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Full text of "Journal des savants"

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LE 'f^'^- 

J O U R N A L 

jSÇAVANS,- 

j POUR 

[ l'ANiJÈE M, DCC, LXXFIIT, 
OCTOBRE. 




ji paris; 

Aa Bateau i\x Journal de Paris, rue du Font 
S. Honoré. 



^fE 



M. DCC. LXXVIII. 
dVSC PRIVILEGE DU ROU 



AVIS. 

C A- s^ abonne acluclUmcnt poui 
Journal des Sçavans au i 
reau du Journal dt Paris y rut 
Four S. Honore ; & c'ejl à Padr 
du DireSeur de ce Journal qu^ilj, 
envoyer Usofbjtts relâiifs à celui 
Sçavarts. l^€pri^ JU t^Scufcript 
de Cannée ejl 4e iS liv^ pour Par 
& de zo livé 4fé poser la Provin 
foiein^li M 1^-4^* têJouRN 
DES SçAVdSrs^tmipofé de q 
tor^e Cahieré ;4l éri*paroU un a 
que mois / & deux en Juin & enJi 
cembre. 








XI 



LE 

JOURNAL 

DES 

S Ç A V A N S. 

OCTOBRE. M. DCC LXXVffl. 

Re C H EKC B ES fur Pandcti 
Peuple Finois , d*apf)^ les rapports 
de la Langue finoife avec la Lan* 
guc grecque. Par M. le Pafteut 
Nils Idman; Ouvrage traduit da 
Suédois par M. Genêt le fils. Se- 
crétaire Interprcte de Monsieur, 
I Membre ^ç% Sociétés Littéraires 
J VûU Dulci de Stockholm & 
§ OSobre. M mm mi) 

2 



15)14 Journal des S çavanSj 
ApplUni Sacra d'Upfal. A St 
bourg, chez Baucr & Trcu 
1778. //>8 . 

LES Finois, anciens defcenc 
des sScythes, fclon M. Idm, 
o!)C eu aurrcfûis des guerres &: 
relations avec les Grecs. Ceuî 
fondèrent plufieurs Colonies d 
les pays des Scythes fuc les bord* 
la Mer Noire. Lorfquc les d 
puiflans Conquérans de 1* Afie , Cj 
& Darius, cnfuitc Alexandre, 
enfin les Romains portèrent la gu( 
chez CCS Peuples, les émigrati 
devinrent plus fréquentes & j 
nbmbrcufes. Sans parler des Lap 
à l'extrémité feptentrionalc de 
Norvège, de la Suède & de la B 
fie, vers la mer glacfalc, toute 
grande Principauté de Finlande 
la réfervc de quelques Paroiflcs 
Nylande & de la Bothnie orienta 
où il s*eft établi des Colonies S 
doifes, eft habitée. p^t des Fit 



OElobre 1778. 1915 

miiis des anciens Habirans du 
.Ces mcme.s Finois ont cré aiiflî 
remiers Habirans de la CarcJic, 
Eftonie, de la Livonic & de 
ne. Ceux des Scythes qui ga- 
?nr les parties méridionales de 
ope , furent connus des Hirto-^ 

Grecs & Romains, dont ils 
nt vo'ifins. Mais ceux qui s*en- 
èrent dans \c% contrées fepten- 
ales, fjrcnt ignorés, & leur 
lire eft enveloppée des plus 
Tes ténèbres. 

i partie de la Nation Finoife 
)ccupe encore le pays propre- 

appellé la Finlande ne s'eft 

s mêlée avec les Goths , quoi- 

es familles nobles attirées à la- 

par difFérens motifs, fe foienc 

ituraées à la lanj^ue Suédoifc, 

lepuis long-tcms eft la langue 

ncllc de cette NoblcflTe. La 

fc ne fc trouve donc que chez 

Pcupl?. On ne connoît ni im-» 

: ni manufcrit en cette langue 

le fcizième ficclc. On iTA^\v\\Ç\t. 

M m m m \\\ 



19 lé Journal des S çavans , - 

alors divers morceaux de TAncic 

Tcftamcnt & tout le Nouveau c 

Finois ; l'édition parut en 155 

Feu M. Barthélémy Vhacl avoit ei 

«repris de compofer une Grammair 

la mort Tempccha de porter cet O 

vrage à fa pcrfcâion ; de forte qi 

celui qui, rédigé fur fcs papier; 

fut publiée à Abo en 1 73 3 , ne co 

tient que les premiers principes. 1 

Dodeur Daniel Juflèmus fit impi 

mer dan's la même Ville en 174 

un Vocabulaire ou Lexique Fino 

M. Idman neft pas le premi 

qui ait reconnu des mots grecs da 

le Finois, mais il ne croit pas a 

perfonne ait pouffé plus loin q 

lui la comparaifon des deyx hngui 

Il les compare relativement au not 

bre primitif des lettres , aux accen 

aux dialcûes , aux dcclinaifons , a 

conjugaifons , aux adverbes de lie 

aux degrés de comparaifon pour . 

adjeâ:ifs , à la manière de former . 

dérivés des primitifs , aux pronorr 

aux prcpomionsj, &c. Enfuitç 



Oclohrt 1778. 11917 

donne une longue lifte de mots pour 
prouver que le Peuple Finois a ci^ 
des Dieux & des Fcres , avec la même 
dénomination que chez les Grecs » 
pareillement des noms propres , des 
.termes pour dcfigner les qualités .hu- 
main^ , les événemens de la vie , 
}es inftitutions> les profeiHons de ia 
Société i 6c beaucoup d'autres objets. 
Il en conclut que les Finois n ont 
vas été un Peuple auflî groffier que 
les Hiftorie;is l'ont rcpréfenté , & 
que Pythias efl plus croyable dans 
çc qu'il a dit des Arts & des dou- 
xeurs de la vie qu'on remarquoit 
dans le Nord. 

M« Genêt le fils, dont nous avons 
^éja parlé avantageufement au fujec 
de la tradudion de i'Hiftoire d'Éric 
IV a traduir auflî cet Ouvrage de 
M. Idman , & a dédié fon travail à 
la Société Littéraire JpoUlnifacra 
d'Upfal. M. Obcriin, dont le nom 
cft bien connu dans la Republique 
àts Lettres , s*tft chari];c de faire ini- 
M m m m iv 



1 9 2 s Journal des Sçavans , 
primer à Strasbourg cette traduâion 
à laquelle il a ajouté quelques re- 
marques. 

Histoire générale de U Chine ^ 
ou Aanales de cet Empire ^ tra* 
duites du Tong^kien-kang^mou 
par le feu Père Jofcph-Anne-Ma- 
rie Je Moyriac de Mailla , Jéfuitc 
françois, Miffionnaire à Pckin t 
publiées par Mi l'Abbé Grojier ^ 
te dirigées par M. le Roux des 
Hauterayes ^ Confeillcr - Leûeut 
du Roi, Profeflcur d'Arabe au 
Collège Royal de France , Inter- 
prète de Sa^Majefté pour les Lan- 
gues orientales \ Ouvrage enrichi 
de figures & de nouvelles cartes 
géographiques de la Chine an- 
cienne & moderne , levées par or- 
dre du feu Empereur Kan-hi , & 
gravées pour la première fois. To- 
mes V & VI. A Paris , chez P. D. 
Pierres , Imprimeur du Grand 
Confcil du Roi & du Collège 



Ociohre 1778. 1919 

Royal de France , rue S. Jacques 5 
Clouficr, Imprimeur de Ja Faculté 
de Théologie, rue S. Jacques. 
1778. Avec Approbation & Pri- 
vilège du Roi. 2 vol. //7-4 .Le pre- 
mier^ de 564 pages ^ le fccond 
de 588. 

^^N lîc peut que donner des élo- 
^ ges au zèle & à Temprcffe- 
cnt des Editeurs de cet Ouvrage, 
li ne paroi/Tent occupés que du 
in de remplir avec promptirude 
iirs cngjigcmcns envers le Public. 
es deux nouveaux volumes con- 
i;nncnt THiftoire de la Chine de- 
lis Tan 420 de J. C. jufques & 
>mpris Tan 888 , & il y a lieu d'ef- 
rrcr que nous verrons dans peu la 
) de ce grand Ouvrage. 

A Textinûion de la Dynaftie des 
fin , Tan 4 20 de J. C. , la Chine 

trouva divilée en plufieurs perircs 

juverainetés , mais indépcudam- 

lent de cette divifion , il le forma 

:ux grands Empires , l'un dat\^ V:^ 

Mmmmv * 



1930 Journal des Sçavansl 
Nord » & Taurre dans ie Mit 
Le Père de Mailla continue 
chaîne h'ftoriquc par celui du Mi 
dont les Empereurs étoient Chino 
Ceux du Nord étoient des Tartai 
qui avoicnt envahi les Provinces ft 
tencrionales. Il n'indique en mar. 
que ceux de I9 Dynaftie des Son: 
qui régnoienc dans le Midi, ce q 
femblc faire croire qu'il n'y avo 
qu'un fcul Empereur , & que l'aur 
n'étoit qu'un petit Souverain n 
belle. Les Annales Chinoifes les ii 
diqucnt Tuii & l'autre , & dès-lo 
on apperçoit au premier cpup d'oc 
que la Chine étoit alors divifée c 
deux Empires. On devoir fuivre cet 
méthode dans la traduction que Fc 
en donne. Quoi qu'il en foir , le noi 
vel Empereur du Midi fie porter 
fa Dynaftie le nom de Song qui éc« 
celui d'une petite Principauté qui ] 
avoit été donnée par le dernier Ef 
pereur des Tcin. Ce Chef de Dynafl 
nommé Kao-tfou monta fur Je Trê 
Tan 420 de J. C. Le dernier Empe^ 



Oaobre 1778. t^M 

vivoît encore, pour s'en debarraflcï 
il offrit un facrificc au Tien ou au 
Ciel , mêla ^u poifon dans le vin 
^ui de voit être offert, & en en- 
voya une bouteille à TEmpcreur dé- 
crôné , efpérant que Ja Religion lui 
défendroit dç la re.fufct. Mais un 
Minillre fidèle de ce Prince infor- 
tuné, avala k Yin ôc raourut peu 
de tems après. Le Prince détr<>né & 
Ton époufc^ fe retirèrent dans un 
appartement écarré , où ils croient 
obligés de préparer de leurs propres 
mains tout ce qu'ils dévoient man- 
ger. Le nouvel Empereur avoit la, 
politique de ne point paroîire ufcr 
<|c violence , efpérant de réuflîr par 
la trahifon : il parvint dans la fuite 
à le faire étouffer dans fon lit , alors 
il affcda beaucoup de trifteffe , prie 
le deuil & fit enterrer magnifique- 
xnent celui qu'il avoit &it périr avec 
tant de barbarie. Il ne jouit pas long- 
teras de fon crime, & mourut Tan- 
née fuivantc âgé de 67 ans. Voici le 
portrait que U P. de Mailla en &ir. 
Mmmmv'j 



IJ3Î' Journal des Sçavans ; 
•> Cctoit un Prince ne avec les pIiK 
9> grandes qualités & avec des incli- 
»> nations fupéricures à fa naifTance ; 
M brave fans oftentarion , févèrc 
» fans dureté ; il fut également ha- 
9> bile dans la guerre & dans le 
•> Confcil , fans tenir à fon fentimcnt 
« d'une manière trop opiniâtre , mo- 
w defte fans affedation , il fut doux, 
n honnête & même bon à l'égard 
»» de tout le monde. Simple danS 
»> fes habits , frugal à fa table , ri 
9» n'ambitionna point de fomptueux 
»» édifices; le Trône fur lequel il 
>> monta ne corrompit point fcs 
» mœurs & ne lui fit point changer 
•9 fa façon de vivre. On le vit rarc- 
*» ment forrir du Palais , unique- 
» ment pour fon plaifir : modéré 
f) dans ÏQs parlions , il eut peu de 
■o femmes & elles n'eurent jamais 
» affez d'empire fur lui pour lui 
w faire manquer aux devoirs da 
» Trône ». Nous tranfcrivons avec 
peine un fi bel éloge qui fuit immé- 
diatement la ttahifon que nous ve- 



OSohre 1778. 1^33 

nons de rapporter. Il faudroic que 
d'autres aâions d'un caratftère diffé- 
rent Ja fiffent oublier. Peut • être 
étoit-il néceflaire de remarquer que 
toutes ces belles qualités étoient 
celles d'un homme qui afpiroit au 
l*r6ne ^ & que quand il y fut monté » . 
il n'eut pas le tems de rien faire dâ 
remarquable , puifqu il ne fit poux 
ainfî dire qu'y paroître. Son fils qui lui 
fùccéda fut G. peu fenfible à fa mort 5 

3u*il daigna à peine en prendre le 
euiL On le dépofa au bout d*un 
an , on le fit mourir & on mit à fà 
place un autre fils de Kao-tfou. 

Cette Dynaftie fut détruite Tan 
479 , & celle qui porte le nom de 
Tlî lui fuccéda; à celle-ci l'an Çoi , 
en fuccéda une autre appellée I.eang 

aui fur détruite Tan 5 5 7 ; alors celle 
e Tchin monta fur le Trône & 
régna jufqu'cn ^50; enfin en 61^ » 
la Dynaftie des Tang parvint au 
Trône , & mit fin à toui les trou- 
bles qui avoicnt agité la Chine iç^tv- 
dant que ces cinq petites D^ii^vt:^ 



15 j4 Journal des Sçavans ^ 
avoicnc régné. Outre ces Dynaftiet 
<]ui étôîcnt établies dans le midi 9 
il y en avoit d'autres dans le Nord 
qui formèrent également un Empire, 
& cette multitude de Souverains qui 
régnoient tous à la fois dans ce 
pays , jette quelque confulîon dans 
THiftoire. Au reftc, le P. de Mailla 
a fuivi à cet égard/ le texte Chinois, 
Mais dans ce texte les événemcns y 
font cependant plus clairs 5 parce 
quon y marque, en tête, à quel 
Empire ils appartiennent ; peut-être 
que pour des Européens , à qui U 
(Jhine eft moins familière 9 en au<- 
roit mieui fait de donner (eparé* 
ment J'Hiftoire de chacun de ces 
deux Empires, celui du Nord & 
celui du Midi. Dans THiftoire Chi- 
noifc les Ouci Tartares qui occu* 
poicnt l'Empire du Nord, portent 
le titre d'Empeur , le P. de Mailla 
ne les appelle que à^s Princes de 
Ouei, 

La Dynaftie des Tang qui fuc- 
ccda k CCS tems de troubles fut une 



Octotre 177Î. i9îf 
des plus puiflantcs & des plus cé- 
lèbres de la Chine. Elle eue beau- 
coup d affaires avec Icsf Etrangers; 
nous aurions dciîré que le Traduc- 
teur , qaand il s'agit de ces Etran- 
gers , fe fût attaché à donner leur 
nom tel que nous le connoifTons , 6c 
non pas tel qu'il eft corronnpu paf 
les Chinois; ainfi, au lieu de dire 
ToU'Kiueij Ko'hany il étoir plus 
naturel de dire Turck, Khan; les 
noms Chinois font afièz défagréables 
à un Ledcur Européen , & par cette 
raifon il étoit inutil» de les nialri- 
plier *, on pouvoir, pour rexaâitude , 
fe contenter de dire que les Chino» 
altèrent ainiî tel ou tel nom Se 
prendre enfuite le vrai nom. 

Tai-tfong qui régnoit en 62,6 5 
fut un Prince célèbre. Un des Grands 
de l'Empire lui préfenta un jotnr utt 
placer pat lequel il lui demandôic 
tfcloigner d'auprès de faperfonnc 
les flatteurs. Il dit à l'Empereur que 
s'il vouloir les connoitre^ il navoic 
qu'à propofer dons le pumvftiCMk- 



193^ Journal des Sçavans ^ 
feil quelque chofe de coutraife ait 
bien de TEtac , & infifter à ce qu'on 
le mît à exécution , que par-là il 
verroic ceux qui flattcroienc fcrvilc- 
ment fés volontés. »> Je conviens, 
>î répondit TEmpereur , que ce 
»> moyen eft fur , mais fî un Souve- 
•) rain ufe de détours avec fes Grands , 
*> peut il en exiger de la droiture ? 
9> Les Princes font comme les four- 
)) ces des ruiffeaux , & fes Officiers 
w comme Tcau qui en coule : fi la 
» fourcc eft pure , le courant Teft 
'9 auffi j d'ailleurs j'ai toujours eu de 
•' l'averfion pour <:es rufes qui ne 
w fervent qu'à gâter le cœur. J'aime 
» mieux ignorer le mal s'il cxifte , 
>} que de le découvrir par des voies 
») obliques & indignes de cette fran- 
n chife fi recommandée par nos 
19 Anciens »». 

Ce même Prince fc rendit redou- 
table dans la Tartarie, & tous les 
Peuples voifins venoicnt lui rendre 
hommage. Un jour les Grands lui 
/>ropof(èrcnt de faire raflcmbler en un 



OSohre 1778. 19^7 

fcul corps tous les ordres cju'iJ avoir 
donnés, & ce qu'il avoit écrir pour 
en faire un Livre qui fût tranfmis à 
la poftériré. » Je confcns , répondit- 
•9 il, qu'on infère dans THiftoire, 
•» les ordres que j'ai donnés en fa- 
»^ veur du Peuple, mais de faire un 
*> Livre de certains écrits qui ne 
•» peuvent être d'aucune utilité , je 
»» ne faurois y confenrir. Les Empc- 
\. »> rciirs Lcang-ou-ti , Tchin-heoutc- 
1 •» hoû , Soui-yang-ri, ont tous com- 
f »» pofé des Livres qu'ils ont fait im- 
I •• primer ; leurs ont-ils été d'un grand 
( »> fccours &en ont-ils moins perdu 
• >» l'Empire ? Un Prince qui eft fut 
I » le Trône doit être fâché de ne pas 
I >3 gouverner ks Peuples par les ma- 
I » ximes de la vertu; qu'il écrive élé- 
' » gamment ou non , cela n'ajoute 
» pas beaucoup à fa gloire, & celle 
» dont il doit être jaloux , cft d'être 
»> cité , non comme Auteur , mais 
»» comme Père du Peuple parmi les 
» bons & les fagcs Princes. 

Sous ce Prince on fit un dénooft-^ 



I 

/ 
/ 



t 9 3 8 Journal des Sçavans , 
bremcnr de l'Enipirc , qui étoir alors 
compolé de trois cens cinquante- 
huit départcmens du premier & du 
X^cond ordre , en y comprenant 
x8^9 Villes du premier, du fécond 
& du troifîème ordre & la conquête 
de Kao-tchang ; il s'ctcndoit depuis 
la mer orientale jufqu'i l'oueft du 
Royaume de Yen-chi , & depuis le 
Royaume de Lin-y au fud jufqu'au 
pays de Tamo au nord; ainfi il 
avoit 9^X0 H détendue cft-oueft 
ic 109 1 8 li nord & fud. D'après 
un expofè fi fec , le LeAeur n*apper- 
çoit point qu'elle étoit alors TctcrK. 
duc de cet Empire. Il falloir indi* 
qucr où font fitués les pays dont on 
parle. En général il manque beau» 
coup d'éclaircifTemens de cette es- 
pèce dans cet Ouvrage , de manière 
que le Leâicur ignore fouvent en 
quel pays il cft. Quelques petites 
notes mrfes à propos , les noms cor- 
rompus par les Chinois , rétablis , 
auroient répandu beaucoup de jour 
fur toutcxcttc Hiftoire, qui pendant 



Octobre 1778. Î939 

k règne de la Dynaftic des Taiigs, 
eft remplie d'événcmcns rrès-impor- 
eans , parce que ces Princes faifoient 
la guerre dans route la Tarcarie, 
jtirqu'aux environs de Kafcbgar^ & 
qu Us avoienc des liaifons avec une 
infinité de Princes étrangers, tels 
que ceuï de Pcrfe & des Inde« : ainfi , 
au lieu de dixe Tien^tcho (1 Ton eue 
mis à côté In Je , le leAeai fe recon* 
noîtroit. C*cft auflî fous le régne de 
CCS Princes que des Chrétiens Nef* 
toriens allèrent fonder une Million 
à la Chine. Dans Tédit qui fut pu- 
blié contre les Bonzes , ces Chré- 
tiens y font défignés , & cependant 
le P. de Mailla n'en parle pas. L'E- 
diteur a feulement ajoute en note 
que CCS Chrétiens furent également 
profcrits par l'édit ; ce qui ne iaffit 
pas , le Icdeur aimcroit mieux trou- 
ver ce fait dans le texte comme il eft 
dans les annales. 

Tous ces grands Princes qui ont 
gouverne la Chine , Tai-tlong luH 
tncmc dont on fait tauc d'tlo^^ ^ 



1940 Journal des Savans » 
étoicn t perfiï ad cs qu'ils pou voi ent dc- 
venir immortels par le moyen de 
certaines drogues , & c cfl par cette 
raifon qu*ik favorifoicnt fitiguilère- 
ment ceux qiïi prétendoient avoir ce 
iecrct : tcb étoienc en particulier les 
Tao-fc, t* Rkn n'eft plus vrai , difoic 
*ï Tun dVuic, que j'ai le vérît^ible fc- 
M crer de rinri mortalité ; je l'ai éprna- 
11 vc fur moi - mcmc ; car tel que 
»> Votre Majeftè me voie, du lems 
^ de TEmpercur Yao , féroî^ Prd-fi- 
wdcut du Tribunal qui a foin des 
*» AmbaHadeurs crrangcr? , &: depiùs 
»* ce rems-là ma demeure ordmaire 
»5 a éré dan^ les montagnes de Hcng- 
»5 chan oîi j'ai mené une vjc dcli- 
•î cieufe* ^^ Malhcurcufcment l'im- 
poflcur vint à mourir qLielcjue rems 
af rês ; l'Empereur HÎLieriTtfong ne 
fut pas dcfabufc i il crut que cet irii- 
poflcur n'avoir fait que chanqcf de 
corps pour s'en rerourncr fur Tes 
montagnes , & ofa même ralltrcr 
devant les Grands de TEmpire, 
Une grande fccherclTc avoir fait 



Octobre 1778. 1941 

périt les récoltes dans les provinces 
méridionales -, TEmpcrcur Hicn-tfong 
qui régnoic alors, y envoya un de 
ùs Officiers ,& Jui tint ce difcours : 
ttje fuis bien aife de vous dire^ 
»» avant votre départ , qu'on n'cm-*. 
«> ployé dans mon palais aucune 
»> pièce de foie Tans en tenir rcgiftrc , 
*y parce c^ue je ne veux pas qu'on y 
•• faffc de dcpenfe fupecàue. Il n'en 
a> eft pas de même quand il s'agit de 
» foulager mon peuple ^ je ne crains 
»> pas qu'on dépenfe trop. Il èft bon 
•> que vous fâchiez mes intentions ^ 
» afin que dans la crainte de faire 
»»une trop grande dépenfç> vous ne 
•• rendiez inutile le principal objet 
*> de votre commiifion , &c. >i 

Le P. de Mailla a mis beaucoup 
4e femblables difcours dans toute 
cette Hiftoire. 

Noos ne nous étendrons pas da« 
vantage fur cet Ouvrage \ il faudroit 
entrer dans de tfop longs détails 
pour préfentcr un extrait fuivi de 
touce cette Hiftoire s Tordre chroûo<^ 



1942' Journal des Sçavans , 
logique qui coupe tous les cvène 
mens ; les fréquentes révolutions qu 
font arrivées 5 & quï font paflcr tou 
d'un coup le lecîèciir des province 
méridionales de la Chine dans le pay 
du nord , ne font point fufceptiblc 
d'extrait : ainfi , ce que nous en avon 
dit fuffit pour annoncer ces deux vo 
lûmes. Nous ajourerons feulemen 
qu'on y a joint une Carte de l'ancien 
ne Chine, qui doit être replacée dan 
le premier volume. Le r, Amiot 
dans le fécond volume des Mémoire 
concernant la Chine, en a drelfi 
une pareille , mais beaucoup moin 
détaillée , moins exade & moi« 
bien faite. Ce Miflîonnairc , quoi> 
qu'il s'agifle du même tems, donni 
beaucoup plus d'étendue à la Chint 
que le P. de Mailla , & s'écarte pai 
confcquent plus de la vérité» ^ 



OHobrc lyyS* 1945 

MiUOlKES dé rAcadimU Im-i 
pirialt & Royale des Sciences & 
BtlUsLeurts de Bruxelles. Tome 
premier. A Bruxelles , chez J. L. 
de Boubcrs, Imprimeur de TAca- 
démic. 1777. 1 vol. in-/^. de 700 
pag. avec figures. 

Second Extrait^ 

Nous avons annoncé dans no**^ 
tre premier Extrait que Tlmpc- 
ratrice-Reine , animée du de/ir d'ex*» 
cker dans Tes Etats- cette émulation 
n^blc qui fait éclore le génie , qui 
conduit à des entreprifes utiles & a 
^s découvertes intereflaâtes ^ vient 
d'ériger dans fes provinces.des Pays«# 
Bas unp Aeadémie des Sciences âc 
BfcUes-Lcttres. On a vu que \t^ Pays«> 
Bas s'étoient diftingués autrefois pat 
kur gottt poAr les Lettres. Ce fut à 
hrCour de BtoceUds^- la plus polie 
£^ la plus magmfiqué qu'il y eût alors 
en Europe» q^ Philippe de Cqxxh 



î 9^, 4 Journal des Sçavans , 
n-iincs puifa cette clcgance & cette 
politique lumineule qu'on trouve 
dans fcs écrits. La Bibliothèque des 
Princes de Bourgoj^ne ctoit une des 
plus célèbres de l^Europe, On en 
voit les reftes magnifiques confer- 
vés à la Bibliothèque Royale. Mar- 
guerite > filh de Maximilien flic pour 
les Pays Bas ce que François Pre- 
mier fuc pour la France. Mais la 
paix de Munfter devint l'époque de 
la décadence totale des Lettres dans 
ces contrées : depuis ce tems elles y 
furent négligées & demeurèrent dan» 
un état de langueur qui empiroit de 
jour en jour, ce Pour les en tirer- , 
•• dit TAuteur , il fallut que le ciel 
•5 mît fur le trône une PrincefTe qui 
w fait de l'amour de fcs Peuples Ja 
•ïbafe de fon Gouvernement, & 
m qui regarde comme un devoir fa- 
w» cré le foin d'éclairer fes -fujets. »> 

Nous avons parlé de l'établiilè- 
ment de la nouvelle Académie , Se 
des Mémoires de Mathématique & 
de Pbyfiqae renfermes daii; ce pre« 

vdcx 



Octobre 1778. 1945 
mier volume , nous aljlons parler ac- 
tuellement de ceux de ces Mémoires 
qui coocemenc la parde de rHif- 
toire , & particulièrement de celui 
oui traite de la Religion des Peuples 
de lancienne Belgique, par M, 
Dcfroches. L'Auteur a divife ce Mé- 
moire en trois parties. Il examine > 
l"»» quelle étoit la Religion de ces 
Peuples avant que les Romains fif- 
fent la conquête^ de l'apciennc Bel- 
gique: 1 • ce qu'elle éroir après cette 
conquête : y. 6c enfin, à la Prédi-t 
cation de TEvangile. Cdmme plu-* 
iieurs S^vaas ont déjà craûi cette 
matière. ,. il P^flic légèrement fur tout 
ce qui eft aflbcz connu , & s'attache à 
ce qu'ils ont ou négligé ou traite 
trop fuperficiellemcnt. 

Avant l'arrivée des Romains , la 
Religion des Belges n étoit pas par- 
tout la même. Ces peuples , nouvel- 
lement hors de la Germanie , fui- 
vciept la Religion de leurs ancêtres 

flus'fimplc que celle des Gaçlois. 
Is ne connoilToicnt point cctXt 
OBobrc^ Nnnn 



1946 Journal Jes Sçavans j 
multitude de Dieux & de DécflTcs ,' 
& n'en voulurent point qu'ils ne 
puflcnt voirdc leurs yeux. Ils ren* 
doicnt un cuire au Feu , au Soleil, à 
la Lune-, ils n'avoienr ni Druides , 
ni temples , ni facnficçs j ils n*of- 
FroJcnt à kujs Dieux que des priè- 
res. C'eft ce que Céfar arteftc ; mats 
Tacite femblc le contredire en rap* 
portant qu*ils ofFroient des viétimcj 
humaines à Mercure & des animaux 
à Hercule & à Mars. M. Defrôchcs, 
pour fauvcr cette contradidlion, pré- 
tend que Céfar nous dépeint les Ger- 
mains tels qu*ils étoient cinquante 
ans avant J. C. -, & Tacite, tels 
qu'ils éroicnt cent - cinquante ans 
plus tard , lorfqu ils avoient perdu 
leur ancienne fimpltcité & avoienc 
adopté plufieurs ulagcs de leurs voi- 
lîns. Ceci ne regarde que les Ger- 
mains nouvellement tranfplantés fur 
les rives du Rhin ; tels que ics Ufi- 
petcs , les BruiSteres , les Tenchteres, 
•les Sucves , les Sicambrcs , & peut- 
être les Bataves ôc les Frifons.' Quant 



Octobre 1778. 1947 
mux autres nations Bclgiques, elles 
avoicnc adopté les Dieux & les fa- 
crificcs des autres Gaulois , & leuc 
Religion fut un mélange bizarre de 
toute efpèce de fupcrftitions. Il nous 
paroît difficile cependant de diftin- 
guer à cette époque la Religion de 
ces deux peuples* Les Ëelges ador 
xoienc Tharamis pris par les Ro- 
mains peut Jup'itet y Hefiis pouc 
Mars » BeJenus pour Apollon » i|^e 
Déeife dont on ignore Ib nooipoui; 
Minerve 9 Theu ta tes pour Mercure » 
Ogmius pour Hercule. Malgré cette 
pluralité de Dieux > TÂuteurpcttfe 

Îue les Belges, à rimitation dc.^ 
iaulois 9 ont connu un &te fupcême 
qu'ils n oftrent repréfcntcr {o\i& aa-* 
cune forme extérieure & qu'ils noin* 
moient Hefus» Ils paroiflent même 
avoir connu la fpiritualité & la 
toute puifTance de la Divinité qu'il 
&lloit adorer à l'ombre des (prêts 
& dans le fUence des bois. Ils 
croyoient à l'immortalité .^q l'aide 
& à une vie à venir. L'affreufe cou- 



f^4^ Journal dis Sçavans^ 
fume de facrificr des hommes leur 
vint des Gaulois , fuivant TAureur ; 
& ce fiit auflî à lexcmplc de Ccux-ct 
qu'ils établirent des Druides, des. 
L)T«ideflcs & des Bardes. 

Dans la féconde partie, IVurcur 
fious préfenre la religion des Belges 
altérce &i <îéchuc de fon ancienne 
Hinplicité. Le nombre des Di.etrx & 
hîs' fmcrflâtioiw augmentèrent con- 
âdérableroent ; le» forets ne furent 
^tas les TeiAplcs de la Divinité , & 
devinrent elles-mêmes des Dieux; 
ëtïb&tit des Temples , tous les Dieux: 
i)k 'Romains fureiK adorés par les 
Bb)ges : l'Auteur indique les endroits 
^ lèUr Cttltc étoit établi. Parmi cz% 
Divi*iivês , 1b Déeffe Nehelcnnis fur 
hqûtflk on eft peu d'accord , & gue 
Ton confond avec la Lune, 1ns, 
Cérèi & Diane , tient un Ats pre* 
iniers^angs. L'Auteur rejette les in- 
tcrpréti^tionsque Ton a données de 
ce ndm , & penfe qu'il ne défigne 
autre chdk qt»e la nouvelle Lune 
a^U' i^yifnk^ tefl- fopprimé & change 



aclabre 1778. 1^49 
^n afpiracîon. Il (m voir que ^c 
.que l'on rapporte de cette Divinité 
convient à la nouvelle Lune. 

A Tcxcmple des Roroains , ks t\r 
vièrcs & le$ fontaines de la Bel- 
gique furent bientôt converties eu 
autant de Divinités. L'irruption des 
Goths êc celle de$ autres barbares , 
contribuèrent encore félon TAutçitr 
2 augtnenter le nombre At% Divi- 
sités des Belges. Il attribue aux 
Goths l'ufage de décorer quelques 
jours de la femaine, du nom ét^ 
Dieux feptentrionaux , parce qu'a- 
vant cette époque , les Belges comp- 
toiene par nuits. On peut cônfultcr 
ce qu'il dit fur ces dértominationj. 

Dans la troifièmc partie, l'Auteur 
traite de l'état du ChriAianifme dans 
les premiers tcms de fon établiffo- 
ment chez les Belges, & fait con- 
noitre les ufages du Paganifme qu'ils 
allièrent avec la reli-^îon. Les Pafi- 
teurs de TEglifc étudièrent à fonds 
Jcs pratiques payenncs & en fi^^^vVC 
un catalogue qu'ils cxpoîtttvw w. 
N n n u \\\ 



I 



1950 Journal d€S 5 çûvans ^ 
différens Synodes. L'Auteur pread 
celui qui fc rrouve à Ja fuite du Sy- 
node de Lcprints j mainrenant Lef- 
tines en Haynaut , tenu fous Charles 
Mattel en 743. 11 eft inrirulc ; Indi^ 
tulus fup^rjlitionum & Pûganiarum^ 
&€, Ce niorccau eft imprimé dans 
le iixiême tome des Conciles du P. 
Labbe j & dan^î d'autres collections; 
il le fuit par arriclc & y ajoute les 
éclairctnemcns iiécefïaires. Nou5 m- 
gageons le Lcdeur à confulter ces 
recherchcs- 

Lc Mémoire fuivanta compofé 
par M, TAhbé de Nclis, contient 
des réflexions fifr la pierre Btune- 
haur» Ce monument fîrgulier qui 
fubfifte pour le moins depuis douze 
fiècles 5 cft une pierre informe ëc 
brute, haute d'environ quinic pieds, 

L large de dtx & épaiffe de deux. 
Cette pierre eft à une lieue & demie 
deTournay, entre les Villages de 
Hollcin & de Rnngv, au milieu de 
la campagne | elle eft un peu échan- 
crccpaik haut & inclinée j on pré- 



I 



OSobre 1778. 1951 
fum;: qu elle a été poféc perpendU 
culaircnient V on n'y voit aucune 
infcriprion ni aucunes âgurcs. Ce 
monument eft ciré par les Géogra- 
ph'^s 3 mais les Hiftoriens & les An- 
tiquaires n'en parient points ou n'en 
farlcnt que très - fuperficiellemçnf. 
.'Auteur de te Mémoire réfute les 
opinions qui ont été propofées , & 
particulièrement celle qui Tattribue 
\ la Reine Brunehaut. Il croit que 
cVft un monument élevé parles habi- 
tans de Tournai , en mémoire de |a 
vidoirc qu'ils remportèrent fur ks 
Hérulcs qui avoicnt faccagc leur 
pays. Il allègue pour "établir fon 
. fcntimcnt , que cette pierre fc trouve 
à rextrêmifé d'un chemin que Us 
payfans des environs appellent en- 
core à préfcnt la Criu des Hurelus, 
terme qu'il regarde comme une cor- 
ruption du mot ffJr'ulcs, 

Dans le Mémoire intitulé : Exa- 
men de la qucftion y fi la langue des 
Etrufqucs a du rapport avec celle 
des Peuples Belgiques ; M. Deltochcs 
N n n ï\v>( 



15 5 * Journal des Sçavans , 
qui en cft l'Auteur, réfuce le fcntt- 
ment de Scrieckius qui a prétendu > 
que les Etrufqucs étoient une colo- 
nie des Germains & des Belges qui 
fournirent la plus grande partie de 
ritalie^ plus de mille ans avant Ro- 
mulus, & il conclut que les Etrus- 
ques & les Belges n'ont rien de com- 
mun , que leurs langues n'ont aucun 
trait de rcflèmblancc, & qu'en fait 
d'antiquités Belgiques , il ne faut 
pas toujours s'en rapporter aux lu- 
mières de Scrieckius qui vouloic 
trouver du Flamand par-tout. 

Nous ne dirons rien des reflexions 
de M, Defroches fur l'ancienne poc- 
fie Belgique i & nous terminerons 
cet Extrait par les recherches du 
même Académicien fur Torigincde 
' rimptimerie. Jufqu'id on ne compte 
que quatre Nations qui prétendent 
avoir inventé l'Imprimerie ; une 
cinquième, dit-il, va fc mettre fur 
les rangs. Dans les Archives de (a 
Confrairic de Saint Luc , appellée la 
Chambre des Peîotres, à Anvers ^^ 



OSoin 1778. !9Ç^ 

on trouve un ?kncien Livre qui coi^- 
tient des privilèges & des régleniens 
de ccrrc Confrairie, Le premier tirre 

Su'il renferme tft un règlement du 
énar , en faveur des Confrères de 
Saint Luc, du ^^ Juillec 14^19 
touch^^t les droits de réception à 
la Maurife ; on en cite ici les prq* 
pics tcrrnçs en Flamand , enf^iirp on 
obferve, i®. qu'on iie pe^t doutpr 
de raurhenricitc de cette pièce» 1^. 
qu'il y eft fait mention des Prcnter^y 
éc l'on prouve que ce mot iîgnifîc 
Imprimeur. Ainn en 1441 les Inp- 
primeurs étoient réunis à Anvers en 
corps de métier. M. Defrocbcs cifc 
un Pocmc Flamand compofé çn 
I j jo , dans lequel on parle des éyc* 
nemens arrivés fous Jean IL Duc àz 
Brabant , mort en 1 3 1 z ^ il y eft 
fait mention d'un nommé Louî^ » 
de Vaelbckc en Brabant , qui inventa 
la manière if* imprimer qui eji préfçn» 
temtnt en ufage. Ccft lui que f{|l. 
Dcfroçhcs regarde comme 1 Awjrcpr 
N n n ny 



1^54 Jotirnal des Sçavans j 
des premières .tentatives de rirnpri 
meric , mais il ignore à quel poin 
cet Artiftc a pouffé fon invcnrion 
En 1441 les Imprimeurs formoicn 
à Anvers un corps de métier, i 
long-tcms avant cette époque, il 
imprimorcnt en bois des Livres d 
figures , des rudimens pour les pc 
rites Ecoles , & des Livres de dé 
votion. Les plus anciens exemplaire 
qui exiftent , font foi que ces Impri 
meurs fc fer voient de lettres mobi 
les , auffi-bien que de lettres fix« 
L'Auteurs*cft beaucoup étendu fur c 
fujet, a examiné les opinions de ceir 
qui ont traité cette matière, mais noa 
nous fommes bornés ici à expofc 
ce qui diftingue le fien ; nous exhoi 
tons les curieux à lire ce Mémoire 
En général cette coUcdlion contier 
des morceaux très-curieux & trcï 
importans , & doit néceflTairemen 
contribuer à porter la lumière fu 
THiftoirc & les antiquités des Payi 
Bas, & à y ramener Ictude A 



Oclobrc 1778. 1955 

Sciences & des Arts, conformément 
aux intentions de rimpcrarricc- 
Rcinc qui a fonde cette Académie. 

Essai fur U Génie original {THo- 
mèrcj avec i'ctat adtucl de la 
Troade comparé à fon état aH- 
cicn. Traduit de Tanglbis de M. 
T^ood y Auteur de la Defcription 
des Ruines de Paimyre & de Bal-' 
bec. A Paris , chez les Frères De- 
bure, Libraires, Quai des Auguf- 
tins, près la rue Pavée. 1777. 
i/2-8 ' de 3 04 pages. Prix , 3 liv. 
l>roché« 

VOICI un des meilleurs Com- 
mentaires que Ton puifle faire 
fur Homère. M. w ood qui nous a 
déjà donné les ruines de Palmyre & 
deBalbeCy a examiné les ides de 
l'Archipel , la Grèce , les côtes Eu- 
ropéennes & Afiatiques de rHcllcl- 
pont , de la Propoptide & du Bof- 
phorc , )ufqu*à la mer Noire , l'Afic 
Mineure , la Syrie, la Phénicic ^ V^ 
N u n n \\ 



1556 Journal des Sçavans\ 
Pakftine, l'Arabie, l'Egypte, &c. 
Il a lu, accompaî^nè de quelques au- 
tres Anglois , rïiiadc & rOdyflïc 
fur la fcène où combaccit Achille ^ 
& dans les pays où voyagcoitUlyflc» 
Il a paffé quinze jours à faire uiife 
carte du Scamandre , ayant Homère 
à la main. C'cft après de'parèilles 
' •'^obfervations qu'il comniunique les 
remarques que lui & fcs eompa- 
^nons de voyage ont faites fur ce 
roëre, mais il a choUS celles qui 
développent davantage le caractère 
& le génie d'Homcre. Plus on fe 
rapproche du pays & du fiècte de 
ce grand Homme^ plus on apperçoit 
d'cxaftitudc dans fa maniérée de 
peindre la nature. M Wood cnvi- 
fage donc Homçrc comme Géogra- 
phe , comme Voyageur , comme 
Hiftorj^n ou Chronologi.fte. Il exa- 
mine fa Religion & fa Mythologie,. 
les mœurs & les Courûmes qu'il dé- 
crit , la langue qu'il parloit & lés 
connoiflances qu'il montre ; & fpus 
CCS diffcrens point€ de vue, il in- 



Oclahrt Î77S. 1^57 

dique avec quelle vérité ce grand 
Pocte a rendu la nature, mais il s at- 

' tache feulement à Toriginalité Se à 
Texaftirudc de fcs tableaux. 

» Malgré moiji admiration pour 
•• Homère, dit-il, je ne voyois pas 

*»> avant notre expédition > tous les 
•• charmes de TOdyllec : ce Pocmc 
♦* peignant la vie domeftique , fes 
•• bfaurés font pJus locales ; de pt- 
*• tirs détails qu'il cft difficile d'ima- 
9» giner , font le mérite de fès ta- 
• bleaux , Se la touche délicate du 
»• Peintre cft fi imperceptible que 
ï» pour la découvrir , il faut con- 
•> fronter la copie & roriginal. 

On a jugé lliiade fuj^rieure à 
rOdyflce, & Cette opinion, dit NL. 
Wood , doit s'accréditer davantage 
à mefare qu'on s'éloignera du fièclc 
du Pocte. En fuppofam un égal mé- 
rite dans ces deux Ouvrages , cel&i 
qui développe de grandes * paflîoi» 
trafiques , & qui s'attache le moins 
aux mœurs paUagères de la vie com- 
mune^ doit TÎvfC le plus loii^-iLtty:^ 



1^5^ Journal des Sçavans 
dans la mémoire des hommes. Mais 
je pcnfc, continue M. Wood , qu'çn 
cqnfidérant rOdyflcje fçus le carac* 
tèrc intéreflant d'un tableau fidèle 
des] mœurs du fiècle, elle dût être 
plus univerfellement goûtée que l'I- 
liade par le Peuple pour qui elle fut 
co.mpofée,&quc fieileamoins con- 
tribue à la gloire d'Homère « c'cft par- 
ce qu'elle a pafle chez des Nations 
qui n'avoicnt pas la même civiiifation 
ni les mêmes mœurs ^ .& qui étoient 
étrangers aux lieux de la fcène. 

D'après cet expofé, on peut ju- 
ger de l'utilité de cet Ouvrage qui 
eft un abrégé des converfations &C 
des réflexions que nos Voyageurs 
Anglois ont faites fur les lieux , les 
Poèmes d'Homère à la main. Elles 
font divifées en douze Chapitres-, 
I M. Wood commence par quelques 
obfcrvations préliminaires, enfuite 
il traite de la patrie d'Homère , de 
fes voyages ^ & de ce qu'il dit de la 
navigation , des vents & de la Géo- 
graphie^ de la defcription qu'il fait 



OSobrc 1778. 1^5^ 
du Pharos , de fa Mythologie , des 
mœurs des Peuples ; il confidèrc en- 
fuire Homère , comme Hiftorien 9 
examine fa Chronologie, fa langue 
& fes connoiffanccs. Cet Ouvrage eft 
terminé par un état aâuel de la 
Troade , comparé avec fon état an- 
cien. 

Si on rapproche les écrits d'Ho- 
mère du pays qu'il habicoic^ fes 
comparaifôns foumifTenc àt% con- 
jcâures fur le lieu de fa naiffance ou 
du moins de (on éducation. M. 
Wood choifit d'abord l'endroit où 
le Poète compare à une mer agitée 
les Grecs inquiets 9< floctans dans 
rincertitude , partagés cnrrc le fen- 
timent de l'honneur & celui du dan- 
ger, & qui défirent alternativement 
de s'enfuir ou de demeurer. De la 
côte d'Ionie 9 M. "W^ood a fouvenc 
obfervé la reffemMance de ce ta- 
bleau dans tous fes détails , ce qui 
Prouve la manière originale de ce 
oëte. Les montagnes de la Thrace 
forment le fonds du tableau iW xttck-. 



t^6o Journal des Sçavans ^ 
pêtc fc précipite fur la mer iEgte 
donc hs vagues fumcufes changent 
la couleur naturelle ; la cote d*Ionie 
battue fans cefTe par des flots qui 
mugiflcnt contre fon rivage , com- 
pofent lavanc-fcène. D'après plu^ 
iîeurs obfef vations de la nitmc ef» 
pècc , on peut conjedurcr qu'Homècc 
étoit Afîatiquc, & Tlonie paroîc Je 
point de vue d*oii il partit pour exa- 
miner la nature & les Peuples étran- 
gers. Il eft difficile dans un Extrait 
de rendre un compte exaâ: d'une 
foule d obfervations de cette cfpècc , 
il faut les lire avec TOuvrage àxi 
Poète fous les yeux. 

L'exaditude géographique d'Ho- 
mère a beaucoup frappé nos fçavans 
Voyageurs. Les rochers , les collines , 
les vallons & les promontoires qu'il 
décrit , atteftenc encore aujourd'hui 
cette exactitude , la propriété de ks^ 
épithctcs & la fidélité de fes tableaux. 
En parcourant la Troadc , on eft 
étonné d'y retrouver fes payfages , fc$ 
hoïs frais, fes prairies verdoyantes. 



Sobre 1778. ï^it 

fcs gazons fleuris , fcs pârtrrag-s & 
fc» plaines labourées^ & même lesijif* 
fércntcs produdions àc bled , êe r'm 
& d'huile. Cette Tcffemblancr, à des 
époques n éloignées j pone à crairc 
que l'Agriculture n y eft pas moins né^ 
^ligée maintenant qu'elle l'éfoir au 
îîèclc d'Homère. Ici M. Vood ob-' 
fcrvc que de tous les Traduiflcurs 
d'Homère , M. Pope qui a le mieux 
confervé fa Poéfie , a le plus dcrruic 
la vérité de fcs tableaux. Il a nourri ^ 
dit-il, cette Sanîmc divine du Pocte 
Grec qui s'efl: éteinte en d'autres 
mains-, mais afin de rendre fes vers 
harmonieux & btillans , il altère par- 
tout le caraâère & les mœurs âtt 
iiècie d*Homère; la Topographie 
n'eft pas plus teconnoifTable. *> Le 
» Pocte , dit M. Wood , eft un 
» Peintre qui copie la nature; il 
» remplir fon imagination des fcènes 
•> qu'il veut décrire; pouf que fon 
•» pinceau foit fidèle , il foiî^nc les 
•» détails autant que les niaflTcs , & 
> les mots oifcux en appaitnct \^^ 



1961 Journal des Sçavans f 
»> tenc fur l'enfenible un nouveau 
•9 jour : dès que les Commentateurs 
« & lesTradudeurs n étudient point 
» fa Géographie^ ils perdent de vue 
»> l'origininal y & ils ne peuvent 
»» commettre que des erreurs. 

Rien n*a plus blefle dans Homère 
que de voir des mœurs qui reflcm- 
bJcnr fi peu aux nôtres. Pluficurs 
allufions heurcufcs pour le rems ou 
il ccrivoit, font perdues, même pour 
ceux qui connoiflcnt le mieux TAu- 
tiquité. Quelques parties de l'Orient 
confervent cepenaant encore cette 
{implicite naturelle que nous admi- 
rons dans les Poèmes d'Homère & 
dans la Bible, TAuteur prend pour 
exemple les Peuples de l'Arabie , & 
il en fait le parallèle avec les récits 
d'Homcrc, 

Chez les Orientaux rien ne nous 
frappe plus qu'une diiîîmuiation pro- 
fonde & rafinée jufqu'au fuprcjnc 
degré dans les hommes de tous les 
rangs , mais fur-tout dans ceux qui 
font xevûcus de quelque pouvoir. 



1 



OHobfi 1778* 1963 
Tel eft le caraftcrc d'UlyATc ; & 
comme cette défiance univerfelle 
empbifonne tous les ordres de TË* 
tat , l'amitié & Taffeaion entre les 
individus , deviennent extrêmes lorC 
qu'elles peuvent avoir lieu; en effet , 
1 Hiftoirc Arabe cite un grand nom- 
bre d'amis qui approchent de Pyladc 
& d'Orcftc, d'Achille & de Pà- 
trocles. 

La cruauté , la violence & Tin- 
jufticc , font les effets naturels d'un 
Gouvernement défeâueux , & il 
n'eft pas befoin de chercher ailleurs 
l'origine des fcenes atroces qu'on 
trouve dans Homère. 

A préfcnt que les conditions ÔC 
\ts rangs font leparés , nous ne con- 
cevons gucres l'uniforme fimplicitc 
des mœurs du tems d'Homère j où 
il n'y avoit d'autre diftindion que 
celle du Maître & de l'Efclavc, du 
Propriétaire/ & du Serviteur. Nous 
n'aimons point à voir des Héros 
tondre leurs brebis , ou apprêter Icut 
dîner ; desReincs ic des PrincelfeSj^ 



^ 



1964 Journal Jesi 
fe livrer aux dcrnij 
du ménage. Chez J 
on voit encore rém 
de Prince 3 de Ber| 
Homère cd h pî 
dirM.Wood;ila 
les Arrs^ les Scicno 
les Gouvcnicmens g 
donné des idées jiii 
raâèrc diS premie] 
Grèce & de TAfi 
fous un ordre c 
divifcr en trois ép^ 
cjuc renferment riM 
UAutcur rcsrardc C€ 
le voyage d Enéc i 
porte its raifons 4 
ne à adopter imc 1 
d'iiui fenible être m 
que roriginc dei ^ 
vcrfellcmcnt appu^ 
que Tire-Live lupl 
mis de tout le maà 
iVHalycarnaffe prér^ 
fans répiic]ue, ëi cj 
û gcnéralejntnt pcâ 



OSoBu 1778. 196J 
; nous renvoyons le Leâeur eu- 
X de connoitre les moyens que 
iteur emploie, à l'Ouvrage même 
£1 précj/ion nous obligeroic de 
îcr en entier. 

^ Chapitre dans leauel TAureur 
re de la langue & des connoif* 
:es d'Hon»ère, mérite detre éga* 
cnt lu. Homère, dit M.^OQd , 
nous a \z\iSk un tabb:aa& ètendu' 
la Socittt civile de (on tsms , né 
tien qui donne l'idée qu'il cxiftat 
% un alphabet 9 & il «omploic 
■n des rermcs qui appartiennent 
sort de lire. Il-paroit qu'il jadreflbit 
ade & rOciyfiee à un iUidiroire» 
1 neBSt mentâton de Tait d'écrire 
«i'^un ni l'autre de Tes Poèmes ; 
É il connoiflbit làtis doute l'è* 
use hiéroglyphique. SuiiM^ntHo- 
no 9 tous les traites fe faifoient de 
idie, & fe ratiâoient par des 
M» Les premières Loiot «crîtes 
t celles de Dracon ; anaat cette 
•q«e , les ivènemcns Jk les Or- 
inMces fi: cnafeivoicic de vak^ 



1966 Journal des Sçavans , 
moire. L'Hiftoirc des anciens ter 
fc divulguoic en vers que les Pcup] 
tranfmetroienr fidèlement à Icii 
Succeffeurs. D après pluficurs aim 
obfcrvations , TAutcur croit po' 
voir fixer vers Tan 5 54 avant J. i 
Tufage familier de Talphabet dai 
la Grèce & récriture en profc. ' 

Du tems d Homère , il n'y ave 
^point encore de monnoie , &c to 
le' commerce ne fe faifoit que p 
échange; l'arithmétique ctoit ttè 
imparfaite, & le Poëte emploie po 
compter, un mot qui paroît ind 
quer que la première méthode éfc 
bornée aux cinq doigts de la mai 
En regardant Homère comme 
f ère de la Géographie , on peut di 
que fcs obfervations font exaâei 
mais que la Géographie fcience , 1 
étoit auffi étrangère que l'Aftronc 
mie. En général , les knsmcchan 
^ucs utiles étoient fort imparfid 
du tems d'Homère. 
> Quant aux Arts libéraux & à cet 
tle luxe 9 la Poéfie tient dans Home 



r. 



OSobre 1778. 1967 

le premier rang, mais on fçait que 
cliez les Nations (àuvages- & barba-' 
tes , le génie poétique a fait quelque- 
fois d'heureux efforts. La Mu/iquc 
accompagne la Poéfie. L'Auteur n'a 
las une plus grande idée de l'état de 
a Peinture & de la Sculpture du 
tcms d'Homère , quoique les Mo- 
dernes aient voulu prouver que le 
Poërc dans le bouclier d'Athillc, 
donne une idée complette de ces 
Arts; TArchîteâure ne fcmble pas 
avoir été connue de fbn tems comme 
Art. Toutes ces réflexions de M. 
Wood paroîtronr peut-être injuftes 
envers Homère , puifqu'eiles le pri- 
vent de plufieuTS qualités qu'on lui 
reconnoiflbit : pour le dédommager 
de cette perte , il examine fi Homère 
ne tira pas quelques avantages de 
rîgnorahce ou étoic plongée la So- 
ciété de Ton tems, relativement à* la 
langue Grecque* >» Les mœurs du 
%> (îèclc d'Homère » conclut - il , 
9t produifirent donc le fimpiicité 
t» naïve de fcs écrits : il n y avoit 



1968 JourmtldesSçdvanîy ^^ 
f aiofs aucune cxpreÛioii groflîcre^ 

M ou mdcccnre j ptrcc qu on n'avoit 
»» poJf^ d'idées imJTiocUik-<ï, On dc: 
n coanoi 11 o 1 1 po i n c de ter n^es tcc* 
V i;}iqij«$ quand les Arcs le ré(Jui-| 
n Toïcnt aux ufagts"'d£ la vie cani- | 
uniWiCi & Ton avoit peu d'idcesl 
m ab&aites avant la naiflancc de la 
f* Pfeilofophjc : U on croit nioiiu 
«) ècUi^ 1 on étoit moins obrcur«1 
^ Le Poëte pou voit changer la lor- 
•> me dt Tes mots fans en changer le 
•• fçns j & varier leur fon fans altc* 
4> rcr rexpTtrtion de ridcCi mais il 
»» ne bcrtâoit pointa Th^rmonie k 
If vérité j ni la ramre, 

p^ Tds fuient les avantages d'une 
^ langue qui a conrribaé à rendre 
»i Homère auffi original dans (es cx- 
» prefliojos que dans fcs idées; fimple 
1* avec dignité, naturel faos indé- 
n cence^ fçavant fans employer dps 
i# ternies Icientifiques , &: enfin le 
n plus <lair & le plus barmonicui; 
»» de t^ws les Poëres* 

Cet Ouvrage eft terminé par iiii0 
defcriptioq 



Octobre 1778. x^ïj 
dcfcrîption de l'état actuel de la 
Troade ^ comparé à Ton état ancien». 
L'Auteur a toujours Homère à la 
main , ce (\\n rend cette defcription 
beaucoup plus "utile. En général ^ ce 
morceau doit être regardé comme 
un excellent Difcours préliminaire 
Se une Introduélion à la leâure 
d'Homère -, fi Ton y. trouve quelques 
conjeâures hafardèes, on y remar- 
quera un plus grand nombre d*ob-^ 
icrvationscrès-hfureufes, une grande 
coonoîjflànce de l'antiquité , beau- 
coup d'érudition tçllenieQC ménagé<^ 
que CQut. Le^eqr peut lire avec wùt 
èc avec piai^r ce iporceau. Nous en 
devons la ttaduâipn àM^DeipeiiT 
nier , connu par pluficurs autres tra^ 
duâions & par divers Ouvragcf 
qu*U a publiés. 



•© 



OSobrh Coo!^, 



ïçyo Journal des Sçavans. 

ORI <^ i N E des Grâces ; par Ma- 
dcmoifcllc /?♦***. A Paris. 
1777, /V2-8% III pages, & les 

' Préliminaires xi. Cet Ouvrage eft 
enrichi de 6 belles gravures deflî- 
nées par M. Cochin. 11 iè trouve 
chez L. Cclior, Imprimeur-Li- 
braire I rue Dauphine. Prix 6 liv. 
broché. 

TOUS ceux en qui le goût des 
idées n'a pas éteint le goût des 
images, ni la Philofophie , le goût 
de la Poéfie » applaudiront à cette 
prociudion d'une Mufe de dix-huie 
ans , qui- , embelliflant des iiâions 
du genre de VAJlrée par ce' charme 
fîmple & touchant de la Poéfie grec« 
que , fi bien confervé dans U Téli'^ 
maque , & joignant à ces deux mo- 
dèles la finefTe & la grâce de Mon- 
tcfquieu , a fu fiiîre un Poëmc qui 
peut fcrvir de pendant au Temple de 
Gnide. 
Vénus entend chanter un Berger; 



OBohn 1778. IJ71 
fa voix l'attendrit ; elle aime -, ce 
Bctgcr , c eft Charités , c cft le père 
tics Grâces ; il leur a donné font 
nom 9 Charues ; il en avoir conçu 
l'idée î un Sculpteur habile avoic 
fu la rendre. Vénus voie ces crois 
figures enchanterefles qui ne font 
encore que des ftarues ; elle les ad- 
mite , les anime > les adopte pour 
Compagnes , les prèfente a Jupiter 
qui leur accorde rimmortalité , tC 
veut que leur influence embelliflè la 
nature. Tel eft le fond de cet Ou- 
vrage } mais ce font les acceflbires 
Îui en £bnc le principal mérite» 
/Epifode de la fête de Corefie eft 
,du plus grand intérêt. Voici le fujet 
de cctt^ fête , tel qu'il eft expofé 
dans le Poëme. 

i<Il y eut dans l'ifle de Nicée une 
j» fille nommée Corefie, par&itement 
>f belle 9 mais d'une indifférence ex- 
/> crème. Favorifée des Mufes > elle 
<> iraitoit leur chafteté ; & toujours 
•> cachée dans les forêts , elle ne 
f'sgccopoit que delà Poéfie^ tr«^ 
Oooo\\ 



\y]t Journal des Sçavans y 
»>rant fcs vers fur le fable & f irr 
•5 récorce des arbres ; mais elle ne 
»»chantoit"c]ue la' Liberté. Envaîii 
>: les plus tendres Bergers entrepri- 
>î rcnt d'adoucir fon coeur farouche; 
scelle fiiyoit d'une vîtciTc extrême, 
»' c/aviflaht les rochers les plus cf- 
*5 carpes , ou paffant les étangs à la 
^ nage pdmr fc défobcr à leurs 
»» amours. 

M Un jour étant endormie fôu« 
>' des fautes , elle fiit furprifc par le 
•' jeune Evaridre, qui la rotça de lui 
»' céder. Xdràfîé, au défefpoîrypcr- 
»*ça.le cœur du térncTairc iaivcc'ûn 
^'Tavelbt' Quelle pottoit à fa ceîri*- 
•''ture ,'& fc tua , après avoir gravé 
»> fon malheur far' utic pierre. Les 
>» Mufes la placèrent & lui dreffi- 
»i rtnt elfcs-rtiêmes un tombeau dans 
•»le bai$; m^ris elles jertèrçnt le 
« corps d'Èyandrc dans la mer : de- 
>i j5ufs ce; tttrips , ^lufieurs * belles 
" filles fc îToîît confaCrées aux Mufes 
« à l'exemple de Corefie. Toutes les 
»' Vierges de cette ifle s^aflemblenc 



OBobre 1778. 1973 
>» une fois chaque printem« autour 
»3 de fon tombeau ^our célébrer fa 
*>jnéinoirci un oileau envoyé par- 
»» hs Mufcs , iiilpcn J une couronne 
»> de. lierre à un cbcnc antique; &: 
9> après- les chants de douleur, celle. 
»> des jeunes Vierges qui dcfire le 
•3 plus vivement de reffcmblcr à Co- 
»» rtûc , reçoit la couronne de Toi- 
»> feuU : alor^ elle s'engage par fer- 
» mcnc de vivre indifférente j &; 
.« s'eafonçanc dans les forêts; j, elle 
*> ne paroît plus parmi fes compa- 
•5 gncs. " Vénus cnrrcprcnd d'abo- 
lir une fête fi contraire à ks intérêts 5 
l'Amour rend fcnfibies routes les 
Nymphes 4e Tifle ; elles commen- 
jccnfà regretter^lcs Amans que kycs 
rigueurs avoicnt rebutés, & à crain- 
dre la couronne quelles avoicnt dc- 
firce. Le rableau de toutes ces paf- 
fions naiflanîes eft plein d*ap;rcmenc 
& de naïveté .... ec L'oiil-au facrc , 
»> après avoir volé plufiçurs fois au- 
»» tour du chcnc , prend la cou- 
f» ronnc de lierre dans fon bec. Pla« 
O o o \\\ , 



1974 Journal des Sçavans ^ 
M fieurs Vierges . ; • . efpèroicnt n*cn 
35 plus être dignes, & trernbloicnt 
•» encore de la recevoir , lorfquc 
»» tout- à-coup l'oifcau s'ctcva dans 
»î les airs, & difpamr. >5 On vit à fa 
place une des colombes de Vénus, 
tenant dans fon bec une couronne de 
rofes , qu'elle porta fur la tête de 
celle des Vierges qui avoit paru la 
plus empreflce à imiter Corcfic , & 
qui depuis avoit abjuré arec le plus 
de force ce voeu indifcrct de ne ja- 
niai:5 aimer. 

Ce Poëmc eft fuivi de plufîeurs 
petits Contes allégoriques , dans 
Itfqucls on retrouve la même po6* 
fie &c le même goût. Celui qui a 
pour titre : U Bienfait rendu , nous 
paroît le plu? parfait. 

Life , jolie Bergère de quinze ans , 
avoit pris plaifir à dénicher des fau- 
vettes. L'intérêt qu'elle met à cette 
petite conquête , & avant de la faire 
&c après l'avoir faite , eft peint avec 
tant de force & de vciitc, qu'il rc- 
pand le plus vif intérêt fur tout le 



OSobrc 1778. 1975 
Conte; elle tient avec peine ces oi- 
fcaux dans fon jupon ; ils lui échap- 
pent ; elle n'en confervc que deux 
& regrertc le$ autres. Tout-à-coup 
fon piaifîr cft troublé par les cris 
plaintifs de la vieille Niiélé qui ve- 
voit de perdre fa chèvre , feule rel- 
Iburce dans fa m lier e, feul leded'un 
troupeau nombreux que la conra- 

fion-avoit détruit s Life donne la li- 
crté à fcs fauvettes ; elle court après 
la chèvre , s'enfonce dans un bois , 
franchit des buiffons épineux qui 
font mille blefliires à fes pieds déli- 
cats. Mais Life » qui cft aufli bonne 
qu'elle cft jolie , ne prend pas garde 
à un mal qui contribue au bonheur 
d'un autre; elle appcrçoit la chèvre, 
l'atteint & la ramené en triomphe. 
Nhélé fe reproche d'être caufe qu elle 
a perdu fcs fauvettes. Life foupire à 
ce fouvcnir ; mais le plaifir d'avoir 
fait du bien la confole. 

Ce foupir de Life eft un trait cfu 
meilleur goût & de la plus fine intel- 
ligence^ il montre toute l'étendue 5c 
P Q Q VN 



ïp/fi Journal des Sçavans 'y 
tout le prix du fàcrificc , en faîfant 
voir combien Life y eft fenfiblc. 
Trop de Romanciers , faute de 
goût , ont gâté des avions gcnércu*' 
iç^s pour avoir vouKi les rendre trop 
généreufes-, tojit ce qui eftau-dcli 
de la nature ceffe d'intéreflcr. 

Une grande nouvelle vient excf* 
ter rémulation parmi les Bergères. 
Hllas , le plus riche & le plus beau 
des Pafteurs , va revenir a un long 
voyage ; & à fon retour il doit pren»- 
dre pour fa compagne celle des Ber- 
gères au-defliis de quinze ans , qui 
aura chanté la plus jolie chanfon ail 
jugement de tous les Bergers. 

Life étoit toujours un enfant 5 
elle continue de prendre des oi féaux , 
ne fonge point à conquérir Hilas , 
& ne fait ni n*apprend de chanfons. 

Le jour de la folcmnirc arrive. 
Hilas & Life fe voycnt ou fe regar-^ 
dent pour la première fois. Hilas, 
dans îbn cœur, préfère Life à toutes 
fcs compagnes, & lui fouhaire le 
prix. Life commence à regretter de 



Octobre lyyg, 1977 
fie s'ctre pas mile en état de J'obrc*- 
lîir ; un coup-d'œii jette fut HiJas a 
changé fon amé & décide de fon 
iort ; elle préfère Htlas à fes oifeaux , 
à tous les objets qui ont fait jufques- 
là fon amufenient*, mais elle ne fait 
point de chanfon. 

Ses Rivales l'efiacent fur ce fcul 
article; mais ccft ratticle dccifif. 
Son tour arrive de chanter \ Life 
avoue fon ignorance en elfayant de 
cacher fes larmes. Nhélc \cf^ vit. 
Hilas , en annonçant qu'il choifiroit 
une Epoufc parmi \zs Bergères au- 
delTus de quinze ans , avoir oublié 
d*ezpliaucr jufqu à quel âge on pour* 
roit prétendre à Ion choix , Nhéié, 
profitant de Téquivoque , demanda 
d*être admife au concours : quel- 
qu*ctrange que parût la propo(ition , 
' Nhélé étoit fi refpedée qu'on voulut 
l'entendre. Ses yeux s'animent; le 
plaifir & l'cfpérance femblcnt avoit 
cfFacè les rides de fon front \ fe* ac- 
ccns attendriffert tous les cœurs ; 
cUc célèbre la bienfiaifarkce d'uu ^xv- 
O ooov 



1978 Journal des Sçavans l 
fant qui a facrifié des oilbaiix chéris 
au repos d'une vieille Bergère qui 
avoit perdu fa chcvrcr 

Nous n'avons pas bcfoin de faire 
remarquer combien cette idée eft 
heureufe & touchante» 

Lejpriseft déféré à Nhélé. Hilas 
lui-même, partagé entre Tadmira- 
îion & la douleur , tient à Nhélé le 
difcours le plus décent & le plus 
convenable à fa fituation : « Ma 
a» mère , lui dit-il , la couronne eft à 
•» vous , & le don de ma main doic 
*> la fuivre. Si vous l'acceptez , vos 
» vertus me feront oublier votre âge.»» 
En difant ces mots, il regarda Life 
& foupira* 

Tout cela eft d*jn goût exquis- 
Toute Taflemblée attendoit avec 
impatience quelle feroit la réfolu- 
jÈion de Nhélé; elle prend la cou- 
^lonne des mains d'Hilas qui vouloit 
la lui pofcr fur la têrc , & s'écrie v. 
V Ecoutez, Bergers & Bergèf es. Cette 
^ chanfon qui vous attendrit , c'eft 
» Life qui r«i faite : ou plutôt LiJfe 



Octobre 1778. ^579 
^ eft Tcnfant généreux qui a facriflfr 
^» fcs plaifirs pour courir après rtra 
••chèvre que javois perdue. Sans 
»elic, mes chers amis , j'aurois érc 
»• obligée d'avoir recours au Itîrde 
M vos troupeaux pour me nourrir ^ ic 
•• à leurs toifons pour filer mes vc- 
wtcmens. SouflFtcz donc que je dif- 
•^pofc en faveur de Life de cette 
»* couronne à laquelle mon âge me 
»>dcfcndoir d'afpircr.« En difanc 
ces mots , Nhélc met la main de 
Life dans celle d*Hilas; & pofant la 
couronne de rofes fur la tête de la 
jolie Bergère : w Soyez unis , leur 
«>dit*elle; & vous , ma Life, appre* 
»nez qu'un bienfait n'eft jamais 
» perdu. »> 

Ce petit Conte ou ce petit PoS- 
me nous paroît la plus intércflanrc 
-le la plus morale de toutes les Paf- 
toralcs. M. Geflhcr , dont tous les 
Bergers font diftingués par la vertu, 
pourroit defîrer de l'avoir faite -, la 
vertu n*cft nulle part ni plus aima- 
i)le ^ ni plus juftement coMtQTvcv^^ \ 
O o 00 \\ 



15)8^ Journal des Sçavans i 
Tagrément des détails répond au 
mérite du fond ; & fi nous avions à 
choifir entre le Poème même de 
V Origine des Grâces & cette Pafto* 
raie touchante , nous ferions tentés 
de donner la préférence à celle-ci; 
nous ne croyons pas pouvoir rien 
dire de plus fort. 

Une remarque bien importante 
qui ne doit point nous échapper , 
c'eft que dans tous ces Ouvrages 
d'un Auteur de dix -huit ans, & 
d'un Auteur , dont le lexe n eft pas 
nourri dès Tenfence, comme le nô- 
tre , des bons modèles de Tanti- 
3uitc, on ne trouve pas un trait 
'un* goût hazardé, pas un orne- 
ment recherché ou déplacé , pas ce 
3u'on appelle un trait de jeuneflc 
ans le ftyle ; c'cft partout le goût 
le pluls pur & le plus fur \ & nous 
pouvons dire ici avec l'Auteur d'A- 
tbalie : 

Quel Aftre à nos yeux vient de luire? 
Quellèiaqael^ue jour cr talent merveilleuse ? 



OSobrt 1778. 198* 

Il btave le fade orgueilleux , 
£c ne k laifTe point féduire 
A tous Ces accraits périlleux* 

UEdition, nous devons l'avouer; 
cft plus ornée que foigncc. L'cxccu- 
cution typographique ne répond pas 
entièrement à la beauté des figures 
ni au mérite des ouvrages-, on trouve 
quelquefois des fautes d'impreffion 
bien /îngulières. Telle eft celle ci: 
Page 72 , dans l'AlJégoric intitulée , 
Mars. Le noble dejir D^AFFRAN- 
CHIR Us dangers; il cft évident qucf 
TAuteur , qui connoît fi bien la pro- 
priété des termes , avoit mis : le no* 
bîe defir D^AFFRONJER les datir 
gers. 



l98i JoufnaldcsSçavans^ 

Essai fur P Eloquence delà Chairii 
Seconde Edition , revue , corri- 
gée & confidcrablemcnt augmen- 
té ; avec un Difcours de la Cène; 
prononcé devant le Roî en 17771 
& un Panégyrique de S. Bernard, 

Erononcé à Paris la même année. 
>édié àMONsiETUR, par M. 
l'Abbé de Befplas , Vicarre-Gé- 
néral du Dioccfe de Befançon^ 
Prédicateur du Rot^ & Aumônier 
de Monsieur» 

QuU dah'u mihi viderc pulverem oris U* 
lius per çubd magnalia & intffabilia ChrijCuê 
locutus efl, & admîranda illa oracùla orSi 
protuHt Spîritus Sanâius ? 

S. Chryf. de EiKomio PauB. 

A Paris , chez les Frères Debure ," 
Quai des Auguftins , près la rue 
Pavée. Avec Approbation & Pri- 
vilège du Rot. 1778. i/2-ii. 4j6 
pag. & les Préliminaires 3 2. 

NOUS avons rendu compte de 
cet Ouvrage dans le tems de 
h, première Edition \ nous ne parler 



Octobre 1778. 1985 

tons de ccUc-ci que pour cJirc qu'elle 
remporte de beaucoup fur la prc-^ 
inière par labondancc Sc la matu- 
rité des idées ; on fcnt que TAuteur 
a profondément réfléchi fur fon art, 
& qu'il joint une théorie vaftc 8c 
fine à une pratique heureufe, Cec 
Ouvrage cft une très-bonne rhéto- 
rique , quoique Tenfemble & Tcn- 
chaînemenc des principes n'yfoient 
peut-être pas afTez fenfibles. On 
peut difputcr fur quflqucs-uncs des 
idées de rAurcur; c'cft l'effet de l'ar. 
bitraire répandu fur les matières de 
goût , mais on ne peut refufcr à l'Au- 
teur beaucoup tfcftimtr & d'c louan- 
ges. Nous allons difcuter quelques- 
unes de fes opinions. . 

M. l'Abbé de Befplas ne fe mot>- 
trc-t'il pas un peu trop Prédicateur 
àès la Préface, lorfiju*il s'exprime 
ainCi} 

c« Horace , Cicéron , demandetvci 
«» des larmes aux Orateurs ; com-î 
M ment les obtenir pour des objet» 
M auxquels le Qcl ne les a cas dtftkr 



1^84 Journal des Sçavans y 
*' nées ? Que peut clpérer l'Orateur 
»» du Barreau ? Une indignation paf- 
»> ftgèrc; le théâtre ? des pleurs quoa 
»> rougit bientôt d'avoir répandus.»* 
Ne dcvroit-on pas rougir plutôt 
de n*en point répandre , puifqu*ils 
font des témoignages glorieux d'hu- 
manité i de: feofibilité > quand ils 
coulent fur les malheurs d*autruif 
Souvenons-nous de ces beaux vers 
d'Alzirc : 

Ne cache point tes pleurs j cefle de t'en dé-; 

fendre , 
Ceft de rhuœanicë lainarquela pljis tendres 
Malheur aux coeurs ingrats i& nés pour les 

forfaits , 
Que les douleurs d*aatrai n'ont attendris ja« 

maie. 

Mais l'Auteur voudroit que les 

E leurs ne coulaflcnt qu'au nom de* 
i Religion; il vcut^i*Eloquencc 
facrèc a^tendrUfc ; donner à rElo- 
quencc es caradèrc & cet effet : voilà- 
l'objet principal de fon Livre ; c^eft 



Octobre 1778. 1985 

au cœur de Thommc qu'il veut que 
rOratcar s'adicflc , & cercaiiKment 
il a rai(bn. • 

Voici une autre idée aflcz analo- 
gue à la première -, on y rcconnoît 
encore l'Orateur facré, mais on y 
Vecoriiîoît auflî le Philofophe & l'E- 
crivain habile^ qui a fa manière à 
lui y quoiqu'il foit un peu guidé en 
cet endroit par Pafcài Se par Young, 

a Le vrai beau , le vrai fiiblimc , 
» cft prefquc toujours dans le fom- 
nhxc. Les Ouvrages mélancoliques^ 
»dit Un Auteur eftimable, (M. le 
M Comte de Biffy ) fane ceux qui 
nplaifent & attachent le plus. Eh l 
i# pourquoi le fombre a-t*il des droifs 
H fi forts fur notre ame? G'éft qnc 
>> l'homme qui fent fa diç^nité, s^ap^ 
y> perçoit qî^ici bas il TLejt point à fa 
vi place ; pourfuivi partout par le 
>»fentimcnt de fa grandeur, il ne 
» rencontre que des objets qu'il dc- 
» daigne : ainfi , chercher à l'crour- 
fidirparlcs amùfemens , c*eft: vou- 
Hloir le diftraire dans un noir caf- 



1^8^ Journal des Sçavans j 
f^ chot où il ne (cnt que le \^o\^s de 
» (es chaînes. Quand il gémit , il eft 
H dans Tordre naturel : fe livrant à 
> la joie, il trompe Ton efpric & fon 
» cœur ; il ne peut tirer de celui«ci 
» que des fentimens faux ; & du pre: 
H micr , que de vaincs penfées. Cnoî^ 
^lifTcz donc de préférence les fujcts 
» (le terreur. On a beau détournée 
»rhomme de fa fin , il n'cft grand 
» <.]uc par les rapports qu'il conferve 
» avec elle ; ce n'eft que dans TEter* 
» nité qu'il peut fûrement jetter l'an- 
» cre : or , il y a un dépouillement 
» préliminaire à fubir, & par confé- 
M quent un fond de triftefle qui s'en- 
» t retient continuellement dans fon 
>»ame: mais comme cette trifteffc 
>» a pour terme de grandes & hautes 
» deftinécs , voilà pourquoi le fubli- 
»me & le pathétique , qui y tient le 
» premier rang , fe rencontrent fans 
» efforts dans les fujets lugubres. >► . 
L'Auteur établit, d'après plufieurs 
autres Rhéteurs, la règle qu'il faut 
rompre le vers , furtout rAlexandrin^ 



OSoire 1778, 1987 

toutes les fois qu'il fc rencontre dans 
la profe. Nous avons foulignc un vers 
Alexandrin dans le morceau précé« 
dent , & voici uiic phrafe de Maf^ 
(illon à laquelle TAuteur donne des 
éloges , où il ne mêle aucune cri- 
tique. 

44 Le Sauveur , le Chrift , le Ser- 
>»gneur —— paraît enfin aujourd'hui 
9f lur ia terre ; — les nuées enfantent 
$^lc jufte ; — leroile de Jacob le 
» montre à Tuniver?. » 

De ces quatre membres de phrafe > 
le premier eft un vers de huit fylla- 
bcs , le fécond un de dix , le trof» 
ficmc n'eft pas un vers exaâ: à caufc 
de Ve muet du mot nuées , mais à 
rorciUci c eft une cfpèce de vers de 
butt fyllabes *, le dernier eft un beati 
Tcrs Alexandrin. Neus avons vu ^ il 
y a quelque-rems» dans le Journal 
dt Politique & de Littirature , une 
Lettre où Ton difcuroit, rclativc- 
incnt à notre langue , cette préten- 
due règle , qu'/V n^tfl jamais permis 
de/aire de vers dans la profe ; cette 



19^8 Journal des S çavans ^ 
Lettre nous a paru mériter attention. 
Mais ce qui. nous étonne beaUf 
coup, c'cft que M.,,VAbbc de Bqf^ 
plas donne pour un exeii)ple àzV^h» 
riodela phrafe de Maflillon qui vient 
d'être citée ; il ctt clair ^que ce n'cft 

3u'une fuite de phcafes & d*imagcs 
érachces. 
L* Auteur donne encore pour une 
Période ce morceau dei'Oraifoii Fifc» 
nèbre de Turcnnc par Fléchieç. /; . 
<i A ces cris Jérufalem redoubla 
» fes pleurs ; —les voûtes du Tcm- 
» pie s'ébranlèrent ; — le Jouxdaia 
M fe troubla , — -& tous fes rivages 
» retentirent du fon de ces lugubres 
» parole? : comment tfi mort cet Aoxft.- 
»/72tf puiffant quifauvoit U ptuph 
» (ClfracL » 

C'cft comme fi on vouloit trouver 
une Période à quatre membres dans 
ces trois vers du récit de Théra^ 
mène : 

Le ciel avec horreur voit ce monftre fatt* 
vagc, 



Octobre 1778. 158^ 
terre s'en émeut , Tair en efl infedé , 
Boc qui r^ortâ recale' Vfpouvancé.' 

ift au contraire une énuméracion ; 
rien n*cft plus oppofé à la nature 

la Période que Ténumération , 
fquc celle ci ne préfence oiiç des 
its détachés , & queja Période 

& cfichame tpuc. 
L*Auccùr nous paroît avoir mé- 
tinu entièremenc Teifence de la 
riode; il appelle Période à huit 
mbres ce portrait de Cromwel 
tïs Boffuct. 

4< Unliomnic s'cft rencontre d'une 
>rofonJeur d'eforic incroyable j 
:^-liypocrite rannc autant qu*hâ- 
i)ilc politique 9 — capable de tout 
entreprendre & de tout cacher, 
—également aâif & infatigable 
!ans la. paix &'dans. la guerre ^ 
—qui lîc laiiToit ^ieii \ la fortune 
Je ce qu'il pourait lui ôter pat 
ronfeitSc par prévoyance-, — niais 
lu reftc (î vigilant & fi prêt à tout , 
—qu'il n*a jatnais^manqué^ les oc^ 



J99^ /o«r»a/ des Sçavans , 
»ca{ions qu'elle lui a préfçntées 
H -—enfin un de ces efpxits remaaa 
v^ &c audacieux qui fcmblent être né 
» pour changer le monde. » 

Ceci cft un rablwu qui contieni 
les divers traies p^r Icfquels Bo^Tuci 
a- cru devoir peindre Cromvcl; 
mais û c*cft-là une Période, rqt 
cft Période, & il fapdra regarda 
comme une Période à membres in- 
nombrables cette vive & rapide ënu 
mération tirée de TOraifon Funè 
bre d'Anne de Gonzague. 

« Que ne lui promit-on pas d.^ 
» Tes befoins ! Mais quel fruit lui ei 
Hrevintrily fipon de cpnnpître p^ 
f> expérience le faible des grands Po 
» litiques ; leurs volontés changêan* 
» tes ou leurs paroles trompeufesj Ij 
» divcrfc face des tcms -, les amufç 
» mens des promeffes ; Tillufion dçi 
» amitiés de la terre qui s*cn voni 
» avec les années & les intérêts j ti 
» la profonde obfcurité du cœur4< 
f> rbomme , qui ne fait jamais a 
>» qu il voudra ^ qui fouvcnt ne fail 



OSotrc 1778. 1991 
M pas bien ce qu'il veut ^ & qui n eft 
n pas moins caché ni moins trom- 
>tpeur â lui-mcme quaux autres? 
H O éternel Roi des fîècles , qui pof- 
Miédczfeul l'immortalité; voilà ce 
M qu'on vous préfère*, voilà ce qui 
I» éblouit les âmes qu'on appelle 
n gtandcs ! >» 

Tous CCS beaux morceaux font 
évidemment des aflemblages de traita 
détachés & de propositions indépcn* 
dantes les unes des autres. Voici des 
Périodes ; on va voir comme tout 
I s'y tient , comme tout eft lié. 

a Si quantum in agro l/ocifque de* 
n finis audacia poeefi , "•^tantùm 
n in foro atqui injudiciis impudcn^ 
v^ iia valcret ; — non minas nunc in 
v^caufd cédera Aulus Cœcinnafixn 
nMutii impudenti0 — quant fum 
^ in vifaciefiddceffit audaciœ. » 

C I c E R. pro Cœcinnaf 

Simta cum vefiris valuiffent vota , Pelafgi^ 
• Non foret ambiguus tanti etrtaminis harts ^ 
« Tuque tuU armis , nos te pouremury Aehill0% 



I ^ 9-i Jf^^^Tial des Sçava/is , 

» Si M. de Turennc n'avoic fu 
»^que combattre & vaincre j s'il ne 
Msctoic çlevè au-dcflus des vertus 
» humaines ; fî fa valeur & fa pru- 
if dencc n'avoicnc été animées d'ua 
H cfprit de foi & de charité ^ je le 
>^ mettrois au rang des Scipions Se 
$f des Fabius ; je laiiïcrois à la vanité 
i> le foin d'honorer la vanité, & je* 
>xneviendrois pas dans un lieu fainç 
» fîiirc l'éloge d'un homme profane , 
» s'il avoir nni fes jours dans l'aveu- 
» glemenc & dat>s Terreur ^ je loue? 
» rois çnvain des vertus que Di^îu 
>^n'auroic p^^ çf^urpnnées ; je rép^iti- 
H drois des larmes inutiles fur ioa 
1^ tombeau ^ & fi je, parlqis de fa 
I» gloire , ce ne feroic que pour dé- 
^plorer fon malheur.» 

F^.ECH. Oraifn Funè^ de Tunnne* 

Ah! s% ont pd choi/ir pour leur Libérateur, 
Spartacus, un Efçlave , un vil Gladiateur ; 
S'ils fttivenc aux combats des Brigands qui 
le* vengent, 



n. J 



Oclohu 1778 1993 

De quelle noble ardeur peufez-vous qu ils Ce 

rangeDC 
Sous les drapeaux d'uu Roi long-cems vicr 

torieuz ^ 
Qui voie ju(qu*i Cyrus remonter (es ayeuiç. 
Racine, Mithridate» 

Autant qu'il faut de foins , <f égards âc de 

prudence , 
Four ne point acculer L*honnear & Tinnor 

cence ; 
Autant il &ut d'ardeur , d'inâexibinté , 
Four déférer un traître i la fociété. 

Grès SET, dans le Méchant: 

«« Le génie , dit M. l'Abbé dcBcf; 
y^ plas , a trop de grandeur pour pou- 
n voir être affujctti à de telles rèr 
»»gles.>» 

Mais il ne s'agit pas de s alTujettît 
à des règles ; on ne fc dit pas ifal^ 
fons une Période , une exclamation ^ 
une apojlropht , une antitkhfe , &c. 
L*Orateur fuit les mouvemens de Ton 
génie , & le génie produit > félon Iç 

Octobre^ P P P E 



I <; ^ 4 Journal des Sçavans , 
befoin , ou des périodes , ou dc^ 
pluafcs coupées , ou des figures, &c. 
Cependant l'idée que nous réfutons 
cfl: un fophifmc auquel les Rhéteurs 
^c les Rhétoriques ont quelquefois 
donné lieu \ les Rhéteurs ont remar- 
qué que tel Orateur, traitant tel fu- 
jet , animé de tel mouvement, avoit 
produit telle figure ; on en a conclu 
qu'ils donnoientlc précepte de s*cxct- 
cix à produire en pareil cas les me-' 
nKS figures ou des figures fcmbla* 
blcs. On ne trace point ainfi là route 
du génie , c cft à lui à fc la frayer 5 
mais les modèles du beau en tout 
j/cnre forment le goût 9 & voilà 
1 objet des Rhétoriques techniques. 

Le Père Bourdalouc, dans fou 
Sermon de la Réfurreâion , dont le 
texte eft : SurrexU , non cjl hîc^ àkr, 
bute ainfi : 

•» Ces paroUs font bien diffirentes 
v^ de celles que nous voyons càmmw^ 
>> niment gravies fur les tombeaux 
>» des hommes^ quelque puijf ans qi^ils 
fiaient été; à quoife réduifent ces 



OHohrô 1778, ^99^ 
9f magnifiques éloges qiion leur don^^ 
H ne^ & que nous lijonsfur ces fu^ 
» perbts Maufolics que liur élève la 
» vanité humaine ? A cette trifie inf 
» cription : Hic JACET. 

M. l'Abbé de Bcfplas, oui voit 
prcfquc par -tout des périodes, 
trouve celle-ci très -belle, malgré 
Tinégalité des membres, parce que, 
dit-il, tous les mots y ont beaucoup 
de majcftc & de force , au*ils fonc 

\ Parfaitement bien enchaînes , & que 

* la chute de la période, hîcjacet^ e(t 

% fubiime. 

j Le fens de cette chute eft fublime 
fans doute, Iccontrafte de la vanité 
hunnaine ^|fl|^tce trifte infcription 
cil trcs-beH^mais ce. mot de ftyle^ 
^ jactt , fi rebattu qu'il fe trouve 
employé même d'une manière plai- 
iàote dans une Comédie connue , 
n'eft-il pas un peu bazardé en cet 
endroit ? Ceft un fimple doute que 
nous propofons , & nous fentons p 

1 en le ptopofanc^ que les paroles dti 
Ppppi) 



I9ç6 Journal des S çavans^ 
texte , non ejl hic > fcmblcnt autorl-^ 
fer la citation des mots hîcjaut^ qui 
çonrraftcnt avec les premiers. Bour- 
dalouc en cfFet , rend ce contraftc 
fcnfiblc dans le morceau fuivant: 

» Ce Grand , et Conquérant , cet 
» homme fi vante dans le monde y 
>> efl ici couche fous cette pierre & en* 
%^Jiveli dans la poujjîire , fans aue 
» tout f on pouvoir & toute fa Gr an-' 
» dtur Ven puiffe tirer ; — mais il 
» en va bien autrement de Jefus-j 
» Chrifl ; il r!efl plus là. 

» Les membres, dit TAutcur; 
» ont ici plus de proportion ; mais 
» ce dernier a un tojudéfagréable , 
» & il finit par unflB||^c brufque 
» & dure. // e/2 va bieWSutrement i 
» fé^ard de Jéfus-Chrifi; Un^flplui 
» là. 

Nous ne favons fi cette critiqoi 
exprime afiea cxaékement le défaui 
de la phrafe ; ce défaut ne nous pi* 
roîr pas confifter dans une cbuo 
brufque & dure , mais dans la & 



OSobrc 1778. 1997 
miliaritc un peu baflTe de ce cour qui 
a vieilli. Il en va bien autrement à 
P égard ^ &c, 

H Autant que rharmonie oratoire 
» permet de donner des règles , on 
n peut avancer , dit M* TAbbé de 
H Befplas , que la période la plus 
>» patLite ayant quatre membres , la 
M marche la plus patifaite du Difcours 
» cA pareillement celle où quatre 
f> périodes, ehviron avec autant de 
» membres épars, forment le repos 
» des à linea : ce repos doit en 
n amener d'autres en nombre à peu 
>> près égal , & ainfi jufqu'à la fin ; 
M de forte quil y ait unité d'har- 
H monic \ que des membres (ortenc 
i^i^% périodes; des périodes, les 
H ftances oratoires ; des fiances , les 
n divifions ; des divifions un tout 
» arrondi & mefuré ; comme dans 
» un édifice j où chaque partie , d'à- 
Jf bord en proportion avec elle- 
-même» enfuitc avec fa voifine^ 
>» tend de proche en proche à Tur 
P p p p iij 



Î998 Journal des Sçavans y 
» nité de dcflcin : de telle force 
» qu'un œil pénétrant voit au ca- 
» raâère d'une fîmple colonne, dans 
>¥ quel genre , dans quel ftyle , pour 
» ainfi dire, ]*édificc cft compofé. 

Il y a certainement beaucoup d'cf- 
prit dans ces idées & dans ces corn- 
paraifons ; mais ne pourroit-on pas 
appliquer ici ce que difoit rour-à« 
riifurc M. l'Abhé de Befnlas, n le 
» génie a trop de grandeur pour 
#> pouvoir être afTujetti à de telles 
>> règles? Car ce n cft plus d'extm- 
» pies qu'il s*agit, ce font des rè- 
H glcs qu'on prcfcric ». Mais ce fyf- 
tême d'unité ne doit-il pas céder à 
rintéfct général de la variété? Ces 
préceptes, s'ils croient fuivis , n'au- 
Toicnt - ils pas l'inconvénient de 
rendre \^s compofitions trop uni- 
formes ? 

M. l'Abbé de Befplas , après avoir 
donné des préceptes fur l'cloquence 
facrée, donne des exemples dan» 
fon difcours de la Cène Se dans fon 



Octobre I778, 1999 
Panégyrique de Saint Bernard ; il y 
a de bien beaux morceaux dans l'un 
& dans l'autre. 

La Ccne & le lavennent des pieds^ 
(lijct confacré aux Pauvres , amène 
naturellement les idées d'humanité > 
de charité , de bicnfaifancc » & ces 
idées rappellent le louvcnir de feu 
M. le Dauphin , Père du Roi. 

n Prince immortel , s'écrie TOf^- 
teur. Prince immortel, donc là 
H faintetc 9 comme un bouclier ,' 
H couvre cet Empire , paroiffcz au 
>t milieu de cet Auditoire, & que 
» votre Augiîfte Fils vous promeac 
ff que chaque jour de fon règne , il 
» dirigera une penfte vers le Très- 
» Haut, un fecours vers le Pauvre. 

Le morceau fur les prifons , mé- 
rite la reconnoiffance de rhumanicé 
entière & l'admiration des gens de 
goût. 

» Sire. . • on n'ofFcnfc pas votre 
f^ clém«.ncc , quand on n\cz voue 
n cœur masnanlmc fur la route des 
PpFpiv 



iood Journal des Sçavans ; 

» bienfaits & de la vérité.... Oui , 
»Sire, l'état des cachots de votre 
» Royaume , arracheroit des larmes 
» aux plus înfcnfibles.... Un lieu de - 
w-fûretc , iie peut fans une énorme 
» injuftice, devenir un féjour de dé- 
» fcfpoir : vos Magiftrars s'eflForccnt 
» d'y adoucir l'état des malheureux ; 
» mais privés des fecoursnéceffaires. 
» pour k réparation de ces antres 
» infcâs, ils n'ont qu'un morne fi-^ 
» lence à oppofcr aux plaintes des 
» infortunés ; oui , j'en ai vu » Sire , 
» & mon zèle me force ici, comme 
» Paul , à honorer mon minijlere ^ 
» oui , j'en ai vu , qui couverts d'une 
» lèpre untverfellc , par Tinfcdion 
H de ces repaires hideux , béniffotent 
H mille fois dans nos bras , le mo- 
» ment fortuné où ils alloient enfin 
» fubir le fupplice. Grand Dieu ! - 
» fous un bon Prince, des Sujets 
» qui envient Tcchafaud ! Jour im- 
» mortel! foye7 béni^jTai acquitté 
» le vœu de mon cœur de déchai- 



Octobre 1778. 2001 

M gcr le poids d'une fi grande dou- 
^ leur dans le fein du meilleur des 
9f Monarques. 

Les Croifadcs font encore pfqs 
recueil des Orateurs dans le Pané- 
gyrique de Saint Bernard que dans 
celui de Saint Louis; M. l'Abbé de 
fplas juftific & les Croifadcs & 
ne Bernard. Uob'jet général des 
^ifâdes croit de venir au fecours 
desthrétiens opprimés par les Infi- 
dèles 9 Saine Bernard ne voyoit que 
cet objet- / 

>» BernaA prêche la charité, la 
»> fainteté de la Croifade, ic en 
>» «diSttipnne la politique aux Sou-^ 
>» ^Vnf^- Vous célébrez Athènes Se 
^ Rjpffffe qui donnent des chaînes à 
n rUnivers , & vous cenfurez des 
» hommes qui veulent les rompre | 
Il nous femble qu'on célèbre Athènes 
défendant fa libertl^jcçHitre \qs Def- 
potes de TAfie , ii façn pajs* donnant 
des chaînes à TUtH^çrs; quant à 
l'ancienne Rome , nl&heur à qui ce- 
lébreroic fa politique ennemie du 



1001 Journal des s çavans i 

Genre humain, & contre laqitelfo 
toutes lt% Nations auroknc dû fc 
léunir. 

Le flylc de M. l'Abbé de Befplas 
nous paroîf s'être perfcâionné; en 
confcrvant un caraàère quelquefois 
piquant & original , il nous paroîc 
avoir acquis plus de fagefle, pli» 
de corredion; ndus trouvons ce- 
pendant encore dé tems en tems 
dans cet Ouvrage & des négligences 
& des recherches de fiylc ouc l'Au- 
teur auroit dû s'interdire, fen voici 
tin exemple. 

» L'homme de géftîe cft auflî re- 
5> belle que la nature. Fier & auftère 
» comme elle, il endure impatiem* 
n ment d'être éclairé par la réflexion. 
M II faut pourtant qu^il attende le 
» flambeau qu'elle lui préfente, ou 
f> eonfentir a voir fes hardies pro» 
M durions confondues avec les in-^ 
y^ formes avortemens des ténèbres. 

Ceft une négligence d'avoir donné 
au mot // faut deux régimes auflî 
diffiSrens quuafubjondUf : qitllat^ 



Octobre 1778. I003 

ttndt & un infinitif: ou conjentir ^ 
il falloi| mecrre ces deux verbes au 
même mode. 

C'eft une recherche que d'avoir 
xnîs ces hardies productions ^ au lieu 
de ces produBions hardies que le 
goût & rorcillc dcmandoicnr. 

Les informes avortemms des tinh» 
hres , font une autre recherche. On 
dit bien un Ouvrage de tinkbres ^ 
c'eft une expreflion confacrée ; mais 
<ju'eft-cc que c'eft que les avorte^ 
mens des ténïbres ? 

Au rcfte ces fautes autrefois trop 
•fréquentes dans le ftylc de M. TAbbc 
de Befplas y y font aujourd'hui affez 
lares. '. 



Pççî^\ 



2004 Journal des SçavOns i 

Précis (THiJloire NaturflU , ex- 
trait des meilleurs Auceuis fran* 
çois & étrangers ; fervant dç Suite 
& de Supplément au Cours de 
Fhyfîque de TÂuteur & à fon 
Hiftoire Naturelle du Globe ^ & 
formant la cinquième partit des 
Opufcules de M. Vkh\>k'Saurh , 
Doûeur en MédecÎDC & Corref- 
pondant de l'Académie Royale 
des Sciences deMontpcliicr.Tom, 
IV & V. A Paris, chez l'Au- 
teur , hôtel des Tréforicrs , place 
Sorbonne. 1778. Avec Approba- 
tion & Privilège daRoi. Pxixj 
, 5 liv* brochés. 

NOUS avons déjà rendu compte 
de THiftoire naturelle du Glo- 
be , en deux volumes, des deux pre- 
miers volumes de ce Précis d'Hit 
toire naturelle qui traitent des infec- 
tes , des coquilles , des poiflbns , 
des cruftacées, des polypes, des 
zoopbytes & des reptiles \ 6c du troi- 



Octobre 1778. 2005 

fîèmc volume , qui contient THif- 
toire najnirelle des oifeaux -, il nous 
lefte à parler du quatrième & du 
cinquième , dans lefquels M. Sauri 
a renfermé ce qu on lait de plus in- 
têrefTant fur la vénération , la -figure 
& la manière de vivre des quadru^ 

Îèdes & des hommes qui habitent 
es diflFérentes contrées de la terre : 
on y trouve une infinité d'obfcrva- 
tions curieufes &.' piquantes qui fup- 
pofcnt des recherchss multipliées. On 
y voit les découvertes les plus récen- 
tes publiées pendant ces dernières 
années dans notre Journal & dans 
les Relations des Voyageurs moder- 
nes. Le Difcours qui fe trouve à la 
tctc du quatrième volume^ contient 
le Traite de la génération , avec une 
théorie fur cette matière qui appar- 
tient à l'Auteur > & des remarques 
întéreffantes fur la fécondité des ani- 
maux. Après avoir expliqué pour- 
quoi Tentant re(&nible foit au père 
foit à la mère ,' & fouvent plus à 
fun qu'à l'afigc » il tâche de faïuc 



lôo6 Journal des S iavàns i 

comprendre pourquoi du mélange 
de la. liqueur fcminale de Tâne avec 
celle de la jument ^ il réfulte tou« 
jours un mulet qui n*e(l ni cheval ni 
âne : néanmoins il tient plus de la 
anère que du père , parce que la 
mère non - feulement donne > félon 
lui , la moitié de la fubftance orga- 
nique auffi bien que le père 9 mais 
fournit de plus taut le développe* 
ment de la forme. Ceft pat une rai- 
fon fcmblablc que le bardeau rcf* 
femble plus à râneife qu'au cbevaL 
En général , les femelles contribuent 
plus au maintien de Tefpèce que les 
mâles. Un bel homme avec une fem- 
me laide , ne produit ordinairement 
que des enfans encore plus laids % 
mais une belle femme a plus fouvent 
de beaux enfans. La brebis produit 
avec le bouc & avec le bélier , Sc 
produit toujours des agneaux » c'eA- 
a-dire , des individus dcfon efpèce; 
cnforte que la brebis eft une femelle 
commune à deux mâles différens; 
& gêné ralement parlant j les femelles 



'OSohre Ï77S. loc7 

<{es animaux cooftitucnc Tuniré de9 
cfpèces. Dès-lors le mulet doit pro- 
duire plus fûrement avec ia.juraenc 
qu'avec laneiTe, & le bardeau plu» 
iûremenc avec 1 anefTe qu avec la ju- 
ment : de même le cheval & Tânc 
{»ourroicnt peut-être produire avec 
es deux mules , parce qu'étant fe- 
melles , elles ont retenu chacune plus 
de propriétés fpécifiques que les mu- 
Jets mz[cs\ c'eft-à-dire ^ que \t% mo- 
lécules organiques ont dans les ma- 
ies un arrangement qui diffère plus 
de celui qui a lieu dans leurs mères > 
tjuc dans les mulets femelles , te par 
conféqucntles moules propres à iot^ 
mer les molécules organiques & re- 
produâives y refTembient plus à ceux 
ces mères dans les mules que dans 
les mulets .... Cependant il paroîc 
qu*en général 9 le mâle influe plus 
que la femelle fur la produâion *, 
car il donne fon feze an plus grand 
nombre ; & le nombre de mâles de- 
vient d'autant plus grand , que lt9 
dpèces font moins voilînes. Le aoav. 



looS Journal des Sçai^àni i 
bre des mâles qu'on a obtçntii , c|f 
accouplant le bouc & la brebis y^oà 
à celui des femelles comme fepc ^r 
deux ; dans les accouplemens de 
chardonnerets & de la ferine> com* 
me feize font à trois ; dans ceux da 
chien & de la louve, comme trois 
font à un. Le quatre mulers que M« 
leMarquisdeSpontina eus en 1773 , 
d'une louve& d'un chien qu'on avoic 
élevés enfemble & fans contrainte > 
rciTembloient à de petits chiens ^ 
ayant les oreilles aflez longues & 
pendantes, 

L'hiftoirc naturelle du cheval par 
laquelle l'Auteur commence celle 
des quadrupèdes , contient des ob- 
fervations curieuies» « Les chevaux 
^ tartares , dit-il , font forts, hardis, 
M vigoureux , marchent deux ou trois 
n jours fans s'arrêter , font quelque- 
H fois vingt-quatre heures fans boire > 
H & pafTent fouvent quatre à cinq 
» jours fans autre nourriture qu'une 
w poignée d'herbes qu'on leur donne 
^ de huit heures en huit heures» Les 



Octobre 1778. îoap 

M chevaux de la Chine , au contraire , 
» font fi foibles , qu'on ne peut s^^n 
H fcrvir a Ja guerre 5 ainfi Ton peut 
I» dire que ce font les chevaux tarta- 
» res qui ont fait la conquête de la 
» Chine. Les chevaux d'Iflande font 
» petits , courts & capables de fou- 
it tenir des travaux incroyables : à 
» l'approche de l'hiver , leur corps 
>» fe couvre d'un poil roide , long y 
» épais. Ceux des Lapons font boi>s 
M & vifs fans être vicieux ; on leur 
H donne la liberté dès le commcn- 
n cernent de Mai ^ & ils vivent en 
H troupes dans les forets pendant la 
j» belle fî^ifon ; quand le tems de- 
fp vient fâcheux , ils quittent Icfi bois 
» & reviennent chacun à leur ccurîe. 
» Si pendant Tété le maître a befoin 
n d'un cheval , il va le chercher ; 
#» ranimai fe laiffc prendre ; & lorf- 
» que fon travail efl fini , il va re« 
» joindre fes camarades. Ceux de la 
f» Guinée & de la Cote d'Or font 
» petits , indociles , & propres fculc- 
» ment à fcrvit de nourriture au]^ 



10 10 Journal des SçavanSf 
y> Nègres , qui aiment leur chair au» 
»rant que celle des chiens ; les Ara- 
»bes mangent la chair des jeunes 
»» chevaux lauvages ; hs Tartarev & 
I» les Chinois aiment aufli la chair 
I» de cheval. Les chevaux fe main- 
f¥ tiennent mieux dans les climats 
M très-froids, s'ils ne font point hu-, 
»> mides , que dans les climats trcs- 
M chauds. Tout le monde connoît 
» la bonté des chevaux de Suède & 
» de Pologne ; & ceux dlflande ^ où 
» le froid eft exccffif & où fouvent 
» on ne les nourrit que de poiffons 
» deflechcs , font fort vigoureux y 
n quoique petits ; on en rencontre 
» même de fi petits , qu'ils ne peu- 
f>vent fcrvir de monture qu'à des 
»cnfans. Ceux de Norvège font 
» bien proportionnés dans leur pe- 
» tite taille , ont les pieds fort fûrs, 
» marchent avec précaution dans les 
» rentiers des montagnes efcarpccs , 
>>& fe laiffent glifler en mctrant 
♦> fous le vcnrrc les pieds de derrière 
j» lorfqu'ils defcendcnt un terrein uni 



Ociobn 1778. 2011 

» & roide. Si nous en croyons Pon- 
w roppidam , dans fon Ejfai fur 
v>CHiJloirc NatunlUdt la Norwege, 
H ils fe dëfcndenc contre ics ours. 
» Lorfqu un étalon apperçôit cet ani- 
M mal voracc , & qu'il fc trouve avec 
» des poulains ou des juniens y il les 
H fait reftcr derrière lui , va enfui te 
» attaquer l'ennemi, qu'il frappe 
pf avec fcs pieds de devant , & ordi- 
>»nairement il le fait périr fous ùs 
» coups : mais fi le cheval vent fc 
>» défendre par des ruades , c'eA à- 
» dire avec les pieds de derrière , il 
M eft perdu fans reflburce , car Tours 
w lui faute d'abord fur le dos êi le 
H ferre (\ fortement, qu'il vient à 
»bout de rétoufFcr & de le dé- 
»» voren 

» Dans le grand efpacc de terre 
» afiatique , compris entre le Niep- 
» per & le Don , les chevaux vont 
H en troupes de quatre ou cinq cens , 
»cxpo{cs aux injures de l'air, de- 
n tournant la neige avec les pieds de 
# devant pour chercher & manger 



loi i Journal des SçavâM i 
» Thcrbe qu'elle couvre pendant Yhx" 
»vcr: cependant, dans les hivers 
i» les plus rudes 9 deux ou trois boni- 
^> mes à cheval 9 qui conduifènt ces 
» troupes errantes , tâchent de les lo- 
»ger pour quelques jours dans les 
» villages qui font aflez éloignés les 
» uns des autres dans cette contrée* 
M Nous avons raconte à loccafîon 
» des Supplémens de M. de BufFon > 
» que chacune de ces troupes de che- 
wvaux abandonnés à eux-mêmes à 
» un cheval' chef c^m la commande, 
» la fait marcher comme notre ca* 
» Valérie , & règle fcs mouvemens 
» quand la troupe eft attaquée par 
» les loups ou par les voleurs ; lorP' 
>^quc quelque cheval fort du rang, 
» le chef court à lui , le frappe d'un 
>^cou d*épaule & lui fait reprendre 
»fa place. A peine le vieux chef 
» commence à devenir moins aftif, 
» qu'un autre cheval avide de com- 
» mander, Tatraque pour prendre 
»fa place; le vaincu rentre dans le 
» gros de la troupe , tandis que le 



Octobre 1778. 101 î 
» viâorieux , fe mettant à la tête de 
» tous les autres , s'en fait obéir.> 

A larticlc du chien , M, Sauri re^ 
marque que c'eft 1 animal le plus fu*- 
jct à la rage ^ maladie terrible , donc 
bien des hommes font les vidimes. 
Pour prévenir fcs funcftcs effets ou 
pour, en arrêter les progrès^ TAu'* 
teur propofe quatre différens remè- 
des *, TuQ a été acheté Tannée der^ 
nièrc par le Roi de Pruffe ; le fc-. 
cond a été publié en France par or« 
drc du Gouvernement ; le troi(ième 
efl le célèbre remède des Chinois s 
le quatrième donc le turbith miné- 
ral hit la bafe, & qui eft fort facile 
à préparer » ^tiré des Ouvrag«:s do 
Vd|l3^jfl|k| On trouve dans 
rHill<4^N^relIede M. Sauri , plut 
(icurs^ançce^tenèdes; par exemple 
celui <|ii|faf y dilliper les taches de 
rouifeu^lMjktre pour faire difpa? 
toittale haledu vifage} un pour les 
tranchées des chevaux; uns^utrepouc 
ta ladrerie des cochons , icc 

'^ M. le Comte de Buffon avoit jug4 

% 



£014 Journal des s çay ans i 
à propos de donner THiftoirc na- 
turelle de THomme avant celle des 
Quadrupèdes; M. Sauri a réfervé 
pQur 1%, fin y h$ grands animaux ; 
rOnce , la Panthère , le Léopard , 
le Tigre , le Lion, le Rhinocéros , 
TEléphant , les Singes > TOrang-Oi». 
rang -, ces êtres marins qui paroiiTenc 
être des Singes & qui font peut-être 
des hommes aquatiques, du moins 
s'il faut en juger par certaines rela- 
tions ; & enfin pour augmenter gra- 
duellement l'intérêt , il termine fon 
Ouvrage par THiftoire naturelle de 
i'Homme, Il rapporte un grand 
nombre d'obfervations curieules fut 
les monftres & les hommes qu'on 
dit avoir eu des propriétés fingu* 
lières, comme de ruminer ^ de ne 
pouvoir diftinguer les -couleurs, 
quoique leurs yeux fullcnr afiez bons 
pour îuger de la forme & de la gran- 
deur des corps , de vivre plufieurs 
fîècles , &c. Il n'oublie pas de par- 
ler des mœurs & des ufages finguliers 
des différcns Peuples de l'Univers ^ 



OSobrc 1778. Xoij 
rapportant ce qu'on en fait de plus 
incérefTant. >» Les Habitans des Ifles 



r. 



Philippines, font des Peuples mêlés 
ar Us alliances qu'ils onr faites avec 
es Efpagnols, les Malabares, les 
Chinois , les Indiens & les Noirs* 
Les Noirs qui vivent dans les rochers 
& dans les bois de ces Ides , diffèrent 
beaucoup des autres Habitans \ les 
uns ont les cheveux crépus comme 
les Nègres d'Angola ; les autres les 
ont longs ; on en a vu , dit-on , plu* 
(leurs parmi eux, qui avoient des 
queues longues de quatre à cinq 
pouces \ & fî l'on en croit quelques 
Voyageurs , on trouve auffî dans le 
Royaume de Lambri & dans Tlfle 
Formofe , des hommes à queue; ces 
queues fi elies exi%n( ^^ ^^^^ 9 ^^ 
font qu'un prolongement du coccix* 
Dans cette même Ifle Formofe , les 
femmes quoiqu'elles puiflènt fe ma^ 
lier avant trente-cinq ans 9 ne peu- 
vent cependant pas accoucher avant 
cet âge. Lorfqu'elles deviennent 
plutôt grofles, les PrêtreflTcs Icuc 



\oi6 Journal des S çavans i 
foulent avec les pieds le ventre pour 
les faire avorter, & Ton crdiroic 
commettre une efpèce de crime , . 
en laiffanc vivre l'enfant avant 1 agc 
prefcric par la Loi du pays ^» 

» Les Malais font féroces , & ne 
lortent point fans un poignard d'un 
acier fin » dont la lame eft large & 
ondcc par le bord , pcnctrcc lars de 
fa fabrique, d'un ppifon fi fubtil & 
fi aftif, fiir-tout en été, que la 
moindre blcflurc que fait cet inf- 
trument , cft mortelle. Les Peuples 
de la Nouvelle Guinée fe traverfenc 
les deux narrines avec une efpèce de 
cheville longue de quatre pouces & 
de la grofleur du doigt. Ils fe per* 
cent auili les oreilles , où ils mettent 
des chevilles comme au nez. Leurs 
femmes ont le$4|b:as & les jambes 
fort menus j . le- ventre fort gras , 
avec des mamn^es qui leur pen- 
dent fur le nombril. Les Habitans de 
la Nouvelle Hollande font noirs ^ 
grands, éfilés, tiennent toujours 
Heurs paupières à demi - fermées , 

pou; 



O Sobre 1778. ^^^1, 

pour garantir leurs yeux des mou-» 
cherons qui les incommodent \ ils fe 
lîoufriflcnt de petits poifibns, qu'ils 
prennent en faifant des réfervoirs de 
pierre dans de petits bras de mer; ils 
demeurent en troupe de vingt-cinq 
à rrente > femmes & hommes pêle- 
mêle , aayanc d'autre lie que la 
terre 9 & d'autre habit qu'un mor« 
ceau d'écorce d'arbre attaché au 
milieu du corps , en forme de cein* 
ture : ce Ibnt peut-être les hommes 
les plus miférables qu'il y ait an 
monde.M;.'Les Mogols & les autres 
Peuples de ta prefqulfle des Indes 
font olivâtres -, les femmes ont le» 
cuiflcs & les jambes fort longues» 
Tavernier aifure que lorfqu'on a 
paiTê Lahor & le Royaume de Gi» 
I chemire , toutes les femmes du Mo- 
' gol n'ont point de poil à aucune 
partie du corps & que les hommes 
ont peu de barbe. Au Royaume de 
Decan, on marie les enfans extrê-« 
mement jeunes , les garçons à dix 
ans & les filles à huit ; & il s'çg^ 



201 s Journal des Sçavans ; 

trouve qui ont des en fans à < 
âge ; mais cç% femmes ceflenr ou 
naircmenc d'en avoir avant Tnge 
trente ans. Il y a des femmes qui 
font découper la peau en fleurs & 
peignent de divcrfes couleurs av 
des jus de racines, de manière q 
leur peau paroît comme une éto: 
à fleurs. On trouve ^.^it-on , pan 
les Habicans du Surate & du Mogo 
beaucoup d'hermaphrodites « qu 
avec des habits de femmes , porte 
le turban , afin d'apprendre à tout 
monde ou'ils ont deux fexes. L 
Peuples de Bengalfï (ont plus jaun 
que les Mogols , & leurs femm 
font les plus lafcives de toute Tlndc 
Les Makiivois font de couleur oi 
vàtre &c bien proportionnés ; mj 
comme c'efl; un Peuple mêlé de di 
fércntcs Nations^ on y trouve d 
femmes forr'bl'anches. Les Maldivc 
fes font très^dcbauchées , indifcn 
t^ 9 infidèles : elles racontent par v 
nité leurs bonnes fortunes? Lesfen 
mes indiennes aiment beaucoup ] 



. Octobre 1778» 1019 

Européens & les préfèrent aux In- 
diens^ ceux-ci achètent des filles ca&es 
de Mofambique, qui font toutes noi- 
res. Nous dirons en paflant que la 
faeur de tous ces Peuplés Indiens tant 
mâles que femelles, n'a aucune mau- 
yaife odeur, tandis que celle des 
Nègres de l'Afrique e(t des plus dé-- 
fkgréables lorfqu'ils font échau£Pés« 
Les Habitans idolâtres de Bornéo 
font bafanés, de belle taille & fort 
iobuftes, fidèles dans les mariages^ 
icnfibles aux bienfaits , ennemis du 
vol 5c delà fraude.... Les Hottentots 
qui habitent les environs du cap de 
ponneElpérance > gloufTent comme 
des coqs d'inde, font bafanés, mal- 
propres & ont des cheveux qui re& 
iembient à la toifon d'un mouton 
noir 9 remplie de crote \ les femmes 
applatiifent le nez à leurs enfans : 
elles ont, dit Kolbe, une efpèce 
d'excroiilknce ou de peau dure IC 
large qui leur croît au-de(fus de l'os 
pubis &xiui dtfcend jufqu au milieu 
dcrcuiflcs en forme de tablier, clict 
Qqqqij 



2oia Journal des S çavansi 
pareut leurs cheveux avec des co- 
quilles n, 

»».On trouve dans Tlfthmc de l'A- 
mérique, des Peuples blancs, qui ne 
voient que la nuit, comme nous Ta* 
vons remarqué ci-defTus : leurs four- 
cils & leurs cheveux font blancs , 
mais leurs fourcils forment une ma* 
nière de croiiTant qui a la pointe en 
bas. Les maris ne mangent ni ne 
boivent avec leurs femmes; celles- 
ci les fervent & fe tiennent debout 
devant la table ; cependant ils ont 
pour elles la plus grande tendreffe >'. 
Les defcriptions de M. Saurt 
font précifes, mais claires & exaâes^ 
& comme il a profité , ainfi qu'il en 
convient lui-même , des découvertes 
de tous \çis Naturalises qui ont écrie 
avant lui , & des Mémoires des dif- 
férentes Académies de l'Europe , il 
n'cft pas furprenant que fon Ouvrage 
contienne un û grand nombre de 
chofes intéreflantes. 

Pour en faciliter l'acquifirion dan$ 
les Provinces , il l^c charge de ïxn,i 



/ 



Octobre 1778. 201 x 

voyer dans tout le Royaume, franc 
de port , moyennant onze livres pour 
Us cinq volumes du précis d'Hif- 
toire naturelle, 4 liv. 10 f. pour 
THiftoire naturelle du Globe, en 
deux volumes, laquelle, avec le 
précis d'Hirtoire naturelle , forme 
une Hiftoire naturelle complette , à 
la portée de tout le monde, & d'un 
.prix afTez modique, fi on le com- 
pare avec celui de THifloire natu- 
lellc de M. de Buffon , & même du 
Diâionnaire de l'Hiftoire natutjelle 
de M. de Bomare ; il enverra auffi fa 
Pbyfîque du corps humain ^ en 1 vol» 
i/i-i 2 pour 4 liv. mais on doit avoir 
foin d affranchir le port des lettres U 
4c largent. 






fï^^V^\ 



10X1 Journal des Sçavans j 

OpÉRjirid N de la Sym} 
dans les Auouchemms imp 
^/«iy avec lanaroniie des pa 
expôfées dans cette Opératior 
qu il eft cflentiel de ménager, 
M. Gautier d'Agoty , Anator 
pcnfionné du Roi, in-folio ^ i^ 
chc£'Demonvilie, Imprimeui 
braire ^ rueS. Severin. Prix , é 

M Gautier d'Agoty, très ce 
• par Tes grandes planches > 
iiatomie imprimées en couleun 
turelies , dont nous avons fait t 
tion en diflFérentes occafions,'\ 
d*en graver une daHS le même g 
pour repréfcnter tous les effets c 
Sedion de la Symphifc du. p 
dans les Accouchcmens impoffic 
opération i'ubftituée depuis pei 
tems à l'opération Céfariennc , 
cutée avec fuccès par M. Siga 
Médecin de la Faculté de Paris 
la femnre Souchot , & prati' 
depuis auflî avec fuccès dans 



03oBre 1778. " loij 

ou quatre autres occafions pax diffè- 
rens -Chirurgiens. 

Tous les gens de lart , & parti* 
culièremcnt mM« les Chirurgiens de 
Paris j n*étanc point convenus des 
avantages de cette Seâion fur Topé- 
ta^iou Cé(arienne, M. Gautier a 
joint à fa planche une feuille d'im- 
preffion dans laquelle il répond aux 
principales objedions qui ont été 
faites contre cette nouvelle opéra- 
tion. Il 7 a ajouré un extrait du 
•Rapport fait à la Faculté de Médd« 
cinc par les Commiflàires ^*eiie 
avoir nomniés pour lui rendre compte 
de l'opération exécutée par M. Si- 
gault; & enfin la notice hidorique 
abrégée detrois Scâionsde Ja Sym- 

Îhife faites depuis; fçavoif , par M. 
Ibambon , Chirurgien à Mons ; par 
M. Nagel > Chirurgien Accoucheur, 
attaché au Prince Evcque de Spire , 
l'une & l'autre avec le luccès le plus 
complet & fans aucune fuite fâ- 
chculc î & la troifièmc faite à Arras 
par MM, Rea, Médecin , & ÏEI- 



2014 yournal des Savons ; 
cardé fils , Chirurgien , dont Teffet 
a été heureux pour raccouchement ; 
xnais fujet à conteftation à caufe de 
la mort de la mère & de lenfanc 
arrivée xiepuis ; mort, que ies advcr- 
faires de l'Opération ou des Opéra- 
teurs , n'ont pas manqué d'attribuer 
à la Scâion ^ & que les partifans re- 
gardent comme une fuite naturelle 
& malhcureufemcnt trop fréquente 
des longs & cruels tourmens qui 
accompagnent les accouchemens 
très-diâkiles , indépendamment me-, 
me de toute opération. 

A regard de la planche > elle ren- 
ferme trois grandes figures ; la pre- 
mière , reprcfentc le bas-ventre dif- 
féqué & l'os pubis à découvert , ré- 
duits au tiers de nature ; la féconde , 
lopération ^ite de la coupe de la 
Symphife réduite à demi nature ; & 
la troifième , Tos pubis de grandeur 
naturelle , dépouillé , avec une por- 
. tion du vagin. 

Ces figures qui contiennent le dé- 
tail de toutes ies parties qu'on a inr 



O^obrc 1778. loxj 

térêt de connoîtrc , avec les lettres de 
renvoi pour leur explication , nous 
ont paru nettes & fort bien exécutées» 
L Auteur avcrric que cette Plan- 
che fe diftribue feparémenr du Cours 
d'Accouchemens & de TAnatomie 
des parties de la génération de Thom- 
xne & de la femme : fon prix c(l 
comme il a été dit de 6 liv. feule y 
& avec le Cours d'Accouchement ^ 
Sec. de 24 liv. M. Gautier annonce 
qu'il donnera dans quelque -tems 
une deuxième Planche qui repréfen- 
tera l'Opération faite fur un fujcc 
yivanc 



(1<{<\^S 



2ol£ Journal des Sç avons l . 

Lett RE à MiJJieurs tes Auteurs 
du Journal des Savans , fur uft 
Projet d* Edition du Syncelle^ 



M 



ESSIEUR.S, 



Ceux qui s'appliquent à connof* 
tre les fources de la Chronologie zxl^ 
cienne , ne tardent point \ éprouver 
de quelle importance eft pour leur^ 
études la Cbronograpbie de George 
leSyncelle : ouvrage d'un basiîècie» 
il eft vrai > mais dans lequel un bon 
nombre de monumens de la meil- 
leure antiquité nous ont été confer- 
vés par extraits» Le prix en feroit 
encore plus grand , fi TAuteur avoit 
eu le tems de le revoir & de le polir , 
ou du moins (i^ dans fa rudeffe ori» 
ginale , nous l'avions aufir pur & 
amffi corre<a qu'il eft poffiblc. Mais 
le texte aôuel eft bien éloigné de cet 
état de perfedion. Le célèbre Scali- 
ger ea a donné une première Edi- 



Gciohre iTjt. I917 
tîon , fi Ton peut appellcr ainfi la 
inanière dont il Ta dépecé dans Ton 
Eulcbc (i),Lcs fautes multipliées qui 
U déparent ont écc relevées en par»- 
tie par le P. Goar , fécond & der- 
nier Editeur (2) , qui de Ion côte 
n'en a guère commis un moindre 
nombre \ . & cette pairticwlarité , 
dot^t U conféquence cft inSoie» a 
été )ufqit*'ict foupçonnée toui^au plus 
pat quelques Critiques. 

Quand Scaliger & le P, Goar au- 
roient été au (fi exaâs qu'ils.fonc fau- 
tifs , tout ne fcroit pas fait. Ils ont 
travaillé l'un & 1 autre d'après un 
jfcul MS. duSyncelle entier ())» que 
la Bibliothèque du Roi poflede de- 
puis le règne de Henri IV : treotc- 
m ans après l'Edition du P. Goar , 

(1) EuC Chron. Gr. & Lat.in Thcf- 
Temp. Lug. Bac. 1 606. fol. ^ 

{%) Syoccl. & Niceplu Paris, è typ. rcg» 
1651. fol. 

(3) MS. Gr. rcg, 1711 , autcâ 1x17. 
ameûûs 71$. 

Qqqqvj 



/ 



101 8 Journal des Sçavans j 
ce précieux dcpôc fur enrichi d'un 
fécond (i) , forti du férail de Conf- 
tantinoplc. Celui-ci cft auflî un MS. 
du SynccUe entier , maïs il n'eft pas 
complet : il y manque ce qui répond 
enriron aux cinquante premières àc 
dux (Cinquante dernières pages de 
l'imprime , c'eft»à-dirc j à-pcu-près 
le quart da total ; heureofement les 
trois quarts qui fubfiftcnt font la 
partie la plus difficile & la plus iii* 
téreflante. Ce MS. qui eft du onziè- 
me fiècle comme le précédent ^ mais 
d'une meilleure écriture , abonde en 
leçons dtverfes , ordinairement pré- 
férables j qu'envain la critique cber^ 
cheroit i découvrir par fes propres 
forces. L'Europe fçavante ne con^ 
noît point julqu'à préfent d aut»c 
MS. du Syncelle entier. Il s'ca 
trouve, il eft vrai 9 plufieurs autres, 
connus même dès le tcms de Scaiî- 
ger & du P. Goar , mais qui annon- 
cent & contiennent feulement le der- 

(i) MS. Gc rcg, 1764 1 auteà jejSv %» 



OSobrc 1778. loxjJ 
niet quart (1)3 partie beaucoup 
moins utile & moins chronologique 
que ce qui précède- 
Les deux MSS. da Roi ont été col* 
lationoés par Dom Pouget 9 labo^ 
rieux Bénedidin , mort en 1709 ; le 

i>reniier 9 poux le Syncelle & pont 
a petite chronique du Patriaicbe 
Nicéphore jointe au Syncelle : le fé- 
cond , pour le Syncelle feulement 
qui eft tout ce qu'il contient. Dom 
Montfaucon dans fa Bibliothèque 
des Bibliothèques de MSS. (2) pu- 
bliée en 1735^ > parle de la collation 
de fon conéère, confervée alors à la 
Bibliothèque de Saint Germain-diei> 
Prés. Mais il oublie de dire qu'elJe 
étoit faite fur les deux MSS. & il tie 
Jiomme que le ptemier. Cette omif- 
iîon a fans doute fait tort à fon an^ 
nonce ; Se quoiqu'il ajoute que la 
multitude des variantes importantes 
xendroit une nouvelle édition utiU 



fi) à Sync. p. ip^. B« 
(x}B.B.mii;To.»,p. irsi 



lOjo Journal dis Sçavans i 
'& néccffaire , pifcfque pcrrônne^îirf- 
qu'ici n'y a fiiit attention^ Les hom- 
mes de Lettres que le genre de leurs 
fechéirches devoit y engager , n'ont 
•eu recours ni à la coUation , ni au 
MS. Seulement le P. da Praro ^ fa- 
vant Ocatoricn de Vérone , demanda 
& obtint en 1 746 , copte d'une très- 

Ïctite partie du travail de Dom 
*ouget* Il s'en eft fervi avec fruit 
dans une DifTertation fur les deux 
Livres de là chronique d*Euf(èbe fi), 
dirigée principalement contre \t$ pa- 
radoxes chronologiques de M. VaL- 
larfi dernier Editeur de S. Jérôme. 
C'eft par cet Ecrit que j'ai vu que 
notre Bénédiâin iivoit confère les 
deux MSS. 

Le defîr de connoître & de per* 
feâionncr , s'il m'étoit poflîble ,• 
l'ancienne chronologie , m'ayant en» 
gagé à une étude particulière du Syn- 
celle , je me fuis alfuré d'abord que 
l'Ouvrage de Dom Pouget ne fc 

(i)Vcron«, 17J0. 8*» 



OSoBre 1778. 203t 
trouvoic plus à la Bibliothèque de 
Saint Geroiain-des-Prés. J'ai penfê k 
le rcfiûrc , & c*cft ce cjue j'ai exécuté 
il y a cinq ans ( i ) ^ avec tout le 
foin que Tamour de la cbofè pou<« 
Toic m*mfpirer. J'y ai ajouté , pour 
le dernier quart , la collation d'un 
bon MS. de Coiflin ou Ségutcr (i) ^ 
du douzième fîècle , dont je dois la 
communication à la politc(& obli* 
géante de Dom Patcrt. Quant aU 
Nicéphore , fai profité auflî du 
même MS. 8c de tous ceux du Rot 
<|ai font en grand nombre ^ de plut 
fai comparé toutes ks éditi<yns. En* 
fiiite de peur qu'il n'arrivât à ma 
collation du Syncelle la même chofe 
qu'à celle de Dom Pougct , je lai 
tranfcrite fur les marges de deux 
exemplaires, dont l'un m'appartient; 
. Tautre eft celai de la Bibliothèque 
eu Roi. 

Une telle entreprife n'étoit pas fens 

(i) En 1775. 

(1) MS. CoiûiaB. 1 j 3 , aLSegiicf. J5^. 



105 1 Journal des Sçavans ; 
intérêt de ma part , & j*en ai pro- 
fité d'abord pour moi-même en ef- 
fayant 1d appliquer à diverfes parties 
de la Chronologie le fecours ine(li<- 
mable & inefpéré des nouvelles le- 
çons. PluHeurs perfonnes éclairées 
après en avoir vu divers échantillons , 
m'ont engagé à reprendre le projet 
d'édition propofô par Donl Mont- 
faucon. Convaincu de la folidité 
de leur avis , je n* ai pas tardé à me 
livrer aux travaux qu exige un pareil 
delTein ; & je les continuerai ^ iî le 
Public 9 qui pourra aujourd'hui » 
MM. en prendre connoiiiknce par la 
voie de votre Journal , paroît y être 
favorable. 

Voici ceux qui me paroîflcnt in-i 
dilpenlàbles , après la révifîon fie le 
rétabliffement du texte. Il faut cor« 
liger prcfque par - tout la vcrfion 
dans les endroits chronographiques^ 
& la refaire en entier dans les en- 
droits chronologiques , qui font une 
très-grande partie du Livre. Il fauc 
(refondre prefque toutes les notçs du 



Octobre 1778. I0J3 

P. Goar 9 & en ajouter de nouvelles. 
,La Table chronologique qu'il a 
dreflce fous le titre de Canon ChrO'i 
nieus ^ exige auflî jliverfcs correc- 
tions & augmentations. Il eft fpé- 
.cialcment neceiTaire d'y ajouter^ dans 
une colonne hors d*œuvre 9 le ^ri/tf« 
rium qui leur manque , je veux dire 
les années de la Période Julienne , 
jointes à celles avant ou depuis Je- 
fus Chrift félon notre Ere vulgaire. 
Enfin 9 il s'agira d'examiner & de 
fixer dans une fuite de DilTertations 
les Chronologies particulières de di-s* 
vers Auteurs Ecclefîadiques ; tant le 
Syncelle lui-même , que ceux qu'il 
nous a fait connoître, & ceux qui 
ont des liaifons avec les premiers. 
Ces recherches fondan\enrales m'cnc 
occupé d'abotd; & quoique j'aie 
trouvé des fecours confidérables chez 
pluficurs Sçavans modernes , je vois 

Su'ils ont laiifc en arrière bien des 
iffîcultés. Je citorai pour exemple 
la Chronologie de Jules Africain , 
^ai jufqu ici n'a pas encore été rcfs 



/ 



2034 Journal des S ç av an$ l 
titiiée. Au refte , l'utilité de c 
partie de mon travail n'eft pas i 
Icmcnt direâe : comme l'Antiq 
entière a pafle par les mains 
premiers Auteurs Chrétiens , 
ctude fpécialc de Jeurs édifices ch 
nologiques nous conduit nature 
ment à une connoiflànce plus | 
faite de la Chronologie profane 
dans bien des circonftances, celi 
n*eft rcftée couverte de nuages 
yeux de nos Critiques , que pi 
qu'ils ont trop négligé cette i 
riiode. 

Si vous avez la bonté , Meffiei 
d'inférer cette Lettre dans v< 
Journal , les Sçavans , étranger: 
nationaux , doivent la regarder a 
me une annonce : je m'en rapport 
à leur décifion fur Tutilité ou fur 
inconvéniens de mbtl projet. î 
Tapprouvent , les confeils &r les 
cours qu'ils pourront me faire: [ 
'venir , & que j'implore ici , fer 
pour .moi un' puiflant encolira 
mcntt Tel homme de lettres a pi 



Octobre 1778. 2035 
erre dans fes porce-feuilles des mor- 
ceaux précieux fur ces matières. En 
voici un exemple qui eft venu à ma 
connoiflànce. M. Jean Vander Ha- 

f^n 9 fçavanc HoUandois 5 qui à la 
n de les jours a fait imprimer (1} 
cinq volumes d'excellentes Obfetvar- 
tions fur les Cycles Pafchais , fur le 
Canon Agronomique & fur plusieurs 
Cbfonographes Eccléiîaftiques , a 
laiffé en manufcrir des Obrervarions 
particulières fur le Syncelle (1) âe 
liir Eufebe ()). Si elles fobfifteht en- 
core , & s'il y avoir moyen de les 
joindre à l^dition projenée , elles 
fc trouveroient à leur place nàtu- 
leUe ; elles (croient fuite aux trar 
.vàùx de leur Auteur, & les Sçavans 
et Hollande ^ en nous les commu- 

(i) AmffcL i753>MiîJ>3^- f ^oL 

( t ) V. d. Hagen 9 DiiTert. de Cydts 

PafchaHb. p. ^6 Se ^ 3. y 

{l) Id. Obfcnr, ia Profpcii Chron. p^ 

•1^ 




91036 Journal des Sçavans l 

niquantp ferviroienc le Public & li 
mémoire de leur dôde compa- 
triote. Je ne me pcrmerrrois d*y 
rien retrancher m ajouter; fi ce n'eft 
des notes détachées auxquelles les 
nouvelles leçons pourroient donner 
•Heu, Au reftc ,' quand je n'obtien- 
drois point cette communication » 
du moins fi en réveillant l'attention 
publique fur l'ouvrage d'un Sçavanc 
cftimable , il arrivoit que j'en pro- 
curaiTe l'édition , je ferois égale- 
ment farisfait. Mon Auteur en feroit 
d'autant mieux éclairci ; c'eft tout 
ce que j'ai en vue. 

Parlerai* je d'une verfion efcla* 
vonnc du Syncelle& de Théophanc, 
monument fingulicr de Teftime qu'on 
a eu pour ct^ Auteurs? Dom Mont- 
faucon , tranfcrivant un ancien In- 
ventaire dreflc en i6%6 de la Biblio- 
thèque de Coiflin ou Séguier, où 
fe trouvoit un exemplaire manufcrit 
de cette Tradudion (i), nous fait 

(i)B.B.AHr.To,i.p. 1041 C,col. I4 



Octobre 1778. 203^ 

connoîcrc quarante-cinq MSS. cfcla- 
▼ons. Mais il eft certain qu'il n'en 
eft venu qu'environ une demi-dou- 
Saine à la Bibliothèque de' S. Ger« 
main-des-Prés, parmi Icfqucls ce- 
lui-là ne fe trouve pas : c'eft un 
éclairciflèment dont je fuis redeva- 
ble à la compiaifance de Meflieurs 
les BiUothécaires. Soit donc que ce 
MS. ezifte encore quelque parc ; foit 
qa'bn puifTe efpérer d'en découvrir 

Juelque autre femblable, fur-* il 
ansTEmpire de Ruffie; je me re« 
conimande ici aux perfbnnes qui fe«: 
loienc à portée de m'en donner avisj 
te qui s'intérefTent à l'avancement 
des Lettres. Dans le cas d'une dé<^ 
couverte, je ne (èrois point impôt- 
tan au polTelTcur. Quatre ou cinq 
palTagcs difficiles , où le grec aâuet 
de notre Auteur ne nte fatisfaic pas » 
font fout ce que je voudrois taire 
extraire de cette verfion, ruppoft 

iu'elie contienne le Syncelle entier ) 
elle ne renfermoic que le dernier 
qa«xc , je n*aarois qu un ou dcm; 



/ 



StOjS Journal des Sçavans l 
endroits à vérifier* Voilà les 
que je defire , fuppofé qu'il f 
ubJe de me les procurer. Je 
po(è fur la bonne volonté d( 
de Lettres , pour ceux qui t 
inconnus. 

Je crois qu'il eft à propos ^ 
de rapporter quelques-unes c 
reâions que les nouvelles 
peuvent introduire dans le t 
byncelle. Comme il n')c a_ 
aucune page dans l'Auteur c 
foumifTe de plus ou moins 
tantes 9 il me feroit {acile d'( 
plir un volume entier. Mais 
afTez qu'un pareil détail fei 
prefTément contraire à mon < 
& ici je dois me borner à i 
nombre d'exemples ^ propre: 
tisfaire les perfbnnes qui ne { 
i portée de confulter l'exei 
annoté de la Bibliothèque d 
dont j'ai parlé. Au refte , jet 
de choiHr les endroits qui 
mandent que peu de difcuflii 
non ceux qui, après la cox 



Octobre 1778. ao39 
textuelle > exigeroienc des éclaircif* 
fcmens trop longs ou des diflerta* 
tions CD forme. 

Une des fautes les plus eiTentielles 
du P. Goar , c'eft lomifCon des 
renvois marginaux qui appartien- 
nent au texte. Je citerai les deux pre« 
miers exemples qui fe rencontrent. 
Pans le Sv ncelle > page 10 D » il 
eft queftion de l'ordre luivant lequel 
TAuteur d'un certain Livre apocry- 
phe dit que ics prières de toutes les 
créatures font prefentées chaque jour 
i Dieu : le pallàge finit daus l'im* 
primé par le mot oSraç ^fic , qui de* 
mande une fuite. Le renvoi oublié 
contient efFedivement une énumé- 
ration de douze heures & de douze 
efpcces de ciéatures dont les prières 
font prefentées ; il y a un endroit 
parallèle dans Cedrene. Remarquons 
CD pailànt j comme un veftige d an*, 
tiquité» dont nous donnerons des 
exemples ailleurs ^ cette divifion du 
jour 8c de la nuit en douze heures 
leulcmeot» 



1040 Journal des Sçavans 

Page 20 C , on lit dans Tim- 
primé : o «Tt Et/VeCio^ ^gpj too Mac-; 

ACioç. Rérabliffons par le moyen 
d'un rc^ivoi marginal du manufcrit: 
'O J'i Evff-tCioç 'Trgfi rou MtfOauraXet 
^no-iv , OTi TOVTov tixgpCwvati tov ko^ 

'^wd* KATti TOvJ^e TfOTOV , OVK. êtj^S 
TOV X«6T«xXt/0yLtcV. Xflci TcLVTàL fJLlf i 

BvriCioç. J ai fuppicé dans ce paC- 
fagc quelques mots ou fyllabes. 
emportés par la vétufté ou par la 
rognure de la marge : rov a , dans 
ecuTov àftJ-fjLoç : 0fjL€V /e , dans sitTofXîf 
J^i i fOTofy OVK eïJ^e y dans rpoTcV, 
OVK eliTt. Je traduis : Eufcbius verb 
de Mathufala hœc tradit , fcilicet. 
numerum ànnorum ejus vita in ver^ 
Jione LXX ViroTUm exprejjum , 
evinCtrt ipfum fuptrftitem vixijji 
diluvio» «« Sedfcimus ( inquit ) exem^» 
?> plaria ijliusvcrfionis quadam ha^ 



p» bire\ 



Oclobfs 1778. .1041 
»».^r^ : Supcrvixitautem (^filii pro^ 
»• creationi^ aiinos jii',pro 802. 
9> quo pa3o diluvii umpora non at-^ 
^> tigit. » iFr A^c quidcm Eufebiusi 
J'ai rapporté cet exempte pour mon- 
trer que ma collation ne feroit pas 
inutile, quand même nous aurions 
celle de Dom Poujet. Voici comme 
il a lu cet endroit > que je trouve 
cité dans la DifTertation du P. da 

PratO (l). 'O cT» EuTiGioç crgpi Tot/ 
}Aa-iowraiXA Çfta-lf ^ on ce rovrof uVsd- 

•• CSfAi rOV KATAltXvO-fJLif tSç t^ùàflÇ 

m êtCroS oIftffjLOf Tuftç'HJ'êV* si ^e\.«« 
» Tircc riif AVTi'yfsl<pav ïx^tf irn ^ 

» J^i ( 1 ) ToV KATAnT^V^lAùV. M K«2 

rutSTA fJLff i ^Co'iCioç. K» T. X. Sut 
ce mauvais texte le P. da Prato n"^ 
pu faire une meilleure veifion que 
celle-ci : Eufcbius vtrb de Maihur. 

(i) De Cbronicis libris duob. EufèhS 
Diflèrc. pag. 481 •: - 48 f. 

(x) Le P. <U Praco a oablîé de mettre id 
des points ) mais Ùl verfîon fait voir ^e 
Dom Pouget en avoit mis* 

Oaohe. Rrn 



2t)4^ Journal des Sçavans i 
fala hac tr»dit; nîmirum j hume*' 
rum nnnoram cjus virse cvinccre ip- 
ium fuperftircni fuifle diluvio : un 

vero cjusedam exempiari'a 

bs^bere diluvium. Ec hxc 

quidcm Euf^hius , &c. 

Le P» Goat a partagé fouvent^ 
non - feulement en deux phrafcs , 
mais encore deux alinéa , les parties 
d'une même pîirafe ; ce qui a pro- 
duit des! contre-fcns très-fingulicrs. 
Dans Sync. pag. 202 , ligne der- 
nière , & pag. 103 , iig. 10 , il faut 
lire avec les matmfcrits : Wfi»<i «<- 

>cçwv , - - * fJLoT^H iJ^i^^fif av/JL(peàrov 
eoùslv tè TfWTGv irof ^'i}jrni Tpsç ro 
ià 'ax^^* On voit affez que c'eft 
le Syncelle qui parle ici. Je traduis : 
Cum muUum -dejudav^rim in conft* 
rendis annis Regnorum Juda & IJ^ 

ratlis y vîx tandem effeci ut pri* 

mus Ofeeannus Achai^ duodecimo ^ 
kd mtnum fcripturce ( 4 Rcg, xvii^ 
I , ) cpincideret. Le P.Goar fuppofû 
avant 'TroXhi KetfjLçov une petite lacune 



OBobrt 1778. 104 j 
qui ' n eft point dans les MS. : il 
y infère en marge le mot E^eKluç ,' 
& il traduit : l/t geminum Hcbraoi 
Tum regnum - - - in unum coirtt ,' 
omni Jludio E^ccias contendit^ (:t 
Paralip. XXX. ) Il ouvre enfuitc 
un aiinca, où le Syncelle parle ea 
perfonnc. 

D'autres fois » pour avoir mat 
la un mot > il a fuppofé des lacunes 
dans des endroits qui n'en ont point 
& qui font nrès-Cmples. Sync« pag. 
lo#r A 9 B : £«W T»v Kya,^ Kiih 
mTlç^tXgf n>yif^vofj(4àLç kÇftuifA * * ♦ » * 

fuivanc les deux manufcrits s Xc/Jp« 

Aucun des endroits précédcns n*eft 
dans l'Eufèbe de Scaliger. Prenons? 
en quelques-uns qui s'y trouvent j 
8c qui en mêmc-tems intéreflènc da^ 
taatagc la Chronologie; nous çom» 
R r I r i jj 



1^4 4 Journal des Sçavans i 
parerons les procédés des deux Edi- 
teurs. 

Dans le Syncelle , pag. i d'y , i é8 , 
on lit un grand extraie de l'Hiftoricn 
Céphalion fur là Chronologie d'Af- 
fyrie , accompagné des remarques 
du Syncelle* Le texte & la verhon 
l'ont dans un état fî déplorable qu'il 
faudroic une longue DiiTertation 
pour corriger & examiner Tendroic 
entier. Je me contenterai de rapporter 
la faute la plus étrange , &qui a jette 
tous les Chronologiftes dans le pré- 
cipice. Page 1^8 A. de l'édition du 
P, Goar, Céphalion dit: M»Tpaioy 
/u^ rir ifX^v J'iuJ'ix^Tcti Tetvrolvoç Ç' 
kcti Avroç KetTti ifn ri PiTTVflcùv Kad 
vôjuiovç. Vis-à-vis du Ç' le P. Goat 
écrit en note à la marge: Infrà Tctu-; 
TAvof kÇ'. Et il met dans fa verfion : 
Métrai regno Jucaffit Tautanus or^'^ 
liine xz juxtà confuttudintm & le 
ges ab Àjfyrîis ujitatas rtx acceptas^ 
Effcftivemcnt , fuivant un raifonne- 
ment que le Syncelle fait un peu- 



. Octobre 1778. 104 c 

•plus bas , ce Taucanus fe trouveroît 
le xi*^ Koi Iclon CcphaJion. Mais 
ce n'cft qu'un raifonriement ; & il cft 
faux , parce que le ^Syncelle ne s'efl 
pas donne le tems d'étudier le mor- 
ceau de rHidorien qu il rranfcrivoi^ 
Métrée & Tauranus font deux Rois 
conftcutift , à favoir le 16 & le 17 , 
dans routes les liftes grecques & la* 
tines que nous avons des Rcis d*Af- 
IjriC) commençant à Belus ; & il 
Tiy a rien qui nous conduife à croire 
ue Céphalion différât fur ce point 
es autres Ecrri vains. Auffi Scaligcr 
in EufiL 6>. Lib» i*p*30* lin. 3 3 
idit. I. ) écrit-il TùLVTetvof Ç' luâ i 
tiurèç , &c. fans avertir qu'il intro- 
duit dans le texte un chiffre de fa 
façon. Plufieurs Chronologiftes n'y 
regardant pas de plus près y onc 
adopte la corredion du P. Goar Se 
fon chiffre xi : ils ont fuppofé que 
Céphalion avoir eu des opinions 
particulières fur la Chronologie 
d'AfTyric. En confequence ils onc 
corrompu par des explications tout 
Rtttu\ 



IO46 Journal des s çav ans ^ 
fon morceau ; enfin ils ont baci de 
faux fyftcmes. Des Vignolcs plus at- 
tentif que \ç^ autres, s y eft pris 
d'une manière qui lui eft particulière. 
Il recette la prétendue corteftion de 
Scaliger , comme une falfification y 
en quoi il a raifon» Il rejette auflS 
celle du P. Goar ; & prenant fon 
texte tel qu'il eft, il traduit d'une 
manière toute nouvelle ( i ): Ze Roi 
Métrée eut Tautane pour fcptiime 
fuccejfeur ^ fuivant la Coutunu & 
Us Loix des Aériens, Au moyen de 
ce pafiàge, étavé d'un anacbronirme 
que le ^ncelle commet hardiment 
& qu'il pallie fort mal (2) ; Des Vi* 
gnôles (;en admettant un Tauranes 
ou Teutamus [I] pour fucocflcuf 
jnftnédiat de Métrée ) place fcpt 
«ègnes plus bas un Tautanes ou Teu- 
tamus II ( j^ ) , qui en vérité y eft un 

(>î) Des Vign. Chronol. Sainte , To. z ^ 

(z) Sync. p. ij J A, 167 A. 

(3) Des Vign. U c. pag. 1 64 > 7.69^ 



Oclobn 1778, • 1047 
Koi de fa feule création. Cette faute 
eft grande fans doute; f'ûfe bien 
dire néanmoins quc.rilluâre Cbro- 
xioiogifte y a été conduit néceffai»» 
lemenc par celles du texte qu il avoir 
fous les yeux« Le vrai texte tiré des 
MS. fera difpaiohre comme des 
nuages emportes par le vent tous les 
/yftemes qu'on a bâtis fur ce padàgCé 
Le voici : MifTpetîow J^i rnv «p3c:»V 

«ATfii #5*» TJt *A^vupî«r «ai wactv. Il 
feut traduire : Metrao fucujju Tau» 
ianus , f i/i 6» ipftjuxtà receptos Af^ 
fyriorum mores & Ugcs vitam in dy!- 
iid confumpfit. Les deux dernières 
kttres de <«y font écrites dans le 

Eremier MS. par une abbréviarioii 
ien formée au-deifus de laquelle 
on voit Taccem circonflexe , & je 
ne fais où les Editeurs ont eu les 
yeux pour ne pas s'en appercevoir \ 
dans le fccond MS. {Sv eft en toutes 
lettres. Maintenant je le demande , 
quand un Critique auroit propoft 
<e(tc coricâion de lui-même, au* 
RrtrW 



'2048 Journal des s çavans ^ 
ioic*elle été tant pour lui que poîrr 
fcs leâeurs , autre chafe qu une cou- 
jeaurc? Aurok-elle eu quelque au- 
torité en Chronologie , & les faux 
fyttêmes auroient-ils été obligés de 
céder ? De tels exemples font rcf- 
peârer les mflT. & démontrent la né* 
ceflîté djy recourir. 

Une des parties les plus prccicu- 
fcs de rOuvrage du Syncelle, con- 
fiée en des Catalogues d'anciens 
Rois 9 dont un bon nombre ne fc 
retrouvent point ailleurs. Dans le 
premier MS. plus d'une de ces liftes 
cft défcdueulc par l'omiffion de di- 
vers Princes. Depuis un fiècle & da- 
vantage elles ont été rcimpriniées 
dans un infinité de Livres, & tou- 
jours avec les mêmes lacunes. Là 
plupart feront remplies à l'avenir, 
quelquefois par le premier & le fé- 
cond MS. plus fouvent par le fé- 
cond feuL Je vais citer un exemple, 
non le plus intcreflant , mais celui 
que je puis produire avec le moins 
de difcufljons. L'Eufcbe grec de Sca- 



OSûhe tTjS. 2049 
Ifger (pag. 14. édic. i.) & le Syn- 
ctllc (pag. 92.) nous annoncent 
une fuite de fix Rois Arabes anré- 
lieurs aux A/Iyriens;, & la lifte qui 
cft jointe n'en contient que cinq. 
Le fixicmc éft marque en blanc par 
Scaligcr : chez le P. Goar , c'eft le 
fécond, & cela cft mieux. I/omif- 
iîon cft à cette place dans le pre- 
mier MS. le fécond la fupplce, & 
jy lis tout au long : G\ 'AfotCcor J^it^^^ 

^ Tcti J^i\cTuov iiv h-of yfULA, Voilà UQ 
Roi Mardacus qui fort pour la pre- 
mière fois des ténèbres de l'oubli. 
N'omettons point de dire qu il faut 
corriger ici dans le Syncellc une 
légère faute , dont il fournit ailleurs 
plufteurs exemples. Les durées des 
trois premiers règnes &c leurs épo- 
ques dans les années du monde lonc 
marquées comme il fuit : 

j. MAîcioccntes* 4^. 3001* 
1. Mardacus. 40. 304!* 

3. Sifimardacus. 28. 308^. 



/ 



Rt rr Y 



2 cr^ O Tournai les Sçavans , 

Les années du monde montrent 
que les durées des deux premiers. 
Rois font rranfpofécs : le premier 
doit avoir régné 40 ans & le (ccond 

45- ^ ^ 

Quoique la plupart des fautes & 

des corrections de notre Autour 
doivent concerner la Chronologie ». 
il ne laidèra pa« d*y en avoir un* 
bon nombre qui intéreiferont aufii" 
la critique. En voici un exemple, 
aifez curieux. Il s'agit d'un Hercule 
connu cher les Phéniciens, les Gap*- 
padociens & les babitans d'Iliunr' 
où de Troie y fin» un nom oriental' 
que Scaligcr a écrit par deux fois^ 
A/«*y^av(i), & le P. Goar ùtCJttr 
(r) , l'un & l'autre d'après le premier 
mSé Cette différence vient de ce que 
dans ce MSî le G eft rrès-fouvcnt fi- 
guré comme notre li^ voyelle , & de 

(i)Eq£ Gr.,I4b. L fi i6. lin. 3^ 9 & 
(jt) Syncfr. iy,}Et 



OSoire 1778^. lô^t 

ce que Té» , quand il y efl mal peint^ 
en approche beaucoup. Cependant , 
avec de Tattention 9 il y a ordinai- 
lemcnr moyen de diftinguer fi le Co- 
pifle a voulu écrire £ ou cô. En par- 
ticulkr, je rcconnois ici que Scali- 
ger a mal lu , & que le mflT. porte 
£ï$C<rêtf^ comme a lu le P. Goar* 
Mais qu'cft - ce que cet Hcicuic 
Dibdan } 

Notre embarras augmentera, fi 
fious ouvrons l'endroit parallèle dans 
FEufcbe de S. Jérôme. Scaligcr f 
num. 498 , écrit Dcfanaus : Pon- 
tac, num. 505 , écrit Dtfinau^; ic 
il a trouvé dans Tes divers MSr, De* 
Jdnaus , Dafenaus , Dcfinans , 2^-^ 
finas^ Dtfonaas-y Sec. (i)*^Mais il eft 
bon de rapporter le paflagc entier. 
Voici le latin de S. Jérôme : Her-^ 
€ulcs cognomtnto Utfanaus in Pkœ* 
nice clams kabaur y undt & ad nof^ 
tram ufquc mcmoriam Gappadotihus 
tt EUtnfibus ( d'après le grec il fauc 

(i) Pontac, Not. io Euf Ctromp; s^x^ 



105 1 Journal des Sçavansi 
Ilitnfibus) Dtfanaus adhuc dictât 
tur» Voici le grec du SynccUe: 
*Hp«t«Xf« T^fiç ^cta-tv iv O.ipixff >y«- 

jxim **. Dans les MS. latine ce 
paiTage eft écrit fous Tan 8 , ou plus 
communément fous Tan i avant le 
gouvernement de Moyfe \ k grec ne 
le rapporte point à une année dcter- " 
minée. Apres cela, nous demande* 
ions encore une fois, Qu'eft-ce que 
Dibdan ? & qu eftce que Dcfanausî 
M. Fourmont qui veut que tous 
les Hercules dont il a jamais été patlé 
dans l'Orient (i), foicnt Efcol , 
Cananéen allié d'Abraham ( 2. ) > 
^l'oublie point d'appliquer à £(col le 

* Edit. malè of. 

* * Cod. I & Edit. ad/iciant oira zw* 

(]) Fourm. Reflex, Crici(}. fm les mi):. 
To. I, p. iq6, 213. 
(i}Gen.xiT. ij. 



Oaohre 1778. ad5f 
nom de Defanaus ; s'inquiétant peu 
au rcftc de ce que l'Hcrenle Defa- 
naus ne paroîc dans Ja Chronique 
d'Eufèbe que quatre Hècles après 
Abraham. Defanaus ou Dofenaus 
çft, fuivant lui (i) , pour Doufla- 
saa, qui en araoe (iguifierolt /e.:^^/- 
gntur ac Sanaa ; & en conféqucncc 
si donne à Efcol rinvefticure de la 
terre de Sanaa. On dira > peut-être , 
qu*on ne voit point par l'Ecriture 
que le Cananéen Efcol ait été affcz 
puiffant pour pofléder^ à quatre ou 
cinq cens lieues de fon pays , la plus 
belle contrée de TArabie heureufe. 
Mais c eft que l'Ecriture , félon M# 
Fourmont> n'a eu occafion de parler 
que de fcs premières armes» Pour 
lui y il nous donne la fuite de fou 
hiftoire. Efcol devient Général d'E- 
fàu ou Ofîris , petic-iîls d'Abrahann 
A rage de 160 ans, qui pour ces 
iîèclesU n'étoit pas un âee décré-» 
pic (1) , il foumet » en la qualité 

1i)Fourm.p. 203, 
i)FouriD«p.&xi^ 



lo54 Sournat its $çàVdfis\ 
d'Hercule , l'Arabie , TErhiopie J 
rindc, il fc rend maître de Sa* 
fîaa : le tour par le fecours du moe 
Defan^fcus^ & au moyen du change^ 
ment de l'i , féconde lettre de foa 
nom > en r. 

Bochart s*eft auflS exercé fur notre 
Hercule. Mais iln^a pas pris tant d*ef- 
fbrt, & il en a fait un conquérant 
moins tcrribfe. Il éroit occupe à 
chercher Tétymologic dii nom de 
Didon (i) ^ qui lui a paru venir 
d'un mot défignant Famour, Dio- 
dan s'cft préfcnté à fa mémoire; 
il Ta préféré à De&naus X frd i^graco 
HxtU unfta Diodan RESTITVEN^ 
T> UM. Il lui a donné la même ori- 
gjne qu'à Dîdon \ en un mot , à* 
l'aide de deux vers de Nonnus ( oÙF 
il ne faut pas croire cependant qu'il 
foit nommé ) it en a fait un Hercule 
préfidant aun amours. Et tout cela, 
parce que ScaJîgec a mal lu un mot. 

Mais poBWjuoi interroger pluS' 

{x) BooL^ Canaau ^ I ,, x.j^ 



ocfobn 177?. ^^'5^ 
long rems nos fçavans Critiques fut 
la nature & fur le nom d'un Dieit 
qu'ils n*onr pu que méconnoître ?" 
Ouvrons piurôr notre fécond MS. » 
kii feul pourra nous fournie une ref^ 
iïtution afftirée. En pkcc de AtCJ'aPj 
fy lis A/fl-av<roe»^bkn écrit.. Pour tirer 
de-là rour le fruit poffible , je rc? 
marque d'abord entre ce mot fie 
tous ceux des MS; latins >,un certain 
accord » une cettaine affinité , qur 
me font recevoir /^ta-oiyJ^civ pour la^ 
fcçon originale y & rejctrcr Aif<r«V 
comme une leçon corrompue. De 
foutes les leçons latines , Defonaas- 
cft celle qui approche le plus da 
vrai. Lobftination des MS« latins ^ 
ne point mettre de d à la fin de ce 
inot, me paroît prouver qu'eâPcfti- 
vcment Sw Jérôme aura écrit Z?e/b- 
naas Q\x Difanaas^ I^ reffemblancs 
du A & de l'A > Don-{èulement dans^ 
j'écriture maijufcule , mais encore, 
dans une écriture citr/îve autre que 
celle de nos imprimes & de nos^ 
manufcrits modernes y aura^fak 11» 



1 o 5 6 Journal des Sçavans , 
à S. Jérôme JIitclvc/Av au lieu iz 
ISicetvJ'civ dans le texte d'Eufèbe ^ 
que le Syncclle , comme je crois , 
a tranfcrit ici mot à mot. Au lieu 
de l'accufarif^ la tournure de la 
phrafe de S. Jérôme Ta obligé à 
fubftituer le nominatif Difanaas* 
Plufieurs de (ç^ copiftcs , gens igno- 
rans & des bas ficelés, ont été oP- 
fcnfés de cette définencc, à laquelle 
ils ont lubftitué celle en us plus com- 
mune. G*efl: ainfi que s'cft formée la 
leçon Dcfanaus, 

Il s'agit maintenant de rendre rai- 
fon du mot Aia-uvéàfi & la chofe 
cft facile , à ce que je crois. Ce nom 
paroît être pcrlan , &c compofé de 
deux autres. Le premier, Di ou Dei , 
cft un des anciens noms perfans de 
la Divinité ; des Auteurs orientaux 
cités par Golius (i), le comptent 
entre ceux du Dieu fuprcme , & il 
&ut bien qùon l'ait donné auffi à 

(i) Gol. ad Alfcrgani Elcra» Aftroi>. p^ 



Oclobre 1778. 2057 

des Dieux fccondaires ou à des Hé- 
ros , tels que notre Hercule paroîc 
avoir éré. SflcV^Trt^, ou fuivant une 
autre terminaifon , SaVcTif;, fc trouve 
dans Agathias ; & il s'y trouve être 
précifémehc THerculc des Pcrfc« 
Voici fon paffî^e fi) : Antiquitàs 
Ptrfct Jovtm & Saturnum ctttrof* 
qut omnts Deos à ^Gracis célébrâtes 
coUbant y eo excepta y quod non eaf^ 
dem -appellationes ntinetent ; fed 
Belum quidem Jovtm fortafje ^ & 
Sandem[lclv^9iv]JIercnle/n^ AnaU 
tida Fcneicm 3 aliterque alios voca^ 
bant ; ut alicubi Berofus , $cc. 
L'Anaïtis ici nommée cft très con- 
nue ; fon cuire étoit répandu au 
loin dans tout l'Orient , & en par* 
ticulier dans la Cappadoce , fuivant 
divers témoignages des Anciens. Le 
Di Sandas aEuftbc étoit iiohore 
dans la même contrée : peut - on 
douter qu il ne foit le même que le 

( I ) Agacli* de reU Jaftlnianl Lib» % 



lOjS Journal des S çavans ^ 
Sandès placé par Agachias à cod 
tfAnaïtis ? 

Ici ia curionté fe porté plus loin ^ 
ic {z^% doute il n*cft perfonne qui 
ne foit bien aife dt favoir (i cet Her« 
cule oriental ne fe retrouve pas daniS 
les écrits des Orientaux modernes. 
Si je ne craignois de déplaire pat 
une recherche trop étendue fur et 
pcrfonnage, j'cflairois de rnontrci 
que Sandèsy ou^ en ôtant la finale 
ajoutée par les Grecs , Sand, eft Iç 
inênie que Sam furnonimc le Cava- 
lier 5 Héros Pcrfc oU Iranien très- 
célèbre dans les Livres des Perlans 
( 1 ) & dans ceux des Parfis (i)f 
fous les règnes de Feridoun & de 
Manougcher feptième & huitième 
Rois Pifchdadicns. Je prouvcroi» 
que non-feulement les noms^ mais 
aufli les tcms s'accordent ( 3 )« Jc 

(i ) D*HerbeIot , au mot Sam sotivar» 
(ij M, Anquetîl , Zend - Av. To'. im 

p. 99* 

{ ^ ) Lifez TArticle ManoDgehcr dai» 

4'HerbeIot. . 



OSobrt 1778» ^059 
profitcrois de ce petit trait hiftoriquc 
placé dans Eulèbe une trentaine 
d'années plus haut, XaXJ^ouci kata 
^oi¥iKuif iç'fùlrwo'Af ( I )> Ckaldai 
contra Phœnicts dimicani (i) ; traie 
que Scaliger (3) avoue ne pas com- 
prendre , & que tous les autres Cri* 
tiques paroiflent avoir lailTé de coté. 
Si Sand eft Sam , cette guerre des 
Cbaldéens contre les Phéniciens doit 
Être celle de Manougcher (4) Rai 
des provinces du milieu deTEmpire 
Pcrhque (5) , contre Salm Roi des 
provinces occidentales du même 
Empire {6), Se non en général dç 
relies qui depuis ont compote i'Env* 

Êire Romain , comme veulent les 
Lomanciers orientaux ( 7 ). Si San«t 

( 1 ) Sy ne. p* T ^ 5 C. 
(z) Eufebius HiëronyjnL 
( 3 ) Scal. Anlmadv. ad Eufcb. n. 47^» 
( 4 ) Lifez d'Herbeloc aa mot Feiidoui^ 
( ^ ) Au mot Manougcher. 
( 6 ) Au niot Salm. 
. (7 ) Au mot Feddouiu 



/ 



lo6û Jounnal des Sçavans i 

eft Sâm riranîcn , je dirai encore 
que dans le paflagc d'Eufèbc fut 
Hercule , le fcns de ces mots , "^2?/- 
fandas in Phœnice clams habttur , 
h*eft poinn que Sandas eft un Héros 
indigène de la Phénicie » mais qu'il 
eft un Héros étranger dont l'Auteur 
ne marque pas en cet endroit l'ori- 
gine , 8c qui fe diftinguà dans la 
Phénicie par fes exploits. On fc rap* 
pcllera ici que des Jeux Livres chro- 
nologiques ccmpofés par Eufèbe, 
le fécond n'tft, pour ainfi dire, 
qu'une répétition abrégée du premier. 
Dans celui-ci les faits étoicnt nati» 
rés; dans celui-là ils n'croient qu'in- 
diqués. L'inconvénient étoit nul 
pour ceux qui avoicnt l'un & l'au- 
tre; il eft quelquefois une (ource 
d'obfcurirés & d'équivoques pour 
nous qui ne pofledons que le fe- 
<:ond. Je m'arrêterai ici , & je n'exa- 
minerai pas ce qui a pu donner lieu 
à l'Auteur inconnu qu'Eufèbe copie 
&: abrège fur ce fujet , de fuppofer 
une expédition de Sâm en Phénicie. 



Oclobrc 1778. 2.o6t; 

Quoique fur le texte propofc je 
me fois reftraint aux obfervations 
néceflaires pour en affurer la correct 
tion , )'ai peut-être pafTé les jufles 
bornes. Je n'enramcrai point d'autre 
article, de crainte de tomber dans 
un plus grand inconvénient; car je 
vois que le choix entre les anciennes 
& les nouvelles leçons , pour peu 
qu'elles foient importantes , oblige'. 
le plus fouvent à de femblables dé<«v 
tails. Si je m'étois attaché à extraire 
toutes celles qui appartiennent à une . 
même branche de la Chronologie ^' 
j'aurois été beaucoup plus étendu ; 
6c les objets étant plus liés, auroiene 
été plus intérciTans. Les exemples 
détachés auxquels j'ai été obligé de 
me borner dans cette annonce , pour« 
ront néanmoins faire juger de Tu-, 
tilité d'une édition , qui en offri-* 
toit de pareils plus qu'elle ne con^ 
tiendroit de pages. 

J'ai l'honneur d'être 3 MM. &c; 

PjKqvOT , C^mîs en fécond à la gardû 
dcsAtanufcrits de laBihlktJkèfuedu Roi^ 



2c6i Journal des Sçavans i 

Extrait des Obfervatims Mitio'^ 
rologiques faites à Montmorency , 
par ordre du Roi y pendant le mois 
d^AoûttyyS , par le R. F. Cotte , 
Correjpondant de tAcad^ Royale 
des Sciences» 

ON n*a point vu , de mémoire 
d'homme, une ftcbcrcffe & des 
dialeurs aufli confiantes & auilî ex-> 
ceffivcs que celles que nous ^prou* 
vons depuis près de deux mois. Les 
Papiers publics annoncent que cette 
température cft aflcz univcrfelie en 
Europe ; il faut en excepter quelques 
cantons de la Prcardie & delà Nor- 
mandie, & peut-être encore quel- 
ques autres pays où les pluies ont été 
scUez fréquentes pendant ce mois. 
Cette températarc eft très nuifibîe à 
h vigne , dont le raifin durcit & fc 
deffeche ; aux arbres fruitiers, dont 
les fruits tombent faute de fève ; - 
& aux prairies , qui font brûlées & . 
qui ne donneront point de regain. 



OSohrc 1778. 20 ^j 

Les fôves tardives font perdues. La 
moiflbn a été faite promptemcnt, le 
blé fera de garde & d*un grand pro« 
fir. L^ 5 , on fervoic les figues ; le 
Il , le raifîn commençoit à tourner; 
& le z^, les çhaflclas bien cxpofcs 
écoient mûrs. Le 13, on cueilloit- 
les prernières pcchrs. Les matinées 
& Iç^' foirées ont commencé à de-» 
venir firoidês le 17 ; ce froid a fiic* 
cédé aflfez promptement à des cb»»^ 
leurs i^ivcs. > 

Fents dominans 9 nord & nord* 
eft ; ils ont été très conftans. Le nord 
fût très •» violent pendant quelques 
heures de la nuit du 30 au 3 1 *, il 
tomba un peu -d'taa H, ti en étoît 

Cint tombe une gonte di^puis le 15* 
foleil a paru tons* les jours. 
' Plus grétnde tkabar t,4., C^. le 
' ij , à 1 -folTi le vent fmd'çuefl:, le 
del ferein & l'air étotrfiam. Moinm 
dn ehakur 7 , 5 ^. le j i i 5 {.*» mat. 
le vent nord & k ciel fcréin. P^ff^ 
tenct 169 ^\ Chaieur moytnhc Je 
$ha^u$ jour tSfXt\ Plus grandir 



^0^4 Journal des Sçavans , 
élévaùon du mrcurc 28 po. 4 
le 2 j à 4 1 ^ matin , le vent n 
le ciel fcrcin. Moindre élé 

27 po.9, 4 lig. Je 14 à 5 '^ /7 
le vent fud & le ciel fcrcin. . 
r^/2C6 ^ > 1 1 lig. Elévation mo 
au matin, iSpo. 0,9 lig. ; à 
& ^Mfoirj 28 po. 09 8 lig. A 
/fn baromètre Le premier 9^4^ 

28 po« I > o lig. Du premier 
;c£>/2/e de 1 9 o lig. Du 3 au 6 , 
Je 3 , 9 lig. Du 7 au 10 , mo 
3 , o lig. Du 1 1 au 14 , baijll 
110 li. Du 14 au ijt monté de 6 
Du 17 au zij^ baij/e dt i f 
Du 2X au 25 , monté de 4, 
Du 2 5 au 27 , iaijffé de 2 , 
Du 27 au 2^ , monté de 2 , 
Du 29 au 30 , ^^i^ de 4, 
Du 30 au 3 1 9 monté de i , 
Le 3 1 , à ^ ^'foirf 28 po. i f 
Le merciire a toujours été fort < 
il a plus varié que le mois précc 
ùs grandfes variations ont eu 1 
montant 9 les 1 9 ^$> ^3 & 
^ en defceridant ^ Jics 1 3 ( 



Octobre 1778. 2065 

Il n*eft tombé de la, pluie que les 

7, i5&3i«Je n'ai pu apprécier 

rçllc du 7 , qui n'a fourni que qucl- 

3ues goures d eau ; celle du 1 5 a 
onné une ligne , & celle du 3 1 un 
3uart de ligne. Ccft donc 1 \ ligne 
'eau de pluie contre 1 10 lig. d'ev^* 
poration que j'ai mefurépendanc ce 
mois. Evaporation cxcejpye. 
^ Plus grande diclinaifon de Tal^i, 
guillc aimanta, 19 <^} 5'. Moindre 
déclinai/on 9 i^^ 35. Diclinaifon 
moyenne , au ma^in ^ i ^ <^ 40' 41^^ ; 
^ midi , 15^ <* 49' x6" i wfoir^ 19** 
41 48''. Du jour 9 ly^4j'58"* ^ 
Plus grande fécherejje, 07, 5* 
le 17 à 9 ^/oir, le vent cft. Moindre 
ficherej^^ %z , 4** Ic.^ à 5 ^ matin , 
le venc nord-oueft frais. Différence ^ 
45 , là. Etat moyen , 47 ^ 7 ^• 
__ Le tonnerre na grondé qu'une 
feiilc fi:)îs de loip. Le 7, à ^^ 5' du 
foir^'A tomba quelques gouttes d'eau 

2ui Ûcâri|3renc ailçz fortement mon 
londiiâeur* LaKchereflê de ce mQÛ 
Oàobre. * Sfff 



io66 Journal des Sçayansl 
a été très-favorable à rélcdricité ar- 
tificielle ; ce qui nous a un peu dé-.* 
clommaf^é de la rareté des phénoy. 
mènes d'éleâricité naturelle. 

Nous n'avons point eu de mala* 
des pendant ce mois ; mais on a vu 
dans nos environs beaucoup de fiè- 
vres ardentes , maladie prcfqu incon- 
nue daps nos climats , parce qu'il eft 
rare qu'on y éprouve une tempéra- 
ture propre à Ja développer , telle 
que celle que fc viens de accrirc. 

Suite des yOhfervations miiiorolo^^ 
giques p$ndàÀ$ 'U mois de Sepr' 
tembre > par le mémt. 

Si l'on excepte les premiers felcs 
derniers jours de ce mois qui ont été 
alfesL froids , le refte a été doux & 
fec ; les plûits font tombées ttèsTa-? 
prdp6s quelques jours avant ley.van-; 
dangits qu'on à commencées ïk X% • 
piar uti affez beau tems. La répbltje 
cft très-ihédiQcré } àlle ne vâ.paii 



, C3obn 1778. io67 
«ne demi-année. Le vin fera bon; 
. Ces pluies ont éré auffi très-favora* 
blés aux labours & aux femailles. 

ycnts dominans^ nord & nord- 
cft. Celui de fud-oueft fut violent le 
«z&'le^T. 

' FUu granit chaleur 1 7 9 4 ^ le 16 
\ % Yifoir 'y le vent oueft & le ciel fer 
tcin» Mâindn chaleur j, o"^ le 30c 
le io, ii é^^ matin j le vent nord^ 
cft & le ciel' ferein avec glace & ge» 
l£e h\BXkc\\t.Dijgfircnct 14 9 4 ^ Chai 
iâur moy^nm de chaque jour 1 1 , i^; 
•' Plus fgrandc iUvation du mcrcuft 
àt po. 4»i4ig. le loà 6h fuatin ^Ic 
•vent nord^ft &-le ciel ferein. ili^^ûr* 
dre élévatiôfi %j po. 4 , ' S lig. le 17 
à I * :i do foir 1 le vent fud*ou;ft im- 
f^itueux Se le ciel couvert, avec 
{4uîe , giéle & tonnerre. Diffirencc 
fXf ', 5 lî^rhes. EUvaium moyenne au 
'Wàiin /Î7 po. 1 1 9 5 lignes ; à mUii 
^7-po.fl'i I li^'t^nyo/r» 17 po* 
11,4 lig. Du jour , *%y pô. 1 1,4 
iig. Mûfcke du karouàirt. Le prc-> 
mier^ ii €^ matin ^ 18 po i, o li|^. 



1068 Jourâà^disSçavànsl 

Du premier au j , baiffi de 3 , ligi 

Du 5 au 5 , monté Ac 1 , yîig. Du 

6 2M7 , haiffé de 5 , ^ lig. Du 7 au 

c) , monû de 4 » o lig. Du 10 au 1 1 > 

hiffé de 5 > 5 lig. Du 1 1 au 1 5 > 

7nontc de f , 3 lig. Du j j. au 17 , 

baiffi àc 2,8 lig. Du lyau lO» 

momiàt 4» 1 1 lig. Du z^.au xj ^ 

taijji de 1 1, r 5 lig. Dii 17 au. 29 > 

192(7/2/^ de.io 9 o.lig* Du 251 aii 30 9 

^^//^(f de 49 I lig. Le 30 ^ à ^ ^Joir^ 

27 po. IQ9 ^ lig. Le mercure a 

bcaucïc^p; varié- en niomantjAts S 9 

13 3 i« > i^/& xSi;^ &> cç Jls/cen- 

^tf/îf^lcs a;» 7f 10.9 \i| i24,ii( 

Se }o.On vole qu'U a été fore agité » 

iurt(>ut à la fî(i du mkois;.du :^7 m 

.289 il a monté eu 24 ^ de 6 > 9 lig^ 

Il eft tombé de hi pluie les 2 9 S > 

LiJ * «3 * I7i-2;tf. & 27 > &- de 1» 

iff^Ua le ^7* Lft pluie a fourni i:p„ 

^3.Aig.;4cau, Il «Q eft tombé en qua^ 

, (Çitc -(QUts X 8 fc .} ; lig, VfVftfM^iiofi ,ft 

•ét5 de jïlig. .^ ; ' 

«^ /'/{^ grande déclinai/on de Cair 

guHie mmantia \^^ 45', Minndm 



Octobre X778. iqôg 
àeclUaifon 19^ 25', Différenct lo'. 
£)ccUnaijon moyenne au matin: , 
49A33 -^^'-^Imidi^ i9t42'z2^/i 
Siufoir^ i^''33M'^* Du/Wr, 19** 
:}é' I l{^E^ç s'cft approchée du nord 
plus que les mois précédens, 
: ^/tf5 gftf 1^/e féchercffe 5 6 , 6 **• Le 
premier, a ^^ foir ^ le vent nord. 
P/i;/5 grande humidité y il, ÎJ •* ; le 
.26 , à 87 yî>i'') le vent fud-oueft 
avec grande pluie, Difércnce^ 45 , 
.8 ^ Etjt moyen , 3 8 , o •*• 

Le tonnerre n*a gronde qu'une feule 
fois de loin le 27. Les pluies d orage 
ont clcftriré mon grand Condudcftt 
Jes 8 , 1 1 & 27. 

. J*ai obfcrvc rrois aurores boréa- 
les les 17 , 21 & 22. Celle du 17 
étoic tranquille ; celle du 2 1 croit 
accompagnée de jets colorés, & celle 
du 2£ fut magnifique avec jets de 
lumière , couronne , agitation dans 
les rayons lumineux & colorés de la 
plus belle nuance pourpre qu'on 
puilFc voir. Mon aiguille aimantée 
s'cft rapprochée de 10' vers le nord 
Sfffiii 



l*7<> Journal des Sçavans; 

Î rendant ce phénomène. J'ai appcrçu 
en» pendant laurore boréale ^ 
deux corps lumineux à Thorizon, 
femblables à Jupiter » (jui ont dif^ 

Earu avec hs couleurs de Taurore 
oréale* 

Les fiévxes malignes cm continué 
dans nos environs ; nous n avons 
point eu de maladies ici, 

Réfultats des trois mois ^iti. 
Vents dominans^ nord & nord-cft. 
Plus grande chaLur ^ 25 , 5 *^. Moin'- 
dre chaleur y 3,0** Chaleur moyenne 
de chaque jour y 14 , 4 •*• Plus grande 
élévation du mercure ^ iS po. 4931* 
Moindre élévation , 27 po. 4 , 8 lig- 
Elévation môyenru au matin , 17 po. 

X 1 9 10 lignes^ à midi , 17 po. 1 1 ^ 
^ lignes ; sixifoir^ 17 po^i i , 9 lig. 
JDu /our, 27 po. 1 1 , 9 lig. Plus 
grande déclïnaifon de C aiguille ài^ 
mantée^ 19*^ jç'. Moindre déclinai^ 
fon , 19 *^ 1 j'. DécUnaifon moyenne 
au matin ^ 19** J7' 13^' ; tf /Tzirfi ^ 

19*^45 50^^; au /J>ir, ï9**38 4''. 
Du Jour ^ i^^ yj 6'*. Plus grande 



Oclohrc 1778. ao7i 
fichertjjc y €-} f 5**. Moindre feêhe" 
rejfc , 1 1 , 6 **. Etat moytn 9 4 1 9 7**. 
Quantité dt pluie y 3 po. 8« o lig. 
Evaporation^ 10 po. { lig. NoiHhù 
des jours de pluie y 23. De grêle '^ 2, 
Beaux y 64. Couverts ,17. De /2x/a« 
;^«J 9 I ] • De v^/xr , 19. De trouil^ 
lards ^ 15. De tonnerre j 5. Tfauro^ 
,.ns boréales , 3 • Température très- 
chaude 3 très-(eche. ProduSions de 
la terre y récolte cie bled aiTez bonne \ 
de foin , médiocre ; de fruits , mau- 
vaife j ils tomboient faute de févc. 
Les légumes de route cipèce &^ les 
regains manquent à cauie de la grande 
ftcherclïc. 

J*ai fait voir Tannée dernière le 
rapport que la température de 1 777 
avoir avec celle de 1701, 1710, 1739 
& 1758. Ce font autant de périodes 
lunaires de 19 ans > les nouvelles lunes 
étant arrivées U% mêmes jours dans 
toutes ces années. La température 
finguUcre de Tannée qui s'écoule ma 
engagé à faire les mêmes recherche^ 
fur la température des années ^ où 
Sffliv 



1 07 1 Journal des Sçavans , 
les lunes fc font trouvées les mcmcs 
qu'en 1778. Telles font 1691 , 1702, 
1711 , 1740 & 1759. De cts cinq- 
anrtécs, il ny a'qué 1740 ou la rem- 
'pérature, alors froide & humide y 
'altéré difFcrente de celle de 1778. 
Dans toutes les autres elle a éré 
chaude & furtout fort féche , ainfî 
qu'on pourra en juger par l'Extrait 
des Obfcrvations faites en ces difFc- 
rcnres années, que je tire des Méntm 
de PAcad. 

En 1691 , on n'a mefuré à Paris 
•que 14 pp. 5 , .3 lig. d'eau de pluie, 
ôc Ton remarque cjuc cette année a 
été 'fort féche. En 1702 , la c]uan- 
tité de pluie n'a été que de i ^ po. 
1 lignes , & l'on ajoute que le prin- 
tems & l'été ont été extraordinaire- 
ment fecj. En 1721 , la fécherelTc 
a été encore plus grande, puifqu'il 
n'eft tombé que II po. 7 , 4 lignes 
d'eau. Enfin , en 1759 , nous avions 
les Oi:fervations de M Duhamel, 
qui font plus détaillées cjue les pré- 
cédentes. Voici la température d« 



Octol-n 1778. 2073 
cliaquc mois de 1759, qu'on pourra 
comparer avec celle de chaque mois 
de 1778. Janvier y commenccmcnc 
chaud & humide, fin, froide & fc- 
chc. Février , doux & fec. Mars , 
variable, peu d'eau. Avril y varia- 
ble , fec , f elce à glace le 17. ( c'crt 
prccifcmcnc le même jour qu'une ge- 
lée a fait beaucoup de tort à la vigne 
cette année ) Mai , froid & fec. Juin^ 
froid & fec. Juillet^ chaud & fec. 
Août, commencement chaud & fec, 
fin froide & humide. ( Cette année , 
Tair devint rout-à-coup affez froid 
ï la fin d'Août.) Septembre , chaud 
trcs-fcc. OSobre , variable dour. 
Novembre , froid & fec. Décembre , 
froid &humidT^ 

Les détails fur la récolte du bled 
font précifémenr femblables à ceux 
que nous a fourni la récolte de cette 
année. 

Je ne donne tout ceci que comme 
un appcrçu; il confirme, comme 
ou le voit , la théorie de M* Toalcio 
touchant TinflucDce de la lune fur 



2074 lournal dts Sçavanu 
la température ; je ne crois pas qutf 
le cours d'une année foie luilifane 
pour vérifier cette influence ^ ainfi 
que paroit Tinfinuer Mr Toaldo > 

3ui publie chaque année une efpèce 
e Calendrier , dans lequel il an- 
nonce les tenrpératures qui doivent 
concourir avec les dîfférens points 
lunaires : peut-être parviendrons- 
nous dans la fuite à ce degré de pré» 
cifion* Contentons - nous à préfent 
d'envifagcr les périodes de 9 ou de 
19 ans } les réfuitats font plusfenfi-* 
ble. Je penle que dans cet examett 
en doit bire une attention fîngulièie 
aux années où non - feulement le» 
nouvelles kmes ont eu lieu \z^ me-' 
tciz% joutjs ^ mais encore \t% autres 
points lunaires que M. Toaldo a 
coiludérés dans la Differtation. Il 
faut faire attention auflî, fî dans 
chaque période il ne (è trouve pas 
une ott pkifieuTS années dont la tem- 
pérature fingulière & extraordinaire 
n'a aucun rapport avec celle des au<^ 
txcs années de la mênie période» 



03-hi 1778. 1075 

Aind la température (ingulièrement 
froide de 1 776 s'ccarrc entièrement 
de celles des années qui lui corref* 
pondenc \ il en eft de même de la 
rempératurc de 1740 à l'égard de 
celle des années de la période donc 
je viens de donner les réfultats. Je 
me livrerai volontiers à ce travail ii 
le tems me le permet ; je le crois 
très-imporrant & très- propre à recu- 
ler les bornes de la fcience météo- 
rologique. 

De Montmorency , z OEloh. lyjS. 



KOUVELLES IITTÉR AIRES. 

HOLLANDE. 
d'Amsterdam. 

jn E M A R QUE s fur une Criù» 

jL\,qu€ de PHiftoire des Provinces' 

Unies , inférée dans le Monthly Re^ 

yiew^i A Amfterdam » chez £• Vao 

Sfffv) 



lOyî? Journal des Sçavans^ 
Harrcvclt, Libraire dans le Kal- 
vcrftraar. 1778. 46 pag. in^ii. 

Nous avons annoncé le trof- 
fièmc volume du Tableau de THif. 
toire des Provinces- Unies , com- 
pofé en Hollande par M. Ccrificr; 
ce volume contient fpccialcment 
THiftoire de la révolution , & M. 
Cerificr Ta dédié aux Treize Etats 
unis de l'Amérique, avec l'agrément 
de leur célèbre Rcpréfentant , M. 
Franklin. Cette dédicace a dépîu 
aux Anglois , & a pccafionné une 
critique amère dç l'Ouvrage de M. 
Cerifiér , dans un ces meilleurs Joun- 
naux d'Angleterre. Plus cet Ouvrage 
périodique eft eftimé , plus cette 
critique mcricoic rattcntîon de l'Au- 
teur. Sa rcponfe cft foKc quoique 
écrite avec modération ; il montre 
aux Anglois leurs tores par rapport 
aux Colonies', il fait voir la reffcm- 
blance qu'il y a entre la révolntron 
des Provinces - unies & celle its 
Etats - unis -, il montre l'indécence 
des reproches perfonnels que la beinc 



Octobre 1778. lejy 

nationale s'cft permis contre TAutcur. 
Que penrei, dic-il, de ces FclJicu- 
Jaircs qui jugent ïcs Ouvrages d'aJ^ 
près des informations prifcs (iir le5 
perfonnesî M. Ccrifier fc juftific 
aulB d'avoir parlé contre la tyran- 
nie dont les Proteftans ont ufé à 
regard des Catholiques ; c'cft pour 
leur montrer qu'ils n'ont rien i fc 
reprocher les uns aux autres te les 
engager à ne difputer qu'à qui fera 
mieux oublier par le patriotifmc & 
la tolérance , les adions de fureirt 
*& de fanatifmc que retracent les 
Annales des uns Se des autres. Enfin 
il juftifie le fagc Vagcnaar qui a 
écrit en Hollandoîs YHiJloire de la 
Patrie , & que l'on compare dans 
fon pays à M. Hume, pour Fimpar- 
tialirc & l'exaiftirude. Cette juftiff- 
Cation de M. Cerificr forme nn 
fupplémcnt intéreflant à une Hif- 
toire très-intcrcflante , & nous l'au- 
rions infèrce dans notre Journal , iS 
elle n'eut pas déjà paru dans la Ga» 
'^iiu Uuirairt de P Europe y Sep- 



kOy9 Journal des Sçavans i 
tcmbrc 1778 , tome 87 , N \ 9 . qiiî 
fe publie k Amfterdam j chez Har* 
«cvdlr, i/r-ix* 

D£ M AESTRIC HT« 

Œuvres compUàiS de M. Ltfebvre^ 
Major au Corps ctes Ingénieurs de 
Pruffc , Membre de TAcadcmie 
Royale des Sciences ScBcUcsLcttres 
de Berlin » à Berlin » chez Dufout 
& Roux, 1778 , X vol. i/2-4^. & fe 
trouve chez la veuve Tilliard. 

Cet Ouvrage d*un habile Ingé- 
nieur, contient l'art d'attaquer & 
de défendre les Places s le Journal du 
fiége de Schwcdnitz, où M. Lefebvrc 
commando! t, & où il a vérifié la 
Théorie du Globe de comprcflîon de 
M. Bclidor ; un Effai lur les mines , 
un Traité du Nivellement, & un Ef- 
fai fur la manière de faire les Cartes. 

DE NeUCHATEL. 

Œuvrer J^HUioire naturelle & de 
Philo/ophie^ de Charles Bonnet^ 



Octobre 1778- 207g 

its Académies de Londres y de Stoc- 
kolm y &c. A Ncucbatcl , de Tlm- 
primcrie de Samuel Fauche , Librairef 
du Roi. I775> tom. I. 574 p. irt'4^^ 
Ce premier volume des Ouvrages 
d*un savant aufli dîftingiié dans 
FHiftoire naturelle que dans la Mé- 
taphyfîque 9 contient fon Traité 
dlnfedologte 9 fes découvenes (ut 
Us pucerons ,& diverfes obfervacioni 
Bouvelles for les infeâes. Cette édi- 
tion eft augnrentéc Se perfeâionnée 
par l'Auteur, d'une belle exécution ^ 
te ne peut manquer d'être recher- 
chée par les Amateurs de la Phy- 
fique 8c de la MéraphyHque. Il y 
aura bientôt 6 vt>l. i/i-4\ qui con- 
tiendront l'ufage des feuilles , la con* 
templation de la nature , les corps^ 
organifês , la Piychologie , &c. 

FRANCE. 

B E B R fi S T» 

Journal di Marine ^ ou Biblio» 
ttièquc raifonnée de la Icicnce du 



Octobre 1778. ao8f 
An Confcil , relatifs à la Marine ; de* 
détails fur Jcjport de Cherbourg , dct 
tinés pour IcRoutier des cotes d'Euro- 
pe*,lcs extraits détaillés des Ouvrages 
fur la condruâion des vaiffeaux^par 
D, Georges Juan ; par M. Vial du 
Clair^Bois , & M. le Marquis du 
Creft j & la notice de tous les autres 
Ouvrages qui ont rapport à la na- 
vigation. C'eft une chofe bien inté- 
rellante , pour le progrès de ce grand 
Art, fi eflenriel à la profpcrité èk 
l'Etat , que d*avoir ouvert une nou- 
velle' voie d'inftruftion & «n dépôt 
public toujours préfcr.t pour tant 
de connoiffanccl utiles qui feroicrc 
fouvent perdues pour le bien public. 

deNantes. 

Le Guide du Navigateur , oa 
Traité de la pratique, des obfcrva- 
tions & des calculs , nécciTaires au 
Navigateur, par M. Levcque, Cor- 
refpondant de TAcadcmie Royale dt 
Marine , & Profcffcui Royal en Hyi^ 



iftoSl Journal dts Sçavans . 

orographie & en Mathémat 
Nantes. 

Le Trideac it Neptune e/l le ( 
monde. LtmUntm 

A Nantes, chez Defpil 
braire , à Paris chez Piflbt 
rand , à Londres , chez Elm 
600 pages //1-8®. avec fiî^ui 

Ce nouveau Traité J^e 
tion eft fait par un habile Pi 

3ui s'occupe avec autant de 
'intelligence de tout ce qui 
la Marine ; la première par 
tient la conftruâion & les u 
Todant de réflexion pour 
en mer ; il a traduit en par 
vrage Anglois de Ludiam, 
ajouté beaucoup de notes, 
conde partie contient les n 
néceflaires pour obferver la 
en mer; fpécialement celle < 
wres , pour trouver la latii 
deux hauteurs du Soleil , 
tems écoulcf La troifième \ 



mer, 
l empli 



OSotre 1778. io8j 
deftinée au calcul des longitudes en 
mer, fuivant routes les méthodes 
ployées jufqu'ici; mais M. Le- 
3Ue y fait voir les avantages de 
lobiêrvation des diftanccs de lit Lune 
anSoleiiou aux Etoiles. Cette métbo* 
de y cft expliquée dans le plus grand 
détail aVec beaucoup d'exemples , 
pour faire diftinguer tous les cas. La 
pratique du pilotage y eft au (fi ex- 
pliquée par diflFérentes méthodes , 
avec un très-grand nombre de quef- 
tions intéreuances & utiles. Enfin 
rOuvrage eft terminé par un grand 
nombre de tables dont les Naviga- 
teurs ont bcfoin pour la réduction 
de leurs obfervations ; TAureur y a 
mis , feulement pour exemple , une 
efquifle d'une table qui fcroit bieti 
utile fur mer 3 Se qu*il ne feroit pas 
éloigne d'entreprendre pour peu 

Su'il fût fécondé ; c'eft celle qui 
onneroit pour tous les degrés de 
hauteur du pôle , de dédinaifon & 
de hauteur, Thcure qu'il eft au So- 
leil ou aux Etoiles » ce travail feroit 



/ 



I0S4 Journal des Sçavans f \ 

immenfe , mais il n'cft pas au-^dcflus '^ 
du courage de M. Lévcquc , à en * 
juger par les râbles du nonagéfîme ^ 
qu'il a déjà données en i vol. //2-8^» ^ 
A Avignon, chez Aubert, à Paris > " 
chez Laporte , rue des Noyers , & 1 
chez VaJade , rué Saint Jacques. i^ 

X) E P A E I 5. ! 

î 

ThèCes dt Mathématiques ; à Au- . 
tun , chez Dejullîeu , Imprimeur du 
Koi', 20 pages in/^o. 

Ces thèfcs foatcnues au Collège 
d'Autun, le 17 Avril 1778, fous 
la préfidence de M. Simon , Profcf- 
feur de Philofophie, méritent d être 
remarquées par le grand nombre . 
d'objets difficiles qu'elles préfent^nt , j 
comme les courbes, les équations, 
le calcul intégral , & qu'il eft rare de 
voir enfèic^nés dans les Collèges de ' 
rrovmce; elles méritent encore d'ê- 
tre citées par le nom d'un des Sou- 
tenans , fils de M. Commerfon , cé- 
lèbre Botanide, qui eft mort dans 



OSobre 1778. 2085 
le cours d'un voyage autour dii 
mondci» L'éloge de cet habile Natu- 
ralifte , fair par M. de la Lapde , a 
été imprimé dans le Journal de Phy- 
iique de M. FÂbbé Rozier , & Ion 
y voie les vœux qu'il formoic , à ce 

2ue le jeune Commerfon parvint à 
livre les traces de Ton père; il pa- 
lolc d^à*préfent qu'on doit en con* 
ccvoit. Teipérance. 

La feule richejfe du Peuple^ ou 
moyen de faire baiflfer le prix de 
toutes les fubfiftaooes -, projet utile 
mi% Grands comme aux* Petits ; te 
ua plan . de culture avec cette épi-; 
graphe: • 

Salus popuU , Jiiprema lexefio^ 

* Brochure i/s-8^. de 40 pages , à 
piuladelptte^ êr.^fe trouve à Paris » 
chcs Qipreau , librdre, rue de la 
Harpe, pcès cdle Sçrpente, 

,-^- -; .: ■:n ...:. ^ 

PoSme fur ta Pêinum^ en lept 
Chants 9 pat Antoine tcfcaUierji 



/ 



%o%t JourMalJesSçavanSf I 

brocfa.m»S^. de 71 pages , à Loti« 
dres> & Te trouve à Paris» chez ; 
Efpric ^ Libraire au Palais Royal* 

Réflexions philofophiques fur To* 
figine de la civilifacion , & fur les 
moyens de remédier à quelques-uns 
des abus qu elle entraîne ; à Âmftei^ ! 
dam» & fe trouve à Paris ^ <:hez 
Lcjai , Libraire, rue Saint Jacques j 
au Grand Corneille, i/3-8^ de ^4 
pages. 

InfiruSion concernant Usptrfotinu 
mordues par anc èiu €nrag/te\ pu* 
bliée d après un arrêté ^ décret des 
Magiftrats delà Ville deStrakbourg^ 
compofant le Collège de fanté, w-» 
J2 At ï 6 pages; à Strasbourg. 

, AiuciùUsiuri^ntdc^LaùîsXVIi 
xecuéillies iie pubUées par MvNou* 
garet; à Paris» chez Jean-Fiançoif 
Bafticn , Libraire , rue du Petit Lion, 
ir/z-i2 de 3^8 pagesé 



■ Oclohn 17781 2087 
BibliographU infiruSivc , ou notice 
de quelques Livres rares , iinguliers 
te difficiles à trouver, avec des 
acres hiftoriques pour connoîrre iù 
diftinguer les diâerentes éditions Sc 
kur valeur dans le commerce \ di(« 

Ciflk par François de Los-Rios , lÀ^ 
lire à Lyon ; à Avignon , chez Se-» 
guin ; à Lyon 9 chez l'Auteur y & à 
Paris j chez Saugrain & Lamy , Li- 
braires 9 quai des Auguftins, au coia 
de la rue Pavée, i vol. in-i .. de 
307 pages, prix 3 liv. broché en 
earton. 

Mefft Grecque -en Thonneur dd 
Saine Denis, Apôtre des Gaules» 
premier Evdoue de Paris ) & de S» 
Ruftique & ^. Eleothère Tes Com^ 
paenons , Martyrs ) félon Tulage de. 
lAbbaye de Saint Denis en France 4 
pour le jour de l'Oâave de la F^M^ 
iblemneUe de ce Saint, au 16 d'Oc- 
tobre; avec la Melfe Latine qo'ot» 
chante dans ladht EgUre , le tour de 
bFêtc ec dans rOSbvci à Pam^r 



liOSit Journal des Sçavans ^ 

chez AuguftÎQ-Mairin Lottin i Tai 
Imprimeur * Libraire du Roi & 
la Ville, rue Saine Jacques, au C 
te au Livre d*Or, i vol. in-ix. f 
I liv. 4 C broché. 

Il y a une édition dans laqu( 
on a imprimé en caraâères ordina 
ou romains^ la prononciation 
Grec. 

Obfcrvations Philofophiquts 
les fyftêmes de Newton , le mou 
Qient de la terre & la pluralité 
mondes \ Dialogue des Morts fu! 
lîjour des Vivaus ; avec une Did 
tdsXon fur les cremblemens^ de ter 
les épidéniies, les orages , les im 
dations 9 &c. par M. TAbbé Fies 
de Reval, Auteur du Catéchii 
philofophique ; à Paris , chez £ 
pin 9 rue Saine VîAor^ M^.P^ 
iï-ia. ... 

. li^oiis avopfr parlé dans ne 
Journal de Février 1778 , de la p 
mière édition de cet Ouvrage < 
ivçic paru en 1772 ^ & l'Auteur 



'Oclobre 1778. ao89 
la fin de cette féconde édition fe 
plaint de notre jugement; nous vou- 
drions flncèrement pouvoir le réfor- 
mer ou du moins l'adoucir , mais 
une nouvelle ledturè n'a fait que 
nous confirmer dans l'idée que nous 
nous en étions faite ; notre Journal 
n^eft pas fait pour des difcufiions 
aufli peu importantes ; qu'il nous 
tiiffife de citer la page 40 oîi l'Au- 
feur y (bus le nom de Huet , dit à 
Ncvron : vos forces centrifuges & 
c^ntriphes mefemblent être un cahos 
indéchifrable y &c. En effet, on voie 
bien dans tout le cours de l'Ouvrage 

3ue l'Auteur n'a rien déchiffré en 
Lftronomie. Auflli en approuvant le 
Livre s*eft-on contenté de dire qu'il 
ne eontenoic rien qui en dut faire 
défimdre Timprefiion. On ne défend 
point d'écrire fur les chofes qu'on 
Ignore le plus 9 ni d'envoyer les Sca* 
vans aux petites Maifons comme taie 
M. Flexier \ ce qui ne bleffè que le 
bon fens n'attaque ni la religion ni 
OSobre. T c t c 



ioc)o Journal des Sçavans i 
Tordre public nî les mœurs, & M. 
TAbbé Flexier cfi: incapable de les 
oflFenfcr} il paroîc même qiicc'cft le 
zèle de la religion qui lui a mis la 
main à la plume contre les Mathé- 
maticiens. On lui a attribué le Tefta- 
ment politique de M. de Voltaire, 
imprimé au mois d'Odobrc 1778, 
& qui cft utie cfpècc de fatyrc contre 
ce grand homme , dans le genre 
plaifant ; il 1 on a raifon il faudra 
dire que M. Flexier ne réudic pas 
mieux dans les plaifanteries que 
dans les déttionfttarions. Mais peut- 
être n a-t-on eu d'autre motif ae lui 
attribuer ce Teftament politique , fi 
ce n*efl: d'y voir citer le Catéchifmc 
philofophique de M. Flexier ; veut- 
on dire que d'autres que lui ne fau- 
roient avoir lu fon Ouvrage & fur- 
tout le citer ? 

Cqnnoijjànct des Tcms pour Pan^ 
née lySi ^ publiée par ordre de VAôà^ 
dèrnie KoyaU des Sciences , calcuUc 



Octobre' 1778. lopi 

par M. Jcaurat , de la même Aca-^ 
demie. A Paris, chez Panckouckc. 
Prix, 3 liv 10 f. broché. 

C'eftlc 13 Septembre 1778 , que 
M. Jeaurat a préfenté au Roi ce 
nouveau Volunie des Ephémeridcs 
de TAcadémie. Cette avance de plus 
de deux ans rendra à l'avenir l'Ou- 
vrage plus utile , en le faifant parve- 
nir d'affez bonne heure dans toutes 
les parties de la terre où il eft nécef- 
faire pour trouver les longitudes ea 
mer. 

Ce Volume eft enrichi d'un Re- 
cueil dt Tables d'Aberration de 256 
étoiles principales que M. de la 
Lande avoit publiées dans différens 
volumes de la Connoiflance' des 
Tcms lorfqu'il en étoit chargé , ( de- 
puis 1760 jufqu'à 1775 ) & que M, 
Jeaurat a réunies en les abrégeant. 
On y trouve aufli des Obfervations 
météorologiques y parmi lefouelles 
eft celle aune pluie extraordinaire 
tombée à Baftia en Corfe , dans la« 
T 1 1 1 ij 



109 1 Journal des Sçavans , 
quelle il y eut II pouces 8 lignes 
(Veau , tandis que la quantité d'eau 
à Paris n'c/ï que de 18 pouces daos 
toute i'anncc. 

Le 15* Volume A^ Nautical AU 
manac de Londres, pour 1781 , 
Vient aullî de paroître ; les diftanccs 
de la Lune aux étoiles en font tirées*, 
& M. Maskelyne, Âftronome Royal 
d'Angleterre , a la complaifance de 
communiquer à TAftronome Fran- 
çois les feuilles à mefure qu'on les 
imprime , pour qu'elles fervent à la 
Connoiffance des Tems. Les Sça- 
vans ne font jamais ennemis* Cela 
rappelle \^s prdres qui ont été don- 
nés à tous les Vaifleaux fraççois dç 
refpcder le Capitaine Cook, quoi- 
quanglois, partout où il pourroic 
être rencontré , comme voyageant 

f' our les Sciences , c'eft-à-dire pour 
utilité de toutes les nations y & ne 
pouvant être en guerre avec aucune» 



09obn 1778. 1093 

Prix propofcspar la Société Royale 
de Médecine y dans fa Séance pu^ 
bliquej tenue le Mardi 20 Oclo-- 
bre tyyS y au Collège Royal de 
France. 

I. Ta Société annonce une féconde 
fois pour fujet d'un prix qui fera dif- 
nibué dans la Séance publique qu'elle 
tiendra It premier Mardi de Carê- 
me 1781, Ja queftion fuivante : 
Déterminer quel peut être le medlcur 
traitement de la Rage. 
* Les Auteurs qui concourront , fe- 
ront attention que l'on ne demande 
Eoint une théorie fur les caufes de la 
lage , mais que c'ett par des fait? 
qu'on doit prouver l'efficacité du 
traitement qu'on adoptera. 

Afin de rendre leurs travaux plus 
faciles", & pour les empêcher de per- 
dre un tems précieux en recherchant 
ce qui a été écrit à ce fujet , la So- 
ciété a chargé M. Andry de recueillir 
T 1 1 1 lij 



1094 Journal des Sçavans ^ 
les divers procédés employés contre 
la Ra^e , depuis les tenis le plus re- 
culés jufqu'à nos jours , & de \ts pu- 
blier dans un .Mémoire particulier, 
qui eft imprimé dans le Volume de 
Ja Société ï {page 104) Se qui acte 
diftribué féparément dans cette Séan- 
ce, & aux Correfpondans (1). 

Les Mémoires qui* concourront , 
feront envoyés avant le premier Jan- 
vier 1781. 

M. Lcnoir , Confciller d'Etat , 
Lieutcnant-Gcncral de Police , à la 
bienfaifance duquel ce prix cftdû, 
a bien voulu le porter à iioo liv. 
afin d'encourager de plus en plus 
ceux qui s'occuperont de cet objet 
important. 

II. Le fujct du fécond prix que la 

(i) Ce Mémoire eft une brochure //2-8^.' 
de 99 pages , imprimée chez Philippe De- 
nis Pierres, Imprimeur de la Société ïloyd* 
de Médecine , rue S. J.icgi!cs. 177?» 



OclobîC 1778. 109 Ç 

Société propofe , eft : D^ établir ^ i«, 
par CAnalyfcChymiquty quelle ejl 
la nature des Rcmides Antifcorbuti-^ 
qùes proprement dits* 1 . Par Cob* 
feryation , quel doit être leur ufagc 
& leur combinaifon dans les diffé^ 
rentes ejpîces & complications , & 
dans les diferens degrés dufcorbue. 
Le Scorbut cft fi commun dans 
les grandes villes , principalement 
dans les villes maritimes, & les cau- 
fcs qui le produifent font fi multi- 
pliées , fiirtout parmi certaines claf- 
. fes d'Artifans, qu'on ne fajroic y 
donner trop d'attention. A la vé- 
rité , la Médecine peut lui oppofcr 
des Remèdes efficaces ; mais les 
Chymiftes n'étant point d'accord fijr 
la nature de ces médicamens , cer- 
taines efpêces de Scorbut étant trai- 
tées heureufemenc par les acides ^ 
tandis que d'autres ne le font que 
par les antifcorbtitiques proprement 
dits ; plufieurs fubilances pofTédant 
peut-être cette vertu , fans qu'elle 
T ttciv 



2096 Journal des Sçavans 9 

ait été jufqu'ici apperçuc cm fuffi- ^ 
famment établie \ enfin les compli* 
'cations de cette maladie n'ayant pas 
encore été développées avec aiFez cfc 
foin , la Société a pcnfë que cette 
queftion devoir ctre l'objet des non - 
vellcs recherches annoncées dans le 
Programttie, 

Les Mémoires qui concourront , 
feront reçus avant le premier Juin 
1780. Ce prix , qui eft de la valeur 
de 600 livres, fera diftribué dans la 
Séance publique que la Sgciété tien- 
dra le premier Mardi après la Saint- 
Louis de la même année. 

III. Le fujet que la Société pro- 
pofe pour un troifième prix, eft le 
fuivant : Exiftt til v entablement unt 
Fièvre Miliaire tffentidle & difiinSe 
des autres fièvres Exanthémati^ 
ques , & dans qudle conJUtution 
doit-elle itre rangée ? 

Les Maladies Epidémiques peu- 
vent être divifées en deux grandes 



Oclilrz 1778. io^y 

clafTcs ; les unes dépendent de Tin- 
tcirjpériç des faifons & de J'influence 
des climats ; les autres reconnoiffent 
des caufes étrangères , font appor- 
tées du dehors , & fc propagcrfr par 
contagion. Indépendamment de Ja 
facilité avec laquelle ces dernières 
fe communiquent, on a obfervé que 
certaines conftitutions favorifent leur 
développement. 

La Pelle', la petite Vcr>le & la 
Rougeole y doivent être rangées 
dans cette féconde claflTc. Elles ont 
un caraflère particulier qu elles don- 
nent à toutes les maladies avec IcC- 
quelles elles fc compliquent ; leur 
marche cft confiante , & pinficurs 
de leurs fymptômcs font invariables, 
C'eft pour cette raifon qu'on les a 
appellccs Fièvrci eJfentielUs , eri/- 
tanus par elles-mêmes , & sui G£- 

NERIS. 

La Fièvre Miliaire a été regardée 
jusqu'ici comme appartenant à la 
même claffe. Quoique cette opinion 
T t c t V 



2098 Journal des s çavans i 

foie celle de Fanton , d'Aliionî & 
des meilleurs Auteurs , on peur y 
opporer \zs réflexions fuivanres. 

La Miiiaire eft peut^êrre de toutes 
les Fièvres celle qui a le moins de 
confiance dans fa marche & dans 
fes fymptômes i l'éruption qui l'ac- 
compagne n'a point de périodes 
fixes ; lorfqu'elle le complique avec 
d'autres maladies^ elle fernble en 
emprunteur la forme, loin de leur 
imprimer fon caradèxe. Plufieurs 
Médecins inftruits, révoquent d'ail- 
leurs en doute fi elle eft contagieufe. 
On a cru remarquer que c'eft dans 
une conftitution mixte, tenant de la 
catharrale & de la bilieufe , qu'elle 
parok le plus fou vent ; &c que les 
maladies avec lerqucllcs elle a le plus 
de rapport , participent toujours de 
la nature des affcdions bilicufes & 
catharrales. 

Si ces confîdéraiions étoient fon- 
dées , la Milhaire ne ftrolt point une 
maladie cflentielle. 



' Oclohre 1778. 1099 

Tel cft Tcrat de la queftion que la 

Société propofe, d*apiès Tinvita- 

. tien de M. Pccq de la Clôture , no- 
tre Aiîocïè à Rouen. Ce Médecin, 
connu rrcs-avantagcufcmcnr du pu- 
blic, par un Recueil d'Obfervarîons 
fur les Maladies qui ont régné aux 
environs de cette ville , a dccrir dans 
Je fécond volume de fon Ouvrage 

.plufieurs Fièvres miliaircs cpidémi- 

.aues, fur la nature defqucllcs il dé- 
lire d'être éclairé par fcs Confrères. 

.En conféquence , il a deftiné une 
lômmc de 300 livres pour ce prix , 
qui feradiftribué en 1779 dans la 
la Séance publique de la S. Louis. 
Les Mémoires qui concourrons 
feront envoyés avant le premier Juin 
de la même année. 

IV. La Société propofe pour fu- 
jet d'un quatrième prix : dt détcrmi" 
mr par un nombre fuffifant dCvbfcr'* 
If niions & dcxpirUnccs exactes jji 
les Maladies contagïeufes ^ pfinci* 
T 1 1 1 v; 



Xleo Journal des Sçavans i 
paiement la petite Firole y peuvent j 
tranfmettre par Pintermide de Pai\ 

Ucft facile de fentir toure rim 
portance de cette qucftion , mais o. 
apperçoit en mème-tems y combie: 
il cft difficile de fa rcfoudrc. Le 
uns regardent l'air comme le foyc 
de toutes les Maladies contagieufes 
les autres penfenr qu'il ne fe charg 
point de miafmcs ou levains cape 
oies de les produire \ ce qui a rend 
jufqu'ici toutes les expériences équ; 
voqucs, c'eft que les moyens de corn 
munication étant très - multipliés 
lorfqu'on en admet un , on ne peu 
aflurer que les autres nV ont pas con 
tribué pour quelque chofe. C'eft c 
point qui a furrout befoin d'cti 
cclairci. On prendra les plus gran 
des précautions pour écarter tous 1< 
doutes qu'on pourroit élever à c 
fujet. 

Ce prix, de la râleur de 300 lî^ 
cft dû à la rénérofité de M. Raft 
célèbre Médecin de Lyon. Les Mé 



Octobre 1778. liai 
moires feront remis avant le premier 
Janvier 1780 , & le prix fera diftri- 
bué dans la Séance publique , qui 
(è tiendra le premier Mardi de Car 
lême de la même année. 

V. La Société propofe pour fujet 
d'un cinquième prix : D^ indiquer la 
meilleure méthode pour guérir prQmp^ 
tement & furement la Gale , corZ' 
traSée par communication , comme 
il arrive dans les Cafernes , dans les 
Atuliers , dans Us Hôpitaux & dans 
lesFrifons. 

Il ne s'agit point ici de cette eCr 
*pèce de Gale qui , ayant été négli- 
gée dans fon principe, devient plus 
rebelle à raifon de Ion ancienneté & 
de fes complications , & qui de- 
mande alors un traitement long & 
méthodique ; mais de celle qui cft le 
produit aune infcdion récente & 
qui ne préfcnre aucun mauvais ca- 
■ raâère. Cette maladie n^cft pas feu- 
lement incommodes outre qucUe 



i 102 Journal des Sçav4ns ^ 

porte avec cUc quelque chofc de hi- 
deux , elle peut avoir des fuires fa« 
xheufeSy en altérant peu>à*peu les 
, humeurs; elle rend d'ailleurs ceux 
qui en font attaqués moins propres 
à remplir les fondions de leur état. 
Si Ton trouvoit un moyen capable 
de la guérir dès fa naiffance , on pat* 
yicndroit peut-être à la détruire en- 
tièrement, 

VI. La Société propofe pour fu- 
jet dun (îxièmc prix : de /aire 
connoîtrc le moyen le plus prompt ^ 
le moins difpenditux & en même'' 
tems le plus fur pour guérir la Go^ 
norrhie virulente , & pour prévenir 
les accidens qui en font ordinaire^* 
ment les fuites. 

Perfonné n'ignore les ravages af- 
freux que les Maladies Vénériennes 
font tous les jours, malgré les fc- 
cours multipliés qu'on leur oppofe. 
Le fymptômc dont il s'agit ici , quoi- 
que léger en apparence , eft ccpen- 



Octobre 177S. 2Ï0I 

dant un" des plus dangereux par fa 
rcfiftance aux meilleurs remèdes, par 
hs diCCii^s qui raccompagnent , & 
par les incommodirés qu'iLUtiiTe fou- 
vent après lui. Les foldats, les ou- 
vriers , les gens du peuple , plus cx- 
pofés à chercher le plaifir dans des 
fources impures 5 font auffi plus fré- 
quemment les viâimes d*un mal, 
contre lequel ils n'ont pas toujours 
ja fecilité de fe procurer des fecours 
aflurés, compatibles avec leurs tra- 
vaux , & proportionnes à leurs fa- 
cultés. 

On ne doit pas fe propofer de faire 
des Diflertations fur les deux qvrrf- 
jcion$ précédentes. La Société de- 
mande des procédés clairs & une 
.méthode fimple ,' dont les fuccès 
foient confirmés par un nombre fuf- 
fifanc d'obfervations. Elle avertit Us 
Auteurs , que Ton conftatera par des 
expériences les effets des différens 
moyens qui feront indiqués. 

Les Mémoires qui concourront 



1104 Journal its Sçavans y 
ieront envoyés avant le premier Juîn 
1 77^. Ces deux prix , chacun de la 
valeur de, 300 livres, & qui feront 
diftribués dans la Séance publique dc^ 
la Saint- Louis de la même année , 
font dûs à la bienfaifance de M. le 
Marquis de Crenolles, Brigadier des 
Armées du Roi. 

Les Mémoires feront adreffés , 
francs de port , avec des Billets ca- 
chetés , contenant le nom de l'Au* 
tcur, & portant la même Epigraphe 
que le Mémoire , à M. Vicq d'Azyr , 
Secrétaire petpétuel de la Société 
Royale de Médecine, rue du Sépul- 
cre , à Paris. 

Les Séances publiques de la «îo- 
ciété Royale auront lieu dorénavant 
le premier Mardi 'de Carême , &ic 
premier Mardi après la fcte de la S. 
Louis, 

Trahi fur la fcience de l^ExploU 
tation des Mines , par théorie & par 
pratique ; avec un Difcours fur 1^% 



Octobre 1778. 2105 

principes des Finances , fait pour 
TAcadémie Impériale & Royale de 
Schemnitz ; par Chriftophe - Fran- 
çois Dclius, Confeiller-CommiP- 
faire de la Cour de Sa Majefté Im- 
périale , Royale , Apoftolique & Ro- 
rnaine à fa Chambre des Monnoies & 
Mines. Traduit en François par M. 
Schreibcr. Dédié à l'Impérarrice- 
Reine, imprimé à Yicr.ne aux 
frais de S. M, I. & R. & imprimé 
en France par Tordre du Roi & aux 
frais de Sa Majefté. A Paris , àz 
rimprimcrie de P. D. Pierres , Im- 
primeur du Grand Confeil du Roi 
& du Collège Royal de France , rue 
S. Jacques. , 1778. Deux volumes 
i/2-4% avec 15 planches en taille- 
douce. Le premier de 5 1 8 pages , 
& le fécond de 454 , en beau papier 
& beau caraûère. 

Nous nous propofoû-s de donner 
un^ Extraie de cet Ouvrage, qu'il 
écoit de la plus grande importance 
de faire connoître en France. 



2io6 Journal deçSçavans^ 

Traité général des Pêches ; par M* 
Duhamel. in-foL Suite de la Iccondc 
Partie, Tom. IIL Scdion V, depuis 
.la page 83 jufqu a la page 130^ avec 
.ti planches* 

(Jette cioauième Seâiondu grand 
Ouvrage de M. "Duhamel , contient 
d'abord la defcf iption de la Dorée & 
des poiflbns de la même famille , ou 
des ZtLus , qui ont la tête armée de 
piquans, furtoutau bord des opercu* 
les des ouies , & de grands yeux fore 
élevés fur la tête. Les fcorpions de 
mer, le diable de mer, la perche de 
rivière & le rapecon , font de cette 
famille. L'Auteur parle enfuîte des 
rougets , des grondins , des barba- 
rins, desdoucets , qui appartiennent 
à cette famille des Zeus ; il réfout 
toutes les difficultés qui viennent des 
différentes dénominations que les 
poiflbns ont en différens pays ; il 
éclaircit les fçavantes defcriptions 
par d'excellentes figures ; & il en ré-, 
fultcra bientôt une icjhfyologiecom- 



Octobre 1778. 2 107 
plete, bien plus farisfai Tante , plus 
déraillcc , plus intelligible que celles 
de Willu^hby, de Rondelet, d'Ar- 
tcdi, & je tous les autres Natura- 
liftcs qui onr pfécédé M. Duhamel. 
Les douze dernières pages de cette 
Seiflion contiennent des additions 
& des corrcâions pour les parties de 
ce Traite qui ont paru depuis dix 
ans ; car cet illuftre Académicien 
commença en 1769 Timprcdion du 
grand Ouvrage dont nousas'ons an- 
noncé fucccmvement les différentes 
parties. 

AVIS. 

Nyon Taîné y Libraire , rue Sainf- 
Jean-dc*Bcauvais , vient d'acquérir 
quelques exemplaires des Ouvrages 
iuivans : • 

Théâtre de M. Poînfinct de Sivry ,' 
i/2-ii. rcl. 1 liv. loC 

Diogenc Moderne , ou le Dé&p- 
probateur, fur différens fujcts de 



lio8 Journal des S çav ans ^ 
Littérature àt Morale & de Philo* 
fophie ; par M. CaftiUon. Bouillon. 
Ï770. 2 vpi.-i/2*8% rel. 6 liv. 

Éfpric d'AdifTon, ou les Beaut/s 
du Spcélaâeur , du Babillard & du 
Gardien. Yvcrdon. 1777. 3 tom. 1 
vol. //2-8 '. rel. ï G liv. 

Elémcns de Métaphyfique facrcc 
& profane; par M. TAbbc Para. 
i/z-S**. rel. 5 liv. 

Cours d*Eradcs à Tufage des jeu- 
nes Dcmoi Telles ; par M. TAbbé Fro- 
mageor. 8 vol. /«-i^. fel. 24 liv. 

Les tomes VII & VIII fe Vendent 
féparément , en feuilles , 5 liv. 

Phvfiologie des Corps organlfés, 
ou Examen analytique des Animaux 
& des Végétaux comparés enlemblej 
traduit du latin de Nècker. Bouillon. 
1775, in'^\rd. 2 liv. lOC 

Mémoires fur rArchitcAure ; par 
M. Patte> avec beaucoup de figures*. 
1/2-4'. rel. 1 5 liv. 

Abrégé de la Vie & du Syftêmc 
de GalTendi ; par M. de Camburar. 



Octobre 1778. 2109 
Bouillon. 1770. i/z-i2. broÇf 1 liv# 
10 f. 

EiTai fiir les Phénomènes de la 
Nature , pris dans les éJémcns & les 
trois règnes , des animaux , végé- 
taux & minéraux , en forme de Dic5 
lionnaire. Bouillon. 1770. 1/2-8 • 
rel. 2 liv. 10 f. 

Nouveaux Dialogues des Morts i 
recueillis de divers Journaux ^ & 
choifîs kvec foin. Bouillon. 1775; 
, i/{-i2.rel. 3. liv. 

Lettres au R. P. Parennîn , Mif- 

fionnaire à Pékin, contenant diver* 

I fes queftions fur la Chine , & des 

Opufcules fur différentes matières *, 

f^ar M. Dortous du Mairan. Paris« 
mpim. Royale. 1770. i«-8 • figures, 
rel. 5 liv. 

Traité de Météorologie , conte*^ 
nant THiftoire des Obfervations mé- 
î^ téorologiques ; un Traité des Mé- 
r tcores-, rriiftoire & la Defcriptioa 
I du Baromètre 9 du thermomètre, 
' 6c des autres Inftiumens météorolo-; 




IViO Journal des Sçaidns ^ 
giques ; les Tabks des Obfeivations 
météorologiques ,& botanico- mé- 
téorologiques ; les réfultats des Ta- 
bles & des Obfcrvatîons ; la Mé- 
thode pour faire les Observations 
météorologiques , par le P. Cotte , 
Prêtre de TOratoire , Correfpondanc 
de l'Académie des Sciences , & fai- 
fant fuite aux Mémoires de ladite 
Académie. Paris. Imprlm. Royale. 
1774. avec fig. /V4®. rel. i4liv* 



£111 



T A B LE 

DES ARTICLES cbNTE^fUS 

dans le Journal du mois 
d'Oftobrc 1778. 

'n ECH SR CHES fur Vancïtft 
J- V Peuple Finals ; par M. le Pafr 
Jlcur Nils Idman. 1 92 j 

Hijloire générale de la Chine» 1928 

Mémoires de t Académie Impériale 

& Royale des Sciences ^ Belles^ 

' Lettres de Bruxelles. 1943 

EJfaifur le Génie original £Ho^ 
nurcy &c. traduit de C anglais de M. 
Woodé 19 J 5 

Origine des Gracîs ; par Made^ 
moîfelUD **^f 1970 



EJfaifur t Eloquence de la Chaire ; 
dédié À Monsieur par M. PAbbi 
de Befplas. ip8l 

Précis dHiJloire 'Naturelle. ?.o04 

Opération de la Symphife dans 
les Accouchemens impojjibles ; par 
M, Gautier d^Agoty. 2013 

Lettre à Me£ieurs les Auteurs du 
Journal des Sçavans , fur un Projet 
d^Edition du Syncelle, 2026 

Extrait des Obfervations Météoro' 
logiques. 2062 

Nouvelles Littéraires. ^^75 

Fin de la Table. 



LE 

JOURNAL 

SÇAVANS, 

POUR 

VANNÉE M. DCC. L3CXFIII. 

NOVEMBRE. 




A PARIS; 

Au Bureau du Journal de Paris, rue du Foui 
S. Honoré. 



•y 



M. DCCLXXVIII. 
AViC PRIVILEGE DU ROI, 



AVIS. 

vJ N" s^abonnc acluclkmtnt pour h 
Journal des Sçavans au Bu- 
reau du Journal de Paris 5 rue du 
Four S. Honoié ; & c*eji à Padrejfc 
du Directeur de ce Journal qi! il faut 
envoyer l'es objets retàtifo-àutui des. 
Sçavans. L^ prix'dc ia Soufcription 
de Cannée efide iS Uv. pour Paris ^ 
& de 20 Uv. ^JftffQW la Province , 
foit in-iz «iwifc^^. -'iÈi JoVRNAL 
DES SçAVjiÊif^i^to^ de qua-. 
tor^e Cahiers^ ;^il-tn'^aroît un cha^ 
que mois , & deux en Juin fy en JPi^ 
cembra.^ 



MO-, 



jfîît X* m y,% vbt *^- *x #x jiai 
lff «; >:# x# x# ^T ^ *>: #x #x x tH 

L E 

JOURNAL 

DES 

SÇ AVANS. 



NOVEMB. M. DCC LXXVIII. 

Histoire de t Académie Royale 
des Sciences. Année 1774. Avec 
les Mémoires de Mathématique 
& de Phyfiquepout la même an- 
née 9 tiiés des Kegiftres de cette 
Académie. A Paris > de llmpcime- 
«ic Royale. 1778. x}8 pag. d'Hif- 
toire» & £94 4e Mémoires; ic 
NovembreM Vvvvij 



1 1 1 6 Tournai des Sçavans ^ 

fc trouve chez Moutard, rue dt 
Mathurins. 

Premier Extrait. 

L'Histoire de rAcadéQii< 
commence par un atcicle fur h 
grand verre ardent écabli dans h 
Jardin dellnfante, au Louvre, cr 
Octobre 1774 , aux frais de M. d< 
Trudaine fous la direftion de plu« 
ficurs Commi flaires nommes par TA 
cadémie , & avec lequel MM. Mac 
quer, cadet, Lavoifier & Briflbr 
ont commence à f^ire des expérience! 
inréreflantcs dont ils rendent compte 
Cette lentille efl: compolec de deua 
glaces, courbées par M. deBernièrei 
elles ont quatre pieds de diamètre ; 
& entre les deux il y a i40pinte! 
d'efprit de vin.-, elle a 6 pouces^ d'é 
paiflcur dans le milieu, le foyer qui 
a 15 lignes de? diamètre, eft à 10 
pieds 2 pouces Ac la lentille. Dwj 
les premières expériences , des coU' 



Novembre 1778. ,1117 
peaux Hc fer forgé , s*y font fondus 
prcfqu*à Tinftant en bain parfait; 
clic produit d'autres cfFcrs que Je 
verre ardent de J'Académie, connu 
fous le nom de lentille du Palais 
Royal n'a jamais pu produire. 

Dans un autre Mémoire de Phy- 
/!c]ue,'M. le Monpicr rend compte 
des obfcrvations qu'il a faites fur la 
déclinaifon de TaiguilJe aimantée , 
qu'il a trouvée entre 20** & 10** 
17 en 1775 & 1774» par le moyen 
d'une méridienne qu'il avoir établie 
folidement dans le jardin de M. le 
Prince de Contr au Temple, 11 la 
croit encore ftationnaire en 1778, 
quoique M. Cotte trouve qu elle 
commence à diminuer, fuivanr les 
obfervations que nous avons publiées 
jufqu'ici. 

Dans les obfervatîons BotanîccH 
météorologiques de M. Duhamel, 
on voit qu'il étoit tombé dans Tan- 
née 1773 , II pouces 8 lignes d*eau, 
ce qui formoit une année plus hu* 
V V vv iij 



211 %.JournaLdes Sçavans » 

mide que ne le fonc à Paris les an« 
nées moyennes. 

M. le Gentil qui éroir parti pour 
rindc en 1760 avoir einpprré avec 
lui trois exccUens thermomètres, qui 
dans les caves de rObfervatoire , 
marquoient tous les trois 10 ^ ^ , il 
en a rapporté un qui étant placé 
dans le même endroit , foit en hiver 
Ibit en été, n'eft monté qu'à 8 *^|, 
ce qui fembleroit indiquer un rc- 
fToidifTcmcnt depuis 14 ans dans les 
caves de rObfervatoirc , à moins 
qu'on ne difc que le volume de la 
liqueur étoit diminué par évapora- 
•tion ou par condenfation , ou que 
le tube avoit changé de place fur fa 
monture. 

M. Defmarcts dans un fécond 
Mémoire , fur la fabrication des pa- 
piers de Hollande, examine la nature 
des pâtes dont ce papier eft formé ; 
il a remarqué que Ton ne fait ni 
pourir ni leflîver les chiffons; il a 
hxt des expériences fur Teffet du 



Kovcmhn 1778. 2119 
pourrifTaçre, il a décompofé des pa- 
piers de Hollande 9 & il a vu pat- 
tout que la fupériorité & trou- 
voit du côté de la pâte naturelle oa 
non pourrie ; la pâte non pourie 
flotte plus aifcment à la futracc de 
Ja cuve d*eau ; les Hollandois dé- 
laient moins de pâte que nous, & les 
papiers qui en proviennent (ont plus 
érolFés , en conféquencc ils ne font 
pas obligés de travailler fi vîfe^ ils 
preflcnt bcviucoup plus fortement , 
ce qui rend Tétoffe plus ferme 6c 
plus sèche. Les Hollandois ne chau& 
font leur cuve que pendant l'hiver , 
au lieu qu'en France on efl: oblige de 
la chauffer en tout tems pour accé« 
lércr la précipitation de la pâte & 
rendre les feuilles plus faciles à dé- 
tacher de defTus le feutre. 

Les pâtes des Hollandois prennent 
la colle plus lentement & plus diffi- 
cilement, parce qu'ils purifient leur 
colle par un refroklilTement total y 
ils n'y mettent l'alun que quand elle 
c(l dc)à dépurée) leur colle paroît 
V V v V W 



2110 Journal des Sçavansl 
plus foible , & elle produit plus d'ef- 
fet ; ils mettent quatre fois plus d'a- 
lun que nous | enfiiî il y a plufieurs 
autres attentions par iefquelles U% 
HoUandois paroiuent avoir de l'a- 
vantage fur nous. M. Dcfmarets en 
fait la comparaifon ; il explique en* 
fuite les circonftances qui ont con- 
duit les HoUandois à leur niéthode 
aduelle, & qui ont rendu l'intro-' 
dudlion des cylindres en France in- 
fruclueufe ; il fait voir qu'on a eu 
tort de croire que les HoUandois la- 
minoient leur papier fin ; qu'ils 
trioient le chiffon avec un foin par- 
ticulier, que ce chiffon étoit énerve 
par les leffives, qu'ils y mettoienc 
plus de pâte que nous, enfin M. 
Defmarefl change totalement les 
idées que l'on avoit fur la fabrica- 
tion de Hollande , lorfque M. de la 
Lande a public Tan de faire le pa- 
pier d'après les connoiflances qu il 
avoit recueillies dans les Manufac- 
tures de France. 

M, TAbbc Boffut , dans des re^ 



Novembre 1778. lîii 
cherches fur rcqiiihlrre àzs voûtes 
en berceau ou en dôme, examine 
les loix de ccc équilibre entre toutes 
Us forces qui agiflènt fur les vouflbirs, 
& il détermine la loi des forces 
qui doivent les preffcr, pour que 
chacun d'eux demeure dans la place 

3ui lui cft alïîgnce lorfque la ngurc 
c la voûte eft donnée, L'Auteur 
fait une application de cette lavante 
théorie au dôme de 1 Eglife de Sainte 
Geneviève de Paris , coinftruit par 
M. Souflflotv M. Patte avoit foutcnu 
dans un Mémoire imprimé que \t% 
pilliersétoienctrop foibles pour fup« 

Ëortcr un dôme ) mais M. l'Abbé 
bffut né 'trouve par les formules 
que 4 pieds 1 1 pouces poqr l'épaif- 
feur néceflairc du pied droit, dans 
l'état d'équilibré y tandis que M. 
Soufïlot donne 5 pieds 8 pouces d*é- 
paiifeur aux pieds droits dans les 
parties les plus foihles , & 1 6 pieds 
d'épaifltuf dans les quatre princi-, 
paies parties qui répondent; aux cen>-. 
très des piliicrs dcftinés apporter le 

Y V^ H H 



2 121 Journal des Sçavans ,' 

dôme ; d'où Ton voit que les pieds 
droits auront une rélîftance plus 
que ftiffifante pour fourenir Ja poufl^e 
<!u dôme , & que par confîquenr il 
n'y a pas à douter que cette voûte 
ne foit très^folide, L'Hiftorien de 
l'Acadcmie qui eft lui-même un des 
plus grands Géomètres que nous 
connoiffions , lui rend un témoi- 
gnage àutcntique en difant : w Le 
•> Mémoire de M. TAbbé Boflut a 
•a l'avantage peu commun de ren- 
w fermer une analyfe nouvelle, & de 
•> donner en même-tems des formules 
91 applicables à la pratique d'un Art 
» important , où la folidite des 
>» conftrudions cft liée à la fureté des 
» Citoyens. Il n'y a point de quef- 
»s tiorts îtTfportantes , relatives à cette 
»» folidite qui ne fc trouvent réfo- 
» lues par \qs principes employés 
9» dans ce Mémoire >'. 

Il y a da«s ce volume un gran4 
nonibre de Mémoires d'Aftronomie. 
Nous commencerons par ceux qui 
fifiinent le pfus à la Géométrie. Mi 



Novembre 177 S. 2125 

tic la Gran;^c y donne d'abord do 
lavantes recherches d analyfc pour la 
théorie des mouvemens des nœuds , 
& des rariarions des inciinaifons des 
orbites planétaires , & l'application 
de cette théorie à Torbire de cha- 
cune des fix planètes principales. On 
y trouve des formules générales » par 
iefquelles on pourra déterminer 
dans un rems quelconque , la por- 
tion abfolue de ces orbites , & con- 
noîrrc par confcquent les véritables 
loix des changemcns auxquels les 
plans de ces orbite.^ font fujets. M. 
de la Grange invite les Agronomes 
à faire «fage de ces formules ^ & à 
examiner (i par leur moyen on peut 
rendre raifon du peu d'accord qu'ils 
trouvent entre les obfefvations an- 
ciennes & modernes. Les réfultats de 
M. de la Grange font moins forts 
que ceux de M. de la Lande 9 qui fe 
ctouvent dans fon Agronomie , mais 
la différence vient principalement de 
la maflfe de Vénus que Ton ne con- 
V Y V V vj 



2124 Journal des S çavans^ 

noît pas , & que M. de la Grange a 

fuppoféc beaucoup plus petite. 

M. Axh Séjour continue à expli- 
quer Tufàge de (t^ méthodes analy- 
tiques pour Calculer les cclipfes , ap- 
pliquées au paflagc de Vénus, fur- 
tout la détermination des lieux de 
la terre y oii la durée du paflage eft 
la plus grande ou la plus petite; il 
détermine les courbrs des élonga* 
rions brachyftocrones , par exemple: 
de tous les lieux qui , fous le même 
parallèle , obfervcnt des diftances 
égales des centres» à deux heures 
diiFércntes , également éloignées 
d une troifième , déterminer qu elle 
doit être cette troifième heure pour 
que la durée du paflage foir vn ma- 
ximum ou un minimum. Il revient 
cnfuite fur quelques problêmes, re- 
lativement aux éclipfes annulaires ou 
totales -, il donne la détermination 
du lieu de la terre qui obferve Té- 
clipfe centrale, avec la condition 
que le^difque apparent de la lune 



Novembre 1778. 2115 
déborde ledifquc du folcil, d'une 
c]uantité donnée, & la limite que la 
grandeur de l'anneau ne peur pas 
palTcr. (.a manière dont on rcfou- 
droic la queition de l'inflexion des 
rayons foîaires qui lafent les bords 
de la lune; dans laquelle les édip- 
Tes totales ou annulaires inAanta* 
nées fcroicnt d'un ufagc très inté- 
reflant fi on pouvoir les obferver. 
Il détermine l'angle du vertical avec 
le cercle de déclinaifon > la manière 
de trouver la parallaxe de la lune 

!>ar les trois rocchodes ufitées parmi 
es Adtbnomes ; enfin les calci^ des 
paiTagcs de Vénus que l'on ob/ervera 
en 1874., 1882, Z004&ZI25, d'a- 
près les tables de M. de la Lande , 
& il en annonce d'autres dont on 
n avoir point encore parlé. 

M. le Monnier , dans un Mémoire 
fur les grandes digrcffions de Mer- 
cure, rapporte des obférvations de 
1747, de 1765 & de 1767 , il dé* 
termine lerteur^des tabks de Halley 
de 11!' & de 72 fur la plus grande 



2ft^ Journal des Sçavans ^ 

élongacion aphélie» on- trouvera la 
fuite de ce. Mémoire dans le volume 
de 1775. M. le Monnicr rendra fer- 
vice aux Aftronomes en publiant fes 
obfervatîons de Mercure qui doivent 
être en plus grand nombre , & plus 
cxaélcs que cellcis qu'on a eues juf- 
qu à préfcnt ; il donne auffilcs cal- 
culs d'une conjonâion de la Lune à 
Mercure, vue à Touloufe, & com- 
parée avec les obfervatîons qu'il fai-* 
îbit ce jour- là à Paris 5 il trouve 
Terreur des tables de M. Halley de 
i' i8^ 

IVL le Monnier parle auffi dans 
un autre Mémoire , des levés anti- 
cipes de Vénus, lorfque dans fes 
conjondions inférieures elle a une 
grande latitude boréale , & il fait 
voir l'utilité qu'il y auroit à oblcrvct 
Vénus à l'horizon & à mefurer exac- 
tement fon azimut par le moyen 
des objets terreftres que l'on apper- 
çoit facilement , on en pourroit dé« 
duire avec exactitude les réfradions 
horizontales 9 fuivant la méthode 



Novembre 177S. 1127 
que M. le Monnicr a déjà propoféc 
& qu'il a mcmc coinmcncé d'em- 
ployer fur la hauteur de Châtillon , 
dans rObfcrvatoire de M. le Duc 
de Croy, d'où Ton a un horizoa 
très- dégagé. 

M. le Monnier en rapportant les 
obfervations faites à fa grande mé- 
ridienne de Saint Sulpice, y joint 
its obfervations femblablcs » fiiites 
for le Soleil , aux tours de Saint- 
Sulpice, d'où il a obfervé les am- 
plitudes du Soleil couchant ao fol* 
ftice d'hiver; il y rapporte aufli les 
obfervations des deux folftices qui 
lui donnent 10 ou 1 1^ pour la di« 
minution de l'obliquité de Téclip* 
tique depuis trente ans» & par ic^ 
obfervations faites avec un quart de 
cercle & comparées avec celles de 
1770 , il ne trouve qu'environ 23 '^ 
en cent ans. 

M. le Gentil dans deux Mémoires 
fur les réfraâionsy rend compte 
d'un travail confidérable qu'il a fait 
à ce fujec dans les Indes orientales. 



i 1 18 Journal des. Sçavans , 
M. Bouguer, dans fon Mémoire fiit 
les réfraâ:ions agronomiques quil 
avoir obfcrvécs au Pérou au" niveau 
de la mer, remarcjua qu'il avoit vu 
varier la réfiradion horizontale de- 
puis 15 minutes jufqu'à 29 minutes; 
& il prit 27 pour la rctVa^Slior 
moyenne a l'horizon : M. le Gentil 
pcnfe que cette quantité cft tro]3 
petite d'environ 1' j il lui paroîl 
évident que les Hoilandois fe trom« 
pcrent dans la nouvelle Zcmble en 
I ^P5 , lorfqu ils crurent que k foieil 
s'étoit levé beaucoup plutôt que ne 
Texigeoit la latitude du lieu ; il en 
donnera les preuves dans fon voyage 
aux Indes, qui s'imprime en 2 vol, 
i/2-4^. à rimprimeric Royale & dôni 
il y a déjà 400. pages (à la fin de 
Juillet 1778) M. le Gentil a aufîî 
déterminé les réfraftions à routes 
les hauteurs ; il fait voir que Thypo- 
thèfe de M. Caflîni s'accorde très'- 
bien avec les rcfraâions de 10 & 
de 14** & il s'en cft fcrvi pour cal- 
culer une table de réfraâion dans la 



Novembn 1778. xii9 
zone torride, pour tous les degrés de 
hauteur où tous les nombres font 
plus petits que ceux de la table de 
M. Bouguer , dans les Mémoires de 
J7Jf i par exemple, il trouve pour 
lo"* qu'elle eft de 4' 45'^ au lieu de 
4' 20'^ que donnoit M. Bouguer. 

M. de la Lande qui.yenoit de 
prendre poffeffion d'un nouvel Ob* 
fcrvaroire fur la place du Palais 
Royal en 177 1 , rend compte de fts 
premières obfervations fur Saturne, 
& il joint à fon Mémoire une table 
des oppofirions de cette planète, 
pendant 43 ans, avec les erreurs des 
tables de M* Halley y de celles de 
M. Caflini, & des tables que M. de 
la Lande a données lui-même dans 
fon Afironormc. On voit que ces ta- 
bles , après avoir repréfen.té exacte- 
ment les mouvemens de Saturne 
pendant trente ans , commençoient 
a avoir une erreur progreflive afTez 
fenfible, ce qui femblc confirmer 
l'inégalité fingulièrc qu'il a fait re- 
marquer dans le mouvement de Sa* 



1130 Journal des Sçavans j 
nirnc ; cette erreur augmente encore; 
car par loppo/icion du premier Mai 
1778 , elle fe trouve 1 1' 8^'' cnfortc 
qu'elle a augmenté de 8' en 7 ans ; 
mais cette augmentation n*efl: pas 
tout-à-fait fi rapide que l'ctoit celle 
des tables de M. Haliey il y a trente 
ans , en forte qu'on a lieu de croire 
qu'elle n'ira pas aûflî loin , c'eft-à- 
dirc qu'elle n'ira pas jufqu'à 21' qui 
croit l'erreur des tables de Hallcy en 
iy6o. 

A la fuite de ce Mémoire , M. de 
la Lande rapporte les obfervations 
Se les calculs des phénomènes de 
l'anneau de Saturne en 1773 & 
1774; il étoit allé à Beziers pour 
faire la première obfervation , fous le 
plus beau ciel de la France , parce 
qu'il étoit douteux qu'elle pût fé 
faire bien exadbement à Paris; aufîî 
trouve-ton pluficurs jours de diffé- 
rence entre les Obfervateurs ; mais 
comme on a vu dans iiocrc Journal 
les réfultats des obfervations & des 
calculs de M-v de la Lande » nous ne 



Novembre 1778. 11 }i 
parlerons pas davantage de fon Mé- 
moire. 

M.'lc Monnier rapporte auflldans 
ce volume les obicrvations c]u*il 
avoit faites cii 1760 fur la difoari* 
lion de Tanncau & fur la ponrion 
des fatellites, pour prouver qu'il n'a- 
voit pas négligé de fe rendre attentif 
à la phafe ronde , comme M. de la 
Lande paroiffbit en avoir fait le re- 
proche aux Aftronomcs en général, 
quand il annonça Tutilitc qu'il y 
avoit de s'y rendre attentif, en'1775. 

M. Caflîni le fils rapporte auflî 
fcs obfervarions de 1773 & i774> 
& celles des autres Aftronomes ; il 
yjoint celledeM.Maraldien 1714, 
il conclue en difant que l'on ne fera 
point encore en état de fixer le jour 
de la prochaine difparition » puis- 
qu'un excellent OWervateut peut 
être en doute de trois ou quatre 
jours ; mais il faut pourtant obîerver 
que dans les observations du mois 
d'Avril & du mois de Juin , il n'y 
a pas eu plus d'un jour de différence 



II 3X JoumalJts SçavafU ; 

entre plufieurs Obfervateurs ^ dans 
des pays très-di£Férens. 

M. Meflier à cette occafîon a fait 
une obfervation fingulicrc. •» J'ob- 
wferve, dit -il, depuis un grand 
» nombre de jours, des points lu- 
» mineux , parfemcs fur les anfes de 
•» Tanncsu , d'une lumière vive , 
»» blanchâtre & fcintillantc , fcm- 
» blabic à celles des plus périr s 
»' croîlcs , vues aux meilleurs inflru- 
>» mens; j'en ai obfeivé qui rendoicnt 
«> plus ou moins de lumière^ & plu- 
» fieurs me paroiflent féparcs les 
»uns des autres >'• Nous penfons 
que ce phénomène obfcrvc par M. 
Meflîer, prouve que l'anneau neft 
pas parfaitement plan , & peut-être 
quelque jour ferviront-ils à déter- 
miner la rotation de Saturne donc 
on n'a jufqu'à préfent aucune idée, 

M. Meflîer qui s'eft (î fort oc- 
cupé des obfervations de comètes , 
rapporte dans ce volume , avec un 
très-grand détail, les obfervations 
de Ja comète de 1 7^3 , qu'il dé- 



Novembre 1778. 213} 
Couvrit le 2 8 Septembre, & celle de 
1773 qu'il découvrit le 13 Odobrc 
Se qui étoit la 1 5® qu'il eut obfervée; 
il joint à chacun de ces deux Mé« 
moires les cartes des courbes décrites 
par ces comètes , les obfèrvations 
que fes correfpondans lui ont four* 
nies , les poficions des étoiles qu'il 
a déterminées à cette occaGon , 6c 
les élémens calculés d'après ces 
mêmes obfèrvations. On fentira fur- 
tout l'importance de ces Mémoires 
détaillés & complets lorfque ces co- 
mètes reparoîtront > & qu'on entre- 
prendra de déterminer la durée de 
leur révolution. M. Medier aura fur- 
tout alors des droits bien évidens 
fur la reconnoifTance des Aftronomes 
à venir. C'efl: auffi ce qui a déterminé 
M. delà Lande, dans fon nouveau 
Globe céleftc publié en 1775 i à 
faite une nouvelle conftellation fous 
le nom du MeflSer , cufios Mtffium » 
dans rendroit où M* Meffier avoit 
découvert une comète. 
. Ce volume contient encoredautret 



!ti34 Journal deiSçavans y 
cblervations aftionomiques» entr^au^ 
très une grande fuite q'éclipfes des 
fatellites de Jupiter>parM.lViaraldi , 
obfervées à Perinaido , dans le 
Comté de Nice , où ce célèbre Aftro- 
nomc cft retiré , mais pu il ne perd 
pas de vue la théorie des fatellites 
de Jupiter , qu'il a déjà petfeâionnéc 
par un très-grand nombre d'ohIèr« 
varions & de recherches. 

M. lé Monnier publie ici fes ob- 
fervations des éclipfes de Toeil du 
Taureau , faite le i4Âvrii 1774, & 
le 1 9 Novembre ; k première a été 
obfervée auffi par M. le.Préfidcnt de 
Saron,M. de Borda & M. du Séjour » 
M.Mefficr&M. Caflini le fils. M. 
le Monnier & M. Meffier obfervèrcnt 
encore d'autres éclipfes d'étoiles cette 
année-là ; mais nous obferverons 
qu'en rapportant celles dejM.'Mer 
chain ^ on a mislestems de -la pen- 
dule» qui furent. dormes 9U lieu des 
tems vrais paf erreur *, ceux-ci doivent 
être 6 heures 25' 1" & 7 heures 35' 
!•'/ 7 comme on le voit dans les 



Novembre 1778. 2.135 
Mcmoircs de rAcadémie de Pétcif- 
bourg , de 1774. 

Le Mémoire de rAcadémie de 
Montpellier que l'on joint toutes les 
années au volume de TAcadcmie 
des Sciences de Paris , contient audî 
des obfervations agronomiques faites 
par M. de Ratte , & par M. Poite- 
vin ; favoir des éclipfes de foleil,.dc 
lune i d'étoiles & de fatellites de Ju- 
piter, Il cft intéreflant pour les Aftro-i 
nomes d'avoir des correfpondans 
audl zélés & audi habiles dans un 
climat où le ciel eft il pur, $c où 
Ton réuffit fouvent à faire des obfer* 
vations qui ne ocuvent fe faire ni à 
Paris ni à Londres y où fe trouvent 
le plus grand nombre des Agronomes, 

Apres avoir rendu compte de 
toute la partie agronomique de ce 
volume, il nous refte à parler d'un 
Mémoire fur la mer Cafpienne , par 
M^ d'Anville. Depuis que le célèbre 
de Lifle eut pubUé la catte de cette 
imer , envoyée à l'Académie par le 
Czar Pierre L M. 4'A&villc en pu* 



Il 3^ Journal Jes Sçavans ; 
blia une en 1754» d'après quelque* 
morceaux manurcrits qu'il avoic 
trouvés à la Bibliothèque du Roi* 
M. d'Anvilic rend compte dans ce 
Mémoire des différences qu'il y a 
entre fa carte 6^ celle du Czar; il en 
conclut que celle-ci n'étoit qu'une 
efpècc d'ébauche, un premier trait 
hafardé ; il y trouve près d'un degré 
de différence dans l'ifle deZenkenî, 
dont laJatitude a été obfervée; la 
diredion de fa carte cft auffi diâPé*» 
rente de quelques degrés, & M. 
Bonne , habile Uéographe du dépôt 
delà Marine , Ta changée encore plus 
que M. d'Anville , fur- tout depuis les 
obfervations du pallage de Vénus , 
faites en 1769/ 

L'éloge de M. de la Condamine 
vient naturellement fe placer à la 
fuite de ces détails d'Aftrbnomie & 
de Géographie , puifqiie perfbnne n'a 
fait des voyages plus -curieux & des 
obfervations plus importantes; cet 
éloge- fait pat M. le Marquis de Con- 
dorcetj Secrétaire de l'Académie, 

préfcntc 



Novemhrc 1778. 2-137 
préfente de la manière la plus inté- 
xeflante^ la plus philofophique 9 la 
plus fublime , le tableau de la vie Sc 
dés travaux de cet illuftre Académî* 
cien : c cft un des éloges les plus cu- 
rieux que l'on ait faits à l'Académie 
des Sciences. M. de la Condamine 
né en 1701, avoit été d'abord au 
fîège de Rofe j en revenant , il trouva. 
fa fortune confidérablement dimi- 
nuée par le fyftême de Law ; il avoic 
befbin d'un état où il pût dévelop- 
per fon courajge, Tadivité de fon 
^me & fon infatigable curiodté ; ne 
pouvant prétendre dans le fervice^ à 
cet avancement rapide léfervé aux 
grands npms ou aux grandes ri« 
cheffes} enchaîné par une longue 
paix^ il ne put fe réfoudre à fe ren* 
termer dans les fondions monotones 
d*Officier fubalteme ', il quitta i'étac 
militaire pour fe livrer aux Sciences » 
fe flattant 9 avec raifon» de i'efpé- 
tanqe décore plus udle à fon pays 
dans cette nouvelle carrière > & mr 
du moins que fes fuccès ne coûte* 
Novembre. Xxxx 



2 13^ Journal des s çav ans, 
roient de larmes qu'aux ennemis Je 
ITiumanitc & des ralens. Il fut reçu à 
l'Académie en 1730 ; bientôt après 
il entreprit le voyage du Levant ; & 
en 1755 , ^^^"^ ^^ Pérou. » L'Aca- 
•^ demie n'eut pas de peine à ôbtc* 
»• nir de M. le tomte de Maurepas , 
•> les* fecours néccfTaircs pour un (i 
w grand projet} ce Miniftre, petit-. 
« fais du Rcftaurateur de l'Académie, 
•> & né , pout aind dire , avec elle » 
♦♦ avoit toujours regardé le foin d'en- 
» courager kSvSavans & de concou- 
« rir au progrès des Sciences , comme 
»' le devoir de fa place le plus agréa- 
is bie à remplir , & le plus propre à 
*> le confoler des foins pénibles du 
»> Gouvernement ». (M. de Maure-^ 
pas n'étoit pas encore rentré dans te 
Miniftère, lorfque M. de Condorcet 
lifoit cet éloge à l'Académie.) 

Oti y trouve le détail des travjaUx 
i'nimenfes, des 'fatigues inei^ptiina- 
bles:, du zèle itîimifable de M. ^è'ia 
Condamine , dans le 'co\xti ^àH ce 
long voyage. L'abrégé de fes iciïts; 



Novembre 1778. 2139 
(ur rinoculation , couronnés par un 
fuccès que l'exemple même des Rois 
a confacré , enfin un abrégé de fes 
c^ièrvations en Italie. 

» De tout ce que M. de la Con- 
«> damine rapporta d'Italie, ce qui 
» devoir lui ctre plus cher , étoic 
•» une difpcnfe qui lui pcrmettoit d'é- 
•> poufer fa nièce. M. de la Conda- 
9> mine âgé alors de cinquante-cinq 
9> ans 9 avoir befoin dune compa* 
If gne ; mais il ne vouloir ni fc rea- 
•• dre ridicule ni faire le malheur de 
•> perfonne^ il trouvoit dans fa fiièce 
•> une jeune femme accoutumée à 
*' l'aimer comme un père , à refpeo^ 
•> ter en lui fa gloire , fes talens , & 
•» jufqu'à des innrmités qui n'étoienc 
«• à fes yeux , que les marques hono- 
» râbles de fes travaux pour les 
» Sciences. Il crut qu'une femme rais- 
f» fonnable, fenfible^ & qui favoit 
M combien il oft rjairc que les convcf 
>• nances de fortune & de naiflance, 
9» plus écoutées que celle d'où dé* 
•» pend le bonheur ^ permettent d'é-: 



2 T 40 Journal des Sçavahs , 
9> poufer celui que le cœur aurofc 
•» choifi , pourroic ne pas regarder 
» comme un malheur de s'unir à un 
») oncle en qui elle etoic afTurée de 
•^ trouver un ami. Cette union fut 
»> hcurcufe ; (îirc de la confiance & 
» de la tcndrefle de Ton mari , les 
»5 mouvemens d*humcur, inévitables 
» dans un homme dont Tadivité 
» prodigieufc étoit contrariée fans 
»i ceiTc par les infirmités > ne paroif- 
•3 foientàMadamedeiaCondamine 
» qu'un malheur de plus dont elle 
w devoir le coafoler. Quelque lon- 
*' gue , quelque infirme qu'ait été Ja 
w.vieilleue de Ton mari , jamais elle 
»> n*a ceffé de lui prodiguer les foins 
•> les plus tendres, qui nelui çpûtoient 
»> rien ; l'idée qu'elle rempliflbit un 
»> devoir facré à plus d*un titre, fou- 
M tint fon courage, & il lui fembloit 
>> que foigner la vieilleffe de M. de 
M la Condamine, c'étoit acquitter 
>) les dettes de l'humanité > lorlqu en- 
•' fin elle a eu le malheur de le per- 
•> àxc, elle Ta pleurç » commç une 



Novembre 1778. 2141 
n jeune époufe pleure celui qu une 
<) more prématurée lui enlève > 
» comme on pleure une perte irré- 
»» parable »'. Il mourut le 4 Février 
1774, des fuites d*une opération à 
laquelle il fe foumit par zèle pour 
^humanité , qui pouvoit tirer avan- 
tage du luccès d une méthode nou- 
velle. Il elle avoit réuffi fur un 
homme audi célèbre que lui. 







Xxxx iîj 



2143» Journal des Sçavans f 

MÉMOIRES pourfcrvir à Chijloîre 
dt Louis , Dauphin de Franct y 
mort à Fontainebleau le 20 De* 
umbre ijS3' ;avcc un Traité de 
la Connoidànce des Hommes , 
fait par fes ordres en 1758. A Pa- 
ris , chez ?• G. Simon, Imprimeur 
du Parlement i rue Mignon Saint- 
André- des - Arcs ; & Mérigot le 
jeune , Libraire , Quai des Au- 
guftins , au coin de la rue Pavée. 
1777. Avec Approbation & Pri- 
vilège du Roi. 1 voL in-ii d*cn- 
viron 400 pages chacun. 

Nous avons rendu compte dans 
le tems des divers Eloges qui ont 
été fairs de feu M. le Dauphin , père 
du Roi ; il y manquoit une hiftoire 
de ce Prince , écrite par quelqu'un 
qui Feût bien connu & qui fût en 
état de le peindre fidèlement. Voici 
la lettre que Madame la DauphiiK 
a écrite à l'Auteur des Mémoires que 
nous annonçons. 

j4 Fer/ailles , ce ij Mars ij6S. 



Novtmbn 1778. 1143 
»» Si quelque chofe pcuc adoucir 
8' ma douleur & me donner quelque 
»• confoiarion , c'cft l'ouvrage que 
«> voulez bien entreprendre , M • • . • 
•>Rien n'ed plus cpnfolanc en eiFcc 
»• pour moi que de favoir qu'un éloge 
t» fi inrinciïant pour mon cœur fera 
•» fait par un homme qui connoifToit 
»' par lui-mcme le fujet dont il doit 
»5 faire Tcloge , par un homme qui 
M avoir mcriîé fon eftime & fon ami- 
95 tié , qu'il n'accordoir qu'à ceux cjui 
>5 en étoient véritablement dignes. Je 
a> fuis fure que , s'il pouvoir goûter 
» quclqu'autre fatisfadion que celle 
» dont il joîHt dans le ftin de Dieu , 
n il en auroit de voir que fa vie fera 
»• écrite par vous, J'efpère que vous 
j> ferez content de tout ce que TEvc- 
a» que de Verdun a rafTemblé pour 
» vous aider à faire un fi bel éloge* 
» Je fuis dans la plus grande impa- 
ir tience de le voir ; je vous prie 
w pourtant de prendre tout le tems 
» néccflaire \ je lirai , en attendant , 
« des fermons que j'îai écoutés autrc-i 
Xxxxiv 



2144 Journal des Sçavansi 
»> fois avec autant de plaifir que d'é- 
w drficatioft^^n travaillant à 1 clogc 
•> de M. le Dauphin , je vous prie , 
« M. . . . de vous (buvenir quelque- 
»9 fois de fa malheureufe femme > ôc 
•i de prier Dieu de lui accorder la 
»' grâce d'imiter fcs vertus & de mou- 
» rir dans les mêmes fentimens que 
»' lui. ». Signé , Mabie^^Josephe. 

L'Auteur parcourt , dans quatorze 
Chapitres, les diverfes époques de 
la vie de M. le Dauphin. Nous ne 
préfçnrerons ici que les traits les 
moins connus & les plus propres a 
faire connoîrre ce Prince 

M. le Dauphin éroit né à Ver- 
failles le 4 Septembre 1 719. Les Am- 
bafTadeurs l'appelloient VEnJant de 
rEurope. 

Les Offices de Cicéron furent le 
premier Livre qu'il parut lire avec 
goût. 

La bonté , la géncrofité de fon 
ame fe manifcftèrcnt dès fcs premiè- 
res années. Un Officier bleffé vint 
lui préfenter un placer pour le prier 



Novembre 1778. 2,145 
de lui obtenir une gratificacion qui 

Eût le mctrrc en crat d*aller aux eaux. 
>e Dauphin dit à M. de Chârillon : 
et nialhiureux homme n^aura pas U 
Ums d'attendre que fa gratification 
foit expédiée -; fai envie de lui don- 
ner de quoi aller aux taux. M. de 
Châcillon approuva fort cette réfo- 
lution , & le Prince vint apporter 
fur le champ à TOfficier malade le 
double de la gratification qu'il de- 
mandoic, en lui difaint : Monfieur^ 
voilà de quoi faire votre voyage ; 
vous folliciterei votre gratification à 
votre retour. 

Quand il apprit Texil de M. de 
Châtillon , il refta pluficurs jours 
dans un (îlence qui atteftoit & fa 
triftelTe ficrafoumidion au Roi. Mais 
un jour il dit à l'Abbé de Marbœuf , 
en lui montrant un banc du jardin 
de Verfaillcs : Foilà un banc où fai 
en avec M. de Châtillon uneconver-^ 
fation dans laquelle il me donna de 
bons avis , dont je fuis fiché de nai* 
voir pas mieux profité. 



2146 Journal des Sçavans ^ 

Lorfquc Madame la Duchcffc de 
Cbâcilion , après la mort de fou 
mari , eut encore le malbcur de per- 
dre fon fils unique » M. le Dauphin 
lui écrivit la lettre fuivantc : 

m Toutes les raifons que j*ai , Ma*» 
j» dame , de redentic & de partager 
» votre jufte & vive douleur , vous 
» doivent être connues ; Tamitic la 
y^plùs tendre & la reconnoiâance 
»me rendent perfonnelle la perte 
f> que vous faites. Ccft tout ce que 
»» je puis vous en dire de plus fort ^ 
w& rexprcflîon des fentimens d« 
» mon cœur. »> 

Il écrivit en mcme-tems à l'Abbé 
de Broglio celle qui fuit : 

« Voulcx vous bien , l'Abbé , vous 
H charger de cette lettre pour la nral- 
f> hcureufe Madame de Cbâtillon ? Si 
» vous penfcz qu'elle ne fafTe que 
>> l'importuner, jettezJa au feu , & 
w dires-lui fimplemenr oue je vous ai 
» écrit pour favoir de les nouvelles. 
M Mandez -m'en en effet, je vous 
^prie ^ fa fantc m'intcreffc bien vi^ 



NovcTJihre. 177 S. il 47 
» vcmenr ; & je voudrois bien c]ue 
» fa belle- fille pût être grofle , pour 
^conferver une fi bonne race. Mon 
M Dieu , dans quelle douleur doi- 
y> vent-elles être abînnées l Je n*ai 
» que trop de motifs pour en bien 
» juger. » 

Quand M. le Dauphin écrivoît 
ces deux lettres j il y avoir plus de 
feize ans qu'il avoir perdu de vue 
fon Gouverneur, 

Un jour le Chancelier d'AgueflTeau 
étant venu foire fa cour à M. le Dau- 
phin , la convcrfation roula fur l'E- 
loquence; M. le Dauphin , après 
avoir expofé fes idées fur ctttc ma- 
tière , ajoura : je vais vous en don^ 
fier un exemple y & il lui récita une 
partie du difcours que M: d^Agucf- 
îeeM, alors Avocat- Général , avoir 
prononcé au Parlement pour requé- 
rir Tenrcgîtrement du bref d*lnn«5- 
cent XII contre \zs Livre des Maxi^ 
mes des Saints, 

11 faut voir dans rOuvragcmcmc 
la Relation de la Bataille de Fonce- 
X x X \ n\ 



2 148 Journal des Sçava/is ^ 

noy que M. le Dauphin envoya du 
camp devant Tournay à Madame la 
Dauphine , fa première femme ; il 
faut y voir auÔî des détails curiciix 
fur les études de Nf. le Dauphin -, 
fes réflexions fur les matières les plus 
importantes àt la Poliiique & du 
Gouvernement ; Cts jugemens fur les 
Ouvrages les plus fçavans & les plus 
profonds ; & quant aux traits qui 
peignent fon caradlère , tout le monde 
a vu dans le tems , les lettres quM 
écrivit à Madame de Chambors à la 
fuite du funcfte accident qui le fit. re- 
noncer pour toujours à la chafTc. 

Le Ledeur fera bien aife de fa- 
voîr ce que ce Prince vertueux pen- 
foit de la guerre. En contemplant 
le champ de bataille à Fontenoy , ri 
avoir dit : qu*il devait en coûur à un 
bon cœur pour remporter des viSoires. 
Voici ce qu'il écrivit de (a main fur 
ce fujet : 

c« Eviter les guerres fans les crain- 
»dre, les fourenir fans les aimer, 
» s abandonner ^u çétil où \q% autres 



Novembre 1778. i^^. 
>» fc précipircnr, verfer fon fang avec 
M courage & ménager avec fcrupulc 
» celui des peuples : c'eft le devoir 
H d'un Souverain. » 

La defcripcion de ce camp de 
Compicgnc où M. le Dauphin avoic 
paru avec tant d'éclat & s'etoit nwn- 
tré fi aimable quelque tcms av.ant (a 
dernière maladie, eft très - agréable 

* & trcs-inréreflànrc dans cette hil- 
toirc. Le Prince de Condé lui dit 
qu'il avoit cté charmé de le voir à 
la tête de fon Régiment. Le Dau- 
phin répondit, qu il itoit bien fiché 
de ne s^ être pas trouve avec ces braves 
gens dans des occafions plus brillant 
tes. Il cffaya Icrhapeau du Prince de 

• Condé , & lui fit eflaycr fon cafque ^ 
& trouvant que le chapeau du Prince 
alloit bien à fa têrc^: ah ! dit- il , ma 
tête ejl faite comme ta vôtre ; cela de-- 
vroit me donner bien bonne opinion 
de la mienne. Il dit à fes Dragons , 
après leur avoir fait faire rcxcr'cîce : 
mes en/ans , je fuis d^autaut plus 
content de vous , que vous ave^ irès^ 



Il 5 o Journal da Sçavam , 
bienfait y & que vous avc^ éti trU'* 
mal commandés. 

Dans une convcrfàrion avec Mi- 
lord Harcourr, il fur queftion des 
uniformes , & particulièrement des 
cafques, dont on commençoic à re- 
prendre Tufage. M. le Dauphin tc- 
iioit le (le'n à la main; Milord Har« 
court > qui ne le reconnoifToit pas , 
lui prit aiTcz familièrement fon caf- 
que pour le con/Idércr. Quand le 
Dauphin fc fut retiré , Milord Har- 
cour demanda à M. de Beuvron , qui 
étoit ce jeune Officier françois, & il 
lui en dit du bien. « M. de beuvron , 
» pour fe divertir , lui dit fimplemcnt 
w-que c'étoit le Colonel du Régi- 
» ment Dauphin. Milord Harcourt 
» voulut favoir fon nom , & M. de 
» Beuvron lui répondit qu*il s'appel* 
wloit M. le Dauphin.» A ce mot, 
Milord Harcourt fe montra confus 
de la liberté qu'il avoir prife. M. le 
Dauphin fut inftruit de fon embar- 
ras , & dit qu'à la vérité , faute d'ha- 
bitude ^ il avoir d'abord été un peu 



Novembre 1778. 21 51 
furpris des manières familières de cet 
Anglois , mais quM avoir fait ré- 
flexion qu'elles faiibienc partie des 
libertés angloifes. 

La relation de la dernière maladie 
& de la mort du Dauphin , forme 
le tableau le plus touchant & la le- 
çon la plus édifiante. Cette rcfigna- 
tion parfaite y cette douceur inalté- 
rable, ce courage C\ (impie y fi vrai > 
fi fupérieur aii faerifice même de J4 
vie, répandent la confolation &.la 
piété dans Tame du Leâeur , & (ont 
fentir le bonheur de croire & d'ct 
pcrer en un Dieu jufte & bienfaifai^» 
Les mots fi aimables , fi attendri!^ 
fans que le Dauphin mourant dit à 
la Dauphine, à MefdameSj à tout 
ce qui Icntoure , fiiffifent pour faire 
chérir & rcfpeâcr fa mémoire: c'eft 
le triomphe de la Nature & de ia 
Religion. 

«« Sa cotifcffion finie y il dit à Ma- 
*» dame la Dauphinc : je comptais 
» faire mes Dévotions Dimanche^ 
P mais M. Collet m* a dit toutfra»» 



ii5i Journal des Sçavans y 
»> chemcnt que je ferais mieux de re - 
»' cevoir le Viatique^ Il s'appcrçut 
w qu'elle avoir pleuré. Vous vous êtes 
*> lavé les yeux ^ lui dit-il. A ce mot 
*> elle ne put retenir fes larmes. Al^ 
>^lons donc^ ajouta-t-il , courage ; 
« courage. Il envoya chercher Ma- 
*» dame Adélaïde ; & s'adrefTant à 
»' toutes deux , il leur dit : je ne puis 
»^vous dire^ mes coeurs y combien je 
*^fuis aife de partir le premier ; je /p- 
»raifdchi de^ous quitter ^ mais Je 
>^ fuis bien^aife de ne pas reâer aprhs 
« vous. » Ces paroles les nrent fon- 
dre en larmes ; il s*artendrit un mo- 
ment, & leur dit : ah ! finiffe[ donc^ 
car vous m^ attendrijfe^ ; & tout de 
fuite il leur conta que M. Collet, 
après lui avoir parlé du Viatique , lui 
avoit dit qu'il eipéroit que IcSeigncuc 
exauceroit les vœux que Ton faifoit 
pour lui dans toute la France y mais 
que fi c'étoit fa volonté, que.... c« Oh ! 
»3 dit-il , quand il en a été là , // n^a 
•^ pu achever^ parce quil pleuroit^ 
»= & je lui ai dit qu^il faifoit l'en-i 
»^/ant. *» 



Kovcmbre 1778. 2153 
Une autre fois il dit à Madame la 
Dauphinc : je crois que vous ave^ 
plus de force & de courage aujour^ 
d'hui ; ainji je vais vous conter et 
que fai dit hier au Roi , quand f M 
prie Ix Reine de fe retirer. J^ai de-' 
mandé au Roi quefijt venois à mou» 
rir , // vous laijfdt maîtrejfe abfolue 
di l éducation de vos en/ans, ce Elle fc 
w mit à pleurer , & fe jetta fur fa 
w main qu'elle arrofa de fes larmes. 
«Le Roi entra dans ce moment ; le 
« Dauphin Tapperçut , & dit à Ma- 
>« dame la Dauphinc , en retirant fa 
« main : prene^ g^^^^j voilà le Roi, 
m Elle parut furprife & troublée. Le 
«• Dauphin raconta enfuire à Madame 
•> Adélaïde l'embarras ou elle s'ctoic 
» trouvée. J^ai bien mal pris mon 
»• tems pour lui parler ^ ajouta- 1- il , 
» car le Roi efl entré dans ce moment^ 
M & la pauvre créature a été obligée 
»> de rerifoncer fes larmes. »» 

Un jour qu'il ctoit plus mal qu'à 
l'ordinaire , il appcrçut la trifteflc 
peinte fur le vifagc de TEvêquc de 



11 54 Journal des Sçavans i 
Verdun > & die au Médecin qui s*ap- 
prochoit pour lui tarer le pouls : /à- 
tei-U plutSt i PEvéque. 

UEvêque de Verdun admiroit 
qu'au milieu de Tes maux il ne lui 
échappât jamais un mouvement d'im- 
patience. Ei contre qui ^xh^oTié\>\\ , 
voule:^ vous que je n^ impatiente ? 
Mes gens me fervent avec affeàion & 
intelligence; les grands Officiers ont 
pour moi toutes les attentions poffi* 
blés ; toutes les fois que/ en aibefoin , 
ils s*y trouvent , & ilsfe retirent dès 
qiiils croyent qt! ils pour r oient nCim» 
portuner. Il leur fit à tous fes adieux , 
fcs remcrcimcns 86 fes excufes ; &c 
M. de Turenne lui ayant préfcntc à 
boire, il lui demanda tendrement 
pardon de na lui avoir encore rien 
dit. 

Madame la Daupbine admirant de 
même fa patience & fa douceur dans 
de telles fouflrances , & lui rappcl- 
lant qu autrefois h^ moindres maux 
lui arracboient des cris: cela vient de 
jDicUy & c^eJlpourDieUy répondit il. 



Novembre 1778. 2.155 
Le Traité de la Connoijfance des 
Hommes,^ qui forme Je fécond vo- 
lume de cet Ouvrage , mérite fans 
dourc d*êrre médité par les Souve- 
rains & les hommes d'Erat , & il ' 
fera bon qu'ils y mêlent leurs pro- 
pres réflexions. L* Auteur examine 
dans un article particulisr , s^ily a 
des cas où Con doive avoir plus d^é^ 
gard au mérite des talens de tefprit 
qiià celui des qualités du cœur ? 
Qucftion délicate au moins dans 
cette généralité. Il paroît prononcer 
pour l'affirmative. *« Louis XlV,dir- 
») il , fur la fin de fon régne , pour 
>9 avoir fuivi d'autres principes, fit 
^^ plufieurs choix dont il eut tout lieu 
» de fe repentir ; on cefla d'employer 
»>le Maréchal de. Catinat, parce 
i> qu'on l'accufoit d être fans rcli* 
i> gion. Il fait fon métier^ dilbit Ma- 
i> dame de Maintenbn , mais il ne 
» connoît pas Dieu. On auroit dû 
»> lui dire : s*il ne connoît pas Dieu , 
%\ il faut le plaindre ; & puifqt^ilfait 
vfon métier , il faut C employer^ Le 



-^15^ /otf mtf / des Sçavans j 
» Rôî , ajoutoit-ellc , r^aîmc pas à 
i9 confier /es affaires a des gens fans 
» dévotion : mauvaife maxime , fi 
» ces gens fans dévotion font plus ca- 
yy pables que d'autres de les conduire 
») avec fuccès, S. Louis ne raifonnoit 
» pas de la forte , cjuand Its armées 
u eroient remplies de Seigneurs & 
» d'Officiers dont il ne pouvoit cm- 
» pêcher les débauches, & dont il ne 
» laiflbit pas d'employer les talens, 
5> Lorfque votre grand -père coin- 
» mandoit en Flandre, il avoit au» 
» près de lui des Courtifans fages & 
*> vertueux qui n'enrendoicnt pas Ja 
» guerre, il fuivît la maxime que 
I) Madame de Matntenon avoit inf- 
»j pirée à Louis XIV. Il préféra leurs 
>< avis à ceux de M. de Vendôme , 
» qui avoit encore peut-être moins 
» de piété que le Maréchal de Cati- 
>f nat , & ia campagne ne fut pas 
« hcureulè. >i 

L'Auteur de cet Ouvrage cire à 
M. le Dauphin ce que difoit le Pré- 
cepteur de Louis XIV (Péréfixc) à fon 



tJovcmbre lyjS. 1157 
augude Elève : ce II fied bien à un Roi 
** de croire qu'il n'y a aucun de Tes 
»>fkijccs qui vaille mieux que lui. 
»> Quand il n'a pas cette bonne opi<r 
*> nion de foi-mènre , il ne manque 
•» point de fe laiflfcr conduire par cç« 
>'lui qu'il croit plus habile homme 
»* que lui , & par-là il^qpmbç auflS- 
*> tôt en captivité. Ainfi , dût-il fc 
9» tromper , il faut qu'il s'eftime tçu- 
»> jours le plus capaole de gouverner 
»? fon Royaume. Ji dis bien plus ; il 
» ne fauroit fe tromper en cela, d'au* 
»> tant qu'il n'y a perfonne plus pro- 
*> pre que lui, quelque ignorant qii'il 
•» foit f à régir fon Etat, Dieu l'ayant 
»• deftiné à cette fonâion , & Qon 
*3 pas à une autre. *> 

Louis XIV a peut-être quelque- 
fois abufé de cette maxime , donc 
tant d autres Rois n'ont pas aflè^i 
ufé. 



2 1 5 s Journal des Sçavams , 

Continu ATioN dt tHiftoire 
des Révolutions de Suide ^ de \M% 
PAhbi de Vertot. 

Histoire d'Eric XIF ^ Roi 

de Suide y écrite fur \ts adtcs du 
teiTÎs , par M. OlofCelJius , Pre- 
mier Paftcur & Préfixent du Con- 
Moire Métropolitain de la ville 
de Stockolm ; &c traduite du fué- 
dois par M. Genêt le fils , Mem* 
bre de la Société Littéraire Apol^ 
Uni Sacra d'Upfal. A Paris , rue 
des Poitevins, hôtel de Thou. 
1777. Avec Approbation & Pri- 
vilège du Roi. 1 vol. in-ii. l'un 
de 181 pag. & les Préliminaires 
II, l'autre de 280. 

ERIC, qui> par une bizarrerie 
fort étrange , mais fort indiffé- 
rente , donc MTCelGus n'a pas pu ou 
n'a pas daigné nous dire la raifon , 
voulut être appelle Eric XIV , quoi- 
çu'ij ne fût que le douzième cie ce 



NovcmhH 1778- -^*>9 
.10m parmi les Rois de Suède, ccoic 
le fils aîné & fut le fuccefTeur du fa- 
meux Guftavc Vafa. Son règne fut 
agité, fa fin fut malheureufe ; il fut 
dcpoCé , enferme , puis empoifonné. 
L nidoire même lui a rendu peu de 
juftice ; elle a paru juger de lui par 
Tes malheurs plus que par fes qualités 
perfonnellcs & par fes avions ; fes 
roiblefles trop nombrcufcs & trop 
impardonnables , (ans doute , die 
M. Celfius, ont fervi à obfcurcir ce 

au'on auroit pu quelquefois trouver 
e grand & de louable dans fa con- 
duire. 

Georges Perhfon , à qui fon édu* 
cation avoit été confiée, avoit pris 
alors fur lui un afcendant qu'il con*- 
ferva jufqu'â la mort & qui fut bien' 
fimefle à tous lès deux» Perhfon mou- 
rut dans les fupplices. Tegel fon fils 
a écrit Thiftoire d*Eric. On pourroic 
croire d'abord que cette liiftqire éft 
une apologie & d'Eriè îc de Perh.fbn. 
M. Celfms fait entendre le contiraire» 



2 1 6o Journal des Savans j 

ce Dans une hiftoire, dit-il, où le 
•3 père joue un fi grand rôle , fi le 
93 Bis n*a pas profité des facilités que 
93 les rems lui donnoient^ comment 
»^ s'abfticndra-t'on de le foupçonner 
•« de partialité ? Il eft bien naturel de 
•> croire , qu'écrivant fous les yeux 
»> du Roi (Tharles , il n'aura ofé rien 
•> avancer qui pût déplaire àcePrin- 
»> ce* >> La première de ces deux phra* 
fcs eft tournée d'une manière fi obf- 
cure , qu il eft difficile d'en pénétrée 
le fens , peut-être eft pe la taure du 
Tradufteur. La féconde phrafe figrii- 
fie apparemment que Tegel écrivant 
fous le règne de Charles IX , qui ne 
de/oit pas être favorable à la mé- 
moire d'Eric ni de Perhfori , n'ofa 
juftifier ni Tun ni l'autre. 

^ Meflenius , qui depuis a donne 
» la même hiftoire , dit encore M. 
Celfius dans la Traducftion .de M. 
Genêt, étoîr Tennend déclaré de 
»M. Tegel; & comme il a cherché 
>» à noircir le fils par les aâions du 

»>pèrc. 



Novembre 1778. 1161 

^ père 9 ce n étoir point de fa part 
^ encore que la mémoire d*Eric pon- 
» voit attendre quelque juftice. >> 

L'Auteur de cette nouvelle his- 
toire fe pique farrout de Timpartia- 
lité qui a manqué à ces deux Ecri- 
vains. Il écrit d'après les aâes pu- 
blics , & il les rapporte. Il réfulte de 
fes recherches & die lès travaux 3 non 
une apologie d'Eric, mais un tableau 
fidèle ^e les qualité bonnes & mau- 
vaifes , & de fes avions dignes tau-*, 
tôt de louange & tantôt de blâme. 

Les malheurs d'Eric en Suède eu- 
rent la même fourcc qu'avoiënt eue 
autrefois en Efpagne ceux de Pierre 
le Cruel *, il fut » comme ce dernier , 
la viâime de fa haine pour fes frè- 
res ; & le Roi Jean eut , comme 
Henri de Tranftamare , le malheur 
d'être ufurpateur & fratricide. Le 
Roi Guftave avoir eu plufieurs fem- 
mes & des enfans de divers lits« Celle 
de (^s femmes qu'il avoit le moins 
aimée étoit Catherine de Saxe«La- 
yembourg , mère d'Eric ; en conie- 

Novimbrc. ^m. 



1 1 6 i Journal des Sçavans i 

quence , Eric croit auffi celui de fer 
enfans pour lequel il avoir le moins 
de rendrefîc, 6ç fa prédiledion éiou 
inarqucc pour Jean , Duc de Fin- 
lande , qui ftit depuis le Roi Jean , 
3c qui ctoit né de la féconde femme 
de Guftave. Cette prédiltftion avoit 
jette entrç les deux frères Eric &: 
Jean des fcmences de baînc & de ja- 
loufie , dont Guftave avoit prcvu &c 
redouté de loin les effets j Guftave 
lui-même avoit eu quelque jaJou/îe 
d'Eric ; le caradlère audacieux & en- 
treprenant de ce jeune Prince lui 
avoit ^nné de l'inquiétude. Le Duc 
de Finlande eut alors ia générofité 
de réconcilier fon frère avec Guf- 
tave , fans fe laiflTer éblouir de Tof- 
frc que Guftave lui faifoit de lui 
transporter tous les droits d'Eric. 
Guftave , dans la fuite , parut avoit 
plus de confiance dans foafils aîné ; 
il lui permit de prendre le titre de 
Roi ; il lui abandonna même peu-à- 
peu la conduite des affaires ; &t enfin 
dans la Diètft de Stockolm , tenue 
au mois de JuilUt i^6o, il prit 



Novembre 1778. 2163 
congé de fes fujets, & remit en leur 
préfence > à fon fils y les rênes du 
Gouvernement. 

La Princeflç Douairière de Saxc- 
Lavcnbourg , ayeule maternelle d'E- 
ric, lui ayant fait obfcrver , qu'étant 
fils d'une étrangère, il n'avoit de ce 
côté-là aucuns parens dans le Royau- 
me , au lieu que fes frères , nés de 
mères fuédoifes , avoient des allian- 
ces avec les ^milles les plus riches 
& les plus puilTantes du pays; ce 
qui pourroic leur donner de l'avan- 
tage fur lui, s'ils prétendoient un 
jour.lui dilputer le trône. U femble 
qu'elle Revoit en conclure qu'Eric 
teroit bien de ^ndre une femme 
fuédoife; elle ea conclut au con« 
traire , qu'il devoit fc marier au de* 
hors , mais (aire une allisince dont 
l'éclat & l'importance en impofaf- 
feo£ à fes frères & à fes fujets. En 
cooféquencé Eric.^ par le confeil de 
les Gottverneu»/ Bury &PerhfoD, 
jetta les yeux fur la Princeife Elifa* 
beth d'Anglctene , qui fut peu de 



2 164 Journal des Sçavans ; 
rems «près cette illuftrc Reine Eli&- 
beth. Marie régnoir encore ; elle 
pouvoit avoir des enl&ns ; Elifkbeth 
pouvoir > par beaucoup d autres râl- 
ions 3 ne parvenir jamais au trône ; 
fcs droits au moins fembioient de- 
voir être contcftcs , & cette alliance 
pouvoit par conféquent entraîner la 
ouède dans une guerre facheufe. Ces 
raifons frappèrent Guftave qui n a- 
voit point encore fait Tefpèce d'ab- 
dication dont nous avons parl^ > il 
reçut mal la propofition qu*Eric lui 
fit de cette alliance. Ce fitt encore 
le Duc de Finlande Jean ^ qui fat Ip 
défenfeur de fon. frère & qui fit con»- 
(entir Guftave auxdelirs d'Eric. Bury 
fut envoyé à Londres au commen* 
cernent de l'an 1 55S , fous prétexte 
de féliciter Marie lut la viâoire que 
les troupes de Philippe II , Ion mari , 
avoient remportée environ fix mois 
auparavant devant S. Quentin. Eli- 
fabeth tombée dans la difgrace de fa 
fœur , plut jaloufe d'elle alors que 
Guftave ne l'avoit été de fon fils^ 



Novembre, 1778. 21^5 
ou Eric de fon frère , étoit reléguée 
au châreau de HcrBcid à quelques 
lieues de Londres. Elle y vivoir dans 
la retraite , & aucun Miniftre érran« 
gerneJa voyoit. Bury voulut la voiri* 
il n'avoir parlé de rien à Marie ; il 
fit Id propodtion du mariage à Eli- 
fabech , &c s'arracha fortement à lui 
en faire fcntir tous les avantages. Eli- 
fabeih, fans s'expliquer, le renvoya 
fur le premier mot à Marie , comme 
à l'arbitre fuprcme de fon forti con- 
duite dont Marie lui fut gré ; elle 
lui écrivit même pour lui en cénioi- 
guer fa fatisfaâion. Bury alors fit fâ. 
demande en forme à la Reine Marie 9 
qui déclara quTJifabcrh dccidcroic 
elle-même de fon fort-, Elifabetb ré- 
pondit que pour le préfcnt /elle étoit 
rcfoluc a vivre dans le célibat. Sa 
conduire a prouvé dans la fuite que 
ce n'éioit pas une réfolution du mo* 
ment. La Reine Marie étant morte « 
Elifabcth monta fur letroiie prefquc 
(ans conrradidion \ alors les deurs 
d Eric s'enflammèrent & dégénérè- 
Y y y y iij 



li66 Journal des Sçavans 9 

xcnt en une cfpèce de manie. Les ob- 
jcâiions deGuftave contre ccrtc allian* 
ce perdirent toute leur force.Eric parla 
d*un voyage en Angleterre j Jean lui of' 
frit de faire ce voyage pour lui , afin 
que rhéritier du tronc , déjà en quel- 
que forte aflbciéiradminiftrarion, ne 
quittât point le Rdyaumc où fa pré- 
fence étoit néceflairc; l'offre ftit ac^ 
ceptée. Se le Duc de Finlande partit 
pour Londres. Elifàbcth devenue 
Reine & réfolue de confcrver fon au- 
torité en ne la partageant point avec 
un mari , rnais réfoluc en même-tems 
d'amufer^ tous les Prétendans pour 
les fixer dans fon alliance par f cfpé- 
rance de fa nîain , & affermie fur- 
tout dans cette féconde réfolution de- 
puis la mort de François II , pour 
empêcher tous ces Souverains de 
jettcr les yeux fur la Reine d'Ecoffe, 
fon héritière & fa rivale, Elifabeth 
accueillit d'une manière diftinguéc 
le Duc de Finlande, & lui témoigna 
le défit devoir Eric. Le Duc de Fin- 
Jandc reporta cette réponfe en Suède. 



^ 



Novembre 1778. 2167 
Eric fe dcrermina fur le champ au 
voyage d'Angleterre , & voulut y 
paroîirc avec une magnificence ca- 
pable dacc.rcr its regards de la Cour 
angloifc. Ce projet cntraînoic des 
dépenfes auxquelles rcconomic de 
Guftave fe refufoit : ce fut encore le 
Duc de Finlande qui arracha fon 
confcnremcnt. Guûave avoit écrit à 
liric : « J*ai toujours cherché à vous 
» fatisfaire dans tout ce qui c:oic 
» pollibîc 3c raifonnable; mais quand 
» il s'agira de flatter des paflîons pué- 
» riles , de féconder des projets ou 
» préjudiciables ouimpoflîbles^ nous 
» n'avons pas rcnoticé au droit de 
» vous contredire. >> Il écrivit au Duc 
de Finlande : « Nous avons fuivi à 
» grands frais votre volonté & celle - 
» de votre frère. >> A peine Eric étoit- 
il parti , que Guftave mourut; ce 
qui obligea Eric de revenir fur fcs 
Pc s. Quand il eut réglé tout ce qui 
concernoit fes partages avec fes frè- 
res , & qu'il crut s'être bien affermi 
fur le trône , il repartit pour TAn- 
Y y Y ^ iv 



11^8 Journal des Sçavafis 9 
gleterrc. Il voulut d'abord faire le 
voyage entier par mer ; une violente 
tempête qui mit fa vie en danger » 
Tobligea de rentrer dans fcs ports. 
Réfolu enfuite de travcrfer le Dane- 
mark, il demanda au Roi Danois 
des pafleports fi: des otages ; on ex- 
pédia les pafleports , mais on rcfufa 
les otages -, circonftance qui , jointe 
à des lettres d'Elifabeth qui laiflbienc 
peu d'efpérance , fit abandonner le 
projet de ce voyage , mais non pas 
celui du mariage. Les négociations 
continuèrent ; on fit jouer tous ics 
lefTorts de la Politique. Eric parue 
vouloir penfer à la Reine d'Ecoflc , 
£li(àbeth alors prit plus de foin de 
le ménager. Eric vit enfin qu'on le 
jouoit; il s'en prit au Comte de Lei- 
cefler, amant & favori d'Elifabeth, 
& lui propofa un duel , & quelque- 
tems après il voulut le faire afFaflî- 
ner. Cette conduite annonçoit un 
caràdère bitn impétueux & bien peu 
maître de lui-même ; il finit par 
époufer une de fes fujettcs , fille fans 



Novembre 1778. iiôjr 
naiflancc , donx il étoit devenu amou- 
reux. Cette paiCoQ & la jalouHe qui 
en fut la uiire , firent faire à ce 
Prince des folies , & lui firent com- 
mettre des cruautés qui indifpofè- 
rent contre lui fcs fujets. 

Jean , Duc de Fmlande fon frère , 
avoit fait ce qu Eric avoit voulu Ëiire » 
il s'étoit élevé par une alliance étran- 
gère & illuûrc-, il avoit cppufé la 
four de Sigifmond, Roi de Polo- 
gne. La jaloufie politique du Roi 
de Suède s'en étoit accrue ; & la 
méJiotclligence entre les deux frères 
fut poufTèc (1 loin , que le Duc de 
Finlande fêtant jette ouvertement 
dans la révolte 9 & ayant nxis dans 
fcs intérêts lej Rois de Danemarck 
& de Pologne , fut condamné pat 
une Diète à perdre fon Duché , 
riionncur & la vie ^ il fut arrêté ; on 
e4)t(. beaucoup de peine à. obtcnit 
d^ric quil lui laiilat la vie^^^tiç 
pourfuiQît les amis dç fon frère axiE^V 
tant d acharnement^ irrita fes fujets 
par tant de violences , & donna tanr 



1 170 Journal des Sçavans ^ 
de n^arqucs de régarcmcnt de fa rai* 
fon, qu'il fc vit bientôt abandonné 
de tout le monde. Le Duc Jean eft 
remis en liberté, on voulut le ré- 
concilier avec fon frère , mais l'ou- 
trage avoit été pouflc trop loin des 
deux côtés. Tous les frères d'Eric fc 
rcuniffent contre lui ; le Duc Jean leur 
promenoir (Je parrager la couronne 
avec eux , &'ne leur tint point parole. 
Le Rçi tomba dans leurs mains à 
fon tour ; on avoit déjà fait le pro- 
cès à fon Miniftre Perhfon -, on le 
força lui-même d'abdiquer ; on le 
transféra enfuite dans différentes pri- 
fons , où il fut traité avec une ri- 
gueur qui annonçoit le projet de fe 
défaire de lui. On ofa lui faire fon 
procès comnnte on le fit depuis à 
Charles I en Angleterre ; mais fes 
fujets ne portèrent pas publiquement 
fur lui leurs mains impies ; on fc 
contenta de le condamner à une pri- 
fon perpétuelle. Le Duc Jean lui 
ayant reproché qu'il avoit perdu la 
Tâifon : « je ne Vai çcrdue qu'une fois. 



Novemhn 1778. 1171 
» lui répondit Eric , c'eft lorfque je 
» t'ai fait fortir de prifbn. » S'il avoit 
rcfprit égaré , il falioit renfermée 

E:ut-êrre comme notre malheureux 
oi Charles VI. Mais pourquoi lui 
faire fon procès ? Jean fouffrit que 
Stenbock, ennemi perfonnel du Roi 
& à qui on en avoit confié la garde , 
fît à ce Prince toutes fortes d'outrà- 
gcs , & que dans un emportement de 
colère il lui cafîât le bras d'un coup 
de crofle de fufil > & le laiiTât fans 
fecours étendu par terre. On voit 
avec furprife parmi ^es motifs du ju- 
gement prononcé contre le Roi Eric: 
« qu'il etoit poltron dans les com- 
.»Dats, & qu'il s croit éloigné du 
» danger àHalmftad , à Wimmerby, 
>> à Ward-berg & ailleurs. » La lec- 
ture avoit toujours fait fon amufe- 
ment y & faifoit fa confolationdans 
fa captivité , on eut la cruauté de lui 
interdire les livres -, enfin , le barbare 
Jsan termina fes nulheurs en Tem- 
poifonnant dans un potage aux pois. 
Eric mourut le 16 Février i ^77. Il 
\ \ N \ \\ 

4.4 • 



7.1 jt Journal des Sçavans i 

ctoit né le 13 Dcccmbrc 1533. Jean 
lui fuccécJa comme un Roi Icgifimc. 
Au-dcfliii du tombeau d*Eric, on 
fufpendic au mur une tableere de 
bois fur laquelle étoient ccrits ces 
mots : tranfiatum ejl regnum &fac^ 
tum tjlfratris mci ; à Domino conp 
titutum ejl. Eric laîflbit plufieurs (A.%\ 
l'aîné , nommé Guftave , avoit été 
défigné fon fucceflcun On avoit 
voulu le faire périr pendant ia prifon 
d'Eric. Un Officier du Palais avoit 
été chargé de le tuer & de l'enterrer; 
fauve par un partifan d'Eric , il vé- 
cut longtems miférable 8c mendiant 
fon pain , on le fit Moine , puis Evê- 
quc. Les Cours de France, deDan- 
nemarck & de Ruffic parurent s'in- 
tcrefler pour lui & tenter de le réta- 
blir fur le trône de Suède \ mais il 
jefbfa de troubler fa Patrie; il vécut 
paifible & vertueux , & mourut en 
1607. M. Cclfius ne nous apprend 
pas quel fut le fort de fcs frères. 



Nov:mlr: 1778. il7| 

Cours £ Education à tuf âge des 
Elèves dejiinés aux premières PrO" 
feffîons & aux grands Emploie 
de F Etat ; contenant les Plans 
d'Education litrérairc , phyfique ^ 
morale & chrétienne, d« l'enfance^ 
de radolcfccncc & de la première 
jeuncflc ; le Plan encyclopédique 
des Etudes , & dcsRéglemens gé- 
néraux d'Education. Par M. f^er^ 
dietj Inftitureur d'une Maifon d'E- 
ducation à Paris , Confeiller , Mé^ 
decin Ordinaire du feu Roi de 
Pologne , Avocat au Parlement > 
&c. ' 

Mens fana in eorporefano, J u v.~ 

A Paris, chez TAureur, rue de 
Seine S. Viôor , hôtel de Magni , 
à côté du Jardin du Roi ; chez 
Moutard , Imprimeur - Libraire , 
rue des Mathurins , hôtel de Ciu- 
ny ; & Colas , Libraire , Place 
Sorbonnc, Avec! Approbation jt 



^iy4 Journal deç Sçavd^rts j 

Privilège du Roi. 1777. in^ll. 
3^6 pages , & i^s Préliminaires 8. 

hT 'esprit, die Dcfcartcs dans 
jLj fa Méthode, Diflcrt. 6. §. 2. 
») dépend tellement du tempérament 
» & de la di(çofition des organes du 
V corps , que s'il y a des moyens de 
%^ rendre les hommes plus fages & 
»> plus fpirituels qu'ils ne l'ont été 
«> jufqu'à ce jour, je crois que c'cft 
» dans la Médecine qu'il faut Us 
» chercher ». C'eft dans cet efprit 
qu'efl: compofc l'Ouvrage que nous 
annonçons. Le principal but de 
l'Auteur, qui cft Médecin auflî-bien 
qu'Inftituteur, cft de procurer à fes 
Elèves : mens fana in corporc fano. 
Les plans d'éducation ordinaire, 
es plans généraux d'études, font 
touidurs tracés pour des fujcts bien 
conformés & vigoureux ; ils fuppo- 
fent ce qui n'eft pas toujours & ce 
qui du moins ne fe trouve jamais 
dans un égal degré ; une bonne 



Novcmhîi 177P? 2I7J 
fantc, une bonne conformation 
dans tous les Elèves j cependant, dit 
l'Auteur, » avec des yeux louches, 
» avec une vue foiblc & obfcure , 
» avec une cataracte , avec ces flu- 
»» xions des yeux fî commune aux en* 
» fans , &c. un Ecolier peut-il fup- 
»'porrer huit à dix heures de kiture 
» par jour ? S'il cft arrête dans fes. 
» progrès, fes Collègues le devan- 
*> cent, il ne peut plus les atteindre , 
» & le défefpoir naît avec la perte 
» du tems. Mais dans une éducation 
>» appropriée aux vices phyfiques &c 
» moraux , on peut corriger & mc- 
» nager cts défauts. 
■ Sur cela l'Auteur cite l'exemple 
du célèbre aveugle Saunderfon , Se- 
des fourds & muets , k\tvh par M. 
l'Abbé de TEpée. Mais il reproche 
en général à l'éducarion tant pu- 
blique que particulière, telle du 
ntCHns qu*cUc a été connue jufiju'i 
préfcnt ,* de n'avoir point été ainft 
appropriée au» vices phyfiqucs & 
moraux de chaque Elève, » Le peu 



2176 Journal des Sçavanà f 

» d art , dit-il , qu'on mec comtnu* 
» némcnc dans le déveioppemenc 
» des facultés naturelles , les précau- 
n rions mal entendues qu'on prend 
*> pour prévenir les vices du corps 
» &c de Telprit ; les routines qu*on 
» fuit depuis la barbarie du moyen 
» âge pour les corriger ; toutes ces 
» caufes furchargcnt ics familles & 
» la Société d'une infinité d'hommes 
>» foibles y infirmes , cacochymes ôc 
» contrefaits ; d'hommes qui fcm- 
» blent plus être conduits par inftinâ 
» que par réflexion & pat raifon ; 
» d'hommes enfin auxquels il manque 
» un plus ou moins grand nombre 
M des fondions dont rhumanité eft 
H capable. 

C'cft donc à rendre ces défauts , 
ces vices de conformation ou d'in- 
telligence moins nombreux & moins 
funcftcs, que M. Verdier con&cre 
fes travaux ^ il ne pouvoit leur don- 
ner un objet plus utile \ il fait tou- 
jours marcher de (iront les foins de 
J'éducaiion corporelle &c ceux de 



Novembre 1778. iï77 
Tcducation fpirituclle , & les Mé- 
decins qui, indépendamment du. 
Cenfeur ordinaire , ont été dans Je 
cas d'cxamiiièc fon Ouvrage & de 
juger du fucccs de fcs foins , -4ui 
rendent le témoignage le plus avan- 
tageux. Ces Médecins font M, Petit 
& M. Barbcu du Bour^. 



•&" 



PaRIS^ h Moith des Nations 
icrangens , ou t Europe Françoife; 
par l'Editeur des Lettres du Pape 
GangancUi. A Venife ; & fc trouve 
à Paris, chez la Veuve Duchîfnc, 
Libraire , rue Saint Jacques , au 
Temple du Goût. 1777. /«-il. 
358 pag. & les Préliminaires 16. 

LE fujct traité dans cet Ouvrage 
ne feroit pas indigne des obfer- 
vations du Philofophe ; il pourroit 
être utile en cfFct de confîdérer juf- 
qu à quel point les Nations étran* 
gères ont adopté , non pas feule- 
ment nos modes ^ mais nos ufages en 
tout genre, & quels ont été les mo- 



1178 Journal des S ç avant , 
tifs de cette imitation ; cat le motif 
qui porte à imiter les Etrangers, 
n'efl: pas toujours beaucoup plus rai- 
fonnablc que le mépris qu'on afFe<îlc 
quelquefois pour leurs ufages. IJ y a 
eu du caprice & du préjugé dans 
Fun comme dans Tautreé On a fou- 
vent accufé les François, ou plutôt 
ils fe font fouvent accufcs cux- 
mcmes d anglomanie, & dans le 
tems où /e théâtre Efpagnol leur fer- 
voie feul de modèle & pour la Tra- 
gédie & pour la Comédie, on ne 
pouvoir pas même juftifier cette imi- 
tation en difant que ce théâtre cfoit 
le moins mauvais modèle.... puif- 
qu'on pouvoit alors, comme on Ta 
tait depuis, étudier cqs genres chez 
les Grecs, & fc former à la fois fur 
Euripide & fur Ariftophane comme 
Ta fait Racine. L'Auteur de cet Ou- 
vrage, fans approfondir ainfi fon fu- 
jet , fans remonter aux caufcs des 
effets qu'il croit appercevoir , pa- 
loît fuppofer que le mérite réel ou 
l'agrément de nos ufages , cft ce qui 



Novembre 1778. 2179 
les fait adoprerprefque généralement 
dans l'Europe ; il ne difcurc rien de 
peur de s appefanrir, il effleure tous 
\zs objets & il s'en applaudit , il 
traite tout avec une légèreté que 
quelques pcrfunncs pourront trouver 
agréable , mais que nous devons 
trouver fuperficiclle -, flatté du fuccès 
qu*ont eu les Lettres dont il fe die 
l'Editeur, il déclare qu'il veut être 
lu des femmes aimables. Voilà pour- 
quoi il traite en quarante- quatre pe- 
tits Chapitres très-courts & très peu 
fubllanticls , une foule d'objets les 
uns importans , les autres frivoles 9 
dont quelques uns auroicn: pu être 
la matière d'un grand Ouvrage. On 
en peut juger par la lifte fuivantc. 

Des diflPerentes Nations, Des chan- 
gemens qui arrivent dans les Etats. 
De l'état de l'Europe au commen- 
cement du fiècle dernier. Comment 
llEurope a chancre. Pourquoi l'Eu- 
rope a changé. Du Commerce. De 
la Politique. De la Jurifprudeuce. 
De la Philofophie. De i'Eiprit phi-. 




Journal dis Sça\ ans , 

que. De rEfprit de 
ilducation. Des Mœ 
Ln>x. De la Réputation. Des ' 
Des LciScurs. Des Brochu] 
rimpiimcric. Des Langue 
Ecllcs'Letcres. Du Goûn Di 
Du Siècle. Des Spedaclcs. I 
vtagc^i périodiques. l)csPron 
Dis Tables. Des Chanions 
Gaieté. Des Cafés. De Té 
Des Jeux. De la Légèreté. . 
de gagner les Efprits. De la 
Des Arts. Des Académies. D 
liteffc. Des Modes. Des Plai; 
Petits-Maîtres. Des Conve 
De rOpinion. 

Ces quarante-quatre artic 
fuivis d'une conciufion qi 
mcDcc ainfi : 

%> Oh ! je rcfpire. L'Eui 
» donc maintenant le plus j 
w fcjour de l'Univers » ; . & 
pretivc3 que TAuteur en 
cW\ qu'on s'habille à Vienne 
à Paris, & qu'on fe cocfFc l 
comme à Lyon. 



Novembre 1778. 2181 

J) I C T I O N K A I REdes Origines^ 

ou Epoques des Inventions utiles, 
des Découvertes importantes Se 
de rEtabliflement des Peuples, 
des Religions , des Sedes , des 
HéréCes , des Loix > des Coutu- 
mes i des Modes , des Dignités , 
des Monnoies*, &c. Par M. Do^ 
^^g^y > Confeilicr de la Cour des 
Monnoies , Aflbcié-Libre de TA- 
cadémiedes Sciences, Arts & Bel- 
les-Lettres de Châlons. A Paris, 
chez Jean - François Baftien , Lu, 
braire , rue du Petit-Lion , feux- 
bourg Saint-Germain. 1777. Avec 
Approbation & Privilège du Roi. 
in^iz. Tome III 9 contenant les 
lettres H — L & Tome IV, conter 
nant lc$ lettres K*— M. 

DXVS notre Journal d'Avril 
1777) <^^ avons rendu compte 
dei deux premiers volumes de ctc 
utile Diâionnaire , auquel nous don- 
nâmes alors des éloges que nous ne 



ai8i Journal des Sçavans i 
pouvons que confirmer à l'occafion 
de ces deux nouveaux volumes^ c'eft 
toujours la même juftcflc dans les dé- 
finirions , la même exaâicude dans 
les faits-, ce Livre en général cft 
une (burce Fcfconde dmftruélion , 
fuperficielle à la vérité , mais facile 
& néceffaire pour les ignorans & les 
gens du monde , propre même à 
rappelleraux Sa vans ce qu'ils favent» 
à fixer continuellement fous leurs 
yeux des connoiifances fugitives, 

IndoSti difcant fi» ament mcminijfc peritL 

Un pareil Ouvrage n'eft pas fuf- 
ceptible d'extrait & ne pourroit nous 
occuper que par les fautes qu'il fau- 
droit relever, L'exa^itude de l'Au- 
teur a laifle peu de matière à nos ré- 
flexions, & le peu qui nous en refte 
à faire , roulera moins fur des fautes 
caradérifées^ que fur des exprefllons 
un peu vagues, qui pouri:oient laiC- 
fer quelque incertitude, ou former 
quelque embarras. Par exemple , en 
parlant de la Haye en Hollande > 



Nowmhîc 1778. 2183 
TAuteur dit quen 1557, ce lieu ne 
paflbit point encore pour une Ville. 
Cet énoncé eft cxad, mais il cft im- 
parfait, & TAurcur pouvoir ajourer 
qu aujourd'hui même ce lieu n'a 
point le titre de Ville , quoique par 
fa grandeur , fa richeffe & fa beauté , 
il remporte fur beaucoup de Villes, 
même florilTantes. 

L'Auteur ne perd pas l'occafion 
d'égayer fon Ouvrage par des cita- 
tions agréables ; par exemple , au fu- 
jet du hennin , coëfFurc d'une hauteur 
prodigicufe , qui , après avoir érc en 
ufage en France dans le quinzième 
fiècle , & avoir reparu vers la fin du 
17*, fous le nom de Fontange , ccfïa 
tour-à-coup en 1701 , il cite ces vers 
que TAbbe de Chaulicu adreffa fo* 3 
le nom de Madame de Laflay à 
Madame la Duchefle , qui dcmjin- 
doic des nouvelles. 

Paris cèclç â la mode & change fcs parures j 
Ce Peuple imitateur, ce Sbgcdc la Cour, 
A commencé depuis un jour , 



2.184 Journal dis s çay ans i 

D'humilier enfin l'orgueil de fes coe£fiirfs« 
IVlalnce courte Beauté s'en plaint , groode & 

tempête ; 
Et pour Ce ralonger confultant les cfefljns.. 
Apprend d eux qu'on retrouve en Lauflanc 

Tes pa:ins , 
La taille que l'on perd en abaiiTant fa tète : 

Voilà le changement extrême » 
Qui met en mouvement no$ Femmes deParis^ 
Pour la coëâPure âcs maris 
Elle efl toujours ici la même. 

A Tarticle Inoculation , l'Auteur 
s'exprime ainfi : c» M. de la Conda- 
» mine en cxpofa les avantages ; la 
M France rcfiftoit toujours ; c*eft ce 
»> qui a fait dire à un Partifan de 
>3 ï Inoculation : 

O Londre I hcureufe terre î 
Aînfî que vos tyrans, vous avez fa chafler 
Les préjugés honteux qui nous livrent la 

guerre, 

I ^. Ces vers étoient faits long- 
tems ^vfint que M; de la Condamine 
eût écrie fui Tinoculation» 



^ Novembre 1778. 11 S 5 

1®. Il y eft qucftion de i'avcntutc 
de Mlle, le Couvreur ^ & non de 
rinoculation. 

3^, L'illuftrc Auteur de ces vers 
auroic dû erre défîgné d une manière 
qui le caraâériiac mieux ^ même re- 
lativement à l'inoculation 1 en faveur 
de laquelle il eft le premier qui aie 
écrit en France. 

L'Auteur parle de rinoculation 
des enfans de Mgr. le Duc d'Orléans 
& ne dit rien de celle du Roi & des 
Princes fcs Frères. 

Il finit par dire que rinoculation 
$i en fa faveur de grands exemples i 
Se contr'elle de fortes raifons. Les 
partifans de l'inoculation ne trou^ 
veront - ils pas que TAuteur par ce 
dernier mot fort de l'impartialité 
qui convient à un Hiftorien ? 

L'article Ungendes que nous trou- 
vons dans le 4^ volume , peut donnez 
Jieu à une réflexion. C'eft ici un Dic« 
tionnaire des Origines. Nous ne 
fommes pas étonnés d'y trouver les 
noms & les articles des hommes il* 

Novembre. TLzzz 



ai 86 JoumnlJes Sçavans p 

luftres qui ont ou inventé ou fixé 
des genres. Ces perfonnagcs rentrent 
dans te fujct de l'Ouvrage Nous ne 
ibmmcs pas même furpris dy trou- 
ver des noms de Rois & de Souve- 
rains qui n'ont rien inventé, leurs 
règnes fervent par eux-mêmes d'c- 
poqae aux diverfes inventions : 
mai* quel genre Lingendcs a-t-il ou 
inventé ou fixé? lia, dit-on, fcrvi 
de modèle à quelques morceaux 

' d^un feul des Ouvrages de Fléchier. 
Mettre beaucoup d'articles fembla-i 
blés, ce feroit peut-être changer la 

! iKiture de ce Livre & en faire un 
Dictionnaire hiftoriquc univerfel. 

. L'Auteur place Léonins dans le di- 
xième fiècle , il falloir dire dans le 
douzième , & peut-être falloit-il ob- 
ferver que Tu (âge des vers Léonins 
étoit fort antérieur à Xéonius. Peut- 
être auJïî 1/Auteur , en.général,auroit- 
il dii citer tous.ceux dont il emploie 
les cxgreflions , nommément M. de 
MontcfqHÎeu à Tarticlc Hannon ,"& 
i 'Encyclopédie dans tant d'articles» 



Novcmire 1778. 11.87 

D E Pu/agc de P Artillerie nouvelle 
dans la Guerre de campagne ; conr 
noiffanc péceflalrc aux Officiew 
dedinés a commander toutes les 
armes-) par M. le Chevalier du, 
Teil , Major du Régiment de la 
Fere, Artillerie, de la Société 
Royale des Sciences & des Arts 
de Metz, & de la Société Pa- 
triotique de Heflc - Hombourg, 
A Metz , chez Marchai , Libraire » 
près la place S. Jacques. Avec Pri- 
vilège du Roi. 1 778. 1 voL i/2 8^. 
de X18 pag. avec figures; & fe 
trouve à Paris , chez Durand ^ 
Libraise ^ rue Galamle. 

, ;/^ N a public depuis quelque 
V-X tcms un.grand nombre d'Ou- 
vrages fur l'Artillerie, & les fenti- 

. mens des différcns Auteurs ont été 
parties. Plufieurs de ces Ecrivains 
le font déclarés pour notre an- 
cienne. Artillerie ; d'autres préfèrent 
celle qui lui a été fiibï^ituéc , & 
Zzzzi) 



II 8?! Journal des S çavans i 

c ell le (cnriment de l'Auteur dont 
nous annonçons l'Ouvrage. » J'ai 
»cru devoir commencer, dit-il » 
9f par donner une idée des change- 
» mens avantageux qui viennent de 
>> la régénérer Se qui peuvent lui 
•w conferver la fupcriorité qu'elle 
. » s'cfl: acquife fur celle des autres 
M Nations. On verra, continue- t-il , 
» que ces ch^ngemens ont rendu la 
m taâiquc de l'Artillerie plus favante , 
n fes principes plus lumineux , plus 
» fufceptibies d'être développes & 
» d'être adoptés à toutes les avions 
» de la guerre. Il prétend que c^ejl 
en vain qtCon ckercheroU des lu" 
miires fur cette branche importante 
de la guerre dans la multitude des 
Auteurs anciens & modernes^ & 
que dans les Ouvrages qui , depuis 
peu , ont traité de fufage de VArtil^ 
lerie dans la guerre de campagne , // 
en ejl qui renferment quelques vérités 
fous une foule d^erreurs. Ce juge- 
ment qui [^aroit fans doute trop 
précipité & trop lïvèrc, fuppolc 



Novembre 1778. 1189 
clans les Auteurs une aveugle pré- 
vention pour d anciennes opinions ; 
ce font les expreffions de M. duTeil; 
ils y ont y dir-il 3 déclamé contre les 
câFets & les inconvéniéns d'une Ar- 
tillerie nombrcufe, s'appuyanc de 
THiftoire de tous les iiècles» qui 
n*oflFre rien de viâorieux pour accré- 
diter leurs opinions. Peut-on en effet ^ 
dit-il, comparer les tems de ténèbres 
& <r ignorance , au progris des Scient 
ces & des Arts fi généralement rc'^ 
pandas aujourd'hui? 

. Mais pour prononcer avec împar- ' 
tialité dans une qucftion fi impor- 
tante y il feroit nécefTaire de conful* 
ter les di^érens Ouvrages qui ont 
été publics refpeétivement par \çs 
Partifans de Tua & de l'autre iyf« 
terne. . 

M, le Chevalier du Tcil rraîtc 
dans un. Chapitre préliminaire, des 
changemens faits dans TArtillere de 
campagne , il prétend que du tems^^ 
de Vauban & d« Cochorn , les grands' ^ 
principes de la guerre étoient encore ' 



1x90 'Journal des Sçavans i 

ignores , & que la fcicnce de TAr- 
tillcric étoit bornée à Tatraque & ï 
ia déferife des Places; que de tout • 
tems les Généraux & les Troupes gui 
ont efcorcé rArriileric , n'ont ccflTè 
de fe plaindre de fon embarras , de la 
lenteur extrême de fa marche ,'& des ^ 
fiiires fâchcufes qui en ont fouvenc * 
refaite. Les batailles d'Ettingen , de ' 
Fontcnoy , dé Raucou , d'Haftein- ' 
bek , de Laufeld , de Bcrguen , de 
Greuninguen, de Johesbêrg, &c. ne 
femblent- elles pas devoir affoiblir \ 
un peu cette acculation , puifque la 
célérité des marches de TArrillerie '■ 
a beaujcoup contribué à leurs fuccès ; 
& d'epuis les nouveaux changemens 
dans rArtillcric, la diverficé aes opi- 
nions qui' exiftenr parmr les Artil- 
leurs , ne feroit-cUe pas une preuve • 
qu'on cft encore indécis fur la fupé^i 
ïioritc de Tune ou de l'autre ? 

L'Auteur qui fe décide, comme 
on le voit , pour la nouvelle Art il- ' 
lerie , & qui en prend la défenfe avec 
cAaicur, ptétcuddans foa premier. 



Novemhu ijj^» 1191 
Chapitre ^> que le raccourcifTement 
*î de nos pièces & la diminution de 
t' leurlpoids, quelques confidérablcs 
^5 qu'ils aient pu paroîcrc , n'empê- 
» chent pas qu'elles ne jouifTent des 
» mêmes avantages que les ancien* 
» ncs , tant pour la portée que pour 
>) la jufteflc du tire »'• Avantages 
véritablement très împortans 5 mais 
-quel parti le Lcdeur doit-il prendre, 
lorfque confultant les Ouvrages de 
MM. de Valtere , de Saint Auban , 
du Pujet, du Chevalier d'Arcy, & 
autres Auteurs François; ceux de 
MM. Euler , Robins , Anrony, étran- 
gers , dont la célébrité eft générale- 
ment reconnue j il voit que tous ont 
fait fur le canon les expériences les 
plus rigoureufcs 8c les plus exactes > 
& que tous redifent a l'Artillerie 
courte & légère les avantages qu'on 
lui attribue ici. 

M. du Teil continue daus ce Cha- 
pitre à foutenir que » la légèreté dts 
» pièces cft judicieufement combinée' 
H avec leur folidité , & qu'elles f eiW 
Z 2 z 2 iv * 



1192. Journal des s çavans f 
»> vent ctrc aifémenc mancruvréef 
pf avec peu d'hommes ^ à bras & fans 
H chevaux* Il ajoute que la manière 
» la plus iuteliigcnte avec laquelle 
n on peut manœuvrer cette Arrillcrîc 
» légère , cft la manœuvre à la pro- 
» longe , dont les épreuves ont été 
w faites à Metz & à Strasbourg. 

La jufte combinaifon des pièces 
courtes & légères , avec leur folidité , 
eft fortement conteftce par ceux qui 
prétendent qu'une pièce de canon , 
moins ^paiflc qu'une autre ^ s'échauf- 
fera plus promptcmcnt , perdra plu- 
tôt fa direâion Se fera plutôt hors 
de fervicc qu'une pièce plus chargée 
de matière. On peut confulter fur 
ce fujet le fupplément de TEncyclo- 

Kédie au mot Canon de bataille ; le 
lémoirc que M. de Valiere a lu à 
l'Académie des Sciences, dont il 
écoit Membre , le i^ Août 1775 » 
& les Ouvrages imprimés de MM. 
de Saint- Auban, le Chevalier d'Ar- 
cy , du Pujet & autres. 

Quant à la manœuvre à bras 



Novembre 1778. 219} 
d'hommes, M. de Saint Aphan pré- 
tend , ainfi qu*on le " voit 'dans fc$ 
Mémoires fur les douveaux fyftêmes, 

2UC , d'après les expériences de MM. 
^efaguillcrs , de la Brive , de Vari- 
gnon. Parent i Laurent» Belidor & 
autres, il faudroit pour manœuvrer 
& conduire en toute forte de terrein 
une pièce de 11, 75 homrnes, au 
lieu de 15 que rÀuteur lui affignc; 
& pour une pièce de .8 , 64 hommes 
au lieu de 1 1. A l'égard de là ma- 
nœuvre à la prolonge , il eft nécef- 
faite de remarquer que la diiFérence 
des tcrreiris peut faire naître beau- 
coup d'obftacles dan$\rexécùtioni« 

L'Auteur paflc cnfitite aux chan- 
gemens faits dans lArtillcrie pour 
la conftruûion des âffurs, charriots, 
pontons & autres voitures, & il al- 
lure que 'ces changemcns ont été' 
faits avec la plus fcrupuleufe précis 
lîôn , poUr remédier au vice d'ine- 
xaâitude qui cxiftoit auparavant 
dans tous les effets de T Artillerie. Il 
tft certain qu'en changeant la forme 



2194 Tournai des S çavans "i 
de rArtilleric^ on a dû changer 
celle de routes les machines qui en 
dépendent ; mais eft-on en droit en 
confcquencc daccufer d'inexacti- 
tude, tous ceux qui ont dirigé juC- 
qu'en 1 764 l'Artillerie , n*eft-cc pas 
leur reprocher une incapacité & une' 
indolence inexcufables\ quoiqu'ils 
aient donné des preuves du con-> 
traire ?. 

M, le Chevalier du Tcil emploie 
plufîeurs pages de fon fécond Cha- 
pitre , à faire connoître tous les 
avantages de la haujfe & le ridicule 
ufage des. coins de mire, auxquels, 
dit-il, la vis de pointage, doit erre 
préférée. M. de Valiere s'eft propofe, 
dans le Mémoire déjà cité , de faire 
voir tous les vices & tous les défauts 
dans la pratique de cette haufle. M. 
de Saint- Auban dans frs Mémoires, 
expofe également ces mêmes défauts 
& les inconvéniens de la vis de poin- 
tage; il étoit donc néceffairc que 
l'Auteur examinât ce qui a cré dit 
2 ce fujct & en fît voir le peu de fo- 
iidité. 



Novembre- ij'j^. ii*9$ 
. Dans le troifième Chapitre, M. 
du Teil traite des cbangcinens qui 
ont été faits dans la charge des pièces 
de campagne , relativement à la pou- 
dre 9 au bouler & aux cartouches à 
balles. Il cxpofe rous les avantages 
qu'il trouvé dans la rédudian des 
boulets à une ligne de vent , c*eftà- 
dire à moitié de celle qu'ils avoienc 
auparavanr. On entend par le vent 
du boulet, le jeu plus ou moins grand 
qu'il a dans la pièce. L'Aureur ajoute 
que la diminution des charges pour 
les pièces de rArtiilerie nouvelle e(l 
une économie très confiderable pour 
la poudre. En expofanr les avanta- 
ges de la réduâion des boulets à une 
ligne de vent, il n auroir pas été inu- 
rilc que l'Auteur eût répcmdu aux 
objcdions de ceux qui difenc que 
Us boulets ainfi réduits , peuvent 
rendre inutile toute une Artillerie, 
les boulets fe refufant aux pièces ^ 
& les pièces aux boulets , après quel- 
^uc<; coups tirés y par la craflc que 

Z 2 Z Z V) 



iiytf Journal MsSçav ans l 

dépofe la poudre dans Tame def 
pièces. 

Quant à Téconomie de la poudre i 
occafionnée par les plus petites char« 
ges , il eft dit dans le fupplément de 
TEncyclôpédie , au mot Canon de 
bataille y que fi Ton crtipîoyoit de 
plus fortes charges ^ non-feuiemenc 
elles contribueroient à la prompte 
deftruâion des pièces légères, mais 
que celles-ci porteroient leurs bou- 
kts moins loin , quoiqu'elles eufTent 
beaucoup plus de recul & plus d'cf- 
fortis fur leurs afFiits 5 parce que les 
boulets fcroicnt fortis de la pièce 
avant Tinflammation totale des 
charges. On voit page 78 du pre- 
mier volume des Mémoires deSaint- 
Remi, édition de 1745, que des 
pièces femblables dans tous \ts ca- 
libres à celles qu'on vient de pro- 
duire , ont été propofées au com- 
mencement de ce fiècle , & qu'après 
les épreuves que leur firent fubir 
MM. delaFreliliere & du Mcz alors 



Vtovtmhn 1778. itjf 
Généraux de rArtilletie > ces pièces 
courtes & légères furent profcri tes,- 
& qu'on fit refondre toutes cellei 
qui fe trouvoient dans les Arfcnaux. 
Dans le même Chapitre, l'Auteur 
dit que la pièce de 1 2 porte fa car- 
touche à 400toifcs, celle de 8 à* 
3 50 , & celle de 4 à 300. Mais dans 
un Mémoire qui eft inféré dans un 
Ouvrage intitulé : Mimoins authtn* 
tiques fur F Artillerie , on lit que 
» tous les coups tirés à boulet avec 
>>une pièce de 12 au-delà de 400 
^ toifes , font en pure perte , & que 
M ce n'eft qu'à 300 toifes que loii 
» canone ta ligne ennemie avec pro* 
» fit ». De plus , M. de Saint-Auban 
dans fes Mémoires fur le nouveau 
Syftême d'Artillerie, prétend qu'il 
eft contre toutes les Loix naturelles 
& phyfiques, d'attribuer à une même 

fièce de canon des portées auQî 
tendues avec la cartouche qu'avec 
le boulet : il donne pour le prouver^ 
la comparaifon du (uTil tiré à baie , 
& tiré cnfuite avec le même poids 



2i>S Journal des Sçavansit 
de plomb divifé en grains; il appuie 
encore fon fentiment fur des épreu- 
ves qu'il die avoir été faites à Doud[ 
en 1775 , ^^ ^*^" * ^^ ^^^ Teffcc 
ucil^ de la cartouche avec les pièces 
courtes & légères , n étoit qua 80 
ou 50 toifcs au plus* 

Dans le Chapitre quatrième > 
l'Auteur montre quelle doit être la 
combinaifon des mouvtmens des 
troupes avec l'Artillerie ; il eft né- 
cefTaire d'établir ces principes , mais 
la différence des terreins que l'on ne 
peut avoir à fon choix , ne peut elle 
pas apporter des obftacles à cette 
harmonie entre l'Artillerie & Us 
troupes? Il paroît que dans tout ce 
que l'Auteur a dit ju(qu*ici, il a beau- 
coup fait ufage du Livre intitulé: 
artillerie nouvelle par M. Ju Coudrais 
Dans le refte de TOuvrage il 
traite de la défenfe des camps re- 
tranchés , des affaires de poftes , des 
faflages de rivières relativement à 
Artillerie , des defcentes ou débar- 
qucmens, de la guerre de mootsr 



Novembre ijj2. 219^ 
gneS toujours relativement à rArtil-^ 
teric qui eft lobjct de fon Ouvrage» 
des mouvemens ou de la raâique de 
If Arrilierk , de la connoilTance de» 
terrains & de reftimation àzs dif-^ 
tances , & enfia de l'attaque & dé<^ 
fenfe des places* 

NxMis^n entrerons^ dans un plu5 
grand détail fur- cet Ôuvrage^donc lé 
%m eft d'appliquer rAstillerie.npiil 
velle aux opérations dfe k guerre de 
campagne. Nous avons cru devoir 
étptMet en wr«tic-tems ce qm avoit 
été dit précéderamenr, non pour dé- 
tAiire le Priment de TAutear y mais 
pour mettre ke Lcâemr en état d'exa*» 
miner par lui-même. On cft fi par- 
tage fur ce fiijet, qir'il eft néceflaire 
de connoître \t^ différentes ophiions 
& ce quon allègue de parc & d au^ 
tvepdur \ts défendre & les foutenir v^ 
ce n*eft que par ce moyen & jcd réjl- 
térant chacun de fon côré les expé- 
riences, qu'on peut parvenir à fiaîre 
des découvertes utiles qui> en mon- 
trant les inconvéniens de l'un ou. àm 



iioa JourHal des^ Sçavaii^ 
1 autre fyftêmc , fcrviront à faîrtf 
adopter celui qui en prcfcrtc Itf. 
moins , ou à en faire naître un nou- 
veau qui tiendroit un jufte milieu 
entr€ l'un & l'autre. Ceux qui veu- 
lent s'inftruire fur cette matière , peu» 
vent lire ce qui a été écrit par MM; 
de Feuquières , les Maréchaux de 
Vauban , de Saxe & de Puifégut s 
MM. de Mczeroy , de- Coritionta- 
gne y le Chevalier de Clairak • MM. 
d'Antoni , de Mouy , de S. Auban , 
du Pu jet, & autres Ingénieurs & 
Artilleurs dont la célébrité eft con« 
nue; la leâure de leurs Ouvra- 
ges contribuera à fixer le jugement 
que l'on doit porter fut celui que 
nous venons aannonccr. Ce.n'eft 
point à nous à prononcer fur des 
matières fi importantes , nous nous 
bornons à préfenter les opinionsdif: 
fércntes, ";'* 



Novembre 1778. izoï 

Précis (THifiolre Naturelle , cx^ 
traie des meilleurs Auteurs frati'» 
çois & étrangers ; fcrvanc de Suite 
& de Supplément au Cours de 
Phyfi^uc & àrHiftoire Naturelle 
du Globe » & formant la cin- 
quième* Partie des Opufcules de 
M. TAbbé Sauri , Doreur en Mc- 

- decine & Correfpondant de TAca* 
demie Royale des Sciences de 
Montpellier* Tome IIL Ce Vor 
lume, qui contient Thiftoire na*^ 
turellc des Olfeaux , fe vend fé* 
parement 2 liv. 14 f. A Paris, 
chez TAureur, hôtel des Tréfo-^ 
riers, place Sorbonne. 1778. Avec 
Approbation & PrivilégcMu Roû 

DANS les deux volumes pfccé- 
dens que nous avons annoncés, 
M. TAbbé Sauri a donné Thiftoirc 
naturelle des infcûes, des vers, des- 
fauterelles , des coquiUagcç , des crut 
racées , des poiflbna; des polypes , 
des zoophites , des animaux amphi** 



1102 Journal des S çavanSj 
bics, du lion, de Tours , du veau ma- 
i jAj des vaches marines ou morfes, des 
reptiles, c'eft-àdire, des fcrpcns , 
des lézards, des lalamandres, des 
crocodiles , &c. Il traite dans ce vo- 
lume de tout ce qui regarde la figure 
& la façon de vivre des pifeaux. On 
trouve à la tête du Livre un A ver* 
tiiTement curieux fuivid un Difcours 
intcx;efrant fur les mœurS des oifeaux, 
dans lequel il a comme fondu roue 
ce que Us Naturaliftes & les Voya* 
gcurs anciens & modernes ont die 
de plus remarquable fur les oifeaux. 
L'Auteur examine cnfuite quel cft le 
fens le plus parfait dans ces animaux^ 
& fait voir que ceux dont le vol cft 
le. plus élevé & k plus foutenu > ont 
auffi la vue la plus parfaite. On 
trouve dans cet Ouvrage plufieurs 
moyens amufans dont çn peut faire 
ufage pour prendre les oifeaux , prin- 
cipalement le geaJ , la corneille & 
le corbeau \ la manière de dreffer les 
faucons , foit pour la chafle des oi- 
feaux y foit pour celle des quadrupè« 



Novembre ijjB* ~izoj' 
an ; une méthode fingulière pour 
cngraifTer les oies , avec le moyen 
de guérir les oifons de différentes 
maladies donc ils font attaqués ; un 
fecrec pour empêcher les poulets de 
faire au dégât aux vignes & aux 
treilles , ce qui n*eft oas un petit 
avantage dans les pays ae vignobles : 
enfin ce Livre joint Fagréable à ru« . 
tUe ; les mœurs 8c la figure des oi*^ 
féaux y font bien décrits^ & ce qu'il 
y^a de plus furprcnant , c'cft qu'on' 
trouve dans ce feul volume plus d oi- 
feaux que dans les (ix volumes de 
l'Hiftoire Naturelle qui ont paru juG. 
qu'ici relativement à TOrnithologiew 
L'Âuteiir paroît avoir mis à contri- 
bution tous lc% Naturaliftes & les^ 
Voyageurs anciens & modernes , les 
Mémoires des différentes Académies 
de l'Europe &les Oïlvrages périodi- 
oues ^ui ont annoncé les différentes 
découvertes qu'on a faites depuis la 
publication des ^derniers volumes àt 
l'illtilbre M. de Bufl?bn. En effit , cc- 
S^avanc n'a parlé jufqu'ici ni da Cq^- 



1204 Journal des Sçavahs'l 
limbe, ni du Liomcn , ni des Alcyons; 
ni des Mouettes 3 ni du Coucou de 
Loango dont le chant eft fi fingulier , 
ni du Coucou indicateur du Cap de 
Bonnc-Efpérancc , nouvellement dé* 
cric dans les TranJaHions PkUof<h 
phiques , qui a la propriété d'indi- 
quer aux voyageurs les rayons de 
tniel (àuvagey ce qui Ta fait nommer 
par les hoilandois Honig - wy^er , 
Montr^miiL » Les hoilandois & Its 
•> hotrentots , dit M. Sauri, ne font 
•••pas les feuls que ce petit guide aîlc 
*»• conduire à la découverte du miel; 
»* il y conduit encore une efpèce de 
*3 quadrupède qu'on nomme Ratel ; 
»>^ peut-être rinflind de cet oifeâd 
9>eft-il une fuite de fes propres bc- 
M foins i ne pouvant piller lui-même 
»> les ruches ifolées , il appelle à fon 
»aide un raviffeur plus adroit» & il 
•«.eft obligé de fc contenter de fcs 
wriftes Le matin & le foir font les 
»> rems où il cherche fa pâture , & oti 
>' l'entend alors appcller les voya- 
#»gcufs par un cri aigu, chm^ chcn: 



Novemhn 1778 2105 
w les chafleurs font tiès-attcntifs à ce 
» cri , & ils lui répondent de tem&:à 
*> autre dans un ton plus bas 5 juf- 
t> qu'à ce qu'ils foient à la vue de cet 
»*oifcau9 qui, Ah qu'il les apper- 
w çoit , va planer fur l'endroit où il 
•> a découvert une ruche ; mais , ce 
>» qui eft encore plus remarquable i 
•> fi quelque accident retarde le cha(^ 
»feur, ou qu'il s'arrête à deffein^ 
H Toifeau redouble fon cri ; & (i cc- 
M lui qu il appelle ne vient pas en- 
«• cote , il retourne aurdevant de ce 
«» chaifeur négligent , comme pour 
»> lui reprocher fa lenteur ou foninac^ 
M tien. Quand le chaflèur approche 9 
«>roifeau voltige fur. la ruche pen- 
»> dant quelques iaftans , ic eniuke 
•» il fe tapit dans le buiffon le plus 
•• voifin ,^ pour y être témoin de Té- 
tfvènement. Là on le voit attentif 
• à tout ce qui fe fait , regardant 
id'un œil inquiet tout ce qui fort 
de la ruche > & attendant avec i|oe 
forte d'impatience qu'on lui donne 
fa part du bucia ^ ce que le ch^fr 



iloé Journal dèsSjçavhns i 
M feur ne manque jamais de fâfro ; 
»» ce demiet laifTe à fon pecic oon* 
M duâeur un morceau de miel ^fuS-* 
j> Tant pour ne pas tromper fbn ac- 
*' tente , mais qui n'eft jamais afièz 
»3 confidérable pour affouvir fa faim ; 
•> car fes befoins une fois fatisfaits» 
M il difcontinueroic fa chaffc. *' 

Des Naturalises célèbres avoient 
avancé que le colibri ne fe nounic 
que du fuc des fleurs , parce qu'on 
le voir plonger fbn bec dans leurs 
calices ; ce mais en obfervanc avec 
"plus de foin 5 dit M. Sauri , on 
•> auroit reconnu qu'il ne fréquente 
« les fleurs que pour dévorer les in- 
w feâres qu*ii trouve dans leur cali- 
»>^cc.« Nous n'avons rapporté cette 
obfcrvation que pour faire compren- 
dre avec quelle cxaftitudc & quelle 
précaution l'Auteur a étudié les. phé- 
nomènes de la nature ; car cette er- 
reur a été commife pr des genrtrès- 
verfés dans PHiftoire Naturelle. . 

M. Sauri a déait avec précifiou 
êc clarté les oifeaiu Jes plus întéccf-: 



Novembre 1778. 11*67 
fans, en s'actachant aux phénomènes 
les pliK certains & les plus remar** 
quables. Ces oifeaux font^ le grand 
aigle ou l'aigle royal , le petit aigle , 
le piguargue , rorftaie ou le grand 
aigle de mer, le balbuzard, le jean- 
le-blanc , les vautours , le percnop- 
tère , le grifFon , le grand vautour , 
le vautour à aigrettes , les petits 
vautours , le gallinaça, le milan , 
le milan noir, la bu{è> la bondrée> 
le bufard, répcrvict, rautoùr^-lc 
gerfaut , le lanier , le (acre , les Êiu- 
cons , le hobereau y la crèflcrelle -& 
Tcmerillon, les pies - gricches , le 
■condor, les oifeaux de proie noc- 
' tmncs , le grand duc , la hulotte bu 
le corbeau de nuit , l'effraie , la 
chouette , fautruche , le touyou , 
le cafoar , le'dronte > le folitaire de 
rifle Rodrigue, Foifeau de Nata- 

• xcth , l'outarde vulgaire, les poules, 

• le coq de Bruyère, la gelinotte des 
'Pyrénées , le coq-d* inde , le coq de 
^ntarm , Tattagas ou frâncolm , le 
lagôpdje 9 Toie imiBette > les c(r- 



zioS Journal des Sçavans i 
cdies i- la poule d'eau y la inacteafc^ 
le puffin i la foulque , les pingouins , 
les cygnes , l'imbrim y le liomen , la 
grèbe ou le colimbe , le plongeon f 
les alcyons, la pintade , Thiron- 
délie de mer , les mouettes , le hac- 
ker, les hirondelles étrangères , le 
{»aon , le faifan , le hoco , le hoic* 
allorl j la perdrix , la tourterelle , 
le coucou > le coucou de Loango , 
le coucou indicateur» le corbeau» 
le cormoran , le pélican » le héron , 
la cigogne , la grue , les corneilles , 
le pic ou pivert ^ loifeau de combat 
ou paon de mer , le phenicoptère ^ 
loifeau de neige , Toifeau de Scy« 
thie , l'oifeau railleur , le toucan j^ 
le perroquet , l'oifeau des plumes du 
Mexique , loifeau de tempête, loi- 
feau verd du Cap de Bonne-Efpé* 
raiice , Toifcau de feu, loifeau de 
paradis, le magnifique de la nou- 
velle Guinée > le manucode noir de 
la nouvelle Guinée, le fifilet > le caly- 
bé de la nouvelle Guinée, le grand 
promerops de la nouvelle Guinée ^ le 
çique-b(ruf^ 



Novembre 1778» iloj 
pîquc-bœuf, rétoiirncau, le com- 
mandeur j le carouge du Mexique » 
le loriot , la grive , la licorne , le 
mauvis ou touret, le mocqueur^le 
colibri , l'oifeau - mouche, le mo- 
loxita, ou religieufc d'Âbyffinie , le 
marcin, le jafeur» le bcc-croifé > le 
gros bec d*Abyffinie, le gros-bec de 
la Guyane , le bouvreuil » les moi« 
ncaux , le verdier, Tortolan , la veuve 
tfC le curbatos, le japu, le rodignol, 
la fauvctce , le ferin & les tarins , la 
linotte , les mefangcs , le pétrel , le 
gorge- rouge, le roitelet, les chau-; 
vcs-fouris , la rouflette , la rougette, 
le vampire, la chauve- fouris terde- 
lance & autres chauves- fouris nou« 
vcllcment connues. 

Comme les chauves-fouris redèm* 
blent aux oifeaux par les aîles , ic 
aux quadrupèdes par plufieurs caracr 
tères communs, favoir^ les pott- 
mons , le coeur , les organes de lagé* 
nération & tQUSr les vifcères, M. 
Sauri a cru devoir terminer fon troî- 
ftcme volume parles cbauvcs-fouxiSi 

Novimbn^ A a <( ;i n 



tiLO Journal des Sçavans f 
<|ui formant , -pour aind dire > le pa& 
iage entre; ks oifeaux & les quadru- 
pèdes dont il pariera dans le volume 
iiiivanr« 

DlSÈEKTATlojf fur U Compa^ 

• zaifon des Ihcrmomhrcs par J. H. 

• FoB^vnnden , Pf ofcflcur de Phi- 
lofopbie en rUnivtrfitjé'de Frane- 
ker en FtiTe ^ Correrpondant de 

. l'Académie Royale ûc& ScUucçs 

< da Paris » Membre Ats Socicrés de 

. Harlem fc d'Utrechc A Amftçr^^ 

> dam^ chez Marc-.Mkhel Rcy« 

1778. Ou en trouve des Exçmr 

Elaires à Paris y chez Leclerc, Li^ 
raire , quai des Augu(lins« %&Q 
pages i/i-S . avec figures. 

IMT ^^" Swindcn s'cft déjà! fait 
JL^JLi connoîcre par im exceUenc 
-MéfnakeXui: l!aimant, qui a par^ 
^gé Le pjnx de l'Académie Royale 
.Jtes Scichûis en 1777 ^ & .^ans le.* 

2ueLon a ^«u combien il s'cft .occupé 
e laMétéosologie. Si Ton n leeardé 



<*et!e pamc;de la Pbyfique Gomme 
4in ob.jjet4e.pure cttrk>(itéj & donjc 
on nçfyétoit pas cirer grand parti; 
ceft qu'il y avoir deux raifons qui 
concouroiencà rendre problématique 
l'utilité de cette Science : première- 
fnent , tant que les obfervations mép 
xépi^olpgîquefi ont été ;ifolées s Sç 
iqu'oa ;f)e J*e(l 'poinc appliqué à las 
^rapprocher Se à les çoniparer en» 
ie.mbl<: 3 .elles ne paroiiïoienc .ps^ 
;dans cet état pouvoir répandre beau- 
coup de jour fur la Phjraque des mé» 
liéoresy fur ion influence xel^ivei 
-i'économie^ animale.^ à Tagncultwp. 
■Secondement pnfaifoit peu de-fonds 
ïfur ks obfervations mécéoralpgil{uesi ^ 
:À caufe de Timperfeâioii des înAru^* 
4nens donton (è fervoit^ qui n'étoient 
|>oint comparables ^ ouétoient conC- 
îtruits fans précaution ; la comparav- 
lùm des Qbfecvations faites en di^À^ 
xens lieux dev^noit iinppOîhle* . • ^ 
On a fenid ^aoslties oeroiers ?erns j 
-combien ces deuXrobftadesÂOf^lo-. 
ibîenc auK pio€t&s de U ^hr^ioUh 



^ 2 1 i Journal des Sçavans , 

gie , âuffî les Phyficicns fc font-ils 
empreffés cfy remédier , en commu- 
niquant leurs obfervations , afin 
iqu'on put ics rapprocher & les com- 
biner cnfemble, ce que M. Cotre & 
M. Toaldo ont fait avec fuccès ; en 
même tems on a travaillé à donner 
aux inftrumens un degré de perfec- 
tion qui leur manquoit. Nous avons 
annoncé avec les plus grands éloges 
rexcellcnt Ouvrage de M. de Luc , 
fur les Modifications de taimofphire , 
dans lequel cet habile & exad Phy- 
lîcien nous a donné des règles fiircs 
pour conftruirc avec toute la jufteffe 
poffible des baromètres & des ther- 
momètres, fur la marche defquels 
on pût compter ; il nous a encore 
appris depuis à donner aux hygro- 
mètres un degré de perfc6kion qu'on 
n'avoir pu obtenir jufques-là, comme 
on l'a vu dans le Journal de Phyfique 
de M. l'Abbé Rozier. 

M. Van Swinden qui s'applique 
avec zèle depuis 1771 aux obfcrva- 
-r^ns météorologiques j a cru que 



Novembre 1778. %i\y 
le premier objet dont iUevoit s'oc-, 
cupcr avant de publier Tes obfèrva«, 
tionsj étoit de nxer Je rapport exaâ. 
de tous les thermomètres qu'on ^ 
employés jufqu'ici j afin que le lan« 
gage de chacun étant bien entendu, 
on pût profiter des obfervations ré- 
pandues dans les Livres dePhyiîque. 
Ç'eft ce qu il a fait dans cet Ouvrage , 
qui annonce un Sçavant laborieux, 
& éclairé, & par lequel il a jette un 
grand jour fur cette matière. 

Après avoir déterminé ce qu'on 
entend exadcmcnt en Phyfique pax 
le froid & le chaud , il parle du ther- 
momètre en général qui fert à me-*^ 
furet les degrés. Deux conditions, 
font néceiTai rement requUes pour la, 
perfeâion de cet inftrument; la pre-. 
mière, c*efl; que la mefure du froid 
& du chaud , parte d'un point déter- 
miné, invariable, connu ; la fé- 
conde, c'eft que Ion étabiilTe \t% 
degrés de l'échelle, félon quelque 

Proportion connue ic conftanta.. 
/Auteur çxpofe comment ces deux 
Aaaaau\ 



aï 14 JoumêldiS S^a9M^ 

conditions ont été remplies par les 
difiîrens Phyficicns qui ont travaUli 
à perfeâionner les thermomètres le 
en quoi confidentiel diâRérentes mé- 
thodes qu'ont fuivics Fahrenheit» 
Réaumur, dé Lide, Bec. pour par* 
venir tous au même but. M. Van 
Swlnden remaraue avec raifon^ en, 
parlant des fluides que l'on emploie 
dans la conftruâion des thcrmomè* 
très, que le mercure doit ctrepréftré, 
parce qu'il peut fiipportcr de bien, 
plus grand degrés, de froid que l'ef?» 
prit de vin fans fe geler, & que d'ail-* 
leurs fa marche eft plus uniforme. 
On fçait qu'en général les fluides (c 
^'dilatent lorfqu'ils fe gclcnt. Oh a 
obfcrvé pendant le froid rigoureux 
de 1776, qucTefprit de vinnedef- 
ccndôit pas anflî bas que le mercure 9 
parce que Teforit de vin approche 
dans ces froids extrêmes, du point 
où il peut fe geler , & au'à mcfurc 
qu'il en approche,, il éprouve un 
commencement de dilatation. Ceft 
imc obfptvation qui n'a pas échappa* 



Novembre 1778. amç 
aux Académiciens qui allèrent aa 
cercle polaire en 1756 ; iU virent 
trois thermomètres à efptit de vin 5 
monter de plvfieiurs degrés dans le 
tube 9 quelque tems avant que la li« 

3ueui (e congel&t. Le mercure mérite 
onc 1^ prétércncer M^ de Luc m 
prouvé par de très-bonnes expéricn» 
ces , & M. Van Swinden les rap* 

Sorte ^ que les dilatations de çf 
uide font bien plus confiantes 8c 
bien plus uniformes que celles de 
toutritre fluide. D&»là vient que dans 
deux thermx>mètrcs , Fun à mcrcurcr 
Tautre à efprit de vin, dont les 
ichelle^ auroient ^té eraducfes pat 
des expériences immédiates à It 
glace & à Teau bouillante , la mar^ 
che ferait cependant différente j 
parce que la loi de leurs dila^cation^ 
n'eft pas la mémer 

Lorf^u'on veut comparer des thcc^ 
momètres de différentes condrucr^ 
tions, il faut donc avoir égard , i^. 
aux difFércnrcs manières dont les 
Auteurs ont établi les points fîxejf.- 
Aa.aaaiv 



iii6 Journal des S çavànt 
Comparer cnfcmble les 
mècres qui font de la mêi 
& compofés de la même 
ayant atrcntion de prendre d 
ÏC5 pltrs Éloignés l'un de l'ai 
cfl paflîblCj parce que le 
qu'on peut commettre al 
moins fcnfiblca; il eft mêr 
qusfoîs néccffairc d'cmplo 
points dans cette compara 
malgré toutes ces prccaut 
faut s'attendre encore A troi 
ïrréfTularîtés qui peuvent ^ 
partie du défaut des tube! 
partie d une autre caufe que 
propofe comme une cor 
mais qïTi mérite attention : > 
n les boules des thermomè 
f\ fermées par en bas , dit 
*i Swinden , & que le me 
»> fniîtcnu par la partie infé 
» la houle, comme par un p 
» mobile, il me femble qu 
*> comparer les thermomct 
» pyromctres ordinaires, v 
^ guels la lame qu'on épr 



311 



Noycmhre 1778. ^îi?^ 
i^ appuyée, d'un.cpré contre un point', 
>> immobile, & ne peut fe mouvoir , 
H fe djlater^ fc condenfer que de 
I» l'autre. Maïs. . ... les dilatations 
ni 'éprouve une lame ainfi placée » 
iflfèrent beaucoup y fcloA que la 
ff chaleur modifie la lame différem* 
» ment , & font très diflFérentes de 
») celles aue fubit la oiême lame 
>9 lorfquelle eft libre des deux côtés^ 
»> & qu'elle peut par conféquent fç 
M dilater ou fe condenfer de 1 un &: 
>» de l'autre à là fois. Or la réfiAance 
n que le mercure qUi ne peut fe mou- 
w voir que vers la partie fupérieureV 
» éprouve tant de la partie infé- 
w rieure de la boule , que de la fu- 
» pericure , contre-les parois du tu- 
» be, diffère trcscertaincmcnt félon 
H la grandeur éc la figure de la 
»> boule.... Il feroit à fouhaiter que 
» Ton fît une fuite d'expérience fui; 
n ce fujet important »». 3^. Lorfqu'on 
compare des thermomètres de difft- 
xentes fortes, un â mercure, par 
exemple , & un à efprit-de-vin , il 



3h I s Journal des Sçavarts; 
faut faire attention que la projpor-- 
tîon des degrés fera différente >lclon' 
qu'on prend tel ou tel point pour- 
terme de comparaifon, ainfi que nou^ 
Tavons dit plus haut 5. il faut donc 
favoir quels font les points fixes- 
dont ons'eft fcrvipôur cette compa-p 
faifon. 

Ce font la Jes règles qa'if afuî-- 
vies dans la compafaifoh'd"ej5 rfeer-- 
momècres dont il parle, qui font au 
nombre de foixanre,,.. (ans y com- 
prendre cinq efpèces de rhermomè- 
îfes mctaffiqucsi Nous ne pouvons" 
fuîvre TAuçcur dans les difcuflîons 
où il entre fur tous ces .thermomè--' 
très. Nous allons feulement rap- 
porter les noms des plus connue) 6c 
nous en donnerons là rapport. 

M. Van S\Mnden divife en tfoîs 
daiTcs les thermomètres donf on a 
fait ufàgc» jufqu'à préfcnr. . ï-a prc- - 
mvère claflc contient les thermomè- ■ 
trts qui font aâuellément les plus 
Il fîtes . tels font .ceu!< de M. de" 
.^îtâ'.imur î ;fok à lAercure, foif à. 



fCffpTtr-de-vin , & fingqlièrcmenr per^ 
fe(5Vromîés par NI* de Lucv e'eft dV 
'près ce Sçfkvant que M» Van Swin- 
den en parie ici^ & ce font ces tb^t- 
momèrres,,. fur-roue celui de iner- 
<:urc qu'il fait fervir ci*étalon & d^ 
terme de comparaifon dans un grand 
Tableau , rupérieuremtst gravée qifi 

dtCTRiine fon ouvragie> & dans Icqu^ 
il compare à cet étalon ^ degrés par 

Agrès y vingf-fix autres tbçrmoniè- 
fres , & cette partie de l'ouvrage de 
l'Aucetir , n'cft qu*un extrait axèn- 
bien fait des recherches & des expé- 
riences de M. d»i LuCj fur ce qu'il 
appelle rjtict<«omctres de Ré^umur;: 

-nout en avons parié çn rendant 

compte de l'ouvrapc de M. de Luc, 
qui le pieniier a fait voir qu'on rte 

/avoir f^i exatSefnent ce que l'on* 

.•vouloir dire par le niot de ,tberq\p* 

:iiiètre de Rcaumur. 

A la première cJaflè apparti«nneii^ 

,esncarc les thernrK) narres, de fahre^i^ 

Jiejr, dont M. VanS 'indcn difti^ii^ 
A a a a va vj; 



21 zO Journal des Sçavansi 
guc trois cfpèces , outre deux autres 
qu'il appelle yÂ/^;r thermomitres de 
Fahrenheit , parce qu'ils ne font pas 
gradués d'après les trois points fixes 
dont M. Fahrenheit s'étoit fervi j 
quoiqu'ils portent l'cchellc de cet 
artifte \ ces trois points font ceux de 
la glace au moment où elle fe for- 
me 9 du feu artificiel produit par un 
mélange de glace &c de kl ammo« 
niac , & de l'eau Bouillante. Il re- 
garde comme des imitations du ther- 
momètre de Fahrenheit ceux de 
Bernsdorf , de Chrétien Kirch , de 
Hanov , de Fowlcr , de Bergen y de 
Ludolf & de Miles ; & comme des 
imitations du thermomètre de M. de 
Réaumur , ceux de MM. Sauvage , 
Mayer & Briflbn. Il place enfuite les 
thermomètres ' à Tefprit-dc-vin & à 
mercure de M. de Lifle, le thermo- 
mètre dç Mikeli de Creft , celui de 
Suède ou de Cclfius auquel M. 
Stroëmer a fait quelque change- 
ment, celui de Lyon ou de M. 



:hrift 



Novtmhn 1778. iin 



in qui ne d 



iiffère 



pas 



du ih 



ce* 



^jnomètrc de Suède , & enfin celui 

le Bird. 

Il emplaïe le calcul ponr parvenir 

dee CI miner le rapport de chacun 

|cs rhcrmomècres qu'il examine avec 

telui de M. de Rcaumut ou de M* 

|e Luc à mercure; on y remarquera 

'irrout la difcuiTion qui roule fui les 

aermomètres de Fahrenheit & fur 

peluj de Mikeli de Creft, 

L'Auteur réunit dansJa féconde 
Ëlalfcles thermoïîièrres moins tîfitéï 

I aujourd'hui » mais qui ont été eonf* 
^uits d après des points fixes > ou 
bu on y peur réduire avec certitude, 
Pc ce nombre font ceux de la Hirc, 
dont lechandilon quclonponedoit 
^ depuis plus de 80 ans à rObfcrva- 
I toirc, a été malhcureufèmcnt brifé 
peu de temps avant l'époque du 

!|rand froid de 1776* ou il auroir 
ité mile pour comparer ce froid 
pec celui de 1709 , que ce même 
ifcermomèrre avoit fervi à mefurcr ; 
celui de Newton I compofé d'huiic 



±111 Jojdfnai des Sçavanri' 
Se lin, Se dont les principes dè- 
,conftu<aion portent J'cmprcinfe du' 
génie de ce grand homme, lia fait 
avec ce thermonnètre une belle fuite* 
d'expériences dont il faut voir le dé- 
tail dans rOUvcage de notre Auteivn- 
Les thermomètres à mercure & à 
fefph-de-vin tfAmoiitôiisv,.* ceux 
de Polcni , Criiquius & BalthaflTart 9 
qui ne fontqu*une imirâfiod de ccor 
.4^Amontoii5. Le thermomètre c^p' 
Dcrham que M. Van S-^indcn ap-- 
} elle Dernier; celui de M. de la 
Court , holJandois ; le thcrn[W>mètrc 
du Do<aeur Haies ,. dont ce Sçavant 
jR-eft fervi dans les Belles eiçpéricnccs 
qu'il a faites fur les véj>étg[ïKr, celui 
dcRichtcr, le rermomètre d*Edim* 
bourg, c^ux»dc:Revillas& dcSulzer. 
Dans- latroifièmc fc^ion il cta^ 
blit une cc>mpara»fon générale de 
tous les thermomètres compris dans 
les deux prcuiierei.claffes. 11 parle' 
ià^s dtfférôntestables de compara fon 
qui ont été faites jufqu-à préfe»r,. 
•^t^llcs fomjCclUs duPofîi<?ur M^^*- 



fine que Ton miuve dans les EfTaiS'r 
de Médecine & de Phyfiquc de ce. 
fçavaiK Médctsin ,, & qui ont été co- 
piées .parplu(ieurs Auteurs; celle de 
M. Grifcbo-W inférée dans le Tome 
VI des MifcellàncéL Btrolintnfia ;, 
celle de M. Moitimec dans le 44^ 
volume dcs^ TranJaBions Ptnlôfcf^ 
phiquesy pagr G^x .; celle que KL- 
de la Laode a^publiée dans la Con* 
noiffùnee desTcms de. ir^6z., pourr 
Its thermomèries deRéaumur, de 
Delifle , de Eahrcnbcit & de de la 
lîirB , cette que M. l'Abbé Rozier a* 
inférée Akv^'ÇotiJûutmei de Phyfi^ 
qut^ annii tjjni enfin celles qui 
ibm iril*féirt:daE»J-0uvragc dci M., 
d£ Luc 9 & dans te Traiti dt Mitéa^ 
rohgie de M; Cotre , oè Ton trouve 
One difeuriScin' Àt chaque tbermo- 
rtiètre à-pcii*ptèsf ftmbJablc à celle 
dihiSjfaVftnt ProféiTciu^dè -Praoeker^ 
itM% cdiitrdi' a- beaucoup ctxchéri 
tùtc rout*^ k»tabks qM nous venons 
/de citer, cdmine ^n p«ut le svoixen 
jtttant les jx(w iîir le tableau îda^ 



2. 2 2 4 Journal des Sçavans y 
comparaifon qui unn ne fon excel- 
lente Diffcrtation , & qui fera d'un 
ufage indifpenfable pour les Phyfi- 
ciensqui voudront apprécier les di& 
férentes obrervations météorologi- 
ques faites jufqu à prcfcnt. : C'cft en 
vue de cette utilité que. M. l'Abbé, 
Mell a placé dans ks Ephcmcridu ^. 
annUîjyj , pa^ 2oz 9 une table oîi 
il compare au thermomètre de M. ' 
de Réaumur ceux de DeJjflc, Fah- 
renheit & de la Hirc, & il donne à 
la pag. 2^3 6' fuiv, un modèle du 
calcul qu'il faut . employer dans la 
comparaifon des thermomètres en 
général. 

M. VanSvJndcn examine enfuitc 
laquelle de toutes les échelles des 
thermomètres connus mérite d'avoir 
la préférence fur les autres ? On croi- 
roit que l'Auteur qui habite un pays 
où Ton ne fait ufage que du ther- 
niomccrc de Fahrenheit , affigncioit 
le premier- rang à l'échelle de ce 
thermomètre; mais il a évité ce 
petit préjuge naûonal; après avoir 



Novembre 1778. iii^ 
mûrement examiné les diiFérens ufa- 
ges auxquels içs thermomètres fer- 
vent i ceux auxquels ils doivent fer- 
vir , & ceux auxquels il fcroir à fou- 
haircr qu'ils puflcnt fcrvir; il fc dé- 
cide pour réchcUc de M. de Réau- 
mur \ il trouve qu'il y a beaucoup 
d arbitraire dans la divilion de Fah- 
zenheit : tels font les termes , 48 » 
96 9 o ^ qui ne font que des diftan- 
ces d'un point pris à volonté. 
. Il comprend dans une troifième 
claffe les thermomètres moins ufités 
& qu'on ne peut réduire avec certi- 
tude à des points fixes; de ce nom- 
bre font ; le premier thermomètre de 
Derham ; ceux de Jean Patrick ; de 
Godefroy Kirch ; de Devillc , ar- 
tifte François ; de Jérôme Kniphos ; 
les deux thermomètres de Haukf- 
bée ; le thermomètre harmonique 
anglois ; ceux de Frick &f de Guil- 
laume Arderon. L*Âuteur a foin 
d'indiquer Tufage qu'on a fait de ces 
différens thermomètres. Il parle en- 
fuite de quelques thermomètres en- 



%%i6 Journal des SavaM ^ 
tièrement indéterminés ; rcli font 
ceux de Drebbel & de Sanâoîius » 
les chermomèrres de Florence , celui 
de Paris ou du ficur Hubin , habile 
ardfte, que MM. de Ja Hirc & Amon^ 
trjns ont employé; ceux de Nuguct, 
du Comte de Marfilly, & enfin le 
thermomètre de M. Paffcmant, qui 
s'eft contenté d^en donner une aiw 
nonce fims le décrire. 

Viennent enfuiteliestBcrmofliiJrre* 
auxquels on fait quelques cbangc<» 
mens , foit dans la figure > (bit dan» 
l'échelle , pour les employer à des 
ufages particuliers. Les rhermomè»^ 
très donc on a cbangé la figure > 
font ^ celui de M. 1* Abbé Soumille , 
donne fous le nom de f/iermomitre 
royal y Sc dont on trouve la dcf- 
cription & la fij»ure dans le Traité 
de Météorologie de M. Cotte ; ceioT 
de M, l'Abbé Fontana qui eft fondé 
fur les mêmes principes que le pré-^ 
cèdent; les thermomètres de Jcaa 
Bemoulli , de Kraft & de Cavcn- 
dish. Parmi les thermomètres dont 



/ 



Novembre 1778. 2127* 
los échelles ont kxk chaneées pour 
les rendre ouplus commodes ou plus 
exaâesy M. Van Swînden ne parle* 
que du changement introduit (ur ré« 
cllelJe de M. de Ràaumur par MM». 
Bird & de Luc. Le premier vouloir 
que les degrés fuiTent inégaux & pro«^ 
portionnès aux irrégularités des m- 
tit^ ; le (ècond a ulit un rrès-beao- 
tray&il pour rendre comparables hm 
échelles des thermomètres' à mercuro* 
A; ï efprit«dc-vin , & pour les adap^ 
cey à ta marche du baromètre porcâ^ 
à' différentes hauteurs. 

Enfin ^ M; Van S'^rimden dit uni 
mot des thermomètres méralir<|ufs^. 

Eeu en uûge v^ec raifott , & au nom* 
re defquels on peut mettre les pjr- 
romêtres. Les thermomètres^ de mé« 
tA lès plus cotmus^, font ceux de* 
Mortimcr , de Frothcringam ,, de* 
Kean-Fitzgerald & de Zèihcr. 

On voit par cette indication que 
M. Van Sirindcn ii*a rien épargné- 
pour rechercher tous lés différent- 
^crmomètrcs quix>ntparu jufquici i\ 



aii8 Journal des Sçavans i 
il difcute âvec le plus grand foin 9 
on pourroic même dire avec une cC- , 
pècc de fcriipulc , leurs principes de 
conftraftion. Cet Ouvrage cft un. 
des meilleurs que nous ayons en ce . 
genre. II établir de plus en plus la 
réputation que M. Van Swinden s'eft , 
dé]à faite par les difFérens Traités 
qu* ilà publics fur pluficurs points de , 
Phyfique , & particulièrendent pat 
fon Mémoire fur Jes BoufToies» que 
r Académie a couronné ; outre Tcxac- ^ 
titudc qu'il apporte dans fcs rechcr-.. 
ches , la méthode qu'il fuit dans fes 
difcudions phyfiqvies , on peut hii 
faire honneur du ton de réfcrve & 
de modeftie qui régne dans cet Ou- . 
vrage. On voit avec plaifir s'élever 
dans le pays de Muffchenbroek un 
Phyficien digne d'être placé au me-- 
me rang. 



Novembre 1778. 2219 

VAkt du FaBeur JT Orgues; par 
' D. François Bedos de Celles y làir- 
nédiâinde la Congrégation de S. 
Maur ^ dans rAbbaye de S. Denis 
en France, de rAcadémie Royale 
des Sciences de Bordeaux ». CoH 
refpondant de celle de Paris. i;jo 
pag. in-folio » avec 57 planches; 

LORSQUE D. Bedos entreprit 
de décrire l'arc du Faâeur d or* 
gués , il crut ne devoir fe propofçr 
pour objet que les orgues qui ^nc 
en ufage dans les Eglifes. Cet idftru*- 
ment paroit en effet devoir être 
traité en grand > pour produire la 
belle harmonie quon cft en droit 
-d'en attendre^ Depuis ce rems-là 9 
•éclairé par les avis de perfonnes à 
qui rérendue de leurs connoiiTancos 
lui a fait déférer , il a fenri que Ion 
'Ouvrage- ne pouvoir être complet, 
•s*tl n^oit iuivi d'une quatrième 
-partie qui traitât de la faorica *on 
-dé: différences orques qui» plus >u 



axjo Joarnci des Sçavam 9 
moins volumineufes, font l'ami 
imenc de beaucoup d'Âoiateon, 
ie fondemeDC de 1 barmonie de ' 
férens concerts où on les a ini 
duices. 

En annonçant cette dernière pa 
4*un Ouvrage aufii confidérab 
«que l'Auteur a beureufement reri 
jaét avant ooe le .diepérifleniem 
fa fanté & de Tes forces lui en 
noce le moyen 9 il eft naturel de c 
•un mot de la totalité de l'ouvra 
la Préface qui eft jointe à la qi 
trième partie , donne une idée 
4*Hiftoire de TOrgue, à compter 
puis le tenis des anciens Hébret 
de depuis Vitruve qui donne la c 
cription d'un Orgiie bydrauliqi 
le premier Orgue à fouSlets , fani 
fecours de l'eau, qui paroiile c 
tainement avoir été en ulâge d; 
les Egli(ès, eft celui queTEmpen 
Louis le Débonnaire fit placer di 
celle d'Âix - la - Chapelle \ celui « 
étoit di£Férent de TOrgne hydrati 
jQuc dpAt on fi: feivok dans le I 



Navemire 1778. StijA 

laislmpérial» & que le même'Prince 
avoic fait conftruir^ par un Prêtre Vé^ 
fîicien. Walafride-Sirabont objfervaor 

3UC cet Qitvrage étoit un dç ccuic 
ont la Grèce feyantoit dette en pof- 
fedîon » donne àeucendre, i^. que 
c*étQit un Orgue de la même cfpècc 
que celui que ^Charlemagne avoic 
X^^u en préfeût de l'Smpcrcur de 
Conftantinoplc, & qui éroit certai- 
nement à fouâfiers. 2**, que ni TE- 
flife Romaine ni ^mcune autre de 
Empire d'Occident ne s etoit vanté 
jufqu'alors davoit à fan ufage un 
Orgue de la même efpcce. 

C'habile Faveur qui avoit préfidé 

à Gi condtuâion ^ forma des Elèves 

qui en firent bientôt de femblablcs 

.dans les autres Eghfês d'Allemagne ; 

de forte que trente ^u quarante ans 

.après la mort de Louis le Débon- 

jiMre , l'Allemagne fe trouva en état 

de fournir à Rome 4c5 Orgues & 

des Faâe^rs ; ç'qft ce qu'on voit pat 

une lettre du P^pe Jean VllI à Ân- 

- -1 j Cirsèque de FxUioguc , dans |» 



1131 Journal des Sçavans j 

haute Bavière. Ce Pape fut élu en 

872 & mourut en 881. 

Un nommé Bernard , dit l'A lie-» 
mand , très-habile Muficicn a Vc- 
nife, fut le premier qui augmenta 
les jeux de l'Orgue, & inventa les 
pédales qu'il faifoit jouer par des 
cordelettes. 

Dans le tiouvd Orgue d'Halbet- 
ftat, on a mis trois daviers & ce- 
lui de pédale ; mais ils n ont guère 
plus d étendue que le clavier de 
l'ancien Orgue conftruit dans cette 
Ville en 1361 , & renouvelle en 
1411. . 

L'Auteur donne les noms de tous 
les Arriftcs qui ont contribué à pcr- 
fcdlionner l'Orgue , avec des notes 
intéreflantes furies ufages de TEglife 
à cet égard. Le Concile de Cologne 
de Tan 153^, blâme Tufage où l'on 
étoit dans certaines Eglifes, d'o* 
mettre en tout ou en partie , fous 
prétexte de l'Orgue, certains articles 
principaux de la Liturgie , comme 
l'£pîcre • le Symbole , la Préface 8c 

V'Otaifon 



Novembre 1778. 2.2.35 
rOraifon Dominicale : c'cft pour- 
(]uoi il ordonne de retrancher cet 
abus. Dix ans auparavant ^ le Con- 
cile de la Province de Sens, tenu à 
Paris , après avoir déclare que TE- 
glifc a reçu de fcs Pères Tulage des 
t)rgues , pour fcrvir à l'Office Di- 
vin , défend d'y jouer des airs lafciB» 
ëc rien qui ne foit digne .de la di« 
vine Plalmodie. Enfin , le Concile 
de Trente , dans la vingr-dcuzième 
Seffion tenue le 17 Septembre i^6x^ 
où fut rendu le Décret fur la célé- 
b ation de la MefTe, recommande 
aux Supérieures Ecclénaftiques de 
bannnir de TEglife, foit dans fes 
Orgues j (oit dans le chant ^ route 
mufique où il fe méleroic quelque 
çhofc contre la décence & la pureté 
des mœurs. 

Pour achever cette partie hifto* 
tique 9 nous obferverons que l'intet* 
4it jette fur une Eglife^ tombolc 
également fur les Orgues. Une cou- 
tume plus fingulière encore ^ quoi* 
que fort ancienne » c'eft que Tufage 

Novtmbn, B b b b b 



2 2 34 Journal des Sçavans , 
de JOrguc écoit fufpcndu, jufqu'à 
ce que Te Clergé du Lieu, où il y 
en avoir, eût fatisfadion des torts 
qu'il prctcndoîr avoir reçus. 

La première partie de ce traire 
conrcnoit la connoiflance de tous les 
jeux tels qu'ils font en ufâge en 
France , leur diapafbn , les dinien* 
fions de tous les tuyaux , des portes^ 
vents i des claviers» des fouffiets ; la 
ieconde partie embrailbit dans de 
plus grands dérails la fabrication de 
ces difFércntes parties; les précau- 
tions qu'il faut prendre, les procé- 
dés qu il faut fuivre , pour donner à 
toutes les parties la plus grande pré- 
cifîon, pour bien &ire parler les 
tuyaux , les égalifcr d'harmonie & 
de force; on y trouve même le prix 
de chacune des difFércntes pièces qui 
compofent l'Orgue; enfin la defcrip- 
tlon du fameux Orgue de l'Abbaye 
de "Wingartben en Allemagne. 

La troifîème partie ne regarde que 
les Organises : elle contient des inf^ 
truâions pour tout ce qui peat être 



Novzmbn lyyS, 12.3$ 
de leur compétence , par rapport à 
la fadure de TOrguc, Dans le prc* 
mier Chapitre on trouve un nombre 
de devis d'Ormic, dont un cft mis 
en forme juridique > pour faire voie 
comment on fait un devis & marché, 
avec un Fadeur d'Orgue. Les Orga- 
nises font le plus fou vent confultés 
fur cet objet , principalement dans 
les Provinces. 

Ils font encore prelque toujours 
chargés dans les Provinces , de faire 
des vérifications d'Orgues i^ on trouve 
dans le Chapitre fécond la manière 
de la faire > & un modèle du procès- 
verbal qu'on doit dreflcr de cette 
vérification. 

On trouve dsSns le Chapitre troi«i 
fième toutes les inftruâions néceC- 
faires à un Organifte adroit & intel» 
ligent, pour le petit entretien de 
rOrgue» qui demande beaucoup de 

Sructence & de difcrétion. On entre 
ans le détail des inconvéniehs & 
des liéfauts qiiî peuvent (iiffveair 2 
«bbbbfl 



1 1 3 i Journal des Sçavans » 

un Orgue-, on y donne it% moyens 

d'y remédier. 

le Chapitre quatrième •contient 
environ 50 mélanges des jeux, tels 
que les pratiquent les plus célèbres 
Organiftes de Paris , que TAuteur a 
confultcs à cet cflFet. Au refte chaque 
Organifte habile & qui a du goût , en 
peut imaginer d'autres .qui ne font ni 
moins harmonieux ni moins régu- 
liers. Ou ne fait qu'indiquer les ^us 
ordinaires & ceux qui (ont le plus 
en ufage. 

JKi La dernière partie qui vient de 
paroître , contient la defcription des 
Orgues de concert , clavecins orgar 
nifés, cylindres notés > & même des 
fcrinettes ; au moyen de quoi il ne 
«manquera rien au travail de Dom 
Bedos de tout ce qui a quelque rap- 
port avec lart qu'il avoit entrepris 
de faire connoître. 

Il décrit d abord un Orgue con- 
venable i un tres*vafte fallon deftiné 
à un grand cdnccrt > contenant trois 



Novemhn 177 S. 11^7 
claviers à h main te un clavier de 
pédale, compofé en tout de 45 jeux 
dont les accompagnemens font rrè^ 
harmonieux & lés baffes bien mar«^ 

3uces: il décrit «uili des Orgues 
*un moindre volume » & même des 
Orgues en tahles qui ne tiennent 
aucune place dans un appartement y 
que Ton tranfporte quand on veut » 
& qui procurent un amufement très- 
commode ; lés tuyaux font tous à 
hanches & couchés horizontalement* 
L*extrcme difficulté d'apprendre à 
bien toucher de fOrgue a fait ima< 
giner un cylindre noté, qu'on met 
en mouvement , (bit par une mani« 
velle qu'on fait tourner avec la main» 
foit par un rouage à reffort ou à 
poids. On peut affurer qu'avec cet 
expédient on touche un Orgue avec 
autant d'agrément & de précifion 
que le peut faire le plus habile Op-, 
gantfte. L'Aureur fait voir qu'il cft 
très-poflible d'appliquer le cylindre 
à toutes fortes d't)rgues , même à, 
celles d*Eglife*, ce qui pourra être, 
Bbbhbu\ 



%%$% Journal des Sçavans f 
commode pour beaucoup de Pa« 
roifTes ou d'Abbayes dans la cam- 
pagne , où il eft il difficile d'avoir 
un Or^aniAe qui aie quelque capa- 
cité. 

Lorfque TAutcur fc difpofoit à 

publier cette dernière partie, il lui 

eft tombé encre les mams un Livre 

intitulé : la Tonotcchnie^ où Cart d$ 

" noter Us cylindns^ par le Père Fn- 

framclle. Religieux Auguftin du 
auxbourg Saint Germain , i vol. 
i/2*8o. à Paris , chez Delaguettc. Il 
a été très-fatisfair des règles qui y 
font établies , & des procédés qui y» 
font employés. Il a trouvé que le F* 
Eugramelle avoir traité fupérièurc- 
mentcerte matière , qui n'avpit été ef- 
fleurée que par quelques Auteurs , qui 
n'en ont donné qu'une bien légère, 
connoiflance , fans en avoir atteint IcS' 
vrais principes. En conféquence il a 
engagé le P. Engramelle à faire lui- 
même la defcription de cette partie ,. 
^ui c/l (uivie de Topcration du no-^. 
rage dé la Romat^t àt M. Balbaf> 



Kovtmhn 1778. 1139 
ne, expliquée fort en détail. Suit la 
dcTcription du Piano*forré > organilé 
par M. rEoine, Faâeur d*drgues 
du Roi. Le Piano^Fortè eft un ins- 
trument à cordes , qui a de la re& 
femblance avec le Clavecin ; la dif* 
férence confifte en ce que dans ce- 
lui-ci , on fait réfonner les cordes en 
les puiçanc avec des plumes ; & dans 
Tautre , par la percuffion de certains 
^marteaux fur les cordes. Il s'enfuie 
'deli que le Piaro forte eft fufccp- 
t Hle de diminuer le fon ou de le ren- 
fler, fclon que Ton touche plus ou 
moins légèrement. Le fon augmente 
d'aurant plus que les marteaux frap- 
pent les cordes plus fortement, & il 
^ diminue quand les marteaux frappent 
plus légèrement; c'cft ce qui &ic 
nommer cet inftrument Piano- forte , 
terme italien, qui fîgnifie doux & 
fort. Comme il n*eft jpas connu de 
tout le monde , TAuteur en donne 
une courte defcriptiion , pour en 
faire concevoir une idée , de même 
^ue des quatre jeux qui y font joints. 
Bbbbbw 



li4« Journal des Sçavani ^ 
Il donne aufîî l'organifation du. Cla* 
vccin ordinaire ^ celui de la Vièle} 
«nfin ce (^fand ouvrage eft termina 
paf une rablc des matières, et) if 
pages de petits carâdlèfcs » dans la- 
quelle on trouve rc^pîîs^aMon dei 
termes , & des fupf>léipens cflentielf 
peur quelques artie!e«i de même 
que quelques difails de? Arts qui 
avoicnt un certain rppporr à l'Orgue i 
comniv" les foudurcs, les vernis , &:ct 
Parmi tous les Arts dont TAcadémio 
a publié les dcfcriptions , il x\y çi} 
guèrcs de plus curieux , de plus 
compliqiîf, & l'Auteur auflî Arriftç 

3UC Savanr, croit fcul capable d'en 
onner une defcription auflî corn- 
plette. 

Catalogue des Livres de la 

Bibliothcqiii fondée par M. Prouf' 
teaii^ Profcjrcur en Droit dans 
rUnivcrfité d'Orléans , compofcc 
en partie des Livres & Manufcrits 
de M. Henri de Valois, & dc- 
polécchcz les RR. PP. BcnédicT 



Novembre 1778. 2Z41 
tn»; dans leur Monaftère de Bcii'» 

' ne -Nouvelle de la même ville. 

- Nouvelle Edition , avec des No- 
tes cii i.]U s & bibliographiques. 
A Paris, chez Pierrc-ThéopKilc 

; Barois ; & à Orléans , chez Jac- 
ques-Philippe Jacob, &c. 1777. 
Avec Approbation & Privilège 
du Roi. i/z-4^..40X pages» 

LES Biblographcs recherchent 
avec foin les Catalogues des 
Bibliothèques particulières » dont le$ 
Livres, après & quelquefois ^vant 
la mort ae leurs pofleflcurs, fonc 
difpcrfés par la vente qui s'en fait, 

ÎMrce qu'ils peuvent être utiles pout 
a connoifTance des Livres. Ceft pour 
ainfi dire le feul avantage qu'on en 
puilTe retirer ; car (\ par-là on eft inf- 
truit de Texiftcncc d'un Livre, on 
ignore dans quel dépôt il faut le cher- 
cher quand or^ en a befoin. Les Ca- 
talogues des Sbliothèques publiques 
font donc bien préférables, parce 
qu'indiquant le ilieu où fe trouve le 
Bbbbbv 



214^ Journal des s çavans ^ 
Livre qu'on veut confulccr , ils font 
incomparablement plus utiles. Ceux- 
ci ne lauroicnt donc erre trop com- 
muns: ils préfentent au Public com-^ 
me un état des richeffes de l'Empire 
littéraire , &cr le mettent à portée d'en 
jouir. 

La Bibliothèque publique de 
Bonne-Nouvelle d'Orléans fiit fon- 
dée en 17 14 par Guillaume P^ouf^ 
teau, né à Tours le 16 Mai 1614, 
Ce Sçavant zélé pour le progrès des 
Letttres , après avoir fait fcs huma« 
nités en partie à Tours , en partie à 
la Flèche , vint prendre à Paris des 
Icçoiîs de Philolbphie j l'étude du 
Droit k rappcila dans la ville d'Or- 
léans & enfuire dans celle de Poi- 
tiers, oïl il (ejourna trois ans. De 
retour dans la première en 1^55» il 
foutint fa thcfc de Do'deur , & y 
exerça pendant quatre ans les fô^nc*- 
tions d'Avocat. Mais cette profcf^ 
ïîon lui paroiflant incompatible avec 
rérude profonde qu'il vouloir âàirc 
du Droit Civil & Canonique, il alla 



Novembre 1778. liuiî 
cticrchcr de nouvelles lumières en 
Hollande, en i^llemagne, en Efpa- 
gnc, en Italie, aflîftanr aux leçons 
des plus habiles Profcflcurs qu'il 
rcnconrra dans les Univerfités de ces 
diverfcs Contrées. Apres avoir em- 
ployé deux ans entiers à ce voyage « 
il reparut à Orléans qui avoic tou- 
jours eu pour lui des charmes touc 
particuliers, & où il obtint au con- 
cours , en 1 66% , une Chaire de Prd- 
felFcur , qu il remplit avec dilHndioA. 
On donnoît de lui un Ouvrage in- 
titulé Rtcitatio ad L.xxiiJ. imprimé 
i/1-4^. en 1684. M. Mécrman qui 
. Ta ih(eré dans fa collcâion des Li- 
vres rares , tom. III. le regarde com- 
me le plus fçavant & le meilleur 
Ouvrage qui ait paru fur cette ma- 
tière. 

On a parmi Tes Manufcrits un 
Traité intitulé : Jus Canonicurn de 
facramentis y tout prêt \ être im- 
prirtié ; un autre fur le titre De ver- 
borum Jignificatîone ; un rroifiènte 
fur le titre De divtrfis Regulis Juris ; 



2144 Journal des Sçavans , 
enfin des Inftituts du Droit Canon^ 
& des Commentaires fur plufieuts 
titres du Digcftc & du Code , dont 
on voit ici la Itflie. 

Le deflTein de fonder une Biblio- 
thèque publique occupa M. Prouf- 
teau pendant prefque toute fa vie. 
Audi eut-il foin de ralTembler une 
grande quantité de bons Livres, au* 
tant que fa fortune put le lui per- 
mettre; i& la mort de Henri de Va- 
lois lui fournit une occafion de fa- 
tisfaire fa padion. Ce Sçavant laiffoit 
/«ne Bibliothèque bien fournie, qui 
fut adjugée à M. Proufteau , par les 
foins de quelques Sçavans de Paris, 
& fur-tout de M. de Sainte-Beuve. 
La vente des Livres de M. Barré, 
Dodeur de Sorbonne & Doyen de 
TEglife d'Orléans , dont le Cata- 
logue paru^en 1704, donna lieu à 
M. Proufteau d'enrichir fa Biblio- 
thèque de bons Livres de Théologie. 
Enluire,il en fit, pour rutilité pu- 
blique, la donation entre- vifs qui 
fut acceptée par les Bénédiâios 



Novembre 1778. . Zi45 
comme Dépofitaires , & par MMé 
les Officiers Municipaux au nom du 
Public. La Maifop de Bonne-Noii- 
vcllc fc chargea d'entretenir un Bi- 
bliothécaire & fon domcftique, & 
de fournir 250 lîv. chaque année 

S>our Tachât des Livres , moyennant 
a (bmme de 18000 liv. dont la 
Communauté fit un emploi en biensr 
fonds. M. Proufteau chargé d*en 
payer ramortiflcment & de faire 
d'autres dépenfcs néceflTaires , dé- 
bourfa encore iiooo liv. MM. le 
Lieutenant-Général, le Procureur du 
Roi au Bailliage , le Scholaftique , 
le Maire de la Ville , & le Prieur de 
Bonne-Nouvelle furent choifis pout 
être les Confcrvareurs de la Biblio- 
thèque , dont ils font la vifite tous 
les ans à un jour marqué. 

La Bibliothèque de M. de Valois 
contenoit beaucoup d'Auteurs an- 
ciens » enrichis de notes manufcritçs 
de ce Sçavanr. Telle étoit l'édition 
de Saint Jérôme, donnée par Viifto- 
xius ; elle fut commupiqtiec aux Re- 



114^ Journal des Sçavans , 
ligieux de TAbbayc de Saint Ger- 
main des-Prés. Tels font encore l^ 
Lexiques d'HéfychiiJS , d'Harpocra- 
tion & de Juiius Poliux : les notes 
de M. de Valois fur le fécond ont 
été imprimées (cparément par les 
foins de Jacques Gronovius : Hend 
Ledtflin a inféré les notes de ce ^ça- 
vant dans fon édition de Julius- 
Pollux en 1706, & Jean Alberci 
dans l'édition d'Héfychius en 1746 
en 2 vol. in-foL 

M. Proufteau ne furvécut pas 
long-tems à la fondation utile qu'il 
avoir faite, étant mort le 19 Mars 
de l'année fuivantc. Comme ia 
forame de 2 5 o li v. pour l'acquifition 
des Livres , étoit bien modique , 
Dom Touflaints Duplcflîs, Biblio- 
thécaire, obtint que la Bibliothèque 
de Bonne Nouvelle fût mile fur Térat 
de celles auxquelles le Roi accorde 
les Livres qui s'impriment au Louvre 
à fcs dépens. Le Roi lui donne encore 
un exemplaire de ceux pour Jefquels 
•Sa Majefté foufcrit. L'Abbé d'Haute- 



Novembre 1778. 1147 
feuille, Eccléfîafiiqae du Diocèfe 
d'Orléans , légua par Ton ceftamenc 
à la même Bibliornèque environ 40 
volumes qui roulent fur des matières 
de Phyfique, Cctoit, avec les Mathé- 
matiques , le genre d'étude favori de 
ce Sçavanc » qui a donné pluneuis 
Ouvrages , entr*autres une DifTerta- 
tion fur l'Echo , couronnée à l^Aca- 
démie de Bordeaux , en 1 7 1 8* En 
1736, René le Jay de Maffuère , 
d'uncrTamillc honorable & ancienne 
d*Orléans, légua pareille'menr tous 
fes Livres, foit ceux qu'il avoir à 
Paris, (bit ceux qui fe trouvoient à 
Rouen. Cet exemple fut fuivi par 
M. Antoine VaHin des Breaux, Tré- 
forier de France au Bureau des Fi- 
nances de la Généralité de Bourges , 
qui, outre fes Livres, légua en 1742 
une fomme de dix mille livres pour 
bâtir un Cabinet capable de les con- 
tenir. La Bibliothèque de Bonne- 
Non vcUe étoit affez mal pourvue de 
Livres de Médecine, lorfqu en 176}, 
M. Etienne Artéric , Médecin , légjuia 



1148 Journal des Sçavans , 
les Livres de ce genre qu'il avoît 
raflemblcs. Enfin M. Robert-JofcpU 
Pothier , bien connu par d*excellcns 
Ouvrages, lui légua en 1771 tous 
les Livres de Droit qui fc trouvoient 
dans fa Bibliothèque , ic qui man- 
quoient à l'autre. Prefquc vous les 
Manufcrits que celle - ci renferme 
viennent de celle de M. Prouft 
de Chambourg, Profeffcur en Droit 
à Orléans, mort en 1752 , la veuve 
en fie préfent à la Bibliothèque '^ 
avec quelques Imprimés. Ces Ma- 
nufcrits avoient été ramaiTés par 
MM. Prouft de Chambourg , aïeul 
& père du dernier mort, auflj Pro- 
fefleurs en Droit, le premier à Bour- 
ges, le fécond à Orléans. Celui-ci 
cft l'Auteur de Tépiraphe de M. Paf- 
cal, (ju'on voit dans les Ptnfét^ ^z 
la fin de la vie de l'Auteur. Les Let- 
tres initiales A. P. D. C. figniftnt 
uiimonius Prouft de Chambourg^ 

Depuis fa fondation , cette Biblio- 
thèque a eu cinq Bibliothécaires 5 I^ 
Dom Philippe Bilioucc , Auteur 



Novembre 1778. . 1143 
d*unc Lettre fur rAutcur du Songe 
du Vergier \ dans les Tra'tés des 
^Droits & des libîrtis de tEglfr 
Gallicane , 1731, elle cft attribuée 
i Mé de la Monnaie; mais une no-e 
écrite par Alphmfc Martin, ï la fin 
de rédition dfc Paris, Mailler, 1491 
du fongc du Vcrgicr , Pojrcllcur de 
cet exemplaire, atrede que cette 
Diflertatlon eft de Dom Billouct; 
a^, Dom Mery , Auteur de la Dif^ 
çujjîon critique & ihéologltjue des Re^ 
marques de Af.*.» fur le Diclionnairc 
de Moriry^ Dom le Cerf attribue cet 
Ouvrage à Dom Biilouer : les Re-^ 
marques font de M. le Clerc , Prêtre 
de Saint Sulpicc ; 3^. Dom Mithel- 
Touflaint-Chrétien Dupleflîs , fort 
connu dans la République des Let- 
tres. 4^. Dom Jean Verninac : on 
conferve dans la Bibliothèque les 
matériaux ou les extraits des pièces , 
fur lefquels il compofoit des Me* 
moires pour le Gallia Chrijliana. 
Il compofa audi la Généalogie de la 
famille d'Orléans de Rère j imprimée 



i'" 50 Journal âts Sçavans , 

dans le rroificme Recueil de TArmo- 
rial général « & de pluiîeurs autttf 
Maifons. On a encore délai en MS« 
deux Difrerrations> dans Tune dcf^ 
quelles il entreprend de prouver 
mie la croifième race de nos Roit 
defcend , par la féconde > de la pre- 
mière. Dans Tautre il prétend Contre 
l'Abbé Lebcuf, que Fellaudunûm 
n'eft poin^ Auxerre , ni Genabum, 
Gicn ; mais que la première de cef 
Villes eft dans le dâtinois, & que 
Genahum eft Orléans, ju*. Doni^ 
LouisFabre, aujourd'hui Bibliothé- 
caire depuis 1748 , & Auteur de ce 
Catalogue. 

Dom Billouet avoit commencé 
d'en faire imprimer un , lorf^uc là 
mortrcnleva. I/édirion fut achevée 
en 1710 par les Ibins de fon Succef- 
feur Dom Méry , & en I747 on im- 
prima un fupplément. Lzs accroiflè- 
mens fucceffifs en exîgeoient un ft- 
cond , & cette multiplicité devenant 
incommode , MM. les Confcrvatcurs 
otkt engagé DoniFabre à rédiger le 



Novtmbn 1778. iiçi 
rôuveau Catalogue que nou<; atinoii* 
çons« Il eft diviie ^ comme l'ancien , 
en cinq, parties , Théologie , Jurif^ 
prudence , Hi^oire , Sciences & Arts , 
BtUeS'Lettres , & chaque claife a fes 
foudivifîons. Dans chacune de ces 
(oudivifîons pàroilTent d'abord les 
in-fiL enfuite les in 4^. enfin les /«- 
II, L'Auteur y a inféré des notes 
bibliographiques , pour lefquelles il a 
lu avec attention ce qui a été écrit 
fur cette partie : quelquefois il y ^ 
joint un jugement fur içs Ouvrages, 
mais en ne faifant pour Tordinairç 
que produire , comme il le déclare , 
Ufcntiment des grands Maît(es, Il 
s'cft encore attaché à découvrir \t^ 
Auteurs anonymes, & a renferme 
leurs noms entre deux parenthèfcs^ 

f)Our les diftinguer des Auteurs qui 
c font nommes à la tête de leurs 
Ouvrages. Dom Fabre a encore eu 
^attention de donner la notice de 
toutes les pièces contenues dans de 
grands Recueils ; par exemple dans 
la Bibliothèque des Pères ^ édition 



115* Journalises Sçavani 
cle Lyon dans le TraSati 
tuum , S< dans phifieurs a 
du moins à renvoyer à L 
Krcnoy lorfque celui-ci é 
dans ce dcuil. Cette mé 
Jn r,e un peu le Catalogue 
n'cft rien en comparaifcn < 
qui en rcfulte. Dans la prci 
tion on s*étoit contente \ 
la première pièce d*un R 
Ton en avoit raJÎèmbJé 
C^étoic un défaut qu'iJ imj 
ïéparcr: Dom Fabrc a ei 
dctailler toutes les pièces qi 
fait relier enfcmble.Unc ta 
bccinuc des Auteurs, plac^ 
de 1 Ouvrage, prcfenrc 5 
noms , leurs Ouvrages qu 
dans la Bibliothèque de Bo 
ve!!e. Mais cette table, qt 
quMlc foit, ne peut pas 1 
ron plus que les autres de 
tlfccc, à tous les inconvci 
voir, par exemple, dans c 
un Ouvragç intitulé 
yniis Graca , relié avec £ 



Novembre 1778. ilfj 
gatîonum Dexippi , &c. placé dans 
la clafle politique. Dans cet endroit » 
& dans ce voifinagc , le premier Ou- 
vrage fe tro\ive comme dépaïfé : & 
fans parcourir le cata'oguc en entier, 
comment pouvoir reconnoîcrc qu'il 
exifte dans la Bibliothèque de Bonne- 
Nouvelle ? Et ce que nous difons de 
ce Livre peut s'appliquer à quelques 
autres, Lorfque leur Auteur eft con- 
n'J , là table dont nous parlons, ferc 
à découvrir TOuvragc , quelque 
place qu'il occupe ; mais quand il 
ne Teft pas , comment fortir d'em- 
barras ? 

Au fefte, ce Catalogue nous a 
para bien rédigé , & ne peut qu'être 
•fort utile aux Littérateurs. Oh ne 
doit pas être étonné qu'il s'y foie 
glifTé quelques fautes aimprellion, 
mênie pour les noms des Auteurs. 
On y lit (pag. 61) Joannis Fet^ 
keliî de vera religione Libri F. C'eft 
Volkdius qu'il Biut lire , & le nom 
de cet Auteur çft bien écrit dans la 
tabre.On attribue (pag* 112) fc 



2154 Journal Jcs Sçavaju p . 
clans la table ^ un Ouvrage à M., de 
Frcmcnvillc ; c cft FrcminvilU. Ou 
donne une traduâion de Paufanias 
à Mefurus , c'cft Mufurus , comme 
on le voie dans la table. On fait 
Brefly Auteur de THiftoire des 
Comtes de Poitou \ la table donne 
^e vrai nom de l'Auteur Bcjly. Ces 
petites fautes font prefque inévitables 
OC faciles à corriger. Nous fommes 
feulement étonnés que , ni dans la 
table , ni dans le corps de l'Ouvrage, 
6a ne nomme pas François Viger 
pour Auteur du Livre De pracipuis 
Unguœ Graca idiotifmis. 

Histoire générale des Animaux ^ 
d.s Végétaux & des Minéraux qui 
fe trouvent dans le Royaume ( de 
France), pré fentes en gravures & 
dcffinés d'après nature ; avec Tex- 
^ plication aufli gravée au bas de 
chaque planche de ces différentes 
fubfiances , pour fervir d'intelli- 
gence à THiftoire générale & éco- 
nomique des trois Régnes, Pre- 



Novembre 1778. 2155 
mière Partie , repréfentanc les 
Quadrupèdes de la France, Pat 
M. Pierre - Jofeph Bucho[j de 
Mcrz , Auteur de différcns Ou* 
vrages de Médecine , d'Art Vc- 
téi inaire, d'Hiftoire Naturelle & 
d'Economie champêtre. A Paris ^ 
chcx l'Auteur , rue de la Harpe , 
•prcfque vis-à-vis la place de Sor- 
bonne ; & chez Dcburc l'aînc y 
Libraire , quai des Auguftins. i/z- 
folio. 

CE premier Cahier que nous 
avons fous les yeux , contient 
dix Planches repréfentant le cheval » 
râne , la vache du Cotcnrin , le 
bouc^ la chèvre, le cerf 3 la biche 
& fon &on« l'ours j les chauves- 
fonds, dites fir à cheval ^ & celles 

Ïu'on nomme Oreillard Se NoSule. 
*e$ gravures nous paroiflenc rendre 
la nature avec une grande vérité. 
Jii.'Buchoz, Tun des plus laborieux 
iMàruràliftes jqui ayent exiftéj donne 
Ëréqueaunent dç nouvejiles preuves 



1256 Journal des s çàvans ^ 

de fon zèle & de fa fécondité pac 
des produdions qui fc fuccèdcnc 
daas des intervalles afTez courts : 
elles contiennent un nombre con- 
(îdcrable dç Planches qui ont dû 
occafionner de très - grands firais. 
Ce qui diftinguc fingulièrcment 
les travaux de cet Auteur > & ce qui 
rend en même-tems fcs Ouvrages 
très-nombreux & rrès-volumincux , 
c'eft qu'il ne fe contente pas de faire 
de flmples defcriptions des produc- 
tions de la nature, il entre dans de 
fort grands détails fur leurs ufages , 
fur Tutilité qu'on en retire dans la 
Médecine & dans tous les arts: 
a'nfi > fî d'un côté ces détails rendent 
rhifloire naturelle plus intéreffante , 
ih ne peuvent manquer de l'autre 
d'étencirc infiniment cette fcience 
déjà immenfe par elle - même. Lç 
nombre des Ouvrages de M. Bu- 
choz qui a embrafle une (i vafte ma- 
tière , n'a donc rien d'étonnant , fî 
ce n'cft le courage & l'adivité dont 
cet Auteur a befoin pour fuâîre à de 

fi 



Novembre 1778. 1157 
fi grands travaux. Nous avons déjà 
ani)oncé & fait connoître la plupart 
des Ouvrages de M. Buchoz ; nous 
rappelions ici rculemcnt les titres de 
ceux qui forment Us fuites les plus 
étendues. Les voici : 

ce Colleâion de Planches enlumi* 
»> nées & non enluminées , repréfen- 
t>tànt air naturel ce qui fe trouve de 
M plus incéreftant & de plus curieux 
>9 parmi les animaux , les végétaux 
M& les minéraux , pour fervir d'in-. 
»telligence à Thidoire générale & 
«• économique des trois Régnes de la 
«JMature. 

: «> Colledion précieufe & enlumi- 
<>iiée des fleurs les plus belles & les 
*rplus curicufcs qui le cultivent tant 
^a.dans les jardins de la Chine que 
Milans ceux de TEuropc , pour fervic 
w d'intelligence, à l'hiftoire générale 
w & économique des trois Régnes, 

»» Uhiftoitfe naturelle de la FrancCf 
>» reptéfcntéc en gravures, rangée 
»> (uivant le fyftème de Linnxus , & . 
••divifte par parties, pour fervir i» 

NoYimbrc. Çcccc 



2158 Journal dis Sçavans y 

9' rhiftoirc générale & écononiiqifc 

3>.<ies trois Régnes. 

« Hiftoirc générale des trois Ré« 
wgncs, rcprélèiîtcc en gravures & 
>> rangée iu^vant le fyftôme de Lin- 
•> naeus , pour fcrvir d'intelligence à 
•> rhiftoirc générale & économique 
*> <les trois Régnes. « 

Indépendamment de ces grandes 
fuites qui fo))t rputes en gravures & * 
en enluminures , M. Buchoz conti-* 
nue aufli Tes Ouvrages raifonnés fuc 
THiftoire naturelle , phyfique & éco 
nomique , qui forment d'autres fui- 
tes non moins étendues, & dont 
les plus importantes font , rHiftoire 
naturelle , phyfîque & médicinale dfr 
l'homme ; le commencement paroît 
maintenant : ce fera un abrégé , 
mais, dans fon genre > un abrégé 
complet d'anatomie , de phyfiolo- 
gie , de defcriptions , traitemens & 
obfervaticns des maladies, en un 
mot de toutes les parties de la Mé- 
decine. Après rhiftoire de Tbomme 
viendra cellt des animaux traitée' 
dans U mècm^^uce^ 



Novembre 1778; liÇjf 
Si Ton ajoute à cela TOuvrage 
j)ériodiquc que public M.'BuCho^^ 
intitulé : la Nature conjidéritfrus 
fes difércns afpcSs ,' ou Journal des 
trois Régnes de la Nature ; que M» 
Buchôz continue très-régulièrement , 
on conviendra qu*il n'eft pas po(fî« 
blés de préfenter THiftoife naturelle 
fous un plus grand nombre de faces 
différentes , & que toute la vie de 
cet Auteur , quelque longue qu'elle 
puiîTe être , ne fumra pas pour ache« 
ver la tâche qu il s'eft impofeç. 

TrAFAÎ/X propojes aux Médecins- 
& Phyjiciens Regnîcoles & Etran» 
gers^ par la Société Royale dt 
Médecine dans fa Séance puhli^ 
que , tenue le Mardi zq OSobre 
ijyS , au Collège Royal de France. ' 

IKDiPENDAATMJSNT des JPlix 
que U Société prppofe dans qetpe. 
Séance , elle croie devoir annoncée 
au Public les recherches qu elle' • 
commencées fur la Topoe^taçU^iûfe-^ 
C c c ç c ïy 



Xi6o, Journal des Sçavans j 

dicale du Royaume , fur les Eaux 
minérales & médicinales, fur les 
maladies dés Artifans & fur les ma- 
ladies des Beftiaux. Elle cfpère que 
les Médecins & Phyficiens Rcgni- 
coles & Etrangers voudront bien' 
concourir à ces travaux utiles , qui 
feront continués pendant un nombre 
d'annés fuffifant pour leur exécu- 
tion. La Compagnie fera dans Ces 
Séances publiques une mention ho- 
norable des Mémoires & Obferva- 
tions qui lui auront été envoyés fur 
ces difrérens objets ; & elle donnera 
aux Auteurs des témoignages au* 
thentiqu^ de fa fatisfaAioii & de fa 
xeconnoiiTfinçef 

Sur la Defcriptîôn Topographîqm 
& Médicale de la France. 

La Société a fenri combien il fc-: 
toit important d'avoir un plan topo- 
graphique & médical de la France > 
dtins lequel le tempérammenc ^ Igk 



Novembre 1778. 21^1 
conftitution & les maladies des ha- 
bitaiis de chaque province ou can- 
ton feroienc confidérés relativement 
\ la nature & à Texpofition du fol ; 
tn confcquence elle offre le plan de 
travail fuivanr. 

Pour donner la defcription topo* 
graphique d'une ville ou d'un can* 
ton, & pour déterminer l'influence 
d'un climat fur les hommes & fur 
les animaux qui l'habitent , il faut 
confiderer : 

I ^ La nature du fol y & indiquer 
s^il eft fablonneux , pierreux , argil- 
Icux, fec ou humide? Si en fouil- 
lant on y trouve des mines , q^uclJc 
eft leur nature , & quelles font les 
couches que Ton rencontre en creu- 
fant à une certaine profondeur } 

2\ Quelle eft fa longitude & fa 
latitude ; quelle eft fon expofition 
en général , & quelle eft fa hauteur 
relativement au niveau de la mer? 
S'il eft (Itué fur la cote , s'il eft bai 
ou élevé ? 

I". Quels font les vents qui y do* 
C c c c c ii j 



%l6% Journal its SçavanSf 

minent , foufficnt-ils dans certaines 
faifons & à des périodes déteimi* 
nées ? 

4 • On dira -fi c*eft un pays de 
niontagnes ou de plaines ; s'il e(l 
coupé par des fleuves ou par dçs rir 
yières ; quelle cft leur direction & (ï 
elles font fujertes à des inondations ] 
Y trouve-t-on des étangs ^ & le ter- 
rein eft-il couvert de forêts? ya-t-il 
des marais qui fe deffèchcni en été ^ 
& en fort -il des exhalaifons pu- 
trides? 

5 . Quelle eft la qualité des eaux 
qu'on y boit ; leurs fourccs font* 
elles abondantes , profondes ou fu- 
perficielles ? y en a t- il de minérales 
&>quel ufage en fait on. Il eft fur- 
tout important de fixer fon attention 
fur les eaux qui y fervent de boiflbn 
ordinaire. Celles qui coulent des 
friontagncs font en général les plus 

Jures & les plus limpides ; \^s eaux 
ç fources font enfuite les meilleur 
rés ; Ton peut donner le troifièmc 
rang à celles des rivières. Les eaux 



Nov^mtn 1778.' H.:^ 
'des puirs &c celles qui croupifiènc 
font les plus nxauvaifes. Les. eaux 
thermales pures , comme ccUesdc 
Plombières ôc de Dax> approchent 
dix degré de pureté de Teau diftilléc» 
.Lorfque Ton compare l'eau prifc fur 
le bord des riyières , dans jes eiv- 
droits où leur cours eft peu rapide , 
ou dans ceux qui font expofcs à 
l'ombre , avec celle que Ton puifc 
au milieu de leur courant , on y 
trouve une très grande différence. 

1 Al 

Les eaux des pecLres , 8c même des 
grandes rivières , ont communément 
un goût fade qui leur eft commu- 
niqué par les fubftances végétales & 
animales en putrcfaâion. Cet in- 
convénient augmente dans ies gran- 
des chaleurs de rété, SL niefureque 
les eaux bai{fent*> aufli le réfidu que 
l'on obtient par l'évaporation des 
eaux de fources & de celles des tor- 
rens , c(l-il toujours plus ou moins 
blanc , & ne change - t - il prefquc 
point au feu \ tandis que le réfidu 
des eaux des rivières a toujours une 
C c c cciv 



2164 Journal des Sçavans ^ 
couleur plus ou moins foncée , ï 
caufc d'une marièrc cxtraftivc qui y 
eft dijOToute , & qui a produit ^ en 
brûlant, une cfpècc de charbon. 
•Les eaux des puirs peu profonds de 
creufés dans de couvelles couches 
offrert les mcmes phénomènes darS 
ranalyfc. Ceft par rapport à cette 
matière extradive & putride que les 
eaux des lieux marécageux & des 
tourbières, telles^ qu*on en trouve 
dans les Landes de Bardeaux & dans 

Quelques cantons de la Flandre 9c 
e Weftphalie , font fi défagréables 
au goût & fi mal-faines. Les eaux 
de puits , outre qu'elles font dures 
& crues , lorfqu'on les boit nouvel- 
lement puifces, caufent quelquefois 
des coliques d*eftomac & d'entrail- 
les affez vives : on a obfervc qu'elles 
perdent cette dangercufe propriété, 
lorfqu*clles ont été expofces pendant 
vingt-quatre ou trentc-fix heures au 
grand air , dans des vaifTcaux de terre 
propres & bien évafés; alors elles 
confcrvent , tout au plus , une vertu 



, Novembre 1778, \x6% 
légèrement, pui^tive, & qui efl: 
toujours en raifon des matières fali- 
nés , & furcouc des fels marins ic ni- 
trcux déliquefcens qu'elles eoncien* 
nenr. Les eaux qui ont contraâé 
quelque, mauvaife odeur pour avoir 
croupi , ou pour avoir coulé à Tom*^ 
bre lur un terrein plein d*faerbes oa 
vafeuxy perdent encore plus aifé- 
ment leurs mauvailès qualités en les 
Êiifanc cbapffer » en les expofant en-, 
fuite à l'air libre pendant un ou 
deux jours , & en les filtrant après 
dans des fontaines fablées (i). £n 
général lorfqu une eau n'a point d'o- 
deur , ou'elle n'eft ni fade ni anière , 
qu'elle diffout bien le favon , & que 
les légumes s'y cuifent avec facilité , 

( I ) La Sodéié a penfè qu'il écoic utile Je 
faire connoîcre & de répaadre dans les Pro- 
vinces CCS différens procédés , au moyeu 
de(quels on peut facilicer & fans dépenfê 
corriger les mauvaifes qualités des eaux qui 
fervent de boilTon aux habitans de certain^ 
canton». 

C ce ce V 



tt66 Journal des Sçavâns ^ 

on peur la regarder comme pare tl 
bonne à boire. 

6""» En faifant Thiftoire topogra-^ 
phique <i'un Canton, onobkrverar 
li le ciel y eft ferein & nébuleux ^ (t 
les orages y font firéquens , fî Ton j 
Toic beaucoup de brouillards ; s'ils 
ont de l'odeur , & dans quelle fai* 
fon ils en out le plus* Dans les lieux 
bas y & furroue dans ceux qui fbnc 
entourés de. montagnes , l'on voie 
quelquefois 9 le foir^ & plusfouvenc 
encore le matin , des brouillards 
blancs 9 épais , & affez femblables 
i du duvet fin; ils ne s*élèvent qu'à 
une certaine diftance de la terre. U 
feroit important d'obferver comment 
on en eft affcâé ; & furtout fi les 
animaux en fouflPrcnr , lorfqu'ils paif* 
fent quelque tcms dans les champs 
ou dans les prés qui en font cou* 
verts. 

7c. Les pluies y font - elles abon« 
dantes ou régulières -, & quel rapport 
ont-elles avec les autres météores ? 

S^t Quelles Coût les plantes pot»« 



Novembre 1778. iiê^ 

Îèrcs ou médicinales qui y croiflcnt ? 
a force de la végétation y cft-cllc 
confidérablc ? Ordinairement la vi- 
gueur des animaux cA en même prq- 
portion. 

^^. Quels font les grains que l'on 
y cultive ; comment les cultive- t-on? 
.quelles font 1^ maladies de ces 
crains 9 & à quoi les atrribue*t-on ? 
lo^t On fera connoître le tempé- 
rament des habitans , leur boiflbn, 
(x) leur manière de fe nourrir & de 
fe vêtir > leurs habitudes & leurs 
mœurs > leurs occupations > la conf- 
truélion de leurs maifons , les maU'- 
dies les plus ordinaires aux en&ns , 
^ux hommes » aux femmes & aux 
filles. On dira fi ces dernières font 

(1) Dans te pays de vignoble, les pau- 
vies habitans (ont plus expofès à boire de 
Teau que dans les Provinces od la bière & 
le cidre -font en u(àge« On indiquera Ici 
bons U les mauvais effets qui peuvent réfiil 
ter de la nature & de Teicès de ces boif- 

lons. 

C c c c c <\ 



2.ié8 Journal des Sçavansl 

réglées de bonne heure , & à quelle 
époque elles ccflcnc de rêtrè. On 
fera une artentibn fpéciale aux mala- 
dies particulières , dont certains ou- 
vriers font principalement affcélés. 

II* Enfin il fera bon de marquer 
quelles font les efpèces d'infeftes les 
plus communes dans un pays. On in- 
diquera quels font les autres ani- 
maux qu'on y rencontre. On infit 
tera principalement fur ce qui con- 
cerne les beftîaux, à quel ufagc les 
emploic-t-on , combien travaillent- 
ils de tems dans la journée? Les 
bêtes à laine parquent- elles ou non f 
fi elles parquent, depuis quand, fit 
jufqu'i quand ? enfin à quelles m»^ 
ladies les beftiaux font-ils fujets ? 

I I. 

Sur tAnalyfc des Eanx minérales. 

L'anatyfc des Eaux minérales , 

dont le Roi a attribué la connoif- 

/ànce à la Société , efl: une des rc^ 

cherches chywx'vc^ws c^v^^l^c le-çli» 



Novembre 1778. i^é^. 

<îc rcflburccs dans l'cfprit de celui 

qui s y applique. Les principes fui- 

yajis fcrviront de guides à ceux qui 

•fe livreront à ce travail. 

I r. Il faut déterminer la pefanteut 
de l'eau que l'on examinera , àTaid^r 
d'un aréomètre , & fa température 

Jarle moyen d'un bon thermomètre, 
fais il eft en mème-tems nècefTairc 
de connoître celle de l'air ; ce que 
l'on fait en fe fervant de deux ther- 
momètres de compàraifon. On doit, 
afin d'éviter toute erreur, répéter 
l'expérience à diflFérentts heures da 
;our^ 

• 2:. On diftingucra la conlenr de 
•Feau, fon degré de tranfparence, ifa 
•faveur & fon odeur. On examinera 
(\ elle dépofe quelque fédinicnr lort 
qu'on la confcrvc dans des bcuteillesr, 
quelle eft la couleur , la quantité & 
la nature de ce (ediment. 

}r. On éprouvera fi Teau vcrifit le 
firop de violettes. 

4^ On cffaiera s*îl fc fait un pré- 
cipité , lorfqu'on y jette de Tbiûlc 



t. 2 70 Journal des SiavanÈ l 

de tartre par défaillance : on cofi- 

noîtra la quantité & la couleur du 

précipité. 

j«>. On vcrfera dans Tcau quel*- 
ques gouttes de diflblution d'argent, 
faite par racide nitrcux. Lorfque la 
liqueur devient légèrement trouble 
& de eouleur d'opale j & qu'il fe 
dépofe une matière fous la forme de 
petites écailles blanches, c'cft un in» 
dice de la préfcnce de l'acide virrio- 
lique dans l'eau ; car ce dépôt n'efl 
que du vitriol de lune. Si au con- 
traire « l'eau minérale devient d'un 
blanc mat par l'addition de la dilTo- 
lurion d'argent , & qu'il fe forme 
un précipité en flocons blancs y c'eft 
une preuve que l'acide marin ell con- 
tenu dans l'eau \ car ce dépôt eft ou 
fei marin d'argent ou lune cornée. 

6 • L'infunon de noix de galles 
verfée dans une eau minérale > ferc 
à découvrir la préfence du fer : l'eau 
prend alors une couleur plus ou 
moins rougeâtie^ pourpre ou vior 
httt. 



^iJovemhn 1778. 2171, 
y\ On découvre les matières ful- 

fhureufes ou phlogiiliquées dans 
eau minérale , en y. plongeant une 
lame d*argent. 

8 . Pour connoîrrc Tcxiftence ^ 
la natuft des difFérens gas dont Teau 
peut êtfc imprégnée 9 il faut remplie 
une bouteille de cette eau » lier an 
col àf la bouteille une veflie flaf- 
.que , & chauffer enfuite pour donner 
lieu au dégagement de l'air qui peut 
s*y trouver. On doit faire paHer le 
gas que l'on aura obtenu dans unfi 
bouteille pleine de teinture de tour? 
fiefol & agiter le mélange ; fi la 
teinture ne change pas de couleur» 
& fi aucune portion dti fluide aéri*^ 
forme n'cft abforbée , il faut renver- 
fer la bouteille & préfenter à Torw 
fice une bougie allumée ; (i la vapeiic 
qui s'kih^t de la bouteille s'ctiflam* 
me , c'eft «ne preuve que l'eau con- 
Hinoit un gas inflammable. Si au 
contraire la vapeur ne s'ailume pas » 
même lorfqu'on plonge la bougie 
dans la bouteille > c'eft que le fluide 



ii7i Journal des s çavaml 
aériformc cft , ou de l'air pur, ou clc^ 
l'ait méphitique. Dans le premier" 
cas, la bougie continue de brûler 
dans la bouteille; dans le fécond, 
la bougie s'étcihc. Lorfque le fluide 
aériforme qu'on a fait paflcr dans la 
teinture de tourncfol la change en 
rouge , ce fluide eft l'acide crayeux 
ou l'air fixé de M. Pricftley ; mais 
comme il eft foùvent mêlé avec l'air 
commun, il faut agiter afin que 
l'eau abfoirbe l'acide. On détermine 
enfuite facilement la quantité d'air^ 
pur que l'eau n'a pas abforbée» 

9**. On fait évaporer lentement 
dans un vaiflcau de verre ou d'argent, 
dix à douze pintes d'Eau minérale 
qu'on réduit à une pinte ou qu'on 
rapproche jufqu'à ce qu'il fe foit for- 
mé au fond du vaiflcau un précipité 
fenfible; on filtre alors pour (eparer 
l'eau du précipité* 

1^. On doit examiner la faveur 
de l'Eau minérale rapprochée ; cffayer 
il elle verdit le firop de violettes , & 
ft ç\ït fait cSciN^î^^tv^t v(çc les acir 



Novtmhn 1778. 2117^ 

des ; ce qui indique quelle courienc 
un alkaii ; car ce font ordinairemcnc 
les alkairs & la terre calcaire y aui 
communiquent à l'eau la propriété 
de verdir le firop de violettes; mais 
lorfque Teau a été bien i approchée 
ps^r révaporation , on eft allure que 
toute la terre calcaire eft précipitée» 

11^. En continuant d'évaporer 
Teau lentement & par degrés , on 
obtient les fels qu elle contient; ceux 
qu'on y trouve le plus ordinairement 
(ont ; 

Le fel Glauber : il cryftallife en 

Ktites aiguilles qui s'efHeurifent i 
\t\ il a une faveur amère; il ne 
peut être décompoft par l'alkali fixe, 
ic il fournit avec la diffolution d'ar** 
gcnt un précipité de vitriol de lune. 
Le fel fébrifuge de Sylvius : il 
ctyftallife en cubes ; il ne peut être 
décompofé par Talkali fixe; mais 
rhuile de vitriol en dégage de refprïc 
de fel marin ; & la diflblutioîi d'ar- 
gent eft précipitée en flocons blancs 
ou en lune cornée par ce fel» 



ai74 Journal des Sçavans , 

Le fel d'Epfom ou de Scdlicz : H 
cryftallife en aiguilles comme le fel 
de Glauher, mais fes CFyftaux ne 
s'efflcuTifenc point à l'air. Us ont une 
faveur fort amérc-, ce fel eft précipité- 
par l'alkali fixe. Mais ce" précipité 
étant calciné ne (è convertit point 
en chaux vive. La difTolurion d ar« 
gent eft troublée par le fel d'Epfom , 
éc il s'en précipite un vrai vitriol de 
lune^ 

Le fel marin calcaire : ce fel ne 
prend point de forme régulière ; il 
ne fe manifcne jamais que lotfque la 
liqueur eft prefqu entièrement éva»- 
porée. Il a une faveur très-amère ; il 
eft précipité en blanc par Talkali fixe 
& le précipité n'eft que de la craie 
qui prend paria calcination les ca- 
raélcres de la chaux vive, l /huile de 
vitriol verfce fur Je cel en dcgagc de 
Tefprit de fel marin fumant, 6c ia 
dirfblution d'argent eft précipitée 
en lun? cornée. 

Le vitriol martial fe trouve rare- 
ment dans les Eaux minérales. Lor{^ 



Novembre 1778. 1175 
gu*il s'y rencontre, il cryftallife en 
petites aiguilles vcrdâtrcs d'une fa- 
veur ftiptiquc. Ces cryftaux fe dé- 
conipofcnt au feu & deviennent rou- 
ges. L'alkali fixe précipite ce fel 
avec une couleur jaune, verdâcre; 
Talkali phlogiftiqué en dégage du 
bleu de Pruffe , Çc rinfufion de noix 
de Galles lui fait prendre une cou* 
leur pourpre ou violette. 

L'alkali fixe : il ne fe cryftallîle 
point, & fe trouve mêlé arec lé fel 
marin calcaire dans les dernicres 
portions de la liqueur* On le r&- 
connoîc parla couleur verre qu'il 
communique au firop de violettes ; 
en runilTant à difFerens acides , on 
en détermine Telpèce par les fels 
neutres qu'il forme. 

Il arrive fouvent que les dernières 
portions d'une Eau minérale qu'on 
a fait évaporer, font dans Icrat 
d'une eau mèrc-falinc qui ne fournit 
point de criftaux. Il faut pouffer f é- 
vaporatioiî jufqu'à dcfféchcr le réfidu 
que l'on Ëatic enfuicc diiToudre dans 



117 6 Journal des Sçavans ; 

de rcfpricclc-vin , & en procédant 
par une évaporacion lente > on fé-» 
pare facilement tous les fels qui cri& 
tallifcnt les uns après les autres. 

ii^. On prend le précipité rcfté 
fur le filtre aans ropération , n^ 9; 
Il eft ordinairement corppofé de 
terre calcaire & de félénite. Souvent 
il contient du fer ; ce qu on rccon- 
noit par la couleur jaune ou brune; 
pour réparer ces différentes matières» 
on lave le précipité avec du vifiaigre 
diflillé 9 ayant loin d'en ajouter juC- 
qu'à ce qu'il ne fafle plus d'cffcr- 
vefcence , & qu'on n*apperçoive plus 
de diflblution s'opérer. On filtre la 
liqueur & on pcfc le.réfîdu. Le dé- 
chet qu'il a éprouvé vient de la terre 
calcaire que le vinaigre a diffburé. 

En évaporant la liqueur, on ob- 
tient un fel en aiguilles foyeufes for- 
mées par l'union du vinaigre avec la 
terre calcaire. 

Si la portion qui refte fiir le filtre 
contient du fer , on peut le féparer 
ch verfant deflus un peu d'efprit de 



Novembre 1778» 1177 
fel marin affbibli. Il he refte ordi- 
nairement que dç la félénice* 

Les expériences que nous venons 
de détailler ne fonc pas les feules 
que Ton puiflc tenter \ c efl aux lu- 
mières du Chymiftequi fait lanalyfei 
à fuppléer à ce qu on a pu oublier , 
ou à tenter les expériences qui ne 
font appliquables qu'à quelques Eaux 
minérales que Ton trouve plus rarç* 
ment. 

Il feroit à defirer que les perfbn- 
nes qui s'occuperont de lexamen des 
Eaux minérales ^ voulufT-nt bien 
voir aulli quel eft le fédimcnt qui fc 
trouve danç leurs fqurçes ou fonti^i- 
ncs , & les matières qui s*en élèveht 
en fe fublimant , Si, qu'elles donnaf: 
fent en même tems THiftoire natu- 
relle du terrein dans lequel fourdent 
CCS eaux & cçUe des montagnes les 
plus voifines, dont on peut croire 
qu elles defcendent. 
" Il ne fuffit pas que la Chymie 
nous éclaire lut la nature des 
prinapes q;ue Ton tcouve dans le^t 



liyS Journal des Sçavans f 
Eaux minérales , il faut encore quô 
la Médecine-pratique en détermine 
les propriétés. On indiauera les ma* 
ladies dans lefquelles i obfervation 
aura prouvé que leur ufage aura été 
fàlutaire. On indiquera leur dofes^. 
leurs effets & la faifon dans laquelle! 
on a coutume de les prendre ; fur^. 
tout on évitera de leur attribuer des 
vertus trop générales , parce qu'ca. 
furpaiTanc toute croyance on n'eo 
mériteroic aucune* 

III, 

Sur Us maladies des Anifans. 

UAcadénne Royale des Sciences 
ai rendu à la France & à toute r£u<- 
rope un fervicc important, en pi(- 
biiant & en confcrvant à la poftéritè 
là defcriprion de pluGeurs Arw 6c 
Hjétiers. La Société qui fe fera tou-; 
jours honneur de marcher fur les 
traces de cette illuftre Compagnie ^ 
a penK qu'elle compléceitoic ce cra^ ' 



. Novembre 1778. 117^ 
vail fî 9 en examinant avec le plus 

§rand foin \çs procédas employés 
ans les Arts, en déterminant 'ceux 
qui peuvent être nuifiblcs > & en in- 
diquant les moyens de prévenir les 
maux qui y paroiflcnt artachés, elle 
farfoit pour la fanté des Artifans ce 
que l'Académie a exécuté en faveut 
de leur induftrie. Le Traité de Ra-» 
mazzini, plus connu depuis qu'il â 
été traduit, ne peut être regardé que 
comme un efquiflc de ce travail. La 
Société a arrêté dans une de Tes 
Séances tenue le 17 Décembre 1776, 
le plan général qu'elle doit fuivre ; 
elle s'en cft depuis occupée plufieurs 
fois , & elle a déjà reçu plufieurs 
Obfervations qui y font relatives, 
La Compagnie cfpère que le Public 
ftcondcra cette entreprife, & elle 
recevra avec bien de la rcconnoiflancc 
les Mémoires qui lui feront envoyés 
à ce (u)êr. Elle invite les Adminiftra- 
teurs 8e lés principaux Magiftrats deS' 
Villes à y donner tonte leur atten- 
tion. Les Cbe& 2c Dixeftcun des 



iz8o Journal des Sçavans ^ 

Manufaélures peuvent furtout libu 
fournir les renfeignctncns les plu: 
utiles, Cki prie ceux qui voudron 
bien y «encourir de s'attacher pria 
cipalemenc à un genre de travail , 6 
d*indiquer 

I \ Quelle eft la (ituation de h 
Manufaâure y de l'Âttelier ou de k 
Maifon dans laquelle les Ouvriers fi 
raflemblent} quelle cft fa conftruc" 
tion & fon étendue ? 

2^ Quelle cft la nature & l'état 
des Eaux qui y font employées ; que 
cft le cours des rivières fur leiquclle 
les Manufactures font établies ^ & l 
les Habitans y puifent de l'eau poui 
leurs befoins ? 

3 '. De quels inftrumcns les Ou« 
vxîcrs fc fervent, & comment ils ec 
font ùfage, en ne les confîdéram 
toutefois que relativement à l'éco- 
nomie animale ? 

4<'. Quelles font les matières qu'il* 
emploient ; quel eft leur état avant 
Jçtre mifcs en œuvre, ou lorfqu'cllcJ 
font en magafîn ? 

S*- 



N.ovembre 1778. ixtï\ 
5^. Suivant quels procédés on les 
iraite , de quelle nature font les va-> 
>curs qui s'en élèvent, & comment 
:es fubftances réagiiTent fur les tra-^ 
railleurs ? 

" 6"*. On obfervera fi les Ouvrîerj^ 
(ont en grand nombre dans la mêma 
(allé; quel eft leur attitude > quels 
(ont leurs principaux mouvemens; 
s^ils travaillent long-tems ; quelle^ft 
leur nourriture &, leur manière de fe . 
vêtir ? 

7S. Quels font lei organes les plus 
flitigués chez eux ; quelles font les 

E Parties qui reçoivent les premières 
mpreflions des caufes qui les aflPec- 
tcnt , & quelles font les maladies ai- 
guës ou chroniques auxquelles ils 
lo'nt le plus expofés ? 

8^ Enfin fi on a rémarqué que les 
^océdés employés dans les diffé- 
rentes Manuradures aient influé fur 
les habitatis des Villes où elles foric 
bâties , & fi les maladies éuidémi- 
^ues font devenues oiielquetois plus 
^aves par cette railori? 
fiovcmbrc. D d d d d 



1 i 1 1 ' Journat ies Sçavam » 

Sur Ui maladks des B^fliaux^ 

Prefcjuc routes les maladies aiguç< 
ik cbfoniques dont Us beftiaux fon( 
attaqués, partent diâereos noms, 
non » feulement dans chaque Pro^ 
vince, mais encore dans chaque 
canton* Elles n'ont daUletirs jamais 
été convenablement obfervées dî dé- 
crite& l^ Société peifi%adée ^u^ ce 
travail doit être regardé comme la 
bafè de rArt Vétérinaire , dcfirc que 
chaque Médbcin ou Phyfîcien lui 
donne un, expofé fucciot des mala^ 
dies doiot les beftiaux font attaqués 
djails le pajs qu'it habite y en fâilànl 
lâinjus ^r^nde attention à finflucnce 
d&.«IM^^ M Compagnie demandç 
^ÔQÇMic^ lui envoijp 

JTn.TabUau dès maladif aiguës^ 
4^ chroniques auoç^mllts. Us Befiiaux 
dt iotiU efpke font Jujcis dans chor 
que pa(j($i^ çfimfruint !''• les nams 



Novembre 1778 zi8^ 
vulgaires de ces maladies ; x^. leur 
defcription ; 3 ^. leur traitement ordi^i 
naire; 4^. les caufes auxquelles on a 
coutume de lés attriiuer. 

Les Mémoires & Obfervations yj- 
font adreffis , franc de Port , à Mi; 
Vicq cTAxir, Secrétaire perpittul dt 
la Sociitl. 

NOUVEUES LITFÉRAIRES^ 

ANGLETERRE. 

deLondr^s. 

r^MM rifiy progreff ani prtftnt 
fiattofthe fforthern Governc'- 
ni»ms .... Ky w^itûams , Eflj. i. e^ 
L^orig^tfc , fcs progrès & Tétar pué»' 
Iciit des Gourtmcmcfis fcptcntirio- 
nawc , c*eft-àrdirc des Provinces- 
Unies , du £%nernarck, de la: Suède» 
de la RuiTse Si: de la Polbgnc; oa 
Obfcrratiom fer hi Nanrrc,ld-.Confc 
tituctbO', la F^eligioiY, les Loix , la* 
Police ^ les Coutumes & le Com^' 
Dddddij 



1x84 JoMftuildcsSçayiûis ; \ '" 
IT)çrce . içlc :iç1vi^5uc . Gouvernenftnt ^ 
les moràrs.^^ qualités du Peuple » 
IcuKS forcci ;!^itaires fur terre & fus 
nier y les revcsm» & le$ re(Iburces,dc 
chaque Puiflkrce , avec le récit des 
ooojonâurcs fu;r les différences Rfr- 
vofutions : le tout d aptes les rela- 
tions & les hi({bires les pluswtbeti!«, 
tiquer ; comme auffi d après les pb- 
fervations & les remarques Faites'' 
ptmlant tm voyage de cinq annéet 
dans ces contrées. Par M. Williams. 
Deux gros volumes ia*4\ Prix ^ 
,x llv. i6 sh« en carton. 

Catalogue pf ike Manufcripts in 
ttu Cottonian LUrary. i. s.. Catalo-^ 
gue des Manufcrits de la Qibliotfaè-. 
que Cotrohieimc : auquel on a joint 
phifieurs Correâ;ions& Additions ». 
i^vec un Appendix çontemint un dé^ 
tail du dommage caufé par le feu en 
173 1 > & un Catalogue des Char-, 
tes confervées dans cette Bibliorhè- 
quc ini\ Ï777* Hoopcr. 4 slju 
brpcb^ « 



Novembre 1778. 2285 
t)n a reconnu que le Catalogue 
^e cette Bibliothèque, p^iblié en 
ï^^^parM. Smith, ctoittrèsdc- 
fcftucux. Ccrt pour le perfcâipnner 
qu'on a donné ce nouveau Catalo-* 
guc , ou les matières foot tellement 
difpoftes , qu on peut très-aifément 
trouver ce qu'on y cherche. 

S U,I S S E. 

Code de V Humanité i ou la L^- 
gîflation tinivcrfelle , anrî'>rtré^ c\y 
devant fous le nom de DiSionnaîr^ 
nmverftl raisonné de Juflice natu^ 
telle & civile ; contenant le Droit 
naturel, la Morale univcrfelle, le' 
Droit des gen^, le Droit politique/ 
le Droit pubic, le Droit romain , 
Je Droit canonique & le Droit féo- 
dal 9 avec l'Hîftoire littéraire relative 
à ces fciences ; Ouvrage compoft 
par une Société de Moraiiftcs , de 
Jurifconfultes & de Publiciftrs, SccJ 



ai86 Journal diS Sçavans ^ 

I^ tout revu Se mis en ordre alpba« 

^tique par M. de Felice. 

QuU deceat, quid non : (^ub vînus ^ quh 
ftrat error. H o R A T. 

I) vol.iV4\ Yvcrdon. 177J. & fc 
tvouve ï Paris» chez Lamy» quai 
des Auguftios, . 

Dans l'immenGté des Ouvrages 
feits fur les différentes Légiflarions 
arbitraires ,* il n'y en a guère qui fàfïc 
connoîcre les rapports qu elles ont 
avec la Légiflanon immuable *, & 
la K^tticc civile a fouvent été ac-* 
CuÉ|j^^ravcr les décifions de 1» 
*|i$mrt naturelle , Tunique fourçc 
4e la vertu. L'Ouvjrage qu« nous an- 
nonçons , en expofant les décllions 
de la juftice civile , fait fentir jut- 
qu où elle fe. conforme à la juftice 
naturelle , & où elle s'en écarte. La 
Morale fait la bafe de ce grand Ou- 
vrage. Jamais fcs vérités n'ont été 
ptéfentécs avec plus de candeur , de 
lolidité, de profondeur & de fran- 
chife > qu elles le font dans ce DiQn 



Novemhn 1778. l^'^7 
tîonnaîrc , qui jufqncs ici nous man- 
quoir, & qui cft bien digtre d'oc- 
cuper une place dans toutes U^ bi- 
bliothèqucs publiques & particuliè- 
res ; c*cft le Code de THunianité; 
îl devroic ctte k manuel de ces ref- 
pcdables Magiftrats., qui ne pro- 
noncent que d'après les arrêts infail- 
libles de la juftice naturelle & de 
réquité, 

M. de Fclicc , M. Bonchaud ^ M; 
Bertrand, M. Tfcharncr, M. An- 
dric de Gorgier , M, le Chevalier 
de Jaucourr > M. de la Lande , M« 
purand de Maillane , M. Mingard^ 
M. Maclain , M. Mole Avocat au 
l^arlement de Paris, & plufieurs au« 
très perfonnes qui n'ont pas jugé à 
jiTopos d'être connues, y ont fourni 
jdes articles. 



^ 



Tliiiill 



'2l88 Journal des S çavans l 

ALLEMAGNE. 

DE Casse L. 

Séance publique dt la Société 
antiquités de Cajjcl tenue l 
Août l'jyS^ 

La Société avoit propofe { 
fujet du Prix, rElogc de M. \ 
kclman , dans lequel xl s'agi 
défaire connoître Térar oh cet 
vaut a trouvé la fciencc des 
tiquités , & à quel point il Ta lai( 
le Difcours qui a remporté. le p 
avoit pour dcvife : 

Et dîibitamm adhUc virtuum txte 
faais? 

L'Auteur eft M. Leyne, Pri 
feur d'Eloquence dans TUnive 
de Gottingue & Confeiiler Aul 
de Sa Majefté Britannique. 

Après la leâurc de cet Eloge 
a lu un Mémoire fur quelques n 
noies du moyen âge , par M, le B 
de GuTîdcrode, Confeiiler de 



Novembre 1778* 2189 
-gcn.ee à Carifrube ; M. l'Abbé Col* 
lignon a lu enfùirc des fragmens de. 
quelques Içcrres de ^.eibnitz , trou- 
vées dans Izs Archives de la Sérénif- 
iîme Maifon deHeiflc-Rathenbourg; 
& on a terminé la féance par TÈ- 
logc de M. de Voltaire, Membre 
honoiuiire de la Société par M* 4c 
Suchet 5 Secrétaire perpétuel. 

La Société propofe pour le prix 
^e Tannée 1779 > la ^ueftioo fui* 
vante : 

. Quel rapport y avoît'U entre ia 
religion des Peuples du Nord & celle 
Jes Peuples Germaniques^ depuis 
JuUS'Çéfar jufjuà Charlemagne ; 
queftion propre à cclaircir .1^ My- 
thologie Germanique^ 

'Ceux qui voudront concourir,, 
^doivent aqrcfler leurs Difcours à M. 
le Marquis de Luchet, Conlcille/ 
privé de I-égarion , Seprétaire p^ît'- 
pétuel à Cauel; ils ne (êront ipeçus 
jquejufouVu premier Mai ptodbain. 

Les Auteurs mettront fui van; Tu- 
ùgt^ leurs noms ^ans un billet ca- 
Ddddd^ 



oxço Journal des Sçavans.^ 

cheté , avec la même devifè qui fenr 
à la fin de TOuvrage* 

FRANCE 
DE Toulouse* 

Dijfcrtadons phîhfcphîques fur 
plujicurs fortes de fujetSj comme Jur 
tes idées innées ^ t infini , &c. & au^ 
ires maùires analogues a celles-là ; 
Recueil où l'on trouve à la fin ua 
Potfcrfc fur le Spinofîfine. Par M. 
1- M. D, B. 1 vol. i/i-4*. 

Ponderarejuvât , non nunurate. 

On tfouVe des exemplaires de cet 
Ouvrage à Touloufe , clicz Daller , 
Libraire. 

Il paroîc que TAuteur a fait l'é- 
tude la plus profonde des fujets abf- 
traits fie métaphyfiques qu'il traite 
<îans cet Ouvrage. Après l'avoir par. 
couru ) nous n avons pu concevoir 
qu'une haute idée de fes talens ; mais 
nous voyons, avec peine, qu'ayant 
moins culrivê la langue françoife que 
la méiapbyfique > il s'exprime an». 



novtmort 1770. 2191 
fouvent d'une manière fi peu corredtc 
& fi embarraflec, qu'il n'efl; pas aifé de 
faifir bien exademcnr fa penfec & de 
s'alTurcr de fa marche. Il leroit réel- 
Icmcnr à dcfircr que tout ce que cette 
produtftion contient de bon fiut di- 
géré & mis dans un ordre méthodi- 
que , avec un ftylc ckir & aflbni à 
la matière.. 

B B Paris. 

DicHonnaift univerfel des Scient 
ces ^ Morale, Economique , Poli- 
tinue & diplomaticjue > ou Biblio- 
t*ièquc de THommc d'Etat & du 
Gitoyeti , rédigé & mis en ordre par 
M. Robinet , Cenfeur Royal , 

AuTcms&dlaVéïîc^. 

Tome V, à Paris ^ cher l'Editeur, 
rue Saint Dominique , près la rue 
d'Enfer, I vol. 1/2-4?. de 500 pag, 

Ejfaifur taminagement des fo^ 

r&Sj par M. Pamielier d*AnnaI^ 

ptéfttfité au Roi ( i Paris , cher/ Def- 

pveib Imprimeiir du RoiÂe duOetgÉr 

Dddddvî 



zi9t Journal des Sçavans i 

de France , rue Saint Jacques , bro* 

chure de xy pages. 

Carte particulière de la Province, 
de NeJT - Yorc & de New - Ar/iy , 
levée par ordre du Chevalier Tryon > 
Gouverneur, traduite de TAnglois» 
Cil une feuille., prix 30 fols. 

Caru de la Manche , en une feuille ;' 
par Jeffcrys , traduite de FAnglois , 
contenant les côtes de France, de- 
puis Dunkerque jufqn'à Nantes 3 '& 
celles d*Angletefr« depuis la Tamifet 
jufqu au canal de Saint Georges ^ 
avec les fondes i à Paris, chez le ficur 
Lerouge, Ingénieur-Géographe du 
Roi : rue des Grands Auguftins , 
prix 50 fols. 

Hijloire Univerfelle , xlepuis lé. 
commencement du monde, &c. cn*^ 
xichie de figures & départes ncceP- 
faires, oompolce en Anglois par 
une Société de Gens de Lettres : tra- 
duite en François pat une Société de 
Gens deLettrcsj propoféepar fouP 
criptîon» ' 



Novembre 1778. 119^ 
Nous avons déjà en François une 
traduâion de cet Ouvrage y faite ea 
Hollande. On fe propofe d'eu don-, 
ner une nouvelle , plus èxaâe , plus 
conforme à l'original & d'un (ïyle plus 
correâ. Les nouveaux Traduâeurs , 

i)our rendre leur travail utile à toutes' 
«s ciafTes de Leâeurs; entreprife 
aiTez difficile dans un Ouvrage de 
cette efpèce , ont cru devoir dégager 
le texte des longues Diflcrrations 
qui {ufpendent le récit des faits , 
pour les reporter en notes à la fin 
de chaque volume. Il y a des partie 

Ju'ils^evroient noo^feulement refon- 
re en entier , mais encore pour Icf-. 
quelles ils pourroient revenir aux 
iources , pour faire , foit des correc- 
- tions , foit des additions confident 
blcs. On promet que cet Ouvrage 
fera imprimé fur de beau j>apier^ en* 
caraâères neufs , & que la gravure 
des planches fera confiée aux meil- 
leurs Ârtiftes. Chaque volume ièra 
de 40 feuilles , tous fetont âccom* 
pagaés d'une talble xaifonn&e dtt 



^294 Journal Jû$Sçavans i 
matières rangées par ordre alpKa- 
bctique. Il en paroîtra un voiunie 
ctiaque mois, à commencer au der» 
nier Janvier prochain ; le fécond à: 
U fin de Février , & les autres fuc« 
çeffivemenc 4e mois en mois. Oa 

Ciera 14 liv« en foufcrivant > pour 
; Cix premiers volumes , & en re«^ 
ccvanc le fixième » oa ptteta 24 au-* 
très livres pour les fix volumes fut-* 
vans» & ainfi de fuite de Gx mois ea 
^ mois. 

On fbufcrit chez Moutard 3 Im* 
primeur<»Libraire de la Reine, roe 
<lcs M^rhucins, Se chez les princtr^ 
|>aux libraires du Royame;. 

. Hijioirt de la fondation dts Colo^ 
mes des andenneSi Répuiliquis , 
adaptée à la. difputc prcfcntc de la 
i^rande-Brecagne avec Ces Colonics^ 
Américaines^ traduite dcFAnglois, 
&c. à Uncecht, chez J. VanSchoon- 
Hoven & Compagnie •, & fc trouve 
a. Paris , chez Ruauk, libraire, rue 
«k la Harpe»! voL in^'^^^ d< 146 
^esjpriz j liv. 



Novembre 1778. 1255 
Caroli Van Bochante^ il aima 
Univerjîtate Lovanicnfi praxtos Me* 
dicm ad nofocomium D. Pari ^nec* 
mon Ckemia Pro/èffôris Régii Difet'- 
tatio PhyfiolQgicO'Chtmita d^ Bile. 
Se trouve à Paris , chez Lamy , Li- 
braire y Quai diss Auguftins ; & chez. 
Mequignon ^ l'ainé j Libraire rue dc« 
Cordeliers; prix i liv. 4X1 broçbé* 

Mémaires concernAni PkiRoin ^ 
Usfciences , Us arts , les maars , les 
ufages , &c\ des Chinois ; par les 
Mijionnalres de Pékin, Tpm, IV. 
A Paris 9 chez Nyon r^uné ^ Libraire ^ 
TOC S. Jeau-de-Beauvais vis4-vis ié 
Collège. Avec Approbation & Pri-* 
^ilége du Roi. i vol. in 4% dé. 5 1» 

fages avec figures en taille-douc«* 
tix. Il liv». relié. 

Lettres fur les Embiliffemêfts^ i^ 
Paris. A Lwernbourg \ ic fe ctwye 
à Paris, chez Auguftiti-Martia Loitw 
tin Tainéi, Libraire dd Imprimeur dii^, 
Roi& deia Yilk» rue $. Jacques » 



119^ Journal des Sçavans^ 

au Coq & au Livre d'or. 1778« 

Bioch. //2-8 . de 40 pag. 

L'Auteur de ces Lettres répond 
d'abord à M. L« fur fbn Projet d'cm- 
béiiircmcnt du quartier ,du Luxenw 
bourg , & fait voir combien, en 
plufieurs parties, ce Projet tft inu- 
tile & trop difpendieux ; enfuite , 
farcourant les différens quartiers de 
^aris , il indique les moyens d'jr 
faire des établiileniens utiles. 

M ûppemonde géographique <& hif- 
ioriquc, donnant des premières con- 
noiflances de Géographie^ de l'Hif^ 
foire des Voyages , &c. Ouvrage ré- 
digé pour réducation. Par M. Ma- 
ciot , Aflbcié de l'Académie Royale 
des Sciences, Belles Lettres & Arts 
de Rouen. A Paris, cher l' Auteur.,, 
rue S. André-dcs-Arrs , prefque vis- 
à-vis la rue de TEperon , maifon du 
Marchand Drapier; chezGuefficr & 
Ruault , Libraires, rue de la Harpej 
Se chez Defnos , aufli Libraire , rue 
S. Jacques. 2. vol» in-i i. Le premi^x 



Novembre 1778. "97 
de 341 pages, le fécond de 318. 
Prix, 3 iiv. 12 f. 

Ces Elémens font deftinés à Tinf- 
truâion des jeunes gens. L'Auteur a 
corifulcé & fuivi leur goût dans le 
choix des matières. Ce qu'il dit de 
la partie de rAftronomie , qui fc 
combine avec la Géographie , le ré- 
duit à ce qu'on ne peut fc difpenfet 
d'en faire apprendre pour l'éduca- 
tion. Il faut joindre à cet Ouvrage 
TAtlas général , méthodique & élé- 
mentaire qui fe trouve chez Defnos; 

Mémoire contenant des Réflexions 
fur Us propriétés du Remontoir ^ fon 
exécution pour les pendules à tef* 
fort, le développement des effets 
avanrageax de Ion application aux 
pendules à poids , particulièrement 
à c<*lles qui vont un an fans être 
montées. Un échappement naturel 
dans tous fcs points , les caufcs phy- 
iiqués qui le rendoicnt variable dé- 
truites i manière de le tracer & de le 
conftruire. Quantième perpétuel avec 



beaocoDp de fureté dans ks cSktsi 
& cToDc &dlc czccotioD » marquant 
les data da mois par ose divifion 
aimnrJlr oa par une de 3 1 ; avec 
rdrlcxi] 



ccMzne ddcxiptioo d'ane pendait 
dans laquelle CCS ^ien font eaccntés. 
Par 11 Robin» HodocerdelL k 
Dec de Charnts » roe S. Honosé $ 
i nthxd JiAhgK. 1778. 61 pages 

La pendale de M. Robin a hé 
aipproovéc a?ecflogc par l'Académie 
des Sdcnccs; & Ton trouve le lap-» 
port des -Comnûflàîtes^ M. Lcioy 
^ M. de Foiidif » à laivite de cène 
perire dcfcripûon que f Auccvx a âôt 
111 ipii nier» 

^V^S^ fdtparofàm du Rûi em 
177] & 1771 en diy€rfis pmrâes Je 
fEurofi , dt CjÊfn^t & de tAmcri^ 
f2u , parMU^ de Vttdun^ dt Bordm 
& PÎBgré. A Pans , de llmprîmetic 
Royale 1778. 1 voL «0-4^ & fe 
trooire dicz Panckoncke» roe des 
Poitevins , botel de Tbou. 



Novêmhre 1778. 1199 
No«s avons annoncé en 1773 le 
Voyage de MM. de Flcuricu & Pin- 
gre fait en 1768 & 1769 fur la fré- 
Sate Vlfis^ ordonné pat M. le Duc 
e PraJia pour la vérification des 
Montres marines & les autres objets 
relatifs à la Navigation. Celui de la 
Flore qui paroît depuis la fin d'Août^ 
cft un Ouvrage du même genre que 
pous devons à M. de Bojnes , alors 
Miniftre de la Marine. Il renfermç 
une multitude tl'obfervatîons pour 
la correâion des Cartes marines ^ 
pouc la détermination des longinit' 
des y des variations de 1 aiman » de$ 
courans , des fondes & des marées , 
fufqu'au cercle polaire ; des vues 
crèsbien deflinées par M. Ozanne 
dans les principaux lieux qu'il efl: im- 
portant dç connoître; des cartes de 
lOcéan atlantique 5ç de la met du 
Nord > faites avec une prédHon toute 
tipuvelle; des relations & des de(^ 
diptiops hiftoriqucs & Pbyiiques de^ 
CQus les pays que les OUèryatciu% 



a)00 Journal des Sçavans. 
onr parcourus, fijavoir ; TEfpagtiei 
les Canaries 9 les iflcs du Cap Verdi 
les Antilles, Tlflande & le Danc-. 
marck. C'eft avec de femblabicsl 
voyages, faits par des Marins auffil 
iorclligens & aulfi laborieux, &| 
écrits avec autant de foin , que i^l 
Navigation & la Géographie k pet- 
(câionnent d une manière qu'on nV 
voit point cfpcrce. Outre les Auteurs' 
de cet Ouvrage , il 7 avoir un Agro- 
nome nés- exerce nomme Merfais i 
Elève de M. de' la Lande, qui eft 
mort dans un autre voyage , & donc 
on a va TEIoge dans les Lettres de 
M. BemouUi. 

Obftrv allons fur Us Fofjts (Tai^ 
fdnce^ & moyens de prévenir les in^ 
convéniens de leur vuidofise ; pat 
MM. Laborie, Cad-t le fcune & 
Parmentier, Membres du Collège 
de Pharmacie , &c. C>cc. Sec. Impri-* 
me par ordre & aux frais du GoiN 
tcmtment. A Paris , de rimprimcrie 



^ Novembre 1778. xioi 
^. H; D. Pierres , Imprimeur 
Collège Royal de France. 177S. 
:hure //2-8^- de loj pages. 
Ja^s ferons connoîtrc ce Mc- 
rc , dont l'objet i rn porte beau- 
3 à la fantc des Citoyens , & le- 
. f outre les obfervations de MM« 
orie f Cadet le jeune & Par- 
tièr 3 contient aufli celles de 
i. Lavoifier , le Comte de Milly 
ougeroux de Bondaroy , Mem- 
de l'Académie Royale des Scient 
QUe cette Compagnie avoir chai'; 
de lui rendre compte dç ce Mé« 
relutéreijknc» 



ces ARTICLES CONTENU 

d$t^s le Journal du mdîs 
d( Novembre 1778* 

XJV J TaiMM Jif fjieadùi 

Mfmoîns' pour fcrvir i Fhi^bk 
de Louis Dauphin Je France» 214J 

Continuation de thijloire des RI 
volutions de Suide p de M. FAbh 
deVenùt. 21 5S 

Cours iEducatitin à tufage du 
Elèves depnies aux premières Prof^ 
fions & aux grands Emplois di 
tEtat. 2173 

Voiîsp U ModhU des Naùom 



*3^ 
kfMghei $ pér tEJ&êmr de$ Letms . 

ùê Bapt Ganganellu 1 177 

Di^onnaM d^ Ùripms ; par 

De Pufagt 4t^ P ArtilUn^wuvtlU 
dans la Guerre de campagne; par 
W. le Chevalier du TeiL ii%j 

Précis d'Hiflaire Namelle. 2101 

Dijfenation jur la Comparaifon 
4eê Tht^rmomhres par J. H^ Van-- 
i$winden. %xio 

VAn du FaSeur d^Orgues; par 
J). François Bedos de Celles. 21x9 

Catalogue des Livres de la Biblio^ 
ilàque fondée par M, Proufieau 1140 

Hifloire générale des Animaux ^ 
d€S l^égitaux & des Minéraux qui' 
fe irouvem dans le Royaume (^dê 
France. ) par P. /. Bucho[. 2254 

Travaux propojes aux Méduins 
& Phyficiins R^icoUs & Etran^ 



gers , f » ** 

ïinàcVaTaUe.: 



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