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Full text of "Journal des savants"

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* 


f 


L  E 

J  O  U  R  N  AL 

DES 

SCAVANS, 

5 

POUR 

VANNEE  M.  Dca  XLFIIt^ 
A  V  ft  I  L. 


A      PARIS, 

Juré-Libraire  de  PUmverfité  ^  rue 
Galandcj  à  PAnrioncucion, 


M.   DCC   XL  VI  II. 
dVMC    I^IVILEQE    DU    ROT^ 


U  LE 

^  JOURNAL 

DES 

SCAVANS. 

AVRILM,  DCC  XtViri, 

.SI7/rE  DU  PREMIER  TOME 

de  l'Hifioire  Générale  d'Mtema^ 
^nc  par  le  Père  BaIîrB  ^  €ha^ 
nùine  Régulier  de  Saime  Gencm 
t/iéve^  A  Pans ,  chez  Charles» 
Jean  -  Baprifte  de  TEpine ,  & 
Jean-Thomas  HérifTanti  ï748» 

AP  R  È  s  avoir  rendu  compte 
dans  notre  Journal  du  mois 
de  Février  dernier ,  d^  la  préface 
M  de  rintroduâion  que  le  F.  BarrQ 


I 


580  Journal  des  Sçavans , 
a  mife  à  la  'têce  de  cet  ouvrage; 
cous  paflbns  à  THiftoire  même, 
&  avec  d'autant  plus  de  plaifîr, 
qu'il  nous  a  paru  <jue  THiftorien 
y  avoit  exaâement  rempli  tous  les 
engagemens  qu'il  avoit  pris  avec  le 

Pï2>ac.. 

La  partie  hiftorique  de  ce  pre-* 
mîer  tome  ,  eft  partagée  en  cinq 
livres.  On  voit  dans  le  premier 
par  quels  degriés  >>  la  nation  Ger« 
»>  manique  ,  illuftre  par  l'antiquité 
s>  de  Ton  origine  &  par  I4  réputa-r 
»>  tion  confiante  d'une  valeur  hé- 
f>  roïque  ,  apprit  l'art  de  vaincre 
91  par  les  viâtoires  même  que  rem 
9>  portèrent  fur  elle  les  Romains.  < 
Envain  ces  Maîtres  de  l'Univers, 
pour  emprunter  les  termes  de  no- 
tre fçavant  Hiftorien  >  dans  Ton  Epi* 
tre  Dédicatoirc  au  Roy  de  Polo- 
gne ,  I)  enpreprirent-ils  de  fubju- 
»  guer  autrefois  cette  Nation  re* 
9)  doutable»  ils  furent  contrains  de 
9>  cédera  fa  valeur»  &les  Germains 
»)viâorieux  fondèrent  de  nou 
»ii  vçaux  Royaumes  fur  lç$  débrs 
f/mêmç  49  r£mpirei 


Tels  furent  les  Royaumes  d'Ita- 
lie, d'Efpagneï  d'Afrique,  d'Angle- 
terre 4  de  France,  de  Bourgogne^ 
de  Thuringe  ,  &  enfin  l'Empire 
Roma no-Germanique  ,  fi  célèbre 
dans  nos  Hifloires  par  les  maximes 
'de  fa  politique  ,  &  par  la  fageCfe 
de  fon  gouvernement. 

Si  ce  fujet  ed  noble  &  inreref^ 
^fantj  il  eft  d*une  érendue  infinie^ 
&  d  autant  plus  difficile  à  remplir, 
[que  dans  ces  premiers  temps  lei 
anciens  Germains   et  oient  dlnfés 
[«ians  un  grand  nombre  de  Nations 
(particulières  ,   indépendantes  lei 
^iines  des  autres  ,  dont  quelques- 
unes  n  eurent  point  d  abord  d'nabi* 
rations  qui  leur  fuflent  propres  i 
&  qui  ne  fe  fixèrent  enfin  ,  que 
lorfque  leurs  conquêtes  les  eurent 
xnifes  en  pofleflîon  de  pays  plus  ri* 
ches  &  plus  abondans,  que  ceux 
dont  elles  tiroient  leur  origine. 

Le  P,  Barre  obièrve  au  com- 
mencement du  premier  Livre,  tjue 
les  premiers  Germains  étoient  di- 
vifés  par  Cantons  ou  par  Tribut 
Bb  iii 


1 


'jgl    Jéuffuà  des  S^MMS ^ 

3ui  n'avoient  pas  I«  même  forme 
e  gouvernement  :  le»  uns  fe  don^ 
pérenc  un  Monarque ,  les  autre» 
8  aflfujettirent  à  un  Confeil  compo* 
fé  de  gens  choifis ,  d'autres  ne  fe 
fournirent  qu'à  elles-mêmes, c'eft-à- 
dire  à  la  pluralité  des  fufifrages.  La 
première  forme  de  Gourememenc 
tut,  dit-il,  embralTée  parlesQua- 
des  &'les  Marcomans  ;  la  féconde 
par  les  Ufipétes ,  les  Teuâéres ,  le» 
Cherufques  &  les  Frîfons ,  &  \% 
troifiéme  par  les  Ubiens»  les  Tri^ 
bocces,.les  Némétes,  &les  Van^ 
gîons. 

L'Auteur  auroit  fouhaité  pou- 
voir fatisfaîre  la  curiofité  des  Le- 
âeurs  fur  les  explois  des  f^emier» 
Germains  »  mab  ce  que  plufieurs 
Hiftoriens  Nationaux  en  racontent» 
n'étant  appuyé  d'aucune  autorité, 
il  a  cru  devoir  commencer  cette 
Hiftoire  par  celle  de  l'irruption 
que  les  Cimbres  &  les  Teutons  fi- 
rent l'an  548.  de  la  fondation  d^ 
Rome  dans  les  Gaules  &  dat 
l'Italie,  Ces  Peuples  originaires  d 


la  Cherfbnéfe  Ctmbrique  &  d^ 
environs  de  la  mer  Baltique  ,  font 
les  premiers  que  Ton  connoUIe 
dans  la  Germanie  qui  oféreor  acta- 
quer  les  Romains  ï  mais  quoique 
lelon  quelques  Hiftoriens  #  ces  Bar- 
bares iuflêtic  forcis  de  teur  Pays  aa 
nombre  de  trois  cent  mille  corn- 
baecans  ^  d'une  taille  ôi  d'une  force 
très  fuperieure  à  celle  des  Romains» 
dès  qu'ils  furent  revenus  de  la  pre- 
mière confternation ,  toujours  or- 
dinaire çn  pareilles  conjonâures» 
la  prudence  &  TeKaâe  dikipline 
de  leurs  troupes  ,  triomphèrent 
toujours  d'uns  multitude  ijui  ne 
L  fuîvoit  que  les  mouvemens  d'un 
Icourage  brutal  &  aveugle^ 
H  L'Auteur  après  avoir  raconté  en 
^détail  la  défaite  des  Cimbres  par 
Marius  *  pafle  de  là  à  Thiftoire  de 
h  révolte  de  Sparcacus  ;  il  étoit  de 
k  nation  des  Cimbres  j  auffi  bien 
'  ijae  prefque  tous  ceux  qu'il  attira 
dans  fon  parti  ;  ce  morceau  ne  doit 
donc  pas  abfolument  être  regardé 
B  b  iiij 


'  j  8f  4     Journal  des  Sçarfam  ; 
comme  étranger  à  Thiftoire  des 
Germains. 

Nous  ne  fuivrons  point  le  P*. 
Barre  dans  le  détail  où  il  entre 
fur  les  guerres  continuelles  que  la^ 
Républicjue  eut  à  foutenîr ,  contre 
les  différentes  nations  de  la  Gcr-: 
mante.  Il  fulîit  d*avertîr  qu^elles-^ 
étoient  d*autant  plus  aguerries^ 
qu'il  régnoit  toujours  entr^eUes^ 
mêmes  des  guerres  civiles.  Com-^ 
me  les  irruptions  que  les  Germains* 
làifoient  dans  les  Gaules  &  fur  Ie& 
frontières  de  la  République  Ro- 
maine ,  et  oient  très-fréquentes  & 
toujours  fubites,  quelques  précau* 
tions  que  prît  le  Sénat  ^  une  partie 
des  terres  de  la  République  fe  trou- 
voir  toujours  expofée  à  leurs  bri^ 
gandages  ;  différentes  armées  de- 
Germains  y  entroient  en  même 
temps  j&  inondoient  prefque  de 
tous  côtés  les  terres  qui  fe  trou* 
voient  à  leur  bienféance^ 

Nousnouscontenceronsde  dire^ 
que  le  P*  Barre  n'oublie  rien  de> 


I 


tout  ce  qui  regarde  i  origine  ,  le 
caradére ,  les  loix ,  les  mœurs ,  U 
p  uifTance  de  ces  différentes  Nations, 
)^  mefure  qu'il  a  occafîon  de  parler 
de  lears  tranfmigratioris  par  terre , 
au-delà  du  Rhin  &  dans  les  Gau- 
les» ou  par  mer,  dans  Tille  d'Al- 
bion &  autres  pays  maritimes, 

II  eft  in  utile  d'avertir  ici  ,  que 
outce  qu'il  rapporte  dans  ce  prê- 
ter tome  des  expéditions  des 
ermains  dans  les  Gaules  &  dans 
les  autres  parties  de  l'Empire  Ro- 
main ,  n'eft  jamais  ni  plus  circon-. 
ilancié ,  ai  plus  agréable  à  lire ,  que 
lorfqu'il  a  eu  l'avantage  de  pulfer 
.dans  des  Auteurs  tels  que  Céfar  & 
Tacite  y  du  refte  comme  il  n'eft 
queftion  furtout  dans  ces  premiers 
livres  que  de  courfes ,  de  combats, 
&  d'irruptions  qui  prefque  toutes 
commencent  6c  le  terminent  de  la 

tjnème  manière  j  &  dont  les  autres 
HiftorîenSj  à  Texception  de  ceux 
que  nous  venons  de  citer  ^  nous 
apprennent  même  peu  de  chofes  ^ 
pour  jetter  quelque  variété  dans 
Bbv 


'5  8  tf    Journal  des  Sçavanf  ; 
un  lujet  qui  par  lui  même^       ^ 
offie  guère ,  notre  Auteur  ne    ^^ 
que  jamais  de  parer  fes  réci  ^5 
tous  les  ornemens  dont  ils     f 
fufceptibles ,  comme  de  Déla- 
tions ,  de  Harangues ,  &  de  P 
traits* 

Pour  donner  un  échantillon 
fon  ftyle ,  nous  placerons  ici  le  pc 
trait  qu'il    fait   d'Induciomaru 
Chef  célèbre  des  Tr^viriens  &  c 
ofa  tenir  tête  à  Céfar.  Il  étoit,  < 
le  P.  Barre ,  »  adroit  &  courageu 
»  il  voyoit  dans  le  prc^et  mên 
»  d'une  entreprife ,  le  fuccès  qu'c 
»  pou  voit  en  efpérer:  &  lorfqu^" 
>)  dans  une  affaire  fon  courage  le 
9>  portoit  un  peu  loin  contre  Tenne^ 
»  mi ,  fa  prudence  ne  l'abandonnoic 
»>  que  rarement  ;  &  s'il  ne  rempor- 
>9  toit  pas  les  avantages  que  fa  va« 
»  leur  lui  pronoettoît  ,  il   trou- 
»  voit  du  moins  dans  fon  habileté 
»  des  reflburces  pour  faire  une  re- 
5>  traite   honnête  ,  &  mettre  fes 
ï>  troupes  à  couvert  ;  il  ainK)tt  fes 
»  foldats»  &  U  en  étoit  «Iméa  a^4 


m 


.Avril  1748,  587 

H  feulement  à  caufe  de  (on  întrépi- 
n  dite  »  mais  plus  encore  à  caufe  de 
If  la  façon  dont  il  vivoit  avec  eux* 
f$  Il  étoic  vêtu  &  nourri  comme 
>i  eux  y  les  alimens  les  plus  grof^ 
Vf  (lers  lui  fufEfoient  ;  il  couchoît 
M  ordinairement  à  terre  ou  fur  una 
M  peau ,  Se  lorftjuH  s'agiffoit  d'une 
B9  marche  ou  de  la  fortification  d  un 
9»  camp  ^  il  ne  fe  contentoit  pas  de 
m  donner  à  propos  les  ordres  con- 
venables ,  il  ecoit  le  premier  à  Ist 
tête  de  toutes  les  opérations  ;  c'eft 
fï  ainli  qu'on  voyoit  le  Chef  d'ua 
»ï  Canton  très-puiffant,  fe  montrer 
>  par  tout  comme  un  fimple  fol- 
m  dat  j  Bc  s'il  s'en  diftinguoit  en 
tï  quelque  chofe ,  ce  n'éroic  que  par 
>i  une  frugalité ,  &  une  tempérance 
>}  peu  commune  parmi  ceux  qui 
?>  commandent. 

Comme  ce  n'eft  guéres  que  par 
tes  Hiftoriens  du  peuple  Romain, 
que  nous  connoifTons  les  Germains , 
Se  que  ces  Hiftoriens  ne  parlent 
^eux ,  qu'à  Toccafion  des  guerres 
bue  rEmpire  eut  à  foutenir  avec 
Bbvi 


'5  8  8  Jtma^al  des  Sçdvant  l 
les  difTerentes  nations  de  la  < 
manie  ,  il  n'eft  pour  Tordii 
queftion  dans  tout  ce  volume, 
des  guerres  que  les  Romains  y 
térent ,  tantôt  pour  repoufler  c 
que  les  difFérens  Peuples  qui 
bitoient ,  leur  faifoient  ou  à 
alliés ,  &  tantôt  même  pour  < 
dre  leurs  conquêtes  &  les  met 
couvert  de  toute  infulte. 

Nous  obferverons  ici  que  i 
teur  a  eu  foin  d'expliquer  pai 
Notes  »  qu'il  a  placées  au  bai 
pages  ,  tous  les  endroits  qu 
ont  paru  avoir  befoin  d'éclain 
ment,  furtout  par  rapport  à  la  ( 
graphie ,  aux  ufages ,  &  aux  ce 
mes  des  anciens  Germains  :  il 
marque  en  même  temps  que 
Hiftoriens  Allemands  font  toi 
contraire ,  &  qu'ils  infèrent  ] 
Notes  dans  le  corps  même  de  1 
ouvrages ,  méthode  qui  interre 
la  fuite  du  difcours  ,  fait  pe 
rob}et  principal  de  vue ,  &  ; 
toujours  autant  de  confufion 
d'obfcurité  dgns  la  narration. 


r'^vril  Î74S,  *sS? 

Quelques- unes  même  des  No- 
tes de  notre  Hiftorieti ,  font  mora- 
les j  comme  par  exemple  »  celle  quî 
regarde  Marobode*  DooiMutio. 
dit  le  F,  Barre  »  prend  en  ces  ter- 

Ijnes  j  la  défenfe  de  ce  fameux  Chef 
des  Marcomaûs  j  que  Tacite  accu- 
fe  de  bafTefle  à  caufe  du  foin  qu  il 
prit, après  fa  défaite,  de  prolon- 
ger fa  vie ,  &  de  la  trancjuillicé 
avec  laquelle  il  pafla  dix-huit  ansT 
dans  la  Ville  deRavenne ,  fans  faire 
paroître  aucune  envie  de  recouvrer 
la  fouveraine  puifTance,  Laijfmi  ^hx 
Siûsdeffs  cette  démange  ai  fin  de  moH^ 
^rir,  &  ehenhms  les  moyens  de  ccn^ 
Bjîrtr^r  c€tt€  vie  que  Dieu  nonsadon^ 
B  née ,  pmp-  ficûkrir  nos  parem  &  nos 
B  éimii  ^  p&ar  firvir  notre  Patrie^ ,  » ,' 
//  mefimUe  donc  ^  condtit  Mutîo^ 
que  c^eft  k  tort  ^h§  Tacite  hUme  Ma^ 
r&hode  ^  puifquk  mon  avis  ,  il  n'y  a 
faf  moins  de  gloire  a  ménager  cette 
tfie  pour  fervir  Dieu  5  U  Patrie ,  d* 
fis  amis  ^&à  fi  réfirver  pour  une 
meiiieHre  fortune  ^  ^u^a  dler  fi  faire 
tmt  dms  les  b^MlUspour  ac^nm^ 


7590  Journal  ies  Sçavansl 
fine  gloire^  cfui  comme  la  fumte^  eji 
emportée  par  unfonffle  de  vent.  »>  CeC- 
>f  te  confidération  qui  eft  le  qua- 
j>  rante-cînquiéme  de  la  deuxième 
9%  partie ,  me  paroit  reprend  le  P. 
19  Barré  »  plus  convenable  à  des 
t»  particuliers ,  qu'à  des  Princes  dé- 
i>  trônes ,  qui  font  obligés ,  par  état, 
1^  de  tout  entreprendre  pour  fou- 
9n  mettre  leurs  (ujets  révoltés. 

Du  refte  nous  croyons  en  géné^ 
liai  »  que  ces  Notes  méritent  d'au* 
tant  plus  d'être  lues ,  que  l'Auteur 
bien  loin  d'y  faire  une  faftueufe' 
parade  d'érudition  ,  paroit  n'y 
avoir  cherché  que  l'indruâionde 
iès  Leâeurs  &  s'y  être  abfolument 
renfermé  dans  ce  qui  eft  nécefTaire 
pouir  la  parfaite  mtelligence  des 
matières  qu'il  traite. 

Mais  pour  revenir  à  cette  HiftoU 
rè,  on  y  remarquera  que  jufqu'au 
Régne  de  Marc-Auréle  &  de  Lu« 
cius  Verus ,  les  deux  premiers  Em- 

{^ereurs  Romains ,  qui  partagèrent 
^Empire  ,  les  différens  Peuples  de 
la  Germanie  i  furent  prefque  taa^a 


pors  en  guerre  a^^^c  les  Romains  } 
cependant  comme  les  pren^iersn'a- 
gilToieot  qite  rarement  de  concert. 

Us  ne  parurent  jamais  fort  redriu^ 
tables  à  cette  grande  puifTancermai» 
lous  ces  deux  Empereurs  toutes 
les  natrcms  yoifines  de  TEropirep 
depuis  les  Gaules  fufqu'à  rillyrie» 

.  j'unirenc  enfemble  contre  lesRo-r 
mains ,  en  forte  que  les  Hiftorieri^ 

raotts  lepréfentent   cette  guerre^ 

[comme  une  des  plus  dangereufes  ; 

Ique  les  Romains  ayent  eu  à  foute* 
nir  depub  les  guerres  Puniques; 

I  Pifférens  motifs  animoient  ces  dit 
férentes  Nations  ;  les  unes  pen- 
foient  à  conferver  leur  liberté; 
d'autres  à  la  recouvrer ,  &  plufieur^ 
avoient  pour  but  de  k  procurer 
des  habitations  plus  avanugeufes  ; 
&  de  fe  venger  des  maux  que  lei 
Romains  leur  a?oient  fait  fouârir* 
Toutes ,  ou  prefque  toutes  formé* 
jent  donc  une  armée  conlidérable 
qui  fe  diftribuaen  plufieurs  corps; 
&  qui  s'ctant  répandue  de  diœ- 
leo^  côtés  I  fuf  h%  tejrra  de  TËo»^ 


IÇ  9  *  Journal  des  Sçavans , 
pire ,  y  prit  &  pilla  des  Villes ,  fac 
cagea  des  Provinces  &  défit  plu 
fiëurs  armées ,  déjà  ruinées  par  un 
dès  plus  cruelles  peftes  qu'on  eâ 
vue  depuis  longtemps. 

Mais  quelque  confidérable  qu'ai 
été  cette  guerre  ,  l'Auteur  avom 
qu'on  ne  peut  en  marquer  le  temp 
précis ,  ni  le  détail ,  parce  que  le 
Auteurs  la  rapportent  fans  ordi 
&  d'une  manière  fort  embrouillée 
on  fçait  cependant  que  ce  fut  per 
dant  cette  guerre ,  qu'arriva  le  ce 
kbre  prodige ,  comme  parle  notr 
Auteur,  de  cette  pluyeimpétueu^ 
accompagnée  de  grêles  &  de  te 
lierre  qui  portant  le  défordre  & 
terreur  dans  l'armée  des  Marc 
mans  »  des  Quades ,  des  Jazyge 
&  des  autres  Peuples  Germaint 
fauva  celle  des  Romains ,  enfermé 
dans  un  terrein  où  elle  manquo' 
abfolument  d'eau. 

9f  Ce  fait  mémorable ,  dit  no 
•>  Hiftorien,  dans  une  Note  , 
9>  également  attefté  par  les  Autei 
%%  Fàyens  &  Chrétiens,  qui  ne  d 


'jivrîl  1748,  555^ 

i%  férent  que  dans  la  manière  d'en 
9>  expliquer  la  caufe,  Dion ,  Suidas 
3»  &  Porphyre,  l'atnibueiK  à  des 
*»  Alagiciens  »  qui  étoient  à  la  fuite 
ti  de  Marc  Aorélep  Ttémiftius, 
»>  Claudieo,  Capitolin  ,  difent  que 
f)  ce  prodige  fat  Teftet  de  la  piété 
»  de  TEmpereur.  Dans  U  colomne 

tf»  d'Anton  iD  ^  on  en  donne  tout 
>f  rhonneur  à  Jupiter  pluvieux  & 
>i  foudroyant.  Tous  les  Auteurs 
_  I»  Chrétiens,  au  Contraire,  comme 
y  i»  Tertullien ,  Eufébe ,  Apollinaire 
»»  Evêque  d'Hiéraple  ,  &c*  affurene 

II)  que  Dieu  accorda  ce  miracle  à  la 
11  prière  fervente  des  foldats  Chré- 
>»  tiens ,  dont  la  Légion  fulminante 
ft  étoit  compofée.  Tertullien  pré- 
t)  tend  que  l'Empereur  Antonin 
»i  dans  la  Lettre  quH  adreffa  au 
f  >  Sénat  à  loccafion  de  cène  viéloî- 

■  n  re»  attribua  ce  prodige  aux  prié* 
»i  res  des  Chrétiens  ,  (ans  néan-> 
1»  moins  le  faire  clairement»  poui 

■  »i  De  pas  choquer  les  Payens. 


De  02 

Iltai 


taut  voir  a  la  fin  du  troilîéme 
iivie  ^  fous  Tan  270 ,  où  le  nom 


{5  H  Journal  àii  S(éilMi 
des  Francs  patoit  pour  la 
fois  dans  rHifloirô  ,  ce  < 
Barre  y  dit  de  Torigin 
peuples^  des  premiers  cant 
habitèrent  i  de  leurs  moe 
leur  gouvernement  »  mais 
tioit  qu'il  n'eft  pas  aifé 
tien  de  bien  fur  ^  ni  de  b 
fur  ces  matières ,  parce  m 
dens  Auteurs  »  tant  Ge( 
qu'Hiftoriens ,  n'ont  pn 
mnnules  Francs. 

Il  y  revient  encore,  8 
tie  même  une  notion  plu: 
dans  le  quatrième  livre , 
lion  d'une  irruption  que 

!>les  firent  dans  les  ôai 
'Empire  de  Valentinien  ; 
portèrent  une  viftoire  fi 
rable  contre  le  Tribun 

Ïui  commandoit  les  trc 
Lomains ,  qu'on  compar 
3u'ils  y  firent  pour  lors 
e  ces  fameuiès  Légions 
la  conduite  de  Varus,  p( 
femps  d'Augufte. 
'  JLaprwiieredemeurec 


^ 


jfvril  1 74s.  if\ 

lut  fdoti  notre  Hiftorien  ,  verf 
Mayence,  fur  le  bord  &  au-delà 
du  Rhin  i  puis  ils  s^étendirent  vers 
les  embouchures  de  ci;  fleuve  da 
côté  du  Nord }  enfuite  da0S  la  Veft- 
phalie  ,  le  Pays  de  HefTe»  &  quel- 
ques écats  voifins  ;  car  il  foutient 
«u*il  eft  impoflSble  de  fixer  précis 
/ement  leur  demeure.  On  ne  fçaît 
même  ^  ajoute-t-il  ,  fi  c'etoit  une 
Nation  particulière,  ou  un  amat 
de  différens  Peuples  réunis  &  li- 
gués enfemble  pour  conferver  leur 
liberté  ;  car  on  confond  a0ez  fou- 
vent  les  Francs  »  les  Sicarabres ,  les 
Saliens ,  les  Attuaires ,  les  Bradé-* 
xcs»  les  Chamaves  ,  les    ChéruC- 

3ues  &c  les  Gauches  ;  cela  eft  fon- 
é  fans  doute ,  concinue-t-il ,  fur 
]a  reflemblance  que  les  Francs 
avolent  avec  ces  Peuples ,  &  en 
géDeral  avec  tous  les  Germains, 
tant  par  rapport  à  leur  religion  & 
à  leur  langue,  qu'à  Végard  de  leurs 
mœurs  &  mime  de  leurs  armes, 

L'Auteur  remarque  au  commetu 
cernent  du  quatrième  livre  p  ^uq 


t^pff  Jûurdal  dés  Sféft^n 
comme  les  Germains  fc 
impatiemment  d*être  bon 
côté  par  le  Rhin,  &  de  r 
les  Alpes ,  chaque  mutari 
pereur  eft  toujours  mar 
une  irruption  qu'ils  faif 
4es  terres  de  l'Empire,  ou 
par  un  traité  de  Paix  ou 

3ue  le  nouvel  Empereur 
e  faire  avec  eux*  ))  II 
9»  donc  tantôt  ennemis^  tai 
»  de  l'Empire,  fou  vent  ma 
•>  dans  leurs  incurfions , 
•»>  pourfuivis  par  le  Va 
t»  toujours  redoutés  par 
»  mains,  &  jamais  leurs  ". 
»  res  pour  longtemps. 

Durant  ces  changemei 
pereurs  qui  devinrent 
depuis  le  deuxième  fiée 
étant  en  combufl^ion  dans 
les  Germains  ne  manqu< 
*  de  profiter  du  défordre 
gnoit ,  pour  l'attaquer  , 
faifoient  avec  d'autant  plu 
tage,  que  »  les  Bomains 
I»  «ie$  «  comme  Tobferve  k 


t#  avoient  déjà  concribué  à  accélé- 
ï^ret  leur  perte  en  donnant  trop 
t*  de  crédit  chez  eux  à  ces  Peuples. 
H  Des  Légions  toutes  entières  n'é* 
n  toient  compofées  que  de  Soldats 
»>  Germains;  &  quelques- uns  d'en* 
»  tr'eux  étoient  déjà  parvenus  aux 
»  premières  dignités.  D'ailleurs  Ta* 
il  Wdïté  du  butin ,  la  douceur  du. 
1»  climat  j  &  la  fertilité  des  provin- 
If  ces  Romaines  ,  la  padion  de  (q 
ti  venger  des  pertes  que  la  Germa-* 
H  nie  avoit  faites  fous  Germaniçus 
*»  2c  Maximin ,  le  jufte  defir  d*aflu* 
n  rer  leur  liberté  contre  l'ambition 
>>  effrénée  des  Romains ,  devenus 
>î  Tyrans ,  excitoient  les  Germains 
>»  à  profiter  de  ces  occafions  favo-* 
ft  ratïles ,  pour  fe  jetter  dans  les 
»j  Gaules  &  dans  Tltalie. 

Cependant  fous  l'Empire  de  Pro^i 
bus  ^  après  avoir  été  battus  de  cou^ 
tes  parts ,  dans  les  Gaules  &  fur  le 
Rhin ,  &  avoir  été  obligés  de  ren- 
dre foixante  5f  dix  Villes  ou  for-r 
tereffes  dont  ils  s'étoient  emparés  ^ 
ils  fuirent  réduits  à  accepte;^  la  Faix^ 


59^   Journal  des  Sçéivéïns    ^ 
Les  Lettres  que  cet  Emp^^^^ 
écrivit  au  Sénat ,  portoien^cr 
avoit  fubjugué  la  German^i^^^ 
toute  fon  étendue ,  ce  cmjjJ 
s*entendre^  fdon  notre  Hi^c 
des  Provinces  fîtuées  entre 
lèéan  J'Elbe ,  le  Rhin ,  &  le  IS 
Cet  Empereur  ayant  rétab] 
tout  Tordre  &  la  tranquillité  »  c 
pa  fes  troupes  à  des  travaux 
jblics,  &  entr'autres  à  planter 
lignes  fur  les  cotteau^c  du  Ri 
de  la  Pannonie  »  ic  des  Gaules 
il  permit  aux  peuples  de  ces  I 
Vinces  &  aux  Belges  de  la  C 
manie  Citéiieure ,  de  cultiver 
fiant  de  vignes  qu'ils  voudroiei 
fCe  qui  depuis  Domitien  rfavoit  t:^ 
iKrCordé  qu'à  peu  dliabitans.  Ce^ 
Empereur  craignant  que  fes  foi»" 
dats  ne  fe  corrompiiTent  par  Toilî. 
1^  »  les  emi^oya  encore  à  réta^ 
blir  Mayence»  Trêves,  Cologne^ 
icnn  grand  nonibre  d'autres  Villes 
que  Jes  Germains  avoient.beau* 
coup  endommagées   dans   leun 
woïoSs^i  vm  cette  difçipline  ^u'il 


I 


leur  fit  obferver  peut-étra  avec 
trop  de  féverité ,  les  irrita  contre 
lui  »  &  ih  le  taéient  auprès  de  Sir^ 
mîum^  la  huitième  année  de  foo 
Empire, 

Après  fa  more  ^  les  Germaînt 
ayant  recommencé  îeqrs  incurfions^ 
lËmpereur  Maximien  jugea  qua 
pour  les  réprimer  »  it  lui  convenoit 
ae  faire  Con  réjour  dans  la  Belgique; 
^  cholfît  pour  cela  la  Ville  de  Tré^ 
^res,  La  Cour  de  ce  Prince ,  &  cell© 
^Kde  quatre  ou  cinq  Empereurs  qui 
By  réfidérent  fucceflîvement ,  don<-' 
"  nerent  à  cette  Ville  un  éclat  &  una 
grandeur ,  dont  on  lira  avec  plai^ 
iir  la  defcription  dans  cette  Hiftoi^ 
^  re  même^ 

H  Ce  que  l'Auteur  dit  de  la  marine 
i  &  des  vaifTeaux  des  Germains ,  Se 
principaleraentdes  Francs  &  des  Sa* 
xons ,  eft  d'autan  c  plus  curieux ,  quô 
ces  Peuples  vers  la  fin  du  troiOéma 
fiécle  ,  &  dans  le  quatrième  ,  par 
le  moyen  des  flottes  nonibreufes 
qu'ils  armoient,  devinrent  le  fléau 
fk$  Gaule$i  comme  ks  IS<>i-^444l; 


n 


II 


9oo  Journal  des  Sçavans  ; 
le  farent  dans  le  IX«.  &  comme 
les  Corfaires  de  Barbarie  le  font 
aujourd'hui  fur  les  Côtes  d'Italie 
&  d'E(pagne.  Sidoine  difoit  d'eux, 
»que  les  naufrages  auxquels  ils 
M  etoient  expofés ,  ne  leur  paroif- 
>i  foienc  qu'un  léger  inconvénient, 
M  mais  non  pas  un  obftacle  réel;  & 
9>  wC'û  fembloit  aue  les  Saxons  eut 
>>  (ent  vu  la  mer  a  fec ,  tant  la  con« 
»  Roiflknce  qu'ils  avoient  des  bancs 
»&  des  écueils  .  étoit  exaâe  & 
»)  précifc. 

Les  Bornes  que  nous  fommeiK 
ùbligés  de  mettre  à  cet  extrait,  ne 
nous  permettent  point  de  nous 
anrêter  fur  le  cinquième  &  dernier 
livre  de  ce  premier  tome>  quoique 
le  nombre  &  la  grandeur  des  évé- 
nemens  dont  il  eft  rempli ,  &  la  ma- 
nière intèreflante  dont  le  P.  Barre 
les  raconte  »  nous  feroient  défirer 
d'en  donner  du  moins  quelque  idée; 
on  y  voit  fous  le  régne  d'Hono- 
rius«  l'Empire  d'Occident  décliner 
infenfiblement ,  &  enfin  devenir  la 
fcoye  des  Germains  y  Rome  entiè- 
rement 


T&ment  détruite ,  &  fur  les  ruines 
de  cette  vafte  Monarchie ,  s'éleveç 
prefque  dans  le  même  temps  divers 
Royaumes,  en  Italie,  en  Afrkjue» 
en  Efpagne»  dans  les  Gaules, JSC 
dans  la  Grande-Bretagne. 

On  conçoit  aifément  »  que  notrç 
Auteur  n'a  rien  oublié  de  tout  ce 
i|uî  pouvoir  contribuer  à  éclaircîr 
les  premiers  commencemens  de  la 
domination  des  Francs  dans  les 
Gaules,  le  code  des  loix  Saliqnes^ 
te  tous  les  reflbrcs  de  Politique  que 
Qovis  fit  jouer  pour  fe  rendre 
maître  de  prefque  toutes  les  Gau- 
les ,  pour  reunir  en  un  feul  peuple 
les  Francs  qui  croient  aunaravant 

I partagés  en  Tribus  indépendances 
les  unes  des  autres  »  ôt  enfin  pour 
trairer  avec  l'Empire  d'égal  à  égal,- 
Ce  volume  finit  par  rhiftoire  de 
Ictabliflement  de  la  pulfTance  des 
Saxons  en  Angleterre ,  ou  ven  l'an 
j  I  iS ,  ils  formèrent  fept  Royaumes 
différens  dans  lefquels  ils  établirent 
i  une  forme  de  gouvernemenf:  aOez 
i     approchante  de  celle ,  où  ils  avoienc 


Avritt 


Ce 


L 


€01     Joun^iîl  des  SçaVàtns  ^ 
vécu  dans  !a  Germanie ,  leur  aiî4 
cîenne  patrie. 

Nous  parlerons  du  fécond  tome 
de  cette  Hiftoire  dans  le  Journal 
fuivant* 

HISTOIRE  DE  r^CADE^ 
AÏIE  Royale  des  Sciences  ^  an^m^ 
née  1 74  5  *  ^"^ec  les  mémoires  de 
Thyfiifue  &  de  Mathémat^ue 
pour  la  même  année  ,  tirés  dei 

'  I^egifires  de  cette  Académie ^  208 
fag,  pour  rHifioire  ,  &  428. 
pour  les  Aicm&ires ,  avec  l  r  plan^ 
ches  détachées^  A  Paris  »  de  Tlm- 
primerie  Royale  174^  j  &  ie 
debîtjchez  Durand  «  rueS,  Jac<« 
ques. 

T  'Histoire  de  cette  anné^ 
I  '  '74Î  1  compofée  par  M.  de 
Mairan ,  comprend  plufieurs  re- 
marques importantes  ,  avec  ua^ 
grand  nombre  de  faits  întéreflans^ 
mr  ce  qui  fait  Tobjet  de  TAcadé- 
niie  j  outre  quelcjues  extraits  des 
mémoires  auxquels  rHiftorkn  9* 


îoint  des  rcflexîans  très  fça  van  tes  j« 
&  qui  répandent  beaucoup  de  clarJI 
le  fur  les  matières.    On    trouve 
dans  le  même  Volume  trois  Eloges 
nui  ont  été  lus  aux  afletnblées  pu- 
bliques avec  beaucoup  dapplau- 
dîflement  ;  le  premier  eft  celui  de 
M*  le  Cardinal  de  Fleury;  le  fé- 
cond de  M,  TAbbé  Bignon»  le 
troîfiéme  de  M.  Lemery* 
k  Sous  le  titre  de  la  Phyfique  & 
«  THiftoire  naturelle  3  nousUfons 

dix  fept  articles* 

B  f  ***  Cextrait  que  M.  de  Mai- 
mtn  a  fait  du  mémoire  que  M.  de 

Dation  a  compofé  fur  les  cmimrs 
j^demeliej,  Lorfqu'après  avoir  re- 
gardé le  Soleil  C  dit  1  Hiftorien  ) 

6n  vient  à  fermer  les  yeux  (  ou  que 

les  yeux  ouverts }  Von  entre  tout  à 

toup  dans  un  lieu  obfcur ,  on  voit 
licceffivement  plu  fleurs  couleurs 
bmme  du  blanc,  du  jaune,  du 
pyge  ,  du  verd ,  du  bleu ,  &  du 
^^akt ,  &c.  enfin  du  noir  à  peu 
lires  dans  Tordre  des  couleurs  prif. 
iBitûques  ;  ce  font  là  des  cauleun 
Ccij 


if  04  Journal  des  SçdVdnx , 
accidentelles  ,  &  qui  changeht 
fans  qu*i[  arrive  aucun  changement 
à  la  furface  des  corps  auxquel» 
nous  les  rapportons. 
.  Les  couleurs  accidentelles  font 
produites  par  une  inBnirc  de  cau-> 
ics^  dontrexamen  eft  aufll  curieux 
que  celui  des  couleurs  c^u'on  ap- 
pelle réelles  ,  ou  qui  font  dépea* 
dantes  des  objets  que  nous  apper- 
cevons.  On  n'avoir  point  remarqué 
jufqu'icî  la  correfpondance  &  la 
liai  Ion  des  couleurs  acciden  telles , 
avec  celles  qu'on  appelle  réelles: 
c'eft  le  fujet  du  mémoire  de  M,  de 
Bulfon;  THiftorien  développe  avec 
beaucoup  defprit ,  la  Métaphyfi- 
que  des  illuGons  eau  fées  par  les 
couleurs  accidentelles  5  &  M*  de 
Bu0bn  explique  fçavamnient  les 
expériences  qu'il  a  faites  à  ce  fujer# 
Voici  un  des  exemples  que  M.  de 
Buffon  a  confidéré  fur  les  couleurs 
accidentelles*  Lorfqu'on  regarde 
iîxeinenc  &  longtemps ,  une  tache 
pu  une  figure  rouge  fur  un  fond 
blanc ,  on  voit  naître  autour  du 


'^vril  174?.  €ù% 

pedt  «jaarré  roage ,  une  efp^e  de 
cooFcmiie  d'un  verd  fotbie  :  vient-^ 
on  à  cdSa  de  regarder  le  ouirre 
rooge ,  &  porte<*on  l^ocil  (iir  le  pa* 
pier  blanc ,  on  verra  très-diftinae* 
mène  un  quarré  d'un  verd  fendre» 
tirant  un  peu  fur  le  bleu  ;  cette 
'^apparence  fubfîfte  plus  ou  moins 
longtemps,  félon  que  rimpreflion 
de  la  couleur  rouge  a  été  plus  ou 
moins  forte  :  la  grandeur  du  quarré 
verd  imaginaire  »  eft  la  même  que 
celle  du  quarré  réel  rouge  »  &  co 
Verd  ne  s  évanouit  qu'après  que 
Tceil  s'eft  porté  fur  d'autres  objets» 
En  général  on  remarque  que  les 
(Couleurs  naturelles  produifent  des 
Couleurs  accidentelles  dans  Tordre 
qui  fuit  :  le  rouge  naturel  produit 
le  verd  accidentel,  le  jaune  produit 
le  bleu ,  le  verd  produit  le  pourpre, 
le  bleu  produit  le  rouge ,  le  noir 
produit  le  blanc ,  &  le  olanc  pra* 
duit  le  noir.  On  peut  juger  par  cet 
exemple,  des  autres  rechercnes  qu# 
M.  de  Buflbn  à  faites  ;  il  faut  \M(f 
dans  k  mémoiie  même  le»  wtfttè 
Ce  il) 


L 


€o€    Jûurnétl  dis  Sçavans  i 

faits,  &  toutes  les  expériences  que 
l*Auteura  faites  fur  les  fept  couleurs 
primitives  pour  en  faire  la  compa- 
raifon»  ou  en  trouver  le  rapport 
avec  les  couleurs  accidentelles  ;  ce 
qui  paroirra  merveilleux  j  c'eft  que 
les  couleurs  qui  réfultent  du  mélan- 
ge des  couleurs  accidentelles  avec 
les  couleurs  naturelles ,  fuivent  les 
me  mes  régies ,  ou  donnent  les  mê- 
mes apparences  dans  leur  compolj-* 
tîon  j  que  les  couleurs  naturelles 
avec  d'autres  couleurs  naturelles. 

Le  fécond  article  de  laPhyfique 
fegarde  la  formation  de  la  gtace 
fur  les  grandes  rivières.  L'Hifto- 
rien  a  fait  Textrait  de  ce  mémoirç 
qui  appartient  à  M.  TAbbé  Nollet  ; 
il  étoit  d'autant  plus  à  portée  d  ea 
parler  5  au'il  a  fait  autrefois  bien 
des  expériences  Ôc  une  di0ertation 
fur  la  formation  de  la  glace  qui 
a  remporté  le  prix  propofé  par 
l'Académie  de  Bordeaux.  M^TAb- 
bé  Nollet  a  eu  pour  objet  de  faire 
voir  que  la  congélation  des  rivié- 
;res  ne  commence  point  par  le  fond , 


jivrîl  1748»  (?o7 

mais  parles  bords  &  par  la  fuperfi* 
de  »  c'eft  ainfi  qu'eOe  k  forme  dans 
les  étangs  ,  mares  ,  &  toutes  les 
eaux  tranquilles.  Si  dans  un  temps 
de  gelée,  dit  M.  de  Mairan ,  on  pré« 
fente  à  l'air  froid  un  gobelet  pleia 
d'eau ,  on  verra  bientôt  paroitre  à 
la  (uperficie  de  cette  eau  de  petits 
filets  de  ^ace ,  qui  peu  à  peu  for«r 
ment  une  efpéce  de  rézeau ,  ou  une 
lamme  de  glace  plus  ou  moins  épaiC 
fe  félon  le  dégre  de  la  congélation^ 
Comme  c'eft  la  fuperficle  de  l'eau 
oui  eft  expoiee  à  l'air  ,  &  que  le 
froid  doijD  le  faire  lèntir  à  la  furface 
extérieure  du  liquide ,  avant  que 
d'arriver  à  cdie  du  fond;  il  s'eniiiit 
que  les  glaçons  dqivent  fe  former 
au-deffus  de  l'eau  :  il  eft  encore  hors 
de  doute  que  Teau  étant 'plus  tran^ 
ouille  aupi-ès  dôs  bords  &  plus  re^ 
froidie,tant  par  le  contaéè  des  corpi 
extérieurs  que  par  l'air ,  elle  doit 
commencer  à  fe  glacer  vers  les  extra, 
(nicés  avant  le  milieu  du  courancu 
A  une  théorie  fi  fimple  &c  fi  lu- 
mineufe,  ajoute  rHiftorien  ,  on 
Ce  iiij 


ÏTolB   Journal  dis  Sç4V4ns , 
oppofe  le  témoignage  de  plufîeufs 
perfonnes ,  mais  qui  ne  (çavent  ni 
iapprofondir  ni  raifonner  ;  ce  font 
les  Pêcheurs  ,  les  Meuniers ,  les 
Mariniers ,  les  Matelots  ;  enfin  le 
Peuple  prétend  que  la  glace  le 
forme  au  fond  des  rivières ,  &  fur 
le  terrein  du  lit  de  Teau  »  plutôt 
qu'à  fa  furface  ;  les  raifons  qu'on 
apporte  font  que  Ton  remarque 
fouvent  fur  le   côté  des  glaçons 
qui  regardent  le  lit  de  la  rivière, 
des  veltiges  de  gravier  &  defable» 
fur  lequel  ces  glaçons  paroifTeûc 
savoir    féjourné    quelque   temps; 
ces  marques  extérieures  font- elles 
aflez  folides  pour,  détruire  le  fyftê- 
me  général  ,    &  n'eft-  il  pas  plus 
probable  que  ces  glaçons  vien- 
nent des  bords  de  la  rivière ,  des 
Ifles  y  des  bancs  de  fable ,  &  des 
bas  fonds  qu'ils  rencontrent  dans 
leur  cours  ?  De  quelque  manière 
que  cela  arrive ,  les  Phyficiens  n'ont 
point  changé  fur  la  manière  dont 
le  forme  la  glace  ,  &  M.  l'Abbé 
l>IolIet  n'auroit  peut-être  pas  penft 


à  Faire  de  nouvelles  expériences  i 
fî  M,  Haies ,  de  k  Société  de  Lon- 
Hâres ,  Homme  célèbre  par  divers 
Hpuvrages  ,  n'avoit  embralTc  Topi- 
^nion  vulgaire  fur  larticle  dont  il 
^eft  cjiieftion.  Cet  Auteur  dit  for- 
meSlement  dans  un  ouvrage  înti* 
ulé  la  Stalicjue  des  Végétaux ,  gu'îl 
vu  un  morceau  de  glace  au  fond 
e  la  rivière  &  qu'il  y  avoit  été 
formé  :  il  ajoute  un  raifonne- 
ent  pour  expliquer  ce  fait  cjuî 
furpric  :  voici  fes  propres  parol- 
es* >»  Comme  Ton  n'a  jamais  vu, 
t>  diç-il ,  les  érangs  ,  les  mares  ^  &c 
»i  routas  les  eaux  calmes  commen- 

IiVs  cer  à  fe  glacer  par  le  fond  ^  il 
ps  faut  néceflairement  que  le  cou- 
k»  rant  de  Teau  en  fo!t  la  caufe  dans 
Ui  les  rivières  :  car  il  eft  fur  que 
*fi  dans  les  eaux  calmes,  aulTî  bien 
n  que  dans  la  terre  j  la  furface  eft 
yi  oien  plus  froide  que  le  deflbus  , 
*ti  au  lieu  que  dans  les  eaux  coiï- 
»»  rantes ,  le  deJTus  &  le  deflbus  fe 
»>  mêlaDt  enfêmble  ,  devieuncntà 
*»>;  peu  près  ^fll  froids  Tun  queTau- 
Cc  T 


I 


f(  1 0  journal  aef  liçnvans  9 
»>re,  &  le  defTus  ayant  toujoprf 
i>  plus  de  vitefle  ^ue  le  deflbiis  8c 
^y  pas  plus  de  froid ,  il  ne  fe  gélç 
i>  que  le  dernier.  »*  Il  faudroit, 
comme  dit  M.  de  Mairan,  fçavoir 
Il  Tobftacle  que  le  mouvement  »  ou 
)a  vitefTe  du  courant  apporte  à  la 
congélation  delà  furface  de  l'eau ^ 
peut  prévaloir  fur  celui  que  le  moiq^ 
de  froideur  peut  caufer  fur  le  fond  s 
mais  M.  l'Abbé  NoUet  examine  Iç 
fait  que  M.  Haies  rapporte  ;  il  prou- 
ve par  les  diverfes  élévation^  du 
Thermomètre  ,  que  la  rivière  a 
toujours  beaucoup  plus  de  chaleur 
vers  le  fond  >  que  vers  la  fuperficîe. 
Il  fait  voir  ce  qui  a  été  la  caqfè  de 
Terreur  de  M.  Haies  ;  &  après  di- 
verfes expériences  fur  la  forma^ 
tlon  de  la  glace  dans  les  rivières,, 
il  nous  démontre  qu'on  doit  regar*- 
.  der  comme  une  loi  générale ,  que 
la  glace  fe  forme  vers  la  AiperBcie 
dans  les  eaux  courantes^  comme 
dans  leseairx  dormantes^  &  fi  queJt- 
ques  glaçons  ont  dans  leur  partie 
iqférieure  une  efpéce  de  t>ouziQ  >  il 


faut  Tâttribuer  à  la  rencontre  des 
jlaçons  les  uns  contre  tes  autres, 
I  flui  caufe  un  brifement  de  parties-, 
liée  c|ui  excire  très-fouvent  cette  fa- 
[Jeté  &  cette  pourriture  de  gkcè 

Îju'on  remarcjue  quelquefois  def- 
DUS  les  glaçons.  Voilà  à  quoi  fè 
[déduit  le  mémoire  de  M.  l'Abbé 
Nollet  oui  n  a  point  épargné  fes 
-foins  &  les  peines  pour  convaincre 
i  les  autres  d*un  fait ,  dont  il  ti*avoit 
^pas  douté  un  feul  moment. 

Le  croifiéme  article'  de  la  Phy- 
>lîque  roule  fur  plufieurs  obferva* 
tions  méuoroUgîijiies  ^  &  hotanicù^ 
^étéorologicfues  ^  elles  ont  été  faites 
car  Mp  Duhamel.  L'extrait  en  a 
«té  compofé  par  M.  de  Mairan  ^  & 
Toici  comme  il  s'exprime  à  ce  fujet. 
Les  travaux  les  plui  brillans  Se 
ttui  demandent  le  plus  de  pénétra- 
tion &  de  finelTe,  ne  deviennent 
Îas  toujours  les  plus  utiles  aux 
ommes,  &  furtout  à  la  poftérité. 
Des  obfervatîons  adidues  fur  lâ 
cotiftitution  de  lalr ^  les  variations 
&  ks  différens  poids  de  Tathmof- 
Cc  vj 


I 


k 


€ii  JoHTnal des Sçéivans ; 
;phcre ,  une  hiftoire  fuivie  &  blette 
circonftanciée  des  vents^des  pluyes, 
des  météores ,  du  chaud ,  du  froid  » 
dans  chaque  année ,  dans  chaque 
/aifon  ,  &  chaque  jour  ;  une  corn* 
paraifon  continuelle  de  toutes  ces 
•viciffitudes  avec  la  produâion  des 
fruits  de  la  terre ,  &  avec  le  tem* 
pérament  >  la  fanté  &  les  maladies 
rdes  habitans  ;  toutes  ces  obferva* 
lions  faites  avec  foin  pendant  plu* 
fleurs  années  ,  pendant  pluCeurs 
iiécles,  &  dans  chaque  Pays,  pro- 
duiront vraifemblablement  quel- 
que jour ,  une  agriculture  &  une 
médecine  plus  parfaite  &  plus  fûre» 
^ue  tout  ce  qu'on  pourroit  éfpé« 
jer  des  fpéculations  les  plus  fublîr 
^es  de  la  Phyfique ,  dénuée  de 
.ce  fecours. 

Le  quatrième  article  regarde 
J'oiiie  des  poilTons ,  &  la  tranfmif* 
/ion  des  fons  dans  Teau  :  il  appar- 
jdent  à  M.  l'Abbé  NoUet  ;  on  eo 
.trouve  l'extrait  dans  rhiftoire» 
Voici  en  abrégé  l'idée  de  ce  mé« 
moire^ 


r; 


I 


La  partie  de  la  cêce  qu'on  ap- 
pelle les  ouies  dans  les  poifTons  à 
écaille,  étant  bien  examinée  parole 
avoir  été  deftinée  pour  refpirer 
raîr,  &  Don  pas,  comme  on  le  croie 
communément  ^pourentendrCi  Ce* 
pendant  cjuelques  Anatomiftes  veii* 
lent  que  les  poifTons  ne  foient  point 
privés  du  fens  de loiiie ^  fans poi»^ 
voir  afÏÏgner  précifément  quel  eft  fe  j 
conduit  auditif,  par  lequel  le  poi^ 
foû  peut  entendre.  Il  n'eft  pas  né- 
ceflkire  d'avertir  que  tous  les  poif- 
fons  ne  font  pas  privés  du  fens  de 
roiiie ,  &  que  ceux  que  Ton  croie  i 
en  être  exempts  ou  privés  ^  font  de 
la  ctaffe  des  poiffons  à  écaille. 

Toutes  les  autorités  qu'on  t' 
coutume  d'apporter  en  faveur  de 
rouie  des  poïObns ,  n'ont  pu  empê- 
cher M*  l'Abbé  NoUet  d'avoir  re- 
cours à  de  nouvelles  expériences  ; 
la  difficulté  d'apprendre  par  des  ob-^ 
fervations  diredes,  ce  que  l'auteur 
avoic  envie  de  trouver  ^  lui  a  faic 
prendre  une  route  ua  peu  plus  dé^ 
louinée^  &  qui  cependant  €Qndui| 


1 


iSï4  Journal  àes  Sçavani  , 
aa  même  but  :  au  Heu  d'examînef 
immédiatement  fi  les  poîflfons  enr- 
tendent ,  il  a  cherché  à  découvrir 
s'ils  pouvoient  entendre  ,  &  pour 
réfoudre  cette  queftion,  il  y  a.  deux 
chofes  à  faire  ;  i  ^.  il  faut  s'affurer  fi 
les  poifibns  ont  des  organes  pro- 
pres à  recevoir  les  fons  ;  i^«  il  faut 
5roir  fi  le  milieu  qu'ils  habitent  eft 
capable  de  les  leur  tranfmettre» 
•c'eft-à*dUre ,  examiner  fi  l'eau  eft 
perméable  au  fon.  De  ces  deux  ofaU 
|ets  qu'on  peut  fe  propofer ,  l'ana^ 
tomie  la  plus  exaâe  n'a  pu  rien 
déterminer  fur  le  premier»  ou  n'a 
pu  découvrir  quelle  partie  pouvok 
être-  l'organe  de  l'oliie.  En  attend 
idant  que  de  nouvelles  découver<- 
tes  nous  faflènt  connoître  évidem^ 
ment  que  les  pcMiTons  ne  font  point 
lourds  par  privation  d'organes ,  M. 
l'Abbé  NoUet  s'eft  propofé  de  fça- 
voir  s'ils  le  font  par  la  nature  du 
fluide  qui  leur  fert  de  milieu  ;  ainfi 
le  mémoire  de  l'Auteur  fe  réduit 
à  examiner  fi  les  fons  pénétrent 
^jiaas  l'eau  »  à  quelle  profoadeoc 


N 


N 


"^vril  1748,  S  If 

lis  peuvent  s'y  tranftnetrre.combieri 
ils  y  font  affoiblîs,  &  li  leurs  di& 
férentes  modifications  s'y  confer* 
vent  ,  enfin  fi  Ton  peut  les  y  dU 
ftinguer. 

L'A  uteur  a  reconnu  par  plyfîeurs 
expériences,  en  fe  plongeant  dan? 
Teaii  à  diflfcrentes  profondeurs  jquô 
les  fons  pénètrent  dans  l'eau ,  qii'U%,j 
fontunpeualFoiblis,  lestons  cepen^i 
dant  ne  paroident  point  changés^ 
&  ta  diminurion  n*eft  pas  propor- 
tionnée à  l'augmentation  de  pro^ 
fondeur  ;  on  a  obfervé  que  les  fon^  ' 
continus  fa  font  mieux  entendre^] 
que  ceux  qui  font  détachés*  Il  ei^l 
donc  décidé  que  fi  les  poifTons  fon^  ' 
fourds  ,  ce  ne  peut  être  que  par 
privation  d'organes,  puifquele  mi^  | 
Uen  où  la  nature  les  a  placés ,  n'el^ 
point  un  obftacle  invincible  à  I4  i 
propagation  des  fons  ;  il  eft  vra%  j 
qn'i!  les  affoibiit ,  &  qu  une  tellq  I 
altération  nous  les  rendroit  pref-ij 
que  inutiles:  mais  nous  devons pen^l 
fer  que  fi  la  nature  a  donné  aui^^' 
poiiions  k  facilité  4'entendïç  k$* 


îf  i(f  Journal  des  Sçavans l 
foris  qui  viennent  derathmofphére» 
elle  aura  fuppléé  à  la  foibleffe  de^ 
impreflions  par  la  délicatefTe  de 
leurs  organes  «  &  elle  aura  mis  une 
jufte  proportion  entre  les  fens  Sc 
Ion  objet. 

Si  c  eft  un  fait  certain  que  les 
fons  pénétrent  dans  l'eau ,  la  maniè- 
re de  s'y  tranfmettre  eft  une  chôfe 
peu  connue  &  qui  mérite  de  l'être» 
Quantité  d'expériences  ont  fait  coii^ 
noitre  depuis  longtemps  que  le  foii 
ne  fe  propage  que  par  un  fluide 
élaftique  >  &  c'eft  une  opinion  re-* 
çue  que  les  liquides  n'ont  point 
de  reffort ,  puifqu'on  ne  les  croit 
pas  compreflible^  ;  n'eft-il  pas  na- 
turel de  penfer  que  ce  font  les  par- 
ties de  l'air  qui  font  mêlées  dans 
l'eau  qui  tranlmettent  les  (bns ,  & 
que  (i  le  fon  fe  trouve  aflfoiblî  > 
c'eft  par  l'interruption  des  molécu- 
les de  l'eau  qui  empêchent  la  con- 
tiguïté du  fluide  élaftique  capable 
feul  de  le  tranfmettre.  Ce  raifon- 
iiement  paroit  fort  vraifemblable , 
cependant  M«  TAbbé  Nollet  prou 


.Avril  1748*        €iy 
f C  pir  plufieurs  expériences  »  qu'il 

eft  afîez  douteux  que  Tair  enfer" 
jné  dans  l'eau  ,  contribue  beau- 
coup au  fon  dans  l'eau  ,  &  il  eft 
hors  de  doute  (  de  quelque  mani^ 
re  que  la  chofe  fe  pafle  }  que  l'eati 
purgée  d'air  eft  perméable  au  fon. 
On  peut  confulter  le  mémoire  de 
M,  l'Abbé  Nollec ,  &  les  réflexions 
deTHiitorien  ;  T Auteur  s" eft  encore 
afiiirÊ  que  Tair  n'occupoit  pas  (  dans 
rétat  ordinaire  )  la  trentième  par- 
tie du  volume  d'eau  où  il  etoit 
renfermé ,  &  qu'il  falloit  environ 
cinq  ou  fix  jours  à  Fcau  pour  re- 
prendre l'air  qu'on  lui  avoit  oré. 
De  tout  ceci  il  faut  conclure 

3ue  les  poiïlbns  pourroient  enten- 
re ,  puifque  le  fon  fe  propage  dans 
J'eau  j  &  que  Ton  n'eft  pas  encore 
bien  certain  qu'ils  foieot  privés  de 
Torgane  de  Touie.  Ce  qu  il  faut  re- 
jnartjuer,  c  eft  que  les  trémoufle- 
mens  ou  agitations  de  l'air  ébranlé^ 
communiquent  néceflairement  à 
Teau  un  mouvement  qui  pourrok 
nvectk  ks  poifTons  du  Diuit ,  quoi* 


1(  1 8  fournal  dts  Sçavans  ; 
Qu'tk  fufient  privés  de  cette  (etfùi 
tion  qui  nous  le  rend  fenfîble  :  de 
plus  les  poiflfons  ont  le  coup  d'oeil 
très*fubtil ,  &  il  n'efl:  pas  facile  de 
)ugef  fî  c*efl;  la  crainte  ou  le  bruit 
qui  les  met  en  fuite.  Nous  don- 
nerons la  fuite  des  autres  Mémoi« 
res,  dans  les  Journaux  fuivans. 

COURS  DE  BELLES-^ 
LETTR  es  dijiribués  par 
Exercices.  Â  Paris ,  chez  DelainC 
ic  Saillant ,  rue  S.  Jean  de  Beau^ 
vais,  1747,  in'^l^.  i.  vol.  pag# 
4ttf. 

Deuxième    Extrait»   • 

LE  fécond  volume  renferme 
rode ,  la  Satyre,  &rEpigram- 
me ,  &  fix  Lettres  à  M  l' Abbf  d'O- 
livet  fur  dififërens  points  de  littéra^ 
ture. 

L'exercice  fur  TOde  eft  parta- 
gé en  fept  chapitres.  Dans  le 
premier  l'Auteur  expofe  la  natu* 
re  de  l'Ode  ,  &  fait  voir  que  (k 
matière  confifte  dans  le  fentiment» 


Avril  174S*  tfij». 
^ue  c'eft  le  ientiment  qui  en  eft 
comme  le  fondamental  qui  pror 
duit  toutes  les  idées  ^  au  lieu  qu9 
dans  les  autres  genres  ce  font  ley 
idées  qui  produifent  les  fentimens» 
Il  y  a ,  dit  l'Auteur ,  dans  tous  le» 
ouvrages  de  goût ,  la  lumière  Sc 
laichaleur  ;  la  lumière  qui  tient  à 
l'Intelligence ,  à  la  penfëe  ;  la  char 
leur  »^  qui  tient  à  la  volonté  ,  au 
fentiment  »  au  goût.  Mais  ces  deu^: 
parties  ne  doivent  être  unies  l'une 
a  l'autre,  que  dans  des  dégrés  pror 
portionnés ,  &  à  la  matière  qu'oii 
traite ,  &  à  la  fin  qu'on  fe  propofe* 
$\  c'eft  la  vérité  qu'il  s'agit  de  pré? 
ienter  à  l'efprit ,  ce  fera  la  lumière 
qui  dominera.  Si  c'eft  le  coeur  qu'on 
entreprend  de  toucher ,  ce  fera  U 
c:haleur.  Quand  on  aura  deiTein  de 
faire  l'un  &  l'autre  en  même  temps^ 
la  chaleur  &  la  lumière  fe  mêle* 
ront  en  proportion ,  tantôt  égale* 
tantôt  inégale ,  félon  le  ton  &  le 
caraâére  des  différentes  parties  dâ 
fujet  qui  fera  traité.  Mais  comm^ 
U  poëue  lyrique  eft  faite  pour  êtxfr 


iSlo  J&urnaï  des  Scavéns , 
chantée ,  U  qu'on  ne  chance  que 
les  fentimens  du  coeur  &  non  les 
idées .  les  argumentations ,  les  dif- 
fertarions  de  refpnt  y  le  fentlment 
dominera  dans  TOde  ;  ainfi  on 
pourra  définir  TOde  ,  une  poc- 
fie  qui  exprime  le  fentiment.  Qu'on 
y  ajoute ,  dit  T Auteur  ,  une  forme 
de  verfilicarion  qui  foit  chantante» 
elle  aura  tout  ce  dont  elle  a  befoin 
pour  être  parfaite. 

De  cette  théorie  abrégée  qui 
fait  confifter  TOde  dans  le  fenti- 
ment ,  fortent  toutes  les  régies  de 
l'Ode  au  (fi  bien  que  fes  privilèges, 
C*e(l-làce  qui  autorifelahardiefïe 
de  fes  débuts,  fes  tranfports,  fes 
emportemens  ^  fes  écarts,  c'efl  de- 
là qu'elte  tire  fon  fublime  &  cet 
enthouli^me  qui  l'approche  delà 
Divinité, 

L* Auteur  explique  ce  que  c'eft 
^ue  Venthoufiafme  poëcique;  c'eft 
un  fentiment  vif,  produit  par  une 
idée  vive  dont  TArtifte  fe  frappe 
lui-même  dans  le  temps  delà  com- 
çoCtion,,  Par  conféquent  l'enchçu- 


m 


rjtpril  1748^  €lt' 

Câfme  n  eft  proprement  qu'un  kn* 
timent ,  une  infpiration  ou  ton  de 
Prophète  arrîficiel  ,  que  rArcifta 
compoGteur  excire  en  lui  en  i© 
peignant  fortement  les  objets  :  Se 
comme  ces  objets  font  grands , 
beaux  5  bons  ,  întcrcflans ,  qa*il» 
font  petits  >  diffortnes  »  mauvais, 
plus  ou  moins  ;  ils  produifent  deî 
entfioufiafmes  différens,  &  defpé- 
ce ,  &  de  degrés.  Chaque  Artifte  a 

rie  fien  6:  dans  chaque  fujet,  L*Au* 
teur  en  diftingae  de  trois  fortes  ; 
le  fublime ,  le  doux  ,  &  le  moyen , 
€^m  tient  le  milieu  entre  les  deu?c 
l  autres.  Il  y  a  deux  fortes  de  fubli-^ 
nie ,  celui  des  images  &  celui  des 
ientimens;  TAuteur  les  définit,  & 
les  montre  tous  deux  dans  un  feul 
exemple:  l'Univers  tomberoit  fur 
la  tête  du  Jufle ,  il  feroit  en  paix 
dans  le  temps  même  de  la  chute. 
L'idée  de  cette  tranquillité  ,  corn- 
|>arée  avec  le  fracas  d'un  monde 
entier  qui  s'écroule ,  eft  une  image 
fublime ,  &  la  tranquillité  du  juîtç 
cH  un  feotim^ût  fublime.  L' Auteu 


552 1  Journal  des  Sçavans , 
diitingue  entre  le  fublime  du  feti- 
liment  &  la  vivacité  du  fentiment , 
&  fait  voir  par  des  exemples  que 
le  fentiment  fublime  eft  dans  le 
tinouvement  moine  que  dans  le  re« 
pos,&  par  une  raifon  contraire 
que  le  (entiment  vif  marque  moins 
la  force  de  l'ame  que  fa  foiblellè» 
Le  fentiment  fublime  ne  fe  trouve 
point  dans  TOde  parce  qu'il  tient 
aux  aâions,  &  que  dans  TOde  il 
m'y  a  que  la  paffion  »  mais  en  ré- 
^ompenfe  la  vivacité  du  fentiment 
fU,  le  fublime  des  images ,  appar** 
tiennent  à  l'Ode  d'une  façon  par<» 
ticultére  ,  c'eft-ce  qui  lui  donne 
droit  à  ces  débuts  éclatans,  à  ces 
^arts  &  à  ces  digreffions  qui  ne 
font  guéres  permifes  dans  les  au* 
Cres  genresv  Le  début  de  l'Ode 
èft  hardi  ,  parce  que  quand  le 
Poète  faifît  ià  lyre ,  fon  ame  eft 
en  feu  &  le  fentiment  éclate  com« 
tne  un  torrent ,  qui  rompt  la  di-* 
gue*  Il  f^t  des  écarts  parce  que 
dans  la  fougue  qui  l'emporte» 
M  ne  fiûOt  que  les  idées  principe* 


I 


^vril  1748.  tfif 

les,  &  liifk  à  celui  qui  l'écoute  le 
foin  de  reinptir  les  vuides ,  s'il  lo 

Eeut.  Il  fe  jette  dans  des  digreC- 
ons>  foit  hlftoriques ,  foit  de  lieux 
communs  .  parce  qu'il  a  plus  de 
feu  que  de  lumière  :  le  Dieu  l'em- 
porte :  il  eft  dans  les  forêts ,  dans 
les  antres  des  Nymphes  ^  fur  k$ 
jochers. 

Lenthoofiafme  doux  eft  celui 
qu'on  éprouva  quand  on  travaille 
fur  des  fujets  gracieux  ^  délicats. 
Et  reïichounafme  moyen  s  celui  qui 
eft  infpiré  par  les  lujets  oobles^ 
yiches,  majeftueux*  D^ns  Fenthou- 
fîarme  fublime  ce  ne  font  que  des 
tranfporcs  ,  des  élans ,  des  traits  ; 
dans  le  doux,  ce  ne  fout  que  des 
jeax ,  des  ris  folâtres ,  une  indolen* 
ce  OLi  lame  n'a  d'aâion  que  ce 
qu'il  lui  en  faut  pour  fentir  :  dil 
mélange  de  ces  deux  genres»  il  ré^ 
fuite  une  force  mélee  de  grâces  » 
oui  fait  la  troifiéme  efpéce  d'en- 
tiioufiafme. 

L'Auteur  vient  enfuite  aux  dit 
féreotes  efpécçs  d'Odc^.,  iUX  dlii^ 


^6lJ^.  JûHfnat  Aes  S^avans , 
férentes  formes  qu'elles  ont  euéi 
dans  les  différens  temps  chez  h 
Grecs,  &chez  les  Romains,  &  qu'e 
les  ont  chez  les  François  ;  apr< 
quoi  il  en  vient  à  l'hidoire,  &  c'e 
la  matière  du  fécond  chapitre. 

La  première  expreffion  lyriqu 
fut  une  exclamation  ;  l'Homme  foi 
tant  du  néant ,  ouvrant  les  yeux  ft 
l'Univers ,  ièntant  fa  propre  exil 
tence  par  les  impreflions  agréabh 
qu'U  recevoit  par  tous  fes  icns ,  n 
put  s'empêcher  de  s'écrier  :  &  c 
cri ,  fut  à  la  fois  Un  cri  de  joye ,  d 
reconnoiflance  ,  &  d'admiratior 
Ayant  enfuite  reconnu  les  bienfaii 
du  Créateur ,  avec  plus  de  loifi 
&  moins  de  confufîon  ,  il  chant 
fa  reconnoiflance.  Sa  voix ,  fa  lan 
gue»  tout  (on  corps  contribua 
Texpreflion  de  fes  lentimens  ;  c'd 
ce  qui  a  produit  les  Cantiques 
les  Hymnes ,  en  un  mot ,  la  Poë 
£e  Lyrique,  Les  Prophètes  chanté 
rent  tantôt  les  merveilles  de  i 
Nature»  tantôt  les  prodiges  de  1< 
fSorace ,  &  donnèrent  i'exeropl 

d'uni 


uivril  Ï748.  (fij; 

d^une  élévation  proportionnée  aux 
fiijets  qu'ils  traitoient.  Se  à  refpric 
qui  les  environnoit. 

Quoique  les  Payens  fe  trompaC- 
fent  dans  l'objet  de  leur  culte  »  ce- 
pendant ils  avoient  dans  le  fonds 
de  leurs  fêtes  &  de  leurs  chants 
facrés ,  le  même  principe  que  les 
adorateurs  du  vrai  Dieu.  Ce  fut  la 
joye  &  la  reconnoifTance  qui  leur 
fit  inftituer  des  jours  folemnels  pour 
célébrer  les  Dieux ,  auxquels  ils  fe 
croyoient  redevables  de  leurs  ré- 
coltes. Après  les  Dieux ,  Jes  Héros , 
enfans  des  Dieux  »  eurent  leur  parc 
à  la  gloire  ;  &  c  etoit  pour  confa- 
crer  les  noms  de  ces  Héros  à  la 
poftérité ,  qu'ont  travaillé ,  Orphée 
Linus ,  Alcée  ,  Pindare  &  quel- 
ques autres.   L'Auteur  donne  en 
peu  de  mots  l'hiftoire  tic  le  caraâé« 
re  de  Pindare  »  d' Alcman  ,  de  Ste- 
fichore»  de  Sappho,  d' Alcée,  d'A^ 
nacrcon ,  il  fait  la  même  chofe  pour 
Horace.  Enfuite  il  vient  à  Malher- 
be qui  a  abbatu  les  jeux  de  mots^ 
les  pointes ,  les  rodomontades  de 
jivril.  D  d 


éi6    Joumd  da  Sfo^dns  ; 

jîos  premiers  Lyriques  François,  S: 

âui  a  été  en  quelcjus  forte  le  père 
e  notre  poëlie  :  il  die  un  mot  de 
Hacan  »  &  fait  le  caraâére  de  Rouf" 
feâu  y  de  manière  cjqII  inGtiae  ce* 
pendant  que  ce  Poète  n  avoit  pas 
coûtes  les  parties ,  &  qu  il  n'a  eu 
k  moelleux ,  le  molh ,  que  dans  un 
dégre  médiocre.  Son  caraéiére  elt 
la  force ,  par  conféquent  fon  défaut 
quand  il  en  a  ,  etl:  la  djireté  parce 
f^u'en  général  les  défauts  des  grands 
Ecrivains  »  font  comme  ceux  des 
grands  Hommes ,  dans  lexccs  de 
la  qualité  qui  fait  leur  caradére 
dominant. 

i  Après  avoir  dé\relopé  la  nature 
4e  l*Ode ,  &  en  avoir  tiré  les  prin- 
cipales régies  de  ce  genre  de  poë- 
Ëe  dans  le  premier  chapitre;  aprè$ 
avoir  donné  rhiftoire  &  le  caraâé- 
re  des  Poètes  Lyriques  en  peu  de 
mots ,  TAuteur  vérifie  fes  régies  & 
fes  caraâéres  ,  par  des  exemples 
<ju'il  tire  de  Pindare,  d'Anacréon, 
d  Horace  >  de  Malherbe  ,  de  Ra-* 
can»  de  Rou0èau,  U  fait  fentir  les 


beautés  de  Pindare,  en  avertiflant 
«n  même  temps  les  jeunes  gens 
4'être  réfervés,  quand  il  s'agira  de 
prononcer  fur  la'  forme  &  le  ftyle 
d'un  Auteur ,  fi  fort  au-defllis  des 
régies  ordinaires ,  &  de  regarder 
4'admiration  qu'ont  eu  pour  lut 
tous  les  grands  hommes  qui  ont 
^té  à  portée  de  le  bien  compren- 
dre ,  comme  un  titre  que  Tigno- 
ïance  doit  refpeâer.  Au  refte  les 
morceaux  qu'il  cite  font  fi  frap- 
pans ,  que ,  quoique  deftitués  des 
grâces  qu'ils  avoient  dans  leur  lan^ 
gue  naturelle,  on  n'a  pas  befoia 
d'effort  pour  admirer  le  génie  de 
Pindare. 

'  Il  traduit  la  Colombe  d' Anacréon; 
fLes  Flèches  deCamouTy  Bathylle^  & 
quelques  autres  pièces  qui  luifi(enC 
pour  faire  connoître  toutes  les  gra« 
ces  de  cet  Auteur  célèbre. 

Il  en  traduit  cinq  d'Horace ,  qui 
fepréfentent  cinq  dégrés  différens 
d'enthoufiafme.  La  première  eflU 
vingt-cinquième  du  troifiéme  livre 
iBacchus,  ^1^^^,  Bacchcy  ileii 
.Ddi\ 


ffiS  Jûfima!  des  Sçdvans  y 
fait  ranalyfe ,  en  montre  les  écarts 
&les  emportemens;  cette  pièce  a 
toute  rimpctuofité  du  dithyrambe* 
Les  exemples  fuîvans  préfentenc 
des  degrés  moins  vifs  de  lenthou* 
fîafme ,  &  la  dernière  qui  eft  citée 
itant  toute  philofophique  ,  n'a 
4|u*une  chaleur  douce  »  modérée, 
toujours  égale,  &  qui  n'oterienà 
la  lumière,  C  eft  la  feiziéme  du  deu- 
xième livre ,  à  Pompcius  Grofphus 

Pour  trouver  Malherbe  ce  qu'il 
efl,  TAuteur  veut  qu'on  ait  la  force 
de  digérer  quelques  vieux  mots, 
&  d'aller  à  l'idée  plutât  que  de 
s'arrêter  à  TexpreiTion.  Ce  Poète 
eft  grand  ,  noble ,  hardi ,  plein  de 
choies:  cendre,  gracieux  quand  la 
madère  le  demande ,  TAuteur  le 
prouve  par  des  morceaux  dont  il 
fait  lanatomie ,  plus  ou  moins  dé^ 
taiUée  félon  le  befoin*  Il  examina 
d'un  bout  à  l'autre  ,  TOde  au 
Roy  Louis  XIIL  partant  pour 
aller  réduire  les  Rochellois  »  &  il 
en  fait  yoii  les  liâifons ,  les  écarts  ^ 


j 


léivril  1748.  619 

les  digreffions  5  les  cours  poéti- 
ques ,  &c. 

Il  finit  par  un  exemple  de  Rouf- 
feau  i  c'eft  TOde  fur  la  mort  du 
Prince  de  Conti,  &  il  fait  voir  en 
quoi  confifte  la  beauté  de  cette 
Ode  ,  où  rélocution  eft  partout 
libre ,  jufte ,  riche  :  point  de  Vers 
lâches  ,  point  de  mots  inutiles^ 
vieux  »  équivoques ,  obfcurs ,  bas , 
ou  qui  paroifTent  employés  pour  le 
befoin  du  Vers  :  point  de  tours 
forcés ,  d'inverfions  dures ,  de  con- 
ftruâions  laborieufes  ;  les  penfée» 
font.nobles ,  folides ,  variées  d'une 
manière  plus  ou-  moins  piquante  » 
fur  un  fonds  qui  eft  par  tout  le. 
même  ;  les  choies  font  vrayes ,  fui- 
vies  ,  liées  quoiqu'avec  des  écarts 
&  des  emportemens  :  enfin  il  s'y 
trouve  une  mélodie  &  une  diftri- 
bution  de  nombre  conforme  aux 
objets ,  aux  penfées ,  au  fujet,  ce 
qui  fait  un  tout  naturel  de  pièces, 
de  rapport. 

L'Auteur  n'a  pas  voulu  terminer 
c^  exercice  (ans  donner  un  exem* 
Ddiij 


^  J  ^  Journal  des  Sçat^dns , 
pie  du  Lyrique  (acre ,  qui  rempor- 
te infiniment  fur  le  profane.  Il* 
cite  le  Pfeaume  xoj.  fur  la  créa- 
tion du  monde ,  où  les  images  & 
les  expreflîons  font  d'un  fuoiime 
vraiment  Divin  ;  on  fent ,  dit  l'Au- 
teur, dans  ces  ouvrages  Sacrés  la 
folidité  &  la  grandeur  du  fujet  ;  on 
parle  de  Dieu  5  on  fent  la  fupério- 
rité  de  l'efprit  qui  anime  le  Prophè- 
te ,  tout  eft  plein ,  libre ,  lumineux, 
marqué  au  coin  de  celui  qui  (e 
jouoit  en  formant  l'Univers.  Ce- 

Î)endant  l'Auteur  obferve  que  ce 
ont  les  mêmes  régies  pratiquées^ 
par  les  Sacrés  &  par  les  rrofanes, 
toute  la  différence  qu'il  y  a  entr'eux, 
eft  que  les  Profanes  font  reftés  dans 
la  Iphére  de  l'humanité  :  au  lieu 
que  David  prenant  un  eflbrforna-^ 
turel ,  a  été  jufques  dans  le  fein  de 
la  Divinité  prendre  fes  fujets ,  & 
puifer  la  force  qui  lui  étoit  néceC- 
faire  pour  le  traiter  dignement. 

Le  dernier  chapitre  eft  fur  l'E-' 
légie  que  l'Auteur  ramené  à  TOde 
comme  une  branche  du  Lyrique»» 


^5aîC#qu*etk  eft  toute  dans  le  fen- 
timent,  II  ne  s'y  arrête  qu'un  mo- 
ment ,  parce  qu'il  ne  la  croit  rieri 
moins  que  néceflaire  pour  forma 
les  jeunes  gens  au  bon  goût  ëc  kl 
vertu.  Il  en  cite  une  de  Madame 
DeshouUéres. 

L'exercice  fur  la  Satyre  ne  con*l 
tient  que  trois  chapitres  ;  dans  1<* 
premier  on  explique  ce  que  c'ej 
f]ue  Ja  Satyre.  L'Auteur  la  difinîi 
une  efpece  de  Poëme  dans  lequ 
on  attaque  diredement   les  vice! 
des  hommes*  Il  dévelope  &  jufti* 
fie  fa  définition.  Il  diftingue  deu 
fortes  de  Satyres,  l'une  enjout' 
comme  celle  d  Horace  ,  admijjn 
iirci$m  pTMQrdia  ludit  ;  l'autre  q 
tient  du  tragique ,  comme  celle 
Ju vénal  i  £^*i7jdt  Sopbùdato  carmes 
Baccmur  htatu.  11  dlftingue  Je  fc 
qui  aflaifonne^  le  fel  qui  pique ,  1 
fd  qui  cuit  >  Taigreur ,  le  fiel ,  le  f« 
qui  brute ,  ou  qui  emporte  la  pîéo 
avec  efcarre,  de  forte  que  dans  l'a^ 
me   du  Satyrîque  l'Auteur   cror 
qully  a  le  plus  fouventun  2^v 


€i%  Journal  det  Sçwnm  ^ 
de  cruauté  envelope  ,  qui  tpouve 
du  plaifir  à  mordre  &  à  nuire,  & 
qui  ne  couvre  fa  méchanceté  que 
pour  faire  accroire  au  Leâeur  ti- 
mide qu'il  n'approuve  que  refpric. 
Cependant  il  confeille  la  leâure 
de  ces  fortes  d'ouvrages,  pourvu 
qu'elle  fe  faflfe  avec  quelques  pré- 
cautions ,  parce  qu'ils  font  le  con-* 
trepoifon  des  ouvrages  moux  qui 
éiiervent  le  cœiu*.  On  y  trouve  de? 
principes  excellens  pour  lc;s  mœurs» 
des  peintures  frappantes,  &  furtout 
de  ces  avis  durs  qui  nous  font  né-f 
ceflaires  quelquefois ,  &  dont  nous 
ne  fçaurionsguéres  être  redevables, 
qu'à  des  gens  fâchés  contre  nous.  . 
Dans  le  deuxième  chapitre ,  on 
fait  rhiftoire  abrégée  de  la  Satyre , 
de  fon  origine ,  &  de  fes  change- 
mens  difformes  ,  furtout  chez  les 
Romains,  enfuite  on  donne l'hi- 
ftoire  en  racourci  de  Lucilius.  L'Au- 
teur préfère  le  jugement  qu'Ho- 
race a  porté  (ïir  ce  Poète  >  à  celui  de 
Quintilien  qui  lui  trou  voit  de  la  har* 
dieiTe  »  de  l'amertume  &  du  iel  afTeiE.. 


Avril   1748,  rfj5.\ 

Il  en  apporte  les  raifons  dont  la 
priucipâle  eft  ,  que  Ludlîus  et  oit 
PC  dans  le  temps  que  les  Lettrei 
nefaifbieat  que  d^âiriver  en  Italie 
&que  la  facilité  prodigieufe  qii 
avoit  »  devoit  neceflairement  le  ]^x< 
ter  dans  le  défaut  qu'Horace  l 
reproche  :  ce  n'étoit  que  du  g6iii 
tout  pur,  &  un  gros  feu  plein  di 
iliraée.  L'Auteur  fait  de  mémel 
caraôéres  d'Horace  »  de  Perfe ,  d 
Juvenal  ,  de  Régnier  ,  de  Def^ 
préaux  ,  &  après  les  avoir  montré 
féparçfnent ,  il  les  préfente  en  pa 
raliele-  »  11  paroit,  dit-il  ,  qu'Ho 
fi  race  &  Boileau  ont  entr  eux  plui 
tïdereflemblance»  qu'ils  n'en  on( 
Il  ni  lun  ni  Tautre  avec  Juvenal 
n  Ils  vivoiem  tous  deux  dans  u 
t\  fiécle  poli ,  où  le  goût  étoit  pur 
»}  &  ridée  du  beau  fans  mclangi 
f»  Juvenal  au  contraire,  vivoic  dan 
»i  le  temps  même  de  la  décadence 
ndes  Lettres  Latines  »  lorfqu'oi 
M  jugeoit  de  la  bonté  d'un  ouvra- 
tt  ge  par  fa  rithe0e  ,  plutôt  qu 
>ipaiti*aCQnoime  des  omemeas. 
Dd? 


] 


tf  j  4  Jourfial  des  Sçai^Mns  ; 
"  9>  Horace  &  Boileau  avoient  xsd 
99  efprit  plus  doux  »  plus  fouple  t 
f>  ils  aimoîent  la  (implicite,  Ib  cnoî* 
>•  fiflbienc  les  traits ,  &  ks  préfen- 
>)  toient  fans  fard  &ransaâeâacton» 
99  Juvenal  avok  un  génie  fort,  une 
»  imagination  fougueufe  :  il  char- 
>9  geoit  fes  tableaux  »  &  détruifoie 
»9  louvent  le  rrai  en  le  pouilàne 
»  trop  loin.  Horace  &  Boileau  mé*-^ 
99  nageoient  leurs  fonds  :  ils  plai^; 
9>  fantoient  doucement  ,  légère^ 
»  ment ,  ils  n'ôtoient  le  mafque 
>9  qu'à  demi ,  &  en  riant.  Juvénat 
»)  Tarrache  avec  colère  :  quelque- 
)>  fois  les  deux  premiers  font  exha^ 
»9 1er  Tencens  le  plus  pur  du  mtiieis 
99  même  des  vapeurs  Satyriaues.  Le 
»>  dernier  n'a  jamab  loue  qu'uit 
>•  feul  homme  »  &  cette  louange 
»>  fe  tournoit  même  en  fatyre  conni 
f>tre  le  refte  du  genre  humam; 
»  en  un  mot ,  les  portraits  que 
»  font  Horace  &  Boileau  >  quoique 
99  dans  le  genre  odieux  »  ont  roup# 
»  jours  quelque  chofe  d^agréable 
»>  qui  parok  rwk  de  la  touliie  di| 


April  1748-  <fîf 

A  Peintre.  Ceux  que  fait  Juvénal» 
1*  ont  des  couleurs  tranchantes, 
n  des  traits  hardb,  mais  gros;  il 
M  0  eft  pas  neceflaire  d  être  delicaC 
n  pour  en  fentir  la  beauté.  Il  étoîl 
*i  né  exceiTif  >  &  peut-être  mém^ 
n  cjue  c^uaud  il  ferait  venu  avani 
»*  les  Plines  >  les  Scnéques ,  les  L 
n  câîns  t  il  n^auroît  pu  fe  tenir  dans 
i»  les  bornes  légitimes  du  vrai  SC 
n  du  beau. 

H  Horace  &  Boîteau  ,  comm©] 
H  on  vient  de  le  voir,  ont  pluiîeurr 
H  traits  de  reffemblance  qui  les 
nréuniflent;  mais  ils  en  ont  aulTî, 
n  de  propres,  &  qui  les  féparent 
11  Horace  nous  paroit  quelquefo' 
n  plus  riche  ,  &  Boileau  plus  claire 
t»  Horace  eft  plus  réfervè  que  Ju/ 
»i?énal  ,  mais  il  Teft  beaucou] 
n  moins  encore  que  Boileau.  Il 
)f  avoir  plus  de  génie  &  de  nature 
n  dam  Horace ,  plus  de  travail , 
tf  peut  être  plus  d'art  dans  Boitea 

f>  Perfe  a   un  caradére  uniqm 
Y)  qui  ne  fympathlfeavec  perfonn 
tpU  n'eft  pis  âffei  aifépour  ^ 


II 

aGj 

i 


à  t 


I 


L 


t^S  Jt^umd  des  SçmJtnî^ 
»>  mis  avec  Horace,  II  eft  trop  fage 
»»  pour  être  comparé  avec  Juvénal , 
^  trop  envelopé  &  trop  myfté- 
M  rteux  ,  pour  être  joiriî  à  D^ï'^ 
»  préaux.  Autfi  poli  tjue  le  premier , 
^  quelquefois  aulfi  vif  que  le  fe- 
*>  coud  ^  aulll  vertu  eux  que  le  troi-^ 
f >  fîéme  j  il  femble  être  plus  Philo- 
>>  fopEe  qu'aucun  des  trois.  Peu 
>*  de  gens  cm  le  courage  de  le  lire. 
^1  Cependant  la  première  ledurô 
*  îj  une  fois  faite  »  on  trouve  de  quoi 
»)  fe  dédommager  de  (a  peine  dans 
M  la  féconde.  Il  paroic  alors  relfem- 
5*  blerà  ces  grands  Hommes  dont 
I)  le  premier  abord  eft  froide  mais. 
w  qui  charment  par  leur  entretien  ^ 
>9  quand  ils  ont  tant  fait  que  de  fe 
»»  laiflèr  connoître.  « 

Le  chapitre  rroîfiéme  contient 
les  exemples  3i  rapplication  des 
régies  en  faifant  voir  en  même 
temps  la  différence  qu'il  y  a  en-, 
tre  le  ton  d'Horace,  &  celui  de  Ju-^ 
lîenal  &  de  Perfe  »  &  entre  ceux 
de  Régnier  6l  de  Defpreaux. 

L'^etâce  fu3i  TEpigtaïame  ^^ 


peu  étendu  ;   la  matière  en  étoit 
peu  importante  :  T Auteur  définit 
rEpigramme    une   penfée    inté- 
reflanre  préfentée  heureufement  Se 
en  peu  de  mots.  La  matière  de 
J'Epigramme  eft  d  une  grande  éten-»J| 
due  ,  elle  exprime  le!»  fentimens  8Cr~ 
les  penlees  de   toute  efpéce»  ce- 
pendant il  femble  qu'elle  TeplaifâH 
mieux  dans  le  médiocre  &  le  fini^™ 

!ïle ,  parce  que  foa  caraâcre  eft  l'ûr 
ance  &  la  liberté. 

L'Epîgraoïme  a   néceflairement 
deux  partiel  »  Tune  qui  eft  Vexpo- 
fition  du  fujet  »  elle  eft  quelquefoi^H 
toure  dans  le  titre,  &  Tautre  qii'CktdH 
appelle  la  pointe»  c'eft  à-dire,  1^ 
penfée  principale.  La  brièveté  ed» 
eftentieUeà  l'Epigramme  ;  ceneftsfl 
qu'une  penfée*  Elle  doit  être  inîé* 
reflànre  :  Tintérêt  fe  tient  prefc^ue 
aulH  fouvenc  du  côté  de  la  maniè- 
re «  que  du  côte  de  la  chofe  méme;^ 
L'Auteur  en  donne  des  exemples*  ^ 
La  penfée  de  rEpigramme   doit 
être  heureufement  préfentée.  Pour 
cek  il  CiUi  commeocei'  paf  choi 


1 


ÎF  j  y  JoHfnal  des  Sçavms , 
iir  refpéce  de  vers  qui  lui  convient  i 
Quelquefois  c'efl;  l'héroïque,  quel- 
quefois les  pentamètre  ,  rhendéci' 
tyllatbe  j  &c  U  en  eft  de  même  pour 
les  Epîgrammes  Françoifes,  Il  faut 
en  fécond  lieu  préferiter  la  penfée 
de  manière  qu'elle  ait  tout  ion  fel 
&  tout  fon  éclat.  Enfin  il  faut  qail 
n'y  ait  pas  le  moindre  défaut  dans 
l-'expreffion  ,  parce  que  comme 
l'ouvrage  eft  court ,  il  eft  d'abord 
apperçu. 

Les  Lettres  à  M.  lAbbé  d'Olî^ 
vet ,  roulent  fur  des  matières  crès- 
îotérefTantes  ,  &  dont  quelques- 
tlnes  font  afièz  neuves.  Dans  U 
première >  on  examine  fi  c'eft  dans 
le  Latin  ou  dans  le  François  que  fe 
trouve  ce  qu'on  appelle  Inverfion 
dans  les  Langues,  Dans  Inféconde , 
on  prouve  qu'elle  eft  dans  le  Fran- 
çois y  &  on  montre  pourquoi  elle 
y  eft»  La  troifiéme  préfente  les  ré- 
gies de  la  traduâion  ,  tirées  com-  ^ 
me  autant  de  conféquences  de  la 
cûmparaifon  des  deux  Langues^ 
fitte  dans  les  deux  prcmiéres^Lêt^^ 


i 


Âvnl  1748.  *îSI 

très.  Dans  la  quatrième  ,  on  exa- 
mine fï  la  Langue  Françoife  a  phis 
d'Inverfioii  en  vers  qu'en   profe» 
On  prouve  dans  U  cinquième  que 
la  Pocfîe  du  vers  ne  confifte  poinfj 
dans  rinverfion  »  &  on  dit  en  quoi 
die  confifte,  La  fixiénie  eft  fur  U 
manière  de  traduire  les  Poètes»^ 
Ces  Lettres  font  bien  écrites  &  nar" 
peuvent  qu'être  agréables  à  cetor 
qui  aiment  la  Langue  &  ks  Lettres^ 
ïrançoifes, 

ri 
LETTRES  CONTE NjiNT'A 
dfs  EJf*is  fur  i'NiJlûire  des  ^anxii 
minérales  du  Béant ,  &  de  ^uH^A 
f$teS'imis  des  Frpvimis  vptfines^l 
leur  n^mre  »  différence  ,  pr^-..  j 
letéyfur  les  maladies  Jiuxquelies^i 
elles  €êm/iennem  p  &Jkr  la  faf^m  • 
dmt  ff«  doii  s'en  firvir^  adrefféêw.  \ 
a  Madame  de  S^rheriû ,  i  Pasê* 
tjf  Beamy  par  M»  TlîEOFHlLBij 
DtBôRBEU,  le  Fils^  Medtemk 
Chirurgien  »    DêRmr  de  M^M^i 
peilitr,  A  Amfterdam  ,  chez  les' 
&ei^  Poppé  »  Ubrakci  »  &  % 


ut 


Li 


040  JùHrnal  des  Sçava^S^ 
vend  à  Montpellier ,  chez  le  fieur 
Gontier,  Libraire,  à  la  Loge, 
1 74^,  VoL  in^  1 1*  de  z  1 1 .  PP^^ 

E  s  remèdes  que  prépare  la  na- 
-       ^m^ ture  erant  de  laveu  de  tous  fes 
I       mitiiftres  au  -  deffus  de  ceux  qui 
doivent  leur  naifTance  à  l'art,  au- 

Itant  que  Tart  eft  inférieur  à  la 
nature  même  ,  on  ne  peut  qu'être 
obligé  à  ceux  qui  nous  en  deve- 
lopent  le  caraâere  £^  les  proprié- 
tés. Car  les  fuccès  des  remèdes  na- 
turels ne  dépendent  pas  moins  de- 
Icur  application  ,  que  ceux  des 
artificiels.  Or  la  jufte  application 
d'un  remède  en  fuppofe  la  connoiC* 
fance  exade.  Cette  connoifTance 
en  fait  d'eaux  minérales  ne  peut 
venir  que  de  deux  fources ,  de  la- 
ïialyfe  &  de  robfervation.  Celle- 
ci  même  eft  la  plus  fure ,  puifque 
rexpeiience  des  fiecles  pafles  nous 
apprend  que  ranalyfe  eft  fouvent 
înfidelle.  L'ouvrage  que  nous  an-» 
nonçons  reunit  ces  deux  avanta- 
£est  &  UJemie0e  de  TÀuteur  ne 


I 


lAwil  1748.         '6^t 
îrpoînt  rendre  (on  expérience 
fufpeôe,  puifqu'elle  eft  conforme 
à  «elle  de  M*  fon  Père  j  célèbre 
Praticien  de  Pau  ,  &  à   celle  det 
plus  habiles  Médecins  du  voifîna- 
ge  des  eaux  dont  il  nous  entrer  lenf^ 
La  forme  de  lettres ,  que  M.  di 
Bordeu  a  adoptée ,  lui  permettani 
de  donner  à  Ion  imagination  plat 
de  carrière  qu'un  traité  méthodi- 
que ,  nous  nous  renfermerons  dani 
ce  qu'elks  contiennent  de  médecin 
saU  Les  fept  preniieres  appartien. 
nent  plutôt  à  la  phyfique  qu'à  h 
Médecine.  Elles  traitent  de  l'origi. 
ne  des  fources,  que  TAuteur  atrrî-i4< 
bue  en  partie  aux  eaux  de  la  mer  4 
&  en  partie  a  celles  de  pluye  ;  &  d 
k  chaleur  des  eaux  minérales  j  qui 
?knt ,  feloîi  lui ,  de  ce  qu'elles  s'e 
chaulïent  près  du  centre  delà  terrei 
d*0Ù  elles  font  repouffées  vers  f^ 
fuH'ace, 

Nous  ne  combattrons  ni  n'a] 
prouverons  ces   hypothefes,   Lea. 
faits  feuls  nous  incereÛent.  En  voU 
ci  un  remarquable  »  auquel  «  bieci, 


e 

i 


if  ^4     JoHrnd  des  S ^  m  mil 
quil  appartienne  purement  à  6 
phyfique  >    nous  donnerons   une 
place  icu  II  fervira  à  feire  connoJ-* 
tre  le  ftyle  de  Touvrage, 

»>Ce  qui  me  paroit  difficile  à 

M  expliquer ,  c'eft  que  les  eaux  mir 

i>  nerales  ne  font  pas  fur  les  orga- 

»>  nés  du  goûr  5c  dti  taft  les  mê- 

^1  mes  effets  que  Teau  commune 

1»  chaude  au  même  degré  d'un  ther- 

»>  momecre  connu.  D'où,  vient  cet* 

f  I  te  différence  ?  Eft-ce  que  les  par- 

if  des  de  feu  contenues  dans  Teaii 

^  minérale  font  trop  fubtiles  ?  Et 

r^  ne  devroient^elles  pas  par  cela 

^  t>  même  être  plus  pénétrantes  î  Ce- 

1}  pendant  il  y  a  des  matières  très- 

[  $^  tendres  ^  comme  Tozeille ,  qui  ré-* 

[f>{i(lenr  à  Tadion  de  ces  particu- 

I  f >  les,  qui  eii  font  flétries  à  peine,  ô£ 

hfi  qui  (ont  bientôt  cuites  dansTeau 

Ff>  commune  chaude  au  même  de- 

I»  gré  î  avec  ceci  de  fingiiîier ,  que 

Iff  l'eau  commune  fe  refroidit  beau- 

>i  coup  plutôt  que  la  minérale* 

"Elle  perd  plus  vite  une  cha- 
f  t  leur  plus  adive  \  elle  a  une  ctia< 


À 


AvHl  1748.         1^4 1 
t>  leur  plus  âpre  qui  s'cvapore ,  qui 
^  fe  dtllîpe»  &  celle  de  l'eau  mi^ 
>i  nerale  fe  concentre ,  &  l'aban* 
»t  donne  avec  peine  i  comme  s'il  ^ 
ïf  avoit  quelque  lien  qui  l'y  retint^ 
n  &  qui  ne  la  laliTe  agir  que  poi 
»)  fe  montrer ,  pour  ainfi  dire ,  pou^ 
>}  fe  faire  connoitre ,  fans  faire  de 
»f  effets  que  Ton  atiend.  Quels  pa-" 
n  radoxes l 

y>  Certe  eau  minérale  a  la  verre 
*♦  de  raréfier  la  liqueur  d  un  ther- 
^  mometre  autant  que  cette  eau 
»»  commune ',  elles  font  donc  ega- 
M  lement  chaudes;  mais  la  corn-* 
n  mune  fait  plus  d'effet  fur  nos  feni 
y^  &  fur  certains  corps  que  nous  fé 
ïi  plongeons  \  elle  fe  refroidit  plus 
tivite,  rexperience  le  démontre] 
Il  il  n'y  a  rien  à  dire.  Quel  champj 
f»  pour  un  Phyficien  éclairé  !  Com-^ 
»i  ment  trouver  le  nœud  de  toutei 
%%  ces  difficultés  ?  Et  commenc  ren- 
f»  dre  rai  fan  d'où  vient  qu'une  eais^ 
f»  minérale  chaude  n  a  pas  plus  dof 
ïidifpofition  pour  bouillir,  que^ 
9)  Tçau  commune  froide }  Cela  ga^ 


j 


^  44  Journal  des  Sfdt^ans , 
t%  roît  incroyable.  Il  faut  pourtant 
»t  autant  de  temps  pour  faire  bouil-r 
f%  lir  Tune  que  l'autre  ;  on  a  fouvencr 
>9  fait  l'expérience  ;  &  j'ai  expofé 
%y  à  un  feu  égal  la  même  quantité 
9>  d'eau  minérale  refroidie ,  do  la 
Il  chaude,  &  de  l'eau  commune; 
»  elles  ont  bouilli  en  même  temps  » 
H  à  peu  de  chofe  près. 

9»  Je  fçais  que  l'on  dit  que  les 
iy  parties  des  minéraux  font  la  cau« 
M  fe  de  tous  les  effets  extraordi- 
»9  naires ,  cela  eft  vrai  ;  mais  n'y  au^ 
»»roit-il  pas  du  feu  de  pluneurs 
»9  efpeces  ?  Quelle  eft  la  qualité  quL 
>i  en  fait  TefTence  ?  Par  où  fe  rafTem* 
f>  blent-ils  ?  Par  où  diflferent-ils  ?  . 
ȕ  II  y  a  des  Phyficiens  qui  croyent. 
^>  que  la  lumière  &  le  feu  font  peut- 
»>  être  des  corps  difiêrens  ;  ils  font 
f»  fouvent  unis ,  &  feparés  quelque- 
»>.fois.  Le  feu  par  exemple  peut 
>9  être  très-chaud  fans  qu'il  éclaire  ; 
»>  les  rayons  de  la  lune  raifemblés- 
»  par  un  miroir  ardent ,  ne  mani- 
»  feftent  aucune  chaleur.  Pour- 
9f  quoi  n'y  auroit-il  pas  des  feux. 


Amil  1748*  g^f 

«  qui  rtrefieroient  une  liqueur  au- 
»4  tant  c|u*un  autre  feu  >  &  qui  n*au- 
»i  roienc  pas  la  vertu  de  fe  taire  au^] 
n  tant  fentir  à  nous  ?  u 

Après  avoir  donné  cet  echantiljj 
Ion  du  ftyle  de  l'Auteur  »  nous  paÙ 
ferons  tout  de  fuite  aux  eaux  miH 
oerales  de  la  vallée  d  Oflau, 

Les  premières  dont  il  parle  font 
les  eau  x  nommées  Bonnei ,  Aiguës^ 
bonnes*  Elles  ont  trois  fources  ,  lâl 
vieille  ,  la  neuve ,  &  celle  d'Or- 
techg.  Ces  eaux  font  claires  &  lym-l 
pides ,  chariant  pourtant  certain  ' 
iloccons  blanchâtres  ,  &  petillân 
dans  le  verre;  ondueufes,  graflesi 
ayant  une  odeur  dceufs  cuits,  non 
couvés*  Ces  fl  occon'>  blanchâtres  fîi 
coagulent  en  cfpeces  de  glaires  qt 
brûlent ,  &  fentent  le  fouflfre.  Ce 
cauxdepofentunfedinientjaunâtre 
&noirciirenr  rargent.  Elles  font  tie 
ées,  noircilTent  étant  mêlées  à  H 
noix  de  galle ,  &  lainTent  après  Ti 
vaporation  une  matière  iklino  »  qu 
paroit  bouillonner avecles  acide 

Delà  TÂuteur  condud  o^^^êé^ 


$^6    Jourital  des  Sçavdns^ 
contiennent  du  fouffre,  du  fer ,  une 
terre  fort  divifée  ,  un  fel ,  &  une 
quantité  d*efprit  volatil. 

On  les  employé  avec  fuccès  co». 
tre  les  vieux  ulcères,  &  même  con- 
tre les  fiftules  à  l'anus  »  dans  les  ma- 
ladies du  poumon  ,  dans  la  fièvre 
hediaue,  contre  toutes  les  mala- 
dies tormées  par  des  concrétions 
lymphatiques.  &  provenant  du  re- 
lâchement des  folides ,  enfin  pour 
«nimer  le  fang  appauvri. 
-  L'Auteur  conclud  par  analogie 
4^u*elles  peuvent  fuffire  pour  le  trai- 
tement des  vieilles  playes  >  les  ma- 
iadies  de  la  peau  qui  viennent  d'une 
matière  tranfpirable  altérée  »  pour 
'^deterger  le  bas  ventre  des  hydro- 
piques après  la  ponâion  »  contre 
le  levin  fcrophuleux  &  fcorbutî- 
,4)ue ,  dans  la  phthifîe  du  poumon , 
'Coupées ,  s'il  eft  befoin ,  avec  le  lait  ; 
dans  les  epuifemens  ou  confomp« 
tions  ;  pour  ranimer  le  fang  dans 
la  convalefcence,  dans  les  vapeurs 
Jbyfteriques  ou  hypochondriaques.. 
^luns  les  mdi^dies  caufées  par  Te- 


i 


Avril  174S,  ^4^ 

iiuiieinent  de  la  lymphe  ,  ou  par 
on  acreté ,  dans  la  goûte ,  la  gan- 
grené »  les  âevres ,  pourvu  qu'elle! 
De  fuient  pas  aflez  forces  pour  que 
l'augmentation  du  fnouveinent  du 
fâng  foit  à  craindre  »  en  un  mot  il 
croit  qu  il  n'y  a  pas  de  maladie  oil^ 
les  eaux  Bonnes  ne  puiflent  s* ap- 
pliquer avec  ks  menagemens  con-^ 
venables*  Car  M-  de  Bordeu  na^ 
¥eut  pas  qu'on  en  ufefâns  ctregup 
dé  par  un  bon  Médecin,  de  peur 
que  ce  remède  excellent" ne  de-^ 
vienne  nuifible»  Il  croit  qu'on  peut 
les  employer  en  tous  temps,  fi  1» 
malade  eft  bien  difpofé  ;  qu'il  n'eft 
pas  univerfellement  neceffaiie  d# 
s  y  préparer  *  ou  d'en  terminer  Tu- 
Cage  ,  parla  p^rgation  ;  qucc*eft< 
fouvent  trop  de  cinq  ou  fix  tivrei  J  | 
&  toujours  a0ez  ;  qu  on  peut  en] 
faire  fa  boiifon  ordinaire  ;  s'y  baî-| 
gncT  en  tous  temps,  excepté  celui J 
de  la  digeflion  ;  qu'on  doit  fe  gaj] 
rantir  loigneufement  du  froide  6c| 
ne  point  îe  borner  à  une  neiivaini 
d*ufage  de  ces  ç^u^  \  entin  il  eft  n^ui 


4^4  8     Journal  des  Sç4Vam  ^ 

diiadé  qu'elles  perdent  beaucoup 

far  fe  rranfport,  malgré  les  pre- 

autions  qu'il  confeille  de  prendre 

arfqu'on  ne  peut  aller  boire  fur  les 

ieux  ;  &  pour  lors  il  faut  leurdou- 

ler  le  même  degré  de  chaleur  qu'à 

fource, 

|.   La  vallée  d'Oflâu  a    auffi  des 

ïurces  chaudes  nommées  Aiguës 

mdes  »  fituées  auprès  du  Village 

le  Larunz*  Lefquirette,  la  Hon- 

|eu-Rey  >  ou  la  fontaine  du  Roy  , 

rArrerec.  La  nature  des  deux 

premières  eft  à  peu  près  la  même, 

aais  FArrefec  éft   p!us  foible   U 

loins  chaude.  Elles  charient  des 

|Iaires  fouffrées  »  elles  fentent  fort 

fouffre,  ont  le  goiit  d'œuf  cou- 

:  &  un  peu  falé  *  elles  ndrcinent 

lêlées  avec  rinfufion  de  noix  de 

ralle,  &  confervent  beaucoup  d'ef- 

prit  volatil  qui  fait  pétiller  leati 

ms  le  gobelet  &l  dans  les  bou* 

eilles^ 

M«  de  Bordeu  coRclud  de  ces 

ïfervations  que  le  fouf&e  &  le 

ït  font  Im  minéraux  dominans 

dans 


jivril  1748.         <Î49 
dans  ces  eâux*  Quant  au  fel  qu'el- 
les tiennent  en  difToIurion  ,  il  ne 
prefume  pas  qu'o»  puilTe  en  d&^P 
couvrir  au  jaue  la  nature.  ^^ 

On  employé  ces  eaux  conrro_ 
les  obftru<5lions  »  les  epaiiîiflèmen^ 
de  la  lymphe ,  les  maux  de  tête  îti-? 
Tcteres  ,  les  afthmes  humides ,  le 
dérangement  des  premières  voyes  » 
certains  relâchemens  des  reins* 

On  les  employé  en  bain ,  en  de- 
mi bain,  en  douche  pour  les  mala^ 
dies  douloureufes  de  la  tête  ,  les^ 
-  paralyfies ,  les  rhumatifmes  ^  les 
•tumeurs  des  articulations  ^  quelque^ 
ibis  avec  fnccès  dans  les  ulcères , 
même  ceux  du  poumon  ,  dau«  les 
epairtiflemens  de  la  lymphe. 
.  On  boit  ordinairement  celles  de 
KAiTefec  pendant  les  premiers  jours 
le  marin ,  puis  celles  de  rEfquirett^ 
ou  du  Roy.  M,  de  Bordeu ,  (anS 
blâmer  cette  méthode  ^  qui  fait  pat^ 
i&  de  la  moins  afl:ive  à  la  plus  forte* 
vûudroic  qu'on  prit  d'abord  ce$ 
dernières ,  &  qu'on  Et  de  TArrefec 
le  boinbo  ordiaaii^% 


^wiL  ^V 


m 


4^0    Journal  des  Sçavans  ; 

Elles  perdent  beaucoup  par  10 
tranfport ,  même  dans  le  voifinage v 
&  le  mélange  qa'oa  fait  dons  les 
bouteilles  des  glaires  qu'elles  cha* 
rient ,  paroit  fuipeâ  a  l'Auteur. 
Au  refe  ces  g^dres  ibnt  utiles  pour 
panfer  les  ulceires  &  les  tumeurs; 

On  dit  même  qu'elles  forment 
une  bonne  eau  mberale  ,  étant 
diflbutes  dans  l'eau  commune ,  ce 
dont  M.  de  Bordeu  n'eft  pasfadea 
perfuadé. 

U  ne  croit  pas  qu'il  ibit  dange«' 
reux  de  dormir  pendant  l'opéra- 
tion des  eaux  t  ni  que  tout  le  mon- 
de en  doive  boire  la  même  quantité, 
ni  cpie  tous  les  malades  doivent 
refter  au  bmn  pendant  le  même 
temps.  Nous  ne  fçavons  fi  ces  eaux 
ne  peuvent  point  être  rechauffées, 
comme  les  eaux  Bonnes,  mais  l'Au- 
teur n'eft  point  d'avis  qu'on  le  faflè. 
Il  a  vu  de  bons  effets  du  cafifê  pen- 
dant qu'on  en  fait  i^age.  U  y  re- 
doute le  mélange  des  fek  purga* 
tifs ,  &  nedoutepas  qu'on  ne  pui& 
fc  faire  fa  boiÛoa  oraiaakQ  <k  ce$ 


rf  jipril  1748*  ë^t 

êi«%,  comme  des  eaux  Bannes.  Il 
a  fur  ce  point  des  obfervicions  qui 
lui  font  propres  ,  Se  conformes  à 
celles  des  Médecins  du  Pays*  Il  die 
qu*on  y  peut  mêler  un  peu  de  vin  * 
&  que  certains  eftamacs  ne  feroient 
point  obligés  de  les  rejetter ,  fi  Yom 
ne  s*opiniâtrolt  pas  à  les  prendre 
conformément  à  la  mode  reçue 
dans  cous  les  pays  où  Ton  prend 
les  eaux. 

Avant  que  de  quitter  la  vallée 

Pd'Oflau ,  il  parle  de  deux  petites 
fources  qui  coulent  à  Sevignac» 
dont  Tune  eft  fouffrée  &  rautre 
ferrée*  On  s'en  fert  quelquefois 
1  dans  des  tumeurs ,  des  ulcères,  âc 
■  d^  ob(lruâtions« 

Les  eaux  de  Gan  ,  dont  TAoteut 
parle  enfuire  ,  font  fuivant  M*  de 
Bcrgerou  »  célèbre    Médecin    du 

Ipays ,  ferrug'meufes ,  fouffi'ées  »  & 
chargées  d'une  fubftance  alcaline; 
mais  M.  de  Bordeu  leur  contefte 
le  fécond  principe.  On  tes  e  nploye 
ivec  fuccès  contre  les  douleurs  , 
certaiiies  tumeurs ,  lc%  obÇtwiËàQîeft^^ 


if  5  *  JowmtA  Ai  5  SfovMns  ; 
&c.  Elles  font  bonnes  contre  là 
parefTe  &  les  glaires  de  l'eftonnac  ; 
la  glaife  qu'elles  charient  les  rend 
abforbames.  Les  concrétions  qui 
tendent  au  fquirrhe,  certains  rhu- 
matifmes  en  font  guéris  ;  elles  corW 
viennent  dans  les  fièvres  intermit-. 
tantes ,  &  furmontent  les  plus  re-> 
belles.  On  veut  dans  le  pays  qu'el* 
les  diflbivent  la  pierre  ;  mais  les 
expériences  de  l'Auteur  ne  confia-» 
tent  pas  cette  vertu.  Pafibns  aux 
eaux  d'Ogeu ,  &  à  celles  de  S,  CrU 
fiau  de  Lurbe. 

Les  premières  ne  font  ni  froides 
ni  chaudes  ,  elles  font  un  peu 
gluantes  »  tranfparentes  »  prefque 
lans  goût  &  fans  odeur ,  elles  laif- 
fent  pourtant  une  impreffion  de 
fer  fur  la  langue  ,  &  noirciflènt  la 
teinture  de  noix  de  galle  ;  elles  pa-* 
roilTent  bouillonner  quelque  peu 
étant  mêlées  avec  des  acides ,  & 
laiflènt  après  Tevaporation  un  fedi<< 
ment  un  peu  falé  ,  mais  encore 
plus  terreux.  Elles  contiennent  au& 
£  un  peu  de  bitume  j  elles  font; 
lort  detcxCycSé 


jivril   1748.  ^5Sn 

On  fak  cluuffer  cette  eau  pour' 
le  bain>&  de  cette  mamere  elle^ 
foulage  les  fciatiques ,  les  rhumatiU 
mesj  &  les  douleurs  des  articula-i 
fions.  On  les  boic  pour  les  embar- 
ras du  bas  ventre,  des  reins,  d^] 
1  eftomac ,  3£  de  la  poitrine,  Elld 
valent  beaucoup  d*eaux  mineralei 
accréditées  dans  d'autres  provinces 
Il  y  a  quatre  fources  à  S.  Criftau 
de  Lurbe»  mais  la  première  merttq 
feule  le  titre  de  minérale.  Elle  efî 
prefque  tiede ,  un  peu  fulphureti fem- 
elle noircit  l'argent  ,  ^  contientj 
quelques  particules  de  fer.  Elle  ef 
bonne  pour  les  douleurs,  quelque^ 
maladies  de  la  peau  &  de  la  poîtri^ 
ne,  &  reuffit  très-bien  dans  Ici 
obŒru filons  des  enfans.  On  boit 
ces  eaux  ,  qui  font  cerrainemeni 
minérales»  en  tous  temps  ,  mcmi 
au  repas  ,  fans  en  être  mconimo-i 
de  ;  ce  qui  fait  conclurre  par  TAu-l 
ceur^  comme  il  Ta  déjà  avancé,' 
qu'on  pourroit  ufer  de  même  àm 
contes  les  autres  eaux  minérales. 
Les  eaux  de  Ter  fis  ^  do^t  vV^^ 


tf  5  4-  Jmrnd  des  SçMVéni  ; 
le  eofuite  ^  font  deux  fources  très- 
chaudes  ^  bien  qulnegalemenr^ 
Elles  contîennMt  du  fer,  une  ef- 
pece  de  fel  vitriolé ,  peu  de  foufFre, 
Elles  font  fort  aâives:on  y  boit 
&  Ton  s'y  baigne  pour  les  rnuma- 
îifmes  de  caute  froide,  les  paraly- 
iîes ,  les  engourdifleraens  ,  les  fur- 
dites  récentes,  &  les  bourdonne- 
mens  d'oreille  provenant  de  l'ex- 
cès des  ferofités.  On  les  employé 
intérieur emeni  le  moins  qu'il  eft 
poÛible, 

Les  eaux  d'Ax  font  très-chau- 
des t  bicumineufcs  *  &  ferrugineu- 
fes.  On  fe  fert  des  bains  &  des 
boues ,  dans  le  cas  des  paralyfies  > 
bouffiflures,  Ôcrelâchemens  confi-» 
derables.  M»  de  Bordeu  remarque 
à  ce  propos  que  c'eft  un  abus  de 
faire  fuer  comme  on  le  pratique  à 
AXt  parce  qu'on  épuîfe  le  fang  de 
fa  férolîté  ,  &  que  ces  eaux  ne  con- 
t'iennent  qu'à  des  corps  fpongîeux 
&  cacochymes. 

Les  eaux  de  Baure  font  plus  foî* 
bJes  &  de  même  nature  que  celles 


Avril  1748*  ir^y 
i*Ogeo,  On  s'en  feit  pouf  Tacre- 
té  ,  la  fecherefTe  &  la  rarefaftîon 
des  humeurs,  &  les  chaleurs  inter- 
nes. Mais  U  ne  paroit  pas  que  TAu- 
leur  y  ait  beaucoup  de  fou 

Il  eftime  encore  moins  celles  de 
Salies  qu'on  nomme  de  Sourberan , 
êc  Teau  de  guerifon  ;  celle  de  Féas 
&  d'Armendîous  à  Oleron  ;  celles 
de  Moneinx  &  de  Morlacs ,  qui 
ne  font  gueres  que  des  delayans- 
Quant  à  celles  de  Beirie ,  tl  con- 
fient qu'elles  ont  guéri  des  fieyres 
opimârres  ^  des  obltrudions,  &des^ 
maux  d'eltomac  ^  mais  elles  font 
faibles. 

On  trouve  dans  la  vallée  d'Afp© 
plufieurs  fources  minérales  ,  celles 
ë"Efcot ,  de  Sarrance,  de  Carrole, 
de  Suberlaché ,  du  Poutrou  ,  da 
Xaberouar  ,  de  S.  Cnftau-d'Ai- 
j,4ious ,  &  de  Baretous, 
^  Les  premières  font  les  plus  re- 
nommées* Elles  font  un  peu  tiédes 
&  huiîeufes  ,  ferrugineufes ,  em- 
(freintes  d'un  fel  qui  fait  quelque 
cbullition  avec  les  acides  ^  Stjl'^ûss». 


^5^  J(^^^l  ^^^  Sauvons  \ 
huile  fpiritueufe.  On  les  employa 
pour  les  temperamens  vifs  dan» 
toutes  fortes  d*obftruâions ,  pour 
les  poitrines  délicates,  pour  rafraî- 
chir le  (kng ,  pour  les  vieilles  fiè- 
vres. Mais  M.  de  Bordeu  leur  dit- 
pute  la  vertu  lithontriptique. 

Il  ne  parle  des  eaux  de  Sarrance 
^ue  pour  fe  conformera  la  façon 
de  penfer  du  pays,  car  il  ne  les  re- 
garde pas  comme  minérales.  Quant 
a  celles  du  Carrole  »  elles  font  fer- 
lugineufes,  propresà  lever  les  ob- 
ftruâions ,  &  à  corriger  l'epaifleur 
fie  la  bile  &  de  la  lymphe. 

Celle  de  Suberlaché  lui  paroit 
bienplu^  recommandable^  Elle  eft 
tiède,  fouffrée,  ferrugineufe.  Oa 
Ta  employée  avec  beaucoup  de 
fuccès  dans  des  maladies  externes 
&  internes  »  pour  reparer  les  de- 
fordres  de  l'eftomac  ,  &  dans 
toutes  les  maladies  chroniques  où 
il  eft  befoin  de  rendre  du  baume 
au  fang. 

.    L'eau  de  Poutrou  efl:  tiède  & 
ferrugineufe.  On  s'en  fert  contre  les 


jivril  1748,  ^57 
^^Duleurs  ^  la  goûte  ,  k  gravelle  ,  la 
^tenfion  des  vlfceres  ,  les  obftru- 
âions  ,  &  quelques  tumeurs»  Les 
autres  paroiuenc  fi  peu  recomman- 
dablesa  TAuteur,  qu'il  fe  contente 
de  les  nommer, 

LesBafques  ont  aufG  leurs  eaux; 
qui  portent  les  noms  de  Cambo^ 
,VilIefranche,  Sarre,  &  Lacarre^ 

Les  premières  font  plus  que  tle- 
^des  ,  claires  »  ont  un  goût  d'œuf 
:^couvé  ;  leur  refidu  contient  une 
[  "matière  que  l"aiman  attire ,  qui  (ent 
le  fouffre  quand  on  le  brûle  >  &  qui 
.bouillonne  avec  Fefprit  de  nitre» 
preuve  de  l'exiftence  d'un  alcali. 
^  Elles  contiennent  auflî   beaucoup 
l  d'efprit  minerai,  de  manière  qu'el- 
les perdent  leurs  principales  vertus 
par  le  tranfporr.  On  les  employé 
["*  contre  le  relâchement  des  folides, 
'repaidillenient  non  inflammatoire 
' des  liquides  »  les  obftruâions ,  &c, 
[•files  font  purgatives,  &  convien- 
rnent  par  confëquent  dansas  eni- 
Pfcarras  des  premières  voies ,  pour- 
vu queleiang  ne  Toit  pas  fougueux, 
Ee  ?     * 


*^5  5     Journal  des  Sçavans^ 

Les  eaux  de  Villefranche  font 
froides ,  troubles,  &  un  peu  ferru- 
gineufes»  bonnes  contre  la  rarefa* 
âion  du  fang,  lés  aigres  de  Tefto- 
mac ,  &  pour  deterger  les  reins  ou 
la  peau» 

Les  autres  eaux  n'ont  aucun 
goût  ni  aucune  odeur  de  minerai  ; 
elles  font  fimplement  aperitives,  & 
peu  mifès  en  ufage. 

Nous  allons  parler  de  fources 

3u  on  b'eflforce  de  mettre  en  vogue 
ans  cette  Capitale  ,  ce  font  les 
eaux  de  Cauterez.  Mais  M.  de 
Bordeu  prétend  qu'elles  perdent 
tant  par  le  tranfport»  que  les  bons 
buveurs  ne  veulent  pas  feulement 
fe  fervir  de  taflê  ,  &  boivent  au 
tuyau  même  de  la  fontaine. 

Il  y  a  fept  fources  à  Cauterez  » 
&  leurs  vertus  ne  font  point  par- 
faitement les  mêmes ,  quoiqu'elles 
ayent  toutes  beaucoup  de  kmfire  , 
du  fer  >  un  fel  mêlé  d'un  peu  de 
terre,  l'odeur  d'oeuf  couvé  ^&  une 
matière  alcaline»  qu'elles  charient 
des  claires  blanchâtres^  &  qu'elles 


j^vril  Î74S*  ^51^ 

foîenr  grafles ,  onâueufes,  &  bitiP 
mîneufes. 

Celle  de  Larraliere ,  la  plus  efB-'i 
C3ce,  guerlc  les  maux  d'eftomacJ 
les  vomiffemeiis  habituels  ^  la  de-] 
pravatîon  de  rappetit ,  certainesl 
maladies  de  poitnne ,  mime  phrhî^j 
iîques  ,  toutes  les  efpeces  d'ob^ 
ftruftîons. 

Celle  des  Courberes  eft   pluii 
chaude  que  la  précédente,  Celtol 
de  Bayard  eft  sékz  chaude ,  cha-i 
rie  beaucoup  de  fouffre  ,   & 
change  point  avec  les  acides  ni  letj 
alcalis.  Il  s'en  eleve  des  fleurs  falines  ] 
qui  donnent  des  marques  d  acidité^] 
&  cependant  (eau  n'en  donne  au- 
cune. La  Fontaine  du  bois  ,  cellaj 
des  (Eufs ,  &  celle  du  Bain  ,  font  j 
comme  on  Ta  dit  »  de  mime  nati] 
que  les  précédentes  II  y  a  à  cet  tel 
dernière  des  bains  de  quatre  forces  ,  | 
dont  ta  chaleur  eft  différente  ,  éc  \ 
qu'on  employé  dans  les  douleurs, 
les  paralyfies ,  &  les  rhumatirmei 
quoiqu'aVec   fecherefle   &  aridi^| 
^té  dics  parties*  Les  bains  la  çbis 


j 


'€éô  Jotmtal  dfj  Sçavanr  ; 
chauds  reuflïfTenr  même  dans  û 
circonftances  ;  fans  doute  j  commfl 
Je  remarque  l'Auteur ,  à  caufe  dH 
bauîne  des  eaux. 

Il  ne  nous  refte  plus  qu'aie  fui-J 
vre  dans  ce  qu'il  dit  des  eaux  dit 
EaregeSi  &  de  Banîeres, 

Il  y  a  trois  fources  à  Bareges 
Tine  très-chaude  &  très- abondante! 
une  tempérée  ^  &  moins  abondant 
tei  une  tiède ,  encore  moins  abon« 
dan  te.  L'eau  qu'elles  jettent  effi 
tellement  bitumineufe  qu'elle  pa- 
roit  de  Thuile.  Elle  eft  toujours 
chargée  de  beaucoup  de  floccou» 
blancbâcreS}  qui  forment  des  con- 
crétions glaireufe*  ^  lefquelles  pren- 
nent feu  comme  le  fuufFre  ;  auflî 
en  eft^ce.  Quand  on  les  boit,  elles 
produifenc  fur  la  langue  une  fen-» 
lâtion  oleagineufe  ;  elles  ont  To- 
deur  des  œufs  couvés,  elles  pétil- 
lent dans  le  gobelet.  Elles  contieti- 
nent ,  outre  le  fouifre ,  du  fel ,  du 
fer,  &  une  efpece  de  vitrioL 

Le  principal  ufage  de  ces  eaux 
ïft  de  guérir  les  vieiUej  blefluies. 


'j4vrit  1748.         6ét 
furtont  d'armes  à  feu*  Cependant 
îl  y  en  a  d'incurables  par  elles-mè 
mes.  D'autres  le  deviennent  par  làj 
violence  avec  laquelle  on  pouflè  lei 
în jedions  >  ce  qui  détruit  le  travaîj 
de  la  nature  ;  ou  par  rempreffe-»' 
ment  que  les  malades  ont  de  gue-^' 
Vir  »  ce  qui  les  fait  précipiter  le  traî* 
tement  ;  d*aucres  enfin  parce  que 
les  malades  ne  veulent  point  fuivrt 
un  régime  convenable. 

Ces  eaux  reuiliffent  encore  dans 
les  tiraillemens ,  fecherefles  »  callc^J 
Ctés  j  &  même  les  paraly fies  qu'oc-J 
cafjonnent  certaines  bleÛiires  i  dans 
les  rhumatifmes  accompagnés  d'a^ 
maigriflèment  ;  dans  les  tlimeurs^ 
&  même  les  anchylofes  des  artH 
culations  ;  dans  les  ulcères  ^  &  les 
dartres  provenant  depaiflîffemenE 
&  d'acreté  de  la  lymphe*  On  les 
dit  même  fpecifiques  pour  les  can* 
cers  &  le  fcorbuc  ;  mais  M.  de 
Bordeu  ne  leur  reconnoit  pas  la 
dernière  qualité  j  &  douté  de  la 
première.  Dans  les  cancers  il  pre*. 
l'i&reroit  k%  eaux  Sonnes,  ËoEn  i|' 


r*-    S' 

^€t    Jùurnd  des  S^âVMfis  ; 
fait  beaucoup  de  cas  des  glaires 
fouffrées  pour  panfer   les  vieux 
ukéres. 

Ces  eaux  font  encore  bonnes  dans 
l'afthme  humide ,  où  il  eft  quefticMi 
de  fondre  une  lymphe  glaireufe; 
dans  certaines  uiaJadies  de  la  poitri- 
fie ,  dans  les  ecrouelles.  M.  de  Bor^ 
lieu  ne  croie  pas ,  faute  d'obferva- 
tîons  j  qu^ellesgueriflent  TepilepOe, 
f  lufieurs  obfenrations  lui  ont  ap- 
pris qu'elles  pou  voient  foulagerlefi 
calculeux;  en  effet  ces  eaux,  &  les 
eaux  Bonnes  ^  diflbivent  fenfible- 
jnent  les  calculs  qu'on  y  fait  ma* 
cerer*  Au  refte  il  ne  prétend  pas 
qu  elles  fafTent  le  même  eiFet  fur 
toute  efpece  de  calcul  »  &  il  con- 
feille  de  les  aider  par  d'autres  re* 
jnedes*  Il  .conclud  par  analogie 
qu'elles  pourroient  refoudre  les 
nodofités  de  la  goûte  ;  mais  il  ne 
|>aroit  pas  douter  qu*elles  ne  foient 
très  propres  à  guérir  les  fiftules , 
les  ulcères,  les  carnofltés ,  qui  font 
les  faites  de  Toper ation  de  la  pierre. 

11  y  â  à  Bannières  une  grands 


L 


m       Vin  ^g,j.;/  Ï748*  ^o|r,   ^1 

1  quantité  de  fources  minérales j  dont   ^fl 

I  les  unes  font  très-chaudes  ,  &  les 

autres  le  font  moins.  Dans  la  pre» 

miere  clafTe  font  la  Reine,  le  bain 

[  des  pauvres ,  le  bain  nouveau  >  le 

Roc  de  Lune  ,  la  plus  chaude  de 

Lacerre,  Salies,  la  Guétiere^  oa 

I  la  plus  chaude  de  Dumoret  neuf; 

le  périt  bain  ,  Dumoret  vieux  ,  la    ■ 
i  plus  chaude  de  Teas  ,  Labedan  &    | 
I  la  Goûte.  La  féconde  comprend 
S.  Roch  t  tes  eaux  douces  de  La^    ■ 
cerre ,  ou  la  Forgue,  les  Près  ,  la    I 
moins  chaude  de  Dumoret  ,  la    J 
I  moins  chaude  de  Teas ,  te  Foulon  ^   I 
I  J'Hopîtal  chaud  &  moins  chaude    | 
'Lane,  Artiguelonge,  le  Prieur ,  & 
[Salut.  - 

h     Toutes  cts  eaux  ^  fi  Ton  en  cï-   I 
l'cepte  celle  de  Lacerre  qui  fournir 
I  peu  &  fent  l'œuf  cuit ,  font  de  ml^ 
I  me  nature  ,  &  ne  différent  que 
\  dans  le  degré  de  force.  Elles  font    J 
[toutes  chaudes  j  ferrugineufes ,  fpL-    1 
["ritueufes,  rranfparentes  ^  prefqu^  1 
I  toutes  purgatives ,  au  moyen  d*ori    1 
\J^  dont  la  sature  a  eft  pa^  bi^  1 


jftffifl.  Jôtmtd  des  S^avanil 
connue;  elles  donnent  quelques 
marques  d* alcali ,  &  cependant  elles 
grumetlentle  favon,  &  noirciflent 
le  fang  humain,  &  le  reduifent  com- 
me  en  maflès  folides. 

Si  Ton  en  croit  les  habitans ,  il 
n*y  a  point  de  maladie  qui  ne  trou- 
ve fon  remède  dans  quelqu'une  dm 
ces  fources.  Dans  le  fait  elles  reuC- 1 
fiflent  à  fouhait  dans  les  paralyfies, 
furtout  accompagnées  de  relâche* 
ment,  lesrhumacifmes ,  engourdie 
femens,  tremblemens  s  3£c,  prove- 
nant des  mêmes  caufes  ^  certaines  ] 
coliques,  certaines  in  digeflions>  les  ] 
pales  couleurs  des  filles ,  de  vieilles 
fièvres ,  des  ifteres ,  des  engorge- 
jnens  dans  le  bas  ventre,  certaines 
cfpeces  d'afthmes  ,  repatfTeur  du 
fang.  Mais  il  faut  faire  attentioaj 
que  ces  eaux  font  très- vives.  Se  ne 
conviennent  gueres  qu'aux  corps  j 
ipongieux  ,  à  ceux  à  qui  la  vertu 
'  purgative  de  ces  eaux  ne  peut  être  j 
.  nuilible«  &  à  ceux  qu'on  peut  def- 
lécher  fans  crainte. 
[     Nous  ne  fulvioiis  pas  M,  dé  Bgi^ 


JvTil   Ï748.  €éf 

^cudins  le  détail  c^u'it  fait  desrûf 
solutions  qui  font  arrivées  dans  I^d 
fortune  de  ces  fources  ^  ni  dati$  ] 
ce  qu'il  dit  des  ufages  mcdicinau]);,] 
auxquels  on  pourroit  faire  ferviçJ 
les  (our ces  filées  de  Salies»  doacl 
on  tire  par  l'evaporation  une  grani*] 
de  quantité  de  fel  marin.  Il  faut  lire] 
toutes  ces  chofes  dans  Touvrag^J 
mêiuç*  On  y   trouvera  d*âilleurf'j 
bien  des  remarques  curieules ,  fur  ^ 
les  pays  où  coulent  les  eaux  dont  { 
il  parle  ;  bien  des  reflexions  phyO-^^ 
ques  &  médicinales  ;  un  efprit  fu» 
perieur  aux   préjugés  ,   &  à  quî 
Tautoriréj  même  d'un  père  qui  s'eft 
acquis    beaucoup    de   reputatioi|k 
dans  la  pratique  de  la  Médecine  , 
n'en  impofe  pas.  Nous  lui  rappel- 
lerons pourtant  qull  convient  luU  , 
même   qu'i/  n*a  fait  quebauther 
trcs-legiremcnt  les  matières  fuiitrai^ 
ie  ,  Se  qu'il  s'eft  prefque  engagé  ^ 
s'ilfçaû  fe  rendre  digne  de  fa  patrie, 
d*examiner  les  chofes  avec  plus  £at* 
tension^  ^  défaire  mieux  cmnmtre 
Us  riche f es  dfjk  Province^  L*efliî 


M€€    JôWftiîl  àeî  Sçavam  , 
qu'il   nous  donne  Fait  prefulnef 
jqu'il  y  cravaillera  ayecfuccès. 

Quant  à  nous»  nous  avons  été 
obliges  de  nous  renfermer  dans  ce 
que  Touvrage  contient  de  plus 
cffentiel,  C'eft  aux  Médecins  qui 
ne  pourront  le  connoître  que  par 
notre  Journal  ^  à  tirer  parti  de  ce 
que  nous  en  avons  extrait ,  confor- 
mément aux  règles  de  TarL 

Nous  obferverons  en  finifTant, 
que  M.  de  Bordeu  s'eft  fait  hon- 
neur à  Montpellier ,  par  Jeux  thé- 
fes  de  fa  compafition  j  dont  Tune 
comprend  Thiftoire  de  la  Chyiifi- 
cation ,  &  l'autre  confidere  les  kn$ 
pn  gênerai. 


r 


^ Avril  174?.        €€f 

TABLES  NOUrELLES. 
par  M»  P.  • . .  ^avec  cet  Epigraphe 

,  • . .  ^luid  rides  i  m§ttm&  n&mhm  j 

de  tê 
TAhiâék  nêrramr^  Hor.  Sermon^ 

liv.  I.  Sat.  I* 
Tu  ris  !  change  le  nom  j  ma  âble 

cft  toïi  hiftoke, 

A  Paris ,  chez  Praulc  4  Père 
Quay  de  Gefvres  ,  au  Paradis  ^ 
vol.  i>/-8^*  de  Ï0  5  pp*  1748, 

MONSIEUR  Pefletier ,  connu 
depuis  long  temps  dans  fa 
Bepublique  des  Lettres»  par  beau- 
coup de  pièces  fugitives  t^u'on  a 
lues  avec  plaifir  dans  divers  ouvra- 
ges périodiques  »  &  par  cjoelques 
Îjîeces  de  théâtre  qm  ont  eu  du 
uccès  ,  eft  r  Auteur  des  Fables 
^ue  nous  annonçons.  Elles  ne  font 
point  précédées  d'une  Préface. 
Tout  le  monde  connoit  Tucilité 
du  genre  d'ouvrage  qui  fait  repa- 
roicre  l'Âuceui  fur  la  Scène*  Entie^ 


^6%  JûHtnd  des  SfMV4rfi  ; 
prendre  de  le  prouver  ^  ç  auroit  été 
travailler  en  pure  perte;  aflîgner  les 
rangs  à  ceux  qui  ont  cou  m  la  me- 
me  carrière  que  lui ,  auroi:  pu  pa-» 
roître  une  temeriré  »  &  prendre 
le  dernier  à  raffinement  d  amour 
propre.  Au  refte  il  y  a  un  frontif- 
pice  qui  peut  tenir  lieu  de  Préface. 
Il  reprefente  un  Cabinet  de  Livres, 
où  l'on  apperçQit  dans  une  place 
diftinguée  le  bufte  du  célèbre  la 
Fontaine.  A  la  vue  de  ce  portrait 
•un  petit  Génie  fe  met  en  devoir  de 
decïiirer  le  livre  des  F^kles  nouvd^ 
Us  j  mais  il  eft  arrêté  par  i'Efpe- 
rance,  qui  lui  fait  voir,  en  levant 
un  rideau,  une  belle  &  vafte  cam- 
pagne à  parcourir.  On  lit  au  bas 
de  cette  eftampe  ces  deux  vers  de 
.  Phèdre, 

«« , .  »  Mstm&  tanm  ulundat  c&pis 
L^hrî  faàer  Ht  défit .  nûnfrérrç  Mcft 

SI  l'on  fouhaite  pourtant  fçavoir 
plus  precifement  ce  que  M,  Peffe^ 
jier  penfe  de  la  Fontaine  ,  on  n'^ 
^qu  a  lire  Tenvoi  qui  eft  à  li  Fi 


^ 


I 


Avfll  Î74S.  S0 
XVI.  du  Liv.  \U  elle  eft  adreflee  à 
un  Peintre  (M,  Chardin)  &  le  fu- 
jet  en  eft  U  Nature  &  l'Art,  Voki 
comme  notre  Auteur  s'exprîmci 

Farti&n  idairé  de  la  iimple  natitret  j 

Tu  l'embellis  fans  la  farder , 
Et  tu  prouves  dans  ta  peinture 
JQu'avcc  l'art  le  plus  fin  cUe  peut  s'ac* 
corder, 
La  Fable  te  doit  fbïi  hommage  | 
Ton  heureux  talent  eft  l'image 
Pc  ce  que  la  Fontaine  a  lalfTé  dans  le  fien«, 
Que  ne  puis-je  approcher  d'un  pinceatt 

fi  fidèle  1 
CJue  ne  puis-je  en  ces  vers  me  guidc^ 
fur  le  tien  \ 
Mais  tu  fèrviras  de  modèle  j 
Et  je  ferai  toujours  fort  au-derïbus  dtf 
mien. 

Le  Recueil  cjue  nous  annonçons- 
cil  partagé  en  cinq  livres ,  dont' 
une  partie  affez  conliderable  efl?^ 
fie  Fables  allegoricjues.  Nous  doy^ 


^70    Journal  des  Sçdvans ,  5 

perons  quelques  exemples  de  cel-'  \ 
les-ci,  &  des  fables  Morales.  Le 
Caraâere  de  fAuteur  fe  retrouve 
j)ar*taut  ,  &  par-tout  il  règne  cet 
aîr  de  douceur ,  de  polkefie  »  & 
ûù  modeftîe,  qui  le  fait  eftimer  de 
tous  ceux  qui  le  connoifTeot.  lia 
furtout  foiïi  de  precautiomier  la 
jeuneile  contre  les  charmes  de  TA- 
jnour.  C'eft  le  fujet  de  plufîeurs 
Fables ,  &  notamment  de  celle*ci^ 
(Çiii  eft  la  féconde  du  liv,  i,  \ 

r  Lm  Cûhmh*  4M 

Une  Colombe  encore  Jeunette^, 
Xaflc  de  vivre  fous  les  loix 

^         De  quelque  Colombe  à  lunette^ 
Unjoar  quitta  lamiifonnette 
Vqui  aller  écouter  aux  bois  | 

Du  RofligtK»l  la  chanfomïette. 

[  Ceft  ainfi  que  h  jeune  Annette  j» 

Elquivant  fa  bonne  maman, 
^nulles  ^  en  corfet  >  en  petite  cornette, 
Coiut  au  fond  d'un  jardin  lire  quelque 


1 


Jtvril  1748.         €yt) 
Tant  que  notre  Colombe  avoit  4e  &$ 

pareilles 
Aimé  la  comp^nie ,  &  gardé  la  maifbf^' 
Elle  avoit  ignoré  l'amour^  &  ce  poifoii/ 
Qui ,  dans  un  cœur  novice  entrant  ptf,^ 
lesoreillesy 
£n  £9x1  ddoger  la  raifon. 
Mai%quand  la  petite  indifcretté 
Du  tendre  RolSgqol  eut  ecoutS  les 
chants^ 
Ils  plurent  tant  à  la  pauvrette  | 
Ils  lui  parurent  fi  touchants^ 
£lle  prit  tant  de  goût  pour  une  ùafi 

bande  y 
Four  le  récitatif,  &  pour  le  vpaâùtLj^ 
Que  des  fujets4e  Cupidoa 
Elle  grofltt  bientôt  la  bande; 

jCeft  ainfi  qu*en  quittant  Ovide  >  oif 
POpera, 
Le  cœur  d'une  innocente  flile 
Palpite  >  s'enflamme  >  pétille  9 

Pe  s'entendre-contcr  xovA  ce  ^u'ePsij^ 


^•Jt    Journal  des  Scm^anï  ^  j 

Et  fbuvent  la  raifon  die  trop  tard  3  alce  11/ 

Quoique  dans  la  vertu  vous  foyez  aflfer-. 

mies  ? 
Fuyez  Voccafion ,  Colombes  mes  amies  ; 
f  Uye%  jufiju'au  rccLt  des  amoureux  tour-i 

mens.  ^^ 

En  écoutant  l'amour ,  à  l'amour  on  s'en^" 

*"*      Oncroit  n'aimer  que  fon  langage,^ 
Et  ton  en  prend  les  fentimcns. 

L'amour  conjugal  n'eft  point  de 
l'efpece  de  ceux  à  qui  M.  Peflelier 
a  déclaré  la  guerre,  &  la  Fable 
XXK  du  Livre  IIL  adrefTee  à  Tord! 
Epoufê,  fait  voir  qu'il  eft  bien  eloi-*^ 
gné  de  penfer  de  cet  amour,  com- 
me les  prétendus  gens  du  bel  air*        j 

Les  deux  Tourterelles  &  i' EtûHrneaui^à 

|Jaique  &  cher  objet  de  toute  ma  ten--^^ 

_  Greffe, 

I  En  dépit  d*un  ficcle  mocqueurj 

|Satis  Miommage  ingénu  qu*cn  ces  ver 
|t  tdâidk 

N9 


l: 


i 
ir;      J 

crsjH 


j4vril  1748.  €y\ 

:.  "         Necherche^ne  voi  que  mon  cceu  V 
Du  tien  ièul  je  veux  le  fuârage  ; 
A  l'obtenir  pour  mon  ouvr^ 
L'amour  m'a  déjà  préparé  i 
(Qu'on  ne  m'accufè  point  de  me  flattei;. 
moi-mêmes 
Les  yeux  de  celle  que  l'on  aime 
Xi&tit  avec  plailir  ce  qu'ils  ont  inipir4 
(Quoique  unis  par  les  nœuds  que  forme 
l'Himenée» 
Deux  Tourterelles  s'adoroient» 
£t ,  tendres  Epoux ,  n'afpiroient 
C^if  à  voir  durer  toujours  la  chaine  for« 
tunée  / 

Qui  les  chargeoit  bien  moins  qu'elle  ne 
les  paroic. 
Se  quittoit-on  une  journée  , 
C'etoit  un  an  qu'on  foiij^it. 
On  fç  rejoint  ;  toute  une  année 
Comme  un  feul  inlïant  difparoit.' 
Dans  un  bocage  folitaire 
Ils  ne  renfermoient  point  triftementleui^ 
amopr» 
dvriU  Ff 


\ 


€j^   Journal  des  Sç^Mns 

Ce  <]U'ûn  aime  à  fcntir  fë  plait-on  à  te 

taire  ? 
ïa  froideur  (èulement  doit  craindre 

grand  jour* 
Un  Etoumcau  jeune  &  volage  * 
Badinoit  quelquefois  notre  couple  amou^ 

reux. 

Quel  dégoût  [  Quelle  horreur,  que  le 

&dç  étalage 

De  Pattachement  langoureux 

I>e  ces  deux  Epoiisr  de  Village  ï 

0n  n'y  fçauroit  tenir  ,  &  j*en  rougis 

pour  eu3C»  À 

Quelle  eft  donc  leur  idée  ?  £ll-on  dans 

le  bel  %c  y 

Four  exhaler  fa  flamme  en  foupiis  Ht-^ 

pcrflus  ? 

^  ous  fuivons  une  autre  mlthode7 

Bu  Dieu  de  l'Himenée  on  a  réduit 

code 

A  cinq  ou  fîx  lignes  au  plus. 

Ce  que  vous  appelIeL  un  uTage  cci 

mode  f 


i 


i 


jivril  1748,  €j^ 

K^poadit  notre  couple  à  1*  Amant  à  la 

modet 
Nous  o(bns  k  sommer  abus  &de»- 
hooneur» 
On  doit  cacher  un  &u  blâmable  t 
Mais  quand  le  choix  eil  eftimabie^ 
On  aime  à  publier  fa  gloire  &  Ton  bon- 
heur« 
Exhc^ons  les  Amans  fidèles 
k  lailler  voir  en  eux  l'exemple  du  devoîij 

On  ne  (çauroit  trop  en  avoir  3 
Notre  fiecle  en  ce  genre  a  befoin  de 
modèles» 

Ce  que  dît  l'Auteur  de  fufage 
des  richeiTes,  mérite  bien  de  trou- 
ver place  ici.  C  eft  dans  la  Fable 
XI  du  V^  Livre. 

Le  HiboH. 
Un  Hibou  9  de  tels  gens  amaflent 

volontiers  > 
Etoit  favorifé  des  biens  de  la  fortune. 
yh  )our  que  la  difinte  etoit  dans  ces 
quartiers  9 

Ffii 


S'jS     Journal  des  Sçavani* 

Pe  cent  pauvres  oîfcaux  la  cohorte  îm« 

ponune 
AStegea  du  Hibôu  le  riche  maga£n  p 

Criant  miferc  à  leur  vcîlîn  ; 
Maïs  ce  vicU  Harpagon  ,   &ifant  \â 
fourde  oreille. 
Les  iaifla  crîcr  fans  pîtiej 
Le  Ciel  lui  rendit  la  pareille  i 
le  Ciel  avec  le  pauvre  eft  toujours  de 
moitié. 


Jupiter  imil  laiflk  tomber  la  foudre  - 
Sur  Parbre  qui  fervoit  de  grenier  air 
Hibou, 
Tout  Ibn  biçn   fut  réduit  en^ 
poudre  % 

Par  bonheur  il  ptoît  pouf  lors  hors  dfi 
f  fon  troi». 

Par  bonheur?*.,  je  me  trompe  ^  en 

L        cette  circonftance 
Çç  fut  pour  notre  avare  un  fuppUcc 
de  plus 


i 


À 


'^vrH  1748.  6'77 

Dç  fur  vivre  à  fon  mal.  Il  fut  à  l'afli- 

Mais  fe  pas  furcot  fuperflusj 
^  On  tut  recommanda  feulement  la  coti- 
B         ftance* 

^  Biches ,  combiea  de  fois  vous  l'a-t'on 
P  déjà  dit! 

Vous  »*etes  de  vos  biens  que  les  dcpo* 

■         iicaires^ 
Les  DîeU3E  font  hs  propriétaires 
De  Vor  &  du  pouvoir ,  du  rang  &  du 
crédit. 
Sur  l'argent  que  le  Ciel  vous  laîfle 
Les  pauvres  ont  des  mandemens  i 
Satisfaites  auK  paj^emens , 
Et  ne  prenez  fur  votre  caiflc 
Que  d'honaétes  appoiucemens. 

Les  occafioni  de  donner  unç 

idée  du  caraéèere  des  Auteurs  fe 

prelentent  rarement  aux  Journalir 

tes  ^  bornés  à  ne  faire  connonre  ^ue 

ouvrages  :  mais  comm^  <\iavis. 


L 


Favoris  déjà  remarqué ,  TÂuteur  fe 
peine  par-tout  dans  le  fien.  Nous 
pourrions  encore  ajouter  à  fon  por- 
trait d'autres  traits  également  fa- 
vorables ;  mais  rapprochons  nous 
de  notre  objet  ,  &  achevons  de 
faire  connoitre  fon  travail  en  tranf- 
crivant  quelques  Fables  allégori- 
ques. 

On  n'auroit  point  de  peine  à 
reconnoître  le  fujet  de  la  fuivante  » 

?uand  on  ne  Tauroit  point  nommé» 
]'eft  la  première  du  Liv,  11. 

Le  Phénix  Juge. 

l>h  que  chez  les  oilbaux  on  eut  cré£ 
desloix, 
KecefTaîre  &  trifte  refiig^ 
Contre  l'effroyable  déluge 
Des  ennemis  des  Dieux  >  du  Public  >  & 
des  Rois  > 
L'Aigle  pour  la  première  fois 
Fut  contrainte  de  faire  un  Juge» 
Eh  <]ue  de  peine  elle  eut  à  faire  un  p»» 
reil  choix! 


I 
I 


jivrH  1748.         ^7j 
Que  d'cquîté  j  que  de  lumières  t 
Que  de  qudités  ncceflaiies 
Four  remplir  cecxe  place  avec  quelque 

liiccès  l 
Qualités  qu*kt  bas   oti  ne  raf&mbl^ 
guère, 
ïc  que  fur  le  mot  de  procès 
N'imagine  pa(  k  vulgaire. 
fipric  droit,  cœur  intègre^  de  de  qiit 

■         h  bonté 
Tempère  un  peu  Mntcgrîté  j 
Accès  plein  de  refervc  p  &  cependant 
^k         jàcile. 

Capable  d'allarmer  le  plaideur  indocile  § 

Comme  de  raffurer  l'homme  per(ccucc| 

Sçavoir  profond,  fans  fafte  &  fans  pc* 

H         danDerie  i 

^Maintien  ferain  &  gai  >  mais  fans  badi-- 

neric  j 
,^    Hctragantila  fois  fur  un  front  rcfpeâé 
^Êt  la  douceur  &  la  fermeté , 

l^termcté  fans  rigueur  ,  &  douceur  fans 
^        molkflcî 


tfSo     JsurnMÎ  des  SçOv^^fSf 

s  Abord  noble ,  air  de  majeftéf 

De  cette  majcfté  qui  hiffe 
Vne  itTiprcflion  douce  à  l^humble  fpe- 

flateur , 
Qui  fçm  en  imp&fcr  »  mais  qui  jamais 
ne  blcfle  , 
Et  qui  tient  tout  de  la  ncbleïlc 
Sans  rien  tenir  de  la  hauteur  ^ 
Un  âge  convenable  ,  une  haute  naiflâir-H, 
ce,  «14 
Mai^  où  trouver  tous  ces  dons-I^ 
îupîter  pouvoit  feul  par  fa  toute  puit 

iânce 
Pans  un  même  ftijct  réum'r  tout  cela. 

Sur  la  difficulté  de  ce  choix  d'importance 

l'Aigle  etoit  fur  le  point  de  tout  aban- 
donner i 

Mais  fon  peuple  des  loix  împloroit  l*aC- 
iîftance  ^ 

Les  Oifeaux  mecontens  alloient  fe  mu- 
tiner i 

'a  km  jufte  dcfir  11  fallut  eondefccndrc. 


Jivriî   1748.  €%t 

Jji  Phenbc  fut  Qomm^  l'interprète  des 

On  l'aima  d'auuîit  plus  que  la  commyac 
^m       voi)c 

îtoit  que  l*oii  vcrrok  naître  un  jour  dç 

fâ  cendre 
Un  PhenÎK  tout  nouveau  j  digqe  du  mê^ 

•  me  rangj 
f  t  qui  perpetueroir  la  gloire  de  Ion 
iang, 

l*Aîglc  fit  dans  ce  cas  une  fi  bonne 

aHaire, 
Que  l'on  dît  que  L^uîs  n'auroit  pas 
mleuac  choifl  ^ 
te  Phénix  fit  fi  bien  aulïi 
Que  DMfgmgei  n'eut  pu  mieux 
I  faire. 

™  Nous  donnerons  encore  la  m- 
fm  ftif^nnure^  C'eft  la  III^,  du 
livre  I. 

De  tous  les  tonps  l'Amour  &  H 
RaiToQ 


ïrSî   ymmal  des  Sçavans; 
W*eurent  jamais,  je  cîois  >  de  grande 

liaifon» 
Xa  Raifon  fut  coujouis  d*mke  liumeur 
trop  aufterc  j 
Et  pour  les  cœurs  de  fon  coté 
Le  malin  enfant  de  Ckhere 
AVoit  un  peu  trop  de  bonté. 
^tiere  à  grand  procès*  D'aboïd  avec 

adreflè 
l'Amour  k  deguifa  fous  le  nom  d'à* 

mitté  i 
^ïtlaraifon  parut  fe  mettre  de  moitié 
Avec  le  Dieu  de  la  tendreté, 
Maisj  à  parler  fînceiemenc  w 
Ce  n*etôît  que  haine  couverte,' 
lEUe  çclatta  bientôt  j  &  iàm  ménage-; 
ment 
On  fe  fit  une  guerre  ouverte. 
la  Kalfon  remporta  dans  les  premiers 
combats 
Quelques  viftoircs  paflâgeres* 
l'Amour  n^avoit  adois  que  fon  peu  ite 
Ibldats» 


d 


Troupes  d'ailleurs  affex  légères* 
Si  J'en  crois  nos  meilleurs  Au- 
teurs j 

Miîs  il  lui  vint  bientôt  nombre  de  dc« 
foteurs*  '• 

Muni  de  troupes  étrangères  » 
Que  ce  Dicufçut  habilement 
Plier  à  fon  gouvernement^ 
U  donna  h  bataille  1  &c  ce  fût  la  der«i 
nicrei 
La  Raiibn  fe  découragea  f 
El  dans  une  mêlée  où  1*  Amour  l'engagea 
Elle  fut  faite  prifonnicre* 
Ses  efforts  furent  fuperfius* 
D'un  pntdent  gênerai^  1  Amour  fai&nc 
k  rôle  f 
La  renvoya  fur  fe  parole  ^ 
Idais  à  condition  qu'elle  ne  fervit  plus;. 

Noiis  terminerons  cet   extrait 
par  Tepilogue  cjuî  fait  k  clôture 
da  dernier  Livre* 
A\m  enfens  d'Apollon  deux  chemins 
font  ouveiti  i 


5^84    Jùumddes  Sç^mi; 
On  amufe  dans  iHit)/  &  dans  Tautre 
éclaire  I 

Tous  deux  ont  des  pièges  coe 
verts  i 
Heureux  qui  reunit  l*art  d^inftniire 
de  plaire  i 
Peu  d' Auteursâtteignent  le  vraî 
Faut-il  donc  pour  cela  que  l*on  fe  à 
courage  ? 
Onn'auroitpointdebon  ouvrage^ 
Si  Ton  n*eut  jamais  eu  d*eflkï. 

La  crainte  5r  k  folle  afllirance 
Huifcnt  egalemcntauK  jeunes  Ecrivains 
Qu^on  les  badine  d'être  vains , 
Mais  qu'on  leur  laiffc  l'efpctano 

le  fçais  ^  grâce  à  Miumanité  , 
Que  dans  te  tourbillon  de  la  fociecé 
ies  timides  leçons  daos  mes  vers 
pandues 
Avec  mainte  inutilité 
Pourront  fè  trouver  coiifonducs, 
Mais  je  ferai  payçpai  ime  ycïité 


I         Dont  qud^u'nn  aura  profité 
'  De  mille  que  j'aurai  perdues. 

Il  ne  nous  refte  ,  pour  achever 
de  faire  connoîtrc  l'ouvrage  »  que 
déparier  de  rexecution,  EUe  nous 
a  paru  ne  rien  laifier  à  defîrer ,  & 
pouvoir  aller  de  pair  avec  les  belles 
éditions  qui  font  forties  des  preflès 
du  fîeur  Praulr^ 


THEORIE  DES  SENTIMEMS^ 

agréable ,  &h  après  MV&ir  indiqué 
les  riêUs  ^ne  ta  Nature  fuit  dant 
la  difiribi^tion  du  pUifir ,  0n  éta- 
blit les  princifes  de  la  Théologie 
WMtHrellc  &  ce^x  de  la  Pbil^~ 
phie  Ahrale» lk~  ti.  pp.  i^z^ 
A  Paris ,  Quay  des  Auguftlns  ,: 
chez  David  le  jeune  ^  1 748. 

L'Edite  DR  nous  apprend  dans 
une  courte  Préface  que  cet  ou* 
vrage  fut  d'abord  fait  à  la  hâte  eti 
forme  de  Lettre  ,  &  imprimé  dans 
un  recueil  de  pièces  choifïes  qui 
païut  en  175 tft  Une  deuxième^ 


VS^  Jotumat  des  Sçsivans  l 
Edition  donnée  encore  ,  fans  la 
participation  de  l'Auteur ,  qui  n'a- 
voit  regardé  ce  traité  que  comme 
\ine  ébauche  nullement  deftinée. à 
voir  le  jour  ,  Ta  engagé  à  le  re- 
toucher ,  à  déveloper  davantage 
fes  penféès  ,  &  à  donner  à  ce  trai- 
té plus  de  régularité  &  d'étendue. 

Dans  cet  état  ,  l'Editeur  nous 
l'annonce  »  comme  un  précieux 
ji>  morceau  de  Philofophie  iporale , 
f>  profond  dans  fa  brièveté,  &  dont 
l>  la  forme  élégante  &  fleurie  ren- 
»  ferme  des  fujets  de  la  plus  haute 
>>  importance.  »«  On  s'y  propofe 
de  découvrir  la  fource  &  la  me- 
fare  de  nos  goâÉL  de  nos  plaifîrs» 
tfrde  nos  devôifl,  ce  qui  donne  la 
clef  de  tout  le  fyfteme  de  l'huma- 
nité.. 

L'Editeur  convient  que  Platoir 
^treles  Anciens  &  quelques  Mo- 
dernes François  &  Anglois ,  nous 
iont  déjà  dit  une  partie  de  ce  qu'on 
lira  ia  :  mais  il  afliire  en  même 
temps  que  perfonne  avant  notre 
i^uteur  ,  n'a  auffi^  bien  &ifî  cp» 


^K^  ^^^^  Ï748.        '€^f 

Itii  ,  le  principe  fur  lequel  roule 
toute  U  Théorie  des  fentimens 
a.gréables,  &  qu'il  n'eft  aucun  ou* 
rrag€  de  cette  nature  où  la  PhU 
lofDphie  foit  plus  fagement  parée 
des  grâces  que  peuvent  &  doivent 
lui  prêter  les  Belles- Lettres, 

Ce  traité  eft  divifé  en  diffère» 
Chapitres  ;  dans  le  premier  TAu^ 
teur  prouve»»  qu'il  y  a  une  fcien*^ 
M  ce  des  Jentimens  auiÏÏ  certaine- 
n&  plus  importante  qu'aucune: 
»  fcience  naturelle  ;  <*  qu'elle  four-i 
lût  même  des  principes  aux  Arts 
qui  nous  intéreuem  le  plus ,  comme 
la  Poefie,  l'Eloquence,  &  la  Théo-» 
logie  »  dont  les  Théories  n'ont  été 
Kformées  que  par  des  réflexions  &« 
"nés  &  profondes  fur  ce  qui  pou^ 
Toit  plaire  à  Fefprit.  Qu'elle  nous 
apprend  même  le  plus  important: 
de  tous  les  Arts ,  qui  eft  celui  d'ê- 
tre heureux. 

L^Auteur  fe  propofe  donc  de 
montrer  qu'il  fuffit  de  remonter 
aux  loix  du  fentiment ,  de  les  rap- 


ÏTS  8  Journal  des  Sç^Van/ , 
au  fil  des  confécjuences ,  pour  (en- 
TÎr  le  prix  &  l'étendue  des  plaiiirs  ; 
de  refprit  ;  dès*  lors  on  reconnoïc 
que  la  vertu  eft  le  moyen  le  plus 
fiir,que  la  nature  nous  offre,  pour 
écarter  les  fentimens  affligeans  ëc 

Eourra0embIerksfentimens  agréab- 
les, 

D*où  il  conclut  que  >i  la  Théo* 
Il  rie  des  fentimens  d>c  h  Thcolo- 
ïi  gie  morale  arrivent  par  des  rou- 
Il  tes  différente!  à  un  même  but  ; 
>i  <jue  chacune  d'elle  dans  h  com* 
il  paraifon  des  biens  prefens  eu 
51  fixe  la  valeur  par  des  principes 
»  particuliers ,  de  les  évalue  néan- 
5>  moins  l'un  par  rapport  à  lautre 
7f  dans  la  même  proportion.  Mais 
I»  la  Théorie  des  fentimens  a  fur 
I»  la  Théologie  morale  ravantage, 
*i  qu'en  ctablîflant  les  mêmes  loix  > 
»}  elle  les  fait  pour  ainli  dire ,  ac- 
II  cepter  par  lamour  propre. 

Comme  le  Créateur  (  chapitre 
fécond  )  a  répandu  une  impreffioo 
de  plaîfir  fur  ce  qui  eft  de  nature 
liiêYQrifer  notre  confervation  ^  & 


jivril  1748.  €S^^ 

ljli*tl  a  voulu  au  contraire  que  ce 
c|ui  h  ineDacê ,  s  annonçât  par  une 
impreûlon  de  douleur.  Notre  Au- 
teur fourient  que  c eft  à  lécablifle- 
ment  de  cette  loi  fur  laquelle  roule 
îout  cet  ouvrage  ,  que  nous  fom- 
ïnes  redevables  de  la  durée  de  no- 
tre vie  ,  de  la  perfedion  de  nos  fa- 
cultés, &  de  racauifition  de  cette 
légère  portion  de  bonheurs  que  la 

(nature  a  mis  à  notre  portée* 
Suivant  cette  loi,  T  Auteur  mon- 
tre fchap,  j,  &  4,  )  quily  a  un 
agrément  attaché  à  ce  qui  exerce 
les  organes  du  corps  fans  les  afloi^ 
blir ,  à  ce  qui  exerce  Tefprit  fans 
le  fatiguer ,  &  à  tous  les  mouve- 
mens  du  corur  que  la  haine  &  la 
crainte  n'citipoi(onnent  pas. 

Il  fait  voir  C  chap.  5 .  )  que  la  na^ 
ture  ne  s'eft  pas  bornée  à  nous 
éclairer  par  le  fentiment  fur  nos 
qualités  perfonnelles  ,  que  celles 
des  autres  forment  pour  nous  un 
fptiâacle  agréable  ou  affligeant  ^ 
fuivant  qu'elles  font  contraires,  oit 
favorables  à  lexiflence  de  ceLdL  c^ 


"ë^o    Journal  âes  Sçàvansl 
les  pofléde,  qu'elles  contribuent  t 
le  rendre  plus  ou  moins  parfait, 
digne   enfin  de  louange  ou  de 
blâme. 

C'eft  par  ce  principe  quil  ex- 
plique (  Chap.  6.  )  en  quoi  confî- 
fte  la  beauté  du  corps  ,  Celle  de 
Teforit  &  de  Tame,  &  qu'il  rend 
raîlon  des  différentes  impreffions 
^e  font  fur  nous ,  les  qualités 
qui  réfultent  de  chacune  de  ces 
Deautés.  Or  comme  quelques  par- 
ties du  corps ,  telles  que  le  iront 
par  exemple  ,  font  fuiceptibles  de 
diverfes  formes  qui  fe  concilient 
également  avec  leur  delHnation, 
notre  Auteur  prétend  que  la  beau*-' 
ié  en  efl:  alors  arbitraire. 

II  ajoute  même  »>  qu'elle  fe  dlifFé^ 
f»  rencie  fuivant  les  différentes  pla- 
t9  ces  que  la  nature  nous  a  aflignées* 
n»  Elle  brille  àznsV  Hercule  Farneje 
f  »  de  même  que  dans  la  Vénus  de 
»»  Médicis  :  elle  fe  montre  jufque 
iffur  le  front  auftére,  &  dans  les 
»>  rides  du  Moyfe  de  Michel-Ange, 
^>  Il  y  a  dans  chaque  âge  &  daios 


^^.  '^vrîl  1748,         tfji* 

f»  chaque  fexe  ,  une  forte  de  fleutf 

M  i»  artachée  à   toute  conformation 

■  1»  favorable. 

■  Dans  le  chap,  7  TAyteur  s'étend 
W  particulièrement  fur  rharmonie  dtt 

uyle,  &  fe  propofe  d'en  indiquer 
toutes  les  (ources  par  le  fecour^ 

•  des  Anciens  qui  ont ,  dit-îl ,  bien 
plus  approfondi  cette  matière,  qu9 
n'ont  fait  les  Modernes.  Pour  le 
faire  avec  ordre  il  remarque  que 
les  fons  qui  compofent  un  difcours 
peuvent  etreconfidérés  ;  i^»,  en  eux 
mêmes  ;  lo,  par  rapport  a  ceux 
qui  les  précèdent ,  au  qui  les  fuî- 
vent;  î**,  par  rapport  au  nombre 
des  fyllabes  qui  forment  un  mot; 
4^,  par  rapport  aux  idées  qu'ex- 
priment  ces  mots.  Quatre  rapports 
difterens  qui  fourniflent  félon  lui^ 
autant  de  fburces  d'agrémens, 

I!  sartache  furtout  a  prouver 
contre  M*  de  la  Motte  ,  que  les 
iDors  ne  platfent  pas  à  Toreille  feu* 
kment ,  par  les  idées  qulls  préfen-i 
tem  à  Tefprit.  mais  qu'il  y  a  dm 
fons  quiconildérés  eaeux-is)dbQ«:^V 


8*9*  Journal  des  S^at/ms^ 
font  doux  ,  qu'il  y  en  a  de  rudes  i 
cuelcjues^uns  qui  par  leur  réuoioa  1 
forment  une  force  daccord  ,  qu^j 
daucres  font  une  diflbnnance,  & 
enfin  que  le  mélange  des  fans  eft 
agréable  ou  choquant  ^  fuivant 
iqu'll  eft  varié  ,  ou  uniforme* 

Indépendamment  de  l'harmonie 
particulière  ,  qui  dans  la  langue 
des  Grecs  &  des  Romains  ^  réful- 
toit  du  rapport  des  brèves  &  des 
longues ,  il  fait  voir  qu  ils  en  avoienc 
encore  une  autre  qui  fe  rencontre 
dans  toutes  les  langues  de  TUnî- 
Vers  î  8C  que  cette  harmonie  eft 
attachée  aux  rappors  de  grandeur, 
a  la  fymmétrie  des  membres  d'une 
période ,  &  à  leur  gradation.  La 
raifon  en  eft ,  que  tout  ce  qui  s'of- 
fre à  nous ,  eft  fufceptible  d'agré- 
ment dès  que  ces  parties  font  tfuf- 
ceptibles  de  proporcions  faciles  à 
faifir  ,  ou  d'un  agrément  qui  an- 
nonce un  rapport  marqué  a  leur 
deftination,  C'eft  dans  ces  deux 
fources  comme  on  le  voit  dans  tout 
fe  traité  ,  (jue  puifent  fans  ceflê  k 


I 


jivrit   1748,  égt^ 

Poëfîc  »  la  Peinture,  t'Architeftu- 
re,  en  un  mot  tous  les  Arts  quî 
ont  pour  objet  la  recherche  def 
agrémens  :  ces  vérités  font  ici  expo- 
fees  dans  un  détail  qui  nous  a  pariï 
auflt  agréable  qu'inftruâiC 

On  trouvera  encore  dans  le  mê* 
jne  chapitre  la  réfutation  des  raî- 
fons  fur  lefquelles  M.  de  la  Motte 
fe  fondoit  pour  foutenir  qu'on  ne 
deiroît  point  n  interdire  aux  Au- 
*»  teurs  les  mefures  que  les  Poètes 
)i  fe  font  appropriées ,  qu  elles  ne 
î>  choquent  point  réellement  dans 
n  la  Profe ,  &  que  c'eft  le  caprice 
»i  qu'il  les  en  a  bannies/  ' 

Notre  Auteur  examine,  chap.^ 
8  j  d*oà  vient  l'agrément  ^ui  efi 
aUaché  tnux  biens  honnêtes^  or  par 
le  mot  de  biens  hmniies ,  il  ert** 
tend  ceux  qu'accompagne  une 
idée  de  perfedion.  Les  uns  con* 
fïftent  dans  la  pofleffion  des  qua- 
lités qui  contribuent  à  notre  cou- 
fenation,  comme  toutes  les  qua^ 
lites  du  corps ,  de  Tefprit ,  &  de 
Tame  «jui  ih>us  fiappeut  pai  leuc 


y 


^S4  J^^^^t  àes  SçMvans, 
beauté ,  &  qui  confticuenc  ce  qu'il 
appelle,  une  perfeâion  naturelle  ; 
Jes  autres,  d'où  nait  une  perfeftion 
jBorale ,  fe  forment  des  qualités 
qui  femblent  nous  promettre  un 
bonheur  folide.  Mais  ceft  unedo- 
ârine  s  dont  il  faut  voir  les  preu- 
ves &  les  conféquences  dans  Tou* 
frage  même» 

Le  chapitre  9  nous  offre  une 
théorie  encore  plus  profonde  ;  il 
fOuIe  fur  les  modifications  d»  rr r* 
%^mê  qui  frécéi^m ,  qh.  accompagnent 
les  femimens  agréables.  Notre  Au- 
teur y  avertit  que  c*eft  ici  princw 
paiement ,  que  la  nature  s  eft  cou- 
verte d'un  voile ,  que  jamais  les 
liommes  ne  pourront  lever,  Maii 
n  fi  nous  ne  pouvons  pas  »  dit-il , 
tf  nous  livrer  à  refpérance  de  voir^ 
9»  ne  renonçons  pas  du  moins  à  Tef- 
#f  pérance  de  deviner  ;  qu'au  défaut 
4»  de  l'expérience  »  l' Analogie  nous 
m  prête  ton  flambeau  \  nous  pou- 
ttvons  }uger  de  rimprefllon  qui 
lit  fe  fait  fur  le  cerveau ,  par  ifelle 
Il  cjui  fe  lait  fur  les  organes  des 


a 


jfvril  1748,  €^f 
fi  km  t  qui  en  font  comme  des  ex- 
^m»  tenfions  &  cks  branches*  D  où 
^Ki  il  fuit  que  nous  fommes  autorl^ 
^■ft  Tes  à  croire  qu'un  objet  qui  eft 
^w  agréable  ,  met  en  mouvement 
^pi  les  âbres  du  cerveau  fans  les  aâbî- 
)>  blir  t  ou  les  épuifer  s  que  ce  qui 
^91  eft  douloureux^  les  blenfe ,  &  que 
Bit  ce  qui  efl:  ennuyeux ,  les  laïAe 

17  dans  rinadion, 

™^    Tout  ce  qu*on  a  dit  jufqu'ici  des 

^Boix  du  fentiment ,  annonce  clat-* 

^Bernent ,  chap.  t  o  âc  1 1  ^  Te^iftcn* 

Kce  d'un  Etre  Souverain  »  d'une  cau- 

P^e  intelligente  &  bienfaifante.  £11 

effet  toutes  les  différentes  efpéces 

^,de  fentimeos  agréables  font  caui-iî 

■B}înées  enrr  elles  avec  une  pro[K>r-; 

^non  (i  régulière ,  ôc  différenciées 

^mar  des  caraâéres  fi  naturels  »  qu*U 

lêroit  abfurde  d'en  faire  honneur  à 

une  caufe  aveugle,  L'Auteur  corn* 

bat  &  refuce  Tolidement  daas  ce 

même  chapitre  »  une  objeâion  que 

M,  Biylea  rebattue  dans  fes  écrits 

en  cent  façons  différentes.  Cette 

objeâion  coaTifte  à  dire  »  qutn  (l 


7s f  s  .  Jour^l  des  Sfovans  ^ 
»  c'eût  été  Dieu  qui  eut  établi  les 
9>  loix  du  fentiment»  il  auroit  en* 
»  tiérement  banni  de  TUnivers  tous 
»  les  fentimens  douloureux ,  &  fur« 
%f  tout  ceux  qui  paroiflènt  inutiles 
f  »  à  la  confervation  de  notre  Etre. 
Cet  endroit  mérite  d'autant  plus 
d'être  lu ,  que  notre  profond  Mé- 
taphyficien  tire  de  l'objeâion  mê- 
ine  de  M.  Bayle  »  une  preuve  de 
l'exiftence  d'une  caufe  intelligente 
'&  bienfaifante.  Il  en  eft  »  félon  lui  » 
de  ce  fatal  &  dangereux  efprit, 
comme  de  la  plupart  des  Philofo- 
phes  )>  au  lieu  de  former  leurs  idées 
>i  fur  les  Etres  »  ils  ont  formé  les 
i>  Etres  fur  leurs  idées  :  du  fond 
»  de  leur  cabinet ,  ils  ont  voulu 
»  pénétrer  les  recoins  les  plus  ca- 
>i  chés  de  la  nature  ;  &  femblables 
»>  en  quelque  façon  au  Héros  de 
»>  Cervantes  ,  les  yeux  bandés  & 
>»  aflis  fur  un  cheval  de  bois ,  ils 
»»  ont  parcouru  tout  l'Univers ,  dé- 
»itermmé  la  nature  de  tous  les 
»  Etres ,  &  marqué  à  chacun  leurs 
U  fonâions. 


Avril  1748.  6^97 

Du  rcftÊ  après  avoir  prouvé  con- 

Fe  M.  Bayle  ,    qu*une  première 

lufe  întefilgentc  ♦  &  bietifaifante 

3US  i  donne  précifément  la  mefure 

fenfibiUté ,  qui  à  tout  prendre 

înveuoit  le  mieux  à  nos  Defuins^ 

tdccUrequIl  ne  s'arrêtera  pointa 

lombattre  !es  deux  principes  des 

Vlanichcens ,  dont  l'un  diftribooic 

plaifir   &  Tautre  la   douleur» 

luoîf^uê  it  nie  me  M.  Bayle  ait  pa» 

wulcôr  relever  un  fyfttme  fi 

re .  on  ne  racciarA;r«  points 

|oute  notre  Auteur  ,  d'avuir  rou- 

croireeQdeux  Divinité?»    Il  fe 

>ncented'abferver  ici ,  yue  puif- 

jeU  diftributiun  du  pUiiir  &  celle 

le  II  douleur  *   entre  cgalemeot 

m%:H  mèmt  unité  de  deflèin  qui 

"  U  confervatiau  de  norrt  ^;re. 

Iles  vm  peuvent  àtinoocer  dçuk 

Utelligences  effeiîtieilemeiit  enner 

iei,  V 

•  te  fuj«t  dt|  ch4pitr§  f liivant  n'eft 
kmomm^or  Tai  dî^ 

\ticiâmt^  i!  ^*a.         ^     ,     dtta^ 
y^^iA*  Ht  di  ms  dcm 

jivrik  ^    Gg       ^ 


^5  8  Jmmal  des  Seavém , 
vùiri  envers  Dieu^  On  y  fait  voîf 
que  fa  puiflance,  Ùl  fagefle,  &  fa 
bonté  font  autant  de  titres  qui 
exigent  de  nous  une  parfaite  fou- 
mi  (Bon  dans  les  maux  dont  il  nous 
afflige ,  djins  les  biens  dont  il  nous 
prive  t  dans  les  loix  qu'il  nous  im- 
pofe  ;  &  que  cette  foumiilîon  eft 
accompagnée  de  plaifir  >  puifqu^ 
le  fentiment accompagne  tout  mou- 
vement de  l'âme,  que  la  haine  & 
la  crainte  n*empoifonnent  pas. 

C'efl:  par  le  nïême  raifonnemenS 
que  TAuteur  explique  (  chap»  i  î 
$L  l^)  U  pUrJir  attaché  a  l'accam^ 
pliffement  de  nos  dei/oirs  enpers 
mus^mêmes  ,  &  envers  les  amr§i 
hommes  >  il  y  prouvé  que  le  plalfîr 
nait  même  du  fein  de  la  vertu ,  âl 
qu'il  ny  a  rien  de  plus  heuretuc 
que  de  fe  plaire  dans  une  fuîtt 
d'occupations  convenables  à  f§î 
talens  &  à  fon  état.  On  trouve  en- 
core ici  ta  décifion  d'une  queftioii 
importante  j  qui  bien  avant  lanal& 
fance  d'Epicure  de  de  Platon  ^  t 
potage  le  gmt&  h\mû^  ^  ^^^ 


\ 


Avril  1748*  69^ 

es  différentes  ;  l«s  ptalfir*  des 
[■fens  l*eiDportent-E'ils  fur  ceux  de 
lame  ?  1^1 

De  la  prééminence  de  ces  dernieri 
[ftir  les  premiers,  dont  on  nous  four- 
tiîit  ici  des  preuves  auxquelles  tout 
tfcommelenfé  ne  peut  fe  refufèr, 
fil  s'enfuit  qu'independammenr  des 
[tiens  &  des  maux  dont  la  vie  eft 
ifnélce  ,  il  eft   dîfférens  avantages 

3ue  chacun  peut  tirer  du  bon  ufage 
e  fes  facultés  pour  fe  rendre  la 
(rie  douce  &  pour  contribuer  au 
[bien  public  par  une  fuite  doccu- 
[»actons  raifonnables* 

ïî  Ne  plaçons  donc  point  ,  die 

I  l'Auteur»  le  fouveraîo  bien  dans 

lopulence,  ni  dans  la  grandeur; 

i  tl  n"e(l  point  d'état  ou  Tan  na 

f?ui0e  faire  de  fa  vie  un  tifTu  de 
entîmen^  agréables ,  dès  qu'on 
I  peut  s'y  procurer  une  fuite  d  oc- 
ti  cupattons  verrueufes  qui  exercent 
n  nos  puîiîinces  fans  les  fatiguera 
ttCeuxla  feuls  font  heureux  en 
#>  pofledant  le*  faveurs  de  la  fomi- 
iff  ne,  ^ui  pourroient  être  heureu* 
Ggii 


700  JowMialÀes  Sçavans , 
f>  fans  les  pofleder.  "  Il  eri*efl:/c< 
me femble  »  de  lopulenc^  ,  de  h 
grandeur  ,  &  des  plaîfirs  qui  ) 
font:  attachés  »  commit  des  par* 
fuitts  ^  &  de  la  mufîque  :  il  efl:  agréa- 
ble d'en  jouir  ,  il  eft  bijeo  tnalheu- 
reux  de  ne  pouvoir  en  foutenir  la 
privation. 

Après  avoir  indiqué  jufqu'ici  les 
différentes  efpécés  de  plaifirs  qui 
accompagnent  la,  vertu ,  notre.  Au- 
teur les  raflemble  tous  dans  le 
chap.  1 5  fous  un  feu!  ppint  de  vue, 
Il  y  fait  voir  que  la  richefle,  le 
plaifir ,  la  fanté  ,  deviennent  deS 
maux  pour  qui  ne  fçait  pas  en  ufer. 
Que  la.  fageUe  feule  à  parler  exa-i 
âemenc ,  mérite  le  titre  de  bien, 
puifque  c'eft  de  fa  nature  le  feu! 
avantage  dont-  on  de  puiâè  jamais 
abufer.  Elle  éloigne  de  nous  les 
fentimens  douloureux ,  &  rallèm- 
ble  en  notre  faveur  Jçs  fentimens 
agréfibks. 

:  Maïs  le  plus  grand  bien  ,  dont 
jouiflè  ici  bas  Thotnme  parfaite- 
jnent  vertueux^  »>  ç'^l  que  Jp  x»o- 


\AvrH   1748.  7^^ 

I  »j  ment  fatal  cjui  défefpére  les  au-< 

\fi  très  hommes  t. n'eft  pour  lui  qu'un 

»ï  paffage  à  une  vie  plus  heureufe» 

tî  Au  lieu  que  ce  que  ]  homme  in- 

Ifj  juftepeuc  envifager  de  plus  heu- 

|i>  reux  aux  approches  de  la  morr^ 

»>  eft  cju*elle  le  plonge  pour  tou* 

lï  jours  dans  rabyfme  du  néant  î 

ff  mais  raucorité  de  la  révékrion» 

»>  le  fentimenr  intérieur  de  fan  in- 

J  fi  divifjbiîité   perfonnelle  ,    l'idée 

l>i  d'un  Dieu  Jufte  &  tout  PmfTant, 

[s;  ne  lui  lailTent  pas  même  cecte 

[  t>  honreufe  efpérance. 

L'Auteur  examine  chap.  x6; 

\jque\s  font  les  genres  de  vie  les  plus 

Lheureux  ;  &  comme  il  fuit  de  tout 

[ce  qu  il  a  montré  jufqu'ici  ,    que 

[le  cœur  eft  de  toutes  nos  facultés» 

celle  d'où  partent  les  mouvement 

2S  plus  agréabldSi  c'eft  une  con- 

fcquence  que  lé  genre  de  vie  qui 

mérite  la  piéférence   fur  tous  les 

autres  »  eft  celui  ou  les  mouvemens 

Lde  bienveillance  dominent  davan- 

age.  Sur  ce  principe ,  il  foucient 

|ult  n'eft  donc  point  de  bonheur 

G  g  iij 


^01    Jmrndl  dej  SçéVdfiig 

^      égal  à  celui  d'un  Souverain  u  qui 

H      »»  ne  renfermant  point  fa  bienveil- 

H      )*  lance  dans  le  cercle  étroit  des 

H      i>  Courtifaos  qui  Tenvironnent ,  la 

H      «  porte  fur  tous  ceux  qui  font  dans 

'  I»  fa  déptrndance  ,  pour  leur  pro- 

^      I*  curer  les  biens  qui  leur  convien- 

H      M  nent  ,  pour  bannir  la  mifére  de 

SI  fes  états  de  y  encourager  les  ta-* 

77  lens  &  les  vertus* 

k  Le  1 7  &  dernier  chapitre  pa-r 

îfoitraj  comme  rAnteur  le  remar^ 

que ,  un  paradoTce  à  bien  deîi  gens , 

puifqu'on  entreprend  d'y  prouver 

que  /^î  Philafùphk  merale  eji  à  la 

p&rtée  de  fms  les  hommes ,  de  ceux 

même  qui   ne  font  capables  que;. 

de  la  réflexion  la  plus  légère»  On 

fera^dtt-ili  d'autant  plus  étonné 

de  ce  qu'on  avance  ici ,   que  les 

^         Philofophes  &  la  plupart  des  Lé-. 

■     giflateurs,  (i  on  en  excepte  Con- 

fucius  &  Lycurgue  ^  condamnent 

le  peuple  à  une  ignorance  gronié- 

H      re  ,  &  n'ont  prefque  connu  d'au* 

W      tre  frein  pour  le  contenir  que  1* 

terreur  des  fupplices. 


^^  ^^vril  1748,         ^df 

P 'Cepndam  fdon  lui  toute  la 
ff  hilofophie  morale  peu c  fe  réduire 
»  ces  deux  maximes  c|ui  font  com- 
lliie  le  réfulut  de  tout  ce  qu'il  en^ 
teigne  dan»  ce  traité  ^  maximes 
Mufll  faciles  à  falfir  que  les  princi* 
lîîes  des  Arts  ]es  plus  communs, 
I  La  première  confifte  *>  à  pkcer  au* 
Ui  taot qu'il  eft  poiHble ,  notre  bon- 
b»heur  &  notre  perfeétîon  ,  non 
B»  dans  des  biens  qui  foient  hors  de 
Rl>  nous ,  mais  dans  Tamour  de  la 
ni  vertu  &  de  nos  devoirs ,  &  dans 
||}  une  fuite  d'occupations  aiïbrtieS 
&  à  nos  talem  &  k  notre  état, 
W.  La  féconde  h  à  prendlre  avec  les 
B>  autres  hommes  une  façon  de  vi- 
M»  vre ,  qui  foit  de  nature  à  porter 
R»  dans  le  coeur  des  mouvemens  de 
w  bienveillance  »  ë£  à,en  écarter 
K»  tqut  mouvement  de  haine,  Jin- 
m  quiétude  ,  de  trouble  Se  de  cha- 

m   Auflî  prérend-il  qu*il  eft  cerraîa 

nar  les  Hiftoires  &:  par  les  Voya- 

Ffteurs  »  que  chez  les  peuples  pu  la 

^çon  <te  vivre  a  fermé  rentrée  à 


k 


70f  JûurUaldes  Sç^ans  ; 
lavidîtc   des  d:ichefifes  ^  cfeft  ane 
qualité  popukire  d  eiregéhereux  âc 
bienfat^nt  en  vers  ceux  qu'on  n'ea- 
Yifâge  point  comme  fes  ennemis* 

ANTt-LUCRETIUS  SIVE 

de  Dco  &  natura ,  JJbri  navetn, 
Emînennfiimi  S.  R,  E.  CardU 
Dalîs  Melchiorîs  dé  Polignac 
opus  !Pufthùmum  ;  nitiftrifBmî 
Ab  bâtis  Caroli  d'Orléans  de  Ro- 
thelin  cura  &  ftudio  edicionî 
inandarum ,  ,&c*  Cest- a-dire  » 
l^Anri'Lucrecc  ûu.ùs  muf'Lî^ 
vres  d€  Dieu  '&  de  U  hàinrê  ^  OiA  j 
.%fra^e  pûflhume  de  fih  Eminek^] 
M.  U  Cardinal  de  PQÏignm  , 
I  fnhlié  pMT  h  s  Juins  de  feu  ]\/t^ 
ÎAhhé  ^Orléans  de  Rothelin.  A 
Parts,  chez  les  Frères  Guerin  , 
rue  S,  Jacques  à  Saint  Thomaij 

Quatrième    et    derni£^j 
Extrait. 
Livre  feptiéme^ 
s  le  fepriéme  ] 
Je  Cardinal  de  PolignaDprDuis^ 


TX  Ans  le  fepriéme  Livre  M^ 


ve  TeKiftence  de  Dieu ,  par  la  géné- 
ition  des  animaux  ,  des  arbres  » 
des  plantes^  il  réfute  d'abord  les 
apinlons  erronées  des  EpîcyrieQS 
des  Pérîpatétîciens  fur  cette 
Qatiére ,  &  fait  voir  que  les  femen- 
£S  de  toute  efpéce  n'ont  pu  étro 
^produites ,  &  ne  peuvent  fe  dcve- 
îoper  ni  par  le  hasard»  ni  parles 
Iules  loix  du  mouvement  >  comme 
ie  tous  les  Etres  qui  fe  perpé^ 
jent  l'un  l'autre  par  la  génératiqu  ^ 
liomme  efl  le  plus  parfait  &  le 
plus  admirable  :  le  Poète  s^arrece 
Iflei  longtemps  à  décrire  le  corps 
Wxnain  »  &  à  faire  remarquer  avec 
ttuelle  économie  &  avec  ouetle  fa-* 
allé  routes  fes  parties  ont  cté  difpo-ï 
ces  pour  s*aider  réciproquement, 
pour  donner  à  cette  merveilku- 
fe  machioe  ,  tous  les  mouvemens 
dont  elle  eft  fufceptible.  Donc  con- 
clut M.  le  Cardinal  ,  av^nt  qu'il 
y  eut  des  hommes,  il  exiftoit  une 
întelligence  touie  puiflànte  qui  a 
fixe  &  déterminé  leur  être.  Le 
Poète  tkc  la  mèpe  conféquênce 


7otf  ^Jouméd  des  Sçnvans , 
de  riYiduftrie  &  de  la  prémyance 
avec  laquelle  les  corps  de  tous  le9 
animaux  »  fcxc  grands»  foit  petits, 
ont  été  formés.  De  là  il  pafie  aux 
merveilles  de  la  génération  qui 
lî'eft  pas  une  preuve  moins  fenfi- 
ble  &  moins  évidente  de  Texiften-r 
ce  de  Dieu ,  puifqu'on  ne  peut  ima«r 
giner  raifonnablement  aucune  au« 
tre  caufe  que  le  pouvoir  &  la  vo^ 
lonté  de  TEtre  Suprême,  qui  puîfla 
perpétuer  tous  les  corps.  vivan$ 
avec  tant  de  reiTemblance  dan^ 
chague  efpéce  ,  &  avec  tant  de 
certitude  &  de  confiance  pendant 
k  fuite  de  tous  les  fîécles.  M«  \q 
Cardiâal  fe  moque  ici  avec  rai^foti 
des  idées  extravagantes  de  pluGèurs 
anciens*  Philofopnes  fur  cette  ma-» 
tiére  ,  &  il  tire  un  grand  parti 
des  découvertes  de  nos  nouveaux 
Phydciens.  Comme  la  plupart  de 
ces  décexuvertes  (ont  dues  au  rxA^ 
crofcope,  voici  comment  il  décrk 
cet  inftrument. 


»» 


Avril  1748.         70* 

PerffkHamqm  frc§m  in  Umhh  dtdit  e^ 

pûfmdii  p 
ârri^  0*  fiêfirva^   Nîkii  efi  mfi  vhtm 

Umî 
l.ê€fifm4^  c9m/eXA  firmUs  »  qm»m  Umînm 

^ÊC^ntinet  infixsm  >  unuique  fitémme  eh^ 

^Bsr£ù6l«  Minimum  ^stâJcH^^qm  djecms  i 
■  himi 

^Kéff0ret  vifti  cmfifiim,atqMcintimMpaniîifw 
^Kmt£  ptâfim  Ad$b  noflrh  ûktutihm  nnquam 
AnxUiumvmk  ^  nimm  ilhffitm  ùfhîîi 

fi  nm^m  NMiUf&  fsciis  refèfatuf  ,  nfwwf 
ifieri^HS  mtxmitm  j  îT  ^^^rnin*  toêd^  n^ 

MJ  êcnUfum  ûffdifs ,  fint  fiw  £m  ifft  vê* 

UcehMt 
i^efff  fifftrficitm  y  m^m  hà^en  I»  imk$ 


>7o8    Journal  des  Sçovans , 
Vnnc  sMttts  Jîkr  f effet  în  fruertSsni 
*■      rkm.  ■■■'■■*■ 

tîecjam  veftihuÎHm  anPf  Sfflim  Mtque  m 

liminàfàrtà- 
Stamm  y  Ht  in  médias  jttfVât  ire  frojkndSn 

ides  ;. 

\âtqHe  ibi  thefauros  fiuxi  ^  refaraiilis 

.....  t  .'...'■■'  \ 

Baâenus  ocvultos ,  quoique  eftuuu  emnû$ 

•mirum,  '' 

JEterns.  contemfUri  vejli^a  Mentis 
Jndita  Materiék  ^  ut  ^cuUs   mandâtuf 

■'.>'\  ■-  s 

imago^ 

'  '■.  0     .-■■••  ^•^>-  ■■■'-■  ■ 

Depuis  le  vers  .loza  ,  jttfqH*âU 
vers  1044.    .  . 

»>*Ce  merveilleux  înftrument 
m  que  la  Phyfique  moderne  doit 
)>  au  célèbre  Leuwenhoek,  diflîpe 
y>  robfcuxité  de  la  natiire.  Cj^n'efl; 
5>  qu'une  lentille  de  verre  enfermée 

*  Oeft  tonjamri.  de  ia  Tt^J^Oim  de  M.^dé 
SwgainyiUe  dont  nous  f ai/eus  Hfage.  Elle  0 
êduellement  fms  trejfe. 


W  entre  deux  lames  de  métal  »  dont 

Pl'ouvenure  répand  à  (3  groffeur» 
Préfenfezà  cette  lentille  le  moin- 
dre objet  :  il  croie  aiiflitôt ,  &  les 
fî  parties  les  plus  cachées  de  fou 
>t  uflu  fe  dévoilent.  Jamais  fecours 
i>  fi  puiffanc  n*a  fécondé  nosfoibles 

R  organes.  Le  Mîcrofcope  eft  la 
clef  d'un  nouveau  monde.  En  dé- 
h  velopaîît  I  mtérieur  des  mixtes; 
1»  il  nous  préfente  la  matière  fous 
h  une  face  nouvelle ,  &  lexpofe 
h  fans  voile  à  nos  regards  :  fans  lui 

fnous  fommes  prefqu  aveugles  >  û 
eft  l'œil  de  notre  œil.  Bornés  ait^ 
paravantà  lafurface  des  objets; 
h  <5tîe  nous  effleurions  à  peine, noQS 
n  ^^<:ms  à  prefent  le  droit  de  péné- 
r>trer   dans   k   fond   même   des 

t Erres.  Le  fanftuaire  de  la  nature 
n'eft  plus  inacceffible  1  ce  Palais 
dont  nous  n'appercevîonsqueles 
fi  dehors ,  eft  ouvert.  Nos  yeux 
fc^ontemplenr  les  fources  tntarif^ 
Wfables  de  la  réproduâion  qui 
fî  conferve  tant  defpéces  mor- 
p  telles  i  fpeâacle  vimmeot  digaq 


I 


L 


*Jfïâ   Jofimal  des  Sçdvantj 
*>de  fixer  les  regards  d'utï  fageî 
^f  ii  leur  offre  des  traces  d'une  fa-^  j 
Mi  geiTe  toute  puiflante.  La  Matié- 
»j  re  y  devieîîC  le  miroir  de  l'Intel- 
»i  ligence,  « 

Les  principales  aflertions  fur  \eU  i 
quelles  roule  le  refte  de  ce  feptié-f;| 
me  Livre,  font  ;  i  ^.  que  les  femeci» 
ces  de  tous  les  animaux  de  la  mémo  ' 
efpéce  étoient   contenues  dans  le 
premier  animal  de  cette  efpéce; 
a^.  que  ceft  le  mâle  qui  porte  le 
germe  de  Tanimal ,  Ô£  que  la  femelle 
0ft  propre  feulement  à  le  faire  dé^ 
veloper  &  à  le  nourrir;  j^'^qu'au-^ 
cun  animal  ne  vient  au  monde  q 

{)âr  la  communication  des  deu^çl 
exes»  &  d'un  germe  qui  detoutjj 
lemps  le  renfermoit ,  &  qui  ne  faii;] 
que  fe  débarafTerde  fes  envelope^j 
pour  devenir  un  animal  vivant  \  ^'^m 
que  tout  ce  qui  vient  dêtre  dit  de$  1 
animaux ,  doit  s'appliquer  aux  ar-| 
bres  &  aux  plan tesd  Lesob)eâion%| 

2u'on  peut  faire  contre  cette  do-|J 
ïrine,font  ici  combattues  avecj 
beaucoup  d'agrémeûL&  dç  forcer 


^^ml  1748»        '7tf, 

►ôîcî  Qtie  comparaifon  que  fait  le 

Pocre  pour  explîcjuer  d'où  vienf 

[  que  toutes  les  parties  oui  doivent 

Compofer  ranimai  ne  !e  fonc  pas 

I  ?oir  toutes enfembie:mais  que  quel* 

[<|ue»-unes  ne  paroiflènt  que  long^ 

temps  après  les  autres ,  quoi  qu'el- 

[les    faflent    également  enfermées' 

Mans  le  germe  les  unes  &  les  au^ 

l'Ires. 

Skppfifttdm  mèfeftm  mm  ^fMti&mM 

tffwrintfm  hummm  Hrrh  a^hexit  ^  unS^ 
&  wmtltt  Mmndi  fmcîes ,  CMligine  merfk 

I  fiMhdh  armenim  f  gft*9$  têiftm  fi^/i 

€Unt  t 
i  fyhifiuê  ftrt:  imm  infrâ  Ummm  p^fiêvç 


r 

I 


*y-r  l     jGurnd  des  Sçavans  ; 
J^gçjëm  uUi,  arèffrièus  fimtks  t  ntqmgm" 

Êia  THri  : 
Sid  JînfefABa^omnh^éfUet  Nature  ^JiUiqtiê 
S$d  nive  ^fi^  glacis  durh  ûhfiriéiM  caîenisj 
^egnMt  unique 'vemnum^  f^vim  fimiUlm^ 

morii  fji, 
Sd  MUtâm  Mi  cmfn  n&Ûis  i^qu^rs  dUèus 
Wiemh  irradians ,  é^  mmkum  tefiitHkver  ; 
pfjplh  Mcte  gdi4  J^irâfUi   Favônh  ^   ^  l 

OrSis 

VhicU  ffmiuHntm  :  Unis  }if  cùifom  cum 
Jt  calûf  ^  ^  Uxat  fartis ,  mifiei^ite  mù*' 

vendo  ; 
'Jîffidûtqm  4nm  ndeuntis  frim^  JHVintm' 
Sêmiimfiç  Untm  d&rtmiitnt  ékbdim  tebm 

J>epms  le  vrrs  1248  ,  jaf^h'm  ;| 
vers  1 2-67- 

"Lorfque  le  terrible  Aqulloi^j 
t>  ufurpant  Tempire  des  airs ,  a  ra- 
nmetié  les  noirs  frimâts  ^  déiiguf 
>i  ré  la  face  de  rUnivers,  tout  gé-^  j 
n  mit  j  tout  efl  plongé  dans  les  té- 
«nébres.  Les  oifeiiux  font  muscs  |i 


AvtU  Ï748*  7151 
ftU  terre  dépouillée  n  offre  quua 
jfï  fpeftacle  hideux; quelques ray ont 
|iîfoiblÊs  &  décolores  percent  à 
^»)  peine  les  nuages,  &  répandent, 
^1  au  lieu  de  jour»  un  fombre  eré- 
[t»  pufcule.  Les  troupeaux  languifc- 
»>  fent  dans  leurs  érables;  les  bétes 
l%t  fauvages  dormenr  au  fond  de 

I  »  leurs  retraites  ;  oîflf  dans  fa  chau- 
Ijj  miére  le  berger  s'y  défend  contre 
rt >  le  froid  ;  les  ruîfTeaux  ceflent  de 
hi  couler  ;  les  arbres  n'ont  plus  de 
W»  feuilles  ;  la  Campagne  a  perdu 
p>  fes  charmes,  II  régne  dans  toute 

w  la  nature  un  morne  filence  :  en* 
[v  chaînée  fous  des  monceaux  de 
i»  neige,  elle  eft  dans  une  léthargie 
I»  peu  ditfcrente  de  la  mort.  Mais 
i»  a  peine  le  foleil  plus  radieux  a 
h  fait  croitre  les  fours  &  revivre  le 
'printemps,  que  les  chaudes  ha^ 
I  leines  des  Zephirs  fondent  l'écor- 
»  ce  des  eaux ,  &  rompent  les  gla> 
^1  ces  qui  CDUvroîent  la  terre.  Une 

II  douce  chaleur  stnfînuc  dans  le 
feîn  des  corps  ;  les  liens  qui  rece- 
la noient  h  natuie  captire  k  rd% 


I 


k 


714     Jmrkd  des  Sçétf/dm  r 

•«  chetit ,  &  l'année  rcïiaiifante  lui , 

il  r«nd  toute  fa  beauté» 

Livre  bfimémet 

Void  le   début  du  huîtîémd 
Livre. 

ManMy 
J2gi  canfiet  fûrm ,  fjr  motài  ^uÀl^gû  w^ 

JD^iffrtf  fsrt  ammtés ,  iûtmnqm  expMnd^m 

Ae  reluit  cnhh  Aqtéth  tûnâithm  slas 
C&mHtitéi^t  f  chmfi  frtrrmm  li^omjaikfro^T 

fundÀ 
tâd  cœÏHm  amUuifâ  ,  ^  gféndié  earfom 

UhmfU  t 

thae^e&J^ne  Uhunî  àvidh  ûbmtihm  tgmi  * 
Sh  téiftmha  fer  ,  ferons  hêc  tmndié 
fifis 


^Hr         ^t^/  1748,        71  j) 

WfiJgriês  Infifsn  HuUs  Mudadlm  êr^t^ 
H|'     ^4^ke  qmà  vafih  fegknihus  nfifâ  'V^ 
V         grnnîMf  ) 

H    it  Je  paiTe»  Quîntiiîs^  à  Texpolï^ 

K  non  de  la  ftrmSure  de  l'Univers  ^ 

n  de  Ta  forme ,  deslolx  fuivant  Jef- 

K  quelles  il  fè  gouverne ,  &  je  vais 

B  ofirlr  à  vos  regards  le  plus  magiii- 

Kficjue  de  tous  les  Tpeàlacles  :  ja 

Ki7ats  kur  dévoiler  la    Divinité* 

fi  Du  creux  d'ane  profonde  vallée 

f»  prenant  Ion  efTor  vers  le  Ciel , 

»>  l'Aigle  agite  fortement  fes  ailes, 

^pour  fe  mettre  en  équîKbre  avec 

^Tair.  A  l'aide  des  venrs  ,  c]ue 

w  dans  le  fein  même  dti  calme  exd- 

ti  te  la  violence  de  fes  niouvemens, 

yt  il  s'élève  ,  &  d'un  ksM  fixe  con- 

»»  templant  k  folei! ,  il  femble  fe 

^  repaître  de  la  lumière.  Suivons 

K  ta  route  qu'il  nous  trace.  En 

f9  rampant  au  cfaver3  de$  £tfe$ 


p 


^  1  tS  Jmmal  des  S^avans  , 
i>  mortels  ^  nous  avons  pénétré  juî^ 
*»  gués  aux  fources  de  la  vie  ;  ofons 
fi  franchir  les  plus  hautes  régions^ 
i*&,  portés  par  un  vol  rapide, 
5»  parcourir  les  fphéres  cèle  (les. 

En  effet  M.  le  Cardinal  de  Po- 
lignac  ,  a  confacré  ce  livre  à  Tex- 
plication  du  fyfteme  de  TUnivers. 
Certainement  un  des  grands  méri- 
tes de  fon  Povme ,  c'eft  d'exprimer 
en  Latin ,  avec  netteté ,  avec  exa- 
âltude  &  avec  élégance  des'chofes 
qui  n'ont  jamais  été  dites  dans' 
cette  Langue  »  mais  ce  mérite  fe 
fait  fur- tout  remarquer  dans  le  li- 
vre huitième.  Le  Poète  y  dévelo- 
5)e  en  très  beaux  vers  Latins  des 
yftÉmes  ôc  des  découvertes  aflro* 
nomicjues,  qu'il  feroit  glorieux  de 
bien  expofer  en  profe  Françoiie, 
Il  explique  d'abord  les  crois  fyfté- 
mes,  fçavoir  celui  de  Ptolémée,^ 
celui  de  Copernic,  &  celui  de  Ti- 
co  ,  il  fe  détermine  pour  celui  dâ^ 
Copernic  Ôc  ne  néglige  aucune" 
des  ralfons  par  leGjuelles  on  peut 
le  défendre  ;  11  rapporte  enfuit^' 


■  ^Jlvrll   Î748.         71 -j 

toutes  les  hypotneles  que  d'aurres 
Phitofophes ,  &  en  particulier  Défi 
cartes ,  ont  imaginées  pour  éten- 
dre &  pour  perfeélionoçr  ce  fyfte^ 
me  ;  il  donne  les  raifons  des  périér 
iîes ,  &  des  aphélies  des  planettes^i 
ôe  rînégalite  des  jours,  de  la  viciC- 
Étude  des  faifons,  des  écUpfeSj5£ 

iïropofe  plulieurs  conjectures  fut  | 

es  comètes  ,  en  forte  que  ce  Livre 
peut-être  regardé  tomme  un  traité 
abrégé  de  Cofmographîe*  M.  I* 
C^rd^nal  y  rapporte  tout  à  fon  t?ut  ^  j 

&  condud  Texillence  de  TEtre  Su- 
prême ,  de  1  ordre  admirable,  & 
*!  l'intelligence  qui  a  préfidé  à  Tar* 
ngemeTit  général  de  rUnivers," 
Car  comme  le  dit  fort  bien  le  Poètes 
tli  â  yju  tmt  détude  &  tant  de 
lâgaciré  pour  appercevpîr  feule-  ] 

■b^nt  df  pour  expliquer  la  difppH  | 

^ion  &  le  mouvement  des  corps  | 

qui  compofent  l'Univers ,  quelle  | 

fageffe  a  été  celle  de  l'Etre  qui  i  { 

coni^  Se  exécuté  topt  le  (yftçms 
de  cette  grande  Machine* 


^ï%    JoHTfMl  des  Sç4Vans^ 

tfi  ff^^f  mefUif  9fm.ebênâ  de/criiev4 

iâe  têfrês^  dt^Ucifue  gtd$  Mvtvfk  fMfafi 
Okf^m  ffidereum^m  rôtis  effingerti  metttm: 
J&  fmtmtjmê  WU9U  fakri  cnpfiwe  mtm^ 

imjt 
0  Jfuimi  0  mififé  vecon  injkms  gemist 

Voijpi  de  queljie  manière  le  Poète 
^  rendu  la  régie  de  Keplen 

Cêrfers  fM«  cœh  dratmvpkmnimr  h^ 

flff  nArAê  k  atUfê  diftàni  ,  vêUeihs  tre^ 
J^jmffêiéUki  vef%  ,  ftiê  fins  fitm  diffitétp 
fênfau. 


fJm  Ung)  fûfii,  &  Uf^êi  &  umfêrè 
long$ 


Slfffm  Jùvis  êxpîûTënsm  ^MÀnju^ù  fênm^^ 

t^scmn  inv^nt  Saiurnt  n$^in  MHÎÀp 
Mirandum  î  omnino  referti  Cajpnm  ssm^ 

dmfp 
Sk  H^i  nûf}è  'vafés  tûfmtum  hcâ  cirt0 

dfiorum  ^ 
^(  quant  ù  eeeUjf^tiofii  f^tirqm  rimtUtt 
Cemmunî  k  cemro ,  fifê   c&rfWi  plmif^z 

êflfi , 
\émhwum  quadresfevolmi  umfùf^  tunàt^ 
S^m  fertê  înUr  fi  fmipmm  téf^aréjèf'^^ 

\^^pms  h  vers  484  »   i^f^i^'^  \ 
:pers  }0  2> 

nll  eft  une  proportion  entrai 
f*  le  mouvement  des  corp^  Céléftes^ 
fi  &  Ije  diametrje  de  leurs  orbite*^ 
p  Lm  plus  voilînE  dp  çemi^  pqp  )| 


^Oh  Journal  tla  Sçévam , 
H  plus  de  metto  ;  les  plas  éloignés^ 
>i  roulent  avec  plus  de  lenteur, 
ji  Telle  eft  la  loi  que  fuîvent  le^ 
fî  Satellrfes  dé  JiiplcBr  &  de  Satur- 
>i  ne  :  ceux  qui  occupent  féxtré- 
>i  mtbf  dû  tourbillon  de  ces  planée 
sftttes ,  décrivent. d'un  pati&.leai  d« 
»>  grandes  circonfére^es  :  ceux  qui 
1^ .nagent  plus.près  d'elles,  tracent 
>>  dès  cercles  plus  petits  en  moins 
9>  de  temps.  Kepler  découvrit  cette 
t»  loi  ^  ïévolutioti!^  céléftes.  Par^ 
MJa  finefle  de  ^i^S;  regards  ^  il  <^uo 
%%  l'arracher  au  fecret  qu'$;UQ  avoit 
%9  gardé  jufqu'alorsj:  loifure  &  con- 
i>  Itante^  dont  le  grand  Caitinî  a 
>i  fait  ^puis  avec  luccès  Tapplica- 
9>  tion  aux  Satellites  de  Jùpîter  & 
tlde^atiu^ne.  'Vptilez  vous  doiifl^ 
>9  connoître  précifément;  la  poOtion 
»9  dQ  deux  plantes  ^  &fçayoîrçom- 
9>l)îétf^les'fottt^élbign€ôs  deteàt 
9f  centre  commun  »  ou  du  corps  de 
m  Tafire  pâncipal^  preneiçte  quatre 
i^^  teo\ps  qjue  cbacNpe  d'e]j^ 
^W^fhv^k:  ^e  fft  rév^lvjrlpn,) 

iVtr'eux 


'^vHl  t74S,         711' 
>tr*aix  »  comme  les  qaarrcs  des 
temps. 

Livre  neuvième^ 

M,  le  Cardinal  avoic  deneîn  com* 
\tfit  nousTavons  dk  dans  notre  pre- 
I  mier  extrait  »  de  parcourir  les  pro- 
f  fondeurs  de  la  terre  &  de  la  mer** 
rpour  y  faire  remarquer  coûtes  les 
imerveilles  qu  elles  renferment  &  y 
[mettre  en  évidence  la  grande  la- 

Îpfie  de  rAuteur  de  tant  de  cho- 
es  admirables,  maison  n'a rerruu* 
[vc  de  ce  Livre  que  les  vingt*qua- 
ftre  premiers  vers ,  on  n'a  pas  vou- 
|lu  en  priver  le  public  &  on  les  a 
iplacés  entre  le  huitième  &  le  neti-, 
Itiéme  Livre, 

Ce  neunéme  Livre  eft  la  can-^ 
lufion  de  tout  l'ouvrage;  le  Poète 
établit  avec  une  nouvelle  force 
fes  preuves  de  rexiftence  de  TEtre 
ÎLiprcme ,  il  les  tire  delà  Phyfîque, 
la  Mctaphyfique  &  de  la  Mora- 
;;tl  réfute  les  objeâion  s  ordinai- 
res des  Athées  qui  font  ;  i^.  que 
le  monde  eft  éternel  î  x^*  ^^'i^^. 


7  i  i  Journal  des  Sçavans , 
a  beaucoup  de  défauts  dans  Tarran^ 
gement  du  monde  ;  }  ^.  que  les 
vices  des  hommes  accufenc  leur 
Créateur ,  ou  de  malice,  ou  d'im- 
puifTance.  Il  s'attache  fur-tout  à  fai- 
re voir  la  fauflèté  de  la  maxime  ,- 
frimus  in  ortn  dâûs  fuit  timor  y  8c 
prouve  que  la  Religion  n'eft  point 
une  invention  des  Politiques ,  il  dé- 
montre que  Dieu  eft  véritablement» 
&  n'eft  point  autre  chofe  que  l'Etre^ 
que  nous  ont  révélé  les  livres  Saints. 
Il  finit  par  exhorter  Quintius  à  la 
pratique  de  la  vertu ,  &  à  chercher 
dans  la  révélation  les  objets  de  (a 
croyance»  &  les  régies  de  fa  cour 
duite. 

i^  THEORIE  DE  LA  PRA^ 
Tl^VE  du  Jardinage  ,  oh  1*ûh 
traite  à  fond  'des  beaux  Jardins  ^ 
appellh  communément  les  Jar* 
dins  de  plaifance  &  de  propreté  \ 
avec  les  pratifues  de  Géométrie 
'  néceffaires  peur'  tracer  Jur  le  ter^ 
■  rein  toutes  firtes  de  figures^  & 
un  traite  d'hydrwUifie  conven4^ 


hle  mx  Jardins  ^  p^r  M,*^"^ 
de  U  Sncie'îé  Rùysh  des  Sciences 
de  Mmtpellier  ^  ^H^tri/me  edi" 
ihn ,  revue  ^  corrigée  1  ëugmenth 
innfidéréihleminf  ,  &  enrichie  de 
nruvciles  planches  ^  46" 5  p^g.  A 
Paris,  chei  Pierre  -  Jean  Nia* 
riecte  ,  rue  S,  Jacques  ,  aux 
Colonnes  d'Hercule ,   1747* 

•E  grand  nombre  d'cdîrîons^ 
qui  ont  été  faites,  tant  en  Fran- 
[te  que  dans  tes  pays  Etrangers  * 
|iious  marquent  rutilîté  de  cetou- 
prage  ;  il  piroîr  dans  notre  Langue 

}ïour  la  quatrième  fois  ;  Ton  en  a 
_  ait  trois  édirions  en  Hollandois, 
[ine  en  AngTois  &   une  en  Aile- 
land.  La  premîcre  édition  parut 
i7o<>  ,  &   nous  en  parlâmes 
lans  nos  Journaux. 
Il  y  a  pluffeurs    Ecrivains   quî 
rit,  traité  de  T Agriculture  &  de  la 
lanière  de  gouverner  les  arbres 
i^ùitters  ,  mais  peu  ont  travaillé 
Jfar  !a  matière  que  notre  Auteur  a 
"cnt reprifc  j  on  peut  mèm^  t^^-Kt-; 


7  i4     Jotifnal  des  Sçnvans  l 
der  cet  ouvrage  comme  le  i 
qui  ait  parlé  de  rembelIiiTeme 
de  la  propreté  &  de  la  décorât 
des  Jardins» 

Cet  ouvrage  a  toujours  paru  1 
le  nom  de  l'Auteur  ,  &  le  fuc 
qu'il  a  eu ,  avoit  déterminé  qi 
ques  perfonnes  à  s'en  prévaloir  pi 
(e  l'approprier  ,  ou  à  l'attribui 
d'autres  qu'à  celui  à  qui  il  app 
tfent  ;  on  commença  :par  en  U 
honneur  à  M.  le  Blond  Archited 
notre  Auteur  rend  juftice  à  ce 
Içbre  artifle  qui  joignoit  à  i 
grande  connoiffance  de  l'archi 
^ure  beaucoup  de  goût  pouc 
deflein. 

M.  ***  convient  qu'il  doi 
M.  le  Blond  un  grand  nombre 
planches  qui  font  toutes  deflSr 
avec  beaucoup  d'art,  j5c  d'int< 
gpnce  ;  on  les  trouve  dans  cet  < 
vrage  8^  elles  en  font  le  princi 
oirnement, 

.  JLa  féconde  édition  a  paru 
1715,1a  troi(îéme  en  1 7  ?,  z  ;  cié 
(i  ç^ni  ei):  la  quatrième  çft  bç 


Jivril  1748.  725' 

coup  augmentée.  Nous  rappelle- 
rons en  peu  de  mots  que  le  deiTein 
de  l'Auteur  a  été  d'Écrire  fur  la 
manière  de  faire  des  Jardins  dt 
flaifance ,  d  enfeigner  le  moyen  dé 
les  embellir ,  de  les  orner,  &  d'ap- 
prendre à  reâifier  les  défauts  du 
terrain ,  comme  d'en  profiter  avec 
adreflè,  lorfque  l'emplacement  a 
des  beautés  naturelles.  Il  s'agit  ici 
de  tout  ce  qui  peut  flater  la 
vue  y  tels  que  les  parterres  »  les 
bofquets»  les  boulingrins  &  les 
cafcades. 

On  ne  (è  contente  pa$  de  pré* 
fenter  au  particulier,  qu'on  fuppo* 
fe  amateur  dû  Jardinage ,  des  plans 
bien  deffinés ,  &  bien  ordonnés 
fuivant  la  difpoîîtion  du  terrein  : 
on  lui  apprend  l'art  de  les  exécuter  > 
ou  de  diriger  le  travail  néceflaire 
pour  y  parvenir.  Il  faut,  par  exem- 
ple, (ça voir  alligner  ,  fçavoir  me- 
furer  fon  terrein  ,  lever  le  plan 
qu'on  fe  propofe  d'orner ,  &  d'em» 
beliir  \  nôtre  Auteur  a  donné  les 
Hhiij 


I 


^t6     Journal  des  Scavans , 
jnétiiodes  qui  facilitent  touce«*^«î 
opératiuns. 

Cet  ouvrage  eft  divifc  en  cjuâ* 
fre  parties  j  \à  première  contient 
k  théorie  ,  àc  les  trois  autres  en- 
font  k  pratique  >  dans  la  pre^ 
iniére  J'Auteur  examine  quelles 
doivent  être  les  difpofitions  &  les 
diftributîons  générales  des  Jar- 
dins >  il  donne  des  modèles  de 
parterres  &  de  platebandes  de  dif- 
férente efpéce»  II  fait  connoître 
quand  les  allées  &  les  contre  allées 
font  bien  diftribuées  ,  TAuteur 
donne  des  plans  de  bois  &  de 
bofquets*  Une  grande  beauté  dans 
les  Jirdins  de  pr&prcté  ^  font  les 
boulingrins  j  les  tapis  de  gazon  ^ 
mais  il  fauî  fçavolr  y  mettre  cette 
ordonnance  qui  plait  aux  yeux,  & 
il  faut  encore  Fart  de  les  entrete- 
nir. L'Auteur  donne  des  régies 
pour  réuffir  dans  la  manière  de 
plaquer  les  glacis  &  les  talus.  Ce 
n'eft  pas  un  médiocre  agrément  de 
trouver  dans  des  Jardias  (  lorfqu'U 


jivril  1748.  7Î7 

efl  néceflaire  )  des  portiques  ,  des 
berceaux  ,  des  cabinets  de  treilla* 
ge  ;  il  faut  diftinguer  les  endroits 
convenables  ,  &  (çavoir  profiter 
de  certaines  circonfiances  qui  fonc 
admirer  le  Jardinier  décorateur. 
Cette  première  partie  eft  enrichie 
des  deflèins  qui  peuvent  être  exé- 
cutés iêlon  les  différentes  occafions 
&  les  di£férens  terreins. 

Il  eft  difficile  dans  les  travaux 
les  plus  ordinaires  de  n'avoir  pas 
recours  à  la  Géométrie  »  du  moins 
à  un  certain  nombre  de  régies 
qui  tirent  leurs  démonftrations  de 
la  Géométrie  ;  on  veut  par  exem- 
pie-  defSner  un  parterre  fur  le  ter- 
rein  ;  on  fouhaite  faire  percer  quel- 
ques routes  ,  l'on  a  befoin  d*alli- 
gner  des  arbres  ;  il  faut  avoir  re- 
cours aux  régies  de  la  Géométrie 
prefcrite  fî  l'on  veut  agir  avec  cer- 
titude  ;  Ton  eft  fouvent  obligé  d'em-^ 
ployer  des  méthodes  un  peu  plus 
profondes ,  lorfqu'on  veut  calcu- 
ler l'excavation  des  terres ,  ou  exa* 
miiier  auel  doit  être  le  talus  à 
H  h  iiij 


7  i  8  Joumd  des  Sçàvans , 
propordan  de  leur  élévation  &  de 
leur  pouffée.  Notre  Auteur  a  mb 
dans  la  féconde  partie  la  plupart 
des  régies  néceflàires ,  pour  mettre 
en  pratique  ce  que  nous  venons 
de  détailler. 

La  troifién^e  parrie  eft  une  expli- 
cation Phyficjue  de  Tanatomie  des 
arbres,  des  plantes  &  des  fleurs; 
on  ne  peut  guéres  s'empccher  de 
remonter  à  des  idées  un  peu  éle- 
vées lorfquon  veut  rendre  râifon 
de  ce  qui  fe  paffe  fous  nos  yeux  ; 
ce  chapitre  paroit  pour  la  première 
fois,  &  mérite  d*étre  lu.  Notre  Au- 
teur fait  appercevoir  combien  il  eft 
nécelTaire  de  choifir  de  beaux  ar- 
bres ,  il  enfeigne  la  manière  de  les 
cultiver,  &  de  remédier  à  leurs  ma* 
îadies ,  comme  de  les  prévcnirlorf- 
qu'on  veut  y  faire  attention. 

Nous  avons  rapporté  Tordre  que 
M,  ^^"^  a  fuivî  ,  afin  que  ceux  qui 
ne  connoitTent  pas  les  premicres 
éditions ,  puifletic  profiter  de  celle- 
ci,  &  fçavoir  ce  qu'elle  confient  ; 
nous  allons  parler  de  la  quatrième 


t 


Avril   I748,  Jlf 

Itîe  qui  eft  toute  nouvelle;  oti 
i'avoit  annoncée  Ôc  promifedèsles 
premières  éditions,  mais  elle  éroic 
tedaire  à  très  peu  de  chofe,  eUç 
renferme  maintenant  douze  cha- 
pitres, en  voici  labregc- 

L'Auteur  commence  par  don- 
ner une  idée  générale  de  Thydrau- 
|ique  ^  %^/i\  traite  de  l'origine  des 
fontaines,  il  rapporte  en  peu  de 

aots  les  (ènùmens  des  Philofaphes 
inciens  fie  modernes  :  on  eft  au- 
jourd'hui plus  réuni  fur  cette  que- 
lion  qu*on  ne  1  eroit  autrefois ,  & 
jrefqne  tous  les  Phyficiens  attri- 
buent l'origine  des  fontaines  au^ 
rapeurs  qui  s  élèvent  foit  des  Fleu- 
res t  Rivières ,  Erangs,  Mers ,  &c. 

:  des  endroits  humides.  Il  eft  facile 
^  l' imaginer  que  ces  parties  aqueu- 
les  étant  une  fois  amenées  à   la 

loyenae  région  de  l'air ,  elles  foat 
^,  ibligées  jde  tomber  en  goûtes  >  8c 
kMm  pénétrent  dans  rintérieur  des 
fterres ,  d'où  elles  fe  répandent  fur 
des  lits  de  glaife ,  3c  à'oii  elles  for- 
ttîut  enfin  par  quelque  ouvertixt^v 


«7^0    Jûurnal  des  Sçavant , 
Vpiià   vraifemblablement  Torigm* 
des  foLirces. 

Une  des  grandes  beautés  d'uil 
Jardin  »  c'eft  de  faire  enforce  d*a- 
voir  des  eaux  plâtres ,  de  jailliflan-* 
tes;  le  troifiéme chapitre  eft  deftir 
île  à  la  recherche  des  eaux,  avec  U 
manière  de  les  amafler.  On  a  beau* 
coup  écrit  fur  la  recherche  dc^ 
€aux  ,  ôc  Yon  a  à  ce  fujet  débité 
beaucoup  de  Fables  que  nous  ne 
rapporterons  point.  Notre  Auteur 
parott  porté  à  croire  que  l'on  peut, 
découvrir  des  fources  avec  cette 
baguette ,  qu'on  appelle  la  baguette 
divivaiotre  ^  i]  prétend  avoir  vu 
plufieurs  épreuves  auxquelles  il  ell 
obligé  de  fe  rendre  ;  nous  n*en- 

Ltrerons  point  dans  cette  difcuC-- 
(ion  ,  &  nous  croyons  qu'il  y  m 
des  régies  moins  équivoques  8c- 
plus  fures  que  celles  de  la  ba-» 
guette  en  laquelle  les  Phyfîcieni 
n'ont  point  encore  pris  confiance. 
Cependant  M.  '^  "^  **  rapporte  toutes 
les  marques  auxquelles  on  peut 
leconnoître  îi  ïon  trouvera  dq 


Feau  ;  quoiqu'il  y  air  quclcues 
moyens  que  Ton  employé  pour 
^ftingoer  les  endroits  où  Toa 
(bupçonoe  qa*il  y  a  de  Teau ,  $c 
que  ces  fignes  tiennent  moins  dm 
prodige  queU  baguette  »  il  ne  faut 
|>as  les  regarder  toujours  comme 
ceitains  &  infaillibles  ;  le  hazard 
«ntreibiiventpour  beaucoup  dans 
cette  recherctie  :  (i  llmpofteur 
réuf&t  il  Içaura  toujours  y  mettre 
un  merveilleux  »  que  le  Phy(icien 
fçaura  dévoiler  lorfqu'il  y  fera  at- 
tention. 

Le  quatrième  chapitre  traite 
d*ime  matière  qui  eft  toute  géo^ 
métrique ,  c'eft  de  l'art  de  niveller 
la  pente  des  eav}x  ;  il  n'y  a  rien  i 
dire  de  nouveau  fur  cet  article  ^ 
aullî  ne  lait-on  que  rapporter  lei 
fnédK>des  qui  font  en  ufage.  Lo 
chaiHtre  fuivant ,  c'eft-à-dire  le  cm» 
-qmeme  »  demande  plus  de  recher^ 
4»es  »  &  renferme  plus  de  difficukéa 
que  le  précédent  :  il  s'agit  de  la 
méthode  de  jauger  &  de  mefurctr 
ks-eaux»  Les  Mecaoicieiis  donnmc 
Hbvj 


7  5  *  Journal  des  Sçavans  ; 
plufieurs  moyens  pour  parvenir 
a  la  mefure.exaâe  des  eaux;  ils 
partent  de  quelques  expériences 
comme  de  principes  certains ,  & 
par  des  analogies  qui  en  font  dé- 
duites ,  ils  réloiyent  les  difiérens 
problèmes  qui  peuvent  être  pro- 
pofés  &  dont  Ton  a  befoin  dans  la 
diftribution  des  eaux.  M.***  ex- 
plique ce  que  Ton  entend  par  ua 
pouce ,  par  une  ligne  d'eau ,  il  y 
joint  la  figure  de  différens  inftru- 
mens  dont  on  fe  fert  dans  la  jauge 
des  eaux;  il  donne  aufli  la  régie 
^u'il  faut  fuivre  pour  connoître 
combien  un  réfervoir  donnera  de 
•pouces  d'eau  en  un  certain  temps. 

On  Ut  dans  le  chapitre  fixiéme 
la  méthode  de  calculer  la  dépenfe 
des  eaux ,  leur  viteilè ,  &  leur  él^ 
vation  ;  TAuteùr  a  remarqué  mi'on 
ne  pouvoir  réfoudre  les  queltions 
que  nous  venons  d'énoncer  Ùlïïs  la 
connoifTance  des  rapports  &  des 
proportions  ;. il  donne  dans  ce  cha- 
pitre un  abrégé  de  la  Théorie  des 
rapports  avec  une  application  4iw 


AvrH  1748.  7î  j 

^  règles  de  trois  ;  Il  explique  encore 
ropération  de  Ii  racine  quarrée* 
M,  ***  n*a  eu  d autre  objet  en 
expliquant  ces  différeates  régies  qui 
font  dans  tous  les  livres  de  Mâché- 
matiqua  ,  que  de  procurer  à  ceux 
pour  kfquels  il  a  travaillé^  tout  ce 
3u'il  fâîloît  pour  opérer  avec  exa- 
itude  ;  on  ne  fera  point  par  ce 
moyen  obligé  d  avoir  recours  à 
plulieurs  ouvrages ,  &  on  trouve 
dans  un  feul  volume  tout  ce  dont 
Ton  a  befoin, 

La  connoiflànce  des  règles  éta- 
blies dans  le   chapitre  feptiémes 
dépend  plus  d'une  grande  pratique 
&  d'une  longue  expérience  ,  que 
de  la  pure  géométrie  &  du  calcul  ; 
[il  s'agit  de  la  manière  de  conduire 
les  eaux  dans  les  Campagnes  corn* 
ime  dans  les  Jardins  ;  M.  ***  en-| 
k feigne  Tart  de  faire  des  aqueducs, 
^de  conftruire  des  réfervoirs  :  on 
,  fait  la  defcripcion  de  la  plupart  des 
[aqueducs  qui  font   en  France,  & 
[furtout  de  ceux  qui  font  aux  ea^ 


7  î  4  J^^i^^^l  des  Sç^vans^ 
virons  de  Paris  ;  on  ne  néglige  paf 
de  rappeller  les  attentions  qu'il 
faut  avoir  dans  la  pente  des  eaux, 
&  pour  les  tuyaux  au  travers  def- 
quels  l*eau  doit  couler. 

Il  doit  y  avoir  une  proportion 
ientre  la  conduite  des  eaux  6c  les 
ajutages  5  faute  dune  exaÔe  co^ 
noiilance  de  quelques-uns  de  cm 
rapports,  les  tuyaux  fe  crèvent, 
ils  ne  font  point  d  une  longue  du- 
rée, ou  les  eaux  ne  jaîUifient  pas 
auffi  haut  qu'elles  le  pourroient ,  fi 
les  diamètres  des  ajutages  ne  font 
pas  proportionnels  à  ceux  des 
canaux  ;  on  dit  que  les  Fontai- 
nîers  ont  des  maximes  particuliè- 
res, &  il  conviendroit  de  les  exa- 
miner avec  foin  ,  &  de  les  vérifier  ^ 
car  la  Géométrie  feule  ne  peut 
aflîgner  avec  exactitude  quels  font 
les  rapports  convenables  ;  il  faut 
beaucoup  d'expérience  &  avoir 
longtemps  tâtonne.  M.  **^  a  prit 
le  parti  de  rapporter  différentes 
formules  ou  diverfes  régies,  il  pré- 


jfvrii  1748,  75f 
tend  qu'elles  font  appuyées  fur  l'ex- 
'  périence  qu'on  doit  conlulrer  dam 
I  cette  matiére.préférablement  à  tout 
[les  raifonnemens  que  Ion  peut  fai« 
jre.  Ce  n'eft  point  au  Journalifte 
Itt  garantir  la  certitude  de  ces  régies  $ 
'1  y  auroit  à  ce  fujet  bien  desremar- 
Iques  à  faire,  mais  elles  nous  mené- 
Lfoient  trop  loin, 

L'Auteur  nous  a  parlé  jufqu'i 

Î'  ïréfent  de  la  partie  la  plus  utile  & 
a  plus  néceOaire*  Dans  le  chapitre 
T  neuvième  il  s*3git  de  la  décoration 
[que  les  eaux  peuvent  former  datis 
j  les  Jardins  ;  on  parle  de  la  con- 
{«firudiondes  badins,  des cafcades» 
[ides  buffets  d'eau ,  &c.  on  trouve 
ins  ce  chapitre  pluOeurs  beaux 
^defleins  de  cafcades ,  tous  faits  dans 
lin  goût  différent  ^  ajuftés  au  lieu 
où  l'on  veut  que  la  cajcade  oulft 
pièce  d'eau  foit  placée. 

Le  chapitre  dixième  regarde  la 
[  ^manière  de  roifer  les  baflins ,  piè- 
ces d*eau  ,  &  les  rcfervoirs.  On  noïti« 
mê  en  Géométrie  ce  cakuL,  1q 


7  J  ^     jr^«W4/  des  Sfovans , 
toifé-cube ,  il  n'y  a  point  de  diffi- 
culté ni  de  remarque  à  faire  fur 
cette  matière. 

Dans  le  chapitre  onzième ,  l'Au- 
teur fe  fert  de  quelques  principes 
^u'il  a  établis  dans  la  première  par- 
tie ,  &  il  en  fait  l'application  en  mon- 
trant fur  une  planche  paniculiére  » 
comment  on  peut  diftribuer  des 
eaux  dans  un  Jardin  qu'on  veut 
embellir  de  plufieurs  fontaines; 
l'Auteur  a  rapporté  encore  la  diftri- 
bution  dés-  eaux  des  plus  fameux 
Jardins  des  environs  de  Paris.  Il 
fait  le  détail  de  ce  que  l'on  peut 
.voir  de  plus  curieux  dans  ce  gend- 
re, &  qui  fe  trpuve  dans  les  plus 
belles  maifons  qui  font  à  une  cer- 
taine,, diftance  de  cette  Capitale.  • 

M»  ***  termine  fon  ouvrage  par 
divers  préceptes  fur  l'entretien  & 
la  dépenfe qu'on eft  obligé  défaire 
spour  avoir  de  belles  eaux  ;  c'eft  lé 
Tujet  du  chapitre  douzième  qui  eft 
le  dernier.  On  y  trouvera  des  con- 
ièils  fpxc.fag.es  &  des  avis  dont  uq 


I 


Jivriî  I748,         75'f 

lîarrîculier  pourra  profiter*  Il  eft 
Don  dans  ce  genre  d  avoir  d'excel- 
îens  guides  ,    &  l'on  ne  fçaurok 
prendre  trop  de  précautions, 
^  I        -  ■  1^ 

liOUFBLtES   LITTERAIRES. 

ITALIE, 
De    RomEp 

LE  s  frères  Nie,  &  Marc  Paglîa* 
fini,  Imprimeurs-Libraires  de 
cette  Villes  ont  achevé  d  imprimer , 
&  ont  mis  au  jour  les  deux  Poëmes 
dont  nous  avons  annoncé  le  projet 
dans  les  nouvelles  ctti  mois  de  Jan- 
vier de  Tannée  1744  ,  le  premier 
xoule  fur  rirîsou  rArc-en-Ciel ,  ex- 
pliqué dans  le  fy  ftcme  des  couleurs 
de  Newton  ;  le  fécond  fur  l'aurore 
boréale  explicjuée  fuivant  le  fyftê- 
me  de  M*  de  Mairan.  Nous  nous 
conieoterons  de  donner ,  quant  à 
prefent,  le  titre  de  ces  deux  Poe* 
mes ,  en  attendant  qu*on  en  rende 
un  compte  détaillé  ;  CarôU  Noifii 
}  Sûimaiejffn  de  Jride ,  c^  Aurûrà 


^;8     jQumd  âti  S^m^^ns^ 

['•^ùrc^li  Carmma. , , .  cnm  notis  Jùm 

f^hi  Bofcvvuh  s  ex  eadem  Societa^ 

Vfe^  RomT  ,  excudebanc  Nicolans 

I  &  Marcus  Palearini ,  1747.  j>i-4^, 

Komarek,  auflilcaprimeur  LU 

i  braire  de  cerre  Ville ,  a;nîs  au  jour 

I  un  Ouvrage  du  P.  Jean- Bapiifte 

Faure ,  Jéfuite ,  intitulé  :  Conjetture 

Fijkhe^,.    imùrm  i  femmeni  délia 

m^cthina  elenrka ,  1747, 1^-4 **• 

On  trouve  ici  le  fécond  Tome 
ide  i'HîJiûire  des  Hommes  lUuftres 
de  l'Ordre  de  S,  DômimijHe  y  partie 
P*  Touron  ;  traduit  en  Italien  par 
un  Religieux  du  même  Ordre ,  & 
dédié  au  P*  T*  Ripoll ,  Supérieur 
Général  de  l'Ordre  de  S.  Doraint* 
que ,  imprimé  fous  le  nom  de  Ve- 
nîfe,  1747.1^7.4°. 


De   Florbkce, 

BenedeUiCallHCcU  Fiflorienjïs  dw 

Difi&rdîis  Floreminarum  liber ^  c^r. 
Florentias,  1747*  /^-8«,  Le  fieur 
Abbé  Laurent  Melius ,  TEditeur 
de  ce  morceau  d'Hilloire,  a  mis  au 


"Avril  1748.  7Î5* 

cammencement  la  vie  de  F  Auteur, 
&  une  Préface  dans  latjuelle  U  ex- 
plique pourquoi  U  a  intitulé  ainf 
le  Livre  de  Ben.  Colluccî ,  contr 
le  texte  du  MS.  qui  porte:  de  Dtf 
Cùràiis  Lathwrum  liher^  U  y  indU 
que  les  autres  Ouvrages  du  même 
CoJlucci ,  donc  voici  les  titres  :  La'^ 
Z^rtui  Ad  J^liaTftim  Me  due  m ,  (  in 
quo  Lazari  Palan  dî^  virrutem  con* 
tra  Pauciaticos  célébrât.  )  Oratia 
étà  Ducem  CaUhiit^  De^Ummionts 
4id  JtiUanHm  Aéeiicem»  Oratioame 
hUiQnem  FirgUu  habita  in  Muni-' 
Cipi&  Cûllenfi^ 

On  a  donné  depuis  peu  en  cette 
VLIIe ,  une  traduâion  Italienne  de 
la  vie  de  S,  Jian  de  DiM  ,  écrite 
en  François  ,  par  M.  Girard  de 
Villethierri,  Prêtre  de  Pans;  cette 
tradudion  qui  eft  dédice  à  M*  le 
Cardinal  Annibal  Albani  ^  eft  du 
Dodeur  Pierre  Cianfogni  ,  Cha* 
noine  de  la  Bafilique  Impériale  de 
S.  Laurent ,  bc  de  TAcadémie  de 
Florence.  Cet  ouvrage  eft  un  in^ 


K^4^     T^/^/ï^/  des  Sçavanj , 
4®.  de    5ZO  pag.  d'impreflion^ 

1747, 

Catalûgusplantamm  mnnull^mm 
harti  ^c^demia  Phyjica  -  BoUmicA 
Florcntind  quaruin  femina  hoc  anna 
Ï747,  ad  puHîcam  HtilitaT^m  câtle^ 

\ila  ^  exteris  b&tamc£  cultoribus  in 
c&mmercikm  expômitiiur  ,  ut  tùtidem 
ftôvis  ac  exoiicis  permute rjtar  y  iXt- 

^•%ffrû  Manetîi  MedicinA  0"  Botam^ 

l^ces  Prcfeffhre ,  ijufdimqm  boni  eu- 
ftode  s  174S.  M.  Manetti  a  mis 

[aufli  ce  Catalogue  en  François, 
.en  faveur  des  Amateurs  delà  Bo.- 
tanique,  qui  n'entendent  pas  le 
Latin,  II  promet  encore  d'en  don- 
tiier  tous  les  ans  un  fembUble,  dans 

[Tune  &  Tatitre  langue. 

De  Vbnise* 

Divi  Thôm^  A^uînatis^  Dâ^e- 

ris  Angeîid  Ord^  Pr^dic.  Catcna  m 

.quatuor    Evan^elii^  ,    ad   phmmtg 

.  exempta  comparât^ ,  &  emtndat^^ 

Accedurn  Jo,  fr*  Bem,  Mari^  de 

^Mubeij  admQniûo  pmvia  in  id^m 


d"  Di0nati&  cofiira  Benedt^ 

élinum   D,    Thomé^  Manachatum^ 

étntequam  ai  Î>&mimc4mtm  Fr^di-^ 

catùrum  ûrdÎTiem  fe  confsrret ,  Vecie-» 

tiis,  1746^-  î>-4^.  z  voL  On  faic 

vpir  dans  l'AvertiiTement  que  TOu- 

^vrage  qu€  nous  annonçons  »  eft  vé-»' 

ritablement  de  S.  Thomas»  &  non 

jPonzio  Carbonello  FrandfcainJ 

|â  qui  on  lavoit  attribué  :  onfaïc 

^0it  pareillement  dans  la  Diflerta- 

Itton  ^  que  S*  Thomas  n'a  jamais  été 

iBénédiéïin,  mais  qu'il  a  étéOblat 

iap  Moût-Caflin  feulement  pendant 

Tquelques  années  dans  fa  première 

(cnfanee. 

Recurti ,  Imprimeui  -  Libraire  J. 

publié  un  ouvrage  fur  rEIeftrk 

ciré  des  Corps,  &  furies  ntachi--? 

éle_â:riques.  Cet  ouvrage  conw 

lient  plus  de  40©  pag.  d'impref-- 

[fion  in-S^*  il  eft  écrit  enftyle  de 

•  I^oman  &  d'Hiftoirç galante,  L'Aui 

^  teur  ne  s'eft  pas  fait  çonnoître* 

p4fquali  aufîî  Libraire  de  cettf 
yïlkt  à  imprimé  l'ouvrage  de  fi/^ 


fZ^    Journal  des  Sç^tram^ 
ÏAbW  Nollet,  fur  rÈleâncitc  des^ 
Corps ,  traduit  du  François  en  Ita- 

On  a  traduit  en  Italien  les  Ta- 
bles Chronologiques  de  rHIftoire 
Univerfelle ,  Sacrée  &  Profane ,  &c, 
par  M- l'Abbé  Lenglerdu  Frefnoy. 
Cette  traduftîon  fe  trouve  chez 
Simon  Occhi  Libraire,  1748,/^* 
8^  î  vol 

On  a  auffl  traduit  en  Italien  les 
flémens  de  THiftoire ,  p^r  M*  de 
Vailemont;  on  en  a  déjà  publié 
piufieui^  éditions  en  cette  Langue  » 
&cou}ours  avec  des  augmentations» 

Jean-Baptifte  Alberizzi,  Impri- 
meur -  Libraire ,  vient  encore  de 
mettre  au  jour  le  premier  ronnç 
d'une  nouvelle  édition  de  ces  Eté- 
meiis,  mais  plus  augmentée  encore 
qu'aucune  des  précédentes  î  elle 
formera  VL  voL  /?/-8o. 

Biblia  Séicra  Ful^aU  eduianis,,, 
€um  feUBijJmni  lùuralibHs  mm-^ 
mentariis.^.  tomus  IV.  compleftenfi 
libres  iofue^  Judicum»  at  Ruth« 


Aùril  1748*  j^f 

Venetilf,  1 747,  in^^o.  Nous  avons 
annoncé  tes  volumes  précédensde 
cetce  nouvelle  édition  de  la  Bibles 
à  mefure  qu'ils  ont  para, 

^  DeNaples. 

Dififi    délia    GiHnfprudenz^  ;- 
Tratt^ra  di  X>,   Fr^mejïv   Rapolld 
pub  lu  Q  PrGfejf&re  di  Leggi  ndt  Uni^  ' 
Vtrjka  Napùlkana  firmù  in  ùce*^^' 
Jhne  deliibfû  del  S  rg.  £,  j4,  A^uratarp 
intitalatû;  de  i  difettidHUi  GiuriJL* 
prudent^.  Fn  NapoU  ,  nella  llâm- 
peria   di    Giovanni    di  Simone» 
174  5.  r>-4**.  L'Auteur  de  cet  ou-;' 
vrage  convient  qull  y  a  des  défauts^  * 
&  même  de  la  corruption  dans  l^ 
irtamcre  dont  la  juftice  fe  rend  dans 
les  Tribunaux ,  mais  il  foutient  ^ 
fortement  que  ce  defordi  e  ne  vient  * 
point  desloix  ni  delà  Jurifpruden- 
ce  cjui  font  en  iifaçe  »  ni  d'aucun 
réri table  défaut  qui  leur  foît  inhé- 
it,  mais  uniquement  de  Tigno- 
Jnce  ou  de  la  mauvaife  volonté 
es  hommes* 


^4+    Jt^Hrnd  des  Sçavéns  l 

Raccûlta  dt  vari  Tranati  filofofci 
m  Tedùgici  de   Pafqumle    Magii,^^ 
7omi  dne  ;  nd  primo  contengonp  i 
due  primi  Traêti  :  I,  dd  Critena 
délia  veritaj  //.  dâlU  n^tura ,  è  di 
alcune  proprieia  ddl  vom&  cQme  va-* 
mo^  Nd  tomo  fic^ndo  fi  conteng^n^ 
tre  Trattdîi  ciùe  ,  /.  délia  fîatHra  e 
I  M  akune  proprieta  deW  vam&  cûmâ 
\Ciitmdim  ;  IL  ddU  Divinita^  délia 
*  dhieja  Catidka  Rom^n^  ;  ///.  délita 
imatura^  e  di  alcune  principali  pra- 
\prleta  ddC  Homo  c^me  Crifiianù^  in 
iNapoIi ,  X  747.  in^Z^,  Cet  ouvra- 
ge dont  le  titre  eft  fort  étendu^  &C 
[annonce  fuffifamment  le  fujet,  eft 
tiré  princîpaleffient  des  plus  cêlé^ 
ffcres  PKilofophes  Modernes  ;  il  9. 
été  compofé  contre  les  LiSerrins ,  & 
contre  les  Hérétiques  Modernes 
'  qjû  fefont  iieparés  de  TEglife, 

Ddl^  Aria  i  de  moréi  dall*  Aria 
dipmdemi*  Trattato  di  Giafippe 
JÙftJca ,  DQttar  di  Medkina  è  fiU^ 
fifia  ,  Napdetam^  P^ne  prima  in 
fui  la  teoria  di  Cûtefii  m&rbififiâH- 

lifce  I 


■  ^vril  I748»         74  f 

nfif  »  fondais  fu  toj/irvazio^e  e 
l*efpmenz^t  como  L  in  Napoli^ 
174^,  in^%%  En  17  î  5  r Auteur 
entreprit  de  traiter  la  matière  qui 
fait  le  fujet  de  Touvrage  dont  le 
premier  volume  paroit  ;  il  compo- 
la  deux  Diflertations  qull  lut  pour 
lors  aux  afïèmbiées  de  l'Académie 
d^gli  Ozi^fii  le  prejnîer  roule  fur 
la  qualité  de  Tair  de  Naples;  8C 
le  (econd,  fur  lorigine  des  chan^ 
gemem  dcTair  morbîfique  ;  depuis 
U  a  toujours  travaillé  à  enrichir 
fon  traité  par  Texpérience  »  &  par 
les  obfervations ,  à  quoi  il  a  joint 
les  avis  de  plufieurs  célèbres  Mc^ 
dectnide  fes  amis,  qu'il  a  confaU 
tés.  Le  premier  volume  qui  fera 
encore  fuivi  de  crois  autres  ,  trai- 
te premièrement  de  la  Théorie' 
des  maladies  dépendantes  delair^ 
&  décrit  en  fécond  lieu  rhiftoire 
&  la  cure  de  ces  mêmes  maladies. 
D  E  M  1  L  A  H. 
On  va  donner  une  nouvelle  édi- 
tion dês  lobe  de  MjUû.  Ce  Recudl 


1 


74^  Journal  des  Sç4iifani  ^ 
embraifera  non  feulement  les  Sîzi^ 
tuts,  les  Coutumes  &  les  autres 
loix  Municipales  de  Milan,  &  de$ 
territoires  à^  Milanôis  ,  du  Par- 
inefan ,  du  Plaifantiti  ^  du  Man- 
tuan ,  &  des  autres  territoires  qui 
font  régis  par  les  mêmes  loix;  mais 
encore  les  Conftitutions  qu*on  ap^ 
pelle  nouvelles,  &  toutes  les  décî- 
lîons  du  Sénat  de  Milan ,  qu'on 
Croira  propres  à  répandre  de  la 
himiére  fur  ces  mêmes  loix.  •  L'Au- 
teur qui  y  travaille,  a  jugé  à  proii 
SOS  de  donner  auparavant  Thiftoire 
u  Droit  Milanois ,  depuis  fon  ori-* 
gine  jufqu'à  préfent.  Ce  qui  com- 
prend également  Thiftoire  desStaw 
tuts ,  &  celle  des  nouvelles  Confit- 
.tutions  ;  à  quoi  on  ajoute  plufîeurs 
Differtations  fur  les  Ecoles  où  l'ont 
a  enfeigné  ce  droit ,  &  une  table 
des  Auteurs  qui  Tont  enrichi  de 
teurs  Commentaires.  C'eft  çç  qui 
&it  le  fujet  du  Volume  qui  p^roit 
fous  ce  titré  ;  de  orpu  ^  frogrèffiê 
jHiris  Mediolanenfis  Ontifd  (^  nçvu 


jfvril  1  748.  747 

fuBori  Cûmite  GahrîdeP^erro  Aie* 
ihUnenfi  Patrkio,  Tj^pis  Jofephî 
"tichini  Malateftae.  Medtolani ,  b 
îegiaCuJ^iâ, 

De   LucciuEs* 

11  a  paru  ici  deux  ouvrages  fut 

répoque  du  Concile  de  Sardique, 

r  llans  tefcjuels  on  fixe  la  tenue  de  ce 

■Concile  à  l'année  ;  44 ,  contre  To- 

Fînîon  ordinaire  qui  la  met  en 
année  547.  Le  premier  a  pour 
ititTe  :  Ds  Epochis  CancHiamm  Sar^ 
Idicenfh  ,  &   Sfrmiei^um  ,   cauro* 

Vbccafiùni  remm  pi?fipmamm  Sa^fti 
\té4rhana/ii  ChronùUgla  rej/ituitur^ 
Vuâare-Joanne  D^mîmco  Manfî 
_  Congregati^me  Marris  Dei  Luc- 
réenfi,  Luccse,  ï74<f  ï>^«8^.  Cette 
fjppinion  a  été  attaquée  &  combat- 
[tue  principalement  à  caufe  de  fk 
[fiauveauté  Maïs  le  P.  Manfî  par 
\tm  fécond  ouvrage,  a  défendu  éc 
fortifié  encore  fou  fentimenr.  La 
raifon  fur  lai|uelle  il  s'apptiye  >  éL 


74'    Journal  des  Sçavans  ; 

que  SocrâAes  &  Sozomenes  qu'A 

})récen<;l  s'être  copiés  l'un  l'autre  ; 
ont  les  feuls  Auteurs  qui  ayent 
placé  la  tenue  du  .Concile  de 
Sardique  ,  en  Tannée  347.  Au 
contraire  Saint  Jérôme  dans  (à 
Chronique  »  une  ancienne  infcrip- 
tion  du  même  Concile  »  qui  Ç9 
trouve  dans  un  Manufcrit  de  Su* 
riu$ ,  &  de  Hardouin  ,  les  Ââe$ 
du  Concile  de  Colognç  »  &  Théo* 
dor^t ,  fixent  cette  date  à  l'anp^e 
344.  Or  fuivant  l'Auteur,  ces  Té- 
moins font  préférables  à  Socrate$ 
$c  à  Sozomenes ,  qui  d^s  la  rigueur 
ne  doivent  paiTer  que  pour  uq 

Pb  Vprqnie. 

Cajli  Inmcentis  Anjildi  Ordinis 
PradicaiorHm ,  de  authemiçis  facra-^ 
rnm  fcripturarum  ^  apnd  SS,  Patres 
LeBionihus ,  libri  duo^  ad  S.  D,  Nf 
Ben^ediâum  XIV.  Pondficem  Mai* 
r^ciçium,  Veron»,  1-^47.  i»-4^. 

Auguftin  Caraitpni  ^  Imf^m^yai 


Lîtraîre  de  cette  Ville ,  vient  de 
publier  un  Programme  >  conrenant 
un  projet  d'aflbdatioii  ^  pour  une 
colleftion  d'antiquités  qu'il  fe  pto- 
I  pofe  de  mettre  incefTamment  fous 
la  prefle.  Ce  recueil  comprendra  ; 
1°,  le  Cabinet  de  TAcadémie  de 
Vérone,  dans  lequel  outre  les  inf- 
criptions  &  les  bas  reliefs ,  il  y  à 
6^r6  morceaux  curieux  ;  2  ^,  le  Ca- 
binet de  rUniverfité  de  Turin^Sc 
celui  de  la  Bibliothèque  Impériale 
I  de  Vienne;  3^,  un  recueil  confi- 
^dérable  d'Infcrîptions  Grecques. 
ic  un  plus  grand  nombre  encore 
dlnfcrîptions  Latines,  toutes  choi* 
:  lies  avec  foin  parmi  beaucoup  d'au-^ 
I  très,  L'Editeur  n'a  employé  dam 
ffa  Colledion  aucune  infcription , 
[fans  s'en  être  bien  affuré,  11  a  vu 
Vie  examiné  lui-même  les  pierres 
originales ,  dans  les  divers  pays  de 
l'Europe  ;  &  à  Tégard  de  toutes 
"celles  qui  ont  été  tran  fer  ires  en 
Afrique  &  en  Afie,  il  s*en  eft  aflii-i 
lé  pat  des  voyes  également  cer* 
Il  iij 


7  S  ^'  J^urn^l  des  Sçavam , 
tain^s.  Il  ajoutera  un  recueil  d'ab- 
bréviations  Grecques  &  Latines , 
telles  qu'elles  fe  trouvent  fur  le* 
jDarbres  anciens  ,  avec  leurs  ex- 
plications. Par  ce  moyen  chacua 
pourra  fans  peine  lire  non  feule- 
ment les  Infcriptions  comprifes 
dans  cette  colleâion  ,  mais  auili 
toutes  les  anciennes  Infcriptions, 
Les  bas  reliefs  &  les  autres  antiques 
qui  entreront  dans  cet  ouvrage  > 
font  deflîtiés ,  &  gravés  par  d^habi- 
les  Maîtres ,  &  les  épreuves  qu'on, 
a  déjà  tirées ,  en  font  une  preuve 
fuffifante.  Cette  Colleâion  fera^ 
toute  comprife  dans  un  feul  volu- 
me in^jû^  donc  le  prix  fera  de 
quatre  Setjuins  (  ^6  liv.  environ 
monnoye  de  France  ;  )  mais  ce 
prix  fera  réduit  à  deux  fequins,  ea 
faveur  de  ceux  qui  voudront  s'af- 
focîer  à  cette  entreprife ,  en  payant 
préfentement  un  fequîn  ;  Tautre, 
en  retirant  un  exemplaire  de  l'ou- 
vrage, 

DelU  formd^Une    de  fulmink 


jtvril  Î748.  7Jf 

Ttattato  del  Signor  Marchefe  Sci* 
pione  Majfei^  &c.  in  Verona  preflb 
Giannalberto  Tutnermanni ,  1 747. 
in-^^.  Ce  Livre  eft  un  recueil  de 
quinze  Lettres  écrites  à  divers  Sça- 
vans  de  l'Europe.  Les  onze  pre-» 
miéres  roulent  lur  la  manière  donc 
fe  formel^  foudre.  L'Auteur  pré-» 
tend  qu'elle  fe  forme  dans  des 
lieux  voifins  de  la  terre ,  &  qu& 
delà  elle  monte  en  haut.  U  rap-« 
porte  qu'il  en  a  vu  une  fe  former 
dans  un  voyage  qu'il  fit  en  171;, 
en  Tofcane ,  lorfquil  palfoità  Lu^ 
nigiam.  C'eft  ce  qui  fait  le  fujet 
dé  la  première  Lettre  de  ce  recueil  ; 
qui  fut  imprimée  dès  ce  temps-là» 
&  qu'on  vient  de  réimprimer.  Les 
XIL  &  XHK  ont  pour  objet  les 
Coquillages  &  les  autres  corps  ma- 
rins, qu'on  trouve  fur  les  Monta- 
gnes; &  les  deux  dernières ,  l'éle- 
âricité  des  Corps. 


f^ 


I  uui\ 


|y  5 1     Journal  des  Sfavans , 
P  O  R  T  U  G  A  U 

De    Lisbonne. 

II  s  eft  formé  depuis  quelque 
temps  en  cette  Ville ,  une  nouvel- 
le Académie  ,  fous  la  proteâion 
de  S.  M.  le  Roy  de  Portugal.  Le» 
Académiciens  ont  pris  k  non)  d'Or- 
chIH  ,  &  pour  devife  un  Soleil  cou- 
vert de  nuages,  avec  cette  infcrip- 
tion  :  OccultHS  intenjius  fulget.  Cet- 
te Compagnie  s'eftaflemblée  pour 
la  première  fois ,  dans  la  maifon  du 
Marquis  d'Alkgrete,  &  Dom  Ma- 
nuelIoTeles  de  Silva,  y  a  fait  U 
ibnâionde  Préfident, 

SUISSE. 

De    B  a  s  l  e. 

Tetri  de  Ebulo  Carmen  de  motî^ 
bus  ficuiis  &  rehus  inter  Henricum 
VI.  Imf,  Rom.  &  Tancredum  faculo 
Xll.  gefiis ,  nunc  primum  ex  codi^ 
€e  manujcripto  BMiothecé^  ftiblic^ 


Avril  1748.         7îy 
fitmnps  erutum ,  nùtififHe  chm  cri^ 
ich ,  tkm  hiftùrids  HlHftratmn ,  cam 
S^.  Edidh  Samuel  Engei ,  &c*  Ba- 
il eae  ,  typis  Emmaouelis  Thurnefii» 
\j^6.  in~^^.  Ce  poëme  cjui  n'a- 
[voie  point  encore  paru,  a  été  don* 
(ié  lyr  un  manufcrk  dont  il   n'eft 
point  parlé  dans  la  Bibliothèque 
ju  P,  de  Montfâucon  ,   ni  dans 
elle  de  Fabricius ,  5t  qu'on  croit 
Inique.  Il  ne  comprend  que  trois 
ivres.  Quoique  l'ouvrage  fe  refTen-* 
beaucoup  du  temps  où  il  a  été 
eompofé  ,  ii  mérite  cependant  par 
nouveauté  &  par Ihiftoire  qu il 
>n tient  d'être  recherché. 
X  Rod.  Piftorius  ,  Imprimeur- 
Libraire  de  cette  ViUe^  a  public 
In  programfhe  en  date  du  i  Mars 
^747  >  V^^   lequel    on   annonce 
ju'on  va  entreprendre  ici  par  fouf- 
tription  une  édition  de  la  verfion 
ISj^riaque  de  Tancien   Teftamenr. 
-.être  verfion  n'a  pas  encore  été 
^donnée  feule  ;  &  on  ne  la  trouve 
^ue  daas  k$  Polyglottes ,  dont  le 


^  4    Jourpidl  Aes  S€étVétffs  i 
prix  furpafle  affez  fouvent  les  fa^ 
cultes  des  Sçavans  qui  cultivent  ce 
genre  de  littérature. 

On  fait  efpérer  que  l'Edition  de 
cette  verfion  qui  comprendra  tous 
les  livres  de  l'anden  Teftament, 
reconnus  pour  canoniques  par 
TEgli'e ,  fera  imprimée  fur  de  bon 
papier  avec  de  très -beaux  caraâé- 
res  neufs  ;  qu'elle  fera  revue  avec, 
tout  le  foin  poffîble ,  &  que  les 

5)oints  &  les  voyelles ,  dont  te  texte 
era  accompagné  »  feront  mis  Gt 
exaâement  ,  qu'on  n*y  trouvera 
plus  cette  confufion  &  ce  défordre 
qui  y  régnoient  ci-devant.  Et  pour, 
donner  une  afTurance  encore  plus 
forte  des  foins  qu'on  apportera  k 
cette  édition  ,  on  {fromet  pour 
lécompeafe  un  Thaler  Impérial 
(  6  liv.  environ  monnoye  de  Fran- 
ce )  à  celui  qui  le  premier  y  fera 
voir  une  faute  notable  »  norahile^ 
errât Hw ,  foit  par  rapport  au  texte, 
foit  par  rapport  aux  points  &  aus 
voyelles. 


jivril  T74ÎÎ,  75; 

■*'^omfne  la  dépenfe  nécefïàire 
pour  exécuter  certe  entreprife ,  ne 
pouvoit  manquer  d'être  confîdéra- 
'  ble,  on  a  eu  recours  à  la  voye  des 
foufcriptions.  On  n'a  point  fixé  en 
particulier  le  prix  de  chacjue  vola- 
me;  on  s'eft  contenté  de  deman- 
der que  les  Soufcripreurs  payaf- 
fent  d'avance  ,  deux  florins  pour 
le  Pentateitque  qui  fait  le  premier 
vol,  A  regard  de  la  fuite  de  lou- 
vrage^  on  a  fixé  le  prix  par  feuille, 
à  raifon  de  j  Crf«f<^r  chacune  (  5  C 
environ  monnoye  de  France) fans 
ïTîarquer  quelle  eftlavance  que  les 
Sou(cripteurs  devront  faire  :  TEdi* 
leur  a  remis  apparemment  à  les  en 
inftruire  ,  au  temps  qu'il  fçaura  au 
jufte ,  où  fe  monteront  les  frais  de 
ion  édition. 

Le  même  Prpgïamme  porte 
qu^on  devoit  commencer  à  imprU 
mer ,  dès  que  les  foufcriptîons  fe* 
roîent  parvenues  à  un  certain  nom- 
bre ;  &  qu'au  delà  de  ce  pombre 
on  ne  tirerûit  que  très-péuid' exeriî» 

livj 


7  $  tf  Journal  des  Sçavans  l 
plaires.  Il  porte  encore  que  le  DI^^ 
âionnaire  Syriaque,  auquel  on  tra- 
vaille ,  fera  mis  fous  lapreffê ,  avant 
même  qu'on  ait  achevé  rédition  de 
la  verfion  fyriaque.  Tel  eft  en  fub- 
ftance  le  programme  qui  a  paru 
ici  9  &  dont  nous  n'avons  connoiC- 
fance  que  depuis  peu  de  jours.  On 
y  a  jomt  un  modèle  ,  ou  eflài  de 
cette  nouvelle  édition ,  où  Ton  r&- 
jnarque  avec  plaifir  une  grande 
netteté ,  foit  dans  le  caraâére,  foi( 
âans  les  points  &;  les  voyelles  qiû 
raccompagnent, 

La  nouvelle  d'une  édition  de  la 
verfîon  Syriaque  de  l'ancien  Tefta- 
ment ,  telle  pour  le  fond  que  le 
ppgramme  l'annonce  ,  &  pareillç 
au  modèle  pour  le  caraétére  ,  ne 
peut  manquer  de  faire  un  vrai  plaî« 
iir  à  ceux  particulièrement  qui 
travaillent  fiiir  les  livres  Saints; 
mais  nous  pouvons  dire  que  ce 
plaifir  auroit  été  encore  plus  grand, 
il  l'Editeur  avpit  marqué  quel  eft  ^ 
€tt  quels  font  if»  XEumufcrits ,  donc 


^vrii  1748-  '7$^ 
fe  fert  pour  corriger  les  fautes 
lu  texte  Syrkquedes  Polyglottes. 
'>n  ne  peut  douter  qu'il  ne  puife 
ins  de  bonnes  fources  ;  &  ç'eft 
cette  confiance  qui  fait  encore  fou- 
Saiter  davantage ,  que  non  feuie^ 
nent  il  continue  fes  foins  fur  h 
irerfîon  fyrîaque  des  autres  livres 
lancien  Tt%f|jeat ;  mais  qu'il 
les  étende  auflj  (ut  celle  du  nou- 
i^eau  ^  qui  n'a  pas  moins  befoîtl 
Tune  bonne  réviGon* 

FRANCE. 

De  Montpellieiu 

j4£}mèlce  publique  di  U  Smité 

^cjale  des  Sciences  ,  tenue  dans  Is 

rCrafîde  Salle  de  l'Hôtel  de  Viiie  di 

MompfUier ,  en  prtfemc  des  Etats 

de   U   Province   de   Lénnguedoc   la 

^  Décembre  i74(î.  Derjmprime- 

de  Jean  Martel  Imprimeur  du 

loy  ^  des  Etats  Généraux  de  Lan- 

,  &  de  la  Soctété  Royale 

ie$  Sciences,  1747.  ^^-4**«  Mi 


■ 


^.58    J^^^^t  ^^^  S^étvam ^ 

Jnéces  qui  compofent  ce  re^ri 
ont  :  !<>•  l'Eloge  de  M.  du  ^ 
tixi  ;  2o.  Mémoire  fur  le  V^/> 
^'Alais,  par  M.  l'Abbé  de  ^aim, 
ges;  30.  Mémoire  où  Ton  zSoi^ 
les  diâerences  du  volume  , 
poids,  de  la  confidence  &  de  1',^ 
rangement  du  cerveau  de  l'homaie 
&  de  celui  de^jlufteurs  efpéces  dV 
nimaux,  avec  le  rapport  qui  fe 
trouve  entre  ces  cfifférences  &  la 
diverfité  de  leurs  exercices  ,  pai 
M.  Arlet  ;  4®.  Extrait  du  Mémoi- 
re de  M.  Douillet  D.  M,  inmulé: 
Projet  d'obfervations.  pour  déter- 
miner le  caraâére  &  le  traitement 
des  maladies  aiguës ,  tant  ordinai- 
res qu'extraordinaires  »  dans  la 
Province  de  Languedoc;  5^.  Mé- 
moire fur  le  danger  des  Inhuma- 
tions dans  les  Eglifes  :  par  M.  Ha- 
guenot.  On  rendra  compte  de  cet 
ouvrage  avec  l'étendue  convena^ 
hï'^ ,  dans  un  des  Journaux  fuivans; 
'*■  D  E     M  E  T  2. 


9iarzis  traffam  y  fcriptum  per  R.  P^ 
Fr.  F,  Dom  Brullaugham  S.  Ord. 
Frxd.  antiquum  Miffionarium^édki^^ 
2.  Métis,  typis  Francîfci  Antome^. 
X747,  in^i^^ 

TraSatHS  de  Mijfionibus  adprâ^ 
fagandam  fidem  ,  &  conterfiontfm' 
Infidelium  &  Héoreticontm  infii^^ 
tuendis...  Auâore  Rev.  SiïVL.TK , 
Ph.  Rovenio,  Archiepifcopo  Phî-^ 
lippenG  Vicario  Apoftolica  Métis  ^ 
typis  Franeifci  Antoine  ,  ,1747^^ 

De    P  a  r  1  $: 

p.  Prault,  Imprimeur-Libraire  jl^ 
Quay  deGefvres»  &  Jacqi^Bai^ 
rois,  Libraires ,  Quay  des^Augi»^, 
ftins ,  débitent  le  Caralaguc-  rmfiny 
né  des  Tableaux  ,  Diamans  ^  Ba^^ 
gués  de  tome  efpéce ,  Bijoux  ,  fÎT: 
autres  effets  provenons  de  iajucceffiott: 
de. feu  M.  Charles  Godefroy  »  Bas^^ 
quier  &  Jouaillier ,  par  E.  F»  Geyri 
làint.  Cette  vente  commencera  te! 
I^undi  de  la  J^ua/modo  ^  iz  ik"^ 


7(Jo  .  JoumMl  des  Sçavans^ 
X745 ,  &  continuera  les  fours  fiiî-  ^ 
vans  fans  interruption  ,  dans  les 
falles  du  Couvent  des  grands  Au-- 
guftins,  1748. />- 8^. 

Les  mêmes  Libraires  débitent 
pareillement,  le  Catalogue  des  bron^ 
Kjèr ^  ^  autres  cwfiojités  anticjues ^^ 
tant  Egyptiennes  ,  (jue  Grecques  , 
Romames  ,  &  Gauloifes  y  des  mé^] 
dailles  antiques ,  &  modernes  en  or^ . 
en  argent^  &  en  bronj^e  ^  des  Mt-^ 
àailliers  ,  &  des  autres  effets  curieux 
du  Cabinet  de  feu  M.  de  Valois , 
jintiquaire  du  Roy ,  ^  Penfionnaire 
de  C Académie  des  Belles^  Lettres^ 
dont  la  venté  fe  fera  vers  la  fin  du 
Carême  de  cette  année  1748» 
dans  la  maifoh  où  il  eft  décédé ,  Ifle 
S.  Louis ,  par  E.  F.  Gerfaînt, 
1748.  ///-8®.  Comme  l'Auteur 
n*a  pas  eu  le  temps  de  donner  à  ce 
Catalogue  l'étendue  que  le  détail 
ctrconftancié  de  quelques  efiêts  de- 
mandoit ,  il  avertit  ceux  qui  fou- 
baiteroient  avoir  quelques  éclair-:- 
ciflèmens  à  ce  fujec ,  de  s'adreSèr  à 


Avril  1748*         7^U 
û  en  fa  maifon  fur  Je  Panr-Notre- 
Dame. 

Il  eft  peu  d'ouvrages  périodl- 
lijues  où  l'on  n'ait  fait  menrion  de 
VU  célèbre  découverte  qu'on  a  faite  ^ 
d'une    Ville  fouterraine    dans  le 
[Royaume   de   Naples  ,  près   du 
[Mont  Véfuvei  &  on  a  déjà  répao- 
Ldu  pi  ufîeurs  écrits  fur  les  antiques 
[curieufes  qu'on  y  a  trouvées;  il  ne 
paroit  pas  douteux  qu'on  n'y  en 
rouve  encore  beaucoup  d'autres. 
)n  vient  de  publier  fur  le  même 
^fujet,  vine  brochure  quia  pour  ti- 
tre ;  ÂiéfmirejkrU  Fille  fiuîerrainê 
^éiOHverte^upUddi^  Mont  Vtfwuê^ 
le  l'Imprimerie  de  Cl.  HérifTant, 
ae  neuve  Notre-Dame ,  à  la  Croix 
rOr  ,  &  au  trois  Vertus,  1748* 
F7-8^.  On  en  rendra  compte  incef^ 
imment  dans  ce  Journal, 

R^mil  de  différens  Trains  d^ 
^hjfiquf  &  d*fJîJhirr  NatftreUf  ^ 
fùpresàpirfe^ionnerccs  deux  Scien^ 
r,  par  M,  Deflandes,  Chez  X  F, 
luiUau  ]  Fils  »  Libraire  ,  rue  S» 


^€t  Jourrtdâes  Sç4v4nSi 
Jacques ,  vîs-à-vîs  celle  des  Matu^ 
tins  ;  de  llmprimerie  de  J.  Bé  CoU 
gnard ,  1 748.  îrt- 1 1.  Comme  cet 
ouvrage  parolt  pour  la  féconda 
fois ,  &  que  cette  édition  eft  aug« 
mentée  de  plufieurs  nouveaux  trai- 
tés, nous  donnerons  ici  les  titres 
de  tous  ceux  qui  la  compofent:- 
1^.  fur  la  manière  de  conferverlcs 
grains ,  &  de  faire  des  greniers 
publics ,  avec  des  obfervations  qui 
dévelopent  la  ftrudure intérieure, 
&.  le  caradére  de  ces  grains ,  avec 
un  fupplémçnt  au  mêuîe  traité  ;^ 
7.^.  fur  la  prompte  végétation  desf 
plantes ,  avec  des  remarques  tirées 
de  différens  Auteurs  ;  5^.  fur  la 
pêche  du  Saumon  ;  4°.  fur  les  fym«* 
pathies  &  les  antipathies  ,  avec 
quelques  remarques  de  Phyfique 
&  d'Anatomie  pour  expliquer  ce 
qu'elles  font  ;  5  o.  fur  diverfes  par- 
ticularités d'Hiftoire  Naturelle , 
qui  regardent  l'Angleterre ,  l'Ecof^ 
ie,  &  riflande.  tirées  des  Tranfa- 
âions  Philofophiqûes;  <S^,  fur  la 


manière  de  faire  des  ex* 
fcnences ,  fur  tes  précaucionsqu'eU 
ï demandent,  &  fur  le  peu  d'eftU 
me  que  méritent  la  plupart  de  ccU 
les  qui  ont  été  faites  jufqu'ki;  7^, 
fur  les  difgraces  qu  effuya  Galilée , 
pour  avoir  foutenu  que  le  Soleil  eft 
placé  dans  le  centre  au  foyer  com* 
jnun  de  notre  Monde  planétaires  Se 
be  la  Terre  tourne  autour  de  lui. 
^Les  Tomes  XL  &  XIL  de  h 
Bibliothèque  Françmfe  ,  ou  hijhir^ 
de  U  Lintmmre  Frap^^oifi ,  par  M^ 
l'Abbé  Goujet  ,  Chanoine  dç  S, 
Jacques  rHôpjta] ,  paroînent  chez 
P,  J.  Mariette ,  &  H.  L.  Guerin^ 
Libraires  »  rue  S.  Jacques,  1747  » 
&  1748,  '«-ii. 

^  La  Veuve  David,  Libraires  rue 
K  la  Huchette  ,  vient  de  mettre 
K  jour  deux  brochures^  la premié-^ 
f e  eft  un  Efai  de  Dijfertatim  Me-- 
ico-PhjJ?^He  ^  fur  tes  exj?ériences 
\i*  fJefirkné  ^pûurrépman  a  l'em^ 
frfjfêmem  iU  toute  i'Eîfrope  k  en  dé* 

fi  cmfc ,  pii  M,  Olivier  dft 


*^(f  4  J^fff^^l  J^^  Sçavans  ; 
iVilleneuve ,  de  U  Faculté  ^c  Mé«* 
decine  de  Montpellier ,  Médecin 
de  la  Ville  &  de  l'Hôpital  de  Bou- 
logne.  Cet  EfTai  a  été  expliqué  par 
le  même  Auteur  ^  dans  la  falle  des 
exercices  de  l'Oratoire  de  la  Ville 
de  Boulogne  ,  le  27  Décembre 
1747.  0\^  a  imprimé  à  la  fuite  de 
cet  Eflai,  une  lettre  d'un  P.  de 
rOratoire  à  l'Auteur  en  date  du  30 
Décembre  1747.  La  féconde  Bro- 
chure eft  \xcit  fuite  du  mémoire  fur 
VEleElricité,  1748. /V/-8^. 

On  a  publié  il  y  a  déjà  quelque 
temps ,  un  Programme  qui  annon- 
ce qu'on  travaille  à  un  ouvrage  en 
4  vol.  /»-4<>,  intitulé  :  DtfHon?7ai'> 
re  Vniverfii ,  Hiftorique^  Chronolo^ 
gicjue ,  Géographique ,  &  de  JuriJ^ 
prudence  Civile ,  Criminelle ,  &  de 
Police  des  Mar échauffée  s  de  France , 
contenant  VHiftoire  des  Connétables 
f^  Maréchaux  de  France^  depuis  le 
commencement  de  la  Monarchie ,  &c. 
Chez  G.  F.  QuDlau ,  Père  ,  Chau-. 
t)er,  de  NuUy  »  Débats.  QuiUau/ 


me  Jtvril  1748.         7(ffj( 

pils ,  Bauche*  L'Auceiir  s'eft  pro* 
bofé  de  compofer  un  ouvrage ,  quî 

3US  la  forme  d'un  Dldionnairç^ 
Contint  néanmoins  un  traité  Hif- 

mque  t  étendu  8c  approfondi  d© 

Furirpi  udence  fur  les  Connétables 

Maréchaux  de  France ,  fur  leurs 

[droits,   fondions  en  Guerre,  Sc 

lors  Guerre ,  le  Tribunal  ;  fur  les 

laréchâuilees  anciennes  &  nou- 
irelles  .leur  création  ,  leurs  droits; 
lonôions ,  privilèges,  compétence,' 
^s  lieux  de  leurs  rciidences  »  avec 
kn  traité  particulier  desPrélidiauj^' 
p  a  joint  à  fon  ouvrage  une  corn-* 
^ilation  Chronologique  des  OH 
lonnances,  Edits  ,  Déclarations; 
.ettres  Patentes  de  nos  Rois,  deH 
^uis  la  troifiéme  race  »  Arrêts; 
légkmens  &  Décifions  touchant 

ëtte  matière  ;  avec  les  indicadoos 

icaâes  des  fources  où  il  a  puifé  Sc 
iii  fe  trouvent  non  feulement  ces 
mêmes  Ordonnances  ,  mais  aufl! 
[ouce^  les  citations  &  les  preuves 

f inemployées,  U  vient  oe doqj^ 


^6'S     Journal  des  Sçavans , 
fier  au  Public  le  premier  volum 
de  ce  Diâionnaire  »  dont  on  ren 
«Ira  compte  dans  un  des  premîei 
Journaux. 

(ouvres  de  TWâtre  de  M.  d 
Boiffi,  Tome  8  &  j^.  A  Paris  ,rA^. 
Jactpies  Clou/ter ,  rue  S.  Jacques, 
l'ECU  de  France ,  1 7  48 .  /»- 1 1 .  Cha 
cun  de  CCS  Tomes  comprend  ; 
Comédies  en  Vers. 

On  trouve  dans  le  8^  PameL 
9n  France ,  ou  la  Vertu  mieux  éprou 
"vée^  en  $  Aôes  ;  lafêteétAuteuil 
im  iafaujfe  meprije^  5  Aftes,  &! 
TSage  étourdi ,  en  5  Aftes. 
'  Le  9«.  contient  le  Médecin  pa 
tccafion ,  en  5  ^étes  ;  la  Folie  dt 
fOur,  en  un  feul  Aâe  ;  enfin  / 
Plagiaire  en  5  Aâes.  Cette  def 
îiiéf  e  pièce  eft  fuivie  de  8  page 
de  notes ,  pour  les  chanfons  &  Ij 
fimphonie  répandues  dans  les  | 
Àâes. 

On  trtmwe  encore  chez  Jacque 
t^loufîer  PuipçUon  Mentor  ^  ou  l 
TTfjbPfnaque  moderne \^T^i%  /«-il 
Ifimx  parties^ 


^vril   1748,  7^^ 

-e  VL  Tome  du  néâtre  An* 
his  ^  parait  auOi  depuis  peu  che^ 
même  Libraire ,  1748,  1//-12. 
Debure  1  aîné ,  Libraire  ^  Quay 
les  Auguftins  à  l*image  de  S, Paul; 
ious  prie  d'avertir  le  Public  qu'il 
aôuellement  propriétaire  de 
|*ouvrêge  de  M.  Bruhier  »  Dofteur 
Médecine ,  intitulé  »  Dijfena^ 
ion  jkr  Vinccnuuâe  Àet  fignts  de 
\  mûTi^  f^  tahus  des  Emtrreming 
em^aumcmem  précipités  ^  %  ?oI, 
-II,  Ces  deux  volumes  reliés  fe 
(rendent  j  liv,  il  vend  féparémcnt 
fécond  volume  relié  1  liv»  i  o  C 
)n  trouve  aufli  chez  lui  le  Hém&i^ 
'  que  le  même  Auteur  a  eu  rjîon^ 
[leur  de  préfenrer  au  Roy  ,  {hy  U 
éce0ié  À* un  Régkmem  général  m^ 
ftjei  des  Emerrtmens  &  embaume^ 
mens.  Brochure  in- 1  2  de  i  %  £  noEïs 
croyons  que  cette  note  étant  plus 
détaillée ,  fera  plusde  plaifii  gcfera 
'  plus  utile  aux  Lecteun* 


7<?8    Journal  des  Sçavans  , 


TABLE 

Ï>ES  ARTICLES  CONTENUS 

dans  le  Journal  (TA vril  1 748* 

ç  VITE  Au  premier  Time  defHi* 
^  ftoire  générale  \  Sec.  J79 

'Hifteire  de  S  Académie  Rûjale  des 
Sciences  ^icc.  60% 

Cours  de  BeUes-^  Lettres^  &c.    6i9 
litres  contenant  dej  Effais  9  &c. 

F  ailes  nwvelles ,  &c  6  C'y 

-Théorie  dàs^tmimcru  agréables^  &c« 

d85 
Atm^lMcretius  five  de  Deo  &  Na^ 

titra ,  &c.  704 

La  théorie  de  la^atique^  &C.  72  x 
JNmveltes  Littéraires^  &c     757 

Fia  de  la  Table. 


DES 

sçavans. 

POUR 

'  May. 


'       )     i 


.::..;--^:-^- 


.    ,>'' 


Il 


^=^?* 


L    E 

JOURNAL 

DES 

ISCAVANS. 

M  A  Y  M.  DCC  XLVIII. 

[NICOLAI  CRAGII  AN- 
NA L I U  M  Libri  fex ,  quibus 
res  Danicx  ab  excefiu  Régis  FrU 
derici  L  ac  deinde  à  glorijfiflîmo 
Regc  Chriftiano  lit.  gcflx  ad 
annum  ufque  MDL,  enarrari' 
cur.  His  additi  Stephani  Jo,  Ste- 

Shanii  Hiftoriae  Dantcaî  libii 
PO.  qiiîbusrelic|iîalaudati(rtfliî 
Régis  ada  defcnbunrur  ,  cum 
j^xxfatîone  »  Indîcibus  ,  &  aliîf 
quîbnfdam  acceffioiùbTO.  "S^A-i 


77 *  Jot^rnal  des  Sçavéns , 
nîae ,  apud  Viduam  Hîeronymî 
Chriftiani  Pauli ,  1 7  $7.  Cest- 
A-DIUE  :  Lesfix  Livres  des  An^ 
nales  de  Nicolas  Cragius  ,  dans 
lej^uelles  on  raconte  ce  qui  s'ejl 
fajféde  plus  remarquable  en  Dan^ 
nemarck^^  pendant  le  régne  du 
très -^  glorieux  Roy  Chriflian  III. 


,^  tyaajoHtei  ,^ 

vres  de  VHifloire  Danoife ,  par 
Etienne  ,  fils  de  Jean  Steph  a- 
Mius ,  qui  a  décrit  le  refle  de  la 
vie  du  Roy  Chriftian}  avec  une 
Préface ,  des  Tables^  &  d'asUres 
pièces.  A  Copenhague ,  chez  la 
Veuve  de  Jérôme  Chriflian 
Paul,  1757.  i^'f^l*  PP*  47 ?• 
fans  la  Préface,  les  Additions , 
&  les  Tables. 

Quoiqu'il  y  ait  plus  de  dix 
ans  que  ce  Livre  a  été  donné 
au  Public^  nous  avons  cependant 
IJeu  de  croire,  qu'ayajit  étéipaori- 
mè  $n  Dannemarck  »  il  auj:a  k  fflé*^ 


E 


May  1748.  77  JT 

'rite  de  la  rtouveaucé  pour  la  plu- 
part de  nos  Lefteurs  ,  &  que  les 
Sçavans  qui  ne  le  Connoifiènt  pas 
'encore  ^  nous  fçaurons  gre  de  la 
notice,  que  nous  leur  en  allons 
tlonner.  Chriftiân  ni"^,  ^'eft  rendu 
fi  illuftre  par  fes  vertus  ,  par  fes 
grandes  aftions ,  &  par  la  fagefle 
lie  (on  gouvernement  i  &  Ton  ré- 
gne tournîc  tant  d*événemens  re- 
niarquables ,  que  les  monumens 
originaux  ,  qui  en  ont  confervé 
tHiftoire  j  doivent  non  feulement 
exciter  la  curiofîté  des  Sçavans, 
mais  ils  peuvent  être  encore  exttc» 
mement  utiles  &  intéreffans  aux 
Leifteurs  de  toutes  elpéces,  Plu* 
fleurs  Ecrivains  ont  fait  mention  de 
Chriftian  111%  ils  nous  ont  appris 
divers  événemcns  arrivés  fous  (on 
régne  ^  mais  la  connolfTance  qu'ils 
nous  en  ont  donnée  eft  bien  im- 
parfaite ,  en  comparaifon  de  celle 
3u'an  en  trouve  dans  les  Anrjalej 
e  Nicolas  Cragius ,  &  dans  THi- 
ftoire  d'Etienne  Stephanius;on  peut 
même  affurer  que  la  çVù^^xx  4is:i. 


7  74    J^^^^  ^^^  Sçavans , 
faits  concernant  ce  régne,  que  dinz. 
férens  Hiftoriens  ont  publiés,  oa^ 
été  copiés  fur  ces  deux  monument  ^ 
On  aura  peut-être  de  la  peine  ^ 
imaginer ,  comment  il  a  pu  arriver^ 
que  des  ouvrages  fi  dignes  de  voir 
le  jour ,  foient  demeurés  fi  long- 
temps  dans  l'oubli.   C'eft  ce  que 
M.  Grammius  Danois  de  Nation , 
Editeur  de  ces  Annales  »  nous  ap- 
prend  dans  une  longue  &  fçavante 
Préface  »  où  il  rend  compte  non 
feulement  du  fort  de  ces  livres  & 
des  obftacles  qui  en  ont  empêché 
la  publicaticm ,  mais  il  fait  encor a 
connoître  le  caradére,  le  mérite» 
&  la  vie  des  Auteurs  qui  les  ont 
compofés. 

.  CommecettePréfaceeftde  I20 
pages ,  &  qu'elle  contient  différen- 
tes remarques  &plufieurs  faits ,  qutr 
ont  rapport  à  Thiftoire  Littéraire, 
nous  en  ferons  le  fujet  de  cet  ex- 
trait ,  remettant  au  prochain  Jour- 
nal à  donner  la  notice  de  l'ouvrage 
même. 

Quelques  recherches  que  TEdi- 


'May  1748-  ^  77 f, 
teur  ak  falies  pour  découvrir  l'an- 
née de  la  naiflance  de  Cragius  ,  U 
n  a  pu  trouver  aucun  monument 
qui  la  lui  ait  indiquée  ;  dlverfes 
circonftanceslui  ont  fait  cependant 
conjeâurer  que  ceSçavant  étok  né 
avant  l'an  1549*  On  ignoroit  mê- 
me ,  dit- il ,  les  noms  de  fon  pere  ôc 
de  fa  mère,  fans  la  vie  de  fon  frère 
André  Cragius  Médecin  célébré,' 

»qui  eft  rapportée  aflez  au  long  dans 
les  Mémoires  de  rAcadémie  de 
Copenhague.  Mais  ce  que  Ton  fçaït. 
de  certain  ,  c*eftque  Cragius  fit  des 
progrès  fi  rapides  dans  les  lettres;- 
qu'on  le  jugea  digne  quoique  très- 

P jeune,  de  remplir  une  Chaire  de^ 
Profefleur  dans  TAcadémie.  Pour 
juftifier  ce  choix  »  îl  compofa  une 
Grammaire  Latine  remplie  d'ex^ 
cellenresobfêrvationSj  i^ beaucoup 
plus  méthodique  j  <jue  celles  qui 
avolent  paru  jufqu'alors.  Après  s'ê- 
tre acquitte  de  cet  emploi  pendant 
quelque  temps  avec  beaucoup  de 
diûinâlon ,  il  forma  le  defTein  de 
K  k  iiij 


77^^  J^^rfuldes  Sçdûans  ; 
voyager  pour,  icquérir  de   plus 
grande;k>conndifrances.    : 

Il  vint  en  France  où  il  fe  lia  d'à:-*: 

initié  avec  Scaliger ,  comfne  il  s'en 

glorifie  lui-même  dans  le  fécond  li-* 

vre  de  fa  République  des  Lacédé- 

xnoniens ,  ouvrage  qu'il  compofa 

dans  la  fuite  &  qui  lui  acquit  beau^ 

coup  de  réputation.  Pendant  Id 

féjour  qu'il  fit  en  France»  il  parta«« 

gea  fon  temps  &  fon  application 

entre  l'étude  des  Belles- Lettres  & 

celle  de  la  Jurifprudence  ;  il  prit 

des  dégrés  en  Droit  &  fe  fit  Doâeur 

de  la  Faculté  de  Bourges.    On 

j^t  combien  l'étude  du  Droîc 

fiormbit  en  ce  temps*là  dans  ce 

Royaume  »  &  quelle  eftime  les 

Etrangers  avoiégt  pour  ceux  de 

leurs  Concitoyens  ,  qui  rappor- 

toient  chez  eux  le  titre  de  Do- 

âeur.  Craglus  ne  fut  pas  plutôt' 

de  retour  en  Dannemarck ,  que  la 

place  de  Reâeur  de  l'Académie 

de  Copenhague  »  étant  devenue 

:vacante,  on  la  lui  déféra  >  &  il  fut 


m. 


May   1748.  777, 

Fïirgé  en  même  temps  dcnfeignec 
les  Lettres  Grecques* 
Mais  le  Chancelier  Kaas,  qui 
moic  &  protégeoit  alors  les  gens 
e  Lettres  ,  ayant  eu  occafion  de 
:onnoitre  les  taletis  fupérleurs  d© 
ragius  ne  voulue  pas  qu'un  hom- 
e  de  ce  mérite  demeurât  renfer- 
é  dans  le  Cabinet  >  &  fe  bornât 
^  rinftrudlon  de  la  jeuneOe;  il 
le  jugea  propre  aux  négociations 
s  plus  délicates ,  &   au  manie- 
ent  de"!  plus  importantes  affaires 
ide  l'Etat.  C'étoit  la  coutume  dans 
ce  fiécle  »  non  feulement  en  Dan- 
emarck ,  mais  dans  la  plupart  des 
'tats  deTEurope,  de  joindre  aux 
erfonnes  de  qualité  ,  qu  on  avoit 
cKoifi  pour  Ambaffadeurs ,  un  hom- 
me de  Lettres,  exercé  à  écrire ,  3C 
qui  on  avoit  reconnu  de  la  dex- 
ricéSc  du  talent  pour  les  aifau-es^ 
Se  ce  Sçavant  étoit  ordinairement 
hargé  de  tout  le  travail,  L  occa- 
_ioii  d*employer  Cragîus  ne  tarda 
pas  à  fe  prctenter.   Il  fut    donné 
pour  fécond  à  Stenoa  Eilde  ^Hqkû»^. 


77  ^  Journal  des  Sçavanr  , 
me  de  la  première  Noblelfe ,  (Jne 
Çhriftian  IVe»  envoya  en  Ecoflè  » 
en  qualité  d^Ambaffadeur..  Il  s'agit- 
foit  dans  cette  Ambaffade  de  don- 
ner fatisfadion  à  Jacques ,  Roy 
tfEcofle ,  qui  ayant  cpCHifé  la  Prîn* 
cefle  Anne,  fille  de  Frideric  fécond» 
Roy  de  Dannemarck  &  de  Nover-- 
ge ,  fe  plâignoit  du  peu  de  rerenu^ 
qu'il  retîroit  des  grandes  terres 
qu'on  avoir  données  en  dote  à  la 
Reine  fa  femme  ,  &  qu'on  avoit 
évaluées  en  argent.  Cette  affaire 
étoit  fort  embrouillée,  &  il  n'étoît 
pas  aifé  de  découvrir  d'où  procé- 
doit  la  diminution  qui  fe  trouvoit 
dans  le  produit  de  ces  terres.  Après, 
bien  des  recherches ,  Cragius  trou- 
va que  le  Chancelier  d'Ecoffe  ap- 
pelle, MetelUnns ^ïïétcÀt  pas  fi- 
dèle dans  fes  comptes ,  &  il  prouva 
au  Roy  qu'il  étoit  trompé  par  fon 
Miniftre  &  fes  Gens  d'affaires. 

Pendant  la  mên>e  Ambaffade; 
îl  rendit  au  Roy  d^Ecoffe  le  fer- 
vice  le  plus  fignalé.  Le  Comté 
J/anpis  Bothuell  ^  à  U  tête  d'ua 


I 


I 


May  1748.^  77^ 
Peuple  féditieux»  s'écoit  avancé 
vers  le  Palais  pour  y  encrer  par 
force,  Cragîus  averti  du  danger  #' 
où  etoic  expofée  la  vie  du  Roy  & 
de  la  Reine  ,  s'oppofa  aux  efforts 
du  Comte  ,  &  prit  de  fi  juftes  me- 
fures,  qu'il  fauva  le  Roy  &  la  fa- 
mille Royale.  Il  donna  en  fuite  de 
fi  fages  confcils  à  ce  Prince  ,  que 
le  Comte  rebelle  fe  vit  en  peu  de 
temps  forcé  de  fe  foumettre ,  & 
d*accepter  toutes  les  conditions 
QU*on  voulut  lui  impofen  Ces  bons 
fervices  de  Cragius  font  attelles  par 
une  Lettre  que  Jacques ,  Roy  d'E- 
code ,  écrivit  quelque  temps  après  à 
Chriftîan  I  Ve,  M.  Grammius  a  rap- 
porté cette  Lettre  dans  fa  Préface. 

Le  Roy  de  Dannemarck  affb- 
cia  depuis  le  Do6te  Cragius ,  à  di- 
verfes  Ambaflàdes.  Il  l'envoya  ea 
Angleterre  ,  au  Cotîgrés  d*Emb* 
den  ,  &  en  Pologne  par  deux  dif- 
férentes fois.  Quelques  diftraftions 
que  les  négociations  &  les  affaires 
publiques  caufaffent  à  notre  Sça- 
vant  3  il  ne  perdit  jamais  de  yua 


7  8  o  Journal  des  Sçavam  i 
les  Lettres  qui  faifoient  fa  pafCotl 
dominante.  Il  compofa  difTérens 
Ouvrages,  &  cntr'autres  les  qua*- 
tre  Livres  de  la  République  des 
Lacédémoniens,  que  quelques  Sça* 
vans  ont  mis  en  parallèle  avec  la 
République  d'Athènes ,  par  Sigo- 
nius.  Ubbo  Emmius  n'en  a  pas 
porté  un  jugement  tout^à-fait  fî 
favorable;  comparant Fouvrage de 
Cragius  avec  celui  de  Sigonius ,  il 
a  dit,  que  Cragius  Danois  avoit 
montré  autant  de  hardieflè  &  d'in- 
duflrie  que  le  fçavant  Italien ,  mais 
qu'il  auroit  été  à  fouhaiter  que  le 
iuccès  eût  répondu  à  la  grandeur 
de  Tentreprife ,  pari  anju  &  indh-- 
flria ,  utinam  pari  ^uoque  felidtate» 
Kekermannus  &  Goringius  ont  par- 
lé de  cet  ouvrage  avec  trop  de 
mépris.  Notre  Editeur  fe  récrie 
contre  leurs  cenfures.  Mais  il  fait 
obferver  en  même  temps ,  que  fî 
Cragius  n'a  pas  donné  à  fon  traité 
toute  la  perfeâion  dont  il  étoit 
fufceptible  ,  c'eft  qu'il  manquoit 
des  iecottfs  Qéceinuj;es. 


L'ouvrage  qui  devoit  lui  faire  le 

plus  d'honneu  r  ^  c  eft  celui  que  nous 

annonçons  dans  cet  extrait.  Mais 

k  mort  empêcha  qu'il  ne  fût  ache- 

,  vé ,  &  le  ntialheur  voulut  qu'il  tom- 

Ibât  enfuite  entre  les  mains  de  gens 

|quî  fongérent   plutôt  à   en    tirer 

avantage  pour  leur  propre  gloire 

qu  a  en  faire  honneur  à  Cragius, 

V  oici  félon  notre  Editeur  à  quelle 

occasion  Cragius  fe  détermina  à 

[entreprendre  cet  ouvrage^  Arnold 

LHuitfiddi  Sénateur  &  Chancelier 

[de  Dannemarck,  venoit  de  publier 

les  Mémoires  qu'il  avoit  compofes 

I  €11  langue  Danoife ,  fur  le  régne 

>de  Chriflian  IIK  Ce  Seigneurie 

I  plaignoit  dans  fa  Préface  ^  de  ce 

Su*enire  tant  de  Sçavans ,  que  le 
Loyaurae  produifnit  tous  les  jours , 
laucun  ne  s'appliquât  à  écrire  Thi- 
loire  de  fon  pays.  Il  ajoutoit  mo- 
leftenient ,  qu'il  fentok  bien  que 
f fon  ftyle  émit  fort  au^deflbus  delà 
dignité  de  fon  fujet ,  mais  que  fon 
unique  but  en  publiant  les  McmoU 
res  ■  avoit  été  d'encourager  quel^ 


^  8 1     Journal  des  Sçavans  ; 

que  Sçavant  par  fon  exemple  à 

compofer  en  Latîn  une  Hiftoire 

Sui/ût  digne  du  régne  de  Chri- 
îan  IIK  II  n'en  fallut  pas  davan- 
tage pour  déterminer  Cragius  à. 
une  fi  belle  entreprife  :  Il  commen- 
ça dès  lors  à  rarfembler  de  toutes 
parts  les  monumens  &  les>^piéces 
qui  pouvoient  fervir  à  la  comj)0- 
fition  de  fes  Annales.  II  y  travailla 
pendant  les  fix  dernières  années 
de  fa  vie  ;  mais  les  devoirs  Acadé- 
miques &le  foin  des  affaires ,  dont 
lia  Cour  le  chargea ,  lui  ayant  en- 
levé la  plus  grande  partie  de  fon 
temps ,  il  ne  put  conduire  fon  ou- 
vrage ,  que  jufqu'à  la  dix-feptiéme 
année  du  régne  de  Chriftian  ;  les 
neuf  années  reftantes  de  la  vie  de 
ce  Prince  ont  fait  la  matière  des 
deux  livres  de  Thiftoire  Danoife, 
par  Etienne  Stephariius. 

L'exemplaire  de  Cragius  fut  re- 
mis à  Jonas  de  Vénofa ,  quiluifuc- 
céda  dans  l'emploi  d'Hiftoriogra- 
phe.  Mais  Jonas  plus  curieux  des 
antiquités  de  Dannemarck  ,  que 


rP  Méy  174S.  *f%f 

derHiftoîrt;  Moderne»  ne  firaucoii 
ufage  du  travail  de  Cragius,  Ce 
jiianufcrk  pafla  enfuke  entre  \^% 
mains  de  Lyfchander ,  &  après  ce- 
luUci  »  en  celles  de  Jean  MeurfmSi; 
M  ah  Fun  &  Tautre  de  ces  Sçavans^ 
abuférent  du  dépôt  qui  leur  ayoît 
été  cootîé  ;  car  non  feulement  ils» 
ne  fe  niirent  pas  en  peine  de  faire 

P  honneur  à  la  mémoire  de  Cragius  i 
en  conigeanc  fon  ouvrage ,  &  cïî 
le  donnant  au  Public  fous  fon  nom  s 
mais  ils  ne  fongérent  qu'à  s'^appro* 
prier  par  un  indigne  plagiat  ,  la 
colleâion  des  monumens  hiftori- 
ques  ,  qui  avoir  coûté  tant  de 
veilles  &  de  recherches  au  (çavanr 
Danois.  Au  refte  la  conduite  de 
Meurlius  à  cet  égard ,  eft  bien  dif-^ 
férente  de  celle  de  Lyfchander,: 
Meurfîus  n*emprunta  des  Annales 
de  Cragius  que  la  matière  &  les 
faits  hiftoriques  \  on  pourra  recon- 
noitre  que  l'hiftoire  de  Danne* 
marcfc  ,  qu*il  a  commencera  I9 
mort  de  Fridérîc  !•  &  qu'il^coiî* 
duice  jufqua  Taoïiée  %\%^  o&di£\ 


^784*  J^^^^l  àes  Sçavans , 
fére .  point  de  celle  de  Cragîus 
quant  au  fond  des  chofes  :  mais 
feftyle  en  eft  tout  différent,  Meur- 
fius  s'eft  fervi  de  la  manière  d'é- 
crire qui  lui  étoit  proprô ,  il  a  mê- 
me rendu  plufieurs  traits  d'hiftoi- 
re  en  moins  de  mots  que  Cragius, 
Enfin  on  reconnoit  Meurfius  dans 
fon  Hiftoire  Danoife  par  les  mêmes 

i^txaits  &  caradéres ,  qui  le  diftin- 
guent  dans  plufieurs  autres  Hifloi* 
jses  qu'il  a  données  au  Public. 
-  Notre  Editeur  s'étonne  que 
Meurfius  ayant  entre  les  mains  les 
adverfarU  de  Cragius  &  plufieurs 
autres  monumens  rafTemblés  par 
Lyfchander ,  il  n'ait  pas  continué 
rhifloire  du  régne  de  Chriflian,  & 
&  qu'il  l'ait  bornée  à  l'an  1550, 
Ne  leroit-cepas ,  parce  que  n'ayant 
plus  de  guide  pour  la  contexture 
des  faits ,  il  lui  auroit  coûté  trop 
de  peine  pour  en  créer  une  auili 
élégante ,  &  auffi  fenfée  que  celle 
qu'il ,yoit  trouvée  dans  les  Anna- 
les djflragius,  ou  qu'étant  abfor- 
bé  dans  la  Philologie  il  n'a  plus 

jroulu  s'en  dillraireî 


I 


Lyfchander  n'a  pas  cté  fi  mo-#' 
defte  que  Meurfius:  voici  m  peu 
de  mots  lldée  que  nous  en  donne 
l'Editeur*  Claude  fils  de  Chrifto- 
phe  Lyfchander  »  écok  Miniftre 
d'Herfûgelbourg  de  la  Seelande» 
Sçavanr  médiocre ,  &  plagiaire  in- 
fiji^nc.  Plus  zèié  pour  la  gloire  dt| 
nom  Danois ,  que  pour  la  vérité  ,* 
il  avûit  donné  des  preuves  de  fon 
peu  de  difcernement  dans  un  ou- 
vrage, où  rapportant  la  fuite  &  k 
généalogie  des  Rois  de  Danne- 
marck  »  il  adopcott  les  monumens 
Gothlandiques  *  &  toutes  les  fables 
imaginées  par  Nicolas  Pecrejus ,  ou 
par  d'autres  Auteurs  auflî  peu  di- 
gnes de  foi,  dont  OL  Verelius  , 
Thormodus  Torfgeus  ,  &  Jean 
Mollerus  ont  démontré  la  faulTeté* 
Kotre  Editeur  cite  quelques  exem- 

Eles  de  reftronterie  ^  avec  laquelle 
yfchander  avoir  coutume  de  s'ap- 
proprier les  ouvrages  des  Auteurs 
qui  navoient  point  été  imprimés* 
Mais  jamais  il  ne  fe  livra  au  plagiat 
jiyec  moins  de  retenue  c^ue  loifc^Um 


^Î6  JoutndàesSçMans; 
le  vit  inàître  des  Annales  de  Oa-^ 
l^s.  Qpronferve  dans  la  Bibliothé^ 
que  du  Roy  de  Daânemarck  unr 
Manufcrk,  par  lequel  Lyfchandei:* 
Touloit  perfuader  à    la  poftérité 

2u11  étoit  l'Auteur  de  l'hiftoire  de 
:hriftian  IIK  Dans  l'édition  qu'il 
en  a  donnée ,  on  voie  qu'il  sr  co-^ 
pié  prefque  mot  à  mot ,  f  ouvrage 
de  Cragius ,  &  que  s'il  y  a  ajouté 
quelque  chofe ,  ce  n'a  été  que  pouf 
tendre  le  volume  plus  confidéra-* 
ble.  Il  a  quelquefois  pris  la  liberté 
de  corriger  les  expreffions  de  l'ori-^ 
ginal ;  cet  homme,  qui  n'écoit  pa$^ 
ala  vérité  deftitué  d'érudition ,  ffiais^ 

2ui  n'avoit  aucune  teinture  de 
ielIes-Lettres ,  ne  Tentant  point  la 
force  &  rélégance  de  certaines  lo« 
curions  empruntées  des  Auteurs  de 
la  bonne  Latinité ,  les  changeoit  & 
leur  en  fubftituoit  d'autres  plus 
baffes  &  plus  triviales. 

On  diroit  en  lifant  cet  endroit 
de  la  Préface,  que  M.  Grammius 
s'eft  fait  un  plaidr  de  démafquer 
ce  plagiaire ,  &  de  venger  Cragius 


r 


en  couvrant  de  honte  Lyfchander 
qui  avoit  voulu  s'enrichir  par  una 
ufurpation  d  indigne. 

Dans  le  refte,de  la  Préface; 
TEditeur  expofe  fon  fentiment  fur 
la  narration  de  Cragius  ;  il  indi-ii 
que  les  fources  où  cet  Auteur  a 
puifé  ce  qull  raconte  î  il  produit 
plufîeurs  témoignages  de  là  bonne 
foi,  de  la  candeur  j  &  de  lafincé- 
rité  qui  régne  dans  cette  Hiftoire , 
&  il  va  au  devant  des  objeftions 
qu'on  pourroit  lui  faire ,  à  caufe  da 
certains  points  ou  Cragius  fe  trou- 
ve en  cootradiâion  avec  d* autre* 
Hifïoriens,  Il  dit  qu'ayant  pris  la 
peine  de  conférer  ces  Annales  avec 
les  monumens  publics ,  it  les  a  trou* 
vés  parfaitement  conformes  ,  & 
qu'après  cette  vérification  il  efl  de- 
meuré perfuadé ,  que ,  fi  Cragîu» 
mérite  quelques  éloges ,  c'eft  par- 
ticulièrement celui  dHiftorien  fi-^ 
déle.  Il  exhorte  les  Lefteurs  qui 
ne  voudroient  pas  s'en  rapportée 
à  fon  témoignage  ,  à  comparer 
rhiAoire  de  Cragius  avec  les  mé^ 


\ 


*5f  8  8^  Journal  des  Sçavans  ; 
moires  du  Chahcelier  Hùitfield;cer- 
le  comparaifon ,  dit-il,  leur  infpirera 
non  feulement  une  confiance  entière 
pour  les  récits  de  Cragius ,  mais  elle 
leur  fera  fentir  les  avantages  d'une 
biftoîre  écrite  par  un  homme  de 
Lettres  fur  celle  quia  été  compofée 
par  un  homme  de  qualité ,  qui  n'a« 
voit  d'autres  talens  que  la  connoif- 
fance  des  affaires. 

L'Editeur  donne  enfuite  une 
notice  de  Thiftoire  qu'Etienne  Ste- 
phanius  a  compofée  pour  fervir  de 
lupplément  à  celle  de  Meurfius, 
Ce  Sçavant  étôit  fils  de  Jean  Ste-i 
phanius  ,  Profeffeur  de  Logique 
dans  l'Académie  de  Copenhague, 
Etant  encore  tout  jeune ,  il  fut  lui- 
ûiéme  Profefleur  à  Slangendorp 
en  Seelande.  En  itfitf ,  il  fit  un 
voyage  en  Flandres  dans  la  vue 
d'augmenter  fes  connoifTances ,  & 
de  fe  perfeâionner  dans  la  Litté- 
rature. Là  il  fe  lia  d'amitié  avec 
Heinfius ,  Voflîus ,  Cunœus ,  Pon- 
tanus,  &  quelques  autres  Sçavans, 
jfivec  qui  il  entretint  un  commer- 


IM^y  1748*  78J 

ce  de  Lettres  pendant  le  refle  de 
(k  vie.  It  publia  dcs-lors  des  no- 
tes &  des  correffions  fur  Saxo, 
Grammairien  ,  ouvrage  (ju  il  aug- 
Sicnta  depuis  &  qu'il  fit  imprimée 
en  1 640.  Charge  par  la  Cour  de 
travailler   à   Thiftoire  de  Danne-^ 
j  marck ,  il  compofa  les  deux  Livres; 
I  que  notre  Editeur  a  fait  imprimer 
f  îi  la  fuite  des  Annales  de  Cragius; 
I  parce  qulls  contiennent  rhiftoire 
(  des  neuf  dernières  années  du  ré- 
[gne   de   Chriftian   IHs   &  qu*ils 
I  commencent  preclfément  où  les 
Annales  du   premier  finiffènt*   11 
•eft  mort  en  lâjo  âgé  de  j  i  ans 
au  grand  regret  de  tous  ceux  qui 
i  slntéreffoient  à  rhiftoire  Danoiie: 
îl  avoir  promis  de  donner  au  pu- 
blic ie  régne  de  Fridéric  IL  II  ne 
montre  pas  (fi  on  en  croit  notre 
Editeur  )  autant  de  génie  &  de  for- 
ce dans  fon  ftyle  que  Cragîus ,  mais 
il  n  eft  pas  moins  recommandable 
que  tui ,  par  la  bonne  foi  &Ia  can- 
deur. Il  eft  quelquefois  trop  di^us 
fur  des  faics  peu  împoïtans .  Se  UL 


L 


^p6  Journal  des  Sçavansi 
en  a  pafTé  fous  filence  plufîeurs 
iju'il  ctoit  néceflaire  de  fçavoir. 
Notre  Editeur  en  fait  une  critique 
trop  longue ,  pour  pouvoir  trou- 
iftï  place  dans  cet  extrait. 

VBSERT\iT10NS    CHU 
RVRGICALES  furlesMa^ 
ladies  de  V^Urethre.  traitées  fui^ 
^ant  une  nouvelle  méthode  ,  pat 
Jacques  D Al^  A}!l  ^ConfeiUer,  Chi* 
rurgienûrdinaire  du  Roy  par  quar* 
tier ,  Chirurgien  de  Paris  ^  &  r/- 
devant  Chirurgien  Major  des  Ho^ 
'   pif  aux  &  Armées  de  V  Empereur 
.    Charles  VL  nouvelle  édition»  A 
'  Paris ,  chez  Debure  TAîné,  Li- 
braire «  Quay  des  Auguftins ,  à 
S.  Paul ,  1 748^.  vol.  /» -  1 2.  de 
429  pp.  fans  le  Difcours  préli* 
minaire,  qui  en  contient  220; 
&  à  la  fin  duquel,  eft  une  plan- 
che gravée  en  couleur  ,  par 
'  Gautier  ,  Graveur  du  Roy 
Privile^.  On  lit  au  revers  du 
irontifpice  cet  épigraphe,  qui^ 
knsinmnfttfifiula  mbercuUim  tn^ 


I 


Mé^  1748.  79  ï 
mâJèîtHr  3  eu  in  pus  verfo  é*  ruptû  ^ 
filutiû  cùntingit^  Hipp<  Aph.  8 1 
fett  IV,  Ceux  qui  ont  tubercule 
ou  carnollté  en  la  cavité  de  U 
verge  »  font  guaris  par  la  fuppu- 
ration  &  éruption  du  pus.  P^ré^ 

LE  difcours  préliminaire , dont 
nous  venons  de  parler ,  met  la 
nouvelle  édition  des  Observations 
de  M,  Daran  à  1  abri  du  reproche 
que  Ton  avoit  fait  à  la  première , 
qu'elle  n'etolt  qu'une  affiche;  re- 
proche pourcanc  afTez  futile ,  puiC- 
qu'il  eft  de  rinterêt  du  Public  quQ 
les  malades  apprennent ,  non  feule-' 
filent  qu*an  a  trouvé  un  remedd 
pour  une  maladie  réputée  incura* 
|ple,  mais  les  cas  compliqués  dans 
lefquels  le  remède  a  reulli  i  ce  qui 
ne  peut  fe  faire  que  par  la  lefture 
des  obfer Valions  des  guerilbns 
4^uil  a  opérées.  Mais  laiflam  tofn<* 
ber  de  lui-même  ce  reproche ,  ôr 
donnons  une  idée  du  difcours  pre^ 
liminaire. 
Les  accidetis  que  uaicû  bil^Od;^ 


,^2  *  Joufnd  •  des  Sçavans  ; 
raa  ne  font  point  ceux  de  là  gonoN 
xhée  virulente»  ib  en  font  les  fuites  ; 
&  ces  fuites  font  fi  communes  qu'il 
y  a  peu  de  ceux  qui  ont  été  acta« 
qués  de  la  maladie  qui  xi'en  foie 
aiSeâé  ,  preuve  certaine  »  comme 
Tobferve  M.  Daran  ,  cjue  la  voie 
^u'snjitit  ordinairement  défis  le,traim 
Ument  de  la  gonorrhée  virulente 
tiefi  foint  celle  tjui  doit  frocurer  ute 
retahliffèment  farfaiu 

Quelque  variété  qu'on  remar- 

3ue  dans  les  fuites  de  cette  mala- 
ie  ,  elles  fe  reduifent  pourtant 
proprement  à  deux  ;  un  écoulement 
opiniâtre  par  Turetbre  ,    &  une 
difficulté  d*urinen  L'écoulement;- 
Cuivrant  •  l'Auteur  ^  :  efl!  la  fuite  d'un- 
ulcère  »  &  les  caufes  de  la  difficulté, 
d'uriner  font  au  nombre,  de  huit; 
)*  i<».  le  raccourciiTemènt  des  fibres 
t*  de  Turechre  ;  i  ^  •  les  callofités  ou 
Il  cicatrices  dures  &  calleufes  »  ^Ue 
t>les   ulcères  gonorrhoiqùes  mal' 
i>  traités  ontiames  dans  le  canal  ;> 
i>  j"*.  les  caroncules  ou  camofités! 
|!que.ccs.ulcçre$  devenus  iongeux 


■  "/'q»wr  propre  à  ï  ,V  '^'""^  ""e 

■  *•  ^«nt  mcme      ' .  P*"'«  qui  de 

■  '^qui  ont  acqSf  '  ^P°"^^«"^«,  &  1 

1*»  *^'-«  occafîon   8^*'"/f/  V^  '"«in- 
t>denueLe;f'''''^f°rma. 

i'er^t'ASnrd"^^^' 
J»  tredu  canal.  «  n  .a*^  ^*  «^'ame- 

*«  d'îmetre  de  !',.      l  ''*'^^'"  que 
'^- Dirai,  leTnîï^'^'lfriner. 


794"  y^*^*^  ^*^  Sçétvam , 
ble  de  le  fuivre  dans  le  dêtàÛ  où 
encre  ;   nous  nous  contentero 
donc  de  reoiiarquer  ce  qu'il  dit  < 
plus  inftruâif,  &de  plusfrappar 

En  parlant  du  raccouFcifleme 
des  fibres  de  Turethre ,  il  fait  to 
cher  au  doigt  les  dangers  aufque 
les  aftringens éxpofentles  perfoi 
nés  attaquées  de.lagonorrhéc; 
iBeme  leur  infidélité  pour  arrêt( 
un  écoulement  duquel  dépend 
cure  radicale  dé  la  maladie.  C 
^'il  dit  à  xe  fujet  efl:  une  efpei 
de  dIgreflSon  »  mais  on  pardonna 
roit  ces  fortes  d'écarts  a  tous  l 
Auteurs  fi  leur  utilité  etoit  toujou; 
également  ienfiUe.  Ce  qui  en  au^ 
jnente  ici  le  mérite  ,  c'eft  que  ]v 
Daran  prouve  plus  bas  que  Tecoi 
lement  qui  paroit  le  moins  fujet 
de  fâcheux  retours ,  efl  pourtai 
TefFet  d  un  ulcéré  -toujours  fub£ 
ftant. 

Gomme  il  ne  dit  rien  de- part 
culier  fur  les  callofités,  oucicâ 
trioes»  qu'il- regarde  comme  ur 
>aau(e 'de  la  difficulté  d'urioeri  noi 


par  le  dejX    '*  PO'-îée  des  v.    ®* 


19^  yi?«n/^/  des  Sçavans  1 
donne  à  cette  caufe  de  la  difficulté 
d'uriner  ,  s'il  la  guérit  jjrompte- 
ment ,  &  radicalement  ?  Or  c'eft  ^ 
heureufement  pour  les  malades; 
une  vérité ,  donc  la  plupart  des  ob- 
fervations  prefentes  fait  foi  ;  &  cela 
eft  d'autant  plus  heureux,  que  les 
plus  habiles  Chirurgiens  regar- 
doient  cette  caufe  de  la  difficulté 
d'uriner  comme  indeftruélible, 

La  quatrième  caufe  de  ce  fym- 
ptome,  les  ulcères  dé  l'urethre, 
eft  traitée  avec  autant  d'étendue 
que  la  précédente ,  &  cette  difcuf- 
lion  n'etoit  pas  moins  intereflante , 
puifqu'on  eft  dans  l'ufage  de  re- 
garder comme  un  fimple  relâche- 
ment des  vaifleaux  excrétoires  des 
proftates ,  ou  des  veficules  femina- 
Ics ,  l'écoulement  qu'on  voit  à  la 
fuite  des  gonorrhees  vénériennes. 
Or  M.  Daran  s'attache  à  faire  voir 
par  des  paflages  formels  d'Auteurs 
ijui  ont  bien  écrit  fur  la  matière , 
que  cet  écoulement  eft  le  produit 
d'un  véritable  ulcère  qui  s  «ft  opi- 
Mjiatpé,  8c  il'  déduit  d'une  qiaaiere 


H    P<^"/^r  comme  ce  °     '^.^'«""  S 
^K  «^  "«  tonique  ;em,f  ""^  ^«^ede 

■  ^.«rds  caJleu.^  Qufte IT  '  °"  '« 
««•«fement  que  i'  r"'''"^  ^emon. 

^'r  de  Ton  ;eme .  ''  f  '^°'"Po- 
'trer/irep^uy^     •   'es   "^Çeres  de 

i^-«-9«e"^;;;^;-Par4 


7^8  •  Jo^^^i  ^^^  Sçavansl 
mafqués  pendant  un  grand  nom- 
bre d'années,  font  toujours  de  mê- 
me nature ,  &  enfin  que  des  mala- 
dies devenues  fort  communes  peu- 
vent être  l'effet  du  repompement 
oui  fe  fait  de  leur  fanie  dans  le 
tang. 

Le  détail  dans  lequel  entre  ]VL 
Daran  au  fujet  des  quatre  autres 
caufes  de  la  difficulté  d'uriner  qu'il 
traite  ne  fournit  que  peu  de  parti- 
cularités. La  plus  interefllànte  donc 
il  eft  bon  dlnftruire  nos  Leâeurs  » 
c'eftiqu'il  refulte  de  plufîeurs  obfer- 
Vâtions  que  cette  difficulté  d'uri- 
ner conduit  quelquefois  à  la  mort  > 
ce  qui  fait  connoître  combien  il  elï 
avantageux  que  la  Médecine  foie 
enrichie  d'un  remède  tel  que  celui 
de  M.  Darao. 

Les  caufes  dont  nous  avons  fait 
l'enumeration  ,  ne  font  que  les 
caufes  éloignées  des  accidens  qui 
obligent  d'avoir  recours  à  lui.  Ces 
accidens  font  de  fre^emes  envies 
duriner  i  cependant  l*urine  ne  fort 
^f/e  comme  un  fil ,  (pidlquefoisfonrchu  ^ 


May  1748,  799Î 
eu  on  ne  la  rend  que  goutte  a  goutte  ^ 
&  avec  de  girànis  efforts.  Si  dans  cet 
état  le  malade  s^echanffe  ^fait  tjtteU 
i^ue  débauche  ou  quelque  faute  dans 
le  régime ,  laflrangurie  (  c'eft  le  nom 
de  Tetat  que  nous  venons  de  àt- 
crive)  peut  dégénérer  en  ifchurie^  oh 
fippreJjHon  totale. 

M.  Daran  donne  dans  un  grand 
détail  les  accidens  de  la  ftrangurîe 
&  de  rifchurie ,  le  diagnoftîc  des 
maladies  de  Furethre ,  &  fait  voir 
rinfuififance  des  diagnoftics  ordî-* 
naires.II  pafle.enfûite  aux  remèdes 

•  de  rîfchiïrie,  qui  ne  font  que  pal- 
liatifs ,  puis  à  ceux  qu'on  a  em- 
ployés contre  la  ftraijgurie ,  dont 
les  uns  font  regardés  par  tous  les 
Auteurs  comme  fimplemènt  pal- 
liatifs ,  tandis   que  d'autres  lont 

*  regardés  comme  curacifs. 

Les  remèdes  de  rifchurie  font  - 
tous  ceux  qui  peuvent  relâcher  lés 
fibres  dont  le  gonflement  caufe 
la  fuppreflîon  totale  ;  l'introduftion 
de  lalgalie ,  ou  fonde creufe ,  pour  ^ 
donner  iiTue  à  l'urine  qui  caufe 
L  I  iil\ 


8oo.  'Journal  âesSçâvans , 
]tous  les  accidens  ,  en  gonflant  la 
veflîe  outre  mefure ,  &  même  en 
empêchant  qu'elle  ne  fe  fepare  de  la 
mafTe  du  fang  ;  enfin  ,  au  cas  qu'on 
ne  puifle  introduire  la  fonde,  l'inci- 
fion ,  ou  la  pondion  au  périnée ,  re- 
mède qualifié  à' extrême %]\x^qûixq 
par  les  Auteurs  mêmes  qui  le  con- 
leillent ,  &  qu  on  employé  fouvent 
Si  tard  pour  cette  raiion  ,  qu'il  de- 
vient inutile  au  malade  dont  la  veflîe 
eft  fouvent  gangrenée.  Nous  ne 
parlerons  pas  de  quelques  autres, 
dont  l'application  eft  u  fautive  >  & 
fujette  à  de  fi  grands  inconveniens, 
ou'ils  ne  méritent  pas  qu'on  en  faf- 
ie  mention.  M.  Daran  exaipine  avec 
beaucoup  d'exaâitude ,  tous  les  fe- 
cours  dont  il  fait  l'enumeration.  Il 
înfifte  furtout  beaucoup  fur  la  pru- 
dence avec  laquelle  il  faut  infinu^ 
la  fonde  ,  de  crainte  de  caufer  des 
dechiremens,  lefquels,  augmentant 
les  douleurs ,  augmenteroient  auflî 
l'inflammation ,  &  formeroient  un 
nouvel  obftacle  au  foulagement  du 
malade,  comme  U  refulte  de  quel- 


ques-unes  de  {es  obfervations ,  & 
après  de  judicieufes  reflexions  fur 
Tufâge  de  tous  les  fecours  dont  il 
a  parlé,  il  repond  à  une  objedion 
qu'on  peut  lui  faire ,  fçavoir  pour- 
quoi il  s'etcnd  fi  fort  fur  des  fecours 
que  i'ufage  de  fon  rçmede  rend 
inutiles.' 

II  repond  fort  fenfement  que,^ 
bien  que  beaucoup  de  fes  obferva- 
tions faflènt  foi ,  que  fon  remède 
remédie  infailliblement  aux  atta- 
ques d'ifchurie  ;  comme  tout  le 
mondes  n'eft  poittt  à  portée  d  en 
faire  ulage,  il  eft  de  fon  devoir 
de  faire  part  au  public  des  refle- 
xions que  vingt  années,  confacrées 
fpécialement  au  traitement  des 
maladies  deTurethre  Jui  ont  don- 
né le  temps  de  faire  &  de  confir- 
mer. Loin  donc  de  reprocher  à 
TAuteur  un  étalage  d'enidition  en 
pure  perte,  on  ne  peut  que  lui 
fçavoir  gré  de  Tetendue  avec  la- 
quelle il  a  traité  cette  matière.  Au 
refle  M.  Daran  obferve  que  fon 
remède  ne  réuflit  que  quand  il  eft 


Soi  Journal  des  Sçavam  j 
appelle  à  temps  ,  parce  qu'il  n'a 
pas  l'avantage  de  faire  des  mira- 
cles; &  il  cite  des  exemples,  mê- 
me très-recens  ,  de  malades  fur 
lefquels  il  a  été  employé  infru* 
ftueufement.  Il  finit  cet  article  en 
remerciant  la  Providence  detcquel-^ 
le  Itii  a  fait  découvrir  un  remède 
fimple  ,  &  d'une  application  aifee , 
qui  eft  capable  £  épargner  aux  mala^ 
des  les  douleurs  effentieûeskunema^ 
ladie  auffi  cruelle  (jue  l*ijchurie\  celle 
ijue  caufe  L'application  des  remèdes 
&  des  fecours  propres  à  la  Jôulager 
feulement ,  &  le's  dangers  infepara^ 
hles  de  ces  mêmes  fecours  &  de  /^ 
maladie. 

A  la  difcuffion  des  fecours  pro- 
pres à  combattre  rifchurîe  M.  .Da- 
lan  fait  fucceder  celle  des  fecours 
qu'on  employé  contre  la  ftrangu- 
ne.  Ils  fe  réduifent  à  cinq  ,  les  ca- 
theretiques ,  riiiçifîon  de  Turethre:, 
les  bougies  graduées  ,  Tintrodu* 
^ion  deis  tentes ,  &  les  fondes  de 
plomb  auflî  graduées. 

L'appUcatioades  catheretîques. 


M4y  174S,  Soç^ 

m  confomptifs  ,  eft  aujourd'hui 
■rejettée  par  tous  îes  Praticiens  jti- 
«dicieux  ,  &  mérite  de  Têtre  par 
l-appoit  à  llnfiamraation  qu'ils  at- 
tirent fur  Turethre  ;  &  d'ailleurs  ils 
ne  Conviennent  pas -à  tous  les  vices 
-de  cette  partie  ,  &  même  aux  plus 
communs ,  c'eft  à-dire  aux  ulcères  ; 
41s  ne  derruifent  pas  le  vice  qui 
«ft  encore  cantonné  dans  la  partie 
malade;  &  ne  font  poînc  propres  à 
remédier  au  relâchement  de  vaif- 
feaux ,  fi  cet  accident  exifle ,  ce  que 
les  obfervations  &  la  pratique  de 
TAuteur  rendent  plus  que  problé- 
matique. 

On  trouve  en  cet  endroit  une 
Hefcription  effrayante  des  dépôts 
Urineux  ou  pur  ulens ,  que  les  efforts 
Continuels  de  rurine  ,  gênée  dans 
fa  forrie ,  occafionnent  très-fouvent» 
te  qui  dégénèrent  ordinairement 
enfirtules,  lefquelles  .malgré  tous 
les  foins  que  les  malades  les  plus 
amis  de  la  propreté  peuvent  avoir  » 
les  mettent  dans  l'impotTibiliré  éê 

tk  trouver  en  compagoïe.  Ce  mract- 


j 


So4  Journal  dis  Sç0vanrl 
ceau  &  la  defcription  que  Sydetw 
ham  donne  du  mal  de  Naples ,  de- 
vroienc  être  continuellenient  fous 
les  yeux  d*une  jeunefle  imprudente 
&  inconliderée»  On  peut  bien  dire 
de  ces  maux  avec  le  Médecin  An*- 
glois  horrendHtn  fiortatorum  ftaaeU^ 
lum  j  &  ,  quoique  tes  obfervations 
de  M.  Daraa  parlent  de  plufieurs 
malades  guéris  aiiement ,  parfaite- 
ment ,  &  en  peu  de  temps ,  de  fiftu- 
les  {impies  &  compliquées  »  nous 
fommes  perfuadés  qu'un  Leâeur 
capable  de  reflexion  ne  voudra 
jamais  courir  le  rifque  d*en  avoir  » 
d'autant  plus  que  fon  remède ,  comr 
mç  il  en  avertit  »  ne  guérit  que  par 
le  contaâ  immédiat  ;  d'où  il  fuit 
qu'il  y  a  des  finus  »  ou  fufées  »  qui 
font  quelquefois  hors  de  la  fphere 
de  (oTi  aâioft. 

L'incifion  de  l'urethre  tCz  pas 
fait  plus  de  fortune  que  les  cattier 
Tetiques.  La  cicatrice  devenoit  ua 
obftacleà  la  fortie  de  l'urine  ;  mais 
d'autres  raifons  d'un  auili  grand 
poids»  qu'ajoute  M«  Daran  ^^  fu&: 


Mfy  1748.        8051 

.  jroient  pour  faire  rejeîter  cette  opé- 
ration ,  quand  elle  n'entraineroir 
pas  Imconvenient  que  oous  avons 
remarqué. 

M,  CoI-de-Vilan  regarde  les^ 
jougies  graduées  comme  ce  qu'on 
peut  employer  de  mieux  »  &  M; 
^aran  en  convient  j  mais  il  prou- 
ire  qu  elles  ne  font  qu'un  palliatif 
ians  le  cas  du  retreciflemenc  de 
l'urerlire  ,  &  qu'elles  ne  font  d*aib-: 
jne  utilité  pour  la  cure  des  ul^; 
ères* 

Quant  aux  tentes  ,  outre  qu'eU 

es  meritenE  les  reproches    qu'on 

j>eut  légitimement  faire  aux  oou- 

}ies ,  elles  caufent  une  extenfîon 

légale  du  canal ,  &  elles  expofent 

malade  à  mourir  de  fuppreflîon 

le  fil  auquel  elles  font  attachées 

ient  à  fe  cafler  en  les  retirant ,  coin?- 

me  il  efl:  arrive* 

Les  fondes  de  plomb  font  to 
paîliatif  auquel  M,  Aftruc  donne 
préférence  ,  &  M.  Daran  expli- 
H^ue  d'après  lui  la  manière  d'en 
^Êm^  ufage  \  mais  il  eft  fujet  à  de% 

IL      . 


\ 


Soff  J&témal  des  SçMvans , 
înconveniens.  Les  malades  qui  les 
ont  employées  long-temps  guerif- 
fent  plus  difficilement  entre  fes 
mains  »  fans  doute  parce  que  le  frot- 
tement d'un  coi-ps  dur  rend  les 
carnofités  Ck  les  cillofités  plus  com- 
pares ,  &  moins  aifées  à  pénétrer 
aux  parties  aflrives  de  fon  remè- 
de. D  ailleurs  les  fondes  peuvent 
<e  catïèr  dans  U  veffie  &  dans  ru- 
Tethre;  elles  peuvent  même  la  meur- 
trir ;  ajoutons  quil  peut  s*en  déta- 
cher quelques  pailles  qui  caufent 
de  grands  ravages  dans  une  partie 
audi  fenfiblej  &  robfervatian  de  M. 
de  Maifon-neuve,  qui  fait  la  ceniie- 
fne  delà  troilîeme  partie  de  ce  Re- 
cueil »  eft  une  demonflration  phy- 
figue  que  nous  ne  cherchons  pas  à 
inîpirer  des  terreurs  paniques. 
•  Nous  renverrons  à  Touvrage  naê- 
mêles  Leâreors  curieux  defçavolr 
ce  que  M,  Daran  dit  de  la  ftran- 
gurie  habituelle  des  femmes,  mi-i 
Udie  plus  rare  chez  elles  que  dans 
notre  fexe ,  &  fur  l'utilité  de  fa 
méthode  pour  la  guerix.  Les  L^c^ 


_L^ 


teors  întellîgens  (endront  à  mer- 
veille la  raifort  de  notre  filence. 
Nous  ne  dirons  rien  aufli  du  dia- 
gnoflic  ^  du  prognoftic  que  TAUr- 
teur  donne  des  maladies  de  Kure- 
thre  %  ce  font  de  ces  chofes  qui  pet* 
dent  trop  dans  les  extraits  pour  en 
faire  ta  matière. 

Ledifcours  préliminaire  eft  ter- 
cninc  par  la  reponfe  à  crois  obje* 
ftions  qu  on  fait  à  TAiiteur,  Il  ne 
guérit  pas  ,  dic-on  ,  les  maladies  de 
Turethre  parce  qu'elles  font  incura- 
bles ;  s'il  les  guérit ,  ce  n'cft  que 
pour  un  temps  j  &  les  mêmes  ac* 
cidens  reparoiflTenc  ;  enfin  il  met  fe» 
peines  à  un  prix  exorbitant. 

Comme  la  troifiemede  ces  ob-^ 
Jeâions  ninterefle  que  les  malades 
qui  veulent  fe  mettre  entre  les  mains 
de  M.  Daran ,  nous  les  renvoyons  è 
Touvrage  même.  Quant  à  la  premiè- 
re »  fa  rcponfe  eft  decifive»  Toutes 
ks  obfervacionsc|u11  rapporte  dans 
la  rroifieme  partie  font  acteftées^ 
par  les  plus  célèbres  Medecit%s  8c 
Ciûrurgiôïis  de  Paris  \  c*eft  donc 


j8o8  Journal  des  Sçdvans , 
à  eux  à  deflfendre  TAuteur  contre 
la  première  accufation  ;  elle  les  re- 
garde autant  que  lui.  Il  y  en  a 
auffî  plufieurs  de  la  première  &  de 
la  féconde  partie  qui  font  certifiées 
par  des  gens  du  métier. 

M.  Daran  repond  à  la  féconde 
objeâion ,  en  défiant  de  lui  citer 
un  feul  de  fes  malades  traités  de 
vices  de  l'urethre  exempts  de  com- 
plication qui  ayent  vu  reparoître 
leurs  accidens ,  &  ce  défi  ne  paroît 
pas  téméraire  ,  fi  Ton  en  juge  par 
les  malades  qu'il  a  traités  à  Marieil* 
le  9  lefquels  ,  fuivant  le  rapport 
qu'en  fait  à  M.  le  premier  Médecin 
M.  Bertrand ,  Doyen  du  Collège 
des  Médecins  de  Marfeille  »  jouif- 
fent  toujours  delà  meilleure  fanté. 
Cette  lettre  écrite  à  M  Chicoyneau, 
en  reponfe  à  celle  de  ce  dernier, 
pour  s'informer  de  Tetat  aduel 
des  guerifons  opérées  à  Marfeille,  & 
celle  de-  M.  le  premier  Médecin.,- 
font  imprimées  à  la  fin  du  difcours 
préliminaire  ,  &  fuivies  d'une  de 
M»  Bruhier»  où  il  rend  compte  à 


Aéay  1748.  2&% 

M,  Manget,  Médecin  de  Genève; 
des  cures  opérées  fous  fesyeu^; 
d'une  de  M  Pracope  ,  Dodeur- 
Regent  de  la  Faculté  de  Paris ,  à 
M,  Chicoyneau  ,  pour  lui  rendre 
compte  de  quelques  guetifons  fur-i 
prenantes  ,  &c  de  la  reponfedeM* 
Chicoyneau.  Celle-ci  contienc  laj 
relation  de  la  maladie  &  de  lai 
guerifon  de  M  de  Maîfon- neuve  ;^ 
dont  nous  avons  déjà  parlé.  II  ny  ^ 
a  point  d'indifcretion  à  nommer 
ce  Valet  de  garderobe  du  Roy , 
parce  que  la  maladie  dont  M.  Da*- 
ran  la  guéri  n'avoit  pas  une  ga^ 
lanterie  pour  première  caufe, 

M*  de  Maifon-neuve  eft  depuis 
fa  jeunefle  fujct  à  la  gravelle  ^  SC 
les  pierres  en  fe  détachant  des  reins  , 
lui  ont  caufé  plufieurs  fois  les  ac- 
cidens  les  plus  cruels  que  produit 
cette  maladie.  En  1743  unepier* 
jt  plus  grolfe  que  les  autres ,  après 
avoir  décrire  toute  la  partie  de 
]  uierhrepar  laquelle  elle  avoit  paf* 
fé ,  s'arrêta  environ  aux  deux  tiers 
de  ce  canal ,  &  ne  put  ea  êa«.tLa 


ta. 


1^  i»o    Journal  des  Sçauans , 
.rée  qiiepar  une  opératioQ.  Le  ni^ 
Jade  fut  guéri  àfTezpromptement; 
-mais ,  le  déchirement  de  Turethf^ 
-en  ayant  occafionné  le  retreciflè- 
ment ,  on  cônfeLlla  au  malade  Tu- 
-fage  des  fondes  de  plomb.  Il  fe  dé- 
«tacha  d'une  d'elles  une  paille  ,  la- 
-quelle  ayant  diminué  le  diamètre 
•du  canal ,  obligea  pludeurs  petits 
theriflbns  pierreux  de  s'y  arrêter. 
En  confequence  obftruftion  totale 
du  canal  ^  &  fuppreflion  entière  de 
J'urine  encore  plus  f  âcheufe  que  lefs 
-précédentes.  Les  Médecins  &  Chii- 
-rurgiens  de  la  Cour ,  ay^nt  inuti- 
lement epuifé' toutes  les  réflburces 
«de  l'Art,  confeillerent  au  malade 
d'avoir  recours  à  M.  Daran  ,  qiii 
'Cn  vingt  &  quelques  jours  parvint 
-à  faire  fortir ,  non-feulement   les 
pierres  cantonnées  dans  Turethre , 
-&  la  paille  qui  les  avoit  arrêtées', 
'mais  à  rétablir  la  liberté  totale  du 
•cours  des  urines ,  &  même  la  fan- 
-té  du  malade.  Il  fuit  de  cette  ob- 
servation ,  &  de  plufieurs  hiftoires 
renfermées  da;is  la  LXXXVII,  oà 


W  M^y    1748.  Srt 

ÎI  s*agît  de  trois  malades  qui 
avoient  des  excroîfTances  dans  lu- 
rethre  en  confecjuence  de  Topera- 
tion  de  fa  pierre ,  il  fuie  que  le 
remède  de  M,  Daran  n'eft  pas  feu- 
lement propre  à  détruire  celles  qui 
onc  fuccedé  à  des  gonorrhées  ^ 
mais  routes  chairs  qui  pullulent 
contre  nature  dans  le  canal  defure- 
thre.  Il  paroîc  donc  que  c'eft  à 
jufte  titre  que  les  plus  habiles  Mé- 
decins &  Chirurgiens  de  Paris  re- 
connoi&nt  M.  Daran  pour  Tin- 
▼enteur  de  k  méthode  qu'il  em- 
ployé avec  tant  de  fuccès ,  &  que 
dans  les  certificats  qu'ils  lui  onç 
donnés  après  la  guerifon  des  ma- 
ladies qu'ils  avoient  fuivies  ^  ils  fé- 
licitent la  Chirurgie  de  cette  utile 
découverte. 

Il  nous  refte  à  parler  des  ob(êr-< 
nations  contenues  dans  ce  volume» 
La  première  partie  de  ces  obferva- 
tions  eft  un  extrait  fort  abrégé 
de  celles  qui  compofoient  la  pre- 
mière édition.  Ceux  qui  voudront 
en  prendre  une  idée  >  çoutïo^l  co^ûb*. 


Bil  Journal  des  Sçsvans; 
luker  l'extrait  que  nous  en'dohnâ- 
xnes  au  mois  de  novembre  1745. 

La  féconde  partie  contient  les 
hiftoires  des  malades  guéris  à  Mar- 
feille  ,  depuis  la  première  édition 
jufqu'au  temps  que  M.  Daran  en 
partit  pour  le  rendre  à  Paris ,  où 
M.  de  la  Peyronie  Tattiroit  ;  & 
rhiftoire  chirurgicale  de  fon  voya- 
. La  troifieme  contient  cent  ob- 
fervations ,  choifîes  dans  un  plus 
grand  nombre  »  de  malades  guéris 
a  Paris  fous  les  yeux  des  Médecins 
&  Chirurgiens  ,  &  les  certificats 
qui  en  conftatent  la  vérité. 

Il  n'y  a  gueres  d  obfervations  de 
la  féconde  &  de  la  troifieme  par- 
ties, qui  ne  foient  remarouables  par 
quelque  circondance  unguliere , 
mais  la  féconde,  la  troifieme ,  &  la 
quatrième  de  la  féconde  partie  doi« 
vent  principalement  fixer  l'atten- 
tion du  Ledeur.  Dans  l'une  il  s'a- 
git d'une  excroifTance  calleufe  dans 
l'urethre ,  de  deux  fiftules ,  de  du- 
retés fquirrheufes ,  d'un  écoulement 


Mdy  1748,  8ïîJ 

[purulent  ;  dans  l'autre  d*un  écoule- 
ment virulent ,  de  deux  fiftules  ; 
de  llrangurie  ,  de  duretés  fqiiir- 
rheufes  i  dans  la  troîlîeme  ,  d'une 
\  difficutcé  d'uriner  habiEuelle  ,  de 
*  trois  fiftules  au  périnée ,  d  excroili: 
I  tinces  fquîrrheufes  dans  rurechre. 
Les  obfervations  les  plus  frap- 

Eantes  de  la  troifieme  partie  font 
l8S  la  îpMa  4d%  la  8isU 
SySJâ  ^^o\  &  la  ioo=.  Nous  avons 

[  déjà  |)arlé  de  la  87^  &  de  la  1 00 V 

[il  s'agit  dans  la  8*  de  ftraoguriej 
de  cinq  fiftules  au  périnée  ,  d'ex- 
croifiànce*  dans  t  urethre ,  de  flux 

[purulent,  &  de  fièvre  opiDiâtre; 
dans  la  î 9^ ,  d'une  ftrangurie  cruel- 
fe ,  de  fiftules  au  périnée ,  d'excroît 
lance  calleufe  dans  Turethre ,  d'un 
ulcère  qui  peneiroit  dans  l'anus  i 
dans  la  46^,  d  ardeurs  d urine,  de 

'  rétentions  cruelles  »  de  fiftules  à  l'a- 
rethre ,  d'obftruétion  totale  dé  c© 
canal ,  d'un  écoulement  virulent  de 
trente  ans  »  de  caliofieés  &  d'uke- 
res  de  lurethre  i  dans  la  81%  d'e- 
f  ouJemenc  virulent ,  d'urines  ftipi 


BT4^  JoHrrikl  des  Sçavans  ^ 
glantes  &  purulentes ,  de  difficulté 
d'uriner  ,  de  auatre  fiftules  >  d'une 
tumeur  fquirrheufe  au  périnée»  Se 
d'excroiflances  dans  l'urethre  ;  en- 
fin dans  la  90^,  d'un  dépôt  an- 
Huel  au  périnée,  d'écoulement  viru- 
lent,  &  d'excroifTances  dans  l'ure- 
thre. 

Si  des  maladies  aufli  compliquées 
iïedent  au  remède  de  M.  Daràn  » 
«ft-il  vrai-femblable  qu'il  y  en  aid 
cuelques-unes  qui  puiflentrefifterà^ 
ùm  opération  ? 

DMSCRIPTOIN  ABREGEE, 

,    Géogr^phitjHC  &  HifioricjHe  du 

-    Bt^itta HolUndois &del4 FUn^ 

'   dretiàlUndoifi  i  contenant  un 

détail  précis  àe  la  diftribHtiùn  de 

ces  V^s ,  dt  likrjttuation  ,  r//-i 

mat ,  gotivernement ,  farces ,  nom^ 

bre  dr  mœurs  des  Habit  ans  y  &Cé 

'   tiré  du  Hôllandois ,  avec  des  plartg 

,   ex4fls  des  Places  fortes.  A  Paris , 

ài&t   Claude  -  Jean  -  Baptifte 

-'  Baùëhè»  fils.  Libraire,  Quay 

*  d«»Augul^',  à  rlmlge  Saiàcd 


I 


^rfjr  1748.  Sij^ 

Geneviève  ,  1748,  voL  in^iz, 
pag,  314. 

LEs  pays  dont  cet  ouvrage  don-  ^  j 
ne  la  defcription  ^  font  appel- 
les communément  Us  p^ys  de  la  Gé^  U 
nérMiîé^  parce  cjulh  appartiennent  - 
en   commun  à   la    Genéraliré  de  ^\ 
Tunion ,  c'efl:  à-dire ,  à  tout  le  Corps  1 
des  feptProvinceS' Unies  prifes  en- M 
femble^ ,  &  qu'ils  font  gouvernés-^j 
immédiatement  par  les  Écats  Gé- 
néraux. 

On  les  divife  ordinairement  en  i 
quatre  parties ,  qui  font  it  Brab^nt^ 
JiQlU^dûis ,  Us  P^ys  à  Omre^MtuJi^ 
HdUndûîs ,  Im  Flandre  HeltandèifiTi 
é"  Is  haute    Gmldre    HùUandùffi^\\ 
Notre  Auteur  n*a  traite  que  des( 
irois  premières  ^  parce  que,  dît-il , ^ 
la  Gueldre  Hollandoife  eft  de  troptl 
peu  d'importance  &  trop  cloigné&î] 
de  nos  Frontières. 

Les  pays  de  la  Gènéralîté  ontf  ^ 
été  pour  la  pliipart  conquis  par  les 
armes  ;  cependant  il  y  en  a  quel-*^ 
j^es-uns  qui  refont  fournis  vol^i 


8 1  tf     Journd  des  Sçm/ans , 
tairement  à  TEtât.  Les  uns  &  les 
autres  lui  ont  été  cédés  depuis  par 
des  traités  folemnels  ;  parmi  toutes. 
les  Villes  de  la  Généralité  il  n'y*" 
que  Breda ,  dans  le  Brabant  Hol-  . 
landois  »  &  Venlo  ,  dans  la  Guel- 
dre  Hollandoife»  qui  ayenc  ligné 
rUnion  d'Utrecht  de  1 5  79  5  auflî  # 
furent-elles  comprifes  dans  la  Con- 
fédération générale  qui  (aie  le  lien' 
des  fept  Provinces-Unies, 

Mais  ces  deux  Villes  étant  de-  . 
puis  retombées  fous  TobéifTance  de 
TEfpagne  ,   quoique  reprifes  en- 
fuite  ,  n'ont  plus  été  confidérées 
comme  membres  de  L'Union;  elles . 
n'ont  ni  Députés,  ni  Voix  aux 
l^tats ,  &  leurs  Habitans  font  Su- 
jets des  Euts  Généraux ,  comme 
tous  les  autres  de  la  Généralité. 
Toutes  les  tentatives  que  ceux  du 
Brabant  Ho^landois  ont  faites  juC* 
qu'ici  pour  s'éxenipcer  de  cette  fu- . 
jétion  ont  été  inutiles. 

Autrefois  le  Brabant  &  le  pays 
d'Outre-MjeufereflbrtiflToient  deia 
Cour  fuprêaxe  du  Brabant,  qui  ré- 

(idoit 


hjtdolt  à  Bruxelles  ;  mais  depuis 
qu'une  porrion  confiidérable  de  ces 
pays  fut  tombée  fous  ta  domina* 
[fion  des  Provinces-Unies ,  les  Ha- 
^kans  ne  purent  plus  reconnoître 
lune  Cour  qui  dépendoit  de  rEfpa- 
;ne  ;  après  divers  arrangemeiis  qui 
[le  fubîiftérentpasïong-temps,  leg 
itats  Généraux  érigèrent  un  Con- 
feil  de  Brabant  »  qu'ils  fixèrent  à 
la  Haye.  Ce  Tribunal  juge  en  der- 
nier reffort  toutes  les  aftairei 
)u  on  porte  devant  lui  »  fuîvant  les 
FOrdonnanccs faites  en  1^04,  pour 
le  ConfeU  fupréme  de  Brabanr  par 
ks  Archiducs  Albert  ôc  Ifabelle, 
^^&  félon  les  Loix  ôc  les  Coutumes 
^Ues  lieux .  à  quelques  changemens 
^nrès ,  que  Leurs  Hautes  Puiflànces 
^Einc  jugé  à  propos  d'y  faire, 
WM  *  Le  Brabant  en  général  eîk  dL 
vifé  en  quatre  Quartiers»  qui  font 
les  Quartiers  de  Bruxelles*  de  Lou* 
^f  aîn ,  d* An?ers  &  de  Bois-le-Duc, 
^K  Le  Brabant  HoUan  dois  embrafla 
^tout  le  Quartier  de  Bois-le-Duc  8c 
,      Miae  bonne  partie  de  celui  d'Ajv% 


s  j  8  Jùurpfal  des  Sçdvani , 
vers  5  j1  confine  au  Nord  avec  l4 
Gueldrê&  la  Hollande;  à  TOrient, 
avec  le  Duché  de  Cléves  &  la  Hau- 
te Gueidre  î  au  Midi ,  avec  le  Bra- 
bant  Efpagool  &  TEvéchc  de  Lié-* 
ge  j  à  rOccident ,  avec  la  Zéélan-» 
de  &  la  Flandre  Hollandoife,  Il  a 
environ  vingt- quatre  lie  nés  de  long 
'  d'Orient  en  Occident ,  fur  environ 

quatorze  de    large    du  Midi  au 
i  Nordj  &  comprend  i^.  la  Mairie 

I  de  Bois-le-Duc,  zo*  Le  Man^uifàt 

de  Berg-op  Zoom*  j^  La  Barons 
[  nie  de  Breda.  4^.  LaBaronnie  de 

Graave  &  le  pays  de  Cuych,  j  *=^.  Les 
Seigneuries  d^  Steenbergue»  de 
WUIemftadï:  &  de  Princenland  ^ 
Je  Fort  de  Lillo ,  &  quelques  au* 
très  le  long  de  TEfcaut,  Notre  Au- 
teur a  joint  au  Brabant  Hollandois 
k  Ville  &  le  diftria  de  Maaftricht , 
quoiqu'eUe  n  en  faffe  point  partie , 
&  que  les  Habitans  ne  relèvent 
point  de  la  Coût  de  Brabant ,  qui 
réfide  à  la  Haye,  Mais  il  ne  pou- 
voit  guère  placer  ailleurs  la  defcrip* 
tion  de  ce  pays ,  qui  ayant  afpaî&î 


May   ï74Bi  819 

tenu  autrefois  à  rÉmpire,  fut  en- 
fuite  donné  en  Fief  aux  Ducs  de 
Brabtnt  5c  uni  à  cette  Province. 
,  Le  Pays  d'Outre-Meufe  ou  le 
Limbourg  Hollandois ,  comprend 
une  partie  confidérable^  des  Pays 
de  Valicenbourg  ou  Fauquemont, 
de  Daalhem  &  de  Rolduci  parla 
Paix  de  Munfter  il  fut  convenu 
que  ces  trois  Pays  relleroient  fur 
le  pied  où  ils  étaient  alors,  ljt% 
Etats  Généraujc  en  pofTcdoient  un^ 
grande  partie,  ': 

La  Flandre  Hollandoîfe  confine 
à  rOrienr  avec  le  quartier  d*An- 
yers^au  Midi  &  à  TOccidenc  avec 
J^  Flandre  Efpagnole  ^  &  au  Nord 
avec  le  Hond  ou  Efcaut  Occiden^- 
tal  3c  avec  la  mer  du  Nord  \  ella 
aenviron.on^e  lieues  de  long  de 
l'Orienta  TOccident ,  fur  cinq  o^ 
Cx  da  large  du  Nord  au  Midi^,.^ 

Elle  comprend  i^,  le  Fi;ancde 
rEclufe,,qui  eft  conapqfédes  Bail*^^ 
l^ges  d'AardembQurg  ,  d'Ooft* 
bourg ,  d'Yzendyche^de  Ste  Anne^ 
ï'frmu^içR.^.^H  pay^  de  Cadfani 
Mmij 


8io  Journal  des  Sçavans^ 
a^.  Le  Bailliage  &  la  Ville  dé 
Hulfl:  &  la  Bàronnie  de  Saint  Jean 
Steen.  5  ^.  Le  Bailliage  d'Axel ,  do 
Ter-Neu2e  &  de  Bietvliet.  4°.  Le 
Sas  de  Gand,  le  fort  Philiprhê^ 
&  quelques  Dlftrias  &  Forts  le 
long  de  l'Efcàut.  Tels  font  tous 
les  Pays  dont.il  eft  traité  dans  cet 
Ouvragé.  D'abord  TAuteur  donne 
la  defcription  Topographique  de 
chacun  de  ces  Pays ,  il  nous  dit  ce 
qu'il  produit  &  ce  dont  ii-manque; 
il  parle  du  Commercei'desMcBurs» 
du  Gouverntement  particulier  &'de 
la  Religion  de  Tes  Habitans  ;  il  fait 
THiftoire  abrégée  de  chaque  Ville,* 
H  en  donne  le  plan ,  parle  de  fes 
Fortifications ,  de  fes  revenus  ;  il  fait 
un  dénombrement  éxaâ  de  tous  les? 
Bourgs  &  Villages  qui  eri  dépend 
dent  ^nous  ien  dit  le  produit  &  le 
nombre  de  leurs  Habitans. 

Pour  donner  un  échantillon 
du  travail  de  ndtre  Auteur  ,  nous 
allôds  rapporter  en  abrégé  ce  qu'il' 
dit  de  Bérgûe-ôp-Zoom.  Après 
sràir  paffê  dc^  Û  iîtùdtioi^'v  dt 


May   1748. 


821' 


fcirtificari 


Rtendue 
Bcrguc  op'Zooin  1  ce  qu*on  ne 
peat  bien  comprendre  qn  en  ayant 
ious  les  yeux  le  plati  qu'il  en  don- 
ne ,  il  fait  l^hilloiro  de  cette  Ville  ; 
die  fut  entourée  de  murs  environ 
Tan  1 287;  elle  fur  entièrement  con- 
furaée  par  un  incendie  en  1  5^7  j 
elle  fut  rétablie  beaucoup  plus  belle 
qu^elle  n'écoit  auparavant ,  mais 
elle  fouffrit  beaucoup  dans  les 
guerres  des  Pays-Bas  avec  les  Efpa- 
gnols  ;  elle  lînt  le  parti  des  Etats 
Généraux  depuis  Tannée  i^jj* 
On  a  fouvent  efïayé  de  la  prendre 
par  trahifon  &  par  furprifes ,  maïs 
toutes  ces  tentatives  ont  toujours 
échoué.  ■  Le  Marquis  de  Spinola 
en  fit  le  (îége  en  forme  en  i6\z  ^ 
Se  fut  obligé  de  le  lever  au  bout 
de  quatre  mois ,  après  y  avoir  per- 
du dix  mille  hommes  ;  nous  n'osa -- 
mes  latraquer  en  1  ^72  »  &  cette 
Ville  pouvoir  fe  vanter  de  n*avûir 
jamais  été  prifc  jufqu'à  l'année  der- 
Djére,  qu  elle  fut  emportée  d'affauc 

Et  Mi  le  Maréchal  de  LowendahU 


,$ i%    Journal  dés  Sçavdns , 

Il  y  a  dans  Bergue-op-Zooin 
TÎngt  grandes  &  belles  rues  »  envi- 
ron quatorze  cent  inaifons ,  &  à 
peu  près'  huit  mille  habicans.  La 
taille  des  maifons  monte  à  fîx  mille 
fept  cens  vingtrfix  florins.  Les  ter- 
res qui  environnent  la  Ville  ren-* 
dent  1 800  florins.  Il  y  a  cin({ 
grandes  places ,  dans  deux  defquel* 
les  on  tient  marché  deux  fois  la  fe-- 
maine.  La  grande  Eglifêeft  au  jour-* 
d'hui  aux  Réformés  »  elle  étoit  au» 
trefois  une  Collégiale  ,  elle  avoît 
été  érigée  to  144*  ,  &  étoit  com-< 
pofée  de  huit  Chanoines  &  d'unf 
Doven  j  il  en  refte.  encore  deujfi 
prébendes  qui  font  à  la  difpoiitioti' 
du  Chapitre  de  Sainte  Gertrude 
de  Nivelle  »  mais  elles  ne  peuvenc 
être  données  qu'à  des  Réformés^ 
&  avec  Tagrément  de  L,  H.  P.  Ces- 
deux  Chanoines  tirent  auffi  le  re« 
venu  des  autres  Prébendes  &  des 
biens  Ecdéfiaftiques  de  tout  le 
Marquifat  de  Bergue-op-Zoom  ^ 
&  en  conféquence  font  obligés 
d'entretenir  tous  les  Minières  Ré>L 


H  May  1748-  8îf 

■formés.  L'autre  Eglife  qui  appar- 

■  fenoit  autrefois  aux  Récolets ,  eft 
Hi  prcfent  partagée  en  deux,  &  fert 
Bâu?t  François  Réforméi*ô£  aux  Lu* 
Vthériens.  Les  Catholiques  ont  une 
WlïeHe  Chapelle  deffervie  par  des 
SRécollets  Cjui  dépendent  de  TEvê- 
Vque  d*  A r ras,  mais  qui  font  nommés 
H  par  le  Marquis. 

H      It  y  a  clans  Bergue-op-Zoom 

Etufieurs  édifices  publics ,  fçavolif 
r  Château  ,   THotel  de  Ville,  le 

■  Mont  de  Piété,  plufîeurs  Hôpi* 
Btaux,  deux  prifons ,  cioq  maga^ 
^fcitis  de  guerres.  La  Garnifbn  de 

■  Bergue-op  Zoom  »  &    des   Fort^ 

■  ijui  en  dépendent  »  eft  ordinaire- 

■  mène  de  deux  mille  fix  cens  hom- 

■  mes.     Le     Gouverneur    dépend 

■  des  Etats-Généraux  ,  &  comman- 

■  ëe  la  Garnifon,  Le  Magiftrat  de 
■la  Ville  n'eft  compofé  que  de  Re- 
formés; dans  les  Caufes  Civiles  ort 
appelle  de  fes  Sentences  à  !a  Cou# 
de  Brabant  à  la  Haye.  Il  y  a  pla» 
fieurs   autres  Tribunaux  à  Bcr- 

■.gi|e-op-Zoom  ,  f^vok  s  \^^  \^ 

■  N\  m  \v\Y 


824  Jf^^TTiâl  dês  Sçnvans , 
Cour  Féodale»  elle  prend  connoIC- 
iknce  de  tout  ce  (}ui  regarde  les 
£efs  dans  toute  l'étendue  du  Mar- 
<]uifat,  &  fuge  en  dernier  refTort; 
a^.  une  Chambre  des  Comptes, 
«Ue  a  infpeâion  fur  tous  tes  Do- 
maines &  droits  Seigneuriaux  du 
Marquis ,  &  eft  chargée  de  l'admi  • 
niftracion  des  finances  ;  elle  dirpofe 
atiifi  en  rabfence  du  Marquis  de 
toutes  les  Charges  de  Magiftra-» 
ture  ;  30.  une  Chambre  des  Orphe- 
lins qui  a  bfpeôion  fiir  tous,  les 
cnfans  qui  font  «n  tutelle,  &  qui 
£ût  rendre  compte  tous  les  ans 
aux  Tuteurs*  Outre  cela  il  y  a  un 
Grand  Confeil  appelle  le  Confeil 
Large ,  que  les  Bourguemeftres  con« 
Toquent  dans  des  occafions  extra« 
ordinaires,  comme  au  fujet  dune 
levée  de  nouveaux  impôts  fur  les 
Habitans,  ou  pour  recevoir  les 
comptes  du  Receveur  Général* 
Chaque  Bourg  &  chaque  Village 
du  Marquîfat  a  au(Ti  fon  Tribunal 
qui  reflbrtit  en  première  inftance  à 
U  Cour  des  Fiefs  de  Bergue^p*. 


M^y  1748.         81  Si 
I  Zoom ,  &  de  ta  à  k  Cour  de  Bra-- 
1  bitit  à  la  Haye, 
1      11  y  a  outre  cela  pour  tout  le 

JVlarquifat  un  Confeil  quia  infpe- 
^  âion  fur  les  digues  ^  les  éclufes  , 

les  grands  chemins  &  tout  ce  qui  | 

Ien  dépend»  ^J 

Le  Marqutfat  eft  divifé  en  qua-    ^^ 
tre  quartiers  i  chaque  quartier  tient         j 
fcs  aflemblées  particulières,  doDC         ' 
l'objet  le  plus  ordinaire  efl:  la  répar- 
tition des  impôts  fur  chaque  Villa- 
ge 5  il  fe  tient  auOî  quelquefois  des 
alTemblées  générales  de  cous  les 
quartiers^ 

L'Auteur  entre   dans    le  plus 
grand  dérail  fur  tout  ce  qui  con* 

»  cerne  chacun  de  ces  quatre  quar- 
tiers, &  les  Bourgs  &  ks  Villages 
dont  ils  font  compofés  i  tous  en- 
fcmble  rapporrent  au  Seigneur, 
44500  florins  de  taille,  &  8150 
de  don  gratuit. 

PLe  Marqutfac  de  Bergue-op- 
2-0001  faifoit  autrefois   partie  de 
la  Comté  de^iryen  qui  étoit  d'une 
^  étendue  fortconfidérable.  Ce  ^4?i%. 


tz^  Jotirnkl  des  Sçavonrl 
après  avoir  été  long- temps  pofféd? 
par  fes  Comtes  >  tomba  en  partie 
fous  la  domination  de  la  Hollande^ 
&  en  partie  fous  celle  des  Ducs  de 
Brabanr»  Le  Pays  de  Breda  &  ce- 
lui de  Bergue-op-Zoom  étoit  poÇ- 
fédé  en  1282  »  par  Arnould  dd" 
Louvain  du  chef  dé  fa  femme  ;: 
après  fa  mort  cette  faccefficm  fur 
conteftée.  Jean  Duc  de  Bràbant 
termina  la  querelle  en  1287,611 
donnant  à  l'un  des  Compétiteurs* 
nommés  Ranzon ,  Breda\  &  une 
partie  des  Terres  qui  en  relevoit;. 
&  à  l'autre  nomme  Gérard,  Ber- 

Êue-op-Zoom  avec  fon  Territoire^ 
L  poftérité  de  Gérard  jouk  de  cet- 
te Seigneurie ,  jufqu'à  ce  que  Jean 
Monjoi ,  Seigneur  de  Fouquemone 
qui  avoit  époufé  l'héritière  de  Ber- 
gue-op-Zoom  ,  vendit  cette  Ville 
à  Henry  de  Bouterfem;  en  1418»^ 
Jeanne  de  Bouterfem  ,  fille  d'un 
petit- fils  de  Henry ,  époufa  Jeaa 
de  Brabant  ou  de  Glimes ,  fils  d'uA 
Jean  de  Brabant ,  bâtard,  du  D^ 
Jean  III,  &  lui  appom^n  uamf^ 


■ 


■[  May  1748.  Ëiy 

fcSeî^curîe  deBergue-op-Zoom* 
L'arriéire  petit-fils  de*  ce  Jean  de 
Glimes ,  nommé  Antoine ,  fut  fort 
aimé  de  Charles-Quint,  qui  en  fa 
faveur  ,  érigea  Bergue-op-Zoom 
en  Marquifat ,  Tan  155  5  <  Jean  IIL 
de  dîmes,  fils  d'Antoine,  mourut 
i  Madrid  Tan  i  î^y  ,  &  comme  il 
n'avoir  point  denfans,  le  Ducd'Al- 
be  fie  fequeftrer  le  Marquifat  an 
tiom  du  Roy,  En  1577,  on  le  cé- 
da à  Jean  >  Seigneur  de  Mérode , 
marié  à  une  fceur  de  Jean  de  Gli- 
mes -5  d'héritière  en  héritière  ,  il 
tomba  par  mariage  en  1661^  à 
Frédéric  Maurice  de  la  Tour-d' Au- 
vergne, qui  mourut  en  1707.  Soa 
fils  &  fon  héritier ,  François  Egon , 
mourut  de  la  petite  vérole  en  1 7  !  o» 
nelaifTant  qu'une  fille  nommée  Ma- 
rie-Henriette .laquelle  époufâ  eii 
172  î  Jean  Chrétien  DucdeSultz- 
bac.  Leur  fils  ;  FEtedeur  Palatin  , 
régnant ,  né  le  ï  o  Décembre  1754» 
eu  aujourd'hui  Marquis  de  Ber- 
gae-op-Zoom ,  &  les  Etaes-Géné-        m^ 

Iux  en  ont  la  Soûverainaté  ^  com.-       H 


4 


8z8    JouriiAl:Àes.Sç4Vdns^ 

me  .repréfentanc  le  Dàc  de  Bra^ 

banc. 

HISTOIRE  DÉ  L*ACADE^ 
MIE  Royale  des  Sciences  ^  an^ 
née  1745,  avec  les  mémoires  de 
PbyJiqHe  &  de  Mathématique 
pour  la  même  année ,  tirés  des  Re^ 
^ftres  de  cette  Académie, <^  208 
fag.  four  l'Hiftoire  ,  &  428. 
pour  les  Mémoires ,  avec  1 1  plan^- 
ches  détachées.  A  Paris ,  de  rim- 
primerie  Royale  174^  ,  &  fe 
débite  chez  Durand  »  rue  S* 
Jacques, 

Deuxième     Extrait. 

LE  s  articles  qu'on  lit  dans  THi- 
ftoire  ,  fous  le  titre  de  Phyfi- 
que  &  d*hiftoire  Niaturelle ,  &  donc 
les  faits  fout  rapportés  par  M.  de 
Mairan  font;  1^.  Sur  la  feint  illa^ 
tion  des  étoiles  fixes. 

2°.  Sur  des  pierres  ponces  vues 
fur  la  mer^  entre  le  Cap  de  Bonne- 
Mfpérante,  &  Us  /fies  de  S.  Faut 
0-  dlAmfkràm% 


h  May  1748.  Szjf 

H      5^*  SurHnpariUe  objcrvé a  Reimsm 
V     ^<^^  Sur  un  jlrç'in^ckl  ixira^r^ 
^^naire  vu  f/i  DdécArlie^ 
"      î  "^^  Sur  U  hanfement  vrM  oH  afr^ 

parem  de  la  mer  auprèi  de  cen^inei 

Ciiesn 

»^^.  HâkUHr  extrmrdinam   dm 
Saromeirr. 

70.  BùHUiUes  d'une  frMgiliii Jïn-^^ 

lultére. 

p      8^,  Expériences  fur  t£le£lridf/m 

9°,  Sur  U  dijhibunm  méthodique 

des  co^itillages  ^  &  defcripi i un  parti'- 

Imliére  d'une  efpéce  de  Buccin^  m  de 
fsimMÇùn  terrefire, 
1  o&.  Sur  nne  ifpice  de  ver  ^i 
vient  d  U  lanme  des  chiens^ 
ïlo.  Grand  es  foQile  trouvé  m 
Bmrgôgne^ 
iz»^  Grand  mcrcesu  de  Cri^al 
rempU  iaminme. 
1 5*^.  Tvairt    rendu  pxibU   &^ 
irsnjparent. 
Nous  allons  parler  de  quelques-; 
uns  de  ces  articles* 
K       On  ne  peut  gueres  douter  que 
H  U  fcindUanon  des  étoiles  iîxei^  OU 

■fc 


"Ç  ;  O  fournal  des  Sç^va^i , 
foît  principalement  dtie  aux  vâd 
peurs  c^ui  s'élèvent  dans  l'armof^ 
phere;  une  obfervation  faite  dans 
"un  Pays  où  Tair  eft  pur  ,  va  ache- 
ter de  nous  en  convaincre. 

M.  Garcin ,  Dodeur  en  mé- 
decine ,  de  la  Société  Royale  de 
Londres  ,  &  Correfpondanc  de 
T Académie  ,  a  fourni  robferra- 
^on  qui  fuit  ;  elle  a  été  faite  en 
'Arable  s  à  Ba^d^r  Ah^iffi^  Port  du 
Golfe  PerCque  j  fous  le  tropique 
ydu  Cancer  ;  cet  Auteur  rapporte 
que  dans  ce  Pays  où  il  régne  un 
.àîr  pur  &  ferjein  ,  on  ne  remarque 
aucun  mouvement  de  fcintlllation 
dans  les  étoiles  pendant  les  belles 
nuits  de  rété  \  on  ne  voit  qu'une 
lumière  très^vive  ;  ce  n  eft  qu'au 
milieu  de  l^hyver  que  la  fciotillation^ 
quoique  très.foible ,  s'y  feitapper- 
cevoîr.  L*Hiftorien  rapporte  qui 
Bengale  qui  eft  à  la  même  latitude, 
■que  Bander  Ahaffi ,  on  remarque 
laitimiére  des  étoiles  toujours  va- 
Ciltante.  parce  que  la  rofée  fait 
*fiever  beaucoup  de  vapeurs,  quoi- 


fen  moindre  quantité  qu'an  Ea- 

ope.    Ces    diverfo    obfervatbns 

îbtir  donc  une  preuve  du  fyftcraé 

ne  les  Phyficiens  ont  établi  au 

fujetde  lafcmtîllation.  UHiftorien 

emarque  les  avantages  d'un  Cîeï 

toujours  pur  jBi  ferein  pour  les  ob- 

fervations  d'Aftronomie  ,  ce  qui  a 

Tans  doute  rendu  les  habitans  de  « 

Pays  ,  les  premiers  AftronomeSt 

On  doit  encore  à  M.  Garcia 
robfervation  furies  pierres  Ponces, 
elle  lai  a  été  communiquée  par  ua 
Capitaine  de  vaiHeau  qui  navigeok 
dans  le  mois  de  Mars  de  Tannée 
1725  entre  le  jg  &  le  59  degré 
de  latitude  auftrale ,  entre  le  Cap 
de  Bonne-Efpérance  &  les  Ides  de 
S.  Paul.  Cet  Oificier  apperçut  une 
ijuanîité  prodigieufe  de  pierres  cal- 
cinées, poreu(es&  légères,  depuis 
k  groflêur  d'une  noix  ,  jusqu'à 
celle  de  la  tête  d'un  homme,. 
Le  vaifleau  fit  route  au  milieu  de 
C€S  pierres  pendam  neuf  ou  dix 
jours  ^  fur  un  efpace  de  plus  de 
^00  lieues,  ^U  Garcia  eA  pêifuft* 


^7^^ 


^$*'  Journal -des  Sçdvans^ 
dé  que  ces  pierres  ,  ou  ces  frag-- 
mens  de  pierres  »  viennent  du  fond 
de  la  Mer ,  poufTées  par  quelque 
volcan  ;  l'Hiftorien  ne  s'éloigne 
pas  de  cette  idée ,  d'autant  plus 
qu'il  eft  vraifemblable  qull  y  a  des 
teux  fouterrains  au-deiTous  de  la 
Mer  5  &  de  vrais  volcans  qui  fe  ma* 
nifeftent  par  leur  éruption* 

Voici  comme  M»  de  Mairân  s'ex- . 
plique  au  fujet  de  Tarc-en-ciel,  qui  a 
été  vu  en  Dalecarlie  par  M.  Celfius, 
Profefleur  d'Aftronomic  à  Upfal, 
Le  phénomène  oirdinaire  dé  TÂrc*» 
en-ciel,  cônfifteà  imaginer  un  arc 
dont  les  deux  branches  colorées 
fe  terminent  à  Thôrizon  ;  il  eft  fou* 
vent  accompagné  d'un  fécond  arc 
concentrique,  mais  les  couleurs  de 
ce  dernier  font  toujours  dans  un 
ordre  renverfé  ;  cela  pofé  : 

9>  Si  d'un  point  pris  comme  cen- 
>9  tre  fur  la  flèche  du  premier  arc , 
%y  &  autant  au-deifus  de  Thorizon 
»aue  le  centre  de  cet  arc  eft  au-def- 
9t  lotts  »  vous  décrivez  un  cercle  ou* 
11  un  troifiéme  arc  ,  qui  parce  de; 


2^y  1748.  Sjji 

»y  riiorîzon  &  des  mêmes  points  qae 

I»  le  premier  »  de  manière  qae  s'ou- 
L  vraot  d<;-là ,  &  s*élevant  au  deflus 
|des  deux  autres,  il  coupe  le  fe- 
ï  cotid  à  droite  &  à  gauche  ,  ôt 
f  I  vienne  fe  fermer  en  centre  au- 
»j  deffus  du  fécond ,  vous  aurez  le 
11  Phénomène  de  M.  Celfius. 

Les  Arcs-en^clel  excentriques 
tels  qu'on  vient  de  décrire  celui-ci , 
font  très- rares,  M.  de  Mairan  rap- 
porte à  cette  occâfion  que  M.  Hal- 
ley  étant  à  Chefler  en  1 6^Z  ^J 
©bferva  yn  Arc- en-ciel  femblable 
à  celuide  M-  Celfius.  Pour  entendre 
l'explication  que  M,  de  Mairan 
donne  de  ce  phénomène  ,  il  faut 
imaginer  que  le  Soleil  eft  au-def- 
lous  de  Inorizon  abbaiffé  d'au- 
tant de  degrés  ,  que  le  Soleil  vraî 
eft  au-deilus  ;  il  écoît  élevé  de 
II.  degrés  lorfque  le  Phénomène 
arriva ,  &  les  rayons  de  cet  Aftre 
tomboicnr  dans  linftant  dont  il  s'a- 
git »  fur  une  rivière  appellée  la 
Dde.  J 

I  «»  Si  du  centte  de  Tare  exceattti 


i 


«  J4  Journal  des  Sfat^ans  > 
y%  que  qui  coupe  le  double  Arc-en^ 
»  ciel ,  on  mené  une  ligne  droite 
>>  au  point  réfléchifTant  de  Teau  » 
%}  &  qu'on  prolonge  cette  droite 
»  fous  rhorizon  vers  le  ciel  infi^ 
»  rieur  ;  il  eft  évident  par  l'égalité 
»  des  angles  de  réflexion  &  d'in* 
91  cidence  ,  qu^elle  ira  rencontrer 
>>ce  foleil  fiâice  que  nous  y  avons 
»  placé ,  &  que  ce  troidéme  ^rc  (êr^ 
»  précifément  le  même  dans  Tun 
>i  &  l'autre  cas  ,  à  quelque  dégra<« 
>;  dation  de  couleur  près  dans  ce-^ 

V  lui  qui  eft  réfléchi  par  l'e^u  ;  ot^ 
>>  comme  on  fçait,  rArc^en-cie^ 
%}  ordinaire  doit  SBtre  vu  d'autant 
>t  plus  bas ,  &  d'autant  plus  petit; 
%i  que  le  Soleil  réel  eft  pluç  élevé 
^%  uir  rhorizon  ,  &par  Tinverfe  no* 
>^>  tre  troifiéme  vc  doit  être  vii 
V d'autant  plus  haut,  &  d'autant 

V  plus  grand  que  les  rayons  du  foleil 
»  imaginaire  (ou  ce  qui  revient  au 
Il  même)  que  les  rayons  réfléchis 
»i  par  la  furface  de  l'eau  partent  de 
>^plus  bas  p  .&  .forment  un  plus 
f^  grand  aftgle  ïVec  l'horizontale/* 


Mdy  174S,  8îl 
H  faut  remarquer  qu€  la  pofîi 
tîon  de  robfervareur  peut  être 
également  entre  le  foleil  &  le  point 
rcfléchiffant ,  ou  entre  le  point  ré* 
fléchifTant  &  TArc-en-ciel  ;  d'où  Ton 
voit  qu'il  n'eft  pas  difficile  d  Imiter 
TArc-en  -ciel  de  M,  Celfius ,  ou  d*eil 
faire  un  artificieUement  ,  comme 
l'on  imite  les  autres  Arcs-en-cieï 
ordinaires. 

Au  fujet  du  hautement  vrai  ou 
apparent  de  la  mer ,  qui  eft  le  qua- 
trième article  dont  il  a  été  parlé 
dans  Tenu  mer  atîon  ,  TA  ca demie 
fut  confultée  par  M,  rAbbé  Conti , 
&  elle  répondit  ,  fiâvant  ce  que 
nous  rapporte  M.  de  Maîran,  qu'on 
ne  peut  prefque  pas  douter  que 
le  niveau  de  la  mer  n'ait  changé 
à  regard  de  certaines  côtes  ^  ou  ce 
qui  eft  auffi  vraifemblable  que  lei 
côtes  n*ayent  haufïc  ou  baifl?;  maiSi 
ajoute  le  même  Hiftorien,  Ton  n*a 
aucun  fait  aflez  bien  circonftancié 
&  affez  connu  ,  pour  porter  un 
|ugement  cenain  ;  cette  idée  pour- 
ra faire  naître  Vernie  d^^\i^^ûî?«ôti 


^  5  tf  Joufn$il  ies  SÇ4vans  ; 
iqties  obièrvations  fur  ce  fujdt. 
L  M.  "Wolf  envoya  cette  même 
année  1743  à  T Académie ,  la  def<^ 
crlption  de  bouteilles  fort  fingu*. 
Uéres  >  elles  font  d*une  figure  fem-^ 
bbbl^  à  £elle  d'une  poire ,  avec 
une  ouverture  d'un  pu  deux.pou-^ 
ces ,  &  le  fond  d'une  épaifljbur  de 
trois  lignes  environ.  Si  par  l'ou-i^ 
verture  on  laiiTe  tomber  une  pier- 
re »  aufli  groflfe  que  cette  ouver- 
ture peut  le  permettre,  qui  nefoiç 
ni  fort  dure  iii  anguleqfe ,  ta  bou« 
teille  demeure  d^ns  fon  entier; 
mais  fi  l'on  y  fait  tomber  un  petit 
fragment  anguleux  de  pierre  aju-^ 
fil ,  aufllî-tôt  la  bouteille  fe  brife 
en  plufleurs  morceaux ,  à  peu-pr^s 
comme  les  larmes  de  Prufle  01^  de 
Hollande  ^  quand  on  en  rompt  la 
queue»  On  voit  qu'on  ne  doit  pas 
attribuer  cette  ruptjire  à^  la  fîmple 

E'  ercuflîon.  M.  Wolf  croit  que  ces 
outeiUes ,  de  mênie  que  les  larmes 
de  verre ,  ont  été  refroidies  dans 
i'eau  en  fortant  du  four.  M.  de  Mai- 
Xiù  adopte  cette  conjeâure  «  &  i\ 


May  1748* 


U^\ 


rapporte  ici  l'exphGanon 
coutume  de  donner  de  la  fradiod 
de  ces  larmes  ;  mais  c*eft  avec  cette 
retenue  plus  capable  d  infpirer  Tar- 
deur  de  faire  de  nouvelles  recher-» 
ihes  ,  que  d'affcoir  un  jugement 
fans  appeU 

Dans  un  des  articles  cjue  notif  | 
avons  rapporté  j  M.  de  Mairan  dit^  1 
d'après  M,  Barrere  ,  Profefleur  de 
Médecine  *  à  Perpignan  ,  que  co 
Médecin  à  vu  un  ver  qui  naît,  ou 
qui  sattache  fous  la  langue  des 
petits  chiens couchans  &  des  chiens 
de  Berger ,  du  moins  M.  Barrere 
D*à  point  vu  d'autres  chiens  qui 
en  fufTent  attaqués  ;  cette  ma^ 
ladie>  dont  la  cure  conGfte  à  en-, 
lever  ce  ver  avec  une  aiguille» 
k  manifellé  par  tine  faim  &  une 
maigreur  extraordinaire.     ^  1 

^  On  rapporte  dans  le  dernier  ar- 
ticle de  THiftoire,  que  M.  Geoffroy 
a  fait  voir  à  rAcadémie  une  petite 
eu  il  lier  dYv  Dire,  aue  la  moutardo 
où  elle  a  trempé  a  rendu  Héitiblt 
&  rranfpaiênte  c^oune  de  k 
oe. 


1 


fetfTfsal  des  5ç^^am 
articles  qu'on  lit  poi 

I  tiatomiefant:  i*^,  furlesMonftres, 
le  mémoire  eft  de  M.  Winflow, 

f&  Textrait  an  a  été  fait  par  M,  ^ 

I  Mairan. 

Le  fécond  article  ,  regarde 

fStrabifme ,  le  mémoire  appartient. 3| 
M,  de  Buffan  ,  il  en  eft  parlé  dans 
THittûire, 

\  M-  Duhamel  a  compofé  trois 
lûémoires  fur  la  formation  dfil 
os  ,  &  fur  leur  augmentation  ei| 
toogueur  de  en  groflèur;  on  le$ 
trouve  tous  dans  ce  volume  \  1^ 
iDcme  Auteur  a  donné  le  détail 
d'une  maladie  Onguliére ,  pendant 
laquelle  une  Slle  a  perdu  à  dif« 
fcrentes  fois  pcefque  tout  rhumé4 
rus  ,  fans  que  fon  bras  fe  foit  raçi 
courci ,  &  fan^  qu'elle  en  ait  étî 
j§ftropiée. 

.  Cet  Académicien  a  fait  encore 
Bans  un  mémoire  particulier  di- 
frerfes  obfervations  fur  le  fquelett§ 
de  la  tcte  d'un  animal  que  les  In^ 
idiais  du  Maduré  »  Pays  naturel  de 


à 


MéiJ   1748.  850 

frmé  ^  &  que  M<  d'Après  de  Mari* 
PBevillecce  ,  Lieutenant  des  Vaif- 
f  îeaux  de  la  Compagniedes  Indes; 
[  j&  Correfpondant  de  F  Académie^; 
f  avoît  apporte. 

Un  duQuiéme  Mémoire  de  MT* 
?etît,  renfermant  pludeurs  obfer- 
'  Vations  fur  une  maladie  du  {iphoii 
riacrymal ,  dont  les  Auteurs  n'oac 
[point  parlé. 

L  Les  réflexions  que  M.  de  Mairâft 
\m  faîtes ,  â  1  occaiion  du  Mémoire 
le  M*  Winno^r  ,  fur  les  Monftres, 
[^ous  ont  paru  mériter  une  atten- 
) lion  particulière.  L'Hiftorien  rat- 
IJfemble  avec  art ,  &  fous  un  feul 
ijïoint  de  vue ,  une  queftion  inté-» 
Ireffinte,  &  quia  été  agitée  longi 
[temps  par  deux  Membres  célèbres 
l»de  l'Académie  des  Sciences,  MM« 
jTVf^inflow  &  Lemery,  Voici cedont 
s'agit  j  c'efl  M.  de  Mairan  qui 
?arle* 

»Les  Montres  tels  que  les  eti- 
Il  fans  à  deux  têtes ,  &  en  général  ' 
p»  tous  les  fœtus .  foit  de  Thomme, 
I»  foit  des  animaux  ,  qui  dilféreoc 


kI^O    Joumd  des  Sçat^anf , 
p  de  la  commune  efpéce  par  U 
il  ft^uâore ,  ou  par  k  nombre  de 
ailleurs  parties  internes  ou  exter- 
[iî  nés  j  naiiTent-îls  de  germes  mon-!* 
rftrueux  ,  ou  ne  font-ils  que  Tef- 
^î  fec  du  défordre  ,  Ôc  du  mélange 
[>»  fortuit  des  deux  ou  de  plufieurs 
i>  germes  ^  dans  le  feîn  de  la  mereift 
^oilà  le  fu|et  de  la  cjueftion  en- 
tre M.  'Winflow  &  M.  Leinery  : 
tnfin  il  s'agit  de  fçavoir  fi  certaii^ 
Fnes  conformations  extraordinai- 
res ,  peuvent  être  expliquées  par 
les  feuls  accidens  arrivés  au  fœtus 
dans  le  fein  de  la  mère,  ou  s'il  faut 
avoir  recours  à  une  organifatloci 
préexl{lante  du  germe  qui  la  pro- 
duis 

On  peut  ramener  à  quatre  chefs 
toutes  les  penféesde  M,  Winflov. 
fur  la  queflion  préfente  ;  i  **,  cet 
Auteur  penfe  que  les  deux  fyfte- 
mes  des  foetus  monflrueux  d'o- 
rigine ,  &  des  fœtus  monflrueux 
par  accident  ,  peuvent-étre  em- 
ployés feton  les  difFcrens  cas  des 
fonrormations    extraordinaires  ï 


J 


tf 


Mdy  1748-  t\t 

^*  qiïc  dans  certains  cas  on  ne 
bit  y  employer  cju'uïi  des  deux» 
avoir  lorCqu'on  n*a  pas  de  rai- 
n  ruffifanteà  donner  en  faveut 
e  1  autre  ;  î  ^.  qu  il  y  a  des  cas  oît 
bn  eft  obligé  de  recourir  à  l'un  & 
l'autre ,  parce  qu'aux  conforma- 
ions  extraordinaires   il  peut  en 
rre  furvenu  d'autres  par  accident; 
il  fe  trouve  des  cas  ou  les  plus 
abiles  Phyficicns  &:  Anatoraiftes» 
Toient  fort  embarafics  à  choiOr  à 
Louelle  des  deux  caufcs  il  faut  lat- 
ibuen  Le  fentiment  de  M.  Winf- 
w  coiififte  à  admettre  une  confor- 
jcion  monftrueufe  d*origine ,  fans 
letter  ou    exclure    abfolument 
lute  conformation  extraordinaire 
^ar  accident. 
Cette  dodrine  (dit  THiftorien) 
fait  beaucoup  de  profely tes  chez 
%  Etrangers  ,  &  dans  l'Acadé-.- 
mie  ;  il  ajoute  ,  nous  ne  fommes 
point   autorifés  à  en  dire  davan* 
tage  ;  mais  ce  ne  fera  point  nous 
écarter  du  but  de  cette  Hiftoire, 
après  avoir  été  témoin  d^  x,<ïn^^ 


84^     JoufHal  des  S f avons , 
la  difpute,  nous  ofons  rappeller  id 
quelques-unes  des  réflexions  qu'eU 
le  nous  a  fait  liaître ,  fie  M.  de  Mai-i^ 
ran  va  nous  faire  connoicre  que 
s'il  incline   pour  quelque  partie 
c'eftpourle  fyflréme  de  M.  Win^ 
flow,  »>  Il  n'eft  rien,  dit-il,  qu'on 
9)  allègue  plus  volontiers ,  &  à  inoa 
»  avis  plus  vaguement ,  pour  éta-^ 
99  blir  la  poifibUité  des  mohftfes 
P  par  accident^  que  la  moUeflè  fit 
nia   fluidité   des    fubftances  qui 
»  compofent  le  fœtus  dans  le  fein 
f)  de  là  mère.  Les  parties  récipro* 
»  ques  de  deux  fœtus ,  par  exem- 
»>  pie ,  molles ,  flexibles ,  fie  pourri 
9)  tant  déjà  orgahifées  ,  peuvent, 
%s  dit-on ,  fe  mêler  aifément,  s'âju- 
91  fter  enfemble  (ans  fe  détruire, 
%s  ou  ne  fe  détruire  qu'en  partie 
>>  dans  l'un  des  fœtus  ,  de  matûé- 
t»  re  qu'il  en  réfultera  dans  l'autre 
9»  un  tout  monftrueux ,  ou  un  fœ- 
99  tus  autrement  organifé  qu'il  n'au« 
99  roit  été  dans  l'ordre  naturel*  <c 
Maïs  cette  idée  approfondie  v« 
bieaibi  di^aroStrc^  8c  te  ni^*: 


\ 


Msy  1748,  84  î 

cernent    de    THlftorien  a   toute 
force  qu'on  pçut  defirer  :  fui- 
S^ons  le, 

»»  Qa*ofi  conçoive  comme  on 
r  voudra  les  parties  dont  rafTem^ 
bt  blage  doit  faire  le  montre  ou 
H>  Tammal ,  foît  comme  dures  &  fo- 
|iilîdes,  foit  comme  fluides ^  ou, 
\%ï  ce  qui  eft  plus  conforme  à  la 
|f  >  nature  *  comme  n'étant  ni  abfo* 
î)  lument  dures  ,  ni  abfolument 
Il  fluides,  ne  faudra -t*il  pas  tou- 
^»  jours  que  quelqu'une  de  ces  par^ 
\m  ries  déterminée  celle ,  &  organi- 
se de  telle  manière,  aille  fe  pla- 
I  certoutjufte^ou  fe  trouve  auprès 
f%  de  telle  autre ,  également  déter- 
I  minée ,  &  par  Ton  efpéce  &  par 
"•*  fon  organiiation ,  pour  y  former 
nie  monftre  ;  uue  féconde  tête, 
He  par  example ,  fur  un  feul  tronc  ^ 
^i  un  feul  cœur  dans  deux  poitri- 
ttnes ,  jointes  Tune  à  l'autre  ,  un 
»  fixiéme  doigt  bien  articulé  fur 
n  une  main ,  ou  la  plus  petite  por* 
f  t  tion  d*un  doigt  ?  Car  il  y  a  mille 
14  Mcmples  de  toutes  ces  Cmi^xaiâ.- 


$44  Journal  des  Sçavans  ; 
»  mes  3  &  il  n'eft  aucune  des  par-^ 
3>  ties  qui  les  conftltuent ,  qui  ne 
%>  contienne  une  infinité  de  yaiC^ 
yy  (baux ,  de  tendons ,  de  âbf es.  & 
%>  de  nerfs  qui  ont  leurs  coniigurar.  ' 
>)  tions  »  leurs  places  >  &  leur  ftru^ 
i>  âure  particulières  »  &  détermi- 
»  nées  relativement  à  un  tout ,  fans 
»  lequel  elles  ne  fçauroient  fub- 
i>fifter.  Le  cœur,  par  exemple, 
>^la  première  de  toutes  les  parties 
w  où  Ton  apperçoit  le  mouvement, 
»>  (pun^umfalierjs  )  &  qui  cft  vrai- 
9>  lemblablement  le  principe  du 
»>  mouvement  à  1  égard  de  toutes 
>)  les  autres ,  comment  a-t'il  pu  fe. 
»  détruire  dans  une  poitrine  naif- 
>i  fante ,  fans  que  cette  poitrine  ait 
»9  été  détruite ,  fans  qu'elle  ait  ceffé 
9>  de  croître?  Ou  comment  le  cœur 
»>  d'une  autre  poitrine  qui  fe  trou-» 
9}  ve  jointe  à  celle-ci,  avec  laquelle 
»  il  n  avpit  le  moment  d'aupara- 
»  vant  aucune  commimication ,  a- 
»  t'il  pu  lui  communiouer  le  fane, 
9>  le  mouvement  &  la  vie  ?  Conçoit- 
von  la  prodigieufe  quantité  dc^ 


May  1748.  84^ 

il  nouveaux  canaux ,  &  de  nouvel- 
tïles  jonfHonsqul!  faucy  ajourer, 
ti  ou  y  viifpofer  pour  ccîla ,  &  na  i 
T9  fera-ce  que  1  "efrecdu  dcfordre  Sfi  ■ 
I)  i$f  du  hazard  }  Les  parties  orga*- 
^1  niques d\in  animal  étant  une  fois] 
♦»  déluoies  ,  détniites ,  &  pour  1«  j 
M  moins  altérées  par  là  ,  difperféetj 
n&   flottantes  dans   un  licjuîdepl 
ft  j'avoue  que  je  n'y  vois  plus  ni  ger^  j 
n  nie ,  ni  animal  ^  ni  partie  quekon- 
i«  que  d'animal ,  ai:  que  leur  ré  ta-*  ^ 
it  blilTemenr  fortuit  ^  ou  leur  réu-  j 
f$  nion  en  un  tout  organifc ,  me  pa-* 
f»  roit  quelque  chofe  dauilj  incon- 
vf  cevable  que  la  génération  des  < 
Il  infeâes ,  qu'on  atcribuoit  autre-  \ 
%>  fois  à  la  fîmple  putrefaétion.  Peu 
f>  s  en  faut  du  moins  que  cette  mol-  j 
tY  leffe  de  pâmes  à  laquelle  on  aj 
n  recours  pour  iniaginer  la  formai 
>i  tion  d'un  monftre  par  la  réunioa  ' 
if  des  germes  ,  ou  de  quelqu'un© 
tf  de  leurs  parties  dans  le  fein  ds 
SI  la  mère ,  ne  nous  rejette  dans  U 
»)  même  abfurdité»  Cetre  mollefls 
V  &  cette  efpéc€  de  fluidaé  ^  t^o'^ 


iJ^S  Joumél  des  SçétVMfi 
>i  reconnoit  dans  le  fœtus  naiflant 
%i  ne  me  paroit  donc  pas  pins  pro» 
9>  pre  à  expliquer  la  formation  des 
»i  monftres  par  accident  >  que  la 
>i  dureté  des  parties  qui  pourroic 
»>  du  moins  maintenir  plus  aifé* 
>9  ment  ces  parties  dans  leur  état 
t>  naturel.  <« 

M.  de  Maitra  f^it  une  applica* 
tion  de  tous  ces  principes  à  divers 
cas.  Se  en  particulier  fur  un  en^ 
faut  de  quinze  mens  qui  âvoit  (ne 
doigts  à  chaque  main  &  à  chaque 
pied.  Cet  exemple  accompagné  di» 
Taifonnement ,  &  des  calculs  qu'oi)^ 
a  coutume  d'employer  fur  les  Jeux 
de  hazardy  eft  démonfiraôf  ;  enfia 
con>bien  faut-il  de  combinaifons^ 
combien  de  hazards  dans  la  deftnw 
âion  de  deux  germes ,  faut- il  fup-* 
pofer  pour  imaginer  un  arrangea 
ment  ti  merveilleux ,  fi  unique  »  8c 
comme  fait  avec  deflèin  dans  les 
mains  &  dans  les  pieds  de  cet  en-* 
fant  I peut-on  dire  que  ceprodige 
eft  un  effet  de  la  confunon  des 
germes.  Il  y  a  bien  de  l'ordre  ^ 


I 

I 


M4y  1749.  S47 

bîeti  de  la  fagelîe ,  &  bien  de  l'ar- 
rangement dani  cette  confufion  ou 
ce  dcfordre  prétenda. 

Pour  infirmer  les  preuves  qui 
démontrent  que  les  monftres  ont 
des  germes  pFcexLflans ,  &  dont  la 
ftrufture  eft  vifiblement  détermi- 
née de  tout  cemps ,  on  rapporte  la 
produâion  des  fruits  doubles ,  Tar- 
rangement  ir régulier  des  plantes  ; 
mais  on  doit  prendre  garde  que 
toutes  tes  végétations  irrégulléres , 
&  cous  les  fruits  monftrueux  ne 
font  fi  frcquens  qu*à  caufe  de  la> 
multitude  inHnie  de  germes  que 
renfermônt  toutes  les  parties  des. 
plantes»  &  par  la  facilite  avec  la^ 
quelle  on  peut  faire  couler  &  cir*^ 
culer  le  fuc  nounicîer  de  Tune  dans 
les  vaifleaux  de  lautre  j  de  plus , 
ques'enfuivroit-il  quandlon diroit' 
que  les  plantes  ont  leurs  raonftret 
d'origine  ? 

Nous  allons  dire  quelque  chofe 
[des  trois  mémoires  de  M.  Duha- 
Imel.  Il  J^  a  quelques  années  que 
Icec  habile  Académicien ,  a  c^ue^-^  \ 


^4^  Journal  desSçavanSj 
pris  de  prouver  que  les  os  du  corps; 
humain  &  de  tous  les  animaux»; 
croiilènt  en  groHèur  par  l'addition. 
des  couches  oITeufes  qui  tirent  leur 
origine  du  périofte.  Le  même  Au- 
teur a  prouvé  que  Je  corps  ligneux 
des  arores  augmente  en  groflèur 
par  l'addition  des  couches  ligneu-* 
les  qui  fe  forment  dans  l'écorce. 
Enfin  le  période  eft  aux  os  ce  que, 
,  récorce  eft  aux  arbres ,  les  lames 
intérieures  de  cette  membrane  s'oi^: 
£fient  »  &  elles  augmentent  la  gro£». 
feur  des  os ,  comme  lesr  lames  mté- 
Tieures  de  lécorce  augmentent  U . 
groilèur  du  corps  ligneux  :  c'eft  là 
le  fujet  du  premier  méraotre  die  M« 
Duhamel  ;  dans  le  fécond  le  même 
Auteur  fe  propofe  d'éclaircir  com« 
xne  fe  fait  la  crue  des  os  fuivanc 
leur  longueur  :  l'Auteur  prétend 
que  cet  accroiflement  fe  tait  par. 
par  un  mécanifme  très-approchant, 
de  celui  qu'obferve  la  nature  pour 
l'allongement  du  corps  ligneux 
dans  les  bourgeons  des  arbres.  M» 
Duhamel  avoïc  donné  dans  les  sot. 


Msy  1748-  849 

lûmes  préccdenSp  irois  autres  Mé- 
moires fur  la  mcme  queftlon,  mais 
il  a  compofé  ceux-ci  dans  la  crainte 
d'avoir  laifle  dans  les  premiers 
quelque  obfcurité  ,  ou  quelque 
cliofe  qui  demandât  d'être  fortifié 
]3ar  de  nouvelles  expériences  ;  M. 
Duhamel  a  beaucoup  examiné 
comment  les  arbres  crDilTaient  en 
hauteur  ;  il  s'ell  convaincu  par  ditte- 
rens  faits  que  rallongement  des  ar- 
bres »  vient  de  la  paitie  qui  eft  ex* 
trêmement  hert;iacée,  &  que  cec 
allongement  diminue  proportion- 
nellement  au  progç^s  de  Fendur- 
çiflemeot  ,  6f  qu*il  cefle  aux  en-- 
droits  où  Tendu rciÛement  eft  par- 
fait. Il  eft  ai(é  de  faire  rapplication 
de  ces  obfervatioBsà  la  crue  des  os^ 
fui  van  t  leur  allongement.  Il  s  en- 
fuit ^  i"".  que  il  les  os  ne  font  pas 
bien  endurcis, ils  s'allongent  dans 
toutes  leurs  parties;  z^.queTal-- 
longement  diminue  d^ns  les  en- 
droUs  où  lendurcilTement  fait  le 
1  plus  de  progrès;  }  **•  q^eTallonge- 
Lmeot  ceffe  aux  endroits  qù  V^\x^\-.  J 


r 


I 


?  f  O  Journal  deî  ^çavéni^ 
ciffement  eft  parfait  ;  40,  que  FaE* 
longement  eft  plus  confidérable  à 
la  partie  fupmeure  qu'à  rinférieu- 
re  ;  \^^  cufin  lorfque  les  animaux 
approchent  de  la  grandeur  qu'il» 
doivent  avoir  ^  raccrotflement  de^ 
os  ne  fe  fait  plus  que  par  les  extré- 
mités :  c  ert  donc  une  analogie  con- 
tinuelle entre  raccroiflêment  des 
végétaux  &  celui  des  animaux,      ^ 

Dans  le  troîlîéme  mémoire  da 
M.  Duhamel  fur  la  format iwi  & 
TaccroiOement  des  os ,  00  trouve 
diverfes  réponfes  à  quelques  objev 
fiions  >  que  de  célèbres  Anatomi* 
ftes  ont  propofé  à  I  Auteur  ;  il  y 
ajoute  quelques  éclairciflemens  fur 
diffërens  cas  qui  lui  ont  été  com- 
muniqués t  &  qui  avoient  un  rap-^ 
porc  îcûjnédtat  à  la  quefBon  qu'il 
avoir  traitée  :  enfin  il  n  a  t 
fien  laifler  fans  édaircifTëm 
fans  réponfe. 

Voici  le^^^fe  ptufteuf 
ceaux  qucf^         i^ 
rangdesof  ^anato 


sofl  ^aç 


» 


verfes  remarques  que  M.  HérîflanB 
a  faites ,  &  qull  eft  venu  Ike  à  TA^ 
cadcmîe, 

z*^.  Sur  rintroduâion  de  1 
dans  le  corps  animal  ;  ce  mémoire 
a  été  envoyé  par  M,  Ëouiltec  »  H 
veut  y  prouver  que  l'air  slnfinue 
dans  le  corps  animal ,  non  feule- 
ment par  la  nourrirure  ,  mais  qu'il 
pa0e  dans  le  fang^dans  les  veficule» 
du  poulmon,  &  par  d'autres  vaif^^j 
lèaux  abforbans  bc  exhalans,       Jj^ 

5<*.  Elémens  de  Médecine  prat^^ 
fjue  prefentés  à  l'Académie  i  Tou» 
vrage  appartient  à  M*  BouîUer» 

4*.  Dans  un  autre  article  il  s'a^j 
git  de  Cçavolr  (î  les  ventricules  9^ 
le  cœur  même  doivent  perdre  o» 
acquérir  plus  de  langueur,  en  di- 
minuant de  largeur  ou  de  diamé- 
tre*  M,  Perfon ,  Doâeur  en  Méde- 
cine ,  tâche  de  prouver  que  le  cœur 
(e  raccourcit  ou  diminue  de  loil^| 
geur  dans  la  contraâion.  ^^ 

5°,  Repréfentation  de  rorgaoc^    , 
de  Touie  en  relier,  W^ 

tf ^  Sui  k  dedans  extraordiQaiflfl 


H  )  s     Jouffféil  des  Sçsvans  ^ 

de  la  bouche  d'un  enfant,  né1>ec 

de  lièvre. 

7°.  Double  matrice, 
i  8^  Mufcle  finguHer. 
:    9°.  Ovaires  où  Ton  a  trouva  des 
cheveux ,  des  os ,  &  des  dents. 
:     I  o^.  Sur  la  taille  latérale. 

11°.  Douzième  vertèbre  du  dos 
d'un  homme  traverfée  par  le  bouf: 
d'une  lame  d'épée  qui  s'y  caflà. 
-:.  i.2<>.  Suite  d'une  bleuure  à  la 
tête.  .  /,  ■      ;:. 

•'  !}<>.  Paraly fie. fans  (êntîment, 
quoique  les  mouvemens  de  la  par* 
tie  infenfible  ne  foient  point  dé« 
•trùits. 

:  '  14**.  Autre  paralyCe  de  mêiM 
fiature. 

>  '  1 50..  Odeurs  communiquées  au 
<orps  animal.  Tous  ces  fait^  qùoir 
^qne  très  curieux  »  ne  conyiennent 
]gueres  qu'aux  gens  du  métier.  Nous 
-nous- contenterons  d'avertir  qu'ils 
font  accompagnés  comme  les  au« 
itres;:  dés  jéâffxions  &  des  remar- 
ques curieufes  de  l'Hiftorien  qui 
4e5  râ|)pQrcei  uousiéfenons  pour 


[ 


May  Ï74S*  85Œ 

Un  autre  Journal ,  la  Chimie,  1« 

Machémacii^ues  &  rAftronomie»  1 

MmURS  ET  USAGES  DeÀ 
Turcs ,  leur  Religim  ,  leur  Gou^ 
"Verncment  Civil ,  MHitmrc  ^  OT 
F&littejH€  y  avec  un  ^hregidç  i'Hîm 
,  fioire  Otiùmme ,  par  Af.  GuiR  J 
Avocat^  Tûme  féconde  A  ParîsJ 
chez  Coutelier,  Quay  des  Au-3 
I  guftias  ^  au  coin  de  la  rue  GiftJj 
le  -  Ccrur ,  1 7^7,  in  -  4*^,  pptfj 
5Î7*  3 

E  volume  eft  dîvifé  en  (êpfl 
Livres.  Le  premier ,  qui  eft  \m 

Suarriérae  de  tout  Touvrage,  traltaB 
e  la  Cour  Ottomane  &  des  OffiJj 
ciers  de  l'Empire.  L'Auteur  décrlg 
d'abord  les  cérémonies  &  la  pom  J 

?e  du  couronnement  du  grand j 
ultan*  Il  obferve ,  qu  a  fon  avcne-J 
ment  au  Trône ,  le  nouvel  Empe J 
reur  ne  manque  jamais  de  faire  di  J 
Aribuer  certaines  flimmes  aux  trouJ 
pes  choifies ,  qui  fe  trouvent  aloro 
^  Conftantiaoplè,  Lei  troupes  ^- 


^54  y^térnddis  Sçavantl 
dît- il  ,  regardenc  cette  libéralité; 
non  comme  un  don  purement  gra- 
tuit,  mats  comme  une  dette  auto- 
rifëe  par  Tufage»  On  a  vu  les  Sol- 
dats remettre  au  Sukan  trois  mois 
de  leur  paye  >  &  même  fix  ,  dans 
lespreïïans  befoîns  de  l'Etat;  mais 
on  n'a  prefqtie  jamais  vu  >  qu'ils 
ayent  renoncé  au  Jfilus  Achefis 
(c*eft  ainfi  qu'on  appelle  l'argent 
^ue  fait  diftrîbuer  le  nouveau  Sul- 
tan, )  Cette  diftributîon  fut  intro- 
duite par  Soliman  I.  Ce  Prince 
ayaut  eu  beaucoup  de  peine  a  réu- 
nir fous  fa  domination  toutes  les 
partie;  du  grand  £mpire  Ottoman, 
crut  devoir  affermir  fa  puifTance  , 
&  s'attacher  les  cœurs  de  fes  SoU 
dats  par  quelques  grandes  largelfe. 
Son  exemple  fut  fuivi  par  ceux 
qui  lui  fuccédérent.  M-  Guer  tou- 
jours fécond  en  réflexions,  nerap- 
Çorte  aucun  ufage  remarquable  des^ 
'urcs ,  fans  en  balancer  les  avan^^ 
tagesôclesinconvéniens,  U prétend 
ici  que  Soliman  a  rendu  un  fort 
laauvais  ferviceà  rEmpire,  nniiwi 


Màj  1748.  S.5U 

tlifTant  Ujulhsj^chtfis.  n  Ce  Prin^i 
»*  ce ,  dit-il  ^  o'agk  en  eecce  occa* ] 
fi  fion  ,  ni  en  fage  Politique  ,  ni  j 
»  même  en  Prince  jufte  &  qui  rai-  [ 
»  Tonne.  L'expérience  n'a  que  trop  j 
nê  prouvé ,  que  legouverneraent  mi^7 
M  Htaîre  efl  un  gouvernement  vio-il 
m  lent  ^  un  gouvernement  de  fang^j 
»un  principe  éternel  de  troublei 
w&  de  divijïons»  de  fcdkiom  8c| 
»  de  révoltes  ,  de  tnouvemens  £^ 
ï»  de  révolutions  dans  TEtat  ;  paç  | 
»  conféquent  une  fource  de  maU 
}»  heurs  pour  les  peuples.  On  fçaîi;  j 
99  que  TEpoque  de  la  décadence 
f>  oe  rEnxpire  Ron^ain  a  comment  j 
»  ce  à  rétabliffement  des  Garde* 
t»  Prétoriennes  &  des  largeffes  qutt  i 
tt  les  nouveaux  Empereurs  avoient  \ 
»  coutume  de  faire  à  ces  troupes  à  I 
t»  leur  avènement  au  Trône.  Dii 
ti  refte  qui  ne  fçait ,  que  ces  forte»  1 
»i  de  libéralités  ne  fervent  qu*à  ren-*^  j 
n  dre  le  Soldat  fier  Si  infoîent ,  âC 
w  à  énerver  la  difcipline  militaire  ^i 
ti  Que  bien  -  loin  d'être  d*a«iaii»l 
fi  avantage  »  elles  (ont  à  cbai^^^ 


f\  fujetSi  fur  qm  le  Prince  eft  tou^' 
f>  jours  foLcé  de  fe  rédimer  de  )'o-* 
Vf  bligation  ou  il  s*eft  trouvé  de  les 
n  faire?  Qu'enfin  un  des  premiers 
fft  principes  de  tout  gouvernemencr 
f»  jufte, équitable &fenfé,  eft  que/ 
1»  comme  le  peuple  n  y  doic  jamais* 
M  craindre  d'injuftice  ni  de  violen-' 
ï»  ce  de  la  part  de  fon  Souverain ,  le 
•f  Prince  de  fon  côté  n*y  doit  jamais 
>^  appréhender  de  révolte  de  fea 
>>  fùjets ,  ni  faire  dépendre  fon  au^ 
îfttorité  de  leur  bon  plailir  &  da 
tî  leur  caprice  ? 

•  1/Aureur  repréfente  enfuite  I* 
fnaniére  de  vivre  du  Sukan  dans  la 
particulier»  il  décrie  fes  exercices 
de  religion.  Tordre  qui  s'obferv© 
dans  fes  repas ,  fes  amuf^mens ,  (êa 
chafles  ;  il  dit  que  les  Empereurs 
dévots  &  ceux  qui  veulent  faire 
croire  qu'ils  le  (ont,  portent  le  fcru- 
pule  jutqu'à  fe  conform&r  à  rarticU 
de  la  Loi ,  qui  les  oblige  au  travail 
manuel  :  i>  Mahomet  IL  dic-il ,  cul- 
it  tivoit  fes  jardins ,  &  du  produis 
tt  des  fruits  <jue  Von  vendoit ,  il  fai^ 


Mdy  1748,  t^f 

Il  loît  acheter  des  vivres  pour  4 
f  1  bouche*  Soliman  IL  étoit  Corj 
>»  donnier.Selini  IL  faifoit  de  petit|] 
n  croiflins,  que  les  Pèlerins  Xurcw 
»  portent  fur  leurs  bourdons ,  daa$^| 
"  leurs  voyages  de  la  Méque.  Ami] 
»i  rat  llh  faifoit  desfltches,  Âmu^ 
il  rat  IV.  des  anneaux  pour  tirei 
^»  deTArc,  Ibrahim  des  cure-oreil 
w*  les  ,  &  autres  bagatelles  d'écaillj 
i»de  Tortue.  Mahomet  IV,  s'oci 
ftj  cupoit  à  pécher  &  à  cirer  de  l'Ar^ 
t>  qnebufe.    Mais    ces   Ouvriers 
»>  ajoute  M*  Guer  ,   oui  pofTédent 
n  des  Royaumes  &  des  Empires  1 
f  ï  vendent  chèrement  leurs  ouvrai 
»«ges.  Selon  un   Hiftorien  Turc^ 
lïles  fruits  de  Mahomet  IL  quekJ 
»t  que  doux  qu'ils  fuflenc  ,  paroiCi] 
»  (oient  amers  à  ceux  qui  avoien( 
tiThonneur  d'en  goûter;  les  cure<^| 
Il  oreilles  d'Ibrahim  déchiroient  le&  ] 
n  oreilles  de  Tes  Courtifans ,  &  lew 
>»  os  de  lièvre  de  Mahomet  IV.  pre«i] 
il  noient  fes  Mioiftres  à  la  gnrgetil 
I»  c*eft-à-dire,  qu'ils  ne  pouvoieoti 
^  s'en  délivrer  <|ae  par  de  groflei  ' 


tB  5  8  J<fWfuà  des  Sfiivans  » 
»f  lommes  d'argent,c«  Nous  rapport 
tons  exprès  les  propres  paroles  de 
l'Auteur,  afin  que  l'on  puiflè  juger 
par-là  &  de  fon  efpric  &  de  fon  ftyle; 
Après  avoir  expofé  tout  ce  qui 
regarde  la  perfonne  du  Sultan ,  M» 
Guer  parle  des  Sultanes ,  de  leurs 
^vifions,  de  leurs  querelles,  da 
leurs  intrigues  &  de  leur  avarice* 
Il  décrit  le  Serrail  &  donne  une 
notice   détaillée  de  la  discipline 

2u'on  y  obferve.  Il  nomme  les  0& 
ciers  de  la  maifon  du  Grand  Seir 
g  leur,  &  il  décrit  leurs  fonâionsj 
nfuite  il  parle  des  Officiers  de^ 
l'Empire,  Içavoir  du  Grand  Vifîr, 
du  Caimacan ,  du  Capitan  Bâcha" 
ou  Amiral^ du  Defcerdar,  de  l'A* 
ga  des  JanifTaires  ,  du  Spahikr 
Aga,du  BofhingiBachi,  du  grand 
&  petit  Ecuyer ,  du  Muphti  &  des 
Officiers  de  la  féconde  &  troifiéme 
elafTe.  Il  ne  laifle  rien  à  défirer  fur 
tout  ce  qui  concerne  la  connoiC* 
(knce  d^  fondions ,  des  revenus 
&  de  l'autorité  de  ces  grands  Of- 
ficîersi..de  l'ËnipirQ,  Parlane  de  la 


I 


I 


BP        Ma^  1748.  Î5^ 

Charge  de  Grand  Vifir,  il  en  re-  | 
chercne  rorigine.   Plufieurs   Au-- 
teurs  ,  dit- il,  prétendent  que  les 
Princes  Ottomans  créèrent  cette 
Charge  dès  le  commencement  de 
l'Empire  &  fe  repoférent  fur  leurs 
Vifirs  des  foins  du  gouvernemeni;  . 
afin  de  pouvoir  jouir  des  plaiGrs 
avec  plus  de  tranquillité*  D'autres 
croyenc  que  cette  dignité  fut  d'à-  ' 
bord  établie  pour  éviter  ToppoOf- 
rion  qui   fe  rencontre  ordinaire- 
ment entre  pluOeurs  Miniftres  d'un 
^gal  pouvoir  qui  gouvernenr  le  mê» 
me  Etat  M.  Guer  obferve  que  fous 
les  premiers  Succefleurs  d'Amu-i 
rat  le  pouvoir  du  premier  Vifir  fui  \ 
fort  borné  ;  que  ce  Miniftre  û'a* 
gifToit  qu'avec  fubordination  aux  1 
ordres  du  Sultan  ,  &  n  avoir  que 
vingt  mille  écus  de  revenu*  Mais,  ! 
ajoute-t 'il,  depuis  que  Soliman  IIU  I 
commença  à  confier  le  gouverne-  i 
ment  de  I  Empire  à  fes  grands  Vï* 
Crs  Ibrahim  &  Ruftan^Pacha,  Se  ! 
qu'il  leur  eut  fait  époufer  fa  fceuf 
&  fa  fille  »  U  puiflfaace  des  Ëmi}^^ 


IB  d'o  Journdl  des  Sféft/4ns , 
pereurs  Ottomans  pafla  toute  M^ 
tiere  dans  la  perfonne  du  premier 
Miniftre.  Il  eft  aujourd'hui  l'ârbi- 
f re  fouverain  des  afTan-es  &  le  did- 
penfateur  de  raûtorité  Impériale, 
^u'il  exerce  à  fa  volonté.  Cette  au- 
torité fans  bornes  qui  dans  d'au- 
tres Etats  auroit  les  plus  danger 
reufes  conféquences ,  eft  en  queU 
tjue  façon  le  foutien  de  l'Empire 
Ottoman* 

Quelque  grand  que  foit  le  pou* 
voir  dû  Vifir  ,  il  n'arrive  jamais 
^u'il  afpire  au  Trône.  Le  refpeâ 
&  Taffedion  des  Turcs  pour  lài 
race  régnante  né  lui  permettent  paà 
d'ofer  fe  flater  de  pouvoir  met- 
tre le  diadème  fur  fa  tête  :  content 
de  fa  fortune  ,  il  n'en  tente  pas 
une  plus  haute  :  il  travaille  avec 
sèle  à  la  fureté  du  Trône  dont  il 
eft  l'appui  ;  &  la  vie  du  Monarque , 
qui  le  laîfle  gouverner  à  fon  eré , 
lui  eft  auifi  précieufe  que  la  lien- 
fie  propre.  Mais  fi  le  grand  Vifi- 
yiat  a  les  agrémens  &  les  avanta- 
ges^ il  a  auffi  fes  dangers.  Voici  ea 


May  1748^  î€* 

quels  termes  M.  Guer  les  repcefea* 
te.  *»  Ce  fecood  Maicre  de  rEm- 
lï  pire ,  que  tant  d'édac  environne^ 
11  n'eft  cependant  en  eftec  qu  ua 
f  t  efdave  diftingué  »  à  qui  un  *  Ca-, 
91  tifchenf  fera  dans  un  moment 
9f  couper  la  tête  i  qui  en  attendant^  j 
»f  ce  dernier  moment ,  cache  fou^.1 
»  les  dehors  pompeux  d'une  gran-J 
«  deiir  fragile  les  foins  les  plus  pe- F 
$}  nibles,  les  chagrins  les  plus  cuU  | 
u  fans  i  qui  tous  les  jours  eft  tour-^J 
»»  mente  par  Tambition ,  par  le  dé-*J 
p»  Cr  d'accroître  fon  autorité 
n  par  la  crainte  de  perdre  la  fa^ 
jî  veur  de  fon  maître,  Fut-il  con-^l 
f3  fomroé  dans  la  plus  fine  polid^l 
>»  que,  verfé  dans  la  connoiflànce 
n  de  tous  les  intérêts  des  vaûe 
13  Etats  confiés  à  Tes  foins ,  prompta 
f>  aétif,  vigilant  *iufle,  exaét  ot 
M  (ervateur  des  Loix  ;  eut-il  les 
>»  intentions  les  plus  droites  &  kl 
S}  plus  pures .  il  efl:  toujours  retg 
»i  ponfable  au  peuple  des  diiHcuM 
n  tés  &L  des  mauvais  fuccès  de  ï^j 

*  Qrért  iirn  d§  k  mmm  ds  i'Zmffrrur^ 


* 


%Sz     J&umd  des  Sçava^x  , 
1»  xécution.  Qu'un  Sultan  peu  ver- 
f I  fé  dans  le  gouvernement  veuille 
wf  par  caprice  changer  on  projet 
f)  qu'il  avoit  approuvé,  cjue  cette 
>i  innovacioncaufe  la  ruine  de  TE- 
1»  tat ,  on  s'en  prend  au  Vifir ,  on 
Il  le    taxe  d'ignorance  ,   de  peu 
fi  dliabileté  dans  Tart  de  la  guer- 
>f  re   ou   dans    le    cahos    de  la 
»»  finance  &  du  commerce  ,  &c,  «* 
Le  cinquième  Livre  traite  du 
gouvernement  des  Turcs,  L*auteur 
y  rapporte  la  manière  dont  on  ad^ 
fliîniftre  la  fuftîce  dans  TEmpire; 
Il  donne  une  idée  du  Divan  ,  du 
Gabilé    Divan    &   des    fupplices 
lilités  pour  la  punition  des  cri*^. 
mes. 

Le  fixiéme  &:  le  feptiéme  traitent 
du  Gouvernement  militaire  des 
Turcs.  M,  Guer  y  décrit  non-feu- 
lement les  diverfes  troupes  de  ter- 
re &  de  mer,  mais  il  y  rend  comp- 
te de  rarcillerie  des  Turcs  &  de 
leurs  armes ,  des  inftrumens  de 
guerre  ,  &  des  chevaux  dont  ils  fe 
fy^Qnt,  de  leurs  fentimens  fur  k 


M^y  1748;  ZSf 

jerre,  de  leur  manière  d'aflem- 

&ier  une  armée,  de  leurs  marches,^ 

[campemens  &  de  leurs  provifions, 

de  leur  façon  de  combattre  &  de 

[leur  intelligence  dans  le  métier  de 

fia  Guerre, 

Il  y  a  deux  efpéces  de  milices 

[  éans  l'Empire  j  l'une  qui  nefubfifte 

wue  delà  paye  du  G  rand  Seigneur  ; 

[tels  font  les  Janillaires  Jes  Spahis  , 

Iles  CanonîerSj  les  Armuriers  ,  les 

flbldatsde  Marine  ;  lautre»  qui  jouit 

certaines  terres  cédées  par  les 

f premiers    Empereurs    Ottomans, 

iCelle-ci  eft  compofée  des  Zaims^ 

Timariots.  Pour  bien  entendre  ces 

ermes  ,  il  faut  fçavoir  que  tous 

fies  fujets  de  TEmpire  font  rangés 

'fous  la  conduite  de  différens  Oife-^ 

cien  ,  qui  en  qualité  de  Gou?ef<«' 

ncurs ,  commandent  à  un  certala 

efpace  de  terre  divifé  en  Provinces» 

Plufieurs  Provinces  réurues  fous  tm 

feul  Gouvernement  ,  forment  I4 

Jurifdlflion  d'un  Beglerbeg  ;  une 

feule  de  ces  Provinces  relève  d'ûa 

Sdnjaç  I  une  portion  de  cette  vûtB^^ 


8^4  J^^^^^l  ^^  SçÀvans , 
province  formé  le  diftriâ  d'un  San^ 
jAcbeg ,  &  cette  portion  fubdivi- 
fâe  donne  à  fes  maîtres  la  qualité 
de  Zaims  &  de  Timariots.  Si  U 
portion  de  cette  fubdivifion  rap^ 
porte  moins  de  vingt  mille  Âfptea 
celui  qui  en  eft  le  maître  ,  n*efl: 
qu'un  Timariot  ;  fi  le  revenu  ex^ 
<ede  la  fomme  de  vingt-mille  Ai^ 
près  ,  le  maître  prend  le  titre  à» 
Zaim  &  il  conferve  cette  qualité 
tant  que  fon  revenu  ne  monte  pas 
|ufqu'a  cent  mille  Âfpres  ;  car  ea 
ce  cas  il  devient  Sanjacbeg ,  c'eft-- 
è-dire  »  Seigneur  de  Baniére ,  ou 
petit  Bâcha  avec  étendart  à  queue» 
£>e  cette  forte  chaque  particulier 
dépend  d'un  Timariot  ou  d'ua 
Zaïm  félon  l'étendue  des  terres 
qu'il  poflede  &  la  quantité  de  fes 
revenus  ;  les  Timariots  &  les  Zaïms 
X/elevent  d'un  Sanjacbeg»  les  San* 
îacbegs  des  Begs  ou  Sanjacs»  les 
Sanjacs  desBeglerbegs  »  &  les  Be« 
glerbçgs  de  fa  Hauteflè. 

Ces  Chefs  ou  Officiers  confèr<» 
Sieac  le  même  rang  dans  la  guerre. 

Les 


Mây  1748. 


S^f 


tes  Zaïms  &  les  Timanots  (ont 
diftribués  par  Régimens  S:  par 
compagnies.  Ils  fe  dUlinguent  pac 
la  couleur  de  leurs  ^tendarts  &  par 
celle  des  couvertures  de  leurs  tim- 
bales. Lorfque  Soliman,  fit  faire  la 
divifion  des  Ziamets  &  des  Ti-^ 
mars , il  préparoit pour  lavenir  des 
récompenfes  aux  généreux  &  bra* 
ves  foldats»  Ces  terres  dévoient  ier- 
yîr  également  à  animer  le  coura- 
ge de  ceux  qui  en  jouilToient  dans 
la  vue  de  les  conferver  ou  d'en  ac- 
quérir de  plus  confidérables ,  bL  de 
ceux  qui  ne  poflcdoient  encore 
rien ,  dans  l'efpcrance  de  merluer 
par  leur  valeur  l'héritage  de  ceujç 
qui  mourroient  dans  le  fervice* 

Mais  la  corruption  ,  comme  le 
remarque  M.  Guer ,  infeéte  avec  le 
temps  les  meilleurs  écablinfèmens 
&  les  plus  fages  ;  aln(i  au  lieu  de 
partager  aux  £Dldacs  félon  leurs  fer* 
vices  les  revenus  des  Ziamets  &  des 
Timars  vacans  par  la  mort  de  ceux 
qui  les  pofledoient ,  les  Bâchas ,  les 
.Tréforiers  &l€s  autres  Oliciet^  4^ 


L^ 


^ 


H^tf  Jonmsl  des  SçéVdns'^ 
H  Porte  eh  gratifient  leurs  Domei^ 
tiques  &  leurs  Pages^  qu'ils  obli-; 
0ent  par-là  de  leur  être  utiles  dans» 
les  occafîons.  Cet  abus  n'a  cepen» 
dant  pas  lieu  dans  la  Natolie ,  oâ^ 
les  fils  héritent  desterres  pofledee* 
ffar  leurs  Pères.  Dans  la  Romanitf 
en  les  partage  en  autant  de  poF«^ 
fions  égales  qu'il  y  a  d'enfans  ,^à 
moins  qu'il  ne  s  agifTe  d'un  Timaf 
qui  n'ait  que  trots  mille  Afpres  éi 
îevenu»  car  alors  il  revient  en  to^ 
tal  au  fits  aîné. 

Nous  ne  parlerons  point  ici  des 
JaniflTaires  &  des  autres  troupes  «- 
eue  le  Grand  Seigneur  entretient 
a  fa  folde  ;  un  extrait  n'eftpas  fuC* 
ceptibie  de  tous  les  détails  où  IVL 
Guer  eft  entré  à  ce  fujet.  Mais 
tious  avertiflons  les  Leôeurs,  que, 
quoique  la  renommée  ait  publié 
une  grande  partie  des  choies  qui 
concernent  la  nature  &  la  difcipii* 
tae  de  ces  troupes  ,  ils  trouveront 
néanmoins  dan?  cet  ouvrage  une 
Infinité  de  traits  quç  l'on  ne  coiu 
iaôit  pas  coztamuncment  v  &  -^iMi 


'•Auteur  a  f!frP  ^7^^,         M 

f '«i/it/guf'>^^«  avec  ,^ 
'-edeurs.^'^  **  «rendent  l^^'pA 

■a  de  n/,        '^°"f  ce  „  ^'Oïï  en. 


I 

etît 


S  tf  8    Jmr^al  des  Sf^i^a^f  ; 
L  fondée  fur  deux  vices  égaleme 
[lodieux ,  fçavoir  la  difUmuUtion  Se 
Irinfidelké,  que  Mahomet  leur  Lé^ 
jiflateur  &  leur  Maîcre  a  non-fèu- 
lemenc  enfeigné  de  vive  voix  ces 
déreftables  maximes,  mais  qu'il  les 
a  autorifées  par  fon  exemple.  M# 
Gtrer  produit  un  traité  que  Mahc^ 
met  fit  avec  les  Chrétiens  pour  les 
.mieux  réduire.  Cette  pièce ,  dit-il , 
juoique  défavouée  des  Turcs  ,  pa» 
_  roît  inconteftabIe>&  elle  eft  rap^ 
'portée  comme  telle  par  plufieurs 
Auteurs  dignes  de  foi  ;  elle  a  été  , 
dît-on^  trouvée  en  original  dans  un 
Couvent  des  Religieux  du  Moat- 
Carmel  ,  voifin  du  Mont-Liban, 
far  ce  traité,  Mahomet  promet 
aux  Chrétiens  s'ils  veulent  fe  fou^ 
mettre 3  de  leur  accorder  le  libre 
exercice  de  leur  religion ,  en  un 
mot  toutes  les  prérogatives,  les  im- 
munités &.  les  franchifes  qu'ils  pou- 
voient  défirer.  Il  y  a  apparence  que 
Mahomet  le  fit  &  le  confirma  dans 
un  temps,  ou  fa  puiOanceétoit  en* 
fQf§  peu  çQuGdéiiibletëclorf^u'îl 


j 


MdJ  1748,  $g^ 

ftîfdît  ta  guerre  aux  Arabes,  afin» 
de  n'erre  pas  attaqué  par  deux  en 
nemis  à  la  fois*  Quoiqu'il  en  foit  /] 
dit  M.  Gaer,  cet  impufteur  le  dc-^ 
nientit  bien^lôt  dans  fon  Chapi-, 
tre  de  l*Erec  ^  appelle  peut^être^ 
ainfi ,  parceqoe  les  premières  Paro- 
les de  ce  Chapitre  ^  font  ft>uven^ 
gravées  furies  cimeterres  desTurcsi 
11  s'en  dédit  aufli  dans  un  autra 
endroit  de  TAIcoran  appelle  le  Cha-r] 
pitre  des  Batailles  ,  que  les  Turcs*] 
Ufent  toujours  avant   que    d'aller^i 
au  combat.  11  ordonne  en  cet  en 
droit  de  tuer  les  Infidèles,  de  les 
prendre  prifonniers  &  de  ne  pas 
cefler  de  les  perfécuter,  qu'ils  ne, 
fc  foient  foumis.  C*ell  fur  ce  pied- 
là  ^  dit  M.  Guer  ,  que  les  Turcs, 
fouffrent  aujourdluii  pirmi  eux  la-i 
Religion  Chrétienne.   II  rapporte 
enfuite  plufieurs  traits  de  perfidie  & 
de  dilTîmulation  tirés  de  l'hiftoire 
de  cette  nation  ;  &  il  conclud  que 
puifque  Mahomet  a  ofé  faire  du 
parjure  une  maxime  de  religion  , 
il  n'eft  pas  étonnant  que  lev  O^S.- 


S70    Journal  ici  Sçitoâni  i 
ciples  fuivent  la  doârine  de  leiiî^ 
Waîrre. 

Enfuîte ,  conwne  s'il  fe  repen-< 
mît  de  tout  ce  qu'il  a  dit  à  lâ 
charge  de  cette  nation,  il  ajoute^ 
qu  il  faut  pourtant  convenir  que 
cette  mauvaife  foi  femble  plutôt 
être  chez  les  Turcs  le  vice  cfes  par* 
ticuliers ,  que  celui  du  Gouverne^ 
ihent,  &  que  fi  ce  reproche  peut 

!)ar  quelque  endroit  retomber  fur 
e  miniftére,  du  moins  paroît-il  de* 
puis  pluGeurs  années  vouloir  fe  pt^ 
quer  d  un  peu  plus  de  fidélité. 

Le  défir  de  la  propagation  dtf 
Mahométifme  eft  la  féconde  ma-» 
xîme  de  la  politique  des  Turcs^ 
Dès  le  commencement  de  la  Mo<-« 
liarchie ,  les  Turcs  fentirent  que 
leurs  conquêtes  feroient  peu  (oli- 
des  s'ils  ne  fongeoîent  de  bonne 
fieure  à  fubftituer  dans  les  pays 
conquis  de  nouveaux  habitans  à 
ceux*  que  la  fureur  de  la  guerre 
avoit  détruits.  Ceft  à  quoi  ils  don- 
nèrent tous  leurs  foins.  Jamais  na** 
tïon  ne  fut  plus  féconde  ea  amâ^ 


May  tf^t,  t'jt 

ces  pour  augmenter  le  nombre  da 
fes  lu  jet  s.  On  a  fait  en  Turquie 
un  point  de  religion  de  ravantag* 

Apurement  temporel  »  que  tes  Ro- 
mams  accordoient  à  ceux  qui  fa 
rerîroient  chez  eux  ,  &  qu'ils  ap^' 
pelloient  droit  de  Citoyen  Rommn  ,  j 
&  qu'on  nomme  en  France  drùh  à& 
iVrfrwm/ïf/.  Devenir  croyant  (c'eft 
ainfi  que  les  Turcs  appellent  ce , 
privilège)  c'eft  fe  rendre    digne' 
de  participer  au  bonheur  des  Ot'p» 
fomans  en  ce  monde  &  à  la JélU'. 
cité  éternelle  que  le   Prophète  m^ 
promife  dans  l'autre  aux  fidèles 
Seâateurs  de  fa  Loi.  Ces  préten^i 
dus  avantages  y  dit  M.  Guer^  qui' 
regardent  également  le  préfent  fit 
ravenirj  ne  rendent  les  exhorta- 
tions des  Turcs  que  trop  efficaces*      . 
De  tous  lesendroirs  du  monde  il^H 
leur  vient  des  hbercins,  desfcélé-" 
jacs,  des  hommes  perdus  &  aban^      | 
donnés  à  toutes  fortes  de  vices  ^ 
qui  embraffent  leur  religion  &  fe 
font  membres  de  l'Etat:  de  forte 
L    qu'aujoufd'liui  te  làng  d^^  Tm^» 


^7^  /<?«m4/  des  Sçâvant  » 
«ft  tellement  mêlé  &  confondu  aves 
celui  des  autres  Nations  3  qu'il  n'jr 
tn  a  pas  un  qui  puifle  piftiher  qu'il 
defcende  des  anciens  Sarrazins.  Au- 
trefois  ils  enlevoient  tous  les  cinq 
ans  les  enfans  des  Chrétiens  par 
forme  de  tribut  &  ils  les  élevoient 
tdans  leur  Loi.  Aujourd'hui  ce 
moyen  violent  èft  dévenu  peu  né«- 
cefhiire;  la  féduâion  fufiît;  L'ha« 
bit  Turc  eft  un  appas  qui  engage 
un  grand  nombre  d'Arméniens  Se 
cle  Grecs  à  embrafler  le  Mahomé- 
tifme. 

Dans  le  dixième  Livre,  Môniicuf 
Guer  expofe  fes  propres  réfle- 
xions fur  la  puiflance  des  Turcs 
&  fur  raâbibliffement  de  leur  Em- 
pire. 

On  peut  dire  à  la  louange  de 
cet  Ouvrage,  que  c'eft  un  recueil 
complet  de  tout  ce  que  les  diffé- 
rens  Auteurs  ont  écrit  fur  les  mœurs 
&  les  ufages  des  Turcs.  L'Auteur 
a  rédigé  fes  matières  dans  un  bel 
xirdre  »  il  a  ajouté  beaucoup  de 
fAïoks  qui  ne  ie  trouvoie^t  pas 


\ 


I 


May  1748.  871^.] 

dans  les  Ecrivaîas  qui  Vont  précè- 
de* S*H  mérire  <juelcjue  cnrique  , 
c*eft  du  côté  du  ftyle,  qui  en  bien 
des  endroits  n'eft  poinc  aflez  fim* 
pie.  L* Auteur  paroît  avoir  prodi- 
gué fes  propres  réflexions,  &  dans 
la  vue  d'égayer  fon  Leâeur  ,  il 
cft  quelquefois  defcendu  dans  des 
détails  inutiles,  &  a  rapporté  des 
eontes  &  des  circonftances  peu 
convenables  à  la  dignité  de  fon 
fujer.  Au  refte  le  Livre  peut  être 
regardé  comme  un  chef-d'œuvre 
dimpreffion.  Il  efl:  enrictit  d'un 
grand  nombre  de  belles  planches, 
de  vignettes  ,  de  culs  de  lampes 
parfaitement  bien  gravés. 


Oo  t 


^74  Jotamdlies  Sçavans; 

coîqsvlTjITions  chou 

SI  ES  de  plujieurs  Médecins  cele^ 
très  de  rvniverpté  de  Montpel^ 
lier ,  Jkr  des  maladies  aiguës ,  C^ 
chroniques  j  IV.  VoU  in^iz.  A 
Paris ,  chez  Durand  rueS.  Jac« 
-  gués ,  à  S.  Landry  &  au  GtiU 
£on ,  &  Piflbt  6k ,  Quay  des  Au- 
giiftins,  à  la  SagefTe  >    174^*^ 
Tom,  I.  pp.  480,  fans  la  Pré- 
face, &  la  table  des  confulta- 
tîons  de  ce  Volume ,  qui  en  font 
54  ;  Tom.  1 1.  pp.  45  5  ,  &  a 
pour  la  table  ;  Tom»  IIL  pp* 
460  y  &  9  pour  ta  table  ,  Se 
Tom.  IV,  pp,  454,  non  com^ 
pris  la  table  des  confultations  du 
Volume  qui  eft  de  8  >  la  table 
alphabétique  des  Doâeurs  qui 
ont  fîgné  les  cdbfultations ,  8c 
indicative  des  volumes  où  elle» 
fe  trouvent,  qaî  en  fait  <f ,  & 
la  table  chronologiiC]^tte  des  cou* 
fukatlons  datées  qui  font  con» 
tenues  dans  les  quatre  volumes; 
ÂïQG  |6$  AoiQs  des  Doâew» 


May  174  S.  tff 

i^i  les  ont  fignées ,  qui  en  ûuc 

Vî- 

T  'Editeur  fe  prapofe  dans  I^ 
1  ^  Préface  de  prouver  rutilké 
des  recueils  de  confukadons  de 
Médecine  en  gênerai ,  &  en  parti* 
cnlier  de  celui  ci.  Pour  y  parvenir» 
il  remarque  que  toutes  ces  colle-i 
ôions  ont  toujours  été  reçues  favo- 
jablement.  La  raifon  qu'il  eu  don« 
ne  eft  que  les  traités  de  maladies 
travailles  avec  le  plus  de  foin  >  laif- 
fcnt  beaucoup  d'embarras  aux  jeu- 
nes Praticiens  dans  rapplîcatiom 
des  principes  généraux ,  parce  que 
les  Auteurs  de  ces  traites  n'ont  pu 
deviner  une  infinité  de  contblnai*- 
fons ,  qui  fe  trouvent  dans  chaque 
nialadie  par  rapport  à  l'âge  ,  aa 
fexe  ,  au  tempérament  du  mala- 
de ,  à  fon  genre  de  vie ,  à  fa  profef^ 
fian  »  au  climat ,  à  la  {aifon  «  &c« 
Et  coTnmem  n*y  ferpient-ils  p&inà 
wmbmrA04 ,  ajoute  TEditeur ,  faif- 
€pÊê  iti  plus  habiles  ne  le  font  ^uc 
4rpp  finvem  i  II  appuyé  &  do^Siwi^ 


"SyS  Journal  des  Sçétvam ; 
d'un  paflige  de  M,  Frédéric  Hoff- 
mann ,  que  perfonne  ne  reculera 
pour  juge  en  fait  de  Médecine.  Cet 
Auteur  a  même  fourni  ce  qu'il  y  a 
de  plus  intereflanc  dans  les  gênera* 
lités  contenues  dans  la  Prerace,  & 
l'Editeur,  qui  le  cite  exaâement^ .. 
ne  pouvoit  puifer  dans  une  meil- 
leure fource.  Revenons.  ^ 
^  Puifque  les  traités  de  maîadies 
iaiffent  defîrer  neceffairement  tant 
de  chofes  indifpenfables  dans  la 
pratique  ,  il  faut  donc  un  autre 
guide  aux  Praticiens;  or  ce  guide 
eft  l'expérience  ;  non ,  comme  le 
remarque  l'Editeur  >  celle  iqu'Hip- 
pocrate  nomme  trampettfe  ,  mais 
celle  qui  refulte  d'obfervations  faî- 
tes avec  une  exaélitude  ferupuleu- 
fe  &  éclairée. 

Ce  principe  eft  adopté  par  tous 
les  Médecins;  &  par  confequent 
l'Editeur  pouvoit  fc  difpenfér  de  le 
prouver  ;  mais  il  a  fans  doute  été 
bien  aife  de  le  faire  par  furaboi^- 
dance,  &  d^àilteurs  le  paf&ge  qu'il 
me  dcAi  HoISnann  le  conduit  ;!»: 


May  T748.  877 

turellemenc  à  examiner  fi  Ton  peut 
tirer  des  confulcations  la  même 
Utilité  cjue  des  abfervations.  Or  il 
ne  paroît  pas  que  rEditeur  balance 
à  prendre  le  parti  de  ratfirmative 
Au  moins  ne  meNil  les  confulta 
fions  bien  faites  qu'au  degré  Imme* 
diacement  au-deflbus. 

»}  UnMedicmj  dit^l  en  empniil|l 
wtanc  les  paroles  de  M*  HoÉE^^ 
)>  juann  ,  un  Médecin  au  fait  de  U^ 
>»  verité^hle  théorie  y  &  qui  a  fins  leM 
^^yeux  thifioire  detaiUét  d'une  ma^ 
»»  iadie ,  cherche  (^  explique  d'ab&fà 
fi  fin  origine  &  fa  caufe  ^  fin  car^Jk 
f  I  £iere  >  &  la  pradu&iùn  desfym^o 
%\  mes.  Ces  CQnttôijftmces  lui  fervent 
9>  ji  former  des  indications  fur  rit 
n  qiiilfam  faire  ^  éviter.  H  pr^poA 
M  fi  enfiiite  des  remèdes  fuil  connoiê 
t>  àien ,  &  defigne  l'ordre  ,  la  dofe  Û 
n  (^  U  temys  convenantes  pûur  leâ 
»»  employer  §  &  enfin  il  pûrte  un  fu^ 
yfgemem  fur  de  i* événement  de  /léJ 
ffma(adie^tilt  ne  manfut  dommt^/ 
€PnfHitAtions  pmr  etn  de  vrmiS  ^ 


-e* 

% 


d 


s  78     Journal  des  Sçavans  ; 
firvations  de  Aiedecine  ,  qite  l*eve^ 
nemenf  deia  maladie. 

L'utilité  des  confultations  de 
Médecine  en  gênerai  étant  ainii 
établie ,  l'Editeur  relevé  le  mérita 
àQ  fa  colleâion  en  reoiiarquàiiç 
f^on  deit  la  regarder  comme  le  tre^^ 
for  de  la  pratique  clinique  £une  dii 
fius  célèbres  Ecoles  de  P  Europe ,  pra^ 
ticpêe  différente  en  plufieurs  points 
4e  celle  de  plufieurs  autres  >  &  qu*il 
0ftpar  cette  raifin  plus  important  df 
connoître.  Car  c'efl:  la  raifon ,  Sç 
jDion  l'autorité  qu'il  faut  fuirre. 
.  Mais  le  deffaut  de  fuivre  les  im-P 
preflions  reçues  dejeuneflè  n'efl:  pas 
le  feul  qu'on  puifle  reprocher  aux 
Praticiens.  La  paflîon  pour  les  fe- 
crets,  pour  les  fpecifiques,  pour  la 
fade  des  préparations  ,  n^eft  pas 
moins  préjudiciable  à  la  fanté ,  qu'à 
la  bourfe  des  malades.  Or  aucun  de 
ces  deffauts  ne  fe  trouve  dans  le 
recueil  que  nous  annonçons.  Il  n'y 
arien  de  fi  fioiple  que  les  remèdes 
fiu'on  y  coofeUle  »  &  leur  opera^ 


tîon  eit  extrêmement  douce  ;  il  n'y 
a  rien  de  moins  varie  ;  la  meilleure 
partie  de  c«s  remèdes  »  ce  qui  effi 
encore  un  grand  mérite  fiiivanc 
ks  Praticiens  les  plus  célèbres ,  eft 
purement  diérétique  ;  ce  font  la 
plus  fouvent  des  alimeas  medica-J 
menreux* 

L'Editeur  s'attend  bien  ^ne  cet* 
te  grande  fimpliciié  pourra  fairci 
une  imprellion  deû vanta geufe  fujr 
Je  public  ;  h  mais  il  ignore  ce  pu-r 
I  tf  olic  ^  juge  auili  ineiorable  def 
I  w*  Médecins  qu'il  eft  peu  en  état 
]>»  de  Terre,  il  ignore  que  les  caufes 
Ut  des  maladies  font  en  très  petit 
lt>  nombre^  &  parconfequent  qu*il 
ne  faut  que  peu  de  remèdes  pour 
\p  les  combattre  ;  il  ignore  qu'il  (s 
$^  trouî^e  fous  nos  pieds ,  &  devant 
notre  porte,  des  remèdes  auflî 
»  efficaces  que  ceux  que  les  Indes 
»>  nous  envoyent  à  grands  frais  >  SC 
n  qu'un  fimple  apofeme  eft  fouvenç 
rplus  efficace  qu^  de  faftueufeâ 
çompofitions  ^  où  tes  remèdes  da 
luî  dépend  princip^ement  Ii| 


^8b    Joi^mAl  des  Sçàvans  ^ 
»»  vertu^de  la  préparation ,  fe  trou-  l 
i>  vent  noyés  dans  un  fatras  de  dro-  . 
ii  gués  inutiles ,  ou  tell*ient  enve-  . 
f>  lopés  de  fucrc ,  qu'il  faudroit  une 
t><iofe  fextuple  pour  produire  un  >. 
ty  effet  fenfible*««  Les  Partifans  d'une 
pratique  fimple  &  unie  trouveront  : 
de  quoi  s'y  confirmer  dans  les  con«  . 
(Ultations  que   nous  annonçons: 
puiffent. elles  ramener  aux  mêmes  - 
principes  ceux  qui  fe  laiflent  éblouir 

Î)ar  le  fafte  des  préparations  !  ce 
ont  les  vœux  de  l'Editeur  &  les 
nôtres. 

Si  ces  confultations  empruntent 
un  mérite  réel  de  leur  (implicite» 
les  noms  de  ceux  qui  les  ontfîgnées 
ne  leur  donnent  pas  moins  de  re- 
lief. On  y  voit  les  Chicoyneau, 
les  Marcot ,  qui  jouent  un  rôle  fi 
brillant  à  la  Cour,  plufieurs  Pro- 
feiTeurs  célèbres  ,  les  Didier ,  les 
Fitzgerald,  les  Fizes^  les  Hague- 
not ,  les  Lazerme  ;  des  Praticiens 
consommés ,  ccnnme  les  Bezac ,  les  . 
GautcTron ,  les  Montagne ,  les  Vçr-< 
iiy ,  les  Serane.  Nous  y  voyon»aaâi 


Méy  Ï748.  %%% 

l?ec  ptaîlîr  en  plufieurs  endroits; 
le  nom  de  M,  Coinbaluffer ,  aâuet* 
lement  établi  dans  cette  Capitale  i 

3ui ,  pour  ejnprunter  les  paroles 
e  r  Editeur ,  maigri frjtunejjeavùiÈ 
iéja  actjHis  «we  cofffimnce  ,  àom  fan 
t$rahé  des  waUdies  canfécs  par  Uf 
V£ms  ptùHve  qH*il  etoh  digne,  S^nâ 
imte ,  ajoute  1  Editeur ,  ^« V/  la  me* 
tkera  dt  plus  rn  pins ,  Joii  par  lesfi^ 
ours  ifuil  dmmra  anx  maladri  fui 
lui  confieront  le  foin  de  Itnr  vie  ^fiig 
^pn  ennchijfant  la  Médecine  d*oHvra^ 
H||>j  auffi  dignes  de  lui  ^ne  cctni  dm$ 
^KtOHS  venons  de  pArkr. 
B«    Teleft  le  précis  de  tc^  que  It 
fï^reface  contient  de  plus  înteref- 
fant;  il  ne  nous  refte  qua  juftifier 
par  quelques  exemples  ce  que  nous 
avons  dît   de  la  {implicite   de  la 
pratique  de  Montpellier*  On  verrt 
_cn  même  temps  que  les  confuka- 
^Kions  qu'on  y  donne  ,  ont  les  au* 
^Kies  qualités  qui ,  fuivant  M.  Hoff- 
^■nann  ,  cara^ftérifent  les  bonnes. 
B    M.  Lazerme  fut  confuké  dans 
^€  mois  de  feptembre  17^8  ,  ^o^ 


9S%  Jûtimal  des  SçMpanf  » 
.line  Dame  qui  depuis  deux  Ml 
kvoic  de  la  peine  à  avaler  les  ali^ 
jnens  folides  ,  difficulté  cellemeoC 
augmentée  qu'elle  la  faifoic  vomir* 
Elle  avoic  de  plus  des  agitations 
cxceflîves,  une  douleur  à  Teftomàc, 
un  écoulement  de  ferofîté  par  jies 
glandes  fali vaires ,  les  yeux ,  le  nez  i 
un  etouffement. 

De  ce  que  Içs  liquides  pafTeàC 

ikns  peine,  le  célèbre  Profeflèur 

condud  que  l'étranglement  de  Te* 

fophage  caufé  paf  l'embarras  des 

glandes  de  l'extrémité  de  ce  canal  « 

eft  la  caufe  du  regorgement  des 

alimens  folides ,  &  que  là  caufe  de 

cet  embarras,  ou  de  ces  obftru* 

âions ,  eft  une  lymphe  epaifTe  &C 

groOfiere.  Il  attribue  la  douleur^ 

les  agitations  ,  Tetouffement  ,  le 

vomiUement,à  la  diftraâion  vio-« 

lente  que  les  folides  caufent  à  Tefo- 

phage ,  &  la  foute  de  ferofités  à  U 

lymparfaie  des  nerfs. 

L'ancienneté  de  cette  maladie; 
&  les  progrès  confiderables  qu'el- 
le fait»  lui  font  defefperer  d'uni 


'  tecrifon  parfaite»  mais  il  efpere  un 
loulagement  de  l'ufage  des  apéri- 
tifs doux, 

UnpurgâtifuniquçitientcoinpOfi 
fé  du  fennci  du  urtre  foluble ,  dei 
fleurs  de  mauve,  de  violettes  j&  d© 
pêcher,  8t  de  deux  onces  de  manne* 
prépare  à  un  bouillon  apéritif  faîr 
avec  le  poulet  ^  la  racine  d'énula 
canipana ,  le  polypode  de  chêne^ 
leseereviflTes  de  rivière  Jes  clopor- 
tes &  les  feuilles  de  chicorée  fauva-^ 
I  ge  »  dont  Vufage  eft  précédé  cha- 
que jour  de  trente  grains  de  tara 
tre  roartial  foluble,  > 

^m  Après  neuf  jours  d'ufâge  de  cet 
^■lïouillous,  la  malade  ayant  été  re« 
^■^urgée^  eft  mife  au  petit  lait  cl^ 
H]-ilie  ,  où  Ton  fait  éteindre  des 
Bclouds  rouges  au  feu  ,  &  infufer 
\  une  douzaine  de  cloportes*  Ce  re^ 
^mede ,  pendant  dix  jours  qu'oti: 
■remploie ,  eft  précédé  d'une  prife 
H^'opiaie  compofée  d'extrait  de  rhu^ 
^ barbe  &  de  genièvre,  de  confer^ 
'      tes  de  kyûoirhodon  &  dairnée ^ 


&  de  fleurs  de  feUmmoniac  maf« 

tiales.  ' 

On  remet  enfuite  la  malade  atf 

Setic  laie  &  au  taitre  martial  peu- 
ant  unedixaine  de  jours,  aprè$^ 
l'avoir  repurgée,  &  le  petit  lait  eÔ: 
fuivi  tout  de  fuite  du  lait  d'âneflè  » 
&  pendant  Ton  ufage  du  faâran  dd 
mars  apéritif  dans  la  foupe  de  deux 
jours  lurt, 

*  Pendant  rhivér  on  lîé  confeîlle 
à  la  malade  que  de  fe  purger  tous 
les  mois,  d'ufer d'eau  ferrée  avec 
un  nouer  de  rhubarbe  pour  boiC- 
fon  ordinaire  ;  &  que  quelques  fai^ 
gnées  éloignées,  (î  le  flux  menftruel 
êft  dérangé  ;  mais  on  veut  qu'elle 
reprenne  toute  la  fuite  des  reme*' 
des  au  printems  (liivant. 

Au  mois  d'odobre  1 740  ,  M, 
Combalufier  fut  confulté  pour  une 
femme  de  cinquante  cinq  à  foixante 
ans,  d'un  tempérament  fort  vif, 
dont  la  fanté  s'etoît  dérangée  de- 
puis dix- huit  mois ,  &  le  ventre 
«toit   devenu   fort  pareilèux,  Le^ 


E 


Mdy  1748,  88  Jl 

Jsrîncîpe  de  fa  maladie  etok  un  rra* 
vail  forcé  pendant  deux  mois  en- 
■tiers.  En  confequence  elle  fe  trou- 
va forr  cchauffie  »&  fenik  une  dou-i 
leur  depuis  la  cinquième  vertèbre 
du  dos  jufqu'à  la  dernière  des  lom- 
bes*Cette  douleur  fe  rcpliolt  fur  TeÇ» 
tomaCpO  utre  ces  accidens  les  urines» 
ordinairement  d'un  rouge  f oncé^de- 
vinrent  de  temps  en  temps  très  ly m^i 
pides  ;  une  douleur  de  té  te  occu- 

Îjoit  quelquefois  tout  le  coronat  î 
a  malade  avoir  des  grouillemens 
dans  le  bas  ventre ,  &  rendoit  des 
vents  par  le  haut  &  par  le  basî 
çUe  avoir  quelquefois  a  la  fofletr^ 
,  du  ccEur  une  douleur  fuivie  d'une 
'âfiez  grande  difficulté  de  refpiref, 
enfin  elle  ecoit  tourmentée  de  U 
crainte  de  mourir  fans  fecours. 
M,  Combalufîer  reprenant  touf 
■  ^es  accidens  dans  fa  confultation 
H^  décide  fans  balancer  qu  ils  font  ceux 
B]  d  une  affection  hyftericjue,  qui  fup- 
H'pofe  dans  le  genre  nerveux  une 
B*  grande  fenfibilité  &  une tenfion  fui* 
vk  de  fecoulTes  inégales  $c  trop  foff 


%i^  Sournâl  des  Sçavans^ 
tes.  n  attribue  cette  maladie  aj 
travafl  exceffif  que  la  malade  a  fait  p 
lequel  a  aoa-feulement  donné  trop 
(Se  tendon  aux  nerfs  «  mais  deflei,^ 
ché  les  liqueurs  &  dérangé  le  tiifa 
âoux  &  balfamique  du  fluide  ner- 
yeux.  ^ 

Les  a£Feâ!ons  hyfterîques  étant 
Fort  rétives  aux  remèdes ,  M.  Corn* 
1>alu(ier  ne  promet  qu'un  fouîagef 
ment ,  & ,  pour  y  parvenir ,  il  fe  pro- 
Pok  de  détremper  les  humeurs^ 
jd'en  rabattre  la  fougue  ,  d'ea 
.cmouflfer  l'acreté^  &  de  donner  de 
la  flexibilité  aux  folides,  de  cor*  - 
.  riger  la  tenfion  &  la  fenfibilité  des 
nerfs ,  &  d'enappaifer  les  fecouffës 
irregulieres.  ^ 

*    Il  débute ,  après  une  potion  an(^ 
4yne«  par  une  purgation  en  lavage 
avec  le  umarin,  le criflal  minerai» 
la  manne»  le  fd  d  Epfom ,  les  feuil- 
'les  de  meliSe  &  la  graine  de  ccU 
jiandr^  dans  le  petit  lait.  Il  ordon- 
ne l6  (bir  une  potion  anodyne  .  U 
Je leQd|emaiD un  bouillon^  qui  dpjc 
#trc  continué  peuf  jouis  >  k  com^ 


EMay  174S.  88f 

fé  d'un  poulet  farci  des  quatre 
ftmences  froides  &  de  celles  de  pa- 
yot  blanc  ,  de  racines  de  pivoine 
aie  &  de  fcorfonere ,  des  feuilles 
le  chicorée  fau vage ,  de  laitue  &  de 
elifle  »  &  des  fleurs  de  coquelicot»^ 
La  neuvaine  finie,  il  met  lama'- 
de  pendant  cinq  jours  à  Tufage 
es  eaux  d'ïeufer,  rendues  purga- 
v€s  le  premier  &  le  dernier  jours* 
&  tes  douze  jours   fuivâns,  il  lut' 
it  prendre  une  opiate  compoféa 
de  conferve  de  rofes^  de  fuccin  » 
d'yeux  d'écrevifles  prépares ,  de  ni- 
tre  puiifré,  de  cinnabre^  de  grainO 
d'anis ,  &  de  laudanum  ;  &  par-def* 
fus  un  grand  verre  de  peut  lait  cla» 
rifié  où  Ton  aura  fait  bouillir  \q$ 
fleun  de  tilleul. 

Il  veut  que  I*on  poufle  Tufagi^ 
de  ces  deux  remèdes  jufqu  à  troif 
icmaînes,  s'ils  léuflifîent  oien,  &t 
qu'on  mette  la  malade  au  lait  d'â-i 
pefic  ;  d'abord  le  marin  ,  puis  I9 
foîr  fi  le  premier  palTe  bien  ,  fâî* 
fant  précéder  ce  reniede  d'une  pou* 
(ke  4iiod}iie  de  deux  joui»  l'uA  1#. 


S8S     JoumalMs  Sçsvans^ 
matin  feulement ,  &  qu'on  coflrî^ 
nue  ces  remèdes  pendant  plufieurs 
mois, 

l  II  veut  (]u*au  prîntems  on  réiterit 
Cous  les  remèdes  ci-dedus  detdiîlésn,. 
&  qu'on  ufe  à  plufîeurs  reprifes  & 
alternativement ,  des  bains  domeC- 
liques  tiedes,  &  des  eaux  d'Yeu--; 
fet,  la  maladQ  prenant  à  la  fortie 
du  bain  une  infuiion  de  fleurs  da: 
citronelle. 

Quant  au  régime  il  confeille  des 
àlimens  doux  &  de  facile  digeftion  » 
Tufage  de  Feau  pour  boiflfon ,  uti 
exercice  modéré ,  &  furtout  de  fe 
calmer  l'efprit ,  8^  d'éviter  les  tra- 
vaux faciguans  &L  forcés. 

.  M.  Montagne  >  dont  les  conful« 
tatlons  fe  trouvent  en  grand  nom« 
bre  dans  le  recueil ,  Sf,  qui  s'étoic 
acquis  beaucoup  de  réputation 
dans  ce  genre ,  M  Montagne ,  oq 
le  répète  >  fut  confulté  au  mois  de 
|uillet  174J  par  un  malade  qui 
avoit  des  triffons  fur  le  foir  ,  des 
chaleurs  aux  paumes  des  mains 
^  aux  plantes  des  pieds»  des  boii* 

ions 


fonî  au  front ,  des  dartres  à  la  jam* 
be  3  des  gonflemens  &:  des  grouU- 
lemens  dans  le  bas  ventre  ,  de^ 
vents  ,  des  tintemens  d* oreilles  & 
des  embarras  dam  la  tête. 

Il  attribue  tous  ces  accîdens  à 
la  conftitution  lëche  ,  groflîére, 
{£  muriatique  de  la  mafle  du  fan^^ 
&à  latenfion  fpafniodique  de  tout 
le  fyftême  des  foHdes ,  6£  princi- 
palement des  nerfs  »  &  à  quelque! 
impreflïons  d'un  levain  étranger  qui 
a  echapé  en  partie  au  remède 
»fpeci(ique;  cautcs  <jueles  fatigues 
>^de  la  guerre  &  la  vivacité  du  tem^ 
perament   du  malade   ont  rendit 

fïlus  aétives ,  &  <]ui  ont  dérangé 
es  digeftions. 

Ses  indications  font  en  confé- 
quence  de  rétablir  les  digeftions  ^ 
de  délayer  la  matTe  du  fang ,  d'en 
corriger  la  falure  ,  &  de  rendre 
auxfolideslafouplefTe  convenable* 
Pour  les  remplir  il  commence 
par  purger  le  malade  avec  le  po- 
h^pode  de  chêne ,  la  rhubarbe,  les 
fie  u^s  de  pêcher ,  ks  fommités  d'ab. 


Spô    Jowmdl  des  S^étvdfif  ; 
fynthe  ,  la  manne  &  le  iyrop  dt 
chicorée  compofé. 

II  ordonne  pour  le  lendemain 
&  les  neuf  jours  fuivans  le  demi  baia 
domeftique ,  &  à  la  fortie  un  bouil* 
Ion  de  veau  avec  les  ecreviflès  de 
rivière ,  les  feuilles  de  chicorée  fau« 
vage ,  les  fleurs  de  camomile ,  &  les 
fommités  de  germandrée  ;  remèdes 
eue  le  malade  reprendra  pendant 
fix  jours  après  quelques-uns  de  re^ 
pos. 

Il  prépare  le  malade  par  une  fe» 
conde  purgation  à  un  bouillon  de 
tortue  &  d'ecreviffes  altérés  avec  les 
feuilles  de  pimprenelle ,  &  de  chi<» 
Corée  fauvag^ ,  qu'il  confeille  pen^ 
dant  trois  lemaines  environ  ,  8C 
après  uneautre  purgation  il  ordon* 
ne  pendant  quinze  jours  le  petit 
lait  clarifié,  qu'il  fait  fuivre  d'un 
nouveau  purgatif,  après  lequel  ft 
met  le  malade  au  Jait  d  aneffe  la 
matin  :  il  y  fajt  mêler  Teau  de 
chaux ,  &  enfuite  dans  la  premier 0 
cuillerée  de  foupe  pendant  tout  Tu- 
fiige  du  laie ,  (k  ia&aa  de  oiars 


May  1748,  891 

«peritif ,  târmînaat  le  tout  par  la 
même  médecine* 

Les  remèdes  qu'il  confeîlle  pour 
rhîver  font  uniquement  Hnfufioa 
*  de  fleurs  de  camomile  eti  manière 
de  ihé»  &  fix  grains  de  fafFran  de 
^koars  apéritif  entre  deux  foupes. 
^^     Au  printems  il  fait  recommen- 
cer tous  les  remèdes  ci  deffus  dé- 
^bciirs,  dans  le  même  ordre  &  avec 
^■es  mêmes  précautions  ^fubfliruant 
^pe  lait  de  vache  à  celui  d  anefle  ;  & 
^Kquand  au  régime  il  coofeille  d'e- 
^F^iter  les  ragoûts ,  la  patiffeue  »  U 
friture,  les  entremets ,  la  falade, 
les  fruits  cruds ,  les  légumes  &  tous 
les  alimens  de  haut  goût  »  indigef- 
tesou  echauifans:  il  réduit  le  ma-i 
lade  aux  potages  à  la  viande ,  aux 
crèmes  de  ris  à  l*eau  ou  au  bouil-. 
ion  ,  au  bouiiri  &  au  rôti ,  &  it 
feut  qu'il  f jupe  très  légèrement. 
'    Il  eft  inutile   de  multiplier   les 
extraits  de  ces  confulrations  ;  en 
v^ilà  bien  affeï  pour  faire  connaître 
le  goût  dans  lequel  elle**  font  com^ 
jîolées ,  fie  c'eft  tout  ce  que  com* 

ppij 


$p  t    Jourftéd;  ier  Sç^nfans , 
porte  l'extrait  d'un  ouvrage  delg 
nature  de  celui- cL  ( 

HISTOIRE  GENERA L^ 

i    d*  Allemagne  par  le  Père  BarrS^ 

v  '  Chanoine  Régnlier,  de  Sainte  Gtm 

fieviéve. ,  &  Çhi^ncelier  de  l*Umr 

■    verfiti  de  Paris ,  Tome  II.  qm 

comprend  les  régrfes  depuis.  i*ém 

S  I*  »  y«/^**^»  840.  in^j^?.  pp^ 

((53/  A  Paris  ,  chez  CharW 

.  Jean  -  Baptifte  de  TEpiqe  •  & 

Jean-Thomas  Hériflant ,  1 748^ 

t^  Otre  deflein  n'eft  point  Ici 
JlN  de  donner  une  jufte  idée  dç 
ce  deuxième  tome ,  les  bornes  d'un 
extrait  ne  le  permettent  pas  ;  i) 
nous  fuffira  feulement ,  ainfi  qu^ 
nous  Tavoji^éja  fait  dans  les  deux 
|)récédens  ^  'd'infîfler  fur  certain^ 
endroits ,  qui  nous  paroîtront  le9 
plus  propres  à  faire  juger  en  géné- 
ral du  mérite  de  tout  Touvrage,  j 
.,  Lq  Livre  (ixiéme  qui  eft  le  pr^ 
mier  de  ce  volume ,  commence  aQ 
j»art4ge  ^ue  QovisjEii:  çnMQVâ^ 


May  1^48,  g  51 5! 

éc  fcs  Etats  entre  fes  enTans  ;  les 
conquêtes  de  ce  Prince  avoienC 
étendu  (z  dcîmination  fur  une  par- 
tie confidcrable  de  !a  Germanie; 
notre  Auteur  dévelope  avec  fa 
clarté  ordinaire,  ce  cjai  regarde 
€n  particulier  rhiftaire  de  chacucî 
de  fes  Etats,  tk  pafîe  delà  aux  au- 
tres établifTemens  ,  que  les  Ger* 
mains  s'étoient  faits  au  dépens  de 
rEmpire,  Comme  un  des  pluscon* 
fidérables  fut  celui  des  Oftrogûths , 
il  s'y  arrête  aufîï  davantage»  Oti 
verra  ici  avec  plaifir  le  portrait  de^ 
la  célèbre  Amalafonte,  qui  aprèfr 
k  mort  de  Théodoric  »  fut  Régentai 
du  Royaume  pendant  la  minoricé 
d'Athahric  fan  fils» 

9»  La  Nature  ,  dit  le  P,  Barre  i 
M  avoit  répandu  fur  cette  Princelle^ 
»  avec  profufion ,  les  faveurs  qu*eU 
7ï  le  n'accorde  aux  autres  qu'avec 
fi  uneefpéce  d'œconomie, beauté^ 
)î  efpric ,  déllcatefTe  de  penfée ,  fa- 
1)  cilké  pour  les  langues  Grecque. 
}i  &  Latine,  pénétration  vive»  pru- 
n  dence  ,  fagefle,  amour  des  Peu* 
P  V  il'v 


Jp4    Jùurrjaî  des  S ç avant , 
yi  pies ,  magnificence ,  générofîté  ; 
»  en  un  mot  Amalafonte  avoir  cou^ 
m  ces  les  qualités  néceflaires  pour 
»  former  un  grand  Roy. 

Notre  Hiftorien  remarque  que 
dans  la  vue  de  les  infpirer  à  Ton  fils , 
cette  Princefiè  ne-  négligea  rieo' 
pour  le  faire  élever  dans  les  fcien- 
cess  mais  les  principaux  d'entre  les 
Gpths  lui  en  portèrent  des  plaintes  ^ 
»>  &  lui  repréfentérent ,  que  les  le* 
1»  çons  des  Sçavans  n*étoient  pro- 
if  près  qu'à  abbarre&  à  amollir  un 
»|eune cœur;  qu'un  Prince  defti- 
>iiîéà  de  grands  exploits  devoir 
i>  être  nourri  dans  l'exercice  des 
i^  Armes ,  &  non  dansTappIication 
»>  aux  fciences  ;  que  jamais  Théo-<i 
»  dorîc  n'avoir  voulu  permettre 
n  aux  Goths  d'envoyer  leurs  en«^ 
5>fans  dans  les  Ecoles  publiques;. 
t»  &  qu'il  difoit  ordinairement  ^ 
>»  que  ceux  qui  avoient  peur  d'une 
»)  férule,  n'avoient  jamais  affez  de 
j>  hardîefle  pour  méprifer  les  épéesr 
l>  nues. 

Auifi  régnoic-ii  parxm  ces  peu^ 


L 


pies,  &  parmi  la  plupart  de  ceux 
qui  éroient  originaires  de  la  Ger- 
manie ,  une  férocité  de  mœurs 
qui  les  port  oie  à  des  excès  &  à 
des  cruautés  »  qu'on  ne  peut  lire 
fans  horreur,  H  dont  on  ne  trou- 
vera que  trop  d'exemples  dans  tout 
ce  volume* 

Comme  le  détail  des  guerres; 
des  conquêtes,  &  même  des  fon- 
dations d'Empires  ,  neft  que  la 
partie  la  moins  încéreflante  &  la 
moins  utile  de  THiftoire ,  &  qu'el- 
le doit  avoir  pour  principal  objet 
de  nous  apprendre  à  nous  con- 
ttoître  nous-mêmes  dans  les  hom- 
mes» qu'elle  introduit  fur  la  fcé-* 
ne,  le  P.  Barre  paroit  avoir  eu 
grande  attention  à  nous  peindre 
les  mœurs  ^  les  ufages  ,  &  les  loîx 
des  différens  peuples  qui  y  jouent 
les  principaux  rôles;  mais  fur-tout 
les  degrés  infenlibles  par  Icfquels 
ils  ont  paflé  de  la  barbarie  à  la 
policeffe»  &  des  abfurdités  du  Pa- 
ganifme  aux  vérités  de  l'Evangile, 

llnous  apprend  que  c'eft  àTti\^^ 
Î1Ç  v\v\ 


^/fJ Gaules.  <^^fjU  &- 
û»"*  De  même  le  5*  *"  ou  d'un 

xoaoA  .  û  V^  daas  Ip*  ^ 


M^  Ï74S.  897 

étoît  toujours  nonobftant  fon  nou- 
veau domicile ,  de  la  nation  des 
ÂUemands  ?  des  Bavarois ,  00  des 
Saxons»  Dans  le  fixiéme  fiécle  ^ 
ajoute- rH  ,  ce  n 'et oie  pas  Je  lieu 
de  ia  naiûance  ,  qui  décidait  de 
cruelle  nation  étoit  un  homme  ^ 
comme  il  eft  aujourd  hui  d'ufage 
dans  kClirérleriCc  ;  c'etoîc  le  fang 
dont  il  fortoit  &  fon  origine  qui 
deterni  inoient  fon  état* 

Auilî  voit-on  ,  que  lorfqiie  les 
Bourguignons  furent  foLiraîs  à  CIo- 
taire  &  à  Childebert^  Rois  des 
Francs ,  &  à  Thierry  Roy  d'Au- 
ftrafie  ,  ces  peuples  confervéreut 
le  privilège  de  vivre  félon  leur  lot 
ïiatureile^quiétoit  laLoi(7ûwitfrr^, 
ainft  appellée  de  Gondebaud  ou 
Gombaud  ,  Roy  de  Bourgogne; 
il  fut  le  premier  qui  dans  ces  loîx 
touchant  les  duels  judiciaires,  mit 
par  écrit  cette  maxime  (i  fongtemps 
funefte  à  l'innocence ,  qni^  le  meil^^ 
leur  Champion  eji  le  pUs  honnite 
hûmme  ,  &  h  plus  di^ne  d'être  cru^ 

L€|  iîoujguigcions  jufqu'au  nei*; 
'  *  i^  p  V      -^ 


« 


^98  Joumd  des  Sçavans  J 
yiéme  fiécle ,  furent  toujours  ju-^ 
éés  fuivant  la  loi  Gombette ,  &  nei 
furent  point  incorporés  &  con- 
fondus avec  les  AuftraCens  &  le» 
Francs?  ils  continuèrent  à  faire  u» 
peuple  à  part ,  &  à  fubfifter  en  for- 
Xne  de  nation  féparée  des  autres; 

Au  refte  le  P.  Barre  obferve 
que  de  toutes  les  Nations  Germa-» 
Cliques  ,  la  Bourguignonne  étoît 
dansices  temps -là  ,  la  moins  efti* 
mée ,  parce  qu'elle  n*étoit  pour 
la  plupart  compofée  que  de  Char-^ 
pentiers  &  de  Forgerons  ;  c'eft  par 
cette  raifon  ,  félon  lui ,  que  la  loi 
des  Ripuaires  ne  condamnoit  qu'à 
î  60  fous  d'or  un  Rîpuairé  .qui  aù- 
foit  tué  un  Bourguignon,  au  lieu 
qu'ilen  coûtoit  260  à  un Ripuaire 
qui  auroit  tué  un  Franc. 

èes  loîx  &  plufieurs  autres» 
que  notre  Hiftorien  rapporte  à 
mefure  que  Toccafion  s*en  préfen- 
te ,  nous  peignent  la  barbarie  de 
ces  Peuples.  L'homicide  ^  le  vol  ^ 
&  généralement  tous  les  crimes» 
à  J/e^ceptioa  de  ceux  de  Lèze^ 


Jtfé^  1748.  8351 

Mftjeilé  »  fe  rachetoieDt  à  prixd'ar* 
gent  :  le  courage  »  la  valeur ,  l'ha-r 
btlete  dans  les  Armes,  fembloienç 
alors  tenir  lieu  de  toutes  les  vertus  î 
auflî  parok-il  par  une  lettre  de  VU 
tigez ,  Roy  des  Oftrogoths  ,  par 
laquelle  il  leur  donne  part  de  foîi 
éledion  ,  que  le  talent  pour  1% 
guerre  étott  piefque  la  feule  qua-» 
lité ,  cju*on  elHmoit  dans  les  honi"* 
mes  &  qu'ils  exigeoient  de  ceux 
qu'ils  choifiiToient  pour  les  gou-* 
verner- 

Telle  eft  cette  lettre ,  «  le  Roy 
f»  Vitigez  à  tous  fes  Oftrogoths: 
ft  nous  vous  donnons  part ,  après 
1»  en  avoir  rendu  grâces  à  Jefus- 
1»  Chrift  auteur  de  tout  bien  ,  que 
fi  Tarmée  des  Oftrogoths  canipéa 
oen  front  de  bandiére,  nous  â 
1»  élevé  fuîvant  la  coutume  de  nos 
«I  Ancêtres  fur  un  Pavais  ,  &  qud 
i>  par  Teffet  de  la  Providence ,  elle 
M  nous  a  proclamé  Roy^  nous  re- 
f T  gardant  comme  une  perfonne 
j>  capable  de  faire  la  guerre  avec 
i»  foccès;  parce  ^ue  nous  y  avooî 
Ppvj 


5)  0  ô  Journal  des  Sfdvans  2 
9>  déjà  acquis  quelque  forte  de  rf- 
9y  putation.  Ce  n'a  donc  pas  été 
>9  dans  une  chambre  ».  mais  enraze 
«Y  campagne  ,  que  nous  avons  été 
»  élus  à  la  Royauté. 

Cependant  on  verra  dans  cette 
Hiftoire ,  que  fes  fuccès  ne  répon*- 
dirent  pas  à  lldee  qu'il  vouloit  don- 
ner de  fon  habileté  à  fes  nouveaux 
fujets»  Il  fut  obligé  de  faire  ua 
traité  honteux  avec  le  célèbre  Bér 
Hfairje  Oénéraldes  armées  Romai-» 
nés  :  mais  Théodebert ,  Roy  d'Ao* 
ftrafiei  qu'on  nous  reprélente  ici 
comme  un  des  plus  grands  Roi$ 
iqui  jufqu'alors  eut  gouverné  les 
Francs ,  fut  plqs  habile  ou  plus  heu- 
reux-; il  força  par  fes  viâ;oire$ 
TËnipereur  Juftinien  à  lui  faire  une 
entière  &  pleine  cefSon  de  tous  fes 
droits  fur  les  Gaules  &  fur  la  Ger- 
manie ;  malgré  cela  cet  Empereur 
ne.  laifla  pas  de.  prendre  toujours 
dans  ces  Edifs»!  le  titre  de'.vain« 
queur  des  Ailemans,  des  Fxwç^à 
& 4es  Germains*  '>  .,: 
'il  eftétgxuiant^  cojiu&Qliobfenf 


Mây  1748.  pot' 

le  P.  Barre  dans  une  notre  ,  cjue  co 
Prince  à  la  têre  de  TEdît  de  Pro* 
mulgatton  de  Tes  Inftrituts ,  affefte 
de  s'y  cjualifier  de  Vainqueur  & 
Souverain  de  plafieurs  Peuples  qui 
ne  lui  Croient  pas  fqumis  ,  tek 
que  les  Allemarjs ,  les  Goths ,  les 
Francs  3  les  Germains ,  les  Ances  ; 
les  Alains ,  les  Vandales  &  les  Afrî- 
quains ,  tandis  qu*il  n'y  fait  aucune 
mention  de  différentes  nations  de 
TAfie  &  de  l'Egypte  ,  fur  lefqueU 
les  il  régnoît  paUiblemenc» 

Quoi  qu'il  en  foit ,  tout  le  relte 
de  ce  livre  ne  contient  guetes  que 
k  récit  des  pertes  que  cet  Empe- 
i-eur  fit  en  Italie  >  fur- tout  depuis 
qu'il  eut  eu  llmprudence  d'en  rap- 
peller  Belifaîre,  Celles  que  lui 
avoit  caufées  ^otila  à  la  tête  des 
Oftrogoths  ^  ne  furent  qu*une  om- 
bre légère  des  ravages  que  firenC 
en  n:iéme  temps  lesScIaves  &  lesAn- 
tes  leurs  voiijns ,  qui  après  avoir 
paflTé  le  Danube,  le  jectérent  fur 
les  teries  de  TEmpire  du  côté  d^ 
la  Thrace  &  de  Ollyrie» 


\ 


-  ^  ' 


5  0 1     Journal  des  Sç^wanf , 

Notre  fçavant  Hiftorîen  avant 
que  de  nous  donner  le  détail  de 
cette  guerre  ,  nous  fait  à  fon  or- 
dinaire en  pareille  rencontre  con- 
noître  ces  peuples  &  les  lieux  donc 
ils  étoienc  eriginaîres.  Il  s'étend 
aulfi  fur  les  expéditions  de  Leu- 
tliarïc  &  de  Bucelin  ;  ils  étoient  fre- 
jres  &  commandaient  une  armée 
confidérable  d' Allemans ,  de  Bava- 
rois ,  de  Weftphales ,  de  Trérf- 
riens  &  d'autres  nations  foumifès 
à  4a  Couronne  d'Auftrafie  ,  que 
Xb^obalde  qui  pour  lors  en  étoit 
Rojr ,  avoir  envoyé  au  fecours  des 
Oftrpgoths  î  mais  un  renfort  fi 
confidérable  ne  fit  que  retar- 
der pendant  quelques  temps  là 
ruine  de  ces  peuples.  Bacelin  par 
des  vues  d'ambition*s*étant  fépiré^ 
de  fon  frère,  fut  entièrement  dé- 
fait par  TEunuque  Narfez  à  la  cé- 
lèbre bataille  de  Cafilin;  le  Père 
Barre  rapporte  la  diipofitibn  des^ 
deux  armées  fur  la  defcription  quâ{ 
le  P,  Daniel  en  a  faite  d'après^ 
'Agathias  Auteur  contemporam*  L% 


é^l-^^i''  remit  f„];°\^'  dans  l'i, 

''MesV°"'^'»n  COUD  &  ?'î''^'^« 
'  '^«Pporre  |  AthH-    '^^  'exploits  - 


r 


504  Journal  àeî  S^^tfM^f^ 
riberc  ou  Aribert  leur  frère  Roy  <ïa 
Paris,  &  mort  fans  entans.  Brune* 
haut  aytnt  engagé  fon  mari  Sige* 
bert  à  faire  la  guerre  auKoy  Chil- 
peric  j  qu'elle  accufoic  d'avoir  hâf é 
^s  jours  de  ta  Reine  Galfuinde  fa 
feur ,  à  llnftigation  de  Frcdegort- 
de  qu'il  époufa  enfuire  ,  te  P,  B* 
nous  fait  remarquer,  que  la  paix 
fut  conclue  entre  ces  deux  Prin- 
ces ,  à  condition  que  la  Reine  Bru- 
nehautfemme du  premier jentreroit 
en  ppflelîîon  des  Villes  que  Chil- 
deric  avoir  cédées  en  propre  à  la 
Reine  Galfumde  le  lendemain  de 
les  Noces  ^  comme  doi:  du  mat  in  ^ 

C'étoit  ainfi ,  dit-il ,  qu  on  ap- 
pelloit  le  préfent  que  le  nouveau 
marié  faifoir  en  cérémonie  à  foa 
épou(e  te  premier  macin  d^-après 
fes  Noces, 

It  ajoute  >i  que  Tufage  de  pren- 
3»  dre  des  femmes  fans  bien  étoit 
»»  pafle  des  Germains  aux  Francs, 
SI  Lorfqu'ils  vouloient  fe  marier  , 
STils  acnecoient,  pour  ainfi  dire  ^ 
11  leurs  femmes  tant  par  les  biens 


M^y  T748.  50 j^ 
11  qu'ils  étoîent  obliges  de  leur  don*- 
93  ner  en  propriété  ^  &  donc  leur  fa-* 
1»  mille  héritoit^queparlesprérenS 
»r  qu'ils  leur  faifôient  &  à  leurs  pro* 
»  ches  parens;  en  forte  que  c*étoit 
11  moins  le  père  que  le  mari, qui  do* 
»  toit  la  femme  ^  qui  fe  marioit  \ 
>»  cet  ufage  conrribuoit  beau* 
\y  coup  à  la  dépendance  des  fem- 
1}  mes  à  regard  de  leurs  époux;  les 
»*  anciennes  Loisc  des  Francs ,  com^ 
>*  me  les  couEumes  des  Germains 
>f  rendoient  un  mari  maître  delà  vie 
»»  de  fa  femme  ,  lorfqu'elle  venoiC 
i>  à  s'écarter  de  fon  devoir. 

Nous  joindrons  à  ce  m&rceau  Iff 
portrait  de  Brunehaud,  pour  don-* 
ner  encore  un  échantillon  de  la 
manière  d'écrire  6c  de  penfer  de 
notre  judicieux  &  fça?anc  HiftoH 
rien. 

ȕ  On  ne  peur,  dit-U,  excufer  Bru- 
*>  nehaud  d  un  dcfir  elfrené  de  do- 
>i  miner,  ni  d'une  avarice  honteu* 
>i  fê  j  ce  que  Ton  raconte  de  fes  dé- 
il  bauches,  paroit  d'autant  plus  oUr 
ty  xik  f^u'an  \%%  lui  atcïibu,e  àm%  ug 


1 


f%  âge  très  avancé;  les  Hiftoriens  qd 
n  ont  écrit  la  vie  de  S.  Colombar 
»>  ne  reprochent  à  cette  Princeffi 
9i  qu'une  paflSon  in(ktiabIedecom* 
%y  mander,  ii  II  n'eft  point  de  louan- 
ges que  S.  Grégoire  ne  lui  donne 
dans  les  lettres  qu'il  lui  écrit;  »  £ 
M  les  éloges  (x{ui  ordinairement  ne 
t)  font  que  des  complimétis  )  ne 
i>  prouvent  pas  qu'elle  ait  eu  tou^ 
»9  tes  les  vertus  »  du  moins  ils  mon- 
»>  trent  qu'elle  n'avoit  pas  tous  les 
»t  vices  dont  on  l'accufe  ;  il  n'y  au** 
Htoit  eu  ni  jugement  ni  décem 
%>  ce  à  louer  fa  vertu ,  (i  elle  avoi( 
)»  été  d'une  conduite  fcandaleufe 
>9  toute  avide  qu'étoit  Brunehaud 
If  d'amaflèr  du  bien ,  elle  le  prodi< 
i%  guoit  pour  les  édifices  publics , 
)9  Ëglifes  »  Palais^  Ponts ,  Chau£ 
»i  fées,  &c. 

>i  Les  Hiftoriens ,  continue-t'il 
ftqui  ont  parlé  d'elle  avec  plui 
>>  d'animofité  ,  font  des  Auteuri 
M  peu  exaâs  »  &  d'autant  plus  fu£ 
M  peâs  qu'ils  écrivoient  dans  1< 
If  Royaufloe  de  Qotaire  ou  fous^lt 


I  Mây  1748.         jè^j 

[fcrignc  de  fun  fils,  tous  deux  en- 
1  tt  netnis  déclarés  de  Brunehaud* 
I  41  Une  pliime  dirigée  par  le  reflen* 
I  m  timent  ô£  'aparrialité  eft  plus  per* 
lu  nicieufe  à  rHifl:oire,quelesélo 
lf»ges  rtateurs  des  Pané^yriftes* 
I  #»  Les  louanges  fondées  fur  le  mea» 
\  f}  fonge ,  tombent  promprement  i 
[  9)  &  ne  fur  vivent  guéres  à  ceux  qui 
I  >i  ne  les  ont  pas  méritées  :  au  con^ 
Ittf  traire  une  Hiftoire  maligne  coth 
[il  duite  avec  art  j  fait  toujours  im- 
[  M  prellîon  &  en  icnpofe  à  la  poC^ 
[m  tétité,  »> 

I  *    Le  onzième  Livre  commence  atl 
I  Igné  de  Clataire  fécond  ;  ce  Prtn^ 
I  ce  étant  devenu  feul  Souverain  des 
[Francs,  ne  changea  riçn  dans  la 
[forme  du  gouvernement  propre  i 
11* Auftrafîe  &  à  la  Bourgogne  \  en-i 
■forte  que  ces  deux  Etats  gardérene 
He  titre  de  Royaume  avec  leurs  Offi» 
f  ciers  particuliers ,  &  que  leur^  Mai- 
res devinrent  des  Viceroîs,  Sun  (Us 
Dagobert   qui    lui  fuccéda    dan» 
tous  fes  Etars ,  fit  publier  une  nou-» 
?dle  compilation    des  LoVts.  às!* 


Francs^  des  Aipuaires  »  des  A1Ie4 
Ihans»  &  dés  Bavarois.  Le  P.  fi^ 
avoue  qu'il  ne  fçauroit  marquer  f)ré? 
cifémeht  le  temps  auquel  ce  Prin- 
ce fit  travailler  à  la  reforme  de  ces 
Xoix;  aux  anciennes  coutumes  de& 
Eipuaires  recueillies  dès  le  Com« 
'mencement  du  fixicme  fiécle  »  ofi 
avoit  ajouté  plufieurs  chofes  en  fa^ 
veur  de  rEghfe  &  retranché  celles 
^uireiTentoient  le  paganifme;  on 
réforma  de  même  les  Loix  &  les 
Coutumes  des  Allemans  &  des  fia^ 
varois  du  temps  de  Thierry  Roy 
d'Auftrafie  ;  on  fit  auffi  quelques 
corredions  à  ces  Loix  fous  les  rc^ 
gnes  de  Childebert  &  de  Clotaire 
lecond  ;  mais  ce  fut  par  ordre  dtt 
Roy  Dagobert  ,  qu'elles  furent 
mifes  dans  l'état  où  elles  paroif* 
fent  dans  le  recueil  qui  nous  eti 
refte. 

-  On  nous  donne  ici  une  idée  de 
ces  Loix  ;  mais  bien>loin  d'en  tou- 
cher quelque  chofe»  l'étendue  qub 
nous  avons  déjà  donnée  à  cet  es:- 
Drait^  ne  nous  permet  pas  mémo 


Mày  1748-  90JI    1 

'd'indiquer  tes  principaux  cvene- 
çiens  qui  font  renfermés  dans  co 
Livre ,  &  nous  oblige  de  paiTer  an 
liuicicme  ,  que  nous  ne  ferons  en- 
core qu  effleurer* 

L'Auteur  y  raconte  les  troublei 
donc  après  la  mort  de  Charles  Mar- 
tel »  rAllemagpefut  agitée  pendant 
plufieurs  années;  il  y  parle  auffi  de 
deux  Conciles,  Tun  qui  fut  aflëtn- 
blé  l'an  742  par  Carloman,  on  ne 
fait  point  précifémçnt  en  quel  lieu; 
il  eft  connu  fous  le  nom  de  Con- 
cile de  Germaniei &  laurre  qui  àU 
foUicitatioti  deBoniFace  Apôtre  des 
Bavarois,  fe tint  Tannée  fuivante  à 
Leftinesprès  deBincheenHainaultî 
J'Auteur  ne  parle  desCanons  de  ce| 
deuxConciles,  qu'autant  qu'ils  ont 
rapport  à  cette  Hiftoire  î  il  ne  laif- 
fe  pas  cependant  »  ainfi  qu'il  s'y  eft 
engagé  ,  d'y  faire  entrer  beaucoup 
de  points  qui  concernent  rHiftoire 
"cLjéfiaftique  de  la  Germanie.com- 
e  la  couver fion  des  Nations  ido- 
lârres  qui  1  habit  oient  ;  les  fondai 
ioa^  dës  Sièges  Epifcopai^c  &  4i|, 


5^1^  Joumml  àesSçétVéïns  ^ 
principales  Abbayes  de  ce  Payr, 
^    Un  endroit  très-  intéreflant  de  M 
même  Livre ,  eft  celui  qui  regarde  la 
déposition  deChilperic  dernierRoy 
.  des  Mérovingiens  ;  fi  Ton  en  croit 
les  Hiftoriem  qui  ont  écrit  fous 
Chriemagne,  Childéric  étoit  im« 
bécille  ;  mais  la  plupart  de  ces  Au^ 
teurs.ditle  P.  B.  ne  l'ont  peut-* 
être  rendu  fi  méprîfable  ^ue  pour 
rendre  fa  dégradation  moins  injuil 
te  &  moms  odieufe.Ce  Prince  étoie 
dans  un  fi  grand  mépris  »  Pépin 
dans  une  fi  grande  euime  ,  &  il 
gouvernott  avec  tant  d'autorité,que 
du  confentement  des  Evéques  SC 
des  Nobles ,  l'un  fut  dépofé  &  en- 
fermé dans  un  Monaftere,  &rau« 
tre  fut  proclamé  Roy  (ans  le  moia« 
dhre  foulevement. 

Le  refte  de  ce  Livre  contient  lel 
Commencemens  de  Charlemagnç  % 
&  THiftoiredefes  expéditions, ju(^ 
iqU'auten^ps  où  la  réputation  de  (es 
exploits,  la  grandeur  de  fa  puif* 
£uice,&  lesfervices  qu'il  avoir  ren^ 
^attS.Stége»  eogag^eot  le  Pap# 


H^  May  1748.  prf 

^pt^on   à  le  couronner  Empereur 
Hd'Ocddent.  Mais  notre  Hiftorien 
^nemarque  ici  que  ce  tirre  n'ajouca 
^nen  à  l'aucorité  &  à  la  puiiïance 
^Pde  Charlemagne.  Les  Romains  qui 
étoient  dès-lors  fes  Sujets  de  con- 
cert avec  le  Pape ,  le  conférereni 
8  ce  Prince,  parceque  ce  titre  ré* 
Teilloit  ridée  faftueufe  de  leur  an-* 
cienne  grandeur  ;  ce  nom  feul  letir 
avoir  donné  du  goût  pour  la  do 
minât  ion  des  Grecs.  Mais  tout  avoîf 
changé  de  face  i  TEaipire  de  C.  P» 
étoit  entre  les  mains  de  Tlmpéra* 
trice  Iréne<  Les  Romains  a  voient 
honte  de  fe  voir  fournis  àunefem* 
fpe  i  ils  fouhaitérent  un  EmpereuC 
&  proclamèrent  Charlemagne,  j^«- 
^ttffe^  pendant  que  le  Pape  lui  mec* 
îoîr  la  couronne  fur  la  tête. 

Dans  une  Diflercatloîi  «jui  fa 
trouve  à  la  fin  du  troifiéme  volu- 
me ,  &  dont  nous  parlerons  en  foti 
lieu  ,  r Auteur  fait  voir  que  ta  qua- 
lité d'Empereur  n'eft  qu'un  titro 
4  honneur,  qui  n'augmente  m  lâtw^ 


^1%     Journal  des  Sç4vam  l 
%oï\xé  »  ni  la  puifTance  des  Rois  qui 
reulent  bien  le  porter. 

Ceftici»  comme  le  P.  Barre  en 
avertit ,  qu'il  faut  fixer  l'époque  dé 
TEmpire  d'Allemagne.  On  doit  lé 
regarder  comme  une  nouvelle  Mo-^ 
nacdiie  indépendante  de  FAncieoi 
EmjHre Romain, &  gouvernée  pa^ 
des  Loix  nouvelles.  C'èft  fur  ce 
fondement  que  les  fçavans  d'Al- 
lemagne donnent  à  Char{emagné 
le  titre  de  Fondateur  d'un  nouvel 
Empire.  Ici  notre  Hiftorien  quitte 
la  méthode  qu'il  avoit  fuivie  ju£- 

Îue-là  de  partager  fon  Hiftoire  en 
.ivres;  elle  fe  trouve  dans  la  fuito 
aaturellement  divifée  par  la  vie  dd 
cha  ]ue  Empereur  d'Occident.donC 
il  fiit  un  article  féparé. 

Quoique  celle  de  Charlemagna 
ibir  fort  connue  »  on  fe  convaincra 
cependant  en  la  lifant  ici»  qu'il  eft 
encore  du  neuf  dans  les  fujets ,  qui 

EaroifTent  les  plus  ufcs  pour  ui| 
ommç  qui  a  le  courage  de  touc 
lire  »  de  tout  pefer  »  &  de  juger  do 

touc 


H  ^      May    1748.  ^IJ 

^■but  par  lui-même  :  c'eft  ce  qu'oti 
^Hemirquera  furtout  dans  les  No« 
Hps  que  le  P.  Barre  a  placées  aa 
^R>a&  des  pages  èL  dans  lefquelles  il 
^Keléve  avec  autant  de  juftefTe  qu^ 
^Ue  modeftie  ,  un  aflez  grand  nom- 
Hl>re  de  négligences  &  même  d'er- 
^keurs  qui  onc  échapéà  nos  plus  fa^ 
^Htieux  Auteurs  *  tels  que  les  PP* 
^Kirmond  &  Daniel ,  MM,  Fleury, 
^Kalufe,  &  pluneurs  autres^ 
^K  Cependant  à  t'égard  da  gran-> 
H0es  queftions ,  telles  que^  par  exem^ 
Hple ,  celle  de  (çavoir ,  fi  la  Courons 
ne  fous  la  première  race  de  nos 

■Rois  a  été  héréditaire  ou  éleftive, 
bu  même  tous  les  deux,  commo 
nuelques  Sçavans  lont  prétendu  r 
te  que  la  prcfence  des  Evèques 
ou  des  Seigneurs ,  opéroit  dins  les 
ïiettes  ou  afTemblées  générales' 
ians  lefquelles  furent  faits  les  Ca- 
pitulai r  es  deCharlemagne,  &  fem<-* 
plàbles  points  de  fait  ou  de  droit  » 
tir  lefquels  les  meilleurs  Auteurs 
fiïpt  partagés,  le  P.  Barre  fe  can^ 

1:^ r 


p  if  4  Journal  des  Sçavans , 
tente  prefque  toujours  de  rappo^ 
ter  en  peu  de  mots  les  raifons ,  que 
chacun  allègue  pour  foutenir  loa 
fentiment  ,.  &  quelquefois  même 
de  renvoyer  aux  principaux  ou- 
vrages dans  lefquels  ces  matières 
font  traitées. 

Ce  Volume  finit  à  la  vie  de  Louîé 
le  Débonnaire  ;  on  y  trouve  enfuite 
une  carte  de  la  Germanie  fous  les 
Empereurs  Carlovingiens  &  Sa* 
xons  :  ''elle  a  été  dreflee  fous  lés 
yeux  de  TAuteur  par  le  fieur  Ro* 
Êert.  Cette  Carte  eft  fuivie  de  deux 
tourtes  DiflTertations,  dont  là  pré* 
filière  contient  un  ecLttrdffèment 
Jkr  la  condition  des  otages  che:^  les 
Anciens  Germains ,  pour  la  page  dix* 
jiieuviéme  de  ce  volume;  &  la  fe^ 
éonde  rouleyir  la  Loi  Gomhette  & 
fur  les  Duels ,  pour  la  page  2  8*.  dtt 
fiiême  volume. 

Ceux  qui  auront  jette  les  yeux 
fiir  les.  deux  Extraits  que  nous 
av^ns  déjà  donnés  de  ctt  important 
ouvrage,  mais  principalement  ceux 


Âiay  T748.  915 

|ùi  Tauront  lu  en  en  rier ,  compren- 
dront âtfement  combien  nous  au- 
[rîons  déïîré  de  pouvoir  rendre  un 
[compte  plus  détaillé  ,  non-feole- 
ilnent  de  ces  deox  derniers  mor^ 
[ëeaux ,  mais  même  de  tout  ce  fe* 
rCond  tome. 
lî 
.E  NOVrEAU  NEfrKAS^ 
TLE  ,  ùH  neuvi^H  trmié  de  Cr- 
vÀerh  ,  voî^  in*ii.  î  i  ï,  j&fjf* 
A  Paris ,  au  Palais  ^  chez  Grange 
dans  la  Gilerie  des  Prîfonniers^ 
8  la  Sainte  Famille,  i  747* 


T,  femble  que  Ton  n*aît  befoîn 
c|ue  de  pratique  pour  appren- 
dre Part  de  drefler  les  Chevaux  ; 
cependant  la  prati^ne  dépourvue 
devrais  principes ,  neft  autre  cho- 
fe  qu'une  routine*  fl  efl  donc  uti^ 
le  que  les  gens  de  lart  &  les  ha- 
"iles  Maîtres  ,  nous  établiflent  les 
gles  dont  on  ne  doit  jamais  s*é- 
''«arter, 

C'eûeû  Italie  &à  peu  près  veca 


i 


le  temps  du  renouvellement  dei 
lettres  qu*oïi  commença  à  s  applU 
quer  à  r Art  de  monter  à  cheval  ^ 
c'eft -à-dire ,  que  Ton  joignit  la  fpé^ 
Cularion  à  la  pratiquç  ;  ceci  ne 
doit  s'entendre  que  des  traités  qui 
font  parvenus  à  notre  connoiffance 
depuis  quelques  fiécles  ;  car  nous 
ne  pouvons  douter  que  )es  Ro* 
mains  &  les  Grecs  ne  s'appliquaf^ 
fent  beaucoup  à  l'art  de  drefler  les 
chevaux,  que  l'Auteur  appelle  la 
fcience  de  la  Cavalerie. 

Fr^éric  Grifone ^  Gentilhomme 
Napolitain  ,  fuc  un  des  premiers 
^ui  nous  fit  partd^  fes  lumières  | 
pidîeurs  autres  Ecuyers  lui  fuccé* 
âérent ,  Bi  à  Tenvi  Tun  de  Tautre, 
ils  nous   ont  laifTé  des  préceptes 

Ieue  Ton  a  mis  en  ufage.  La  ville 
de  Nâples  fut  le  fiége  principal  où 
Ton  établit  des  Académies  pour 
apprendre  à  monter  à  cheval  ;  cette 
ViiJe  célèbre  compte  parmi  fesplu$ 
grands  Maîtres ,  rilluftre  Fignatellu 
On  retrouyç  Ces  préceptes  dans  les 


j 


May  1748.  51^ 

ûnvrages  fameux  de  MM.  de  la 
Brone  &  de  Pluvinei^ 

L*art  de  monter  à  cheval  fut 
peu  de  temps  après  cultivé  en  Fran- 
ce ;  &  on  érablit  dans  le  Royau- 
me des  Académies,* Il  a  paru  dans 
notre  langue  pkifieurs  ouvrages 
fur  la  Cavalerie,  Quelqu'un  s  font 
fort  eftimés.  M.  le  Duc  de  Ne\f- 
kaftie  en  Angleterre,  a  eu  une  très- 
grande  réputation  ^  &  les  connoif* 
leurs  font  beaucoup  de  cas  de  fon 
Livre.  Notre  Auteur  déclare  que  (î 
ce  célèbre  Ecnyer  eut  mis  auratic 
d'ordre  &  de  netteté  dans  fes  prin- 
cipes qu'il  y  a  de  foHdité  ,  qu'il 
n'âuroit  point  penfé  à  écrire  fur 
cette  matière. 

L'Auteur  de  cet  ouvrage  a  pris 
le  parti  de  ne  (ë  point  nommer;  il 
veut  attendre  le  jugement  que  ron 
portera  de  fes  premiers  travaux:. 
On  a  coutume  d'orner  les  Livres 
qui  traitent  de  la  Cavalerie  ,  de 
plans  de  terre»  &  de  figures,  on 
lis  a  fuppnmées  dans  cet  ouvrage  î 

Qqiij 


■ 


5^  S'  Jonméd  des  SçdVétnf , 
lAutQur  eft  perfuadé  ijue  les  efiaiQ^ 
pes  font  inutiles»  ce  neft  cepen^^ 
dànt  pas  Tavis  du  plus  grand  non»- 
bre  des  Ecuyers ,  &  Ton  voit  peq, 
de  Livres  fur  cette  matière ,  qui  nçi 
foient  ornés  d'une  quantité  de  plan*. 
ches.  Mais  notre  Auteur  penfe  au-r. 
tremeqt ,  &  peut-être  l'Editeur.  Oa' 
a  déjà  dit  que  les  principes  qui  fe^ 
trouvent  ici ,  font  les  mêmes  que 
ceux  de  M,  le  Duc  de  Nevkaftie,. 
Ge  nom  eft  un  titre  honorable  &  ua^ 
préfage  heureux  pour  quelqu'un» 
qui  écrit  fur  Véquitation.  ^ 

1/ouvrage  dont  nous  parlonf: 
contient  21  chapitres.  On  com^ 
mence  par  expliquer  en  quoi  con- 
Cfte  Tafliette  de  1  nomme  de  chevair, 
pour  être  placé  à  cheval ,  il  faut 
principalement  être  attentif  à  por* 
ter  fes  épaules  en  arriére  ;  les  épaul 
les  dirigent  par  leur  mouvement 
celui  de  la  poitrine  »  des  reins  & 
de  la  ceinture.  Cette  partie  du 
corps  eft  cenfée  comme  immobile  » 
&  fert  à  maintenir  1  équilibre  i  le^. 


Mdy  1748*  pis» 

jambes  &  les  pieds  font  les  parties 
mobiles  5  &c  fervent  avec  la  main 
à  conduire  le  cheval  j  elles  font 
nommées  par  les  gens  du  métier 
aides.  Les  divers  effets  de  la  maia 
font  expliqués  dans  le  fécond  cha-» 
pitre* 

La  douceur  de  la  main  que  la 
nature  feule  peut  donner ,  eft  le 
principal  talent  du  Cavalier.  L3 
fentiment  de  la  main  cunfifte.danç 
le  plus  ou  le  moins  de  finefle  dans 
le  taâ:;  on  ne  peut  définir  précifé^ 
jnent  le  point  certain  de  la  main 
qui  doit  répondre  Ôc  fe  communia 
quer  au  point  certain  de  la  bou*» 
cne  du  cheval  ;  cela  vient  de  ce 
que  le  fentiment  dans  la  main  eft 
auffi  différent  dans  les  hommes^ 
que  le  fentiment  dans  la  bouche 
eft  différent  dans  les  chevaux.  Les 
Ecuyers  diftmguent  cinq  politions 
dans  la  main  pour  faire  exécuter 
au  cheval  les  mouvemens  dont  ou 
peut  avoir  befoin.  Les  qualités  de 
la  main  confiftent  à  être  ferme , 
douce ,  &  légère.        Q  q  iii\ 


3 


1^16     JûnmÀl  des  iSçavans  ^    , 

Dans  le  rroifiéme  chapitre  TAtl- 
teur  nous  entretient  des  défenfes 
que  font  certains  chevaux ,  &  des 
moyens  d  y  remédier.  11  faut  qu'un 
Cavalier  parfait  dans  Ton  art,  ait 
le  talent  de  connoître  d'où  peu- 
vent provenir  les  défenlès  du  che- 
val. Cette  connoiflànce  eft  d'au- 
tant plus  difficile  ,  qu'il  faut  di-^ 
ftînguer  G  rorigine  de  la  tléfenfe 
Tient ,  ou  du  tond  du  caraâére 
àe  Tanîmal  ^  ou  de  fa  conforma* 
tion.  On  dûnne  dans  ce  chapitre 
tous  les  préceptes  qu'il  faut  met« 
tre  en  ufage  pour  corriger  les  dé- 
fauts que  peut  avoir  un  cheval 
En  général  la  douceur  réuffit  preC 
que  toujours  plus  à  dreffer  un 
cheval  «  que  tous  les  châtimens 
que  les  mal-adroits  ont  coutume 
d'employer  ;  il  faut  les  éviter  au- 
tant qu  il  eft  poflîble  &  ne  s'en 
ïervir  que  dans  certaines  circon- 
ilances. 

Les  Ecuyers  avancent  comme 
ton  fait  certain  qu'il  n'y  a  point 


Mdy    1748.  92t' 

de  cheval  qui  ne  fe  porte  plus  na- 
turellement fur  une  main  que  fur 
Tautre  ,  c'eft-à-dire ,  plutôt  d'un 
côté  que  d'un  autre  ;  on  apporte  dî- 
verfes  raifons  de  cette  inclination  ; 
celle  qui  nous  paroit  la  meilleure 
eft ,  que  fi  les  Palfreniers  font  dans 
l'habitude  de  fervir  le  cheval  à  gau- 
che y  ils  lui  tirent  conféquemmenc 
la  tête  à  gauche  ,  ainfi  le  cheval 
acquiert  plus  de  liberté  à  cette 
main ,  parce  qu'on  lui  en  donne  foi^' 
même  l'habitude. 

Il  n'eft  point  d'Auteurs  anciens 
&  modernes»  qui  n'ayent  dit  que 
le  trot  eft  le  fondement  des  leçons' 
qu'on  doit  donner  à  un  cheval 
qu'on  veut  dreflèr.  Les  principes 
qu'il  faut  mettre  en  ufage  à  cette 
occafion  font  le  fujet  du  quatrié^ 
ihe  chapitre.  L'aâion  du  trot  eft  la 
tinême  que  celle  du  pas ,  mais  le 
motlvement  de  ce  dernier  eft  plus 
fent  &  moins  vite.  Dans  l'un  & 
dans  l'autre  le  cheval  levé  les  deux 
jambes ,  qui  font  oppofées  &  tra- 
y«rfées,  Q  4  ^ 


5  i  ^    Journal  des  S ç avons , 

Notre  Auteur  traite  dans  le  ciiM 
quiéme  chapitre  de  V arrêt  ou  du 
farer ,  c'eft  une  partie  eflentielle 
dans  Fart  de  la  cavalerie  ;  on  re-  ^ 
garde  Y  arrêt  comme  un  moyen  fiùr 
pour  unir  &  pour  aflembler  les 
fprces  d'un  cheval  ;  par  cette  adref- 
fe  on  afTure  la  tête  &  les  épaule» 
du  cheval  >  on  le  rend  le^er  à  la 
Oiain ,  &  capable  de  jufteile, 
.  Il  faut  avoir  foin  de  diverfîfier 
cette  leçon  par  les  divers  temps  & 
les  endroits  où  fe  font  les  arrêts;, 
yi^  faut  auffi  avoir  beaucoup  d'at- 
.  i^encion  à  la  manière  de  les  faire  i 
s'ils  font  faits  à  propos ,  ils  feront 
fort  avantageux  au  cheval ,  &  (î 
C'eft  une  main  ignorante  qui  les^ 
conduife ,  ils  lui  feront  très-préjuk 
diciables. 

On  apprend  dans  le  fixiéme  cha^ 
pitre  la  manière  de  faire  receler  \ix\ 
cheval.  Par  cette  adion  on  accour 
tume  le  cheval  à  donner  dans  Uk 
main ,  on  le  difpofe  à  le  bien  met*- 
Ue  enfemble  »  &  à  le  bien  ailibir; 


I 


Mmj  1748,  925 

Le  but  de  Tart  qu'un  Ecuyer 
irofefTc ,  eft  de  trouver  cette  en- 
!emble&  cette  union  ,  qui  fait  tout 
le  mérite  d'un  cheval.  Notre  Au- 
teur rapporte  dans  le  feptiémeCha- 
itre  tout  ce  qui  eft  néceflaire  à  ce 
ujet* 

Tous  les  Ecuyers  convienner^t 
iUjourd'huj  qu'il   n*y  a  point  de 
iéthode  plus  fure  &c  plus  courte 
ue  Fufage  des  piliers  ^  pour  met- 
ie  un  cheval  dans  une  belle  poflu- 
re ,  pour  lui  donner  une  démarche 
oble  &  relevée.  En  effet ,  Texpé- 
Vience  apprend  que  c'eft  le  leul 
moyen  de  rendre  le  mouvement 
des  épaules  dun  cheval  libre  ,  & 
pour   faire  acquérir  aux  hanches 
ette  douceur  &  ce  liant,  qui  don- 
ne tant  de  grâce  à  un  cheval  ^  Se 
qui  en  relève  le  mérite. 

Notre  Auteur  blâme  l'ufage  d'ua 
feul  piller  ,  *&  i!  a  raifon  ;  cette 
méthode  eft  totalement  abandon- 
née. Mais  il  recommande  fort  dan$ 
le  huitième  chapitre  qu'on  fe  fer- 
ye  des  deux  piliers,         Q  ^  ^j 


L 


9^4     Jotfirnat  des  SçétVMSl 

Le  pilier  feul  eft  de  rinVennoa 
de  M.  Pignatellî;  &  M.  Pluvmd 
Tut  un  des  premiers  à  mettre  êa 
u(age  les  deux  piliers  ;  M.  le  Duc 
de  NeN(^kaftle  n'étoit  point  pour 
les  piliers  :  notre  Auteur  abandon^ 
ne  ici  fon  guide  ;  ce  qui  a  révolté 
ce  fameux  Ecuyer  contre  l'ufage 
des  piliers ,  c'eft  qu'il  penfoit  qu'on 
peut  perdre  par  cette  méthode  les 
jarrets  du  cheval  ,  fi  wi  ne  (çaît 
faire  la  diftînâion  de  cette  partie 
&  de  fes  hanches. 
On  traite  dans  le  neuvième  chai- 

Ehre  des  aides  &  des  châtimens^ 
.es  aides  varient  &  fe  donnenc 
différemment  fuivant  le  befoi»; 
elles  doivent  être  douces  &  lian- 
tes ,  &  être  proportionnelles  au  plus 
&  au  moins  de  fenfîbilité  qu'a  le 
cheval  \  fi  les  aides  étoient  trop 
dures  »  elles  cauferoient  beaucoup 
de  défordre  au  cheval. 

Nous  ne  rapporterons  pas  touc 
ce  que  notre  Auteur  dit  au  fujec 
ties  aides ,  c'eft  en  quoi  coq£^ 


Mày  1748.  srr 

toute  rhabilecé  &  la  fcience  du 
Cavalier,  Rien  n'eft  plus  rare  que 
cet  accord  parfait  de  la  main  & 
des  jambes*  L'Auteur  a  renfermé 
dans  le  chapitre  qui  fok  le  moyea 
ie  mettre  le  cheval  Vépaule  en  de* 
imm  &  la  croupe  an  mur  ,  deux  le- 
çons également  difficiles  &  égale- 
ment utiles  pour  afJouplir  les  che- 
vaiDc,  Un  Etiiyer  moderne  *  & 
que  notre  Auteur  n'a  point  cité  »  & 
nous  ne  fçavons  trop  pourquoi ,  a 
rapporté  fort  au  long  les  avanta- 
ges de  la  leçon  de  l'épaule  en  de-; 
danSj  &  de  la  croupe  au  mur,  L« 
première  apprend  au  cheval  à  pat 
fer  fes  jambes  dans  la  pofture  cir- 
culaire ,  &L  la  féconde  enfeigne  au 
cheval  à  ctre  obéifTant  aux  talons. 
M,  "^^  traite  du  pafage.  11  y  z 

Elu  lieu  rs  manières  de  p^ffager^  tl~ 
;s  naiffent  toutes  du  pas  &  dit 
.trot*  L'aâion  du  cheval  au  pallk^ 
,ge  y  eft  la  même  qu'au  piafer  ;  Le 
pafîage  eft  un  piafer  dam  lequel 


.  9  j  tf    Journal  des  Sçavdns  , 
le  cheval  avance  environ  d'un  pied 
à  chaque  mouvement.  On  ne  doit 
mettre  un  cheval  à  la  leçon  du 
paflâge ,  qu'après  Favoir  bien  dé^.* 
noué,  &  avoir  commencé  à  l'unir. 
Il  s'agit  dans  le  chapitre  trei- 
zième des  changemens  de  mains  lar* 
gês  &  étroites ,  des  voltes  &  des  de^ 
mi  voltes  ;  ce  chapitre  eft  fort  éten- 
du &  renferme  une  partie  de  cette 
^fcience  qui  fait  le  grand  Ecuyer. 
On  donne  la  manière  de  met- 
tre un  cheval  au  galop  dans  le 
quatorzième  chapitre.  Le  trot  eft  te 
fondement  du  galop ,  &  tous  les 
'grands  Maîtres  conviennent  qu'il 
ne  faut  point  mettre  un  cheval  au 
galop  3  fans  qu'il  foit  auparavant 
bien  afToupli  par  le  trot.  Il  faut 
prendre  garde   en  galoppant  un 
cheval,  qu'il  ne  fe  défuniflè.  Les 
•chapitres  qui  fuivent  traitent  de 
plimeurs  airs  relevés  de  manège  » 
comme  des  fajfages ,  des»  pefades , 
ndii  meK.air  ,  des  courbettes  ,  des 
troupades  &   des^  balotad€s  »  des 


May  1748,  9 17 

CAhrides  ,  du  pas   &  du  faut^ 

Il  faut  qu  un  cheval  ait  une  dîfpofi- 
tion  natureUe  pour  exécuter  quel- 
qu'un de  ces  différens  airs  ^fans  quoi 
on  le  rebuteroir.  Notre  Auteur 
nous  a  paru  penfer  &  dire  fur  ces 
différens  airs ,  ce  que  tous  les  bons 
Ecuyers  ont  dit  &  écrit  fur  cette 
matière,  iorfqulls  ont  embraffé  I& 
même  fujet,  L'Auteur  a  rempli 
fon  objet  en  mettant  de  l'ordre 
&  de  la  clarté  dans  des  principes; 
qui  font  reçus  &  adoptés  de  toua 
les  habiles  Maîtres» 


'5^1 8    Journal  des  Sçavans  f 

VAVOLLON  MÉNTOk 

\  ou  le  Télemaque  Moieme\  1 748*  ' 
en  deux  parties  in^ 11.  Première^ 
partie  pp.  155.  fans  la  Préfacé 
&  l'Avis  an  LeEteuri  deuxième 
partie  i  ip  pp.  le  tout  avecfigu-' 
res ,  vignettes  &  chIs  de  lampes 
en  taille  douce.  Se  vend  à  Paris , 
chez  Cloujier ,  Libraire ,  rue  S. 
Jacques ,  5  liv.  en  brochure. 

SElon  ce  qui  eft  dit  dans  cet 
opufcule  Cp;  57  de  la  premiè- 
re partie  )  de  celui  qui  en  eft  l'Au- 
teur »  quoiqu'il  atteigne  à  peine 
fa  diX'feptiéme  année  ,  il  a  déjà 
fini  fes  cours  de  Théologie  •&  de 
Philofophie  ;  il  a  pris  fes  dégrés 
en  Province ,  &  il  demeure  aftuel- 
lement  à  Paris, 

La  forme  qu'il  a  donnée  à  fa 
produâion  eft  celle  du  récit  d'un 
voyage  par  lui  fait  fous  la  conduite 
d'Apollon  au  ParnafTe.  Parvenu 
fufqu'à  ce  Mont  û  fameux  .  le 


\ 


Voy^rgeur  y  préfeme  aux  Mufes, 
furies  dernières conquêces  de  Flan- 
dres ,  un  petit  Poëme  adreffé  au 
K  >y.  Les  Mufes  aptes  avoir  enEen-» 
du  la  ledure  de  ce  Pocme,  le  ju- 
gent foïble.  M  ils  elles  exhortent 
r Auteur  à  ne  point  perdre  coura- 
ge. Elles  ajoutent  que  cet  efTai 
quoiqu'imparfair  »  fait  voir  des 
difpofirions  que  TAuteur  doit  cul- 
tiver avec  foin  >  &  montre  déjà 
quelques  étincelles  de  ce  feu  poé- 
tique qui  diftîngoe  le  Poète  du 
terfificaceur  (  p*  58  de  la  féconde 
partie  ), 

On  voit  afTez  que  le  Temple  da 
Goût,  donne  K  y  a  quelquesannées 
par  M.  de  V.  a  fourni  au  jeune 
Voyageur  dont  nous  parlons ,  l'i- 
dée de  fon  entreprife.  Mais  pour 
éviter  le  reproche  d'avoir  voulu 
à  l'exemple  de  M,  de  V,  décrire 
un  Temple,  qui  ne  doit  être  con- 
nu que  des  grands  hommes  »  il 
Dbferve  dans  fon  Avis  au  Le-* 
ôeur  ,  n'avoir  fait  qu  à  pied  kr 


■» 


Tj^^9    Journal  des  SçdVdns , 
chemin  »  que  M.  de  V.  a  fait  daM- 
Je  carofle  de  M,  le  Cardinal  de 
Polignac. 

•  Quant, au  but  de  cetopufcule;^ 
9  paroîc  être  principalement  de 
iaire  voir  que  tout  Auteur,  qiii 
àfpire  à  la  perfeâion ,  doit  n'épar« 
gner  ni  peine  ni  temps ,  pour  pro» 
curer  à  fes,  ouvrages  une  réputa-« 
tion  durable.  L'Auteur  obferve 
que  celui  qui  veut  parvenir  à  co 
but  doit  fe  tenir  également  en  gar« 
de  ,  &  contre  cette  facilité  féduw 
iânte  qui  y  en  lui  attirant  les  élogef 
de  Tes  contemporains  »  le  laiflêroh; 
dans  fa  médiocrité ,  ôc  contre  un 
découragement  aflez  commun  que 
produit  dans  plufieurs  âmes  trop 
timides,  la  ledure  des  excellentes 
pièces  de  ceux  qui  les  ont  de« 
vancé. 

Il  ajoute  à  l'explication  de  cette 
obfervation  plufieurs  autres  réfle- 
xions aufli  judicieufes.  On  peut  y 
diftinguer  furtout  ,  celle  concer« 
oant  le;  bornes  qu'on  doit  prefcri- 


r 


May  174R.  95| 

inç  à  la  critique ,  pour  cviter  les  d^ 

fauts  fi  ordinaires ,  d  ecendre  à  roui 
te  une  bonne  pièce  une  cenfure^ 
qui  ne  peuc  s'appliquer  avec  juilicp 
qu*à  quelques  imperfeftionb  aflea 
rares  ,  ou  d  enveloper  générale»* 
ment  la  totalité  des  ouvrages  d*on 
Auteur  qui  a  donné  de  bons  mor^ 
ceaux  ,  dans  les  juftes  reproches^ 
qu'on  peut  lui  faire  fur  pluGeur^ 
autres  produélions. 

Quelques  Ledeurs  de  Touvragé 
que  nous  annonçons  ,  pen feront 
peut-être  que  TAuteur  auroit  pi| 
donner  une  jufte  étendue  à  xq\i% 
ce  qu'il  y  dit ,  en  le  réduifant  à  uî| 
volume  bien  moins  confidérable; 
ce  qui  a  contribué  à  le  grofïîc 
fpût  ,  la  defcriptîon  du  Parnaflo 
&  de  fes  environs  ,  &  divers  ju* 
geinens  que  TAuteur  y  a  joint  iiijf 
une  grande  partie  des  Poètes  an- 
ciens &  modernes  ^furtout  des  mo^ 
dernes. 

En  général  ces  modernes,  &  par* 
ticuliérement  les  Auteurs  vivans^ 


^  3 1  Joftrnd  des  Sçiudns  y 
u>nc  plus  loués  que  critiqués.  L'Ait^ 
teur  9e  s'étonnera  pas  fans  douté 
ii  par  rapport  à  une  partie  de  la 
^iuribution  de  fes  éloges  fingulié^ 
tement ,  tous  fes  Ledeurs  ne  font 
|)as  de  Ton  avis. 

De  plus  il  eft  aifé  de  concevoiif 
<ju'un  efTai  de  cette  nature»  &  éma^ 
né  d  un  Auteur  encore  (i  jeune ,  dûili 
jprefque  néceflairement  contenir  un 
erand  nombre  de  réflexions ,  qui 
le  trouvent  déjà  dans  plufîeurs  au- 
très  livres ,  ou  que  les  lumières  do 
la  raifon  &  l'expérience  font  faire 
fans  le  fecours  des  livres  aux  efprits 
attentifs. 

Au  furplus  réxaditude  dans  les 
penfées ,  &  la  pureté  dans  Texpret 
non  ,  font  en  général  un  mérite , 
qu'on  reconnoîtra  dans  le  Aien^ 
tûT  moderne. 

Ce  qu'on  peut  encore  y  remar- 
l^uer  >  &  ce  fur  quoi  fes  leâeurt 
ne  lui  feront  fans  doute  aucun  re- 
proche ,  c'eft  que  loin  de  foufcrire 
AU  cruel  traitement  fait  au  célébré 


\ 


,    748-      m 

loulleaiî  par  M.  de  V.  dans  fnti 
IJTemple  duGoûCj  il  feint  au  con^i 
Iraire  avoir  été  témoin  furie  Par- 
[pafle  d*une  réconciliaclon  (incoré 
pntre  ces  deux  Poètes. 
Pour  achever  de  donner  une 
[idée  du  Mentor  Moderne,  nous  e[| 
M-ap  porterons  deux  morceaux  ^  Tua 
[fn  Profe,  Tautre  en  Vers. 

Le  premier  morceau  fe  trouva 
PlJans  une  înftruâioîi  donnée  à  rAu-»' 
leur  par  Apollon  (part,  première^' 
p,  79.  &  luiv.  ) 

«  Soyez  toujours  judicieux  5  ég** 
is  le  ment  favorable  au  mérite ,  dif- 
l>  tingue:£- le  toujours  même  daof 

I  >  les  écarts  de  refprit  des  fots* 
♦t  c'eft-à-du-e  dans  les  belles  pen- 
i» fées  que  le  hazard, ou  Tapplica-i 

'  s»  t ion  a  pu  leur  infpirer.  Enfin  louez 
1)  dans  Chapelain  même  quelques 
»i  Vers  cjue  vous  admireriez  dans 

^%  Corneille  M Moins  févere  s*ij 

fi  eft  poflîble  (  que  Boileau  )  ta- 

II  chez  de  vous  acquérir  comme 
%f  lui  ramitié  des  grande  hommer^ 


^ 


év^fans  vous  attirer  la  hainé'de$g£; 

f»  nies  médiocres Deteftez  la 

V  pféventîon;  Ayez  foin  que  votre 
f  »  ftyle  réponde  toujours  aux  fujeti 
jf  que  vous  traiter.  Partagez  enfin 
it  avec  vos  égaux  les  connoiflan* 
if  ces  que  vous  aurez  puifées  dani 
if  les  entretiens  des  ^  Mufes, 

Le  fécond  morceau  eft  dans  lé 
Fbëme  lu  aux  Mufes par  l'Auteur 
{  p.  3  5  •  &  fuir,  de  \a  féconde  pai^ 
fié.; 

^Déja  £ivoriré'par  le  Dieu  des  bê^ 

»>  tailles  f 
li  Tournai  voit' nos  foldats  fuir  devant 

»>  fes  murailles. 
«>  Ciel  !  la  France  fuccombe>  &  Cua»> 

»  BE«LAMD  vainqueur. ... 
iM»  "Mais  grand  Roy  l  tu^MÎi ,  &  bien* 

»>  tôt  ta  valeur , 
I^A  travers  l'ennemi  >  (ê  frayant  utt 

-paflâgç, 
^^  fiictéder  le  calme  &  diS^  Vp* 


IHP         May  17^^^  9if 

^tttiutîcï ,  fous  ces  lok,  à  combattre 

>3  animé  , 

P  Héros  dès  fa  jeuneflé  ,  à  vaînae  a^ 

»  COUEURlé  t  « 

p  Foudroyant  des  Anglois  les  cohortcf 

«»  Rappcflle  au  champ  de  Mars  nosmm* 
aï  pes  fugitives- 

•a  Tout  cède  à  cet  afpeéi  s  &  rcnncmî 
^L    »  vaincu  , 

Vlaiâê  voir  fur  Gm  firont  fon  coufage 
î*-abanj, 

^  Maïs  oii  va  s'engager  ma  Mu(è  témS* 
^V    13  raire^ 

y>  Grand  Rcy  »  pour  te  louer,  il  fujfif 
^-      93  d'un  Volt  AIRS, 

Les  difpofîtions  heureufef  &  lef 
étincelles  du  feu  Poétique  que  les 
Wufes  ont  reconnues  dans  l'Au- 
teur, femblent  nous  permettre  "cfe 
lui  faireoblerver  que  le^  Public  n'ou- 
bliera poiiu  ua  jugeoKlmiiiavi^i^ 


Ij^ïf  Joiimal  des  Sçavans , 
ble  prononcé  en  fa  faveur  fur  le  PaN 
fiaflfe.  AinO  on  ne  lui  permettra 
|2oint  comme  à  tant  d'Auteurs  qiû 
ne  peuvent  aHer  fi  loin ,  d'être  mé- 
diocre dans  ce  qu^il  pourra  faire 
î)aroître  par  la  fuite ,  &  en  lui  d^ 
mandant  le  choix  d'un  fujet  plus 
JUtîle  &  moins,  connu ,  plus  de  prêt- 
cifion  dans  l'expreflion  &  un  tra«> 
tTail  qui  réponde  à  fes  difpofitions 
âlnfi  qu'à  ion  fujet ^  mais  en  luilai{« 
faut  tout  le  temps  dont  il  aura  be«* 
C)in  pour  l'exécution,  on  n'exiger* 
'  rien  de  lui  que  ce  qu'on  a  droit 
d'attendre  de  la  capacité  que  le 
ParnafTe  lui  a  promis  pour  l'aveu 

VOUFELLÉS    LITTERAIRES^ 

ALLE  M  AG  NE^ 

De  Leipjick.  ' 

E  s  trois  premiers  volumes  du 
Diâionnaire  intitulé  :  JSJazms 
^fhfféuinu  Ungué  Uuifu  à  Jodnn^ 

Matthieu 


Mity  1748,  5f'j7 

Aiatthîa  Gefntro  ,  font  en  vente  il 
y  a  déjà  quelque  temps.  Le  qua- 
tricme  eft  au  m  achevé,  &  feraea 
état  d'être  débité  inceïïamment 
chez  la  Veuve  Gafp,  Fritfcli  »  3c; 
Bernh.  Chrift.  Breitkop,  in~foh  4. 
vol  Cet  ouvrage,  dont  nou$  n'a- 
vons encore  vu  que  le  titre ,  paflb 
pour  être  très  bien  imprimé, 

HOLLANDE* 

De   Leïdf^ 

Jean  Arn,  Langerait  »  Libraire 
lie  cette  Ville  .  imprime  aftuelle- 
ment  le  recueil  des  oeuvres  du  Pré(î- 
dent  Briiïbn  «  ijicitulé  :  Barnabé^ 
Briffhnii  It^L  Re^H  Confifiorii  Con^ 
JiUaru  AmpUffimique  fenmus  Pari^^ 
fanfii  Fr^fldis  4fpera  mirwra  varii 
argumemi  ^nimirum  :  j^miquît^tum 
€jc  jure  €ivili  fileSarum  ^  ith^  /^. 
de  filuthnihÊH  0^  liberMhnibHS  likm 
Itl^  Ad,  L,  JiL  de  Adulteriis  itkr* 
fingnUriu  Cûmm^rîtarins  ad  L^  Da^ 
minifû  defpeiUcuiii  in  C^d.  Th^od^ 

May,  R  t 


9  }  ^  Jomnd  des  Sçéiuanf , 
^  L.  Omntsdies  Cad.  deferih.  D9 
rim  nupti^fram  liber  Jingularis.  /># 
jure  connubieriêm-  liker  fin^têUrit^ 
J^trirgôH  liber  Jingub^ris^  De»  Régie 
Perféown  apparatù  lih.  fI7.  tftu  a»i^ 
ma  reaenfuit ,  emendavie,  tutriisétfi»^ 
99t4$tenibUs^  fréfaet^bus  &  indi^ 
(tibus  inftruxit  Atberetu  Dieuricte^ 
TrekeUJwrifienftdius.  CeCteédiciof% 
cft  fafte  fur  celle  de  Paris  de  1 606 ^ 
çoiQme  ta  plus  complecte  qui  ait  pa« 
ru  »  &  à  lac^uelle  on  avoic  joint  plu* 
£eurs  ouvrages  poftumes  de  l'Au* 
feur,  fuitouc  dans  les  Livres:  Anttm 
^itamm  JifefUnêm  :  ad  L.JhI.  de 
jédulttms  :  deritu  nuptiétrum  ,  & 
de  Jure  Connubiemm.  Le  nouv^ 
Editeur  a  jugé  a  propos  de  donner 
2  ces  divers  opufcules  l'ordre  chro» 
noloeique.  {1  a  corrigé  les  fautes 
die  l-edition  de  Paris ,  en  compa» 
yant  Ton  texte  avec  les  n^eilleip'et 
éditions.  On  trouvera  parmi  Içf 
itemarque^  de  l'Editeur ,  les  prini- 
opales  •  variantes  ,  tant  du  tt^sm 
Grec oit^IjAtin  des  Loix»  ^ut  dHt 


cents  du  Préfident,  Au  tefte  11  m- 
primeur  promet  qu'il  ne  lallTert 
dea  à  defîrer  de  fan  côté  ^  (oii  à 
regard  de  la  bonté  du  papier ,  fait 
à  l'égard  de  la  beauté  du  caradéro* 
Brevû  veterum  mûnumemorum 
sh  ampU  Vire  Gerh,  Papentroki^ 
^cadtmi£  Lugdùno'Bst4V4  leffata^ 
Tum ,  defcriptiç^  in  duaspunes  dwi^ 
fa ,  ^u^rum  prima  Gr^cos  Lattnafiue 
tituhs  ^is ,  umis  »  ^diculis ,  buftii^ 
m'cis^  lammiffH^ Up'îdeis infiriptoi^ 
mti  &  ^na^lypha  contimt  j  fecunda  ^ 
JlatHas^  imagines  ^  capita  Deomm^ 
illuflnum^HfWùTHm^  t^ç^  ccmpleiîiw 
Êur,  Studio  &  opéra  Francîfcî  Ou* 
dendorpîi,  Lugd.  Bat  apudSamue* 
lem  Luchtmans  &  filium,  ^74^* 

De  la  Haye» 

Effkîs  pir  les  pafjinns&fkrlenri 
taraBires.  Neiïîoîn  (^Çt  tentât  def* 
cendere, PerC  Sat*  IV,  V,  i  j.  chei 
N^autme ,  Libraire  de  cectç  Ville* 
174,8.  m^i%w  deux  voL 

Kl  ij 


9A^  f^r^^/  Jes  Sçipans  ;  ^ 
-  Le  même  ouvrage  fe  trouve  âufc 
ftà  Paris  ,  chez  la  Veuve  Piflbti 
Nyon  fils ,  Libraires ,  Quay  des  Au* 
giiftins ,  &  chez  Cailieau ,  auffi  Li« 
Sraire,rue  S.Jacques. 

Dp  Genève. 

extrait  Jtunt  Lettre  de  M.  JkLLkm 
BERT,  4  il^.  Cramer. 

Di^  50  Janvier  1748. 

.  Je  me  fuis  fort  occupa  cet  hy* 
:irer  des  effets  de  l'éleâncité  fur  les 
êtres  animés ,  &  comme  j'ai  été. 
obligé  de  faire  des  expériences  qcû 
demandoient  de  la  dextérité,  jo 
recourus  à  M.  Guiot  (  Chirur^en  )• 
Lç  hazard  a  rendu  mes  rech^ches 
plus  utiles  que  je  ne  penfois  ^  8c 
m'a  engagé  ^  toyrner  mes  vues  du 
côté  de  là  gùérifon  de  diverfe&ma* 
ladiés.  Curieux  de  comparer.  It 
différence  des  effets  de  Téleâricité 
£]r  les  animajuc  vivans  &  morts  t 
«vbc.  ceux  qu'elle  produiroit  fui( 
les  parties  ^paraly  tiques  »  oa  m'at 


\ 


M^  1748,  54* 
mena  le  î  6  Décembre  un  nommé 
Nogues^  Serrurier j  paralytique  du 
braïi  droit  depuis  près  de  t|uinz€i 
ans»  Outre  la  perte  du  fentimentêfi 
du  mouven:ient ,  le  bras  &  I  avant 
bras  étoient  extrêmement  maigres. 
Nous  expo  (âmes  d*abord  ceî  hom- 
me à  Tçpreuve  de  la  commotion, 
la  main  paralytique  attachée  au 
Yafe  :  la  violence  du  coup  porta 
principalement  au  haut  de  Tépaule, 
&  nous  ne  pûmes  détromper  cec 
homme  de  Tidce  où  il  croit  que  M# 
Guîot  Tavoit  frappé,  quen  répé- 
tant l'expérience  après  avoir  idXz 
changer  de  place  à  M.  Guior, 

Je  fis  en(uite  découvrir  le  bras 
paralytique,  &  l'homme  étant  pla- 
cé fur  de  la  poix ,  &  vivement  éle- 
ftrifé^je  fis  fort ir  de  divers  endroits 
du  bras  des  ctinceîles,  Nousapper- 
ç urnes  d'abord  que  les  muicles 
d'où  elles  partoient^  éroient  agités 
de  mouvemens  convuîfîts  très-vife. 
Bientôt  après ,  nous  vîmes  mouvoir 
fucceffivemenc&  en  dirtérens  fen* 
R  r  iij   ^ 


éj^t  Jûttnféd  des  Sfétfdfts; 
favant  bras ,  le  carpe ,  Si  les  éoifft  i 
iuivanc  que  nous  tirions  l'étincelle 
de  tel  ou  tel  mufcle.  Le  phénomé^ 
ne  éroit  trop  fiogulier  pour  ne  le 
pas  examiner  avec  attention.  Je 
me  mis  à  la  place  du  Paralytique  » 
&  î'obfervai  que  les  mufcles  &  les 

Îarties  auxqudles  ils  aboutifibient^ 
^  inouvoient ,  quand  on  en  tiroir 
une  étincelle ,  fans  au'il  fut  en  mon 
pouvoir  de  Teippêcher  ;  &  que  fui« 
Tant  que  Ton  tiroit»  par  exemple  » 
i' étincelle  des  mu(cles  extenièurs  ou 
fléchiflèurs  du  carpe  »  ou  des  doigts^ 
9s  fê  baifToient  ou  s'élevoient  eo 
fens  oppofé.  Cette  obièrvation 
bien  conftatée  fur  différentes  par* 
ties  de  mon  corps  »  &  enfuite  fur 
le  bras  paralytique  ,  me  donna 
quelque  efpérance ,  qu'en  (ècouant 
vivement  &  fréquemment  les  muf» 
clés  paralytiques  »  on  pounroit  peut* 
être  leur  rendre  leur  jeu ,  &  v  ifaire 
circuler  librement  les  divers  fluides» 
Je  travaille  en  conféquence  tous 
les  jours  fur  le  paralytique»  endU 


Mây    1748-  54  y 

rîgeant  fucceffivement  tnes  opérai 
fions  (ur  les  divers  mufcles»  L*ab- 
^uâeur  du  pouce  m'a  feul  occupé 
pendant  le  grand  froid  cinq  à  (tx 
jours,  Jl  ne  falloir  pis  moins  cjue  les 
changemens  norables  que  je  voyois, 
pour  foutenir  ma  patience  au  mi- 
lieu de  pi ufieiirs  autres  occupation  s« 
Voui  jugerez  des  progrès  de  la 
guérifon  par  ]a  defcription  de  Té-^ 
tat  du  malade  qti€  M.  Gutot  % 
dreffé  le  dixième  d£  le  vingt-qua^ 
triéme  Janvier  »  pour  en  mieuic 
ConDoitre  la  fuite* 

*î  J*ai  nomé  que  Je  brai  parâly* 
fi  tique  avoir  repris  beaucoup  d*em- 
»>  bonpoînt.  Le  malade  étendoic 
*T  les  doigFsindeit ,  médius  &  annii» 
>ïlaire  ;  Il  pouvoit  aufTî  crcndre  I0 
f>  carpe  j  mais  le  petit  doigt  &  Id 
ft  pouce  ne  pou  voient  pas  encorcs 
fi  s'étendre.  Cet  état  marque  une 
n  grande  diminution  du  mal ,  puif* 
R  r  iiij 


^344    Jouméà  des  SféfOMS  \ 
)>  que  dUx  }ours  auparayant^ravaiir 
j>  bras  écok  encore  fort  maigre.» 
:n&  que  le  poignet ,  ni  aucun  des 
.t» doigts,  ne  pouvoient  s'étendre* 

Ls  1^  Janvier. 

,  9)  Le  carpe  &  tous  les  doigts^ 
j)  excepté  le  pouce  ,  s'étendent 
j%y  parfaitement.  Le  pouce  a  beau^ 
,»>  coup  gagné  pour  les  mouvemens 
99 dabduètion  »  d'adduâion  &  de 
;t9  flexion.  La  dernière  phalange  de 
»  rindex  &  le  pouce  ne  peuvent 
»  pas  encore  s'étendre  parfaite* 
9>  ment.  Lçs  noK)uyemens  de  l'avant 
9>  bras  ,  &  du  bras  fe  font  mieux, 
>>I1  approche  la  main  du  cha- 
>i  peau. 

:  Aujourd'hui  le  Paralytique  a  t'y 
xéfon  chameau,  &  m'a  remercié 
Jes  larmes  aux  yeux.  L'ayant  bras 
eft  aufli  rempli  de  chairs  que  l'a* 
vant  bras  fain  »  &  le  bras  fur  le* 
quel  le  grand  froid  m'avoit  em^ 
péché  d'opérer  »  augmente  confiir 


Mmj  1748.  9451 
dérablement-  Le  poignet  peut  fai- 
re fes  différens  mouvemensj  lors 
même  <jue  là  main  eft  chargée 
d'une  bouteille  pleine,  d'eau  tenant 
une  pinte. 

'  Je  ne  dois  pas  oublier  de  vous 
dire  qu'à  cette  façon  d'opérer  j'ai 
joint  de  temps  en  temps,  la  coip- 
motion.  Je  la  lui  ai  même  donnée 
fans  le  vouloir,  d'une  force  extraoi^; 
dinaire  ,  &  qui  m'a  montré  \m 
■phénomène  bien  propre  à  rendre 
les  PhyGciens  circonfpeâs. 

jium  Extrait  d'une  Lettre  du  z% 
Février  1748. 

Le  Paralytique  de  notre  ami  va 
de  mieux  en  mieux.  Il  tire  fon 
chapeau  fans  peine  »  il  manie  déjm 
de  gros  marteaux  ,  &  il  compte 
pouvoir  forger  dans  peu  de  jours» 
Sans  le  grand  froid  an  Vauroïc 
éledrifé  hier  à  nud  fur  les  mufcles 
■  du  bras  qui  s'étendent  vers  la  poU 
'trine  »  &  qu'une  înaâion  de  quin- 
ze ans^a  rendu  un peudouloureux^ 
Rrv 


J 


94^   J&teméâ  des  Sçm^émfl 
lors  des  mouyemens  du  hnu 

F  R  A  N  C  £• 

De   P  a  r  X  n 

Charles- J.  B.  Delépine ,  &  Jean 
Thomas  Héri(bat  Libn^res  me 
S^  Jacques  ,  qui  ont  imprimé  Se 
publié  THiftoire  eénérate  d'Aller 
magne  par  le  P.  Sarre»  Chanoine 
-féeolier  de  Sainte  Gén&nef^  & 
<!^nancelier  de  l'Univerfité  de  ¥^ 
ris ,  délivrent  gratuitement  aux 
foufcrîpteurs  >  &  à  ceux  qui  font 
Templete  de  cette  Hiftoire  »  deux 
DifTertations  qui  ont  rapport  au 
premier  Volume»  &  qu'on  a  ou«^ 
Dlié  d'y  inférer»  La  première  rouk 
fur  l'origine  de  quelques  ancfens 
peuples  de  Gernumie:  içavoirdes 
Cimbres  »  des  Bataves  »  des  Frifbns  » 
•des  Saxons  &  des  Angliens  ^  des 
Bourguignons  »  des  Moyens  de 
Boheme&  de  Bavière  &  de&Fmocs; 
La  féconde  contient  des  éclairai^ 
Ibment  fiir  le  lieu  où  Oorulo» 


^  tous  les  toem^,,*;i^^fotUV^* 
fidvedesm^g^^^^^dansl* 


J 


4^48  Journd  des  Sçavms  i 
point  l'ouvrage  intitulé:  »  Deftn* 
^yfio  ConventHs  Cleri  Gallicani  émna 
»>  idSz  de  EçcUfiafticA  potefiate  , 
»>  fur  Tâutorité  des  Rois  &  des  Sou« 
r  verains  Pontifes  ;  noa  plus  qu'un 
»>  autre  tou^ane  le  Livre  des  J^é^ 
^flexions  morales  fur  le  neuveéiu 
M  Tefiament^  Ces  deux  ouvrages». 
y»  difeot  les  mêmes  Libraires ,  ont 
V  été  imprimés  très-correâemenC 
M  depuis  peu  à  Amfterdam  en  5 
u  vol.  &  dansja  même  forme ,  que 
9>  les  douze  de  notre  impreflion  ; 
»  ç'auroit  été  en  multiplier  les  édi* 
9)tion$,  d'autant  plus  inutilement» 
î>  qu'on  peut  avoit  ces  5  voL  pour 
»  40  liv* 

.  Le  (leur  le  Rouge  Géogcaphe 
4u  Roy,  rue  des  grands  Auguftins> 
^ent  de  donner  au  Public  le  Théâ* 
tre  de  la  Guerre  en  Hollande  »  es 
douze  feuilles  qui  forment  une 
grande  Carte  fort  détaillée.  Cette 
Carte  qui  eften  très-grand  point» 
&  très  proprement  gravée  >  ne  peut 
ingnquer  d'être,  fort  utile  aux  Mi^ 
litaires» 


r 


May  174S*  545? 

On  trouve  encore  chez  le  même 
Auteur  le  Théâtre  de  la  Guerre  en 
Italie  j  &  un  nouveau  plan  de  Ber- 
gue-op-Zoom  levé  depuis  le  lîége*' 
Laurent  d'Houry  ^  Libraire ,  ruo 
de  la  vieille  Bouclerie^mchevedlm- 
piimer  ,  &  mettra  au  jour  danS 
le  mois  prochain  ,  un  Traité  hîj}^ 
ri^uff  ^  pûlin^ue  du  Drùit  fu-^ 
hi΀  de  l^Empirc  d^AlUmagne  ,  qui 
peut  être  regardé  comme  un  pré-' 
liminaire  utile  pour  lire  encore  avec 
plus  de  fruit  THiftoire  de  cet  Em- 
pire* Nous  annonçons  ce  traité  avec 
d'autant  plus  de  confiance,  que 
nous  fommes  inftruits  ,  qu^^avant 
d*étre  mis  fous  la  prelTe  »  il  avoît 
reçu  Tapprobation  &  même  des 
éloges  d'un  Içavant  Jurifconfulte 
d'Allemagne  ,  très  verfé  dans  la 
connoidànce  du  droit  public  Ger- 
manique. 

»  Voici  deux  brochures  que  P*  G« 
le  Mercier  Imprimeur-Libraire  rue 
S>  Jacques  au  Livre  d'or,  vient  de 
publier;  la  première  apottiiitrt; 


I 


'f  50  JournJL  JUs  Sçmféms^ 
jExplépMfiû  in  fiptem  PJéiltnêS  fiCF^ 
nitemUlet  cum  verfione  gkilicéu 
I748»t;i-8^.  L'Auteur  avertit  ait 
çoi;riaienGement»  qu'il  donne  cet 
«uvrage  comme  un  e0ai;  s'il  eft 
leçu favorablement»  il  donnera  les 
autres  Pfeaumes  avec  un  commen- 
taire Latin  &  une  verfionfrançoife; 
luivant  la  méthode  qu'il  a  ^uxlée; 
4Ans  les  Pfeaumes  de  la  pénitence 
que  nous  annonçons. 

La  (èconde  brochure  comprend 
deux  parties;  la  première  e(t  inti«> 
tulée:  La  foi  du  Chrétien  en  forme 
de  Catéchifme  touchant  les  dijpofi^ 
tiens  &  la  manière  de  prier  Dieu^ 
prouvée  par  les  Oracles  de  l'Ecritttre. 
Sainte  »  avec  les  Obje3ians&  leters 
filutions.  La  féconde  parties  Ls. 
fii  du  Chrétien  touchant  l'adoraUe 
Sacrement  de  PEuchariflie  éprouvée 
far  les  Oracles  de  l* Ecriture  Sainte, 
étpec  les  ebjeSions&  leurs  folutiensi 
{1748.  /Vf-S^. 

9»  ML  TAbbé  Raynal^  connu  dans 
it  jç  Plibtk  par  fixi  Hifiotfc  i»  iff^4»^ 


rMéy  t74?.  5511 
t»  thûudtrat  &  paî  celle  du  Pariée 
»>  ment  ^AngleittrÉ  ^ayant  été  char4 
))  gé  par  ta  famiUe  de  Montieur  /# 
t>  Jiiaréchal  de  Catinai^de  travaU-r 
»>  lerà  l'fJifltfirff  de  fa  vu  fur  lei 
i>  Mémoires  qu'il  a  pris  foîn  de  raC* 
«  fembler,  &  furies  pièces  qui  lui 
^\  on:  été  communiquées  ^  croit  de^ 
^>  voir  inviter  Meflîeurs  les  Offi-^ 
»  ciers  qui  ont  fervi  fous  ce  grati4 
>ï  Général  »  &  toutes  les  autres  per- 
41  fonnesqui  ont  vécu  avec  lui  ^  014 
>i  qui  ont  quelques  connoi0ance& 
ji  particulières  de  fa  vie  ^  à  lui  en» 
M  voyer  tous  les  Mémoires  ,  Let-l 
«  très.  Plans  de  Villes ,  de  Cam» 
%%  pemens  »  de  Batailles ,  les  Cartel 
*>  particulières  des  Vallées  du  Pîé^ 
%%  mont^Sc  des  cantons  de  Tltatie^ 
•>  où  il  a  fait  la  guerre  pendant  les 
ti  années  1 6^0  &  fuivantesjufqu'en, 
•»i7o^.&  généralement  toutes- 
»>  les  inftruft ions  qu'ils  pourront  lut 
»^  procurer  à  cefujet.  II  cherchera. 
s>  avec  empreflement  à  témoigne^ 
i>  là  reconnoiJ(rance  à  tout^i  les  pêSf 


^^1    JoumH  des  Sçéipans  ; 
7%  fonnes  qui  voudront  bien  cbiW 
t>  courir  à  l'exécution  de  fon  de£* 
itfein. 

*  »f  Maiame  de  Catinst^  Vem;e  de 
i»  M.  de  Catinat^  ConfiiUerém  Pitr^ 
91  lement^  Neveude  Menfieurlè  Aid^ 
#1  réchal ,  recevra  toutes  les  Lettres 
n  &  paquets  qu*on  lui  adrejfera  par 
p  la  Pofte  OH  parles  Mejfageries  » 
W  &  autres  voitures  publiques^ 
^  ii  Elle  demeure  a  Paris  »  rtte  de 
^tUniverfitiy  au  coin  de  la  rue  ds$ 
f%  Bacq. 

'  Géographie  mod  erne  abrégée ,  pré- 
cédée d'un  petit  traité  de  la  Sphe- 
fe  &  du  Globe ,  ornée  de  plufieors 
ttaitsd'Hiftoire  ,tant  naturelle  que 
politique  ,  &  terminée  par  une 
Géographie  Eccléfîaftique»  où  l*oa 
trouve  tous  les  Archevêchés  &  Evê- 
diés  de  TEglIfe  Catholique  ,&  les 
principaux  ^es  Eglifes  SchifmatU 
ques>  avec  une  table  des  longitu- 
des &  latitudes  des  principales  Vil-* 
les  du  monde ,  contormes  aux  der- 
|Mr^  obferyations  de  Meflkur»  do 


FAcâdémle  des  Sciences  ,  &  une 
autre  de  tous  les  noms  de  lieux 
contenus  dans  cette  Géographie^ 
chez  Jean  Thomas  Hcriiunt  Li* 
braire  rue  S.  Jacques  1 748  in-x  2, 

Le  même  ouvrage  le  trouve 
.aufli  chez  la  veuve  Robinet ,  Clau- 
de Simon  Père,  &  Claude- Fran- 
"çoîs  Simon  Blsj  Libraires  de  cettft 
même  Ville, 

La  veuve  Etienne  &  fils  LibraU 
res  rue  S.  Jacques  à  la  Vertu  ,  ont 
Téimprimé  de  publié  depuis  peu  Is 
vie  de  Sainte  Thérrfe ,  tnée  des  An^ 
Uurs  originaux  Ejpdgnols^  &  des 
Hïjhnem  contempirrains ,  avec  des 
Jj€ttres  chùifies  de  lamemeSaime^ 
^ùur fervir  d^éclaircijpment  k  ^Hif* 
toire  de  fi  vie ,  par  M,  de  Villefûrt 
1748.  /«-jz.  X  vol, 

Hiftoire  des  Sarrazi^s ,  conte- 
nant leurs  premières  conquêtes, & 
ce  qu'ils  ont  fait  de  plus  remap^ 
cjuaule  fous  les  onze  premiers  Kha^ 
hfesj  ou  Succeflèurs  de  Mahomet; 
traduit  de  l'Anglais    de  SiHioq 


1 


DcKlejr ,  Profeflear  en  langue  Af<$ 
|)e  dansTUniverCtédèCaoïbrige^ 
fhet  Nyon  Fils,  Libraire  Quav 
des  Auguftins,  près  le  Pont  S.  Mt^ 
fhelài'OccaOon»  1748  in-^iz  Xh 
vol.  .Après  l'aTertiflêment  du  Tra« 
duâeurg&  la  Préface  de  l'Auteur, 
en  trouve  un  abrégé  de  la  vie  d« 
Mahomet  avec  des  remarques  ;  à  la 
fin  de  chaque  volume  on  a  mis  ont 
table  dei  matières, 
;  Il  paroit  depuis  peu  en  cette  Vik 
le  une  Traduâton  françoife  des 
Ephéfiaques  de  Xénophon.  Elle 
m  pour  titre  :  Us  éêmmtrs  ^Aln^ 
€ome  &d*Anihi4\  Hiftoire  Epfaé«^ 
0enne  traduite  par  J  ...•  17489 
in^%  ^.  Les  Ephéfiaques  font  un  ou* 
Trage  connu  des  fçavans.  On  en  a 
donné  une  édition  en  Grec  fie  eo 
Latin  à  Londres ,  Se  une  traduc« 
lion  Italienne  à  Florence»  il  y  a 
quelques  années.  Voici  l'idée  que 
leTraduâeur  François  donne  dans 
(a  Préface,  de  l'orignal  de  Xéno« 
phon  d'Ephefe:  %%  Xénophon  »  dxu 


May  1748.  ^  ^^f 
ff  H,  m'a  paru  en  général  ingénu  QC 
i)  fenfé ,  clair  &  précis  dans  Tes  d«f* 
»}  criptions;  aulS  noble  que  fimple 
V)  dans  la  plus  grande  partie  de  ion 
n  récit  j  vif  &  rapide  dans  ce  qui 
iineft  qu'épilôdique,  &  quelque^ 
•>  fois  fublime  dans  ce  qui  e(l  fenfi* 
%\  ment  . , . .  en  un  mot  »  ajoute  lo 
lïTtâdufteur»  cet  ouvrage  efluîi 
ftâireïbon  modèle  d'Hiftoîre.  Il 
f»  peut  encore  fervir  aux  ]eune$ 
»>  gens  »  pour  leur  donner  une  tein* 
>i  ture  des  moeurs  &  de  la  Geo* 
•«graphie  des  anciens^  aux  jeunet 
n  perfonnes  de  délaflement  d'eC 
y^  prit  ,  aux  gens  mariés  de  leçon  , 
yy  aux  impies  d'exemple  »  aux  mal-» 
»  heureux  de  confolarîon>  &c»  t» 
La  Traduftion  eft  accompagnée 
de  notes  fur  la  Géographie ,  fur  les 
mœurs  &  Jes  diPerens  ufages  des 
anciens.  Elle  eft  encore  très- bien 
exécutée  foit  pour  Tlmpreflion  i 
foit  pour  les  vignettes  &  les  autres 
tailtes-douces  dont  elle  eft  ornée. 
Jiemar^Hci  critiques  fir  U  Dic^ 


^5#  JûunfsViesSiMMns^ 
ti^nnatrede  Sayle,  cfiez  H/poIîté^ 
Louis  Guërin ,  Libraire  ,  rue  S« 
Jacques  à  S.  Thomas  d'A^uln. 
:  Le  même  ouvrage  fe  débite  au(& 
i  Dijt>n  chez  la  Demoifelle  Hermit* 
Andréa,  vis-à-vis  le  Palais  des 
Etats.  1748.  in-fol.  en  deux  par- 
ties. 

Giflèy  ,  Imprimeur  -  Libraire*; 
rue  de  la  vieille  Bouderie  ,  viene 
de  mettre  au  jour  le  tome  fecondr 
ëe  U  pratique  Vniverfellc  pour  U 
rénovaH^ft  des-  Terriers  ,  d*  deâ 
éroits  Seiffnesmaux  ,  tant  mifer 
fH*honorifif4es ,  réels ,  peffonnels ,' |^ 
mx'es  ^  contenant  les  queftioni 
les  plus  importantes  fur  cette  ma« 
tiëre ,  &  leurs  décifions ,  tant  pour 
les  Pays  Coutumiers  ,  que  ceux 
régis  par  le  Droit  écrit ,  &c.  Par 
Edme  de  la  Poix  de  FreminviUe, 
Bailli  des  Ville  &  Marquifat  de  là 
PalifTe ,  Commiflaire  aux  droits 
Seigneuriaux  ,  1748.  in^^^.  On 
a'rendu  compte  du  premier  tome 
fUxk%    lequel  TAuceur  donne  les 


pegles  néceflaires  pour  conipofer 
un  corps  de  papier  1  errier;  on  ne 
manquera  pas  de  rendre  pareille* 
ment  compte  de  celui-ci,  qui  con- 
tient Tufage  en  quelque  forte  âC 
Tapplication  du  premier, 

Etienne  Savoye  ,  Libraire  ^  ru© 

S  Jacques .  à  1  Efpéra«ce,  vient  da 

pettre  en  vente  un  Livre  fous  Iq 

|:titre  de  Manuel  Phihjephiquf  ,  o§t 

fréctj  univerjel  dei  fiiences^av^ 

cette  infcription  Latine  au  frontiC* 

pice  :  audendum  efi  &  Veritas  invi^ 

îiganda  ^  quam  etmmjî  mn  a^e^udft 

Vfnur  ^  omnim  mmm  prapins  quam 

Vinc  fumHS  ,  ^d  eam  pffrvenicmuu 

jalen,  imprimé  à  Lille,  chez  >\n- 

iré-Jofeph   PancKoucKe  ^    avec 

ï^eaucDup  de  figures,  Ï748.  in^ 

^I 2.  un  Tome  qu'on  peut  relier  ea 

Weux  volumes  pour   la  commo^ 

[dite.  Cet  abrégé  ne  contient  qu'unf 

l^egére  efquifle  des  d-fterentes  par* 

[jties  des  fciences  qu'il  embraffe;  on 

,  y  trouve  le^  principes  de  la  Log^ 

gue  &  de  la  Mccapbyli^ue  j^ae; 


^5^  Jmmùd  àes  Sçaivans , 
Mathématiques ,  de  la  Géom^rl») 
ée  la  Phyfique  »  des  MéchaniqueSy 
de  rHydroftatique  ;  du  Feu  ;  (fo 
roptique ,  des  Couleurs  ,  dr  kt 
Dioptrique,  de  h  Catoptrique,  dt 
kCnomonique;  delaGÀ>graphie| 
Au  calcid  EcdéfialHque  du  Calen* 
ërier  de  Jules  Céfar ,  de  la  Cki« 
teie  Se  des  poids  oui  y  font  ufîtésf 
de  rAnatomie ,  ae  la  Médecine, 
de  la  Pharmacie  ;  de  l'Homme» 
des  Paffions,  &  enfin  de  la  Mora^ 
le.  On  n'entre  dan)  le  détail  dei 
afférentes  branches  de  ces  (cien* 
ces»  qu*autant  que  le  comportent 
f  étendue  de  Touvrage ,  &  le  deC- 
letn  de  l'Auteur  »  qui  n'a  été  que 
decompoTer  un  abrégé  propre  aux 
-perfonnes  qui  ne  voulant  pas  ap* 
|>rofondtr  ces  hautes  (ciences»  font 
hitn  atfes  cependant  d'en  avoir 
Quelque  teinture. 

Le  Berton»  Libraire,  rue  Saint 
'Vlâor ,  près  S.  Nicolas  du  Char^ 
lldmiet  »  débite  les  Livres  fuivans* 
'    l^^  Frims  &  InfimOhM  CM- 


May  1748.  f  ç> 

$imnti  four  bien  cpff^  men^rr  »  C^  à^m 
Jmtr  Im  jûumée  ,  p&ur  gmendre  fêin'* 
ttmem  Is  A^ejr ,  &c,  par  le  P.  Sa- 
nadoo  »  Jéfuite  ,  nouvelle  édîcioii 
augincDrëe,  1748,  ùs^S^, 

1^.  Méditerions  fmr  U  Pa(Ji»M 

}*^.  Retrmites  pam-  hs  Commiê^ 

«  Le  Caralogue  des  Livres  de  Im 
dlébre  Bibliothé<fue  de  feu  M«- 
Burette ,  Doyen  des  Médecins  de 
Paris,  &  de  r Académie  des  Irtfcrip« 
tions  &  Belles  Lettres,  slmprime 
aâuelleinent  chez  Gabriel  Mirrin^ 
Libraire  «  rue  S.  Jacques  »  à  lEtoi^ 
le»  en  ;  vol.  m-l^.  La  venre  Am 
cette  Bibliothèque fe  fera  en  détail 
au  mois  de  Juin  prochain. 


m 


1^0    Jemmid  iUi  SçMVdnt , 

TABLE 

DES  ARTICLES  CONTENUS 
dans  le  Journal  de  May  174S. 

< 

^y  librifeJc.  écc  771. 

Obfervations  Chirurgicédef^iCcj^o 
Defiriftion  abrégée  «  GtêffTMphit^  ^  k 

&c  814* 

Mifioire  de  tAcéUime  Royale  des 

Sciences.  &C.  8^8^ 

'Mœwrs  &  nfeges  des  Turcs ,  &cv 

'CenfiUtatiens    choifies  de  flufieurt 

.  Médecins^  &t.  ^74' 

Hiftoire  générale  JtAlkmsgne  ^  icc^ 

99% 

J^nonveéUi  Neurkffilc .  &c.  91  j 

HApeBon  Mentcr^  eu  le  Télémés^ 

(jHe^iiC.  9x8 

fJeBvelles  Littéraires^  &c.     9^6 

Fin  de  la  Tabiew 


L  E 

J  O  U  R  N  AL 

DES 

SCAVANS, 

POUR 

VANNEE  M.  Dca  XLFllU 
JUIN. 


A      PARIS, 

CIieiL  G*T.  QuiLLAU^  Pcre  ,  împrimeUï4 

Juré-Libraitc  de  rUniverfïté  ,  rue 

Galande,  i  i'Annaiiciiti:Ion« 


M.   DCC,   XLVÏIL 
^VEC    2KIV1LEGE    DU    ROT4 


■i!^■iin^•lj^^■^^i•■^■^■fy■!il••if^■fy•i'■f|l•■:f-i-  ■: 


L    E 

JOURNAL 

DES 

CAVANS. 

JU  I  N  IVi  DCC  XLVIIL 

Π MO  IRE  SUR  LA  FILLE 
Sonif raine  décou^ene  au  pied  dm 
M^nt  Véfuvt^  A  Paris,  chez  CU 
Hérlffant ,  rue  Neuve  Notre- 
Dame  ,  à  la  Croix  d'Or ,  &aux 
trois  yerms,  ly^îi*  i/i-8^.  de 
H  pages. 

A  première  découverte  de  la. 
Ville d'/ftrc«i^^,  ou  HltchU^ 
nmft  j  a  fait  trop   de  bruit   pour 
me  k  Fubiic  tiûi  pas  fouhaité 

Stïv 


3 


Ji^f^     Journal  des  Sçavans , 
ardemment  d'en  connoître  les  fui- 
tes ;  il  a  reçu  avec  une  forte  d'avi- 
4litë  les  relations  manufcrites  qui 
cn^ont  paru  en  différens  temps; 
mais  ces  relations ,  bu  peu  exaâes» 
ou  tYop  abrégées  ,  n*a)^ant  fervi 
qu*à  redoubler  fon  impatience ,  on 
n'a  pas  cru  pouvoir  mieux  la  (k- 
tisfaire,  cjuant  à  prefent,  cjue  par 
le  Mémoire  dont  nous  allons  reqi- 
dre  compte ,  après  avoir  obfervé 
qu'il  a  été  drefle  à  Naples  par  les 
ordres  &  fous  les  yeux  de  M.  le 
Marquis  de  THôpital ,  Ambaflk- 
deur  Extraordinaire  de  Sa  Majelté 
auprès  du  Roy  des  d'eux  Siciles» 
&  qu'il  avoit  déjà  été  imprimé  à 
Avignon  fans  fa  participation, 

L'Auteur  dont  nous  emprunte- 
rons fouvent  les  paroles ,  la  divifé 
en  plufieurs  articles.  Après  avoir 
fait  en  peu  de  mots  Thiftoire  de 
la  découverte  dont- il  s'agit,  & 
parlé  de  l'ancienneté  de  la  Ville 
à^Herculea ,  de  même  que  des  La^ 
ves  &  inondations  qui  accompa** 
j^rjtent   <^jielque£(HS  les   eoihralèr 


jHîn  1748*  ptfj 

îens  du  Véfuve  ;  il  donae  und 
idée  du  1  héâtre  ,  du  tornm ,  de& 
mâifons  ^  des  rues ,  des  Peintu- 
res, des  M'>f3Ïc^ues  j  des  Sratues, 
das  Médailles  &  autres  auticiuités 
trouvées  dans  les  ruines  de  cette 
Ville  inforrunée. 

M,  le  Prince  d'EIbeuf  ayatir  paETc 
à  Naples  en  1706  ,  &  y  ayant 
cpoufé  en  ï  7 1  j  la  fille  de  M.  le 
Duc  deSarfa,  fitbâdr  une  mailon 
de  Campagne  à  quelques  milles  de 
diftance ,  dans  un  Heu  nommé  le, 
Granatielio  ^  près  de  PorticL  Lei 
Ouvriers  en  c reniant  la  terre  >  per- 
cèrent une  vouce  fjus  laquelle  ils 
trouvèrent  d^aflez  belles  Statues 
<ju11  fit  enlever. 

Sa  Majefté  Sicilienne  ayant  dans 
la  fuite  choifî  Portici  pour  y  con- 
ûruire  unemaifon  deplaifance,  un. 
de  fes  piemiers  foins  fut  de  faire 
fouiller  la  terre  jufqu'à  80  pieds 
de  profondeur.  On  y  trouva  le  fol 
d'une  ancienne  Ville  licuée  fous 
Portici  &  Refina ,  Villages  conti- 
guS|  à  fîx  milles  de  Naples  feul&-. 


^é6  Journal  des  Sçavans , 
fcent,  entre  le  Mont  Vèfuve  &  lé 
rivage  de  la  mer.  Les  Sçdvans  fe 
partagèrent  auditôt  fur  le  nom  de 
cette  Ville  fouterralne.  Les  unr 
vouloient  que  ce  fût  Fompeia  rui- 
née fous  l'Empire  de  Néron ,  d'au- 
tres prétendoient  QÛe  c'étoit  Rui^ 
na ,  dont  Pline  le  jeune  fait  men- 
tion dans  la  lettre  qu'il  écrivit  à 
Corneille  Tacite,  pour  lui  appren- 
dre les  circonftances  de  la  mort  de 
fon  Oncle  ;  mais  le  fentiment  de 
ceux  qui  foutenoient  que  c*étoit 
Berculea ,  prévalut  bientôt  par  les' 
raifons  que  l'Auteur  rapporte ,  & 
encore  plus  par  les  Inlcription» 
qu  on  a  fucceffivement  déterrées. 

Cette  Ville  fondée  foixante  an$' 
avant  la  guerre  de  Troye  >  &  déjà 
fort  endommagée  fous  l'Empire 
de  Néron ,  par  le  même  tremole* 
ment  de  terre  qui  détruifit  Pom-m 
•peia ,  fut  entièrement  ruinée  par 
l'éruption  du  Véfuve ,  qui  fuivanr 
l'Auteur,  arriva  la  première  année* 
de  l'Empire  de  Titus,  le  z^  Août 
de  l'an  7^  de  J»  C» 


Ph  1748- 


?«f 


La  matière  fous  laquelle  la  Ville 
*Hermlca  el\  enfcvelie  ti  efl  pas  la 
aéme  par  tout  :  en  quelaues  en- 
iroics  c'eft  îa  Uvc  du  Vcluve,  en 
d  autres  c  eft  une  efpéce  de  mor- 
ier  ou  ciment  devenu  fort  dur. 

Les  Napolitains  appellent  Lave^ 
es  mélanges  ,  ces  efpeces  de  ri^ 
^iéres  compofées  de  fouffire  >  de 
ninérauits  de  pierres.  &  de  bitu- 
ae  fondus  enfemble ,  que  le  Vc- 
ive  vomit  djns  fes  fureurs  ;  c*eft 
me  mixtion' epaiffe  &  vifqueufe, 
|ul  rou!a  lentement  comme  de  la 
lâte  ou  du  verre  fondu  »  d£  qui 
fonferve  afleï  longtemps  fa  cha- 
Bur  pour  arriver  jufqu'à  la  mer, 
lans  laquelle  elle  a  formé  en  difle- 
ïens  endroits  de  petits  promontoi* 
res;  la  L^w^  fe  fixant  à  mefure 
qu  elle  perd  fa  chaleur  ,  devient 
enfin  un  rocher  auflî  dur  que  le 
marbre,  dont  il  prend  le  poli.SC 
dont  on  fait  le  même  ufage, 

Tant  que  cette  mari  ère  eft  en 
aâion ,  elle  sinfinue  dans  les  vuî- 
des  qu'elle  rencontre  ^  &  il  n'eft  pas 
Stvvv\ 


^dS  Joumul  des  Sçét/ans^ 
étonnant  que  les  endroitt  par  où 
elle  a  dirigé  fon  cours  dans  Her^ 
culea  y  en  foient  auffi  exaôement 
remplis ,  que  (î  on  y  avoit  coulé 
du  plomb.  Auflî  n'y  trouve-t'oa 
que  quelques  débris  de  Statues  de 
Bronze,  ce  qui  leur  manque  ayant 
vraifemblablement  été  fondu  p^r 
k  Lave, 

Depuis  la  première  éruption  qui 
Z  comblé  Herculea ,  on  en  compte 
Vingc-fix  autres  dont  les  Laves  ont 
pafie  fur  cette  malheûreufe  Ville , 
&  mis  entr'elle  &  le  fol  de  Portici 
une  différence  d'environ  80  piedsi» 

Il  paroit  cependant  que  ces  Flea* 
ves  enflammés»  n'ont  paffé  ancien- 
nement que  dans  la  moindre  par- 
tie à!  Herculea ,  le  refte  eft  enfevelt 
Ibus  une  efpéce  de  mortier  ou  ci** 
aient  très-folide  ,  compofé  de  >lft 
terre  &  des  cendres  du  Véfuve, 
que  l'eau  a  liées  enfemble.  L'Au- 
teur explique  cette  fingularité  ea 
fuppofant  que  le  Véfuve  avoit  com- 
mencé par  jetter  une  fi  grande 
quantité  de  cendres  ,.  qu'il  y  ea 


Juin  1748. 


969^ 


avok  beaucoup  au  delfus  des  pItlS^ 
hauis  édifices ,  t|ue  les  eaux  de  Ja 
01er  ayant  en  même  temps  pénétre 
dans  les  fouriiaifes  de  ce  Volcan» 
il  les  avoic  vomtes  par  fon  embou- 
chure ,  &  que  ces  lorrens  avoienc 
entraîné  les  cendres  dans  rintérieur. 
des  maifons ,  où  elles  étoient  arrê-n  ^ 
tées  par  les  ob/lacles  qu'elles  ren».  i 
contrôlent  de  tous  côtés*  Il  appuyé 
cette  explication  par  le  céxnoigna* 
ce  de  plufieurs  A  tuteurs ,  qui  atte- 
flent  que  dans  quelques  éruptions, 
le  Véfuve  a  jette  autant  d'eau  que 
de  flammes. 

Quoique  en  foit ,  il  eft  certaiti 
qu'aujourd'hui  tout  eft  plein  dans 
HércHîea.  Pour  entrer  dans*  les  rues 
&  dans  les  maifons,  il  faut  les  vui- 
der  en  rompant  avec  la  pointe  da 
marteau  ,  ou  la  Uzc  ^  ou  lefpéce 
de  ciment  qui  les  remplir. 

A  peine  Sa  Majeftc  Sicilienne 
avoir  elle  commencée  faire  fouil- 
ler la  terre  fous  Portici&  Réfina, 
que  I*on  trouva  quelques  Statue^ ^ 
de  la  famiiti^  IIAJLBA.  L'Aureot^ 


f^6    Joftrfialiès  Sçivansl 
devoit  dire  NONIA,  dont  nt» 
branche  avoit  le  furnoiïi  de  BAL-- 
BUS. 

Le  hazard  conduiiîr  bientôt  le» 
Ouvriers  dans  un  Théâtre  dont 
r Auteur  fait  la  defcription  ,  & 
ou'il  juge  être  d'une  architeôure 
Grecque.  Il  étoit  ,  dit-il ,  revêtu 
des  plus  beaux  marbres  ^  enrich» 
de  Colonnes  &  de  Statues  ,  là  plu- 
part encore  en  place,  &  d'ailleurs^ 
îî  bien  confervé  ,  qu'il  auroit  été 
facile  de  le  rétablir  en  fbn  entier. 
Mais  on  s'eft  contenté  de  le  dé- 
pouiller de  fes  ornemens ,.  de  ma^ 
niére  qu'il  ne  refteplus  que  lemaf- 
iif  de  l'édiâce  dont  il  donne  à  pei» 
près  les  dimenGons  »  fans  ofer  ga- 
rantir qu'elles  foient  abfolumenc 
juftes ,  parce  qu'il  n'a  jamais  été  dé* 
couvert  en  entier,  que  fes  différen- 
tes parties  n'ont  été  vues  que  fuc-* 
ceflîvement,  que  pour  en  vuider 
tine,il  falloir  remplir  l'autre  ,  8c 
qu'aâuellementon  pourroiràpeine 
en  voir  la  moitié;  Il  en  eft  de  xnêr 
AM9de^  autre»  ^édifice^•    •        '     '' 


Jîiîn  1748.  59 1 

Quelque  temps  après  la  décou» 
verte  du  Théâtre  ,  on  trouva  au 
bout  d'une  rue  large  d'environ  ;  tf 
pieds,  trois  édifices  publics,  donc 
deux  font  contigus  &  fe  trouvent 
en  face  du  plus  grand  qui  n'en  eft 
fcparé  que  par  la  largeur  de  la  rue^ 

Par  la  defcription  que  TAuteuf  ' 
en  fait ,  on  ne  peut  s'empêcher  Ad 
reconnoître  avec  hîi  que  le  plu^ 
CDnirderable  écoit  le  F&rum  d'Her- 
culea,  &  que  les  deux  moindres 
étoieïït  deux  Temples, 

Les  rues  font  tirées  au  cordeau  l 
avec  des  Banquettes  aux  deux  cô- 
tés pour  les  gens  à  pied.  Elles  font 
pavées  avec  de  grandes  pierres  fi 
femblables  à  celles  de  la  ville  de 
Naples  ,  qu'il  y  a  tout  lieu  de 
Croire  qu'elles  fortent  de  la  même  < 
Carrière jC*eft-à' dire  ,  de  quelque! 
L^vt  du  Véfuve.        •  ^  j 

Toutes  les  maifcns  qu'on  a  fouîl*  j 
lées  dans  un  efpace  d*envîron  trois 
cent  toifes  de  longueur  fur  envi- 
ron cent  cinquante  de  largeur  >  pa-*| 
rôiflènt  d'une  architeSure  aCTezT 


^ji  Journal  des  Sç4vans  ; 
uniforme.  L'intérieur  de  la  plupart 
croit  peint  à  frefque  :  dans  ^[uel-* 
cjues-unes  c'ctoient  de  vrais  Tar- 
bleaux  dont  le  fujet  eft  tiré  de  la 
Fable  ou  de  THiftoire  :  nuis  dans 
le  plus  grand  nombre,  ce  n'étoit 
qu'une  Frefque  d'une  feulé  couleur, 
ordinairement  rouge  ,  avec  quel- 
ques ornemens  légers ,  tels  que  des 
oifeaux  perchés  lur  des  cordages, 
ou  s'y  tenant  fufpendus  par  le  bec 
ou  par  les  pieds  ;  on  y  voyoit  auflî 
d'autres  animaux ,  &  quelquefois 
des  fleurs. 

Ce  qu'on  a  pu  fauver  de  ces 
peintures  ,  forme  aujourd'hui  dans 
les  Cabinets  de  Sa  Majefté  Sicilien- 
ne, environ  quatre  cens  Tableaux, 
parmi  lefquels  il  s'en  trouve  envî- 
Ton  une  douzaine  où  les  figures 
fbnt  de  grandeur  naturelle.  Elles 
font  deffinée^  avec  toute  la  corre- 
dion  poflîble ,  §c  Texpreffion  ne* 
laifle  ordinairement  rien  à  defirer^ 
mais  en  général  les  carnations  y 
font  mal  rendues,  le  coloris  n'en, 
eft,  pas  beau»  &  les  dégradations  y. 
hat  rarement  obfervées. 


Juin  Ï748.  571 

Ceux  qiiî  croyent  que  les  Pein- 
tres de  rantiquicé  n*avoient  aucune 
vConnoiJ[l3nce  de  la  Perfpedive  ,  Se 
qu'ils  n  employoient  que  le  blanc. 
Je  jaune  ,  le  rouge  &  le  noir,  fe 
'  décramperont  à  la  vue  d'un  Ta^ 
bleau  doni  le  champ  forme  une 
véritable  perfpeftive,  &  d*unefref- 
que  dans  laquelle  on  trouve  des 
fleurs  de  différentes  efpéces  &  de 
toutes  les  couleurs- 

On  a  retiré  des  ruines  d'Herhu* 
Ua  des  morceaux  de  Mofaïque, 
mais  ils  font  fans  goût  »  fans  deffcin , 
fans  variété,  &  fans  nuances  ;  les 
Statues  méritent  plus  d'aetentioiï. 
Elles  font  en  fort  grand  nombre; 
ç'elles  de  marbre  s'étoient  afTez 
bien  confervées  »  mats  celles  de 
bronze  étoient  prefque  toutes  ap- 
platies  ,  rompues  ou  mutilées  ^ 
&  à  peine  en  a- t'en  pu  reftaurer 
cinq, 

Parmi  les  petites  ftatues  de  ce 
métal ,  c*eft  à-dire  ,  celles  qu'on 
croit  avoir  repréfenté  des  Pénates 
OU  Dieux  Lares  ,    TAuteur  f^it 


t  î 


J>74  JournaX  des  Sçavans  ; 
liiention  d*un  Mercure  qui  tient 
lUne  bourfe  de  la  main  droite.  Se 
une  tortue  de  la  gauche.  Cette 
figure  eft  précifément  la  même  que 
le  P.  Piciaudi  Théatin  a  expliquée 
dans  une  Diflèrtation  écrite  en  Ita- 
lien ,  imprimée  à  Naples  Tannée 
dernière. 

On  a  trouvé  beaucoup  de  médailr 
les  dans  Hefcùlea  »  tant  de  celles 
qu'on  appelle  Confulaires  que  de 
celles  qui  ont  été  frappées  fous  les 
))remiers  Empereurs  »  &  il  y  en  a  de 
toutes  fortes  de  grandeurs  &  de 
métaux.  L'Auteur  en  rapporte  & 
en  explique  quelques-unes  qui  font 
très-connues ,  mais  peut-être  ap- 
prouvera- t*on  la  manière  dont  il  à 
répondu  à  une  difficulté  qu'il  fe  fait 
a  lui-même.  La  ruine  d'Herculea 
èft  antérieure  au  régne  de  Domi- 
tien  ,  &  cependant  il  s'y  trouve 
0çs  Médailles  de  cet  Empereur» 
ce  qui  paroit  impliquer  contradi- 
ffîon  ',  mais  la  plupart  ont  été  frap- 
pées fous  fes  premiers  Confulats  ; 
gcYiîyen  a  quelques-unes  dit 


M  Juin  1748.  pjp 

I  temps  oii  il  écoit  Aogufte ,  Il  faut 
V  fuppofer  qu'elles  ont  écc  perdues- 
par  les  Ouvriers  qui  ayoient  fouillé 
anciennement  dans  cette  ViUe ,  foît 
pour  y  faire  des  recherches ,  com* 
me  on  le  reconnoit  par  d'ancien-^ 
nés  excavations ,  foit  pour  travail- 
ler à  rétablir  cette  Ville  confor- 
mément à  Tordre  que  Titus  eti 
avoit  donné*  Cet  Empereur  mou- 
rut trop  tôt  pour  exécuter  un  pro- 
jet {t  digne  de  lui  ;.  mais  il  fe  peut 
faire  que  Domitien  ait  voulu  le 
fuivre ,  &  qu  après  avoir  fait  com^ 
mencer  les  travaux  ,  il  les  ait  abaa-- 
donnés  par  le  peu  d'efpérance  de 
réufllr  dans  une  fi  grande  entre- 
prife.  Cependant  s  pour  peu  qu'il 
Tait  tentée  ,  ç  en  eft  aflez  pour 
qu'il  fe  rencontre  dans  les  ruines 
é^Hercuha  quelques  Médailles  de 
TEmpire  de  Domitien. 

Les  bornes  que  l'Autenr  s'eflb 
prefcrieesne  lui  permettent  pas  de 
s'arrêter  fur  les  autres  découvertes: 
particulières.  Il  fe  contente  de  ks. 
indiquer.  Ce  foat  des  pierres  gisir^ 


pyS  Journal  des  S f  avant , 
vées^  clés  lampes  »  des  inftrumens? 
de  facrifices ,  des  ufteilGles  de  mé* 
nage ,  des  reftes  de  filets  noircis  à 
la  vérité ,  &  même  prefque  pour- 
ris ,  mais  ayant  encore  afTez  de 
coniiftance  pour  être  maniés  & 
examinés ,  enfin  du  bled  &  du 
pain  réduits  en  charbon ,  fans  que 
la  forme  en  ait  fôufFert  aucune  al- 
tération. 

•  li  y  a  apparence  qu'il  périt  peu 
de  monde  dans  Herculea,  puif- 
4}û'on  y  trouve  fort  peu  de  Sque- 
lettes :  on  y  en  découvrit  cependant 
un»  il  y  a  quatre  ou  cinq  ans,  il 
Àoit  couché  fur  un  efcalier,  & 
tenoit  encore  à  la  main  une  bourfe* 
qu'on  pouvoit  aifément  diftinguer 
par  le  moule  qu'elle  avoit  laiifé 
dans  Tefpéce  de  ciment  dont  elle 
Aoit  envelopée  ,  &  qui  conte- 
noit  les  Médailles  dont  elle  étoit. 
rtmplie. 

Il  eft  aifé  de  voir ,  quoique  l'Au- 
teur ne  le  dife  pas ,  pourquoi  il  y 
eut  fi  peu  de  perfonnes  enfévelies 
jAui^ks  ruines  ^Hircnka.  Latir'^ 


Juin  1748,  $77 

iq[ft€  le  Véfuve  s'embrafe ,  il  jerre 
comme  on  Ta  remarqué  plus  haut» 
des  torrens  enflammés  qui  roulent 
C  lentement  ,  qu'il  fe  pafle  pref- 
que  toujours  un  certain  temps  ^ 
avant  qu'une  de  leurs  ondes  pouf-^ 
fée  par  celle  qui  la  fuit  ^  ait  pu 
faire  un  nouveau  chemin  ;  c'eft  c© 
qui  donne  aux  habicans  des  envi- 
rons ,  le  moyen  déchaper ,  &  mê- 
me de  tranfporter  leurs  eiFets  les 
plus  précieux  ;  &  de  là  vient  fan* 
douce  quon  trouve  fort  peu  de 
chofe  d'un  certain  prix  dans  Her^ 
culea.  Mais  cequ*on  en  a  retiré  for- 
me j  ainfi  que  robferve  F  Auteur  , 
un  merveilleux  afTemblage  d'anti^  ' 
quités  j  qui  deviendra  plus  ample 
&  plus  complet  ,  à  mefure  que 
les  travaux  avanceront ,  &  on  n9 
manquera  pas  d'en  faiie  parc  au 
Publlcp 

Nous  avons  marque  au  com- 
mencement de  cet  Extrait ,  que 
lorfqu  on  veut  fouiller  un  nouvel 
endroit  j  on  eft  obligé  de  porter 
la  terre  qu'on  en  tire .  dans  ceux 


^7^    J^^^l  i^s  SçéÊV4ns  ; 

âue  l'on  avoît  précédemment  vuî* 
es.  Nous  devons  ajouter  qu'on 
À'en  remplit  aucun  (ans  en  avoir 
éxaâement  levé  le  plan  ,  &  que 
ces  difFérens  plans  rapprochés  l'un 
de  l'autre  dans  une  grande  Carte» 
n*en  formeront  plus  qu'un  ,  où  la 
Ville  foutèrrâihe  paroîcra  dans  tou* 
te  fon  étendue. 

Le  Roy  des  Deux  Sîciles  a  or- 
donné de  plus  »  qu'on  gravât  tous 
tes  morceaux  d'antiquité  tant  foie 
peu  confidérables ,  qu'on  retirera 
de  ces  ruines  ;  &  Elle  a  chargé  M« 
Bayard ,  Prélat  de  fa  Cour ,  cf en 
éôhner  une  explication  fuivie  :  cet 
ouvrage  qui  ne  peut  manquer  d'être 
bien  reçu  du  Public ,  fera  un  mo- 
fjument  refpeftable  du  goût  de  Sa 
Kfajefté  Sicilienne  pour  les  beaux 
Arts,  &  de  la  proteâion  dont  elle 
yeut  bien  les  honorer. 


jHÎn  1748,  57Jt 

ImsrOlRE  DE  V EGLISE 

Gallicane  dédiée  k  NQJfeigneurM 
du  Clergé  ^  continuée  par  le  Perê 
Gaillmme^Françôit  BerthIER  # 
de  la  Compagnie  de  Jr$vs»  Tôm& 
1  î  pp.  î  ^6,  T^me  16,  pp.  548* 
y  compris  la  Table  des  matures 
i^-4°.  A  Paris ,  chez  F,  Monta* 
lant  >  Quay  des  Augunins  ;  J. 
B,  Coignard  ,  Imprimeur  du 
Roy;  H*  L,  Guerin ,  rue  S.  Jac- 
ques ,  &  Jacques  Rolliti  FiUj, 
Qyay  des  Auguftins,  1747» 

DN  trouve  à  la  tête  de  ce  quîn# 
ziéme  Tome,  un  difcoursftir 
[les  Annates  ,  étabUflèment  qui  â 
[donné  lieu  à  des  conteftations  très-* 
îngues,  très-vives  &  très-compIU 
Iquces  entre  la  Cour  de  Rome  g 
fêc  la  Cour  de  France^ 

Comme  fur  ce  poîtit  de  Critî-f" 

tque ,  au  (fi  bien  que  fur  beaucoup 

d'autres  ^  les  HKioriens  &  les  Ca^ 

noniftes  fe  copient  fans  façon ,  dît 

h  Pi  Berthler  n  &  que  fi  loa  c^2«<0M«i 


ta. 


*^%o  Journal  des  Sç4vans  ; 
9)  fuite  à  ce  fujet  cent  volumes ,  on 
fi  trouve  dans  le  centiéttie  précifc^ 
l>  ment  ce  qui  eft  énoncé  dans  tous 
19  les  précédens  ;  «  pour  répandre 
quelque  lumière  fur  une  matière 
que  l'ignorance  des  uns  &  les  par- 
lions des  autres  ont  extrêmement 
embrouillée ,  il  partage  en  quatre 
articles  tout  ce  qui  regarde  les  An- 
dates  9  il  traite  dans  le  premier  de 
leur  origine ,  dans  le  fécond  de  leur 
cxtenfion  $  il  rapporte  dans  le  troi- 
iîéme  les  difputes  qu'elles  ont  fait 
naître ,  &  dans  le  quatrième  les  rai« 
fons  qui  ont  confirmé  lufage  pre- 
fent  des  Annates. 

Il  explique  d'abord  la  véritable 
lignification  de  ce  mot  d* Annates, 
&  montre  qu'il  en  faut  tirer  l'ori- 
gine de  la  puiffance ,  que  les  £vê« 
ques  avoient  anciennement  de  diC« 
pofer  de  tous  les  biens  Eccléfiafti- 
ques ,  fitués  dans  l'étendue  de  leurs 
Sièges.  Il  s'étonne  avec  raifon  que 
les  Canoniftes  ne  s'en  fbient  pas 
apperçus ,  tandis  qu'ils  enfeignent 
-communément  »  qu'un  Evéque  peut 


luln  1748-  58  tf 

encore  aujourd'hui  impofer  uqc 
AnnacÊ  fur  les  bénéfices  de  fou 

«Diocèfe  ,  pourvu  que  ce  foit  du 
confentemenr  de  fon  Chapitre  ,  & 

[pour  quelque  grande  raifon,  par 

[  €xemple ,  pQUr  la  ^ahrifnc  de  fou 

,  Eglife- 

Il  prouve  que  des  Evêques  ou 

[.tfaunes  Eccicfiaftiques  ont  joui 
des  Annates ,  ç*eft4-dire ,  desfmits 
fie  la  première  ^nnit  des  Bénéficesl, 

-DU  les  ont  accordés  avant  que  les 

».papes  fe  crufTenc  en  droit  de  le  fair 
re.&furtour  avant  Tan  lîtp^oûi 
les  Canoniftes  placent  commune- 

|.ïnent ,  rétabliflement  des  Annates; 
parce  que  cette  même  année  le  Pa- 
pp  Jean  XXII,  fe  réferva  la  pre^ 
miére  année  des  Bénéfices  qui  vien- 
droient  à  vaquer  durant  les  tro^ 

'  fuivantes. 

Il  réfute  les  Auteurs  qui  regar- 

[»'dent  Boniface  comme  11  nfti tuteur 
des  Annates  que  npus  appelions 
confiftoriales  ,  comme  Jean  XXII* 
p^fie  dans  refprlt  de  plufieurs  au- 
pes  I  foMï  ^YQii  éubli  ceUes  ^ 


I 


a 


^  8  2    Journal  des  Sçavam , 
a£feâent  les  Bénéfices  du  fécond 
ordre  ;  &  il  montre  que  Clément  V« 
donna  l'exemple  des  unes  &  des 
autres. 

L'extenfîon  qu'on  donna  aux 
Annates ,  furtout  pendant  le  Schit 
xne ,  fait  le  fujet  de  l'article  fécond; 
les  abus  qui  furent  la  fuite  de  cette 
cxtenfîon  &  les  excès  où  elles  fu^ 
xenc  quelquefois  portées  ,  pen- 
dant les  malheureufes  dividons» 
dont  l'Eglife  fut  pour  lors  agitée , 
ioccdîonnérent  de  grandes  difpu- 
tes  ,  que  le  P.  Berthier  pour  lei 
traiter  avec  plus  de  méthode ,  di«- 
Aingue  dans  le  troiliéme  article  en 

Îuatre  temps  :  (çavoir  celui  du 
loncile  de  Confiance,  celui  du 
Concile  de  Bâle  ,  celui  d'après  ca 
Concile  jufqu'au  Concordat,  &  ce- 
lui du  Concordat  jufqu'au  Condie 
de  Trente. 

Il  finit  cet  article  en  obfervant 
apie  99  quoique  les  Pères  de  cette 
>»  fainte  a0emblée  fuffent  très-dé-- 
f%  darés  contre  la  Simonie  ;  que 
^ijitoî^ti'ibayeQt  preicjrit  fin  c^ 


n  pes  régies  très-févéres  »  ils  ne  cou- 
•  n  chérenc  poiot  aux  Annates  ;  qu'ils 
9^  laifférent  la  difcMlHon  de  cette 
»i  affaire  au  Pape  &  à  la  Cour  de 
i>  France ,  d*où  il  conclut  judicieu- 
»)  fement ,  que  s'il  y  avok  eu  là  dû 
»f  crime  ou  du  fcandale^  on  ne 
npeut  douter  qu'ils  n'y  euflenÇ 
il  oppofé  des  décrets  d  une  mara- 
is le  très-exaâe. 

Après  avoir  montré  dans  cet 
article  que  le  Concordat  tel  qu'il 
cft  reçu  parmi  nous  ,  n'autorife 
point  expreffement  les  Annates  5 
comme  c'efl:  cependant  depuis  1© 
Concordat  que  les  Annates  font; 
devenues  comme  une  charge  ojrdi«4 
.  jiaire  dans  l'E^life  de  France;  la 
p.  Berthier  recherche  dans  le  der^ 
jnier  article  *  quelle  peut  être  la  eau* 
fe  d'une  celle  pratique  ,  tic  corn- 
^  ment  on  seft  (oumîs  aux  Annates^,,' 
[fans  que  les  deux  Puiflances ayent 
déclaré  fur  cela  leurs  volontés  ab(cM 
Jues  ;  mais  il  faut  voir  h  réponfe  | 
^ette  queflipiî  4^1  h  wÇQm^ 
fnçmQp 


^84      loUYtial  des  Sçé^fans , 

Quoique  l^uteur  avec  la  mo- 
'deftie  qui  lui  eft  naturelle ,  »>  dife 
f^que  ce  morceau  doit  paroitre 
»  moins  orne  qu'inlbuâif ,  &  plus 
>>  nécelTaire  que  fçavant.  <«  il  nous 
a  paru  qu'il  avoir  tous  les  orne- 
mens  dont  il  et  oit  fufceptible^  c'eft- 
a-dire ,  la  netteté ,  la-précîGon ,  l'e- 
"xaftitude,  &  qu'il  leroit  difficile 
de  trouver  ailleurs  rien  de  plus 
propre  à  fixer  îelprit  fur  la  matié- 
xe  des  Annates  ,  dont  la  plupart 
"âes  Auteurs  ne  nous  donnent  corn* 
munément  que  des  notions  vagues 
^&  confufes. 

Le  même  efprit  d'ordre ,  de  dit 
cuffion  &  de  recherches ,  régne 
dans  îHiftolre ,  comme  on  le  verra 
jpar  l'idée  fommaire  que  nous 
allons  donner  de  ce  Tome  ;  le 
■premier  Livre  qui  eft  le  quarante- 
troitîéme  de  toute  rHiftoire,jCora- 
'mence  à  l'an  1 398 ,  &  va  jurqu'à 
Tan  141 5« 

;  On  y  voit  la  Cour  de  France  après 
Wvoît  eu  de  grands  ménagemens 
pour  TAnti-Pape  Benoît  ^  dans  la 

Tue 


Juin   1748.  985 

^e  d'obtenir  la  paye  de  TEglife 
par  k  voye  de  la  douceur  àc  de  la 
Eiégodation  ,  perfuadée  enfin  qu'el- 
le ecoic  la  dupe  d'un  Vieillard  dif- 
Imulé  &  ambitieux  ,  renoncer  à 
fon  obéiflance ,  &  employer  mê^ 
pme  contre  lui  la  force  ouverte  ea 
^le  faifant  affiéger  dans  Avignon 
;>ar  le  Maréchal  de  Boucicaut, 

Le  P.  Berthier  rapporte  toutes 

les  mefiires  que  le  Roy ,  ou  pen- 

iHant  que  les  cruelles  vicifflîtudes 

nde  fa  famé  te  rendoient  incapable 

hd'affaireSt  les  Princes  du  Sangpri^ 

If  ent ,  pour  donner  plus  d'autorité  à 

[iine  démarche  fi  éclatante  ;  la  déci- 

Bon  en  fut  remife  à  une  aflèmblée 

fiombreufe  du  Clergé  ,  qui  fe  tint 

Idans  le  Palais  du  Roy  ;  il  s'y  trou- 

wa  (bixan te- quatre ,  tant  Archeyê* 

jues  qu'Evêques ,  un  très-grand 

liîombre d'Abbés,  &  plufieurs  Dé- 

îutésdesUniverfités  du  Royaume. 

Quoique  la  plupart  fu0ent  très- 

aal  difpofés  en  faveur  du  Poutife 

'  d'Avignon  ,  le  Roy  jugea  néan^ 

moins  qu  il  f4Uoic  donner  une  1^ 


9  8  tf  Journal  des  SçMvans , 
bcrté  entière  par  rapport  à  la  dê^ 
fenfe  de  ce  Pape ,  &  afin  de  laiflèr 
tout  égal  des  deux  côtés  »  il  fut  ré- 
glé que  douze  Dodeursparleroient 
dans  les  Séances  du  Clergé,  les 
uns  pour ,  les  autres  contre  la  fou- 
ibraélion  d'obédience. 

Le  Roy  Charles  VT.  affifta  i 
cette  aflemblée  ,  toutes  les  fois 
que  fa  fanté  le  lui  permit  ;  en  foa 
abfence  le  Dauphin  y  préfîda,  & 
les  autres  Princes  du  Sang  s'y  trou- 
vèrent aufli  ,  »>  foutenant ,  dit  le 
»>  P.  Berthier  »  avec  beaucoup  de 
>»  confiance  &  de  bonté ,  la  mul- 
»  titude  &  la  longueur  des  Haran* 
9)  gués  que  firent  les  Orateurs  des 
f>  deux  partis  oppofés. 

Quoique  le  ftyle  en  fbît  extrê- 
mement éloigné  des  mœurs  &  de 
la  politefle  d'aujourd'hui ,  il  a  cru 
devoir  cependant  rapporter  la  fiib- 
fiance  de  chacune  de  ces  pièces , 
par  ce  qu'on  y  trouve  des  particu- 
larités importantes.  »  Uo  ouvrage 
19  tel  que  celui-ci, demande  quel- 


r  f »  à  l'înftruflion  d'iKi  Lefteur  ac- 
31  tentif ,  &  la  drcondance  d'une 
«  fuite  de  difcours  très-infrpidesà 
»»la  vérité  pour  la  forme  ,  mais 
))  confidérables  par  rapport  au  fu- 
î>  jet  qu'on  y  traite ,  eft  une  de 
i>  ces  rencontres  ^  où  Ton  doit  faire  1 
lî  grâce  à  rHiftorîen  en  confidéra-  ^Ê 
*>  tion  de  fon  zélé  à  rapporter  tout  ^ 
ncequi  peut  interefler  rHiftoire, 
On  peut  juger  de  l'éloquence  de 
ces  temps-là  ,  par  célIedeGerfon, 
que  rUniverfité  choifiiïoit  prefque 
toutes  les  fois  qu'il  étoit  queftion 
de  haranguer  le  Roy,  Nt^tre  Hifto-i 
rien  nous  donne  le  précis  d'un  de 
fes  difcours  qui  étoit  auflî  fîngulier 
pour  le  deflein  que  pour  Texécu- 
tion  :  il  commençoit  par  ces  mots 
yive  U  Ray  répétés  trois  fois,  ils 
faifoient  le  texte  &  la  divifion  du 
Difcours  ;  rOratèur  diftînguoit 
trois  fortes  de  vies  néceflaires  aa 
Roy  y  fçavoir  la  vie  Corporelle ,  la 
vie  Policîc]ueï  Se  la  vie  Spirituelles 
tout  le  refte  du  Difcours  comme  n 
dans  prefque  coui  les  autres  da  W 
Ttij 


^8  8  Journal  des  Sçavéns , 
même  temps ,  n'étoit  qu'un  tKHi  d^ 
paflagesde  rÉcrlture  ,  &  decitar 
tions  des  Auteurs  Profanes  ;  il  fera- 
ble,  félon  la  remarque  du  P.  Ber- 
thler  ,  que  Gerfon  avoit  beaucoup 
lu  ces  derniers ,  fans  avoir  appris 
d'eux  à  écrire  poliment ,  ni  d'un 
fiyle  naturel;  .la  mauvaife  inclina* 
tion  de  fon  (îécle  pour  les  allufîons 
forcées  ,  pour  le  langage  dur  & 
icholaftique  ,  &  peu  intelligible  » 
étouffolt  dans  lui  les  femences 
d'érudition  &  les  naiffances  da 
génie. 

Comme  pendant  tout  le  temps 
du  régne  de  Charles  VI,  la  Cour 
ne  fut  pas  moins  agitée  que  TEglife» 
~<que  la  jaloufîe  qui  s'alluma  entre 
le  Dauphin ,  le  Duc  de  Bourgo^ 
gne,  &  le  Duc  d'Orléans,  remplit 
la  France  de  faâions ,  &  que  di£R^^ 
rens  Etat$  de  l'Europe  éprouvè- 
rent de  trèç-grandes  révolutions; 
Je  P.  B.ertbier  n'a  pu  fe  difpenfer 
d'en  indiquer  du  moins  les  print 
icipales  circonftances ,  par  la  liai<p 
/on  oat^re^^  qu'^M^s  ont  9Ycc  l'fli^ 


Juin  I74SP  S  85' 

floîre  Ecdéfiaftique  ;  alnfi  Ton  y 
voit,  par  exemple ,  que  rinclination 
que  le  Duc  d'Orléans  avoic  pour 
Benoît  de  Lune  j  influa  fouvene 
dans  les   ménagemens  qu'on  eut 

{)our  ce  Pape  ,  &  que  Boniface  IX, 
on  Compétiteur  ^  profita  auflfî  des 
changemens  qui  anlverent  de  foa 
temps  dans  Tltalie. 

Il  en  eft  de  même  de  tout  ce 
que  te  P,  Berthier  dit  du  détrône- 
ment  de   Richard  fécond  ,  Roy 
d'Angleterre,  par  fon  coufîn  Hen- 
ry Duc  de  Lancaflres,  de  Tofur- 
pation  que  fit  Ladlflas  du  Royaume 
de  Naptes,rur  Louis  fécond  Roy 
de  Sicile ,  de  ia  dépofition  de  l'Em* 
pereur  Vencefias,  t?  le  Ncron  &  le 
91  Caligula  de  fon  ftécle  ,  Prince 
11  qui  uîccomba  fous  le  poids  don 
^1  {es  vices ,  plutôt  que  fous  la  puif^fl 
11  fance  de  les  ennemis;  u  &  enfia4| 
des   conquêtes  de   Bajazet  ,    qui* 
ayant  formé  la  réfolution  d  établir 
le  fïége  de  fa  domination  à  Con- 
ftantinople  ^  réduifîtprefquerEm^ 
pereur  Manuel  Paléologue  à  fa  "^ 
ï  c  iii 


\ 


f9  ^  Journal  des  Sçétvâm  l 
pitale;  ce  Prince  auquel  Charlet 
VI.  avoit  déjà  envoyé  quelques 
troupes  commandées  par  le  Mare* 
chai  de  Boucicaut ,  prit  le  parti  de 
yenir  lui-même  en  France  deman* 
der  un  fecours  plus  confidérable* 

Il  y  fut  reçii  avec  les  plus  gran- 
des marques  de  diftinâion  &  tou- 
jours entretenu  aux  frais  du  Roy. 
Le  P.  Berthier  nous  repréfente 
l'Empereur  Manuel ,  comme  »  un 
9%  Prince  qui  joignoit  aux  qualités 
>i  Royales,  tout  ce  qui  étoit  capa« 
f>  ble  de  faire  honneur  à  un  parti- 
39  culier  ;  beaucoup  de  Littérature; 
9s  de  talent  pour  la  parole ,  de  pru« 
»s  dence  dans  la  conduite  »  de  gra- 
^>  vite  dans  les  maximes  :  il  etcic 
j>  Orateur ,  Philofophe ,  &  Théo» 
»  logien.  On  cite  un  grand  nom- 
f>  bre  d'ouvrages  de  la  compofi- 
»  tion  ,  quelques-uns  de  contre* 
»  verfe  pour  ruiner  les  principes 
»»  du  Maliométifme ,  &  d'autres  de 
»>  morale ,  pour  Tinllruftion  de  fou 
»i  fils. 

H  compofa  même  pendant  (oq. 


Juin  Î748. 


9?» 


féjour  à  Paris  un  Livre  ,  où  il  pré- 
teiidoit  réfuter  Touvrage  d  un  Do- 
deur  Latin  fur  la  proceflîon  du  S^ 
Efprît,  Il  fuivoic  les  erreurs  de  fon 
Eglife  ,   tant  fur  cet  article  que. 
fur  les  autres  points  cjui  féparoienC , 
les  Grecs  de  TEglife  Romaine  :  k. 
Cour  de  France  ne  laiilapas  de. 
communiquer  avec    lui  dans    les 
exercices  publics  de  la  lieligion  ^ . 
ce  qui  excira  ,  ajoute  notre  Au- . 
teur  t  les  plaintes  de  plufieurs  per-* 
fonnes  éclairées,  «   quidifoiènt, 
ïique  rHéréfie  &  le  Schifme  des 
§y  Grecs    âuroient   du    empêcher 
»>  cette  communication    dans  les 
>i  chûfes  Saintes  j  d  antres  excu- 
1»  foient  les  iniendons  du  Roy  & 
>^  des  Princes  »  qui  n'avoienc  ^  di- 
%f  fuit-on,  cette  complaifance  que 
j>  pour  ménager  le  retour  de  TEm- 
f»pereur  Grec  &  de  fa  Nation,  à 
*>  la  foi  Catholique* 

Le  voyage  de  Manuel  en  Fran- 
ce i  &  dans  les  autres  Cours  de 
l'Europe,  dura  crois  ans  ;  il  n'en 
remporta   que   quelques   fecours 
Ttm\ 


2^9 1  JoumA  des  Sçavans , 
d'argent  &  des  promeiTes  de  trou-^ 
pes  qui  n'auroienc  pas  apparem* 
ment  fuâS  pour  le  fauver  de  la  puiC' 
fance  de  Bajazet ,  Ç\  Dieu ,  félon  la 
remarque  de  notre  Hiftorien ,  ne 
s'étoit  fervi  du  fameux  Tamerlan 
pour  confondre  l'orgueil  du  pre- 
ihier.  Ainfî ,  il  arriva  que  »>  tout 
j»  l'avantage  du  fcjour  de  l'Empe* 
>y  reur  Grec  fut  en  quelque  forte 
»  du  côté  de  ceux  qu'il  étoit  venu 
9t  intéreflèr  à  fa  détenfe.  Paléolo« 
91  eue  avoit  été  accompagné  dans 
91  Ion  voyage  par  quelques  Sça* 
»i  vans ,  qui  répandirent  dans  les  - 
»i  diverfes  contrées  de  l'Europe  les  - 
»>  femences  d'une  excellente  Litté- 
9)  rature;  on  apprit  d'eux  à  con* 
»>  noître  les  Lettres  Grecques ,  2c 
91  à  imiter  les  bons  modèles  de  l'an- 
9>  tiquité  ;  l'Italie  ouvrît  les  yeux 
9>  la  première  fur  ces  tréfors  de 
9>  goût  &  d'érudition.  Peu- à- peu 
>f  la  France  fe  lâifla  aufli  éclairer 
9>  des  mêmes  lumières  >  &  ce  fu- 
i»  rent-là  les  premiers  rayons  de  la 
•>  reftauration  des  Lettres  parmi 


Juin  1748,  ^9î 

ftotis  :  matière  qui  fera  dans  la 

te  un  des  plus  grands  morceaux 

cette  Hiftoire  ,  &  que  nous 

|»i  ne  pourrons  jamais  traieer  avec 
bi  trop  d  étendue* 
On  trouve  dans  le  trente-qua* 
trîéme  Livre ,  la  fuite  des  négocia- 
tions &  des  démarches  qui  fe  firent 
en  France  pour  forcer  d'un  coté 
le  Pape  Benoît  à  renoncer  au  Pon- 
tificat, tandis  que  de  l'autre  elle 
ncgocioit  avec  Grégoire  XII.  Suc- 
ceffeur  de  Grégoire  VIL  pour  ren- 
gager à  prendre  le  même  parti;  ce 
dernier  y  paroilToit  d*autant  plus 
difpofé  ,  que  les  Cardinaux  de  To- 
bédience  de  Rome  qui  Tavoient 
nommé  ,  ne  Ta  voient  fait  qu'avec 
des  précautions  qui  auroient  dâ 
bientôt  rendre  la  paix  à  rEglife^ 
f  1 11  la  paHion  de  régner ,  dit  le  P* 
91  Berthier ,  n'avoit  pas  des  reffour* 
*5  ces  que  toute  la  prudence  ha- 
st mat  ne  ne  peut  ni  prévenir,  ni 
9>  empêcher. 

En  eiFet  on  verra  dans  ce  Li^re 
a?ec  qy*lle  adrefie  ,  &  quelle  opi- 


5^94  J^^^^i  ^^^  SçétvoHf  i 
niâtreté  ce  Pape  trompa  toutes  tes 
efpérances  qu'on  avoit  conçues  de 
fa  venu  &  de  fa  probité.  »  La  dou« 
>y  ceur  du  commandement ,  le  dé* 
»  fîr  d'élever  fes  proches  ^  peut-être 
9»  auflî  la  foiblefle  d'un  âge  trop 
»>  avancé  ,  l'engagèrent  dans  des- 
9)  routes  qui  eurent  pour  terme, 
»»  d'éluder  ce  qu'il  avoit  promis 
»>  tant  de  fois,  c'eft-à-dire  l'abdica- 
>Y  tion  du  Pontificat  :  écueil  fatal 
»>  où  toute  la  vertu  de  ces  Papes 
>9  ne  manquoit  pas  d'échouer ,  lor(^ 
»qu1I  falloir  réalifêr  les  engage- 
f>mens  qu'ils  avoient  pris  a  cet 
»>  égard,  &  que  toute  la  terre  leur 
»t  remettoit  fous  les  yeux. 

L'hiftoire  de  l'afladînat  du  Duc 
drOrléans ,  entre  àuffi  dans  ce  Livre 
&  d'autant  plus  naturellement  que< 
le  Duc  de  Bourgogne  ayant  ofé 
s'en  déclarer  l'Auteur  ,  il  trouva 
dans  rUniverfité  de  Paris ,  un  Do- 
âeur  qui  entreprit  publiquement 
de  le  juftifier  d'un  crime  (i  atroce, 
en  foutenant  dans  un  long  difcours» 
911II  étoit  permb  &  même  honor 


Juin  174».  i?(>5 

rable  &  méritoire ,  de  tuer ,  ou  de 
lire  tut;r  fans  en  attendre  Tordra 
lu  Supérieur,  quiconque  eft  trai- 
re ou  tyran  :  ér  je  praave ,  y  dit- 
l»  teitivérhé  par  douj^e  rmjans  iU^ 
^honniur  des  datizje  Apôtres. 

Ce    Doâeur   s'appellott   Jean 
^etiCj  il  écoit  Prctre   Séculier,  & 

iProfcffèur  en  Théologie.  MM,  Da- 
pin ,  Fleury ,  TEnfant ,  Duboulay^ 
£  peut-être  plus  de  trente  autres* 
lîlent  qu'il  étoit  Cordelter;  Jean 
Fuvenal  des  Urfins  afltire  poCtU 
renient  qu^l  étolc  Séculier.  Cette 
remarque  »  die  le  P.  Berthier  dans 
me  note,  n*auroit  pas  du  écha- 
er  à  Vading  qui  s'amufe  à  dif- 

[culper  la  Doârine  de  Jean  Petit, 
fur  Taâion  du  Duc  de  Bourgogne, 

^au  lieu  de  montrer  que  l'Ordre  de 
Si  François  n'a  point  produit  FAu* 
fôur  d'une  opinion  fi  déceftable« 

Le  nôtre  nous  met  fous  les  yeux 
la  fcéne  étonnante  que  ce  Dodeur 
ofa  jouer  à  cette  occafion  devant 
toute  la  Cour ,  &lâ  repréfente  d'a^ 
pfèi  \m  monumem  de  Ibiftotre^ 

Ttn 


!99^     /i^nrm^/  des  Sçavâfti  ; 
>»  en  gémifTant,  dic-il  d'une  part; 
»  qu'il  y  ait  eu  un  temps  où  Toa 
j>  ait  publié  une  Doârine  fi  perni* 
>9  cieufe ,  &ç  en  nous  confolant  de 
fv  l'autre  par  les  témoignages  de 
»>  zèle  que  donna  TEgliie  Gallicar 
»  ne  »  pour  la  faire    condamner 
99  folemnellement  ;  il  n'oublie  pas 
i>  que  rUniverfité  quoiqu'attacnée 
st»  au  Duc  de  Bourgogne,  fe  déclare 
99  auflî  fortement  contre  la  Do^ri- 
9»  ne  de  Jean  Petit. 
-    Ce  Corps  jouiffoit  alors  d'uQe 
confidération    &   d'une   autorité 
dont  on  trouvera  dans  ce  Volume 
plufîeurs  exemples  ;  mais  on  en 
voit  un   furtout   dans  le  trente- 
quatrième  Livre  qui  >»  prefente  dans 
»  fon  dénouement ,  pour  emprun* 
j»  ter  les  paroles  du  P.  Berthier, 
»  une   de  ces  viâoires  fîgnalées 
i>  qu'elle  remporta  (i  fouvent  aux 
»>  quatorzième  &  quinzième  fiécles 
9»  contre  ceux  qui  oférent  enta- 
^  mer  ce  qu'elle  appelloit  fes  droits 
99  &  fes  immunités.  On  eft  létonné 
ji  aujourd'hui  de  ces  fortes  d'éyé; 


Juin   1748.  fS7 

lî  netnens ,  parce  que  les  derniers 
Il  temps  n'en  fourniflent  plus  d'e- 
«  xemples  ;  mais  ce  <^a1l  en  faut 
n  conclure,  c'eft  qu'ily  avoît  alors 
lï  pour  les  fciences ,  quoique  très- 
»  iraparfaices ,  une  efpéce  de  vé- 
91  nérarion  dont  on  aima  mieux 
»i  quelquefois  ignorer  les  bornes , 
)i  que  de  s*expofer  à  diminuer  Te- 
1»  ftime  de  la  Utcérarure ,  par  une 
>»  précifion  trop  rigide  fur  les  pré- 
ï9  rogatives  accordées  aux  gens  de 
91  Lettres, 

11  faut  voir  encore  comment  ce 
Corps  célèbre  en  ufa  avec  Guy  de 
Roye,  Archevêque  de  Beims.à 
Foccafion  de  roppofirion  qu'il  fie 
aux  décrets  du  Concile  National 
aflèmblé  par  rauroritc  du  Roy, 
pour  régler  toutes  les  parties  du 
Gouvernement  EccIéOaflique,  pen- 
dant la  fouftraâion  d'Obédience. 
Ce  même  Prélat  pour  remédier  aux 
défordres  que  caufoit  alors  le  Schit 
me,  &  pour  rétablir  la  difcipline 
<îes  Eglifes,  convoqua  en  1408a 
Kêims  un  Concile  Fiovincial»  fui; 


f^S  Jifumal  Aes  Sçavans  ; 
lequel  le  P.  Berthier  s'eft  étendtl 
av^c  d'autant  plus  de  raifon  »  que 
plufieurs  traits  qu'il  en  tapporte,* 
ont  ëchapé  aux  Editeurs  des  Con- 
ciles &  à  la  plupart  de  nos  Hifto* 
riens. 

Ce  n'eft  pas  là  feule  découverte 
qu'il  ait  fait  en  ce  genre  :  on  peut 
aflurer  qu'elles  ne  feroient  pas  u  ra- 
res parmi  nos  Hiftoriens ,  u  comme 
le  nôtre,  ils  avoient  le  courage  de 
remonter  aux  fources ,  fans  fe  laiflèr 
éblouir  par  la  réputation ,  &  par 
le  nombre  des  Auteurs  qui  les  ont 
précédé.  Les  Notes  qu'il  met  de 
temps  en  temps  au  bas  des  pages» 
méritent  d'être  lues ,  &  fourniront 
grand  nombre  de  preuves  de  la  }u<«  ' 
tteire  &  de  l'exaâitùde  de  (à  Cri- 
tique. 

A  l'égard  du  Concile  de  Pîfe  qm 
fe  tint  l'année  fuivante  ,  l'Auteur 
nous  en  donne  aufli  l'Niftoire,  mais 
en  fupprimant  les  grands  détails  »' 
oùTEglife  de  France  n'eft  point 
intéreflee.  C'eft  la  méthode  qu'il 
i^eft  propofé  de  fuivre  dans  cetcv 


Hiitoire,  depuis  le  commencement 
du  Schîfme.  Comme  TEglife  Gâl» 
licane  prit  plus  de  pan  qu'une  au-* 
tre  aux  révolutions  de  ce  temps-là; 
il  n'a  pu  fe  difpenfer  d'indiquer  la 
fuite  des  faits  les  plus  remarqua- 
bles ;  maisThiftoirc  générale  de  TE* 
Iglifc  n'étanr  pas  fou  objet ,  il  n'a 
pas  cru  devoir  s'arrêter  à  tout ,  &  il  a 
penfé  qu'il  fuffifoit  d  expofef  avec 
loin  ce  qui  regardoic  direûemetu 
Aotre  Nation. 
L'Auteur  y  dévelope  avec  fa 
Bettcré  ordinaire ,  toutes  les  mcfu» 
res  qu'on  prit  dans  ce  Concile; 
Bpour  y  parvenir  à  la  dépofition  de» 
Papes  Benoît  &  Grégoire  XIL  fic 
pour  faire  agréer  Téledion  d*Ale-r 
j^andre  cinquième ,  Pontife  »  dit  no- 
tre Hiftorien ,  >»  qui  portoit  la  li- 
I»  bérallcé  jufqu'à  donner  tout  &  à 
»*  toutes  fortes  de  perfonnes ,  fans  (m 
»  réferver  rien  pour  lui-même.  Ac© 
i>  défaut  près,  qui  ferait  une  gran- 
j*  de  vertu  j  s'il  n'y  avoit  point  d% 
j*  mauvais  fuiets  dans  le  monde;  ^M 
^  m  AkMudf  e  eut  coutfs  k$  ^luali^^^^H 


flooo  Joufnd  des  Sçnvans^ 
%%  d'un  bon  Pape.  Il  fut  fçavant; 
Il  modefte  ,  religieux,  irréprocha- 
9»  ble  dans  fes  moeurs ,  plein  de 
f>  douceur  &  d'affabilité ,  digne 
fi  enfin  de  gouverner  TEglifê  plus 
^f  long-temps ,  &  dans  des  circon^ 
91  fiances  moins  difficiles. 

Il  rapporte  fidèlement  les  dU 
Ters  jugemens  qu'on  porta  de  ce 
Concile  »  &  finit  par  ce  qu'en  die 
M.  Bofluet  y  fçavoir  que  9>  fi  le 
9>  Schifme ,  ce  monftre  cruel  qui  dé- 
^)  foloit  l'Eglife  de  Dieu  ,  n'y  fut 
99  pas  exterminé  ,  il  y  reçut  du 
91  moins  un  coup  qui  fut  le  prélude 
9)  de  fon  excinaion  totale  dans  le 
9>  Concile  de  Confiance  ;  <«  on  en 
trouve  dans  le  trente -cinquième 
te  dernier  Livre  ,  une  hifloire 
très  -  détaillée,  jufques  &  compris 
la  dépofition  de  Jean  XXIII. 
l'Auteur  en  ayant  réfervé  la  fuite 
pour  le  tome  fuivant. 

Ce  morceau  efl  extrêmement 
curieux,  &  traité  avec  toute  l'at- 
tention que  demandoitfa  matière» 
|uitouc  par  rapport  aux  difficultéii 


Jmn   1748.  ïoôrf 

ijm  fe  font  élevées  entre  les  Théo- 
logiens François  &  Italiens, au  fit- 
'et  des  définitions  qui  furent  fai- 

es  dans  les  quatrième  &  cinquième 
fefHons  de  ce  Concile  ;  il  eft  impof» 
Ible  en  effet  ,  comme  le  P,  Bcr- 
fier  en  avertit  lui-même  ,  dlmagi- 
Qer  aucune  occafion  »  »  où  la  vigti 

\  lance  &  la  fidélité  foient  plus  né- 
^*  ceflTaires  à  un  Hiftorien.  Ce  qu'U 
|t  y  auroit  à  craindre  pour  lui,  ajou- 
te t'tl  »  ce  feroit  de  ne  pas  trou- 

)  ver  dans  tous  les  Lefteurs ,  une 

^attention  &  un  fang  froid  qui 
répondideni  à  fes  foins-  *«  Au(ïï 
pouvons  nous  dire  qu'il  a  pafle  dans 
cette  occafion  ,  comme  dans  plu^ 
leurs  autres ,  avec  autant  de  cou- 
rage que  d  habileté  à  travers  un 
grand  nombre  dccueils  »  contre 
Icfquels  quelques  Ecrivains  s'é- 
toientbrifes,  ou  dont  pi  ufieurs  au- 
tres n*a voient  ofé  approcher;  c'eft 
félon  nous ,  le  témoignage  que  lut 
rendront  tous  ceux  qui  liront  ce 
volume  avec  le  même  efprit  d'e« 


!Sfif^%  Jûumd  des  SfAmnt  ; 
tffké  &  de  difcernement ,  avec  Ie<^ 
lywel  il  nous  a  paru  xompo^é* 

JfiiSTOIRE  J)E  CACADE^ 
,  4^/£  Royali  des, Sciences  ^  Mniê^ 

.  ' 74S*  "^^  '^^  mémoires  de  Phj^ 

fique  &  de  M^thém^ui^fie  pont 
.  la  même  anni^ ,  tirés  des  Regifiret, 
.  de  cette  Académie  ,  20 S  p^m 
\,four  VHifloire  ,  &  4 2. 8,  ^wr 
.  ibr/  Mémoires^  avec  1 1  planches^ 
,  d^achées.  A  Paris.,  de  Tlmpri- 

xnerie  Royale  Z74<$  >  &  iè  dé«r 
^   bite  che2t  DuraïKl  »  rue  S.  JaG% 

ques. 

Troisième  Extrait. 

NO.u  s  avons  promis  de  parler* 
de  la  Chymie  »  de  la  Botani* 
^e  ,  &  des  diverfes  parties  do 
Mathématiques ,  que  nous  n'avons, 
pu  traiter  dans  nos  premiers  £x« 
traits. 

.  Le  premier  article  contenu  dans 
la  Chymie,  &  dont  il  eft  parlé 
dans  l'Hiftoire,  efl:  un  Mémoires 
gui  appartient  à  M*  Morand ,  il  re^* 


E 


Juin  1748.  l^of 
garde  les  eaux  imnérales  de  Saine 
Amand  en  Flandres,  Ce  font  trois 
fources  qui  font  {ituées  à  trois  lieuei 
de  Valenciennes  6c  que  cet  habil4 
Chirurgien  eutoccaiion  de  vifiter^ 
dans  un  voyage  qu  il  fit  avec  1% 
Maifon  du  Roy,  On  regarde  ce%  ^ 
çaux  comme  fort  falataires  pou^j 
plufieurs  maladies  ,  dont  M.  Mo* 
rand  fait  rénumération  i  il  ne  leur 
attribue  pas  cependant  tous  leq 
effets  merveilleux  qu'on  en  rapport 
te  :  il  reftretnt  leur  efficacité  à  la 
cure  de  certaines  incommodités , 
comme  la  gravelle  »  les  maux  do 
f  eiqs  ,  Se  les  glaires  des  urines  ;  ces 
eaux  paroiflfent  encore  fort  bonnes 
pour  les  maux  d'obftruâion ,  &  M; 
Morand  en  confeille  lufage  peut 
fortifier  le  genre  nerveux  ;  en  gé-» 
néral  ces  eaux  font  douces ,  legé'^ 
res»  rafraîchiifantes  ^  apéritives  8q 
diurétiques. 

La  Fontaine  qu'on  nomme  Du^ 
houiilon ,  a  été  la  première  four  ce  fur 
laquelle  M,  Morand  fit  fes  expé- 
pences  »  &  il  trouva  que  fes  edu^- 


rft>04  Joufful  des  SfMétHs  i 
mêlées  Vf  et  de  là  Noix  de  galle  ? 
ne  donnoient  ni  teinture  violette 
ni  teinture  noire ,  il  n'en  réfulta 
^'une  couleur  de  jaune  clair.  Le 
mélange  que  Ton  en  fit  avec  Tef- 
prit  de  vin ,  la  teinture  de  Tour» 
nefol ,  &  l'efprit  de  vitriol  ne  pro- 
duifit  rien  ;  il  remarqua  qu'avec  les 
acides  elle  n'excitoit  aucune  fer* 
mentation.  Les  eaux  font  douces  » 
belles  ,  lympides  ,  &  ne  laiflenc 
qu'un  très-petit  goût  de  fou£Fre. 

M.  Morand  fit  l'examen  des  eaux 
'de  la  féconde  fontaine ,  nommée 
fontaine  d'Arras  ,  &  il  trouva 
Qu'elles  contenoient  une  terre  fine, 
alkaline ,  &  abforbante  ainfi  que 
les  eaux  de  la  fontaine  BouilUn^ 
mais  celles-ci  renferment  un  (bu- 
fre  plus  dévelopé ,  &  font  plut 
chaudes  :  lorfque  les  maladies  pour 
lefquelles  on  les  confeille  ont  réfifté 
à  la  vertu  des  eaux  de  la  première 
fontaine ,  on  a  recours  à  la  fontai- 
ne diArras^  en  obfèrvant  de  cou- 
per les  eaux  de  celle-ci  qui  font 
lirop  fortes  avec  celles  de  la  pre-. 


^  Jnm   1748.        idoj 
La  trolfiéme  fource  n'a  été  dé- 
couverte qu'eo  tJLQ  y  &  jufqa'à 
"prefent  elle  â  été  aflez  négligée» 
llte  contient  beaucoup  de  parties 
fer.  Le  lieu  ou  font  ces  trois 
>urces  n'efl:  pas  feulement  remar- 
juable  par  la  qualité  des  eaux  qu'il 
t€nferme  ;  on  y  trouve  des  buffet 
jue  M.  Morand  appelle  hues  mi^ 
^eraies^  Il  $*éleve  de  ces  boues  un0 
rapenr,  &  une  odeur  fqlfureufe; 
pes    boues  font  fi    délayées   par 
î'eau  qu'elles  contiennent  j  que  l'on 
rpeut  s'y  baigner  aifément  ;  elles  font 
Mn  réputation  pour  les  maux  d^ 
ijambes»  les  paralyfies  ,  tes  rhuma- 
Kfmes,  64  les  fçiatiques;  elles  pa* 
VotOent  encore  plus  ê0îcaces  au 
Hugement  de  M.  Morand ,  pour  les 
retradions  des  nerfs  &  des  ten^ 
Ions.  Les  boues  de  S.  Amand^^ 
Fainri  que  les  eaux  des  fontaines  ; 
[.font  chargées  de  parties  fulfur^ufe* 
I  ^ui  tirent  probablement  leur  qua-* 
j  lité  d'un  charbon  >  qyi  eft  dans  la 
îieu  même  &  répandu  aux  envi- 
fo^s^  Mf  Morand  a  cherché  à  Csik^ 


^00 6  Journal  des  S çavdns^ 
des  boues  artificielles ,  qui  ayent 
les  mêmes  propriétés  que  celles  de 
S.  Amand;  il  a  mêlé  de  Teau  aYec 
du  charbon  de  terre  »  il  a  fait  quel- 
iques  expériences  fur  des  perlon- 
nés  malades  ;  il  a  eu  lieu  d'être 
i&tisfait  par  la  euérifon  qui  a  été 
la  fuite  de  ce  mélange.  Le  fuccès  a 
£iit  penfer  à  l'Auteur ,  que  les  boues 
qui  fe  formoient  fous  les  pavés  des 
rues ,  étant  très-ferrugineufes,  dé- 
voient être  fort  bonnes  ;  il  nous 
promet  de  les  eflayer  lorfque  Toc- 
]cafîon  s'en  préfentera  &  d'en  rea- 
idre  compte  au  public. 

Parmi  les  autres  mémoires  de  la 
Çhymie  ,  on  trouve  les  différens 
moyens  de  rendre  le  bleu  de  Pruilè 
|)lus  folide  à  Tair  &  plus  facile  à 
toréparer  ;  ce  morceau  appartient  à 
M.  Geoffroy  :  c'eft  un  fupplément 
ft  ce  que  M.  Geoffroy  Médecin» 
Ion  frère,  avoit  donné  lur  ce  fujet, 
|en  1727. 

On  lit  encore  un  mémoire  de  M. 

Malouin  fur  le  Zinck  ;  c'efl  la  fuite 

Hfun  pteaàtï  tutmoue  c^  le  m&r 


«         too7. 
juin  174»;       ^. 

«e  auteur  a  ^«""^'."sconteouef 

maUde  qui  eft«t»H      leurs  pc>^« 


Jr  oo  8  JêUffutl  des  Sçmfans , 
métal  imparfait ,  &  de  TEtain  alUé 
contre  les  réglemens, 
.,  5^.11  a  été  envoyé  une  huilo 
caufHque  pour  marquer  le  lin^e; 
c'eft  une  huile  qui  eft  en  uUge 
dans  rinde^  «De  eft  extraite  de  la 
fubftance  onâueufe  qui  eft  entre 
les  deux  écorces  d'une  noix  nom* 
mée  Biha»  Les  marques  que  Ton 
Ëiitfurlermg^.avec  cette  huile»  réfî- 
ftent  au^  leffîves  ordinaires  ,  mais 
ielles  ne  tiennent  point  contre  le  (à- 
yoTi  noir  »  &  le  fejour  dans  le  lait» 

4®.  On  lit  qu'une  pierre  de  Bo^m 
togne  qui  eft  entre  ïts  mains  de 
M.  l'Abbé  NoUet .  &  qui  a  été 
calcinée  depuis  plufieurs  années» 
s'imprègne  enjcore  très-bien  de  la 
lumière  du  jour  &  de  la  lumière  de 
la  bougie  ,  quoique  plus  foible* 
nient:  il  fuiSt  de Texpofer pendant 
qujsiques  minutes;  il  eft  remarqua- 
ble  que  cette  pierre  ait  conf^nré  la 
yertufi  longtemps* 

5^.  M.  Rouelle,  Apotîquaîre; 
à  prefenté  un  mémoire  jmt  Usfeli 


Jmn    1748-  1009 

La  Botanique  n'a  point  four- 
ni de  mémoire  cette  année ,  on 
trouve  feulement    dans  rhiftoire 
deux  articles  qui  font  rangés  dans 
cette  claflTe.  Le  premier  eft  fur  la 
culture  du  ritz  ;  THiftorien  rappor- 
te d'après  M.  Barrére ,  Profeffeur 
en  Médecine  à  Perpignan ,  la  ma- 
iére  dont  on  doit  cultiver  cette 
alante.  Il  faut  un  endroit  humide 
yk  des  arrofemens  fréquens  ;  en  gé* 
Itérai  le  rttz  fe  plaît  dans  un  lieu 
juatique ,  il  faut  que  le  pied  de 
ette  plante  foit  dans  l'eau  prefi^ue 
Ijufqu'au  temps  où  Ton  fait  la  ré- 
Icolte  ;  il  n*y  a  que  des  intervalles 
[de  temps  affez  courts  pendant  leC- 
luels  on  met  le  terrein  à  (te. 
z^.  On  lit  une  obfervation  qut 
été  envoyée  à  M»  de  Reaumur 
par  M.  Sloaae,  j«r  les  Sapins fùfji^ 
f/.  On  les  a  trouvés  en  Irlande; 
pis  font  femblâbles  à  ceux  que  1  on 
roit  au  Nord  de  1  Ecofie  &  de  la 
Jorvége. 

Sous  rartkle  des  Mathcmatiquev 
pous    campiendruns  l'ArithiB^ifcî, 


1010  Journal  des  s çavanSf 
que ,  l'Algèbre ,  la  Géométrie,  8c 
rAftronomie  :  M^  Nicolea  été  le 
ieul  qui  ait  donné  un  mémoire  : 
fàr  l'Algèbre ,  il  s'agit  du  cas  irréw 
dSuâtibfle  du  troiGéme  degré.  ^La 
Géométrie  n'a  rien  fourni  dans  les  ^ 
mémoires  :  on  trouve  dans  l'Hi- 
ftoire  que  M*  le  Marquis  de  Cour^ 
tîwron  ,  préfenta  cette  année  à  l'A-» 
càdémie   quelques  nouvelles  dé*» 
monftrations  des  principales  pro^ 
priétés  de  la  Cycloide»  Il  n'a  point 
employé  l'analyfe,  mais.lamétho<i: 
de  lynthétique.  On  lit  dansThiftoi»' 
re  uii  article  aflez  étendu  fur  TA* 
rithmétique.  M.  de  Mairan  y  fait 
l'extrait  d'un  ouvrage  ,  intitulé  la- 
f^oHvelle  fcience  des  nombres ,  ou  tr^U 
té  des  grandeurs  confiantes  differen^w 
tielles  qui  fixent  les  caraUires  des. 
nombres ,  par  le  P.  Guillaume  le 
Vaillant  de  la  BafTarderies ,  Jéfuic^ 
des  Pays-Bas. 

^  L'Aftronomie  a  été  fort  abon« 
dante,  &  Ton  trouve  fept  mémoki 
fcs  de  divers  Académiciens,  &  dont 


Juin  1748,  TOTl 

Ion  Hiftoîre.  Le  preinier  mémoi- 
re eft  fur  rinégatiré  des  hauteurs 
du  Soleil,  au  folftice  d'été  ^  &  fui 
Taugmentation  apparente  de  To- 
bliquité  de  récliptique  ,  que  M, 
le  Monnier  a  obfeivée.  Depuis 
quelques  années  cet  Académicien 
a  entrepris  de  vérifier  Thypothé- 
fe  de  Monfieur  le  Chevalier  dô 
Louvilly  qui  prétendoît  que  Tobli-^ 
quiré  de  1  ediptîque  alloit  en  dimi^ 
nuant.  M-  le  Monnier  a  fait  voir 
dans  quelques  mémoires  qui  ont 

Î Précédé  celui-ci,  qu'il  ne  paroit* 
bit  pas  vraifemblable  que  cette 
diminution  fût  auffi  confidérable, 
que  Ion  avoit  cru  iufquici.  II  m 
I  paru  à  M,  le  Monnier  par  différeQ<- 
Ites  obfervatîons  commencées  en 
1758  ,&  répétées  jafqu*e[î  1745  , 
l  qu'il  y  avoIt  i  5  fécondes  d*aug- 
1  mentation ,  ce  qui  détruit  entiére- 
1  ment  lldée  ou  la  fuppofition  de 
M.  de  Louville ,  &  de  queltjues 
autres  Aftronomes  &  Phyficiens 
qui  avoient  embraffé  cette  hypou 
théfe  :  peut-être  diïa-t'oï\  ççx^\i 


1011  Journal  des  Sçavans  ; 
cliptique  a  une  forte  de  llbration 
qui  la  rend  tantôt  plus  petite ,  tan- 
tôt plus  grande  &  tantôt  dation- 
naire ,  &  cette  irrégularité  ne  feroic- 
elle  pas  une  fuite  du  mouvement 
de  Taxe  de  la  terre  2  au  refte  il  ne 
faut  point  cefler  d'obferver ,  &  les 
temps  apprendront  ce  que  l'oit 
doit  penfer  exaderaent  de  ce  fy- 
ftéme  &  de  ces  nouvelles  obferva* 
tions. 

Le  fécond  mémoire  d'Âftrono-* 
mie ,  maisd'Aftronomie  Phyfîque , 
eft  de  M.  Clairaut.  Il  Ce  propoiè 
dans  ce  mémoire  de  déterminer 
Torbite  delà  Lune,  relativement  à 
toutes  les  circonftances  qui  en  font 
variées ,  la  courbure  &  la  grandeur; 
H  adopte  les  idées  de  gravitation 
que  Newton  a  données  dans  foa 
grand  ouvrage  des  principes ,  lorC- 

Su'il  a  traité  d'une  manière  fi  pro* 
>nde  des  irrégularités  &  des  va- 
riations de  cette  planète  :  cepen- 
dant il  refte  bien  des  chofes  à  de* 
£rer.dans  la  détermination  de  Vor^^ 


Juin  Ï74S*  ïoij 

raut  a  tâcné  de  faire  en  imaginant 
trois  corps  quelconque  ,  comme  la 
Lune  ^  le  Soleil ,  &  la  terre ,  lancés 
avec  des  virefTes  &  des  direftioni 
qui  s'attirent  dans  le  rapport  ren* 
vcrfé  des  quarrés  des  diftances. 

On  cherche  quelle  doit- être  la 

vitelTe  de  la  Lune,  pour  lui  faire 

décrire   rorbite   qu'elle    parcourt 

autour  de  la  terre;  voilà  Tidce  du 

problème  ^  h  fol  ut  ion  dépend  du 

l^alcuL  Voici  à  ce  iujet  ce  que  dit 

l'Hlftoricii  qui  peupfervir  dlntro- 

'luftion  à  cette  théorie. 

L   ),  Une  planète  telle  que  la  Lun© 

.  qui  eft  le  fatellire  de  la  terre  ,  fe 

\  meut  autour  d'elle  comme  feroit 

^un  boulet  de  canon  »  tiré  feloa 

\  la  direâion  d'une  tangente  d& 

"n  1  orbite  lunaire  ,  d'Occident  ea 

p  Orient  &  avec  la  force  requife 

I  pour  k  même  vicefle  que  nous 

Si  voyons  à  la  Lune  ;  fon  mouve- 

>»  ment  ou  fa  tendance  reâiligne 

r»  récaneroit  fans  ce  (Te  de  la  terre, 

ï*  fa  pcfanteur  ou  la  force  attradi- 

J9  ve  du  point  central  ,  Ty  feroît 


*£6t4  Jeurfidldes  SçéHOânî^ 
>f  bientôt  tomber,  mairie  concoars 
>9&  la  compofition  des  deux  le 
tvmaintient  autour  de  la  terre  & 
91  à  la  même  diftanceque  l'orbite , 
9>  ou  la  courbe  de  projeâion  qui 
9>  en  réfulce. 

«>  La  force  de  la  pefanteur  ou 
»9  de  1  attraâion  eft  la  même ,  à  de 
»>femblables  diftances  du  point 
9*  central,  d'où  elle  eft  cenfée  par- 
t»  tir  ;  elle  change  enfuite  lorique 
99  les  diftances  viennent  à  changer^ 
9>  &  en  raifon  iftverfe  de  leurs  ouar- 
91  rés  :  donc  la  grandeur  &  la  ngu* 
»  re  de  la  courbe  de  pro)eâk>a  dé- 
9»  crite  par  le  boulet ,  &  fes  diffë-- 
9)  rentes  diftances  à  la  terre  ,  ne 
9>  dépendront  que  de  la  force  pri« 
99micive  plus  ou  moins  grande 
9>  imprimée  au  boulet ,  &  de  fa  vi-^ 
9>tefre. 

Mais  cette  cou rbe  eft  fufceptible 
de  variétés  ;  imaginons  le  canoi> 
d'où  fort  ce  boulet  pofc  horizon- 
talement fur  le  fommet  d'une  haute 
montagne  :  fî  la  force  ou  la  viteflè 
impriméQ  au  boulet  »  eft  infiniment 


Jûîn   1748.  îOtf 

petite  i  il  toJïibera  verticalement  fur 

la  terre ,  &  fi  elle  étoit  infinimeiK: 

'^^grande ,  le  boulet  fe  mouvrojt  étei^ 

nellemenr ,  &  perpendiculaiiemenC 

JË  la  première  direâîon« 

i*  Soit  la  force ,  telle ,  par  exem** 

pie  5  qu'eft  ordinairetnent  celle 

Il  du  canon  ,  en   faifant  toujours 

I  abftradion  de  la  réfiftance  de 

lïTair  &   de  tour  autre  obftacle 

Il  étranger.  On  fçait  que  la  courbe 

f  décrite  par  le  boulet  âc  à  de  pe^* 

tites  diftances ,  &  dans  la  fuppo?- 

fition  des  diredions  de  la  peuni-- 

^  teur  fenfiblemeot parallèles»  fera 

lUne  parabole  dont  l'amplitude 

^  )  croîtra  d'autant  plus ,  que  vous 

I)  ferez  la  force  de  rimpulrron  plus 

f)  grande.  Mais  vous  pouvez  aug- 

>ï  menter  cette  force  à  tel  point  que 

»     ■>  le  boulet  ne  retombera  plus  fur 

Hb»  la  terre ,  qu'il  paflêra  par  de  Jà , 

H»f  &  qu'après  en  avoir  fait  le  tour  ^ 

^M»  il  reviendra  au  point  de  proje- 

H^i  ^ion  d'où  il  écoic  parti ,  ^  ainfi 

^i>  de  fuite.  *«  Voilà  une  véritable 

orbite  NêTEonleaae. 


foi<?   Journal  des  S{avans  l 

9}  Entre  une  infinité  de  dégrés 
9>:po(Iible  de  force  ou  de  vitefTe 
»9  qui  feront  décrire  une  courbe 
y»  autour  de  la  terre,  il  n'y  a  qu'un 
9>  feul  déterminé  tel ,  &  d'après  la 
^)  diftance  déterminée  qui  puiflè 
:»>  donner  un  cercle  parfait  concen^ 
9>  trique  à  la  terre  :  tous  les  autres 
j>  jufqu'à  un  certain  degré ,  donne- 
>)  ront  des  £llipfes  dont  le  centre 
^>  de  la  terre  occupera  Tun  des 
j>  foyers  :  d'où  Ton  voit  pourquoi 
9>  il  eft  fi  rare  pour  ne  pas  dire  fans 
«9  exemple»  qu'un  corps céleftedé- 
99  crive  un  véritable  cercle  autour 
»9  de  fon  centre  de  révolution. 

Le  troifiéme  mémoire  d'Aftro-i 
nomie  eft  de  M.  l'Abbé  de  la  Caille; 
il  regarde  la  conjonâion  de  Mars 
avec  Saturne  &  Jupiter.  Il  n'y  a 
rien  de  plus  utile  à  ooferver  que  les 
conjonâions  des  planètes  entr'elles, 
ou  avec  les  étoiles  fixes  :  ces  con^ 
jonéèions  fervent  à  déterminer  les 
xnouvemens  des  corps  céleftes ,  la 
route  qu'ils  tiennent ,  &  la  durée 
de  Jcurs  cours.  Cette  année  1741 


Juin  174?.         T0F7 

"trété  très- féconde  en  conjonftions  î 
^^on  y  a  vu  Mars  5  Jupiter  *  bc  Satur- 
Ae  }  &  la  Lune  avec  les  fixes  t  on 
encore  obfervé  Mercure  dans  le 
jfque  du  Soleil ,  ce  pafTage  de  Mer- 
cure ,  par  le  difque  du  Soleil  a  été 
célèbre  qu'il  a  été  obfervé  par 
tous  les  Àftronomes  de  rAcadémie 
ides  Sciences ,  par  M.  l'Abbé  de  U 
faille ,  par  MM.  Maraldi ,  le  Mon- 
liefj  &Caffînt  pere&  fils/Toutes 
es  obfervacions  qui  ont  été  faites 
IX  le  paflage  de  cette  planète  par 
Soleil  achèvent  de  compofer  les 
Fquatre  autres  mémoires  de  l'Aftro- 
nomie  que  nous  avons  annoncés. 
Nous  allons  en  peu  de  mots  don- 
ner le  réfultat  de  toutes  ces  obfer- 
valions ,  M.  de  Mairan  a  rapporté 
lliftoriquement   toutes  celles   qui 
ont  précédé. 

Ce  fut  le  î  Novembre  174Î  ,* 
que  Mercure  pafla  par  le  difque  du 
Soleil  :  la  première  obfef  varion  du 
palTage  de  cette  planète  par  !e  So- 
leil ne  remonte  pas  au-delà  de 
1 5  j  I ,  elle  fut  faite  ipat  GaS^^^> 


't6i%  Journal  des  Sçoèans;  . 
&  cette  dernière  qui  a  été  faite  etf 
174;  ,  eft  la  neuvième  obfervation 
dçpuis  ce  temps-là ,  ou  pendant 
Fefpace  de  1 1 2  ans  ;  il  y  en  a  eu 
d'autres  avant  cette  époque  »  mais 
on  n'étoit  point  à  portée  de  les 
obferver  avant  l'ufage  des  Lunet- 
tes de  longue  vue  ,  dont  on  n'a 
fait  la  découverte  qu'en  i5io  ;  ce 
n'eft  donc  guéres  que  depuis  ua 
fiécle  environ  que  Ton  connoît  la 
théorie  de  cette  planète ,  &  que 
Ton  s'eft  mis  en  état  d'obferver 
cette  forte  d'éclipfe  qui  n'eft  pas 
toujours  vîfible  fur  notre  horifon. 
Le  diamettre  du  Soleil  comparé  à 
celui  de  Mercure ,  fait  que  cette 
planète  paroit  comme   un    peâc 
foint  noir  fur  le  difque  du  SoteiL 
Les  objets  qu'on  fe  propofe  dans 
l'obfervation  de  cette  £clipfe,€om-i 
me  cfans  les  autres  ,  font  l'entrée 
de  la  planète  fur  le  corps  du  Soleil  » 
£1  forcie  ,  fa  durée  :  on  tire  de  là 
plufieurs  induâions  importantes, 
lion  feulement  pour  les  elémens  de 
h  tbéotk  de  Mexcuie  ^  tuais  eaoor^ 


Juin  Î748*  lOîîi 

poisr  la  détertnioation  des  longitu- 
des ,  &  même  pour  la  parallaxe  àù. 
Soleil.  Ce  dernier  arricle  a  engagé 
M,  Delifle ,  Profefieur  Royal  ^  de 
rAcadéraie ,  à  envoyer  cette  annéa 
de  Péteribourg,  une  méthode  par- 
cieuliére  à  ce  fujet ,  c  eft  ce  qui 
augmente  le  noaibre  des  mémoî* 
res  fur  rAftronomie, 

On  doit  encore  rapporter  à  la 
partie  Aftronomique  1,  trois  mor* 
peaux,  dont  deux  appartienoent  à 
le  Monnier  ,  &  le  troifiéme  à 
Vi,  deThuri,  Un  de  ceux  de  M. 
Monnier  confifte  en  plufieuri 
jbfervacions  fur  une  conjonftioii 
rétoile  du  Sagittaire  ;  il  y  a 
3int  plufieurs  recherches  fur  la 
plus  grande  inclinaifon  de  Torbita 
lu  plan  de  récliptique»  &  fur  la 
plus  grande  latitude  de  la  Lune» 
-e  fécond  mémoire  du  même  Aca- 
lémîcien  ^  eftladefcription»  &  Vu- 
âge  d'im  Obélifque  ou  Gnomon^ 
lonftruit  à  rextrcmité  SeptentricN 
■^uale  de  la  méridienne  de  S*  Sul-* 


^ice. 


\f010'  JûiuiTtAl  des  SçàuOHf  ; 

Le  mémoire  de  M.  de  Thurî  eft 
la  continuation  de  Tes  obfervations 
iiir  Jes  ré fr avions  aftronomiijMs.  Cet 
Aftrônome  a  entrepris  ,  il  y  a 
quelques  années ,  d'examiner  fi  les 
diverfes  températures  de  l'air  eau* 
fent  une  altération  dans  la  réfra* 
âion  des  aftres»  vus  à  la  mënoe 
hauteur  dans  différens  temps  de 
Tannée ,  &  félon  le  difierent  degré 
de  dilatation  ou  de  condenfatioa 
de  ratmofphére.  Ce  mémoire  eft 
rempli  de  nouvelles  preuves  qui 
nous  perfuadent  que  la  réfraâioa 
au  même  degré  d'élévation  eft  dif» 
férente  fuivant  le  degré  de  tempe* 
rature,  M.  de  Thuri  a  pris  pour 
terme  de  comparaifon ,  les  grands 
froids  de  Janvier  1742  ,  &  les 
plus  grandes  chaleurs  de  l'été  qui 
a  fuivi  celles  qui  ont  été  dans  le 
siois  de  Juillet. 

Les  obfervations  aftronomiaues 
qui  n'appartiennent  qu'à  l'Hiftoi* 
re,  font  i  ^.  une  obfervation  fur  la 
Gométede  1742  ,  elle  a  été  faite 
à  PeJkio  ^  par  le  P.  Gogaih ,  Jéfujce  | 


Jmn  1748*  ïOîH 
a*,  quelques  obfervations  tjui  ont 
été  faites  à  la  Chine  fur  la  variatioa 
de  récHptique, 

On  trouve  deux  articles  qui  re^ 

gardent  la  Géographie  ;    i  **•  un 

projet  de  Cartes   de  la  France, 

par  M*  Buache  ;  i*^,  M.  de  Mai- 

lan  rend  compte  avec  aflèz  d'éten-^ 

due  ,   des  Cartes  qui  reprcfënteniC 

les  Côtes  Se  les  Mers  des  Indes 

Orientales  ;  elles  ont  été  données 

[  par  M.  Dapres ,  dans  (on  Neptu- 

^  ne  Orientai  dont  il  avoit  fournis 

les  Cartes  au  jugement  de  l*Aca-, 

demie  ,  avant  que  de  les  donner 

I  au  Public  ;  on  en  trouve  Textrak 

I  dans  nos  Journaux, 

l>a  Mécanique  efl;  une  partîâ 

mixte  des  Mathématiques ,  on  ne 

[trouve  rien  dans  les  mémoires  qui 

regarde  cette  matière  ;  mais  on  lie 

[dans  l'Hiftoire ,  Textrait  de  quel- 

|c|ues  Livres  faits  par  les  Académie 

iciens  &  donnés  au  Public ,  nous 

ren  avons  parlé  dans  le  temps.  M. 

de  Mairan  explique  aflez  au  long 

Un  problème  de  Dynamique  ^  c\iiA. 


1^11  Jomnd  Aes  Sçav4ni  » 
M.  Darcy  eft  venu  lire  à  l'Acadé* 
mie:  il  s'agit  de  la  folution  fyn-* 
thécique  d'un  problème  qui  avoit 
été  propofé  par  M,  Daniel  Ber- 
tioulli,  fils  de  M.  BernouUi  Profef- 
feur  de  Mathématiques  à  Bafle. 
Enfin  THiftoire  eft  terminée  par 
rénumération  &  l'explication  de 
diverfes  machines  approuvées  par 
l'Académie  :  plufieurs  font  curieu- 
lès,  &  toutes  font  détaillées  par 
ML  de  Mairan.  Il  ne  nous  refteroit 
plus  qu'à  rapporter  quelques  mor- 
ceaux des  éloges  qui  ont  été  com* 
pofés  par  l'Hiftorien  ,  &  qui  fe 
trouvent  dans  ce  volume  ;  fi  nouf 
ne  le  faifons  pas  »  c'eft  qu'ayanc 
été  imprimés  à  part ,  on  en  a  par? 
tf  dans  nos  Journaux* 


^^ 


Wi 


Juin  1748*         ï(î2|6 

^tES  HOMELIES  DE  S.  GRE^ 
GOIRE  Pape  fur  E^échkl,  A 
K  Paris ,  chez  Ph,  N.  Lot  tin ,  &  J» 
H  H.  Buttard,  Imprimeur-LibraU 
H  res  ,  rue  S.  Jacques ,  à  la  Vérité, 
H  Jean  Def  àînt  &  Charles  Saillant, 
H  Libraires ,  rue  S.  Jean  de  BeatN 
H  vais  i  &  la  veuve  Robinot ,  Quay; 
H  des  Auguftins  ^  1747.  in^iz^ 
H     PP-  57^-  fans  la  Préface» 

II 

^mult 


Es  ouvrages  de  piété  &  d'édî-i 
Hcation  fe  font  extrêmement 
multipliés  dans  les  deux  derniers 
fiécles.  On  peut  dire  que  les  fidéw 
les  ne  nunquent  aujourd'hui ,  ni 
"e  fecours  pour  s'inftruire  de  leur» 
devoirs ,  ni  de  livres  propres  à  le» 
animer  à  la  pratique  des  vertus 
^hrétiennes.  Mais  il  femble  qu'oa^ 
s'attache  plus  volontiers  à  la  leâu* 
re  des  Livres  de  piété ,  cojnpoféf 
par  des  Auteurs  modernes  ^  qu'à 
celle  des  écrits  des  Saints  Peres^. 
'on  a  cependant  toujours  regar«« 
:s  comme  la  fouïc^  d&  W  ^^^ 


ifûlJf  JôfiiTiid  des  Sçévans; 
pure  Doftrine,  &  le  tréfor  le  pluf 
précieu5t  de  TEglife  après  rEcriturd 
Sainte. 

.  Le  defleln  de  l'Auteur  en  don- 
nant cette  traduâton  au  Public  »  eft 
de  rappeller  les  Fidèles  à  l'étude 
des  ouvrages  de  ces  hommes  Apo* 
ftoliques ,  que  Dieu  paroit  avoir 
doues  de  talens  particuliers ,  pour 
inftruire  &  édifier  Ton  Eglife.  Il  a 
îudicieufement  remarqué ,  que  les 
fiécles  où  cette  étude  tut  négligée , 
«nt  été  des  fiécles  de  corruption  & 
d'ignorance  »  &  que  ceux  où  elle  â 
été  en  vigueur  ,  ont  vu  fleurir  la 
piété.  &  la  Religion  ;  &  u  fi  quelque 
^  chofe  »  dit-il  »  a  été  capable  de 
H  confoler  TEglife  du  ravage ,  qu'y 
M  cauférent  Luther  &  Calvin,  c'eft 
>«  l'efpéce  de  néceffité  ,  où  l'on  fe 
>9 trouva  de  lire  les  Pères,  pour 
^  confondre  ces  Héréfiarques  qui 
•f  en  abuToient.  On  les  lut  »  on  les 
9»  goûta ,  &  on  comprit  que  ce  font 
«I  là  les  Maîtres  qu'il  faut  écouter* 
»»  La  lumière  fembla  alors  fe  lever 
»nec  un  nouvel  écUc  fur  r£g)tift|. 


Jmn  Î748.         ïoifl 
i»  les  ténèbres  d§  1  ignorance  fu- 

Ffj  rent  diflipées,  &  avec  elles  difpâ- 

U»  lurent  les  défordres  qui  en  font 

|oî  la  fuite. 

L'accueil  favorable ,  que  le  Vn^ 
plie  â  fait  aux  Homélies  de  S.  Gré- 
goire le  Grand ,  fur  les  Evangiles  dç 

^  Tannée  &  fur  les  morales  de  Job , 
^uedei  Hommes  pleins  de  piété  Sc 
«d'érudition  ont  traduit  en  Françoif  p 
a  dérerminé  notre  Auteur  à  conti- 

[înuer  te  même  travail  iur  les  Homé- 

'  lies ,  où  ce  faint  Dodeur  expli(|uç 
la  Prophétie  d'Ezéchiel  Voulant 
faire  renaître  le  goût  pour  la  I&* 
^ure  de^  Saints  Pères  »  il  ne  pou<^ 
voie  choiOr  un  ouvrage  plus  con- 
venable à  fon  deflein*  Tout  ce  qui 
porte  le  nom  de  S-  Grégoire  imprii- 
me  du  refpeâ:  »  &  prévient  favora* 
blement  les  efprits.  Ses  ouvrages 
ont  toujours  été  regardés  commo 
des  plus  précieux  monumens  dé 
J antiquité;  de  fon  temps  même, 
on  avoir  un  empreflement  extrê* 
me  à  les  avoir»  On  venoit  des  pays 

les  plus  éloignés  pour  les  ieçueiUir« 


5bi5   Joi^at  ies  Sçuvant  i 

•Les  plusfaints  Evêques  les  faifoient 

^re  dans  les  afTemblées  des  Fidèles» 

{.es  (lédes  fuivans  n'ont  pas  e& 

moins  de  vénération  pour  les  écrks 

tle  ce  Père ,  &  on  peut  dire  qu'ils 

'Ont  toujours  (ait  les  délices  de  ceux 

^uiaimoienti'Eglife  &  la  Religion; 

Mais  fi  en  général  les  ouvrages 

ide  S,  Grégoire  font  recommen** 

^bles  par  la  pureté  de  la  doârine 

&  la  tendre  piété  oui  y  régne, le) 

Homélies   fur  Ezechiel  femblent 

Iftvoir  cet  avantage  fur  fes  autres 

traités ,  qu'elles  renferment  un  plus 

grand  trefor  d'avis  importans ,  de 

régies  &  de  maximes  pleines  de  l'eP 

prit  de  Dieu ,  &  que  le  difcerne* 

fnent  des  efprits ,  ta  connoiflance 

du  cœur  humain  ,  &  la  profonde 

intelligence  des  Ecritures ,  s*y  font 

fentir  d'une  manière  plus  parricu* 

liére.  Le  Dofteur  y  traite  une  infi- 

tiité  de  matières  différentes ,  non 

à  deflfein  &  méthodiquement ,  mais 

à  mefure  que  fon  texte  lui  en  four^ 

©ît  Toccanon.  Il  n'eft  point  d'état, 

de  fexe  »  de  condition  ,  qui  n'y 


Jmn  174^*  ïoïf 

!>iive  tout  ce  qu'il  peut  defiref 
pour  fe  former  à  la  pleié  &  y  faire 
ie  grands  progrès, 

S,  Grégoire  s'attache  particulié«- 
ïement  dans  cet  ouvrage,  à  infpîrer 
la  confiance  la  plus  folide  dans  les 
lentes  &  la  médiation  toute  puif- 
ancede  Jefus^Cbrift;  mais  il  rem^ 
plir  aufli  fes  Lefteurs  d'une  jufte 
crainte ,  par  la  vive  peinture  qu'il 
*ait  du  Jugement  dernier ,  des  hip- 
rfices  deftinés  aux  niéchans  ^  &  de 
rétat  terrible  des  réprouvés.  Rien 
le  plus  judicieux  &  de  plus  inftru-f 
lif  que  ce  qu'il  dit  du  commerce^ 
ju'on  eft  obligé  d'avoir  avec  I^ 
léchans.  Il  montre  le  danger  qu'il 
_r  ade  les  fréquenter.  Il  les  compare  ^ 
tântôc  a  des  Scorpions ,  qui  por-^ 
tent  quand  ony  penfe  le  moins ,  I© 
poifon  mortel  dans  le  cœur  ;  tantôt 
a  des  abeilles  ,  qui  attirent  par  la 
douceur  de  leur  miel ,  mais  qui 
bleflent  enfuite  ceux  qui  en  appro* 
chent.  11  fait  voir  combien  leurs 
exemples  font  féduîfans.  Il  décou- 
vre les  artifices  ^  dont  ils  ufent  pour 


&ire  tomber  les  bons.  Il  lïiairqtie  } 
quand  &  jufqu'à  quel  point  on  peut 
te  prêter  à  leur  fociété ,  les  précau^ 
tîons  qu'il  faut  prendre.  Se  la  pa- 
tience avec  laquelle  on  doit  les 
fouffrir* 

Les  Pafteurs  chargés  du  foin  deis 
âmes  ou  du  miniftere  de  la  parole  » 
trouveront  auflS  dans  ces  dilcoursr 
d'excellentes  inftrudions.  S.  Gré- 
goire ne  les  perd  jamais  de  vue ,  8C 
attentif  à  les  former  fur  le  modeler 
du  S,  Prophète  qu'il  explique  ,  il 

Erofite  de  toutes  les  occafions  qui 
î  préfentent  pour  les  inftruire  d© 
leurs  devoirs.  Il  veut  qu'ils  trou-^ 
vent  au  dedans  d'eux-mêmes ,  les 
vertus  qu'ils  doivent  infpirer  auic 
autres  ,  qu'ils  puifent  dans  leur 
propre  cœur  ce  qu'ils  difent,  & 
que  leurs  paroles  ne  foient  que  les 
cxpredîons  de  leurs  difpofîtions  8c. 
de  leurs  fentimens.  Il  veut  qu'ils 
paffent  continuellement  de  la  vie 
aâive  à  la  vie  contemplative ,  deS^ 
fondions  du  miniftére  au  recueille- 
mène.  L'onzième  Homélie  eft  rem- 


Jmn   1748.  T0  2^ 

plie  des  plus  fages  avis  fur  la  ma- 
nière dont  ils  doivent  parler,  re- 
Î rendre  ^  corriger  ,  inftruire  ,  ex* 
orter ,  &c* 
A  roccafion  de  ces  paroles  que 
Dieu  dit  au  Prophète  :  fih  dâ 
t  Homme  ^  je  vous  ai  dmné  pûurfm^ 
tïneiis  à  la  mai  fi»  d'IJr^fl  :  le  Se 
Doâeur  adrefle  la  parole  à  fou 
Clergé ,  &  il  entre  dans  le  dcraîl 
des  devoirs  de  celui  qui  entreprend 
de  faire  U  fondion  de  Pi  édicateurp 
&fe  faifant  enfuite  à  lui-ménierap- 
plication  de  ce  qu'il  vient  de  dire^ 
jI  reconnoit  tjull  eft  bien  éloigné 
de  la  perfedion  qu'il  lecomnaan^ 
^e  aux  autres  ,  &  il  gémit  fur  (a 
propre  foiblefle  dans  les  termes  les 
plus  touchans.  Nous  rapporterons 
ici  ce  paflage ,  pour  préienter  à  noi 
J-efleurs  un  morceau  de  la  tradu-^ 
yftion  ,  &  pour  faire  connokre  lef- 
prit  qui  régne  dans  tout  le  Uvre^ 
p  Hélas  !  du  ce  S.  Père  ^  qui!  m'eû 
f»  pénible  de  vous  dire  ces  chof^ 
>i  parce  qu'en  vous  parlant  ainfi^ 
V  je  me  condaume  moi-mloi^i  of 


5 


^  0  5  o  Journal  des  Sçavans , 
H  m'appliquant  pas  à  ta  prédica* 
«f'tion  au(C  affidument  qu'il  fau- 
ff  droit;  &  quand  je  le  ferois  »  tat 
»»  vie  ne  répondant  point  à  mes 
It  paroles  ,  je  me  trouve  fouvenc 
f»  engagé  à  des  converfations  oifi-* 
t»  ves  ;  &  au  lieu  d'exhorter  &  d'é«* 
M  difîer  mon  prochain,  je  melaiflê 
%>  aller  à  la  langueur  &  à  la  né- 
•igligence.  Je  fuis  devant  Dieu 
u  tout  enfemble ,  &  muet  &  grand 
•9  parleur  :  muet  quand  il  feroîc 
f^nécefTaire  de  parler ,  grand.  par« 

trieur  dans  des  bagatelles. 

»t  Quand  j*étois  dans  le  Monade^ 
«f  re ,  je  pouvois  empêcher  ma  latH. 
«t  gue  de  dire  des  paroles  inutiles  ,' 
iv  &  tenir  prefque  continuellement 
Ht  mon  efprit  appliqué  à  l'Orailbn. 
^  Mais  depuis  que  la  charité  m'a 
•t  fait  baifler  les  épaules  fous  le  far- 
%>  ^leau  de  la  charge  Paftorale,  mon 
4»  efprit  ne  peut  plus  fe  recueillir 
^continuellement  en  lui-même; 
%9  parce  qu'il  eft  partagé  par  les 
•f  foins  multipliés  qui  racad>lent» 
|f  J(6^ittîs-obligé  tftntôc  d«  diftotct 


Juin  1748*  lojr^ 

HlesafiPaires  des  Èglifes  ou  cetleiï 
ITT  des  Monaftéres  :  tantôc  d  exàmU 
t%  ner  les  aâîons  &  la  vie  des  parti- 
«  culiers  :  tantôt  de  foutenir  l'inte- 
».  rét  des  Peuples  ;  tantôt  de  gémir  - 
i^des  irruptions    meurtrières  des.- 
»  Barbares ,  &  de  craindre  que  le* 
»i  Loups  ne  fe  jettent  fur  le  trou-» 
ti  peau  dont  je  luis  chargé , . , .  L'et 
11  prit  étant  donc  partagé  &  com-- 
tf^me  déchiré  par  la  multitude  des^ 
n  affaires ,  &  d'affaires  qui  ne  font 
»»  pas  peu  importantes,  quel  cemps^ 
i*lui  refte  t-ii  pour  rentrer  en  lui-^- 
innême  &  pour  fe  donner  tout. 
^t»  entier  à  la  prédication  ? 

S.  Grégoire  prononça  les  Home*»' 
hres  fur  Ezéchiel  au  milieu  des  trouve 
Tbles  de  lltalte  &  des  guerres  qui 
[la  défol oient,  Agilulfe  Roy  des-s 
ll-ombards  s'avançoic  vers  Romef 
rec  une  puiffante  armée,  &  aprèii 
I  ^voir  ravage  la  Campagne ,  il  mer* 
jnaçoit  d'alFicger  cette  Ville,  Le  S»i 
|.Fomife  déplore  ces  malheurs  de^ 
l'Ja  manière  la  plus  touchante  dmnsi 
bne  de  c^$  HQméh^y^  n  ^u^  ^<ih 


1 0^)  t    Journal  des  SçdVdns  ; 
>»«QCore  dans  le  monde,  qui  puiC- 
»  fe  nous  plaire ,  dic-il ,  nous  ne 
iT  voyons  que  crifteflTe  ;  nous  n'ea- 
>f  tendons  que  gémiflèmens.  Les 
>f  Villes  font  rmnées ,  les  Forteref^ 
t»fes  détruites,  ies  Campagnes ra^ 
nTagées ,  la  terre  réduite  en  foli- 
>ttude;  ces  petits  reftes  du  genre 
»f  humain  font  continuellement  bac* 
>f  tus  des  fléaux  de  Dieu.  Les  nos 
»f  font  menés  en  captivité ,  les  au» 
>f  très  mutilés ,  les  autres  mb  à  mort. 
M  Rome  même ,  autrefois  la  mai- 
>f  trèfle  du  monde ,  «n  quel  état  eft- 
>»  elle  réduite  ?  >Jou$  la  voyons  ac- 
»  câblée  de  douleur,  abandonnée 
9y-Ae  fes  Citoyens,  infultéepariês 
if  ennemis. 

C'eft  dans  ces  trilles  conjonâu- 
res  que  S.  Grégoire  employa  tous 
(es  (oins  pour confolerfon peuple; 
on  écrivoit  fes  Homélies  pendant 
qu'il  les  prononçoit.  Après  qu'il  en 
eut  fait  douze  fur  les  trois  premiers 
chapitres  ,  le  peuple  vo3rant  que 
les  affaires  dont  le  S.  Pape  étoic 
^Opabléj^  ne  lui  permettoient  pas 


Juin  ?748.  ïûji 
3'acliever,  le  pria  de  lui  expliquer 
au  moins  la  dernière  partie  de  la 
Prophétie ,  qui  regarde  le  récablif- 
fement  du  1  emple  ,  &  qui  eft  la 
plus  difficile.  »>  Il  faut  vous  obéir, 
31  répondit  S.  Grégoire ,  mais  je 
f  I  trouve  dans  ce  que  vous  deman- 
»i  de/,  de  moi  ^  des  difficultés  ^m 
fï  m'é  tonnent.  Corn  menton  efprit 
»i  troublé  par  la  crainte  j  Se  parta- 
it gé  de  tant  de  foins  s  paurra-r-il 
>ï  pénétrer  des  myftéres fi  cachés?  <« 
On  fent  dans  ces  paroles  comme 
dans  tour  le  refte  de  Ibuvrage,  ua 
Père  qui  parte  à  des  en  fans  qu'il 
aime  »  &  à  qui  il  ne  peut  rien  rc- 
fufer,  &  on  voit  dans  le  Peuplç 
une  affection  mêlée  de  refpï;;i:t  ôc 
de  confiance  pour  fon  Pafteur* 

Ce  volume  ne  contient  que  les 
douze  premières  Homélies.  L'Au- 
teur nous  dit  dans  un  ^vis  am 
LeEhenr ,  que  la  traduâîon  des  au- 
très  difcours  qui  expliquent  la  fin 
de  la.  Prophétie  ,  eft  déjà  faire , 
mais  qu  avant  que  de  la  faire  im- 
primer  »  il  g  voulu  prefTentir  le 

Jmfh  Xx 


lo)4  J^f^^  ^' SçMwms ^ 
goût  du  Public  ,  &  que  le  Uamà 
^«rfome  fuiirra  de  bieo  piès  »  s'S 
foit  que  le  premier  ibîc  hîeD  reçu. 
Laprenûrre  HomcEe  cft  un  dn^ 
COUPS  prélimiiMire  oàS.  Gfégoiie 
établit  des  priacipes  &  des  F^ct 

a  m  doivent  iemr  à  llntdltgeiiot 
e  la  Prophétie  en  généraL  ftdif^ 
ringue  trois  temps  dans  la  Prophéi» 
ôe ,  le  pafle ,  le  prefent,  &  le  futun 
Si  on  prend  le  mot  de  Prophétie^ 
dit  ce  Père ,  pour  la  prcdiâu»  des 
cbofes  qui  doivent  arriver,  il  ne 
femble  pas  que  ce  nom  puiflè  god- 
venir  aux  chofes  prefentes  &  paC- 
Ucs.  On  eft  cependant  obligé  d'à» 
vouer  que  ces  trois  temps  (ont 
également  l'objet  delà  Prophétie , 
puifque  nous  les  remarquons  dant 
les  divines  Ecritures.  On-peut,  dit* 
il,  appeller Prophétie l'explicatiote 
des  chofes  prefentes  mais  cachées^ 
puifque  comme  le  temps  nous  ca- 
che ce  qui  eft  futur ,  il  arrive  au(& 
que  d'autres  raifons  nous  cachent 
ce  qui  eft  prefent.  C'eft  une  Pra- 
fhéàs  lorfque^le  Ftophà*  détons 


\ 


Juin  1748.  1055 

vre  Qon  feuleroeot  ce  qui  eft  caché 
dans  le  ccEur ,  mais  ce  qui  fe  palT© 
dans  les  lieux  éloignée  :  le  mem© 

^Pere   remarque    encore   que  ces 

Irols  temps  de  Prophéties  s'ap- 
foyenc  quelquefois  Tun  l'aucre  pour 
ervir  d'une  plus  grande  preuve j 
tn  forte  que  comme  Ton  prouve 
quelquefois  les  chofes  paflees  par 
les  futures,  on  prouve  auffi  les  fu- 
tures par  les  pafTées.  Quane  à  la 
Prophétie  du  temps  prefenc,  elle 
*a  befoin ,  ni  du  paffe  ni  du  futur 
pour  s  appuyer ,  parce  que  faifanc 
connoître  par  fes  propres  termes 
ane  chofe  qui  étoit  cachée  »  la  chô- 
me me  qu'elle  découvre  fert  de 
témoignage  à  ce  qu'elle  avance.  Le 
D.ideur  explique  enfuite  en  dé- 

Ifail  les  diverfes  manières  dont  lef- 

prit  de  Dieu  agit  fur  les  Proptiêj- 

il  marque  U  différence   des 

rrayes  &  des  faulTes  Prophéties, 

|&  il  dévelope  plufïeurs  vérités 
importantes ,  dont  il  doit  faire  ufa-p 

ige  dans  l'explication  d'Ezéchiel, 
N  ous  n'entreprenons  ç  is  d&  ^qc^. 


1  o  î  tf   Jotirnal  des  Sçavans , 
ner  ici  line  analyfe  de  chaque  Hck? 
inélie  en  particulier.  S.  Grégoire  y 
traite  tant  de  fujets  différens ,  qu'il 
n'eft  pas  poffible  de  les  indiquer 
dans  un  extrait.  On  connoit  déjà 
le  goût  de  ce  Père  pour  les  Allé- 
gories. On  en  trouvera  peut-être 
iquelques-unes  qui  paroitront  for- 
cées ;  on  trouvera  même  quelques 
explications  de  l'Ecriture  peu  na* 
turelles;  mais  outre  que  dans  ces 
endroits ,  S.  Grégoire  foftge  moins 
à  en  fixer  le  fensqua  édifier,  & 
Qu'il  fonde  toujours  une  morale 
iolide  fur  ces  Allégories,  il  y  en  a 
d'admirables  par  leur  juftefle.  Quoi 
de  plus  jufte,  par  exemple,  que  ce 
qu'il  dit  de  Jacob  &  d'Efaiî ,  figu- 
res ^  l'un  des  Juifs  rejettes ,  l'autre 
des  Gentils  appelles  en  leur  place  ? 
Sur  le  retour  rardif  d'Efaiî  auprès 
de  fon  Père ,  figure  du  retour  des 
Juifs  à  la  fin  des  fîédes  ?  Sur  la  for- 
mation d'Eve ,  figure  de  la  formA^ 
tionderEglife,&c? 
.    La  traduâion  de  cet  ouvrage 
ipous  a  paru  fimple  &  iKUuidk  j  cUo 


Juin  174g.  I0Î7 

f  onfcrve  dans  un  grand  degré  t'on- 
âion  qui  fait  le  caraâére  du  texte 
iginal 


i 


ASTI   ATTICr  IN  QUIBUS 

Archontum  Achenieiifium  feries* 
Plulofophorum  ,  aliorumqua  il- 
luftriiim  virorura  aecas  ,  arque 
praecipua  Attica^  hiftoriae  capira 
per  olympicos  annos  difpofita 
defciûbuntur ,  noviftjue  obferva- 
lionibus  illuftrancur  ,  auftore 
^àwd^xào  LùrfirtQ  ^  Cler,  Reg, 
Scholarum  ptarum  ,  in  PifanI 
Academiâ  Phtlofophia!  ProfelTo- 
re.  Florenrtx ,  ex  TypographiD 
Jo*  Pauli  Giovanelli ,  ad  infigne 
Palmaî»  in  Placeâ  fan&ae  Elifa- 
beth,  Cest-a  DIRE  ^  fajieî  v^/- 
tî^HCS  j  dans  iffyueis  la  (km  des 
^rch&ntcs  /lîhénUns  j  Us  temps 
m  om  vec»  Us  Phihfophes  ^ 
Us  antns gri^nds  Hommes  ,  (^  les 
principaux  points  de  rbifloirç, 
d* Athènes ,  je  trouvent  rangés  par 
Us  années  Olympicjnes  ,  &  édair-^ 
sis  À  l'aide  de  mnv  elles  ^bfer* 
L,  X  X  a  j 


vations ,  par  M.  Edtméord  Cok- 
SINI ,  Clerc  Régulier  des  Ecoles 
pieu  fis ,  Profejfeur  de  Philofiphie 
dans CUniver/itéde  Pife.  A  Flo- 
rence,chez  J.  Paul  Gbvanelli, 
à  la  Palme  ,  Place  Sainte  Eliza- 
beth ,  4  Vol.  in^^^.  premier  Vo- 
lume ,  1 744.  pag.  587.  fans  TE- 
pitre  Dédicatoire  adrefTée  au 
Grand  Duc  régnant,  qui  eft 
de  XIV.  pages  &  la  Préface  qui 
eft  d*un  peu  plus  de  X.  pages. 

MONSIEUR  Corfinî  nous  en- 
tretient d'abord  dans  fa  Pré- 
face ,  de  l'excellence  &  de  l'utilité 
de  fon  entreprife  ,  &  fait  voir  en 
effet  que  Thiftoire  de  la  Philofo- 
ph'e ,  des  Belles- Lettres ,  &  géné- 
ralement de  tous  les  beaux  Arts  ; 
rient  eflèntîellement  à  Thiftoire  de 
la  Grèce,  &furtout  delà  Républi- 
que d'Athènes  :  or  rien  ne  peut  ré- 
jpandre  plus  de  Jour  fur  cette  Hif- 
toire  ,  que  d'en  fixer  toutes  les 
époques  par  les  Archontes ,  &  par 
les  années  Olym^vc^c%% 


L 


Jtdn  1748.         I0îjr 
*    Sigonlus  avoit  lenti  !es  granck 
avariuges  qu'on  pouvoît  tirer  d'ua 
pareil  ouvrage  ^  &  effaya  de  les 
procurer  par  (on  petit  Livre  inti- 
tulé   de   Athcnfenfium  trmp&riktts^ 
Mais  Meurfius  fie  quelque  chofe  d© 
bien  plusconfidérable ,  en  publiant 
en  i<îiî  fes  quatre  Livras  fur  les 
Archontes  d'Athènes.  Depuis ,  ceî 
ouvrage  a  toujours  fervi  comme  de 
lexte  à  tous  ceux  qui  ont   traité 
ette  matière  ,  l^avoir  à  Lydiat  * 
iu  P,  Petau  ,  à  PrideauK  ,  à  Dod»- 
relle  ;  ils  n'ont  tous  fait  que  copier  * 
cpliquer ,  de  étendre  Meurdus  & 
ils  ont  feulement  ajouté  à  la  lifte 
les  Archonte*  »  donnée  par  Meui> 
Sus ,  les  noms  des  Archontesqu^il  a 
ïoiiâ  &  qui  k  font  trotivés  fur  det 
[luarbres  découverts  depuis  fa  moru 
M,  Coriini   avait  d  abord  cru 
)ull  pouvoit  âufli  ie  fervir  dâ  cette 
[|ifte  des  Archontes  ,  pout  l'exécu* 
tion  de  fon  projet  ,  mais  il  ncn 
et  oit  encore  qu'à  T  Archonte  Tle- 
b  fias  que  Meurfius  a  cru  avoir  été 
L  ie  premier  des  Archontes  a.i^^\2*jé&^ 


104^    Journal  des  Sçavam  ; 

Sue  notre  fçavant  Auteur  fentîtqù'a 
illoit  abfoluinent  qu'il  difpofôt  luw 
même  une  nouvelle  fuite  des  Ar- 
chontes. Meurfius  eft  en  défaut  fur 
la  véritable  époque  d'un  grand 
sombre  d' Archontats ,  d'ailleurs  il 
a  omis  les  noms  de  plufieurs  Ar-» 
chonces  Eponymes  * ,  &  il  a  donné 
pour  Archontes  Eponymes  dés 
perfonnes  qui  ne  l'ont  point  été  ; 
trompé  par  la  reflèmblance  des 
noms,  il  n'a  fait  quelquefois  qu'un 
Archonte  de  deux  hommes  difiPé» 
lens  »  &  quelquefois  d'un  feul  hom- 
me il  a  fait  olufieurs  Archontes»  en 
ibrte  que  (on  ouvrage  demandoic 
n  être  entièrement  refondu. 

M.  Corfini  en  parlant  avec  liber^ 
té  des  erreurs  où  eft  tombé  Meur- 
fîus ,  eft  bien  éloigné  de  vouloir  en 
rien  diminuer  la  haute  réputation 
que  s'eft  acquîfe  ce  Sçavant  ,  nî 
tabaiilèr  le  mérite  de  fon  travail» 

*  On  éiijoit  tous  les  ans  neuf  Arehêntes 
i  Athènes ,  le  premier  de  ces  neuf  Magi^ 
firau  donnait  fon  nom  à  l'année ,  &  fom 
€tue  raifon  itoit  affellé  Bfmijmt. 


Juin  Ï74ÎÎ*  Î04I 

&  encore  moins  prétendre  dégui-» 

fer  les  fecours  infinis  qu  il  en  a  ciré; 

il  parle  à  ce  fujet  d'une  manière  fi 

âge  qu'il  ne  peut  manquer  de  fa- 

istaîre  fes  Leflreurs* 

Il  revient  enfuite  à  fes  Fartes  ;  il 
ifenîicju*il  ne  pouvoir  traiter  cette 
latiére  comme  il  faut  ,  qy*après 
^voif  éclairci  un  grand  nombre  de 
joints  fou  vent  aflez  embrouillés,  8c 
fur  lefquels  cependant  il  faut  être 
rès-inftruit  pour  entendre  les  rai- 
sns  qui  établîflent  la  certitude  des 
poques,  &  qui  eclairciffent  des 
laits  6£  des  uiages,  C'efl  pour  cette 
lifon  qu'il  a  compofé  quatorze 
ïifTer tarions  pour  fervir  d'intro- 
luifïion  à  fon  ouvrage  principal , 
p'eft'à'dire ,  à  fes  Fartes  Attiques, 
Yoici  les  fommaires  de  ces  quator- 
ze DiiTertations ,  ils  repréfen  feront 
jute  la  fuite  &  tout  le  fyftéme  dm 
[travail  de  JM,  Corlini.  . 

L 

La  première  Diflertatloîi  traite 
£5  Afdiantes  >  on  i^xti  aOez  que 
Xxv 


ff04i  Jourkd  àis  Sçavaml 
l'Auteur  voulant  difpofer  fes  Faffe9 
par  Archontats  ,•  a   du   difcuter 
tout  ce  qui  regarde  cette  dignité» 

IL 

La  féconde  Diflèrtatîon  roule 
fur  le  mois  où  les  Archontes  en- 
troient en  charge,  fur  Tannée  Ci^ 
vile  Athénienne,  £ur  fa  forme ,  fon 
commencement ,  fur  le  nombre  fie 
l'ordre  des  mois,  &c. 

'  Mais  comme  Tannée  Archonti- 
*ue  n'étoit  pas  diftribuée  en  mois 
leulement ,  mais  encore  en  Pryta- 
nies  ,  &  que  chaque  Tribu  des 
Athéniens  exerçoit  tour  à  tour  la 
charge  de  Prytanes ,  pendant  une 
portion  égale  de  Tannée  ,  notre 
Auteur  s'eft  cru  dans  la  ncceffité  de 
traiter  du  nombre,  &  de  Tordre 
des  Tr  ibus ,  Se  des  Prytanies» 

I  V. 

•  Après  avoir  réfuté  Topinionde 
Bodîrel'  &  de  phifietart  mtwSp^ 


Juin  1748,         ï<54$ 
fans  fur  Tordre  des  Tribus ,  M. 
Corfïni  le  fixe  d'une  manière  îil^ 
l|4  .conteftable  par  le  témoignage  des 
iP^crivams  »  &  par  rautorîté  des  mar- 
bres ;  il  prouve  enfuire  que  Tordre 
„  des  Prytanies  étoit  incertain  ,  c*eft- 
j^à-dîre  quec'étoit  le  hazard  feul  t^ui 
lêrégloit. 

Chaque  Tribu  Athénienne  étoît 
formée  par  un  certain  nombre  des 
"bourgs  de  T Actique ,  c'eft  du  nom- 
l^re  &  de  Tordre  ae  ces  Bourgs  qu'il 
^s'açic  dans  la  cinquième  Dillerta* 
Uation;  notre  fçavant  Auteur  relé- 
(  veîci  une  infinité  d  erreurs  cchapces 
la  Sigonius , à Meurûus &  à  Spoti. 

Après  avoir  parlé  des  Tribus; 

[des Bourgs ,  &  des  Prycanies  ;  notre 

(^Auteur  traite  du  Sénat  d' Athènes  g 

^&r  de  TafTemblée  du  Peuple ,  corn- 

pofée  des  Citoyens  qui  et  oient  di- 

vifés  en  Tribus,  en  Bourgs ,  &  en 

Prytanies  î  il  diferte  fur  la  forme , 

Xxv| 


io44  J^f^ià^^^SfétvdHsi 
J'autorité  &  les  parties  du  Sénat  ^ 
deraflemblée  du  Peuple ,  &  traite 
;du  nombre ,  de  la  diverfité  &  des 
fonâions  des  Proédres  &  des  Epi- 
ilates, 

VII. 

Les  noms  des  Archontes  Epo- 
nymes  étoient  infcrits  dans  les  dé- 
crets publics  y  9c  enfuite  dans  les 
Faûes  pour  fervir  à  défigner  Tan- 
née :  mais  on  trouve  des  Décrets 
'publics  où  Ton  lit  des  noms  d'Ar- 
chontes qui  n'étoient  pas  des  Ar- 
chontes Eponym'es ,  &  qui  ne  doi« 
vent  point  avoir  place  dans  les  Fa- 
fles ,  c  eft-ce  que  M.  Corfini  prou- 
ve contre  Meurfius  ;  &  il  fou- 
tient  contre  Dodvel  que  ces  for- 
tQ^  d'Archontes  n'étoient  point  des 
Epiftates  de  Prytanies  ;  il  propofe 
enfuite  deux  opinions  nouvelles 
fur  l'origine  &  la  dignité  de  cette 
forte  d'Archonte,  p(eudo-Epony- 
nies, 

VIII. 

.   la  huitième  Diflerution  efl:  eob 


I         n 


k 


^  7»/^  1748.  ^  i04f 
ployee  a  purger  les  Fartes  des  noms 
de  ces  Ar chômes  pfeudo-Epony- 
mes  qu'on  y  avoir  placés  mal-à-pro- 
pos. 

1  X. 

Notre  Auteur  dans  fa  neuvième 
Diflercarion ,  examine  quelles  font 
les  fources  où  Ton  doit  puifer  pour 
former  une  fuire  bien  completre 
des  Archontes  i  il  tire  cette  fuire 
principalement  de  Diodore  de  Si- 
cile, de  Denis  d'HaUcarnafle ,  fup- 
pléés  &  corrigés  par  les  Marbres 
d'ArondeI,&c, 

X. 

Dans  la  dixième  ,  M.  Corfinî 
augmente  les  Faftes  des  noms  de 
douze  Archontes  Eponymes ,  qui 
fe  trouvent  dans  les  Auteurs ,  Se 
qui  manquent  dans  tous  les  Fa- 
i  ites  Athéniens  quon  a  public  juCf 
l^^ulci. 

XL 

Dans  la  onzième  on  ajoute 


JiûJ(6    JâumÀl  des  Sçavans  ^ 
core  aux  Faftes,  les  noms  de  vingt- 
deux  Archontes  inconnus  à  Meuf« 

'fius,  &  à  tous  les  autres  Sçavans} 
jOn  les  a  tirés  des  Infcriptions* 

XII. 

Dans  la  douzième  on-traîte  des 

médailles  Athéniennes  ,   &  Ton 

rexamine  quels  étoient  les  MagU 

ifirats»  dont  on  y  lie  les  noms.  On 

-^Cttce  l'opinion  des  Auteurs  qui 

-OQ€  cru  que  Ton  avoir  coutume 

;di'infcrire  fur  les  monnoyes  s  Its 

noms  des  Archontes  Eponymes» 

&  après  avoir  montré  que  ce  fen« 

timent  eft  le  feut  qu'il  faut  fuivre, 

on  rapporte  d'après  les  médailles 

lAi^bétiîenhes  les  noms  de  XL.*Ar- 

ddioQtes:Eponymes  qui  avoient  éxjk 

jncoxmus  jufqu'ici. 

•  XIII. 

-^  pu  a  jugé  à  propos  de  parler 
dans  la  treizième  Diflfertation  ».  des 
fêtes  des  Athéniens  &  des  autres 
"Grecs ,  parce  que  fouvent  elles fer- 
^rde  dades  aux  Auceors  ancâm. 


Juin  1748.         104T 
On  fixe  le  temps  précis  où  elles  fe 

çélébroiem ,  &  Ton  éclairât  plu- 
£eurs  queftions  fore  obfcures  fut* 
cette  matière. 

XIV. 

Enfin  M.  Corfinî  rend  compta 
de  la  méthode  qu'il  a  fuivie  dans 
la  difpofition  de  fes  Faftes  ;  il  faic 
voir  de  quel  ufage  ils  peuvent  être 

Sar  rapport  à  rhillroire  Grecque  & 
lomaine*  II  fait  connoître  ta  na- 
ture des  mais  des  différentes  Na^ 
rions ,  aiîn  qu*on  puifle  aifément 
les  ramener  aux  mois  Athéniens  âe 
Romains. 

Tel  eft  en  général  le  plan  de  la 
première  partie  de  l'ouvrage  do 
M*  Corfini ,  partie  qui  doit  êtTS 
confidérée  comme  un  préliminaî/* 
te  &  une  introduéKon  néceffaire  , 
pour  rintelligence  de  la  féconda 
partie  qui  comprendra  les  Faftes 
Attiqiies  mêmes. 

Le  premier  volume  dont  il  s'a* 
git  uniquement  dans  cet  extrait,  otf 


VtoA9  JoHTffal  des  Sçavans, 
,  IDifTertations  ;  ne  pouvant  entrer 
iur  chacune  dans  un  détail  fuffi^ 
iknt  pour  en  faire  connoître  tout 
Je  mérite ,  nous  nous  bornerons  à 
parcourir  la  première  qui  traite  de^ 
Archontes  Athéniens ,  &  qui  eft 
en  quelque  forte  la  bafe  de  tout  le 
fyftcme  de  M.  CorGni ,  &  la  clef  de 
tout  ce  qu'il  doit  dire  dans  la  fuite. 
.  Les  Athéniens  ont  été  de  tous 
le^  Peuples  de  la  Grèce,  les  plus 
portés  à  changer  la  forme  de  leur 
Gouvernement;  ils  eurent  d'abord 
des  Rois  »  on  en  compte  feize  de- 

Euis  Cecrops  jufqu'à  Codrus.  Après 
i  mort  de  ce  dernier  Roy  ils  ne 
donnèrent  que  le  nom  d'Archon- 
tes à  fes  fucceffeurs ,  trouvant  ce 
nom  plus  doux  »  &  plus  conforme 
2t  leur  génie  Républicain  ;  ces  pre* 
fniers  Archontes  furent  perpétuels 
&  héréditaires  mais  foumis  à  ren- 
dre compte  de  leur  adminiftration. 
Ils  eurent  treize  Archontes  perpé* 
tuels  depuis  Medon  fils  de  Codrus 
jufqu'à  McfHéton  ,*  après  la  mort  de 
ce  dernier  ib  réduiurent  à  diit  aot 


Jmn  1748.  104JI 
^r^e  de  chac^ue  Archontat  î  ils 
mt  gouvernés  par  fept  Archon- 
décennaux  pendant  70  ans^ 
Is  lefquels  ils  établirent  des  Ar- 
ûces  dont  rautorité  étoit  bor- 
à  une  feule  annce  ;  ces  Archon* 
annuels  fuWiftérent  îtifqu'au 
ips  de  Démétrius  &  d'Antigo- 
Rois  de  Macédoine  :  alors  les 
Inîens  pouflerent  la  flaterte  à 
ird  de  ces  Princes  au  point 
lolir  le  nom  d'Archonte ,  &  de 
îiruer  en  leur  place  des  Magi^ 
(s  fous  le  nom  de  Prêtres  dei 
peiri,  *  Ce  nouvel  écablîflement 
fubftfla  que  dix-neuf  ans ,  au 
$  defquels  on  reprît  Tancienne 
be  de  Gouvernement  ^  ScToa 
de  nouveau  des  Archonte 
uels ,  jufqu'à  ce  que  Sylla  ayant 
eu  les  Athéniens ,  les  fournie 
^Homains. 

iprès  avoir  aînfi  rapporté  fom* 
rement  !a  fuite  des  différentes 
pes  de  Gouvernement  »  dont 
pnt  les  Athéniens  ;  M*  Corfini 

Mm  iirê  dt  Dtmimtti  &  i^Amii'simh 


difcute  ttà  grand  nombn  de  qàei 
IKons»  qui  toutes  fervent  à  fon  hm 

Îoî  éft  de  régler  ia  CbfonologMl 
tbénienoe  y  d'abord  ii  exarnîM 
en  ciuelle  année  précifément  on 
étàblitles  Archontes  annuels;  pouf 
tela  il  compare  entr'eux  les  dîffé« 
reiTS  fyftémés ,  &  tâche  de  les  ton* 
dlier  eh  cherdiant  les  raifons  da 
leiir  vatiét^%  Son  opinion  eft  ip» 
Créon  le  premier  des  Archontes 
annuels ,  fut  élu  la  féconde  anni^ 
de  rOlympiade  XXIV.  &  pour  ac- 
corder parfaitement  les  Marbrei 
ê'Arondel,  avec  Denis  d'Halicar^^ 
ibailè  &  Euféfoe ,  il  remarque  que 
Tannée  civile  Athénienne  commeti* 
Çoit  au  mois  Gémelim ,  au  lieu  que 
Tannée  Olympique  ne  commençoit 
qu'au  mois  Hecatmnbétùn  ,  ce  qut 
bit  une  différence  de  (ix  mois  »  de 
forte  que  TArchontat  de  Créoft 
peut  tomber  fur  la  fin  de  la  féconde 
année ,  &  fur  le  commencement  de 
la  troifiéme  année  de  la  XXIVé 
Olympiade. 
Les  Archontes  âoîent  eu  nom- 


y 'fin  Î748.  ro5« 
trcdeneuf,  dont  le  premier  émît 
fur  nommé  Eponyme  ,  parce  qu'il 
donnoît  fon  tiom  à  Tannée  d^  fa 
Magîflrature;  il  ny  a  point  de 
difficulté  fur  cet  article.  Cepen- 
dant un  paJîige  d'jEIien  afiex  ob- 
icur,  où  cet  Auteur  paroît  com- 
pter dix  Archontes  pour  chaque 
année ,  a  donné  lieu  aux  Sçavanf 
de  débiter  bien  des  conjeâures, 
M.  Cordfii  entre  aufli  dans  cette 
difcufljan. 

Il  prouve  enfuîte  que  tous  les 
Archontes  étoîent  choilis  entre  les 
plus  nobles  &  les  plus  riches  des 
Citoyens ,  que  pour  remplir  uno 
de  ces  places ,  il  falloir  erre  Athé* 
nîen  de  père  &  de  mère  depuis 
trois  générations ,  &  que  ceux  i 
qui  on  accordoit  le  droit  defiour* 
geoifie  ,  ne  devenoîent  pas  par  11 
fufceptibles  de  cette  dignité,  11  rap- 
porte à  cette  occafion  un  Décret 
par  lequel  tous  les  Platéenf  aboient 
été  déclarés  citoyens  d'Athènes,  & 
admis  à  tous  les  honneurs  &  pré- 
rogatives des  Athéniens  «  à  (|ud^uc| 


fkà^i  JânimdlJes  Sçivansl 
exceptions  près,  dodt  la  principale 
étoit  de  ne  pouvoir  être  élus  Âr* 
cbontes.  Ce  Décret  donne  lieu  à 
M.  CorGni  d'expliquer  un  paflagé 
de  Lyfias  très-difficile  à  entendre, 
c'eft  ce  qu'if  faif  fou  vent ,  il  ne  traî^ 
te  pi^efque  aucune  queftion  qu'elle 
lie  lui  donne  lieu  d'éclaircir  de  là 
forte  quelque  endroit  ob(cur  d'un 
Auteur  ancien. 

Il  traite  de  la  forme  de  Téleâioû 
des  Archontes,  des  Rites  &  dés 
Cérémonies  que  l'on  obfervoit  dans 
ces  occafîons ,  du  ferment  qu'ofi 
leur  faîfoit  prêter  &  du  lieu  où  fe 
faifoît  lélecStion  ;  il  prouve  qu'on 
les  élifoit  dans  le  Pnyx ,  qui  étoît 
Une  place  d'Athènes ,  ce  qui  lui  don- 
ne occafîon  de  faire  voir  que  Meur« 
Cus  avoît  mal  pris  un  paflage  d'A- 
riftophane  &  d'en  donner  la  vérita- 
ble explication.  Ce  paflage  fe  trou- 
ve dans  la  première  fcéne  du  pre* 
mîer  Aâe  de  la  Comédie  des  Che^ 
valiers.  Dans  cette  pièce  le  peuple 
d'Athènes  eft  perfonnifié  &  joue 
lio  rôle  fous  la  figure  d'un  Vieillariâ 


jHÎn  1749.  lojîl 
qui  radote,  &  qui  felaifle  gouver- 
ner par  un  Efclave  cju1l  a  nouvellç- 
ment  acheté  &  qui  eft  très  info- 
lent  &  très- fripon.  Cet  Efciave  eft 
Cleon  qui  avoic  pour  lors  la  prin- 
cipale autorité  à  Athènes.  Nictas 
&  Démofthéne»  deux  Généraux 
des  Athéniens  j  fous  la  figure  d'Ef-r 
claves  fe  plaignent  de  leur  vieu3| 
Maître,  Démofthéne  s'exprime 
ainii. 

^H  *rtov 

Voici  le  véritable  fens  d^  cet  en- 
droit. I^OMS  avmx  un  Aimirc  d'une 
humeur  tm-^ifficile  ,  gr^f^d  m^n* 
geur  de  fèves  ,  fonfrjet  k  U  bUe  ^  U 
Je  mmme  Demus  Pmhnhes  ,  vieiU 
lard  fort  incQmmeàt  ^  ^m  a  CqhU 
dure.  Ce  Detnus  Pmhniuî  ^  C 'eft  le 
peuple  d'Athènes  qu  Ariftophane 
appelle  ainfi ,  parce  qu'il  élifoic  fej 
lÀâgifttatsdajiskPny^t,  MeurfijH 


Y054  Jonméd  âes  SçMuns  ^ 
a  Cru  qu'en  cet  endroit  Demus  étdt 
le  8om  d'un  particulier»  &  que  Pm» 
€tmi$es  marquoit  le  Bcnirg  dont  oc 
Mrticulier  étok  originaire,  ce  qd 
va  a  fait  croire  qu'il  y  avok  mi 
bourgade  de  l'Actique  du  non  de 
f^Tfx.  n  a  entraîné  dans  la  même 
erreur  Spon ,  Potter ,  &  plulieurs 
autres  Ecrivains. 

IML  Corfini  p»rle  enfuice  à» 
couronnes  que  les  Archontespor- 
toîent  après  leur  éleâion  ,  &  des 
peines  qu-encouroient  ceux  qui 
les  frapoient  ou  les  injurioiènt: 
fieines  qui  écotent  ^bffib-enres  fi 
l'Archonte  avoit  fa  couronne ,  ou 
n'avoit  point   fa  couronne   lorf* 

2a'on  Favoit  outragé  ;  de  là  M. 
lorfini  paflè  au  détail  des  difi£« 
tentes  fondions  des  Archontes, 
il  prouve  qu'ils  formoient  feuls  ue 
Tribunal  particulier.  Les  Archon- 
tes en  fortant  de  Charge  »  (i  leur 
^wfatiiniftration  avoit  été  (ans  reprob> 
iffae^âr  après  en  avoir  rendu  un 
^compte  fidèle  ,  étoient  admis  au 
«IMmbfO  det  Aféopagîteii  k  jouK 


où  les  Archontes  hors  de  Charges 
prepoient  féance  pour  la  preraiéro 
fois  dans  TAréopage  ^  fait  le  fujec 
de  pluûeurs  articles  de  cetce  DiC; 
fertatlon* 

Il  s  eleve  encore  ici  une  quelHon 
aflèzcurieufe^ils'a^t  de  Içavoîrfi 
le  même  honMna  qui  avoir  été  uae 
fois  Archonte  ,  &  qui  de  TArchon- 
lat  étoit  pafïe  dans  l^Aréopage^ 
pouvoic  de  nouveau  ctre  élu  Ar*- 
chonte ,  &  exercer  cette  Chargej 
on  fent  aOez  de  qoeUe  iniporcance 
peut  être  cecre  queftion ,  pour  i'afi. 
furer  fi  c*eft  le  même  homme,  oii 
deux  hotnoies  diifërens  que  l'oa 
trouve  fous  le  même  nom  dans  tip 
Jifte  des  Archontes.  M.  Corfinî 
aprèti  bien  des  raifonnemens  pour 
Se  coorre ,  (è  détermine  à  la  lia  poiir 
l'adirmanve»  &  il  paroU  que  c'eft 
iuT  des  preuves.fort  vraifemblablesî 
il  fâuc  convenir  cependant  queCur 
m  point  d'érudition  »  les  ancleqs 
sous  foumiflent  peu  de  lumières. 

Notre  Auteur  fix-e  Tépoque  c^ 
l'çtabUiTemeai  &  de  Fe^tiaâioi^ 


tofS  Jêumml  des  S^âvanx , 
àt$  Prêtres  des  Sauveurs  dont  nous 
avons  déjà  parlé  j  après  ces  Prccres 
les  neuf  Archontes  gouvernèrent  de 
nouveau  la  République;  &  même 
fous  la  domitiation  des  Romains , 
ces  Magîftrats  continuèrent  tou» 

£'  ïurs  d'être  élus  »  mm  on  conçoit 
ien  que  leur  autorité  étoit  fort 
•fcornée  »  &  que  leur  éleâîon  n'é^ 
toit  pas  tout-à-fait  libre.  Enfin 
vers  le  quatrième  fiécle  de  l*Eglife  , 
la  dignité  d'Archonte  s'éteignit 
'touc-à*fait ,  au  moins  on  en  perd 
ia  trace;  depuis  quelques  fiécles la 
'dignité  de  Srraiége  ou  Général  d' Ar- 
i«€née»  étoit  la  première  des  Ma^* 
^ftratures  à  Atliénes. 

MeurGus ,  Sigonius ,  Se  plufieurs 
'autres  Auteurs ,  ont  dit  tout  ce  qui 
■|)euc  regarder  les  Stratèges ,  &  ont 
'j^arlé  des  vidnitudes  que  cette 
*  ^Charge  éprouva.  M.  Corhni  y  ren- 
I  >oye  fe^  Lefteurs ,  &  fe  contente 
hde  relever  les  erreurs  ou  les  man- 
Lques  d'exaâitudes  dans  lefquels  ces 
I  Ëcfivains  peuvent-étre  tombés* 

i    HISTOIRE 


Jmn  x748r  '      Î057 

HISTOIRE    GENERALE 

des  Voyages ,  depuis  le  XV^.  fiicle^ 
&c.  Livres  Xl\  &  XII^*  conte'^ 
nant  la  defcription  du  Royaume  de 
Bénin    &  divers   voyages    aux, 

^  Royaumes  de  Loango  ,  de  Congo  , 
£  Angola  ^de  Benguela  &  des  Pays 

.  voifins.  A  Paris ,  chez  Didot  ,  : 
Libraire  »  à  la  Bible  d'Or ,  i»« 
4^.  pp.  145^. 

ON  a  publié  en  divers  temps 
plufieurs  voyages  au  Royau- 
me de  Bénin  »  mais  nos  Auteurs 
ne  les  ont  pas  tous  juges  dignes 
d'entrer  dans  ce  Recueil.  Ils  ont 
cru  nç  devoir  s'attacher  qu'à  ceujc, 
3UÎ  font  çonnoittg  Tinter ieur   du 


.'i  O  ^  8  J^ttrhdl  des  Sçavans^ 
CoUeftion  de  Bry.  Elle  eft  moins 
Fouvrage  d'Artus  que  celui  d'un 
HoUandois ,  qui  avoit  fait  le  voya- 
ge de  la  Côte  d'Or ,  &  qui  nUivoit 
rien  écrit  que  fur  le  témoignage 
de  fes  propres  yeux.  Elle  fut  d'à* 
bord  compofée  en  Hdlandois.  Lei! 
Allemands  la  traduifîrent  audîtôc 
en  leur  langue ,  &  c'eft  cette  tra- 
duâion  qu'Artus  a  mife  en  Latin; 
comme  le  nom  de  TAûteur  ne  {)a« 
roit  ni  dans  l'original  »  ni  dans  les 
deux  traduâions ,  c'ed  fous  le  nom 
d'Artus  qu'on  publie  ici  les  parti, 
cularités  contenues  dans  cette  re- 
lation. 

On  eft  redevable  de  la  relation 
de  Van^Nyandael ,  à  Bofman  »  qui 
Ta  inférée  dans  fa  defcription  de 
la  Gôte  d'Or.  Elle  mérite  d'autant 
plus  l'attention  des  Ledeurs,  que 
Bofman  excellent  Critique  en  ma^ 
tiére  de  voyages ,  l'a  regardée  com* 
me  le  monument  le  plus  fidèle  & 
le  plus  autentique  que  nous  ayoDf 
touchant  le  Royaume  de  6enin« 
Dâppeu  fie  Barbot  ont  donné  çbsh 


Juin  1748.  ro59 
€un  une  defcription  de  cette  par- 
tie de  la  Guinée .  maïs  ces  deux 
Auteurs  n'ayant  pas  vu  par  eux- 
mêmes  les  chofes  qu'ils  rappor«- 

k*eiit ,  ne  doivent  être  regardés 
que  comme  des  Hiftoriens  Géo* 
graphes.  8t  leurs  ouvrages  ne  font 
^proprement  que  des  recueils  des 
ubfervations  d  autrui.  Comme  ils 

f^'ont  point  eu  Tun  &  l'autre  aflez 
^'attention  &  de  bonne  foi  pour 
citer  les  relations,  d'où  ils  ont  em- 
j)runté  leurs  récits  ,  nos  Auteurs 
ffi'ont  fait  ufage  de  leurs  écrits  qu'a- 
|irec  beaucoup  de  précautions ,  8c 
|îls  n'ont  cru  devoir  fe  fervir  de 
peur  témoignage,  que  lorfquils 
ti'ont  trouvé  appuyé  de  celui  de 
quelque  voyageur* 

Ces  obfervations  de  nos  Compi- 
lateurs ,  &  les  précautions  qu'ils 
^^ prennent  pour  ne  rien  avancer  qui 
Hue  foit  attedé  par  des  Auteurs  dî- 
B^es  de  foi ,  doivent  nous  préve* 
Hutr  en  faveur  de  ce  recueil.  La 
ycomparairon ,  qu'ils  ont  faite  des 
^iiîaeates  Relations ,  les  ai  toiê.  X 


'lo^o  Jût&nal  des  Sçavans  j 

J portée  de  diftinguer  le  vrai  du 
aux ,  de  rejetter  les  récits  fabiU- 
ïeux,  &  de  redrefler  les  Voyageurs 
niêmes ,  lorfque ,  ou  par  défaut  de 
lumières ,  ou  par  trop  de  précipi^ 
ration  ,  ils  ont  rapporté  fur  la  foi 
d'autrui  des  obfervations  peu  exa- 
âes,  ou  qu'ils  fe  font  trompés  dans 
leurs  propres  remarques.  » 

Artus  &  Nyandael  repréfentent 
Bénin  Capitale  du  Royaume  de 
ce  nom  comme  une  grande  Ville 
bien  bâtie  ,  policée  ,  &  remplie 
d*habitans  doux ,  civils ,  ennemis 
de  la  violence  ,  &  juftes  à  l'égard 
des  Etrangers.  Bien  différens  des 
autres  Ncgres  de  la  Côte  d'Or, 
^ue  l'avarice,  l'inclination  pour  le 
vol ,  &  l'importunité  à  demander 
tout  ce  qui  peut  être  l'objet  de 
leurs  defirs ,  rendent  odieux  &  in«- 
fupportables ,  ceux  de  Bénin  font  fi 
généreux  qu'on  ne  fçauroit  leur 
taire  un  préfent ,  qu'ils  ne  le  renf 
dent  au  double  ;  fi  on  leur  démant- 
elé quelque  chofe  qui  leur  apparw 
icieni^e  »  il  eft  rare  <}u*iU  U  r^ 


Juin  1748*  lotfr 

^fertt,  quoiqu'ils  en  ayent  befoin, 
^ux-mémes*  Ils  font  nabiles  dans 
jjes  affaires ,  &  fort  attachés  à  leurs 
tjiciens  ufages  ;  en  fe  prccanr  un 
peu  à  leurs  principes  ,  il  eft  aifé  de 
>mpofer  avec  eux  dans  toutes  for- 
ces de   commerce.    Leurs   habits 
iTont  riches  de  parans  ;  &  le  goût 
le  la  bonne  chère  eft  commun  à 
3utela  Nation.  Les  Riches n'épar-, 
jnent  rien  pour  leurs  tables  ,  le 
3œuf,  le  mouton,  la  volaille  font 
^urs  mets  ordinaires  ;  &  la  pou- 
re  ou  la  farine  d'igname  bouillie 
Feau ,  ou  cuite  fous  la  cendre 
'leuf  compofe  une  efpéce  de  paîn. 
Ils  fe  traitent  fouvcnt  les  uns  les 
lutres  »  ôc  les  reftes  de  leurs  feftins 
>nr  diftribuls  aux  Pauvres. 
.   La  pluralité  des  femmes   n'eft" 
pas  moins  établie  dans  le  Royau- 
me de  Bénin  ,  que  dans  routes  les 
jti^s  parties  de  TAfrlcjuc.    Les 
acuités  du  mari  pour  les  entrete- 
nir 5  en  règlent  feules  le  nombre, 
'^oin  de  faire  un  crime  aux  fem- 
""mes  de  porter  deux  enfans ,  com- 

ïyij 


ïO^i  Journal  des  HçavâHs; 
me  dans  le  Royaume  d'Ardra  ^  l^ 
naiflance  de  deux  Jumeaux  pafTe 
ici  pour  un  heureux  augure.  Le 
Roy  en  eft  informé.  II  ordonne  des 
réjouiflfances  publiques  au  fon  des 
inftrumens ,  &  pour  ménager  une 
femme  fi  chère  à  l'Etat ,  on  donne 
à  l'un  des  deux  enfans  une  nour* 
rice ,  qui  eft  ordinairement  la  mère 
4e  quelqu'autre  enfant  mort.  Ce- 
pendant le  même  Roy ,  qui  eft  ca- 
pable d'une  conduite  fi  lage  à  Be* 
nin ,  laifie  fubfifter  dans  la  ville 
d'Arobo  une  pratique  fort  oppo- 
fee.  Les  Habitans  de  ce  lieu  onc 
l'ufage  d'égorger  une  mère ,  qui 
met  au  monde  deux  enfans  d^une 
même  couche.  Ils  la  facrifient  elle 
&  fes  deux  fruits  à  l'honneur  d'un 
certain  Démon  qui  habite  un  bois 
voifin  de  la  Ville.  A  la  rérité  le 
mari  eft  libre  de  racheter  fa  fem- 
me ,  en  offi-ant  une  Efclave  i  fa 
})Iace  ^  maïs  les  enfans  font  immo* 
es  fans  pitié.  Dans  le  temps  que 
Van-Nyandael  étoit  à  Arobo  »  cet« 
teioi  commencoit  à  faire  tant  d'im^ 


Juin  1748.        lotfy 

jrelîîon  fur  les  m^ris ,  que  »  dans 
groflefle  de  leurs  femmes  ,  la 
blûpart  les  éloignoient  &  les  en* 
foyolent  accoucrier  dam  un  autre 
pays ,  d  où  cet  Aureur  crut  pou- 
jroir  conclure ,  que  ces  inhumauL-^ 
es  touchoient  à  leur  fin* 

Un  autre  ufage  exrrémemenc 
pruel ,  c'eft  ce  qui  fe  pratîcjue  aux 
funéraîUes  des  Rois  ae  Bénin.  Un 
loy  n  a  pas  plutôt  rendu  le  der-p 
^ier  foupir  ,  qu'on  ouvre  près  du 
?alaîs  une  fort  grande  folTe  ;  c'eft 
ine  efpéce  de  puits  ,  qui  n'a  de 
largeur  que  par  le  fond,  rentré© 
fen  eft  allez  étroite  pour  être  bou- 
chée facilement  par  une  grande 
rpierre.  On  y  jette  d  abord  le  corps 
]du  Roy.  Enfuite  on  y  précipite  ua 
[grand  norabre  de  fes  Domeftlques 
l^e  lun  &  de  lautre  fexe ;  après 
Tcette  première  exécution  ,  on  bon* 
che  louverture  du  puits ,  à  la  vue 
d'une  foule   de  peuple  ,  que  la 
Uuriotité  retient  nuît  &  jour  dans 
[je  même  lieu.  Le  jour  fuivant  oti 
svela pierre,  &  quelques  Officiers 


deftinésà  cet  emploi  baiÔent  M 
tête  vers  le  fond  du  trou ,  pour 
demandera  ceux  qu'on  y  a  préci- 
pités ,  s'ils  ont  rencontré  le  Roy, 
Au  moindre  cri  que  ces  malheu** 
reox  peuvent  faire  entendre  on  re- 
bouche le  puits  i  &  le  lendemain 
en  recommence  la  même  cérémo- 
nie ,  qui  fe  renouvelle  encore  les 
jours  luivans  ,  jufqu'à  ce  que  le 
bruit  ceflànt  dans  la  foflè  »  on  ne 
doute  plus  que  toutes  les  viâimes 
se  foient  mortes. 

Après  cette  afFreufe  exécution,^ 
le  premier  Miniftre  d'Ëtat  en  v^i 
rendre  compte  au  fucceflèur  du 
Roy  mort ,  qui  fe  tranfporte  auflî- 
tôt  fur  le  bord  du  puits ,  &  Tayant 
fait  fermer  en  (a  préfence,  corn-* 
mande  qu'on  apporte  fur  la  pierre 
toutes  fortes  de  viandes  &  de  li* 

Tueurs  pour  traiter  le  peuple. 
Chacun  boit  &  mange  abondam<* 
ment  jufqu  a  la  nuit.  Enfuite  cette 
multitude  de  gens  échauifés^par  le 
vin ,  parcourt  toutes  les  rues  de  la 
yillc  en  commettant  les  derniers 


Juin  1748,  lùSf 
iiéfordres.  Elle  tue  tout  ce  <^u'eUc 
f  rencontre  ^  hommes  &  bétes  i  elle 
leur  coupe  la  léte,  &  porte  les 
corps  au  puits  Sépiilchral  ^  où  eOs 
ks  précipite  comme  une  nouvelle 
offi^ande  »  que  la  Nation  fait  à  foa 
Roy. 

Si  des  ufages  fi  barbares  don- 
nent une  idée  peu  avantageufe  de 
cette  nation  Négre ,  on  efl  forcé 
d'ailleurs  de  reflimer  par  rapport 
I  une  infinité  detabliflemens,  cjui 
ne  refpirent  que  la  douceur  &; 
rhumaniîé.  Le  Roy  j  les  Grands  & 
les  Gouverneurs  de  Provinces  ^ 
font  fubfifter  les  Pauvres  dans  leS 
voies  de  leur  demeure ,  employent: 
à  divers  exercices ^  ceux  que  iëge 
bc  la  fanté  rendent  propres  au  tra-? 
[  vaîl ,  &  nourriHent  gratuitement 
I  les  vieillards  &  les  malades»  Auflî 
ne  voie-on  pas  de  Mendians  dans 
le  Pays.  La  libéralité  eft  Une  vertijL 
commune  à  toute  la  Nation*  Les 
Habita ns  fe  font  des  préfens  mu- 
taels.  Us  envoyent  aux  Européent 
des  rafraiclùiremens  çn>bot\da.a<;^  ^ 


ÏO(rrf  Journal  des  Sçâvans;^ 
&  fouvent  au  dépens  de  leur  pro^ 
pre  commodité,  qui  ne  leur  per-^ 
Hiet  pas toujouTS^  d'être  fi  généreuj^ 
Au  refte  >  quelques  richeflès  qu'ils 
ayent  acquifes ,  ils  sefForcent  de 
ks  cacher  fous  une  apparence  de 
iimplicité  y  dans  ta  crainte  que  le 
Roy  ou  le  Gouverneur ,  ne  fefai- 
£fle  de  leurs  effets»  Cette  raifoQ 
ies  oblige  auflî  de  fe  traiter  en-^ 
tr*eux  avec  beaucoup  de  politeflè  , 
pour  ôter  à  leurs  voiGns  la  penfée 
de  les  accufer. 

Tous  les  Efclaves  mâles  qui  fer» 
vent ,  ou  qui  fe  vendent  dans  le 
Pays ,  font  étrangers  ;  ou  fi  queU 
<ques  Habitâns  (ont  condamnés  à 
Tefclavage  pour  leurs  crimes,  il  eft 
défendu  de  les  vendre  pour  le 
tranfport.  La  Tiberté  eft  un  privilè- 
ge naturel  de  la  Nation  auquel  le 
Roy  même  ne  donne  jamais  d'at-r 
^ûte.  Chaque  particulier  fe  qua-* 
Me  d'efclave  de  TEtat  ;  mais  cette 
qtraHté  n'emporte  pas  d'autre  dé- 
pendance que  celle  de  tous  les  peo» 
^es  libres  à  l'égard  de  leur  Fna» 


Juin  1748»  10^7 
e  &  de  leur  Patrie.  Les  femmes 
oujours  humiliées  &  maltraitées 
n  Afrique  ,  font  feules  excep- 
ces  d'une  loi  fi  favorable  aux 
ommes  ^  &  peuvent  être  vendues 
tranfportées  au  gré  de  leurs 
aris. 

La  Religion  &  la  forme  du 

ouvernement,  font  à  peu  près  les 

émes  dans  le  Royaume  de  Be-i 

in  t  que  dans  ceux  d'Ardra  6c  de 

Juida,  dont  nous  avons  parié  dans 

les  Journaux  précédens*  Le  Régne 

"es  Fétiches  eft  ici  établi  comme 

[iir  toute  la  Côte  d*Or. 

Après  cette  defcrip tien  du  Royau» 

e  de  Bénin  ,  nos  Auteurs  conti* 

ueni  à  décrire  la  même  Côte  jut 

u'âu  Cap  LopêsConfalvo,  Ilsrap^ 

•ortent  les   voyages  de  Jacques 

iarboc  &  de  Jean  Grazilhier  aa 

iouveau  Kalabar ,  à  Bandi  &  à 

ono« 

Jacques  Barbot  étoîc  frère  de 

ean  Barbot  ,  Voyageur  célèbre 

par  fa  defcription  de  la  Guinée, 

pu  les  Auteurs  de  ce  recueil  a^oat 

ïyvj 


tha  Journal  dès  Sçavani9 
pas  cefTé  de  puifer  jufqu'icî ,  commd 
dans  une  des  meilleures  fources^ 
Exeiré  par  cet  exemple  domefti- 
^ue,  Jacques  Barbot. entreprit  un 
Woyage  maritime  ,  avec  k  qualité 
de  Supercargo  fur  une  frégate 
Angloife  nommée  Y  Albion.  L'ob- 
jet particulier  de  fon  voyage  éroit 
le  nouveau  Kalabar ,  rivière  de  là 
Côte  Méridionale  d'Africjue,  que 
les  Portugais  nomment  Rio  Real. 
Jean  Graziihier  quipartagepit  avec 
lui  I  office  de  Supercargo  raccom- 
pagna dans  toutes  fes  courfès ,  &  il 
écrivit  ks  propres  obfervations , 
qui  furent  enfuite  augmentées  dans 
quatre  voyages  qu'il  fit  fucceffive-- 
ment  aux  mêmes  lieux.  Elles  font 
fidèlement  rapportées  dans  ce  re- 
cueil ,  &  nos  Auteurs  obfervent 
que  les  Cartes  dont  ces  Voyageurs 
ont  enrichi  leurs  Relations  ,  furent 
compofées  par  d'habiles  Pilotes 
dans  les  pays  mêmes  dont  elles  re- 
préfentent  la  fituation ,  &  que  ,  fi* 
leurs  Auteurs  n'ont  pas  toujours 
À'âraillé  fur  le  témoignage  de  leurt^ 


Juin  1748.  loS^ 

Jîmpres  yeux,  ils  ont  du  moins 
fconfulté  foigneufement  les  Nègres 
[Bans  les  occafions  ,  où  les  autres 
[fecours  leur  ont  manque» 

La  Côte  depuis  Rio  Formo(a, 
ifqu'au  Cap  Lopès  Confalvo,dont 
\  on  trouve  la  defcription  dans  le 
[XL.  Livre  de  ce  Recueil ,  a  envî- 
tron  80  lieoes  d'étendue.  Elle  con- 
tient plufieurs  grandes  rivières ,  SC 
[Cntr'autres  le  vieux  &  le  noureau 
iKalabar  ,  où  les  Européens  vonC 
ifaire  le  commerce  des  Efclaveï. 
Iles  Auteurs  de  ce  recueil  ont  rat 
Mcmblé  avec  beaucoup  de  foin  tout 
j  ce  que  les  differens  Voyageurs  nous 
[apprennent  de  curieux  ,  touchant 
les  mœurs ,  les  ufages^  le  gouver- 
lliement  èc  fa  religion  des  peupbs  » 
l^ui  habitent  cette  Côte  ;  ils  ne  font 
Ipas  moins  exafts  à  nous  înftruffe 
Ide  ce  qui  regarde  la  nature  du 
[climat^  les  produÔions  dek terre, 
rhîftoire  naturelle  en  général. 
iNous  y  avons  remarqué  plufieurs 
Ichofes  très- dignes  de  la  curiofilé' 
^de  nos  Leâems^  miis  Les  bq^t^^^ 


Ç^ofQ  Jûwrmd  des  Sçévans  l 
qui  nous  ibnc  prefcrites  ne  nous 
permettent  pas  de  les  rapporter^ 
Nous  nous  contenterons  donc 
de  donner  ici  une  légère  idée  des 
voyages  au  Royaume  de  Congo  & 
d'Angola .  qui  compofent  le  XII% 
Livre.  Ils  font  au  nombre  de  cinq^^ 
Le  premier  eft  d'Edouard  Lopez , 
(ompofé  &  publié  en  1585^,  par 
Philippe  Pigafetta,  Après  avoir 
pafle  plufîeurs  années  au  Royau* 
me  de  Congo  ,  Lopez  avoit  été 
envoyé  par  le  Roy  de  cette  con- 
trée avec  la  qualité  d'Ambafladeur  » 
au  Pape  &  au  Roy  d'Efpagne  pour 
implorer  leurs  fecours  contre  fes 
ennemis  ,  &  leur  demander  des 
Miffionnaires  &  des  Prêtres.  Les 
infiances  de  Lopez  eurent  peu  de 
fMCcès  à  la  Cour  de  Madrid.  Il  fe 
rendit  à  Rome  »  où  Ton  AmbafTade 
ne  fut  pas  plus  heureufe.  Mais  à 
la  follicitation  dH  Antonio  Migliore^ 
Evéque  de  San-Marco  ,  il  mit  le 
rçcueil  de  fes  voyages  entre  les 
mains  de  Pigafetta ,  &  il  donna  de 
9ive  voix  toutes  ks  explications^ 


Juin  174J.  î<>7# 

gm  pouvoient  augmenter  leur  uti- 
lité. Quoiqu'il  eut  écrit  fes  mémoU 
jes  en  Portugais ,  Pigaferta  qui 
étoit  Italien ,  prit  le  parti  de  les  pu- 
blier dans  fa  propre  langue.  Quel- 
ques années  après  ,  Hackluit  Au-n 
teurd'un  &meux  recueil  de  Voya^ 
ges^  fit  traduire  en  Anglois  Toa-. 
trage  de  Pîgafetta  par  Abrahaiq 
Hartiren»  Les  mémoH-ef  de  Lo- 
pex  furent  traduits  dans  la  fuite 
en  Latin  par  AMg^ftin^CajfîQdûrm 
Meinius ,  &  places  par  de  Bry  à  I^ 
tête  de  fa  coUedion  de  voyages. 

Nos  Auteurs  remarquent,  queji 
i;ommeIes  Pays  dont  parle  Lopez, 
renferment  la  moitié  de  rAfrique^ 
il  eft  à  préfumer  qu'ils  ont  étfc 
décrits  la  plupart  fur  le  témoigna-, 
ge  d'autrui  ;  car  il  ne  paroit  paas 
que  Lopez  eut  pris  lui-même  1^ 
peine  de  les  parcourir.  Ils  obfer-. 
^ent  encore  »  qu'il  y  a  peu  d'Ordrei 
dans  cette  Relation  »  &  comme 
Hartirell  a  prétendu  que  Piga- 
fetia  écoit  fuffifamment  excufé  par- 
te confuIîoB  %vi  f égaaii  ààm  k$, 


ttb/ar  JoHfifal'iej  Sçavans^ 
mémoires  de  Lopez  ,  ils  ne  fe* 
contentent  pas  de  cette  raifon, 
ils  prétendent  que  lorfque  ce  Tra- 
duâeur  Italien ,  divifoit  l'ouvrage 
en  livres  &  en  chapitres ,  il  devoit 
ibntir  que  la  méthode  n'étoit  pas 
moins  néceflaire  dans  le  fonds  des" 
matières.  Enfin  le  ftyle  ne  leur 
(laroit  pas  moins  mériter  d'être 
cenfuré ,  par  Ténnuyeux  excès  des 
figures  »  &  par  une  vaine  affeâa* 
tîon  d'éloquence ,  foit  que  ce  dé- 
fcut  vienne  de  l'Auteur  ,  foit  que 
le  reproche  ne  doive  tomber  que 
filr  la  traduâion. 
t.  Le  fécond  voyage  à  Congo; 
rapporté  dans  le  douzième  Livre , 
cft  celui  d'André  Battel ,  Anglois 
de  Nation  ,  homme  de  jugement 
&  d'honneur  ,  dont  la  Relation 
porte  tous  les .  caraâéres  de  la 
vérité.  Purchas,  Auteur  d'un  re- 
cueil *de  voyages ,  l'avoit  connu 
particulièrement.  Ils  avoient  mê- 
me travaillé  de  concert  à  rédiger 
fcs  mémoires.  Tout  ce  qui  s'y 
Srouvoic  de  douteu}{;  ou  d'x>bfcur. 


K 


Jmn  1748,         ï^7$ 

kVôit  été  foîgneufement  eGlaifci 
dans  leurs  converfations.  Les  An- 
gle is  font  d'aïuant  plus  d'eftime 
de  cette  Relation  >  qu'outre  qu'eU 
le  a  le  raérite  de  la  fidélité  ,  c'eft 
Ja  première  de  leur  Nation  ,  où 
Ton  trouve  des  éclaircilTemens  fuï 
les  Royaumes  de  Coiigo  &  d'An- 
gola- Baccel  fortit  de  la  Tamife 
e  10   d* Avril  de  Tannée    1585?* 
[1  fut  pris  par  les  Portugais  fur 
i  Côte  de  Brefil ,  &  de  là  con- 
juît  à  Congo  ,   où  il  vécut  ptu- 
Jeurs  années  dans  Tétat  d'un  pri- 
fonnier*  Ce  ne  fut  qu'à  l'occafion 
ie  la  guerre  *  <jii'il  obtînt  la  liber- 
té. On  le  fie  Sergent  d'une  corn- 
fagnie.  Il  accompagna  Dora  Ma- 
luel  Sylveira  Pereira  ,  Gouver-p 
leur  de  S.  Paul  pour  le  Roy  d'Ef- 
tagnci  dans  une  expédition  que 
i^e  Général  fit  contre  le  Royaume 
VAngola,  à  la  tête  de  huit  mille 
^orrugais ,  &  de  quinze  mille  Né- 
res.  Les  aventures  finguliéres  de 
iaael ,  rendent  fon  Journal  extre- 
lement  cuxieux,  11  nous  apprend 


ce  que  c'écoit  aue  les  laggas  »  Ntî 
tton  belliquçufe  ,  qui  avoic  parw 
couru  une  grande  partie  de  l'A^ 
firique  Méridionale ,  portant  la  ter« 
reur  &  la  défolation  dans  tous  les 
Royaumes  qu'elle  vouloît  rava«» 
ger.  L'envie  dfes'échaper  des  mains 
des  Portugais ,  &  de  trouver  uno 
occaGon  de  retourner  en  fa  Patrie, 
détermina  Battel  à  (è  joindre  aux 
laggas*  Il  les  fuivit  pendant  (îx 
mois.  Il  fut  employé  dans  leurs 
combats  &  leurs  expéditions.  Il 
repréfente  les  laggas  comme  un 
peuple  Ântropofage ,  qui  fe  nour« 
rit  de  la  chair  des  ennemis  qu'il  a 
tués ,  ou  fait  prifonniers  dans  U 
guerre» 

Le  troifiéme  voyage  contenu 
dans  le  douzième  Livre ,  eft  celui 
de  Michael  Ângelo  de  Gattina» 
^  de  Denis  Carli  de  Piacenza 
au  Royaume  de  Congo.  Ces  deux. 
Voyageurs  étoient  des  Miflîonnai- 
res  Capucins  ;  Angelo  mourut  dans 
le  Royaume  de  Congo  ,  après 
fvolr  écrit  en   Europe   diverfes 


Jsêîn  1748.  loyft 
res  l  dont  on  tira  la  partie 
cette  Relatian  qui  lui  appar- 
Itient.  Carlî  étant  retourné  dans 
fa  Patrie  ,  continua  louvrage  que 
fon  aflbcié  avoit  commencé  ,  &  le 

Îïublia  dans  un  même  volume  ea 
angue  Italienne-    Enfuîte  il  fut 
traduit  en  François  &  publié  à 
"^.yon  en  i58o,  fous  le  titre  de 
VMilations  mrieufes  &  nouvelles  d'um 
Iwùjagf  de  C^ngo*  L'air  de  fimpli^ 
icité  &  de  bonne  foi,  mii  régne 

lans  cet  ouvrage ,  le  met  a  couvert 
tous  les  foupçons  peu  fâvora^ 

îles  aux  Voyageurs. 
Les  Journaux  d'Angela  &  de 
iCarli  ,  ne  contiennent  prefqu'au-» 
Itre  chofe  ,  que  leurs  travaux  Apo» 
ifioliques  »  &  la  defcription  de  Té- 
ItabliOement  des  Mîiïionnaires*  Si 
ha  leflrure  en  eft  édifiante  par  le 
[ïéle  des  Minières  de  FEvangUe 
I  qu*el]e  repréfenre  ,  eî!e  n'eft  pas 
[moins  confolante  par  le  récit  des 
[fuccès  de  leurs  prédications ,  &  par 
[la  docilité  des  Nègres  à  embrafler 

&  à  fuivre  la  Doârine  de  JeCus^ 

Chrift, 


ip7^  JourfUl  desS'çAéins  y 
;  Le  quatrième  voyage  eft  celui  de^ 
Jérôme  Mérolla.  C'eft  de  l'Auteur 
tnéme  «  qu'on  apprend  I  objet  & 
Iteccafion  de  fon  voyage.  Il  raconte 
dans  fa  Préface  ,  que  François  di 
JHonteleone  >  Capucin  de  la  Provîn- 
€&  de  Sardaigne  ,  ayant  formé  le 

Gojet  d'exercer  fon  zélé  dans  la 
iflîon  de  Congo ,  adreffa  fa  de- 
mande à  la  Congrégation  de  pro^ 
paganda  fide.  Il  obtint  en  même 
temps  la  permiflîon  de  prendre  le 
Père  Jérôme  MéroUa  de  Sorrento^ 
pour  lui  fervir  de  Compagnon.  A 
ion  retour ,  Mérolla  publia  cette 
Relation,  qui  eft,  dit-il,  un  recueil 
court  &  imparfait  defes  remarques* 
Mais  il  aflure  le  Leâeur ,  qu'il  a 
toujours  eu  la  bonne  foi  pour  gui- 
de &  la  vérité  pour  régie  ,  furtouc 
dans  les  chofes  qu'il  a  rapportées 
d'après  le  témoignage  de  fes  pro- 
pres yeux.  Mais  fi  la  bonne  foi  pa- 
loit  lenfiblement  dans  la  Relation 
de  ce  Millionnaire ,  on  y  voit  en 
même  temps  certains  détails  tou* 
shaoc  les  Sorciers  de  Congo  »  qu'on 


I  Juin  1748*         ^07^ 

I    -tic  peut  s'empêcher  d^attribuer  \ , 
f     l'ignorance  ou  à  U  chaleur  d'un 
zélé  aveugle. 

Le  cinquième  voyage  eft  de  Jac-^ 
fques  Barbot ,  fils  de  Jacques  &ne* 
veu  de  Jean  ,  dont  nous  avons  e«  j 
occafion  de  parler.  U  ne  fuç  pas  pli^ 
tôt  fort!  de  Tenfance  ,  q\i*ouvranït  1 
Jes  yeux  fur  les  exemples  que  lui  f 
a  voient  donné  fon  père  &  Ion  oûnl 
de ,  U  fe  propofa  d'acquérir  de  la'l 
gloire  j  6c  de  faire  fortune  par  1^' 
mêmes  voyes.  Sa  Relation  contient* 
un  grand  nombre   de  remarqufsy 
uriles  fur  le  commerce  &  la  navi-r'l 
garion  de  TAfrique. 

^SSEMB  LE*E      P  VSLl^  UM] 

delà S&Cîité  Royale  des  Stienceâ^ 
tenue  dans   U  grande  Saile    4^ 
l^ Hôtel  de  yilU  de  M&ntpelljer*^  ' 
en  prejènce  des  Etats  de  la  Pro^ 
i/ince  de  Languedoc  ^  ie  %z  I}f^A 
cembre  174^.   A  Montpellier^! 
3}   de  rimprimçrie  de  Jean  Martel  jJ 
Imprimeur  du  Roy ,  des  Erat?1 
,   Cçfiçraii:^  d^  Languedoc  ^   §1 


L 


^07^     Journal  des  Sç^ans  l 
de  la  focieté  Rovale  des  Sdai^ 
ces,  1747.  Brocnure  i/r-4?.  de 
11^.  pp. 

ELLE  commence  par  Teloge  dd 
Monfieur  Jean-Bapnfte  0-Bre« 
iian  Theudough  Duquetin.  L*idée 
•qu'on  nous  donne  du  mérite  de  ce 
feune  Académicien,  nous  engage 
ide  le  faire  connoîcre  de  nos  Le- 
<âeurs ,  &  de  leur  faire  partager  la 
fregret  de  fa  mort,  arrivée  à  Tâge 
de  trente^quatre  ans  ,  le  1 5  ^nà 

On  nous  le  fait  voir  d'abord 
flatté  des  fuccès  qu'il  avoit  eus  dans 
fes  études ,  s'appliquant  aux  Belles- 
Xettres  fous  la  dîreâion  particu- 
lière de  M.  Rollin ,  fans  négliger 
f  étude  des  Mathématiques  ,  vers 
lefquelles  fon  goût  le  porta  entie« 
Yement.  En  173  5 ,  il  vint  à  MonN 
pollier  à  deffein  d*y  étudier  la  Me- 
.decîne,  dont  fon  tempérament 
âflfpibli  par  le  travail  lui  rendoit 
'  r^tude  perfonnellement  utile  ;  mais 
|Jl£4t2wdQDQa  voyant  ^ue  te  Geçt? 


Juin  1748»  ïo7J^ 

metne  ne  pouvoit  fervîr  à  lui  aj>- 
planir  les  difficultés  de  la  pratique,^ 
11  fe  retourna  donc  entieremeHt  du 
côté  des  Mathématiques ,  quil  en^ 
{eigna  avec  diftinâion ,  &  où  il  for* 
ma  des  élevés  illuÛres.  La  reputa* 
tionquil  s'étoit  faite  d*en  polTéder 
toutes  les  parties ,  fit  rechercher  fa 
connoiflance  par  le  Prince  Délia 
Torella  ,  pour  lors  Ambafladeur 
du  Roy  des  deux  Sicîles  à  la  Cour 
d'Efpagne  j  où  ce  Prince  le  mena  g! 
&  où ,  fila  mort  ne  Teut  prévenu ,  il 
auroir  fait  la  fortune  de  M-  Duque- 
tin.  C*eft  là  que  ce  dernier  forma 
Une  étroite  liaifon  avec  M.  leCâT^ 
dinal  Valenti. 

Il  a  donné  à  l 'Académie  de  Mont^ 
pellier  un  grand  nombre  de  mej 
moires  fur  differens  ftijets  très-înte-* 
ireflaos  de  Mathématiques  &  do 
Phyfique ,  &  cùmpofé  un  traité  da 
fortifications  qu'il  a  achevé  quel-* 
que  temps  avant  fa  mort,  II  en  a 
laifle  imparfait  un  autre  fur  la  poufc 
fée  des  terres  &  la  force  des  revetc^j 
jnens ,  où  il  va  plus  loin  quçfeu M4 
^oppler. 


t|o8o  JôUYfTMl  des  SçStfMS , 
.  La  Pnyfîque  etok  un  delaflê* 
ment  agréable  qu'il  (è  permetcoit 
quelquefois.  Il  avolc  même  formé 
]p  plan  d  un  fyftême  qui  embraflfoic 
toute  la  nature  »  &  la  lumière  etoit  ^ 
ÛXon  lui ,  l'agent  principal  dont  elle 
1a  fervoit  poiu*  ooqxqï  toutes  fes 
merveilles.  Au  reue  il  preferoit  \^ 
Phjrfique  expérimentale  à  b  fyAe^ 
joatique. 

.  Sa  .capacité  connue  des  Etats  da 
^Languedoc  Ta .  fait  charger  par 
eux  de  plufîeurs  travaux  neceUai- 
res  à  la  fureté  de  la  Province ,  & 
Ibn  ardeur  à  remplir  fes  devoirs , 
jui  a  fait  epuifer  en  cette  occa(jpa 
le  refte  de  fes  forces. 
.'  Outre  les  ouvrages  dont  nous 
çivons  parlé ,  il  a  compofé  plufîeurs 
traités  élémentaires  fur  diverfes  par* 
ties  des  Mathématiques  ;  on  nous 
fiutefperer  qu'ils  pourront  paroître 
un  jour ,  &  on  nous  les  annonce 
ço!;Dme  dignes  du  fuffrage  des  Sça« 
9»ns. 

^    Le  (econd  morceau  de  notre  ou* 
Ijri^e  eft  up  mémoire  de  M,  TAb^ 


Juin  1748*  io8t 

bé  de  Sauvages  fur  le  vicriol  d*A' 
lab.  Il  contient  beaucoup  de  de^ 
tails  très-curieux,  8c  qui  ne  peu^ 
vent  manquer  d'interefTer  les  ama* 
teurs  de  THiftoire  naturelle.  II  eft 
divifé  en  trois  articles,  dont  le  pre- 
mier, qui  contient  la  defcription 
de  l'attelier ,  des  vaifleaux  &  autres 
uflenciles  dont  on  fe  fert  dans  les 
fabriques  de  vitriol  ^  n'eft  point 
fufcepcible  d'extrait.  Il  n'en  eft 
pas  de  même  du  fécond,  où  on 
explique  la  manière  de  procéder  à 
la  fabrique  du  vitnol  &  de  la  cou« 
perofe, 

Elle  confifte  dans  quatre,  opera^ 
lions  principales  ,  la  calcination,' 
la  lertive  ^  revaporation  &  la  cry^ 
fiallifation. 

La  calcination  fe  fait  £n  expo- 
lant  (implement  pendant  un  temps 
fuffifant  dans  une  aire  difpofée  pour 
cet  effets  les  marcaffites  vitrioli- 
ques  à  Tair ,  au  foleil ,  &  à  la  pluie. 
Ils  s V  gerfent ,  &  fe  reduifent  en 
poumere,  il  sV  forme  de  petits  cri-, 
flaux  longs  ^  plaocs ,  bnllans  ^  ^ 


I 


I  o8 1  Joumd  des  Sçavans , 
tranfparens ,  qui  font  une  preuré 
que  la  calcination  efl;  fuffifante. 

Cette  mine  ainfi  préparée  >  &  oa*^ 
▼erte ,  fe  porte  (Uns  les  lavoirs ,  où 
on  la  verie  fans  la  fouler  ,  &  Ton 
en  met  un  pied  ic  demi.  On  fait 
couler  Teau  dans  le  lavoir  à  la  hau-* 
teurd'un  pied,  fi  la  mine  eft  char- 

{^ée  de  fel  )  on  remue  la  terre  une 
ois  par  jour  »  &  quand  l'eau  eft 
fuffifamment  empreinte  de  (èls,  ce 
ou'on  connoit  parce  qu'un  œuf 
mis  fumage  &  fe  couche  fpr  lo 
côté ,  on  lai0e  couler  la  le/five  dans 
le  ruifeau  couvert ,  où  fe  fait  la  pre* 
cîpitationd'uAe  terre  jaunâtre,  qui 
JaifTe  furnager  une  eau  lympide  ; 
laquelle  a  un  œil  verd  un  peu  foncé* 
La  ledîve  étant  fuififamment  re- 

Sodé,  on  fait  tourner  les  robinets 
u  ruiffeau  couvert.  Ils  font  au* 
deflusdes  chaudières.  Ces  chaudie*^ 
res  font  de  plomb.  On  les  chauflfo 
è  grand  feu ,  les  rempliflânt  à  me- 
fbre  que  l*evaporation  fè  fait  »  d^ 
crainte  que  les  bords  ne  fe  foo« 
èooi^  âc  oaçoDQQitcyui«  laiçiSTf 


Juin  1748*  to8} 

cft  aflez  CHue  »  lorfqu'en  deux  ou 
trois  minutes  un  peu  de  cette  lef^ 
five  prife  avec  delà  croûte  qui  s'eft 
formée  deffus  fe  congelé  fur  un 
marbre  où  on  Ta  verfé. 

On  vuide  alors  la  chaudiereavec 
des  poêlons ,  &  l'on  porte  la  leflîve 
dans  les  congeUirs  ,  y  mettant  de 
Feau  mère  du  vitriol.  La  liqueur 
en  fe  refroIdi/Tant  laiflè  precipU 
ter  au  fond  un  limon  qui  enrraîng 
avec  lui  les  fels  les  plus  groffiers , 
lefquels  forment  une  croûte  com-i 

Sïoféedecriftaux  de  différente  grof- 
eur  ,  qu'on  nomme  cûHperùf\  Elle 
ne  diffère  du  vitriol  que  parce  qu'il 
cft  plus  fin  &  d'une  couleur  plus 
vive. 

Le  vitriol  (è  cryftallifeaux  parois 
des  congeloirs  ,  &  a  des  rameaux 
que  l'on  jette  dans  ces  vaiiïeaux  » 
pour  que  les  fels  qui  ne  peuvent 
gagner  les  parois  puiflent  s  y  atta- 
cher. Cinq  jours  fuffifent  pour  que 
Ja  cryftalUfation  foît  parfaite.  Ou 
'--  rk^  alors  la  couperofe,  on  la 
^aumême  qui  fumage; 
^  Zzii 


1084   Journal  des  Sçétvans  ; 
&  on  la  met  fecher  dans  un  maga<» 
fin  propre ,  (èc ,  &  où  le  foleil  ni 
le  grand  air,  ne  pénètre  point.  On 
en  tait  de  même  du  vitriol. 

Cette  eau  qui  ne  s'eft  point  chan« 
gée  en  criftaux  fe  nomme  ean  mère. 
On  la  dépure  foigneufement  par 
)a  refidence ,  &  on  la  jette  dans  les 
congeloirs ,  où  elle  fert  de  levain 
pour  perfedionner  les  cryftaux ,  8c 
pour  commencer  &  hâter  la  cry- 
ilallifation ,  qui  fans  ce  fecours  le- 
roit  tardive,  &  très- imparfaite.  Pat 
ions  au  troiHeme  article ,  qui  con^ 
tient  des  obfervations  fur  les  mines 
&  lesmarcaflites  vitrioliques ,  fur  U 
nature ,  Tufage ,  &  le  commerce  du 
vitriol  &  de  la  couperofe. 

M.  l'Abbé  de  Sauvages  le  com- 
mence par  l'indication  des  fignes 
qui  font  connoître  que  la  terre 
recelle  une  mine  de  vitriol  ferru^ 
gineux,  ou  cuivreux,  Lespremie* 
yes  fe  trouvent  plus  aifément ,  par- 
ce qu'elles  font  plus  fuperficieUes  » 
au  lieu  que  les  autres ,  étant  profon^ 
^ri»ent()40$Uterre,y  demewrçnt. 


Juin  1748-  Iô8j' 

fouvent  cachées  jufqu'à  ce  qu'un© 
fouille  fortuite,  une  ravine,  ou  re-^ 
boulemenc  des  terres  ^  ks  mette  à 
découvert.  Deux  des  carafteres 
aufqueîs  on  rifque  moios  de  fe  me* 

f>rendre  »  font  le  goût  des  eaux  qui 
burdent ,  &  la  découverte  de  la 
g.w^ii€.  Les  eaux    vitrioliques  fe 
^connoiflenc  ai  fé  ment  au  goût  dont 
Jles  affefteot  la  langue,  &  la  gan- 
gue j  qui  fe  trouve  plus  commu- 
nément dans  les  mines  de  vitriol 
Hfcuivreux  ,  eft  une  pierre  [par heufi  ^ 
^TQolle,  blanchâtre,  brillante,  très- 
pefante  »  le  plus  fou  vent  pofce  de 
champ ,  &  difpofée  par  filom  épais 
d'un  ou  deux  pouces ,  qui  viennent 
aboutir  hors  de  la  terre.  Cette  pler- 
'   re  efl   non   feulement  un  indice 
'  '  de  Texiftence  de  la  mine  vitrioU- 
que  ,  mais  elle  aide  à  fuivre  les  dé- 
tours de  fes  labyrinthes. 

La  marcaflite  du  vitriol ,  nom- 
mée aufifî  Pyrite,  eft  une  pierre 
métallique  imprégnée  de  fels  vitrio- 
liques auxquels  le  métal  fert  de 
matrice ,  ât  ce  métal  eft  to\ï\o\xt<\a 


10^6  Jowmal  des  SçavMSi 
fer  ouïe  cuivre.  Elle  confient  auiS 
beaucoup  de  foufiPre  combuflible  ; 
mais  il  eft  très-difficile  d'en  tirer 
une  petite  quantité  de  métal  par 
la  fufion. 

Le  vitriol ,  ou  la  couperofe ,  eft 
un  fei  minerai  compofé  d'un  acide 
&  d'une  terre  métallique  corpori- 
fiés  par  une  grande  quantité  d'eau , 
laquelle  s'évapore  fur  les  charbons 
ardens  fans  fufer  ni  pétiller ,  &  lai& 
fe  une  terre  blanchâtre  &  opaque; 
qui  n'eft  autre  chofe  qu'un  (el  hxe, 
lequel  contient  peu  d'acide.  Ce  fef 
a  de  l'odeur ,  &  c'eft  celle  qui  fort 
âe  l'encre.  Li.v.iaeus  prétend  que 
fes  plus  petites  parties  fenfibles  ont 
une  figure  rhomboïde  dodécaèdre. 
Son  acide  eft  le  plus  puiflTant  de  la 
nature.  Il  agît  non  feulement  fur  le 
fer  &  le  cuivre ,  mais  fur  les  étoffes  ; 
&  c'eft  en  perçant  d'une  infinité  de 
trous  les  fils  dont  elles  font  tiffues , 
que  le  vitriol  eft  d'un  fi  grand  ufage 
dans  la  teinture  ,  furtout  noire  ou 
grife.  Mais  comme  ce  fel  continue 
d'agir  j  ufqu'à  ce  c^u'Vl  ew  ak  été  en- 


Juin  Î748.  1087^ 

^i ,  îl  efl:  aifé  de  concevoir  qu*il 
Jetruit  les  étoffes ,  à  moîns  cju'el* 
[les  ne  foient  bien  dégorgées.  Les 
jTeinturiers,  qui prennentpeu  dln* 
Iterêt  à  leur  conlervation  ,  fe  con- 
entent  pour  cet  effet  de  les  laver 
|dans  les  rivières  5    mais  T Auteur 
|?oudroir  ^  d'après  fes  expériences  » 
ju'on  les  dégorgeât  dans  Teau  tie- 
fde  au  fortir  de  la  chaudière ,  & 
|u'on  renouvellât  Teau  jufqu'à  ce 
ju'elle  fortît  claire  ;  ou  du  moins 
ju*on  attendit  Fêté  pour  faire  les 
EÎntures  où  Ton  employé  le  vi- 
triol ,  parce  que  la  chaleur  de  cette 
faifon  ren  droit  Teau  des  rivières 

tplus  pénétrante. 
f  H  ne  fera  pas  auflî  aifô  à  F  Au- 
teur de  convertir  les  Teinturiers 
fur  cet  article  ^  qu'il  lui  eft  ailé  de 
prouver  combien  on  a  tort  de  né- 
gliger de  travailler  les  mines  de  vi- 
triol qui  font  en  France ,  &  notam-» 
ment  dans  le  Languedoc,  Cette 
négligence  eft  caufe  qu'on  eft  obli-* 
ge  de  s'y  fervir  du  vitriol  d'Angle* 
terre,  ce  qui  produira  ce  RuYayL- 


^t 688  JoHfHdl  des  Sçavâns ; 
me  un  tribut  annuel  très-confîdc-? 
rable ,  à  en  juger  par  la  confomma^ 
tion  qui  s'en  fait  dans  la  feule 
Ville  d'Alais ,  où  il  s*en  confom- 
me  tous  les  ans  pour  plus  de  2500 
liv.  Il  efl;  aifé  de  concevoir  que 
cette  négligence  caufe  au  Royau« 
me  un  double  déûivantage  ;  elle 
l'appauvrit  d'un  côté  >  &  de  l'autre 
elle  enrichit  les  Etrangers. 

Il  y  a  plufieurs  mines  de  vitriol 
aux  environs  d'Alais.  Les  deux 
principales  font  celles  du  Pin  tC 
celles  des  Fonts  ^iyjî  mérite  la  pre-* 
ference .  parce  que  la  couperofe 
de  la  première  eft  mêlée  de  beau- 
coup d'alun.  L'Auteur  y  apprit 
que  la  tête  morte  des  marcaifites 
vitrioliques  pouvoir  encore  avoir 
fon  utilité  ,  puifqu'il  eft  potlible 
d'en  feparer  un  fouffre  combu- 
fiible ,  dont  on  forme  des  mag^ 
daleons. 

Le  mémoire  contient  bien  d'au- 
tres particularités  qu'on  y  lira  fans 
doute  avec  plaifîr  »  &  notamment 
la  defcription  de  la  grotte  de  to 


Juin  1748*  1089 
mine  des  Fonts.  Mais  il  ne  nous 
eft  pas  poIÏÏble  de  fuivre  l'Auteur 
dans  tous  les  détails,  Paflbns  ati 
troKîeme  morceau  ;  il  eft  de  M» 
Al let ,  Dofteur  en  Médecine.  C'efl: 
un  mémoire  où  Ton  donne  les  dif- 
férences du  volume  ,  du  poids  , 
de  la  confidence,  &  de  l'arrange- 
ment ,  du  cerveau  de  l'iiomme , 
&  de  celui  de  pluCeurs  efpeces 
d'animaux  ,  avec  le  rapport  qui 
fe  trouve  entre  ces  différences  & 
k  diverfîté  de  leurs  exercices. 

Ce  mémoire  commence  par  des 
obfervations  fur  la  différente  ftru- 
Ôure  du  crâne  des  animaux  ,  re- 
lativement aux  fondions  aufcjuel- 
les  ils  font  deftinés*  L'Auteur  don- 
ne enfuire  la  divifion  de  ("on  ou- 
vrage ,  &  entre  en  matière  par 
fes  obfervations  fur  le  cerveau 
de  l'homme. 

Il  n'y  a  dans  tous  les  animaux 
qu'il  connoit  que  le  feul  Dauphia 
qui  ait  un  cerveau  dont  la  mafle 
proportionnelle  foit  égale  à  celle 
du  cerveau  de  Thomme  ,  qui  eft 

Z  %  ¥ 


'io^o  Journal  des  S çavaml 
dans  l'un  &  l'autre  à  peu  près  •— 
de  celle  du  corps.  M.  Arlet  don- 
nera dans  un  autre  mémoire  la 
raifon  de  cette  conformité.  En 
effet  un  beuf,  qui  pefe  quelquefois 
plus  de  huit  cens  »  n'a  qu'une  livre 
de  cerveau. 

Mais  d'où  vient  la  grofleur  de 
xelui  de  l'homme  î  On  ne  peut  Tat- 
tribuer  à  la  néceflité  de  former  des 
cfprits  pour  les  mouvemens  ani- 
maux ,  naturels ,  &  vitaux  »  puifque 
ces  mouvemens  lui  (ont  communs 
avec  les  animaux  ;  &  d'ailleurs  ces 
mouvemens  dépendent  prefque  en- 
tièrement des  nerfs  de  l'épine  ;  ce 
ne  peut  donc  être  que  l'étendue 
immenfe  des  objets  foumis  aux 
méditations  de  l'homme  qui  de« 
mande  cette  différence  de  volume; 
c'eft  ce  que  l'Auteur  prouve  par 
•repuifement  que  les  études  &  les 
paillons  violentes  caufent  dans  la 
machine  du  corps. 

Ces  reflexions  font  fuivîes  d'une 
table  des  rapports  de  la  mafle  du 


Juin  1748.  îôpr 

avec  celle  de  leur  cerveau.  Celle 
du  beuf  n'eft  <jue  ~^  »  du  veau 
que—,  du  renard  que  j-^, du 
Jlevre  que  ^tt  »  delamarthe  que 
j|-j ,  &c»  Nous  avons  dioifi  les 
difproportîons  les  plus  marquées , 

J)our  mieux  faire  connoître  la  pen- 
ëe  &  le  travail  de  TAuteur,  Aufli 
conclud-t'il  qu'on  ne  peut  établir 
aucune  règle  de  proportion  entre 
le  poids  &  la  mafle  du  cerveau  , 
&  celle  du  corps. 

Non  feulement  le  cerveau  des 
quadrupèdes  diffère  de  celui  de 
rhomme  par  fon  volume,  il  en  dif- 
fère encore  par  fon  arrangement  > 
le  cervelet  des  quadrupèdes  étant 
placé  autrement  qu'il  ne  Teft  dans 
rhomme»  Ces  différences  ne  fe  bor- 
nent pas  même  à  la  li  tuât  ion  &  au 
volume ,  la  moelle  epiniere  ,  qui 
n'en  eft  qu'un  prolongement,  n'en 
a  pas  de  moins  confiderables.  Les 
quadrupèdes  en  gênerai  en  ont 
plus  que  de  cerveau.  Les  volatils 
&  les  poiÛbns  beaucoup  moins  que 


I 


iôpl  Journal  âes  Sç^âns; 
de  cerveau.  La  raifon  qu'en  donne 
l'Auteur  eft  ^ue  la  moelle  epi- 
niere  ferc  principalement  à  fournir 
des  nerfs  au  col ,  aux  Jambes ,  aux 
ailes  des  volatils ,  &  aux  membres 
des  quadrupèdes  :  or  les  volatils 
font  peu  d'ufage  de  leurs  jambes  ; 
leur  vol  même  dépend  plutôt  de 
la  difpofition  de  leur  corps  &  de 
leurs  plumes  que  de  la  force  de 
leurs  ailes  ;  &  le  mouvement  des 
poiflbns  vient  de  leurs  queues  8c 
de  leurs  nageoires  ,  qui  fervent 
pourtant  moins  à  foutenir  leurs 
corps  qu'à  le  diriger- 

Un  troifieme  point  que  M.  Ar- 
îet  a  examiné  eft  la  confiftence 
du  cerveau  des  animaux  »  &  il  a 
trouvé  que  celui  de  l'homme  en 
avoit  le  plus.  Il  obferve  en  général 
que  plus  l'animal  eft  petit ,  moins 
ion  cerveau  a  de  confiftence. 

Le  cervelet  de  Thomme  lui  a 
aufli  paru  en  avoir  plus  que  celui 
des  autres  animaux  ,  mais  moins 
^ue  le  cerveau  de  l'homme  ;  ce 
^ui  prouve  ,  contre  le  fenùmeoc 


Jdn  1748.  109$ 

reçu  ^ue  fi  dans  l'apoplexie  le  mou- 
?ement  du  coeur  &  des  organes  de 
la  refpirarion ,  n'eft  point  fufpendu 
comme  l'exercice  des  organes  des 
fens ,  ce  n'eft  point  la  fermeté  du 
cervelet  qui  en  eft  la  caufe,  M. 
Arlet  promet  la  fuite  de  ce  mé-^ 
jBoire  dans  une  autre  occafion. 

On  trouve  en   quatrième  lieu 
l'extrait  d'un  mémoire  lu  par  M* 
fcouillet,  Dodeur  en  Médecine  de 
la  Faculté  de  Montpellier  »  Profef- 
leur  de  Mathématiques  à  BczieresV 
Aflbcié  libre  de  la  Société  Royale 
des  Sciences,  Nous  avons  parlé  de 
cet  Auteur  dans  pîufieurs  de  nos 
journaux    avec    les    diQindions 
Jqull  mérite.  Ce  mémoire  contient 
un  projet  d*obfervationspour  de-i 
:erminer  le  caraftere  &  le  traitem- 
ent des  maladies  aiguës ,  tant  op- 
inaires  qu'extraordinaires  dans  la 
rovince  de  Languedoc,  Une  def- 
'iptiùrt  fxaÛe  &  circ&nfl^mite  deâ 
alaJies  qui  y  régnent  ^  dît  M,  de 
atte.  Auteur  de  l'extrait»  ne  fe^ 
mi  pQim  étrangère  à  Chi^Qm  na* 


fkC94.  Jmmal  des  SçMons  ^ 
pérelU  de  cette  Province ,  &  le  dejSr 
de  contribuer  à  la  petfeSion  de  cet 
êmnrage  ,  entrepris  pour  U  Société 
Jioyale ,  eft  un  des  principaux  motifs 
fui  ont  animé  notre  Académicien. 

L'ouvrage  eft  terminé  par  lUi 
mémoire  de  M.  Haguenot ,  fur  le 
danger  des  inhumations  dans  les 
Eglifes.  La  longueur  de  notre  ex- 
trait nous  oblige  de  remettre  à  un 
autre  Journal  cet  article  interef- 
lant»  &  nous  le  faifons  d'autant 
plus  volontiers  que  nous  avons  de- 
couvert  depuis  peu  un  autre  écrit 
fur  la  même  matière ,  qui  mérite 
très-fort  l'attention  des  perfonnes 
chargées  de  veiller  à  la  mreté  pu« 
blique. 

j^ISTOII^E  GENERALE 

Jt Allemagne  parle  Père  Barre , 
Chanoine  Régulier  de  Sainte  Ge^ 
tieviéve  ,  &  Chancelier  de  l'Unim 
verfité  de  Paris ,  Tome  III.  qui 
comprend  les  régnes  depuis  l'aB 
^  S40  ^jufquUn  1059.  /W®.  pp. 
iipz%mncm^risiatabUaei\ 


Juin  1748.  109  f 

tîéris  ifui  efl  très-^mpie^  A  Paris^ 
rue  S*  Jacques  ,  chez  Charles^ 
Jean  -  Baptîfte  de  TEpine  ,  & 
Jean-Thomas  Hériflaot,  174s, 

E  P.  Barre  après  noiîï  avoùr 

montré  dans  le  tome  précé* 

lent  l'Empire  d'Occident  »  porté 

Charlemagne  à  fon  plus  hauC 

point  de  grandeur ,  nous  le  repré* 

lente  en  celui-ci  dans  un  état  bien 

différent.   II  s'étoit  fouteou  avec 

gloire  fous  le  régne  de  Louis  le 

débonnaire  ;  mais  fous  le  régne 

[de  fesenfans,  leurs  haines»  leum 

Iquerelles ,  &  plus  encore  les  par-? 

[tages  qu'ils  firent  entr'eux  des  Etats 

•de  f  Empire  ,  en  cauférent  infen&i 

blement  la  décadence, 

Louis  le  Débonnaire  laifla  troîf 
51s .  Lotiiaire  Roy  d'Italie,  qui  lui 
fucceda  en  qualité  d'Empereur  ^ 
tt-ouis  Roy  de  Bavière,  &  Charles, 
loy  d'Aquitaine  ^  connu  fous  le 
aom  de  Charles  le  Chauve.  Ces 
trois  Princes  comme  on  le  verra 
dans  cette  Hiftoite  «  ae  çii^t^i^^^aak 


ftop^  JourfiMl  des  Sçavéïnfl 
prefque  toujours  occupés  que  da 
<léfir  de  fê  fupplanter  ,  &  de  s'ag* 
grandir  aux  dépens  les  uns  des  au** 
xres»  ï>  Lothaire ,  dit  le  P.  Barre, 
»)  étoit  le  plus  rufé  de  tous.  Du 
»>  refte  c'étoit  un  de  ces  hommes 
f >  fiers  quand  on  lès  craint ,  timi* 
t»  des  lorfqu'on  leur  réfifte ,  &  rara- 
>»  pant  quand  on  les  menace  ;  ce 
•»n'étoit  point  un  efprit  ferme» 
>>  qui  fût  capable  d'imaginer  ou 
t>  de  conduire  un  grand  deflein  » 
^>  mais  un  caraâére  tourbe  &  léger» 
»»  qui  n'a  voit  point  de  bravoure, 
9>  moins  encore  de  probité* 

Prefque  toujours  malheureux 
dans  fes  projets  ambitieux  ,  qu'il 
formoit  contre  les  Etats  de  fe9||eux 
frères ,  il  perdit  contr'eux  une  fan- 

Î plante  bataille ,  &  n'ayant  trouvé 
on  falut  que  dans  la  (uite  ,  il  les 
rendit  par  fa  retraite  maîtres  de 
s^emparer  de  rÂuftrafie  &  de  la 
Bourgogne.  Il  eft  remarquable, 
qu'avant  d'en  prendre  poflèflion , 
ces  deux  Princes  eurent  recoitff 
J  rautQiité  des  £vêques» 


Juin  1748.  ïoj'^ 

On  voit  en  effet  ces  derniers  j 
après  un  examen  de  la  conduite  de 
Lothaire  ^  le  déclarer  décïiu  des 
droits  qu'il  avolt  fuc  ces  deux 
Etats  ,  demander  aux  deux  EoU 
s'ils  éroient  dans  la  réfolutîon  de 
les  gouverner  ,  non  fur  les  maxî* 
mes  de  Lothaire  j  mais  fuivant  les 
loLx  ;  &  après  qu'ils  s  y  furent  enga- 
ges ,  leur  parler  en  ces  termes, 
>\  Nms  vous  confeilhns ,  nous  vûmi 
t>  exhûrt^nSf  &  même  nous  vms  ^r- 
>î  donmns  par  l'autorité  Divine  ^  que 
ft  vous aç€tptie:^les  Royaumes d' Jium 
f%firafiâ  &  de  Bourgogne^  &  ^ue 
ȕ  vous  les  gouverniez,  fuivam  le  bofg 
%^  plaijir  de  Dieu,  Voilà  ,  dît  no- 

*|i  tre  Hiftorien  ,  un  exemple  bien 
|i  étonnant  de  rautorité  que   les 
i»  Evêquesde  ce  temps*Ià  s'attri- 
■k  buoient  du  confentement  même 
!^»  des    Souverains    qui    vpuloient 
%i  bien  les  regarder  comme  les  dif-» 
M  pÊiifateurs  des  Couronnes.  Mais 
fiau  refte  il  eft  aifé  de  remarquer 
ii  qu'ils  ne  (litoient  ainfi   lambi- 
»i  tion  des  Prélats  que  pour  facîs« 
faire  la  leur  proçie. 


I 


^op%  Jotirnal  des  SçMansi 
^  Mais  on  voit  aufn  par  un  Ca- 

{titulaire  qui  nous  reffe  d'une  af« 
emblée  tenue  à  Jeutz  près  de 
jThionville  \  où  fe  trouva  l'Empe^ 
reur  Lothaire  avec  les  deux  Prin^ 
ces  fes  frères,  avec  lefquels  il  avoir 
fait  la  paix  ,  que  les  Êvêques  qui 
depuis  quelque  temps  avoient  e& 
fayé  d'ulurper  dans  les  affaires  d'E« 
tat  i  une  autorité  qui  ne  leur  appar« 
tenoit  pas ,  avoient  perdu  une  par« 
tie  de  celle  que  les  Conciles  leur 
donnoient  dans  le  gouvernemene 
deTEglife,  Trop  foibles  pour  £sdra 
obferver  les  anciens  Canons  >  ils 
D'ofoient  en  faire  de  nouveaux, 
dont  rinfraâion  n'auroit  pas  man« 
que  d'être  un  autre  fcandale  ;  ainfî 
leur  zélé  fe  bornoit  à  de  (impies 
exhortations  qui  étoient  prefque 
toujours  inutiles. 

Il  fecgbloit  pour  lors  que  toute 
la  Religion  fût  réduite  à  de  fîmples 
pratiques  extérieures  ,  &  qu'elles 
tinflent  lieu  de  toutes  les  vertus, 
C'eft  par  cette  raifon  que  Lothai* 
re  qui  o'avoit  pas  tardé  à  violer  les 


Juin  1748.  10$% 
traités  dont  nous  venons  de  parler  j 
fe  fentant  près  de  fa  fin  ^  prît  l'ha- 
bit de  Moine  dans  l'Abbaye  de 
Prum.  II  efperoit  pour  emprunter 
les  paroles  du  P.  Barre,  diminuer 
rhorreur  qu'on  auroit  de  fa  mé- 
moire ,  s*il  venoit  à  mourir  après 
avoir  donné  quelques  marques  de 
repentir  s  des  crimes  qu'il  avoit 
commis  \  n  dans  ces  temps  d1gno- 
II  rance ,  un  homme  qui  mouroic 
»t  dans  un  froc ,  ctoit  regardé  com- 
>ï  me  un  faint.  Ce  préjugé  étoit 
it  encore  confirmé  par  rattention 
fi  que  les  Moines  avoient  à  publier 
If  que  la  prife  de  leur  habit ,  étoit 
il  un  (econd  baptême,  &  qu'entrer 
«1  dans  un  Monaftére ,  c'etoit  dé- 
îï  pouiller  le  vieil  homme  U  revé- 
91  tir  le  nouveau,**  Lothaire  mou-^ 
rut  dans  la  6o^  année  de  fon  âge^ 
fîx  ou  fept  ans  après  avoir  pris  Tha- 
bit  de  Religieux,  n  Sa  pénitence 
ïf  quoique  courte  &  tardive  ^  fit 
if  oublier  à  bien  des  gens,  qu'il 
91  avoit  outragé  fon  père  delà  ma* 
*>  niérç  la  plus  indigne  ;  cillé  k&. 


fklOO  Journal  des  Scéti^Ms  ^ 
»9  Eglifes  »  rançonne  le  Qergé^^  îé 
9>  Nobleflè  &  le  Peuple  5  ravi  le 
»>  bien  de  fes  frères  &  caufé  la 
»>mort  d'une  infinité  d'hommes 
»  par  fes  guerres  injufles. 

Ce  Prince  laiffa  trois  fils  légitî* 
mes^  Louis  qui  eut  Tltalie  avec  le 
titre,  d'Empereur ,  Lothaîre  à  qui 
il  donna  le  Royaume  de  Lorraine» 
&  Charles  qu'il  conftitua  Roy  de 
Provence  ,  Etat  qui  comprenoit 
alors  le  Dauphiné ,  le  Lyonnois,  8C 
la  plus  grande  partie  de  la  Bous- 
gogne  transjuranne. 

Ce  partage  dont  Louîs  fut  mé- 
content ,  alluma  bientôt  le  feu  de 
la  difcorde  &  de  la  guerre  entre 
lui ,  fes  oncles ,  &  fe&  frères ,  8c 
auffi  d'étranges  révolutions  que 
l'Auteur  rapporte  avec  autant  d'e* 
xaditude  que  de  netteté. 

L'Empereur  Louis  IL  dît  le  Ger- 
manique ,  dont  le  réçne  fut  agi- 
té par  des  guerres  continuelles, 
p'ayant  point  laifle  d'enfans ,  le  P. 
Barre  décrit  par  quels  moyens 
jÇharles  le  Chauve  l'emporta  fuc 


^ton  oncle,  Louts  de  Germanie  « 
&  fur  le$  autres  Compé tireurs  <^ui 
âfpirolemàrEropire.Il  en  fut  pria* 
çipalement  redevable  au  Papç  Jean 
VI IL  qui  prie  fon  parti  »  &  qui  1© 
couronna  Empereur  avec  de  gran- 
des folemnitcs.  Mais  tandis  que  1@ 
Pontife  amufoit,  dit  notre  Hifto-i 
rien ,  la  vanité  du  Prince  par  la 
pompe  du  couronnement,  il  tiroit 
de  lui  tout  ce  qu'il  vouloit  i  U  lui 
perfuada  d*avoir  toujours  aupcès 
de  lui  un  Vicaire  du  S.  Siège  jdouj: 
Ijuger  toutes  les  grandes  affaires 
IJEccléfiaftiques ,  &  ce  titre  fut  don- 
Iné  à  r Archevêque  de  Sens  avec  ce- 
lui de  Primat  des  Gaules  &  àç  Ger- 
manie, 

Charles  attribua  encore  au  Pa-' 
pe  le  droit  de  choiCr  les  Empe- 
reurs *  &  de  les  couronner  uns 
avoir  égard  au  droit  du  fang  8c 
de  rhéréditç ,  ^  voulut  qu'on  ne 
comptât  les  années  de  leur  Empire^ 
que  du  jour  que  cette  cérçruoniQ 
auroit  été  faite  à  ftomç, 

Malgré  toute  h  faveur  de  J^aii 


Itxot    Journal  des  Sçavaffs ; 
iVIIL  ce  ne  fut  cependant ,  çomfM 
on  le  verra  dans  cette  hiftoire ,  que 

1>ar  la  force  des  armes  que  Char<« 
es  le  Chauve  vint  à  bout  de  fe  faire 
ireconnoltre  Empereur,  Maïs  le  plus 
redoutable  de  fes  rivaux ,  fut  tou^ 
jours  Louis ,  Roy  de  Germanie  a 
qui  il  difputoit  la  plus  grande  par*» 
tjifi  du  Royaume  de  Lorraine ,  dont 
ce  Prince  étoît  en  pofleffion.  Prêt 
2  donner  bataille  a  l'Empereur, 
comme  Loub  de  Germanie  fe  pi* 
<quoit  de  Religion ,  fans  en  connoi- 
tre  vraiment  Tefprit ,  ni  en  fuivrè 
les  maxin^es  »  ce  Prince  ordonna 
idans  fon  Camp  des  Prières ,  des 
ileûnes ,  &  d'autres  femblables  exer** 
cices  de  piété ,  pour  attirer  le  fe- 
Cours  de  Dieu  fur  fon  parti.  Il  fit 
plus ,  voulant  convaincre  les  peu* 
pies  delà  juftice  de  fon  Confeil, 
il  eut  recours  à  la  voye  des  trois 
«épreuves ,  de  l'eau  chaude ,  du  fer 
grouse ,  &  de  l'eau  froide.  Trente 
perlonnes  fe  préfentérent  pour  les 
i^ire  •  &  communièrent  toutes  de 
Iloaiad'ttnEvêque»  quienleui; 


^- 


jHiff  Ï743,         iiof 

Honnant  la    Communion  ,  leur 

wdrelTa  ces  paroles,  ^nele  Carps  ^ 

\ïiU  de  Dieu  vomfirvc  k  vousfair^ 

f&ftnahre  ta  vérité, 

La  Meffe  dite ,  le  même  Evêqua 
[après  avoir  fait  fur  eux  une  prière; 

Sue  notre  Auteur  rapporte,  choU 
t  au  hazard  dix  hommes  des  tren- 
Ite  pour  l'épreuve  de  l'eau  chaude  ; 
[après  les  avoir  revêtus  d'habits  Ec- 
cléGaftiques  ^  leur  avoir  fait  baifer 
le  Livre  des  Evangiles  &  la  Croix i} 
ce  Prélat  jetta  au  fonds  de  la  chauvi 
diére  dix  bagues  &  dix  pierres^ 
dont  chacune  étoit  pendue  à  un 
cordon.  Auilîtôt  les  dix  hommes 
enfoncèrent  les  bras  nuds  dans  la 
fchaudiére^  &  retirèrent  chacun  una 
feague  &  une  pierre,  fans  qu% 
parât  â  leurs  bras  aucune  marc^uQ 
de  brûlure. 

\  Dix  autres  hommes  choîfïs  pour 
îfépreuve  du  fer  rouge,  en  prirent 
fjpntre  leurs  mains  ^  &;  le  porterait 
avec  le  même  fucccs  lefpace  da 
^euf  pieds  ,  fui  vaut  la  coutume» 
f  ^uEu  les  d^  homni^s  ^ul  t^ 


1i%^4.  Journal  des  S çavéMti 
ftoient  pour  fubir  l'épreuve  de  Teâd 
firoîde ,  allèrent  tous  au  fonds  do 
la  cuve ,  ce  qui  marquoit  la  bonne 
caufe ,  au  lieu  que  Teau,  difoit-on, 
repoulToît  les  parjures  &  les  cri-* 
ininek. 

n  femble ,  dit  le  P.  Barre ,  qu'une 
chofe  fi  extraordinaire ,  faite  à  la 
YÛe  des  deux  armées,eût  du  toucher 
FEoipereur.  Mais  ce  Prince  n'en 
fit  que  rire .  attribuant  le  tout  à  des 
caufes  naturelles  ;  il  fe  repoCi  de 
f événement  de  la  bataille,  fur  U 
force  de  fes  troupes  beaucoup  j^ 
Hombreufes  que  celtes  de  fon  ne- 
▼eu.  Mais  (es  efpérances  furent 
trompées ,  fon  armée  fut  entière- 
ment défaite ,  lui-même  obligé  de 
prendre  la  fuite  du  côté  de  la  Meu- 
le, &  de  fe  réfugier  prefque  feul 
dans  le  Monaftére  de  S.  Lambert^ 
^  Charles  le  Chauve  ne  furvécuC 
pas  longtemps  à  fa  défaite,  &  ne 
tint  l'Empire  que  pendant  deux 
ans  :  M  (a  vie  avoit  été  mêlée  de 
»f  bien  &  de  mal ,  peu  de  vertus» 
Ml^iKOup  d'a0]d)itioa  qui  lui  fSu- 

wfoîç 


Juin  1748,  lïoj^ 

il Toit  enfreindre  toutes  les  Loix; 
C*eft  en  abrégé  ,  dit  le  P.  Barre  , 
tout  le  porrrait  qu'on  en  peut  faire. 
.Ce  fut  lui  qui  transféra  à  S,  Denis 
en  France,  la  Foire  qu'on  appelle 
le  Landi  ^  elle  fe  tenoit  du  temps 
de  Charlemagneà  Aix^a-ChapeU 
le,  où  Ton  prenoit  tous  les  ans  un 
lour  pour  montrer  aux  Pèlerins  les 
'Reliques  de  la  Chapelle  Impériale; 
&  parce  qu'on  indiquoît  folera- 
nellement  ce  jour  »  on  lui  don- 
^na  le  nom  d'indu,  du  mot  Latin 
indiElnm ,  d'où  s'eft  formé  par  cor- 

^l^ption  Landh 

I  Louis  le  Bègue ,  fils  de  Charles  le 
Chauve,  étoit  déjà  Roy  de  France, 
lorfqu'il  parvint  à  l'Empire,  cepen- 
dant la  plupart  des  Hiftoriens  > 
comme  le  P.  Barre  robferve  dans 
une  note ,  ne  lui  donnent  pas  la  qua- 
lité d'Empereur  >  les  uns  parce  que 
Carloman  fils  aîné  de  Louis  le  Ger-. 
manique,  lui  a  difputé  TEmpire; 
les  autres  parce  qu'il  n'a  pas  été 
couronné  à  Rome. 


i 


il  1 0(f    Journal  des  Sçavans  ; 

Louis  le  Bégiie  ne  fît  rien  d« 
mémorable  pendant  fon  régne  qui 
ne  fut  oue  de  dix-huîtinots  ;  Char« 
les  le  uros  qui  porta  aprjès  lui  I3 
Couronne  Impériale  «  acquit  enco» 
re  moins  de  gloire.  La  grande  éten-» 
due  des  Etats  dont  il  fc  trouvapoi^ 
fefleur  ,  ne  fervit  qu'à  faire  voîf 
fon  incapacité  &  ia  {oiblei&  de;foQ 
cfprit.  Un  traité  honteux  qu^it£t 
avec  les  Normands  qui  avaient  mis 
le  iiége  devant  Panis ,  ayant  achevé 
de  le  «rendre  méprUable ,  on  élut  à 
Î3L  place  Amoul  Duc  de  Carrafthre,^ 
&  fils  naturel  de  TEmpereur  Car^ 
loman ,  &  Charles leGrosfin  mdn$ 
dé  trois  joursrfé  vit  tellement  aban^ 
donné  de  tous  fes  Officiers,  qu'à 
peine  lui  refta-t'il  un  feul  domefti* 

Sue  pour  lefervir  ;  il  auroit  même» 
it-on ,  manqué  de  pain  pendant 
les  deux  mois,  &  non  les  dix  corn* 
me  le  dit  le  P,  Daniel ,  que  ce  Prin«« 
ipe  furvécut  à  cette  affreufedifgrace; 
Ç\  l'Archevieque  de  Mayence  n'a^ 
voit  pris  foin  de  iàiobiifi^oç^* 


Juin  T748,  Ï107 

Lesagicarions  auxquelles  Ârnoul 
[fut  expofc  pendant  tout  le  temps 
qu'il  pofleda  l'Empire  »  produîfi- 
f  etit  rindépendance  des  Grands  >  & 
une  infinité  d'autres  abus.  L'Au- 
teur entre  là-deffus  dans  un  détail 
très-curieux  &  très  inftrudif.  Cet 
Empereur  parut  fuccomber  fous 
le  poids  de  fa  dignité  %  »*  unique^ 
1)  ment  occupé  du  prefent ,  il  re- 
tî  gardoic  Tavenir  avec  une  indo- 
f  »  lence  qui  ne  lui  permettoit  pas 
»î  de  penfer  à  détruire»  ni  même  à 
r  diminuer  les  maux  de  l'Etat. 

Il  eut  pour  fuccefTeur  »  Louis  foîi 
feul  fils  légitime ,  &  dont  réleâion 
fut  long-temps  conteftée  ,  ce  qui 
replongea  TAUemagne  &  ritalie 
dans  de  nouveaux  troubles;  c'eft 
le  dernier  Prince  de  la  race  de  Char* 
lemâgne  qui  ait  gouverné  l'Empire 
d'Occident,  *»  Cet  Empire  ,  pour 
i>  emprunter  les  paroles  du  P.  Bar* 
il  re  ,  perdit  fa  confidération  avec 
»i  fon  bonheur ,  fous  les  enfans  de 
|ice  Prince.  La  dignité  Impériale 
  a  a  ij 


j 


1 1  o  8  Journal  des  Sçavdftf  ; 
»  ne  fut  plus  qu'un  titre  revêtu  69 
y}  pompe ,  rnais  dénué  d'autorité  ; 
99  elle  ne  donnoit  plusi  une  vérit^^.» 
99  ble  puiflance.Elle  s'honoroit  do 
99  la  Royauté  qui  lui  fervoit  d'ap- 

V  pui  »  Se,  n'honoroit  les  Rois  qu'à 
M  proportion  de  ce  qu'ils  étoienc 
99  par  l'étendue  des  Etats  qu'ils 
ij  podedoient  déjà  avant  leur  elç- 

V  âion  à  l'Empire. 

..  Charles  le  Simple ,  Roy  de  Fran»». 
çe^  Prince  du  Sang  de  Charlema-. 
gne ,  fe  mit  fur  les  rangs  pour  fuc- 
céder  à  i^uis  de  Germanie;  quel-*, 
ques  Seigneurs  de  Lorraine  le  fou- 
Kaitoient  ^  mais  la  foiblefle  de  foa 
efprit ,  &  la  jaloude  des  Seigneurs 
François  qui  craignoient  qu'il  ne 
devînt  trop  puiflànt  ,  mit  un  ob« 
flacle  infurmontable  à  Tes  préten* 
tions» 

.  Depuis  la  mort  de  Louis  IV. 
r^mpire  ou  le  Royaume  de  Ger^ 
manie ,  jqfque-là  comme  hérédi-^ 
taire  dans  la  racede  Çharlemagne, 
l^yiot  purement  élé&\(.  Uék&iw  ' 


Juin  1748;  irô^ 
:fe  faîfok  par  J*dfîènibléé  des  Sei* 
eurs ,  tant  Ecclé(iafticjues  cjue 
aies ,  auxquels  fe  joignoieiic  les 
Dep.ucés  des  grandes  Villes  qui  re- 
;préfentoient  le  Peuple.  Cette  ma^ 
"tïiére  d'élire  les  Empereurs ,  ou  les 
Hois  de  Gern\ânie  ,  a  duré  plu- 
lïeurs  fîécles.  Si  le  fils  fuccédoit  ait 
îPere ,  comme  on  le  voit  dans  les 
Othons  ,  on  avoit  toujours  recoure 
aux  fuffrages  des  Etats  ,  ce  qui 
Ii'empêchoit  pas  au(TÎ  qu'on  n*eûc 
beaucoup  d'égard  à  la  recomman- 
dation du  dernier  Empereur  ,  & 
même  à  la  parcntée  ,  qui  fut  tou- 
jours confidérée  dans  la  plûparC 
ides  Succefleurs  de  Henry  TOife* 
tleur. 

I  Le  P.  Barre  avertit  dans  une 
lliote  que  la  plupart  des  Hiftorienff 
modernes  donnent  à  Conrad  L  &  à' 
fon  Succefiêur  ,  Henry  de  Saxe,- 
[b  qualité  d'Empereur ^  contre  Tau- 
torité  des  anciens  qui  ne  leur  don- 
nent que  celle  de  Roy  de  Germa- 
S"  '  clare  cependant  que  pour 
A  a  a  iij 


pfio  JoumdiesSçéepans'; 
éviter  la  confufîon  ,  &  cohîotaiê^ 
ment  à  Tufage  moderne ,  &  à  la 
décifion  des  Etats  de  l'Empirp  fake 
eni;58&enij;9»il  nommera 
Empereurs -tous  les  Rois  de  Ger* 
manie ,  quoiqu'ils  n'ayent  été  ni 
Rois  dltalie ,  ni  couronnés  par 
le  Pape. 

Conrad  L  n'ayant  point  d'enfans» 
défigna  pour  fon  fucceflèur  Henry; 
Duc  de  Saxe ,  quoique  fon  mor« 
tel  ennemi  ;  mais  le  bien  de  l'Em^ 
pire  l'emporta  fur  fon  reflentimenc 

Î particulier,  &  même  fur  la  tendref« 
è  qu'il  avoit  pour  fon  frère ,  qu'il 
içavoit  n'être  ni  fi  agréaUe  à  ^ 
Sujets  «  ni  fi  capable  de  les  biea 
gouverner.  Le  P.  Barre  montre 

3ue  Conrad  ne  fut  pcnnt  trompé 
an$  les  efpérances  qu'il  avoit  con- 
çues de  Henry.  Cet  Empereur  fut. 
lurnommé  l'Oifeleur  »  parce  qu'il 
s'amufoit»  dit-on  »  à  prendre  des: 
oifeaux  >  lorfqu'on  lui  annonça  fon. 
4leâion. 
Un  Auteur  Allemand  fixeà  cett» 


Juin  Î748.  ïtï» 
ïledlon ,  ou  même  à  celle  de  Con- 
rad, ce  qu'on  appelle  OtpittiUtion^ 
c'efl-à^dire ,  Terpéce  de  concordat 
qui  fe  fait  ordinairement  entre 
TEmpereur  &  TEmpire  »  touchant: 
Fufage  que  TEmpereur  doit  faire 
de  fa  puiiTance.  Mais  notre  Hifto- 
rien  prétend,  que  cette  conjefture 
B'efl:  appuyée  d'aucun  ténnoîn  con- 
temporain. Il  croit  même  très-vrai* 
femolable  que  la  première  de  tou^ 
tes  les  Capitulations  propofées  au3fi 
r  Rois  des  Romains ,  ou  de  Germa-^ 
nie  I  eft  celle  que  Charles  V*  figna 
Jorfque  les  Eledeurs  lui  eurent  con- 
féré ces  titres.  Si  quelques  Ecrivains 
fOnt  parlé  de  Capitulations  anté- 
rieures à  ce  Prince ,  il  faut  lies  en* 
tendre  de  preftarions  de  fermens 
'^ue  les  Rois  éliis  proteroient  fim-. 
clément  de  bouche ,  f^wis  qu'Us,  ea 
sîgnaflent  aucun  aâe, 
j  L'Auteur  obferve  qu'à  la  céré- 
nionte  du  couronnement  d'Oihon , 
premier  fils  de  Henry  TOifeleur, 
i  Archevêque  qui  la  faifoit ,  mit  la 
A  a  a  iii  j 


tttl  Jowmdl  des  SçavâHî^ 
Couronne  fur  la  tête  du  Prince  J 
au  lieu  que  Charlemagne  en  aifîM 
Tant  Louis  le  Débonnaire  à  TEm-^. 
pire  »  fit  placer  la  Couronne  Impé- 
riale fur  TAutel ,  &  ordonha  à  ce 
Prince  d'aller  la  prendre  pour  s'ea 
couronner  lui-même.  Louis  le  Dé- 
bonnaire en  ufat  de  roêmeà  Tégard 
de  Ton  fils  aîné.  Et  on  a  prétendu 
que  ces  deux  Princes  avoient  vou-. 
]u  par  là ,  donner  à  entendre  qu'ils 
sie  tenoient  l'Empire  que  de  Dieu» 
du  droit  de  fucceffion  héréditaire, 
&  non  du  choix  des  Seigneurs  dt 
l'Empire  &  par  éleâion. 

Le  P.  Barre  dans  le  Portrait  quil 
sious  fait  de  l'Empereur  Othon, 
nous  le  repréfente  comme  un  des 
plus  grands  Princes  qui  ait  porté 
ce  titre.  Othon  deuxième,  (on  fils 
^u'il  avoit  aflbcié  à  l'Empire  »  &  faic 
couronner  en  cette  qualité  par  le 
Pape  Jean  XIIL  lui  luccéda. 
t  Ce  Prince  dans  la  vue  de  s'atta» 
cher  les  Prélats  du  Pays ,  &  de  lèi 
oppofer  aux  Ducs  &  aux  Comtes^ 


Juin  Î748, 


III5' 


'  îîont  la  puifTance  devenoît  trop 
redoutable  ^  érigea  diffcrens  Evê- 
chés  en  Principautés  Eccléfiafti- 
q'ues,  &  les  rendit  indépendante! 

_  de  tout  autre  Seigneur  que  des 
Empereurs,  Plufieurs  Villes  Epif- 
fcopales  qui  font  fur  les  bords  dtl 
Rhin ,  de  la  Meufe  ,  &  de  la  Mo- 
ïelle ,  furent  féparées  du  Duché  ou 
%\i  Royaume  de  Lorraine»  pour 
rétre  données  en  Seigneuries  aux 
H^êques  de  ces  Villes ,  fous  h  pro- 
iedion  des  Empereurs,  Ceft  par 
là,  ajoute^tll,  que  les  Archevê- 
^ques  de  Trêve  ,  de  Mayence  ,  & 

^IJue  les  Evéques  de  Metz ,  de  Straf- 
lïourg,  de  Spire,  &  tant  d'autres, 
ïbnt  devenus  des  Seigneurs  fi  puif- 

Les  Empereurs  exigeoîent  ce- 
pendant de  ces  Prélats  le  ferment 
y'obéiflknce.  Ces  fermens  étoienc 
►liges  &  tomboîent  au0i  bien  fur  la 
^Perfonne  que  fur  le  fief  du  VaflaL 
On  les  préroit  à  genoux .  nue  tcte , 
J^s  mains  joimes  dans  celle  du  Sel-, 
Aaa  V 


II 14  Joumd  des  SçMMi'l 
gneur.  Mais  les  Evêques  ne  leur, 
xendoienc  fouvent  cet  hommage, 
qu'avec  une  extrême  répugnance  :. 
9»eft-il  jufte,  difoient-ilSy  ^ue  de» 
^  mains  qui  ont  été  confacrées  par 
91  une  OniStion  célefte ,  &  oue  te 
9»  langue  des  Evêques.  qui  efl:  de^ 
9>  venue  la  clef  du  Ciel ,  loient  pro- 
9>  fanées  par  des  fermens  qui  ne^ 
9»  conviennent  tout  au  plus  qu'à  de$i 
tp  Laïcs. 

Cependant ,  dit  jucUcieufemenr 
le  P.  Barre ,  ils  dévoient  avoir  d'au-^ 
tant  moins  de  peine  à  faire  ces  fer- 
mens )  qu'eux-mêmes  en  couron-^ 
liant  leurs  Souverains ,  prenoient 
grand  foin  de  leur  faire  jurer  qu'ils 
cpnferveroient  tous  les  privilèges 
de  leurs  Eglifes.  Il  eft  vrai ,  comma 
en  rimagine  aifément  ,  que  d'un 
autre  côté  les  Empereurs  mettoienc 
tout  en  ufàge  pour  fe  difpenfes 
d'un  ferment ,  oui  fuppofoit  qu'on 
les  croyoit  capaoles  de  menfongev 
de  fraude  &  de  perfidie. 

Nous  remarquerons  en  paflant» 


__  Juin  Î74S.  ïiij 

^fOthon  deuxième  ayant  appris 
«jue  les  Italiens  ne  faifbient  aucune 
difficulté  de  commettre  des  parju- 
î:es  ,  défendit  que  Ton  crût  per- 
fonne  en  Italie  fur  fon  ferment,  & 
jqu'il  ordonna  en  même  temps  que 
toutes  les  conteftations  ^  dans  lef- 
«juelles  le  droit  des  parties  ne  pour- 
roît  être  fuffifamment  prouvé,  fe^ 
îroient  décidées  par  le  duel. 

Les  limites  dans  lefquelles  nouff 
, Tommes  renfermée,  ne  nous  per- 
,  ïnettent  point  de  nous  arrêter  fur 
rhiftoire  des  trois  derniers  Empe- 
reurs ,  par  lefquels  finit  ce  volume  : 
fçavoir  Othon  III*  furnommé  l'En- 
;:fant,  le  Beau ,  le  Miracle  ,  &  la 
/Mefveille  du  monde  ;  Henry  IIv 
dit  le  Saint ,  TApotre  des  Hon* 
grois  ,  le  père  des  Religieux,  ap- 
pelle aufll  le  Boiteux  ;  &  Conrad 
IL  dit  le  Salique  ,  nom  ,  dont  le 
P-  Barre  avoue  qu'il  eft  aflez  dif- 
ficile de  marquer  l'origine. 

Pour  s'acquitter   de  la  parole 

^u'il  avait  donnée  de  renvoyer  i 

Aaavj 


des  diflertatîons  particulières»  cer-i 
tains  points  de  critique  y  qui  em- 
baraflent  les  Sçayans,  il  nous  don- 
ne à  la  fin  de  ce  volume,  &  pour 
]a  page  1780  ,  une  Diflèrtacioçt 
jtrès-fça vante  &  très  curieufe ,  fur 
les  noms  &  les  titres  de  Çipir  Aurr 
guflc^  d'Empereur ,  &  fur  la  Cou^ 
jonne  Impériale  que  quelques  Em- 

4)ereurs  ont  reçue  à  Rome*  Il  y 
ait  voir  contre  plufieurs  Ecrivains 
d'Italie  ,  qu'il  n*eft  pas  vrai  que 
l'Empereur  tire  toute  fon  autorité 
de  ce  couronnement ,  &  que  c'eft 
jfans  fondement  que  ces  mêmes  Au- 
teurs ont  foutenu  que  Léon  III. 
en  couronnant  Charlemagne ,  lui 
^voit  transféré  l'Empire  d'Occi^ 
dent,  aprè$  en  avoir  dépouillé  les 
Grecs, 


Juin  Î745.         lîlf 


I 


iA  NVEL  PBfLOSOFHU 
.Que  ^  ou  t  Précis  Umverjil  dss 
\Sdemes  ^  i/olume  in^i%*  S^S 
pa^es,  A  LUle  ,  chez  Antoine- 
Jofeph  Panckoucke  ;  &  fe  vend 
à  Paris  ,  chez  Etienne  Savoye, 
rue  S,  Jacques,  à  rEfpérance. 

tA  Préface  de  cet  ouvrage  doiv- 
ne  une  idée  aflez  parfaite  àa 
defleîn  de  T Auteur  5  U  a  cru  ren* 
dre  fenrice  au  Public  en  lui  pré- 
fentant  le  précis  d'une  infinité  de 
orol  urnes, 

f    Ce  font  des  définirions  exaâes 

Ues   diverfes   matières  que  TAu- 

*teur a  rafTemblees  dans  un  feul  vo^ 

Jume  ;  on  s'eft  borné  à  ne  don-^ 

iper  Que  Textrait  le  plus  abrégé 

^es  chofes  dont  le  public  veut  être 

quelquefois  inftruit ,  fans  l'étudier 

dune   manière   profonde  ,    mais 

très    fuperficielle.    Cet    ouvrage 

^eur  pafler  avec  raifon  pour   ua 

Ipiâionnaire  »  c'efl  miù  que  l'Au* 


H t i 8  Jotthfdt ierSçavafU  i 
tteur  le  qualifie  ;  cependant  les  artî-i 
des  en  font  liés  ;  de  manière  qu'une 
peHbone  médiocrement  inftruite 
peut  fe  rappeller  plufiemvdes  cho- 
ies (ju'^lle  aura  apprifes.  D  eft  donc 
Trai  que  le  Sçavant  &  l'Ignorant 
fiV  apprendront  rien ,  mais  il  y  a  un 
iniiieu ,  &  un  Maître  habile  peut 
s*en  fervir  comme  de  canevas, 
pour  expliquer  chaque  partie  qull 
auroît  foin  d'étendre  ,  d'augmeih- 
ter  ,  &  de  déveloper  fuivant  là 
portée  de  Tefprit  auquel  il  auroft 
wt  faire. 

L'Auteur  paroit  s'être  propoft 
'de  donner  un  cours  de  Philofo- 
Ij^îe  ;  il  commence  par  un  pré- 
cis de  la  Logique  qui  renferme 
Une  douzaine  de  pages  ;  ce  font 
dttq  ou  Cx  définitions  ,  comme 
ce  que  c'eft  qu'idée  »  ce  qu'on 
tntend  'par  jugement ,  par  raifoiy- 
xiement ,  méthode,  &c.  La  Meta- 
l^iyfique  eft  encore  un  peu  plus 
courte  que  la  Logique.  Les  Ma^ 
tfiémacî(|ue$  font  un  peu  plus  étcut 


mSr         Jmn  i  ^48.  1 1  %^ 

Hues,  quoicjuetrès-abregées,  elles 
contiennent  environ  une  centaine 
de  pages  î  il  eft  vrai  que  TA  ut  eut 
a  traité  de  l'Algèbre  j  de  TArithnié- 
tîque ,  de  la  Géométrie ,  &  même 
de  la  Trigonométrie  ;  il  eft  vrai 
encore  que  parmi  le  grand  nom-» 
bre  de  propofitions  élémentaire» 
de  la  Géométrie ,  on  peut  les  ré- 
(dutre  à  une  douzaine  qui  font 
cflèntielles  pour  opérer  fur  le  ter- 
rein  ,  ce  font  à  peu  près  celles-là 
que  l'Auteur  a  choiOes^  &quUla 
démontrées- 

La  Phyfique  fuit  les  Mathémar^ 
r  tiques  &  eft  traitée  de  la  même  ma- 
'  iiiére.  On  n*y  explique  pas  chaque 
I  partie,  maison  la  définit^  &  om 
k  rapporte  quelques  expériences.  Les 
^écaniques  qui  renferment  laSta^ 
itiqae  ,  rHydroftatique ,  la  pdTan^ 
jeteur  de  l'air  font  iramédiateraetic 
.après  la  Phyfique,  Avant  les  parties 
We  rOptique,  de  la  Dioptrique^ 
•  &  de  la  Catoptrique ,  on  lit  quel« 
ligues  féâexiûw  fur  les  propriétés  de 


\ 


^%iè  JoutmmI  des  Sçaianf  ; 
Yeau  &  fur  celles  du  feu. 

La  partie  qui  efl:  intitulée  id 
Aftronomie ,  n'eft  autre  chofe  que 
l'explication  de  quelques  portions 
de  la  Sphère  ;  on  a  enfeigné  la  pra- 
tique pour  faire  un  cadran  hori- 
zontal, &  a?ec]e  fecours  de  celui- 
ci  ,  on  apprend  à  en  conftruire  un 
vertical  ,  c'eft  ce  qu'on  .appelle 
ici  le  traité  de  Gnomonique,  après 
lequel  on  a  mis  la  Géographie  qui 

Eut  fuffire  en  fe  fervant  d'un  GIo- 
Terreftre  &  de  bonnes  Cartes; 
les  divisons  &  fubdivifions  que 
l'Auteur  a  fuivies ,  nous  ont  paru 
mifes  dans  un  ordre  clair,  r«n  fçait 
oue  dans  cette  fcience  c'eft  à  l'Eco- 
lier à  entrer  de  lui-même  dans  te  dé« 
tail.  On  a  joint  à  ceci  la  Chronolo- 
gie ,  l'ancien  Calendrier  Romain,  & 
le  calcul  Ecclédaftique.  La  Chrono- 
logie confifte  à  rapporter  fept  ou  * 
huit  époaues  principales ,  &  le  cal- 
cul Eccléiiaftique  à  expliquer  le 
nombre  dor  ,  le  cycle  lunaire,  &-' 
IHodiâion,  I^es  dernières  parties. 


Jmn  1748.         ïTit* 

Pïbnt  la  Chymîe ,  rAnatotnie  ;  elles 
Ibnt  fuffifaftiment  étendues  pour 
ceux  qui  veulent  fçavoir  fealement 
les  noms  des  chofes  &  leurs  ufa* 
ges ,  il  en  eft  de  raême  de  TAna- 

Ltomie, 

»  L'Auteur  termine  fon  ouvrage 
par  un  traité  de  morale  ,  cela  n'en 
niérite  guéres  le  nom  par  le  peu  de 
préceptes  qu*il  renferme  ,  cepen* 
dant  il  fuffit  pour  faire  un  honnête 
homme  &  un  bon  Chrétien  ,  puif- 

3uHl  eft  réduira  aimer  Dieu  paf 
eflus  toutes  chofes  &  le  prochain 
icomme  foi-mime. 


VÙUf^ELLES    IITTERAIRBS. 

ITALIE. 

De    Rome. 

nWÎNE  deS*  ufi  dtfdutM^ 
re  ^  ijuanâû  fi  Starnuta^  Dit 
porfo  fatto  per  gti  Excelh  Princî- 
pi  Don  Urbano  è  Don  Carlo  Bar* 
^êrini^  da  Simone  fiaUerini»  Dot- 

T 


Idr  cU  leggeè  CiîÛodé  deÙa  lit>i«^ 
fia  dell'exceUentijdîma  cafr.  In  R(V 
jtea,  1747*  w-4^. 

Guidonis  Ferrari  Soeietatis  Jepè 
éê  rfbuf  gefiis  Eugenii^Principis  À 
Sabaudia  helh  fannonico  libri  II fi 
Jtamd^  ^747»  '«•4*'.  Le  P.  Ferra* 
yiavoit  compofé  cetteHiftonreponé 
9?exercer  en  partkutier  au  ftyle  hw 
ftorique  ,  H  renvoya  enfuite  ara  P. 
Cor dara  aufli  Jéfuite  à  Rome ,  ^uî 
Fa(âdt  imprimer,  &  qui  Ta  dédiée 
âu  Cardinal  Alexandre  Albatu*' 
Elfe  comprend  la  guerre  de  Hon^*^ 

£ie  depuis  1(^57 ,  jufqaen  17 1 7i 
^  noms  dei  Hommes  illuftxes.ac 
des  ViUesque  l'Auteur  a  mis  en  La^ 
tin  dans  le  corps  de  fpn  Hiftoire  ; 
ont  été  rendus  en  Italien  8t  mis  fur 
les  marges  de  llmprimé. 

..\    De   FLORB^fCS* 

V  Pierre  Cajetan  Veviani ,  Impri« 
tueur-Libraire  de  cette  Ville  ,  ^ 
publié  un  programme  en  date  du 
premier  Septembre  1747 ,  pour 


3uîn  Î74S.  iiïH 
innoncer  qu'il  va  donner  en  plu^^ 
îîeurs  volumes  une  addition  confî» 
dérable  aux  Ecrivains  de  Thiftoira 
d'Italie  ^  publiés  par  M,  Muracom 
Il  a  mis  en  même  temps  au  jour 
le  premier  vol,  de  cette  addition  i 
dont  voici  le  titre  :  Reram  Italien* 
rum  firiptores  ab  snm  ém  ChrifiiMm 
nd  miiUJïmQ  ad  millefimum  fixcen-^ 
tejimnm ,  qu&rHm  potfffima  pan  nunc 
prinmm  in  iucem  prédit  ex  Fhrenm 
finâmm  BiUmhfcarum  c&didbus: 
fXom.  L  Florentine,  1747.  in^fd''^ 
il  promet  que  le  fécond  volume 
ibivra  de  près ,  &  que  fi  Ton  a  lieu 
^'étre  content  du  premier  vol,  on 
de  le  fera  pas  moms  du  fécond  » 
pi  des  fuivans»  Le  Libraire  a  tenu 
parole  pour  la  diligence;  le  fécond 
tome  paroir  depuis  peu  ;  nous 
donnerons  ici  les  titres  des  ptécel 

3 ut  ont  été  employées  dans  Ton  ⣠
ans  Taurre  >  pour  mettre  le  Lec-^ 
leur  en  état  de  juger  de  I  ouvrage 
ïnéme  ,  autant  qu'on  le  peut  faire 
iÔÂQS  uue  nouvelle  littéraire,  Tomt 


Uaà     ^ 


htxd^  Jowndl  des  Èfhféms , 
I.  î^.  Excerpta  eX  HiflorÎM  S 0^(4 
meni  Pifierienfis  ab  an.  loot.  â 
éw.  I2P4«  nunc  Primum  è  tenebris 
énua  ex  MS.  coa..^  i^.  Excerptd 
9X  Matth^i  Palrnerii  Florentini  //- 
hro  de  temporibus  ah  an.  1 294.  ai 
mn.  1448.  ex  M^  codé  3^.  Matthia 
Talmerii  Pifani  opns  de  temporihts 
fiisab  an.  1449-  ad  an.  1481.  ex 
MS.  cod...  40.  S.  Gregorii  Papa 
y  II.  EpiftoU  aliquot  hifiarica  ex 
M  S.  cûd...^o^  Chroniche  delU  Ciu 
ta  di  Pifa  dal  an.  délia  faa  édifia 
eazÀone  al  12^064  del  Dottore  Bem. 
Marangone  Pifano  mandata  per  la 
frima  volta  in  luce ....  6^.  Frag^ 
menta  Fulginatis  hiftoria  ah  an. 
'YI^S.  ufeiue  ad  an.  1440.  Auiio^ 
tibus  Bonav.  Benevenuti  »  ac  Petracm 
cio  de  UnElis...  'j^.  Hifiaria  délia 
Citta  di  Chiup  in  Tofcana  dal  an. 
^16.  ad  an.  1595.  di  Meffer  Gia^ 
çomo  Goride  SinaUnga ,  per  la  pri-^ 
ma  volt  a  vcnuta  in  luce  ^  Sec. 

Tome  II.  10.  Cronica  délia  CitJ 
f0  di  Eircn^jf  di  Paolino  di  Pierê 


H  7«'''  1748-      lïîfl 

^idan.  io%o*  fine  al  izQ^.mnpi$ê 

ftampat^i  €on  annûiazi<^m\  i®,  F, 

Frandfci  CUcchen  Ord^  Min^hm- 

nicon  Gemini amnfe  anni  1540  esc 

MS^  cûd,*^  5*^.  Crûm'cadejîioitem^^ 

pi  di  Pierç  di  Giùvanm  Minenbetii 

Scritm  da  I?,  Luc^  dalla  Scarpe^ 

ria  ,    MûnacQ  di   F'aUomhr&fa  dal 

j^;8$,  al  1^0%^  mejfafmriperl^ 

^ frima  vdta  da  un  c&d^  AiS,  ori^i'^ 

nale^t,  4*^,   Ifl&ria  di  Firen^e  dt 

Giovanni  dei  Nerù  Camhi^  5*^,  Crû'-, 

fiica  délia  Cina  di  PadQVa  di  Mm 

Franc,  da  Carrara  il  Fecchio  l  che 

fida  ora  in  Ince  la  prima  ^ùlf^  cùm 

nûte, , ,  £Îo,  Jô,  Marti  PhUelphi  an^, 

Walesin  Hiftôriam  Finarienfi^  beUi 

\myan,  1447  ,  ufqu^  ad  an^  I4S5- 

\^ui  nnnc  primam  Ime  donantur  tx 

VjUSu  €od..^^  ^^,  Ric&rdi di  Firenl^ 

\^  terta  rima  non  plu  publicati^  8^V 

Ijioberti   Urfi  Arimimnfii  liber  de 

gbfidiane  Tifernatum  cum  mtis  I>. 

Jpùminici  Aéarid  Manni^ 

Ces  deux  volumes  fe  débiteat 
pour  27  Julej  chacun,  (  t4UYiJ 


n  r 2(f    Joumd  des  Sçavans  ; 
•nviron  monnoye  de  France  )eff 
Êvear  de  ceux  qui  ont  foufcrit  ^  8c 
i)d  Jules  pour  les  autres. 

EdHordi  Çwfini  Cl.  Re£.  fihûld^ 
mm  fiarwn  Philofiphid  ProfeffbrU 
JDiffert^tiones  éjpMtuor  Agoniftkét^ 
mnhns  Olympic^mm  ^  Pythiomm^ 
JNemecmm ,  at^e  Ifthmiarwn ,  Pem^ 
fus  inquhitfir  ac  demenfir^mr.  Ac* 
cedit  Hieronicarumcatalogus  >  edi* 
âsJooge  uberior  &  accuratior»  Flo- 

De  Vekise. 

.  2£MAi  S^cra  vnlgau  editimisZ 
'mmfile&iffimis  UtteralibHs  cofnrnen^ 
fariis...M  accedunt Rimant carre^io* 
nès\^  *&c.  Tomus  V.  compleâenr 
Atos  «priores  libros  regum.  Vene-. 

tiis^  1747.  ^«-4^ 

Filojiene  Orejfeo  P.  j4.  Ri/UJJîoni 
fipra  lafioria  délia  Bafilica  di  S% 
S$rfsno  de  Bologna  ,  ultimamente 
da$4  in  luce  in  EJfa  Citta  dal  P^ 
J9iCèleftino  Petracchi ,  in  Veoefia»^ 


m  pin  174S.         tllf 

■tJeao-Baptîfte  Albrizzi,  ImprU 

pieur-Libraixe  de  cette  Villa ,  a  ptK 

blié  le  traité  d'Archiceâure  de  Vi* 

truve»  réduit  en  abrégé  par  M*  Pe- 

imk ,  de  TAcadémie  des  Sciences 

de  Paris.  Cet  ouvrage  paroit  en 

Italien  avec  ce  titre  ;  l'Architettwré 

générale  di  Fitruviù^  ridotu  incâm4 

pendio  dal  Si^t  Perrault^.*  ed  arri-^. 

çhita  di  tavûle  in  rame^  opéra  tr44 

dûtta  dal  Francej^e ,  Sec,  in  Vênezia** 

J747,  in-^^.  On  marque  que  cette 

iraduf^on  a  été  faite  avec  beau* 

coup  de  foin  ;  elle  a  été  confrontéa 

fur  Toriginal   de  Vitruve  avec  lo 

commentaire  de  Barbaro,  On  y  a 

joint  de  nouveaux  édairciiTemenSa 

tant  pour  le  fond  de  la  matière^ 

que  pour  la  dénomination  de  queU» 

jues  parties  de  l'Architefture.  Oa 

I  même  donné  plus  d'étendue  à 

quelques  chapitres ,  qui  patoifFoienÇ 

m  avoir  befoin.  Les  planches  ouf 

îté  fidèlement  deffinées  fur  celles 

le  l'édition  de  paris ,  &  gravées  par 

Jfhâbiles  Maîtres,  Ony  sjout^  tçui 


%  I  tS    Journal  des  SçaVénsl 
Ces  les  tables  néceflaires.  Le  prixeft 
àe6lire  FeneKiane^  5  liv,  enviroo 
pnonnoye  de  France* 

De  Lucqubs. 

lAnnaUs  Ecclejiaftici   ah    anm 
(f  198.  tihi  définit  Cardinalis  Barâ^ 
teiusy  AuElore  Odorico  Raynaldo  Coyu 
gregationis  Oratorii  Prejbytero  ,  ac^ 
teMtm  in  bac  editione  nota  chronolo'^ 
gica  y  critica ,  hiftorica ,  quibus  Ray 
naldi  Annales  iUuJIrantttr  ,  fipplèn^ 
tur^  emendantur.  Âudore  Jo.  Uo^ 
minico  Manfi  Lucenfi  Congreg, 
Matris  Deù  Tomus  III.  Lucas» 
Il  748. ///-/o/^.  Ce  volume  va  de- 
puis 1257^  jufqu'en  1285.  inclufi* 
.vemem.  On  a  mis  à  la  fin  les  Aéèes 
'du  Concile  de  Bude  »  tenu  Tan 
Il  2  79.  On  y  trouve  encore  un 
fragment  fur  l'origine  des  euerres , 
entre  les  Guelfes  &  les  GibelUns  à 
Florence* 

De    Bresse» 

'    Yitod'Uminiilluiri  fcrittêda 

Filifpê 


.      Jmn   1748*  ïîîg 

TîUppo  ViiUni  ^  ùra  fer  la  prima 
^ùha  data  alU  hce  j  co{le  minota^ 
^ioni  dd  Conte  Giammaria  Ma^-^ 
jzttchelli^  jicademko  ddU  Crnfia^ 
Venezia ,  preffo  G.  BattiflaPâfqua- 
li,  1747.  ïff-4^.  Ce  recueil  dévies, 
félon  l'Editeur,  a  été  compofé  ea 
Latin  vers  la  fin  du  quatorzième 
fîécle  ;  Foriginal  a  difparu  ;  ce  n'eft 
que  la  rraduftion  Italien oe  dont 
l'Auteur  n'eft  pas  connu ,  qu  on  pu- 
blie aujourd'hui.  Voici  les  noms 
de  ceux  dont  les  vies  y  foat  con- 
tenues; C.  Claudia  no  Poeca;Za-^ 
nobi  da  Strada  ;  Giovanni  Boccac- 
cio  ;  CoUuccio  Piero  Salutati  ;  Ro- 
berto  de  Bardi  ;  Accorfo  è  Fran- 
cefco  fuo  Fîglivolo;  Dino  da  Mu- 
gello  ;  Taddeo  Fifico  ;  Dino  del 
Garbo  ;  Torrigiano  Fifico  i  Tom- 
toafo  del  Garbo  ;  Brunetto  Latinî  ; 
Bruni  Cufini  ;  Arrigo  da  Settin^iel- 
lo  ;  Francefco  da  Barberino  ;  Bo- 
nifazio  Uberti  ;  Guldo  Bouataj 
PaoloGéomerra  ;  FrancefcoCieco; 
td  altri  mulîci  Fiorencini  ;  Gioti 
Juin  B  b  b 


:n50  Jourtml  des  Sçav4nt<^ 
to  ed  altri  Dipintori  Fiorentîn!} 
Lucerio  Antico  ;  Farinata  Ubertij 
Conte  GuidoGuerra  ;  Niccola  Ao* 
cUiuoli  ;  Giovanni  è  Fratello  Mac* 
teo  Villani  ;  Giovanni  Andréa  Priii* 
cipe  de  Canonifti;  è  Guido  Caval« 
;Canti« 

De  Mxlak. 

Le  Direâeur  de  rimprimerîtf 
nouvellement  établie  dans  cette  Vil- 
le  ,  pour  la  Bibliothèque  Ambro*^ 
fienne ,  a  publié  un  programme  en 
datç  du  premier  Oâobre  dç  Tan- 
née  dernière  »  par  lequel  il  donne 
avis  qu'on  travaille  ici  à  raflembler 
les  Sermons  &  les  autres  inftru<> 
âions  de  S*  Charles  Borromée» 
pour  les  mettre  inceflâmment  foui 
Ses  preffes  de  la  nouvelle  Imprime* 
lie  ;  que  ce  premier  recueil  devoir 
faire  quatre  volumes,  dont  les  deux 
premiers  étoient  fur  le  point  do 
^oir  le  jour  ;  qu'on  împrimeroic 
emfuite  les  difcours  Synodaux  d# 
S.  Charles  9  auxquels  on  joindroill 


Juin  1748.  iiît 
les  Sermons  qu  il  a  p  têchés  aux  Re- 
ligiauf€S  de  S.  Paul  de  Milan ,  ce 
qui  devoit  former  un  cinquième 
volume  \  de  plus  qu'on  imprime* 
foit  pareillement  ce  que  ce  Saint 
appelloity^i  nuits  f^atkanes  ,  c'eft- 
à-dîre  >  les  difcours  qu'il  avoir  pro-» 
nonces  aux  Affemblées  de  I*Acadé-i 
mie  de  Rome ,  qu'il  renoit  au  Va- 
tican j  lorfqu'il  étoit  chez  le  Pape 
pie  IV,  fofi  oncle  ,  &  les  difcours 
Ides  Aflociés  de  la  même  Académie; 
enfin  deux  autres  ouvrages  défî- 
gnés ,  Tun  fous  le  nom  de  Sjiv^  Pa- 
fiordis  &  Clmcdis ,  fiu  de  Officia 
Mpîjcûpi  é"  S^cerdùtum  :  l'autre  >  de 
l^rti  mfditandi  ;  qu'on  ne  poiivoit 
pas  encore  marquer  âu  ]ufl:e  le 
nombre  de  volumes  que  formerait 
toute  cette  colledion  ,  mais  que  le 
,f  ubiic  pou  volt  également  compter. 
Se  fur  Texaftirude  5c  le  foin  des  Edi* 
leurs  ,  &  fur  leur  dUigence*  Le 
inême  Programme  porte  encore 
qu'on  a  }ugé  à  propos  de  publier 
C^C  avis»  pour  &ue  connoitre  au3| 
"^  Bbbii 


5 


1 1 5  i  Journal  des  Sçavans  ; 
Sçavans  de  qiïels  ouvrages  on  oç^ 
cupç  aftuellement  les  prefles  de 
la  nouvelle  Imprimerie  ,'  &  pour 
les  avertir  en  même  temps  qu*oti 
les  occupera  dans  la  fuite  de  ce 
qui  refte  de  plus  précieux  menu- 
toens  anciens  dans  h  Bibliothèque 
AmbroOénne, 

S    U    E    D  ,E. 

Diatypojîs  AeaAemiarwn  nfuà 
Juddos ,  in  qua  earum ,  ut  &  Gym^ 
nafiorum  &  fiholarum  in  illagente^ 
tituli^  mnltitudo  docentium  ,  ^  dif^ 
centium ,  fludia ,  fludendi  methodui 
t!r  privilégia  ^  concinnè  tnifnorantHf 
ac  defcrihuntur  ^  qHa/tmul  opéra  mul^ 
fis  tam  veteris  quam  novi  Tefta^ 
menti  lacis  clariffima  lux  affitnditur^ 
adornata  &  édita  ab  Andréa  Norre* 
lio^  Kegia  Bihliothea.  Vpfalitnfis 
Triifeao.  Upfali»  ,  I74<f.  /«-^«^ 
On  trouve  dans  cet  ouvrage  plu* 
feur$  recherches  curieufe»  fur  let 


pin  1748.  iJif 

IMoms  Hébreux,  Chaldéens  ,  ou 
Tarées  cjue  les  Juifs  donnolent  à 
?lpes  Académies,  fur  les  lieux  où  elles 
écoient ,  leur  noiwbre ,  &  la  maniè- 
re dout  elles  écoient  ornées;  fur  la 
dignité  du  chef,  les  hojineurs  qu'on 
lui  rendait,  6l  fur  les  grades  Se 
autres  marques  dhonneur  qu'il 
coiiféroit  à  ceux  qui  a  volent  fait 
un  certain  cours  d'études  dans  ces 
écoles  publiques. 

DE     HAMBOURGp 

J&^  Dieurici  Wimkleri  5.  7%eûf^ 
?♦*.  Hy^Qmmmnta.  Fhil&l&gka  & 
mka  m  diverjh  Scripmrs  Sacra 
^^m  veteris^  ^imm  novi  Tffiamtnû 
§Qca^  Acceàu  Aî^mijf a  géminé  Jïmi^ 
lis  ar^umtmi  dijfcrtmwnes  exhi^ 
hns.  Hamburgi ,  apud  Chr,  Willi- 
"Irandtj  i']^6.  iw-S^.  2,  vol* M. 
Winckler  tire  des  Aureurs  profa- 
nes j  la  plupart  des  explications 
qu'il  donne  dans  fon  Livie  aux 
palTages  de  TEcriture  Sainte  qu'il 
entreprend  d*écUij;cir-  L'Additioa 


■l&ntreprenc 


B\i\i  \vv 


3a'U  a  mife  à  la  fin  »  fous  le  noift 
e  Mamifa ,  comprend  deux  Dif- 
fertations  fort  étendues  ;  la  premté* 
#ea  pour  titre  :  De  jtjica  Evangeli^ 
fia  Medico  ;  la  (ècondè  :  de  Philo^ 
Jophid  Platonico^Pythagoredfraiidi^ 
hiS^fiuflacitiserroneis^M  Pauloat^ 
jHe  Petro  improbatis ,  acvitétri  jujJÎT^ 

ALLE  M  AG  NE. 
De    Halle. 

Carpfts^  juris  Canonici  Gregorii 
XIII.  Pont.  Max.  auUoritate  pofl 
Igmendationem  abfilutam  editwn ,  in 
duos  tomos  Jivijkm ,  &  appendice" 
nova  auffum  }  cum  necejfariis  indici^ 
tus.  Juft.  Hetiningius  Boehmer.^ 
illud  recenfuit ,  cum  codicibus  MiT. 
alîis  editîonis  contulit ,  variantes 
leâiones  adjecit ,  &  noris  illuffra* 
vit  ,  pra^miflà  duptici  prarfatione. 
Haix  Magdeburgica?  ,  impenfîs 
Orphanotrophei  ,  1747.  i^-fi^l* 
2.  vol.  On  nous  marque  que  cette 
édition  du  corps  de  droit  Cano- 
nique ,  dont  neus  n'avons  vu  esw 


7mn  174^;  ir? 
tùte  que  le  titre ,  a  été  faite  avec 
tout  le  foin  &  l'exadîtude  poffi- 
bles  ;  que  M.  Boebmer  a  confulté 
les  meilleurs  manufcrits  ,  &  les 
éditions  les  plus  eftimees,  à  la  tête 
defquelles  on  met  celle  de  MM* 
Pichou ,  les  plus  célèbres  Commen- 
tateurs, &  les  plus  fçavans  Jurif- 
confulces  Fiançois  &  Etrangers  » 
en  particulier  M.  de  Marea,  d€ 
Concordm  Sacerdotii  &  Impsrii  j  te 
P,  Thomaflîn  ,  Fetm  &  nova  £c^ 
€leji^  difcipUna.  drca  bénéficia  ^ 
Memficiarhs  ^  VanEfpen,  Univer-^ 
Jkm  JHs  EcdeftAfticum ,  hôdttma  dij^ 
dpUn^  #  pr^fertim  Beigii  ,  Gatlid  ^ 
CcrmanU ,  &  f^idn^mm  Prcvind^m 
rum  ,  accommodatum  \  &  plufieurs 
autres  î  &  que  cette  édition  doit 
ctre  préféréeà  toutes  celtes  qui  ont 
paru  jufqu'à  préfent. 

J^ohi  Peirdt  paraphmjïs  &  nâ^ 

tit  phïhiùgicit    atijH€   exegetk^    m 

£piJîolam  ad  Heèr^es,  Latini  vetiit 

}fÊr  fiias  ubicjuc  ahfervmiûmî  addtt 

VJ&annes    D^vid   Aiichaeiis   PidU 


^V)bm\ 


4 


lit^tf  Joumd  des  SfOVMfl 
Trofef.  PubL  in  Academia  Gefirgt^ 
^  ^jiugHJla.    Hais    Magdeburgics  ^ 
fumçtibus  Bibliopolii  lAiderVP^al- 
diani,  1747.  /»-4®. 

De    Vienne» 

Notitia  HungarU  novét  Hifiorico 
Ceographica ,  divifa  in  partts  ijua^ 
tHor^  (juarumprimacis-Danubianam 
altéra  tranf-  Danubianam  ,  ttrtia 
^ciS'-TibiJcanam  ,  quarta  frans^Tibifi 
'  çanam ,  univerjim  XLVIII  Comita^ 
tibus  defignatam  ,  expromit }  regio^ 
nisJîtHS^  termines^  montes^  campos, 
finvios  ,  Ucus ,  thermas  ,  foli  cœli^ 
que  ingenium  »  nature  munera  &  pr^ 
digia ,  incolas  variantm  gentium  , 
0f(]ue  horum  mores  ,  provinciarum 
MagiJlratHs  ,  illufiresfamilias,  ur^ 
hes,  arceSg  oppida  &  vicos  propemo-' 
dnm  omnes  ^{ingulorum  pr^tterea  orttis 
&  incrémental  belli pacifque conver^ 
fiones ,  &  pTAfentem  hubitum  ,  fide 
eptima^accHrationefiimma  ,  expli^ 
€at.  Opus  hucufejue  defideratum ,  dr 
in  commune  utile ,  facratijjinns  aufi 


Juin  1748.         ÏI37 

^mis  D.  Cardi  FL  ûfaris  &  JH- 

gis  induigintiffîmi  eUbùmvh  Méit^ 

\thiaj  BfL  ^ccêdtmt  Sam^telis  A4i^ 

ks^inii  mappd  JinguloTHm  camita^ 

^tHum  methedo  Alhùnômkù-  Geometrî* 

*m  caminnatâ ,  Vienne  Auftriae ,  im-i 

jsenfis  Pauli  Straubîi  BibliopolK» 

^ty pis  Jo.  Pétri  Van  Ghelen  Typo^» 

^Reg.  i742,Tom,  IV.  in-fôL  Cet- 

*te  Hiftoire  fe  continue»  le  quarrié- 

jne  volume  dotii  on  vient  de  voir  le 

titre ,  roule  encore  fur  la  Hongrie 

cIs^Danubiane  :  il  contient  U  def- 

cripiion  dtf  quatre  Comtés, 


f 


FRANCE, 
De    Dijon. 


Hîftnre  générale  &  parthuliêrs 
de  Bourgogne ,  avec  des  notes ,  des 
TDilTertatîons ,  &  les  preuves  jufti- 
*£eattves  ;  tooipofée  fur  les  Auteurs* 
les  titres  originaux,  les  Regiftrcs  pu- 
blics,  les  Cartulâires' des  Eglifes 
Cathédrales  &  Collégîaîes  ,  des 
Abbayes  ,  des  Monaftéres ,  8d  au* 
Bbb  V 


^1^8  JowrnéA iei SçnvMfi 
très  anciens  monumens  ;  èc  etti& 
chîes  de  Vignettes ,  de  Cartes  Géo» 
graphiques ,  dcf  divers  Plans ,  de 
jpiuueurs  Figures ,  Portiques,  Toni-^ 
oeaux  »  &  Sceaux  tant  des  Ducs 
ijue  des  grandes  Maifons ,  &c.  par 
tin  Religieux  Bénédiâtn  de  TAb* 
baye  de  S.  Beniçne  de  Dijon ,  8C 
de  la  Congrégation  de  S.  Maur  ^ 
chez  Antoine  du  Fay,  Imprimeur 
des  Etats ,  de  la  Ville  &  de  lOJni^ 
*:?erfité  a  1 748 ,  in-fol.  tom.  $• 

De    Lille. 

Mémoire  locale  ,  Géograpbî^ 
&  Cbronologitjue  ,  accompagnée  dtê 
calcul  Eccléfiafiicfue  &  du  Calen-m 
irier  de  Jules  Ce  far  ,  pour  CimeU 
ligençe  des  anciens  Auteurs  ,  chez 
André- Jofeph  Panckoucke^x  748, 
in-ii. 

Le  même  Ouvrage  fe  trouve  i 
Paris  9  chez«  David  Tainé ,  Libraire 
yue  S.  Jacques ,  à  la  plume  d'Qr« 

De  Pj^Ris, 

£aQird^  1^  Im^nmeuC'Libfai^ 


Juin  î74$;  ^  ïïî9^ 
ïe  I  rue  S.  Jean  de  Bauvaîs ,  vient 
de  mettre  au  jour  un  imprimé  de 
vingt^cinq  pages />-4*'.  d'un  très- 
pedt  caraâére  ,  contenant  un 
Jt^ertifftment  ûhx  Afifommes  jnr 
fEclipJe  annulaire  du  Sdetl  ^ue 
t&n  attendu  i  5 .  Juillet  1 748,  par 
M.  de  rifle  de  l'Académie  Roya- 
He  des  Sciences ,  &c»  avec  une  plan» 
che  qui  repréfente  rEclîpfe  totale 
artificalle  du  Soleil  ,  propofle  en 
1 7 1 5  ,  pour  trouver  la  caufe  de 
l'anneau  lumineux  qui  paroît  au- 
tour de  la  Lune  dans  les  Eclipfes 
(totales  du  Soleil ,  par  le  même  M* 
de  rifle.  On  rendra  compte  de  cet 
Ouvrage  avec  rétendue  coovena-^ 
ble  dans  le  Journal  fuivant. 

De  Bure  i*aîné ,  Libraire ,  Quay 
des  Auguftins,  à  S,  Paul  ,  débite 
aôuellementles  Ouvrages  fuivans* 

I^.  VHifioir§  Ecde/iafiiijue  é' 
Civile  de  U  Fille  &  Dtpcefé  de  Car^ 
€^ffmne  j  avec  les  pièces  jnfiJfirati-^ 
pes,  * ,  par  le  R,  P,  Bouges ,  Reli* 
meiDc  de»  Grands  Âugu(lins  de  1« 
^  Bbbvj 


i 


î  1 4^    Journal  des  Sçavanf  ^ 
Provioce  de-TouIoufe ,  in-/^^.  Où 
fera  connoîcre  cette  Hiftoire  plus 
particulièrement   dans    quelqu'ua 
des  Journaux  fuivans, 

2^.  L'Excellente  &  belle  édî- 
^on  Grecque  &  Latine  des  (E//- 
'^res  de  Saint  Jt^ftin  ,  PhiUJophc  & 
,JManyr  y  avec  ce  tjui  refte  de  celles 
JU  Tatien  contre  les  Grecs  ,,  d'jithe^' 
vagorcy  Philofophe  Athénien  ,  de 
S.  Théophile  d*Antioche  ^  du  Phi^ 
4pfophe  Ht  rmias^drc.  3Lyec  des  Aver^ 
liiTemens  &'des  Remarques,  parles 
JSénédîâins  de  h  Cmigrégation  de 
5.  Maur,  in^frl.  Cette  édition  a 
^té  annoncée  avec  la  diftinâion  qui 
lui  convenoit  dans  les  Journaux 
des  mois  de  Janvier  &  Février 
1743.  Le  même  Libraire  a  acquis 
)e  fond  de  cette  nouvelle  édition 
de  S.  Juftin ,  ainG  que  de  l'Ouvra^ 
ge  précédent. 

5  ^.  Ue  premier  volume  du  mois 
de  Septembre  de  TOuvrage  con- 
nu fous  le  nom  de  Afta  San£lortim, 
i'ecueiUis,  &  mis  eu  ordres  par  les 


Juin  I748*         ïff* 

,  BolUndlfies.  Ce  volume  qui  ne 

Contient   que   les   trois  premiers 

jours  du  mois  de  Septembre ,  efl 

le  trente-neuvième  de  cette  grande 

ijConedion.  Le  prix  de  ce  nouyeaa 
L Volume  efl:  de  ^o  livres» 
^     Le  mêrne  Libraire  mettra  ea 
trente  dans  les  premiers  jours  du 
mois  d'Août  de  cette  année ,  1» 
Douvelle  édition  Latine  des  CEu^ 
vres  de  Ladance ,  en  i,  voK  in-^^m 
J^ous  avons  annoncé  dans  les  nou^ 
p^elles  du  Journal  du  mois  de  Juil- 
let 1 747 ,  le  Programme  que  ce 
"Libraire  avoit  publié,  pour  faire 
connoître  les  avantages  de  cette 
dition, 
Paulus  du  Mên3,  Imprimeur* 
ibraire  ,  Grande  Salle  du  Palais  ; 
lu  pilier  des  Confultations ,  au  Lion 
l*Or ,  vient  de  publier  une  nou^ 
elle  édition  de  l'Homme  de  Cmt 
\e  Baliaftr  Gracîan  ,  traduit  pac 
,  Amelot  delà  Houflaye ,  1 748, 
pr-i  1.  Cette  édition  a  été  corrigée 
augmentée  d'un  grand  EomBie 


Kl4%   Jowmdies SçéfOMS i 
ijde  Remarques  intéreflànces. 

Obfervations  Jur  la  pratique  des 
-jiccouchemens  naturels  ,  contre  na^ 
ture  &  monftrueux  }  avec  une  mé- 
thode très-facile  pour  fecourir  les 
femmes  en  toutes  fortes  d'Âccou- 
chemens ,  fans  fe  fervir  de  crochets, 
ni  d'aucun  autre  inftrument  que  de 
H  main  feule  ;  &  un  Traité  des 
|)rtncipales  maladies  qui  arrivent 
^ndinairement  aux  femmes  ;  par 
M.  Cofme  Viardel,  Chirurgien  à 
Paris  :  nouvelle  édition ,  avec  des 
Remarques  tirées  des  obfervations 
&  des  expériences  faites  depuis  Ik 
première  édition ,  &  qui  lui  fervent 
d'éclairciflèment  &  de  fupplément: 
t>rnée  d'un  grand  nombre  de  figu- 
ires  en  taille-douce.  Chez  d'Houry 
Père,  Imprimeur-Libraire,  rueda 
iar  Bouderie,  1748  ,  /»-8^. 

Hifloire  de  l*  Empereur  Jovien  ^ 
(^  traduSkion  de  quelques  ouvrages 
de  t Empereur  Jnlien,  par  M.  l'Ab- 
bé de  la  Bieterie ,  ProfefTeur  d'E** 
foqueace  »u  Collège  Royal  &  du 


^  ^. 


Juin  1748,  IÎ4II 
l'Académie  des  Infcriprîons  &  BeÉ 
les-- Lettres  ,  chez  Prault  fils ,  Lt» 
braire,  Quay  de  Conti ,  ^74?» 

i'Â^ri  jÊHgufii  Libmi  Fabulé 
ad  AïSS»c&dices&  ûptirnsm  ifu^m^ 
^ue   tdhhnem    cmmndatfit    Steph^ 
jîndn  Philippe  ,  accejferunt  nméL  ad 
r^/^rwj  ,fmnptibus  Joannis  AugufK 
Grange ,  typis  C.  F*  Simonj  1 748, 
in-  ï  2,  Outre  les  Remarques  ,  oa 
[a  Joint  à  cette  cdkion  la  vie  do 
pPhédre  ,  par  Jean  Scheflfer;  les  Fa- 
ibles d'Avienus ,  le?  Sentences  de 
çSenéque ,  &  celle  de  Syrus* 

Titus  Lucretius  Carus ,  aecuran* 
te  Stfpk  J^ndr.  Philippe  ,  apud 
Jo,  Augp  Grange  ,  1 748  ,  în»  i  x. 
On  y  a  joint  la  Vie  de  Lucrèce 
fear  D.  Lambin ,  les  différences  Les. 
Sons,  &  un  Glofîaire  particulier 
pour  ce  Poète,  Ces  deux  nouvel, 
les  éditions  de  Piiédre  &  de  Lit* 
créce  font  égalemenc  recommaiw 
bles,  foit  par  la  beauté  de  finï* 
f  reffion^  par  Télégance  &  le  goâ| 


5 


-ft  144  Jomnd  des  Syavans , 
.Ses  vignettes,  &  des  autres  taillef^ 
^!4ouces  dont  elles  font  ornées,  foit 
par  la  forme  même  des  voluoies. 

Voyage  en  Turquie  &  en  Perfei 
'^ruec  une  relation  des  Expéditions 
de  Thamas  Kouli-Kan ,  par  M.  Otr 
ttr  de  FÂcadémie  des  Infcriptions 
•&  Belles-Lettres ,  chez  les  Frères 
-Guerin ,  Libraires ,  rue  S.  Jacques» 
1748  ,  in^ii.  1.  vol.  On  rendra 
^compte  de  cet  Ouvrage  dans  un 
fd^  Journaux  fuivans. 
1    Le  Ceur  d'HeuUand  ,  Géogra^ 
•|)he  ,  qui  donna  Tannée  dernière 
une  Carte  du  Duché  de  Brabant  & 
vanie  de  la  Hollande  en  24  feuil- 
les, vient  d'en  donner  une  fem- 
blable  du  Théâtre  de  la  guerre  en 
Jtalie ,  ou  Carte  nouvelle  des  Prit^ 
fifautés  du  Piémont ,  Républitjue  d$ 
Jûénes  ,  Duché  de  Milan ,  Plaifanr 
se  &  Confins ,  ajfujettie  aux  ObJeT'- 
cations  de    latitude  &  longitude^ 
JDédiée  au  Roy.  Chez  l'Auteur , 
jrue  Serpente,  1748.  Cette  Carte 
^  gravée  avec  beaucoup  de  pro^ 


Juin  174  S.  tt^f 
pr?té  &  de  netteté,  les  14  feuilles 
qu'elle  comprend  j  peuvent  s'aflem- 
bler  en  une  feule  Carte  ,  ou  fe  re- 
lier en  un  volume  portatif  On  y  a 
mis  encore  un  fronrifpice ,  &  una 
table  alphabétique  des  noms  de 
Villes ,  de  Bourgs,  Clmteanx,  RL* 
viéres ,  Ruiffeaux ,  Cols  &  Montai 
gnes ,  oui  fe  trouvent  dans  ce  nou- 
veau Théâtre.  L*ufage  de  la  Tablo 
çft  commode  &  Ingénieux. 
[  Il  paroît  en  cette  Ville  un  PrcW 
gramme  contenant  h  plan  de  Saufi 
€riptitfn  ponr  le  F&yage  d'Epgyte  ^ 
par  feu  AI,  Nerden  ,  en  deux  volu^ 
^es  in~fùliô ,  enrichis  d'environ  deuJC 
€ens  flanches^  Frederic-LouJs  Nor-» 
^en ,  Danois ,  Capitaine  de  MarU 
ne  ,  entreprit  il  y  a  environ  dÎ3C 
ans  le  voyage  d'Egypte ,  par  ordre 
plu  feu  Poy  de  Dannemarck  ChrH 
ftîan  VL  il  alla  au  Grand  Caire, 
Dans  le  cours  de  fon  voyage  il 
pxamina  avec  la  plus  fcrupuleufe 
attention  tout  ce  qui  fe  préfento 
rare  &  de  curieux  dans  la  BaUf 


ik 


5 


^tJ^S  Jauhtéd  des  Sçénvêns  9. 
Bgypte  »  &  le  compara  -  pièce  ipit 
pièce  avec  les  Relations  d^a  con« 
tiues.  Delà  il  pénétra  dans  La  Hau« 
t«  Egypte  julqu'à  Syenne  &  juf- 
qa'aux  Cataraâes  ;  &  par  tout  il 
^t  &  il  deffina  tout  ce  qui  lui  pa- 
yât de  plus  remarquable  parmi  les 
treftes  précieux  de  l'antiquité  la 
plus  reculée.  De  retour  il  fut  iti- 
VÎté  par  un  grand  tfOtnbre  de  Sça« 
irans ,  &  en  particulier  par  la  Socié» 
té  de  Londres ,  à  donner  au  pubiic 
la  relation  de  fon  voyage.  Il  y  met- 
toit  la  dernière  main  ,  &  il  étoit 
{yrét  à  le  faire  imprimer ,  lorfqu'une 
mort  prématurée  l'enleva.  Le  Roy 
de  DannemarcK  ordonna  que  ce 
travail,  qui  étoit  déjà  commencé  à 
Londres ,  feroit  achevé  à  Coppen« 
hague ,  &  que  tous  les  deilèins  de 
/l'Auteur  feroient  gravés  par  fo 
'fieur  Marc  Tufcher  dont  il  s'ètoîc 
fervi  pendant  fon  féjourà  Londres, 
Se  qui  étoit  le  mieux  inftruit  de  fes 
intentions,  C'eft  en  conféquence 
î^e  ces  ordres ,  &  de  ceux  de  foo 


I 


Juin  I74ff;  ii4f 
fiiccefleur  Frédéric  V.  que  la  So4 
ciété  des  Sciences  &  des  Arts  éta* 
blie  à  Coppenhague  ,  prend  foîil 
de  la  conduite  de  cet  Ouvrage. 
Ce  travail  eft  déjà  fort  avancé  Jes 
deux  tiers  des  planches  font  gra- 
dées &  tirées.  Dans  la  defcriptioa 
de  ce  Voyage ,  qui  fera  en  Fran-* 
çois ,  on  mie  exadement  les  Jour- 
naux de  l'Auteun  Tout  l'ouTragd 
formera  deux  volumes  m^^/*  pa- 
pier Royal ,  enrichis  d'environ  deux 
fcens  Eftampes ,  y  compris  la  plan^ 
rhe  du  titre ,  les  lettres  initiales  ôc 
quelques  grandes  vignettes.  Le  prix 
de  la  SouTcription ,  fixée  fur  le  cal* 
cul  des  frais  néceflaires  pour  Téxé- 
fcution  de  cette  grande  entreprife*, 
cft  de  huit  ducats  d  or  (  90  livret 
tnonnoye  de  France)  payables; 
la  moitié  en  foufcrivant  ,  Vautra 
moitié  en  recevant  le  Livre.  Ceux 
feui  voudront  prendre  des  foufcrip-i 
(Sons  en  France ,  pourront  s'adret 
fer  à  paris  chez  P*  J,  Mariette ,  & 
A'  C.  firiâifoD  I  Libraires  piuê  Si 
JacqueSt 


pt^i.  Journal  des  Sçétuansi 
'[,  V Arithmétique  reniiue  JinJSbh 
^ar  U  développement  de  fis  opéra-^ 
êions,  par  M,  Gafpard  Foys  de 
Yallois ,  employé  dans  les  Fermes 
4u  I^oy ,  chez  Brunet^  Libraire  » 
au  Palab,  1748  yin^S^. 
'  Charles- Antoine  Jombert,  Li- 
braire du  Roy  pour  rArtillerie  te 
le  Génie ,  Quay  des  Auguftins  »  à 
l'Image  Notre-Danfie  ,  vient   de 

I)ublier  le  grand  Ouvrage  de  M* 
e  Maréchal  de  Puyfegur  »  intitulé , 
^rt  de  la  Guerre  par  principes  & 
par  régies ,  mis  au  jour  par  M,  la 
Marquis  de  Puyfegur  fon  fils ,  firi« 
gadier  des  Armées  du  Roy ,  Co- 
lonel du  Régiment  de  Vexin,  1 748^ 
in-foU  en  1.  part,  avec  un  grand 
iiombre  de  figures. 

Sommaire  de  l' Hiftoire  de  Fran^ 
ce  en  Vers ,  chez  Bordelec ,  Librai«» 
re  ,  rue  S.  Jacques ,  1 748 ,  z«-8^# 
V Arithmétique  &  U  Géométrie 
)ie  l'Officier ,  contenant  la  théorie  & 
la  pratique  de  ces  deux  fiiences  ap^ 
pliquées  aux  diffcrens  emplois  de 


Ji4$n  174-8*         ^I40r 
thomimàt  Guerre  yy^r  M,  le  Blond; 
ProfeflTeur  de  Maihématiques  des 
Pages  de  la  grande  Ecurie  du  Rojrj 
&  des  Pages  de  Madame  la  Dau<^ 

Ehine,chez  Charies-Antoine  Jonj* 
ert,  Libraire  du  Roy  pour  TAr*; 
tîllçrie  &  le  Génie ,  Quay  des  Aur- 
guftins»  1748,  ïw-8^.  i#  vol.  Oa 
fera  connoitre  en  détail  cet  Ou-^ 
vrage  au  public  dans  quelqu'un  des 
Journaux  fuivanst 

Latim  Sermonis  ExempUris  i 
fmftùribus  prûhatijjîmis,  Colligebat 
P,  Champré  in  utroque  jure  licen 
tîâtus,  Editio  altéra  ;  fecunda  folu-; 
tae  excerptio.  Apud  Frarres  Gue-^ 
rin  T  Bibliopolas  ,  via  Jacob^a  i 
1748  ,  /«-i  2,  Nous  avons  fait  con-î 
iîottre  à  Toccafion  de  la  pren^Icro 
édition  de  ces  modèles  de  latinité^ 
|uels  en  étoient  les  avantages.  On 
De  peut  douter  que  la  féconde  édi* 
tion  ne  foit  encore  préférable  à  li 
première. 

}    La  Mhéimquc  ôu  l^Art  de  €ên^ 
}l^m  &  dç  parler ,  par  M.  ClauCc* 


M 


1 15^  JTi^/ir/r^f  des  Sfétuans  ^  i 

Médecin  de  Paris ,  chez  Laurett 
d'Houiy  &  Ganeau ,  Libraires  de 
cette  ViUe,  1748,  i^^-ii.  Celi- 
tre  oâre  un  nouveau  (yftême  pour 
apprendre  foUdementiEIoquencQ 
on  y  entreprend  de  déveloper  le 
fend  des  principes  de  cet  art .  & 
de  les  accommoder  aux  mœurs  de 
fiotre  fîécle  ^  en  faifant  ufage  des 

Çrincipales  connoiflànces  que  la 
hilofophie  moderne  nous  a  four* 
iiies.  L'Auteur  y  a  joint  un  abrégé 
de  la  manière  d'écrire  les  lettres.^ 
dans  lequel  il  mdique  un  grand 
nombre  de  bons  modèles.  De  llm^ 
Arimerie  de  Ch.  J.  B.  Delépine  i 
J[mprimeur  rue  S.  Jacques ,  à  la  Vif 
âoire  &  au  Palmier. 

Huart  ic  Moreau  »  fils ,  Impri^ 
laeurs- Libraires ,  rue  S.  Jacques^' 
irîennent  de  mettre  au  jour  une 
.nouvelle  Edition  de  Touvrage  in^ 
ttiitulé;  Confiàiraùons  Jur  les  confit 
4trla  ffrandenr  des  Romaifts^  &  in 
4eHr  wlcadence^  1 748.  in-i  2.  cette 
'iditioD  a  été  revue  »  corrigée  ^ 


Juîn  1748.  H5« 

augmentée  par  l'Auteur,  On  y  # 
joint  un  Dialogue  de  Sylla  &  d'Eu^ 
crate, 

Trmté  des  Tefiamsm  ^  C^diciUs^ 

donathns  a  cmfi  de  mùrt ,  ^  émtrejp 

Mfpajîtions  de  dernière  vahmé  ^Jui^ 

t/am  les  principes  &  les  deajians  d$ê 

drùh  Romain ,  les  Ordonnances  ,  Us 

Coutumes  &  maximes  d^  Hoyaume^ 

tant  des  Pays  de  droit  Ecrite  ^Hâ 

C^utumiers ,  &  la  Junjfrudence  dei 

arrêts  ^  Par  M^  J.  E»  Furgole^ 

Avocat  au  Parlement  de  Touloufe; 

Tome  /r«.  A  Paris ,  au  Palais ,  cheîi 

Jc3Lnde  Nully  ,  1748,  i^-4^*  On 

rendra  compte  ince^ammeut  de  co 

quatrième  volume ,  qui  eft  le  der^ 

nier  de  l'ouvrage  ^  &  qui  ell  termî* 

Tïéi  i^,  par  plufieurs  additions  fie 

corrections  pour  chacvm  des  quatre 

voIp  z^,  par  une  Table  géneralQ 

alphabétique  des  matières  «  ContQ^ 

nues  dans  ces  quatre  voIumeSi 


TABLE 

PES  ARTICLES  CONTENUS 
dans  le  Journal  de  Juin  174s. 

JIJ  EMOIREfHT  la  Ville  foia 

mpire  de  FEllifc  Callicane  ^  Scc^ 

919 
fliftoire  de  tAcaiimîe  Rcysde  des 

Sciences  ^&cc.  lOOi 

Les  Homélies  de  S.'  Grégoire ,  Scc^ 

Fajfi  Attici  in  quihus  Archontum  ^ 

&c.  ïoJT 

'Hiftoire  générale  des  Voyages ,  &c« 

1057 
AJfemblée  vublique  ^  &C.  '077 
Jiijloire  générale  £  Allemagne  ,  &c; 

Mannel  Pbiiofophi^ue ,  &c.    1117 
JHoHvelles  Littéraires ,  Sec.    1 1 2  Ij 

Fm  de  U  Table. 


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