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Full text of "La Belgique horticole : Journal des jardins"

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BELGIQUE HORTICOLE, 


ANNALES D'HORTICULTURE. 


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HARMACIE BELGE. 


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PIERRE COUDENBERG D’ANVERS, 


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BELGIQUE HORTICOLE 


ANNALES D'HORTICULTURE 


BELGE ET ÉTRANGERE, 


PAR 


ÉDOUARD MORREN, 


Docteur spécial en sciences botaniques, Docteur en sciences naturelles, Candidat en philosophie 
et lettres, professeur de botanique à l’université de Liége, directeur du jardin botanique; 
chevalier des ordres royaux du Lion. Néerlandais, du Christ et d’'Isabelle-ja-Catholique, 
secrétaire de la Fédéralion des Sociétés d’horticulture de Belgique, de la Société. royaie 
d'horticulture de Liége, du comité d'agriculture de la Société libre d’émulation, corres- 
pondant de l’Académie royale des sciences, des lettres ct des beaux-arts de Belgique; 
membre de la Société royale des sciences de Liége, de l’Académie impériale des curieux 
de la nature à Iléna, de la Société des sciences naturelles de Strasbourg, de la Société 
Linnéenne de Bordeaux, des Sociétés de botanique de France, de Belgique et d'Anvers, de 
la Société royale pour la prospérité de la Norwége, de la Société industrielle d’Angers et 
du département de Maine-et-Loire, de la Société des sciences, des arts et des lettres du 
Hainaut ; de la Société phytologique d'Anvers; membre honoraire ou correspondant des 
Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, de Berlin, de Turin, de St. Pétersbourg, de 
Vienne , de Rennes, de Flore à Bruxelles, de Namur, de Tournai, de Verviers, d’Autun, 
de Trieste, d'Erfurt, de Goritz en Ilyrie. 


1866. 


LIÉGE, 
A LA DIRECTION GÉNÉRALE, QUAI DE LA BOVERIE, 1. 


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P. COUDENBERG. 


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PROLOGUE 


À LA MÉMOIRE DE PIERRE COUDENBERC. 


SEIZIÈME SIÈCLE. 


1520 ? — 1594 ? 


Un savant belge dont la vaste érudition possédait dans ses 
détails et son ensemble notre histoire nationale des sciences et 
dont la fibre patriotique tressaillait toujours quand :l pouvait en 
faire valoir les mérites, Charles Morren, écrivait, en 1855 : 

« Il y a trois siècles, Anvers citait avec orgueil un de ses 
fils célèbres Pierre Coudenberg, qui avait établi à Borgerhout 
un vaste jardin réunissant toutes les raretés de l'époque, plus 
de quatre cents plantes exotiques, ce qui était de ce temps là 
digne d'un roi. Les serres n'existaient pas encore et Pierre 
Coudenberg cultiva le premier Dragonnier que vit l'Europe, les 
dattiers et une foule de végétaux utiles. Les plus grands sa- 
vants se rendaient à Anvers pour venir admirer ces merveil- 
les. Le jour arrivera où l’image de Pierre Coudenberg sera 
placée au Panthéon anversois (1). » | 

Ce jour est venu le 17 août 1861 quand la statue de Cou- 
denberg (2), due au ciseau de Joseph de Cuyper, apparut à tous 
les yeux sur les boulevards d'Anvers. 


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(1) La Belgique Horticole, 1855, tome IT, p. 256: dans la biographie de L.J. Fr. 
Legrelle d'Hanis. 


(2) Nous écrivons Coudenberg qui est l'orthographe désormais fixée du nom du 
pharmacien anversois. Cependant Van Hulthem et Charles Morren ont toujours dit 


La Société de pharmacie d'Anvers voulant célébrer avec éclat le 
25° anniversaire de sa fondation, avait décidé, le 27 novembre 1860; 
l'érection de ce monument. Le projet fut accueilli avec sympathie 
par le public, par la municipalité d'Anvers et par le gouvernement (1), 
Les titres de Coudenberg à la reconnaissance de ses concitoyens et 
du pays, à peine connus, pendant longtemps, de quelques érudits, 
avaient d’ailleurs été mis en lumière et popularisés. Le savant et 
infatigable historiographe de la médecine beige, M. le D’ C. Broeckx, 
membre de l’Académie royale de médecine et médecin en chef de 
l'hôpital Ste.-Élisabeth, lui a consacré, successivement, en 1845, en 
1856, et en 1861, quatre publications spéciales @. M. Victor Pasquier, 
pharmacien principal de l'armée belge, partage avec M. Broeckx, 
l'honneur d’avoir tiré de l'oubli les mérites les plus éclatants de son 
illustre prédécesseur. En 1845 et en 1861 il a donné d'importants 
écrits concernant le vieux pharmacien d’Anvers (5). Grâce aux labeurs 
de ces savants notre tâche est rendue facile et nous n’avons d’autre 
mérite en écrivant ces lignes que celui d'étendre la connaissance des 
découvertes dues à leurs patientes investigations. 

Coudenberg était pharmacien et amateur d'horticulture. Tan- 
dis que dans les écrits de MM. Broeckx et Pasquier on trou- 


Caudenberg. Ses contemporains Dodoens, l’Escluse, De l’Obel disent ordinaire- 
ment Coldenberg, et Conrad Gesner (dans l’errata de son ouvrage de hortis 
Germaniæ) certifie expressément cette orthographe. On a aussi écrit Coudemberg, 
Coudeberg (Foppens), Koudenberg, Coudenberch, Van Codenberch. Foppens cite 
(p. 621) un Jean Coudenberg, prêtre du diocèse d’Utrecht, qui fit imprimer à 
Anvers, au commencement du seizième siècle un opuscule de piété. 

(1) On lit sur le piédestal: 


Face antérieure. 


PETRO COUDENBERG 
ANTVERPIAE SECULO XVI ET NATO ET PHARMACIAM PROFESSO 
QUI PRIMUS E PHARMACOPOEIS DE ARTE SUA SCRIPSIT. 
ET EXIMIA BOTANICAE SCIENTIA INCLARUIT. 


Face postérieure : 


SOCIETAS ANTVERPIENSIS PHARMACOPOEORUM 
XXVII DIE NOVEMBRIS M. D. CCC. LX. 
ANNUM SUAE INSTITUTIONIS VICESIMUM QUINTUM CELEBRANS 
HOG MONUMENTUM ERIGERE DECREVIT 
UT ILLIUS SOLENNITATIS ET EGREGII VIRI MEMORIA SERVARETUR 
MENSE VERO AUGUSTO M. D. CCC. LXI 
. SUO ET ALLIORUM AERE COLLATO 
P. 

(2) Voir aux sources. 
(3) Voir aux sources, à la fin de cette notice, 


ee IMNES 


vera les renseignements les plus circonstanciés concernant les 
mérites qu'il s’est acquis dans sa profession et qui lui ont 
valu le titre de Père de la pharmacie, nous aurons ici à consi- 
dérer plus particulièrement sa qualité d’amateur d'hortculture. 
Par son ancienneté, par la valeur de ses introductions, par ses 
relations avec les botanistes et l’empressement avec lequel il leur 
communiquait les fruits de ses cultures, Coudenberg pourrait 
aussi être considéré comme le père de l’horticulture belge, au 
moins en est-il un des fondateurs. Il est le plus anciennement 
réputé de ces hommes que l’on nomme aujourd'hui les amateurs 
d’horticulture ou simplement les amateurs. [ls mettent leur fortune 
et leur temps au service de la culture des plantes rares et nouvelles. 
Ce sont eux, en réalité, qui soutiennent l'horticulture progres- 
sive, l’horticulture scientifique. Grâce à leurs libéralités, des éta- 
blissements uniquement consacrés à la propagation de plantes 
rares et à l'introduction de plantes nouvelles se soutiennent et sont 
en prospérité. Ces hommes généreux aiment à s’entourer des végé- 
taux les plus élégants et les plus rares de toutes les parties du monde : 
ils les élèvent à grands frais et les mettent gracieusement sous les 
yeux du publie aux expositions et des botanistes en tout temps. La 
science ne saurait éprouver pour eux trop de reconnaissance; ce 
sont eux qui forment ces Sociétés d'horticulture, actuellement si 
nombreuses et parfois si puissantes ; ce sont eux qui soutiennnt ces 
revues horticoles qui paraissent dans tous les pays d'Europe et qui 
sont en réalité d'utiles et riches recueils d’iconographie végé- 
tale. Cest un faible témoignage de notre gratitude que nous 
leur donnons en consacrant ces quelques pages à la mémoire de 
Coudenberg. 

Coudenberg appartient au seizième siècle ; ce siècle de la 
grande renaissance de l'humanité qui fut, pour notre pays, 
d'abord heureux et prospère, ensuite violemment tourmenté. Il vécut 
sous le règne glorieux de Charles-Quint et cette période de sa vie 
fut laborieuse et féconde. Mais il sentit aussi le joug de Philippe I; 
il vit Ferdinand de Tolède, duc d’Albe, construire la citadelle 
d'Anvers en 1567 : il subit, sans doute, le siége désastreux 
qu'Alexandre Farnèse mit jusqu'en 1585, autour de ses murs, 
et 1l assista à la rapide décadence de sa ville natale. 

Pendant la première moitié du XVI siècle, l’horticulture était 
relativement aussi florissante dans nos provinces, que pendant notre 
XIX° siècle. Alors, comme aujourd'hui, un grand nombre de 
personnes riches cultivaient à l’envi les végétaux rares et nou- 


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veaux que l'on importait des contrées étrangères nouvellement 
explorées. 

Un auteur contemporain, Jacques de Meyer, nous a conservé, 
dans son histoire des Flandres, le tableau de cette prospérité 
horticole. Il signale ces grandes collections d'arbres fruitiers, de 
fleurs, d'herbes salutaires qui provoquaient l'admiration de tous 
les étrangers (1). 

Le témoignage du célèbre botaniste de L'Obel est plus expli- 
cite et plus précieux en cette matière. Voici comment il s’ex- 
prime dans la préface de sa grande histoire des plantes : 

« Tout ce pays célèbre et antique, dit de Lobel, de la Gaule 
« Belgique, connu depuis longtemps sous le nom de Pays- 
« Bas ou de la basse Allemagne, peut être considéré comme 
« le plus vaste magasin de l'Europe, où l'on s'empresse de 
« porter en abondance par terre et par mer tout ce qui se 
« trouve de curieux et de remarquable dans quelque endroit 
« de la terre que ce soit, et où l’on voit accumulés les tré- 
« sors de l’Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Ce pays est 
« rempli d'un grand nombre d'hommes de génie, pleins de ta- 
« lent et versés dans toute espèce d'arts et de sciences; et quoi- 
« que ces contrées du Nord par la rigueur du froid, les longs 
« hivers et les mauvaises saisons, soient moins propres à la cul- 
« ture d’un grand nombre de plantes, cependant telle est lin- 
« dustrie de ce peuple et sa constante assiduité à protéger les 
« plantes contre l'inclémence des saisons et la rigueur du eli- 
« mat, qu'il est impossible de trouver une plante, qu'on ne soit 
« parvenu d'y élever par les soins et le travail assidu des célèbres | 
« amateurs de ce pays, qui n'épargnent ni peines, ni dépenses pour 
« parvenir à cette fin ; cest par cette raison que je ne fais 
« aucune difficulté de mettre les belges au premier rang dans 
« l'art d'élever et de cultiver les plantes ; car on trouve dans 
« ce seul pays plus d'espèces et de variétés de plantes, d'arbres 
« et d’arbustes, que dans la Grèce, l'Espagne, l'Allemagne, 
« l'Angleterre, la France, l'Italie ou dans ses environs @). » 

La ville d'Anvers Jouissait d’une prospérité extraordinaire et 
son horticulture était particulièrement remarquable : « Si je voulais, 


(1) Jac. Meyeri Flandr. rer. tome X. Brugis, 1531, in-40, fol. 43, V. (sec. 
Van Hulthem.) | 

(2) Math. de Lobel, Plantarum seu stirp. hist. Antv. Christoph. Plant. 1576. 
in-fol. in praef. p. 5. (sec. Van Hulthem.) 


dit Becanus, en s'adressant en 1569 au conseil d'Anvers, si je vou- 
lais décrire la variété des végétaux qui croissent dans les jar- 
dins de cette ville, je serais obligé d'en remplir un volume 
entier, puisqu'on ne trouve presque nulle part une plante qui 
ne soit cultivée ici avec soin, non-seulement par les pharmaciens, 
mais aussi par les autres habitants. On n'épargne aucune dé- 
pense pour satisfaire ce goût, et cela sans autre dessein que de 
jouir de la vue de ces plantes. Telle est l'ardeur incroyable 
qui porte ce peuple à la connaissance et à la culture des vé- 
gétaux, que dans cette partie, il semble surpasser toutes les 
autres nations (1) » 

Une grande part de ces éloges revient incontestablement au 
pharmacien Coudenberg dont le jardin jouissait alors d'une cé- 
lébrité européenne. 

La culture des jardins est l'une des faveurs que la paix 
répand autour d'elle, aussi la fin du XVI° siècle, si violem- 
ment agitée dans les Pays-Bas, forme-t-elle un pénible contraste 
avec ces heureuses années. De L'’Obel @) rapporte combien les 
malheurs du temps furent préjudiciables à la richesse des jar- 
dins ; et ils le furent bien davantage, dit Van Hulthem, lors- 
qu'en 1584 et 1585, la plupart de nos villes durent céder à 
la supériorité des armes de l'Espagne et aux talents et à la 
Fonte d'Alexandre Farnèse, prince de Parme : c'est alors 
qu'une grande population abandonna sa terre natale pour se sous- 
traire au joug espagnol, et porta ses arts d'industrie et ses ri- 
chesses en Hollande, en Angleterre et en d'autres contrées. 

Les environs d'Anvers furent saccagés pendant le siége de 
cette place par Alexandre Farnèse, et il parait probable que le 
jardin de Coudenberg fut détruit à cette époque. La popula- 
tion d'Anvers diminua de 50,000 âmes en cinq années. L'’abon- 
dance et l’activité désertèrent son port au profit d'Amsterdam. 

Il faut se reporter à l'époque actuelle pour retrouver une 
horticulture aussi florissante dans nos provinces que vers le 
milieu du XVI° siècle. Puisse l’analogie de ces deux périodes ne 
pas se poursuivre jusqu'au bout. 

Dodonée mentionne en tête de ses Pemptates les personnes 


(1) Goropii Becani, Origines Antverpianae. Antv. Plantin, 1569, in-fol. In praefat, 
ad senat. Antverpiensem. Db. (sec. Van Hulthem.) 
(2) Plant. hist. Ant. 1576, p. 5 (sec. V. Hulthem). 


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dont les jardins lui ont été accessibles et qui lui ont fourni des 
matériaux pour son histoire des plantes. Cette liste mentionne 
donc les amateurs d’horticulture les plus renommés de l’époque. 
Nous y trouvons Pierre Coudenberg et Guillaume André ou 
plutôt Guillaume Andries, pharmacien à Anvers ; en outre, 
Jean de Brancion, Jean van der Dilf, Jean Boissot, Christine 
Bertolf, veuve de Joachim Hopperus, Jean Vreccome de Bruxel- 
les, Martin Tulemann de Maestricht, George Van Rye, et Raphaël 
Coxie, de Malines. 

Quelques renseignements sur ces personnes, les contemporains 
et les émules de Coudenberg, sont nécessaires ici pour composer 
le tableau de l'horticulture belge au seizième siècle, dont nous 
voulons esquisser les traits principaux à l’occasion de cette notice. 

Jean de Brancion était en relations amicales avec Dodonée, 
de L’Obel et surtout de l'Escluse qui l'appelle son meilleur ami (1); 
il leur communiquait les plantes rares de son beau jardm. Ce 
jardin échut après sa mort à Jean van der Dulf qui hérita en 
même temps de son amour pour les plantes. 

Jean Boisot, théologue et philologue instruit, possédait à Bruxel- 
les un Jardin remarquable cité par de l'Escluse et par Gui- 
chardin (2). 

Joachim Hopperus (1525-1576) était jurisconsulte et secrétaire 
de Philippe LE. Il envoya à sa femme Christine Bertolf, les pre- 
miers Grands-Soleils (Helianthus annuus L.), introduits en Bel- 
gique. Cette dame, ainsi que Marie de Brimeur, épouse de 
Gaspar Schetz, poëte anversois du seizième siècle, sont l'une 
et l’autre citées par les botanistes de l’époque, pour la prédilec- 
tion marquée qu'elles témoignaient à l’horticulture. Jean Vrec- 
come possédait à Bruxelles un jardin réputé. Martin Tuleman 
collectionnait les plantes curieuses à Maestricht. George de Rye 
ou Ryetius et le peintre Raphaël Van Coxie représentaient l'hor-. 
ticulture à Malines. 

Dodonée cite avee Coudenberg, Guilelmus Andreas, également 
pharmacien à Anvers, et que Van Hulthem mentionne sous le nom 
de Guillaume André. D'après une note trouvée par M. Broeckx, sur 
un vieux registre ou Liggere des apothicaires d’Anvers6), ce phar- 


(1) Summus meus amicus et tanquam frater charissimus.Rar. pl. hist.Antv.1601, p.179. 

(2) Clus. Rar. plant. hist. p. 50. — Lod. Guicciardini, Di tutti à Paesi Bassi, 
Anv. 1581, p. 84 (sec. Van Hulthem.) 

(3) Voir aux sources. 


macien s'appelait Guillaume Andries et possédait un jardin à Borger- 
hout dans le voisinage de celui de Coudenberg. 

D'autres amateurs d’horticulture sont encore cités par les grands 
botanistes de l'époque. 

Tel est Gerard Van Veltwyck, conseiller d'état et trésorier de 
l'ordre de la Toison d'or. Îl alla herboriser en Suisse et en Italie; 
chargé de missions diplomatiques à Constantinople, il porta son 
attention sur la flore orientale et réunit un très-grand nombre de 
végétaux exotiques dans ses vastes Jardins de Bruxelles. Il inspira 
le goût des fleurs à Marie, Reine de Hongrie, gouvernante des 
Pays-Bas, à laquelle Dodonée dédia ensuite son grand ouvrage 
flamand sur les plantes(1). 

Charles de Saint-Omer, également connu sous le nom de Charles 
de Moerbeke, possédait aux environs de Bruges, en son domaine 
de Moerkerke, un jardin célèbre entre tous les autres. Il préparait, 
à grands frais, un ouvrage considérable sur les productions natu- 
relles de notre pays, quand il mourut en 1569, âgé de 56 ans 
seulement. 

A Liége vivaient le botaniste Remacle Fusch, chanoine de S' Paul, 
et Charles de Langhe ou Langius, chanoine de S' Lambert. Les 
jardins de cet érudit étaient ornés de maintes plantes rares. Juste- 
Lipse vint chercher un refuge en 1570 chez son excellent ami et 
dès lors le célèbre professeur de l'Université de Louvain prit goût 
aux fleurs. On connait sa prédilection pour les Tulipes. Rubens 
a placé ces fleurs à côté du portrait de son ami sur le tableau des 
quatre philosophes que l’on voit au palais Pitti à Florence. Juste- 
Lipse parle plusieurs fois de plantes dans sa correspondance avec 
de Langhe et avec de l’'Escluse (2). 

On cite encore le philologue Jean Gruter ou Janus Gruterus 
d'Anvers parmi les personnages qui aimaient à se délasser de 
leurs études en voyant de belles et rares plantes se développer dans 
leur jardin (5). 

Enfin, (d'après Van Hulthem) Jean Bidaut, chanoine de Lille ; 
Charles de Croy, prince de Chimai; Pierre de Bossu, seigneur de 
Jeumont et Charles de Bossu, vicomte de Bruxelles; Gillebert 
d'Oignies, évèque de Tournai; Charles de Houckin, seigneur de 
Longastre; Jacques Ütenhove; Philippe Desirnagle de Vroylande ; 


(1) Remb. Dodon. de frugum hist. Antv. 1552, in-8o dedicat. 
(2) Voir P. Burmann, 5 vol. in-40. 
(5) Mémoires de Paquot, in-8, tome 16, p. 10. 


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Jean de Limoges et trois professeurs de l’Université de Louvain, 
savoir Pierre de Breugel, Corneille Gemma et Jean Viring, sont 
honorablement nommés par les botanistes de leur temps, comme 
de zélés et d’intelligents cultivateurs de plantes. 

De L'Obel signale encore à la reconnaissance de la postérité, 
Guillaume Driesch, célèbre, dit-il, dans la culture des plantes étran- 
gères, Mathias Laurin, trésorier des États; Cornelis Druynen, Guil- 
laume Martini ; Jean de Hoboken, greflier de la ville d'Anvers; 
Jacques Duym et Gaspar Roelofs, gentilshommes, Jean Mouton de 

Tournai; Jacques Durin, qui, selon son témoignage, introduisirent 
en Belgique les plantes utiles d'Italie, d'Allemagne, d'Angleterre, 
du Languedoc et de la Provence. 

Ce serait un ouvrage d’horticulture à faire et des plus curieux, 
dit Charles Morren dans la biographie qu'il a écrite de Charles 
de l’Escluse, en tête du troisième volume de la Belgique horticole, 
(p. XI), que celui dans lequel on rédigerait le dictionnaire 
alphabétique des noms, de la vie et des actions des introducteurs 
de nos plantes actuellement connues. 

Parmi toutes ces personnes qui sont la gloire de notre horticulture 
nationale au seizième siècle, Pierre Coudenberg occupe le rang le 
plus distingué. 

Selon Van Vaernewyek(1), Coudenberg serait né à Gand en 1528, 
serait allé habiter Anvers en 1558 où il serait mort, en 1594. Selon 
l'opinion commune, au contraire, il serait né à Anvers. On ignorait 
la date exacte de sa naissance quand une note découverte par 
M. Broeckx sur un ancien registre manuscrit de la corporation des 
pharmaciens fixe, jusqu'à meilleur renseignement, cette date à 1520. 

Il fit sans doute de bonnes études, puisque non-seulement il lisait 
les ouvrages latins de son époque, mais qu'il écrivait lui-même cette 
langue dans un style pur et correct. 

La profession de pharmacien commençait à peine à cette époque 
à se distinguer de celle de l'épicier ou du droguiste. Elle n'était 
pas encore constituée en corporation et se trouvait généralement 
sous la dépendance du métier des épiciers. D'autre part elle était 
plus littéralement que de nos jours au service de la médecme. 

Quoi qu'il en soit Coudenberg ouvrit une office, à l'enseigne 
de la cloche (Ad campanæ symbolum, Czusius) ou de la vieille 
cloche (ad insignem Campanæ veteris, Conr. GESNER), située, parait-il, 


(1) Van Vaernewyck, Historie van Belgie, Gent, 1829, in-8° (sec. Pasquier). 


D | Her 


au Marché St Jacques. C'était, selon le témoignage public de ses 
contemporains, un homme vertueux, actif, studieux, érudit et cha- 
ritable. Il était intimement lié avec le célèbre imprimeur Christo- 
phe Plantin, architypographe royal, mécène des écrivains. Les plus 
grands botanistes de l'époque, Dodoens, de l'Obel, de l'Escluse, ne 
eitent jamais son nom sans y ajouter l'expression de leurs sentiments 
d'affection et d'éloge. 

Il consacrait ses loisirs à l'horticulture, et, suivant une coutume 
que beaucoup de négociants pratiquent encore aujourd'hui, il 
créa un jardin aux environs de la ville, pour aller, sans doute, s'y 
délasser des travaux sédentaires de sa profession et de ses études. 
Selon tous les renseignements qui sont parvenus à notre connais- 
sance, ce jardin était situé à Borgerhout, près du ruisseau que l'on 
nomme aujourd'hui le Vuilbeke et dans le voisinage par conséquent 
du superbe jardin zoologique qui prospère actuellement à Anvers. 
En outre, sa création parait avoir eu lieu en 1548. Ce jardin 
devint bientôt célèbre. Il était visité par les étrangers et tous les 
botanistes qui passaient à Anvers; les ouvrages de l’époque y signa- 
lent des plantes jusqu'alors inconnues dans nos contrées et qui, 
plusieurs fois, servirent de modèles aux gravures dont ces ouvrages 
sont enrichis. Coudenberg communiquait libéralement ses nouvelles 
acquisitions à ses amis et correspondants. « Conrad Gesner, de 
Zurich, rapporte lui-même dans ses œuvres, dit M. Pasquier, qu'il a 
recu de Coudenberg plusieurs envois de fleurs, et il cite particu- 
lièrement une pivoine, qui fleurissait dans son jardin au moment 
où il écrivait son traité de Hortis Germaniæ, un Sumac, une col- 
lection de plantes astringentes, etc. » 

Le jardin de Coudenberg est cité d'une manière particulièrement 
élogieuse et détaillée dans cet ouvrage du célèbre botaniste de 
Zurich qui parut en 1561. Le catalogue que le pharmacien d'Anvers 
envoya à Gesner, mentionnait déjà 400 espèces différentes, la plupart 
étrangères ; il avait été rédigé, selon M. Broeckx, dès 1557. En 1568, 
quand Coudenberg fit paraître son dispensaire, sa collection de plantes 
se montait à 600 espèces. Plus tard il n’en est plus fait mention. 
Peut-être fut-il détruit pendant le siége d'Anvers en 1585 et 
peut-être lui-même émigra-t-1l, avec un grand nombre de ses com- 
patriotes, pour chercher dans quelque retraite éloignée un refuge 
contre les agitations et les tumultes de sa patrie. 

Par sa destination, par son utilité pour les botanistes, par le 
nombre des plantes officinales, le jardin de Coudenberg fait penser 
aux Jardins botaniques. Or, quand il fut créé, en 1548, les premiers 


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jardins botaniques de l'Europe venaient à peine d’être ouverts en 
Italie. Le plus ancien est celui de Padoue en 1545 ; Bologne et 
Pise eurent le leur en 1547. Il n'en existait encore aucun dans lies 
Pays-Bas. Coudenberg consacrait à son jardin toutes les ressources 
dont il pouvait disposer, et il avoue naïvement qu’il se ruinait 
pour enrichir l'objet de sa prédilection, s'imposant tous les sacri- 
fices pour en augmenter l'importance et l'utilité. 

Il aurait voulu, s’écrie-t-1l, dans son amour pour les plantes, 
réunir dans son jardin la flore de la terre entière. En attendant 
il fait ce qu'il peut, ne pouvant faire tout ce qu'il veut (). 

Les élogesde ses contemporains ont dü le dédommager et lui mon- 
trer que son labeur étaitapprécié. Son jardin acquit une célébrité extra- 
ordinaire. Lobel le cite chaque fois dans les termes qui témoignent 
d'une grande admiration : Hortus stirpium ditissimus. — Stirpium 
exoticarum ditissimum viretum. — Viridarium stirpium exoticarum 
ditissimum. — Hortus cultissimus stirpiumque exoticarum ditis- 
simus. 

Louis Guichardin, qui publia en 1567 une description générale 
des Pays-Bas, en parle de la manière suivante : « Pierre Coudeberg, 
apothicaire, et homme docte et vertueux : auquel jardin, outre les 
simples ordinaires qui croissent communément yei, et ailleurs, on 
y. voit plus de 400 sortes de simples d’estranges pays, qu'il a fait 
porter et recouvré de toutes costez à grands frais et avec une extrême 
diligence (2). » 

Conrad Gesner publia à cette époque un ouvrage spécial sur les 
jardins, Horti Germaniæ. Celui de Coudenberg, à Anvers, est men- 
tionné d’une manière toute particulière. Coudenberg avait envoyé 
au célèbre naturaliste de Zurich un catalogue raisonné et annoté 
de ses cultures : les plantes y sont disposées par ordre alphabétique 
sous les noms que leur avait donnés Dodonée(5). Coudenberg con- 


(1) « Ego totis fère viginti annis feci sedulo, et quidem nunc maximis laboribus et 
impensis, ad sexcenta exoticarum stirpium genera in meo florere hortulo quotidié, 
etsi rei familiaris cum jacturà et dispendio, maximà tamen cum voluptate cerno. Et 
nisi cultor pauperis horti esset pauperior, darem operam, nequid mihi deesset, quod 
nostra saltem tellus, licet summä curà, ferre posset. Intereà quod possum ago, quando 
quod volo non licet. « Préface du Dispensatorium, datée du 1r mars 1568. 

(2) Description de tous les Pays-Bas, autrement appelez, la basse Allemagne, Anvers, 
Plantin 1581, in-folio. — Descrittione di tutti è Paesi Bassi, 1567. 

(3) Voici les passages où Conrad Gesner fait mention de Coudenberg : Antverpia 
non procul Oceano distans, emporium longè nobilissimum copiosissimumque ad 
scaldim flumen... in eà urbe civis Petrus Coudenbergiüs pharmacopeus percelebris, 
ad insigne Campanæ veteris, omnium simplicium medicamentorum deligentissimus 


naissait et appréciait par conséquent la nécessité d'une bonne 
nomenclature scientifique mème dans une culture d’amateur et son 
exemple devrait toujours être suivi. 

En fouillant l'ouvrage de Gesner et ceux des botanistes belges 
avec lesquels il était en relations, particulièrement de lObel, 
Dodonée et de l'Escluse, et puis en établissant judicieusement la 
concordance des noms anciens avec les noms modernes, on pourrait 
reconstituer le catalogue complet des plantes importantes cultivées 
par Coudenberg. Ce travail serait utile pour la connaissance de 
l'horticulture de cette époque et pour l’origine et l'introduction de 
plusieurs espèces. Quelque botaniste anversois devrait l’accomplir 
à la gloire du vieux pharmacien. Déjà M. Broeckx et M. Pasquier 
ont publié les résultats de leurs laborieuses investigations à ce 
sujet et ils mentionnent dans leurs notices le plus grand nombre 
des plantes de Coudenberg dont il est fait spécialement mention 
dans les ouvrages contemporains (5). 


inquisitor, hortum variis et raris stirpibus suo studio refertum excolere et augere 
pergit. — Horti Germanie (Valerii Cordi annotationes in Dioscoridem, ad finem). 
Argentorati, 1561 ; in-folio, p. 258. —Nomina illorum, qui in Germania hortos stirpibus 
raris exCultos habent, (quorum catalogo5 accepimus) litteris inititalibus plerumque 
tantum à nobis designantur : quod idcireo fecimus ut et laude dignum hoc eorum 
studium prædicetur : et ubi, vel apud quoa stirpes quæque hoc tempore inveniantur, 
non sit obsceurum. Sunt autem haec.….. 

C. Petrus Coudenbergius pharmacopœus Antverpianus, ad insigne campanæ veteris. 
Is in catalogo suo ut omnia mihi clariora essent, Dodonœi nomenclaturas et sententias 
de plantis singulis sequi voluit. C. Gesner, horti Germaniæ p.245. HA. iii]. 

(5) Nous donnons ici la liste, par ordre alphabétique, des plantes cultivées par 
Coudenberg et telles qu’elles sont citées par M. Broeckx ou par M. Pasquier, sans 
pouvoir ni contrôler les concordances, ni étendre ces longues et patientes recherches- 


Absinthium ponticum L. Aristolochia longa L. 
Acanthus mollis L. — pistolochia L. 
Achillea ageratum L. — rotunda L. 
Adonis vernalis L. Arum dracuneulus L. 

— autumnalis L. Asclepias vincetoxicum L. 
Agave americana L. | Asphodelus albus L. 
Aloe vera L. — luteus L. 
Allium subhirsutum L. Astragalus verus Oliv. (a). 
Amaranthus oleraceus L. Balsamina hortensis Ricu. 
Anagyris fætida L. | Botrychium lunaria L. 
Anemone Pulsatilla L. var. |  Bupleurum junceum L. 
Anthemis pyrethrum L. | — rigidum L. 
Arbutus unedo L. Cachrys libanotis Spr. 


(a) D’après Gesner, Coudenberg possédait seul cet arbrisseau rare (Pasquier). 


Cette liste se compose de 159 noms. La plupart sont des vé- 
gétaux de pleine terre. Quelques uns devaient être abrités en 


Calla palustris L. 
Capsicum annuum L. 
— grossum W. 
— recurvum L. 
Carlina acaulis L. 
Carthamus cœruleus L. 
Carum bulbocastanum M. et K. 
Cassia senna L. 
Catananche lutea L. 
Clematis flammula L. fl. albo. 
— — fl. rubro. 
Cerasus chamæcerasus Lois. 
— vulgaris L. var. humilis. 
Ceratonia siliqua L. 
Cereis siliquastrum L. 
Chrysocoma Lynosyris L. 


Chrysosplenium oppositifolium L. (?) 


Cicer arietinum L. 
Cichorium Endivia L. 
Cistus laurifolius L. 
Cneorum tricoccum L. 
Colutea arborescens L. 
Convolvulus nil L. 
Cotyledon umbilicus L. 
Critmum maritimum L. 
Cucubalus behen L. 
Cupressus sempervirens L. 
Cyclamen europœum L. 
Cynara scolymus L. 
Cyperus longus L. 
Dracæna Draco L. 
Delphinium staphysagria L. 
Echinops Ritro? 

— Sphærocephalus L. 
Eryngium campestre L. 

— maritimum L. 
Euphorbia characias L. 

— helioscopia L. 

— myrsinites L. 

— paralias L. 
Evonymus europæus L. 
Farsetia clypeata DC. 
Ferula communis L. 
Gentiana lutea L. 

— asclepiadea L. 

— cruciata L. 

— pneumonanthe L. 
Genista tinctoria L. 


= ONE 


Genista anglica L. 

Geum urbanum L. 
Gladiolus communis L. 
Glaucium luteum L. 
Glycyrrhiza echinata L. 
Gossypium herbaceum L. 
Hedysarum Onobrychis L. 
Heliotropium europæum L. 
Hemerocallis flava L. 
Heracleum Panaces L. 
Hippocrepis unisiliquosa L. 
Hippophaë rhamnoïdes L. 
Hyacinthus cernuus L. 

— orientalis L. 

— serotinus L. 
Hyoscyamus albus L. 
Hypecoum procumbens L. 
Iberis umbellata L. 

Iris fœtidissima L. 
Laserpitum chironium L. 
Lathyrus Nissolia L. 
Lavandula stæchas L. 
Lillum martagon L. 
Lupinus luteus L. 
Lychnis sylvestris DC. 
Marrubium pseudodictamnus L. 
Mathiola annua DC. 
Medicago sativa L. 

Melia Azedarach L. 
Menyanthes trifoliata DC. 
Mercurialis tomentosa L. 
Momordica balsamina L. 
Myrrhis odorata Spr. 
Narcissus polyanthes Lois. 
Nicotiana rustica L. 
Onobrychis sativa L. 
Origanum dictamnus L. 

— Heracleoticum L. 

— majorana L. 
Parnassia palustris L. 
Pastinaca Opopanax L. 
Peganum Harmala L. 
Peucedanum officinale L. 
Phlomis Lichnitis L. 
Physalis somnifera L. 
Piper... 

Pistacia vera L. 


Platyspermum grandiflorum M. et K. 


are 6% 1 era 


4 


hiver, et, en effet, Conrad Gesner dit à propos du Vitex Agnus 
Castus, que Coudenberg le rentre en hiver avec son pot dans 
un cellier : « hieme in locum hypogeum cum vase deponit. » 
On a cru pouvoir en induire que le pharmacien anversois pos- 
sédait une serre. Charles Morren, s’est borné à dire qu'il abri- 
tait ses plantes exotiques dans un conservaloire et cette expres- 
sion nous parait la plus exacte. Guillaume de Blasere, échevin 
de Gand, au XVII: siècle est considéré comme l'inventeur des 
serres dans notre pays. 

Parmi les plantes mentionnées dans le jardin de Coudenberg, 
les plus remarquées sont le Dragonnier (Dracæna Draco L.) qu'il 
cultivait au dire de De L'’Obel plusieurs années avant 1576, 
peu de temps après que Clusius avait rencontré cette plante, 


Polemonium cœruleum L. Sida abutilon L. ? 


Potentilla supina L. Sideritis hyssopifolia L. 


Primula veris L. 
Psoralea bituminosa L. 
Punica granatum L. 
Ranunculus acris L. 
Rhamnus Lycioïdes L. 

— ziziphus L. 
Rhadiola rosea L. 
Rhus typhinum L. 
Rosa. 


Ruseus hypophyllum L. 


Salvia æthiopis L. 
Saponaria officinalis L. 
Staphylea pennata L. 
Saxifraga granulata L. 
Scilla maritima L. 
Scorpiurus sulcata L. 


Sison ammi L. 
Solanum lycopersicum L. 
— melongena L. 
Sorbus domestica L. 
Spartium monospermum L. 
Sysymbrium Irio L. (?) 
Tapsia villosa L. 
Teucrium achæmenis Srr. 
Thlaspi arvense L. 
Thymbra spicata L. 
Tordylium officinale L. 
Tragopogon porrifolius L. 
Vaccinium Vitis-Idæa L. 
Verbascum blattaria L. 
Vitex Agnus-Castus L. 
Zyziphus vulgaris Desr. 


Scorsonera hispanica. 


Le temps nous manque pour recommencer personnellement la recherche des plantes 
de Coudenberg énumérées dans Gesner et dans les autres auteurs contemporains. 
Nous avons d’ailleurs pleine confiance dans la consciencieuse érudition de M. Broeckx 
et de M. Pasquier qui nous ont fourni presque tous les noms de cette liste. Si quelqu’un 
la lit, il reconnaîtra sans doute avec nous qu’il n’y a pas lieu de regretter le bon vieux 
temps en fait de jardinage. C’était d’ailleurs un jardin pharmaceutique que Coudenberg 
avait formé, et à cette époque les végétaux étaient particulièrement considérés dans 
leurs rapports avec la médecine. Les jardins botaniques ont pendant longtemps 
conservé la même signification. Les plantes que nous avons simplement énumérées sont 
souvent accompagnées, dans les écrits de M. Broeckx et de M. Pasquier, de commentaires 
et d’annotations intéressantes à consulter. 


rem. 1/1] Ps 


à Lisbonne dans un monastère (1) ; l’Agave Americana L., ori- 
ginaire du Mexique et qui figure sur le Catalogue communiqué 
à Gesner en 1557 ou 1558, tandis que Clusius le rapporta 
d'Espagne seulement en 1565. 

Coudenberg a publié en 1568 un ouvrage de pharmacie ayant 
pour objet la révision et l'annotation du dispensaire pharmaceu- 
tique de Valerius Cordus qui servait alors de Codex pour 
l'exercice de cette profession. Valerius Cordus, né en 1515 à 
Simsthausen en Hesse et mort à Rome le 25 septembre 1544, 
serait devenu un savant de premier ordre si sa carrière n'avait 
été prématurément brisée. Il avait laissé une histoire des plantes 
dont Conrad Gesner publia la plus grande partie en 1562 à 
Strasbourg. Son dispensaire pharmaceutique fut publié à Nuren- 
berg en 1535 quand l’auteur était encore un jeune homme de 
20 ans. Ce livre eut une vogue extraordinaire et devint classique 
dans toutes les officines de l’Europe. 

Coudenberg reprit cet ouvrage en sous œuvre : il en redressa 
les erreurs; il le compléta, l’annota et le commenta à l’aide de ses 
lectures et de son expérience. À son tour il devint le guide 
officiel des officines d'Anvers jusqu'à la publication de la pre- 
mière pharmacopée officielle d'Anvers, en 1661, dont la rédac- 
tion fut ordonnée à l'inspiration de Michel Boudewyns. La première 
édition des commentaires de Coudenberg publiée par Plantin en 
1568 est devenue une rareté bibliographique. Mais on en connait 
quinze éditions, la plus récente de 1662. Il en parut des traductions 
flamandes, hollandaises et françaises ; cette dernière par André 
Caille, à Lyon, en 1575, sous le titre le Guidon des apothicaires. 

Coudenberg parait être un des premiers, sinon le premier 
pharmacien, qui ait écrit sur son art. Son livre précèda de 
88 ans l'Encheridion des micropoles ou pharmaciens (Genève 
1656) de Michel du Seau, garde juré de l’apothicairerie de Paris. 

À ces titres scientifiques et littéraires la postérité peut ajouter 
le mérite de la bienfaisance. Il résulte, en effet, des comptes de 
la ville d'Anvers (1558-1559) que pendant une invasion pestilen- 
tielle en 1558, Coudenberg composa un préservatif qu'il distri- 
buait gratuitement et que les magistrats ordonnèrent aux em- 
ployés communaux. 


(1) Voyez M. Lobel, Plant. hist. Antv., 1576, p. 659. — Car. Clusii rar. pl. hist. 
p. 2. — Van Hulthem, Discours, p. 12. — Ch. Morren, Ann. de la Soc. roy. de Gand, 
V, 1849, p. 254. — Pasquier, Etude, p. 60. 


La 
AR 


ea A 0) Mer 


Telle est la figure de Coudenberg : ce fut un homme docte 
et vertueux. Sans atteindre au premier rang des illustrations, il 
honora sa profession et il est le plus ancien amateur d'horticul- 
ture, qui dans une sphère modeste, ait formé un jardin de plantes 
rares et étrangères. Anvers lui a élevé une statue ; les histo- 
riographes de la médecine et de la pharmacie, M. Broekx et 
M. Pasquier, lui ont consacré des biographies détaillées : enfin, 
l’horticulture, par l'organe de Charles Morren, a attaché son nom 
à une belle variété de Potentilla atrosanguinea, issue, en 1852, des 
semis de M. Spaenhoven, horticulteur anversois (1j. La botanique, 
enfin, créera, nous l’espérons, quelque jour un genre Coudenbergia. 


BIBLIOGRAPHIE DE P. COUDENBERG. 


Valerii Cordi dispensatorium pharmacorum omnium quæ in usu 
potissimum sunt; ex optimis auctoribus, tam recentibus quam vete- 
ribus collectum, ac scholiis utilibus illustratum in quibus imprimis 
simplicia diligentes explicantur. Adjecto novo ejusdem libello. Ant- 
verpiæ, Chr. Plantijn, 1568, in-16. 


— 1627, à Levden, in-12 avec les commentaires de Math. Lobel. 
— 1652, à Leyde, in-12, avec les additions- de G. Rondelet, etc. 


Le guidon des apothicaires, c’est-à-dire, la forme et manière de 
composer les médicamens, premièrement traitée par Valerius Cordus, 
traduicte de latin en francois, et enrichie d’annotations. Lyon, Jean 
Bouviile, 1575, in-12. 

Dispensatorium van Valerius Cordus, dat is de maniere van de 
medecynen te bereyden met annotatien van den autheur en van 
Pieter Coudenberch. Amsterdam, 1592, in-8. 


Den leydtsman en onderwyser der medicynen of ordentlicke 
uytdeyling en bereydingboeck van de medicamenten, met de ver- 
klaringen van P. Coudenberg en van M. Delobel, door P. S.; laetste 
druk, vermeerdert met een kort examen der chirurgie, enz., Amster- 
dam, 1662, in-8. 


(1) Voy. Ch. Morren. La Belg. horticole 1852, p. 105-6. cum icone. 


Den Leytsman ende Onderwijser der Medicijnen, oft ordentlijcke 
uytdeylinghe ende Bereyding-boeck van de Medicamenten. Over al 
dagelijcx van de Medicijns ende Apothekers onder den naem van 
_ Val. Cordi Dispensatorium bekent, ontfanghen ende ghebruyckt. Met 
de verclaringhen van M. P. Coudenberch en van Matthias de L’Obel. 
Nu van nieus hersien en van diversche misdruckte plaetsen verbetert, 
ende verrijckt met tweederhande Registers, ’t eene der compositien 
en simpelen, het andere der sieckten en gebreken waer tegen elex 
derselve nuttelijck gebruyckt can werden. Door P. S. Med. Doct. 
Tot Amsterdam, by Hendrick Laurentsz. Boeck-vercooper op ’t Water 
in ’t Schrijf-boeck. Anno 1652. 


Sources. 


PaquorT, Mém. pour servir, etc. Louvain, 1765 : édit. in-fol. t. II, 
p. 170. — Edit. in-8 t. XIV, p. 248. 


Horti Germaniæ, authore Conrano GESNERO. Argentorati 1561, in-fol. 
p. 243, 299. 


Van Huirnem, Discours, etc. Gand 1857, in-8°. 


Cu. Morren, Ann. de la Soc. roy. d’Agr. et de Bot. de Gand, t. V. 
(1849) p. 255. — La Belgique horticole 1854 (t. Il), p. 105 et 106; 
1855 (t. III), p. 256. 


C. Broeckx. — Notice sur Pierre Coudenberg. Anvers, 1845, in-8. 
(Journ. de pharm. d'Anvers, t. I. p. 1). — Le père de la pharmacie 
belge ou supplément à la notice sur Pierre Coudenberg. Anvers 
1856, in-8. (Journ. de pharm. d'Anvers, t. XII, p. 5). — Rapport 
sur les titres scientifiques de Pierre Coudenberg. Anvers, 1861. — 
Note sur le Licere des Apothicaires d'Anvers. Anvers, 1861. 


V. Pasquier. — Journ. de pharmacie d'Anvers, t. [. p. 207. — 
Etude sur la vie et les travaux de Pierre Coudenberg. Anvers, 1861, 
broch. in-8. — Note sur le pharmacien espagnol P.-B. Matheo. 


Anvers, 1861. 


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LA 


BELGIQUE  HORTICOLE, 


ANNALES D’HORTICULTURE BELGE ET ÉTRANGÈRE. 


HORTICULTURE. 


L'AZALEA VITTATA va. BEALI. 


+ a SRE | a OUS avions fort admiré, l’année dernière, à l’ex- 
Im Nr Do Z position de la Société d’horticulture de Liége, un 
Pr" < O7) à charmant Azalea, faisant partie de la collection 
ñl Q L 1 14 de M. de Zantis de Frymerson. Grâce à la con- 
| descendance de cet amateur distingué nous pûmes 
envoyer l’arbuste chez le photographe du coin. Quelques 
instants après M. Auguste Lassence nous en remettait une 
épreuve parfaitement réussie. Epreuve et arbuste furent 
incontinent remis à notre peintre qui enlumina la pre- 
mière en se servant du second comme modèle. Le portrait 
A PS ainsi obtenu a été transporté sur pierre et nous l’offrons 
aujourd’hui à nos lecteurs. 

Ils partageront sans doute l’admiration que nous avons éprouvée devant 
ce délicieux buisson. La forme en était irréprochable, et sa parure de 
fleurs d’une richesse et d’une pureté à la fois au-dessus de toute descrip- 
tion. M. de Zantis l’avait cultivée avec un succés tout particulier. 

Cette variété, connue sous le nom d’Azalea Beali, a été introduite de 
la Chine en Europe vers 1855. M. Fortune l’envoya à MM. Standish et 
Noble. Elle a fait rapidement son chemin et se trouve aujourd’hui chez la 
plupart des amateurs. C’est une des meilleures pour la culture forcée. 

Elle ne porte pas deux fleurs qui se ressemblent. Elles sont panachées 
de blanc et de carmin; cette nuance se diversifie de mille et mille 
manières sur les corolles. Quelquefois elle les envahit tout entières, ou 
bien elle les abandonne; mais ces deux extrêmes sont rares. Le plus 
souvent le rose est étendu sous forme de handelettes dont le nombre, 
la largeur et l’étendue varient énormément. Ces jeux et ces bizarreries 
de coloris nous semblent prouver que l’Azalea Beali a dans les veines 
du sang blanc et du sang rouge, lesquels tendent constamment à se 


0 NO 0e 
séparer. En d’autres termes son origine est sinon hybride, au moins 


métis, etil se manifeste dans les fleurs une tendance à la disjonction des 


deux types ascendants. 
Eo. M. 


NOTE SUR LES OEILLETS FLON ET EN PARTI- 
CULIER SUR LA VARIÉTÉ EWILE PARÉ. 


Représentée planche II fig. 4. 


D'APRÈS UN SPECIMEN FLEURI CHEZ MM. Jacop-Maxoy ET Cie. 
(Dianthus semperflorens Hort. D. multiflorus hybridus /ort. Ang.) 


Le Dianthus multiflorus ou semperflorens des jardins semble former 
une espèce intermédiaire entre l’œillet des jardins et l’œillet Badin ou 
d’Espagne. Ses fleurs d’un rouge carminé sont abondantes, fermes, etc. 

Il a été introduit à Paris, en 1858, par M. Paré, horticulteur, qui 
s’en est spécialement occupé, l’a multiplié, en a fait des semis etena 
obtenu plusieurs jolies variétés. Nous citerons nommément : Marie 
Paré, blanc pur; £mile Paré, fond rose strié rouge ; Paulin, fond uni, 
rose carné. 

Voici ce que dit le Vouveau jardinier de la culture de ces plantes : 
Plante rustique, terre ordinaire, meuble et un peu fraiche. Ornement 
des plates-bandes, des corbeilles et des massifs. On peut également 
l’employer pour orner les rochers non couverts. Fleurit de mai en 
octobre. Multiplication d’éclats ou de boutures faites en automne où au 
printemps. 

Quant à nous, nous avons vu les OEillets Flon chez MM. Jacob-Makoy 
et Cie, horticulteurs à Liége, et nous en avons fait peindre une des plus 
jolies variétés représentées ici. Cultivés en pots ils fleurissent en plein 
hiver dans les serres froide ou tempérée. Emile Paré a été mis dans le 
commerce pour la première fois en 1862. 


NOTE SUR LE LITHOSPERMUM FRUTICOSUM Z. 
ou GREMIL FRUTESCENT. 


Figuré planche II. Num. 2. 


FAMILLE DES BORRAGINÉES. 


De Cand. Prodr. X, p. 80. | 

Le Lithospermum frutescent est un joli petit arbuste de serre froide, 
Convenablement conduit et pincé il est très-propre à l’ornementation 
des appartements et des jardinières. Il donne des fleurs d’un beau bleu 


T° Oeillet Flon, Emile Paré ( Dianthus multiflorus Hort var } 


2e Lithospermum fruhicosum Linn. 
Chraaohih EF DÉTOLLENLERE et P. VERVOURT. 


L — 9 — 


de ciel foncé. Il peut passer l’été en plein air, mais étant originaire 
du midi de la France, on doit, dans notre pays, le rentrer au moins 
sous chassis pendant l’hiver. I1 s’élève à 50 ou 40 centimètres seulement. 
On le multiplie par graines ou par boutures. Il prospère dans Ja terre 
ordinaire employée pour les serres, c’est-à-dire un mélange de terre 
franche, de terreau, de sable et de terre de bruyère. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


io SERRE CHAUDE. 


Begonia Pearcii Hook. — Bot. Mag., Nov. 1865, pl. 5545. — 
Bégoniacée. — Cette très-belle espèce a été introduite par MM. Veitch, 
de La Paz, où M. Pearce l’a découverte. Le feuillage est charmant: les 
feuilles sont d’un vert foncé, velouté au-dessus, d’un rouge terne traversé 
par des nervures vertes sur la face inférieure et contrastent agréable- 
ment avec les grandes fleurs jaune clair qui les surmontent. 


Calathea tubispatha Hook. — Bot. Mag., Nov. 1865, pl. 5542. 
— Marantacée. — C’est une gracieuse espèce recueillie par M. Pearce 
dans les régions tropicales de l’ouest de l’Amérique méridionale ; son 
facies distingué et la remarquable maculature de ses feuilles en font une 
des meilleures plantes à feuillage coloré de nos serres. L’épi est étroite- 
ment cylindrique, dirigé un peu obliquement ; les bractées convolutées 
embrassent deux jolies petites fleurs jaunes. 


Coelogyne biflora Parisn mss. — Gard. Chron., Nov. 1865, 
p. 1055. — Orchidée. — C’est une véritable singularité botanique qui 
porte des feuilles ligulés aiguëées, qui n'’atteint pas 25 centim. en hau- 
teur; et les fleurs n’ont pas un pouce de longueur. Ce qui est encore 
remarquable, c’est de voir cette espèce porter un cal nu au lieu du 
labelle. La fleur est blanche, munie de deux petites taches brunes devant 
le cal. C’est une rareté du Moulmein, découverte par le Rév. C. Parish. 


Ionopsis paniculata Livni. — Bot. Mag., Nov. 1865, pl. 5541. 
— Orchidée. — Cette magnifique espèce a été importée du Brésil, avec 
une quantité d’autres, par MM. Hugh Low et Cie, de Clapton, où elle a 
embelli la serre à orchidées pendant les mois d'Octobre et de Novembre 
de l’année dernière. On y voyait un grand nombre de variétés, les unes 
presque d’un blanc pur, les autres blanc et jaune, et d’autres enfin, 
comme celle-ci, blanches et agréablement tachetées de pourpre sur la 
lèvre. Elle fleurit si abondamment qu’il est quelquefois nécessaire de 


SES 
ÉLESS 


Se 


couper les épis floraux, qui sont en disproportion avec le nombre et la 
vigueur des feuilles. Cette espèce doit être soumise au même traitement 


que les Burlingtonia ou les plus délicats des Oncidium ; on la placera 


donc sur des morceaux de bois ou, ce qui est préférable, dans une sus- 
pension en poterie. 


Pachypodium succuientum À. DE C. -— Bot. Mag., nov. 1865, 
pl. 5545. — Syn. P. tomentosum Don.; P. tuberosum Linpz.; Belonites 
succulenta E. Mey.; Echites succulenta Tuuns. — Apocynacée. — C'est 
une plante du sud de l'Afrique, décrite en premier lieu par Thunberg, 
et qui a été introduite naguère par M. Cooper. Il est hors de doute que 
cette plante-ci soit la même que le P. tuberosum de Lindley; alors le 
véritable P. succulentum de Thunberg n’était pas connu. Cependant 
M. A. De Candolle les considère comme distincts. M. Planchon au 
contraire n’en fait qu’une seule espèce. La tige est épaisse et succulente, 
plus ou moins armée, au voisinage des feuilles, de fortes épines aiguës. 
Les fleurs terminales, brièvement pédonculées, forment une ombelle. Le 
tube et le limbe de la corolle hypocratériforme sont d’un rouge rosé 
en dessous, plus pâle en dessus et d’un rouge foncé dans la gorge. 


20 SERRES FROIDE ET TEMPÉRÉE. 


Abronia fragrans NurTazz. — Bot. Mag., nov. 1865, pl. 5544. 
— Nyctaginée. — Cette espèce ressemble beaucoup à l'A. mellifera, 
dont elle diffère par la forme de l’involucre des feuilles, et par la dispo- 
sition, la coloration et les divisions du périanthe. Geyer, qui en recueillit 
des spécimens sur les bords argileux et sablonneux de la Plata, décrit 
les fleurs comme « ayant l’aspect de la porcelaine, ne s’épanouissant 
que la nuit et très-odorantes. » Cette espèce serait confinée entre les col- 
lines sablonneuses arrosées par cet affluent du Missouri et le flanc orien- 
tal des montagnes rocheuses, entre le 40° et le 50° degré de latitude 
nord. 


Cardiandra alternifolia Sies. et Zucc. — Gartenfl., oct. 1865, 
pl. 486. — Hydrangée. — Cette espèce suffrutescente a été introduite 
du Japon par M. C. Maximowicz. À l’état sauvage, elle diffère des 
espèces cultivées par le grand nombre de fleurs stériles et par la couleur 
rouge des fleurs, qui sont blanches même cultivées dans les jardins du 
Japon. Les rameaux meurent annuellement et au printemps apparaissent 
de nouveaux rameaux qui développent en juillet, à leur sommet, les 
plus jolis corymbes de fleurs blanches. 


Gromovia pulchella Rene Gartenfl., oct. 1865, pl. 484. — 
Syn. Beloperone pulchella Lip. Cat. — Acanthacée. — C’est une des 
nombreuses introductions de M. Linden du centre de l’Amérique. Cette 


PE 


plante, d’après M. Regel, directeur du jardin botanique de St. Péters- 
bourg, diffère tellement de celles du genre Beloperone, qu'il s’est crn 
autorisé à créer un nouveau genre qu’il dédie à M. Gromow, un des 
premiers amateurs ct bienfaiteurs de l’horticulture à St. Pétersbourg. Ce 
sous-arbrisseau porte avec tant de profusion de charmantes petites fleurs 
lilas qu'il forme au printemps le plus bel ornement des serres tempérées: 


3° PLEINE TERRE. 


Lilium avenaceum Fiscu. — Garlenfl., oct. 1865, pl. 485. — 
Liliacée. — Ce Lis est une des intéressantes introductions japonaises de 
M. C. Maximowiez. Il appartient au groupe des lis à feuilles verticillées 
et se rapproche beaucoup du L. martagon, qui eroît à l’état sauvage dans 
les bois d’une grande partie de l’Europe. Cette nouvelle espèce a une 
aire étendue depuis le Kamitschatka, suivant les côtes orientales de 
Asie, jusqu à la Mandschurie et, en outre, dans les îles du Japon. C’est 
une espéce à feuilles verticillées, à fleurs penchées, presque de la cou- 


leur de cinabre, dont les feuilles florales sont contournées et pointillées 
de taches sombres. G. B. 


REVUE DES CATALOGUES. 


Nous publierons désormais sous cette rubrique une revue des cata- 
logues d’horticulture qui nous parviennent. Par ce moyen nous éclaire- 
rons, espérons-nous, dans quelques circonstances, les amateurs de 
culture; nous servirons le commerce en contribuant à faire connaitre 
des nouveautés; nous donnerons la publicité dont nous disposons aux 
horticulteurs et pépiniéristes avec lesquels nous sommes en relations. De 
plus nous pourrons glaner dans ces catalogues une foule d’observations 
pratiques, de renseignements de culture qui ne sont pas assez connus 
et dont nos lecteurs feront leur profit. 


L. JACOB-MAKOY Er Cie, horticulteurs, à Liége. Prix-courant des 
plantes exotiques. — Catalogue N° 106. 


Cet établissement, le plus important de tout le bassin de la Meuse, 
est aussi un des plus anciens du continent. 

Le catalogue que nous avons sous les yeux annonce un grand nombre 
de nouveautés pour les serres, particulièrement en plantes du Japon et 
par conséquent panachées pour la plupart. Nous les avons fait connaitre 
l’année dernière. Parmi les plus intéressantes, à nos yeux, sont les 
nombreuses variétés de l’Aucuba japonica. La liste des végétaux de 
serres chaude et tempérée est riche et variée. Souvent, à propos d’une 


Sp 


plante nouvelle ou peu connue, le directeur de l'établissement y inter- 
cale des observations pratiques qu’il a été à même de faire directement 
de visu. Nous lui en emprunterons quelques-unes, 


Campylobotrys discolor. Remarquable feuillage d’un beau vert 
noir velouté, nervures plus claires. 

Chamæranthemum Beyrichi var. Feuilles bien panachées blanc 
d'argent, fleurs grandes d’un blanc pur. 

Chamæranthemum marmoratum. Nouvelle et jolie espèce 
bien distinguée. Port nain; feuilles d’un vert très-sombre sur lequel se 
détachent des teintes d’argent. 

Chamæranthemum verbemaceum. Feuilles allongées et lui- 
santes marquées par le milieu et dans toute la longueur d’une bande 
irrégulière d’un blanc d’argent. 

Echites argyrea. Qu'on se figure l’£chites nutans avec des feuilles 
d’un vert plus vif et satiné, et le réseau rose remplacé par des lignes 
d’un blanc argenté. 


Une collection choisie d’Aroïdées, de Gloxinia, de Begonia nouveaux, 
de Broméliacées, d’Orchidées, de Palmiers, de Fougères, etc. com- 
plètent le catalogue de la serre chaude. Puis viennent la serre froide 
ct l’orangerie qui ne sont pas moins bien fournies. 


Un nouveau Grand Soleil, celui de Californie (//elianthus 
californicus) a donné une remarquable variété (var. insignis). C’est une 
plante annuelle à semer en place après les gelées, s’élevant à quatre ou 
einq pieds du sol et fleurissant très-abondamment. Les fleurs de 20 à 
22 centimètres de diamètre sont pleines au superlatif, à innombrables 
rayons Jaune d’or imbriqués et superposés comme dans une renoncule, 
plante à grand effet. 


Puis viennent encore des spécialités : Azalea, Canna, Dahlias nains, 
Fuchsia, Gazania, Mimulus, Pelargonium zonale et surtout un grand 
choix de variétés à feuilles panachées. Nous remarquons spécialement 
ici les avis suivants : 


Lobelia speciosa Paxtoni. Rien de plus frais, de plus coquet, 
de plus charmant que des bordures de petits parterres formées avec 
cette excellente petite plante. Elle se couvre de milliers de délicieuses 
petites fleurs (grandes pour l’espèce) d’un blanc pur, entouré de bleu 
clair. C’est d’un effet unique. 

Festuca glauca pour bordures. Nous ne saurions trop recom- 
mander cette plante : c’est une des meilleures plantes de bordures. Sa 
couleur glauque qui ressort si bien sur la verdure des massifs, sa crois- 


sance rapide, la rendent indispensable dans tous les jardins. Elle forme 


des bordures bien serrées, bien régulières (grande qualité!), bien rusti- 
ques et qui ne demandent presque pas d’entretien. 


x. 


nt 0 eee 


Phlox Brumondi var. Louise Grell. Variété de beaucoup supé- 
rieure au Phlox général Radetski, si longtemps et si avantageusement 
apprécié. Ses fleurs sont panachées de blanc et de rouge vif. Très-con- 
venable pour la pleine terre. 

Salvia splemdens var. compacta. Superbe variété de la Sauge 
éclatante (Salvia colorans des jardiniers) qui se distingue du type an- 
ciennement cultivé par son port plus touffu, par sa taille moins élevée 
et par des grappes de fleurs plus nombreuses, plus précoces et plus 
étoffées. Cette variété, encore peu connue, mérite à tous égards d’être 
préférée à l’ancienne pour la formation des massifs en pleine terre. 
Ses nombreuses grappes florales, d’abord penchées, puis dressées,formées 
de pédoncules, de bractées, de calices et de corolles d’un beau rouge 
ponceau qui tranche agréablement sur un feuillage très-fourni et d’un 
joli vert, produisent un superbe effet. Mettre en pleine terre fin mai et 
distancer de 60 à 80 centimètres selon la qualité du terrain. 

Delphinium formosum. Plante extrêmement recherchée pour 
former des massifs; fleurs grandes d’un bleu très-foncé magnifique. 
Effet splendide. 


L. JACOB-MAKOY er Cie, horticulteurs, à Liége. Prix-courant des 
plantes rustiques. — Catalogue n° 107. Décembre 1865. 


Cette publication, la plus récente de l'établissement Jacob-Makoy, est 
riche et intéressante. Elle annonce d’abord quelques 


Nouveautés de plein air. 


Acer pseudo-platanus erythrocarpos. Variété produisant un très-bel effet 
dans les massifs où ses fruits d’un beau rouge, ressortent parfaitement sur son 
feuillage vert foncé. 

Actinidia polygamæ. Originaire des bords du fleuve Amour, cet arbuste atteint 
6 à 7 pieds environ de hauteur; ses fleurs blanches ont une odeur suave et ses 
fruits sont, dit-on, comestibles. 

Aubrietia purpurea fol. albo-marginatis. Coquette nouveauté; port nain, pana- 
chure constante et régulière, chaque feuille d’un vert foncé, est nettement entourée 
de blanc pur. 

Aucuba japonica viridis, mascula. Variété de l’Aucuba japonica à feuilles très- 
grandes et d’un beau vert foncé luisante. Digne pendant de l’Aucuba japonica viridis 
[œmina. 

Castanea vesca. Var. foliis albo marginalis. Nouveau châtaignier panaché, d’un 
mérite incontestable et qui sera pour les jardins et les parcs une brillante acquisi- 
tion. Les feuilles sont largement marginées de blanc d’argent pur, et cette panachure, 
très-conslante se conserve bien marquée jusqu’à la chute des feuilles. 

Chrysanthèmes à petites fleurs. Les six charmantes variétés suivantes sont à 
fleurs réellement liliputiennes (0,018 à 0,022 de diamètre). Elles sont parfaites de 
forme et de coloris aussi varié que frais ; ce sont en un mot d’excellentes plantes 
pour les parterres : Ami Teille, Esther Himmes, Justine Tessier, Mimi Crouzat, 
M. Schmidt, Pages fleuries. 


RE on 


Clematis hybrida fulgens. Variété obtenue par le croisement des Clematis lanu- 
ginosa et vilicella grandiflora. Fleurs de forme supérieure, à six pétales, d’un 
superbe rouge cramoisi foncé velouté, nuancé de noir; feuillage ample et vigoureux. 

Clematis patens Maria. Très-gracieuse et distincte variété de la Clématite azurée 
à grandes fleurs. Fleurs grandes à pétales d’une meilleure tenue que dans le type 
et d’un superbe coloris bleu foncé sur lequel se détachent en rosette les filets blancs 
et les anthères brunes des étamines. 

Frambhoisier surprise d'automne. Variélé nouvelle à fruits très-gros, de 
forme ovale-pointue, parfois retrécie vers le milieu et d’un beau jaune d’or. Les 
rameaux de l’année, grands ct robustes, se chargent à l’automne d’une quantité 
énorme de fruits qui, par leur nombre et leur poids, obligent de soutenir les 
branches. 

Polygonum filiforme fol. arg varieg. Feuilles aussi grandes que celles du P. Sie- 
boldi et richement panachées de blanc pur. De plus, cette plante donne de très-longs 
épis de fleurs et de petits fruits rose foncé et blanc du plus gracieux effet. 

Ehododendron Duchesse de Nassau. Bouquets énormes, fleurs très-grandes, 
d’une Leinte rose vraiment virginale; macules d’un rose plus tranchant, éparpillées 
sur la corolle entière. 

Rhododendron Salmono-roseum. Enormes bouquets compactes de très-grandes 
fleurs fond lilas ou rose, avec une Jégère teinte saumonée, largement et nettement 
bordées de blanc; très-larges macules brun marron sur les trois lobes supérieurs. 

Tricyrtis hirta flore nigro. Variété nouvelle du beau Tricyrtis hirla, si rustique ct 
si florifère. Cette variété est à fleurs de velours noir jaspé de blane, ce qui produit 
un étonnant effet. 

Ulmus microphylla punctata. Belle variété de l’Orme champêtre, à feuillage 
mignon tout ponctué, sablé, maculé et strié de blanc et de vert clair. 

Weigelia arborescens versicolor. Espèce japonaise très-florifère et atteignant 
une hauteur de 5 mètres. Fleurs grandes, jaune beurre-frais d’abord, puis graduel- 
lement rose-vineux, pour définitivement arriver au ponceau éclatant le plus foncé, 
de sorte que sur une branche bien fleurie, on observe trois couleurs bien distinctes. 


Le catalogue donne ensuite une liste spéciale de quelques plantes 
japonaises d’introduction récente. Des nombreuses variétés nouvelles 
d’Aucuba, les unes aux feuilles entièrement vertes, à fruits du plus 
beau corail, les autres aux feuilles luxueusement panachées. Des Deutzia, 
arbrisseaux florifères par excellence, qui donneront dans les jardins la 
jouissance de leurs fleurs si fraiches et d’une si longue durée. Des 
Evonymus sur les feuilles desquels, le jaune pur, le jaune d’or, le blanc 
pur et le vert, s’arrangent de toutes les facons, sous diverses nuances, 
pour former de constantes et splendides panachures. Des Diervilla, des 
Weigelia à fleurs abondantes de formes et de coloris tout nouveaux. Le 
Lilium auratum, ce roi des lis, aux fleurs gigantesques et imposantes, à 
odeur suave. Le Tricyrtis hirta aussi rustique que florifère. Enfin des 
Conifères à feuillages aussi finement formés que ceux des fougères, 
présentant des formes inconnues de l’aspect le plus pittoresque. 

La nomenclature des plantes vivaces pour la pleine terre est consi- 
dérable. Notre attention, en la parcourant, a été fixée sur quelques-unes. 


Anemone japonica var. Honorine Jobert. Même rusticité que le type; même pro- 
fusion de fleurs. Elle forme une touffe peu élevée qui se couvre pendant longtemps 
de fleurs blanc de neige, 


EC DU 


Apocynum androsæfolium (Gobe-Mouches). Plante extrêmement curicuse en ce 
que les fleurs, qui sont très-nombreuses et d’un beau rose-clair, reliennent prison- 
nières les mouches qui s’y arrêtent. Cette chasse vraiment surprenante dure pendant 
tout l'été jusqu’au mois de septembre, la plante restant couverte de ses gentilles 
fleurs pendant des mois entiers. 

Arundo conspicua. Nouveauté anglaise, ayant, quant au port, de l’analogie avec 
le Gynerium argenteum. 

Bambusa metake. Très-convenable pour planter aux bords des eaux; port gra- 
cieux, feuillage délicat et très-gai, rusticité éprouvée par 19° Réaumur qu’il a sup- 
porté ici. 

Cerastium Biebersteini. Plante très-naine à feuilles pius larges et tout aussi 
argentées et cotonneuses que celles du Cerastium tomentosum. Très-convenable pour 
border de petits parterres et orner des rocailles. 

Delphinium elatum, D" Planchon. Bonne variété, floraison abondante, fleurs 
d’un bleu très-clair et d’une fraicheur remarquable. 

Delph. elatum var. Hermann Stenger. Grandes fleurs doubles, bleu foncé et 
nuancé ; à effet. 

Dielytra spectabilis var. a/ba. Variété à fleurs blanches du D. spectabilis, cette 
perle des plantes vivaces, dont elle sera le digne pendant. Port plus trapu que le type. 

Festuca altissima. Cette graminée gigantesque, d’une verdure magnifique et d’une 
croissance très-rapide, forme comme le Gynerium, des touffes ornementales. Ses Liges 
s'élèvent à 4 mètres de hauteur et ses feuilles ne mesurent pas moins de 2 mètres de 
longueur. C’est une plante très-pittoresque à isoler dans les pelouses ou au milieu 
d’un massif. 

Gaillardia grandiflora, var. Thinisteri. Floraison on ne peut plus abondante ; la 
plante d’une stature naine, se couvre de centaines de fleurs d’un beau rouge foncé 
cuivré, bordé d’une marge jaune-orangée. Variété hors ligne, fleurissant jusqu'aux 
gelées. 


Après avoir énuméré les Chrysanthèmes, les Phlox decussata et les 
Pivoines herbacées qu’ils possèdent, MM. Jacob-Makoy consacrent une 
notice spéciale au Delphinium formosum dont ils parlent en ces termes : 


Delphinium formosum. Nulle plante ne possède plus de qualités décoratives, 
nulle ne convient mieux pour la formation de massifs vivaces. Aussi chacun l’admire, 
chacun veut la posséder, et il n’est aucun jardin, aucun jardinet qui n’ait une place 
réservée de droit au Delphinium formosum. Larges fleurs parfaites de forme, dis- 
posées en des vastes pyramides compactes et nombreuses. Ces fleurs, du plus beau 
bleu foncé et d’une très-longue durée, sont d’une grande ressource pour bouquets où 
elles ne perdent en rienleurs qualités. De plus, cette plante, qui s’élève d’une manière 
uniforme, a l’avantage de donner une seconde floraison assez abondante, si toutefois 
on a soin d’enlever, en juillet, les tiges de la première floraison achevée à cette 
époque. Ajoutons bien vite que le Delphinium formosum est d’une rusticité à rendre 
un chéne jaloux. 

Sedum oppositifolium pour bordures. Celte espèce naine et rampante forme de 
belles et gaies bordures, qui pendant plusieurs mois se couvrent de fleurs d’un beau 
rose. La plante (fleurs comprises) ne dépasse pas en hauteur une vingtaine de 
centimètres. 


La collection des arbres et arbustes de plein air est riche et variée. 
Nous en citerons quelques particularités. 


Acer negundo var. fol. arg. variegatis. Cet érable, à feuilles brillamment pana- 
chées de blanc, produit dans les jardins un superbe effet, soit planté isolément ou en 


— 10—— 


groupe, soit placé dans les massifs, où son feuillage ressort très-bien. C’est un arbre 
d’une grande ressource pour la formation des parcs. Il croit dans tous les terrains 
et à toutes les expositions, sa panachure résistant bien au soleil. 

Acer pseudo platanus vur. Leopoldi. Belle nouveauté mise au commerce en 1864, 
qui produira dans les massifs un effet bien marqué. Ses feuilles sont marmorées de 
pourpre, d’incarnat et de vert; elles deviennent à leur complet développement, d’un 
beau vert clair flagellé de blanc. C’est une bonne addition à nos arbres de position ou 
à effet. 

Amygdalus persica var. Dianthiflora. Fleurs abondantes, d’une fraicheur 
incomparable, toutes panachées de rose. 

Am. pers. var. versicolor plena. Variété curieuse produisant des fleurs très- 
doubles de plusieurs nuances; ainsi, sur la même branche, il s’en trouvera de toutes 
blanches, de toutes rouges et des blanches panachées de rouge. 

Aucuba Hymalaïca. À grandes feuilles ovales, oblongues, de 15 à 18 centimètres 
de longueur et d’yn beau vert. Fruit rouge-orangé brillant. 

Aucuba japonica viridis fœmina. Type de l’Aucuba japonica; feuilles très-grandes 
et entièrement vertes ; fruits rouge corail. 

Et une foule d’autres Aucuba. 

Clerodendron Bungei. Plante magnifique à feuilles d’un vert sombre; larges 
bouquets de fleurs rouges très-serrées et répandant une très-bonne odeur; floraison 
très-abondante jusqu’aux gelées. Se plait surtout à une exposition chaude et dans un 
terrain sec et pierreux. 

Nous avons à notre établissement un mur exposé au midi et d’environ 30 mètres 
de longueur, caché par des Clerodendron Bungei. Ces plantes croissent on ne peut 
mieux et chaque année se couvrent d'immenses bouquets roses qui sortent très-bien 
du feuillage large et très-sombre. 

Cotoneaster affinis. Se couvre d'innombrables fruits d’un beau noir. Arbuste à 
grand effet dans les massifs : ses fruits se conservent tout l'hiver. 

Cotoneaster Simondsi. Feuilles assez grandes, espèce vigoureuse, l’une des meil- 
leures connues, donnant des fruits rouge corail superbes et très-nombreux. 

Les cotoneaster sont de très-jolis arbustes qui produisent en abondance des fruits 
très-jolis et de longue durée. Ils vivent dans tous les terrains, à toutes les expositions. 

Cratægus pyracantha var. japonica. Le Buisson ardent est un arbuste à feuillage 
persistant qui se prête à toutes les formes, soit en haie, soit en berceau, en pyra- 
mide ou passé sur une muraille. Cet arbuste, d’un vert foncé, se couvre de beaux 
fruits orangés qui se conservent tout l'hiver sur la plante. 

Cytisus purpureus var. fl. albo. Variété que nous ne saurions trop recommander 
et qui constitue certainement une des plus belles du genre. Nombreuses fleurs du 
blanc le plus pur et réunies par 5 ou 6 ensemble. Floraison de longue durée et se 
produisant bien régulièrement dans toute la plante. 

Rubus leucodermis. Plante grimpante, convenable pour garnir les murailles, les 
rochers, les vieux troncs d'arbres, etc. L’écorce est complètement blanche comme si 
on l'avait trempée dans de la chaux. Le fruit d’un beau jaune d’or est comestible. 

Sorbus nana (Sibirica). Espèce très-curieuse par son port trapu; fruits gros, 
rouge corail brillant, réunis en maguifiques corymbes. 

Spiræa callosa alba. Arbuste à fleur d’un blanc pur, trop peu apprécié jusqu’à 
ce jour. Cette variété, par son port tout à fait nain, pourrait être employée avec 
avantage comme plante de bordure. 

Syringa vulgaris (Lilas) var. Dr Lindley (vrai). Thyrses très-denses, d’un violet 
purpurin très-riche; l’une des plus belles variétés du commerce. 

Syr. vulg. (Lilas) var. Langius. Thyrses très-grands et très-denses; coloris carné, 
d’une fraicheur extrême, C’est certainement l’une des plus jolies variétés. 

Weigelia amabilis var. Isoline. Corolle blanc pur, gorge jaune paille, larges 
macules de jaune d’or à la division inférieure. 


UN — 


Puis viennent les Pivoines en arbre, les arbustes de terre de bruyère, 
les Rhododendrons et les Azalea et surtout les Conifères dont le catalogue 
est fort bien fait. L'établissement Jacob-Makoy possède quelques spé- 
eimens uniques en arbres verts. Les Rosiers en sont une autre spé- 
cialité. 

Le catalogue est terminé par une nomenclature d’arbres fruitiers et 
d'articles variés. 

Il est tout entier rédigé fort convenablement et, suivant le conseil de 
plusieurs botanistes, le nom des variétés est autant que possible distinct 
du nom des espèces. 


L.-J. GALOPIN et rizs, pépiniérisles à Liége. Catalogue des arbres 
fruitiers, 1865-1866. 


M. Galopin est un pomologiste distingué. Son établissement est de 
premier ordre et jouit d’une réputation bien méritée. Nous remarquons 
parmi les avis préalables : 

« Les Poiriers sont greffés sur franc et sur cognassier, et, comme 
beaucoup d’espèces ne réussissent pas sur cognassier, elles seront 
fournies sur franc, sans autre avis — Les Pommiers sont greffés sur 
franc, doucin et paradis. — Les Pêchers sur St. Julien, car il est bien 
reconnu que tout Pécher greffé sur Mirobolan jaunit dès sa première 
année et dépérit de suite. — Les Cerisiers sont greffés hautes tiges sur 
franc, basses tiges sur Ste. Lucie. 


Parmi les Pêches nous remarquons la Pêche : 

Charles Rongé (Ch. Rongé), fruit gros, rouge foncé violacé de 
toute première qualité; variété vigoureuse et fertile, destinée à prendre 
rang avec les quelques variétés les plus estimées. Nous devons à l’obli- 
geance de M. Ch. Rongé, amateur distingué de notre ville, la propriété 
de ce gain hors ligne obtenu d’un semis il y a quelques années. 

M. Galopin dit, d'autre part, au sujet du Brugnom Galopin, que 
nous avons fait connaître dans la Belgique horticole (1862, p. 541) : 
fruit très-gros, violet, de toute première qualité; arbre vigoureux et 
fertile surpassant toutes les autres variétés sous tous les rapports. 

À la suite du catalogue des Poiriers, nous remarquons une liste des 
variétés exclues des cultures. Cette liste est presque aussi utile que la 
première et nous félicitons M. Galopin de l'initiative qu’il n’a pas craint 
de prendre. 

Le nom de chaque fruit est accompagné de tous les renseignements 
désirables : origine, époque de maturité, qualité, description générale. 
Ce catalogue est un des mieux faits que nous connaissons. 


EUR LU Re 


EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, LE 
29 MAI 1866. 


Les préparatifs de cette grande entreprise prennent chaque jour plus 
d'importance : un succès extraordinaire est aujourd’hui aSsuré. L’expo- 
sition occupera non seulement les locaux de la Société d’horticulture de 
Londres, mais aussi une partie du palais de cristal de 1862. La liste de 
souscription dépasse 3,500 livres, et le fond de garantie monte déjà à 
4,000 livr. On dit merveille du banquet. Le programme du Congrès n’a 
pas encore paru, mais on a annoncé qu’il serait présidé par M. Alphonse 
De Candolle, de Genève. 

Londres sera le 22 Mai le rendez-vous de l'élite des botanistes et des 
horticulteurs. 

On n’a encore rien annoncé concernant les réductions sur le prix des 
transports. En attendant nous publions aujourd’hui une traduction du 
programme officiel. 


Programme des prix. 


SECTION I. — CONCOURS GÉNERAUX. 


{rpr| 2e pr|sepr|#p 
1. — 6 plantes nouvelles, en fleurs ou non, différentes, intro- 
duites en Europe par! "exposant et qui ne se trouvent 

pas dans le commerce (général). . . .,: % . | 61) 51) 2147 


2. — 5 plantes nouvelles, différentes, exposées Done la He 
mière fois en fleurs (général). De OUT 4 La NOR 


3. — 1 plante nouvelle, en fleurs, introduite en Europe par 

lPexposant et ne se trouvant pas dans le commerce 

(général). 4 S CR ET NUS OR "TR SES IRIS DRIPINETSTS 
4. — 1 plante nouvelle, non fleurie, introduiie en Europe 

par l’exposant et ne se trouvant pas dans le com- 

merce (généralhà nt btutilo et. 1 ant, a RE oi SRI ONE 


— 12 plantes nouvelles, de n’importe quelle FpÈte fleuries 
ou non, différentes (général) . . . se ns 65 LAND 


x 


6. — 6 plantes nouvelles, de n ‘importe quelle espèce, fleuries 
ou non, différentes (général, l M A ne D pas 
part au n° 5) A EUR | 51! 21|41. 


7. — 16 plantes de serre chaude ou donna: en dis - 
différentes (amateurs). . . . -, ..0. 9512011808 


8. — 12 plantes de serre chaude ou d’orangerie, en Jours 
différentes (horticulteurs). . . . . . ; 15 LOL! 7115 1. 


9. — 10 plantes de serre chaude ou d’orangerie, en ré 


différentes (amateurs). . . . . . . . . .|151.1011 71/51. 


En Ye 


Lepr|2e pr|5e pr|£ep 


10. — 6 plantes de serre chaude ou d’orangerie, en fleurs, 
différentes (amateurs ne prenant pas part aux n° 7 


DO) 6e to ame MATOS RENE bac le) 4 LIL 


11. — G plantes de serre chaude ou d’'orangerie, en fleurs, 
différentes (horticulteurs, ne concourant pas pour 


Mo Se sn Le te ere est LOI. SL 4, 


12. — 6 plantes grimpantes de serre chaude ou d’oran- 


gerie, en fleurs, différentes (général) . . . . .| 51 51. 21. 


15. — La plus belle plante de serre chaude ou d’oran- 
gerie, fleurie ou non et haute au moins de 12 pieds 


ner SD Ne SRE RE ON ER ST: 


14. — 12 plantes à feuillage ornemental de serre chaude 
ou d’orangerie, sans condition de floraison, diffé- 


3 1. 


rentes, y compris les plantes à feuillage coloré — Îles | 
Begonias et les Caladium exceptés (amateurs). . .[151.MOI. 51131. 
45. — Le même concours (horticulteurs) . . . . . . .[151.|10 LI 51215L 


16. — G plantes à feuillage ornemental de serre chaude 
et d’orangerie, sans condition de floraison, diffé- 
rentes y compris les plantes colorées — les Begonia 
et les Caladium exceptés (amateurs, ne concourant 


Pasipourilenne 14). di 00 6e saone. er AS: 


17. — 12 plantes de serre à feuillage coloré, différentes — 


21. 


les Caladium et les Begonia exceptés (général). . .MOI.| 71. 51.131. 
18. — 20 plantes industrielles et médicinales, différentes | | 

nee Tee D 54/04 2/1 
19. — 20 arbustes rustiques à feuilles caduques, en fleurs, | 

différentes, les Azalea exceptés (général) . . . O1! 71. 51.131. 
20. — 20 arbres et arbustes rustiques à feuilles caduques, 

exposés pour la beauté de leur feuillage, différents, 

les Conifères exceptés (général) . . . . . . .MOI.| 71] 51.151. 
21. — 20 plantes grimpantes rustiques à feuilles persistan- 

tes ou caduques, fleuries ou non, différentes (général). | 7 1.| 51.! 31 
22, — 20 arbres et arbustes rustiques à feuilles persistantes, 

différentes — les Conifères exceptés (général) . . .{O01.[ 71) 51.131. 


235. — 12 arbres et arbustes rustiques nouveaux à feuilles 
persistantes, différents — es Conifères exceptés 
(général). L 1 e CL] L 1 e L2 L2 ° L 1 L2 


24. — 50 plantes rustiques alpines et herbacées, en fleurs, 


Héérenteslicentral)e "esse is Gba eat 211. 


25. — 50 plantes rustiques alpines et herbacées à feuilles 

colorées, différentes (général) ah ES HAS) 21 
26. — 9 caisses de plantes annuelles exposées à l'effet de 

représenter un parterre de jardin (général) . . .|51.| 21. 11. 


SECTION II. — COLLECTIONS REPRÉSENTANT DES FAMILLES. 


27. — 50 Orchidées exotiques, de toutes sortes, en fleurs 
(SN EI) NP SRE Le SD TA D II TO E 


28. — 20 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (amateurs).|25 1.120 1.115 1. 
29. — 12 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (hortieult.).110 1.| 71.| 51 


5). — 10 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (ama- 
teurs ne prenant pas part aux nes 28 ou 31). . . .|121.101.| 71. 


31. — 6 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (ama- 
teurs ne prenant pas part aux n°528 on 50), . . .| 6 Li&il 31. 


se) oo 2": 


Li fe 


32. — 6 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (horticul- 
teurs, ne concourant pas pour le no 29). . 


33. — 1 Orchidée nouvelle exposée pour la RER fois en 
fleurs (général)  . + Nero CRE A AE 
54. — 1 Orchidée exotique en fleurs (général) 


35. — 10 Orchidées à feuillage coloré, renfermant des Anœc- 
tochilus, Physurus, Me CRC elc., diffé- 
rentes (général). : 


36. — 6 Palmiers différents nn à 
57. — 5 Palmiers différents (général) . 
38. — Le Palmier le plus grand et le plus beau ae 


39. — 3 Cycadées, (Eyes, nue Ds etc.), différentes 
(général). . : DENT ee 


40. — 3 Pandanées (Pandands! En ndot ie etc. h différentes 


(général). 
41. — La Pandanée, la plus de et la Le belle (sénéral) 


42. — 12 Fougères de serre chaude ou d’orangerie, diffé- 
rentes (amateurs) . RE SN ALU 


43. — Même concours (horticulteurs) . 


44. — 6 Fougères de serre chaude ou d’orangerie, différen- 
tes (amateurs n’exposant pas au n° 42) . . . 


45, — Même concours (horticulteurs n’exposant pas au n° 45) . 


46. — 6 Fougères nouvelles de serre (général) . 

47. — 6 Fougères rustiques nouvelles (général). 

48. — 24 Fougères rubaues spèses ou variétés, différentes 
(général). A RARE nt SE 

49, — 12 Fougères rustiques, espèces ou variétés, différentes 


(amateurs, ne concourant pas pour le no 48) 


50. — 6 Fougères en arbres, 5 espèces au moins (général) . 


51. — 5 Fougères en arbres, différentes (ouvert pour les 


exposants ne prenant pas part au n° 50). 
52. — La plus belle Fougère en arbre (général) 
53. — 12 Lycopodiacées, différentes (général) 
54. — 6 Lycopodiacées, différentes (général). 


59. — 10 Aroïdées (Alocasia, Colocasia, Philodendron, Xan- 
thosoma, Dieffenbachia, etc. — Les Caladium excep- 
tés), différentes (général) . nel QU AO 


56, — 6 Araliacées exotiques (Aralia, Sciadophyllum, Oreo- 
panax, Didymopanax, etc.), différentes (général) . 


57. — 6 Broméliacées (Billbergia, Tillandsia, Vriesia, Pouretia, 
Æchmea, ctc.), différentes, en fleurs (général). 


98. — 12 Marantacées (Maranta, es po etc.), 


différentes (général) 


59. — 25 Cactées mamilliformes rl. Ha 
tus, etc.), différentes, en fleurs (général) $ 


60. — 6 Cactées céreiformes (Epiphyllum , es etc. ch 


différentes, en fleurs (général) 


61. — 12 Taxacées rustiques (Taxus, qe) Tor- 
reya etc.), différentes (général) sh Re 
62. — 25 Coniféres rustiques, différents. — Les Taxacées 


exccptées (général). 


Le p.12 p.13e p.|4p 
31.121. 


5 1. 
3 |. 
5 1. 


5 1. 


5 I. 


5 1. 
3 1. 


[0 L. 


5 I. 


5 1. 


5 L. 


41. 


2 1. 
8 1. 


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15 1.110 1. 
14: 
5 1. 


» 1. 
6 |. 


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2 1. 


110 !, 


2 |. 
1 1. 
5 I. 
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2 1.| 
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4 1. 
4 I. 
4 À. 


.MH51.[101. 


A1. 
2 1. 


2 |. 
5 1. 
5 |. 
2 1. 


21. 


21. 
11. 


5 1. 
9 |. 


2 1. 
1 1. 
t 1 
11° 


2 1. 


2 I. 
5 L 


3 1. 
21: 
1 1. 


5 |. 
11 
1 1. 
21 
3 1. 
5 |. 
5 1. 


ù 1. 


9 1. 
21. 


11. 


LL. 


11. 


D 


63. — 12 Coniféres rustiques, différents. — Les Taxacées 
exceptées (ouvert pour les exposants ne concourant 


1e p.\2e p.15 p. 


Des pourileone02) PU Lure de 2 lurl 


64. — 12 Conifères d’orangerie (Araucaria, Damara, etc.), 


6 espèces au moins (général). . . . . . . .MOI. 


5 1. 


14. 


3 1. 


41 


SECTION III. — COLLECTIONS REPRÉSENTANT DES GENRES. 


65. — 10 Berberis toujours verts, renfermant des Mahonia, 
5 espèces ou variétés au moins (général) 


66. — 5 Aucuba, en fruits, de toutes sortes (général) . . .| 31. 
67. — 2 Musa (général) . . . . ONE SARA 72 
68. — 12 Caladium, différents (éétéral) ie Me AS er 7 
69. — 3 Anthurium, différents, en fleur ou non (général) . .| 31. 
70. — 6 Nepenthes, différents (général) . . . . . . .|8l. 
71. — Le plus beau Nepenthes (général) . . . : . . .|38l. 
72. — 9 Sarracenia, 6 espèces au moins (général) . . . .|OI. 


73. — 10 Begonia, différents, à feuillage ornemental (général) .| 4 1. 
74. — 6 Begonia, différents, en fleur (général) . , . . .| 31. 
15. — 1 Allamanda, en fleur (général). . , . . . . .|21. 


A0 diGroton (cénéral)®.. vs 7240 ant 21 


77. — 1 Clerodendron, en fleur (général). . - . . . .| 21. 
2 == T'Ixora, enfleur (général). + Ave, Tr toT 
79. — 1 Dipladenia, en fleur (général), +. . . . . . .| 21. 


80. — 3 Rhododendron orsneprie: ae en fleurs 


(HÉnÉRAN) MAP to 1e al oi 
81. — 10 Erica d’orangerie, ae. d (général) . .|1O01. 
82. — 6 Erica d’orangerie, différents, fleuris (amateurs) . .| 61. 


85. — 20 Erica d’orangerie, fleuris, 10 espèces au moins, 
dans des pots de 10 pouces de diamètre au plus 


ACTA RP Rd ia nee  e  l7 
84. — 1 Erica d’orangerie, en fleur (général). . . . . .| 31. 


83. -—- 10 Yucca, Beaucarnea, Rortirinen etc. d’ s'hnEne 
(général). NE AS NES ee LOL 
86. — 10 Dracæna et Cordyline, dans (aéhéral) PRO EN RS 


87. — 6 Lis fleuris, au moins 3 espèces (général). . . . .| 31. 


88. — 6 pots du Lilium auratum, en fleurs, dans des pots 


de 10 pouces de diamètre au plus (général). . .| 31. 
89. — 24 Agave, 12 espèces ou variétés au moins (général). .|10 1. 
90. — 10 Agave, différents (général) . . . ,. . . . .|5Bl, 
91. — 12 Amaryllis, différents, en fleurs (général) . . . .| 41. 
92. — 6 Amarylilis, différents, en fleurs (amateurs) . . . .| 31. 
93. — 1 Oranger, en fleur ou fruit (général) . . . . . .|5l. 
94. — 12 Orangers, etc., en fleur ou fruit (général) . . . .| 71. 
95. — 6 Bougainvillæa, en fleur, de toutes espèces (général).| 3 1. 
96. — 1 Tropæolum tubéreux, en fleur (général) . . . .| 21. 
97. — 12 Pelargonium du Cap, différents, en fleurs (général) | 41. 


21. 
21. 
3 1. 
5 1. 
2 1. 
6 1. 
21 
71 
5 1. 
Pi Le 
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LA: 
11. 
11 
11. 


2 1. 
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5 |. 


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7 1. 
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2 1. 
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5 1. 
9 1. 
2 1. 
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11. 


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5 1. 
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Au: 


9 1. 


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SECTION IV.— COLLECTIONS REPRÉSENTANT DES ESPÈCES ET DES VARIÉTÉS. 
- 1e pr|2e pr|5e pr 4p 
98. — 3 Rhododendron rustiques en arbre, en fleurs (général)| 5 1.| 5 1.| 2 1. 
99. — 1 Rhododendron rustique en arbre, en fleurs (général).| 5 1 | 21.| 11. 


100. — 50 Rhododendron rustiques, en fleurs, 15 variétés au. 
moins (général). 27104, nie ref MONO EEE 


101. — 12 Rhododendron rustiques, différents. en fleurs (gé- 
néral pour les spin ne concourant Re pour . 
Je.mo 4007 ren Ë : . «| 61) 41| 31/21 


102. — 8 Azalea de serre froide, différents, en du dot 121.101.| 71.15 1. 
103. — Même concours (horticulleurs) . . . . . . . .l21.101.| 71.151 


104. — 6 Azalea de serre froide, différents, fleuris (amateurs 
n’exposant pas au ne 402). . . . . . . . .| 71] 51] 31/21. 


105. — Même concours(horticulleurs, n’exposant pas au ne 105).| 61.) 41.) 51. 


106. — 3 Azalea de serre froide, différents, fleuris (amateurs, 
ne prenant pas part aux nes 102 et 104). . . . .| 41. 51.| 21. 


107. — Même concours (horticulteurs ne rue pe part aux 
nos 105 et 405) 005 20. , se) SOUS 


108. — 1 Azalea de serre froide, en fieur ra AS LR 1. 


109. — 20 Azalea de serre froide, différents, fleuris, 10 varié- 
tés au moins, dans des pots de 12 Rte de diamètre 


au plus (général) . . . . MOI! 71.) & 1.151. 
110. — 10 Rosiers, en fleurs, différents, dat d. de sn 15 É 
pouces de diamètre au plus (général) dede .M21|7L1) 51/51 
111. — 6 Rosiers, en fleurs, différents, dans des pots de 15 
pouces de diamètre au plus (amateurs). . . . .|7l1.| 41.) 21. 
112. — 6 Rosiers nouveaux, obtenus postérieurement à 1863-4, 
en fleurs, dans des pots de loute grandeur (général) .| 31.| 21.| 11. 
113. — 1 Rosier, en fleur (général) . . . . . . . . .| 21|11 
114. — 20 Rosiers, en fleurs, différents, dans des pots de 8 
pouces de diamètre au plus (général) . . . . .| 61.| 41.| 51.121. 
115. — 6 Rosiers en tête, en pots, fleuris, différents (général).| 3 1.| 21.| 11. 
116. — 25 Roses différentes, trois boues de fleurs coupées 
de chacune (général) . : TS ES NO LAMPE 
117. — 12 Roses différentes, 5 boisé de fleurs coupées de 
chacune t{amateurs), 1.758 0000 2 SPORE 
118. — 50 Elex différents (général) . . . . . . . . .M01.| 71. 51.51. 
119. — 1 couple de Laurier-tin en arbre (général) . . . .| 31.| 21.| 11. 
120. — { couple de Lauriers pyramidaux (général) . . . .| 31.| 21.| 11. 
121. — 1 couple de Lauriers en boule (général) . . . . .| 31.| 21.| 11. 
122. — 1 couple de Lauriers de Portugal en boule (général) .| 31.| 2 1.| 1 1. 
125. — 1 couple de Houx en boule (général) .  . . . . .|31.| 21.| 11. 
124. — 1 couple de Buis en boule (général) . . . . ,. .| 51.| 21.| 11. 
125. — 1 couple d'arbres quelconques en boule, à feuilles per- 
sis tantes,excepté ceux mentionnés dans les nes 119 à 
124 (général) ssl et de 0 CN MEMOATS 
126. — 12 Pelargonium zonales, différents, en fleurs. — Les 
nosegay et les panachés exceptés (général) . . . .| 61. 41.| 31. 
127. — 12 Pelargonium nosegay ou leurs A 
rents, en fleurs (général) . . | 6GLI 41151. 


| RSR 
Lpr|2epr|5e pr|#p 
128. — 12 Pelargonium panachés, dilférents (général) . . .| 61. 41.1 3 1. 


129. — 6 Pelargorium zonales en boule, différents, en fleurs 


(RÉRERA NM CANON Te NN REIN 21. fl 
150. — 6 Pelargoninm panachés en boule, différents (géné- 

RE AR NL ete dar er ANR ee DRE Let Mo AD) APT: 
151. — 12 Pelargonium d’exposition, différents, en fleurs,dans 

des pots de 8 pouces de diamètre au plus (horti- 

CUNEUr See ANA AURA Ca AT Sn nn AO 7e TA 5 1:15,1: 


152. — 10 Pelargonium d’exposition, différents,en fleurs,dans 
des pots de 8 pouces de diamètre au plus (amateurs) 10 L! 7 11 51.131. 


155. — 6 Pelargonium d'exposition, différents, en fleurs, dans 
des pots de 8 pouces de diamètre au plus (amateurs, | 
ne concourant pas pour le no 132) . +: . . . .| 51| 41] 31.91. 


154. — 6 Pelargonium fantaisies, différents, en fleurs, dans des 
pots de 8 pouces de diamètre au plus (horticulteurs).| 51. 41! 31.21. 


190 Méme concours (amateurs) * 21. . 2 40 . A5! 21/3191 
LA i Q 2 , 

36. — 1 Pelargonium en fleurs (général) . « . . . . .|21.| 11. 

157. — 12 Calcéolaires herbacées, fleuries (général)  . . .| 81.) 21.| 11. 
158. — 8 Calcéolaires ligneuses, différentes, fleuries (général) | 531 | 21.| 11. 


159. — 12 Pensées différentes, fleuries, dans des pots de 6 pou- 
CS HBEnEPAl A SATA ae MEN NU ta | AN 


140. — 12 Pensées fantaisies, différentes, en fleurs, dans des 
Hots de D pouces (sénéral).). "00 des" ct 24h ANT 


141. — 24 Pensées différentes, fleurs coupées (général) . . .|1110s) 1 1.105. 


142. — 50 Tulipes, fleurs coupées, en 25 variétés, Bizarres,By- 
Wocinens ie Roses (senéral) ph 2e td S)2212); fl 


145. — 12 Résédas, en fleurs, dans des pots de 5 pouces (général).| 11.115 s. 
144, — 5 Résédas en arbre, en fleurs (général) . . . . .|531.| 21.| 11. 
145. — 5 Héliotropes en boule, en fleurs (général) . . . .| 21|11. 
146. — 6 Héliotropes différents, en fleurs (général) . . . .| 21.| 11.110. 


147, — 6 Fuchsia différents, en fleurs, dans des pots de 13 
pouces de diamètre au plus (horticulteurs). . . .| 41.| 31.| 21.111. 


OMEmerconcours (amateurs) "0.700 Ne CNE RS 8) 92 1. 144 
149, — 5 Fuchsia en boule, différents, enfleurs (général) . .| 51.| 21.| 141. 


150. — 25 Gladiolus, les épis coupés, différents (général)  . .| 311 21.) 11. 
151. — 6 Œiliets différents, en fleurs (général) . . . . .|21.| 11. 


152. — 12 Œiüilets mignardises (pinks) en fleurs, cultivés en 
pots, trois variétés ou plus (général). . . . ,. .| 21.| 11. 


153 — 6 Pivoines herbacées, différentes, en fleurs, cultivées en 
pois sen) Pre RS et ES NT SL AUS) 1 E 


154. — 6 pots de Mugucts (général) . SO SAS RS EN A EIRS 08 


SECTION V. — SEMIS. 


155. — Semis de la floriculture, de toutes sortes, étiquetés (général) . Certificats. 


156 — Nouveaux hybrides jardiniques, étiquetés, à l’exclusion des 
plantes de la floriculture (général) . . . . . . . . (Certificats. 


157. — Nouvelles variétés jardiniques, non compris nos 155 ou 156, 
CHE LEES) (SÉNERADE UN DE RES CET. 0 in Certificats. 


158. — Fruits de semis, de toutes sortes, étiquetés (général). . . (Certüficats. 


159. — Légumes de semis, de loutes sortes, étiquetés (général) . . Certificats. 


2 


LENS 


SECTION VI. — FRUITS. 


3 . , C Al 4 19 } 3D27 
Tous les fruits, excepté ceux des nos 199 et 200, doivent être mürs el bons à servir. 


160 — Fruits forcés, 10 assiettes ; pas plus de 2 assiettes de 


chaque espèce de fruit ne seront Tite (général) 
161. — Ananas, 1 fruit de la « Queen » (général). 
162. — Ananas, 1 fruit du « Smooth Cayenne » (général) 
163. — Ananas, 1 fruit de « Providence » (général) . 
164, — Ananas, 1 fruit de « Charlotte Rothschild » . 
165. — Ananas, { fruit de toute autre variété (général) . 
166. — Raisins, 5 variétés, 1 grappe de chacune (général) 
167. — Raisins, 6 grappes (général). Re 
168. — Raisins, 5 grappes du « Frankenthal » (général) . 
169. -- Raisins, 5 grappes d’une autre variété noire, ps 


la saveur du muscat (général) 
470. — Raisins, 5 grappes d’une autre variété noire, ne possé- 
dant pas la saveur du muscat (général). . . . 
171. — Raisins, 5 grappes du « Muscat d'Alexandre » (général). 
172. — Raisins, 3 grappes d’une autre variété blanche, ayant 
la saveur du muscat (général) SR ue 
175. — Raisins, 5 grappes d’une autre variété blanche, ne pos- 
sédant pas la saveur du muscat (général) : 
174. — Raisins, la meilleure Spephe d’une variété noire (gé- 
néral) : $ EPA TNVR FARM de 
175. — Raisins, la one grappe d’une variété blanche (gé- 
néral) RARES : Re Luce de : 


176. — 4 Vignes en pots, en fruits, différentes (général). 

177. — 2 Vignes en pots, en fruits, différentes (général). 

178. — Melon, Î{ fruit d’une variété à chair verte (général) . 
179. — Melon, 1 fruit d’une variété à chair rouge (général). 
180. — Pêches, 5 variétés, trois spécimens de chacune (général) 
181. — Pêches, 6 de toute variété (général). 

182. — Brugnons, 5 variétés, 5 spécimens (général) . 
185. — Brugnons, 6 de toute variété (général). 

184. — Figues, 6 de toute variété (général). ; 
185. — Fraises, Ü variétés, 25 fruits de chacune (général) . 
186. — Fraises, 8 variétés, 25 de chacune (général) 
187. — Fraises, de toute variété, 25 fruits (général) . 
188. — 10 pots de Fraisiers, en fruits (général) 

189. — Cerises, 50 de toute variété noire (général) 


190. — Cerises, 30 de toute variété blanche (général) . 

191. — Framboises, 50 de toute variété rouge (général) 

192. — Framboises, 50 de toute variété blanche (général) 
193. — Collection d’ Oranges, de Limons, Citrons, Pomellos. 


Shaddocks, d’origine exotique (général)” 


tepr'2epr|5epr 


OL 71 PER 
2 LIAE 
DAS 
DRAC 
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5-1. 1-9 Li ot 
3 1-2 04 
3 1. 2 EPA 
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31. 242) 
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51. 41.51. 
31:12 LP 
4 1.115 s.110 5 
1111551105. 
Af.) 551 098 
21:41 
4.1,4:3 119041: 
2 tel 
11.115 s.110 5. 
D [5 NE 
8 1:| PR 
. 1105! 1 L|15s. 
31.) 24/40 
1 1.115 s.110s. 
4 1.145 s.|10s. 
11.15.1105. 
11.55.1105. 
5 1.4 514 21, 


CAE AS 


7 pr|2pr|3e pr 
194. — 6 Orangers de Tanger, en fruits, dans des pots ou 
CSSS (GENRE Al )N ER MMA ee 41. 2 TT A 1: 


195 -— Collection de Fruits exotiques (générai) . . . … .| 51. 51. 2 1. 
196. — Bananes, le régime le plus lourd (général). . . . .| 31! 21. 11. 


| 

197. — 6 arbres fruitiers, représentant les systèmes de taille | 
| 

| 
| 


pour les murailles ou espaliers (général) . . . .|[ 31. 21.) 11. 
198. — G arbres fruitiers, représentant les none de la taille 

pour plein- -vent (général) . PARU Heueuna lan.) 24) 1 
199. — 12 arbres forcés, en fruits (non nécessairement mürs), 

cultivés/entpots (général) 0/0 NE EN Bee) 2 1 
200. — 6 arbres forcés, en fruils (non nécessairement mûrs), 


cultivés en DORASENERANE TE DER Lou Ale 11. 


SECTION VII. — LÉGUMES. 
Les légumes doivent être exposés en élal de servir. 


201. — Légumes forcés, 6 sortes — les salades exceptées (général).| 3 1.1 21.| 1 1. 


202. — Légumes non forcés, 6 sortes — les salades exceptées 

MERE) NU NN OR ARS NRA es RER 
203. — Salades, 10 sortes (général) . . , . . . . . .|21]|11. 
204. — Asperges, 50 jets (général) , . . . .°. . . .|1115s.10s. 


205. — Asperges, 12 jets les plus forts (général) . . . . .| 11.115s.110s. 
206. — Champignons, ! corbeille (général). . . . . . .|10s.| ÿs. 


207. — Pommes de terre forcées, 24 d’une variété Rio 
(Kidney-kind) (général) . . . . . UNS. rbrS: 


208. — Pommes de terre forcées, 24 d’une variété ronde (gé- 
ÉD ee 0 NE RR PER RS AMEN Er SP COS ESS" 


209. — Haricots forcés, 50 gousses (général) . . . . . .| 11.115s.10s. 
210. — Pois, une demi mesure (général). . . . . . . .| 11.115s.M10s. 
211. — Carottes hâtives, 1 botte de 24 (général) . . . . .|15s.|10s. 
212. — Navets hatifs, 1 botte de 24 (général). . . . . .[|15s.10s. 
215. — Concombres, 1 couple (général) . . . . . . .|11.|15e. 
214. — Concombre, le plus beau (général). . . . * . .|10s.| 5s. 
215. — Concombre, le plus large (général). . . . . . .|10s.| bs. 
216. — Rhubarbe, 12 têtes les plus lourdes . . . . . .|11.15s Os. 
247: — Chou, 5 têtes (général) . .. :. , . . . . . .|15s.MO0s. 
218. — Choufleur, 3 têles (général). . . . . . . . .|15s.M0s. 
219. — Broccoli, 5 têtes (général) . . . . . . . . .|15s.|10s. 


220. — Légume nouvellement introduit, distinct, susceptible 
d’être cultivé à l’air libre à l'exclusion Le variétés 
nouvelles (général). . : .® ! 2. Certificats. 


None 


SECTION VIIL — BOUQUETS ET OBJETS D’ORNEMENTS EN FLEURS 


NATURELLES. 
trpr|2pr|5epr 
291. — Surtouts de table, 5 pièces ornées de fleurs (général). .| 71.) 51.| 51. 
9229. — Plateau de table, orné de fleurs (général). . . . .| 51.) 31.| 21. 
293. — Etagères garnies de fleurs, pour lable de salon (général).| 3 1.| 21.| 11. 
224. — Serre de salon, garnie de plantes (général) . . . .|31./ 21.| 11. 
295. — Jardinet de fenêtre, garnie de plantes (général). . .| 21.) 11. 


226, — Caisse de fenêtre, pour décoration extérieure, garnie de 
plantes appropriées, la caisse peut être de toute 
espèce de matière, mais sans excéder 3 pieds 6 pouces 
de long sur 10 pouces de large (général). . . . .| 21.) 11. 


227. — 5 Suspensions, ornées de plantes (général), . . . .|21.| 11. 


228. — 1 Bouquet de noce (général). . . . . . . . .|21.| 11. 
229. -— 5 Bouquets de bal (général). . . . . . . . .| 21.11. 
2350. — 5 Couronnes (général). +. 2: 2: . Mi + ONE 


SECTION IX. —- MEUBLES, PLANS ETC. 
Le Conseil de la Société des Arts a affecté 50 livres pour: les concours 231 et 232. 


251. — Meubles de jardin (général). . . . . certificats 
232. — Ornements de jardin (général) . . . . certificats 
253. — Caisses pour orangers, etc. (général) . . . . . .| 51. 51. 


254. — Plan d’un jardin public, sur une échelle de 40 pieds 
par pouce ; l’étendue, la forme et la situation du jar- 
din de la Société royale d’horticulture à South- 
Kensington sera pris pour base (général) . . . MOI 51.51. 


235. — Plan d’un jardin particulier ct des terrains, indiquant |. | 
la situation de la maison et des dépendances, sur une 
échelle de 40 pieds par pouce; l’étendue sera un 
parallélogramme de 20 acres (général) . . . . . 101. 51] 51. 


256. — Plan d'une villa et de ses dépendances, indiquant la 
situation de la maison et des offices, sur une échelle 
de 10 pieds par pouce; l'étendue sera un oblong de 
dyacres (vénéral) 1 AU EN QE re) ETS SR 


257. — Aquarelle de plantes anglaises ou exotiques, grandeur 
naturelle, accompagnées des dissections ordinaires 
amplifiées ; disposées sur un papier in-folio, de ma- | 
nière à Joindre l’exactitude scientifique à l'exécution | 
APLISÉIQUE es à Oh don vole dal ethle) AO DRE RES 


SECTION X. — PRIX EXTRAORDINAIRES. 


258. — Collection de plantes, fleurs ou fruits, non spécialement désignées (géné- 
ral) 1 prix de 5 1. — 2 prix de 4 I. — 4 prix. de 5 1. — 6 prix de 21. 
— Gprix def 1. 


ha. 


Begonia Limmingheiar 


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L: ni 4 


CES 


ONE dR DEÉMRATIQLIT À 'AEUON 


D RE 


Le BEGONIA COMTE ALFRED DE LIMMINGHE. 
f Figuré. PI. HI-IV. 


Ce Bégonia est un des plus recommandables du genre. Il a un port 
pendant et garnit fort gracieusement les corbeilles suspendues. Ses fleurs 
nombreuses sont d’une couleur orangée fort distinguée. Il prospère en 
serre tempérée. On le dit introduit du Brésil par Libon et mis naguère 
dans le commerce par de Jonghe de Bruxelles. Nous reviendrons sur cette 
plante dont nous nous bornons à publier aujourd’hui le portrait. 


LES MUGUETS, MANIÈRE DE LES FORCER 0). 


Depuis Noël on voit dans les vitrines des horticulteurs de Berlin à 
côté des Jacinthes et des Tulipes, des Lilas et des Azalées, les frais 
Muguets avec leur riante verdure. A la vue des grandes quantités de ces 
fleurs qui inondent journellement le marché, on cest forcé de convenir 
que quelques-uns de nos jardiniers ont un fonds de Muguets au moins 
aussi considérable que les plus riches collections d'oignons à fleurs. 
Quiconque s’est occupé de forcer des Muguets, a dû reconnaitre que 
c’est une chose bien plus difficile que la culture des Jacinthes et des 
oignons à fleurs en général, c’est-à-dire qu’il faut y apporter beaucoup 
plus d’attention. Une simple négligence dans le maintien de la tempé- 
rature pendant une seule nuit peut faire périr toute la masse des pots 
qu’on a mis à forcer, et il y a peu de jardiniers, qui, même dans les 
établissements où cet article est cultivé depuis nombres d’années, n’ont 
pas fait à ce sujet de tristes expériences. Une visite que nous avons faite 
à Choné (porte de Francfort), nous met à même de faire une courte 
notice sur les procédés de culture qui y sont suivis. 

Disons d’abord que cet établissement doit en partie sa renommée à 
la grande quantité de Muguets qu’il livre tous les ans, et qui ne s’élève 
pas à moins d’une somme de 1000 thalers (2). On peut se faire une 
idée de la quantité de plantes qui en proviennent, quand on voit trois 
morgen (5) de terre uniquement couverts de Muguets. Il va sans dire 
que cet établissement a un local spécial pour cela, mais on se trompe- 
rait fort en se figurant une serre vitrée construite dans les plus belles 
conditions ; c'est une construction basse, munie de vitraux plombés, 
calfeutrée en dehors avec du fumier, bourrée de pots, et à peine assez 
haute pour s’y tenir debout. L’élégance de la construction n’est que 


(1) Traduit du Wochenschrifl fur Güärtnerei und Pflanzenkunde par MM. V. Noe- 
tinger et V. Mohler dans le Journal de la Société d’horticulture du Bas-Rhin, 1865, 
p. 106. 

(2) 1000 thalers représentent 5750 francs. 

(5) Le morgen prussien est de 22 ares environ. 


ON U 


l'accessoire pour l’horticulteur, surtout lorsqu'il réussit à avoir de. 
belles plantes, et c’est ce qui a lieu ici. 

Quand, en automne, on a transporté près de la serre à forcer les 
rhizomes nécessaires, on commence par nettoyer ceux dont on a besoin 
pour la première plantation. En même temps qu’on fait cette opération, 
on met de côté ceux d’un an, et même ceux trop faibles de deux ans, 
pour les replanter au printemps aussitôt la terre ouverte: si l’on a 
encore le temps de le faire en automne, on fera bien. 

Les rhizomes nettoyés, ceux qui sont prêts à fleurir, et qui sont faciles 
à reconnaitre à leur grosseur, sont mis en pots par 10 ou 12, dans 
une terre bien perméable. Le plus ou moins de richesse de la terre est 
de peu d'importance, car la plante ne pousse pas de nouvelles racines, 
et ne vit que d'elle-même. Mais il faut surtout que la terre soit bien 
perméable, et pour cela on pourrait se servir de sable ou de mousse, 
si ces matières n'avaient le défaut de se dessécher trop vite ; le point 
important pour le forcement consiste, aussitôt les pots mis en serre, à 
maintenir jour et nuit sans interruption une température de 25° à 50° R. 
Ce serait une erreur de vouloir les soumettre à une chaleur progressive. 
Ce procédé ne peut être utile que pour des plantes qui poussent de nou- 
velles racines. Le plant doit fleurir au bout de trois semaines; toutes 
les fleurs qui paraitront, passé cette époque, seront chétives et jaunâtres. 

Il y a trois périodes, à distinguer dans ces vingt-trois jours de végé- 
tation : la première, pendant laquelle la vie se réveille. 

Pendant ce temps les pots seront mis serrés contre le canal du ther- 
mosiphon, et entièrement plongés dans la mousse et le sable, et recou- 
verts de mousse. Si pendant cette période la mousse vient une seule 
fois à sécher, on peut déjà compter sur un mauvais résultat. 

Aussitôt que les pousses surgissent et s’entr'ouvrent, on les rap- 
prochera de la lumière, mais en leur conservant la même chaleur et la 
même humidité d’atmosphère. Dans la troisième période on les appro- 
chera de la lumière autant que possible, et on les y habituera peu à peu. 
On se gardera bien d’une chalcur sèche, et on ne songera pas non plus 
à ménager le feu. | 

Mais plus on se rapprochera de l’époque normale de la floraison des 
Muguets, moins il faudra de chaleur. 


EXPOSITION ET CONGRÉES A GAND EN 1867. 


1867 ramènera une nouvelle exposition quinquennale à Gand. Le 
local du Casino sera pour cette époque tout-à-fait transformé et une 
vaste construction vitrée y sera annexée. On a déjà mis la main à l’œuvre 
sous l’énergique et intelligente impulsion de son président M. V. vanden 
Hecke de Lembeke. La Fédération organise pour cette circonstance un 
nouveau congrès de tous les adeptes de la science des végétaux. 


DOM: AERE 


CULTURE EN APPARTEMENT. 


Notes et renseignements publiés par la Société d'horticulture du 
Bas-Rhin à Strasbourg. 


Nous trouvons dans un des derniers numéros du Deutsche Garten- 
zeilung une instruction des plus intéressantes sur la culture des Dracæna 
dans les appartements, due à M. Heinemann, lun des herticulteurs les 
plus en renom d’Erfurt. Il fait remarquer d’abord que depuis quelques 
années il s’est manifesté un goût particulier pour les plantes d'ornement 
que l’on peut le plus facilement cultiver dans les appartements, et trouve 
dans cette disposition un élément de progrès pour l’horticulture, en ce 
qu’il en facilite la propagation et permet à bien des amateurs qui ne 
disposent que d’un espace restreint, de se livrer à la passion des fleurs. 
Parmi toutes les plantes propres à figurer et à vivre convenablement 
dans un salon, il n’en est pas qui soient plus avantageuses que les Dra- 
cœna, dont les longues feuilles se ploient si gracieusement autour d’une 
tige élancée. La consistance de leur feuillage supporte facilement l'air 
sec et chargé de poussière de nos appartements; ils ne craignent pas les 
brusques passages du chaud au froid, et, malgré l'énorme différence de 
température qui existe entre le maximum pendant le jour et le minimum 
de la nuit, ils n’en continuent pas moins à développer sous nos yeux leur 
vigoureuse végétation, il est hors de doute que dans l’atmosphère tiède . 
d’une serre ils prennent des proportions bien plus magnifiques; mais 
nous pouvons néanmoins nous contenter du développement qu'ils 
prennent dans nos chambres. 

Les Dracæna se contentent de quelques station qu’on veuille bien leur 
donner dans un salon, mais cependant pas trop loin de la lumière, et le 
plus possible près d’une fenêtre.-La température peut flotter entre 6 et 
12 degrés; un froid trop au-dessous du minimum arrête la végétation, 
tandis qu’une chaleur trop élevée la pousse trop rapidement et fait sécher 
les feuilles inférieures. Comme toutes les plantes, ils ont un temps de 
repos pendant lequel la croissance s’arrête. On reconnait cette période à 
ce signe qu’il ne sort plus de nouvelles feuilles de l'extrémité de la tige. 
On observera cette période soigneusement, et l'on se gardera d’arrose- 
ments trop copieux. | | 

Il ne faudra arroser que le strict nécessaire, de manière à ne pas laisser 
dessécher les racines, et l’on ne recommencera à arroser abondamment 
que lorsque la plante donnera le signal de son réveil par la formation de 
nouvelles feuilles. Pendant la végétation on ne ménagera pas l’arrose- 
ment, et une eau dans laquelle on aura fait tremper des râclures de 
cornes sera un engrais des plus puissants. Le réveil de la végétation est 
également le moment auquel il faut transplanter. 


Les Dracæna demandent à être cultivés dans une terre poreuse mais 
substantielle, composée d’un mélange de deux parties de terreau de 
feuilles, et deux parties de terre de bruyère, et d’une partie d'argile et 
de sable avec des raclures de corne; le fond du pot sera garni de tessons 
pour ménager un bon drainage. 

Au moment de transplanter, on démêle avec une pointe de bois la 
croûte extérieure qui entoure la pelote des racines, et on rogne les plus 
longues, qui se forment ordinairement à la base du rhizome. Ces racines 
sont utilisées pour la multiplication. On les coupe en morceaux de la 
longueur d’un pouce et les pose dans une terrine plate sur de la bruyére 
ou de la sciure de bois. Il se montre bientôt de jeunes pousses que l’on 
enlève aussitôt qu’elles ont pris racine. 

Dans les appartements, on aura soin de nettoyer les feuilles avec une 
éponge fine, pour lies débarrasser de la poussière. Les Dracæna qui se 
prêtent le mieux à la culture dans les appartements sont : 

Charleswodia congesta Sweet et PL. (synonyme : Dracæna congesta 
Sweer. Cordyline congesta KNtH.). 

Charleswodia rubra Pi. (synonyme: Cordyline rubra, Horr. berol.). 

Charleswodia stricta Sweer. (synonyme: Dracæna stricia, Bot. mag. ; 
Cordyline stricta KNru.). 

Cordyline cannæfolia Pa. Br. 

Dracænopsis australis PL. (synonyme: Dracæna australis Hook., 
Dracæna obtecta Grau., Cordyline australis Knru.). 

Dracænopsis indivisa PL. (synonyme: Dracæna indivisa Hook., 
Cordyline indivisa Knru., Dianella Horr.). 

Nous complèterons cette notice par la traduction d’un article également 
intéressant sur les plantes d'ornement propres à la culture des apparte- 
ments que nous trouvons dans le Journal des jardins et des fleurs de 
Hambourg. Avant de donner la description des espèces les plus avanta- 
geuses, dit M. Schrœler, l’auteur de cette note, il ne sera pas sans intérêt 
de dire quelques mots de l’exposition qu’elles exigent et du traitement 
qui leur convient le mieux. On entend souvent demander si telle plante 
a besoin de beaucoup ou de peu de lumière ; s'il faut lui donner de l’om- 
bre ou le grand soleil. On entend aussi proférer cette plainte que, mal- 
gré tous les soins imaginables, on voit périr ses plantes, et qu’on perd 
tout plaisir à en élever d’autres, attendu qu’il n’y a aucun moyen de les 
arracher à la mort. Je prétends d’abord que cet inconvénient provient 
bien plus de l’arrosage que de l’exposition, et que c’est surtout par des 
arrosements intempestifs qu’on les fait périr. 

Pour ce qui concerne l'exposition, il suffit de dire que les plantes 
que nous allons citer prospèrent parfaitement dans un appartement dont 
la température est environ celle qu’il faut à l’homme pendant l'hiver. 
Si la température peut quelquefois s’abaisser la nuit, il faut du moins 
veiller à ce qu’il ne gèle jamais. En été, on donnera le plus d’air possi- 


FA. RER 


ble, mais on garantira les plantes du soleil brülant de midi, qui jaunit 
les feuilles et donne aux plantes un aspect maladif. Le soleil d’hiver est 
moins dangereux, son influence plus douce est au contraire favorable. 

Quant aux arrosements, on les diminuera en hiver et tiendra les 
plantes plutôt sèches que trop mouillées, afin d'éviter une acidification 
de la terre, qui pourrait faire pourrir les racines. Une attention constante 
à épousseter et de temps à autre à laver le feuillage avec une éponge 
fine est indispensable, si l’on veut obtenir une riche végétation. 

Les plantes les plus avantageuses sont : Le Ficus elastica Roxs. (Uros- 
tigma Mio.) plante déjà très-connue, qui supporte très bien en été le 
grand air à un endroit ombragé. 

Les différentes variétés de Dracæna, telles que : 

Dracæna brasiliensis Hoox. (Cordyline Eschscholziana Marr., Calo- 
dracon heliconiæfolia Planch); 

Dracæna rubra Horr. (Charlwoodia rubra Piancu., Cordyline rubra 
AUG.); 

Dracæna congesta SWerr. (Charlwoodia corugesta SwerT, Cordyline 
KN\ru. congesta.); 

Dracæna fragrans Ker. (A letris fragrans PLancu., Aletris arborea L.); 

Dracæna ferrea L.(Calodracon Jacquinii PLancu. var. atrosanguinaea 
Goepp.), ct 

Dracæna terminalis var. purpurea Horr. (Calodracon varvegata 
Gopr.). 

Le Livisiona chinensis Marrt. (Latania borbonica Lam., Sariobus 
chinensis BL.); 

Le magnifique Phænix dactylifera ; 

Le Rhapis flubelliformis Air., et 

Le Chamærops humilis. 

Toutes ces espèces exigent une terre sablonneuse mêlée de détritus de 
bois et de feuilles, avec addition de vieille terre glaise provenant de 
démolition; la cause qui a jusqu'ici éloigné les Palmiers de la culture des 
appartements, provient surtout de ce qu'on s’est imaginé qu'ils ne pou- 
vaient être cultivés qu’en serre chaude, et qu’ils sont restés en outre 
d’un prix fort élevé. Cette cause disparaîtra promptement lorsqu'on 
verra les Palmiers employés pour l’ornement de nos salons, usage auquel 
ils sont éminemment propres. 

Le Phailodendron pinnatifidum Scnorr (Arum Jaco, Caladium W.) et 
le Philodendron pertusum Knru. et Boucré. (Monstera deliciosa Lirex., 
Monsiera Lennea C. Kocn) se recommandent tous deux par la forme 
gracieuse de leur feuillage, et particulièrement le dernier, dont les 
feuilles découpées à jour font le plus singulier effet. Leurs racines aérien- 
nes leur donnent en outre l’aspect le plus curieux au moment de les 
transplanter, ce qui a lieu au printemps, on se servira d’une terre 
sablonneuse mêlée de détritus de bois et de feuilles. On ménagera avec 


LE SORT ES 


grand soin leurs longues racines charnues, et les laissera retomber en 
toute liberté. Pour obtenir du Philodendron une riche végétation, on 
couvrira le fond du pot de tessons concassés pour ménager un prompt 
écoulement de l’eau et éviter que la terre ne s’aigrisse. 

Le Musa paradisiaca L., le Musa rosacea, Jaco., le Musa zebrina h. V .M 
et le Musa cavendishii Hook, se recommandent par l’ampleur de leur 
feuillage et sont réellement le type des plantes tropicales. Elles deman- 
dent une terre grasse, et il est bon, quand on les transplante, de leur don- 
ner un peu de sable mêlé de détritus de feuilles et de terreau de couche. 

Le Maranta zebrina Sius. (Calathea Linpr.) se recommande par le 
riche coloris de son feuillage, teinté d’un violet brillant sur les deux 
faces de ses feuilles. Le seul désavantage de cette plante, c’est que les 
feuilles les plus anciennes se tachent et se déchirent, ce qui nuit à sa 
beauté. On peut néanmoins y remédier en les nettoyant soigneusement 
et en coupant celles qui sont gâtées au moment où on les transplante 
au printemps, opération pour laquelle on prendra une terre sablon- 
neuse, mêlée de terre de bruyère et de détritus de feuilles. En hiver, 
on n’arrosera qu'avec une grande prudence. | 

Le Curculigo sumatrana Roxs. et le Curculigo recurvata Dryanp. 
sont des plantes éminemment ornementales. Leurs grandes feuilles à 
côtes se balancent gracieusement sur leur pédoneule au moindre soufle 
du vent. On les plante au printemps dans une terre de bruyère sablon- 
neuse mêlée de détritus de feuilles. 

Restent les Bégonias, déjà connus de nos amateurs. On devra les 
transplanter au printemps, les arroser copieusement en été, et leur 
laisser passer leur temps de repos pendant l'hiver en diminuant l’arro- 
sage. On peut sans danger enlever les feuilles gâtées en toute saison. 
Les variétés les plus recommandables sont le Begonia Rex Linoz., le 
Begonia Rex magnifica Sws. et le Begonia splendida K. Kocu. 

On pourrait ajouter ici une liste nombreuse de plantes propres à la 
culture dans les appartements, mais leur rareté et leur prix élevé ne 
leur en permettent pas encore l'entrée ainsi qu’à celles que nous venons 
de citer. 


LES NOUVEAUX BOULEVARDS DE LA VILLE DE MONS. 


La reconstruction des fortifications d'Anvers a eu pour effet la démo- 
lition de toutes les places fortes érigées à si grands frais du côté 
de nos frontières de France après la paix de 1815. Mons n’est pas restée 
en arrière pour détruire à jamais toutes ces murailles, ces fortins et ces 
bastions et combler ces larges fossés qui contribuaient pour beaucoup 
dans l’insalubrité de certains quartiers de la ville. 

De tous ces travaux érigés sous la direction du génie militaire il ne 
restera plus d'ici à peu de temps que de vagues souvenirs; car là où l’on 
était habitué à voir des masses imposantes de maçonnerie, à l'heure qu'il 


HO ga 


est de jeunes et belles plantations d’alignement viennent réjouir l’âme 
et engager le montois à se promener au grand air, lui qui avait été habitué 
à être renfermé par une ceinture de murailles et de fossés qui mettaient 
obstacle aux excursions champêtres. 

Chargé par l’administration communale de la plantation des nouveaux 
boulevards, nous nous sommes mis à l’œuvre l’année dernière et cette 
année les travaux seront continués autant que le nivellement des terrains 
de la forteresse le permettra. 

Chaque fois qu’il s’agit de plantations en avenue on est à se demander 
quelle est lPespèce d’arbre la plus convenable. Si l’on regarde celles 
faites par l’État, on constate que c’est l’orme qui est presque toujours 
choisi. En agissant ainsi doit-on croire qu’il n’y ait que l’orme qui se 
prête aux plantations en ligne? Evidemment non; mais si l’État plante 
de l’orme c'est qu'il a en vue les bénéfices qu’il pourra retirer tôt ou 
tard de ses plantations. Or ce même raisonnement ne peut pas être tenu 
par une administration communale, alors qu'il s’agit de la plantation 
de promenades publiques, qui ne sont pas créées dans un but de spécula- 
tion, mais en vue de l’agrément et de la salubrité d’une ville. Il ne 
passera jamais par la tête des conseillers communaux de faire argent 
des plantations d’un pare ou de boulevards. Par conséquent c’est la 
partie ornementale qu’il faut rechercher avant tout chaque fois que l’on 
doit planter une promenade publique, mettant à l’écart la question de 
rapport futur. Telle a été notre manière de voir dans le choix des 
espèces que nous avons proposées à l'administration. 

La largeur des boulevards est de quarante-deux mètres divisée en 
cinq allées : une au centre réservée aux voitures, quatre latérales dont 
les voisines de celle du centre sont destinées aux piétons, enfin deux 
externes qui plus tard seront pavées et formeront rue. En attendant 
que des constructions s'élèvent à front des boulevards et que la circula- 
tion devienne importante, les deux allées réservées aux piétons ont été 
converties en pelouses qui, au printemps prochain, seront émaillées de 
corbeilles de fleurs. 

Outre Ics boulevards, de nouvelles voies de communication ont été 
établies dans le but de faciliter l’accès de la ville aux populations de la 
banlieue ; toutes formeront plus tard de magnifiques avenues qui, espé- 
rons-le, seront embellies par d’élégantes constructions champêtres. 

Deux boulevards ont été plantés à l’arrière saison de 1864. Le premier 
est garni de deux lignes de Platane occupant les accôtements de l'allée 
centrale. Les deux allées latérales sont plantées en Marronnier d’Inde. 

En attendant que ces deux espèces soient arrivées à un certain déve- 
loppement, on a planté alternativement des Peupliers d'Italie qui seront 
abattus aussitôt qu’ils gèneront le développement des sujets destinés à 
rester à demeure. Deux lignes de peupliers d'Italie forment la démar- 
cation extrême des boulevards et seront supprimées à mesure que des 
constructions y seront érigées. 


DIS AP 


Le second boulevard planté en 1864, a été conçu sur le même plan 
que le premier, à part que les Platanes ont été remplacés par des Ormes 
formant les deux lisières de l’allée centrale. Des Marronniers d'Inde 
forment les allées latérales, enfin des Peupliers d’Italie plantés provi- 
soirement entre les Ormes, les Marronniers et sur l’extrême bord, seront 
abattus alors que les besoins s’en feront sentir. | 

Quelques rues latérales ont été garnies de Peupliers d'Italie destinés 
à ne rester en place que pour autant que leur développement ne nuira 
pas aux constructions qui seront érigées. | 

Le Vernis du Japon a été employé pour la plantation d’une avenue 
de cent-cinquante mètres environ. La reprise a été moins bonne que 
pour toutes les autres essences. Deux larges et belles avenues, l’une 
longeant la rivière la Touille a été plantée en Æ£rable sycomore et la 
même cssence a été employée pour l’autre. 

La nature du terrain que nous avions à planter était argilo-sablonneuse 
et vu les nombreux bouleversements résultant de la démolition de la 
forteresse, nous devions croire que toutes les espèces choisies croitraient 
avee vigueur. Aussi n’avons-nous pas été trompé dans notre attente, 
car la végétation de la première année a été magnifique. 

Les plantations de cette année se résument à un boulevard et trois 
avenues. Ce premier est planté de quatre lignes de Chêne rouge d’Amé- 
rique, (Quercus rubra L), alternés de Peugliers d'Italie qui seront sup- 
primés lorsque le développement des chênes le commandera. Les 
extrêmes limites ont recu des Peupliers d’Jtalie. 

Une avenue a été plantée en Tilleul à petites feuilles (Tilia microphylla 
VENT., T. parvifolia Sweer.). Cette espèce est de beaucoup préférable à 
toutes les autres, elle conserve son feuillage d’un beau vert pendant 
plusieurs semaines, alors que les autres espèces en sont dépouvues. 

Si nous avions pu trouver en pépinière un nombre assez considérable 
de Tilleul à feuilles argentées, (T. argentea DC), nous n’eussions pas 
hésité un moment pour planter cette espèce plutôt que l’autre; mais 
comme on ne rencontre que des sujets de greffe, nous avons renoncé 
à en faire usage. 

Une autre avenue dont le terrain est sablonneux a été plantée en 
hêtre ordinaire (Fagus sylvatica, L.). Enfin des Platanes ont été utilisés 
pour la plantation d’une avenue reliant un boulevard à une route pro- 
vinciale. 

Tel est l’état des plantations entreprises par la ville de Mons sur 
l'emplacement d’une partie de la forteresse. L’année prochaine les tra- 
vaux de la nouvelle station du chemin de fer et de la prison cellulaire 
permettront de continuer la plantation de la partie restante des boule- 
vards et vraisemblablement en 1867, Mons sera entourée de charmantes 
promenades publiques qui seront enviées par des villes d’une plus 
grande importance. A. W. 


Date MERE) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Be l'existence limitée et de l'extinction des végétaux 
propagés par division, par M. le D' L. De Boutteville (1). -— 
Le temps et la place nous manquent pour apprécier comme il le mérite 
ce savant mémoire de M. le Docteur de Boutteville. L’érudition et la 
rigueur du jugement en sont les traits les plus caractéristiques. Nous le 
signalons d’une part à tous ceux qui s'intéressent à la théorie de la Pomo- 
logie et d’autre part aux physiologistes et aux savants. L'opinion soute- 
nue par le savant vice-président de la Société d’horticulture de Rouen 
est en tous points la nôtre. Il soutient, et il prouve surabondamment 
suivant nous, que toute variété issue de semis accomplit une évolution 
qui en amène la décrépitude et finalement l'extinction. Nous ne com- 
prendrions pas qu'il en fut autrement. Alors que tout est évolution et 
mouvement dans la nature, il y aurait pour certains esprits quelque 
chose d’immobile et d’immuable, ce serait la forme spécifique et même 
les formes accidentelles. La nature a horreur, au contraire, de l’immobi- 
lité, les variétés sont comme Îles branches et les rameaux que l’espèce 
émet latéralement, et comme les branches des arbres, elles se font vieilles 
avec le temps et périssent plus ou moins vite. 

Le mémoire de M. De Boutteville a servi de base à M. Pynaert, 
pour présenter au cercle professoral de Gand, une remarquable étude sous 
ce titre: Les arbres fruitiers dégénèrent-ils ? Oui, est la conclusion in- 
contestable de cet écrit. Mais hâtons-nous d’ajouter que cette décrépitude 
ne peut être attribuée ni au sol, ni à la greffe, ni au temps qu’il fait. 
Elle est inhérente à la variété même qui, tout comme nous, apporte en 
naissant le germe de sa mort. 

Un petit fait nous revient en mémoire. Il n’ajoute rien aux nombreu- 
ses preuves accumulées par MM. de Bouteville et Pynaert. Il mérite 
cependant d’être cité. Les gourmets de notre bonne ville de Liége van- 
taient beaucoup, dans le bon vieux temps, une pomme de terre toute 
particulière à notre terrain : la Corne de Chèvres, comme on la nommait 
ou plutôt  Coene di Gat, comme on disait en bon wallon. C'était la 
variété la plus ancienne de nos cotillages. 

Elle était excellente surtout dans le quartier d’Avroy, du Jonkeu et 
du Val-Benoït, c’est-à-dire dans les terrains mêmes où Foidart cultiva, à 
la fin du siècle dernier, les premières pommes de terre à Liége. Et bien, 


(1) Broch, in-8, Rouen 1865. Extrait des Bullet. de la Soc. imp. d'hor. de la Seine- 
Inférieure. 


Mn) du 


de la corne de Chèvres il ne reste plus que le souvenir. Elle a dégénéré : 
elle s’est affaiblie. Elle a été décimée lors de l'invasion du Botrytis en 
1846 et depuis elle a été peu à peu anéantie malgré tous les efforts de 
maints et maints cultivateurs. On pourra retrouver mieux r, peut-éte 
mais on ne retrouvera plus jamais li Coene di Gat. 


Album Vilmorin. — Cette splendide publication s’est enrichie, en 
1865, de trois superbes planches. Ce sont comme des tableaux de fleurs 
à l’aquarelle. Les modèles sont peints par madame Elisa Champin. Les 
fleurs sont disposées en bouquet, d’une rare élégance. La planche de 
floriculture (la 15° de cette série) représente les plus jolies nouveautés de 
Phlox de Drummond, de Campanule, de Mimulus cupreus et de Dianthus. 
Celle des plantes bulbeuses est occupée par des Iris, des Lis et des Tubé- 
reuses. La troisième représente les améliorations les plus récentes de la 
culture maraichère. L'Album Vilmorin est une publication utile qui for- 
mera un jour un ouvrage de luxe et de science. 


Les plantes à feuillage ornemental (l), par M. L. Anpré. 
M. André se trouve dans la position la plus autorisée pour écrire un 
manuel sur les plantes à feuillage ornemental. Jardinier principal de la 
ville de Paris, attaché au grand établissement de la Muette à Passy et 
directeur d’une partie des squares, il a vu, étudié, manié toutes ces 
plantes qui ont aujourd’hui la vogue et qui la méritent à bien des titres. 
Son petit livre est écrit ex professo : il sera à chaque instant utile au 
praticien et le savant même le consultera souvent avec avantage, ne fût- 
ce que pour s’épargner le long travail de nomenclature et de déter- 
mination que M. André s’est imposé. L'ouvrage est écrit avec verve, 
dans un style simple et nerveux. Ceux qui le liront à notre recom- 
mandation ne nous reprocheront certainement pas le temps qu'ils 
auront passé à cette lecture. 


L'Horticulteur moderne, journal mensuel illustré des 
végétaux les plus estimés, par M. J. Uiricu, à Paris (1). Sous ce 
titre, M. J. Uiricx et C°, horticulteurs, marchands-grainiers à Paris, 
viennent de fonder une nouvelle publication d’horticulture. Les deux 
premières planches, que nous avons sous les yeux sont d’une grande 


(1) Un élégant volume in-18, de 250 pages ; prix 1-50. 

(1) A Paris, Boulevard de Strasbourg, 77. L’Horticulteur est divisé en trois parties 
bien distinctes : 1e les planches; 2 le texte explicatif de même format que les 
planches; % enfin une feuille ou deux consacrées aux travaux pratiques et pouvant 
se plier de façon à former un volume in-8. Conditions d'abonnement : Paris, 40 francs . 
par an; pour l'étranger le port en sus; il paraîtra 24 planches par an. 


CAP + EN 


richesse de composition et de coloris. L’une cst consacrée aux roses 
nouvelles, l’autre à des fruits. Cet ouvrage sera sans doute spécialement 
destiné à faire connaître les nouveautés offertes aux amateurs par la 
maison Ulrich. Nous souhaitons la bienvenue à ce nouveau confrère 
dans la presse horticole. 

Nous signalerons encore l'apparition du premier Bulletin du Cercle 
professoral d’arboriculture ; le Tijdschrift door het Antwerpsch Kruid- 
kundig Genootschap ; un manuel flamand d’arboriculture fruitière, 
de Fruitboomkweekerijen, par M. Pynaert; et l’annonce d'une Flore 
du centre de la Belgique, par MM. Piré et Muller. 


UNE EXCURSION BOTANIQUE DANS LA CAMPINE 
LIMBOURGEOISE. 


\ 


D’aucuns diront en lisant ce titre : Encore une herborisation ! Mais 
en quoi cela avance-t-il la science, ces longs et diffus verbiages sur les 
allées et venues d’un chercheur de plantes? Importe-t-il que le monde 
sache que vous ayez logé dans un tel lieu, que vous en soyez parti le 
lendemain pour aller prendre gite ailleurs, que chemin faisant il se soit 
présenté l’un ou l’autre prosaïque incident, qu'ici vous ayez admiré un 
ravissant paysage, un site enchanteur, que là vous ayez longé un frais 
ruisseau aux méandres capricieux, aux rives ourlées de délicieuses fleuret- 
tes, et patati patata? Pour Dieu, faites donc abstraction de votre per- 
sonne, laissez de côté les tableaux, taisez vos impressions; nous sommes 
rassasiés, dégoûtés de ces charmants récits dont les phrases stéréoty- 
pées sont aujourd'hui dans l’écritoire de l’écolier comme dans celle des 
grands maitres en beau parler. Donnez-nous du substantiel; eitez-nous 
des noms de plantes ; composez-nous des listes sèches qui en disent bien 
plus que ces longs caquets. 

En vérité, je reconnais la justesse de ces réflexions. Avec de simples 
listes accompagnées de brefs renseignements sur la rareté ou l’abondance 
des espèces, on profite infiniment plus qu'avec ces narrations filan- 
dreuses au milieu desquelles sont comme noyées les indications utiles, 
on saisit mieux l’aspect et la composition du tapis végétal. Mais comme je 
n’écris point ici pour des botanistes uniquement amateurs du sec et du 
solide et qu’un squelette pourrait plaire fort peu aux lecteurs de cette 
revue, je vais encore procéder à l’ancienne mode au risque d’encourir 
anathème. Je ferai cependant en sorte d’être le moins nuageux possible, 
de dire beaucoup en peu de mots, et, à propos de chaque plante, j’éviterai 
comme une peste ces kyrielles d’interminables qualificatifs tellement 


SN IE QE 


usés par les écrivailleurs et rimailleurs qu’ils soulèvent le cœur de 
dégoût. Peut-être trouvera-t-on à fin de compte que je n’aurai pas été 
un bien grand coupable en suivant le caprice plutôt que la raison. 

Après ce préambule, dont on se serait certes bien passé, je dirai tout 
d’abord que j'ai en vue de jaser un peu à mon aise sur ce que j'ai observé 
pendant l’herborisation que la Société royale de Botanique a faite cette 
année dans la Campine. Un rapport officiel de cette excursion doit être 
publié, mais comme un rapporteur ne peut pas voir tout et que d’ailleurs 
nous ne portons pas tous les mêmes lunettes pour observer, j'ose espérer 
que mon récit ne fera pas double emploi et ne sera pas tout à fait dépourvu 
d'intérêt. 

Le 29 juillet dernier était la date fixée pour la réunion de la Société 
botanique à Hasselt, d’où celle-ci devait en quelque sorte rayonner 
pour explorer la Campine. Les confrères arrivés les premiers visitè- 
rent déjà ce jour-là les alentours si éminemment riches de Diepen- 
beek; mais n'étant arrivé que le lendemain pour assister à la séance 
publique, je ne puis rien rapporter des découvertes et des remarques 
faites pendant cette première herborisation. Comme les journaux de la 
localité avaient annoncé l’arrivée de la Société botanique et que d'autre 
part le chef-lieu de la province ne compte pas ses habitants par dixaines 
de mille, il va sans dire que notre bande aux allures un peu hétéroclites 
excitait une certaine curiosité,curiosité cependant discrète et même bien- 
veillante. Il était facile de voir que nous étions les bienvenus et que 
l’objet de nos recherches et de nos études était apprécié. Ce qui du reste 
le prouve, c’est le public choisi et nombreux qui s'était rendu au local 
de notre séance. Ce local, siége d’un cercle artistique, avait été admirable- 
ment disposé et on s’apercevait immédiatement que la main d’un archi- 
tecte avait passé par là. Au fond de la salle, se dressait une longue estrade 
adossée à un hémicycle d’arbustes en fleurs qui était dominé par le buste 
du Roi entouré de banderoles aux couleurs nationales. Cela était symbo- 
lique et disait beaucoup à l'esprit de ceux qui aiment le pays dans son 
gouvernement et ses productions naturelles. Pas n’est besoin, je pense, 
de dire avec détail ce qui fut fait à cette séance. C’est toujours la même 
ritournelle : petit discours d’ouverture suivi de chaleureux applaudisse- 
ments, lecture et dépôt de graves et profonds mémoires, petit discours de 
clôture, réponse à ce discours, applaudissements finals et . . . . et 
puis c’est tout, au grand contentement des acteurs et spectateurs. En 
m'exprimant de la sorte, j'en dis peut-être trop, car on pourrait s’imaginer 
que notre auditoire s'était fatigué à entendre discourir science et 
qu'il s’était impatienté après les mots sacramentels qui terminent toute 
assemblée. Loin de là : toutes les personnes qui assistaient à la séance 
ont écouté ce qui s’est dit avec une grande attention et dans le plus pro- 
fond silence et rien ne témoignait d’ennui ou d’indifférence. Il est bien 
possible qu’au fond ce n'était pas très-amusant, mais rien n’y paraissait; 


Sage 


J'aime d'appuyer sur cela, parce qu’à certaines de nos séances antérieures 
nous n’avons pas eu à nous louer autant du public sous ce rapport. Au 
surplus, il faut bien confesser qu’une séance scientifique est un véritable 
traquenard, un piége où le pauvre monde se laisse prendre trop faci- 
lement de nos jours et cela à cause de la mode. Si parfois il grimace, ne 
lui en voulons pas, car beaucoup de gens de science, s’ils osaient être 
francs, avoueraient qu’aller voir arlequin jouant de la batte et de la 
langue sur ses tréteaux est infiniment plus récréatif que d'assister pen- 
dant de longues heures à des lectures ou des discussions savantes. La 
science se lit et se médite dans le cabinet, mais rarement elle réussit 
à amuser par des parades. Mais, puisque c’est le goût du jour, supportons 
done sans trop nous plaindre ces séances, ces conférences et ces congrès 
scientifiques qui, après tout, ont leur bon côté. Si la foule n’y trouve pas 
son compte, il est quelques hommes qui à cette occasion sentent se ral- 
lumer le feu sacré, il en est d’autres qui n’attendaient que ce moment 
pour se choisir un objet d'étude et d’activité. Ne l’avons-nous pas vu à 
Hasselt, où nous comptons maintenant plusieurs nouveaux confrères qui, 
sans notre séance, auraient peu à peu abandonné la science où ne l’au- 
raient peut-être jamais embrassée ? Mais venons-en au sujet que j'ai 
promis de traiter et auquel je n’arrive qu'après bien des détours sans 
doute fort ennuyeux pour ceux qui auront le courage de me suivre dans 
ces contes futiles. 

Un léger repas fait après la séance publique et nous partions pour 
Stockroye. Le ciel était couvert et peu sûr, aussi l’un de nous, homme 
habitué aux longs voyages et prudent comme un touriste anglais, s'était 
muni d’un riflard capable d’abriter un berger et son troupeau. Ce para- 
pluie, devenu sur le champ un objet de bruyante hilarité, était accom- 
pagné d’une boïte d’herborisation qui exeita beaucoup notre attention 
à cause du curieux aménagement de l’intérieur et de l'originalité de la 
forme. Une pluie fine ne tarda pas à tomber, mais elle fut heureuse- 
ment de courte durée. Au sortir de la ville, quelques-uns d’entre nous 
poursuivaient en droite ligne en suivant la grande route pour passer à 
Curange et à Kermpt; les autres, et j'étais du nombre, gagnaient à 
travers champs les bords du canal, afin de longer celui-ci à gauche. 
Avant de l’atteindre, nous trouvions : 


Melandryum album. Bryonia dioeca. 
— diurnum. Aristolochia Clematitis (un pied 
Nasturtium palustre. dans une haie). 


Contournant la tête du canal, nous prenons la rive gauche que nous 
suivons pendant quelques centaines de mètres en nous arrétant de temps 
en temps pour récolter dans les eaux, à notre gauche, les espèces suivantes : 


Potamogeton gramineus. C. Potamogeton pectinatus var. scopa- 
— obtusifolius. AC. rius. C. | 


— acutifolius. C. Caulinia minor. C. 2 


Ds rlar 1 aus 


Dans les prairies marécageuses et les fossés à droite, nous constatons 
la présence de : 


Cerastium aquaticum. AC. Juncus sylvaticus. C. 
Carex panicea. C. Hottonia palustris. C. 
Mentha sativa. R. Utricularia vulgaris. C. 
Comarum palustre. AC. Alisma natans. C. 
Galium uliginosum. AC. Scirpus fluitans. C. 


Au bord d’un champ au delà de ces prairies, nous observons quelques 
pieds d’Aeracleum Sphondylium, espèce devenant généralement rare 
dans les sables purs de la Campine. 

Revenus sur le chemin de halage, nous y trouvons, en poursuivant 
notre route, toutes ces espèces silicicoles qui abondent partout dans cette 
zone et qui seront maintes fois citées ci-après. De nombreuses variétés 
d’Aieracium umbellatum attirèrent notre attention. C’est en vérité un 
type bien multiforme, mais, quoique variable à l’excès,on ne peut jamais 
le confondre avec ses congénères. Le Jasione montana nous offrait une 
monstruosité fort curieuse. Arrivés vis-à-vis d’un bas-fond en face de 
Curange, nous quittons les berges du canal pour nous jeter à droite où se 
rencontrent ces associations d’espèces qu'on retrouve en Campine partout 
où il y a un peu d'humidité et une légère couche de tourbe. 


Drosera rotundifolia. Salix repens. 
— intermedia. Hydrocotyle vulgaris. 
Rhynchospora alba. Juneus squarrosus. 
— fusca. Seirpus caespitosus. 
Myrica Gale. Viola palustris. 


De nouveau, nous regagnons le chemin sur lequel nous précédaient 
deux jeunes gens qu’à leur démarche nous reconnümes immédiatement 
pour des amateurs de botanique. C’étaient deux étudiants de l’Athénée 
de Hasselt qui, ayant assisté à notre séance et sachant quelle route 
nous devions suivre, s'étaient donné le mot pour se trouver sur notre 
passage afin de pouvoir nous accompagner. Nous comprimes la chose 
et nous les engageâmes à se joindre à nous. Cette herborisation comptera 
dans leurs souvenirs, et longtemps, j’en suis sûr, ils se rappelleront tout 
ces jalons que nous leur avons plantés dans cette route si tortueuse qui 
conduit aux déterminations. Plusieurs d’entre nous, quand ils débu- 
taient dans l’étude de la botanique sans maître, auraient été enchantés 
d’une aubaine telle que celle arrivée à ces jéunes gens que, tôt ou tard, 
nous complerons parmi les membres de notre compagnie. Tout en nom- 
mant foule d'espèces à nos futurs confrères, nous parvenions aux mares 
situées en avant de Stockroye, c’est-à-dire au but de notre petite course. 

Une des premières bonnes choses qui nous frappaient en sondant de 
l'œil les bords herbeux d’un des étangs était le rare Juncus filiformis 


ANATE PEER 


(quelques touffes), espèce tout à fait nouvelle pour la plupart de nous. 
Après cela, se rencontrèrent successivement : 


Alisma ranuneuloides AC. Litorella lacustris. C. 
Ranunculus hololeucos. AC. | Sium inundatum. AC. 
Narthecium ossifragum. C. Myriophyllum alterniflorum. AC. 
Scirpus caespitosus. C. | Pilularia globulifera. C. 


Aera discolor. C. Myrica Gale. C. 


Lycopodium inundatum. C. | Gentiana Pneumonanthe. C. 
Drosera rotundifolia. C. | Peucedanum palustre. AR. 
— intermedia. C. Salix repens. C. 


Ces lieux explorés, nous poursuivons au Nord-Est dans les champs 
sablonneux. 

En traversant un de ceux-ci qui autrefois avait été cultivé, l’un de 
nous, M. Gilbert, découvre un brin de plante presque microscopique 
qui fut aussitôt reconnu pour une précieuse nouveauté non-seulement 
pour la florule de la zone campinienne, mais pour la flore du pays. 
C'était le Potentilla supina L., espèce que nous n’espérions même pas 
devoir rencontrer en Belgique. Il eut fallu nous voir accabler l’heureux 
inventeur de félicitations sur sa chance heureuse et sur son bon coup- 
d'œil; mais, ne perdant pas de temps, nous nous mettons à chercher 
la rare Potentille. Après avoir, pendant quelque temps littéralement 
rampé sur le sol, nez contre terre, on finit par saisir quelques 
spécimens toujours très-petits et dont la douzaine se cachait dans le 
creux de la main. Nous continuons notre chasse qui devient plus abon- 
dante et après une heure et demie de persévérante recherche nous 
étions parvenus à colliger chacun au moins une 50° de spécimens, parmi 
lesquels ils s'en trouvaient de vigoureux et de bien fournis. Étions-nous 
fiers de notre prise et comme nous hélâmes à nous égosiller les amis 
qui nous avaient quittés et qui commencaient à se montrer au loin. 
On ne trouvera pas mauvais que je me sois appesanti sur cette 
trouvaille. La découverte d’une espèce nouvelle pour notre flore est chose 
si rare, elle cause un tel plaisir qu’il n’est pas hors de propos d’en 
fixer le souvenir par quelques circonstances. Par celle-ci, le succès de 
notre herborisation générale était assuré et elle seule pouvait satisfaire 
les plus difficiles. Dans le même champ, on trouvait : 


Lolium temulentum (3 pieds). | Gnaphalium luteo-album. AC. 
Corrigiola litoralis. AC. | Galium saxatile. C. 


Il devenait temps de penser au retour. Tous rassemblés, nous nous 
mettons en marche pour Hasselt. Comme il avait fait chaud et qu’on 
s’était en outre passablement fatigué, tout le monde sentait le besoin 
de se désaltérer. Par bonheur, le pignon d’un cabaret était en vue sur 
le bord du canal. Bientôt on s’installait avec plaisir, qui pour prendre 


Le EE ro 


une chopine de bière, qui pour préparer une fraiche limonade. Parmi 
les amateurs de limonade, il en fut un bien intrigué par la nature 
de l’eau des sources du pays. Croyant affaiblir un mélange dans lequel 
entrait de l’eau et du genièvre, il verse à plusieurs reprises d’un flacon 
rempli d’un liquide d’une admirable limpidité, mais à chaque addition 
il se trouve que le breuvage devient de plus en plus fort, de plus en 
plus capiteux! Cela se conçoit : il prenait pour eau l’alcool le plus pur! 
N'ayant plus rien de neuf à observer, on se forma en petits groupes et 
l’on revint au logis en s'entretenant de mille et une choses botaniques. 


Pour suivre l'itinéraire tracé par le programme, le lundi nous devions 
partir pour Genck et de là nous diriger sur Maestricht. Afin de ne pas 
perdre un temps précieux en faisant une longue course sur la grande 
route, une voiture,était prête dés sept heures du matin pour nous trans- 
porter à Genck et au besoin jusque Munster-Bilsen. 

Les deux jours précédents, on n'avait fait qu’entamer la lisière 
méridionale de la zone campinienne, mais ce jour-là nous pénétrions 
au cœur de cette étrange contrée. Rien n’y rappelle les beautés 
variées de l’Entre-Sambre-et-Meuse et du Bas-Luxembourg que nous 
avions parcourus les années précédentes ; nous n’avions pas à y admirer 
les lignes heurtées des masses rocheuses inelinées sous tous les angles 
de la vallée de la Sambre, rochers tantôt nus et blanchis comme des 
carcasses rongées par le soleil, tantôt recouverts de boisements aux 
profils si accidentés et si pittoresques; on n’y est pas témoin de cette 
vie, de cette activité qui règne partout dans les zones méridionales 
du pays. Toutefois, si ces choses manquent à la Campine, celle-ei 
offre d’autres scènes auxquelles l’œil du vrai naturaliste ne peut de- 
meurer indifférent. En abordant cette vaste plaine aux horizons bas 
et fuyants, on se croit en face d’une sorte de Sahara. Sur des espaces 
à perte de vue, on n’apercoit que la bruyère à la teinte uniforme 
et fatigante, ou bien de maigres pâturages souvent inondés et humides 
où croit un herbage court et pauvre. Parfois encore ce sont de vastes 
aires sablonneuses, où le sable complétement à nu et sans cesse balayé 
comme une poussière par le vent persistant d'Ouest permet à peine 
à quelques tenaces Saules rampants d'y maintenir leur forte racine. 
Le botaniste n’a que faire dans ce sol mobile où ses pas s’effacent à 
mesure qu’il avance; nulle part la moindre apparence de culture et 
n’était quelques rares oiseaux de proie péchant dans des mares 
à moitié comblées par les sables, on pourrait croire ces tristes soli- 
tudes frappées d’une mort complète. Ce qui surprend aussi dans la 
Campine, ce sont ces crêtes de dunes mouvantes qui couronnent son 
relèvement central. Lorsqu'on approche de ces collines aux flancs 


AO. TO 


creusés et remaniés chaque jour, on s’imagine aisément que l’on touche 
à une côte maritime et l'illusion est augmentée par la présence d’une 
grande Graminée halophile (Ammophila) propre aux bords de la mer. 
La contrée ne présente cependant pas toujours ce caractère dénudé et 
désertique, cette pauvreté désespérante pour le botaniste. Çà et là 
se rencontrent des bas-fonds marécageux, de magnifiques suites d’étangs 
où se presse une plantureuse végétation. L’amateur peut négliger la 
lande sèche et aride, mais qu’il soit tout yeux pour les eaux et les 
tourbières. C’est par les eaux que la Campine se distingue sous le 
rapport floral. Les espèces aquatiques les plus rares de notre flore s’y 
rencontrent un peu partout et tous les ans d’habiles chercheurs y dé- 
couvrent des nouveautés. 

Serions-nous cette fois assez heureux pour ajouter quelques plantes 
rares à la florule lacusitre de cette zone? On verra ci-après que nous 
n’eûmes point cette chance et que nous n'avons rien pu glaner de 
neuf après notre heureux confrère l’abbé Vandenborn pour qui les 
environs de Genck sont connus à fond. Mais si nous ne constations rien 
d’inédit, du moins relrouvions-nous toutes les bonnes espèces qui y 
sont indiquées (1). : 

Dans la bruyère humide, les prés, les champs, les petits boisements 
et les mares qui se trouvent à une demi-lieue en decà de Genck vers la 
grande route, nous notions les espèces suivantes : 


Triglochin palustre. AC. | Andromeda polifolia. R. 
Angelica sylvestris. AC. | Hydrocotyle vulgaris. C. 
Achillea Ptarmica. C. Rhynchospora fusca. C. 
Peucedanum palustre. AC. — alba. C. | 
Epilobium palustre. AR. Scirpus caespilosus. C. 
Leersia oryzoides. AC. Narthecium ossifragum. C. 
Ilex aquifolium. C. Osmunda regalis. R. 
Cicuta virosa. AR. Potentilla procumbens. C. 
Montia minor. AR. Drosera intermedia. C. 


Hypericum tetrapterum. AR. | —  rotundifolia. C. 
Helodes palustris. C. | Oplismenus Crus-galli. AC. 
Lobelia Dortmanna. C. | Litorella lacustris. C. 
Ranunculus hololeucos. AR. Cicendia filiformis. AR. 
Verbaseum nigrum. R. | Aera discolor. C. 


Gentiana Pneumonanthe. C. 


La plante qui nous intéressait au plus haut point était /soetes echino- 


(1) Qu'il me soit permis, en passant, d'adresser quelques mots d’éloge au confrère 
que Je viens de citer et qui est le vrai Christophe Colomb de la Campine limbourgeoise, 
contrée qu’il explore depuis plusieurs années avec un si rare bonheur C’est grâce 
à ses nombreuses recherches que sa flore, à peu près inconnue auparavant, se trouve 
aujourd'hui dignement représentée dans nos ouvrages généraux. Du reste, on peut 
juger du brillant résultat de ses investigations en parcourant un récent travail qu’il 
a publié dans les Bulletins de la Société royale de Botanique de Belgique. 


— 98 — 


spora DR. dont la station nous avait été exactement indiquée. Mais, parmi 
cette multitude d’étangs, il n’est pas facile de se diriger. Après avoir 
sondé à fond plusieurs mares inutilement, on finissait cependant par 
découvrir celle qui nourrissait cette patricienne de notre flore. Elle était 
tellement abondante que chacun püût s’en approvisionner largement 
sans dévaster la station. Cette espèce végète aussi dans un étang voisin, 
en sorte qu’elle est aujourd’hui connue dans trois étangs différents. Tout 
en herborisant, nous étions, sans nous en apercevoir, ramenés vers la 
route où notre voiture stationnait. Vers midi, on était à Genck où un 
excellent déjeuner nous fut bientôt préparé. 

Afin de ne pas manquer le train du soir que nous devons prendre à 
Munster-Bilsen pour nous rendre à Maestricht, la voiture dut nous char- 
rier jusqu’à cette station. En sortant de Genck, nous observons en abon- 
dance dans un terrain caillouteux le long du chemin et en assez grande 
abondance le Sedum album, espèce qu’on est très-surpris de rencontrer 
au cœur de la Campine. S’est-elle échappée d’un jardin? C’est ce qu'il 
est difficile de dire. Parvenus dans une grande plaine dénudée où sont 
éparpillés quelques grands étangs, nous quittons un instant notre véhi- 
cule pour parcourir en hâte ces lieux qui nous offrent toujours la même 
florule. 


Subularia aquatica. AR. Sparganium simplex. AR. 

Scutellaria minor. AR. Helodes palustris. C. 

Triglochin palustre AC. Pedicularis palustris. AC. 

Juncus Tenageia. AC. Cicendia filiformis. AR. 
— supinus. C. Aera discolor. C. 


Enfin, nous descendons du plateau vers Munster-Bilsen et de la voiture 
nous nous apercevons peu à peu, par l’apparition de quelques espèces 
nouvelles le long du chemin, que nous abandonnons les sables purs de la 
zone campinienne pour entrer dans le terrain argileux de la zone argilo- 


sablonneuse. Ces espèces, plus ou moins caractéristiques, sont les sui- 
vantes : 


Pulicaria dysenterica. Campanula Rapunculus. 
Pimpinella magna. Melilotus macrorrhizus. 


Comme nous avons encore une demi-heure avant le passage du train, 
trois d’entre nous veulent profiter de ce temps pour jeter un coup d’æil 
aux alentours. Nous nous dirigeons vers Bilsen. Là, on se trouve complé- 
tement dans la zone argilo-sablonneuse, ce qu’on reconnaît non-seule- 
ment aux cultures, à l’apparence des terres, aux accidents du sol, mais 
aussi au changement notable qu’on observe dans le fond de la végétation 
indigène. Entre Munster-Bilsen et Bilsen ainsi qu'aux alentours de ce 
dernier village, nous rencontrons : 


Gnaphalium luteo-album, Angelica sylvestris. 


Stachys sylvatica. *Cirsium oleraceuin. 
Ononis spinosa. Lolium italicum. 
Verbascum Thapsus. | Trifolium fragiferum. 
Erythraea Centaurium. *Galium Cruciatum. 
*Asplenium Trichomanes, Cerastium aquaticum. 
*Cystopteris fragilis. Antirrhinum Orontium. 
*Viola odorata. Avena strigosa. 
*Origanum vulgare. Malva sylvestris. 
Marrubium vulgare. *Sedum album. 
“Agrimonia Eupatoria. Nosturtium palustre. 
* Verbena officinalis. *Poa compressa. 


Serophularia aquatica. 


Absorbés dans nos recherches et désireux de faire quelques trouvailles 
importantes aux environs de Bilsen, nous perdons de vue l’heure du 
départ et en remontant vers Munster-Bilsen nous voyons le train partir 
pour Maestricht. Ce n’était pas grand malheur ; nous risquions de diner 
de réchauffé, mais par contre nous avions devant nous deux heures avant 
le passage d’un autre train, deux heures que nous pouvions employer à 
explorer les environs. Nous remontons au Nord et après avoir tra- 
versé la voie ferrée nous arrivons à de grandes prairies, encore 
assises sur le limon hesbayen, où nous constatons les espèces suivantes, 
qui y sont assez communes : 


*Epilobium hirsutum. | Sedum purpurascens. 
Heracleum Sphondylium. *Plantago media. 
Helosciadium nodiflorum. *Linum catharticum. 
Epilobium roseum. Sparganium ramosum. 
Glyceria plicata. Parnassia palustris. 
*Melilotus macrorrhizus. Sagina nodosa. 


Sium angustifolium. 


En continuant dans la même direction, nous retombons dans la zone 
campinienne, où de nouveau, nous remarquons le brusque changement 
qui s'opère entre ces deux zones. Aux bords des étangs, dans les bruyères 
humides et dans les bois, nous observons les espèces communes de la 
zone campinienne, plus les types suivants : 


Polygonum minus. Plantago Coronopus. 
Mayanthemum bifolium. 


Calamagrostis Epigeios. | lex aquifolium. 
| 

Dans la haie du jardinet d’une maison isolée à la lisière d’un bois, 
nous remarquons un pied de Rosa pomifera. 

Ce que nous avons constaté aux alentours de ces deux villages ne 
consiste, à la vérité, qu’en espèces communes ou assez communes dans 
la zone argilo-sablonneuse et n’ajoute rien ou presque rien à sa florule, 
mais il permet d'appuyer sur la différence sensible qui existe entre 


M | en 


la végétation de cette zone et celle de la zone campinienne. Toutes les 
espèces marquées d’un astérisque manquent où sont extrêmement rares 
dans cette dernière zone, tandis qu'elles sont répandues partout dans 
l’autre. Ce n’est pas le cas de rechercher ici la cause efficiente du pro- 
fond changement qu’on observe en passant de l’argile, soit pure soit 
mélangée d'éléments siliceux, dans les sables purs. Il suffit que j'aie 
attiré l’attention sur ce point afin de provoquer de nouvelles recherches. 

Dirai-je que nous sommes arrivés à la soirée à Maestricht, que nous 
y avons été hébergés dans un grand hôtel, qu’une demi-journée là nous 
a coûté ce qui nous aurait fait passer huit jours à Genck ? Ces détails ne 
peuvent intéresser personne. Seulement, à ce propos, je ferai remarquer 
que nos commissaires auraient bien pu nous faire éviter Maestricht, où 
rien d’intéressant ne nous attirait, et üous loger en Belgique. 


Le lendemain matin, notre troupe se partageait en deux bandes, dont 
l’une devait poursuivre jusque Maeseyck et Brée, et l’autre se borner aux . 
environs de Lanaeken. Souhaitant heureux voyage et bonne chance à nos 
amis qui partaient pour l'extrémité du Limbourg, nous quittons la ville 
par la porte St-Martin; nous suivons la rive droite de la Meuse pendant 
vingt-cinq minutes, puis nous nous faisons passer sur la rive gauche. 
Arrivés à Smeermaes, nous sommes de nouveau sur le territoire belge. 
Quoique à cette hauteur on soit déjà dans la zone campinienne, les bords 
immédiats de la Meuse nous offrent communément bien des espèces qui 
font défaut à la Campine ou qui s’y trouvent très-disséminées. Cela du 
reste s’explique. La Meuse a été et est encore une cause de dispersion 
sporadique; elle entraine de la zone calcareuse des espèces propres à 
celle-ci ; en outre, les alluvions de sa vallée sont différentes du sol de la 
Campine et peuvent ainsi nourrir des espèces qui ne pourraient persister 
dans les sables purs. 

Quand on s'occupe de la florule d’une région, on doit toujours se 
mettre en garde contre certaines plantes croissant le long d’un cours 
d’eau descendant d’une autre zone, ou existant dans le voisinage des 
grandes routes, plantes qui peuvent être étrangères à la région dont on 
étudie la flore. 

Aux bords de la Meuse, nous constations la présence de : 


Festuca arundinacea. Senecio viscosus. 
Euphorbia Esula. Chenopodium polyspermum. 
Melilotus macrorrhizus. Onopordon Acanthium. 
Pimpinella magna. Mentha rotundifolia. 
Tanacetum vulgare. Malva sylvestris. 

Erysimum cheiranthoides. Ballota foetida. 

Palicaria vulgaris. Pyrethrum parthenium, 


Bryonia dioeca. Verbascum thapsiforme. 


à 


mn ee 


\ 


Nous suivons la route jusque vers Neer-Haeren et près d’arriver 
au village nous trouvons en abondance, dans une culture de chanvre, 
le Phelipaea ramosa. Avant de nous engager dans la vaste plaine de 
bruyère à gauche, on décide de s’arrêter un instant dans un petit cabaret 
pour yÿ prendre une chopine de bière et y manger un morceau. 

La maisonnette reluisait d’une propreté toute hollandaise ; la maitresse 
du logis était une bonne vieille qui nous prépara une grasse et solide ome- 
lette à laquelle on mit la dent avec appétit, Le plaisir de la conversation 
nous retint là pendant une heure. Quand gens du même métier ne se 
rencontrent qu'a de longs intervalles ils ont mille choses à se com- 
muniquer. Et puis nous avions avec nous notre Président, dont la 
causerie est toujours si pleine de charme et si riche de faits. On était 
heureux de l’entendre dans l'intimité. Botaniste depuis plus d’un demi- 
siècle, il avait foule de particularités à nous dire sur les hommes de 
science qu’il avait longuement pratiaués. Il nous raconta comment 
Smith, qu’il avait bien connu, s'y était pris pour enlever à la Suède 
l’herbier de Linné. — Si les Anglais possèdent cette colleetion inestima- 
ble, ils la doivent certainement à l’énergie toute britannique que déploya 
leur compatriote pour sa conquête, car ce fut une véritable conquête. — 
Nous avions à continuer notre herborisation, autrement nous serions 
restés là une grande partie de la journée, tant nous étions curieux 
d'écouter un homme qui reliait ainsi notre jeune génération avec celle 
qui nous avait précédés et que nous n’avons pas connue. Grâce à lui, 
les traditions ne seront pas perdues et nous saurons ainsi certaines 
choses que nous aurions ignorées à tout jamais. Si ceux de nos confrères 
qui se tiennent à l’écart savaient combien sont profitables ces intimités 
qu’amènent l’herborisation de chaque année, ils ne tarderaient pas à 
faire partie des excursions. On y apprend des choses qu’on ne trouve 
pas dans les livres; on s’y comprend mieux ; on met tout en commun; 
on diseute, on s’éclaire ; les vieux du métier fraternisent avec les jeunes, 
et les uns et les autres se promettent aide et assistance. 

Vers midi, nous étions de nouveau en pleine Campine. À gauche de 
Neer-Haeren, recommence la bruyère avec le même caractère qu'aux 
environs de Genck : des boisements découpés par la lande, et la lande 
interrompue par des étangs. Toujours ceux-ci attirent en premier lieu 
l'attention, car, je l’ai dit, c'est par les espèces aquatiques que la flore 
campinienne est remarquable. Malheureusement, cette année avait été 
très-mauvaise pour la florule lacustre. Pendant les mois de mai, juin et 
le commencement de juillet, une sécheresse excessive avait presque as- 
séché toutes les mares qui, avant notre arrivée, avaient débordé à la 
suite de grosses pluies continues. Cela fut cause que nous ne pûmes 
examiner leurs rives naturelles, où d'ordinaire se tiennent les espèces 
intéressantes. | 


2 pe ra 


Dans la grande plaine vis-à-vis de Boven-Wezelt, nous observions les 
plantes ci-après : 


Aera discolor. C. Helodes palustris. C. 

Pilularia globulifera. C. Juncus supinus. C. 

Alisma natans. AR. Comarum palustre. C, h 
Peucedanum palustre. AR. Polygonum minus. AR. 


Cicuta virosa. R. 


Comme on le voit, ce sont toujours les mêmes types. Nous gagnons 
les bois de Pitersheim, où nous trouvons sous la futaie, aux bords des 
ruisseaux et de mares : 


Trifolium fragifcrum. AR. Epilobium spicatum (un pied). 
Carex filiformis. C. — palustire. AR. 
Mayanthemum bifolium. €. Narthecium ossifragam. C. 
Osmunda regalis.R. Scutellaria minor. AC. 
Peucedanum palustre. AR. Rhynchospora fusca. C. 
Potamogetum oblongus. C. Heleocharis multicaulis. C. 
Myrica Gale. C, Erica cinerea. AR. 


Blechnum Spicant. C. 


En se rapprochant de Pitersheim, la carte nous indique plusieurs 
grands étangs que nous cherchons en vain. Nous tenions beaucoup à les 
voir, parce qu'aux environs de Pitersheim sont signalées certaines espé- 
ces très-rares que nous n'avions point encore rencontrées jusque-là. 
Hélas! après avoir fureté dans toutes les directions, après nous être 
orientés vingt fois en étudiant la carte, nous reconnaissons à fin de 
compte que nous sommes au beau milieu de ces étangs! Ceux-ci avaient 
été desséchés et le fond transformé en un mauvais pâturage et en 
champs arables. Chose triste à dire, notre Campine finira par dispa- 
raître et dans un avenir qui n’est pas bien éloigné nous chercherons 
inutilement toutes ces belles stations à rares espèces hygrophiles. 
Elles auront fait place à des prairies, et notre sauvage lande sera 
couverte de sapinières ou de cultures. Comme dans le Brabant et les 
Flandres, nous devrons plus tard nous y borner à longer les champs 
cultivés et nous en tenir au petit nombre de plantes ubiquistes qui 
auront échappé à la charrue. 

En revenant vers Lanaeken, nous trouvons dans les champs : 


— glauca. C. Oplismenus Crus-galli. C. 


Setaria viridis. C. | Antirrhinum Orontium. AC. 
Sherardia arvensis. AC. 


Vers le village, on reconnait qu’on avoisine la zone argilo-sablon- 
neuse en constatant : 


Carlina vulgaris. R. | Sedum acre. C. 
Plantago media. AR. Marrubium vulgare. AR. 


DNA UHR 


Nos dernières annotations concernaient : 


Stellaria aquatica. Verbascum thapsiforme. 
Epilobium obscurum. Lappa minor. 

Nasturtium fontanum. Onopordon Acanthium. 
Mentha rotundifolia. Campanula rapunculoides. 
Leonurus Cardiaca. Hyoscyamus niger. 


À Lanaeken, finissait l’herborisation officielle qui fut l’objet de nos 
causeries pendant les deux heures que nous restàmes encore en- 
semble. En consultant nos calepins, nous reconnümes que si nous 
n'avions pas eu le succès de l’année précédente, que si nous n’avions 
pas fait de nombreuses découvertes, nous avions cependant enrichi 
la florule de la Campine limbourgeoise d’une très-rare espèce, Poten- 
hlla supina, et d’une nouvelle station pour J'uncus filiformis et Carex 
filiformis. 

Nous aurions pu faire plus si la date de notre excursion n'avait pas été 
aussi tardive, et si l’itinéraire avait été mieux combiné. Mais, si nous 
avions à nous plaindre sous le rapport des trouvailles, nous avions à nous 
louer cependant du résultat scientifique obtenu. Plusieurs d’entre nous 
en herborisant dans les sables purs de la Campine, en remarquant cette 
flore essentiellement silicicole, en observant la grande différence qui 
existe entre la zone campinienne et la zone argilo-sablonneuse, ont été 
amenés à réfléchir sérieusement sur ces problèmes de géographie bota- 
nique qui occupent aujourd’hui le monde scientifique, et cela les enga- 
gera dans une voie nouvelle et fructueuse. À l’avenir, nos courses 
annuelles auront plus d'intérêt pour eux ; ils n’auront plus seulement en 
vue la recherche exclusive des plantes rares et qu'ils ne possèdent pas 
encore en herbier, mais ils auront à cœur d’étudier les rapports du sol 
avec la végétation. 

En rassemblant nos souvenirs et tenant note de ce qui est connu, nous 
composions, avant de nous séparer, la liste des espèces généralement 
plus ou moins rares pour notre flore générale et que la Campine offre 
plus ou moins abondamment un peu partout. 


Ranunculus hololeucos. Cicuta virosa. 
Spergula vernalis. Litorella lacustris. 
Polygala depressa. Gentiana Pneumonanthe. 
Helodes palustris. Lobelia Dortmanna. 
Drosera rotundifolia. Myrica Gale. 

— intermedia. Alisma natans. 
Viola palustris. — ranunculoides. 
Genista pilosa. Narthecium ossifragum. 
Illecebrum verticillatum. Potamogeton polygonifolius. 
Hydrocotyle vulgaris. Juncus squarrosus. 
Helosciadium inundatum. Carex pilulifera. 


Peucedanum palustre. — Oederi. 


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ae ga Es 


Rhynchospora alba. Aera discolor. 

— fusca. Blechnum Spicant. 
Heleocharis uniglumis. Pilularia globulifera. 

— multicaulis. Lycopodium inundatum. 
Scirpus caespitosus. Nitella flexilis. 


Corynephorus canescens. 


Parmi les grandes rarctés de notre flore, la Campine limbourgeoise 
nous présente : "Subularia aquatica, Carum verticillatum, Erica cinerea, 
Juncus filiformis, Heleocharis ovatu, Cyperus flavescens, *Esoetes echi- 
nospora, “Chara Braunii. Les trois espèces précédées d’un astérisque 
n'ont même encore été rencontrées que là en Belgique. 

Les deux Campines sont loin d’être connues à fond; beaucoup de 
points n’ont pas été visités, en sorte qu’il serait à désirer que la Société 
y fit encore une excursion. Pour celle-ci, on pourrait choisir Turnhout 
comme centre de rayonnement. 


Un membre de la Société royale de Botanique. 


PLANTATION DES BOULEVARDS, DES SQUARES ET 
| DES PARCS. 


Lettre adressée à M. le Secrétaire-général de la Société d’horti- 
culture du Bas-Rhin, 


PAR M. MarTiN MULLER. 


Vous avez traduit de l’allemand un article très-intéressant (1) sur la 
plantation des arbres sur le bord des routes et sur les promenades des 
villes. 

Aux espèces d’arbres proposées vous pouvez ajouter comme devenant 
aussi bien beaux les suivants: Gymnocladus canadensis, arbre du 
Canada de la famille des Légumineuses, qui est d’une croissance très- 
rapide et d’un feuillage magnifique. 

Deux de ces arbres se trouvent au jardin botanique de la faculté de 
médecine de Strasbourg, l’un, à fleur mâle, se trouve près de la rue de 
l’Académie, et l’autre d’une taille colossale, à fleur femelle, se trouve 
au fond du jardin, et, par la fécondation faite par le vent qui chasse le 
pollen, ou par les insectes qui le transportent, se couvre tous les ans de 
grandes gousses contenant 2 ou 5 graines d’une couleur brun foncé, de 
la grosseur d’une grosse noisette un peu aplatie. 


(1) Voyez la Belgique horticole, 1865, p. 277. 


HN) 


Cet arbre fut un des premiers de cette espèce à donner des fruits en 
Europe. 

Je citerai aussi le Bignonia Catalpa, arbre d’un port moins majestueux, 
mais qui, par ses grandes feuilles un peu cordiformes et ses belles fleurs 
en panicules blanches tachetées de rouge, fait un effet charmant. 

Une allée de cette espèce se trouvait au fond du Contades. Elle a été, 
par une idée malheureuse d’un des administrateurs de cette époque, 
livrée à la hâche du bucheron. 

Le Tulipier que vous indiquez forme le plus bel arbre que l’on puisse 
voir ; il est seulement par trop difficile à la reprise : de là la difficulté 
d'obtenir une allée régulière. Pour les terrains secs et arides, comme par 
exemple ceux de Bischwiller et Haguenau, je recommande particulière- 
ment le Robinia Bessoniana. 

C’est une espèce très-vigoureuse et qui a deux avantages : celui de se 
traiter comme le Robinia inermis (Acacia boule), et celui de se développer 
comme un arbre d'agrément. 

Dans le premier cas, on le taillera tous les ans très-court, et on ob- 
tiendra une boule magnifique. 

Dans le second cas, le tailler: la première année, les branches de 8 à 
10 centimètres de long, la seconde année, allonger les branches princi- 
pales encore de 10 à 15 centimètres, en supprimant celles qui sont de 
trop ; les années suivantes, les laisser aller, comme à tous autres arbres 
sans les tailler, en élaguant les branches superflues de l’intérieur, et on 
obtient des arbres superbes en peu de temps et dans un terrain où la 
majeure partie des autres espèces aurait de la peine à prospérer. 

* Permettez-moi d’ajouter à ces arbres d’alignement un choix d’arbres 
d'ornement, propres à être plantés isolément dans les parcs et jardins 
anglais, et qui sont les uns magnifiques par leur feuillage et leur port 
majestueux, et les autres très-recherchés par leurs belles fleurs. 


Acer atropurpureum japonicum. !  Broussonetia papyrifera. 

— colchicum. Castanea asplenifolia. 

— eriocarpum, |  Cerasus avium flore pleno, 

— macrophyllum. — vulgaris flore pleno. 

— Negundo foliis variegatis. — pendula. 

— platanoides laciniatum. Cercis Siliquastrum. 

— rubrum. Chionanthus virginica. 

— saccharinum. Corylus purpurea. 
Æseulus laciniata. Cratægus acerifolia. 
Alnus imperialis. — coccinea. 

— laciniata. — crus galli. 

— quercifolia. — linearis. 

Betula alba laciniata. — pirifolia. 
— alba pendula. — olivæformis. 
— lenta. — splendens. 


— populifolia, — Oxyacantha flore albo pleno. 


Cratægus Aria latifolia. 
— — veslita. 
Cytisus quercifolius. 
— elongatus! 


Les quatre derniers sont charmants lorsqu'ils sont greffés 


Cytisus Laburnum. 


Diospyros Lotus. 
— virginiana. 

Elœagnus angustifolia. 
— hortensis. 

Fagus sylvatica asplenifolia. 
— — heterophylla 


AT re 


Cytisus sessilifolius. 


purpureus. 
nigricans. 


haut sur 


Quercus filicifolia. 


heterophylla. 
laciniata. 


Quercus purpurea. 


robur pendula. 
americana alba. 


— — purpurea. — Banisteri. 
ES pendula. — Catesbæi. 
— — quercifolia. — castaneæfolia. 
Fraxinus aurea. My ÉECIREes 
—- imbricata. 
— — pendula. — macrocarpa. 
— atrovirens. — palustris. 
ete pendula. — ARE 
Û Ÿ — rubra. 
Gleditschia macrantha. Are 
— pendula Bujotti. Robinia erispa. 
Juglans regia héterophylla. — pyramidalis. 
— pendula. EE pen: 
ob _ a. 
— Jaciniata. vi Le 
Liquidambar styraciflua. — hispida. 
Malus baccata et ses variétés. — — arborea. 
— Decaisneana. 


— spectabilis flore pleno. 
Paulownia imperialis. 
Pterocarya caucasica. 
Quereus cerris. 

— Fennesii. 


Cette dernière variété a été obtenue de graines, par M. Villevielle 
jeune, horticulteur à Manosque (Basses-Alpes). 

Je donne ici le rapport sur cette remarquable variété, fait par M. Car- 
rière, chef des pépinières du jardin des plantes à Paris, et inséré dans 
la Revue horticole. 

Robinia pseudo-Acacia Decaisniana. « L’une des plus remarquables 
et des plus jolies variétés du genre, le Robinia pseudo-Acacia Decais- 
niana, a été obtenu par M. Villevielle, jeune pépiniériste à Manosque 
(Basses-Alpes). Elle a fleuri pour la première fois dans ses pépinières 
en mai 1862, il n’est pas nécessaire d’en faire éloge; le beau dessin 
colorié ci-contre suffit, pour faire apprécier l’avantage qu’on peut retirer 
de cette plante au point de vue de l’ornementation. En effet, très flo- 
ribond, le Robinia pseudo-Acacia Decaisniana, mélangé avec le Robi- 


nia pseudo-Acacia, à fleurs blanches, produira le plus charmant con- 
traste. 


C’est une variété appelée à jouer un rôle très-important pour l’orne- 
mentation des jardins et probablement aussi des promenades publiques, 
et sous ce double rapport on ne saurait trop le recommander, d’autant 
plus que l’arbre est aussi vigoureux que le type et tout aussi peu diffi- 
cile sur la nature du terrain. 

L'apparition du À. Decaisniana dans nos cultures va probablement 
ouvrir un nouveau champ à l’obtention des variétés intéressantes, et 
constituer une série de plantes remarquables par les fleurs rosées, qui 
viendra faire diversion parmi les nombreuses variétés qu’a déjà pro- 
duites le type, variétés singulières et très-distinctes par leur facies, 
mais semblables ou à peu près par leurs fleurs. Quelle est la cause qui a 
déterminé l'apparition de cette variété? Comme tout ce qui tient à 
l'origine des choses, c’est un mystère, c’est un secret que nous igno- 
rerons probablement toujours, et dont, au surplus, nous pouvons nous 
passer. Ce qu’on sait, c’est que l’arbre planté en plein carré avec des 
milliers d’autres ne présentait aucune différence par son faces, et que, 
si ce n’eût été l'éclat et la couleur de ses fleurs, il est probable qu’on 
ne l'aurait pas remarqué. Mais, à part son origine, ce n’en est pas moins 
une précieuse découverte, qui, nous n’en doutons pas, sera recherché 
avec empressement des horticulteurs et des amateurs ; ceux-ci, pour en 
jouir; de ceux-là pour l’exploiter. 

Sont d’un effet magnifique lorsqu'ils sont greffés sur des tiges du 
Salix caprea. 


Salix annularis. Tamarix gallica. 

— argentea myriifolia. — tetrandra. 

— Caprea pendula. Tilia americana argentea. 

— rosmarinifolia. — Missisipiensis. 

— Ssibirica pendula. — Jaciniata. 
Sophora japonica pendula. — macrophylla. 
Sorbus americana. — pendula. 

— aucuparia pendula. Ulmus pendula. 

— saccharifolia. — pyramidalis. 
Tamarix africana. — — Dampierii. 

— indica. 


Le Virgilia lutea est un de nos plus beaux arbres pour isoler sur une 
pelouse. Son feuillage est magnifique ; ses fleurs, en grappes blanches et 
pendantes, ont jusqu’à 60 centimètres de long et 25 centimètres de 
diamètre, d’une odeur des plus suaves. 

Cet arbre, quoique connu depuis bien longtemps, est peu répandu 
dans nos jardins. 

Dans le Bas-Rhin je n’en connais que trois qui sont forts et qui 
fleurissent. L’un est à l’orangerie de la ville ; il a été acheté, il y a quel- 
ques années, dans l’établissement de feu M. Hodel. Le second est au jar- 
din botanique de la faculté de médecine, et le troisième, dans mon 


48 — 


établissement. Il vient de l’ancienne campagne de M. Saglio, de Holtzheim, 
où je l’ai acheté avec tous les autres arbres rares qui se trouvaient dans 
cette belle propriété, de laquelle il n’existe plus rien aujourd’hui. Citons 
encore le Gingko biloba ou Salisburya adiantifolia, arbre de la Chine, 
de la famille des Conifères, mais qui, par son feuillage, diffère complète- 
ment de tous les autres. 

C’est un arbre magnifique, résistant parfaitement à nos hivers les plus 
rigoureux, et, une fois bien enraciné, d’une croissance assez forte; 
mais il esi toujours rare à cause de la difficulté de se procurer de la 
semence. é 

Cet arbre, comme le Gymnocladus canadensis, ne porte que des fleurs 
mâles sur un sujet, et des fleurs femelles sur un autre. 

Un bien bel exemplaire à fleurs mâles se trouve au Jardin botanique. 
Il se couvre de fleurs tous les ans, et un autre sujet, mais bien plus petit, 
à fleurs femelles, se trouve à 10 mètres du premier sujet, mais ce dernier 
je ne l’ai jamais vu en fleurs. 

J'ai coupé en 1847 deux fortes branches à celui à fleurs mâles, et j'ai 
posé à leur place des greffes de celui à fleurs femelles, qui réussissent 
parfaitement. En 1860, époque où j'ai quitté le Jardin jdn elles 
avaient une circonférence de 20 centimètres. 

Tous les ans j'ai soigneusement visité mes branches, et je n’y ai joie 
remarqué aucune fleur, ce qui me fit croire que le sujet duquel j'avais 
détaché les greffes n’était pas non plus à fleurs femelles, et je ne pensais 
plus à lui voir porter des fruits. Aussi ne fus-je pas peu surpris, lorsqu'en 
1865 M. Joseph Müller, jardinier en chef du Jardin botanique, m’apporta 
quelques graines qu’il avait cucillies sur les deux branches que j'avais 
greffées. 

La graine est grosse comme une noisette et aussi dure que celle de ce 
fruit. Les Chinois tirent une excellente huile du fruit du Gingko bilobu. 


CALENDRIER DU MARAICHER. 


Résumé des opérations mensuelles du potager. 
Par M. Eu. Ropiçasil). 


JANVIER. 


Semis et plantations. — Le plus souvent, la gelée s'oppose aux 
plantations et aux semailles en général, et il est rare de voir réussir ces 
opérations en ce mois. Cependant, à exposition chaude, au pied d’un 
mur et au midi, on sème des fèves de marais à repiquer en place au mois 


(1) Extrait du Manuel du cullure maraichère. 


LE Eu 


de mars. On doit les garantir du froid et s'assurer que les souris (mulots) 
n’y fassent point de dégâts sous la couverture. On sème aussi des pots, 
des panais et, si le temps est doux, quelques oignons. On sème du persil 
et du cerfeuil sur côtière. On fait le premier semis de céléri. — Si la 
température le permet, on peut repiquer en terre légère, à exposition 
privilégiée, la romaine verte du semis d'octobre; entre les lignes, on peut 
semer des caroltes hâtives et du poireau. On repique les plants de choux, 
pour en arrêter la végétation, si elle devenait active. 


Eravaux divers. — Les gelées de ce mois nécessitent d’ordinaire 
une augmentation de la couverture de feuilles ou de litière dont plusieurs 
plantes ont hesoin. À mesure que le froid redouble, on donne plus d’é- 
paisseur à la couverture du crambé soumis à l’étiolement. Il est bon d’a- 
briter l’aspergerie de feuilles ou de litière pour activer la végétation des 
pousses ; de mettre du terreau entre les fraisiers etautour du collet des 
plantes; de couvrir la clayionie de chässis ou de paillassons, — Il faut 
avoir grand soin, quand le temps est doux, de donner de l’air aux arti- 
chauts, au céléri, aux plantes abritées. — On continue les travaux de 
décembre, les fumures et les labours, à moins que l'humidité du sol ne 
soit trop grande. 

On arrange les composts, le terreau, les engrais. On ouvre Îles tran- 
chées pour établir la jeune aspergerie. C’est le moment de nettoyer les 
graines diverses et de songer à se procurer les productions nouvelles du 
monde horticole, afin qu’on puisse au moins en faire l’essai avant d’aban- 
donner ce qu’on possède. Il est nécessaire aussi de visiter la serre aux 
légumes pour s'assurer de l’état de conservation des produits qui s’y 
trouvent et pour livrer immédiatement à la consommation ou à la vente 
les plus avancés d’entre eux. On doit arracher les jets aux pommes de 
terre hâtives et soigner dès maintenant la mise en état des outils de 
Jardinage. 


Produits. — Outre les provisions conservées dans la serre aux 
légumes, en cave ou ailleurs, telles que artichauts, cardons, carottes, 
navets, betteraves à salade, courges, choux pommés, ognons, salsifis, 
scorzonères, chervis, ciboule, etc., on récolte encore du cerfeuil, du 
persil, de la mâche, de la claytonie, du céléri, du crambé, des choux de 
Bruxelles, des choux verts, etc. Tous ces produits, joints à ceux des for- 
ceries, témoignent assez des progrès que n’a cessé de faire, depuis une 
trentaine d’années surtout, l’horticulture maraïchère. Espérons qu’elle 
ne s'arrêtera pas de sitôt dans cette voie. 


ST ee 


FÉVRIER. 


Semis et plantations. — Fréquemment, sous notre climat, ce 

mois présente une recrudescence de froidure, mais souvent il nous 
donne un certain nombre de beaux jours dont il faut profiter pour 
semer et planter. Aux premiers jours faire le semis des pois dits de 
chandeleur, semer l’asperge à demeure, du cerfeuil déjà au commence- 
ment, une deuxième fois à la fin du mois, la claytonie pour salade, 
les premières laitues pommées et, à exposition chaude, la laitue à 
couper. Vers le 25, on peut semer l’oigaon en terre légère ; on fait le 
premier semis de poireau, de carottes, d’arroche. On sème des panais, 
des épinards, des fèves de marais, des choux, du persil, du céléri, 
du cresson alénois, de la chicorée sauvage. A la fin du mois, on sème 
le cerfeuil tubéreux et celui de Prescott. On peut semer le cardon 
sur couche. Au commencement du mois, on sème des choux-fleurs, 
des tomates, des endives, du phytolacca et du fenouil d’lialie, égale- 
ment sur couche. On fait un premier semis de radis, de salsifis. — 
Les épinards servent fort bien d’entre-semis aux choux-hâtifs, la laitue 
aux pois, ainsi que les carottes et les panuis qu’on peut utiliser assez 
petits. — Il faut repiquer à demeure les fèves et les pois du semis de 
novembre ou décembre et même de janvier, mettre en place sur côtière 
la romaine verle semée au commencement d'octobre et contre-planter 
à celle-ci des choux-fleurs semés en septembre; parmi le tout, on peut 
entre-semer des carotles hâtives et du poireau. Ces choux-fleurs sont 
les premiers des plantations de pleine terre. On plante à demeure des 
choux cabus rouges et blancs, des choux de Milan et des pommes de 
terre hätives, si le temps le permet. 
- On plante à fleur de terre les bulbes des échalottes pour avoir du 
produit en mai-juin. On met en place les porte-graines d’ognon, de 
poireau, de choux, de panais, de céléri, en ayant soin de les garantir 
contre les fortes gelées. 


Travaux divers. — Une fois le milieu du mois passé, les gelées 
deviennent moins fortes; néanmoins, il faudra user des mêmes soins 
que précédemment pour préserver les plantes la nuit contre le froid 
et dans le jour contre les brusques changements de température, qui 
souvent sont très-nuisibles aux végétaux. — Il est temps de donner un 
labours à tous les terrains où l’on veut semer ou planter en mars. 

Le retard dans les bêchages engendre un surcroît de besogne pour 
la suite et souvent un retard dans les cultures. Pour le jardinier-mar- 
chand, c’est la décourageante perspective d’une perte, puisqu'il sera 
devancé par les autres. En labourant ou béchant les terrains, il faut les 
fumer et ce en raison des plantes qu’on se propose d’y cultiver. Voilà 


pourquoi il est essentiel que le chef d'exploitation étudie et connaisse 
à fond l’assolement de son jardin et sache longtemps d’avance comment 
les plantes se succèderont sur un même terrain. Au chapitre des assole- 
ments maraichers, nous insistons sur celte matière importante. —- Il 
faut soigner en temps opportun pour l'écoulement des eaux et établir 
des drains ou des fossés partout où l'humidité se manifeste avec le 
moindre excès. C’est le moment du premier échenillage, comme aussi 
de nettoyer les allées et les sentiers du jardin pour lui donner sa tenue 
de printemps. On continue l’étiolement du chou-marin d’après la 
méthode de Bath que nous avons décrite. On met les tubercules des 
pommes de terre hâtives dans de la vieille tannée pour les traiter, suivant 
la méthode malinoise. On bine les rhubarbes, on découvre les épinards, 
dès que le temps le permet, et on donne plus d’air encore qu'auparavant 
au céleri et aux autres plantes abritées; mais on le fera toujours avec 
prudence. Les rames des petits pois doivent être prêtes. 


Produits. — Ce sont généralement les mêmes que ceux du mois de 
janvier : des choux-fleurs conservés, des choux de Savoie, de Bruxelles, 
des choux verts frisés, qui ont l’avantage de s’améliorer par la gelée, du 
céleri-rave et du céleri-commun, gardés en tranchée ou jauge, etc. On 
a aussi des épinards, de la mache, de la claytonie. 


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LA CULTURE USUELLE DE L’ASPERGE. 


J'ai quelque peu voyagé et par conséquent diné en pas mal d’endroits 
et avec pas mal de gens. Eh bien ! je n’ai jamais rencontré personne qui 
m'ai dit : je n’aime pas les asperges. 

Du nord au midi, de l’est à l’ouest, partout où la civilisation a pu dres- 
ser une table, on a vu ce précieux légume prendre une place triomphante 
au milieu des mets qui devaient charmer les palais de tous les convives. 

Apéritif excellent, il est en outre hygiénique, il tonifie. Les médecins 
l’ordonnent, la sagesse des dineurs le prescrit. On ne fait pas plus de 
bons diners sans asperge qu’on ne fait de bon civet sans lard. L’asperge 
est à la table ce que l’épigramme est aux discours. 

Aussi ne va-t-on pas s'étonner qu’au moment où l’heure est venue de 
planter les griffes d’asperges, je vienne parler de cette culture qui inté- 
resse tout le monde. Sans doute, beaucoup de personnes savent cultiver 
ce précieux légume, mais à part le Bus repetita placent des anciens que 
je pourrais appliquer en cette circonstance, il existe encore pas mal de 
contrées où l’on n’ignore pas l’asperge, mais où l’on ne la cultive pas. 
Et c’est là un de ces torts graves que l’on doit s’efforcer de réparer. 


Ce légume de premier ordre est destiné à se présenter aussi commu- 
nément sur la table du pauvre que sur celle du riche. Hâtons done, s'il 
est possible, son entière vulgarisation. 

On nomme griffes d’asperge ou pattes les racines de cette plante, parce 
qu'elles présentent un chevelu nombreux qui fait ressembler à des 
griffes. 

C’est avec des griffes que l’on fait les plantations d’asperges. On peut 
les obtenir soi-même en semant au printemps, en pépinière, des graines 
de ce légume, mais il est toujours préférable de les acheter toutes venues. 
Leur culture, en effet, demande des soins particuliers, nombreux, qu’il est 
seulement commode à un jardinier de profession, de donner, parce que 
son état l’appelle constamment dans un petit carré de terrain, où tiennent 
toutes ses cultures. 

Le terrain qui convient le mieux aux asperges est un composé de terre 
calcaire ou marneuse, de sable, de terre franche et de terreau. Il leur 
faut une exposition saine et du soleil. 

Le plant d’un an est celui qui donne le meilleur résultat. 

On plante habituellement dans les fosses séparées par des ados, dont 
la terre reste en réserve pour la culture ultérieure des asperges. Le fond 
des fosses est profondément défoncé, garni de broussailles sèches, pour 
assurer l'écoulement de l'humidité superflue, et largement engraissé par 
une forte dose d'engrais à demi consommé. 

Sur le sol ainsi préparé, on étend un bon lit de terreau d’un décimètre 
d'épaisseur : c’est dans ce terreau qu’on plante les griffes. 11 est néces- 
saire de bien en étendre les ramifications et de placer sous leur centre 
une poignée de terreau faisant monticule, sans quoi la griffe se soulève, 
un vide se forme par-dessous, et la moisissure s’en empare. 

Dans une fosse de 4 mètre de large, on plante deux rangées de griffes 
parallèles, en laissant de chaque côté un bord libre de 25 centimètres de 
largeur environ. On les recouvre avec un décimètre de terre à peu près 
prise sur les ados qui séparent les fosses. 

Chaque année les tiges, desséchées naturellement, sont coupées au 
niveau du sol, une légère couverture de fumier est étendue par dessus. 
Au printemps et de très-bonne heure, ce fumier est incorporé à la terre 
par une légère facon à la fourche. Si l’on y ajoute un peu de gros sel, la 
qualité des asperges en est sensiblement améliorée. De plus on rejette par 
dessus une petite partie de la terre des ados. 

Un des points principaux dans tout ceci, c’est qu'il ne faut pas com- 
mencer à récolter les asperges avant leur quatrième année, sous peine 
d’épuiser la plante. On doit encore faire la récolte avec précaution afin de 
ne pas blesser sous terre le collet de la griffe. Une plantation d’asperges 
bien gouvernée dure de 15 à 18 ans. 

Quoique le système de culture dont je viens de parler soit le plus 
répandu, on fait encore des plantations à plat dans des planches séparées 


on ae Le 


par d’autres de même largeur, mais livrées à des cultures différentes. 
Dans ce système, le mode de plantation et de culture reste tel que je 
viens de l'expliquer, seulement, les rechargements annuels, c’est-à-dire 
la terre dont on recouvre tous les ans les asperges, sont pris dans les 
planches voisines. 

L’une et l’autre manière de procéder sont bonnes. 

À l’inverse de ce qu’on fait généralement en France, on donne en Bel- 
gique et en Hollande beaucoup d'épaisseur aux rechargements annuels, 
parce que, dès que le bout de l’asperge se montre, on coupe, entre deux 
terres, la pousse entièrement blanche, sans la laisser croître assez pour 
qu'elle se colore à l'air libre. 

À propos d’asperges, il me vient une anecdote. — Voulez-vous que nous 
terminions par là ? - 

Fontenelle, cet académicien du dix-huitième siècle, qui avec sa com- 
plexion toute délicate, trouva le moyen de vivre cent ans, aimait beaucoup 
les asperges, mais au beurre. 

Un jour, un de ses amis qui, par contre, n’aimait que les asperges, à 
l'huile, vint lui demander à diner. Aussitôt Fontenelle s’empressa, quoi- 
que grimacant, de faire préparer la moitié de ses asperges à l’huile. 

Tout allait bien, le diner commençait à s’égayer, lorsque l’ami est saisi 
d’une indisposition subite. On s’empresse, on le prend, on va l’emporter 
dans une chambre, mais Fontenelle, sans se troubler: 

— Puisqu'il en est ainsi, qu'on me prépare toutes les asperges au 
beurre. | 

JEAN TAPIÉ. 


QUELQUES MOTS SUR LE DÉVELOPPEMENT DES 
BOUTURES COURTES DE LA VIGNE, 


Par M. P. DucnarTre, 


adresses à la Société Botanique de France, dans sa séance du 
10 février 1865. 


Je demande à la Société la permission de lui dire quelques mots rela- 
tivement à un procédé de multiplication de la vigne dont on s’occupe 
beaucoup en ce moment, et qui offre un intérêt réel non-seulement au 
point de vue de Ja culture, mais encore à celui de la physiologie végétale; 
or, c'est uniquement à ce dernier point de vue que je me placerai pour 
en dire quelques mots. 

Tout le monde sait que, dans la grande culture, on multiplie habi- 


DANS 


tuellement la vigne au moyen de boutures ordinaires, c’est-à-dire en 
plantant des sarments de l’année à l’extrémité inférieure desquels on 
laisse souvent tenir un fragment de bois plus âgé; dans ce cas, ces bou- 
tures, qui ont, en moyenne, 0®40 de longueur, constituent ce que les 
cultivateurs nomment des croisseites. Lorsqu'on les plante en plein 
champ, elles s’enracinent dans l’année, pour la plupart, et elles donnent 
des pieds dont le développement est d’ordinaire assez lent pendant la 
première et souvent même la seconde année. | 

Récemment, un vigneron du Doubs, M. Hudelot, a eu l’idée ingé- 
nieuse de raccourcir beaucoup les boutures destinées à multiplier la 
vigne, en réduisant chacune d’elles à un petit fragment de sarment long 
seulement de 2 ou 5 centimètres, qui porte, vers le milieu de sa longueur» 
un bourgeon destiné à se développer en pousse. Son procédé, dont la 
mise en pratique exige diverses précautions que je n'ai pas à rappeler 
ici, a été nommé Procédé Hudelot, et aussi par une assimilation médio- 
crement heureuse de ces boutures avec des graines, semis d’yeux ou 
bourgeons. | 

On n’a pas tardé à faire observer que la multiplication de la vigne, au 
moyen de petits morceaux de sarment ne portant chacun qu’un bour- 
seon, est un procédé connu depuis longtemps, et que c’est même le seul 
qui soit employé en Angleterre, pour la production des pieds de vigne 
que l’on cultive ensuite dans des serres afin d’en obtenir une récolte au 
bout de quinze ou seize mois; seulement les cultivateurs anglais donnent 
généralement à leurs petites boutures la forme, soit d’un demi-eylindre 
obtenu en fendant en deux le morceau de sarment qui porte le bourgeon, 
soit, et plus ordinairement, celle d’une navette enlevée au moyen de 
deux entailles qui viennent se rencontrer en angle très-obtus sous le 
bourgeon, point où se trouve, par conséquent, la plus grande épaisseur 
du bois ainsi enlevé. 

Diverses personnes ont fait des expériences en vue de reconnaitre 
les avantages que peuvent offrir, les unes par rapport aux autres, les 
différentes sortes de boutures de vigne, dont il vient d’être question. 
Entre autres, M. Aug. Rivière, jardinier-chef au palais de Luxembourg, 
horticulteur aussi habile qu’instruit, a fait à cet égard des essais variés 
dont il a montré les résultats à la Société impériale et centrale d’horti- 
culture, dans la séance qui a eu lieu hier, 9 février. Il a bien voulu me 
remettre quelques-uns des échantillons qui meitent en évidence ces 
résultats, et je demande à la Société la permission d’en faire le sujet 
d'une courte communication. 

Le premier fait qui ressort de l’examen comparatif des diverses bou- 
tures de vigne, que j'ai l’honneur de mettre sous les yeux de la Société, 
c’est que celles qui ont été réduites à un petit morceau de bois chargé 
d’un bourgeon, ont émis des racines en bien moins de temps que 
celles qui consistent en plusieurs entre-nœuds de sarments, et qui, 


AO 
par conséquent, portent plusieurs bourgeons. Ainsi, toutes ayant été 
plantées également en serre, le 5 janvier dernier, les boutures longues 
n’ont pas encore, comme on le voit, le moindre indice de racines, au 
moment présent, tandis que les boutures courtes en portent toutes un 
nombre plus ou moins considérable dont la longueur atteint déjà jus- 
qu’à 2 centimètres. Cependant les bourgeons ont commencé de se déve- 
lopper de part et d’autre; mais il me semble permis de penser que, 
dans les premières, leur développement a pu se faire, sans racines, 
grâce à l'humidité absorbée par imbibition dans le sol et aux matières 
putritives qui existaient en dépôt dans le sarment lui-même. Au con- 
traire, dans les boutures courtes, le dépôt de matières nutritives étant 
fort peu considérable en raison des faibles dimensions du morceau de 
bois qui portait le bourgeon, il a fallu une absorption plus énergique 
dans le sol, analogue à celle qu'effectuent les végétaux vivants, fournit 
à la nouvelle pousse les matériaux nécessaires pour son accroissement ; 
aussi des racines se sont-elles formées pour opérer cette absorption. Je 
croirais done que la faible végétation des bourgeons portés sur les bou- 
tures longues a été alimentée par la simple humidité d’imbibition qui a 
dissout les matières nutritives du bois, tandis que le développement 
plus énergique du bourgeon unique de chaque bouture courte, est dü à 
l'absorption plus active par les jeunes racines de l’humidité de la terre, 
qui a fourni immédiatement à ce bourgeon toute la sève qu’exigeait son 
développement. 

Un autre fait digne de remarque qu'offrent toutes les boutures courtes 
sans exception, c'est que le développement de racines a eu lieu sur elles 
uniquement du côté où se trouve le bourgeon (le côté qui était resté en 
dessus, dans la plantation), sur le bois même du sarment et sur une bande 
étroite longitudinale allant directement de la base du bourgeon à la sec- 
tion inférieure de la bouture. Aucune racine n’est sortie ni sur les côtés 
ni en dessous du morceau de bois, ni au-delà du point où se trouve le 
bourgeon. Ce résultat contredit de la manière la plus formelle les asser- 
tions de diverses personnes qui ont fait sortir les racines nouvelles de la 
jeune pousse elle-même, et qui ont affirmé que le bois de la bouture 
n'intervenait en rien dans l’enracinement. Une autre circonstance qui ne 
doit pas être passée sous silence, c’est que, sur les boutures courtes, soit 
en demi-cylindre, soit en écusson ou navette, les racines sont nées sur ce 
petit morceau de bois à une distance notable du bourgeon lui-même, 
généralement à 1 1/2 centimètre ou 2 centimètres; tandis que sur une 
dans laquelle on avait conservé entier le petit cylindre ligneux, ces racines 
se sont montrées en grand nombre, en deux séries rectilignes, symé- 
triques ct adjacentes, commençant au pied même de la petite éminence 
qui surmonte la petite pousse. - 

Est-il possible d'expliquer ce développement constant des racines sur 
le côté supérieur des boutures courtes et sur la ligne que j'appellerais 


PS EE NL 


volontiers, pour me faire mieux comprendre, la décurrence du bour- 
geon ? Que la Société me permette de lui soumettre, à ce sujet, une 
hypothèse. Il me semble que le bourgeon, qui est le point essentiellement 
actif de chaque petite bouture, agissant énergiquement comme un foyer 
d'appel, a dù déterminer la formation d’un courant de sève dirigé, par 
la voie la plus courte, de la section inférieure de cette bouture jusqu’à 
lui. Ce courant de sève a dû, par une conséquence naturelle, concentrer 
la vie sur la ligne qu’il parcourait, et dès lors il n’y a rien de surprenant 
à ce que les productions nouvelles, c’est-à-dire les racines, se soient 
montrées sur cette même ligne. Quoi qu’il en soit de son interprétation 
ct de la cause qui a pu l’amener, Île fait n’en est pas moins curieux et 
digne d’être signalé. 


DE LA PLANTATION DES ARBRES FRUITIERS. 


Les fruits ne sont pas l’une des parties essentielles de l’alimentation 
de l’homme, ecpendant ils y jouent un rôle qui n’est pas sans impor- 
tance. Dans une juste mesure ils sont utiles à tout le monde et, de nos 
jours, ils sont devenus l’objet d’un commerce lueratif et qui prendra 
plus d'extension à mesure que les bonnes variétés se répandront davan- 
tage. La culture des arbres fruitiers ne mérite donc pas le dédain à 
peu près général que lui ont voué les habitants des campagnes, et c’est 
ce qui m'engage, dans le simple but de leur être utile, à publier ces 
lignes pour leur faire connaitre les soins les plus indispensables que 
réclame la plantation; puissent-elles trouver auprès de mes lecteurs 
un accueil favorable. Je me croirai amplement récompensé si ces 
simples indications servent à propager de bonnes et utiles mesures 
pratiques et à populariser de plus en plus la culture des arbres frui- 
tiers. 


Époque de la plantation. 


On peut planter depuis la chute des feuilles jusqu’au moment où la 
sève va se remettre en mouvement, mais l’époque la plus favorable pour 
les plantations est l’automne, surtout si elles sont faites de bonne heure. 
Les arbres mis en place à cette époque poussent avec plus de vigueur 
que ceux plantés après l’hiver. Ils travaillent immédiatement à réparer 
les blessures faites à leurs racines, il se forme sur les bords des plaies, 
des bourrelets de tissu cellulaire, d’où sortira un peu plus tard le nou- 
veau chevelu, et ils auront déjà pris la terre au réveil de la végétation, 
et quand viendront les premières chaleurs du printemps les nouvelles 


HAS 2 A 


spongioles seront déjà en état de remplacer les liquides enlevés par 
l'évaporation. La plantation au printemps n’est préférable que pour 
les terrains très-argileux, froids et humides et ceux sujets à être sub- 
mergés pendant l'hiver, les racines blessées, exposées pendant plusieurs 
mois à l’action d’une humidité surabondante, pourraient fort bien se 
pourrir et communiquer la pourriture aux parties saines. Ainsi donc 
vous planterez à l’arrière-saison dans les terrains sains; dans le cas 
contraire, vous mettrez vos arbres en jauge pendant l'hiver et ne plan- 
terez qu'au printemps. 


Choix ef préparation du ierrain. 


Si l’on a à sa disposition le choix du terrain, on s’établira de préfé- 
rence sur un sol fertile, de moyenne consistance, ni trop sec ni trop 
humide. En général les arbres à fruits à pépins sont plus difficiles sur la 
qualité du sol que les arbres à fruits à noyau. Ils veulent une terre 
plus profonde et plus riche; parmi les derniers, le pêcher fait peut-être 
exception à cette règle, quoiqu'il puisse encore venir dans les terres 
légères et peu profondes. Il convient de sonder le terrain en place, 
afin d’en connaitre la composition, ainsi que l'épaisseur de la couche 
végétale et l’état du sous-sol. Cette épaisseur sera suffisante pour la 
prospérité si elle a de 0,60 à 0,70, pourvu que le sous-sol soit perméa- 
ble : dans le cas contraire elle devra avoir de 0,80 à 1 mètre. Quelle 
que soit la nature du sol, il est convenable de faire de bonnes fosses, 
afin que les jeunes racines puissent s'étendre à volonté soit un mètre 
cube dans les sols riches et deux mètres de largeur sur 0,60 de pro- 
fondeur dans les sols pauvres et humides. 

Vous commencerez par mettre la terre la meilleure de la fosse sur 
l’un des bords, puis vous placerez la terre vierge à part sur les 
autres bords, vous amënerez une brouette de bon compost ou du 
terreau près de chaque fosse. Ce compost sera excellent s’il contient du 
fumier, des gazons pourris, un peu de chaux ou mieux de vieux ciments 
provenant de vicilles démolitions, des boues de villes, des curures de 
mares ou de fossés, etc., bien consommés et mélés ensemble, et vous 
abandonnerez le tout aux influences atmosphériques jusqu’au moment 
de la plantation. 


Choix des arbres. 

Les poiriers greffés sur coignassier conviennent mieux aux terrains 
humides et frais qu'aux terrains secs et donnent des fruits plus volu- 
mineux et plus colorés, mais comme on sait que plusieurs variétés 
ne réussissent bien qu’à la condition qu'elles seront greffées sur franc, 
si vous n'avez aucune connaissance en fait d’arboriculture fruitière, 


DR 


tant pour le choix des variétés que pour le placement aux diverses 
expositions, renseignez-vous auprès d’un pépiniériste ayant des con- 
naissances en pomologie, ce sera un grand pas de fait. 

Plantez des arbres sains, bien portants, ne présentant aucun signe de 
faiblesse. Plus ils seront jeunes, plus leur transplantation sera facile et 
leur reprise assurée. Prenez des greffes d’une bonne vigueur normale et 
dont les yeux soient bien constitués, à racines bien chevelues, et surtout 
rejetez impitoyablement ces jeunes arbres tout chargés de boutons à 
fruits, signes évidents d’une décrépitude anticipée et qui ne vaudront 
jamais rien, Certains amateurs vous diront qu’un arbre, sortant d’une 
pépinière où le terrain de première qualité et fortement fumé, lui 
aura fait prendre un grand accroissement, résistera moins bien, trans- 
porté dans un terrain inférieur, que s’il avait été élevé dans un sol à 
peu près de même nature. 

D’autres seront d’avis qu’un jeune arbre sortant d'un sol riche, 
luttera plus avantageusement contre la mauvaise qualité d'un terrain 
auquel on le destine, attendu que les arbres bien venants ont des 
racines beaucoup plus absorbantes, des canaux séveux plus dilatés, un 
système ligneux mieux constitué que ceux qui sont faibles, quoique 
bien portants, et que, par conséquent, ils peuvent mieux résister. 

En attendant que l’expérience me confirme encore davantage sur ce 
point, je planterai de préférence des arbres dans un terrain qui tiendra 
le milieu entre le bon et le mauvais. 


Déplantation. 


Cette opération délicate qui consiste à enlever les jeunes arbres des- 
tinés à la plantation de la place qu'ils occupent, ne doit être confiée qu’a 
des mains exercées ; la plupart du temps, elle est fort mal conduite : le 
pied est à peine dégagé d’une petite partie de terre, que l’arbre est tiré 
en tous sens et que les racines qui résistent sont coupées à coups de béche 
ou brisées, ni plus ni moins que si c’étaient des organes tout à fait inu- 
tiles. Cette manière de procéder s’appelle, à proprement parler, arracher ; 
ce mot ne s'applique qu'aux arbres que l’on veut jeter au feu, quant aux 
autres, nous estimons qu'il faut les déplanter. Pour bien déplanter un 
jeune arbre, il faut d’abord ôter avec précaution, autant de terre qu'il est 
nécessaire pour dégager et conserver la plus grande quantité de racines 
possible, car c’est principalement par les extrémités radiculaires ou che- 
velu, que les plantes puisent dans le sein de la terre les éléments néces- 
saires à leur subsistance ; or, plus vous briserez de ces racines, plus vous 
diminuerez les ‘organes qui les nourrissent, et comme le développement 
des branches est proportionné à celui des racines, il s’ensuit que chez les 
arbres ainsi mutilés, les parties aériennes ne sont plus qu’incomplétement 
alimentées. De là, suivant le caractère et le nombre de lésions, un état 


. 


SU. PET Lt 


de malaise, de souffrance, qui persiste plus ou moins longtemps et qui 
entraine souvent une mauvaise reprise et même la mort des arbres. 

Lorsque l’arbre sera déplanté, vous supprimerez les parties des racines 
déchirées ou meurtries et substitueréz par là, aux plaies de la béche, des 
coupes bien nettes et faciles à se cicatriser, — quant aux radicelles, elles 
seront soigneusement conservées : cette suppression se fera à la serpette, 
vous taillerez ces racines en-dessous de manière que la plaie repose direc- 
tement sur la terre, dont Ie contact favorise la cicatrisation, vous ferez 
vos tailles en biseau allongé, vous obtiendrez par là un plus grand nom- 
bre de nouvelles radicelles. 

Nous venons de dire que le développement des parties aériennes est 
proportionné à celui des racines, qu’il existe par conséquent, entre les 
parties, un équilibre qui ne peut Jamais être rompu sans préjudice pour 
la santé du végétal ; il devient donc nécessaire, lors de la déplantation, de 
retrancher aussi une quantité de bois proportionnée au nombre des raci- 
nes cassées; ce retranchement ne doit jamais, dans tous les cas, porter 
que sur une partie du bois de l’année, comme par exemple, deux ou trois 
rameaux inutiles à la charpente ou tout simplement cinq ou six centimètres 
du bois à l’extrémité de trois ou quatre rameaux. De cette manière l’équi- 
libre sera rétabli entre les branches et les racines. 

On doit apporter le plus grand soin dans cette opération qui constitue 
l'habillage, surtout pour les racines, car il arrive souvent que des parties 
meurtries, au lieu de se cicatriser, se chancrent, l’arbre devient languis- 
sant et finit par périr. 


La mise en place. 


Lorsque vous serez prêt pour planter, vous commencerez par placer 
au fond des fosses un bon lit de plâtras, mélés de petits débris de bri- 
ques ou de pierrailles si vous avez à faire à des sols humides; dans les 
terres saines, eette mesure n’est pas d'urgence, puis vous mettrez par- 
dessus une bonne épaisseur de terre que vous ferez en mélangeant le 
compost, la terre de la couche arable et un peu de terre vierge ensemble. 
Vous en mettrez assez pour qu’elle s'élève à cinq ou six centimètres au- 
dessus du niveau que doivent définitivement occuper les racines, le tas- 
sement devant plus tard les ramener à ce niveau. 

Je dois dire, en passant, que la température du sol exerce une très- 
grande influence sur la végétation en général et particulièrement sur les 
arbres fruitiers, qui ne deviennent fertiles et ne donnent des fruits savou- 
Feux que quand leurs racines peuvent jouir d’une suffisante quantité de 
chaleur, et la preuve à l'appui de cette assertion, c’est que les fruits de 
certains arbres, plantés dans des sols froids et humides, se gercent, de- 
viennent pierreux et sont de très-mauvaise qualité; nous savons égale- 
ment que les couches supérieures de la terre s’échauffant plus fortement 


M) Us 


que les couches inférieures, done cela nous indique que les arbres frui- 
tiers ne doivent être que très-peu enterrés et qu'il est nécessaire que 
leurs principales racines se trouvent immédiatement au-dessous de la 
surface du sol. La profondeur à laquelle les racines doivent être enter- 
rées dépend d’ailleurs de la nature du terrain; ainsi, dans les terres froi- 
des et humides, il est bon de placer les racines au niveau du sol et de 
les recouvrir d’une espèce de butte en terre, que l’on entretient pendant 
quelques années; dans les terres franches, on place les racines à six 
ou sept centimètres au-dessous de la surface du sol; enfin dans les terres 
légères, on les met à environ dix centimètres; cette profondeur est né- 
cessaire pour les préserver des atteintes de la sécheresse. 

Vous placez enfin votre arbre juste au milieu de la fosse, vous le tenez 
d’une main et, de l’autre, vous étendez les racines qui doivent vous passer 
toutes par la main pour leur faire prendre leur direction naturelle sans 
les contraindre ni les forcer, et vous faites entrer la terre mélangée de 
compost entre elles. On se donnera bien garde de secouer, comme on le 
fait si fréquemment, dans le but, prétendent certains planteurs, de faire 
descendre la terre entre les racines; cette habitude de secouer l'arbre a 
le grand inconvénient de déranger ces dernières, de les amonceler lors- 
qu’elles devraient être écartées et souvent même d’en rompre quelques- 
unes. 

Quand la bonne terre sera usée, vous achèverez de remplir la fosse avec 
le reste de la terre vierge en réserve sur les bords, — elle se bonifiera 
sous l’action des agents atmosphériques, — et vous aurez soin de ne pas 
enfouir la greffe, ce qui est un inconvénient. En effet, lorsqu'on enterre 
la base des greffes, certaines variétés émettent du bourrelet des racines 
qui donnent une grande vigueur, le rendent difficile à gouverner et retar- 
dent beaucoup la production des fruits. 

IL ne faut pas marcher au pied d’un arbre lorsqu'il vient d’être planté ; 
cette pratique est vicieuse en ce sens qu’en plombant le terrain on s'expose 
à casser les racines ou tout au moins à les meurtrir, il suffit d’appuyer légè- 
rement avec le pied pour le maintenir un peu, les pluies suffisent pour 
tasser la terre. Dans une plantation très-tardive, il est avantageux de 
mouiller les racines pour que la terre s'y attache immédiatement, et de 
verser doucement un arrosoir d’eau autour du pied pour aider au tasse- 
ment. 

Les jeunes arbres une fois plantés ne doivent pas être complétement 
abandonnés à eux-mêmes : il faut d’abord les défendre contre les vents 
qui pourraient les déraciner ou même les rompre; il faut également les 
défendre contre les sécheresses de l’été. Le binage, les païllis sont très- 
efficaces et mieux encore les arrosements quand c’est possible, sont les 
principaux moyens employés. N'oubliez pas que ce serait une excellente 
opération que d’administrer aux jeunes arbres, dans le courant de l'été 
et surtout au moment où la végétation est plus active, quelques arrose- 
ments d'engrais liquide. 


NE 


Tous ces petits soins que réclame la plantation des arbres fruitiers vous 
paraîtront peut-être minutieux, mais permettez-moi de vous dire qu’étant 
nécessaires pour assurer un succès complet, si l’on en tenait toujours 
compte on n'aurait qu’à s’en applaudir par la suite. 


F. B. FOUILLIEN, Firs. 


PROGRAMME DES QUESTIONS MISES AU CONCOURS 
POUR 1866 ET 1867 


par la Fédération des Sociétés d'Horticulture de Belgique. 


Première question. — Ecrire l’histoire de l’horticulture en 
Belgique, faire connaître les rapports qu’elle a eus avec l'étude et les 
progrès de la botanique; la date des principales introductions dans 
notre pays; les explorations faites par des Belges ; la fondation et l’his- 
toire des principaux établissements d’horticulture; et terminer par un 
aperçu général de l’état actuel de l’horticulture dans le royaume. 


Deuxième question. — La composition et l’analyse des sols ara- 
bles, particulièrement des terres employées en jardinage telles que terre 
de bruyère, Boschgrond, terreau, humus, compost, etc. 


Troisième question. — On demande un travail sur la construc- 
tion des serres, l’exposé des principes généraux de cette matière, com- 
prenant toutes les indications sur l’exposition, la nature des matériaux, 
la forme générale, l'architecture, les systèmes de chauffage, ete., des dif- 
férentes catégories de serres. 


Quatrième question. — La culture maraîchère, la production 
des primeurs et celle des champignons sont susceptibles de s'étendre et 
de s'améliorer en Belgique, non-seulement en vue de la consommation 
intérieure du pays, mais encore en vue de l’exportation. On demande 
d'indiquer les moyens et les connaissances spéciales nécessaires pour 
arriver à ce double but. 


Cinquième question. — La théorie des engrais et celle des assole- 
men's méritent une étude des plus approfondies ; ces deux sciences, si 
nécessaires en agriculture, sont d’une utilité non moins contestée en 
culture maraichère. On demande d’indiquer les moyens de réparer les 
pertes du sol épuisé par des récoltes successives, en y suppléant par la 
combinaison des nouveaux principes de fécondité que la science met à la 
disposition du maraicher, et d'indiquer en même temps un ordre de 
succession de légumes qui permette de fatiguer le sol le moins possible 
et de pouvoir faire un grand nombre de récoltes sur le même terrain. 


DT, UE 


Sixième question. — Écrire l’histoire et la monographie bota- 
nique et horticole d’un groupe naturel (genre ou famille) de plantes assez 
généralement cultivées en Belgique. Le choix du groupe est laissé aux 
concurrents à l’exclusion de ceux qui ont déjà été traités dans les Bulle- 
tins de la Fédération. 


Septième question. — De l'influence réciproque du sujet et de 
la greffe. 
Huitième question. — Donner l’histoire naturelle et horticole des 


animaux nuisibles que l’on rencontre dans les serres, tels que les four- 
mis, pucerons, acares, etc., et discuter les moyens proposés pour les 
détruire ou pour remédier à leurs ravages. 


Neuvième question. — Décrire les maladies auxquelles le Sapin 
est exposé en Belgique, spécialement celles qui sont provoquées par les 
insectes ou par des cryptogames, et faire connaître les meilleurs moyens 
pour les combattre. 


Dixième question. — Déterminer, par un bon exposé et une dis- 
cussion sommaire des faits connus, l’état actuel de nos connaissances 
sur les rapports de lazote à l’état simple ou de combinaison avec la 
végétation. 


Onzième question. — On demande un manuel pratique de la 
culture forcée des plantes d'agrément, accompagné d’une dissertation sur 
l’état actuel de nos connaissances en physiologie végétale concernant les 
floraisons anticipées. 


Douzième question. — Écrire la monographie botanique et hor- 
ticole des Fougères cultivées en Belgique. 


Treizième question. — Écrire la monographie botanique et hor- 
ticole des Conifères susceptibles de constituer en Belgique des essences 
forestières. 


Quatorzième question. — On demande un traité de l’emploi des 
engrais dans la culture des plantes d'agrément. 


Quinzième question. — On demande une discussion théorique et 
pratique des meilleurs renseignements connus sur le chauffage des serres 
et subsidiairement sur leur aérage et leur ventilation. 


Seizième question. — Apprécier l’œuvre pomologique de Van 
Mons et donner un résumé de ses travaux et de ses opinions avec les 
indications bibliographiques nécessaires pour la connaissance exacte et 
complète des écrits et des fruits qu’il a produits. 


RNA 
Dix-septième question. — On demande un traité des maladies du 
poirier en Belgique. 
Vingtième question. — On demande un travail sur l’ascension 
de la sève, la cause, la nature, la force, la vitesse de ee mouvement. 


Dispositions réglementaires. 


Art. XXVIII. Des prix d’une valeur de 100 à 500 francs, consistant en 
médailles ou une somme d’argent, sont affectés à chacune des questions 
du concours. 

Art. XXX. Les réponses aux questions seront jugées par une commis- 
sion de trois membres nommés par le comité directeur de la Fédération. 

Art. XXXI. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les 
planches manuserits. 


Art. XXXII. Les auteurs des réponses aux questions des concours ne 
mettent pas leur nom à ces ouvrages, mais seulement une devise, qu’ils 
répètent dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Ceux 
qui se font connaître, de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux 
dont les mémoires sont remis après le terme prescrit, sont exclus du con- 
cours ; les réponses doivent être écrites lisiblement en français ou en fla- 
mand ; elles deviennent, par le fait de leur envoi, la propriété de la Fédé- 
ration et restent déposées dans les archives; toutefois, les auteurs ont 
droit gratuitement à cent exemplaires de leur travail, quand l'impression 
en a été votée par l’assemblée générale. 

Les auteurs des mémoires couronnés conservent le droit de publier une 
édition particulière de leur ouvrage. 

Les mémoires en réponse aux questions doivent être adressés, franes 
de port, avant le 15 octobre 1866, à M. A. Royer, président de la Fédéra- 
tion, à Namur, ou à M. Ed. Morren, secrétaire, à Liége. 

L’accusé de réception paraîtra au Moniteur belge. 

Læ Fédération a décidé que toutes les questions auxquelles il n’aura 


pas été répondu au 15 octobre 1866, sont maintenues au concours 
pour 1867. 


Fait à Bruxelles, le 44 mai 1865. 


Le secrétaire, Le vice-président, 


Enouarp MoRREN. F. DE CANNART D'HAMALE. 


Concours extraordinaire 


La Fédération a décidé que les questions portées au programme du 

Congrès horticole de Bruxelles, en 1864, formeraient un concours extraor- 
dinaire. Toutes les conditions générales relatives aux concours ordi- 
naires de la Fédération sont également applicables à celui-ci. Cependant 
les questions étant ici peu définies, la plus grande latitude est laissée aux 
concurrents. La Fédération, au lieu d'ouvrir un concours proprement dit, 
adresse plutôt un appel à tous les savants et à tous les horticulteurs pour 
les engager à lui faire des communications relatives aux questions déjà 
soumises au Congrès. 

Les mémoires peuvent être envoyés en tout temps au secrétariat de la 
Fédération, à Liége. Ils peuvent être signés. Voici le programme de ce 
CONCOUrS. 

I. Acclimatation, naturalisation, domestication des végétaux. 

Il. Hybridation, croisements et fécondations artificielles en général ; 
caractères des hybrides; leur stérilité ; leur polymorphisme, conservation 
du pollen, ete. : 

HI. Théorie de la variation des espèces ou de l’origine des variétés et 
des races. — Théorie de Van Mons, de Vilmorin et autres. — Réforme 
dans la nomenclature des variétés. 

IV. De la dynamique des végétaux et des phénomènes périodiques de 
la végétation. — Influence de la température sur la germination, la 
feuillaison, la floraison et la fructification des végétaux. Des floraisons 
anticipées (forcées) et intempestives (remontantes et autres). 

V. Alimentation végétale. Rôle de l’atmosphère : influence des azo- 
tates, de l’ammoniaque, des phosphates. Théorie des engrais, des com- 
posts, etc. 

VI. Esthétique florale : du beau dans les fleurs simples et doubles. — 
Harmonie des couleurs. 

VII. Coloration des plantes. — De la panachure (variegatio) et du 
dimorphisme qui en est la conséquence. La panachure est-elle hérédi- 
taire par le semis et contagieuse par la greffe? 

VIII. Histoire de l’horticulture. — Documents historiques ; nn à 
phies; explorations; voyages; introductions; rectifications. 

IX. L’humidité, l’eau, sont-elles absorbées directement par le feuillage? 

X. Pathologie végétale; maladie des plantes; remèdes. 

XI. Insectes et autres animaux nuisibles; leur destruction. 

XII. Architecture des jardins; caractères du style actuel. 


Chromdlifh par F DaTollenasre 


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HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE BIGARREAU DE LA CASERNE, 


(MarTIN JaAcoBs-LOMBAERTS.) 
SOUS-VARIÈTÉ DU BIGARREAU A FEUILLES DE TABAC, 
PAR M. Epouarp Morren. 


Syx : Cerisier macrophylla. Catal. de Mart. Jacobs-Lombaerts. 
(Voyez Planche V-VE.) 


e cerisier porte, outre des fruits bigarreaux fort 
appétissants, des feuilles énormes, colossales, de 
celles que les botanistes nomment re 

L'arbre est vigoureux, fertile; les scions sont 
gros et robustes. Les feuilles sont ovales, den- 
tées, longues de 25 à 35 centimètres, sur 15 à 
20 centimètres de large. Les fruits sont des bigarreaux 
27 jaune clair, rouges du côté du soleil, à noyau bien pro- 
ES portionné. La chair est d’un goût excellent, 

CA Cette variété, feuilles et fruits, nous fut communiquée, 

î le 25 juillet 1865, par M. Martin Jacobs-Lombaerts, pépi- 
niériste à Malines, qui nous transmit, en même temps, les 
renseignements que nous allons faire connaître : l’arbre est un semis qui 
a produit pour la première fois en 1864. Cette année-là les fruits étaient 
énormes, d’un goût excellent et mürs seulement au milieu du mois d’août. 
En 1865 ils étaient plus nombreux, mais aussi plus petits et les fortes 
chaleurs de l’été avaient avancé de 15 jours ou trois semaines l’époque 
de la maturité. 

Comme nous émettions,ià quelques jours de là, des doutes sur l’origine 
et la nouveauté de ce produit extraordinaire, on nous rapporta, pour 
nous convaincre, l’histoire de sa découverte telle que l’auteur lui-même 
l'avait racontée. Nous éprouvons bien quelques scrupules à écrire cette 
légende, mais nous croyons pouvoir passer outre : Honm soit qui mal 
y pense. Les pépinières de M. Jacobs sont à quelque distance de la 
ville de Malines : au moins, pour s’y rendre, le propriétaire doit-il tra- 
verser une rue écartée occupée par une caserne. Il remarquait chaque 
année, au mois d'août, au pied du mur désert de cette caserne, toute une 
levée de jeunes cerisiers alignés comme s'ils étaient tirés au cordeau. 
M. Jacobs choisissait de préférence l’autre côté de la chaussée. Mais 
un jour il fut frappé de l’aspect plantureux et extraordinaire d’un de 
ces jeunes cerisicrs de corps de garde. Ce n’étaient plus les conserits 


ù 


6e 
ordinaires ; c’était un grenadier pour le moins, sinon un tambour- 
major. M. Jacobs l’extirpe délicatement, le plante chez lui, le soigne; 
l’arbre s'élève seul, toujours fort et vigoureux et vient enfin de se 
mettre à fruit. Ainsi est venu au monde le Cerisier de la caserne. 
Nous donnons la tradition pour ce qu’elle vaut et sans rien garantir. 

Les doutes que nous éprouvions venaicnt de la ressemblance du Ceri- 
sier de M. Jacobs avec un ancien cerisier, connu sous le nom de Ceri- 
sier à feuilles de tabac (Cerasus nicotianæfolia). Les feuilles ont absolu- 
ment les mêmes dimensions, et, comme l'indique son nom, ressemblent 
à celles du tabac. Un pied de cet arbuste que nous cultivons au jardin 
botanique de l’Université de Liége, est un fort bel ornement pour le 
jardin. Il fleurit tous les ans, mais nous ne lui avons jamais vu de fruits. 
Cet arbre est à peu près oublié. Les pomologistes actuels l’ont passé sous 
silence. Cependant il mérite l'intérêt à plusieurs égards. Nous croyons 
utile de faire connaitre ce que nous avons appris sur son compte. 


Du Mont DE Courser (1) : à 

Cerisier à feuilles de nicotiane, C. nicohanæfolia, PaLras, 
Cerisier à quatre à la livre, Parras. 

Cette espèce, bien distinguée des autres par ses feuilles, a une tige 
droite, branchue, d’un rouge brun dans sa jeunesse et sur les jeunes ra- 
meaux. Ses feuilles alternes, portées sur de longs pétioles canaliculés, et 
chargés de 3 à 5 glandes, d’un beau rouge, ont environ un pied de lon- 
sueur et 5 à 6 pouces de largeur. Elles sont un peu échancrées à leur 
base, ovales-lancéolées, se terminant en une longue pointe, bordées de 
larges dents, à nervures parallèles, très-glabres, d’un vert foncé en dessus, 
pâles et un peu velues en dessous et sur leurs nervures. Fleurs blanches, 
sortant plusieurs ensemble d’un même bouton, portées sur de longs pé- 
doncules. Fruits rouges, d’une grosseur très-ordinaire, ovales avec une 
petite pointe, d’une médiocre qualité. Chair ferme et sucrée. 

Lieu. L'Ukraine. Arbre. Fleurit en mars et avril. Il faut supposer que 
les cerises de cette espèce sont en Ukraine, bien plus grosses qu’elles ne 
sont en France, pour l’avoir nommée cerisier à 4 à la livre, ou qu’on a 
au moins oublié un zéro. 


L. Noserre, en 1821, dans Le jardin fruitier (2) : 

Bigarreau à grandes feuilles. Vers l’an 1804, j'appris d’un 
baron polonais en voyage à Paris, qu'il existait chez un de ses amis un 
cerisier dont les fruits prenaient le volume d’une prune de Dame Aubert. 
Un pareil fait excitait ma curiosité, je ne donnai point de relâche au 
baron que je n’aie obtenu la possession d’un arbre qui portait un fruit si 


(1) Du Mowr pe Courser, le Botaniste cultivateur, t. Y. 590. 
(2) 1. c. tome I. p. 17. 


— 67 —- 


merveilleux : en effet, j’en recus deux pieds par ses soins, et ce sont ces 
deux pieds, multipliés par la greffe, que j’ai répandus dans le commerce, 
sous les noms de cerisier à feuilles de tabac, et de cerise des quatre à la 
livre, autorisé, pour le premier de ces noms, par un catalogue anglais, et 
pour le second par un catalogue hollandais, dans lesquels j’ai cru recon- 
naître cette espèce de cerisier. 

Tel que nous l’avons actuellement, c’est un arbre extraordinairement 
vigoureux, qui se tient plus mal que nos autres bigarreautiers, dont les 
feuilles nombreuses et étoffées sont remarquables surtout par leur 
grandeur, car elles ont jusqu’à dix pouces de longueur ; on en a vu même 
qui avaient jusqu’à dix-huit pouces sur neuf. 

Mais il s’en faut de beaucoup que les fruits répondent aux espérances 
qu’on pouvait concevoir de la dimension des feuilles; on voit au con- 
traire que cet arbre, quoiqu'il fleurisse abondamment chaque année, 
laisse tomber ses fruits dès que le noyau veut se former, au point qu’on 
n’en a obtenu jusqu'ici que quelques-uns qui ont müri tard, sont restés 
fort petits, peu colorés et remarquables en ce qu’ils étaient terminés par 
une petite pointe mousse, oblique et courbée en hamecon. Cependant 
je pense que, quand il sera plus vieux, mieux cultivé chez nous, qu’il 
poussera moins vigoureusement, et que conséquemment ses feuilles pren- 
dront moins d’étendue, je pense, dis-je, que cet arbre sera plus fertile 
et donnera des fruits plus gros : en attendant, je le place parmi les 
bigarreautiers, parce que les fruits qu’on en a obtenus jusqu'ici, et qui 
sont mürs à la mi-août, ont la chair ferme et croquante. 

En 1825, dans le Manuel complet du Jardinier(1), Noiïserre paraît 
être encore moins bien disposé pour cet arbre : 

Bigarreautier tardif à feuilles de tabac, cerisier des quatre 
à la livre; en août ; fruit le plus gros de tous, quoique bien loin de 
mériter son nom. Pulpe très-ferme, d’une qualité médiocre. Cet arbre est 
remarquable par l’ampleur de ses feuilles ; ses fruits nous ont toujours 
paru avortés, parce qu’on le greffe sur des sujets qui ne peuvent pas lui 


fournir assez de sève; peut-être aussi que notre climat est trop chaud, 
car nous l’avons reçu de Russie, 


Enfin, rapportons encore ce que dit Couvercnez (2) dans le Traité 
des Fruits : 

Bigarreau à grandes feuilles, cerise de quatre à la livre. Ce bigarreau 
a encore une autre dénomination qu'il doit à l’aspect qu'offrent les 
feuilles de l’arbre qui le produit et qui rappellent celles de tabac; quant 
à celle de quatre à la livre, nous ne voyons pas d’où elle peut dériver, à 


(1) L. Noserte, Manuel complet du Jardinier (1825), tome IT, p. 504. 
(2) Couvencaez. Traité des Fruits, p. 354 (1859). 


cm DE 


moins que cette variété n'ait pas tenu ce qu’elle promettait, ou qu’elle 
ne soit singulièrement dégénérée, car son volume n’est pas extraordi- 
naire; son diamètre dépasse, en effet, rarement dix à douze lignes, et 
sa hauteur est presque égale ; sa peau est bigarrée de rouge sur un fond 
blanc jaunâtre : sa chair offre aussi cette dernière nuance, elle est ferme 
ct demi transparente; le noyau est petit, eu égard au volume du fruit. 

Cette variété cst assez estimée, tant à cause de sa saveur que parce 
qu’elle se montre à une époque où il ne reste plus de cerises ; sa maturité 
s’effectue vers la fin d’août ; elle mérite d’être propagée, l'arbre qui la 
produit est surtout remarquable par sa vigoureuse végétation et la 
richesse de son feuillage. 


En présence de ces textes formels en comprendra nos hésitations à 
l'égard du Cerisier de la caserne. Nous étions disposé à admettre leur 
identité. Cette opinion ne paraît pas être fondée. M. Galopin,pépiniériste 
fort habile à Liége, qui a vu l’arbre de M. Jacobs, nous assure qu’il 
est bien différent de celui qu’il cultive sous le nom de Cerisier 4 à la 
livre. M. de Cannart d’Hamale, président de la Société Royale d’horticul- 
ture de Malines, nous a écrit pour nous faire remarquer que le Cerisier 
de la caserne porte de beaux fruits, blancs et ronds, tandis que le nico- 
tianæfolia ne donne que de petits fruits rouges et allongés. L’une est 
excellente, l’autre est détestable. Enfin l’auteur lui-même proteste de 
toute l'énergie de sa conscience en faveur de la légitimité de son produit. 

Et en effet. Le cerisier à feuilles de tabac a toujours été un arbuste 
intéressant au point de vue de l’ornementation des jardins, mais comme 
arbre fruitier ilest sans valeur. Les pomologistes lui ont fait, en somme; 
peu d’éloges et l’ont considéré comme une curiosité, une bizarrerie. 
Sa fructification est pénible et maigre. Au contraire, l’arbre de M. Lom- 
baerts a, depuis qu’il est adulte, donné chaque année une abondante 
récolte et ses fruits sont vraiment de bonne qualité. 

D'ailleurs rien d’impossible à ce qu'un nouveau cerisier soit orné 
de feuilles grandes comme celles du Cerasus nicotianæfolia des jardins. 
Cet arbre, en effet, n’est pas une espèce mais une simple variété. 
Les avis sont partagés sur la question de savoir s’il faut considérer 
les principales catégories de cerises comme des variétés ou comme des 
espèces. Ainsi De Candolle (F1. fr., IV, 85), a fait pour les bigarreaux 
le Cerasus duracina du Prunus avium 6 duracina de Linné. Mais tous 
les auteurs sont d’accord pour rattacher le Cerasus ou Prunus nicotianæ- 
folia des jardiniers aux bigarreaux. Cette forme, avec les grandes feuilles, 
est dans tous les cas une simple variété de bigarreau. Dès lors il n’est 
pas impossible que cette variation se soit produite spontanément à 
Malines et par conséquent que l’histoire de la caserne soit véridique. 

Quoi qu’il en soit, voici la diagnose et la synonymie du cerisier à 
feuilles de tabac, : 


LOO 


Prunus avium L.f duracina var. nicotianaefolia : foliis amplissimis, grosse 
dentatis, fructu rotundo lutco-puniceo, carne pallido, dulei. 

Prunus macrophylla Pour. Enc. meth. Suppl. V, 584. 

Cerasus nicolianaefolia Loisz. et hortul. 

C. decumana DELAux. 

C. juliana decumana Risso. 

Les Anglais et les Allemands le désignent comme nous sous le nom de Four to 
the pound; Tabak-blattrige späte Herzkirsche, Pfundkirsche. 


Pour caractériser le Cerisier de la caserne il nous suffirait d’ajouter 
deux mots à la diagnose qui précède : arbor fructuosus. 


FRUCTIFICATION D'UN AGAVE AUERICANA 
A LOUVAIN. 


Nous avons annoncé naguère (1865, p. 245) la floraison d’un Agave 
d'Amérique au jardin botanique de Louvain. Jamais, pensons-nous, 
cette floraison ne s’est présentée avec autant de vigueur et de beauté 
dans notre pays. Dés que la hampe a commencé à se dégager, M. Sterk- 
mans, jardinier en chef de l'établissement, a mis la plante en pleine terre 
et en plein air. Le phénomène s’est dès lors développé avec une puissance 
considérable. De plus les fleurs ont laissé après elles des capsules parfai- 
tement formées; il est vrai que les graines qu'elles renfermaient sont 
restées stériles et n’ont pas été fécondées. Mais encore, dans ces limites, 
la fructification d’un Agave Americana est un fait qui nous a paru 
devoir être cité. 


NOTE SUR LA CULTURE DES PHAJUS ou BLETIA. 
Par M. Rivière, 
Du Luxembourg à Paris. 


Les Phajus sont de magnifiques orchidées qui forment à cette époque 
de l’année, un brillant ornement pour les serres. Environ trois semaines 
après la floraison de ces belles plantes, on y voit pousser les bourgeons 
de la base. C’est le moment favorable pour les multiplier. On les retire 
de terre et on en sépare chaque touffe, avec la serpette, en deux ou trois, 
selon le nombre des pseudobulbes qu’on trouve formés. On plante alors 
dans un mélange de terre de bruyère et de sphagnum. En en mettant 
dans un grand pot trois ou quatre pieds ainsi obtenus, on obtient des 
touffes énormes, qui donnent, chaque année, leurs grappes de belles 
fleurs. M. Rivière exprime son étonnement de ce que des végétaux si 
éminemment ornementaux et d’une culture facile ne se trouvent pas 
dans toutes les serres. 


car ff 
FRANCOIS DE CRAEN. 


Fr. De Craen, un des meilleurs jardiniers de Bruxelles, est décédé le 
8 Mars 1866. Il était né à s’Princenhage (Hollande), le 25 Jan- 
vier 1798. | 


/ 


SEMIS DES GRAINES DES FLEURS DE PLEINE 
TERRE. ; 


EXTRAIT DU LIVRE : Les fleurs de pleine terre, 
Par MM. VisuoriN-ANDRIEUX. 
|. — Plantes annuelles. 


Les plantes annuelles peuvent être semées, selon les espèces et selon 
que l’on veut en avancer ou en retarder la floraison, de trois manié- 
res : — {1° en pépinière sur couche; — 2° en pépinière en pleine terre, 
à l’air libre ; — 5° sur place. 


$ 1. —- SEMIS SUR COUCHE. 


On élève, dès les premiers jours de Mars, à une exposition chaude, 
une couche pourvue de réchauds que l’on recouvre de coffres avec leurs 
châssis, et au fond des coffres on met de 15 à 20 centimètres de terreau 
ou de terre légère. Lorsque la couche a jeté son premier feu et qu'un 
thermomètre enfoncé dans le terreau, ne marque plus que 25° à 50° cen- 
tigrades, on tasse la terre de manière qu’elle ne soit pas creuse, pour 
qu’elle ne cède pas trop sous l’eau des arrosements, qui déplaceraient 
les graines fines; on l’arrose si elle est sèche, et l’on procède au 
semis. Outre la recommandation que nous venons de faire sur l’état 
de la terre au moment du semis, nous ne saurions trop insister sur 
celle de n’enterrer les graines que proportionnellement à leur volume. 
Les graines fines ne doivent être que légèrement recouvertes, soit de 
terre légère sableuse (celle de bruyère, par exemple), soit de terreau 
pur bien consommé ou mélangé de terre sableuse que l’on passe au crible 
fin, ou bien elles sont tout simplement appuyées sur la terre avec la 
main ou avec une planche disposée à cet usage. Le semis fait, il est 
nécessaire d’arroser légèrement la terre avec un arrosoir à long goulot, 
à l’extrémité duquel on adapte une pomme finement percée et l’on renou- 
velle cette opération toutes les fois que le besoin s’en fait sentir. Cepen- 


ee 


dant il n’est pas toujours nécessaire d’arroser les semis faits sur couche 
chaude; car il arrive fréquemment que, par suite de la fermentation, 
il ya plutôt, dans la couche et sous le vitrage, surabondance que man- 
que d'humidité, en sorte que des arrosements donnés inconsidérément 
pourraient quelquefois devenir nuisibles. 

Afin d'apporter tout l’ordre désirable dans l’opération des semis, on 
devra, aussitôt les graines semées, placer une étiquette portant le nom 
de la plante ou un numéro correspondant, son origine, s’il y a lieu, et 
surtout la date du semis. Le mode d’étiquetage le plus simple et le moins 
dispendieux consiste à prendre un morceau de sapin ou autre bois blanc 
et tendre, que l’on aplanit au moins d’un côté ou des deux côtés, en ne 
lui laissant qu’une épaisseur de 4 à 6 millimètres, et qu’on aiguise d’un 
bout ; on choisit le côté le plus uni, et l’on y passe, soit avec une brosse, 
soit de préférence avec le doigt, une légère couche de blanc de céruse, 
et le crayon peut fonctionner aussitôt. Il est préférable de ne blanchir 
les étiquettes qu'au moment de s’en servir. 

Pendant la nuit on couvre le chässis avec des paillassons et on le 
découvre le jour par le beau temps. Quelquefois il est d’usage de main- 
tenir les paillassons jusqu’à ce que les graines commencent à germer, et 
de ne les enlever que lorsque la germination s’est effectuée, il est bien 
entendu que cet enlèvement ne doit avoir lieu que par un temps couvert, 
On maintient, autant que possible, sous le châssis, une température de 
49° à 15° pendant la nuit, et de 18° à 20° pendant le jour; pour cela, il 
est souvent nécessaire de remonter ou de renouveler les réchauds de 
fumier. Dès que les graines sont germées, on doit donner de l’air toutes 
les fois que le temps le permet, afin que les plantes ne s’étiolent pas, et 
surtout quand le soleil donne, afin d’éviter sous le châssis une trop 
grande intensité de chaleur. À cet effet, on se sert d’un pot, où mieux 
d’une petite planche appelée crémaillère qui peut maintenir le panneau 
au-dessus du coffre à des hauteurs déterminées, en outre, on répand de 
la litière sur le verre du panneau, on y étend une toile à larges mailles, 
des clayons à jour, ou bien on blanchit le vitrage avec du blanc d’Es- 
pagne ou un peu de vert délayé dans de l’eau, pour abriter les plantes 
encore tendres contre les rayons directs du soleil. Quelques personnes 
emploient aussi, pour couvrir leurs semis, au lieu des panneaux vitrés 
ordinaires, des panneaux où le verre est remplacé par du papier huilé. 
Dès que les plants se sont suffisamment développés, c’est-à-dire dès qu'ils 
ont quelques feuilles, on doit, suivant les espèces et les soins particuliers 
qu’elles exigent, ou les éclaircir ou les repiquer sur couche. 

L’éclaircissage doit avoir lieu lorsque les plants sont trop serrés, qu’on 
en a trop, ou qu’il s’agit d’espèces pivotantes dont le repiquage n'aurait 
aucune chance de succès, et qui doivent pour cette raison rester à la 
même place. . 


Le repiquage est au contraire de la plus haute importance pour la 


SANT an 


grande majorité des plantes : on peut le faire, soit sur la couche même, 
soit en pots qu'on laisse sur couche jusqu’à la plantation à demeure. Le 
repiquage sur la couche même devra être adopté de préférence pour 
toutes les espèces à racines fibreuses qui, trop tendres encore par suite 
du mode de culture qu’elles ont subi, ne pourraient supporter alors la 
plantation à demeure. Le repiquage en pots n’est guère usité que pour 
les espèces à racines pivotantes, ou pour celles qui, plus tard, souffri- 
raient beaucoup de la transplantation. On peut repiquer plusieurs pieds 
dans un même pot, et lorsqu'ils ont acquis un certain développement qui 
leur permet de supporter la mise en place, on renverse simplement le 
vase et l’on divise la potée en autant de parties qu’il y a de pieds, en 
leur conservant une bonne motte. 

Si l’on opère sur des plantes dont la reprise est très-difficile, on en 
repique une seule par pot, ou bien on sème clair en pots sur couche; on 
éclaireit au besoin, on supprime les plants qui sont de trop, et l’on 
plante plus tard à demeure en dépotant sans diviser la motte. Lorsque 
les semis sont faits en pots, on emploie généralement des pots de 4 pou- 
ces; on les enterre jusqu’au niveau du sol, lorsqu'on est certain qu’ils 
ont été posés d’aplomb, ce dont il est facile de s’assurer, en plaçant une 
règle sur toute sa rangée, on met un tesson au fond de chacun d’eux; 
on les emplit ensuite de terreau ou de terre légère mélangée, analogue 
à celle qu’on aurait employée dans le cas précédent. — On foule et 
l’on nivelle (égalise) la terre avec un battoir de même forme que 
l’ouverture des pots, mais cependant un peu moins large, et l’on pro- 
cède ensuite au semis; on recouvre les graines comme il a été dit plus 
haut; en un mof, on renouvelle les mêmes opérations. Il est cependant 
plus facile et plus convenable d’emplir de terre les pots et d'y semer 
les graines avant de les enterrer dans la couche : on est ainsi moins 
exposé à faire des mélanges; on sème et l’on couvre plus également 
les graines, et le travail se fait plus facilement et plus régulièrement. 

Les graines très-fines, comme celles de Clintonia, de Lobelia, de 
Calcéolaires, etce., qui demandent à être à peine couvertes, et qu’il 
suffit même de répandre et d'appliquer sur la terre, peuvent avec avan- 
tage être semées en pots; pour éviter que les arrosements déplacent 
les graines, on arrose la terre avant le semis, et l’on recouvre ensuite 
le pot avec un verre. D'une part, l’évaporation étant plus lente, la 
terre sèche moins vite, et, d’une autre part, la condensation qui s’éta- 
blit sur les parois du verre entretient une humidité suffisante. On peut 
aussi, pour éviter d’arroser, plonger pendant quelques minutes la base 
du pot dans un bassin ou vase rempli d’eau, que la force de capillarité 
appelle jusqu’à la surface de la terre. 

Les couches du commencement de Mars sont destinées à certaines 
plantes délicates ou à celles qu’on veut avancer ; mais, dans la grande 
majorité des cas, les semis faits à la fin de Mars ou dans le courant 


PS 


d’Avril suffisent. La conduite des couches et des semis faits à cette der- 
nière époque est la même que pour les semis du commencement de Mars, 
dont il vient d’être question, les plantes reçoivent les mêmes traitements ; 
on les repique de même sur la couche ou en pots ou bien on effectue le 
semis en pots ; seulement la température devenant plus douce à cette épo- 
que, des cloches peuvent alors parfaitement suppléer les châssis. Il est 
également indispensable d’aérer les semis faits sous cloche toutes les fois 
que le besoin s’en fait sentir, principalement lorsque le soleil donne, et 
de répandre alors sur le verre de la cloche, soit de la paille ou de petits 
clayons, soit une toile à ombrer, etc., pour atténuer les effets d’une 
insolation trop considérable; quelques personnes se contentent, pour 
ombrer, de barbouiller le verre. L’aération peut se faire pour les cloches 
comme pour les châssis, en les soulevant, soit au moyen d’un pot ou 
d’une pierre, soit, de préférence, au moyen d’une crémaillère taillée en 
pointe à la base, ce qui permet de l’enfoncer facilement en terre. 

Du reste, aussi, les couches destinées à la culture des primeurs, telles 
que Melons, Pois, etc., peuvent parfois servir simultanément ou succes- 
sivement aux primeurs et aux semis ou aux repiquages des fleurs, et 
remplacer sans inconvénient pour beaucoup d’espèces celles que l’on 
construit dans le but spécial d’y élever des fleurs. 

Les graines semées d’après les divers procédés que nous venons d’énu- 
mérer, germent d'ordinaire assez promptement, et généralement d’une 
manière plus régulière que les semis faits à l'air libre; en outre, la 
chaleur des couches excitant la végétation, il en résulte que les jeunes 
plants ne tardent pas à devenir trop épais et à se gêner : aussi ne sau- 
rions-nous assez recommander d'éviter de semer trop dru. On ne devra 
pas négliger en outre d’aérer toutes les fois que le temps le permettra, 
et d’éclaircir les jeunes plants une et même deux fois, si cela est néces- 
saire, en conservant et en repiquant les plants provenant de ces éclair- 
cissages, si l’on en avait besoin. Avec les précautions que nous avons 
indiquées, on obtiendra des plants qui, au lieu d’être étiolés, trop ten- 
dres et exposés à périr lors du repiquage, seront trapus, vigoureux, et 
supporteront sans danger la transplantation en plein air. 


$ 2. — SEMIS EN PLEINE TERRE. 
4° Semis en pépinière. 


Lorsqu'on veut établir une pépinière dans le but spécial d’y semer 
des fleurs annuelles, on doit choisir préalablement une terre légère, 
meuble, à une exposition chaude; et de préférence une plate-bande 
inclinée au midi, que l’on recouvre de terreau ou de terre légère. Après 
avoir dessiné des compartiments avec le battoir, ou des rayons avec une 


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simple baguette, ou bien des petits bassins ronds faits à la main, on 
sème avec les soins indiqués pour les semis sur couche; si la terre 
était par trop sèche, il conviendrait, avant de semer, d’arroser 
comme nous l'avons déjà indiqué pour les semis faits en pots sur 
couche. Cependant, comme ici les semis sont souvent considérables 
et qu'on est davantage exposé aux courants d’air, on pourra, pour 
semer plus régulièrement, mêler les graines fines avec du sable ou 
de la cendre lessivée, et les graines aigrettées que le vent enlève 
facilement, avec de la terre. Si le temps est sec et aride, on pourra 
couvrir les semis avec de la mousse bien hachée, répandue en couche 
légère sur la terre. Nous ne saurions trop recommander ce sysième, 
qui a le double avantage d'empêcher le sol d’être battu par l’eau des 
arrosements et des averses, tout en y maintenant la fraicheur, et de 
garantir les jeunes plantes contre les rayons trop vifs du soleil. Toutefois 
il est bon de signaler que la mousse employée en plein air se dessèche 
facilement, en sorte que le vent l’entraine, la roule et la rassemble par- 
fois en petits tas qui peuvent occasionner la perte de jeunes germina- 
tions : c’est pourquoi quelques personnes ne l’emploient que pour les 
semis faits sous verre ou pour ceux que l’on peut abriter. — On peut 
encore dessiner en cercle les compartiments à ensemencer, et les couvrir 
pendant la nuit avec des cloches ou des pots renversés qui protégeront 
les semis contre le froid et l’invasion des insectes ; il sera même plus 
avantageux de laisser les cloches ou les pots sur les semis jour et nuit, 
jusqu’au moment de la levée des graines. S’il est nécessaire ensuite de 
laisser ses cloches ou ses pots sur les semis durant le jour, on pourra 
au besoin donner de l’air en les soulevant d’un côté et comme il est 
indiqué. Lorsque les plants se sont suffisamment développés, on les 
repique sur une plate-bande voisine, ou bien on les éclaircit sur place ; 
enfin on les plante à demeure quand ils sont de force à se défendre. 


2° Semis sur place. 


Les plantes annuelles qu’on sème sur place sont : — 1° celles qui 
n’exigent que peu de soins pendant leur premier âge; — 2° celles qui 
ne supportent pas la transplantation (1); 3° celles dont on veut faire des 
semis considérables pour en former, soit des massifs, soit des bordures. 
Les plantes comme les Lupins, les Ricins, qui demandent à être isolées 
pour acquérir tout leur développement, doivent être semées comme s’il 
s'agissait de Pois ou de Haricots ; c’est-à-dire dans de petites fosses, où 
l’on place plusieurs graines; plus tard on ne laisse que le plant le plus 


(1) Presque toutes les plantes peuvent être repiquées ; mais quelques-unes exigeant, 
pour réussir, des soins trop minutieux et qui sont le plus souvent d’une pratique : 
difficile, on préfère d'ordinaire les semer en place. 


LME 


vigoureux. On pourrait aussi semer sur place des plantes plus délicates, 
que l’on est dans l’habitude de semer en pépinière; mais il faudrait 
alors se rapprocher des soins indiqués pour les semis en pépinière 
(pages 10 à 12), en ayant soin de garantir les semis par de la mousse, 
de la litière, des paillassons, etc.; si, par la suite, les plantes étaient trop 
rapprochées, on les éclaircirait. Si la terre dans laquelle on opère est 
lourde et compacte, il est indispensable de l’ameublir, de la drainer 
si elle est trop humide, et de recouvrir les graines avec du terreau ou 
de la terre légère. 


30 Semis d'automne, 


La plupart des plantes annuelles répandent leurs graines à l’automne. 
Ces graines (suivant les espèces), passent l’hiver dans la terre sans ger- 
mer, ou bien elles se développent peu de temps après, et les plantes 
encore jeunes, surprises par les froids, attendent que le printemps vienne 
ranimer leur végétation. On fera bien d’imiter la nature pour les 
espèces de nos climats qui ne souffrent pas de l’hiver, et pour celles 
qui, n’étant pas indigènes, peuvent aussi le supporter. Ces plantes seront 
plus vigoureuses, plus belles, leurs fleurs plus grandes et de couleurs 
plus vives. Les Clarkia, les Collinsiu, les Gilia, les Pensées, les Silene 
pendula, la Julienne de Mahon, et beaucoup d’autres (que l’on trouvera 
mentionnés dans une liste spéciale placée dans la seconde partie de cet 
ouvrage), sont dans ce cas. C’est, de plus, un moyen d'obtenir de bonne 
heure la floraison des plantes qui peuvent se soumettre à cette culture, 
et par des semis répétés au printemps, de se procurer une succession 
presque non interrompue, et souvent très-désirable, de ces fleurs. Ces 
semis ne doivent pas être faits trop tôt, car si les plantes étaient déjà 
fortes quand l'hiver survient, elles seraient beaucoup plus exposées à 
périr : ils se font pour le mieux, suivant les espèces, de la fin d’Août 
au commencement d'Octobre, mais plus généralement dans le courant 
de Septembre, sur place, et se pratiquent du reste comme ceux du 
printemps. On peut semer les mêmes plantes en pépinière à la même 
époque, et les repiquer à environ 10 centimètres en pépinière en plein 
air où elles passent l'hiver. Au mois de Mars, on les repique de nouveau 
en les espaçant suivant les espèces, de 15 à 20 centimètres en tout sens; 
en Avril, on les lève en motte au moyen d’une houlette, et on les plante 
à demeure. 

Quelques plantes plus délicates, qu’on sème également en automne, 
demandent à être repiquées en pépinière près d’un abri. Il est nécessaire 
de les recouvrir d’un peu de litière, de grande fougère, de paillassons ou 
de panneaux, par les gelées continues de 5° à 4e, 

On peut aussi semer en pépinière en automne (septembre), et hiverner 
en pépinière sous châssis, un certain nombre de plantes qui ne sup- 


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porteraient pas, sans cet abri, les rigueurs de l’hiver. À cet effet, on 
choisit encore de préférence une place abritée et au midi ; on pose sur 
le sol un ou plusieurs coffres qu’on emplit de terre douce jusqu’à environ 
12 à 15 centimètres du bord, en ayant soin que cette terre soit assez 
foulée pour n’être pas creuse; on y repique les jeunes plants dans le cou- 
rant d'octobre, à 8 ou 10 centimètres les uns des autres, et s’il survient 
des froids, de la neige ou des pluies abondantes, on les couvre avec des 
panneaux vitrés. Il est indispensable que la gelée ne pénètre pas dans 
le châssis, et l’on y pourvoit en amoncelant autour des coffres, soit 
de la terre, soit de la litière ou bien des feuilles, et en couvrant les 
panneaux avec des paillassons. L’humidité est aussi en hiver un ennemi 
dont on doit combattre les fâcheux effets; on obtient ce résultat en 
modérant les arrosements, en donnant de l’air le plus possible et toutes 
les fois que le temps le permet. Vers les mois d'avril ou de mai, on 
lève les plantes en motte et on les met en place. 

La conduite d’un châssis de repiquage demande une surveillance 
active, continuelle et des soins entendus. L’excès d'humidité produi- 
sant toujours sur les plants de la majorité des espèces des effets per- 
nicieux, on devra le combattre par tous les moyens possibles; les 
arrosements surtout devront être faits avec beaucoup de discernement 
et de prudence, et s’il s'agissait de plantes à feuilles un peu épaisses 
et charnues, mieux vaudrait même s'abstenir de tout arrosement, alors 
que le temps est couvert ou par les gelées continues. L’étiolement est 
aussi pour les plantes cultivées sous châssis un mal fréquent, que l’on 
atténuera en donnant le plus d’air et de lumière que les circonstances 
le permettront, et en pinçant, s’il a lieu, l’extrémité des rameaux qui 
auraient une trop grande tendance à s’allonger. Il conviendra en outre 
d'éviter soigneusement que les plantes ne soient brülées par le soleil; 
on y parviendra en ombrant, en ouvrant les châssis chaque fois que 
cela sera nécessaire. Enfin on ne saurait faire une chasse trop suivie 
aux vers, aux limacons, aux courtilières, aux cloportes et autres in- 
sectes nuisibles, qui occasionnent parfois tant de dégâts dans les cul- 
tures, et surtout sous les châssis et dans les jeunes semis. C’est pour 
cette raison que beaucoup de personnes préfèrent encore faire tous 
leurs semis en pots, en terrines, ou bien en caisses, étant ainsi plus 
assurées du résultat que lorsque les semis sont faits en pleine terre 
ou même à la couche, où ils sont exposés à une foule de dangers. 


II. — Plantes bisannuelles. 
SEMIS ET CULTURE. 
La plupart de ces plantes peuvent être semées de mai-juin en juillet, 


en pépinière et à l'ombre : les plus délicates en pots, pour être plantées 
en Septembre à demeure ou dans la pépinière d'attente; en les semant 


NE 


plus tôt, on serait exposé à leur voir prendre un trop grand dévelop- 
pement ou donner tardivement des fleurs médiocres, qui fatigueraient 
le pied et l’exposeraient à périr pendant l'hiver. 

Quelques autres, d’une végétation plus lente, ne fleuriraient pas la 
seconde année sous notre climat, si on ne les avait semées dés avril-mai 
de l’année précédente. Les soins qu’exigent les semis des plantes bisan- 
nuelles sont les mêmes que pour les plantes annuelles; cependant la 
conservation pendant l'hiver des plantes qui seraient vivaces en serre 
exige quelques soins particuliers. On les repique et on les plante en pots 
pour les hiverner sous verre. 

Un coffre pourvu de châssis plus élevés que d'ordinaire, placé à bonne 
exposition à la surface du sol, et entouré de litière pour empécher le 
froid d’y pénétrer, ou pour le mieux, enterré dans le sol (ce qui dispense 
avec avantage du soin d’avoir des réchauds), sera un abri très-convenable 
pour ces plantes. Des paillassons, ou à défaut de paillassons, de la litière, 
des feuilles sèches ou de la mousse, seront placés sur les panneaux pen- 
dant la nuit et par les temps rigoureux. Pendant l’hiver on veillera 
assidüment à ce que l'humidité, fort à craindre alors, n’amène la pour- 
riture, et par cela même la perte des plantes. Des arrosements modérés 
et une aération parfaitement comprise sont les conditions essentielles 
pour assurer la conservation de ces végétaux. Avant de disposer les pots 
sous le châssis, il est nécessaire d’établir une couche de 6 à 8 centimètres 
de gros gravier, ou plutôt d'escarbilles, sur laquelle les pots seront 
placés : ce procédé a l’immense avantage d’éviter une humidité sura- 
bondante et d’empécher les vers ou lombries de pénétrer à l’intérieur 
des pots; cependant, quoique excellent dans quelques circonstances, ce 
procédé n’est pas indispensable, et le plus souvent les semis réussissent 
sans cette précaution, parfois assez dispendieuse. Au printemps, les 
plantes seront dépotées et placées en motte à leur destination. Une serre 
tempérée, une chambre au midi, un hangar, etc., pourront souvent rem- 
placer les châssis; mais en règle générale, une des conditions les plus 
importantes à observer, si l’on veut que des plantes conservées l’hiver 
(soit sous châssis ou autrement) ne s’étiolent pas, mais restent au con- 
traire bien vertes, trapues et vigoureuses, c’est, outre les soins déjà in- 
diqués et une aération fréquente, de ne les point entasser en trop grand 
nombre dans un petit espace, et de les tenir aussi rapprochées de la 
lumière ct du verre que possible, en évitant qu’elles ne touchent ce der- 
nier ct ne soient froissées par les panneaux. 


IIT. -- Pépinière d'attente. 


C'est une plate-bande dans un endroit écarté du jardin, destinée à 
recevoir : 1° les plantes annuelles dont les racines sont abondantes et 
vomposées de fibres déliées, comme dans les Reines-Marguerites, les 


Au 


Balsamines, les OEïillets d’Indes, ete., qui supportent la transplantation 
jusqu’au moment où elles vont fleurir. Au lieu de les planter à demeure 
au sortir de la couche ou de la pépinière sur des plates-bandes qu’elles 
occuperaient longtemps sans les orner, elles sont élevées dans la pépi- 
nière d'attente, et plus tard transplantées en motte avec soin de la place 
qu’elles doivent définitivement occuper et décorer. — 2° Les plantes 
bisannuelles, qui souvent ne pourraient être plantées en automne dans 
les plates-bandes, qu’elles trouveraient encore occupées; elles sont alors 
placées dans la pépinière d’attente, et transplantées à demeure au prin- 
temps. — 5° Les plantes vivaces, qui se trouveraient dans le même cas 
que les bisannuelles, et enfin celles qui font attendre longtemps leur 
floraison. Dans cette dernière catégorie, il s’en trouve qui, arrivées à 
l’âge de fleurir, ne pourraient plus supporter la transplantation ; l'usage 
est, pour ces espèces, de repiquer leurs plants très-jeunes dans des pots, 
que l’on change plus tard, s’il y a lieu, et que l’on enterre dans la pépi- 
nière d'attente, d’où ils séront facilement enlevés lors de la plantation 
à demeure. 


IV. — Plantes vivaces. 


$ 4. — SEMIS ET CULTURE. 


La plupart se sèment de juin en juillet, mais plutôt en juin, à l’ombre, 
en pépinière, en planche ou en pots, ou bien en terrines ou en caisses, 
pour être mises en place à l’automne ou dans la pépinière d’attente. 

On sème en outre d’avril en mai, en pépinière ou en planche, celles 
dont le développement est lent, ou celles qui, semées dès cette époque, 
peuvent fleurir dans la même année comme de véritables plantes an- 
nuelles; en vue de ce dernier résultat, on sème même quelques espèces 
sur couche en mars-avril; e’est le cas pour la Cupidone, le Pied d’alouette 
vivace hybride, ete. D’autres espèces exigent, pour bien fleurir l’année 
même du semis, d’être semées sur couche dès février; elles sont alors 
repiquées sur couche ou élevées en pots sur couche, jusqu’à ce que la 
température permette leur plantation à l’air libre. 

D’autres, semées en été ou en automne, ne lèvent qu’au printemps 
suivant et ne fleurissent qu’à la troisième ou quatrième année : telles sont 
les Pivoines, les Fraxinelles, ete. Celles-là surtout doivent être semées 
dès que les graines sont mûres, cn pots ou en terrines, et transplantées 
dans la pépinière d'attente, où elles resteront jusqu’à ce que leur force 
fasse présentir une floraison prochaine et permette de les utiliser à la 
décoration des parterres. 

Les soins qu’exigent les semis des plantes vivaces sont les mêmes que 
ceux indiqués pour les espèces annuelles ou hisannuelles. 


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Après complet développement des plantes, et dans l’intérèt de leur 
conservation, on a soin de couper les tiges florales dès que les fleurs 
sont fanées, et de diviser les touffes quand elles deviennent trop fortes, 
ou qu’elles commencent à se dégarnir au centre. Cette opération doit 
s’effectuer à des époques qui varient beaucoup et que l’on-trouvera indi- 
quées aprés la description de chaque espèce ; cependant, en général, c’est 
au printemps, avant la reprise de la végétation, ou bien après la floraison, 
au moment où les plantes entrent dans la période de repos, c’est-à-dire 
à la fin de l’été et au commencement de l’automne, que se fait cette divi- 
sion des touffes. | 

La multiplication des plantes vivaces par la division des touffes n’est 
pas avec le semis le seul autre mode employé pour leur propagation. Un 
grand nombre de variétés, et particulièrement celles à fleurs doubles, 
qui ne donnent pas de graines, ou celles qui ne se reproduisent pas fran- 
chement par la voie du semis, peuvent aussi se multiplier par boutures, 
ou bien encore par couchage ou marcottes. Il en est d’autres, comme 
les Dahlias, les Balisiers, etc., dont les racines, arrachéces à l’au- 
tomne, se conservent pendant l'hiver dans une cave ou dans un endroit 
sain, à l’abri de la gelée, pour être replantées au printemps suivants 
après les avoir traitées ainsi qu'il est indiqué à leur article spécial. 


$ 2. — BourTurAGE. 


Pour faire une bouture, on prend d'ordinaire un jeune rameau, que 
l’on peut, suivant le cas, conserver entier, ou diviser en un ou plusieurs 
morceaux ; on en rafraichit la base par un coup bien net et fait im- 
médiatement au-dessus de la naissance d’une feuille ou d’un bourgeon ; 
on supprime les feuilles du bas sans endommager l’œil ou les yeux qui 
se trouvent à leur aisselle, et si celles du haut sont trop grandes, on les 
raccourcit d'environ moitié à un tiers. Le plus souvent la bouture est un 
rameau ou une jeune pousse que l’on coupe juste au ras de la tige qui 
lui a donné naissance, et à laquelle on conserve autant que possible l’em- 
patement au talon qui se trouve à sa base c’est-à-dire à son point 
d'insertion. On procède ensuite à la plantation, en ayant soin de laisser 
hors de terre l'extrémité de la bouture, et de bien fouler la terre autour 
de sa base, afin qu’elle soit en contact avec la terre et ne vacille pas. La 
longueur des boutures peut varier selon l’espacement des feuilles ou des 
yeux (ce qui est la même chose, puisqu'il est convenu qu’à l’aisselle de 
chaque feuille il se trouve un bourgeon, qu'il soit ou non visible). En 
général, on ne conserve que quelques yeux. La profondeur à laquelle 
les boutures doivent être enterrées est variable et subordonnée à la 
longueur des mérithalles ou entre-nœuds (distance comprise entré deux 
feuilles), lorsque ces mérithalles sont courts et rapprochés, on peut 


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enterrer plusieurs yeux; lorsqu’au contraire ils sont plus longs et plus 
espacés, il suffit quelquefois de n’en enterrer qu’un seul. 

Suivant la consistance des rameaux ou la rusticité des plantes, les 
boutures devront être faites, tantôt en pleine terre, à l’air libre ou 
sous cloche; tantôt en pots ou en terrines, sur couche, sous cloche 
ou sous châssis, et dans tous les cas toujours ombrées. C’est ordi- 
nairement au printemps que se font la plupart des boutures, surtout 
celles de plantes herbacées, et dans ce cas, un abri et la chaleur d’une 
couche ou d’une serre sont parfois nécessaires. Les plantes annuelles 
qui seraient vivaces si on les conservait en serre, telles que les Pent- 
siemon, les Petunias, les Verveines, les Maurandia, les Lobelia Erinus, 
les Capucines hybrides de Lobb, les Cuphea platycentra, etc., et en géné- 
ral toutes les plantes à tiges un peu ligneuses, doivent être bouturées de 
juillet en septembre, en choisissant les jeunes et les rameaux les plus 
tendres; on peut aussi parfaitement les bouturer au printemps, au 
moyen de jeunes rameaux herbacés pris sur de vieux pieds conservés 
l'hiver sous châssis ou en serre. Comme règle générale, nous ajouterons 
qu’on doit toujours préférer les rameaux qui n’ont pas de boutons à 
fleurs ; cependant, s’ils en avaient, il conviendrait de les supprimer. 
Les boutures seront plantées, soit isolément, soit en pépinière, plusieurs 
dans le même vase; la terre employée devra être légère, bien tamisée et 
riche en humus. Dès que les boutures sont faites, il faut les arroser et 
maintenir ensuite la terre dans un état constant de fraicheur. A la base 
de la bouture, il se forme souvent un bourrelet d’où naissent les ra- 
cines; alors la bouture est reprise. 

Les soins à donner aux boutures consistent à les replanter avec leur 
motte, soit en pots, soit en pleine terre, en procédant de la même facon 
qu'il a été dit pour les plantes de semis. On devra en outre observer que 
toute plante repiquée pendant sa végétation doit être arrosée immédia- 
tement, et préservée, durant les premiers jours qui suivent l’opération, 
de l’action directe du soleil et quelquefois du grand air. On fera même 
bien, pour procéder aux transplantations, de choisir un temps couvert 
ou pluvieux, ou bien d’attendre le déclin du soleil. 

Pour les boutures à conserver l’hiver et qui doivent être préservées du 
froid, il conviendra de les placer sous châssis et le plus près possible du 
verre; on les rempotera, on les séparera et on les pincera si le besoin 
s’en fait sentir, c’est-à-dire si les plantes se gênent ou si elles ont des 
rameaux trop longs, étiolés, ou si l’on veut obtenir qu’elles se ramifient; 
enfin, au printemps et dès que le temps le permettra, on les livrera à la 
pleine terre ou au plein air. 

Nous n’avons parlé ici que de la manière la plus pratique et la plus 
usitée de faire les boutures pour les plantes qui nous occupent; il existe 
un grand nombre d’autres procédés, mais on les trouvera décrits dans les 
ouvrages spéciaux. 


Era 


$ 3. — MaRCOTTAGE. 


Le marcottage diffère du bouturage en ce que la partie de la plante 
à laquelle on veut faire prendre racine, n’est pas séparée du sujet mére. 
Le plus souvent le marcottage consiste à abaisser et à courber un 
rameau ou une tige, de façon à pouvoir en enterrer une certaine partie 
que l’on fixe à quelques centimètres sous terre et dont l'extrémité est 
redressée et reste libre au-dehors. La partie enterrée est maintenue dans 
cette position jusqu’à ce que des racines s’y soient développées; on 
détache alors la partic marcottée du pied principal, en la coupant du 
côté qui est resté adhérent à la mère (ce qui s'appelle sevrer une mar- 
cote), et on la transplante comme il a été dit pour les boutures. 

Pour certaines plantes, il est indispensable, afin de hâter ou de pro- 
voquer sur les marcottes le développement des racines, d'opérer, sur la 
partie qui doit être enterrée, une légère torsion ou bien un étrangle- 
ment au moyen d'une ligature serrée; d’autres fois on pratique une 
incision partielle en dessous de la marcotte, ou bien une incision 
en anneau ou circulaire, pénétrant jusque sous l’écorce; ces incisions 
doivent toujours être faites immédiatement en dessous de la naissance 
d’une feuille ou d’un bourgeon. Enfin , comme cela a lieu pour les 
OEillets, le marcottage s'effectue en pratiquant dans le milieu d’un des 
nœuds du rameau une incision qui pénètre verticalement jusque vers 
la moitié de son épaisseur et que l’on prolonge ensuite horizontalement 
au centre de la tige, en la partageant en deux sur une étendue de 
1-2 ou 5 centimètres. Il conviendra de tenir autour de la marcotte 
un peu de terre constamment humectée et couverte d’un léger paillis 
pendant toute la durée du marcottage. 


LES PLANTES A FEUILLAGE ORNEMENTAL, 
Par M. E. Annré, 
Jardinier til de la ville de Paris (). 
L’horticulture comme toutes choses, doit se courber sous le joug de 


la loi universelle, la mode, et subir à son tour les révolutions que cette 
despote entraine à sa suite. La mode est toute-puissante ; elle brise, en 


(1) Considérations générales extraites de l’excellent manuel que notre confrère et 
ami de Paris vient de faire paraître sous ce titre, 


OO NES 
se jouant, le brin d’herbe et le bronze; elle se rit de la vaine résis- 
tance des choses et des hommes. Comme une perle et comme un ruban, 
la plante aussi prend place dans cette course effrénée de la mode et la 
suit, obéissante, en toutes ses fantaisies. | 

Non-sculement les espèces et les variétés passagères, mais les genres 
tout entiers subissent cette influence irrésistible. L'histoire du jardinage 
moderne surtout offre de nombreux exemples de ces fluctuations. 

Ainsi l’Oranger, royal ornement des jardins réguliers et des terrasses, 
— un emprunt que faisait Lenôtre aux jardins d'Italie, — eut son 
époque de gloire et de faveur spéciale jusqu'aux premiers jours de notre 
siècle... Il est maintenant compté parmi les splendeurs évanouies du 
grand règne. A peine entouré d’un dernier respect pour ses vieux souve- 
nirs de splendeur, ce bel arbre, qui portait à Versailles les noms des plus 
grands rois, reste à peine l’ornement rigoureux des palais et des ter- 
rasses, brouté chaque année par le ciseau du jardinier. Un autre arbre 
superbe, objet naguère de toutes les faveurs, le Camellia, s’efface, après 
avoir brillé du plus vif éclat. On lui a tout prodigué : les traités particu- 
liers, les dissertations, les romans; on lui a spécialement bâti des palais. 
Pour lui fut inventé ce palais des fleurs appelé le jardin d'Hiver. Eh 
bien ! c’est à peine aujourd’hui si quelques rares amateurs restent fidèles 
à toutes ses perfections. 

Que disons-nous! la Tulipe, « orgueil des nations », la fortune de la 
Hollande et l'héroïne de tant de récits fantastiques, jusques et y compris 
la Tulipe noire de M. Alexandre Dumas, la Tulipe est au penchant de sa 
gloire. 

Une autre plante charmante, digne émule de celle-ci, en vain oppose 
à sa défaveur croissante une résistance désespérée. Le Dahlia, apporté 
du Mexique il y a si peu de temps, avec sa corolle toute simple, per- 
fectionné avec une rapidité sans exemple, orné des plus douces et des 
plus brillantes couleurs, s’en va, lui aussi, à la dérive. 

Voilà l’éternelle accusation portée aux malheureuses fleurs qui ont 
trop brillé; elles embellissent rapidement, mais elles vieillissent plus 
vite encore. Rien n’échappe à ce naufrage insensé : l’OEillet n’a plus 
qu’un parfum vulgaire et une tenue négligée ; le Myrte une roideur sans 
grâce ; le Laurier-Rose est trop facile à vivre et le Jasmin ne dure qu’un 
instant. 

A chacun son procès! un procès bien court, dont l’arrêt est prononcé 
d'avance. 

Seule éternelle et toujours jeune, la Rose devrait échapper à ces pros- 
criptions; elle est la fleur par excellence, de tous les âges, de tous les 
goûts, depuis Sapho jusqu’à Chateaubriand, d’Anacréon aux empereurs 
de Rome. « Fille de la beauté, plus belle que ta mère, » disait le poëte. 
Partout enfin, la Rose doit se tenir, d’un pied léger, sur le sommet de la 
roue de fortune, défiant les siècles et les tribulations. 


OT AP 


Eh bien; la Rose elle-même est modifiée chaque jour dans ses formes, 
ses couleurs, sa culture. A tout prix, il faut du nouveau, et puisqu'il est 
impossible de se passer de Roses, on a fait au moins qu'elles n’en aient 
que le nom... Telle est la raison de certains nouvellistes exagérés. Aussi 
vous ne connaitriez plus chez eux la Rose d’autrefois, dont la Rose cent- , 
feuilles était le modèle inimitable. 

La Rose prolifère, la Rose verte, la Rose noire, la Rose sans épines, 
la Rose lilliputienne, voilà nos aimables conquêtes ct l’idéal des perfec- 
tions qu'il nous faut. Si bien que la pauvre Rose cent-feuilles est partie, 
ou peu s’en faut. Avant peu, les Spaendonck, les Redouté qui naïtront 
la chercheront en vain dans nos parterres ingrats. 

Nous avions l’intention, dans cette course à travers la pléiade de ces 
ruines délaissées, d'établir la souveraineté de la mode même dans le 
règne végétal et de prouver que son caprice perpétuel ôte à nos jardins 
un grand nombre de leurs‘plus belles parures. Heureusement chacune 
de ces splendeurs éclipsées revient briller à son tour; elle est alors 
trouvée cent fois plus belle, et les nouvelles vieilleries ont plus de succès 
que les meilleures nouveautés : « Il vaut mieux reverdir que d’être 
toujours vert » disait M° de Sévigné. 

Toutefois, parmi ces caprices inconstants, il se glisse parfois des pas- 
sions durables, inspirées par des causes plus élevées que ce besoin con- 
tinuel de changement inhérent à l’humanité. 

Les véritables belles choses n’ont pas d'âge ni de fluctuations. Elles 
sont et restent toujours en faveur, au moins dans l'esprit des hommes 
de goût. 

C’est dans cette inspiration que les plantes à beau feuillage ont trouvé 
le motif de l'adoption universelle dont elles sont l’objet depuis plusieurs 
années. On a vu que les fleurs n'avaient pas seules la royauté de nos 
jardins, et que la décoration végétale pouvait puiser des éléments puis- 
sants dans la forme, l’élégance et les coloris si divers du feuillage. 

Aussi, l’art de les cultiver et de les grouper a pris un développement 
et une perfection qui ont dépassé toutes les espérances. 

Donc, suivons le mouvement qui nous entraîne vers les plantes à feuil- 
lage ornemental, 

Cet engouement actuel pour une aussi belle tribu trouve en principe 
sa justification dans le goût qui préside de nos jours à l’arrangement des 
grands jardins. 

Dépouillé de l’exagération qui finit par s'emparer de toutes les bonnes 
choses, ce mode nouveau peut être d’une très-grande ressource à qui 
rêve les grands effets dans les parcs. Non-seulement les plantes exotiques 
arrachées aux contrées tempérées ou brülantes des deux hémisphères, et 
asservies par une culture intelligente à nos goûts et à nos plaisirs, peu- 
vent ajouter au paysage un ornement inconnu, mais nos plantes indi- 
gènes elles-mêmes, les produits trop négligés de notre riche flore 
française, n’ont presque rien à céder à ces nouvelles splendeurs. 


Det GUN 


Vous qui vous éprenez d’un bel amour pour les grands Palmiers et les 
Bananiers des Tropiques, qui portez cette ardeur à admirer tous les 
feuillages de là-bas, et qui dédaignez les véritables ornements de nos 
champs et de nos bois, vous n’aurez pas assez de louanges, amis des 
plantes à feuillage, si l’on vous apportait demain, pour la première fois, 
du Brésil ou des Indes, le Bouillon blanc (Verbascum thapsus) de nos 
campagnes, son voisin le grand Chardon (Onopordon acanthium), le 
Chardon Marie (Sylibum Marianum), la Digitale, les Heracleum de nos 
marais, et Dieu sait combien d’autres! Avec les perfectionnements consi- 
dérables de l’art moderne des jardins, les grands espaces découverts, 
les vastes pelouses, les vallonnements habilement ménagés, les vues qui 
font entrer dans une même propriété le paysage d’alentour, le rôle des 
fleurs est insuffisant, et c’est un précieux secours que les plantes à grand 
feuillage pour jeter la diversité, la vie, dans les grands parcs. 

Le mélange ou l’isolement des espèces, l’harmonie ou l’opposition de 
leurs nuances et de leurs formes sont autant de secrets dont l’homme de 
gout seul sait trouver la clef et se servir avec bonheur. 

Il n’est pas jusqu'aux jardins de ville qui ne puissent revêtir un grand 
charme au moyen des plantes à beau feuillage, et si riche est depuis peu 
la collection des espèces de ce genre, que toutes les fantaisies y trouveront 
facilement leur compte. 

En effet, qui n’a reconnu la difficulté d’entretenir des plantes fleuries 
sans les renouveler souvent, dans les petits jardins des grandes villes, 
où l’air et l’espace manquent, où les plus jolies plantes s’étiolent sans 
développer autre chose que de rares fleurettes décolorées et souffreteuses ? 

Avec les plantes à feuillage, cet inconvénient disparait. Un choix 
intelligent permet de remplacer les bordures et les corbeilles destinées 
aux fleurs par des espèces à feuillages colorés, remplissant le même but, 
et n’ayant pas besoin de renouvellement. 

C’est ainsi que nous avons composé, l'été dernier, un jardinet de 
Paris. Les corbeilles étaient formées de Coleus Verschaffelti et d’Iresine 
bordés de Centaurea cineraria et de Gnaphalium lanatum. Les massifs, 
bordés d’Ageratum panachés et de Senecio cineraria, se détachant sur 
un fond de Perilla et d’Amarantes tricolores, produisaient le plus brillant 
effet. Sur les pelouses, groupés ou isolés, se dressaient dans leur élégant 
et noble feuillage, des Caladium, Solanum, Wigandia, Hibiscus, Datura, 
Yucca, Eucalyptus, Canna, Azalea, aux grandes feuilles variées de teintes 
et de formes. Du printemps aux gelées, ces belles plantes, en dépit de 
toutes les influences délétères qu’elles avaient à subir, se sont dévelop- 
pées avec une rare vigueur et ont attiré l’admiration de tous les visiteurs. 

À un point de vue plus élevé, que dire des merveilleux résultats 
qu’on obtient des plantes tropicales à grand feuillage en les soumettant 
à la culture géothermique, préconisée par M. Naudin dans ces dernières 
années ! 


Dog nt 


Cette méthode, qui consiste à échauffer artificiellement le sol par des 
tuyaux de calorifère, ou bien encore par des briques placées peu profon- 
dément, et qui conservent longtemps la chaleur des rayons solaires, pro- 
duit des résultats vraiment surprenants. Cette année, à Boulogne-sur- 
Seine, dans le beau parc de M. le baron J. de Rothschild, dirigé avec 
tant de goût par M. Lesueur, une immense corbeille, composée de la 
plupart des plantes tropicales à grand feuillage de nos serres chaudes, 
avait été chauffée artificiellement. | 

La végétation a été merveilleuse. Les Palmiers, les Aroïdées, les Fou- 
sères, et toutes les plus belles plantes de la flore équatoriale se pressaient 
dans une gigantesque et admirable confusion qui dépassait tout éloge. 

On aurait pu se croire transporté dans la patrie de ces splendeurs végé- 
tales, qui sont pour les forêts de l’Inde et de l’Amérique du Sud des 
ornements dont nous n’avons guère d'idée dans nos froids climats. Il eut 
fallu voir auprès de ce luxueux assemblage, un des vaillants voyageurs 
qui ont pu contempler dans leurs contrées natales toutes ces belles 
plantes, pour lesquelles on avait remplacé ici un soleil absent par le 
plus habile et le plus attrayant des stratagêmes. Ils auraient revu en 
esprit ces splendeurs évanouies et véeu de nouveau leur vie périlleuse. 

M. Porte, l’un de ces hardis aventuriers, nous racontait naguère les 
péripéties qui avaient accompagné la découverte de quelques-unes de ces 
magnifiques plantes ornementales dont nous écrivons les mérites : 

« Un jour, dit-il, dans un des grands bois de l’ile de Luçon où je ré- 
« coltais des Aroïdées, je fus entouré tout à coup par une bande de 
« naturels qui menacaicnt de me faire un mauvais parti. J’étais armé, 
« résolu, et j’eus l’air très-disposé à me défendre en cas d’attaque. Ma 
« fierté leur en imposa, et je crus voir les chefs décider qu’on agirait 
« par ruse. 

« On me fit de nombreuses démonstrations d'amitié; leur repas com- 
« mençail, je fus invité à m'’asseoir et à le partager avec eux. Je jugeai 
« prudent d'accepter, mais sans perdre de vue aucun de mes sauvages 
« convives et la main droite serrée contre ma bonne carabine. Tout 
« allait pour le mieux, quand par hasard, tournant la tête, j'aperçus le 
« visage velu de l’un d’eux qui me tenait en joue avec la pointe d’une 
« flèche. Armer ma carabine et lui casser la tête fut l’affaire d’un instant. 

« Toute la bande se rua sur moi. D’un coup de pistolet, j'abatis 
« le chef placé à ma gauche. Mon couteau de chasse me défendit de 
« mon voisin de droite; mais jugeant plus sûr de préndre la fuite 
« que de résister au trop grand nombre, je courus, à toutes jambes 
« vers le fleuve voisin, où je me cachai dans les hautes herbes. Tremblant 
« d’être découvert, je dus attendre l’occasion d’assurer ma fuite. J'en 
« trouvais bientôt le moyen : un tronc d’arbre flottait au milieu du 
« fleuve; j’abandonnai mes vêtements et nageai droit à ma planche 
« de salut, sur laquelle je me hisse de mon mieux. Au bout de deux 


SON ES 


« jours, — deux siècles, — d’une navigation étrange autant que péril. 
« leuse, j'abordai enfin un comptoir français, d’où je pus prendre 
« passage pour l’Europe en attendant d’autres aventures. » 

L'histoire de nos plantes d'ornement a donc aussi ses aventures, 
ses drames, ses douleurs. C’est pour nous une joie et un intérêt de 
plus de nous rappeler à quel prix nous les possédons et ce qu’elles 
ont coûté de peines et de dangers à leurs courageux importateurs. 

Donc à tous les points de vue, ornement, nouveauté, économie, 
intérêt historique, les plantes à feuillage ornemental ont droit à nos 
sympathies; l’entrainement dont elles sont aujourd’hui l’objet de Ja 
part de tous les amis des jardins, est pleinement justifié par tout l'intérêt 
qui s'attache à leur histoire et à leur culture. 


LES EXPOSITIONS DE FLEURS. 


A propos de la douzième exposition qui a eu lieu à Liége les 
11 et 12 Mars 1866. 


On n’a pas tous les jours la même humeur, et l’on n’est pas toujours 
disposé à une égale activité. Cela est vrai de la vic individuelle et cela 
est également vrai de la vie sociale. Nous ne dissimulerons donc pas que 
notre exposition du 11 mars 1866 a été médiocre. Il y a des excuses à 
invoquer, il est vrai : l’hiver a été maussade, le soleil a été constamment 
enrhumé, il n’a pas fait assez froid pour forcer la plupart des horticul- 
teurs à chauffer leurs serres, et, dès lors, beaucoup de plantes n’ont pas 
été forcées de fleurir. De plus, on réserve ses forces et ses efforts pour 
la joyeuse entrée de notre jeune et nouveau souverain, annoncée pour le 
mois de juillet prochain, et auquel la Flore liégeoise réserve ses plus 
belles palmes et ses plus précieuses couronnes. 

Mais, pour tout dire, des considérations plus importantes et plus 
sérieuses dominent la situation. Les Sociétés d’horticulturesuivent depuis 
trop longtemps la même routine. Les expositions, telles qu’elles fonction- 
nent, sont trop nombreuses. On énerve, parce qu’on l’excite trop sou- 
vent, le dévouement des cultivateurs de fleurs. Les grandes expositions 
et les expositions universelles effacent et oppriment les petites exposi- 
tions locales. Les programmes sont trop vastes. Les ressources des Sociétés 
sont trop éparpillées. Les prix qu’on offre aux concours sont dérisoires 
en ne compensant en aucune facon les sacrifices réels, incessants, conti- 
nuels, qu’on attend des amateurs. Qu'est-ce donc qu’une médaille en 
vermeil pour une collection d’Orchidées, de plantes nouvelles, de Pal- 
miers, de beaux feuillages, de Camellias, d’Azaléas, de Roses, etc., etc. 


— 87 — 


On met beaucoup d’argent à se former une collection et à la tenir au 
courant ; elle coûte de vrais sacrifices et d’incessants labeurs pour être 
bien cultivée ; et puis, on vous demande de mettre votre serre sens 
dessus dessous, de dégarnir votre demeurc, d’éreinter votre personnel, 
de compromettre la vie de vos plantes, de sacrifier votre jouissance 
personnelle au plaisir des curieux qui visitent le Salon, et tout cela 
pour obtenir une médaille plus ou moins précieuse. Nous avons tous 
assez de zèle pour cela quelquefois en notre vie, surtout au début de 
notre passion, mais la lune de miel ne dure pas toujours, dit-on, et 
bien rares sont ceux dont l’abnégation robuste résiste fort longtemps. 
La situation horticole de la plupart de nos villes de province en est 
la preuve. Presque partout on éprouve de grandes difficultés pour réunir 
un salon de fleurs. Bien plus, nous soutenons avec une conviction pro- 
fonde que le système actuel des programmes d’exposition est fatal au 
développement de l’horticulture. Notre expérience attentive de ce qui 
se passe nous a montré que les amateurs d’horticulture, au lieu de se 
multiplier autour des Sociétés, diminuent. Si, de temps en temps, il 
surgit de nouveaux adeptes, ce n’est pas aux Sociétés à se glorifier de les 
avoir provoqués. Beaucoup ont commencé en donnant de belles espé- 
rances et animés du véritable feu sacré, et ces espérances se sont éva- 
nouies et ce feu sacré s’est éteint. Nous pourrions citer des exemples. 
C’est que, dans les concours horticoles, il manque l’excitant, il n’y a 
pas de véritable émulation. Les médailles sont devenues non des prix, 
mais des jetons de présence. Les premiers prix foisonnent. On en donne 
à chaque catégorie de plantes, et encore pour chacune d’elles sépare-t-on 
souvent le concours des amateurs et le concours des horticulteurs. 

Il convient de faire rentrer l’horticulture dans le droit commun. 

Aujourd’hui tout est aux concours : concours de chevaux, concours de 
canotage, concours de chant, concours d'harmonie, concours de cara- 
bine, concours de pigeons, concours de pinsons, etc., etc. Or, dans tous 
ces concours et dans beaucoup d’autres, les vainqueurs sont récom- 
pensés, l'obtention du premier prix a une valeur honorifique et réelle. 
On est récompensé de son habileté; on a vraiment concouru et l’on 
gagne quelque chose. Dans les concours d’horticulture, c’est tout autre- 
ment : c’est un sacrifice et pour la Société et pour les exposants. Celui 
qui triomphe, loin de gagner quelque chose, y a perdu son temps et 
souvent ses plantes. Il n’en retire rien du tout, sinon de voir son nom 
dans une feuille éphémère et son médailler se grossir d’un élégant gros 
sou plus ou moins doré. Il semble, en vérité, que les concours horti- 
coles veulent être assimilés aux concours académiques. Ceux-ci trou- 
vent leur sanction et leur récompense dans le sentiment du devoir 
accompli, du service rendu à l’humanité, du labeur scientifique et de la 
gloire qui en rejaillit sur l’auteur. Mais peut-on raisonnablement mettre 
sur la même ligne la culture de quelques plantes avec les œuvres seienti- 
fiques ou artistiques ? 


— 88 — 


Il ne faut pas compter sur les riches et les généreux ; ce sont d’heu- 
reuses exceptions; et l’on ne peut et l’on ne doit pas compter sur les 
exceptions. On doit se régler sur les faits ordinaires, sur les dévouements 
modérés et sur un zèle qui demande à être excité. 

Les expositions, cela est incontestable, sont, dans les conditions 
actuelles, difficiles à organiser. Il faut prier ses amis ct les horticulteurs 
d'y prendre part. On devrait faire en sorte que les uns et les autres y 
vinssent spontanément. 

A Liége nous avons déjà employé deux moyens pour remédier au mal, 
et ils sont excellents. Par l'institution d’une tombola dont les lots sont 
acquis dans le Salon même, nous pouvons dédommager jusqu’à un cer- 
tain point les horticulteurs des sacrifices qu’ils se sont imposés en vue 
de l’exposition. D'un autre côté, les lots, disséminés par le sort dans le 
public, font souvent de nouveaux prosélytes et de nouveaux adeptes. 
Par l'institution des Dames patronesses — et la société liégeoise est si 
gracieuse que le nombre de ces dames est déjà d’une centaine environ — 
nous sommes assurés de voir à chaque exposition notre Salon étre le 
rendez-vous de la société la plus élégante et la plus distinguée. Et ces 
dames entrainent à leur suite tout le cortège de leur cour habituelle. 

Mais il convient d’employer un troisième moyen plus énergique et 
tout à fait radical, selon nous. Il consiste à instituer quelques grands 
prix : en d’autres termes, d'élargir le cadre des concours en diminuant 
leur nombre. Prendre sans doute en égale considération toutes les bran- 
ches de l’art horticole ; comprendre dans une égale sollicitude la serre 
chaude, la serre froide, le jardin, le fruitier et le légumier : offrir à 
chacune de ces catégories un prix ou deux de plusieurs centaines de 
francs et honorer le reste de mentions honorables quand il y a lieu. 
Pourquoi n’affecterait-on pas 300 fr. par exemple à la végétation arbo- 
rescente de serre chaude; 5 ou 600 fr. aux nouveautés, à la flore her- 
bacée des tropiques ; 400 ou 200 fr. à la belle culture; 2 ou 500 fr. à la 
végétation ligneuse de régions tempérées ; 100 ou 200 fr. aux fleurs ct 
plantes délicates de ces mêmes contrées; quelques centaines de francs 
encore à la pleine terre et au reste. 

Mais j'entends l’objection. C’est au mieux, dit-on, et l’on ne pourrait 
rien désirer davantage ; mais vous n'êtes pas pratique : où chercher 
les ressources pour réaliser tout cela? Les ressources existent, 1l suffit 
de ne pas les gaspiller et de les mettre en œuvre. La cotisation sociale 
doit nécessairement en fournir le fonds : on peut instituer un prix ou 
deux par souscription : les Dames patronesses permettent d'en ouvrir 
encore d’autres. On peut offrir en prime une part de la recette au 
guichet. Enfin pourquoi les plus fervents et les plus riches des amateurs 
n’institueraient-ils pas quelques prix en leur nom personnel, en faveur 
des spécialités auxquelles ils s'intéressent le plus? Les ressources ne 
manqueront pas. Au contraire, l’horticulture est si vivace chez nous, 


Lans 


elle est si répandue dans toutes les classes de la société, que son essor 
dépend seulement de ceux qui sont à même de le diriger. 

Lorsque cette réforme sera introduite dans les programmes d’exposi- 
tion, le jury aura une mission plus sérieuse, plus honorable à remplir. 
Des intérêts réels et de diverse nature dépendront de son verdict; les 
prix qu’il décernera ne seront plus aussi multipliés, mais ils seront 
beaucoup plus recherchés. Il aura à comparer des éléments divers, à 
peser des considérations de plusicurs ordres, et ses jugements acquer- 
ront d'autant plus de valeur. 

Le système que nous préconisons dnde, pour acquérir tout son 
développement, une sorte de solidarité entre toutes les Sociétés de la 
Belgique. Il conviendrait qu’il ne füt pas inauguré par une seulement, 
mais qu’il füt admis en même temps par toutes à la fois. Dela sorte on 
pourrait satisfaire toutes les spécialités horticoles. Les concours, ouverts 
dans telle localité, seraient remplacés par d’autres ailleurs, et de plus, 
d'année en année, les concours changeraient. Aujourd’hui que les dis- 
tances sont à peu près effacées et que les transports de plantes sont par- 
ticulièrement favorisés par le gouvernement et par les compagnies, on 
peut sans inconvénient se répartir les principaux concours entre Gand, 
Bruxelles, Anvers, Liége, Malines, Namur, Mons, Louvain, Bruges, 
Tournai, etc. 

Dans les premiers temps il y aura sans doute un peu d’hésitation. 
Comme toute réforme, celle-ci jettera une certaine perturbation dans les 
habitudes acquises. Des prix seront peut-être remportés trop aisément. 
C’est au jury d’ailleurs à apprécier l’importance de sa mission. Mais il 
ne faudra pas longtemps pour que les bienfaits se fassent sentir, pour 
que l’émulation naisse et grandisse. Avant peu les concours seront vive- 
ment et sérieusement disputés. 

Lorsque les concours auront acquis l'importance à laquelle nous vou- 
lons les élever, non-seulement les cultivateurs de la localité seront 
disposés à y prendre part, mais des concurrents viendront des villes 
voisines. Ces concours seront vivement disputés. Le public, de son côté, 
instruit de la valeur de la lutte et de l’importance de contingents exposés, 
viendra en plus grand nombre visiter l’arène des concours. 

L'amateur qui aura remporté la palme d’un concours, recevant un 
prix d’une valeur qui n’est pas à dédaigner, sera encouragé à continuer 
et à mieux faire. Le plus souvent, sinon toujours, il consacrera la 
somme qui lui sera échue à augmenter son fonds, à améliorer ses col- 
lections, et tout ne sera plus sacrifice comme par le temps qui court. 
Que l’on ne se récrie pas que nous devenons trop prosaïque et que nous 
exagérons la valeur de l’argent. Tout se résume en argent, nous apprend 
l’économie politique. Nous avons des amis passionnés pour le sport 
hippique, pour le sport nautique, pour des concours d’autre sorte encore, 
nous connaissons maints artistes à l’imagination vive et ardente. Tous, 


— 90 — 


quand leur arrive un programme de concours, prennent en considéra- 
tion, avec tout le reste, ce qu’il y a à gagner, à y vaincre. Et s’il n’y a que 
l'honneur, les uns n’en ont pas soif et les autres en sont abreuvés. 


A l’origine de nos Sociétés belges, comme à Gand en 1808, les ama- 
teurs d’horticulture, en se réunissant, convinrent d’exposer de temps en. 


temps leurs plus beaux produits, et se cotisèrent non-seulement pour 
payer les frais généraux de cette exposition, mais de plus, pour insti- 
tuer deux ou trois prix mis au concours. Une médaille en vermeil avait 
alors une valeur absolue et relative beaucoup plus considérable que de 
nos jours. C’est de la même façon que les choses ont commencé à Liége 
en 1829. Mais successivement les prix se sont multipliés à l'infini; ils 
se sont éparpillés sur tous les groupes de culture. Chacun voulait avoir 
un premier prix. Seulement en augmentant le nombre, les prix n’ont 
pas augmenté de valeur. Il en est résulté qu’ils ont diminué en impor- 
tance morale et qu’ils ne sont plus un excitant pour le grand nombre 
des amateurs. Les deux éléments associés dans nos joûtes florales, l’ex- 
position et le concours, se sont confondus. L'exposition est devenue la 
chose principale, le concours est effacé. Nous voulons rétablir ce dernier 
élément dans toute sa puissance. Cela n’empêchera pas de donner des 
expositions, dans un but purement désintéressé, lorsque les circonstances 
paraîtront favorables. Les expositions rivalisent avec les marchés de 
fleurs : elles mettent sous les yeux du public les plus beaux produits 
de la flore exotique. Pour stimuler l’horticulture proprement dite, 
nous pensons qu'il convient d’instituer de véritables concours qui nous 
paraissent faire défaut dans les conditions actuelles. 

Enfin nos projets sont démocratiques : ils égalisent les chances entre 
les petits et les grands, entre les urbicoles et les étrangers. Ils récom- 
pensent le vrai mérite. En effet, dans le système actuel d’une foule de 
petits concours, le riche amateur, le puissant horticultceur, vient, à force 
de contingents variés qu'il recrute sans peine dans tous les coins de 
ses serres nombreuses, battre partout et toujours le cultivateur plus 
modeste. Et puis, après toutes ces victoires d’escarmouches, il va sans 
dire qu’il remporte encore la grande victoire du prix d'honneur. Mais 
si les concours sont ainsi présentés, que ce ne soit plus la masse qui 
l'emporte, mais plutôt la qualité, si l’amateur aux ressources modiques 
peut espérer rentrer dans ses avances et gagner, pour tout dire, quelque 
chose pour augmenter les jouissances que lui donne l’horticulture, ne 
croit-on pas qu'il entrera en lice? Celui auquel la distance impose de 
grands frais de transport pourra venir lutter contre un concurrent dont 
les cultures sont aux portes de l’exposition. 

Et la grande masse des indifférents, qui aujourd’hui restent chez eux, 
conservent leurs plantes sous leurs yeux, ne convient-il pas de secouer 
leur torpeur ? Le public horticole qui prend part aux expositions est peu 
nombreux, il se renouvelle à peine, il se recrute lentement. Le nombre 


re 1) 


NON 


des amateurs est infiniment plus grand que celui des lauréats de nos con- 
cours. Pendant que notre petite exposition liégeoise étalait sa modeste 
toilette, une profusion de belles fleurs embellissait les serres de plus de 
dix amateurs liégeois que nous n’étions pas parvenu à exciter dans notre 
système actuel. 


Essayons donc un autre moyen. 
E. M. 


EXPOSITION UNIVERSELLE ET CONGRES INTERNA- 
TIONAL A LONDRES. 


Les préparatifs de cette imposante manifestation acquièrent des pro- 
portions grandioses. La commission organisatrice travaille avec une 
ardeur incessante. Les adhésions lui affluent de toutes parts. Les deux 
plus grands éléments de succès, le travail et le capital ne font d’ailleurs 
jamais défaut en Angleterre. Ceux qui verront la grande exposition 
de Londres, n’oublieront jamais de leur vie ces heureuses journées. 
Nous engagcons vivement nos compatriotes à faire ce voyage. Le temps 
nécessaire n’est pas bien long, 4 à 5 jours. D’un autre côté l’abaisse- 
ment général du tarif des chemins de fer et les faveurs extraordinaires 
que notre gouvernement accordera sans doute pour le passage par la 
malle d’Ostende allègeront considérablement les frais de ce voyage. 

La commission organisatrice vient de faire paraitre une nouvelle cir- 
culaire. Voici la composition du bureau pour le Congrès qui aura lieu 
du 22 au 25 mai. 


Président. 
À. DE CANDOLLE, à Genéve. 
Comité. 


BaBinGTon, F. R. S., Professeur de botanique à l’Université de Cambridge, 
Vice-Président. 

JAMES Barewan, F. R. S., Biddulph Grange, Congleton. Vice-Président. 

W. H. Baxter, Curator, Botanic Garden, Oxford. 

J. J. Benverr, F. R. S., Kéeper of the botanical Department, British 
Museum. Vice-Président. 

BenrLey, F. L. S., King’s College prof. Vice-Président. 

Rev. M. J. Berxezey, M. A., F. L. S., Examiner in Botany in the 
University of London. Vice-Président. 

H. Carruruers, F. L. S., British Museum. 


Jose | | 


B. Crarke, F. L. S., Mount Vernon, Hampstead. 

D" ALexanDRe Dickson, Edinburgh. 

CHaRLes Darwin, F. R. S., Down, Bromley, Vice-Président. 

Dauseny, F. R. S., professor of Botany in the University of Oxford, 
Vice-Président. 

D'J. E. Gray, E. R. S., British Museum. Vice-Président. 

D' Hocc, F. L. S., 99, St.-George’s Road, Pimlico. 

M" Alderman Masters, Canterbury. 

Gizes Mongy, Lawn Villas, Wood Green, N. 

JAMES Mc. Nas, Curator, Royal Botanic Garden, Edinburg. 

Joux Murs, F. R. S., 84, Addison Road, Kensington. Vice-Président. 

À. G. More, F. L. S., Glasnevin, Dublin. | 

D' D. Moore, F. L. S., Director of the Botanic Garden, Glasnevin. 
Vice-Président. | 

Taowas Moore, F. L. S., Curator of the Botanic Garden, Chelsea. 

W.Mup», F. L. S., Curator of the Botanic Garden, Cambridge. 

Colonel Muwnro, F. L. S., Farnhoro’ Road. Vice-Président. 

ANDREW Murray, F. L. S., Bedford Gardens, Kensington, W. 

W. Pauz, F. R. H.S., Waltham Cross. 

D'R. C. A. Prior, F. L. S., Halse House, Taunton. Vice-Président. 

Taomas Rivers, F. R. H. S., Sawbridgeworth. 

J. G. Veircu, F. R. S., Chelsea. 

Dr Wezwirscs, F. L.S., 17, Russell Place, Fitzroy Square. Vice-Président. 

D' Wicur, F.R.S., Grazely Lodge, Réading. Vice-Président. 

JAMES YATES, M. À., F. R. S., Landerdale House Highgate. 


Secrétaire honoraire. 


MaxweLL T. Masters, M. D., F. L. S.,1, William street, Lowndes Square, 
London, S. W. 


Ce comité a le pouvoir de s’adjoindre de nouveaux membres. Déjà il a 
institué dans une foule de localités des Trois-Royaumes des comités 
locaux et des correspondants chargés de recueillir toutes les adhésions 
et communications concernant l’entreprise. 

La circulaire anglaise déclare en termes formels et RRAPION que /’ ie 
qui a présidé à l’organisation de l’exposition et du congrès a été une 
pensée de reconnaissance pour le bon accueil et l’hospitalité que les 
délégués de l’Angleterre ont recus à Bruxelles et à Amsterdam. 

Ce congrès tiendra deux séances. La première le 23 mai à 11 du matin. 
M. Alphonse De Candolle prononcera le discours inaugural. Les commu- 
nications et les discussions scientifiques commenceront immédiatement. 
La seconde séance ou meeting du congrès aura lieu le 24 mai, à 
41 heures, 


Xe 


Par une autorisation spéciale des Lords membres du comité du conseil 
d'éducation, le congrès se tiendra dans la Salle Raphaël au Musée de 
South Kensington. 

Des communications ont déjà été annoncées par MM. J. E. Howard, 
D: F. Mueller, Ed. Morren, H. Lecoqg, W. G. Smith, D' Masters, Van 
Hulle, Tuffen West, D' Moore, À. G. More, D' Schultz-Bipontinus, 
D: Schultz-Schultzenstein, B. Clarke, James Anderson, ctc., etc. 

Un grand banquet sera offert le 22 mai, dans les salons du Guildhall 
ou Hôtel de Ville de Londres, aux botanistes et aux horticulteurs les plus 
considérables. Il y aura cent invitations. Il sera donné deux soirées ou 
conversaziont, les 25 et 25 mai. 

Les personnes qui désirent prendre part au congrès sont invitées à se 
mettre de suite en rapport avec le secrétaire et à lui communiquer un 
sommaire de leur travail avant le 28 avril. On sait que ces fonctions de 
secrétaire avaient été à l’origine confiées à M. le D' Seemann. Mais il en a 
été bientôt distrait par les préparatifs d’une exploration de l’Amérique 
centrale pour laquelle le D'Seemann vient de partir. Il a été remplacé, 
pour le congrès, par notre savant et intrépide ami M. le D' Maxwell 
Masters, professeur de botanique et rédacteur du Gardeners” Chronicle. 
Ce changement de personnes a eu pour conséquence de retarder un peu 
l’envoi des invitations. Le comité de Londres les croyait distribuées 
depuis longtemps quand son secrétaire a reconnu qu’elles n'étaient pas 
parvenucs à destination. Ce retard a été aussitôt réparé. Le comité a fait 
des invitations personnelles. Il a prié les gouvernements de se faire 
représenter par des délégués. Le nôtre a déjà nommé en cectte qualité, 
MM. de Cannart, Linden et Morren. Il a adressé à la Fédération belge 
qui à organisé le congrès de 1864, l'invitation d’envoyer deux délégués. 
Mais il n’a pu faire la même demande à toutes les sociétés particulières 
du continent. 

Des réductions de tarif seront demandées aux principaux chemins de 
fer. Cependant le comité de Londres, par expérience, n’attache pas 
grande importance à cette demande. En effet, les Anglais qui sont venus 
à Bruxelles et à Amsterdam et auxquels on avait annoncé toutes sortes de 
réductions, bien loin de pouvoir en profiter ont, au contraire, été forcés 
de payer plus que de coutume. Nous pouvons affirmer nous-même que ces 
réductions, généreusement accordées par les chefs d'administration, ne 
parviennent en général à la connaissance des guichetiers, le deus ex 
machina de la circonstance, qu’au moment même où elle n’est plus 
réclamée. Nous avons rappelé tantôt que le tarif belge a subi une réduc- 
tion générale considérable et que sans doute des mesures extraordinaires 
seront encore prises. On ne doit pas oublier d’ailleurs que tous les rail- 
Ways et toutes les compagnies de paquebots, par Anvers, par Ostende, 
par Calais, accordent en tout temps une très-notable diminution sur le 
prix du billet aller-et-retour. Maïs le comité de Londres a veillé avec une 


Lt 'ORaME 


sollicitude particulière pour obtenir des réductions en faveur des excur- 
sions qui seront faites vers les principaux centres et les plus beaux 
domaines de l’Angleterre. 

MM. Thomas Moore et Robert Hogg sont particulièrement chargés de 
tout ce qui concerne l'exposition. Ces Messieurs donneront même les 
renseignements particuliers qu’on voudrait leur demander. 

Malgré les difficultés du transport, malgré la distance et passant sur 
quelques critiques que l’on peut adresser peut-être au programme anglais, 
nous espérons vivement que l’horticulture belge sera dignement repré- 
sentée à Londres et remportera quelques hautes distinctions. Nous savons 
les sacrifices et les difficultés d’une semblable détermination, mais on 
peut les surmonter quand l’honneur national est en cause. 

E. M. 


Ministère de l'Intérieur. 
Exposition internationale d’horticulture de Londres. 


Afin de faciliter l'expédition des plantes et des autres objets que les 
horticulteurs belges se proposent de faire figurer à l’exposition univer- 
selle d’horticulture qui s’ouvrira.à Londres, le 22 mai prochain, M. le 
Ministre des travaux publics a décidé qu’une remise de 50 p. c. sur le 
prix des tarifs ordinaires des chemins de fer de l'Etat, sera accordée aux 
expéditeurs. Les Sociétés concessionnaires de chemins de fer ont été 
invitées à faire la même réduction en faveur des objets qui seront expé- 
diés par leurs lignes. De son côté, M. le Ministre des affaires étrangères 
a autorisé le transport gratuit des colis destinés à l’exposition univer- 
selle de Londres qui seront expédiés par les paquebots de l’Etat qui font 
la traversée d’Ostende à Douvres. Il accordera, en outre, une réduction 
de 50 °/, du prix de la traversée sur les dits paquebots, aux personnes 
qui assisteront au congrès international de botanistes et qui seront munis 
de leur carte constatant leur qualité de membre de ce congrès. (Moniteur 
belge, 11 avril 1866 n° 101.) 


EXPOSITIONS A VIENNE LES 90 AVRIL ET 15 MAI 1866. 


La Société Impériale et Royale d’horticulture de Vienne ouvrira, dans 
son nouveau palais, deux expositions au printemps 1866. Elles sont des- 
tinées, tout particulièrement, à mettre en lumière les progrès accomplis 
par le jardinage dans les pays autrichiens. La première aura lieu du 20 
au 26 Avril. Le programme des concours porte notamment quelques 
prix institués par S. M. l'Empereur. Ce doit être une exposition géné- 
rale pour toute l’Autriche. La seconde est fixée au 15 Mai et restera 
ouverte jusqu’au 25. Elle coïncidera avec une grande exposition agricole 


VS 2 


et forestière organisée par la Société Impériale et Royale d’agriculture 
de Vienne, sous les auspices de S. A. I. l’archiduc Charles-Louis. Il y sera 
distribué plusieurs prix d'état. Les jurys se réuniront les 19 Avril et 
14 Mai. Nous renvoyons aux programmes pour de plus amples rensei- 
gnements. 


EXPOSITION UNIVERSELLE DE ST. PÉTERSBOURG. 


Le projet, que nous avons déjà annoncé, de Hour une exposition 
universelle d’horticulture à St. Pétersbourg, commence à entrer dans la 
période d'organisation. Déjà nous avons recu la lettre suivante à ce sujet : 


Monsieur, 


La Société Russe d’horticulture de St. Pétersbourg se propose d’arranger sous le 
patronage de Son Altesse Impériale, Monseigneur le Grand-Duc Nicolas, à la Pentecôte 
de l’année 1868, une grande exposition internationale de produits d’horticulture, ainsi 
que d’objets d’art et d'industrie, qui s’y rattachent, et de convoquer en même temps 
un congrès de botanistes, d’horticulteurs praticiens et d'amateurs d’horticulture en 
général. 

La réussite de cette entreprise dépendant avant tout de la coopération que voudront 
bien y prendre les personnes vouées à l’étude de l’horticulture, le soussigné se fait un 
devoir de vous faire part de ces intentions et de s’adresser à vos lumières et à votre 
expérience pour savoir : 

1. Quelles sont, à votre avis, les meilleures mesures que la Société devrait prendre 
pour faciliter le transport des envois et le voyage des exposants et des membres du 
jury. 2. Quels sont les objets qui devraient de préférence figurer dans le programme 
de l’exposition. 

Attachant une haute importance à votre opinion ct à vos conseils sur l’entreprise, 
le soussigné se flatte de l’espoir que vous voudrez bien, Monsieur, lui faire savoir si 
vous êtes disposé à concourir à l’œuvre soit en envoyant des produits à l'exposition, 
soit en honorañt le congrès de votre présence, et vous prie de lui ITAREE 
aussitôt que possible vos intentions et votre opinion. 


E. ReceL: 


Vice-président de la Société Russe 
d’horticulture de St. Pétersbuurg. 
St.-Pétersbourg, le 24 Janvier 1866. 


Il est possible que l’exposition de Pétersbourg soit remise à 1869 pour 
éviter la coïncidence avec.celle de Gand. 


EXPOSITION ET CONGRES A GAND EN 1868. 


L'exposition universelle et le congrès international que nous avons 
annoncés (p. 22) comme devant avoir lieu à Gand en 1867 sont remis à 
4863. Ce retard provient de l'impossibilité devant laquelle s’est trouvé la 
Société de terminer pour l’année FA les préparatifs qu'elle a entre- 
pris pour cette solennité. 


do 


NEERLAND’S PLANTENTUIN 


onder redactie van D' C. A. J. A. Oupemans. 


L'exposition universelle d'Amsterdam au printemps 1865 a été le 
signal de l’apparition d’une nouvelle publication périodique et iconogra- 
phique en Hollande. Plusieurs publications fondées auparavant, telles que 
le Tuinbouw Flora et la Flore des jardins et des serres des Pays-Bas de 
M. de Vriese, avaient cessé de paraitre. Cependant l’horticulture est 
répandue et riche en Hollande. Sa spécialité des plantes bulbeuses est 
proverbiale. Ses riches colonies de Java et de l'archipel indien lui four- 
nissent une mine inépuisable. Ses jardins botaniques et ses établissements 
scientifiques sont établis sur un pied fort convenable. Il aurait été déplo- 
rable que tous ces précieux matériaux ne fussent pas mis en œuvre. 

Grâce au patronage particulier de Sa Majesté la Reine, une nouvelle 
revue d’horticulture a pu s'établir. Elle est dirigée par M. le D' Oude- 
mans, professeur de botanique à l’Athénée illustre d'Amsterdam, avec la 
collaboration de MM. Glijm, horticulteur à Utrecht, J.-B. Groenevegen, 
horticulteur à Amsterdam, J. H. Krelage, horticulteur à Haarlem, et 
Witte, jardinier-chef à Leyde. 

Le Neerland’s plantentuin parait par livraisons mensuel format 
grand in-8. Le papier, l'impression et les planches sont dignes de Ia 
protection royale qui lui est octroyée. La rédaction n’est pas moins 
soignée. Pendant l’année 1865, il a publié les iconographies des Begonia 
Lapeyrousi V. HourTe, Prunus japonica Tauns. var. flore albo-pleno, 
Cyclamen vernum Los., Galanthus nivalis L., flor. pleno, Azalea indica, 
var., Dieudonné Spae, Ardisia crispa A. DC., Wigandia caracasana 
H. B. K., Jris Kæmpferi V. Sies., var. le souvenir, Eranthis hyemalis 
Sauss., Pelargonium multiflorum Horr., Convallaria mayalis L., var., 
fol. aureo-striatis, Rhododendron ferrugineum L., Pavetta incarnata Br... 
var. alba., Sarcopodium uniflorum Hassk., Yucca gloriosa L., Delphi- 
nium var. hortenses., Roella ciliata L., Abies Nordmanniana Sracu. 

Le Neerland”s plantentuin a donné, en outre, plusieurs articles fort 
intéressants sur lesquels nous nous proposons* de revenir. Nous avons 
voulu nous borner quant au présent à signaler aux amateurs cette belle 
et utile publication et à souhaiter la bienvenue à ce nouveau et savant 
confrère. 


om — 
LES FLEURS DE PLEINE TERRE. 


Comprenant la description et la culture des fleurs annuelles, vivaces 
et bulbeuses de pleine terre, 


PAR MM. VicmoriN-Anprieux ET Ci. 


Deuxieme édition (1). 


La première édition de cet excellent livre a été rapidement épuisée. 
C’est, en effet, un manuel indispensable dans les mains de toute personne 
qui s’occupe de son jardin. Il n’est pas moins utile aux botanistes pour la 
détermination des plantes qu’il rencontre dans les jardins. L'ouvrage est 
au courant de toutes les nouveautés, dont le commerce offre les graines 
aux amateurs. Il a été formé par la réunion des traditions pratiques con- 
servées et accumulées par l'excellente maison Vilmorin de Paris, avec 
les connaissances scientifiques de M. Verlot, jardinier en chef de l’école 
de botanique du muséum d'histoire naturelle à Paris. Le nom de MM. Vil- 
morin est d’ailleurs lui-même avantageusement connu dans la science. 

L'ouvrage débute par les renseignements sur le semis et la culture d’un 
grand nombre de plantes. Puis vient la description des fleurs de pleine 
terre, qui est la partie la plus considérable du livre. Dans la deuxième 
partie, on trouve toutes sortes de renseignements : choix des graines qui 
peuvent être semées en septembre; choix des plantes pour bordures; de 
plantes grimpantes, de fleurs odorantes, fougeraie et choix de fougères, 
choix de plantes pour rochers et rocailles, etc., ete. Calendrier des flo- 
raisons ; plans de jardins ; projets pour l’ornementation des corbeilles, 
de plates-bandes, rosaces, massifs, etc. Avec tout cela on n’a qu'à se 
laisser conduire pour bien faire. : 

Le livre de MM. Vilmorin est un de ceux qui doivent trouver place 
dans la bibliothèque de tout amateur d’horticulture. 


CULTURE DES FLEURS EN APPARTEMENT. 
Causerie. 
Dans la salle de l’Emulation, à Liége, le 12 Mars 1866. 


L'amour des fleurs est un sentiment humain. Tous les cœurs délicats 
le ressentent. C’est la poésie de notre vie et pour beaucoup c’est le seul 


(1) Un fort volume in-12 de 1296 pages, avec des planches. A Paris, 1866, chez 
MM. Vilmorin-Andrieux et Ce, quai de la Mégisserie. Prix, 7 francs. 


7 


OR EE 


délassement , la seule illusion qu’ils peuvent encore se permettre. Les 
fleurs, c'est le printemps, l'été; c’est la campagne, l’air pur, l’expansion 
de l’âme, le souvenir ou l’espérance. 

Nous trouvons aisément à la satisfaire cette passion de fleurs. Elles 
sont partout; dans les prés, dans les champs, dans les bois, Mais on se 
lasse des amours faciles, uniformes ou monotones. C’est l’enfant espiègle 
ou l’enfant malade qu'on chérit davantage ct des moralistes prétendent 
qu’un cœur qui se dérobe et glisse est celui dont on poursuit, on le dit 
au moins des femmes, de préférence la conquête et la soumission. 
L'homme préfère la robuste fidélité du chien, mais les châteries parais- 
sent maintes fois plus séduisantes à la femme. C’est ainsi qu'il est des 
fleurs étrangères, délicates, frileuses, suaves. C’est elles que l’on veut. 
L’herbe des prés et des bois, l'herbe du bon Dieu est trop paysanne. Il 
nous faut, dans les raffinements de notre civilisation, la fleur de la femme 
du monde. 

Et d’ailleurs nous ne sommes pas éveillés que pendant le jour : nous 
étendons notre vie dans la nuit. Il nous faut des fleurs aussi, quand la 
bise et le froid glacent la nature boréale ; des fleurs dans nos apparte- 
ments,pendant l'hiver, c’est le printemps et la fraicheur autour de nous. 
Elles font souvenir à la belle saison dernière, elles font rêver au prin- 
temps qui reviendra. 

Nous voulons des fleurs partout et des fleurs toujours. 

Ces créations éphémères, capricieuses, parées, suaves sont faites pour 
les femmes et à l’image des femmes. Aux hommes le règne animal, la 
chasse, la pêche, le bétail, les courses. Aux femmes les fleurs. Cette 
répartition des deux règnes de la nature entre l’homme et la femme est 
d'institution divine. C’est une vérité biblique. Dieu avait fait deux parts 
dans le paradis terrestre. À l’homme le règne des bêtes; à la femme la 
possession des plantes : une seule exceptée, l’arbre maudit ou de la ten- 
tation. Mais notre mère Eve s’est mal conduite au paradis terrestre : elle a 
laissé les fleurs pour un vilain animal. Depuis ce moment le paradis 
terrestre n’est plus de ce monde. Toutes les fleurs ne sont plus à la fois 
pour la femme. Il faut qu’elle se donne la peine de choisir et qu’elle 
travaille pour les faire vivre. 

L’embarras est grand pour la fille d'Eve qui peut choisir dans l’écrin de 
Flore. Les fleurs se pressent nombreuses, chaque jour plus nombreuses, 
etlesnouvelles venues paraissent toujours mieux parées que les anciennes; 
au moins, sont-elles plus à la mode. L’horticulture a refait le paradis 
terrestre. Elle est bien près d’avoir réuni sur un seul point du globe, 
toutes les familles végétales dispersées depuis la malédiction divine. 
À Kew, par exemple. Et il est vraiment étrange que la femme soit pré- 
cisément un des principaux mobiles de ce vaste travail de reconstruc- 
tion. À mesure que le christianisme et la civilisation étendent sur elle 
les bienfaits de la rédemption, son empire sur le royaume des fleurs 


LL Vogre 


s’étend davantage. Les fleurs se pressent comme des enfants abandon- 
nées, autour d’une mère, pour rentrer dans un petit coin du paradis. Et 
en effet, les fleurs exotiques que le commerce nous offre sont bien des 
orphelines. On les a ravics à leur mère naturelle, à la nature généreuse et 
vigilante, à leur patrie aimée, pour les porter sur les pavés boueux de 
nos villes enfumées et froides. Ces belles exotiques sont des fleurs 
esclaves déportées : elles languissent et meurent à la peine si nous ne leur 
donnons des soins amoureux. 

Que les jardiniers me pardonnent, mais je ne puis m'empêcher de dire 
qu’ils me font l'effet de marchands d’esclaves : leurs serres sont comme 
des négriers. Les plantes y sont alignées sur des tréteaux, enchaïnées, 
les pieds dans un pot de grès étroit et disgracieux, le corps solidement 
attaché à ce que l’on nomme un tuteur sans doute à cause de son solide 
attachement pour sa pupille, les membres rapprochés du corps et con- 
stamment meurtris, pincés, abatus, quand ils s'étendent un peu; la 
nourriture, l’air, la lumière, la chaleur leur sont parcimonieusement 
comptées ; pauvres filles, offertes au plus offrant et dernier enchérisseur. 
Combien leur âme doit souffrir quand elles songent aux forêts du Brésil, 
aux barancas du Mexique et aux montagnes de l’Asie. Elles étouffent 
entassées dans une serre que nous voulons faire passer à leurs yeux pour 
un palais de cristal. C’est bien pis encore quand on les porte au marché. 
On en remplit toute une échoppe, et sans trève ni merci, elles sont 
fouettées par le vent, battues par la pluie, salies par la poussière, flétries 
par le soleil. Elles entendent, en rougissant, des voix eriardes qui inter- 
pellent les passants : Fleurissez-vous, Mesdames; fleurissez-vous! Vous 
ne voulez pas, Madame, un beau pot de fleurs! 

Ces pauvres fleurs, elles parlent un autre langage que les âmes douces 
et compatissantes entendent mieux que les criailleries de la mégère 
ou de la fleuriste. 

Écoutons-les; allons ensemble dans un de ces marchés de chair 
végétale; écoutons ce que nous disent ces jolies filles de flore; laissons- 
nous séduire ; sauvons quelques petites chinoises et aussi des japonaises, 
des indiennes, des africaines, des brésiliennes. Nous n’entendrons que 
les plus séduisantes, les meilleures. Nous ferons taire celles qui sont 
trop communes, bonnes pour la pleine terre, et celles qui sont trop 
coquettes, trop difficiles, bonnes pour des roués en horticulture. Nous 
ne voulons admettre dans notre intimité que de bonnes filles. 


Liste des plantes pour la culture en appartement (). 


Réséda. Sous-arbrisseau. Égypte. 
oEïillet (Dianthus caryophyllus), et ses nombreuses races et variétés. Europ. mérid. 


(1) Cette liste est dans l’ordre des familles naturelles. Les plantes y sont sim- 
plement et sèchément nommées parce qu’il y aurait trop à dire si l’on s’arrête à 
jaser avec chacune et de chacune. C’est néanmoins un catalogue qui pourra servir de 
guide aux personnes de bonne volonté. 


— 100 — 


Cotonnier (Gossypium herbaceum et arboreum). Intéressant et instructif, Pas assez 
répandu. Indes orient. | 

Camellia japonica. Variétés innombrables. Bonne terre. Ombre. 

Thea sinensis el bohea, Les Théiers prospèrent parfaitement dans nos salons. 
Jolis arbustes. 

Oranger (Citrus aurantium) et Citronnier (Citrus media Riss.). Ont fait faire 
des orangeries et sont depuis longtemps les hôtes des palais et des châteaux. Fort 
suaves et fort utiles en petits pieds. 

Geranium anemonæflorum L’Her. Superbe pour la culture en vase. 

Pelargonium hortulanorum ou Géraniums à grandes fleurs, à cinq macules, 
diadematum, fantaisies, tous bien connus, brillants et se plaisant partout. 

Pelargonium inquinans, zonale, et autres semblables d’une robusticité popu- 
laire, et aiment à prendre leurs ébats dans le jardin pendant l'été. 

Pelargonium lateripes L’Herir. ou Lierre de salon pour la culture en corbeille 
ou en jalousie. 

Pelargonium radula, dont les feuilles renferment de l'essence de rose. 

Capucines, Mastouches ou Tropæolum. Fleurs de l'ouvrière et de beaucoup 
d’autres. Garnit les fenêtres d’un rideau de feuillage. 

Violettes., ordinaires, en arbre, de Parme. 

Pensées. 

Thé du Paraguay ou Jlex paraguayensis. Arbuste intéressant et joli dont on peut 
faire usage dans l’économie domestique. 

Fraisiers des Indes (Fragaria indica) pour les corbeilles suspendues. 

Roses. La Reine des fleurs, la fleur des poëtes, la poésie de la jeunesse, la jeunesse 
du cœur, Roses Thés, Ile Bourbon, Noisette, Bengale, Remontantes, moussues, cent- 


feuilles, de Dame. 
Pois de senteur. 
Fuchsia (coccinea, globosa, corymbiflora, splendens) et une foule d’autres. Délicieux 


arbustes du Chili, du Mexique. 
Sonerilla margaritifera. Un bijou pour les serres de salon, mais nature délicate. 


Elle est indienne ou créole. 
Deutzia gracilis du Japon. Charmant arbuste qui se laisse forcer à ravir et se 


couvre de fleurs blanches comme la neige. 
Metrosideros buxifolia, florida et autres de la Nouvelle-Zélande. Robustes et 


brillants. 
Myrtus communis; le Myrte. 
Eugenia Ugni, arbuste du Chili dont les baies sont exquises, goütent comme la 


pomme et l’ananas, et qui peut servir en même temps à l’ornement et à l'alimentation 


des tables à diner. 
Grenadier (Punica granatum). L'âge et le temps ne lui ont rien ôté de ses mérites, 


ni de son utilité. 
Begonia. Nombreuse famille indienne. Brillante, sauvage, populaire. 
Passiflores. Lianes brésiliennes ; les kermesina, quadrangularis, incarnata, edulis. 
Cette dernière fournit des œufs exquis. 
Disemma coccinea DC. Passiflore nouvelle-hollandaise. Entre serre et jardin. 
Plantes grasses (mais non gracieuses). Rochea falcata, Echeveria, Sempervivum. 
Cactées. Mexicaines monstrueuses, accomodantes, fort belles en parure de noces, 
mais d’une beauté de sorcière ou de quasimodo : Mamillaria, Melocactus, Echinocactus, 
Cereus, Phyllocactus, Epiphyllum, Opuntia. 
Cephalotus follicularis. Nouvelle-Hollande. Facile et extraordinaire. 
Saxifrages. Beaucoup d'espèces : La mère de famille (Saxifraga sarmentosa) du 
Japon ; le désespoir des peintres (Sax. umbrosa). 
Hortensia, Hydrangea japonica, Il devient bleu quand on le met aux fers. 


— 101 — 


Adamia versicolor et cyanea, du Nepaul, ils passent au bleu sans cause appa- 


rente. 

Lierre. (Æedera helix). Le protée et le caméléon de notre Flore. Son usage pour les 
- persiennes. 

Benthamia fragifera du Nepaul. 

Aucuba du Japon. Longtemps célibataire, vient de se marier : combien sa femme 
est jolie avec ses coliers de corail. 

Aralia papyrifera, dont la moelle, trempée d’amidon de Riz, sert à préparer le 
papier de riz des Chinois. Aralia japonica et Sieboldi. 

Chèvrefeuilles. Fleurs poétiques et attachantes. 

Linnea horealis que tout botaniste salue en passant et qui est l’incarnation 
vivante de l’âme du grand philosophe de la nature. 

Laurier-Tin (Viburnum laurus-tinus), de la Méditerranée. Viburnum lantana et 
Viburnum opulus qui a donné la Boule de neige ou Rose de Gueldre. 

Jasmin du Cap ou Gardenia florida au parfum le plus exquis. 

Rogiera gratissima. Fleur politique et reconnaissante. 

Catréier ou Coffeu arabica. Sans couleur politique est du goût de tous les esprits 
éveillés. Se plait particulièrement bien dans les appartements chauffés. 

Heheclinium et Conoclinium du Mexique. 

Le Lierre de salon, Senecio scandens DC., ou Delairea odorata Leu. des botanistes 
est fort estimé pour les corbeilles et Les treillis. 

Marguerite en arbre ou Chrysanthemum frutescens Wirio. Robuste et populaire. 

Cinéraires, aux rosetles de toutes couleurs. 

Lobelia erinus, ramosa, cardinalis, 

Campanula pyramidale. Obélisque de fleurs. 

Erica et Epacris. Diffciles; grand air, terre de bruyère; fleurs superbes. 

Azalea de la Chine, dite de l’Inde. La rivale du Camellia ; la fleur des expositions. 

Rhododendron arboreum et autres. Superbes arbustes. 

Auricule ou Oreille d'ours (Primula auricula). La fleur des chanoines de 
St. Lambert; les Auricules liégeoises. 

Primula farinosa, la Primevère des Anglais. 

Primevère de la Chine (Primula sinensis), et ses délicieuses variétés nouvelles. 

Cyclamen europæum, neapolitanum, persicum. Jolies fleurs printanières. 

Ardisia crenulata. Arbuste dur et d’un charmant effet. 

Jasmin d’Espagne ou Jasminiunm grandiflorum et Jasmin odorant ou 
J. odoratissimum. 

Lilas, qui se laisse assez aisément forcer. 

Olivier (Olea europæa). 

Pervenche de Madagascar ou (Vinca rosea). 

Laurier-rose ou (Verium Oleander). 

Gobe-Mouche ou Apocynum Androsæmifoliun, le meilleur moyen de se débar- 
rasser des mouches. 

Hoya carnosa, aux fleurs de cire, pour lee corbeilles et les treillis. 

Stapelia pour ls collectionneurs de plantes grasses. 

Gesnéracées. Gesnera, SA Achimenes, Mitraria, toutes jolies et brillantes 
fleurs qui ne se montrent qu’en grande toilette et dorment le reste du temps. 

Streptocarpus polyanthus et autres ; fort joli sur l'appui des fenêtres. 

Cobæa scandens, liane mexicaine, fort bien acclimatée chez nous et qui garnit et 
festonne tout un appartement ; sucre le thé et le café. 

Liserons, Ipomæas, Volubilis et Convolvulus toutes attachantes fleurettes. 

Héliotrope du Pérou ct toutes ses variétés. 

Myosotis palustris des botanistes ou Vergiss mich nicht des allemandes. 

Les Tabacs (Nicotiana tabacum) et autres. 


= 102 = 

Datura (Brugmansia arborea), qui donne les trompettes du jugement dernier. 

Solanum capsicastrum, arbuste aux baies orangées qui figure devant beaucoup 
de fenêtres. Le Solanum antropophagorum ou la Tomate pour la chair humaine. 

Cestrum aurantiacum. 

Habrothamnus fasciculatus. 

Calcéolaires herbacées et en arbre (herbacea et integrifolia). 

Maurandia Barclayana. Charmant mais délicat. 

Lophospermum scandens. À tous les mérites pour former un rideau végétal : 
fond vert, brodé de pourpre. Ruisselant de fleurs. 

Mimulus cardinalis, luteus et moschatus, l'herbe au musc. 

Veroniques de Lindley, d'Anderson et speciosa. 

Acanthacées, la plupart brillantes : Justicia, Thyrsacauthus, Beloperone, Eran- 
themum, Libonia, mais leur culture n’est pas sans raffinements et par conséquent sans 
mérites. 

Lantana Camara, arbuste très-florifère et polychrome. 

Coleus Blumei et Verschaffelti, jolies labiées ; la seconde surtout est d’un 
puissant effet ornemental. 

Pogostemon Patchouli, Lavandula spica, Rosmarinus officinalis, etc.. 
pour les amateurs d'épices et de parfums. 

Salvia. Plusieurs espèces ont les fleurs brillantes. 

Statice. Sont robustes et florifères. 

Lauriers. Nobles et beaux arbustes : le Laurier d’Apollon (£aurus nobilis), le 
Laurier sassafras, le Laurier Benjoïn ; le cannelier de Ceylan ou Laurus Cinnamomum ; 
le Camphrier ou Laurus Camphora; l’Avocatier (Poires d’Awacate) ou Laurus Persea. 

Ppimelea, par exemple le P. decussata. 

Aristoloches. Lianes sarmenteuses aux fleurs extraordinairement bizarres. 

Nepenthes. Leurs feuilles ressemblent aux fleurs des Aristoloches. Culture ue 
Il est plus aisé de conserver les Sarracenia. 

Protéacées. Les Protea, Banksia,Grevillea de la Nouvelle-Hollande sont des arbustes 
d’un entretien commode. Ils peuvent trouver place dans l’orangerie. 

Figuiers. Figuier comestible ou Ficus carica; Figuier élastique ou Ficus elastica 
et Ficus scandens qui peut couvrir les murailles ou les treillis. 

Arbre à pain ou Jacquier ; l’Artocarpus incisa des botanistes. 

Chène-Liège. Très-facile et assez intéressant. 

Conifères; particulièrement les Araucaria. 

Cycadées. Tous végétaux d’une physionomie étrange et distinguée. 


L 


MONOCOTYLEDONES. 


Orchidées. Il leur faut la serre de salon ; peut-être les Cypripedium peuvent-ils 
s’en passer. Les Anectochiles sont les plus séduisants mais aussi les plus capricieux. 

Hedychium Gardnerianum. Plante admirable, riche, suave, facile; à recom- 
mander tout spécialement. 

Canna ; les Balisiers peuvent aussi rendre des services dans les jardinières. 

Maranta : le zebrina entre tous est riche et de bonne humeur. Il aime l’ombre, 
l'humidité, une bonne terre, et une douce chaleur. 

Bananiers. Les Musa Ensete, paradisiaca, sapientum, sinensis, rosacea, prospèrent 
en appartement. Mais ce sont des végétaux de haute taille et qui sont assez exigeants 
sous tous les rapports. 

Arbre aux voyageurs, le Ravenala de Madagascar rivalise avec les Bananiers : 
il en de même des 

Strelitzia, dont une sorte, Le Str. reginæ, est d’un fort joli effet 


— 103 — 


Broméliacées, Plusieurs Billbergia, Aechmeact Ananas peuvent se maintenir dans 
les appartements. 

Iridées. Cette famille est, comme son nom l'indique, en possession de toutes les 
couleurs de l'iris. Les Trigridia, Gladiolus, Ixia, Sparaxis, Crocus et [ris sont d’une 
grande ressource et d’un brillant effet au premier printemps. 

Amaryllis, Hippeastrum, Crinum ou Lis du Cap, Hamanthus, Imantho- 
phyllum., Narcissus, Alstroemeria, tous ces noms révèlent des idées de splendeur, 
de beauté, de parfum, et de fraicheur. 

Les Agave, Cureuligo et Yucca fournissent des feuillages élégants, ornementaux; 
robustes. | 

Lis. Les Lilium candidum, speciosum, giganteum et maints autres encore sont au 
nombre des plus séduisantes fleurs de la nature. 

Tulipes. On apprécie depuis longtemps les ressources que fournissent les Tulipa 
gesneriana, suaveolens, oculus solis et autres. 

Phormium tenax. Le lin de la Nouvelle-Zélande est un feuillage robuste, élégant, 
souple et ondulé. 

Agapanthus umbellatus., Avec ses nombreux capitules de fleurs bleues, élevées 
au-dessus d’un feuillage élégant, cette plante, dont on fait souvent la tubéreuse bleue, 
est aimée de tous ceux qui la connaissent. 

Tubéreuse ou Polyanthes tuberosa. Trop peu connue et répandue dans nos 
contrées, cet excellent parfum nous arrive quelquefois de Nice. 

Aloès. Les Aloë d'Afrique sont des Liliacées plus ou moins charnues el qui ne sont 
pas dépourvues de grâces. 

Jacinthes. L’AJyacinthus orientalis, l'oignon de Harlem, se prête avec une complai- 
sance infinie aux cultures les plus bizarres. 

Lachenalia tricolor. aux fleurs vives et printanières. 

Aspidistra elatior. Ce sombre feuillage, aux contours élégants, se plait partout. 
Il prospère dans les corbeilles. 

Muguet. Notre jolie messagère du printemps aime à devancer le moment ordinaire 
où elle revêt sa parure printanière. 

Dragonniers. Les Dracæna indivisa, australis, congesta, terminalis, sont des hôtes 
ordinaires de nos demeures où ils comptent beaucoup de connaissances et d’amis. Leur 
tenue est sévère et irréprochable. 

Tradescantia ou Ephémères. Les Trad. discolor, zebrina, et autres aux feuillages 
colorés garnissent bien les corbeilles. 

Palmiers. Un grand nombre de rejetons de ces rois des forêts tropicales se conten- 
tent de notre modeste hospitalité et vivent sans trop d’ennui dans nos étroites demeures. 
On peut recommander, Chamærops humilis, Ch. excelsa, Rhapis flabelliformis, Livistona 
australis, Latania borbonica, Phœnix dactylifera, Jubæa spectabilis, Ceroxylon andicola. 

Carludovica palmata, l'herbe aux chapeaux de Panama ressemble à un palmier 
nain. 

Aroidées. Les compagnes fidèles des palmiers qu’elles ont accompagnés dans leur 
émigration chez nous. Nous pouvons accueillir avec prédilection : Caladium violaceum, 
bicolor (et varietates) ete. Richardia (Calla) aethiopica, plusieurs Anthurium, Scindap- 
sus, Philodendrons. Ces plantes au feuillage élégant, aux fleurs en général modestes, 
aiment l'humidité. 

Cyperus alternifolius et Papyrus. Ce sont des roseaux étrangers que nous 
pouvons introduire dans nos appartements. 

Isolepis pigmea. C’est un gazon modeste et plantureux à la fois. 

Graminées ; les plébéens du règne végétal, utiles entre tous. 1L est permis de dis- 
tinguer dans le nombre : Gynerium argenteum, ou l'herbe des Pampas ; la canne à sucre 
ou Saccharum officinarum, et les Bambous, tels que les Bambusa nigra, metake et 
arundinacea. 


— 104 — ; 
CRYPTOGAMES. 


Fougères. La modestie unie à l'élégance. Donnez la préférence aux Adiantum, au 
Polypodium aureum, au Platycerium alcicorne, à quelques Pteris, Blechnum, Aspidium 
et autres du même acabit. \ 

Sélaginelles. Ces jolis gazons ont la délicatesse des mousses les plus tendres. 


Dans cette troupe nombreuse nous pouvons choisir, chacun suivant 
notre goût : il s’en trouve pour tous les genres de vie de quoi satis- 
faire les plus exigeants. Mais je veux rester dans le vague; de gustibus 
et coloribus non est disputandum. Je ne m’enquerrai pas de vos pré- 
férences. Qu’en faut-il faire ? Vous allez installer vos élus dans quelque 
situation bien favorable : sur l’appui des fenêtres, dans une corbeille 
suspendue, une jardinière, un vase ou peut être une serre de salon; 
les plantes sont filles de la lumière, ne la leur ravissez point: 

Les plantes doivent être soignées comme les enfants de la maison : 
les mêmes précautions, la même sollicitude; rien de plus et rien de 
moins. Elles demandent la nourriture, la propreté, l’air et le repos. 
Savoir cultiver c’est savoir élever et aimer les enfants. Les plantes 
n’ont besoin de rien autre chose qu’une hygiène commune à tous les êtres 
vivants. Puisque nous les avons réduites en domesticité c’est à nous à la 
leur donner. 

Il faut nourrir les plantes, c’est leur donner à manger et à boire. Pas 
plus que nous elles ne vivent de l'air du temps. Leur nourriture c’est la 
terre nourricière, le sol. Elle doit être d'autant plus substantielle que 
nous la mesurons plus parcimonieusement. 1l est déraisonnable de vou- 
loir qu’une plante ayant poussé, fleuri et fructifié dans la terre que 
contient son pot, recommence l'année suivante à prospérer dans le même 
sol. Chaque nouvelle période de végétation doit être alimentée et soute- 
nue par un surcroit de forces, en d’autres termes elle doit être préparée 
par un rempotage. La terre horticole doit être un riche compost bien 
préparé, que la plupart d’entre nous feront bien de se procurer chez 
un jardinier consciencieux. Sa fertilité peut être souvent avivée par des 
substances fertilisantes. Dans tous les cas le sol doit être meuble, bien 
préparé, frais, aéré. L'air doit y avoir accès et même y circuler large- 
ment. Aussi les pots de grès, avec une ouverture dans le fond sont-ils 
en tous points les meilleurs. Encore convient-il d'augmenter le drainage 
par une forte couche de cailloux ou de tessons. Ces plantes, comme nous, 
craignent le froid et l’humidité aux pieds. Les pieds chauds et la tête libre 
est un adage aussi bien applicable au règne végétal qu’à nous-mêmes. 

Il vaut mieux chauffer modérément les pots ou ce qui est la même 
chose, le sol où croissent les plantes que ces plantes elles-mêmes. La sève 
entraine et fait circuler avec elle cette chaleur bienfaisante. 

Il est rare que telle ou telle espèce réclame un sol particulier. Tout au 
plus quelques-unes, en petit nombre, veulent-elles de la terre de bruyère. 


— 105 — 


Les plantes doivent être désaltérées et rafraîchies. Elles ne supportent 
qu’une seule boisson, l’eau. Mais il la leur faut pure, aérée, fraîche, par 
portions convenables à la fois et bien régulières. C’est en regardant un 
jardinier arroser ses plantes qu’on juge ses capacités, comme c’est en 
faisant cuire des pommes de terre qu’on juge un cuisinier. Ne jetez pas 
aux plantes une eau lourde et glacée. Ne vous bornez pas non plus 
à leur mouiller les lèvres en humectant la couche superficielle du pot. 
Gardez-vous encore de vouloir les faire boire plus qu’elles ne veulent et 
hors de saison. Elles en perdraient la tête. Mais avec régularité et discer- 
nement, distribuez-leur leur ration. 

Les plantes veulent des soins de propreté. Voyez comme la nature, 
leur mère, prend soin de les laver. La pluie, la rosée, le brouillard : cc 
sont des ablutions continuelles. Le vent, la tempête accompagnent ces 
bains de mouvements et de secousses. L’horticulture rationnelle imite 
autant qu'elle peut ces indications de la nature. Dans les serres, Îles 
plantes recoivent de fréquents bassinages : la seringue et l’aspersoir 
jouent un grand rôle. Dans nos appartements, il faut absolument sinon 
agir de même du moins arriver au même résultat. Laver et baigner ses 
plantes aussi souvent que possible. Profiter de chaque bonne ondée, pour 
la leur laisser tomber sur le dos. Pour le moins éponger de temps en 
temps les feuilles. Nous les débarrasserons ainsi de le poussière qui les 
recouvre et les ternit.Cette poussière leur est nuisible. Comme pour nous- 
mêmes elle est malpropre. Mais on s’exagère cependant les mauvais effets 
de cette poussière épaisse et grossière qui se dépose sur le feuillage. Ce 
dont il faut plutôt débarrasser les plantes, c’est cette poussière ou cette 
matière invisible qui imprègne leur feuillage à la suite de l’évaporation 
continuelle dont celui-ci est le siège. Les plantes, comme nous-mêmes, 
rendent une grande partie de l’eau qui les a nourries par leur transpira- 
tion et par l’émanation de leurs organes respiratoires. Cette eau évaporée 
laisse après elle des matières grasses et siliceuses qui à la longue devien- 
nent tout à fait fatales. Cette couche de substance obstrue littéralement 
les pores de la plante. On ne doit pas craindre d'employer même un peu 
de savon pour la dissoudre. Ce sont de véritables bains de propreté qu’il 
faut aux plantes et d'autant plus nombreux que l’atmosphère sèche et 
chaude de nos appartements exagère encore leur transpiration naturelle. 

Les plantes veulent prendre l’air. Comme nous elles respirent les 
éléments de l’atmosphère. Un air impur ou vicié leur est aussi fatal qu’à 
nous-mêmes et elles y sont encore plus sensibles. Les émanations de nos 
foyers peuvent leur être particulièrement préjudiciables. Cependant l’air 
proprement dit fait rarement dommage aux plantes et ne leur manque 
guère. Les changements de température trop brusques, et les courants 
d’air de température différente ne leur sont pas plus agréables qu’à nous- 
mêmes. Mais quand nous disons qu’il faut de l’air aux plantes, que l'air 
leur manque dans nos appartements, nous entendons parler de la lumière, 


— 106 — 


ou du jour comme on dit. La lumière est le grand levier de la vie végé- 
tale : l’âme des plantes semble demeurer dans le soleil et descendre du 
grand astre de la nature en effluves lumineuses jusque dans leurs tissus 
qu’elles viennent animer. Les plantes languissent en l’absence de lumière. 
Mais chacune en veut autant qu’en comporte sa nature. Aux unes un 
soleil ardent; aux autres une ombre discrète. Gardez-vous surtout de 
transitions trop brusques sous ce rapport. C’est aussi dangereux que de 
donner trop à manger à un affamé. Toutes les plantes, leurs feuilles et 
mêmes les fleurs s’inclinent vers le vitrage : elles semblent vouloir aller 
au devant de la lumière : elles paraissent vouloir s'échapper aux lambris 
dorés où nous les retenons captives pour recouvrer leur liberté. Ne con- 
trarions pas trop les effets de ces tendances et ne forçons pas les plantes 
à nous regarder toujours, les yeux tournés vers l’intérieur de l’apparte- 
ment. Laissons-leur leurs illusions, sûrs que nous sommes qu’elles ne nous 
échapperont point. C’est en les maltraitant que nous les ferions périr et 
qu’elles nous échapperaient. 

Les plantes aiment la chaleur, les unes plus, les autres moins. Chacune 
a sous ce rapport des habitudes particulières qu’elle a contractées dans sa 
patrie et dont il paraît impossible de la faire se départir. La chaleur de 
nos appartements est d’ailleurs convenable pour toutes celles que nous 
avons citées. Toute plante aime, en général, à être chauffée davantage à 
mesure qu’elle approche du moment de sa floraison, puis à vivre dans 
une température plus modérée quand elle se repose. On doit se con- 
former aux lois de la nature qui partout, chez nous sous forme du froid 
de l'hiver, sous les tropiques sous forme de la chaleur sèche d’un été 
brülant, laisse aux plantes, chaque année, une longue période de repos. 
Le printemps et les pluies bienfaisantes viennent doucement les tirer de 
cet engourdissement. Et puis elles entrent en vie et successivement gran- 
dissent et s’embellissent jusqu’à revêtir la parure des noces. 

Outre ce grand repos annuel, il convient encore de laisser aux plantes 
un sommeil nocturne. On ne doit pas craindre de laisser pour elles 
descendre la température pendant la nuit. Cet abaissement nocturne de 
la température est de règle dans la nature entière. Pas plus que nous 
les plantes ne peuvent travailler toujours. 

Enfin , un certain exercice, dans le sens littéral du mot, est du plus 
salutaire effet sur la santé des plantes. Le zéphir, la brise, le vent, qui 
sans cesse, dans la nature, agitent le feuillage, fléchissent les rameaux 
et courbent les branches, impriment aux tissus une activité favorable et 
mettent tous les sucs en mouvement. Ne craignons pas d’agiter nos 
plantes et ne leur refusons pas à l’occasion les caresses du zéphir. 

Ne sont-ce pas là les soins qu'il faut donner aux enfants et n’avions- 
nous pas raison de dire que l'hygiène est la seule règle de la culture. 

Mais ces soins-là, il les leur faut. Si la plante souffre de la faim, elle 
reste chétive, les grâces de la floraison sont perdues pour elle; si elle 


4 


— 107 — 


souffre de la soif, elle fléchit et se flétrit; si le froid la saisit elle se 
recoquille sur elle-même et ses membres se dessèchent : si la chaleur est 
insupportable, elle s’alanguit. 

Est-il rien de plus touchant et de plus éloquent que les plaintes d’une 
fleur. Pas un mouvement d’impatience, pas un reproche. La plainte est 
silencieuse et la douleur est contenue. Aveugle est l’äme de qui ne la 
voit pas, et qui n’est pas profondément touché. 

Mais aussi quelle reconnaissance pour les soins qu’on leur donne: 
jeunesse, fraicheur, grâces, parures, parfums, rien de ce qui peut plaire 
et séduire n’est épargné. La floraison d’une plante est le sourire d’un 
ange. | 

Quelques esprits maussades repoussent loin d’eux ces pauvres fleurs comme 
perfides et malsaines. On vous dit d’éloigner les fleurs de vos apparte- 
ments, parce qu’elles dégagent de mauvais gaz; que la nuit,par une insigne 
perfidie, elles répandent dans l’air des émanations asphyxiantes. Nous 
avons entendu faire à ce propos de longues dissertations affublées des 
apparences scientifiques. Rien n’est moins scientifique, c’est à dire moins 


. vrai. Les plantes sont hygiéniques et salutaires dans les appartements. 


Mais il y a toujours quelque chose de vrai au fond de tout préjugé. C’est 
ainsi qu’il est exact que les parfums de certaines fleurs, comme les par- 
fums en général, peuvent impressionner les -tempéraments nerveux, 
provoquer des céphalalgies, des étourdissements même. Les effluves de 
la Jacinthe, de la Tubéreuse et d’autres sont des spasmodiques dont il 
convient de ne pas abuser, Mais dans les salons, dans les appartements 
où la famille se tient réunie, rien de semblable n’est à craindre. Aimons 
les fleurs, elles ne trahissent jamais l’affection qu’on leur porte. 
E. M. 


CLOCHE DE MUNTER (). 


Nous avons publié récemment un dessin de l’appareil imaginé par 
M. Munter, à Greifswald, pour la culture en appartement des Fougères 
délicates, des Sélaginelles et d’autres plantes. Ce meuble, simple et 
élégant à la fois, permet à ces plantes de prospérer dans l’atmosphère 
chaude et sèche des habitations, sans que l’on ait guère à se donner 
d'autre peine que de veiller à ce que l’action directe du soleil ne se 
fasse pas trop sentir. Nous sommes à même, grâce à la bonté de 
notre collègue de Greifswald, M. le professeur Munter, de communiquer 
à nos lecteurs de nouveaux éclaircissements sur la confection de cet 
appareil. 

La forme primitive, que nous avons reproduite par le dessin (1865, 
p. 298) pour l'avoir remarquée à l'exposition d’Erfurt, doit être modifiée 
sous un double rapport pour répondre à toutes les exigences. 


(1) Second article; voir la Belgique horticole, 1865, p. 298. 


— 108 — 


Dans notre premier dessin la cloche vient se poser à l’extérieur et en 
dehors du socle rempli de terre humide. Le contraire est. beaucoup pré- 


UT 


b 


LL. 


== 


TZ 


1/2 


Fig. 1. — Cloche de Munter{1). 


férable, c’est à dire que la cloche doit plutôt s’introduire dans le col du 
socle, comme il est indiqué sur notre nouveau dessin en b’ b'. De plus 
l’étranglement de la cloche doit être courbé de telle sorte (en b”, b”) 
que toute l'humidité qui vient souvent se condenser sur les parois inté- 
rieures (en b””, b’”, b”’) ruisselle directement jusque dans la terre, sans 
séjourner sur une surface horizontale. En d’autres termes le col de la 
cloche doit avoir une pente douce et ininterrompue afin que l'humidité 
enlevée à la terre y retourne après avoir été condensée sur les parois. 

Des cloches établies sur ce système n’ont dû être arrosées qu’une seule 
fois depuis le commencement du mois d’août 1865 jusqu’en février 1866 
et les plantes ont conservé une végétation saine et vigoureuse. 

Il semble inutile de percer une ouverture dans l’appareil. On pourrait 
en ménager une sur quelques points de l’enchassement de la choche sur 
le socle, en vue de permettre le renouvellement de l'air, mais les deux 
parties de l'appareil s’ajustant par des surfaces usées à l’émeri, il est préfé- 
de les séparer de temps en temps. Encore cette opération est-elle rare- 
ment nécessaire. 

Ces indications pratiques et détaillées permettront à tout amateur de 
faire faire un appareil de Munter à la verrerie voisine. 

À Liége nous avons vu dans plusieurs maisons une culture qui n’est 
pas sans analogie avec celle dont nous venons de parler, établie dans des 
bassins à poissons rouges, dont l’ouverture est recouverte d’un verre à 
vitre. Dans ces petits globes verdissent à merveille des Sélaginelles, des 
Fougères et d’autres jolies plantes. | 


(1) Légende : a, a, a’, a’, socle en verre; b, b’, b”’, b’”, cloche; c, c, terre humide; 
d fougère. 


— 109 — 


CALENDRIER DU MARAICHER. 


Résumé des opérations mensuelles du potager. 
par M. Em. Ropicas. 


MARS. 


Semis et plantations. — Les semis continuent d'attirer toute 
l'attention du maraïcher. 11 faut semer l’arroche, la ciboule, le cresson 
alénois, la poirée, le cerfeuil, la chicorée, les choux de Savoie tardifs, 
les épinards, le persil, le pissenlit, le poireau, le Phytolacca esculenta, 
la betterave à salade, la rave, l’oseille, les scorzonères, l’anis, le cresson 
vivace, la bourrache, dont la fleur est un ornement de salade, de perce- 
pierre, la blète, la picridie, la sarriette vivace et quelques graines d’hy- 
sope, car une fois qu'on est en possession de la plante, on la multiplie 
facilement de boutures ou d’éclats enracinés. A la fin du mois, on sème 
le chou de Bruxelles. On continue le semis de pois, de carottes. On sème 
les asperges en pépinière. On peut semer l’angélique, le cerfeuil de 
Prescott et le cerfeuil tubéreux. On sème le crambé, à moins qu’on ne 
préfère le multiplier de boutures, des laitues pommées et à couper, leur 
donnant une bonne exposition, le chervis, si l’on n'a pas du plant du 
semis de septembre à repiquer, des navels pour l’usage des pétioles et 
des côtes, les derniers panais, les choux d’automne à exposition couverte 
pour les préserver de l’altise ou puce-de-terre, le salsifis vers le milieu 
du mois pour récolter ses racines dès l’hiver. Vers la fin du mois, on 
sème les graines des bonnes sortes de pommes de terre, afin d’en obtenir 
de meilleures. Généralement, les semis faits en ce mois sont les plus 
avantageux pour notre climat. On sème sur couche sourde le basilic et 
la tétragone. Vers le milieu du mois, on fait la multiplication des 
arlichauts par œiïlletons. On procède à la plantation des asperges. On 
plante le houblon, le chou-cabus du semis d'août, le chou de Winning- 
Stadt, le chou blanc d’Yorck, pommant bien à l’automne, les choux de 
Savoie repiqués en pépinière. La plantation des choux-fleurs continue ; 
ceux du semis de février peuvent être mis en place à la fin de mars. On 
plante à demeure les fèves de marais semées sur couche en janvier, si 
déjà on n’a pu le faire plus tôt. On peut repiquer l’ognon blanc du semis 
de la fin d’août ; transplanter les rhubarbes et repiquer leurs semis ; 
planter les pommes de terre, les tubercules de tarnotes ou marrons de 
terre, de souchet, de topinambour ; planter les caïeux d’ognon-batate, 
les bulbes de l’ail à la fin du mois, les échalottes. On multiplie d’éelats 
ou par division des touffes l’armoise citronelle, le thym, l’estragon, la 
lavande, la menthe, et l’origan. On met en place les porte-graines de 


— 110 — 


poireau, de betteraves, de raves, et en général tous ceux qu’on n’a pu 
planter le mois précédent. Ici, nous devrions rappeler les recommanda- 
tions déjà faites quant au choix des porte-graines dans le paragraphe 
spécial que nous consacrons à cette importante matière. Nous enga- 
geons le lecteur à y revenir. Il ne suffit pas de chercher seulement 
à éviter la dégénérescence des végétaux cultivés, mais encore il importe de 
mettre tout en œuvre pour Îles améliorer. Il faudra donc apporter une 
attention scrupuleuse dans le choix des types qu’on veut reproduire et, 
lors de la plantation, éloigner les unes des autres, autant que possible, 
les espèces et variétés d’un même genre, afin d'éviter l’altération réci- 
proque de leur pureté. Ce n’est pas sans raison que nous insistons plus 
d’une fois, dans le cours de ce livre, sur ce point, qui est d’une impor- 
tance réelle. 


Travaux divers. — Maintenant, le jardinier doit mettre en œuvre 
toute son activité. Donner un labour aux asperges, bêcher le terrain 
aux cardons, préparer le terrain pour la culture du melon en plein air; 
vers le milieu du mois donner un labour aux artichauts et enlever les 
buttes, mais graduellement, pour ne pas exposer d’un coup les plantes 
à l'air et à la lumière, et lui donner un second labour à la fin du 
mois. Il est bon d'achever tous les béchages et en général toutes les 
fumures du printemps, de biner les choux de Savoie, de serfouir et 
biner les pois, de butter et de ramer ceux du semis de novembre- 
décembre ou de février. : les rames garantissent du froid. Couvrir les 
petits radis durant les nuits froides. Dans les fraisières, il est utile 
d’enfouir l’engrais du paillage d'automne pour en donner un nouveau, 
de verser de l’engrais liquide sur les planches, dans de légers sillons 
tracés au moyen de la houe ou de la binette, après avoir, au préalable, 
rehaussé les plantes avec de la terre nouvelle ou mieux encore avec du 
terreau. 

On fait blanchir les dernières pousses de chicorée. Dès que la tempéra- 
ture le permet, on ôte les couvertures des plantes et on enlève à ces 
dernières les parties malades. Souvent, il est prudent de garantir les 
jeunes semis au moyen d’un léger paillage : les gelées blanches surtout 
doivent porter à la prévoyance sous ce rapport. C’est le moment de 
refaire toutes les bordures et de donner au jardin une tenue irrépro- 
chable; on ne doit pas tolérer la mauvaise herbe: la propreté est la 
marque distinctive de nos potagers que les étrangers admirent toujours. 

Produits. — Les premiers légumes de pleine terre s’ajoutent aux 
produits encore conservés. Le crambé et la chicorée sauvage, de la 
poirée, du cerfeuil, quelques laitues et les pousses ou jets de choux 
divers. On a encore du poireau, de la raiponce, de la claytonie et de 
la mâche. 


— 111 — 


AVRIL. 


Semis et plantations. — La plupart des semis du mois précédent 
sont répétés. On sème encore des choux-cabus blancs et rouges, des choux 
d’Yorck, de Savoie, de Milan, de Bruxelles, et des choux-fleurs. On con- 
tinue le semis des pois pour en avoir une succession non interrompue. 
Il est temps de semer les cardons, les lentilles, la chicorée, les endives, 
les scaroles, les radis. On sème l’arroche et la tétragone, celle-ci sur ter- 
reau : elles remplacent bien l’épinard. Il faut semer la baselle, la poirée, 
la bléte, la picridre, si l’on n’a pu le faire en mars ; l’oseille, le persil, la 
pimprenelle, le cresson alénois et, depuis cette époque jusqu’en juillet, le 
quinoa blanc. À la fin du mois, on sème, à bonne exposition, les premiers 
haricots, des citrouilles, des tomates et du piment. On fait aussi un semis 
d’artichaut, si l’on prévoit de ne pouvoir se procurer de bons œilletons. 
On sème l’aneth, la citronelle, la sauge, l’anis, la capucine, à bonne 
exposition ou en pots, et quelques graines de chenillette au midi. On fait 
pour l’automne un troisième semis de céleri, le cinquième et le sixième 
semis de cerfeuil. Quelque temps après les choux cités plus haut, on sème 
les choux verts non pommés, les choux-raves, le turnep et, vers le milieu 
du mois, les premiers brocolis. On sème encore le crambé, l’ognon blanc, 
les fèves de marais à demeure. Vers la fin du mois, on sème les premières 
laitues d’été, le pourpier, le maïs. Le semis de betterave à salade se fait 
vers le milieu du mois, à moins qu’on n’en ait risqué quelques graines 
sur couche pour en jouir plus tôt. Nous disons risqué, attendu que les 
plantations trop hâtives restent souvent stériles par suite de la tendance 
du plant à monter plus vite en graines : ceci a lieu pour beaucoup de 
plantes. 

On fait la plantation du premier céleri, des choux cabus du semis de 
couche, des derniers choux-fleurs du semis d'automne, du jeune plant du 
semis de mars. On peut repiquer les laitues du semis de février et 
mars, planter les œilletons d’artichaut en pépinière ou en place; vers 
la fin du mois, remettre en pleine terre les artichauts hivernés en 
orangerie ; repiquer en place le phytolacca ; planter des pommes de 
terre hâtives, les tubercules du souchet, de l’oxalide crénélée, les caïeux 
de l'ail, de la rocambole. C’est l’époque de la plantation la plus 
importante des échalottes. On sépare les touffes de ciboule vivace, si 
elles sont fortes; on multiplie encore d’éclat plusieurs plantes qui 
auraicnt pu subir celte opération en mars. Si l’on a soin de la recouvrir 
de cloches, on peut planter en pleine terre la capucine tubéreuse. On 
plante pour graines des endives et scaroles, des radis de couche, des 
choux-raves de choix qu’on a eu la précaution de bien conserver, et qu’il 
faut tenir maintenant loin des autres porte-graines du même genre, 
enfin les betteraves et les plantes indiquées au mois précédent, si le 
mauvais temps a mis obstacle à leur plantation. 


— 112 — 


Travaux divers. — Il faut poursuivre activement les travaux com- 
mencés en mars. Déchausser, tailler, nettoyer les artichauts, et regarnir 
les pieds de nouvelle terre; couvrir de tannée décomposée les planches 
d’asperges, afin de livrer un passage facile aux pousses, dont la récolte 
commence bientôt, surtout si l’aspergerie se trouve dans un sol léger et 
à une exposition chaude ; arranger par planches et ados le terrain destiné 
au premier céleri et fumer les tranchées, immédiatement si l’on veut, 
avec un mélange de fumier flamand, de purin et d’eau, mais alors il 
faut avoir soin de laisser passer quelques jours avant de planter. Aux 
fèves de marais, on donne un premier buttage suivi d’un serfouissage. 
On butte les choux cabus si l'on n’a pu le faire plus tôt. En ce mois, il 
faut serfouir et biner fréquemment les jeunes semis et toutes les plantes 
telles que choux-fleurs, pois, fèves, carottes, qui ne donnent leur produit 
qu'après un temps assez long. 

Le sarclage et l’éclaircissage des jeunes semis doivent être sans cesse 
observés. Tous les soirs, on lève les pots qui recouvrent les œiïlletons 
d’artichaut. S'il survient des gelées tardives, il est prudent de garantir 
les jeunes semis au moyen de paillassons supportés par des baguettes ou 
de tout autre manière. Ce soin sera le plus utile vers le lever du soleil, 
car, en dépit des expériences récentes qui voudraient démentir ce fait 
bien établi, nous soutenons que la première chaleur solaire, venant trop 
brusquement frapper les plantes, cause autant de dommages que le froid 
lui-même dû au rayonnement nocturne vers l’espace planétaire. Il faut 
veiller à ce que, dans les terres légères surtout, chaque plante trouve 
l'humidité qui lui convient. Comme c’est l’époque des semis les plus 
nombreux, il ne sera pas hors de propos de rappeler de ne jamais 
perdre de vue qu'il faut au sol un certain degré de moiteur pour que la 
germination des graines n’éprouve point d'obstacles ; quand donc règne 
la bise, vent glacial et continu du nord ou de l’est qui dessèche outre 
mesure, on fait bien d’arroser avec discernement et régularité. Souvent, 
cette opération est indispensable même quand on a eu soin de recouvrir 
les graines semées d’un paillis, de terreau ou d’une mince couche de 
mousse. Une quinzaine de jours avant le semis de haricots, on prépare 
le terrain par une bonne fumure. Pour avoir le pissenlit tendre et blanc, 
il faut le recouvrir de sable. Il est temps de pailler et terreauter toutes les 
plantes qui demandent ces soins; de donner des rames aux pois qui n’en 
auraient pas déjà; de pourvoir de tuteurs les porte-graines fragiles ou 
d’une taille élevée. On ôte soigneusement les stolons aux fraisiers; on 
conseille aussi d’écimer ou pincer aux extrémités les tiges des pois et des 
fèves pour en hâter la fructification. Il est indispensable de songer au 

second échenillage; il n’est pas moins nécessaire de veiller aux oiseaux 
et plus encore aux insectes nuisibles qui attaquent souvent le plant dès 
l'apparition des cotylédons ou des premières feuilles. 


— 1135 — 


Produits. — On récolte les tout premiers petits pois et les gousses 
encore peu développées des fèves de marais, si l’on a eu soin de bien les 
abriter. Les fournitures de salade, le persil, l’oseille, le cerfeuil, l’ognon 
blanc parvenu au tiers de sa croissance, sont déjà abondants, à moins 
que les nuits n’aient été trop froides. On a aussi des jets de choux divers, 
des choux de Savoie, des choux d’Yorck, du crambé, des côtes de 
navets, de la laitue précoce, de petits radis, etc. Les asperges commen- 
cent à fournir leurs premiers turions à la fin du mois. 


NOTE SUR LES MAÏS NOUVEAUX. 


Extrait d'une lettre de MM. ViLmMoRIN-ANDRIEUX. 


Le Maïs Cuzco est à très-gros grains excessivement farineux; il 
atteint une hauteur prodigieuse et il est d’une richesse de végétation 
extraordinaire. Mais il ne mürit pas son grain, sous notre climat, ni en 
Italie, ni même en Algérie. On serait donc réduit pour le cultiver 
régulièrement à le faire venir chaque année du Pérou d’où il est 
originaire, ce qui occasionnerait beaucoup de frais et rendrait son 
emploi dans la grande culture impossible. 

Le Maïs Dent de Cheval diffère beaucoup de celui-ci. Il est d’une 
végétation vigoureuse et très-productif comme fourrage vert : il ne 
mürit pas son grain dans le nord de la France et l’on est obligé de le 
faire cultiver dans le midi pour en avoir des semences. 

Il en est de même du Maïs Géant Caragua qui ressemble beau- 
coup au précédent. Il lui est cependant un peu supérieur comme fourrage. 

C'est de ces deux variétés qu’il a été beaucoup question depuis 
quelques années, dans les journaux agricoles. 

Le Maïs Géant de la Chine est une variété également très- 


fourragère. Cependant elle fournit des tiges moins élevées que les deux 
précédentes. 


F. CRÉPIN. Notes sur quelques plantes rares ou critiques de Bel- 
gîique (1), Le plus infatigable et le plus savant investigateur de notre 
flore belge a fait paraître ce volume à la fin de l’année 1865. Il a été 
publié par l’Académie royale de Belgique. Ce recueil d'observations 


(1) 4 vol. in-8 de 274 p. à Bruxelles chez M. G. Mayolez. 


— 114 — 


critiques sur les plantes rares ou nouvelles découvertes sur notre sol est 
le cinquième que fait paraître M. Crépin. Nous devons nous borner à 
le signaler à nos floristes qui, par hasard, ne le connaïîtraient pas encore. 


L'INSTITUT POMOLOGIQUE DE REUTLINGEN 


M. E. Lucas est le fondateur de l'institut pomologique de Reutlingen, 
établissement privé, qui ne reçoit ni subvention de l’État, ni aucun 
secours d’une administration quelconque. Ouverte en 1860, son école 
ne tarda pas à voir arriver des élèves de toutes les parties de l’Alle- 
magne : le Wurtemburg, le duché de Bade et de Hesse, la Prusse, la 
Saxe, la Suisse, la Suède et la Norwege y envoyèrent leurs pomologues 
et leurs jardiniers, et leur nombre s’éleva rapidement, à 525. La plupart 
d’entre eux sont sortis de l’école pour remplir des emplois avantageux 
ou rapporter dans leur pays le fruit de leurs études. 

Les conditions d'admission à cette école, que nous trouvons dans la 
Wochenschrift für Gürtnerei, nous donneront en résumé une idée de sa 
tenue. On paie pour le cours supérieur 225 francs par an, pour le cours 
d’horticulteurs 150 francs, pour le cours d’été d’arboriculture 75 francs, 
pour le cours de taille des arbres fr. 37 50. La nourriture (déjeuner, 
diner et souper) coûte environ 25 francs par mois, mais par contre 
les élèves qui prennent une part régulière au travail reçoivent une 
rétribution quotidienne de 45 centimes en été, 35 centimes en hiver. 
Ceux qui désirent prolonger leur séjour à l’école reçoivent, soit des hono- 
raires proportionnés à leur travail, soit la nourriture gratuite, et enfin ils 
peuvent être nommés aides-jardiniers. Tous ceux qui sont sortis Jusqu'ici 
de l’institut ont trouvé, par l'intermédiaire de celui-ci, des postes fort 


enviables. 
(Journ. de la Soc. d’hort. du Bas-Rhin, 1866, p. 145.) 


COMMERSON ET JEANNE BARET. 


Nous cueillons l’anecdote suivante dans le Petit Journal qui l’a détachée 
lui-même dans les Illustres voyagenses par M. Richard Cortambert. 

Le voyageur naturaliste Commerson, qui naquit à Châtillon-lez-Dombes 
(Ain), en 1727, fut un des savants les plus intrépides de son siècle. 

Il commenca par des excursions hardies dans les Alpes et dans les 
Pyrénées. Le plus souvent, il partait seul, presque sans argent et sans 


— 115 — 


provisions. Il revenait, malade, blessé, meurtri de ses chutes, exténué 
par la violence de ses exercices. | 

Un jour, comme Absalon, il resta suspendu par la chevelure au 
dessus d’un torrent. Il ne parvint à se tirer d'affaire qu’en s’arrachant les 
cheveux, et en tombant dans la rivière, au risque de se noyer. 

Ce n’était là que le prélude de ses aventures. Il accompagna Bougain- 
ville dans ses grands voyages et rendit des services signalés à l’histoire 
naturelle. 

Lorsqu'il fut sur le point de partir, le domestique Baret qu'il avait 
depuis deux ans, le supplia de l'emmener. Le pauvre garcon demandait 
comme une grâce de s’exposer aux mêmes dangers que son maître, — il 
désirait ardemment s’embarquer au plus vite pour les lointains parages. 
Comme il connaissait déjà un peu de botanique et qu'il s'était toujours 


montré serviteur intelligent et dévoué, ses sollicitations furent favorable- 
ment accueillies. 


Ce domestique n'était autre qu'une femme. 

Jeanne Baret, tel était son nom, pouvait alors avoir vingt-six ans. Elle 
portait toujours les habits d'homme et parvenait ainsi à dissimuler son 
sexe. Elle n’était ni jolie ni laide ; sa physionomie n’avait même pas une 
expression en harmonie avec son caractère résolu et romanesque. Son 
intelligence assez remarquable se façonna très rapidement aux sciences 
naturelles ; elle devint même assez forte en botanique ! 

Personne, pas même Commerson, n’avait soupconné son sexe. 

Cest elle qui ferma les yeux de Commerson à l’Ile-de-France, où, 
après sa mort, elle épousa un soldat. Rentrée en Europe, elle vint finir 
ses jours à Châtillon, et, par souvenir et vénération pour son ancien 


maitre, elle laissa tout ce qu’elle possédait aux héritiers du célèbre 
botaniste. 


CALEMBOUR HORTICOLE. 


— Où peut conduire l’abus du calembour! Il y a des gens qui, à 
force d’en faire, se rendent insupportables en société. Mais je n’aurais 
jamais pensé qu'un calembour, et un très-bon calembour püt conduire 
un auteur. en police correctionnelle. 

L'autre jour un marchand d'arbres fruitiers offrait une partie de mar- 
Chandises. Notre débitant de pommiers et de poiriers déploya une rare 
éloquence pour vanter ses espèces. 

L'acheteur hésitait, mais le marchand l’emporta par un dernier 


trait: Mes arbres sont aussitôt repris que plantés, dit-il, en forme de 
péroraison. 


— 116 — 


C’est le grand point en fait d’arboriculture et de transplantation. Le 
propriétaire prit deux douzaines de chaque espèce et les planta dans un 
verger. Il comptait les examiner après quelques jours pour voir si le 
vendeur ne lui en avait pas exagéré les qualités, 

Mais en retournant le lendemain dans son enclos, il vit que l’éloquent 
marchand était resté beaucoup au-dessous de la vérité. Les arbres étaient 
déjà repris en grande partie; repris par la main d’un voleur audacieux 
que ce jeu de mots désignait assez clairement. 

Le propriétaire porta plainte et le marchand facétieux est en ce mo- 
ment dans les prisons de Lille, où il a le loisir de réfléchir sur le danger 
de mêler la culture des calembours à celle des arbres fruitiers. 


LE SUJET ET LA GREFFE. 


Pendant la séance que la Société d’horticulture de Paris a tenu le 
8 février 1866, M. Duchartre a donné, à l’occasion de la présentation 
d’un petit Oranger, par MM. Thibaut et Keteleer, quelques détails sur 
le procédé très-curieux au point de vue physiologique par lequel cet 
Oranger a été obtenu. 

On sait que l’Oranger peut être multiplié par boutures de feuilles. 
Dans son ouvrage publié en 1714 et 1717, dont une traduction française 
a été donnée, en 1720, sous ce titre: l’Agriculture parfaite. Agricola 
(Geor. André) rapportait les succès qu’il avait obtenus en essayant de 
multiplier cet arbre de cette manière. M. Auber a donc bouturé une 
feuille ; ensuite, à la face inférieure, ilen a entaillé longitudinalement 
la côte médiane de manière à y poser une greffe en placage, et il a 
maintenu la greffe en place au moyen de quelques ligatures faites 
avec du fil qui formait anneau autour des deux. Le pétiole de la 
feuille s’est enraciné; la greffe a reprit, et son bourgeon se dévelop- 
pant, il s’est produit une tige dont la base parait être formée à 
moitié par le pétiole et le bas de la côte devenus ainsi ligneux et 
persistants, à moitié par le ramule greffé en placage. Deux saillies laté- 
rales indiquent encore aujourd'hui les deux bords du pétiole et de la 
côte. C’est un fait des plus remarquables que cette influence de la greffe 
sur le sujet qui, dans ce cas, peu durable de sa nature, puisque ce n’était 
qu'une feuille, en est devenu ligneux et vivace comme toute tige ligneuse. 
M. Duchartre ajoute qu’il lui revient en mémoire un fait du même ordre 
qui lui a été signalé, il y a plusieurs années, par le regrettable L. Vilmo- 
rin. Cet habile horticulteur-physiologiste a fait greffer par Me E. Vil- 
morin, un Liseron vivace sur le Convolvulus tricolor L., espèce annuelle. 
Le résultat de l’opératiou a été de rendre cette dernière espèce vivace. 
Malheureusement le sujet de cette intéressante expérience n’a pas été 


conservé. 


— 117 — 


QUELQUES RENSEIGNEMENTS PRATIQUES 
CONCERNANT LES ENGRAIS. 


Les personnes étrangères à l'observation des faits agricoles pourraient 
croire que les engrais employés à la surface du sol autour des plantes en 
végétation s'évaporent en partie, et qu'il en résulte une forte perte de 
sucs nutritifs. Mais une telle idée est complétement fausse. Souvent, 
pour notre compte, nous avons constaté que de deux fumures, l’une 
enterrée avant la semaille, l’autre mise en couverture pendant la végé- 
tation à partir du mois d'avril, cette dernière était sensiblement la plus 
efficace. Non-seulement le champs couvert de terreau ou de fumier 
pourri conserve particulièrement la fraicheur à cause de la puissance 
extrême avec laquelle ces substances poreuses absorbent les rosées; mais 
d’un autre côté, ce même champs ne se rabat pas à la surface par l'effet 
des fortes pluies, et l’air qui dès lors le pénètre librement ne cesse un 
instant de le féconder. Qui ne sait que l’air joue un rôle capital dans la 
fertilisation de la terre. 

Dans les marais de Paris si admirablement administrés, il ne s’em- 
ploie jamais un atome de fumier qui n’ait d’abord servi aux couches. 
L’engrais qu’on en tire se divise en deux sortes, savoir : 

1° Les couches chaudes faites au cœur de l’hiver avec du fumier de 
cheval, procurent, lorsqu'on les démolit l’année suivante, un terreau fria- 
ble qu’on pulvérise en le brassant. Ce terreau sert à recouvrir les couches 
neuves, puis tous les semis de graines fines. Aïnsi les planches d'oignons, 

de carottes, de salade, en consomment beaucoup. Suivant la quantité 
qu’on en à, on en met en outre, jusque vers le milieu d'avril, autour de 
toute plante repiquée, chou-d’York, chou-fleur, brocoli, etc. 

2° Les couches tièdes et froides faites à la fin de l’hiver et au prin- 
temps avec un mélange de feuilles, de fumier de cheval et de divers 
débris, donnent un engrais à moitié pourri qui, à partir du 15 avril, 
se met sur terre, dans le potager, autour des choux, des choux-fleurs, 
des artichauts, des salades repiquées; couverture qu’on appelle paillis, 
en même temps que les sucs nutritifs se trouvent absorbés et par la terre 
et par les plantes. | 

Si ce genre de paillis était appliqué en hiver ou au premier prin- 
temps, il retiendrait l'humidité à un degré excessif, et la terre en serait 
refroidie; tel est le motif pour lequel on préfère, pour cet instant de 
année, des terreaux plus décomposés. Quelles énormes masse de 
primeurs on obtiendrait ainsi! Puis les fumiers à moitié pourris et 
décomposés, voire même réduits en terreau, seraient repris et appliqués 


à la surface des terrains ensemencés. 
(Agronome, No 11, 1866.) 


— 118 —. 


MONOGRAPHIE DES POIRES DÉLICES D'HARDEN- 
PONT BELGE ET D’ANGERS. 


Figurées PI. VIT et VIHI. 


Le congrès pomologique de Namur, en 1862, a longuement discuté sur 
la synonymie de deux poires, parfaitement distinctes et cependant nom- 
mées toutes deux Délices d’Hardenpont.L’une est la Délice d’Hardenpont, 
vraie, ou des Belges ; l’autre est la Délice d’Hardenpont d'Angers. La 
première est une variété ancienne, dont l’origine remonte au moins à 
1759 ; l’autre est plus moderne, et probablement un semis de Van Mons. 
Bien que toutes deux recommandables,la première est cependant beaucoup 
supérieure à la seconde. 

M. Galopin, pépiniériste à Liége, nous a remis, l’année dernière des 
fruits de ces deux variétés récoltées dans ses belles cultures. Nous les 
avons fait peindre pour les mettre en même temps sous les yeux de nos 
lecteurs. La comparaison de ces deux planches permettra à chacun de 
reconnaitre la différence. Elle ressortira encore davantage de la con- 
frontation des deux descriptions et des renseignements qui suivent. 


Poire Délices d’'Hardenpont des Belges (HARDENPONT). 


Van Mons a décrit cet excellent fruit, en 1830, dans la Revue des 
Revues. On assure qu’il a été gagné en 1759, par l’abbé Hardenpont, 
dans son jardin, situé à Mors, à la porte d’Havré, au pied du mont Pani- 
sel. La Délices serait de plus la sœur du Beurré d’Hardenpont, c’est à 
dire que ces deux poires scraient issues du même semis et auraient été 
élevées ensemble. Ces faits sont admis par Poiteau, dans sa Pomologie 
française (1846), par M. AI. Bivort, dans son Album de pomologie (t. IE, 
p.129), par M. A. Royer dans les Annales de pomologie, 1855 (p. 7), et 
par la plupart des pomologistes praticiens qui s’accordent à reconnaître 
dans la Délices d’Hardenpont une variété distincte et caractérisée. Ce- 
pendant M. Decaisne affirme (Jard. fruit. du Muséum, liv. 23) que notre 
Délices d’Hardenpont n’est autre que la poire Marquise de Merlet (1667) 
La Quintinye, Duhamel, Poiteau et autres pomologistes français. Son 
origine se perdrait ainsi dans la nuit des temps. Nous n'avons garde de 
prendre parti dans la querelle. Voici même une troisième opinion qui a 
été produite et contredite au Congrès de Namur, au dire de laquelle la 
poire Délices d’Hardenpont serait la même que la poire Archiduc Charles. 
Nous affirmerons seulement qu’elles se ressemblent. Le plus important, 


x 


Delices d'Hardenpont. (Abbe d'Hardenpont) 


lollenaëre 3d,nat. del. 


” 
; 
" 


F. De 


— 119 — 


et sur ce point là il n’y a nul conteste, est de savoir que notre fruit est 
au nombre des meilleurs. Il nous suffira pour le faire connaître de re- 
produire la description que M. Bivort en a donnée d’après Van Mons. 


Élancée, d’une stature haute et svelte, la Délices porte son bois parallèlement à la 
tige ; ce bois est de force moyenne; son écorce gris de perle, Ses rameaux à fruits sont 
généralement courts, grêles et gris; mais il produit aussi sur de vraies brindilles longues 
de 15 à 22 centimètres. Les supports sont courts, gris et fortement ridés à leur base ; 
renflés, lisses et brun-jaunâtre à leur sommet. Le bourgeon à fruit est moyen, très- 
allongé, pointu, brun clair nuancé de brun marron et faiblement nuancé de gris. La 
fleur est ample, d’une blancheur éblouissante, très-sujette à couler. Les rameaux à 
bois sont droits et ronds, de force plus que moyenne; l'écorce en est lisse, luisante, 
de couleur bronzée, ponctuée de mouchetures nombreuses, grises, distribuées par 
groupes très-rapprochés ; la pousse récente, surtout celle de fin d'été, est très-coton- 
neuse. Les gemmes ovales-aigus, brun-marron, apprimés à leur base, écartés à leur 
sommet, reposent sur des supports peu apparents. Mérithalles moyens et réguhers. 
Les feuilles sont d’ampleur moyenne, aiguës vers les deux extrémités, mais plus 
larges à leur base qu’à leur sommet, à bords légèrement relevés en gouttière, irré- 
gulièrement et assez superficiellement incisés; leur couleur est le vert-jaunâtre, 
excepté sur lambourdes où elles sont d’un vert plus gai. Le pétiole est de longueur 
et de grosseur moyenne, cannelé, vert clair. 

Tels sont les caractères de la greffe qu’on a élevée en quenouille ou en pyra- 
mide; sur espalier, conduit en palmette, ces caractères se modifient assez pour 
devoir en faire mention. 

Le bois y est généralement grêle, jaune fauve et parsemé de lenticelles confluen- 
tes; les gemmes sont pointus et apprimés contre les branches; sur bois de deux ans, 
ils se dressent et s’avancent, portés par un support court, ligneux et dépourvu de 
rides. Les feuilles sont planes ; larges, minces; leurs dentelures ont disparu; le 
pétiole est très-long et très-grêle. Le support se fait avec les yeux terminaux des 
pousses de l’année qui prolongent les branches-mères, ce qui n’a jamais lieu sur 
pyramide. 

Le fruit de la Délices est assez gros, bosselé; il a la forme d’une pyramide tronquée 
et figure assez bien un Colmar venu au mur; s’il est le produit d’un espalier il 
est plus gros, moins bosselé, pyriforme turbiné, très-régulier ; sa peau est épaisse, 
lisse, vert clair passant au jaune citron à la maturité, ponctuée de tiquetures nom- 
breuses, brunes, qui sont uniformément répandues sur toute sa surface ; en espalier 
le côté exposé au soleil se colore parfois légèrement. Le pédoncule long de 50 à 
35 millimètres, est grêle pour le volume du fruit; il est logé dans une cavité peu pro- 
fonde, cutanée de petites gibbosités. Le calice large, bordé de plis, est placé presqu’à 
fleur du fruit; ses divisions sont ordinairement caduques. La chair, d’un blanc par- 
fait et d’une délicatesse sans égale, se fond, à la maturité, en une eau abondante 
et douce, qui, pour n’avoir ni parfum ni aigrelet, n’en est pas moins très-sapide. 
Le fruit mürit ordinairement vers le fin d'octobre et en novembre... 

Quoique l'arbre de la Délices se comporte parfaitement bien en pyramide sur frane, 
comme son fruit s’y gerce et s’y tache parfois, surtout dans les terres fortes, quand 
elle est placée à une exposition peu abritée, nous conseillons de le placer en espalier 
au levant ou au couchant, ou tout au moins en contre-espalier, au midi ; en agissant 
de cette manière on évitera aussi en grande partie la coulure des fleurs (Bivorr, 
Alb. de pomol. t. III, p. 29). 


“ 


Notre dessin, fidèlement exécuté d’après nature, représente le fruit 
dans les dimensions et les formes qu’il acquiert en espalier. Il est plus 


— 1920 — 


allongé et plus volumineux que les spécimens représentés par M. Bivort 
dans son album et par M. Decaisne dans son jardin fruitier. Sa hauteur 
est de douze centimètres; diamètre 9 centim.; circonférence 26 cent. 
Pyriforme, allongé, irrégulier, bosselé. Pédoncule court, inséré laté- 
ralement. Vert plus ou moins pâle et jaunâtre, ponctué de brun et sou- 
vent chargé de taches brunes et irrégulières. 


Poires Bélices d'Hardenpont d'Angers. 


L'origine de cette poire, ou tout au moins de son nom, est une erreur 
ou une méprise. Elle a été élucidée en 1862, au congrès de Namur, 
M. A. Leroy d'Angers, a raconté dans cette assemblée, qu’il l’avait reçue 
en 1852, de Van Mons, avec une étiquette portant : Délices d’Harden- 
pont. Il la cultiva, la multiplia et la propagea sous ce nom. C’est ainsi 
qu’en 1844 ou 45, il en envoya à M. de Bavay à Vilvorde, lequel 
reconnut qu’il n’avait pas à faire au véritable Délices d’Hardenpont. 
Cependant le fruit ne pouvant être rapporté à aucune variété connue, 
etse trouvant d’ailleurs déjà répandu sous ce nom, il était tout naturel 
de le lui conserver avec cette mention d'Angers. Van Mons s’est exposé 
à ce danger-là en laissant emballer négligemment ses arbres. 

Cela dit faisons connaître le fruit d’après les meilleures descriptions. 


Fruit irrégulièrement ovale, fortement bosselé, jaune pâle au moment de la maturité, 
irrégulièrement marbré de gris, souvent entièrement gris autour de l'œil, parfois lavé 
et marbré rouge pâle d'un côté. Pédoncule gros et très-court, entouré à sa base de 
bosses transversales ou bourrelets charnus. Chair demi-fine, fondante ; eau très-abon- 
dante et très-sucrée, parfumée. Ce bon fruit mürit en octobre et novembre. (Prévosr, 
Pomol. Seine-Infér., p. 25 [18391). 

Arbre fertile, d’une vigueur moyenne sur Cognassier, se formant bien en pyramide 
sur ce dernier sujet et sur pied franc, sur lequel il se montre plus vigoureux... Fruit 
moyen, ovale arrondi, légèrement bosselé, ayant de l’analogie avec le Beurré d’Arden- 
berg; peau épaisse, verte, passant au Jaune doré à la maturité, fortement ombrée de 
roux fauve du côté du soleil, autour du pédoncule et du calice, ponctuée de même 
couleur ; pédoncule gros, charnu, surtout à sa base, brun clair ; parfois placé à fleur du 
fruit au sommet d’une légère gibbosité ; d’autres fois logé dans une cavité peu profonde. 
Calice petit, placé dans une cavité assez profonde évasée et devenue irrégulière par 
l'effet de quelques bosses; divisions caduques. Chair blanc jaunètre, demi-fine, demi- 
fondante ; eau abondante, très-sucrée et d’un parfum agréable mais peu prononcée; 
pépins gros, ovales-aigus, noirs, convexes sur les deux joues. C’est un bon fruit que 
j'ai dégusté cette année (1849) vers la mi-octobre (Bivorr, Album de Pomol. IL, p. 32). 

Fruit moyen, ovale, aussi large que haut, uu peu aplati du côté de l’œil, légère- 
ment bosselé du côté du pédoncule, celui-ci est gros, charnu, fauve clair, brillant, 
obliquement implanté dans une cavité peu profonde, irrégulière, environnée de plis 
roux. La peau est épaisse, jaune d’or à sa maturité, fortement relevée de taches rousses- 
La chair, jaunâtre, demi-fine, erépitante, renferme une eau abondante, sucrée et relevée 
d'un aigre-fin très-agréable. Le calice moyen, enfoncé dans une cavité peu profonde, 


Délices dHardenpont d'Angers) 


FE Délollenaere 24 nat ddl. 


— 1921 — 


irrégulière, entouré de bosses. Cette poire mürit de novembre à décembre. L’arbre est 
moyen, mais fertile (Wizcerm., Poir. p. 99 (1849). 

P. Délices d'Angers. Fruit d'automne. gros ou moyen, oblong, déprimé; à queue 
assez courte, charnue, souvent accompagnée de gros plis à son insertion sur le fruit; 
à peau épaisse, jaune indien, parsemée de très-petits points et de nombreuses mar- 
brures fauves, teintée de rouge obscur du côté du soleil, à chair ferme, sucréc, parfumée. 
Arbre pyramidal ; à scions moyens, flexueux, fauves, pubescents au sommet, parse- 
més de lenticelles ovales, à coussinets peu prononcés; yeux coniques, noirâtres. 
Feuilles florales ovales ou ovales cordiformes, denticulées, mucronées, glabres sur 
les deux faces, à l’exception de la nervure médiane; les adultes à peu près de 
même forme; celles des rosettes ovales arrondies ou légèrement cordiformes, dentées, 
étalées ; celles des scions ovales, acuminées, à bords crénelés, peu relevés ; à stipules 
persistantes, insérés vers les deux tiers inférieurs du pétiole. Fleurs petites, étalées, 
portées sur des pédoncules très-courts, presque glabres; calice à divisions étroites, 
étalées, ferrugineuses en dessus; pétales petits, oblongs-ellipsoïdes, Ses graduel- 
lement atténués en onglet, laissant un intervalle entre eux. 

Fruit mürissant à la fin d'octobre et en novembre gros ou moyen, obtus, en forme 
de Poire de Doyenné, ou arrondi, déprimé; pédoncule gros, charnu, lisse, fauve, 
quelquefois renflé aux deux extrémités et surtout à son insertion sur le fruit, où il est 
accompagné de plis; peau épaisse, à fond jaune indien plus ou moins recouvert de 
marbrures olivâtres, bronzées ou d’un brun ferrugineux, presque dépourvue de point, 
le côté exposé au soleil coloré en rouge brun; œil placé au milieu d’une dépression assez 
régulière, peu profonde, à divisions blanchâtres, canaliculées, entières, dressées ou plus 
ou moins tronquées, cœur dessinant une sorte d’ovale sur la coupe longitudinale du 
fruit, entouré de granulations, à loges larges ; pépins noir-acajou ; lacune centrale peu 
prononcée. Chair ferme ou demi-fondante; eau abondante, sucrée, très-faiblement 
musquée ; d’un parfum très-agréable. (Decaisne, Jard. fruit. du Muséum, livr. 29). 


Notre planche représente le fruit plus vert et un peu plus petit que 
celui du Jardin fruitier du Muséum qui est plus fauve et nuancé de rouge, 
c’est à dire dans un état de maturité plus avancé. Le fruit est trapu, sub- 
globuleux ; il mesure 23 centimètres de circonférence transversale, sur 
7-8 centimètres de hauteur. Pédoncule court, inséré latéralement dans 
une petite dépression. Peau vert pâle mat, lavée de rouge du côté du so- 
leil, pointillée de brun. Chair croquante et que nous n’avons pas trouvée 
de notre gout. 

E. M. 


— 122 — 


DE LA CULTURE DU FRAMBOISIER REMONTANT, 


PAR M. Joun BELLEROCHE A ANVERS. 


La framboise est un fruit si délicieux et si parfumé, qu’on doit 
s'étonner de ne pas le rencontrer dans tous les petits jardins d’ama- 
teurs où l’on peut disposer de quelques mètres de terrain. 

Peut-être faut-il l’attribuer moins à la dépréciation, qu’au manque de 
renseignements suffisants sur le mode de culture. En effet, tout ce qui a 
été dit à ce sujet jusqu’à présent dans les divers traités d’horticulture 
pratique me semble laisser à désirer. On se borne à conseiller de donner 
une couche de fumier avant l’hiver, de supprimer en février les tiges 
mortes ou qui ont porté fruit, et de réduire à trois ou quatre, voire 
même à deux ou trois, les tiges vertes, écourtées à la hauteur d’envyiron 
70 centimètres. 

Tout cela peut être parfaitement exact pour ce qui concerne le fram- 
boisier sauvage, et celui dit d'Anvers, mais ces deux sortes doivent en 
partie faire place aujourd’hui à des espèces plus productives et à fruit 
beaucoup plus gros. Parmi celles-ci on distingue surtout le Framboisier 
remontant ou des quatre saisons. Or, ce qu’on a dit de sa culture diffère 
tellement de ce qu’une expérience de plusieurs années m’a démontré, 
que je crois utile d’entrer à cet égard, dans quelques détails. 

Le terrain dont je peux disposer pour mes framboisiers n’est que d’une 
superficie de 24 mètres carrés, et cependant j'obtiens chaque année une 
abondante récolte, suffisant tant et plus à mon dessert depuis juin TUE 
dans la première qu d'octobre, ou pour mieux dire jusqu'aux 
premières gelées. 

Mes framboises sont riches de couleur et de goût, et grosses comme la 
prune Petite mirabelle. 

Il est vrai que le nom de Framboises des quatre saisons n’est nulle- 
ment justifié puisqu'il n’est guère possible d'obtenir en pleine terre ou 
en plein air, plus de deux récoltes de la même tige, ou du même plant. 
Cependant, c’est déjà beaucoup, et je crois que les personnes qui se lais- 
sent guider par le Bon jardinier, ne se vanteront pas toujours d’en 
avoir eu autant, attendu qu’il est fort probable que, prenant les instruc- 
tions à la lettre, pour le framboisier en général, on supprime les tiges 
qui ont déjà porté, sans se préoccuper de la question de savoir si elles 
peuvent porter une seconde fois ou non. 

En novembre je couvre le pied de mes framboisiers d’une épaisse 
couche de fumier de vache, le plus gras possible, et sur ce fumier je 
dépose quelques centimètres de terre de jardin, sur laquelle j'étends des 


— 123 — 


feuilles mortes dès que la gelée prend une certaine intensité. Mais déjà, 
en novembre, avant d'étendre ce manteau, je supprime par un labour à 
environ 40 centimètres de distance du plant, les racines vagabondes et 
les jets inutiles ; je taille contre terre les tiges mortes c’est-à-dire celles 
qui viennent de porter la 2e année, j'enlève l’extrémité de celles qui 
ont porté la première fois, et cette taille suffit, il est inutile de recommen- 
cer en février, ce serait d’ailleurs dangereux, car j'ai remarqué que le 
framboisier dit remontant, qui est plus précoce à verdir que les 
autres espèces, est sujet à une assez forte coulure quand on le taille à Ja 
même époque que celui d'Anvers. 

Au printemps je réunis les tiges de chaque plant autour d’un fort 
support, sans m'inquiéter de leur nombre, pourvu qu’elles soient toutes 
droites et d’une belle venue; car au fait, les plants étant assez distancés, 
et dans un sol réunissant toutes les bonnes qualités possibles, pourquoi 
sacrifier la meilleure partie de sa récolte ? 

Cette disposition n'offre pas le moindre inconvénient, car les nou- 
velles tiges, au fur et à mesure qu’elles montent, s’écartent d’elles-mêmes 
des tiges centrales, qu’elles semblent fuir, en s’inclinant au dehors, 
tout autour, à un angle de 45 à 55 degrés avec la terre. 

C’est dans cette position que les jeunes tiges portent leur fruit (en 
grappes terminales) de la 1'° année, qui est peu abondant il est vrai, 
mais magnifique, et cette fructification, suit de près celle des tiges de 
l’année précédente, qui en sont à leur 2° portée, non plus vers l’ex- 
trémité, mais dans toute la hauteur et jusqu’à terre; — pas un bourgeon 
ne refuse. 

Il est néanmoins un fait dont je n’ai pas encore pu me rendre compte, 
c’est que, chez le framboisier dit remontant on trouve vers la fin d’au- 
tomne, çà et là, une forte tige morte, et dont l’écorce est devenue 
blanche, sans que cette tige ait porté fruit. La chose est sans impor- 
tance eu égard au nombre qui reste, mais je suis curieux de savoir 
à quoi l’on doit attribuer cette mortalité partielle. 


— 124 — 


ÉNUMÉRATION DES POIRES, 


décriles et fiqurées dans le Jardin fruitier du Muséum (1), 


par M. DEcaisne (2). 


255 BP. sucré jaune. Fruit de fin d'été, maliforme moyen; à queue de longueur. 
variable enfoncée dans le fruit; à peau lisse, unicolore, jaune, pâle, parsemée 
de petits points; à chair fine fondante, très-sucrée, juteuse, avec un léger 
parfum de muse. 

Arbre propre à former des plein-vent, vigoureux ; à rameaux redressés; 
fruit arrondi ou maliforme, moyen, déprimé, mürissant en septembre; 
chair blanche, fine, à peine granuleuse, fondante; eau abondante, 
très-sucrée, parfumée et légèrement musquée. 

Cette bonne poire qui est commune dans le département des Basses- 
Alpes, ressemble beaucoup à la P. Goubault, mais elle en diffère par 
son époque de matürité et par sa saveur. 


296. Poire de Fossé. Fruit d'été, arrondi ou turbiné; à peau vert jaunâtre, quel- 
quefois teintéc de roux au soleil, marquée d’une tache fauve autour du 
pédoncule et de l'œil; à queue droite ou oblique; à chair cassante, juteuse, 
franchement musquée. 


Arbre de plein-vent, très-fertile; à rameaux divariqués, grisâtres, 
parsemés de grosses lenticelles arrondies; fruit mürissant à la fin 
d'août, ventru, arrondi ou turbiné, quelquefois irrégulier, et un peu 
déjeté au sommet; chair blanche, cassante, un peu mucilagineuse, 
juteuse; eau sucrée, très-musquée. Le poirier de Fossés est très-répandu 
en France et particulièrement dans la Perche, la Brie et la Champagne. 
L'arbre atteint de fortes proportions, et il n’est pas rare d’en rencontrer 
dont le tronc mesure plus de deux mètres de circonférence. Sa fertilité 
est des plus grandes. 

On cultive encore, aux environs de Meaux, un poirier dont les 
fruits verts et musqués ressemblent à ceux du Poirier de Fossés, mais 
qui mürissent régulièrement au moins quinze jours plus tôt. On le 
désigne sous le nom de Poirier Rigault. Ces deux poiriers approvision- 
nent abondamment les marchés de Paris au commencement de l’automne. 


257. P. d’Ahondance. Fruit de fin d'été, petit, pyriforme, à peau mi-partie jaune 
et rouge vif au soleil; à queue longue, droite ou arquée, accompagnée de plis 


(1) Livraisons 80 à 85 inclus. 
(2) Voir la Belgique horticole 1865, p. 283. 


— 125 — 


à son insertion sur le fruit; à chair très blanche, cassante juteuse, sucrée- 
aciduiée. 


Arbre atteignant de fortes dimensions, remarquablement fertile ; 
fruit commencant à mürir en septembre, petit ou moyen, pyriforme, 
régulier; chair très-blanche, cassante, assez juteuse; eau sucrée, aci- 
dulée, peu parfumée. Fruit médiocre , laissant du marc dans la bouche. 

Le Poirier d’Abondance se rencontre partout en France avec des 
dimensions considérables. Il n’est pas rare d’en voir dans plusieurs com- 
munes des environs de Paris, qui mesurent plus de 50 à 60 centimètres 
de diamètre, et qui sont âgés au moins de cent à cent cinquante ans. 
La prodigieuse fertilité de ces vieux arbres justifie et explique trés- 
bien leur culture aux environs des grands centres de population. 

La Poire d’Abondance ou de mon Dieu, abonde sur les marchés de 
Paris; elle succède à d’autres variétés plus précoces, avec lesquelles on 
peut facilement la confondre, telles que les P. bonne Jeanne, Car- 
rière, etc., petits fruits, qui se vendent ordinairement à raison de 8 fr. 
le cent. 

La Quintynie classe avec raison, selon moi, la P. d’Abondance au 
nombre des mauvaises poires. 


258. P. Esperine. Fruit d’automne, moyen, oblong, turbiné, conique ou en cale- 
basse, à peau fine, lisse, parsemée de petits points, lavée de rouge au soleil, 
à queue dressée, oblique ou arquée, charnue, insérée dans l’axe du fruit, à 
chair très-fine, fondante, sucrée, acidulée, parfumée. 


Arbre très-fertile. Fruit mürissant en octobre, moyen, oblong-obtus, 
conique, pyriforme ou turbiné, chair très-fine, demi-beurrée; eau 
abondante, sucrée, à peine acidulée, parfumée, légèrement fenouillie. 
Fruit de première qualité. J’ai eu l’occasion de voir une variation de 
cette poire dont la peau offrait la couleur blafarde d’un Blanquet, carac- 
tère exceptionnel qui a déterminé quelques pépiniéristes à faire de cette 
anomalie une variété distincte qu’ils ont désignée sous le nom de Rose 
Louise du Nord. 


259, æ. Coloma (li). Fruit de fin d'été, moyen, oblong, à queue droite, insérée dans 
J’axe du fruit ou un peu en dehors, à peau verte, pointillée de brun, quelque- 


fois lavée de roux du côté du soleil, à chair demi-fine, sucrée-acidulée, légère- 
ment parfumée. 


Arbre très-fertile. Fruit assez semblable à celui du Poirier St.-Germain 
commencant à mürir en septembre, moyen, oblong, quelquefois légère- 


(1) Messire Henri-Pierre.Philippe, comte de Coloma, baron de Mallens, West- 
Acker, Oost-Hove, elc., né à Malines le 28 Juin 1746, mort dans la même ville le 
24 Juillet 1819, était grand amateur d’horticulture et propriétaire du Lerrain jadis 
occupé par le couvent des Urbanistes de Malines, (Voir Jard fruit. Mus., article 
P. des Urbanistes.) 


— 126 — 


ment bosselé. Chair blanchâtre, demi-fine, eau abondante, sucrée-aci- 
dulée, légèrement parfumée. Fruit de deuxième ordre. Il ne faut pas 
confondre la P. Coloma avec la P. Beurrée Coloma d’automne, ni avec le 
Colmar Bonnet, comme l’a fait le congrès pomologique dans la session 
qu'il a tenue à Nantes le 26 septembre 1864. 

Notre fruit se trouve très-exactement décrit et figuré par Prévost 
dans la Pomologie de la Seine inférieure sous le nom de Beurrée de 
Coloma. 


260. P. Faux-Rousselet, Fruit de fin d'été, pyriforme, ventru, obtus aux deux 
extrémités ; à queue longue, un peu grêle, renflée à son insertion sur le 
fruit, avec lequel elle se continue quelquefois insensiblement, peau jaune 
indien, un peu roussâtre au soleil, parsemée de gros points bruns entremélés 
de quelques tâches brunes; chair fondante, très-jnteuse, fine, aromatisée. 


Arbre pyramidal, propre à former des plein-vent ; fruit mürissant en 
septembre, pyriforme, ventru ou turbiné, petit ou de grosseur moyenne ; 
chair blanche, fine, fondante ou demi-fondante, juteuse; eau sucrée, 
acidulée parfumée, non musquée, ne rappelant en rien la saveur, parti- 
culière des Rousselets. 

C’est malgré moi, que je me suis vu obligé de changer les noms de 
Double-Rousselet et Rousselet Esperen donnés à cette variétés, par les 
pépiniéristes belges, puisqu'elle ne présente aucun des caractères des 
Rousselet proprement dits. Je n’ignore pas que l’impropreté d’un nom 
spécifique ne suffit pas pour autoriser son changement, à moins que 
celui-ci n’implique une idée absolument fausse, comme c’est ici le cas, 
puisque, de l’aveu même de M. Bivort, son Double-Rousselet ne rappelle 
ni le port de l’arbre, ni la forme, ni la couleur, ni la saveur des fruits 
du type si caractérisé des Rousselets. 


261. P. de Tongres. Fruit d'automne, moyen ou gros, turbiné ou oblong, ordinai- 
rement bosselé; à queuc droite ou oblique, renflée à son insertion; à peau 
de couleur ferrugineuse ou brune orangée; à chair très-fondante, sucrée- 
acidulée. 


Arbre de vigueur moyenne; fruit mürissant vers la fin d'octobre, 
turbiné ou oblong, moyen ou gros, ordinairement bosselé, irrégulier; 
chair très-blanche, à peine granuleuse, très-fondante, remarquablement 
juteuse ; eau sucrée acidulée, un peu astringente, parfumée, non 
musquée. —- Excellent fruit. 

Ce beau fruit doit être pris à point pour présenter toutes ses qualités; 
gardé au fruitier, il s’y colore, ainsi que les P. Williams et Clairgeau, 
et y acquiert tout son parfum. Les pomologistes belges ne sont point 
d’accord sur le nom que doit porter cette intéressante variété. Quant à 
moi, je n’ai pas hésité à adopter celui sous lequel elle a été pour la pre- 
mière fois figurée et très-bien décrite par M. Bivort dans son Album 


— 197 — 


pomologique, ainsi que dans les Annales de pomologie belge. I est évi- 
dent qu’une description accompagnée d’une figure doit l’emporter sur 
une tradition orale toujours très-contestable quand il s’agit du choix et 
de l'adoption d’un nom. Voici, au surplus, la lettre que m’écrivait, à la 
date du 10 août 18624, l’un des chefs de culture de M. Van Houtte, M. Ed. 
Pynaert : 

« …… La P. Durondeau, et non pas Durandeau, est très-communé- 
ment cultivée sous ce nom et sous celui de Beurré-Durandeau dans nos 
provinces wallonnes. Je ne comprends donc pas ce qui a pu déterminer 
M. Bivort, et après lui, le Congrès pomologique de Namur, à adopter de 
préférence le nom de P. de Tongres, d'autant plus que cette dernière 
dénomination implique une erreur. En effet notre variété n’est nulle- 
ment originaire de la ville de Tongres, l’antique capitale des Aduatiques, 
comme on serait disposé à le croire, mais elle a pris naissance à Tongres- 
Notre-Dame petite commune aux environs d’Ath, et qu’il ne faut pas 
confondre avec Tongres-St.-Martin, qui n’est pas fort éloignée. Je pense 
donc, qu’il serait plus juste de restituer à cette variété le nom de son 
obtenteur, M. Durondeau, qu’elle porte à Tournay, à Ath, ete... Il y a 
dans l’ancienne propriété de M. Durondeau, qui est devenue celle de 
M. Monfort, un exemplaire du Poirier qui nous occupe et que quelques 
personnes disent être le pied-mère. Sa tige, haute de 2 mètres environ, 
a environ la grosseur de la jambe, mais je me suis assuré qu’elle avait 
été greffée. » 

M. Pynaert a reproduit ce que je viens de citer dans le petit opuscule 
flamand qu’il a publié sous le titre de Fruitboomkweek en Fruitkunde p. 
17 (1864). 


262. P. Zéphirin-Grégoire. Fruit d’automne, arrondi ou turbiné; à peau lisse, 
jaune citron, unicolore ou teintée de rouge au soleil, ordinairement dépourvue 
de marbrures ; à queue assez charnue, droite, insérée dans l’axe du fruit ou 


a 


placée obliquement et accompagnée de bourrelets; à chair très-fondante, par- 
fumée, sucrée, acidulée ou légèrement astringente. 


Arbre pyramidal; fruit commençant à mürir en septembre et se con- 
servant jusqu’à la fin d'octobre, arrondi, turbiné ou en forme de 
Doyenné, présentant souvent un léger sillon, chair blanchâtre, très-fine 
et fondante; eau abondante, un peu acidulée, astringente, légèrement 
aromatisée ou quelquefois douée d’une très-faible odeur de muse. — 
Très-bon fruit. 


— 128 — 
LES TAUPES. 


Faut-il détruire les taupes, ou faut-il, au contraire, leur laisser la pai- 
sible jouissance de leur domaine, et même les introduire dans les jardins 
clos de murs où elles n’existent pas ? 

Je ne sache pas que cette question ait été définitivement résolue. 

J’ai souvent entendu maudire les dégâts faits par ces animaux dans les 
carrés d'oignons à fleurs et dans les semailles, où ils font un ravage 
irréparable. Par contre, leurs droits sont chaleureusement défendus par 
les maraïîchers qui ont tant à redouter du ver-blanc et du grillon-taupe. 

Jei se posent deux faits, pour et contre : le fait certain d’un véritable 
fléau dans certaines circonstances ; le fait d’une destruction de vers et de 
larves n’offrant, peut-être, pas une compensation pour le mal résultant 
des galeries autour des racines des plantes herbacées et des arbres frui- 
tiers pendant les longues sécheresses. 

Je crois qu’à certains moments le plus sincère ami des taupes ne lais- 
serait pas d’écraser sous le pied celle qu’il surprendrait en flagrant délit 
dans une plate -bande de fleurs favorites; mais la taupe est rusée, et loin 
de se laisser écraser dans nos moments de mauvaise AU elle se joue 
même quelque fois pendant longtemps de tous nos pièges. 

J'ai trouvé le moyen de tout concilier, c’est-à-dire, d’éloigner la taupe 
de telle partie de mon jardin, sans cependant la détruire ou la chasser 
totalement. 

Quand elle a fait sa galerie vers la surface de la terre, qui se soulève 
alors d’une manière peu perceptible, ou bien quand elle trahit ses allures 
plus profondes par une taupinière, je creuse un trou perpendiculaire, 
large d’une trentaine de centimètres, pour mettre à découvert les deux 
orifices correspondants de la galerie, et je fourre dans chaque orifice 
un petit paquet de tronçons de tiges de Rosier, ou ce qui vaut encore 
mieux, de l’Eglantier (Rubus rubiginosa) dont les épines sont excessive- 
ment aiguës, je remets la terre en place, et jamais il ne m'est arrivé de 
voir reparaitre la taupe dans ces environs pendant plusieurs mois. 

Cela fait l’éloge de sa mémoire, car il me parait indubitable que notre 
bestiole, dont les allures sont tantôt très-cauteleuses, tantôt brusques 
et même assez brutales (témoin leurs fréquents combats), n’étant dans ces 
conditions inquiètée par aucune odeur suspecte, donne en plein avec le 
nez sur les épines, en admettant d’ailleurs qu’elle pousse devant elle, 
comme cela lui arrive fréquemment, une petite masse de terre. 

Au mois de novembre dernier, une taupe passa sous le mur de mon 
jardin, et trahit immédiatement sa présence par une forte taupinée ; 
c'était une première visite depuis le commencement de l'été, je pouvais 
donc être certain que la retraite avait déjà eu lieu avant le coucher du 
soleil; j'employai le moyen dont je viens de parler, et jusqu’aujourd’hui 
(4 mars) l’animal n’est plus jamais revenu. 


JoxN BELLEROCHE, Prof. 
Anvers, 1 mars 1866. 


2 


ata Hort Makovy. 


Varieo 
© 


LV 
Var. 


Selaginella Martensi Spr 


— 129 — 


HORTICULTURE. 


NOTICE SUR LA SELAGINELLE DE MARTENS 
PANACHÉE. 


SELAGINELLA MARTENSI SPR. VAR. VARIEGATA. 


Figurée Planche IX (vol. XVI t. IX). 


S. Martens: Spr. Monogr. Il, p. 129; Merr. Fil. h. Lips., p. 124. — Lycopodium 
[labellatum Martens et Gazeorrt (non L.); L. stoloniferum Link. H. Ber. Il (18, 55), 
p. 162 (non Sw.); Sel. stellata Link. mir. A. Ber., p. 159 (non Sprinc.); Sel. sulcata 
Knze., Ind. Fil. p. 85; S. decomposita Spr., Monogr., IN, p. 196. — A. Braun, /nd. 
sem. Hort. Ber., anno 1857, collect. append. p. 15, no 13. 


a Sélaginelle de Martens est commune dans la 
. plupart des serres : elle forme un tapis de ver- 
dure, un gazon dans les endroits sombres et 
humides, plus épais et plus rude que celui du 
Selaginella denticulata. Nous ne connaissions aucune 
variété panachée dans ce genre de Cryptogames, quand 
l’année dernière, nous avons rencontré celle dont 
nous donnons aujourd’hui le portrait, dans le vaste 
établissement de MM. Jacob-Makoy et C° à Liége. Cette 
variété est tout à fait nouvelle et d’un fort bel aspect. 
L’extrémité des ramifications est jaune d’abord, et puis 
blanche art elle est mieux développée. Cette JR etinte est très- 
constante. Nous avons retrouvé la plante ce printemps à l’exposition 
de Londres où elle figurait parmi les meilleures nouveautés de la saison. 


TRANSPORT DES PLANTES POUR LES EXPOSITIONS. 


La Fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique avait prié 
Monsieur le Ministre des travaux publics d’autoriser le transport des 
colis-plantes destinés aux expositions, au prix du tarif n° 2, par les 
trains des voyageurs. Ce haut fonctionnaire vient de faire connaitre 
qu’il regrettait de ne pouvoir accéder à cette demande, à cause des 
retards que ces colis encombrants occasionnent dans les trains de voya- 
geurs. Il fait, d’ailleurs, remarquer que les trains de nuit qui permet- 
tent actuellement de faire arriver le lendemain de grand matin, d'une 
extrémité à l’autre du pays, une expédition remise la veille au soir, 
constituent un mode de transport qui doit parfaitement convenir pour 


les envois des plantes vivantes. 
9 


— 130 — 


NOTE SUR L’ECHINOPSIS ZUCCARINII Orr. var. 
ROLANDI. 


FAMILLE DES CACTÉES. — ICOSANDRIE-MONOGYNIE. 
Figuré planche X (vol. XVI, t. X). 


Cette plante fleurit chaque année au jardin botanique de l’université 
de Liége. Bien que peu sensible aux charmes des Cactées, nous avons 
déjà fait à nos lecteurs la confidence de nos préférences et de nos antipa- 
thies, nous n’avons pu nous défendre d’une certaine émotion en présence 
de ces belles fleurs d’un rose tendre, qui répandent un parfum aussi 
doux que celui du jasmin. Ces fleurs sont nombreuses, se succèdent 
pendant une grande partie de l'été, en plein air, et viennent à peu près 
sans soin. 

La plante forme une masse globuleuse. Celle que nous avons sous les 
yeux mesure 9 centimètres de largeur, sur 75 centimètres environ de 
hauteur. sv 

Elle est marquée de 13 côtes saillantes, aiguës, droites, régulières, 
convergentes vers le sommet. D’autres en possèdent 11. Ces côtes portent 
de petits amas d’épines et de poils. Dans chacun de ces groupes nous 
avons compté 10 à 50 épines, coloriées en fauve, en noir et dont la taille 
varie de 5 à 10 millim. Les poils forment une sorte de bourre jaunâtre 
pâle. Les fleurs naissent à leur aisselle ; elles ont plus de 20 centimètres 
de long. 

Ces fleurs montrent en dehors des bractées nombreuses, imbriquées, 
lancéolées, acuminées, d’une nuance vert-rouge-brunâtre et terminées 
par une pointe plus ou moins charnue, verte, portant un bouquet de 
longs poils laineux, blanes ou bruns. Les pétales sont imbriqués, lan- 
céolés, acuminés, d’un rose carmin plus prononcé vers le milieu que sur 
les bords. Les étamines fort nombreuses sont insérées en majeure partie 
sur le tiers inférieur du tube floral et tous leurs filets réunis se confon- 
dent en une membrane qui tapisse l’intérieur de ce tube jusque près de 
la gorge. Les étamines deviennent libres de toute cohérence et de toute 
adhérence avant de porter leurs anthères. Le style mesure 13 centimé- 
tres ; son stigmale est comme une étoile de 11-15 rayons blancs, papilleux 
et mesurant chacun 12 millimètres. Il se termine au sommet d’une cavité 
ovarienne dans laquelle on remarque entremélés à une foule de pro-. 
ductions vermiculaires, quelques ovules rudimentaires. 

A ces caractères nous avons cru reconnaître une variété de l’Echinopsis 
Zuccarinii, connue sous le nom de Rolandi. 

Les Echinopsis sont des Cactées séparées par Zuccarini des Cereuset des . 
Echinocactus en un genre nouveau, dont le nom est tiré de leur ressem- 


ÉChinopsis 


UCCAPINIANA, A OÙ var Rolandi. 


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— 151 — 


blance avec un hérisson. M. Lemaire en avait fait son genre Echinonyc- 
tanthus, mais il ne l’a pas maintenu, pensons-nous. 

Le véritable Echinopsis Zuccarinii a les fleurs blanches. Nous le 
voyons fleurir tous les ans. Il ressemble beaucoup à l’£Echinopsis mulli- 
plex. On dit notre variété originaire d’un croisement avec l’Ech. oxigona. 
Quoi qu’il en soit elle se rapproche d’une autre variété que M. Herincq 
a fait connaître en 1853, dans l’Horticulteur français sous le nom 
d’Echinopsis Tougardii. D'un autre côté l’'Echinopsis cristaia da prince 
de Salm-Dyck, a donné une variété purpurea (Len. Jard. fleur. t. 1, 
pl. 75-74) qui rappelle au moins notre plante. Toutefois elle en est 
spécifiquement distincte, l’£ch. Rolandi ayant les épines plus courtes et 
les pétales entiers et continus sur les bords. 

Nous pouvons, par expérience, recommander cette plante comme 
étant d’une culture facile et d’une floraison élégante. Nous terminerons 
au surplus cette notice par quelques extraits pratiques et scientifiques, 
empruntés aux auteurs les mieux autorisés et qui renseigneront les 
lecteurs les plus exigeants. 

Un préjugé, dit M. Labouret dans sa Monographie des Cactées (p. 300), 
assez généralement répandu parmi les personnes qui s’occupent de la 
culture des Cactées, c’est que nos Echinopsis exigent d’assez fortes 
dimensions pour fleurir. Depuis plusieurs années, je cultive plusieurs 
Echinopsis auxquels je n’accorde pas même la faveur d’une serre : pen- 
dant l’hiver, c’est-à-dire au milieu de novembre, ils sont rangés sur des 
tablettes devant la croisée d’une chambre exposée au midi, dans laquelle 
on ne fait pas de feu; dès que la végétation commence à s’annoncer, je 
les tiens pendant un ou deux mois en dehors sous un coffre dans lequel 
j'entretiens une chaleur de 10-15 degrés pendant le jour seulement et 
où je bassine très-abondamment mes plantes. Plus tard, c’est-à-dire vers 
le milieu de juin, je place mes pots en dchors sans aucun abri; j’ai con- 
stamment réussi, par ce moyen, à faire fleurir, même abondamment, 
de jeunes sujets de 2-3 ans, de la grosseur d’une petite pomme. Ce 
mode de culture réussit parfaitement à presque toutes les Cactées et sur- 
tout aux £chinopsis de notre section. 

M. Ch. Lemaire, qui s’est toujours occupé avec une grande prédilection, 
du groupe des Cactées, expose ainsi la culture des Echinopsis(1). 

Placer en hiver, sur une tablette bien éclairée et surtout bien acrée, 
de la serre tempérée. Très-peu, ou plutôt point d’arrosement pendant 
cette saison. Terre légère, sablonneuse, mais cependant enrichie par un 
peu d’engrais et entremélée de petits fragments bien concassés de briques 
et de tuiles. Drainage au fond du pot épais et composé de pierrailles et 


(1) Jard. fleuriste 1851, &. À, pl. 73-74. 


132 — 


de plâtras, laissant aux eaux par leurs interstices, un FEES et facile 
écoulement. 

En été, planter dans une situation bien abritée. au pied d’un mur au 
midi, en pleine terre, en plein soleil, et donner alors des arrosements 
abondants. Relever en automne, en rafraichissant légèrement les racines. 
Multiplication de graines et quelquefois de rameaux latéraux. Des ama- 
teurs jaloux de posséder de belles plantes et surtout de les voir fleurir 
splendidement, préparent dès mars, sous une suite de châssis, une couche 
chaude sur laquelle ils plantent leurs Cactées, dès qu’elle a jeté son 
premier feu. Quand le beau temps est assuré, on dépannéaute et on 
abandonne les plantes à toutes les influences climatériques. 

Par une telle culture on ne saurait croire l’énorme différence en 
volume, en vigueur et en floraison que présentent ces Cactées, avec celles 
qu’on tient en pot et en serre. On peut, il est vrai, se dispenser de con- 
struire une couche, et planter simplement en pleine terre; cela vaut 
encore mieux que de tenir les plantes en serre ; mais alors elles sont bien 
moins luxuriantes que dans le premier cas. 


Echinopsis Zuccariniana Pre. 

Synonymie : Echinopsis Zuccariniana Prr. — Echinopsis tubiflora Zucc. — Echinoc. 
tubiflorus Bor. Mac. t. 5627. —- Cereus tubiflorus Prr. Enum. diagn. p. 71. — Echi- 
nopsis Zuccarini Forsr. Hanps. dr. cact. p. 367. 

Patrie ? 

Diagnostic. Tige globuleuse, vert foncé luisant; 10 angles à peine atténués à la base; 
sommet enfoncé; sillons aigus; côtes comprimées ; aréoles subdistancées saillantes, 
munies de tomentum blane velutineux; aiguillons droits, tenus, subrigides, 1-3 au 
centre, jaunâtres, noirs à la base et à la pointe, 7-9 extérieurs plus courts, plus 
grêles, très-ouverts. 

Tige de 20-30 cent. de hauteur sur 15-18 de diamètre, drageonnant abondamment 
à la partie inférieure; aréoles éloignées de 20-25 millimètres les unes des autres ; aiguil- 
lons extérieurs de 13-20 millim. long, aiguillon intérieur atteignant jusqu’à 30 muillim. 

Floraison. Pendant l’été et même jusqu’à la fin de Septembre, il n’est pas rare de 
voir des sujets adultes chargés de 20-50 fleurs. Fleurs de 25-30 cent. de long, présen- 
tant un limbe de 8-10 cent., s’ouvrant pendant deux jours et exhalant une légère odeur 
de jasmin; ovaire allongé, vert pâle; sépales étroits, linéaires, courbés en dehors, 
vert pâle; pétales rangés sur deux séries, d’un beau blanc de neige, les plus extérieurs 
marqués d’une teinte brun verdâtre qui se dégrade sur les bords; étamines nom- 
breuses, blanches; anthères jaune soufre; pistil un peu plus long que les étamines, 
terminé par 10-12 divisions stigmatiques jaunes. Cette plante est d’une floraison assez 
précoce; les sujets de 4-5 cent. de hauteur sont de force à fleurir. 


Variétés. Echinopsis Zuccariniana f nigrispina LEem. — Echinopsis melanacantha 
Duerr. 

Cette variété se distingue de la précédente par ses aiguillons extérieurs noirâtres 
sur toute la longueur, et les intérieurs tout à fait noirs. 

Echinopsis Zuccariniana X Rolandi Forsr. — Ech. Zuccariniana rosea Mrrrs. 

Hybride à fleurs roses, provenant du croisement de l'Echinopsis oxigona avec 
notre Zuccariniana; elle fleurit plus promptement que les autres, dit-on. Elle a tout à 
fait l’aspect et la forme de notre Zuccariniana et la fleur de l’oxigona. 

Les sujets connus ont 7 cent. de hauteur avec autant de diamètre; ils sont d’un 


— 1335 — 


vert moins foncé que notre plante; ils ont 10-14 côtes; les aréoles sont distantes 
les unes des autres de 13 millim.; elles portent de 11-12 aiguillons d’un blanc 
sale ; les extérieurs. au nombre de 8-15 ont 9-13 millimètres de long, et 1-4 intérieurs» 
dont l’un plus long atteint 18 millimètres de longueur, les autres comme les aiguillons 
extérieurs; ils sont un peu colorés de brun à la base et à la pointe. Cette plante 
est aussi prolifère que ses congénères. 

Floraison. Pendant l'été; très-précoce et très-abondamment florifère. La fleur 
diffère peu de celle de l’Echinopsis oxigona. 

Labouret Monogr. des Cactées, p. 299. 


Echinopsis. Floribus cereorum! Tubus infundibuliformi-elongatus carnosus cum 
ovario exserlo continuus squamoso-pilosus, squamis apicalibus dilatato-petaloïdeis 
spiraliter pluriseriatis patentibus. Stamina numerosissima biserialia, serie unæ de 
basi ad medium cum tubo circulatim connata deinde libera, altera in torum inserta 
inæqualiter fasciculata libera resupinato-ascendente. Stylus robustior æqualis v. 
superans fistulosus, stigmatibus multis linearibus papillosis stellatim patentibus. 
Bacca ovata squamato-pilosa, pulpa parca; semina numerosissimæ, cotyledonibus 
(cereorum) subconnatis subphylloïdeis. 

Caule crassissimo plus minus rotundato v. oblongo apice depresso-umbilicato 
nudo, costis rotundatis v. angulatis, repandis v. continuis, pulvillis aculeiferis, 
floribus lateralibus maximis speciosissimis sœpe fragrantibus ad vesperem expansis 


subdiuturnis. 
Cu. Leu. Jard. fleur. 1851. I. 75. 


Echinopsis Zucc. Abhandli. der Munch. Akad. 11, 675. War. Rep. bot. II, 523. 
Prerr. et Orr. Abbild. blüb. cact. I. 4. Sarm-Dyex, Cact. in Hort. Dyck. cult. 
ed. 2. 25. (1825), ed. 3. 37 (1850). Expc. Gem. pl. 5156. Mio. in Bull. Neerl. 109. 
Gen. cact. (1839). — Echinonyctanthus Cu. Leu. Cact. Gen. nov. spec. et nov. 10 
(1839). — \ Cerei globosi SALM.-Dyc. Preirr. et Actor. Echinocacti spec. auct. divers. 


E. Zuccarinii Prerr et Orro, Abbild. bluttend, cact. — Globosa obscure viridis 
nitens 10-angularis, basi vix attenuata ; vertice impresso ; sinubus acutis in inferiore 
plantæ parte obsoletis; costis compressis; areolis subremotis proementibus; aculeis 
e tomento velutino albo rectis, tenuibus, subrigidis, centralibus 1-3 flavescentibus, 
basi et apice nigris, exterioribus 7-9 brevioribus gracilioribus patentissimis. — Cereus 
tubifiorus Preirr. Enum. diagnost. Cact. 71 no 4. — ÆEchinocaetus (Echinonyctan- 
thus Lem. Nov. cact. gen. et spec. 85) tubiflorus Hortor. — Crescit.. ? 

Walpers Rerert. 1843. t. I, p. 324. 


10 Ech. Zuccarinii Prr Allgem. Garteng. XIV. 306. +. — Ovalis obscure viridis; 
vertice impresso, costis subduodenis crassis acutatis, sinubus profondis acutis, areolis 
pulvinatis, intermediis repandis; aculeis subduodenis albidis, basi nigricantibus; 
petalis lanceolatis cuspidato-acuminatis integerrimis; stigmatibus abreviatis. — Æch. 
tubiflora Prr. Echinonyctanthus tubiflorus Leu. Cereus tubiflorus Prr. — Crescrit...? 

2 C. melanacantha, Ars. Dierric, Allg. Garteng. XIV, p. 306. — Globosa palide 
viridis; vertice impresso, costis subduodenis crassis acutatis, sinubus profundis acutis, 
areolis pulvinatis, internodiis rectis ; aculeis subduodenis, junioribus fulvo-nigricanti- 
bus, adultioribus aterrimis demum decoloribus; petalis oblongo ovatis. — Ech. Zuc- 
carinii var. G nigrispina Sasm. — Echinonyctanthus nigrispinus Lem. — Crescit.….? 

Wazpers. Annales (1848-49), t. I, p.355. 


FA 


NOTE SUR LE BILLBERGIA GLYMIANA pe Vr. OU 
BILLBERGIA DE M. GLYW. 


Figuré PI. XI (vol. XVI, tab. XI). 


Billb. Gilymiana (sic ) DE Vriese Jaarb. d. kon. Nederl. Maatsch. van Tuinb. 1855. 
in horto botanico culta nondum floruit, sed. B. Wetherelli proxima et vix diversa 
mihi videtur. — Koch. in append. Ind. sem. HB. Beroliensis, anno 1856, p, 4. 


B. Wetherelli Hook. Bot. Mag. t. 4835 et Kocn, loco cit. p. 4 n° 4 


Nous avons recu cette plante, en 1865, de M. Bouché le savant jardi-- 
nier chef du jardin botanique de Berlin. Elle fleurit peu de temps après 
et comme nous savions que le Billbergia Glymiana n'avait jamais été 
figuré et que d’autre part la plante est jolie, nous en avons immédiate- 
ment fait le portrait dont nous publions aujourd’hui la copie. Le Büll- 
bergia Glymiana avait été décrit et figuré en 1853 par M. de Vriese dans 
un ouvrage cité plus haut et que malheureusement nous ne possédons 
pas. C’est en 1855 que S. W. Hooker décrivit et figura dans le Botanical 
Magazine sous le nom de Bullbergia Wetherelli une plante qui a paru à 
M. Koch et qui nous a paru à nous même identique à celle de M. de 
Vriese. Le nom anglais a prévalu : cependant il nous parait que les 
droits d’antériorité sont en faveur du botaniste hollandais et que le nom 
de B. Glymiana doit être conservé. 

Quoi qu'il en soit la plante est originaire de Bahia.Elle croît facilement 
dans toutes nos serres chaudes où sa floraison se fait remarquer parmi 
les plus gracieuses. ; 


NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR LE Dr SCHOTT. 


PAR LE D" FENZL, DE Vienne (1). 


Henri W. Schott, né à Brunn, en Moravie, le 7 janvier 1794, accom- 
pagna, à l’âge de sept ans, son père, excellent horticulteur, qui avait 
été appelé à Vienne en qualité de conservateur du jardin de l’Univer- 
sité. Les deux Jacquin se trouvaient alors à la tête de la science bota- 
nique dans la capitale de l'Autriche et purent bientôt apprécier ce que 


(1; Extrait du Gardener’s Chronicle, n° 11, 1866. 


a ET R 


— 135 — 


promettait son jeune fils. Cependant son état maladif, amené par les 
fatigues physiques et intellectuelles, semblait apporter un obstacle à la 
carrière du jeune homme, lorsque le célèbre Humboldt, qui revenait de 
ses voyages, s’approcha de son lit de douleur et lui parla en termes si 
affables et si encourageants que depuis lors il commença à renaitre, 
comme il l’a dit lui-même quelques années après dans la dédicace de son 
ouvrage « Genera Aroidearum. » Après avoir recu une instruction solide, 
il fit son apprentissage de jardinier sous la direction sévère de son père. 

Les relations incessantes que Schott entretint toujours avec la plupart 
des botanistes et des horticulteurs les plus instruits et le meilleur profit 
qu’il tira des leçons des deux barons de Jacquin, lui firent bientôt ac- 
quérir assez de connaissances pour mériter un avancement rapide. 
Aussi fut-il bientôt appelé à diriger le charmant Jardin du Belvédère. 
C’est alors qu’il commença une monographie remplie de difficultés, du 
genre Silene, que malheureusement il ne put achever. 

Depuis longtemps il désirait explorer quelques régions de l’Amérique 
tropicale; son vœu se réalisa bientôt d’une manière inattendue. Lors 
du mariage de la grande duchesse Léopoldine d’Autriche avec le Prince 
de la Couronne de Portugal, on proposa et on approuva une expédition 
scientifique vers l’Empire du Brésil. Schott, grâce à la recommandation 
de ses amis influents, fut attaché, à titre de collecteur, à la mission, com- 
posée du D" Mikan, botaniste; John Natterer, zoologiste ; et D' Pohl, 
minéralogiste. En outre, deux artistes accompagnaient ces savants dans 
leur mission, qui comprenait encore le D' Martius et le D' Von Spex, 
envoyés par le gouvernement Bavarois, et le D' Raddi, naturaliste de la 
Toscane. Ils eurent une traversée assez orageuse, qui fut favorable, sous 
certains rapports, au D’ Schott; car ils furent obligés de relâcher à Gi- 
braltar et à Punchal, dont il eut l’occasion d'étudier ainsi les flores encore 
peu connues. 

Ils arrivèrent enfin à bon port et on jeta l’ancre devant Rio-Janeiro, 
le 5 novembre 1817. Ils se partagèrent ici en plusieurs groupes et Schott 
se mit, avec le professeur Mikan et l'artiste Buchberger, à explorer les 
environs de Rio et à créer un jardin d’acclimatation pour préparer les 
plantes et les animaux à pouvoir être transportés à Vienne. Malgré divers 
obstacles, les collections devinrent bientôt très-nombreuses et notre jeune 
voyageur réussit également bien à fournir un grand nombre de notes 
importantes sur des plantes médicinales et industrielles, de même que 
sur l’agriculture du Brésil. 

Après le retour de Mikan en Europe, la haute direction de l’expé- 
dition échut à Schott, qui parvint néanmoins à faire deux voyages dans 
l’intérieur , enrichissant ainsi ses diverses collections et ses manuscrits. 
Quatre années s'étaient écoulées, lorsque approcha le jour de son retour 
en Europe; il traversa le Portugal, la France et l’Angleterre, puis 
arriva en Autriche où il recut un accueil cordial. En récompense de 


— 155 — 


ses nombreux services, il fut peu de temps après nommé aïde-directeur 
des jardins impériaux, position dans laquelle il se rendit si utile qu’il fut 
promu, en 1845, à l’emploi de directeur-général de tous les jardins 
et ménageries impériaux. De nouvelles serres furent construites d’après 
ses plans; et comme il s'était toujours montré amateur de plantes 
alpines, il parvint à en rassembler une collection splendide, qui main- 
tenant encore est la plus riche et la mieux cultivée du continent. 

Cependant il ne s’adonna pas seulement à l’horticulture pratique, comme 
le prouvent ses nombreux ouvrages et, en effet, on peut le ranger 
parmi les premiers botanistes de l’Autriche. Il publia, en 1832, en 
collaboration avec le D' Endlicher, le « Meletemata botanica » une rareté 
botanique en librairie, puisqu'on n'en tira que 50 exemplaires pour 
la distribution privée. Ses idées et sa classification des Balanophorées, 
famille alors imparfaitement connue, furent publiées dans cet ouvrage, 
et exposées avec tant d’exactitude et de fidélité qu’elles recurent la 
plus haute approbation. Deux ans après apparurent les « Fragmenta 
botanica » et le « Genera Filicum. » Quoique l’auteur en retira 
beaucoup de crédit, ce dernier ouvrage, composé de quatre fascicules, 
ne fut jamais achevé, parce que Schott se montra trop sensible à une 
critique sévère et à cause de l’apparition de la « Pterodographie » de 
Presl. À dater de cette époque, il consacra tout son temps à l’étude des 
Aroïdées, dont il avait examiné avec beaucoup de soin la plus grande 
partie à l’état vivant pendant ses voyages au Brésil. Ses relations 
étendues le mirent à même de collectionner, après 40 années de travail, 
de si riches matériaux qu’il n’existait que peu d’espèces décrites qui 
n’eussent fait l’objet de son examen. II dépensa 16,000 florins de sa 
fortune privée pour acquérir une série de dessins faits par des artistes 
expérimentés, sous sa direction, et renfermant 5,282 planches in-folio, 
de premier mérite. 

Pourvu de ces matériaux et possédant en outre plusieurs serres 
remplies de plantes vivantes, croissant presque avec autant d’exubé- 
rance que dans leurs contrées, les publications de Schott se succédè- 
rent très-rapidement. D’abord son « Aroïdeæ » en deux parties avec 
20 planches, puis, en 1858, son « Genera Aroïdearum » un volume 
in-8°, sans mentionner les diverses communications qu'il fit paraitre 
sur ce sujet dans plusieurs revues périodiques. 

Mais le « Prodromus systematis aroïdearum, Vindob., 1860, » 
fut son chef-d'œuvre et forma ainsi une remarquable gradation de ses 
études étendues sur cette famille. Toutefois les Aroïdées n’absor- 
bèrent pas tout son temps; il a fait également connaitre ses obser- 
vations intéressantes sur les genres Aquilegia, Sempervivum et Primula 
et un an seulement avant sa mort il publia, de concert avec Nymann 
et Kotschy, les « Analecta botanica. » 

Schott reçut des honneurs bien mérités : il fut nommé membre de 


— 137 — 


plusieurs sociétés scientifiques ; il reçut le grade de docteur de l’Univer- 
sité de Jéna et fut nommé chevalier de l’ordre de François Joseph et de 
l’ordre de la Guadaloupe du Mexique. Ce ne fut que peu de temps avant 
sa mort, qui arriva le 5 mars 4865, après avoir souffert beaucoup, qu'il 
compléta, à sa grande satisfaction, la description et la détermination des 
Aroidées recueillies par le D' Welwitsch dans la basse Guinée.Le« Journal 
of Botany » de Seemann, en a publié une liste. 

L'empire d'Autriche perd en lui un de ses plus fervents citoyens, et la 
science un disciple ardent et bien doué. Dans leur double intérêt, il est 
à espérer que son successeur soit à même d'entretenir et de faire pro- 
gresser les belles recherches de Schott en botanique et en horticulture. 


On nous annonce la mort du célèbre collecteur Porte qui a succombé 
à Manille vers le 15 janvier dernier. 


CULTURE DE L'OEILLET EN GÉNÉRAL ET DE L’OEIL- 
LET REMONTANT EN PARTICULIER, 


PAR M. JouN SisLey. 


Depuis que je m'occupe d’horticulture en amateur passionné, je 
m'aperçois que la plupart des publications horticoles sortent du même 
moule et se répètent sans cesse, quoiqu'il y ait, et je suis aise de le 
constater, de nombreuses exceptions, telles que les publications spéciales 
de MM. E. André, Carrière, le comte Léonce de Éamperse E. Chaté 
fils, etc. 

Mais, comme en beaucoup d’autres choses, il y a en horticulture des 
doctrines qui étant constamment répétées sont acceptées par le vulgaire 
comme articles de foi. | 

Toutes les publications qui ont traité de la culture des OEïillets et de 
leur propagation disent invariablement : 

« Le bouturage, vu le peu de chances de réussite qu’il offre, est le plus 
rarement employé. » 

D'où vient cette grave assertion, qui n’est qu’une grave erreur. ? Je ne 
sais ! Serait-ce parce que la routine est une puissance despotique ? 

Ce qui est vrai et certain, c’est que le bouturage est le meilleur mode 
de multiplication des plantes et le marcottage Have pour les 
OEillets) l’enfance de l’art. ; 

La critique est aisée, mais l’art est difficile, a dit Boileau. Ce qui n’est 


— 158 


pas exact. Car, pour critiquer, il faut pouvoir démontrer que ceux que 
l’on déclare fautifs le sont, et pouvoir enseigner à mieux faire. Après la 
critique, il me faut donc démontrer que ce que les livres avancent est une 
erreur. — Les OEïillets, quoi qu’ils en disent, reprennent généralement 
très-facilement de boutures, et font certainement, incontestablement, de 
meilleures plantes que les marcottes, et, en outre (ce qui n’est pas à 
dédaigner pour l’horticulture marchande), on tire plus de boutures d’une 
plante que l’on ne peut en faire de marcottes ; car les boutures coupées, la 
plante cherche à remplacer les amputations, à réparer les pertes qu’on 
lui a fait éprouver et reproduit de nouveaux rameaux; tandis que la 
plante que l’on soumet au marcottage, nourrit ses membres à moitié 
amputés, sans songer encore à les remplacer. ñ 

Les boutures d’œillets peuvent se faire en toute saison ; mais, pour 
ceux qui ont des serres ou veulent multiplier grandement, la meilleure 
époque est l'hiver ; c’est-à-dire janvier et février, en serre à boutures, et 
ils obtiendront des plantes qui pourront être livrées à la pleine terre 
en avril ou en mai et qui seront vigoureuses dans le courant de l’été. 

Depuis quinze ans que mon voisin Alégatière, le dianthologiste lyon- 
nais, s’occupe du perfectionnement de l’œillet remontant, il n’a pas 
employé d’autres moyens de multiplication que le bouturage, et en 
Janvier dernier, j'ai vu chez lui plus de vingt-cinq mille boutures, dans 
une serre hollandaise, en partie sous cloche ou petits châssis vitrés et 
partie à l’air libre de la serre, selon les variétés. Sous ce rapport, il y a 
une étude à faire (dont les routiniers marcotteurs sont dispensés), car 
il y a des variétés qui reprennent plus promptement à l’air libre que sous 
cloche. 

Pas n’est besoin d’entrer dans des détails sur la manière de préparer 
et faire les boutures d’œillets, tout le monde la connait. Le point essen- 
tiel pour la réussite est d’enlever, tous les jours, les feuilles qui jaunis- 
sent et, pour le faire, il ne faut pas craindre d’enlever les boutu- 
res; au contraire, la reprise n’en est que plus assurée; les changer de 
place, de terre, de temps en temps, hâte souvent la reprise. Pourquoi? 
Qui sait ? 

De fréquents bassinages sont indispensables. Mieux vaut pour l’œillet 
l’excès d'humidité que la sécheresse. Les boutures faites en hiver repren- 
nent généralement en trois à cinq semaines, car il y a une grande irré- 
gularité dans la reprise, selon les variétés. Aussitôt que les boutures 
sont enracinées on les pique séparément dans de petits pots et on les 
habitue peu à peu au grand air, ceci est l’A, B, C du métier. Les boutures 
bien reprises, il convient de les mettre en pleine terre, courant avril ou 
commencement de mai, suivant la saison, dans un endroit bien aéré; 
car l’œillet aime le grand air, n’aime pas à être confiné entre les murs ou 
les arbres. | 

L’œillet n’est pas difficile sur la nature du sol, quoiqu'il préfère une 


— 139 — 


terre franche, pourvu qu’elle soit bien drainée; car l'humidité stagnante 
lui est très-nuisible. 

Des arrosages copieux, mais peu répétés lui conviennent ainsi que des 
arrosages d'engrais liquides, de matières fécales surtout. Arrosements 
soit dit en passant, trop peu usités, car ils conviennent à toutes les 
plantes, sans doute à cause de la mauvaise odeur ; mais que l'on peut 
obvier en désinfectant le liquide avec du sulfate de fer. 

Pour conserver les OEillets remontants nains, il convient de rabattre 
chaque tige florale, immédiatement après son entière floraison, à 005 
ou 0%06 au-dessus de sa base, la plante se ramifie davantage et émet de 
nouvelles tiges florales. 

Si l’on ne tient pas à voir fleurir les OEillets remontants en hiver, 
on les laissera en pleine terre, où ils résisteront parfaitement aux plus 
grands froids de notre pays, s’il n’y a point d'humidité stagnante. Une 
bonne précaution à prendre, après une forte gelée, est d’abriter les 
plantes contre les rayons solaires, par une couverture quelconque. 

Si l’on veut jouir de la floraison en hiver, on empotera en octobre 
les plantes que l’on y destine et on les rentrera le plus tard possible 
(seulement à temps pour que les boutons ne gèlent pas) en orangerie, 
serre, bâche, ou tout autre abri tempéré, où l’on puisse donner de l'air 
chaque fois que le temps le permet, et c’est là un point capital. 

Il est bien entendu que les plantes que l’on veut rentrer pour jouir 
de leur floraison l'hiver, doivent montrer des boutons en octobre; car 
il serait inutile de rentrer des plantes qui n’en montreraient point; elles 
s’étioleraient et fleuriraient mal le printemps suivant. 

L’amateur qui n’a ni serre, ni châssis, à sa disposition pour la multi- 
plication, doit opérer le bouturage des OEillets en septembre, contre un 
mur au nord, en pleine terre. La reprise est alors assurée. 

Cette culture est done à la portée de tout le monde. Tous ceux qui se 
sont occupés d’horticulture savent qu’il n’y a point de théorie absolue 
du bouturage; car telle plante veut être bouturée à froid, telle autre à 
chaud, l’une sous cloche et l’autre à l’air libre, quelques-unes et c’est 
le plus grand nombre réclament l’humidité et d’autres le sec. 

Nous ignorons la cause de ces différences ; nous ne les saurons proba- 
blement jamais (malgré le concours ouvert par la Société impériale 
d’horticulture), car l'intelligence de l’homme actuel est limitée. Mais par 
le travail et l'observation, nous acquérons de l’expérience, nous consta- 
tons les résultats acquis, les consignons et les transmettons à nos succes- 
seurs. C’est ce qui constitue le progrès. 

Toutes les plantes reprennent facilement de boutures, quand on sait 
comment il faut procéder. | 

Cependant chacun de nous a pu lire dans les livres horticoles : telle 
plante reprend difficilement de bouture. 

Pourquoi, difficilement ? Parce que nous ne savons pas. 


— 140 — 


C'est donc pour dissimuler notre ignorance que nous disons qu’une 
chose est difficile. 

Pourquoi ne pas dire que l’on ne sait pas; que l’on ne connait pas 
les moyens convenables pour réussir ? 

Ceci s’applique à tout ce que l'intelligence de l’homme veut appro- 
fondir. | 

Ce qu'il ne sait pas faire, il le déclare difficile; ce qu’il n’a pas pu 
comprendre, ce qui était hors de la portée de son intelligence il : 
l’a déclaré incompréhensible et, dans son orgueil, il l’a attribué à 
une cause surnaturelle. 

Je tiens tous les détails de culture qui précèdent de M. Alégatière, 
qui est passé maitre par des observations et des expériences intelligentes 


de quinze années. 
(Revue horticole.) 


EPOQUE FAVORABLE POUR LE BOUTURAGE DE 
QUELQUES PLANTES DE SERRE. 


par M. F. BoncENNE. 


Ces simples observations ne s’adressent point à nos horticulteurs 
expérimentés qui, dans leurs serres, continuellement chauffées, spéciale- 
ment disposées, peuvent bouturer en toute saison et multiplier ainsi par 
milliers les sujets qu’ils livrent ensuite au commerce. J'écris pour l’ama- 
teur modeste qui ne possède point ces appareils puissants, ce matériel 
embarrassant et coûteux des grands établissements de jardinage. La 
banquette d’une serre tempérée, d’une petite bâche, ou l’abri d’un châssis 
et quelques cloches, tels sont les ustensiles que l’on trouve le plus ordi- 
nairement chez les personnes qui s’occupent d’horticulture et qui tiennent 
à multiplier elles-mêmes les plantes qu’elles achètent chez les jardiniers. 

Je me place donc à ce ve de vue et j’entre immédiatement en 
matière. 

La bouture est, sans éntréiit, le moyen le plus commode et le plus 
répandu pour la multiplication des arbustes et des plantes de serres. 

Les anciens, les Romains notamment, connaissaient et pratiquaient 
déjà ce mode de multiplication, lorsque Virgile, enhardi par Mécène, 
quittait les jardins de Mantoue pour venir composer à Rome son immortel 
poëme des Géorgiques. Au livre II, en effet, on trouve le passage suivant 
si bien rendu par les vers que voici : 


Ici des souches d’arbres, ou des rameaux fendus, 
Ou des pieux aiguisés à nos champs sont rendus ; 
Celui-ci courbe en arc la branche obéissante, 

Et dans le sol natal l’ensevelit vivante ; 


— 141 — 


Cet autre émonde un arbre et plante les rameaux, 
Qui dans son champ surpris deviennent arbrisseaux ; 
Un aride olivier surpassant ces prodiges, 

Des éclats d’un vieux tronc pousse de jeunes tiges. 


De ces temps reculés à notre époque les progrès sont immenses sans 
doute, et nous avons laissé fort loin le pieu aiguisé du saule ainsi que les 
éclats de l’aride olivier. Ne croyez pas toutefois qu’il soit aujourd’hui 
parfaitement établi que tous les végétaux se multiplient par la bouture ; 
nous trouvons au contraire, chez quelques-uns des résistances qu’on ne 
peut expliquer et qui déjouent tous les raisonnements, toutes les théories ; 
la pratique sera donc, s sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, le 
guide le plus sûr. 

Voulez-vous cependant quelques données générales : on admet que 
les plantes les plus riches en sève et en suc propre sont celles dont les 
boutures s’enracinent le plus vite ; que les arbrisseaux à feuilles opposées 
reprennent mieux par le bouturage que ceux qui les ont alternées; que 
les rameaux tendres de certains arbrisseaux prennent plus facilement 
que le bois dur des grands arbres; que les plantes à tiges succulentes 
ou herbacées s’enracinent plus promptement que celles dont les bran- 
ches sont ligneuses; que les végétaux qui ont beaucoup de tissu cellulaire 
sont d’un bouturage plus facile que les espèces résineuses ou laiteuses ; 
enfin que les boutures herbacées, prises sur des sujets tenus en serre de- 
puis quelque temps ont beaucoup plus de chances de réussite que celles 
prises sur des sujets qui sont en plein air. 

Dirai-je un mot maintenant de l’opération pratique du bouturage en 
pots. 

Lorsqu'un amateur veut faire des boutures, il réunit d’abord des vases 
de 0%,0% à 0,06 d'ouverture, il choisit les plus minces, les plus évasés, 
les mieux percés. Il prépare ensuite sa terre de bruyère ou son terreau, 
qu’il passe au crible fin. Il y méle un peu de sable, puis il rassemble 
quelques tessons et des graviers destinés à drainer le fond des pots. Il 
met dans chaque vase, d’abord un petit tesson avec une pincée de gra- 
viers, il remplit ensuite avec la terre qu’il tasse assez fortement, ayant 
soin d’unir la surface avec les doigts ou la paume de la main. 

Ces premières opérations terminées, il coupe des rameaux sur les 
plantes qu’il veut bouturer ; les plus tendres et les plus vigoureux sont 
les meilleurs. Il s’assoie devant une tablette où sont déjà rangés les pots 
préparés pour recevoir les boutures; il prend un canif ou un greffoir 
bien affilé et repasse un à un tous les rameaux qu’il a cueillis, pour les 
réduire à la longueur convenable, pour rafraichir la coupe de ceux qui 
ne sont pas trop longs, et pour ôter les feuilles qui se trouvent à la par- 
tie inférieure. 

Le rameau destiné à faire une bouture doit être réduit à une longueur 
de 0®,05 à 0,10 selon la position des yeux, par une coupe franche et 


$ — 142 — : 


nette, pratiquée immédiatement au-dessous d’un nœud. II faut en outre, 
comme je viens de le dire, enlever les feuilles avec beaucoup de précau- 
tions sur toute la partie du rameau qui sera mise en terre, éviter surtout 
les déchirures ou la mutilation des yeux; car l’existence de ces plaies 
compromettrait certainement le résultat de l’opération. | 

Ceci fait, l’opérateur plante ses boutures. Il en met une seule dans les 
pots de 0"04 ayant soin de la placer au centre et de ne l’enfoncer 
qu'après avoir fait un trou avec un petit piquet, pour ne pas en émousser 
la base ; il peut en mettre trois ou quatre dans les vases de 0,06 ; mais, 
au lieu de les placer au centre, il les enfoncera sur le pourtour, à un 
demi centimètre du bord. 

Enfin il scellera fortement la terre avec le doigt ou le gros bout de 
son piquet. 

Quand tous les pots sont ainsi garnis, on les réunit à l’ombre, sur une 
banquette de la serre, on leur donne un arrosement en forme de pluie; 
on attend quelques heures pour qu’ils puissent se ressuyer, puis on les 
place selon leur nature et leurs exigences, soit dans la serre tempérée; 
soit sur couche tiède et sous châssis, soit enfin sur couche chaude et sous 
cloche ; dans tous les cas, il faut enfoncer les pots dans un lit de sable 
fin, de son de bois ou de débris de forge passés au crible. 

Les soins à donner pendant la reprise sont fort importants, surtout 
pour les boutures qu’on a mises sous cloche. On doit éviter l’excès de 
l'humidité dans l'atmosphère de la cloche; il faut y regarder souvent, 
essuyer au moins une fois par jour, avec un linge, les parois inférieures, 
enlever les feuilles pourries, les boutures qui périssent ; enfin, dès qu’on 
aperçoit un mouvement dans la végétation, on donne de l’air par degrés, 
en soulevant l’un des côtés de la cloche. 

Quant aux arrosements, ils doivent être très-rares, le plus ordinai- 
rement, les boutures, après le premier mouillage, se maintiennent et 
font racine sans qu’il soit besoin de leur donner une seule goutte d’eau. 

Ces principes généraux étant posés, nous aborderons plus particuliè- 
rement notre sujet. 

A quelle époque doit-on bouturer les arbustes et les plantes de serre 
ou d’orangerie? | 

Je l’ai dit en commencant, et je le répéte ici : lorsqu'on possède une 
serre à multiplication munie de son appareil de chauffage et des usten- 
siles nécessaires, on peut faire des boutures en toute saison; il est 
constant néanmoins que la présence de la sève est indispensable pour 
leur réussite et que les premiers moments de son cours sensible sont 
préférables à ceux de son milieu ou de sa fin. Le printemps sera donc, 
pour la plupart des végétaux de serre ou de châssis, le moment le plus 
favorable. Je dis : pour la plupart, car il en est quelques-uns qui seront 
bouturés avec plus de succès au commencement de l’automne, d’autres 
qui reprendront plus facilement si vous opérez le bouturage à la fin 


— 1435 — 


de novembre ou dans le courant de décembre. Notez bien aussi que 
les boutures des plantes sous-ligneuses, faites au printemps avec des 
rameaux herbacés cueillis sur des sujets qui ont passé l’hiver en serre, 
reprennent plus vite et poussent plus vigoureusement que des multipli- 
cations faites à l’aufomne avec des branches munies de leur talon. 

Poursuivons maintenant, en nous plaçant au point de vue de la 
petite culture. 

Supposons d’abord un amateur qui n’a, pour faire ses multiplications, 
que la banquette d’une bonne serre tempérée et quelques cloches en 
verre plein. 

Il pourra, dès le commencement de février jusqu’à la mi-mars, bou- 
turer les rameaux tendres et herbacés des Fuchsias, des Verveines, 
des Cupheas, des Chrysanthèmes, des Pentstemons, des Ageratum, des 
Pétunias, des Véroniques, etc.; de quelques plantes à feuillage orne- 
mental dont il aura mis pousser les pieds-mères sur une couche chaude, 
comme les Ferdinandas, les Schistocarpus, les Uhdias, les Coleus, les 
Achyranthes et autres. 

Il placera toutes ces boutures sur la banquette de sa serre, les 
couvrira d’une cloche, qu’il aura le soin de barbouiller, ou d’ombrager 
avec un linge pour intercepter la lumière. 

Celui qui possède une bâche, ou seulement un châssis, opérera de 
même sur la couche tiède de cette bâche ou sous son chàssis. Dans 
ce dernier cas, le coffre sera assez élevé pour qu’une cloche puisse être 
placée sous la feuille du châssis. 

Plus tard et vers la fin de mars, il multipliera, par les mêmes 
moyens, des Capucines doubles, des Héliotropes, des Pivoines sous- 
ligneuses, des Justicias, des Dahlias, qu’il aura forcés sur la couche 
chaude, et toutes les plantes à feuillage ornemental qu’il n’aurait pu 
faire dans le mois de février. 

Au mois d'Avril, les Bégonias prennent facilement de rejetons, d’éclats 
ou même de feuilles; mais la couche chaude d’une bâche ou d’un 
châssis est nécessaire pour réussir complètement ce genre de multi- 
plication. 

À partir des premiers jours de Mai, on doit cesser le bouturage de 
printemps, pour s'occuper de la séparation et du rempotage des boutures 
qui ont déjà fait racines. Les jeunes plantes seront placées sous des 
châssis; on leur donnera de l’air progressivement et l’on exécutera le 
pincement pour les faire ramifier. Les feux de l’été cessent enfin d’em- 
braser l’atmosphère; les rosées de la nuit rendent à l’air sa fraicheur 
et son élasticité; notre amateur peut commencer, passez-moi le mot, 
la seconde campagne du bouturage, la campagne d’automne; c’est, en 
effet, vers le mois de septembre qu’on multiplie les Pelargonium et les 
Zonalc ; on n’a besoin pour cela ni de cloches ni de couches ni de serre 


chaude ; il suffit de placer les boutures sur des tablettes, dans une serre 
convenablement ombragée. 


— 144 — 


Un peu plus tard, dans le courant d’octobre, on doit bouturer sous 
cloche les Sauges et quelques-unes des plantes à feuillage ornemental 
dont nous avons déjà parlé, comme les Coleus et les Achyranthes par 
exemple. Ces jeunes pieds passeront plus facilement l’hiver et fourni- 
ront de bonnes boutures au printemps. | 

Il en est de même des Verveines ; si vous bouturez votre collection à 
l'automne ; si, dès que vous aurez séparé et rempoté le jeune plant, vous 
le placez dans une bâche ou sur couche et sous verre; si, en outre, vous 
pincez à propos pendant l'hiver, vous aurez, dès les premiers jours du 
printemps une abondante récolte de rameaux tendres et bien disposés 
pour les bouturages. 

Nous arrivons à la troisième campagne, que j’appellerai la campagne 
d'hiver; déjà le froid et les brouillards ont remplacé les jours radieux; 
le soleil ne chauffe plus le verre qui couvre vos serres ou vos châssis ; 
vous ne pourrez donc plus bouturer avec quelque chance de suecès si 
vous n’avez à votre disposition une bâche ou tout au moins la banquette 
d’une serre, sous laquelle passera le tuyau d’un appareil de chauffage; 
en un mot, pour faire des boutures en hiver, il faut leur donner ce 
qu’on appelle, en horticulture, de la chaleur de fond, et surtout les 
préserver de l’humidité qu’engendrent si facilement dans nos serres 
les longues pluies de décembre et de janvier. Si donc vous pouviez 
remplir toutes ces conditions, commencez dès la fin de novembre la 
multiplication des arbustes à bois dur comme les Azalées, les Bruyè- 
res, les Philiques, les Epacris, les Diosma, les Pimelées, les Polygalas, 
les Pittosporum, le Correa, et beaucoup d’autres du même genre. 
C’est aussi le moment de bouturer les Abutilons, les Bignonias, le 
Tecoma jasminoides, les Mimosas, Kennedya, Mélaleucas, Céanotus 
etc. ; à ces derniers vous devez ajouter les Abelias, les Escalonias, 
quelques Fusains et quelques Troënes qui se vendent comme arbustes de 
pleine terre ; mais qui, de fait, ne supportent pas la rigueur de nos hi- 
vers. Ayez grand soin, en opérant, de ne pas employer des terreaux trop 
humides, servez-vous, autant que possible, de terre de bruyère pure à la- 
quelle vous ajouterez un cinquième de sable fin ; prenez de petits pots 
de 0%,05 à 0®,04 d'ouverture, et ne placez qu’une bouture au centre. Si 
vous n’avez que des vases plus grands, mettez un bon drainage, ajoutez-y 
même une pincée de charbon de bois concassé, placez vos petits rameaux 
immédiatement au bord du pot en laissant entre eux un espace de 0",02, 
scellez fortement la terre et ne donnez qu’un très-faible arrosement. 
Lorsque tous vos pots se seront suffisamment ressuyés, vous les enfonce- 
rez dans la tannée de votre bâche ou dans le sable de votre banquette, 
puis vous couvrirez d’une cloche et vous tâcherez d’entretenir une douce 
chaleur de fond ; n’oubliez pas aussi d’essuyer souvent l’intérieur de la 
cloche, d'enlever les feuilles et les boutures qui pourrissent, parce 
qu’elles ne manqueraient pas de nuire à celles qui se portent bien. 


— 145 — 


C’est encore vers le commencement de l’hiver qu’on fait les boutures 
des Conifères et des arbres résineux. Il faut les étouffer sur couche chaude 
et sous cloche. Le choix des rameaux que l’on veut bouturer n’est pas 
indifférent. Si vous prenez des petites branches latérales, la plante pous- 
sera mal et se fera difficilement une tête. On a spécialement signalé cet 
inconvénient pour les Abies, les Thuyas et les Araucarias ; si, au contraire, 
vous détachez la partie terminale des grandes branches, vous obtiendrez 
un sujet presque aussi beau que s’il proyenait d’un semis. 

La multiplication des Conifères par le bouturage est fort en usage de 
nos jours, il a fallu employer ce moyen pour reproduire les espèces rares 
dont on ne peut encore se procurer facilement les graines. 

En terminant je dirai: Tout le monde fait des boutures ; bien des gens, 
sans se douter des précautions si nombreuses, des moyens si puissants 
employés par l’horticulteur moderne, plantent le rameau du Myrte, de 
l’OEillet, du Géranium, et voient prospérer leur culture. Courage done, 
vous qui n’avez ni cloches, ni serres, ni châssis; bouturez dans vos jar- 
dins, sur vos balcons, sur vos fenêtres; n’avez-vous pas vu maintes fois 
sur l’appui de la mansarde ces petites caisses et ces pots où sont plantées 
quelques branches d’arbustes que recouvrent un verre à bière renversé, 
ce simple et primitif moyen réussit presque toujours, et, croyez-le bien, 
l’obtenteur sera plus fier, plus heureux de son succès que le plus riche 


amateur entouré de ces plantes rares et précieuses. 
(Revue horticole, 1866). 


EXPOSITION ET CONGRÈS DE LONDRES, 22 MAI 1866. 
L'exposition. 


Jamais et nulle part une exposition de l’importance de celle-ci n’a 
été mise sous les yeux du public. L'effet général surpasse tout ce qui a 
été produit jusqu'ici, et par un heureux concours de circonstances les 
plantes nouvelles exposées pour la première fois sont au nombre des 
plus remarquables que nous possédions dans les cultures. 

L’arrangement pittoresque est parfaitement réussi : les plantes sont 
bien exposées et disposées à leur avantage. Le public circule facilement 
dans de larges allées. Des élévations de terrain donnent de différents 
points, des vues d’ensemble d’un grand effet. Peut-être la grande vallée 
centrale aurait-elle pu être plus dégagée. Les plantes vertes et à feuillage 
sont disposées par groupes entre les plantes fleuries. Les couleurs et 
la lumière jouent ainsi, comme les perspectives et les élévations, et, de 
ces contrastes, résultent une heureuse harmonie et un paysage de la plus 
grande richesse. 

Quand on considère ainsi l’ensemble de l’exposition et l’impression la 

10 


L'Hies 


plus générale du public on doit reconnaitre d’abord que la Rose, malgré 
toutes ses rivales, est restée la plus belle des fleurs. Elle règnait sans 
conteste. Les Azalées, les Pélargonium, en grandes masses, avaient 
peine à produire leur effect. Les plantes à fleurs étaient en grande toilette 
de cérémonie ; toutes leurs tiges et leurs fleurs ficelées à des baguettes 
et à des cerceaux : c’est un pêu comme une crinoline. Nous sommes 
persuadé que cette mode de torturer les plantes par des artifices dis- 
paraîtra un jour et qu'on préfércra exposer les plantes au naturel. Si l’on 
a fait cette critique, d’un autre côté tous les étrangers s’accordaient à 
reconnaître que les plantes en Angleterre ont une verdure dont la nuance 
et la fraicheur ne peuvent pas être obtenues sur le continent. 

Nous ne pouvons pas entrer dans le détail des spécialités : toutefois, en 
dehors, il y avait plusieurs plantes curieuses ou bizarres : les Nepenthes 
et Sarracenia, le Lace plant (Ouvirandra), un lusus du Pandanus utilis, 
les Marattiées, Trichomanes, Leptopteris, Hymenophyllum ; l'invasion 
des Maranta qui semblent avoir chassé les Begonia; le grand nombre de 
Lilium auratum ; les perfectionnements extraordinaires du Pelargonium 
zonale ; le bon effet de l’Anthurium Scherzianum ; parmi les Orchidées, 
les Cypripedium, Uropedium et Selenipedium ; les nouveaux Aucuba; des 
fruits de Vanilla planifolia, tels sont les objets qui nous ont particu- 
lièrement frappé en dehors des nouveautés. Parmi ces dernières, plus 
nombreuses que jamais, le Maranta Veitchi, le Primula cortusoïdes 
amæna et le Coleus Gibsoni de M. Veitch, l’'Eranthemum argyroneurum 
de M. Bull et surtout le Dichorisandru musaïca, le Tradescantia undata 
et le Maranta Lindeni de M. Linden, nous ont paru être les plantes à 
sensation. 

L'exposition a présenté un caractère vraiment international. Outre 
l'amélioration de l’arrangement, le système du jury a été perfectionné 
par l'admission, bien naturelle, de quelques juges étrangers les plus com- 
pétents, en général un dans chaque section. Les botanistes prenaient 
à l’exposition un intérêt au moins aussi grand que les horticulteurs. 
Le programme avait été fort bien fait sous l’un et l’autre rapport. La pré- 
sence de l’illustre de Candolle avec tout un état-major de botanistes 
européens réunis pour le congrès, est encore un des points capitaux de 
la circonstance. Jamais tant de personnes et autant d’étrangers n’ont 
visité une exposition de fleurs. L’élite de l’horticulture belge, française, 
hollandaise et allemande était présente. 

L'exposition de Londres a été inspirée par un sentiment de réciprocité 
envers Bruxelles et Amsterdam ; elle a eu lieu par l'initiative et la 
volonté inébranlable de quelques hommes dévoués et intrépides qui ont 
eu à lutter contre un peu d’incrédulité et de routine. Jamais succès n’a 
micux récompensé de généreux efforts. Pour le nombre, l'étendue, 
l’arrangement, la qualité horticole et la valeur botanique, l’exposition de 
Londres surpasse les autres expositions internationales qui l’ont précédée. 
C'est maintenant au tour d’un autre. 


— 147 — 


Discours prononcé à l'ouverture du Congrès interna- 
tional de botanique, Londres, Mai 22-25, 1866, 


par M. A. DE CANDOLLE, président. 


MESSIEURS, 


Une réunion aussi nombreuse d’amis des sciences, d’horticulteurs et de 
botanistes accourus de toutes les parties de l’Europe, a besoin pour se 
constituer utilement de comprendre en vertu de quelle idée commune 
tant de personnes différentes se sont tout à coup rapprochées. C’est à 
celui qu’on a appelé à l’honneur de vous présider, et qui s’en trouve si 
peu digne, de faire ressortir le lien qui vous unit, ce lien dont vous 
n'avez peut-être encore qu’une notion trop vague et pour ainsi dire 
instinctive. 

À mon avis nous ne sommes pas venus à Londres dans le but de satisfaire 
une pure curiosité d'amateurs. 

La preuve en est que nous écoutons ici des discours, au lieu d’errer 
dans le jardin féérique de l’exposition. Evidemment nous cherchons 
autre chose qu’un spectacle, et cette autre chose est, si je ne me trompe, 
de l'instruction. Il ne suffit pas aux horticulteurs de voir, il leur faut 
aussi étudier et réfléchir. Il ne suffit pas aux botanistes d’observer 
minutieusement des détails, il leur faut aussi voir des plantes en grand 
et par masses. Les rapports de la pratique avec la théorie, de l’art avec la 
science, sont reconnus indispensables, et conformément à cette idée qui 
triomphe à notre époque, nous affirmons par notre présence dans cette 
salle, l’union nécessaire de la botanique et de l’horticulture. Rappeler 
comment elles s’aident l’une l’autre, indiquer comment elles pourraient 
s’aider davantage, tel sera l’objet de mes courtes réflexions. Si je ne 
m’abuse, il résultera des faits auxquels j'aurai à faire allusion, le senti- 
ment que nos efforts communs, scientifiques ou pratiques, malgré leur 
apparence très-modeste, contribuent à augmenter le bien-être des hommes 
dans toutes les conditions et dans tous les pays. 


I, Utilité de l’Horticulture pour la Botanique. 


Parlons d’abord des services que l’horticulture rend ou peut rendre à 
la botanique. Sans être horticulteur moi-même, je les constate ou les 
prévois volontiers, la marche de la science rendant nécessaire de recourir 
a n 4 
à toutes les branches collatérales. 

Nous ne sommes plus dans ces temps d'illusions où les botanistes ne 
s’occupaient guère que des plantes d'Europe, un peu de celles d'Orient, 


L'mate 


et où par timidité d’esprit, plutôt que par ignorance, ils se figuraient les 
pays lointains comme ayant tous à peu près le même fond de végétaux, 
avec un petit nombre d’espèces extraordinaires et exceptionnelles. Un 
siècle de découvertes a montré l’extrême diversité des flores, la grande 
localisation de beaucoup d’espèces et l’enchevétrement compliqué de leurs 
limites géographiques. Pour voir soi-même toutes les végétations du 
globe il faudrait réaliser en quelque sorte, la légende du Juif Errant ; et 
d’ailleurs, dans des voyages continuels, où seraient les moments de 
réflexion et d’études qui créent la science proprement dite ? Le voyageur 
est trop fatigué dans les pays chauds, trop agité dans les régions tempérées 
favorables à la vie active, trop enveloppé ou engourdi dans les régions 
froides pour pouvoir se livrer à des recherches attentives sous la loupe et 
le microscope, et même pour dessiner ou décrire convenablement ce qu'il 
récolte. Il voit en passant une foule de choses et ne peut presque jamais 
s'arrêter aux détails, surtout à ceux qui se succèdent. Rarement il peut 
voir le fruit en même temps que la fleur d’une espèce, et il lui est bien 
impossible d’étudier le développement complet dans toute l’année. Les 
notes recueillies par les plus intelligents d’entre eux se ressentent telle- 
ment de ces fatales nécessités, que le plus souvent elles n’ajoutent rien à 
ce qu’un échantillon d’herbier peut apprendre au botaniste sédentaire. 
C’est donc l’horticulture qui met à notre portée une foule de plantes 
exotiques, dans les conditions qui permettent le mieux de les étudier. 
Grâce aux espèces variées qu’elle sait réunir et faire prospérer, le 
botaniste peut seruter les questions les plus difficiles, et ecla dans des 
familles ou des genres de plantes qui n'existent point en Europe. Les 
herbiers permettent des travaux d’analyse plus délicats qu’on ne le 
pense dans le public, cependant il faut absolument la plante vivante 
pour certaines recherches, en particulier sur là disposition relative 
des organes, sur leur origine et leur développement. De même pour 
l'étude des phénomènes si curieux de la fécondation, ainsi que des 


mouvements et des directions de la tige, des feuilles et des parties de 


la fleur. 

L’horticulture a beaucoup fait pour le progrès de la physiologie bota- 
nique, mais elle a encore une grande carrière à parcourir dans ce sens. 
Les plus remarquables expériences des physiologistes, celles par exemple 
de Hales, de Duhamel, de Knight, ont été faites dans les jardins. Il 
en est de même des longues séries d’expériences de Gaertner fils, et plus 
récemment de M. Naudin, sur l’hybridation, expériences qui ont trait à 
la question toujours capitale de l’espèce. On peut en dire autant de la 
multitude des essais qui se font dans les établissements horticoles pour 
obtenir de nouvelles races ou variétés. Elles ont une grande portée 
scientifique, et ce sont assurément les horticulteurs qui en apprennent 
à cet égard aux botanistes. 

On pourrait cependant, ce me semble, augmenter l'utilité des jardins 


‘ 


— 149 — 


sous le point de vue des expériences de physiologie. Par exemple il y 
a encore de grandes lacunes à combler au sujet du mode d’action de la 
chaleur, de la lumière et de l’électricité sur les végétaux. J’ai signalé 
plusieurs de ces lacunes, en 1855, dans ma Géographie botanique rai- 
sonnée (1). Dix ans plus tard, M. Julius Sachs, dans le volume important 
qu’il vient de publier sur la physiologie botanique ‘2), remarque à peu 
près les mêmes déficits, malgré certains progrès incontestables des con- 
naissances. Le mal est toujours celui-ei : quand on veut étudier l’action. 
d’une température soit constante, soit variable, soit moyenne, soit 
extrême, ou l'effet de la lumière, il est très-difficile et quelquefois im- 
possible, si l’on observe dans le cours ordinaire des choses, de se dégager 

des variations incessantes de la chaleur et de la lumière. Dans les labo- 
ratoires on peut opérer sous des influences nettement déterminées mais 
il est rare qu’elles soient assez durables, et l’on tombe aussi dans l’incon- 
vénient de mettre les plantes trop à l’étroit dans des tubes ou sous 
des cloches. Cette dernière objection est évidente lorsqu'il s’agit de 
constater l'influence des gaz répandus dans l’air autour des végétaux 
ou celle des végétaux eux-mêmes sur l’atmosphère. Mettez les plantes 
sous un récipient, elles ne sont plus dans une condition naturelle; 
laissez-les à l’air libre, les vents et les courants déterminés à chaque 
instant de la journée par la température, dispersent les corps gazeux 
dans l’atmosphère. Personne n'’ignore combien de débats se sont élevés 
sur l'influence plus ou moins nuisible des vapeurs que les fabriques 
répandent autour d’elles. La ruine tantôt d’un fabricant, tantôt d’un 
horticulteur peut venir de la déclaration d’un expert sur ces sortes 
d’influences, d’où il résulte pour les savants une impérieuse nécessité 
de ne rien avancer sur ces questions délicates, à moins d'expériences 
véritablement probantes. 

C’est en vue de ces recherches, dont j'indique seulement la nature, 
mais qui sont immensement variées quant aux détails, que j'avais posé 
naguére (5) la question : « Ne pourrait-on pas construire des serres expé- 
rimentales, dans lesquelles on serait maïître d'obtenir, pour un temps 
prolongé, des températures déterminées, ou constantes, ou variables, et 
variables à volonté? » Ma question a passé comme inapercue dans un 
ouvrage volumineux, où elle n’était à vrai dire qu’un accessoire. Je la 
renouvelle aujourd’hui, en présence d’un public admirablement qualifié 
pour la résoudre. J'aimerais que dans un grand établissement d’horticul- 
ture ou dans un jardin botanique, on put mettre à la disposition de quel- 
que physiologiste ingénieux et exact, une serre appropriée aux expé- 


(1) Pages 46, 49, 57, 1346. 

(2) Handbuch der experimental-physiologie der Pflanzen ; un vol. in-8e. Leipsig, 
1865. 

(3) Géographie botanique (1855), p. 49 et 1346. 


— 150 — 


riences de physiologie végétale, et voici à peu prés comment je concevrais 
ce genre de construction. 

Le bâtiment devrait être à l’abri des variations extérieures de tempé- 
rature. Pour cela j'imagine qu’il serait en grande partie au-dessous du 
niveau du terrain. Je voudrais une construction en maçonnerie épaisse 
et en forme de voüte. La convexité supérieure qui s’éléverait au-dessus 
du sol, aurait deux ouvertures, l’une au midi, l’autre au nord, afin de. 
recevoir ou la lumière directe du soleil ou la lumière diffuse. Ces ouver- 
tures seraient fermées chacune par deux glaces bien transparentes, fixées 
hermétiquement. Il y aurait en outre des moyens extérieurs de clôture 
pour pouvoir obtenir uue obscurité complète, et pour diminuer l’influence 
des variations de température, quand on n’aurait pas besoin de lumière. 
Par l’immersion dans le sol, par l’épaisseur des murs et en recouvrant 
les surfaces extérieures avec de la paille, des nattes, etc., on obtiendrait 
la même fixité de température que dans une cave. La construction voütée 
aurait une communication souterraine avec une chambre, dans laquelle 
se trouveraient la source de chaleur et des appareils d'électricité. On 
arriverait dans la serre expérimentale par un couloir fermé de portes 
successives. La température serait donnée par des conducteurs métalli- 
ques échauffés ou refroidis à distance. Les mécaniciens ont déjà inventé 
des procédés pour que la température d’une salle, agissant sur une sou- 
pape, détermine la sortie ou la rentrée d’une certaine quantité d’air, de 
façon que la chaleur soit réglée par elle-même (1). On pourrait s’en servir 
lorsque cette complication serait nécessaire. 

Evidemment au moyen d’une serre ainsi construite on suivrait des 
plantes depuis leur germination jusqu’à la maturité de leurs graines, 
sous des degrés de température et des quantités de lumière parfaitement 
déterminés. On pourrait alors préciser comment la chaleur agit dans les 
phases successives, du semis à la germination, de la germination à la 
floraison, de celle-ci à la maturité des graines. On construirait pour 
diverses espèces des courbes qui exprimeraient l'influence de la chaleur 
sur chaque fonction, courbes dont on possède déjà quelques exemples 
pour les phénomènes les plus simples, comme la germination (2), l’alon- 
gement des tiges et le mouvement des sucs dans l’intérieur de certaines 
cellules (5). On constatcrait un grand nombre des minima et maxima de 


(1) Voir le système électrique de M. Carbonnier, exposé à Chiswick, en 1857, figuré 
dans la Flore des Serres et des Jardins, vol. XII, miscell., p. 184. 

(2) De la germination sous des degrés divers de température constante, par Alph. de 
Candolle, dans la Bibliothèque Universelle de Genève (Archives des Sciences), Novem- 
bre, 1865. 

(8)Siles courbes n’ont pas été construites, les données numériques pour les construire 
existent au moins, dispersées dans les ouvrages. Je citerai, par exemple, la croissance 
d’un scape de Dasylirion, d'après Ed. Morren (Belgique hortic., 1865, p. 922). Les 
chiffres, par parenthèse, n’y sont pas favorables à l’idée admise que la croissance des 
tissus est plus active la nuit que le jour. 


— 151 — 


température qui existent partout en physiologie, comme limite des phé- 
nomènes. On scruterait enfin une question plus compliquée, où la science 
a déjà fait des progrès, celle de l’action des températures variables, et 
l’on verrait si, comme cela paraît démontré, ces températures sont tantôt 
avantageuses et tantôt nuisibles, suivant l’espèce, la fonction envisagée 
et la partie de l'échelle thermométrique parcourue. 

L'action de la lumière sur les végétaux a donné lieu aux expériences 
les plus ingénieuses. Quelquefois malheureusement ces expériences n’ont 
abouti qu’à des résultats opposés ou incertains. Les faits le mieux con- 
statés sont l’importance de la lumière du soleil pour la coloration en vert, 
la décomposition du gaz acide carbonique par les organes foliacés, et 
certains phénomènes de direction ou de position des tiges et des feuilles. 
Il reste encore beaucoup à apprendre sur les effets de la lumière diffuse, 
sur la combinaison du temps et de la lumière, et sur l'importance relative 
de la lumière et de la chaleur. Une lumière prolongée pendant plusieurs 
jours ou plusieurs semaines, comme dans les régions polaires, produit- 
elle, en dégagement d'oxygène et fixation de matière verte, autant d'effet 
que la lumière distribuée de 12 en 12 heures comme sous l’équateur ? 
C’est ce qu’on ignore. Il y aurait là, comme pour la température, des 
courbes à construire, exprimant l’action croissante ou décroissante de la 
lumière dans chaque fonction, et puisque la lumière électrique est sem- 
blable à celle du soleil, on pourrait dans notre serre expérimentale sou- 
mettre des végétaux à une lumière continue (1). 

La construction supposée permettrait de faire passer la lumière par 
des verres colorés ou au travers de solutions colorées, pour vérifier l'effet 
des divers rayons visibles ou invisibles qui entrent dans la composition 
de la lumière du soleil. Comme exactitude rien ne remplace la décom- 
position du faisceau lumineux par un prisme, avec fixation des rayons au 
moyen de l’héliostat. Cependant un bon choix de matières colorantes et 
une marche logique dans le mode d’expérimentation conduisent aussi à 
de bons résultats. J’en donnerai pour preuve que les expériences récentes 
les plus rigoureuses, en ce qui concerne l’action des divers rayons sur la 
production d’oxygène par les feuilles et sur la coloration en vert, n’ont 
fait que confirmer les découvertes faites en 1836, sans prisme ni héliostat, 


(1) L'appareil qui produit le plus de fixité et d’éclai, en fait de lumière électrique, 
est la machine maguéto-électrique, fondée sur le développement de linduction par le 
mognétisme découvert par lillustre Faraday, La pile y est remplacée par une ma- 
chine à vapeur de faible puissance, qui met en mouvement une roue garnie de forts 
aimants. (Voyez Biblioth. Univ. de Genève, Archives Scientifiques, 1861, v. 10. p. 160.) 
L’entretien en est peu coûteux, mais malheureusement l’achat des aimants est une forte 
dépense. Un a appliqué déjà ce système à deux phares, celui du South Forcland- 
(Voy. Plul. Mag., April, 1860; Biblioth. Univ. de Genève. v. 8, 1860), et celui de la 
Société l’Alliance, au Havre, à la suite d'expériences de MM. E. Becquerel et Tresca. 


— 152 — 


par M. le professeur Daubeny (1), expériences d’après lesquelles ce sont 
les rayons les plus clairs qui agissent le plus, après eux les plus calori- 
fiques, et enfin les rayons dits chimiques. Le D'. Gardner en 1843, 
M. Draper immédiatement après, et le D'. C. M. Guillemin en 1857 (2), 
avaient déjà vérifié au moyen du prisme et de l’héliostat la découverte de 
_M. Daubeny, qui renversait les idées répandues depuis Senebier et Tes- 
sier, à la suite d’expériences fautives(3). On avait cependant de la peine à 
croire que les rayons les plus réfrangibles, le violet par exemple, qui 
agissent le plus sur les matières métalliques dans les opérations de la 
photométrie, soient précisément ceux qui décomposent le moins le gaz 
acide carbonique dans les plantes et qui influent le moins sur la matière 
verte des feuilles. Malgré la concordance des résultats obtenus, à la 
suite de M. Daubeny, par des procédés plus rigoureux et par plusieurs 
expérimentateurs, les anciennes opinions, plus vraisemblables en elles- 
mêmes, influaient encore sur les esprits (#), lorsque M. Julius Sachs 
dans une série importante d'expériences a constaté une fois de plus la 
vérité (). Ce sont bien les rayons jaunes et oranges qui influent le plus, 
et les rayons bleus et violets qui influent le moins dans les phénomènes 
de la chimie végétale, contrairement à ce qui se passe dans la chimie 
minérale, du moins pour le chlorure d’argent. Les rayons peu réfran- 
gibles, comme l'orange et le jaune, ont aussi la double et contraire 
propriété qui s’observe pour la lumière blanche, de colorer la matière 
verte des feuilles et de la décolorer, sous un degré supérieur d’intensité. 
Ce sont eux aussi qui altèrent la matière colorante des fleurs, lorsqu'elle 
a été dissoute dans de l’eau ou de l’alcool (6). Les rayons dits chimiques, 


=——— — © —_—————— 


(1) Daubeny, Philos. Trans., 1836, part. 1. 

(2) Dr. Gardner, Edinb. Phil. Mag., 1844, extrait en français dans la Bibl, Univ. 
de Genève, Février, 1844 ; Draper, Edinb. Phil. Mag , Septembre, 1844, extrait, 
1844, vol. 54 ; Guillemin (C. M.), Ann. Sc. Nat , 1857, ser. 4, vol. 7, p. 154. 

(5) Senebier, Mém. Phys. et Chim. 2, p. 69; Tessier; Mém. Acad. Sc., 1783; Gilby, 
Ann. de Chimie, 1821, v."17 ; Succow, Commentatio de lucis effeclibus chemicis, in 4o., 
Jena, 1828, p. 61; Zantedeschi, d’après Dutrochet, Compt. Rend. Acad. Sc., 1844, 
sem. 1, p. 855. 

(4) Comme preuve de cette persistance de l’ancienne opinion je citerai une phrase 
du Professeur Tyndall, dans son opuscule très-clair et très-intéressant On Radiation, 
(London, 1865), p. 6 : « In consequence of their chimical energy these ultra violet 
rays are of the utmost importance to the organic world. » J’ignore si l’auteur avait 
en vue quelque propriété des rayons chimiques sur le règne animal, mais d’après 
certains passages de M. Sachs, je doute qu'ils aient plus d'importance dans ce règne 
que sur le règne végétal. Du reste, M. Tyndall n’avait pas à s'occuper de ces ques- 
tions, il s’est contenté d'élucider admirablement la nature physique des divers 
rayons. 

(5) Les travaux de M. Sachs ont paru d’abord dans la Botanische Zeitung; ils sont 
réunis et condensés dans le remarquable volume intitulé Handbuch der Physiologis- 
chen Botanik, vol. 4, Leinsig, 1865, p 1 à 46. 

(6) Sir John Herschell, Edinb. Philos. Journ., January, 1843. 


— 153 — 


tels que le violet, les rayons invisibles au delà du violet, d’après les expé- 
riences récentes, confirmatives de celles des anciens auteurs, puis de 
Sebastien Poggioli en 1817 (1) et de C. M. Guillemin, n’ont qu'une 
seule propriété bien constatée, celle de favoriser la flexion des tiges de 
leur côté avec plus d'intensité que d’autres rayons, et cela même serait 
un effet peut-être plus négatif que positif, si la flexion provient, comme 
beaucoup le croient encore, de ce qui se passe dans le côté le plus mal 
éclairé 12). L’extrême opposé du prisme, celui des rayons calorifiques non 
visibles à l’œil, a été peu étudié dans ses effets sur les végétaux. D'après 
les expériences connues il aurait une action assez faible sur toutes les 
fonctions, mais il vaudrait la peine d’explorer mieux cette région calori- 
fique du prisme, en employant le procédé de M. Tyndall, c’est-à-dire 
au moyen de l’iode dissous dans du bisulfure de carbone, qui ne laisse 
passer aucune trace de lumière visible. 

Combien toutes ces expériences de laboratoire seraient curieuses à 
faire en grand ! Au lieu de regarder dans de petites cases, ou de petits 
appareils qu’on tient à la main et où les plantes se voient mal de dehors, 
on serait soi-même dans l'appareil. On disposerait les plantes à volonté. 
On observerait plusieurs espèces à la fois et des plantes de toute nature, 
grimpantes, mobiles, à feuillages colorés, etc. come des plantes ordinai- 
res. On prolongerait l’expérience aussi longtemps qu’on le voudrait, et 
on aurait probablement des effets inattendus sur la forme ou la colora- 
tion des organes, particulièrement des feuilles. 

Sur ce point qu’il me soit permis de rappeler une expérience faite 
en 1853 par M. de Martius(5). Elle intéressera les horticulteurs aujour- 
d’hui que les plantes à feuillage coloré sont de plus en plus à la mode. 
M. de Martius avait placé des Amaranthus tricolor, pendant deux 
mois, sous des vitraux de diverses couleurs. Avec du verre jaune la 
coloration multiple s’était conservée. Les verres rouges avaient géné un 
peu le développement des feuilles, et produit à la base du limbe du 
jaune au lieu de vert, au milieu de la surface supérieure du jaune au lieu 
de brun rouge, au-dessous une tache rose au lieu de rouge pourpre. 
Avec des verres bleus, qui laissaient passer un peu de vert et de jaune, 
ce qui était rouge ou jaune dans la feuille s’était étendu et il n’était 
resté qu’un bord vert. Sous des vitraux violets, presque purs, la feuille 
était devenue à peu près uniformément verte, Ainsi au moyen de verres 


(1) S. Poggioli, Opuscoli Scientifici, cité par Dutrochet, Compt. Rend. Acad. Sc., 
1844, sem, 1, p. 850. 

(2) Les explications, assez confuses et contestables, fondées sur les idées de Dutro- 
chet, d’une influence désoxydante du côté le plus éclairé, viennent se heurter contre 
le fait que les rayons bleus, indigos, et violets, les moins actifs pour désoxyder les 
tissus, sont les plus énergiques pour les courber. : 

(3) Gelehrte Anzeige. München, 2 Déc. 1853. 


= Vo 


colorés, pourvu qu'ils ne soient pas jaunes, les horticulteurs peuvent 
se flatier d'obtenir des effets, au moins temporaires, sur la coloration des 
feuilles multicolores. 

L'action de l'électricité sur les végétaux est si douteuse, si difficile à 
expérimenter que j'ose à peine la mentionner, mais on comprend à quel 
point les expériences seraient facilitées par la construction supposée. 
Quant à l'effet des plantes sur l'air qui les environne et à l’influence 
d’une certaine composition de l’atmosphère sur les végétaux, on aurait 
de grandes ressources d’expérimentation par le moyen indiqué. Rien 
ne serait plus facile que de créer dans la serre expérimentale une 
atmosphère chargée d’un gaz nuisible, pour savoir comment il agit, 
dans chaque proportion, de jour et de nuit. On pourrait aussi créer des 
atmosphères chargées de gaz acide carbonique, telles qu’on suppose en 
avoir existé à l’époque de la houille. On verrait jusqu’à quel point nos 
végétaux actuels prendraient plus le carbone à l’air et si leur vie générale 
s’en accommoderait. On saurait quelles familles de plantes peuvent sup- 
porter cette condition, et quelles autres familles n’ont pas pu exister en 


supposant que l’air aurait eu jadis une très-forte proportion de gaz acide 
carbonique. 

En attendant que l’horticulture fournisse à la physiologie des moyens 
d’expérimentation aussi commodes, elle avance la botanique descriptive 
par les grandes publications qu’elle favorise. La plupart des anciens ou- 
vrages à planches, tels que Hortus Eystettensis, Hortus Elthamensis, etc. ; 
ensuite ceux de Ventenat, Cels, Redouté etc., puis les Salictum, Pine- 
tum, du duc de Bedford, et plus récemment les Rhododendron de l’Hima- 
laya par Hooker fils, les ouvrages de Bateman, Pescatore, Reichenbach 
fils sur les orchidées, et bien d’autres que je pourrais citer, n'auraient 
pas vu le jour s’il n’y avait eu de riches amateurs de jardins pour les 
éditer ou les acheter. C’est l’horticulture qui nous a donné les plus 
longues séries de journaux à planches qui aient été publiées, et iei je 
dois rendre hommage d’une manière toute spéciale aux horticulteurs 
anglais. Sans doute les figures des Botanical Magazine, Botanical Regis- 
ter, Andrews’ Repository, Loddiges’ Botanical Cabinet, Sweet’s British 
Flower Garden, Paxton’s Magazine et Flower Garden, et autres jour- 
naux anglais, ne contiennent pas un assez grand nombre des détails 
d'analyse demandés par la science de notre époque, mais quelle abon- 
dance de formes fixées ainsi par la gravure dans les livres, et quelles 
sources précieuses de documents à consulter! Il faut admirer ce Bota- 
nical Magazine, commencé en 1795, continué de mois en mois avec une 
ponctualité exemplaire, et qui en est aujourd’hui à la planche 5580. Non 
seulement il a toujours donné des espèces rares ou nouvelles, mais encore 
il a été maintenu sur un plan simple et uniforme, qui le rend commode 
à consulter. La série des planches est unique depuis l’origine, chaque 
planche porte son numéro, chaque article du texte se rapporte seulement 


— 155 — 


à une planche, de manière que les citations de l’ouvrage peuvent être 
brèves et claires. Beaucoup d’éditeurs n’ont pas compris les avantages 
de cette grande simplicité. Ils ont varié les titres, les séries, les pagina- 
tions; ils ont fait mettre sur les planches des numéros, puis des lettres, 
ou rien du tout, mais en définitive, et ceci devrait leur servir de lecon 
pour lavenir, plus ils ont varié et compliqué, moins leurs journaux 
ont duré. 

Pourquoi faut-il que ces détails purement bibliographiques évoquent 
en nous des souvenirs douloureux? De ces quelques hommes dont je 
viens de parler, qui ont rendu de si éminents services à l’horticulture 
botanique, l’Angleterre en a perdu trois dans l’année 1865 : Sir Joseph 
Paxton, le D' Lindley, et Sir William Jackson Hooker(!). Assurément je 
manquerais à ce que vous attendez de moi, si je n’exprimais au nom des 
étrangers qui assistent à cette séance notre vif regret de pertes aussi 
sérieuses. Nous connaissons tous par leurs écrits, et plusieurs d’entre 
nous avaient connu personnellement, les trois hommes d'élite dont je 
viens de parler. Leurs noms nous poursuivent à chaque pas sur ce théâtre 
de leurs travaux. Si nous admirons la hardiesse des coupoles en fer qui 
caractérisent les constructions modernes, nous pensons au Crystal Palace, 
à Chatsworth, et à l’humble jardinier qui était devenu un grand archi- 
tecte, Si nous yvisitons le bel établissement de Kew, nous y voyons 
partout la preuve de l’activité infatigable de Sir William Hooker. Enfin 
si nous demandons l’origine du jardin de la Société Royale d’Horticul- 
ture à Kensington, on nous dit qu’il a été un développement de celui de 
Chiswick, où Lindley, naguère, brillait par la science et par l’esprit, de 
cette Société où les botanistes de mon âge ont trouvé dans leur jeunesse 
des encouragements si précieux pour leurs études. 

Les noms de Sir William Hooker et du D' Lindley resteront dans la 
science, grâce à des ouvrages tout à fait spéciaux. Ces deux botanistes 
ont été cependant les directeurs de journaux horticoles et de grands 
établissements d’horticulture, et puisque leur influence avait été si bien 
acceptée par les hommes pratiques, j'aurai peu de peine à démontrer, ce 
qui est l’objet de la seconde partie de mon discours, que la science est 
utile aux horticulteurs, comme l’horticulture aux botanistes. 


IT. Utilité de la botanique pour l’horticulture. 


Les principes de la physiologie végétale sont ce que les horticulteurs 
et agriculteurs recherchent ordinairement le plus dans les ouvrages de 
botanique. Ils n’y trouvent pas toujours des réponses directes à leurs 


(1) Nous apprenons à l'instant la mort d’un botaniste Irlandais bien distingué, 
M. le Dr W. H. Harvey, si connu par ses ouvrages sur les Algues et sur les plantes 
du Cap de Bonne Espérance. Il est impossible de ne pas constater ici, ne fut-ce que 
par ces quelques lignes, le regret que nous éprouvons d’une perte aussi sensible. 


_— 156 — 


questions, mais ils peuvent y puiser certaines règles, certaines manières 
d’expérimenter et de raisonner, qui leur évitent bien des erreurs. Qu'une 
idée bizarre soit lancée dans le public par un ignorant ou un charlatan, 
c’est par des notions générales de physiologie que l’homme pratique peut 
les rejeter d'emblée, ou au moins s’en défier. Inversement, les nou- 
veautés conformes aux principes peuvent être, je dirai même doivent 
être accueillies facilement. Ne croyons pas trop aux bons résultats 
d'essais faits absolument au hasard. Il en est de ces essais comme des 
rêves et des pressentiments : s’ils se vérifient une fois sur mille on en 
parle, sans cela on les cache et on les oublie. Au surplus, il faut le dire, 
les hommes se dirigent presque tous par des théories, seulement les 
théories des ignorants cont souvent sans base et absurdes, tandis que 
celles des hommes instruits reposent sur des indices ou sur un ensemble 
de faits. 

À côté de la physiologie, la géographie botanique enseigne la distri- 
bution des végétaux sur le globe, leur lutte contre les éléments, leurs 
migrations, et elle soulève déjà quelques lambeaux du voile qui recouvre 
la connaissance obscure de leurs origines. Tout cela doit présenter aux 
horticulteurs un véritable intérêt. Nous approchons de pouvoir con- 
stater par des chiffres l’influence de chaque climat sur les végétaux, par 
conséquent la possibilité pour une espèce de supporter les conditions 
moyennes et extrêmes de tel pays où l’on voudrait l’introduire. Déjà 
nous pouvons montrer de la manière la plus claire l’analogie de végé- 
tation et de climat de certaines régions éloignées les unes des autres, 
et indiquer dans quels cas on peut essayer ou l’on doit repousser des 
tentatives nouvelles de cultures. Un illustre géologue a pu dire d’avance : 
il ya de l’or dans telle partie de la Nouvelle Hollande, et l'or y a été 
trouvé. Nous pouvons dire aussi : l’Olivier et le Chéne-liège réussiront en 
Australie; la région orientale el tempérée des États-Unis est favorable 
aux cultures de la Chine, en particulier à celle du thé, et la partie de 
l'Amérique comprise entre San Francisco et l’Orégon, donnera un jour 
des vins aussi variés et aussi distingués que ceux de notre Europe, entre 
le Portugal et le Rhin. Chose singulière ! les deux boissons principales de 
l’homme civilisé, qui produisent quelques effets semblables comme exci- 
tants, mais qui s’excluent aussi l’une l’autre, jusqu’à un certain point, 
dans les habitudes, le vin et le thé, présentent aussi dans la culture qui 
les produit des ressemblances et des dissemblances marquées. La vigne 
et le thé réussissent sur des coteaux pierreux, primitivement inutiles et 
dont ils centuplent quelquefois la valeur. Selon l’exposition, le sol, la 
culture et la manière de préparer les produits, on obtient çà et là des 
crus de vin ou des qualités de thé d’une supériorité incontestable, les 
récoltes voisines, à quelque pas de distance, étant plus ou moins ordi- 
naires. Les deux arbustes demandent un climat tempéré, mais la vigne 
exige de la chaleur et pas de pluie en été, au contraire le thé demande 


— 157 — 


peu de chaleur pendant l'été et de la pluie, d’où il résulte entre ces 
deux espèces une incompatibilité géographique presque complète. Les 
pays de vignobles ne seront point des pays produisant du thé, et vice 
versé. 

Mais, dira-t-on, ces exemples tirés de la grande culture, ne concernent 
ni la botanique ni les jardins. Je prétends le contraire. C’est, à notre 
époque du moins, la science qui indique les plantes à cultiver et les pays 
où il faut les introduire. L’horticulture en fait l’essai avec une infinité 
de précautions. Enfin, lorsqu'elle a réussi, elle livre les jeunes plantes 
aux procédés nécessairement plus grossiers de l’agriculture. Avant l’in- 
troduction si heureuse des Quinquinas dans les Indes Anglaises et Hol- 
landaises, il a fallu des botanistes pour recueillir, distinguer et décrire 
soigneusement les diverses espèces de Cinchonas d'Amérique ; il a fallu 
ensuite des horticulteurs pour en faire des boutures, en recueillir les 
graines, élever les jeunes plantes, les transporter et les établir dans une 
autre partie du monde, et là, enfin, la grande culture s’en est emparée. 
Le caféier ne s’est pas répandu de proche en proche d'Arabie dans l’Inde 
et de l’Inde à Java. Ce ne sont pas les colons Américains qui l’ont fait 
venir du pays d’origine dans leurs fazendas ou haciendas. L’arbuste a 
été d’abord décrit par les botanistes; ensuite les Hollandais l’ont intro- 
duit dans un jardin à Batavia, de là dans le jardin botanique d’Amster- 
dam, d’où un pied fut envoyé au roi de France, en 1714. L'officier de 
marine de Clicu transporta l’espéce du jardin de Paris dans les colonies 
françaises d'Amérique. 11 serait facile de multiplier ces exemples. Aujour- 
d’hui la science a fait des progrès, les hommes pratiques s’en servent, 
les gouvernements et les peuples ont abandonné ces stupides idées d’a- 
près lesquelles une culture avantageuse à un pays était supposée nuire 
aux autres. On peut donc espérer de voir, assez promptement, les espèces 
utiles implantées dans toutes les régions où elles peuvent prospérer, au 
grand avantage de l’humanité considérée dans son ensemble. 

Parmi les effets de la science au milieu du public horticole un des plus 
évidents a été de susciter le goût de formes variées et peu connues. On 
vivait autrefois, dans les jardins, sur un certain fonds de plantes qui 
remontaient au temps des croisades, ou même des Romains. La décou- 
verte du nouveau monde n’avait pas produit un changement propor- 
tionné à son importance, peut-être parce que les horticulteurs ne voya- 
gaient pas assez, où ne s’adressaient pas aux pays dont les espèces 
pouvaient le mieux convenir à l’Europe. Les botanistes heureusement 
furent plus ambitieux. Leurs voyageurs au-delà des mers furent nom- 
breux et intrépides. Ils enrichirent les herbiers d’une infinité de formes 
nouvelles, et l’on publia des ouvrages tels que ceux de Hermandez, 
Rumphius, Sloane, ete., sur les plantes exotiques. On comprit dès-lors 
l’immense diversité des végétaux, et en fait de goût, l’élégante simplicité 
des fleurs primitives put lutter contre l’excessive parure des fleurs 


— 158 — 


doubles. Le règne de la tulipe et des pivoines cessa dans les parterres. 
La curiosité, ce principe moteur de toutes les sciences, ayant pénétré en 
horticulture, le changement des jardins fut rapide. Au lieu de quelques 
centaines d'espèces qu’on cultivait au commencement du siècle dernier, 
ce sont 20 ou 50,000 qui figurent dans l’ensemble des catalogues actuels. 
La seule famille des Orchidées a probablement plus d’espèces différentes 
dans nos serres qu’il n’en existait de toutes les familles de plantes il y 
a cent ans. La mode, unie à la curiosité moderne des amateurs, fait 
abandonner de temps en temps les vieilles plantes pour de nouvelles 
et ainsi le règne végétal tout entier finira par passer sous les regards de 
l’homme civilisé. 

Comment les horticulteurs se reconnaitraient-ils au milieu de ces 
invasions d'espèces par milliers, si les botanistes n’avaient imaginé des 
procédés commodes de classification et de nomenclature? Les familles, 
genres et espèces ont été disposés dans les livres comme les quartiers, 
les rues, les numéros de maisons dans nos grandes capitales, avec 
cette supériorité de méthode que la forme des objets indique leur place, 
comme si en regardant une maison dans une ville on découvrait par 
cela même à quelle rue et à quel quartier elle appartient. L’usage de 
donner un seul nom à chaque espèce, outre son nom de genre, combiné 
avec l’interdiction de changer les noms sans de justes motifs et de donner 
le même nom à deux espèces ou à deux genres, dépasse de beaucoup 
en régularité nos procédés de désignation des individus. Quelle ne 
serait pas la simplification des relations entre les hommes et la facilité 
de les trouver un à un, si dans le monde entier, il ne pouvait y avoir 
qu’une seule famille s’appelant d’une certaine manière, et si chaque 
individu ne pouvait avoir qu’un seul nom de baptême, différent de 
ceux des autres personnes de sa famille? Tel est pourtant l’admirable 
système de nomenclature que la science a mis à la disposition des horti- 
culteurs et qu’ils ne sauraient trop apprécier et respecter (1). 


(1) J’ai adressé il y a deux ans à la Fédération des Sociétés d’Horticulture Belges, 
une demande, qui paraît avoir été bien accueillie, et qu’il n’est peut-être pas inutile 
de reproduire ici. Elle consiste à prier les horticulteurs qui obtiennent de nouvelles 
variélés, de ne pas leur donner des noms de forme botanique, avec la désinence 
latine, mais plutôt des noms arbitraires, d’une forme toute différente, afin d’éviter 
des confusions et des recherches inutiles dans les livres. Par exemple, si lon a 
appelé un Calceolaria Sébastopol ou Triomphe de Gand, tout le monde comprendra 
qu'il s’agit d’une variété de jardins, mais si on l’a nommée Lindleyi ou mirabilis, on 
pourra croire que c’est une espèce botanique. On ira alors la chercher dans les 
ouvrages scientifiques ou dans les flores du Chili, et les botanistes venant peut- 
être à s’y tromper, la mettront à la suite du genre dans leurs livres, comme une 
espèce mal connue. Plus les noms horticoles tranchent sur les noms latins, mieux 
cela vaut, à moins toutefois qu’on ne puisse les rattacher clairement à la nomencla- 
ture botanique, en indiquant l'espèce, comme lorsqu'on dit Brassica campestris 
oleifera. au lieu de dire brièvement Colsa. 


III. Effets avantageux du rapprochement de la Botanique et de 
l’Horticulture. 


En horticulture on a besoin de livres et d’herbiers, comme dans la 
botanique scientifique on a besoin de plantes vivantes cultivées. De là 
cette nécessité de plus en plus reconnue que les matériaux à comparer 
soient rapprochés les uns des autres dans les mêmes villes, dans les 
mêmes établissements, et même sous une seule administration propre 
à en faciliter l'emploi. Combien d'institutions en Europe, soit particu- 
lières, soit officielles, ont à gagner sous ce rapport! Combien de villes 
et de pays sont restés en arrière, tantôt en fait de bibliothèques ou 
d’herbiers, tantôt en fait d’horticulture. Les hommes spéciaux récla- 
ment; espérons que l'opinion publique finira par les écouter ({). 

Le rapprochement des moyens matériels d'étude, ai-je dit, est désirable. 
Celui des idées et des tendances propres, soit aux botanistes, soit aux 
horticulteurs, ne l’est pas moins. Chacune de ces catégories de personnes 
doit avoir évidemment des traits distinctifs, mais l'influence de l’une 
doit se faire sentir sur l’autre. C’est le moyen par lequel certaines dis- 
positions trop exclusives se trouvent combattues et certaines facultés 
latentes peuvent se développer. L’horticulture, par exemple, a un côté 
mercantile qui entraine quelquefois trop loin. Le charlatanisme peut se 
glisser parmi les fleurs. La botanique, au contraire, est une science ; par 
conséquent elle repose sur la recherche de la vérité pure et simple. En 
se pénétrant de l’esprit scientifique l’horticulteur s’éloigne nécessaire- 
ment de tendances trop intéressées. De son côté, l’histoire naturelle, 
à cause de la perfection même de ses méthodes, de ses nomenclatures 
et de ses observations minutieuses, a quelque chose de technique et 
d’aride qui contraste avec la grandeur de la nature et avec le sentiment 
de l’art. C’est à l’horticulture, en y comprenant le tracé et le décor des 
jardins, de développer le sens esthétique des savants, comme de tout le 
monde. Une belle fleur, de beaux arbres, une splendide exposition florale, 
font naître une sorte d’admiration et même d’enthousiasme, comparable 
aux effets de la musique ou de la peinture. On vante avec raison la 
puissance des compositeurs Allemands de l’époque moderne et celle 
des peintres Italiens du XVI: siècle, ne peut-on pas dire aussi que les 
beaux parcs de la vieille Angleterre, sont dans leur genre à une hauteur 
égale, au point de vue de l’art? Le sentiment de l'harmonie dans les 


(1) Le jardin botanique de Kew est un bel exemple de ce qui devrait être fait, soit 
en grand, soit sur une échelle modeste, dans plusieurs villes où les moyens d'étude 
sont encore incomplets ou incommodes. 


— 160 — 


teintes et dans les formes n’y est-il pas étudié aussi? L’effet des con- 
trastes n’y est-il pas habilement calculé? Le passage insensible de 
l'architecture aux beautés naturelles n’y est-il pas ménagé d’une manière 
admirable? Oui, assurément, les jardiniers paysagistes Anglais ont été 
poëtes. Ils ont puisé du moins à la même source d'inspiration que les 
écrivains les plus nationaux de leur pays, et cette source est le senti- 
ment, si général en Angleterre, du beau dans une nature élégante et 
attrayante quoique sérieuse. 

Ainsi Messieurs, pour le développement de nos facultés, comme pour 
nos intérêts positifs, l’art et la science marchent bien ensemble. Félici- 
tons-nous de leur union, rendue visible aujourd’hui par ce Congrès de 
botanistes annexé à une grande Exposition d’horticulture, et après ces 
réflexions générales, un peu trop prolongées peut-être, abordons les 
questions plus véritablement scientifiques auxquelles plusieurs d’entre 
vous se disposent sans doute à prendre part. 


COMPOSITION DU BUREAU DU CONGRÈS DE BOTANIQUE. 


Président. 


Professor A. De Canpozce, Professor of Botany, Geneva; Foreign Member of the 
Institute of France, etc., etc. 


Comité, 


Professor Bamincron, F. R. S$., Professor of Botany in the University of compose 
Vice-Président. 

James BarTemax, F. R. S., Biddulph Grange, Congleton, Vice-Président. 

W. H. Baxrer, F.R.H. S., Curator, Botany Garden, Oxford. 

J. J. Benwer, F. R. S., Keeper of the Botanical Departement, British Museum, 
Vice-Pres ident. 

Professor BenrLey, F. L. S., Kings College, Vice-Président. 

Rev. M.J. BerxeLey, M. A. F. L. S., Examiner in Botauy iu the University AT 
Vice Président. 

W. Carroruers, F. L.S., British Museum. 

Professor Casrary, Kœnigsberg. 

B. CLarkEe, F.L.S., Mount Vernon, Hampstead. 

Dr. ALExanper Dickson, Edimburgh. 

Cuarces Darwin, F. R. S., Down, Bromley, Vice-Président. 

Professor Dausenv, F. R. S., Professor of Botany in the University of Oxford, 
Vice-Président. 

Dr. J. E. Gray, F. R.S., British Museum, Vice-Président. - 

Dr. Hocc, F. L. S., 99, St. Georges Road, Pimlico. 

Professor Karz Koca, Berlin. - 

Professor Kickx, Ghent. 

Mr. Ainenmanx Masrers, F. R. H.S , Canterbury. 


— 161 — 


Professor Mornen, Liège. 

Gizes Nuwey, Lawn Villas, Wood Green, N. 

James Me Nas, Curalor, Royal Botanic Garden, Edinburgh. 

Joux Miers, F. R.S., 84, Addison Road, Kensington, Vice-Président. 

À. G. More, F. L.S., Glasnevin, Dublin. 

Dr. D. Moore, F. L.S., Director of the Royal Dublin Society’s Botanic Garden, 
Glasnevin, Vice-Président. 

Taomas Moore, F. L. S., Curator of the Botanic Garden, Chelsea. 

W. Muop, F, L.S., Curator of the Botanie Garden, Cambridge. 

Colonel Muwxo F. L.S., Farnboro’ Road, Vice-Président. 

AnDprew Murray, F. L.S., Bedford Gardens, Kensington, W. 

W. Pau, F.R. H.S., Waltham Cross. 

Dr. R.C. A. Prior, F. L.S., Halse House, Taunton, Vice-Président. 

Professor ReicHeNBaca, Hamburg. 

Taomas Rivers, F. R. H. S. Sawbridgeworth. 

Dr. Scauzz Biponrinus, Deidesheim. 

Signor Triana, Kew. 

J. G. Verrcu, Chelsea. 

M. WeppEeLc, Poitiers. 

Dr. Wezwirscu, F.L.S., 17, Russell Place, Fitzroy Square, Vice-Président. 

M. Wenpzano, Hanover, 

Dr. Wiçur, F.R.S., Grazely Lodge, Reading, Vice-Président. 

James Yates, M. À., F.R.S., Lauderdale Housse, Highgate. 


MaxweLz T. Masters, M. D.,F. L.S., Spring Grove. W. 
Hon. Sec. 


PREMIÈRE LISTE DE PRÉSENCE. 


FRANCE. 


MM. Anpré, Paris, Delegate from the French Gouvernement, — Bariccer, Paris. — 
Bacrer, Troyes. — Berri, Versailles. — BcLeu, Paris. — Bossin, Paris — BarraL, 
Paris. — Camizze Bernarnin, Brie Comte Robert. — BEerGmann, Ferrière en Brie. — 
CuarPenTiER, Paris. — Roucier CHauviëre, Paris. — A. Cacuer, Angers. — Cocxer, 
Melun. — Duran», Bourg la Reine. — Decare, Orléans. — A. Ducuer, Lieusaint. — 
Durré, Paris. — Durcor, Paris. — FonrTane, Paris. — F. GLoëpe, Fontainebleau. — 
Courtois GerarD, Paris. — Henniquiv, Angers. — Aupusson-Hiron, Angers. — JAMIN, 
Bourg la Reine. — V. Lemoine, Nancy. — Le Sueur, Boulogne (Seine). — Leroy, 
Angers. — Luppemann, Paris. — Le Pror. Lecoo, Clermont Ferrand, correspondent of 
the « Institut » — Vice-Président. — Asez Lescanc, Fils, Coulommiers. — Le Comte 
L pe Lamgerrye, Chaltrait. — Loise, Paris. — Moncer, Fontainebleau. -- Marës, 
Montpellier, correspondent of the « Institut. » — Mas, Bourg. — Mazer, Marseilles. — 
A. Parvarp, Trianon. — P. Parvann, Trianon. — PeriN, Paris. — Pixez, Rouen. — 
Prersporrr, Paris. — Remi-RarouIN, Laval. — Presry-Remonr, Versailles. — Rivière, 
Paris. — Simon-Louis, Metz. — Le Sueur, Boulogne (Seine). — ScnzumserGer, Guebville. 
— Tuisaur, Paris. — Taouvenez, Orléans. — H. Vicmorin, Paris. — Cu. Vernier, Paris. 
— E. Vernier, Paris. — P. Vernier, Paris, — J, Woop, Rouen. — Weppezz, Poitiers. 

il 


— 162 — 

BELGIUM. 
MM Bauwens, Brussels. — Baumann, Ghent. — Braucarne, Eename. — Bommer, 
Brussels. — Dayeneux, Liége. — Decarce, Liége. — Decarce, Ghent. — Decouirce, 


Liége. — Dozn, Liége. — Doucer, Brussels. — Fuxck, Brussels. — Guczy, Brussels. — 
Gazorin, Liège. — GaLorin, Liège. — Cu. Van Geerr, Antwerp. — A. Van Geerr, Ghent. 
— Van Heure, Antwerp. — Van Hourte, Ghent. — Van Huzce, Ghent. — CannarT 
D'Hamare, Brussels, Sénateur, delegate from the Belgian Government. — Proressor 
Kickx, Ghent, Vice-President. — KeGeLsAN, Namur. — Kinarp, Antwerp. — Lien, 
Brussels, delegate from the Belgian Government. — Proressor Lemaire, Ghent. — 
Dr. Lonewycrx, Ghent. — Van pen Hecxe DE Lemsecxe, Ghent. — Ar. ne Mgesren, 
Antwerp. — Proressor Morren, Liège, Vice-Président. — Morren, Brussels. — Jacog 
Makoy, Liège. — Oruvier, Verviers. — Baron Osy, Antwerp — Pynarrr. Ghent. — 
Sreczxer, Ghent. — Tiecens, Brussels, delegate from the Belgian Government. — 
AzrreD Van Vorxem, Brussels. — J. van Vorxem, Vilvorde. — J. Verscxarrecr, Ghent, 
Auger. VERSCHArFELT, Ghent. — Vermeucenx, Malines. — Léon Warocqué, Brussels. — 
Arraur WarocQuÉ, Brussels. -- Sicart Carouizzer, Mons. — LE BARON LE CANDELE, 
Antwerp. 


HOLLAND. 


MM. Bogrrwer, Greussen. — Jar. M. W. M. de Brauw, The Hague. -— VAN DER 
Brink, Utrecht. — Tu. Van Der Bom, Oudenbosch. — Cankrien, Rotterdam. — GROENE- 
vVEGEN, Amsterdam. — Gzym, Utrecht. — Jar. M. Hozurrr van Vecsen, Amsterdam — 
Vice-President of the Amsterdam Exhibition, 1865. — S. Knurrez, Amsterdam. — 
D. Knurrez, Amsterdam. — Arte Kosrer, Boskoop. — KreLace, Haarlem. — Born, 
Boskoop. — Wizzix, Jun., Amsterdam. — Le Cuevazier Oscar De Warynurr, Boort, 
Meerbeuck. 


GERMANY. 

MM. E. Benary, Erfurt. — L. Booïx, Hamburgh. — Proressor Conn, Breslau. — 
M. Ersuicn, Herrenhausen. — Proressor Casparv, Konigsberg, Vice-Président. — 
Proressor Karz Kocx, Berlin, Vice-Président. — Dr. NeuserT, Stultgart. — PROFEssOR 
Reicmensacu, Hamburgh. — Scaupr, Stuttgart, delegate from the Government of 
Wurtemburg. — E. Secco, Potsdam. — Srreicuenserc, Berlin. — Da. F. W. Scxurz, 
Weissenberg. — Dr. Scuuzz BiponriNus, Deidesheim. — Wenpcanp, Herrenhausen, 
Vice-Président. 

SWITZERLAND. 


MM. Proressor À. pe Canvozce, President. — Proressor Meissner, Bâle, — Ones, 
Zürich. — Kussmaaz, Berne. 


ITALY, 
M. Max Nisson, Naples. 
PORTUGAL. 
Sienor José po Canro. 
AMERICA. 


M. Parmi, New Orleans. — 8iexor Triana, New Grenada, Vice-President. 


_T0@ 


— 163 — 


Le Congrès. 


Le Congrès a tenu deux grandes séances. Il a présenté surtout un 
caractère scientifique. Des communications sérieuses et nouvelles ont 
été faites. I1 a été dirigé avec la plus haute sagacité par M. De Candolle, 
qui a reçu dans les diverses réunions auxquelles il a assisté, les témoi- 
gnages les plus sincères de la haute estime dont son nom et sa personne 
sont entourés. Un public nombreux assistait aux séances. Cependant 
les discussions n’ont pas été nombreuses, et, en général, chaque orateur 
s’est borné à présenter un résumé de la communication qu'il adressait 
au Congrès. Ces communications doivent être réunies en un volume, 
pour faire suite à ceux de Bruxelles et d'Amsterdam. 

Toute la botanique anglaise a pris part directement ou indirectement 
à l’organisation du Congrès, comme toute l’horticulture de la Grande 
Bretagne a participé au succès de l’exposition. Les remerciments et les 
éloges sont donc généraux et il est difficile de citer des noms. Cependant 
nous ne saurions taire ceux des trois secrétaires MM. Masters, Hogg et 
Moore sur lesquels le travail effectif a pesé de tout son poids. Leur 
abnégation, leur modestie, leur inébranlable assiduité au travail ont 
tout préparé et tout conduit à bon port, c’est-à-dire au succès. Puissent 
les étrangers être contents, avons-nous entendu dire, et nous serons heu- 
reux. Les étrangers n’ont Jamais assisté à une plus imposante manifesta- 
tion de l’horticulture scientifique. 

Il aurait été difficile de réunir une société plus nombreuse et mieux 
choisie de personnes s’occupant de botanique et d’horticulture ; il en est 
venu de presque tous les états de l’Europe et l’Allemagne même, malgré 
les craintes et les préparatifs de la guerre qui avaient retenu beaucoup de 
monde, était largement représentée. 

Nous ne pouvons citer des noms de crainte de remplir plusieurs pages. 

Les réunions et les fêtes ont été nombreuses ; les unes publiques, les 
autres d’un caractère privé. C’est dans ces occasions que les amitiés se 
fondent ou se resserrent. Le déjeuner du jury a été plein d’entrain. 
Puis, au soir, le grand banquet du Guildhall, sous la présidence du Lord 
Maire ; banquet de six cents couverts, avec tout le cérémonial habituel, 
dont nous, étrangers, n’avions aucune idée et dont le souvenir ne s’effa- 
cera jamais de notre mémoire. La soirée du Musée Kensington a présenté 
un caractère particulier de distinction. La Société Linnéenne, les hor- 
ticulteurs à St. Martin Hall, M. Veitch, M. Maxwell Masters, M. R. Hogg, 
et d’autres ont donné des fêtes charmantes. Pendant toute une semaine 
on a vécu loin des choses de ce monde, dans le règne serein des fleurs, 
de la science et de l’amitié. Ce sont d’heureuses journées, heureuses 
surtout pour ceux qui savent en jouir sans arrière pensée. 


— 164 — 


La Société royale d’horticulture, le jardin zoologique, le jardin de 
Kew, le Jardin botanique, avaient largement ouvert leurs portes au 
étrangers. | 

Une circulaire claire et concise a été envoyée à toutes les personnes 
qui avaient manifesté leur adhésion, pour leur fournir les renseigne- 
ments pratiques et les indications nécessaires pour leur séjour à Londres. 

Les étrangers étaient particulièrement invités à se présenter, aussitôt 
leur arrivée, au bureau de la commission organisatrice et on leur remet- 
tait aussitôt des cartes et des invitations à leur adresse. Beaucoup ont 


négligé cette démarche et n’ont ainsi pas connu toutes les politesses qui 
leur étaient faites. 


Le jury a été divisé en sections de quatre personnes chacune, trois 
anglais et un étranger. Cette proportion était de la plus sincère équité. 
Chaque section avait seulement cinq ou six concours à examiner. Cepen- 
dant le travail a été de plusieurs heures pour la plupart d’entre elles. 
Partout a régné le plus grand ordre. 


L'horticulture belge à l'exposition de Londres. 


Nous extrayons du résultat des concours les distinctions qui ont été 
obtenues par des belges. 


Aer Concours. — 6 Wouvelles plantes introduites en Europe par 
lexposant. 

Ar prix (6 liv. st.) : M. J. Linden. 

3° » (4 liv. st.) : M. J. Linden. 


3° Concours. — Une plante nouvelle, en fleurs, introduite en Europe par 
l’exposant. 


4° prix (3 liv. st.) : M. J. Linden. 
4° Concours. — Une plante nouvelle, introduite en Europe par l'exposant. 


Ar prix (3 liv. st.) : M. J. Linden. 
2 » (2 liv. st.) : M. J. Linden. 


5e Concours. — 12 plantes nouvelles. 
2e prix (5 liv. st.) : M. J. Linden. 
17e Concours. — 12 plantes herbacées à feuillage panaché. 
4e prix (3 liv. st.) : M®e C. Legrelle-d’'Hanis. 
18e Concours. — 920 plantes utiles ou médicinales. 
Ar prix (5 liv. st) : M. J. Linden. 


53e Concours. — Une Orchidée nouvelle, présentée en fleurs pour la 
première fois. 
4" prix (3 liv. st.) : M. J. Linden. 


— 165 — 
36° Concours. — 6 Palmiers. 
3° prix (3 liv. st.) : M. Amb. Verschaffelt. 
39° Concours. — 3 Cycadées. 
A7 prix (5 Liv. st.) : M. Amb. Verschaffelt. 
85° Concours. — 10 Yuccas etc., de serre froide. 
2e prix (7 liv. st.) : M. J. Verschaffelt. 
89° Concours. — 24 Agaves. 
47 prix (10 liv. st.) : M. J. Verschafïelt. 
90° Concours. — 10 Agaves. 
2% prix (3 liv. st.) : M. J. Verschaffelt. 
191 Concours. — Une paire de Lauriers en boule. 
Ar prix (3 liv. st.) : M. J. Verschaffelt. 


Plantes nouvelles exposées par M. X. Linden. 


Anthurium regale, Lin. — Pérou oriental, 1866. 
Bignonia ornata, Linn. — Rio-Negro, 1866. 
Cyanophyllum spectandrum, Lip. — Maynas, 1866. 
Dichorisandra Musaica, Lin. — Maynas, 1866. 
Marantha (Calathea) Lindeni, WazLis. — Pérou 1866. 
Philodendron Lindeni, Wazr. — Ecuador, 1866. 


/ 


Echites rubro-venosa, Lin. — Rio-Negro, 1866. 
Eranthemum igneum, Lin — Maynas, 1866 

Marantha Illustris, Liv. — Amazone-supérieure, Pérou, 1866. 
Marantha roseo-picta, Lixn. — Amazone supérieure, 1866. 
Psychotria nivosa, Lip. — Campos del Parana, 1866 
Tradescantia undata, Lin. — Pérou, 1866. 


Apocynea sp. — Pérou oriental, 1866. 
Gesneriacea sp. — Pérou, 1866. 


Marantha princeps. Liv. — Amazone supérieure, 1866. 
Marantha virginalis, Lin, — Pérou oriental, 1866. 
Marantha velutina, Liv. — Amazone supérieure, 1866. 
Smilax marmorea Lin. — Rio-Negro, 1866. 


Anecdotes et faits divers. 


À l'exposition de Londres, un horticulteur, nous ne savons lequel, 
mais ce doit être un penseur, avait exposé les plus admirables Pe- 
largoniums à grandes fleurs qu’on puisse imaginer. En regard, 
il avait étalé, sèchés sur du papier, les Pelargonium di y «a 
soixante ans. Quel contraste, quelle différence! quels progrès. On se 


— 166 — 


surprenait à rêver en regardant cela. Qu'est-ce donc cette modification 
profonde que subissent les végétaux sous l'influence intensive du climat 
artificiel de nos cultures. Qu'on l'appelle domestication, acclimatation, 
variation ou de quelqu’autre nom, il importe peu. Le fait est que la 
modification est profonde et que si le fond reste, si l’espèce est inébran- 
lable, la forme varie dans de merveilleuses proportions. Considérée à ce 
point de vue, l’horticulture est un art dans l’acception la plus sincère de 
ce mot. On écrira, quelque jour, une belle histoire en racontant la 
généalogie des plantes des jardins. 


On sait que le musée de Kensington (South Kensington Museum) 
est une des merveilles de Londres. Il a quelque anologie avec le Musée 
de Cluny à Paris. Cependant il est plus encyclopédique et plus moderne. 
Il est largement ouvert au public et les travailleurs de toute sorte y trou- 
vent des modèles et des indications. Une soirée, sous le nom Converza- 
sione, a été donnée au congrès dans ces vastes et riches galeries, bril- 
lamment illuminées. Une harmonie jouait les meilleurs morceaux de 
son répertoire. Pendant notre promenade nous nous sommes trouvé 
en face d’une Fougeraie (fernery en Anglais; filicetum en langage scien- 
tifique) d’un effet magique. C’est une serre, ou plutôt une vaste cage de 
verre accolée en dehors du bâtiment à cinq fenêtres fermées par une 
glace. Chaque fenêtre laisse voir un paysage rocailleux, avec des eaux, 
des fougères, des sélaginelles, des mousses. On ne peut pénétrer dans 
l’enclos bien qu'il soit assez vaste, mais il est destiné simplement à 
montrer des effets de lumière et de verdure à exciter l'imagination 
des artistes. La science n’exelut pas le culte des arts et beaucoup d’entre 
nous ont été vivement impressionnés par ces scènes du monde végétal. 


Voici une petite industrie de nos voisins d’outre manche que nous 
recommandons aux pauvres diables du continent. Séjournant à la cam- 
pagne, près de Londres, fin de mai, au moment de faire les jardins nous 
voyions passer tous les matins de petites charrettes à bras, chargées de 
plantes fleuries, Geranium, Verveines, Calcéolaires, Pétunias et autres. 
Ceux qui les trainaient criaient aux vieux habits et vantaient leurs belles 
plantes. Ils vont ainsi de porte en porte, de cottage en cottage ou de 
Lodge en Lodge offrant d'échanger leurs plantes contre quelque défro- 
que. Ce pelargonium pour un vieux chapeau. De quoi fournir une cor- 
beiile pour un paletot ou une robe hors de mise. Les ménagères qui ne 
consentiraient pas à recevoir de l'argent pour les déchets de leur 
garde-robe ne dédaignent pas de débattre un échange. Le jardin se 
garnit ainsi sans frais et la petite industrie du colporteur n’est pas sans 
profit. 


Nous étions étonné de la profusion de Calcéolaires ligneuses à fleur 
jaune qu'on voit à Londres. Il en vient, avec d’autres plantes, par char- 


— 167 — 


rettes tous les matins au marché de Covent-Garden. Dans la journée, les 
revendeurs parcourent les rues avec elle. Elle abonde chez tous les 
fleuristes. Nous exprimions notre étonnement à l’un d’eux, simple étala- 
giste, et nous lui demandions pourquoi cette fleur est si répandue. How 
should you produce yellow, comment done produiriez vous du jaune, 
répondit-il. 

C’est vrai. Dans le gout actuel des jardins les feuilles et les fleurs sont 
disposées comme une mosaïque ou une tapisserie. Il faut des couleurs 
vives, tranchées, pures. La calcéolaire ligneuse donne le jaune. 


LE FLEURISTE DE PARIS. 


Nous avons fait, à l’automne dernier,une visite à ce merveilleux éta- 
blissement, placé sous la direction de M. Barillet-Deschamps et situé 
avenue d'Eylau n° 157, près du bois de Boulogne. Nous engageons tous 
les amateurs d’horticulture qui sont à Paris à aller voir ce jardin. Ils y 
apprendront beaucoup et y verront une foule de bonnes choses. Ce 
fleuriste est en quelque sorte le centre de tous les squares qui embellissent, 
assainissent et égaient Paris. Son importance est considérable et il 
possède actuellement une collection de 6,000 espèces environ, quelques 
unes assez bien représentées, par exemple les Hæmanthus par 18,000 
individus ; les Erythrines, par 20,000 spécimens, les Cannas, par 
300,000 souches; les Hibiscus, les Musa, les Ficus, le Caladium, à 
l’avenant. : : 

Il est quelquefois désigné sous le nom de jardin de la Muette. Son but 
est de cultiver une partie des plantes destinées aux squares. En outre on 
y essaie toutes les espèces ou variétés nouvelles qui peuvent rendre des 
services à l’horticulture publique. 

Le vaste service du jardinage de Paris est placé sous la haute direction 
de M. Alphand, ingénieur en chef. M. Barillet-Deschamps est directeur 
général. M. Troupeau est jardinier principal des squares de la ville, 
M. André, jardinier principal des squares d’annexion (Mont-Rouge, 
Vaugirard, Grenelle, Batignolles, etc.) 

Le service comporte, outre l'établissement de Passy, plusieurs autres 
jardins considérables. Ainsi le fleuriste pour les plantes annuelles et 
vivaces de pleine terre est au bois de Vincennes et d’une étendue de 
dix hectares. Il est placé sous la direction de M. Jarlot, chef de culture. 
La pépinière pour les Conifères, au bois de Boulogne; celle des arbustes 
à feuilles caduques, celle des arbres d’alignement, à Petit-Bris, au-dessus 
de St. Maur, sont cultivées par M. Laforcade, jardinier principal. 


4 


Nous nous bornons à transcrire quelques notes prises à la hâte. 


| — 168 — 


À l’entrée est un jardin d'expérience. Nous y remarquons un Sola- 
num Sieglingi : il a trois ans et six mètres de hauteur : un véritable 
tronc supporte une ample cyme. Autour sont des Solanum cornutum, 
Phytolacca dioïca, Nicotiana Wigandioïdes, Montagnea Heracleifolia 
qui rivalisent de puissance et de développement. La collection de Ba- 
naniers est au complet. Tout un massif en est formé en plein air. Cer- 
taines plates-bandes sont chauffées au gaz : cette géothermie produit des 
effets merveilleux. 

Nous avons oublié de dire tantôt, que M. Barillet-Deschamps est 
secondé dans son habile direction, par M. Gérard Ermens, jardinier 
principal du fleuriste. Dans le personnel nous avons rencontré plusieurs 
belges, MM. Delchevalerie, Lambotte et d’autres. 

Nous remarquons l’Ofacanthus cæruleus qui convient particulière- 
ment pour les plates-bandes d’automne. Dans le voisinage est un 
Gynereum panaché très-fort et une autre Graminée, le Cinna arundi- 
nacea, qui produit un fort bel effet. Une touffe de Saccharum perennis 
rivalise d'élégance. 

Puis encore de ces plantes majestueuses, ornementales comme on les 
appelle et qui donnent à nos jardins modernes un caractère tout 
nouveau. Ce sont des plantes à placer isolément, dans les meilleurs con- 
ditions possibles de développement sous les rapports du sol, de la 
chaleur, des arrosements, etc. Tels sont : un Senecio Ghiesbrechti qui 
était en fleurs; le Montanoa mollissima. Composée très-florifère; le 
Solanum belaceum aux fruits rouges: le Ferdinanda eminens qui en 
trois ans atteint des dimensions prodigieuses; le Bocconia frutescens, 
l’Uhdea bipinnata, etc. 

Nous notons encore ici le Parkinsonia aculeata qui abonde au Sénégal ; 
le gracieux /pomœu Horsfalliæ aux fleurs rouges, l’Andropogon hale- 
pense, et l’Eryanthus Ravennæ deux superbes graminées; le Psidium 
Cattleyanum en fruits et le Sinclairea violacea aux feuilles argentées 
par dessous. 

Nous nous trouvons en face de grands massifs. D'abord une corbeille de 
Ficus, ressemblant à l’elastica, mais d'espèce nouvelle et plus complai- 
sante pour la culture en pleine terre. Le jardin possède une collection 
de 112 espèces de Ficus. Puis un massif d’Aralia et un autre de Cannas. 
Ce sont des masses à grands effets. 

Nous arrivons aux serres. Voici celle pour la multiplication, une autre 
dite de sévrage; deux serres à Pelargonium, une pour les Aroïdées; 
une autre pour les Solanées; la serre des Begonia; celle des feuillages 
ornementaux. Chacune a 28 mètres de long sur 8,20 de large. 

On nous donne, à ce moment, la recette pour le mattage des vitres au 
printemps. La préparation consiste en + de vert en poudre; 5 de blanc 
d’Espagne; 100 litres de colle de pot; pas d’eau. 

Plus loin nous assistons à la rentrée des Hibiseus, des Ficus et des 


— 169 — 


Bananiers ; ils arrivaient par tombereaux et on leur faisait la toilette de 
repos : les déchets des Bananicrs étaient assez abondants pour être 
recueillis, transportés à une usine et utilisés pour la préparation de 
fibres textiles. 

Dans une autre serre sont les Camellias en caisse. Ils servent princi- 
palement aux fêtes de l’hôtel-de-ville. Lorsqu'ils sont groupés dans les 
salons, le matin même du bal, on coupe dans une autre serre où les 
Camellias sont en pleine terre, autant de fleurs que de besoin et on va 
les attacher au feuillage des premiers. La floraison est ainsi plus fraîche 
et l’on obtient aisément tous les effets qu’on veut produire. On nous 
fait remarquer dans cette vaste orangerie, trois Camellias que l’on 
considère avec prédilection comme des souvenirs de l’Impératrice José- 
phine. Elle les avait achetés chez M. Tamponet et les avait transportés 
elle-même dans sa voiture, au palais où elle les avait cultivés. Ce sont 
les Camellia pomponia rosea, pomponia mutabilis et Alba plena varie- 
gata. Ils sont aujourd’hui de grands arbustes. 
= Nous parcourons une serre tempérée, remplie de grands végétaux, 
longue de 33 mètres, sur 15 de large et 6 de haut. 

Puis une serre à Fougères, construite sur un modèle nouveau, de 
M. Basset, constructeur Boulevard Montparnasse et qui se recommande 
notamment par l’absence de toute buée sur le vitrage. Nous passons une 
longue revuc des Solanum dont nous n’avions jamais vu une aussi belle 
réunion. Nous arrivons au carré des chassis : il y en a trois mille. 
Plus loin enfin sont les services de ménage; les hangars, la remise 
d’été, etc., etc. 

Ce sont des notes légères et même superficielles que nous venons de 
transcrire. Nous ne saurions faire connaître en quelques pages un 
établissement de premier ordre et d’une nature particulière et nouvelle. 
Le jardin de la Muette, création de M. Barillet-Deschamps, est au nombre 
des établissements qui intéresseront le plus l’étranger, amateur d’horti- 
culture qui visite Paris. 

Nous venons de recevoir un extrait du Catalogue général. Ce titre est 
trop modeste et le livre est rempli de documents utiles pour ceux qui 
s'intéressent à la culture de leur jardin. Nous voulons en faire juge nos 
lecteurs, d'autant plus volontiers que ce document est peu répandu. 


VÉGÉTAUX EXOTIQUES A GRAND FEUILLAGE ET A TRÉS-GRANDE VÉGÉ- 
TATION, POUR ÊTRE EMPLOYÉS ISOLÉES OU EN GROUPES A LA DÉCORA- 
TION DES PARCS ET JARDINS PENDANT LA BELLE SAISON. 


Aralia papyrifera. — Plante ornementale, d’une végétation très- 
vigoureuse; à planter isolément ou en groupe sur les pelouses, où elle 
produira le meilleur effet. 


— 170 — 


Aralia leptophylla. — Splendide espèce, différente de ses congé- 
nères par ses feuilles palmées du plus bel effet. 
À planter isolément en terre de bruyère. 


Artocarpus imperialis. — Plante d’un très-bel effet, réclamant 
pendant l’été un compost de terre de bruyère et de terreau. 
Artocarpus integrifolius. — Placé en pleine terre, l’été, à une 


exposition chaude, dans un compost de terre de bruyère ct de terre 
franche, et arrosé avec de l’engrais liquide, il deviendra l’un des plus 
beaux végétaux d'ornement des jardins. 

Arundo donax. — Plante employée pour décorer le bord des 
rivières et pièces d’eau. 

Arundo donax fol. varieg. — Très-ornemental, mais d’une végé- 
tation lente dans nos régions. Il préfère un compost de terre de bruyère 
et de terre franche. 

Arundo mauritanica. -- Espèce très-vigoureuse et rustique. 

Astrapæa Wallichii. — Planter dans un compost riche en humus 
et arroser copieusement avec de l’engrais liquide pendant la végétation. 

Balantium antarticum. — Fougère arborescente; plantée à mi- 
ombre en terre de bruyère, elle atteindra promptement une grande 
végétation. 

En employant cette Ju pour la décoration des jardins, on ae 
des effets inconnus jusqu'ici. 

Bocconia frutescens. — À planter isolément sur les pelouses où 
son feuillage SIauque et sa végétation luxuriante en feront une décora- 
tion du printemps à l’automne. 

Bœhmeria argentea. — Gigantesque Urticée à planter à mi- 
ombre ; grand feuillage maculé de blanc d’un bel effet. 

Bombax ceiba. — Superbe arbre exotique. Planter isolément sur 
les pelouses, en terre de bruyère, et arroser avec l’engrais liquide. 

Brachyglottis repanda (Cineraria repanda). — Plante à large 
feuillage argenté en dessous ; placée isolément dans un compost de terre 
franche et de terre de bruyère, elle produira en pleine terre le meilleur 
effet pendant toute la belle saison. 

Canna musæfolia giganten. — Cette variété donne les plus 
grandes feuilles du genre, elles atteignent quelquefois 1 m. de longueur. 

Canna nigricans. — Grand feuillage pourpre foncé; ses fleurs 
ressemblent à celles des Gladiolus. 

Avec un compost de terreau et de terre franche, et arrosée avec de 
l’engrais liquide, cette plante atteindra facilement 3 m. de hauteur. 

Cyathea ausiralis. — Fougère arborescente à grande végétation, 
qui a parfaitement réussi en pleine terre pendant l'été. 

Coccoleba excoriata. — Planter isolément en pleine terre pen- 
dant la belle saison, dans un compost riche en humus. 

Colocasia albo-violacea. — Belle et curieuse espèce à pétioles 


LITE 


panachés de blanc et de vert ; ornementale et d’une belle végétation en 
pleine terre. | 

Colocasia bataviensis. — Le plus beau et le plus gigantesque 
de tous les Colocasia ; ses feuilles à pétioles violacés atteignent 1 m. 50 c. 
de longueur. D’un beau port. 


Colocasia metallica (Caladium metallicum). — Trés-belle espèce 
à grandes feuilles couleur métallique ; très-ornementale. 
Colocasia odorum. — Grande espèce arborescente d’un très-bel 


effet. A placer en pleine terre isolément ou par groupes dans les endroits 
un peu abrités. 

Crescentia macrophylila. — Placé isolément en terre de bruyère 
pure dont le sous-sol sera drainé, et arrosée pendant sa végétation avec 
des engrais liquides, cette superbe plante ne tardera pas à développer 
son riche feuillage. | 

Cyanophylilum magnificum. — Plante à grand feuillage moiré 
en dessus, violet en dessous. Pour obtenir une belle végétation en pleine 
terre l'été, il sera bon, au mois de juin, de la placer en terre de bruyère, 
sur une couche chaude, à mi-ombre et abritée des vents. 

Cyperus papyrus. — À placer dans un sol riche, isolément ou en 
groupes, soit sur les pelouses, soit au bord des rivières ou pièces d’eau ; 
arroser avec des engrais liquides pendant sa végétation. 

Dillenia speciosa. — Planter dans un mélange de terre de 
bruyère et de terre franche, assainir le sous-sol au moyen du drainage 
et arroser avec de l’engrais liquide pendant la végétation. 

Dracæna draco. — Un des plus beaux et des plus rustiques Dra- 
cæna, pour la pleine terre pendant l'été. Au bout de quelques années, 
le tronc atteint facilement 1 m. 50 c. à 2 m. de hauteur, couronnée par 
une tête formée de nombreuses feuilles de 1 m. 50 c. de longueur. 

Planter en terre de bruyère additionnée d’un peu de terre franche. 

Dracæna indivisa. — L'une des espèces les plus ornementales 
comme plante isolée. La placer en terre de bruyère et l’arroser avec des 
engrais liquides pendant sa végétation. 

Entelea arborescens. — À grande végétation; la placer isolément 
dans un sol très-riche et arroser copieusement avec de l’engrais liquide. 

Eucalyptus Globulus. — Plante de l'Australie, acquérant de 
grandes dimensions sous notre climat (5 m. de hauteur dans une année). 

Son feuillage d’un vert glauque blanchâtre, et quelquefois teinté de 
rose, produit un bel effet dans les jardins paysagers. 

Ferdinanda Eminens (Cosmophyllum Cacaliæfolium). — Com- 
posée exotique, atteignant de très-grandes dimensions dans notre pays; 
ses pousses dépassent quelquefois 5 m. de hauteur pendant le cours de la 
végétation ; ses feuilles atteignent jusqu’à 50 c. de longueur. Pour obtenir 
un grand effet, planter isolément sur les pelouses dans un compost riche, 
et arroser fréquemment avec de l’engrais liquide. 


— 172 — 


L'établissement possède un cxemplaire âgé de 2 ans, qui mesure dé m. 
de hauteur et dont la tête a 5 mètres de largeur. 

Fourcroya gigantea. — Placée isolément sur les pentes, dans les 
jardins paysagers, cette plante y produira l'effet d’un Agave d'Amérique. 

Gastonia digitata. — Splendide Araliacée à grand feuillage palmé, 
porté par de longs pétioles. 

Planter isolément dans un compost de terre de bruyère et de terreau. 

Gomphia theophrasta. — Planté isolément en terre de bruyère 
à l’exposition chaude, ses jeunes pousses de couleur rose produiront un 
bel effet. 

Grevillea robusta. — Espèce vigoureuse et d’un très-bel effet 
ornemental ; à placer près des bordures des pelouses dans un compost 
de terre ie et de terre de bruyère. Arroser fréquemment avec de 
l’engrais liquide pendant la belle saison. 

Guarea brachystachia. — Splendide Méliacée dont les feuilles 
pennées atteignent jusqu’à 1 m. de longueur. 

Hernandia sonora. — Plante dont le feuillage à centre rouge 
vif tranche sur les autres végétaux. 

Elle se cultive en pleine terre, pendant la belle saison dans un 
mélange de terre de bruyère et de terreau. Arroser légèrement avec de 
l’engrais liquide, et l’on obtiendra un bel effet ornemental de cette 
superbe Hernandiacée. 

Hibiscus ferox. — Pour obtenir, l’été, en pleine terre, tout l’effet 
ornemental dont cette plante est susceptible il est urgent de la mettre 
sur couche à mi-ombre et de la garantir artificiellement du soleil. Planté 
dans un mélange de terre de bruyère et de terre franche, ses feuilles 
atteindront 40 c. de diamètre. 

Jambosa magnifica. — Planter isolément en terre de bruyère, 
arroser avec de l’engrais liquide et pincer la plante pour la faire ramifier. 

Laportea crenulata. — La plus belle des Urticées; placée isolé- 
ment à une exposition chaude et à mi-ombre, dans un compost riche en 
humus, et arrosée fréquemment avec de l’engrais liquide, ses feuilles 
atteindront 1 m. et plus de longueur. 

Laportea gigantea. — Ne diffère du précédent que par son feuil- 
Jage rond et pulvérulent. 

Mappa fastuosa (Jomalanthus). — L'une des plus splendides et 
riches plantes introduites récemment dans les cultures. Plantée isolément 
dans un mélange de terre de bruyère et de terre franche, elle acquiert en 
peu de temps un grand développement. Les larges taches rouges de ses 
tiges et de ses pétioles la feront placer au premier rang parmi les plantes 
ornementales. 

Melanoselinum decipiens. - Ombellifère à très-grande végé- 
tation, dont les feuilles atteignent 1 m. de longueur. Planter isolément 
dans un sol léger. 


— 175 — 


Melianthus major. — Plante d’orangerie de la famille des Zygo- 
phyllées, abandonnée depuis longtemps ; cultivée en pleine terre, elle 
est aujourd’hui une plante très-ornementale. Son feuillage glauque se 
détache agréablement sur les pelouses, dans les jardins paysagers. 

Montagnea heracleifolia. — Son port majestueux ct son grand 
feuillage en font une plante indispensable dans les jardins et parcs 
d'agrément. Elle atteint jusqu'à 5 m. de hauteur. 


Montanoa mollissima. — Composée à fleur blanche, formant 
de très-belles touffes sur les pelouses pendant la belle saison. 
Nicotiana Wigandioïdes. — L'un des végétaux les plus orne- 


mentals; atteignant de 4 à 5 m. de hauteur. Planter dans un sol très- 
riche et arroser copieusement avec des engrais liquides. 

Perymenium discolor. — Plantée dans un sol très-riche (terreau 
de fumier), cette plante formera à l’automne des touffes qui auront 3 m. 
de diamètre sur autant de hauteur. 

Phytolacca dioïea (Bella sombra du sud de l'Italie). — L’un des 
végétaux les plus remarquables par sa rapide végétation et par la grande 
dimension qu’atteint le tronc; il n’est pas rare de voir des sujets ayant 
30 c. de circonférence, dès la fin de la première année. Cet arbre est 
très-facile à conserver en orangerie. 

Polymnia maculata. — Plantée isolément dans un sol très-riche 
en humus, elle ne tardera pas à développer des touffes qui atteindront 
à l’automne 2 ou 3 m. de diamètre et se couvriront pendant deux mois 
de nombreuses fleurs jaunes. 

Recommandée pour l’ornementation des grands parcs. 

Pterospermum acerifolium. — Placée isolément en terre de 
bruyère, dans l’endroit le plus chaud du pare, elle produira des touftes 
de plus de 2 m. de hauteur. Ses larges feuilles, blanches en dessous, 
la feront placer au premier rang des plantes d'ornement. 

Rhopala corcovadensis. — Superbe plante à grand feuillage vert 
en dessus et rouge ferrugineux en dessous. À planter en terre de bruyère 
pure avec drainage. Elle préfère une exposition à mi-ombre. 

Rhopala glaucophylla. — Diffère du précédent par sa rusticité 
et son feuillage pubescent et blanchâtre. 

Sinclairea violacea (discolor). — Plante à feuillage blanc argenté 
en dessous. Placée en terre de bruyère par groupes de 5 ou 6 sujets, 
elle sera très-décorative. 

Sanrauja assamica. — Semi-ligneuse, à grande végétation, feuil- 
lage argenté en dessous ; très-ornementale, demande à être plantée dans 
un compost de terre de bruyère et de terre franche et arrosée pendant 
le cours de la végétation avec l’engrais liquide. 

Saurauja mollis. — Semi-ligneuse, à feuillage très-grand et d’un 
beau vert. 


Cette plante peut atteindre 2 in. 50 c. dans une seule végétation. 


— 174 — 


Saurauja sarapiquensis. — Espèce nouvelle, à grand feuillage 
plissé, teinté violet. Planter isolément, sur couche si c’est possible. 

Sciadophyilum pulchrum (Aralia pulchra). — Une des plus 
belles et des plus rustiques Araliacées, pour la pleine terre pendant la 
belle saison. Placée soit en groupes, soit en massifs, en terre de bruyère, 
elle réusira assurément. 

Un massif de cette plante, fait en 1865 au parc Monceaux, a été 
très-admiré. 

Solanum auriculatuim. — Très-grande espèce sans épines, tiges 
sous-frutescentes, grandes feuilles ovales-oblongues, laineuses, d’un vert 
gai, plus blanches en dessus; à l’aisselle des feuilles : fleurs en corymbe, 
petites, violacées; baies globuleuses, jaunâtres. Plante ornementale, 
remarquable par sa belle végétation. 

Solanum betaceum. — Superbe espèce, atteignant 5 m. de 
hauteur; tiges frutescentes, droites, vertes, maculées de gris et her- 
bacées au sommet; feuilles cordiformes d’un pied et plus de longueur, 
épaisses, luisantes en dessus; fleurs blanches rosées, baies grosses, 
d’abord vertes-jaunâtres et ensuite rouges. 

Espèce très-ornementale, d’un très-bel effet, en forts pieds isolés ou 


groupés. 

Solanum betaceum purpureum, — Variété du précédent, à 
feuilles pourpres. 

Solanum calycarpum. — Très-belle espèce épineuse, à tiges, 


pétioles et feuilles revêtus d’un duvet violacé, surtout aux extrémités ; 
feuilles très-grandes, cordiformes, aiguës, à larges dents, presque 
gaufrées et plus épineuses en dessous qu’en dessus; calice violet non 
épineux, fleurs violettes. 

Belle plante ornementale atteignant 1 m. et plus de hauteur. 

Solanum crinitum. Superbe plante de la Guyane, à tiges 
frutescentes, velues et épineuses, épines violettes à la base et blondes au 
sommet; feuilles très-grandes, épaisses, ridées, d’un vert plus foncé en 
dessus qu’en dessous, et à nervures violacées en dessus ; les jeunes feuilles, 
très-velues, sont d’un vert pâle; fleurs grandes, blanches et à cinq 
divisions. 

Solanum encodontum. — Grande espèce à tiges vertes, duve- 
teuses, purpurines dans quelques parties, et revêtues de grosses épines 
éparses; feuilles grandes, laciniées-dentées-sinueuses (9 dents), molles, 
pubescentes, plus foncées en dessus ; sommité revêtue d’un duvet fauve. 

Planter isolément dans un compost riche en humus, et arroser fréquem- 
ment d'engrais liquide. | 

Sparmannia africana. — Très-ancienne plante cultivée jusqu’à 
ce jour en pots ou en caisses, où elle ne produit que peu d'effet. Placée 
l'été en pleine terre, dans un compost de terreau et de terre franche, avec 
arrosages abondants d’engrais liquides, elle sera une plante très-orne- 
mentale pendant toute la belle saison. 


— 175 — 


Spathodea gigantea. — Plante vigoureuse à grand feuillage 
léger. Planter en terre de bruyère, par groupes de trois, à À mètre de 
distance. 

Stadmannia australis. — À très-grande végétation et à feuillage 
ornemental. Méritant de prendre rang parmi les plus beaux végétaux 
pour l’ornement des jardins pendant l’été. 

A planter en terre de bruyère pure. 

Sterculia acuminata. — Très-bel arbre de l'Afrique septen- 
trionale. Planté en terre de bruyère, il végète très-vigoureusement ; son 
port et son feuillage en feront une belle plante ornementale pour les 
jardins pendant l'été. 

Terminalia mollis. - À très-grande végétation et à grand feuil- 
lage vert clair, rameaux horizontaux. Planter dans un mélange de terre 
de bruvère et de terre franche. 

Theophrasta imperialis (Curatella). — L'un des plus beaux 
végétaux à cultiver l’été en pleine terre. Planté dans un mélange de terre 
de bruyère et de terre franche, il développera, pendant la belle saison, 
des feuilles de 75 cent. à 80 cent. de longueur. 

Udhea bipinnata (Montagnea elegans Kocn). — Plante rustique 
produisant beaucoup d’effet en pleine terre. Placé dans un sol riche, 
un exemplaire a atteint, pendant l’année 1865, 3 m. de hauteur sur 
autant de largeur. 


Urtica arborea. — À planter en groupes ou en massifs à mi- 
ombre, pour produire un bon effet. 
Verbesina alata. — Placée isolément dans un sol riche, cette 


plante formera de très-fortes touffes qui fleuriront à l’automne. 

Verbesina gigantea. — À très-grande végétation et à grand feuil- 
lage; placée isolément, cette plante atteindra, pendant le cours de la 
belle saison, 1 m. 50 c. à 2 m. de hauteur et produira le meilleur effet. 

Verbesina Sartorii (pinnalifida). — Espèce formant de très-forts 
buissons, s’élevant à 2 m. de hauteur; la placer dans un mélange de 
terreau et de terre de curures de rivière ou pièce d’eau; arroser en 
abondance pendant la belle saison. Recommandable. 

Wigandia caracasana. — À planter isolément ou par groupe de 
trois dans un sol très-riche, pour produire un bel effet. 

Wigandia urens. — À feuillage plus arrondi que le précédent. 

Wigandia Vigierii. — Gigantesque espèce, acquise par l’Établis- 
sement à M. le baron Vigier, amateur distingué de Nice. 

Belle plante d'ornement, remarquable par un noble port et une forte 
végétation. À isoler ou à grouper sur les pelouses. 

Solanum giganteum. —- Espèce sous-frutescente, épineuse, 
tomenteuse et blanchâtre ; feuilles lancéolées, grandes, accompagnées de 
plus petites naissant à leur aisselle; fleurs en corymbe, nombreuses, 
petites, pourpre-violet. 


— 176 — 


De forts sujets de cette plante produisent un bel effet pour la décoration 
des jardins paysagers. 

Solanum laciniatum. — Grande espèce non épineuse, à tiges 
succulentes, sous-frutescentes à la base, sillonnées ; feuilles pinnatifides, 
à lobes linéaires-lancéolés, le terminal allongé ; quelques feuilles entières, 
linéaires-lancéolées; fleurs bleues, grandes, à cinq divisions ; baies sub- 
globuleuses, déprimées, jaunâtres. 

Très-belle plante ornementale, remarquable par sa végétation luxu- 
riante ; à placer isolément en terre substantielle. 

Solanum macranthum. — Très-grande espèce pouvant produire 
dans l’année des pousses de 4 m. de hauteur. Son grand feuillage à 
larges divisions en fera l’une des plantes les plus ornementales et des 
plus recherchées pour les jardins. 

Planter isolément en. compost riche en humus et arroser souvent avec 
de l’engrais liquide. 

Solanum marginatum. — Arbrisseau de plus de 2 m. de hauteur, 
épineux, rameaux supérieurs tomenteux et recouverts d’une pulvérulence 
blanche; feuilles épineuses, presque cordiformes,sinueuses-lobées-obtuses, 
tomenteuses, blanches dans le jeune âge, puis verdâtres avec une bordure 
blanchâtre en dessus. Pétioles, pédoncules, pédicelles, calices blancs, 
tomenteux ; fleurs grandes, blanches, avec une petite étoile pourprée au 
centre; baies globuleuses, jaunes, pendantes. 

Ses tiges et son grand feuillage argentés produisent un effet admirable 
dans les jardins paysagers. 

Solanum robustum. — Très-belle espèce épineuse, s’élevant à 
2 m. de hauteur. Tige revêtue d’un duvet blanchâtre et fauve, ailée, ainsi 
que les pétioles, par la décurrence des feuilles, qui sont très-grandes, 
veloutées et revêtues, surtout dans leur jeunesse, d’un duvet roux 
éclatant. Inflorescences scorpioïdes. Fleurs petites, d’un blanc jaunûtre. 

C’est une plante très-ornementale et recommandable par sa rusticité. 

Solanum Siegiingii. — Grande espèce sous-frutescente, atteignant 
3 m. de hauteur. Tiges vertes, sillonnées, revêtues d’un duvet rude et 
munies d’épines à large base, brunes au sommet. Feuilles très-grandes, 
cordiformes, lobées, molles, tomenteuses, un peu HSE et armées 
d’épines vertes. 

Ce Solanum est remarquable par sa belle végétation et par le magnifique 
effet qu’il produit, placé soit en groupes, soit isolément sur les pelouses. 

Solanum Warscewiczioïdes. — Espèce nouvelle à très-grand 
feuillage ; plante extra-ornementale. | 

Cette belle plante est très-distincte des autres espèces par sa grande 
dimension ; ses belles feuilles, argentées en dessous, atteignent de 90 c. 
à 1 m. de longueur sur 60 c. de largeur. 

Mérite d’être placée au premier rang parmi les plantes ornementales 
pour la pleine terre d’été. 


— 177 — 


Xylophylila latifolia. — Très-belle Euphorbiacée, beau feuillage. 
Plante ornementale; la placer isolément en terre de bruyère, et avoir 
soin de pincer souvent l’extrémité des rameaux pour les faire ramifier. 

Xylophylla montana. — Plus gracieuse que la précédente, à 
feuilles plus fines. Employée pour la pleine terre en été et pour les 
appartements en hiver. 


PRÉCIS HISTORIQUE DU CONGRÈS POMOLOGIQUE 
DE FRANCE. 


Depuis longtemps les Sociétés d’horticulture de France, notamment celle du Rhône, 
avaient remarqué que les questions se rattachant à la culture fruitière, agitées dans 
leur sein n’aboutissaient qu’à une controverse sans résultat. Après avoir multiplié les 
efforts pour arrêter les progrès d’un mal qui minait la pomologie et qui jetait la con- 
fusion dans les discussions et dans les rapports, on pense que le seul moyen, pour 
terminer les luttes et de fixer le nom et la synonymie des fruits, était d’appeler à un 
Congrès les Sociétés d’horticulture et les pomologues expérimentés. 

La Société impériale d’horticulture pratique du Rhône fut invitée à prendre l’initia- 
tive, et elle institua le Congrès pomologique, composé : 10 de délégués représentant 
les associations horticoles et agricoles de France ; 2° de membres titulaires; 3° de mem- 
bres participant aux travaux de la session pour laquelle ils se sont fait inscrire. 

Le Congrès tint sa première session, à Lyon, en septembre 1856. Son programme 
portait notamment : art. {r. Tous les fruits qui portent plusieurs noms, cause de tant 
d'erreurs et de déceptions, n’en porteront à l’avenir plus qu’un seul; ce nom sera 
celui qui aura été imposé par l’obtenteur ; si celui-ci est inconnu, c’est le nom le plus 
généralement connu qui prévaudra, ou bien encore celui admis dans la localité où le 
fruit a été découvert. Art 4. Le Congrès in’admettra pas ou écartera tous les fruits 
aujourd’hui répandus qu'il connaîtra inférieurs ou de mauvaise qualité, attendu que le 
nombre de bons fruits est déjà considérable. 

Fidèle à son programme, le Congrès établit des listes de fruits adoptés et définitive- 
ment dénommés dans les diverses sessions annuelles qui eurent lieu jusqu’à ce jour. 

La 2e session eut encore lieu à Lyon, en 1857; mais, à partir de cette époque, le 
Congrès alla s'inspirer dans les diverses régions de la France; c’est ainsi que succes- 
sivement les sessions eurent lieu : en 1858 à Paris, en 1859 à Bordeaux, en 1860 à 
Lyon, en 1861 à Orléans, en 1862 à Montpellier, en 1865 à Rouen, en 1864 à Nantes, 
en 1865 à Dijon; la session prochaine, en 1866, aura lieu à Melun. Partout accueilli 
avec faveur, dirigé par des hommes de savoir et d'influence, le Congrès pomologique 
de Lyon accomplit sa mission. 

Ce fut en 1862, à Montpellier, qu'il fut décidé que le Congrès pomologique de Lyon 
prendrait le titre de Congrès pomologique de France; ce fut à partir de cette même 
époque que, pour mettre le sceau à son œuvre, le Congrès commença à publier un 
travail important ayant pour titre : la Pomologie de la France ou histoire et 
description de tous les fruits cultivés en France et admis par le Congrès pomologique. 
Ouvrage publié avec le concours de toutes les Sociétés d'agriculture et d’horticulture 
francaises. 

Un volume (en deux éditions, l'une avec figures noires, l’autre avec figures colo- 
riées) est publié chaque année et livré moyennant le prix de 10 francs pour l'édition 
à figures noires et de 25 francs pour l'édition à figures coloriées. Trois volumes ont 

12 


— 178 — 


paru; ils comprennent 159 descriptions (151 poires et 8 pommes). La 4e volume, que 
le Congrès prépare, comprendra ce qui reste à décrire dans les genres Poires et Pommes. 

Encouragé par la bienveillante protection de Son Excellence le Ministre de l’Agricul- 
ture, du Commerce et des Travaux publics qui a honoré l’œuvre et la soutient par une 
souscription importante, le Congrès Pomologique de France, dirigé dans l'intervalle 
des sessions par un conseil administratif siégeant à Lyon, poursuivra consciencieuse- 
ment sa tâche. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Les plantes à feuilles ornementales en pleine terre, 
par M. le comte Léonce De Lambertye(). — L'avant-propos de cet 
ouvrage nous a paru si vrai et exposer d’une manière si lucide la pensée 
de l’auteur, que nous croyons bien faire de le reproduire pour faire 
connaître cet utile manuel. 

« J’ai toujours aimé, dit M. le Comte de Lambertye, à reconnaître la 
valeur des hommes qui se rendent utiles; or, personne, selon moi, n’a 
fait plus pour l’art moderne des jardins que M. Barillet-Deschamps. Il a 
créé par l'introduction des plantes tropicales en pleine terre, pendant 
l’été, un genre d’embellissement grandiose qui frappe et qu’on admire. 

« En 1855, il était nommé jardinier en chef de la ville de Paris, sous 
la direction de M. Alphand ; en 1856, il traçait les corbeilles des îles du 
bois de Boulogne et le plantait en Canna, Caladium et autres espèces des 
régions chaudes ; en 1857, il dessinait et meublait le square de la tour 
Saint-Jacques; en 1857, celui du Temple; 1858 et 1859 furent consacrés 
au vallonnement et à la décoration des Champs-Elysées; son œuvre en 
1862, enfin, est le pare Monceaux, parc modèle par le parti qu’il a su 
en tirer, par sa tenue, par la profusion des végétaux précieux qu'il ren- 
ferme. 

« L'esprit, étonné de ces formes inusitées, de ces effets prodigieux de 
sève, de ces richesses et diversités de feuillage, se reporte un moment à 
la végétation luxuriante du Nouveau-Monde dont Alexandre de Humboldt 
a décrit poétiquement les splendeurs dans ses Tableaux de la Nature. 

« Je ne restai pas insensible à ce nouveau spectacle. Ma pensée domi- 
nante fut dès lors de chercher les moyens de faire passer dans mes cul- 
tures les plantes qui fixèrent le plus mon attention lorsque je visitai 
chaque année, et à des époques différentes, les jardins de la ville de 
Paris. Grâce aux échanges que la ville autorise et à nos relations avec les 
notabilités de la botanique et du jardinage, je parvins vite à me composer 
une collection assez étendue pour me permettre des essais et des études. 

« Le travail que je présente aujourd’hui en est le résumé. Il renferme 


(1) A Paris, chez M. A. Goin, 1 vol. in-12 de 554 pages, avec des gravures. 2 fr. 


— 179 — 


les descriptions seulement des plantes à feuilles ornementales que je 
possède et le mode de culture que j'ai suivi. Ce travail laissera donc à 
désirer. J'aurais pu me donner la vaine satisfaction de le grossir en y 
introduisant toutes les espèces qu’on rencontre dans les parcs et squares 
de Paris, mais il eut fallu parler de ce que je ne savais pas assez, et Je 
ne l'ai pas voulu. D'ailleurs rien de plus mobile que cette population 
végétale, la liste n’en sera jamais close; car, tandis que l’empressement 
qu’on apporte aux choses nouvelles fait apparaître chaque année des 
végétaux inconnus jusqu'alors, d’autres végétaux parfois d'un grand 
mérite disparaissent pour faire place à ceux qui arrivent. 

« Ce petit livre est à l’adresse des propriétaires, des jardiniers en 
maison qui manquent de renseignements sur le choix, la culture et le 
parti à tirer de ces plantes à feuillages, comme ils les nomment. Je 
l'ai divisé en trois parties: la première comprend les principales 
espèces de Solanum ; la deuxième, les principales espèces et variétés de 
Canna; la troisième un mélange d'espèces appartenant à d’autres genres. 


« Cte LÉONCE DE LAMBERTYE. » 


Il n’est dans tout cela qu’une seule phrase contre laquelle nous nous 
inserivons en faux. Nous l’avons soulignée. Ce sont les bons livres qui 
se font ainsi par l’observation et l’expérience ; les livres consciencieux. 
Celui de M. le comte de Lambertye réunit les mérites de la science et 


A e 


de la pratique. Il sera fort utile à quiconque veut avoir un beau jardin. 


Manuel de l'amateur de fruits. PREMIÈRE PARTIE. L’arboricul- 
ture fruitière en dix lecons, par M. En Pynaerr, professeur à l’École 
d’horticulture de l’État à Gendbrugge lez-Gand(). — Ce livre ap- 
prendra la culture et la taille des arbres fruitiers à toute personne qui 
se donnera la peine de le lire. La peine ne sera pas bien grande. Le 
style est clair et correct, simple et attrayant. La distribution des ma- 
tières est judicieuse. Une lecon préliminaire de physiologie végétale. 
Puis la création et la distribution du jardin fruitier, la plantation, 
le choix des variétés, etc. Ensuite le semis, la multiplication et la taille. 
L'auteur aborde alors en particulier la conduite du pêcher, de l’abrico- 
tier, du prunier, du cerisier, du poirier, du pommier, de la vigne et des 
arbustes fructifères. Il discute tout ce qui concerne la taille d’été, et son 
livre est terminé par une série de renseignements pratiques. Il sera 
suivi d’une seconde partie, pour paraître à la fin de cette année et con- 


cernant la description abrégée, la culture et la taille des meilleurs fruits 
à cultiver en Belgique. 


(1) Gand, chez M. H. Hoste, 1866. 1 vol. in-12° de 400 pages avec 89 figures in- 
tercalées dans le texte. 


— 180 — 


Nous n’avons que des éloges à décerner à M. Ed. Pynaert : ils sont 


sincères et nul de ceux auxquels nous conseillons la lecture de ce manuel 


ne nous contredira. (Nous reviendrons sur cet ouvrage.) 


Le Bulletin du Congrès international de botanique et 
d'horticulture réuni à Amsterdam en 1865, vient de paraître. Ce 
volume est fort bien fait et présente un intérêt réel. 11 réflète d’une 
manière complète et exacte les délibérations de cette assemblée ; sa 
rédaction a dû demander beaucoup de peines à M. Rauwenhoff secrétaire- 
général du Congrès. Le volume est distribué gracieusement à toutes les 
personnes présentes au Congrès. 


Flore cryptogamique des flandres, œuvre postume de 
Jean Kickx. Publiée par Jean-Jacques Kicrx, chargé du cours de 
botanique à l’Université de Gand, directeur du jardin botanique. — 
Ceux qui s'occupent des végétaux inférieurs, connaissent les nom- 
breuses publications du professeur J. Kickx, notamment sa Flore Cryp- 
togamique des environs de Louvain, qui date de 1855, et ses savantes 
Recherches pour servir à la Flore cryptogamique des Flandres insérées 
de 1840 à 1855 dans les mémoires de l’Académie royale de Belgique. — 
Ces écrits lui ont valu une place distinguée parmi les botanistes célèbres, 

La Flore, que nous annoncons aujourd’hui, est le fruit du travail de 
l’éminent professeur pendant les huit dernières années de sa laborieuse 
existence. Cette œuvre, conçue d’après un plan nouveau, est entièrement 
au niveau de la science, telle que l’ont reconstruite les cryptogamistes les 
plus renommés de notre époque, avec la plupart desquels l’auteur était en 
relation : elle ne doit pas être uniquement considérée comme la Flore 
locale d’une grande partie de la Belgique, mais plutôt comme un traité 
général de cryptogamie; et, surtout à ce dernier titre, elle recevra à 
l'étranger un accueil aussi favorable que dans notre pays. 

Les familles, au nombre de 21, y sont groupées dans un tableau 
synoptique, d’après leurs affinités naturelles; elles sont reprises, en 
suivant le même ordre, dans le corps de l’ouvrage, et précédées d’un 
exposé organographique détaillé et complet. Les genres, pour lesquels 
d’autres tableaux indiquent la distribution dans chaque famille, sont 
décrits d’une manière comparative ct divisés en sections, chaque fois 
qu'ils renferment un nombre assez considérable d’espèces. La descrip- 
tion de ces dernières est plus étendue que dans aucune Flore publiée 
jusqu’à ce jour; leur nombre dépasse 2000, sans compter celles qui 
sont considérées, par la science moderne, comme états préformatifs ou 
transitoires d’autres types spécifiques. À chaque espèce ou variété sont 
jointes une synonymie très-soignée et une indication d’exsiccata ou de 
figures qui permettra au lecteur de contrôler l'exactitude des détermi- 
nations. Une foule d’observations critiques sont en outre intercalées 
dans le texte. 


— 181 — 


La partie matérielle fera l’objet de soins tout particuliers : la Flore 
cryptogamique des Flandres, qui paraitra dans le courant de l’année 
1866, formera deux beaux volumes très-grand in-8, sur papier fort et 
satiné, comprenant ensemble 900 à 950 pages environ, en texte exces- 
sivement compacte. 

Le prix est fixé à 15 francs pour les souscripteurs ; il sera porté à 
20 francs dès la mise en vente. 

Les demandes de souscription sont reçues chez M. Annoot-Braeckman, 
imprimeur, Marché aux Grains, à Gand. 


Les Renonculacées du littoral belge. — Ce travail posthume 
de J. Kickx vient d’être publié par son fils M. J.-J. Kickx actuellement 
chargé de l’enseignement de la botanique à l’Université de Gand. C'est 
une monographie critique rédigée d’après des notes que J. Kickx avait 
laissées à la suite de nombreuses explorations sur les côtes de notre 


pays. 


La belgique horticole. — Notre œuvre vient d’être appréciée 
avec bienveillance et sympathie dans le Moniteur universel (n° 91, 1866). 
Nous croyons pouvoir recueillir ces éloges, non pour en tirer vanité, 
mais comme un encouragement à faire de notre mieux et à cause de ce 
qui en rejaillit sur d’autres. Sans doute notre confrère et ami, M. André, 
a été trop indulgent, mais il a tenu compte de notre bonne volonté et 
de notre désir de bien faire. 

Les publications spéciales, où tout concourt au même but et qui 
approfondissent le sujet qu’elles se sont choisi, prennent de plus en 
plus faveur. C’est ainsi que nous avons en France plusieurs organes 
de l’horticulture qui rendent de signalés services. Ils embrassent toutes 
les innovations qui paraissent dans notre pays et tiennent compte du 
mouvement progressif de l’étranger. On sait combien, tout orgucil 
national à part, nous sommes redevables, sous ce rapport, à nos voisins 
d’outre-Manche et de Belgique. Les résumés de leurs publications ne 
peuvent être qu’incomplets, quelque soin qu’on mette à les reproduire 
fidèlement dans nos revues, et il faut se résoudre, surtout pour ce qui 
nous vient de l’Angleterre, à des traductions écourtées. 

Il n’en est pas de même pour la Belgique. Les journaux horticoles 
de cette contrée « chérie de Flore, » comme disaient les poëtes de 
la Régence, sont rédigés dans notre langue, et le mouvement de l’horti- 
culture, grâce aux introductions perpétuelles de nouveautés, y est 
assez important pour les défrayer d'articles originaux. Or, il vaut 
toujours mieux recourir aux sources, et, même en matière de culture, 
les originaux sont préférables aux copies. Les véritables amateurs 
feront donc bien de consulter les revues belges, soit la Flore des serres 
de Van Houtte, soit la Belgique horticole dirigée avec autant de science 


LL 460 ne 


que de soin par M. Edouard Morren, professeur de botanique à l’uni- 
versité de Liége. 

Fondé depuis longues années par son savant et regretté père, M. Charles 
Morren, un des meilleurs botanistes dont s’honore la Belgique, la Bel- 
gique horticole a conservé et augmenté même son importance première : 
c’est une publication qui réunit, chose rare! le contrôle de la science 
aux indications de la pratique, et qui peut à la fois passer pour une 
revue botanique et une revue horticole. Dans notre temps, où il est si 
difficile de se faire ou de conserver une couleur locale, une manière à 
soi, le journal d'Edouard Morren garde, avec une physionomie tran- 
chée, un parfum bien à lui. 

Ainsi, sous le titre Panthéon de l’horticulture, il a publié une série 
de notices sur les sommités de la science des jardins, que l’on ne trouve- 
rait si complètes dans aucun autre journal. Des chapitres spéciaux à 
lui également, comme l’Architecture horticole, la Floriculture des salons, 
la Zoologie horticole et la Pathologie végétale, les Plantes utiles, la 
Géographie botanique, sont traités d’une manière que nous voudrions 
voir imiter par les Revues analogues. La littérature horticole même 
y prend place à l’occasion, et nous ne trouvons pas que cela soit un 
hors-d’œuvre désagréable de voir les questions techniques parfois entre- 
mélées d’un intermède de beau langage. 

Ce sont là de bonnes traditions et des innovations heureuses. Certes 
il manque bien à lu Belgique horticole, — puisque rien ne peut être 
parfait ici-bas, — de présenter un intérêt spécial à la France. Malgré 
soi, un recueil est toujours de son pays. Mais nous ne sayons si ce 
ne serait pas plutôt une qualité. Notre climat est plus doux que celui 
de la Belgique, par conséquent la besogne plus facile; et puisque avec 
ces conditions les Belges sont encore nos maitres sur plusieurs points, 
nous croyons qu'il est utile de nous pénétrer mieux de leurs procédés 
de culture. 


NOTE SUR LA VIGNE FRÉDÉRICTON (R. &r M.) 


Voyez Planche XI. 


Le raisin Frédéricton est un gain de MM. Robert et Moreau d'Angers. 
Il nous a été communiqué, en 1865, le 20 septembre, par M. L. J. Galopin, 
notre excellent pépiniériste liégeois, qui. dans son catalogue, le recom- 
mande comme un fruit de première qualité, à grappe très-grosse, à 
grains noirs gros et très-bons. Nous pouvons confirmer en tout point 
cette recommandation. Le grain avait une saveur vineuse et sucrée, Nous 
avons du réduire la grappe pour l’approprier à notre format. 


— 183 — 


CALENDRIER DU MARAICHER. 


Résumé des opérations mensuelles du potager, 
par M. Eu. Ropias. 
MAI. 


Semis et plantations. — Nous ne pouvons énumérer ici toutes 
les variétés dont nous recommandons le semis, ou la plantation : nous 
avons eu soin d'indiquer les meilleures à chaque culture spéciale. C’est 
le moment du semis principal des haricots à rames et des haricots prin- 
cesse destinés à la provision sèche pour l’hiver ; dans les terres légères, 
on fait le semis au commencement du mois, et vers la fin, dans les terres 
fortes. Le semis d’arroche se continue toujours. Il faut semer aussi : 
l’artichaut, la bette, le cardon, le pissenlit, les tomates à bonne exposition 
aux premiers jours du mois, le chou de Savoie, le chou de Poméranie, 
le rutabaga, les choux non pommés ; dès sa première quinzaine, les 
choux raves, les choux-fleurs, la chicorée qui fournit la salade blanche 
d'hiver, le persil, le pourpier, la claytonie, le quinoa, la tétragone, sur 
terreau, les dernières betteraves à salade, encore des radis, des salsifis, 
des scorzonères, le scolyme d’Espagne. Vers le milieu du mois, il faut 
semer les potirons, les concombres, les choux de Chine en bon terreau, 
pour repiquer le plant fort jeune, les laitues d'été; faire le deuxième 
semis de brocoli à la fin du mois ; semer enfin le maïs pour confire, à 
l'instar des cornichons, ses épis à demi formés, ou pour utiliser la plante 
comme fourrage. Cette culture est assez avantageuse, si l’on ne peut 
autrement employer un terrain déjà vide, car jamais, à cette époque de 
l’année surtout, un sol fertile ne peut demeurer sans produire : la jachère 
d'été n’est admissible que dans un terrain trop pauvre ou épuisé ; et s’il 
peut être amélioré ou amendé par un autre moyen, il est inutile d’y 
recourir. Le cas d’épuisement du sol ne saurait, du reste, s’offrir que 
dans un maraicher fort mal soigné où l’on n'observe point la rotation des 
cultures (voir ASSOLEMENTS). 

On procède à la plantation des Cucurbitacées de toute sortes, courges, 
concombres et même melons. On repique à l’exposition chaude le jeune 
plant de baselle provenant de couche. On plante la betterave à salade du 
semis d'avril et le céléri du deuxième semis. On plante les choux de 
Bruxelles en carrés et comme contre-plants aux romaines déjà en place. 
On plante les choux de Savoie, les cabus, ceux d’Yorck. Le repiquage 
des luitues se succède de quinze en quinze jours : on en contre-plante 
aux cardons. On plante des tomates entre les laitues, du céléri-rave entre 
les endives, des laitues et des endives sur les ados du céléri commun. 


— 184 — 


On plante les tubercules d’olluco, les fragments de rhizome de l’ig- 


name de Chine, si l’on veut encore tenter cette culture. On peut mettre 


en place sur terrain bien fumé les potirons semés en petits pots au mois 
de mars; le giraumon choufleur ou à moelle peut-être traité de la même 
manière : il faudrait couvrir de cloches, si on plantait plus tôt. Vers 
le 15, on plante avec leur motte les tomates semées sur couche en février; 
on met en place le basilic venu sur couche, en ayant soin de lui conserver 
la motte : on tient quelques pieds en pots pour les rentrer en automne. 
Multiplier de boutures la sauge et le romarin, à l’ombre, en petits pots 
ou en pleine terre. Planter les aubergines tenues en pots sous châssis, et 
le piment à exposition chaude. 

Il faut que les plantations, en général, soient combinées de telle sorte 
qu’elles produisent successivement, à mesure que les précédentes s’épui- 
sent. Ceci concerne le jardinier-marchand au même titre que l’amateur : 
ce dernier, toutefois, n’obéit qu'à ses goûts, tandis que l’autre doit con- 
cilier à la fois ses intérêts et l’entrain souvent bizarre des consommateurs, 
qui exigent à telle époque fixe un produit qu’ils dédaignent peu de Jours 
après. Il importe donc que le jardinier, pour régler les semis suivant les 
besoins de l'exploitation et de façon à trouver sous la main du plant 
assez fort pour être repiqué en temps utile, connaisse bien le temps que 
les graines mettent à germer et sache activer ou retarder la pousse des 
jeunes plantes d'après les circonstances. 


Travaux divers. — Les sarclages, binages, serfouissages et éclair- 
cissages se poursuivent et se répétent. Aux premiers jours du mois, il 
faut retrancher aux artichauts les rameaux superflus et mettre du fumier 
consommé autour de leurs pieds; biner et ratisser les asperges avec 
prudence pour ne pas blesser les pousses qui arrivent à fleur de terre. 
Le céléri doit-être bien sarclé. On procède à l’écimage ordinaire des féves 
de marais. On met des cendres de bois autour des haricots fraichement 
semés et on a soin de briser les croûtes que les pluies forment souvent 
au-dessus des graines. Le mais demande un buttage; il faut aussi le 
débarrasser des jets superflus. Butter l’oxalide crénelée en couchant les 
tiges pour les couvrir de terre ; butter la capucine tubéreuse, les pommes 
de terre hâtives; lier les endives plantées à bonne exposition au com- 
mencement du mois; garantir du soleil le jour et du froid des nuits les 
jeunes potirons, les tenir découverts s’il fait doux et pluvieux, afin 
d’assurer leur reprise. Donner des rames aux pois du semis d'avril, et 
aux haricots parvenus à leur troisième feuille. Quelques praticiens 
mettent les rames en même temps qu’ils font le semis. Il faut couper les 
stolons aux fraisiers à mesure qu’ils se produisent, à moins qu’on n'ait 
besoin de multiplier, et enlever les tiges florales des variétés remontantes, 
destinées à donner leurs fruits seulement vers l’automne. 

En ce mois, les arrosements deviennent plus multipliés, surtout si 


| 
did 


— 185 — 


le temps est chaud et sec, comme cela arrive quelquefois ; néanmoins, 
on n’arrosera encore, que le matin et non le soir, car, si les journées 
sont déjà chaudes, le rayonnement nocturne produit souvent une dimi- 
nution brusque de température et occasionne, sous notre climat, de ces 
gelées blanches si funestes à la végétation. Les arrosements du soir ne 
feraient que rendre l’effet plus fâcheux. Quant aux fumiers concentrés et 
aux engrais liquides, on évitera de les donner par un temps sec et chaud; 
il faudra nécessairement attendre un moment de pluie, afin de ne pas 
exposer les plantes à être brülées. 


Produits. — Les radis succèdent à ceux de couche. Toutes sortes 
de légumes verts sont en rapport. Les pois de la Ste. Cathérine et de 
la Chandeleur donnent leurs quelques gousses. On cueille les premières 
fèves de marais proprement dites à peu près à la moitié de leur dévelop- 
pement. On a des oignons blancs, de l’arroche, de la poirée, du cerfeuil, 
de la ciboule, de l’estragon, de l’oseille, du persil, de la pimprenelle. 
Les asperges sont en pleine coupe. Il faut qu’un praticien habile se 
charge seul de cette besogne, qui, chez nous, se répète trois et même 
quatre fois par jour; on ne veut que les turions bien blancs et on 
dédaigne généralement les asperges vertes, si estimées en France. Il 
faut veiller à ce que le couteau n’endommage pas la couronne des griffes : 
la négligence en ce point peu causer la ruine de l’aspergerie. 


JUIN. 


Semis et plantations. — On sème des radis d'automne et de 
Madras, du poireau, les derniers choux-raves au commencement du 
mois, le cerfeuil au nord et à l’ombre, des fournitures de salade, du 
pourpier, de la raïponce, du persil, de la claytonie, du quinou, 
des carottes, du raifort, des salsifis, des scorzonères, du scolyme 
d’Espagne, des choux de Savoie, enfin du rutabaga à demeure ou pour 
repiquer : il est destiné à la provision d’hiver. Vers le milieu du mois, 
on fait le dernier semis de choux-fleurs pour en avoir le produit en 
automne ou même en hiver. Les endives du semis de juin ont le plus 
de valeur; le semis d’épinard doit se faire à l'ombre; cclui d’arroche 
réussit parfaitement en tout lieu et ne redoute pas le soleil. On sème 
des fèves de marais, les haricots à utiliser verts et les derniers pois en 
variétés hâtives. Les graines de fraïsier peuvent être semées en terrines 
ou petites caisses qu’on place à l’ombre ou, si l’on veut, sous châssis, 
mais toujours à un endroit bien aéré. 

La plantation des différentes espèces et variétés de choux est continuée 
comme à la fin de mai. On repique en place des scaroles pour leur 
donner des choux-raves en contre-plants. Aux premiers jours du mois, 
on transplante du melon en pleine terre à exposition chaude. On plante 


— 186 — 


des brocolis ; on empote ceux du deuxième semis pour les tenir à l’ombre; 
on repique l’endive du semis de mai. Vers le milieu du mois, on plante 
du poireau, on repique les betteruves en place, comme entre-plants 
aux haricots ou ailleurs. On plante encore des pommes de terre pour 
en avoir de nouvelles le plus tard possible. On transplante à demeure 
le semis de fenouil. 


Travaux divers. — Les travaux de ce mois sont la continuation 
de ceux du mois précédent. Les sarclages devront être fréquents surtout 
aux plantes porte-graines; les binages et les serfouissages ne seront 
guère moins nombreux. Après la première cueillette des artichauts, il 
faut œilletonner et rabattre les plantes pour en obtenir un second pro- 
duit en automne. C’est le moment de répandre une mince couche de 
fiente de poule ou de pigeon parmi les semis d’oignon. On butte le céléri 
à trois reprises, de huit en huit jours, si sa végétation est assez avancée, 
le fenouil dès qu’il a 0®,15 de haut pour l'utiliser en guise de céléri, et 
les pommes de terre.On marcotte les potirons et on supprime les jets super- 
flus. Il faut continuer l’écimage des fèves de marais et, pour obtenir une 
arrière-récolte à l’automne, couper près du sol les tiges dont on a 
recueilli les gousses encore petites. La récolte des asperges cesse à la 
fin du mois; il est nécessaire de continuer à sarcler proprement et à 
biner les planches : ces soins faciles sont trop de fois négligés. Il faut 
couper les coulants aux fraisiers en réservant les plus beaux pour faire 
de nouvelles plantations : une fraisière ne produisant bien que pendant 
trois années. Ramer les haricots si on n’a pu le faire plus tôt, les biner 
et les butter, et, dans le principe, aider les tiges volubiles à se maintenir 
aux rames. Il faut donner des rames aux tarnotes, des tuteurs aux 
tomates, aux oignons porte-graines et à plusieurs autres plantes. Autour 
des échalottes, on dégage un peu la terre pour les faire mieux grossir. 
La récolte des graines commence par celle de la mâche, du cerfeuil, de 
l’arroche, de l’épinard, du cresson alénois ; il a donc été nécessaire de 
réserver et de soigner plus spécialement les sujets destinés à la produc- 
tion des semences. Une des grandes et des plus importantes occupations 
de l’été consiste dans les arrosages : c’est l’élément essentiel, en quelque 
sorte vital, de la culture des plantes potagères, surtout si la saison est 
sèche et si le sol est assez perméable pour prêter à l’écoulement trop 
rapide des eaux pluviales. Pour ce point, nous ne pouvons que renvoyer 
à ce que nous en avons dit au premier chapitre de ce traité, en parlant 
de l’humidité. À cette époque de l’année, on n’arrose plus que le soir. 
Nous avons eu soin d’indiquer antérieurement les plantes qu'on peut 
excepter de cette règle. 

Un objet qu’il importe de ne point négliger, c’est la destruction des 
insectes nuisibles. Il ne suffit pas de semer, transplanter, sarcler, 
arroser, fumer, abriter les végétaux, souvent tous ces soins demeurent 
stériles à cause des insectes qui attaquent les plantes et les détruisent. 


— 187 — 


La chasse aux lombrics, aux limaces, aux vers blancs, à la taupe-grillon, 
aux pucerons, aux fourmis jaunes, aux perce-oreilles, aux teignes, aux 
noctuelles, au ver gris, aux tipules, aux chenilles, doit donc attirer la 
sérieuse attention du maraicher. 

Nous avons insisté ailleurs sur les dégâts que peuvent occasionner les 
bruches, les teignes, la tipule potagère, la larve blanche du poireau, 
l’altise, cet ennemi acharné de toutes les Crucifères, etc. Nous réunis- 
sons ici quelques observations sur les autres insectes nuisibles aux 
plantes potagères en général. 


Le ver blanc, larve du hanneton, est souvent nombreux et très- 
préjudiciable dans les terres légères, sablonneuses et bien labourées. 
Après que le hanneton a, durant deux mois, mai et juin, entamé les 
feuilles des arbres et des arbustes, la femelle rentre en terre et y dépose 
de 15 à 50 œufs au fond d’une galerie presque verticale qu’elle s’est 
creusée. Les jeunes éclosent six semaines plus tard et commencent immé- 
diatement à ronger le chevelu des racines des plantes qui se trouvent à 
leur portée. Ils se développent lentement et restent ensemble jusqu’au 
printemps suivant. Au premier automne qui suit leur naïssance, ils 
s’enfoncent plus profondément en terre pour rester en repos hors de 
l'atteinte des gelées jusqu’à ce que la chaleur du printemps les rappelle 
à la surface. Alors, ils se dispersent dans toutes les directions en creu- 
sant leurs galeries et cherchant les menues racines, leur nourriture. Et 
ce travail de destruction dure trois années entières ! A l’automne de la 
troisième année, ils descendent plus bas dans le sol que les hivers anté- 
rieurs. Ils sont blancs, arquées, cylindriques, plissés sur le dos, ont la 
tête dure et jaune, deux fortes mandibules et deux antennes. Enfin, en 
avril, ils deviennent des hannetons. Quoiqu’entourés d’ennemis naturels, 
néanmoins, il en reste chaque année des quantités innombrables, et il 
est nécessaire d’user de tous les moyens pour détruire ces vers blancs. 
Durant les labours et les béchages, on doit les rechercher attentivement. 
Il arrive parfois qu’ils sont très-nombreux, alors il faut recourir à un 
bêchage d’un demi mètre de profondeur. Au fond de chaque tranchée, 
on étend une couche de feuilles de platane ou de châtaignier sur laquelle 
on remet la terre. On enlève soigneusement tous les vers de cette terre 
supérieure; ceux qui sont restés en-dessous, quand ils veulent remonter 
à la surface rencontrent la couche de feuilles qu’ils ne peuvent traverser 
et y meurent de faim(!). Les vers blancs se logent volontiers dans les 
fraisières : l’état de dépérissement dont les plantes sont affligées les a 
bientôt trahis. Si l’on ne croit pas devoir recourir à la mesure extrême 
que nous venons d'indiquer, on peut, pour préserver certaines plantes 


(1) Maison rustique du XLX° siècle, t. V, Horticulture. 


— 188 — 


de leur atteinte, repiquer à proximité quelques pieds de laitue ou d’en- 
dive dont les larves aiment à dévorer le chevelu : tant qu’elles trouvent 
cette nourriture, elles n’attaquent pas d’autres plantes. 


La courtilière commune ou taupe-Grillon cause parfois des 
dégâts tellement considérables que, dans un terrain léger, sablonneux 
et à la fois humide, où elle se propage en grand nombre, elle rend 
la culture des plantes potagères impossible. Cet insecte vit dans la 
terre, où, pour chercher les vers et les larves dont il se nourrit, il 
creuse de nombreuses galeries, sciant au moyen de ses pieds de devant 
toutes les racines des plantes qu’il rencontre. Son travail dure de mars 
en octobre : c’est assez dire combien il peut être désastreux. Il trahit 
sa présence non-seulement par l’état de langueur ou la mort presque 
soudaine des végétaux qu’il entame, mais aussi par la trace élevée 
des galeries qu’il vient établir à la surface du sol, galeries qui s’étendent 
dans toutes les directions et souvent à plusieurs mètres de son refuge 
habituel. Ce dernier est indiqué par une ouverture circulaire, orifice 
d’une véritable cheminée d’aérage, recourbée vers le bas et aboutissant 
à une loge assez grande, où il dépose ses œufs, dont le nombre varie 
de 300 à 500. Dans un seul nid, nous avons vu compter près de 
quatre cents jeunes; de sorte qu'il est de toute nécessité de défoncer 
ces loges, et ceci en juillet-août. La mère dévore elle-même une quantité 
de ses petits; mais il en reste toujours assez pour qu'il faille essayer 
de tous les moyens de destruction. 

On tâche de surprendre l’insecte pendant son travail souterrain; 
alors on verse sur les galeries et spécialement sur les plus récentes de 
l'eau savonnée ou chargée d’un peu d'huile; cette eau coule dans les 
galeries et fait sortir l’insecte, qui vient nourrir au dehors ou se laisser 
prendre. Encore peut-on, à l’instar des trappes qu’on met pour les 
taupes, placer des pots immédiatement au-dessous des galeries et 
recouvrir les vides d’une tuile ou d’une ardoise et de terre pour les 
garantir contre toute lumière : la courtillière viendra tomber dans le 
piége, sans pouvoir remonter les longs des parois. Le moyen suivant 
est recommandable là surtout où les insectes sont nombreux. En automne, 
on creuse de petits puits à une quarantaine de centimètres de profon- 
deur, pour les remplir de fumier d’écurie. 

Ce fumier a le privilège d'attirer la courtillière plus que tout autre, 
et à l’arrivée du froid, elle se hâte d’y chercher un abri et s’y loge 
souvent en grand nombre: dès lors, il est facile de s’en emparer. 
Quelques-uns déposent simplement ces tas à la surface du sol et Îles 
enlèvent six semaines après, quand le froid est survenu. L'insecte 
y cherche un abri, mais se loge le plus souvent à fleur de terre. Il est 
facile d’inonder leur retraite : le sol étant percé de nombreuses ouver- 
tures. Bien peu échappent à ces moyens. 


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C’est aussi en juin-juillet que le perce-oreille occasionne le plus de 
dégâts au maraïicher. Les œufs, déposés par la femelle sous l'écorce des 
arbres, au nombre de 20 à 50, éclosent en mai. Tout le monde connaît 
cet insecte, qui inspire à plusieurs même une crainte mal fondée. Il est 
jaune brunâtre, à six pattes et deux antennes ; une sorte de pincettes ou 
tenailles termine la partie inférieure du corps. C’est la ressemblance de 
cet organe avec l'instrument dont l’orfèvre faisait usage pour percer les 
oreilles qui a fait donner à l’insecte le nom de perce-oreille. En été, les 
perce-oreilles entrent sous les pots dont on recouvre les végétaux trans- 
plantés; ils se cachent par masses dans des coins obscurs, sous l’écorce 
ou la pierre et sortent la nuit pour ronger ou dévorer non-seulement les 
fruits de nos espaliers ou du verger, mais les parties les plus tendres, les 
plus délicates des plantes potagères. Ils attaquent aussi d’autres insectes 
et souvent s’entretuent eux-mêmes. Puisque cet insecte évite la lumière, 
on met à proximité des plantes attaquées des morceaux de jonc ou de tige 
de topinambour, des pots renversés contre le fond desquels on a serré un 
peu de mousse ; ou bien, on roule de petits morceaux d’étoffe de laine 
ou, cc qui vaut le mieux, on y jette des sabots de veau ou de mouton. Les 
perce-oreilles cherchent dans ces engins un abri contre le jour : on les 
secoue le matin pour les écraser ou les brüler. 


Pucerons.— Ainsi que les animaux ont leurs parasites, il est probable 
que chaque végétal a aussi le puceron qui lui est propre : Quelques espèces 
en ont deux, parfois trois. On les trouve agglomérés comme de petits 
œufs sur les racines, sur les tiges, sur les feuilles. Sur une petite feuille 
de rosier, nous avons compté jusqu’à 327 d’une même espèce. Une seule 
fécondation produit jusqu’à huit ou neuf générations successives toutes 
fécondes et vivipares sans qu’un nouvel accouplement ait lieu : la der- 
nière génération seule pond des œufs qui passent l'hiver et perpétuent 
l’espèce. Deux sortes sont spécialement nuisibles aux plantes potagères : 
le puceron de la feuille et celui de la racine. Ce dernier ne se montre 
point quand la fourmi jaune fait défaut. On conseille de verser de l’eau 
empoisonnée avec de la strychnine, par exemple, autour du pied des 
plantes; mais ce moyen est inefficace tant que la fourmi elle-même 
n’est point détruite. Quand au puceron qui attaque les feuilles, de l’eau 
de savon ou de chaux, une infusion de tabac, ou de poudre de pyréthre 
sont les meilleurs remèdes. On les applique au moyen d’une brosse ou 
d’une éponge. Mais il arrive bien souvent que les pucerons ne sont 
que la conséquence d’une mauvaise culture. Une bonne fumure, des 
arrosements réitérés, des moyens activant la végétation préviennent 
aisément le mal et le font fréquemment disparaître. 


La Imace et le limacon sont les types d’un même genre, auquel 
appartiennent encore la limace brune, la grise et la noire. Tous sont 


— 190 — 


également funestes et souvent ils défient le jardinier. Pendant la nuit, 
ils quittent leur retraite pour aller ronger avec leur dent, en forme de 
croissant, les parties les plus délicates des plantes. La tête est munie 
de quatre antennes contractiles, dont les deux plus longues portent un 
œil à leur extrémité. Plusieurs parties du corps, même les veux et Ja 
bouche, quand on les a coupées, se reforment facilement. 

Les moyens préventifs, tels que la chaux, le tabac, le guano, sont 
insuffisants ou d’un effet trop peu durable. La sciure de bois répandue 
en une bande assez épaisse à proximité et autour des plantes à préserver 
est encore ce qu’il y à de mieux. Le journal du Dr Lindley, le Gardeners’ 
chronicle, a indiqué, comme préservatif, un cercle galvanique à placer 
tout simplement autour de chaque plante : les limaces ne franchiraient 
point ce rempart. Nous avons voulu constater la chose par nos propres 
essais et nous avons dû en conclure que les limaces. en Belgique, 
sont sans doute autrement organisées que celles d'Angleterre! Non- 
seulement elles franchissent ce cordon sanitaire, mais elles le passent 
et repassent sans la moindre peine. Le meilleur moyen, déjà indiqué, 
consiste à les allécher. Dans ce but, on place, à proximité des endroits 
où elles trahissent leur présence, quelques poignées de son de froment, 
qui est pour elles un excellent appât. On les y trouve le matin et alors 
un peu de chaux vive suffit pour les tuer. 


Le Iombric ou ver de terre, que tout le monde connaît, dilate et 
contracte à volonté les anneaux charnus qui composent son corps : 
c’est pourquoi il s’introduit aisément par des ouvertures extrêmement 
étroites. Quoiqu'il n’est point d’yeux, il fuit toujours la lumière. Il se 
nourrit de substances végétales ainsi que de terre, qu’il rend après en 
avoir absorbé ce qui lui convient. Cette terre rendue est compacte et 
nuit aux plantes. Il tire aussi les jeunes semis sous le sol. Les acides, 
de l’eau avec de la chaux, une infusion de tabac, le font apparaitre au 
jour ; on obtient le même effet, quand ces remèdes ne peuvent être 
appliqués, en remuant légèrement le sol au moyen d’une fourche à 
lequelle on imprime une sorte de tremblement. Le lombric, craignant 
la venue de la taupe, sort de terre et cela pour être pris. 

En pratiquant l’écimage des fèves de marais, il est bon d’enfouir et 
mieux encore de brüler les parties attaquées déjà par le puceron noir de 
la fève : on évitera ainsi que l’insecte ne remonte aux autres branches 
tendres de la plante. Quant à la destruction des chenilies en général, le 
meilleur moyen et le moins onéreux est de rechercher avec soin les 
œufs et de les écraser avant l’éclosion : car, une fois ces œufs éclos, 
tout remède devient difficile et demeure souvent sans succès. 


Produits. — On récolte les premières pommes de terre hâtives de 
plein air ; les asperges sont coupées jusque vers la fin du mois; on a du 


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céléri de semis de couche. Les artichauts de deuxième année produisent 
abondamment. Pour le nord de la France, la Belgique et la Hollande, 
l’époque générale de la cueillette des pois commence au milieu de juin ; 
celle-ci doit être faite de manière que les tiges ne soient pas trop tour- 
mentés et que les gousses, encore trop peu remplies, soient ménagées 
aussi bien que les fleurs. Les pois offrent un des produits les plus consi- 
dérables; viennent ensuite les carottes, les ognons, les choux : tels que 
choux d’Yorck, choux-fleurs. On a aussi quelques haricots et, comme 
précédemment, de l’oseille, du pourpier, du cresson, des endives et des 
laitues. On a les premiers cardons blanchis, diverses fournitures de 
salade, des cornichons et concombres, du cerfeuil et du persil, de l’ail, 
de la ciboule, de l’échalotte. Parmi les produits, n'oublions pas de men- 
tionner les graines. Elles peuvent constituer une spécialité importante 
pour le jardinier-marchand ; bien traitée, leur culture donne un béné- 
fice souvent notable. Nous n’avons point négligé cette partie dans le 
cours de cet ouvrage. 


NOTES PRATIQUES CONCERNANT QUELQUES PLANTES POTAGÈRES 
OU AGRICOLES, NOUVELLES OU RECOMMANDÉES. 


Betterave champêtre, disette blanche à collet vert. — 
Racine très-volumineuse, sortant de terre de moitié de sa longueur, 
chair blanche, très-estimée. Se sème fin avril. 

Carotte blanche des Vosges. — Cette variété se conserve très- 
bien et convient particulièrement pour les sols compactes et peu pro- 
fonds; elle est d’un bon produit. 

Céléri court, hâtif. — Côtes très-pleines, et qu'il n’est pas 
nécessaire de lier pour le faire blanchir; très-hâtif. 

Chou de Milan des vertus. — Pomme très-grosse et très-serrée. 
Se sème, en mars-avril en pleine terre et se repique à très-grande 
distance. 

Chou-fleur Stadholder. Cette variété forme une tête volumi- 
neuse à grain fin et très-blanc. Se sème en avril pour obtenir la pomme 
en septembre-octobre. 

Chou Moellier, blanc. — Tige de 1",50 remplie d’une moelle 
succulente, que les bestiaux mangent avec avidité. Se sème en mars- 
avril. 

Chou Moellier rouge. — Tige violette de 1,50 cent., plus grosse 
que le Chou Mollier blanc. Se sème en mars-avril. 

Chou Rutabaga Skirving’s Liverpool. — Racine oblongue très- 


nette et belle, à collet rouge, très-estimé en Angleterre. Se sème en 
mai-juin. 


— 192 — 


Endive scarolle, verte. — Cette variété n’acquiert toute sa qua- 
lité qu'après avoir été blanchie par étiolement ce que l’on obtient en 
relevant les feuilles de la circonférence et les retenant par un lien. Se 
sème du 45 mai au 15 juin. 

Laïtue chou de Naples. — Pomme trés-grosse et très-ferme ayant 
l'aspect d’un chou. Se sème en mars-avril. 

Moha de Hongrie. — Plante cultivée pour fourrage en vert et en 
sec, pour la nourriture des chevaux et des vaches, ayant l’avantage de 
résister à la sécheresse. Se sème en avril. 

Navet jaunc d’Aberdeem. — Cette variété est très-recomman- 
dable pour la grande culture à cause de son volume et de sa précocité. 

Navet jaune d'Écosse Bullock’s. — Bonne variété agricole. À 
chair jaune pâle, maturité hâtive. 

Oignom rouge de Brunswick. — Bulbe petite, à collet fin, 
rouge violacé presque noir. Se sème en mars-avril. 

Panais long de Jersey. — Bclle race de panais long, fournissant 
une ressource des plus précieuses pour la nourriture du bétail; cette 
racine exige un labour profond. 

Poireau jaune du Poitou. — Cette espèce pen connue est re- 
marquable par sa dimension et par sa couleur. Se sème en mars-avril. 

Pois anglais, Beck’s Gem ou Tom Thumbhb. — Variété naine 
de très-bonne qualité et productive, peu délicate sur le nature de la terre. 
Se plante en mars-avril. 

Pois Veitch’s perfection. — Cette variété est supérieure au 
pois ridé à rames; son grain vert est très-sucré, il se distingue par la 
beauté de sa cosse et par sa qualité et en outre peu difficile sur le terrain. 


POIRES DÉLICES D'HARDENPONT. 


Notre excellent confrère, M. Charles Baltet, de Troyes, a eu la bonté 
de nous apprendre, à propos de notre récent article sur les Poires Délices 
d’Hardenpont que la Délices d’Hardenpont d'Angers avait été reconnue 
par le Congrès pomologique de France sous le nom de Fondante de Pa- 
nisel. En effet, elle est acceptée sous cette dénomination dans la Culture 
du Poirier de M. Baltet. Il ajoute, avec raison, que ce fruit serait con- 
venablement appelé Doyenné d’Hardenpont, puisqu'il appartient mani- 
festement à la race des Doyennés. 


Passiflora fulgens, Wallis 


(Hort. Linden) 


— 193 — 


HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE PASSIFLORA FULGENS Wazcis. 


Figuré Planche XIII (vol. XVI, t. XIN). 


) & Ia été introduit, en 1864, par M. J. Linden et 
| po . mis dans le commerce en 1865, avec la note sui- 
ES vante : « Cette espèce est indubitablement une 
= des plus belles du genre, tant par la beauté des 
feuilles qui rappellent celles du chêne, que par 
l'éclat éblouissant de ses grandes fleurs écarlates. Sa 
découverte est due à M. Wallis, qui nous l’envoya 
de l’Amazone. » | 

La figure qui accompagne cette notice a été peinte 
d'après nature sur un spécimen fleuri dans les serres de 
M. Linden en 1865. Elle suffit pour établir la beauté de 
cette nouvelle acquisition de nos serres. 

D'un autre côté nous pouvons donner de cette espèce la diagnose 


suivante : 


Fruticosa, glaberrima, ramis teretibus flexuosis, cirrhifera; cirrhis simplicibus ; 
foliis penninerviis, basi-cordatis, ovatis, grosse dentatis, lobatis, petiolis 2-3 glandu- 
losis; pedunculis axillaribus, simplicibus, unifloris; involucro tribracteato, foliolis 
ovato-lanceolatis, integerrimis, flori approximatis, accressentibus, viridibus ; calyeis 
segmentis uniformibus lineari-oblongis, acutis, demum reflexis, coccineis; coronae 
filamentis dimidio brevioribus, apice reflexis, croceis albo-striatis; columna elongata ; 
fructu magno, oviforme. — Crescit in Brasilia. 


Quant à la culture elle est aussi simple que celle de toutes les Passi- 
florées et elle croit comme une liane dans les sérres chaude ou 
tempérée. 


— 194 — 


NOTICE SUR LA PRIMEVÈRE DE LA CHINE, 


(PRIMULA SINENSIS Linoz. — PR. PRAENITENS Pot. Reg) 
ET SES VARIÉTÉS NOUVELLES. . 


Figurées PI. XIV (vol. XVI, t. 14). 


Nous avons déjà, à plusieurs reprises, parlé de cette jolie petite plante qui em- . 
bellit si facilement la serre froide et les appartements. Nous avons de temps à autre 
figuré les perfectionnements qu’elle éprouve sous l'influence de l’horticulture. Depuis 
quelque temps ces améliorations deviennent plus variées et plus nombreuses. La 
Primevère de la Chine a donné une foule de variétés nouvelles, nouvelles pour le 
coloris, la panachure, la forme, la grandeur, la duplicature, ete. Nous en avons 
vu, l'année dernière, une riche collection dans les serres de notre excellent ami, 
M. F. de Cannart d'Hamale, président de la Société royale d’horticulture de Malines. 
I a bien voulu nous en laisser prendre les dessins et nous avons peint les fleurs 
de 25 variétés différentes. Ne pouvant les reproduire toutes ici, nous avons chargé 
notre coloriste de composer une planche en choisissant quelques types variés. Il a: 
dû se borner à six qu'il a pris, nous paraît-il, à peu près au hasard. Puissent-ils 
suflire pour donner au moins une idée de la variété et de la douce beauté de cette 
charmante plante que tout le monde doit cultiver. 

Les graines dont M. F. de Cannart a obtenu sa collection. provenaient de M. Vil- 
morin-Andrieux à Paris. Aussi pour nous renseigner au sujet de ces nouveautés, 
avons-nous eu recours au livre que ces Messieurs ont publié sous le titre : Les 
[leurs de pleine terre, et dont ils ont donné une deuxième édition en 1866. Nous y 
avons trouvé, à la page 796, une notice si complète sur cette plante qui intéresse 
tout le monde, que nous avons cru ne pouvoir mieux faire que de la reproduire ici. 


Annuelle, bisannuelle et vivace en serre. — Tige nulle ou peu déve- 
loppée. Feuilles très-élégantes, toutes radicales, en rosette dressée, 
longuement pétiolées, poilues et visqueuses, ordinairement à pétioles 
teintés de rougeâtre, surtout à la base et sur les nervures principales; 
limbe ovale en cœur, à bords ondulés et festonnés d’une découpure 
inégale et très-gracieuse, qui se traduit en 6 à 12 lobes principaux, 
inégaux et irrégulièérement dentés ; les nervures principales sont à peu 
près palmées, et la couleur de ces feuilles est d’un vert frais et très-gai, 
parfois un peu rougeâtre en dessous. Du milieu de ces feuilles et de leur 
aisselle s’élèvent avec grâce des hampes longues de 20 à 30 centimètres, 
rarement plus, portant, suivant la vigueur des plantes, de 1 à 3 verticil- 
les, quelquefois plus, de grandes et jolies fleurs roses à gorge ou œil 
jaunâtre, légèrement odorantes, dont l’ensemble forme une belle pani- 
cule pyramidale et interrompue, simulant des candelabres superposés. 
Ces fleurs sont nombreuses, assez longuement pédicellées, sur des pédi- 
celles uniflores, étalés, rayonnants, entourés à leur base d’une collerette 
de bractées foliacées, découpées dans les verticilles inférieurs, entières 


ariétés nouvelles Mie 


de Primevère de la Chine 


— 195 — 


et linéaires dans les verticilles supérieurs. Leur calice est renflé, vésicu- 
leux et bosselé à la base, poilu, visqueux, couronné par 5 petites dents 
dressées. La corolle présente un tube très-gréle qui dépasse un peu le 
calice; son limbe, large d’environ 25 à 50 millimètres, étalé en patère, 
est partagé en 5 lobes arrondis et échancrés en cœur au sommet. La 
gorge est légèrement plissée, et offre un œil circulaire occupant au plus 
le quart ou le cinquième du limbe, d’un jaune clair nuancé de jaune 
d’ocre; 5 élamines et un pistil sont inelus dans le tube de la corolle; ca- 
lice persistant, acerescent, et contenant au fond une petite capsule vési- 
culeuse, membraneuse, remplie de graines. — Suivant la culture, la 
floraison peut être obtenue toute l’année; mais la saison principale est de 
février en avril, et d'octobre à janvier-février pour les vieux pieds con- 
servés et convenablement soignés. 

Cette superbe espèce a donné naissance à plusieurs variétés intéres- 
santes que l’on est parvenu à fixer en partie, et qui se reproduisent, 
dans une certaine proportion, par le semis. Parmi les plus tranchées, 
nous citerons les suivantes : 


Var. à fleurs blanches. — P. Sinensis alba, Horr. 


Jolie variété ne différant du type que par la couleur blanc pur de ses 
fleurs ; l’œil peut être ou jaune, ou jaune verdätre et brundtre. Les pétio- 
les, le feuillage et les hampes sont d’un vert blond, qui permet souvent 
de distinguer la variété avant la floraison. 


Var. à fleurs panachées. — P. Sinensis striata, Horr. 


Diffère de la précédente par des fleurs lignées et striées de rose carminé 
sur le fond blanc, et par la coloration rougeâtre des tiges, des pétioles 
et des pédicelles. Le semis reproduit toujours une forte proportion de 
plantes à fleurs blanc pur, mais les tiges et les pétioles conservent leur 
teinte rougeâtre caractéristique. D’un autre côté, ces stries roses sont peu 
apparentes, et leur beauté dépend un peu de la culture. La panachure 
peut se rencontrer aussi bien sur des pieds à corolle frangée que sur des 
pieds à fleurs blanches non frangées. 


Var. à fleurs cuivrées. — P. Sinensis cupreata, Horr. 


Cette variété ne diffère de l’espèce que par la coloration des fleurs, qui 
est d’un rose rougeûtre, à reflets un peu métalliques. On retrouve quel- 
quefois cette coloration chez des pieds à fleurs frangées. 


Var. à fleurs roses frangées ou à grandes fleurs, — P. Sinensis fimbriata 
vel grandiflora, Horr. 


Plante plus vigoureuse dans toutes ses parties, à feuillage présentant 
une découpure distincte et assez caractéristique. Calice plus renflé, plus 


— 196 — 


bosselé, à dents nombreuses; corolle notablement plus grande, à lobes 
plus larges, plus nombreux, parfois vaguement délimités et se recou- 

vrant par leurs côtés, à bords supérieurs roncinés, frangés ou denti- 
culés, et souvent un peu ondulés. L’œil est aussi plus grand, un peu 
étoilé, et d’un jaune nuancé de jaune foncé verdätre. Cette variété pro- 
duit beaucoup moins de graines que les précédentes, et le semis rend 
toujours une assez forte proportion de plantes revenant au type. On 
rencontre quelquefois dans cette variété des fleurs qui sont vaguement 
sablées et lignées de jaune d’or, parfois nuancées de rose plus foncé ou 
de rose trés-clair, ou d’autres dont l’œil jaune s'agrandit beaucoup, oc- 
cupe près de la moitié ou des deux tiers du limbe, et prend une teinte 
verdâtre ou brunâtre ; mais ces variétés ne sont point encore bien fixées, 
et comme elles ne se reproduisent qu’en partie par le semis, et que 
d’ailleurs elles donnent fort peu de graines, elles doivent être multipliées 
comme celles à fleurs doubles. 


Var. à fleurs blanches frangées, — P. Sinensis fimbriata alba vel grandiflora 
alba, Horr. 


Ne diffère de la précédente que par la couleur blanche des fleurs à œil 
jaune verdätre, et par la teinte vert blond de la plante, ce qui permet de 
distinguer cette variété au plant. Il arrive quelquefois que lesfleurs pren- 
nent en vieillissant une teinte carnée et rosée. Le semis reproduit aussi 
toujours une forte proportion de plantes à fleurs blanches non frangées 
et ordinaires. 


Var. à fleurs roses à cœur brun, 
Var. à fleurs blanches à cœur brun. 


Ces deux variétés sont curieuses par le développement exceptionnel 
que prend la tache de couleur jaune brunâtre de la gorge, qui envahit le 
tiers ou près de la moitié du limbe de la corolle. 


Var. erecta. P. Sinensis erecta superba, Horr. 


Très-belle race à fleurs grandes, d’un beau rose foncé vif, avec reflets 
cuivrés, parfois violacés et métalliques; les lobes de la corolle ont leurs 
bords tantôt entiers, tantôt dentelés ou frangés. Les feuilles, en touffe 
serrée, ont les pétioles beaucoup plus dressés que dans les autres races et 
leur limbe étalé presque horizontalement et un peu en cuiller, ce qui 
donne aux plantes de cette race un aspect tout particulier. 


== 407) 2 


Var. à fleurs semi-doubles roses. — P. Sinensis rosea semi-plena, Horr. 


Var. à fleurs semi-doubles blanches. P. Sinensis alba semi-plena, Horr. 


Ces deux variétés peuvent être à pétales frangés ou entiers. Leurs 
fleurs présentent à la gorge un petit bouquet de pétales plus ou moins 
développés, mais n’occupant ordinairement pas toute la largeur du limbe. 

Outre que ces deux variétés donnent fort peu de graines, le semis ne 
les reproduit pas, ou seulement dans une très-minime proportion ; lors 
aussi qu’on en aura obtenu quelques pieds, devra-t-on, pour les conser- 
ver, les multiplier comme il est dit plus loin pour les variétés doubles. 


Var. à fleurs doubles roses. — P. Sinensis rosea plena, Horr. 


Var. à fleurs doubles blanches. — P. Sinensis alba plena, Horr. 


Dans ces variétés, les fleurs sont moins nombreuses que dans les 
variétés simples, mais ici elles sont tout à fait doubles ou pleines, et alors 
un peu moins larges. Elles ne donnent point de graines, et se rencontrent 
parfois accidentellement dans les semis. Ces variétés sont assez délicates ; 
elles se conservent difficilement et ne se multiplient que par la division 
des pieds, comme il est dit à la fin de cet article. 


Si nous nous sommes décidé à comprendre la Primevère de Chine 
dans le cadre de cet ouvrage, bien que cette plante ne soit pas de pleine 
terre, c’est qu'elle est d’une culture facile, générale, et qu’il est peu de 
personnes s’occupant de semis de fleurs annuelles, qui n’aient au moins 
un châssis inoccupé, pouvant être consacré à élever quelques pieds de 
Primevère de Chine, en attendant la saison des semis printaniers d’autres 
fleurs. 

Cette plante est si généralement connue, que nous croyons devoir 
nous abstenir d’en faire l'éloge; c’est une des fleurs qu’on aime le plus à 
voir dans les serres, dans les jardins d’hiver et sous châssis, depuis la fin 
de l'hiver jusqu’à l’arrivée de la belle saison, et il n’est personne qui ne 
désire en décorer une suspension, une jardinière, quelque meuble ou 
quelque vase d'appartement. Elle est surtout gracieuse et fraiche lorsque 
les pieds sont jeunes et qu’ils ont été élevés sous châssis. 

La culture des Primevères de Chine est assez simple. Le plus souvent 
on les multiplie par semis, qui se font : —- 1° De mai en juillet, en pépi- 
nière en planche, ou bien dans des pots, des terrines ou des caisses, en 
terre légère et saine et à mi-ombre, en recouvrant très-peu la graine. — 
2° En juin-juillet, en pots, en caisses ou en terrines tenus soit en plein 
air, soit en serre ou sous châssis ; dès que les plants ont pris quelques 
feuilles, on les repique séparément dans de petits godets, et on les rem- 
pote dès que le besoin s’en fait sentir. À l’approche des froids et des 


— 198 — 


pluies d'automne, qui leur sont nuisibles, il conviendra de les placer à 
l'abri sur les tablettes d’une serre près du jour, ou ce qui vaut mieux, 
sous châssis, que l’on entourera de réchauds durant les grands froids: 
les plantes obtenues dans ce dernier cas sont généralement plus belles. 
Les semis faits passé le mois de juillet, donnent rarement de bons résul- 
tats sous notre climat. Il est préférable que les Primevéres de Chine 
soient cultivées dans des pots de petites dimensions : outre que ces plan- 
tes sont alors plus gracicuses, elles aiment assez à voir les racines génées 
pour bien fleurir; de plus, ces racines forment dans les pots un drainage 
qui, en y favorisant la circulation de l’air, y facilite l’écoulement des 
eaux d’arrosement, lesquels devront être modérés, mais entretenus avec 
soin. On devra éviter le plus possible de mouiller les feuilles, enlever 
celles qui seront jaunies et mortes, afin d’éviter la pourriture, et aérer le 
plus qu’on le pourra sans danger. 

La terre qui convient le mieux pour ces Primevères est une composi- 
tion de moitié de terre franche sableuse, d’un quart de terre de bruyère, 
et d’un quart de terreau de feuilles on de fumier bien consommé. 
Quelques personnes se trouvent également bien d’un mélange formé de 
trois quarts de terre de bruyère et un quart de terreau de feuilles ou de 
bien vieux terreau de fumier, soit de cheval, ou mieux de vache. 

Il est important de drainer le fond des pots, soit au moyen de tessons 
ou d’écailles d’huitre, d’un peu de gravier ou de sable de rivière. Quel- 
ques personnes recommandent particulièrement l'addition dans le 
mélange d’un peu de terre franche sableuse, et surtout d’un peu de char- 
bon de bois bien calciné et finement concassé, non pulvérisé; d’autres 
disent se bien trouver d’arrosements faits par intervalles éloignés avec 
une addition d’engrais liquide fortement étendu d’eau. 

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, cette plante fleurit pour ainsi 
dire toute l’année, ce qui permet d’en orner les gradins d’été, et aussi 
d’en pouvoir décorer les appartements, les serres, les orangeries, dès les 
approches de l’hiver (fin octobre et commencement de novembre), alors 
que les autres fleurs y sont encore rares. Il suffira, pour obtenir ce résul- 
tat, de couper sur les vieux pieds les hampes au fur et à mesure qu’elles 
défleuriront, de laisser ces vieux pieds se reposer en été jusqu’en août- 
septembre ; on fera subir ensuite, suivant les besoins, aux pieds que l’on 
voudra conserver, un ou deux rempotages suivis d’arrosements : ces 
plantes végèteront alors vigoureusement, fleuriront abondamment, et 
pourront, ainsi traitées, durer deux ans et plus. Les fleurs des vieux pieds 
sont d'ordinaire moins grandes et de coloris moins frais que celles des 
jeunes pieds, mais elles ne sont pas sans mérite. 

Les variétés semi-doubles, doubles, et les autres qu’on tiendra à con- 
server, devront être multipliées par la séparation des vieux pieds, d’éclats 
ou de boutures des tiges feuillées faits avec soin en pots après la floraison 
de printemps, c'est-à-dire fin de l’été ou au commencement de l’automne, 


— 199 — 


toutefois il sera bon, avant cette opération, de laisser souffrir les pieds 
de soif pendant quelques jours. On devra tenir les multiplieations à l’abri 
en serre, sous cloches ou sous châssis à mi-ombre, jusqu’à ce que leur 
reprise soit assurée. 


NOUVELLE NOTE AU SUJET DE L'ECHINOPSIS 
ZUCCARINIANA Orr. VAR. ROLANDI. 


Figuré Planche X, p. 130, 


PAR M. CH. LEMAIRE. 


Notre savant confrère M. Ch. Lemaire a bien voulu nous écrire, 
à la suite de la publication de notre numéro précédent, pour nous 
dire que la plante que nous avions décrite et figurée comme étant 
une variété de l'Echinopsts Zuccariniana n'avait, selon lui, rien de 
commun avec cette espèce, mais serait PE. OxURUE Zuccar. et PFEIFF. 
Abbild. 11, t. IV etc. etc. 

Nous avons, en effet fait connaître (page 152, ad finem), d’après 
M. Labouret, que l’Ech. Zuccar. var. Rolandi esi une hybride du 
Zuccariniana avec l’Oxygona, c’est-à-dire que notre plänte participe des 
caractères de ces deux espèces. 

Mais tandis que nous n'avons guère étudié les Cactées, notre confrère 
de Gand a fait, au contraire, de ces plantes une longue et spéciale étude 
et il doit être plus compétent que personne pour leur détermination. 
Nous le remercions donc de sa bienveillante rectification. Cependant 
quand M. Lemaire ajoute dans sa lettre : « De plus, l'individu que vous 
figurez est défectueux en ce qu’il n’est que le sommet coupé et bouturé 
d’un plus vigoureux : la fleur de même n’est qu’au tiers de sa grandeur 
naturelle, » nous ne saurions être de son avis. Comme nous l’avons dit, 
la plante fleurit depuis plusieurs années au Jardin botanique de luni- 
versité de Liége, où il s’en trouve plusieurs individus. Tous, les uns un 
peu plus forts, les autres un peu plus jeunes, fleurissent chaque année 
exactement comme nous l’avons représenté. 


— 200 —- 


PLANTES NOUVELLES RÉCEMMENT INTRODUITES PAR 
M. J. LINDEN, AU JARDIN ROYAL DE ZOOLOGIE 
ET D'HORTICULTURE A BRUXELLES. 


Anthurium regale, LiNDex. — Tout le monde a pu apprécier le 
mérite de l’Anthurium magnificum que nous mimes dans le commerce 
au printemps de 1865, et qui a été introduit simultanément en Angleterre 
sous le nom impropre de À. cordifolium, cette dénomination spécifique 
appartenant depuis un demi-siècle à une ancienne espèce décrite par 
Kunth. Nous ne pouvons payer un plus grand tribut d’éloges à l’espèce 
dont il est question ici qu’en lui accordant des titres égaux, sinon supé- 
rieurs, à ceux de son prédécesseur. Ses feuilles, longuement pétiolées, 
cordiformes, très-acuminées, acquièrent soixante-dix centimètres de lon- 
gueur sur une largeur proportionnelle; elles passent par diverses nuances 
avant d’atteindre leur entier développement; primitivement d’un rouge 
de sang, elles passent ensuite au marron, puis au jaune olive et finalement 
au vert émeraude; la surface en est satinée, chatoyante, à nervation 
blanche et saillante. La découverte de cette brillante Aroïdée est due à 
notre éminent collecteur M. G. Wallis, qui la recueillit dans les gorges 
profondes et obscures sillonnant le versant oriental de la Cordillière 
péruvienne, vers les rives du haut Maranon. Livrable après le 1° juin, 
dé ER NES ONAOR ESRI RSRR 


Aphelandra ormata, ANDERSON. — Cette belle espèce existe dans 
nos serres depuis 1858, époque à laquelle elle nous fut envoyée de la 
Jacobina (province de Bahia) au Brésil, par M. Porte. Elle a été décrite 
récemment par M. Anderson, le savant directeur du Jardin botanique de 
Calcutta et figuré dans le Journal of Botany ainsi que dans la Belgique 
horticole. Elle est particulièrement remarquable par ses feuilles d’un vert 
brillant, blanc argenté dans la partie centrale. La hampe de quinze à 
vingt centimètres de hauteur, de couleur pourprée ainsi que les bractées, 
se couvre d’un épi de grandes fleurs d’un jaune vif. Livrable dès le 4°" 
JuÈR, À. eus Ta nb believe al ts tete ANRT MISES 


Calathea (Maranta) Lindeniana, Wallis. — Qui ne se rap- 
pelle l’admiration éprouvée à l'Exposition universelle de Bruxelles et plus 
tard à celle d'Amsterdam, à la première apparition de ce Calathea, exposé 
sous le nom de Maranta Veitchi? 11 n’y eut qu’une voix pour le classer 
parmi les plus brillantes découvertes de notre temps. Nous ne nous 
doutions guère alors, que nous étions en extase devant cette merveilleuse 
plante que M. Wallis découvrait, dans le même moment peut-être, sur 
les bords inférieurs du tributaire péruvien de l’Amazone, patrie occulte 


— 9201 — 


du C. Vettchiana, une espèce qui ne le cédait en rien à celui-ci, et qui a 
même sur lui l’avantage d’une plus grande transparence des dessins. Nous 
extrayons d’une lettre de notre collecteur le passage suivant qui témoi- 
gne en même temps du mérite extraordinaire de la plante et du feu sacré 
dont cet infatigable voyageur est animé : « J’ai donc atteint enfin l’objet 
de mes rêves, ce Maranta à feuilles transparentes dont les formes précé- 
demment découvertes m’avaient graduellement annoncé l’approche et 
dont je vous avais déjà prédit l’existence. Encore sous l’impression des 
découvertes remarquables que je venais de faire, je me réjouissais inté- 
rieurement, lorsque cette perle du jour resplendit tout à coup devant 
moi, dans l’épaisseur de la forêt. Ses feuilles fièrement dressées produi- 
sirent sur moi l'effet d’un vitrage colorié à travers lequel mon regard 
devait pénétrer dans un sanctuaire inconnu. La joie que je ressentis fut 
des plus saisissantes, et mon attendrissement alla jusqu'aux larmes. La 
fantaisie la plus exaliée n'eut rien pu imaginer de plus splendide ! Ce 
joyau des forêts est le non plus ultra de ce genre, qui m’a cependant 
livré tant de beaux représentants. Je ne puis plus rien attendre de supé- 
rieur. Il y aurait en effet trop d’exigence à prétendre davantage de la 
nature qui a dù s’épuiser dans la création de ce chef-d'œuvre. Le port de 
la plante esi d’une suprême noblesse ; ses feuilles s’étalent dressées sur 
un pétiole de deux pieds et demi et présentent, au regard émerveillé, un 
disque blanc transparent sur fond pourpre, éclairé comme par une 
lumière magique. Elles semblent dire: « Voyez et admirez ! » 

Voilà en quels termes s’exprimait le voyageur, dont l’enthousiasme ne 
pouvait cependant être surpris facilement après les brillantes découvertes 
qu’il venait de faire peu de temps auparavant, et parmi lesquelles nous 
ne mentionnerons que les Maranta roseo picta et illustris, deux merveil- 
les végétales. Livrable dès le 4°" juin en jolis exemplaires, à . fr. 60.» 


Dimorphanthus Mandshuricus, Rurrecar. -—- Noble et puis- 
sante Araliacce originaire, comme l'indique son nom spécifique, de la 
Mandshurie et appartenant, par suite, franchement à la pleine terre. Les 
feuilles multifides acquièrent un mètre cinquante centimètres de longueur 
sur autant de largeur, elles sont d’un vert gai à la surface et glauques à 
la partie inférieure. Le tronc et le dessous des feuilles sont garnis d’épi- 
nes. On peut aisément se figurer le grand effet que cette plante fastueuse 
doit produire et combien elle est destinée à contribuer à l’ornementation 
de nos parcs et Jardins. Livrable dès à présent, à. . . . . fr. 25.» 


Gustavia Brasiliensis, — Plante ornementale à grandes feuilles 
ovales lancéolées, et à grandes et belles fleurs d’un blanc rosé ayant de 
dix à douze centimètres de diamètre. Elle est originaire du Rio-Negro, 
d’où elle nous a été envoyée par M. Wallis. Livrable dès à présent, 
1 CR nan Lin TE 22 


— 202 — 


Maranta (Phrynium ?) roseo-Picta, Lip. — Ce joyau, tant 


admiré aux expositions internationales d'Amsterdam (où il contribua 


plus que toute autre plante à nous assurer la victoire) et d’Erfurt, pro- 
vient du haut Amazone et a été découvert par M. Wallis sur la rive 
équatorienne entre Iquitos et Lorcto. L’admirable et la très-correcte 
figure qu’en donne la Flore des Serres servira plus que les meilleures 
descriptions à faire connaître la beauté hors ligne de ce merveilleux 
Maranta, dont les délicieuses feuilles, de moyenne grandeur, ovales 
arrondies, d’un vert obscur à reflets métalliques, sont ornées d’une bande 
centrale et d’un disque du plus beau carmin. La partie inférieure des 
feuilles est d’un rouge intense. Livrable dès le 1°’ juin en jolis exemplai- 
PES, a EUR ON EP NE SE 


Passiflora Helleborifolia, Wall. — Charmante espèce, origi- 
naire du Rio-Negro, d’où elle nous a été envoyée de graine par M. Wallis, 
qui en exécuta, sur les lieux, le dessin ci-joint. D’après sa description, 
les fleurs en seraient d’un rose pâle avec centre violet. Livrable dès à 
présent.àit "0 ORNE ARE Let A 


Passiflora macrocarpa, Waluis. — Grande et forte espèce à tige 
quadrangulaire, à feuilles ovales obluses très-grandes ct à fleurs blanches 
et pourpres. Les fruits, d’un goût trés-délicat, acquièrent, d’après 
M. Wallis, le poids de huit livres. Cette remarquable Passiflore est égale- 
ment originaire de la province de Rio-Negro. Livrable dés à présent, 


L] 


À ac ad À ele ane een londtie tn Lorie et nl dada EP nn ET RER 


Rhopala aurea, Livp. — Espèce très-élégante, découverte par 
M. Libon dans les parties australes de la province de S'-Catherine. Son 
nom spécifique lui vient du pelage doré qui couvre les parties supérieures 
de la tige et des pétioles. Prix :,..:.44.4240r NS EE 


Rhopala serratifolia, Livp. — Plante très-distincte et à port 
élégant, de même provenance que le précédent. Prix . . . fr. 25 » 


Fhilodendron Lindeni, WaLLis. — Depuis que la mode cst aux 
plantes à feuilles ornées ou colorées, bien des espèces, antérieurement 
inconnues, sont venues satisfaire ce caprice de l’époque, absolument 
comme si elles venaient d’être créées exprès dans ce but. Des familles et 
des genres de plantes, jusqu'alors étrangers à cette mode, ont fini par 
céder à l’entraîinement et nous ont envoyé successivement leurs repré- 
sentants les plus remarquables. Les fougères mêmes se sont laissé 
entrainer et après elles les sérieux Anthurium. Voici maintenant le 
genre Philodendron qui, jaloux de son plus proche voisin, a voulu du 
premier coup détrôner l’Anthurium magnificum et le regale, et nous 
devons à la vérité de déclarer qu’il y a parfaitement réussi. En effet, le 


HAFCRQ ET 


— 205 — 


P. Lindeni est une de ces plantes merveilleuses destinées à faire époque 
dans les Annales de l’horticulture et à laquelle une place d'honneur doit 
être réservée dans toutes les collections. Ses feuilles cordiformes 
atteignent un diamètre de cinquante centimètres; leur partie supérieure 
présente, sur un fond d’un vert tendre et satiné, des bandes d’un vert 
obseur et métallique. Chez les jeunes feuilles, le fond est chamois pâle, 
tandis que les bandes rouges qui recouvrent la partie inférieure se colo- 
rent en marron à la partie supérieure. L'ensemble de la plante est 
éblouissant et indescriptible. C’est encore aux recherches infatigables de 
M. Wallis que nous devons cette incomparable Aroïdée, originaire de la 
République de l’Équateur. 
L'époque de l'émission sera annoncée ultérieurement. 


EXPOSITIONS. 


L'HORTICULTURE BELGE A L'EXPOSITION DE LONDRES. 


(Second Article ; voyez p. 164.) 


On nous a fait remarquer de divers côtés, que la liste publiée 
par nous, à la page 164, des récompenses obtenues par des Belges à 
l'exposition universelle de Londres est incomplète. Vérification faite, 
nous avons reconnu que ces réclamations étaient parfaitement fondées, 
et nous nous empressons de réparer nos omissions bien involontaires. 
En effet, nous avions extrait notre liste d’un exemplaire de la troisième 
édition du catalogue de l'exposition, la dernière parue au moment de 
notre retour. Or, cette troisième édition était incomplète. On nous a 
de Londres envoyé un exemplaire de la septième édition et nous y avons 
trouvé les distinctions qui suivent, omises dans notre premiére liste. 


55e Concours. — 10 Araliacées. 


2 prix (5 liv. st.) : Mc Legrelle-d’'Hanis (F. Vervoort, jardinier). 


58° Concours. — 12 Maranta. 


2° prix (3 liv. st.) : Me Legrelle d’'Hanis (F. Vervoort, jardinier.) 


— 204 — 


238° Concours. — Miscellanées (hors concours). 


Prix de 4 liv. st. à M. J. Linden, pour une collection de 25 nou- 
velles espèces de Maranta. 

Prix de 1 Liv. st. à M. J. Linden, pour une collection de fruits des 
tropiques. 


D'un autre côté un de nos amis, excellent appréciateur de plantes, 
nous a manifesté son étonnement que nous ayons mentionné parmi 
les plantes à sensation le Coleus Gibsoni et le Primula cortusoïdes, 
tandis que nous passions sous silence les plantes capitales de MM. Veitch, 
telles que son Aphelandra sp. nov. Pérou et son Aralia sp. nov. Nou- 
velle Calédonie, ainsi que les Maranta illustris, et Roseo picta, et le 
Philodendron Lindeni qui valent tous les Coleus et Primula du monde, 
au demeurant des herbes à lapin, comme dit notre spirituel ami. 

Nous sommes parfaitement de son avis. Mais dans la courte analyse 
que nous avons donnée de l’exposition de Londres, nous nous sommes 
bornés à citer, non les plantes les plus belles, les plus remarquables, 
mais au contraire celles qui deviendront le plus populaires et se répan- 
dront bien vite dans la généralité des cultures. Notre liste n'en men- 
tionne pas d’autres : ce sont toutes plantes for the million. 

C’est ainsi encore que dans les quelques lignes que nous avons écrites 
sur l’exposition de Londres, nous n'avons pas assez fait ressortir la 
beauté des plantes exposées par M. Linden et la profonde impression 
qu’elles ont produite sur tous les amateurs. Nous nous sommes borné 
à en donner la liste. Mais toutes les revues et tous les journaux d’Angle- 
terre, y compris le Times et les journaux politiques, ont consacré aux 
introductions de notre éminent horticulteur les éloges les plus mérités. 
Nous regrettons de ne pouvoir recueillir ici, faute de place, ces cloges 
qui s'étendent en réalité sur toute l’horticulture belge. 

Celle-ci a d’ailleurs été dignement représentée à Londres : Gand, 
Bruxelles et Anvers ont dans ce grand concours vaillamment soutenu 
l'honneur de notre vieille horticulture flamande, grâce aux efforts de 
M. Linden, MM. Verschaffelt, et à Mad. Legrelle-d’Hanis, qui ont rem- 
porté les plus flatteuses FR 

Photographies. — Il a paru 15 photographies de vues prises à 
l'exposition de Londres : elles ont 9 pouces sur 7 et 7 pouces sur ÿ et 
coûtent respectivement 5 sch. 6 den., et 2 sch. 6 den. la pièce. La 
collection complète reliée en album, coûte 2 liv. 2 sch. S’adresser à 
Londres, chez MM. Cundall et Fleming, 168, New Bond Street. 


— 9205 — 


EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867, A PARIS. 


Commission consultative pour l'exposition internationale d’horticulture (1), 


Programme de l’exposition. 


Art. 1°, Une exposition internationale et permanente de l’horticul- 
ture sera ouverte pendant la durée de l'exposition universelle de 1867, 
du 4° avril au 51 octobre. 

Un jardin de 50,000 mètres carrés compris dans l’enceinte de l’ex- 
position universelle, au Champ de Mars, est spécialement affecté à cette 
destination. 

Les produits y seront placés, suivant leur nature, dans des serres 
chaudes ou tempérées, sous des tentes, dans des galeries ou en plein air. 

Art. 2. Il sera ouvert successivement, du {°° avril au 51 octobre, qua- 
torze concours horticoles internationaux. 

Tout exposant que la commission consultative, nommée par la com- 
mission impériale, aura admis à un de ces concours, sera tenu de laisser 
ses produits exposés pendant toute la durée du concours, qui ne pourra 
excéder quinze jours, et de pourvoir à l'entretien de ces produits pendant 
leur séjour à l’exposition. Les frais de transport de ces produits sont 
à la charge des exposants ; une réduction de 50 p. c. sur les tarifs en 
vigueur sera consentie par les compagnies de chemins de fer de l’empire 
francais. 

Art. 5. Les demandes des horticulteurs français devront être adressées 
au conseiller d'Etat, commissaire général de l’exposition universelle 
de 1867, au palais de l'Industrie, Champs-Elysées, porte n° IV, deux 
mois au moins avant l’ouverture de chaque concours. Les exposants 
seront informés de leur admission un mois au moins avant l’ouverture 
dudit concours. 

Chaque demande indiquera, outre le nom et le domicile du deman- 
deur, l’espèce et la variété de produits qu’il désire exposer, le mode 
d'exposition que ces produits réclament, l’espace qu’ils occuperont, le 
nombre de corbeilles, de groupes ou de massifs que le demandeur pro- 
pose de remplir. Une première déclaration, faite avant le 28 février 
1867, indiquera les divers concours auxquels le candidat exposant a l’in- 
tention de prendre part pendant la durée de l’exposition. 


(1) Cette commission est composée de MM. Brongniart (Adolphe), membre de l’In- 
stitut, président ; Alphand, vice-président ; Barillet-Deschamps, secrétaire ; Decaisne, 
membre de l’Institut : Bouchard-Huzard ; Hardy ; Rivière (Auguste) ; Vilmorin (Henri). 


— 206 — 


Les demandes des horticulteurs étrangers devront être adressées aux 
commissions respectives instituées pour l'exposition par chaque gouver- 
nement. La liste des exposants admis scra remise, par chaque commis- 
saire étranger, un mois avant l'ouverture du concours, au conseiller 
d'Etat, commissaire général. | 

Elle devra, comme il a été dit pour les demandes des horticulteurs 
français, indiquer, outre le nom de chaque exposant, les produits qu’il 
désire exposer, les conditions où ceux-ci doivent être placés, l’espace 
qu’ils occuperont, le nombre des corbeilles, de groupes ou de massifs 
que le demandeur propose de remplir. 

Art. 4. Les quatorze concours annoncés à l’article 2 sont réglés comme 
suit : 

Premier concours, ouvert le 1°" avril 1867 : Camellias, conifères, vé- 
gétaux ligneux et de pleine terre, éricacées, fruits et légumes forcés. 

Deuxième concours, ouvert le 15 avril: Rhododendron arboreum, 
fruits forcés, jacinthes et plantes de serre tempérée. 

Troisième concours, ouvert le 1°" mai: Orchidées, Azalea indica, tu- 
lipes, plantes orientales et de serre tempérée. 

Quatrième concours, ouvert le 15 mai: Azalea indica et ponticum, 
rhododendron, orchidées et plantes ornementales de pleine terre. 

Cinquième concours, ouvert le 1° juin : Orchidées, Rosiers, Pelargo- 
nium, plantes ornementales et potagères. 

Sixième concours, ouvert le 15 juin : Pelargonium, Rosiers, Orchi- 
dées, fruits de saison. 

Septième concours, ouvert le 1°" juillet : Palmiers, plantes de serre 
chaude et plantes annuelles, des fruits de saison. 

Huitième concours, ouvert le 15 juillet ; Aroïdées, plantes nouvelles et 
annuelles, fruits de saison. 

Neuvième concours, ouvert le 1° août : plantes à feuillage coloré, 
gladiolus, fuchsia, fruits de saison. 

Dixième concours, ouvert le 15 août : plantes ornementales et annuel- 
les, fougères et fruits de saison. 

Onzième concours, ouvert le 4°" septembre : Plantes potagères, plan- 
tes ornementales, Dahlias, fruits de saison. 

Douzième concours, ouvert le 45 septembre : Dahlias, plantes diverses 
et fruits de saison. 

Treizième concours, ouvert le 1°" octobre : Fruits (concours général) 
et plantes diverses. 

Quatorzième concours, ouvert le 15 octobre : Arbres fruitiers formés 
(concours général.) ‘ 

Un programme général et détaillé de ces quatorze concours sera pu- 
blié avant la fin du mois de juillet 1866. 

Art. 5. Les plantes exotiques, pendant les deux premiers jours de cha- 
que concours, seront placées dans l’enceinte du palais de cristal élevé au 


SONT QE 


centre du jardin de l’exposition internationale d’horticulture ; elles seront 
replacées ensuite dans les serres spéciales qui leur auront été affectées. 

Art. 6. Une section spéciale du jury international des récompenses, 
composée de 24 membres dont 12 français, est instituée par la commis- 
sion impériale, sous le titre de Jury du groupe des produits vivants et 
spécimens d'établissements de l’horticulture. 

Sur les propositions présentées par ce jury de groupe, la commission 
impériale nommera, cinq jours avant l’ouverture de chaque concours, 
un comité international de jurés-associés choisis parmi les notabilités 
horticoles de la France et de l’étranger. 

Ces jurés auront pour mission de juger les produits présentés au pre- 
mier concours ouvert après leur nomination, de classer ces produits 
selon leur mérite, en quatre catégories, sous les titres: premiers, 
deuxièmes, troisièmes prix de concours et mentions honorables. 

Les opérations des jurés commenceront le jour même de l’ouverture 
du concours et seront terminées en deux jours. Les prix et mentions de 
concours accordés par les jurés seront immédiatement rendus publics et 
affichés sur les produits qui en auront été jugés dignes. Ces prix et men- 
tions ne seront pas décernés après chaque concours, mais seront portés 
au dossier de l’exposant, comme des titres pour l’obtention de quelqu’une 
des grandes récompenses qui seront décernées et distribuées à la fin de 
l'exposition universelle, sur l'avis du jury international. 

Art. 7. Les récompenses à décerner par le jury international des ré- 
compenses pour les produits de l’agriculture, de l’horticulture et de 
l’industrie, sont instituées ainsi qu’il suit par le règlement de la com- 
mission impériale sur les récompenses, du 7 juin 1866, approuvé par 
décret de l’empereur en date du 9 juin 1866 : 

Grands prix et allocations en argent, d’une valeur totale de deux cent 
cinquante mille francs ; 

Cent médailles d’or, d’une valeur de mille francs chacune ; 

Mille médailles d’argent ; 

Trois mille médailles de bronze ; 

Cinq mille mentions honorables au plus ; 

Toutes les médailles ont le même module. 

Un conseil supérieur, de vingt-sept membres, institué par le même 
réglement et où siégent le président et le vice-président du jury dun 
groupe de l’horticulture, est chargé de répartir les récompenses ci-des- 
sus énumérées, entre les divers groupes de produits vivants et spécimens 
de l’horticulture. 

Art. 8. Le jury du groupe de l’horticulture fera, le 20 octobre 1867, 
un relevé général des prix de concours de divers ordres et des mentions 
accordés à la suite de chacun des quatorze concours. D’après ce relevé, 
en tenant compte du nombre et de l’ordre des prix ainsi que des mentions 
obtenus par un même exposant, le jury de groupe décernera les grands 


— 208 — 


prix, allocations en argent, médailles d’or, d’argent ou de bronze mis à 
sa disposition par le conseil supérieur. 

Les diplômes porteront un rappel des prix et mentions de concours 
remportés par le lauréat pendant la durée de l'exposition. 


Le président de la commission consultative. 


BRONGNIART. 


Le Secrétaire, 


BARILLET-DESCHAMPS. 


EXPOSITION PROVINCIALE A ARLON LE 12 SEPTEMBRE 
A L'OCCASION DE LA VISITE DE LL. MM. LE ROI ET 
LA REINE. 


La Société agricole du Luxembourg a publié le programme le plus 
large pour l'exposition que nous annoncçons. Il comprend les animaux 
domestiques, les produits agricoles, pomologiques et maraïchers, la flo- 
riculture, les meubles et instruments de jardinage, les produits forestiers 
et la mécanique agricole. Des mesures bien libérales ont été prises par- 
ticulièrement en ce qui concerne l’horticulture et en vue d'attirer à 
Arlon des exposants de tout le pays. Ainsi les frais de transport, aller 
et retour, seront supportés par la Société, de même que ceux de débal- 
lage et de réemballage, si les exposants ne font pas procéder eux-mêmes 
à ces opérations. La commission directrice de l’exposition achètera des 
plantes pour organiser une tombola. 

Le Luxembourg est une province en quelque sorte neuve pour l’hor- 
ticulture perfectionnée : elle était jusqu'ici un peu à l'écart, mais les 
voies ferrées y pénètrent de toutes parts et dejà un mouvement horticole 
très-prononcé s’y est manifesté. Bientôt cette province sera pour nos 
hortieulteurs un débouché nouveau et important. Une Société horticole 
a été fondée il y a quelques années à Arlon. M. Simon qui en est le pré- 
sident et M. Montlibert secrétaire, consacrent une grande activité au 
développement de cette branche de la culture et nous aimons à croire 
qu’à l’occasion de la prochaine visite à Arlon de LL. MM. le Roi et la 
Reine un grand nombre d’horticulteurs du pays feront acte de bonne 
confraternité envers leurs nouveaux confrères du Luxembourg. 


— 209 — 


EXPOSITION EXTRAORDINAIRE A MONS, 
LE 16 SEPTEMBRE, 


Organisée par les deux Sociétés réunies sous le patronage de l’admi- 
nistralion communale. 


La visite du ROI à Mons ayant été avancée de plus d’un mois, il a paru 
impossible à la Commission organisatrice de l'Exposition de la faire 
coincider avec la visite royale. 

En conséquence, l'Exposition des produits de l’Horticulture et de 
l'Agriculture reste fixée au mois de septembre et l’ouverture en aura lieu, 
le Dimanche 16. 

Les plantes, les fruits, les légumes, les animaux et les instruments 
seront reçus au local de l'Exposition (MANÈGE DE CAVALERIE), à partir du 
Mercredi jusqu’au Vendredi soir. 

Les produits destinés aux concours 45° jusqu’au 49% seront recus 
jusqu’au Dimanche à neuf heures du matin. Ces concours seront jugés 
par la Commission organisatrice de l'Exposition. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Éléments de botanique, comprenant l’anatomie, l’organogra- 
phie, la physiologie des plantes, les familles naturelles et la géographie 
botanique, par M. F. DucuarrRe(l). — Nous avons salué avec une véri- 
table satisfaction l'apparition de ces nouveaux Elements de botanique, 
que nous nous empressons de signaler à tous ceux qui s'intéressent à la 
science que nous cultivons. Depuis longtemps un bon manuel élémen- 
taire de botanique manquait à la littérature française. Le livre de 
M. Duchartre deviendra immédiatement classique. Nous le recomman- 
dons à nos élèves et nous le conseillons à tous ceux qui font de l’horti- 
culture raisonnée. | 

Un manuel de botanique est toujours une œuvre de grande impor- 
tance qui marque dans la vie de l’auteur et dans la marche de la science. 
Ces sortes d'ouvrages indiquent les étapes du progrès et doivent résumer 
l’état des connaissances au moment de leur publication. Mieux celui qui 
l'écrit connaît-il l’ensemble des travaux de ses confrères et plus est-il 


(1) Paris. chez J. B. Baillière et fils, { vol. in-8 avec 500 figures dessinées par 
M. À. Riocreux, 1866. Prix : 15 fr. 
14 


| MOe 


disposé, dans sa modestie, à qualifier son manuel d’élémentaire. Il est 
élémentaire, en effet, en ce qu’il apprend à ceux qui commencent les 
principes acquis à la science et l’état des esprits, en ce qu’il aborde 
rarement les longues controverses et les discussions, surtout en ce qu'il 
n'entre pas dans les détails réservés aux monographies. Mais c’est en 
même temps une œuvre de haute valeur scientifique en ce qu’il résume 
les travaux vraiment utiles qui demeurent acquis à la science. Il faut 
un esprit éminemment judicieux pour écrire des éléments de botanique, 
une grande connaissance de la littérature scientifique et une autorité 
supérieure dans la science. 

Ces diverses qualités sont réunies chez M. Duchartre, membre de 
l’Institut, professeur de botanique à la faculté des sciences de Paris, 
secrétaire-rédacteur de la Société impériale et centrale d’horticulture. 
Son livre est éminemment consciencieux. Sa rédaction a dû imposer à 
l’auteur des recherches immenses. Il a tenu compte, non-seulement des 
travaux de la littérature scientifique francaise, mais de tous ceux qui ont 
paru en langue étrangère. Les manuels ou éléments de botanique publiés 
par De Candolle, Richard et Jussieu ont été successivement dans les 
mains des élèves. Ces ouvrages mémorables avaient vieilli. Le livre de 
M. Duchartre les remplace avec le plus grand avantage. Tout à fait au 
courant de la science il est écrit dans un style clair, attrayant et plein 
d’attachement, dépourvu de sécheresse et de pédantisme. Il suffit de le lire 
avec l'attention que comporte toute œuvre scientifique pour connaître la 
botanique. Nous comparons volontiers les manuels élémentaires aux fon- 
dements d’un édifice scientifique; ils servent de base ou, si l’on veut, de 
seuil aux nouveaux adeptes qui pénètrent dans le temple de la science; 
ils sont l’origine et souvent le promoteur des travaux qu’ils entrepren- 
dront eux-mêmes. M. Duchartre a le mérite de ne pas présenter la 
science comme toute faite et assise ; il y a dans son livre un levain 
de fermentation qui entretiendra le feu sacré. Un point qui a 
bien son importance et que nous avons reconnu avec plaisir, c’est que 
les détails ardus et techniques de l’enseignement didactique de l’ana- 
tomie végétale par exemple, sont entremélés, à titre d'exemple, de 
renseignements sur les plantes utiles. Ce sont comme des épisodes dans 
l'épopée scientifique qui se développe d’un bout à l’autre de l’ouvrage. 
L'esprit de l'étudiant se repose et s’éclaire ainsi, en même temps 
qu'il s'attache à la science. 

Nous croyons inutile d'écrire l’analyse détaillée de louvrage de 
M. Duchartre; elle serait superflue pour les botanistes auxquels il ne 
saurait rester étranger. Nous ne parlerons pas non plus de l’ordre 
que l’auteur a suivi. Il est en réalité le plus scientifique. Si nous nous 
en départissons dans notre enseignement personnel, c’est en vertu de 
certaines considérations secondaires et pratiques. Nous abordons directe- 
ment l’étude de l’organographie des organes de nutrition, que nous 


VE 


Mi 
ï 


— 211 — 


faisons suivre de l’anatomie générale et de l’anatomie spéciale, puis 
de la physiologie. Nous suivons cette marche pour ne pas rebuter les 
jeunes étudiants et pour approprier pendant toute l’année l’enseignement 
aux produits de la saison, faisant de l’organographie en automne, de 
l'anatomie en hiver, de l’anthographie (nous écrivons le mot comme 
il nous vient) pendant l’été. Mais dans un livre, ces sortes de consi- 
dérations sont sans valeur. 

Ajoutons encore, pour terminer, que M. Duchartre est le botaniste 
placé le mieux et le plus haut pour écrire un livre de botanique, con- 
venable pour les horticulteurs éclairés. Il dit dans son introduction : 
« À notre époque, et je ne pense pas qu'il y ait lieu de s’en plaindre, à 
côté des données de la science pure, on aime à trouver exposées ou 
au moins indiquées les applications utiles ou pratiques qui peuvent en 
être faites. Aussi aurai-je soin de joindre à l’examen de chaque organe 
et à l’histoire de chaque acte physiologique l'indication des principaux 
faits d'application qui s’y rattachent, surtout celle des opérations de 
la culture qui en reçoivent ou leur explication naturelle, ou leur 
direction sûre et mieux raisonnée. » L'ouvrage tient toutes ces pro- 
messes et au-delà, aussi est-il de ceux qui doivent faire partie de cette 
collection que nous avons cru pouvoir nommer la Bibliothèque de lu 
Belgique horticole. 


Manuel de la Flore de Belgique, par FR. CRErIN , deuxième 
édition, considérablement augmentée (1). — L'apparition de ce livre, 
impatiemment attendu, a été un véritable événement pour les bota- 
nistes phytographes de Belgique ; ils se sont empressés de le lire; tous 
sans doute possèdent et connaissent déjà ce nouveau Manuel. Cepen- 
dant nous croyons devoir le signaler ici à maintes personnes qui, sans 
être botanistes de profession, désirent quelquefois s’occuper de bota- 
nique rurale et pouvoir déterminer sûrement les plantes spontanées 
qu'elles rencontrent. Notre publicité le signalera peut-être encore à 
quelques botanistes étrangers. 

Vers 1830, un peu avant et un peu après, l’étude de la Flore 
belge avait acquis une grande activité par l’élan que lui donnèrent 
les travaux de Kickx, Lejeune, Courtois et M. Dumortier. C’est une 
époque sérieuse pour notre botanographie nationale. D’excellentes flores 
et de bons herbiers virent le jour. Plus tard, les études botaniques 
changèrent de direction. La cryptogamie, l’anatomie et la physiologie 
végétale, jusque là fort arrièrées en Belgique, attirèrent plus spéciale- 
ment l'attention. Morren, Kickx et Martens, professeurs de botanique 
dans nos principales universités, n'étaient pas phytographes. Notre 


(1) Bruxelles, chez Gustave Mayolez, éditeur. 1 vol. in-12 de 384 pages. Prix G fr. 


— 212 — 


Flore était un peu délaissée. Cependant d’utiles travaux virent le jour. 
L'un des meilleurs est la Flore de la province de Namur, par M. l’abbé 
Bellynck, professeur au Collége de la Paix à Namur. M. Fr. Crepin, 
de Rochefort, est un disciple de cet excellent botaniste, et il pHblis 
en 1860 un Manuel de la Flore de Belgique. 

Ce fut le signal d’une véritable rénovation. Le feu sacré couvait 
sous la cendre et se ralluma au contact de cet aliment nouveau. 

La Flore de M. Crepin devint le manuel classique de tous les étu- 
diants et de tous les investigateurs de la végétation naturelle de notre 
sol. Les herborisations prirent un essor nouveau. Les botanistes devin- 
rent plus nombreux et bientôt, comme une conséquence immédiate de 
cette ardeur au travail, se fonda la Société royale de botanique. Cette 
Société presque toute composée de jeunes gens fut néanmoins assez 
heureuse pour pouvoir mettre à sa tête le nestor des botanistes 
belges , M. Barthélemy Dumortier, que les débats du patriote et les 
entrainements de la politique n’avaient jamais distrait des études scien- 
tifiques. Aussi jeune que tous les autres par le cœur et par l’activité, 
M. B. Dumortier a su comme président de la Société de botanique 
inculquer à ceile-ei les bonnes et saines traditions de l’ancienne école. 
Il est beau, il est touchant de le voir chaque année conduire la troupe 
des floristes belges, réunie pour une grande exploration en commun, 
à travers une partie du pays pour fouiller, sous l’ardeur du soleil de 
juillet, les rochers et les ravins, les bois et les marécages, à la recherche 
des herbes rares ou nouvelles; parcourir de longues étapes, ne reculer 
devant aucune fatigue, et toujours M. Dumortier est à la tête des plus 
infatigables. 

Par l'influence de ces deux savants, M. Dumortier et M. Crepin, la 
Société belge de botanique est devenue un centre d’activité pour la con- 
naissance de la Flore belge. Les autres parties de la science y sont un 
peu négligées. La bibliographie particulièrement pourrait y être mieux 
remplie. Quoi qu’il en soit notre Flore est étudiée comme elle ne l’a été 
à aucune époque. Les espèces litigieuses sont recherchées, les formes 
douteuses sont observées. Depuis 1860, M. Fr. Crepin, nommé professeur 
de botanique à l’École d’horticulture de l’État à Gendbrugge près de 
Gand, n’a cessé de perfectionner son premier essai et c’est le fruit de 
ces six années d’un travail incessant de révision qu’il vient de publier 
sous la forme d’une seconde édition de sa Flore. Ce livre a un double 
but ; permettre la détermination des formes végétales dont se compose 
le tapis floral de notre sol, et faire connaître la distribution géogra- 
phique de ces formes. Cette seconde partie constitue le principal mérite 
de l’auteur et donne à son livre sa plus grande valeur originale. Il a 
divisé la Belgique en un certain nombre de régions botaniques et pour 
chaque espèce il fait connaître sa répartition dans ces zones. Il expose 
sous une forine très-concise le résultat de la comparaison d’un grand 


— 215 — 


nombre d'observations particulières. Peut-être cette forme serait-elle un 
peu trop brève, nous dirions volontiers trop théorique, s’il ne s'agissait 
pas d’un simple manuel, vade mecum des hcrborisations. Nous enga- 
geons M. Crepin, lorsqu'il publiera la Revue qu’il a annoncée de la Flore 
de Belgique, de donner en détail la nomenclature des localités où les 
espèces ont été signalées avec autorité. 

En attendant, son livre est le manuel elassique de la Flore belge et il va 
donner une nouvelle impulsion aux recherches des investigateurs. Ils ne 
sont pas tous bien savants et bien préparés à étudier l’œuvre de la nature. 
A côté des botanistes il y a les botanomaniaques ; ils collectionnent des 
plantes, comme d’autres collectionnent des timbres-poste, des cailloux 
ou des coquilles ; tout cela est ramassé, préparé, arrangé et étiqueté avec 
les meilleures apparences scientifiques. La botanomanie donne à quel- 
ques-uns une allure scientifique qui sied à merveille. Ils tranchent du 
latin et découpent des espèces avec une autorité magistrale. Mais ceux 
qui savent que l’habit ne fait pas le moine, savent aussi que l’herbier et 
le livre ne font pas le botaniste. 


Flore analytique du centre de la Belgique, par MM. Louis 
Piré et Feux Muczer(l). — Cet ouvrage, utile pour les herborisations 
aux environs de Bruxelles, a le mérite de renseigner beaucoup de lo- 
calités où l’on peut trouver les plantes du centre de la Belgique. 


Cours complet de botanique en tableaux, publié par 
M. Louis Piré et Mme ADÈLE PIRÉ, née DAUTZENBERG (2). — Sous ce titre 
M. L. Piré, secrétaire de la Société royale de botanique, annonce un 
cours complet d’organographie et d'anatomie végétale qui pourra con- 
venir, dit le prospectus, non seulement à l’enseignement publie, mais 
encore à l’enseignement privé. Une planche spécimen a paru. 


Catalogue raisonné des arbres, etc., par M. A. WESMAEL. — 
On lit dans les Annales de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne 
(tome XIIL, 1866, p. 55) : « Il a été publié, dans le Bulletin du Congrès 
international d’horticulture, tenu à Bruxelles en avril 1864, un catalogue 
raisonné des arbres forestiers et d'ornement de pleine terre en Belgique, 
rédigé par M. Alfred Wesmael, directeur de la Société d’horticulture et 
de zoologie de Mons. M. Astié croit qu'il serait d’une grande utilité 
pour les pépiniéristes et les horticulteurs qui s’occupent particulière- 
ment de la culture en plein air, de consulter ce document. On y re- 


— a —— — ——_——— 


(1) Bruxelles, chez V. Devaux et Cie, éditeur; 1 vol. in-12, 1866. Prix 4 francs. 

(2) Cent tableaux in-fol. coloriés, accompagnés d’un texte explicatif, pour paraitre 
en livraisons trimestrielles de dix planches. Prix de la livraison, fr. 6-50. A Bruxelles, 
chez l’auteur, rue d'Orléans, 15. 


— 214 — 


marque, en effet, des espèces et des variétés qui n'existent pas dans nos 
collections, ou d’autres qui, si elles y figurent, n’ont pas encore été 
livrées chez nous à la pleine terre ou du moins y ont été élevées sur une 
trop petite échelle et avec quelque hésitation. Cependant notre climat 
est beaucoup moins rigoureux que celui de la Belgique; notre sol en 
moyenne est aussi fertile que celui de ce pays. Par quelques citations 
empruntées à la famille des conifères, M. Astié indique quelles ressour- 
ces nouvelles nos plantations forestières ou d'agrément pourraient puiser 
dans certaines espèces ou variétés précieuses. 


Journal de l’agriculture, par M.J. A. Barrau(l), — « Pendant 
dix-sept ans, dit M. J. A. Barral en tête de cette nouvelle publication, 
J'ai dirigé et signé le Journal d'agriculture pratique. Je croyais ne m’en 
séparer jamais. Mais, de la manière la plus inopinée, tout-à-coup, les 
nouveaux propriétaires de ce recueil sont venus me déclarer qu'ils 
avaient résolu de changer la ligne suivie par sa rédaction, et qu’en 
conséquence ils étaient dans la nécessité de recourir à un autre rédac- 
teur en chef. On m’a demandé ma démission, en m'offrant d’ailleurs les 
compensations auxquelles je croirais pouvoir avoir droit, et une liberté 
d'action égale à celle dont on usait à mon égard. J’ai tout fait pour em- 
pêcher la scission qui s’est produite; mais en l’absence d’un contrat 
écrit, j'ai dû céder. Dès lors je n'avais que deux partis à prendre : ou 
cesser de parler, ou bien élever une nouvelle tribune à côté de celle 
d’où j'étais subitement évincé. 

« J'ai été convaincu que les REUDUES me ticndraient nn de 
dix-sept années d’un travail opiniâtre, car j’ai foi que lorsqu'on a le bon 
droit pour soi, on rencontre aussi le succès, pourvu qu’on y mette de la 
persévérance. D'ailleurs la sympathie des agriculteurs n’est la propriété 
de personne : elle est à qui sait la mériter. » 

M. Barral a également cessé de diriger la Revue horticole qui paraît 
désormais sous la direction de M. Carrière et il a annoncé le projet de 
fonder la Revue de l’horticulture. 

M. Barral est un publiciste courageux et il a rendu de véritables ser- 
vices à l’horticulture. Nous sommes heureux que son différent avec ses 
éditeurs n’a pas abattu son courage et provoque, au contraire, l’appari- 
tion d’un nouvel organe de publicité horticole. 


Les espèces de cotonnier par M. Pa. PARLATORE. — Le specie 
dei Cotoni descritte da Firippo ParLarToRe. — Florence. Imprimerie 
royale, 1866. — Les événements d'Amérique ont donné naguère une 


importance particulière à la culture du coton. Elle a été introduite et 


(1) À Paris chez M. Ch. Delagrave et Ce, éditeurs, 78, rue des Ecoles. Fe in-8, 
2 vol. par an Prix : 20 fr. 


— 215 — 


tentée aux Indes, en Egypte, en Algérie et sur différents autres points de 
l'Afrique. L'Italie a voulu aussi profiter de son beau climat pour doter 
l'Europe de cette culture. Une commission spéciale a été nommée sous 
la présidence du commandeur G. Devincenzi. Pour marcher sûrement 
vers le but qui lui était assigné la commission a voulu s’éclairer des 
lumières de la science. Telle est l’origine de la superbe monographie 
des cotonniers que vient de publier M. le professeur Parlatore, de Flo- 
rence. Ce travail est aussi concis que complet ; c’est une œuvre d’'éru- 
dition et de sagacité. Après une histoire du coton, le savant professeur 
aborde la monographie des espèces. Il les réduit à sept. Au contraire, 
dans un autre travail sur les mêmes plantes publié l’année dernière par 
le savant directeur du jardin botanique de Palerme, M. Todaro, on compte 
environ 50 espèces différentes. Quoi qu’il en soit, chaque espèce est étu- 
diée avec une grande autorité et M. Parlatore nous donne son histoire 
depuis sa découverte jusqu’au moment où il l’a cultivée lui-même dans 
le jardin botanique de Florence. 

L'ouvrage est sorti des presses de l’imprimerie royale, les planches, 
grand in-folio, sont chromolithographiées de la facon la plus remar- 
quable. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


A PROPOS DES PLANTES GRIMPANTES, 


par M. Naunn. 


Deux opinions se partagent aujourd’hui les savants ; pour les uns, le 
monde est encore tel que le jour où il est sorti tout fait des mains du 
Créateur; pour les autres, il n’a cessé d’évoluer et de changer de 
figure avec les âges. Cette dernière hypothèse, que quelques-uns regar- 
dent comme favorable à l’athéisme, et qui n’est, en réalité, pas plus 
athée que la première, n’est autre chose que l’application, à l’ensemble 
des êtres organisés, des lois qui régissent chacun d’eux en particulier. 
S'il faut l'intervention divine pour faire sortir l’univers du néant, cette 
intervention n’est pas moins nécessaire pour déterminer ses évolutions 
successives. Au fond, c’est le même fait : tout phénomène, tout chan- 
gement de rapports dans les choses est une création en petit, rigoureu- 
sement équivalente quant à sa cause, sinon quant à ses effets, à la 
création du tout, et qui suppose, aussi bien que cette dernière, une 
puissance douée de spontanéité et intelligente. Qu'il s'agisse d’un fétu 
ou d’un monde, Dieu est l’initiateur des faits; c’est lui qui donne 


— ONGLES 


le branle et qui met le concert dans les éléments sans nombre, dont 
les activités empruntées, mais variées à l'infini, constituent la vie 
universelle. En somme, les brillants athées de notre temps se sont trop 
pressés d'étayer sur la théorie de l’évolution, si admirablement exposée 
par M. Darwin, leur thèse favorite, dont, soit dit en passant, nous 
n’apercevons l’utilité ni pour les progrès de l’esprit humain, ni pour 
la pratique de la vie. 


Voilà un préambule qui ne ferait guère supposer ce que je voulais 


dire en commençant cet article ; cependant il s’y rattache assez étroite- 
ment, ainsi qu'on va le voir. Les plantes actuellement grimpantes 
ont-elles grimpé dès l’origine, ou bien leur clématisme (1) n’est-il qu’une 
faculté acquise, un expédient, si je puis m’exprimer ainsi, pour faire 
face à des nécessités qui auparavant n’existaient pas? Les partisans de 
l’immobilité ne manqueront pas de répondre que, de tout temps, les 
plantes ont grimpé; que le Haricot et le Houblon, par exemple, ont 
été créés tout enroulés sur les tiges d’autres plantes, sur des tuteurs 
quelconques créés en même temps qu’eux et exprès pour eux. Il en 
serait de même relativement à la question du parasitisme : dans la 
théorie de l’immobilité et de l’invariabilité , la logique veut qu’on 
admette que les animaux et les végétaux ont été créés avec leurs para- 
sites; que le premier pied de Luzerne était déjà infesté par la cuscute, 
et que le premier homme logeait des poux dans ses cheveux. Pour 
nous autres révolutionnistes, il n’en est point ainsi : le parasitisme 
n’est pas de première création, non plus que le clématisme; ce sont 
seulement des adaptations d’êtres déjà existants à des conditions nou- 
velles. La même puissance créatrice qui les a fait naître, les a, à un 
moment donné, modifiés conformément à des finalités qui, jusque là, 
n'avaient pas eu de raison d’être. En ce qui concerne le clématisme, 
une très-belle étude de M. Darwin ne laisse pour ainsi dire aucun doute 
sur ce point. Pour lui, le clématisme est né de la nécessité. Étouffée 
sous l'ombre épaisse des forêts, la plante était condamnée à mourir 
ou à aller jusqu’au faite des arbres chercher de l’air et un rayon de 
soleil. Un grand nombre, sans doute, ont péri dans le combat ; quelques- 
unes en sont sorties victorieuses , et se faisant un point d'appui du 
tronc de leurs oppresseurs, elles ont fini par dominer leurs cimes. C’est 
ainsi qu’on à vu plus d’une fois un peuple conquis conquérir à son 
tour son vainqueur, l’absorber et en quelque sorte l’annihiler par l’in- 
fluence irrésistible de ses idées et de ses mœurs. 

M. Darwin divise les plantes grimpantes en trois groupes (2) : les 


(1) Je nomme ainsi la faculté de grimper. Aucun mot n’existant en français pour 
exprimer celte idée, je n’ai pas hésité à en fabriquer un, qui est, je crois, conforme à 
la règle 

(2) En traitant des plantes grimpantes dans notre second volume du Manuel de 


— 217 — 


plantes enroulantes ou volubiles , celles qui s’aident de leurs feuilles ou 
de leurs pétioles pour en escalader d’autres, et celles enfin qui s’accro- 
chent, à l’aide de vrilles, à tout ce qu’elles peuvent saisir. Ces trois 
groupes ont été, de sa part, l’objet d'expériences et d'observations 
très-altentives et très-suivies. On peut présumer, dit-il, que les plantes 
ne sont devenues grimpantes que par le besoin qu’elles ont eu d'aller 
chercher au loin l'air et la lumière que leur interceptaient d’autres 
végétaux, et ce but a été atteint par un moyen si simple et une si 
faible dépense de matière organique, qu’on a lieu d’en être surpris 
si l’on compare le volume des arbres avec celui des plantes grimpantes 
de même hauteur auxquelles ils servent de soutiens. Les plantes volu- 
biles ne sont telles que parce que leurs entre-nœuds ont une tendance 
à se tordre en spirale, et la même propriété a dù exister et même 
existe encore, plus ou moins prononcée, chez celles dont les pétioles 
ou les extrémités des feuilles, doués d’une certaine sensibilité, sont 
devenus des organes de préhension. Il est bien visible, en effet, que 
sans cette tendance des tiges à la torsion, les feuilles et leurs pétioles 
n'auraient pu que rarement et comme par hasard, se trouver en contact 
avec les objets qu’elles devaient saisir. À moins donc de supposer que 
les plantes qui s’aident de leurs feuilles pour grimper, aient acquis 
simultanément les deux propriétés dont il vient d’être question, il 
semble probable qu’elles ont été, dans le principe, simplement volubiles, 
et que c’est postérieurement que s’est développée la préhensibilité de 
leurs organes appendiculaires. Pour des raisons semblables, on est 
autorisé à croire que les plantes munies de vrilles ont été primor- 
dialement volubiles ou, plus exactement, qu’elles descendent d’espèces 
ayant eu cette propriété, qui s’est graduellement affaiblie ou entière- 
ment perdue dans leur descendance. Il est de fait que, dans la majorité 
des plantes cirrhifères (pourvues de vrilles\, les entre-nœuds se tordent 
à quelque degré, comme chez les plantes volubiles; il y en a même dont 
les tiges peuvent encore s’enrouler autour de tuteurs verticaux, mais 
il y en a aussi chez lesquelles cette faculté a complètement disparu 
des tiges pour se réfugier à l’extrémité des vrilles, et ce sont celles-là 
qu'on doit considérer comme ayant subi les modifications les plus 
profondes et les plus nombreuses. Les trois grandes familles grim- 
pantes qui ont perdu le plus complétement la faculté de s’enrouler, 
sont les Cucurbitacées, les Passiflorées, et les Ampélidées. Les faits 


l’amateur de jardins, actuellement sous presse et devant paraitre prochainement, 
nous avons distingué quatre modes de clématisme, c’est-à-dire le clématisme par 
enroulement, par préhension, par enchevélrement et par juxtaposition, qui nous parais- 
sent comprendre tous les cas possibles de la faculté de grimper. Cette distinction était 
nécessaire au point de vue de la culture des plantes grimpantes, dont les emplois, dans 
la pratique, sont très-différents suivant leur manière de grimper. 


— 218 —- 


abondent pour prouver que chez les plantes qui grimpent à l’aide 
de leurs feuilles, un organe foliacé peut, tout en conservant sa fonction 
propre, devenir sensitif au contact d’un corps étranger et se modifier 
en vrille pour le saisir. Ainsi, de vraies feuilles acquièrent dans cer- 
tains cas, toutes les propriétés des vrilles, la sensibilité, le mouvement 
spontané et la faculté de s’endurcir pour constituer une attache solide. 
Si leur limbe venait à disparaitre, elles se trouveraient transformées 
en véritables vrilles et on pourrait citer des exemples de cette trans- 
formation à tous les degrés. D’après cette manière de voir, les plantes 
qui grimpent au moyen de leurs feuilles ont été primordialement des 
plantes enroulantes, et celles qui portent des vrilles ont grimpé avec 
leurs feuilles avant d’être pourvues de vrilles parfaites On aperçoit 
du premier coup d’œil la relation de ces trois modes de clématisme 
et la succession de leur apparition dans la nature. 

La manière dont ces différents clématismes se distribuent dans les 
familles et autres groupes naturels, est une preuve presque indéniable 
de leur affinité. C’est ainsi, par exemple, que les nombreuses espèces 
qui grimpent à l’aide de leurs feuilles dans les Antirrhinées, les Sola- 


num, les Cocculus, les Méthoniques, etc., sont proches parentes d’autres 


espèces de mêmes familles ou de mêmes genres qui sont décidément 
volubiles. D'un autre côté, les Clématites, qui s’aident de leurs pétioles 
pour grimper, sont pareillement très-voisines du ÂVavarilia, genre 
pourvu de vrilles. Le groupe si homogène des Fumariacées renferme de 
même des espèces cirrhifères et des espèces grimpantes par leurs feuilles. 
Enfin, il y a une espèce de Bignonia qui réunit ces deux caractères à la 
fois, tandis que d’autres, parmi ses congénères, sont strictement volu- 
biles. Les vrilles, qui résultent de pédoncules floraux modifiés, nous 
montrent de même tous les passages entre leur état primitif et celui de 
vrille; c’est ce qu’on voit dans la vigne, où les vrilles se rencontrent 
tantôt sous leur forme normale, tantôt sous celle de grappes plus ou 
moins fournies. Il y a donc des vrilles qu’on peut appeler foliaires ou 
appendiculaires, et des vrilles d’origine axile, c’est-à-dire de même 
nature que les tiges, les branches et les rameaux, mais, quelque soit 
leur point de départ organique, leurs fonctions sont toujours identique- 
ment les mêmes. 

Un point bien intéressant dans l’histoire naturelle des plantes grim- 
pantes, intéressant pour les hommes qui aiment à réfléchir, c’est leur 
motilité, lente sans doute, mais très-visible, dont le but est de chercher 
l'objet qui doit leur servir de soutien. Les organes les plus différents 
par leur nature, la tige, les pédoncules floraux, les pétioles, les nervures 
des feuilles prolongées au-delà du limbe, les folioles, et jusqu’à un cer- 
tain point les racines aériennes, toutes ces parties jouissent de la faculté 
de se mouvoir. Les plantes grimpantes, continue M. Darwin, sont si 
nombreuses, qu’elles deviennent un des traits saillants du règne végétal. 


— 219 — 


Elles appartiennent aux familles les plus variées d'organisation, et, dans 
la plupart de ces familles, elles offrent tous les degrés et tous les genres 
de clématisme. Sur les cinquante-neuf alliances ou groupes de familles 
admises par Lindley dans son Règne végétal, il y en a trente-six (plus de 
la moitié) qui contiennent des plantes grimpantes, et il s’en trouve 
jusque dans l’embranchement des Cryptogames. Si, d’une part, nous 
réfléchissons à ce fait, et que, d’autre part, nous remarquions que, 
dans certaines familles à la fois très-étendues et nettement définies, 
comme les Composées, les Rubiacées, les Scrophularinées, les Lilia- 
cées, etc., il n’y a communément que deux ou trois genres dont les 
espèces soient douées de la faculté de grimper, nous arrivons presque 
invinciblement à conclure que cette faculté est en puissance, quoique 
non réalisée, dans presque toutes les espèces du règne. L'observation 
des plantes grimpantes, continue M. Darwin, nous force à reconnaitre, 
dans la structure des végétaux un degré de perfection que peut-être on 
n’y soupconnait pas jusqu'ici. Pour nous en faire une idée, examinons 
ce qui se passe dans les espèces cirrhifères que nous avons dit être les 
plus complètes parmi celles qui jouissent de la propriété de grimper. 
Nous les verrons tendre leurs vrilles, toutes prêtes à agir, de la même 
manière qu’un polype tend ses tentacules ; si ces vrilles sont dérangées 
par un accident, elles reviennent d’elles-mêmes à leur direction pre- 
mière ou rencontrent ailleurs le corps qu’elles ont besoin de saisir. 
Tantôt elles sont sensibles à l’action de la lumière, se dirigeant de son 
côté ou s’en écartant, tantôt elles y sont indifférentes, suivant qu’elle 
peut être utile à la plante. Pendant des jours entiers on voit la vrille, 
ou tout entre-nœud auquel elle tient, exécuter des révolutions de droite 
à gauche ou de gauche à droite, en quête de l’objet à saisir. A peine cet 
objet est-il en contact avec son extrémité, qu’elle s’enveloppe de ses 
replis et le retient énergiquement ; bientôt même elle se contracte en 
se roulant en spirale et rapproche la plante de son soutien. Tout mou- 
vement cesse alors, mais le travail se continue dans l’intérieur de la 
vrille, qui s'endurcit et acquiert une merveilleuse ténacité(1). 

Au nombre des principes absolus sur lesquels repose la philosophie, 


(1) Il y a des cas où l’adhérence de la vrille aux corps avec lesquels elle se 
met en contact, se fait d’une autre manière. Au lieu de saisir le corps en s’en- 
roulant autour de lui, l'extrémité de la vrille s’épate par un développement parti- 
culier de son tissu, et forme une ventouse très-adhésive, après quoi elle se con- 
tracte en se roulant en spirale, comme :l a été dit ci-dessus. Ce fait s’observe dans 
quelques Cueurbitacées américaines, qui peuvent, au moyen de ces vrilles-ventouses, 
adhérer solidement aux corps les plus lisses. Nous les avons vues, au Muséum, 
appliquer les digitations de leurs vrilles sur les vitres des chassis et s’y coller avec 
une telle force, qu’il était plus facile de les rompre que de les en détacher. C’est 
là un nouveau perfectionnement du clématisme à ajouter à ceux dont il a été question 
ci-dessus, 


— 220 — 


il en est un qu’il est bon de rappeler; c’est celui-ci : le soi n’agit pas 
sur le soi. Cependant, voilà des plantes qui modifient leurs habitudes 
et leur structure, qui, pour ne pas périr étouffées, s’allongent déme- 
surément, et qui, devenues débiles par cet allongement même, cherchent 
un appui sur des végétaux plus robustes et s’y cramponnent par les 
moyens les plus ingénieux et les plus variés. C’est tout une méca- 
nique, et des plus savantes, qui ferait attribuer aux plantes le senti- 
ment, l'intelligence et la spontanéité. Mais qui oserait soutenir que la 
plante a conscience de ses besoins, qu’elle raisonne et agit comme si 
elle voyait ce qui est en dehors d’elle? Le soi n’agissant pas sur le 
soi, il n’est pas davantage possible de soutenir qu’elle se modifie elle- 
même pour s’accommoder aux circonstances. Il est donc de toute évi- 
dence que dans ses évolutions elle obéit à une puissance supérieure, et 
comme cette puissance doit être intelligente sous peine de laisser périr 
les choses, il n’y a qu’une seule explication possible du fait : c’est que 
Dieu est partout présent et sans cesse agissant dans la nature; qu'en 
un mot, il crée encore aujourd’hui tout aussi effectivement que dans le 
principe, et qu’il est la cause unique et déterminante des phénomènes. 
Quand je considère combien la doctrine de l’évolution agrandit le rôle 
de Dieu dans nos conceptions de l’univers, je suis surpris que des 
hommes qui se disent libres-penseurs se soient avisés d’y chercher 
des arguments pour leur théorie ; mais ce qui me surprend bien davan- 
tage, c’est que leurs adversaires, encore plus aveugles, les aient laissés 
exploiter à leur profit des aperçus, qui précisément établissent le mieux 
l'action providentielle dans le monde. 
(Revue horticole, 1866, p. 65.) 


EXPÉRIENCES RELATIVES A L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE 
SUR L'ENROULEMENT DES TIGES, 


PAR M. P. DucaarTRE, 


et communiquées par l’auteur à la Société impériale et centrale d’hort- 
culture à Paris, dans sa séance du 1% décembre 1865. 


Il existe un assez grand nombre de plantes dont la tige, trop longue 
et trop gréle pour se soutenir, est obligée de chercher dans les objets 
voisins un appui nécessaire à sa faiblesse ; pour cela, elle s’entortille en 
spirale autour d’eux, et ainsi appuyée, elle finit généralement par s'élever 
à une hauteur considérable. Les tiges douées à cette étrange faculté de 
s’enrouler autour d’un appui ont été qualifiées de volubles par les bota- 
nistes; elles se dirigent, pour la plupart, en s’enroulant en sens inverse 
de celui que suit le soleil dans sa marche diurne ou selon lequel se meu- 


— 221 — 


vent les aiguilles sur le cadran d’une horloge; en d’autres termes, elles 
tournent, pour la plupart, de gauche à droite; dans un nombre d’espèces 
moins considérable, elles suivent une direction inverse, et s’élèvent par 
conséquent de droite à gauche. Dans tous les cas, le sens de leur enrou- 
lement est fixe et déterminé pour chaque espèce végétal, à tel point que 
c’est seulement dans ces dernières années qu’on a reconnu l'existence de 
trois exceptions à cette loi générale, l’une obscure dans la Douce-amère 
(Solanum Dulcamara L.) dont la tige est à peine voluble, et ne tend à 
s’enrouler que si le hasard a placé à côté d’elle un support grèle qu’elle 
puisse saisir ; les deux autres plus nettes dans le Muehlinbeckia que 
M. Al. Braun a, pour ce motif, appelé varians, et dans certains Loasa, 
tels que l’aurantiaca, dont M. Darwin a vu, sur dix-sept pieds obtenus 
de semis, huit s’enrouler de gauche à droite, cinq se diriger de droite 
à gauche et les quatre derniers tourner successivement dans les deux 
sens Opposés. 

Cet enroulement constant autour des corps étrangers est un phéno- 
mène assez curieux en lui-même pour mériter de fixer l’attention, et la 
première question qu’il devait faire naître était de savoir à quelle cause 
il peut être dü. Aussi les tiges volubles sont-elles devenues depuis long- 
temps l’objet d'observations suivies, même d'expériences instructives, et 
les hypothèses destinées à expliquer leur marche en spirale ont-elles été 
nombreuses et variées. Je ne me propose pas d’exposer ici ces différentes 
théories plus ou moins explicatives et, dans cette note, je crois devoir 
me borner à résumer les idées qui ont été successivement émises au 
sujet du rôle que la lumière peut jouer dans la production du phéno- 
mène; les expériences que j'ai faites cette année pour reconnaître quel 
est ec rôle me permettront, j'ose l’espèrer, d'apprécier la valeur de ces 
idées. 

Par une coïncidence remarquable dont la science n'offre que de rares 
exemples, deux des travaux qui ont le plus contribué à éclairer l’histoire 
des plantes à tige voluble ont été publiés presque en même temps, pen- 
dant l’année 1827. La faculté de médecine de l’université de Tubingue 
avait proposé l’étude de ces plantes, en 1826, pour sujet de prix; elle 
couronna à la fois un mémoire qui lui fut présenté par L. H. Palm, et 
un travail considérable dû à M. Hugo Mohl, qui fesait alors ses premiers 
pas dans la carrière où il a marché avec gloire depuis cette époque. Le 
mémoire de Palm fut publié en 1827(1) et quelques mois après parut 
celui de M. H. Mohl, augmenté d’un appendice qu'avait motivé la 
première de ces publications'2). Il est à peine besoin de dire que l’un et 


(1) Ucber das Winden der Pflanzen, par Luvwic-Heinricn Paru ; in-8 de vi et 101 p. 
et 5 planch. Stuttgart, 1827. 

(2) Ueber den Bau und das Winden der Ranken und Schlingpflanzen, par M. Hvco 
Mouc ; in-£ de vin et 452 p. avec 18 planch. Tübingen, 1827. 


— 222 — 


l’autre de ces auteurs avaient traité avec soin la question de l’influence 


que la lumiere peut exercer sur l’enroulement des tiges volubles; seule- 
ment leurs expériences les avaient conduits, sur ce sujet, à deux manières 
de voir entièrement opposées. 

« Les expériences faites jusqu’à ce jour mettent en évidence, dit 
Palm (loc. cit., p. 67 et suiv.), l’influence que la lumière exerce sur les 
plantes en général. De ce que tant de végétaux décrivent un cercle 
diurne d’après la situation du soleil, on peut déjà conclure que la 
lumière solaire influe puissamment sur les plantes volubles, qui s’y 
montrent plus sensibles que les autres. Les divers degrés d'intensité 
de la lumière modifient les mouvements de ces plantes; mais on recon- 
nait bien plus nettement encore cette influence de la lumière sur la 
marche des plantes volubles en la leur supprimant. Sans doute (loc. 
cit. p. 71), si cette suppression est subite, l’enroulement de la tige 
ne cesse pas immédiatement, il se continue pendant quelques jours 
si la température reste la même; mais si celle-ci baisse, les mouve- 
ments deviennent, au total, beaucoup plus lents et cessent entièrement 
au bout d’un ou deux jours. Lorsque les plantes volubles n’ont jamais 
été soumises à l’influence lumineuse, elles n’ont pas montré le moindre 
signe d’enroulement; j’ai fait cette expérience avec toutes celles que 
J'avais à ma disposition, à des degrés très-divers de chaleur et d’humi- 
dité : dans ces cas, les plantes se sont comportées comme toutes celles 
qui ne reçoivent pas de lumière; elles ont cr fortement en hauteur, 
sans montrer jamais la moindre tendance à s’enrouler autour des sup- 
ports. Lorsque j'ai ensuite habitué graduellement ces mêmes plantes 
à la lumière, elles ont pris la couleur verte qui leur est naturelle, 
et en même temps elles ont commencé de s’enrouler... De ces expé- 
riences (loc. cit. p. 72), et des observations sur l'influence de la lumière, 
il résulte que sans celle-ci l’enroulement n’a pas lieu... » 

Il est impossible d’être plus précis et plus catégorique : sans lumière 
pas d’enroulement et cette conclusion est appuyée à la fois par Palm 
sur l’observation et sur l’expérience. Voyons maintenant comment 
s'exprime M. H. Mohl sur le même sujet. La contradiction est for- 
melle sur presque tous les points. 

« Les plantes volubles, dit ce botaniste (loc. cit., p. 119), se distin- 
guent des autres, parce qu’elles tendent moins à se porter vers le 
côté par lequel la lumière les frappe. Si elles sont (p. 120), jusqu’à 
un certain degré, indépendantes de la lumière, cela me paraît tenir 
surtout à la direction oblique de leurs fibres. Par l’effet de ces mou- 
vements circulaires, la tige expose alternativement à la lumière tous 
les côtés de sa portion la plus jeune, et par suite ce fluide ne peut 
exercer sur elle aucune influence... En l’absence de la lumière (loc. 
cit., p. 422), les plantes volubles exécutent leurs mouvements circu- 
laires et s’enroulent autour de leurs supports; je l'avais déjà reconnu 


— 225 — 


lorsque, dans mes expériences, j'avais vu souvent ces plantes s’ap- 
pliquer à leurs supports pendant la nuit et les embrasser. Aussi j'ai 
été fort étonné de lire dans Sénebier, que les Haricots ne se tortil- 
lent jamais à l'obscurité, quoiqu’ils y deviennent trés-longs (Physiol. 
végél., I, p. 379). Pour reconnaitre si cette assertion est fondée ou 
non, j'ai placé dans une caisse bien fermée plusieurs pieds d’Ipomæa 
et de Phaseolus vulgaris sur lesquels la portion de tige destinée à 
s’enrouler, ne s'était pas encore développée. Ces plantes se sont allon- 
gées rapidement et se sont étiolées; elles ont néanmoins exécuté leur 
enroulement et ont tourné autour des tuteurs que je leur avais donnés. 
J'ai encore essayé d’obtenir de graines, dans des caisses obscures, des 
Haricots et des Zpomœu purpurea. Les jeunes plantes se sont forte- 
ment allongées en peu de temps; mais elles ont péri avant d’avoir 
développé la portion de leur tige qui a la facuité de s’enrouler. Sénebier 
peut bien avoir fait une expérience analogue : il peut n’avoir eu sous 
les yeux que la portion inférieure des tiges qui ne s’enroule jamais. 
Dans mes expériences, cette portion a plusieurs fois atteint une aune 
de longueur ; or, si l’on ignore que cette portion inférieure de la tige 
ne s’enroule jamais, on peut en venir à croire que les plantes volubles 
en général ne s’enroulent pas à l’obscurité. » 

Plus loin, dans l’appendice qu’il a joint à son mémoire (p. 150), 
M. H. v. Mohl discute, pour les combattre, les assertions de Palm que 
j'ai rapportées. « L'influence que la lumière exerce sur les plantes 
volubles a été, dit-il, selon moi, exagérée par Palm... Lorsqu'il dit 
qu’en l'absence de toute lumière, les plantes volubles ne se sont pas du 
tout enroulées, je ne puis attribuer ce défaut d’enroulement à la priva- 
tion de lumière, puisque mes expériences montrent le contraire. » S’ap- 
puyant sur les termes employés par l’auteur qu’il contredit, il explique 
le défant d’enroulement dans l’obscurité, tel que l’indique cet auteur, 
par un état d’affaiblissement extrême dans les sujets des expériences 
qui préludaient à la mort dont ils ont été promptement frappés. 

Aussi M. H. v. Mohl admet sans hésiter que la privation de lumière 
n'empêche pas la tige des plantes volubles de s’enrouler autour de leurs 
soutiens, et il regarde même cette tige comme n'étant que très-faible- 
ment sensible à l’action lumineuse qui agit avec énergie chez tous les 
végétaux verts en général. 

Il serait difficile de voir une contradiction plus tranchée entre deux 
opinions ; or, celle de M. H. v. Mohl, que je viens de rapporter en der- 
nier lieu, a fait loi jusqu’à ce jour dans la science, et l’on professe encore 
aujourd’hui que la lumière ne contribue pas, d’une manière tant soit 
peu essentielle,à l’enroulement des tiges dont je m'occupe dans ce travail. 

Je dois ajouter que M. Jul. Sachs est venu tout récemment confirmer 
les énoncés de M. H. v. Mohl, à la suite de quelques expériences faites 
sur les deux plantes qui avaient déjà servi de sujets au célèbre profes- 


ee 


— 224 — 


seur de Tübingen, c’est-à-dire sur. un Haricot et l’Ipomæa purpurea. 
En en faisant entrer la partie nee dans un récipient opaque. Il 
a vu l’une et l’autre de ces espèces continuer d’enrouler sa tige, dans 
l'obscurité, autour des supports qui leur étaient offerts. 

Dans cet état de la science relativement à la question de savoir 
si la lumière influe on non sur l’enroulement des tiges volubles, une 
circonstance particulière, que je crois inutile de rapporter, m'a déter- 
miné à tenter des expériences en vue de m'éclairer à ce sujet. Diverses 
considérations me faisaient penser que l’opinion de M. H. v. Mohl, 
bien que devenue celle de tous les botanisies, pouvait être trop abso- 
lue; on verra, j'ose le croire, par les faits que j'ai maintenant à 
rapporter, que Je n'avais pas tort de penser ainsi. 

Depuis longtemps j'avais été frappé de ce fait qu'aucune plante 
voluble ne développe, dans l’intérieur du sol, des branches qui mani- 
festent en quoi que ce soit, une tendance ni à s’enrouler régulière- 
ment, ni même à se contourner autour des corps qu’elles rencontrent. 
Une plante bien connue, l’Apios tuberosa, m'avait semblé surtout pré- 
senter de la manière la plus nette le contraste entre la tige avec ses 
branches extérieures, dont le volubilisme est parfaitement caractérisé, 
et les branches souterraines qui peuvent dépasser deux mètres de 
longueur sans dévier jamais sensiblement de la direction rectiligne. 
Or, il me semble que la principale des différences qui existent entre 
les situations de ces deux sortes de branches, c’est que les unes 
végètent à la lumière, tandis que les autres se développent à l’obscu- 
rité. Il est vrai que si l’on veut faire intervenir ici les causes finales, 
on peut dire que les longues branches souterraines de l’Apios n’ont 
pas besoin de s’enrouler, puisque cet enroulement n’est, pour une 
tige, qu’un moyen de se soutenir, et qu’elles sont parfaitement soute- 
nues par le sol. 

Une circonstance de l’enroulement, bien observée d’abord par Du- 
trochet et tout récemment par M. Darwin(l), montre encore que la 
lumière est loin de rester inactive dans l’accomplissement de ce phé- 
nomène. Lorsqu'on place des plantes volubles dans une chambre, près 
d’une fenêtre, l'extrémité jeune de leur tige, dans son mouvement révo- 
lutif qui la fait tourner autour de son support, met beaucoup plus de 
temps pour décrire la demi-révolution, pendant laquelle elle se trouve 
vers le fond peu éclairé de la chambre que pour accomplir celle qui la 
maintient vers la lumière. Ainsi, d’après les observations de M. Darwin, 
un /pomæa jucunda, ayant mis 5 h. 20 m. pour faire une révolution 
entière, le demi-cercle du côté de la fenêtre, n’a pas exigé tout à fait 
une heure, tandis que celui du côté de la chambre n’a été parcouru que 


(1) On the movement and habits of climbing plants, par M. Ch. Darwin. (Journal of 
the Linnean Society, IX, 1865, nos 55 et 54 ) 


. + 


2 99% > 


dans l’espace de 4 ‘2 heures. Le savant anglais tire de là cette conclu- 
sion bien légitime que, si la lumière’ accélère le mouvement révolutif, 
l'obscurité le ralentit; seulement comme il partage les idées générales 
de M. H. von Mohl et ne paraît pas avoir fait lui-même des expé- 
riences, en vue de reconnaitre si une obscurité continue ne porterait 
pas à son maximum le ralentissement du mouvement révolutif, il 
ajoute que l’action de la lumière sur les plantes volubles se borne à 
produire l'effet observé et mesuré par lui. 

Les deux particularités que je viens de rapporter, paraissent mon- 
trer que l'influence de la lumière sur l’enroulement des tiges volubles, 
peut bien n'être pas nulle ou du moins aussi faible qu'on l’admet 
généralement, sur l'autorité du savant botaniste de Tubingue. Voyons 
maintenant si l'expérience directe viendra confirmer ces premières 
indications. 

Pour des expériences dans lesquelles des plantes doivent vivre en entier 
ou au moins partiellement à l’obscurité, le choix des sujets a une grande 
importance. Il faut, en effet, qu'ils puissent continuer assez longtemps 
l’élongation de leur tige et par conséquent leur végétation, sous l’em- 
pire des circonstances très-défavorables qu’amènent pour elle l’obscurité 
et l’étiolement qui en est la conséquence; or, cette persistance de la 
vie sans l'intervention de feuilles vertes, n’est possible que si le végé- 
tal possède un amas préalable de matières nutritives qu'il puisse uti- 
liser pendant que son séjour à l’obscurité supprime pour lui la respi- 
ration diurne. Cette condition est parfaitement réalisée dans les espèces 
volubles pourvues d’un tubercule, telles, surtout que l’Igname de Chine 

(Dioscorea Batatas Dene.). Aussi ai-je pris cette plante pour prinei- 
_pal sujet de mes expériences ; j'ai pu la conserver vivante et en vé- 
gétation pendant plusieurs mois de suite, dans une complète obscurité. 


40 Expériences sur l’Igname de Chine (Bioscorea Balatas DCNE.). 


J’ai varié autant que je l’ai pu les conditions expérimentales en opé- 
rant sur cette plante; aussi parlerai-je séparément des différents pieds 
que j'ai observés. 

A. Pendant l'hiver de 1863-1864, j'avais enfermé des tubercules 
d’Igname, produits peu volumineux de la végétation de pieds venus de 
petits troncons, dans une cave voütée, sans soupirail, à laquelle on 
arrive par un long couloir sans jour et coudé à angle droit, par consé- 
quent complètement obscure. C’est cette cave, située à Meudon (Seine-et- 
Oise), qui m’a servi pour la plupart de mes expériences. L’un de ces 
tubercules long seulement de 0,12 à 0",14 y fut oublié, sur une 
tablette, au printemps, au moment où les autres furent plantés. À l’au- 
tomne de 1864, il avait donné naissance à une tige blanche par ctiole- 
ment, longue de 0,90, mais roide, ferme et parfaitement droite, qui 

15 


— 226 — 


comprenait plusieurs entre-nœuds terminés les uns par une, les autres 
par deux feuilles (opposées) très-petites et rougeâtres sur fond pâle. Cette 
tige n'avait manifesté en aucun point la moindre tendance à s’enrouler. 
Elle s'était étendue horizontalement sur la tablette. Il est vrai qu'elle 
n'avait trouvé à côté d’elle aucun support auquel elle pût s’accrocher. 
Elle s’est conservée fraiche, mais sans continuer de s’allonger pendant 
tout l’hiver de 1864-1865, et n’a séché qu’à la fin de mai 1865. — Je ne 
dois pas négliger de dire que la production de cette tige, hors de terre 
et sur une planche, n’a pas empêché la plante de développer en même 
temps un nouveau tubercule dont la longueur n’était pas tout à fait la 
moitié de celle du tubercule-mère. 

B. J'ai planté, à la fin de mai 1865, deux tubercules d’Igname, longs 
d'environ 0,20. Lorsque l’un d’eux a commencé de sortir et de montrer 
hors de terre l’extrémité d’une tige, vers le milieu de juin, j'ai descendu 
le pot dans la cave obscure, et Je l’y ai laissé jusqu’au 2 août suivant. 
Pendant sept semaines de végétation dans une obscurité profonde, le 
plant (B) a développé une tige haute de 1,50, qui comprenait plusieurs 
entre-nœuds diminuant de longueur du bas vers le haut, dont les six 
premiers faisant un total, de. 1,375 (le 1° 07,50: 24= 10427 
3° —= 0,255 ; 4° — 0,24; 5° — 0,19; 6° — 0,12), et dont plusieurs 
autres, de plus en plus courts, étaient resserrés dans la longueur restante 
de 0®,125. Dans toute cette étendue, cette tige étiolée était, comme 
celle de A, parfaitement reeliligne, et sans le moindre indice de ten- 
dance à l’enroulement. Elle s'était élevée toute droite le long de la 
longue baguette que je lui avait donnée pour tuteur, sans faire le moin- 
dre effort pour l’embrasser, et bien que je l’y eusse fixée par des liga- 
tures. 

D'où l’on voit : 1° qu’à l’obscurité, cette tige de Dioscorea avait perdu 
toute tendance à l’enroulement ; 2 que néanmoins elle avait développé 
beaucoup plus que cette portion inférieure, limitée à 3 ou au plus 4 entre- 
nœuds, dans laquelle la faculté de s’enrouler n’existe pas encore; 5° que 
le contact d’un tuteur grêle ne l’a pas déterminée à s’enrouler, bien que 
M. H. von Mohl et la plupart des physiologistes à son exemple admettent 
que c’est surtout à l’irritation déterminée en elles par le contact d’un 
corps étranger que les tiges volubles doivent la curieuse faculté qui les 
distingue. 

€. Une autre Igname, que je désignerai par €, avait été plantée un 
peu plus tard que la précédente ; elle fut également descendue à la cave 
au moment où elle montrait au-dessous du sol l’extrémité naissante de sa 
tige. Là celle-ci cessa de croître à 0,03 au-dessus de sa feuille la plus 
basse; mais bientôt de l’aisselle de cette feuille sortit une branche qui 
remplaca la tige et qui, le 2 août, s’était élevée le long du tuteur placé à 
côté d’elle, sans dévier de la direction rectiligne, jusqu’à 1",15 de hauteur. 
Voici quelle était la longueur de ses entre-nœuds à partir de l’aisselle 


jw L 
{ Ü À A ; 
dt. x 


— 227 — 


d’où elle sortait : le 4° 0",185, le 2° 0,260 ; le 5° 0,230 ; le 4° 0",210 ; 
le 5° 0,19; le 6° 0,095; le 7° 0,01 ; le 8° 0,008. Plus haut l’extrémité 
même réunissait quelques entre-nœuds très-rapprochés et trop courts 
pour qu'il y eût intérêt à les mesurer. Quant aux feuilles, comme sur la 
plante B, elles étaient en partie purpurines sur un fond blanc et ne 
dépassaient guère 1,01 de longueur. Ainsi cette branche, qui remplaçait 
une tige atrophiée, s'était comportée dans l'obscurité absolument comme 
la vraie tige du pied B. Une observation que j'ai faite non-seulement sur 
ces deux plantes, mais encore sur toutes les tiges d’Ignames qui se dévelop- 
paient à l'obscurité, c’est que leur extrémité était constamment coudée, 
sur une longueur de 1 à 2 centim., à angle droit ou même aigu sur la 
direction rectiligne et verticale de la tige, reproduisant ainsi dans l’air, 
mais à l'obscurité, le fait qu’on remarque généralement sur les branches 
souterraines de diverses plantes, notamment de l’Apios. J’ajouterai que, 
sur toutes mes Ignames tenues plus ou moins longtemps à l’obscurité et 
que j'ai placées ensuite au jour, le premier changement que la lumière 
ait déterminé a consisté dans le redressement de cette extrémité coudée 
de la tige. 

Pour compléter l'expérience sur ces deux Ignames, le 2 août j'ai 
retiré de la cave les pots où elles étaient plantées, et je les ai trans- 
portés dans mon jardin, par conséquent à une vive lumière, mais en 
un endroit où le feuillage d’une tonnelle de vigne les garantissait du 
soleil ardent, dans le milieu de la journée. Dans ce transport la longue 
tige de B a été brisée par accident; la branche-tige de € restée intacte 
n’a pas tardé à se colorer, à s’enrouler autour de son tuteur, et à 
partir de ce moment, elle s’est comportée comme toutes les tiges 
volubles, dans les circonstances normales. On voit que pour amener 
l’enroulement de cette tige, il n’a pas été nécessaire de l’habituer peu à 
peu à la lumière comme Palm disait l’avoir fait dans ses expériences. 

D. Le 25 mai 1865, je plantai deux autres Ignames dans un même 
pot que je plaçai dans le jardin, à découvert. Vers le 15 juin, une tige 
sortit de terre. Après avoir mis à côté d’elle une longue baguette, je la 
laissai au même endroit jusqu'à ce quelle eût décrit autour de ce 
tuteur deux tours entiers. Je descendis alors le pot dans la cave obscure. 
La tige, obéissant encore quelque peu à sa tendance naturelle, décrivit 
autour du tuteur un tour presque entier, mais lâche et dans le trajet 
duquel elle se montrait de moins en moins inclinée ; après quoi elle 
s’éleva droite et roide le long de son support, auquel j’eus le soin 
de l’attacher par une ligature, mais duquel son extrémité semblait 
tendre à s’écarter plutôt qu’à s’en rapprocher. Le 7 juillet, la tige 
entière avait 1",20 de hauteur, ses 0",70 supérieurs, s'étant développés 
après que la plante s'était en quelque sorte déshabituée de l’enrou- 
lement, sous l'influence de l’obscurité, étaient parfaitement rectilignes. 
Il est presque inutile de dire que les feuilles de cette portion de tige 


— 228 — 


étaient dans l’état que j'ai signalé pour celles des pieds B et €, et 
qu’elles devenaient de plus en plus grandes en descendant de ce point 
aux feuilles normales, qui s'étaient développées au jour. Cette tige 
entière comprenait, à cette date, entre le niveau du solet la base du 
crochet terminal, 20 entre-nœuds parmi lesquels ceux qui s'étaient 
formés à la lumière étaient courts, tandis que ceux dont la production 
avait eu lieu dans l'obscurité mesuraient jusqu’à 0,15 de longueur. 

Le 7 juillet, je remis le pot dans le jardin, à la même place que celui 
qui renfermait les deux pieds B et €. Dès le 16 du même mois, la 
plante dont il s’agit maintenant s'était élevée de 0,35, et, sur cette 
longueur du tuteur, elle avait décrit 5 tours de spire serrés, dans 
l'étendue desquels les entre-nœuds n'avaient, en moyenne, que 0®,05 à 
0®,06 de longueur. Je reportai alors le pot dans la cave, où la tige ne 
tarda pas à s’allonger de nouveau, droite et roide, sans s’enrouler 
autour de son tuteur. 

Ainsi la tige de cette Igname BB, en raison de sa situation alternative 
à la lumière et à l’obscurité, offrait successivement : 1° une portion 
enroulée; 2° une portion rectiligne; 5° une deuxième portion enroulée; 
4° une deuxième portion rectiligne; 5° et finalement une troisième 
portion enroulée qui se produisit lorsque, l’expérience me paraissant 
concluante, j’abandonnaiï le pot dans un coin du jardin. 

E. Planté en même temps que D, mais dans un autre pot, ce pied 
d’Igname de Chine fut plus long à pousser; sa tige sortait à peine 
de terre, lorsque j'enfermai le pot dans la cave, le 24 juin. À partir 
de ce moment jusqu’au 7 juillet, sa tige s’éleva, dans l’obscurité, droite 
et roide, dure même comme d’habitude dans ces conditions, jusqu’à 
0",78 de hauteur. Sur cette longueur, qui comprenait plusieurs entre- 
nœuds, elle n’avait pas dévié de sa direction rectiligne jusqu’à son 
crochet terminal. Le 7 juillet, le pot fut transporté dans le jardin; 
huit jours après, la tige avait déjà formé cinq tours de spire autour 
de son tuteur, et le transport à la cave obscure détermina de nouveau 
son développement en ligne droite. Ainsi ce pied a offert successi- 
vement, après avoir subi les influences alternatives de l’obscurité de 
la lumière solaire : 1° une portion rectiligne; 2° une portion enroulée; 
5° une deuxième portion rectiligne; 4° et finalement, après que l’expé- 
rience, étant considérée comme terminée, le pot eut été remis dans 
le jardin, une deuxième portion enroulée. À 

F et G. Ces deux pieds d’Igname de Chine qui se trouvaient le 
premier dans le même pot que E, le second dans celui où croissait 
le pied D, se sont comportés absolument comme ceux dont j'ai décrit 
les manières d’être alternatives à la lumière et à l’obseurité. Je ne 
donnerai dès lors aucun détail à leur sujet; je me bornerai à dire 
que le pied @& placé dans l’obseurité de la cave, le 16 juillet, lorsque 
sa tige, haute de 0,89, décrivait plusieurs tours de spire autour 


_— 929 — 


d’une longue baguette, a eu son extémité brisée alors accidentellement. 
Il est bientôt sorti, de l’aisselle des deux feuilles les plus rappro- 
chées de l’extrémité tronquée, deux branches qui, le 9 septembre sui- 
vant, lorsque j'ai rapporté le pot au jardin, avaient atteint une longueur 
de près de deux mètres sans avoir montré la moindre tendance à 
l’enroulement, tandis que le transport au jour n’a pas tardé à réveiller 
leur disposition naturelle à se tortiller autour des corps adjacents. Je : 
dois ajouter que les six pieds de Dioscorea batatas qui ont été les sujets 
des expériences précédentes, n’avaient nullement souffert de leur pas- 
sage alternatif par la lumière diurne et l’obscurité, et qu’abandonnés, 
à partir du mois de septembre, dans un coin de jardin, ils y étaient 
encore frais et en bon état au commencement du mois de novembre. 

En résumé, je crois être autorisé à conclure de tous les faits précé- 
dents que, du moins relativement à l’Igname de Chine (Dioscorea 
batatas Dexe.), l'influence de la lumière solaire sur l’enroulement de la 
tige autour de ses supports est évidente, puisque cette tige a perdu 
invariablement la faculté de s’enrouler lorsqu'elle a été soustraite à 
l'influence lumineuse pour la reprendre lorsqu'elle était reportée au jour. 

J'ai dit plus haut en parlant de la plante B que, transportée de la 
lumière à l’obscurité, elle avait montré d’abord un reste de volubilisme 
qui lui avait fait décrire presque un tour de spire autour de son tuteur. 
Un fait analogue s’est présenté dans tous les cas où l’une des plantes 
mises en expérience a été soustraite à l’influence de la lumière. Sa tige 
a décrit encore la moitié ou les 3/4 d’un tour, quelquefois un tour pres- 
que entier, tout en devenant de moins en moins inclinée jusqu’à ce 
qu’elle se soit élancée verticalement. Une particularité analogue s’est 
montrée lorsque les plantes ont passé de l'obscurité à la lumière. Etio- 
lées, leurs tiges étaient incapables de se tortiller autour d’un support, 
et il a fallu deux, quelquefois même trois jours pour que, leur pâleur 
ayant fait place à la coloration qui leur est naturelle, elles commencas- 
sent à incliner leur sommité pour s’enrouler autour de la baguette qui 
leur servait de tuteur. 


2° Expériences sur le Æandevillea suaveolens LiNDL. (Echites sua- 
veolens ALP. DC.) 


Ayant à ma disposition un jeune pied bien portant de cette plante, 
cultivé en pot, et dont la tige s’élevait à 1",00 en décrivant de nom- 
breux tours de spire autour d’un tuteur, je l’ai descendu dans la cave 
obscure, à la fin du mois de juillet. Dans ces conditions nouvelles, sa 
végétation s’est arrêtée ; ses feuilles sont tombées; sa tige n’a pas pris 
d’accroissement appréciable, et la plante n’a pas tardé à périr. 

J’ai songé alors à disposer autrement l’expérience. Sur un autre pied, 
dont la tige bien portante s'élevait à 1",25 autour d’une baguette, le 
25 août 1865, j'ai placé un tuyau de zine, de telle façon que la partie 


— 250 — 


supérieure de cette tige y était enfermée avec son support, sur une lon- 
gueur d'environ 0,50. Les deux extrémités du tuyau ont été fermées, 
l’une avec un bouchon et l’autre avec un épais tampon de mousse sèche, 
de sorte que l'intérieur en fût parfaitement obscur. La plante est restée 
dans le jardin à un endroit ombragé. Dans cet état, sa végétation à con- 
tinué sans difficulté dans toute sa portion restée À découvert. Le 9 sep- 
tembre, c’est-à-dire au bout de 15 jours, j'ai enlevé le tuyau de zinc et 
j'ai reconnu que la portion de la plante qui avait été enfermée avait 
perdu la plupart des feuilles qu’elle avait au commencement de l’expé- 
rience. Là se trouvaient la tige elle-même et une longue branche égale- 
ment enroulée à tours serrés avant d’être soustraites au jour. Dans 
l’obscurité, la tige s’était allongée d’environ 0,10, en s’enroulant si 
faiblement qu'à peine décrivait-elle un tour de spirale sur toute cette 
hauteur. Son extrémité ayant péri, elle avait bientôt cessé de croitre. 
Quant à la branche, elle était restée en bon état, quoique étiolée , et elle 
s'était élevée de 0",14 à côté du tuteur, dans une direction rectiligne et 
verticale, présentant, sur celte longueur, trois entre-nœuds bien formés, 
et plusieurs autres fort courts rapprochés en manière de bourgeon ter- 
minal. L’inférieur de ces entre-nœuds avait ses deux premiers cin- 
quièmes colorés en vert clair et un peu tortillés de manière à décrire 
autour du tuteur environ !/3 de tour ; ses 5/5 supérieurs étaient beaucoup 
plus pâles et verticaux, de même que le deuxième et le troisième entre- 
nœuds. Dans la portion de tige qui était formée avant l’expérience, 
à 0,14 de longueur du support, correspondaient trois tours de spire. 

Laissée à découvert, à partir du 9 septembre, la branche du Mande- 
villea n’a pas tardé à reprendre, en s’allongeant, le volubilisme que 
l'obseurité lui avait fait perdre momentanément, et au bout de 8 jours 
elle s’était élevée d'environ 0",06, en décrivant un tour et 1/4 autour de 
son support, par conséquent en manifestant de nouveau sa tendance à 
s’enrouler aussi nettement que jamais. Inutile de dire que la portion qui 
s'était produite en ligne droite dans l’obscurité est restée rectiligne, de 
sorte qu’on voyait successivement une portion enroulée, une portion 
droite et une nouvelle portion enroulée. 

On voit donc que l'obscurité fait disparaître dans le Mandevillea 
suaveolens, comme chez le Droscorea Batatas, la tendance naturelle de 
la tige à s’enrouler, et cette tendance s’y rencontre dès qu’elle est soumise 
de nouveau à l'influence de la lumière solaire. Si, ce qui ne me semble pas 
admissible, on voulait attribuer à la diminution de température subie 
dans la cave, une partie des effets observés sur le Dioscorea, il est évident 
que l'expérience faite sur le Mandevillea ne donnerait aucune prise à 
une semblable objection, puisque la portion de sa tige qui était enfermée 
dans le tube de zinc était soumise à une température au moins égale à 
celle de l’air extérieur. 

En résumé, contrairement à l’opinion introduite dans la science par 


LAURE 


A — 


/ 


M. H. v. Mohl et universellement adoptée aujourd’hui, l'obscurité peut 
faire perdre à des tiges volubles leur faculté caractéristique ; d’où résulte 
la conséquence nécessaire que la lumière est indispensable pour la mani- 
festation de cette faculté. 


3° Expériences sur l’Ipomæa purpuren LE. (Pharbilis hispida Cnoisx.) 


Une question se présente naturellement : toutes les tiges volubles per- 
dent-elles dans l’obscurité la faculté de s’enrouler ? Les faits observés par 
M, H. v. Mohl et par M. Jul. Sachs obligent à répondre négativement à 
cette question. Toutefois, bien que l’autorité de ces deux botanistes soit 
plus que suffisante pour faire admettre sans examen la parfaite exactitude 
d’une assertion émise par eux, j'ai voulu voir par moi-même comment se 
comportent les plantes qu’ils ont mises en expérience. Pour les haricots, 
des circonstances particulières ne m'ont pas permis de mener à bonne 
fin les expériences que j'avais instituées. Pour l’/pomæa purpurea, ou le 
Volubilis ordinaire de nos jardins, quand je l’ai fait germer à l'obscurité, 
je n’ai obtenu que de petites plantes éliolées qui n’ont pas même 
développé le 2° entre nœud de leur tige presque capillaire. J’ai pris alors 
le parti de laisser végéter les sujets destinés à mes expériences, en plein 
jardin, jusqu’à ce que leur tige eût décrit 2 ou 5 tours de spire autour 
d’un tuteur. J’ai opéré ensuite sur eux de deux manières différentes. 

1° Le 9 août 1865, j'ai descendu dans la cave obscure un pot dans 
lequel se trouvaient deux pieds, l’un (4) ayant déjà décrit 3 tours 
complets et serrés autour d’un tuteur; l’autre (BB) beaucoup plus court, 
sorti de terre depuis peu de temps et n’ayant pas encore commencé de 
s’enrouler. Le 25 du même mois, le pied A, quoique étiolé et dépéris- 
sant visiblement, avait allongé sa tige qui avait continué de s’enrouler 
et qui avait même décrit déjà 4 tours complets. Pour lui par conséquent, 
la température plus fraiche de la cave n’avait diminué en rien le volubi- 
lisme, circonstance qui semble prouver qu’il en avait du être de même 
pour les Dioscorea. Quant au pied B, il avait élevé verticalement à 
partir du niveau des cotylédons, trois entre nœuds, dont le supérieur 
avait formé dans le haut une boucle qui indiquait que la plante commen- 
çait à saisir son support. Ni l’une ni l’autre de ces plantes n’ont pu 
résister plus longtemps à l'influence de l'obscurité, et la mort de ces 
deux sujets a mis fin à l’expérience. 

2° Le 11 août 1865, j'ai enfermé dans un gros tuyau de zinc deux 
autres pieds de la même espèce qui se trouvaient dans un grand pote 
Les deux extrémités du tuyau ont été ensuite bouchées comme je l’avais 
fait pour le Mandevillea. À celte date, l’une de ces deux plantes (€); 
avait déjà fait trois révolutions autour de son tuteur; l’autre (D) n’en 
avait fait qu’une seule. Le 25 du même mois, la tige de la première 
avait décrit encore quatre et demi nouveaux tours, la dernière n’en 


— 252 — 


avait que deux; mais ni l’une ni l’autre ne manifestaient le moindre 
affaiblissement dans leur volubilisme. Le 9 septembre suivant, les deux 
plantes étaient mortes par suite de leur complet étiolement, après avoir 
fait autour de leur support et dans une complète obscurité, l’une (€) 
sept tours de spire, l’autre quatre, aussi serrés pour l’une et l’autre que 
si, pendant qu’elles les formaient, elles avaient été placées au grand jour. 

I1 devient évident par ces expériences que comme l'avaient déjà re- 
connu MM. H. v. Mohl et Jul. Sachs, l’Ipomæa purpurea conserve, avec 
toute son énergie, dans une complète obseurité, la tendance à s’enrouler 
qu’elle manifeste à la iumière solaire. 

Il existe donc, parmi les plantes volubles, deux catégories bien 
distinctes relativement à l'influence que la lumière solaire exerce sur 
l’enroulement de leur tige, puisque les unes, comme le Dioscorea 
Batatas et le Mandevillea suaveolens ne conservent la faculté de s’en- 
rouler autour des corps étrangers que tant qu’elles sont soumises à 
cette influence, tandis que les autres, comme l’/Zpomæa purpurea et, 
d’après MM. H. v. Mohl et Sachs, les Phaseolus, s’enroulent également 
à la lumière et à l'obscurité. Il y aurait intérêt à soumettre à l'expérience 
le plus grand nombre possible de plantes volubles, afin de reconnaitre 
qu’elles sont, parmi elles, celles qui appartiennent à l'une ou à l’autre 
de ces deux catégories; mais il n’appartient guère qu'aux directeurs de 
jardins botaniques de mener loin des éludes dans cette voie dans laquelle, 
pour ma part, je m’estime heureux d’avoir pu faire quelques pas. 


JOHN LINDLEY. 


NOTICE BIOGRAPHIQUE, 


pAR M. En Ropicas. 


Vers l’automne de 1815, un tout jeune homme, fils d’un horticul- 
teur du Yorkshire, parcourait les principales villes des Flandres et 
du Brabant et répandait chez les amateurs de plantes, peu nombreux 
alors, des semences de végétaux nouveaux ou rares. De même qu'il y 
a des hommes qui restent enfants toute leur vie, dont une éducation 
incomplète n’a fait qu'ébaucher le caractère et qui, à cinquante ans, 
sont encore incapables de concevoir dans leur esprit inculte une idée 
sérieusement philosophique, de même aussi, il est des enfants dont les 
premiers pas dans la vie active annoncent qu’ils sont déjà des hommes, 
chez qui le caractère est formé de bonne heure, dont l'intelligence se 
développe sans secousses violentes, qui sont philosophes à vingt ans 
et qui, malgré leur jeune âge, marchent résolument sans s’en écarter 
jamais dans une voie qu’ils se frayent à eux-mêmes. Le jeune voyageur, 


— 233 — 


auquel nous faisons allusion, était un de ces enfants privilégiés. Doué 
d’une énergie incroyable, possédant une force de volonté rare, met- 
tant en œuvre une persévérance sans bornes, il sut accomplir la mis- 
sion qu’il rêvait à seize ans, qu’il commença alors et qui fut le but 
de toute sa carrière; étendre et faciliter la connaissance du règne 
végétal. Aussi devint-il bientôt pour l'Angleterre ce que De Candolle 
et Richard furent pour la France et pour nous, le promoteur de la 
botanique, ce que Ch. Morren fut pour la Belgique, le zélé propaga- 
teur de l’horticulture. 

John Lindley naquit à Catton, près de Norwich, le 2 février 1799. 

Il fit ses humanités dans cette dernière localité, sur les mêmes bancs 
où s'était assis William Hooker quelques années auparavant. Encore 
enfant, il se distingua par la vivacité de son entendement et par son 
application sérieuse, trahissant sans cesse son goût naturel pour l'étude 
des plantes et pour les antiquités surtout, à tel point que ses con- 
disciples lui donnèrent le sobriquet significatif d’antiquaille. Ayant 
quitté l’école à seize ans, à l’âge où d’autres commencent quelquefois 
à comprendre, et de retour de son voyage en Belgique, il demeura 
quelque temps auprès de ses parents, se livrant à l’étude de la bota- 
nique, de l’horticulture et de l’entomologie, ses branches de prédi- 
lection. William Hooker habitait alors Norwich et s’occupait, comme 
lui, d'insectes et de plantes. C’est à cette conformité de goûts que 
Lindley dût le bonheur, de rencontrer dans une excursion, son futur 
protecteur et ami, son aîné de quatorze ans. « Entre naturalistes, 
connaissance est bientôt faite » ; depuis ce moment, Hooker et Lindley 
se firent de fréquentes visites. Le changement de position du premier 
et son départ pour Halesworth n’interrompirent nullement leurs bonnes 
relations. C’est même à Hallesworth que Lindley débuta dans la car- 
rière de publiciste. Un jour il trouva chez son ami l'Analyse du fruit, 
par Richard, et fut tellement charmé de ce travail, qu’il résolut de 
le traduire. Aussitôt il se mit à l’œuvre; la traduction fut achevée en 
une seule séance qui dura trois jours et deux nuits; elle parut en 
1819. Une activité aussi grande chez un homme de vingt ans, était 
faite pour permettre de bien augurer de l’aveair. Vingt-cinq ouvrages 
publiés successivement, dont aucun médiocre et quelques-uns d’un 
ordre tout à fait supérieur, ayant pour objet la botanique et l’horti- 
culture, sont là pour attester la fécondité de son intelligence et les 
puissantes ressources de son génie. 

A cette époque, des revers de fortune vinrent frapper son père et 
tourmenter sa Jeunesse. Il dut quitter sa famille qu’il adorait et les 
champs qui lui étaient si chers; mais, en abandonnant le bonheur, il 
conserva l’espérance et ce qu’il considéra comme un immense malheur, 
fut, au contraire, ce qui lui procura la satisfaction d’être à la fois utile 
à sa famille dont il devint le soutien, à sa patrie dont il pouvait attendre 


— 254 — 


la reconnaissance, et à la science qui lui réservait une moisson de gloire. 
Gœthe, heureux, n'eut jamais écrit son Faust; M de Staël ne dut 
qu’à son exil d’avoir tressé ces belles couronnes qu’on appelle l'Italie et 
l’Allemagne; Lindley, si le bonheur fut resté à son tranquille foyer, 
n'aurait peut-être jamais songé à donner à l'Angleterre son Vegetable 
Kingdom, ce monument scientifique qui seul suffirait aujourd’hui à 
rendre son nom impérissable. D'ailleurs, la noble amitié qui était venue 
à lui dans sa modeste retraite, à Catton, lui tendit une main secourable 
dans son infortune. William Hooker, dont le nom vénéré se présente 
si souvent à côté du sien, lui offre d’abord une généreuse hospitalité et 
l’introduit bientôt auprès de Sir Joseph Banks, à Londres, dont il devient 
l’aide. C'était toujours en 1819. 

Pour bien apprécier ce que devint Lindley à partir de ce moment, 
pour avoir une idée nette de l’influence qu’il exercça sur son époque, il 
faudrait pouvoir examiner sa carrière à un triple point de vue et recher- 
cher ce qu’il fut comme écrivain, comme professeur et comme adminis- 
trateur d’une Société à qui son autorité donna le droit de régir l’horti- 
culture britannique. On n'attend pas de nous un semblable travail devant 
lequel ceux mêmes qui se croiraient ses émules auraient raison de reculer. 
Notre prétention n'ira pas au-delà des faits; toutefois, pour ceux-ci nous 
suivrons la marche que nous venons d'indiquer. 

Les œuvres de Liudley peuvent être classées en deux grands groupes : 
ses ouvrages de botanique proprement dits, et ceux qui s’occupent plus 
spécialement d’horticulture. Parmi les premiers, les uns ont pour objet 
la botanique systématique, les autres la botanique descriptive; parmi 
les seconds, il en est qui ont en vue la pratique des procédés culturaux, 
et d’autres qui traitent de la théorie de l’art que ses efforts élèvent en 
réalité à la hauteur d’une science. Tous sont écrits avec la même clarté, 
la même simplicité, la même vérité. 

En 18920, il était à Londres depuis une année à peine, quand il parut 
de lui quatre publications : Rosarum monographia; un volume in-folio 
de dessins chinois de plantes d’Asie avec quelques descriptions et une 
préface dans laquelle l’auteur signale plusieurs espèces nouvelles de 
Bauhinia, de Rosacées et autres; une monographie du genre Digitalis, 
et dans les Transactions de la Société Linnéenne, un magnifique mé- 
moire sur les Pomacées. Il dédia le premier de ces ouvrages à Ch. Lyell, 
le père du savant paléontologiste actuel. Cette dédicace fut noblement 
accueillie par Lyell(!) et eut pour résultat de permettre à Lindley d’ac- 
quérir un bon microscope. Son mémoire sur les Pomacées lui valut fe 
titre de membre de la Société Linnéenne. Désormais son nom est connu 
même à l'étranger ; en effet, l’académie des naturalistes de Bonn s’em- 


(1) Lyell fut charmé de l’ouvrage et pour prouver au jeune auteur qu’il en appré- 
ciait le mérite, il lui envoya un bon de 100 liv. st. (2,500 fr.) 


— 235 — 


presse d'inscrire le jeune savant au nombre de ses correspondants. 
L'année suivante, parut le Collectanea botanica ; un grand nombre des 
belles plantes alors cultivées par Cattley y sont figurées et décriles avec 
le plus grand soin. En même temps qu’il s'occupait de végétaux exoti- 
ques, il réunissait les matériaux d’une flore de la Grande-Bretagne ; et 
son Synopsis fut publié en 1829. Ses Outlines of botany suivirent peu 
de mois après, et il se disposait à faire paraitre une sorte de Systema 
vegetabilium d’après Jussieu, quand survint le Genera plantarum d'End- 
licher, ce qui le fit renoncer à l’œuvre qu'il méditait depuis huit ans. 
Dès 1850, il en fit connaître le fond dans son Zntroduction to the natural 
system of botany, et, plus tard, dans le Vixus plantarum et, en 1856, 
dans le Natural system of botany, l'œuvre la mieux soignée de Lindley, 
et dans laquelle il consigna ce qui était déja prêt quand larrêta le 
Genera d'Endlicher. Il ne lui suffit pas de faire bien connaitre la flore 
actuelle de son pays, il voulut aussi en étudier la paléontologie, et il 
commença en 1851, la publication d’une flore fossile de la Graande- 
Bretagne. Cet ouvrage très-estimé, 3 vol. avec de nombreuses figures, 
pour lequel il eut la collaboration de William Hutton,fut achevé en 1857. 
À cette même époque, il écrivit le neuvième volume en entier et presque 
tout le huitième du Flora graeca de Sibthorp, et il donna lédition 
somptueuse, tirée seulement à vingt-cinq exemplaires, de sa mono- 
graphie du Victoria regia, cette Nyÿmpheacée d’un genre nouveau dont 
il fut le créateur. Lindley chercha par tous les moyens à répandre par- 
tout le goût de la botanique : aussi publia-t-il en 1857-1838, le Ladies 
botany, une Flore médicale et son Sertum Orchidaceum. L'année sui- 
vante, il écrivit un traité de botanique à l’usage des écoles, qui eut 
plusieurs éditions, et, en 1840, parut sa Théorie de l’horticulture, mo- 
nument scientifique que l'avenir respectera, que les botanistes eux- 
mêmes consultent avec fruit et qui fut traduit dans presque toutes les 
langues de l’Europe. Le nombre de plantes que Lindley a décrites est 
réellement formidable; son nom surgit partout à l’égal de celui de 
Linné : l’œuvre magnifique qu'il publia de 1830 à 1840, sur les 
Orchidées, Genera and Species of Orchidaceous Plants, suffirait à le 
prouver, si nous n'avions encore le Lindley and Paxton's Flower 
Garden, qui est presque entièrement de lui, l'Encyclopaedia of Plants, 
de Loudon, dont la plupart des descriptions sont de sa plume, et le 
Vegetable kingdom, que nous avons déjà cité, et qui constitue le 
plus grand titre de Lindley à la reconnaissance de la postérité. Il était 
fier de cet ouvrage dont l’idée lui vint en 1841, lors de l'apparition 
de l’'Enchiridion botanicum d’Endlicher, idée qu’il réalisa cinq ans 
plus tard : « Si je n’avais écrit ce livre, disait-il, je voudrais l’écrire 
encore; la théorie d’horticulture et lui sont ce que j'ai fait de meilleur.» 

Les travaux que nous venons d’énumérer forment déjà une longue 
liste, et cependant ce n’est pas tout. De 1822 à 1848 il écrivit de 


— 236 — 


nombreux articles dans les Transactions of the Horticultural Society, 
ne négligeant aucun objet en connexion avec les branches de l’histoire 
naturelle dont il s’occupait. 11 y traita de main de maître bien des 
questions de morphologie et de physiologie végétale, les lois de la 
croissance à des moments donnés, l’action des basses températures, 
la formation des fleurs doubles, etc.; il y décrivit les plantes nouvelles 
introduites dans le jardin de la Société et y donna des preuves d’une 
connaissance parfaite de l'esthétique florale. C’est lui qui dirigea seul, 
sauf les toutes premières années, et qui écrivit le Botanical Register, 
cette revue universelle des Flores du monde. Le Treatise of Botany, 
que publia la Société anglaise pour la propagation des connaissances 
utiles, est de Lindley. Tout le commencement de cette autre publication 
populaire si utile, le Penny Cyclopedia jusqu’à la lettre E, est son œuvre. 
Son Medicai and Economic Botany mérite aussi d’être cité. Enfin, 
c'est lui qui fut le principal fondateur et l’éditeur d’un journal hor- 
ticole, dont l’importance n’a fait que grandir sous sa puissante impul- 
sion, et qui a rendu et qui rend encore à la botanique et à l'hor- 
ticulture des services incontestables. C’est dans le Gardeners’ Chronicle, 
le meilleur des journaux d’horticulture que nous connaissions, et dont 
Lindley dirigea pendant vingt-ans la partie florale, c’est dans ses articles 
de chaque semaine qu'on pourrait juger l’homme et l'écrivain, mieux 
peut-être que dans les œuvres purement scientifiques. Lorsque, en 1857, 
le président de la Société royale des sciences, de Londres, remit 
à Lindley la médaille royale qui lui fut votée pour le mérite de ses 
travaux variés de botanique et d’horticulture, il fit l'éloge de l'écrivain. 
Il fit ressortir « l'originalité et la vigueur de son intelligence(1), sa 
promptitude à observer les affinités, la lucidité de son style. » Il 
signala les efforts constants de Lindley pour répandre en Angleterre la 
connaissance du système naturel. Il ajouta que « c’est à lui que l’hor- 
ticulture est redevable d’être sortie de la condition infime d’un art 
empirique pour s'élever au rang d’une science réelle. » 

Ce qu’il faut dire encore à la louange de Lindley, c’est que jamais 
aucun but mercantile ne guida sa plume et que malgré sa puissance 
qu’il savait être souveraine, il ne la trempa jamais dans le fiel, parce que 
son cœur en était exempt et qu’il croyait les autres aussi bons que lui. 
Dans ces pages rapides, d’un style élégant et facile, également admirées 
par ses amis et ses ennemis, il ne chercha pas seulement à élever l’hor- 
ticulture, mais, guidé par une pensée morale digne de lui, il mit touten 
œuvre pour élever aussi la condition des horticulteurs et pour améliorer 
le sort des jardiniers. En toute circonstance, il précha l’éducation de 
ceux-ci parce qu’il y voyait le moyen le plus efficace d'augmenter leur 
bien-être. 


(1) Gardeners’ Chronicle, ne du 18 novembre 1865. 


— 237 — 


Avons-nous eu raison de dire que Lindley accomplit ce qu’il rêva dans 
son jeune âge? 

Cette prodigieuse activité qui distingua l'écrivain marqua au même 
titre la part qu’il prit sans interruption, durant quarante années, à 
la gestion des affaires de la Société d’horticulture de Londres. Dès 1822, 
il est nommé secrétaire-adjoint pour les jardins de cette Société. On 
était en train de les établir alors à Chiswick; c’est Lindley qui les 
acheva. C’est lui qui en planta le verger. S’étant mis en rapport avec 
le professeur Van Mons, il y introduisit des variétés fruitières nouvelles 
dont on reconnait encore aujourd’hui le mérite (1), et qui se répandirent 
de là dans toute l’Angleterre. Quatre ans plus tard, il cumula avec ses 
anciennes fonctions celles plus importantes de secrétaire pour la ville. A 
partir de ce moment, son influence ne fait que grandir avec son dévoü- 
ment aux affaires de la Société, et bientôt il en est et la tête et le bras. Il 
y consacre chaque jour des heures entières, au local de Regent-street, 
et passe une journée sur sept à Chiswick, sans compter les courses 
matinales qu’il y fait pour les travaux extraordinaires. 

Lindley fut en Angleterre le fondateur des floralies. En 1850, quand 
l’ancien secrétaire honoraire fit place à Bentham, il réussit à substituer 
aux fêtes splendides qu’on donnait alors et qui ruinaient la Société, des 
expositions générales de plantes et de fruits, à l'instar de ce qui se 
faisait déjà en Belgique, expositions qui devinrent par la suite les assises 
annuelles de l’horticulture nationale : le jugement qu'on y prononçait 
sur les cultures et leurs produits était sans appel. Grâce à elles, la 
Société put promptement rétablir son crédit. Elles servirent de modèle 
à toutes les floralies qui se succédèrent en Angleterre; on conçoit quelle 
a dû être leur influence sur les progrès de l’horticulture. À l’époque des 
expositions, Lindley passait tout son temps au jardin : on l’y trouvait, 
le matin, avant 6 heures; il ne le quittait jamais avant 6 heures du 
soir, veillant lui-même à tout, dirigeant tout, ordonnant tout. 

Lorsque, en 1841, Bentham se retira, on laissa à Lindley les fonctions 
du secrétariat honoraire avec celles qu’il remplissait déjà et on lui 
conféra le titre de vice-secrétaire. En 1858, il devint secrétaire de la 
Société et membre du conseil. Il continua à remplir avec une exactitude 
ponctuelle toutes ses fonctions jusqu’au jour où l’excès des travaux aux- 
quels il se livra, lors de l’exposition universelle de 1862, trahit ses 
forces et l’obligea à renoncer désormais à l’administration de la Société 
qui lui doit la considération et la prospérité dont elle jouit aujourd’hui. 
Tous les membres de la Société se souviennent de son urbanité et de sa 
franchise, tous se rappellent les soins attentifs qu’il apportait aux réu- 
nions dans Regent-street, auxquelles son habileté et sa profonde connais- 


(1) Bulletin du Cercle professoral d’arboriculture. 1, page 49. 


— 938 — 


sance des plantes, de leur nature, de leurs besoins, donnaient un intérêt 
spécial. Aussi n’ont-ils pas attendu sa mort, comme il arrive souvent, 
pour lui témoigner leur vive reconnaissance : ils lui offrirent une coupe 
en argent rappelant ses travaux botaniques et placèrent son portrait 
dans la salle des séances. 

En dehors de ses instructives conférences à la Société, Lindley avait 
ses leçons à donner à l’Université de Londres et au Jardin botanique de 
la Société de pharmacie de Chelsea, jardin dont il était en même temps 
directeur. C’est en 1829 qu’il débuta à l’Université, sa thèse inaugurale 
ne fut pas sans étonner ceux qui avaient jusque-là entendu préconiser 
le système de Linné; le nouveau professeur le relégua hardiment à 
l'arrière-plan et fit sentir de prime abord toute la supériorité du 
système naturel. Il professa sans interruption jusqu’en 1861, aimé et 
vénéré de ses élèves, estimé de tous ses collègues. Ses longs services lui 
valurent l’éméritat et l'honneur de siéger, de 1861 à 1863, à l’Université 
de Londres comme examinateur en sciences botaniques. Il donnait à ses 
cours les soins les plus minutieux ; il ne se bornait pas à les lire, mais 
préparait chaque fois ses notes, faisait de nombreux croquis pour les 
explications et donnait la plus grande attention à l’arrangement des 
matières. Ses leçons se distinguaient par leur ordre méthodique, leur 
concision, leur clarté, leur simplicité, il se mettait volontiers à la dispo- 
sition de ses élèves et leur servait de guide en dehors de l’école. Ses 
cours de Chelsea étaient éminemment pratiques, et les conférences scien- 
tifiques qu’il donnait parfois à l’Institut royal de Londres et ailleurs 
étaient aussi variées que bien appropriées à chaque auditoire. Il forma 
de nombreux élèves et eut la suprême satisfaction de voir quelques-uns 
d’entre eux déjà devenus des hommes marquants. Un professeur ne doit 
pas s’attendre à une autre récompense. 

À l’étranger, Lindley jouissait d’une considération méritée. En 1832, 
l’université de Munich lui conféra ex cathedra le titre de docteur en 
philosophie qu’il fut digne et fier de porter toujours. En 1834, l’Aca- 
démie des sciences de Berlin le nomma membre honoraire; en 1855, 
il fut élu membre correspondant de l’Institut de France; un des pre- 
miers actes de la Société royale de botanique de Belgique fut de se 
l’associer. Ainsi lui vinrent de toutes parts les distinctions les plus 
flatteuses; plus de soixante Sociétés, toutes les Sociétés de botanique 
el d’horticulture de l’Europe et de l’Amérique de quelque importance, 
l'inserivirent parmi leurs membres, voulant rendre de la sorte un 
juste hommage à ses talents distingués. 

Lindley ne fut pas moins apprécié par ceux qui étaient à la tête 
du gouvernement de son pays : souvent il fut consulté par eux, et 
ses avis recevaient le meilleur accueil. C’est à la suite d’un rapport 
émané de Lindley, Wilson et Paxton que les jardins de Kew, bien 
peu de chose en 1858, devinrent propriété nationale et, comme ils 


— 259 — 


l'avaient demandé, « le quartier-général de la science botanique pour 
l'Angleterre et ses colonies. » Ce fut toujours un bonheur pour lui 
d’avoir contribué à la nomination de William Hooker à la direction 
de cet établissement. C’est à ces deux savants, consultés naguère par 
l’amirauté, c’est à leurs judicieux avis, que l’île aride de l’Ascension 
doit son état florissant d'aujourd'hui. 

Il fit partie de la commission irlandaise instituée par Robert Peel 
lors du manque des pommes de terre, et le rapport de cette commission 
ne contribua pas peu à décider le ministre à faire rapporter les lois 
sur les blés. C’est lui qui, dans le Gardeners’ Chronicle (1), posa la 
question du prix du verre, et c’est à la baisse qu’il provoqua qu’on doit 
en Augleterre l'érection de nombreuses serres. 

Avant 1851 il ne connut jamais ni fatigue de l'esprit, ni lassitude 
du corps. Membre du jury de l’exposition universelle de cette année, 
pour la section des substances alimentaires , il tomba sérieusement 
malade sous le surcroît de ses travaux Quelque temps de repos lui 
permit de les reprendre. Mais, en 1862, malgré sa famille, il se charge 
à la grande exposition, du département des colonies, et des douleurs 
de tête continuelles ne l’empêchèrent pas de demeurer à son poste 
jusqu’au bout : mais cet effort l’épuisa. Désormais il avait le droit 
de se reposer. Malheureusement la mort est venu l'enlever brusque- 
ment, le 4°" novembre dernier, à sa famille, à ses amis. 

Lindley montra, durant toute sa vie, ce que peut un homme actif, 
doué d’une grande force de volonté. « Avec de la méthode, du zèle, 
de la persévérance, disait-il, rien n’est impossible. » Résolu et éner- 
gique, d’une puissance de travail qui étonnait, il accomplissait tout 
ce qu'il voulait entreprendre. 

Au milieu d’une vie aussi occupée que la sienne, publiciste, secré- 
taire, professeur, Lindley ne négligea jamais les devoirs de l'amitié, 
encore moins ceux de la famille. Souvent ses deux filles passaient avec 
lui de longues journées, dessinant les planches de ses publications, 
et sa femme était le principal conservateur de son riche herbier, au 
milieu duquel il se délassait dans ses moments de loisir. Son herbier, 
admirablement tenu, renferme la collection d’Orchidées la plus com- 
plète qui existe; il a été acquis par le gouvernement et se trouve déposé 
à Kew. Lindley était d’une taille assez élevée, d'une figure régulière 
et agréable; il avait la démarche ferme, un peu fière même; son 
caractère très-vif était impatient devant l’opposition, ce qui ne l’em- 
péchait pas d’avoir un cœur des plus chauds et des plus généreux. 
L’affection sincère qu'il voua à Hooker, la reconnaissance profonde 


(1) Plusieurs données de cette notice ont été puisées dans les artieles que ce recueil 
a publié sur Lindley. 


— 240 — 


qu’il conserva toujours à l’égard de Jos. Banks, de Lyell, de Cattley, 
de tous ses bienfaiteurs, prouvent assez que l'élévation scientifique et 
les travaux sérieux n'étouffent pas toujours les nobles sentiments. 
N'oublions pas de mentionner un trait d'amour filial qui honore le 
savant, c’est que, à vingt ans, ayant sa plume pour toute richesse, il 
s'engagea à payer les dettes de son père. Il aima ses parents; ses 
enfants l’adoraient. L'amour vaut mieux que la crainte, il en fit l’heu- 
reuse expérience. Une preuve de sa bonté, c’est qu’il aimait les enfants 
et qu’il leur sacrifiait volontiers ses précieux moments. 

Le savant laisse des monuments impérissables, l’homme une mémoire 
sans tache. Lindley est regretté de tous ceux qui l’ont connu. 


SEMIS ET CULTURE DU PIN DE RIGA. 


Note communiquée à la Société impériale d’acclimatation de Paris, pen- 
dant la séance du 20 avril 1866, 


PAR M. Ducesne-TnourEau, 


CAE Je me reprocherais de ne pas faire part à mes honorables collè- 
gues des moyens très-simples, mais peut-être un peu minutieux, grâce 
auxquels tout semis de conifères peut et doit être conduit à bonne fin, à 
la condition toutefois : 1° de posséder des graines dont la faculté germina- 
tive ne soit pas compromise ; 2° de disposer d’un sol convenable, à proxi- 
mité d’un cours d’eau ou d’un réservoir permettant, au besoin, de 
fréquents arrosages; 5° d’opérer en temps utile et avec connaissance de 
cause. 

J'ai dit un terrain convenable, car il faut bien se garder de croire que 
les semis d'arbres résineux puissent prospérer dans toutes les conditions. 
En effet, bien que la germination soit facilement obtenuc dans un sol 
calcaire, il est rare que le résultat final soit même passable, à moins de 
précautions excessives ; car, le plus souvent, sous l’action de la chaleur, 
le terrain calcaire se fendille, gerce profondément, et durcit tellement, 
que les semis s’atrophient. Vienne ensuite la saison d’hiver, qui entraine 
des effets bien plus désastreux encore, les jeunes plants, subissant les 
alternatives incessamment répétées du gel et du dégel, soulevés et 
déchaussés, gisent épars sur le sol, sans cause apparente de ce méfait, 
comme si un génie malfaisant eût pris à tâche de les détruire. 

Les terrains siliceux et granitiques, moins impressionnables et conser- 
vant une humidité plus persistante, sont moins susceptibles de dureir, et 
restent par ce fait à l'abri d’un desséchement trop profond et du soulève- 
ment hibernal. 


— 241 — 


Aussi, eu égard à ces garanties, sont-ils l’objet de préférences bien 
légitimes de la part des horticulteurs, et ce sont ceux-là que je conseille 
de préférence. 

Toutefois je dois ajouter que les personnes qui n’auront pas à leur 
disposition un sol siliceux et granitique peuvent parfaitement constituer 
un terrain factice avec des terres de bruyère, neuve ou ayant déjà servi, 
des terres de dépotage; un compost enfin, d’une épaisseur de 15 à 20 
centimètres, remplirait les conditions voulues pour opérer convenable- 
ment. Et ce sol factice, ne devant jamais occuper que des surfaces infini- 
ment restreintes, il est plus commode qu’on ne le pense de le constituer, 
d’autant mieux que chaque mètre superficiel suffisant à porter et à ali- 
menter un minimum de 10,000 plants ; 100,000 Pins, semés dans des 
conditions très-normales, occuperaient à peine 10 mètres superficiels. 

N’allez pas croire, je vous prie, qu’en conseillant un rapprochement 
aussi exagéré (en apparence) des semis, je me laisse aller à une fantaisie, 
à un pur caprice; car, au contraire, de ce contact immédiat des sujets, 
découlent de nombreux avantages. 

D'abord, chacun acceptera avec moi, qu’une opération est d’autant 
plus utile, qu’elle est résumée sur une surface moindre, partant plus 
facile à embrasser d’un coup d'œil. 

En second lieu, qu’il est bien plus commode de soigner 10,000 Pins 
groupés sur l’espace d’un mètre superficiel que de traiter cette même 
quantité disséminée sur une étendue dix fois plus grande. Mais il est 
des motifs bien autrement déterminants encore, car l’insuccés dans les 
semis d'arbres résineux est presque toujours occasionné par le trop 
grand espacement laissé entre les jeunes arbres. 

D'où il résulte que chaque plant isolé, obligé de se développer avec 
ses propres moyens d'action, condamné, par le fait de son isolément, 
à essuyer sans protection aucune toutes les intempéries, disparait dévoré 
par un rayon de soleil; ou si, par hasard, il parvient à traverser les 
premières phases de sa croissance, c’est pour rester chétif et dépassant 
à peine le niveau du sol auquel il est fixé. 

Qu’arrive-t-il au contraire, avec un tassement complet? Le développe- 
ment vertical est d'autant plus activé, que les sujets sont plus étroitement 
groupés ; l’espace horizontal faisant défaut, chacun d’eux dépensant sa 
puissance végétative dans le sens vertical, tous s’élancent à l’envi pour 
s'emparer de l’espace resté libre : il n’est pas rare que les tiges 
atteignent une projection de 10 à 15 centimètres en une seule saison. 

Et l’effet obtenu pour la partie aérienne du végétal se produit iden- 
tiquement pour la partie souterraine; car la racine, s’échappant en un 
long pivot, fouille au loin tes profondeurs du sol préalablement ameubli. 
Ce développement précoce ayant un mérite bien incontestable, il n°y 
a donc rien à négliger pour l’obtenir. Mais la chose n’est pas si facile 


que l’on pourrait supposer; car, en admettant même que la semence 
16 


— 242 — 


ait été répartie sur le sol de la facon la plus régulière et par une main 
expérimentée, si la graine est défectueuse, une partie restant inerte, 
le but ne sera pas atteint, le semis restera incomplet et insuffisant. 

Il importe done de connaitre à l'avance la juste mesure de la qualité 
des graines à employer, et cette expérimentation préliminaire, que je 
recommande de la facon la plus positive, est très-simple. 

Elle consiste à prendre au hasard, dans le groupe, une quantité quel- 
conque, une poignée ou une pincée de graines, qui, étant étalées dans un 
vase très-découvert et maintenues constamment humides, devront ger- 
mer dans un délai d'autant plus bref, que sa température ambiante sera 
plus élevée. Si, après quelques jours, la graine se gonfle et émet un 
germe, cet indice prouve qu’elle est de bonne qualité. La graine sera 
jugée mauvaise ou médiocre, selon le nombre proportionnel de germes 
qui se développeront, et devra d’après se résultat, être rapprochée ou 
espacée plus largement sur le sol de la pépinière, afin d’arriver au tasse- 
ment désiré. | 

Cette connaissance étant obtenue, le terrain doit être cultivé à la pro- 
fondeur d’un fer de bêche, et parfaitement ameubli, dans le but, non- 
seulement de le diviser et d’extirper les racines envahissantes, mais 
encore de le purger d’une foule d’insectes nuisibles, larves de hanne- 
ton, etc. De plus, il est utile, indispensable même de rendre au sol 
ainsi défoncé un peu de consistance afin de prévenir son dessèchement 
trop rapide en été, et de se prémunir, autant que possible, contre le sou- 
lèvement et l’arrachage des plants, sous l’effet de la gelée en hiver. 

D'ailleurs, ce travail de consolidation, facile à réaliser par le jardinier 
muni de chaussures dépourvues d’aspérités à leur surface inférieure, 
conduit tout naturellement à l’aplanissement du terrain, qui, offrant à 
l’horticulteur une surface parfaitement égale, rectifiée au besoin à l’aide 
d’un râteau, permet d'arriver à une répartition régulière de la semence. 

Ces précautions étant prises, le sol étant ainsi préparé, et surtout pré- 
paré sans addition d’engrais(l\, rien ne s’oppose à l’épanchement de la 
graine, vers la fin d'avril, et même plus tôt, si la température est douce 
et le sol échauffé par les rayons du soleil. Mais, dans le cas où la saison 
serait froide encore ou humide à l'excès, mieux vaudrait attendre une 
condition meilleure; car une humidité persistante, compliquée de froid, 
expose les graines à pourrir au lieu de germer, et trop souvent le même 
sort attend les germes déjà longuement développés. D'ailleurs l’abaisse- 
ment de la température n’eut-il pour effet que d’occasionner simplement 
un retard de la germination, ce retard comporte un danger immense; 
car on ne saurait se figurer combien d’ennemis surgissent de toutes 


(1) Les Pins ne s’accommodent d'engrais à aucun âge et encore moins de culture, 
qui porte le trouble dans leur système radiculaire. 


— 9245 — 


parts, attirés par l’odeur balsamique se dégageant des graines de Pin, au 
moment où se produit la fermentation qui précède et accompagne 
l'émission du germe. 

Et ce ne sont pas seulement les rats, les turbulents passereaux qui 
brülent de prendre part au pillage; les oiseaux à grandes dimensions 
et même les hôtes de la basse-cour ne sont pas les moins ardents à 
la curée ni les moins dangereux, eu égard à leurs tendances à fouiller 
le sol. Mais, parmi tous, le Pinson se distingue par une äâpreté, une 
impudence que rien ne saurait égaler, à tel point que les épouvantails 
les plus bizarres, les cris et les menaces, souvent même les coups de 
fusil restent sans effets contre ces hordes ravageuses, auxquelles il 
est urgent d'échapper à tout prix. Parmi les moyens les plus efficaces, 
je conseillerai donc d’abord de continuer à protester de la facon la 
plus énergique; ensuite de ne jamais procéder à ciel ouvert. C’est-à- 
dire que pour l'établissement d’une pépinière et pour obtenir une 
réussite complète, après avoir étendu la semence, il faut, à l’aide d’un 
tamis, la recouvrir aussi régulièrement que possible d’une couche de 
terre siliceuse et légère, d’une épaisseur moyenne de 10 à 15 millimètres, 
suffisante, enfin, pour qu'aucune des graines ne soit apparente, mais 
trop peu épaisse pour compromettre le semis; puis répandre sur cette 
terre un lit de paille hâchée, dont l'épaisseur peut sans inconvénient 
varier de 2 à 5 centimètres, de telle façon que la pépinière disparaisse 
en entier sous cette couverture. 

Ce procédé offre bien quelques garanties à l’horticulteur contre les 
passereaux, mais non contre les volatiles familiers et encore moins 
contre les souris, qui ne travaillent que plus à laise sous cet abri. 
Aussi est-il urgent, indépendamment de toutes ces précautions, de ne 
jamais semer ces graines avant que le soleil soit déjà fort élevé sur 
l'horizon, vers la fin d'avril, afin que la terre, étant suffisamment 
réchauffée, la germination s’accomplisse d’une façon rapide, et même 
qu'elle soit brusquée, s’il est possible. Dès que les germes sont déve- 
loppés, dès que la capsule, contenant l’amande (objet de tant de con- 
voitise) est vide, les pillards, comprenant qu'il n’y a plus rien à faire 
pour eux, disparaissent comme par enchantement. 

Mais alors commence pour l’horticulteur une série de préoccupations 
nombreuses, qui consistent dans une extrême prévoyance, et surtout 
à ne pas compromettre par un zèle malentendu les fragiles embryons, 
confiés à sa sollicitude, et dont l'existence repose tout entière sur le 
tact avec lequel il saura les gouverner. 

Ce n’est pas peu de chose, en effet, que de savoir interpréter les 
besoins incessants d’une multitude de petits êtres si frêles, qu’un arro- 
sage donné mal à propos, qu'un temps d'arrêt de la sève, un rayon 
de soleil, moins encore, un soufle, une caresse trop empressée de la 
brise peut anéantir à tout jamais. 


— 244% — 


Et ce tact, cette sensibilité exquise, qui sembleraient n’appartenir 
qu’à certaines natures privilégiées, se rencontrent facilement, commu- 
nément même, chez les hommes souvent bien peu lettrés, il est vrai, 
mais qui, s'ils ne possèdent pas en théorie de bien profondes notions 
de physiologie végétale, sont forts d’une expérience acquise, ou, instru- 
ments dociles, se plient sans hésiter à des exigences sans fin (dont le 
détail n’est pas même soupconné par les gens du monde), exigences qui, 
loin d’être rebutantes, comme on pourrait le croire, comportent un 
charme inexprimable, comme tout ce qui se rattache aux questions 
physiologiques. 

Mais revenons à notre semis : réalisé en temps opportun et mis à l'abri 
du pillage, que devient-il? 

Après un petit nombre de jours, le paillis compact dont nous 
avons parlé, est soulevé dans son ensemble, quelques centimètres le 
séparent du sol. Quelle puissance a done pu accomplir un pareil miracle 
de relever cette masse alourdie par l'humidité? Soulevez avec précaution 
un coin du voile, et, à votre grand ébahissement, vous constaterez qu’une 
végétation active, puissante même, qu’une forêt mystérieuse, non moins 
qu'éphémère, a spontanément surgi du sol. 

Ce sont les graines semées il y a quelques jours, qui, grâce aux condi- 
tions favorables (chaleur et humidité) auxquelles nous les avons exposées, 
sortant fout-à-coup de leur inertie, signalent par un gigantesque effort 
leur entrée dans la vie : nées sous un couvert compacte, qui protégea, 
il est vrai, leur enfance, mais qui les opprime aujourd’hui et sous lequel 
un étiolement infaillible les menace, toutes, comme soupconnant des 
horizons meilleurs et unies par une commune volonté se dressent spon- 
tanément et s’élancent à la conquête de la lumière et de la liberté. 

Gardez-vous bien alors, déployant un zèle inopportun, de leur venir 
en aide, en les dégageant, même partiellement, du couvert qui les 
comprime : ce serait prononcer leur arrêt de mort. Voyez en effet, 
examinez dans quelles conditions d’extrème fragilité se trouvent ces 
tigelles développées dans l'ombre; combien elles sont loin de létat 
ligneux, elles que compose à peine la trace d’une gaîne fibreuse, trans- 
parente, incolore, entourant un peu d’eau, et surmontées d’un rudiment 
de feuilles étroitement encapuchonnées dans la capsule vide qui sur- 
monte la graine, et semble persister à les coiffer. 

Tous les soins à donner à ces embryons, pour le moment, consistent 
à s'assurer que l’humidité ne leur fait pas défaut et encore ne faut-il 
la leur distribuer que dans une mesure parfaitement raisonnée, car 
l'excès d'humidité aurait pour effet inévitable de les compromettre par 
la pourriture. 

Ce n’est qu'après plusieurs semaines qu'il est possible de diminuer 
l'épaisseur de la couverture de paille, et encore cette opération ne doit 
avoir lieu que graduellement, et toujours en tenant compte de ce fait, 


— 245 — 


que les jeunes plants ayant été créés à l’ombre, ne peuvent être impuné- 
ment exposés à l’action trop subite du soleil. 

Il est donc urgent de rester le plus longtemps possible dans une expec- 
tative bien moins compromettante qu’un concours trop empressé. 

Après quelques mois cependant, le paillis peut-être enlevé compléte- 
ment, lorsque les tiges, solidifiées, sont devenues ligneuses. Mais le 
danger de cette ablation est facilement démontré par ce fait, que si par 
hasard un vide se produit dans la pépinière, ce vide s'agrandit chaque 
jour, et le plus souvent tout le semis disparait, anéanti, sous l’action 
dévorante du soleil d'été, qui attaque en flanc les jeunes tiges trop peu 
solides pour lui résister, par le fait qu'ayant été élevées en massifs com- 
pactes, elles sont latéralement dépourvues de feuillage. 

Tandis que si le semis, bien réussi, reste complet, le terrain semble 
garni d'un riche tapis de velours vert, sans solution de continuité. Le 
feuillage seul, et non les tiges, subit les influences extérieures, qu’il sup- 
porte parfaitement. Dans ce cas, les seules précautions que comporte le 
semis se résument dans les arrosages et l'enlèvement des herbes parasites ; 
mais encore cette dernière opération ne doit être faite qu'après un arrosage 
très-abondant ou en temps de grande humidité, car à la suite de l’arra- 
chage des mauvaises herbes, opéré en temps de sécheresse, souvent les 
plants sont brülés par le soleil. 

Peut-être j'ai été conduit à traiter un peu longuement ces questions ; 
mais, par le motif qu’on ne les trouve nulle part aussi détaillées, je me 
suis cru obligé à délayer la matière. Et la seule justification que j’invoque 
réside dans mon extrême désir de contribuer par les faibles moyens en 
mon pouvoir à propager des notions utiles, consacrées par l'expérience, 
que je produits avec une confiance d’autant plus entière, que leur appré- 
ciation ne m'a Jamais laissé en défaut, et qu’elles sont dictées tout au long 
dans ce livre admirable ouvert à tous, le livre de la nature, dont je ne 
suis ici que l'interprète bien indigne. 

(Bull. de la Soc. imp. d’Acclim.) 


CALENDRIER DU MARAICHER, 
Résumé des opérations mensuelles du potager, 
par M. Eu. Ronicas. 

JUILLET. 


Semis ef plantations. — Les semis deviennent moins nombreux, 
puisqu'il ne faut faire que ceux des plantes dont il est possible de récol- 
ter encore les produits avant l’hiver : c’est donc au jardinier de calculer, 
d’après les conditions de son jardin, l’époque probable du rapport de ce 


— 246 — 


qu'il veut semer. Il peut semer encore des choux de Savoie à l'ombre, de 
la bette, les derniers haricots pour en jouir trés-tard, du persil, du 
raifort, le dernier quinoa, la campanule raiïponce pour utiliser ses ra- 
cines en salade l’hiver ou le printemps suivant, le cresson alénois à 
l'ombre et la ciboule pour en jouir au premier printemps. Il peut tenter 
encore un dernier semis de pois, en se servant de variétés hâtives : il 
arrive que le produit est insignifiant; cependant, plus d’une fois, nous 
avons obtenu une très-belle récolte à la fin de septembre et au commen- 
cement d'octobre. En ce mois, on fait le semis des scorzonères, dont on 
veut récolter les racines l’année suivante; presque partout ici, elles sont 
préférées aux salsifis, qui sont d'ordinaire plus durs et qui se conservent 
moins bien. On sème aussi des navets, du pourpier, du cerfeuil, des 
endives, les dernières carottes et l’ognon blanc, si l'on veut pouvoir en 
repiquer en octobre, pour le couvrir en hiver. 

Quant aux plantations, le jardinier devra les régler d’après les 
besoins et les soigner d’une manière toute spéciale, afin de rendre la 
reprise des plantes aussi prompte que possible et dans le but d’en 
assurer le produit en temps utile. Il mettra en place le chou Milan des 
vertus, les fraisiers de semis repiqués en mai; il continuera la planta- 
tion du poireau et des derniers choux-fleurs pour l'hiver; il plantera 
encore du céléri et des concombres. 


Eravaux divers. — Nous l'avons déjà dit, la jachère d'été doit 
être inconnue au maraicher; tous les terrains doivent être occupés et 
ceux dont les produits sont enlevés et qui n'auraient recu ni entre-plants 
ni contre-plants, devront avoir immédiatement un léger béchage, parfois 
même une fumure selon l'espèce que ce sol a dû nourrir, puis être 
replanté aussitôt que le temps le permet. Dans les terres très-légères, 
on peut faire usage de la batte ou du rouleau, pour unir quelque peu 
le terrain jusqu'au moment de la plantation. 

On continue à faire blanchir le cardon, à butter le second céléri, 
l'olluco, l’'oxalide, la pomme de terre. On donne des binages et des 
serfouissages à toutes les planches; c’est le meilleur moyen de détruire 
les mauvaises herbes, d’ameublir le sol et de lui conserver sa fraicheur, 
quoiqu'il semble se dessécher plus promptement. Les sentiers aussi doi- 
vent être tenus très-propres; le râtissage des allées est bien plus une 
nécessité qu'un luxe. Il ne faut pas oublier de replier une feuille sur 
le chou-fleur, dont la pomme est à demi formée. On rabat, à quelques 
centimètres du sol, les fèves de marais qui commencent à fleurir, 
afin de les faire remonter, pour avoir du produit en automne. Enlever 
les tiges de chervis, si l’on ne veut pas le laisser fructifier; lier les 
endives et les scaroles pour les faire blanchir au cœur; pincer les 
pousses superflues aux fomates, dont le fruit est déjà formé. La récolte 


— 247 — 


des graines réclame une attention de tous les jours. À mesure qu’elles 
mürissent, on récolte celles des épinards, des raiponces, des lailues, des 
choux, des caroltes, des fèves, des pois, etc., et on les traite suivant les in- 
dications spéciales que nous avons données à cet égard. Il importe de les 
munir de bonnes étiquettes portant le nom de la variété et l’année de la 
récolte : on évite ainsi toute confusion ultérieure. Les graines de frai- 
sier, si l’on veut essayer d'obtenir d’autres variétés, peuvent être séchées 
pour plus tard. Les semences de scorzonères doivent être recueillies 
chaque jour à mesure que les involucres s’ouvrent ; sans cela, elles sont 
enlevées par les oiseaux ou emportées par le vent. 

Les choux divers, les choux-fleurs surtout, les fournitures de salade en 
général, les citrouilles et les courges, dont on veut faire grossir les fruits, 
doivent être arrosés largement, les fraisiers avec modération, pour ne 
pas augmenter le volume aux dépens de la saveur. Les arrosements du 
soir peuvent être de plus en plus copieux à mesure que la chaleur 
augmente : une végétation plus brillante et plus rapide, suivie d’un 
produit considérable, récompense toujours ce soin, qui ne coûte souvent 
que les frais de main-d'œuvre. 

Heureux le jardinier qui dispose d’un terrain dont la situation prête 
à une irrigation temporaire : nul ne pourra lutter contre lui, ear il aura 
l'immense avantage de pouvoir à son gré distribuer l’eau selon le besoin 
des plantes, et, imitant le poète latin({), il pourra dire au manœuvre : 
ferme l’écluse, ami, les choux ont assez bu! 


Produits. — Ce mois est l’un des plus riches, c’est la moisson qui com- 
mence pour le maraicher. Il cueille les fraises des quatre-saisons et d’autres 
en quantités; il est bien fourni d’artichauts, de choux pommés, de choux- 
fleurs, de haricots verts, de pois, de fèves. Il a aussi des endives et des 
scaroles, à mesure qu’elies sont blanchies, des concombres, des laitues, 
des carottes, des panais, du poireau, du céleri commun et du céleri- 
rave, des tomates et, indépendamment des graines, la plupart des pro- 
duits du mois précédent. On utilise aussi les pétioles des rhubarbes pour 
en faire de très-bonnes confitures. On confit les câpres et les premiers 
cornichons de pleine terre. Le cerfeuil devient assez rare; pourtant il 
produit encore à l’ombre, si l’on a soin de bien l’arroser. 


(!) Claudite jam rivos, pueri, sat prata librunt, Vire, £log, LI, V. 111. 


pe 


JARDIN FRUITIER. 


PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA TAILLE, 


par M. En. Pynarrr. 
Architecte de jardins, Professeur à l'École d'horticulture de F'État à Gentbrugge-lez-Gand. 


Nous avons (page 179) signalé aux pomologistes la publication de l'excellent Manuel 
de l’amateur de fruits par M. Ed. Pynaert, et nous avons, à cette occasion, pris l’enga- 
gement de revenir sur cet ouvrage. Nous sommes heureux de pouvoir aujourd’hui 
en reproduire un chapitre, l’un des meilleurs, sur les principes généraux de la taille. 


Branches de charpente et branches à fruits. 


Dans tout arbre soumis à une taille raisonnée, on distingue deux sor- 
tes de branches : les branches de charpente et les productions fruitières 
ou branches à fruits. Les premières servent de support aux secondes 
et leur distribuent d’une manière plus ou moins égale la sève venant des 
racines. Sur toute leur longueur, elles ne doivent être garnies que de ces 
productions fruitières ; leur extrémité seule doit être terminée par un ra- 
meau à bois et s’il se montre ailleurs des productions qui ne donnent que 
du bois, la taille doit pouvoir les transformer, les modifier de telle sorte 
que dans la suite elles se mettent à fruit. Quant aux productions frui- 
tières, la taille a pour but de les répartir régulièrement sur les grosses 
branches qui constituent la charpente et de les maintenir dans un état 
continuel de fructification. Ce sont là deux points que nous étudierons 
lors du mode de la taille propre à chaque essence d’arbre à fruits. 

Pour ce qui concerne la formation de la charpente, on doit bien se pé- 
nétrer de ce fait que de sa régularité et de l’égale répartition de la sève 
dans toutes ses parties dépendent non-seulement la durée de l’arbre mais 
sa fertilité abondante et soutenue. En effet, dans un arbre où la sève ne 
se distribue pas partout également, tous les membres sont inégalement 
nourris, les uns sont affamés au profit de quelques autres qui se déve- 
loppent en gourmands et absorbent en pure perte une grande quantité 
de sève. Il est donc indispensable de connaitre avant tout les moyens à 
l’aide desquels il devient aisé de répartir également la sève dans un arbre 
et de maintenir, comme on dit, l’équilibre entre tous ses membres, entre 
ces diverses branches. Un mot d’abord sur les formes à donner aux arbres. 


— 249 — 


Formes à donner aux arbres. 


L'arbre soumis par la taille à l’une ou l’autre des formes adoptées dans 
nos jardins fruitiers s’y montre d’autant plus revèche, d’autant moins 
docile que cette forme s'éloigne davantage de celle que la nature lui eût 
fait prendre si le sort l’avait abandonné à lui-même. Si ses racines sont 
solidement établies, s’il cest greffé sur franc, par exemple, il montrera 
une plus forte tendance à s'élever, à s’élancer que s’il est d’une consti- 
tution débile ou s’il est greffé sur sujet peu vigoureux, tel que le coignas- 
sier et le paradis. D’une autre part, chez les arbres non taillés, nous 
remarquons en général une certaine prédilection à prendre une forme 
plutôt qu’une autre ; une tendance analogue existe chez les arbres soumis 
à la taille. De plus chaque variété a une manière de croître qui lui est 
propre. C’est ainsi que telle variété de poirier prend presque naturelle- 
ment la forme pyramidale, tandis que d’autres s’y montrent rebelles : il 
en est de même de toutes les autres formes. Certaines variétés conviennent 
parfaitement au fuseau, d’autres au cordon horizontal. Il est des pêchers 
qui ne produisent que lorsqu'on leur applique les grandes formes, 
comme il en est d’autres qui affectionnent des dimensions plus modestes. 

Ceci démontre qu’il n’est nullement indifférent d'adopter pour les 
arbres une forme plutôt qu'une autre. Le choix en doit être déterminé 
par la variété qu’on désire cultiver, ainsi que par la composition et la 
fertilité du terrain qui doit correspondre à la nature du sujet. En trai- 
tant de la culture de chaque essence en particulier, nous ferons connai- 
tre les formes les plus avantageuses et leur meilleur mode de formation. 
Pour le moment, contentons-nous de dire qu’en règle générale pour 
qu’une forme soit réellement avantageuse, les branches charpentières 
doivent recouvrir autant que possible toutes les parties du mur et que 
leur écartement ne doit être ni trop grand, ni trop restreint, afin de ne 
laisser aux productions fruitières que la place strictement nécessaire; il 
faut surtout que l’extension donnée à la charpente soit en rapport avec 
la vigueur du sujet, c’est-à-dire qu’elle soit suffisante pour permettre à la 
sève de se transformer en membres utiles à la production. Lorsque la 
dimension accordée à la charpente d’un espalier est trop restreinte, ce 
n’est qu’à force de soins et après qu'il aura été à moitié épuisé par des 
mutilations continuelles que l’arbre se mettra à fruits. Nous reviendrons 
sur ce pointen parlant de la relation qui doit exister entre les forces nu- 
tritives et les forces productives d’un arbre. 


Æaïlle et formation de Ia charpente. 


De ce qu’un arbre est soumis à une forme artificielle et naine, il résulte 
pour lui une tendance perpétuelle à développer de préférence les yeux 
qui se trouvent dans les parties supérieures. Ainsi la sève nourrit davan- 


— 250 — 


tage les branches dressées, elle donne également plus de force aux yeux 
rapprochés des extrémités des rameaux, de même qu’elle tend continuel- 
lement, dans les arbres conduits en espaliers,à se jeter dans les branches 
qui s’éloignent du mur pour peu qu’on néglige le palissage. De là d’abord 
unepremière règle très-importante,à savoir qu’il fautretenir constamment 
les parties qui ont une position avantagée, dressée, les tailler plus court 
et les affaiblir continuellement durant leur végétation par diversmoyens, 
tels que pincements etautres qui seront expliqués à la taille d'été. En di- 
sant qu’il faut tailler court nous parlons des rameaux de prolongement et 
non des productions fruitières qui se trouvent dans un cas tout différent. 
Ainsi donc plus une branche de charpente est dressée, plusil faut la tailler 
sévèrement; au contraire, plus elle se trouve dans une direction qui se 
rapproche de l'horizontale, plus il faut lui laisser de longueur à la taille, 
Celle-ci ne peut pas cependant dépasser une certaine limite, parce qu’alors 
les yeux éloignés de l’extrémité du rameau ne se développeraient pas et 
qu’il en résulterait des vides. On ne doit pas perdre de vue que les yeux 
qui ne végêètent pas l’année qui suit leur formation s’éteignent ordinai- 
rement ou du moins ne se développent dans la suite que sous l'influence 
de circonstances exceptionnelles, d’une taille très-courte par exemple. 
Par la taille, il faut donc faire développer tous les yeux de la partie con- 
servée du rameau. On concoit qu'il est impossible de donner des indica- 
Lions précises sur la longueur qu’on peut laisser:cela dépend de la vigueur 
de la végétation et de l’âge de la branche. Plus celle-ci est vigoureuse, plus 
on allonge le prolongement. Chez un jeune pêcher, on lui laisse jusqu’à 
70 à 80 centimètres et même 1 mètre. Dans la suite on raccoureit de plus 
en plus la taille et lorsque la branche a atteint toute l’extension qu’elle 
doit prendre on la rapproche chaque année sur un œil à bois, de façon à 
ce qu’elle soit toujours terminée autant que possible par une pousse vi- 
youreuse. C’est la condition essentielle de sa longévité. 

Si l’on peut dire que pour le commencant, pour l’amateur peu expéri- 
menté il y a moins de danger à tailler trop court que trop long, en règle 
générale cependant il est préférable de tailler long. 


Équilibre des membres de la charpente. 


Nous venons de raisonner dans la supposition que les branches sont 


d’un développement proportionné les unes par rapport aux autres. Ad- 


mettons que cet équilibre n’existe pas, comment allons-nous le rétablir ? 
Les procédés ne font pas défaut ; il s’agit seulement d’appliquer celui ou 
ceux qui offrent le plus d'avantages. 

Le premier de tous consiste à laisser par la taille plus de longueur aux 
prolongements de la partie faible qu’à ceux de la partie forte. C’est le 
plus simple et le plus généralement employé. On peut aussi rapprocher 
de la direction verticale les membres faibles et incliner au contraire Îles 


© 4 IRON à 


— 251 — 


autres vers l'horizontale, laisser les premiers libres, les éloigner du mur, 
ou ne les palisser que tardivement, attacher de suite et serrer les liens des 
derniers, lorsqu'il s’agit d’espaliers. Chez les arbres à fruits à pepins, ïl 
est bon de faire une entaille en dessous de la branche forte, et au-dessus de 
la branche faible, ainsi que quelques incisions longitudinales dans l’écorce 
en dessous de celle-ci. Ces incisions se pratiquent également avec succès 
sur les essences à fruits à noyau, elles ne produiront pas d'écoulement 
de gomme ; au contraire, parfois elles préviennent ceux-ci. Les opérations 
de la taille d’été peuvent aussi contribuer puissamment à atteindre le 
méme but en pratiquant sévèrement et de bonne heuresur la partie qu'il 
s’agit d’affaiblir. En dernier lieu, on éclaircira soigneusement les fruits 
sur la partie faible, qui du reste est toujours disposée à trop se charger et 
on laissera tous les fruits sur les branches trop fortes ; au besoin, on y 
greffera des boutons à fruits enlevés sur les branches qui en sont trop 
pourvues. Ce dernier moyen est beaucoup plis érergique qu'on ne pense ; 
car, ainsi que nous l’avons dit à plusieurs reprises, la fructification est 
une grande cause d’épuisement, en ce sens que les fruits se nourrissent 
au détriment de la sève élaborée, diminuant ainsi l’accroissement de la 
branche qui les porte et par conséquent sa vigueur. 

C’est ici le lieu de parler de la relation qui doit exister dans tout arbre 
entre ses productions fruitières et ses organes nourriciers, racine et 
feuilles. 


Équilibre des forces nutritives et des forces productives. 


La vie de Parbre, dans la nature, a deux périodes bien distinctes : 
d’abord une période d’accroissement, puis, après qu’il s’est constitué, une 
période de fructification pendant laquelle son aceroissement diminue de 
plus en plus. Si ces deux périodes ne sont pas toujours nettement tran- 
chées, leur existence ne forme néanmoins pas de doute pour l’observateur. 
Quant à l’époque où la seconde commence à se manifester, elle peut va- 
rier considérablement dans la même espèce, entre variétés différentes, 
entre deux sortes de poiriers par exemple. Ainsi certaines variétés fruc- 
tifient de bonne heure, mais en général cette précocité naturelle ne pré- 
sage Jamais une grande vigueur et partant une grande longévité. 

Pour celles qui ne sont pas dans ce cas, nous pouvons à volonté raccourcir 
artificiellement la première période et hâter ainsi la mise à fruit à l’aide 
de certains procédés, lesquels malheureusement ont pour conséquence 
_d’abréger, dans une proportion équivalente ou même plus grande, la 
période de la fructification et par conséquent aussi la durée de la vie de 
l’arbre. Si, en règle générale, on ne doit pas approuver l'usage de ces 
procédés, puisqu'ils diminuent la longévité des arbres, on doit cependant 
reconnaitre que dans certains cas ils peuvent être d’une grande utilité. 

Nous ne parlons pas ici des opérations de la taille d’été, pincement, 


— 252 — 


torsion, cassement, qui ont toutes pour but de transformer en produc- 
tions fruitières les bourgeons à bois et les petites branches qui garnissent 
les branches de charpente. Nous supposons avoir affaire à des arbres qui 
tardent trop longtemps à se mettre à fruit, nonobstant l’emploi des pro- 
cédés ordinaires. Leur stérilité aura pour cause ou bien une trop grande 
vigueur, et c’est là le cas ordinaire, oubien un état languissant, maladif. 
Dans cette dernière circonstance, il faudra uniquement chercher à réta- 
blir la santé des arbres, et à leur rendre la vigueur qui leur manque. 
Nous n’avons done à nous occuper que du premier cas. Un moyen très- 
énergique de mater l’excès de vigueur d’un arbre, c’est d’incliner, de re- 
courber toutes ses branches en dessous de l’horizontale. En peu de temps, 
celles-ci se mettent à fruits, mais il ne faut pas les maintenir trop long- 
temps dans cette position, sous peine de les voir promptement s’épuiser. 
Ce moyen ne peut s’appliquer convenablement qu'aux pyramides. Pour 
les espaliers et pour les fuseaux, il vaut mieux de faire quelques suppres- 
sions aux racines soit en déplantant les sujets, soit en coupant une ou 
plusieurs des ramifications principales qui montreraient des allures 
pivotantes, soit enfin par l’emploi du procédé décrit plus loin. 

La grande majorité des arboriculteurs modernes semble se proposer 
actuellement, dans la conduite des arbres, un problème qui consiste jus- 
qu’à un certain point à confondre les deux périodes de la vie des arbres, 
c’est-à-dire à les faire fructifier pendant leur formation et longtemps avant 
qu'ils aient acquis le développement qu'ils sont destinés à prendre. La 
solution de ce problème qui parait de prime-abord incompatible avec les 
saines théories, ils l’obtiennent par l'emploi intelligent de la taille d’été ; 
mais quelle dépense de travail, de soin, d’entretien et nous dirons même 
de talent pour arriver à ce résultat. Ne serait-il pas plus profitable de 
provoquer une fructification naturelle et de la maintenir dans des bornes 
raisonnables ? Tâchons de nous faire comprendre en peu de mots. 

La sève brute est absorbée par les racines : une partie sert au déve- 
loppement de la partie herbacée, l’autre se modifie dans les feuilles et s’y 
enrichit de principes nutritifs contenus dans l’air ; alors seulement elle 
est devenue apte à concourir à l'accroissement de l’arbre en diamètre et 
à la formation de racines nouvelles. Mais cette sève élaborée est aussi ab- 
sorbée par les fruits. C’est elle qui les nourrit, qui leur donne du volume, 
du poids, aussi lorsque les fruits sont trop nombreux, ils accaparent toute 
cette sève et par suite l’accroissement de l’arbres’arrête, le système radi- 
culaire ne se renouvelle qu’imparfaitement et la vigueur tend à diminuer. 
Cette langueur que le vulgaire ne voit pas — pour lui un arbre pousse 
bien lorsqu'il rapporte du fruit — peut se prolonger quelques années ; 
mais elle doit se terminer inévitablement par une mort prématurée. 

C’est qu’il ne suffit pas à un arbre de produire du fruit, il doit être en 
même temps garni de feuilles en quantité suffisante pour élaborer la sève 
destinée à entretenir la production de nouveau bois et de nouvelles raci- 


— 253 -- 


nes. Les feuilles, comme organes nourriciers, sont donc indispensables au 
maintien de l’équilibre dans les fonctions vitales. Une branche de char- 
pente bien garnie de productions fruitières, mais dépourvue d’un pro- 
longement vigoureux ne tarde pas à s’affaiblir, si on ne lui laisse par ci 
par là quelques bourgeons capables de fournir la sève élaborée nécessaire 
à l'entretien de la vie de celte branche. 

L’arboriculteur intelligent doit saisir ici un juste milieu entre ces deux 
forces exactement opposées dont l’une produit une stérilité relative tout 
le temps que l'arbre n’est pas arrivé à son développement complet et dont 
l’autre l’épuiserait promptement par une fécondité trop abondante. 

Une diminution dans l’absorption de la sève par les racines, soit qu’elle 
ait pour cause une trop grande sécheresse du sol, soit que cette cause 
réside exclusivement dans l'état maladif de ces organes, a également pour 
conséquence une diminution de vigueur végétative et souvent une plus 
grande disposition à la fructification. Celle-ci toutefois n’est en réalité 
provoquée par la cause que nous venons d’indiquer que lorsqu'une végé- 
tation vigoureuse a précédé l’affaiblissement du pouvoir absorbant du 
système radiculaire, car dans ce cas seulement les tissus sont gorgés de 
sève élaborée pouvant se transformer en bouton à fleurs. C’est là une 
preuve de la relation intime qui existe entre le système aérien et le 
système souterrain d’un arbre. Nous posons en fait qu’en maintenant un 
juste équilibre entre ces deux systèmes, tantôt en stimulant la vigueur des 
racines à l’aide d’arrosements et d’engrais convenables, tantôt en y prati- 
quant certaines suppressions pour modérer leur puissance absorbante et 
la proportionner au développement que doit prendre la couronne, on 
arriverait plus facilement et avec infiniment moins de main-d'œuvre et de 
soins minutieux à obtenir une fructification régulière sans épuiser, pour 
Pavenir, les ressources productives de l’arbre. En d’autres termes, l’ap- 
plication judicieuse de la taille des racines, au lieu de ne constituer qu’une 
opération exceptionnelle à laquelle les arboriculteurs semblent d’habi- 
tude ne se résoudre qu'avec une certaine répugnance, devrait entrer 
dans la pratique ordinaire et dès lors elle réduirait la taille à sa plus sim- 
ple expression. 


De la taille des racines. 


La taille des racines ne peut donner tous les résultats que l’on doit en 
attendre que lorsquelle est pratiquée sur les arbres dès leur première 
jeunesse et régulièrement dans la suite au moins tous les deux ans. 

Chacun sait que les plants repiqués, transplantés plusieurs fois dans 
les pépinières, sont d’une reprise beaucoup plus certaine que ceux qui 
n'ont pas subi cette opération. Cela tient uniquement à ce que leurs ra- 
cines se sonitrès-ramifiées par ces transplantations successives. Eh bien ! 


— 2054 — 


les arbres soumis à la taille régulière des racines se trouvent dans le 
même cas que les plants repiqués dont il vient d’être question. Ils souf- 
frent peu d’avoir leurs racines mises à nu et raccourcies jusqu’à un 
certain point, tandis que pour ceux dont les racines sont restées intactes, 
ce simple procédé pourra être parfois chanceux. En Angleterre on a 
adopté depuis quelques années et cela surtout dans les petits jardins 
(où il faut empêcher les arbres de prendre trop de développement) un 
mode d’opérer qui offre tousles avantages de la taille annuelle ou bisan- 
nuelle des racines et peut même la remplacer complètement ; c’est ce 
qu’on y appelle soulèvement (lifting). Il consiste à détacher les racines 
du sol et à soulever la motte sans toutefois changer l’arbre de place. Il en 
résulte que toutes les extrémités des racines se trouvent ainsi plus ou 
moins raccourcies et ne pouvant plus s’allonger donnent naissance à plu- 
sieurs ramifications nouvelles. Il se forme ainsi une motte très-enchevé- 
trée de racines extrêmement nombreuses par lesquelles il est facile de 
maitriser la végétation, füt-ce même en plein été, au moyen d’un simple 
coup de bêche donné autour de la motte à distance convenable. 

Nous pensons que ce procédé simple et suffisamment efficace peut tenir 
lieu de la taille des racines proprement dite, mais il faut avoir soin de 
le pratiquer périodiquement afin d'empêcher les racines pivotantes de se 
former. C’est, à notre avis, le seul moyen d’équilibrer les forces végéta- 
tives du système radiculaire et du système aérien, équilibre si indispen- 
sable à la fructification régulière des arbres. Voici ce que nous écrivions 
sur ce sujet, il y a déjà plus de quatre ans, dans la Flore des Serres, le 
superbe ouvrage iconographique édité par M. L. Van Houtte. 

« Dans toute plante, le système aérien doit être dans un certain équi- 
libre avec le système radiculaire, en d’autres termes le développement des 
branches doit être pro portionné à celui des racines. Cet équilibre existe 
complétement dans les arbres fruitiers adultes, abandonnés à cux-mé- 
mes, tandis que dans les jeunes individus le système radiculaire tend 
toujours à prédominer, c’est là l’ordre établi par la nature, en vertu du- 
quel les plantes prennent de l’accroissement avant de fructifier. Dans les 
arbres soumis annuellement à la taille et à des pincements réguliers, cette 
harmonie entre les branches et les racines n’est jamais possible; elle l’est 
d’autant moins que la taille est faite avec plus de sévérité, car les racines se 
trouvant toujours en majorité envoient aux parties aériennes un excès de 
nourriture. Cela explique parfaitement pourquoi , dans ces circonstances, 
les arbres sur lesquels la taille est trop raccourcie,fructifient si rarement: 
tous les bourgeons s’y transforment en gourmands, en rameaux à bois. 

« Nous savons cependant qu’au bout d’un laps de temps, parfois bien 
long, à force de mutilations, la vigueur de ces arbres diminue et qu’ils se 
mettent à fruit. C’est que le traitement par sa sévérité même a réagi sur 
le système radiculaire en provoquant un affaiblissement dans les fonctions 
de ces organes, et a rétabli jusqu’à un certain point l'équilibre entre 


— 255 — 


ceux-ci et les branches. Le résultat désiré a été obtenu; mais nous le de- 
mandons, peut-on dire qu’il l’a été d’une manière rationnelle, de la ma- 
nière la plus utile la plus rapide? Incontestablement non. Pourquoi les 
arbres jeunes, jouissant d’une grande vitalité, ne produisent-ils pas de 
fruits en raison de cette vigueur ? Par la très-simple raison que cette har- 
monie entre les organes aériens et les organes souterrains n'existe pas 
encore chez eux ; parce que les racines sont disproportionnées aux bran- 
ches, qu’elles absorbent dans le sol plus que celles-ci ne demandent. 

« Voilà aussi pourquoi le‘poirier greffé sur franc se met à fruit beau- 
coup plus tardivement que lorsqu'il est greffé sur coignassier. En 
effet les racines du premier de ces sujets s'étendent, s’enfoncent 
davantage dans le sol et possèdent une vigueur plus grande que 
celles du second. Cela n’explique-t-il pas encore pourquoi le pommier 
greffé sur paradis atteint son maximum de fertilité au bout de 4 à 5 ans ? 
Nous posons donc en principe que la production des fruits ne peut avoir 
lieu normalement, aussi longtemps que la disproportion entre le système 
aérien et le système souterrain est trop sensible ; et que la fructification 
commence, dès que l’équilibre se sera établi, quels que soit l’âge des indi- 
vidus et le mode de taille adopté pour les branches et les rameaux à fruits 
(pourvu que cette taille n’ait pas pour résultat de détruire les yeux des- 
tinés à fleurir l’année suivante ou de provoquer leur développement anti- 
cipé). Ce principe admis, on conçoit dès lors l'importance de la taille 
annuelle des racines dans la culture des arbres fruitiers. » 


LA TAILLE DES ARBRES EN UNE LECON (), 


par M. E. Anpré A Paris D'après M. Lausouzer pe TouLouse. 


Nous avons signalé récemment l’ardeur des curieux auprès des profes- 
seurs d’arboriculture en renom. Mais tous ne peuvent profiter de ces 
salutaires lecons. L’éloignement, le manque de temps, et mille autres 
causes en privent bien des gens. 

Pour rappeler aux cultivateurs privés de l’enseignement oral ou d’un 
choix de bons livres, les préceptes des maîtres, nous commencions à 


(1) Ces quelques pages sont empruntées à un petit livre que vient de publier à 
Paris M. E. André. Sous le titre le Mouvement horticole en 1864-1865, notre excellent 
confrère a condensé les meilleurs articles communiqués par lui au Moniteur uni- 
versel, dont il est le rédacteur horticole. Il en est résulté tout naturellement un 
annuaire, où l’on trouve exposés et discutés les principaux faits de l’année horticole. 
Nous espérons que M. André continuera chaque année à nous donner d'aussi élé- 
gantes et utiles étrennes. Ce petit volume coûte 1 franc. 


rédiger quelques notions simplifiées sur la taille des arbres fruitiers, 
lorsqu’il nous est tombé entre les mains un de ces ouvrages dignes de foi, 
qui sont une véritable bonne fortune dans notre temps d'imprimerie à 
outrance. 

Il est signé de M. Laujoulet, de Toulouse. Quarante ans de pratique, 
d'expériences, de labeur sans trêve, de comparaisons, de luttes contre 
les préjugés ; « un homme de bien, habile, au beau langage, » comme 
disait Cicéron ; la grande autorité d’un talent incontestable; une forme 
nouvelle dans la présentation des faits, de saisissantes déductions, et ce 
grand air de véracité auquel on ne se trompe pas, tels sont les titres de 
noblesse de ce nouveau traité de taille et culture des arbres fruitiers. 

Le meilleur éloge que nous en puissions faire, est de lui emprunter 
quelques-uns des passages où l’auteur a clairement et simplement résumé 
ses théories. 

Ces passages constituent tout un cours de taille en abrégé, suffisant 
pour la plupart des jardins fruitiers non dirigés par les maitres ès arbo- 
riculture, lesquels nous renvoyons au livre lui-même pour de plus am- 
ples détails. 

Passons sans nous arrêter sur la première étude, qui comprend la 
description de l’arbre en général et de ses parties constitutives, il faut 
s'entendre avant tout sur la valeur des termes qui vont à chaque instant 
se représenter dans l'ouvrage, et bien savoir de quoi l’on parle. La 
description et les fonctions de la racine, de la tige, des fleurs, des 
feuilles, des fruits, la circulation de la sève, sont autant de principes 
qui seront avant tout examinés. 

Nous poursuivons, ayant grande hâte d'arriver à la taille. 

La deuxième étude s'attaque aux lois générales de la végétation. L’au- 
teur les érige en aphorismes saisissants qui contiennent tout le secret 
de la taille et président à toutes ses opérations. 

Il divise d’abord les branches de l'arbre en deux grandes sections, pour 
couper court à toute espèce d’ambiguités dans la détermination. 

io Les grosses branches, appelées aussi branches de charpente ou 
branches à bois; 

% Les petites branches, appelées aussi branches à fruits. 

Une fois ces deux productions nettement obtenues sur l'arbre, le culti- 
vateur a pour mission de conserver l’équilibre de végétation et le support 
des forces qui assurent la prédominance des branches à bois sur Îles 
branches à fruits, 


(La suile à la prochaine livraison). 


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Epiphyllum truncatüm , 
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— 257 — 


HORTICULTURE. 


NOTE SUR L’EPIPHYLLUM TRUNCATUM Haw. 


ET SES VARIÉTÉS NOUVELLES 1 et 4 spectabile; ® cruentum ; 
3° violaceum. 


Représenté PI. XV-XVI. 


Cereus truncatus DC. Prodr. III. p. 470. — Cactus truncatus Livk, Enum. 2. p. 24. 


Bot. reg. t. 696 ; Bot. Mag. t. 2596 ; Hook. Exot. fl. t. 20; Lopn. Bot. Cab. t. 1207 
Epiphyllum truncatum Haw. suppl. 85. 


Cereus truncatus Nees. et Sinine Samlung t. 57. Cactus truncatus Sertum botanicum. 


< tte plante, telle qu’on la cultive aujourd’hui 
# © est d’une suprême élégance. On la greffe sur 

Opuntia, Cereus ou Pereskia où elle se déve- 
loppe en produisant une infinité de rameaux. 
C’est comme un tronc en miniature supportant 
une ample cime de feuillage. L’£Epiphyllum 
fléchit gracieusement ses rameaux et se couvre pendant 
tout l’hiver d'une profusion de fleurs aux formes gracieu- 


Nous l’avons vu sous cet état, l’année dernière, chez 
MM. Jacob-Makoy et Ce qui en cultivent un grand nombre 
de variétés. Chaque plante forme une touffe élégante. Pour 
faire connaître cette culture à nos lecteurs et leur inspirer le désir de s’y 
adonner, nous avons emporté trois de ces variétés désignées sous les 
noms de spectabile, cruentum et violaceum, et nous en avons fait une 
reproduction en aquarelle. Puis, pour composer la planche ci-jointe, nous 
avons dit à notre peintre de réunir sur un même support des fleurs de 
ces trois variétés. Notre planche ne représente donc pas une plante natu- 
relle, mais elle réunit dans son cadre trois coloris distincts. 

Les coloris des variétés nouvelles jouent entre l’orangé et le carmin : 
ils se nuancent, en outre, de plus ou moins de blanc. 

C’est une plante délicieuse qui fait l’ornement des serres, des cor- 
beilles et des appartements pendant l'hiver, surtout à partir de la nouvelle 
année, 

Elle est originaire du Brésil, et parait avoir été introduite, en 1818, en 
Angleterre d’abord, puis sur le continent. La forme et l’amplitude des 
fleurs ne sont pas sensiblement modifiées depuis cette époque, les pre- 


— 9258 — ” 
miers portraits qui en ont été publiés la représentent, sauf les variations 
du coloris, telle qu’elle fleurit encore aujourd’hui. | 

Son nom français est Cactée ou Epiphylle tronqué; ses articles, qui 
simulent des feuilles, étant brusquement terminés à leur extrémité. 

Elle aime la serre tempérée et se plait en serre chaude. La terre qu’on 
lui donne doit être légère. 

Il en a été récemment question dans le Bulletin de la Société d’'Horti- 
eulture du Bas-Rhin à Strasbourg, l’un des mieux rédigés parmi ceux qui 
paraissent en France, et voiei ce que nous y avons lu : 

« Cette espèce est peut-être de toutes les Cactées celle qui convient le 
mieux aux appartements ; elle exige même un peu plus de chaleur que 
celle de la fenêtre. Je l’ai déjà rencontrée en été chez des amateurs dans 
un état de vigueur et de beauté que j'ai vu rarement dans une serre de 
Cactées. Cette espèce d’Epiphyllum se fait remarquer avant tout par la 
précocité de sa floraison, qui a lieu depuis le 1°° Janvier jusqu’au prin- 
temps. La floraison passée, on pourra donner à la plante la situation la 
plus exposée au soleil pour activer la végétation, puis, en Juillet, on 
pourra la mettre en plein air, au grand soleil ; on ne l’arrosera que le 
strict nécessaire pour ne pas laisser flétrir les jeunes bourgeons. On la 
tiendra passablement sèche pendant l’hiver, jusqu’au moment où les 
boutons à fleurs commenceront à se montrer. On les bassinera alors 
avec de l’eau tiède. Il faut donner aux Epiphyllum la même terre qu’aux 
autres plantes grasses. L’£piphyllum truncatum se greffe très-bien sur le 
Cereus speciosissimus, dont on fera bien de ne le détacher que quandil 
aura une hauteur de un à deux pieds. A cet effet, on coupe la pointe du 
Cereus et on opère comme pour une greffe ordinaire. On introduit dans 
la fente un bourgeon d’E. truncalum, taillé en biseau ; on fixe la greffe 
au moyen d’une petite cheville de bois très-mince et de laine à greffer 
et on enveloppe le tout légèrement de mousse humide. On abrite sa 
plante d’un morceau de papier roulé en cornet, et la reprise est achevée 
au bout de quelques jours. » 

D'un autre côté, cette greffe des Epiphyllum a donné lieu à d’intéres- 
santes observations de la part de M. Jaeger, dans le Gartenflora, et de 
M.Duchartre, dans le Journal de la Société Impériale de Paris(1865, t.IX, 
p. 51) auquel nous les empruntons pour en faire part à nos lecteurs : 

« Depuis quelques années, on pratique journellement la greffe de cer- 
taines Cactées, en vue, soit d'obtenir des pieds plus hauts et plus déve- 
loppés qu’on ne les aurait sans cela, soit de varier ou de rehausser l'effet 
de diverses espèces. C’est particulièrement l’Epiphyllum truncatum, avec 
ses variétés, qu’on greffe, tantôt sur des Opuntia, notamment sur 
l'O. brasiliensis, tantôt sur des Pereskia, ou même sur le Cereus spino- 
sissimus. Un habile horticulteur versaillais, dont on regrette la mort 
récente, Aimé Turlure, avait obtenu, au moyen de cette greffe d’Epiphyl- 
lum sur Pereskia, des plantes d’un développement extraordinaire et qui 


MA LT 


produisaient un effet admirable lorsque, au moment de la floraison, 
elles se montraient chargées de fleurs qu’on aurait pu compter par 
milliers. On greffe aussi d’une manière analogue différentes Cactées qui 
sont naturellement de faibles proportions, mais qui produisent de grandes 
et belles fleurs ; on les exhausse par ce moyen sur une sorte de piédestal. 
C’est ainsi que, dans la magnifique collection de Cactées que M. Pfers- 
dorff a fait figurer à la dernière exposition de la Société Impériale et 
Centrale d’Horticulture , on voyait différentes espèces greffées au 
sommet d’une tige des Cereus qui leur formait un véritable piédestal. 

« Ces greffes de Cactées soulèvent une question intéressante : se produi- 
sent-elles à la manière des greffes ordinaires; en d’autres termes, la 
végétation du fragment ou de la plante greffée est-elle entretenue grâce 
à une soudurc des tissus de la greffe avec ceux du sujet,de telle sorte que 
les sues nourriciers passent directement de l’un à l’autre, en raison de la 
continuité de tissu qui se serait ainsi établie? L’article de M. Jaeger a 
pour objet de signaler une observation qui montre que, du moins dans 
certains cas, les choses se passent d’une manière entièrement différente. 
Il rapporte, en effet, que, l'hiver dernier, il a eu l’occasion d’observer 
une greffe d'Epiphyllum truncatum, qui, ayant été posée sur un Opuntia 
brasiliensis, paraissait y avoir bien repris, puisqu'elle végétait vigoureu- 
sement. On sait que ces greffes de Cactées se pratiquent généralement 
d’après le système de la greffe en fente ordinaire, ou bien d’après celui 
de la greffe en fente de côté; or, dans le cas rapporté par M. Jaeger, il 
ne s’était pas opéré la moindre soudure entre l’Epiphyllum et l'Opuntia, 
mais le premier avait développé de nombreuses petites racines qui 
avaient rempli la fente dans laquelle il avait été inséré. Il est donc 
évident que son développement était entièrement dû à l'absorption que 
ces racines opéraient de la sève de l’Opuntia, absorption tout à fait 
analogue à celle qu’elles auraient opérée dans le sol lui-même. Il n’y 
avait donc pas eu greffe dans le sens qu’a ce mot habituellement, mais 
simple plantation d’une greffe sur un végétal vivant qui jouait, par 
rapport à elle, le rôle de sol nourricier. On sait que les Epiphyllum 
croissent sur des arbres; mais il faudrait savoir s'ils s’y attachent 
superficiellement comme de simples épiphytes, ou s'ils s’y implantent 
en pénétrant à travers l’écorce, comme le font le gui et les vrais parasi- 
tes en général. — De cette observation, dans laquelle les choses se sont 
passées à peu près comme dans ce qu’on nomme la greffe des charlatans, 
M. Jaeger tire cette conclusion que probablement les Cactées épiphytes 
pourraient être implantées sur des végétaux à bois mou de familles 
diverses, absolument comme elles le sont journellement sur des espèces de 
leur propre famille. Il serait intéressant de reconnaître expérimentale- 
ment ce qu'il peut y avoir de fondé dans cette conjecture. 


Il nous reste à donner un mot de description pour les trois variétés 
que nous avons fait représenter. 


4° Spectabile : rouge orangé; tube blanc ainsi que le milieu des 
sépales. 

20 Cruentum : rouge pourpre, avec le tube et le milieu des sépales plus 
violacé. 

3° Violaceum : rouge carmin avec le tube blanc ; fleurs amples. 


Posr-Scriprum. Depuis que ces lignes ont été écrites, nous avons eu 
l’occasion d’examiner les Epiphyllum cultivés à l’établissement Jacob- 
Makoy et de nous entretenir avec son directeur M. Fr. Wiot de la ques- 
tion soulevée, ainsi que nous l’avons rapporté plus haut par MM. Jaeger 
et Duchartre. Il résulte de cet examen que le fait cité par M. Jaeger 
peut être exact mais qu’il n’est pas général. Lorsqu'un Epiphyllum est 
enté sur un Pereskia ou un Cereus, il lui arrive souvent d'émettre des 
racines adventives tant à l’intérieur du sujet qu’au dehors. Si la serre 
est chaude et l’atmosphère humide, ses racines suffisent à l’alimentation de 
l'Epiphyllum qui se contente alors de vivre en épiphyte. Ou bien la 
greffe est mal faite, les tissus ne sont pas disposés de manière à pouvoir 
se souder et l’Epiphyllum n’a pas d’autres moyen de vivre que celui de 
ses racines adventives. En toutes autres circonstances, c’est-à-dire quand 
la greffe est bien placée et l’atmosphère de la serre pas assez chaude 
et humide pour provoquer la formation et favoriser le développement des 
racines aériennes, la soudure s'établit parfaitement et d’une manière si 
complète qu’on ne parvient pas à provoquer le décollement. La soudure 
ne cède pas et si l’on tire assez fort ce sont les Lissus du sujet qui finis- 
sent par céder. C’est dans ces conditions que nous avons trouvé tous les 
Epiphyllum qui ont passé cet été à l’air libre. 


NOTE SUR LE DICHORISANDRA MUSAICA DE 
M. LINDEN, 


PAR M. Epouarp ANDRéÉ. 


Le Dichorisandre Mosaïque (Dichorisandra Musaica) faisait partie de 
la remarquable collection de nouveautés, apportées à la dernière grande 
exposition de Londres par M. Linden. C’est, jusqu’à présent, une des 
plus belles plantes du genre. On avait bien quelques espèces à feuillage 
teinté de pourpre, soit en dessous, soit plus rarement en dessus des 
feuilles, mais aucune ne présentait ces macules transversales, blanches, 
alignées comme une mosaïque satinée, et rappelant la disposition du ré- 
seau qui parcourt les fleurs de la Fritillaire damier (Fritillaria meleagris). 


— 261 — 


M. Linden a recu cette plante de son collecteur, M. Wallis, succes- 
seur de Libon, dans les explorations botanico-horticoles de l'Amérique 
équatoriale. Elle croit au Pérou, aux pieds de la grande Cordilière, sur 
le versant de l’Amazone, dans la région même où vivent d’autres nom- 
breuses espèces de Commélynacées, famille à laquelle appartient le 
Dichorisandra musaica. 

Ses tiges sont dressées, cylindriques, charnues (la plante-mère exposée 
à Londres avait deux tiges et environ 0®,50 de hauteur). Les feuilles, 
dont la surface du limbe est inclinée presque verticalement par rapport 
au sol, sont sessiles, ovales oblongues, acuminées, glabres, embrassantes, 
alternes, distiques, épaisses, ondulées, longues de 20 à 27 centimètres, 
larges de 12 à 15, sur la plante que nous avons vue. Leur couleur est un 
beau vert brillant en dessus, marbré de macules transversales oblongues, 
presque rectangulaires, en forme de damier ou de mosaïque, d’un rouge 
violacé en dessous. Elles sont accompagnées à leur base par des gaines 
entières, membranacées, amplexicaules. 

L'inflorescence terminale forme un thyrse serré, bractéolé. Les fleurs 
offrent un périanthe à six divisions, dont les trois intérieures sont plus 
grandes, d’un beau bleu d’azur à centre blanc. Les étamines, au nombre 
de six, ont des anthères jaunes, agglomérées et divisées en deux, carac- 
tère qui a motivé la dénomination du genre : à, deux ; yopu, divisions; 
avñp, a«vèpos, homme, organe mâle). 

Cette description, que nous avons prise sur nature, aurait besoin, pour 
être complète, de porter les caractères des fruits, mais rarement les 
Dichorisandra fructifient dans nos serres, et il nous faudra attendre, 
sans beaucoup d’espoir, à moins que M. Wallis ne les ait observés sur la 
plante spontanée. 

La seule inflorescence qui se soit encore montrée sur le pied mère de 
M. Linden, a été coupée pour l'étude par le professeur Koch, à son 
passage à Bruxelles (retour de Londres). Les savants ne respectent rien! 

La plante n’est pas encore au commerce, bien que les amateurs l’atten- 
dent avec impatience. Il faut espérer qu'ils n’attendront pas longtemps, 
et, qu’au printemps prochain, elle comptera dans nos cultures comme un 
ornement de plus. Ainsi que toutes les plantes des parties basses de ces 
régions chaudes et comme toutes ses congénères, le Dichorisandra musaica 
sera une plante de serre chaude, facile à vivre et réclamant des soins 
analogues à ceux qu’exigent les autres espèces du genre. 

Compost de deux tiers de bonne terre de bruyère et d’un tiers de terre 
franche ; des arrosements copieux pendant la végétation et modérés pen- 
dant l’hiver, des rempotages fréquents (car la plante est vigoureuse), sont 
les soins qu’il convient d'accorder à cette plante. Multiplication, par 
boutures sous cloche et sur couche chaude. 

(Rev. hort. 1866, p. 529.) 


— 262 — 


NOTE SUR LE RUDGEA NIVOSA (PSYCHOTRIA NIVOSA). 


Introduction brésilienne de M. J. Linden, 


pAR M. Ep. ANDré. 


La jolie Rubiacée choisie pour le sujet de cet article, faisait partie du 
lot remarquable de plantes nouvelles qui ont valu à M. Linden une 
série de premiers prix à la dernière exposition de Londres. C’est une 
plante brésilienne que ce pauvre Libon, peu de temps avant sa mort, 
avait rencontrée sur les bords et dans la province du Parana (Brésil 
extra-tropical). À première vue, elle lui avait paru rentrer dans le genre 
Psychotria si fécond en espèces dans ces contrées, et il l'avait envoyée 
à son correspondant sous le nom de Psychotria nivosa. C’est sous cette 
appellation que M. Linden l’a provisoirement conservée jusqu'ici, qu’il 
l’a vue fleurir et qu’il Pa exposée pour la première fois à Kensington au 
mois de mai dernier. 

Cependant il doutait lui-même de l’exactitude de ce nom. Un examen 
attentif, fait sur de nouvelles fleurs qu’il nous a envoyées, nous a dé- 
montré que la plante était un Rudgea, genre voisin des Psychotria. La 
section des Rubiacées, dans laquelle rentrent ces deux genres, est, du 
reste, fort mal définie ; le nombre des espèces qu’elle renferme est con- 
sidérable (le seul genre Psychotria renferme seul 227 espèces décrites 
dans De Candolle et Walpers), que M. Weddel lui-même, le botaniste le 
plus exercé dans cette spécialité, s’y est trouvé souvent embarrassé. C’est 
ainsi que, tout en n’hésitant pas à faire rentrer l’espèce qui nous occupe | 
dans les Rudgea, dont elle a tous les caractères, nous devons en ajouter 
quelques-uns, inconnus de Salisbury lorsqu'il créa le genre. Nous croyons 
que ce moyen est préférable à l'établissement d’un genre nouveau qui 
ne différerait de celui-ei que par deux ou trois détails insignifiants. 

Voici, d’ailleurs, les caractères distinctifs des Psychotria et des Rudgea. 
Un parallèle immédiat nous paraît le seul moyen de saisir d’un regard 
les différences qui leur sont propres. 


Genre Psychotria Linn., gen. pl n° 225. | Genre Rudgea Sauiss. trans. soc. lin. 


lobes où à cinq dents ou presque entier. 
Corolle en entonnoir, courte, à cinq divi- 
sionsrégulières, à limbe étalé ou recourbé, | 
à gorge’ velue ou glabre. Cinq étamines, à 


Tube du calice ovale, limbe court à cinq 


anthères saillantes en dehors, ou insérées 
sur la gorge; stigmate bifide. Feuilles pé- 
tiolees. . 


Tube du calice ovale globuleux, limbe 
à cinq lobes aigus. Corolle à tube long, 
grèle, arrondi, à cinq lobes étalés, recour- 
bés, pourvus d’un onglet sur le dos, aigus, 
à gorge nue. Anthères incluses, sessiles , 
insérées au-dessous de la gorge; stigmate 
bilamellé. Ramules et pétiole, glabrius- 
cules cendrés. Feuilles opposées, gran- 
des, un peu glabres. Panicule terminale, 
épaisse, bractéolée, à ramules opposés ; 
fleurs noircissant par la dessication. 


— 2635 — 


On le voit, les caractères italiques dans ces descriptions, présentent 
entre eux des différences fort sensibles. Les seules modifications à intro- 
duire dans la diagnose du genre porteraient sur le nombre des pétales, 
des sépales et des étamines, qui est parfois de quatre et parfois de cing, 
et sur les étamines qui sont pourvues de filets et non sessiles dans notre 
plante. Ce sont là des détails qui se traduisent par un mot, sans attaquer 
en quoi que ce soit la validité des autres caractères. Encore une fois, 
cela vaut mieux que d'augmenter la confusion en fabriquant un genre 
nouveau. Ce n’est pas, d’ailleurs, le premier exemple d’une Rubiacée 
portant à la fois des fleurs à quatre et à cinq divisions, et, deux espèces 
de Rudgea étant jusqu'ici seules connues (R. lancæfolia et R. ovalifolia), 
il n’est pas étonnant que les caractères d’un genre si peu connu soient 
modifiés par des espèces nouvelles. 

Le Rudgea nivosa, que nous appellerons en français, si vous le 
voulez bien, RUDGEA AUX FLEURS DE NEIGE, est un arbuste rameux, à 
tiges cylindriques et vertes dans leur jeunesse. Il porte des feuilles 
opposées, sessiles, ovales-oblongues, un peu acuminées à l’extrémité, 
parfaitement entières, glabres et d’un beau vert brillant en dessus, 
plus päles et pubescentes en dessous dans leur jeune âge, à bords un 
peu révolutés. Une nervure médiane, saillante en dessous, partage régu- 
lièrement le limbe. Ces feuilles sont accompagnées à leur insertion de 
stipules ovales, bifides, embrassantes, pourvues de longs poils roux. 

Les fleurs sont charmantes. Elles naissent au sommet des rameaux 
et forment des corymbes d’un beau blanc et d’un aspect neigeux. Le 
corymbe, irrégulier, se compose de fleurs à pédoncules et pédicelles 
fermes, dressés, blancs, hérissés d’une laine blanche, longue et épaisse, 
qui les enveloppe, ainsi que toute la partie extérieure des fleurs, comme 
d’un manteau de neige. La corolle, longue de quatre centimètres, est 
tubuleuse, en forme d'entonnoir; elle se subdivise au sommet en quatre 
ou cinq lobes étalés, retombants, mucronés et pourvus en dessous d’un 
éperon long, aigu. 

Le pistil, filiforme, sort de la corolie et se termine par un stigmate 
bifide. 

Les étamines, au nombre de 4 ou 5, sont insérées à l’intérieur du 
tube, au-dessous de la gorge, et les anthères oblongues à deux loges 
déhiscentes, longitudinalement, sont fixées par leur milieu sur des filets 
courts, dressés. 

Les fruits ne se sont pas encore montrés en Belgique, et c’est à peine, 
je crois, si l’on en trouve en voie de maturation (1). 


(1) Frutex ramosus, ramis teretibus primüm viridibus ornatus, foliisque oppositis, 
sessilibus, ovato-oblongis apice acuminatis, integerrimis, supra glabris viridi-nitenti- 
bus, subtüs pallidioribus primâque ætati pubescentibus, margine vixrevoluto. Stipulæ 
ovales, bifidæ, amplexantes, pilis rufis intermixtæ. Corymbi ad apicem ramorum 


— 264 — 


Nous avons insisté pour donner cette description, longue et entière, 
parce que nous avons remarqué de combien d’erreurs on se rendait eou- 
pable d'ordinaire en laissant répandre dans le commerce des plantes 
parues sous de faux noms, sans description et sans histoire. 

Nous sommes convaincus que le Rudgea nivosa sera, par son joli 
feuillage luisant et ses boules de neige aux corolles si singulièrement 
éperonnées, une de nos plus jolies plantes de serre chaude et peut-être de 
serre tempérée. La culture des Gardenia lui conviendra de tous points. 
Notre plante a des affinités de port, de famille et de tempérament avec ce 
genre. Une serre bien éclairée, un peu humide, les pots enfoncés dans la 
tannée, beaucoup d’air pendant la période de repos qui suivra la florai- 
son, terre de bruyère légère, peu sableuse, très-douce, poreuse et rousse, 
sont les conditions d’une bonne culture.Multiplication de boutures herba- 
cées en serre chaude, sous cloche. 

Elle est de toute nouveauté pour l’horticulture puisqu'elle n’est pas 
encore au commerce. M. Linden attend qu’il en ait multiplié un assez 
grand nombre pour la répandre, et tout fait espérer qu’elle sera en vente 


à l’automne ou au printemps prochain. 
(Revue hort. p. 308.) 


NOTE SUR LA PERVENCHE DE MADAGASCAR 
(VINCA ROSEA L.). 


PAR M. E. A. CARRIÈRE. 


Bien qu'on dise que le mérite ne vieillit pas, ce qui est vrai, il faut 
pourtant convenir qu'il est très-souvent délaissé. On y revient, mais 
après un temps plus ou moins long, car il est dans la nature humaine 
de revenir au beau comme il l’est également de revenir à la vérité 
lorsqu'on s’en est écarté. C’est ce motif qui fait que nous allons appeler 
l'attention sur une plante que tous les Parisiens connaissent, mais que 
peu pourtant, même parmi les horticulieurs, ont équitablement ju- 
gée. Il s’agit du Vinca rosea L. (Lochnera rosea, Reicuens., vulgaire- 
ment Pervenche de Madagascar). Ainsi qu’on le sait, il en existe deux 
formes, l’une rose : c’est le type, dit-on; l’autre est blanche avec un 
œil rose au centre. 

Cette espèce est excessivement floribonde, ou plutôt elle est tou- 


congesti ; peduneuli pedicellique erecti. Calyces 4-5 fidi, corollæ, rachides et pedicelli 
albâ crassèque lanä extüs vestiti. Corolla plus quam pollice longa, infundibuliformis, 
apice 4-5 lobis patenti nutantibus, mucronatis galeatisque partita. Pistillum filiforme, 
exsertum, stigmati bifido coronatum. Stamina 4-5, infra faucem inserta; antheræ 
oblongæ longitrorsüm biloculares dehiscentes filamentis brevibus erectis medio affixæ. 
Fructus haud vidi.… 


— 265 — 


jours couverte de fleurs ; elle est sous-ligneuse, mais frileuse. Plantée en 
pleine terre le long du mur d’une serre chaude, elle le recouvre promp- 
tement, et ne forme plus alors toute l’année qu’un véritable tapis de 
fleurs. Elle présente cette particularité que, plus on la coupe, plus elle 
fleurit, et que ses rameaux, coupés et mis dans l’eau, continuent à 
fleurir comme ils l’auraient fait sur le pied. 

On peut en voir un mur bien garni dans une des serres chaudes de 
Me Furtado, à Rocquencourt. Depuis bien longtemps que nous con- 
naissons cet exemple et bien que nous l’ayons vu à toutes les époques 
de l’année, nous avons toujours trouvé cette plante en fleurs, ce qui 
n’a toutefois rien d'étonnant, puisque c’est son état normal. 

(Rev. hort. 1866, p. 557.) 


CULTURE ET MULTIPLICATION DES BAMBOUS, 


par M. RouILLARD. 


(Extrait de la Revue de la Floriculture et des plantes d'ornement, publiée 
par le Journal de la Soc. Imp. et centr. d’horticulture de Paris.) 


Bambusa edulis. — Grande plante élégante, pittoresque, originaire de 
l’Asie orientale, à rhizomes et tiges vivaces, la plus élevée de sa famille 
parmi les espèces connues et introduites qui puissent se cultiver à l’air 
libre dans nos climats. Elle a résisté, dans les cultures du jardin fleuriste 
de la ville de Paris, à la Muette, à un froid de 153 degrés sous zéro sans 
en souffrir aucunement. L'année dernière, la plante, qui avait deux ans 
de plantation seulement, a donné des jets de 2",80. 

Bambusa aurea. — Plante paraissant pouvoir s'élever, dans nos eul- 
tures, presque autant que le Bambusa edulis. 

Cette espèce, qui est originaire des mêmes contrées, est non moins 
belle que le 2. edulis; elle forme une touffe compacte et légère tout 
à la fois, d’une verdure dorée et brillante, de l'effet le plus agréable. 

Bambusa Metake. — Plante moins élevée que les précédentes, formant 
des touffes considérables en largeur; ses feuilles d’un beau vert lustré, 
sont plus amples que celles des deux premières espèces. L'année dernière 
a donné lieu de reconnaitre que le Bambusa Metake fleurit avec une 
abondance extrême dans les années chaudes et sèches, et qu’alors toutes 
ses forces végétatives étant employées à accomplir cette phase de son 
évolution annuelle, il cesse de donner des tiges et des feuilles et parait 
à peu près complètement dénudé. Cet inconvénient réel n'empêche pas 
qu’il ne demeure une très-belle plante ornementale. Il est originaire de 
Chine. Ces deux espèces ont, comme la première, leurs rhizomes et leurs 
tiges vivaces, et, comme elle, ne paraissent pas craindre nos hivers 


— 266 — | 


ordinaires. Il est encore d’autres Bambous qui peuvent être cultivés 
en plein air sous la latitude de Paris ; ils sont tous élégants et GrAtIEns 
mais ils n’égalent pas les trois que je viens de nommer. 

La multiplication des Bambous est assez peu pratiquée et passe pour 
difficile. Je partageais cette opinion, car jusqu’à présent j'avais moi- 
même éprouvé des difficultés sérieuses à l’opérer, j'y mettais un temps 
très-long et encore ne réussisais-je pas toujours ; lorsque j'ai vu, dans 
de récentes visites au Jardin fleuriste de la ville de Paris, qu'ils y étaient 
multipliés sûrement, promptement et en quelque sorte indéfiniment. Je 
crois done faire une chose utile en donnant les deux procédés qui sont 
employés concurremment dans cet immense établissement, l’un a pour 
but de constituer immédiatement un nombre assez restreint de belles 
et fortes plantes ; l’autre permet de fabriquer un nombre indéfini de 
petites plantes, qu’une culture intelligente fait grandir et taller assez 
promptement. Ces deux modes de multiplication des Bambous sont mis en 
pratique par M. Erment, chef du fleuriste, qui, ayant passé 3 ans au 
Sénégal comme chef des plantations et 6 ans en Algérie, a ob- 
servé particulièrement le mode de végétation des Bambous et d’une 
foule d’autres végétaux intertropicaux, et qui a été conduit, par cette 
partie de ses études, à imaginer l’ingénieux appareil de chauffage, par 
la combustion du gaz, de la terre dans laquelle sont placées en plein 
air certaines belles plantes intertropicales. Cet appareil qu’il nous a 
présenté et qui a déjà fonctionné depuis deux ans à la Muette et 
l’année dernière dans le parc de Monceaux, permet, moyennant une 
dépense relativement modérée, de faire pousser ces végétaux vigou- 
reusement et comme ils le feraient en serre ou dans les chaudes contrées 
qu'ils habitent, en élevant la température du sol où plongent leurs raci- 
nes au même degré qu’il acquiert dans les pays dont ils sont originaires. 

4° Multiplication par division : séparer les fortes touffes; placer ces 
divisions dans des pots proportionnés à leur volume et bien drainés; 
employer, pour les empoter, un mélange de terre de bruyère et de ter- 
reau de feuilles avec un peu de terre franche; puis les placer sous 
une bâche, dans une couche maintenue à une température oscillant 
entre 25 et 50 degrés centigrades, les étouffer et les ombrer. 

Donner aux plantes un mouillage complet, en les empotant, ensuite 
se contenter de les seringuer soir et matin en évitant autant que possible 
de mouiller le pied jusqu’à ce que les nouvelles racines se soient formées, 
ce qui a lieu dans un mois environ et ce qui se connait quand les plantes 
entrent en végétation ; commencer alors à arroser et les accoutumer avec 
précaution à l’air extérieur. 

2 Multiplication par tronçconnement. Couper les tiges souterraines 
ou rhizomes par morceaux ayant chacun deux articulations ou nœuds; les 
placer sur une couche tiède faite de feuilles et de vieux fumier, afin 
d'obtenir constamment la température qui sera indiquée, après l’avoir 


— 267 — 


chargée d’un mélange de terre de bruyère et de terre franche de 3 à 
4 cent. d'épaisseur et composé de 5/6 de la première et de 1/6 de la 
seconde. Recouvrir les fragments de rhizomes de 0",02 cent. du même 
mélange, de telle facon que, lorsqu'ils seront recouverts de terre, 
cette terre ne soit distante du verre des chassis que 0,05 à 0,07 
et les étouffer. Ou bien faire un petit encaissement de la terre indiquée le 
long des conduites inférieures d’un thermosiphon chauffant une serre à 
température élevée, en préservant les rhizomes et les petites plantes à 
en provenir d’un coup de feu par des tuiles ou ardoises placées le long des 
conduits et s’élevant un peu plus haut qu’elles. 

Cette disposition, qui est bonne en ce qu’elle permet d'utiliser sans 
frais particuliers une partie de la chaleur produite pour les serres, est 
moins favorable que la précédente pour la prompte mise en végétation des 
rhizomes et la bonne santé des jeunes plantes qu'ils produisent, parce 
que la lumière manque et qu’elles sont très-éloignées du verre. 

Néanmoins le résultat est certain. Sous les châssis, comme dans la 
serre, une condition essentielle de réussite est de maintenir une tempé- 
rature variant de 18 à 25 deBrés centigrades, mais ne dépassant pas ce 
dernier chiffre. 

Sous l'influence de cette température et de bassinages modérés, les 
nodosités enterrées ne tardent pas à émettre des tiges à la base desquelles 
se forment ensuite des racines. Dès que les racines se sont développées, 
on peut, si l’on veut pousser à la multiplication, détacher les tiges avec 
portion du rhizome et remettre à pousser les parties restantes, si elles 
ont encore des nodosités. 

Puis les jeunes plantes enracinées et séparées sont mises dans des pots, 
et placées, pour assurer leur reprise, sur une couche tiède recouverte de 
châssis, et on les habitue graduellement à l’air et à la température ordi- 
naire. 

Le courant de mars et celui d'avril est l’époque la plus favorable pour 
faire ces opérations, et un mois suffit pour que les nodosités donnent 
des tiges enracinées. La multiplication est aussi prompte que sûre. 

Les Bambous sont de très-belles plantes ornementales qui jettent dans 
les jardins une agréable diversité; les yeux s’arrêtent avec plaisir sur 
leurs longs chaumes élancés aux articulations nombreuses et qui s’incli- 
nent avec grâce sous les moindres mouvements atmosphériques, sur leurs 
feuilles légères, menues, minces et délicates, quoique leur contexture 
soit très-résistante. 

Ils végétent avec une grande vigueur au Fleuriste de la ville de Paris, 
dans un compost composé de deux parties de terre de bruyère et d’une 
partie de terre franche. Le bon terreau de feuilles leur serait non moins 
favorable, mélangé en bonne proportion avec une terre substantielle. 
Dès que le sol s’échauffe et pendant toute la belle saison, il est nécessaire 
de leur donner de l’eau chaque jour et de leur en donner beaucoup. 


— 268 — 


MOYEN DE DÉTRUIRE L'ACARUS DES ORCHIDÉES. 


PAR M. Tu. Denis, 


chef des cultures au jardin botanique de Lyon. 


L’insecte le plus redoutable dans la culture des Orchidées exotiques, 
est l’Acarus, — Tetranichus orchideanus. — 11 se multiplie extraor- 
dinairement en peu de jours, entre les bulbes, les squames, et dessous 
les feuilles. II cause de grands ravages sur des plantes d’un prix élevé 
et dont l’inflorescence est si belle, si distinguée. 

Pendant le jour, l’insecte court de plante en plante, cherchant les 
jeunes pousses et les feuilles à épiderme tendre, dont il suce le suc. Il 
laisse des taches noires ou rougeâtres sur les plantes qui, l’organisme 
étant attaqué, dépérissent peu à peu. Il importe donc de détruire l’insecte 
aussitôt qu’il parait dans les serres spéciales à Orchidées. 

Après avoir essayé de tous les moyens frônés pour cette destruction, 
Je me suis vu obligé d’en chercher un autre plus efficace. Or, voici 
celui dont je me sers avec succès depuis deux ans, sur les Aerides, 
Catlleya, Angræcum, Epidendrum, Sobralia, Stanhopea, Vanilla, 
Vanda. Voici comment je procède : 

Je prends quelques tiges et quelques feuilles fraiches de Belladone, 
Jusquiame, Pyrêtre, Tabac; je les fais bouillir dans un vase clos pendant 
quatre ou cinq minutes. Je laisse ensuite refroidir le liquide sans décou- 
vrir le vase, et le lendemain, vers 9 heures du matin, je m’en sers pour 
bassiner avec soin les Orchidées en dessus et cn dessous des feuilles. 
J'évite de laisser tomber trop d’eau sur les jeunes pousses, ce qui leur 
serait nuisible. Lorsque cela arrive, je renverse la plante pour faire 
tomber l’eau. 

Comme l’acarus est très-petit et se renferme dans les moindres cavi- 
tés, entre les bulbes, les racines, le sphagnum et les rugosités des 
paniers renfermant les plantes, il faut répéter l’opération pendant 
trois ou quatre jours consécutifs. L’insecte déposant ses œufs dans les 
cavités, ces œufs y éclosent plus tard. Alors il faut renouveler l'opération. 

Lorsqu'on a des Orchidées d’un aspect jaunâtre, souffreteux, on fait 
dissoudre dans un litre d’eau, un demi-gramme de sulfate de fer et on 
s’en sert pour les bassiner pendant quelques jours. — Cette opération 
leur donne bientôt une teinte d’un vert luxuriant. 


— 269 — 


REVUE DES CATALOGUES. 


Plantes nouvelles annoncées par MM. L. JACOB-MAKOY et Ci, 
horticulteurs à Liëge (Catalogue n° 109). 


Parmi les nouveautés, annoncées dans ce nouveau catalogue et dont 
nous n’avons pas encore parlé, nous mentionnerons les suivantes : 


Achyranthes aureo-reticulata. Variété panachée de l'Achyran- 
thes Verschaffelti : les feuilles sont diversement nuancées de vert, de 
jaune et de rouge. 


Camellia apucæformis. Feuillage très-curieux et sortant de tout 
ce qui est connu. La nervure médiane se bifurquant à la partie supé- 
rieure, la feuille affecte la forme d’une queue de poisson. 


Coleus Gibsoni. Encore une plante d'avenir, appelée à la vogue 
des différents Achyranthes, Alternanthera et Coleus parus jusqu’à ce 
jour et si utilisés dans les jardins. Le C. Gibsoni provient de la 
Nouvelle-Calédonie ; son port est nain et touffu, la feuille très-large, 
atteignant même jusqu’à cinq pouces de longueur, est d’un beau vert 
clair sur les bords avec le milieu d’un brun-rouge foncé. 


Difenbachia gigantea. Robuste et vigoureuse, cette plante est 
très-ornementale ; feuilles très-grandes, maculées de gros points blanc 
pur, tiges d’un vert pâle, pétioles ornés de points blanchâtres qui 
tranchent parfaitement sur le vert sombre du fond. 


Auglans macrophylla (Noyer). Nouveauté chinoise d’une impor- 
tance réelle pour nos jardins. De jeunes plantes de 2 ans, en pot, ont 
des feuilles qui ne mesurent pas moins de 80 centimètres de longueur. 


Maranta splendida. Introduction du Para, donnant de belles et 
grandes feuilles lustrées, d’un beau vert olive, sur lequel se disposent 
de très-nombreuses macules allongées et d’un beau vert jaunâtre clair. 


Peperomia argyræa. Admirable introduction du Brésil à feuilles 
arrondies et épaisses, d’un beau vert luisant, recouvert de nombreuses 
et larges zones argentées, parallèles suivant les nervures. La feuille est 
ainsi formée de bandes alternatives vertes et argentées. 


Peperomia marmorata. Joyau de serre chaude, n’est pas trop 
dire en parlant de cette charmante plante, son port est trapu et ramassé, 
ses feuilles, d’un vert clair, sont largement marbrées de blanc et simu- 
lent assez bien celles d’un Anectochilus. 


Podocarpus flagelliformis. Conifère de provenance japonaise 
donnant des feuilles de 40 centimètres de longueur sur 1 !}2 de largeur. 


— 270 — 


Les jeunes feuilles d’abord et longtemps d’un beau rouge cuivré, pro- 
duisent un bon effet. Plein d’avenir. 


Xylosteum phylomælae (Lonicera). Nouvelle espèce du Japon 
introduite par Siebold, végétation très-précoce, port trapu; très-gran- 
des fleurs rouge foncé fort abondantes; ces fleurs très-éclatantes pro- 
duisent le plus bel effet. 

Le catalogue contient encore un fort grand nombre de plantes nou- 
velles ou recommandables. 

Note concernant la culture des Gesméracées par M. LOUIS VAN 
HOUTTE. 


Le catalogue n° 115 de M. Louis Van Houtte vient de paraitre. 
Il concerne la serre chaude, les Orchidées, les Palmiers, les Fougères 
et cœtera. Les catalogues du célèbre horticulteur gantois se distinguent, 
comme on sait, par un inimitable assemblage d'humour, de trait et de 
bons enseignements. Parmi ces derniers nous choisissons ceux qui 
concernent la culture estivale des Gesnériacées. 

Au moment où nous écrivons ces lignes (15 septembre) nos serres 
froides sont encore remplies de toutes espèces de Gesnériacées fleuries. 
Ceux d’entre nos lecteurs qui connaissent notre Établissement se 
rappelleront, entr’autres, la longueur de notre grande serre à Camel- 
lias, celle dans laquelle nos jeunes Camellias passent l’hiver et le prin- 
temps. Cette serre, qui n’est pas élevée, a près de cent mètres de lon- 
gueur. En ce moment, elle est remplie, d’un bout à l’autre, de Gesné- 
riacées en fleurs. Les Gloxinias et tout ce qui appartient à la cohorte des 
Achimenes, des Gesnérias, des Dircæas, des Nægelias, etc., etc., y entre- 
mêlent leurs vives couleurs. L’on peut dire qu’il n’existe pas une seule 
nuance de l’arc-en-ciel qui n’y ait son représentant. Si nous énumérions 
tous ces coloris nous arriverions bien vite à ces teintes que jamais pin- 
ceau ne saura reproduire. 

Pourquoi donc l’amateur laisserait-il sa serre froide toute vide pendant 
les cinq mois qui séparent la sortie de la rentrée des plantes, pour 
laquelle cette serre froide a été construite ? Et qu'est-ce qu’une SERRE 
FROIDE que l’on tient fermée pendant l'été, sinon UNE VÉRITABLE SERRE 
CHAUDE qui serait si belle parée de Gesnériacées ? — Toutes se reposent 
sans verdure, à l’état sec pendant l'hiver ; leurs tubercules que l’on tient 
à nu, près à près dans des caisses pleines de n'importe quelle terre, 
toute sèche, y restent à l’état de torpeur ; et au printemps, on empote 
tous ces tubercules, que l’on place sous châssis sur couche tiède pour les 
mettre en végétation et les disposer de telle sorte qu’à la sortie de ses hôtes 
de la serre froide, on a là de quoi garnir toute cette serre froide d’une 
admirable collection de plantes variées à l'infini, et dont la vue, on en 
conviendra, sera préférable à celle des tablettes nues d’une serre vide. 


— 9271 — 


Catalogue LAURENTIUS. 


Nous venons de recevoir le récent Catalogue (n° 35) de M. Laurentius, 
horticulteur, à Leipzig. On sait que cet établissement est un des plus 
importants et des plus complets de l’Allemagne, Si on l’ignorait, ce 
nouveau Catalogue suffirait pour le démontrer. Il est rédigé avec un 
soin que nous voudrions voir généralement imité. Les plantes y sont 
énumérées et classées d’après des principes à la fois horticoles et bota- 
niques. Nous citerons, entre autres la manière dont sont cataloguées 
les Amaryllidées, les Aroïdées et les Liliacées. 


Amarvilidées. - 


Amarylilis L. (Serre chaude). Repos d’octobre en mars. 
Josephinæ Red. (A. gigantea van Marum. Brunswigia Josephinæ Ker.). 
procera (Hippeastrum procerum). 
reticulata L’Hér. (Coburgia striatifolia Herb.). 
rutila Ker. (A. rutilans Lodd }). 
robusta Sw. (A. Tettani Hort.). . 

Clivia Lindl. (Serre chaude) (Imantophyllum Hook.). 
cyrthantiflorum Lindl. 

Gardeni Hook. 
miniata Backh. 
nobilis Lindl. 

Crinum L. (Serre chaude). (Repos d'octobre en avril). 
amabile Don. 
giganteum Andr. 

Eucharis Planch. et Lind. (Serre chaude). Repos d’octobre en mars. 
amazonica Lind. (E. grandiflora Veitch.). 

Gastronema Herb. Sims. (Serre chaude). Mai-novembre. 
.sanguinea. 

Griffinia Ker. Herb. serre chaude. Octobre-avril 
hyacinthina Herb. (A. hyacinthina Ker.). 

Hippeastrum Herb. — Serre chaude. — Octobre-mars 
Heusserianum. 
procerum (Amar. procera). 

Imantophyllum Hook. — Serre chaude. Voy. Clivia. 


Aroïdées. 


Alocasia Schott. Serre chaude. Octobre-avril. 
argyroneura C Koch. (Caladium Schoelleri Chant.). 
cuprea C. Koch. (Alocasia metallica Hook., Caladium eupreum.) 
edulis fol. var. Voyez Colocasia macrorhizon fol. var. 
erythræa C. Koch. (Calad. Schmitzii Hort. Caladium cordatum Versch.) 
tigrina. 
Arisæma Marti. Schott. Serre froide. — Octobre-mars. 
præcox Hort. 
serotina. 
Sieboldi de Vr. 


— 272 — 


Caladium Vent. Serre chaude. — Octobre-avril. 


argyrites Chant et Lem. (C. Humboldti Sch.). 
Brongnarti Chant. et Lem. 

bicolor splendens Hort. 

cupreum Chant. voy. C. porphyroneuron C. Koch. 
Enkeanum Lanche. 

Haageanum Lanche. 

hastatum Lem. 

Houlleti Chant et Lem. 

Neumanni Chant. et Lem. 

pallidinervium C. Koch. 

pictum DC. 

poecile. 

porphyroneuron C. Koch. (Cal. cupreum Chant.). 
regale A. V. 

Schmitzii viride. 

Telemannii A. V. 

trichlorum. 

Verschaffelti Chant. et Lem. 

Wallisii (Schiller). 

Wightii Hort. Angl. 


Colocasia Schott. Endl. Serre chaude. 


euchlora C. Koch. et Sell. 
macrorhizon fol. var. (Aloc. indica fol. var.). 


Liliacées. 


Lilium L. Pleine terre. — Septembre-Novembre. 


auratum (L. speciosum var. imperialis Sieb.). 
Browni Hort. 
candidum L. fl. pl. 

— fol. albis marginatis. 
colchicum Hort. (L. Szovitzianum Fisch. et Lallem.). 
eximium (Verum) Court. 
fulgens (atrosanguineum) var. umbellatum incomparabile Krel. 
giganteum Wall. — Couvert. en hiver. 
japonicum Takesimæ Sieb. 
Isabellinum Kunze (L. testaceum Lindl.) 
longiflorum Thunb. Couv. en hiver. 

— sp. de Liukiu. 
philadelphieum L. 
speciosum Sieb. (lancifolium Hort.). 

— album. 

— album præcox. 

—  compacitum. 

— corymbiflorum monstros. album. 

— — — rubrum. 

—  macranthum. 

—  roseum verum. 

—  rubrum. 
spectabile Lk 
tenuifolium Fischer. 
Thompsonianum S. 


— 275 — 


Thunbergianum atrosanguineum grandiflorum (L. fulgens var.). 
— aurantiacum multiflorum. 
— aureum. 
— flore pleno (L fulgens var. staminosum). 
—  roseum. 
tigrinum latifolium (A. japonicum). 


Ces listes pourront servir à remettre en mémoire les meilleures espèces 
de ces trois familles qui se trouvent actuellement dans les cultures. Elles 
sont bien coordonnées. 

Le Catalogue comprend les plantes de presque toutes les catégories 
cultivées. 

Il annonce, enoutre,parmises nouveautés l’Amarvyilis Alberti à fleurs 
tout à fait pleines, tandis que l’A. fulgida fl. pl., que l’on connaît n’a que 
deux rangées de pétales. Ses fleurs sont d’une brillante couleur d’orange 
rouge nuancée d’un carmin frais et glacé. La base de chacun des pétales 
est d’une couleur jaune-blanchâtre. Chacune des fleurs à six pouces de 
diamètre. Les étamines sont remplacées par 30-40 pétales qui, sans être 
atrophiés, font une fleur parfaitement bien formée. Aux mois de Février 
et de Mars se montre le scape, qui atteint une élévation d’un peu plus 
d’un pied et qui développe toujours deux fleurs. Celle qui s’est déployée 
la première se tient complètement dressée, tandis que la seconde s'incline 
un peu. Cette perle des Amaryllis fut trouvée à Cuba, près de Matanjas, 
à 50 lieues de la Havane, par M. Albert Wagner, de Leipzig, dans un 
jardin ou elle était cultivée en bordure. Le bulbe donne beaucoup de 
cayeux. 


Fleurs à semer en automne. L’un des récents catalogues de 
MM. Vilmorin, à Paris, donne la liste des graines de fleurs qu’on peut 
semer en Septembre et Octobre. Ce sont surtout des annuelles. Comme 
le disent ces praticiens, on obtient par cette culture des plantes plus 
vigoureuses, plus belles, à fleurs plus grandes et de coloris plus vifs. 
La floraison a lieu de bonne heure l’année suivante et, par des semis 
répétés au printemps, on peut se procurer une succession presque con- 
tinuelle et souvent très-désirable de ces mêmes fleurs. Les unes se sèment 
en plein air, les autres sous un châssis. 


Culture des Glaïeuls. Depuis qu'on a obtenu par voie de semis de 
belles variétés de Glaïeuls à grandes fleurs de presque toutes les nuances 
de rose,de rouge,de blanc,de violet et de jaune, surtout parmi les hybri- 
des de Gandavensis, on peut en tirer un grand avantage pour la décora- 
tion des parterres et des massifs. Pour obtenir une floraison qui se 
prolonge de juillet en septembre, on peut planter à la fin de mars ou 
dans les premiers jours d’avril une partie des ognons en choisissant les 
plus petits, une seconde partie vers la fin d'avril, une troisième vers le 


15 mai, et la dernière à la fin de mai, en gardant les plus gros ognons 
18 


— 274 — 


pour les dernières plantations. Ces indications d’époques de plantations 
s'appliquent particulièrement aux Glaïeuls Gandavensis et hybrides de 
Gandavensis, aux Ramosus et aux Floribundus ; toutefois ces derniers 
pourront avec avantage être plantés un mois plus tôt, au printemps, et 
garantis du froid avec des feuilles ou de la paille jusqu’à la fin des gelées 
printanières. 

La culture de ces plantes est des plus faciles; il suffit de les planter 
dans une terre ordinaire de potager ; ils ne redoutent que les terres trop 
argileuses et prospèrent dans une bonne terre fumée de préférence une 
année à l’avance avec du fumier de bœuf ou de vache, qui, s’il est employé 
au moment de la plantation, devra être très-consommé. Si, à défaut de 
fumier d'animaux de la race bovine, on employait du fumier de cheval, 
il faudrait qu’il füt également bien consommé et réduit pour ainsi dire à 
l’état de terreau. Plantés par rangs distancés de 50 à 55 centimètres, les 
ognons devront être espacés de 15 à 25 centimètres sur la longueur des 
rangs, selon la grosseur des ognons, et placés à une profondeur de 5 à 7 
centimètres au moins. Après la plantation, on se trouvera bien d’éten- 
dre en couverture une légère couche de fumier, de feuilles sèches ou de 
mousse, pour entretenir le sol propre, meuble, et y conserver la frai- 
cheur. Si la terre était trop légère ou trop creuse, comme on dit quelque- 
fois, on devrait, après la plantation, la plomber ou la tasser un peu, et 
surtout dans ce cas, employer de préférence pour paillis et pour engrais 
du fumier de bêtes bovines. 

Pendant la végétation, il faut arroser copieusement si le temps est sec. 
A l’automne, lorsque les tiges sont bien fanées, on relève les ognons et 
les caïeux ou bulbilles et on les place dans un lieu sec, de préférence sur 
des tablettes, à l'abri des gelées, où ils se conservent très-bien jusqu’au 
moment de la plantation. 

Les rameaux coupés de Glaïeuls fleurissent très-bien dans l’eau : les 
boutons un peu développés s’y épanouissent facilement, et, en se succé- 
dant, prolongent la floraison: on peut donc en faire de jolis bouquets 
d'appartements en leur associant des branchages légers tels que ceux de 
Tamarix, des tiges d’Asperges, des feuilles de petits Roseaux, etc. 


{° GLAIEULS A PLANTER EN AUTOMNE. 


Commun, petite fleur violette. 
De Constantinople (G. byzantinus), violet et rouge lie de vin, maculé blanc. 
Ces deux espèces sont tout à fait rustiques et ne craignent nullement le froid. 
Colvillii, violet saumonné et gris de lin, ligné laque carminé, maculé jaune. 
Cette espèce devra être plantée de préférence à l'automne, abritée contre le 
froid et cultivée sous bâche, serre ou châssis ; on pourrait encore la planter 
au printemps, mais il est très-difficile de conserver jusque-là les ognons en 
bon état en magasin. 


de En 


9° GLAIEULS A PLANTER AU PRINTEMPS 


ET LIVRABLES A PARTIR DE NOVEMBRE. 


 Floribundus ou Blandus, en mélange de blanc carné, de rose et de pourpre violacé, 
variable. 


Perroquet, G. psittacinus, jaune, marqué de taches mordorées. 
HRamosus (vrai), beau rose maculé blanc et carmin. 


Formosissimus, cinabre clair, macules blanches lavées de laque et bordées 
cramoisi. 


Insignis, vermillon maeulé de carmin. 
Magnificus, rose carminé et rouge vermillon maculé blanc. 


Queen Victoria, rouge vif velouté, macules étroites, blanches lavées de laque 
et bordées de carmin. 


Trimaeulatus, rose clair maculé laque carminé et blanc. 
Gandavensis (type), vermill., brill., maculé jre, rayé amarante. 
Gandavensis, variétés hybrides de semis en très-beau mélange. 


ViLMoRIN. 


Plantation des Eraïsiers. Lorsque les terres ne sont pas trop hu- 
mides et froides en hiver, il est plus avantageux de planter les Fraisiers à 
l’automne qu’au printemps, parce que les plants peuvent donner une 
récolte satisfaisante l’année suivante, 

Les personnes qui recevraient des Fraisiers un peu fanés, ce qu’il est 
quelquefois difficile d'éviter, feront bien de les plonger dans l’eau pen- 
dant quelques heures avant de les planter, afin de leur rendre de la. 
fraicheur. Il est, en outre, nécessaire d’arroser les Fraisiers aussitôt 
après la plantation, quelque temps qu’il fasse, et ensuite de les ombrer 
durant une huitaine de jours, surtout si le temps est sec et chaud, 
afin de faciliter leur reprise. Dans le cas où les Fraisiers arriveraient 
très-fatigués, par suite d’un long trajet, il serait préférable de les repi- 
quer sous un châssis à froid qu’on aurait soin d’ombrer pendant le 
jour et d’aérer successivement. Lorsque les plantes seraient bien re- 
prises, on les lèverait en mottes pour les planter à demeure, ou bien 
l’on attendrait jusqu’au printemps pour les mettre en place, la réussite 
n’en serait que plus assurée. Du reste, ce dernier mode de culture est 
le plus convenable pour toutes les plantations de Fraisiers faites un 
peu tard à l’automne, et particulièrement dans les terres froides et 
humides en hiver. Les personnes qui n’auraient pas de châssis à leur 
disposition pourraient faire repiquer les plants en pleine terre, dans 
un endroit aussi bien abrité que possible des vents du nord et à 20 cen- 
timètres environ les uns des autres; il serait alors facile de les couvrir 
pendant les grands froids et surtout pendant les neiges, avec des 
paillassons ou de la paille. Dans les terres légères, les gelées alterna- 
tives du premier printemps font bien souvent soulever les plants et 
mettent les racines à l’air; on peut en partie éviter cet inconvénient, 


276 — 


en marchant sur la terre ou en la roulant pour la bien plomber avant 
la plantation, et aussi toutes les fois qu’une ou plusieurs gelées l’au- 
raient soulevée et que les racines des Fraisiers commenceraient à s’en 
détacher; mais il faut attendre que la terre soit bien ressuyée, de ma- 
nière qu’elle ne s’attache pas aux pieds. VILMORIN. 


Fraise Ananas perpéduel. Le catalogue que vient de publier 
M. Ferd. Gloede est presque une monographie pratique du Fraisier. 
Il contient tout ce qui a paru de remarquable et de nouveau chez 
les semeurs les plus habiles et les plus renommés. M. Gloede annonce, 
en outre, une fraise nouvelle : Ananas perpétuel dont il donne la notice 
suivante : 

Jusqu'ici l’obtention d’une grosse fraise remontante de la race des 
Ananas, vulgairement appelée « anglaise » est restée un vain désir, 
bien que souvent nous ayons vu paraître dans le commerce des variétés 
dites plus ou moins remontantes, mais qui en définitive n’étaient autre 
chose que des fraisiers donnant accidentellement une petite seconde 
récolte sur des pieds soumis au forcage et remis ensuite en pleine terre, 
ou bien qui après une longue sécheresse de l’été donnaient par-ci par-là 
quelques fruits à l’automne. Telle n’est pas la fraise que je recom- 
mande aujourd’hui à l’attention des amateurs. Elle fructifie très-abon- 
damment à la première saison, et continue à fleurir et à fructifier 
jusqu’en automne, de sorte qu’elle remplit une lacune considérable dans 
les nombreuses variétés existantes. La plante est trapue, très-vigoureuse 
et très-rustique. Elle se multiplie facilement et rapidement. Le fruit de 
bonne grosseur est de forme ronde ou ovale, quelquefois lobée, d’un rouge 
vermillon vif, graines saillantes, à chair blanche ou blanc rosé, juteuse, 
sucrée et très-parfumée.Sa qualité égale celle des meilleures fraises connues. 


REVUE DES EXPOSITIONS. 


Exposition universelle de Paris en 1867. — La commission 
impériale de l'Exposition universelle de Paris a décidé l'établissement, 
dans le parc du Champ-de-Mars, d’un diorama où seraient représentés 
les sites et les végétaux les plus remarquables du globe. 

Pour créer ce spectacle intéressant, la commission impériale doit cher- 
cher toutes les garanties possibles d’exactitude scientifique et artistique. 
Parmi les visiteurs venus de toutes les parties du monde, chacun voudra: 
reconnaitre l’image vraie des plantes de son pays, et chaque tableau 
subira ainsi, à toute heure, un contrôle sévère qui en garantira la 


— 277 — 


fidélité. Le public considérera avec intérêt cet abrégé du monde végétal, 
ce véritable cours de géographie botanique embrassé d’un coup d’œil. * 

Pour répondre complétement à ce but, il est nécessaire de montrer les 
spécimens de végétaux, selon leurs conditions naturelles, tantôt isolément, 
tantôt par groupe, et de choisir, pour la reproduction des sites remar- 
quables, le point de vue, ainsi que les effets d’optique sous lesquels la 
perspective et le détail des objets se détachent avec plus de netteté. 

La photographie, qui semble saisir la nature sur le fait, offre seule les 
garanties d’exactitude et de sincérité voulues. Les épreuves photogra- 
phiques sont donc des matériaux précieux que la commission impériale 
recevra avec reconnaissance de toutes les personnes ou de tous les éta- 
blissements scientifiques qui voudront bien concourir à cette partie de 
son œuvre. 

Une mention spéciale sera accordée aux donateurs dont la libéralité 
aura contribué particulièrement au succès du diorama. 

Les envois devront être faits franco à titre de don gratuit, au con- 
sciller d'État, commissaire général, Palais de l'Industrie, Champs-Elysées, 
porte n° IV, avant le 11 novembre 1866. 

En ce qui concerne Ja Belgique, la commission belge servira bien 
volontiers d’intermédiaire entre les personnes ou les établissements 
‘scientifiques intéressés et la commission impériale. (Moniteur.) 


La Société royale d'horticuliure ct d'agriculiure de Ver- 
wviers vient de prendre l'initiative d’une heureuse innovation. Nous 
remarquons dans le programme de sa 121° exposition qui a eu lieu le 
7 octobre prochain que les prix des concours ne consistent pas seulement 
en médailles mais aussi en ouvrages concernant l’horticulture. Le 
. Bulletin de la Fédération, les Champs et les Prés par M. Joigneaux, la 
Flore des jardins et des champs par MM. Lemaout et Decaisne, ete., etc., 
seront distribués en prix aux lauréats des concours. Il suffit de signaler 
cette mesure pour que tout le monde en apprécie les avantages. On lit 
trop peu par le temps qui court et il faut souvent, comme vient de le faire 
la Société de Verviers, mettre les livres dans les mains de ceux pour les- 
quels ils sont écrits. Nous espérons que l’exemple de la société vervié- 
toise sera suivi. 


LES ALGUES, LES FIÈVRES ET CHARLES MORREN. 


Nous avions lu dans le Gardener’s Chronicle (numéro 55, 18 août 1866) 
un article, traduit du français, dans lequel notre excellent collègue de 
Université de Bruxelles, M. le D' Hannon, raconte qu'il avait été 
lui-même victime des rapports qui existent, selon une ancienne obser- 


— 278 — 
vation de Charles Morren, entre les algues et les fièvres intermittentes. 
D'autre part on nous parla de divers côtés du même fait. N'ayant pas 
lu les publications françaises où il était rapporté, nous nous adres- 
sàmes directement à notre collègue pour le prier de nous communiquer 
son écrit. Nous ne croyons pas déplacé d'insérer ici et sa réponse et 
sa notice qui intéresseront sans nul doute maints de nos lecteurs. 


Bruxelles, 25 septembre 1866. 


CHER COLLÈGUE, 


L'Union médicale de Paris reproduisit, en avril dernier, un article du 
professeur Salisbury sur la découverte de l’agent producteur des fièvres 
intermittentes. L'article se terminait par cette phrase : « cette découverte 
« serait évidemment une des plus importantes conquêtes du siècle et 
« mériterait d’être classée avec les découvertes de la vaccine et celle de 
« l’anesthésie. » 

Il me vint aussitôt à l'esprit de revendiquer pour votre père la prio- 
rité de cette découverte et j’adressai au journal de médecine qui avait re- 
produit l’article de l’Union, la lettre ci-jointe. 


A M. le Rédacteur principal du Journal de médecine, de chirurgie et 


de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et natu- 
relles de Bruxelles. 


Bruxelles, 12 Mai 1866. 


TRÈS-CHER ET TRÈS-HONORÉ COLLÈGUE, 


Votre estimable journal rapporte dans son dernier numéro une dé- 
couverte de M. le D" Salisbury, relative à l'influence qu’exercent les 
algues dans la génèse des fièvres intermittentes. Permettez-moi, je vous 
prie, à l'appui de son assertion et de la vôtre, de citer un fait qui me 
concerne personnellement et qui vous prouvera que depuis longtemps 
le fait annoncé par M. Salisbury était connu en Belgique. 

En 1845, j'étudiais à l’Université de Liége : le savant professeur 
Charles Morren m'avait enthousiasmé à tel point à l’étude physiologique 
des algues d’eau douce que j'avais encombré les fenêtres et la cheminée 
de ma chambre à coucher d’assiettes remplies de vauchéries, de conferves, 
de zygnêmes, d’oscillaires, etc. J’entretenais avec bonheur mon profes- 
seur de mes observations sur ces algues, et à chaque fois il me disait : 
« Prenez garde à l’époque de leur fructification, les spores des algues 
donnent la fièvre intermittente, — je l’ai éprouvé chaque fois que je les 
ai étudiées de trop près. » 


Nr E. 


Comme je cultivais mes algues dans de l’eau pure, — et non dans l’eau 
des marais où je les avais recueillies, je n’attachais aucune importance à 
ces observations. 

Mal m'en prit. — Un mois plus tard, à l’époque de Ja fructification, 
— je fus pris d’un frisson, mes dents claquèrent, — j'avais la fièvre, — 
elle dura six semaines, — ce fut le docteur Alphonse Leclerq qui m’en 
débarrassa à Bruxelles, car j'avais alors quitté Liége. 

Quand je revis le professeur de botanique, Charles Morren, je lui 
racontai ce qui m'était arrivé. « Vous voyez, me dit-il, je vous l’avais 
bien dit, vous n’êtes pas le seul que j’aie vu devenir fiévreux de la sorte. » 

Tous les alguologues doivent avoir observé ce phénomène et vous- 
même, cher collègue, vous avez éprouvé des symptômes semblables quand 
vous étudiez les algues. 

Ces faits, sans avoir pour but d’enlever à M. Salisbury la priorité de 
ses observations, semblent, me parait-il, devoir les corroborer et encou- 
rager les savants à poursuivre de semblables observations. 

Agréez, cher collègue, l’assurance de ma considération la plus 
distinguée, 

D' J. Hannon. 


La lettre n’est pas longue, mais elle rend compte d’un fait vrai qui 
prouve si bien que votre père connaissait l'influence des algues sur la 
production des fièvres que le fait a été admis dans la science et que le 
nom de Charles Morren est cité seul, sans celui de Salisbury. 

Je ne m'explique pas, si ce n’est par l'importance du fond, que ces 
quelques lignes, placées au bout d’un gros cahier de médecine aient pu 
avoir un tel retentissement. Les journaux littéraires mêmes se sont 
mélés aux journaux scientifiques. C’est ainsi que j'ai trouvé par hazard 
dans l'Univers illustré, 15 août 1866, un article de S. Berthoud où il 
revendique la priorité de la découverte à feu votre père. 


Tout à vous, 
D' Hanxon. 


Nous exprimons à notre savant collègue les sentiments de gratitude 
que nous a fait éprouver l’hommage qu’il n’a pas hésité de rendre à 
la mémoire de notre père et nous avons cru bien faire de publier iei un 
fait qui intéresse les sciences belges. 


— 280 — 


CHRONIQUE. 


L'Erinose de la Vigne. — On remarque souvent à la face infé- 
rieure des feuilles de Vigne des productions de nature assez singulière, 
émanant du tissu même de la feuille, sous la forme de poils courts, que 
divers botanistes avaient regardées comme de très-petits Champignons 
hyphomycètes, pour lesquels Link avait créé le genre £rineum. D’après 
les observations attentives de M. E. Prillieux, ce sont non pas des 
cryptogames parasites, mais simplement des productions anomales des 
cellules de l’épiderme, auxquelles paraissent donner lieu des piqüres 
d'insectes. Dunal avait pensé que ces productions, très-fréquentes, 
surtout dans certaines années, à la face inférieure des feuilles de la 
vigne, étaient alors l’indice d’une maladie pour laquelle il avait proposé 
le nom d’Erinose; mais les observations les plus attentives n’ont pu 
faire découvrir la moindre altération dans la santé de cet arbuste, même 
quand il présente la plus grande quantité possible d’Erineum. 


Composition d’un petit jardin toujours veré. — On peut 
désirer quand on n’a qu’un petit jardin, en ville, de le planter de végé- 
taux toujours verts. La composition suivante réalise ce désir. 

Bordures de pervenches, de lierres et de petits buis. On peut Îles 
émailler de Crocus. 

En contre bordure des Acanthes et divers Yucca. 

Les massifs d’arbustes se composeront d’Aucubas, notamment de 
quelques variétés nouvelles et au moins de quelques pieds mâles pour 
provoquer sur les pieds femelles le développement de beaux fruits couleur 
de corail. Les Mahonia s'élèvent à un mètre environ. Le Buisson 
ardent (Cratequs pyracantha) devient un peu plus haut. On les entre- 
mèle de diverses variétés de Houx (Zlex). Le J'asminium nudiflorum et 
l'Evonymus Japonicus ou Fusain du Japon, peuvent atteindre la taille 
de deux mètres. Plus haut encore s'élèvent les 1fs, le Ligustrum sem- 
pervirens, l’Elœagnus reflexus au feuillage argenté, le Rhamnus semper- 
virens, etc. 

On peut ajouter un massif de Rhododendrons et d’Azaleas en terre de 
bruyère. 

Parmi les conifères le choix est considérable, aussi mentionnerons- 
nous seulement les Cedrus deodora, Libant et Atlantica, le Cryptomeria 
japonica, qui ornent presque toutes les pelouses des cottages anglais. 

Enfin contre les murailles des Lierres et du Periploca græca. 

Dans un tel jardin l’hiver est sans frimats et la verdure éternelle, 


M DE 


Encre pour écrire sur le zinc. 


Vent-démnis. Ut alu eee eu AN NA 2 Dares, 
Sel ammoniac en poudre . . . . . . . . 2 » 
Noiride toméer 2 AMEN ART ERP RARE EE TNA » 
Eau ô . . . 5 ; , ° . C . ‘ Ë . 10 » 


On délaie le noir de fumée dans un petit verre d’esprit de vin, puis 
on mèle le tout ensemble de manière à ce que toutes les substances 
soient bien écrasées et incorporées. On tiendra la bouteille bien 
bouchée. 

On l’agitera avant de s’en servir. 

Les numéros sont faits avec la même composition, mais dans laquelle 
entre beaucoup moins d’eau. Les matières sont broyées et employées 
avec une petite brosse et des chiffres découpés. 

L’encre doit surtout être employée avec des plumes d’oie, car elle atta- 
que fortement les plumes en fer. Pourtant on peut encore se servir de 
ces dernières, à la condition de les renouveler souvent. Si on pouvait 
obtenir des plumes en cuivre, cette composition ne laisserait réellement 
rien à désirer. 

Quand les numéros ou les inscriptions deviennent peu lisibles par 
l’oxidation superficielle du zine ou par la mince couche de terre qui y 
adhère, on les frotte avec un morceau de pierre-ponce et un peu d’eau, 
puis on les essuie et on y passe un linge pur pour donner un peu de 
transparence à la légère couche de matière pulvérulente qui peut y res- 
ter. Il arrive quelquefois que l'inscription ne résiste pas parce qu'elle 
n’a pas été bien faite : la seule ressource alors est de l’effacer entière- 
ment et de la refaire. 

C. St Quenrin (Rev. Hortic.) 


Auguste Bonckier. — Le 9 Août 1866 est mort à Goë-Limbourg 
Aug.-Henri,-Emile Donckier, ingénieur civil, docteur en sciences natu- 
relles. 

Nous perdons en lui un ami de notre enfance et de notre jeunesse; un 
compagnon de travail et d’excursions. Il unissait à toutes les qualités du 
cœur les connaissances les plus variées dans les sciences naturelles aux- 
quelles il a consacré sa trop courte existence. 

Aug. Donckier est né à Liége, le 24 Mai 1851 ; il a fait ses humanités 
au collége communal de 1842 à 1848 et s’y est distingué particulièrement 
dans les sciences exactes. De 1848 à 1855 il a suivi les cours de l'Ecole 
des mines, se livrant avec une prédilection marquée à l’étude de la 
minéralogie et de la géologie. Son illustre maitre André Dumont le prit 
en affection particulière, mais Donckier perdit prématurément celui qui 
aurait dû continuer à le guider dans la carrière géologique. Par une 
touchante coïncidence, sa dernière visite à Liége, eut pour objet d’assis- 


— 282 — 


ter à l'inauguration de la statue de Dumont, le 17 Juillet dernier, et 
rendre ainsi un suprême témoignage d’estime et de reconnaissance à 
celui qu’il avait tant regretté et qu’il allait si tôt rejoindre. | 

De 1855 à 1860 il fut attaché en qualité d'ingénieur des mines et 
minières à la Société des Hauts-fournaux de Dolhain. Il vint habiter aux 
confins de la forêt d'Hertogenwald, après avoir eu le bonheur d’associer 
à sa vie (le 11 sept. 1856) une femme de cœur et d'intelligence, M'e Hen- 
riette Collette. Vivant au sein d’une nature sauvage et accidentée, son 
penchant vers les sciences naturelles reprit le dessus. De 1860 à 1862 il 
reprenait le cours de ses études et obtint le 11 septembre 1862, à 
Bruxelles, le diplôme de docteur en sciences naturelles avec distinction. 

À partir de ce moment il commença à s’adonner à la botanique. 
L'ensemble de ses études le portait à s’occuper, avec autorité, des pro- 
blèmes difficiles qui concernent les rapports qui existent entre la nature 
du sol et la végétation qui le recouvre. I prit une part spéciale en 1862, 
à la formation de la Société royale de botanique de Belgique, à laquelle il 
communiqua bientôt une Vofice sur les stations géologiques de quelques 
plantes rares ou peu communes desenvirons de Limbourg(tome I, p. 219). 
IL avait rédigé et commencé plusieurs autres communications dont 
sa mort prématurée empêchera peut-être la publication. Il herborisait 
constamment et il a formé un bel herbier des plantes de ses environs où 
il fit notamment la découverte de l’Aspidium lonchitis, fougère nouvelle 
pour la Flore belge. 

Ses dernières années furent occupées par les études considérables que 
nécessite la construction d’un gigantesque travail d'utilité publique. Il 
fut chargé par la ville de Verviers et par l’administration des travaux 
publics de reprendre et de mener à bonne fin le projet du barrage d’un 
cours d’eau, la Gileppe, pour en former un vaste lac, destiné à alimenter 
d’eau la ville de Verviers. La mort est venu l’enlever juste au moment 
où toutes les études relatives à ce projet venaient d’être terminées. S'il 
ne lui est pas donné de recueillir les avantages de son travail, au moins 
ses amis ont-ils la consolation de savoir que son nom restera attaché à 
ce vaste barrage auquel le gouvernement va bientôt mettre la main. 

Nous ne saurions retracer ici toute la carrière d’Auguste Donckier et nous 
devons nous borner à renvoyer ceux que de plus amples détails pourraient 
intéresser au Journal de Liége des 13, 14 et 15 août 1866, à la Meuse 
des 11, 12 et 15 août et au numéro de l’Indépendance belge du 20 Juillet 
1866 où l’on raconte combien S. M. Léopold II prit intérêt, pendant sa 
visite à Verviers, au plan de barrage de la Gileppe et à celui qui en est 
l’auteur. 

Ce fut le dernier beau jour de notre ami. En sortant de cette entrevue 
royale la maladie qui déjà le possédait, devint implacable et puis tout à 
coup l’enleva le 9 août dernier. 


— 283 —- 


Beaufays. — Nous avons recu en même temps la nouvelle de la mort 
de Mathieu-Olivier Beaufays, horticulteur, ancien jardinier en chef du 
jardin botanique de Liége, de l’école de médecine vétérinaire de la même 
ville et de l'école d’agriculture de Verviers, décoré de l’ordre des tra- 
vailleurs agricoles, décédé à Verviers le 2 septembre 1866 à l’âge de 
65 ans, et celle de la mort de son fils Charles-Fréderie Beaufays, horticul- 
teur à Schaerbeeck, décédé à Bruxelles le 6 septembre, à l’âge de 31 ans. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Les planies de serre. 7ruité théorique et pratique de la culture 
de loutes les plantes qui demandent un abri sous le climat de la 
Belgique, par M. E. ne Puypr (!). On nous dit souvent: je ferais bien 
volontiers de l’horticulture, j'aime les plantes et le jardin; mais je n’y 
connais rien; ne sauriez-vous m'indiquer un livre où l’on trouve les 
enseignements élémentaires et indispensables; où, sous une forme claire 
et concise, on apprenne les éléments de la eulture, la manière de cons- 
truire une couche, de bâtir une petite serre et en quelques mots les soins 
qu'il faut donner aux plantes les plus répandues. 

Jusqu’à cette heure nous ne savions que répondre. Il ne se présen- 
tait à notre mémoire que des livres écrits en langue étrangère, ou 
bien vieillis et surannés, ou ne répondant qu’à une partie de la ques- 
tion, ou trop volumineux, ou bien légers comme de la crème fouettée. 

Désormais nous pourrons répondre prenez le livre de M. De Puydt. 
Il satisfait, et au delà, à toutes les exigences légitimes. 

M. De Puydt est à la fois savant, littérateur et horticulteur; il est 
président de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, 
il est secrétaire de la Société royale d’horticulture de Mons et il a qua- 
rante années de pratique horticole. 

Son livre est une œuvre consciencieuse, écrite avec discernement et il 
a pour but d'initier les amateurs aux principes et aux connaissances 
les plus indispensables. 11 suffit de quelques heures pour le lire et de 
quelques jours pour l’étudier, après quoi on en saura autant et plus 
que si l’on avait éprouvé soi-même les conséquences plus ou moins 
fâächeuses d’une longue expérience. 

La préface expose dans quelles vues ce nouveau traité est écrit et en 


(1) Mons, chez H. Manceaux 1866, 1 vol. in-12. Première partie. 


— 284 — 


quoi il diffère du Traité théorique et pratique de la culture des plantes 
de serre froide que M. De Puydt a fait paraître en 1860. On trouve 
dans l'ouvrage des vues nouvelles et quelques applications de la science 
jusqu'ici peu ou point aperçues; nous citerons, avec prédilection, les 
chapitres concernant la construction des serres et ceux relatifs à la 
théorie des dépotements. Il serait long et fastidieux de reproduire ici, 
sous prétexte d’analÿser l’ouvrage, la longue table des matières qui 
comprend 48 chapitres. Qu'il nous suffise d’assurer que celui qui veut 
s’instruire en horticulture y trouvera réponse à toutes ses questions 
et de conseiller, par conséquent, à tous nos lecteurs de lui ouvrir une 
place privilégiée dans leur bibliothèque horticole. Le premier volume 
seul a paru. Le second qui comprendra la description de près de deux 
mille genres de plantes, avec des indications sur les meilleures espèces, 
paraitra bientôt. 


Anmales de l'horticulture en Belgique (:‘). Nous avons reçu 
le prospectus de cette publication dont l’apparition est annoncée pour le 
4er Octobre de cette année. Elle sera rédigée par MM. L. Gillekens, 
H. Spruyt et A. Driesen, professeurs à l'Ecole d’horticulture de l’État à 
Vilvorde. Elle sera spécialement consacrée à la culture maraïchère et à 
l’arboriculture. En outre, elle comprendra les sciences naturelles dans 
leurs rapports avec l’horticulture et un compte-rendu bibliographique. 
Nous saluons avec la plus grande sympathie l’apparition de ce nouveau 
confrère dans la presse périodique de Belgique. S’il tient ses promesses, 
il comblera une lacune réelle et répondra à un désir souvent exprimé. 


Archives cosmologiques. — Sous ce titre, M. Alph. Dubois, 
docteur en sciences naturelles à Bruxelles (9, Montagne de la cour), 
annonce l'apparition, pour le mois de décembre prochain, d’une publi- 
cation mensuelle consacrée à l’histoire naturelle (18 frs. par an). 


Kickxin belgica ou Herbier des plantes les plus rares de la 
Belgique, par MM. Aru. Tuiecens er A. Devos (2). Les herbiers, c’est-à- 
dire les collections de plantes sèches, sont le meilleur auxiliaire des 
livres pour la connaissance des flores générales ou spéciales. La plupart 
des botanistes forment un herbier particulier où ils conservent les plan- 
tes qu'ils ont récoltées et étudiées. Quelques uns se donnent la peine de 


(1) Par livraisons mensuelles de 16 pages in-8c. Prix de l’abonnement 5 frs. par an. 
Chez M. Arn. Driesen, professeur à l'Ecole d’horticulture de Vilvorde (Brabant). 
(2) Grand in-folio, 25:.frs.la centurie. On souscrit chez les auteurs. 


— 9285 — 


publier de semblables collections, c’est-à-dire de mettre à la disposition 
de leurs confrères et des personnes désireuses de s’instruire des plantes 
bien préparées et scientifiquement étiquetées. 

Notre littérature botanique de Belgique est riche en travaux de ce 
genre et n’a rien à envier aux autres contrées de l’Europe. La plus an- 
cienne que nous connaissions est le rare Herbier portatif des plantes 
qui se trouvent dans les environs de Liége publié en 1791 par le médecin 
A. Rozin. Les exemplaires renfermant des échantillons authentiques sont 
une rareté bibliographique. On y remarque l’Adoxa leodicea de Rozin 
qu’il sépare du HMoscatellina de Linné à cause de son calice triangulaire et 
non bifide et de la différence dans la forme des feuilles. Ces caractères 
en valent bien d’autres! Le premier cahier de cet herbier a seul paru. 
Nous n’en parlons d’ailleurs que pour mémoire, sa valeur étant bien plus 
bibliographique que scientifique. 

Il n’en est pas de même des collections que nous allons citer. 

Vers 1850 parurent : les Cryplogames des Ardennes par Me Libert 
(4 centuries in-4°); l’Agrostographie de Belgique par Michel, de Nesson- 
vaux, qui profita amplement de la collaboration de Courtois. Cet infor- 
tuné botaniste publia lui-même un Choix des plantes rares de la Bel- 
gique, collection mémorable et d’une valeur réelle. 

Nous rencontrons ensuite deux herbiers eryptogamiques importants : 
l’Herbier cryptogamique belge par M. le D' Westendorp et les Cryptoga- 
mes de Namur, par M. l’abbé Bellynck. Cette dernière collection n’a pas 
été à proprement parler publiée, mais plutôt généreusement distribuée 
par son savant auteur à quelques amis privilégiés. 

Depuis quelques temps, l'étude de la Flore nationale ayant pris un 
nouvel essor,la publication des herbiers a suivi et secondé ce mouvement. 
Le botaniste est généreux de sa nature. Quand il trouve des plantes in- 
téressantes ou rares, la première pensée qui suit l’émotion de la 
découverte est celle de la communiquer aux confrères. Les amis 
la recoivent tous et le plus généreusement du monde. Pour les autres, les 
inconnus, il faut bien demander le remboursement des dépenses faites. 
Le prix de ces herbiers est relativement infime et bien modéré en 
considération des labeurs que réclame leur confection. 

Parmi ceux qui sont en cours de publication, nous citerons : les plantes 
officinales de Belgique par M. le D' Van Haesendonck et l’Herbier des 
plantes rares ou critiques de la Belgique par MM. H. Van Heurck et 
Martinis, dont quatre fascicules ont vu le jour. Mentionnons aussi, pour 
mémoire, la savante monographie des Cladonia (Lichens) de Belgique 
par M. l’abbé Coemans. R 

Nous avons cru bien faire de rappeler ces précédents avant de parler 
du Xickxia belgica dont nous avons la première centurie sous les yeux et 
sur lequel nous allons nous arrêter un instant. C’est une belle publica- 
tion, entreprise par deux jeunes botanistes, au nombre des plus zélés de 


Las 


la Société royale de Botanique,M.Arm.Thielens,de Tirlemont,et M. Devos, 
de Namur. Ces confrères sont d’ardents explorateurs de la Flore de 
Belgique : ils fouillent le tapis végétal de notre pays dans ses replis les 
plus obscurs. 

Le Kickxia belgica est un hommage à la mémoire de notre regretté 
collègue Jean Kickx en son vivant professeur de botanique à l’Université 
de Gand et Président honoraire de la Société royale de Botanique de 
Belgique. Nous ne doutons pas que l’œuvre, quand elle sera achevée, 
constituera un monument digne du nom qu’il porte. Il serait touchant 
de voir chaque botaniste de Belgique y contribuer par la récolte au moins 
d’une espèce. 

Cet herbier est d’un grand format, sur beau papier et publié même 
avec un certain luxe. Les échantillons sont soigneusemeut préparés et de 
belle apparence. 

Les espèces qu’il renferme sont des plantes rares, critiques ou nou- 
velles. Nous citerons parmi les cent qui ont paru les Sparganium mini- 
mum Fries, Braya supina Koch, Phleum Boehmeri Wib., Allium 
Deseglisei Bor., Allosurus crispus Bernh., Aspidium lonchitis Sw., 
Asplenium Halleri DC., Zostera nana Rott., Festuca bromoïdes Linn., 
Liparis Loiseli Rich., Welica Nebrodensis Presl., Draba Aizoïdes Linn., 
Fumaria micrantha Lag., Saponaria Vaccaria Lin., ÆEpilobium Lamyi 
F. Sch. etc., etc. On peut reconnaitre d’après cette énumération, que 
nous aurions pu allonger, que le véritable intérêt de cette publication 
est pour les botanistes proprement dits. Ce n’est pas un herbier vulgaire 
ou populaire que MM. Thielens et Devos ont entrepris, mais c’est une 
œuvre de critique et de controverse. Les échantillons sont accompagnés 
d'étiquettes détaillées, un peu trop surchargées peut-être, au moins à 
notre goût. Un certain discernement dans les choix des citations et des 
synonymes ajoute à la valeur de ces sortes de publications. Il peut être 
utile aussi dans quelques circonstances de donner sur l'étiquette un mot 
d’éclaircissement sur le genre d’intérèt que présente l’espèce, mais fort 
brièvement et en renvoyant à une source plus abondante. On a reproché 
aux auteurs d’avoir admis dans leur cadre quelques spécimens étrangers 
de plantes d’ailleurs indigènes. Ce reproche est de mince valeur quand 
le fait est consciencieusement avoué. De plus il est tout à fait excep- 
tionnel. 

En somme le Xickxia belgica honorera ses auteurs, auxquels nous 
conseillons de le faire aussi complet que possible et sans se hâter. Il inté- 
ressera non-seulement les botanistes régnicoles mais un grand nombre 
de savants étrangers pour lesquels la flore belge est peu connue. | 

La publication de bons herbiers spéciaux serait une œuvre utile et 
populaire : herbier des plantes médicinales et vénéneuses ; herbier des 
plantes fourragères ; herbier des plantes communes de la Belgique, ete. 
Tout cela est désiré par maintes personnes pour elles-mêmes ou pour 


NAT 


l'instruction de leurs enfants. Les plantes devraient être accompagnées 
d'étiquettes concises mais instructives. Les établissements d'instruction 
el d'éducation ne pourraient s’abstenir de souscrire. 


Herbier des plantes rares où critiques de Belgique, 
par MM. H. Van Heurcr et ArTa. Marninis(l). — Nous nous plaisons à 
signaler et à recommander cette publication de deux jeunes botanistes 
belges, tous deux infatigables investigateurs de la Flore belge. Cet 
herbier en esi arrivé aujourd’hui à son quatrième fascicule. Les espèces 
qui le composent sont bien choisies, préparées avec le plus grand soin 
et représentées par des spécimens nombreux. Les auteurs annoncent 
pour paraître prochainement divers herbiers spéciaux, notamment les 
Glumacées, les Rosa et les Rubus de la Flore belge. 


Le Verger, publication périodique d’arboriculture el de pomologie, 
par M. Mas, président de la Société d’Horticulture de l'Ain (2). Nous 
avons signalé (5) ce recueil pomologique à son apparition, l’année der- 
nière. Il a tenu toutes ses promesses et nous le considérons comme le 
meilleur ouvrage d’arboriculture fruitière paraissant actuellement et 
s'adressant à la majorité des amateurs. Son format, son prix, sa rédac- 
tion, son cadre, tout l’ouvrage, en un mot, nous parait conçu sur un plan 
pratique et de nature à intéresser tous les amateurs de fruits qui ont 
quelque souei de la littérature. Chaque catégorie de fruits formera un 
volume spécial et constituera ainsi une monographie. Nous regrettons 
que le défaut de place nous empêche de donner une analyse détaillée 
de ceite utile publication. 


EXPOSITION INTERNATIONALE DE LONDRES. 


ANALYSE DÉTAILLÉE (4). 


Plantes nouvelles. — Il y avait cinq lots de six plantes nouvel- 
les introduites en Europe par l’exposant. M. Linden, de Bruxelles, 
obtint le 4°" et le 3%° prix, et MM. Veitch et fils le 2 et le 4°. Les six 


(1) Dix francs le fascicule de 50 plantes. Il parait un fascicule par an. 

(2) Paris, chez Victor Masson, gr. in-8 avec planches ; 25 fr. par an. La seconde 
année est en cours de publication. 

(3) La Belgique Horticole, 1865, p. 307. 

(4) Gardener’s chronicle, nos 21 et 22, 1866. 


— 288 — 


plantes du premier concurrent étaient l’Anthurium regale, aux belles 
feuilles cordées acuminées, d’un vert émeraude et avec des côtes et des 
veines saillantes ; le Cyanophyllum spectandum, quelque peu analogue 
au magnificum, mais avec les feuilles plus oblongues et à peine d’une 
croissance aussi gigantesque ; le Philodendron Lindeni, semblable aux 
Begonias, avec de magnifiques feuilles cordiformes et des tiges munies de 
poils bruns; le Maranta Lindeni, plante admirable à feuillage gracieuse- 
ment ombré, dont la partie inférieure surtout présente des lignes très- 
accentuées; le Bignonia ornata, magnifique plante grimpante très-feuillue 
avec des raies blanches se détachant irrégulièrement de la mervure mé- 
diane sur le vert luisant de la feuille ; le Dichorisandra musaica, la plus 
remarquable et la plus belle du groupe; avec de larges feuilles de forme 
ovale, présentant un grand nombre de stries blanches se croisant en tous 
sens en rainures profondes que l’on croirait forées par un insecte. 
M. Veitch avait un Aralia de la nouvelle Calédonie avec de belles feuilles 
digitées et les folioles filiformes, régulièrement ondulées sur les bords; 
le Rhododendron Brookianum avec un bouquet de fleurs colorées d’une 
teinte solférino; le Maranta Veitchit; l’Acalypha tricolor, à feuilles ovées- 
acuminées d’une nuance vert-brunâtre, dont quelques portions parais- 
saient avoir été tachelées avec du rouge; c’est une acquisition très-intéres- 
sante ; un superbe Aphelandra du Pérou, du genre du ZLeopoldi, mais 
plus remarquable, la nervure médiane et les principales veinules étant dis- 
tinctement rayées de jaune ; le Dracæna albo-marginata, ayant le feuillage 
d’un vert pâle au centre et les bords dorés. La même maison avait encore 
exposé le Phyllanthus variegatus avec un superbe feuillage ornemental 
blanc et vert; un magnifique Croton à feuilles sagittées, avec ce vert 
et or qui rend ces plantes si belles ; un gracieux Aralia, les feuilles ayant 
des tiges ornementales teintées par-ci par-là de jaune et de cramoisi ; un 
nouveau Dieffenbachia et un Coleus, d’après le type du Verschaffeltir, 
mais avec des feuilles de forme plus gracieuse. M. Linden avait aussi un 
Eranihemum de couleur brune, appelé igneum, avec une nervure mé- 
diane fortement colorée et les veinules en partie colorées ; un Marania 
illustris, se rapprochant du Lindeni; un intéressant Psychotria en fleurs, 
appelé nivosa ; et un très-joli Tradescantia, à feuillage plissé, qui por- 
tait le nom de undatu. Pour le concours de trois plantes nouvelles en 
fleurs, M. Veitch eut beaucoup de succès avec le Begonia Pearcii, char- 
mante variété à feuilles veloutées ; le Palava flexuosa et un Aphelandra 
du Pérou. M. Bull avait apporté son superbe Bertolonia margaritacea, 
un Malva de l'Australie, et le Siphocampylus fulgens. Pour une plante 
nouvelle en fleur : M. Linden était venu avec un bel exemplaire du 
remarquable Psychotria nivosa, avec des fleurs d’un aspect laineux. 

M. Standish arrive second avec la Clematis Fortunei à fleurs pourpres 
et MM. Veitch et fils, troisième, avec le Darwinia fimbriata de l’Austra- 
lie. Vingt concurrents prirent part au concours pour une plante nouvelle 


— 289 — 


non fleurie. M. Linden remporta la palme avec le Dichorisandra mu- 
saica et le Maranta Lindeni, et MM. Veitch partagèrent le 2° et le 3° prix 
avec le nouvel Aphelandra et le Maranta Veitchi, tandis que M. Standish 
arrive 5°, ex œquo, avec un superbe Afhyrium du Japon, se rapprochant 
quelque peu du coloris du Pteris tricolor. 1 y eut plusieurs choses inté- 
ressantes exposées sous ce titre, entre autres par M. Stark, d’Edimbourg, 
une Fougère du Canada,d’un parfum délicat et portant le nom de Lastrea 
fragrans. M. Bull eut une mention spéciale pour un Phajus grandiflorus, 
à feuilles panachées, de même que M. Ambroise Verschaffelt, pour une 
Cycadée, le Zamia villosa, d’un gracieux effet; enfin un Thuja garni 
d'espèces de glands, de l'établissement exotique de Chelsea, mérite d’être 
mentionné. 

Au concours 5 : 12 plantes nouvelles quelconques, fleuries ou non, 
MM. Veitch se présentérent avec un apport des plus intéressants et renfer- 
mant, outre les plantes déjà citées, le Bertolonia guitata, marqué de 
taches éparses d’un blanc rosé sur un fond d’un vert terne et une autre 
espèce d’un vert tacheté de blanc; le nouveau Coleus Gibsoni à feuillage 
épais, pouvant peut-être passer dans certaines localités à l’air libre; une 
espèce d’Aralia, et le gracieux Primula cortusoïdes amæna chargé de 
charmants bouquets de fleurs d’un rose éclatant. M. Linden possédait le 
Scindapsus pictum des îles Philippines ; le Dichorisandra vittata; le 
Maranta virginalis et le gracieux et petit A. roseo-picta ; un Manettia 
metallica, à feuilles elliptiques au reflet bronzé. Le concours des six 
plantes nouvelles de n’importe quelles espèces était rempli par plusieurs 
collections, parmi lesquelles celles de M. Bull, qui comptait le Diefjen- 
bachia eburnea ; le magnifique Eranthemum argyroneurum, et diverses 
variétés remarquables d’Urospatha. M. Williams venait avec un Cala- 
mus à tige munie de piquants, le Telianthera ficoidea versicolor, riche- 
ment: coloré, et quelques autres. Il y avait un lot choisi de plantes 
délicates à feuillage coloré sous la tente des Orchidées et MM.Veitch furent 
les premiers. Les plantes les plus remarquables de M. Williams étaient 
le splendide Phormium tenax variegatum, V Yucca Stokesir, etc. Madame 
Legrelle d'Hanis, d'Anvers, et MM. Arthur Henderson et C° exposèrent 
aussi dans cette classe quelques plantes distinguées. Les plantes indus- 
trielles et médicinales se groupaient aussi en un beau contingent. 


Plantes de serre chaude et d’orangerie. — Mr. Baines, jar- 
dinier chez M. H. Micholls, Esq., à Bowdon, près de Manchester, a acquis 
noblement la place d'honneur avec une collection de 16 plantes, parmi 
lesquelles on remarquait de magnifiques exemplaires de Franciscea 
confertiflora, Aphelexis macrantha purpurea, Boronia pinnata, Acro- 
phyllum venosum, Dipladenia crassinoda et Genetyllis tulipifera, por- 
tant des fleurs bien colorées et d’une grandeur inaccoutumée ; il avait, 
en outre, annexé à ce groupe le superbe Epacris Eclipse, l’Erica Ca- 

49 


ed 


vendishiana, E. tricolor Eppsii et le charmant Æ. ventricosa coccinea 
minor; les Azalea Extiani, Iveryana et Criterion ; l’Eriostemon 
buxifolium, l’Ixora aurantiaca, et l’I. coccinea, ce dernier d’une 
santé robuste et d’une floraison admirable. M Pced, jardinier chez 
MM. Tredwell, à Norwood, avait présenté un contingent qui, par son 
mérite, se placait à côté du premier. 

Il se composait d’un joli Zxora blane, un ou deux Chorozema, dont 
l'un, le C. Henchmanni, est rare aujourd’hui; d’un bel exemplaire 
. d’Acrophyllum venosun, qui, dans son état parfait, présente à l'extrémité 
de chaque jet de jeunes feuilles finement bronzées qui donnent surtout 
à la plante un cachet de beauté. Le même lot contenait, en outre, des 
Immortelles, des Eriostemon, le Dracophyllum gracile, le Pimelea Hen- 
dersoni à fleurs roses et les Azalea lateritia et Gladstonesii, l'un et 
l’autre arrangés sur la même souche, union qui réussit bien et produit 
un contraste de couleur frappant mais agréable. Le groupe de 12 plantes 
de MM. Lee, de Hammersmith, qui obtinrent le 1°" prix, renfermait le 
Medinilla magnifica, dans un parfait état, ainsi que VA denandra fra- 
grans, une ou deux Jmmortelles et d’autres plantes. M. Rhodes, de 
Sydenham, avait envoyé à l'exposition, le meilleur Dracophyllum gra- 
cile, plante qui, par une culture ordinaire, attire peu l'attention, mais 
amenée au plus haut degré de perfection, comme celle-ci, excite l’admi- 
ration de tous les visiteurs. M. Carson, jardinier chez M. W. R. G. Far- 
mer, Esq., de Cheam, recut un premier prix pour un excellent groupe de 
six plantes, concours qui fut bien disputé et dont nous mentionnerons 
des individus bien conduits de Rhynchospermum jasmixoides, le Rhodo- 
dendron formosum à odeur suave, des Azalea, le Pleroma elegans, 
l’Imantophyllum miniatum avec ses éclatantes fleurs orangées et l’Oxy- 
lobium arboreum aux fleurs d’un brillant jaune d’or. MM. Cole et fils, de 
Manchester, avaient exposé le Phoenicoma proliferum, des Immoftelles 
admirablement bien venues, et d’autres plantes bien cultivées. Un 
grand nombre de plantes de belle culture figuraient, en outre, comme 
spécimens d'exposition. 


Plantes à feuillage ornemental de serre chaude ou 
d’orangerie. — Elles s’y trouvaient en grande profusion. De MM. Lee 
venait un groupe magnifique qui comptait d’amirables exemplaires de 
l’Alocasia Lowit et metallica, les Rhopala Jonghi et corcovadense, le 
Pandanus elegantissimus, l’Oreopanax dactyliferum aux feuilles palmées . 
profondément découpées, le Latania rubra, superbe Palmier; le Theo- 
phrasta imperialis, avec ses belles grandes feuilles brillant d’un vert 
foncé, et deux beaux spécimens de Fougères. MM. Veitch présentaient 
des Croton, les Pandanus reflexus et Veitchi, ce dernier offrait la forme 
d’un grand éventail; des Rhopala ; un beau pied de Cycas revoluta, les 
Dracæna indivisa lineata, Theophrasta et des Palmiers, parmi lesquels 


— 291 — 


l’on remarquait le Seaforthia elegans, le Latania borbonica, le Sabal 
umbraculifera, ete. Le Cycas circinalis, plante s’épanouissant gracieuse- 
ment, avait été présenté par M. Williams, de Holloway, de même que le 
Pandanus javanicus variegatus, des Croton, Palmiers, le Dioon edule, 
Theophrasta, un beau Yucca panaché, des Alocasia, Dracænu, Cordyline 
et Fougères. MM. A. Henderson et Ci° se présentèrent avec le Pandanus 
ornatus , superbe espèce, les P. utilis et elegantissimus, le Jaca- 
randa filicifolia, aux feuilles filiciformes couvertes d’un léger duvet ; 
l’Hispomane longifolia, l'un des nouveaux Erables du Japon, à feuil- 
les d’un rouge bronzé, enfin une ou deux autres plantes. M. Bai- 
nes,.jardinier de M. H. Micholls, Esq., avait apporté une belle collection 
qui contenait de superbes plantes de Gleichenia speluncæ, Croton varie- 
gatum angustifoliumn et pictum, Anthurium grande, à belles et grandes 
feuilles ; l'Aralia leptophylla, le Dasylirium acrotrichum, le Cordyline 
indivisa, des Theophrasta, Alocasia, Rhopala et des Fougères en arbres. 
M. Taylor, jardinier de J. Yates, Esq., à Highgate, avait exposé des 
exemplaires extraordinaires de Cycadées, dans la culture et les soins 
desquelles il excelle au plus haut degré. M. Fairbairn, jardinier du 
Duc de Northumberland, présenta un Maranta zebrina, V'Alocasia macro- 
rhiza, à beau feuillage blanc et vert ; l’Anthurium acaule, à feuilles d’un 
vert foncé, d'environ 3 pieds de long sur un de large; l’Alocasia 
Lowii, avec son riche feuillage luisant sagitté et veiné de blane ; et le 
Thamnopteris Nidus, sur lequel le regard, rassasié de couleurs gaies, se 
repose et se rafraichit. La collection de M. Cross, jardinier de Lady 
Ashburton, renfermait le Sphaerogyne latifolia, des Dracæna, Alocasia, 
un Cyperus alternifolius variegatus, gracieusement panaché, et le Ha- 
ranta fasciata, plante à effet par ses feuilles ornées sur ses bords de 
stries ou de bandes d'un vert pâle. Quant aux autres concours, M. Ste- 
venson, de Lark Hill, Timperley, près de Manchester; M. Hutt, jardi- 
nier de Miss Burdett, Coutts, à Highgate ; M. Young, jardinier chez 
W.II. Stone, Esq., M. P., Leigh Park, à Havant; et M. Brown, jardinier 
de MM. Alston, à Elmdon, près de Birmingham, y avaient contribué par 
d'excellents apports. Parmi ceux-ci, nous ferons mention des Fougères, 
principalement du Cibotium princeps et Schieder, et le Gymnogramma 
aurea, l’Alocasia metallica, aux feuilles concaves, d’un pourpre bronzé 
et mesurant 18 pouces de long sur 15 de largeur; le Cyanophyllum 
magnificum, le Dracæna ferrea, au feuillage rougeâtre et le Dr. termi- 
nalis, le Laurus Cassia, muni de jeunes feuilles rouges; le Musa vittata 
variegata, le Sanseviera japonica, à feuilles en forme d'épée, etc., etc. 


Arbustes rusfiques à feuilles caduques en fleurs. — 
C’étaient des contingents envoyés par M. Turner et M. W. Paul. Ils con- 
sistaient en Deutzia, Weigelia; en variétés panachées de l’Æydrangea 
japonica, en Genets blancs et jaunes, Pivoines en arbre, Roses de 


[= 0p9 


Gueldre (V. plicatum et opulus), en Cratægus à fleurs doubles, Lilas, 
Philadelphus mexicanus et grandiflorus, en Groseilliers en fleurs, Geri- 
siers à fleurs doubles, en Cytisus de différentes variétés, Robinia hispida; 
Spiræa, Berberis, Coronilla Emerus, Elaeagnus argentea et Staphylea 
pinnala. 


Arbres rustiques à feuilles caduques, exposés pour 
leur beau feuillage. — M. W. Paul en avait exposé un groupe où 
se trouvaient l'Acer Vequndo variegatum et platanoides, l'Aralia spi- 
nosa, le Frêne à feuilles d’Aucuba, la variété pleureur de l’Ulmus 
microphylla, V’Hippophaë rhamnoïdes, l’Alnus imperialis asplenifolia, 
Magnolia tripetala et acuminata, le Peuplier argenté, l’Ailantus glan- 
dulosa, une variété panachée du Quercus Cerris, un Maronnier d'Inde à 
feuilles découpées, une variété panachée d’or du Sambucus nigra, un 
Noisetier à feuilles pourpres, une variété panachée d’or du Castanea 
vesca, un étre pourpre, un Paulownia imperialis et un Symphori- 
carpus variegalus. 


Piantes grimpanies rustiques. — Sous ce titre, M. W. Paul 
exposa un lot intéressant de Clématites, Chèvrefeuilles, Aristoloches, 
Lierres, Vignes, et des Rosiers grimpants (La Marque). M. Turner cn 
avait aussi présenté une collection qui comptait l’Ampelopsis hirsuta 
et hederacea, le Bignonia grandiflora, le Passiflora cœrulea, les Cléma- 
tites (parmi lesquelles le Standishii et Jackmanni), des Lierres et des 
Chèvrefeuilles. 


Arbres et arbustes rustiques à feuilles persistantes. 
— Le meilleur contingent était celui de MM. Jackman, de Woking, qui 
avait, entre autres, des spécimens remarquables de Laurus nobilis, Ilex 
scotica et dipyrena, de Phillyrea angustifolia et ilicifolia, Arbutus 
Unedo et Rollissoni, Quercus glabra, Buxus sempervirens, B. argentea 
nova et Laurustinus. M. Standish et MM. Lee présentèrent également de 
beaux groupes. 


Arbres et arbustes rustiques nouveaux à feuilles 
persistantes. — MM. Veitch avaient envoyé un Jlex Fortunii, l’'Os- 
manthus ilicifolius et sa variété naine panachée, un Elæagnus panaché 
d’or, le Rhaphiolepis ovata, deux espèces panachées d’Evonymus, deux 
nouvelles espèces d’Aucuba, une variété panachée du Ligustrum gla- 
brum, une espèce de Ternstræœmia et le Skimmia oblata. À M. Standish 
appartenaient quatre espèces d’Aucuba, le Ligusirum coriaceum, un 
Evonymus, trois espèces d’Osmanthus, le Skimmia fragrans et d’autres 
que nous venons de citer. 


— 295 — 


Orchidées. — Les Orchidées exposées comprenaient un grand 
nombre d’excellents spécimens couvrant un espace de 400 pieds envi- 
ron et excitaient, comme de coutume, vivement l’admiration des visi- 
teurs. On pouvait raisonnablement s'attendre à ce qu’en une entreprise 
aussi gigantesque, quelques unes des grandes collections de l’Angleterre 
contribuassent, à côté des contingents présentés, à la splendeur de lExpo- 
sition, ne fut-ce que pour offrir une riche exhibition à nos amis du 
continent. Les plus grands honneurs donc aux amateurs qui sont venus si 
généreusement montrer des spécimens d’un mérite incontestable. Robert 
Warner, Esq., de Broomfield, était le seul qui présentät 50 Orchidées de 
toutes sortes en fleurs. Les plus remarquables de ce groupe étaient plu- 
sieurs Vanda, bien cultivés et fleuris, portant chacun des épis de 8 à 
12 fleurs et l’une d'elles, le suavis, d’une inflorescence si prolifique 
qu’un des racèmes s’élançait d’une manière anomale, du centre du spéci- 
men, en un fort épi chargé de fleurs nombreuses. Le joyau de ce groupe 
était le rare et splendide Phalaenopsis Porter, muni de 10 feuilles, dont 
quelques unes d’un pied de long et d’une santé vigoureuse, orné de 4 
panicules couverts de fleurs. Le Catileya Mossiae figurait en variétés 
nombreuses, dont quelques unes étaient singulières quant au port et à la 
forme du labelle, et variant de coloris depuis le blanc en passant par les 
diverses nuances de couleur chair jusqu'au cramoisi le plus riche. 
Les Cattleya de M. Warner ont, en vérité, été si souvent mentionnés dans 
ce Journal que ce serait une redite fastidieuse que d’essayer d’exalter 
encore leur mérite; fort peu d’entre elles avaient moins d’une douzaine 
de fleurs et plusieurs en portaient jusqu’à 30. Le Trichopilia crispa 
était une plante majestueuse avec une quantité innombrable de fleurs et 
près de deux pieds de diamètre ; les Phaiaenopsis amabilis, grandiflora 
et Schlleriana formaient des plantes bien cultivées, mais la qualité de la 
fleur laissait à désirer, quoique les panicules et les fleurs fussent nom- 
breuses. Au nombre des Laelia se trouvaient le cinnabarina, avec 5 épis; 
le purpurata et sa variété le Schilleriana, plantes délicates sans être re- 
marquables. Le Chysis lœvis avec ses fleurs jaunes fait un charmant 
effet, de même que le C. Limmingher. Parmi les Cypripedium il y avait 
deux bons barbatum; une jolie plante par son gracieux feuillage mais dont 
les fleurs font peu d’effet, le C. Hookerae; puis un beau villosum et un 
hirsutissimum avec an pédoncule biflore. Un ou deux charmants Aerides, 
plusieurs Dendrobium, renfermant le rare et magnifique crepidatum, 
possédant six pseudobulbes munis de fleurs, un densiflorum pourvu de 
20 petits épis; l’Odontoglossum Karwinskii, ou d’après le Prof. Rei- 
chenbach le Reichenheimii qu'il considère comme tout à fait distinet; 
un médiocre citrosmum, qu'on a évidemment trop forcé à fleurir ; et 
enfin quelques autres de moindre valeur. 

Au concours qui demandait 20 Orchidées, M. Bullen, jardinier de 
À. Turner, Esq., de Leicester, remporta le 1° prix, avec de belles 


one 


plantes, telles que le Dendrobium Paxtoni, portant 19 épis, très-bonne 
plante quand elle est bien conduite, le D. formosum giganteum, muni 
d’une demi douzaine d’épis ; le densiflorum album montrant cinq grands 
épis d'une tenue irréprochable. Le Lælia purpurata, orné de huit épis 
de fleurs petites, mais d’un riche coloris; l’'Oncidium ampliatum majus, 
portant 10 panicules ramifiés et couverts de fleurs; le Catileya Skinneri, 
avec 14 épis, de nuances diverses ; l’Aclandiæ, avec ses six fleurs riche- 
ment colorées; un grand bouquet de l'étrange Brassia verrucosum, foncé 
en couleur ei semblable à un insecte; un majestueux Cypripedium barba- 
lum, chargé de 50 fleurs bien arrangées ; un immense pot de Phalænop- 
sis grandiflora; l’Odontoglossum cordatum, muni d’un panicule ramifié 
et de beaucoup le plus beau spécimen qu’on ait vu dans le pays; le 
nœvium majus formant une belle et grande touffe, portant des inflores- 
cences courtes, dont la fleur ne fait pas assez d’effet pour une exposition ; 
le Saccolabium guttatum, avec de très-petits épis, ete., etc. 

M. Page, jardinier chez M. Leaf, Esq., à Streatham, possédait des spé- 
cimens beaucoup plus petits, mais conduits avec recherche, et renfer- 
mani un bon pot du vieil Oncidium flexuosum et un robuste panicule de 
l’'ampliatum majus, accompagné d’une espèce distincte qu’on appelle 
communément Vanda insignis, une autre remarquable ct richement 
colorée, le suavis; une variété de l’Aerides crispum, portant le nom de 
Brookei ; une bonne plante du Phalænopsis amabilis, mais comme toutes 
celles qui y étaient exposées, n’offrant pas les conditions d’une bonne 
inflorescence, un superbe Dendrobium anosmum, couvert de six longs 
épis; un spécimen gracieusement fleuri du Vanda teres, avec quatre 
fleurs ; le Saccolabium curvifolium et un beau Lycaste Skinneri. 

M. Peed, jardinier de MM. Tredwell, à Norwood, avait également ex- 
posé un bel assortiment qui se composait de deux sortes de Lælia purpu- 
rala, dont l’un portait huit fleurs somptueuses; un Vania insignis, d’un 
riche coloris tout exceptionnel; un grand exemplaire de l'Oncidium 
sessile, avec ses fleurs foncées semblables aux primevères et d’un cachet 
distinet. Parmi les suivantes l’on remarquait l’Aerides Fieldingii, por- 
tant deux épis ramifiés, etc., etc. 

M. Cullen, jardinier chez M. Buller, Esq., à Exeter, avait quelques 
types plus beaux que ceux mentionnés jusqu'ici, mais les plantes étaient 
beaucoup plus petites. Les plus remarquables du groupe étaient le Seleni- 
pedium caudatum et l'Uropedium Lindeni gracieusement fleuri; l’Epr- 
dendrum odoratum, au parfum délicat, un bon Cypripedium Lowur, 
l'Aerides Warneri et le Phalænopsis Luddemanniana. M. Robson, 
jardinier de G. Cooper, Esq., de l’Old Kent Road, présenta aussi un 
groupe admirable, dans lequel se trouvait un racème bien ramifié de 
l’Oncidium bifolium, un gentil crispum et un pied très-bien venu du 
Caltleya intermedia. 

Au: concours de12 Orchidées différentes entre horticulteurs, MM. Veitch 


9 


et fils et M. B. S. Williams, d’Holloway, furent placés dans l’ordre 
où nous venons de les nommer. Le premier avait dans sa collection le 
Caltleya elegans de deux pieds de diamètre, orné de 9 fleurs parfaite- 
ment épanouies; le meilleur Lælia purpurata de toute l'exposition, 
muni de quatre beaux épis; un superbe pied de Vanda tricolor avec 
deux épis; un magnifique Cypripedium villosum, décoré d’environ 
trente de ses charmantes fleurs vernissées ; un barbatum superbum, d’un 
mérite égal, garni de plus de cinquante pédoncules; l’'Odontoglossum Pes- 
catorei, avec vingt fleurs sur un seul panicule; une belle plante du 
nœvium, munie d’au moins vingt racèmes; l’Epidendrum vitellinui 
d’un coloris assez pâle; le Dendrobium densiflorum, admirablement 
fleuri ; un gigantesque Saccolabium guttatum, portant quatre épis, cha- 
eun de 18 pouces de longueur ; le Phalaenopsis grandiflora et un bon 
Aerides à queue de renard (Aerides Foxbrush). 

M. Williams avait exposé un beau pied du Vanda tleres, richement 
fleuri; une plante splendide de l’insignis, munie de trois épis par- 
faits; un remarquable spécimen de Dendrobium clavatum pourvu de 
neuf racèmes, mais nou tout à fait épanouis; une variété superbe du 
Cattleya lobata, qui, sans aucun doute, fleurit le plus aisément de toute 
l'espèce; elle portait dix-sept fleurs sur quatre racèmes; le Mossiae 
couvert de fleurs nombreuses; le Cypripedium Stunei, le plus élé- 
gant du genre avec ses quatre pantoufles gracieuses; un très-beau 
barbatum superbum ; les Phalaenopsis grandiflora et Luddemanniana, 
l'Aerides Fieldingii et enfin une ou deux autres encore. M. Bull obtint 
le 4° prix, à cause de la grande différence de mérite entre sa collection 
et les précédentes. Son lot montrait d’intéressant l’Anguloa Clowesi, le 
Selentpedium caudatum, le délicat Lycaste Depper, ete., etc. 

La rivalité la plus vive exista au concours de 10 Orchidées, pour lequel 
M. Penny, jardinier de H. Gibbs, Esq., Regents’ Park, et M. Wilson, 
jardinier de W. Marshali, Esq., Clay Hill, d'Enfield, se rapprochaient 
tellement, qu'il exigea de la part du jury le discernement le plus 
judicieux pour les classer d’après leur mérite. Les deux collections fai- 
saient le plus grand honneur aux exposants : elles étaient admirable- 
ment cultivées, venues avec élégance et artistement arrangées. M. Penny 
présenta le Dendrobium anosmum, muni de dix épis; le Laelia purpu- 
rala, orné de 24 fleurs; deux beaux épis ramifiés de l’Aerides à queue 
de renard; un pied d’une belle croissance de l’Odontoglossum nœvium, 
avec dix épis floraux évidemment forcés; une plante bien cultivée du 
Phalænopsis grandiflora ; un magnifique spécimen, couvert de fleurs 
orange et cramoisi, de l’Oncidium sarcodes ; le Trichopilia crispa, avec 
ses vingt fleurs amplement épanouies; le Cypripedium laevigatum, 
avec quatre fleurs sur chaque racème, au nombre de sept pour toute 
la plante; très-bonne acquisition du groupe du Stonei, mais plus 
sombre dans son ensemble, et non tout à fait aussi grandiose; puis 


— 296 — 


le Saccolabium relusum, orné de deux bons épis florifères. La collec- 
tion de M. Wilson était un peu trop prodigue de Dendrobium. Le 
D. Dalhousianum portait douze épis de fleurs richement colorées , 
noble, remarquablement beau et couvert de fleurs, mais non pas une 
plante marquante dans une collection choisie, quoique elle était ici 
aussi chargée de fleurs qu’un Azalea; lOncidium Phillipsianum, avec 
onze bons panicules; un pied extra-beau du Dendrobium densiflorum 
album, avec sept épis; le Cypripedium villosum, orné de douze fleurs 
des plus coquettes; un excellent Cattleyu Mossiæ ; le plus charmant 
Selenipedium caudatum, offrant neuf fleurs — et quelles fleurs pour 
la forme et le coloris? -— ayant des pétales d'environ 29 pouces de 
long; le D. tortile roseum légèrement avarié; et un superbe racème 
de l’Eriopsis rulidobulbon, jaune et cramoisi brunâtre. M. Stevenson, 
Lark Hill, Timperley, à Manchester, arriva 5° avec son Laelia elegans 
Turneri, riche variété, à laquelle la planche du « Select orchidaceous 
Plants » de Warner, ne rend nullement justice; l’Anguloa Clowesit, 
muni de sept fleurs; un excellent Cypripediuin laevigatum, orné de 
trois fleurs; un Dendrobium densiflorum album, parfaitement soigné 
et chargé de quatre épis floraux; puis un superbe Odontoglossum 
naevium, dont il existait le meilleur étalage qu'il y eut jamais dans 
aucune autre exposition. M. Wheeler tint aussi une place honorable 
dans cette catégorie. 

Pour les six Orchidées exotiques, M. Howard, jardinier de J. Brand, 
Esq., présenta le Caltleya mossiæ, orné d'environ trois douzaines de 
fleurs; une bonne plante de Phalenopsis grandiflora, munie de cinq 
panicules; le Cattleya Aclandiæ, avec huit fleurs, le plus richement 
colorées de l’exposition; le Burlingtonia fragrans, avec vingt épis 
environ, et un bon Saccolabium curvifolium. M. Fairbairn, jardinier 
de Son Altesse le Duc de Northumberland, à Syon-House, arrivait le 
deuxième avec l’Oncidium amplialum majus, le mieux venu de tous 
ceux exposés; le Vanda tricolor, portant trois épis; le Catlleya mos- 
siæ, elc. M. Young, jardinier chez M. H. Stone, Esq., M. P., à Leigh 
Park, avait entre autres choses un superbe spécimen de Vanda suavis, 
qui semble être une variété perfectionnée des V. Veitchii et Pescatorei. 
M. Ingram, jardinier de J, J. Blandy, Esq., High Grove, Reading, 
possédait aussi une collection choisie. Parmi les horticulteurs, il n’y avait 
pas de concurrence sérieuse. MM. J. et C. Lee avaient exposé le meilleur 
contingent, où l’on remarquait le Lœliu purpurata, avec neuf belles 
fleurs, et le magnifique Odontoglossum citrosmum orné de 5 beaux épis. 
MM. Rhodes, de Sydenham, et MM. Jackson et fils, de Kingston, avaient 
également pris part à ce concours. 

Neuf concurrents entrèrent en lice pour le concours des orchidées 
nouvelles exposées pour la première fois en fleurs. Il n’y en eut néan- 
moins que deux qui méritassent réellement un prix, les autres ayant déjà 


Dogg” 


paru plus ou moins dans d’autres occasions. C’étaient l’Aerides japoni- 
cum de M. Linden, de Bruxelles, plante non complètement nouvelle, 
mais presque inconnue dans le pays, possédant des feuilles coriaces 
et présentant un racème couvert de neuf fleurs, dont les sépales et les 
pétales étaient blancs, nuancés de vert pâle à leur base, couverte, de 
plus, de stries roses peu serrées, le labelle court et gracieusement 
tacheté de rose; c’était réellement une bonne acquisition. L’Angrœæcum 
citratum de MM. Veitch et fils est une espèce trapue, produisant de 
longs racèmes de fleurs blanches fortement serrces les unes contre les 
autres; elle recut à juste titre la seconde distinction. D’autres telles 
que le Vanda cristata de M. Williams, l’'Oncidium concolor de J. Back- 
house et fils, d’York ; le Cypripedium lœvigatum, de MM. Veitch, etc., 
avaient déjà été exposés antérieurement. M. Warner avait apporté 
son Cattleya Mossiæ Marianæ, une variété d’un blanc virginal; et 
J. Bateman, Esq., de Biddulph Grange, avait un beau type de Miltonia 
spectabilis, dont la base de la lèvre ressemblait au HMorelliana et 
la partie inférieure nuancée de blanc. Le même exposant avait en 
outre le Dendrobium Taurinum, couvert de onze fleurs, dont les pétales 
étroits semblables à des vis étaient d’une riche couleur citron, et le label- 
lum bordé de la même couleur ; le restant de la fleur était couleur paille 
et les deux sépales inférieurs étaient connés. En outre, un Dendrobium 
Falconer:, suspendu, sortait des serres de M. Bateman; il était riche- 
ment orné de ses fleurs charmantes et recut une marque de distinction 
du jury. ; 

Pour l’Orchidée exotique en fleur, il y avait un très-beau Phalae- 
nopsis Luddemanniana de M. Charles, jardinier chez M. Barnett, Esq., 
Blackheath Park, orné de cinq racèmes, dont le plus fort dépassait le 
feuillage. M. Cullen arrivait second avec un Phalaenopsis amabilis, 
un spécimen vigoureux, qui présentait, à côté du pied principal, deux 
pousses épiphytes sur la tige de l’ancienne fleur. M. Bullen était troisième 
avec un énorme nobile, et M. Webb, jardinier de J. Mile, Esq., de 
Bristol, possédait un Ansellia africana bien fleuri. M. Warner avait 
envoyé le rare Dendrobium Wardianum, muni de deux fleurs. Les 
autres exposants avaient des apports moins méritants. 

Deux exposants prirent seuls part au concours pour les Orchidées à 
feuillage coloré et remportèrent respectivement le 1° et le 4° prix. 
M. Williams avait une collection splendide d’Anaectochilus Lowit, in- 
termedius, setaceus, Petola, Turneri, argenteus, pictus, xanthophyllus 
et querceticola; Phalaenopsis Schilleriana et Goodyera pubescens. Le 
lot de MM.S. Glendinning et fils contenait des plantes beaucoup plus 
petites. 

Parmi les Orchidées qui figuraient aux classes des miscellanées, on 
peut citer, de W. Marshall, Esq., une belle forme de Trichopilia tortilis, 
dont l’extrémité du labellum ressemblait à un grand coquillage gracieuse- 


20 


— 298 — 


ment tacheté à la base et les pétales semblables à une vis, plus larges 
et plus vivement colorés que dans le type; l’Aspasia lunata, une plante 
ressemblant au Miltonia, un peu plus verte qu’on ne le voit d'ordinaire 
dans cette famille; le Saccolabium quttatum splendens, au large feuillage: 
et aux fleurs des plus ornementales; le Phulaenopsis Luddeman- 
niana etc. M. Parker, de Tooting, avait de son côté exposé quelques 
espèces, dont la meilleure était le Saccolabium ampullaceum et un 
superbe Aerides virens. 


Sarraäcenia. — M. Baines y contribuait, selon son habitude, par 
de bons spécimens comprenant le Prummundi alba et rubra, flava, 
variolaris, purpurea, rubro-nervia, et d’autres innommées. M. Williams 
occupe le deuxième rang avec quelques sortes choisies, mais non d’aussi 
grands spécimens que ceux de M. Baines, J. Veitch et fils méritérent 
un certificat de première classe pour le Vepenthes hybrida maculata, 
une belle forme naine. 


Palmiers. — M. Fairbairn, jardinier du Duc de Northumberland, 
et MM. Veitch en présentèrent deux bonnes collections. Nous ferons 
mention du Cocos nucifera, Latania borbonica et Jenkinsiana, du Phœnix 
farinifera, du Seaforthia robusta, du Ceroxylon andicola, Corypha 
australis, Thrinax eleqans, Chamærops humilis et excelsa, et Steven- 
sonia grandiflora. MM. Williams, Jackson et Bull, exposèrent aussi des 
groupes intéressants de ces plantes à feuillage magnifique, de même que 
M. Young, jardinier chez R. Barclay, Esq., qui exhiba un superbe 
spécimen de Phœnix dactylifera. 


Cycadées. — Il y en avait des collections riches et intéressantes, 
dont la meilleure venait de M. Amb. Verschaffelt, de Gand, et ren- 
fermait le Zamia Verschaffeltii, Z. cycadæ/olia, de Port Natal, et 
Z. Caffra, offrant un charmant stype de 15 pouces de diamètre et 
4 pieds environ de hauteur. À M. Yates appartenaient les Zamia mu- 
ricata, Z. Caffra et Cycas revolula. M. Willians avait le Dion edule, 
Zamia pungens et Cycas revoluta. M. Bull, le Cycas plumosa d’Aus- 
tralie et le C. Riuminiana, nouvelle espèce des Philippines. 


Pandanées. — MM. Veitch montrèrent des exemplaires superbes 
du P. javanicus variegatus, P. elegantissimus et P. ornatus. MM. Wil- 
liams fournirent P. utilis, P. reflexus et Freycinetia imbricata. De 
MM. Jackson et M. Bull venaient les P. furcatus, P. glaucescens, P. ele- 
gantissimus, P. imbricatus, P. javanicus variegatus et P. Candelabra. 
Un individu admirable du P. elegantissimus fut envoyé par M. Young, 
jardinier de R. Barclay, Esq. Highgate ; un autre du P. juvanicus varie- 
gatus de M. Donald, jardinier de J. G. Barclay, Esq., Leyton; et un 
troisième du P. utilis de MM. Veitch. M. Linden, directeur du jardin 


— 299 — 


royal de zoologie et d’horticulture de Bruxelles, y avait envoyé ce qui 
est réellement le véritable P. elegantissimus, espèce tout à fait différente 
de celle qu’on désigne ordinairement sous ce nom. 


Fougères. — Les plus remarquables d’entre elles étaient de magni- 
fiques spécimens de Dicksonia antarctica et Cyathea dealbata et medul- 
laris, de M. Williams, superintendant des jardins de Crystal-Palace ; ils 
mesuraient 25 pieds de hauteur et offraient des cimes largement déployées, 
qui faisaient l'admiration des visiteurs. M. Williams, d'Holloway, avait 
exposé une collection de 12 espèces, pour laquelle un premier prix lui 
fut, à bon droit, octroyé. Elle se composait d’un Platycerium grande, 
Dicksonia antarctica, Cibolium Schiedei et princeps, Gleichenia semi- 
veslita, microphylla et flabellata; du Woodwardia radicans, Cyaihea 
dealbata, du superbe £omaria gibba et Todea africana. À M. Bull 
appartenaient les Todea pellucida, Dicksonia antarctica et squarrosu, 
Cibotiuin princeps, Cyathea dealbata, Gleichenta semivestita, Marattia 
elegans etc., ete. M. Baines, jardinier de IH. Micholls, Esq., avait comme 
apport le Dicksonia antarctica, Alsophila excelsa, Cyathea medullaris, 
Cibotium princeps, Gleichenia flabellata, Davallia bullata et tenurfoliu, 
Pteris scaberula, Platycerium grande, Cheilanthes elegans, Asplenium 
fœniculaceum et Davallia pyxidata, tous en parfait état. Il nous reste 
à mentionner des collections des autres amateurs qui prirent part à ce 
concours, le Cyathea Cooperi et boconensis, le Todea africana, le 
Blechnum corcovadense et australe, le Thamnopteris australasicu, 
l’Alsophila Miquel, l’Asplenium bulbiferum et Veitchianui, V'Adian- 
tum cuneatum, le Polypodium aureum, le Pteris cretica albo-lineaia, 
le Platycerium alcicorne, le Drynaria morbillosa, le Marattia cicutæ- 
fofra, le charmant Leptopteris superba et d’autres. Au nombre des variétés 
nouvelles MM. Backhouse, d’York, avaient placé l’Asplenium anisophyl- 
lum de Natal; l'A. ressectum, de l’ile Maurice ; le Gleichenia cryplocarpa 
du Chili, le Trichomanes foeniculaceum de Java, ete. MM. Veitch pré- 
sentérent le Davallia alpina de Bornéo, le Lomaria ciliata et P’Asple- 
nium novæ caledoniæ, tous les deux de la Nouvelle Calédonie, et un Cheï- 
lanthes du Pérou. M. Williams apporta pour son tribut le Polystichum 
ordinalum, le Lomaria rigida, un Gleichenia, Alsophila, Cyathea et 
Adiantum. Dans la catégorie des Fougères rustiques, MM. {very venaient 
avec une vaste collection, dont une partie était placée dans les crevasses 
et anfractuosités des Rockworks qu’elles décoraient admirablement. 
De ce nombre il y avait deux douzaines des meilleures sortes et les 
mieux choisies d’Athyrium, une demi douzaine de Lastrea, environ 
une douzaine de variétés de Polystichum, Blechnum Spicant crispum, 
Strulhiopteris germanica et deux charmantes variétés de Scolopendrium. 
M. Salter, d’Hammersmith, M. Wilson, jardinier de W. Marshall, Esq., 
et d’autres s'étaient aussi présentés avec des collections intéressantes. 


— 900 — 


Comme Fougères rustiques nouvelles, MM. Ivery offraient le Lastrea Fi- 
hix-mas Ingram, admirable et robuste ; le Polystichum angulare atte- 
nualo-cristalum, variété délicate et gracieuse ornée d’une crête légère ; 
l'Asplenium Trichomanes Maulei, petite, mais très-jolie; PAthyrium 
Filix-fœmina lanceolatum, variété à feuilles coniques parfaitement dé- 
coupées ; l’A. f. f. formosum cristatum terminée en crête superbe; et 
l'A. f. f. pterophorum variété également méritante. Nous citerons enfin 
une corbeille gracieuse de l'A. f. f. A pplebyanum. Au concours de 6 fou- 
géres nouvelles de serres, MM. Backhouse furent le premier avec l’Asple- 
nium anisophyllum, le Gleichenia cryptocarpa, l'Asplenium resec- 
tum, le Trichomanes fœniculaceum, l'Asplenium alternans : et le 
Lindsæa sp. 

Les meilleures des douze Lycopodiacées des différents contingents 
étaient les Selaginella Danielsiana, erythropus, denticulata, umbrosa, 
cæsia, stolonifera, Willdenowi, variabilis, apoda, Martensii, cuspidata, 
inaequalifolia, caulescens, umbrosa, dichrous et Galeottiana. Parmi les 
horticulteurs, MM. Veitch avaient un lot unique comprenant le Lyco- 
podium formosum, nouvelle espèce de l'ile Salomon, complètement 
distincte des spécimens existants, empruntant plutôt le caractère d’un 
Conifère nain et à feuillage retombant gracieusement; les S. rubricaule, 
japonica variegata, très-jolie variété; le Martensii variegata et le 
superbe japonica. D’autres furent cncore exposées, mais Ctaient beau- 
coup plus communes. 

Quant aux Aroïdées, MM. James Veitch et fils remportérent de nou- 
veaux succès avec les Dieffenbachia Baraquiniana, Alocasia Veitchü, 
zebrina, macrorhiza variegata et longiloba, et l’Aglaonema commuta- 
tum variegatum. M. Williams avait également un assortiment recherché. 
Les premiers avaient un lot splendide de Maramtacées comprenant le 
Veitchit, zebrina, vitlata, splendida, Vanden Heckei, fasciat a, Jageriana 
et tubispathu. M®° Legrelle d’'Hanis avait également exposé un charmant 
lot, qui comptait entre autres le Phrynium maculatum, Vanden Hecker, 
et quelques autres. Les Araliacées de Mr. Veitch étaient trés-belles 
et représentaient le Sieboldii, papyrifera, V'Oreopanax dactylhiferum, 
le peltatum et le platanifolium, ainsi qu’une nouvelle espèce de Scrado- 
phyllum. M. Williams possédait également un lot remarquable. M. Cullen, 
jardinier de Wentworth Buller, Esq., avait dans son contingent, quelques 
Orchidées et un bel Amaryllis, qui n’était pas dénommé. Quelques 
Nepenthes bien cultivés de MM. Veitch étaient groupés près des Ara- 
liacées et consistaient en Rafflesiana, Hookeri, très-belle sorte forte- 
ment colorée; Dominiana ; le beau laevis et une autre innommée mais 
caractéristique, ressemblant plus parfaitement à une amphore que la 
plupart des autres. MM. J. et C. Lee avaient une belle collection d’A ucuba. 
couverts de beaux fruits, dont le cachet décoratif montrait ce qu’ils pour- 
raient être par une culture étendue. 


UT 2e 


Cactées mammilliformes. — M. Charles Pfersdorff en envoya 
des caisses pleines et une autre petite collection. De ce nombre étaient 
l’Echinopsis Eyresti, portant de nombreuses fleurs assez grandes d’un 
rose pâle ; l’Echinocactus Cumminghii, orné de petites fleurs orange; 
l’'Echinocereus inulticostatus, avec de belles fleurs doubles; des Mam- 
millaria de différentes sortes prêts à s'ouvrir; un petit spécimen de 
Cactus senilis (Old men Cactus) et d’autres encore. 


Taxacées rustiques. — MM. Veitch en possédaient un contingent 
superbe qui remporta à bon droit le premier prix. MM. Waterer et 
Godfrey et M. Wm. Paul participèrent également à ce concours. On 
remarquait dans ces collections le Taxus japonica, charmante plante d’un 
vert foncé; le Cephalotaxus drupacea et le C. Fortuner, tous les deux 
touffus et remarquables ; le Taxus fastigiata, en forme de pyramide; 
lArthrotaxus selaginoides de Tasmanie, le Taxus adpressa d’un vert 
foncé; le Podocarpus andina, le petit Taxus ericoides et d’autres. 
MM. Paul Lee et fils, et Standish avaient également concouru dans cette 
classe. 


Conifères rustiques (les Taxacées exceptées). — La meilleure 
collection appartenait à MM. Veitch et la seconde sous le rapport du 
mérite avait été envoyée par MM. Waterer et Godfrey. Ces groupes con- 
tenaient toutes les plus belles espèces de Picea et Abies, y compris l'A. 
Kœmpferi et la variété glauque du P. nobilis, appelée magnifica cæru- 
lea ; le magnifique P. lasiocurpa, différentes espèces de Pin, des Deodora, 
le superbe Cupressus Lamwsoniuna, le Wellinglonia gigantea, des Juni- 
perus, Thuja, et de charmants exemplaires de Retinospora obtusa, 
pisifera, lycopodioides et filiformis ; de plus le Thujopsis dolabrata et 
borealis. MM. Lee et Jackman avaient exposé de petits groupes de Coni- 
féres. Le groupe de ces derniers formait un fond approprié à la masse 
des rocailles artificielles disposés avec goût près de l’entrée principale. 
Il se composait de Picea Nordmanniana ct Pinsapo, de 4h 6 pieds de 
hauteur, et autant à peu près en diamètre; du Wellingtonia gigantea, de 
forme parfaite, huit pieds de hauteur, et une plante extraordinairement 
compacte de Thuja gigantea, haute de huit pieds, s’élevant majestueuse- 
ment au-dessus du rocher; en outre le gracieux arbre de la Californic, 
Cupressus Lawsoniana; V’Abies orientalis, le Juniperus sphærica, 
le Deodora et le Thujopsis borealis. M. W. Paul, MM. Paul et fils, 
Standish et Turner avaient aussi exposé des Conifères rustiques. Quant 
aux Conifères d’Orangerie, M. Bull fournit l’Araucaria Bidwilli, 
excelsa, Cunninghami et sa variété glauque Cookü, brasiliensis et le 
Libocedrus Doniana. 


— 502 — 


Caladium. — Ils étaient bien représentés: Troubetskoi, picturatum, 
Belleymii, argyriles, bicolor magnificum et splendens et l’ancien 
Chantini; et comme nouvelles sortes, le D° Lindley, Napoléon ILE et 
Reine Victoria étaient les meilleures. 


Anthuriue. — Nous retrouvons encore ici MM. Veitch et fils et 
M. Williams, occupant l’ordre dans lequel nous venons de les nommer 
et possédant tous de bons Anthurium Scherzerianum ; le magnificum 
était aussi intéressant, de même que l’acaule de M. Williams, avec son 
inflorescence ressemblant à un concombre. 


Les Begonia formaient un groupe choisi, quoique une grande uni- 
formité caractérisait les contingents. Les plus importants étaient Helène 
Uhder, Victor Lemoine, Président vanden Hecke ct Cloth of silver. 
Les Begonias cn fleurs n’offraicnt pas une exhibition remarquable et 
ne peuvent être tolérés que comme plantes de fenêtre dans les rues 
populeuses d’une cité; sous la même tente M. Watson avait exposé 
douze frêles Fougères sous un abri en verre; et de l’autre côté, M. Bull 
montrait son étrange Radis, d’une croissance aussi vigoureuse que le 
Radis commun, puis le Pitcairnea tabulæformis, dont le feuillage 
ressemble à un Sedum, avec une inflorescence sessile d’un orange 
écarlate. A côté venaient le Brownea grandiceps avec son étrange tige 
pendante et son feuillage superbe, le remarquable Cycas plumosa, 
le Bignonia argyræa violascens admirablement marbré et d’une belle 
croissance, dans son jeune âge; le curieux Dioscoreu Anœæctochilus, à 
feuilles cordées-acuminées. 


Rhododendron. — M. Standish, d’Ascot, et M. Noble de Bagschot, 
avaient exposé de belles collections. La dernière, qui renfermait quel- 
ques semis d'avenir, n’entrait pas en concurrence. MM. Lane et fils 
avaient un groupe nombreux de petites plantes en fleurs remarquables, 
qui donnaient de la vie et du charme à un joli banc incliné adossé à l’un 
des côtés d’un rockwork, tandis que l’autre côté était occupé par un lot 
de plantes semblables provenant de M. Jackman, de Woking. Nous ne 
devons pas passer sous silence quelques Rhododendrons en arbres. 


Ericas du Cap. — Il y en avait quelques belles collections, qui 
toutes prouvaient la perfection non-seulement au point de vue des 
variétés mais encore sous le rapport de la culture. Parmi les hybrides, 
comme celles de l’aristata, il y avait de charmantes choses, et le Spence- 
riana, quoique peu nouveau, est encore une belle addition à ce groupe 
ligneux. Quant à la culture, la collection qui remporta le 1°° prix, était 
ce que l’on pouvait désirer de mieux; et d’autres encore étaient extré- 
mement satisfaisantes. 


NEA NE 


Yucca, Beaucarnean et Basylirion. — Les meilleures collections 
appartenaient à MM. Williams, J. Verschaffelt, W. B. Kellock, Esq., de 
Stamford Hill, et Bull. Les plus beaux des Yucca étaient le quadricolor, 
l'espèce commune panachée à feuilles d’Aloes et le Stokesti ; les Beaucar- 
nea glauca et recurvata sont de belles espèces, et au nombre des Dasy- 
lirion nous citerons l’acrotrichum et sa variété à feuilles courtes, 
Hartwegii, les serratum, latifolium et longifolium. 


Dracœna et Cordyline. - MM. Veitch, Williams et Jackson en 
avaient fourni de beaux contingents, au nombre desquels il y avait quel- 
ques riches spécimens du Dracœæna Draco, dont le port et la hauteur 
semblent merveilleux aux personnes peu accoutumées à ce type de végé- 
tation; en outre de beaux exemplaires de Dracæna indivisa, nigricans, 
Cooperi et d’autres espèces à feuillage rouge. Les Cordyline les plus 
remarquables étaient l’indivisa, australis et heliconifolia, celui-ci à 
feuille vert foncé. 

Le Lilécmm auraéum de M. Turner, de Slough, était remarquable 
par sa floraison. MM. Veitch obtinrent, pour leur lot, le 2% prix et 
MR Parker, le 3°: M. Turner avait, en outre, 6 Lilium différents, 
entre autres l’auratum, fulgidum, Brownit, etc. Les Bougainvillea 
étaient également bien cultivés dans de petits pots. 


Agaves. — Ils étaient en nombre considérable et quoique leurs for- 
mes raides et bizarres ne s’associassent pas bien avec les plantes fleuries 
et gracieuses qui les entouraient, ils n'étaient pas toutefois sans produire 
de l’effet au voisinage da rockwork et attiraient beaucoup d’admirateurs. 
Au concours de 24 variétés, M. J. Verschaffelt remporta le 4° prix. 
Les pius remarquables se trouvaient être les variétés Verschaffelti, 
à feuilles vertes de forme parfaite ; le Jacobiana, au large feuillage vert; 
l’Ousselghemiana, belle sorte également; le fiifera et Noacki, espèce 
à feuillage panaché. M. Williams, d’Holloway, venait avec les schidigera, 
filifera et sa variété à longues feuilles ; Ia variété panachée de 
l'Amérique; le medio-picta, à feuilles striées de jaune dans leur milieu, 
au lieu d’être bordées de cette couleur comme dans l’Aloe americana; 
l’excelsa, à feuilles épineuses ; le picta-longifolia, à longues feuilles 
bordées de jaune; et le dealbata, à long feuillage étroit, d’un vert 
glauque pâle. M. Charles Pfersdorff, de Paris, avait aussi exposé une 
collection et de plus petits groupes appartenaient à M. Kellock, A. Ver- 
schaffelt, Young, jardinier de A. Barclay, Esq. 

Il y avait un riche assemblage d’Amarvyllis, et M. Veitch en montrait 
un splendide assortiment de 12 variétés, renfermant les Fair Helen, 
Stephenson, Belladonna, Anderson ((dans le genre de l’Ackermanni), 
Madame Rachel, Souvenir d’un ami (forme délicate), Prince héréditaire, 
Queen of the Netherlands (magnifique variété au brillant coloris), l'£n- 


— 504 — 


fant chéri, Goliath (dans le genre de Cléopatra), Goldsmith et Pan- 
théon, très-belles formes. M. Williams était 2°, avec grandis (un beau 
brun), exquisita, robustum , Cleopatra, Quartermaster (bon rouge et 
blanc), Williamsii (irès-beau rouge), Halfordii, Favourite (pas tout à 
fait aussi belle), Ackermanni pulcherrima, Evening Star, et Princess 
Helena (d’un beau cramoisi foncé). M. Parker obtint le 3° prix. Les 
plantes qui différaient des précédentes étaient delicata, Johnsont , 
psittacina, vittata amabilis, Mathilda splendens, vittata et Sultan. ! Cet 
exposant avait aussi une plante admirablement fleurie du Clerodendron 
Balfourii. 


Azaléa. — Ce concours excita une grande rivalité entre M. Turner, 
de Slough, et MM. Veitch, de Chelsea, qui exposèrent l’un et l’autre 
de magnifiques plantes, véritables montagnes de fleurs; ces pieds 
mesuraient sept à huit pieds de hauteur et à peu près autant en 
diamètre à la base. Le 1" prix fut décerné à M. Turner, pour des 
individus de variegata, illustris nova, Iveryana, Perryana, sir Charles 
Napier, criterion, Barclyana et Chelsoni. MM. Veitch avaient dans leur 
lot Criterion, Chelsoni, Trotteriana, Cedo nulli, magnificens, Extrani, 
Carnea superba et Juliana. M. Turner exposa un riche spécimen de 
Etoile de Gand; MM. Veitch avaient de leur côté une superbe espèce 
rouge, le Président; et M. Carson l’ancienne variété jaune de la Chine, 
dont les belles plantes sont rares pour le moment. Il y avait encore 
dans d’autres collections des variétés excellentes dont les noms nous 
sont familiers. Enfin M. Lane avait exposé un fort et beau contingent 
de petites plantes pyramidales bien fleuries. 


Roses. — M. Turner et M. W. Paul en avaient envoyé de char- 
mantes collections, pour lesquelles ils remportèrent les prix dans 
l’ordre que nous venons de les citer. Dans les deux lots, mais surtout 
dans le premier, l'éclat et la beauté des plantes captivaient aussitôt 
les regards. On y remarquait Madame de St. Joseph, Victor Verdier, 
Souvenir de Malmaison, Vicomte Vigier, Souvenir d’un ami, Général 
Jacqueminot, Madame Bull, Madame Damazin, Anna Alexieff, Baronne 
Prévost, Charles Lawson, Paul Ricaut, et d’autres bien connues. 
MM. Francis, Lane et Paul et fils exposèrent aussi de beaux contin- 
gents, de même que M. Terry, jardinier de A. G. Puller, Esq.; 
M. Chalmers, jardinier de E. J. Coleman, Esq.; et M. Young, de 
Highgate. Quant aux Roses nouvelles, M. W. Paul et MM. Paul et fils, 
MM. Lane et Turner en avaient de petites collections. M. Turner possé- 
dait la Comtesse de Chabrillant, spécimen tout particulier et d’une cul- 
ture excellente; M. W. Paul, Président; M. Lane, Chenedolé, MM. Paul 
et fils, Laelia, et M. Francis, Souvenir d’un ami. Il y avait en outre 
plusieurs collections intéressantes de Rosiers, cultivés dans des pots 


305 —- 


de huit pouces, de même que des corbeilles de fleurs coupées. Parmi 
ces dernières, on remarquait de brillantes productions de la Rose Thé 
jaune, le Maréchal Niel, qui excitaient à bon droit l'admiration de tous 
les visiteurs. Elles appartenaient à M. Mitchell, de Piltdown, Maresfield, 
Sussex. Une ou deux collections seulement de Rosiers en tête figuraient 
à l'exposition. | 


Hlex. — De nombreuses collections ont été envoyées par MM. Veitch, 
Waterer et Godfrey, Lee, Osborn, W. Paul et d’autres. Nous citerons 
de ce nombre l’Ilex cornuta, au feuillage singulièrement composé; 
I. aquifolium Hodginsii, une des meilleures variétés à feuilles d’un 
vert sombre ; Shepherdi, belle espèce foncée ; et des variétés panachées 
de toute sorte, parmi lesquelles celles appelées Milkmaid (striées 
d’or et d'argent) ne sont pas les moins attrayantes. Il y avait aussi 
de bons individus des variétés d’ Hedgehog. 


(La suite à la prochaine livraison.) 


ARBORICULTURE. 


UNE VISITE AUX ARBRES GÉANTS (1). 
(Sequoia gigantea). 


Nous étions à San-Francisco, la ville d’or de la Californie, le paradis 
des Américains du Nord, et nous avions là bien des choses curieuses à voir : 
les mines d’or et d'argent, d’où l’on extrait journellement des centaines 
de tonnes de quartz et des millions de dollars ; les mines de cinabre de 
New-Almadin, qui fournissent du mercure au monde entier; Yo-Semite, 
la charmante vallée située dans les montagnes de la Sierra-Nevada et 
arrosée par une rivière qui, tombant d’une hauteur de 2,700 pieds, 
forme le Voile de la mariée, la plus haute cascade du monde. 

Il y avait des geysers et des grottes merveilleuses, les îles des lions de 
mers et les arbres Mammouth; dans le port, une flotte russe ; au muséum 
le squelette vivant ; au théâtre, je ne sais plus quelle exhibition. Cette 
abondance de curiosités ne nous laissait que l’embarras du choix. Après 
müre délibération, nous nous décidâmes à visiter le bois des arbres 


(1) Ces renseignements racontés par un témoin oculaire seront lus avec intérêt. 
Nous les avons empruntés à la Revue britannique qui les avait traduits du Blackwood’s 
Edinburg Magazine. 


21 


— 306 — 


géants, dans le comté de Calaveras, à 150 milles environ de San-Fran- 
cisco, sur le versant occidental de la Sierra-Nevada. En conséquence, 
nous primes passage, un beau soir, à bord de la Cornélie, pour re- 
monter le San-Joaquin, — un étroit et bourbeux tributaire du Sacra- 
mento, — qui coule en serpentant au milieu d’un vaste delta semé de 
marécages. 

Les grands roseaux qui bordent cet insensible courant étaient en 
feu sur une étendue de plusieurs milles, de sorte que nous voguâmes 
toute la nuit au milieu d’une immense mer de flamme et. de fumée. 
Arrivés à Stockton à huit heures du matin, nous primes la diligence 
pour Colombie, distante encore de 90 milles, d’où il devait nous rester 
15 milles à parcourir pour arriver à la vallée des grands arbres. La 
première partie de la route traverse une large et riche vallée presque 
entièrement cultivée, dont les chaumes restés debout accusent une 
fertilité inconnue à l’ancien monde. Le sol est si généreux, que, une 
fois ensemencé, il produit deux années de suite sans nouveau travail 
d'homme; le grain tombé pendant la moisson suffirait à donner une 
seconde récolte aussi abondante que la première. Quoique nous fussions 
en plein hiver, le temps était splendide et doux comme au mois de 
mai. Les Lauriers-roses et les Héliotropes fleurissaient dans les jardins, 
et l’on cueillait des fraises müres sur des coteaux chauffés par le soleil. 

Vers le soir, nous commencämes à gravir Îles premiers échelons de 
la Sierra-Nevada, contrée non moins fertile que la vallée de Stockton. 
On rencontre là des traces encore fraiches des travaux exécutés dans 
l’ancien placer : d’immenses excavations, des aqueducs de bois con- 
struits pour faire écouler l’eau. Çà et là, des amas de granit et de 
quartz extraits par les mineurs rappellent les courants d’eau qui rem- 
plissaient ces lits aujourd’hui mis à sec, entraînant avec eux le gra- 
vier d’or, objet de tant de convoitise. A l’entrée de la nuit, nous traver- 
sämes la ville de Sonora; puis un trajet de six milles nous rendit 
à Colombie, où nous passiämes la nuit dans un méchant hôtel tenu 
par un Gallois, nommé Morgan. 

Comme la diligence n’allait pas plus loin, nous louâmes une voiture 
qui nous conduisit à Murphy, à travers une contrée pittoresque et 
boisée, où croissent les pins de diverses espèces, les arbousiers, les 
jasmins blancs et les chênes verts aux branches chargées de gui. La 
route montait en tournant sur les pentes de la Sierra. Nous arrivämes 
bientôt à la vallée des grands arbres, située à 4,000 pieds au-dessus de 
la mer. Le temps était toujours magnifique et le ciel sans nuage; mais, 
à cette hauteur, l’air du soir était très-vif, et un léger tapis de neige 
couvrait la terre. Après avoir roulé quelque temps dans une forêt de 
pins d’une superbe venue, nous arrivämes près de l’hôtel. Nous aper- 
cûmes alors, à 100 toises environ en avant de sa facade, deux des 
arbres géants. 


— 307 — 


Ces deux arbres, appelés les Sentinelles, quoiqu’ils ne soient certai- 
nement pas les plus beaux, sont d’une grandeur et d’une magnificence 
qui frappent de stupeur l'étranger appelé pour la première fois à les 
contempler. Leur taille dépasse 300 pieds, et leur diamètre est de 
20 pieds environ. 

À Murphy, où nous avions diné, nous apprimes que l’hôtel situé au 
bois des arbres géants était fermé pour l'hiver; mais, comme cet éta- 
blissement appartient au propriétaire de lhôtel à Murphy, celui-ci 
consentit gracieusement à nous accompagner, et nous l’amenämes dans 
notre voiture. Le soleil se couchait au moment de notre arrivée. Pendant 
qu'on préparait notre souper, nous fûmes voir les sentinelles et le 
Gros-Arbre, qu’on appelle ainsi je ne sais pourquoi; car il y en a encore 
de plus gigantesques. Celui-ci n'est plus debout; son immense tronc 
oit mutilé sur le sol. E fut abattu il y a quelques années, nous a-t-on dit, 
pour fabriquer des cannes, que s’arrachaient les amateurs de curiosités. 
Cette exécution ne fut pas une petite affaire, cinq hommes y travaillèérent 
vingt-cinq jours. Il ne fallait pas songer à le couper avec des cognées. 
On commenca pas faire des trous dans le bois avec des tarières, puis on 
scia les interstices ; mais le tronc quoique entièrement détaché, restait 
toujours ferme sur sa base. On fut obligé de le soulever avec des coins 
de fer et de le battre avec un bélier pour le renverser. Le troncon resté 
en terre mesure 90 pieds à sa base. La surface, soigneusement polie, a 
25 pieds de diamètre, sans compter l'écorce, qui a 3 pieds d’épaisseur 
à elle seule. Sur le sommet de ce troncon on a construit une maison de 
bois, qu’on appelle la Salle de bal, et ce n’est certes pas une petite salle 
de bal qu’une pièce circulaire de 90 pieds en circonférence. On y forme 
aisément quatre quadrilles à la fois; on y joue même quelquefois la 
comédie. Près de là se trouve une section du tronc. Si l’on veut avoir 
une idée de sa grosseur, nous dirons que l’auteur de cette description, 
un homme de cinq picds six pouces, pouvait à peine en toucher le centre 
en se dressant sur la pointe des pieds; ceci du côté de l'extrémité la plus 
petite ; car, du côté de l’autre, il n’arrivait pas au tiers du diamètre. Le 
reste du tronc abattu, trois cents pieds de long à peu près, a été façonné 
de maniëre à ressembler à une grande terrasse entre deux allées de 
verdure. Tout le bois de cet arbre phénoménal est estimé à 500,000 
pieds cubes ; quant à son âge, on calcule, d’après les anneaux concentri- 
ques de la tige, qu’il n’avait pas moins de trois mille ans. 

La nuit vint interrompre notre admiration. Nous rentrâmes à l’hôtel, 
et, après le souper, notre hôte nous fit l'historique des arbres géants. 

Les arbres géants étaient encore inconnus en 1850, lorsqu'un 
M. Dowel, en poursuivant un troupeau de daims, fut amené par les 
hasards de la chasse dans la vallée qui fait aujourd’hui l’admiration des 
voyageurs des deux mondes. Le chasseur s'arrêta pétrifié: ainsi que 
Gulliver, perdu dans le champ d'orge de Brobdignag, il regarda, avec 


— 9508 — 


une surprise voisine de leffroi, cette végétation monstrueuse. Au retour 
de son excursion, il raconta ce qu’il avait vu ; mais personne ne voulut y 
croire, et ce fut à grand peine qu’il parvint à amener sur les lieux les 
moins incrédules, qui constatèrent la vérité de ses assertions. 

La découverte de ces arbres, nommés Washingtonia giganteu par les 
Américains, par les Anglais Wellingtonia gigantea, a singulièrement 
embarrassé les botanistes. D’aucuns ont cru y voir une variété du Cèdre, 
avec lequel ils ont réellement beaucoup de rapport; quelques autres 
les classent dans la famille des Taxodiées. 

La semence en a été exportée en divers pays, notamment en Angle- 
terre, où plus d’une pelouse est ornée de jeunes Wellingtonias. Partout 
où ils ont été plantés, les nouveaux arbres viennent admirablement. Il 
parait donc étrange que leur production ait été limitée par la nature à 
deux étroites vallées, qui n’ont chacune qu’une cinquantaine de milles 
d’étendue. C’est pourtant un fait certain : à part les sujets nouvellement 
plantés, aucun arbre de cette espèce n'existe en dehors des vallées de 
Calaveras et de Maripos. Ils sont restés cachés dans ce petit coin de terre 
pendant des centaines, peut-être des milliers d'années, jusqu’au jour où 
ils ont été découvert comme nous l'avons rapporté. 

Le lendemain matin, par une belle gelée, nous revinmes à notre 
contemplation, et, après le déjeuner, nous passâmes plusieurs heures 
au milieu de ces merveilles, qui nous auraient paru un conte de fées 
si nous ne les avions vues de nos propres yeux. Il y a là une centaine 
de Wellingtonias de tout âge et de toute grandeur, entremèêlés de pins, 
d’ifs et d’arbustes de toute espèce, le tout couvrant une surface de 
50 acres environ. Les jeunes arbres sont remarquablement beaux et 
gracieux, mais les plus âgés se dessèchent un peu à leur sommet : leurs 
énormes troncs sont unis et sans branches jusqu’à une hauteur de 
100 ou 150 pieds. 

Rien ne peut exprimer l'effet de ces puissantes colonnes élevant vers 
les cieux leur superbe couronnement ; quelques-unes, creusées par le 
temps et dans les cavités desquelles une compagnie pourrait presque 
s’abriter, la plupart massives, inébranlables ; monuments de cet âge 
titanique où le globe était peuplé de géants. Les grands pins de 300 pieds 
de haut et de 10 ou 12 pieds de diamètre, rois des forêts partout 
ailleurs, ressemblent ici à des nains. Pour nous, humbles pygmées, 
nous nous attendions à chaque instant à voir sortir de ces étranges 
futaies le mammouth et le mastodonte faisant trembler le sol sous leurs 
pas, ou le ptérodactyle fendant l’air de ses ailes colossales. Nous vimes 
là, tristement desséchée, la Mère de la forêt, 327 pieds de haut, 76 de 
circonférence sans l'écorce, car cette gigantesque enveloppe a été enlevée 
et transportée au Palais de Cristal de Sydenham. L’échafaudage qui a 
servi à cette opération est encore debout autour du tronc dénudé. 
Ainsi, les deux plus beaux arbres de cette forêt, unique au monde, ont 


4 
À 


— 509 — 


été sacrifiés à une curiosité mal entendue. Il y en a un troisième, 
encore plus beau, qui n’existe plus, formidable ruine à moitié enfouie 
dans la terre. Il est probable qu’il fut détruit par un incendie qui pa- 
rait avoir ravagé le bois à une époque indéterminée, car plusieurs arbres 
portent l'empreinte du feu. Celui-ci s’est brülé à l’intérieur de manière 
à former un tunnel de 200 pieds de long, dans lequel nous nous som- 
mes promenés avec nos chapeaux sur la tête. Terrible et meurtrière 
dut être la chute du Père de la forêt; que de victimes n’aura-t-il pas 
faites autour de lui! Lorsqu'il était debout, il se divisait, à 200 pieds 
de sa base, en une immense fourche. Il ne reste plus rien de cette 
partie supérieure; mais on suppose, d’après les proportions des autres 
arbres, qu’il n’avait pas moins de 455 pieds, plus de deux fois la hau- 
teur du monument, 95 pieds de plus que la grande cheminée de 
Saltaire, et 30 pieds de plus que la croix qui couronne le dôme de 
Saint-Paul. 

Le sol était jonché de cônes tombés des Wellingtonias. Nous en ra- 
massämes une grande quantité; puis, lassés d’admiration, nous reparti- 
mes pour San Franseisco. 


NOTICE SUR LA POIRE FONDANTE DU COMICE. 


Représentée planche XVI. 


Le spécimen que nous avons sous les yeux mesure 0",09 en hau- 
teur, sur 0,07 à 0®,08 de diamètre. Sa forme est ovoïde, pyramidale. 
Le pédoncule, long de 0,02 à 0",05, est inséré quelque peu latérale- 
ment. La peau est jaune-verdâtre, pointillée de vert-brun; une nuance 
orangée colore le fruit du côté du soleil. L’ombilie est situé dans une 
dépression régulière et peu profonde. La chair est cassante, sans sable ; 
l’eau abondante est sucrée; la saveur n’a rien du beurré. 

Les fruits que nous avons à notre disposition proviennent des pé- 
piniéres de M. Galopin. Leur maturité s’est accomplie, en 1865, à la 
fin de septembre. 

La figure que nous en donnons est peinte d’après nature ; elle accuse 
des proportions plus considérables que celles qui lui sont attribuées 
par les Annales de pomologie (t. VII, p. 25) et surtout par Le Verger 
de M. Mas (t. III, p. 9). Cependant la forme générale est la même. 
Le pointillé de la peau est sur notre échantillon plus fin et plus ré- 
gulier. 

M. Bivort (loc. cit.) nous apprend que cette variété décrite en 1853 
dans la Pomologie de Maine-et-Loire, a fructifié pour la première fois 


— 910 — 


en 1849 dans le jardin du Comice horticole d'Angers, par suite de 
semis surveillés par M. Millet, son président. Les fruits, récoltés dans 
le jardin de M. Royer, à Namur, ayant été soumis en 1857 à l’appré- 
ciation de la Commission royale de pomologie, celle-ci a pu s'assurer 
que la qualité de la Fondante du Comice ne s'était pas amoindrie en 
Belgique, et partant en recommander la culture. Il ajoute, enfin , que 
c’est un fruit de première qualité qui mürit de la fin d'octobre à la 
mi-noyvembre. 

Suivant M. Mas, l'arbre est de végétation moyenne sur Cognassier ; 
il reste sain sur ce sujet, mais sa croissance est assez lente pour ne pas 
exiger de grandes formes. La disposition en pyramide lui convient. 
Taille courte et pincements modérés. Variété à propager, ajoute M. Mas; 
sa fertilité est soutenue et son fruit de première qualité. Le carac- 
tère saillant de l'arbre est la teinte vert intense du feuillage et les 
feuilles souvent ondulées. La chair est blanche, fine, bien fondante, 
très-abondante en eau doucement sucrée, suffisamment relevée, très- 
agréable. 


LA TAILLE DES ARBRES EN UNE LECON, 


par M. E. AnDRé À Paris p’apRÈSs M. LANJOULET DE TOULOUSE. 
(Suite à la page 255.) 
Arbres non soumis à la taille, 


4er loi. —— L'arbre jeune, bien constitué et livré à lui-même, ne donne 
d’abord que du bois. Après cette première période de végétation, l’ex- 
tension de la charpente se ralentit graduellement, et la mise à fruit 
s'établit d'elle-même. 

9e Joi. — L'abondance de la sève favorise la production du bois au 
préjudice du fruit. Le défaut d’abondance de la sève favorise, au 
contraire, la production du fruit au préjudice de la production 
du bois. 

5e loi. — Dans les arbres bien constitués, qui n'ont pas atteint 
l'âge de décrépitude, la séve se porte avec beaucoup plus d’affluence 
vers les extrémités de la tige et des branches que vers les parties 
inférieures. 

4e loi. — Les branches qui ont une direction verticale poussent avec 
plus de force que les branches inclinées, et plus linclinaison est 


— 511 — 


grande, plus la pousse, c’est-à-dire le prolongement annuel des bran- 
ches, est faible. 

5e loi. — Les branches, en général peu vigoureuses dans une di- 
rection rapprochée de la ligne horizontale, reprennent un peu de force 
quand leur extrémité se redresse dans la direction verticale. 

6° loi. -- Les branches également inclinées poussent avec plus de 
force quand elles décrivent une ligne droite que quand elles décri- 
vent des lignes sinueuses. 

7° loi. — Les branches placées dans des conditions égales de vé- 
gétation poussent avec d'autant plus de force qu’elles ont plus de 
feuilles. 

8° loi. -- Les branches poussent avee d’autant plus de rapidité et 
de force qu’elles sont plus exposées à l'air et à la lumière. 

9e loi. — La grosseur de l’empatement de la branche, c’est-à-dire de 
son point d'attache, indique son degré d’aptitude à grossir et décèle 
ainsi d'avance son futur degré de force. 


Arbres soumis à la taille. 


En examinant avec la même attention les arbres fruitiers soumis à la 
taille, on est conduit à constater les faits suivants : 

10° loi. — L’œil au-dessus duquel on taille une branche de charpente 
donne un bourgeon de prolongement d’autant plus fort que cet œil de 
taille est plus gros, mieux constitué, mieux aoûté. 

11° foi. — La taille, c’est-à-dire la suppression de l'extrémité des 
branches de charpente renforce ces branches. Abandonnées sans taille à 
leur libre prolongement, elles sont exposées à s’amaigrir et à devenir 
languissantes. 

19e loi. — Les tailles annuelles trop courtes de ia branche de char- 
pente nuisent à son développement par Îes nodosités qu’elles occasionnent 
et les obstacles qu’elles créent ainsi à la circulation de la sève. 

15° loi. — La taille longue renforce les branches de charpente, mais 
trop longue elle les affaiblit. 

44° loi. — La branche pousse avec d'autant moins de force qu’elle 
porte plus de fruits. 

15° loi. — Le pincement et la taille en vert restreignent considérable- 
ment la vigueur des branches. 

16° loi. — La taille trop longue du rameau de prolongement de la 
branche de charpente rend impossible, ou du moins fort difficile, l’évolu- 
tion des yeux placés à la base de ce rameau. 

17° loi. — Dans les branches verticales ou peu inclinées, les veux de 
l'extrémité tendent à s’emporter à bois, tandis que les yeux les plus 
éloignés de l’extrémité tendent à rester endormis. 

18° loi. — Dans les branches de charpente très-inclinées, les bour- 


— 912 — 


geons de la base, c’est-à-dire les bourgeons rapprochés du point d’inser- 
tion de la branche, tendent à s’emporter à bois, tandis que les bour- 
geons éloignés de la base tendent à rester faibles ou latents. 

19° loi. — Dans les branches qu’on ne raccourcit pas par la tailles et 
qu’on dirige alternativement dans la direction verticale et dans le 
direction horizontale en leur faisant décrire des lignes sinueuses, 


tous les yeux se réveillent avec une facilité et une force à peu près 
égales. 


20° loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, le cassement ou la 
taille sur rides favorise la mise à fruit des petites branches. 
21° loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, les mêmes petites 


branches produisent presque indéfiniment du fruit, tandis que, dans 
les arbres à fruits à noyau, les petites branches à fruits deviennent vite 
improductives et demandent à être remplacées. 

Ces lois régissent et résument tout l’art de la taille. 


Direction générale de l’arbre. 


La vie de tous les arbres fruitiers se divise en deux périodes distinctes. 
Une période d’infertilité et de croissance, une période de production 
et de décadence. 

Il y a entre la vigueur et la production une sorte d’antagonisme qui 
est comme le drame de lexistence de l'arbre fruitier. La mission du 
tailleur d’arbres est d’intervenir dans cette lutte et de maintenir entre 
ces deux forces un équilibre favorable à la durée de l’arbre fruitier. 

Beaucoup de sève donne du bois, peu de sève donne du fruit, est le 
corollaire de la proposition précédente. 


Traitement des grosses branches, 


jre loi. — Tant que l’arbre est jeune et vigoureux, la sève se porte de 
préférence à l’extrémité de la tige. 
9e loi. — La sève afflue dans les branches De nes et cette influence 
diminue à mesure qu’on les incline. 
5e loi. — Le redressement en ligne verticale de l'extrémité d’une 
branche, active la végétation de cette branche. 
e loi. — La sève circule plus facilement dans une branche droite 


que dans une. branche sinueuse. 

Be loi. — Les branches placées dans des conditions égales de végéta- 
tion poussent avec d’autant plus de force qu’elles ont plus de feuilles. 

6° loi. — La sève se porte de préférence vers les branches qui sont les 
plus exposées à l’air et à la lumière. 

7° loi. — La quantité de sève qui passe à une branche est propor- 
tionnée à la grosseur de son empâtement. 


— 913 — 


8° loi. — Le prolongement annuel de la branche est proportionné 
à la bonne constitution de l’œil au-dessus duquel on pratique la taille. 

9° loi. — Le raccourcissement annuel de la branche de charpente la 
renforce, en établissant entre son diamètre et sa longueur une propor- 
tion nécessaire. 

10° loi. — La sève circule plus facilement dans une branche qui 
recoit des tailles convenablement espacées que très-rapprochées l’une de 
l'autre. 

A ces principes se rattachent des moyens d’action suivants: 

1° Pour renforcer les branches trop faibles : 

L’avance d’âge, où pousse sans laisser de fruits: 

Le redressement de la branche entière dans la direction verticale; 
le redressement de l’extrémité de la branche dans la verticale ; 

Le palissage ; 

La conservation des feuilles par le non-pincement; 

L'exposition à l’air et à la lumière. 

Les incisions longitudinales de l’écorce de chaque côté de l’empâte- 
ment ; 

La taille au-dessus d’un œil bien constitué; 

Le dédurgement ou suppression des fruits ; 

La taille longue, mais modérée ; 

L’entaille ou cran au-dessus de la branche. 

2° Pour affaiblir les branches trop fortes : 

L’inclinaison ; 

Les sinuosités ; 

Le pincement des bourgeons de la branche ; 

La privation provisoire de lumière et d’air ; 

La taille au-dessus d’un œil peu développé; 

La taille courte; 

Le chargement ou la greffe de boutons à fleurs ; 

Le pincement du bourgeon de prolongement; 

La taille en vert; 

L’entaille transversale ou cran au-dessus de la branche. 


Traitement des petites branches. 


1° loi. — Le raccourcissement annuel de la branche de charpente 
doit être calculé de manière à rendre possible l’évolution de tous les 
yeux de la partie conservée. 

2° loi. — L'emploi alternatif de la direction verticale et de la direc- 
tion horizontale suffit pour propager l’évolution de tous les yeux que 
porte une branche de charpente, sans recourir à la taille. 

5° loi. — La sève affluant à l’extrémité des branches de charpente 


— 914 — 


peu inclinées tend à faire emporter à bois les yeux de l’extrémité et à 
délaisser ceux de la base. 

4° loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, le cassement ou la taille 
sur rides favorise la mise à fruits des petites branches. 

5e loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, les productions frui- 
tières sont stables, et peu durables dans les fruits à noyau. Conserver 
les unes et remplacer les autres. 

6e loi. — Le résultat de l’évolution d’un œil étant toujours ou un 
rameau à bois ou un rameau à fruits, peut subir en bien des cas une 
utile transformation. Suivant les conséquences naturelles de ces lois 
il faudra donc : 

1° Obtenir chaque année des branches à fruits sur tonte la longueur 
du rameau de prolongement en provoquant l’évolution de tous les 
YEUX ; 

2° Transformer en productions fruitières les bourgeons trop vigou- 
reUX ; 

5° Conserver les productions fruitières qui se forment d’elles-mêmes 
sur les branches de charpente. 

On obtient ces résultats au moyen des opérations suivantes : 

Raccourcissement annuel de la moitié ou des deux tiers du rameau 
de prolongement des branches de charpentes ; 

Emploi alternatif des directions à effets contraires ; 

Eborgnage des yeux de l’extrémité; 

Taille sur yeux faibles et sur couronne; 

Epointement ; 

Pincement à six feuilles sur trois yeux formés ; 

Taille sur rides; 

Cassement ; 

Raccourcissement des productions fruitières ; 

Ajournement de la production ; 

Les détails de l’application de ces procédés aux différentes essences 
d’arbres et aux différents âges comportent des développements que nous 
ne pouvons citer ici en entier. 

Nous avons voulu montrer seulement sous quelle ingénieuse mé- 
thode l’auteur a groupé les lois de végétation qui pour lui président à 
tout l’art de la taille. Avec des aphorismes conçus et rédigés avec un 
pareil talent de condensation, la taille, nous l'avons dit, peut tenir 
tout entière en une seule lecon. 

Que de progrès a faits l’enseignement écrit de l’arboriculture, depuis 
le pathos inintelligible des arbres fruitiers de Van Mons jusqu'aux inter- 
minables pages de ce bon d’Albert, qui pourtant fut le père de l’enseigne- 
ment oral. Cette aimable science se dégage enfin, sous l’interprétation de 
pareils maitres, des obscurités où elle est restée longtemps plongée. Elle 
obéit maintenant à des règles certaines, qui ne laissent plus prise aux 


— 315 — 


doutes et aux théories en l'air. Elle repose enfin sur deux grandes puis- 
sances : l’expérience et le savoir. 

La concision, la sobriété du langage sont remarquables dans ce traïté 
didactique et sérieux. « L’intempérance d'esprit est la source des mau- 
vais livres, » disait M. de Mirbel. L’éloquence habile en bons conseils 
(copiose loquentem sapientium) de M. Laujoulet a dû souvent songer à 
cet avis salutaire. On sent par moment que cet esprit ardent, contenu 
dans la limite étroite du livre enseignant, bouillonne et voudrait s’échap- 
per si une ferme volonté ne lui mettait un frein. 

La sève abondante de son sujet lui passe dans les veines! 

À ceux qui seraient tentés de reprendre, en passant, quelques passages 
discutables dans l’exposé des parties constitutives de l’arbre, dans la 
détermination botanique de certains organes, dans le jugement un peu 
téméraire porté sur la physiologie végétale, dans la dénomination 
nouvelle de certaines parties de l’arbre et sur quelques autres points 
peu importants, nous répondrons que des ombres légères au tableau 
ne font que ressortir plus vigoureusement les vives clartés qui l’illu- 
minent. 

L'auteur, du reste, convaincu de la faillibilité humaine, appelle brave- 
ment la critique à son aide. « Elle n’éveillera en moi, dit-il, qu’un seul 
sentiment, la reconnaissance. » Cette déclaration loyale et courtoise ne 
lui attirera que des éloges, il faut l’espérer. Ils auront été rarement aussi 
bien mérités. 


CALENDRIER DU MARAICHER. 


Résumé des opérations mensuelles du potager, 
par M. Eu. Ropicas. 


AOÛT. 


Semis et plantations. — C’ést le moment du semis principal 
des épinards. L’oignon blanc à repiquer en novembre, doit être semé 
aux premiers jours du mois; celui qu'on veut repiquer au printemps 
ne sera semé qu’à la fin. Vers le 15, on sème du persil, du cerfeuil, 
des rhubarbes, les navets, dont on veut utiliser les pétioles pour la pro- 
vision d'hiver : ils doivent être semés dru. On peut risquer quelques 
graines de céleri et faire usage de vieille semence. On sème de la 
laïtue pour laisser pommer en place et de la gotte pour repiquer bientôt 


— 516 — 


sur couche usée. Du 18 au 25, on fait le troisième semis de brocolis. 
Dans la seconde quinzaine aussi, on sème des choux-cabus, les choux- 
fleurs pour le printemps. Semer aussi l’angélique, la bourrache, la mâche 
et l’oseille. | 

Cette époque est favorable au bouturage du cresson de fontaine; pourvu 
qu'on les tienne bien mouillées, ces boutures s’enracinent presque 
immédiatement. On met en place, pour l’année suivante, l’artichaut 
provenant de pépinière. On repique le jeune plant de coulants de fraisiers 
pour nouvelle plantation; on peut même déjà en planter à demeure. On 
plante des choux de Savoie du semis de juillet, des endives fines ou 
frisées, du poireau. 


Travaux divers. On enlève la terre des sentiers entre les planches 
de poireau pour la répandre parmi les plantes, qui se trouveront ainsi 
légèrement buttées et qui, par suite, blanchiront mieux. On continue 
aussi à couper les tiges des artichauts dont les produits sont cueillis. Afin 
de hâter autant que possible la végétation des derniers choux-fleurs, on 
fait bien, une vingtaine de jours après leur reprise, de les déchausser 
de la terre qui garnit leur pied, et de disposer tout autour une poignée 
d'engrais concentré, tel que le noir animal ou un peu de guano, 
dont on accélère l’activité par quelques mouillures. On continue à 
envelopper les cardons de leur chemise de paille à mesure de leur 
emploi présumé. On butte le céleri de trois en trois semaines. Dès 
que les endives sont parvenues à leur entier développement, on les 
lie pour les faire blanchir. Il faut préparer le terrain du semis de 
choux-fleurs; mettre en terre les brocolis tenus en pots pour les traiter, 
suivant la méthode anglaise que nous avons indiquée; enlever la 
mince couche de mousse, qui couvre le persil semé pour l'hiver dès 
le mois passé; pratiquer l’écimage du quinoa; préparer le terrain 
destiné aux fraisiers de nouvelle plantation; enfouir dans la fraisière 
en rapport le paillis ou fumier réduit en terreau, ou bien donner 
une fumure spéciale. Il est bon de pincer quelques feuilles aux {omates 
du plant de mai afin de hâter la maturation des fruits. C’est le moment 
de la cueillette des graines de betterave, carotte, céleri, cerfeuil, ciboule, 
laitue, ognon, persil, poireau, radis, rave, ete. Cette occupation est très- 
importante et mérite de fixer l'attention du maraicher. Il doit pencher 
à temps les têtes d’artichauts, s’il veut préserver les graines du contact 
de l’humidité. I1 doit relever les bulbes de l’ail, s’il n’a pu le faire 
déjà le mois précédent et, après les avoir fait sécher à lair, les 
suspendre par bottillons dans un endroit sec; couper les tiges d'amis 
pour. les rentrer sèches et conserver les graines en magasin; avoir 
soin. de tailler les courges, citrouilles et giraumons, les arroser large- 
ment ainsi que les concombres. Les arrosements du soir se poursuivent 
tous lesijours; il en est de même des sarclages et des travaux de binette, 


— 517 — 


de serfouette et de râteau. Le jardinier n’a pas un moment de repos 
en ce mois : qu'il sache bien qu’une fois en retard, à cette époque de 
l’année, il lui en coüùterait des peines nombreuses pour se remettre 
convenablement à même de faire face à tous les besoins. 

Pour lui surtout est plein de vérité ce proverbe de la plus industrieuse 
des nations : Tome is money, le temps est de l’argent; car une seule 
journée de retard est une perte irréparable en horticulture : souvent 
c’est la non-réussite d’une récolte. 


Produits. — Les haricots sont les plus abondants ; la provision 
qu’on conserve verie pour l'hiver est prise de préférence sur les der- 
niers semis : la conservation en est évidemment plus facile, puisqu’un 
temps moins long s'écoule alors entre l’époque de la récolte et celle 
de la consommation. Toutes les salades d’été sont en plein rapport, 
et, malgré leur multiplicité, elles sont toujours recherchées. Les cor- 
nichons abondent. On a encore des courges, des artichauts, des pois, 
des choux-fleurs, des choux pommés, des endives, des carottes, des 
ognons, des tomates, en général toutes les fournitures de salade, du 
céleri, de l’oscille, du pourpier, de la claytonie, quelques épinards et 
de la tétragone. 


SEPTEMBRE. 


Semis et plantations. — La mûche ou valérianelle, dont le 
froid n’arrête pas la végétation, et qui, dans toutes nos provinces, sert à 
préparer une bonne salade d’hiver, mêlée avec des choux rouges et blancs 
finement coupés, ou bien avec de la chicorée, peut être semée à plusieurs 
reprises. Aux premiers jours du mois, on sème des choux d’ York, des 
choux de Savoie, hatifs, des choux-fleurs pour le printemps, des laitues 
pour l’hiver et des laitues hâtives à bonne exposition. On sème encore 
des navets pour l’usage des côtes; on sème le chervis, l’excellent radis rose 
de Chine pour produit d'octobre, des salsifis et les dernières scorzonères. 
On continue le semis de choux cabus et d’épinards, et on peut repren- 
dre, à bonne exposition, le semis du radis ordinaire, que les chaleurs 
sont venues interrompre. 

Dans la première quinzaine, on plante à demeure les fraisiers de se- 
mis, d’éclats ou de coulants enracinés. On multiplie encore de boutures 
le cresson de fontaine et on divise les touffes de lavande, de menthe, de 
pimprenelle, de sarriette vivace. On plante le houblon, le poireau, les 
tarnotes, le topinambour. On repique en pépinière les choux de Savoie et 
les choux cabus des semis antérieurs. On plante les porte-graines du 
cerfeuil tubéreux. 


— 318 — 


Eravaux divers. — On continue à empailler les cardons. On 
butte le céleri de troisième ou de quatrième plantation; ce buttage se ré- 
pête souvent jusqu’à cinq fois, tellement la plante croît bien en cette 
saison, surtout si elle se trouve dans un sol humide. Lier encore les 
endives ; nouer une feuille de poireau autour des plantes; hâter la ma- 
turation des tomates; donner un paillis aux fraisiers avant ou après la 
plantation : ce paillis se remplace très avantageusement par une couche 
de tannée un peu décomposée. Tous les terrains doivent être labourés 
et fumés au besoin à mesure qu’ils se vident. Les arrosements deviennent 
plus modérés suivant que la température est moins chaude et que les 
plantes atteignent leur entier développement. La récolte des graines 
est encore en pleine activité. On cueille celles de crambé, d’arroche, 
d’asperge, de betterave, de cardon, de céleri, de chicorée, de chervis, 
de pimprenelle, de poirée, de laitues diverses, de carotte, de choux- 
fleurs, etc. 

Nous ne saurions trop insister sur l’importance du choix des porte- 
graines et du choix des graines elles-mêmes. Celui qui cultive sait bien 
qu'il n’en coûte pas plus de soigner une excellente qu’une mauvaise 
variété et que la première seule donne un bénéfice assuré. Cueillir de 
mauvaises graines, choisir des sujets malingres, rabougris, dégénérés, 
c’est vouloir d'avance reproduire des plantes imparfaites ou impropres 
à donner ce qu’on doit en attendre. Il importe donc de faire avec soin 
le choix des porte-graines et de veiller de près à la récolte des 
semences. 


Produits. — Tous les légumes désignés pour le mois d’août sont 
nombreux encore, et quelquefois même plus abondants, étant moins 
tourmentés par la chaleur et moins prompts à monter en graines : cela 
a lieu surtout pour les laitues et endives et diverses fournitures de salade. 
On récolte donc : haricots, pois, épinards, endives de Meaux et autres, 
choux-fleurs, choux pommés, choux de Savoie, carottes, panais, pourpier, 
clavtonie, oseille, navets, cornichons, piment, aubergines, tomates, 
betteraves à salade, les dernières laitues de pleine terre, de l’ail, des 
échalottes, des ognons, dont le rapport principal est fourni en ce 
moment. Plusieurs de ces produits ne pouvant être consommés ou vendus 
sur le champ, il faut préparer la terre aux légumes, les caves ou autres 
lieux qui servent d’abri aux produits qu’on veut hiverner. Toutes les 
Cucurbitacées comestibles sont recueillies en ce mois pour être conser- 
vées plus ou moins de temps en un lieu sec, bien aéré et d’une tempéra- 
ture modérée. Les jardiniers utilisent, comme boîtes à graines, les fruits 
évidés de petite taille. 


— 3519 — 


OCTOBRE. 


Semis et plamétatioms. — On sème encore des épinards, des 
radis, du cerfeuil, de la mäche, des choux-fleurs, de la rhubarbe et, si 
l'on veut, la bourrache, qui se reproduit aussi spontanément. Ces semis 
ne se font plus à l'exposition du Nord, mais à des endroits couverts ou 
abrités. 11 en est de même de la plupart des plantations. On repique en 
pépinière les choux cabus, les choux-fleurs, les choux de Savoie: ces der- 
niers peuvent aussi être mis en place. On plante le cresson de fontaine 
près de l’eau ou dans les rigoles de la eressonnière. On multiplie d’éclats 
l’oseille, les rhubarbes, la citronelle, et la snélisse à grandes fleurs; on 
refait, en général, toutes les bordures. On plante encore le topinambour 
et on repique le chou d’York, ainsi que l’ognon blanc. À la fin du mois, 
on plante les pommes de terre de culture hivernale : elles auront d’abord 
reverdi à la lumière solaire. 


Travaux divers. — Le jardinier prévoyant doit être déjà pourvu 
de la quantité d’engrais divers dont il va avoir besoin en commençant 
les labours, bêchages et défoncements d’un grand nombre de terrains. 
S’il a projeté des modifications au plan du jardin, ou des mouvements 
de terre, il fera bien de s’en occuper, car, trop de fois sous notre climat, 
l'excès d'humidité ou les gelées entravent ces sortes de travaux. Il n°y 
a pas à lutter contre un excès d'humidité, si l’on ne peut établir un 
système d'écoulement complet ou de drainage, et tout le monde sait 
que les terres remuées à l’état de mouillure sont gâtées pour longtemps. 
Si l’on était contrarié par la gelée, on pourrait répandre sur le sol un lit 
de fumier plus ou moins épais, afin d’être à même de continuer ; mais 
il est évident que ce moyen n’est plus applicable quand il s’agit d'opérer 
sur un terrain de quelque étendue. On met du terreau autour des frai- 
siers, si l’on n’a pu le faire plus tôt et on les rechausse, afin que la 
gelée ne leur nuise que le moins possible. 

On butte les pieds des cardons et on les empaille en donnant à ia 
chemise une épaisseur variée suivant l’époque plus ou moins rapprochée 
de leur emploi. On couvre de fumier le carré aux choux-fleurs et on 
met le terrain en billons pour l’hiver. On établit des cressonnières. On 
couche les fanes des ognons, si cela est nécessaire. On éclaireit les jeunes 
épinards et on leur donne un binage. On coupe les tiges des artichauts, 
on les nettoie, on les rechausse encore; mais on supprime les pieds 
usés. Pour la plantation nouvelle, il faut réserver les meilleurs œille- 
tons, surtout ceux dont le talon est bien sain et vigoureux. On lie 
encore les endives successivement ct par un temps sec. L’aspergerie 
réclame maintenant des soins généraux. On coupe les tiges d’asperges 
jusqu’au sol : les fanes peuvent être gardées pour servir de couvertures 


— 820 — 


en hiver. On nettoie les planches; à la fin du mois, on peut y étendre 
le fumier et creuser ensuite les rigoles dans les sentiers et déposer sur 
les planches la terre qui en provient. Ce rechargement est de toute 
nécessité après la famure. Le jardinier ne doit pas négliger de biner 
les terres béchées depuis quelque temps : cette facile besogne lui 
épargnera de plus grandes peines pour plus tard; car les beaux jours 
font souvent éclore, sur ces nouvelles terres, des milliers de mau- 
vaises herbes qu’un binage fait disparaitre et que l’hiver ne détruirait 
qu'à demi, si même la neige ne vient les couvrir d’un manteau 
protecteur. 


Produits. — Le chou de Bruxelles commence à donner ses excel- 
lentes rosettes; les choux-fleurs d’automne sont en plein rapport; les 
choux-cabus sont déjà abondants et les premiers cardons blanchis. Les 
endives parvenues à un degré d’étiolement assez avancé doivent être 
cueillies ou couvertes de tuiles, pots ou paillis, si les nuits sont froides : 
sans cela, elles pourrissent. On a aussi des laitues tardives, de la mâche, 
du persil et du cerfeuil, de la claytonie et du pourpier, des épinards, 
du raifort, des raves et des radis, du poireau, du céleri, des navets, 
des carottes et des panais. On récolte tous les bulbes en général. On 
Ôte les tubercules du souchet pour les ranger dans du sable. On rentre 
les tomates en orangerie : elles y achèvent leur maturation, et les der- 
niers fruits sont gardés sur dressoirs pour l’hiver. On cueille les der- 
niers artichauts; on attend le plus tard possible pour enlever ceux 
qui n’ont pas atteint leur entier développement; à l’approche des gelées, 
on les coupe avec toute leur tige pour la fixer dans du sable à une 
dizaine de centimètres de profondeur. En cet état, on les conserve assez 
bien dans la terre aux légumes ou dans un lieu abrité, tel que celui 
que nous avons décrit en parlant de la conservation des choux pommés. 
Souvent même, leur volume s’y accroît encore, sans parvenir tou- 
tefois à perfection. La serre aux légumes doit être approvisionnée 
de sable sec. On y dépose des produits divers, spécialement les racines 
comestibles. 


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— 321 — 


HORTICULTURE. 


UN PEU DE PHILOSOPHIE HORTICOLE 


A PROPOS DU 


PELARGONIUM ZONALE var. GLOIRE DE NANCY. 


Figuré PI. XVIII, 


PAR M. Epouarp MoRREn. 


À, Ac OUs écrivions naguère dans le compte rendu que 
}#S4s nous avons donné de l’exposition organisée au mois 
de Septembre 1866 par la Société royale d’hor- 
ticulture, quelques réflexions dont nous croyons 
pouvoir nous permettre ici la reproduction. 
Les Pelargonium zonale au feuillage multicolore, c’est- 
à-dire diversement nuancé de vert, de blanc ou de jaune 
et de rouge ou d’orangé, sont une des nouvautés les plus 
intéressantes de la saison. Les plus connus du groupe 
sont désignés sous les noms de Mistriss Pollock et de 
Sunset, mais il en existe plusieurs autres et à chaque in- 
stant on en signale encore de nouveaux. À l'exposition 
de Londres, nous en avons vu d’admirables, coquettement arrangés dans 
un coffre tapissé de bleu foncé. D’un autre côté, ce même Pelargonium 
zonale, qui d’une part est en train de donner toutes ces variétés de 
feuillage, fournit d'autre part des variétés à fleurs doubles. 

La mieux appréciée est celle que l’on appelle la Gloire de Nancy. 

Ces faits, intéressants en eux-mêmes pour l'amateur de jardins, ont 
une importance particulière pour le botaniste. Ainsi, d’abord, il est re- 
marquable que ces deux séries de variations se développent isolément 
et s’exeluent l’une l’autre. Toutes les formes au feuillage panaché ont les 
fleurs simples et, réciproquement, dans les variétés à fleurs doubles, le 
feuillage est unicolore. Non-seulement, il n’est pas panaché, ce qui 
s'explique, mais, de plus, la zone rouge-brun en forme de fer à cheval 
qui appartient normalement aux feuilles de ce Pelargonium, appelé 
pour cette raison zonale, a elle-même disparu. Si l’on voulait expliquer 

29 


— 922 — 


cette disparition, on pourrait l’attribuer à la multiplication des pétales de 
la corolle, comme si la matière rouge nécessaire pour les teindre passait 
des feuilles dans ces pétales, ou plus exactement, comme si l’élaboration 
de ces pigments rouges se concentrait désormais tout entière dans les 
fleurs. 

Cette explication se justifie par un phénomène analogue observé et 
signalé, il y a quarante ans, par Charles Morren, dans les Orchis macu- 
lata et autres du même groupe. On sait que ces plantes ont les feuilles 
mouchetées de rouge-brun et les fleurs pourpres. Le pigment de ces 
deux couleurs est en réalité le même. Or, à mesure que les fleurs se co- 
lorient, les feuilles se décolorent ; souvent quand l'Orchis est en florai- 
son, les feuilles sont monochromes. 

Une autre réflexion, d’un ordre plus important, nous est suggérée 
par ces variations récentes du Pelargonium zonale, et elle a le mérite de 
l'actualité en présence de la discussion ouverte depuis quelque temps 
dans les journaux anglais d’horticulture, relativement à l’origine des va- 
riétés Mistriss Pollock et autres de la même catégorie. Il s’agit de savoir 
si ces variétés sont provenues de croisement, de simples semis ou par 
dimorphisme et dichromisme, comme dit M. Carrière, c’est-à-dire par 
un rameau latéral en termes ordinaires de jardinage. Les assertions les 
plus contradictoires sont en présence. Nous croyons que la vérité est 
répartie dans toutes ces opinions, c’est-à-dire que l’origine de ces va- 
riétés est multiple et variée. Nous en avons nous-même vu en apparaître 
une sous nos yeux, dans notre jardin, sur un pied ordinaire de Pelar- 
gontum zonale de la variété Amélie Griseau. Deux ou trois rameaux de 
ce sujet se sont développés avec des feuilles marbrées et flambées de vert, 
de jaune et de rouge : détachés et bouturés, ils ont fourni une variété 
désormais fixée. D’autres variétés du même groupe ont pu se montrer 
parmi des semis; mais nous avons peine à croire qu’elles aient pu être 
le résultat des fécondations artificielles, opération toujours délicate et 
chanceuse même chez les Pelargonium et surtout de la part des horticul- 
teurs praticiens. 

Outre la diversité d’origine, on doit admettre l’apparition simultanée 
de ces variétés, à la fois chez divers horticulteurs d’Angleterre, de 
France, de Belgique et sans doute d’autres contrées encore. Ce ne sont 
pas MM. Henderson, Standish, ete., qui les ont toutes gagnées, comme 
on dit en langage ordinaire. Outre l’exemple qui nous est personnel et 
que nous avons rapporté plus haut, nous pouvons encore citer à notre 
connaissance les cultures de MM. Mawet, horticulteurs, à Liége, où il en 
est apparu une autre, mise dans le commerce, pensons-nous, sous le nom 
de Comte d’Argenteau. Le fait que nous signalons est d’ailleurs établi 
dans le monde horticole. Il en résulte pour nous que ces variations 
ne sont pas des résultats plus ou moins volontaires et directs de l’in- 
fluence de l’homme sur l’espèce, ni la conséquence de telle ou telle opé- 


— 325 — 


ration ou fécondation plus ou moins artificielle, ni une suite du pouvoir 
que le jardinier exerce sur la plante. Ce n’est pas une dépression : c’est 
une évolution; ce n’est pas a posleriori, c’est a priori, si nous pouvons 
ainsi parler. Ces variétés, croisements, semis ou accidents, sont la consé- 
quence indirecte mais fatale, naturelle et spontanée du développement 
propre à l’espèce sous l’influence du climat artificiel des jardins. 

Nous voyons dans ce fait une preuve nouvelle de la vérité des opinions 
émises par M. Darwin. 

Nous dirions volontiers, pour bien faire comprendre notre pensée, 
sans nous préoccuper de l’expression rigoureuse à lui donner, que tou- 
tes ces variétés étaient et sont dans l’air et qu’elles se montrent parceque 
leur jour est venu. Plus exactement, elles sont la conséquence forcée de 
l’état dans lequel se trouvent les Pelargonium dans les jardins, en 1864 
ou 1865, en comprenant dans cette donnée, les croisements, les hybri- 
des et les races, c’est-à-dire le sang de nos Pelargonium domestiques. 
Semis ou dimorphisme, l’origine de ces variétés est une sorte de disjonc- 
tion accompagnée d'évolution propre. 

Dans cette manière de voir, l’art du jardinier, au point de vue de son 
influence directe sur l’apparition des variétés, est quelque peu amoindri. 
Son rôle reste le même et il grandit quand on le considère comme provo- 
quant et secondant l’évolution propre des espèces qu’il soumet au climat 
artificiel du jardinage. 

Les Pelargonium à fleurs doubles sont une seconde confirmation de 
l'opinion que nous venons de hasarder. En effet, ces Pelargonium se 
sont en même temps doublés dans plusieurs jardins à la fois. Il en est 
venu à Clermont, à Naney, chez M. Lemoine, chez M. Chaté et 
sans doute chez d’autres. Cette apparition a été précédée depuis quel- 
ques années de plusieurs cas accidentels et éphémères. Les premières 
fleurs doubles l’étaient peu. Les dernières sont meilleures et il en 
viendra d’autres qui leur seront supérieures. C’est incontestable. Cet 
exemple de Pelargonium à fleurs doubles vaut même mieux que le pré- 
cédent, Personne ne peut soutenir que ces variétés sont des consé- 
quences directes de croisements ou de fécondations artificielles. On ne 
connaît pas le moyen de provoquer à volonté la duplicature des fleurs. 
Cette apparition est toute spontanée. Rare dans la flore rurale, elle 
est, au contraire, fréquente dans la flore horticole. Les motifs de cette 
différence sont faciles à déterminer. Il n’en est pas moins vrai, que dans 
le sein de la flore horticole, sous l’influence de ce milieu qu’on appelle 
un jardin, l'apparition d’une fleur double est spontanée. Une fois cette 
fleur obtenue et fixée, quelqu'imparfaite qu’elle soit, on peut s’en servir 
par des fécondations croisées ou par des sélections pour en obtenir 
d’autres meilleures. Mais on aurait tort de croire que toutes les fleurs 
doubles de cette espèce ainsi traitées vont descendre de ce seul parent. 
En général, nous parlons des plantes de la floriculture, il se manifeste 


Le TR 


plusieurs souches ou plusieurs foyers et cette manifestation est synchro- 
nique. 

Nous en pouvons citer pour preuve le Chryseis (Escholizia) califor- 
nica. Il est habituellement simple. Cependant, il en existe depuis peu de 
temps une race double assez bien fixée. Déjà avant que cette race ne füt 
dans le commerce, on pouvait voir çà et là dans les corbeilles un Chryseis 
double, mais cette duplicature disparaissait avec lui. Après maintes 
et maintes apparitions semblables, la duplicature est devenue plus 
fréquente et enfin elle s’est fixée. Il en est de même pour le Portulacca 
grandiflora, dont on possède aujourd’hui des races à fleurs doubles assez 
constantes. Mais avant la fixation définitive de cette race, on avait 
déjà à plusieurs reprises signalé des Portulacca doubles qui se sont 
éteints. Même remarque pour le Chryseis californica à fleurs blan- 
ehes. 

D'ailleurs, les exemples de cette évolution spontanée et naturelle des 
plantes horticoles abondent. Nous nous bornerons à citer le Primula 
praenilens (sinensis), le Gloxinia speciosa, le Dahlia. 

C’est un phénomène différent, mais analogue que celui de la floraison 
synchronique et manifestement spontanée, c’est-à-dire plus ou moins 
indépendante des soins spéciaux, que présentent souvent certaines 
plantes et que remarquent ceux qui voient beaucoup de jardins et lisent 
beaucoup de revues horticoles. Nous cn avons naguère cité un exemple 
présenté par le Gœthia cauliflora. Cette année, il s’en est présenté un 
second par des Dasylirion cultivés sous les noms plus ou moins exacts de 
gracile, glaucum, longifolium. La floraison de ces plantes a été remar- 
quée sur plusieurs points d'Europe à la fois. 

Et voilà pourquoi l’horticulture n’est pas et ne sera jamais stationnaire. 
Les formes spécifiques ne montrent pas à l’extérieur tout ce qu’elles ont 
en elles. Elles demeurent assez constantes dans la flore rurale, parce que 
les conditions du climat restent elles-mêmes uniformes ; mais changez et 
variez ces conditions, ainsi qu’il arrive dans la flore horticole, et ces 
germes se développent, et l’état statique passe à l’état dynamique, et la 
pâte plastique dont sont formés les êtres vivants trouve à exprimer des 
nouveaux caractères jusqu'alors à l’état latent. La plante domestique est 
plus indépendante, plus libre de faire ce qu’elle veut, que la plante 
sauvage. Celle-ci est contenue par un climat uniforme depuis six mille 
ans. Elle ne saurait perdre aisément d’aussi vieilles habitudes. Les varia- 
tions sont insignifiantes. Mais dans ce monde que l’homme a fait avec 
ses terres ameublies, amendées et engraissées, avec ses serres et ses sai- 
sons artificielles, avec ses croisements et métissages, là, la plante voit se 
briser ses lourdes et vieilles chaînes; un peu coutumière d’abord, elle 
s’ébranle à un moment donné et manifeste une évolution dont nous 
n’avions pas d'idée et qui désespère les botanistes systématiciens. 

C’est là ce que nous pourrions appeler la philosophie de l’horticulture. 


Pen 2 


À l’appui de nos assertions précédentes relativement à l’origine des 
Pelargonium à fleurs doubles nous pouvons citer une communication 
faite au commencement de cette année par notre savant confrère et ami 
M. Henri Lecoq, de Clermont-Ferrand à la Revue horticole (1866, p. 26). 

Depuis plus de dix ans, dit M. Lecoq, j'avais dans mon jardin un 
Pelargonium zonale semi-double auquel je ne faisais ancune attention. 
Ce Pelargonium était répandu dans la plupart des jardins de Clermont, 
et, J'avoue toute mon ignorance, je croyais cette plante commune et 
connue partout. Elle était semi-double, assez vigoureuse et peu flori- 
fère. Ce Pelargonium est le Triomphe de Gergovia; il est fertile et 
donne assez souvent des graines. En 1863 une exposition eut lieu à 
Clermont, et M. Amblard, horticulteur, présenta plusieurs pieds de 
Pelargonium à fleurs doubles, dont un seul, entièrement plein et très- 
beau, fut conservé. Il provenait des graines du Triomphe de Gergovia. 
Je l’ai décrit, ajoute M. Lecoq, dans la Revue horticole (1864, p. 303) 
sous le nom de Gloire de Clermont. M. Van Houtte acheta l’édition de 
cette nouveauté. À peine cette acquisition fut-elle connue que M. Domas, 
horticulteur à Riom présenta un autre Pelargonium double, mais moins 
parfait que celui de M. Amblard. Vers cette même époque, M. Ferrier 
recut d’un horticulteur de Clermont, M. Antoine Pabot, un autre 
Pelargonium zonale à fleurs doubles, différant des deux précédents et 
moins beau. Ce dernier figure maintenant sur les catalogues sous le nom 
de Martial Champflour, amateur chez lequel M. Pabot était jardinier. 
En résumé ces quatre Pelargonium doubles sont : Gloire de Nancy 
(Ranunculiflora plenissima du catalogue de M. Van Houtte); Ferrier ; 
Martial Champflour et Triomphe de Gergovia. Tous quatre sont d’ori- 
gine auvergnate. 

Ils sont surpassés par la Gloire de Nancy, mise dans le commerce par 
M. Lemoine, horticulteur de cette capitale de l’ancienne Lorraine. 

Ilest d’une végétation vigoureuse, trop gourmande même et qui de- 
mande à être constamment modérée pour en obtenir une belle floraison. 
Cet excès de végétation provient, nous parait-il, de la verdure uniforme 
du feuillage : les feuilles, en effet, sont larges et d’un vert intense. Les 
fleurs sont grandes, nombreuses et bien doubles. Leur pédoncule com- 
mun est plus ou moins allongé suivant la culture. C’est la plus parfaite 
des variétés doubles que nous connaissions jusqu'ici. Il est infiniment 
probable qu’elle se prêtera à la culture en corbeilles dans les jardins et 
nous la supposons même plus rustique que maintes autres variétés à 
feuilles panachées. 

Pour terminer nous ferons connaître d'excellents renseignements pu- 
bliés par M. Rouillard (1) sur la multiplication des Pelargoniums. 


(1) Journ. de la Soc. Imp. et centr. de Paris, 1865, p. 555 


— 926 —. 


« Je crois être particulièrement utile à tous ceux, et ils sont fort 
nombreux, qui s'occupent des Pelargonium zonale-inquinans pour leur 
avantage ou leur agrément, en leur indiquant le mode de multiplication 
employé par un de nos plus intelligents horticulteurs, M. Lierval; il 
me parait le plus rationnel, le plus rapide et le plus sûr. 

« Au mois de février, ces Pelargonium sont mis en végétation. Il 
est préparé sur la tablette de devant de la serre, qui est maintenue à 
une température moyenne de dix degrés centigrades, une couche de 
mousse de cinq ou six centimètres d'épaisseur après qu’elle a été bien 
appuyée ou tassée et recouverte d’un centimètre de terre légère ; le tout 
est tenu modérément humide. Dans le courant du mois, on commence à 
couper les boutures qui se font au fur ct à mesure que les yeux ou bour- 
geons se développent avec des rudiments de rameaux ayant à peine un 
demi-centimètre de longueur. Ces très-petites boutures sont posées ou 
appuyées sur la terre qui recouvre la mousse; en cinq ou six jours, les 
racines sont formées, et il s’en développe une telle quantité que la section 
de la bouture ou talon a l’aspect d’une brosse très-fournie. 

On cmpote les boutures dans des vases de grandeur appropriée que 
l’on place sur couche sous chassis, aussi près du verre que possible. En 
huit jours les plantes tapissent leurs pots de racines et elles se forment 
touffues, trapues, ramassées, leur rameaux partant tous de la surface de 
la terre. Je n’en ai vu jusqu’à présent aucune, si soignée que soit leur 
culture, qui offre aussi complètement cette apparence buissonnante 
si désirable à obtenir. 

« La méthode de M. Lierval présente, ainsi qu’il est possible d’en 
juger par ce qui précède, plusieurs avantages très-importants. 

« D'abord il n’est nécessaire de rentrer et de conserver pour la mul- 
tiplication qu'un beaucoup moins grand nombre de pieds-mères que par 
le procédé généralement employé qui consiste à laisser s’allonger les 
rameaux avant de les bouturer. 

En effet, une seule plante donne au moins dix boutures pour une; 
il n’est donc nécessaire de rentrer que le dixième ou le quinzième des 
plantes-mères qu’il fallait conserver, et quand on doit faire une grande 
quantité de multiplications, 40,000 à 50,000 par exemple, il est aisé de 
se rendre compte de l’économie de place qui en résulte, place coûteuse 
dans les serres, et qui reste à la disposition de l’horticulteur pour d’au- 
tres plantes. 

« Ensuite la multiplication est plus prompte et plus facile. 

« Enfin les plantes se forment mieux et plus rapidement, elles sont 
d’une apparence plus agréable et de meilleur usage ou défaite, suivant 
qu’elles sont faites, pour être employées ou vendues. » 

La plante qui a servi de modèle à notre planche provient des serres 
de M. Gaspard Dozin, excellent horticulteur liégeois qui excelle parti- 
culièrement dans la culture des Pelargonium. 


Le 


EXPOSITION INTERNATIONALE DE LONDRES. 


Suite à la page 305. 


Arbres en boule à feuilles persistantes. — Il s’en trouvait 
de beaux spécimens. MM. Jackman avaient un couple de Houx qu'ils 
possèdent depuis environ 40 ans. Ils ont de vigoureuses tiges droites 
d’à peu près 5 ou 6 pieds de hauteur et des têtes compactes symétriques 
qui ne mesurent pas moins de 6 pieds de diamètre. Le jury leur décerna 
à juste titre le 1% prix. MM. Veitch et Waterer et Godfrey exposèrent 
également des Ilex en tête. À M. Bull appartenait un beau couple de 
Laurier-tin en arbre. Le meilleur lot de Lauriers en boule venait de 
chez M. J. Verschaffelt de Gand ; MM. Veitch en avaient aussi deux beaux. 
MM. Lee y contribuaient pour le meilleur couple de Lauriers de Portugal 
en boule et MM. Veitch, pour les meilleurs Buis en boule. M. Bull y 
avait apporté deux charmants Myrtes communs en boules. De superbes 
Lauriers pyramidaux formaient encore les apports de MM. Veitch, Bull 
et Lee. Des Ifs en arbre, en forme de table, de coupe etc., avaient égale- 
ment leurs admirateurs. 


Plantes de Ia floriculture.— Les Pelargonium zonales donnaient 
à l’exposition un cachet intéressant et ceux du groupe de M.Fraser étaient 
bien venus fleuries. De ce lot Emile Licau et Malakoff étaient beaux et 
Princess Mathilde et Emanuel du contingent de M. Turner, étaient égale- 
ment bons. Les plantes de M. Lermitte étaient très-belles, mais non 
suffisamment fleuries. La collection de Geranium-Nosegay de M. Paul 
contenaient Scarlet Dwarf, Duchess, Crimson Queen, richement colorés ; 
et l’Orange-Nosegay, qui possédait une nuance d’un beau jaune foncé. 

Il y avait en grande abondance des Pelsrgoniums panachés en zones 
tricolores, et de ce nombre Sophia Cusack, avec des macules brillantes et 
distinctes, occupait le premier rang des zonales ; Lady Cullum,également 
belle, s’en rapprochait beaucoup. Le lot de M. Saltmarsh comptait Bird 
of Paradise, qui a de plus petites feuilles que Sunset, et d’un port com- 
pacte avec de brillantes taches; et puis Electra, belle sorte de l’envoi de 
M. Milford. Plusieurs groupes de semis de Pelargonium panachés avaient 
été exposés. MM. Saltmarsh et fils avaient Queen of the Fairies, qui était 
pourvue de feuilles petites, marquées de blanc, avec des faisceaux de fleurs 
bien épanouies, blanches avec le centre écarlate; un certificat de 1"e classe 
lui fut octroyé. Luna, semis de l’année dernière, est une bonne sorte 
recommandable. MM. Smith, de Dulwich, en envoyèrent plusieurs et Jetty 
Lacy, qui obtint un certificat de 1"° classe, possède une zone richement 


— 528 — 


colorée. Souvenir de sir Joseph Paxton est un autre hybride au brillant 
coloris. L'Empereur, aurore et refulgens sont tous bien beaux. MM. Carter 
ct Cie avaient exposé une multitude de plantes zonales dn genre de Mrs. Pol- 
lock, dont quelques unes étaient très-belles et marquantes : Titania, Ruby 
Ring, et Obéron, étaient parmi les meilleures. MM. Garaway, Mayes et Cie 
avaient dans leur collection, Queen of tricolors, Princess Leiningen, 
hybrides aux feuilles très-petites, munies d’une zone éclatante; on lui 
décerna un certificat de 2° classe ; Ada Mayes possède des feuilles d’un 
jaune pâle avec une zone brillante, mais moins vertes que dans toute 
autre espèce; L’Africaine ressemble au type Luna, avec une zone for- 
tement marquée. M. Jabez Chater possédait dans son apport, Senior 
Wrangler, espèce à feuilles moins fortement marquées, à laquelle on 
donna un certificat de 1'° classe. M. Hally, de Blackheath, envoya Sirius 
et Mirth, variétés gracieusement maculées du type Ztalia unita ; et Fire 
king, variété d'avenir du genre de rs. Pollock, ornée de bouquets bien 
formés, mais la plante n’était pas en bon état. 

Au nombre des semis de Geranium zonales, Rebecca et Prince of 
Orange obtinrent des certificats de 1" classe; et Waliham zephyr est 
une variété hors-ligne de la section Nosegay. Lititle-Gem est une petite 
hybride à feuilles de chène, pourvu en abondance de petites fleurs 
roses. Elles appartenaient toutes à M. W. Paul. Wilishire Lass, de 
MM. Downie et Laird, présentait un beau cachet. Silver Queen, de 
M. Bull, charmante variété à feuille de Lierre, avec une panachure d’un 
blanc clair, est une parfaite acquisition, tant sous le rapport des feuilles 
que de la fleur. 

Les semis de Pelargonium n'étaient pas très-nombreux; maïs ceux de 
M. Hoyle : Alfred, à fleurs brillantes, et Favourite, à fleurs d’un coloris 
sombre, recurent des certificats de 1"° classe. Vabob, Charles Turner et 
Sunny Memory sont de bonnes variétés pour le commerce. À côté de 
celles-là se trouvaient des fleurs desséchées de Pelargonium cultivés 
depuis 60 ans. M. Turner avait exposé un groupe de Pelargoniums fan- 
taisies, dont deux, Duchess of Buccleuch ct Sylvia, recurent des certificats 
de 1r° classe. Miss Watson deviendra également une plante favorite et 
Madame Vilda est une jolie variété brillamment colorée. 

Les Pelargonium de M. Bailey étaient si beaux qu’il semble impossible 
de les obtenir mieux; et les plantes de M. Turner sc remarquaient aussi 
par leur bonne qualité. Les fantaisies de M. Fraser étaient tout aussi 
beaux. Le remarquable spécimen de M. Bailey, Rose celestial, est en tous 
points une plante distinguée. 

En outre il y avait à l'exposition quelques Calcéolaires herbacées supé- 
rieures, surtout celles de M. Watson, qui étaient des modèles de bonne 
culture. Le Réséda en arbre n’était pas remarquable et était bien infe- 
rieur à ce que nous avions vu à Liverpool et ailleurs. Les trois Fuchsia 
en boule, à tiges courtes, ornées de têtes symétriques et admirablement 


— 3929 — 


fleuries, appartenant au Rev. À. H. Brydges, étaient beaucoup admirés. 
Quelques jolies caisses de Roses avaient été envoyées et regarnies de 
jour en jour, elles respiraient un air frais et attrayant. 

Au concours de Pensées en pots, les fantaisies étaient le mieux venues; 
et les Pensées coupées de MM. Downie et Laird étaient très-belles. Quel- 
ques semis de Pensées, tels que Sunrise, Sorceress, Sweet Lucy et Lady 
Clare, étaient tous très-beaux. Une variété de couche appelée {mypérial 
Blue promet d’être la plus utile et la plus remarquable. Une quantité de 
semis de Petunia de M. Bull reçut un certificat et un gentil Hyosots, 
Impératrice Elisabeth, de M. Bull, obtint un certificat de 2 classe. Tout 
proche l’on voyait un Azaléa de semis, Madame de Cannart d’Hamale, 
superbe et grande fleur d’un blanc jaunâtre, coloré de faibles raies roses. 

L'envoi de Tulipes de M. Turner était très-marquant et contenait 


Mary Headly, Sarah Headly et piusieurs autres fleurs choisies d’un 
beau caractère. 


Miscellanées. — Trois ou quatre magnifiques spécimens du bel Eu- 
charis amazonica avaient été exposés dans des caisses par M. Howard, 
jardinier de E. Brand, Esq., de Balham. Ils ne mesuraient pas moins de 
D pieds de diamètre et presque autant en hauteur, et chaque jet était 
orné de trois ou quatre grandes fleurs, qui conviennent particulièrement 
pour bouquets et qui se conservent parfaitement dans l’eau pendant 10 à 14 
jours. Il ÿ a moins de deux ans, disait-on, que les plantes se trouvaient 
encore dans des pots de 3 pouces; on les transpotait dans des pots plus 
grands à mesure du besoin et on les nourrissait avec de l’engrais liquide, 
en les conservant à la chaleur du fond de la serre chaude. Le résultat 
fut le spécimen intéressant qui a fleuri trois fois depuis la Noël. 

Lady Dorothy Nevill avait trois plantes d’Ailantus, sur les feuilles 
desquelles vivaient des vers-à-soie; à côté se trouvait une boite con- 
tenant les cocons et le papillon parfait du mâle et de la femelle, 
puis différents spécimens de soie, filés et teints pour divers usages. 
M. Knight, du château de Pontchartrain, avait un hybride d’Amaranthus, 
d’un cachet extrêmement décoratif, qui le rendra très-utile comme 
plante de plein air ou d’appartement. M. J. W. Taylor, Esq., Stoke 
Newington, avait exposé une série de plantes aquatiques et un panier 
de plantes d’orangerie. M. Linden avait un groupe choisi de plantes 
diverses, surtout quelques unes exposées dans la catégorie des plantes 
nouvelles. Ajoutez à cela que MM. Lee avaient envoyé un groupe de 
miscellanées et W. Marshall, Esq., d’Enfield, une terrine de l’Ouvi- 
randra fenestralis, entouré de quelques Fougères filiformes qui fai- 
saient un charmant effet. MM. E. J. Henderson et fils avaient aussi des 
plantes mélangées où s’intercalaient quelques plantes d’une graminée 
panach ée le Chiendent MM.Veitch et fils envoyèrent un bon assortiment 
de jolies choses, parmi lesquelles celles qui n'étaient pas les moins 


— 350 — 
intéressantes étaient le nouvel Azalea stella, plusieurs Aucuba et d’au- 
tres plantes du Japon. Dans ce nombre se trouvait aussi une collec- 
tion remarquable de plantes alpines de MM. Backhouse, d’York, qui 
paraissaient exciter autant d'intérêt que beaucoup d’autres objets expo- 
sés. Parmi les plantes alpines panachées, rustiques et herbacées, M. Salter 
avait placé un superbe groupe; et MM. E. G. Henderson possédaient 
quelques charmants exemplaires de plantes délicates à feuillage orne- 
mental. M. Stark, de Trinity, d'Edimbourg, exposa un petit lot, mais 
intéressant, de plantes du Canada. Il nous reste à mentionner que le 
grand compartiment approprié pour les Orchidées et autres plantes 
délicates, a été gratuitement chauffé par M. Ormson. Il l’a effectué 
au moyen d'une de ses chaudières multitubulaires et de 3200 pieds 
de conduits de 4 pouces. 


Fruits. — Après le magnifique assembiage de fleurs, les fruits ne 
venaient pas en aussi grande quantité. La composition en était non 
moins bonne pour la saison et sous plusieurs rapports la qualité en était 
très-marquante. Nous regrettons l’abstention de quelques-uns de nos 
grands exposants habituels, qui ont remporté les plus grands honneurs 
dans d’autres occasions; c’est peut-être parce qu'ils ont rentré leurs 
fruits d'avance et qu’ils ne les ont pas trouvés suffisamment mürs pour 
l’époque de l’exposition. Des fruits forcés remplissant 10 assiettes furent 
exposés par M. Turner, de Slough. De ce nombre il y avait deux très- 
bons Ananas, des Raisins Muscat et Frankenthal d'une qualité supé- 
rieure et un bon plat de Pêches Grosses mignonnes, de Brugnons Hunts 
Tawny, de Figues, de Fraises et de Melons. 


Ananas. — Il y en avait de très-beaux fruits. Un spécimen très-bien 
venu de la Queen venait du due de Richmond et remporta le premier 
prix ; le second fut décerné au Rév. T. Micklethwaite ; et le troisième à 
M. Barchard. Des fruits du Smooth Cayennes furent envoyés par 
M. Barnes, jardinier de Lady Rolle et par le duc de Richmond, ayant 
tous les deux de très-bons spécimens; mais on décerna le premier prix 
à ceux de Lady Rolle, de Bicton. Il n’y eut pour le concours de l’Ananas 
de Providence qu’un seul fruit qu’envoya M. Meredith, de Garston. 
Pour le concours général d’Ananas de toute autre variété, le premier 
prix fut décerné à M. Page, jardinier de M. Leaf, Esq., pour un grand 
Prickly Cayenne ; le second pour un superbe spécimen de Black 
Prince, à J. Dixon, Esq.; le troisième, à Mr° Cubitt, pour un Black- 
Jamaïca, bien choisi. 


_ Raïsins. — Il s’en trouvait une abondance considérable et beaucoup 
étaient de bonne qualité. Dans le concours des cinq variétés, le premier 
prix fut remporté par Lord Bagot pour un contingent arrivé à bonne 
maturité, consistant en Black Ténériffe, Golden Hamburgh, Black 


— 331 — 


Hamburgh, Chasselas musqué et Black Prince; le second prix échut à 
H. Akroyd, Esq., pour une très-bonne collection de raisins noirs ; et le 
troisième à M. Osborn pour un lot remarquable par la grosseur et la 
qualité. Le concours de six grappes était bien représenté. Le jury décerna 
le premier prix à M. Hill, jardinier de R. Sneyd, Esq., de Keele Hall; 
pour six grappes très-belles du Black Prince, bien colorées et bien 
venues ; et le second, pour six Black Hamburgh, à grappes compactes et 
d’une belle croissance, à M. Osborn; le troisième échut à Lord Bagot 
pour les mêmes, mieux colorées que les dernières, mais à grains plus 
petits. J. Dixon, Esq., M. D. Clements et Sir Beaumont, Bart, exposèrent 
aussi de bonnes collections. 

L’émulation pour trois grappes de Black Hamburgh était très-vive 
entre 17 concurrents qui fournirent quelques-uns des meilleurs raisins 
de l’exposition. Le 4°° prix échut à H. Akroyd, Esq.; le 2° à M. Turner 
et le 5°, à Sir Beaumont. Tous ces raisins étaient bien venus et colorés ; 
en outre le capitaine Glegg, Lord Bagot, J. Dixon, Esq., M. Clément, 
J. H. Lermitte, Esq., et M. Osborn exposèrent de très-bons fruits. 

Au concours 169°, qui demandait des raisins noirs possédant la saveur 
du museat, le {°° prix fut déccrné à H. Akroyd, Esq., pour le Frontignan 
noir; le 2° à Lord Foley, pour le même raisin; et le 5° au comte De 
Stair, pour le Muscat Hamburgh. Pour les trois grappes de raisins noirs 
ne possédant pas la saveur du muscat, le meilleur venait de M. Hill, de 
Keele-Hill, c'était le Black Prince; puis le 2°, le West’s St. Peter’s, de 
Akroyd, Esq., et le 5° appartenant à W. Jones Loyd, Esq., le Black 
Prince, tous spécimens bien venus. 

Le concours de trois grappes du Muscat d'Alexandrie ne compta que 
trois concurrents, dont les meilleures grappes étaient de M. Turner, qui 
obtint le 1% prix; M. Fowler, le 2. M. Standish fut le 4° pour les rai- 
sins blancs ayant la saveur du muscat. C’étaient d’excellentes grappes 
du Muscat Trovéren; le comte de Stair fut 2°; la vicomtesse Palmer- 
ston, 5°, avec le Chasselas musqué. Les raisins blancs n’ayant pas la 
saveur du muscat, attirèrent une lutte assez vive; les meilleures étaient 
trois très-belles grappes du Buckland Sweetwater de M. Osborn ; le 2° prix 
échut au Comte de Stair pour le Golden Hamburgh, assez bon ; le 5° au 
Lord Bagot, pour le même raisin, petit, mais bien muüri. M. Turner 
répondit au même concours par quelques bons Sweetwater et la Vi- 
comtesse Palmerston avec le Duich Sweetwater. Pour le concours d’une 
seule grappe noire, H. Akroyd, Esq., remporta encore les honneurs 
du 4° prix avec une énorme grappe du Black Hamburgh bien coloré ; 
M. Osborn obtint le 2° prix. Quant aux grappes blanches, 1° M. Tur- 
ner, 2° M. Osborn, qui montrèrent tous deux des spécimens énormes 
et bien venus. M. Lane exposa quatre grandes vignes en pots, lesquelles 
étaient bien cultivées et couvertes de fruits : elles méritèrent dignement 
le 4% prix. Le Colonel Lloyd envoya également deux vignes en pots et 


— 832 — 


dont les ceps couraient sur un grand cercle en fer de deux pieds de 
diamètre, dont les fruits pendaient gracieusement tout autour. 


Melons. — La concurrence pour les melons avait produit quelques 


bons fruits eu égard à la saveur; car leur beauté ne leur faisait pas 
mériter le prix. Le 1°° prix pour le melon à chair verte fut octroyé à 
H. Littledale, Esq., pour le Weredith’s Hybrid Cashmere; le 2 à G. Fol- 
Jambe, Esq., pour un nouveau melon nommé Excelsior; et le 3° à 
M. Hope, de Deepdene. Les variétés à chair rouge étaient 1° Scarlet Gem, 
de J. Miles, Esq.; 2° J. Gott, Esq.; et 5° MM. Gadd, de Worthing, 
pour un beau fruit du Cantaloup rouge. 


Pêches et Brugnons. — Ils ne brillaient pas par la quantité, 
mais bien par la qualité. Le 1°" prix des pêches échut à Sir G. Phillips 
et le 24 à M. Turner, pour la Grosse mignonne; le duc de Newcastle 
et le comte de Shaftesbury envoyérent aussi de bons fruits. Quant aux 
brugnons, le 1°" prix des trois variétés fut décerné à un très-bon 
fruit de C. N. Neudegate, Esq. et le 1e' pour six spécimens à M. Turner; 
le 24 au duc de Newcastle, possédant tous deux d’excellents fruits bien 
venus. 


Figues. — Les meilleures étaient de bons spécimens du Brown 
Turkey du duc de Northumberland, à Syon House; deuxième le due de 
Newcastle, avec la même variété, et le troisième la comtesse Cowper 
pour les Lee’s perpetual. 


Fraises. — Le 1" prix pour six variétés de fraises fut décerné 
à une très-bonne collection de J. H. Barnes, Esq., dont les meilleures 
étaient Président, Sir Harry, et Sir Charles Napier. Quant à la classe 
de trois variétés, les meilleures appartenaient à R. P. King, Esq , de 
Bristol, tous fruits propres et bien venus. Pour des assiettes de fraises 
de toutes varictés, M' Cubitt, de Denbies, obtint le 1° prix; R. P. King, 
Esq., le 2°, et le duc d’Hamilton le 5°. Pour les Fraisiers en pots, 
une bonne collection de plants de semis de Keen, bien cultivés, venait 
des jardins du duc de Northumberland, à Syon House. 


Cerises. — Les cerises ne méritent pas une mention particulière; 
les meilleures étaient l’Impératrice Eugénie, de la vicomtesse de Pal- 
merston, et Black Circassian du capitaine Glegg. M. Turner, de 
Slough, avait exposé un beau spécimen en pot du nouveau Cerisier 
forcé de Frogmore, chargé de fruits, auquel le comité décerna un cer- 
tificat de 1"° classe. 


Framboises. — Deux assiettes de framboises avaient été envoyées 
par E. F. Hopwood, Esq., qui obtint un 2° prix. 


Bananes. — On en exposa deux beaux régimes. Le 4" prix échut 


— 333 — 


à P. L. Hinds, Esq. de Byfleet; c'était un régime très-grand et superbe 
qui excita l’admiration des connaisseurs. Le 2° prix fut décerné aux 
bananes des jardins de J. Gott, Esq. de Leeds. 


Miscellanées. — Dans les concours des fruits mélangés, nous pou- 
vons citer quatre très-beaux Ananas des jardins du duc de Richmond, à 
Goodwood, tous d’une belle croissance et d’une bonne culture. Une grande 
caisse de Brugnons venait de C. N. Newdegate, Esq.; en outre un bon plat 
de fruits du Vanilla planifolia provenait du jardin de G. J. Foljambe, 
Esq., à Osberton. M. W. Hazlewood envoya de bons citrons et des oran- 
ges. Quelques collections de poires et de pommes, excessivement bien 
choisies, entraient aussi dans ce concours; parmi les plus remarquables 
se trouvait une bonne collection de lady Hamilton; de M. Earley, de 
Digswell, et un excellent contingent de la comtesse Cowper, de Wrest 
Park, qui apporta également un superbe plat de la grosse poire de 
Garde (the Warden Pear). Un autre bon lot de poires et de pommes 
venait des jardins de W. E. Hubbard, Esq., d'Horsham; près duquel 
on voyait de très-beaux fruits de la nouvelle figue Castle Kennedy, 
accompagné de feuilles et de branches portant quelques jeunes fruits, 
montrant ainsi que c'était une grande figue de première qualité et 
très-prolifique. Un autre envoi intéressant, c'était le fruit du Dioon 
edule, exposé par J. Yates, Esq., de Highgate; de même qu’un beau 
boca! de pickles envoyé par M: Earley, de Digswell. 


Légumes. — L’exhibition de légumes, prise dans son ensemble, 
était trés-belle, tant au point de vue de la quantité que de la qualité. Dans 
la classe des légumes forcés, la 4° place revient au Rev. F. W. Mick- 
lethwaite, de Norwich, qui possédait dans son lot des pois, des hari- 
cots, des navets, carottes, champignons, et pommes de terre, puis 
venait 2 le comte de Darnley, dont l’apport était dressé avec goût 
dans des paniers garnis de mousse verte et consistait en champignons, 
carottes, pommes de terre, haricots et tomates. La concurrence pour le 
concours des légumes non forcés était ardente et serrée et amena de 
très-bons contingents. Le 1° prix échut à T. T. Drake, Esq., de Shar- 
deloes, dont le lot renfermait de plus remarquables de très-beaux poi- 
reaux, des chouxfleurs et des asperges ; le 2° prix à M. Hope, de Deepdene, 
qui possédait de bons chouxfleurs, des Yams de la Chine et d’assez belles 
asperges ; et le 3°, au comte de Darnley, pour une très-belle et bonne 
collection de six sortes. Parmi les autres contingents dignes d’être cités 
dans cette classe, se trouve un bon lot de M. John Cattell, de Wesretham, 
et un autre de J. J. Blandy, Esq., de Reading. 


Salades. — À ce concours prirent part cinq concurrents; et les 
obtenteurs des prix se suivirent de très-près. Le 1°" échut à M. Mason, 


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de Deptford; le 2°, au jardinier du comte de Darnley, M. Budd; et le 
3° à Lady Hamilton, de Bloxham Hall ; tous avaient de bons contingents 
qui consistaient généralement en 14 variétés. 


Asperges, 50 jets. — Ce concours excita une grande émulation; le 
4er prix fut décerné à George Tippett Hasell, Esq., de Bristol, pour de 
très-beaux jets ; le 2° à la comtesse Cowper pour 50 jets pesant 
7 !}4 livres; et le 5° à J. Cockle, Esq. Pour les 12 jets les plus forts, le 
jury accorda le 1° prix à G. Tippett Hasell, Esq. 


Champignons. — Premier prix au comte de Darnley pour une 
corbeille de champignons de bonne venue et en parfait état; le 2e à 
G. J. Hopwood, Esq., pour une grande corbeille bien remplie; un 
excellent lot provenait également de F. Pryor, Esq., de Welwyn. 


Pommes de terre. — [La concurrence fut également ici ardente 
et serrée. Dans la catégorie des variétés allongées (Kidney kind), le 
Aer prix échut à l'Irlande, au comte Fitzwilliam, de Coollatin Park, 
Wicklow, pour le Prince of Wales; le 2° à Lady Hamilton, pour le 
Mona’s Pride; le 3° à M. Hope, à Deepdene. Dans la classe des pommes 
de terre rondes, le jury décerna le 1% prix à M. T. Westbroo, 


d’Abingdon, pour un très-beau plat de Royal Albert ; le 2° à une sorte 
nommée Early Betty. 


Haricots. — Quatorze concurrents se disputérent les honneurs 
dans cette catégorie. — Le 1° prix fut octroyé à T. S. Oates, Esq., 
Hanwell ; le 2° à E. Oates, Esq., de Hanwell; le 3° à J. Gott, Esq., de 
Leeds. Quant aux Pois, un très-beau plat de Little Gem, Marrow nain, 
fut servi par M. Turner. 


Carottes hâtives. — Les meilleures venaient de chez la comtesse 
Cowper, et après venait Me Hope, de Deepdene. 


Concombres. — Il y eut dans cette classe une très-vive émulation 
qui semblait exciter autant d’intérêt que, quoi que ce soit dans la tente; 
il est à regretter qu’un grand nombre de spécimens restât sans récom- 
pense. Le A+ prix fut donné à un superbe couple d’Hamilion’s Invin- 
cible qui provenait des jardins de Lord St. John; le 2° prix échut à 
M. Smith, pour un petit, mais charmant couple d'Hybrid Kenyon. Où 
tout était si beau, il serait oiseux de tout mentionner. Pour le plus beau 
et le plus long, la concurrence n’était pas aussi grande, mais les fruits 
récompensés étaient de bonne qualité et d’un bel aspect. 


Rhubarbe. — Toutes étaient très-bonnes, et quelques côtes étaient 
admirablement grandes. Mwe Hope obtint le 4° prix; il s’y trouvait 


— 9335 — 


quelques côtes qui avaient 3 pieds de long sur 6 pouces de circonférence 
près de la base; le 2° prix fut octroyé à M. Cattell, de Westerham; et 
le 5° à R. Barclay, Esq. 


Chou. — Il y en avait en quantité; les meilleurs appartenaient à 
la comtesse Cowper ; puis venaient ceux de M. Early, de Digswell. 


Choufleuxr. — Il y avait lutte entre M. Cattell et M. Snow, qui 
suivait de près le premier, lequel remporta le 4°" prix. 


Broccoli. — Ici encore M. Cattell arriva premier, suivi de près 
par M. Whiting, de Deepdene. M. Squibbs, de Rook’s Nest, envoya 
également de très-belles têtes. 


Miscellanées. — Dans cette catégorie, un certificat de 1"e classe fut 
décerné à M. Morin, d’Auvere, 58, rue St. Merry, Fontainebleau, pour 
des Ignames de la Chine; la même distinetion échut aussi à Jones Lloyd 
et Ivery et fils, de Dorking, pour de très-beaux exemplaires; mais 
l’exposant français remporta la palme vu la grosseur d’un seul spécimen. 

Des pommes de terre bien conservées avaient été envoyées par 
M. Whiting, de Deepdene, et par le Rév. G. W. St. John, recteur à 
. Woodstock. Ces deux collections se trouvaient en très-bonne condition. 
M. Irving, jardinier du duc d’Hamilton, envoya des poireaux gigan- 
tesques. MM. Gadd, de Worthing, avaient présenté une très-bonne 
betterave, appelée non pareil, d’un beau coloris et d’une bonne saveur. 

MM. Ivery, de Dorking, exposèrent un spécimen d’une nouvelle 
laitue nommée l’{nternational, variété à feuilles découpées, que nous 
désirons encore voir avant de nous prononcer sur son mérite. 


Plans de jardin. — Nous avouons notre désappointement à la 
vue des plans et des peintures qui figuraient à l'exposition. Nous 
espérions un grand succès, mais nous n’avions nourri qu’une illusion. 
Les sujets étaient peut-être mal choisis. Leur composition était trop 
définic et leur détermination propre trop vague. Combien y a-t-il de 
jardiniers qui aient le loisir et l’habileté nécessaires pour présenter 
un plan d’un nouveau jardin d’horticulture, d’une campagne ou même 
d’une villa avec des terrains de cinq acres d’étendue, ou de petites 
pièces de terre propres à bâtir avec les accessoires de chemins car- 
rossables, de jardin potager et floral et de pépinières, c’est, avouons-le, 
très-difficile. On ne devait pas s’attendre à ce qu’un artiste vienne 
concourir pour 10 livres, et alors la concurrence ne peut s'établir 
qu'entre un nombre très-limité de compétiteurs. A l'avenir on ferait 
bien de supprimer de tels sujets et ne proposer des prix que pour 
la meilleure disposition des serres et des bordures pour les jardins 
potager et floral, soit comme dessins spéciaux, soit comme complément 


— 996 — 


d’une maison que l’on aurait désignée. On pourrait également y joindre 
des plans et des dessins de quelque jardin public, et dans ce cas, 
l'habileté du dessinateur pourrait être jugée par rapport au plan que 
l’on aurait fait avec soins dans ce but, ce qui exigerait des connais- 
sances pratiques hautement appréciées et des plus nécessaires au jar- 
dinier. 

Personne ne s’étonnera done que les plans d’un jardin public de 
la forme et de la situation de celui de la Société royale d’horticul- 
ture à South Kensington, étaient fort mal réussis. Deux seulement y 
figuraient : l’un, sans plantation au centre, était insignifiant, c’est-à- 
dire composé sans aucune idée et entouré d’une ceinture d’arbustes; 
l’autre, tout aussi peu méritant, était sillonné d’allées bordées de 
plantations. Le jury ne leur accorda pas un seul prix. 

Quant aux plans d’un jardin particulier et de terrains de 20 acres 
d’étendue, sept concurrents se présentèrent. Le 2 prix seul put être 
décerné, à M. Chapman, pour un dessin très-méritoire, malgré quelques 
défauts. Son principal mérite consistait dans la disposition du jardin 
floral autour de la maison et dans les points de vue illimités que l’on 
avait des appartements. La situation de la maison était bien choisie pour 
commander le terrain et celle du légumier et du jardin floral prouvait 
les bonnes idées et le bon sens de l’auteur. Au concours suivant pour 
un plan d’une villa et de ses dépendances d’une étendue de 5 acres, 
il y eut quatre plans exposés. M. T. J. Caparn remporta le 2° prix pour 
un dessin coloré pris à vol d'oiseau. Les points faibles consistaient en 
une éclaircie mal disposée par suite de la plantation d’un Cèdre du Liban 
et d’un Deodora qui masquaient l'horizon de la vue, et en une pièce 
d’eau qui aurait pu donner à penser à M. Chapman. A cette occasion 
nous suggéreront l’idée que, n’élant pas accompagnées d’un plan, ces 
vues isométriques ne présentaient pas une étendue déterminée et que 
50 acres au lieu de 5 auraient été nécessaires pour réaliser le projet 
de plan. 

M. J. Newton, 50, Eastborne terrace, Hyde Park, avait exposé, hors 
concours,un paysage dont les œuvres d’art architecturales et pittoresques 
avaient été exécutées par lui-même; en outre il avait formé une inté- 
ressante collection de vues prises des propriétés de lord Chief, baron 
Pollock, l'archevêque de Londres, de celles de la Saltburn improvement 
Company, à Yorkshire, etc. 


Dessins. — Les aquarelles de plantes indigènes ou exotiques for- 
maient un ensemble plus agréable. La planche du Rhododendron Nuit- 
talii de M. Slocombe était la meilleure. Le coloris était doux et harmo- 
nieux, quoique un peu crayeux et un ton plus riche aurait été préférable. 
M. Hill recut le 2 prix pour des dessins de l’Oncidium Papilio et du 
Vanda suavis ; tandis que le 3° échut à un bouquet de Pieds d’Allouette 


— 9317 — 


gracieux et plein de goût, présenté par M°le Agnes Boyd. La concur- 
rence entre elle et Melle S, Menab, d’Edimbourg, a dû être trés-vive et 
nous sommes assuré que le jury a regretté de n’avoir pas à sa disposition 
un des prix destinés aux autres concours. M. W. G. Smith avait apporté 
quelques charmantes petites exquisses, entre autres une Primevère, 
dont les feuilles étaient crispées et disposées avec recherche. M. Chand- 
ler montrait un dessin d’un riche coloris, mais où le relief faisait 
défaut. Il nous reste à mentionner quelques belles aquarelles, au 
nombre de 52, exposées au Congrès par M. J. Platzmann, de Leipzig, 
et qui représentaient des plantes tropicales d’un véritable mérite artisti- 
que. Au point de vue botanique elles n'étaient pas aussi utiles qu’on 
eut pu le désirer, vu le manque d’une échelle de proportion; mais 
sous le rapport de la représentation de la texture, elles étaient d’une 
vérité admirable. 


Bouquets, etc. — La huitième section embrassait des objets d’or- 
nement eu fleurs naturelles pour surtouts-de-table, étagères de salon, 
bouquets de noce et de bal, couronnes, y compris des plantes dispo- 
sées dans des petites serres, dans des caisses de fenêtres, des jardi- 
nières, et dans des suspensions. Il est à regretter que ce concours n’at- 
tira pas plus l’attention de ceux qui sont si bien à même d'offrir de bons 
spécimens d'ouvrages artistiques, entre autres les vingt exposants de fleurs 
coupées, dont il n’y eut que trois qui prouvérent beaucoup de goût dans 
l’arrangement des fleurs. Mile Lermitte était sans aucun doute le plus 
artiste. Ses surtouts-de-table, qui lui valurent le 1° prix, consistaient en 
trois cercles de glaces, dont le plus grand occupait le milieu et bordés 
l’un de Fougères et de Lycopodiacées, entremêlés de quelques fleurs et 
par-ci par-là de feuilles de Cyperus variegatus, retombant, en s’y réflé- 
chissant, sur la glace inférieure. Du corail blanc formait une arcade au- 
dessus de la glace centrale, à laquelle s’attachaient d’un côté quelques 
frondes de Fougères dorées, et de l’autre quelques feuilles d’A dianthum 
trapeziforme, tandis que des brins de la Fougère Cheveux de Vénus 
disséminés cachaient quelques parties du corail. Ces groupes étaient 
remarquables par la légèreté, la grâce et l’élégance avec lesquelles quel- 
ques fleurs et beaucoup de feuillage avaient été disposés et non arran- 
gées avec étude, et nous étions fortement impressionné par l’idée qu'ils 
avaient dû être l’œuvre d’une dame et que fleurs et feuilles glissaient 
de ses mains dans leurs places et ne demandaient après aucun autre 
soin. À côté de Mile Lermitte vient se ranger M. March, de St. James’s 
Palace, un ancien exposant très-expérimenté dans l’arrangement des 
fleurs. Il remporta le 4° prix pour des étagères de table de salon, 
lesquelles se composaient de trois vases circulaires en cristal, sup- 
portés par une tige centrale d'environ un pied de haut, du sommet 
de laquelle trois chaines en anneau de verredescendaient jusqu'aux bords 

25 


— 938 — 


du vase. Au pied de la tige centrale s’étalait un bouquet de fleurs 
disposées avec bon goût. Maintenant que les chaînes de toute sorte 
sont si fort en vogue dans la toilette des dames, M. March pense 
sans doute qu'il a fait fureur en introduisant des chaînes diverses 
dans l’arrangement des fleurs; en concourant en effet pour décorations 
de tables de banquet, il a appliqué la même idée sur une plus vaste 
échelle, à tel point que peu de tables semblables pourraient supporter 
trois ornements aussi massifs que ceux qu'il a exposés. Les fleurs 
étaient grandes et convenables, telles que des Rhododendron de chaque 
côté, et des Iris pourpres au milieu; mais l’ensemble était si lourd, 
nonobstant le relief qu’apportaient les anneaux des chaines de verre, 
que nous ne sommes pas surpris de ne lui voir remporter qu'un 
3° prix. 

Le dernier concurrent que nous devons mentionner est M. Yates, 
de Sale, près de Manchester, qui a montré qu’on peut s’illustrer par 
de beaux bouquets qui n’affectent pas la forme de Champignon, dont 
le marché de Covent-Garden a pendant longtemps eu le monopole. 
Les trois bouquets de bal qui lui valurent le 1° prix, étaient de 
forme pyramidale dans leur ensemble et contrastaient singulièrement 
avec les autres en ce que les fleurs étaient peu nombreuses, bien 
choisies et non serrées. Nous espérons survivre à la mode qui prévaut 
à présent de grouper des fleurs de couleurs si différentes et de leur 
mettre pour bordures des plumes ou des dentelles. Un tel arrangement 
convient sans nul doute aux marchands de fleurs et trouve un en- 
couragement chez ceux qui ont de la fortune, mais pas de goût, qui 
se plaisent à dire combien de guinées ils ont payé une certaine masse 
de fleurs, montées sur des fils de fer; mais nous sommes assuré 
qu'il suffira de montrer au public le contraste frappant entre les bou- 
quets groupés d’une manière légèrement compacte, pour donner la 
préférence aux premiers, à l’exclusion complète des seconds, aux yeux 
de ceux qui font preuve de goût. Il nous faut encore attirer l’atten- 
tion sur les beaux vases et autres objets propres à être garnis de 
plantes; et les plus précieux, tant pour les tables dressées que pour 
les guéridons de salon, étaient ceux de MM. James Powell et fils, de 
a verrerie de Whitefriars. Mais à cause de l’arrangement disgracieux 
des fleurs, le jury n’a pu accorder de prix, en regrettant que les 
fabricants n’aient pas employé des personnes compétentes pour l’orne- 
mentation de leurs vases, tout en rendant un verdict approbatif pour 
leur composition et leur dessin. 

Un autre fabricant de glaces, M. James Green, de Upper Thames- 
street, avait exposé trois étagères élégantes qui auraient obtenu des 
prix, si les fleurs avaient été mieux disposées et s’il les avaient présen- 
tées comme ornements de tables de salon, au lieu de servir à la déco- 
ration des tables dressées, dont ils enlèveraient trop le coup d’æil. 


— 339 — 


Trois personnes prirent part au concours pour plateaux de table; 
aucun de ceux-ci n’était strictement un plateau. Celui de Miss Wint, 
de Brighton, était le meilleur. Le seul plateau véritable était celui 
qui portait le nom de Lady Rokeby, lequel était inscrit dans une autre 
elasse et manquait de grâce dans son arrangement. 

Au désappointement général, un seul exposant répondit au concours 
qui demandait trois spécimens de couronnes et de guirlandes; c’était 
M. Yates, qui n’obtint que le 2 prix. Les bouquets de noce étaient 
en grand nombre, mais ne présentaient rien de remarquable, sinon 
leur aspect un peu lourd. 

Nous en sommes arrivé à parler des meubles garnis de plantes vivan- 
tes. 11 n’y en eut que deux, appelés jardinets et destinés à trouver place 
dans un salon ; mais ils étaient si mal arrangés qu’ils ne purent obtenir 
de prix. Des caisses pour les appuis de fenêtre, une seule méritait une 
récompense qui fut décernée à MM. Cutbush et fils, de Highgate; on 
admirait beaucoup le contraste entre le bleu riche des tiges tombantes 
du Zobelia, et la couleur chocolat foncé de la caisse. Les autres caisses 
étaient médiocres, quoique celle en pierre de MM. F. et G. Rosher, 
de Chelsea, füt garnie des meilleures plantes. Ceux qui exposèrent des 
suspensions et corbeilles ne prirent pas la peine de les orner comme 
ils l’auraient dü; on n’accorda encore iei que le 2° prix à trois suspen- 
sions qui, si elles avaient été suspendues, n’auraient probablement pas 
recu de prix du tout; car rien ne dissimulait la mousse brune qui en- 
veloppait les pots. La lutte la plus vive de cette section eut bien lieu 
pour les prix offerts aux serres de salon : le 1° prix fut remporté par 
M. Macintosh, de Hammersmith; sa serre, cependant, était trop lourde, 
à notre avis, pour un salon. Celles qui valurent le 2° prix à MM. Claudet, 
Houghton et fils, étaient beaucoup trop claires pour étaler les plantes avec 
avantage ; elles n’étaient que tout or et blanc; toutefois les plantes étaient 
chez tous les deux, disposées gracieusement. Le 5° prix échut à MM. Barr 
et Steden, King street, à Covent Garden, qui, par leur envoi de vingt 
serres, semblaient décider à ne pas perdre la chance de gagner un prix, 
mais leur erreur venait d’avoir rempli leurs meubles plutôt avec des 
plantes intéressantes sous le rapport botanique, qu'avec quelques plantes 
à effet ornemental. 


Insirumenés. — L'exposition en renfermait un grand nombre 
mais à peu d’exceptions près, il n’y avait rien de nouveau ni de remar- 
quable. Un fer-à-cheval, recouvert de bois, destiné à être appliqué 
pendant les travaux de roulage et de fauchage des pelouses, était exposé 
par M. Henderson, jardinier de M. G. H. Beaumont, Bart, Coleorton-Hall, 
Ashby-de-la-Zouch. Ce perfectionnement apporté aux sabots tient les 
pieds du cheval trop chauds. Il y avait à profusion des machines à 


 faucher, ainsi que des seringues, pompes et des ustensiles de jardinage, 


— 940 — 


et en outre des chaudières et autres appareils de chauffage. Parmi ces 
derniers, M. Gray recut un certificat de 1° classe pour une chaudière 
tubulaire ovale. Plusieurs exposants présentèrent des modèles de serres, 
d’abris etc., etc. 

M. Earley, jardinier de F. Pryor, Esq., avait exposé un appareil 
très-utile et à bon marché pour protéger les jeunes arbres dans les 
parcs. Il est fait en fer solide avec des pieds fichés en terre et à deux 
pieds de haut tressé en fil de fer; il se compose de deux pièces semi- 
circulaires que l’on réunit autour de l'arbre au moyen de vis et 
d’écrous. M. Ch. Lee exposa une puissante machine à deux roues pour 
transplanter les arbres. Le jury décerna un prix à une machine con- 
struite par M. Mc-[ndoe, jardinier de Coles Child, Esq. Aux deux 
fortes roues de derrière est attaché un timon puissant au moyen de 
bandes de fer qui dépassent considérablement les roues. Aux côtés de 
ce timon s’attachent de forts cordages ou des chaines qui passent sous 
le pied de l’arbre, lequel s'enlève alors par la puissance du levier. 
Entre les deux roues en fer, dans le même axe, se trouve une roue 
étroite, munie d’un manche que l’opérateur peut faire mouvoir facile- 
ment pour avancer ou reculer la machine. | 

Quant au meilleur mode de ventilation des constructions horticoles, 
le prix échut à MM. Sanders, Frewen et C*, de Bury St. Edmunds. 
M. Newton, 50, Eastbourne terrace, Hyde Park, fournit quelques mo- 
dèles ingénieux et illustrés de différents systèmes de ventilation. 

Au nombre des vases, MM. Hunt et Pickering, de Leicester, en avaient 
mis un en fil de fer dont le fond était en terre. C’est un perfectionne- 
ment apporté aux vases en fonte, en ce qu’il permet un bon drainage et 
la circulation continuelle de l'air à travers chacune de ses parties. 
M. Bull, de Chelsea, avait exposé des corbeilles en paille d’Italie. Un 
certificat fut accordé aux vases, fontaines etc., et rochers artificiels 
envoyés par MM. Rosher, de Chelsea. M. Thomas, Newcastle Place, 
et Paddington en recurent également un pour des voûtes en fil d’archal, 
des bancs, ete., ete., et surtout pour la grande variété et la beauté artis- 
tique des diverses corbeilles en fil de fer. « 

Plusieurs exposants avaient exhibé des chaises et des bancs de jardin, 
ainsi que des caisses pour orangers ou autres arbustes analogues; mais il 
n’y avait rien de particulier à mentionner. M. Puig, Grove Terrace, 
Grove Road, St. John's Wood, remporta un prix pour deux beaux pro- 
jets de rockwork ou ruines, destinés à contenir des Fougères. 

Nous terminons ici notre compte-rendu, non sans répéter que les 
thermosiphons de M. Ormson chauffaient parfaitement la partie de la 
tente réservée aux Orchidées, et nous avons été heureux d'apprendre 
par les exposants de cette catégorie de plantes, que célles-ei n'ont pas 
éprouvé le moindre préjudice. 

Traduction de M. G. Barzer. 


— 941 — 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Le Bulletin de la Fédération des Socictés d'horticul- 
ture de Belgique poux 4865 a paru cette année plus tard que 
de coutume par suite de diverses circonstances accidentelles. Nous 
aimons à croire que ce nouveau volume sera accueilli avec la même 
sympathie que ceux qui l'ont précédé, lesquels ont toujours été appréciés 
de la manière la plus flatteuse par nos confrères de la presse horticole en 
Europe. C’est, en réalité, un annuaire de l’horticulture belge où l'on 
trouve la situation et les travaux de presque toutes nos Sociétés. Le 
bulletin de 1865 forme un fort volume grand in-octavo de 500 pages. 
On remarque en tête les nouveaux statuts de la Fédération dont le cadre 
s’est élargi en s'étendant à toutes les institutions de Belgique dont le but 
se rattache à l’horticalture et en admettant des Sociétés étrangères cor- 
respondantes et des membres honoraires. La liste des Sociétés fédérées 
montre que la Fédération est de plus en plus prospère, plusieurs adhésions 
nouvelles et importantes ont eu lieu. Le programme des concours est 
vaste et bien fait pour exciter l’émulation des travailleurs. On remarque 
ensuite des documents statistiques concernant les conférences publiques 
et gratuites qui sont données dans une foule de localités du pays sous 
la généreuse impulsion du gouvernement, et ce vaste mouvement 
de propagande horticole s'étend de plus en plus en produisant déjà les 
plus heureux résultats. Parmi les rapports des Sociétés on remarque 
surtout ceux de Gand, de Bruxelles, d'Anvers, de Mons, de Liége, de 
Huy, de Namur et beaucoup d’autres. Après un rapport, trop court mais 
qui sera complétée cette année, sur l’état et les progrès de l’horticulture 
belge, on trouve, dans le volume, une Flore forestière de Belgique par 
M. Alf. Wesmael et qui a été couronnée par la Fédération. Cette flore 
forestière constitue à elle seule un ouvrage important ; elle manquait à 
notre littérature botanique et sera utilement consultée dans maintes 
circonstances. Depuis le Manuel de l’arboriste de Poederlé, la Belgique 
n'avait plus produit d'ouvrage aussi considérable touchant à l’arbori- 
culture ornementale et forestière. On voit combien est varié l’intérêt 
que présente le nouveau et septième volume publié par la Fédération. 


{alendrier du jardinier bourgeois par M. Lasausse(1). — 
Encore un bon livre qui a sa place marquée dans toute bibliothèque horti- 
cole. Il contient, comme il est dit sur le titre et en dépit du proverbe 
que rien n’est menteur comme une enseigne : l'indication mois par 


(1) Gand, chez Hoste, 1 vol. in 12° de 285 pages, 1867. Prix 5 fr. 


— 342 — 


mois de tous les travaux des jardins potagers, fruitiers et d'agrément, de 
l’orangerie ct de la serre tempérée, ainsi que la manière très-détaillée 
d'exécuter ces travaux. Nous ne connaissons pas M. Lasausse, qui est 
horticulteur à Tournai et, d’après ce qu’il nous apprend, un vieux pra- 
ticien, tenant la bêche et la serpette depuis 1814. Son livre nous prouve 
qu’il manie la plume sinon depuis aussi longtemps, au moins avec au- 
tant de convenance. On y trouve dans l’ordre chronologique l'indication 
raisonnée des principaux travaux exécutés dans les jardins... tous ceux 
qui cultivent un jardin grand ou petit, n'auront pas la crainte de dé- 
passer l’époque d’un semis, d’une plantation, d’un bouturage, d’un 
greffage, d’une taille, ete.; de plus, ils trouveront la manière de faire 
ces divers travaux. Bref, et sans entrer dans des détails d'analyse, c’est 
un ouvrage utile et par conséquent un bon livre. Nous regrettons cepen- 
dant de ne pas y trouver une table des matières un peu plus détaillée et 
qui, croyons-nous, aurait rendu ce Calendrier encore plus usuel. 


L'herborisation de Ia Société de botanique qui a eu lieu 
cette année dans les Ardennes a été racontée dans le dernier bulletin de 
la Société phytologique d’une manière exacte, savante et humouristique. 


La revue d’horticulture EH Gäardimi a momentanément cessé de pa- 
raitre : elle reprendra sa publication à partir de janvier 1867. Ce recueil 
est le seul organe de publicité horticole qui paraisse en Italie. Il était di- 
rigé avec beaucoup de talent et de sagacité, par un homme aussi modeste 
que savant qui cache tous les services qu’il rend à l’horticulture de son 
pays sous le simple pseudonyme d’un antofilo. Nous n’oserions nous 
permettre de divulguer ce pseudonyme. 


Exposition de Londres. Photographie. M. Richard Dean, 
secrétaire-adjoint du comité exécutif de l’exposition internationale de 
Londres au printemps dernier, annonce que M. Vernon Heath a publié 
une excellente photographie représentant le groupe de tous les membres 
de ce comité. Le tableau se compose donc de MM. Wintworth Dilke, 
Daniel Cooper, Bentley, W. Bull, Edw. Easton, Charles Edmonds, Ro- 
bert Fortune, J. Gibson, R. Hogg, J. Lee, Charles Lee, Masters, 
Th. Moore, Th. Osborn, W. Paul, J. Standish, Charles Turner, 
J. Veitch, Harry Veitch, S. Williams et Richard Dean. C’est un des plus 
agréables souvenirs que l’on puisse conserver de cette mémorable réu- 
nion. La protographie coûte seulement 6 shillings. S’adresser à M. Ri- 
chard Dean, 8, Denmark Villas, Ealing, London, W. 

M. Vernon Heath a publié aussi quatre grandes photographies de 
l'intérieur de l'exposition. Elles coûtent ensemble une guinée (21 shil- 
lings) emballage compris. 


— 9435 — 


REVUE DES CATALOGUES. 


M. LOUIS VAN HOUTTE. — N° 116. Ce catalogue est consacré aux 
plantes de serre froide et de plein air. Parmi toutes sortes de renseigne- 


ments nous recueillons quelques notes qui nous ont paru intéressantes et 
bien écrites : 


Les Erythrines. Qui ne connait les Erythrines et l'aspect impo- 
sant de leurs thyrses majestueux, soit répandus cà et là dans le paysage, 
soit réunis en larges groupes dans la partie la plus voisine de l’habita- 
tion ? ils se montrent de bonne heure, et dans toute leur beauté; et puis 
enfin quand arrivent les gelées, que leur hivernage est facile! On en ar- 
rache les souches comme on le fait pour les Dahlias et côte à côte ils pas- 
sent l'hiver avec eux jusqu’au retour du mois de mai. Toutefois con- 
trairement aux Dahlias, dont les racines aqueuses sont sujettes à périr, 
les souches des Erythrines, au contraire, prennent d’année en année 
plus d’accroissement. Cet accroissement, qui n’a pas de borne, finit par 
faire ressembler ces grosses souches à des têtards de saules, émettant un 
grand nombre de tiges formant toutes de magnifiques grappes d’un rouge 
éblouissant et dont le coloris varie dans toutes ces variétés croisées ayant 
pour type l'Erythrina Crista-galli et E. laurifolia. Elles n’ont rien de 
commun avec les types auxquels la serre chaude est nécessaire pendant 
l'hiver, tels que les £. Corallodendron, caffra, picta, etc. Du reste, Ô 
Européens, qui ne vous êtes jamais souciés de quitter le plancher des va- 
ches; qui n’avez jamais songé, peut-être, pendant votre sémillante jeu- 
nesse, à quitter votre sweet home pour cingler à travers l’océan vers la 
patrie où trône l’Erythrina Crista-galli, en rival de nos chênes ; s’il ne 
vous a pas été donné d’en apercevoir les hautes cimes, gigantesques glo- 
bes d’un écarlate éblouissant, vous pourrez à votre aise vous donner, 
avec le temps et sans peine, de très-grosses souches dont la valeur en 
espèces monnayées ne sera pas mince plus tard, et qui chaque année 
constitueront le plus éclatant ornement de vos jardins. 


Xanthorrhœa arborea. Liliacée arborescente de l'Australie dont 
le tronc a de l’analogie avec celui des Bonapartea, la disposition orne- 
mentale de son feuillage érigé a des rapports avec celui du Dracœnopsis 
(Dracena), indivisa; sa tige florale est une rivale de celle du Zitiæa 
(Bonapartea) juncea. — Les Xanthorrhæa sont originaires des contrées 
les plus froides de l’Australie continentale; ils passent ici l'hiver en 
orangerie, en serre froide et l’été en plein air. 


— 344 — 


Culture des Alstroæmeria. L'expérience a prouvé qu'en plan- 
tant les racines des Alstræmères du Chili à un pied de profondeur, elles 
sont tout à fait rustiques. Elles ont même mieux fleuri là, dans une 
planche sans aucun préservatif contre le froid, qu’elles ne l'ont fait dans 
nos bâches couvertes de panneaux pendant l'hiver. C’est une bonne for- 
tune pour nos jardins, où ces belles plantes sont destinées à jouer un 
grand rôle. Les Alstræmeria aurantiaca, psiltacina, brasiliensis, ete., 
sont dans le même cas. L’Alstræmeria aurantiaca est tout à fait rustique 
et très-beau, planté en groupes ; fleurs très-nombreuses, orange mou- 
cheté de carmin. L’Afstræmeria brasiliensis a les fleurs bien plus belles 
encore ; elles se présentent en gros bouquets et sont quadricolores : fond 
rouge amarante, strié acajou, à bouts verts et tout tigré de noir. Cette 
espèce est très-vigoureuse et très-rustique; elle s’élève à trois pieds de 
haut. On retrouve toutes les couleurs possibles dans les fleurs de l’Al- 
strœæmeria chilensis qui commencent à se montrer en juin et durent jus- 
qu'en septembre. Les Alstræmères du Chili s’élèvent à 2 pied et demi. 


Les Calistegia pubescens et sepianm à fleurs doubles sont les 
meilleures plantes que l’on puisse employer pour garnir le bas des ton- 
nelles, les berceaux, les gloriettes, des pans de mur, des rochers, etc. 
Elles sont d’une rusticité à toute épreuve. La premiére des deux est 
double comme une rose ; la fleur de la dernière est d’un beau rose foncé. 


Le Myosotis azorica est un charmant « Souvenez-vous-de-moi » 
à fleurs plus foncées que l’espèce croissant dans nos marécages. Se 
cultivant avec facilité, buissonnant bien et fleurissant abondamment, il 
est d’un grand effet, surtout planté en groupes. 


BULLETIN NÉCROLOGIQUE. 


Le professeur Metétenius. — Georgc-llenri Mettenius est né le 
24 novembre 1825, à Francfort s/M. où son père était négociant. Il alla 
à l’école modèle, et plus tard à l’école du directeur Stellway, toutes 
deux à Francfort ; ensuite il devint élève du gymnase communal dont il 
suivit les cours jusqu’en 1841. Au printemps de 1841, il partit pour 
l’université de Heidelberg, où il étudia la médecine. Il prit au mois de 
juillet 1845, le grade de Docteur en Médecine ; sa dissertation inaugu- 
rale eut pour sujet De Salvinid (Francofurti ad/M. 1845, in-4.). Au prin- 
temps 1846 il devint médecin, mais il n’exerçait pas cet état. En automne 
1846 il s'établit à Héligoland, pour étudier les algues marines. L’hiver 


— 945 — 


de 1846-47 fut passé à Berlin, l’été de 1849 à Vienne, où il fréquentait 
quelques cours de médecine et les cliniques des hôpitaux, tout en s’ap- 
pliquant spécialement aux études botaniques. En automne de 1847 il 
voyagea en Dalmatic, ct il étudia particulièrement les algues marines à 
Fiume. Au printemps de 1848 il s'établit comme professeur agrégé 
(Privatdocent) de Rotanique à l’université de Heidelberg, où ses lecons 
publiques furent très-fréquentées. Au printemps de 1851 il fut appelé à 
Freiberg comme professeur extraordinaire, pour remplacer le professeur 
Alexandre Braun, qui était allé à Giessen. Mais il n’y resta qu'un an et 
demi. En automne de 1852 il fut nommé professeur ordinaire et direc- 
teur du jardin botaniqne de Leipzig, où la chaire de botanique était 
devenue vacante par la mort du professeur Kunze. Il épousa le 14 juin 
1859, Cécile, seconde fille du professeur Alexandre Braun. 

Le professeur Caspary a épousé en même temps la fille ainée de cet 
excellent botaniste. 

Mettenius travailla et étudia jusqu’au dernier jour de sa vie, brusque- 
ment terminée par un accés de choléra, le 18 août 1866. Les premiers 
accès le prirent à 10 heurcs du matin. Etant médecin, il sentit bientôt 
que sa guérison serait impossible, en dépit des efforts de deux des plus 
éminents docteurs de Leipzig. Il conserva ccpendant assez de présence 
d'esprit pour pouvoir communiquer à sa femme ses volontés les plus 
importantes. Il expirait à 6 heures du soir ie même jour. 

Mettenius était un homme fort et robuste, sa vie était très-régulière. A 
5 heures il commençait à travailler pour ne finir qu’à 10 heures du soir. 
Il ne songeait qu’à l'étude des plantes, et surtout des Fougères, dont il 
trouva une très-belle collection au jardin botanique de Leipzig, réunie 
par Kunze ; il ne cessa de l’augmenter au point de la rendre la meil- 
leure connue. Peu de directeurs de jardins botaniques ont consacré 
tant de temps et de peine pour arranger un jardin que Mettenius, car 
l'inspecteur du jardin, M. Bernhardi, est d’une faible santé, de sorte que 
c'était d'habitude Mettenius lui-même qui s’occupait de la direction du 
jardin, s’y trouvant à 6 heures du matin, pour surveiller les travaux des 
ouvriers. Il avait une connaissance approfondie de la littérature bota- 
nique, et possédait une excellente bibliothèque. Il vivait modestement, 
dévoué à sa femme et fidèlement attaché à ses amis. Il fut un de ces 
hommes rares sur la parole et les actions desquels on peut se fier. Sa 
manière de penser, combiné avec son jugement clairvoyant et péné- 
trant, l’ont quelquefois fait regarder comme austère, et même comme 
irop sévère, de ceux dont il avait des raisons de ne pas avoir une si 
bonne opinion que des autres. Il est très-regrettable que l’ouvrage qui 
devait être le résultat de tous ses travaux, un « Species Filicum » tra- 
vail qu’il avait rédigé dans presque tous les principaux herbiers, tant à 
Paris qu’à Kew, est resté inachevé. Il était le meilleur ptéridologue de 
notre temps. Il est très désirable que son excellente collection de Fou- 


— 3946 — 


géres séchées soit ajoutée à celle de Kunze, pour l'usage de l’université 
de Leipzig. 

Mettenius laisse le jardin botanique de Leipzig dans un état si parfait 
qu’il peut être regardé comme jardin modèle. 

PR. CASPARY, 
de Kæœnigsberg. 

Le D' Schlechtemdal, professeur de botanique et directeur du 
jardin botanique à Halle, vient de mourir. Ce savant dirigeait la Linnæa 
et le Botanische Zeitung. 

On annonce également le mort du D' Von Siebold. 


EXPOSITION UNIVERSELLE D'HORTICULTURE A 
PARIS EN 1867. 


S'il est une entreprise qui ait jamais réuni toutes les sympathies, 
c'est évidemment celle de l'exposition universelle de 1867. 

En effet, cette œuvre de paix, cette grande lutte de l'intelligence et du 
travail, fut presque la seule qui trouva grâce devant les préoccupations 
de ces derniers temps. Et lorsqu'une partie de l’Europe était en feu, que 
la France pouvait être appelée à prendre part à cette lutte fratricide, 
nous avons vu presque tous les organes de l’opinion publique s'inquiéter 
de l’avenir et déplorer que la guerre puisse faire reculer l’époque fixée 
pour ce grand congrès où les œuvres de l’esprit comme le travail manuel 
doivent recevoir leur récompense. 

Toutes ces craintes ont heureusement disparu; la paix, et comme con- 
séquence, les travaux vont se continuer. A la guerre où la force brutale 
est si souvent celle qui décide du sort des peuples, succèdera l’ère des 
conquêtes de l'intelligence qui doit amener le bien-être de tous. 

Parler de l’exposition universelle, fournir des détails sur son ensemble 
ou sur une partie des merveilles qui vont s’y trouver réunies, c’est don- 
ner satisfaction aux intérêts du moment et entrer dans l’esprit de tous. 
C’est ce qui nous engage à écrire ces lignes. 

La commission impériale de l'exposition, comprenant l'importance 
que prend chaque jour l’horticulture, et reconnaissant combien elle 
augmente le bien-être et les jouissances de toutes les classes de la société, 
a décidé de consacrer un quart du parc qui doit entourer l’exposition 
universelle, pour être affecté aux produits horticoles. | 

Cette partie, qui sera entourée de grilles, communiquera par quatre 
portes avec l’exposition générale ; son entrée principale d'honneur sera à 


— 547 — 


l'angle de l’avenue de Lamotte-Piquet et de l’avenue de la Bourdonnais. 

Le plan de ce terrain a été remis à MM. Alphand, ingénieur en chef 
des ponts-et-chaussées et des plantations de la ville de Paris, et Barillet, 
jardinier en chef, avec la mission de créer un chef-d'œuvre. 

La chose était facile à des hommes dont la devise est : Passé oblige ; 
aussi cette partie de l'exposition sera-t-elle d’une beauté remarquable. 

Ce terrain sera transformé en un jardin où se trouveront représentés 
les plus jolis sites, soit de France, soit des pays étrangers, où les végétaux 
les plus variés viendront se grouper. 

Deux rivières, serpentant à travers les gazons, seront alimentées par 
des sources artificielles d’où elles s’échapperont ici avec l’impétuosité du 
torrent, là en cascade, pour se réunir ensuite dans une immense pièce 
d’eau qui sera peuplée de poissons aussi remarquables par leur grosseur 
que par leur origine. On y verra, entre autres, bon nombre des fameuses 
carpes que Francois [°° fit mettre dans les réservoirs du palais de Fontai- 
nebleau. Des milliers de plantes aquatiques de tous genres orneront ce 
bassin ainsi que les rivières, et le jonc si connu se mélera aux fleurs des 
variétés des Velumbium, de Thalia, d’Aponogeton, etc., ainsi qu’à celles 
de la Victoria regia, cette gigantesque nymphéacée, originaire de la 
rivière des Amazones ou de ses affluents, plantes déjà offertes par un 
horticulteur spécialiste renommé pour la culture de ces végétaux. 

Les roches d’où sortiront les sources formeront l’entrée de deux vastes 
grottes dont le plafond, fait en verre de glace, supportera des aquarium, 
où se trouveront réunis : dans l’un, des végétaux et des poissons d’eau 
douce ; dans l’autre, ceux qui vivent dans la mer. Les piliers soutenant 
ces aquarium, ainsi que toute la charpente et le pourtour des grottes, 
seront des roches et des stalactites artificielles. 

Autour du jardin, dans les massifs d’arbres et d’arbustes divers, 
seront construites dix-huit serres de différents modèles, qui, en même 
temps qu'elles serviront d'exposition pour les constructeurs, serviront 
aussi à placer les végétaux à l’abri et à les maintenir dans une atmos- 
phère appropriée à leur nature et où ils pourront rester, tout le temps 
du concours, exposés à la vue du public. 

D’élégantes et coquettes tentes, fermées au besoin par des rideaux, 
abriteront contre la pluie, les grands vents ou l’ardeur du soleil, les 
végétaux qui, pour vivre, ont besoin d’être placés à Pair libre. 

Rien de plus gracieux que ces tentes dont on peut voir en ce moment 
les modèles construits au magnifique établissement horticole de la ville 
de Paris (157, avenue d’Eylau), et qui, dressées çà et là sur des corbeilles 
à côté de charmants kiosques et d’élégants chalets, feront du jardin de 
l'exposition d’horticulture un Eden où cette fois la main de l’homme ne 
gâtera pas l’œuvre du Créateur. 

Au milieu du jardin s’élèvera une serre aux proportions monumen- 
tales, à laquelle dès à présent on donne le nom de Palais de Cristal. 


— 548 — 


Dans cette construction magnifique, qui n’aura pas moins de 50 mètres 
de long sur 37 mètres de large et 20 mètres de haut, seront rassemblés, 
à l'ouverture de chaque série des concours, les végétaux que le jury sera 
appelé à juger, et qui, aussitôt l’opération ‘terminée, seront placés dans 
les serres ou dans les corbeiiles dont il est parlé ci-dessus. Le Palais de 
Cristal est, en outre, destiné aux grandes réunions des jurés et à celle 
des membres du congrès botanique qui doivent se rassembler autant de 
fois que cela sera nécessaire pendant toute la durée de l’exposition. 

Autour de ce palais, dans une vaste galerie, seront exposés les petits 
instruments, les dessins, les plans spécialement horticoles etc. 

Dans un des angles du jardin, un bâtiment demi-circulaire sera affecté 


à un Diorama botanique, où les visiteurs verront passer devant eux les : 


sites les plus variés de l’ancien et du nouveau continent où croissent les 
végétaux qui seront également vus tels que la nature les produit. 

Le long de l’avenue de la Bourdonnais, une autre galerie servira d’ex- 
position pour les produits maraichers et les fruits. 

Après avoir tracé à grands traits cette esquisse du jardin et des prin- 
cipales constructions qui y seront élevées, nous allons passer aux concours 
qui seront établis de manière à les échelonner tous en les faisant con- 
corder avec l’époque où les plantes révèlent leur plus grand intérêt. 

Les végétaux, en effet, ont des époques à peu près fixes pour fleurir, et 
ceux dont l’ornement réside principalement dans la forme ou la couleur 
de leur feuillage, ont également un moment où ils brillent de toute leur 
beauté; il était donc presque impossible de faire une seule exposition. 
La commission impériale a pensé à diviser le concours en 14 séries se 
subdivisant selon la nécessité. Dans ce but, après avoir élaboré un projet, 
et afin de donner autant que possible pleine satisfaction à tous les inté- 
ressés, elle a réuni les principaux horticulteurs des environs pour les 
entendre et recevoir leurs observations sur le travail de la commission 
d’horticulture. Toutes satisfactions ont été données, et aujourd’hui, bien 
qu'il puisse s’y trouver encore des omissions, le programme déposé à 
l'imprimerie doit être considéré comme remplissant toutes les conditions 
pour produire un libre concours dans toutes les sections et aux horticul- 
teurs de tous les pays. Nous allons très-succinctement en faire connaître 
la teneur. 


Progrimme. 


La re série de concours ouvrira le 4°" avril 1867; elle comprendra : 


41 concours pour Camellia fleuris. + HTEEURS 
n — pour plantes de serre chaude de nouvelle introduction. 
2 — pour plantes de serre chaude obtenues de semis sur le 
continent. 


UT 
sa 
‘Er ee 


— 349 — 


concours pour plantes de serre tempérée de nouvelle introduction. 
— pour plantes de serre tempérée obtenues de semis sur le 


continent. 
— pour Orchidées de serre chaude. 
— pour Broméliacées id. 


-- pour Fougères herbacées id. 
— pour Erica fleuris de serre tempérée et froide. 


— pour Acacia et Mimosa id. 
— pour Fougères herbacées id. 
— pour Amaryllis fleuries id. 
— pour Cinéraires fleuris id. 
— pour Primula sinensis fleuris id. 
— pour Daphné fleuris id. 
— pour Cyclamen fleuris id. 
— pour Giroflées fleuries id. 
— pour plantes diverses id. 


— pour Houx de pleine terre. 

— pour Magnolia grandifi. id. 

— pour Yucca id. 

— pour Lierres de 

pour plantes lign. div. ïd. 

— pour Tulipes hâtives fleuries de culture forcée. 


— pour Crocus fleuris id. 

— pour Lilas fleuris id. 
— pour Rosiers fleuris id. 
— pour arbustes divers fleuris : id. 


— pour plantes nouvelles diverses. 
— pour Ananas de culture forcée. 
— pour arbres fruit. et fruits id. 


— pour Melons id. 
— pour Fraises id. 
— pour Concombres id. 
— pour légumesdivers id. 


— pour fruits conservés. 
— pour Poiriers arbres formés. 
— pour Pommiers id. 


—- pour Pêchers arbres formés. 
—— pour Cerisiers id. 
— pour Vignes id. 
— pour Pruniers id. 
— pour Abricotiers id. 


— pour div. arbr. ou arb. fruit. id. 
— arbres fruitiers élevés à tiges. 


> > NO KO > N NO NO NO à = > D > Re NO RO OÙ ee en en ù D QI OI À OU me OÙ KO & NN RUN ER È& QI 


La 9me série de concours ouvrira le 45 avril 1867; elle comprendra : 


42 concours pour Conifères d'ornement. 


2 — pour Conifères d’essence forestière. 

4 — pour plantes à feuillage ornemental de serre chaude. 
4  — pour Orchidées id. 
10 — pour Cactées id. 


3 — pour Sélaginelles et Lycopodes id. 


€ 


4 
2 
2 
1 
2 
2 
2 
1 
2 
2 
2 


1 
3 
2 
2 
2 
2 
1 
1 
| 
1 
2 


— 950 — 


concours pour Agaves de serre tempérée et froide. 


œ— 


pour Aloës id. 

pour Dasylirion et Bonaparte id. 

pour Yucea id. 

pour Rhododendrons fleuris id. 

pour Epacris fleuries id. 

pour Erica fleuris id. 

pour Cinéraria fleuris id. 

pour plantes vivaces de pleine terre. 
pour Jacinthes id. 

pour Pensées id. 

pour Primula veris. id. 

pour Giroflées jaunes id. 

pour Magnolia à feuilles caduques de pleine terre. 
pour Rosiers tiges fleuris id. 
pour Rosiers nains fleuris id. 
pour plantes nouvelles diverses. 

pour Melons culture forcée. 

pour Fraisiers id. 

pour Asperges id. 

pour Concombres id. 

pour légumes divers id. 


La 5e série de concours ouvrira le 1° mai 1867; elle comprendra: 


© 


8 
8 
4 
D 
2 
2 
2 


4 
2 
2 
2 
2 
1 
3 
1 
| 
1 
1 
1 
2 
1 
1 
| 
| 
2 
4 
5 


concours pour Azalea indica fleuris. 


— 


pour Rhododendrons arboreum, fleuris. 

pour plantes nouvelles de tous genres. 

pour plantes fleuries de tous genres. 

pour Orchidées fleuries de serre chaude. 

pour plantes spécialement affectées à la décoration des ap- 
partements. 

pour Ixia et Sparaxis fleuris. 

pour Pivoines arborées fleuries. 

pour Pivoines herbacées fleuries. 

pour Rosiers tiges fleuris. 

pour Rosiers nains fleuris. 

pour Clématites fleuries. 

pour suspensions garnies de plantes à rameaux pendants. 

pour Tulipes fleuries. 

pour Pensées fleuries. 

pour Auricules fleuries. 

pour Giroflées quarantaines fleuries. 

pour Réséda fleuris. 

pour Gladiolus nains fleuris. 

pour plantes nouvelles diverses. 

pour Asperges. 

pour Champignons. 

pour légumes divers. 


pour melons culture forcée. 
pour légumes divers id. 
pour arbres fruitiers el fruits id, 
pour Ananas id. 


A 0) OU 


La 4m série de concours ouvrira le 15 mal 1867; elle comprendra : 


Al concours pour Palmiers. 

) — pour Cycadées. 

— pour Orchidées fleuries. 

— pour Ixora. 

— pour Azalea indica fleuris. 

— pour Calcéolaires fleuris. 

— pour plantes destinées à l’approvisionnement des marchés. 
— pour Rhododendrons de l'Himalaya fleuris. 

— pour Auricules fleuries. 

— pour Rhododendrons de pleine terre fleuris. 
— pour Azalées de pleine terre fleuries. 

— pour Kalmia fleuris. 

— pour Clématites fleuries. 

— pour Rosiers tiges fleuris. 

pour Rosiers thés à tige fieuris. 

— pour Rosiers nains fleuris. 

— pour végétaux ligneux divers de pleine terre. 


© 


— pour plantes vivaces fleuries id. 
— pour plantes annuelles fleuries id. 
— pour Pivoines herbacées fleuries id. 
— pour Pivoines arborées fleuries id. 


— pour Renoncules fleuries. 

— pour Anémones fleuries. 

— pour Bellis perennis fleuries. 
— pour plantes nouvelles diverses. 
— pour fruits forcés. 

— pour Raisins de table forcés. 

— pour légumes divers. 


OI NO © NN pe > = 2 OU NO O1 ee NO > © NO NOT I © => 2 À Le NO NO 


La 5e série de concours ouvrira le 1° juin 1867; elle comprendra : 


9 concours pour Orchidées fleuries. 
— pour Pelargonium à grandes fleurs fleuris 
— pour Pelargonium fantaisies fleuris. 

— pour plantes diverses de serre chaude. 
— pour plantes à feuillage ornemental. 

— pour Caladium bulbeux. 

— pour plantes diverses de serre tempérée. 
— pour Calcéolaires fleuris. 

— pour Verveines fleuries. 

— pour plantes annuelles fleuries. 

pour plantes vivaces fleuries. 

— pour Pivoines de Chine fleuries. 

— pour OEillets fleuris 


— pour végétaux ligneux de pleine terre. 
— pour végétaux divers de terre de bruyère id. 
— pour Rhododendrons id. 
— pour Azalées fleuries id. 
— pour Kalmia fleuris id. 
— pour Rosiers tiges fleuris id. 
— pour Rosiers nains fleuris id. 


æ Le NO 2 À OÙ me NO > O1 NO NO À OÙ = Où 7 À Cr 00 


— pour Rosiers sarmenteux et grimpants fleuris id. 


D 
2 
1 
5) 
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3 
3 


D NO => O1 => O1 NO RO => RO RO NO > > 2 Re NO ON OÙ OÙ O7 ON 


— 552 — 


concours pour Roses en fleurs coupées. 


— 


— 


pour plantes nouvelles diverses. 
pour Melons. 

pour légumes divers. 

pour fruits forcés. 


La 6° série de concours ouvrira le 15 juin 1867; elle comprendra ; 


? 


concours pour Rosiers tiges fleuris. 


re 


— 


us 


pour Rosiers nains fleuris. 

pour Rosiers grimpants ou sarmenteux fleuris. 
pour Roses en fleurs coupées. 

pour Pandanées. 

pour Pelargonium à grandes fleurs fleuris. 
pour Pelargonium fantaisies fleuris. 

pour Pelargonium zonale-inquinans fleuris. 
pour Orchidées de serre chaude fleuries. 
pour Théophrasta et Clavija. 

pour Maranta, Calathea et Phrynium. 
pour Musa. 

pour Bégonia (types). 

pour Bégonia variétés. 

pour Orangers, Citronniers, etc. 

pour Verveines fleuries 

pour Calcéolaires fleuris. 

pour plantes vivaces fleuries. 

pour plantes annuelles fleuries. 

pour Delphinium fleuris. 

pour Iris fleuris. 

pour Giroflées Quarantaines fleuries. 
pour Orchidées indigènes. 

pour plantes alpines et alpestres. 

pour plantes nouvelles diverses. 

pour Pivoines herbacées fleuries. 

pour Pivoines arborées fleuries. 

pour Légumes divers. 

pour Bananes. 

pour Cerises. 

pour Fraises, 


La 7e série de concours ouvrira le 4° juillet 1867; elle comprendra: 


1! 
4 
2 
D 
2 
2 
2 
4 
2 


L 
1 


concours pour Pelargonium zonale-inquinans fleuris 


— 


— 


— 


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pour Pelargonium zonale à feuilles panachées. 
pour Pelargonium (types). 

pour Fougères arborescentes. 

pour plantes utiles, officinales des Tropiques. 
pour Orchidées fleuries de serre chaude. 

pour Nepenthes. 

pour Gloxinia fleuris. 

pour Caladium bulbeux. 

pour Petunia fleuris. 

pour Rochea fleuris, 


Le Pie 


1 concours pour Crassula fleuris. 

1 — pour Sarracenia. 

1 — pour Amaryllisfleuries. 

1 — pour Lilium auratum fleuris. 

1 — pour plantes vivaces fleuries de pleine terre. 
1 — pour plantes annuelles fleuries id. 

1 — pour plantes vivaces à feuilles panachées id. 


… 


k — pour Fougères herbacées id. 
2 — pour Delphinium fleuris id. 
1 — pour Réséda fleuris, id. 
2 — pour Roses trémières fleuries id. 
4 — pour Roses en fleurs coupées. 

2 — pour plantes nouvelles diverses. 

3 — pour légumes divers. 

1 — pour Champignons. 

9 — pour Cerises. 

5) —- pour Fraises. 


La 8° série de concours ouvrira le 15 juillet 1867; elle comprendra : 


4 concours pour OEillets flamands, fantaisies, etc., fleuris. 
2 — pour OEïillets remontants, fleuris. 

6 — pour végétaux de serre chaude. 

2 — pour arbres à fruits exotiques. 

3 — pour Gloxinia fleuris. 

4 — pour Lantana fleuris. 

4 — pour Petunia fleuris. 

1 — pour plantes vivaces fleuries de pleine terre. 
2 — pour plantes annuelles fleuries id. 
2 — pour Phlox fleuris. 

5 — pour Pentstemon fleuris. 
3 — pour Canna. 

3 — pour Roses trémières fleuries. 
5 — pour Gladiolus fleuris. 

2 — pour Delphinium fleuris. 
3 

1 

3 

L 

3 

5 


€ 


— pour Phlox Drummundi fleuris. 
— pour Alstrœæmières. 
— pour Hydrangea et Hortensia fleuris. 
2 -—— pour plantes nouvelles diverses. 
— pour arbres à fruits à noyau. 
— pour arbres et arbustes à fruits en baies. 
— pour Melons. 
5 — pour légumes divers. 


nn 


La 9" série de concours ouvrira le 1°" août 1867; elle comprendra : 


6 concours pour Fuchsia fleuris. 

— pour Gladiolus fleuris. 

— pour végétaux grimpants, sarmenteux, ete., exotiques. 
— pour Passiflores fleuries. 

— pour Heliotropes fleuries. 

— pour Phylica ericoides, vulgairement bruyère du Cap. 
— pour Dahlia fleuris. 


ou => & NN OÙ Re 


26 


— 904 — 


À concours pour plantes vivaces fleuries. 
— pour plantes annuelles fleuries. 
— pour OEillets divers fleuris. 

— pour Roses trémières fleuries. 
— pour Phlox decussata fleuris. 
— pour Lilium fleuris. 

— pour Zinnia flore pleno fleuris. 
— pour Lobelia fleuris. 

pour Tropæolum fleuris. 

— pour Hydrangea et Hortensia fleuris. 
—- pour plantes nouvelles diverses. 
— pour fruits à pepins. 

— pour fruits à noyau. 

— pour fruits en baies. 

— pour Raisins hâtifs. 

— pour Pêches. 

— pour légumes divers. 


ON æ NO OI Rù OÙ HO OI NO NO NO NO OÙ QE ON RO 


La 10° série de concours ouvrira le 15 aout 1857; elle comprendra : 


12 concours pour Aroïdées diverses. 

— pour Orchidées de serre chaude. 
— pour Gesneria fleuris. 

— pour Achimènes fleuris. 

— pour Nœgelia, etc., fleuris. 

— pour Fuchsia fleuris. 

— pour Erythrina fleuris. 

— pour Pelargonium Zonale-inquinans fleuris. 
— pour plantes pour suspensions. 

— pour plantes vivaces fleuries. 

— pour Dahlia fleuris. 

— pour Roses trémières fleuries. 

— pour Pentstemon fleuris. 

— pour Phlox fleuris. 

— pour OEillets remontants fleuris. 
— pour Reines-Marguerites fleuries. 
— pour Balsamines fleuries. 

— pour Zinnia flore pleno fleuris. 
— pour plantes annuelles diverses fleuries. 
— pour Lilium fleuris. 

— pour Gladiolus fleuris. 

— pour Bruyères indigènes fleuries. 
-- pour plantes aquatiques exotiques. 
— pour plantes aquatiques indigènes. 
— pour plantes nouvelles diverses. 
— pour légumes divers. 

— pour Melons. 

— pour fruits à pepins. 

— pour fruits à noyau. 

— pour Pêches. 

— pour Raisins de table. 

— pour Figues. 


Æ N O1 OT OI = O1 NO À NO > & > NO OÙ OI À RO == O1 KO RO KO RO NO OI & > OI OI 


— 9959 — 


La 11"°sériedeconcours ouvrira le 1°" septembre 1867; elle comprendra : 


concours pour Dahlia fleuris. 

— pour Dracæna et Cordyline. 

— pour Croton. 

— pour Allamanda. 

— pour Fuchsia fleuris. 

— pour Véroniques fleuries. 

— pour Pelargonium Zonalc-inquinans fleuris. 

— pour plantes vivaces de pleine terre fleuries. 

— pour Dianthus sinensis, hedewigii, etc., fleuris. 

— pour plantes annuelles fleuries. 

— pour Reines-Marguerites fleuries. 

— pour Balsamines fleuries. 

pour Roses en fleurs coupées. 

— pour Rosiers thés fleuris. 

— pour Gladiolus fleuris. 

— pour plantes nouvelles diverses. 

— pour légumes divers. 

— pour fruits à pepins. 

— pour fruils à noyau. 

— pour Pêches. 

— pour Raisins de table. 

— pour Figues. 

— pour Ananas. 

— pour arbres à feuilles caduques propres au repeuplement 

des forêts. 

— pour arbustes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux propres à 
garnir les pentes abruptes ou les terrains dénudés. 


CN OI OI NO OI = QI CN OI NO © => ]O > NO NO = > NO OI NO NO OÙ ne I 


La 12° série de concours ouvrira le 15 septembre 1867; elle comprendra: 


4 concours pour Araliacées diverses. 

— pour végétaux de serre chaude à grands feuillages. 
— pour Canna. 

— pour Solanum. 

—- pour Figuiers et Artocarpées. 

— pour Hibiscus sinensis fleuris. 

— pour Musa. 

— pour Fucbsia fleuris. 

-— pour Pelargonium Zonale-inquinans fleuris. 
— pour Plantes vivaces fleuries. 

— pour Graminées ornementales. 

pour Dablia en fleurs coupées. 

— pour Chrysanthèmes hâtives fleuries. 
— pour Aster fleuris. 

— pour Gladiolus fleuris. 

— pour Roses en fleurs coupées. 

— pour Bambusa divers. 

— pour plantes annuelles fleuries. 

— pour plantes nouvelles diverses. 

— pour légumes divers. 

— pour Raisins de table, 

— pour fruits à pepins. 


NO "I ON NO = 19 > OI > mù OÙ > > > RO NO NO #& NO 


RAFARIN. 


— 996 — 


L'ORME DORÉ DE M. ROSSEELS. 


ÜLuus campesTRIS L. VAR. AUREA. 


Figuré PI XIX. 


L’Orme doré dont nous avons représenté un rameau sur la planche 
ei-jointe, est une nouveauté d’un grand effet. 11 a été gagné par 
M. Egide Rosseels, pépiniériste, architecte de jardins, président de 
la Société d’horticulture de Louvain et Chevalier de l’ordre de Léopold. 
Les vastes pépinières de M. Rosseels sont au nombre des plus remar- 
quables de notre pays. Son bon goût et son extrême habileté dans 
Part de tracer les jardins sont appréciés de beaucoup de personnes : 
et il en a donné récemment une preuve nouvelle, par la création, 
conjointement avec M. l’architecte Raymond, du jardin d’acclimatation 
de la Société royale d’horticulture de Liège. 

L’Orme doré que M. Rosseels nous a communiqué porte dieu cnen 
son nom; ses feuilles d’un beau jaune d’or, jouent parfois vers le 
bronze, le fauve. « Plus il est exposé en plein soleil, nous écrit 
M. Rosseels, et plus il est beau; jamais il n’a .ses feuilles brülées. » 
Et ailleurs : « C’est un arbre d’une belle venue, très-constant. » 

Ses feuilles sont dentées et assez rudes. Elles présentent souvent, 
comme chez beaucoup d’autres ormes, une ou plusieurs petites folioles, 
pétiolulées , dentées et insérées près du pétiole sur les côtés du limbe 
principal. 

M. Rosseels cullivait cet Orme sous le nom d’Ulmus Antarctita, qui 
ne nous parait pas exact ni admis dans les ouvrages scientifiques. Nous 
croyons que l’Ulmus aurea doit être rapporté à l’Ulmus campestris, type 
éminemment variable et qui a donné les variétés les plus dissemblables. 
On peut citer : l’Orme à petites feuilles (Ulmus microphylla), l'orme rouge 
(Ulm. rubra); l’Orme à feuilles de Coudrier (Ulmus corylifolia Hort.), 
l’Orme glabre (Ulm. nitens Mœnch)}, l'Orme à feuille de Charme (U. car- 
pinifolia Ehrh.), l'Orme tortillard (Ulm. minor Mill., ou Ulm. tortuosa 
Host.), et encore les Ulmus stricta, glabra, latifolia, cucullata, modio- 
lina, crispa, pyramidalis, pendula, fastigiata, virens, variegata,ete.,etc., 
Ti tous sont des variétés de l’Orme champêtre. L’Orme subéreux lui- 
même (Ulmus suberosa Ehrh.) est rapporté au même type par plusieurs 
autorilés. 

Les Ulmus montana L. et Ulm. effusa Willd. constituent deux autres 
types également introduits dans nos cultures et dont sont issues deux 
autres séries de variations. 


Ulmus campestris, var- aurea, (Rosseels) 


Poire Souvenir Favre. 


— 391 — 


Toutes ces espèces et ces variétés ont déjà donné des formes panachées, 
mais nous n’en connaissons pas de plus brillante que l’Aurea de 
M. Rosseels. 


NOTE SUR LA POIRE SOUVENIR FAVRE. 


(Figurée Planche XX.) 


D’après les échantillons que nous avons sous les yeux, cette poire est 
de forme ovoïde, épaisse; elle mesure 9 à 10 centimètres de hauteur, 
sur 7-8 centimètres d'épaisseur. Le pédonceule, long de deux centimètres 
environ est inséré tout à fait obliquement. La peau est mate, jaune, à 
peu près uniformément pointillée de petits points bruns. L’ombilic 
est situé au fond d’une dépression très-peu sensible et régulière. Coupé 
transversalement le fruit nous montre une étoile à quatre rayons seule- 
ment, mais nous n’affirmons pas que ce caractère soit constant. 

La description que nous venons de donner et notre planche accusent 
des dimensions plus volumineuses que celles qui lui sont attribuées dans 
les Annales de Pomologie belge et étrangère (tome VITE, p. 65). 

La maturité s’est faite en 1865 à la fin de septembre et au commen- 
cement d’octobre. 

Le fruit répandait alors un parfum pénétrant et aromatique. La 
saveur est fort sucrée, nullement beurrée, mais comme franchipanée : 
l’eau est abondante. 

M. Jules de Liron d’Airoles, qui l’a décrit dans les Annales de 
Pomologie, nous apprend qu'il est un gain de M. Favre, président de 
la section d’horticulture de la Société d’agriculture de Châlons-sur- 
Saône (Saône-et-Loire) ; il provient d’un pepin du Beurré d’Harden- 
pont semé en mars 1850 et dont la première production a eu lieu 
en 1857. Couronnée à Dijon par la Société d’horticulture de la Côte- 
d’or en 1860, cette excellente poire, présentée en 1861 à la Société 
impériale et centrale d’horticulture a été jugée digne d’une médaille de 
deuxième classe en argent. 

L’arbre mère, ajoute M. de Liron d’Airolles, est vigoureux et très- 
fertile; il est également bien greffé sur franc et sur coignassier. 

Les spécimens dont nous nous sommes servis, nous ont été com- 
muniqués avec leur obligeance habituelle par MM. G. Galopin et fils, 
nos habiles et excellents pépiniéristes liégeois. 


— 9398 — 


CALENDRIER DU MARAICHER. 


Résumé des opérations mensuelles du potager. 


PAR M. Em. Ropicas. 


NOVEMBRE. 


Semis et plamtationms. — Si l’hiver est précoce et qu’il menace 
d’être quelque peu rigoureux, les semis sont nuls ou peu importants. On 
se borne d'ordinaire à faire le premier semis de panais, celui des pois 
dits de S'e-Cathérine, fin du mois, celui des dernières mâches, celui enfin 
des carottes toupie de Hollande, sur cotière bien exposée. Les plantations 
se réduisent à repiquer les petits choux cabus en pépinière ou en place, 
suivant la nature du sol, à planter des choux de Savoie, à repiquer 
les laitues d'hiver, qu'il faut couvrir au besoin, à repiquer en place 
l'ognon blanc, au commencement du mois, et à planter les carottes porte- 
graines. 


Ærnavaux divers. — En revanche, les autres travaux de ce 
mois sont considérables, il faut préparer les planches pour le semis des 
pois de fin novembre; défoncer le sol pour établir une nouvelle aspergerie, 
s’il y alieu; couper rez-terre les tiges des asperges, leur donner la fumure 
annuelle et recharger les planches de terre, si déjà on ne l’a fait en 
octobre; donner un bon bêchage et une fumure au terrain destiné 
à la chicorée et aux artichauts; bêcher et fumer avec de lengrais 
à demi-consommé le terrain pour l’ognon ; préparer par une fumure, 
s’il est nécessaire, et surtout par un béchage très-soigné, le terrain 
aux scorzonères et aux salsifis, en observant que, dans les terres fortes, 
il faudra plus d’engrais ; bêcher les carrés destinés aux haricots ; enfin, 
mettre à profit tous les beaux jours du mois pour bêcher et fumer 
successivement, selon le besoin, tous les terrains, à mesure que les 
derniers produits en sont retirés. Il faut done que le jardinier con- 
naisse à fond la succession des cultures et suive un assolement nor- 
mal. Il met en billons les carrés de choux de Bruxelles, si ces 
derniers restent en place l’hiver; il couvre de fumier les ados de 
crambé, traité d’après la méthode de Bath; il lie les dernières endives 
du semis de septembre pour les rentrer dans la serre aux légumes 
à l’approche des gelées, en plaçant les racines dans le sable; on 
peut aussi les mettre sur couche usée et les couvrir de châssis. Les 
artichauts peuvent encore être buttés et enveloppés de feuilles ou 
de paille suivant la température. On prépare la chicorée pour l’étiole- 
ment des pousses; on ouvre des tranchées en pleine terre pour y 


— 999 — 


mettre les racines en jauge, ou bien on dispose dans un lieu abrité 
et couvert des couches, des cercles ou des tonneaux. Nous avons 
expliqué les divers procédés d’étiolement à la culture de la chicorée. La 
récolte des graines se termine par celle des asperges, de l’artichaut, du 
poireau et de quelques autres plantes retardataires.Si l’on tient à obtenir 
soi-même des graines de choux, il est bon de choisir maintenant les plus 
beaux pieds parmi les plus francs et de les munir d’une marque ou éti- 
quette pour qu'on n’en fasse point la cueillette. La conservation des 
légumes divers attire en ce moment toute l'attention ; la rentrée doit 
en être réglée pour en prolonger l'usage autant que possible. Aux uns, 
on donne la cave, aux autres, la serre aux légumes, à d’autres, des 
jauges pratiquées en pleine terre. Les artichauts seront déposés dans 
un lieu sec et bien aéré; le céleri, en cave ou en jauge, si l’on n’aime 
mieux le couvrir sur place. Les choux veris non pommés sont simple- 
ment inclinés : le froid ne les endommage guère. Les choux-fleurs 
presque venus sont coupés et mis sur dressoirs dans la serre aux légu- 
mes, ou transportés avec motte sous châssis. Les choux de Savoie sont 
posés par lignes dans des tranchées, de facon que l’eau des pluies ou la 
neige ne s’introduise pas entre leurs feuilles. Les choux cabus sont 
disposés en meules. Les bulbes d’ognon sont nettoyés et étendus en lieu 
sec et abrité ou suspendus en botillons; les bulbes choisis pour porte- 
graines sont soignés plus spécialement. Les poireaux sont mis en 
jauges par un temps sec. Les carottes sont mises dans du sable en lieu 
sec. Les plantes peu rustiques, comme le romarin, sont rentrées en 
orangerie. Il est temps de songer à faire provision de feuilles ou de litière 
pour couvrir les plantes durant les gelées. C’est le moment aussi de 
tondre les haies du jardin et d’en planter de nouvelles, s’il le faut. 


Produits. — Indépendamment des produits variés, rentrés dans la 
serre aux légumes ou ailleurs, on récolte les derniers artichauts, des 
choux de Bruxelles, les derniers choux-fleurs, de jeunes épinards, du 
céléri, des radis de Chine, des endives et scaroles, de la mâche, du 
poireau, des choux pommés, des scorzonères, etc. 


DÉCEMBRE. 


Semis. — Tout au plus sème-t-on les panais, les premières fêves à 
exposition du sud et les pois de sainte Cathérine, si la température le 
permet et si l’on n’a pu le faire à la fin de novembre. 


Xravaux divers. — En continuant, si possible, les travaux en- 
tamés en novembre, on veillera à augmenter la couverture des plantes 
d'après l'intensité du froid ; puis on s’occupera surtout de la préparation 
des composts, du terreau, de la terre de feuilles, qu’on nomme impro- 
prement et à tort terre de bruyère, et du remaniement des tas de 


— 960 — 


fumier. On fait bien de combler avec des feuilles les tranchées entre 
les plantes d’asperges. On couvre de paillassons les cardons déposés en 
tranchées, en soignant surtout les pieds conservés pour porte-graines. 
On couvre le céléri. Si la bise souffle du nord ou de l’est, il faut en 
préserver les choux de Bruxelles ; on peut les placer dès novembre avec 
leurs mottes dans les sillons, où on les met un peu obliquement pour 
les abriter au besoin. On augmente la couverture des artichauts si le 
froid redouble. On couvre de feuilles ou de litière les ciboules du semis 
tardif. Mais, qu’on ne l’oublie pas, il est de la plus grande importance 
de découvrir toutes ces plantes et de leur dégel certain. On blanchit 
le crambé de troisième année, soit au moyen de fumier chaud, soit au 
moyen de pots, de feuilles et de buttages. On jette des feuilles sur les 
épinards et le persil, pour en avoir en hiver. 

Si la rigueur de la saison met un terme aux travaux de plein air, le 
jardinier trouvera quand même à employer utilement tout son temps. Il 
a à confectionner et à réparer les paillassons d’hiver et d’été, à préparer 
des étiquettes et des tuteurs, des perches et des rames; il devra pourvoir 
à l'entretien de l’outillage, que la rouille use autant que le travail : un bon 
ouvrier n'a jamais d'outil rouillé ou mal tenu. Outre ces soins, il a celui 
des graines. Si, comme nous l’exposons aux paragraphes qui traitent de la 
Conservation des graines et de la durée de leur faculté germinative, cette 
durée dépend des circonstances naturelles qui entourent leur formation, 
nature du sol, vents, chaleur, humidité atmosphérique, etc., il n’en est 
pas moins vrai que de bonnes graines, ayant müri dans les conditions 
normales, peuvent être détériorées promptement par les faits de l’incurie 
du jardinier. Il fera done bien de se conformer aux principes énoncés au 
commencement de ce Trairé (p. 115), et s’il doit en faire venir d’ailleurs, 
il pourra les soumettre à l'essai, avant de les employer. Durant les lon- 
gues soirées, il pourra consacrer une heure ou deux à feuilleter les livres 
traitant d’horticulturc : s’il aime à s’instruire et à voir progresser ses 
cultures, il trouvera toujours quelque chose à y glaner. 


Produits. — Si le temps reste assez doux, la pleine terre continue 
à donner des choux de Bruxelles, des choux verts, des salsifis, des 
ciboules, de la mâche, des épinards, du cerfeuil et du persil, des scorzo- 
nères de deuxième année, ou de celles de l’année même, si l’on a pu 
semer très-tôt au printemps. Mais toutes ces récoltes sont suspendues si 
les gelées sont quelque peu intenses. Alors, on a les produits remisés dans 
la serre aux légumes et ailleurs : ce sont de la chicorée blanche : du 
céléri, des endives, des choux-fleurs et ce que nous mentionnons au para- 
graphe des Travaux divers. Le jardinier doit visiter parfois la serre aux 
légumes et les divers abris, afin d’enlever d’abord les produits les plus 
avancés, et de donner de l’air lorsque le temps est doux sans être trop 
humide. 


INDEX DES PLANTES CITÉES DANS LE VOLUME. 


Pages 
Abronia fragrans NuTr . + . . 4 
Acer erythrocarpon . . . . . 7 
Acer negundo var. . + + . : 9 


Acer pseudo-platanus var. . . . 10 
Achyranthes aureo-reticulata . . 269 
Actinidia polygamae . . . . 7 
Beave americana,  .  . . |. 69 
ES A LR or LT NOT 
Amaryllidées + 1061038, 971 
Amygdalus persica var. . . . 10 
Anemone japonica Var.. . + : 8 
Anthurium regale Lin. . . . 200 
Aphelandra ornata SUR 14: 7 900 


Apocynum androsæmifolium . . 9 
Aralia leptophylla . . . . . 170 
— papyrifera . . 169 


Arbres fruitiers … 56, 248, 255, 310 
Arbres d’ornement . . . . .926,44 
PAMBHESIUET ISA NRA PEN te O0 
LENS TS OR OO M RE à | 
Arundo conspieua . . . . . 9 
= ADTAX Set. msn) NE ES ET O 
MAUTITANICA  !. 4. 1.1. 1000 170 
Artocarpus imperialis . . . . 170 
—integrifolius . . . . . 170 


Asperge . . Cet a ls | 
Astrapœa Wallichi AN Eu a MN RAS 170) 
Aubrietia purpurea Var. . . . 7 


Aucuba hymalaïca . . . . . 10 

— japonica. . . AE NTI 
Azalea vittata var. Beali POP 1 
Balantium antarctioum . . . 170 
Bambou. «. +. :, -, Fiott m11965 
Bambusa metake . . . . . 9 
Begonia Comte de Limminghe +. . 21 


Begonia Pearcii Hoox . 
Bégonias . . . 


Belonites succulenta E. Mi 


Beloperone pulchella Lin. . 


Billbergia Glymiana . 
Bletia . LU EE ù 
Bocconia frutescens . 
Boehmeria argentea 
Bombax ceiba . = 
Brachyglottis repanda . 
Calathea Lindeniana 
-— tubispatha Hook. . 
Calystegia . . . 
Camellia apucæformis . 
Campylobotrys discolor 
Canna musæfolia +. 
— nigricans + 
Cardiandra alternifolia. 
Castanea vesca var. 
Cerastium Biebersteini. 
Cerasus : . =  . :.: . 
Charleswodia . . 


Chamæranthemum Berri : 


| — marmoratum . 
| — verbenaceum . 


Chrysanthèmes à petites fleurs 


Clematis fulgens. 
= patens . . 
Clerodendron Bungei . 
Coccoloba excoriata. 
Coelogyne biflora Par. . 
Coleus Gibsoni . . 
Colocasia albo-violacea. 
— bataviensis. . 
— metallica 


UQ QD OS 


QI © © © D 


Colocasia odorum À 
Convallaria majalis. + . . . 
Cotoneaster affinis .« . . . 
— Simondsi, , . . . . . 
Cordyline DL 
Cratægus Drrscautila var.. 


Crescentia macrophylla 
Curculigo : 
Cyanophyllum ant ut 
Cyathea australis . . . . . 


Cyperus Papyrus 
Cytisus purpureus var.. 

— elatum . . 
Delphinium formosum. 
Dianthus semperflorens 
Dichorisandra Musaica. 
Dielytra spectabilis var. alba . 
Dieffenbachia gigantea 
Dillenia speciosa +. . 


Dimorphanthus M die ë 
Dracœna. . . . :. 

=: Draco: + : 400 

— indivisa. +. . ÿ 


— 5602 — 


269 
171 
201 

23 
171 
171 


Echinopsis etre Var. « 130, 199 


Echites argyrela. . . . 

— succulenta Tauns., . 
Entelea arborescens. . . . . 
Epiphyllum truncatum var. . 
Erythrines . . SHARE EN 0 
Eucalyptus Globiins AE TNT STE 
Ferdinanda eminens 
Festuca allissima . 

— glauca . . . 

Fourcroya gigantea. À 
Framboisier surprise Homer ; 
Gaillardia grandiflora var. . 
Gastoma digitata . + 
Gesnéracées + . + + . 
Glaieuls . . 
Gomphia eh a : 

Grémil frutescent. 

Grevillea robusta . . . . 
Gromoria pulchella Re. . . . 
Gustavia Brasiliensis . . . . 
Guarea brachystachia . . . 
Gymnocladus . . . . . 
Helianthus californicus. . . . 
Hernandia sonora . . . . . 
Hibiscus ferox . . . . . 
Ionopsis paniculata Linpz. . . . 
Jambosa magnifica . + + + : 


6 
4 
171 
257 
943 
171 
171 
9 
6 
172 
8 
9 
172 
270 
275 
172 


Juglans macrophylla 


Laportea crenulata . . . . . 172 
— gigantea . :. ONE 
Liliacées. . . 1 2 DONS 
Lilium avenaceum Fien 2 SR b) 
Lithospermum fruticosum L., . 2 
Lobelia speciosa PAxTONI . . . 6 
Lochnera rosea. . . . . . 264 
Lonicera phylomalæ . . ,. ,. 270 
Maïs 10.22 0 NN 
Mappa fastuosa . . . . . . 172 
Maranta .. . . . . 06200 
— Foseo-picla .- Een 
— splendida . 7. 2 ENS 
Melanoselinum decipiens. . , 172 
Melianthus major . . . . . 173 
Monstera. ! . .... 411,0’ 
Montagnea heracleifolia . ,. . 175 
Montanoa mollissima . . ,. +. 175 
Muguets 41 SSSR 
Musa . : ..  : 4 0 Ni Nr 
Myosotis azorica. +. . . . . 344 
Nicotiana Wigandioïdes , . +. 475 
OEillets "ANNE 
Ofillet Flon . "3 "204000 2 
Orme doré. 356 
Pachypodium it A. DC, 4 
Passiflora fulgens Wazz. . . . 195 
— Helleborifolia . . . . . 202 
— MaCrocarpa. … . 1 4 0202 
Pelargonium zonale var. . . . 321 
Peperomia argyreia . , + 269 
— marmorata. . . . . . 269 
Pervenche de Madagascar . ,. . 264 
Perymenium discolor . . . . 175 
Phajus, . . . :... en 
Philodendron . . +. . . . 5 
— Lindeni. :. . . . memes 
Phlox Drummondi . . ,. . . 7 
Phylotacca dioïca . . . . . 175 
Pinide Riga nee 240 
Plantes d’appartement. . . . .23,97 
— grimpantes . . . + + 215,220 
— indigènes 2 "V0 
— ornementales + . + . 81,169 
— deserre. . . 1. NON 
Podocarpus flagelliformis . . . 269 
Polygonum filiforme var. . e 8 
Polymnia maculata. . . + . 175 
Primula prænitens var. + + + 194 
Psychotria nivosa . + + + + 262 


Pterospermum acerifolium 


— 363 — 


Rhododendron Duchesse de Nassau 8 


— Salmono-roseum 
Rhopala aurea . 

— corcovadensis . , 

— glaucophylla 

— seratifolia 
Robinia . , 
Rubus leucodermis . 
Rudgea nivosa . 
Salvia splendens. 
Saurauja assamica . 

— mollis 

— sarapiquensis . 


Sciadophyllum pulchrum . 


Sedum oppositifolium 


Selaginélla Martensi var. . 


Sequoia gigantea 
Sinclairea violacea . 
Solanum . 

Sorbus nana . 
Sparmannia africana 
Spathodea gigantea. 
Spiræa callosa alba . 


Brugnon Galopin . 


Cerisier de la Caserne. 


Fraisiers. 
Framboisier. a 
Pêche Charles Rongé 
Poires . . . 


124 


Pages. Pages, 

173 Stadmannia australis , . , ,. 175 

Sterculia acuminata . , . ,. 175 

8 | Syr. vulg. var. Dr Linpzey . . . 10 

202 — — — Lancns. . . . . 10 

173 T'erminalia mollis . . . . . 175 

473 | Theophrasta imperialis . . , 175 

202 rioyrtis EAU US AMEN OU 8 

470 ÜUdhea bipinnata. + , .  ., 4175 

10 | Ulmus campestris var. aurea , . 357 

262 — microphylla punctata. , . 8 

Fil Urücaarborea 0 ete M OMATS 

125 Vigne M, ne EE ALES US 

175 Vinca:rosed 44/12 Li, nu 0/96 

174 Virgilea lutea . . . 14-020 047 

174 | Verbesina alata, . . . . . 175 

9 riSiBanten à ne 20e el 240000 (475 

129 2 Sartoniis) ul et 7047 

505 | Wellingtonia gigantea. : … ... 905 

DD rés Weigelia amab. var. Isoline . . 10 

. 174,175 — arborescens var. . . . . 8 

10 Wisandia) 4040000475 

174 | Xanthorea arborea,. . . . . 545 

170) Hixviophylla: (5 UE "177 

10 | Xylosteum phylomalæ . . . . 270 
FRUITS. 

Pages. Pages. 

11 | Poires Délices d'Hardenpont 118,192 

PI 00 Poire Fondante du comice . . 3509 

. 275,276 — souvenir Favre . . . . 957 

1224} Vienne st rt TN 00 

11 — Frédéricton . . . . . 182 


TABLE DES MATIÈRES. 


DE LA BELGIQUE HORTICOLE. — 1866. 


4. — Horticulture. 


Pages 
1. L’'Azalea vittata var. Beali. . . . . ‘. . Note MATE 1 
2. Note sur les OEillets Flon et en particulier sur la variété Émile Paré . . 2 
3. Note sur le Lithospermum fruticosum L. où Gremil frutescent. : 2 
4. Le Begonia comte Alfred dé Limminghe “N,. 1) 00: 
5. Les muguets, manière de les forcer . . dE LE 2 
6. Note sur la culture des Phajus ou Bletia, “Et M. Rire 00) NON 
7. Semis des graines des fleurs de pleine terre, par MM. Vilmorin . . . . 70 
8. Les plantes à feuillage ornemental, par M. Ed. André . . . . . . . 8 
9. Notice sur la Sélaginelle de Martens panachée . . . . . . . . . 129 
10. Note sur l’Echinopsis Zuccarini Ott. var. Rolandi . . . . . . . . 130 
11. Note sur le Billbergia Glymiana de Vr. . . . Me nn 5 
12. Culture de l’OEillet en général et de l’œillet remontant en pétÉeutes -\ 00 
15. Epoque favorable pour le bouturage de quelques plantes de serre par M. Bon- 
cenne . . PEAR CE RU RC ES 
14. Le fleuriste de Par Soie RE 
15. Note sur le Passiflora fulgens Wallis . RE QE. 
16. Notice sur la Primeuère de la Chine, 14 24e 20 0 0 NME Ent 
17. Nouvelle note au sujet de l’Echinopsis zuccariniana. . . . . . . . 199 
18. Plantes nouvelles de M. J:Linden à à 4.0, 0 0 0 On 
19. Note sur l’Epiphyllum truncatum Haw. . . . AE 7 
20. Note sur le Dichorisandra Musaïca de M. Linden, Le M. ‘André: sn MS AD 
21. Note sur le Rudgea nivosa (Psychotria nivosa) . . . . . . . . . 262 
22. Note sur la Pervenche de Madagascar (Vinca rosea LL). . . . . . . 264 
23. Culture et multiplication des Bambous, a M: Rouillard. . rs 
24. Culture des Glaïeuls. . : . ST NL OR 7 
25. Composition d’un petit jardin Loujours ni RE MEL 280 
26. Un peu de philosophie horticole, à propos du Pgo nue) var. ‘Gide 
de Nancy, par M. Ed: Morren  .. . 520" 000 DEN 
27. Les Erythrines . . . D PMR Un OO 
28. Le Xanthorea arborea . . . sd eme 0 DONNE 
29. Revue des plantes nouvelles ou ee ttes LR EN 3 
30. Revue desscatalogues. … 4 4 1 |. NN PETER 269, 343 


2. — Botanique et physiologie végétale. 


1. Une excursion botanique dans la Campine limbourgeoise . . . : 5) 
2. Quelques mots sur le Na à des boutures courtes de la Fe dr 
MP Duchartre 20:10. RER 
3. Fructification d’un Agave reel à non M 0 Li 
4. Le sujet et la greffe. . . A PU 
5. A propos des plantes tes . M. Naudin. » à a 04 VENTRE 


TO 1 


© O NI © À OI NO —= 


QU 


— 365 — 


tiges, par M. P. Duchartre . 


. Les algues, les fièvres et Charles Morren . . . 
s'Erimose de la Vigne Ni nee PEN 


8. — Expositions, Congrès et Fédération. 


Les expositions de fleurs, par M. Ed. Morren 


. Exposition universelle et congrès international de Lait 
. Expositions à Vienne les 20 avril et 15 mai 1866. 

. Exposition universelle de St. Petersbourg 

. Transport des plantes pour les expositions . 

. Exposition et congrès de Londres, 22 mai 1866 . 

. Précis historique du congrès pomologique de France 

. L’horticulture belge à l'exposition de Londres x j 
. Exposition nd de 1867, à Paris. Programme de TO 3 
. Exposition provinciale à Arlon, le 12 septembre 

. Exposition extraordinaire à Mons, le 16 septembre . 

. Exposition universelle de Paris en 1867 . Ë 
. Société royale d’horticulture et d’agriculture de Norte ; 
. Exposition internationale de Londres. Analyse détaillée 

. Photographies de l'exposition de Londres : 

. Exposition universelle d’horticulture à Paris en 1867 


4. — KEloriculture d'appartement. 


. Notes et renseignements publiés par la Société de Strasbourg . 
. Culture des fleurs en appartement. Causerie. 
. Cloche de Munter . , 


5. — Technologie horticole. 


. Encre pour écrire sur le zine . 


6. — Littérature. 


. Commerson et Jeanne Baret 
2 
. Une visite aux arbres géants 


Calembourg horticole 


4. — Agrologie. 


. Quelques renseignements pratiques concernant les engrais 


S. — Zootechnie horticole. 


. Les Taupes . 
. Moyen de détruire D us des DE par M. Th. Denis. 


. Expériences relatives à l’influence de la lumière sur l’asolement des 


Pages. 
220 
10277 
280 


. Programme des prix de l’exposition internationale de Londres, 22 mai 1866. 12 
- Exposition et congrès à Gand en 1868. 
. Programme des questions mises au concours par la Réderaiioh ne 


99, 95 
6l 
86 
91 
94 
93 

129 
145 
177 
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209 
976 
277 


. 287,527 


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25 
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115 
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117 


128 
268 


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— 366 — 


9. — Arboriculture. 


. Les nouveaux boulevards de la ville de Mons 

. Plantation des boulevards, des squares et des parcs 
. Semis et culture du Pin de Riga . 

. L'Orme doré de M. Rosseels . 


10. — Pomologie. 


. De la plantation des arbres fruitiers, par M. Fouillien 
. Note sur le Bigarreau de la Caserne, par M. Ed. Mérret 


L'institut pomologique de Reutlingen 


. Monographie des poires délices d'Hardenpont Dose et ue è 
. De la culture du Framboisier remontant, par M. Belleroche. 
. Énumération des Poires décrites et figurées dans le jardin fruitier du Muséum, 


par M. Decaisne (suite) . 


. Note sur la Vigne Fredericton . 

. Poires délices d'Hardenpont 

. Principes généraux de la taille, par M. Ed. Py nage è 
. La taille des arbres en une lecon +. . 2, 9 NN in 
. Plantation des fraisiers : 
. Notice sur la Poire fondante du comice 
. Note sur la Poire souvenir Favre . 


41. — Culture maraichère. 


. Calendrier du maraïîcher, par M. Em. Rodigas : 


JAN VIel.. 4. NE RU A ME NNAS Juillet . 
1112 6 UVe ARR EEE DRE RERRtT Aoùt . 
Mars 2), een) 2/0 Septembre. 
2.1 2 à | MR TRRNORRES. RASE SRE RES 1 Octobre 
MA RNA or nn RUN AIRES Novembre. 
Juin Dares Tee. ee OLA) Décembre . 


. La culture usuelle de l’Asperge 
. Note sur les Maïs nouveaux. . . . Are - 
. Notes pratiques concernant quelques ts Ce ou ue j 


42. — Bibliographie. 


. Dr L. DE Bourevisue. De l'existence limitée et de l’extinction des végétaux pro- 


pagés'par divisions à 22" 20008 OMAN NE RENE 


. Album Vilmorin. . . se gt A SN NAN 
. L. Anré. Les Dante croate ont - 

. J. Urricu. L’horticulteur moderne. 

. Oupemaxs. Neerland’s Plantentuin. 

. Vizmorin-Anpreux. Les fleurs de re 


. F. Caérix. Notes sur quelques plantes rares ou tee de Bla 
. De Lausertye. Les plantes à feuilles ornementales. . . - 


26 
44 
240 
396 


56 
65 
114 
118 
122 


124 
182 
192 
248 


275 
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245 
915 
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50 
30 
96 
97 
115 
178 


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QI N > 


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— 367 — 


En. PyNierr: Manuel de l'amateur de fruits. 02 2 00, of, 469 
. Bulletin du congrès d'Amsterdam. . . RL LES. Me ne) RO AD 


. J. Kicxx. Flore cryptogamique des Flandies. RE es 0) 02 ET ab tte TER 
. J. J. Kickx. Les Renonculacées du littoral belge, .  . . . . , . . 181 

. La Belgique horticole . . . . AL ONE OMAN AE, PRET 

. P. Ducnarrre. Éléments de Bo uue CA Ce La VS PARU AE Le AS AE URLS CR GRR 
. F. Crérix. Manuel de la Flore de Belgique . . Mare 2H 

. L. Pré et F. Muccer. Flore analytique du centre 15 la Belgique LE be APE 
. L. Pré. Cours complet de botanique en tableaux . . NE NT RS OI 
. À. Wesmaëz. Catalogue raisonné des arbres, ele. . . . ,. , . , . 213 
ne A/Barrar Journalide Agriculture, (244704 PU, EVIL ue  of£ 
MPARLATORE. es especes de cotonnier| 44e les 2) 0) 0 97 
HDebuyor Les plantes dé Serre. 1e) es AP, pt 098 
Aunaleside l'horticulture en Belgique. 7/00: L'ONU 0 NOR 
M rEimesicosmolosiques. M0) 1H MM Le DR OT Ni  Uo8Z 
. Kickxia belgica . . . AR ER INDE 
. Herbier des plantes rares ou cas 40 Bu. de Pas RUN RAP 
. Mas. Le Verger . . RAR 20 le RAM NE RE CAEN RSS END Qr 


. Bulletin de la ed ao. 1865. D EN AE PA OS ne PO nd 
. Lasausse. Calendrier du jardinier bourgeois . . . . . . . . . . 341 
P'Herborisation dela société botanique, Le, Le 00579 
2 L CFRRCEL SC ONONE NS CSM SL Pen en 7 


413. — Panthéon de l'horticultnree, 


Jobnhindley (0e) 200 L 959 5. Prologue P. Coudenberg. . . y 


D NISENOItE RU, Le 2 434 #4 G: HMettenius.\ 11. 0 NSZZ 
ue Donckier 1." 01. . 


14. — Nécrologie. 


- ONE CARAMEL 5. Dr Von Siebold ./ . . . , 5346 


- François de Craen . . . . 70 | 4. Schlechtendael . , . . , 5346 
MOEMMANS. 5.) 985 


15. — Planches coloriées de fleurs. 


. Azalea vittata var. Beali . * . CR MAUR RE ARR Or te 1 ° 
.- Begonia comte Alfred de nel D ANR EP ES ANE en Sec 
MA NDére a Giymianarde VPN Tr SR ANA UM. | ere 
ADisnthus multiflorus var: Emile Paré... 0 0 0e : 2 
Eehinopsis zuccarinn Oft.-var, Rolandi 2.0 41,441 EN 1010. 4505 
-Épphyllum truncatum Haw. var...) 0. 0, 0, | | oùs 
Eos peu fLuCOSUM D: 2 2 5... 0 US in icon, 2 . 
. Passiflora fulgens Wallis . . . CORNE AAUCE EPA D NAS EN CSN 
. Pelargonium zonale var. Gloire de No CAN PAR CNRS, LS EC 07 se 
AÉMHUEADERNLENS PRE Dar... Us 0) VOS | 4od 
” SÉASnClMArENSI Sp. var. Variegata . . . : 0). … 400, 


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16. — Planches coloriées d'arbres. 


Orme doré de M. Rosseels L] e CL] e e e ° e e e ° e Li] e e e e 390 sa 


3 17. — Planches coloriées d 


1 IP Bigarreau de la Caserne. . . Eu a 
2. Poire Délices d’Hardenpont (des Babes). : 

3 — — — (d'Angers) ce 

41. Fondante du,-comitef «41 cite te are 
5 

6 


e Cane | Souvenir Favre e e e CE e e e : e . . e . 
“Raisin Frédéricton .2 21.2 0. 20e ee Ass 


18. — Gravures noires. 
Élbche dé Manter. à . , 4: . "PRE SMS ‘108 


| 19. — Portrait gravé. tt ÉTÉ 


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