tits, te seront bien reconnaissantes : que 
de morceaux peuvent servir quand on a 
un bon patron I Permets-moi d'ajouter un 
conseil. 

— Mais, ma obère, nos amies et moi 
nous t'en remercions à l'avance. 

— Tu sais combien les petits enfants sont 
longs à babiller, combien cela leur cause 
d'ennui, ennui qu'ils expriment par des 
cris qui troublent les pères et les voisins; 
pourévitercela, il faut d'abord eotrer la che- 
mise dans la brassière, la brassière dans la 
robe, le tout manche dans manche; quand 
ces trois vêtements n'en feront plus qu'un, 
on y entrera le petit. On placera de même 
le bonnet de dessous dans celui de dessus, 
et l'enfant se trouvera habillé si vite, qu'il 
n'aura pas le temps de crier. 

— > A propos de petits enfants, une nou- 
velle abonnée me prie de lui choisir un 
nom pour le fils ou la fille que Dieu va lui 
donner. Je sois de l'avis de Socrate, les 
parents doivent choisir avec soin le nom 
de leur enfant, car un nom influe sur le 
bonheur. D'abord, il faut éviter ces con- 
trastes : Alcide Petit — Gabriel le Camus; 
Blanche Leroux — Mélanie Leblanc (Mé- 
lanie» en grec, veut dire noire ); ou bien 
ces rimes : Coraly Marly — Arthur Tur- 
pin. Il faut encore se dire, l'enfant res- 
semblera à son père ou à sa mère, il sera 
grand ou petit, brun ou blond, gai ou 




grave; il faut lui choisir un nom en rap- 
port avec son physique et son caractère. Il 
y a des noms qui sont vieux et ne doivent 
pas être précédés par des noms modernes. 
Par exemple, Jules ou Ernest Fouquet^ 
vont moins bien que Guillaume ou Etienne 
Fouquet. Athénais ou Adolphine Gauthier 
vont moins bien que Thérèse ou Marie 
Gauthier. On doit éviter les noms signifi- 
catifs, tels que : Espérance, Divine, Cé- 
leste, Fortuné, Prudent, Paterne. — Les 
noms qui sont devenus célèbres, grâce à 
des romans, à des pièces de théâtre : 
Basile, Léandre; Agnès^ Héloîse 

— Mais, ma chère, tu n'indiques que 
les noms qu'il ne faut pas choisir. 

— Précisément!... excepté ceoxlè, on 
peut prendre tous les antres. Et d'ailleurs 
il y en a souvent qui vous sont imposés : 
celui du père, du parrain ; de la mère ou 
de la marraine. Enfin, je crois qu'il est 
facile en France de donner de jolis noms 
et que nous sommes assez riches pour ne 
pas en emprunter aux étrangers. 

— Tu n'as pas reçu d'autres lettres? 

— Une de nos amies me demande si, 
lorsqu'elle sera épouse et mère, elle devra 
se faire tutoyer par ses enfants. Qu'en 
penses-tu? 

— Je pense que cela dépend un peu 
de l'usage du pays que l'on habite, de la 
religion que l'on suit. Avant 93, les en- 
fants ne tutoyaient pas leurs parents. Les 
protestants ont conservé cet usage ; mais 
les catholiques disent volontiers toi, et se 
le laissent dire... c'est plus tendre, plus ai- 
mable dans la bouche d'un enfant envers 
sa mère, d'une mère envers son enfant., 
aussi, lorsque fâchée, elle lui dit: vous! 

quel chagrin il en éprouve! Mais je 

crois que, passé la première communion, 
la tendresse des enfants pour les mères, et 
des mères pour leurs enfants, prend un air 
plus grave, plus réservé.... alors, le vom 
convient mieux. 

— Je pense comme toi, Jeanne, et, 
bien qu'un poète ait dit : 








^^^OC) 







re ttt UD tmi donné par U nitoM, 

imitié, selon moi, ne peut exister 
\ea pères tl les enfants qv quand 
ri soni tr^s-jeanes, ou quaad ils sont 
lUS pères i lear tonr. 
C'est mon avis... Quelle gramre de 
1 (tonncs-tu i la giande édttionT 
Deux jeunes femmes et une pétrie 
en toilette de TÎlle, se promennot 
in jar<1iB. L'une a une rol>c de ba- 
iloDt les Tolanis sont imprimés ï la 
son cbile est en dt^nlelle de taine 
; l'autre a une robe et nn pardcst-o^ 
ilard dont les dessins qui oment la 
itlepardessRSKont aiiS'iimpiim/^â la 
La p tite fille a nue robe de percjle, 
« est oruée d'en're-dfui et de gami- 
en broderie anglaise, le enrage a un 
on brodé comme la robe, et e.it orné 
aque câié d'une gariiitnre seuihbhle 
?9 de la jupe, laquelle Karniitire re- 
! ei tourne amour du haut du cor- 
Au bas de la manchu est nn inTe- 
et une garniiure dont les deux b-uis 
lisent, eD biaisant sur ledissusdu 
Le nœud de cetie ceimurc ^e fait 
ice et se c('ud »nr la ctiniure qui 
rrfilée par des puries et par diS 

'3. 

I j'oubliais... On me demande com- 
je ferais une pelote ronde, avec le 
de crochet u" 1 8, de la flanche VI, la 
I marquise. Cette forme est nnmelle, 
tige, en effet, une cxplicaiiun. 
'abord, je taillerais en f<<rle percale 
ronds de 15 renllDittres d« diamë're, 

moins, selon la grandeur que je vou- 
lu! dunner ; je ferais un rempli i ces 
ronds, je les réunirais par an sur- 
Fendroit ; je laisserais une outennre 
f introduire le ^on, puis je fermerais 
nure. Je recouvrirais res deux ronds 
Ivux ronds de soie rose, que jr réu- 

aussi par nn surjet; avec un pinit 
rose, je serrerais foriem'-nt la (Hrlote, 

1 an-dessoos du suijet, ctla fvrait an 




des ronds pins larfte et pins hant qm fa»- 
irc, ce dernier serait le rleSimiS de la prlm 
J'aurais on inèire de ruban de satin ha 
de 8 c<'nii<ué<n>s, je le plia«erars k p 
rmids, sur l'un dis bords, qnejecoudi; 
ensuite sur le rvbiii qui serre !■ p^loi 
cela ferait loot auio-ir comme un taUtêh 
puis )e cootriia's 14 pchie d'im rond 
crochet iniorrré d'nne dentelle. au crucbi 
haute de 6 cenimèirt-s. ce rond serait i 
rété sur la pel-ite par mie ganse de soie rt 
pos^ au-d<nïusde b droirlle; jecundn 
sur cette ganse trois nœud^ d« rnban ' 
SHiia rom, plact-sâ des distauces égala 
La denielle doit «'tiendre sur le rnb.^ 
salin plirsé, qui la dépassera de 2 ceuiu 
très. 

— Ss-tn qnehpies idées sur les toiletl 
de ce! hiver T 

— Oui, f lorenr*. On portera beancoi 
d'érolTes b'odérs : du tulle de i^oie bm 
«■n paille; de* iriBntelnl.i, des camails, é 
pai-ibs-us hioiJés en soi-, en pertes, i 
jais, en nr; des volants dr. mousseline hi 
dfe au métier avw les dessin» n" 1 et 8 
planche V. Je C0'>seitle i nos amhs 
tenu'ner ce qu'elt-s peuvent avoir ernr 
pri-^, afin du cummenctr un de ces In 
ontrag-'S. 

— Ru parlaitt df longs ouvrages, il y 
Bor cette fh^che IX, des dessins de br 
din-ic ang'aise qiri peuvent être Wpéi 
d-ms c<s carrés de percale qoe Ton ei 
ploie ponr manteau de fil, «joniés k <i 
carrés ei) filet brodé. 

— Oui, ma ctiere, n-ais ce long tmm 
durera plnveurs géuérat eus , la mti 
n'aara rim a y fa rel... A prop «, fti i 
marqu^que 1rs blanchisseuses avaient au 
voulu iiinorerl le devant des chemii 
d^omme est repassé if abord k plat, pa 
a>-ec nne esp>M:e de fer i <nTaa(tT, <baq 
pli ewt soulevé : les peitts pt s [Aits d*i 
seul cAtë, bien entendu, les [lis roods^ 
d'Ui cdrés senlenieiit, de nonifreque 
milieu reste encore li pin aor h Cbeadl 
Cela lui donne de la giiclé. 



teo»*" 



*SSS>- 




-•- De la gaic'é i dd devant de clie- 
mise!... Tu va« en donner a<i frire qiiî te 
lira... et w wra k les déi<«a>. 

— C'est |iossiblt;t... muis, stissAreqtie, 
tont >"0 se iD'iqnant de moi, 'e fr re si ra 
eDcha'iiË <iue sa Me<ir le inet^e i la miide. 
Les hoinni s lienneni he-ucimp i U lieaiiié 
de leur ling-', cVsi une oiqueilerie du buo 
goûi. 

— Il me aemhle que tu nous nnblies un 
pen; n'aiirais lu ilunc pan une pauvre |e- 
tiie toîleiie de bal champêtre i dvuk of- 
frir I 

— Mon Dieu, ma chère, je nn mnntis 
rien de ptns ^l^gant que trois j"pe^ de 
inon>s>-lim- terminées pardesoitrteishaMf 
de 10 eeniiin^reH et espacées cnire «lli^s 
charnne de 1 cpntimèipes, inancbe^ coit- 
m, lirEew. froHrées nr un pulguet itarni 
d'an rabao de (afTeta!) froncé an milieu 
ou. tnanrhes lon'jueg, forme pgode, ga r- 
nies, du baH, n'u<i ruban de taffetas fiunc^ 
aa milieu. Coreat^e en gi-rbe, se feruiaui 
derrière. Le haut du corsage eaituri d'un 
ruban plis.<të de tuême. Les cheveux de 
deiant trettsés, h pariK du haut, de cha- 
que cM, noM si lâcbes qu'ib bnt l'eftel 
de baMlraux. De chaque cAié de» ctieveui 
de derrière, ire»sis aussi tre»-tAcbe)', des 
boucles de ruban d>t Uffeias, ier>iiin*'e!t 
par deux bouts iuégauz, rctasibant sur 




rhaqne ér>aule. An lieu d'nn ruban froncé, 
nn pout rondre une deiit< Ile aui manches 
f( amour du f*u. Pwir eoiffure, celles de 
nus ainies qui savent fsi'-e ries tlt^nrs pour- 
nwt entourer It- urs cheveur de derrière 
d'une couronne de heus ou de feuillet d» 
chêne quVBfs auront curillres le nmin, 

— Quelle simple, élég-inie et grar.ieuse 
iniletret... Mi bien, il y a 'les pays où «He 
n'aura pas le mui idre succ^ 

— Alain cerlaiuemeiit! Notre dernier 
■éboa, l'as-tucodiprLfî 

— Non. 

— Les mines d'une lille, Bëliepolis, 
cffébm |sr la défaite des MamebirJu, ville 
cpii, avant d'ëtra ùm^i mmunt», s'appelait 
On — neuf doigts — le taux d» l'aient 
— le J/«ure Otcllo a>lant étouffer Drs lé- 
luooe — une qmw se dirigeant vers un 
spseUcie — i» VériiA. 

On ne doit aux nwwW que la vérité. 
J'i'spère que tu admires comment je 
re.'^P'Cie la prononciation I 

— Tu aurais pu me laisser le faire ce 
complim' ni... 

— J'étais pressée de 1' recevoir... Mais 
l'espace me dit qu'il te faut qnilier la 
plume... donne-la moi.afin qu'ayant &<ra- 
n>enc£ ma leHre, je puisse aushi la Guir... 

Adieu, ma châre saie, adieu I pour 
Fkirence et pour moi!... J. J. 



sa 



Puiiqup j'entrii diDt l'atche où je fut conservé. 

L'on ms trouverait bi>n en Chine, 
Mail pourquoi t'envojrr en pija élranger, 

LeotviH-. lonque J'biliIc eu France? 

D» mai M VM un* d< Ble mal iug't. 
Apprend!id*»e4H(je*uii«fie'rd'iiiarii>DDcence, 

Uuoiq-e je trritc avec indilTéicoce 
A la dëbsuciie, au vice, à la mtcbancei^i 

Me livrant à l'ï a tempérance, 

Jamaii à la lobriété. 

Chaci D. il m vrai, me pouède, 
Et chacun doublemeot » beioin de mon aide. 



A C-jthéte on ma volt tenir le premier rang. 

Et Biturrr panai lei gràcei. 

J occupe FMcw bien d'aulrei ptacei : 

J'en pourrab ciier ptua de crut. 

Véiiua ■!• port» * •* crintiire, 
Ft de 1011 Bl* je rampoae l'armiue. 
J'annonce le couiagp. et préiide aui combat* : 
Quoii|ur banni du teni|itc de mémoire, 

Vue de oomi fameni ■■ — ■"■■—■— 

Lail lanimor oeiiili 

De mot l'on parle avec prudeucc: 

Uaii li it luia bon de raiion, 

Ou que je piralise en démence. 

Le Françti* me mi 



-*sSSî- 





ÉPHÉnERIDES. 

12 SKPTEMBBE 1715. — UT DE. JUSTICE TENU PAE LODIS XV. 




hovia XV, Sgé de cinq ans, présida le 
lit de JQsltce où Tat cassé le iCEtament de 
^n bisaïeul. Loais XIV avait légué la ré- 
gence an duc du Blaioe. Le Parlcmeat 
cassa celte dernière disposition et déféra 
le commandement du royaume à Philippe 



d'Orléans, premier prince du sang. La dé- 
cision du Parlement reçut une conGrma- 
lion solennelle dans an lit de justice, oiX 
parut l'enfant sur qui reposait La monar- 
chie française. 



«•MJQDG. 



S'il est Dtile d'avoir poorami un homme 
pour de grandes occasions, il faut délirer 
l'amitié d'une femme pour le bonbeor de 
tous les jours. 

Tbom&s. 



Dans les méchants halsseï le crime ; nuis 



s'ils reviennent ï la rertn, recevez-les 
dans votre sein comme s'ib n'avaient ja- 
mais fait de faates. 

Co»Fuau3. 

L'exc^ de poUlesse est an manqae de 
politene. loansos. 



RÉBUS. 





Paru, — Tji)ogr»plii« de mclime yen»* Doadcj-Dupr^, rue SaiDt-Lsuia , 46, iu Hartil. 



■^sdSM 



Journal ôrs îlnnoiafllfs. 







— 289 — 



COUP D'OEIL 



SUK 




UHIStOIRE DE LA PEINTURE 



lïL 



ÉCOLES ESPAGNOLES. — VELASQUEZ. — BIBEUA. 



Il n'y a pas bien longtemps que la pein- 
ture espagnole est découverte; avant l'in- 
vasion de l'Espagne par les armées impé- 
riales, on ne se doutait pas en France 
qu'il y eût par delà les Pyrénées des chefs- 
d'œuvre dignes de rivaliser sous de cer- 
tains rapports avec ceux de l'Italie; la 
collection du maréchal Soult fut en ce 
sei s une sorte de révéldtion, et aussitôt 
que la paix permit aux touristes d'explorer 
en toute sécurité les ville^t de la Péninsule 
Hispanique, plusieurs s'empressèrent d'al- 
ler étudier ces nruvelles écoles, dont les 
échantillons apportés en France, pêle-mêle 
avec les drapeaux ennemis, avaient fait con- 
cevoir la plus haute idée. Un des hommes 
qui ont, par leur dévouement à cette tâche, 
acquis le plus, de titres k l'estime et à la 
reconnaissance des amis de l'art, e^i sans 
contredit M. le baron Tajlor. Grâce k lui, 
on a des renseignemcntscertains sur l'his- 
toire des écoles espagnoles. 

L'origine de la peinture espagnole re- 
monte au quinzième siècle; ses premiers 
vestiges se retrouvent encore sous les 
peintures nouvelles de la cathédrale de 
Tolède, ils sont dus à Juan Alfor, élève 
du Florentin Dello. Quelque part qu'on 
voie naître un art, c'est toujours de l'Ita- 
lie qu'il a pris son premier essor. Sous 
cette inspiration, et grâce à des traditions 
de goût, encore bien vagues, apportées de 
Flandre et de Florence, une école se forma 

DlX-NEQVlillE INNÉB, 4* S^RIB. >- N* 



à Séville en 1&50* Elle ne donna pas tout 
d'abord naissance à des o uvres bien éle- 
vées. Pendant longtemps Jes^ artistes es- 
pagnols, appliqués à la sèche imitation 
de la nature, errèrent, sans pouvoir en 
découvrir rentrée, autour du sanctuaire 
de l'art. C'est à la guerre qu'ils durent 
leur initiation, comme l'^ tr^s-bien fait 
remarquer un écrivain c ntemporaîn, qui| 
bien à tort, n'a pas signé son livre. En 
soumettant Tune des deux Péninsules à 
l'autre, Gharlrs-Quint alluma en Espagne 
ce mouvement des intelligences qui ^uit 
ordinairement les grandes commoùon^piô- 
litiques, et jette une nation dms la voie 
de toutes les conquêtes. 

Il se trouva parmi les Espagnols que les 
intérêts impériaux appelaient en Italie, des 
officiers de fortune et de 'simples soldats, 
que la vue des chefs-d'œuvre renfermés 
dans les palais de Nap>les et de Florence 
enflamma d'enthousiasme; quelques-uns 
revinrent artistes. C'étaient AIr.nzo Ber- 
rugeto et Juan Fernandez Navarrete de 
Madrid; Yicente Juan de Joanès, dé Va- 
lence, et Francisco Ribalta ; c'étaient en- 
core Luis de Vargas et Pedro de Velngas 
MarmolejO; de Séville, enfin Peblo de 
Cespedes, de Cordoue. 

Des écoles se formèrent rapidement à 
Madrid et à Valence, elcn furent le ber- 
ceau d'un grand nombre dVtistes dignes 
d'occuper chacun une page dans l'histoire 
X. 10 










£)©%««-. 



'9 w • 





— 200 



de la grande peinture ; mais notre inten- 
tion étant de nous arrêter seolement, dans 
cette rapide revue , aux personnalités les 
plas brillantes, nous nous bornerons à par- 
ler de Yelasquez et de Ribera , dans les- 
quels se résume h gl'jîre des deux écoles 
que nous venons de nommer. 

Diego Velasquez de Silva naquit à Sé- 
vllle en 1599, il descendait par le filon le 
plus pur de la très-noble et très-illustre 
maison des Silva, l'une des premières du 
Portugal. Une Mie origine vouait né- 
cessairement le jfune Diego à la carrière 
des armes ou à celle deâ grands emploto 
de cour, et c'est dans ce« vues que fat 
d'abord dirigée son éducation. U apprit les 
belles-lettres et ce qu'on appelait alors la 
philosophie, c'est-à-dire une série de sen- 
tences aristotélques. Sa précoce inteUi- 
gence loi rendit faciles et aimables ces 
études, dont la vivacité de sa cenception 
lui permettait à peine d'apercevoir les côtés 
arides, et il eut prompteraenl terminé et 
parfait l'éducatioa la plus brillante que pût 
recevoir un gentilbomme de ce temps-là. 
A sâse ans, il n'avait plus besoin de maî- 
tres. C'était l'âge de la dissipation» et son 
père» confiant dans la noblesse de ses in- 
stincts, crut agir sagement en lui laissant 
la liberté de disposer à sa gui>e de cette 
exubérance d'activité qui dévore et tour- 
mente à cette époque de la vie les orga- 
nisations riches et passionnées. Mais, contre 
l'ordinaire, et contre toutes les prévisions, 
le jeune Diego ne donna pas un jour de 
sa vie à cette école d'expérience qui s'ap- 
pelle le temps des folies. Un goût naturel 
le portait vers les choses de l'art, le hasard 
l'avait mis en rapport avec des artistes, et 
il n'avait pu résister à cette existence, si 
pleine d'attraits pour les natures un peu 
élevées au-dessus du commun, qui fait leur 
envie quand elles ne peuvent l'apercevoir 
que de loin, et leur bonheur quand les 
circonstances leur permettent d*en suivre 
le courant. 

Die^o Yelasquez ne rencontra pas heu- 




reusement chez son père cette morgue qui 
était le grand ridicule des gentilshommes 
de son pays et de son temps. Quand il 
lui découvrit le dessein qu'il avait de sui- 
vre la carrière des arts, il ne s'entendit 
pal r^^oodre que c'était déroger aux tra- 
ditions guerrières de la famille, et reçut an 
contraire les encouragements qui étaient 
dus à seâ dispositions non équivoques, déjà 
prouvées par des essais échappés à sa verve 
impatiente.' 

Il fut placé d'abord dans l'atelier de 
Herrera le Vieux. Mais C6 peintre dont les 
ouvrais, sans mériter d'occuper le pre- 
mier rang dans les écoles espagnoles, se 
distingaent par d'éminentes qualités, était 
un homme de mœurs rudes, et peu fait 
pour inspirer un grande sympathie au 
jeune gentilhomme, é!evé dans des habi- 
tudes d'urbanité et d'élégance personnelle. 
Le mattre et l'élève ne tardèrent pas à s'a- 
percevoir qu'ils n'étaient pas nés sympa- 
thiques Tun à l'autre , et ils se séparè- 
rent. Velasquez devint alors le disciple de 
Francisco Pacheco, homme distingué et 
instruit, autant qu'artiste remarquable, et 
dont la maison était le centre d'une com- 
pagnie de choix, composée de tout ce que 
Séville renfermait de beaux esprits. Une 
étroite amitié naquit des simples rapports 
établis entre le mattre et le disciple, et 
quelques années plus tard Velasquez de- 
vint le gendre de Pacheco. En ce temps- 
là un artiste travaillait longtemps avant 
d'oser affronter le jugement du public. 
Malgré tous les encouragements qu'il re- 
cevait» Velasquez hésitait à produire ses 
œuvres. U allait oser, lorsque plusieurs 
peintures italiennes et flamandes s'offri- 
rent par hasard à sa vue. Attaché jusqu'a- 
lors, suivant les errements des écoles 
espagnoles, à une sèche imitation de la 
nature, il comprit dès ce moment tout ce 
qui lui restait à apprendre; et c'était ce 
que ni Pacheco ni le séjour de SéuUe ne 
pouvaient lui enseigner. Il résolut donc 
d'aller à Madrid, qui renfermait d'admi- 



?^-^^ 



<^ 









.j^^(S(^m^g::^' 




— i»i — 



rld[)*es peintures italiennes, et mit ce pro- 
jet à eiécntion en !622. li fut bientôt en 
réputation à la cour de Philippe lY, dont 
il eut }*lK)nnenr de faire le portrait Ce 
fut là le commencement de sa haute for- 
tune. Admis, comme le poète Gahleron, 
dans l'intimité du monarque, il fut tonte 
sa vie un de ces courtisans familiers au 
milieu desquels l'infortuné Philippe IV 
oubliait, dans la culture des lettres et des 
arts, ses nombreuses disgrâces politiques. 

En 1628, Rubens vint à Madrid comme 
ambassadeur d'Angleterre. Yelasquez était 
loin alors du haut degré auquel il éleva 
plus tard son talent, mais Rubens le com- 
prit néanmoins au premier coup d'œil. 
Tous deux devaient être naturellement rap- 
prochés par la conformité de la naissance, 
des goûts et de la vocation, ils le furent 
bientôt plus étroitement par cette intimité 
qui ne manque jamais de s'établir entre 
deux hommes de génie mis en rapport par 
les circonstances. « Je sais le plus grand 
peintre de ce temps-ci , disait naïvement 
Rubens, il ne te manque pour être au 
même rang que moi, que d'aller respi- 
rer un peu l'air de l'Italie , et cette at* 
mo«^phère vivifiante qui est autour des 
grandes œuvres de Raphaël et de Michel- 
Ange. » 

Aller vivre en Italie I Cette idée devint 
le rêve unique de Velasquez. Enchaîné 
à la cour par le lien quelquefois bien lourd 
de la faveur royale, il eut quelque peine 
à obtenir la permission de s'éloigner; en<- 
fin, il y parvint et partit pour Venise, 
chargé par Philippe IV d'or et d'insignes 
honorifiques. Philippe IV voulait que son 
favori lui f tt honneur. Celui-ci n'y man- 
qua pas. Pendant le voyage et à Tenise il 
mena le train d'un prince, mais sans rien 
perdre de son aiîabilité et de cette amé- 
nité de caractère qui lui gagnait tons les 
cœurs. A Venise , les oeuvres du Titien , 
de Paul Véronése et du Tintoret firent de 
Velasquez le plus grand coloriste de l'école 
espagnole ; à Rome, l'ombre de Michel- / 




Ange lui enseigna le secret de ses touches 
vigoureuses. Velasquez était complet. 

Rappelé par Philippe IV, il revient en 
Espagne en 1631, et commence nn série 
de tableaux représentant les principaux 
Êiits accomplis sous le règne de son sou- 
verain. Cette grande entreprise dura dix- 
sept ans, elle s'acomplit sous Is yeux 
de Philippe IV lui-même, qui passait son 
temps et donnait des aodiences dans l'ate- 
lier de son peintre. Enfm, en 16ii8, 
chargé par le n>î de fonder une académie 
de peinture, Velasquez jtrgea nécessaire 
d'aller visiter encore celles qui florissaient 
en Italie. C)mblé d'honneurs par le pape, 
il en fut encore écrasé à son retour à Ma- 
drid, où son entrée avait l'apparence d'un 
triomphe antique, à cause des nombreuses 
statues qu'il apportait av(*c lui. Velasquez 
est un de ces hommes très-clair-semés dans 
l'histoire des artistes, que la fortune nV 
bandonne jamais ; il mourut entre les 
bras de la folle déesse, fidôle pour lui, et 
si souvent inconstante, l'an 1660, âgé de 
soixante et un ans. 

a Velasquez, dit un critique judicic^ux, a 
peint avec un égal succès les frnirs, les 
fleurs, les animaux, les intérieurs, les por- 
traits, le paysage, l'histoire sacrée ou pro- 
fane. Rien de plus suave et de plus ac- 
compli que SCS petites scènes donie tiques 
à la flamande ; rien de plus simple et de 
plus sublime à la fois que la manière dont 
il a peint les bois sauvages du Pario, les 
jardins sablés d'Aranjuez et l'affreuse soli- 
tude de Thëbaîde; rien enfin de plus poé- 
tique que ses grandes compositions histo- 
riques dont chacune est un véritable chef- 
d'œuvre de nablesse. Quant au caractère 
de son talent, on peut dire que, bien qu'il 
peignît du premier jet, sans hésitation, 
sans retouche, son dessin est toujours 
d'une irréprochable pureté ; sa couleur est 
toujours ferme, sûre et parfaitement natu- 
relle. En un mot, Velasquez fut l'homme 
de la nature et de la vérité. » 

Voilà certes de belles et brillantes qua- 





.- r • >, 



^^^. 




^"^O 








— 282 — 



lités, et le panégyrique dont je cite ici un 
passage ne saurait être accusé d'exagéra- 
tion. Aux yeux de quelques-uns, il y man- 
querait |)eut-étre une louange. Le mot 
sentiment n*y est pas prononcé. C'est 
qu'en c[T«'t ce qui manque dans cette page 
de biographie manque aussi dans les œu* 
vres du peintre qui en est l'objet. Yc- 
lasquez n'est pas un artiste sentimental; 
ce qu'il a rapporté d'Italie, c'est la pureté 
de la forme, il a passé des mois entiers de- 
Tant les grandes pages de Micbel-Ange et 
de Raphaël, sans être atteint par les efQu- 
Tes de passion qui émanent des fresques 
et des toiles touchées p:ir leur pinceau. 
Peintre de cour et d'histoire officielle, il 
excelle à reproduire les traits des hauts 
personnages qui l'entourent, et sous ce 
rapport il est l'égal de Van Dick ; mais on 
dirait qu'une sorte de convenance l'oblige 
à se garder des tentations de la grande fan- 
taisie. 

C'est en quoi Ribera son compatriote, 
connu encore sous le nom de l'Espagnolet, 
lui est supérieur. Tout est passion chez 
Ribera, dans sa vie comme dans ses œu- 
vres, to-it sa>sit et impressionne vivement. 

Destiné lui aussi à la carrière des ar- 
mes par un p>e qui avait porté trente ans 
le harnais, il part à Valence, vers l'âge de 
quinze ans, sous prétexte d'achever son 
éducation, en réalité pour échapper à l'en- 
nui du foyer paternel. Là il fait par ha- 
sard la connaissance du peintre Ribalta, 
l'un de ceux qui avaient fait le voyage d'I- 
talie, et rapporté de Rome et de Florence 
la suavité idéale de la ligne, léguée par la 
Grèce, et la divinité de la forme répandue 
dans les ruines inépuisables de la Pénin- 
sule rivale, dépositaire tout à la fois de la 
poésie païenne et de la foi catholique. 

Du jour où le jeune étudiant mit h 
pied dans l'atelier du peintre, il fut en 
proie aux tourments de la vocation. Laissé 
sans ressources par son père qui ne voulait 
pas l'aider à d^-venir artiste, il se fit pres- 
que le valet de Ribalta, pour profiter des 





leçons que ce dernier donnait à ses élèves; 
mais Ribalta devina bientôt tout ce qu'il y 
avait de promesses dans cette persévérance. 
Il fit son élevé favori de celui qui n'eât 
pas rougi d'être son 8crviteur pour l'amour 
de Tarti et l'associa bientôt aux travanx 
considérables dont il était chargé. 

En 1605 on trouve Ribera à Naples, où 
commence pour lui la série des misères 
douloureuses. Arrivé i Naples avec quel- 
ques ressources, il ne tarda pas, obscur 
qu'il était, à en voir la fin, et tomba dans 
un complet dénûment. Assidu aux leçons 
duT^aravage, dont l'atelier était alors ûé- 
quenté par de nombreux élèves, distingué 
bientôt entre tous par le maître, il rece- 
vait de lui dfs conseils et des encourage- 
ments qui profitaient à son talent et flat- 
taient son orgueil ; mais l'intérêt que lui 
portait le Curavage n'avait rien de com- 
mun avec la cordiale et secourable amitié 
de Ribalta* 

A la mort du Caravage, Ribera résolut 
d'aller à Rome. Déjà suffisamment connu 
et apprécié à Naples pour vivre presque 
aisément du produit de son pinceau, il se 
détourna de ces premiers succès comme 
d'une pierre d'achoppement, et partit pour 
la capitale du monde artistique, peu sou- 
cieux de recommencer à gravir les rudes 
sentiers de la mis6re, pourvu qu'il pût re- 
cueillir une étincelle du foyer sacré où 
s'allume la gloire. 

Ce vovage à Rome exerça une grande 
influence sur le talent de Ribera. Façonné 
à l'école du Caravage, il s'était d'abord 
laissé prendre d'enthousiasme pour la ma- 
nière de ce peintre, énergique et vraie 
jusqu'à la rudesse ; mais la vue des gran- 
des œuvres de Raphaël et du Caravage ne 
tarda pas à modifier ses principes et à dé- 
tourner ses prédilections. Son âme ardente 
entra dans le monde idéal, vierge des 
émotions qu'il lui réservait, et d'autant 
mieux préparée à l'initiation qu'elle n'a- 
vait encore fait qu'en pressentir les mys- 
térieux attraits. 




^J^k)&^' 








— 295 — 

C'était alors le beau temps de Fécoie 
lombarde, et presque tous les maftres qui 
Font illustrée se trouvaient à Rome, les 
uns an dv'but , les autres au milieu ou à 
la fin de leur carrière. Ribera put ainsi 
connaître TAlbanc, les G^rrache^, le Do- 
mîniquiti, Lanfranc» le Guerchin et le 
Guide, dont Jo^epin disait au pape : «Nous 
• travailloQS nous autres comme des hom- 
» mes, mais 4e Guide travaille comme les 
» anges, i Au milieu de cetle foule de 
rivaux si redoutables, Ribera ne voulut 
pas entrer en lice avant d'être sûr de lui- 
même. Sa prétenfion était d*y vaincre à 
la première joute ; aussi vécut-il à Rome 
d'une double existence : Tune bienheu- 
reuse et en quelque sorte extatique, de- 
vant les merveilles de Fart; Fautre amère, 
pénible, arrachée Jiiette à miette à l'ad- 
versité. Il parcourut ainsi Parme, Molène, 
Yenise, Bologne, et revint à Naples décidé 
cette fois à s'annoncer au public par une 
œuvre capitale. Le hasard lui fit faire dans 
cette ville la connaissance d*un riche mar- 
chand de tableaux qui sut Fappréd.T. Ce 
fut le commencement de sa haute fortune. 
Il vit bientôt les riches amateurs de Na- 
ples couvrir d'or ses moindres produc- 
tions, et d'.'vint le favori du vice -roi. 
C'eût été une belle vie que celle de FEs- 
pagnolet, s'il eût profité de sa fortune et 
de sa faveur pour venir en aide aux artis- 




tes ses frères; mais soit qu'il fût né mé-^ 
chant, soit que la misère Feût aigri, on le 
vit poursuivre d'une haine implacable 
FAlbane, Josepin, les Carraches, et surtout 
le Dominiquin, dont la mort tragiqae lui 
est attribuée (1). 

La plupart des œuvres de Ribera se dis- 
tinguent assez par leur aspect général, 
pour permettre d'apprécier aisément les 
différentes manii^res qu'il a successivement 
adoptées ou rejetées. Ainsi, entre le Mar- 
tyre de saint Barthélémy tiVAdaraXi^m des 
bergerSy que nous avons vus au musée du 
Louvre, il y a toute la distance qui sépare 
nécessairement de Féleve du Caravage, re- 
venant par circonstance aux traditions de 
ses premières études, le disciple di; Ra- 
phaël, cherchant dans le monde idéal un 
rayon divin pour éclairer les yeux de la 
Mère du Sauveur. 

J. DE Ghatjllon. 



(1 Quelques-uns racontant que le Domini- 
quin tomba dans une mélancolie à laquelle il 
finit par se soustraire en prenant du poison. 

Le Dominiquin mourut-il volontairement, ou 
de la main d'un scélérat aui g^ges de FEspa- 
gnoletr C'est là un doute élevé par Thistoire, 
et sur lequel il est par trop pénible de discuter. 
Toujours est-il que l'opinion publique fut una- 
nime pour accuser Ribera. 




LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE* 




THE CUSHAT THIT WANDERS. 

Tbe eusbat tbat wanders the wild woods among 
Cornes home in the eveniog, and breatbes bis 

love Bong; 
But thou, mj unkindone, art far, far away, 
Tbougb the night round me gathers on lonely 

Glenfay, 
Oh, leave tbe wild haunts of tbe deer and tbe roe; 
Thy hills bave been marked by the steps of the foe; 



LE RETOUR BU RAMIER. 

Le tendre ramier, errant dans nos monUgnes 
sauvages, revient le soir à son nid pour dire 
son chant d'amour; et toi, méchante tu t'en vas 
loin, bien loin de moi, et cependant le sombre 
voile de la nuit obscurcit déjà les hauteurs de 
Glenfay. Quitte les traces du daim et du che- 
vreuil sauvage que tu poursuis. J'ai vu l*em- 
preiute des pas ennemis marqués sur le sable • 




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~ Je saiA que tome g3(es; aussi tn I pas tranquiHeï Lyon. Hier j'éiais as 

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je brodi 
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ce qu'i 
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j'on cra 
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ist toi, i 
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tuleî n'y 
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-^^oei 





f't. 



— S«B — 





que je ferti Tenir T d'sillefin tu seras de 
retour ce soir, et pais, qne Yem-tn qii*oii 
■e fasse? qa'esiKseqoi m'en Tent, idr 

— Ok 1 pour ça, c» serait être iMeii en* 
Bemi da bon Diea qoe de foos en ¥oii«- 
kir \ TOUS qni éles la pretîdenoe du pays; 
mais par la même raison, qni donc tini- 
hs-TOOS qni en Teoille à vetre père T 

— Je sais qu'il est aimé de ses onmere, 
dont il est plutôt le père et Tami qoe le 
aattre; mais je piris me tromper... j'ai be- 
soin d*6tre rassurée, et ce sentiment est si 
fort, vois-tu, que si tu me refuses .. eh 
bien , je suis capable d^ aller tonte 
seule. 

— Toute seule t y pensez-vous? par le 
temps qui court, ¥0us hasarder dansia ville! 
il ne manquerait plus que ça! Non, non, ra»- 
sure^voBS, je vais y aller et je vous rappor- 
terai ce soir des nouvelles. Mais pendant 
mon absence vous me promettez de rester 
bien tranquille dans la maison. 

— Je te jure de ne m*occoper que de mon 
claiveein et de mes oiseaux. Dépêche-tm de 
te (Nréparer; je vais écrire un mot à papa, 
tu viendras le prendre dans ma chambre. » 

Et elle s*élança comme un papillon à 
travers les arbustes et les fleurs, ornements 
de la terrasse qui séparait la maison de 
M. Devîlliers, de la place du village de 
SaÂnt-Rambert. 

« il vaut mieiix que je fesse ce qu'elle 
désire, se dit le brave François r«sté seul ; 
ele serait capidile de s'échapper, et Men- 
aîenrqaé m'a tant recommandé de bien la 
garder ici, de ne lui Idisser voir personne 
qui puisse rimtruire de ce qui se passe à 
Lyon... il m'en voudrait ; un mot de sa 
main la rassurera pour quelques jours; et 
puis, moi-même, je ne suis pas sans inquié- 
tude ; tout ce que j'entenéi dhre est loin 
de me tranqviltiser.. . Que le bon Dieu ait 
pitié de nous I » 

Quelques iastants plus tard, le vieux do- 
mestique, muni d'une lettre, s'éloignait de 
la maison après avoir bien recommaodé à 
cevx qu'il y laissait de veiller sur sa jeune 




mahresse et de ne laisser pénétrer per^ 
sonne jusqu'à elle. 

La conversation qu'on vient de lire avait 
été tenue sur la terrasse d'une charmante 
maison située k Saint-Rambert, joii vil- 
lage couché au pied d'un coteau sm* les- 
bords de la Saône, vis-à-vis Ttle Barbe ; 
^e avait eu lieu entre Laure Devilliers et 
François Ghéron. M. Devilliers, père de 
Laure, veuf depuis qudques années, était 
un grand manufacturier de soieries; B 
avait commencé par être ouvrier, et à 
force d'intelligence, de travail et d'éco- 
nomie, il était arrivé à être un riche 
négociant, aimé, estimé de toute la ville, 
et chéri de ses ouvriers. Resté veuf avec 
deux enfants, un fib et une Glle, il leur 
avait fait donner une éducation, solide 
pour le jeune homme, modeste pour la 
jeune fille. Mais aussitôt que l'esprit ré- 
volutionnaire s'empara de la ville de Lyon, 
il envoya sa fille dans sa maison de cam- 
pagne, où il venait la voir tous les samedis 
jusqu'aux lundis, la laissant pendant la se- 
maine sous la garde de domestiques fidèles 
et dévoués, particulièrement sous celle de 
François Ghéron, qui l'avait vue naître. 

François Ghéron avait été le compagnon 
de H. Deviliierâ ; devenu mattre, cehii-^i 
ne l'oublia jamais, fl traita toujours Ghé- 
ron comme un ami et finit par en faire 
son fiictotum, en un mot François était un 
canut (1) en retraite qui n'avait pa5 à se 
plaindre de son sort Quant à Edmond, 
frère de Laure, c'était un beau garçon, 
intelligent, actif, qui aidait son père dans 
la direction de la manufacture, dont il 
était destiné à devenir le chef lorsque son 
père irait prendre auprès de sa fille un re- 
pos bien mérité. 

Le peuple de Lyon se divise en deur 
classes : Tune, bourgeoise, riche et indos- 
trielle, l'autre, composée d'ouvriers actifs 
et laborieux ; par suite du mode de fabrr- 



(f ) On appeik aioii les ouvriers en ide. 



: 











-» >^3®^i^MK21flfl 




— 296 — 




cdtion adopté dans cette \itle manufactu- 
rière les intérêts de ces deux classes se 
trouvent liés ; la ville est donc essentielle- 
ment plébéienne, et l'on comprend qu'elle 
fut plus républicaine que monarcliique, 
et, bien qu'étant resté étranger à tout ce 
mouvement qui avait amené la i évolution, 
le peuple de Lyon applaudit à la chute de 
l'aristocratie et de la mouarchie; il ne 
comprit pas d'abord que le luxe était ce 
qui faisait sa richesse, et il accueillit 
avec transport ce qui devait amener sa 
ruine. 

Mais dès que le jacobinisme se montra 
à découvert, dès que ses principes se tra- 
duisirent en désordres, menacèrent le 
commerce i t l'industrie, il devint impo- 
pulaire; il en résulta que le jacobinisme 
ne pouvant trouver st^s meneurs et ses ora- 
teurs dans les rangs de la bourgeoisie ou 
du peuple honnête et laborieux, les recruta 
dans la lie de la population flottante de 
celte ville. N'éiant pas les plus nombreux, 
les jacobins en devinrent plus furieux ; ils 
voulurent imposer p^r la terreur et finirent 
par se rendre odieux à la population. 

Ajoutez à cela que le commerce taris- 
sait, le luxe tombait, les fabriques étaient 
feimécs, tout dépérisi^air, et la \iile com- 
mençait à confondre ses plaintes avec 
celle des royalibtes qui accouraient des con- 
trées voisines pour chercher un refuge 
dans la ville. 

Afin de ranimer l'csp'.it républicain , 
la Convention avait envoyé à Lyon un 
ramnsMS de brigands à la tète desquels 
elle plaça Châlier, jeune séminariste, qui 
a>ait abandonné la prêtrise ]3our se livrer 
à toute la férocité de son caractère; il viut 
fonder à Lyon le gouvernement révolu- 
tionnaire, et établit entre Lyon et Paris 
une émulation de sang. C'éiait cette ter- 
rible situation qu'on avait voulu cacher à 
Laure, et c*était pour lui éviter la vue de 
toutes Ci s horreurs que son père la retenait 
dans le petit lameau de Saint Rambeit, 
lequel n'avait pas alors avec Lyon toutes 




les communications qui l'en rapprochent 
aujourd'hui. 

Il y avait à peine deux heures que Fran- 
çois était parti ; Laure se trouvait dans si 
chambre, où elle étudiait son clavecin; 
tout à coup, elle entend des cris an dehors; 
elle descend sur la terrasse, et à travers les 
branches touffues d'un bosquet de char- 
mille, elle regarde ce qui peut causer ce 
tumulte. Un spectacle affreux s'offre à sa 
vue : au pied de la terrasse passait une 
bande d'assassins couverts de sang, escor- 
tés par des hommes hideux, et par des 
femmes plus hideuses encore, portant en 
triomphe au bout de leurs pi.jues et de 
leurs sabres, d^s membres humains dépe- 
cés par morceaux. Leurs figures atroce.% 
leurs cris de joie, leurs blasphèmes, je- 
taient l'épouvante de tous côtés ; tout le 
monde fuyait devant eux, et cfux qu'ils 
pouvaient aiteiudre, ils les forçaient de 
porter à *eur tour ct's horribles trophées. 

Éperdue, hors d'elle-même, Laure s'é- 
chappe par une allée couverte, court vers 
'a maison, (t tombe sans connaissance sur 
le seuil de la porte. Relevée an bout de 
quelque temps par Brig>tle, qui ia cher- 
chait partout, file revient à la vie grâce 
aux soins de la fidèle servante ; mais sa 
tête est égarée, elle croit sortir d'un rêve 
affreux. « Où suis- je? dit-elle, qu'ai-je vu? 
Que^s sont ces tigres ? Quel est ce sang?.. . 

mais répon'ez-moi donc! c'est une 

illusion, n'cht ce j^as? une horrible vision ? 

— Calmez-vous, mademoiselle, lui ré- 
(londit Brigitte, le danger est passé ; dans 
leur rage impie, ils n'ont pas aperçu notre 
maii>on cadrée par la terrasse et par les 
arbres, 11^ se sont rués sur l'église. 

— Sur l'église, dites- vous ? 

*- Hélas! oui, mademoiselle, ils ont tont 
dévasté, t't cmiuené monsieur le curé. 

— Oh I mon Dieu ! » 

En ce moment arrive Bruno, ie garde- 
chasse, il était pâle et défait; rencontré à 
l'entrée du village par les assassins, et en- 
traîné par eux, forcé de vociférer comm^ 




f^S^&Q^' 



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'iyB^ 




— 287 — 




eux, il n'avait réossi à s'échapper qu'au 
moment où une partie de ces brigands, 
peu satisfaits du butin qu'ils Tenaient de 
faire dans Téglise, poursuivaient, pour les 
dépouiller, ceux qui, arrivés les premiers, 
araient eu une meilleure part. 

« Quels sont ces hommes 7 lui demanda 
Laure. 

— Ce sont des amis à Châlier, le 
chef de la bande. Comme il ne veut pas 
être en reste avec Paris, il a envoyé ses 
amis dans toutes les prisons; ceux-ci 
viennent du château de Belle-Cise ; ils n'y 
ont trouvé, disent-ils, que on/e officiers 
de Royal-Pologne qui y ont été enfermés 
comme suspects de royalisme; en vain 
rcademoiselie de Belle -Cise, aussi bonne 
que belle, a voulu sauver les prisonniers, 
en vain elle s'est jetée entre eux et les 
assassins et s'est fait blesser en cherchant 
à écarter les sabrts et les piques, ils les 
ont massacrés, et ce sont leurs membres 
que les assassins vont porter à Lyon pour 
les suspendre aux arbres de la place Belle- 
cour afin, d'épouvanter le quartier des 
aristocrates, comme ils disent. 

— Voilà donc ce danger qu'on voulait 
me cacher ! s'écrîa Laure; voiU donc poïir- 
quoi on m'isolait dans ce séjour ! Mais je 
comprends mon devoir, et je le remplirai. 
Bruno! vous aimez M. Devilli.'rs. 

— C'est mon bienfaiteur, je lui dois 
tout. 

— Vous allez me conduire à Lyon, chez 
mon père. 

— Mai.s, mademoiselle..... 

— Pas de réflexion... je le veux! 

— Mais monsieur votre père m'en 
voudra. 

— Bruno, si vous courriez un grand 
danger, voudriez-vous que votre fjlle, ma 
filleule, vous abandonnât, vous laissât 
seul, sans consolations, sans secours? 

-» Elle ne le ferait certes pas, mademoi- 
selle. 

— Eh bien , ce que votre fille ferait 




pour vous, je dois le faire pour mon 
père Partons! 

— Mais, ma chère demoiselle, votre 
costume élégant vous fera reconnaître par 
ces misérables, si nous les rencontrons. 

— La fille de basse-cour va m'en prê- 
ter un. le plus simple, le plus commun... 
Mon cher Bruno, tenez-vous prêt, je suis 
ici dans quelques minutes. A propos, vo- 
tre nièce, Marie- Jeanne, la batelière, a 
toujours sa bêche (f)î 

— Oui, mademoiselle. 

— C'f st bien I au lieu de me conduire 
à l'île Barbe, comme elle le fait souvent , 
elle nous descendra jusqu'à Lyon; nous 
éviterons ainsi les mauvaises rencontres, 
et arrivés sur le quai de Saône, nous pour- 
rons gagner facilement la demeure de mon 
père. Allez prévenir Marie-Jeanne, je vous 
retrouverai à son bateau. » 

Bruno et Brigitte se regardèrent d'un 
air alarmé, mais il y avait une volonté si 
marquée dans la manière dont Laure s'é- 
tait prononcée, qu'ils virent bien qu'ils ne 
réussiraient pas à la dissuader..... ils se 
résignèrent. 

Laure eut bientôt changé de costume, 
et avec un courage qu'on n'aurait pu lui 
SUPPOSAT, elle rejoignit, seule, Bruno, îjui 
l'attendait dans le bateau de Marie-Jeanne; 
ils descendirent silencieusement la Saône, 
livrés tous trois aux tristes pensées que 
leur inspirait le hideux speciacle qui les 
avait effrayés le matin. 

A son arrivée à Lyon, François ava't 
trouvé la ville dans la siuprur : le ma>sacre 
dans les prisons, commencé le malin, con- 
tinua-t ave:, fureur ; Châlier, Coupel son 
complice parcouraient les rues en excitant 
le peuple au meurire et au pillage: «Le 
temps est venu î s'écriaient- ils , où doit 
s'accomplir celle prophétie : a les rirhes 
seront dépouillés et les pauvres enrichis! » 




(1) Batclet recouvert d'une toile, soutenue par 
des cerceaux, comme les charrettes des blan- 
chisseuses des enviroQS de Paris. 



i)€>!«^ 












.M^i&èi 



: 







— S98 — 



« Voulez- TOUS , disait on autre, on mot 
qui paye pour tout ce dont nous avons be- 
soin à Lyon : Mourei ou faites msurî/r ! x> 

Eiïrayé de tant d*horreur» François par- 
Tint jusqu'au domicile de M. Devilliers; il 
le trouva cherchant avec son fils les moyens 
ée prévenir le danger, et vint augmenter 
leur anxiété en leur faisant part des dispo- 
-sitions d*esprit de Laure, de son inquié- 
tude vague, de sespressentiments. Un mot, 
dit- il, peut Téclairer, une indiscrétion peut 
tout lui apprendre, et rien ne parviendrait 
à la retenir. Cette pensée affligeait vivement 
lecœar de Devilliers; il aurait voulu à tout 
prix épargner à sa fille chérie le spectacle 
Hiui effrayait la ville ; il donnait à François 
de nouvelles instructions, l'engageait à re- 
doubler de soins pour laisser tout ignorer 
à Laure ; car, un pareil état de choses ne 
pouvait durer; on parviendnit à se débar- 
rasser des brigands qui asservissaient la gé- 
néreuse population lyonnaise. 

— Oui, s'écriait Edmond, il ne faut que 
de l'énergie pour nous délivrer de ce joug 
honteux, nous n'en manquerons pas. L'in- 
dignation est à son comble, déjà les section- 
naires se rassemblent, nos frères d'Aix et de 

Marseille ne nous abandonneront pas 

rassurons-nous, espérons qu'avant peu no- 
tre ville ne sera plus souillée par la présence 
de ces cannibales. 

— Que Dieu t'entende I reprit M. De- 
villiers; mais jusque-là il faut tâcher que 
ta sœur ignore... » 

En ce moment la porte s'ouvrit avec 
fracas, et Laure parut suivie de Bruno. 

a Laurel... s'écrièrent à la fois Devil- 
liers Edmond et François. 

— Oui, Laure ; Laure Devilliers, votre 
fille, votre sœur qui accourt où son devoir 
l'appelle. 

— Malheureuse enfant, que viens-lo 
faire dans cette \ille maudite 7 

— Vous consoler, vous sauver... si je le 
pois, et partager votre sort si la Providence 
nous abandonna 

— Mais to ne sais pas . . 




— lésait tout! et c'est piroeque je sauB 
tout que me voilà... D'où vient doac vioire 
étoonemeiit? Âh ! sam douiB ée ce oob- 
tome qoe j'ai cm devoir revêtir par pror 
dsDce; car je pense bien que voos n'avei 
pas cro que je resterais traMfuiUe et in* 
soudante stms les ombrages fleuris de 
Saint-Rambert, tandis que vous seriez id 
exposés à tous les périls ; en butte peut- 
être aux persécutions, auxouurages... non, 
vous ne l'avez pas pensé!. . . Dans votre ingé- 
nieuse tendresse, vous avez cherché tous 
à me tromper par de pieux mensonges» je 
vous en remercie; mais maintenant que 
malgré vous, une horrible vision est venue 
me révéler nos dangers communs, je se- 
rais indigne du nom sacré de fiUe , de ce 
titre si doux de sœur , si je n'étais là à 
vos côtés, prête, non pas à voos défendre, 
ce n'est pas mon rôle, mais à mourir avec 
vous s'il le faut. 

— Noble et digne enfant! s'écria De- 
villiers en pressant sa fille sur son cœur; 
il est impossible que Dieu ne protège pas 
tant de courage et de dévouement; ooi, 
je le sens, ta présence me rend la con- 
Gance et l'espoir; tu seras notre provi* 
dence dans ces moments de cruelle épreuve, 
tu prieras pour nous, et nous aurons fd 
en tes prières qui doivent être si agréables 
au souverain maître de toutes choses, i» 

Nous l'avons dit, Devilliers était ahné 
de ses ouvriers, ils étaient tons laborieux 
et rangés; la cessation de leurs travaux 
augmentait leur haine contre ceux qui 
ruinaient et ensanglaient leur ville, antre- 
fois si laborieuse et si opulente. DeviDiera 
n'avait donc rien à craindre d'eux; totale- 
ment inconnu de la tourbe des étrangers 
qui dominait dans la ville et asservissait 
la manicipaliié lyonnaise, il parvint à res- 
ter inaperça ao milieu du tumulte géné- 
ral. Chaque jeor François et Bruno, affa- 
bles do costume des jacobins, parcouraient 
ta ville, s'introduisaient dans les clubs et 
venaient le soir raconter à leur maître œ 
qa'ib avaient vu et entendu. 





tvK^.n 



■>^^^ 







-î^l»*- 



Lenrs lécib étaintt Ma d'Mr« rasn- 
nntB; la nge dee boHireaox de Ly<n 
Msnentait do )oar en joir; ifs Toutaicat 
iserdecmtuKéxree Paris; dra Cmis- 
s du club des Gm-dpliers eratsùal 
Te leur furie. La nourelle de la mort 
oi boiris XVI fal accueittie avec des 
de joie par ces fMrenés; Cbftlier, 
: son entbonsiasme féroce, s'écria : 
□q cents têtes sont paraoi nans 4pii 
Itent le swt de celle dn tyran I je ions 
AwKveî le liste, tdos n'anni qu'à 
pcr. • Puis, prenant dans n main oae 
;e du Christ, i ajinrta : a Cen'eMpas 
E d'avoir kit péiir le t^randee corps, 
«que le tyran des Ames loitdélrtnél » 
iritMit l'iina^ dn crncifîx, il em foula 
Itbris sons ses pieds (1): 
es soins, )a tendresse de Laure adoo- 
lient les cèigrins que ces siaisires 
tcffiCBif onsaient i DeriHlors; de son 
, Idwond, pour le vsaetirer, lai faisait 
des ^jels réactionaaires des ré- 
licains modérés; il lai racontait avec 
le iDlrépidité Nivi6i>e, maire de Lyon, 
jt ifite aux bciieni. « Rassum-vons, 
I père, lui dit^l un jour, les jacobins 
mis le comble i leurs forfaits; dans 
OMdliabale lenn celle nuit, ils ont 
hi de s'emparer des meuibreB dn dé- 
«meit, du prisideets et dee secr6- 
» df s sediens et de ks égoi^er. Oet 
me complot, heoruiseineut déceuvert, 
icidé les sections k se réunir et ii mar- 
rcoatreooBtyrans... je vais me joindre 
IX, Cl j'espère qne bientAt je powrai 
s aonoACer notre délivrance. ■ 
a joarnée fnt terrible, vingt mille-sec- 
iiaircs, divisés en deni oolonnes, nuiv 
rcM contre rarsenal et l'hAtel de vib 
les jaeotnns s'étaient râogiéa et ferti- 
; CM ocdounes furent accnedlies par 
décku'gesDeartrifavsdemilraille; mais 
toancuabatopiDUtre.lcstectiraiBaîres 
:èFent midiMs^dei dens poMies, arràft- 

) LoMistlJDf , BUtotr» du GiTondiM. 



rent Cbèli^ e 

et 

les 



-<^ 









~ 500 — 




défense, construire des redoutes, fondre 
des canons, créa une monnaie, et nowma 
pour commanda» t de ses forces M . le comte 
de Pf écy, ancien colonel du régiment des 
Vosges. 

D<ins ces circonstances solennelles^ Laure 
retrouva tout son courage; il ne s'agissait 
plus de se soustraire au fer de quelques 
assassins... il fallait ?gir, tout préparer pour 
une lutte formidable ; elle n*bésita pas ; 
elle se joignit aux auires dames de la ?ille 
de Lyon pour apprêter tout ce qui devait 
être néces>aire au soulagement des blessés. 
Avec un zèle infatigable on voyait ces 
dames préparer des ambulances, réunir 
du linge et s'occuper de tous ces soins 
doot les femmes ont si bien le secret. Pen- 
dant ce temps, de Précy organisait ses 
forces, si peu nombreuses, et sons son ir- 
rés'stible impulsion, les remparts, les bat- 
teries, les rtdoutfs, les ponls coupés ou 
prêts à s'écrouler, présentaient de toutes 
parts un fornddable aspect de résistance 
contre les troupes de la Convention. 

Devilliers avait repris son courage stoî- 
que; convaincu de la nécessité d'opter 
entre i'écbafaud et la mort dans les com- 
bats, il n'hésita pas ; il avait été un des 
députés de Lyon cbargés d'aller proposer 
le commandement à de Précy ; il était un 
de ceux qui, aux observations de ce géné- 
ral sur les dangers de cette guerre, dans 
laquelle les habitants n'avaient à espérer 
que la victoire ou la mort, répondit par 
ces paroles du désespoir : a Nous avons 
pesé dans nos pensées I'écbafaud contre 
l'oppression de la Convention , et nous 
avons choisi l'échafaud. 

— Et moi, s'écria de Précy, je l'accepte 
avec de tels hommes I» 

Par ordre de la Convention, l'armée de 
Kellermann vint bloquer Lyon, elle fut 
bientôt augmentée pardesbandesde paysans 
des montagnes de l'Auvergne et des Basses- 
Alpes, entraînés par des envoyés de la 
Convention, qui leur promettaient le ]iil- 
lage de l'opulente cité ; aussi ces paysans 




avaient-ils amené avec eux des chariots, 
des mulets , des chevaux pour emporter 
le butin qui leur était promis. Attaqués 
de tous côtés pir des forces bien supé- 
rieures, les Lyonnais firent des prodiges 
de valeur. Leur digne général, de Précy, 
donnait à tous l'exemple du courage et de 
l'intrépidité; toujours à cheval, toujours 
le premier au combat, il les électrisait par 
son exemple. 

Edmond marchait parmi les premiers 
combattants, Devilliers se tenait avec la 
garde nationale, qui était chargée de com- 
primer les jacobins à l'intérieur de la ville; 
François et Bruno couraient de l'un à 
l'autre, portant des nouvelles et en rap- 
portant, afin de rassurer ceux qui avaient 
tant besoin de courage et de persévérance. 
Quant à Laure, on la voyait partout, se- 
courant et pansant les blessés, consolant 
les mourants, portant des vivres aux avant- 
postes et ranimant le courage des femmes 
que la vue du sang tt des bles&és faisaient 
faiblir. 

Le bombardement commença le 10 août, 
et pendant dix-huit jours les boulets, 
les bombes, les fusées incendiaires dé- 
truisirent et brûlèrent les qnarti^v les 
plus riches de la ville, et écrasèrent une 
grande partie des habitants. En vain, 
selon l'usage des villes assiégées où l'on 
épargne les asiles consacrés à 1 hnmnanité, 
Lyon avait arboré un drapeau noir sur son 
hôpital; les artilleurs de la Convention 
criblaient ses murs de boulets et d'obus. 
Les bombes éclataient dans les salies, en- 
sevelissaient les bles^sés sous les voûtes où 
ils venaient chercher leur salut Des si- 
gnaux perfides, faits pendant la nuit par les 
amis de Châtier, indiquaient les édifices et 
les maifons k brûler ; ainsi les boulets et 
les bombes choisissaient leur but et incen- 
diaient les quartiers les plus populeux. 

On avait été obligé d'évrcuer l'hôpital, 
point de mire des assaillants, et l'on soi- 
gnait les blessés dans les rues, où l'on 
étendait un peu de paille. Là, comme à 






©îç><. 



^■4>* 






^^^ 



— 501 — 



rbôpîuK comme anx avant-postes, comme 
partout iiilieura, Laaf e faisait preuye de ce 
zèle pieax qui. devant tant de crnantés et 
de crimes, réconcilie avec l'bnmanité. Un 
choc terrible venait d'avoir lien entre les 
tronpesdn général républicain, Doppel, et 
les phalanges lyonnaises; celles-ci, après 
un combat opiniâtre, avaient repoussé l'en- 
nemi, mais cette victoire avait coûté à la 
ville le plus pur et le p^us généreux de 
son sang. On apporta à l'ambnlance où se 
trouvait Laure un jeune volontaire que la 
mitraille ennemie venait de frapper, il 
était expirant. A son aspect, un cri don- 
ioureux échappa à Laure. .. elle avait re- 
connu Edmond!... a iMon frère I s'écria- 
t-elle! Edmond, me reconnais-tu 7 oh! 
dis-moi que tu ne vas pas mourir ! 

— C'est Dieu qui me conduit près de toi, 
ma bonne Laure; il veut ainsi me recom- 
penser de mon dévouement à sa sainte 
cause. Ne pleure pas, masfur; en tombant 
j'ai vu fuir l'ennemi, cela me console. Mais 
ce que je regrette, pauvre sœur, c'est de te 
lai&iser seule pour veiller sur notre père ; 
ne le quitte pas, redouble de tendresse, 
rea)p!ace'moi, et que Dieu te soutienne 
dans ce^te noble tâche!... Dis à notre père 
que je meurs digne de lui, fier d'avoir 
pa^é de mon sang notre victoire, et que... 
je le prie de me bénir... 

— Edmond!... mon frère!... non, tu 
ne mourras pas!... 

— Adieu, sœur... adieu... quand tu 
seras plus ht'ureuse... pense quelquefois à 
moi adieu!... » et il expira. 

Ce nialheur semb'a ranimer l'énergie 
de Laure ; sauver les restes chéris de son 
frère devint sa seule pensée. Dévoués et 
fidèles, François et Biuno ne refu8^rent 
pas de l'aider à transporter, dans le jardin 
de Saint- Rambert, ce corps inanimé ; en 
vain ceux qui l'enicuraient voulurent lui 
repré^enter les dangers auxquels elle s'ex- 
posait: (( Croyez«vousdonc, répondait-elle, 
qu'il y ait des hommes assez cruels pour 
empêcher une sœur d'aller faire enterrer 





son frère? pour moi je ne le crois pas et 
je vais accomplir mon devoir, n 

Arrivée aux avant-postes de l'armée as- 
siégeante, Laure fut arrêtée ai ni que son 
funèbre cortège, et conduite devant un 
officier de l'armée républicaine: a Citoyen, 
lui dit Laure, un éclat d'une de vos bom- 
bes a tué mon frère ; vous n'empêcherez 
pas sa saur d'aller lui creuser une tombe 
dans le cimetière de sa famille 7 » 

Il y a quelque chose de si noble et de si 
touch nt dans le vrai coumge, dans le dé- 
vouement désintéressé, que les cœurs les 
plus endurcis s'y laissent souvent atten- 
drir ; d'ailleurs les soldats de la république, 
les vrais soldats, n'^ se montraient pas 
cruels, ce n'était pas l'armée qui devait 
venger la Convention; ils comprirent la 
douleur de cette jeune fille, le dévouement 
de ces deux fidèles serviteurs, et les lais- 
sèrent passer. C'tst ainsi que les grands 
arbres de Ss^iut-Ranibert reçurent sous 
leur ombrage les restes inanimés de ce 
jeune homme dont ils avaient si souvent 
abrité et les jeux de l'enfance et les dou- 
ces rêveries de l'adolescence. 

La grande difficulté eût été de rentrer 
dans la ville; mais la prise de Lyon, par 
l'armée de Kellermann, permit à Laure 
de revenir près de son père, son unique 
et bien chère affection. 

Malgré l'héroïque et opiniâtre défense de 
la ville, malgré les pertes nombreuses qu'a- 
vait éprouvées l'armée républicaine, elle 
entra dans Lyon avec une apparence de 
modération et de fraternité; les soldats de 
la république se montrèrent généreux ; ils 
empêchèrent d'abord tous les désordres, 
toutes les violences, par'agèrent même 
leur pain avec les habitants affamés ; mais 
la victoire ne suffisait pas aux jacobins; les 
amis de Châlier, longtemps comprimés par 
les royalistes et les girondins de Lyon, 
sortirent de leurs refuges en demandant 
vengeance aux représentants, en sommant 
la Convention de leur livrer enfin leurs en- 
nemis. Les représentants essayèrent quel. 








o^.- 




^Vt^, 



— 862 — 






-r^ 




4,tr 



que Xecûfs de conteuir celte rage , et 
finirent par lui obéir; 11$ instituèreat des 
tribunaux révolutioBoaires et rendirent 
des décrets d*exterminatiaja. A dater de ce 
jour, Lyon devint le théâtre des crimes 
les plus atroces; la destruction de cette 
TÎUe fut ordonnée; Gouthon, accusé de 
BiodérajtL'me, fut remplacé par des bour- 
reaux plus actiis et plus cruels. Ne comp- 
tant pas sur ks soldats pour exécuter leurs 
ordres sanguinaires, ils appelèrent les bri- 
gands commandés par Ronsin» et formè- 
rent une armée pareille dans chacun des 
six d i^ârtements voisins. La mission de 
ces arm^^es, recrutées dans Técume du 
peuple, était de généraliser, sur toute la 
surface de ces d(^partements, les mesures 
d^inquisiiion, de spoliaiion, d'arrestation 
et de meurtres juridiques dont Lyon allait 
devenir le foyer* Des milliers de détenus 
de toutes conditions : nobles, prêtres pro- 
priétaires, négociants, cultivateurs, en- 
combrèrent en peu de jours les prisons 
de la \ille. Dans un pareil désordre, à une 
époque où la dénonciation était non-seoie- 
ment récompensée, nuis payée double ou 
tiiple suivant Fimportance des têtes qu'elle 
livrait aux bourreaux, Devilliers ne pouvait 
échapper au sort réservé à tout ce qui était 
bon et honnête : dénoncé par un de ces 
misérabU s qui vivaient de cet infâtoe tra- 
fic du sang des citoyens, il fut arrêté et 
jeté dans une des cinq prisons qui regor- 
geaient de victimes dévouées à Téchafaud. 
Si la rage des bourreaux ne se lassait 
pas, la tendresse d«s mères, des filles» des 
sœurs ne se décourageait pas. .. La daoger 
de SQ compromettre , en a'inlérassaat au 
sort des prisonniers, et de mourii* avec eux, 
dit un historien, n*inJtimidait pas la ten- 
dresse de leurs parents, de leurs amis, de 
leurs serviteurs. Nuit et jour, des aturou- 
pements de iemmes, da mères» de sœurs 
rôdaient autour des prisons. L'or ei les 
larmes qui coulaient sur les maias des 
geôliers arrachaient des entrevues, des en- 
tretiens, des adieux suprêmes. La religioa 







at la charité, si activas et si coorageosas k 
Lyen, ne reculaient ni devaat la suspicion, 
ni devant le digoût, pour pénéirer dans 
ces souterrains et pour y soigner les ma- 
lades, y nourrir les aSsmés, y consoler les 
mourants. De« ienuses pieuses aciietaient 
dos administrateura et des geMiers la per- 
mission de se faire les servantes des ca- 
chots. 

Laure obtint, à prix d'or, d'un des 
commissaires des priions, la permission de 
venir soigner son |ière, et déguL>ée en garde- 
malade des prisonniers jetés sur la paille, 
elle passait des journées entières à ses 
côtés. 

AXais que pouvaient l'amour et le courage 
d'une jeune fille contre la rage de ces 
bourreaux qui avaient juré d'anéantir ia 
population lyonnaise? Chaque jour un 
greffier de la prison lisait, à haute voix, la 
liste des détenus appelés au tribunal. Gel 
appel était une condamnation. . . on ne sor- 
tait de la prison que pour aller à la uKNrt. 
Un jour le nom de Devilliers fut appelé I. . . 
Nous ne chercberons pas à peindre la don- 
leur d'une fille qui voit arracher son père 
de ses bras... c'est une tâche an- dessus de 
nos forces. 

Devilliers entendit avec calme prononcer 
Tarffèt qui le condamnait ; it pria Dieu, 
et se résigna. Pendant que le père et la 
fille étaient dans cette terrible et cruelle 
situation, deux hommes dévoués goettaient, 
aux alentours de la prison, la sortie des 
victimefi. GoilEés de bonneta rouges, les 
bras nus, annés de haches, revêtus du 
ooslume hideux des héros de ces sanglantes 
saturnales» ils témoignaient d'une faç<m 
bruyante le désir de voir passer ceux qui 
allaient racevo'ur la mort dans la plaine des 
BroUeaax. Le funèbre coriége sortit enfin; 
deux cent neuf coudamnés nurcbaiemt 
deux i iêm et étaient dirigés delà sombre 
prison de Roanne vers la théà re de leur 
agopie* Pressée par les assassins» la colonne 
arrivaaupont Morand; là, celui qui la con- 
duisait voulut compter les prisonniers pour 





séy* 











— 5«)S — 



s'assarer qu'aacun n*aTait échappé dans 
la marche; mais au lien de deux cent neuf, 
il en trouva deux cent dix. Il y avait plus 
de présents que de condamnés. Lequel 
était innocent?... Le chef du convoi arrêta 
la colonne, et envoya transmettre son 
doute à Gollot d'Oerbois. La réponse ne 
se fit pas attendre : « Qu'iaqx>r(e un de 
plnsl répondit le proconsul sanguinaire; 
mieux vaut un de plus qu*un de moins; 
d'ailleurs, celui qui mourra aujourd'hui, 
ne mourra pas demain... qu'on achève I » 

Cet ordre firtce fit frémir même les {dos 
avides spectatenn de ces sanglaiMes exé- 
cutions. Profitant de ce moment d'hésita^ 
tion, les deux hommes dont nous avons 
parlé »'élancèr«nt vers les pni>0DJiiers, et 
saibissant Deviiliers chacun par un bras, 
ils s'écrièrent : « Ah çà, qu'est-ce qae 
vous faites donc, vous autres? est-ce que 
vous perdez la tête? Gomment, vous em- 
menez ce ciioyen-là? C'est le meilleur 
patriote et le plus ardent jacobin du pays; 
nous en répondons sur notre têie..« vous 
voyez bien qn'il y a erreur, puisqu'il y en 
a un de tropl » Les soldats et k peuple 
commt Bçaient à se lasser de voir répandre 
tant de sang. . . personne ne die oaot. . . et les 
deux kommes annés de hache emmenè- 
rent DcvlUiers, sans opposition (1). 

Ces deux farovehes républicnos qui 
venaient ainsi, sous leur responsabilité, 
enlever me victime à Téchalaud, n'éuient 
antres que François et Bruno, qui entraî- 
nèrent Deviiliers à tniver»les mes désertes, 
et le conduisireQl à Saint Rambert, où 



(1) L'auteur de cet article a connu dans son 
enfance l'homme qui a été ainsi soustrait au 
sopplice. 





Lanre , instruite de leur projet, les avait 
devancés. 

L^, près du tombeau de son fils, en- 
touré des soins de sa fille, caché aux yeux 
de tous, ignoré du très-petit nombre de ses 
ennemis, oublié de la plupart de ceux dont 
il avait été le bienfaiteur, l'honnête négo- 
ciant put, dans sa soJ&tude, pleurer sur ses 
maUieurs et sur ceux qui accablaient ses 
concitoyens, ses anus, et ses ouvriers dont 
il avait été le père. 

Cependant, peu à peu la tempête se 
calma; emportés ^ leur tour par le tourbil- 
lon révolutionnaire, les bourreaux de Lyon 
expièrent, presque tous , leurs crimes sur 
l'échaDaud qu'ils avaient dressé, et ce qu'il 
restait de Lyonnais put enfin respirer sur 
les ruines fumantes de cette opulente cité. 

Lorsque l'ordre fut rétabli, lorsque le 
jeune héros d'Arcole^ de Marengo et des 
Pyramides eut, en revenant, ordonné la 
reconstruction de Lyon, et posé la pre- 
mière pierre de la première maison de la 
place Bellecour, les ouvriers qui avaient 
besoin d'un chef habile, expérimenté et 
intègre, vinrent prier Deviiliers de réor- 
ganiser la fabrique et de leur prêter l'ap- 
pui de sa longue expérience. 

Heureux de pouvoir être encore utile à 
ses compatriotes , Deviiliers accepta cette 
noble mission et s'en occnpa avec zèle. 
Secondé par Laure , dont l'intelligence et 
l'activité lui furent d'un grand secours , il 
put bientôt reprendre la position que les 
désastres de Lyon lui avaient enlevée. Ce 
fut près de son père , soit au milieu des 
travaux de sa manufacture , soit sous les 
ombrages de Saint-Rambert où ils allaient 
prier tous deux, qu3 Laure trouva la ir- 
compense de l'accomplidsonient de son de- 
voir et de son dévouement filial. 

Â. Jadin. 






€)Ô!^ 









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— 304 ~ 



MINUIT. 



LÉGENDE. 




C'était par une froide nuit d'hiver Wil- 
frid sortit le dernier de la maison of il avait 
passé la soirée; il marcha rapideirent dans 
les rues couvertes de neige : il ne sentait 
pas le froid, il ne s'apercevûit pas de 
l'heure avancée , car il pensait toujours à 
cette table de jeu devant laquelle il s'était 
assis; il pensait à ces masses d'or qui 
avaient ruisselé sous ses yeux, et qui, au 
milieu des ténèbres, semblaient scintiller 
devant lui et lui dire : Nous sommes la 
joie , nous sommes le pouvoir , nous sommes 
le bonheur ! Tout à coup, la demi-heure 
avant minuit sonna lentement à une clo- 
che. Wilfrid s'arrêta, et regardant autour de 
lui , il ne reconnut pas le lieu où il se 
trouvait , et qui était sans doute un des 
faubourgs de la ville de Prague. Une 
église s'élevait au milieu d'un cimetière 
que bordait la Moldaw. A la lueur d'un 
pâle rayon de lune, liVitfrid vit, debout sur 
le sommet de l'édifice, la gigantesque sta- 
tue de saint Jean Népomucène, le patron 
de la Bohême , en costume de prêire et 
couronné d'un diadème d'étoiles... La 
porte de cette église était ouverte, Wilfrid 
se sentait fatigué, il entra... Guidé par la 
clarté tremblante d'une petite lampe allu- 
mée devant le tabernacle, il se dirigea vers 
le chœur, et s'assit dans une stalle. A peine 
s'était-il reposé un insta;n que la porte de 
la sacristie s'ouvrit... un prêtre en soriit, 
portant l'aube et la chasuble, et tenant 
dans ses mains un calice d'or. Arrivé de- 
vant l'autel, le prêtre s'arrêta, regarda au- 
tour de lui, et dit à haute voix : 

Y a-t-ii ici quelqu'un qui veuille me 
servir la messe 7 » 

Personne ne répondit ; sa voix résonna 
dans les profondeurs de l'église, et réveilla 




quelques échos endormis dans les tombes, 
comme si les aoges de marbre, placés à 

leur chevet, eussent soupiré et génu 

Il répéta sa question, mais d'un accent 
plus triste Rien encore! Une troi- 
sième fois, il interrogea, et avec une nou- 
velle désolation. Alors Wilfrid se leva, il 
dit: 

K Me voici I » 

Aussitôt, il alluma les cierges, disposa 
l'autel, et se mit en devoir de répondre au 
célébrant Le saint sacrifice s'acheva, pois 
lorsque le prêtre eut pieusement lu le 
dernier Évangile selon saint Jean, il se 
tourna vers Wilfrid et lui dit : 

« Mon fils, pour te récompenser du ser* 
vice que tu m'as rendu, je t'annonce que 
tu mourras dans un an. Au revoir donc! 
au tribunal de Dieu 1 » 

Wilfrid demeura seul : le matin , il se 
leva, regagna sa demeure , mais un grand 
changeoaents'étaitfaitenlui. Sa conscience 
réveillée par l'assurance d'une mort pro- 
chaine, jetait de hauts cris : 

«Il faut, disait-elle, restituer ce bien 
mal acquis, pardonn>T à cet ennemi dont 
tu as tant de fois juré la ruine, abandonner 
ces liaisons frivoles ou perfides, renoncer 
à ces plaisirs criminels, à ces projets d'or- 
gueil cl d'avarice... Enfin, il faut te con- 
vertir I » 

Wilfrid consentait à tout: l'éternité seule 
l'occupait désormais... 

Huit jours s'écoulèrent, et déjà, malgré 
la terrible révélation, il avait repris posses- 
sion de la vie, et aux aiguillons de sa con- 
science il répondait : 

« J'ai une année entière devant moi, six 
mois suffiront bien à ma conversion : je 
puis, durant la moitié du temps qui me 




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DO^< 








este, jouir de la vie et de ses plaisirs... A 
six mois ma conversion 1 )» 

Les six mois passèrent comme Téclair 
rapide. li\'ilfi-id se réveilla un matin : Fhi- 
Ter avait fait place à Tété ; les épis jannis* 
salent aux champs que couvrait jadis la 
neige, et l'ardent soleil de juillet chemi- 
nait dans les cieux. 

« Il me reste six mois ! se dit Wilfrid ; 
mais faut-îl donc un si long temps pour le 
changement du cœur? Trois mois suffiront 
à me réconcilier avec Dieu et à purifier 
ma conscience... Jouissons encore... cou- 
ronnons-nous des roses qui ne vivent 
qu'un jour A trois mois ma conver- 
sion! » 

Les jeux et les fêtes entraînèrent ces 
trois mois sur leurs ailes. Les feuilles jau- 
nies couvraient les chemins; le raisin aux 
grappes pesantes était déjà foulé dans la 
cuve des vendangeurs. Wilfrid regarda le 
soleil qui approchait du signe du Capri- 
corne, et il se dit : 

«Encore trois mois! Mais qu'ai-je be- 
soin d'une préparation si longue ! ne dit- 
on pas que la miséricorde divine est im- 
mense et qu'un seul acte de repentir suffit 
pour effacer les péchés de toute une vie? 
Je sentirai venir la mort, et alors. . . alors, 
je me convertirai ! » 

L'hiver arriva. Novembre aux jours 
sombres, décembre avec ses journées de 
frimas et ses nuits dts fêtes ; Noël passa. 
Dix jours encore, s'écoulèrent : la veille 
del'aa sonna, et Wilfrid courut au bal que 
donnait un homme riche pour accutiilir 
joyeusement l'année nouvelle. 11 joua, il 
dansa, il rit comme de coutume, arrêtant 
parfois un regard un peu inquiet sur lu ca- 





— 505 — 

dran où les heures marchaient silencieuses. 
Onze heures!... 

« Pense au jugement de Dieu !» lui di- 
sait SI conscience. 

« Wilfrid, veux-tu une carte? • lui disait 
un joueur. 

Wilfrid se tourna vers la table où rou- 
laient l'or, les cartes et les dés. 

« Je n'ai besoin que 'd'un instant pour 
me réconcilier avec Dieu I » se dii-il. 

Jamais le bal ne fut plus bruyant, jamais 
le jeu ne fut plus passionné. La demi- 
heure avant minuit sonna, personne n'y 
prit garde... Wilfrid, penché sur la table, 
l'œil fixe, la poitrine haletante, suivait le 
mouvement des dés, qui, à chaque instant, 
accroissaient ou diminuaient la pile d'or 
amassée devant lui... Quel jour, quelle 
heure était-il 7 U n'en savait rien ! Tout à 
coup. . . il se sentit frémir, sa langue s'arrêta 
glacée... le premier coup de minuit venait 
de sonner !. . . Il joignit les mains avec dé- 
sespoir, et 

Il s'éveilla. 

L'église de Saint-Jean où il s'était re- 
posé était calme et*silencieuse : la nuit ré- 
gnait, il n'y avait ni prêtre à l'autel, ni bal, 

ni table de j>'u Cette année si fugitive, 

ce réveil si terrible n'étaient tous deux 
qu'un songe. 

Wilfrid, plein de frayeur et de joie, se 
mit à genoux, pria, et dès ce moment il 
fut converti. Il mourut longues années 
après, eu paix avec Dieu et avec les 
humaies , heureux de n'avoir pas retardé 
sa conversion jusqu'au dernier soupir, car 
il est écrit : Le Fils de Cfiomme vient à 
l'heure où on m V attend pas ! 

M"* ÉVELINE RlBBECOURT. 



DIX-NEUVIÈME ANX^B 4* séWB. — N» X. 








>^0 . 





— 306 — 

L'ANGE GARDIEN. 

Dormez, mes chers enfants, dormez longtemps eneore. 

Il est bien noit ; 
Votre père pour yods se lève a^ant Tantore, 

Et part sans bruit. 
Je craindrais qu*un baiser n'entrouyrit vos paupières,. 

Dormez heureux: 
Sur votre doux sommeil je verse mes prières , 

Silencieur. 

Il faut partir, adieu ! Quelle nuit froide et sombre 

Glace num sang! 
L'orage autour de moi se déchaîne dans Tombre 

£n mugissant» 
Mais votre ange gardien, penché sur vous» pr^nge 

Votre sommeil; 
Votre sourire, enfants, le remercie en songe 

Jusqu*au réveS. 



Je laisse près de vous, en Fabsence d'un père. 

Ce doux soutien ; 
H est là, sous les traits de votre bonne mère > 

L'auge gardien. 
En prenant cette forme il a quitté ses ailes , 

Vains ornements: 
Voudrait-il remonter aux voûtes éternelles , 

Smis vous, enfants ! 





SEVBRIN. 



EXPLICATION DE L'ÉNIGME N^ 8. 



Cassel, dëi)artement du Nord. 

La première bataille fut livrée en 1071, 
contre Philippe T', qui y fut défait par 
Robert le Frison, comte de Flandre; la 
seconde, en 1328, contre Piiilippe le Bel, 
qui y remporta une victoire complète et 
saccagea la ville; la troisième, en 1679, 
contre Philippe, duc d'Orléans, frère de 
Louis XIV, qui déût le prince d'Orange, 
et prit aussi la ville. Cassel est dans une 
position élevée et agréable; du haut de sa 
montagne, on domine les plaines fertiles 




de la Flandre, ses villes industrieuses, ses 
bourgs opulents, ses nombreux villages^ 
et rœil, après avoir erré des clochers 
d'Ypres aux tours de Sainu-Omer, n'est 
arrêté que par la ligue bleue de l'Océan 
qui borne le tableau. Cassel possédait au- 
trefois une belle église et un chapitre, 
fondés en Thonneur de Saint-Pierre, par 
Rebâtie Frison, comme témoignage de sa 
reconnaissance^ pour l'éclatante victoire 
qu'il avait remportée en ce lieu sur le roi 
d/s Français. 








®^ 








— 807 — 



MÉLANGES. 



EXPOSITION DE LONDRES. 



TROISIÈME ET DERNIÈRE LETTRE. 



Je suppose qtie vous tous appuyez sur 
mon bras, chère Léonie, et que je tous 
conduis de nouveau au Palais de Cristal, 
car il s'y trouve encore bien des choses 
dignes d'une attention particulière. Il en 
est de cette exposition universelle comme 
de la science : plus on avance, plus on 
apprend, et plus on s'aperçoit qu'il reste à 
apprendre. D'abord il y a deux manières 
de voir les objets, par les yeux et par Tin- 
telUgence; la première manière est rapide, 
passagère et sans empreinte, comme le 
reflet d'une glace ; l'autre ne néglige au- 
cun détail, se rend compte de tout et en 
garde le souvenir; c'est celle que nous 
cherchons à adopter. J'oubliais! il est 
encore une troisième manière d'apprécier 
les choses, c'est par le toucher; et cer- 
taines gens, bien que loin d'être aveugles, 
ont voulu glisser leurs mains parmi les 
brillants étalages de Hyde-Park; mais 
co.^mc le chien de chasse qui flaire, suit 
la piste et arrête le gibier, un policeman 
se trouvait toujours là!... et sans bruit, 
avec toutes les formes possibles, justice était 
bientôt faite t.. . Ou assure que de tous les 
pays, les voleurs en réputation s'étaient 
donné rendtzvous à Londres; ils de- 
vaient, eux mêmes, se décerner des mé- 
dailles d'honneur, puisque les gouverne- 
ments n'encouragent pas les progrès d'une 
industrie qui, cependant, florissait déjà 
aux beaux temps de Sparte. Biais ces mes- 
sieurs, à la main légère et crochue, n'ont 
pu exercer leurs talents, ils ont trouvé à 
Londres plus habile qu'eux; M. Garlior 
et le chef.de la police russe ayant envoyé 
en Angleterre leurs phis adroits limiers. 




Entrons tout d^abord dans la galerie des 
machines industrielles qui fonctionnent à 
l'exposilion. C'est là que l'on reste saisi 
d'étonnement devant îe g^nie de l'homme. .. 
Que de volumes il faudrait pour décrire 
toutes ces mécaniques qui s'agitent, tour- 
nent, crient, sifflent, scient, grincent, se 
meuvent en tous sens au moyen de l'eau 
ou de la vapeur , et qui enfantent sous 
vos yeux de véritables prodiges! 

Ici une mécanique g^ant prend du 
bois , le façonne, l'ajuste , et en cinq mi- 
nutes le métamorphose en une barrique 
à bière. — Là, une mécanique Tom-Pou ce 
fait très-habilement des chaussons de li- 
sières. — Des masses d'aiguilles se fabri- 
quent en quelques instants. — Une ma- 
chine, dont l'u^^age devrait se répandre 
pour le bien-être des populations, est celle 
qui nettoie en une heure quatre cents 
boisseaux de blé, et enlève le charbon du 
froment. Cette utile invention est anglaise. 
— Plus loin une presse à vapeur tire en 
une heure dix mille exemplaires du jour- 
nal-monstre le Times t — Plos loin encore 
on a bien de la peine à s'expliquer com- 
ment une même machine fait à la fois deux 
espèces de blondes, l'une ordinaire, et l'au- 
tre très-fine. — Ici, on voit exécuter en fi- 
let, des rideaux, des couvertures de lit re- 
présentant les dessins les plus variés, les 

plus riches tout cela semble tenir du 

prodige. 

L'homme a créé avec soin et amour 
ces mécaniques, il leur donne la vie par 
l'eau et le feu, et chacune alors fonctionne 
selon la ligne qu'il lui a tracée. H me 
semble que nous sommes les mécaniques 







«vQîOC 





;^ 






— f 08 — 








da bon Diea ; il nous a donné pour agir une 
âme, une intelligence, et si nous suivons 
aussi la ligne qu*ii nous a tracée, nous 
accomplissons notre œuvre sur la lei re ; 
mais si nous nous en écartons... tout de- 
vient trouble, confusion tout se brise! 

Pour nous reposer des^ grandes œuvres 
humaines et des sérieuses pensée:» qu'elles 
nous inspirent, allons nous amuser en Alle- 
magne 9 devant des scènes d'animaux, em- 
paillés avec autant d'adresse que d'esprit. 
Des chats sont as^is autour d'une table et 
prennent le thé. Tous ont une pbysiono* 
mie qui révèle Iturs différents caractères. 
G*estune prétentieuse tmani sa tasse d un 
air maniéré et buvant comme quelqu'un 
qui se donne des grâces , à côté d'une 
bonne personne de chatte , un peu bour- 
geoise, qui boit de tout son cœur et témoi- 
gne une parfaite satisfaction. — Plus loin 
c*est maître renard tenant son chapelet, d'un 
air de componction; il fait le dévot devant 
an coq qui, les lunettes sur le nez, lit un 
papier qu'il tient dans sa pitte gauche, et 
sur lequel £ont écrites les piièrcit récitées 
par le Tartuffe de nouvelle espèce... Gare 
au coq s*il se laisse prendre aux apparen- 
ces ! — Puis c*est uue grenuuille fa>hio- 
nable, marchant a\ec précaution, comme 
pour éviter la boue, et s'abritant sous un 
parapluie virC, pour éviter la pluie. — Là, 
c'est une souris blanche, naluie trop sen- 
sible, ayant des maux de nerfs; elle reçoit 
la visite de son lédecin, rat fort bien 
nourri; illui tâte le pouls, lui regarde la lan- 
gue, et semble y découvrir l'iudice d'une 
grave maladie. A son air sinistre, la souris 
blanche est prête à s'évanouir , et sa ûlie, 
petite souris très-éveilk'c, s'effraye, quitte 
ses jeux, et de loin montre dni^bï sa langue 
au rival d'Ësculape. — Avançons. Nous voici 
en face d'un loseau et d'un épi de blé, faits 
en bois; chacun e^td'un seul morceau. On 
ne peutcomprendrc comment on est parven u 
à tailler ce soi disant brin de paille si élancé 
et si recourbé d'en haut par la richesse de 
son épL La tige de roseau ôionnc également. 



— Admirons les splendides ornements de 
nos églises, travaillés en Belgique. Sous la 
même vitrine, sont représentés en cire 
(ce qui me parait peu convenable et d'assez 
mauvais goût) Bossuet, Fénélon et un cardi- 
nal portant les plus magniûques costumes 
des princes de l'Église. L'on voit aussi le 
pape actuel, dont les habits pontificaux sont 
brodés en pierres précieuses; ils ont été corn- 
mencésen 1841 et finis eo-l 851. — En con- 
tinuant notre promenade, nous voyonsdans 
an bassin rempli d'eau, le i.énuphar et les 
plus belles plantes aquatiques étalant leur 
splendeur; nous n'y pouvons toucher, elles 
sont défendues par un vitrage formant 
comme un jardin d'hiver, en miniature. — 
Consolons- nous I voici des fleurs de géra- 
nium, de U lavande, et surtout un pied 
de réséda qui doit parfumer l'air. Si j'en 
cueillais un briu? ses tiges sont si vigou- 
reuses qu'il serait bientôt repoussé. — 
< Vous vous trompez, me oiit une Espa- 
gnole, gardienne de ce jardin, ces fleurs 
sont en cire. » — Pendant que nous nous 
trouvons dans la galerie du baut, alk ns 
recevcir sur nos mouciioirs l'eau parfu- 
mée qui jaillit des fontaines de Jean-Marie 
Farina, et de celles de ses rivaux, sur les- 
quels, selon moi, il continue de l'empor- 
ter. — Yo}ons, en passant, cette statuette 
du roi de Sardaigne, et ces bracelets, bro- 
ches, épingles, châtelaines, tasses, assiettes 
et fleurs, admirables ouvrages eu filagrane 
d'or et d'argent; la plupart viennent de 
Malte, les autres de Gènes. — Maintenant 
reposons-nous sous ce vaste berceau cham- 
pêtre placé dans la grande galerie. Comme 
le pampre grimpe et se marie heureuse- 
ment avec le bois rustique qui le soutient I 
comme ce dôme de verdure est joli 1 comme 
tout cela est élégant, léger! .. ce berceau 
est en fonte. — Si, dans vos voyages, il vous 
prend envie d'emporter avec vous du 
lait, toujours fiais, remplissez en vos po- 
ches!... Vous croyez que je plaisante? 
Non, je parle trè.>-.^érieuscment. On peut 
emporter maintenant du lait aussi bien 






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— 509 — 




qu'une tablette de chocolat. On a trouvé 
le moyen de transformer ce liquide en un 
corps solide ; dans cet état il ressemble à 
du savon de Windsor. Un morceau assez 
petit délayé dans de l'eau, donne une bou- 
teille de lait ordinaire. Que de métamor- 
phoses se font dans notre siècle I... quand 
on volt le liquide changé en pierre, et la 
pierre changée en liquide, comme, par 
exemple, Thuile de schiste, peut-on s'éton- 
ner de quelque chose?... — Si nous cou- 
rons dans le chemin du progrès, les Chinois 
ou plutôt les Chinoises n'y marchent guère, 
car elles continuent à mutiler leurs pieds. 
Un modèle en cire, exposé au Palais de 
Cristal, reproduit exactement l'un de ces 
membres que la civilisation de la Chine 
rend difformes; on n'y voit plus qu'un 
pouce rabougri , tous les autres doigts, 
repliés forcément sous le pied, ont fini par 

disparaître et faire corps avec la chair 

c'est hideux! Je i^uis persuadée que les 
Chinoises doivent avoir un mauvais carac- 
tère, car j'ai remarqué que rien ne rend 
plus grognon que d'avoir les pieds com 
primés. Tant mieux, si ces dames sont peu 
aimables dans leur intérieur, et si elles 
font enrager leurs maris; c'est un juste châ- 
timent du supplice que, par jalousie, les 
hommes imposent aux pieds des femmes. — 
Dans l'exposition chinoise on remarque un 
modèle de temple qui paraît très curieux; 
cet édifice religieux se nomme Joss. — 
Les étoffes de Chine sont fort riches, et les 
nuances des fleurs brodées ont un éclat 
sans pareil Cela me fait penser que Lyon 
a exposé une étoffe de &00 fr. le mètre. 
— Regardez , ma bonne amie , cette 
pièce de tenture blanche, c'est une feuille 
d'ivoire mince comme le papier, elle 
a cinquante trois pieds de long sur un 
pied de large. — Nous admirons sans cesse 
le travail de Thomme, admirons un instant 
celui des animaux. Lesabeilies, par exemple, 
ne perdent pas leur temps à l'exposiiion. 
Une quantité de ruches sont placées contre 
le vitrage de la galerie supérieure du sud; 




elles sont d'invention nouvelle , et la plu- 
part transparentes; on voit donc ces tra- 
vailleuses dans l'intérieur de leurs cases, 
puis sortir dans H^de-Park, puis revenir 
en foule, se presser en bourdonnant contre 
le vitrage extérieur, puis enGn chacune 
entre par le trou qui communique à sa 
ruche, et revient dans sa cellule où elle 
dépose son miel. Nous savons tout cela, 
nous avons eu Toccasion de l'exami- 
ner iiouvent, direz-vous. J'en conviens, 
car depuis leur création, ces industrielles 
n'ont changé ni leur manière de fabriquer 
le miel, ni leur gouvernement monarchi- 
que. On dit qu'elles ont cependant Inventé 
le proverbe : En cherchant le mieiix, on 
trouve k pire, — Entrons dans cette belle 
tente, venue, je crois, deTonqnin, pays ( ù 
la soie est si commune que les pauvres 
s'en habillent tout comme les riches. Cette 
tente ainsi que les meubles dont elle est 
garnie donnent l'idée de la mollesse et du 
syharitisme indien. Le soleil de ces cli- 
mats féconde le sol, mais il semble engour- 
dir les facultés de rhomm<>, qui ne pre- 
nant pas la p* ine de les réveiller, les laisse 
s'éteindre doucement. C'est qu'il manque à 
cet homme la lumière véritable , les rayons 
qui animent et chauffent sans brûler... le 
soleil du christianisme! — Des harnais 
pour les éléphants sont venus de La- 
hore, ils sont magnifiques; les selles de 
ces animaux sont faites surtout avec un 
grand luxe de velours et de broderie d'or. 
Elles forment comme une petite ^ente en 
dôme dans laquelle le voyageur est com- 
mudément assis ; des rideaux épais le dé- 
fendent contre l'ardeur du soleil. Malgré 
le pas égal de l'éléphant, il me semble 
qu'il faut un peu d'habitude pour se trou- 
ver à son aise, ainsi perché dans un belvé- 
dtr ambulant. — Les instruments de musi- 
que du Bengale témoignent de la singulière 
harmonie des concerts de ce piys, ils doi- 
vent parfaiitment ressembler à un chari- 
vari. — On voit aussi de petites maquettes 
représentant des Indous percevant les im- 



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- 310 — 




fè\B w fluUîea de la campigne, oo te- 
nant leur cour de justice en plein air. — 
De petits modèles ph» curieux encore, 
sont ceux repré&entant les pénitences reli- 
gîeuse» de ce pays. Des nialbeurenx sont 
coodaouiiés à tourner an soleil une lounde 
maclujie ayant à peu près la forme de nos 
jeux de bagues. Mais bien pins malheu- 
reux encore sont les pécbenrs qui» en 
expiation de leurs fautes., sont pendus par 
le milieu du corps aux branches de cette 
uuchioe^ et tournent, tournent lonjours I 
Les pénitences d'une religi<Mi toute maté- 
rîeile doifent être naiurelfemont toutes 
physiques. — Parmi les plus belles choses 
de l'exposition on doit placer le portrait de 
la reine Victoria, peint sur porcelaine de 
Sèvres, par Docioseau , d'après le portrait 
de Winterhalier, et surtout celui du prince 
Albert peint par Béranger. Ces deux por- 
traits furent donnés par Louis-Philippe à 
la reine d'Angleterre. — Du tempi que la 
reine Berthe filait , certes elle eût (Ai ve- 
nir k sa cour la paysanne suédoise qui a 
envoyé à l'exposition un écheveau de fil 
lung de 4,000 aunes ai ne pesant qu'une 
demi-ooœ. Celte œuvre éminemment lé- 
minine sera très-incomprise à notre épo- 
que. L'important, c'est d'arriver à point, 
et la pauvre ûleuse suédoise est venue trop 
tard... elle n'aura pas même, je le crains, 
une mention honorable à l'eiposition de 
1851. — Prenez le microscope vertical de 
Munich, qui grossit dix-neuf cents fois 
l'objet, .et regardez un noyau de cerise sur 
lequel sont gravés, en ronde-bosse, les 
portraits des douze poêles de l'Italie. Ce 
travail imperceptible à l'œil nu est d'une 
parfaite exécution, et ces douze grands 
hommes, ainsi réduits, méritent notre ad- 
miration- — Voici une selle norvégienne 
qui me semble très-commode, on y est assis 
comme dans un fauteuil-gondole, et de 
chaque côté, sur l'appui de ceue gondole, 
on a ménagé un trou pour recevoL: le 
manche d'un parapluie : le promeneur e^ 
ainsi préservé d'un coup de soleil et d'une 




[ aTtfseï Je ne signale reste aœélioratloii que 
j parce qu'eUe est facile à introduire chez 
j nous. — Le terre 4 terre est fart méprisé, 
I nous en avons la prenve chaqpe jour dans 
! l'empressement que Ton meta monter en 
balon, à s'élever au-dessus des nuages , à 
dominer notre pauvre planète ! Pour mon 
compte, j'aime mieux voirtout sinoplement 
les choses du haut de mes qnatre pieds 
neuf pouces que de me hasarder dans ces 
machines aériennes, quelque séduisantes 
qu'elles puissent être, et je a'ai aucune 
envie de mcmter dans ce ebar, suspendu 
au-dessus de l'une des galeries du Palais de 
Cristal; il va très-bien et vite, dit-on, tiré 
dans les airs par deux ceris-volants..... 
croyeï-le, mais n'allez pas y voir, je vous en 
prie. — Un manequin, homme d'adrr,arréte 
la foule, il est composé de 7,000 (>ièces 
séparées ; on peut lui donner tous les mou- 
vements du corps humain et aussi la forme 
de chaque personne, ce qui serait admira- 
blement commode pour les tailleurs. Le 
seul inconvénient de ce manequin, c'est 
qu'il coûte 175,000 framrs. 

— Au milieu de tous les magnifiques 
meubles en bois sculptés qui forcent sans 
cesse à l'admiration, nous devons men- 
tionner particulièrement le bu&iet de War- 
wick; immense dressoir, où l'on voit sculp- 
tés les événements remarquables qui se 
sont passés au château de Kenilwortb. 
L'infortunée reine Marie Stuart se retrouve 
plusieurs fois sur ce buffet historique. 

— J'ai vu un morceau de fer pesant 300 
kilogrammes , aller s'attacher à im fer ai- 
manté et y rester soudé , pour ainsi dire , 
sans autre lien que celui de cette force 
attractive. — Un échiquier en or, argent 
et émail, est d'une rare beauté : chacune 
des pièces qui le composent est une déli- 
cieuse statuette à mettre plutôt sons verre 
qu'entre les mains d'un joueur, qui ris- 
querait fort d'être distrait de sa partie, 
par ces charmants objets d'art, venus de 
Hanovre. — On ni|a fait remarquer un 
mouchoir tissé avec un fil estimé i!i,000 fr. 












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- 511 — 



la livre; c'est un progrès, disent les jctt- 
nés femmes ; mais les hommes prétendent 
que c*est reculer jusqu'au temps où Ton 
se... passait de mouchoir. 

— Dans toutes lessaisons maintenant on 
aura des légumes verts et savoureux. Un 
Français, M. Masson, a découvert un pro- 
cédé pour conserver les végétaux : c*est 
par la des^iccation et la compression. Avec 
une tablette d*un l^me quelconque , de 
trois pouces carrés , sur à peu prèi huit 
lignes d'épaisseur, on a cinq plats. Pour ren- 
dre à ces végétaux leurs qualités premières, 
on laisse tremper dans de Peau chaude la 
portion dont on veut se servir, et après une 
demi-heure on les retire, on les laisse 
égoutter, puis on les prépare comme s'ils 
étaient fraîchement cueillis. Celte décou- 
verte, heureuse pour tous, est un grand 
bienfait pour la marine, on pourra ainsi 
faire tenir dans peu d'espace une grande 
provision de légumes, ce qui combattra 
la mauvaise influence de i*alimcntatioB 
salée et améliorera la santé des marins, 
— Une table pour mettre l'argent et les* 
papurs à Tabri des voleurs et du feu me 
semble une heureuse invention. Ce genre 
de cuflire-fort consiste dans une boite en 
fer cylindrique, cachée dans la colonne 
qui forme le pied de cette table. — Il 
y a bcaucovp de pendules, et d'horloges 
remarquables à l'eiposition; nous cite- 
rons l'borloge de Jersey qui marebe qua- 



tre eents jours sans être remontée ; puis 
celle électrique et celle d'fxeter, aavre 
prodigieuse d'industrie mécanique, où je 
trouvent les détails les plus compliqués, 
entre autres un almanach perpétuel mar- 
quant les années bissextiles, horloge qui 
ne demande à être réglée qu'une fois tons 
les cent trente-six ans. Le patient artiste 
qui a fait cette horloge y a travaillé trente- 
six ans. Il est mort dans la misère ! 

— Pendant que nous en sommes aux 
inventions utiles, laissez-moi vous montrer 
ce petit modèle d'omnibus-cabriolet, venu 
d'Ecosse ; il est déjà exécuté en grand, et 
je l'ai vu circulant dans Londres. Chacun 
s'y trouve placé dos à dos, mais dans une 
case particulière et bien séparée; on y 
arrive facilement et sans déranger per- 
sonne. Ce nouveau véhicule me parait fort 
commode ; j'espère qu'on ne tardera pas 
à l'introduire en France où, malgré les 
améliorations, on sait trop souvent encore 
ce que pèse un voisin d'omnibus !.. . 

J'ai peur que vous ne sentiez aussi le 
poids d'une lettre trop longue, et je finis, 
après vous avoir promenée au milieu 
des 78 pays qui se sont faits représenter au 
Palais de Cristal, mais sans avoir pu vous 
désigner tout ce qu'il y avait de remarqua- 
ble à l'exposition universelle de 1851. 
Votre amie dévonée, 
Emma Ferrand de Beaujovah. 




Écouomie Domestique. 



LIMONADE. 




Achetez : 20 citrons. 

1 kilogramme de sucre. 

Enlevez le zest des citrons, frottez des- 
sus des morceaux de sucre, jusqu'^ ce que 
vous en ayez retiré toute l'huile ; coupez 
les citrons en denx , fakes-en sortir le jus 
en les pressant au-dessus d'un saladier, 
passez ce jns à travers un tamis de crin , 




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-r. 



réiilj^sez en poudre le sucre, mêlez-le avec 
le jus, jusqu'à ce que vous en ayez formé 
une espèce de gelée, et mettez-la dans des 
pots de confiture que vous couvrez d'un 
papier. 

Pour offrir un verre de limonade vous 
délayez dans un verre d'eau fraîche une 
cuillerée de cette gelée. 



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— 512 — 



SIROP DE PUNCH. 



Rhum, première qualité, 125 grammes 
[h onces). 

Alcool, à 36 degrés, 125 grammes ( k 
onces ). 

Sirop de sucre 750 grammes ( 1 livre 
8 onces). 

Esprit de citron 7 grammes 8 déca- 
grammes (2 gros). 

Acide citrique et tartriqne ( ^0 grains). 

On fait dissoudre Tacide dans le rhum, 
puis on y mêle le tout que Ton verse dans 
une bouteille bien propre et séchée d'a- 
vance. Ce sirop se conserve longtemps, i 




Lorsqu'on veut préparer du punch, on 
prend T grammes 8 décagrammes (2 gros) 
de bon thé, on le lave dans une petite 
quantité d*eau froide que l'on rejette, puis 
on le met dans une théière ; on fait bouil- 
lir une pinte d'eau, on la verse dans la 
théière; au bout de quinze minutes on 
passe le thé, et on y ajoute autant de sirop 
de punch qu'il en faut pour plaire aux 
dames. 

Quelques personnes, au lieu de thé, font 
une infusion de café; ce punch au moka 
e&t aussi fort agr'^ble. 



CRÈME D'ANIS. 



Prenez 125 grammes (un quart) de 
graine d'anis. 

500 grammes de sucre ( une livre ). 
93 centilitres (une pinte) d'eau-de-vie. 
Faites cuire le sucre dans deux verres 



d'eau ; quand il est cuit jetez-y les graines 
d'anis, puis l'eau-de-vie, et mettez le tout 
infuser dans une cruche pendant six se- 
maines. Filtrez à travers une chausse de 
papier Joseph. 



CORRESPOIVDANCE. 



Ma chère amie, 




Voici l'automne qui s'avance à grands 
pas, accompagné, soir et matin, de son 
petit vent froid qui nous crie de renfermer 
nos effets d'été et de sortir ceux d'hiver. On 
fait poser les tapis, les bouitilets. .. A pro- 
pos de bourrelets; pour les vestiliules et les 
salles à manger qui sont dallés , p^r con- 
séquent souvent lavés , je te conseille de 
placer en dehors, par terre, dans toute la 
largeur des portes, un gros bourrelet rem- 
pli de sable au lieu di^ filasse ; ce bourrelet 
empêchera le vent d'entrer; on le relèvera 
pour laver les dalles, et le printemps venu, 
on le meltra au garde-meuble. 

Mai:i pour renfermer nos robes, j'ai 
inventé cette boîte dont je t'envoie la des- 
cription. 

Tu sais que h robe la plus riche, si elle 



est froissée , perd de sa valeur, et que nous 
n'avons pas, comme nos mères, ces grandes 
armoires à porte-manteaux, ces grands ca- 
binets de toilette Voici comment j'ai 

remplacé t')ut cela. 

Commande à un layetier une boite de 
bois blanc ayant 1 mètre 25 centimètres 
de haut, sur 70 centimètres de large, et 
50 de prof )ndeur, que celte boîte ait un 
couvercle retenu par des charnières en fil 
d'archal, et qu'il ait. des trois autres côtés, 
un rebord qui rabatte sur la boîte; fais po- 
ser, de chaque côté du haut de cette boîte, 
deux poignées en fer poli. Cette boîte sera 
garnie en dedans avec du papier gris- bleu. 
Fais clouer, des deux bouts, quatre rubans 
de fil, longs de 52 centimètres, an derrière 
et au devant de la boîte, à égales disunces, 
et 5 centimètres plus bas que le haut de la 
boîte. Introduis une robe entre le côté 






^^^^3 









— 515 — 



droit de la boîle et Tun de ces rubans, 
rabats, par dessus ce ruban, le corsage 
et les manches» de manière à ce qu*ils re- 
tombent de l'autre côté de la jupe, tends la 
ceinture de la robe le long dé ce ruban sur 
lequel tu rattaches avec deux épingles; in- 
troduis une seconde robe entre le premier 
et le second ruban , suspends-la de même 
à ce second ruban, en faisant retomber 
manches et corsage du côté opposé à la 
jupe de la seconde robe, et ainsi de suite 
pour les deux autres robes. 

Si tu es obligée de placer cette boite 
dans la chambre , tu la feras couvrir d*un 
papier orné de kiosques et de Chinois, 
cela aura Tair d'un meuble venu du Cé- 
leste Empire. 

J'ai beaucoup de choses à t'écrire aujour- 
d'hui; mais j'attends notre amie, elle m'ai- 
dera... Cependant, me disje, autrefois, 

j'étais Feule — Autrefois, répond ma 

pare>se, tu n'a ais pas quarante it quelques 
travaux à expliquer... » Ci'tte discussion 
allait ( ontinuer lorsque Florence entra, 
a J*ai reçu ton invitation» me dit-elle : 
» Mademoiselle Jeanne prie mademoi- 
» selle Florence de lui faire le plaihir de 
» venir passer la soirée chez elle, le 25 
» beptembrt 1851. 

» On se réunira à huit heures. On eau- 
» sera en travaillant. » 

< Et je viens à deux heures pour travail- 
ler en causant. — Que cela est bien pensé I 
que cela est bien diti » m'écriai-je en l'em- 
brassant sur les deux joues. 

Elle se débarrassa de son châle et de 
son chapiau, puis, ôt.<nt ses gants, elle se 
plaça devant ma table, prit du papier, une 
plume, et leva sur moi ses yeux qui di- 
saient : commençoi s. 
— Àh ! je vois que lu connais ce vers : 

Et qui satisfait tôt, satisfait doublement, 

répondis-je à son regard en dépliant notre 
X"* planche, dont je lui dictai ainsi l'expli- 
cation : 
Le n^ 1 est un riche dessin de bas de 





jupon qui s'exécute en broderie anglaise 
et en points de feston, pour l'entourage des 
feuilles et pour les deuts du bas. 

— Je suis bien fâchée que iu aies donné 
une destination à ce dessin, j'en aurais 
fait un devant de nappe d'autel, ou bien, 
le bas d'une aube et ses manches... 

~ Rien ne t'en empêche^ ma mignonne. 
Le n"" 2, Bérénice^ se brode au plumetis. 

Le n"" 3 est un petit dessin qui se fait en 
broderie anglaise, pour garniture de bonnet 
de nuit 

Le n"" U est une boutonnière de chemise 
d'homme ; elle se brode au plumeti<i. 

Le u° 5 ( st une autre boutonnière pour 
chemise de nuit ou peignoir de femme. 
Elle se brode au plumetis et an point 
d'arme. Je te conseille de couvrir de 
noeuds cette feuille de vigne. 

Le n** 6 est un entre-deux pour broder 
à l'anglaise et en points de feston. 

Le n"* 7 est encore un dessin qui se 
brode de même, pour bas de jupon.. Les 
sept petits ronds se font au plumetis. 

Le n"* S est une bande qui se brode au 
crochet, pour couverture de lit. 

Le n*" 9 est un dessin de filet carré qui 
se brode en rf prises ; il fait le pendant de 
celui de la planche ViL Et, à propos de 
ce dessin 9 je préviens nos amies que je me 
suis trompée... le 1", représente VÉié; le 2*, 
celui-ci, représonle le Pnntemps; tu au- 
ras, en 1852, l'^u/omne, sous les traits 
d'un gros Bacchus élevait une coupe en- 
tourée de raisins , et V Hiver ^ sous ceux 
d'un vieillard à longue barbe, couvert d'un 
long manteau et chauffant au feu ses longs 

doigtji. 

I^ n* 10 est un dessin de tapisserie qui 
convient à des pantoufles de dames. Pour 
exécuter ce dessin, on emploie du lacet 
d'or et de la chenille. Le lacet se place, 
comme tu le vois, au njilieu de la grecque 
noire, il couvre deux carrés du canevas, 
on l'arrête sur le canevas, par deux points 
en soie bleue. Ce mélange de laine, de che- 
nille, de soie et d'or produit un gracieux 





-*^^ 




r%*r^~ 








— 514 — 



eiét. Ce 4eflnn sert aussi |)oor un élégant 
cabas. An lien de lacet d'or , on pem 
mettre un lacet de soie jaune d'or. 

Le B* It ce Eont les signes qui repré- 
sentent les eonlenrs employées dans ce 
éessin. 

Le n"" 12 est une mancbe qoi se porte 
0008 aae ntnche pagode. Cette manche 
est montée sur un poignet sur !ec[nel rabat 
mw manchette brodée à l'anglaise. 

Le n* i3 est mi fkhu de dessons. 
Denx garnitures sont froncées légère- 
ment au milîen et au bas d*nn petit col- 
let ; le o6té droit dn devant est orné de 
petits plis dont le dernier reeouTre les 
points qui consent une garniture pareille 
Ml col; le côté gauche a au milieu un es- 
pace vide, cekii snr leqoel rabat la garni- 
ture de droite, poi?» après cet espace vide 
est cousue une garniture qui a Tair de 
faire partie du jabot. 

Le n* 1û est une camisoUe de nuit sur 
la forme des katzawecks dont le journal a 
donné les patrons. 

Le n" f 5 esi un bonnet de nuit ou du 
matin, ce bonnei est formé de petits p'is^ 
d*entre-deux et de ba:«des brodées à Tan- 
glaise. 

Ici finit.. . bien à regret ! la description 
de la planche de la petite édition. 

Le n** 16 est une pale qui se brode an 
phimetis, sur mousseline, ou au métier, 
en soie fine, demi torse, sur gros-de-Naples 
Manc ou noir ; on fait les rai*tins, en gros 
bleu; les tortillons, en vert clair; les feuilles 
de vignes, de deux verts ; les cdtes, du vert 
le plus foncé; les tige-», couleur bois foncé ; 
les épis de blé se font jaune paille, leurs 
tiges couleur bois; le nœud qoi les noue 
se fait en rouge. Les lettres et la croix se 
font en jaune; les feuilles, de deux verts; 
les rosaces, en rooge ; les pois, gros bleu ; 
les losangt's. vert clair. î.e cœur se feit en 
rouge; les flammes, en jaune, et la cou- 
ronne d'épines, couleur bois foncé. 

Le n* 17 est le quart d'un mouchoir qui 
se brode au point de feston. 




Le nr* 18 est un antre quart de mouchoir; 
il se brode : les ronds, la tige qui se tronvc 
à la corne et le bas de ces dnq espèces de 
pétales, an plumetis; le reste, en points de 
rose, on points de feston formant feuilles de 
rose. 

Le n* 19 est un col du même dessin 
que le n^ 7, il se brode de même. 

Les deux n** 20 indiquent par un poin- 
tillé jusqu*où Fou doit continuer le dessin 
de ce col pour en faire une manche pagode. 
Tu as donc sur cette planche col, manche, 
bas de jupon, ou garniture pareils. 

Le n'* 21, Amanda^ le n* 22, Virginû^, 
se brodent au plumetis. 

I>e n* 23 et le n* 24 sont de riches 
entre-deux en broderie angla'se. Ils peu- 
vent servir pour peignoir, pour camîsolle. 
Si on y ajoute une large dent ils servent 
pour volant ou bas de jupon. 

Le n** 2d est un entre-deux pour broder 
entre les plis d'une chemise d'homme on 
d'un peignoir de femme. 

Les n~ 26—27 et 28 sont de jolis entre- 
deux pour fichus-guimpes et pour poignets 
de manches. 

Revers de la grande planche. 

Le n* 29 est un dessin pour volant ou 
pour bas de jupon, en broderie anglaise, 
points de cordonnet et points de rose. 

Le n* 30 est un dessin en points de fes- 
ton pour bandes de bonnet de nuit et gar- 
niture de camisolle. 

Le n» 31, Marguerite, se brode au plu- 
metis. 

Le n» 32, Mariette, au plumetis, et Técus- 
son en points de chaînette. 

Le n** 33, Amélie, au plumetis. 

Le n" 34 se brode : les ronds au plume- 
tis, le reste en points de cordonnet et les 
dents en points de feston. Ce dessin sert 
pour bandes de col , de guimpe et de ca- 
misolle. 

Le n* 35 est un des devants d'une Teste 
grecque ; ses dessins sont au nombre de Ix; 
ils se reconnaissent par un pois noir au mi- 
lieu. 



'ï'.^^ 













— 51» — 




Le n" 36 est la moitié du dos ; ses des* 
sÎBS sont au nombre de U^ ils se reconnais- 
sent par uoe croix an milien. 

Le n^ 57 est la mancbe, ses dessins sont 
an nombre de U, ils se reconnaissent par 
quatre petites barres croisées. 

Les trois lignes du bas de cette mancbe, 
èa bas du devant et du bas dn dos, ainsi 
ffue les deui lignes de diaqne côté dn des- 
sous dn bras, se couvrent d'une petite 
sontacbe d*or; les dessins formés de trois 
Ugnes se couvrent de même , ceux formés 
de deux lignes se couvrent d'une peiil^e 
ganse plate. 

Cette veste se tai le en drap, on en ve- 
lours bleu de France, ou rouge; elle se 
porte sur une robe habillée, au coin an 
Ceu, dans le salon, pour dîner ; elle ne s'at- 
tache pas. On la double de s^ie blanche, 
bleue OH rouge. 

— il me semble, Jeanne, que cette veste, 
ainsi brodée, est pour les dames et non pour 
les demoiselles. 

— Oui, ma chère, n<>us nous réservons 
le plaifir de la broder. Mais elle peut aussi, 
entourée d'un seul gaiwn ou d'un velours, 
servir pour les petites filles et pour les pe- 
tits garçons; on change alors la ganse et la 
soutache d'or, en ganse et en soutache de 
soie jaune. 

— Âs-tu encore besoin de mes services, 
comme scribe? 

— Certainement. Notre gravure de 
mode représente deux jeunes dames^ c))ez 
eHes, prêtes à sortir ; il ne leur mancfne 
plus que le cachemire, on le manteau. 
L'une est vêtne d'une robe dont le corsage 
a une basque ajoutée tout autour, garnie 
de deux rubans de la couleur de la robe; 
les manches sont taiHécs en droit-fil, la 
Sêuk couture qu'il y ait, se trouve devant; 
elles sont garnies du bas de deux rubans 
froncés ; le tour du col est garni de m£fme ; 
k jupe se ierne devant par des nœods de 
mban qoe terminent des petiu grelots de 
soie ; on aperçoit, en des&ouf^, des manches 
pagodes garnies de deux garnitures bro- 




dées. I^s bandeaux blonds de cette datne 
sont on inlés, sa capote est de gros-de- 
Napies blanc. L'antre dame a une robe 
dont le corsage est ouvert dn haut dn 
devant jusqu'au haut du bnsc et ornée à 
4 droite et à gauche de gros boutons en pas- 
sementerie rappelant les conlenrs de la 
robe; i partir du haut dn base jusqu'à 
la pointe du bas du cordage, il n'y a pins 
qu'un rang de boutons ; la jupe s'ouvre sur 
le côté g'Uiche; les manches, taiUées en 
biais, ont, dans le bas, six grandes detits de 
loup terminées, à la pointe du haut, et à 
celle du bas par un de ces mêmes boutons. 
Je ne conseille pas la bande d'étoffe qui est 
cousue au bas des dents; les manches 
blanches qui les dépassent sont très-larges 
et montées sur un entre-deux brodé. Son 
fichu, ouvert devant, a un col de dentelle 
qui rabat. Son chapeau est de velours gre- 
nat. 

— ^ Elles sont él''gantGS , ces dames ; 
mais, à part h lichesse des étoffes et des 
ornements une demoiselle à marier pour- 
rait, il me semble, se meure de même. 

— Mais^ oui, ma chère, c'est bien ainsi 
qtie je Tenten 's. 

Notre tapisserie coloriée représente uoe 
espèce d'oiseau de paradis perché sor une 
branche, posée au-dessus de différentes 
fleurs jetées dans une espèce de coquille 
fc;rmée d'arabesques. 

Ce dessin fera un riche coussin sur un 
canavas n"* "20. 

Il pourra servir pour écran de chemi- 
née, pour milieu de descente de lit, ou 
pour devant de canapé. Il y a longtemps 
que tu n'as eu d'encadrement, je t'en en- 
verrai un pour ce dessin, à moins que tu 
ne l'encadres de mousse sur une largeur de 
12 centimètres, ce qui serait nouveau et de 
bon goût Ce dessin de tapisserie, sur du 
canevas n"" 20, aura déj^ près de 60 cen« 
timètres de haut, tu laisserais 8 centimè- 
tres entre la mousse et le dessin, ce qui te 
ferait un tapis de 80 centimètres de large 
{ auqnel tu donnerais 1 mètre 90 de Icng. 





i,',i>«d^' 












A propoSy^on fait les devants de cheinioée 
sur un carré de 1 mètîe 80 c^niîmèlres, 
ce qui est plus confortable» car on était 
assis devant h feu... et devant un tapis, 
maintenant on aura les pieds dessus. 

— As-tu loutdit, Jeanne? 
-— Ouï, pourquoi ? 

— C'est que j'aurais quelque chose à 
ajouter. 

— Parle 1 

Du choc de deui catUoui doit jaillir la lumière. 

— Eh bitn 1 excepté le bec, l'aile et les 
pattes on peut broder cet oiseau au passé, 
le passé ressen[iî)li'ra davantage à des plu- 
mes, et ce genre de bro ierie fera res«*orlir 
davaniage l'oiseau sur le fond mat et 
uniforme du point de tapiss* rie. 

— C'eit évident I et c'est bien facile à 
faire... Un moment, j'ai aussi moa idée... 

-— Tu veui dire ion étincelle , pour 
continuer la comparaison du cailloxi, 

— Moqueuse 1... Ost qu'on peut aussi 
broder cet oiseau au petit point... mais 
mon idée ne vaut pas la tienne, car elle ne 
fait pas ressortir l'oiseau. 

— Et l'énigme, et le rébus du mois der- 
nier? 

— Vrai?... tu n'as rien deviné? 

— Non ! 

— L'énigme, c*est la lettre C, 
Le rébus représente : un Camp — un 

til arbre dont l'écorce sert à faire des cor- 
des à puits — un faix (un f irdeau) sur 
les crochets d'an portefaix — un beau ( un 
dandy ) — un mai — un thon sur le nez 
d'un âne — la ville de Mantes (la jolie) , 
comme dit le sobriquet— et des os... tout 
cela Yondrait dire : 

Qiuind il fait beau mets ton manteau, 

— Eh bien! cela le dit parfaitement... 
pour l'oreille. Mais voiià le Journal fini, 
causons un peu. Tu as donc une soirée 
d'amies?... à quelle occasion?... sans être 
trop curieuse. 

— C'est la fôte de ma mère. Nous voa- 



— 51G — 

Ions lui faire une surprise. Ma soirée est 
un prétexte; les pères, les mères ont reçu 
des lettres conQdeniielles et viendront 
comme pour a^nener leurs filles, les autres 
personnes invitées Feront censées être ve- 
nues.. . par hasard. Le plus difficile, c'est de 
faire habiller ma mère. Silence. .. la voici! » 
Nous nous leva nés, elle tendit sa ma'n 
à Florence qui la prit et y posa ses lèvres. 
« Je vous dérange de votre travail , mes- 
demoiselles, nous dit-elle gracieusement. 

— Non, madame, répondit Florence, 
nous parlions de vous. 

— Comment cela ? 

— Oui, maman , et de la jolie robe 
que votre couturière Tient de vous en- 
voyer. 

— Ah ! madame , reprit Florence, si 
j'osais vous prier de la mettre aujourd'hui; 
mon père et moi nous dînons avec vous, 
faites- nous les honneurs de cette robe 
nouvelle ! 

— Je n*ai pas de bonnet assez frais, mon 
enfant 

— N'en mettez pas I m'écriai-je ; aussi 
bi^^Uy mon père me disait l'autre jour: Re- 
garde ta mère , elle est en cheveux ; ja- 
mais elle n'est mieux coiffée. 

— Il t'a dit cela? demanda-t-elle en 
souriant. 

— Oui, maman. 

— Au fait! il me vienlra peut-être 
quelques personnes... grâce à ta soirée. Et 
moi qui voulais rester en robe de chambre. 

Allons! je vais faire ma toilette Mire 

propose et fille dispose! ajouta-t-elle en 
riant. » Puis après nous avoir embrassées 
mon amie et moi, elle sortit 

« Tu m'as entendue à demi-mot, ma 
chère Florence, je t'en remercie, et tout va 
pour le mieux. Passons an salon ; demain, 
je finirai ma lettre à notre amie » 

Ce matin, seule, et toute à toi, je viens 
te raconter notre soirée. Louise, Berthilde, 
Marie, que tu connais déjà, furent des 
premières arrivées. Après les compliments 
d'usage, je les fis asseoir autour d'une 








■*^'z> 




-- 3!7 — 



table ronde recouverte d'un tapis, et cha- 
cune prit son ouvrage, a Savez -vous quel- 
que chose de nouveau, mesdemoiselles? 
leur dîs-je m'asscyant à mon tour. 

— C'est bien vague, ma chère, répon- 
dit en riant Berthilde, précisez... et nous 
Terrons I 

— En modr;s d'hiver, par exemple. 

— Ah l votre question est intempestive... 
attendez ! 

^- Atti ndez ! c'est bon à dire à nous, 
mais non à nos amies de province ; elles , 
qui veulent en novembre recevoir les mo- 
dèles de leurs manteaux d'hiver. 

^- Mais à moins de les deviner ou de les 
inventer, jo ne vois pas moyen de satisfaire 
ces demoiselles. Je sais cependant que le 
manteau-Talma que vous avez donné l'hi- 
ver dernier, on le portera sous le nom 
de manteau Henri HT. 

-— Sans doute, repris-je, parce qu'on le 
brodera en soie, en or, en perle*, comme 
devait le porter ce roi si coquet. Cette 
année nous ajouterons : un large collet fai- 
sant revers, ou bien un capuchon orné d'un 
gland, on bien encore une espèce de pè- 
lerine à pointe derrière et à pointes de- 
vant, terminées chacune par un g^and; je 
donnerai cesdiffért'nts patrons le l*' novem- 
bre. Je vois que les capotes de velours 
seront rendues plus légères par de la den- 
telle. A propos de dentelle, vous connaissez 
l'application de Bruxelles, elle ne se faisait 
qu'en fil b'anc ; des demoiselles de Gand 
viennent de la faire fabriquer en soie noire, 
elles ont exposé au Palais de Cristal un 
châle de deux mètres carrés qui est admi- 
rable. C'est une invention heureuse : on 
obtiendra des fleurs plus jolies , et quand 
une dentelle sera usée on pourra en repor- 
ter les fleurs sur un autre fond. Cette in- 
dustrie nouvelle, due à des sœurs qni ont 
vonlu ainsi se créer une position, une for- 
tune, mérite tout notre intérêt. 

— Je lui accorde ma protection, dit 
une petite fille qui venait d'entrer avec sa 
grande sœur ; j'ai essayé l'autre jour une 





barbe noire, cela m'allait très-bien, v Nous 
nous regardâmes toutes en souriant... Je 
continuai. « Les couleurs sombres : le noir, 
le puce, le gros vert , le bleu de France 
seront de mole ainsi que les carreaux 
écossais; les raies ont disparu. J'ai vu des 
mérinos f(»nd noir dont le fon 1 étiit cou- 
vert de larges dessins de flturs formant 
conrant. Les voilettes de tulle noir seront 
toujours brodées en soie jaune ; je conseil- 
lerais pour soirée une robe de gros-de-Na- 
ples, d'un n >ir terne, dont le devant de la 
jupe serait semé de petits jais noir, ainsi 
que tout U corsage et les manches courtes, 
ou le bas des manches longues, cela serait 
simple, élégant Avec cette robe, on mettrait 
dans ses cheveux une barbe en application 
de soie noire, retombant derrière des touf- 
fes de roses sans feuilles, posées de cha- 
.que côté et recouvertes d'anneaux entre- 
lacés, formés de petits jais noirs. 

— Oui, cette toilette me plairait, inter* 
rompit la petite fille. 

— Je vous demande pardon, mesde- 
moiselles , nous dit sa'grande sœur, pour 
les excentricités de cette enfant, j'ai bien 
de la peine à lui faire comprendre qu'il 
y a des ensemble de toilette comme celle- 
ci, par exemple , qui ne conviennent qu'à 
de jeunes dames. .... Parce qu'elle a fait sa 
première communion cet été elle se croit 
tout permis. Savoir s'habiller d'une ma- 
nière toujours convenable, n'est pas chose 
déjà pour nous si facile... 

— Mais enfin, ma sœur, est-ce que je ne 
pourrais pas avoir quelque chose dans mes 
cheveux? 

Non, ma fille : si tu avais mon âge, tu 
pourrais, dans une soirée , porter sur tes 
bandeaux, ou parmi tes boucles de cheveux 
à l'anglaise, plusieurs longues rangées de 
chaînes formées d'anneaux larges de 6 cen- 
timètres faits de morceaux de chenille ou 
de ruban large de 3 millimètres , dont les 
deux bouts sont colléi l'un sur l'autre par 
un peu de gomme ; tu pourrais aussi en 
porter sous ta capote. 




e:^>^ 



^ij 








^!a 




— En ce cas j'altendrai, reprit la peiîte 
fille ; ce qui me console, ajouta-t>elle, c'est 
que les écharpes reviennent à la motie et 
qne, pour porter des écharpes, il n'y a pas 
d'âge. 

— Moi, ajouta Marie , je sais que pour 
aller avec nos gilets, nous porterons des 
crafates... Mon Dieu, oui, grâce k nos 
bottints à hauts talons, à nos pantalot^s et 
ànospaietols, on ne reconnaîtra bientôt plus 
le beau sexe d'dixec celui qui n'est [ as beau. 

— Chut)... dit t(»ut bas Louise, si nos 
frères, si nos cou.-in"^ nous entendaient!... 

— Mais rassurez- vous, mesdemoiselles, 
continua Marie, nos cairotes nous sauve- 
ront... nous ne porterons pas le chapeau 
de CCS messieurs. 

— J'ai lu, dit Florence, que les An- 
glais ont découvert des mines d'or en 
Australie; c'est dans le milieu d'un tor- 
rent nommé Ophh- (le mol est joli); on 
en tire des morceaux de deux kilogram'ues. 

— Eh bien, cet or, repitli petite fille, 
il devient trop commun, je le dédaigne. 

— Esl-ce ainsi que le renard? » lui dit- 
on. Elle fit une petite moue et ne répondit 

pas. 

« Vou»; savez , continua Florence, que 
M. Petin prétend p )uvoir diriger les bal- 
lons. Leur origine est encore tjute mo- 
derne. 11 y a 60 an»*, mad'^me ^Tontgolfier 
faisait sécher une robe d'enfant sur un pa- 
nier d'osier, au milieu duquel était un ré- 
chaud allumé, dont l'air rare fié entra sous 
la robe et l'enleva jusqu'au plafond. Cet 
accident donna à M. I^îontRollier l'idée 
du ballon nommé inonUjnlfière, du nom 
de son auteur. Ce système a été aban- 
donné; maintenant les ballons sont gonflés 
par le gaz. Quant au parachute on le doit 
à M. Garnerin; m^is celle invention n'est 
pas de lui. On dit que des esclaves In- 
diens, pour amuser leur maître, se lais- 
sent tomber d'un Heu élevé, en tenant à 
la main un parapluie. 

— Croyez-vous que Ton puise parve- 
nir à diriger les ballons? demanda Lonise. 





— Si Dieu le permet , tout e^t permis 
au génie de l'homme... mais j'avoue que 
jusqu'à présent je n'en voâs pas l'milité. 

— Ni moi, ajouta ta petite fille. D'ailleurs, 
les ballons deviennent aussi communs que 
l'or de la Californie et de l'Australie; ils sont 
cause que l'on a inventé, pour amaser les 
enfants, des parachutes en papier et que la 
promenade n'est plus possible ; à chaque 
instant on reçoit sur la tête un parachute et 
ses fic<'lles, tandis qu'un autre vous embar- 
lificotc les jambes... Enfin, mesdemoiselles, 
ce qui est fort laid, c'est que dans l'aUée de 
Diane, aux Tuileries, les marronniers por- 
tent des parachutes suspendus i leurs bran- 
c!i&s, comnM ce printemps ils portaient âe9 
fleurs... M. le préfet de police devrait bien 
défendre ce nouveau joujou que le veit en- 
lève aux petits enfants... ce qui les fait 
pleurer. 

— M. Carlier prot^era «ae industrie 
qui def)ui^ un mois a rapporté au com- 
merce plus de /iOO,000 fi*., mademoiselle, 
lui dit Florence. 

— C'est bien ! reprit la petite fiUe. Mais, 
autrefois, sur les boulevards, c'était nue 
petite grenouille verte que... Vindusirie 
fai^iait sauter devant nous; maintenant» c'est 
une grosse araignée noire qui grimpe avec 
ses grandes pattes... Vous avouerez, ma- 
demoiselle, que ce joujou peut éire dan- 
gereux je ne dis pas pour moi... mais 

pour les dames qui sont.. Eiles'arr^. 

— Dans une position intéressante^ 
comme disent les Anglais, ajouta Marie, 
i-etenant une bonne envie de rire..... A 
propos de bête, reprit-elle d'nn air grave, 
il n'est par une de nous qui n'ait détourné 
les yeux avec un sentiment de sonlfrance, 
en voyant passer ces voitures remplies de 
veaux, les quatre pattes liées, les têtes pen- 
dantes, les yeux et la langue gonflés de sang ; 
le conducteur, assis mollement sur leur 
corps, les jetait ensuite durement à terre, 
et le boucher venait terminer lenr fongne 
agonie... Eh bien! un brave homme, le 
père Fusz, a consacré dix années de priva-* 



vi^â? 




^" 





4:. 



•Ç^a. 






— 519 — 




tions et de misère ponr inventer et con- 
struire une Toiture qui pourra amener 
au marché seize veaux ayant chacun 
une petite auge, contenant de quoi boire, 
de quoi manger... 

— Brave homme I dit Florence, TAcadé- 
mie devrait bien lui décerner un des prix 
de vertu. Tous savez, mesdemoiselles que, 
chaque année, le 2h août, l'Académie dis- 
tribue les prix que M. de Montyon a légués 
par son testament aux bonnes et belles 
actions et aux livres les plus uilks aux 
mœurs. Cette année, le prix le plus élevé, 
&,000 fr. , a été donné pour un livre inti- 
tulé : Histoire pkilosophiqiLe de F Académie 
de Prusse. 

— Je ne comprends pas! ... dit Berthilde. 
Quel rapport y a-t-il entre Tamélioration 
des mœurs en France et ce litre? 

«—A , 000 fr . ! s^écria Lovise,on peutmain- 
tenant travailler pmir le roi de Prusse! 

—Sans plaisanterie, mesdemoiselles, re- 
prit Florence, je crois que TAcadémie a 
oublié de lire les livres que des femmes 
ont dû lui envoyer, car, parmi celles qni 




écrivent, il en est beaucoup dont les cen- 
vres sont dignes de récompense , et pas 
une femme n'a été citée. 

— Leurs livres sont utiles, ajouta Ber- 
thilde, ils seront lus, ce sera leur récom- 
pense; et qui est-ce qui lira l'Histoire 
philosophique de l'Académie de Prusse? y^ 

En ce moment, dix heures sonnaient, 
c Mesdemoiselles, dis-je à mes amies, voilà 
le signal convenu, soyez as^ez bonnes pour 
m'aider à fêter ma mère. » J'apportai une 
corbeille remplie de fleurs, et chacune de 
nous tenant un bouquet à la main, nous 
nous rendîmes au salon, où la surprise et la 
joie de ma mère furent complètes. Mon 
père fit servir thé, punch, glaces, petits 
gâteaux ; puis je jouai quelques polkas, 
quelques valses, que dansèrent papas et 
mamans, et à minuit, je regagnai ma pe- 
tite chambre où je m'endormis bien heu- 
reuse.. . 

Puisses-tu l'être aussi, car si tu ne l'étais 
pas, ma joie ne saurait être complète. 

Adieu! Toute à toi. 




ÉPHÉineRIDES. 

17 OCTOBKE 1571. "—Bataille de Lépante. 



L'Occident était en proie aux guerres 
civiles et religieuses; l'Orient et le Midi 
se voyaient menacés par les armes musul- 
manes; les belles lies de la Méditerranée 
étaient devenues la proie des Turcs, et 
Ton se demandait avec effroi quel serait 
l'homme, quelle serait la nation qni s'op- 
poseraient à cet envahissement des bar- 
bares. Yenise était appauvrie par la guerre 
et la famine; Sigismond, le dernier de» 
Jagellons, s'oubliait dans la mollesse et les 
plaisirs : l'Espagne se débattait contre les 
Provinces-Unies ; l'Angleterre» protestante, 
n'avait plus souci des périls de la chré- 
tienté ; la France était occupée chez elle 
par des guerres de religion : le pape Pie V 
éleva seul la voix et prêcha la nouvelle 



croisade; il fut entends. L*ordre de Malte, 
Venise, la Savoie et l'Espagne réimirent 
leurs forces navales, doit le commande- 
ment fut donné à don Jmn d'Autriche, 
frère de Philippe IL La flotte chrétienne 
rencontra la flotte musulmane dans le 
goUé de Lépante, à la hauteur des lies 
Gursolaires, près du rocher de Leucade et 
du cap d'Actium, où Octave arracha au- 
trefois l'empire du monde à son puissant 
rival Le combat fut court et meurtrier ; 
Hali-Pacha fut tué à bord du vaisseau 
amiral, et sa tête, arborée sur la galère de 
don Juan, devint le signal de la victoire 
ponr les chrétiens. Cent trente galères 
ottomanes tombèrent en leur pouvoir; 
quatre-vingt-dix furent brisées sur le ri- 







<ïS^^ 



TSge on englouires dans les flots; vingl- 
cioq mille Turcs trouvèrent la mort dans 
le combat, et cinq mille furent réservés à 
la captivité. Les chrétiens aussi avaient 
essuyé de grandes pertes ; ' iguci Cer- 
vantes fut au nombre des bifssés. 

te saint pape Pie V s'enlreicnait à Rome 
arec son trésorier, an moment de la ba- 
taille, lorsque tout à coup il Be lève, le 
visage baigné de larmes, el s'écrie : 



« Gloire ï DienI l'armée chrétienne est 
triompliante [1). u 

Pour ptTpétuer le souvenir de cette 
éclatante victoire, saint Pie V institua 1> 
fête de Notre-Dame du Rosaire, qui se cé- 
lèbre le premier dimanche d'octobre, et 
ajouta aut litanies de la sainte Vierge l'in- 
ïucation : Àuxilium chrisiianorum, ora 
pro nobUl Secours des chrétiens, priei 
pour nous! 




L'avenir n'appartient qu'à Dieu , (t 
c'est an présent que sont attachées nos 
obligations ; le gaspiller d»ns l'alieiitc du 
futur, c'est emprunter vans savoir si l'ju 
aura de quoi rendre, et s'exposer au dan- 
ger d'être trouvé un jour ir.sulvublc. 
H"" GUIZOT. 



La Providence mfle de l'amertume â 
tous les éias de la vie, pi.ur nous sevrer 
de l'attachement que nous y portons, et 



guérir par des bnmilations l'orgneil dont 
tout lé monde est malade, par la pauvreté 
et la douleur par l'alTcction aui biens tem- 
porels et aux aises de la vie. Boodun. 



Il n'y a pas d'aussi grarde gloire, pu 
d'aussi précieuse richesse qoc le sentiment 
de la juittice dans une conscience irrépr»- 
chalile. Saint Bernabi). 



(1) Rauke, Bûtoire de ta Papauié, 



RÉBUS. 



/Jj 




— Iiiipriiuerle de V" V° Dan<l>!i-Dupn<, rue Saiol-LoiiiF, ts. 




'■Û-'jmmm^f^f^ssm'- . 



Jiinrual tirs Innoisrllrs. 







*>*?<* 




— 321 — 



VISITE AUX RUINES DHIPPONE. 





En sortant de BAne par la porte Constan- 
tine, on longe une large chaussée, bordée 
à gauche par la Méditerranée, à droite 
par une Yallée qui s*étend josqu*ao pied 
de l'Edough. C'est Tanclenne Toie romaine 
qui jadis de Carthage conduisait au détroit 
de Gibraltar. A un quart de lieue se trouve 
une petite rÎTière dont le non! arabe Abou- 
Gemma, signifie père de VEglise, Un pont 
antique, récemment réparé par les Fran- 
çaisy sert de communication entre les deux 
rTs%?. Le» on commence à fouler un sol 
noirâtre d'une étonnante énergie. Le che- 
min se rétrécit, et jusqu'à son extrémité 
il reste encaissé entre deux haies Tiyes 
dHilo^s, de jujubiers et de cactus. Parfois, 
du sein des arbustes épineux s'échappent 
des rameaux d'acanthe, dont les feuilles si 
élégamment dentelées se réunissent en 
corbeilles et ressemblent à ces chapiteaux 
corinthiens qu'on rencontre au milim des 
ruines antiques. Deux collines bo'seoses 
terminent cette route. 

Salut à la ville sainte! safot au sol d'Hip- 
pone^ qui autrefois couvrait de ses édifices 
ces collines jumelles qui s'étendent par 
une pente insensible jusqu'aux bords de la 
Seybouse. Devant vous s'élèvent les restes 
encore imposants de l'église de la Paix, 
église primitive, dont saint Augustin fut le 
dernier pasteur.. . Ici la nature est restée 
toujours jeune, toujours féconde, l'homme 
seul a disparu ; quatorze siècles ont pesé 
sur cette antique construction, ils ont res- 
pecté ces piliers massifs, où de larges cail- 
loux de marbre et de granit, superposés 
dans une épaisseur de trois \ quatre pieds, 
servent de base à d'immenses blocs, les- 



quels se réunissent en voûtes indestruc- 
tibles. D'épais cactus, aux larges raquettes, 
hérissées de pointes aiguës, ont pris ra- 
cine aux parois de ces pierres, ou se sont 
attachés à ses aspérités; le grenadier à la 
fleur étincelanle en It au hasard suspendu 
au sommet d'une arcade par la seule vi- 
gueur de sa sève, ou sort comme par ma* 
gie d'une crevasse; autour des ruines, dans 
les ruines, sur les ruines, une végétation 
luxuriante étale tous ses trésors pour orner 
l'ancienne basilique qui entendit si sou- 
vent retentir la voix de saint Augustin. 

En l'année /^30, Genseric, à la tête de 
ses Vandales, envahit l'Afrique chréiienne 
et la couvrit de ruines. Saint Augustin 
mourut de douleur cette même année; ses 
restez^ furent déposés dans la partie supé- 
rieure de la crypte. Lorsque les Vandales 
furent maîtres d'Hippone comme de tout 
le sol africain , IVgHse de la Paix ne parut 
pas aux fidèles un asile assez .«ûr pour ces 
précieuses reliques. Lilu de Sardaigne, 
voisine de l'Afrique, servait de refuge aux 
confesseurs de la foi chassés par les ariens. 
Les évèques d'Afrique qui purent échap- 
per à la persécution spécialement eiercée 
contre ces prélats, s'emparèrent des saints 
ossements que la malh/ureuse Ilippone 
n'était plus digne de posséder, et la ville 
deCagliari, enSardaigne, reçut le précieux 
dépôt, dans la basilique de Saint-Saturnin, 
qui le conserva deux cent vingt-trois ans. 

En l'année 753, la Sardaigne elle- 
même étant tombée aux mains des infi- 
dèles qui avaient conquis l'Afcique, ceux- 
ci cédèrent le corps de saint Augustin pour 
le prix de soixante mille écus d'or, au pieux 



Dix-Mcvi&MB AifNis, 4' stov. — N« XL 



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— sst — 



Luitprand, qui portait a ors Pavie la 
couronne de fer des rois Lombards. Ce 
monarque, pour y i^Otf^tf la laitte ch^am, 
fit bâtir avec magnificence la basilique de 
Saint-Pierre, au ciel d'or. 

«Quel ornement pourrait-elle encore dé-- 
sirer, aimait-il à répéter, maintenant qu'elle 
possède celui-là? » 

Aes reliques de saint Âv^nstîn forent 
dfipiàB cette époque l'ohjet d'Bv cdlte so^ 
leimely qui n*a jaiMisp éié intanon^n. 
Nuit et jour tin grand nombre de Imipes 
brûlaient près de la confassimi, «ymbole^e 
la prière qui veille ssms cesse. 

Mais Bippone, reftdoe de Aos jonr» à 
une population chrétienne, était veove de 
son évoque, des pompes cfco eolte dim, de 
la tfânératioit qui s'attaebait aux saints 
lieux jadis habité» par riUastne pontiCe, et 
pour lesquels l'Arabe seni femblait um»* 
jours. tômaîgAer une rispeetuense défè* 
reiice« S<yavent o^n yoh àe& Kabyles éet- 
cendre de leurs montagnes et se léoDir 
le vendredi dan« les ruines de tt mille 
basilique comme à nA rcndez-Tons reli-** 
gievx. Ils croient que ce lieu est saint et 
qu'il faut aTttir le oœur pur pour en ap^ 
proctcr. Quelques-uns, non sans peiee et 
sane périls, montent sur an pan de la mo- 
ralité, diii;s un des angles de rédiftce^ et là, 
sur uoe kirge pierre qu'on emt avoir éié la 
pierre louiulaire du saint évéquc, ils loue 
fuoier Teiiceiis et immelent de^ coqs ( ainsi 
que Tatlesteiit les plumes fraîcbemeiit dé- 
posée» que noÊB y at^oiM vue» ) ; d'autres 
y soeriOeiK un Ttau noir, et ceht arrive 
frêq^ftnmeiit dans les anciens édiêces 
qnKs regardent comme sacrés^ 

Quand on les torerrage sur le nrafif de 
leur emyaiieei ifc disent que lft< rheh jadis 
UR grand RounU (4) , qme soft bisieioe était 
écrife sur la pierre , if«e cette pierre a 
été Msée, «Mis qn^U rrrienc qoelqiieleis, 
vêtu d'ufl burnous d'une blancheur écla- 
tàot», titther tes lieux qoi Ment été diers. 




(]) Romailk 




La vénéraiîon qu'ils professent pour ces 
lieux saints, les porte à l'exprimer en ca- 
ractères arabes sur teepareisdles murs qui, 
en effet, sont entièrement couverts de sen- 
tences, à l'endroit même où se pratiquent 
le»rî(es de leur croyance. 

Dieu n'a pas permis que le saint pasteur 
d'Hippone fût complètement exilé de ces 
rives africaines qu'il a taaii ilkislrées ; pen- 
dant quatorze siècles* le seoveair de sa 
gletre passée se mâle aux récits merreil- 
leux. dre Arabesv ou dans le» grossière» 
ppatkfitrside leurs sopepstkions. 

Sane^ouie» frapi^ detoufte^^oe» pensées, 
monseigneur l'évéque d'Aiger résolut de 
rendre saint Augustin à Ilippone ; le pieux 
prdat n'épargna ni fatigues ni seins pour 
parvenir à ce but qu'un heureux succès a 
courouBé. 

La Iranelaiiun. des reliques de saint Au- 
giistie, de Pa^ie à Teule*, et de TouIob à 
Bône, fui une époque mémorable pour les 
populations qui accoururent eu Coule de la 
vieille Provence a&i d'ji^sister à l'embar- 
qaeuieftt» et recevoir labéBédlctiea qae, 
d» hacK de l'autel où la eMsse était dépo- 
sée, les évoques du saiiàt cerlége adminis- 
traient au peuple. J'emprunte à la pinoàe 
éloquente de M. l'abbé Sibour (1), les dé- 
tails stHvant»: 

<c [lier, 30 octobre tô42, à huit beures 
» àm matinal par un soleil radieux, la Goê- 
» sefuH et le Ténart avaient biIb toutes 
)) leuracbaloupes ^ la mer. Le» raaieursy 
» l'anirea kvé, le» yeux fixés sur k ebef 
)) qa» les cooMMinder aUendaieut le sî^at 
» du départ. Neos éiioae mouiUée dana la 
)) rade de- Bôcie, entce le for-t de la Cî^h 
» 0M, qui délsnd la rade, et ime masse 
» de vodters fuî, vus de loîn, ressemblent 
» b «D iios cdossel, le mer était «nie 
» eoflMM tm eristal, et le débarquenaent 
)> de npotver sainte et paeifique Mpéditîoa 
» s'efrciae dans le plus grand entre* de 
D eeort trajet a pris tout à eeuf» la ferme 



(I) Maioteoaiit Mouieîgiiettt de Paris. 




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— 5«S — 



» d'one proeessioii sur tes flots. C'était na 
D Inblean nivIssiQr, avec ie ca4re étraage 
» dont }a phig€ africaine rentaiirtk, avec 

» toutes les pens<^es, toos les sowfeiiirs 
» qu'il faisait naître. Ce tableau a pris le 
» caractère d'une pompe religieuse aussi 
y> solennelle qu'attendrisi^ante. 

i> Noire flotiiile se composait de douze 
» canots. Dans la chaloupe d'hooneiri lev) 
»aYec Tévêque d'Alger, revêiu de ses 
» plus beaux ornements pontîQcaux, s'a- 
ï) \ançait seînt Augustin, dont la cliisse 
» de cristal et d'argent brillait sons fe so- 
D Ici! d'Afrique d'on éclat înaecomumè. 
» Les six autres évtêques suivaient en ro- 
» chet et en mitre; après eux les prétrea, 
)) distril^ués sur différents canots , toufi 
» en babils de chœur. Une chaloupe por- 
7> tait les religit'uses de la doctrine chr6- 
» tienne, une aotre les frèr(«B hospitaliers. 
» Du sein de cbaqne emlMircaiion s'élevait 
» le chant des psaumes, comme la voix du 
y> Seigneur du milieu des flots. 

y> Et de toutes ces plages, de tontes cci^ 
» collinf's où dormaient depuis tant de 
» siècles dans son linceul de sable et de 
» verdure l'église chrétienne d'Afrique , 
)i des Toix immenses s'élevaient en répé- 
î> tant : a Misérfcorde et liberté! » Nous 
» approchions de la j^tée, oA se pressait 
» aac foule innombrable aux costumes 
D varif's. Un arc de triomphQ avait été 
» préparé sur le quai, avec cette Inscrip- 
»lion : « A AtiQn^n, Htppone renais- 
» santé. )» Arrivés sur la place, oA un aatel 
» attendait le saint cortège, Tév ê(fiie d'Aï- 
y> ger plaça au sommet les jprécfienaes re^ 
» liqnes, tonte la population se prosterna* 
y» et la messe fut célébrée. Autour du mé- 
» tropolitain étalent rangés en denri-cer- 
y» cle les évêqnes de Bordeaux, de Mar* 
» seille, de Digne, de Talenee et de Ne«- 
»yer^, L'évéquc d'Alger s'adre^a % la 
T» foule qui encomtt)raft la place et k^s mai* 
» sons voisines; d'une voix animée II retraça 
D les principales circonstances de fa vie de 
^atint Angnstin, sa mort, l'exil de ses 




» reliqoes et knr glorienx retour sous la 
» protection des bannières de la Friincc. 

» Le lendemain, la sainte procession 
D prit ia route d'Hippone par la voie ro- 
D maine; arrivée an pont autiqve, un nou- 
» vel arc de triomf>be, élevé par Tenthou- 
x>siasme et la piété de tous l^s ûdèles, 
y> arrêta les pas du cortège qui fit une sta- 
y» tifiL Les autorités civiles et militaires 
» Tattendaient, un Te Deum d'action de 
» grâces fut chanté, les voix d'une fou!e 
D immense et les sons brillants de la mu- 
» sique militaire qui précédait la procès- 
» sion complétaient l'imposant effi de cette 
» scène. Le cortège monta lentement la 
» aainto coltine, oà un tombeau provisoire 
Délait ûgoré en forme cfantel. La châsse 
» hit alorseï posée ith vénération publique. 
«L'^éque d'Alger célébra la messe et 
» prêcha avec tonte l'onction et cepen- 
» dant toute l'éloquenoe poétique que ce 
))heu et ses souvenirs, la présence des 
« satntes reliques, l'enthousiasme et Thum- 
» Me adorât on de la foule devaient exciter 
» en lui. Tontes les populations française, 
D coTRe, sarde, espagnole, italienne, mal- 
» taise, étaient prosternées le front dans 
» la poussière , on élevaient aux cieux les 
» prières qne la langue latine a rendues 
» générales ponr tons les peuples. Du 
» commet de la rolKne d'Hippone on dé- 
1» couvrait la MMiterranée reflétant le beau 
»ciel bien d'Afrique, bornée par les 
» hantes montagnes, remparts naturels de 
y> Tunis, qui abritent le sol de h vieille 
» Oarthage ; an fond, par nn soleil dont 
T» les feux et la majesté ont fait dire que 
» l'Afrique avait son soleil à elle ; car cet 
» astre est colossal, Immense comme ses 
» déserts, ses montagnes et ses aâimanx, 

9 Le canan de la Casbah tonnait de dls- 
» tance en dintanoe depuis le oommence- 
ï> ment do la cérémonie. La mnsiqn^ mi- 
n UCinra stnnblait éteetriBer tout le monde 
1» an BMMnent où l'on Iki finauguraiion de 
» laslatiiodesaint Avgnstio. BUeesl placée 
» Mirun antel en marbre blanc qn'élève 





•'^bc^ 




*^î<i& 










• '« 



» an socle circolaire à deax gradins, aassi 
» en marbre blanc. Cette statue en bronze 
» est tournée vers la France, pour indi- 
» quer que cette France se montre digne 
x> de compter aujourd'hui le bienheureux 
» saint parmi ses enfants. » 




— 324 — 

Les frais de ce monument ont été faits 
par monseigneur i'évêque d'Alger, par les 
é\éques de Fraoce et par des offrandes par- 
ticulières, 

M"** Laure Prus. 



BIBLIOGRAPHIE 




Histoire des Français de dicers Étals, par 
A, A, de MonteiL 

3« arliele. 

Nous sommes au troisième Tolume et au 
seizième siècle. Un gentilhomme espa- 
gnol, homme de loisir, s'en vient visiter la 
France, marchant uu peu au hasard, à 
petites journées , s'arrêtant lorsque les 
monuments lui paraissent beaux, lorsque 
les usages semblent lui offrir de rin:étêt. 
Il étudie ainsi la société française dans son 
âge de transition, subissant l'influence des 
disputes religieuses, du réveil des lettres, 
de la perfection des arts, des relations plus 
faciles et plus fréquentes avec les peuples 
lointains, perdant chaque jour un peu de 
la bonne et rode franchise du moyen âge 
pour acquérir la politesse, les grâces, les 
lumières qui caractérlsjut les nations â 
leur âge mur. Pendant les jours de congé, 
lisez, me^idemoiselles, lisez à vos frères de 
quelle façon les écoliers, leurs prédéces- 
seurs, étaient régentés dans les collèges : 

Un l'ancien écolier de Saint-Flour donne 
à r£«pagnol ces détails : 

<( Lorsque vous approchez des fenêtres 
d'un collège de l'Université, vous enten- 
dez lesrt^gents qui, cueillant à pleines 
mains les fleurs des auteurs grecs et latins, 
en font admirer à leurs écoliers les vives 
couleurs, les élégantes formes, qui les 
excitent à fleurir ainsi leurs compositions; 
lorsque vous avancez encore, vous enten- 
dez surtout ce régent de rhétorique élever 
de plus en plus la voix, tonner, éclater; 




lorsque vous entrez, vous le voyez , non 
en chaire, mais â la tribune, aux rostres ; 
ses écoliers sont des Aih^niea^i, des Ro- 
mains transportés par les Philippiques, les 
Gatilinaires, à Athènes, à Rome; ils veu- 
lent se lever pour marcher contre Phi- 
lippe; ils cherchent des yeux Gatîllna 
pour le livrer* sans autre jugement , aux 
licteurs. Daiis l'enseignement, c'est bien 
s'y prendre que de frapper les jeunes 
âmes par toutes les beautés des grands 
modèles; cette méthode est assurément 
bonne, excellente. 

» Cependant, il en est une meilleure. 
Lorsque vous approchez des fenêtres d'un 
collège de Jésuites, vous n'entendez guère 
la voix du régent; vous entendez presque 
touj(jurs celle de l'écolier ; brsque vous 
entrez, vous voyez les écoliers ri iisés en 
décnries ; vous voyez un écolier d'une dé- 
curie supérieure qui récite, et un écolier 
d'une décurie inférieure qui aussit6t se 
lève et se présente pour le reprendre, sans 
livre ; vous voyez que, si l'écolier de la 
décurie inférieure sait mieux sa leçon , il 
monte â la place de son concur. eut. Même 
combatâ l'explication, même déplacement 
Un autre écolier lit-il sa composition? 
tous les écoliers peuvent en reprendre les 
fautes, tous les écoliers deviennent maî- 
tres. Ensuite, lit-un les auteurs, chaque 
écolier est successivement interrogé sur 
les beautés, sur les défauts; tous ses ca- 
marad(4 peuvent critiquer ses louanges, 
critiquer ses critiques. Les collèges de l'U- 
niversité, par leurs fréquentes compoti- 




i:o^^ 




^S^s^ 



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— 5S» — 



tiens y exercent plus l'esprit dans i*art 
d'écrire ; les collèges des Jésuites, par leurs 
débats classiques, exercent plus l'esprit 
dans Part de parler : celui-ci Yaat mieux 
que Tautre, ou du moins est d'un plus fré- 
quent usage. » 

L'ancien écolier continue : 
€ On apprend dans les collèges et dans 
l'élégant latin d'Erasme les beaux pré- 
ceptes d'éducation. Par exemple, j'appris 
qu'il fallait dire : Monsieur, en parlant an 
maître ; qu'il fallait , en parlant ft des 
personnages, à des magistrats , à de vénéra- 
bles et scientifiques personnes, à des ré- 
gents de théologie, des docteurs, des clercs, 
fléchir de temps en temps le genou ; qu'il 
ne fallait point parler des dents, qu'il ne 
fallait point gesticuler^ ni se pencher tan- 
tôt sur un pied, tantôt sur l'autre; j'en- 
tendais souvent à table les maîtres crier 
aux nouveaux venus : Poculum a dextrisi 
ad lœvam partis! le vbrre à droite! le 
pain à gauche ! Il arrivait à de jeunes vil- 
lageois de ne pas toujours baisser les yeux 
quand ils buvaient; si les maîtres le remar- 
quaient, ils criaient : Bibere intortis ocv* 
lis illiberale est! et de même ce principal 
criait à ces gros villageois qui ne savent 
rien dire, mais qui mangent admirable- 
ment bien et ne se taillent guère de petits 
morceaux : Camem minutim in quadra 
distserel Là aussi, j'appris à mes dépens 
qa*on ne devait point parler an lit Un Foir 
je voulus demander à mon ami si le lende- 
main nous irions aux champs ; Incubir 
culo laudatur silentium^ au lit le silence 
est recommandé. .. fut toute sa réponse. » 

L'Espagnol arrive à Paris. 

a J'avoue, dit-il, que j'ai passé plusieurs 
jours sans voir ni le Louvre ni les Toileries. 
J'ai trouvé que cela ne seyait pas mal à la 
fierté espagnole, à la gloire de notre Buen- 
Retiro et de notre EscuriaL Dans cette ville, 
les hôtels des princes et des grands sei- 
gneurs paraissent être, par leurs vastes di- 
mensions, les châteaux des rues où ils sont 
bftds. Suivant moi, l'hôtel de Carnavalet, 





rue de la Culture Sainte-Catherine , élev 
sur les plans de l'abbé de Cluny, décoré 
par les sculptures de Goujon, est le [lus 
beau, le plus élégant. 

» L'hôtel de Cluny, rue des Mathurins, 
malgré les dentelles en pierre de ses portes 
et de ses fenêtres, ne peut lui être com- 
paré. Il me tardait de voir le fameux 
hôtel d'Hercule, devant la porte duquel ce 
fou de Rabelais fit tant de folies divertis- 
santes, afin d'attirer l'attention des gens 
du chancelier Duprat, et d'être admis à son 
audience. Cet hôtel est sur le quai des 
Augustins. A peu de distance, du même 
côté de la rivière, est le magnifique hôtel 
de Nevers, pour lequel Henr i III fit bâtir 
le Pont-Neuf. Je n'approchai pas sans un 
sentiment de respect, de l'hôtel de Clisson 
ou de la Miséricorde, rue du Chaume ; il 
n'y a pas encore douze ans qu'il était ha- 
bité par le duc de Guise. Je vis l'hôtel de 
Soissons, bâti avec une .dépense toute 
royale par Catherine de Médicis. La haute 
colonne astronomique dont il est surmonté 
a fait croire au peuple que dans ses vastes 
appartements avaient lieu des opérations 
et des scènes de magie. Le peuple a ton 
jours aimé à croire aux magiciens, surtout 
aux magiciennes, surtout aux magiciennes 
couronnées. ,• « 

» Même solitude, et depuis bien long- 
temps, sur le quai du Louvre, à Thôtel du 
connétable de Bourbon. Tout le monde 
sait qu'il prit les armes contre son roi, et 
qu'il le fit prisonnier à Pavie. Les portes et 
les fenêtres de son hôtel furent barbouillées 
de jaune par la main du bourreau. Les 
ploies de plus de soixante hivers ne les ont 
pas encore lavées! 

» J'allai , rue Saint-Antoine , visiter 
l'hôtel de Brissac. Celui-là est fort fré- 
quenté, fort animé; j'espérais y voir ce 
fameux duc qui, à la journée des Birrica- 
des, avec quelques barriques placées à 
rextrémité de chaque rue, fit sortir de 
Paris Henri III; qui, sept ans après, au 
moyen des bas de chausse blancs que por- 











Il 

i 



i 

\ 



— MO — 



tèrent cofnmc sîgrtc de ralliement les bons i 
Français, y fil entrer Henri IV. i» 

Après les pdais viennent les hô|Mtain, 
palais ouverts par la charhé, à DieUf dans 
des pairrres. 

a Ad commencement de cetre seminBe, 
j'étais «ortf ponr aller faire nne vîbiie ; je 
rencontrai dans U me Sainf-Denis ntie 
•Iroope de je nnts gmrçons et de jennes 
filles tous babiflés de bien; hcatiosité 
«qu'eidia en iHoi leur joli et uniforme ba- 
bîile.»em me les fit suivre jusque dans lenr 
^naison : 'c'était l'hôpitïl des Enfœnts or- 
jfhelins. Lorsque je fus ôzns la cour, j*m- 
lerrogeai: éconoraei*, sœurs, domesti.fues; 
toot le monde s'emfvessait de répondre à 
«les Bombreiises qoestion^; j'émis e»- 
<€b«ntè de ce qne je voyais et de ce ^que 
j'entendais. 

i> Je %bitai en détail les salles d'instruc- 
tion. Ou me fit ensnite passer dans lasdle 
ée» méfiers où trois, quatre cents jennes 
fens m&DÎâîent les insiraments ée (ons les 
arts. L» laine, la soie, le coton, Tiviiire, les 
bois, les métaux, étalent t»us à la fo« h- 
fOMés. J'étaij émesrveilfê ; je me disais 
>poorquoi nne pareiUe salle d'arts mêcani- 
^es ne œ trou^^it pas dans tous les grands 
hôpitaux d'enfants. Les jeunes filles, à lenr 
tour, lavent, cardent, filent les laines, les 
«cotons et les soies ; les plas figées les ou- 
irreni à raîgnille et les iricot^^nt 

— Maître, deuiandai-je^ k quel âge sor- 
tent les jeunes garçons et les jennes 
^fiUesT 

-^ A vingt^nq ans. Ordinairement, en 
^nlttantia maison, ils se marient entre eux, 
et ces jeunes ouvriers, acoouiumés aox ver- 
tus religieuses, au travail, à l'économie, for- 
m nt d'excellents ménages. Les plus heu- 
reux époux, les plus sages, les plus habiles 
artisans de Paris sont sortie des Enfants 
iAtus. Ces pauvres edfants, dhi reste, n'ont 
«u de déjeuner que définis le don d'une 
renfe.en Mé qui leur a été fait par Gnillau- 
mette ée TArche. Qoe tous les jours IMeu 
rende bien pour Irien à cette bonne Goil- 





lamnette ! Jamais les enfants ne coomieii- 
cent leur déjeuner sans la nommer. 

» Je puis vous parler aussi des Enfants 
rouges , dont l'hôpital a ôté fondé pjr la 
bonne et aimable rcîne de Navarre, sœ«r 
de François P'. La chapelle, agrés/blement 
et gaiement éclairée par les vitraux qui 
rcpréseni»'nt des histoires d'enfants , est à 
voir... Les premiers orphefins des ffn/îx^ite 
rmi(jes furent dei fils de pauvres gens for- 
cés de se rWtigicr dans Paris par les i^estes 
ou les girerres , et qui y moururent sans 
laisser aucun bien. 

• Je veux parloraussî de l'nôtel-Di^ de 
Lyon, de son 5er\!ce sim^de, économique, 
admirable. Pour tout l'Hôtel Dieu, une 
j:enle salle; elle est, à la vérité, vaste, 
aérée , divisée en deux d;ins sa longueur 
par des piliers et des grilles; 4' nu côté 
sont les hommes , de Pautre les femmes. 
Au milieu se trouve nne grande cheminée 
comiiiune autour de laqueBe les uns et les 
antres peuvent se voir, mais sans pouvoir 
communiquer. Par cette dispositroo , de- 
viennent encore communs : le monvemeiit 
de l'air, la lumière des fenêtres, la claité 
des lampes ; et de plus , tons les malades 
peuvent aussi , de leurs lits, entendre h 
messe, voir le prêtre qoi ta dît. J^ ai 
surtout admiré la propreté : les lits , faits 
en bi«n noyer, étoffr^s en tapisserie , sont 
tous les jours exactement nettoyés ; les 
ustensiles brillent. Cette vaste safle fomte 
presque tout l'hépital : elle est comme te 
temple de la bienfaisance ou de rhosfnta- 
lité. L*administration a pour le service des 
malades vingt femmes , sans autre salaire 
que la promesse des récompenses éter- 
nelles.., » 

Les rois de France, k'ieur tour, cmm- 
paraissent devant l'Espagnol. Il hiterroge 
les anciens serviteurs de la monarchie'. 
«Qnel air trouvies^vous I LonisHlf T 
— ^L'arrantique, matsnoble, magnifique. 
Tel il était, telle êtaK sa cour. On y «verfdt 
les anciennes lottes, tes anciens eombats à 
la hache; mais on y voynt ann une in- 




^^.^^ 



f/^ 










— 327 — 




nombrable conr, toujours bien Tétae, 
toujours bien nourrie « touj^vrs^oDoraat 
le roi, dont le principal goût était celui du 
spectaoie Aa busheur de sa rnaîMn, qui 
lui rappelait celui du bonheur de son 
peuple. 
— Qvdl air trottviei-TMisÀ François P'? 

— L*air élégant et leste d*uD cfaevalier 
française. 

— Dires la TÔrilé, dîtes plutôt que 
TOUS lui trouYÎez l'air pédant ; tel il était» 
telle était sa cour. On n'eAteodait, k la 
table da soi, que du grec ei du latin. 
La Boit, les jeunes seigMiirs ailaienl fer- 
raHler eoî.tre les premiers venus. Le jour, 
autre pisse-temps de forfanterie , et un 
noatin^quc les uns assaillaient une maison, 
et que les autres la défendaienU un tison, 
lancé par le seigneur de Larges,, blessa à 
la tête un des assaillants.,, cet assaSIant 
était le roi , qui , obHgé de raser ses cbe- 
yeux, laissa croître sa barbe ; toute la cour, 
toute la France^ comnte si chacun avait été 
blessé à la tête , porta et depuis porte ks 
cbeveux courts et la barbe longua 

•*— Quel air Irooviez-Toss à Henri II? 

— Le même air qu'avait son père. Je re- 
marquerai qœ W goûts, les amusements 
des sièges figurés finirent k la mort du duc 
d'Enghien, frappé mortelleiuent par un 
coffre jeté d'une fenêtre; que les goûts, 
les amusements des batailles finirent à la 
mort de Henri IL Ainsi donc, pour faire 
cesser les amusements les plus déraison- 
nables^ les plus dangereux , autorii^és par 
l'usage ou les permanences de la mode , il 
faut toujours une grande catastrophe. 

— Quel air trouviez-vous à François II? 

— L*air d'un grand jeune homme laa- 
guissitnt. 

— Et à Charles IX t 

— L'air violent, sauvage, féroce. Tel il 
était,. telle cependant n'était pas^sa cour. 




El Henri m? 

^ Jk ne vous le cBrai point ; jamais je 
n'ai pu lui trouver d'air caractéristique. 
Gommem se faisait-il que .ce inonarque* 
qui, au conseil des rois de Tunivcrs, aurait, 
par la majesté de sa personne et de ses pa- 
roles, occupé le trftiie d'AgamemBon, ne- 
craignait pas de se montrer à sai conr età 
son peu|de, tantôt avec un bilboquet ài I» 
nMîn^ tantôt avec une corbeille remplie de 
petiisi cbieis? Snccessivetneot voi de deix 
grandes natiene, il ne régna javiaiSL 

— Quel air t!WiVoz-vons à Henri IV 7 

— L'air franc et jovial. Tel il est, telle est 
sa cour; car le courtisan ne manque pas- 
de se faire avec beaucoup d'art une figure* 
aussi bien qu'une âme à l'image de celksdii 
roi. Henri IVanme beawcoop la joie, en fai 
grande dépense, peree qu'elle ne lui coûte* 
rien. Du resie, je dois conveinr que pen- 
dant bien des années îl n'a pu en faire 
d'autre. Il était si' pauvre, qu'il éKiit Migé 
d!al(er manger tamôt dvez les riches sei- 
gneurs, tantôt chez les riches financiers; 
si pauvre, qoe souvent se.s Oàftciers étaient 
obligés de fournir aux avances de ces 
nombreuses centaines de pains, deqiTartcs 
de ¥in, mentionnées dans de longs rou- 
leaux de parchemin ou états de la dispense 
du jour, appelée paneterie... Aujourd'hui, 
le roi est, à la vérité, fort riche, depuis 
quM a pu renoncer à ses goûts pour la> 
poudre à canon qui, si j'ose ainsi parler^, 
faisaient aller tout son argent en fumée , et 
il a pu se livrer ) ses goûts pour les beaux, 
jardins et les beaux bâtiments... » 

Mous nous amêtexpoi ici, niesdemoi- 
{•elles faute d'espace et non faute de ma* 
tière; dons un prochain article, nous don- 
ntxon» de nouveaux extraits des Uimes Uk 
et lY de cet intéressant ouvrage. 

E. R. 











*<* 



""^^I^, 




*^^ 



— 528 •- 

LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE. 

r 

IL FUOOO, LACQUA E L'ONORE. LE FEU, L'EAU ET L'HONNEUR. 




FAVOLA. 

II Fuoco, l'Acqua et l'Ooore fecero un tempo 
comuDetla insienie. Il Fuoco non puô mai 
stare io un luogo; l'Acqua aoche seropre ai 
move; onde tutti dalla loro inclinazione in- 
dussero l'Onore a far vlaggio in .compagnia. 
Prima dunque di parlirsi tutti e tre dissero, 
che abbisognaya darsi fra loro un segno da po- 
ferai ritrovare, se mai si fossero scostati, e 
smarriti Tuno dall' altro. Disse il Fuoco : 
« S' e' mi aYvenisse mai questo caso, che io mi 
segregassi da voi, ponete bon mente coIà doye 
voi vedrete fumo ; questo è il mio segnale ; e 
quivi mi trovereie certamente. — E me» disse 
l'Acqua» se Toi non mi vedete più, non mi 
cercale colè, do\e vedreie saici, aloi, cannucce, 
o erba molto alta e verde; andate costà in 
traccia di me ; e quivi sarô io.— Quanto é da me, 
disse rOnore, spalancate ben gli occbi, e fissa- 
temegli bene adfsso, e tenetemi sa4do, perché 
se la mala ventura mi guida fuori di cammino, 
s\ ch' io mi perda una volta, noivroi troTereste 
più mai. » Il conte Gasparc Gozzi. 



FABLE. 

Le Feu. l'Eau et l'Honneur se mirent en 
communauté pour quelque temps. Le Feu ne 
peut jamais rester dans le même lieu; l'Eau sa 
meut aussi toujours. Kn raison de cette pro- 
pension, tous deux engagèrent l'Honneur i 
voyager de compagnie. Avant donc de se mettre 
en route tous trois, ils convinrent de se donner 
entre eui un stgne pour se retrouver, si jamais 
ils venaient à s'écarter l'un de l'autre Le Feu 
dit : « Si, par hasard, je me trouvais séparé de 
TOUS, n'oubliez pas que je serai où vous verrei 
de la fumée; c'est là mon signal; vous m'y 
trouverez certainement. ~ Et moi, dit l'Eau, si 
vous me perdez de vue» ne me cherchez point 
là où vous verrez la (erre aride ou crevassée, 
mais là où seront des saules, des aulnes, des 
plantes marécageuses ou de l'herbe bien haute 
et bien verte ; allez sur ma trace en ce lieu-là; j'y 
serai. — Quant à moi, dit l'Honneur, ouvrez les 
yeui tant grands que vous pourrez, regardez- 
moi bien et tenez-moi ferme ; car si le desUn 
contraire me conduisait hors du chemin , de 
sorte que je m'y perdisse une fois, vous ne me 
retrouveriez jamais. » 

M»« Vapt Tbnac. 



BERTHILDE. 



I. 



t Parbleu I mon cher maîire, tous êtes 
un heureux mortel d'avoir pu contempler 
tout à TOlre aise la jeune Glle qui a posé 
pour ce charmant portrait ; et, s'il est aussi 
res emblant que vous le dites, j'offrirais 
Toion tiers à Toriginal ma main, ma for- 
tune et mon cœur. » 

Celui qui parlait de la sorîe éuit un 
jeune homme d'une beauté noble et élé- 
gante; son costume de bon goût, ses ma- 
nières simples et aisées annonçaient une 
haute position. 




« Rien ne tous sera plus facile que de 
Toir après demain cette demoiselle au bal 
de la préfecture, répondit Tariisie. 

— J'irai biin certainement, reprit le 
jeune enthousiaste delà beau lé. quand il me 
faudrait pour cela renoncer à cette fameuse 
chasse au loup que nous deTons faire dans 
la forêt d'Âmboise. Mais la chasse et les 
arts peuTcnt à peine me consoler de ne 
pas suiTre l'empereur et partager la gloira 
de nos soldats.. . mon grand père s'y op- 
pose Mon Dieul quelle raTissante fi- 
gure ! ajouta-t-il en se plaçant de nouToao 
devant l'objet de son admiration, et qne 




^^ 







^0^^ 



V.-' 



-. 529 



le sort de ctlai qui épousera une pareille 
femme, sera digne d'envie I 

— Peut-être ! dit le peintre. 

— Pourquoi ce peut-être? interrompit 
le jeune homme arec vivacité ; cette de* 
moiselle ne serait-elle pas aussi vertueuse 
que belle ? cela me paraît impossible avec 
une physionomie si pleine de candeur et 
d'innocence; lui connaîtriez* vous quelque 
défaut de caractère? .* Mais parlez donc ! 

— Que voulez- vous que je vous dise? 
répondit le vieux peintre en riant, Ton 
m'a donné six séances de deux heures 
chacune ; ce tetnps suffit pour faire un 
portrait, mais non pour connaître une 
femme. D'ailleurs, je ne vois pas en quoi 
le caractère de cette demoisede peut tous 
intéresser ; vous ne pouvez pas l'épouser. 

— Pourquoi pas, s'il vous plaît ? 

— Parce que monsieur votre oncle n'y 
coDsentirait jamais, répondit le peintr**, 
car cette jeune fille n'est distinguée ni par 
sa fortune, ni par sa naissance. 

— Elle est admirablement belle , et 
pour une femme c'vst la preuoière des dis- 
tinctions, répondit vivement le jeune 
homme; ainsi» dites- moi, de grâce, son 
nomi sa position, tout ce que vous avez 
appris sur son compte » 

L'artiste allait répondre, lorsqu'il fut 
interrompu par deux ou trois petits coups 
frappés discrètement à la porte de l'atelier. . . 
Ua domestique en livrée entra. 

U venait de la part de M. le marquis de 
Vermorand, chercher M, Emile. 

« Adieu, donc, mon cher maître, dit 
le jeune homme à l'artiste ; demain nous 
repren irons cet entretien. » 



II. 



Dix minutes plus tard , le comte Emile 
de Vermorand se trouvait eu présence 
d'un vieillard dont la haute taille, bien 
que légèrement courbée sous le poids de 
ses soixante-dix années, conservait cepen- 





dant toute la dignité de l'âge mûr. Au 
mouient où le jeune homme entra dans 
rapprte.nent , le marquis, enveloppé 
dans une douillette de soie brune, était 
asbis devant son bureau. Il répondit par 
une légère inclination de tête an salut 
resf^ctueox du comte, et de la main lui 
désignant un siège : 

a Asseyez- vous, mon neveu, lui dit -il 
d'un air grave, et écoutez-moi attentive- 
ment, car je vais vous parler de choses 
importantes. 

— Je suis à vos ordres, monsieur, ré- 
pondit le jeune homme d'une voix pres- 
que timide, et qui contractait étrangement 
avec le ton dégagé de sa conversation chez 
le peintre. 

— La mort s'i st appesantie cruellement 
sur tous les membres de notre famille, jadis 
si florissante. . . reprit le vieillard d'une voix 
lente et douloureuse, elle m'a enlevé mes 
tr. isfils, et, de tous c ux qui m'étaient 
attachés par les liens du sang, il ne me 
reste plus d'héritiers que vous et votre 
cousine de Boisvilliers, fille unique de feu 
ma pauvre sœur, comme vous êtes l'uni- 
que enfant, de feu mon frère. J'ai donc 
pris la résolution d'unir votre destinée 
i celle de ma nièce, afin d'ajouter, aux 
biens que je vous laisserai après ma mort, 
l'immense fortune des Boisvillien>, et re- 
lever ainsi le nom et l'iclat de notre 
maison. 

— Mon cher oncle, reprit Emile faisant 
un effort pour surmonter la crainte extrême 
que lui inspirait le marquis, j'aurai l'hon- 
neur de vous faire observer que nous ne 
nous sommes jamais vus , ma cousine et 
moi, et qu'il pourrait se faire que je 
ne loi convinsse pas. 

— Votre cousine est bien élevée; sa 
mère lui a fait part, avant de mourir., du 
projet d'union qu'el'e et mol, nous avions 
conçu depuis longtemps, et le moindre désir 
de ma sœur sera toujours un ordre pour sa 
fille* Ne vous mettez donc point en peine 
du consentement de mademoiselle de 












. 



- 550 — 



fioistiUîen; songez seuleiuMit \ fous ren- 
dre digne de non affection. Si je «e iwus 
ni pas^rlépliisiôidaiortbrinaflt qnîtous 
était iiré^ré, c'est que la •oérémonîe du 
«ariage ne devant 8*'acc«np]fr-qQ*aprés ia 
lîn du denil de ma nîèoe , je n*ai pa» eru 
demr iidus distraire de vos éludes ; main- 
tenant, ce deoil est fini, llerthitde nous at- 
tend, laites donc à la bâte yen préparatifs 
de voyage. .. nnns partirons demain matin 
|Hmr le cbfttean de BoistiHiein. n 

Le jeune homaie avait changé phisienrs 
ibis de «onieur en entendant les paroles 
de son onde; mais quels qne fussent les 
nentments divers qui s'agitaient dans son 
Jne, il sortit sans se penasettre de faire 
d'autre observation. 

ra. 

Le lendemain , une chaise de po^e em- 
fpnrtaic le marquis et son neveu sur la 
rtnite de Tonrs à Poiiiers. Le vieillard, 
•rëvoillé plus matin que de coutume et 
liercé par les mouvements de hk voiture, 
ne taida pas à s'endormir d'un profond 
«ommeK , tandis qne le jeune bomme, 
pYoïxgë dans ses réflexions, regardait 
d'un air disirait K» arbres chargés de 
fruits «et la campagne verdoyante qui 
s'eilfoyaienl rapidement derrière lui. 

« Et ce bai, où cette Mie personne doit 
«e trouver ce soir et auquel je n'assis^terai 
pas!... se disuit-il. Ab! si ma cousine 
vivait le bon esprit de ressembler à ce déli- 
xienc portrait qui est res^ gravé dans mon 
souvenir l on si , du moins , die ressem- 
4)Iait à sa mère I Ha UÉnte de BoîsTilliers 
"était, dit-on, aussi remarquable par sa 
beauté qne par son esprit. » 

Dans ce moment, un tcahot- de la voittfre 
éveilla le marqms. Il buma lentement une 
prise de tabac, regarda par la portière, *et 
dit d'un ton joyeux, qui ne Iji était pas 
iiabitiKl': 

« Mon Dlenl que cette campagne est 
riche et que le ciel est pur aujourd'hui I Si 
le temps se maintient ainsi toute la jour- 





née, nous aurons Tait un agréaMe voyage. 

— Monsiair, dit ÉmHe, encouragé par 
la bonne humeur du vieHIard, vous avez 
déjii vu ma cousine? 

— 'Safis doute, réponffit le* marquis; f ai 
fté deux fois Si Boisvilliers pendant tjue 
vans voyagiez en Allemagne, avec votre 
précepteur; et j'y suis retourné, il y a 
un an, au moment de la mort de la corn- 



— 'Alors, vous pouvez me faire îe por- 
trait de BerthHde. 

— Je vous ai dît qu'elle était digne en 
tout point du nom que vous allez lui 
Offrir. 

— Je ne doutepas de «es vertus , mon- 
sieur, répfîqua le jeune bomroe, s^enhardia- 
sant pen à peu ; mais jesaîs très-préoccupé, 
je l'avoue, de savoir si ma cousine est 
laide on jolie , blonde ou brune , grande 
ou petite. 

— Vous le saurez ce soTr. » 

Ces paroles furent prononcées d'un ton 
qui n'admettait pas de réplique ; le jeune 
homme prit le parti de se taire, mais il ne 
put de ortme imposer silence à son ima- 
"gination. 

«Ah! ma cousine est sèche, noire et 
gravée de pedte vérole, se disait-il en ron- 
geant de dépit le bout de ses gants ; au- 
trement , pourquoi mon onde refaseralt- 
il de me la dépeindre*?... Peut-être aussi, 
ajoota-t-ii, après quelques minutes de 
réflexion, l'âge du marquis le rend-itsi in- 
différent pour la beauté , qu^ n*a pas 
même remarqué les traits de Bertfallde, et 
qui sait I ce bon oncle veut peut-6treme 
ménager une agréable surprise! » 

Ce fut dans ces alternatives de crainte 
et d'espérance que. le jeune homme arriva 
à Poitiers. 



ÏV. 

Il ^ait sept heures du soir, brsque la 
chaise de poste entra dans la longue allée 
de platanes qui conduit au château de 





-«gss^- 



Dnisiiltiws. k ITappMchede i'tauitfae no- 
irair, iaat lot tnirelleséiiiur^n h dita- 
'^(iiirabtRMiitBBr l'hoiiEoii, ^ré 
erwàina lann du jwn, Ëutila 
cam battre nec hrce, il att*- 
■z nr les épùses manilles da 
ce, oomiiB s'il eM pa mr an 

iBt, an c<aifii«iDtiilB du iauct 
n, D» jeme pajsan, placé «a 
|iril*a «Mise m» lecMtean.el 
m femmes ■'aiancèrcM s«r !•- 
'om d'rilea éok -vftue de iMÎr 
it teMemeni ; i la légèneti avec 
Bitre atnwnit Hi-deiast de la 
i jagnil facMoMBt qu'^e était 
« derait èm Stnhijdfc Sa rabe 
lOMMeliM biaflchc, son wife de 
I as gré' du reirt; eetenaembls 
diaMti le jn»e hovna 
vit Mn efaarannle, » fewa-i->l, 
t flou ml et «• efceMui, fem- 
evarquâ laetttit pied 1 lerre. 
je GDJs benren» deTousreffDir, 

«Mie , tfit ope voâz doace 
■se qoi atlait I rtme; et «dm, 
R, Royei lo bienvenu dau ie 
! nos aïeux , où jt ton seule, 
f Toasrtoewîr... ■ 
I pencèa Timnent verala jau» 
^;8rder Boi visage; mais, tmat 
Fcnir de la nihe-cbém «fa'ele 
ma c< sae , Benbtide ««Mit de 

mwKhmr i ara yaoK, «t avn 
mtl'aperceïoir^d'ailleDns, l'ob- 
lit déjli deveoiie tre|» grand* 

eftt pu dielîtigwr suffisam- 
'aits. 

rez-fons sur moi, mftn han 
t B«rrt)Me, quête vieillard «- 
merdaM aesbrai avecnne ten- 
t sen nefen □« f avait pas cm 

tis <acbeiiiiit(reirt alon lente- ■ 
le ftiatoan , oft M-" HiAert, 
:e do M"* de ftisTiWBrs, Ifls 
ms le îaloa. 



t J« TSM ai fait allnn 
FMréea. comneBseot Ji i 
Berihilde en condnisao 
va grmd fameolL 

B» «a aumeAl, Eoiili 
voir, h U lueur des bw 
letfBel ii anait di^ fait 
diTerfes. Hélas I le dési 
vait dire ««mpletl fier 
laideoi rare cbez une j 
sept au z sa figiEB pAI 
cowett« de tacbes de rc 
épaîwes laHsaÙBt aperce 
vrant an moio'lre sourir 
cbea, nuit md rangéei 
g rii <é la ttiH a HmWBtéa â 
blancs ; ses cfaevetH, d'i 
étâent rtlevéscD petitv: 
es-4ef9as d'iw routcopi 
■aille tnaa^ait ds grice 

Iji fmdre laotbée aa 
heaac l'aurait Bains . 
ensemble di^acieux ; h 
BenhiU^ qa'«)la M s 
rirapreBatM ddaignéaJUc 
pMtdnive aur sim umû 
qu'elle éiait de ses devoi 
niaiB«o»Cil, qadqws iw 
cbe anaonçaot te wap 
br<« s«u cekii dn mtrq 
daas la Balle ï mangar, o 
aileiidsiï les voyageurs. 

(( £• «ériié, DU ni< 
TDW vt^m m pf u £êe pt 
vtnË tous <KE gpAtSt M 
mangeant d'un appétit 
sait plus depuis longtein[ 

— Je n'ai point deviné 
répaudit Berlbllde, jp ■ 
iD«U ^e TOn& préfériex. 

— Que TM)s éus bt 
rvpritle laairquis bkc aS 
mon neven, tous ne lût 
cet^aceUeMsâlnnude b 

— Je craiaa qne moD 
soit malade, dit M'^ Ett 

— Ce n'est rien, abso 





— 552 — 




dame, une migraine subite, se bâta-t-ilde 
répondre; ne faites pas attention, je tous 
prie.» 

Les regards de Berihiide s'attachèrent 
snr son consin avec une viye sollicitude; 
après le repas elle s'approcha de lui, et lui 
demanda timidement : « Gomment va votre 
migraine, mon consin? » 

Celui-ci releva vivement la tête, et ses 
yeux , rencontrant le fade visage de 
Bl"* de Boisvilliers, il les baissa aussitôt en 
balbutiant quelques mots de remerct- 
mcnts et d'excuse ; puis il demanda la per- 
mission de se retirer. 

M"^ Hubert le conduisit dans une pièce 
meublée avec une élégante recherche, car 
tout avait été prévu par Berthilde pour 
rendre sa maison agréable aux hôtes qu'elle 
attendait ; mais Emile était trop préoccupé 
pour remarquer alors toutes ces attentions; 
ce qu*il voulait, surtout, c'était se trouver 
seul avec ses pensées, seul avec son déses- 
poir. 

« J*irai demain trouver mon oncle, se 
dit-il, et je lui déclarerai hardiment qu'il 
m'est impossible de lui obéir dans cette 
circonstance. » 

Pendant ce temps, Berthilde accompa- 
gnait le vieillard jusqu'à l'appartement 
qui lui était préparé, s'assurait par elle- 
même qn'il avait sous la main tout ce 
qui pouvait lai être utile on agréable, et 
allait se renft-r'uer dans sa chambre le 
cxBur troublé de crainte et d'espérance, 
à ridée de son prochain mariage. 

V. 

Dès qn'il fut jour, Emile, qui n'avait 
pas dormi de la nuit, résolut de mettre 
ï exécution son projet de la veille. 

o( Mon oncle est-il seul? demanda-t-il 
au valet de chambre. 

— - Monsieur le marquis Ift son journal, 
tout ravi de l'attention que ^Mademoiselle a 
eue de le faire venir ici, où il ne s'atten- 
dait pas à le trouver. i> 





Le moment est favorable , pensa le 
jeune homme; mais, prêt à franchir le 
seuil de la porte, il sentit son courage 
faiblir. Emile de Yermorand avait été 
élevé dans de tels sentiments de crainte 
et de respect pour le parent généreux, 
mais sévère, qui l'avait recueilli dès l'en- 
fance, que, sur le point de déclarer la 
résolution qu'il avait prise de ne pas 
épouser M"* de Boisvilliers, il n'eut plus 
la force d'affronter l'iodignation du mar- 
quis et se retira honteux de sa timidité, et 
mécontent de lui-même et des antres. 

Gomme il traversait le vestibule pour 
aller respirer l'air dans le parc, il fut tout 
étonné d'y rencontrer la jeune maîtresse 
de la maison, entourée de plusieurs peti- 
tes paysannes qui recevaient d'elle du paia, 
des médicaments et des vêtements. A la 
vue de sa cousine, dont le négligé, quelque 
propre qu'il fût, n'augmentait point les 
charmes, Emile sentit redoubler sa mau- 
v.iL«e humeur; il accusait injustement h 
|)auvre ûlle du chagrin qu'il éprouvait, et 
se disposait même à l'éviter lorsque s'avait- 
çant à sa rencontre, elle lui dit d'une voix 
affectueuse : « Gomment vous trouvez- 
vous ce matin? 

— Je souffre beaucoup, répondit-il avec 
brusqueiie, mais ne vous occupex -point 
de moi... le grand air me fera du bien. • 

Et il s'éloigna précipitamment. 

« Monsieur le comte est certainement un 
beau cavalier, mais pour un fiancé, il se 
montre peu aimable, dit la vieille gouver- 
nante, qui venait d'entrer. 

— U est souffrant , » répondit Ber- 
thilde avec indulgence. 

Quand rheure du déjeuner fut venue, 
et que le marquis, s'apercevant à son tour 
de l'humeur maussade du jeune homme, 
lui en témmgna à haute voix son mécon- 
ttntement, mademoiselle dvf Boisvilliers prit 
la défense de son cousin, avec une bonté 
charmante, assurant que b migraine fai- 
sait tellement souffrir, qu'elle s'étonnait 
qu'il eût eu le courage de quitter son lit. 






ij^" 









— 553 — 



« Allons I il ne me manquait plus qoe ' 
d'être excaaê par elle, après avoir été 
grondé comme nn enrant par mon onde, » 
se dit Emile avec dépit 

Pour chercher nne contenance, il s'ap- 
procha d'nn chevalet tout dressé dans un 
coin du salon. ' 

« Vous vous occupez de peinture, made- 
moiselle? dit-il i Berthilde. 

•^ Oui, mon cousin ; je sais que vous 
aimez beaucoup cet art, et, s*il vous était 
agréable de peindre quelque paysage, je 
vous indiquerais des sites délicieux dans les 
environs du château. 

— Le paysage est un genre qui ne me 
platt pas, répondit-il froidement, je ne 
m'occupe que du portrait; j'ai déj) copié 
plusieurs tètes de femme, de jolies femmes, 
bien entendu, car je ne puis aimer que 
celles-là ; la beauté est è mes yei'JL le plus 
grand de tous les avantages. » 

Une rongeur subite colora les joues de 
la jeune fill«^, et d*unevmxr itérée elle dit, 
en baissant les yeux : « l^e» portraits de 
nos aïeules se trouvent ^<ans la bibliothè- 
que ; vous les verrez avec plaisir, mon 
cousin , car il y en a de diarmantes » . 

Cette inaltérable douceur désarma Emile; 
il eat honte de sa cruauté. 

« Après tout , se dit-il, ce n'est pas sa 
faute, si elle est laide. » 

Et, soit pitié, soit repentir, il se montra 
plus affable ; mais le mal était fait. Ber- 
thilde souffrait à la fois dans sa légitime 
alTection et dans son amour- propre; et 
quand le soir fut venu , que la pauvre 
enfant se trouva libre de se retirer dans 
sa cha nbre, elle en ferma la porte avec 
soin, et se plaçant devant sa glace : « Hélasl 
dit-elle avec découragement, si mon cou- 
sin ne peut aimer qu'une jolie feume , il 
n'aura jamais d'affection pour moi I » 

Des larmes amères s'échappèrent de ses 
yeux , puis elle tomba à genoux et s'écria 
du fond du cœur : 

■ Mon Dieu ! vous savez que c'était pour 
obéir au dernier vœu de ma mère que je 




désirais ce mariage, et sans connaître 
mon cousin, je m'étais si fort habituée à 
le regarder comme mon fiancé devant 
vous, que mon cœur saigne à la seule 
idée de renoncer à lot; cependant , ô mon 
Dieu I s'il devait être malheureux auprès 
de moi, brisez vous-même un engagement 
que je n'aurais peut-être plus le courage 
de rompre. » 

Pendant qu'elle. continuait de prier, un 
bruit étrange, à cette heure avancée, trou- 
bla le silence de la nuit Berthilde prêta l'o- 
reille, c'étaient les pas de plusieurs chevaux 
galopant dans la grande allée ; elle re- 
garda à travers les vitres, et vit des armes 
briller à la clarté de la lune. Mademoiselle 
de Boisviliiers sonna ses gens ; mais avant 
qu'ils fussent en eut de paraître devant 
leur maîtresse, on frappait rudement à la 
porte principale. 

« Qui demandez-vous ? dit Berthilde en 
ouvrant sa fenêtre. 

— M. Émiltf de Yermorand I lui répondit 
une voix. Nous lui apportons un ordre de 
l'empereur. 

— Mon Dieu I que signifie tout cela 7 
s'écria-telle très -alarmée en s'élançant 
dans le corridor où les domestiques arri- 
vaient de toutes parts. . 

— Je vais en avoir Texplication , ma 
cousine , dit Émi!e , qui venait de paraître 
à la porte de sa chambre ; attendez-moi 
ici, de grâce. » 

Quelques moments après , il remontait 
les yeux pétillants d'une joie qu'il ne cher- 
chait pas à dissimuler. 

« C'est un brevet de garde-d'honneur 
qui m'arrive, dit-il ; il me faut partir à 
l'instant même, » 

Berthilde jeta un cri de douleur. 

« M*y a-t-il aucun moyen de vous iaire 
remplacer? s'écria-t-elle; un cou.*in est 
presque un frère , et toute ma fortune est 
à votre disposition. 

— Vous l'avouerai-jeî répondit Emile, il 
m'en coûterait beaucoup de perdre cette 
occasion d'acquérhr quelque gloire; d'ail- 





â 






.?€>^n 









— 354 — 



lenrft nal fte fmt »e sommire an «rdrtt 
d6reaifN««eiir; leisBet-moidenciiie renâl% 
où mon ifldïMtîMi m'appelle àMnt qae 
inoB ëefoif d« Frânçaiis. 

-^ Totre iKMPheQr aéra aûmjMnra I« ploa 
char éi toas loacs , lui dit-etle aiM èiia^ 
limi, et aoyez paramdé, WMi eousb, qpi'll 
n'est aocuQ aacnfica qan Je ne sois |rdt« 
à lai faire. 

^ Vont été) M ange, BariMdef » s'è- 
cria-t-ilt «t Mia dam se rendiram ctex le 



Riftt ne aavraH di^nére le otranrofiT 
du ^iettat d contre ce giaiifenieadeiit ifii- 
l^èriai qai hii ealcvaft ai inopiaérnent TM- 
rhièr de son nom, aoa enfmt d'adoption; 
uiaiaiA fallut Mett le laiaser partir... Le 
gânle-d'iNiHiieur« afrda avoir fa$< ses adieot 
à tofl oncle, salua mademaîselle de ioiftyil'- 
liers, et dit en lui baisant la main ! « Croyez, 
ina €ei»irt<^, ^de je n^Dilbiîerai jamaifT com- 
bien TOUS èx^A bonne. 

•^ Moi, Je prierai Dieu poifrTOua tons 
If s jours de ma fie. » 

lis se séparèrent, Ini joyenx cottitne un 
j(june et afdent eoursier Mltré de ses 
t'Airafea^ elta le corar bffsé et lea jetfx 
pleine de larues^ 

vr. 

Les lendres aoina de Bertkildb adoutirent 
pau à peu Taffliction do mar<tuia« et lui 
devinrent si indispensables, qu'après un 
s/^jonr de q<iielqneB raeia au cbftleao de 
BoisviUi^rs « le vieillard la pria de le suivre 
à Tours , où ses affaires la rappelaient. Ce 
ne fut point saiia une vive dduienr qù^BMe 
quitta ce vieut nanair où tiHe amt long- 
temps \ècu beureuse auprès de sa mère 
chérie , dont iea restes BMriela reposaieit 
dans la cëapalle; nais «ttesâcfillai sans 
baiancef, loua ees gèûts de rt iraitOf k la 
pensée d'éti^ulîla et agréaUe>k son oncle> 
qui lui confia le soin de sa iHaissa. 

CepènAaiit de Aedvèaan dM^Hns atten- 
daiaol la jènse fille dana té monde «ù le 
maniais voulut abaohinmit topKlsMler; j 



sa laideur éMgnait d'eUe tons iea jeunes 
gans, «1 ia première fois ^'eUe parut ai 
baU il Mlut que lajnalmsse éa la n»îson 
lui cherchât des danaautfs. 

« Mon biea 1 qs'il est èir d'être dé- 
labsèa-de la aertel » se dil^rileiveo tris- 
tesse, quand elle fut de retour dans ssk 
appartement. BHe se déInrraBBa à la hâte 
de la brillante parUre qnt son onde avait 
ciMiaieteHmêae, et se prastarnana devant 
son lûmcifix I elle s'ârria : 

« AteD Déen 1 qui avet pennia qiae je 
sBUhse«esh«miliatiotts, ftâtes^mî In grâce 
d'être si bonne pour isos âetK qui m'ap* 
praehe&t, ipM je parvienne â m'en faire 
aimer, malgré ma laideur. » 

En parlant de ia sorte, Berthilde pensait 
surtant à smi cousin » donc le Hi^an nvaii 
été déjà cité plosieufs fois avee éloge dans 
les bullatinade la Grande* Armée* 

Le vœu de madeoaoisellis de Bols^illiem 
fat exaucé en panîe, car elle se montra ai 
bienveillanlie envers iea natives feincnest si 
atmableetsi indulgente povrteut le monde, 
qu'elle devint cbère snit amis de son^inela, 
et qu'aa boat de qnelqaes mois , m répii- 
utlon d'esprit et de bonté ^ak si soNde* 
ment établie^ qtie personne n'eâs esé f e 
permettre la plus i^re plaisanterie sur sa 
fignfn oa sur sa taiMa. Ce snetès mérité 
releva le courage de la fMwre enfiiat. 

« Poor^néi mon fiancé ne m*aimerail<4i 
pasanssi^ qnand Je loi anrsi donné des. 
pnBaves deaenâreBi« « de détwoemena? » 
se dit-ette. et dans cet espeîr d'teoomplîr 
un ^mt la demière fnlonai de sa mère, 
ettt travaiMfeit avec con^anoe à aeqaérir 
de mniftanot talanas ot à pcafeciioaner ses 

Emile qui s'était oondolt en brave, et 
avait heufflusemeftc éoltappé à tons iea 
périls de la guerre, éciivit à Son ande me 
let»e, datée de Pars» où NafK)léon venait 
de nadirer. Le marcfuis At amaitèt des dé^ 
marches, parvint à obtenir, feor le garder 
d'iMHsnaifr, nn n>irgé de detit tDo's> et Ini 
otdonna de veaér snr-le^cliamp, mariant 



'?"5 











'^'.^1 




I 



.^ 



'3 



ipcûfiter de ce temps de vepo^alki de réa- 1 elL, s'approebanl des cîerges fimèbMS que 




liser le pbis cher àe ses vœux. BecUàHde, 
idoucemeat émue, quoique fort ioquièie, 
attendait sou cousin , lorsqu'on joitr le 
laarqais enti» chiez elle dans un état d*ir- 
ritatioii diffii:ile k dâcrktf. Ses membres 
éimnt agiles d*aa moiivemest nervtuz, 
ii'froiâSAit ci»avutaiv«inent ej^tre^es mains 
une (lettre ,(|tt 'ii MùsiL de recevoir» 

«uLe 4iiiséo«Ue I «\écrîa*l-t), ma <dre 
manqua à ma j^amlfu. mA résister de la 

Le vieillard n*en put idm idamniag e, 
son visage s'empourpra» ses feus «devin- 
ceB(t fi^es «t hagarib,.. il itomba firaiipé 
<l'apeplexie. 

VII. 

Une abondante saîgDëe, des soéosântel- 
ligetts et assidas ranimèrent le marquis. 
Son regard erna d'ahord q«elqo€ rtemps, 
JacertalA, tout auleor de «iobambr«, pois 
reconnaissant Bertliilde : n C'est fVQS, ana 
ifiUel Mdât-il, tous 6les toujours là comme 
mon Jbon «lie-; so}iez bénie pour tousses 
st^ius que j'at r^^çiis de toos, pour toutes 
les joies fdoat imis^aieziembeUi meeder- 
Mères ftOBées.4^ntàiiMiinev€u*.... » 

La jeuiie ûle voidflit répoadre. 

« Les momeots sofll ipvécieux, >âit le 
malade «n l*inteiiroai(>aDt ; ^voiei kcMide 
moA (««créuire, il reoferaae ttoa testa- 
•aaintyidoivt je veux queJ¥G«s preuasz con- 
Missance ausaîlât que j'amiai oeisé de 
vivre; maintenant, faites appeler mon 
ooniisttCMir, car je u'ii pas de temps à per- 
dre. » 

Quelques Inmres plus tard, le marquis 
4e ¥G»i»oiMd, Atteifti d'une nouvelle et- 
iaqu^« •ei|»ii:Mt doucamest entre les bras 
de 4» ûlled'adoptioB. 

BertUde, t<iiile*en krtttfi, voulut «Ile- 
jnêoie lui lecmer les yeux ; et» comme elle 
lui reodAîtfOe dentier devoir, eHe aperçut 
eur le Ut, la lettre qui «vart «i fort exoité 
h cMte àa vîeiUafd. La jeuae fille sen 
empara, recouont l'écrituf e de son cousin, 




madame Hubert venait d'aUiuiKer, 4db<lut 
ce qui suit : 

« Mon cher oncle, 

» Pardonnez-moi de résister à vos or- 
dres ; j'estime ma cousine de Botsvilliers, 
mais je ne «aurais TaHiier, tntt je fa trouve 
dépourvue de beauté «et de grâce, (l'avais 
voulu vousie dire dès le premier jour que 
je la vis; ie courage me manqua, je re- 
doutais de vous déphire; en réOécbfssant 
a«jourd%«i qu'il me 'serait Impossible de 
la rendre heureuse, et que, d'ailleurs, son 
immense fortune et ses vertoslui feront 
trouver sans peine un meri digne de sou 
altiaBce et de la ii5lp>e, j'éprouve muins de 
regrets à rompre un eogagemevt auquel 
ma bottolie et mon cieur sont restés étran- 
ges-» 

t Mon Dieu I que votre volonté soit 
faite! r> dit la jeune fifle, en donnaiit un 
libre oounil «es «lannes. 

Pais, oe rappelant ausshAt les derniers 
«rdres de son onele , etle ouvrit le secré- 
taire, en tira un testament qu'«4le lut tout 
hanl, et dont vm«i la pi^incipiile disposition : 

« ie lègue tous mes biens, par portions 
égales, à mon neveu ut à ma nièce, mes 
héritiers naturels , à la oondilion expresse 
•qu'avant la fia de fannée ll»s'uaieont en- 
eamble par les b»ns du mariage ; «t si 
moo neveu reteaft 4e se soumettre k cette 
clause, ma fortune «ppartieodroit tout en- 
tière h ma nièce bien^atmée. » 

a Pauvre oher^on<del dit la Juuutt fllle 
en •déposant un dermer bain»r sur la 
iroide maîu du cadavre, votre affection 
ponr moi ne uTefliaoera jamais de mon 
«ouvenk. » 

Alors, s'ttpprocbattt d^n dierge, elle 
bvûla le testament 

« Qye faites «vous! i^écria madame 
Hubert 

— Je suis l'inspirMion de «ion cœur, 
répondit-«Me €n adiyant la flamme , et 
je suis sûre qne, du haut du ciei, mon 
oncle, en ce moment, m'approuve. » 



l. 3) 






mm 




'•*•%-*. 






— 556 



Pais, s'agenooillant au pied du lit fflor- 
taaire, elle passa la nuit à prier. 

VIII. 

Trois ans plas tard, par une nuit da 
mois de juin 1815, deux braves, échap- 
pés aux désastres de Waterloo, se traînaient 
péniblement dans les seotiers d*un bois. 
. » Capitaine! il m'est impossible d'aller 
plus loin y dit Tun d'eux en s'asseyant au 
pied d'un chêne ; et les cosaques^ la fatigue 
ou la faim devraient-ils me tuer celte nuit .. . 
je ne peux aller plus loin. 

— Allons, Antoine, du courage, répon- 
dit le capitaine, qui portait un bras en 
écharpe et dont la tête était entourée 
d'un mouchoir ensanglanté, marchons en- 
core. . . nous devons approcher du château. » 
Mais, pendant qu'il parlait, ses forces le 
trahissant, il tomba évanoui. 

a Au secours ! mon capitaine se meurt! • 
s'écria le soldat, qui se relevait à demi 
et s'affaissa de nouveau, épuisé par ce der- 
nier effort. 

Cependant deux bûcherons , qui se 
rendaient à leur travail matinal, entendi- 
rent les cris et accoururent en toute hâte. 
a Ces hommes sont blessés et bien ma- 
lades, dit l'un d'eux en les examinant 
avec attention; ce que nous avons de 
mieux à faire, c'est de les porter chez la 
bonne datne. Amène la charrette, mon 
garçon, et mettons- nous en route, car 
nous avons du chemin à faire. » 

Lorsque l'officier blessé reprit l'usage 
de ses sens, sa tête et son bras étaient pan- 
sés avec soin, ses membres endoloris re- 
posaient dans un lit bien propre, et une 
femme d'un âge mûr, portant le costume 
des religieuses hospit jlières , lui faisait 
avaler quelques gouttes de bouillon. 

a Où suis-je? balbatia-i-il d'une voix 
à peine intelligible. 

— Dans une maison où vous ne man- 
querez pas de soins , répondit sa garde- 
malade. 





— Et mon soldat? demanda le capitaine, 
cherchant à regarder autour de lui. 

— Il dort dans ce lit; mai& tenez-vuoB 
tranquille et gardez le silence. » 

Le capitaine obéit d*autant plus aisé- 
ment que ses forces ne lui permettaient 
pas d'en dire davantage; et, le bien être 
qu'il éprouvait lui venant en aide, il s'en- 
dormit de nouveau. Durant ce sommeil il 
lui sembla voir une vieille dame reposer 
près de lui dans un fantenil et une jeune 
fille prier à genoux au pied de son lit ; 
il se trouvait dans une pièce, aussi propre 
que simplement meublée, contenant plu- 
sieurs lits entourés de rideaux blancs. 
« Comment suis-je donc arrivé dans cet 
hôpital 7 • se disait-il , essayant de recueil- 
lir ses souvenirs.. . il ne s*éveilla que le len- 
demain au grand jour. 

« Eh bien I capitaine, comment ça ¥a- 
t-il maintenant? lui dit Antoine. 

— Beaucoup mieux, et toi-même, mon 
garçon ? 

— Oh I moi , répondit-il en se mettant 
sur son séant, je suis comme qui dirait 
hors de danger ; j'ai bu, mangé et dormi ; 
et, comme je n'étais malade que de soif, 
de faim et de fatigue, le traitement a réassi 
à merveille ; si bien que je suis tout prêt 
à doubler la dose; mais parlons de tos 
blessures, j'espère que l'on ne sera pas 
obligé de vous couper le bras comme le 
chirurgien le voulait hier au soin Mille 
bombes! ce serait dommage, un bel offi- 
cier comme vous ? 

— Que dis-tu ? s'écria le capitaine avec 
un certain effroi. 

— Je dis que le chirurgien voulait vous 
couper le bras, donnant pour ses raisons 
qu*ii fallait savoir sacrifier un membre afin 
de conserver Its autres ; les \ieiiles Sœurs 
disaient romme lui, mais la jeune a assuré 
qu'elle saurait bien vous guérir sans cela ; 
puis elle vous a pansé si gentiment que 

j c'était plaisir à voir ; et, tenez, la voiU qui 
; vient vers vous, ajouta-t-il en posant sur 
l son front le revers de sa main droite. 













— 557 



— Ea croîrai-je mes yeux! s'écria le 
capitaine , qui n'était autre qu*Émile de 
Yermorand ; il venait de reconnaître 
mademoiselle de Boisvilliers d^ns la jeune 
garde-malade qui Tavait veillé toute la 
nuit; TOUS ici, ma cousine? dans un hô- 
pital 

— Non, monsieur, répondit madame 
Hubert, qui entrait en ce moment, c'est 
rhôpital qui est chez mademoiselle. 

— Qu*est-ceque cela signiQe? demanda 
le capitaine. 

— Itfon Dieu! rien que de bien simple, 
répondit Berihilde timidement; je tâche 
d'employer le temps et la fortune, dont 
j*ai de reste, à être utile aux pauvres gens 
de ce pays ; deux bonnes sœurs hospila - 
lières veulent bien m'aider dans cette tâ- 
che, et nous avons consacré une aile de ce 
vaste manoir à servir d*école aux petits 
enfants du village et d'hôpital aux malades. 
Je rends grâce à la Providence qui a ins- 
piré aux bûcVetons, lorsque vous étiez 
évanoui dans le bois , l'idée c-e vous 
transporter dans le château de notre cher 
oncle. 

— Âh I ma cousine, comment vous ex- 
primer ma reconnaissance? 

— En me laissant vous soigner de mon 
mieux, dit-elle avec un doux sourire; j'ai 
promis au docteur de vous guérir, et vous 
ne voudriez pas me faire manquer à ma 
parole. » 

Pendant un mois entier, Berthilde, ai- 
dée des bonnes sœurs, pansa les blessures 
de son cousin avec une adresse qui eût 
fait honneur au chirurgien le plus habile. 
Au bout de ce temps, le malade put être 
transporté au pavillon du jardin, dans le- 
quel se trouvait un apparteiuent complet, 
qoi avait été restauré avec beaucoup de 
luxe; Antoine, fidèlement attaché au scr- 
Yice de son capitaine, l'avait suivi; et 
fierthilde, toujours bonne et douce, cher- 
chait à le distraire en causant avec lui et 
en lui faisant de temps à autre des lectures 
intéressantes. 





DIX-NLLVlèMR ANNÉE, \* SÉRIE. ~ K» XI. 



Vers ce temps , on apprit au château la 
seconde abdication de Napoléon et le li- 
cenciement de l'armée impériale; cette 
circonstance rei)daità M. de Yermorand sa 
liberté. Dès qu'il fut en état de marcher, 
il voulut visiter eu détail les fondations 
charitables de sa cousine; l'école où les 
sœars enseignaient le catéchisme, la lec- 
ture et l'écriture, à tous les infants du 
village ; Touvroir où elles montraient aux 
petites filles â coudre et à tricoter ; l'hos- 
pice où deux ou trois vieillards sans fa- 
mille avaient dôjà reçu leurs invalides; les 
salles où les malades étaient soignés ; et 
Berthilde tnuvait un grand plaisir àvour 
son cou>in approuver vivement tout ce 
qu'elle avait établi. Lorsqu'elle parut dans 
la cour où les enfants prenaient alors leurs 
ébats, tous se précipitèrent à sa rencouire 
eu l'appelant la Bonne Dame, c'était à qui 
eu obtiendrait un sjurire ou parviendrait 
à lui baiser la main. 

« Comme on vous aime ici! lui dit le 
capitaine en la regardant avec intérêt. 

— Oui, répondit Berthilde tout émue ; 
aussi suis -je bien heureuse. 

— Ainsi, vous ne désirez pas d'autre 
bonheur? 

— Non, dit-elle, car je n'aime point le 
monde et je ne veux plus me marier. 

— Parlez vous sérieusement, ma cou- 
sine 7 

— Très - sérieusement , répondit - elle ; 
voilà déjà plusieurs années que je pense de 
la sorte. 

Le capitaine dtvint pensif, mais la jeune 
ûUe ne s'en aperçut |as, occupée qu'elle 
était à distribuer des livres et des images 
aux enfants qui s'étaient le mieux conduits 
dans le cours de la semaine; puis, dans la 
crainte qu'il ne se fatiguât trop cejour-lâ, 
file prit le bras de son cousin et le recon- 
duisit jusqu'à la porte de son pavillon. 

Le tempi de la convalescence s'écoula 
dans une douce iutiuiité; un mois se passa 
encor<* s:ins que le capitaine parlât de son 
dépars M. Gautier, le vieil intendant de 





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— 538 — 

la famille, qui, depuis la mort du oiar- mademoiselle ne veuille point se marier! 
quis, n*avait point quitté mademoiselle répliqua madame Hubert. 



de BoisTlIliers et lui servait, pour ainsi 
dire, de tuteur, commença à trouver 
étrange ce séjour prolongé; et, d'accord 
-avec madame Hubert, il alla trouver le 
}eeme homme pour lui dire que , quoiqu'il 




convenances ne lui permettaient guère de 
rester plus longtemps chez mademoiselle 
<Ie Boisvilfiers. 

« Est- ce de la part de ma cousine que 
tous me donnez cet avis? demanda-t-il en 
changeant de couleur. 

— Non, monsieur le capitaine ; c^estmoa 
attactiement pour mademoiselle qui m'a 
fait incraH son mettre ces réflexions que je 
vous prie de ne point prendre en mauvaise 
part 

— J'approuve votre zèle, monsieur^ ré- 
pondit le jeune homme , et je ferai dès 
aujourd'hui mes préparatib de départ; 
mais je veux auparavant avoir un entretien 
avec ma cousine. 

— Vous la trouverez dans son atelier de 
peinture avec madame Hubert, » dit Tin* 
ten>ifinr, t[ut s^inclina et sortit. 

Le capitaine s'y rendit aussitôt. 

« Ma cousine , dit-il d'une toIx émue, 
je viens "vous fdiro mes adieux. 

— Qboi, vous partez l s'écria-t-elle en 
pâlissant. 

— Il le Tant bien , répondit-il avec un 
«oupir. 

— Et où allez-vous î 

— *]t9i ttalîe, en Allemagne. .. que sais- 
je? Pcn m'importe l'endroit, puis^tie je ne 
puis rester auprès de 'voas, et que je serai 
égalemem mftiuearevx partout où vons ne 
serez pas. 

— Que dKes^ vous T reprit-elle en rou- 
gissant. 

— Je dis que je tous aime de toute 
mon Ime, et que je suis an détespoir de la 
résolution que vous avez prise de ne point 
vous marier. 

— Où prenez-Yous, s'il vous plaît, que 



— Hélas ! répondit-il, ma cousine elle- 
même me l'a répété plusieurs fuis, et je 
sais bien qu^elle a refusé les plus brlUants 
partis de la province. 

— C'est que j'avais promis à ma mère 



n^abitât pas précisément le château , les mourante de n'avoir d'autre époux que 




celui qu^elle m'avait choisi dès l'eof «nce; 
etje lui tiendrai parole, répondit Berthîlde 
en baissant les yeux. 

— Que veulent dire ces motst ^'écria le 
capitaine transporté de joie; ODnsentiriez- 
vous à devenir ma femme ? 

— Si ma figure ne vous fait plus pem> 
dit Berlhiide avec un triste sourire. 

— Ah I quelle injure , ma chère Ber- 
thîlde!... Puis il ajouta, après un instant 
de réflexion : Je ne veux rien vous cacher, 
ma cousine; j'avoue, à ma boute, qu'il fut 
un temps où je ne vous trouvais rien 
moins que jolie ; mais vous avez tellement 
embelli depuis lors qu'aucune femme ne 
me parah plus charmante que vous. 

— 'Vous vous tron)pez, monsieur le ca- 
pitaine, dit madame Hubert, naademoiselle 
n'a pas embelli , mais c'est que vous la 
connaissez maintenant, et tous ceux qui 
la connaissent ne peuvent s'empêcher de 
l'aimer. » 



IX. 



Tf ok> semaines plus tard, le dernier rotn 
de la comtesse de Boisvilliers et de son 
noble frère se trouvait accompli. Ce ne 
fut que plusieurs mois après que le capi- 
taine qui prit dès lors le titre de marquis 
de Vermorand, apprit de madame Hdbert 
avec quelle générosité mademoiselle de 
Boisvilliers avait brûlé le testament de son 
oncle, qui la faisait seule héritière au pré- 
judice de son cousin, et cela au moment 
même où elle venait d'apprendre qu'il re- 
fusait de l'épouser. fAm déjà ri m ne pou- 
vait ajouter à l'admiration ei à la tendresse 






^i^t 








— ^5t ~ 



qne le jenne mari ressentait pour son ai- 
mable femme, et se$ sentiments, fondés sur 
l'estime et le charme de la vertu, ne s'affai- 
blirent jamais. 



Bertbilde eut plasienni beaux enfants 
qu'elle éleva avec swn , el qui l'entourent 
encore de reopect el d'amour. 

Eugénie D. die la Roghère. 





LA TOUSSAINT. 



Nous n'avoni point ici de demeure 
perminente. 

SàJXTPkXïL, Atm Hébreux. 




Des lauriers de ses fils quand Rome enorgueillie, 
Saluant la victoire en ses murs aecueiHie, 
Du Capitole auguste ornait les vieux parvis. 
Et pour mieux applaudir, à la fois reine et mère, 
L'heureux triomphateur du Partlie ou de Plbère, 
Étalait ses trésors, au monde entier ravis ; 

Quelle fête éclatante et quel prix pour la gloire ! 
Le vainqueur dominait, de son char de victoire, 
Ses vaillants compagnons, aux I^elliqueux refrains; 
Les aigles s'inclinaient, de lauriers couronnées, 
Et les rois, ses vaincus, fronts nus, mains enchaînées, 
A sa suite traînaient leur honte et leurs chagriss. 

Les Romains retenus sur un lointain rivage^ 
Dans la Scythie inculte ou la Gaule sauvage. 
Pour ce superbe espoir affrontaient le péril; 
Ils saluaient, joyeux, ces fêtes solennelles, 
Le repos succédant aux guerres éterncUen, 
Le triomphe an labeur, la patrie à l'exil ! 

Gomme ces fils de Rome antique, 
Notre vie est un long combat. 
Mais dans le sein le plus stoïque. 
Parfois l'âme tribte s'abat 
Pourtant, il est un jour suprême, 
Il est un brillant diadème 
Pour le front des victorieux ; 
iprès tant de luttes fatales. 
Il est des pompes triomphales, 
Il e^t des repos glorieux. 










— 540 — 

Oui, notre loi noas les révèle. 
Ces jours d'immortelles spleodeurs, 
Dont l'image sainte et fidèle 
Guide au but nos pas voyageurs. 
Ob ! quelles pléiades briUdntesI 
Nuit, moins d'étoiles scintillantes 
Brodent tes Toiles azurés t 
O mer I moins de vagues plaintives 
Tiennent, amantes de tes rives. 
Mourir sur les sables dorés I 




Je vous connais, je vous salue. 
Troupes de bienbeureux esprits. 
Milice par le Christ élue. 
Hommes par la terre proscrits. 
Vous guidez cette sainte armée. 
Vous, rois-pasteurs de lldumée, 
Et vous, propbète du Carmel, 
David, votre harpe sublime, 
Conduit dans la sainte Siilvme 
Le chœur des Anciens d'Israël. 




Tous que Dieu tira de la fange. 

Et qu'il éleva sur les rois, 

Hérauts du Christ, sainte phalange, 

Échos d'une céleste voix, 

C'est donc vous, humbles pêcheurs d'hommes! 

Vous possédez ces purs royaumes 

Payés du sang de votre Ami : 

C'est Pierre, aux larmes repentante^*, 

Paul, aux paroles éclaUntes, 

Jean, au cœur du Maître, endormi t 

C'est vous aussi, tribus vaillantes, 
Qui dans le sang pur de l'Agneau, 
Lavez vos robes triomphantes 
Qu'à teint le glaive du bourreau I 
Vous avez du Dieu véritable 
Confessé le nom redoutable 
Jusque sous le fer des licteurs; 
Et le rayon de votre joie 
Maintenant terrasse et foudroie 
Le front de vos persécuteurs 1 



4"/»*^ 



■^!^ 








— 541 — 

Quelle splendenr tous environne 
Tous que tout cachait ici-bas I 
Fils des déserts! qoelle couronne 
Esl le prix de vos longs combats I 
Purs époux de la solitude » 
Votre vie était un prélude 
Des hymnes du divin séjour, 
Maintenant, votre âme ravie. 
Aux sources profondes de vie 
S'abreuve d'extase et d'amour! 

Au monde dérobant vos traces, 
Beaux lis du jardin de l'Époux, 
Vous avez vu fleurir vos grâces 
Aux seuls regards du Dieu jaloux ; 
Du Verbe, fidèles amantes, 
De l'indigent humbles servantes, 
Vous jetiez à Téternité, 
Gomme autant de célestes gages, 
Vos vertus, terrestres langages 
De l'immortelle charité 1 

m 

Travaux, tourments, comme un vain songe, 

Ont disparu devant vos yeux; 

Et votre âme à jamais se plonge 

Dans les secrets profonds des citux ! 

Plus d'énigmes, de voiles sombres ! 

La Foi, lumière de nos ombres, 

Fait place aux saintes visions; 

L'espérance même assouvie 

Ne laisse en votre âme ravie 

Que joie et qu'adorations!. .. 

Mais nous, assis aux bords des fleuves 
De ce lieu de bannissement, 
Nous qui parfoi.<«, sous les épreuves, 
Plions en notre abattement, 
Pour affermir notre courage, 
Levons les yeux : un doux mirage 
Nous offre des soleils meUlcurs ; 
Soldats, combattons pour la palme I 
Passants, il est un lieu de calme... 
Bannis, la patrie est ailleurs 1... 

M""* EVELINE DE RiBBECOUBT. 

















-^ 5W — 



ÉNIGME GÉOGRAPHIQUE. 



Quelle est la Yîlle de France qui fil par- 
tie de la rançon d*un roi captif, qui porte 
dans ses armes le témoignage de sa fidélité 



3i ce roi et à ses successeurs, et qui fut 
téniots d» Tœa sDleoMl par lequel la 
Fraws ett «omnréeà la Sainte- Vierge? 



MÉLANGES. 



AIGDIL1E9. 




Vous avez sans doute remarqué, mesde- 
moiselles, que les merciers prennent sou- 
vent pour enseigne un F. Voici l'origine 
de cet usage : 

Nos ancêtres portaient un vêtement 
qu'ils nommaient tine grègue; plus tard 
ce mot fnt employé au pluriel, car Ha 
Fontaine nous dit dans la fable intitulée : 
Le Coq et le Renard. 

le galant aussitôt 

Tire set grègues gagne au haut. 
Mal content de son stratagème, 
Et notre vieux coq, en soi-même, 
Se mit à rire de sa peur : 
Car c'est double plaisir de tromper un trompeur. 

Plus tard encore les grègues furent rea>- 
placées par les hauts de chausses, puis par 
le vêtement porté de nos jours. La grègue 
avait la longueur de la toge que portaient 
les Romains, elîc devait beaucoup gêner la 
marche ; aussi les Gaulois la relevaieat-ib 
par le moyen d'un ruban de soie; les riches 
pouvaient se procurer ces lie-grigues^ 
mais les pauvres se servaient simplement 
de petites pointes d'acier poli, très-aîguës, 
que plus tard on nomma aiguilles. Ce fut 
donc à bon droit que les marchands mer- 
ciers prirent pour enseigne : A lie-grègue. 
Sans doute, un peintre qui ne connaissait 
pas l'origine de ce mot, crut bien faire en 



mettant i Vi-grec, plus tard, un autre, 
crut mieux faire encore, en mettant à 
l'y. Gomme le mercier y gagnait quelques 
lettres et ne perdait pas ses pratiques, voilà 
pourquoi vous achetez maintenant des ai- 
guilles à Vy, f)n donne ce nom à celles 
dent l« tête est frèsKnrverte et dont l'acier 
e.«t très-fleiifale. Ce soat les plus renom- 
mées, elles surpassent pour la forme et 
pour Ifr qualité les aiguilles anglaises. 

Lorsque la tête d'une aiguille coupe le 
fil, il fcvt la passer \ la imime d'une bou- 
gie, ce qui la bvonie «t f émousse. 

Pvnr déroaiBer les »gmlle<), on les pose 
€Kfivedeux fi^oittes de pafùer de verre et on 
frotte ce papier sur Ir^ aiguilles. 

Il est et la fdns grande imprudence de 
Mnir entre aes lèvres des aiguilles et des 
épîngiefi; il en peutrésuher de graves ac- 
cidents, et souvent la mort. Quand les ai- 
gniies iw sent pas descendues bien bas 
dans Tcesophage, les doigis sufGsent pour 
le» en retirer; mais ce cas est rare; or- 
dinairement on emploie des éponges, des 
pinces, des crochets de ûl d'archal que 
Ton a grand soin de tenir solidement ; ou 
bien on fait av»ler à la personne impru- 
dente un morceau de viande durcie, auquel 
on a attaché un (ont de fli, aGn de pouvoir 
le reth*er lorsque raîgmtle«'y est enfoncée. 






Ci."- -J^ 






.>^K53 




— 345 — 



Écoiiomie Domestique 



SALMIS DE BÉCASSES ET DE PERDREAUX. 




Lorsque deux bécasses ou deux per- 
dreaux oui été retirés de la broche, on «n 
sépare les ailes, les cuisses, restotnac ; on 
hache les têtes» les croupions, tes car- 
misses et riaiérieiir dtss corps ; on net le 
tout dans «ne cassent, on le êâi booîilir 
à petit fett ()eftdaBt mn ^urt 4'heare a? ec 
quatre échakitcs h2€hées,'iia vcrrede Tin 
blaiic, un vetre de boinUon, sel, 'poivre, 
une gousse d'ail, dn bearre gros comme 
une noix; puis on |MBse le tout à travers 
une passoire posée sur une autre cassemle 
dans laquelle on a placé les morceaux des. 



bécasses ou des perdreaux. On met mqo- 
ier le tout ua quart d'heure sur an ieu 
do(iX. Pendant ce temps on taille autant 
de minces tranches de pain qu'il y a de 
morceaux de hécasse ou de perdreau, on 
fait griller ces tranches sur le gril, on 
eoape mi citron en tranches minces que 
Ton pose sur les bords d*utt plat, on place 
dans ce plat chaque tranche de pain, sur 
bqueNe on met un morcvan de bécasse 
ou de perJneau, on jette la sauce par-des- 
BUS, et au moment de senrhr on Tarrose de 
deux cuillerées d*huile. 



GBLÉ£ DE POMME& 



Prenet SO belles pommes de raoette, 
bien mûres. Pelez-les, ooapez-ies en huit 
quartiers, Otcz^en les pépins; jetez ces 
quartiers à meswe dans Teau iratcbe pour 
> qu'iifi^ne se noircissent pas ; relirez -les pour 
les mettre dans une bassine, avec de nou- 
velle eau qui les reoouTre un peu; faites 
bouillir, et quand les quartiers s*écrasent, 
retirez la bassine du feu. Posée «n grand 
tamis sur une terrine, versez les pommes 
dans ce tamis, laLssez-enpasser.touile ju5, 
sans les presser ; pesez ce jus ; mettez dams 
une bassine autant de beau sucre concassé 
que TOUS avez pesant de jus, ajoutez-y un 

MOYEN DE COfiSEEVBR LES FRUITS. 



demi-litre d'eau, mettez cette bassine sur 
un bon feu, faites cuire cjd sucre au petit 
cassé (1), retirez la bassine du feu, versez 
dedans le jus des pommes» remuez le tout, 
et remettez-le sur le feu, ajoutez-y le jus 
de trois citrons, faites lui faire cinq ou 
six bouillons , enlevez soigneusement Té- 
cume qui surnage; coupez deux écorces 
de citran en petits Glets longs d'un 
centimètre, larges de 2 millimètres, jetez- 
les dans la bassine. Lonque h gciée de 
pommes est à la nappe,^c'Bsi'i^^e lors- 
qu'elle s'étend sur l*écumoire et reloiibe 
en nappe, elle est fidbe. 




Un propriétaire près d'Alger, ayant 
planté en 18^^ un cep originaire de Bour- 
gogne, a récolté cette année une grappe 
de raisin pesant S kilogrammes , qu'il a 
envoyée au Ministre de la guerre qui l'a 
fait exposer chez Chevet, où le public pa« 
ri>ien a pu fadmirer pendant trois joursi, 
puis elle a été portée à l'Elysée. 

Cette grappe a fait ^00 lieues et est 
arrivée sans accident ; le moyen que l'on 
a employé est celui-ci : 



sons le couvercle qu'ensuite on a cloué ; 
alors, par dis trous pratiqués de chaque 
côté de ce couvercle, on a introduit dans 
la boite du sable de mer, Idvé à l'eau fraî- 
che, tamisé et séché au soleil. 

Ce moyen peut être employé partout et 
pour la conservation de tous les fruits, 

(1) Pour oonnattre ce degré de cuisson, trem- 
pez la queue d'une cuiller de bois dans le suere, 
puis d<<ns l'eiU Aroide, prenex ce sucrt, routez- 




^__j le sou» vos dofgts, placez-le sous vos deats; 

On a attaché la grappe par la queue, ■ s'il casse et s'y attache, il est au pelii cassé. 















I 




544 



mais plus particulièrement des raisins On 
pourrait se servir également du sable de 
iac ou de rivière, séché au soleil ou dans 
un four, et tamisé ; il faut que ces deux 
opérations soient faites avec soin. Ce même 
sable pourrait servir les années suivantes ; 
11 Bufûraii de le faire sécher de nouveau. 

POMMADE ROSAT 

Cire blanche, 33 grammes. 

Huile d'amandes douces, 60 grammes. 

Essence de roses, 300 centigrammes. 

Essence de cannelle fine, 300 centi- 
grammes. 

Choisissez un vase verni, mettez dedans 
la cire blanche et versez-y l'huile d'a- 
mandes» douces. lUetiez &ur le feu une 




Comme il ne s'agit plus ici de faire voya- 
ger ces fruits, on pourrait, pour les rai- 
sins, les étendre dans une grande bo!te, 
sur une couche de sable, et les en recou- 
vrir ; pour les pommes et les poires, on 
emploierait le même moyen, et je crois que 
les œufs pourraient se conserver de même. 

POUR LES LÈVRES. 

casserole pleine d'eau, placez le vase dans 
cette casserole ; quand la cire est fondue^ 
versfz lentement dans ce vase l'une et 
l'autre des deux essences, remuez bien ce 
mélange avec une spatnle de bois et versez- 
le dans de petits pots, ou dans de petites 
boites, que vous placerez au frais. 



COSMÉTIQUE. 



Baume de la M< cque, 6 gouttes. 
Sucre, U grammes. 
Eau distillée de rose, 160 grammes. 
Un jaune d'œuf frais. 
Mettez dans un vase le Jaune d'œuf et 
le sucre, battez jusqu'à ce que le sucre 



peu l'eau de rose ; passez ce mélange à 
travers un morceau de flanelle blanche 
que vous avez suspendu sur un entonnoir 
placé dans une petite bouteille. 

Le soir, on trempe un linge dans cette 



eau balsamique, on s'en frotte le visage et 
soit fondu, ajoutez les gouttes de baume de ; on ne l'essuie pas. Le lendemain matin, 
la Mecque, mêlez le tout en versant peu à .' on se lave avec de l'eau pure. 

CORRESPONDANCE 



Enfin !. .. voilk la Toussaint qui s'avance, 
et le foyer qui lui ouvre ses bras. O mon coin 
du feu 1 si je t'aime, c'est quepr* s de toi l'on 
aime mieux ; il semble que tu sois le soleil 
du cœur. Oh ! que ne peux-tu réunir cha- 
que soir toutes mes amies absentes I quelle 
bonne causerie nous ferions (rès de toi, et 

la main dans la main Hélas! j'aurais 

beau t'invoquer, elles sont trop loin I 

Aussi, pour me consoler, je vais pi nser à 
elles, m'occuper d'elles, leur prouver que 
j'ai mis toute mon intelligence à leur être 
utile, à leur plaire, et mériter qu'elles me 
renvoient ma devise : Loin des yeux^ pris 
du cœur. .. 

Je me mis à lire haut cette tête de lettre^ 
■\ pour m'assurer si quelques mots ne se 



gênaient pas; comme je finis^^als, je sentis 
deux petites mains ^e placer sur mes 
épaules, et Florence, que je n'avais | as 
entendue entrer, me dit d'un ton de 
reproche... « Pourquoi sans moi? pour- 
quoi me priver du plaisir de faire quelque 
chose en commun avec toi? tu sais que 
tes amies ^ont devenues un peu les mien- 
nes... et c'est maly de nous séparer dais 
leur cœur. 

— Mon Dieu ! dis-je en me levant et 
l'embrassant malgré elle, que tu as l'esprit 
mal fait ce matin ! je voulais t'épargner ui 
travail... 

— Un travail partagé avecune amie est un 
plaisir dont tu voulais me priver, méchante 1 
Par bonheur je suis arrivée à temps. 











— 548 — 



— £h bien, dis-je en riant, commen- 
çons. 

— Toat de suite!... s*écria-t-elie en 
s'asseyant à ma place... Ah! mademoi- 
selle I vous vouliez vous passer de moi!... 
Voyons, diclezl... J'écris. 

— Le n* 1 est le quart d'un mouchoir 
qui s'exécute en broderie anglaise, formée 
d'un point de feston. 

— Je te ferai observer que les ronds 
seraient mieux au piumetîs. 

— Adopté I Le n"* 2 est au<^si le quart 
d'un mouchoir qui se brode au plumetis, 
et se festonne tout autour; les tortillons, 
les feuilltfs couvertes de piqûres» les raisins 
se font en points de cordonnet, le milieu des 
raisins s'enlève où tu vois ce signe x » on 
le remplace par des jours; l3s piqûres des 
feuilles se rendent par trois petits points : 
deux passés l'un à c5ié de l'autre, et le 
troisième, par-dessus les deux premiers : 
cela fait comme un grain de sable. Des 
autres feuilles, on ne brode au passé que 
l'extérieur et l«s côies. 

— Voilà un grand travail!... heureuse- 
ment le mouchoir est petit 

— Le n"* 3 est l'un des côtés d'un porte- 
cigares, il se taille en drap, se brode au 
crochet, ou en points, de feston, avec un 
cordonnet de soie : bleu de France, gros 
rouge et orange, ou un ûi d*or. Les pois 
rencadremeni et les dessins qui nt; se sui- 
vent pas se feront en soie orange on en fil 
d or, les autres dessins en bleu et en rouge. 
Commence toujours par une des pointes du 
milieu de ces dessins. D<ins l'espace vide, 
brode en or, en points de chaînette, le 
chifl're de la personne à laquelle tu destines 
ce porte-cigares. De l'autre côté, tu brode- 
ras une espèce de naud formé des deux 
feuilles de trèfle que tu réuniras par le pied. 
Sur la couture tu feras une rangée de points 
de chaînette en fil d'or. 
Le n^ U est une dentelle au crochet 
Le n* 5 est un dessin de filet carré qui 
se bro le en reprises et sert, ajouté à beau- 
coup d'autres, à garnir des aubes, des 





nappes d'autel, des mauteaux de lit, des 
dessus de cheminée et des tapis de table. 
Le tout se garnit d'une dentelle en filet, 
non brodé. 

Le n* 6 est un bouquet formé d'une 
rose rouge, d'une rose rose, de ne m* ou- 
bliez pas et d'une pensée. Ce bouquet se 
sème pour un fauteuil-Voltaire ou pour 
un canapé. Il peut faire le milieu d'un ta- 
bouret : le fond sera blanc, gris ou cho- 
colat. 

Le n^ 7 indique les couleurs à employer 
pour rendre ce dessin. 

— Tu as fait une variante à la phrase 
accoutumée. Je te fais mon compliment. 

— Je Tacceplel Le n® 8 est un porte- 
montre qu'une bonne et douce amie m'a 
envoyé d'Alger. Voici comment tu pourras 
l'exécuter. 

Achète : une feuille de carton du prix 
de 15 centimes — du velours de soie 
rouge — de la percaline gros bleu — 42 
paillettes d'or — du fil d'or — de la 
canetille d'or, et une feuille de parchemin. 

— Fais cuire» dans un verre d'eau, une 
cuillerée d'amidon en grain; quand il est 
bien cuit, retire-le, fais-y fondre dix boules 
de gomme arabique, passe le tout à travers 
un linge et vprse cette colle légère dans un 
petit pot à confitures. — Taille fn carton 
ce modèle n"^ 8 — taille-!e aus.>i en per- 
caline gros bleu, sans laisser de remplis 

— trace 6ur le velours rouge, avec un 
fii, ce même modèle u* 8 — à partir de 
la raie noire qui, dans sa largeur, fait 
ombre sur le porte-montre; taille jusqu'au 
bas de ce n* 8 un autre morceau de carton 
qui formera le gousset dans lequel descen- 
dra la montre, pour ressortir par le rond 
que tu vois au bas du n* 8 — taille sur ce 
gousset un morceau de percaline gros 
bleu, sans y hisser de remplis — trace ce 
gousset sur le velours. — A présent, avec 
un pinceau, couvre de gomme le canon 
n* 8 — colle dessus sa percaline bleue 

— couvre de gomme le carton du gousset, 
I colle dessus sa percaline et laisse sécher. — 










D©^ 






>* 




— 54G — 



Quand ils aont secs, réunis-les tout autour \ 
a?ec du fil jaone-arange, en ioiilant k 
point que tu y vois. 

Prends la feuille de parchemin, dessine 
dessus avecuacrayonminje deplomb, Tara- 
besqpedu milieu et rencadrement; à partir 
du haut jusque après la raie noire qui tra- 
Terse le porte->juoiitre dans sa largeur, 
c'est-à-dire» plus ba& que la pointe et les 
quatre paillettes qui sont aux deux tiers de 
ce modMe n° 8, ei coupe ce parchemin, en 
y laissant une bande semblable à ceile qni 
entoure ce modèle. -- Reprends la Ceuille 
de parchemin; dessine, à partir de la raie 
noire qui fait ombre, les arabesques, Teo- 
cadremeut^ et le rond par où ressort la 
montre, ce qui forme le gousset — attache 
ces deux dessins de parchemin sur le ve- 
lours, brode-les avec le fil d'or, en tra- 
versant parchemin et velours — découpe 
le parchemin à un millimèire de chaque 
côté de la broderie et d'un seul côté du 
rond et des encadremet'ts — couds les 
paillettes ayec de la canetillc d'or — Déta- 
che du métier le morceau de velours, dé- 
coupe l'ensemble du porte^moulra n* 8 
et le gousset» en suivant le tracé du fil 
— couds, avec un Gl d'or, sur le velours 
du modèle n*' 8, en imitant c% poÎAt, la 
bande de parchemin qui encadre le mo- 
dèle, y com^iris la Ininde qui le traverse; 
couds de méme^ sur le gou&set^ rencadne- 
ment de parchemia — réunis, par un 
turjet qni prend le fil. jaune de la dou- 
blure et le fil d'or du dessus, le porte- 
montre etsoD gousset avec la. doublure, en 
ayant soin de renfermer dans le baat uu 
fil d'or pour fonner cet annean. 

— Yoilk un riche et éié^ani cadeaa 
pour étrenfies; mais celle de im>us qui ne 
voudrait pas se donner aatani de travail 
poacrait se passer de parchemin , et bro- 
der a» arabesques en paLUteUes et en sou- 
tache d'or; il y aurait^ il est vrai, un vide j 
au miMeu de eea deasins^ ce q«à.]eur ôte- 
rait ttu peu l'air arabe..» mais pour qui 
ne poursait (ake de comparaitwtt... 





— C'est une benne idée I Le i^ d est on 
brin de crin noir. 

Le «° 1(> eal un patBOB de fleur d'a- 
voine. Tu as le pot de ooUn qiâ l's servi 
pour le portfuiHNitre — on placeen de 
10 centimes — une pince à flevv de 50 cen- 
tiaaea — une poignée d'asiowe — des crtns 
noirs longa comme ceux b* 9« etor 11 
— de petits morceaux dt miovs de 
soie reuf e eni noire — mie bobine de 
.soie plate rouge ott mtk «— da fitd'ar- 
chai — Ml attache» sur une table vu mor- 
ceau dfi vehàur», tu l'eadai» de ordle à 
l'envers — qvand ii est ste, tu tvîlles, je 
suppose, 20 pétales de velonrS'aoîr, sur le 
modèle n° \ (à; tu pneeds ua grain d'avoine, 
avec toa ptncfas, tu Icoonviiesdeoone, tu y 
appuie» uft crin noir, èong^onioecc^u» dvi 
n"" il. To endoisde gonmelebasdelVa^ 
vers d'un des pétales de velours, du cd«6 
le pluS' large, tu le colles ainsi qu'il est 
posé sur le grain d'avoine; en face de ce 
pâale tu en colles un autre qui recouvre 
du bas une partie du premier, t» pewl» 
de la soie plate, tu la touruee autour du 
crin n*" 1 1, en y renfennaiic le bm des pé- 
tales; lu tournes 4^te soie la longueur de 2 
centimètivs — tu prends le crin n* 9, tu 
l'aÎMite» au premier crin, tu Tentinires 
de soie en le tournant entre le pouce et 
rindex de ta mai» gauehe, et chngeaat 
avec tamaiii droilu cette soie, lu l'arrêtes 
pan un u«ud — tu prends un fil d'arebal, 
long de 10 centimètres; avec la même soie 
plate, tu attaches tout autour, de distance 
en distance, les. 1<§ brine de crîo et leur 
fleur — et tti fais une autre branche pa- 
re lie. €e8 branches se posent de chaque 
côté du dessons d'un, chapeau, d'efr cha- 
que fleur retombe en clocbette — de cha- 
que o&ié d'un bonnet de soirée, dont les 
rubans sont roses on blanm -*- de chaque 
côté des joues, parmi des cfaeveniE ftvsés, 
ou entre les bandenax et les <Ae«eui de 
dM!rièr& 

— Bien entendu que cette fleur d'a*- 
voine peutseiaire en satin blev^iel, rose- 



<s^ ^'' 











— 347 — 



OQ Tert; cria serait charmant an' bal. et 
même une reserost entourée de clochettes 
de vekHKS nom ferait an effet très-original. 

Le i/' 12 est une manche de monsselme 
ornée d'^ntre-deux ^ de dentelle; eile «e 
met sous 'tes manches Louis XIH ou mous- 
quetaire, ce qui est la même chose. 

Le n* 1 3 est une diemisette que h*s pe- 
tits garçons de cinq à neuf ans portent 
Sïous un sarrau de yeluurs noir ou de drap 
gris, et sons une vesie à l'anghiise. Les 
plis sont ronds, et arrêtés ronds, du haut 
et du bas. Les petites Qlles portent ces 
chemisettes sons Iccn's robes. 

Le n* 14 est une Ikîrthe formée de rangs 
de dentelle noire ou blanche, froncée à un 
entre-deux de dentelle noire on blancha 
Cette Eerthe se porte pour soirée on dfner 
prié. On peut la poser sur une robe mon- 
tante; cVst ainsi qu'elle convient aux 
lionnes mamans. 

Ici commence la description de la grande 
planche. 

Le n'» 45, Âzélie,m*9i été demandé pour 
remplacer Félické, qni se trouve dans une 
hortensia. 

— Est-ce que tu préfères le nom de cette 
flenr au féminin T 

— Ouï, d'abord pour l'oreille; car, au 
masculin, on prononce un nortma^ia^ ce 
qui eSi pi^u harmonietix; enstriie, parce 
qoe cette fleur a reçu son nom de la reine 
Dorlense, puis, parce que Phorte nsîa est 
la rose do Japon, et enfin parce que le 
dictionnaire met S. F., ou S. M. à notre 
choix. 

Le n** 46, Lom&a^ point de feston et 
foioderie «glaise. 

Le n" 17, Henriftte. 

1.C n* 18, Joséphine. 

l.e n" 49, -Claudine, pinmetis. 

Len* 20 est un dessin pour brande- 
bourgs', il s'exécute en sontathe noire sur 
noir; bien sur bleu; on marron sur mar- 
ron. Pour se servir de ce dessin, on le 
calque sorun papier végétal, puis on prend 
du papier & calquer, jaune. Si la robe se 




ferme par derrîh*e, on place, sur le haut 
du corsage, une bande de ce papier, large 
de 5 centimètres; sur cette bande, an place 
ce papier végétal, et avtpc un crayon mine 
de plomb, un peu dnr, on soit œ dessin, 
composé de six fleurs — plus bas, on re- 
place le papier à décidquer demanièreàôter 
une fleur de droite, et à ne faire que 5 
fleurs — plus bas on n'en fait que k ^- 
et pins bas on n'en fait que 2. On a 
(oin , lorsque Ton desâne , de ne pas 
mettre la queue de la fleur de droite, de 
continuer, par nue dent arrondie, les 
deux lignes qui sont au bas de cette fleur, 
et de terminer de même la qoeue qui 
tient à la fleur de gauche. Pour le haut de 
la jupe, on commence par 2 fleurs, puis 
on continue en atTgmenfant chaque rang 
d'une fleur jusqu*à ce qu*il y ait 8 ou 9 
rangs, en laissant cuire eux à peu près 
10 cemimètres. Ce dessin peut servir pour 
robe de petite fille on sarrau de petit gar- 
çon. Il pefut au>si entourer un manieau 
Talma. 

te !!• 21 contient Fcmw/, Isabelk^ au 
plumetis. 

Le n" 22 est un dessin di* broderie an- 
glaise, pour bas de jupon; il s^exécute au 
point de cordonnet, et le feston en peints 
de rose. 

Le n* 23 est un F en broderie anglaise. 

Le n* 1h est un dessin de manteao de 
lit, ou de titpis de table, qui s'exécute au 
crochet, ou au filef, au point carré. 

Le n* 25 est l'on des c6tés du dos d'un 
corset de coutil blanc; les 6 raies inégales 
indiquent'trois ruban-t comus à Tenvers et 
dans lesquels on passe 3 baleines — >- les ^ 
lignes du milieu du dos indiquent on large 
ruban cousu à Tenvers, dans lequel on 
passe deux petits buses en baleine, et sur 
lequd on fait les œillets; les 10 petites 
lignes du ha«t indiquent les 9 petites 
ganses de coton que f on introduit entre 
ce large ruban et le contit, ganses qui 
sont séparées par un point devant. 

Le n"* 26 est l'un des côtés du devrnit 








'^^^iiOC 






— 3:8 — 





do corset — 1^ U raies inégales, iadiqnent 
un ruban dans lequel on passe denx ba- 
leines—les 2 raies près du milieu , indiquent 
aussi un ruban contenant une baleine. 

Le n"" 26 se réunit au n* 25, étoile 
contre étoile. 

Les n*' 27 et 28 sont les deux goussets 
du haut; ils se placent en rapprochant les 
lettres semblables. 

Les n"** 29 et 30 sont les deux gouss*. ts 
du bas ; ils se placent en rapprochant les 
lettres semblables. 

Ce corset est taillé sans les remplis, que 
Fou fait très-larges de chaque côté des 
goussets; on les termine carrément du bas. 

Pour tailler : derrières, devants et gous- 
sets, suppose que cette planche est un 
morceau de coutil, et taille-les dans les 
mêmes biais et dans les mêmes droit- fils. 

Devant, on coud un ruban dans lequel on 
entre un mince buse d'acier. Ce corset est 
bordé à cheval, tout autour, par un ruban 
de fit. Dans le haut du devant, on coud 
un entre-deux de percale brodée, qui est 
terminé du haut par un ourlet dans lequel 
on a passé un petit lacet de coton; à cet 
ourlet on coud une petite dentelle. 

Le n"" 31 Si tu veux avoir un corsage 

à basquines, prends les patrons n^ 36, 37 
et 38, planche YIII, taille le dos, arrête-toi 
avant ({ue ce dos se réiargisse pour former 
la pointe, et termine-le par ce numéro 31. 

Le n*" 32 est la basque du côté, elle se 
réunit à la basque du dos. 

Le h? 33 est la basque du devant, elle 
se réunit, du haut, jusqu'à la raie, seule- 
ment, avec la basque du côté; ces deux 
basques se cousent le long du bas du 
corsage, jusqu'à la pointe du milieu du de- 
vant; les n~ 1 indiquent le haut de ces 
basques; les étoiles et les pois noirs indi- 
quent où ces basques se réunissent entre 
el!e«. Pour les tailler, suppose que ce pa- 
pier est une étoffe et taille-les dans les 
mêmes biais et dans les mêmes droit-fils. 

Le n? 34 est la manche monsquetah*e 
qui se porte avec ce cordage. 




Les deux u~ 35 sont les parements. Ces 
manches se cousent depuis le coude jusqu'au 
bas ; ces parements se cousent seulement 
au bas de la manche; pour qu'ils ne re- 
tombent pas du haut, on les attache de 
chaque côté de la manche par un point où 
se trouve une étoile. Parements et bas- 
quines se garnissent d'un ruban de gue» 
plissé à plis ronds, ou bien de deux ve- 
lours noirs. 

Le n*" 36 est la moitié d'un capuchon 
qui, cette année, se porte avec le manteau 
Tajma, dont tu as reçu plusieurs patrons. 
Où tu vois un F, est la pointe du capu- 
chon; là, se coud un gros gland. Pour le 
faire, tu achètes de la grosse soie demi- 
torse, tu la coupes en brins longs de 20 
centimètres; avec une aiguille enfilée de 
cette même soie, tu arrêtes ces brins soli- 
dement au milieu; lu tailles trois brins de 
soie, longs chacun de 10 centimètres» tu en 
formes une tresse, dont tu noues ensemble 
les deux extrémités, cela fait un anneau 
dans lequel tu passes les brins de soie ; tu 
les replies en deux dans leur longueur» 
puis avec ton aiguille, qui est restée enfi- 
lée, tu les réunis à un centimètre plus bas 
que l'endroit où tu les as repliés. C'est cet 
anneau que tu couds à la pointe F du ca- 
puchon. 

— Noos devenons bien laborieuses, 
Jeanne; à l'entrée d*uAe saison, ce n'est 
pas étonnant. J*ai remarqué que nuus pou- 
vions faire des ornements pour les bon- 
nets» les dessous de chapeau, les coiffures 
en cheveux : achète du ruban large de 
cinq millimètres, en gaze, dont les bords 
soient de satin ; coupe ce ruban en mor- 
ceaux longs de 5 centimètres et demi, 
prends-en un, réunis-en les deux bouts 
en les posant l'un sur l'autre, et les arrê- 
tant par quelques points avec du fil très^ 
fin; entre dans cet anneau un autre ruban 
que tu réunis de même; ainsi de suite, 
jusqu'à ce que tu aies fait une douzaine 
de chaînes, composées chacune de cinq à 
douze anneaux pins ou moins , car tu sais 





iS^éy 








— 540 — 



qûB ces traînes (terme de fleuriste) traînent 
jusque sur le cou. On en recouvre les 
fleurs des bonnets , celles du dessous des 
chapeaux; elles se mêlent parmi les touffis 
de cheYeux et augmentent la grosseur des 
bandeaux. Tu fais des traînes en jais noir 
composées de cinq jais longs d*un centi- 
mètre, enfilés dans de la soie, que Ton 
noue pour former l'anneau. Sur les ca- 
potes on porte des plumes que nous pour- 
rions nous permettre. Si ta mère en a de 
vieilles, blanchis-les, ou fais-les teindre de 
la couleur de ta capote , détaches-en les 
brins les plus chargés de duvet, coupe-les 
en morceaux longs de 5 centimètres et 
demi, avec ton pinceau mets sur un des 
bouts un peu de la gomme que tu as faite 
pour le porte-monlre et appuie légère- 
ment dessus l'autre bout; dans cet anneau, 
entre un autre brin de plume, ainsi de 
suite. Ces chaînes doivent être in^'gales de 
longueur et avoir la forme d'une plume; 
on les enfile dans leur dernier chaînon et ou 
les pend de chaque côté, sur la passe : cela 
fera très-bien, agité par le vent. As-tu re- 
marqué quelques toilettes d'hiver? 

— Oui, une demoiselle, qui marchait à 
côté de sa mère, avait un chapeau de feutre 
blanc, orné de ces anneaux de plumes blan- 
ches. Sa robe était de mérinos écossais, et 
elle portait un long manteau Talma, en drap 
marron, qu'elle relevait tout naturelletneni 
en se croisant en dessous les bras sur sa 
poitrine. Une autre avait un manteau 
pareil, mais plus court, en drap gris, avec 
un capuchon ; le manteau et le capuchon 
étaient ornés, tout autour, de trois velours 
noirs : le premier, large de 2 centimètres 
placé à 2 centimètres du bord ; le second, 
large de 6, placé à un cenûmètre du pre- 
mier; et le troisième, large de 2, placé de 
même à un centimètre du second. La cou- 
ture du milieu du capuchon était couverte 
du large velours, et avait de chaque côté 
le velours étroit. Ces manteaux sont ouatés 
chaudement jusqu'au coude et entière- 
ment doublés de soie de la couleur du 





dessus. Son chapeau était en velours noir 
et sa robe en mérinos de même couleur. Les 
jeunes mères portent des pardessus de ve- 
lours garnis de dentelle; les paletots de 
soie à manches et ouatés sont encore de 
mode , seulement, on y ajoute une longue 
pèlerine , ce qui convient fort aux bonnes- 
mamans. 

Nos petits garçons et nos petites filles 
se couvrent aussi du manteau l'aima, mais, 
dans les proportions, il est beaucoup plus 
court On le fait en piqué d'hiver, pour les 
enfants que l'on porte, et en velours, en fla- 
nelle ou en drap, pour ceux qui courent 
après un cerceau et ceux qui donnent le 
bras à leur mère. Ce manteau est orné de 
brandebourgs posés de chaque côté du de- 
vant . Ce sont deu\ galons, sur le velours, et 
deux velours, sur le drap; ils sont larges 
d'un centimètre et demi, longs de 10 cen- 
timètres , espacés entre eux d'un centimè- 
tre, cousus à p^at, à trois centimètres du 
bord et repliés chacun des deux bouts. 5 
centigiètres plus bas, deux autres velours, 
cousus de même ; ainsi de suite jusqu'au 
bas du manteau. Des deux côtés du haut, 
on coud trois boutons, à trois centimètres 
du bord, on coupe trois ganses rondes, 
longues chacune de 15 centimètres, on les 
replie en deux ; à moitié de leur longueur, 
on les tourne de manière à y faire un 
nœud, ce qui forme une boucle; les 
doux bouts de la ganse, on les coud à droite 
sous un boulon, et le nœud on le coud au 
bord du manteau. C'est ainsi que tu fer- 
meras : pardessus, coin du feu, katzaweck, 
et veste grec )ue. 

Les bonnets des dames sont bien fa- 
ciles à faire. Je leur dirai : ayez un rond 
de dentelle noire, de 30 centimètres de 
diamètre, et cousez k l'envers, froncée 
autour de ce lond, une dentelle blaTxbe, 
en point d'Alençon (si c'est possible), 
haute de 5 centimètres ; mettez une gub:- 
lande de fleurs et posez sur le dessus de 
votre tCte, ce rond de dentelle noire, en- 
touré de dentelle blanche. Si vous ne vou- 













^-UJ^^:^ 




— tWO — 




lez pts mettre ée fleurs» prenez du rnban 
de Teloors roIt, groseille, <mi mairon, large 
de 6 centimètres , formez-en des rosettes 
que TOUS atrachez sur un petit niban de 
Telonrs, qoe tous nouez autour de votre 
tête, ott bien, achetez deux mètres de ce 
même ruban de Telours, brodez-y un semé 
de petits jais ; coupez ces ^ elours en quatre 
bout?f, pliez-les chacun en deux bouts iné- 
gaux, consez^es sur un petit velours que 
TOUS nouez autour de votre tète, de ma- 
nière à ce qu'Hs retombent de chaqae 
côté des joue:?. — Des rubans de Telours 
noir, brodés en jais, se placent aussi sous 
des chapeaux biens ou ro6e«. 

Quant à nous, pour un ba4 : robe de 
taffetas blanc, bien ou rose, corsage à poime 
devant et derrière; manches courtes, pour 
les joRs bras; manclies pagodes pour ks 
antres. Berthe, longue derrière et redes- 
cendant devant, en mourant jusqu'à la 
pointe du bas du corsage. Hanches et Ber- 
tbe, garnies d'effilés de soie ou de ruban 
festonné et cousu froncé. — Ou bien : jupe 
de taffetas et canezon de mousseline. l\>ur 
coiffure : guirlande de fleurs d'aTOÎne, ou 
rosettes formées de trois roses ornées de 
clocheiies.— Ou bien : trois jupes de mous- 
setine oudetuNe, corsage en gerbe et man- 
ches courtes ou manches pagodes; ou cor- 
sage décolleté, et Berthe garnie de ruban 
blanc ou rose. Pour coiffure : guirlande 
de feuillage, ou noeuds de Tef*ours ornés de 
jais noir. Pour sortie de bal, un manteau 
Talma descendant au bas du genou, et son 
capuchon, en soie grise, ouaté, piqué 
et doublé de rose. Le gland sera rose. 

— A présent, ma chère Jeanne, cau- 
sons : que dis-tu des BlooyneHstes et dj 
leur costume? Pantalon blanc à la turque, 
paletot de drap et large chapeau de feutre ? 

— Je dis que les disciples de la femme 
de favocat Bloomer feront bien de ne pas 
Tenir prêcher leur costnme en France; 
nous sommes accoutumées à imposer nos 
modes à tontes les nations du monde civi- 
lise, ce n'est pas pour adopter les excentri- 




cités de^ danaes des Etats^Uni», elles n'oiit 
pas réussi en Angleterre, et }« leurcos- 
seflle de retourner dans leur répvbliqae, «û 
je leur souhaite le plus grand succès. 

— Mais que dis tu du télégraphe élec- 
trique sous-marin, qui fait que la France 
et l'Angleterre peuvent causer ensemble T 

— le dis que c'est admirable! ffotre 
siècle ne sera de fer, d'ai^ent, ni d'or, il 
sera le siècte de rintelHgence. .... Bemer- 
cions Dieu qui sT inspiré oes raerreiHes, et 
qui a permis que nous TiTÎons pour kl rar 
et pour les comprendre. 

— Ma petite enthoniaste, tu en an les 
laro^es auicyeox. .. Embrasse-moi !.. . Riais, 
pardon, si je te rappelle à des choses awins 
graTCs. Et ta gravure de modes î 

— (Test Traî, Florence, je l'aTaîs ««- 
bliée. La jeune personne qui est AebiNit 
a une robe de taffetas marron, «orsage à 
basques arrondies ; ce corsage, k mandies 
mousquetaire , ^agrafe de cfaaqve côté 
Pur le gilet. Ce gilet est en Gachemire 
bleu. Cette demoiselle es^ coiffée d'oae 
pointe de tulle noir, arrondie derrière , 
garnie d'une dentelle frcyiicée derrière et 
terminée devant par un nibaii cousu à 
chaque pointe. Cette marmotte est mal 
placée, elle devrait être posée très «■ ar- 
rière. — La jeune personne assise a «m 
corsage à basqoii?es dont je ("enToiê le 
modèle, celui de cette figurine n'est pas 
exact; il ne dort pas être garni intMr 
do cou. — Le petit garçon a une robe €n 
velours noir, et un nicHrtean Talma en 
même étoffé. — Quant à la jeune naaur 4e 
rhvité qui vieatc^ereher le trowsea» qae 
ces demoiselles ont fini, je n'ai pas k i'ck- 
plîquer son costume, «tu le connais, teivs 
combien il est ^orienx et honoté. 

— Sais-tu, ma ebère, q«B notre Indre 
est longue, etqaetn n'as pas encore tout 
dit? 

— Quoi donc? 

— Le rdbusl 
— - Je roufolie toujours 1 Se^ iMig««-«>Lttf , 

ville de France — f ami de Jésus «^ist 







^^fel 



i)ôî^' 






A.y9 



^'^J 









_ r5i — 



on enfant de cbœar encensant l'amel. 

SJXON lES GENS, L*£NCENSw 

A préseit, permefs^-moi ck finir ma 
lettre et de dire à notre amie, qve fe 
l'ârifne, qne ta YzSmes, et que nom allons 




loi chercher de jolis travanx pour cet hiver, 
des fleurs, par eiemple : des camélias, des 
clochettes, etc. 

Adien, ma chère, à la fin de Tannée, 
c'est-à-dîre, à bientôt ! 

J. J. FOUQUEAD DE PUSSY. 



ZO ROTEMimE 1750. — HOBT DU IkTÂRtCTTAt. DE SAXE. 




nmrîoe de Saxe était né à Dresdi», en 
1696 ; il était fib d'Auguste II, électeur de 
Saxe ot roi de Pologne. Soo enfance se 
passa dans les travaux de la guerre : à 
Tâge de douze ans, il assistait au siège de 
Litte (17d8) ; «n an aprè», au bi^^ge de 
Toornay, il eut an cheval tué sous lui. 
Emporté par sfMi désir d^aTeniares, il cou* 
rut en Hongrie coorfMttre sous les dra- 
peaux du prince Eugèoe ; mais là, se tron- 
Tant en relation avec plusaeors gentils- 
hommes français , il conçut du goût pour 
' notre nation et il vint à Paiis , où le ré- 
gont l'accueillit avec distinction et l'atta- 
cha au service de la France, avec le grade 
de maréchal de camp. Pendant la paix, il 
étudia profondément les sciences militai- 
res; à. la reprise de fa guerre avec TAutri- 
che, il se distingaa de la ■anière la pirai 
brillante an siège de PhiUpsiioiPY, et h 
paix de 1736 le vk Mmmer Kemenant 
général. 

Bientôt la mort de Ckarles TI, enpe^ 
reur d'AlIcmagBe, ameM un cesllit géné- 
ral entre let piûssances esrepéenfSw 
Louis XY eivfoya en ftehème a«e armée, 
dont l^ile gaudie, eomviandée par Blao- 
rice, enleva d'asMmt Timporlaiite ville de 
Prague , ainsi qœ la forteresse d*Égra, ei 
revenu en France, il défendit vaillaiDiiieiiC 
TAlsace contre Tarchidnc Charles et Lor- 
raine , et mérita k bftloii de neréchal en 
17U. 

£n 17/i5, il fut appelé au commande- 
ment général de Tarmée , réunie alors en 
Flandre. Une hydropisie cruelle minait ses 



forces, mais le dépérissement de sa san^é 
n*ôta rien à ^a valeur et à la sagesse de ses 
dispositions militaires; la brillmte victoire 
de Fontenoy en fut bientôt la preuve, et la 
ra{>ide conqiTête des Pays-Bas couronna 
dignement cette campagne. 

Louis XV fut en cette occasion le digne 
interprète de la nation ; if récompensa 
iMaurice de S^xe aves {ïrandeur : déclaré 
Français par des lettres de natora'isa ion 
conçues dans les tercnes les plus honora- 
bles, il reçut la jouissance du domaine 
royal de Chambord,avec /iO,000 livres de 
revenu, et la campagne de ilU^, contre 
les alliés, justifia bientôt ces marques de 
gratitude. La victoire de Laufeld et la 
prise (le Maestricht mirent le sceau à la 
renommée de Maurice de Saxe, et forcè- 
rent les alliés à conclure la paix. 

Le maréchal pasaa les dernières années 
de sa vie à Chambord, au mil ie«r dPetercices 
guerrierH qaf fai rappelaient sa gloire et 
entouré des ténw%aages d'une estime uni- 
verselle. Une fièvre putride Fenleva le 30 
novembre 1759. « La songe de ma vie a 
été bean , nais court ^ » dil-il au moment 
d'empirar. Ses restée naetel^ forent dépo- 
séadaaeàe temple ptetesiant de Strasbonrg, 
et le mviçêfwt Pigalle hii consacra un 
mansofée^ mm est le dhef-d'amvse de son 



La leinr Hirie LecliiiwHy aengeant à 
Iliérésie eè avait ^éoa ce grand capitaine, 
disait : « Qu't est cruel de ne pouvoir 
dire un De profiuidis pour celui qui nous 
I a fait chanter tant de Te Deum! » 









5^,;>- 



— 532 — 
■•0AIQOE. 

iDScripliuD ea langue arabe LrouTée ati- j elle a eu le bonhenr de rendre la sanlë k 
dessus de la porte d'une mosquée de l'île plusieurs d'entre eux. Mais une plus douce 
Johanna, sur l' Atlantique, au large de la , récompense lui était ré»>enée : sa Glle, 
cdle d'Afrique. malade depuis quelque temps, fui prise 

« Le monde nous a été donné pour y '. au milieu de la nuit d'un vomissemenl de 
con:>lrnire rédifice de noire perreclion, saug; on était loin de tout secours, il 
nullement pour y bâiir de soaipiueux mo- fallait agir k l'inslant, et la science acquise 



numents ; la vie, pour y ïocuiuplir les de- 
Toirs qoe la morale et la religiun cnra- 
mandent, point du tout pour y chercher 
le plaisir et les excès, larichesso, pourôire 
généreusement dépcosée, non pas pour 
être hoD te uïiement entassé'' ; l'inslructiun, 
pour y produire de bonnes actions, el point 
pour aboutir i des diMCU&'ioiis stériles. « 

« Je connais une femme qui a appris 
un peu de médecine, afiti de jtouvoir soi- 
gner les paj^aus voisins de L icnc qu'elle 
habite. N'ayant poim de médecin ils vien- 
nent la consu'ter ea loii'e occasion, ei 



^'Sî 



par la cbaritë vint en aide k l'amour de 
la mère. Le lendemain nu médecin arriva, 
et déclara qu'il serait venu trop tard si l'on 
n'avait ïu ce qu'il fallait faire. » 

Annales de ll gbabitê. 



C'est la vraie grlce de l'aumOne, en 
soulageant l^s besoins des pmvres, de di- 
minuer e.i uous d'autres besoins, c'est-i- 
dire ces besoins honteux que fait la déli- 
catesse, comme si la nature n'était pas 
assez accablée de nécessités. 

BOSSUET. 



.Il j-liupri', rue SaiBl-Lovi-, iG. 



»cJC@ 



journal Î)r5 DmniscUf5. 

.'.\«,.r^^«^>i .V.. ."ti..f,...j. I, 




^^^ 



V^j^; 



--383 — 



COUP D'OEIL 



SUR 




L'HISTOIRE DE LA PEINTURE. 



IV. 



ÉCOLES ALLEMANDE^ HOLLANDAISE ET FLAMANDE. 




Nous avons en jusqu'à présent à indi- 
quer de grandes figures» fortement accu- 
sées; nous allons avoir à classer quelques 
maniaques. Ce n'est pas que Fart n'ait ja- 
mais été traité par les écoles allemande, 
flamande et hollandaise, d'un point de vue 
fort élevé et dans une grande manière ; ce 
serait là une proposition historique que ré- 
futeraient aisément les noms de Rubens 
et de Van Dick. — Mais Rubens, Van 
Dick et Rembrandt peuvent être considé* 
rés ici comme des exceptions. 

L'école allemande est la première qui 
s^offre à nous dans le nord de l'Europe. — 
Les Allemands reçurent comme les Ita- 
liens leurs traditions artistiques des mo- 
saïstes et des miniaturistes bysantins; seu- 
lement, privés des beaux modèles laissés par 
l'art antique, ils se bœrnèrent longtemps à 
une très- sèche imitation de la nature. — 
On peut dire ^que l'élément spiritualiste 
leur manqua toujours , même à leur 
époque la plus iNriilante. — C'est là le 
grand défaut d'Albert Durer. U a pour 
conséquence de donner à ses œuvres quel- 
que chose de dur et de sec ; mais en re- 
vanche, excepté le Lorrain Jacques Gallot» 
il n'y a pas d'artiste qui ait lEût preuve 
dans la composition de plus de prompti- 
tude, de spontanéité et de hardiesse. 

Albert Durer naquit à Nuremberg en 
i&Tl ; sa famille était d'origine hongroise, 
et il était lui-même le seizième fils d'un 
honnête orfèvre, qui sut comprendre sa 
vocation. Placé tour à tour dans l'atelier | 

MX-NBUVliMB Aimii, 4* siuB. — N* XII. 




du graveur Hupse Martin et dans celui de 
peintre Wolfmuth pour y étudier les prin- 
cipes de l'art, Albert Durer fit de rapides 
progrès. « Sa réputation, dit un de ses 
biographes, commença avec ses premiers 
ouvrages. Âdmhrés et recherchés de tout 
le monde , ils ne tardèrent pas à le faire 
connaître de l'empereur Maximilien I**", 
qui l'appela à la cour, occupa alternative- 
ment son burin et son pinceau» et fut si 
content de l'un et de Tautre » qu'il ano- 
blit l'artiste. )» 

La manière dont l'empereur accorda 
cette faveur à Albert Durer, éunt à l'hon- 
neur des princes, même en ces temps dé- 
mocratiques nous ne craignons pas de ra- 
conter comment la chose arriva. 

Albert Durer, chaîné de décorer une 
partie du palais impérial, s'occupait un 
jour à tracer une esquisse sur la muraille. 
Fort absorbé par son travail, il ne s'aper- 
çut pas de la fM'ésence de l'empereur qui 
le regardait faire, entouré de quelques 
gentilshommes. Tout à coup l'échelle sur 
JaquêJle se trouvait l'artiste vacille, et ce- 
lui-ci est forcé, pour ne pas tomber, de se 
retenir à l'échafaudage. 

ce Tenez le pied de l'échelle, » dit l'em- 
pereur à l'un de ses courtisans. Le noble 
comte hésite ; il est le descendant authen- 
tique d'une glorieuse riR^e de preux, et cet 
homme, qui est là perché sur une échelle, 
c'est tout simplement le cadet d'une fa- 
mille d'artisans. — Voyant Thésitation du 
gentilhomme, Maximilien s'approche et 

23 





ï>^(^ 









— 6BI — 



tient m-méme l'échelle. Albert Durer 
alors se retoarne pour remercier celui 
qui venait de lui rendre un service aussi 
opportun. A la ?ue de rempereur» il des- 
cend précipitjunment de l'échelle et se 
confond en Kawignages de respect. — 
« Seigneur peintre, lui dit Maxinulien, 
en yous tenant l'échelle, je tous ai fait 
noble. » £t il ajouta en s'adressant à ses 
courtisans : oc Apprenez, messieurs, que 
d'un paysan je puis faire un gentilhomme, 
mais qu'avec tMte ma puissance, je ne 
pourrais jamafs d'n geiitiMiomBie âdre an 
graad artiste comme ceioi-ci. » 

Albert Dorer voyagea pendant plttieurs 
années en Italie et damiês Pays-Bas, nais 
ees voyages modifièrent peu «a mmière; il 
resta ce qu'il était, le premier grarrev de 
son temps pour la pureté du trait, mtisi 
demeura bien inférieur aux artistes ita- 
liens pour la sdenoe de h perspective et 
l'agencement des draperies. Dans la pein- 
ture, son grand mérite consiafte dans une 
oalveté de sentiment qui le rapproche des 
pieux artistes du moyen Age, et dans des 
quaKcésde coloris qu'il ne devait qu*li loi- 
même. •— Le sujet 4e prédilection d'Al- 
bert Durer est la Vierge. Rkn de phis 
chaste et de plus simplement poétique que 
es tiMeam qui lui ont été inspirés par 
€e type éternellement jeune , souveraine- 
ment beau, et susceptible de tant d'ioter* 
prélatiott} diverses. Il a représenté la Viflige 
-Marie à toutes les époques de sa vie. — 
Ici, c'est la jeune fille ; ici, k jeone mère ; 
ici, la mère éprouvée par cette deoleur 
immense qui fit presque tonte la poésie 
du moyen âge et qui demeure encore la 
phiB touchante et h pios irrésiitible do 
wBCrè. 

Albert Durer voyait la femme à travers 
le nuage de vague rêverie dont loi appa- 
raissait enveloppée la mère d« Sauveur, 
il la rêvait ange de douoeur, d'abnégation 
et de dévouement. — C'était le channe 
de ses songeries de poète ; ce fut le mal- 
heur de sa vie. Marié assez tard, il fut 





loin de rencontrer chez la compagne qu'il 
s'était choisie ces douces et charmantes 
vertus; et le chagrin, le désenchantement, 
résultatsinévitablesd'une telle union, hâtè- 
rent la fin de sa vie, qui se termina le 8 avril 
1528; il avait alors cinquante-sept ans. 

Gomme portraitiste et comme graveur, 
Albert Durer ne fut pas moins remar- 
quable que comme interprète de la poésie 
chrétienne. H serait impossible de dhre au 
juste le nombre de femlles gravées par lui 
sur le bois, tur le cuivee, qoelquafeis à 
l'eaQ-fortefwr leler, qnekpflMiafls même 
légèrement «t capriâeuseiiieot dessinées à 
raiguille «ur l'étaio, car U était infatigable 
4ans la recherche des procédés aonveaux. 
— Dans toutes c^gravnres, qu'elles soient 
empruntées aux tradilâons dn christianisme 
ou de la anthologie, on retrouve tontes 
les qualités du printt^. C'est icmjours la 
même proftisicNa gracieuse et abandonnée. 

Dans f école aUmaande, lean HelbeiA est 
le peintre q«'il convient da placer après 
Albert Durer. Ce n'est pas que k manière 
de Ton procède de celle de son devancier. 
Le talent d'Hdbein et celui d'Aihert Durer 
sont entre eux aussi éMhrenls ^e leurs 
cn-adères. Albert Dorer est on rdveir à 
l'imagination tendre et douce, Holbein est 
un génie capricieux, plein de fougue, 
porté I la satire, apprenant «on monde 
dans les cabarets. Sa iuneose Danse des 
MoTis, qu'il peignit sur les mors du cime- 
tière de Baie, sa vMle natale, est le produit 
d'une Imagination «a proie à une sorte 
de délire. Un grand nombre des ooAcef)- 
tiens d'floifaein sont marqoées de ce ca- 
chet d'éarangeté* 

La vie tvès-pen régriière d'Bolbein ne 
fsnpêiha pas de parvenhr k wm haute fa- 
veuraopràsde Benri VIII» reid'Angletene. 
Énsme, le oroirait-on7 ledou Énsme, si 
différentdeloi parlesmœmv etlatoomure 
d'esprit, était l'ami inlâme de œ eourtor 
de tavernes; il l'avait rBoommandé à 
Thomas Morua, chancelier d'Angleterre; 
et c'est aînai qa*Bolbein fut présenté à la 






— 58» — 




oonr èe Heur Tllf. —Il existe une lettre 
de Monts dans laquelle le chancelier ex- 
prime k Tauteur des EnireHens son éton* 
nement de lui savoir un tel amL — « C'est 
un fou, lui dit-il, de quelque côté qu'on 
le regarde.» — Érasme, lui répondit : 
t C'est un enfiint turbulent et un grand 
peintre ; ayons soin de son ftme et de son 
bonheur ici-bas, car je l'aime Traiment 
sans trop savoir pourquoi. » 

J'ai dit que Holbein obtint prompte- 
ment, grâce à son talent, la faveur du roi 
d'Angleterre. EHe ne tarda pas à hii être 
d'une grande utilité. — Voici à quelle oc- 
casion. — n ahnait à fravailler seul dans 
son atelier.Un jour un seigneur de la cour, 
cufieux de le voir à l'ouvrage, voulut en 
forcer l'entrée. Holbem lui crie à travers 
l'huis qu'il n'y a d'exception pour per- 
sonne, et que, fût-il pair du royaume, il 
n'entrera pas. — Le seigneur, piqué de 
cette réponse, réplique à son tour avec 
hauteur. Holbein alors n'y tient plus, il 
ouvre la porte, saisit le seigneur par les 
épaules, etle 6it rouler jusqu'au bas de l'es- 
calier. — Grand esdandre à la suite de cette 
aventure. Effrayé de son action, Holbein 
court se jeter aux pieds du roi, et il obtient 
de lui la promesse de sa grâce, pourvu 
qu'il consente à faire au gentilhomme des 
excuses publiques. — Mais des excuses 
ne suffisaient point à ce dernier; tout 
meurtri de sa chute , il se présente k son 
toer, demande vengeance, et rédame, sur 
un ton un peu trop haut, la pendaison im- 
médiate de l'artiste. Son emportement ir- 
rita le roi, qui lui fit une réponse assez 
sembtaible k celle que nous rapportions 
tout à l'heure de l'emperenr Haximilien. 
« Monsieur, lui dit-il, je vous défends, 
sur votre vie, d'attenter k celle de mon 
peintre. De sept paysans, je puis faire sept 
comtes comme vous, mais de sept comtes 
comme vous je ne ferais jamais un Hol- 
bein. 9 

Holbein mourut de la peste, k Londres, 
en 1554. Sa vie fourmille de traits pareils 





k celui que nous venons de raconter. 
Plongé dans un continuel désordre, les 
sommes immenses qu'il gagnait ne suf- 
fisaient point k ses prodigalités. Il avait 
toujours k ses trousses une mente de créan- 
ciers. Après sa mort, on ne trouva pas 
chez lui de quoi subvenir aux frais de ses 
funérailles. Ce fut la Société royale de 
peinture qui s'en chargea. 

École hollandaise. L'origine de l'école 
hollandaise est assez difficile k constater. 
On a beaucoup disserté sur cette matière, 
nous nous garderons bien d'ajouter un 
chapitre aux volumes très-nombreux et 
très-compactes auxquels elle a donné nais- 
sance. — Contentons-nous de citer des 
noms. Dans le quatorzième siècle, les his- 
toriens de l'école hollandaise nomment 
Albert Van Ovater et Thierry ( de Harlem ) , 
qui peignirent des sujets sacrés ; puis qud- 
ques autres dont les ouvrages n'ont pas 
survécu. — Au temps d'Albert Durer^ 
plusieurs peintres dignes de fixer l'atten- 
tion parurent en Hollande ; ce furent Lu- 
cas de Leyde, Martin Hemskerke, Théo- 
dore Bernard, l'ami du Titien, Ottovœnius, 
qui eut la gloire d'être le maître de Rubens. 
— Enfin, en entrant dans le dix-septième 
siècle, on arrive k l'époque la plus brillante 
de l'école hollandaise, et l'on rencontre 
en première ligne Rembrandt. 

La peinture de Rembrandt étonne et sur- 
prend au premier coup d'ail ; la puissance 
des effets y est due k Topposiiion hardie des 
ombres et des lumières. — Le plus son- 
vent c'est par le jeu de la lumière que 
Rembrandt indique les formes k peine 
dessinées de ses personnages ; il ne faut 
chercher dans ses œuvres ni la beauté des 
lignes, ni la pureté des types. — Vingt 
fois Rembrandt a peint le sujet charmant 
de la crèche sacrée. Ne croyez pas qu'il 
ait en aucune de ces occasions cherché k 
donner k ses figures l'expression idéale que 
leur prête la tradition religieuse. Loin de 
Ik, il représente la Vierge sous les traits et 
avec h tournure d'une servante de cabaret, 




I 







.^ySfi' 



1 




— 586 — 




Fenfant Jésus devient sous son pincean on 
marmot joufflu, barbouillé comme un pe- 
tit paysan; mais en revancbe, toutes les 
attitudes sont animées, tous les objets s'é- 
lancent de la toile par la puissance de 
la lumière mise en opposition avec l'om- 
bre. — On comprend que Rembrandt ait 
bien mieux exprimé le sentiment énergi- 
que. — Ainsi, rien n'est comparable au 
geste de Jésus, leyant le bras pour com- 
mander k la tombe de rendre Lazard k la 
Tie. — La peinture de Rembrandt est, 
pour employer un terme tecbnique, une 
peinture empâtée, c'est-à-dire qu'il pro- 
cède en accumulant sur un seul point 
une certaine masse de couleur. — Ce pro- 
cédé, employé habilement, donne beau- 
coup de Tiguenr et aide singulièrement à 
l'effet. — Rembrandt l'a quelquefois poussé 
jusqu'à l'excès. Ainsi, l'on cite de lui un 
certain portrait dont le nez offrait en de- 
hors de la toile une saillie de plusieurs 
lignes. — Une telle manière devait avoir 
beaucoup d'imitateurs, et elle en eut, en 
effet, mais parmi les peintres les moins 
remarqués de la Hollande. — La manière 
générale des peintres hollandais consiste, 
au contraire, en général, dans une recher- 
che minutieuse. 

En ce genre, l'original le plus complet 
est Gérard Dow. — Gérard Dow, le con- 
temporain, et, qui le croirait? l'élève de 
Rembrandt, mettait sa gloire à peindre 
une perruque avec tant d'exactitude qu'on 
pouvait en compter les cheyeux. — Rien 
n'est propre comme sa peinture, et rien 
n'est comparable, en bit de minutie, aux 
soins qu'il prenait pour la garantir de tout 
ce qui pouvait en ternir l'éclat. — Ainsi, 
les serrures de son atelier étaient bouchées 
de peur que les courants d'air ne fissent 
voler quelques grains de poussière sur sa 
palette. — Gérard Daw était au comble 
de l'orgueil quand il avait peint un chau- 
dron de manière à en faire un trompe- 
l'œil, et Ton cite un manche à balai qu'il ne 
mit pas moins de dix jours à terminer. — 




Henreosement Gérard Dow est on artiste 
spirituel au plus haut degré. — Ses com- 
positions sont gaies, réjouissantes à l'œil 
et toujours agréablement conçues. Parmi 
les artistes qui s'attachèrent à l'imiter et 
qui l'ont fait avec succès, il faut citer 
François Mieris, Gérard Terburg et Ga- 
briel Metzu. 

U y a enfin dans l'école hollandaise une • 
classe de peintres qu'il ne faut pas oublier, 
je veux parler des paysagistes et des pein- 
tres d'animaux. Nuls n'ont égalé en ce 
genre Corneille Puelmboni|;, Jean Botb, 
Wonwermans, Berghem, Ruisdaél, Paul 
Potter. — Je dis que nuls ne les ont éga- 
lés. J'oublie une femme, une jeune fille» 
notre contemporaine, mademoiselle Roea 
Bonheur, dont la critique n'a qu'à consta- 
ter depuis quelques années les éclatants 
succès. Quand nous aurons nommé comme 
peintres de genre Adrien Brower, Kard 
Dujardin et Yan Steen, qui n'ont peint 
que des scènes de cabaret, mais avec une 
vérité inimitable, nous aurons terminé 
cette rapide revue de l'école hollandaisel 

École flamande. Nous ne parlerons pas 
en courant de Rubens et de Van Dick. Ces 
deux grands noms ne sont pas de ceux qui 
se jettent sur le papier au milieu d'une liste. 
Chacun d'eux a joué un rôle trop impor- 
tant dans l'histoire de son temps, et exerce 
encore de nos jours une trop grande in- 
fluence sur l'art de la peinture, pour que 
nous ne fassions pas une place plus large 
à leur bi<^raphic. 

Pierre-Paul Rubens naquit à Cologne, 
le 29 juin 1577. Sa famille, originaire de 
Styrie, était noble; attachée à la maison 
de Charles-Quint, elle le suivit à Aix-la- 
Chapelle, et s'établit peu de temps après à 
Anvers, où Jean Rubens, le père du grand 
artiste, occupa pendant six années les fonc- 
tions de conseiller du sénat. — Ce fut pour 
échapper aux inquiétudes que les querelles 
de religion dont Anvers était le théâtre lui 
inspiraient pour l'avenir de sa nombreuse 
I famille, que Jean Rubens s'en alla au bout 











— 5K7 — 




de ce temps à Cologne. — Sa femme, Ma- 
rie Pypeling, Tavait déjà rendu père de six 
fils, elle lui en donna bientôt un septième. 

— On rappela Pierre-Paul, pour attirer 
sur lui la protection de deux saints aux- 
quels il paraît que la famille avait déjà 
de grandes obligations. — Heureusement 
Jean Rubens, ruiné par la guerre civile, 
était parvenu à rebâtir solidement Tédifice 
de sa fortune dans la profession d'argen- 
tier. Le nouveau venu fut donc accueilli 
avec joie, et sa naissance considérée OHume 
une bénédiction du ciel. — Passons sur 
Tenfance de Pierre -Paul Rubens, qui 
n'oifre aucun trait remarquable, si ce 
n*est une précocité peu ordinaire. A dix 
ans, il traduisait à livre ouvert les poètes 
grecs et latins, et savait parler quatre lan- 
gues vivantes ; — l'espagnol, l'italien, l'an- 
glais et le français. Ses études, commencées 
à Cologne, s'achevèrent à Anvers, où sa 
mère était retournée après la mort de 
Jean Rubens, arrivée en 1587. — Ce 
fut donc à Anvers qu'il entra sérieusement 
dans la vie. — Doué par la nature de tous 
les prestiges, il fut accueilli dans le monde, 
où l'introduisit la comtesse de Lalaing, sa 
marraine, avec cette bienveillance qu'ins- 
pirent toujours une belle figure, une gé- 
nérosité chevaleresque et un esprit distin- 
gué. La comtesse de Lalaing l'avait pris 
auprès d'elle en qualité de page, il eut 
tous les triomphes de cour, de petite cour, 
s'entend; il faut ajouter à sa louange qu'il 
n'en fut pas enivré et qu'il s'en lassa vite. 
Le génie de l'art l'avait effleuré de son aile; 
ses rêves le promenaient dans un avenir 
autrement vaste que celui des honneurs 
de la chevalerie moderne. -— La bonne 
dame Rubens était loin de rêver les mê- 
mes choses : faire de son fils un gentil- 
homme accompli, plus tard un conseiller 
quelconque, c'était là toute son espérance; 

— il eut quelque peine à obtenir d'elle la 
liberté de suivre son penchant; — mais il 
y parvint à force d'insistance et de raison- 
nements spirituels, et il quitta les salons 




de la comtesse de Lalaing pour l'ateUer 
d'Adrien Van Noordt. — Adrien Van Noordt 
était un peintre de mérite, mais un homme 
de mœurs dépravées. Un jour Rubens le 
vit rentrer dans un état complet d'ivresse. 
C'en fut assez, de telles relations ne pou- 
vaient continuer; elles blessaient trop sa 
nature de gentilhomme et faisaient un con- 
traste par trop criard avec ses habitudes de 
bonne compagnie. — U quitta Van Noordt 
pour Octavius Van Veen, plus connu sous 
son nom latinisé d'Ottovœnius, qui l'em- 
mena à Bruxelles et dirigea sagement ses 
premiers pas. — Ce fut sur le conseil de 
son maître que Rubens partit quatre ans 
après pour l'Italie, la gravide écoky disait 
Ottovœnius. Il se mit en route au mois de 
mai 1600, après avoir été présenté à l'ar- 
chiduc Albert, qui daigna lui remettre des 
lettres de recommandation, et débuta par 
Venise, où se trouvaient les plus grands 
chefs-d'œuvre du Titien et de Paul Véro- 
nèse. C'est là qu'il acquit cette puissance 
de coloris qui est la plus remarquable et la 
plus complète de ses qualités. 

Rubens n'était point un de ces génies 
qui se forment lentement, il avait la con- 
ception large et facile, l'inspiration do- 
cile, et le don précieux de s'approprier par 
une intuition très-vive les qualités domi- 
nantes de ses modèles. Dès qu'il fut devenu 
peintre, il devint un grand peintre, il fut 
Rubens. Son talent apparut tout complet, 
avec ce qui est admirable en lui, l'abon- 
dance de la composition et la largeur 
de la touche, la splendeur du coloris, 
avec, ce qui est peut-être son défaut, je 
veux dire quelque chose de très-négligé 
dans les détails. — Ses premiers tableaux 
lui valurent la protection d'un gentilhomme 
attachéàla personne duduc de Mantoue,que 
le hasard avait fait son voisin à Venise; ce- 
lui-ci en parla avec enthousiasme au prince, 
qui invita sur-le-champ le jeune artiste à 
venir à Mantoue, où il lui donna le titre 
de gentilhomme et de peintre de la cour. 
—Il était dans la destinée de Rubens d'être 






■m> 





t de cour ; il n'y ataît pas cli:i ans 
rait quitM l'aignillette de page, que 
de Mantoue, fraiq)é de la dlMinction 
Krsonne et de son esprit, comme de 
l'étendue de ses connaissances et de sa 
merveilleuse aptitude, fit de lui son ambas- 
sadeur aaprès de Philippe III. De retonr 
de cette cspédilion dipttHDatJqne dans fa- 
quelle il fit preuve dn plus grand tact, 
Rubeng obtint de Vincent de Conzagne la 
pennisBioa de parcourir l'Italie. A Rome, il 
obtint la fafeardu pape dément Vn cwnrae 
il avait obtenu celle du duc de Mantoue; i 
Florence, il devient l'ami du duc régnant ; 
à Galles, il est reçu arvec les pins grands 
honneurs par les princes du négoce, rénnis 
en dépDtation ; enRn, ilrecunlle pendant 
ce voyage, qsi dure plusieurs années, toutes 
lea satisfactions que l'amour-propre d'nn 
artiste peut e<ipérer du public, et son infa- 
tigable pinceau crée chef-d'œnvre surchef- 
d'œnvre. — La nouvdle d'une maladie qui 
mettait en danger les joors de sa mJre le 
ruaena i Anvers. Quand il arriva la moit 
avait visité sa maism. Sa douleur filiale le 
retint longtemps dans une profonde re- 
il fallut toutes ks instances d'Otto- 
I, son maître et son meilleur ami, 
! rendre au monde et à l'art, 
nonde d'Anvers témoigna du plaisir 
rait è retrouver son Rubens, par les 
strations les moins équivoques; ce 
sque une dmdeur publique lorsqu'on 
qu'il avait l'intention de retourner 
ie pour s'y fixer définitiremenL La 
ion de l'artiste était bien arrêtée, 
céda qne devant les prières de l'ar- 
Attiert, qui imagina pour le retenir 
réer chambellan; cette dignité le fixa 
d!es. En retour de ces fiivcnrs Far- 
tant dn peintre de magnïGques 
es, les plus beaux qne Rubens ait 
les seuls qoi puissent donner une 
i son immense talent — A ce pro- 
isons que le musée du Louvre ne 
B rien des véritabfes chefs-d'œuvre 
ïens, — ïrexcuption des portraits, où 



i^ 



-<ss>- 



dÉBÏndeBaektn^iam, 
iatkniL Onnitcequc 

nt rltpkaMtiiyn Tin- 

lagne, avertie par l'ar- 



! de* 



ÏT»A lar le parti qu'il 
rendre, fi ubens tto^a 
î doimttte de taUenix 
oraz Msrtyre de Sùsl 
it n'être plus délOHiie 
stiques, lorsque fhi- 
it des hmifoesde ks 
, le isanda àsi c«ur 
ui au sujet des négo- 
- Il n'eOt tenu qu'à lui 
ia de Philippe IT, le 
iinte d'Olivarës, mais il 
la favew, il te kisEait 
charge honorifique de 
Dnseil [ut la plus haute 
sentit k accepter, en- 
élasquez fît beaucoup 
le loi poB- )'7 détenni- 
ix-hnit mois à Madrid. 
I, il ne pot se r^ieer i 
s, mnni d'iostniotians 
u titre d'aaalHMade«r. 
i k la main, et tout en 
chancelier Cottington, 
lu roi d'Angleterre la 
im, mort depuis deux 
Iplomate vint à bout de 
icate nûasion. — Les 
paix MtJrfaBaates paur 
farent arrêtées au bout 
iférences; un an après 
ries I", comblé par Jui 
ches présenta. Mais il 
itne ne bit pas «ec le 
jnifîcencc; en quittant 
laissait le portrait de 
iggre de Saiat Geories 
eaux et un plaffind an 
sans compter nne his- 
huit tableaux. — Une 
1, dont te chargea Tar- 
des États Néerlandais, 



termisa la canière pcditiqne de f 
Dès ion, de 16S0 Ji 1640, époque 
mott, il se denna tout entier à la pe 
Id listedes ovrrages qu'il exécnU ( 
termma sur l'ëbaiidie de ses élërc 
dnt celte période, tiendrait h peu 
un Buméro de ce recueil Le non 
CBux que la gravure a leproduife ■'<■ 
douze ou mïEecaits. 

Pmr lenaitier celte courte uot 
RidieiB, et pour donner urne apprt 
lrË»-gé«érale de son talent , noug diro 
tient à l'école eq>agDOle pu- le réali 
BaïaauèK, et i l'école Téuiticn« 
richesse du coloris. — Rubens n'es 
un penseur ni un poète ; il a peint 
ture comme il la Toyait, sans cherc 
déri ; «lis il De la voyait que dans sa 
n aime i la représenter palpitante 
exubérante de vigueur, et s'il lui i 
Tent arrivé de toucher en ce sens 
géiiition, il est toujours resté éloi 
l'étiauge comme du triviaL 

Dans cette constellation de grai 
tistes qui projette sur le dix-septièn 
un si bel éclat. Van Dick peut ètn 
déré •oorame te satdlite de Ruben 
fut le plus glorieux élève de ce der 
ponr qne sa destinée ressemblât i 
points à celle de son maître, il r 
manqué que d'être envoyé en am 
par quelque souverain. Comme I 
Van Qick passa sa vie dans les cour 
rope, et fut le pùntre des nwen 
partie la plus btttante de wm ei 
s'écoula en Angleterre. Aossi l'Ani 
est-elle le pays le plus riche de ses i 
— Les plus importants ouvrages < 
Dick, ceux qui réunissent toutes s> 
nentes qualités, sont les portraits, 
liste ne Va Bnntaaaê «n ce genre i 
quel il bt «ipérienr mène i ion 
Le musée dn Louvre possède le pli 
qu'ait produit son pinceau; nous 
parler du portrait de Charles I", d< 
les peintres de portraits devraiec 
une copie dans ieur atelier. 



Van Dick pour l'alchimie servit de point 
lie départ. — Il est positif que Van 
Dick croyait V la possibilité de découvrir la 
pierre philosophale. Le creuset des alchi- 
mistes lui dévora des sommes énormes ; 
mais ce n'était pas l'or qu'il espérait y trou- 
ver, c'était je ne sais quel mystérieux ta- 
lisman, comme l'élixir de longue vie. — 
Ardemment et constamment hvré à des re- 



d'uu 
tnen 
deq 
les : 
daP 
doni 
avon 



tITTERATURE E 



THE LAJ1E.NT8 OF MART, OUEENOFSCOTS. LES 



Now nature her hangi Tnanlle greeu 

On «Terf bloamjng tree, 
And ipreadi hcr ahMU of daliiei «bits 

Oui o'er the gnMj 1m ; 
How Phobui chMts tbe crystal itrMBU, 

And glada Ibe azuré àtiet; 
But noughl eau gltd ibe wearj wigbt 

Thaï fait la duraiice lies. 

How lïTerock» wake ihe merrr mom, 

Aloft on d«wy wing 
Tbg merle, io hi( mootide bower 

Makes woodUnd ecboci ring{ 
The mtTM «ild, with manj noie, 

Sirgi drawtf daj to rrit : 
Id lote and fntiom ihej r«joic«, 

Vith eare uor ihrall opprcut. 




Kow blooiBi the lilj bj the bank, 
Tbe primroie dovn tbe brae; 

Tbe haviborn'i budding in ibe g)en 
ind mUk-nhile JB ibe alae : 
meaaest Lind in Teir Scoiltnd 
Haj rove tfaelr iweets among; 

Bill I, quecn ot (11 Seolland, 
Huit lie Id prîMo fUoDg, 



Toui 



eept 

hebi 
le un 
vieill 






J 



— 561 — 



But as for thee, thou false wonnan, 

My sister and my foe, 
Grim vengeance yet shall whet a sword 

That througfa thy soûl shall go ; 
The weeping blood in woman's breast, 

Was never knowa to thee; 
Mor the balm that drops on vounds of iroe 

From woman's pitying o'e. 

! soon to me may summer suns 

No more light up the mom t 
No more to me tbe autumn winds 

Ware o'er the yellow corn ! 
Aod in tbe narrow bouse of deatb 

Let winter round me rave ', 
And ihe neit flowers that deck the spring, 

Bloom on my peacefui grave. 

BURNS. 




Mais qutnt à toi, femme perfide, toi, ma 
sœur et mon ennemie, ton aifreuse vengeance 
aiguise contre moi une épée qui percera ton 
âme comme le remords ; le sang d'une femme 
ne coule pas dans tes veines, et tu ignores quel 
soulagement les gouttes de la pitié apporte- 
raient aux bles.'ures de l'infortune, toi qui n'as 
jamais coonu le malheur. 

Ah ! bientôl pour moi plus de soleil de mal, 
plus de lumière du matin. Bientôt aussi les 
vents d'automne ne feront plus onduler pour 
moi les épis dorés; dans l'étroite habitation de 
la mort, l'hiver seul se déchaînera autour de 
moi, et les premières fl«urs qui embelliront le 
printemps brilleront sur ma tombe paisible. 

N^i« Emma Faucon. 



UNE ANNÉE A LOWELL (i) . 



i. 

a Monsieur Atkins, hé ! mon mari, en- 
tendez-vous ce qne dit Abby 7 

— Est-ce quelque chose qui vaille la 
peine d'être écoulé 7 » demanda M. Aïkins, 
répondant k cette question par une autre 
question. 



'» ■! 



(1) LoweU est une ville manufacturière du 
Massâchussets, où beaucoup de jeunes per- 
sonnes, filles de fermiers et autres, viennent 
clwreher de l'emploi dans les comptoirs des 
fabriques- La conduite en général exemplaire 
de ces demoiselles de bureau, de même que 
leur goût et leurs talents littéraires, sont cités 
par les voyageurs anglais comme une sorte de 
merveiUe. Chaque année, les diverses produc- 
tions sorties de leur plume, soit en vers, soit 
en prose, forment un Recueil édité sous le titre 
de Lowell Offering; et c'est de l'une de ces in- 
téressantes publications, où elle a paru signée 
du nom de Ludnday que la présente histoire 
est tirée ; elle vous donnera une idée, mesde- 
moiselles, de l'indépendance que les parents 
accordent à leurs filles, et des mœurs des États- 
Unis. 




En même temps, il quitta des yenx le 
Patriote du New-Hampshire ^ et regarda 
par-dessns ses lunettes. 

t Abby veut aller à Lowell et s'y placer 
dans nn comptoir. 

— Eh bien, ma femme, qu'elle y aille. » 
M. Atkins reporta de nouveau ses yenx 

sur le Patriote du New-Hampskire, 

c Mais je ne toîs pas comment je pour- 
rai me passer d'elle. L'écnrage du prin- 
temps n'est pas terminé; la lessive n'est 
pas faite; les vêtements d'été des enfants 
sont à confectionner. Votre intention est 
maintenant de nourrir tos ouvriers chez 
TOUS, d'atoir une vache de plus que l'an- 
née dernière ; et Gharley qui sait à peine 
marcher seul! je ne vois vraiment pas 
comment me tirer d'affaire sans son aide. 

— Cependant, vous dites qu'Abby ne 
vous est d'aucun secours dans la maison. 

— C'est vrai, mon ami, mais elle pour- 
rait m'étre très^ulile. 

— Oui, elle pourrait faire, en effet, bien 
des choses, ce à quoi elle ne songe pas ; et 
comme elle me paraît peu di<tposée à se 







-eîg§Jï- 



ntil0 as logis, now la 
im complu. 
Mon père, est-ce tont de bon? Inti- 
me à Lowell! (Bt Abby, levaDt sur son père 
des yenx noirs,, où brillait une me exprea- 
àaa. de piaiâr. 

— Ouï, Abby, sooa aS* coDdkion ; c'eu 
qne vous me promettrez d'y rester un an 
tout entier, sans venir nous voir, excepté 
en cas de maladie , %l de n'y rester 
qu'un on. 

— Jftvon promettrai lo«t ce qb'H voui 
I^aira, snn père, pourvn senlement qne 
vous me laïssiei partir. Je pensais que 

- TOUS alliex dîn fK mràu valait pour moi 
demeurer ici, flter les cailloux et les maa- 
vaiiies herbes du jardin, vanner le bie, 
faner te foin. Pourrai-je me mettre en 
roote avec les miss Slater, nurti prsehiin ; 
car c'est le jonr fix£ pour leur retour !i 
Lowell î 

— Oui, Abbyj mais sonvenei-Tons que 
voos devei resler i LavfH. lovU vm année, 
et rien ^u'und amnét, r 

Abby se retira ce wir-Ik la eonir boAf- 
diisaïuda joie; car, depuis l'arriv et des 
missSlater, avec leurs rot>eade Mie nraives, 
leurs cbapeaus garnis de fttnis, lesn vei- 
les de denteUa et leurs écharpei de gne, 
sa (été n'avait plos cassé d'être ren^ da 
visions de toUette; et rine dans na lieu 
où elle aura la facaké de s'babiller «m», 
lui paraisiait devoir être pour die le com- 
ble du bonbear. Elle avait nn penchant 
inné pour I» parure. Soavent, toraqa'dle 
était encore petite ûUe, elle allait s'astaoir 
an bord de k grand'ronte, pour gnetltf 
du regard la voiture puUique, qni ehaqm 
joue i^aasait prbs de l'halHUtioa isriie de 
son pëce; et quand les rnbau de vive 
nuança, quand les «bUes anx cenleurs 
tranchies glisHaient comme une briUaate 
apparition devant ae» yeux endaiiés, 
Abby £e disait que, plus tard, elle atuei 
aurait en sa possession loues ces choses 
qui lui semblaient si belles. L'igs de 
femme se montrait ji son esprit, comme 



tin temps de la vie dont te principal plaisir 
consiste à se parer. H^ i mesure que lea 
années s'écoulaient, Abby s'apercevait de 
plus en plus que ce serait là nne source de 
jouissance fermée peuc elle tant qn'dle ha- 
biterait sons le toit de sa bniUèe, en- Mo 
père ne pouvait ni ne voelait la satisfaire 
sur ce point ; et tout lui faisait craindre de 
n'avoir jamais pour coiSbre que le même 
chapeau de batiaU écrae; poar tmlette 
des grands joui», qwe la Même petite robe 
d'indienne. Hais quand il Ait dCddé qn'eRe 
irail i Lowell, eBe se promettait d'y gt> 
gner de l'argent autant qu'elle en pour- 
rait gagner, et l'emploierait à s'acheter de 
beaux habits. Elle aurait des robes de soie; 
l'une couleur vert-pré; une autre ronge- 
cerise; une troisième de telle nuance 1 
décider an moment de l'acquiàtion. Elle 
aurait im chapeau dans le dernier genre, 
beaucoup plus joli que celui de Juha Siater. 
Lorsqu'enfin die tomba endormie, ce fnt 
ponr rêver de flenrs et de dentelles; et sa 
riante lanUisie se promena toute la nuil 
an milieu d'une vaste et charmante collec- 
tion des produits élégants dos i Tart des 
marchandes de modes. 

Mais bien différents étaient les rêves de 
la mère d'Abby; et les premières paroln 
que, le lendemain matin, elle adressa, en 
s'é veillant, à sob mari, furent cellee-ci : 

iftlonsienr Atktns, est-ce sérieusenenl 
que vous avez donné hier soir !i notre Ablq 
la peraùssion de partir pour LowellIJe pen- 
sais d'abord qoe yam itàa fiché d'avoir 
été interrompu par noi dans votre ieenire, 
et qu'en parlant ainsi, tous n'aviez en 
d'autre intention qne de couper court i la 
conversation, 

— b'on, ma fenime, je parius aimaa^ 
mtafr et vens ne m'iaiercoofiai paa, eai 
j'M^ éeooté tout ce qui s'était dît enta 
Abby et vens. Abby est une jeune Iffle 
d'an caractère indépendant et inconsidéré. 
Je ne sais trop ce qu'il est bon de faire 
avec elle, mais peut-être est-ce aoe expé- 
rience i (enter de la laisser quelque ten^ 



-<&>- 




•<3SI^ 



T et agir par elle-mAme. Je m'atleods 
\ ce qu'elle dissipera d'abord la loUlité de 
ses apptHotements en dépeases de toileite ; 
mais elle ne tardera pas à reconnaître la 
folie d'one partàlle conduite. Dans tnas ks 
cas, elle sera Traisanblableoient amenée i 
comprendre nn peu nûeu la laleor de 
l'argent, quand elle se sera tne obligée 
d'en acquérir par son propre travail. Après 
avoir été Uvrée à ses génies inspirations 
dnrant une année, il est possible qn'elie 
revienne de son plein gré près de noas, 
qu'eDe se montre plus posée, et consente 
& consacrer ses actives jàcultés {car c'est 
nne enËint très-capaUe) ani soins do 
ménage. Jusijn'i présent, en eOct, c'est 
an dehors que nous avons principalement 
utilisé ses services. La voilà désormais 
d'un âge qui ne noua permet plus d'en 
user ainsi. Je désire d'ailLenrt qu'elle voie 
nn pen le monde et ce qui s'y passe. J'es- 
père que si elle n'en retire ancnn profit, 
elle n'en recevra non plus aucun dommage. 

— Oh I mon ami, je crains bien pour 
e^ Les miss Slater n'ont pas une meil- 
kore cervelle que la sienne, et l'entraîne- 
ront dans toutes sories de fdiee. Obli^ps- 
la, je inns en prie, de rester aupr^ de 
noDS. 

— J'ai promis, répondit M. Atluos, je 
tiendrai ma {iromease. ■ 

Abbf all^t et venait avec iiniaaiiiwi, 
s'occnpant des préparatifr nécemairei i son 
voyage, et ta mère la secondait, le «nr 
gros de BDupirs. 



La veille de son départ, dans la soirée, 
son père l'appela, et fixant sur elle un re- 
gard grave, attentif et presqae triste : 

■ Abby, dit-il, aiee-vous jamais réflé- 
chiT* 

Abby fut dominée et presque intimidée. 

> Oui, mon père, répoudit-elle enfin, 
j'ai beaucoup pensé dans ces derniers temps 
4 m'en aller à LowtU. 




— Uaia je ne crois pas, mcai enlani 
vous ayez sériensemeat réfléchi 
jet, et je crains d'avoir mat agi en consen- 
tant i votre départ. Si j'étais trop pauvre 
pour fournir à vosbesoins, et que jen'eusse 
ancnn moyen de vous occuper utilement 
chez moi, je ne m'adresserais point de 
reproches, et vous laisserais partir, en me 
disant qne tout est pour le mieux. Uais 
maiuieuant j'ai fait ce dont pins tard, 
peut-être, je me repentirai cruellement 
Si donc vous ne voulez pas me rendre bien 
nùsérable, Abby, vous ocus reviendrez 
meilleure fille, pins douce et plus sensée. ■ 

Li mit suivante Abby se livra, pour la 
première fois de sa vie, i de profondes 
méditations. Les paroles de son père, 
rendues plus impressiounantes par le re- 
gard et le ton qui les accompagnaient, 
étaient descendues dans son cceur avec une 
autorité qu'aucune parole venue de lui 
n'avait eue jusqu'alors. Le prompt acquies- 
cement donné à ses désirs l'avait d'abord 
éloouèe; mais cet acquiescement prenait 
aujourd'hui une signification nouvelle. Elle 
comprit que ses parents l'abandonnaient à 
son libre arbitre, parce qu'ils désespéraient 
de pouvoir exercer aucune action utile 
sur elle, et la jugeaient trop indocile, trop 
insoudaolf, trop indomptable, pour être 
instruite autrement que par les leçons de 
l'expérience. 

* Je les surprendrai, se dit-elle. Je leur 
montrerai que je suis capable de quelque 
réQexion, et mon père n'aura plus lieu 
dorénavant de me deounder si je réfléchis. 
Oui, je connais quelles sont leurs o-aintes, 
et je leur [vouverai que je puis veiller sur 
ma propre conduite avec autant de pru- 
dence qu'eux-mêmes y ont jumais veillé. 
Je sais que je n'ai pas toujours agi comme 
je l'aurais dû ; je vais maintenant com- 
mencer il bien faire, et ils trouveront en 
moi, k mon retour, une fille meilleure, 
plus douce et plus sensée. Ce prix de 
travail, qne je me proposais de dépenser 
en paruresj je le déposerai à la Caisse 




-îSS^s- 





— 564 — 




d*épargne, je Ty déposerai intégralement, 
et mon père reconnaîtra mon aptitude, 
non-seulement à gagner de Targent, mais 
à le bien administrer. Oh! combien je 
différerai de ce que l'on croit! Et quelle 
joie pour mes parents quand ils verront 
qu'après tout je ne suis pas d'une si mau- 
vaise nature I d 

Des impressions et des idées nouvelles 
avaient engendré de nouvelles résolutions. 
Les rêves de cette nuit ne furent pour 
Abby que sourires de sa mère et mots 
approbateurs de son père, tels qu'elle n'en 
avait jamais obtenu ni mérité. 

Lorsqu'elle leur fit ses adieux, le lende- 
main matin, elle ne trahit en rien le chan- 
gement survenu dans ses projets et dans 
ses sentiments; car elle ne laissait pas 
d'entretenir quelque doote sur sa constance 
à y persévérer. 

Cette défiance était digne d'éloge, et fa- 
vorable au succès même de ses desseins. 
Mais Abby avait un développement très- 
marqué dans cette partie du crâne où les 
phrénologistes localisent l'organe de la 
fermeté, et quand une fois elle avait pris 
une détermination, elle y persistait d'ordi- 
naire jusqu'au bout. Elle adopta une ligne 
de conduite entièrement opposée à celle 
qu'on attendait d'elle , comme à celle 
qu'elle-même s'était d'abord tracée. Ce 
dernier point était le plus difficile, à cause 
de son penchant dominant pour la toilette, 
penchant que ses compagnes ne se fai- 
saient pas faute d'encourager. Mais quand 
Julia Slater la pressait d'acheter telle ou 
telle pièce de belle soie, telle autre de ma- 
gnifique mousseline, elle répondait inva- 
riablement : 

a Non, j'ai résoln de ne rien acheter de 
pareil, et je maintiendrai ma résolution. » 

Avant de venir à Lowell, Abby s'éton- 
nait, dans sa simplicité, qu'on pût ré&ider 
dans un lieu où il y avait tant de choses à 
vendre, et ne pas y dépenser jusqu'à sa 
dernière pièce de monnaie. Maintenant, il 
.lui fallait appeler à son aide toute sa force 





d'âme, pour résister aux mille séductions 
que rencontraient ses yeux, tandis qu'elle 
se promenait le soir dans les rues inon- 
dées de lumières. Passer près des maga- 
sins de modes et des ateliers de confec- 
tion sans s'y arrêter, c'étaient là de rudes 
épreuves. Néanmoins, elle surmonta toutes 
les tentation^. 

Mais Abby comprit que l'argent qui ré- 
munérait son travail ne serait en sûreté 
qu'à la Caisse d'épargne, et il y fut régu- 
lièrement déposé, à l'abri de tout caprice, 
auquel elle eût pu momentanément céder. 
Elle ne satisfit aucun de ses goûts, si ce 
n'est celui que, depuis peu, elle avait 
conçu pour les choses de l'intelligence : et 
c'était à lire des livres utiles qu'elle em- 
ployait ses heures de loisir. 

L'année s'écoula pour Abby dans un état 
permanent de contestation avec elle-même 
et de privations volontaires, mais non de 
peines sans compensations. Les désirs de 
tant d'années précédentes ne pouvaient 
être domptés par la résolution d'un mo- 
ment ; mais après la lutte venait la satis- 
faction du triomphe. Plus le combat avait 
été désespéré, plus grand était le mérite 
de la victoire. C'est ainsi qu'Abby passa 
tout un dimanche dans les larmes, parce 
que Judith Slater n'avait pas voulu lui per- 
mettre de raccompagner dans leur réu- 
nion habituelle de jeunes fiUes, avec son 
chapeau antédiluvien. Une autre de ses 
compagnes observa que sa robe devait da- 
ter de l'an premier. Le sang alors lui mon- 
tait aux joues , des éclairs jaillissaient de 
ses yeux ; elle eût souhaité se trouver bien 
loin de là, pour ne point entendre les ma- 
lignes allusions dont elle était l'objet. Ce- 
pendant rien ne put l'ébranler. 

UL 

Au terme d'une belle joarnée d'avril, 
M. Atkins était assis près du feu de sa cui- 
sine, avec Charley sur ses genoux. 

« Ma femme, dit-il à mîstress Atkins, 
, qui s'occupait activement à pré|.ar6r le 




^ 








— 568 — 




repas dasoir, n*y a-t-il pas un an qu'Âbby 
nonsa quittés? 

— Voyons, mon ami» que j*y songe. Je 
nettoie d'ordinaire la maison de fond en 
comble un peu avant le vendredi saint, et 
l'onvrage n'était pas terminé quand Abby 
est partie. Je me souviens que je lui en 
parlai, et lui dis que c'était mal fait à elle 
de me laisser seule ainsi, avec tant de be- 
sogne sur les bras, c Ma mère, me répon- 
dit-elle, je serai ici l'année prochaine pour 
vous aider, d Oui, il y a un an, et je ne 
serais nullement étonnée de la voir revenir 
celte semaine. 

— Peut-être ne reviendra-t-eUe ni 
maintenant ni plus tard, dit M. Atkins 
d'un air sombre. Elle ne nous a écrit que 
rarement. Elle a, je le suppose, le bon 
sens de comprendre qu'il vaut mieux point 
de nouvelles que de mauvaises nouvelles; 
et n'ayant guère de choses agréables à 
nous dire sur son propre compte, elle 
préfère ne rien dire du tout. 

— Mon ami, je vous eiposai mes crain- 
tes ; et, si vous aviez voulu faire usage de 
votre autorité, Abby eût été forcée de res- 
ter sous le toit paternel Mais sa conduite 
n'est peut-être pas aussi mauvaise que vous 
le pensez. Elle est, vous le savez, peu ac- 
coutumée à écrire, et cela explique la ra- 
reté et la brièveté de ses lettres ; mais tou- 
tes, même les plus courtes, nous ont donné 
l'assurance qu'elle serait de retour au bout 
de l'année révolue. 

— Papa, la diligence s'arrête ici I » dit 
le petit Gharley. 

Et il sauta en bas des genoux de son 
père. Une exclamation retentit dans la 
cuisine : « Toici Abby 1 voici Abby I » 

Peu de minutes après, Abby était au 
milieu du groupe joyeux. Son père lui ser- 
rait la main en silence, et de grosses lar- 
mes roulaient dans les yeux de sa mère. 
Ses frères et ses sœurs faisaient échter au- 
tour d'elle 4eur joie bruyante, à l'excep- 
tion du petit Charley, pour qui Abby n'é- 
tait plus qu'une étrangère, et qui repous- 




sait avec terreur toutes les avances qu'elle 
lui faisait dans le but d'en di>teDir meil- 
leur accueil. Ses parents la contemplaient 
avec une joie muette ; car ils comprenaient 
qu'un changement heureux s'était opéré 
dans le caractère de leur fille. Elle était là, 
devant eux, un peu plus grande, un peu 
plus mince, et, quand les teintes animées 
de la première émotion se furent effacées 
de ses joues, un peu plus pâle peut-être 
qu'autrefois; mais ses yeux brillaient d*une 
douce gaieté, et le sourire de la santé et de 
l'innocence se jouait autour de ses lèvres 
roses. Elle suspendit soigneusement son 
chapeau de paille neuf, orné d'une simple 
garniture de rubans bleu clair, et dégagea 
des plis de son chftle la pureté de ses for- 
mes bien dessinées, que sa robe de mé- 
rinos d'une couleur foncée faisait ressortir 
dans tout leur avantage. Il y avait plus de 
délicatesse dans son extérieur que lors- 
qu'elle les avait quittés, et, en même 
temps, plus de douceur dans ses manières; 
car un frottement continuel avec tant de 
jeunes personnes de son sexe avait usé 
les petites aspérités qu'on remarquait pré- 
cédemment dans son humeur. 

« Eh bien ! Abby, combien de robes de 
soie avez- vous rapportées? demanda son 
père, comme elle ouvrait une grande malle 
toute neuve. 

— Pas une, mon père, répondit-elle en 
fixant sur lui ses yeux noirs. Mais voici, 
continua-t-elle, quelques petits livres pour 
les enfants, et une robe d'indienne pour 
ma mère. Yoici encore une cravate de soie 
noire, que je vous prierai de nouer au- 
tour de votre cou le dimanche. Acceptez- 
k, cher père, c'est le 'premier don que 
vous offre votre fille. 

— Vous auriez mieux fait de m'acheter 
une paire de lunettes, car je n'y vois 
plus...f y> 

Il y avait des pleurs dans les yeux du 
rude fermier ; mais il s'efforçait de rire et 
de plaisanter, afin de ne pas le laisser aper- 
cevoir. 









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— 566 — 



a Alors qu'arez-TOiis fût de toat Totre 
argent ? reprit -il après an court silence. 

— J*ai pensé qu'il valait mieux l'ap- 
porter ici, » dit Abby. 

Elle remit son livret de Caisse d'épargne 
dans les mains de son père. M. Atkins le 
regarda un insUnt, et son sourire forcé 
s'évanouit C'était pour lui une surprise 
trop grande, et les larmes tombèrent lar- 
ges et rapides de ses yeux paternels. 

« Ce n'ist que peu de chose, ajouta 
Abby. 

— - Mais c'est tout ce que vous avez pu 
mettre de côté, et je suis fier de vous, 
Abby; oui, fier d'être le père d'une telle 
fine. Ce n'est pas cette somme insigni- 
fiante qui me cause unt de plaisir, mais 
la prudence, l'empire sur vous-même, 
l'affection réelle pour nous dont vous avez 
fait preuve. Cependant ne vous a-t-il pas 
été quelquefois bien dur de résister à la 
tentation? 

— Oui, mon père, plus dur que vous 
ne pourrez jamais l'imaginer. Mais la pen- 
sée du moment où nous sommes m'a sou- 
tenue. Je me représentais d'avance votre 
sourire; je savais ce que ma mère dirait 
et sentirait; et qu<Nqu*il y ait eu bien des 
instants, et même des heures, où je me 




sois trouvée malheureuse , ceUe wriiée 
suffit pour les racheter tous. Il n'y a qu'une 
chose qui gâte mon bonheur : c'est de 
voir que ce petit homme m'a entièrement 
oubliée. » 

Elle attira Cbarley auprès d'elle. Uaisle 
nouveau livre d'images avait déjà opéré 
des merveilles : bientôt après il était sur 
les genoux de la jeune fille, lui entourant 
k cou de ses petits bras^ et sa mère ne 
put lui persuader d'aHerse coucher, avant 
qu'il eût donné cent baisers à sœur Abby. 

« Mon père, dit Abby en se levant pour 
se retirer au moment où la grande horloge 
sonnait onze heures, ne pourrai-je pas , 
lorsque ma mère n'aura pas besoin de mes 
services, retourner quelquefois à Lowdi ? 
Je désire grossir un peu la somme que j'y 
ai gagnée, et je serais bien aise d'avoir une 
robe de soie. 

— Oui, Abby, vous pourrez faire tout 
ce que vous voudrez. Tous avez prouvé 
que vous possédiez une vertu sans laquelle 
nul ne peut s'attendre à inspirer en ce 
monde ni respect ni confiance : la force 
de se rdfuser quelque ohose à soi-même, d 

[Traduit de l'anglais, ) 

M"' A. DE BfiNT. 




MARIE-THÉRÈSE DE FRANCE, 



DUCHESSE D'ANGOULÊME. 



Un grand martyre vient de s'achever ; 
une -sainte vient de monter au ciel I Tel 
est le cri qu'arrache en œ moment à tous 
les cmurs pieux , à toutes les âmes recon- 
naissantes la douloureuse et presque inat- 
tendue nouvelle de la mort de madame la 
duchesse d'AngouIéme. 

Il y a des existences prédestinées que 
Dieu semble désigner pour porter le poids 
de toutes les fautes de l'humanité ; ce | 




sont , pour ainsi dire, ite v ictinies élues. 
Dans les temps horribles que la fille de 
Louis XYI 'traversa , ses larmes furent 
comme une offrande de chaque jour pour 
l'expiation desforfaits qui se consomnQSiîent 
autour d'elle. Il n'y a pas dans les livres 
saints une figure plus noble et (dus dou- 
loureose ; et voyez quel est l'empire de k 
vraie vertu : à une époqite où l'accumu^- 
lation des catastrophes et la philosophie de 




J^^^ 
^^)^ 







-. 567 ~ 




rtdsioire ont eiidvrci leà oœvra, h mert 
de Marie-Thérèse de France eat «ftoore 
QBe douleur générale t. •• 

Oui , tontes les dhersions de partb se 
sont tues devant cette tombe ^i s'oOTre; 
tous se sont associés an denll de l'antique 
famille de nos rois. C'est qne lorsqae l'on 
considère la somme immense de donlenr 
amassée sur cette auguste orpheline , la 
grandeur et la persévérMice des malheurs 
qni ont fait de sa m nn perpétud holo* 
causte, on ne peut s'empêcher d'éprouTer 
tout ce que le sentiment de la pitié ren* 
ferme de pieux et de respectoeux. C'est 
bien à propos de la fille de Louis XYI et 
de Marie-Antoinette qn'on dok s'étonner 
atec Bossuet de la quantité de larmes que 
peuvent c<mtenir les yeux des reines. Sa 
vie peut se résumer en un seul mot : die 
a été malheureuse depuis le premier jour 
jusqu'au dernier. 

Bien que née sur les marches du pre- 
mier trône de l'Europe et du monde, 
Marie-Thérèse de France n'a jamais connu 
le bonheur; les splendeurs qui entourèrent 
son enfance ne firent que rendre plus 
cruelles les circonstances fatales dont elle 
fut bientôt h victime. Née le 49 décem- 
bre 1778s Marie-Thérèse avait à peine 
rage de raison lorsque la fermentation ré- 
Tolutionnaire vint jeter le trouble an sein 
de sa royale famille. Loin d'être calmes et 
doux comme ils le sont ordinairement, ces 
jours de son enfance forent agités par les 
clameurs popohiires, par les menaces et 
les cris de haine d'une populace aveuglée. 
Après avoir passé, dans le palais de Ver- 
sailles et dans celui des Tuileries, par 
toutes les angoisses de l'humiliation et de 
répouvante, die se vit^ à Tige de treize 
ans, jetée avec toute sa famiHe dans une 
sombre prison. 

Cette transition snl»te du trône dans un 
cachot n'était qu'un prélude à des événe- 
ments plus douloureux. La famille royale 
vivait au Temple sous la surveillance in- 
quiète et brutale des affidés de la Com- 




mune ; mais la reine, sa fiHe et madame 
Elisabeth, logées dans un appartement sé- 
paré, voyaient encore le roi tous les joum 
Étrangers aax bruits du dehors , ib re* 
trouvaient dans le silence de la captivité 
toute cette simplidté d'affection qui se 
perdait jadis au milieu des préoccupations 
da trône et des embarras de la grandeur. 
La jeune fiHe rivalisait avec sa tante pour 
adoudr par ses soins, par sa tendresse, les 
tourments de son père et de sa mère; 
mais ce dernier, ce plus grand bonheur' 
loi fnt bientôt enlevé. Séparée d'abord de 
son père, elte entendait avec effroi les 
rugissemoftts de la multitude égarée de- 
mander le supplice de tous ceux qu'elle 
aiSMit : c'était dans ces transes inces- 
santes, dans ces terreurs de tous les in- 
stants que s'écoulaient les premiers jours 
de son adolescence. 

Le suppHce de son père, les adieud dé- 
chirants qui le précédèrent , ne furent pas 
les derniers malheurs qui devaient la frap- 
per; elle était condamnée à assister au 
martyre de tous les siens. En quittant sa 
prison pour monter sur l'échafaud» sa 
mère, Marie^Antdnette, cette rdne tMt 
calomniée , avait confié sa fiHe à sa belle- 
soeur, la douce et pieuse madame Elisabeth^ 
La tendresse ingénieuse de cette vertueuse 
princesse avait caché avec soin à la jeune 
orpheline le nouveau malheur qui venait 
de l'atteindre. Mais, hélas ! entraînée bien- 
tôt elle-même dans cette horrible pro- 
scription , elle eut la douleur de laiseer sa 
nièce, seule, à la merci de ses geôliers. Dès 
le lendemain de cette dernière et cruelle 
séparation , la jeune princesse , qui n'avait 
pas encore quinze ans, redemandait à 
tous les geôliers, sa nière et sa tante, sans 
soupçonner même qn'die en fOt séparée 
par la mort Elle les croyait dms une aatre 
prison, ou retenues par les interrogatoires 
d'un tribunal ; elle espérait» dit un histo- 
rien , que la porte du Temple, en se rou- 
vrant, allait les rendre à sa soUtcitude et à 
I sa tendresse. Les geôliers eux-mêmes ne 



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II 




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— 868 — 



furent pas assez cruels pour la détromper; 
le temps seul et l'absence , en se prolon- 
geant , lui firent deviner Taffreuse Térlté. 
Elle fondit en larmes, elle ne pouvait 

croire à tant de malheur le silence de 

ses geôliers, à toutes ses questions^ acheva 
seul l'affreuse révélation. 

Sa mère et sa tante, en sortant de la 
prison , lui avaient dit : Si nous ne reve- 
nons pas, tu demanderas à la Commune de 
Paris une femme pour t*assîster dans le 
cachot, afin de ne pas rester seule au mi- 
lien des hommes. Elle leur obéit par dé- 
férence, dit-elle, et sans aucun espoir que 
sa requête lui fût accordée par la dureté 
de ses gardiens. On lui répondit, en effet, 
qu'elle n'avait pas besoin de femmes pour 
se parer devant des murailles. On feignit 
de craindre que l'isolement et le désespou: 
ne la portassent au suicide, que sa tendre 
piété regardait comme le plus grand des 
crimes. On loi 6la ces petits couteau 
dont on se servait alors pour enlever la 
pondre sur le front des femmes; ses ci- 
seaux, ses aiguilles à tricoter, jusqu'aux 
plus innocents ustensiles de fer ou d'acier 
nécessaires aux ouvrages de jeune fille, par 
lesquels elle aurait pu distraire au moins 
l'oisiveté de sa solitude , ou raccommoder 
ses vêtements en lambeaux. On lui eoleva 
jusqu'au briquet à l'aide duquel elle pou- 
vait éclairer la longueur de ses nuits et de 
ses insomnies ; la lumière même parut une 
douceur trop indulgente pour la jeune 
captive. On lui défendit d'allumer le poêle 
qui chauffait sa prison. 

EUe n'avait 9 continue M. de Lamar- 
tine , dans son Hietok^e de la Révolution p 
pour conscdalion que le sommeil , la vue 
du cicl,.le jour, à travers les grilles, et 
quelques visites an dauphin son frère, 
captif dans une chambre voisine , et déjà 
dégradé par la maladie et par la férocité 
de ses gardiens. Ceux qui la conduisaient 
près de lui étaient quelquefois cléments et 
attendris, souvent ivres et brutaux. La 
vue et l'entretien de son frère ne faisaient 





qu'accroître sa consternation; die le voyait 
dépérir, et monrait ainsi elle-même de 
deux agonies... bientôt le pauvre enfant 
s'achemina lentement vers la mort, comme 
une plante sans air et sans soleil. 

La princesse bénit cette mort en la 
pleurant. Dieu enlevait enfin son frère et 
son roi à son long supplice. EOe acheva 
en silence le sien. 

Ainsi s'écoulaient, pour la captive de 
seize ans^ dans la tour du Temi^, les 
jours, les mois» les années. Cependant, 
du jour où la Convention ne craignit 
plus un [Hrétendant , elle permit à la 
pîiié publique d'en ap|MX>cher. Après la 
chute de Robespierre les mesures devin- 
rent moins sévères; plusieurs villes récla- 
mèrent la liberté de la jeune orpheline. 
La ville d'Orléans donna le signal^ elle en- 
voya, peu de jours après la mort de 
Louis XVII, des députés à la Convention 
pour réclamer la délivrance de la jeune 
princesse et sa translation au sein de sa 
famille, a car^direntles députés d'Orléans, 
qui d'entre nous voudrait la condamner à 
habiter des lieux encore fumants du sang 
de sa famille ? » 

Nantes suivit cet exemple; Charette 
demanda au nom de la Vendée, et comme 
condition de la pacification de ces provin- 
ces, que la fille de Louis XVI fût rendue à 
sa famille. La Convention hésitait encore. 
Cependant la prisonnière pouvait, grâce à 
la connivence des conmiissaires, qui fer- 
maient les yeux, correspondre avec quel- 
ques serviteurs fidèles, et en se promenant 
dans le jardin avec son unique compagnon^ 
le chien que son père lui avait laissé en 
partant pour l'échafaud, entrevoir des 
visages amis aux fenêtres environnantes. 

Enfin, le 30 juillet, la Convention, sur 
le rapport de son comité de salut public et 
de sûreté générale, décréta que la fille de 
Louij XVI serait échangée avec l'archidoc 
contre les représentants et les minisires 
que Dumouriez avait livrés au prince de 
Cobourg. Le 19 décembre 1795, jour an- 










— 360 — 





nÎTersaire de sa naissance, à mînoit, elle 
sortit de sa prison , n'y laissant d'autre 
trace de sa captivité et de ses larmes que 
ces deux lignes, gravéej par elle sur la 
pierre de sa fenêtre pendant les longues 
oisivetés de la réclusion : mon père I 
veille sur inoi du haut du ciel, mon 
Dieu /pardonnez à ceux qui ont fait mou- 
rir mon père l 

Pour éviter toute émotion du peuple, le 
ministre chargé de la faire conduire à l'é- 
tranger, l'emmena, à pied, du Temple 
jusque dans une rue voisine où une voi- 
ture l'attendait; de là, on gagna, par des 
sentiers déserts et à peine bâtis aux alen- 
tours du boulevard, un terrain vide situé 
derrière la porte Saint-Martin ; là , une 
berline de poste occupée par madame de 
Sancy, sous-gouvernante des enfants de 
France, et par un ofûcierde gendarmerie, 
reçut la princesse qui partit en versant 
des larmes, car elle laissait derrière elle, 
avec ses quatre ans de jeunesse écoulés à 
l'ombre d'un cachot, les cadavres de son 
père , de sa mère , de son frère , de sa 
tante , de la princes:ie de Lamballe, des 
personnes de sa cour et de tout ce qu'elle 
avait connu et aimé dès le berceau. 

Telle fut, mesdemoiselles, la première 
partie de cette douloureuse existence ; la 
jeune princesse n'avait que dix-sept ans, 
et elle avait déjà éprouvé plus de mal- 
heurs qu'on n'en peut ordinairement 
compter dans la vie la plus longue et la 
plus infortunée. L'exil, ce supplice si cruel 
aux coeurs généreux, devenait pour elle un 
soulagement; elle allait retrouver ce qui 
lui restait de famille , elle allait encore 
donner au monde l'exemple du dévoue- 
ment et de Tamour filial ; elle avait jus- 
qu'alors montré des vertus de jeune fille, 
elle allait montrer qu'elle possédait aussi 
celles de la femme. 

Elle se rendit d'abord à Vienne, où l'em- 
pereur, son oncle, et toute la famille im- 
périale lui firent Faccueil que méritaient 
ses malheurs et le caractère dont elle 





PIX-NBUVIÈME ANNÉE, 4* SlÎRIB. — N° XII. 



avait fait preuve. L'intention de l'empe- 
reur était de l'uuir à son frère l'archiduc 
Charles, le héros de l'Allemagne ; mais elle 
se rappela que son père l'avait destinée à 
son cousin le duc d'Angouléme, fils aîné 
du comte d'Artois ; elle voulut obéir à sa 
dernière volonté, et partit pour Mittau, où 
son oncle Louis XYIII l'appelait pour 
cette union de famille. Ce fut là^ que le 10 
juin elle épousa son cousin, et, chose re- 
marquable, son mariage fut bénit parTabbé 
Edgeworth, qui avait reçu les dernières 
prières et la dernière confession de 
Louis XTI , et ne l'avait quitté qu'au pied 
de l'échafaud en lui disant : Fils de saint 
Louis^ montez au ciel î 

La duchesse d'Angouléme suivit dans 
toutes leurs vicissitudes les exils, les chan- 
gements de patrie et de fortune de son on- 
cle. Ce prince l'aimait par sentiment et 
par orgueil ; il se parait de cette beauté, 
de cette jeunesse , de cette piété aux yeux 
de TEurope. Il l'appelait son Antigone, et 
se montrait appuyé sur le bras de cette 
nièce, comme une royauté protégée d'en 
haut par l'ange du deuil. Elle suivit son 
oncle à Hartvrel, où elle vécut dans une 
profonde retraite jusqu'en 181^, époque 
à laquelle la Providence replaça sa famille 
sur le trône de ses pères ; mais ce bonheur 
ne devait pas être de longue durée ; elle 
était à Bordeaux lorsque Napoléon, brisant 
ses fers , débarqua à Cannes ; forcée de 
s'expatrier de nouveau, la duchesse d'An- 
gouléme se rendit en Angleterre; enfin, le 
28 juillet 1815, elle rentra en France. 
L'accueil enthousiaste que fit alors à cette 
royale famille la population tout entière 
dut adoucir un peu Tamertume qu'éprou- 
vait son cœur en revoyant des lieux où 
elle avait tant souffert. A dater de ce jour, 
sa vie se partagea entre des actes de piété 
et des actes de bienfaisance qu'il serait im- 
possible d'énumérer. Outre les nombreux 
bienfaits qu'elle répandait sur tous ceux 
qui avaient recours à elle, elle avait trouvé 
un ingénieux moyen d'aller au-devant de 




24 





m^\: 








_>^V5^ 



— 570 — 

ces misères qui se cachent et qoi sodi lès i n lions sur la France^ que fai toujours 




plus cruelles. Tous les aos, le 19 décem- 
bre, auniversaire de sa naissance , elle 
partait de bonne heure , Fans escorte, 
dans une voilure sans livrée, emportant 
tout l'argent dont elle pouvait disposer, 
puis elle a lait de grenier en grenier por- 
tant partout des secours et des consola- 
tions , et ne renti-ait que lorsqu'elle avait 
distribué tout ce qu'elle avait emporté. Ce 
retour aux splendeurs du trône fut encore 
semé, pour elle, de douleurs et de chagrins. 
Les conspirations contre son oncle, l'assas- 
sinat du duc de Berry , la mort de 
Louis XVIII lui rappelèrent que sa mission 
ici-bas était de souffrir. 

Enfin, la révolution de juillet lui ouvrit 
une troisième fois les portes de l'exil, une 
troisième fois elle retourna demander 
l'hospitalité à la terre étrangère sur laquelle 
elle devait mourir; et comme si ce n'était 
pas assez de toutes ces vicissitudes de la 
fortune, la calomnie vint encore froisser 
son cœur : des esprits étroits, incapables 
de comprendre ce qu'il y avait de grand et de 
généreux dans une âme comme celle de la 
duchesse d'Angouléme, l'accusaient de ne 
pas aimer la France , on plutôt de ne pas 
pouvoir l'aimer. A ceux qui ont cru, et 
ceux qui croient encore à cette calomnie 
nous répondrons par les passages suivants 
du testament qu'elle vient de laisser. 

a A l'exemple de mes parents, je par- 
» donne de tonte mon âme, et sans excep- 
)) tion, à tous ceux qui ont pu me nuire 
ï> et m'offenser, demandant sincèrement à 
» Dieu d'étendre sur eux sa miséricorde, 
» aussi bien que sur moi-même , et le 
y> supplie de m'accorder le pardon de mes 
» fautes. 

)) Je remercie tous les Français qui sont 
> restés attachés à ma famille et à moi, 
if> des preuves de dévouement qu'ils nous 
D ont données , des souffrances et des 
» peines qu'ils ont subies à cause de 
» nous. 
D Je prie Dieu de répandre ses bétiédic" 




y> aimée au milieu de mes plus amires 
» afflictions. 

r> Ayant toujours considéré mon nevea 
» Henri et ma nièce Louise comme mes 
» enfants, je leur donne ma bénédiction 
)) maternelle; ils ont eu le bonheur d'être 
» élevés dans notre sainte religion; qu'ils 
» lui restent constamment fidèles, qu'ib 
» soient toujours les dignes descendants 
» de saint Louis ! Puisse mon neven con- 
D sacrer ses heureuses facultés à Taccom- 
D plissement des grands devoirs que sa po- 
» sition lui impose I poisse-t-il ne s'écarter 
» jamais des voies de la modération, de la 
ï> justice et de la vérité t » 

Tels ont été les derniers vœux de cet 
ange sur la terre. 

Madame la duchesse d'Angouléme fut le 
modèle de toutes les vertus sanctifiées par 
tous les malheurs. Sa vie fut uTéprodia- 
ble comme sa conscience ; elle portait en 
elle cette grandeur d'âme que la fortune 
ne peut dégrader, que les revers ne peu- 
vent décourager. Inflexible comme le de- 
voir, elle fut toujours semblable à elle- 
même aussi bien dans les demeures de 
l'exil que dans les palais de la royauté I 

Son cœur était ouvert à tout ce qui était 
noble et généreux. Française par son sang, 
tous ses vœux étaient pour sa patrie ; chré- 
tienne par son éducation, par ses malheurs 
et par ses convictions, toutes ses pensées 
et toutes ses espérances étaient en Dieu. 

Madame la duchesse d'Angoidême vivra 
dans l'histoire comme une des femmes 
qui ont le plus honoré son pays et son 
temps; à la place de la couronne qu'elle 
devait porter. Dieu lui en réservait nne 

autre 1 elle vient de la recevoir 

Nous avons cru, mesdemoiselles, devoir 
appeler votre attention sur l'existence si 
douloureuse de cette princesse), dont les 
malheurs, comme le dit Chateaubriand, 
sont montés si haut qu'ils sont devenus 
une des grandeurs de notre histoire. 

A. Jadin. 








*^ii^ 







— 871 — 



LA SŒUR aînée. 




Tandis que la maison paternelle reten- 
tissait des préparatifs de la fête qui allait 
avoir lieu pour le mariage de sa jeune 
sœur, Amélie Valcour s'était retirée au 
fond d'un jardin solitaire, et, cachée dans 
un pavillon, elle laissait couler des larmes 
jusqu'alors contenues avec effort Qui peut 
néanmoins tromper l'œil d'une mère? 
MadameVanderville, aïeule d'Amélie, avait 
lu dans l'âme de sa petite-Bile ; elle cher- 
chait l'occasion de Pentretenir sur la cause 
de son chagrin, et la surprit an mîKeu de 
ses pleurs. La jeune fille les essuya précî- 
piumment, et s'efforça de sourire. « Ne 
cherche pas à dissimuler avec moi, ma 
chère enfant, dit madame Vanderville en 
lui prenant la main avec bonté, et l'o- 
bligeant de se rasseoir auprès d'elle, fai 
bien vu ta tristesse, et je viens ici pour la 

dissiper. 

— Mais, grand'maman, à l'instant de 
quitter ma sœur, dit Amélie avec beau- 
coup d'embarras, il est bien naturel que 
je ressente un peu d'affliction... Je ne vois 
pas pourquoi vous vous étonnez... 

— Oui, tu es affligée de quitter Caro- 
line, mais votre séparation a peu de part à 
U douleur. Voici quelle en est la vériiable 
cause : tu crois recevoir un affront, toi 
l'ainée, en voyant ta sœur se marier la 
première. » 

Amélie rougit et garda d'abord le si- 
lence ; mais elle ne put résister au désnr 
de soulager son cœur en l'ouvrant à sa 
meilleure amie. « £h bien, oui, maman, 
dit-elle enfin, vous avez deviné juste. 
Je me sens profondément blessée de ce 
mariage, il me semble voir dans tous les 
yeux un air de nargue qui me dit : C'est 
bien humiliant pour toi de te voir préférer 
ta sœur cadette! Toutes celles de mes 
compagnes dont je ne suis pjs aimée, 
triomphent de cet événement qui me cou- 




vre de ridicule. Désormais je n'oserai me 
montrer nulle part dans ia crainte d'enten- 
dre quelque allusion à cette mortification. 
On ne manquera pas sans doute de la rap- 
peler à toutes les personnes auxquelles je 
parahrai amiable, afin de me dénigrer à 
leurs yeux, et de jeter sur moi un air de 
rebut Mon père et ma sœur ne m'aiment 
guère apparemment, puisqu^Us ont con- 
senti il me faire subir une injure si grave 
et si pubSqne. 

— Voilà bien de Fexagératîon, mon 
enfant, ou plutôt, voilà bien de la folie. 
Tu viens de me débiter des phrases de 
peusionnaire tout à fait au-dessous du 
bon sens que je te connais. Ton idée de 
subir une humiliation n'est pas fondée le 
moins du monde. Si dans la France les 
mariages se faisaient comme chez les Sam- 
tiites, si l'homme le plus estimable de la 
nation avait le droit de choii>ir une épouse 
entre toutes les femmes, oh I j'in con- 
viens, ce serait alors un honneur de passer 
la première ; mais comme les usages des 
Samnites ne sont pas les nôtres, et que 
pour un homme de mérite il y a mille am- 
bhieux, mille avares, mille fous qui se 
marient; il y a mille femmes que leur 
rang, leur fortune, ou leur dissimulation 
fera marier, contre une qui devra son ma- 
riage à ses propres et véritables qualités. 
Il faut être bonne, sage, vertueuse, aima- 
ble en vue de plaire à Dieu, à nos parents, 
et pour notre propre dignité; mais en vé- 
rité c'est faire trop d'honneur aux hommes 
et à leur pénétration que de juger de la 
valeur d'une femme d'après la promptitude 
avec laquelle elle trouve un époux. Le 
mariage est un résultat du hasard qui met 
enirapport deax personnes dont la posi- 
tion sociale est à peu près semblable, et 
dont les caractères paraissent s'accorder, 
souvent même à cause de leurs défauts. 



♦ 







9^$^ 
■^^ 




V 

^ 



— 572 — 



Écoutez la plupart des maris parler de 
leurs femmes, et vous verrez quelle gloire 
elles peuvent tirer du mariage. Tu as lu 
l'histoire de France, tu sais si madame de 
Pompadour était une femme méprisable? 
Avant qu'elle eût quinze ans, un honnête 
homme, trompé sur son caractère, l'avait 
déjà choisie pour épouse. Mademoiselle de 
Sombreuil méritait sans doute d'être re- 
marquée et d'inspirer le plus vif intérêt, 
elle ne s'est jamais mariée. Les agréments 
mêmes d'une jeune personne entrent pour 
fort peu de chose dans cette affaire. Assu- 
rément madame de Maintenon était plus 
jolie k dix-huit ans qu'à cinquante ; ce- 
pendant à dix-huit ans elle ne trouvait 
pour époux qu'un perclus assez ridicule; à 
cinquante, elle devenait la feoune du plus 
grand roi de l'Europe. YoiU, mon enfant, 
les exemples et les pensées que tu dois 
avoir présents à l'esprit, si tes compagnes 
manquent à la délicatesse et à la décence 
au point de t'adresser quelques railleries. 
Je dis qu'elles manqueraient à la décence, 
parce qu'une jeune fille, sans se jeter dans 
les exagérations des héroïnes des romans 
de chevalerie, ne doit pas cependant pro- 
clamer si haut l'importance qu'elle attache 
au mariage et le goût qu'il lui inspire. 

— Oh I ma bonne maman, ne dîtes pas 
cela pour moi, je n'avais aucun empresse- 
ment de me marier, et je vous jure qu'à 
la place de Caroline, j'aurais refusé de 
passer avant ma sœur. 

— Oui, je te connais, je suis con- 
vaincue que tu lui aurais fait ce sacri- 
fice. Mais, chère amie, il est un degré de 
générosité, d'abnégation, qu'on peut sentir 
en soi, sans avoir le droit de l'exiger des 
autres. Caroline fait ce que presque toutes 
les jeunes filles feraient à sa place. Sa con- 
duite n'est point blâmable, elle est seule- 
ment vulgaire : et tiens ; c'est une nou- 
velle preuve à l'appui de ce que je te disais 
tout à l'heure. Si Caroline pensait et sen- 
tait comme toi, elle aurait plus de ten- 
dresse fraternelle, plus de désintéresse- 





ment, plus d'élévation d'âme, et point de 
mari. 

^ Mais pourquoi mon père nVt-il pas 
exigé que cette union fût retardée d'un 
an ou deux?.., d'ici là qui sait!... 

— Mon enfant, un mariage différé est 
souvent un mariage rompu. Réfléchis. Ton 
père possède une fortune très-médiocre; il 
se présente pour ta sœur un parti an-dessus 
de tout ce qu'on pouvait espérer sous le 
rapport du rang et de la fortune. Devait-il, 
pour ménager en toi une susceptibilité 
assez déraisonnable, risquer de priver Ca- 
roline d'un établissement si avanUgeuxî 
Lui est-elle moins chère que tui? Doit-il 
moins songer à ses intérêts qu'aux tiens T 
D'ailleurs tu ne vois dans ce mariage que 
le côté blessant pour ton amour-propre. 
Tu ne songes pas aux avantages qu'il 
pourra te valoir. Tels parents n'auraient 
point voulu laisser entrer dans leur famille 
une jeune personne ayant une aussi faible 
dot que la tienne, qni se décideront peut- 
être en songeant à l'appui qa'un beau- 
frère très-riche et très-haut placé, don- 
nera à leur fils pour son ayancement dans 
le monde : tu vas voir chez ta sœur une 
société pins nombreuse, plus distinguée ; 
ton père ayant moins à songer à Caroline, 
s'occupera de toi bien davantage. Allons, 
essoie tes yeux, que nul n'y puisse aper- 
cevoir les traces de tes larmes. Le Trii 
moyen de déconcerter l'impertinence et la 
méchanceté, c'est de paraître contente de 
ce qui se passe. On dura alors : le marié 
possède une grande fortune, un rang fort 
élevé, c'est vrai ; mais sous les autres rap- 
ports, c'est un homme assez ordinaire; 
qui sait s'il n'épouse pas la cadette au refus 
de l'aînée?... Mais quoi! suis-je réduite en 
parlant à mon Amélie à me servhr du lan- 
gage qu'il faudrait employer avec une 
jeune personne dont la vanité aurait ré- 
tréci l'esprit et le cœur? Non, non, j'en 
suis certaine, il suffira de te dire : Songe 
à ton père, mon enfant Moins pénétrant 
que moi, il n'a pas su detiner combien tu 





c«>îô^ 






•Oi'*j 






— 575 — 



fiinaginais être offensée. Quelle sera sa 
doulear s'il croit remarquer que le boa- 
hear d'une de ses filles fait la désolation 
de l'antre I Le jour du mariage de nos en- 
fants est ordinairement un des beaux jours 
de notre vie. Veux-tu, par ta tristesse, 
empoisonner, détruire toute la joie de 
ton père? 

— Ohl que le ciel me préserve de re- 
trancher une minute de bonheur dans 
sa vie! Voilà qui est fait. Je chasse- 
rai toutes les pensées qui m'affligeaient ; 
d'ailleurs, les quelques larmes que j'ai 
versées id m*ont soulagée. Il me semble 
avoir payé à mon chagrin tout le tribut 
que je lui devais. Dorénavant je songerai 
à lasatis&ction de mon père, à la vôtre, à 




celle de Caroline, et tout naturellement je 
serai très-gaie. 

-— A la bonne heure I je te reconnais 
maintenant, je te retrouve. Viens, ma 
fille, mon enfant chérie, viens embrasser 
ta mère , et sois-en bien convaincue , la 
prédilection dont tu es l'objet pour celle 
qui depuis ton enfance ne t'a pas quittée 
des yeux, qui connaît les mouvements de 
ton âme , les pensées de ton esprit , les 
traits de ton caractère, prouve cent fois 
plus en ta faveur que la préférence accor- 
dée par tous les étourdis du monde à une 
femme qu'ils ne connaissent que pour 
l'avoir vue danser , chanter et babiller 
dans un salon. » 

M"* F. Ymbert. 



DULOGUE ENTRE UN AVEUGLE ET UN SOURD-MUET. 




L'AVEUGLE. 

Moi, je ne puis te voir, toi, tu ne peux m'entendre ; 
Ensemble conspirons pour charmer nos douleurs : 
Sans regards et sans voix, nous saurons nous comprendre, 
En nous donnant la main, en rapprochant nos cœurs. 

LE SOUBD-MUET. 

Du fraternel amour doux et triste mystère 1 
Tu me touches.... . déjà je l'ai senti gémir; 
Ce silence éternel où je me désespère 
A fait place, il me semble, à l'écho d'un soupir 





l'aveugle. 

Dans ma profonde nuit, il n'est nul trait de flamme 
Qui peindrait à mes yeux ton sort infortuné ; 
Mais voilà quelques pleurs, paroles de ton âme, 
Qui tombent sur mon sein et j'ai tout deviné. 

LE SOURD-MUET. 

De la sainte pitié je connais la prière. 
Je veux chaque matin la soupirer pour toi. 
Tu la connais aussi, mon bon et tendre frère. 
Que ta langue tout haut la répète pour moi ! 



*^-;' -'©ï^Na, 



"^^^^^^y^ 






- 574 — 

l'atedgle. 

En paavres résignés traversons cette vie; 

Le temps passera vite, et dans l'éternité, 

Où tout n'est que lainière, où tout n'est guliarinoniey 

Frère, je te verrai sourire à mon côté. 

LE SOURD-MCET. 

En paovres résignés traversons cette vie ; 

Le temps passera vite, et dans l'éternité, 

Où tout n'est que lumière, où tout B*est qu'harmonie. 

Frère» je t'eiktendrai chantant à mon côté. 




*** 



EXPUGATION DE L'É:>ïIGM£ GÉOGRAPHIQUE. 





Abbeville, capitale du Ponthîeu, fut cé- 
dée aux Anglais par le roi Jean^ qui avait 
été fait prisonnier à la bataille de Poiiiers. 
Ce fut avec vn mortel d^lïisir qae les ha- 
bitants de celte ville se virent ainsi livrés 
à la puissance d'une nation ennemie. 
« Nous aimerions mieux être taxés de la 
moitié de nos biens et rester Français i » 
s'écriaient-ils. Cet accommodement ne fut 
point accepté ; les Anglais se rendirent 
maîtres de la ville , mais^non sans essuyer 
une dure résistance. Un bourgeois, aommé 
Ringois, fut arrêté dans une émeute, et 
conduit à Douvres. On le plaça, chargé de 
chaînes, sur le parapet de la forteresse 
qui dominait la mer^ et on lui dit : < Re- 
connaissez - vous pour seigneur le roi 
Edouard? — Non, répondit-il, je ne re- 
connais d'autre souverain que Jean de Va- 
lois I » Et ce vaillant homme fut précipité 
dans les flots. 

Cet acte de cruauté redoubla l'ardeur de 
la lutte entre les Abbevillois et les Anglais. 
Le roi Edouard vint en personne prendre 
possession de son 6ef ; il jura le maintien 
des privilèges, tête nue, en présence des 
échevins de la ville ; mais cet acte de défé- 
rence ne put apaiser le ressentiment qui 
s'élevait contre lui. 

Charles Y, le Sage , seconia re(rf)rt des 
habitants d' Abbeville , et leur aida à se- 
couer le joug britannique. Les bonrgeois 



battirent la garnison, ouvrirent les portes 
aux Français, et le roi accorda St la ville 
courageuse et fidèle de nombreuses fran- 
chiites, la liberté du commence, le droit de 
voter elle-même les taxes et les impôts 
qu'elle devait payer ; il ajouta à ses armes 
les fleurs-de-lys d'or et la devise Fidelis. 

Charles VI, dans ses rares moments de 
raison et de santé, témoigna une vive pré- 
dilection pour ie séjour d' Abbeville ; 
Loiû XII 7 contracta sen troi:>ième ma- 
riage, et Louis XIII, peadant le siège 
d'Hesdin , y vint faire Êe» dévolions à l'é- 
glise des Minimes , vouant publiquement 
son royaume à la sainte Vierge , deman- 
dant la cessation des gaerres civiles et la 
naissance d'un héritier. On sait que sa 
piété fut récompensée par h soumission 
des calvinistes et la naissance de Louis XIV. 
La procession solennelle du 15 août re- 
nouvelle chaque année la mémoire de ce 
vœu. 

Sous Louis XlVj Colbert encouragea 
puissamment les manufactures d'Abbe- 
ville, et surtout la fabrique de draps, diri- 
gée par ^ancienne et historique famille de 
Van Robaix. 

L'église de Saint- Wulfran est le monu- 
ment le plus curieux d* Abbeville ; et cette 
ville se gloriGe avec raison d'avoir vu naî- 
tre Millevoie^ ce poète gracieux, dont 
quelque vers vivront toujours. 










^'^^f 





— 37tt — 



CORRESPONDANCE. 






Oui^ c*est ainsi que» dans notre Paris, 
Dieu noDS (ait les beaux jours d'automnef 
Le matin, nn brouillard gris et froid, at- 
triste Patmosphère, pois, à midi nn ciel 
bleu, un brSlant soleil lui rendent la gaieté. 
Où es-tu, en ce moment, toi à qui et pour 
qui f écris sur ma grande table ronde, 
dans quelle partie de Tunivers ma lettre 
ira-t-elle te porter mes Yoeux de bonne fin 
d*anaéel A travers Hyde-Park, le Tent 
agite-t-il tes doux et blonds cbeteui ? — 
Dansunlégertratneau, cacbéesonstesfour- 
rures, glis»es-tu sur les neiges de la yaste 
Russie? — Fals-tn redire à ton pfano les 
polkas, les mazurkas de ton pays bien- 
aimé 7 — Peut-être brodes-tu le nom de ton 
fiancé en chantant Vergissmein nieht! — 
Sans doute, tu peins une Semper Augtis- 
iu8^ la plus belle des tulipes de ta HoOande? 
— Hais non, tu es à genoux devant la Ma- 
done^ tu lui demandes sa protection pour 
ta belle Italie. — Je me trompe, sons ta 
mantiUe noire et suhrie de ta duègne, il 
me semble te voir traverser le Prado et 
entrer à l'église où tu pries pour llieu- 
reuse délivrance de ta reine Isabelle. — 
Si ta respires les douces odears de l'oran- 
ger fleuri des horâB du Tage, ne m'ou- 
blie pas ! — Ne m'oublie pas, si tu es 
éclairée par le beau et grand soleil de 
notre Algérie. 

filais en quelque pays que tu sois, en 
France ou à l'étranger... partout j'irai 
le dire que je suis tout à toi. Et puisque 
tu veux reprendre le gracieux travail des 
fleurs, nous allons reconmiencer les pre- 
mières iostmctionst dans la cndnle que tu 
ne le» aies oubliées. 

D'abord, tu as une petite table sur la- 
quelle tu places plusieurs petite cartons. 
S'il s'agit, je suppose, de faire des cam^ 
lias, tu £iis acheter, chez madame Lefort : 
Une pince : . . . ^0 cent. 



Un pinceau 10 

Du papiçr Uanc ou rose, h 

feuille 10 

Du fil de fer long de 35 cen- 
timètres 40 (I) 

Id. long de 18 centimètres. 35 (2) 

Id. très-fin, long de 10 cen- 
timètres 80 (3) 

Une bobine de soie plate vert 

pistache 10 

Du papier serpente, 2 feuil- 
les 5 

Du papier bois, 1 feulfle.. . 5 

Des feuilles variées, la grosse. 1 25 

Du carmin 50 

Tu as une soucoupe — un dé — un 
gros étoiy rond des deux bouts — une 
carde de ouate — du fil d'Ecosse, blanc, 
d'une moyenne grosseur — . un petit pot 
dans lequel tu as mis fondre^ dans de 
l'eau, dix boules de gomme arabique 
auxquelles tu as ajouté une demi-cuillerée 
de farine de froment — une petite boîte 
remplie de semoule dans laquelle tu auras 
mis du jaune en poudre — des feuilles de 
papier gris, une pelote pas très-dure, de 
20 centimètires carrés, recouverte en per- 
cale blanche, et des ciseaux. 

A présent que tu as toutes ces choses 
sur ta taide ou dana ton tiroir, je me re- 
commande ^ ta patience, ^ ton intelli- 
gence accoutumé, te priant d'exécuter 
exactement tout ce que je vais te dire» 
et j'espère. . . bien mieux I je suis sûre que 
tu réussiras à imiter cette jolie fleur. 

Prends le papier bois, coupe-le en ban- 
des larges de 8 millimètres. Je te préviens 
qu'il faut les couper dans la longueur, 
c'est-à-dire dans le sens des raies que ta 
aperçois en plaçant le papier entre toi et 
la lumière. 

Prends le papier serpente, coupes-en de 











*fS^ 



— 576 — 



mêaie des bandes sur ane largeur de U 
millimètres. 

Prends da papier rose on blanc, tailles- 
en huit modèles, n* 6 — cinq n'» 7 — 
dix n"* 8 — dix n"" 9. Ce sont les pétales. 

Prends le papier serpente, tailles-en 10 
modèles n* 10. Ce sont les coquilles. 

A présent, délaye, dans la soucoupe, 
du carmin avec un peu d'eau ; de ta main 
gauche prends la pince, a?ec la pince 
prends une de ces coquilles ; de ta main 
droite, prends le pinceau, trempe-le dans 
le carmin, et passe- le sur le bord de ces 
coquiile.4, de manière à colorer en même 
temps le dessus et le dessous, chacun sur 
une largeur d'un demi-millimètre. Dépose 
ces coquilles sur une feuille de papier 
gris. Coupe une aiguillée de fil d'Ecosse, 
trempe-la dans la gomme, laisse -la aussi 
sécher sur le papier gris. Place l'un après 
l'autre les pétales n"^ 6, 7, 8 et 9 sur 
la pelote ; avec ton étui appuie sur le 
haut de ces pétales, de manière à les 
creuser légèrement ; prends les coquilles 
n* 10, et, avec ton dé, creuse-les profon- 
dément ; place ensemble, dans chacun des 
cinq cartons, les pétales qui portent le 
même numéro, ainsi que les coquilles. 

Taille 10 brins de fil d'Ecosse, longs de 
&> centimètres^ formes en une petite boite 
que tu trempes d'un bout dans la gomme 
puis dans la semoule jaunie ; trempe de 
même l'autre bout, et laisse sécher. Ce 
sont les pistils. 

Il serait b^n d'avoir sur ta table deux 
champignons à porter des chapeaux : de 
« l'un à l'autre de ces champignons, tu atta- 
cherais un fil qui te servirait à suspendre 
les fleurs, afin de les laisser sécher. 

POUB UN GAMÉLU. 

Prends un brin de fil de fer n* 2, forme 
un petit crochet à l'une de ses extré- 
mités ; sons ce crochet, avec la soie pista- 
che, attache, par le milieu, mais en lais- 
sant un côté plus long que l'autre, la 
botte de dix brîns de fi), de manière à ce 





que, étant relevée, il y ait 10 pistils courts 
et 10 pistils pins longs. 

Prends quatre pétales n** fi, plie-les en 
deux, le creux en dedans, attache-les par 
le bas autour et au bas de ces pibtils ; 
prends les quatre autres pétales n^ 6, atta- 
che-les de même, mais en les contrariant. 
— Avec ton pinceau, enduis de gomme le 
bas de ces huit pétales et la soie qui les 
attache; entoure-les de ouate de ma- 
nière à former une petite aveline ; enduis 
cette ouate de gomme. — Prends les cinq 
pétales n^ 7, colle-les le pied sur la ourtc, 
le côté creux en dessus. — Enduis de 
gomme le pied de chacun de ces pétales ; 
colle dessus, en les contrariant, cinq des pé- 
tales n"" 8, le côté crenx en dessous; 
enduis de gomme le pied de ces pétales, 
coUedessus les cinq autres pétales n? 8, tou- 
jours en les contrariant, et je creux en 
dessous ; colle de même sur deux rangs 
les dix autres pétales n^ 9. 

A présent, forme un cercle avec le 
pouce et l'index de ta main droite, de ta 
main gauche introduis dans ce cercle le fil 
de fer qui sert de tige à ce camélia, tire en 
bas ce fil de fer, referme le cercle de tesdeux 
doigts, de manière à coller, du bas, les 
péules les uns sur les autres, et à former 
une espèce de culot sous la fleur. Lors- 
qu'il est formé, tu l'enduis de gonuue ; tu 
colles dessus, du côté creux, cinq des co- 
quilles n*" 10, puis tu enduis de gomme 
l'espace entre chacune de ces coquilles et 
tu colles dessus les cinq autres, en les 
contrariant. — Recourbe le bout de cette 
tige, accroche-le au fil suspendu aux deux 
champignons, et laisse sécher le camélia. 

POUR UN BOUTON OUVEBT. 

Prends un fil de fer n* 2, recourbe ane 
de ses extrémités, recouvre-la de ouate, 
de manière à former une grosse aveline; 
taille, en papier blanc ou rose, six pétales 
sur le modèle n* 8, place-les sur la pelote, 
creuse-les avec ton étui; enduis la ouate de 
e^omme ; place trois de ces péules, du côté 













qui creose, sur la oaate» de manière à la 
coQTrir entièrement du bas, et à ce que 
du haot ik se collent l'un sur Tautre; en- 
duis de gomme l'espace entre chacun de 
ces pélales, colle dessus les trois autres 
du côté du creux, et en ks contrariant. 
— Taille, sur le modèle n* 10, dix co- 
quilles en ]Mpier serpente, entoure-les d'un 
cercle de carmin, enduis de gomme le bas 
des trois pélales, colle dessus cinq des 
coquilles, puis, en les contrariant, colle les 
cinq autressurlescinq premières. Recourbe 
le bout de cette tige, accrochele et laisse 
sécher. 

POUR UN BOUTON FERMÉ. 

Prends un brin de fil de fer n* 2, for- 
me un petit crochet à l'une de ses extré- 
mités, accroches-y de la ouate, de manière 
à former une grosse aveline. Taille, en pa- 
pier serpente, six coquilles n* 10, entoure- 
les d*un cercle de carmin, creuse-les avec 
ton dé, enduis la ouate de gomme, colle 
dessus, du cAté qui creuse, trois coquilles, 
de manière à ce que, du haut, elles for- 
ment une pointe en se couvrant l'une l'aa- 
tre, et s'élargissant du bas; sur ces trois 
coquilles , colle , en les contrariant, les 
trois autres coquilles 

POUR MONTER LES FEUILLES. 

Prends un brin de fil de fer n"" 3, long 
de 10 centimètres, et une bande de pa- 
pier serpente^ prends une des extrémités 
de cette bande, mouille-la avec tes lèvres, 
colle-la sur un des bouts du fil de fer, 
puis, tourne-le, en le serrant entre le pouce 
et l'index de ta main droite, à mesure 
qu'il se couvre de la bande de papier que 
tu diriges de ta main gauche. Quand le fil 
de fer est couvert, tu déchires le papier, 
tu appuies tes lèvres sur cette déchirure, 
et tu la colles sur elle-même; avec ton 
pinceau , enduis de gomme tout un côté 
de la longueur de ce fil de fer, et appuie-le 
fortement sur le milieu d'une feuille, du 
côté de l'envers, et 2 centimètres plus bas 
que le haut de cette feuille. 



— 577 — 

POUR MONTER LA BRANCHE DE CAMÊU 




Prends de la ouate, formes-en une 
amande de cerise, enduis de gomme un 
petit carré de papier serpente, couvres-en 
la ouate et laisse dépasser, du bas, un peu 
de ce papier. Fais ainsi trois ou quatre 
bourgeons plus ou moins gros. 

Prends du fil de fer n" 2, entoure-le 
entièrement de ouate, attaches-y, avec de 
la soie, le camélia; 1 centimètre plus bas 
attache un bourgeon, et une feuille; 
2 ceniimètres plus bas attache une auure 
feuille ; prends une bande de papier bois, 
colle une de ses extrémités sous le camélia, 
et couvres-en le fil de fer. 

Prends le bouton ouvert, entoure de 
ouate le fil d'arcbal, attaches-y le hou* 
ton fermé, une petite feuille et un bour- 
geon, — 3 centimètres plus bas une feuille 
plus grande ; -» 3 centimètres plus bas 
une feuille encore plus grande. Prends une 
bande de papier bois, couvres-en ce fil de fer. 

A présent, prends un fil de fer n"" 1, 
entoure-le de ouate , attaches-y la branche 
de camélia et plus bas la branche de 
boutons , puis continue de couvrir ce 
fil de fer. 

Lorsque la branche est ainsi montée, tu 
trempes ton pinceau dans le carmin et tu le 
passes sur les tiges, sur les bourgeons^ de 
manière à les colorer plus ou moins; si le 
camélia est blanc, tu peux aussi mettre du 
rouge au bout d'un seul des pétales. Je te 
ferai observer que cette branche n'est pas 
exactement dessinée^ chaque bourgeon doit 
être au pied d'nne feuille et le bouton 
ouvert a plus de coquilles qu'il n'en faut. 

En grossissant ou diminuant également 
ces modèles, en retranchant un rang de 
pétales n*" 8, tu auras, bien entendu, des 
camélias de différentes grosseurs. Tu pour- 
ras remplir de ces branches la jardinière 
du salon, — six camélias, sans feuilles ni 
boutonsi suffisent pour orner le dessous 
d'une capote. — Tu peux te monter 
une coiffure sur un fil de fer entouré 




®©^^ 



-m^ 







— 378 — 



et ouate, et oooTert d'une bande de 
papier bois» sur lequel ta «attacheras des 
camélias arec leurs boutons et leurs feuil- 
les. — Tu peux en composer une cou- 
ronne pour la Vierge, et en remplir les 
Tases de Pautel. On fait des camélias blancs 
panachés de rose et roses panachés de 
Uanc, ou tout blancs et tout roses. 

A présent que tu as meublé ton atelier 
et que les plus grandes difficultés sont 
aplanies, je continuerai de te donner les 
modèles et les eiplîcations nécessaires 
pour imiter les plus jolies fleurs de nos 
serres et de nos jardins. 

n me reste à t'expîiqaer notre plan- 
che Xir, mais je m'en garderai bien avant 
l'arrirée de Florence , eUe souffrirait si je 
n'usais pas de sa complaisance; son cœur 
est susceptible, je dois le ménager... Ha 
pendule marque bientôt deux heures, on 
sonne ^ notre porte... « Précisément! 
m'écriai-je, c'est elle! — Ouil répondit 
Florence, l'exactitude est la Terta des... 
rois, et c*est la mienne. — Assieds-toi, » 
lui dis-je en l'aidant à décrocher son man- 
teau Tahna et plaçant m tabouret devant 
son fauteuil; pois me plaçant à son côté : 
c Qu'as-tu fait depuis que je ne t'ai vue? 
— Bien qui mérite l'honneur de t'être ra- 
conté ; mais toi, dont la vie est si occupée, 
as-tu des projets de bal, de soirée? — Très- 
peu, pour mon compte ; mais nos amies me 
demandent des consefls. Si tu avais deux 
belles jeunes filles, l'une de quinze et f au- 
tre de dix-sept ans, quelle toilette leur ferais- 
tu pounller au bal? — Celle de quinze ans 
aurait, sur une robe de percale blanche, une 
robe de tuHe de coton blanc, formée de trois 
jupes, garnies d'un ourlet haut de 1 centi- 
mètres et espacées entre ellesde 10 centi- 
mètres — le corsage décolleté^ à pointe, laoé 
derrière, seraitdotibléde percale — ^lesman- 
cfaes, courtes, un peu laides, ayant forme 
pagode , garnies du In» de trois ourletsde 
2 centimètres cbacun, espacés entre eux de 
2 centimètres, trois Berthes de totie, finis- 
(unt en pointe de chaque €ôlé de la pointe 




qmest M bas du eorsage, et, derrière, des- 
eendant en pHerine presque jusqu'au bas 
de la taille ; œs Berdies garnies chacune 
d'm ourlet haut de t centimètraB et espa- 
cées entre elles de ^ centimètres. Devant, 
entre chaque cM de la Berthe Je placerais 
six nttods de ruban rose, hrge de près de 7 
œntimètres^ formés de deux boudes et de 
deux boots : le ncond do haut, le 1**, se- 
rait formé de 50 centimètres de rvban, le 
2- de &5, le V de &0, le &• de 35, le S* de 
8§. Derrière, un nœud comme le 1* se- 
rait posé au haut de la Berthe ; tra noeud 
comme le 5*" serait posé au bas ; un nœud 
comme le l*' relèverai de chaque côté la 
Quncbe courte, au-dessos de b saignée. 
— Les <:beve«, en handea«x , lanM- 
raientdeaière nneœvde, toonée en mmd 
sur k Ifite; un mètre de ruban, ooopéea 
deux morceaax forjaantehaoMudenx bo«- 
cles et denx bonis , secaii attaché der- 
rière^ de chacpe côté des bandeaux, et re- 
tomberait sur les épanles, — 60 centi- 
mètres de imbaft de velours noir hvge de 
2 cenlimèlraB, noué autour du cou, ntom- 
hvi'ii suria poîlriM. — A dnqiie bras ma 
braodet de .50 centimètres du mène m- 
leurs noir, — des gante Uanes, eovrts; 
des souliers de satin noir. 

La jeune fille de dix-sept ans aurait la 
même robe, un caméfia blanc relèverait 
chacune de ses manches; — devant , au 
Veu d'une écheBe de ruban, tme échelle 
formée de 5 ^ de & , de 3 , de 2 et de 
1 caméfra; — 3, posés derrière, dans le 
haut de la Berthe , et 1 , dans le bas du 
dos. — les cheveux en bandeaux ; — de 
chaque côté, S caméUas formant une 
rosette. — Un mètre de ruban de velours 
noir, large de 6 centimètres, coupé en 
deux bouts , de 50 centimètres clnKun , 
puis pfié en deux , de manière 9i ce qu'un 
bout soit de 20 centimètres et Fautre de 30; 
ces deux bouts , attachés chacun derrière 
la rosette de camélias, retomberaient sur 
les épaules. — C'est simple, élégant, c'est 
de mode. Une amie me demande comment 







5dO 



^*^>; 










— 57» — 



sa mère y veave et jeune encore, doit se 
mettre le jour où elie se remariera, et ce 
qu'elle doit faire de sa première aUiance* 
Je lui réponds : Que cette dame ait une 
robe de damas de soie grise» à devx corsa- 
ges : l'un, montant, pour les cérémonies 
de la mairie et de Téglise, l'autre décolleté 
pour le d!ner et pour le soir ; le matin un 
mantelet de velours noir, et une capote 
formée d'un mélange de satin blanc et de 
Monde blanche, ornée, dessous, de fleurs 
roses , et dessus , âe plumes blanches po^ 
sées de chaque c6té. A dtner cette dame 
se coiffera d'une barbe de dentelle , posée 
très en arrière. Elle doit garder tiQojonrs 
sa première alliance et nKttre la seconde 
aprèa k première. -- C'est juste. Mais je 
iiea& pour eipKquer notre pkAche Xil, je 
prends la phime.. . éict^HDoi ï — Je com- 




Le n^ 1 est un dessin de manche de 
dessous , en broderie anglaise , ce semé 
se eonClniue jusqu'au ceude. Ne brode pas 
les deux lignes qui séparent le fond et la 
gamifiQre;..Le feston seÛt en point de rose. 

Le A* 2 esC uoe gurniture , toujours «a 
biodeiM anghûse, poor col, bonaet ée 
noic^ eamisole, pantalon^ etc. 

Le m* ) est le quart d'ua mouchoir qui 
se brode au phiMetis et se festomae au 
point de rose* 

Le n*" i!i est un écuasen en broderie an* 
glaise contenant les lettres M-R, en même 
broderie ; il sesaii facile de dessiner sur ces 
modèles toutes les autres lettres de Tal- 
pbabeL 

Le n® 5 est un dessin de fikt carré, 
bcodé eft reprises» Ou de crochet fait au 
poiot rusas. Ce dessin peut servir pour 
coussin et pour couterture d'édredon. Ce 
filet doit être an moina deux fois plus 
grand» ce qmi dennera près de 15 centi- 
mètres k la bordUiOt et fera que le canard 
du coia aura plus de.^10 centiurètres de 
baui« On pourrût détacher ce canard et 
les feuilles pour semer le tout dans le fond 
da coussin ou de la couverture de Tédre- 
don. 




Les n"" 6, 7, 8, 9 et 10« ce sont les pa- 
trons du camélia. 

Le n"" 11 est une manche de tnlla de 
coton blanc, composée d'un eatre^eux 
et de deux rangs de dentelle blanche, sé- 
parés par un rang de dentelte noires rele- 
vés par une rosette de satin rose» Ces man- 
ches se mettent sous une robe de velours 
ou de soie. 

Le n*" 12 est un eaneaou de moussdîne 
brodée à la pièce, il se perle sur une jipe 
de taffetas, pour soirée de famille. 

Le n® 13 est un bonnet du matin. Il se 
compose d'un fond, nommé por<6» d'uae 
passe et de bandes brodées d'^ale lai|;euf • 
Ct'He qui est cousue, froncée, sur les joues, 
continue et remonte pom: former la barbe, 
que le dessinateur a eu le tort da ûire plus 
large du bas que du haut» 

Le n** 14 est un fichu-guimpe fermé 
d'entue-deux séparés par des plis; ces 
entre-deux sont ajoutés au corps du fichu, 
et leur réunion est cachée sous un pli, 
formé par ce même corps du ficlui. On le 
monte autour du cou, à un petit entre- 
deux, auquel on coud une petite dentelé. 
Ici s'arrête reiplicatioa de la petite plan- 
che. 

Le n* 15 est un col Mazarin qui se bcode 
sur mousseline , les poia aa pkmetis , le 
reste au point de rose. 

Le n"" 15 est un alat-jour. Prends une 
grande feuille de papier, à foire des fleurs, 
vert, je suppose; pUo-la en deux comme 
pour écrire une lettre» puis en deux dans 
l'autre sens, puis en biais, de fiiçon que 
la pointe étant formée du haut, tu puisses 
compter du bas 8 feuilles de papier* Place 
sur le n^ 16 cette espèce de cornet^ re- 
tranches-y du haut ce qui dépasse et arron« 
dLi-le du bas. Avec du papier végi§tal, cal- 
que ce dessin , place ce papier sur cette 
espèce de cornet que ta poses sur une 
couverture de laine, et, avec une aignitte, 
tu piques ce dessin en suivant tous les 
contours et en traversant les 8 fcnUes de 
papier. Je te forai obnrver qu'il fout dé- 



/ 






N^^r» 



©©î^^ 



c^'. ■^^^ 









— 380 — 





couper la ligne extérieure des dents da 
bas y la pointe du haut^ et non les lignes 
de droite et de gauche; cet abat-jour de- 
vant former un rond. 

— Ne pourrait-on faire en percale blan- 
che, cet abat-jour, et lebroder à l'anglaise, 
avec du coton blanc, bleu, rouge, ou jaune? 
Ce serait original — Oui, cela pourrait se 
laver ; c'est peut-être une heureuse idée , 
comme tu en as toujours. 

Les n"" 17 et 18 se brodent à l'anglaise, 
sur percale, pour bas de jupon et volants. 

Les n**' 19 et 20 se brodent an plumetis, 
sur mousseline, pour garniture de bonnet 
de nuit. 

Les n« 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 
29, 30, 31, 32 : Comélia — Harriet — 
Ellen — Laura — Ànneiie — Astérie — 
Mary — Mary Anne — Armande — F^- 
licie — S. D. S. et C. F. sont des noms de- 
mandés que je m'empresse de donner à la 
fin de 1851. 

Le n"* 33 est le côté droit du devant 
d'un manteau Haïdée , il se replie du bas 
sur lui-même, faute de place. 

Le n"* ^U est la moitié du derrière de ce 
manteau, il se replie de même que le de- 
vant. Il se taille double, si l'étoffe est assez 
large. 

Le n* 35 est une partie de la manche, 
mise là, fante de place. 

Lorsque tu as taillé ce manteau en grosse 
mousseline à 20 centimes le mètre , dont 
la transparence te permet de suivre les raies 
de chaque modèle, tu tournes en arrière la 
manche, et la ramènes du bas de manière à 
ce que D et D, G et G se rapprochent, afin 
de coudre ensemble les deux rangs d'X et 
les deux rangs d'O. Puis, eu rapprochant 
A et A, B et B, on réunit le dos au devant; 
de cette manière, les deux enuilles E et 
E se rencontrent, sous le coude, avec l'E 
qui se voit à la pointe, aussi sous le coude, 
et le dos et le devant se trouvent réunis à 
la manche. 

Le n<» 36 est la moitié de la pièce d'é- 
paule du capuchon de ce manteau. 




Le n° 37 est la moitié de ce capuchon; 
il se coud à la pièce d'épaule où tu vois ces 
F barrés, et il se relève pour rabattre sur 
les épaules. 

Quand la pièce d'épaule est cousue au- 
tour du cou, et dans le haut du manteau, 
où tu vois ces O barrés, il ne s'agit plus 
que de garnir ce manteau. S'il est en ve- 
lours, tu couds, au capuchon, au bas du 
manteau, autour des manches, une frange 
de soie noire, haute de 8 centimètres. Si 
le manteau est en drap ou en gros d'Afriquet 
tu couds, à plat, à 2 centimètres du bord: 
au haut du capuchon, dans le devant du 
manteau, au bas et autour des manches, 
un velours noir, large de 8 centimètres... 
ce qui n'empêche pas la frange, si l'on veut 
enrichir ce gracieux et chaud vêtement 

— As-^tu découvert quelques modesnon- 
vellesT 

— Mon Dieu, non, ma chère Florence, 
tout le monde est encore censé à la cam- 
pagne; quand on se rencontre, on ne se 
reconnaît pas, c'est convenu. Mais je sais 
que, excepté les chapeaux de castor noir 
ou gris, on ne portera que des capotes for- 
mées de satin et de blonde , de veloun et 
de dentelle. Pour couleur , nous avons le 
noir, le marron, le Ueu de France. J'ai 
bien vu deux longs manteaux Talma , Tua 
en cachemire ponceau, l'autre en casnnir, 
mais c'est chez M. Deroy, notre dessina- 
teur. .. Ge n'est vraiment qu'au mois de 
janvier que nous pourrons connaître, la 
mode choisie par les femmes comme il faut* 
En attendant, fais-toi un gilet en piqué 
blanc, orné de petits boutons en imitation 
d'or; fais-toi une jupe, cela n'est pas diffi- 
cile, et mets ton pardessus à basquine ou 
ton katza week en velours ou en taffetas noir, 
arrondi devant. Si tu y fais une bouton- 
nière à droite et à gauche du bas de la 
taille, ta l'arrêteras avec deux jolis boutons , 
retenus par une jolie chaîne... comme 
font ces messieurs. 

— Sais-tu que le Bloomerisme nous 
gagne? — Je n'osais pas te le dire. Nos pe- 















— 581 — 

tites filles avec un cbapean de castor noir, 
orné d*ane aigrette de plames noires, et 
relevé à la Henri IV , leurs cheveax frisés 
tombant sur leurs épaules ; un gilet de pi- 
qué blanc, un pardessus de mérinos à bas- 
quines orné de petits rubans de yelonrs 
noir, une jupe de mérinos, courte, garnie 
de même , un pantalon blanc , des bottines 
noires. .. — Mon Dieu, oui, Jeanne, il ne 
leur manque plus qu'un petit tonneau sus- 
pendu sur la bauche gauche , et un petit 
panier au bras droit... Ce serait précisément 
le costume d'une Tivandière. — Qu'est-ce 
que cela fait , si leurs mères les trouvent jo- 
lies comme ceLi 7 

Les petits garçons ont adopté le cha- 
peau ciré de nos matelots, ils le nouent 
sous le menton, avec un étroit ruban noir; 
ils portent le manteau Henri IV, la ja- 
quette courte, serrée par une ceinture de 
cuir yemi , le pantalon arrêté au bas des 
genoux^ les guêtres hautes... 

— Il ne leur manque plus que le serre- 
tête noir et la longue rapière pour avoir l'air 
de Grispins. — Que veux-tu 7 cela n'est 
pas noble, mais cela leur donne un air leste 

ËPBÉmÊRIDES 




et déluré en rapport avec celui des petites 
filles. — Jeanne, et le rébus? — Le rébus t 
le voilà : 

A qui mal fait, mal arrive. 

— Et la pantoufle 7 — Elle est jolie, c'est 
tout ce que je puis en dire. — Et la gravure 
de modes 7 — L'une des figurines n'a pas 
besoin d'explication, l'autre a une sortie de 
bal en cachemire blanc, ornée de passemen- 
teries ; le capuchon et la garniture sont en 
dentelle de laine blanche. 

— C'est bien. Allons courir les maga- 
sins, nous ferons quelques découvertes 
utiles à nos amies, et nous les leur annon- 
cerons dans le Journal qui doit paraître 
avant le 1*' janvier, afin qu'elles puis- 
sent le recevoir pour étrennes. » 

Mais ce que dit Florence m'attrisfe, 
ma chère amie , c'est peut-être un adieu 
que je te fais aujourd'hui... notre année 
est Gnie... puisse celle qui va recom- 
mencer me prouver que tu as toujours 
compté sur moi ! C'est dans cette espérance 
que je me dis, comme toujours, ta toute 
dévouée. 

J. J. FOUQCEAU DE PUSST. 



18 DÉCEMBRE 1610. — NAISSANCE DE CHARIES DU GANGE. 




Du Cange naquit à Amiens, et fut élevé 
avec soin par son père, savant helléniite, 
et par les jésuites de sa ville natale. Dès 
sa jeunesse, il sut concilier son goût pour 
l'étude avec les soins de la vie de famille 
et les devoirs de sa place de trésorier gé- 
néral des finances au bureau d'Amiens. Sa 
science historique et linguistique semblait 
tenir du prodige; mais jamais il n'étudia 
par le désir de briller, ni par aucune pen- 
sée de fortune : « Un homme de lettres, 
disait-il, doit être satisfait s'il a de quoi 
manger, sevêlir, et acheter des livres.» Ses 
travaux ont été nombreux, et sont «ncore 
une source féconde où viennent puiser les 
érudiu. Il publia : V Histoire de l'empire de 
Comtantinople sous les empereurs fran- 
çais, avec le texte de Ville-Hardouin ; V His- 



toire de saint Louis, par le svre de Join- 
ville, dont il remania le texte, de manière 
à le rendre intelligible, sans lui ôter sa 
précieuse fleur de naïveté ; les Gestes de 
Jean et de Manuel Comnène, des annota- 
tions sur fAlexiade de la savante Anne 
Comnène ; un Glossaire de la basse lati- 
nité, chef-d'œuvre de patientes recher- 
ches, où l'on voit les déviations qu'a subies, 
durant le moyen dge, la langue de Gcéron 
et de Tacite; un Glossaire grec; un Traité 
historique sur le chef de saint Jean ; il 
ajouta à la Byzantine d'autres travaux dont 
il fut le patient et savant éditeur. La mort 
vint le surprendre au milieu de ses études 
chéries; il s'y prépara en chrétien. Son 
nom s'éteignit promptement, car ses fils 
moururent en célibat, et ses œuvres pos- 





'7^^'^' 




» 




SSSî- 



^ ibiiBe) paseërent en dn nnios étrangè- 
res. Un libraire qni en devint possessenr 
les vendit an priace Ei^ne, et ceinî-cî 
lea légna i U bibliothèque de Vieiine; 
Marie-TbérÈae lea resUtna ï Lonis XV, 



et eltes se trotmat aajoarà'hiii à la Biblio- 
ifaèqne nationale. 

La ville d'Atmeas a à-igë nne sutne i 
Da Cauge, savant iHnscre et hooMoa de 
bien. 



RU»«Ut|IIE. 



La vertD a cela d'henrenx, qu'elle se 
snrm à elle-même, et qu'elle sait se passer 
d'adrairatenrg, de partisans et de protec- 
teurs; le maiiqne d'appai et d'approba- 
don, non-sealement ne lui nait pas, mais 
il la conserve, l'épare et la rend parfaite ; 
qu'elle soit ï la mode, qu'elle n'y soit plus, 
elle demeure verin. 

1a BBUTÈHB. 

S'ioqoiiiler , c'est oablier qae Dieu 
prend soin de noua. 

NEpyto. 

Qsand l'ordre, le goût et k précieuse 
habitude d'une sage économie se trouvent 
réunîB, on |peot, avec de la persévérance, 



accroître sa fonnne, comme on la déna- 
ture et on la détruit promptement par les 
défants opposés. 

H"" Caupah. 

Les grandes et importantes déconerlea 
ont toujours été préparées, aosvent de 
loBgne maia, pendant le conrs des siècles, 
jusqu'à ce que, dans m nomcnt bvon- 
ble, le sonffle du génie et do benbcur soit 
venu allumer le fen qoi eonnit aona la 
cendre, 

Fb6dékiqiib Bbcbmkb. 

Le moyen le plus sflr de |riaire est l'ou- 
bti constant et presqae MCal de sni^ntme 
pour ne s'occupa que des satres. 

MOHGBIP. 



KÉBVS' 



«^ôîS.>-l5®B**~ 







TABLE 




DES MATIEEES C PJ fl' Kf l UlM DANS CE VOLUME. 



(DIX-NBOVlàm ANNÉE.) 



INSTRUCTION. 



Le» diamanU, par ***, page 1. — I> Combat det 
TretUe, par Ariitidâ Gailbert, 33. — Ordrft religieux 
dêt femmes j 1" article, par M** ETelioe Ribbeeoart, 
05. — 2* et dernier article, 97. — Christine dt Piton, 
par J. de Chatillon, 13.'3. ~ Etat actuel de la Califar- 
fiie, par M. SdYerio, 161. — Covm d'ail tuT Vhinoire 
de lapHrUwe^ 1" article, par J. de Chatillon, 191. — 
S* article, Î25. — Une vartie de plaisir au Texas, 
fax M. Seyerin, 957. — CoupScril sur l'histoire de 
M peinture, 3* article, 989. ~ KMtfo auw rtûnes c^Hip' 
0OfM, par M*« Laare Priu, 891. — Coup d^oHl sur 
i'hittoire de la peinture, A' article, flS3. 

BIBUOGRAPHIE. 

Le Mérik dcr Femmasy de M. LagmiTé, par Louis 
Ulbacb. page i-^U^Educatùm du Foyer, par M" Mo- 
linos Laffitte, 40. — Histoire de F Assemblée Comsii- 
tuante, de J. B. JDegalmé, 1*' article, par A. Jadin, 
68. — 9* et dernier article, 99. — Le Guide du domeS' 
tique, par M"* J. J . Foaqoeau de Puatr, 1S6. — La 
Zfre des petits enfants, par Alphonse Cordier, 167. 

— Histoire des Français des divers états, 1" article, 
par M- E. R., 193.— 9* article, 963. - 8- article, 894. 

LITrÉRATURE ÉTRANGÈRE. 

La Rose, tradactioo de M"* Etther Leroy, page4. — ■ 
Proverbes espagnols, ipax M"*,Louis Hatz,41.— TArem», 
par M"' F. F., 74 — La Parole d'honneur, par M** S. 
105. ~ Le Télégraphe électrique, par M. Severin, 187. 

— La Rose, fable, par *^, 167. — Ma Mère, par 
M"' S. S., 198. — Le Cheval et le Cavalier, par 
M** Van Tenac, 993. — Le Retour du Rotnier, par 
M"* Emma Faocon, 998. — Le Feu, l'Eau et rBon- 
neur, par M"* Yan Tenac, 898. -^ Les Lamentations 
es Marie Stuart, par M"* Emma Fanoon, 857. 

ÉDUCATION. 

Nathalie NarishMinn, par M** Laare Pnis, page 5. 

— A quelque chose malheur est bon, prorerbe par 
M** Kreline Ribbecourt, 11. — La Chanoinesse et le 
Chevalier de Malte, par la même, 49. — Le Chevalier 
Blane^ par M"* Laure Pru«, 75. — La Pièce de vingt 
sols, par M** Ereline Ribbecourt, 80. — Zcîda, le- 

Îende héraldique, par M*' Laore Pnit, 106. — Une 
ïisloire ds grand^mère, par M-' de Stole, 11 9. ~ Mil- 
ion et ses nlles, par A. Jadin, 138. ^ Les Trois 
Amies, par M"* Ereline Ribbecourt, 158. — Lt Mou- 
choir brodé, par M" Marie Emerj, 174. ~ Saints 
Clotilde, reine des Francs, par M«** ETeline Rlbbe- 
coart, 169. — Demoiselle et Villageoise, par M"* F. 
Ymbort, 905. — Une représentation à Saint-Cyr, par 
M** ETeline Ribbecourt. — Les Deute Angètes, par 
A. Jadln, 240. — Berthe au grand pied, par M^** A. 
Celliex, 966. — Speransa-Maria, par M** Laure Prus, 
970. — Laure Denlliers, par A. Jadin. — Saihilde. 
par M** Eoffénie de la Rochere, 834 — Une année a 
LowéU, par M"* A. de Beay, 358. — Marie Thérèse de 
France, par A. Jadin, 863. La Sœur ainée, par M** F. 
Ymbert, 867. . 

POÉSIE. 
Le Massacre des Innocents, par Charles Froment, 

Sage 16. — La Reins des Sylphes, par M" Louisa 
tappaëru, 49.— La Rose et f Immortelle, par Charles 
Froment, 84. — Les Violettes, par le même, 116. ~ 
Quami on n'a pas es que l'on aime, il faut aimer ce 
que Ton a, par Frédéric d«i Courcy, 148. — L«x Genoux 
éTun père, par Alphonse Cordier, 179. — Saint- Vin- 
csnt,de Pauls, par M- £. R. 910. — Les Etoiles, par 




M. Viennet de l'Académie française, S75. — L'Ange 

Sardien, par M. Severin, 806. — La Toustaint, par 
1*' ETeline Ribbecourt, 384. — Dialoguf entre un 
aveugle et un sourd-muet, par ***, 370 

MÉLANGES. 

Découverte des mines d'or de la CaUfomie, par 
M. SâTerin, page 18 — Des Funérailles ches les Goulo- 
Romains, par Emile de la Bédolllère, 87. — Exposi- 
tion ds Londres, 1" lettre, par M"' Emma Ferrand, 
919. — 9* lettre. 276. — OÉuvre catholique du Bon- 
Pasteur, par M"* Eveline Ribbecourt, 980. — Ex- 
position de Londres, 3* et dernière lettre, 307. — Les 
Aiguilles, par ***, 349. 

REVUE DES THÉÂTRES. 

Bataille de Dames, oomédie en trois «ctes, de 
MM. Seribe et l^egotué, page 144. 

ÉNIGMES HISTORIQUES ET GÉO<^APHIQUES. 

N* 1, page 90. — Explication, 84. — N- 9, 87. — 
Explication, 117. — N' 3. 154. — Explication, 181. — 
N- 4, 910. — Explication. 947. — N* 6, 981. — 
Explication, 306. — N* 6, 319. — Explication, 871. 

HYGIÈNE. ECONOMIE DOMESTIQUE. 

Soins de la bouche, page 91. Tisane de pommes; 
composition pour nettoyer les meubles, 9j. — Gfafai- 
chilla. Limonade rosse, 53.— Procédé pour blanchir les 
marabouts et les plumes. £au-de-Tie camphrée Baa 
de Cologne, 190. —Charlotte russe Pommes flamban- 
tes. Sirop de limon. 154. — Manière de remettre à 
neuf les Irâtements de velours et les rubans de gaxe. 
Différentes manières d'accommoder les fraises, 189. — * 
Poudre pour nettoyer l'argenterie. Eau-de-Tie de 
laTande. Vinaigre de lavande. Gelée de baiee de 
sureau Blanc, roangtr Crème de groseilles de fram- 
boises, de fraises, 911. — Eau de Botot. Prunes 
& l'ean-de-Tie. Compotes d'abrJcots. Vinaigre pour 
les salades , 948. — Manière d'employer la cire 
à cacheter qui a servi. Cannes. Brosses dentifrices. 
Pastilles contre la mauTaise haleine Manière d'en 
leTer le camboui. Pudding aux fruits. Procédé pour 
cuire les châtaignes, 981.— Limonade Sirop de punch. 
Crème d'anis, 311.— Salmis Gelée de pommes. Moyen 
de conserTOr les fruits. Pommade pourles lèTres. Cos* 
métique pour la figure, 343. — Des bas. Charlotte de 
pommes. Meringues, 371. 

SALON DE 1851, par M** Eomêb m Stta. 

Pages .SO — 86 — 159. 

CHRONIQUE MUSICALE, par M. J. Loutct. 
Pages 93 - 59 — 118 — 181. 
CORRESPONDANCE, par M- J. J. Fovqdbao db 

PUSST. 

PlancubI. n** 1, Toilette. — 9, mouchoirs. — 8 
et 4. fichu-guimpe. — 6, Tolant. — 6, marmotte. — 

7, alphabet en broderie aui^laise. — 8 et 9, dentelles 
au filet. — 10, lion héraldique. — 11 et 19, manteau 
Talma. — 18, 14, 15, 16. 17, 18, 19 et 90, canezou de 
petite fille. — 90, 91, 9-i,93, dessins en soutache pour 
un manteau Talms. — 94. IdaJie. — 95, Aurore, 
page 95. — Plancbb II. N" 1, col. — 9, pelote. — 

8, taie d'oreiUer. - 4, Dénrû, - 6, Mathilde. — 7, 
carré en filet. — 8, alphabet pour marquer le linge. — 

9, dentelle en tricot. — 10 et 11, mantelet Chambord. 
— 12 et 18. bonnet. — 14, gnimpe. — 15. canezou. — 
16, jupon. — 17, saclif't. — 18, semé. — 19 et 90, bou- 
tonnières. — 91, Maèl. — 29 et 23, entre- deux. — 








-*^ï®3 




— 584 — 



S4, Angeline. — 96, Berthe. — S6, Noémi.— 87, H^r- 
manee. — 98^ Françoise (écusson). — î9, Gabrielle. 

— 30, AdéU. — 81, Angèle. - 33, Céline. - 83, Valé- 
rie (écussou). — 84, mitaine. — 35, Kphraime. — 36, 
Rliacitne. — 87, 38, 89, 40, 41, 4S et 48, corsage à 
basques, page 55. — Planchk lll. N" 1, jupon. — 9 
ei 3, col. — 4, entre-deux. — 5j écnison. — 6, mou- 
choir. — 7, Blanche. — 8, Célma. — 9, Zénàîde. — 
10, manche en tulle. — 11, bordure au crochet. — 19, 
hypogriphe pour coussin. — 18, chiffres pour mar- 
quer le linge. — 14, boite en carton. — 15, entre-deux. 

— 18, Toilette. — 17, grand entre-deux. — 18, col. — 
19 et 90, remcs. — 91 et S9, aumônière. — 93, 94, 95, 
Lydie, Hcmora^ Léonide. — 96, col. — 97, 98 et 99, 
camisole brodée. — 30, 81, 32, 33, 81, 8.'), 86, 37, if-, 
rw, Bmentine, Félicie^ Vidoire, Adeline^ Sabine, Co- 
sarine^ Albtrte, — 38, 39, 40,41, parties d'une boîte- 
page 68. — Plâncbb IV. N" 1, voilette. — 2 ,'moue 
choir. — 8 et 4, Élodie, Ludovie. — 5, semé de papil- 
lons, escargots, etc. — 6 et 7, tapisserie, couverture de 
lÎTre. — 8, 9» 10, 11, 19, Teste de petit garçon. — 13, 
14, 15, 16, 17, 18, cortage colleté et àécoUelé. — 19, 
robe d'enfant. — 90, bonnet. — 91, manches. — 99, 93, 
ooussin algérien. — 94, 95, cols. — 96, 97, 28. 59, Al- 
banie j EulalU. Appoline^ Elvire. — 30, 81, 39, gilelt 
d'homme.— 33, 34, entre-deux, garniture. — 35, riche 
entre-deux. — - 36 et 87, mouchoirs. — 38, 89, 40, Emilie, 
J. B. F., Irma, page 191.-Planchb V. N" 1, chAle. 

— 9 et 8, col. — 4, A. D. (écusson). — 5, Charlotte. 

— 6, Albérie (éeu«sou). — 7 et 8, tapisserie, bande de 
l78.~9, 10, 11, 19, 13, mantelet parisien. — 14, col. 

— 15, couTerture d'ombrelle. — 16, 17, 18, 19, 90, 
91, 99, 98, 94, 98, 96, 97, 98, 99, 30, 81, AngéHna, 
Charlotte, Hortente^ Berthe^ Clémentine , Appoline , 

5. B., Jenny, AleaBondrine, ÏMmtine, Zénaït, Clara ^ 
Caroline, Adèle, G. E. D., Alice. — 89, autre châle. 

— 33, chemisette. — 34, col. — 35, entre-deux. — î;6 
et 37, manchette. — 88, jupon. — 89, 40, Anne, Pé- 
nélope. — 41, autre Jupon. — 49, entre-detiz. — 43, 
bourie, filet et perles. — 44,'pièce d'épaule et sa man- 
che, pour peignoT et camisole , page 155. — Plan- 
che VI. N** 1, alphabet gothique allemande. — 9, en- 
tre-deux. — 3, garniiure. — 4 et 5, Zoé, Modeste. — 

6, jupon. — 7, Mari''. — 8, garniture. — 9, entre- 
deux. — 10 et 11, dentelle au crochet. — 19 et 13, 
bonnet d'homme. — 14, bourse en perles. — 15, robe 
d'enfant. — 16, katzaweck. — 17, guimpe. — 18, col. 

— 19 et 90, mouchoir.s.— 91, 22, V3, 24 et 95, Cyda- 
lise, Cél€it*\ Elisa, Flore, Eueharis. — 5/6 i-l i'7, i/.an- 
telet brodé en »on tache. — 38 et i29, boutoanières. — 
30, 31, S9, :'3, 34. 35, Francisque, Clémsnc, C. D , 
Anaïs, Denise, Julie, pige 185. — Planche VII. N'* J. 
maucho pagode, — 9, garniture. — 3, entre-deux. — 4 
et 5, Laure, Euy.énic. — 6, 7, 8, étoile au crochet. — 9, 
brAs cl dos de fauteuil. — 10, coussin. — 11, Ûlet pour 
coussin [l'Eté], — 1-i, bracelet. — 13, bonnet. — 11, 
blouse. — 13, iichu. — 16, jupon. — 17 et 18, AUire, 
Morte. — 19, semé. — 90, garniture. — 21, S9, 23, 
24, 9.S, 96, 27 et 98. corset à la parosseuf e. — -29, 30, 
81, 3i et 83, Teste do petit garçon. — â4. P. B. — 36, 
36, 37, bottines pour le premirr Age. — 38, Alfred. — 
39, mouchoir. — 40, feœé. — 41, L. P. — 45, V. P. 

— 43, L. P., pagî 216. — Planciik VIII. N" 1', col. 

— 9. Félicité {dans une hortensia). — 3 et 4, Fran- 

Sisf, Chloé. — 6 et 7, bonnet d'enfant. — 8, 9 et lO, 
mtonnières. — 11 et 19, dentelles an crochet. — 13, 
pèlerine en dentelle. — 11, lô et 16, panier en tapis* 
cerie. — 14, 15, 16 et 17, cordage do petite fille. — 18, 
19 et 90, broderies pour ce corsage. — 21, 29, 93 et 24, 
brassière d'enfant — 95 et 2G, d«:ntelle et banJe au 
crochet. — 97, manche pagoJc. — '2B, col Mazarin. — 
99, entre-deax. ^ 30, jupon — 31, f^ac à tabac. —39, 
ô3,31 et 35, L. M., Alzire, Elisabdh, J. L. — 86, 87, 
38, 89 et 40, corsage amazoue. — 41 , 49, gilet de femme, 
page 919.— Planche IX. N" 1 et 9, mouchoirs.— 3, 
col. — 4, entre-deux. — 5, col. — 6, entre-deux. — 7 
et 8, semés. — 9, couronnes de litre. — 10, couronnes 
de fantasie. — 11 et 12, éto.e en tapisserie. — 18, 14 
et 15, bonnet Marie-Stnart. -^ 16, entre-deux. — 17, 
garniture. — 18, 19, 20, 91 et V9, E. A., Hilarine, 
Amarante, R. M., Alix (écusson). — 93, baTette. — 





94 et 95, béguin, page 283.- Planche X. N" 1, ju- 
pon. — 2, Bérénice. — 3, garniture. — 4 et 6, bouton- 
nières. — 6, en(re-deux. — 7, garniture. — 8, bande 
au crochet. — 9, filet pour coussin (le printemps). — 
10 et 11, pantoufles eu tapisserie. — 19, manches. — 
18, fichu. — 14, camisole. — 15, bonnet. — 16, pale. 

— 17 et 18, mouchoirs. — 19, mouchoir. — 90, man- 
che pagode. — 91 et 99, Amanda, Virginie. — 93 et 
94, grands entre-deux. — 95, 96. 97 et 98, autres entre- 
deux. — St9, Tolant. — 80, garniture. — SI, 3^, 83, 
Marguerite. Amélie, Mariette (écusson). — 34, Japon. 

— 35, 36, 87, Teste grecque, page 319. — Planchk XI. 
N" 1 et 9, mouchoirs. — 3, étui de porte-cigare. — 
4, dentelle au crochet. — 5, dessin de tilet. — 6 et 7, 
bouquet en tapisserie. • 8, porte-montre arabe. — 9, 
10, 11, fl-urs de fantaisie. — 19, manche garnie. — 18, 
chemisette d'enfant. — 14, berthe en dentelle. — 15, 
16, 17. 18 et 19, Atélie, Louisa, Henriette, JosMitUy 
Claudine.^ 90, dessin de brandebourg. — 91, Ftmnyy 
Isabelle. — 99, jupon. — 23, F. — 94, dessin de cro- 
chet pour lit. — 25, 26, 27, 98, 29 et 30, patron d'oa 
corset. — 31, 39, 33, basquines. — 34, 35, mancbei 
mousquetaire. — 36, capuchon, page 344.— Planche 
XII. N" 1, manche pagode. — 2, gnrnituie. — 3, mou- 
choir. — 4, M. B. dans un écusson. — 6, coussin en 
filet, — 6, 7, 8, 9. 10, fleurs en papier : camélia. — 11, 
manche — 12, canezou. — 13, bonnet. — 14, fichu- 
guimpe. — 15, col. — 16, abat-jour. — 17, 18, bat de 
jupon. — 19, 90, garniture. — 91, 29, 28,94,25, 96, 97, 
98, 99, 80, 31, 39 : Comélia, Harriet, Èllen, Lemra, 
Annette, Attérie, Mary, Mary Anne, Armamde, Fe- 
lieie, S. D. 8., C. F. — 83,34, 85, 86 et 87, manteau 
Hatdée, et son capuchon, 376. 

ÉPUBMÉRIDES. 

Jaktier : Mort de Charles le Téméraire, page 8. — 
Févaiia : Naissance d'Augustin GandoUe, 63. — 
Mabs : Mort de Claude Bernard, 95. — AvaiL: Naie- 
sance dn peintre Prudhon, 127. — Mai : Prise de 
Constantinoplo, 159. — Je in: KAis.«anoe de Bernard 
de Menthon, 199. — Juillet : Naissance du roi Sé- 
bastien, 233.— AocT : Baia lie de Orécy, 955. — Sep- 
TKMBRB : Lit de justice tenu par I..onis XV. 988. — 
OcTOBr.E : Bataille d*- Lépante, 810. — NoTEMTiai : 
Mort du maréchal de Saxe, 3'1. — DKCBMBas : Nais- 
sance de Charles du Gange, 381. 

RÉBUS. 

Mieux Tant liroun homme que dix livret, page 39. 

— Le temps érlaircit tout, ôi. — Tout Tient à point à 
qui sait attendre, 96. — L'un sème, l'autre moitsonne, 
198. — Bon sang ne peut mentir, 160. — Ainsi que la 
Tortu le crime a t^es degrés, 1'j2 — Il ne faut pas met- 
tre la lumière sous le bois6e.iu, 994. — On ne doit aux 
morts que la vérité, 956. — Quand il fait beau, mets 
ton manteau, 288. — Selon los gens l'encens, 320. — 
A qui mal (ait, mal arriTe. .S:t2. — Il faut que la Ta- 
che broute où elle est attachée, 389. 

GRVVCRES SUR ACIER. 

Nathalie Narishkinn, pi ce 1. — Miîtcn et tet fiîlet, 
139. — Sainte Clotilde , J93. — Laure DeviUiert, 989. 

MODES. 

Pages 1—83— 05—97- 187— 161 —.191 

— 92j — 257 — 989 - 391 - 353. 

MUSIQUE. 

Je veux être un ange,\ romance. Oletiia, polka- 
roaxurka, page 1. — X* rcvenes ^u$, binette. Ka- 
dina, 8chottiach-polka,83. ^MonsUur Mathieu, qua- 
drille, 66. — Hosanna 1 mélodie k deux Toix, 97. — 
Le Chant de la Nourrice, 139 —Grajina, aehotUsch, 
161. — L'Ange des r/f«, mélodie. La Sal, Talte, 
191. — Sturm^gallap, 293. — La Serrana MarieHa, 
polka-mazurka, 957. — Les Clochettes, polka, 989. — 
Une Lettre au Pays, polka- mazurka, 391. — Les m 
m'oublies pas, quadrille, par S.Tamburini, 858. 

TAPISSERIES COLORIÉES. 

Lambrequin, page 1.— Etoffe en teintes ptattt, 139. 

— Oiseau pour écran, 269. — Pantoufles, 853. 



Paris. — Impriment de M»* veuve Dondej-Dopré, nie Saint-Loms, 46, au Marau. 




^^S^ 




r 



IlÉPONSES DE DÉCEMBRE. 

IpM lel|re« veUUÎ^es au terviM clv «IoU'oaI» d^mandet d'abonneqwnU ■ . ■ ■■■u, 
pM»B|#l«oiM, «haogements d'adrene, devront être adressés à M. rédilettr 4« JoivimI, 
banîe^ard des Italiens, 1. ^ 

Foftr la rédaction à M»* J. J. FOUQUCAU DE POWT, directrice du JtDunial des 
f^iDoîselies, 'Tue de la Victoire, 46. 

hts lettres non affranchies ne seront pas reçues. 



Thouars, ^ Mademoiselle, œ }ivce eit trèt-carieux; 
TOUS Beriex bien aimable si vous le fiiities asettre entre 
deux canons, envelopper d'une toile sor laquelle serait 
cousue mon adref.se et pais ai voas Je confiiez à la dili- 
gence. Je vous le renverrais par le môme moyen. Re- 
cevez, mademoiselle , mes vifs remerclments de votie 
bienveillante sollicitude pour notre journal. 



De mon fauteuil v^t. -^ Tu es abo^juée depuis qua- 
torze ans, ei tn as iii<2eHs6aumomt'ntûe renouveler toa 
abonnement. — ^.'artioie éducalion ne t apprend rien, 
dis-tn, — les traduotioaa de laug;ue étrangère ne »ont 
que d\xr(mplistu^, ainsi que l'aiHilyse des pièc^-nou- 
▼elles. Tu désiras, au hau de touleàla, de la géographie 
et des voyaget. —Tu me demandes si les dewius de 
brodetie ut de tapisserie aurofit une amélioration déti- 
rable: ai je te réponds oui^ tu ne quitteras pas les bonnes 
et douces causeries de Jeanne et du Florence, jtfa chère, 
^oilà ma réponse : Bem oup ne sont pas de ti>u avis 
et.... « Toujours au plus grand nombre il faut s'ac- 
commoder: > 



De mon balcon sur hs Champs- El t/sées. — Lisez les 
3* et 17* réponses du n* XII, année 18^0 ..je n'en sa u- 
xais faire d'autre, ma belle demoiselle. 

De vous à moi. — Cest aum! comme épouse et com me 
mère que j'ai plaint Cullk dont vous m'accusez de voua 
entretenir trop souvent, madame ; et j'espère n'avor 
plus à vous en parler, car j'espère que Dieu n'enverra 
pas d'autre mal heur à cette noble famille, et il n'y aura 
donc plus de fiel entre nous... Du fiel mon D.eu. 

Un arain de frivolité. — Au mois de décembre, je 
lépondais A votre lettre avant de l'avoir reçue. J'ajou- 
terai : plus vous tirerez la ruban, plut le«OB<iula(ious 
de vos cheveux seront accusées. — Vous êtes absoute, 
tsecusé^j belle dnmo» et je vois avec plaisir que le désir 
de plaire est très-naturel, ( ar la question que vous m'a- 
vez faite m'est venue du tous les pays du monde. 

Vaucouleurs. — J'ai reçu voira bon sôuvëaî7!*TS5t 
dame. 

Près de l'Eglise. — Chaque planche est composée un 
mois et demi avant le jour ou eile doit parallf», ma 
belle demoiselle. Ce que vous me demandiez le 36 no- 
vembre j-> n'ai donc pu vous le donn-r le l" décembre 

— Faites c«U'j blague marron et bleu de France, ces 
deux couleurs vont très-bien ensemble et ne «ont pas 
dans le nombre de celles que vous proscrivez. —On dit 
blagtnâ ou 6/0311* ,. ce sont des mots allemands. Je voua 
conseille ae ne vous .servir que du dernier de ces mois 

— Je n'oublierai pss ce que vous désirez , mais il vous 
faudra attendre... — JeauneetFlorence continuèroot da 
causer avec vous. 



Ge^e. - Il y a, iBa4««i«>4«BlV), dfa i^BttMm tn 
tricot dans les aenéea 1848 , 1849 et 1850; je ne peux 
vous promettre d'en trouver do plus jolies. — Quantau 

i,'?**.^ ^^ frangipane, il se trouve dans toutes les 
^utsi%ières bourgeoises. Recevez mes tirets. - 

En vue de la petite rivière d^Orb. — Ma belle demoi- 
aa^Ie,. vous auriez r««çu ce que vous désirez, si voua 
iB avi^z dU ^ quelle 44iy en tow Mm aheanéa. *» Dar« 
ttaf serre la patte au belActéon, il y a sympathe 
99kttû i^z ; mais pour serrer la patte à Mimie, Das- 
I 9«r«^crMl pas à ees ron-rons... U a trop Vejipdriaoca 
«I SMnda I < Merci poux Jeaoae et peiu Floieaoe.... 

A Vous domten genliment vos qualités au» auint. » 



Ij* moa bursau.-^ Le manieau-paletot convient pour 
madame votfe mèse . mademoi»elle ; il peut se faire 
en veloura, en drap , en gros d'Afrique , en mérinos 
noir. 



De mon petxt cobinei de travail. — Mademoiselle , 
on ne porte rien qui se nomvifi frileuse.'^ Voua alliez 
votre nom.— S» vous lisiez avec attention les ensembles 
de toilette que je vpus doona, ycms sauriez que les 
jeunes filles ne portant paa 1m jupes de leur* rphes 
brodées an aeutaoW 



AroosdelaFoniana. -^ Voue aurez, madame, ce 
que vous désirez , loieque j'aurai trouvé ce qui pourra 
vous plaire .* 



Oarcassonne. -r Vous avez égaré la gravure de 
modes du mot de mai, la musique dos mois de : janvier, 
msrs, avril, juillet, et la planche 111 d« 1850; eat.«e 
-bien cela V — Envoyez un bon de 6 fr. On ne peut ?«tt- 
dreque les numéros complets. — Si vous m'aimez, 
ainsi que vous le dites , comment ne vous aim«raia-j« 
pas ? Vous paraissez si vraie , ei spiriiualle , vous pre- 
nez si bien mon parti contre les abonnées de mauvaise 
humeur, que je souris db votre colère — Croyaz que je 
me sens bien heureuse et bien flère d'être pour quelque 
chose dans 1*8 compliments que vous recevez. Ai- 
mez-moi toujours. — Je vous baise le front. 

De ma Congrégation.— Je n'ai pu répondre à volie 
lettre, mademoiselle; mais j'espère que le journal 
vous aura répondu. 



A Valneige. — Il n'y a pas assez d'intérêt pour dec 
FraMçai.^M, dans l'article que vous avez biea ▼oolu 
m'envoyer. Recevez , mes regrets , madomoiseUe. 



Bordeaux. — NUd^me, tout a été dit dans les tettrai 
d'une grand'mèr?^ 'at endez un peu qu'elles aoieat 
oubliées, on ne pourrait que recommeacer , et aous 
avons des a|^onnéd8 qui n'aiment pas à lira daoj: 
fois la même chose, bien que changea daQ<< la forne. 
— Le nom de voire jeune fille est célèbre en France, bmI' 
damp, notre histoire le prouve, et ce nom lui portera 
bonheur. — J'exp»^re que, grâce à la censura, noua 
pourrons bienlôl vous donner d^^s analyses.de pèoes 
Qouveslles. — Recevez mes remerclments pour toat ce 
que vous me dites d'aimable. 



Sauxillonges. — Merci de votre bon souvenir. 



Reims. — O que vous demandez, madame, eUbien 
difficile, dans si peu de place... J'essayerai. 



Sirasbourg.-'Je suis très-reconnaissante, ^ 

de ce que vous avez bien voulu m'envoyer. Si je pai» 
vous être bonne âjiuelquq chose, ne m'oubliez pas. 



ilupréi de ma bonne mère.— Vons aares les 
toe vous désira?, m» beUa deafcoiseUa.^ Paiaquaaoui 
ne pouvons causer de vive voix... caoaoba en eapiit « 
rêves le bruit des voitures, l'éclat du gaa, la boae en 
macadam: je rêver<)i votre mer^ sesvagoes et «B 
wame. ~ Hélas 1 le baiser qae vona n'aaToyes ae aeia 
perde earoviiai 



SiBle avtc mu. — 3e ns atiii point ingnlr, ma 
vranf wi awHin... tt^aurt. 4}ii>He< ramarqueal 

pnndra — Ns maboud» pii 1 - Je luiii lenila la 


nltla. — Je garda ee que *oua m'aTei enioii, at Tona 
le [<>i>T>iTiHpnt-«ln M Jour. 


flflVfUi ~ Mon pelll ange 1 qtie Dfeu nraa aecarde 
CB que toui me loubiilei : la uoli. It.joit, la boo- 


Di ma fntln.— UlM«i-mol qMlqua Umpi, bonne 
•œiir, pour Tooa acTOjBr u palron dont tolre frtte 
p«iaa«éiia«MMnt. 


srofH.— Uiil,T01iean)iiitin'MtchiraUT(HaeiieBDa, 




il^''a3re.'"* °'" 
.il .00. Sol, cal 
ganUllt>l)M.B«a: 


J'ai», m^. l'b.>U>ira des leuoea Elle qai ont chaoe 

Tooi nardrait le. taies.- - )'»p*« que . [.lign«i 
d-aioa érr.l TOI Imi. pagu, dlgoai >l'un àludianl mal 
.ppr>.,.OD> ne tipoodre. pa. 1 drttâ lellre, et na tou- 
dni plui. dan. ToUe h.ioe eonlt» la mooaicl»*, »ou. 
lotiir da U iKBia. . celle iiiTenlion li'ua roi ! 




aa'-l»;U..-J-alfrçuTotrBpcnfr-.n.aehtrep«iiU 


da^r ^.ôc" "Ï'"uf d"e»ra"qa°pÔ"" «o'.' '."'" 




pour nnnieau .le b.plia»; na hroUai que la raoyenoa 
et lapBUle gTccqna, iiirrangei-ioNiOaiinDiir^ica 
qu* la n^aaiis »oit «ui daui poinlaa da baa daa dé- 
laçai et an aoulachï da loia bl'anch-. - fo\n JDornil 
de pflilgaiçan, je Touicoo'aïUe J'Erfucalw» nouKlI-, 
rua Nau.a de* PaliI^Cflamp!, n- M; le prli poot l> 


Soui la hi<^oux de ■» MU Rtane - -1» chire 
aiDJ., quoique bien ilofgafc. Vnoe da laolre, BDU. 
noua eal>ndoai, car pour la paMée il nï paa daa- 
p.o.. - Merci de to. t«u. pont le honh^ni de ma 
palri*; - Merci .n.toul pour » que lou. raa.ei 
eniOTé ! - Je tirai ïolta liqueur, el le premier lOrre 
qn» j'en boirai .er. un Ux-I i Tolro .Ml4 et 4 la pto.- 
ïérlti de ™„ [.mille. 




Langrri. — Chtr* awd^me, quo votre Jellre tat 


De'-B«J.-We. KniiaTon. parlé d* tous. N™ 



■TmENXBS. 
&a KXVBB SMS ±001.11108 

[DIED — PlTBiR — FUILLË.) 

Histoire, voyagei, ccnies, Douvellet, fables, tégendei, etc., par H"* J. t. Fonqnotu de Pnuj, 
BVM 'la collaboralMHi d«s rédacteurs du JourDal dus DHEnoiselles. lUiufrofioni dHSainées par 
HH. Dd tria, LéopoM LevL'rl, etc., gravées par Lacaate, Baudoin, ete, lin fort volume 
grand ii).8> de 400 pages, oraé de 400 gravures. Prix; 3 (r., au bureau du Journal des 
Demoisellei, n" i, boulevard des Italiens, i-t 9 fr, par la poste. 



JJI MÉOMtUM DB MJL MAISOK, 



nufects SB t.'HxaTaiBS bb ia mAvoi.«-row bt du l'bmpibx 

inaacE et EvanVi (1789-1814), 

Par Camille Roossel, profeHeur d'histoire au lycée Bonaparte, un beau volarae in-B*, prix : 4 tri, 

cbez Amyot, 8, rue de la Paii. 

M. le Ministre de rinslruclion publique a fait prendre un grand noRibire de volumes de ce 

précis de l'Histoire de la Révolution. 

DICTlomiAmE DE CtMfVEIlBATION i l'usage des dames, 10 volumes in-8°, ornés de 
t,200 vignettes el de 24 cartes géographiques. Prix ; 30 fr , che7 Pion, libraire-éditeur, rue de 
Vaugirard, 36. Nous en avons rendu comple, n" 11, année 1800. 



PATR(nf8.—CBBIIiE CELESTE, pour blanchir et rafraicbirla peau.— POHMADE COMA- 
GENE, pour faire pousser les cheveux et les rendre souples et brillants — EAU OElvTIFflICE 

AMEBICAIHE, du docteur Grabam, pour puriller l'haleine, blanchir les deutt et les 
coDserrer. POOPEBS ET TRODSSEADZ pour élrennes. Cbez U» Baireui, rue d'IIa- 
ndvre, 31. 



JKtmHËH MS 1DSBIIDIS1IU.3S. ^ 

PiUlSUITT LE ta Dl XHiODB HO», A PIBTIK DD 10 llKTlEB. 



Ce Journal se compose de 12 livraisons de chicuce deux feiiilles, imprimées sur deux 
11 coniiunt : 4 gravure* sur acier, 2 doot Im sujets ss nUacbent aux nouvelles Inséré 
journal , et 2 représentant chacune un des remarquables tablsaui du Salon, — 
musique : lei romances les plus jolies, les quadrilles les plus brillanis, les valses le 
les polkas, nazourkis et scolischs les plus k la mode— 4 planches de deasios d« ta 

— 13 gravures de modes de jeunes personnas, d'enfant et déjeunes femmes — 1 

— 24 grandes plaocbes contenant des patrons- de grandeur naturelle do : r(^ 
pMorines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets maotelets — v^lemenls 

— de pi'tïtea fHles. — des dessinB de tapisserie, dont les couleurs sont indiqué! 

qui les représentent — des dessins de broderie pour : cols — manchettes — moucboirs - 

— rubes — gilets — canezoua — jupons — camisoles etc. — Des ouvrages de fantaisie, 
cartes de visite, tétet de lettres cgloriéee — pages manuscrites — fleurs eu papier — t 
bobèches, etc. — ouvrages en tricots, au crochel , au lllet, toqjours clairemeut expliqi 
imprimé sur plut grand papier, est entourâd'un riche encadrement et satiné. 

10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 francs pi 
19 francs pour l'Espagne el le Porlugal.l; 



TABLE. 

PREMIER NUMÉRO. 

[nstidctioh. — Les diamanis, par "•" 

BiBtioeniPBiB. — Le roérit« des femmes, de H. Legouvé. par Lonis Ulbicb 

LininiTURB ÉtbjUHîèbe.— I* Rose, Iraductlon de M"' Ester Lehov 

Education. — Kalalie Nariechkinn, par M"" Laube Pbus 

k qiielque chose malheur est bon, proverbe, par M"* ëveline Ribbbcodht 

Fo^iE. —le massacre des innocents, par Chiules Froment 

MÉLàNSES, — Découverte des mines d'or de la Californie, par Sbvbbis 

Enigme uistobiooe- — N° 1 ' _ 

HiGiÈNE. — Soins de la bouche 

Tisane de poonmes 

RcoNoaiB DOUESTiaDB. — ComposilJon pour Deltojer les meubles 

THRoniouE HL'sicALB, par H. Jules Uiuvet 

COBRESPONDANCE, par M"* I. J. PoifOUBAD DE PUSST 

E?BriHâKiDES.* — . Mort de Charles le téméraire 

HwiïoUF 

RÉBM • 

fîBAVBBE. — Nalatie Naritchkinn. Nota. Celte gravure ne pouvant âtre prâle ne pai 

le numéro de février. 
Modes. 
MusiuUR.— '' c«ux ilre un Ange, romance, paroles de H. Henbi Albset, musique de 

— Olestia , ]iolka-Maiurlia, par OstAK Cohettant. 
Tapissbbie EX COULEUR. — Lambrequin. 

PLANCHE I, N» 1, Voilette. — N" 2, Coin de Mouchoir. — N" 3, Dos de Fichu*uini| 
Devant. — N' 5, Volant. — N* 6, Marmotte. — S' 7, Alphabet en broderie angli 
Dentelle au fllel. — K° 9. Autre dentelle. — N" 10, Lion héraldique. — N'Il, Mai 

— N° 12, Son collel. — N" 13, Dos d'un Fichu- Canezou. — M" 1*. Devant. — N° 
M" 16, Col. — N" 17, Manche. — N" 18, Poignet. — K" J9, Manohelle. — N* 30, 

HEVEBS DE LA PLANCHE.— N» 20, Dessin d'une grecque, du haut du devant du Ma 

— K" 31, 'Dessin du bas, — N" 22. Dessin du milieu du haut du dos. — M" 21 
milieu du bas. — .\° 21, Idaline. — M' 25, Aurore. 



Paris. — Imprimerie de M" V'DoNDBT-DopRd, 



c Saïnt-LoDls, 4ft, 



AVIS 



Les ptnwuÊn nml aandeal des 
«'«i«re ^rlt « <Mi «Mis MH* ta 



réetaBMtiOBs à faire mdI priée» d'y ftrtndre le 



afipoNses m. sAsvtm. 



Bout mon irine rocher du Pa$tour. — J'étaif à la 
,esBipaf ne lorsque j'ai ri çu ta içentille lettre ; elle était 
égarée, «t je ▼:en8 t'en demjinder pardon. — Je pré- 
fère la devise : Ce que l'on veui on le peut^ l'autre 
.étant tiop orgaeil'ease. — ^e sors jamais sans te 
oottTrir lie T|#age ds coldrcrjeam ou d£ cièiae céleste. 

— Les 4ïareia«s «Qoe SS^j^ir envoie A JD«4ing seront 
.^cceptéei si... ieqrsTaoas sofft amies... einen, je-pcé- 

woia UB dueU. A 4raope de dents. 

• 

In a gréai Inirry »— VMdleiuNit <qae im mkç en Jrawii 
^e la nnuvelle année est faite, j'espère que vous êtes 
^os calme, ma chère compatriote de coeur et d'esprit'. 

— Je suis reconnaissante de tos boanes paroles, de 
votre bon souTonir. 

De -ma Chambre blanche. — Merci ponr ros sou- 
haits de bonne année, mademoiselle.^ J'ai le regret de 
TOUS ipinoucef que le changement que tous désirez ne 
ae pecU faire.— Vous aurez plus de romances. 

De la Veillée de Famille, -n Madame 'Votve mère ne 
pouTsJl choisir un meilleur secrétaire, ma belle demoi- 
selle, <et je l'en remexcie. — Oui, lei deux amies sont 
▼ai amies. 

Enlsfe mes deux 'petites jUles. -> Ce que me demande 
aiademoiselle A. est irop juste, il y sera fait droiL — 
Ce qoe mon homonyme, mademoiselle J. J.-a'eoTole 
iMt trop bon à recevoir... je tends ma joue. — Vous 
aares, madame, la feuille de titre qui a été oubliée. — 
Je fieia avec joie l'échange de nos amitiés et tâcherai, 
que TOUS ne perdiez rien au change. 

En face de glaciers étemels. — Oui, chère et bonne, 

tous «riez raison, mes amies n'ont point été incon- 

ttantee, et vous m'avez porté bonheur. — Je vous 

donnesai des tajpissehes dont les couleurs sont indi- 

' qaéea|>ar des sigjaes; je suis de votre avis, elles sont 

plus faciles & exécuter que les coloriées '«■■ft'fl 

en faut pour tous lés goûts. — Je vous promets le des- 
sin de prie-Dieu... si la planche peat le contenir. 



temps ; la troisième, plus d'argent que oe coûte une 
ann^e du Journal. Voilà ma réponse ans cinq ews 
ik qui je souhaite une bonne année. 



. 



Castagnes. — Vous 
mouoKoir. 



aurez, madame, le nom^ j)a < 



Rosnont. — Notre Journal .est très-fier que vous 
vouUet bien le j^endre pour guide, et très-heureux de 
vous faire rire et pleurer. — Vous parlez sagement, 
quand vous dites que vous ne regrettez pas mesdames 
telles et telles. Il faut de la variété dans les sujets, dans 
le style.— Quelle espèce de pèlerine demande madame 
votre mère 7 Si c'est en étoffe, vous avez, le manteau 
Talm»! il ne s'agit que de le raccourcir. — Que ne 
donn]B2-vous une pale en filet brodé en reprises? Vous 
la feriez de la g^andonr «(fv vovs c<iB«ii>iit. *— Les 
deux baisers qu'»ppof le votre lettre, je^es garde pour 

moi. ___^_^ 

Vif^s. — Hélas! madame, on ne peut faire un 
journal pour chaque abonnée. 

près de mon^pelit serin vtrt. — Vous lisez avec fort 
neu d'attention voire Jovrncl, ma ImILl* •demoiselici. 
Dites-vous bien : ce qu'il conseille est utile, ce qu'il ue 
conseille pas il le défend. — Consultez votre médecin 
sur Ci qui vo(M déeole, il en saura la cause et le re- 
mède. — Bonsoir, bonne naUjOoqoetlc ! 

De mon aUUer dr peinture^ en face âe ta Loire. — 
Mettre la oonleur à tà\é du signe qui la représente 
est iropoesibla ^pour troie rtnom : la^wemière, il lan- 
drait du papier blanc ; la deuxième , beaucoup de 



Amiens. — Je n'ai pas va de cabas an crochet, 
dame, je ne pensée laoi ooaeeiller la bandena 9a 
faoniket d'iiomme f«d a pam ma taois de juin 18&0. 



De son Ermitage, urne lAosm és 
«nie ! on wk qae tmtre fisne 
durant votre réjour à Paris, 
pas dans mes prières. 



âe dix ams. — Bamvta 
Venez me voir 
Je ne voas oublierai 



itouUm. — - Je remercie jeune mère el jeane iffle de 
la confiance qu'elles veulent bien m'aecorder. J'y tè- 
pondrai dans le Journal. — Vous avez troiadeemns de 
pantoufle, année 1£50. 

Touiouu. ~- Merci, madame, de vos :bons et ahna- 
hks souhaits; permettez-moi de vooa offrir les mina 
peur toat ee qoe vous désirez. — Je vais m'asonrer 
du dessin le plus à la mode pour une caosease , al 
vous le recevrez. 



Brest. '- Je ne suis pas initiée dans les secrels qoe 
vous me demandez, madame, adressez-vous k nn idn- 
tarier. 



Près de cehd que mon cœur aime. — Je aons_4eiHb 
la main... soyons sœurs ! Malheoreasement noâs ue 
pouvons guère causer ainsi.... Msis j*enteadtai ea 
qne vous me direz... le soir... quand vom seras eauLe. 
— Adieu ! recevez mes vœnz pour votia bonbear. 



Pour wnts dite encore je vous aime, — Oui, je ma 
souviens de vous, et je reçois vos vosttx dans mim 
cœur. — Nos deux familles ont beaucoup de rapport 
entre elles.' — Dites à votre compagne : Une mariée 
pose son bouquet sur sa poitrine, elle quitte son voile 
après la cérémonie religieuse. — Voaa êtes indécise, 
heureusement ! sur le choix de votre avenir. Voilà le 
conseil que je vous donne : Quant à on mariage, si 
vous n'avez aucune préférence, laisses choisir votre 
père; ne fuyez pas les épreuves de la vie : si les lainta 
ont institué les couvents, Dieu a institué le mariage. 
— AdiesQ, aimez-moi r 

Verdun sur Meuse. — Si l'on imprimait les réponses 
sur papier blanc, il faudrait l'ajouter et augmenter le 
pijjiz du journal. Beaucoup de personnel réunissent le» 
diauze couvertures, et les font relier i la fin du volume, 
-^n échange de voa vœux pour moi, atadame, je sou- 
haite que tous vos jours soient couleur 'de rose: amis si 
JH-oo^eisis fte^ni «ecattoée, je rouhaito ^ue le Journal 
Toas pevtf, comme toajours, courage ei consolât km l 

Moirons de risère. — Vous Faimetf dont vos mon- 
iagnes, et vous voudriez la voir aimer par tcus... mais 
nous, habitants des plaines, nous ne l'aimons pai h 
cause de cenx à qui elle doit l'eslstenoe ; nous avoae 
d'ailleurs d'autres affections; cous avons le respeot da 
pass4L l'<amoar du BoaKsiii... et, fcandxement, moi^ 
ftienr. pour qu'elle fat aimée, il faudrait qu'elle te IK 
aimable. 

SaitU-Yaurft, — Le chieyi est bien â voaa, madaaw, 
car c'est itat Wreor que l'on avait annonce le lam- 
brequin en déc-?inbre, mais vous l'avez reçu en jaa- 
vi«r.~Vou8 êtes bien bonn«t de me dire qae, sans co m 
'plimentSy notre Journal est le wurilUur de tous les jour' 
naux de ce genrey cela me donue du courage. 



i 



jyr« mon ils et 'fM fille. - Je «i» préewéajent 
imoB Totre pontioD, madame, el mM »gtete •oatjo»» 
sMsi dénoUreMèfl que lei tôItm. — A un TielUard oo 
M peut offrir qoe ee qui doit loi être utile : bonnet, 
mtooflet. couMln, chaooeUéro, Jolie cwine.— Lep<$nt 
nïne oa point carré a été indiqaé dans le Jouroal ; 
mia je ^oos enToie snrUmt dea modèles de filet m 
■oint «arré, ce tra^aU étant le plat à la modo. — Je 
aniabeoiease de partaKor too sTrapathies... qoand on 
^^Ind snr ce point, il eat difficile de ne paa s enten- 
en mu les aotree 

Toulbn. — Je tnis toochée de tos ywoz pour moi , 
ma belle demofsetle, el ai looe les miens pour Tooa se 
lÉalisnient, Diea se cbargerait de ma reoonnaissanoe. 



wnwiiv. — Yo» demandes les initiales M D en 
braderie snglaiae, cependant, mademoiselle, Tona les 
nsea dans l'alphabfet de lapianebe dn mois dejanner. 

1a mis beoreuse qoe le Jonraal Yons plaise... sanf 

la oompte rendu des pièces de tbëfttre, parce qoe, dites- 
•vnpa, ) vans n'allés |as an tbéâtce... mais, oes«omplM 
idos, ce sont de petites hi«toires et toos les 



_. -petH eom dn Arêameê. — Clière 
|-> fois qne le Journal sera aossl intéressant qne 
in le délire, je penserai à toc», qui saTes si bien l'ap- 
■■éeier. Votre sympatbia m'est bien chère. ^ Yotxa 
|MHie ande aura son joli nom. 

IWÏon. — Mademoiselle Deroj est une de nos meil- 

nas brodeuses, elle pourra être eonaultée.— J'attends 

t«connais4anoe, rfiademoiselle, ce qoe tous m'aTex 



CkdUau de Fabiè$. l>n coin de mon feu. ~ Jemne 
•t Florence s'ocooperont de maabler Totre apparte- 
mant... ponrru que votre mariage ne soit pas trop 
prochain... comptes snr elles I — £Ues vonaprient de 
»û leurs amitiés réunies. 



Samt'Jamn. — Voos l'aTo», m adame. 

Smunllangeiy Toulon, Belfort, Moulin»^ Maubeuge, 
JM, Sacquênay, BretU. Beamaire. — Vous aves en 
•■ TOUS aurez ce que tous avez demandée 



^. — Vous les recevrez, madame, en attendant 

Je TOUS envoie mes sentiments les pins affectuenz. 

jr....«.. Blesdames de'B. et de S. n'ont écrit ^ue ce 
epe vona avez lu, ma chère fiancée. ~ Oui, j'ai souri 
le votre confidence ; puis mes yeux se sont voilés de 
lannea..... o'est si tondant, une affection qui date de 
In BRiniére communion l Dieu vous donners le bon- 
' fcenr, à voos qui ne loi demandes que le bonheur des 
1 ! — Avanoes votre front que j'y pose mes le- 



votM lettre, madame, qui tout d'abord m'a fait vous 
aimer... Vous m'aimiet, dites-vous?... alors c'est deja 
sympathie... — 3e suis heureuse que le Journal ait 
pu vous porter quelques distractions agréables, et les 
r»merehD«nts de voUe msri me sool bien sensibles..... 
Adieu, madame ; agréez, pour cette nouvelle année 
les vœoz sincères d'une amie. 

Une républicaine de cœur, et catholique ftfivenle. — 
Féoelon a dit : So^ron* toutes les reltgûms, puuque 
Dieu les souffre. Souffrez donc, madaoae, toutes les 
opinions.— »i j'ai ri quelquefbU de ce qui a bouleversé 
la France, c'était afin de ne pas en pleurer, et c est à 
tort que vous m'accus«-z de pmniùn politique. Je com- 
nrends du reste gtCil vous soit impossible de ne pas 
penser un peu eomme ceux que vous aime z, sans cela, je 
Wm demande ce que nous avons à faire, nous autres 
femmes, de ces mots : Liberté ^Egaltte - Fraterntie ! 
..ia suis faeurenae et fière des bons seaUmenU que vous 
inspire le Journal, et de ceux que voun voulez bien 

m'âfrir, et j'accepte votre amrtié car je nem effraye 

peu de la signature de votre lettre. 

Bn ftnouvelant «on abonnement. — M*^*»**^"*» 
TOUS ne savez pas comment on brode un gHCi au 
passé? Mais quand le gilet est dessiné on le moi^ 
ïurun méUer et on couvre les dessins avec de Usoie, 
dn fil ou du coton, comme si on brodait an plumetia, 
excepté «ue l'aiguille qui entre en dessow. poussée 
par la main droite, ressort en dessus, poussée par la 
Min gauche. — ^otre cordonnier seul peut vous 
donner un modèle de botUne; la peUte planche en 
serait couverte. 

Dm Vont du Sas. - Les grandes «fe"""*»?*» *,** 
ans ne portent de pantalons qoe pour aller ft cheval, 
ou pour voyager ; mais s'il y en a qui, comme vous, en 
portent toujours, cela ne peut ôlre P»;.«>Y»«""»*";- 
fe crois qu'il ne faut au bss qu'une petite denteUe,une 
louie peUte broderie qui no se fasse pas remarquer. 

Heureuse d être abonnée au Journal des VemoisUes 
wmr avoir une petite part dans votre sduventr. — lin- 
ÎS^Tburiarun 6on de 75 c. si c'est un numéro 
de 1% peUte édition qui vous manque, ou 1>'«5 { /'• »J 
S c'est un numéro de U grande édiUon. - Voilà, ma 
petite amie. . 

Sotwionf . — Madame, c'ert Un bon de S ft. 75 c. 
in*il vons «audra envoyer par la poste, pour 5«fJ~r 
faa tfoia nnmétof que tous avez égarés. ~ P«»q«« 
vons êtes souffrante , pas««|, par-dessus ▼otre cami- 
sole de nuit un katzaweck de cachemire ou de soie 
coaté et doublé, qu'il sOit rose, bien pâle, ou bleu de 
Franoe. - Que l?iea vous rende ia santé, madame. 



2 



De mon château de Bettel. — Que Dieu -vous rende 
la contentement que votre lettre m'a donné, ma hun 
ékèreamie. 

TMon. — On vous a envoyé le numéro de janvier 
1860, mademoiselle, vos trois lettres prouvaient que 

vons aviez bonne envia de le recevoir BSais nous 

n'avons pas reçu votre mandat de poste. 

Toujours seule. — Ce moule doit se vendre rue 
Bo^e; lé, on vous indiquera comment faire ce 
tmvail. •— A votre premier voyage, voos saurez si Elle 

•st petite et gaie, grande et triste curieosel — 

CUe reçoit vos vœux et vous envoie les siens. 

Bêome. — Merci, chère petite amie, pour votre gra- 
cisose et bonne petite lettre. —Votre Journal fera tou- 
jours ses efforts pour vous plaire. 

Château de Larvy — C'est de Paris, belle dame, quo 
noua vous dirons ce qae vons désirez savo'r... Atten- 
des nn peu... ce printemps. — Pour manteau de lit, je 
vous conseille des petiu carrés. -Faites le lion héral- 
dique pour milieu Vous avez déji une douzaine de 

onnés, je vous en promets d'autres. Ce travail sera 
admirable ! Ces manteaux sont jetés sur une courte- 
pointe de couleur, ils ne se doublent pas. 

Marmande. — H y a un scnUment de tristesse dsns 



■ — — 
Nemours. - Le petit Aapean ouaté et piqué serait 
convenable pour la »i«on^mais il n w»P^« P" *« 
patit bonnetV- Cinq années du J^^^y»»"»^) Sen- 
tent au bureau 18 fr.; par la poste «8 fr. Il vaudrait 
mieux, je crois, vous les envoyer par la dlhgence..^. 
choisissez! - àerci,pour moi, madame, etjpour votre 
ci«r Jsurnal. 

Marmande. —Mademoiselle, si vous avez payé 
W fr 6oT pour la grande édiUon qui n'est que de 
S fr* vous ni vous êtes point abonnée au bureau. 
Adreilez-vous à la personne qui a fait votre abonne- 
ment. . 

Château de Monts. - Vous voyez, ma belie demoi- 
seUe,Te^ Totre recette a été bien vite employée. Je 
wml en remercie. — Comment ! Sait, ce roi du désert, 
îfctoS nSnne amiUé de Darling? Mais c'e-t trop 
dïônnenr pour un pauvre petit lévrier écossais..... -^ 
Je ne puis îien changer « Journal ; ^"»*'» J Î^S:,^^? 
que ce que je dirai aux abonnées do la grande édition 
soit utile aux abonnées do la petite. 

Au pied de mes belles Pyrénées - H en a ért fait 
ainsi que tu las détiré, chère et ^û«ine. - Jesuis 
contente que Dash ait reçu son portrait «n taptoe- 
comenw. M ^^^ ^^^ oonnaîirons des 

ne. — J «■F^^ 4" «» A....*,-.. An ra»oT. et ie orie Dieu 



1 



;"^uzTatrrn^us^ït;;?ci"i;^^^^^^^^^^ Fie Dieu 

qu'ilte réunisse à la sœur qui est si loin de toi ! 

Thouars. - J'ai reçu... tout ce que vous m'avez 
envoyé, mademoiselle ; mille romercîmente. 




is (le chacune deux fouilles, irnprjmfes sur deux colonnes, 
r, 3 dont les sujets se rallacbent aui Douvetlis iosArét:» dans lo 
, cl 2 rrprêsttntant chacune un des renurquables («bloBui du Salon. - 
sîi|ue : tes tomaocns li's plus jblice, les quadrilles les plus briURDie, les valas les plus 
■a puilas, niiizKuiIcts et scliulisclis tes plus i la mode — 4 plaaches de dessins de lapisserJi 
'12 gravures de modes de jeunes perwnoes, d'enfacil cl da jeunes femmes — 12 râbus lltuslrés 

— ii grandes planches contenant des patrons de grandeur nalvirelle de : robes — Tichus — 
[jéleiines — cliapeaux — calèches — manleaui— ^onnel5 'rantolets — vflenienlsde pelil» garçon» 

— de pelitcB nilcs. — des dessins do tapisserie, dont les couleure soDl indiquées par des aigoo» 
qui les reprfwnteHl — disdt'Esins de broderie pour : cols— manchettes — mouchoirs — boanels 

— ri.^bcs — gilets — canezous — jupons — camisoK's, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels que : 
3ai les de visite, Ifles de lultrcs co'orites — pages manuscrites — fleurs en papier — enlaine — 
kihècl'.es, elc. " ouvrages en tricots, au crochet, au filet, toujours clairemfnl expliqués. Lu texte, 
imprimé surplus grand papi(T,es( entouré d'un riche rncadri ment et saline. 

I 10 fiants |:ai- an pfur Paris, — 12 francs pour les déparlemeolB,— U francs poor l'élranger.— 
I 15 francs pour l'Espagne et le Portufral. 



BELXIKME XUMÉBO. 

IssTBUcTjON. — Le coiiibal des Trenle, par Ahistide Giii.iitnT , - 33 

ic,— L'éducation du foyer, par H"^ A, Moi.iNos-L.WFiTiî io 

LnitHATLnE ^.TlA^cÈBï. — Proverbes espagnols, tradudion dt- M,"' LoiiSE Hvti Jl 

Enur^Tio». — La Chanoinesse et le Clievaiierde Malle, par SI"" Eveli>e llmDtcoL'ikT.. .'...; ti 

PoÉsta. — La reine des Sylphes, par M"* Loviba Stavpaeuts 49 

1891. — Premier article, par M"' Koméb du Svïa 

: , par H. Jules Louvet 

ir.VE HlîTOItlOCE. — N» 1 

KcoNoBiE noMESTioi'E. ~ Chinchilla. — Limonade russe 

r M" J. J. FlIUQUEAU DE Pussï - ^ 

isfance d'Auguslit; de Candolle 63 



MOSAÏQU E. 

GntvDHB. ■ 



E Lo^LiY, musique d'EsNEst 

PLANCHE II. N"' t, Col. - 2. Pelote. — 3. Taie d'oreiller. — 4, Dûslrfe, — S, Hlouciioir. — 0, 
Mathilde. — 7, Carré en lllet. — 8, Alphabet pour maniuer le îinge. — 9, Dentelle en liirol- — 
10 et 11, Mautelel-Chambord.-Jaelia, Bonnets.— H, Guimpe— IH, Canezuu habillé. 0. Bas 
de jupon. — 17, >'achet pour mouchoirs. — 18, Semfl. — 19 ut ÏO, Doulouiilùios. — 21, I^aijl. 
— 22 a 2.1, Enlredeui. — 2f, Augeliue, - Berlhi'.- 28. Nodmi. r- 27. Ui-rnisnce. — 28, Tr^in- 
i;iiise, dans un écusson.— 21», GabntUo.- 30, Adèle. - 31, Anijèlc. — 32, CiHine.— 33, Tuliirie, 
d,ini unécusson. — 3( .«liainB. ■ 



- y-'-^S, Kphra 



.■. — 30, Elia 



-37, 38. 39, W, Jl,*2 e 



AVIS. 



Les penoMMS 4«l aaratcnt «es f e cteauHt O M ftUtfrc sont priées #7 feindre le 
«'ordre «crU à la main sur la bande imprimée qui couvre lenr journal. 



RÉPONSES DE FÉVftlEk. 



OuêTMfy. — Il en a été fait aiosi que vous le de- 
«iriez, deareti mistf il ne me reste plus qu'à vous en- 
Toyer ce que demande votre lettre. — Quant à broder 
en lacet sur mousseline, cela ne ae fait pas à Paris : 
le lacet, en blanchi*.sant, se vesserre et ferait gripper 
la mousseline. — Recevez un bon soo^renir pour vous 

etpourTotre poëte quel dommage de ne pouvoir 

dire poétesse ! 

En façades tours de Saint-Otien.^ Madame, pour 
robe de petite fille, je préférerais des petits plis et des 
entre-deux; m^is sur les côtés de cette espèce de 
tablier, et afin decncher on oes plis et ces entre-deox 
■6 réunissent k la robe, je voudrais une petite garni- 
ture qui rappellerait le dessin de l'entre-denx. — 11 7 
a eu un patron de kaiwwock etaon dessin en brodarie 
anglaise sur «ae des planches de la itrande édition, 
année 1820 ; pour cette année, attendez un peu. 



Montauhan. — La broderie au passé se fait au 
métier, nademoiselle ; vous devet avoir dei brodeuses 
dans votre pays, demandez-leur une leçon de cette 
broderie. 

D'un noir château Brdon. — Patience ! madame, 
le journal ne peut donner tout en un jour, eH vous 
n'avez encore reçu que le numéro de janvier. — 
Il y a denx mots dnns votre lettre que je n'ai pas pu 
lire : Une petite feuille... en noir ou en couleurfei^je 

voudrais que vous me parlassiez de la pour visite, 

d/ineTf etc. ; voilà mon excuse pour ne pas y répondre. 



Auprès de mes élèves. — Hélas! madomoisella^ je. 
ciains que le dessin : une Vi^rge^ au crochet,ja'<existe 
pas ! Je sais bien qu'il faudiait l'inventer ! mais en ai- 
teadant, je ne peux vous envoyer que mes regrets. — 
Je vous serre la main, et baise tous ces jolis fronts 
qui se penchent vers moi. 



D'un coin de terre oublié, — Pauvre petite I comme 
Il y a êympathie dans nos antipathies..,., tous me 
Dûtes souvenir d'un t-i^ps bien loin de moi!... — 
Jlais retenons au cadeau que vous pourries faire : une 
couverture de livre en tapisserie?... toos n'avez pas 
de relienr assez habile, — nn coussin de pied on de 
diTan? — ou bien, que n'achetez-vous de bans linsea, 
an bon tableau... cela plaît toujours. ^ Adieu; aimez 
les nuages, les arbres, les fleurs, et les pauvres qui 
souffrent ; aimes les petils enftala, «tBiea oroabUeia 
pas le pttit coin de terre oubHé. 



en avez un sur la planche n' III de cette année, tou- 
jours grande édition. 11 n'y aurait pas de place nxt la 
petite. — Nous n'oublierons pas le blond et lai*rune. 
— Totre lettre, écrite avec la cœur, est arrivée à — 
adresse. 



Verbeirie. — Monsieur, Tourrage que toqs me pro- 
poeez ■sralt, Je le crains, trop considérable pov la 
place que le Jlournal des Demoiselles pourrait tni 
Honner. Recevez mes regrets et mes remercîmenti. 



*tm 



Tours. '- Vous avez un riche dessin pour manches 
pegodes, grande ^^tlion, numéro XII, année 19^; tcm 



Paris. — Le hasard fait que vous recevrez vosinî' 
tides, madame. Quant aux morceaux de musique que 
vous demandez, ils sont trop connus. 



Au chdi^au de la Moite. — Belle dame, si -«oos 
prenez da oanevas une toM pins gros, ce lambreqnîD, 
avec son gland, aeta long de %5 oentimètres ; il toqi 
faodra le doubler de percaliae janae, et sur las points 
qui joindront le dessas ait la doiAilare, voue coadrm 
une ganse ronde, jaune. Vous serez forcée de faire coa> 
vrir l'autel d'une planche, la planche vous:la couvrirez 
d'une tapisserie fond noir sur laquelle vous semeries 
des fleurs; ot 'se lambrequin, vous le feriez clouet, 
avec des dons dorés, sur le bord de la planobe qai 
couvrirait l'autel. — A. M. seraient bien dans le lam* 
breouin du milieu. — L'explication du rébus de dé- 
cemore ne peut étxe que anf la table des matières. 



De ma cfumAre parfumée. — Adressez-vous à votta 
médecm, mademoiselle, lai seul pourra connattre le 
mal et le remède. — Je regrette que vous ne tiaaviez 
pas le journal ausii intéressant qu'autrefois. — Il n'y a 
plus, dan« l'auteur que vous me citez, de poénei qaa 
vous puissiez lire. — Je vous remercie de vos sonhaits 
et vous envoie les miens... bien que tardifs. 



Contentement passe richesse. — Que votre lettre est 
aimable et sensée ! combien elle m'arafrahshi !e csrar ! 
— Oui, vous me connaissez, et je vous consais.— Slnrcl 
de votre douce causerie. 



Pau. — Toutes les abonnées sont servies dès 

qu'elles sont abonnées. — Puisque vous ne m'envoyez 

J)as le numéro d'ordre écrit sur la bande de votre 
ournal, c'est que vous n'êtes pas sur nos registres... 
»- Adressez-Tous de nouveau à votre libraire, ma 
béUe demoiselle, et surtout ne croyez pas un mat «do ; 
la réponse qu'il vous a faite. 

VassyrfoiiS'Pisy. -^ Mademoiselle, nonsjie donnons 
que les noms qui nous sont particiilièrement demaa4it^ 
vous aurez le vôtre. 



Soi** les sapins de notre Germanie. —'Non , 
dames, mesdemoiselles et messieurs, non, curieuse» 
et curieux , Darling n'est pas de la même raoe qne 
Duke, bien qu'ils soient de la même nation. — Je vois 
avec plaisir que vous approuvez mon chien de mordre 
les talons à ces héro'ines... que vous détestes. 



Conques. — Merci de ton bon souveah» coBetaate 
amie. ' ' 



De Vouvroir des quatre soeurs. — L*aatenr et mol 
nous avions énblié, mademoiselle, et s'il jrmvait nn «on* 
cours pour le prix de mémoire, c'est vons qpi le mé- 
riteriez. — Je regrette de ne pouvoir vous envoyer de 
sitôt voire alphabet. — Jeanne et Florence voos of- 
frent leur bonne amitié. 



Toulouse. — Dansi: cinq mois la poste payera voUe 
mandat , qu'elle l'ait ou ne l'ait pas retrouvé. Vettà» 
xiadBmoiselle^oe faeje pas -tens répondce. 



Toulon. — Ligny le Chdtel. 
voir. 



Vous avez dft rece- 



Lapaiiste. — Vêi été aussi éto mée qne voai. a 
dame , de tous ces noms étranges donnés sans ooate 
a dM m0ls ooanas , et ne jmu voas lea «zpUgaer. — 
J'enverrai à mademoiselle votre sœur las di 
qu'elle d^re. 



» *-• 



Ax. ~ ÉlM-Toat abonnée à la grande édition ? ma> 
damoïMlle, car la petite planche ne pourrait contenir 
raabe qne roua me demandes. 



Hofi-ie-Boi. — Vons anres votre nom, madame. — 
Je enia henrense que tous approuriat le jonmal : sa 
UttAratun», tes travaux... et jei>enae comme Toas anr 
lea personnes qui s'en plaigoeot. — Jeanne et Floren ce 
▼cas remercient. 



Colmar. — Voni avex le riche dessin de manche 
pagode, planche XII année 1850, tous en avez encore 
os sur oett(« plauche III. — Je vous remercie de tous 
Tos remercîments, madame, et furtoai de la tainie et 
grtteieute image qne tous m'envojrtz. Elle restera 
eomme un lien, comme un intermédiaire entre nous. 



Au coin d'un bon feu, par un temps dtt brouillard. 
'— Ces dessins de mouchoir, Berthe, paire de manches 
^^odée en lacet snr tnlle ne se font plus, ma belle 
demoiaelle ; demandez-moi toute autre chose et je serai 
trop henrense de tous être agréable , mais, une fois 

rr tontes, diles-Tona bien qne c'est Paris qui Aut 
mode , et que J4 suis \ï pour tous enroyir ce 
401 psralt de noavean. 



Prêt d'un bouquet de bruyère rose. — J'ai peur 
que TOUS ne tous trompiez, sur la tapisserie que tous 
iKelamei... voyez d'abord si vons avez votre compte. 
— Il est bien tard, mademoiselle, pour vous remercier 
4a Toe sonhaits de bonne année, et vous envoyer les 
miens ; mais, a6n de réparer le temps perdu, je les 
•Tais envoyés au bon Dien. 



Houvinj prit Frévent. ~ Oai, Biadame, j'àime A 
panser que nous nous entendons sur beaucoup de 
ohoses, et qne ai nous sommes en désaccord suc d'au- 
ttei, 11 n*y aura jamais entre, nous m haine^ ni fiel,.. 
BOQS n'en avons pas dans le cœur. — Je sais heureuse 
qoe lea travaux du Journal vous aient été utiles. 



En face d'un vieux château. — Je continuerai, je 

l'espère, de satisfaire aiuz désirs des cinq sœurs «- 

mais je snis triste car je n'ai que le temps de 

répondre ce peu de mots aux troii jolies petites pages 
de l'aimable interprèle qu'elles ont choisi. 



Maine Brun. — Le gi'et brodé en sou tache ne 
paraîtra que dans le mois de février — les pantoufles, 
plus tard encore... — Tu* as. planche lU, un petit col 
garni, tout nouveau. — Dpja dix-neuf années que nous 
nous connaissons, et que de petite fille tu es devenue 
dame!... Qne de choses se sont passées, mon Dieu, 
depuis ce temps et dont nous garderons souvenir ! 



Saint'Vaury. -.-Vos deux abonnements avaient été 
inscrits ainsi que je vous l'avais annoucé, mademoi- 
selle, depuis ils ont étà payés. Si vous ne les avez pas 
rf çus pins tôt, c'est le désordre d'un renouvellement 

3 ni est venu plus considérable qu'on ne s'yatleudait... 
e Tiens vous en demander pardon pour les bureaux. 



Au coin de mon feu. — Vous a^rez un oiseau pour 
pendant an perroquet; — faites le chien de décembre 
18*0, et je vous enverrai pour pendant un autre qua- 
drupède. — Je ne puis me charger d'ancune de vos 
commissions ; recevez mes regrets, madame. 



Angers. — Voici une de ces lettres qui seront pour 
moi , madame, comme un titre, comme une récom- 
pense, et qne je garderai toute ma vie... il est impos- 
sible de aire mieux, de dire plus, et en moins de 
mots... Recevez mes remerclments^ et mes sentiments 
les plus alTectueux . 



Je prie les abonnées de vouloir bien agréer mes ex- 
cuses , mais le temps me manque pour répondre aux 
nombreutes lettres qu'a nécsssitées le renouvdllement 
au Journal. 



£TRE\.\ES. 
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Histoire, voyages, cqntos, nouvelles , fables, légendes, etc., par N*«l. J. Fouqueau de Pussy, 
avec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. Jlkutrationi dessinées par 
MM. Deveria, Léopold Levert, etc., grarées par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume 

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iBioiselles-, n* 1, boulevard des Italiens , et 5 fr. par la poste. 



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Tangirard, 96. Nous en avons rendu oomptë, n* 11, année 1650. 



PATBON8.— CEEHE GEUe8TE,pourblanchiret rafraîchir la peau.— POMMADE GOMA- 

tlENE,pour faire pousser les cheveux et les rendre souples et brillants.— E AD OENTIffUIGE 
AMERICAINE, du docteur Graham, pour purifier l'haleine, blanchir les dents et les 
oonserver. POI)PBE8 ET TROUSSEAUX pour étrennes. 



ik 



a.. _ 




mtimm^ss^iié^^ 



AVIS. 

On ne povrra #àlt*e droit à aarnnes réela«Miton« «I Wles ne softl aceompigné#s 
do Bnméro d'ordre écrit à la main sur la bande Imprlttiée 4iit couvi t Icnr Journal. 



RÉPONSES DE MARS. 



' La Fèrê. — Voire lettre, madAne, «l( de(S»re«qtii 
sont lues et rolaes avec un doâx phtisit, et votre 
joamal, ft qui elle est adressée , me charge de Tûat 
dire qu'il est bien fier de compter parmi ses lectrices 
une femme au sui spirituelle, dont le style est à la Fois 
ti éMgant, si riair, si élevé... Mais, commencée g»lo- 
ment, votre lettre finit avec tristesse... comme toutes 
choses ici-bas... Passons à vos demandes.— Je ne peux 
rendre compte des pièces anciecne?, et les nouvelles 
ne sont pas di^nca de viim être faecaièes. — Je vous 
conseille ée JEis*fe relief la mnsiqoe et l«l planches avec 
le journal , celli se fait tonjoura ainsi. >~ Voas verrez 
que j'ai pensé eomtoe voaa sur les quelques lignes que 
TOUS m'envoye». -^ Puisque vous viendrez à Pâqtes, 
nous échangerons notre amitié. 

Dft h&fdt de ta Loire. — Votre filîe chérie aura 
son nom et le dessin qu'elle désire : — le dessin de ta- 
pisserie en signes que demande M. vôtre mari n*«st 
pas asses expliqué : est-ce un tapis de pied? — 11 pa- 
rait, madame, que vous ne demandez rien pour vous? 

Arcen-Barrou. — Ma belle demoiselle, nous ne 
portons pas de sac au crochet, ni autrement, ce n'est 
pais la mode — quant à la bourse au crochet , parse- 
mée de fleurs de lys, diminuez le dessin que je vous 
ai envojé pour boutonuicre de chemises d'homme, 
qai est sur la planche de U grande édition. 

Pi-èi de mon amie, — Vous aurez au mois de mai 
une toilette de mariée, mademoiselle ; je-désiro qu'tlie 
ptisse couTenir à votre, cousiue. — Darling est re- 
cûnnai'sant des avances de SunJerland. — C'est la 
faute de la poste si vqus recevez votre journal chif- 
fonné, mais c'est notre f.iute si vous ne le recevez pas 
exactement... cela n'arrivera plus. 

Valnripe. — Le journal a déjà mis cette légende, 
mais il n aurait pu arcepier la vôtre. — Vous me de- 
man iez si vous d'vez renoncer à la carfière des lettre». 
— Oui, mademoiselle, voue y rencontreriez trop d'ob- 
stacles, vous n'avez pas de guide, et vous n'êtes pas 
asfez lorte pour y Taire seule votre chemin. Je désire 
que vous preniez mon conseil comme une preuve 
d'amitié. 



Jti milieu de mes enfants chéris. — Madame, cinq 
uHits plis froncés au bas d'uu jupon et une bande 
uruée de cinq petits pMs, cousue au bas de ce jupoo, 
p^ruvent se porter pour deuil. — A vos autres ques- 
tions , je répondrai dans le journal. 

Sur mon bureau. — Je viens bien tard vous remer- 
cier de vos vœux de bonne année , madame , et vous 
pri-r de jecevoir les miens^ me fiant snr le proverbe : 
Mieux vaut tard que jamais. — J'avais fait ce que 
yous désiriez. 

Quelques demandes. — J'ai dû. dire souvent que la 
broderie anglaise se faisait en points de cordonnet ou 
en points de fesion. — Vous aurez votre nom. — Puis- 
que nos abat-jours surtout ont fait fureur en Hol- 
lande, je vous enverrai ce qui paraîtra de nouveau en 
ce ^'cnre. — Le poëte dont vous me citez le nom m'esi 
inconnu. —Vous no jouvez jamais être importune, 

mademoiselle. 

é .— — — ^— 

Auxerre. — LoT!>q<ie la mode sera décidée, je vous 
enverrai ces paîtrons. En attendant, cherchez sur les 
planches de 1850, U y en a de fort jolis pour petits 
garçon» de 3 à 4 ans. — Vous êtes contente du jour- 
nal, vûu^ le garderez pour que vos tilles y puis^^nt de 
bons conseils... Tout ce que vous me dito^ d'aimnble 
est b'. en dit,madome; le coeur compietid toujours le 
langage du cœur. 



A là Campa ff né. -^ Vous avez reçu votre nom, ma- 
dame, do moins je l'espère, car vous ne me dites pai 
k quelle édition vous êtes abonnée. — Je trouve que 
des seiviettes pliées en éventail , c'est uA peu table 
d'hâte ; il me semble que pliées en tr'angle et couvrant 
le pain, c'est plus propre et plus convenab'e. — Vovf 
aurez votre dessin de vide-poche. — Je sens qu'il y a 
sympathie entre nous, et que si nous nous voyiOas, 
vieilles amies inconnues, nous aurions depuis 18 aaa 
bien des ohoscs A nous direl 



Lusfévil.-^ Ce n'est pas par un esprit prétentieux ou 
romanesquef qae quelques abonnéQ.<( du jonmal datent 
leur lettre : Ve mon pavillon chinois — Prés de mon 
amie —Auhord de Veau, ete., mais bien pour n'être pas 
reconnues et par une norte de pudeur. J'avais besoin 
de vous expliquer le bot de ces petites phrases qui ont 
le malheur de vous agacer les nerfs. — Vous voulez 
bien me â\re, après avoir cité différents jonmaoa de 
demoiselles : Mi n Journal me contient , sa rédaction 
est très-bonne, et Tes causeries de Jeanne et de F/o- 
rence sont très-amusantes et fort instructives. Je res^ 
terai voire abonnée. Je vous en remercie. — ^ie, 
sous le prétexte de me faire une petite observation^ 
vous entrex dans une colère un peu rouge conira ttiet 
pauvres opinions. J'ai r<?ndu compte, il est vrai, de 
pièces fort piquantes : La propriété c'est le rolf — 
les Saisons, qui ont fait rire tout Paris, et voCfime 
dites : // n'y a que les lâches qui insultent les tain 
eus; merci de ^otre fraternelle" épithète. — Tout 
ajoutez : Je ne sais H vous me croyez républicaine, 
je n'ai pas analysé mes sentiments. Permettez-nMl 
de vous drre ce qt e vous êtes : à vot/e haine contre 
la nobleiese, contre la richesse, dont vous voya par- 
tout l'omnipotence^ que je ne vois nulle part, j'ai peur 
que vous ne tourniez au ^ociaIi8me... Ce qui n'em- 
pécherii pas que je vous envoie le dcssiu detapts^*rie 
que VJU8 me demandez , ni de recevoir vos vœux de 
honne année, et de vous envoyer les niit^nt... jusqu'en 
1852... 



Château de Brignac. — Je vous enverrai plu» 
tard bonnet et katzaweck. Que n'étiez-vou^t abonnée 
en 1850 ! vous n'auriez rien eu à me demander ! Mais, 
soyez la bien revenue, mademoiselle — Ja suis heu- 
reuse de l'approbation de votro père à certaines ré- 
ponses de janvier. — Darling, reconnaissaot des avan- 
ces de mademoiselle Mouche, se dit son dévoué servi- 
teur. 

Dà ma triste solitude. - Mettez Bijou sur un fond 
bleu ciel ou vert d'eau. — Dites-vous, pauvre Ame eti- 
lée, que les 200 lieue.s qui nous séparent ne sont point 
un obstacle à nos bons sentiments l'une pour l'autre. 
— Patience et résignât' on ! 

Du presbytère de près de la collection du Jour" 

nal des Demoiselles. — Vous aurez, sur la grande 
planche de septembre, un magnifique dessin d'étoleen 
tapisseïie, et je n'oublierai rien de ce qui pourra orner 
votre égli»e. — Je me anis transportée par la pansée, 
ledférrier., à noire revdex-rous de cfrur... J'avais bien 
besoin que vous me nommi-s à Dieu ! — 'Merci, ma- 
demoiselle, de votre constante amitié. 

Pffs la mystérieuse fontaine de Baranthon, — Ras- 
surez-vous, madame, je n'ai pas dit que ladomeetique 
qui a pris une serinette pour un moulin à poivre était 
de la Bretagne, et je veux croire que dans vos vil- 
lages on cultive rintelligonce musicale de Toi.* eau des 
Canaries; mais H est d'autres confrces où, sans mar- 
cher à quatre pattes , il est pererit d'ignorer le serin et 
son metrww»-Ri.— Lorfone, moyant veaper la province, 
vou* me dit»* qnSih PaH'i.'-w . inspecteur d'agricul- 
ture, daiis l'exercice de • ses fonctious , prenait des 



aotx pmr dei pnni«s, des ehoor ponr dn tsfosc, je ré- 
pondrai QQ'il avait sani doate la yvlb baise. — Les 
petites filles ne portent pas de robe* de mousseline, 
mais de jaconas oa de peroal^ — Vans anres tobre 
nom. £8t-ce bien Zénaïs r F« est tr^a-peu diaiincte. 



Par un temps affreum. — Vous aurf a le» Uroia eho- 
ses que vous demander, mademoiselle, mais un pen 
tard, car votre kttre était restée au bureau. 

V^ante». — On ne brode plus de mouchoir en soie 
-a'ine d*or, ni de lettres enlacées, et je ne peux vous 
«nvof er que ce qui convient à plusieurs. — Lisez avec 
attention la descripUoa des objets de toilette que je 
vous envoie, madame, J<) dis tout ce qu'il faut, et rien 
' que ce qu'il Cant. ~ Votre dernière demande vous 
jnra vite accordée Amitié ! 

Penset à moi, je pense à wmt. — Mademoiselle, il 
m'a élé impossible de vous donner le bonnet ; que ne. 
)e ftùtes-voua avec 1m dessins qae je vous envoie en 
broderie anglaise? — Voua aurez votre nom. 

Auzances. — Voua me croyez ingrate, ma belle de- 
moiselle, de ne pas avoir répondu à votre lettre si ai- 
mable. Hélas I je n'aTaia pour y répondre ni le temps 
ni la place ! — Ce que vous faiiea eat bien. — Les ro- 
bes de jaconas, A dessins, n'exigent pas de volants: si 
voua eu voulez maître, qu'ils soient longs, car les 
courts la'tsent voir le dessous qui n'est pas semblable 
an dessos — > Merci & votre frère, à votre mèn... — 
Puissiez-vous vous retrouver en famille ! 



Un petit grain d? coquetterie, — Gonanltes votre 
médecin, mademoiselle. — Au bal, piettex une guimpe 
de crêpe blanc, un on deux rangs de grosses perles 
banchea ou un veloura noir loorcé autour de votre 
cou, pour cacher le haut de votre guimpe, puis ayez 
nne robe décolletée, une Bdrtho, des manches pago- 
des et des gants demi-'.ungt. — Si,* grâce à vctre 
journal, de petite /o{/«* que vous ét}éz« voui êtes deve- 
nue un peu raisonnable^ j'en suis bien heureuse, et 
vous ouvre les bras... pour que vaus ra'tmhrassiet Utn 
fort! ^^_^^ 

Tulle. — Les petitqs filles de 9 ans n'ont pas de 
costume particulier , madame; c*e»t l'âge le plu« 
ingrnt : elles ne sont pins enfant, et ne sont pas en- 
core demoiselles. — Je penserai à vous, à votre fiUe. ~ 
Je vous donne la recette que vous désirez. 

En nous terrant la main. -> J'ai fait changer votre 
adr<>s»e. — Le choix que voire mari a fait de voui 
prouve qu'il est homme d'esprit. — Ne lui brodez pas 
de cravate. — A ses mouchoirs, broies le petit écus- 
son qui est séparé par une -barre, vou^ mettrez une 
leltro adroite, l'autre à gauche, c'est très-diatingaé. — 
S'il est trop tard pour le présent, ce a^ra pour l'ave- 
nir. — Adieu, ma boune amie, à bienldt! — En cau- 
sant avec vous je répondrai i votre a mable lettre. — 
Rappelez-moi 4 l'amitié de vos trois sœurs. 

De ma forteresse. — Jeté conseille un cfiâ'e en or- 
gandy, double. Je t'enverrai des dojfsins au moin de 
mai; si tu es pressée, cherche dans l'année 1850. —' 
Les katzawecks de 1849 et oenx de 1850 sont encore 
de mode. — Si, comme tu le crains, nous avions la 
guerre civile, je prierais et pleurerais avec toi, cartoua 
les soldats sont mes frères. — Tiiéln« si prè<« de moi. 
et tu n'as pas sonnéà ma portai c'eit mal... Je t'aime! 
tn vois qu'il y a de Uécho dans mon coeur. 

Au coin du feu. — Mademoiselle, personne ne 
pen^e à nettoyer son chapeau de paille, il y n des cho- 
ses qu'on ne peut bien faire «oi-mâme. — Vous avez 
eu de jolis de«sins de pantoufle en 1850, vont en aurez 
bientôt d'autres. 



De mon hureau'étagère, -^ Je remerc'e le hasard, 
ma belle demoiselle, qui vous a fait devenir notre 
abonnée. — Oui, vous pouvez porter des cailloux du 
Rhin. — Les gants de pean de Suède ne se portent 
que l'été, le matin, en néf^gé. -^ Le point de tige ae 
fait au métio>r ; on nn peut l'expliquer sans un dessin 

Îni le représente. — Il est minuit. Darling envoie à 
'ox on good night ! da si Toiz la plus c'aire. — Et 
moi, je vous envoie ce souvenir de mon cœor,airessé 
à votre cœur. 

N'ouhliex pas celle qui vous aime. — Vous. êtes 
malheureuse, vous souffrez... vous en accusez vos hé- 
sitations dans le chemin du devoir et l«s serments 
que vous vous êtes faits et n'avez pas su tenir... Hé- 
las ! ma pauvre enfant, je ne puis que voun plaindra 
maïs je veux bien entendre voire confidence tout en- 
tière... peut-être alors pourrai-je vous donner courage 
et consoiallon. 

Du bord de Veau. —■ L'etpace m*a manqué pour ré- 
pondre à vos nombreuses questions, madame la ma- 
riée, mais ai vous avez lu avec attention toutes les 
toilettes que noua avons décrite, votre choix est fait. 
Je n'ai plus qu'à vous souhaiter tout le bonheur pos- 
sible. 



Une Bourbonnaise. — Vous aimpz la musique et la 
danse, mai» vous éte«, dites-vous, noire et laid% vous 
n'osez pas vous habiller on toilette de bal, et vous me 
demandez mea consetia : lisez la 90* réponse. — Avee 
nne robe montante, on ne met pas de fleurs dans ses 
cheveux, mats on y met des rubans, c'est une coiffure 
qui sied très-bien. — Je m'occuperai de votre position^ 
qui ne me parait paa si désespérée, puisque vous trou- 
vez des danseurs. 

Au pied d'un cyprès. — Je répondrai partiellement 
à vos nombreuses questions, ma chère petite, et vona 
aenz content^de moi. — Si votre gros César n'humi- 
lie pas mou j9f /z< Darling^ à la bonne heure... aans 
evla {rnre les gros mots^ c'est comme cela qu'il se 
venge des gro.i chiens. 

En vue de la petiif. rivière d'Oib. — Oui, c'est un 
très-grand malheur d'avoir perdu ses cheveux... mais 
avec le) conseils d'un méde''in et la pommade èomagène 
ils repousseront... Eu attendant, jt^ vous recommande 
le bonnet de la planche IV. — Adéon est bien hon- 
nête, et Darling me charge de le baiser sur le front. 
Quant à Mimi, dites-lui que^je ne partage pas la mé- 
fiance de certains petits roqoets contre les chats, et 
lui fais de bonnes caressée. — Adieo, madame; merci 
de vouloir bien m'aimer. 

Château de Lawy. — J'ai en l'honneur de vous dire 
que les édredons notaient plus de mole ; qu'on en 
faisait une espèce de matelas piqué. Les nombreux 
deskins de filet pour broder en reprises ne con/iennent 
que pour former des manteaux de lit, des nnppes d'an- 
tel, des tapis de table, des dessus de cheminée et des 
dessus de commode. Si ces <jarrés ont quelques mailles 
de plus les ans que les autres, ayez <iea mou'es plus 
gros les uns que les autres. Je ne conaprenda pa.s que 
vous me demandiez si nu mouf^ d'un centimètre et 
demi pouvait vous servir; mais c'est trois fois la gros- 
seur de celui qu'il vous fkut. Relisez, je vous prie, la 
description de ce travail, année 18 19. 

La Ferté Loupière, près du pont neuf. — Pour den- 
tiste, je t'indique M. Labarre tils, et tu m'en remeï- 
cieras. Tout le monde te dira son adresse. -- Comme 
personne ne porte de chà'.e au crochet, on n'a pas su 
me dire ce que le tien aurait pu coûter. — Saiponne ce 
châle, r<»passe-le à l'envers ainsi que sa frange, ou 
donne-le à un teinturier. — Voilà, ma chère amie , 
tout ce que je puia répoudre à ta longue et bonne 
lettre ; je suis pressée par le lomps, resserrée par l'es- 
pace... Adieu 1 



lA UV&E USB ÉOOUB&S 

. (dieu — PATRIE - FAMILLE.) 

Par M"« J. J. Fouqueau de Pussy. Prix : 3 f r , au bureau dn Journal des Demoiselles, bou- 
levard des Italiens, 1 ; 5 fr. par la poste. 




> 

I: 



10 FRANCS PAR MPOCKPABIS, 

12 liâtes pou iBS dtpaitemenls,— 14 Sam fm I 
15 Ima pour l'Espipe et It PortugiL 



19'iiiiiée. — 4"Série. 



K" 5.— 1" Mal. 



iD NiUD m «rniiu, looinuD ois nui 



Jkin/wuin/wuuinAfwyiAAnnnAnnAnAAn/uuuuuiA/ 




AVIS. 



Ob ne ponrra faire «rolt à mmtumtB récUnuiiloBs, il cllec ae soBt 
nonero d'ordre écrit à la malD Mir la kaode Imprimée «ol cosYre le Journal 



RÉPONSES D'AVRIL. 



Saurilînngei. — Il est bien tard, mn^^emoixelle, 
pour répoa^ra à votre lettre ; ma's la place m'avait 
toujonri manqua! — Oui, je p^nse comme vqts, tout 
oh'nu trouve »im nid b^au. — Vous aurez de? patron* 
de il»*iir« eu papier, au risque de déplaire k : ourroir 
det Quatre -iiifurs. — Darling reçoit les co-ipg de bec 
de TOtre Cocotte^ paisque ce sont 8»s care'^es. 

Parit. — Je vous re;nercif, roonni'ur, fios vers que 
vous avez bien voulu envoyer au Journal d-s Df-moi' 
êellegf maiii ils ne peuvent lui convenir. 

H — Ce n'est pin la première fois, ma ciière 

ami«, que l»? ni.il a sa récorapen.ve sur la terre, car ce 
retard du journil m'a vam de h,en aitia'* »•> r pro- 
ches... en comptant les TÔiresI — Volrtî lo-ietle était 
charmante et dist ngnée. — Oui, je m'int-^rest: à votre 
mariaK*''.. niai« jh m luléressa au.^si à rolre pauvrd 
pète ; qui va se trouver aeul. .. abandonné !... — i e tous 
baise au front. 

Une lettre encadrée die noir. — Vous aurez 'ii s des- 
sins de bourse, madame. — Pour mo icîioir de douil, 
prenez le de.sKin de la pelote numéro ^, pLauche II, et 
brodec-le au crochet, en soie noire. 



Caen. — Votre nom n'est pas sur nos registres, ma- 
demoiselle. 

De ma Congrcgntion. — 11 y a de pl^i^r à être 
lonée par vous; Cr.la n'<'St ni fade ut vulg.iire, et je 
trouve qu'avec vos quinze an.^, voua et»-!! plus qxi'aises 
gentille. — J'ai bien ri du système d'»;coiJomi.' de ma- 
dame votre mère ! — Ce» petite* majuscules, pour mar- 
quer le litige, sont sans doute brodées; je vous en en- 
verrai un alphabet. — Adieu, enfant gâtée! — Tin- 
iim est tu nom original, Darhng en a dressé les 
oreilles. 



Méâ*ah. — Le grand nombre des renoavellements 
a occasionné le retard dont voas avez eu raison de vous 
plaindre, mademoiselle, et j'en ai été bien contrariée. 

Posad'oro [Pologne). — Si votre famille est abonnée 
depuis dix ans, mademoiselle, vous avez dû trouver, 
on décembre 1347, une liste des livrei que tous pouvez 
lire; à c<*tte liste, j'ajouterai les premières années du 
Journal det Demoiselles. — Je suis bien heureuse d'a- 
voir pu mériter l'approbation de madame votre mère, 
et voire Kympa'hie pour moi ne mo surprend pas; 
dans iiotre orgueil ualioral, nous disons: les Polonaises 
iO'it les Fran^'aises du Nord I — j'accepte avec recon- 
naissance votre (rauuction d'anglais ; si vou9 l'aviez 
lignée, nos noms au moins se seraieot trouvëi réunis! 
— Maigre vus quinze sns et votre petite taille, mettez- 
vous comme une demoiselle, je vous en prie! — Je 
vous enverrai ce que je pourrai de tout ce que votia 
me demandez. 

De ma salle d'étude. — Mademoiselle, vous avez 
déjà un alphabet et* broderi>i anglaise ; au mois de juin, 
vous en recevrez nu qui se brodera au plumetis; (n 
attendant, que ne prenez- vous les initiales det noma 
que vous trouvez dins le Journal? 

Grignan. — Je ne vous envoie, madame, que les 
objetA de toilette les mieux portés..... c'est à vous de 
choisir. — La mousseline d-j'laino blanchaest très-peu 
convenable pour des jeunes filles de cinq et de neuf 
ans. Je ne sais vraiment quelle fsçon vous indiquer. 

Près du Journal det Demoiselies. — La mise d'une 
demoiselle de vingt-sept ans, qui est nécessaire à sa 
famille et croit devoir renoncer au mariage, eit celle 
d'une dame. 



Je meurs ou je m'attache. — Je n'ai fiaa trouvé de 
livre qui voulût m'indiquer la manière défaire lea S«- 
V'irins, et les pâti<isi-r3 ne le vou iraient pas. — Ton 
^'à eau de carottes ressemble un peu au thé do madame 

(iibou cependant je l'essayerai, et je l'en remercie. 

— Ta raison, qui te disait de ne p.\s entrer an n* 46, 
a en tort, tu d«svais écouter ton cœur. Tu ii:e trouveras 
toujours un diaanche de une heure à cinq. — Jo ré- 
pondrai à ta dernière question. 

ChanteJose. — L'objet que vous déUrez, et surtout 
avec yo- initiales, ne pouvant convenir à un grand nom- 
bre d'abonnées, je regrette de no pouvoir vous satis- 
faire, mademoiselle. 

Près de metfleurt. — Vous demandez «n* prime, 
parce qa il j a, dites-vous, dix-neuf ans eue vous êtes 
abonnée an Journal des Demoisellet... Mais A votre 
04101 p:e, il faudrait bientôt que le Jooxnai payAt ses, 
abonnées... 



Ktalhet. — Les étoffes sont toujours les mêmes, 
dame, seulement elles changent de nom tous les ans. 
— Je vous tiendrai au courant des modes. 



Saint-Fernando. — Les objets dont vous me deman- 
dez If^s dessins, madame, ne sont point en usage dans 
nos église.<i, voilà ce qui m'a empêché de vous les en- 
voyer : on couvre le saint ciboire avee des pales, nous 
en avons envoyé plusieurs. Recevez mes regrets. 

Toulouse. — Je n'ai que des remercîments •& vool 
adresser, madame, pour votre aimable ei gracieuse 
lettre. 

En face de ma verte colline d'orang.rs. —Il parait 
que vous n'êtes point une ancienne abonnée, made- 
moiselle j je vous expliquerai ce manteau de lit. 

Lisbonne. — Comment ! ces quelque» lignes 4 votre 
adress»' ont été répétées dans un de vos journaux?... 
C'est très-flatteur pour elles I — Merci de votre pensée; 
elle était encore odorante. — Nous sympathisons sur 
deux points : l'amour pour certaines personnes et 
pour nos pays respectifs. — Je fiii des vœux pour 
votre reine, je 1 aime. — S. vous venez à Paris, je vous 
tends la main. 

Par un temps nfigrux — I^es manches pagodes de 
la planche 111 peuvent vo :s convenir. On en fait beau- 
coup girnies ne deux rangi de bandes brodées. — 
Votre lettre est bonne et aimable pour moi, vous criti- 

2uez celles qui me critiquent, puis vous vous joignes 
celle» qui réclament Za Revue det Théâtres]... Mais 
vous savez bien ce que je leur ai répondu : Il n'y a 
pas de pièces qui soient dignes de vous être racon- 
tées 1... Je vous boude. 



Manneville. — Chaque romance coûte 1 fr., franche 
de port. Adressez vous à M"' Bonoldi, ancienne mal- 
son Pacini, bou evard des Italiens, n* 6, et affranchis- 
ses votre lettre — Les vers ne peuvent convenir, ma- 
dame, mais je vous en remercie. 

Paris. — Je vous envoie un mantelet nouveau. 
C'est à vans, mademoiselle, de prendre vos mesures, la 
quantité de l'étoffe dépendant de la largeur de celle 
que Vous emploierez. 

Prtj de mespigeom blancs.— Vn châle de crêpe de 
Cbiae est assez précieux pour ne point risquer de la 
nettoyer soi-iuùme... Je n'ai pas d'autre conseil à vous 
donner, madame. 

De »ion foyer toUtaire. — J'ai dit en IdSO tout ce 



que je pourais dire sur les crèchet. Madame, adresse^ 
TOUS à M. Marbeaa, leur fondateur, roe Joubert, n* 4", 
par une lettre affranchie ; je ne doute paa qu'il ne vous 
donne tous les renseignements que vous désires. 

Emerhîas. — Je n'ai trouvé personne qui ait pu me 
renseigner sur une aube au filet ; mais le nombre de 
points dépend de la grosseur du réseau, et cela dépend 
de vous. — Je préfère les mouchoirs qui se brodent eu 
points de feston... c'est plus comme il faut. — Je suîj 
bien en retard, madame; daignez agréer mes excuses ; 
votre lettre s'était égarée..- 

Marsillarguêi. — Vous avez envoyé 10 fr., made- 
moiselle, et vous recevez un journal de 10 fr., c*est-à- 
diro la petite édition augmentée de h ail gravures de 
modes, une chaque mois Si vous voulez ajouter 2 fr., 
on vons envorra les nuaiéros suivants de la grande 
édition, ou 5 fr., et l'on voua enverra de plus les nu- 
méros parus. 

De mon jardin de Paris. — Une maison de ref «po 
servie par les petite» sœur* det paurrest vient de s'oo- 
Trir rue du Regard, faubourg Siint-Germain. Le re- 
fuge coûte 160 franc* pour une femme, SOO pour un 
vieillard. — Je suis reconnaissante, madame, de vos 
bons sentimenta pour moi. 

De ma chambre hîeue. — Je .suis bien coupable de 
ne vous avoir pas pépondn plus tôi ? Père, mère, frère^ 
lœur.. vous êtes tous si bons pour, moi ! — J'ai donne 
en 1850 le bonnet qne tous me demondez ; je vais en 
chercher un autre. 

Cetion-la-Hastide. — Madame, si vousn'aTez pas 
reçu le Livre des EcoîitrSy c'est qu'aux 3 francs que 
TOUS avez envoyés, il auraii fallu ajouter 2 francs pour 
la poste. Les 3 francs ou le livre sont i votre disposi- 
tion. 

Villrguert. — Vou«î avez déjà r-'çu réponse à l'une de 
vos demandes, madame, vous aurez réponse à l'autre. 



Saint-Venant. — Que de malheurs coup sur coup... 
pauvre f''mrae ! pauvre mère J... veillez bien sur ce qui 
TOUS reste'.... Je ne peux que pleurer arec vous, et 
prier avec vous ! 

Heureuse et fière de mes deux filles. — Je n'oublie 

Sas que les mères sont coquettes pour leurs petites 
lies. 

De non Ve aux vertes collines. — Oui, ma belle de- 
moiselle, dans tous les pays da monde, les abonnées 
sont mes filles ou mea sœurs. — Vous avez déjà trois 
des choses demandées ; quant à la quatrième, faites un 
semé dans votre caneseu et garnissez-le d'une bande 
dont la dent festonnée oontieodra ce semé. 



Près de mes ûeurt. — L'éloge qae'Tous faites des 
œuvres de M"' Eveline Ribbecourt est en même t*<njps 
Totre éloge, mademoiselle. — Les embrassements de 
coeur que vous envoyez à Jeanne sont arrivés à leur 
adresse, et mon cœur s'empresse de vous envoyer les 
de&s. 

Au milieu de mes élèves. — Vous aTez ou Tous au- 
ras oe que vous demandez, mademoiselle. 

auprès de mon père. — Consultez votre famille, VM 
goftts et votre aptitude, mademoiselle, je ne sais réel- 
lement que Tsms répondre sur l'état sédentaire que vous 
devez cnoisir. 



— 4* pour le sachet, plus tard ; — 5* le Livré desBc9' 
tiers peut être donné a un jeune homme de neuf à 
quinze ans ; — 6' le manteiet Stella se porte encore... 

— La lettre que vous m'avez écrite au mois de jan- 
vier, madame, je ne l'ai pas reçue, et je la regrette, 
si elle rwsamblait à celle que je viens de recevoir. — 
Puisque vous voulez bien me nommer votre amfe, don- 
nez-moi une petite place entre vous et votre mari, et 
croyez que je vous en serai bien reconnaissante. 

Entre mon carlin et mon roquet. — Je vous ensei- 
gnerai ce qne vous voulez savoir, mademoiselle. — 
Quant à la romance, le journal a pris des engagements; 
je vous remercie. 

Tourcoing. — Madame, en 1814 j'ai déjà donné des 
détails Siir La manière de meubler un appartement, la 
mode n'a pas changé. 

Vn éelf ctique. — Vous vous trompez, monsieur, sur 
le nom de la personne à laquelle je réponds dans la 
numéro de février. — Vous êtes, dites-vous, noire 
aboDué depuis la création du journal ; alors, vous avez 
dCL voir que mes sentiments ont toujours été les mêmes, 
et je vous assure qu'ils ont la sympathie de toutes les 
familles, sauf deux ou trois exceptions dont vous faites 
partie, et si vous croyez que ces sentiments puissent 
influencer sur des sentiments contraires, vous me faites 
trop d'honneur. 

Erreux. — Vos goûts, en fait de toilettes, sont ab • 
sulumeut les miens, madame, et le journal vous ré- 
pondra. 

Des hords de îa Seine. — Nous tâoherons de réson- 
dru votre embarras, madame. J'ai pris pour moi seule 
le baiser que vous envoyez à Jeanne et à Florence. 

Pays haut. — Je n'ai pas encore pu mettra la main 
sur nu cimi de It taille d'un chien... c'est diffîcile!... 
Merci, madame, de votre bonne opinion du Journal. 

Paris. —Ma réponse est si tardive, madame, qu'elle 
devient inutile. Les journaux vous ont appris que cette 
maison de refuge et^i rue du Regard. — Vous appelés 
un p'tii mouf?ement d'amour-propre le désir d'une ré- 
ponse; mais ce désir me donne beaucoup d'orgueil. 

Au retour du printemps. — Vous aurez tout ce que 
je pourrai vous envoyer, mademoiselle, et je serai très- 
flsAtèo de vous recevoir à votre premier voyage. 

Mareuille-sur- Belle — Vous avez au moins, depuis 
un an, une douzaine de dessins de broderie anglaise 
pour garnir cols et manchettes, et vous en recevrez 
chaque fois, madame. 

Nantes. — J'embrasse iiit fille qui Tsut bien pro- 
noncer mon nom dans les prières, et j'enTerrai à tiH 
mère ce qu'elle demande. 

Près de ma mère et de ma sœur. — Mademoiselle, 
on ne porte pas de manche* pagodes eu tulle brodé 
avec application, je ne peux tous en donner de mo- 
dèles ; — les desrins de tapisserie dont vous parlez 
eout troavés très-laids... à Paris. 



D'une forteresse isolée. — V On place les serviettes 
en pile et on en remet une à chaque personne en lui of- 
frant une tasse de thé; — S" tous aTez deux dessins pour 
broder votM chftle; — 8* vous «nrez TOtre 



Nimes. » Pour les présents à faire à son fiancé, il 
faut suivre l'usage du pays qne l'on habite, joadenoi- 
selle... mais peut-être êtes-vous déjà madame ? 

Deux lettres timbrées: l'une à*Ostende, — Tautre, 
dont le cachet représentait un chien avec ces mots : 
Beviensvitef n'étant point affranchies, n'ont point été 
reçues. 

D^ rèpoimes à des lettres de mars et d'aTril n*ont 
pu trouTer de place ; il ne m' en teaie que pour expri- 
mer mes regrets. 



IB I.ITB1I BBS ÛOOtXBBM 

(DIEO —• PATRIE — FAIULLK.) 

"^ Par M«»e J, J. Fouqœau de Pussy. Prix : 3 fr,, aa bureau t!« Journal des Demoiselles, bou 
levard des baliens, i;li frases par la poste. 



HM^ 




MltAISSAirr LE 1" DE CHAQUI' 



Ce Journal se compose de 13 livraisons de cbacune deux feuilles, impiin 
Il coDllent : J gravures sur acier, 2 dont les sujets se riltacbent aux i 
e journal ; et 2 représentant chacune un des remarquables tableaux du Sa 
musique : les romancva les plus jolie*, les quadrilles les plus brillaola, 
velles, les polkaa, mazourkaE et schotiscbs tes plus à la mode — 4 planches 
coloriées — 12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfants el de Jeu 
illustrés — 24 grandes plancbes contenant des patrons de grandeur natun 
- pèlerines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets — mantelels 
garçons — de petites Qlles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs 
signes qui les représentent — des dcssioa de broderie pour : cols — manc 
boonels — robes — gilets — caoeïoua — jupons — camisoles, elo. — Des on 
[ue : cartes de visite, têtes de lettres coloriées — pages manuscrites — Deu 
— bobèches, etc. — ouvrages au tricot, au crochet, au Blet, toujours clairem 
mprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné. 

10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 (ï: 
10 francs pour l'Espagne et le Portugal. 



TABLE. 

CINQUIÈME NUMERO. 

Instruction. — Christine de Pissn, étude biographique et littéraire, par 1 

lioghaphie. —Le Guide du Domestique, H'> J. j. FouODEiu de Pussy.. 
LiTT^BATURK ÉTRANGÈSB. — Le Télégraphe éleolrique, traduction de M. Ss 

Eddcàtion. — Mtllon et ses Filles, par M. A. Jadin 

Chanson. Qi;and on n'a pas ce que l'en aime, il faut aimer ce que l'on a, 

Councv, musique de Clambson 

Revus des Théâtres.— Bataille de Dames, par MH, Schibe et Legoovë, H' 

DE Puasv 

Saion DE 18S1. — Troisième article, par M"» EDifiE di Stva 

Economie domestique — Charlotte russe. — Pomtnes flambantes. — Sirop d 

Enigme BiSTOniotE , M* 3, par A" E. R. . . 

CoHHESPONDANCE, par H" J. J. FouocsAU DB Pcssr 

EfuëmAivides.— Prise de Constanlinopte, par les Turcs 

MosAÏonE 

RÉBUS 

GiUTDiiE. — Salon de 1801. Hilton et ses Filles. 

HonouB. — Le Chant de la Nourrice, paroles de Charlu Nodieb, musiqu 

CaOMHE. 

PLANCHE V. N> 1, Encadrement de chAle. — 3, Col. — 3, Sa garniture. ■ 
S, Chartotu. — è, Àlbtris, écusson. — 7, L^s en tapisserie. — 8, Signes 
11, 12. 13. manielet parisùn. — 14, Col mazarïn. — 19, Dessin pour reco 
16, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 33, 24, 2tt, 20, 27, 28. 20, 30, 31, Angtlini 
Berthe, CUrnentine, Apolline, S B, JMnu, ÀUxandrine, Liontine, Zénaù, 
G. E. D. Alice, noms demandés. — 32. Encadrement de châle. — 33, Cb( 
38, Enlra-deui. -36, Manchette. — 37, Poignet.— 38, Basde japon.— S 
— 41, Bas de Jupon en points de rose. — 42, Entre-deux. — 43, Dass 
perles. — 44, Pièce d'épaule et manche pour peignoir, et camisole. 

pull. — T jpoEnphlB ds w T* Donilej'Dapt^ , n* Siial-laati , 4S , ■■ 



i^mmsm^m^ 




iuvuv\njvwvvwuvvnnnfuinAAfuvvuvuuuvuvuuuuuvi/\ 



EIHSBU 



(0 FRANCS PAU AN POUR PARIS, 

Irancs pu les dèpirtacnls,— 14 fmus pour l'élniger. 
15 tacs po¥ l'Sspajne el le Ponnsal 




AVIS. 

Un oe ponrra faire droit 4 aucaBeft r^Umatloiu si elles ne timt aceompacaée* 
eu naméro d'ordre é«rU à la main sor la bande mpiinife «ol eonvre le Joamai. 



R£POi>SES DE MAI. 



Près de mes pensées en fleurs. — On a fait droit à 
Totre réri:Iamation, mademoiselle — le compte-rt^du 
des pièces de théâtre était, dites-roos, très-amvsani, 
et vous le regrettet... mais j'ai déjà répondu à de pa- 
reilles plaintes que je ne trourais pas depières qui fus- 
•ent dignes da tous ôtre rscootéei... tous Toyez 
d'ailleurs par le numéro do mois de mai que je ne de- 
mande pas mieux que de tous ôtre agréable. — Vous 
aurez la recette. 

Sous mon rocher du pasiour. — Comment peut-on 
Atre ce que lu dia aye» des yeux bleuf, des choreux 
blonds dorés, et la peau tràs-blancha... tu te calomniea 
•t surtout qnand tu dia que tu n'es qu'une campa- 
gnarde... mais tu ne me tromperas pas, ma spirituelle 
amie, je m'y coonaia I — J'ai donné la recette du cold 
eream en ld'jO;aa lieu d'eau de rose, mets-j de l'huile 
deroae. 

Une abonnée à la grande édition. — Les 25 patrons 
qui composent une layette ke trouTont chez M^'.Be- 
reux ; pour 6 fr. tous aurez ce qui tous sera le plus 
utile; je n'ai pu encore trouTer place sur doi planches 
pour ce.H patrons, les broderies absorbent tout. Rece- 
vez mes regrets, madame. 

Près de mes pervenches bien aimées. — On ne por- 
tera guàro d'écharpe, ma belle demoiselle. 



SoHvenee-voL's J — Oui, madame, si ce chah de 
tulle brc'lê au passé est a'un beau noir, s'il n'est paa 
trop peiii, il peut se porter encore — la casquutte de 
Telours est >rop chaude, tous avez raison. 



Des li'ux que je vais quitter à regret. — Il me fau- 
drait un volume pour vous répoudre ici, et je n'ai que 
quelques lignes...— Je ne voua ai jamais conseillé le 
journal en question, madame. — Je vais faire la liste 
des livres que v:us pouvez donner à lire h mademoi- 
■elle votre ûlle. — La pommade comagène peut rendre 
la vie aux cheveux... a condition qu'ils ne seront pas 
tout à fait morts. — Vous recevez les gravures de iLodea 
beaucoup trop tard, dites-vous, je ne suis pas de votre 
avis; coronvni pois-je savoir avant le 1" février ce 
qni se portera au printemps? avant le 1" novembre 
ce qui se portera en hiver ! — A quoi bon envoyer 
Totre tille en pension à Paiis'/ — Hélas! nos jours 
prospères ont fui!... est-ce pour tonjours? Dieu seul 
le sait! — Je reçois votre amitié, madame», à con«iition 
que vous voudrez bien recevoir la mienne en échange. 

A'j bords de l'Esse. — Le trousseau, la corbeille... 
tout cela d-p«'n 1 du pays que vous habitez, de vutrc po- 
sition sociilJ et de celle do voire futur mari. Je re- 
grette, nndemoiselle, de ne pouvoir répondre à vos 
questions... mais je ne 'e saurais. — Mt rci de votre 
bieDveillanoe pour le Journal. 



Près dr mon piano. —.Mademoiselle, jamais les 
gants b!aiics et paille ne noui as^'ez frais quand ils 
sont ni'tti-y.^s. jo VOU.S conseille do les faire teindre en 
noir, pour col hivor. — Vous avez ie« «heveux courts, 
vou.H 1 f» \ )i'l.'7 pa-, VOH3 coilF.T à la Ninon } coitT»'Z- 
vou> li la rhiuoise, si cela vous sjod, cest la mode, 
voi» . ,'j( ■;'• riîz uun ire'^'^o autour du cordon qui roue- 
rait vos » II* V'ux. — Je vous enverrai ce que vous de- 
mandez. 



mille lieues de la France ! A cette idée le cœur vous 
bat... le cœur battrait A moins!... — Sur la gravure 
de modes, vous avez une tciletle de mariée— vous avez 
la toilette de sa sœur ^ai peat être pour vous celle da 
lendemain. —Qae Dieu tous protège et vous coadaise ! 

Sous mon beau ciel du Languedoc, — Votre lettre 
s'était égarée, mademoiselle, mais le hasard m'a fait 
TOUS enroyer one partie de ce que vous me demandiez. 
— Quant au dessin dnn bonnet en filet brodé, cela 
n*est pas de mode. — Allez veilUr aux soint de votre 
empire, tâchez de remplacer pour les autres^ celle que 
rien ne pourra reoiplaeêr pour vont. 

Près de ma fiUe. — En 1848 il y a un patron da 
robe de baptême ; cette robe ne peut servir qae si l'en- 
fant est porté dans les bras, pins tard on pent la rac- 
courcir. — On met à une petit fille de quatre mois, 
pour la promener, une robe et une pèlerine de percale 
brodée à l'anglaise, ou garnie d'ane bande brodée de 
même. 



I 



A mo (ii.> rèle amie. — 11 ny a de remède qu'une 
P"liu* {.Inc.. oi puis du cournge, car « il faut souf- 
jrii pour éti- b*Ue,i> disait Agnè* Sorel»^n se mettant 
un coUi. r u»» pierres précieuses, non taillcpf, qui lui dé- 
chiraient le cou. 



Beaumont. — Mademoiselle, en lisant Totre gra- 
cieuse lettre, j'ai été bien contrariée de ne pouvoir y 
répondre selon votre désir, car vous ôtes abonnée à U 
petite édition, et la guimpe ne pouvait tenir que sar la 
planche de la grande éd. lion. 

.Srt's^— C'est sans doute le climat qui en est cause... 

consultez les médecins; mo*, je ne peux que vous con- 
seiller la pommade comagène qui se vend chez M"* Bs- 
reux. 



Près d" n's sœurs. — Les ch&les d'organdy (et non 
de mousselin^f] se portent grands de six quarts (veux 
style] ; vous avez deux dessins dans la grande édition. 
— Je ne crois pas que l'usage de l'eau sur la tâ*e 
fasse blanchir les cheveux. — Je vous remercie dos 
choses aimables que vous vonlcx bien me dire, made- 
moiselle. — Il y a des figurés qui excitent la ^ympa- 
thie, il y a pour moi des écritures qui ont ce pouvoir... 
la vdtre est du nombre. 



Courage^ espoir, patience. — « J'ai, dites-vous, la 
* faiblesse de croire que les réponses qui sont sur la 

> couverture de mou Journal ne sont que de pure in- 

> vention ; vous seriez de la plus grande amalilité de 

> me répondre, afin do me prouver que ce sont de vé- 
y ritabks réponses, et vous me rendriez service, car il 

> serait triste de croire que ces charmantes petites eon- 

> versaiions viennent de votre imagination, et ne sont 

> pas d's réponses véritables à des lettres avoua adres- 

> sées. > A certaines questionSf dit le proverbe, pas de 
réponse; j'ai fait ce que dit le proverbe... mais vues 
m'avez écrit une leconde lettre dans laquelle je vois 
que c'est à votre cousin qu'est venue cette lumineuse 
idée... c'est différent... je vous réponds. — Vous me 
demandez votre nom : Cydatise, vous l'avet ; le sien : 
Athanase... vous ne l'aurez pas; je ne suis pas obligée 
d'envf ver le nom de tous les cousins, surtout qusnd 
ils se nomment Athanase et ont si mauvaise idée de 
mou caractère. 



Angouïcme. — Vous vous mariez, vous allez à six . 



Tar<rny. — Je vous remercie, madame, de l'atta- 
chement que vous portez au Journal des Demoiselles. 
i^uini uni mauvais sentiments qu'il a exciiés en vous : 
la jalousie, contre celles à qui je répondais des choses 
aimabks; l'amour propre qui vous fait désirer qu'à ses 
quatre gravures sur acit^r, votre Journal puisse «goûter 
encore d'autres avantages afin de l'emporter en tout et 
sur tous... ces mauvais sentiments vous seront par- 
donné», je les prends pour moncompte. 

Près d( ma f-dite-hièce. — Le velours de coton blanc 
ccûte 4 francs le mètre, a:adame, mais je doute que l'oa 



puisse tur cette étoffe rien faire de bien en peinture. 
Voas avez, pour enfant de deux an*, en 18S0, dans la 
grande édition, on patron de katsaweck en broderie 
englaise — si le dessin ne tobs convient pas, entourez 
Ce yétement d'one bande frraicée »ur laquelle Tons ferez 
un dessin de broderie anglaise. Votre nièce de 19 ans 
pourra se paror du mnntelet de la planche VI.— -Je suis 
bien hi>ureuse que l'esprit du Journal soit apprécié 
par madame votre sœur, comme mère, et par vous, 
comme tante. 



De mon chdleau en Siiésie. — Je suis étonnée, ma 
belle demoiiielle, que vous ne consultiez pas les gra- 
vures de modes, et rurtout les ensembles de toilette 
que nous von* donnons chaîne mois ; vous y verriez 
que demoiselles et jeunes dames ne portent de robes de 
mousseline qu'au bal, en été, à la eampsgne, et ja- 
mais en v'site, en promenade. — A douze ans, la jeune 
AUe ne porta pins de roba de percale blandie. — Les 
pantalons de voire sœur de huit ans doivent être longs. 
— Votre frère les portera courts jusqu'à cinq ans. — 
Votre lettre n'étant pas affranchie, a coûté 1 fr. de 
port au commis qui Ta reçue, elle devait être refusée. 

De mon paisible cabinet. — Mademoiselle, comme 
pour faire un civet il faut d'abor j un lièvre, pour 
broder au passé il faut d'abord un mét'er; en avez-vons 
nn? — Que ne donnez- vous à ce monsieur on coussin 
de fauteuil en tapisserie, un buvard, une couverture de 
livre ? — Des choses que vous me demandez, je vous 
envola l'une, mon amitié, et plus tard je vous enverrai 
l'autre : la manière de broder au passé. — Darîing est 
trop bien élevé pour ne pas répondre à la politesse de 
M. Stop. 

Soui les yeux de leur bonne mire. — Vous voyez, 
mesdemoiselles, que j'ai répondu à vos demandes. 

Devant mon feu <ît cheminée. — Votre sœur a plu- 
sieurs dessins à choisir. — Quant aux modes, le Journal 
vous a répondu et vous répondra. — Ne prenez ni les 
volauts ni les dentelles, et les modes de dames vous 
serviront. — Que voulez-vous, ma chère amie, mes 
poëtes sont devenus des hommes politiques... en ré- 
publique il y a peu de poëtes! — Soyez tranquille, 
vous ne redeviendrez pas allemande, votre cœur est 
trop français, et nous irions vous faire rendre votre 
nationalité. — Que vous avez des mots touchan'.s : les 
orphelins n'ont pas asset aimél 

Près de mes chers parents. — Les petites filles sont 
fort élégantes, comme toujours; elles se mettent de 
même depuis trois ans jusque six — vous avez un 
modèle sur la gravure du mois de mai. — Malheureu- 
sement la petite édition ne peut donner de patrons avec 
les broderies. 



De celle-ci j'attends plus de succès. — Lisez la troi- 
siègae réponse, madame. — Je vois qu'une mère devrait 
toujours garder les patrons de la layette de sa fille et 
les ajouter à son trousseau. 

Moulins. — Depuis dix-huit ans et demi il est pos- 
sible que notre dessinateur nous ait vendu deux fois le 
même dessin, s'il était redevenu à la mode; on ne peut 
pas exiger plus, de la mémoire des yeux. — Je vous 
ai annoncé VEaueaiion du foyer de madame Molinos 
Lafitte, il se p^ye 1 fr. 50 c, et vous vous plaignez à 
moi de ce que ce petit volume n'est pas un ia-S"; mais 
d'abord ce n'est paa ma faute, puis la sujet ne le com- 
portait pas, et le prix devait vous annoncer la grosseur 
du volume. — Vous avez eu, vous avez, vuus aurez tous 
les dessins que vous demandez en broderie anglaise. 

De l'ermitage que j'avais rêvé. — A huit ans, un 
petit garçon e^t trop grand pour porter de.s pantalons 
courts. — Vous comprenez, madame, que i'âge ne fait 
rien aux plis que Ton met ou ne met pas au bas du 
pantalon d'une petite fille de d<x à douze ans. — Quand 
il ne fait pas chaud, des manches de dessous en per- 
cale, montées chacune sur un poignet qui se boutonne, 
conviennent à la ville e't chez soi, sous des mancheâ 
pagodes. — Jeanne et Florence vous remercient. 

N' 5658. — Cherchet et vous trourerti, madame ; 
ce bonnet de baptême doit étro sur l'une des planches 
de 1850, je ne pourrai en donner ce moii-ci. 



De mon cabinet, — Je vous excuse, mademoiselle, 
car je sais mieux que personte ce que c'est (}ue le< af- 
faires. — Je n'ai pas de filoir sous les yeux, je ne peux 
vous dire en quoi le vôtre est défectueux. — Quand 
vous en aurez le temps, pensez k moi I 

En attendant le printemps. — Mademoiselle, je vais 
rechercher l'éditeur du livre intitulé ; Conseils aus 
mères. — Rassurei-vous, nous n'avons pas l'intention 
de votts faire prendre des gravures de modes poui: des 
portraits. Ces figures sont toujours très-grandes, ttès- 
gra^ses, et minces de taUle, elles ont la bouche comme 
une cerise, le pied tout petit, c'est chose de conven- 
tion... et Us ParisiMnes ne trouvent cela ni faux ni 
ridicule. •> Si Love fait une caresse à Darling^ Dar- 
ling lui en fait deux. 

Auprès de ma jeune sœur. — Vous aurez au mois de 
septembre l'éiole en tapisserie, mademoiselle. — Vous 
avez dû recevoir le numéro que vous aviez perdu; pour • 
vous acquitter envers le Bureau, vous enverrez 75 cen- 
times en renouvelant votre abonnement de 1853, car 
vous ne quitterez pas votre Journal, ce phare qui^ 
dites-vous, vous éclaire et tous guide au milieu de ce 
monde oii vous n'avez plus de mère ! 

De ma pelouse verte. — Vous dites que votre robe 
est née sous une mauvaise étoiUf madame, qu'elle est 
malheureuse... ne serait-ce pas parce que vous êtes un 
peu... maladroite,! On l'a dit : le malheur ne fait 
jamais que la moitié du chemin... Enfin ! il s'agit main- 
tenant de la teindre, et vous m'en d^^mandez le moyen ; 
hélas I madame, vous ne réussiriez qu'à vous teindre 
les mains... Je vous en parle p.ir ezpérience... Donnez 
votre robe au teinturier... chacun son méiier^ les .. 
robes seront bien noires... et les mains resteront blan- 
ches. 

Près de ma jardinière en fleurs. — Mademoiselle, 
en envoyant, fronc do p rt, un bon de 1 Ir. sur la poste, 
à l'adresse de Al. Bonoldi, b :ule»ard des lUiliens, 11, 
vous lecevre*. franc do port la romance que tous dé- 
» roz. — Vous avez d:ux dos.-.ins d'application d'an- 
gleterre. — Florence et Jeanne vous rendent votre 
serrement de main. 

De mes Salions. — Madame votre mère est bien 
bonne pour moi, mademoitelle, et j'en suis bien re- 
connaissante. — Je vous répondrai dans le Journal. — 
Il règne dans votre courte lettre un sentiment de grâce 
et de douceur qui toucha... — Triïby est un joli nom, 
Darling est fier de son souvenir. 

Amitié — espoir — Mademoiselle, je vous enverrai 
votre nom comme à toutes les personnes qui me le de- 
mandent. — Il parait que vous n'êtes pas une ancienne 
abonnée, car vous sauriez comment on peut calquer 
un dessin... mais je voos le dirai. 

Au bord de l'Océan, — Quand tu viendras, tu seras 
la bien reçue. 

Rive-^le-Gier. — Le Journal vous a répondu, ma- 
dame. 

Sauveterre de Bearn. — Pardonnez-moi, madame, 
mon temps est absorbe par d'autres travaux, le tricot, 
le crochet, les modes l'emportent sur les fleurs... mais 
bientôt.. . 

Sous mes lilas fleuris. — Je vous réponds dans le 
Journal, ma belle demoiselle; votre lettre m'a fait tant 
de plaisir que je serai heureuse le jour où je pourrai 
voua en remercier.— Pfp/ et Darling sont compatriotes, 
je présume qu'ils seraient amis. 

Des bords d^ la Seine. — Je désire, cbèro madame, 
que vous soyez sali*faite des simples formules qui sont 
dans le Journal ; avec tant d'esprit, de clarté et de 
force dans le sty e, uu peu d'humilité à la fin de vos 
lettres fera fort bien. 

Paris. — J'ai déjà donné, en 1850, des dentelles au 
crochet qui se font dans leur largeur, venez les cher- 
cher, madame-, en voi i encore deux, mai.s voui savez 
que, faites dans ce .so.js, ellei ne peuvent p i? être au*si 
jolies... Je dôsire qu'eilei$ soient ntilas à cette pauvre 
princesse de Joinvi.le qui, dans l'exil, s'occupe à orner 
Itis vèiemeui.s de ses peiits enfants, etpuissiez-vous lui 
témoigner ainsi voire reconnaissance. 



ri^iuixT LE 1" Cl CB^oai unis., a riMTia dv IS j*.iT[EH. 



:e Journal i<e compose de 12 livraisods du chacune deux futiillcs. imprimées sur deux colonoi 
1 conlient : A gravures sur aciai*, S dont les eujiils ae ralUchuDl «ui nouvelles insérées dans 
journal , cl 2 représentant chscuDO un des remarquables tableaux du Salon. — 24 morceaux ' 
musique : les romanoes les plus jolies, les quadrilles les plus briltanls, 1>» TaUes les plus nouvclti 
es polkas, mazouiluâ el scliotlsclis les plus à la modii— 4 planches de dessins de tapisserie colorié 
-12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfant et déjeunes femmes — 12 rébn» itlusti 

— 24 grandes planches contenant des patrons de grandeur nalurelie du : robes — tlcbus 
pèlurincE — cliapcaux — calèclies — manteaux — bonnuts mantclels ^ vf^lemenls de petits gar(0 

ie i>3tiles filles. — des dessins do tapiiscrle, doDt- les couleurs sont indiquées par des ugD 
qui les représentent — des dessins du bruderiii pour : cols — manchettes — mouchoirs — boom 

— rûbcs — gilets — caoezoos — jupuns — csmisiiles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tel» qm 
cartes do visite, tSIes de lettres coloriées — pages manuscriles — lleun en papier — en laine 
bobèches, etc. — ouvrages en lri(.-ots, au crochet , au lik'l, toujours clairement expliqués. Le texl 
imprimé snr plus grand papier, est entouréd'un fiche encadrement ut satiné. 

10 francs par an pour Paris, — 11 francs pour les dûparlemenls,— 14 francs pour l'étraDgcr. 
IS lï-ancs pour rEspaj^ne el le Portopl.^ 



TABLE. 



IssmiCTION- — Htal actuel de la Californie, pur H, Sf.vkms. , 

DiKi.iuonÀFnil.— La L>re tJcs pi lits Enfants, par U. .4ilpiio.vsf. CoiiDiEn, de Tours... 

niÉii«TiiiiE ÉTHANfiÈni. — La llosa, fiivola, par de Luiese 

Biiur.iiTiON. — Les Trois Amies, par M"' EïEllHE Kibbewukt- l,,.. 

Le Mouchoir brodé, par M""" M*niB Eiif ny 

Poésie. — Las liimoux d'un pèie, par Alpuonsi: ConniEn, dn Toun 

KxPLIciTiON UE i.'ÉNiGME o» S, par M"' E. H 

KcoNOHia DOHEsTiooB — Uanlcru dv remettra à neuf les vélemenls de vulouis ut les r 

de gaze. — Dllîéreutes maniâres d'accommoder les fiaises 

CuaoKioL'Kii(.-8ii:Aj.K, par M. Jules LnuvKT...-. 

C<iitaEsro.iDiNUE, par M" J. 1. KoivuEiu de IVssï 

ËrnéHËainES. — Naissance de Reruanl d;.' Hentliuo, fondileur du l'husiiice du fnnû : 

Rdsts ".'. 

Tii>issEKii! pour cliaifes el (siitcuils. 
GiiÀvuHEnEMonis. 

MisslQLE. — Grajinu. si'hulii-b, par H. Alfbku AiBttv, 

TLASCHK VI. — V 1, AIplL-ibel gothique alltmaudy. - 2, Knlu-deux, - 3, ICatuiu ft 
4,Zo<', — », Modïrtf, — 6, l'asdu ju|Kjn. - 7, i/ortc, — C, llandc r,-,ioi,-.|.,' _v ; 

— 10. Iknlellc au ciocliel, — ii, id. , — il. Ilandoaii, — IJ, U.jnd d 

CD pu. lis, — 15, Ho'ji'd'entai l, — IG, Kalzaweck, — 17, Cuitiinc, — 18, Cd |A 

mouchoir, — 20, id . — 2l. Cy^latitt. - 22, Célrile. — 2.1, Élîia. - 21, IL.n ~ iî 

— 28 et 27, Mantulet,— 28elï«. Kouloiinims, — ;tu, Framùin,,,; ~ ?,i,n.'n,c„,f _ 
■ - 34, Dtnit.', - 38, JhUc. 




ATIS. 



4'ortbe 



félre «rott à ai 
êerllàlaflulB 




REPONSES. 




Jk I0 immtlU de mon vieux chdteau. — Votre pe- 
tilMraaTeUa TiTra« madame ; qui rtancwiirtMlf i> 
dsmner aa ira T— Voilà oe que jo ^ooi dlMii. 
de jaîD, mais ma réponie n'a pa 'traover^AkMec 
BttU-oi, le Joarnal répond encore mieux a totre der- 
Bibro lettre, «t je terais trèe-benrease, madame» si tous 
vsMlies bien continuer une aussi utile et aussi simable 
mvTt ij Mmdtmce. 



'De ma ioHtude, — J'ai lu et relu "votre graTO et tou< 

«hanta letti^, m«MiMU'.:«4lto «&*« :Mil 

'fie TOUS dé*liec...i|0«e faanMJeriiiptii 

.Bftl ne peut aller «uddeU-jfalbutfîîaf il hù^«tt 

d*«t4eindre.'fia Btf8rite«it<Ai Maakk 

«fanablcB, éet épaMW 4biilèiMNS«di 

MHes et éAvouéea, et non ^e aaintce rflUgieoses... 

jNeir^eol lep«utl — Daignes xeoeToir, monsieur, l'ex- 

;;9MSSion de-ma reconnaissance pour tout ce que tous 

"imthM bien me dire de flatteur, et croire à ma respeo- 

taeaae admiraUon et à mes symnalhist^^*^. Msstiwni- / 

Mlle totre nièce recevra la feuille de titre de l'aunée 

1850. — Cette réponse qui n'a pu trouTer place au 

43e juin, tous dit, monsieur, qu'il n'y aiait de 

^ tù,màifférencey ni ouM». 



rc ma mère et ma eœwr, — Cette.aouTelle ne 

,psnt coDYenir, mademoiselle, elle paemetjtear l'afMir, 

'■Mis >?ous éies encore trop jeune ; lises, lises beaucoup, 

«t -pent>étre appreodrfs-Tous dans les liTres ce que 

1*400 TOUS anrsit appris dans le monde. 

âemeejacynihes de Hollande.^Voite Jonrual 



<kfat promis qu'il reprendrait sa Revue des 
Ibéâiees; if sursit fallu que les auteurs eussent ' 



de iUre des pièces qu'il ait pu décemment tous ra 



Ju-miiieu de wtet eérieueet pensées. — Vous êtes sa- 

•Htfaile du. Journal, madame, et me pries de Je^eonti- 

— e r .'dans le même esprit, c'est ce qusiie litii.-4Voas' 

«Mes : pale, nappe d'autel et tous les renseignements 

-:q)S»TOus désires. 

"Parie. — Tenes me Toir un dimanche, je tous ez- 
:|ii|4«erai Ofttrioot. I 



Seure. -^8i tom Tones à Paris, maduiq, je «eni 
faiett' flsttée de tous receToir, nous parlerons du hhnd 
ei/iela hrwte, dont je consenrerai la blanche poisée., 

Sous mes lUas en fleurs. 

Pensive et toute en pleurs. — Que ta situation est 
.pénible etembarrassante, ma pauvre amie ! ton père 
tue peut revenir sur ses pas. Lui ne peut fisireune nou- 
tyme démarche... il n'y a que ton beau-frère qoi pour- 
> lait renouer ce nœud rompu .. mais alors, que ton 
(fère lui donne cette mission... explique-toi... n'attends 
plus... pouTTu qu'il ne soit pas déjà trop tard... llMfi. 
dss Ters que tu as bien voulu m'adreiser. ) 



Pris de mon Aïsha." Je i»i»fi»is •4t«iée .à.wi^fun- 
fleeur célèbre : il ne connaît paa4at«fl«lé«4e iesM^.«>-«' 
Votre Stvutri fait beaucoup d'honneur à mon Darting. 

Nuremberg. " Madame, d'abord les Françaises ne 
se aervent pas de foulards ; elles mettent dans lqui 
poche le mouchoir de batiste qui leur est utile, et Al' 
•est beau, eUet le tiennent à la main. Noua ne pouTons 
donner pou^Aode.le riiUcii^e que. voua, atm bien VQola 
BOUS envoyer. Le mot ridicule n'est- pas eo usage, pas 
inins que l'objet qu'il représentait. Je tiens à Totre 
di^pyatintt «ettaespèeei de petite giberne de cuir lilas , 



Roueawrt. — Noos «ma donné beaaoMp-do ém* 
ililVis.ep ttiteoMMèsiiitseUe ; chevdies danclee el^ 

dflBiièWMiiMéssÀ HpvdsI. Quant au bonnit on er»- 
itkiHt qm «ousdIvBaiiilai, sa forme n'est pins de mode ; 

faites le rond de la planche VI. On ne perle phis da 

cols ni de manchettes an crochet. 

Vu fond de ma chère solitude. — Madam«|Teipin 

TOUS enToyer tout œ que tous me demandes, toos mê 

faites le reproche de ne pas tous donner ••esas da 

#0lhf, de <MTiithn»i4» dflWitistThi». On ^imersy 

fsa jtm fOMMS... jyamtrm 
dersMMMM, |f»aree que les 

„ HNoo léboirids , en 0km mieoz eela, 

MUâÊjf m i ^m RSihMtdiwantSBriHMlç. Onnepeui 

Chartres. — Toutes nos cheminées, nos ooamodsp 
sont recouvertes de Tolours, de damas ou de Inpisse- 

: riy, let iogt<Sfi»sjMM»fc de tapis, alors, à quoi* bon !•• 
dessous de lampeP?' vous pouTcx en iUre un on Islp^ 
an crochet, aTec le rond de la planche VI. Je no Ti«v 
ai indiqué que Isa fleurs en laine qui ne s'éonaent pet 
sous les pieds, tons les mains ; le lampe d'une fesMsa 
cet si précieux I — Voss Toulez dee tapisseiias oh le 
jsis soit unplcré... mais elles ne peuvent serrir qRM 

:poar lest peud'nsages: brosses le jais, il coupera. In 
soie. — On ne fait point à Paris de dessous de pus- 
dule en mousse.— Vous êtes bonne et charma«le peur 
Totre Journal, et si je ne suis pas plus aimable panr 
Toui, mademoiselle, c'est que je souffre de voir ifoe 
TOUS TOUS occupiez de choses inutiles et de -maoïils 
(oùt. — Merci pour Totre recette, mais ee n*ett pgs in 
Je la cherche. 



En face d'une verte colline d* orangers .• _ , 

à Totre demande dans le Joumsl. — Monsieâr,V«laa 
onde a très-spirituellement défini Totre nom et.celA(dt 
In jeune . fille que tous aimez et qui. diies-voos, «m 
.v»M>ei«M g»&|e ; mais elle a tort, si j en juge d*aMèa 
mon cQBur. — Je me suis mbe à la fenêtre, «t an iImi 
de la douce brise qui doit m'spporter Totre jevne aat 
tié, je n'ai reçu qu'un âpre Tent du nord... J*»tteBd0l 



.Z^ la cAaiitftrtf ^ «M mère. — Si TOUS 

^Journal aussi tard, ssademoiselle, c'est que Toàs n*dlaf 
pas abonnée directement à noire bureau ; jlatgnii» 
TOUS à qui de droit. — Vous sTez tout ce que .toos 4^ 
sires sur la planche de la grande éditimu 



MM... — Vous sTsz reçu ce que tous me d< 
dies, mademoiselle ; quant à ce aue tous Tqnles que 
l'on ajoute au Journal, à quoi cela sert-il? qn*6tt-qe 
que cela dit anx yeux et an coeur T..«., Et qm fOQli»> 
TOUS que nous ôtions en échange ? 

.^tt milieu de ma eîeuse. — MademoiseIle»«Tons au- 
«sos.pour les Tscanoes un proTerbe de M** -BTdine 

/|UbbeciQ«rt qui sers tel que tous le désires.» Vo«g 
nous reproches de ne donner que des nouveUts tufli- 
nées psr des mariages ; cela n'est pas en^ct, et pais, 

c^ite%fqM,<<a. amtfmn4mP* «#< trop oeeufA de loî- 

' hties'^du^motsde, de ' Étousseamm de mariage. Vetprit 
mairtmoKial rement à tout bout de champ, vous Jn- 

-ges le Joumsl comme une iobtitutrice entoosée d^ses 
petits enfants ; vous oublies que les femmee qtf ne 

f ipulent pas se marier ne sont qu'une exception, et 

Sue noe abonnées sont des jeunes mèree ou des jeunes 
lies qui se marieront, je l'espère. Je ne fsis d'aïUenis 
me iépo94re,à tojBrs ita|M94AS».aa« TVa» ,iaàm,4ri9- 
futues. Je sais bien quHl / a eneeie des mèms de pco- 
Tiuoe qui ne parlent jamais asariage ni toilett».a lesôs 
fllies et croient les sToir psrfjtUsmuit iiet(lieir lof». 
qn'dUM^ lesMont Uen gauchèaet Men4gQ0|nnles««K 
bras .« v>é9inx^à>. )4t»'ijine.«MUtq...aiais «• 



ii'«tt fw BOtra lyMèiM. Jetait Uml — J w BO i ttIto, 
^n» pour rim a» fli«fu2e «oim n« fXfudriet m'offetuer, 
el qm ce aa« Tom me ditM est, selon voos, <laiu Vin- 
iéHt du Jotimal : Mssi, Jei 



He ma ta/Ie d'étui: — Qa*appelez-Toai, mademoi- 
feUe, de» frign^tie» au piumetU^ pour servir à broder 
êeêbandeautefl^i ie^vêofMO ai àemné4* . > eii >t »nihni- » 
/p<t pour eet otage, c'était bien tans le MToir... -^ Je 
Tout reoerGia de Totre petite croix, dont J'igaoïe le 
travail; je la mettrai an nombre de met bot* Mm* 



*Frl»deme9'lyt éhérie. -» ^ai r ipeafc i^ aiui»leai 
Tcaime, touehée de Totre pre&leeSon poor élie, vom* 



àjinMie naine. •»- Je partage toi opiaiona, maii non 
' ' «neie«ee«t'epiriiM{ka*a«ie.....8it|e 
|fiie«t4UA.«»ricmerOOQe4*aoooi4o. , 
yf le dire... nous eommef^tiop loin 1 ' 



^fftande édition; UpaMH^Mvew tfèiii aboiiaéf 

2 n'a la petite ; que ne le dieioa tou ? — L*eaa dent^ 
'ice américaine da docteur Graham, oontre la caria 
dflMMutt, «B^Mdiflm^rinadame Bérenx. — Vu ohAla 
«P(i|liil»eeUMtjà flfe jtjjijiitelle. - Je Tooa e&ferraS 
ce que Toai dénraB. 



Mail je ne pnia Tottf 



•■«•«MVf* 



MPM* 



JtbevUle. ^Yo^ pmiTei iaire un fond marron à 
Tatie Upine rin du 'leia'de eey tembi e y toteBd> hla a e , I 

«Mi .qNe,i«ina^fii'.disieK, #it. le j>l«a tolide ; ,qaant au , 
nd bleu, il n'irait, aveo dei roses, qa*à la eeudltion ' 
i4*«lM|bMDtfMe.«<- fi»:ii'«ittfM .t«o^ imokÊ ^'auM», ^ 
Madame, qne Ton ponralt (kire ohaoger Totreadrease. 
'•tVane'Meadû 




r. ~ tftdemoiselle, on ne pent broder un ehàle 
-«fr'ttet que^^wHid il eiViiitrtsn-H)0l>an'MaBc«i4au dtot 
CKvé. Pa iPbâV» en met.ordviaire et surtout .en laine 
groeeine ne ee peut ai ne se doit broder... Vous avec 
an une singulière idéel A /moi^ioia «Kt4/9QO ,T«(Ge , 
Journal? 

Sout le hfau ciel de ma Bretaone, — Tu ne lis pas 
mes réponses aTec assez d'attention, ms chère, car J'ai 
conseillé de mettre un peu de crin sous les bandeaux, 
oela épargne la peine de les crêper. — Sous les pago- 
des on ne porte pas de manches tricotées. — Quand 
les souliers Ternis sont éraillès, Je ne connais pas 
d'autre moyen que de les couvrir de ternis. — Je t'en- 
verrai le nom qiie tu me demandes. — Je te remeis^e - 
pour le Journal d'abord, et pour moi ensuite ; com- * 
^mentl tu m'adresses des vers, à moi si prosaïque I — 
A la description que tu me fais de ta personnç, tu dois 
avoir plus de phyaionomie que de beauté ; je^tSanialf 
■uyn compliment. 

Uine Mire eueadrée de noir. — Le nom que vous 
dsBaaiai. madmnoiaettitfJt élé^mia sur iakalanobe -da, 



^WA|bimof»'«mie. — «VAe Mite brodée an paaeé 
n'est ^ère riche, mademoiselle. J ignore leiemede à 
.rtiieof»eenten< dont vous vous plaignes. 

De sof» ermiiaget une ahotmée de di» ont, — J*«i 
leçu vos deux pensét* et foue envoie toutes les mi«ui|t* 

,A^^pmM« «M. — .ViOtre.jQniaiil vi'eat jmAii.À «te 
poaiè, mademoiselle, car il vous a dié envéyé. 

De mon village, -<-Vous n'êtes pas sur nos leglitvei. 
pdemoieeUe, tdwnM mw AiM 
■i>»q n » éc i 



fPJi^rkmh^XmiM 



rante polkaa aa mole 



de septembre. 



J)e mon atelier, — Le cours de |l. Anbnr ^ firnét 
«isidemoisalle, et ien'en oenaaie -pas pour'' les iltaimea. 
M ^as (éUelte d'iavoir ekoéai joe 4al9at.ai jie .iMt# 
avoir rien de si attachant que l'action de reproduire an 



«•vase, aae*fls«r, B aeM ni a.,.^ V wi rja i fatr.ifia«lidl|^ 
aarais-Je quelque chose à vous dire sur les lecoas qaa 
veoefvonles pieiidie ; dens leae tes eae, jurais d ihm 
jiiM/lue^i'«Uaa«i»MiB 47 la^é^gant ^iaolfirt). 



'IVèf de eebdque'menr'cmur'aime,-^ Vi 
un IwileaaRt de Taisaeaa,.l>ji»i de .Tatre..ej!iftûii^««t 
vous me demandes si vous deves le suivre sur mer -et 

igb andaa aie r ^aise ^imm*f^,ti^t$nimotnm,„ ^'al- 
ternative est oruelle , je le sais, mais restes près de 
.votre viei»<pèse«et«pffes )Di«i'poM votaa^paaxiVeaa 
serez malheureuse dans tons les cas ; cependant, prèe 
de votre père, vous aurai de moins le remords... Du 
courage 1 petite sœur. 

De l'utine du vallon. — Je deviens très-distraite, ma 
ehèie amie, soyec indulgente ; votre lettre du mois da 
février, je l'ai touchée vingt fois ; mais croyant y avoir 
répondu. Je n'y répondais pss... — Les bandes pou 
1^ oolsvpour les jabots, sont hsutss de 6 centimètrei. 
.-«-iLeJebat se compose de l'entre-deux, qui descend 
du col sur la poitrine ; s'il est détsché, il se garnit des 
deux côtés. — Les plis des chemises d'homme sont en 
général aa nombre de quatre de chaque côté.— Adieu, 



(DIEU — PATEIB. •— ,|^I1XB.) 

JOgloire, ToyafBi, oonlM, noavélles» tablât^ légendes^ eii^^ par JI»« J. J. FopqjiQSkn da ^M/Mb 
a^fo la çQUiiboi;ation,4Ô9 r^dacteiu:» JM Jo.uF^al des PemoUell^. ^muttfi^vmf àifs/i^né^ Dtfit 
Mil. .P0?ena, LéopoM Levert, çiçM^lsavées par L%CQ§le, Bau(|pi.i|, etc. Qn /ôft yo)«i|M 
ffrand iii-8* de 400 pages* orné de 400 gravures. Prix : Z ,fç,, t^u bui^^Ji 4u foWi/^ to 
DemolMital,. p* â , bç.iUevfrd des, I^li^pa, et 5 fr. ,par la pp^, ~ 



- ' Il -j ' 



Journal d'hygiène, de médecine et de pharmaoie usuelles.' Prix : 6 fr. jpoar Paris, 7 fr. pour Ja 
provinoe. On s'abonne à Paris, rue du Faubourg-Hontmartre, 10. 



Xf^Tfli^* ,A.,Celliez.«Up yoMime j^^tit bii4o OegOO p^ges, 9ri»é 4u pertc^àt enpîQd de 4lM%» 
^ne, lithographie sur deux teintes, avec un riche encadrement. Prifi : 10.fr. Chôz P. C* l^ 
«iH^^.^bniire^teur, rue de Seine, OiS. Ce volume est un riche cadeau à offrir pour une fdte. 



I >.. lUUP.. ■* 9 1 ^ 



gQ»i^tno ni feltos. dédiées ^ toutes Ic^ mères -dlirétieoihes, .par l'Abbé ^IplUNIie G(«nli9r.(de 
Tonn). Chez l'auteur, rue de Yaugirard, 49^ à Paris. 




Ce lournal se compose de IS livraisons de cbacune deui feuilles, imprimées sur deni colonnes. 

Il contieDt : 4 gravures sur acier, S dont les sujets m rttUcbenI aux nouvelles insérées dans 
le journal ; et 3 repréienlant cbacune un des remarquables tableaux dn Salon — 
muBique : les romances les pins jolies, les quadrilles les plus brillanU, les valses les plus n 
velles, les polkas, mazourkas et scholischs les plus & la mode— 4 planches de dessins de tapisserie 
coioriéea — 12 grsTures de modes de jeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmes — IS rébus 
illuslr^B — 24 grandes planches contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — fichus 

— pèlerines — chapeaux — calèches — manleaui — bonnets — manlelels — vêlements de peKls 
garçons — de petites filles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des 
signes qui les représentent — des dessins de broderie pour : cols — manchettes — mouchoirs— 
bonnets — robes — gilets — canezous— jupons— camisoles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels 
que : cartes de visite, tétea de lettres coloriées — pages manuscrites — fleurs en papier — en laine 

— bobèches, etc. — ouTrages an tricot, au crochet, au filet, toujours clairement expliqués. Le texte, 
imprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné. 

10 francs par an pour Paris, — IS n-ancs pour les départements, — 14 francs pour l'étranger. — 
IB trancs pour l'Espagne et le Portugal. 



TABLE. 

SEPTIÈME NUMERO. 



I.tSTRDCTroN. — Coup d'œil sur l'Histoire de !a Peinture. Premier article. Par M. I. db Cha- 

TILLÇN 1 _ . 

BiBLtOGUPHiB. -Histoire des Français des divers Etals, par H» E. B 193 

LittïhjITDHE tTRAUGËHi. — Hf molher . par Cowper. traduction de H"' S. S IM 

EnucATiOtt. — Sainte CloUlde, reine de France, par H"* Evglinb Ribbbcodbt 109 

Demoiselle et Villageoise, par V° P. ¥mbrbt 90S 

Po^iB. — Saint Vincent de Paule, par M. F 310 

EiiGHE aisTORrgt B , N° 4. par M~" E. H 211 

EcoNOBiE ooMsaTiODB. — Poudre pour nettoyer l'argenterie.- Eau de vie de lavande.— Vi- 
nsigi-e de lavande. — Gelée de baie» de sureau, — Blanc manger. — Crème de groseilles — 

— de frambroises ..- de fraises 211 

HÉLANGES. — Exposition de Londres, l'ileltre, par H"* Êhka FERiLuro ob Bgaujovut. ... 913 

ConBESPONOANCB, par H"* J. J. Fodourau ns Pusav 216 

£FUÉiii>itiDBS.— Naissance du roi Sébastien î" 

Mosaïque ! 

R"«s ! 

GntvL'RES DE Modes. 

MusiouB. — f.'Angc du rives, mélodie, paroles de M. Ehilien PicciNt, musique de Lion Bro< 

CARD. — la Sot, valse sur une romance espagnole, musique de Yradier. 
Sainte Clolilde et Clovjs, dessiné par A., de T., d'après le tableau de Tr'ezbl, gravée par Hargbot. 
PLANCHE VII. — S" I, Manche pagode, — 2, Bande, — 3, Entre-deux. — 4, taure, — S, Bs- 
génî^. — 6, 7, 8, Etoile au crochet, — 9, dos et bras de fauteuil, — 10, coussin, — 11, Carré 
pour nappe d'autel, — 12, Bracelet, — 13, Bonnet, — 14, Blouse, — IS, Fichu. — 16. Bas de 
jupon, — 17. Aliirt, — 18, Mane. -~ 19. Semé, — M, Bande, — 21, 22, 23, 2<, 28, 26, 27, 
28, Corset à la paresseuse, — 2B, 30. 31, 39, 33, veste de petit garçon, — 34, P, B, — 35. SO, 
87. Bottines de tout petit enbnl, — 38, Alfred, — 39, Mouchoir, — 40, Semé, — 41, /., P, — 
42 F P, _ 43, L, P. 



*■ — Tjpopifhie da 






t , n» BaiDi.Lonli , M , >ii 






AVIS. 

n. nm nonR-a faire droit * aucBBea réclamalloiis, bI elle» ne «oet areoi»pag»ée« €w 
.m-ero d'ordMteci li k la main Bur la baude imprimée qol coan^ le JourMl. 

1^ UMMM relatives au .cfvioe du Journal, demandes d'abonnementa, renoavelteiiieiiia|> 
rélS:J!!SZr^ln^^^ d!ad«Me, devront être adr-é* à M. l'éditeur du Jounml, 

*^pLrîa ^S""!' i- J- J- FO€QIÏBAU DE P0S8Y. directrice du Journal d- 
DemoûeUea, rue de la^Victoire, 46. 

l($ lettres non affranchies ne seront pas reçues. 

^« «.,; ^'.uiriraii^iit s'aboTinflr DDur 9 mois li Boajri^îeni à partir du i^ juil- 
le^sr^X-rmerutlTeti"^^^^^^^^ 3 fT; pour la p^viace. 4 fr. A I. 

SiBde Èdiûon ; pour Paris 5 tr., et 6 fr. pour la province. 



RÉPONSES. 



SÏT^de b«"d8 Spon, sans 1«. roue, qui vous n'. - 
±! Si _ Je n« peux eneof. vou. donn-r une coif- 
Si SS^ Tec - J»i commandé les d*«.in. que tou» 

ponrlei grand'mères. 

De ma helli vallée. - Le» p«-»on»i« «fc ^^"IZ' 
ooniafttouBle dites fort W-n. mademo»»ell<s »o»< »o«- 
^t victime» dfs charlatans. Voua me deroandw mon 

ténoïKlTe : oonsuU« votre médecin. - Je crois que 
Iw aStei do mousseline brodée seront longtemps de 
mode. 

Pris de mamère. — Ma bêle demoisel!*», j'«i donné 
de jolis dessins de dentelle au tricot,, cherchez dans 
Iw années passées. - Je nsi pu vous .nvoyer yotro 
nom, ce sera pour le mois de «eptembre. 

Loin de ceiui que mon cœur aime. — Oui, petite 
sœur de cœur, toutes les f o s qu'il y aura vent ou 
OTS«», je prierai Dieu pour le marin. - Vous a«ï 
rempli vos devoirs envers votre père, vong en seres 
rècomnen&ée par vos enfants. 

AwBpi^f* <f««^ *»«''•• "" ^°^* ™* demsndez à ôlre 
xnon-sinie, vous me dites vos chagrins, sans doute 
povrene je vous plaigne... Eh bien! oui, j« suis votre 
amfe4 oui, je voui plains, mais «n même- temps je 
vous félicite de trouver en votre esprit, en ^os talents 
en aàDuoissement à votre position. — Je comprends 
la fMgnation de votre sainte mère... vous, cest dif- 
férent, voua n« pouvex vous résigner aux maux qu'elle 
Bonfta. 

CîtarlevilUi — Je vous ai répondu dans le Journal 
du mois de Juillet, monsieur ; quant à oe que vous 
voûl« bien m'olTrir... je l'attends... nous réglerons 
lom du ronouvellemeut de votre abonnement.. 

Vujoli ra//on au hourg. — Je vous ai fait envoyer 
la planche qui conlpnait cette guimpe en question,. 
miKJfmo.solle. — Vous arcs sur la planche Vil f, air 
joli bonnet d'eufant, mai« il n'y a pas pour les petites 
flilps de cim ans ce que vous tLÇfeÏBX^de» ùonwiiJiO^ 
billes, ce» petites filles sont cfce» eilèa tâia no^ «t 
dehors elles portent un chapeau. 

A ma nouvelle amie. — Si vous voulex envover au 
bureau, on pourra sans doute vous retrouver le nu- 
ïnéro que vous avpz perdu, madame. — Quai'd votrcn 
fiU ft^a un grand K'rçou, nous lui donnerons Je Livre 
des Ecoliers» 

ffèmon doiiwn garni de fleurs. — Mademoi»^!!**, 
l'ai d*jà envoyé tiois dessins composés pour broder 
des chàlf» «irrés ou de* pointes de mousseline biam- 
<jh»t, ohoisisMfcJ — Oirn<»fait pas de déssios pour )et 
jeimes flllts da dix-si-pt an»; mais srvous tronvesqne 
I)» d«»8slBi. sont, trop^riches, PimphAez-les. — Jeann»» 
et> l'iuf ence sDtoBt gran* plsisir à causer avec vous. 



DftlsB ffTsm ieg: grtmdi ehaimp». — Mademoiselle, 
rtm< avaz àmm \k petûeéittton* pèaneHe i; n' S; pi. Il, 
n«»3i-5,,7>:pr. ini;.tt«T; i^.lV, n- 3, dea dessins 4e 
mouchoir qui" doivent' vous convenir, vdtts aves deux 
alphabets : pl^inchea I et VI, dans lesquels vmis pou- 
vez prendre vos initiales, car la plsnche da mois 
d'ao&t était faite quand votre lettre m'est arrivée. -^ 
Je mi«r bearsusa qnuvona trouviez votre Jouroad amu- 
sant et surtout ntife. 



Du vieux manoir de mes ancêtres. — On no brode 
pas d'entre-deux au plumetis, au bas des japons de 
porcale, ma belle d*-moiselle.— J'aurais désiré qnevona 
m'eussiez demandé quelque chose que j'aie pn vona^ 
envoyer, à. vous, si dévouée à votre JournsU à vonr 
qui voudriez voir votre enthousiasme partagé partout 
tes les abonnées d^s autres jonmaux, et qui faites pour 
lui un si ardent proséit/tisme... mais j'espère que voas' 
ne me forcerez pas à i arattre iui^rate. — Remercies 
pour moi, je vous prie, madame votre mère da l'ap- 
probation qu'elle accorle à l'esprit qui nous dirige; 
cette approbation est une douce récompense. 



j 



En Cevetines. — On ne fait pas de jouroanx pour 
les petites filles de huit ans, madame, du moins^je n*ea 
conuaia pai. 

Du château de Freedwhei. — Madame, vous^ne de- 
mandes s*il est vrai que cette toilette soit la dtmièf 
mode de Paris : Une rolte de soie verte f ouverte devasU 

• pour /atss«r voir un jupon de satin ros*T Je com-' 

* prends la deuelle froncée, consoe au bord (bon par* 
brodant)^ deadeux côtés de l'ouverture de la jmpe da< 
dessus — ■ je comprend* les msnches de cette^ robe», 
ayant la forme Louis XIII (non pas pagode); sons osa» 
maaches et à leur revers qui se termine en point^ 
une dentelle froncée semblsble à celle du devant de 
la jope de dessus.— Le devant du corsage orné d'noe 

f>ièce pireille an jupon, et garni de dentelle ainsi que 
e tour du haut du corsage... Cette toil<»tte de grande 
soirée était une des modes d'hiver, d'il y a trots ans. 
— Darling envoie ses compliments à votre petite chienne 
Koh I Nôor. 



De mon loudoir de satin rose. — Les patrons d'ona 
layette sont au nombre de 94, madame, et ooAtent 
l^fr. cbeaJd"' B4renx..Je compte vous en envoyer 
qiialqinS''iflsv dli tespa eai^teoips. Vous avec déjà: 
des souliers, une brassière, un bonnet de baptême «, 
vous aurez le reste. 

f A une jeune Irlandaise. -^ La planche dn mois 
' d^soùt est faite d<>pnis longtemps, madcm«>iso)le, oa. 

que vous demandez ne pourra être que sur la planche 

du mois de septembre. 

Freii»urg. — K.<»lisi>z avec soin la descriptron der 
cache-pots> ma bt'llo demoisolIe,.et*ne me denvindes- 
pas antre «hos* /nie^ œ^que je voas vn ai/dit; -^-Mdiaat 
réponse- poar ttuM car(yii*p«itt' nrorarrir Ièa^p)É»atea^ 
dont on couvre le marbre dps ehoosènée') dM oaai* 
modes et des secrétaires. — Faites sefomvDsidreeak' 
leaiandes, et ne noas demandes paa d^ân^vonver des 



cache-poU brodés en perles ; vous ajoutez, à l'appui de 
Totre heureutfiiie, des perles, cela se lave.., mats des 
cacbe-poU D*ont pas be^oia d'étie Uvés! Quant à 
la mulique, ce que tous déatser tfieit ttV slbektvué an 
français... c'ast impossible... 

Sous le marrotmier. — Vous ar<»s, ma lame, un 
bonnet sur la plaoehft' Vlfl. — Voi» av^z un^ rohè 
dont, pour en Uire une robe de bspiôme, yc\i< n'aver 
qu*à rallonicer le detsin du dsYsnt do U jupt». A cou 
robes on met der manches. — On ne garnit pa^ le bar 
de ces robes. — Qtiant au nom que von<< n^e demau- 
dex, il dépend de celui q*Je toui portez, ces dpuz 
noati3d%?aDt sa pnmwMev eiNMsMe^Jeiii>«t>c«a doac. 
rieil TOUS dira au hasard. 



PoiPis» -> Hèlaal madame^ j>i mis tos confitares 
an mois d'aoû't 1850, ach«t«e ce'niiméro, je ne me r^-^ 
pèttnqw' tro^ ««misant, las ancteanea abonnéetr s'em 
plaignent. — Florence et Jeanne toqs remercient de 
rsiiinbltf» aaoaeil qM tboufÂcUrA >lëar#caiiiBrtaa. 

De ma ioureÏÏe gothique au fùud'de la S^rttagni.-^ 
Coït an-KMOatai bt«mtiDO(tfMMi^.<nadaaM; qae Tmaioira 
qoa TOUS me racontez si bien... et où vous jouez un si 
nobf» rdli». BVla lefk- fait Yeflir lës'îarftierattiff rm«t -^ 
Si j>«<B*aipaa eneote rois les vers en (^ie*tiûii, c'e»t 
qa'ils sont .sans intérêt pour des jennes tilles .. dtms le 
cw*otrt&tm9t a«riaa awrnn.aQtra. ao}ei, je-n» doute 
pas qu'ils ne ppiMent être insérés dans le Journal des 
D«métsél]li8.^ 



Du pays de S-ifnenee. ~ Je n'accepte pas l'opinion 
qne votre modestie vent me ft^re prendre sur votre 
, esppt, madf^moifelle. il n'aurait pas fa'lu m'écrira 
i uif«r(»f^Ue l*t»#.l. est! jfj vois que rotiir ft'-s bien de 
" vofte^ pays ! — t^n inftmctions que vous demandez 
sur l'aquarelle et le paxt^-l ne vont pas à toutes nos 
bboQhfes, et iw<4 re«ue des anciennes pièces d«t théft- 
tre*seraeat inutile à cdtlea qui ont cc« œuvres dans 
leur bibliothèque. — Vous aurez un joli porte- 
montre arabe, puisqae vous dites que pour expliquer 
lartravaux dn femme, voire Journal est hors ligne. — 
Quant à la citation que vou^ me faites, tirée d'un cer- 
tain journal, je suis de voire a^ii -. c'eat faux et c'est 
béta! ^ Ja réuni» mes éobaMilIona de toutes scrte«> 
de points de broderie... — R-c^vez en échange de 
r(HT« amitié); le» aaai^iés réaDi«sdei^ Jeann» et dei 
Florence... — EuToycz dans une lettre le bon da 
30 fi-. , la gn>s«6tir db* votté doigt^' vt>fre' adi«kv«er. et* 
M. Esiiae, qoi> démence dans ma maison, vons fera 
parvenir une b^gna contenant une boussole. -~ Dar- 
liiffréctfaagnnAeaiwtneHi^da patle avaa la»-<2MNt/pè«- 
resjumtaux,.Cwiotei Pblloz. 



ManeilU. — ^T9uy a«Mf| ma - chftM* «mie : coo» 
,rage^ espoir! — Laoonrocsne béiiiterque voaam-'afea 
envoyée a remplacé celle qui était fanée. 



t^a^ 



Kn'qwïqt^Héu qwtur tnkf. — ffiaa'seffibleH^a^ltf 
temps passe moins vite qu'en 18 >0. — Je te suis da 



kMta^i^a^A^U 



Médita 



^atiÊiâàÊ^titik » t* K\> 



Histoire, voyages, contes, nouveires, fkhW, Téffemi^i, enr., par I!I"*X> J. F^ftijIRîâWtdé'P'u^y,' 
avec la co'ilahorolion des rédacteurs du Journal des ÛetatMseHosl l^tosMiriMiu èleeiinéis fj^ 
MM. De uia, Lcopold Lcvtit, etc., f:ravcc'S par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume 
grand in- 8o de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr., au bureau du Journal des 
Demoiselles, n^ 1 , boulevard des Italiens, et 5 fr. par la poste. 



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Journal d'hygiène, de médecine et de phaaflMelv usuelles. Prix : 6 fr. pour Paris, 7 fr. pour la 
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Par W^^ A. Celliez. Un volume petit m-A^ de 800 pages, orné du portrait en pied de cbaqiMl 
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huby, libraire-éditeur, rue de Seine, 53. Ce volume est un riche cadeau à offrir pour une fête. 



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Les atMïétB du Journal d^ Demoiselles foruient ch^Qi»ne un Yjeav' velwate ixk9^ omë de pUuii- 
chea-.d© broderie, de tapisserie, etc., mtfêiqvr'^ gravtireade nfyod^el-gfair«re6-8iiv*aoKr& 

1839^38-30^40-4t-42>'43-4<^l'5'4tr3e vcndeirt 4 fr. lé votuim broohé-; /wM^iMeMa^e^n. Le» per^ 
£onnes qui prendraient ces 10 volumes ne les paier&i«Mit que 30 fr. Ce serait une utile et inté- 
ressante bibliothèque déjeune personne. 






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JKDIMMi IDIIS~MISf)ISIIM.]ES. 



PARAISSANT LE 1«<^ DE CHAQUE UOIS , A PARTIR DU 1*^ JANVIER. 



Ce Journal se compose de 12 livraisons de chacune deux faillies, imprimées sur deux coloiuies. 

II contient : 4 gravures sur acier, 2 dont les sujets se rattachent aux nouvelles insérées dans 
le journal; et 2 représentant chacune on des remarquables tableaux du Salon — 24 morceaux de 
musique : les romances les plus jolies, les quadrilles les plus brillants, les valses les plus nou- 
velles, les polkas, mazourkas et schotischs les plus à la mode— 4 planches de dessins de tapisserie 
coloriées — 12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmes — 12 rébus 
Illustrés r- 24 grandes planches contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — fichus 

— pèlerines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets — mantelels — vêtements de petits 
garçons — de petites filles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des 
signes qui les représentent — des dessins de broderie pour : cols — manchettes — mouchoirs — 
bonnets — robes — gilets — canezous — jupons — camisoles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels 
que : cartes de visite, têtes de lettres coloriées ^ pages manuscrites — fleurs en papier — en laine 

— bobèches, etc. — ouvrages au tricot, au crochet» au filet, toujours clairement expliqués. Le texte, 
imprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné. 

10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 francs pour l'étranger. — 
15 francs pour l'Espagne et le Portugal. 




TABLE. 



HUITIÈME NUMERO. 

Pajçes. 

Instruction.— Coup d'œil sur l'Histoire de la Peinture. Deuxième article. Par M. J de Cha- 

TILLON 225 

InrétATURE ÉTRANGàRB. — Il Cavallo ed il Cavalière, fable, par Giuskpfe Manzoni, traduc- 
tion de M""« Van Tenac , • 231 

Education. — Une Représentation à Saint-Cyr, proverbe, par M"« Evblinb Ribbecourt 232 

Les Deux Angeles, par À. Jadin 240 

Explication de l'iênigmb historique, n® 7. 247 

Economie domestique. — Eau de Botot. — Prunes à l'eau-do-vie. ~ Compote d'abricots. — 

Vinaigre pour les salades • , , , 248 

Correscondancb, par M"« J. J. Fouqueau de Pussy ; : 249 

EpHi^MéRiDEs. — Bataille de Crécy 255 

Mosaïque.. . . 1 250 

Réeus... 256 

,Gravurk de Modes. 

Musique. Sturm-GaUot par Belsb. 

PLANCHE Vni. — N" I, Col, — 2, F^/w€dans une hortensia, — S, Françoise, — 4, (^loé, — 
5, Garniture, — 6, 7, Bonnet d'enfant, -^ 8, 9, 10, Boutonnières pour câemises d'hommes, — 
It, 12, Dentelles au crochet, — 13, Pèlerine en dentelle, — 14, 15, 16« Panier en tapisserie, » 
U, 15, 16, 17, Corsage de petite fille,— 18, 19, 20, Broderies pour ce corsagt),— 21, 22, 23, 24, 
Brassière d'enfant, — 25, Dentelle au crochet, — 26, Bande id., — 27, Manche pagode, -r 28, 
Col Mazartn, — 29, Entre-deux, — 30, Bas de jupon, — 31, Sac à tabac, — 32, £ Jf , — 33, 
Alsiret — 34, Elisabeth, — 35, J £, — 36, 37, 38, 39, 40, Corsage amazone, — 41, 42, Gilet. 



ParU. — Typographie de ■"• Y* Dondey-Doprë, rue Safnt-Lools, 46, en Marais. 






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7 



7 



.p^mmi^^ 



W'*^ ♦ •! «"^^ «^^ ♦ 




^XXxXjLjLJ 



Oa Jie pourra faire droit A aecascs r«elamattoDs al ellea no aonl 
ëm ■^•nCro d'ordre écrit A la maUi aor la iMiiide imprlméo «si coavre le JoarnoL 

lettres relative* an terviee da Journal, demandes d'abonnements, n 
tîons, ehaogements d'adresse, devront Atre adressées à M. réditeur d« 
lioaiiiiard des Italiens, 1. 

Foar la rédaetion à M'"« J. J. FOCQUEAU DE PCflBT, direetrioe da Joamd dce 
Deaaoîsolle*, rue de la Victoire, 46« 

Les lettres non affranchies ne senmt pas reçues. 

Les personnes qui voadraient s'abonner pour 6 roots le pourraient à partir du l**" juillet 
18S1. Un abonneroenl à la petite Edition; pour Paiis, 3 fr.; pour la province, 4 Ar. ^ À la 
frande Edition ; pour Paris 5 fr., et 6 fr. pour la province. 



RÉPONSES. 



De wMn eabinwt de iravmU. — Madwas, pour repro- 
éaire soac la iorais de drammi, oownUe*, OQ vaiuto* 
vtflss , U$ hitUrirtg ou naut^Un publiées daos la J wir- 
ael daa Demoiselles, il faudrait en demnaier la per- 
■ission à leora auteors. 



IVvp loin de PartMÎ — Envoyer tontes les couleurs, 
toutes les nuances et les sif^nes qui les représentent, 
cela nous coûterait bien cher et ne serait point exact; 
CKoepté les couienrs principales, voos avez dft remar- 
qoar que Us mêmes signes servent pour rendre des 
aaaaces diflfèrenieSf et puis il faudrait recommencer 
teas les ans pour chaque nouvelle abonnée... recevez 
■as regrets, madame. 



La Flèche. — Lorsque vous recevez des dessins 
d*aube, vous recev(>z en même temps les dessins des 
■saches. Comme tous ces dessins tiennent une place 
éaormd, non-seulement, mndamn , je ne pourrai vous 
dooner à cÂomr, mats la planche d'octobre e«t déjà 
tells, ce qui reculera l'envoi que vous désirez. 

W Sn vue de fiolre parterre. — 11 e»t bien tard, ma- 
desDO selle, pour vou« iaire un mantelet de moosse- 
tine, et puis, vo<i carreaux «6 paraissent Hien grands! 
One garniture festonnée sérail convenable. — Vous 
aarez un dessin de pantoufle en octobre... mais il 
n'est pas /orf simple... au contraire... peut-être pour» 
roas-uous le simplitier... noua verrons I 



Sur to buUe de NeuvUler. — II faudrait voua écrire 
tout un livre, madame, pour vous apprendre à faire 
dtt vieux laque, et cet ouvrage n'est plus de mode ; 
recevez mes excuses. 



N^château. — Madame, on ne double pas les cols 
brodés ; «ous ceui qui se montent à un putit coilet. 
on pai8>i un ruban qce l'on noue devant, ou que 1 on 
eroise el arrâle avec une broche. — Je vous envoie un 
patron de homiel forl riche. — Vous aur«*z une |>A'e 
en octobre. — il«^cev-ez, je vous prie, tous mes remer- 
oimenis pour votre bonne lettre. 



Tours. — \j/f* tricot dont j> vous ai parlé fait de 
&ott£, non (le htaux t^pis. — Il m'a été impossible de 
4^bi(T(er les deux majusc'jleK que vous me deman- 
des, j'en suis aésolée. — J'apprendrai avec plaisir à 
faire les pelit^i vaniers en qtjPsiiun,e! je ne doute pns 
que vous ne rt'v.issis^it^z à exécuter le coussin en tili4 
oarrô. — Je baise le front de la brune el vous serre la 
main. 



Toujours seuU. — Laissez à votre mod'ste le soin 
de faire voire chapeau, mademoiselle, c'est son état. 
— S nploy*-z poui caba» le dessin de tapisserie du raoi.< 
d'aoàt, planche Mil, vou« rot placirrz Je grenu par 
deux raiigi ce points en laine paiKe. — Les descentes 
de lit on mousse de lame tont toujours de mode. 



J>s (mavèrec. — 1* Cs n'sst pas nne mode, _ 
cela peut être une fantaiaie; S* on ne porte pas _ 
collier ; 3* oui, o» femi meure «et oroemeot daos ses 
cheveux : 4* on peut porter deux bracelets. Voilà, 
dame, réponse à toutes vos questions. 



Quignet RahuHn. — E«t-ce pour nettoyer da bronse 
doré, argemé ou peint en bronze que vous demandes 
unn recette ? Malgré ma bonne volonté de voua étit 
agréable, madame, dans le doute, je n%i pu vous ré- 
pondre. — Les dessins de bourse ont le nombre de 
mailles voulu, c'est à vous de prendre un moule pins 
petit, *i vous désirez une plus éiroiie bourse. -^ Quant 
aux charades et énigmes, ce genre est vieux... je ne 
vou« en ai promis que si j'avais de la place de reste. 
— J'ai eu l'honneur de vous dire que le Journal ne 

Eonvflit plus mettre d'adresses. Cherchez oelie de 
1"' Béreux sur la couverture de votre Journal, n*l. 



Port Sainte-Marie. — Votre lettre est écrite avee 
esprit, grâce et clarté, ma belle demoiselle ; je vous 
en. fais compliment. -> Si vous aviez été abonnés 41a 
grande édition, je vouv aorais envoyé votre nom ; mais 

je n'avais plus de place sur la petite ce sera pour 

novembre. 



Du vallon. -~Voua avez eu un joli dessin de bonnet 
d'enfint, en broderie anglaise, au mois d'aoû.t dernier, 
belle dame, je ne peux encore en donner un autre; at- 
tendez un peu. — Je vais essayer votre gâteau à la 
graffinried, il me parait fort bon. Mille remerclmenta 
pour noi abonnées. 

Saint-Uippolyte. — A seize ans, en été, vous n'a- 
vez besoiu que d'eau de rivière ou d'eau de ploie; en 
hiver, c'est différent, le froid gerce la peau, et le eold 
cream peut être utile... — Dans le cas oii vous ne trou- ' 
veriez pa* une amie qui pût vona prêter cette recette , 
attendez, mademoiselle... Si vous n'avez besoin que de 
Cela pour être jolie... je crois que rien ne presse. 

Entre mon Journal et mon ouvrage. — Si mes filles 
avaifut sali leurs camniis de fausse hermine, voici ce 
que je ferais : J'étendrais un camnil sur nue table, et je 
le frotterais, avec un pain de blanc d'Ë.«pagne, dans le 
sens du poil, puis à rebrousse-poil, je replierais ce ca- 
mail sur lui-mè ne, et je le Laisserais ainsi durant un 
jour ; le If-ndoniain, je le se*:ouerai8 par la fenêtre, je 
1 étendrais de nouveau sur une table, et J We brosse- 
rais avec une brns^e, puis je recommenottais à le 
frotter avec du blanc d'E''pa^:ne, et à le brosser. Vous 
çavex qu'on ne p'ut mou l'er la peau des fourrures, 
le blnuc u'Espa^-i.e a la vertu d'eiiL ver la graisse, et 
conioie il ne peut qno bianchir la Taus.^e hermioe, je 
crois que c'esi 1»* Feul moven... S'il est bon, dites-le- 
moi, j'en ferai part à no« abonnées. — Lp dictionnaire 
des racine* grtcques t-t latines à l'usage des gens du 
monde, se trouve chez tous les libraires. — Je re- 
mercie mademoiselle votre fille d'avoir confianre en 
J, J. — R»cevp7.. madame, mes remen luienls pour le 
bonheur qne mo donne voira approbation, et croyet 
que voire sympatliie m'est bien précieuse. 



r 



^1» 



•*' 



Dm loiirt «I« Satii<tf*Jlane d^Aueh, >- Madame, 
TMt arec, pUnehe VIII, Tan des deux corsagei de 
gandear naturelle qae ?oufc.<lilim; «tbc oe aèaa 
OMMge, que Tooe décoUeles dewat at^nr le doe, voas 
aTSK le lecond corsage. — Je ne préaiime pas qae tous 
90fe% abonnée à la petite éditma, las plaooliea étant 
ftop petites poar cootanir ces patcons. 



Stule dan$ ma chambre. — Envojet, avec un fil de 
laîtODy la grosseur de Totre doigt : ces ligues, conte- 
aant nne booMole, se font en or, an argent, ou en 
4Mdlle$ lanvienne est en écaille, eNe coftte 18 francs.— 
iaao mprends tout... ce qna toos dites» ce que «ans no 
dltoe pea...']floa Diea 1 que de choses nons aurions à 
fiMa meoaler^ peur aona consoler an nons affligeant 
eoieinUel miis, ma paarre amie, je ne peux qne tous 
eftTiir mes bras. 



Par un temps ealme^ gant pluie ni soUU, — Ma 
bill*4em»teMâ, An, penoane >qni voas a dit qa'na 
^f^^°^° brodé, que tous Tonex de finir, na se porte 
mas^eet jalouse de votre japon... — Il fitudrait avoir 
ralbnm , avant de faire aa coaTertim en lapiaserie ; 
pour le cottTrir, adreura^vons à un élégant papetier. 
--OAne peut fisiru an fond en Jaisblaac, ce n'est pas 
solide ; le jais, d'ailleurs, ne se place que dsns 
■MMms, et pour des objeu qa'on ne tonche pas... 
s donc un album en jais sous votre bras !... Votre 
a'est point approuvée par vos amies, Jeanne et 



9ÎM Lorraine qui aime ton paye. — A Paris, les 
demoiselles d'bouueur ua reçoivent r:en et ne donoent 
rien ; mais puisque tel n'est pas l'utage de votre pays, 
offrez au garçon d'honneiir, en échange de «-erdousi* 
paires de gants dans leur botte, de êes bonbons et dr 
set /leurs : une cann«*, nne bourse, une blsgae. . — 
Jeanne et Florence continueront leurs causeries, puis- 
qu'eies vous intéressent — Que la robe de noce de 
gros de Naples blanc de maderoois*ille vo:re sœur 
msee no peu la queue, que sous ses zuanchps pagodes 
elle ait ces manches de tulle de soie, montées d u bas 
à an entre-denz de dentelle ; que sa rube, si elle n'est 



pas colletée, laisse voir une gmmpe de tatle couverta 
de dentelle pour cacher la poitrine... pas de bracelets 
de biiimx. — .Qoaad j'anral place pour ce que vooa 
m'offirez, je vons^ le demanderai, ma petite aaiie, et 
vous en remercie d'avance. 



Sous mon catalpa m fleurs. — Cette petite fille de 
5ans, coiffée d'un riche bonqet brodé, couvert d'an faix 
de velours roses et d'ane capote de satiu blanc ornée 
d'une gairlaode de rones, paraîtrait ici fort ridicole.-*- 
Je ne fais aucune différence entre les anciennes et les 
aonveUes aboaaé»8, mademoiaaHa, mais je vont pré- 
viens que je ne m'associerai jamais aux excentricités 
de qoeiqnes personnes de previoee. -^ Une attira fait, 
j'es|iè»e pontoir répondrei vos demandes. — Dit^s-moi, 
je voas prie, ce que vous entendes par an faim de 
pelours roses. 



Une lettre timbrée de Bruxelles, 17 aodLt, n*étant 
point aifmachief a!a pas été reçue. 



Château d'Eekersdorf. — Merci, madame la oom- 
teese, de l'incérét que, du fond de la Silésie, voaa von- 
\n bien pren-ire an Journal des Demoiselles. Vos 
charmants ouvrages serojt exéeotés d'après vas in- 
•irnctioiis. Recevez, je vous prie, l'expression de ma 
reconnaissance. 



Frontière de Suisse. —■ Rolisez ma réponse, ma- 
dame, et TOBi la oomprendrex beaueoap pins à votre 
avantage. — Le fragment de lettre ne peut convenir, 
le tableau qu'il décrit e.st trop sombre, il n'est pas 
vrai. — Je viens de recevoir oeque votre lettre m'an- 
uonçaît ; je vou-« en remercie ; je vais le l<re. — Je se- 
rai très h^'Ureuse de votre visite, madame — Ce qae 
vous avez la bonté de ma raconter sur N. L. R. est 
bien honorable pour le Journal des Demoiselles. — 
Croytz, je vous prie, à toute mon amitié et au désir que 
j'ai de vous conuatire, vous, et monsieur votre mari* 



Marseille. — Allez donc à la poste, chère et bonne, 
vous verrez qu'on ne vous onblle pas. 



(DIEU — PATRIE — FAMILLE.) 

Bistoire, voyages, contes, nouvelles, fables, légendes, etc., par M«« J. J. Fouqueau de Pussy» 
arec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. lUuitiraUont dessinées par 
WA, Deveria, Léopold Levert, etc., gravées par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume 

Kand in-8* de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr,, au bureau du Journal des 
ïmolselles, n» 1, boulevard des Italiens, et 5 fr. par la posle. 



VIS DB GOmXF&OI BIS BAMAS, 

Par M. le vicomte de Marquessac, chez A. Va ton, libraire-éditeur, rue du Bac, n» 50. 



ZtiB BSXNSS Bfi TBAnCEf 

Par BI*i* A. Celliez. Un volume petit in-4<* de 800 pages, orné du portrait en pied de chaq-ie 
reine, lithographie sur deux teintes, avec un riche encadrement. Prix: 10 fr. Chez P. C. Le- 
huby, libraire-éditeur, rue de Seine, 53. Ce volume c.«t un riche cadeau à offrir pour une fôt«. 



XJl Is-nLE BISS PETITS EKFAMTS, 

Poésies nouvelles dédiées h toules les mères chrétiennes, par Tabbé Alphonse Cordier (de 
Tours.) Chez l'auteur, rue de Yaugirard, 49, à Paris. 



Broirvzi.x.E bibuothè^ui: bes a^is z;e z^'enfance, 

Ou manuels élémeolaires sur toutes choses, par C. Jubé do la Perreilo, chef du bureau des 
écoles de tilles et des salles d'asile, au ministère do l'mslruction publique et des cultes. Gé(^ 
graphie Générale : Géographie de la France. 1 petit volume cartonné, suivi d'un nouvel Atlas de 
Séographie moderne, aussi cartonné. Chez E. Ducrooq, rue Hautcfeuille, 10. 



C01I8EZI.S SVTL L'ETUBE BU CHAMT, 

Par Giovanni Duca, professeur de chant. Prix : 3 fr. 50. Chez Bonoldi frères, boulevard 
des Italiens, U. 



LE 1" Dl CHtOni Mots, A PAKTim DD IS làt 



i2 livraisons de chacune deux feuilles, imprii 
acier, 3 dont lei sujets se rattacbent aux m 
lacune un des reniiarquables tableaux du S 
xB jolies, les quadrilles les plus brillanls, lus 
scbs les plus à la mode— 4 planches Av dessii 
9unes personnes, d'enfanls et de jeunes fi^mn 
Bnant des patrons de grandeur naturelle 
;hes— manteaux— bonnets— mantelets — v^l 
stini de tapisserie, dont les couleurs sont 
isÎDB de broderie pour : cols — maDchettes • 
— jupons — camisoles, etc. — Des ouvragei 
es coloriées — pages manusCTiles — fleurs 
tricot, au crochet, au filet, toiijours clalreD 
entODrâd'uaricbeencadrenieot et satiné. 
i, — 12 h-ancs pour tes départemealE,— 141 
9 Portugal. 



TABLÉ. 

NEUVIÈME NUMÉRO. 



I plaisir au Texas, traduit de l'angluii par M 
^s Français de divers élals. par Alexis ne Mo 
)d I ieii, rcmme de Tt^pin le Bref, par Hadun 

LxinRpBus 

. ^ IBNNET de l'Académie française 

jDi dres, 2* Lettre, pai- M"" Emha Fbaiund i 
Pssieur, par »!■' Eveline RiBeacoDET.., , . 

nii're d'emploj^er la cire à cacheter qui » s 
,ill< s contre la mauvaise baleiné. — Manièri 
l!. — Procédé pbur faire cuire les chStaigne 
. i. FouQDEtu DB Pi'ssr 

Crécy 

Mtw •' 

Gbaïukb BE Modes. "' ■"'"^' v t^.^^-~-'^ i^^S^ 

Musique, to Serram, valse sur une romance espûgoole, musique de Vni 
mazurka, par CuahlbsGaillt. 

PLANCHE JX. — N°' 1. Encadrement de mouclioir, — 2, Autre encadi 
derie anglaise, — 4, Entre-deux, — 8. Aulre col en broderie anglaise, 
Semé pour bonnet, — 8, Serait pour fond de gilet, — 9, Couronnes de 
de fantaisie— il. Etuleen tapisserie,- 12, Signes qui reiuésenlenl les 
Passe tond et barbe d'un Iwiipet Wariï-.''mnr(,— 16, Entre-deux, brorii' 
id — 18, KA, — 19. UiUirint, — 20. Amaranie, — 21, H .W, — 22, 
23,'Bavette, — 2* et23,'BéKuin pourle promiei ige. 

Paris. — Imprimerie de H"' V Uoxvbt Dope*, rue Salni-Louis 



wmrnmvwss^^s^^' 



AVIS. 

4 

Lm lettre! relatives ou service du Jonmel, demeadet â'aluuinemeaU, refiouvelleme«ls« 
réolamatlons, chaa|g;eiiients d'adresse, devront être adressés à M. I* éditeur du Journal, 
boulevard des Italiens, 1. 

Pour la rédaction, à M-« J. J. FOUQCBAD DE PDSST, directrice du Journal dea 
Demoiselles, rue de la ▼tctoîre, 46. 

Les lettres non affranchies ne seront pas reçues. 

Les personnes qui voudraient s'abonner pour 6 mois le pourraient à partir du !•' juil- 
let 4854. Un abonnement à la petite Edition ; pour Baris, 3 fr. ; pour la province, 4 fr. A k 
grande Edition ; pour Paris 5 fr., et 6 fr. pour It provinee. 



RÉPONSES. 



Sangy. — Ponr quel arage voulez-vous broder, en 
laine nuancée, le n* 3 de la planche IX, qui e«t, comme 
Tons sav€i, le quart d'un mouchoir que l'on brode en 
point de fefton avec du coton blanc? Je ne sais que 
TOUS répondre. — Voua aarez votre ncm, mademoi- 

sdle, nais pas de sitât; je n*ai pas de place sur la 

petite planche. 

Par la pensée, auprès de Jeanne et de Florence. — 
Ce que vous voulez savoir a été dit, mais 'il j a lo^- 
temps ! — En efTet, lorsque dans un grand dtner nne 
deme se met à table, elle ne sait plus où poser ses 
gants ; celle qui ne boit pas de vin de Champagne 

g eut les mettre dan< ^on Tecre. — Merci pour votre 
onne et gracieuse lettre. 

Ne nCotibliczpas ! — Si les bandeaux courts et gon- 
flés voDt à votre nez rotrous'é, pourquoi les changez- 
vous? Ingrate! — - Avet-vous essayé des bandeaux on- 
dulés^ Ils vous iraient encore. — Je ne sais rien qui 
rende les mains blaoches : mettez des gants le plus 
souvent que vous pourrez. — Adieu, petite coquette, 
les deux amies vous aiment. 



je n'ai qu'un regret, . c'est de ne pouvoir vous remer- 
cier autrement de leur bonne visite. 



A toutes nos abonnées. — On ne pourra faire droit 
àaucuncR réclriTrations si elles no sont accompngnéei 
du numéro d'ordre écrit à la main sur la bande im- 
primée qui couvre le Journal. 

Sur les bords du Bérange. ~ Vous savez bien, ma- 
demoiselle, que les bureaux n'ont pu inventer le nom 
de la pe'sonne qui reçoit votre journal; pendant neuf 
mois vous avez trouvé très-bien qu'il en fût ainsi ; 
vous vous plaignez maintenant... à qui la faute? J'ai 
lait rtf trancher ce nom. — La forme des bourses algé- 
riennes est bien connue. Est-ce l'espèce de tricot dont 
dles sont faites que vous désirez apprendre? 

Près de mestnfants chéris. —Vous me demandez, 
madamr*, au nom de plusieurs abonnées, det dessins été 
broderie au plumeiis^ cour les halits de vos maris et 
lie vos frèics ; je veux oien prendre votre demande au 
sérieux, et vous répondra que l'on ne brode pas les 
habits bourgeois... au plumetis surtout! 

Reconnaiasanre et admiration. —Il n'existe pas de 
tricot qui puisse imiter le filet, madame ; j'ai indiqué 
cette aLuée la manière de faire le ûlet carré, cherchez, 
ou attendez jusqu'on 1802. — Les couvertures de lit 
tricotées ise font par bandes de dilTérentes couleurs; le 
tricot n'est rien, le choix et l'arrangement des couleurs 
en font tout le mérite : ces covvtctares sont isoroiss 
d'une longue IVango, fermée d'un brin de laine noaé 
au bord, toat autour. 

Jjoifi de ma mère. — Vous aurez votre nom. — Vo- 
tre sœur aura bientôt, sur la planche de la grande édi- 
troD, un encadrement et une rosace au crochet, pour 
couverture d'édredon. — Votre position est très déli- 
cale. Si vous .aviez on frère, ou un .cousin... il pour- 
rait étro un utile intermédiaire... — Barling vous 
donns la pattt. 



; 



Feeamp. — Je ne pem, madame, vous envoyer un 
dessin représentant le bonnet Jtfsrie-Stuart; essayez-le 
d'abord en grosse mousseline : je l'ai exactement dé- 
crit. — Vons aurez des dessina de crochet, mais je ne 
peux vous promettre le pendant d'un coussin que j« 
ne connais pas et qui n'existe pas peut-être; mes occa- 
pations d'aillears m'ern pèchent de faire toute recher- 
cha à cet égard. 

Un eotniié d'abonnées. — 1» Les inant<»aux sont éga- 
lement pour mère et pour grandmère. S'il y a des mo- 
dèles nouveaux, ce sera au mois de novembre. — S* Je 
cherche un chat de la taille de ce chien, dont le fond 
doit être vert-chou,— 3° Quel bonnet voulez^ons? — 
4' Tous les cols se portent avec ce gilet, excepté la 
col Mazarin. — 5» Vous vous ôies répondu avec ua 
tact parfait. — 6» Quand je ferai le gâteau en ques- 
tion, j'en donnerai une part aux petîis oiseaux, ce 
?era celle de votre petite fille. 

Toujours seule. ^ La bague-boussole se porte par 
utilité, par curiosité. On l'ôte le soir en se couchant, 
ei surtout quand on sa lave les mains... elle serait 
perdue 1 — Je vous embrasse du cœur. 



Pan».— Madame, je suis aussi très-préoeeapée de 
savoir comment employer de petits morceaux de v^ 
lour?, je fais de» essais... si je réussis, je vous le dirai. 
~ Il n J a que les bonnets à barbe qui ne se chiffon- 
nent pas. 



Alats. — Pour petit garçon de sept ans, il y a la 
manteau Talma. - Pour petite fille de trois a^s, una 
robe ouverte devant, et une longue pèlerine. ~ Le 
mois prochain nous apportera sans doute quelquemode 
nouvelle. - Je suis reconnaissante, madame de l'in- 
térêt que vous voulez bien me témoigner. 

Detnm cabiwide travail- Merci, gracieuse abon- 
née, de vouloir bien embellir notre Journal des pro- 
ductions de votre adresse. 



Au confluent de la Saône et du Doubs. - Mademoi- 
seUe, J espère vous donner en novembre le vétenent 
que vous désirez. — Vous aurez votre nom. 

Lyon. - Vousvoua êtes trompée, madenioiselte. en 
me demandant un dessin au plumetis, haut deiJO & 
60 centimètres, pour le broder au-dessus d'nn ourlet- 
c'est sans dôme tt à 6 wmtimètres que voua voa- 
lez dire; mais il n'y a qu'aux robes de peroale des 
petits enfanta que l'on brode des entre^eux et ces 
entre-deux sont en broderie anglaise. — Vous leoevrea 
votre nom. 



Parts. — Ijefrife et la tour ont reçu raecueil qu'ils 
«raient droit d'4itt«odTC, venant de vous, madame, et 



Poi/t^r».— Il y a plusieurs formes de prie-Dieu, j'w, 
vais choisir une qui puisse tenir le moins de place et 
1a tapiiiforie ne sera pas difticile à trouver. — Merci. 
me«iiemoiteHeR, de votre sympathie. 



•Du Palaù de Criiial. — Le Journal n'étant pattim- 
^l'â} je ne puis y mettre d'adreMet. Recelés mes re- 
grets, mesd- moiseUet, et permeltex-inoi detonhaiter 
00 grand faccèt à votre heureuse uTenlion. 



L'espoir rend tout JaciU. — L»» Journ»! ne fait pait 
de distinction entre ses abonnées, ma belfe demoi- 
selle, xans cela fons en mériteries nne. — 3e rois que 
TOUS le lisez sérieusement, avec fruit ; je rpçoia pour 
lui Tos compliments, et suis heureuse qu'il offre à rotra 
père quelques délassements. — Vous aurez les deux 
noms. — Le po'<nt de rose est le point de fe^toa que 
Ton a TemlK>nrré en dessons en y passant du coton. 

Une amxp de^ Jeanne et de Tlorenre. — l' L'étole peut 
être exécutée sur gros canevas de soie, nais blanc, il 
n'y en a pas d'une autre coulanc. ~ S* Un tapis de 
table qui serait fait sur le modèle de cette jolie btotlb 
^itt nout ai lauiiCK- d'AUemagnts pourrait sa laver, 
puisque les cotons : blanc, rouge et rouille se lavent. — 
Il esr inutile de gonraier ce tapb, doubles-le d'ane 
toile blanche, si tobs voulez lui donner plus èe con- 
sistance. — S"* La bande de raisfns bleus et blancs fera 
bien pour devant d^autel ; vous, ue pouvez y mettre 
qn'uce frange en laine de la couleur du fond d» cette 
bandai — 4^ Si les eonleura de* votre raba de popeIin<) 
écossaise le perm-'Uent, j'aimerais un gilet de gros-de- 
Naplee bleu de France ; le corsage de la robe doit être 
ouvert sur la* poitrine, powr laiaser voir le gilet, qpii 
peut être caché du ba«, sons un conaae à pointe. — 
Avecnn giîct, lee maneltea Lonis XII i sont préféra- 
bles ; TOUS en aurez- nn patron en novembre. — Je 
ferai tout ce qui dépendra de moi pour que voirecher 
Journ.ll vous soit toujours dé plut en plu* utile et io- 
téressmt, rt ses r-.^cettes praticable» et peu éUspendi<ni- 
s't. ~ JjB vois qiiA nout nous eniendena, et; pvnipxe 
vous m'aimez, je vous aime. 



formant deux rangs autour de vos manches pa^o<f? ou 
Louis XIII. Ces velours onces galon « seraient repliés 
en dedans aaz denz extr^mitéf, de manière à former 
uns pointé. — Je vons conseille de fermer votre robe su r 
la poitrine par des agrafes et non pur des boutonniè- 
res. — Les boutons doivent avoir la forme de grelots. 



Bciden. — Mademoiselle, j'ai fait co»nposer c« d*'ss'n 
pour soutachp, mais la p!anch'> d'octobre étant faite 
lorsque v )tre Mit? m'e<;t arrivée, ce spra pour novem- 
bre. — S: cppendjrii vow< étiez pressée, il y a quelqao 
chose, selon moi, de plus joli et de plus demoiselle : 
ce sont des p<^tits velonrs ou galons de soie, niMra.lar- 

tes d'un cenMmè:re et demi, cousus à plat, formant 
chelte, sur votre cotA.ige, sur votre jupe de drap et 



Mars'ille. — Hé'as! oui, madame, votre antique 
Bfassilie eU bien loin de son origine; ses femmes seu- 
les ont conservé l'esprit, la beauté, la grAce de leurs 
ancêtres. — Voilà, pour votre table ovale, le tapis que 
je ma permets de vous conseiller. Faites tailler jastt, 
sur le des«us de la tab>e, un morceau de velours de 
laine, de lacouiAur du menblasda l'appartement ; bra- 
dez une binded') tapisserie de la longueur du pour- 
tour de cette table ; que Ton donblo le tapis d'onre toile 
verte, la bande d'une toile verte ; que l'on réunisse la. 
bande au tapis, et que l'on rabatte la toile verte de la 
bordure anr cella dn tapis ; au bas de cette bordure, 
larg'? au moins de 15 centimètres, on coudra une 
frange torse, haute de 19 centinètrea, de la co^Iear 
du velours. 11 faudrait quelle fond d^ la bordure fàt 
blanc. Ce tapis lais /Brait voir les pieds de la table , 
paisqu';ls sont richement sculptés. -> Les ooossins en 
filet brodé en reprises, se posent sur des cous&in^ de 
percaline de la couleur du enapé dn salon, et se gt^ 
ni«tsent d'une torsade en soie de )a même couleur, ou 
d'une des dentelles en filet dont j'ai donné des modèle». 
— Je vous remeccie. madame, de m'avoir initiée dans 
votre gracieuse famille, et mon cœur a compris ce 
qu'i! y avait Ûrdedana d'aimable pour moi : les per- 
sonnes auxquelles on parle de ceux qu'on aime, sont 
celles que l'on e^t bien prèa d'aimer. 



ChâU^au SEekeredarf<. — Qbo de joUfia< cboMS vous 
m'avez envoyées, madame la comtesse! que notre Jour- 
nal sera heureux ! et comment pourrait-Il ne pas être 
reconnai5sant pour Véloiîe d'Eckersdorff qui veut bien 
êtio sa bonn.) étoile? 



Marseille — Ma chère amie, vous avez reçu tous 
les numéros oubliés... pas par moi! C'est mal de ne 
les avoir pas réclamés l Vous pouviez donc vous passer 
de r^iiser avec moi I... malgré cela je vous aime tou- 
joura. 



US ULTRB BBS ÉGOLIEAS 

(dieu — PATRIE — FAMILLE.) 

Histoire, voyages^ eonteg, nouvelles, fables, légendes, etc., par M"* J. J» Fouqueau de Piusf, 
avec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles» /Kti^ratton^ dessinées par 
MM.. De cria, Léopold Levert, etc^, gravées par Lacoste, Baudoin, eto. Un fbrt volume 
grand in>8o de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr;, au bureau du Journal de» 
Demoiselles, n^ i , boulevard des Italiens, et K fr. par la poste. 

VIE BB GOBEFROI BE BAMAS. 

Par M. le vicomte de Marquessac, chez A. Valon, libraire-édileur, rue du Bac, n^ IH). 



Poésies nouvelles dédiées à toutes les mères chrétiennes, par l'abbé Alphonse Cordier (de 
Tours). Chez l'auteur, rue de Vaugirard, 49, à Paris. 

OOMSBILS SUR Z.'ÉTUBE BU CBAWT, 

Par Giovani Duca, professeur de chant. Prix : 3 te. 50. Chez Bonoldi frères,, bou levard des 
Italiens, 11. ^^^^^ 

Nous recommandons à nos abonnées les jolies romances de L. Clapisson : Une Chanson dans 
un nid; Une lettre au Pays; le Réveil duxour; les Veux enfants; Mon dme à Dieu, mon cœwr 
à. toit et Ut Bête à bon Dieu. 



A-VIA. 

Quelles numéros dépareillés du Journal des Demoiselles, depuis l'année ISSS jusqu'à l'année 
90Bt à vendre au bureau du Journal^ au prix de 20 centimes. Tous savez, mesdemoiselles, 
que lés articles et les nouvelles sont tmijours terminés dans chaqae numéro. C'est donc une 
bonne occasion qtw je nfempresse d'annoncer à celtes dfe vous qui ne seraient pas d'anciennes 
abonnées. 12 nuinéros. pris m bureau, coûteraient 2 fr. 40 o. 30 co<lteraieint 5'fr. Comme la 
poste doublerait ces prit, il faudrait faire prendre os numéros et les envoyer par la diligence. 



tODiMMi mn mmmMSMt 



PAKAÎSSAXT LC !«' DE CnAQCB MOIS , A PARTIR DU 1*' JANVIER. 



Ce Journal se compose de 12 livraisons de chacune deux feuilles, imprimées sur deux colonnes. 

11 contient : 4 gravures sur acier, 2 dont les sujets se rattachent aux nouvelles insérées dans 
le journal ; et 2 représentant chacune un des remarquables tableaux du Salon — 24 morceaux de 
musique : les romances les plus jolies, les quadrilles les plus brillants, les valses les plus nou- 
velles, les polkas, mazouricas et schotischs les plus à la mode-- 4 planches de dessins de tapisserie 
coloriées — 12 gravures de modes de jeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmes — 12 rébus 
illustrés ~ 24 grandes planches conlensni des patrons de grandeur naturelle de : robes — fichus 

— pèlerines — chapeaux — calèches — manteaux — bonnets — mantelets — vêtements de petits 
garçons — de petites filles, -* des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des 
signes. qui les représentent — des dessins de broderie pour i cols — mansliettes — mouchoirs — 
bonnets — robes — gilets — canezous — jupons — camisoles, etc. — Des ouvrages de fantaisie, tels 
que : cartes de visite, têtes de lettres coloriées — pages manuscrites — fleurs en papier -» en laine 

— bobèches, etc. — ouvrages mi tricot, au crochet, au filet, toujours clairement expliqués. Le texte, 
imprimé sur grand 4)apier, est entouré d'un riche encadrement et satiné. 

10 francs par an pour Paris, — 12 francs pour les départements, — 14 francs pour ^étranger. — 
15 francs pour l'Espagne et le Portugal. 



TABLE. 

DIXIÈME NUMERO. 

Ptg«i. 

InstructioV. * Coup d'œil sur Thistoire de la peinture, 3* article, par M. J. de Chatillon. . 289 
Littérature étrangère. — Le Retour du Ramier, traduction par Mademoiselle Emma 

Faucon • 293 

Education. -* Laure Devilliers, par A. Jadin 294 

Minuit, légende, par M*°« Evelinb Ribbecourt •.•..••••« 30f 

Poésie. — L'Ange gardien, par M. Severin. . • « . . . • • . 306 

Explication de l'énigme historiqle, n<* 8 306 

Mélanges. — Exposition de Londres, 3* et dernière Lettre, par M"** Emma Ferrand de Beau- 

JOUAN 307 

Economie domestique. — Limonade. — Sirop de punch. — Crème d'anis , . 311 

Correspondance, par M"« J. J. Fouqueau de Pusst 312 

Ephémi^rides. — Bataille de Lépante # ... 319 

Mosaïque • 320 

Rébus 320 

GrIvurb sur acier : Laure Devilliers, dessinée par Philippotcaux, gravée par Nargeot. 

Gravure de Modes. 

Tapisserie coloriée. 

Musique. — Les Clochettes, polka par Labitzky. 

PLANCHE X. — N°* I. Bas de jupon, — 2, Bérénice, — 3, Garniture festonnée pour bonnet de 
nuit, — 4 et 5, Boutonnières de chemises pour hommes et pour femmes, — 6, Entre-deux, — 7, 
Garniture de camisole, — 8, Bande au crochet, — 9, Filet carré pour coussin, — 10, Pantoufle, 

— 11. Signes des couleurs, — 12, Manche de dessous, — 13, Fichu, — 14, Camisole, — 15, Bon- 
net du matin, — 16, Pale, — 17 et 18, Mouchoirs en points de feston, — 19, Col feston et plu- 
metis; — 20, Manche pagode, — 21, Àmanday — 22, Virginie, — 23 et 24, Grands entre-deux, 

— 25, 26, ^, 28, Autres entre-deux, — 20, Volant pour bas de jupon, — 30, Garniture pour 
bonnet de nuit. — 31, Marguerite^ — 32, Mariette, dans un écusson, — 33, Amélie, — 34, Bas 
de jupon, — 35. Devant d'une veste grecque, —36, Dos, — 37, Manche de Cette veste. 

Ce Numéro se vend au Bureau 2 fr. 25 et 2 fr. 50 par la poste. 

Paris. — Typagrapble de H*« T* Dond«j-Duprë, rue Saini-Louit , 46, an Maraii. 







.•W «^ ♦ (^ f^ {^♦W'^W(î) (JWWî? 




Kàf 



AVIS. 

Lei lettre» relatives au tervîee du Journal, demandât d'abonnenieBls, renoaveUeoBQBfti, 
réolamattont, ohangenaenU d'adresse, devront être adroMés à H. Féditear du Jotwn*!, 
boalevari des Italiens, 1. 

Pour U rédaction, à M'^» J. J. FOUQUEAU DE PUSST, directrice do Journal des 
Demoiselles, rue de la Victoire, 46. 

Les lettres non affranchies ne seront pas reçues. 

Les personnes qui voudraient s'abonner pour 6 mois le pourraient à partir du 1" juil- 
let 1851. Un abonnement à la petite Edition ; pour Paris, 3 fr. ; pour la province, 4 fr. A la 
grande Edition ; pour Paris 5 fr., et 6 fr. pour la province. 



RÉPONSES. 



Bien loin ât tous ncux que j'aime. —Vous avez vingt 
ani, et vous voulez vous f«re sœur de charité, à Pa- 
ris... N'y a-t-il donc pas autour de vous de roaladei 
et de pauvres à soigner? A moins que vous n'ayez ni 
parents, ni assez de fortune pour vivre ; alors l'habit de 
sœur de charité vous assurera une existence respectée 
dans cemonde et récompenséo dans l'autre... Excusez- 
moi si je ne vous donne pas les détails que vous me 
demBDdez, ce sera pour le mois prochain. 

De ma chambre virie. — Mademoiselle, la planche 
de l'édition A 6 fr. est trop petite pour contenir les 
patrons que vous désirez — Vous dites que les des- 
sins qu'elle contient sont insignifiants; permettez-moi 
de trouver votre réflexion peu juste ; il vous est d'ail- 
leurs facile d'ajouter 4 francs à votre abonnement, et 
il m*e8t impossible de grandir les petites planches. 

A toutes nos (kbonnies. — On ne pourra faire droit 
à aucunes réclamations si elles ne sont accompagnées 
du numéro d'ordre écrit à la main sur la bande im- 
primée qui couvre le Journal. 

Pentîani le sominHl de mon fils. — Pantalon blauc 
descendant au bas des genoux et monté sur un entre- 
deux garni d'une bande de percale brodée à l'anglaise 
— guêtres hautes eu drap mirron — sarrau eu ve- 
louia noir ~ chapeau rond, aussi en velours noir, orné 

d*one plume de môme couleur — Troavez-vous que 

▼otra fils sera joli sous ce costume? 



Beas-Espana-Catalana. — Votre bonne amie Jeanne 
sait maintenant, madame, toutes vos tribulations pour 
recevoir le Journal. — La grande édition vous coûtera 
16 francs, rendue chez vous. 



Préside met poissons rouges qui m'annoncent le 
beau temps. — Vous pouvez vous broder un troisième 
jupon en broderie anglaise, mademoiselle. — A Paris 
one robe de jaconas brodée en tablier et au bas des 
manches pagodes, était portée cet été par une dasne^ 
chez elle, sous un peignoir de barége, de cachemire, 
ou de soie de couleur ; il n'y a que les petites filles qui 
portent co costume dans la rue. 

Sous lea omf^rages de PiiU Bois. — Vous avez votre 
nom, mri belle demoiselle. Je vous donnerai lé Lan- 
gage lirs Jleurs. — Voici les uiinûes du Journal qui 
leiieiit à vendre : 183'>3S-l9 10-41-12-13-4 1-43-40, pe- 
tite édition, 4 fr. le vol. ; 1') vol. 30 fr., pns au bu- 
reau. 184H-4J» -50-51, netitf) oditio i, 6 fr. 50 c, toujours 
pris au bureau. — Vos clones sont reçus avec grand 
plaisir. 

Au château de la Jonchère. — Mademoiselle, je vous 
donnerai un patron au mois de novembre. 

Ciirentan. — Madame, vous m'écrivez : € Le Jour» 

> na'i des Demoiselles n'est fait que pour elles, ou 

> pour io4 dames qui, cimme moi, ont déjeunes de- 
» moiselles et le conservent pour elles, c'est pourquoi 

> il faudrait que ce Journal se dégage de toute idée 

> politique, et n'eu parla jamais, vous savez qu'il a 



26 octobre. 

> âlé cité par les grands jauTnaax pour en faire, il 
» faut éviter ce ridicule qui ne convient pas à tout le 

> mondo.> Vous répondre serait parler politique, nous 
ce parlons pas d'ailleurs le même français, 

Laval. — Madame, cherchez parmi les nombreux 
entre-deux des planches de la grande édition. Je ne 
peux vous en envoyer d'autres. — Votre recette 6tt 
connue : elle est bonne pour du blanc, mais non pour 
la couleur. Ja vous on remercie. 



A l'amie que j'aime. — Avec du barége à fleuii, 
tu ne peux faire une robe à deux jupes, pour trois 
raisons : parce que la jupe du dessus, n*ayant pas le 
transparent blanc du jupon, paraîtrait plus brune que 
celle du dessous "— parce que l'on ne sort pas dans 1« 
rue avec une robe à deux jupes — et puis, parce que ta 
n'aurais pas de quoi. — Ne fais pas de plis, tu gâterais 
les fleurs ; mais fais des volants en biais, bordés d'uD 
ruban de gaze rappelant les couleurs de la robe. 



Sous le plus beau ciel. — Mademoiselle, couvrir des 
boites do carton avec de la cire i cacheter et du ris, 
cela me parait un travail peu joli et trè*-difBcile J'ai- 
merais mieux employer mon temps à me promener 
comme les dames dont vous habitez le pays. — Merd, 
pour votre bonne sympathie. 



Sur une iomhe. — Je ne peux encore, mademoisdld, 
vous envoyer ce que vous me demandes. 

Près de ma mire. — Je ne sais pas ce que c'est 
qa*uB plastron, si ce n'est en flanelle pour couvrir la 
poitrine. — Vous avez eu un corsage sur la planche 
n* Vlll, la planche n* X complète ce corsage. -^ Lises 
l'article correspondance, mademoiselle, et vous j trou- 
verez réponse a votre lettre. 

Loin — Vous reoevex vos initiales, mademoi* 

selle, mais vous ne recevrez pas votre guirlande mal- 
gré le désir que j'aurais de vous être agréable, mes 
occupations me privent de ce plaisir. — Je ne peux 
vous donner l'adresse que vous me demandez, cela nous 
est défendu par les lois du timbre. Croyez à tous mei 
regrets. 

Ma pensée va ious un autre ciel. — On ne porte 
de jupon en broderie anglaise que sous une robe qne 
l'on paisse relaver, afln de laisser voir le jupon. — 
Sous une robe de mousseline on ne met que de la per- 
cale lustrée ou du taffetas blanc. — Relisez les ré- 
ponças, relisez la correspondance, vous y verres des 
toilettes de mariée, il n'y a rien de nouveau. — Don- 
nez une riche épingle à votre fiancé. — Soyez heu- 
reuse ! 



Périgueua. — Madame, que ne vous serves-voni de 
papier a décalquer? tous pourries ensuite bâtir votre 
dessin sur du papier vert, gommé, ce qui serait mieux. 

Château des FerrUres. — Oni, ma belle demoi* 
selle, on portera des manches pagodes, c'est ai gra- 
cieux : — Faites des branches de fleur a'avoine enve- 



1 



louis, cest un cadean. — Merci de Totre bonne re- 
cette, ie vais l'essayer. — Je regrette bien de ne pas 
connaître de soulagement à la soufOrtnce de madame 
Totre mère; je ne peax que la plaindre et lui con- 
seiUer des haint de p... et plus de place dans ses s 

Des hords de l'Hérault, — Les petits garçons de 
trois ans portent inditféremment des feutres blancs ou 
noirs ornés de pl»mes ; cela dépend du reste de leur 
toilette. — Lorsque le drap d'une table de jeu est 
xué on en fait ordinairement mettre «n autre, ou bien 
on couvre toute la table d'un tapis carré de tapisserie, 
on en drap garni d*une bande de tapisserie. 

De Vune de$ anciennes iMes de Paris. — Uélas ! 
madame, quand le pauvre Fulz ne sera plus, ceux qui 
l'auront laissé mourir.de faini lui élèveront une statuel 
Il faudrait forcer les bouchers à ne vendre que du 
Teau amené par les voitures Fulz... mais la liberté s'y 
oppose... et la santé publique et l'humanité en souf- 
frent ( — L'histoire de ce pauvre petit tout nu qui 
préfère un livre à des vétemeuU, bien qu'il ne sache 
pas lire,' et répond : < Ze n'ai pas froid, ie veux un 
livre, «'apprendrai, > m'a fait venir les larmes aux 
yeux. Que vous êtes heureuse, dans la position élevée 
où le ciel vous a placée, de pouvoir être utile k ces pau- 
vres enfsnts I 

Sous mon toU de chaume, — Madame, permettez- 
moi d'être flère de l'assentiment d'une personne de 
votre mérite. Mon Dieu I que de talents, de vertus sur 
cette terre, qui ne sont connus que de vous ! — Je ne 
peux vous envoyer cette année ce que vous me de- 
mandez» recevez mes regrets. 

Il faut dans ce monde Vun Vautre s'enir'aider. — 
Que de choses bonnes et utiles vous m'avez envoyées, 
mademoiselle, tans compter celles que vous me pro- 
mettez ; j'en suis reconnaissante pour le présent, pour 
l'avenir. Mais vous ne me demandez rien, vous qui me 
donnez' tant I 



' Avenue des Champs-Mysée». — Vous aurez TOS 
noms, mademoisolle. Relisez la description du bonnet 
Jfof-îe-^/^aW, et vous verrez que l'on n'a pas besoin 
de patron. 



Myosotis. — Votre neveu d'un an, voué à sainte 
Anne, peut porter une robe et une longue pèlerine en 

Siqué blanc. Ce piqué est pelucheux & l'envers. — 
ferci, madame, de votre plat économique. 

Un4 hière hchnnaissajUe'. — Vous m'avez procuré le 
plaisir de -vons voir, de vous connaître vous et votre 
fille chérie ; merci, madame, c'est moi qui vous redois. 

D'une forteresse à 1,600' mï^m au-dessus de la mer. 
— Vous avez confié votre Marguerite à la garde de 
Dieu et de la reine des mères ^ vous ne ' pouviez foire 
mieux. — Je n'oublierai rien de ce que vous me de- 
mandez. — Songez qu« Je vous attends, çuand vous 
viendrez à Paris. Le jour où je vous verrai sera pour 

moi un jour de fôte. 

.. 

Sans mère ! — Choisissez dans les toilettes qui sont 
décrites à la fin de la correspondance, mademoiselle ; 
toutes peuvent vgua convenir, -^esuis heureuse que 
vous ne trbuviez.^vTljfis dQvaJWmojB au Journal : il 
parait trop rarement, f tes-vcfos, et uf est trop court. 



Entre Ztfhir et Fanfan» — C'est précisément dans 
le mois de juillet 1850, qu'est la recette diwrokl cream; 
il y a, comme tu dis, de la fatalité. Veux -tu que je te 
renvoie ce numéro? — Tu es donc une accapareuse, 
ma chérie, toi qui demandes à acheter de l'esprit, et 
qui en as tant ! — Darling rend l'accolade à Zéphir^ 
et dit & Fanfan que, quand on n'a que des coups de 
griffes à donner, on les garde pour qui peut vous en 
rendre. 

Toujours seule! — Chère voyageuse, j'espère que 
cet été votre bague boussole vous ira mieux. — Merci 
de votre bonne et longue lettre qui me. fait mieux 
vous connaître. — Quand je regarderai ma bagne je 
penserai à vous ; en regardant )a vdtre, pensez i^ m(â. 



En quitiani ma digne amie. — Il est regrettable, 
mademoiselle, que madame votre* grand'mère n'ait 
pas su vous initier aux premiers devoirs, aux premiè- 
res exigeances du monde. Cherchez parmi les person- 
ne» qui vous entourent une dame qui puisse vous ren* 
dre ce service ; je ferai de mon côté tout ce que je 
pourrai pour vous être utile, et d'abord, quand voua 
écrirez à une dame, ne mettez pas pour suscription : 
A Mademoiselle. 

Faubourg de Nanies. — Vous n'êtes pas abonnée au 
bureau, mademoiselle, la preuve, c'est que tous nous 
envoyez une bande où se trouve les noms de MM. Le" 
doyen et Giret, adressez-vous à ces messieurs. Nous 
ne répondons que des abonnements faits directement 
au bureau du Journal. 

Deus sœurs. — On ne fait pas de bourse au filet 
carré, mesdemoiselles, car ce filet no prèle pas, et il 
faut qu'une bourse pr»^... 

Tilly sur Seulles. — Il y a eu dans le courant de 
cette année trois dessins de voilettes, pour être brodés 
en application ou en reprises, madomoiselle; mais peut- . 
être n'élei-vous abonnée qu'A la petite édition, et vous 
n'en avez pas assez pour choisir... j'en suis fftchée! 

En vue du pic du Gard. — Le bien à la mode est 
bleu de France. — Lisez l'article Correspondancej il 
vous dira 1a couleur des pardessus. 

Fécamp. — Une lettre encadrée de noir n*étant 
point affranchie, n'a pas été reçue. 

Sur ma terrasse. — Que vous êtes bonne ! vous sa- 
vez donc combien je pense à vous et combien Je voua 
aime, que vous me pardonnez de ne pas voua l'écrire? 

De ma solilude. — Ta lettre est plus raisonnable, 
elle me rassure sur ton bonheur à venir. 



I.B UEVAB DS8 ÉOOUBRS 

(DIBO — PATRIE — FAMILLE.) 

Histoire, voyages, contes, nouvelles, fables, légendes, etc., par M"»« J. J. Fouqueau de Pussy, 
aveo la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. Illustrations dessinées par 
MM. Deveria, Léopold Levert, etc., gravées par Lacoste, Baudoin, eto. Un fort volume 
grand in-ô* de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 8 fr., au bureau du Journal des 
Demoiselles, n« I, boulevard des Italie ns, et g fr . par la poste. -^ 

Nous recommandons à nos abonnées les jolies romances de L. Clapisson : Une Chanson dans 
un nid; Une Lettre au Pays; le Réveil du jour; les Deux enfants; Mon âme à Dieu, mon cœur 
4 toi, et la Bête à bon Dieu» 

Des accidents de dentition, chez les enfants en bas âge, et des moyens de les combattre, par 
M. A. Delabarre, fils, docteur en médecine, médecin-dentiste deThospioe des Enfants-Trouvés et 
Orphelins de Paris, des crèches et des écoles communales du 1" arrondissement, eto., eto. 1 vol. 
in-S» avec figures dans le texte. Prix : 3 fr. Chez Victor Masson, place de l'Ecole de Méde- 
cine, n® 17. 



JUDraBËU BIES DiEsimsmis. 



i- 



! CtlAQDE MOIS, k MHTin DU 1" IINVIKH. 



Ce Journal se compose de IS livraiHns de chacune deni feulllffl, imprimées sor deux colDones. 
Il contient : 4 gravures sur acier, 3 dont lei siijels M ratlacbent aux nouvelles insértef dans 
le journal , et 2 leprËccDlaDl chacune un des remarquables Ubleiui du Salon — 24 moroetox de 
musique : les romances les plut joliei, les quadrilles les plus brillanls, les valse* les plni nou- 
es, les pollcas, mazourlias et scholischs les plus i la mode~ 4 planches de dessina de tapisserie 
rolonées — 12graruresde modes déjeunes personnes, d'enfants et de jeunes femmez — IS rébni 
luslri^B — 34 grandes planches contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — flchu! 
- piledDea — ctiïpc3ui — calèches — manteaux — bonnets — mantelets — rêlements dt peUti 
garçons — de petites Glles, — des dessins de tapisserie, dont les couleurs sont indiquées par des 
Lcs qui les représentent — des dessins de broderie pour ! cols — msDolietles — monehdrs — 
bonnets — robes — gilets — canezous — jupons — camisoles, etc. — Des ouvrages de tanldsfe, tels 
que : cartes do visite, télés de lettres coloriées — pages manuscrites — fleurs en papier — en laine 
— bobèches, etc. — ouvrages au Irioot, au crochet, au fllcl, toujours clairement expliqués. Le texte, 
imprimé sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné. 

10 Trancs par an pour Paris, — 12 francs poor les départements, — 14 francs pour r^tranger. — 
IS francs pour l'Espagne et le Portugal. 



f 



TABLE. 

ONZIÈME NUHéRO. 

Instsucthiii. — Visite aux ruines dHippone, par M"* Liuhe Prvs SSt 

BiBUOCRAFfllB- — Histoire des Français de divers états, 3* article > 134 

LittUathiib imâNciM. — Le Feu, l'Eau et TBooncur, traduction par M» Vin Tbmic-.. 328 

Edccatiou. — Balbildc, par M-* EugïMIE D. de Là. Hochëhe S28 

ToisiE. — La Toussaint, par M" Evrline Ribbicodbt 334 

EnICHS crioCRAPHIQUE. n*ll S4S 

HÏLANGis. — Les Aiguilles 343 

Egondhtb Dn¥MTiQUE. — Salmis. -^ Gelée de pommes. — Moyen de conserver les fruits. — 

Pommade pour les lèvres. — Cosmétique pour la figure 343 

CoBHESPOXDANCB , par M~* I. t Ut 

EpniaAniuES. — Mort du maréchal de Saie ÏBl 

HosuouE • m 

Rdaus, dessiné par LAOPOLD Letert, graié par Cuxlbs Gilbert...,,». •-■':' 3S2 

GravVri PS HoDU. - i. 

HusioDi. — Une Utlre au pat/t , chanson, paroles de F, DBCouBCT,.«ûsiqne de Cumssok. 

MarUtla, polka-maiurka, par Chirlu Giillt. 
PLANCHE XL — W" 1 et 2, — Quarts de mouchoirs, — 3, Etui de porlMigares, —4, Dentelle a 
crochet, - S, Dessin de fitet,— t. Bouquet pour tapisserie. — 7, Signes qui représentent les cou- 
leurs de ce bouquet, —8, Porte-montre arabe,— 9, 10, 11, Fleurs de fantaisie, —12, Manche garnie, 
— 13, Chemisette d'en ts ni, —14, Berihe,— 15, JUiie, — W, touira,— 17, H^rietle,— 18, José- 
phine, — 19. Claudine, — 20, Dessin pour brandebourgs, — 21, fontiy, h 'ntU, — 22, Bas do 
jujion, — 23, F, — 24, Quart d'un dessin de crochet pour tapis de lit. 20, 27, 28, 29 et 

30, (etron d'un corset, — 31, 3S, sa.Dasquines qui s'ajoutent au ba-<:'- ..-agei, —34, 30, 
Manche mousquetaire, — 3», Moitié d'un capuchon. 

Pajs dans lesquels on peut recevoir le Journal, franc de port, au prix de : 

paris 10 fr. Suisse... 14 fr. Colonies (Pays d'outre-mer). 16 fr. llalio(voicde terre), 19 fr. 

Départem. 12 . Turquie. 18 Espagne cl Portugal 16 Italie (voie de mer). 14 

Belgique. .14 Toscane. Ifl Sardaigne 12 

Pays pour lesquels on ne peut alfranchir le Journal que jusqu'à la frontière frangalsQ, 
au prix de 12 francs : 
Angleterre, Allemagne, Prusse et Russie. 

• V' DsmlM-Doprt, riH Stiat-Losit , U, >■ Wui\t. 



AVIS. 



!««• IriUres relatÎTefl au lervioe da Jovraal» deoMiadefl d'abonaernew to , 
rtiJiwliuni, ofaongements d'adrcMe, devront être edreiséet à M. Tédîteiir d« Jooraaly 
Walevarddef UelieM, 1. 

Povr la rédeetîon à M""* I. I. FOUQUEAU DE PU98T, dîreotrioe du Jounud dee 
BeoMÎtenet, me de la Vietoire, 46. 

Les lettres non affranchies ne seront pas reçim. 

Les personnes qui voudraient s'abonnor pour 6 iikms le pourraient à partir du i«' juillet 
f851. Un abonnement à la petite Edition , pour Paris, 3 fr.; pour la province, 4 fr. — A la 
grande Edition f pour Paris 5 tv., et 6 fr. pour la province. 



RÉPONSES. 



ÎO novembre 



Petite. — HélM ! madame, si, comme tous le dites : 
Souffrance variagée console ; quelquefois, soafTniDce re- 
nouvelée désole... et je craindrais que tos yers sur la 
perte que tous Tenez d'éprouTerne âssent pleurer une 
mère sur uoe perte semblable... mais votre cher Jour- 
nal n'est pas moins reconnaissant de Totre désir d3 
faire quelque chose pour lui, et c'est aTec plaisir que 
Je me rends son interprète. 



Par un imips sombre. — Le petit garçon de la gra- 
TUte de modes a un manteau Talma, ou grande pèle- 
rine, en Telours noir, et un sarrau, ou blouse, en étoffe 
pareille. — Sur du drap gris, mettez pour ornement 
du gris plus foncé ou du noir. — Les manteaux de lit 
leoouTrent ordinairement uoe courtepointe ; il Tant 
mieux qu'ils ne descendent pas devant jusqu'au bois 
du lit. — Merci, madame, pour vos Tœiix de bonne 
année ; permettex-moi de vous envoyer les miens. 



.En tongeant à l'avenir. — Ce que tous me deman- 
des, mademoiselle, est trop difficile de si loin ; il fau- 
drait que TOUS fussiez à Paris, et je ne vous conseil- 
lerais pas d'y Tenir, si tous n'y connaissez personne. 
Je présume que tos parents consentent. 



De mon pays natal. — Vous avez déjà un camélia, 
mademoiselle; plus tard tous aurez ce que demande 
votre lettre. 



Chaylades. — Madame, tous avez on gilet brodé en 
aoutacbe, plancha IV. — Pour les taches d'huil^ lisez 
page 981. — Nous aTons donné deux proTerbes cette 
année : le premier peut être joué en famille; le second 
dans une pension. Vous demandez < des petites pièces 

> qui peuvent être jouce par des jeunes personnes 

> dans une pension quelques sujets moral assez gais 

> et formant l'esprit à la réplique de bons mots fai- 

> tuntjiguré plusieurs personnages divers. ■» Pardon- 
nez-m-i, madame, si malgré votre menace de nous 
quitter pour reprendre un autre Journal, je croîs ne 
pouvoir donner ces pièces à tos élèves... mais vous 
Dcus resterez, je l'fspère; car, du reste, vous < nous 

> remerciez Je la manière qu^ nous emploitons bien Var- 

> Çfut des alonnéts par la rédaction au Journal et des- 

> s in s. > 



Au coin du Jeu. — Non, mademo^'selle, il est impos- 
sible que la planche de la petite édition soii plus eom" 
plèle^ et c'est pour les personnes économes, qui taillent 
elles-mêmes leurs manteaux et leurs robes, que la 
grande édition a été faite, afin de leur donner des pa- 
trons da grandeur nature. — Mais avant de nous quit- 
ter, informez-vous de la grandeur des autres planches 
et de ce qu'elles contiennent, car si vous tenez à moi, 
je tiens à vojifl. 

To South- Borough. —Madame, pour i'Ani^leterreon 
ne peut affranchir nos journaux que jusqu'à la fron- 
tière de France; il parait qu'ensuite la poste anglaise 
les pè>e et vous fait payer les numéros plus ou moins 
char, selon leur poids. — Vous avez votre joli nom. — 
Vous avez une f\miT. Si vous ne recevez pas ce jour- 
nal, je ne sais comment vous dire de reclamer auprès 
de madame Deligny, car c'est chez cette dame que 
TOUS êtes abonnée. 



Dans le Nord. — L'étiquette pour les deuils de 
TeuTe est exacte dans notre Journal, madame, et d'a- 
près VAlmanach Royal de 1818. 

Près de majille a\né<>. — Oui, madamf>, on ne porte 
pins de cols b!»ncs en batiste (.nie, et rien ne distin- 
gue une veuve d'une orph^^liiie. (}ae vos cols de crêpe 
noir aient un simple ourlet, double, large de 3 centi- 
mètres. 



Entre mes deux filles. — Vous aurez le nom que 
TOUS me demandez, madame. — Florence et Jeanne, 
fières d'être consultées sur un sujet aussi intéressant, ae 
sont empressées de vous répondre dans le Journal. 



Charlevillc. — J'ai reçu, monsieur, ce que tous avez 
bleu voulu m'envoyer. 



Bflllinjlnn. — Une lettre ayant ce timbre parmi 
pluMeur*» autres et n'étant point affranchie, bien que 
ce mol fût écrit sur l'enveloppe, n'a point été rrçue. 



Désir de vous connaUre. — Vous avez le nom que 
TOUS désirez broder pour étrennes, chère madame; 
quant aux initiales, je n'avais plus de place, je les met- 
trai sur la planche dn janvier, tant jo suis persuadée que 
TOUS serez encore des noires, r»r ai vous avez choisi 
notre Journal^ moi je vous aiirais choisie pourabonnée, 
tant je vois qu'entra nous deux il y a sympathie. 



Paris. — Mademoiselle, ii me faudrait denx colon- 
nes de notre Journal pour vous expliquer comment 
tricoter et exécuter une descente do lit, en mousse; de- 
mandez ces renseignements ;\ la personne qui voas 
Tendra les Isiocs. 



Boute de V ïnde. — Mademoiselle R. M. est pré- 
Tcnue qu'elle est abonnée pour 1851. 



Knr^qariiant tomber les feuilles. — Je ferai pour 
TOUS l'impossible : trouver une bourse qui soit grande, 
tolicie et gracieuse à la fois. — Quelle bonne et ai- 
mable lettre vous m'avez écrite! croyes, chère ma- 
dame, que l'en suis bien touchée. Ahl si je l'osais, 
comme j 4 repondrais k toutes vos bontés pour moi! 



Auprès de ma mère. — Vous receTez tout oa qoe 
Toos aviez demandé, madumoiselle. 



Près de ma jeune familh. — La mode pour les pe- 
tits garçons change peu, madame, et tous Toyei par la 
graTure de novembre que je ne les oublie pas. — Vous 
aurez vos deux jolis noms, miis pour janvier, car Je 
compte sur vous. — Vous aurez au.%si une pantoufle 
brodée en soutache d'or, msis en janvier seulement. 
Voua le voyez, les amis sont les plus mal serTis. 

Place Chevert. — Vous vous nla!gn(>z, madame, que 
les causei'ifs av(c madt^moiselleFlorence sont loin d'être 



r 



r 



■ 



ammanietj ei tout au plut bonnet pour âêt enfonU ; que 
la oorretpondanci était beaucoup mieux rédigée lorsque 
y était seule ; qae ne sachant ^g la musique, «om ne 
fouvet qu'allumer le feu avec let quaârUlet eiletpol' 
Itttt, et, a?aDt de recommencer votre abonnement, tous 
demandei : 1* les patrons de layette promis; 9r'deux 
planehes au lieu dune, ei turlaut pas de noms sur let 
planches ; 3* qu'il n'y ait plus de causerie. Y oià ma ré- 
ponit : 1' Vous ayex reça cette année pour layette : 
liégnio, fiehn, bonnet de baptême, brassière, bottines 
du premier Age... & moins que tous ne Toaliex des cou- 
ches et des langes !... 3* On ne peut rien ajouier en fait 
deplaaches, et rtefi 6ter. — 8" Jeanne et Florence sont 
inséparables. 



Careatsonne, — Madame, on m'a remis votre lettre 
«i gracieuse, pour les personnes qui écrÏTent dans le 
Journal des Demoiselles, et tous leur donneriez en 
effet le droit d'être fières et heureuses si elles pouvaient 
lire votre approbauon.fondée sur les nobles sentiments 
^ne TOUS savet si bien eiprimer. 



Banders. —- J'ai reçu, monsieur, ce que vous aves 
bien voulu m'envoyer; je vous en remercie. 



I>««ion cabinet de travail. — Mademoiselle, VÉdu- 
cation as soi-même coûte à peu prés 3 Ar. ~ Je ne con- 
nais rien qui puisse rendre aux cheveux leur couleur 
lorsque la doulear on l'âge les ont blanchis. — On ne 

r)rie pas de bonnet de crôpe. blanc, mais de tulle. ~ 
embrasse les deux amies, si elles veulent bien le 
permettre. 

Dans mon bateau^ sur le lac. — Je répendrai à ta 
mère, ma chère amie ; quant à toi, voici ma réponse : 
brode le mouchoir de la planche XII. — Tu auras les 
morceaux d'italien, puisque tu aimes cette douce lan- 
jtne. --Oui, les jeunes filles peuvent porter des gileis: 
lémoiinotre gravure de novembre. — Florence et moi, 
nous recevons ton serrement de main et noua te le 
rendons de bon cœur. 



Jassy. — Jeanne est entièrement de votre avis, ma- 
dame, et le mois de janvier vous le prouvera. Mille 
remerciements. 



De la sacristie de .S**'. — Si vous voulez broder en 
reprises sur filet carré, il faut faire composer des des- 
sins, car il n'en existe pas. Si c'est sur .filet ordinaire, 
vous arez reçu un riche dessin. 



Gâtée par mon père fi ma mère. — l* Les mante- 
lets-Chambord sont plus dame; les manteaux- Talma 
sont plus demoiselle, tous deux sont de mode. 9* Bro- 
dez un troisième jupon et ne vous inquiétez pas de la 
jacquerie contre la broderie anglaise. 3" Les cami- 
soles de nuit , ordinaires, se font sur le modèle plan- 
ohe 111. — Votre trousseau me paraît énorme! Que 



ferec-voQs de vos 19 douzaines de chemises? Songes 
qn&la mode change à peu près tons les cinq ans, que 
le linge Jannfl dans les armoires... il vaut mieux ra- 
jeunir son trousseau que d'être vieillie par lui. —Vous 
embrassez Florence parce que vous aimez ses cause- 
ries avec Jeanne. -^ Mais vous ne cmignei donc pas 
que Jeanne loit jalouse? 



Liberté, Fraternité, Egalité. ^Yons «vex pris pour 
épigraphe, madame, une variante de cette formnle très- 
connue : Liberté, EgalHé, Fraternité. —Vous me de- 
mandez < dans le prodiain nuatéros un dessin de bon^ 
net grec pour brtMer au plumetis. > Vous vous trom- 
pez j^ans doute, car on ne brode au plumetis que sur 
la percale ou la mousseline, et vons n*&vez pas l'inten- 
tion d'enrhumer monsieur votre mari. —Vous me dites : 
c Si vous pouviez retrancher le commencement de 

> votre correspondance, qui est parfaitement «wnvyffttse, 

> vous me feriez plaisir. Tout k vous. > -- Et dans on 
post-scriptum vous ajoutez : c Si vous ne l'Mez pas de 

> concert avec mon mari, nous avons résolu de ijuit- 

> ter le Jourrjal. > — Lt^té / madame, — Egalité i la 
Journal vous quittera, — et Fraternité!... nous res- 
terai 

Sur ma terrasse. — Pauvre smie 1 i'ai bien compris 
une phrase de votre lettre : Résignation sera toujours 
notre devise 1 



Pe ma solitude. — J'ai pleuré quand j'ai appris ton 
départ... la mer me fait peur... Quand^. donc revien- 
dras- tu? 

Tours. — J'ai reçu le joli panier , chère madame, 
je vous en remercie ; je remercie ma petite amie de 
sa bonne intention de le remplir de pruneaux. — 
J'attends voire adresse pour vous envoyer un échan- 
tillon de ce tapis en iricot'qw>niîles sur lequel vous 
pourrez laisser jouer le blond et la bruve. 

Près de mon Journal. — Les années 1848, 41, 50, 51, 
sont brochées sans les couvertures, elles n'existent plus. 
Ces quatre volumes coûtent au bureau 2G fr.; on 
pourrait vous les envoyer par la diligence. Combien 
vous êtes gracieuse et bonne pour moi, madame ! Sa- 
vez-vous que je prends notre amitié au sérieux ? 

Devousàmoi.^ Que votre obligeante bonté, que votre 
esprit aimable se montre bien dans votre lettre... par 
malheur rien do tout ce que vous proposez ne peut se 
faire... — Je vous assure que nos relieurs sont moins 
scrupuleux que les vôtres, ils placent très-bien à la fin 
de chaque volume les douze couvertures. Adieu, ma- 
dame, recevez mes vœux de bonne année. 

Philippecille. — Chère inronnue, madame Lefort a 
une fabrique de papier pour les fleurs, et Ton trouve 
chez f IJp tout ce' qui .lert à ce gracieux travail. Je 
Kuis fàchôd que votre amie ne soit point une ancienne 
abonnée, elle aurait trouvé dans le Journal tout ce 
qu'elle désire. 



£TRENNES. 

lA UVBS SSS ÉCOX.XSAS 

(DIBU — PATRIE — FAMILLE.) 

Histoire, voyages, contes, nouvelles, fables, légendes, etc., par M"* J. J. Pouquean de Pussy, 
avec la collaboration des rédacteurs du Journal des Demoiselles. Illustrations dessinées par 
MM. Deveria, Léopold Levert, etc., gravées par Lacoste, Baudoin, etc. Un fort volume 
^and in-8* de 400 pages, orné de 400 gravures. Prix : 3 fr., au bureau du Journal des 
Denaoiselles, n* 1, boulevard des Italiens, et 5 fr. par la poste. 



Des accidents de denHiion, chez les enfants en bas âge, et des moyens de les combattre, par 
M. A. Delabarre, fils, docteur en médecine, médecin-dentiste de Thospice des Enfants trouyés et 
Orphelins de Paris, des crèches et des écoles communales du 1®' arrondissement, etc., etc. 1 vol. 
in-8** avec figures dans le texte. Prix : 3 fr. Chez Victor Masson, place de l'Ecole du Méde- 
cine, n» 17. 



Traité de FUws en papier» Chez Lefort aîné, 12, rîie ilau<î0i>8eil. Un petit volume, 1 fr. 50 c- 




Ce journal se compose de 12 Hvraisons de chacune deux reuilles, imprimée Eur deur colonnes. 
' Il coniitnt : 4 gravures aur acier, 9 doDt le* sujets w raltacbent «ai DOnvellea iaUréet dans le 
journal , et 2 représentant chicane un des remarquablet tableaux dn Salon. — it morceaux de 
musique : les romances le< plus joliei, les quadrilles les plu* brillanli, le* f aise* les plus nouf elles, 
les polkas, mazurkas et schotiscbs les plus à la mode — 4 planches de destins de tapisserie coloriées 
-12 gravures de modes de jeunet personnes) d'enfants et déjeunes temmei — 13 ribns illustrés 
.^— 24 grandes plancbea contenant des patrons de grandeur naturelle de : robes — flcbua - 
pèlerines — chapeaux — calècbes— manteaux— bonnets— mantelet* — vêtements de petits garçons 

- de petites filles. — des dessins de lapiaterle, dont les oouleuri sont indiquées par des signes 
|ui les représentent — de* dessins de broderie pour : ool* — manchette* — mouchdrs — bonnet* 

- robe*— gilols — canezons — jupons — camisoles, etc. — Des ouvragei de rantaisie, tels que i 
larles de visite, léle* de lettre* coloriées — pages manuicrites — fleur* en papier — enKine — 

bobèches, elc. — onvrages au tricot, an crocbet , au Blet, toiqourt clairement expliqué*. Le texte, 

imprima sur grand papier, est entouré d'un riche encadrement et satiné. 



TABLE. 



DOUZIÈME NUMÉRO. 

Instsuction. — Coup d'ctil sur l'HisloiTe de la peinture, 4' article, par M. J. de Cbatillon. 30 
UiiKn'ATUHE étm«ng6iib. — Les plaintes de Marie, reine d'Ecosse, traduction de H"* t^Hiti 

FiDCOK — 

Education. — Une année à Lowell, par M"" A. Brar 361 

Sloiie-Thérè&e de l'rance, par A. Jaws ~* 

La Sœur aînée, par M"" F. ïhbbut _„ 

PiifisiE. — Dialogue entre un Aveugle et un Sourd-rouet .". m 

ExpuiATiON de l'Enigme géographique n' H 87* 

CoRHESPONn-tNCE , par M" J. J. FotrouaAO db Pussï 37B 

EfuémIbiues. — Naissance de Charles du Cange ST' 

MOBMOUE... W 

Kieus, dessiné par LtoFOLD Levirt, gravé par Chahleb GiLiEBT -8t 

GaATDKB PE Mode*. 

HusiQtiE. — l»t!fe m'oublUi pal, quadrille, par S. Takbdiuni. 

Tapissebir kn covLBtR, panloulles. 

PLANCHE XII. — N" 1, Manche pagode. — 2, Garniture, — 3, Mouchoir, — t. Beuason, ■ 
5, Coussin en filet, — 6, 7, 8. 9 et 10, Fleurs en papier : Camélia, — 11, Manche parée,- 
13, Canezou. — 13, Bonnet du matin, ~ 14, Fichu-guimpe, — 15, Col Mazarin, — Ifl, Abat- 
jour, — 17 et 18, Guirlandes et palmes pour bas de jupon cl volants, — 19 et 20, Bandes pour 
gainiluro. - 21,22, 23, 24, 30, 26, 37, 38, 39, 30, 31, 32, Camélia— Harriet ~ EUtn — 
laura — ÀnMUe — Aitint — Mary — MaryARne — Armaïuii — FUtùU — S-D-S. — C-F. — 
33, Uos d'un manteau Haïdée, — 34, Morceau de la manche, — 35, Devant, — 30, Pièce d'épaule, 
— 37, Capuchon.