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HARMACIE BELGE.
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PIERRE COUDENBERG D’ANVERS,
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BELGIQUE HORTICOLE
ANNALES D'HORTICULTURE
BELGE ET ÉTRANGERE,
PAR
ÉDOUARD MORREN,
Docteur spécial en sciences botaniques, Docteur en sciences naturelles, Candidat en philosophie
et lettres, professeur de botanique à l’université de Liége, directeur du jardin botanique;
chevalier des ordres royaux du Lion. Néerlandais, du Christ et d’'Isabelle-ja-Catholique,
secrétaire de la Fédéralion des Sociétés d’horticulture de Belgique, de la Société. royaie
d'horticulture de Liége, du comité d'agriculture de la Société libre d’émulation, corres-
pondant de l’Académie royale des sciences, des lettres ct des beaux-arts de Belgique;
membre de la Société royale des sciences de Liége, de l’Académie impériale des curieux
de la nature à Iléna, de la Société des sciences naturelles de Strasbourg, de la Société
Linnéenne de Bordeaux, des Sociétés de botanique de France, de Belgique et d'Anvers, de
la Société royale pour la prospérité de la Norwége, de la Société industrielle d’Angers et
du département de Maine-et-Loire, de la Société des sciences, des arts et des lettres du
Hainaut ; de la Société phytologique d'Anvers; membre honoraire ou correspondant des
Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, de Berlin, de Turin, de St. Pétersbourg, de
Vienne , de Rennes, de Flore à Bruxelles, de Namur, de Tournai, de Verviers, d’Autun,
de Trieste, d'Erfurt, de Goritz en Ilyrie.
1866.
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P. COUDENBERG.
7
PROLOGUE
À LA MÉMOIRE DE PIERRE COUDENBERC.
SEIZIÈME SIÈCLE.
1520 ? — 1594 ?
Un savant belge dont la vaste érudition possédait dans ses
détails et son ensemble notre histoire nationale des sciences et
dont la fibre patriotique tressaillait toujours quand :l pouvait en
faire valoir les mérites, Charles Morren, écrivait, en 1855 :
« Il y a trois siècles, Anvers citait avec orgueil un de ses
fils célèbres Pierre Coudenberg, qui avait établi à Borgerhout
un vaste jardin réunissant toutes les raretés de l'époque, plus
de quatre cents plantes exotiques, ce qui était de ce temps là
digne d'un roi. Les serres n'existaient pas encore et Pierre
Coudenberg cultiva le premier Dragonnier que vit l'Europe, les
dattiers et une foule de végétaux utiles. Les plus grands sa-
vants se rendaient à Anvers pour venir admirer ces merveil-
les. Le jour arrivera où l’image de Pierre Coudenberg sera
placée au Panthéon anversois (1). » |
Ce jour est venu le 17 août 1861 quand la statue de Cou-
denberg (2), due au ciseau de Joseph de Cuyper, apparut à tous
les yeux sur les boulevards d'Anvers.
a ——
a — ns
(1) La Belgique Horticole, 1855, tome IT, p. 256: dans la biographie de L.J. Fr.
Legrelle d'Hanis.
(2) Nous écrivons Coudenberg qui est l'orthographe désormais fixée du nom du
pharmacien anversois. Cependant Van Hulthem et Charles Morren ont toujours dit
La Société de pharmacie d'Anvers voulant célébrer avec éclat le
25° anniversaire de sa fondation, avait décidé, le 27 novembre 1860;
l'érection de ce monument. Le projet fut accueilli avec sympathie
par le public, par la municipalité d'Anvers et par le gouvernement (1),
Les titres de Coudenberg à la reconnaissance de ses concitoyens et
du pays, à peine connus, pendant longtemps, de quelques érudits,
avaient d’ailleurs été mis en lumière et popularisés. Le savant et
infatigable historiographe de la médecine beige, M. le D’ C. Broeckx,
membre de l’Académie royale de médecine et médecin en chef de
l'hôpital Ste.-Élisabeth, lui a consacré, successivement, en 1845, en
1856, et en 1861, quatre publications spéciales @. M. Victor Pasquier,
pharmacien principal de l'armée belge, partage avec M. Broeckx,
l'honneur d’avoir tiré de l'oubli les mérites les plus éclatants de son
illustre prédécesseur. En 1845 et en 1861 il a donné d'importants
écrits concernant le vieux pharmacien d’Anvers (5). Grâce aux labeurs
de ces savants notre tâche est rendue facile et nous n’avons d’autre
mérite en écrivant ces lignes que celui d'étendre la connaissance des
découvertes dues à leurs patientes investigations.
Coudenberg était pharmacien et amateur d'horticulture. Tan-
dis que dans les écrits de MM. Broeckx et Pasquier on trou-
Caudenberg. Ses contemporains Dodoens, l’Escluse, De l’Obel disent ordinaire-
ment Coldenberg, et Conrad Gesner (dans l’errata de son ouvrage de hortis
Germaniæ) certifie expressément cette orthographe. On a aussi écrit Coudemberg,
Coudeberg (Foppens), Koudenberg, Coudenberch, Van Codenberch. Foppens cite
(p. 621) un Jean Coudenberg, prêtre du diocèse d’Utrecht, qui fit imprimer à
Anvers, au commencement du seizième siècle un opuscule de piété.
(1) On lit sur le piédestal:
Face antérieure.
PETRO COUDENBERG
ANTVERPIAE SECULO XVI ET NATO ET PHARMACIAM PROFESSO
QUI PRIMUS E PHARMACOPOEIS DE ARTE SUA SCRIPSIT.
ET EXIMIA BOTANICAE SCIENTIA INCLARUIT.
Face postérieure :
SOCIETAS ANTVERPIENSIS PHARMACOPOEORUM
XXVII DIE NOVEMBRIS M. D. CCC. LX.
ANNUM SUAE INSTITUTIONIS VICESIMUM QUINTUM CELEBRANS
HOG MONUMENTUM ERIGERE DECREVIT
UT ILLIUS SOLENNITATIS ET EGREGII VIRI MEMORIA SERVARETUR
MENSE VERO AUGUSTO M. D. CCC. LXI
. SUO ET ALLIORUM AERE COLLATO
P.
(2) Voir aux sources.
(3) Voir aux sources, à la fin de cette notice,
ee IMNES
vera les renseignements les plus circonstanciés concernant les
mérites qu'il s’est acquis dans sa profession et qui lui ont
valu le titre de Père de la pharmacie, nous aurons ici à consi-
dérer plus particulièrement sa qualité d’amateur d'hortculture.
Par son ancienneté, par la valeur de ses introductions, par ses
relations avec les botanistes et l’empressement avec lequel il leur
communiquait les fruits de ses cultures, Coudenberg pourrait
aussi être considéré comme le père de l’horticulture belge, au
moins en est-il un des fondateurs. Il est le plus anciennement
réputé de ces hommes que l’on nomme aujourd'hui les amateurs
d’horticulture ou simplement les amateurs. [ls mettent leur fortune
et leur temps au service de la culture des plantes rares et nouvelles.
Ce sont eux, en réalité, qui soutiennent l'horticulture progres-
sive, l’horticulture scientifique. Grâce à leurs libéralités, des éta-
blissements uniquement consacrés à la propagation de plantes
rares et à l'introduction de plantes nouvelles se soutiennent et sont
en prospérité. Ces hommes généreux aiment à s’entourer des végé-
taux les plus élégants et les plus rares de toutes les parties du monde :
ils les élèvent à grands frais et les mettent gracieusement sous les
yeux du publie aux expositions et des botanistes en tout temps. La
science ne saurait éprouver pour eux trop de reconnaissance; ce
sont eux qui forment ces Sociétés d'horticulture, actuellement si
nombreuses et parfois si puissantes ; ce sont eux qui soutiennnt ces
revues horticoles qui paraissent dans tous les pays d'Europe et qui
sont en réalité d'utiles et riches recueils d’iconographie végé-
tale. Cest un faible témoignage de notre gratitude que nous
leur donnons en consacrant ces quelques pages à la mémoire de
Coudenberg.
Coudenberg appartient au seizième siècle ; ce siècle de la
grande renaissance de l'humanité qui fut, pour notre pays,
d'abord heureux et prospère, ensuite violemment tourmenté. Il vécut
sous le règne glorieux de Charles-Quint et cette période de sa vie
fut laborieuse et féconde. Mais il sentit aussi le joug de Philippe I;
il vit Ferdinand de Tolède, duc d’Albe, construire la citadelle
d'Anvers en 1567 : il subit, sans doute, le siége désastreux
qu'Alexandre Farnèse mit jusqu'en 1585, autour de ses murs,
et 1l assista à la rapide décadence de sa ville natale.
Pendant la première moitié du XVI siècle, l’horticulture était
relativement aussi florissante dans nos provinces, que pendant notre
XIX° siècle. Alors, comme aujourd'hui, un grand nombre de
personnes riches cultivaient à l’envi les végétaux rares et nou-
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veaux que l'on importait des contrées étrangères nouvellement
explorées.
Un auteur contemporain, Jacques de Meyer, nous a conservé,
dans son histoire des Flandres, le tableau de cette prospérité
horticole. Il signale ces grandes collections d'arbres fruitiers, de
fleurs, d'herbes salutaires qui provoquaient l'admiration de tous
les étrangers (1).
Le témoignage du célèbre botaniste de L'Obel est plus expli-
cite et plus précieux en cette matière. Voici comment il s’ex-
prime dans la préface de sa grande histoire des plantes :
« Tout ce pays célèbre et antique, dit de Lobel, de la Gaule
« Belgique, connu depuis longtemps sous le nom de Pays-
« Bas ou de la basse Allemagne, peut être considéré comme
« le plus vaste magasin de l'Europe, où l'on s'empresse de
« porter en abondance par terre et par mer tout ce qui se
« trouve de curieux et de remarquable dans quelque endroit
« de la terre que ce soit, et où l’on voit accumulés les tré-
« sors de l’Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Ce pays est
« rempli d'un grand nombre d'hommes de génie, pleins de ta-
« lent et versés dans toute espèce d'arts et de sciences; et quoi-
« que ces contrées du Nord par la rigueur du froid, les longs
« hivers et les mauvaises saisons, soient moins propres à la cul-
« ture d’un grand nombre de plantes, cependant telle est lin-
« dustrie de ce peuple et sa constante assiduité à protéger les
« plantes contre l'inclémence des saisons et la rigueur du eli-
« mat, qu'il est impossible de trouver une plante, qu'on ne soit
« parvenu d'y élever par les soins et le travail assidu des célèbres |
« amateurs de ce pays, qui n'épargnent ni peines, ni dépenses pour
« parvenir à cette fin ; cest par cette raison que je ne fais
« aucune difficulté de mettre les belges au premier rang dans
« l'art d'élever et de cultiver les plantes ; car on trouve dans
« ce seul pays plus d'espèces et de variétés de plantes, d'arbres
« et d’arbustes, que dans la Grèce, l'Espagne, l'Allemagne,
« l'Angleterre, la France, l'Italie ou dans ses environs @). »
La ville d'Anvers Jouissait d’une prospérité extraordinaire et
son horticulture était particulièrement remarquable : « Si je voulais,
(1) Jac. Meyeri Flandr. rer. tome X. Brugis, 1531, in-40, fol. 43, V. (sec.
Van Hulthem.) |
(2) Math. de Lobel, Plantarum seu stirp. hist. Antv. Christoph. Plant. 1576.
in-fol. in praef. p. 5. (sec. Van Hulthem.)
dit Becanus, en s'adressant en 1569 au conseil d'Anvers, si je vou-
lais décrire la variété des végétaux qui croissent dans les jar-
dins de cette ville, je serais obligé d'en remplir un volume
entier, puisqu'on ne trouve presque nulle part une plante qui
ne soit cultivée ici avec soin, non-seulement par les pharmaciens,
mais aussi par les autres habitants. On n'épargne aucune dé-
pense pour satisfaire ce goût, et cela sans autre dessein que de
jouir de la vue de ces plantes. Telle est l'ardeur incroyable
qui porte ce peuple à la connaissance et à la culture des vé-
gétaux, que dans cette partie, il semble surpasser toutes les
autres nations (1) »
Une grande part de ces éloges revient incontestablement au
pharmacien Coudenberg dont le jardin jouissait alors d'une cé-
lébrité européenne.
La culture des jardins est l'une des faveurs que la paix
répand autour d'elle, aussi la fin du XVI° siècle, si violem-
ment agitée dans les Pays-Bas, forme-t-elle un pénible contraste
avec ces heureuses années. De L'’Obel @) rapporte combien les
malheurs du temps furent préjudiciables à la richesse des jar-
dins ; et ils le furent bien davantage, dit Van Hulthem, lors-
qu'en 1584 et 1585, la plupart de nos villes durent céder à
la supériorité des armes de l'Espagne et aux talents et à la
Fonte d'Alexandre Farnèse, prince de Parme : c'est alors
qu'une grande population abandonna sa terre natale pour se sous-
traire au joug espagnol, et porta ses arts d'industrie et ses ri-
chesses en Hollande, en Angleterre et en d'autres contrées.
Les environs d'Anvers furent saccagés pendant le siége de
cette place par Alexandre Farnèse, et il parait probable que le
jardin de Coudenberg fut détruit à cette époque. La popula-
tion d'Anvers diminua de 50,000 âmes en cinq années. L'’abon-
dance et l’activité désertèrent son port au profit d'Amsterdam.
Il faut se reporter à l'époque actuelle pour retrouver une
horticulture aussi florissante dans nos provinces que vers le
milieu du XVI° siècle. Puisse l’analogie de ces deux périodes ne
pas se poursuivre jusqu'au bout.
Dodonée mentionne en tête de ses Pemptates les personnes
(1) Goropii Becani, Origines Antverpianae. Antv. Plantin, 1569, in-fol. In praefat,
ad senat. Antverpiensem. Db. (sec. Van Hulthem.)
(2) Plant. hist. Ant. 1576, p. 5 (sec. V. Hulthem).
ni
dont les jardins lui ont été accessibles et qui lui ont fourni des
matériaux pour son histoire des plantes. Cette liste mentionne
donc les amateurs d’horticulture les plus renommés de l’époque.
Nous y trouvons Pierre Coudenberg et Guillaume André ou
plutôt Guillaume Andries, pharmacien à Anvers ; en outre,
Jean de Brancion, Jean van der Dilf, Jean Boissot, Christine
Bertolf, veuve de Joachim Hopperus, Jean Vreccome de Bruxel-
les, Martin Tulemann de Maestricht, George Van Rye, et Raphaël
Coxie, de Malines.
Quelques renseignements sur ces personnes, les contemporains
et les émules de Coudenberg, sont nécessaires ici pour composer
le tableau de l'horticulture belge au seizième siècle, dont nous
voulons esquisser les traits principaux à l’occasion de cette notice.
Jean de Brancion était en relations amicales avec Dodonée,
de L’Obel et surtout de l'Escluse qui l'appelle son meilleur ami (1);
il leur communiquait les plantes rares de son beau jardm. Ce
jardin échut après sa mort à Jean van der Dulf qui hérita en
même temps de son amour pour les plantes.
Jean Boisot, théologue et philologue instruit, possédait à Bruxel-
les un Jardin remarquable cité par de l'Escluse et par Gui-
chardin (2).
Joachim Hopperus (1525-1576) était jurisconsulte et secrétaire
de Philippe LE. Il envoya à sa femme Christine Bertolf, les pre-
miers Grands-Soleils (Helianthus annuus L.), introduits en Bel-
gique. Cette dame, ainsi que Marie de Brimeur, épouse de
Gaspar Schetz, poëte anversois du seizième siècle, sont l'une
et l’autre citées par les botanistes de l’époque, pour la prédilec-
tion marquée qu'elles témoignaient à l’horticulture. Jean Vrec-
come possédait à Bruxelles un jardin réputé. Martin Tuleman
collectionnait les plantes curieuses à Maestricht. George de Rye
ou Ryetius et le peintre Raphaël Van Coxie représentaient l'hor-.
ticulture à Malines.
Dodonée cite avee Coudenberg, Guilelmus Andreas, également
pharmacien à Anvers, et que Van Hulthem mentionne sous le nom
de Guillaume André. D'après une note trouvée par M. Broeckx, sur
un vieux registre ou Liggere des apothicaires d’Anvers6), ce phar-
(1) Summus meus amicus et tanquam frater charissimus.Rar. pl. hist.Antv.1601, p.179.
(2) Clus. Rar. plant. hist. p. 50. — Lod. Guicciardini, Di tutti à Paesi Bassi,
Anv. 1581, p. 84 (sec. Van Hulthem.)
(3) Voir aux sources.
macien s'appelait Guillaume Andries et possédait un jardin à Borger-
hout dans le voisinage de celui de Coudenberg.
D'autres amateurs d’horticulture sont encore cités par les grands
botanistes de l'époque.
Tel est Gerard Van Veltwyck, conseiller d'état et trésorier de
l'ordre de la Toison d'or. Îl alla herboriser en Suisse et en Italie;
chargé de missions diplomatiques à Constantinople, il porta son
attention sur la flore orientale et réunit un très-grand nombre de
végétaux exotiques dans ses vastes Jardins de Bruxelles. Il inspira
le goût des fleurs à Marie, Reine de Hongrie, gouvernante des
Pays-Bas, à laquelle Dodonée dédia ensuite son grand ouvrage
flamand sur les plantes(1).
Charles de Saint-Omer, également connu sous le nom de Charles
de Moerbeke, possédait aux environs de Bruges, en son domaine
de Moerkerke, un jardin célèbre entre tous les autres. Il préparait,
à grands frais, un ouvrage considérable sur les productions natu-
relles de notre pays, quand il mourut en 1569, âgé de 56 ans
seulement.
A Liége vivaient le botaniste Remacle Fusch, chanoine de S' Paul,
et Charles de Langhe ou Langius, chanoine de S' Lambert. Les
jardins de cet érudit étaient ornés de maintes plantes rares. Juste-
Lipse vint chercher un refuge en 1570 chez son excellent ami et
dès lors le célèbre professeur de l'Université de Louvain prit goût
aux fleurs. On connait sa prédilection pour les Tulipes. Rubens
a placé ces fleurs à côté du portrait de son ami sur le tableau des
quatre philosophes que l’on voit au palais Pitti à Florence. Juste-
Lipse parle plusieurs fois de plantes dans sa correspondance avec
de Langhe et avec de l’'Escluse (2).
On cite encore le philologue Jean Gruter ou Janus Gruterus
d'Anvers parmi les personnages qui aimaient à se délasser de
leurs études en voyant de belles et rares plantes se développer dans
leur jardin (5).
Enfin, (d'après Van Hulthem) Jean Bidaut, chanoine de Lille ;
Charles de Croy, prince de Chimai; Pierre de Bossu, seigneur de
Jeumont et Charles de Bossu, vicomte de Bruxelles; Gillebert
d'Oignies, évèque de Tournai; Charles de Houckin, seigneur de
Longastre; Jacques Ütenhove; Philippe Desirnagle de Vroylande ;
(1) Remb. Dodon. de frugum hist. Antv. 1552, in-8o dedicat.
(2) Voir P. Burmann, 5 vol. in-40.
(5) Mémoires de Paquot, in-8, tome 16, p. 10.
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Jean de Limoges et trois professeurs de l’Université de Louvain,
savoir Pierre de Breugel, Corneille Gemma et Jean Viring, sont
honorablement nommés par les botanistes de leur temps, comme
de zélés et d’intelligents cultivateurs de plantes.
De L'Obel signale encore à la reconnaissance de la postérité,
Guillaume Driesch, célèbre, dit-il, dans la culture des plantes étran-
gères, Mathias Laurin, trésorier des États; Cornelis Druynen, Guil-
laume Martini ; Jean de Hoboken, greflier de la ville d'Anvers;
Jacques Duym et Gaspar Roelofs, gentilshommes, Jean Mouton de
Tournai; Jacques Durin, qui, selon son témoignage, introduisirent
en Belgique les plantes utiles d'Italie, d'Allemagne, d'Angleterre,
du Languedoc et de la Provence.
Ce serait un ouvrage d’horticulture à faire et des plus curieux,
dit Charles Morren dans la biographie qu'il a écrite de Charles
de l’Escluse, en tête du troisième volume de la Belgique horticole,
(p. XI), que celui dans lequel on rédigerait le dictionnaire
alphabétique des noms, de la vie et des actions des introducteurs
de nos plantes actuellement connues.
Parmi toutes ces personnes qui sont la gloire de notre horticulture
nationale au seizième siècle, Pierre Coudenberg occupe le rang le
plus distingué.
Selon Van Vaernewyek(1), Coudenberg serait né à Gand en 1528,
serait allé habiter Anvers en 1558 où il serait mort, en 1594. Selon
l'opinion commune, au contraire, il serait né à Anvers. On ignorait
la date exacte de sa naissance quand une note découverte par
M. Broeckx sur un ancien registre manuscrit de la corporation des
pharmaciens fixe, jusqu'à meilleur renseignement, cette date à 1520.
Il fit sans doute de bonnes études, puisque non-seulement il lisait
les ouvrages latins de son époque, mais qu'il écrivait lui-même cette
langue dans un style pur et correct.
La profession de pharmacien commençait à peine à cette époque
à se distinguer de celle de l'épicier ou du droguiste. Elle n'était
pas encore constituée en corporation et se trouvait généralement
sous la dépendance du métier des épiciers. D'autre part elle était
plus littéralement que de nos jours au service de la médecme.
Quoi qu'il en soit Coudenberg ouvrit une office, à l'enseigne
de la cloche (Ad campanæ symbolum, Czusius) ou de la vieille
cloche (ad insignem Campanæ veteris, Conr. GESNER), située, parait-il,
(1) Van Vaernewyck, Historie van Belgie, Gent, 1829, in-8° (sec. Pasquier).
D | Her
au Marché St Jacques. C'était, selon le témoignage public de ses
contemporains, un homme vertueux, actif, studieux, érudit et cha-
ritable. Il était intimement lié avec le célèbre imprimeur Christo-
phe Plantin, architypographe royal, mécène des écrivains. Les plus
grands botanistes de l'époque, Dodoens, de l'Obel, de l'Escluse, ne
eitent jamais son nom sans y ajouter l'expression de leurs sentiments
d'affection et d'éloge.
Il consacrait ses loisirs à l'horticulture, et, suivant une coutume
que beaucoup de négociants pratiquent encore aujourd'hui, il
créa un jardin aux environs de la ville, pour aller, sans doute, s'y
délasser des travaux sédentaires de sa profession et de ses études.
Selon tous les renseignements qui sont parvenus à notre connais-
sance, ce jardin était situé à Borgerhout, près du ruisseau que l'on
nomme aujourd'hui le Vuilbeke et dans le voisinage par conséquent
du superbe jardin zoologique qui prospère actuellement à Anvers.
En outre, sa création parait avoir eu lieu en 1548. Ce jardin
devint bientôt célèbre. Il était visité par les étrangers et tous les
botanistes qui passaient à Anvers; les ouvrages de l’époque y signa-
lent des plantes jusqu'alors inconnues dans nos contrées et qui,
plusieurs fois, servirent de modèles aux gravures dont ces ouvrages
sont enrichis. Coudenberg communiquait libéralement ses nouvelles
acquisitions à ses amis et correspondants. « Conrad Gesner, de
Zurich, rapporte lui-même dans ses œuvres, dit M. Pasquier, qu'il a
recu de Coudenberg plusieurs envois de fleurs, et il cite particu-
lièrement une pivoine, qui fleurissait dans son jardin au moment
où il écrivait son traité de Hortis Germaniæ, un Sumac, une col-
lection de plantes astringentes, etc. »
Le jardin de Coudenberg est cité d'une manière particulièrement
élogieuse et détaillée dans cet ouvrage du célèbre botaniste de
Zurich qui parut en 1561. Le catalogue que le pharmacien d'Anvers
envoya à Gesner, mentionnait déjà 400 espèces différentes, la plupart
étrangères ; il avait été rédigé, selon M. Broeckx, dès 1557. En 1568,
quand Coudenberg fit paraître son dispensaire, sa collection de plantes
se montait à 600 espèces. Plus tard il n’en est plus fait mention.
Peut-être fut-il détruit pendant le siége d'Anvers en 1585 et
peut-être lui-même émigra-t-1l, avec un grand nombre de ses com-
patriotes, pour chercher dans quelque retraite éloignée un refuge
contre les agitations et les tumultes de sa patrie.
Par sa destination, par son utilité pour les botanistes, par le
nombre des plantes officinales, le jardin de Coudenberg fait penser
aux Jardins botaniques. Or, quand il fut créé, en 1548, les premiers
ro AIN
jardins botaniques de l'Europe venaient à peine d’être ouverts en
Italie. Le plus ancien est celui de Padoue en 1545 ; Bologne et
Pise eurent le leur en 1547. Il n'en existait encore aucun dans lies
Pays-Bas. Coudenberg consacrait à son jardin toutes les ressources
dont il pouvait disposer, et il avoue naïvement qu’il se ruinait
pour enrichir l'objet de sa prédilection, s'imposant tous les sacri-
fices pour en augmenter l'importance et l'utilité.
Il aurait voulu, s’écrie-t-1l, dans son amour pour les plantes,
réunir dans son jardin la flore de la terre entière. En attendant
il fait ce qu'il peut, ne pouvant faire tout ce qu'il veut ().
Les élogesde ses contemporains ont dü le dédommager et lui mon-
trer que son labeur étaitapprécié. Son jardin acquit une célébrité extra-
ordinaire. Lobel le cite chaque fois dans les termes qui témoignent
d'une grande admiration : Hortus stirpium ditissimus. — Stirpium
exoticarum ditissimum viretum. — Viridarium stirpium exoticarum
ditissimum. — Hortus cultissimus stirpiumque exoticarum ditis-
simus.
Louis Guichardin, qui publia en 1567 une description générale
des Pays-Bas, en parle de la manière suivante : « Pierre Coudeberg,
apothicaire, et homme docte et vertueux : auquel jardin, outre les
simples ordinaires qui croissent communément yei, et ailleurs, on
y. voit plus de 400 sortes de simples d’estranges pays, qu'il a fait
porter et recouvré de toutes costez à grands frais et avec une extrême
diligence (2). »
Conrad Gesner publia à cette époque un ouvrage spécial sur les
jardins, Horti Germaniæ. Celui de Coudenberg, à Anvers, est men-
tionné d’une manière toute particulière. Coudenberg avait envoyé
au célèbre naturaliste de Zurich un catalogue raisonné et annoté
de ses cultures : les plantes y sont disposées par ordre alphabétique
sous les noms que leur avait donnés Dodonée(5). Coudenberg con-
(1) « Ego totis fère viginti annis feci sedulo, et quidem nunc maximis laboribus et
impensis, ad sexcenta exoticarum stirpium genera in meo florere hortulo quotidié,
etsi rei familiaris cum jacturà et dispendio, maximà tamen cum voluptate cerno. Et
nisi cultor pauperis horti esset pauperior, darem operam, nequid mihi deesset, quod
nostra saltem tellus, licet summä curà, ferre posset. Intereà quod possum ago, quando
quod volo non licet. « Préface du Dispensatorium, datée du 1r mars 1568.
(2) Description de tous les Pays-Bas, autrement appelez, la basse Allemagne, Anvers,
Plantin 1581, in-folio. — Descrittione di tutti è Paesi Bassi, 1567.
(3) Voici les passages où Conrad Gesner fait mention de Coudenberg : Antverpia
non procul Oceano distans, emporium longè nobilissimum copiosissimumque ad
scaldim flumen... in eà urbe civis Petrus Coudenbergiüs pharmacopeus percelebris,
ad insigne Campanæ veteris, omnium simplicium medicamentorum deligentissimus
naissait et appréciait par conséquent la nécessité d'une bonne
nomenclature scientifique mème dans une culture d’amateur et son
exemple devrait toujours être suivi.
En fouillant l'ouvrage de Gesner et ceux des botanistes belges
avec lesquels il était en relations, particulièrement de lObel,
Dodonée et de l'Escluse, et puis en établissant judicieusement la
concordance des noms anciens avec les noms modernes, on pourrait
reconstituer le catalogue complet des plantes importantes cultivées
par Coudenberg. Ce travail serait utile pour la connaissance de
l'horticulture de cette époque et pour l’origine et l'introduction de
plusieurs espèces. Quelque botaniste anversois devrait l’accomplir
à la gloire du vieux pharmacien. Déjà M. Broeckx et M. Pasquier
ont publié les résultats de leurs laborieuses investigations à ce
sujet et ils mentionnent dans leurs notices le plus grand nombre
des plantes de Coudenberg dont il est fait spécialement mention
dans les ouvrages contemporains (5).
inquisitor, hortum variis et raris stirpibus suo studio refertum excolere et augere
pergit. — Horti Germanie (Valerii Cordi annotationes in Dioscoridem, ad finem).
Argentorati, 1561 ; in-folio, p. 258. —Nomina illorum, qui in Germania hortos stirpibus
raris exCultos habent, (quorum catalogo5 accepimus) litteris inititalibus plerumque
tantum à nobis designantur : quod idcireo fecimus ut et laude dignum hoc eorum
studium prædicetur : et ubi, vel apud quoa stirpes quæque hoc tempore inveniantur,
non sit obsceurum. Sunt autem haec.…..
C. Petrus Coudenbergius pharmacopœus Antverpianus, ad insigne campanæ veteris.
Is in catalogo suo ut omnia mihi clariora essent, Dodonœi nomenclaturas et sententias
de plantis singulis sequi voluit. C. Gesner, horti Germaniæ p.245. HA. iii].
(5) Nous donnons ici la liste, par ordre alphabétique, des plantes cultivées par
Coudenberg et telles qu’elles sont citées par M. Broeckx ou par M. Pasquier, sans
pouvoir ni contrôler les concordances, ni étendre ces longues et patientes recherches-
Absinthium ponticum L. Aristolochia longa L.
Acanthus mollis L. — pistolochia L.
Achillea ageratum L. — rotunda L.
Adonis vernalis L. Arum dracuneulus L.
— autumnalis L. Asclepias vincetoxicum L.
Agave americana L. | Asphodelus albus L.
Aloe vera L. — luteus L.
Allium subhirsutum L. Astragalus verus Oliv. (a).
Amaranthus oleraceus L. Balsamina hortensis Ricu.
Anagyris fætida L. | Botrychium lunaria L.
Anemone Pulsatilla L. var. | Bupleurum junceum L.
Anthemis pyrethrum L. | — rigidum L.
Arbutus unedo L. Cachrys libanotis Spr.
(a) D’après Gesner, Coudenberg possédait seul cet arbrisseau rare (Pasquier).
Cette liste se compose de 159 noms. La plupart sont des vé-
gétaux de pleine terre. Quelques uns devaient être abrités en
Calla palustris L.
Capsicum annuum L.
— grossum W.
— recurvum L.
Carlina acaulis L.
Carthamus cœruleus L.
Carum bulbocastanum M. et K.
Cassia senna L.
Catananche lutea L.
Clematis flammula L. fl. albo.
— — fl. rubro.
Cerasus chamæcerasus Lois.
— vulgaris L. var. humilis.
Ceratonia siliqua L.
Cereis siliquastrum L.
Chrysocoma Lynosyris L.
Chrysosplenium oppositifolium L. (?)
Cicer arietinum L.
Cichorium Endivia L.
Cistus laurifolius L.
Cneorum tricoccum L.
Colutea arborescens L.
Convolvulus nil L.
Cotyledon umbilicus L.
Critmum maritimum L.
Cucubalus behen L.
Cupressus sempervirens L.
Cyclamen europœum L.
Cynara scolymus L.
Cyperus longus L.
Dracæna Draco L.
Delphinium staphysagria L.
Echinops Ritro?
— Sphærocephalus L.
Eryngium campestre L.
— maritimum L.
Euphorbia characias L.
— helioscopia L.
— myrsinites L.
— paralias L.
Evonymus europæus L.
Farsetia clypeata DC.
Ferula communis L.
Gentiana lutea L.
— asclepiadea L.
— cruciata L.
— pneumonanthe L.
Genista tinctoria L.
= ONE
Genista anglica L.
Geum urbanum L.
Gladiolus communis L.
Glaucium luteum L.
Glycyrrhiza echinata L.
Gossypium herbaceum L.
Hedysarum Onobrychis L.
Heliotropium europæum L.
Hemerocallis flava L.
Heracleum Panaces L.
Hippocrepis unisiliquosa L.
Hippophaë rhamnoïdes L.
Hyacinthus cernuus L.
— orientalis L.
— serotinus L.
Hyoscyamus albus L.
Hypecoum procumbens L.
Iberis umbellata L.
Iris fœtidissima L.
Laserpitum chironium L.
Lathyrus Nissolia L.
Lavandula stæchas L.
Lillum martagon L.
Lupinus luteus L.
Lychnis sylvestris DC.
Marrubium pseudodictamnus L.
Mathiola annua DC.
Medicago sativa L.
Melia Azedarach L.
Menyanthes trifoliata DC.
Mercurialis tomentosa L.
Momordica balsamina L.
Myrrhis odorata Spr.
Narcissus polyanthes Lois.
Nicotiana rustica L.
Onobrychis sativa L.
Origanum dictamnus L.
— Heracleoticum L.
— majorana L.
Parnassia palustris L.
Pastinaca Opopanax L.
Peganum Harmala L.
Peucedanum officinale L.
Phlomis Lichnitis L.
Physalis somnifera L.
Piper...
Pistacia vera L.
Platyspermum grandiflorum M. et K.
are 6% 1 era
4
hiver, et, en effet, Conrad Gesner dit à propos du Vitex Agnus
Castus, que Coudenberg le rentre en hiver avec son pot dans
un cellier : « hieme in locum hypogeum cum vase deponit. »
On a cru pouvoir en induire que le pharmacien anversois pos-
sédait une serre. Charles Morren, s’est borné à dire qu'il abri-
tait ses plantes exotiques dans un conservaloire et cette expres-
sion nous parait la plus exacte. Guillaume de Blasere, échevin
de Gand, au XVII: siècle est considéré comme l'inventeur des
serres dans notre pays.
Parmi les plantes mentionnées dans le jardin de Coudenberg,
les plus remarquées sont le Dragonnier (Dracæna Draco L.) qu'il
cultivait au dire de De L'’Obel plusieurs années avant 1576,
peu de temps après que Clusius avait rencontré cette plante,
Polemonium cœruleum L. Sida abutilon L. ?
Potentilla supina L. Sideritis hyssopifolia L.
Primula veris L.
Psoralea bituminosa L.
Punica granatum L.
Ranunculus acris L.
Rhamnus Lycioïdes L.
— ziziphus L.
Rhadiola rosea L.
Rhus typhinum L.
Rosa.
Ruseus hypophyllum L.
Salvia æthiopis L.
Saponaria officinalis L.
Staphylea pennata L.
Saxifraga granulata L.
Scilla maritima L.
Scorpiurus sulcata L.
Sison ammi L.
Solanum lycopersicum L.
— melongena L.
Sorbus domestica L.
Spartium monospermum L.
Sysymbrium Irio L. (?)
Tapsia villosa L.
Teucrium achæmenis Srr.
Thlaspi arvense L.
Thymbra spicata L.
Tordylium officinale L.
Tragopogon porrifolius L.
Vaccinium Vitis-Idæa L.
Verbascum blattaria L.
Vitex Agnus-Castus L.
Zyziphus vulgaris Desr.
Scorsonera hispanica.
Le temps nous manque pour recommencer personnellement la recherche des plantes
de Coudenberg énumérées dans Gesner et dans les autres auteurs contemporains.
Nous avons d’ailleurs pleine confiance dans la consciencieuse érudition de M. Broeckx
et de M. Pasquier qui nous ont fourni presque tous les noms de cette liste. Si quelqu’un
la lit, il reconnaîtra sans doute avec nous qu’il n’y a pas lieu de regretter le bon vieux
temps en fait de jardinage. C’était d’ailleurs un jardin pharmaceutique que Coudenberg
avait formé, et à cette époque les végétaux étaient particulièrement considérés dans
leurs rapports avec la médecine. Les jardins botaniques ont pendant longtemps
conservé la même signification. Les plantes que nous avons simplement énumérées sont
souvent accompagnées, dans les écrits de M. Broeckx et de M. Pasquier, de commentaires
et d’annotations intéressantes à consulter.
rem. 1/1] Ps
à Lisbonne dans un monastère (1) ; l’Agave Americana L., ori-
ginaire du Mexique et qui figure sur le Catalogue communiqué
à Gesner en 1557 ou 1558, tandis que Clusius le rapporta
d'Espagne seulement en 1565.
Coudenberg a publié en 1568 un ouvrage de pharmacie ayant
pour objet la révision et l'annotation du dispensaire pharmaceu-
tique de Valerius Cordus qui servait alors de Codex pour
l'exercice de cette profession. Valerius Cordus, né en 1515 à
Simsthausen en Hesse et mort à Rome le 25 septembre 1544,
serait devenu un savant de premier ordre si sa carrière n'avait
été prématurément brisée. Il avait laissé une histoire des plantes
dont Conrad Gesner publia la plus grande partie en 1562 à
Strasbourg. Son dispensaire pharmaceutique fut publié à Nuren-
berg en 1535 quand l’auteur était encore un jeune homme de
20 ans. Ce livre eut une vogue extraordinaire et devint classique
dans toutes les officines de l’Europe.
Coudenberg reprit cet ouvrage en sous œuvre : il en redressa
les erreurs; il le compléta, l’annota et le commenta à l’aide de ses
lectures et de son expérience. À son tour il devint le guide
officiel des officines d'Anvers jusqu'à la publication de la pre-
mière pharmacopée officielle d'Anvers, en 1661, dont la rédac-
tion fut ordonnée à l'inspiration de Michel Boudewyns. La première
édition des commentaires de Coudenberg publiée par Plantin en
1568 est devenue une rareté bibliographique. Mais on en connait
quinze éditions, la plus récente de 1662. Il en parut des traductions
flamandes, hollandaises et françaises ; cette dernière par André
Caille, à Lyon, en 1575, sous le titre le Guidon des apothicaires.
Coudenberg parait être un des premiers, sinon le premier
pharmacien, qui ait écrit sur son art. Son livre précèda de
88 ans l'Encheridion des micropoles ou pharmaciens (Genève
1656) de Michel du Seau, garde juré de l’apothicairerie de Paris.
À ces titres scientifiques et littéraires la postérité peut ajouter
le mérite de la bienfaisance. Il résulte, en effet, des comptes de
la ville d'Anvers (1558-1559) que pendant une invasion pestilen-
tielle en 1558, Coudenberg composa un préservatif qu'il distri-
buait gratuitement et que les magistrats ordonnèrent aux em-
ployés communaux.
(1) Voyez M. Lobel, Plant. hist. Antv., 1576, p. 659. — Car. Clusii rar. pl. hist.
p. 2. — Van Hulthem, Discours, p. 12. — Ch. Morren, Ann. de la Soc. roy. de Gand,
V, 1849, p. 254. — Pasquier, Etude, p. 60.
La
AR
ea A 0) Mer
Telle est la figure de Coudenberg : ce fut un homme docte
et vertueux. Sans atteindre au premier rang des illustrations, il
honora sa profession et il est le plus ancien amateur d'horticul-
ture, qui dans une sphère modeste, ait formé un jardin de plantes
rares et étrangères. Anvers lui a élevé une statue ; les histo-
riographes de la médecine et de la pharmacie, M. Broekx et
M. Pasquier, lui ont consacré des biographies détaillées : enfin,
l’horticulture, par l'organe de Charles Morren, a attaché son nom
à une belle variété de Potentilla atrosanguinea, issue, en 1852, des
semis de M. Spaenhoven, horticulteur anversois (1j. La botanique,
enfin, créera, nous l’espérons, quelque jour un genre Coudenbergia.
BIBLIOGRAPHIE DE P. COUDENBERG.
Valerii Cordi dispensatorium pharmacorum omnium quæ in usu
potissimum sunt; ex optimis auctoribus, tam recentibus quam vete-
ribus collectum, ac scholiis utilibus illustratum in quibus imprimis
simplicia diligentes explicantur. Adjecto novo ejusdem libello. Ant-
verpiæ, Chr. Plantijn, 1568, in-16.
— 1627, à Levden, in-12 avec les commentaires de Math. Lobel.
— 1652, à Leyde, in-12, avec les additions- de G. Rondelet, etc.
Le guidon des apothicaires, c’est-à-dire, la forme et manière de
composer les médicamens, premièrement traitée par Valerius Cordus,
traduicte de latin en francois, et enrichie d’annotations. Lyon, Jean
Bouviile, 1575, in-12.
Dispensatorium van Valerius Cordus, dat is de maniere van de
medecynen te bereyden met annotatien van den autheur en van
Pieter Coudenberch. Amsterdam, 1592, in-8.
Den leydtsman en onderwyser der medicynen of ordentlicke
uytdeyling en bereydingboeck van de medicamenten, met de ver-
klaringen van P. Coudenberg en van M. Delobel, door P. S.; laetste
druk, vermeerdert met een kort examen der chirurgie, enz., Amster-
dam, 1662, in-8.
(1) Voy. Ch. Morren. La Belg. horticole 1852, p. 105-6. cum icone.
Den Leytsman ende Onderwijser der Medicijnen, oft ordentlijcke
uytdeylinghe ende Bereyding-boeck van de Medicamenten. Over al
dagelijcx van de Medicijns ende Apothekers onder den naem van
_ Val. Cordi Dispensatorium bekent, ontfanghen ende ghebruyckt. Met
de verclaringhen van M. P. Coudenberch en van Matthias de L’Obel.
Nu van nieus hersien en van diversche misdruckte plaetsen verbetert,
ende verrijckt met tweederhande Registers, ’t eene der compositien
en simpelen, het andere der sieckten en gebreken waer tegen elex
derselve nuttelijck gebruyckt can werden. Door P. S. Med. Doct.
Tot Amsterdam, by Hendrick Laurentsz. Boeck-vercooper op ’t Water
in ’t Schrijf-boeck. Anno 1652.
Sources.
PaquorT, Mém. pour servir, etc. Louvain, 1765 : édit. in-fol. t. II,
p. 170. — Edit. in-8 t. XIV, p. 248.
Horti Germaniæ, authore Conrano GESNERO. Argentorati 1561, in-fol.
p. 243, 299.
Van Huirnem, Discours, etc. Gand 1857, in-8°.
Cu. Morren, Ann. de la Soc. roy. d’Agr. et de Bot. de Gand, t. V.
(1849) p. 255. — La Belgique horticole 1854 (t. Il), p. 105 et 106;
1855 (t. III), p. 256.
C. Broeckx. — Notice sur Pierre Coudenberg. Anvers, 1845, in-8.
(Journ. de pharm. d'Anvers, t. I. p. 1). — Le père de la pharmacie
belge ou supplément à la notice sur Pierre Coudenberg. Anvers
1856, in-8. (Journ. de pharm. d'Anvers, t. XII, p. 5). — Rapport
sur les titres scientifiques de Pierre Coudenberg. Anvers, 1861. —
Note sur le Licere des Apothicaires d'Anvers. Anvers, 1861.
V. Pasquier. — Journ. de pharmacie d'Anvers, t. [. p. 207. —
Etude sur la vie et les travaux de Pierre Coudenberg. Anvers, 1861,
broch. in-8. — Note sur le pharmacien espagnol P.-B. Matheo.
Anvers, 1861.
Ft
UR9Qg JPA ‘JIOI] vJJIA LOIR 2
LA
BELGIQUE HORTICOLE,
ANNALES D’HORTICULTURE BELGE ET ÉTRANGÈRE.
HORTICULTURE.
L'AZALEA VITTATA va. BEALI.
+ a SRE | a OUS avions fort admiré, l’année dernière, à l’ex-
Im Nr Do Z position de la Société d’horticulture de Liége, un
Pr" < O7) à charmant Azalea, faisant partie de la collection
ñl Q L 1 14 de M. de Zantis de Frymerson. Grâce à la con-
| descendance de cet amateur distingué nous pûmes
envoyer l’arbuste chez le photographe du coin. Quelques
instants après M. Auguste Lassence nous en remettait une
épreuve parfaitement réussie. Epreuve et arbuste furent
incontinent remis à notre peintre qui enlumina la pre-
mière en se servant du second comme modèle. Le portrait
A PS ainsi obtenu a été transporté sur pierre et nous l’offrons
aujourd’hui à nos lecteurs.
Ils partageront sans doute l’admiration que nous avons éprouvée devant
ce délicieux buisson. La forme en était irréprochable, et sa parure de
fleurs d’une richesse et d’une pureté à la fois au-dessus de toute descrip-
tion. M. de Zantis l’avait cultivée avec un succés tout particulier.
Cette variété, connue sous le nom d’Azalea Beali, a été introduite de
la Chine en Europe vers 1855. M. Fortune l’envoya à MM. Standish et
Noble. Elle a fait rapidement son chemin et se trouve aujourd’hui chez la
plupart des amateurs. C’est une des meilleures pour la culture forcée.
Elle ne porte pas deux fleurs qui se ressemblent. Elles sont panachées
de blanc et de carmin; cette nuance se diversifie de mille et mille
manières sur les corolles. Quelquefois elle les envahit tout entières, ou
bien elle les abandonne; mais ces deux extrêmes sont rares. Le plus
souvent le rose est étendu sous forme de handelettes dont le nombre,
la largeur et l’étendue varient énormément. Ces jeux et ces bizarreries
de coloris nous semblent prouver que l’Azalea Beali a dans les veines
du sang blanc et du sang rouge, lesquels tendent constamment à se
0 NO 0e
séparer. En d’autres termes son origine est sinon hybride, au moins
métis, etil se manifeste dans les fleurs une tendance à la disjonction des
deux types ascendants.
Eo. M.
NOTE SUR LES OEILLETS FLON ET EN PARTI-
CULIER SUR LA VARIÉTÉ EWILE PARÉ.
Représentée planche II fig. 4.
D'APRÈS UN SPECIMEN FLEURI CHEZ MM. Jacop-Maxoy ET Cie.
(Dianthus semperflorens Hort. D. multiflorus hybridus /ort. Ang.)
Le Dianthus multiflorus ou semperflorens des jardins semble former
une espèce intermédiaire entre l’œillet des jardins et l’œillet Badin ou
d’Espagne. Ses fleurs d’un rouge carminé sont abondantes, fermes, etc.
Il a été introduit à Paris, en 1858, par M. Paré, horticulteur, qui
s’en est spécialement occupé, l’a multiplié, en a fait des semis etena
obtenu plusieurs jolies variétés. Nous citerons nommément : Marie
Paré, blanc pur; £mile Paré, fond rose strié rouge ; Paulin, fond uni,
rose carné.
Voici ce que dit le Vouveau jardinier de la culture de ces plantes :
Plante rustique, terre ordinaire, meuble et un peu fraiche. Ornement
des plates-bandes, des corbeilles et des massifs. On peut également
l’employer pour orner les rochers non couverts. Fleurit de mai en
octobre. Multiplication d’éclats ou de boutures faites en automne où au
printemps.
Quant à nous, nous avons vu les OEillets Flon chez MM. Jacob-Makoy
et Cie, horticulteurs à Liége, et nous en avons fait peindre une des plus
jolies variétés représentées ici. Cultivés en pots ils fleurissent en plein
hiver dans les serres froide ou tempérée. Emile Paré a été mis dans le
commerce pour la première fois en 1862.
NOTE SUR LE LITHOSPERMUM FRUTICOSUM Z.
ou GREMIL FRUTESCENT.
Figuré planche II. Num. 2.
FAMILLE DES BORRAGINÉES.
De Cand. Prodr. X, p. 80. |
Le Lithospermum frutescent est un joli petit arbuste de serre froide,
Convenablement conduit et pincé il est très-propre à l’ornementation
des appartements et des jardinières. Il donne des fleurs d’un beau bleu
T° Oeillet Flon, Emile Paré ( Dianthus multiflorus Hort var }
2e Lithospermum fruhicosum Linn.
Chraaohih EF DÉTOLLENLERE et P. VERVOURT.
L — 9 —
de ciel foncé. Il peut passer l’été en plein air, mais étant originaire
du midi de la France, on doit, dans notre pays, le rentrer au moins
sous chassis pendant l’hiver. I1 s’élève à 50 ou 40 centimètres seulement.
On le multiplie par graines ou par boutures. Il prospère dans Ja terre
ordinaire employée pour les serres, c’est-à-dire un mélange de terre
franche, de terreau, de sable et de terre de bruyère.
REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES.
io SERRE CHAUDE.
Begonia Pearcii Hook. — Bot. Mag., Nov. 1865, pl. 5545. —
Bégoniacée. — Cette très-belle espèce a été introduite par MM. Veitch,
de La Paz, où M. Pearce l’a découverte. Le feuillage est charmant: les
feuilles sont d’un vert foncé, velouté au-dessus, d’un rouge terne traversé
par des nervures vertes sur la face inférieure et contrastent agréable-
ment avec les grandes fleurs jaune clair qui les surmontent.
Calathea tubispatha Hook. — Bot. Mag., Nov. 1865, pl. 5542.
— Marantacée. — C’est une gracieuse espèce recueillie par M. Pearce
dans les régions tropicales de l’ouest de l’Amérique méridionale ; son
facies distingué et la remarquable maculature de ses feuilles en font une
des meilleures plantes à feuillage coloré de nos serres. L’épi est étroite-
ment cylindrique, dirigé un peu obliquement ; les bractées convolutées
embrassent deux jolies petites fleurs jaunes.
Coelogyne biflora Parisn mss. — Gard. Chron., Nov. 1865,
p. 1055. — Orchidée. — C’est une véritable singularité botanique qui
porte des feuilles ligulés aiguëées, qui n'’atteint pas 25 centim. en hau-
teur; et les fleurs n’ont pas un pouce de longueur. Ce qui est encore
remarquable, c’est de voir cette espèce porter un cal nu au lieu du
labelle. La fleur est blanche, munie de deux petites taches brunes devant
le cal. C’est une rareté du Moulmein, découverte par le Rév. C. Parish.
Ionopsis paniculata Livni. — Bot. Mag., Nov. 1865, pl. 5541.
— Orchidée. — Cette magnifique espèce a été importée du Brésil, avec
une quantité d’autres, par MM. Hugh Low et Cie, de Clapton, où elle a
embelli la serre à orchidées pendant les mois d'Octobre et de Novembre
de l’année dernière. On y voyait un grand nombre de variétés, les unes
presque d’un blanc pur, les autres blanc et jaune, et d’autres enfin,
comme celle-ci, blanches et agréablement tachetées de pourpre sur la
lèvre. Elle fleurit si abondamment qu’il est quelquefois nécessaire de
SES
ÉLESS
Se
couper les épis floraux, qui sont en disproportion avec le nombre et la
vigueur des feuilles. Cette espèce doit être soumise au même traitement
que les Burlingtonia ou les plus délicats des Oncidium ; on la placera
donc sur des morceaux de bois ou, ce qui est préférable, dans une sus-
pension en poterie.
Pachypodium succuientum À. DE C. -— Bot. Mag., nov. 1865,
pl. 5545. — Syn. P. tomentosum Don.; P. tuberosum Linpz.; Belonites
succulenta E. Mey.; Echites succulenta Tuuns. — Apocynacée. — C'est
une plante du sud de l'Afrique, décrite en premier lieu par Thunberg,
et qui a été introduite naguère par M. Cooper. Il est hors de doute que
cette plante-ci soit la même que le P. tuberosum de Lindley; alors le
véritable P. succulentum de Thunberg n’était pas connu. Cependant
M. A. De Candolle les considère comme distincts. M. Planchon au
contraire n’en fait qu’une seule espèce. La tige est épaisse et succulente,
plus ou moins armée, au voisinage des feuilles, de fortes épines aiguës.
Les fleurs terminales, brièvement pédonculées, forment une ombelle. Le
tube et le limbe de la corolle hypocratériforme sont d’un rouge rosé
en dessous, plus pâle en dessus et d’un rouge foncé dans la gorge.
20 SERRES FROIDE ET TEMPÉRÉE.
Abronia fragrans NurTazz. — Bot. Mag., nov. 1865, pl. 5544.
— Nyctaginée. — Cette espèce ressemble beaucoup à l'A. mellifera,
dont elle diffère par la forme de l’involucre des feuilles, et par la dispo-
sition, la coloration et les divisions du périanthe. Geyer, qui en recueillit
des spécimens sur les bords argileux et sablonneux de la Plata, décrit
les fleurs comme « ayant l’aspect de la porcelaine, ne s’épanouissant
que la nuit et très-odorantes. » Cette espèce serait confinée entre les col-
lines sablonneuses arrosées par cet affluent du Missouri et le flanc orien-
tal des montagnes rocheuses, entre le 40° et le 50° degré de latitude
nord.
Cardiandra alternifolia Sies. et Zucc. — Gartenfl., oct. 1865,
pl. 486. — Hydrangée. — Cette espèce suffrutescente a été introduite
du Japon par M. C. Maximowicz. À l’état sauvage, elle diffère des
espèces cultivées par le grand nombre de fleurs stériles et par la couleur
rouge des fleurs, qui sont blanches même cultivées dans les jardins du
Japon. Les rameaux meurent annuellement et au printemps apparaissent
de nouveaux rameaux qui développent en juillet, à leur sommet, les
plus jolis corymbes de fleurs blanches.
Gromovia pulchella Rene Gartenfl., oct. 1865, pl. 484. —
Syn. Beloperone pulchella Lip. Cat. — Acanthacée. — C’est une des
nombreuses introductions de M. Linden du centre de l’Amérique. Cette
PE
plante, d’après M. Regel, directeur du jardin botanique de St. Péters-
bourg, diffère tellement de celles du genre Beloperone, qu'il s’est crn
autorisé à créer un nouveau genre qu’il dédie à M. Gromow, un des
premiers amateurs ct bienfaiteurs de l’horticulture à St. Pétersbourg. Ce
sous-arbrisseau porte avec tant de profusion de charmantes petites fleurs
lilas qu'il forme au printemps le plus bel ornement des serres tempérées:
3° PLEINE TERRE.
Lilium avenaceum Fiscu. — Garlenfl., oct. 1865, pl. 485. —
Liliacée. — Ce Lis est une des intéressantes introductions japonaises de
M. C. Maximowiez. Il appartient au groupe des lis à feuilles verticillées
et se rapproche beaucoup du L. martagon, qui eroît à l’état sauvage dans
les bois d’une grande partie de l’Europe. Cette nouvelle espèce a une
aire étendue depuis le Kamitschatka, suivant les côtes orientales de
Asie, jusqu à la Mandschurie et, en outre, dans les îles du Japon. C’est
une espéce à feuilles verticillées, à fleurs penchées, presque de la cou-
leur de cinabre, dont les feuilles florales sont contournées et pointillées
de taches sombres. G. B.
REVUE DES CATALOGUES.
Nous publierons désormais sous cette rubrique une revue des cata-
logues d’horticulture qui nous parviennent. Par ce moyen nous éclaire-
rons, espérons-nous, dans quelques circonstances, les amateurs de
culture; nous servirons le commerce en contribuant à faire connaitre
des nouveautés; nous donnerons la publicité dont nous disposons aux
horticulteurs et pépiniéristes avec lesquels nous sommes en relations. De
plus nous pourrons glaner dans ces catalogues une foule d’observations
pratiques, de renseignements de culture qui ne sont pas assez connus
et dont nos lecteurs feront leur profit.
L. JACOB-MAKOY Er Cie, horticulteurs, à Liége. Prix-courant des
plantes exotiques. — Catalogue N° 106.
Cet établissement, le plus important de tout le bassin de la Meuse,
est aussi un des plus anciens du continent.
Le catalogue que nous avons sous les yeux annonce un grand nombre
de nouveautés pour les serres, particulièrement en plantes du Japon et
par conséquent panachées pour la plupart. Nous les avons fait connaitre
l’année dernière. Parmi les plus intéressantes, à nos yeux, sont les
nombreuses variétés de l’Aucuba japonica. La liste des végétaux de
serres chaude et tempérée est riche et variée. Souvent, à propos d’une
Sp
plante nouvelle ou peu connue, le directeur de l'établissement y inter-
cale des observations pratiques qu’il a été à même de faire directement
de visu. Nous lui en emprunterons quelques-unes,
Campylobotrys discolor. Remarquable feuillage d’un beau vert
noir velouté, nervures plus claires.
Chamæranthemum Beyrichi var. Feuilles bien panachées blanc
d'argent, fleurs grandes d’un blanc pur.
Chamæranthemum marmoratum. Nouvelle et jolie espèce
bien distinguée. Port nain; feuilles d’un vert très-sombre sur lequel se
détachent des teintes d’argent.
Chamæranthemum verbemaceum. Feuilles allongées et lui-
santes marquées par le milieu et dans toute la longueur d’une bande
irrégulière d’un blanc d’argent.
Echites argyrea. Qu'on se figure l’£chites nutans avec des feuilles
d’un vert plus vif et satiné, et le réseau rose remplacé par des lignes
d’un blanc argenté.
Une collection choisie d’Aroïdées, de Gloxinia, de Begonia nouveaux,
de Broméliacées, d’Orchidées, de Palmiers, de Fougères, etc. com-
plètent le catalogue de la serre chaude. Puis viennent la serre froide
ct l’orangerie qui ne sont pas moins bien fournies.
Un nouveau Grand Soleil, celui de Californie (//elianthus
californicus) a donné une remarquable variété (var. insignis). C’est une
plante annuelle à semer en place après les gelées, s’élevant à quatre ou
einq pieds du sol et fleurissant très-abondamment. Les fleurs de 20 à
22 centimètres de diamètre sont pleines au superlatif, à innombrables
rayons Jaune d’or imbriqués et superposés comme dans une renoncule,
plante à grand effet.
Puis viennent encore des spécialités : Azalea, Canna, Dahlias nains,
Fuchsia, Gazania, Mimulus, Pelargonium zonale et surtout un grand
choix de variétés à feuilles panachées. Nous remarquons spécialement
ici les avis suivants :
Lobelia speciosa Paxtoni. Rien de plus frais, de plus coquet,
de plus charmant que des bordures de petits parterres formées avec
cette excellente petite plante. Elle se couvre de milliers de délicieuses
petites fleurs (grandes pour l’espèce) d’un blanc pur, entouré de bleu
clair. C’est d’un effet unique.
Festuca glauca pour bordures. Nous ne saurions trop recom-
mander cette plante : c’est une des meilleures plantes de bordures. Sa
couleur glauque qui ressort si bien sur la verdure des massifs, sa crois-
sance rapide, la rendent indispensable dans tous les jardins. Elle forme
des bordures bien serrées, bien régulières (grande qualité!), bien rusti-
ques et qui ne demandent presque pas d’entretien.
x.
nt 0 eee
Phlox Brumondi var. Louise Grell. Variété de beaucoup supé-
rieure au Phlox général Radetski, si longtemps et si avantageusement
apprécié. Ses fleurs sont panachées de blanc et de rouge vif. Très-con-
venable pour la pleine terre.
Salvia splemdens var. compacta. Superbe variété de la Sauge
éclatante (Salvia colorans des jardiniers) qui se distingue du type an-
ciennement cultivé par son port plus touffu, par sa taille moins élevée
et par des grappes de fleurs plus nombreuses, plus précoces et plus
étoffées. Cette variété, encore peu connue, mérite à tous égards d’être
préférée à l’ancienne pour la formation des massifs en pleine terre.
Ses nombreuses grappes florales, d’abord penchées, puis dressées,formées
de pédoncules, de bractées, de calices et de corolles d’un beau rouge
ponceau qui tranche agréablement sur un feuillage très-fourni et d’un
joli vert, produisent un superbe effet. Mettre en pleine terre fin mai et
distancer de 60 à 80 centimètres selon la qualité du terrain.
Delphinium formosum. Plante extrêmement recherchée pour
former des massifs; fleurs grandes d’un bleu très-foncé magnifique.
Effet splendide.
L. JACOB-MAKOY er Cie, horticulteurs, à Liége. Prix-courant des
plantes rustiques. — Catalogue n° 107. Décembre 1865.
Cette publication, la plus récente de l'établissement Jacob-Makoy, est
riche et intéressante. Elle annonce d’abord quelques
Nouveautés de plein air.
Acer pseudo-platanus erythrocarpos. Variété produisant un très-bel effet
dans les massifs où ses fruits d’un beau rouge, ressortent parfaitement sur son
feuillage vert foncé.
Actinidia polygamæ. Originaire des bords du fleuve Amour, cet arbuste atteint
6 à 7 pieds environ de hauteur; ses fleurs blanches ont une odeur suave et ses
fruits sont, dit-on, comestibles.
Aubrietia purpurea fol. albo-marginatis. Coquette nouveauté; port nain, pana-
chure constante et régulière, chaque feuille d’un vert foncé, est nettement entourée
de blanc pur.
Aucuba japonica viridis, mascula. Variété de l’Aucuba japonica à feuilles très-
grandes et d’un beau vert foncé luisante. Digne pendant de l’Aucuba japonica viridis
[œmina.
Castanea vesca. Var. foliis albo marginalis. Nouveau châtaignier panaché, d’un
mérite incontestable et qui sera pour les jardins et les parcs une brillante acquisi-
tion. Les feuilles sont largement marginées de blanc d’argent pur, et cette panachure,
très-conslante se conserve bien marquée jusqu’à la chute des feuilles.
Chrysanthèmes à petites fleurs. Les six charmantes variétés suivantes sont à
fleurs réellement liliputiennes (0,018 à 0,022 de diamètre). Elles sont parfaites de
forme et de coloris aussi varié que frais ; ce sont en un mot d’excellentes plantes
pour les parterres : Ami Teille, Esther Himmes, Justine Tessier, Mimi Crouzat,
M. Schmidt, Pages fleuries.
RE on
Clematis hybrida fulgens. Variété obtenue par le croisement des Clematis lanu-
ginosa et vilicella grandiflora. Fleurs de forme supérieure, à six pétales, d’un
superbe rouge cramoisi foncé velouté, nuancé de noir; feuillage ample et vigoureux.
Clematis patens Maria. Très-gracieuse et distincte variété de la Clématite azurée
à grandes fleurs. Fleurs grandes à pétales d’une meilleure tenue que dans le type
et d’un superbe coloris bleu foncé sur lequel se détachent en rosette les filets blancs
et les anthères brunes des étamines.
Frambhoisier surprise d'automne. Variélé nouvelle à fruits très-gros, de
forme ovale-pointue, parfois retrécie vers le milieu et d’un beau jaune d’or. Les
rameaux de l’année, grands ct robustes, se chargent à l’automne d’une quantité
énorme de fruits qui, par leur nombre et leur poids, obligent de soutenir les
branches.
Polygonum filiforme fol. arg varieg. Feuilles aussi grandes que celles du P. Sie-
boldi et richement panachées de blanc pur. De plus, cette plante donne de très-longs
épis de fleurs et de petits fruits rose foncé et blanc du plus gracieux effet.
Ehododendron Duchesse de Nassau. Bouquets énormes, fleurs très-grandes,
d’une Leinte rose vraiment virginale; macules d’un rose plus tranchant, éparpillées
sur la corolle entière.
Rhododendron Salmono-roseum. Enormes bouquets compactes de très-grandes
fleurs fond lilas ou rose, avec une Jégère teinte saumonée, largement et nettement
bordées de blanc; très-larges macules brun marron sur les trois lobes supérieurs.
Tricyrtis hirta flore nigro. Variété nouvelle du beau Tricyrtis hirla, si rustique ct
si florifère. Cette variété est à fleurs de velours noir jaspé de blane, ce qui produit
un étonnant effet.
Ulmus microphylla punctata. Belle variété de l’Orme champêtre, à feuillage
mignon tout ponctué, sablé, maculé et strié de blanc et de vert clair.
Weigelia arborescens versicolor. Espèce japonaise très-florifère et atteignant
une hauteur de 5 mètres. Fleurs grandes, jaune beurre-frais d’abord, puis graduel-
lement rose-vineux, pour définitivement arriver au ponceau éclatant le plus foncé,
de sorte que sur une branche bien fleurie, on observe trois couleurs bien distinctes.
Le catalogue donne ensuite une liste spéciale de quelques plantes
japonaises d’introduction récente. Des nombreuses variétés nouvelles
d’Aucuba, les unes aux feuilles entièrement vertes, à fruits du plus
beau corail, les autres aux feuilles luxueusement panachées. Des Deutzia,
arbrisseaux florifères par excellence, qui donneront dans les jardins la
jouissance de leurs fleurs si fraiches et d’une si longue durée. Des
Evonymus sur les feuilles desquels, le jaune pur, le jaune d’or, le blanc
pur et le vert, s’arrangent de toutes les facons, sous diverses nuances,
pour former de constantes et splendides panachures. Des Diervilla, des
Weigelia à fleurs abondantes de formes et de coloris tout nouveaux. Le
Lilium auratum, ce roi des lis, aux fleurs gigantesques et imposantes, à
odeur suave. Le Tricyrtis hirta aussi rustique que florifère. Enfin des
Conifères à feuillages aussi finement formés que ceux des fougères,
présentant des formes inconnues de l’aspect le plus pittoresque.
La nomenclature des plantes vivaces pour la pleine terre est consi-
dérable. Notre attention, en la parcourant, a été fixée sur quelques-unes.
Anemone japonica var. Honorine Jobert. Même rusticité que le type; même pro-
fusion de fleurs. Elle forme une touffe peu élevée qui se couvre pendant longtemps
de fleurs blanc de neige,
EC DU
Apocynum androsæfolium (Gobe-Mouches). Plante extrêmement curicuse en ce
que les fleurs, qui sont très-nombreuses et d’un beau rose-clair, reliennent prison-
nières les mouches qui s’y arrêtent. Cette chasse vraiment surprenante dure pendant
tout l'été jusqu’au mois de septembre, la plante restant couverte de ses gentilles
fleurs pendant des mois entiers.
Arundo conspicua. Nouveauté anglaise, ayant, quant au port, de l’analogie avec
le Gynerium argenteum.
Bambusa metake. Très-convenable pour planter aux bords des eaux; port gra-
cieux, feuillage délicat et très-gai, rusticité éprouvée par 19° Réaumur qu’il a sup-
porté ici.
Cerastium Biebersteini. Plante très-naine à feuilles pius larges et tout aussi
argentées et cotonneuses que celles du Cerastium tomentosum. Très-convenable pour
border de petits parterres et orner des rocailles.
Delphinium elatum, D" Planchon. Bonne variété, floraison abondante, fleurs
d’un bleu très-clair et d’une fraicheur remarquable.
Delph. elatum var. Hermann Stenger. Grandes fleurs doubles, bleu foncé et
nuancé ; à effet.
Dielytra spectabilis var. a/ba. Variété à fleurs blanches du D. spectabilis, cette
perle des plantes vivaces, dont elle sera le digne pendant. Port plus trapu que le type.
Festuca altissima. Cette graminée gigantesque, d’une verdure magnifique et d’une
croissance très-rapide, forme comme le Gynerium, des touffes ornementales. Ses Liges
s'élèvent à 4 mètres de hauteur et ses feuilles ne mesurent pas moins de 2 mètres de
longueur. C’est une plante très-pittoresque à isoler dans les pelouses ou au milieu
d’un massif.
Gaillardia grandiflora, var. Thinisteri. Floraison on ne peut plus abondante ; la
plante d’une stature naine, se couvre de centaines de fleurs d’un beau rouge foncé
cuivré, bordé d’une marge jaune-orangée. Variété hors ligne, fleurissant jusqu'aux
gelées.
Après avoir énuméré les Chrysanthèmes, les Phlox decussata et les
Pivoines herbacées qu’ils possèdent, MM. Jacob-Makoy consacrent une
notice spéciale au Delphinium formosum dont ils parlent en ces termes :
Delphinium formosum. Nulle plante ne possède plus de qualités décoratives,
nulle ne convient mieux pour la formation de massifs vivaces. Aussi chacun l’admire,
chacun veut la posséder, et il n’est aucun jardin, aucun jardinet qui n’ait une place
réservée de droit au Delphinium formosum. Larges fleurs parfaites de forme, dis-
posées en des vastes pyramides compactes et nombreuses. Ces fleurs, du plus beau
bleu foncé et d’une très-longue durée, sont d’une grande ressource pour bouquets où
elles ne perdent en rienleurs qualités. De plus, cette plante, qui s’élève d’une manière
uniforme, a l’avantage de donner une seconde floraison assez abondante, si toutefois
on a soin d’enlever, en juillet, les tiges de la première floraison achevée à cette
époque. Ajoutons bien vite que le Delphinium formosum est d’une rusticité à rendre
un chéne jaloux.
Sedum oppositifolium pour bordures. Celte espèce naine et rampante forme de
belles et gaies bordures, qui pendant plusieurs mois se couvrent de fleurs d’un beau
rose. La plante (fleurs comprises) ne dépasse pas en hauteur une vingtaine de
centimètres.
La collection des arbres et arbustes de plein air est riche et variée.
Nous en citerons quelques particularités.
Acer negundo var. fol. arg. variegatis. Cet érable, à feuilles brillamment pana-
chées de blanc, produit dans les jardins un superbe effet, soit planté isolément ou en
— 10——
groupe, soit placé dans les massifs, où son feuillage ressort très-bien. C’est un arbre
d’une grande ressource pour la formation des parcs. Il croit dans tous les terrains
et à toutes les expositions, sa panachure résistant bien au soleil.
Acer pseudo platanus vur. Leopoldi. Belle nouveauté mise au commerce en 1864,
qui produira dans les massifs un effet bien marqué. Ses feuilles sont marmorées de
pourpre, d’incarnat et de vert; elles deviennent à leur complet développement, d’un
beau vert clair flagellé de blanc. C’est une bonne addition à nos arbres de position ou
à effet.
Amygdalus persica var. Dianthiflora. Fleurs abondantes, d’une fraicheur
incomparable, toutes panachées de rose.
Am. pers. var. versicolor plena. Variété curieuse produisant des fleurs très-
doubles de plusieurs nuances; ainsi, sur la même branche, il s’en trouvera de toutes
blanches, de toutes rouges et des blanches panachées de rouge.
Aucuba Hymalaïca. À grandes feuilles ovales, oblongues, de 15 à 18 centimètres
de longueur et d’yn beau vert. Fruit rouge-orangé brillant.
Aucuba japonica viridis fœmina. Type de l’Aucuba japonica; feuilles très-grandes
et entièrement vertes ; fruits rouge corail.
Et une foule d’autres Aucuba.
Clerodendron Bungei. Plante magnifique à feuilles d’un vert sombre; larges
bouquets de fleurs rouges très-serrées et répandant une très-bonne odeur; floraison
très-abondante jusqu’aux gelées. Se plait surtout à une exposition chaude et dans un
terrain sec et pierreux.
Nous avons à notre établissement un mur exposé au midi et d’environ 30 mètres
de longueur, caché par des Clerodendron Bungei. Ces plantes croissent on ne peut
mieux et chaque année se couvrent d'immenses bouquets roses qui sortent très-bien
du feuillage large et très-sombre.
Cotoneaster affinis. Se couvre d'innombrables fruits d’un beau noir. Arbuste à
grand effet dans les massifs : ses fruits se conservent tout l'hiver.
Cotoneaster Simondsi. Feuilles assez grandes, espèce vigoureuse, l’une des meil-
leures connues, donnant des fruits rouge corail superbes et très-nombreux.
Les cotoneaster sont de très-jolis arbustes qui produisent en abondance des fruits
très-jolis et de longue durée. Ils vivent dans tous les terrains, à toutes les expositions.
Cratægus pyracantha var. japonica. Le Buisson ardent est un arbuste à feuillage
persistant qui se prête à toutes les formes, soit en haie, soit en berceau, en pyra-
mide ou passé sur une muraille. Cet arbuste, d’un vert foncé, se couvre de beaux
fruits orangés qui se conservent tout l'hiver sur la plante.
Cytisus purpureus var. fl. albo. Variété que nous ne saurions trop recommander
et qui constitue certainement une des plus belles du genre. Nombreuses fleurs du
blanc le plus pur et réunies par 5 ou 6 ensemble. Floraison de longue durée et se
produisant bien régulièrement dans toute la plante.
Rubus leucodermis. Plante grimpante, convenable pour garnir les murailles, les
rochers, les vieux troncs d'arbres, etc. L’écorce est complètement blanche comme si
on l'avait trempée dans de la chaux. Le fruit d’un beau jaune d’or est comestible.
Sorbus nana (Sibirica). Espèce très-curieuse par son port trapu; fruits gros,
rouge corail brillant, réunis en maguifiques corymbes.
Spiræa callosa alba. Arbuste à fleur d’un blanc pur, trop peu apprécié jusqu’à
ce jour. Cette variété, par son port tout à fait nain, pourrait être employée avec
avantage comme plante de bordure.
Syringa vulgaris (Lilas) var. Dr Lindley (vrai). Thyrses très-denses, d’un violet
purpurin très-riche; l’une des plus belles variétés du commerce.
Syr. vulg. (Lilas) var. Langius. Thyrses très-grands et très-denses; coloris carné,
d’une fraicheur extrême, C’est certainement l’une des plus jolies variétés.
Weigelia amabilis var. Isoline. Corolle blanc pur, gorge jaune paille, larges
macules de jaune d’or à la division inférieure.
UN —
Puis viennent les Pivoines en arbre, les arbustes de terre de bruyère,
les Rhododendrons et les Azalea et surtout les Conifères dont le catalogue
est fort bien fait. L'établissement Jacob-Makoy possède quelques spé-
eimens uniques en arbres verts. Les Rosiers en sont une autre spé-
cialité.
Le catalogue est terminé par une nomenclature d’arbres fruitiers et
d'articles variés.
Il est tout entier rédigé fort convenablement et, suivant le conseil de
plusieurs botanistes, le nom des variétés est autant que possible distinct
du nom des espèces.
L.-J. GALOPIN et rizs, pépiniérisles à Liége. Catalogue des arbres
fruitiers, 1865-1866.
M. Galopin est un pomologiste distingué. Son établissement est de
premier ordre et jouit d’une réputation bien méritée. Nous remarquons
parmi les avis préalables :
« Les Poiriers sont greffés sur franc et sur cognassier, et, comme
beaucoup d’espèces ne réussissent pas sur cognassier, elles seront
fournies sur franc, sans autre avis — Les Pommiers sont greffés sur
franc, doucin et paradis. — Les Pêchers sur St. Julien, car il est bien
reconnu que tout Pécher greffé sur Mirobolan jaunit dès sa première
année et dépérit de suite. — Les Cerisiers sont greffés hautes tiges sur
franc, basses tiges sur Ste. Lucie.
Parmi les Pêches nous remarquons la Pêche :
Charles Rongé (Ch. Rongé), fruit gros, rouge foncé violacé de
toute première qualité; variété vigoureuse et fertile, destinée à prendre
rang avec les quelques variétés les plus estimées. Nous devons à l’obli-
geance de M. Ch. Rongé, amateur distingué de notre ville, la propriété
de ce gain hors ligne obtenu d’un semis il y a quelques années.
M. Galopin dit, d'autre part, au sujet du Brugnom Galopin, que
nous avons fait connaître dans la Belgique horticole (1862, p. 541) :
fruit très-gros, violet, de toute première qualité; arbre vigoureux et
fertile surpassant toutes les autres variétés sous tous les rapports.
À la suite du catalogue des Poiriers, nous remarquons une liste des
variétés exclues des cultures. Cette liste est presque aussi utile que la
première et nous félicitons M. Galopin de l'initiative qu’il n’a pas craint
de prendre.
Le nom de chaque fruit est accompagné de tous les renseignements
désirables : origine, époque de maturité, qualité, description générale.
Ce catalogue est un des mieux faits que nous connaissons.
EUR LU Re
EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES, LE
29 MAI 1866.
Les préparatifs de cette grande entreprise prennent chaque jour plus
d'importance : un succès extraordinaire est aujourd’hui aSsuré. L’expo-
sition occupera non seulement les locaux de la Société d’horticulture de
Londres, mais aussi une partie du palais de cristal de 1862. La liste de
souscription dépasse 3,500 livres, et le fond de garantie monte déjà à
4,000 livr. On dit merveille du banquet. Le programme du Congrès n’a
pas encore paru, mais on a annoncé qu’il serait présidé par M. Alphonse
De Candolle, de Genève.
Londres sera le 22 Mai le rendez-vous de l'élite des botanistes et des
horticulteurs.
On n’a encore rien annoncé concernant les réductions sur le prix des
transports. En attendant nous publions aujourd’hui une traduction du
programme officiel.
Programme des prix.
SECTION I. — CONCOURS GÉNERAUX.
{rpr| 2e pr|sepr|#p
1. — 6 plantes nouvelles, en fleurs ou non, différentes, intro-
duites en Europe par! "exposant et qui ne se trouvent
pas dans le commerce (général). . . .,: % . | 61) 51) 2147
2. — 5 plantes nouvelles, différentes, exposées Done la He
mière fois en fleurs (général). De OUT 4 La NOR
3. — 1 plante nouvelle, en fleurs, introduite en Europe par
lPexposant et ne se trouvant pas dans le commerce
(général). 4 S CR ET NUS OR "TR SES IRIS DRIPINETSTS
4. — 1 plante nouvelle, non fleurie, introduiie en Europe
par l’exposant et ne se trouvant pas dans le com-
merce (généralhà nt btutilo et. 1 ant, a RE oi SRI ONE
— 12 plantes nouvelles, de n’importe quelle FpÈte fleuries
ou non, différentes (général) . . . se ns 65 LAND
x
6. — 6 plantes nouvelles, de n ‘importe quelle espèce, fleuries
ou non, différentes (général, l M A ne D pas
part au n° 5) A EUR | 51! 21|41.
7. — 16 plantes de serre chaude ou donna: en dis -
différentes (amateurs). . . . -, ..0. 9512011808
8. — 12 plantes de serre chaude ou d’orangerie, en Jours
différentes (horticulteurs). . . . . . ; 15 LOL! 7115 1.
9. — 10 plantes de serre chaude ou d’orangerie, en ré
différentes (amateurs). . . . . . . . . .|151.1011 71/51.
En Ye
Lepr|2e pr|5e pr|£ep
10. — 6 plantes de serre chaude ou d’orangerie, en fleurs,
différentes (amateurs ne prenant pas part aux n° 7
DO) 6e to ame MATOS RENE bac le) 4 LIL
11. — G plantes de serre chaude ou d’'orangerie, en fleurs,
différentes (horticulteurs, ne concourant pas pour
Mo Se sn Le te ere est LOI. SL 4,
12. — 6 plantes grimpantes de serre chaude ou d’oran-
gerie, en fleurs, différentes (général) . . . . .| 51 51. 21.
15. — La plus belle plante de serre chaude ou d’oran-
gerie, fleurie ou non et haute au moins de 12 pieds
ner SD Ne SRE RE ON ER ST:
14. — 12 plantes à feuillage ornemental de serre chaude
ou d’orangerie, sans condition de floraison, diffé-
3 1.
rentes, y compris les plantes à feuillage coloré — Îles |
Begonias et les Caladium exceptés (amateurs). . .[151.MOI. 51131.
45. — Le même concours (horticulteurs) . . . . . . .[151.|10 LI 51215L
16. — G plantes à feuillage ornemental de serre chaude
et d’orangerie, sans condition de floraison, diffé-
rentes y compris les plantes colorées — les Begonia
et les Caladium exceptés (amateurs, ne concourant
Pasipourilenne 14). di 00 6e saone. er AS:
17. — 12 plantes de serre à feuillage coloré, différentes —
21.
les Caladium et les Begonia exceptés (général). . .MOI.| 71. 51.131.
18. — 20 plantes industrielles et médicinales, différentes | |
nee Tee D 54/04 2/1
19. — 20 arbustes rustiques à feuilles caduques, en fleurs, |
différentes, les Azalea exceptés (général) . . . O1! 71. 51.131.
20. — 20 arbres et arbustes rustiques à feuilles caduques,
exposés pour la beauté de leur feuillage, différents,
les Conifères exceptés (général) . . . . . . .MOI.| 71] 51.151.
21. — 20 plantes grimpantes rustiques à feuilles persistan-
tes ou caduques, fleuries ou non, différentes (général). | 7 1.| 51.! 31
22, — 20 arbres et arbustes rustiques à feuilles persistantes,
différentes — les Conifères exceptés (général) . . .{O01.[ 71) 51.131.
235. — 12 arbres et arbustes rustiques nouveaux à feuilles
persistantes, différents — es Conifères exceptés
(général). L 1 e CL] L 1 e L2 L2 ° L 1 L2
24. — 50 plantes rustiques alpines et herbacées, en fleurs,
Héérenteslicentral)e "esse is Gba eat 211.
25. — 50 plantes rustiques alpines et herbacées à feuilles
colorées, différentes (général) ah ES HAS) 21
26. — 9 caisses de plantes annuelles exposées à l'effet de
représenter un parterre de jardin (général) . . .|51.| 21. 11.
SECTION II. — COLLECTIONS REPRÉSENTANT DES FAMILLES.
27. — 50 Orchidées exotiques, de toutes sortes, en fleurs
(SN EI) NP SRE Le SD TA D II TO E
28. — 20 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (amateurs).|25 1.120 1.115 1.
29. — 12 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (hortieult.).110 1.| 71.| 51
5). — 10 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (ama-
teurs ne prenant pas part aux nes 28 ou 31). . . .|121.101.| 71.
31. — 6 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (ama-
teurs ne prenant pas part aux n°528 on 50), . . .| 6 Li&il 31.
se) oo 2":
Li fe
32. — 6 Orchidées exotiques, différentes, en fleurs (horticul-
teurs, ne concourant pas pour le no 29). .
33. — 1 Orchidée nouvelle exposée pour la RER fois en
fleurs (général) . + Nero CRE A AE
54. — 1 Orchidée exotique en fleurs (général)
35. — 10 Orchidées à feuillage coloré, renfermant des Anœc-
tochilus, Physurus, Me CRC elc., diffé-
rentes (général). :
36. — 6 Palmiers différents nn à
57. — 5 Palmiers différents (général) .
38. — Le Palmier le plus grand et le plus beau ae
39. — 3 Cycadées, (Eyes, nue Ds etc.), différentes
(général). . : DENT ee
40. — 3 Pandanées (Pandands! En ndot ie etc. h différentes
(général).
41. — La Pandanée, la plus de et la Le belle (sénéral)
42. — 12 Fougères de serre chaude ou d’orangerie, diffé-
rentes (amateurs) . RE SN ALU
43. — Même concours (horticulteurs) .
44. — 6 Fougères de serre chaude ou d’orangerie, différen-
tes (amateurs n’exposant pas au n° 42) . . .
45, — Même concours (horticulteurs n’exposant pas au n° 45) .
46. — 6 Fougères nouvelles de serre (général) .
47. — 6 Fougères rustiques nouvelles (général).
48. — 24 Fougères rubaues spèses ou variétés, différentes
(général). A RARE nt SE
49, — 12 Fougères rustiques, espèces ou variétés, différentes
(amateurs, ne concourant pas pour le no 48)
50. — 6 Fougères en arbres, 5 espèces au moins (général) .
51. — 5 Fougères en arbres, différentes (ouvert pour les
exposants ne prenant pas part au n° 50).
52. — La plus belle Fougère en arbre (général)
53. — 12 Lycopodiacées, différentes (général)
54. — 6 Lycopodiacées, différentes (général).
59. — 10 Aroïdées (Alocasia, Colocasia, Philodendron, Xan-
thosoma, Dieffenbachia, etc. — Les Caladium excep-
tés), différentes (général) . nel QU AO
56, — 6 Araliacées exotiques (Aralia, Sciadophyllum, Oreo-
panax, Didymopanax, etc.), différentes (général) .
57. — 6 Broméliacées (Billbergia, Tillandsia, Vriesia, Pouretia,
Æchmea, ctc.), différentes, en fleurs (général).
98. — 12 Marantacées (Maranta, es po etc.),
différentes (général)
59. — 25 Cactées mamilliformes rl. Ha
tus, etc.), différentes, en fleurs (général) $
60. — 6 Cactées céreiformes (Epiphyllum , es etc. ch
différentes, en fleurs (général)
61. — 12 Taxacées rustiques (Taxus, qe) Tor-
reya etc.), différentes (général) sh Re
62. — 25 Coniféres rustiques, différents. — Les Taxacées
exccptées (général).
Le p.12 p.13e p.|4p
31.121.
5 1.
3 |.
5 1.
5 1.
5 I.
5 1.
3 1.
[0 L.
5 I.
5 1.
5 L.
41.
2 1.
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14:
5 1.
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ù 1.
9 1.
21.
11.
LL.
11.
D
63. — 12 Coniféres rustiques, différents. — Les Taxacées
exceptées (ouvert pour les exposants ne concourant
1e p.\2e p.15 p.
Des pourileone02) PU Lure de 2 lurl
64. — 12 Conifères d’orangerie (Araucaria, Damara, etc.),
6 espèces au moins (général). . . . . . . .MOI.
5 1.
14.
3 1.
41
SECTION III. — COLLECTIONS REPRÉSENTANT DES GENRES.
65. — 10 Berberis toujours verts, renfermant des Mahonia,
5 espèces ou variétés au moins (général)
66. — 5 Aucuba, en fruits, de toutes sortes (général) . . .| 31.
67. — 2 Musa (général) . . . . ONE SARA 72
68. — 12 Caladium, différents (éétéral) ie Me AS er 7
69. — 3 Anthurium, différents, en fleur ou non (général) . .| 31.
70. — 6 Nepenthes, différents (général) . . . . . . .|8l.
71. — Le plus beau Nepenthes (général) . . . : . . .|38l.
72. — 9 Sarracenia, 6 espèces au moins (général) . . . .|OI.
73. — 10 Begonia, différents, à feuillage ornemental (général) .| 4 1.
74. — 6 Begonia, différents, en fleur (général) . , . . .| 31.
15. — 1 Allamanda, en fleur (général). . , . . . . .|21.
A0 diGroton (cénéral)®.. vs 7240 ant 21
77. — 1 Clerodendron, en fleur (général). . - . . . .| 21.
2 == T'Ixora, enfleur (général). + Ave, Tr toT
79. — 1 Dipladenia, en fleur (général), +. . . . . . .| 21.
80. — 3 Rhododendron orsneprie: ae en fleurs
(HÉnÉRAN) MAP to 1e al oi
81. — 10 Erica d’orangerie, ae. d (général) . .|1O01.
82. — 6 Erica d’orangerie, différents, fleuris (amateurs) . .| 61.
85. — 20 Erica d’orangerie, fleuris, 10 espèces au moins,
dans des pots de 10 pouces de diamètre au plus
ACTA RP Rd ia nee e l7
84. — 1 Erica d’orangerie, en fleur (général). . . . . .| 31.
83. -—- 10 Yucca, Beaucarnea, Rortirinen etc. d’ s'hnEne
(général). NE AS NES ee LOL
86. — 10 Dracæna et Cordyline, dans (aéhéral) PRO EN RS
87. — 6 Lis fleuris, au moins 3 espèces (général). . . . .| 31.
88. — 6 pots du Lilium auratum, en fleurs, dans des pots
de 10 pouces de diamètre au plus (général). . .| 31.
89. — 24 Agave, 12 espèces ou variétés au moins (général). .|10 1.
90. — 10 Agave, différents (général) . . . ,. . . . .|5Bl,
91. — 12 Amaryllis, différents, en fleurs (général) . . . .| 41.
92. — 6 Amarylilis, différents, en fleurs (amateurs) . . . .| 31.
93. — 1 Oranger, en fleur ou fruit (général) . . . . . .|5l.
94. — 12 Orangers, etc., en fleur ou fruit (général) . . . .| 71.
95. — 6 Bougainvillæa, en fleur, de toutes espèces (général).| 3 1.
96. — 1 Tropæolum tubéreux, en fleur (général) . . . .| 21.
97. — 12 Pelargonium du Cap, différents, en fleurs (général) | 41.
21.
21.
3 1.
5 1.
2 1.
6 1.
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5 1.
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La
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SECTION IV.— COLLECTIONS REPRÉSENTANT DES ESPÈCES ET DES VARIÉTÉS.
- 1e pr|2e pr|5e pr 4p
98. — 3 Rhododendron rustiques en arbre, en fleurs (général)| 5 1.| 5 1.| 2 1.
99. — 1 Rhododendron rustique en arbre, en fleurs (général).| 5 1 | 21.| 11.
100. — 50 Rhododendron rustiques, en fleurs, 15 variétés au.
moins (général). 27104, nie ref MONO EEE
101. — 12 Rhododendron rustiques, différents. en fleurs (gé-
néral pour les spin ne concourant Re pour .
Je.mo 4007 ren Ë : . «| 61) 41| 31/21
102. — 8 Azalea de serre froide, différents, en du dot 121.101.| 71.15 1.
103. — Même concours (horticulleurs) . . . . . . . .l21.101.| 71.151
104. — 6 Azalea de serre froide, différents, fleuris (amateurs
n’exposant pas au ne 402). . . . . . . . .| 71] 51] 31/21.
105. — Même concours(horticulleurs, n’exposant pas au ne 105).| 61.) 41.) 51.
106. — 3 Azalea de serre froide, différents, fleuris (amateurs,
ne prenant pas part aux nes 102 et 104). . . . .| 41. 51.| 21.
107. — Même concours (horticulteurs ne rue pe part aux
nos 105 et 405) 005 20. , se) SOUS
108. — 1 Azalea de serre froide, en fieur ra AS LR 1.
109. — 20 Azalea de serre froide, différents, fleuris, 10 varié-
tés au moins, dans des pots de 12 Rte de diamètre
au plus (général) . . . . MOI! 71.) & 1.151.
110. — 10 Rosiers, en fleurs, différents, dat d. de sn 15 É
pouces de diamètre au plus (général) dede .M21|7L1) 51/51
111. — 6 Rosiers, en fleurs, différents, dans des pots de 15
pouces de diamètre au plus (amateurs). . . . .|7l1.| 41.) 21.
112. — 6 Rosiers nouveaux, obtenus postérieurement à 1863-4,
en fleurs, dans des pots de loute grandeur (général) .| 31.| 21.| 11.
113. — 1 Rosier, en fleur (général) . . . . . . . . .| 21|11
114. — 20 Rosiers, en fleurs, différents, dans des pots de 8
pouces de diamètre au plus (général) . . . . .| 61.| 41.| 51.121.
115. — 6 Rosiers en tête, en pots, fleuris, différents (général).| 3 1.| 21.| 11.
116. — 25 Roses différentes, trois boues de fleurs coupées
de chacune (général) . : TS ES NO LAMPE
117. — 12 Roses différentes, 5 boisé de fleurs coupées de
chacune t{amateurs), 1.758 0000 2 SPORE
118. — 50 Elex différents (général) . . . . . . . . .M01.| 71. 51.51.
119. — 1 couple de Laurier-tin en arbre (général) . . . .| 31.| 21.| 11.
120. — { couple de Lauriers pyramidaux (général) . . . .| 31.| 21.| 11.
121. — 1 couple de Lauriers en boule (général) . . . . .| 31.| 21.| 11.
122. — 1 couple de Lauriers de Portugal en boule (général) .| 31.| 2 1.| 1 1.
125. — 1 couple de Houx en boule (général) . . . . . .|31.| 21.| 11.
124. — 1 couple de Buis en boule (général) . . . . ,. .| 51.| 21.| 11.
125. — 1 couple d'arbres quelconques en boule, à feuilles per-
sis tantes,excepté ceux mentionnés dans les nes 119 à
124 (général) ssl et de 0 CN MEMOATS
126. — 12 Pelargonium zonales, différents, en fleurs. — Les
nosegay et les panachés exceptés (général) . . . .| 61. 41.| 31.
127. — 12 Pelargonium nosegay ou leurs A
rents, en fleurs (général) . . | 6GLI 41151.
| RSR
Lpr|2epr|5e pr|#p
128. — 12 Pelargonium panachés, dilférents (général) . . .| 61. 41.1 3 1.
129. — 6 Pelargorium zonales en boule, différents, en fleurs
(RÉRERA NM CANON Te NN REIN 21. fl
150. — 6 Pelargoninm panachés en boule, différents (géné-
RE AR NL ete dar er ANR ee DRE Let Mo AD) APT:
151. — 12 Pelargonium d’exposition, différents, en fleurs,dans
des pots de 8 pouces de diamètre au plus (horti-
CUNEUr See ANA AURA Ca AT Sn nn AO 7e TA 5 1:15,1:
152. — 10 Pelargonium d’exposition, différents,en fleurs,dans
des pots de 8 pouces de diamètre au plus (amateurs) 10 L! 7 11 51.131.
155. — 6 Pelargonium d'exposition, différents, en fleurs, dans
des pots de 8 pouces de diamètre au plus (amateurs, |
ne concourant pas pour le no 132) . +: . . . .| 51| 41] 31.91.
154. — 6 Pelargonium fantaisies, différents, en fleurs, dans des
pots de 8 pouces de diamètre au plus (horticulteurs).| 51. 41! 31.21.
190 Méme concours (amateurs) * 21. . 2 40 . A5! 21/3191
LA i Q 2 ,
36. — 1 Pelargonium en fleurs (général) . « . . . . .|21.| 11.
157. — 12 Calcéolaires herbacées, fleuries (général) . . .| 81.) 21.| 11.
158. — 8 Calcéolaires ligneuses, différentes, fleuries (général) | 531 | 21.| 11.
159. — 12 Pensées différentes, fleuries, dans des pots de 6 pou-
CS HBEnEPAl A SATA ae MEN NU ta | AN
140. — 12 Pensées fantaisies, différentes, en fleurs, dans des
Hots de D pouces (sénéral).). "00 des" ct 24h ANT
141. — 24 Pensées différentes, fleurs coupées (général) . . .|1110s) 1 1.105.
142. — 50 Tulipes, fleurs coupées, en 25 variétés, Bizarres,By-
Wocinens ie Roses (senéral) ph 2e td S)2212); fl
145. — 12 Résédas, en fleurs, dans des pots de 5 pouces (général).| 11.115 s.
144, — 5 Résédas en arbre, en fleurs (général) . . . . .|531.| 21.| 11.
145. — 5 Héliotropes en boule, en fleurs (général) . . . .| 21|11.
146. — 6 Héliotropes différents, en fleurs (général) . . . .| 21.| 11.110.
147, — 6 Fuchsia différents, en fleurs, dans des pots de 13
pouces de diamètre au plus (horticulteurs). . . .| 41.| 31.| 21.111.
OMEmerconcours (amateurs) "0.700 Ne CNE RS 8) 92 1. 144
149, — 5 Fuchsia en boule, différents, enfleurs (général) . .| 51.| 21.| 141.
150. — 25 Gladiolus, les épis coupés, différents (général) . .| 311 21.) 11.
151. — 6 Œiliets différents, en fleurs (général) . . . . .|21.| 11.
152. — 12 Œiüilets mignardises (pinks) en fleurs, cultivés en
pots, trois variétés ou plus (général). . . . ,. .| 21.| 11.
153 — 6 Pivoines herbacées, différentes, en fleurs, cultivées en
pois sen) Pre RS et ES NT SL AUS) 1 E
154. — 6 pots de Mugucts (général) . SO SAS RS EN A EIRS 08
SECTION V. — SEMIS.
155. — Semis de la floriculture, de toutes sortes, étiquetés (général) . Certificats.
156 — Nouveaux hybrides jardiniques, étiquetés, à l’exclusion des
plantes de la floriculture (général) . . . . . . . . (Certificats.
157. — Nouvelles variétés jardiniques, non compris nos 155 ou 156,
CHE LEES) (SÉNERADE UN DE RES CET. 0 in Certificats.
158. — Fruits de semis, de toutes sortes, étiquetés (général). . . (Certüficats.
159. — Légumes de semis, de loutes sortes, étiquetés (général) . . Certificats.
2
LENS
SECTION VI. — FRUITS.
3 . , C Al 4 19 } 3D27
Tous les fruits, excepté ceux des nos 199 et 200, doivent être mürs el bons à servir.
160 — Fruits forcés, 10 assiettes ; pas plus de 2 assiettes de
chaque espèce de fruit ne seront Tite (général)
161. — Ananas, 1 fruit de la « Queen » (général).
162. — Ananas, 1 fruit du « Smooth Cayenne » (général)
163. — Ananas, 1 fruit de « Providence » (général) .
164, — Ananas, 1 fruit de « Charlotte Rothschild » .
165. — Ananas, { fruit de toute autre variété (général) .
166. — Raisins, 5 variétés, 1 grappe de chacune (général)
167. — Raisins, 6 grappes (général). Re
168. — Raisins, 5 grappes du « Frankenthal » (général) .
169. -- Raisins, 5 grappes d’une autre variété noire, ps
la saveur du muscat (général)
470. — Raisins, 5 grappes d’une autre variété noire, ne possé-
dant pas la saveur du muscat (général). . . .
171. — Raisins, 5 grappes du « Muscat d'Alexandre » (général).
172. — Raisins, 3 grappes d’une autre variété blanche, ayant
la saveur du muscat (général) SR ue
175. — Raisins, 5 grappes d’une autre variété blanche, ne pos-
sédant pas la saveur du muscat (général) :
174. — Raisins, la meilleure Spephe d’une variété noire (gé-
néral) : $ EPA TNVR FARM de
175. — Raisins, la one grappe d’une variété blanche (gé-
néral) RARES : Re Luce de :
176. — 4 Vignes en pots, en fruits, différentes (général).
177. — 2 Vignes en pots, en fruits, différentes (général).
178. — Melon, Î{ fruit d’une variété à chair verte (général) .
179. — Melon, 1 fruit d’une variété à chair rouge (général).
180. — Pêches, 5 variétés, trois spécimens de chacune (général)
181. — Pêches, 6 de toute variété (général).
182. — Brugnons, 5 variétés, 5 spécimens (général) .
185. — Brugnons, 6 de toute variété (général).
184. — Figues, 6 de toute variété (général). ;
185. — Fraises, Ü variétés, 25 fruits de chacune (général) .
186. — Fraises, 8 variétés, 25 de chacune (général)
187. — Fraises, de toute variété, 25 fruits (général) .
188. — 10 pots de Fraisiers, en fruits (général)
189. — Cerises, 50 de toute variété noire (général)
190. — Cerises, 30 de toute variété blanche (général) .
191. — Framboises, 50 de toute variété rouge (général)
192. — Framboises, 50 de toute variété blanche (général)
193. — Collection d’ Oranges, de Limons, Citrons, Pomellos.
Shaddocks, d’origine exotique (général)”
tepr'2epr|5epr
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51. 41.51.
31:12 LP
4 1.115 s.110 5
1111551105.
Af.) 551 098
21:41
4.1,4:3 119041:
2 tel
11.115 s.110 5.
D [5 NE
8 1:| PR
. 1105! 1 L|15s.
31.) 24/40
1 1.115 s.110s.
4 1.145 s.|10s.
11.15.1105.
11.55.1105.
5 1.4 514 21,
CAE AS
7 pr|2pr|3e pr
194. — 6 Orangers de Tanger, en fruits, dans des pots ou
CSSS (GENRE Al )N ER MMA ee 41. 2 TT A 1:
195 -— Collection de Fruits exotiques (générai) . . . … .| 51. 51. 2 1.
196. — Bananes, le régime le plus lourd (général). . . . .| 31! 21. 11.
|
197. — 6 arbres fruitiers, représentant les systèmes de taille |
|
|
|
pour les murailles ou espaliers (général) . . . .|[ 31. 21.) 11.
198. — G arbres fruitiers, représentant les none de la taille
pour plein- -vent (général) . PARU Heueuna lan.) 24) 1
199. — 12 arbres forcés, en fruits (non nécessairement mürs),
cultivés/entpots (général) 0/0 NE EN Bee) 2 1
200. — 6 arbres forcés, en fruils (non nécessairement mûrs),
cultivés en DORASENERANE TE DER Lou Ale 11.
SECTION VII. — LÉGUMES.
Les légumes doivent être exposés en élal de servir.
201. — Légumes forcés, 6 sortes — les salades exceptées (général).| 3 1.1 21.| 1 1.
202. — Légumes non forcés, 6 sortes — les salades exceptées
MERE) NU NN OR ARS NRA es RER
203. — Salades, 10 sortes (général) . . , . . . . . .|21]|11.
204. — Asperges, 50 jets (général) , . . . .°. . . .|1115s.10s.
205. — Asperges, 12 jets les plus forts (général) . . . . .| 11.115s.110s.
206. — Champignons, ! corbeille (général). . . . . . .|10s.| ÿs.
207. — Pommes de terre forcées, 24 d’une variété Rio
(Kidney-kind) (général) . . . . . UNS. rbrS:
208. — Pommes de terre forcées, 24 d’une variété ronde (gé-
ÉD ee 0 NE RR PER RS AMEN Er SP COS ESS"
209. — Haricots forcés, 50 gousses (général) . . . . . .| 11.115s.10s.
210. — Pois, une demi mesure (général). . . . . . . .| 11.115s.M10s.
211. — Carottes hâtives, 1 botte de 24 (général) . . . . .|15s.|10s.
212. — Navets hatifs, 1 botte de 24 (général). . . . . .[|15s.10s.
215. — Concombres, 1 couple (général) . . . . . . .|11.|15e.
214. — Concombre, le plus beau (général). . . . * . .|10s.| 5s.
215. — Concombre, le plus large (général). . . . . . .|10s.| bs.
216. — Rhubarbe, 12 têtes les plus lourdes . . . . . .|11.15s Os.
247: — Chou, 5 têtes (général) . .. :. , . . . . . .|15s.MO0s.
218. — Choufleur, 3 têles (général). . . . . . . . .|15s.M0s.
219. — Broccoli, 5 têtes (général) . . . . . . . . .|15s.|10s.
220. — Légume nouvellement introduit, distinct, susceptible
d’être cultivé à l’air libre à l'exclusion Le variétés
nouvelles (général). . : .® ! 2. Certificats.
None
SECTION VIIL — BOUQUETS ET OBJETS D’ORNEMENTS EN FLEURS
NATURELLES.
trpr|2pr|5epr
291. — Surtouts de table, 5 pièces ornées de fleurs (général). .| 71.) 51.| 51.
9229. — Plateau de table, orné de fleurs (général). . . . .| 51.) 31.| 21.
293. — Etagères garnies de fleurs, pour lable de salon (général).| 3 1.| 21.| 11.
224. — Serre de salon, garnie de plantes (général) . . . .|31./ 21.| 11.
295. — Jardinet de fenêtre, garnie de plantes (général). . .| 21.) 11.
226, — Caisse de fenêtre, pour décoration extérieure, garnie de
plantes appropriées, la caisse peut être de toute
espèce de matière, mais sans excéder 3 pieds 6 pouces
de long sur 10 pouces de large (général). . . . .| 21.) 11.
227. — 5 Suspensions, ornées de plantes (général), . . . .|21.| 11.
228. — 1 Bouquet de noce (général). . . . . . . . .|21.| 11.
229. -— 5 Bouquets de bal (général). . . . . . . . .| 21.11.
2350. — 5 Couronnes (général). +. 2: 2: . Mi + ONE
SECTION IX. —- MEUBLES, PLANS ETC.
Le Conseil de la Société des Arts a affecté 50 livres pour: les concours 231 et 232.
251. — Meubles de jardin (général). . . . . certificats
232. — Ornements de jardin (général) . . . . certificats
253. — Caisses pour orangers, etc. (général) . . . . . .| 51. 51.
254. — Plan d’un jardin public, sur une échelle de 40 pieds
par pouce ; l’étendue, la forme et la situation du jar-
din de la Société royale d’horticulture à South-
Kensington sera pris pour base (général) . . . MOI 51.51.
235. — Plan d’un jardin particulier ct des terrains, indiquant |. |
la situation de la maison et des dépendances, sur une
échelle de 40 pieds par pouce; l’étendue sera un
parallélogramme de 20 acres (général) . . . . . 101. 51] 51.
256. — Plan d'une villa et de ses dépendances, indiquant la
situation de la maison et des offices, sur une échelle
de 10 pieds par pouce; l'étendue sera un oblong de
dyacres (vénéral) 1 AU EN QE re) ETS SR
257. — Aquarelle de plantes anglaises ou exotiques, grandeur
naturelle, accompagnées des dissections ordinaires
amplifiées ; disposées sur un papier in-folio, de ma- |
nière à Joindre l’exactitude scientifique à l'exécution |
APLISÉIQUE es à Oh don vole dal ethle) AO DRE RES
SECTION X. — PRIX EXTRAORDINAIRES.
258. — Collection de plantes, fleurs ou fruits, non spécialement désignées (géné-
ral) 1 prix de 5 1. — 2 prix de 4 I. — 4 prix. de 5 1. — 6 prix de 21.
— Gprix def 1.
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Le BEGONIA COMTE ALFRED DE LIMMINGHE.
f Figuré. PI. HI-IV.
Ce Bégonia est un des plus recommandables du genre. Il a un port
pendant et garnit fort gracieusement les corbeilles suspendues. Ses fleurs
nombreuses sont d’une couleur orangée fort distinguée. Il prospère en
serre tempérée. On le dit introduit du Brésil par Libon et mis naguère
dans le commerce par de Jonghe de Bruxelles. Nous reviendrons sur cette
plante dont nous nous bornons à publier aujourd’hui le portrait.
LES MUGUETS, MANIÈRE DE LES FORCER 0).
Depuis Noël on voit dans les vitrines des horticulteurs de Berlin à
côté des Jacinthes et des Tulipes, des Lilas et des Azalées, les frais
Muguets avec leur riante verdure. A la vue des grandes quantités de ces
fleurs qui inondent journellement le marché, on cest forcé de convenir
que quelques-uns de nos jardiniers ont un fonds de Muguets au moins
aussi considérable que les plus riches collections d'oignons à fleurs.
Quiconque s’est occupé de forcer des Muguets, a dû reconnaitre que
c’est une chose bien plus difficile que la culture des Jacinthes et des
oignons à fleurs en général, c’est-à-dire qu’il faut y apporter beaucoup
plus d’attention. Une simple négligence dans le maintien de la tempé-
rature pendant une seule nuit peut faire périr toute la masse des pots
qu’on a mis à forcer, et il y a peu de jardiniers, qui, même dans les
établissements où cet article est cultivé depuis nombres d’années, n’ont
pas fait à ce sujet de tristes expériences. Une visite que nous avons faite
à Choné (porte de Francfort), nous met à même de faire une courte
notice sur les procédés de culture qui y sont suivis.
Disons d’abord que cet établissement doit en partie sa renommée à
la grande quantité de Muguets qu’il livre tous les ans, et qui ne s’élève
pas à moins d’une somme de 1000 thalers (2). On peut se faire une
idée de la quantité de plantes qui en proviennent, quand on voit trois
morgen (5) de terre uniquement couverts de Muguets. Il va sans dire
que cet établissement a un local spécial pour cela, mais on se trompe-
rait fort en se figurant une serre vitrée construite dans les plus belles
conditions ; c'est une construction basse, munie de vitraux plombés,
calfeutrée en dehors avec du fumier, bourrée de pots, et à peine assez
haute pour s’y tenir debout. L’élégance de la construction n’est que
(1) Traduit du Wochenschrifl fur Güärtnerei und Pflanzenkunde par MM. V. Noe-
tinger et V. Mohler dans le Journal de la Société d’horticulture du Bas-Rhin, 1865,
p. 106.
(2) 1000 thalers représentent 5750 francs.
(5) Le morgen prussien est de 22 ares environ.
ON U
l'accessoire pour l’horticulteur, surtout lorsqu'il réussit à avoir de.
belles plantes, et c’est ce qui a lieu ici.
Quand, en automne, on a transporté près de la serre à forcer les
rhizomes nécessaires, on commence par nettoyer ceux dont on a besoin
pour la première plantation. En même temps qu’on fait cette opération,
on met de côté ceux d’un an, et même ceux trop faibles de deux ans,
pour les replanter au printemps aussitôt la terre ouverte: si l’on a
encore le temps de le faire en automne, on fera bien.
Les rhizomes nettoyés, ceux qui sont prêts à fleurir, et qui sont faciles
à reconnaitre à leur grosseur, sont mis en pots par 10 ou 12, dans
une terre bien perméable. Le plus ou moins de richesse de la terre est
de peu d'importance, car la plante ne pousse pas de nouvelles racines,
et ne vit que d'elle-même. Mais il faut surtout que la terre soit bien
perméable, et pour cela on pourrait se servir de sable ou de mousse,
si ces matières n'avaient le défaut de se dessécher trop vite ; le point
important pour le forcement consiste, aussitôt les pots mis en serre, à
maintenir jour et nuit sans interruption une température de 25° à 50° R.
Ce serait une erreur de vouloir les soumettre à une chaleur progressive.
Ce procédé ne peut être utile que pour des plantes qui poussent de nou-
velles racines. Le plant doit fleurir au bout de trois semaines; toutes
les fleurs qui paraitront, passé cette époque, seront chétives et jaunâtres.
Il y a trois périodes, à distinguer dans ces vingt-trois jours de végé-
tation : la première, pendant laquelle la vie se réveille.
Pendant ce temps les pots seront mis serrés contre le canal du ther-
mosiphon, et entièrement plongés dans la mousse et le sable, et recou-
verts de mousse. Si pendant cette période la mousse vient une seule
fois à sécher, on peut déjà compter sur un mauvais résultat.
Aussitôt que les pousses surgissent et s’entr'ouvrent, on les rap-
prochera de la lumière, mais en leur conservant la même chaleur et la
même humidité d’atmosphère. Dans la troisième période on les appro-
chera de la lumière autant que possible, et on les y habituera peu à peu.
On se gardera bien d’une chalcur sèche, et on ne songera pas non plus
à ménager le feu. |
Mais plus on se rapprochera de l’époque normale de la floraison des
Muguets, moins il faudra de chaleur.
EXPOSITION ET CONGRÉES A GAND EN 1867.
1867 ramènera une nouvelle exposition quinquennale à Gand. Le
local du Casino sera pour cette époque tout-à-fait transformé et une
vaste construction vitrée y sera annexée. On a déjà mis la main à l’œuvre
sous l’énergique et intelligente impulsion de son président M. V. vanden
Hecke de Lembeke. La Fédération organise pour cette circonstance un
nouveau congrès de tous les adeptes de la science des végétaux.
DOM: AERE
CULTURE EN APPARTEMENT.
Notes et renseignements publiés par la Société d'horticulture du
Bas-Rhin à Strasbourg.
Nous trouvons dans un des derniers numéros du Deutsche Garten-
zeilung une instruction des plus intéressantes sur la culture des Dracæna
dans les appartements, due à M. Heinemann, lun des herticulteurs les
plus en renom d’Erfurt. Il fait remarquer d’abord que depuis quelques
années il s’est manifesté un goût particulier pour les plantes d'ornement
que l’on peut le plus facilement cultiver dans les appartements, et trouve
dans cette disposition un élément de progrès pour l’horticulture, en ce
qu’il en facilite la propagation et permet à bien des amateurs qui ne
disposent que d’un espace restreint, de se livrer à la passion des fleurs.
Parmi toutes les plantes propres à figurer et à vivre convenablement
dans un salon, il n’en est pas qui soient plus avantageuses que les Dra-
cœna, dont les longues feuilles se ploient si gracieusement autour d’une
tige élancée. La consistance de leur feuillage supporte facilement l'air
sec et chargé de poussière de nos appartements; ils ne craignent pas les
brusques passages du chaud au froid, et, malgré l'énorme différence de
température qui existe entre le maximum pendant le jour et le minimum
de la nuit, ils n’en continuent pas moins à développer sous nos yeux leur
vigoureuse végétation, il est hors de doute que dans l’atmosphère tiède .
d’une serre ils prennent des proportions bien plus magnifiques; mais
nous pouvons néanmoins nous contenter du développement qu'ils
prennent dans nos chambres.
Les Dracæna se contentent de quelques station qu’on veuille bien leur
donner dans un salon, mais cependant pas trop loin de la lumière, et le
plus possible près d’une fenêtre.-La température peut flotter entre 6 et
12 degrés; un froid trop au-dessous du minimum arrête la végétation,
tandis qu’une chaleur trop élevée la pousse trop rapidement et fait sécher
les feuilles inférieures. Comme toutes les plantes, ils ont un temps de
repos pendant lequel la croissance s’arrête. On reconnait cette période à
ce signe qu’il ne sort plus de nouvelles feuilles de l'extrémité de la tige.
On observera cette période soigneusement, et l'on se gardera d’arrose-
ments trop copieux. | |
Il ne faudra arroser que le strict nécessaire, de manière à ne pas laisser
dessécher les racines, et l’on ne recommencera à arroser abondamment
que lorsque la plante donnera le signal de son réveil par la formation de
nouvelles feuilles. Pendant la végétation on ne ménagera pas l’arrose-
ment, et une eau dans laquelle on aura fait tremper des râclures de
cornes sera un engrais des plus puissants. Le réveil de la végétation est
également le moment auquel il faut transplanter.
Les Dracæna demandent à être cultivés dans une terre poreuse mais
substantielle, composée d’un mélange de deux parties de terreau de
feuilles, et deux parties de terre de bruyère, et d’une partie d'argile et
de sable avec des raclures de corne; le fond du pot sera garni de tessons
pour ménager un bon drainage.
Au moment de transplanter, on démêle avec une pointe de bois la
croûte extérieure qui entoure la pelote des racines, et on rogne les plus
longues, qui se forment ordinairement à la base du rhizome. Ces racines
sont utilisées pour la multiplication. On les coupe en morceaux de la
longueur d’un pouce et les pose dans une terrine plate sur de la bruyére
ou de la sciure de bois. Il se montre bientôt de jeunes pousses que l’on
enlève aussitôt qu’elles ont pris racine.
Dans les appartements, on aura soin de nettoyer les feuilles avec une
éponge fine, pour lies débarrasser de la poussière. Les Dracæna qui se
prêtent le mieux à la culture dans les appartements sont :
Charleswodia congesta Sweet et PL. (synonyme : Dracæna congesta
Sweer. Cordyline congesta KNtH.).
Charleswodia rubra Pi. (synonyme: Cordyline rubra, Horr. berol.).
Charleswodia stricta Sweer. (synonyme: Dracæna stricia, Bot. mag. ;
Cordyline stricta KNru.).
Cordyline cannæfolia Pa. Br.
Dracænopsis australis PL. (synonyme: Dracæna australis Hook.,
Dracæna obtecta Grau., Cordyline australis Knru.).
Dracænopsis indivisa PL. (synonyme: Dracæna indivisa Hook.,
Cordyline indivisa Knru., Dianella Horr.).
Nous complèterons cette notice par la traduction d’un article également
intéressant sur les plantes d'ornement propres à la culture des apparte-
ments que nous trouvons dans le Journal des jardins et des fleurs de
Hambourg. Avant de donner la description des espèces les plus avanta-
geuses, dit M. Schrœler, l’auteur de cette note, il ne sera pas sans intérêt
de dire quelques mots de l’exposition qu’elles exigent et du traitement
qui leur convient le mieux. On entend souvent demander si telle plante
a besoin de beaucoup ou de peu de lumière ; s'il faut lui donner de l’om-
bre ou le grand soleil. On entend aussi proférer cette plainte que, mal-
gré tous les soins imaginables, on voit périr ses plantes, et qu’on perd
tout plaisir à en élever d’autres, attendu qu’il n’y a aucun moyen de les
arracher à la mort. Je prétends d’abord que cet inconvénient provient
bien plus de l’arrosage que de l’exposition, et que c’est surtout par des
arrosements intempestifs qu’on les fait périr.
Pour ce qui concerne l'exposition, il suffit de dire que les plantes
que nous allons citer prospèrent parfaitement dans un appartement dont
la température est environ celle qu’il faut à l’homme pendant l'hiver.
Si la température peut quelquefois s’abaisser la nuit, il faut du moins
veiller à ce qu’il ne gèle jamais. En été, on donnera le plus d’air possi-
FA. RER
ble, mais on garantira les plantes du soleil brülant de midi, qui jaunit
les feuilles et donne aux plantes un aspect maladif. Le soleil d’hiver est
moins dangereux, son influence plus douce est au contraire favorable.
Quant aux arrosements, on les diminuera en hiver et tiendra les
plantes plutôt sèches que trop mouillées, afin d'éviter une acidification
de la terre, qui pourrait faire pourrir les racines. Une attention constante
à épousseter et de temps à autre à laver le feuillage avec une éponge
fine est indispensable, si l’on veut obtenir une riche végétation.
Les plantes les plus avantageuses sont : Le Ficus elastica Roxs. (Uros-
tigma Mio.) plante déjà très-connue, qui supporte très bien en été le
grand air à un endroit ombragé.
Les différentes variétés de Dracæna, telles que :
Dracæna brasiliensis Hoox. (Cordyline Eschscholziana Marr., Calo-
dracon heliconiæfolia Planch);
Dracæna rubra Horr. (Charlwoodia rubra Piancu., Cordyline rubra
AUG.);
Dracæna congesta SWerr. (Charlwoodia corugesta SwerT, Cordyline
KN\ru. congesta.);
Dracæna fragrans Ker. (A letris fragrans PLancu., Aletris arborea L.);
Dracæna ferrea L.(Calodracon Jacquinii PLancu. var. atrosanguinaea
Goepp.), ct
Dracæna terminalis var. purpurea Horr. (Calodracon varvegata
Gopr.).
Le Livisiona chinensis Marrt. (Latania borbonica Lam., Sariobus
chinensis BL.);
Le magnifique Phænix dactylifera ;
Le Rhapis flubelliformis Air., et
Le Chamærops humilis.
Toutes ces espèces exigent une terre sablonneuse mêlée de détritus de
bois et de feuilles, avec addition de vieille terre glaise provenant de
démolition; la cause qui a jusqu'ici éloigné les Palmiers de la culture des
appartements, provient surtout de ce qu'on s’est imaginé qu'ils ne pou-
vaient être cultivés qu’en serre chaude, et qu’ils sont restés en outre
d’un prix fort élevé. Cette cause disparaîtra promptement lorsqu'on
verra les Palmiers employés pour l’ornement de nos salons, usage auquel
ils sont éminemment propres.
Le Phailodendron pinnatifidum Scnorr (Arum Jaco, Caladium W.) et
le Philodendron pertusum Knru. et Boucré. (Monstera deliciosa Lirex.,
Monsiera Lennea C. Kocn) se recommandent tous deux par la forme
gracieuse de leur feuillage, et particulièrement le dernier, dont les
feuilles découpées à jour font le plus singulier effet. Leurs racines aérien-
nes leur donnent en outre l’aspect le plus curieux au moment de les
transplanter, ce qui a lieu au printemps, on se servira d’une terre
sablonneuse mêlée de détritus de bois et de feuilles. On ménagera avec
LE SORT ES
grand soin leurs longues racines charnues, et les laissera retomber en
toute liberté. Pour obtenir du Philodendron une riche végétation, on
couvrira le fond du pot de tessons concassés pour ménager un prompt
écoulement de l’eau et éviter que la terre ne s’aigrisse.
Le Musa paradisiaca L., le Musa rosacea, Jaco., le Musa zebrina h. V .M
et le Musa cavendishii Hook, se recommandent par l’ampleur de leur
feuillage et sont réellement le type des plantes tropicales. Elles deman-
dent une terre grasse, et il est bon, quand on les transplante, de leur don-
ner un peu de sable mêlé de détritus de feuilles et de terreau de couche.
Le Maranta zebrina Sius. (Calathea Linpr.) se recommande par le
riche coloris de son feuillage, teinté d’un violet brillant sur les deux
faces de ses feuilles. Le seul désavantage de cette plante, c’est que les
feuilles les plus anciennes se tachent et se déchirent, ce qui nuit à sa
beauté. On peut néanmoins y remédier en les nettoyant soigneusement
et en coupant celles qui sont gâtées au moment où on les transplante
au printemps, opération pour laquelle on prendra une terre sablon-
neuse, mêlée de terre de bruyère et de détritus de feuilles. En hiver,
on n’arrosera qu'avec une grande prudence. |
Le Curculigo sumatrana Roxs. et le Curculigo recurvata Dryanp.
sont des plantes éminemment ornementales. Leurs grandes feuilles à
côtes se balancent gracieusement sur leur pédoneule au moindre soufle
du vent. On les plante au printemps dans une terre de bruyère sablon-
neuse mêlée de détritus de feuilles.
Restent les Bégonias, déjà connus de nos amateurs. On devra les
transplanter au printemps, les arroser copieusement en été, et leur
laisser passer leur temps de repos pendant l'hiver en diminuant l’arro-
sage. On peut sans danger enlever les feuilles gâtées en toute saison.
Les variétés les plus recommandables sont le Begonia Rex Linoz., le
Begonia Rex magnifica Sws. et le Begonia splendida K. Kocu.
On pourrait ajouter ici une liste nombreuse de plantes propres à la
culture dans les appartements, mais leur rareté et leur prix élevé ne
leur en permettent pas encore l'entrée ainsi qu’à celles que nous venons
de citer.
LES NOUVEAUX BOULEVARDS DE LA VILLE DE MONS.
La reconstruction des fortifications d'Anvers a eu pour effet la démo-
lition de toutes les places fortes érigées à si grands frais du côté
de nos frontières de France après la paix de 1815. Mons n’est pas restée
en arrière pour détruire à jamais toutes ces murailles, ces fortins et ces
bastions et combler ces larges fossés qui contribuaient pour beaucoup
dans l’insalubrité de certains quartiers de la ville.
De tous ces travaux érigés sous la direction du génie militaire il ne
restera plus d'ici à peu de temps que de vagues souvenirs; car là où l’on
était habitué à voir des masses imposantes de maçonnerie, à l'heure qu'il
HO ga
est de jeunes et belles plantations d’alignement viennent réjouir l’âme
et engager le montois à se promener au grand air, lui qui avait été habitué
à être renfermé par une ceinture de murailles et de fossés qui mettaient
obstacle aux excursions champêtres.
Chargé par l’administration communale de la plantation des nouveaux
boulevards, nous nous sommes mis à l’œuvre l’année dernière et cette
année les travaux seront continués autant que le nivellement des terrains
de la forteresse le permettra.
Chaque fois qu’il s’agit de plantations en avenue on est à se demander
quelle est lPespèce d’arbre la plus convenable. Si l’on regarde celles
faites par l’État, on constate que c’est l’orme qui est presque toujours
choisi. En agissant ainsi doit-on croire qu’il n’y ait que l’orme qui se
prête aux plantations en ligne? Evidemment non; mais si l’État plante
de l’orme c'est qu'il a en vue les bénéfices qu’il pourra retirer tôt ou
tard de ses plantations. Or ce même raisonnement ne peut pas être tenu
par une administration communale, alors qu'il s’agit de la plantation
de promenades publiques, qui ne sont pas créées dans un but de spécula-
tion, mais en vue de l’agrément et de la salubrité d’une ville. Il ne
passera jamais par la tête des conseillers communaux de faire argent
des plantations d’un pare ou de boulevards. Par conséquent c’est la
partie ornementale qu’il faut rechercher avant tout chaque fois que l’on
doit planter une promenade publique, mettant à l’écart la question de
rapport futur. Telle a été notre manière de voir dans le choix des
espèces que nous avons proposées à l'administration.
La largeur des boulevards est de quarante-deux mètres divisée en
cinq allées : une au centre réservée aux voitures, quatre latérales dont
les voisines de celle du centre sont destinées aux piétons, enfin deux
externes qui plus tard seront pavées et formeront rue. En attendant
que des constructions s'élèvent à front des boulevards et que la circula-
tion devienne importante, les deux allées réservées aux piétons ont été
converties en pelouses qui, au printemps prochain, seront émaillées de
corbeilles de fleurs.
Outre Ics boulevards, de nouvelles voies de communication ont été
établies dans le but de faciliter l’accès de la ville aux populations de la
banlieue ; toutes formeront plus tard de magnifiques avenues qui, espé-
rons-le, seront embellies par d’élégantes constructions champêtres.
Deux boulevards ont été plantés à l’arrière saison de 1864. Le premier
est garni de deux lignes de Platane occupant les accôtements de l'allée
centrale. Les deux allées latérales sont plantées en Marronnier d’Inde.
En attendant que ces deux espèces soient arrivées à un certain déve-
loppement, on a planté alternativement des Peupliers d'Italie qui seront
abattus aussitôt qu’ils gèneront le développement des sujets destinés à
rester à demeure. Deux lignes de peupliers d'Italie forment la démar-
cation extrême des boulevards et seront supprimées à mesure que des
constructions y seront érigées.
DIS AP
Le second boulevard planté en 1864, a été conçu sur le même plan
que le premier, à part que les Platanes ont été remplacés par des Ormes
formant les deux lisières de l’allée centrale. Des Marronniers d'Inde
forment les allées latérales, enfin des Peupliers d’Italie plantés provi-
soirement entre les Ormes, les Marronniers et sur l’extrême bord, seront
abattus alors que les besoins s’en feront sentir. |
Quelques rues latérales ont été garnies de Peupliers d'Italie destinés
à ne rester en place que pour autant que leur développement ne nuira
pas aux constructions qui seront érigées. |
Le Vernis du Japon a été employé pour la plantation d’une avenue
de cent-cinquante mètres environ. La reprise a été moins bonne que
pour toutes les autres essences. Deux larges et belles avenues, l’une
longeant la rivière la Touille a été plantée en Æ£rable sycomore et la
même cssence a été employée pour l’autre.
La nature du terrain que nous avions à planter était argilo-sablonneuse
et vu les nombreux bouleversements résultant de la démolition de la
forteresse, nous devions croire que toutes les espèces choisies croitraient
avee vigueur. Aussi n’avons-nous pas été trompé dans notre attente,
car la végétation de la première année a été magnifique.
Les plantations de cette année se résument à un boulevard et trois
avenues. Ce premier est planté de quatre lignes de Chêne rouge d’Amé-
rique, (Quercus rubra L), alternés de Peugliers d'Italie qui seront sup-
primés lorsque le développement des chênes le commandera. Les
extrêmes limites ont recu des Peupliers d’Jtalie.
Une avenue a été plantée en Tilleul à petites feuilles (Tilia microphylla
VENT., T. parvifolia Sweer.). Cette espèce est de beaucoup préférable à
toutes les autres, elle conserve son feuillage d’un beau vert pendant
plusieurs semaines, alors que les autres espèces en sont dépouvues.
Si nous avions pu trouver en pépinière un nombre assez considérable
de Tilleul à feuilles argentées, (T. argentea DC), nous n’eussions pas
hésité un moment pour planter cette espèce plutôt que l’autre; mais
comme on ne rencontre que des sujets de greffe, nous avons renoncé
à en faire usage.
Une autre avenue dont le terrain est sablonneux a été plantée en
hêtre ordinaire (Fagus sylvatica, L.). Enfin des Platanes ont été utilisés
pour la plantation d’une avenue reliant un boulevard à une route pro-
vinciale.
Tel est l’état des plantations entreprises par la ville de Mons sur
l'emplacement d’une partie de la forteresse. L’année prochaine les tra-
vaux de la nouvelle station du chemin de fer et de la prison cellulaire
permettront de continuer la plantation de la partie restante des boule-
vards et vraisemblablement en 1867, Mons sera entourée de charmantes
promenades publiques qui seront enviées par des villes d’une plus
grande importance. A. W.
Date MERE)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Be l'existence limitée et de l'extinction des végétaux
propagés par division, par M. le D' L. De Boutteville (1). -—
Le temps et la place nous manquent pour apprécier comme il le mérite
ce savant mémoire de M. le Docteur de Boutteville. L’érudition et la
rigueur du jugement en sont les traits les plus caractéristiques. Nous le
signalons d’une part à tous ceux qui s'intéressent à la théorie de la Pomo-
logie et d’autre part aux physiologistes et aux savants. L'opinion soute-
nue par le savant vice-président de la Société d’horticulture de Rouen
est en tous points la nôtre. Il soutient, et il prouve surabondamment
suivant nous, que toute variété issue de semis accomplit une évolution
qui en amène la décrépitude et finalement l'extinction. Nous ne com-
prendrions pas qu'il en fut autrement. Alors que tout est évolution et
mouvement dans la nature, il y aurait pour certains esprits quelque
chose d’immobile et d’immuable, ce serait la forme spécifique et même
les formes accidentelles. La nature a horreur, au contraire, de l’immobi-
lité, les variétés sont comme Îles branches et les rameaux que l’espèce
émet latéralement, et comme les branches des arbres, elles se font vieilles
avec le temps et périssent plus ou moins vite.
Le mémoire de M. De Boutteville a servi de base à M. Pynaert,
pour présenter au cercle professoral de Gand, une remarquable étude sous
ce titre: Les arbres fruitiers dégénèrent-ils ? Oui, est la conclusion in-
contestable de cet écrit. Mais hâtons-nous d’ajouter que cette décrépitude
ne peut être attribuée ni au sol, ni à la greffe, ni au temps qu’il fait.
Elle est inhérente à la variété même qui, tout comme nous, apporte en
naissant le germe de sa mort.
Un petit fait nous revient en mémoire. Il n’ajoute rien aux nombreu-
ses preuves accumulées par MM. de Bouteville et Pynaert. Il mérite
cependant d’être cité. Les gourmets de notre bonne ville de Liége van-
taient beaucoup, dans le bon vieux temps, une pomme de terre toute
particulière à notre terrain : la Corne de Chèvres, comme on la nommait
ou plutôt Coene di Gat, comme on disait en bon wallon. C'était la
variété la plus ancienne de nos cotillages.
Elle était excellente surtout dans le quartier d’Avroy, du Jonkeu et
du Val-Benoït, c’est-à-dire dans les terrains mêmes où Foidart cultiva, à
la fin du siècle dernier, les premières pommes de terre à Liége. Et bien,
(1) Broch, in-8, Rouen 1865. Extrait des Bullet. de la Soc. imp. d'hor. de la Seine-
Inférieure.
Mn) du
de la corne de Chèvres il ne reste plus que le souvenir. Elle a dégénéré :
elle s’est affaiblie. Elle a été décimée lors de l'invasion du Botrytis en
1846 et depuis elle a été peu à peu anéantie malgré tous les efforts de
maints et maints cultivateurs. On pourra retrouver mieux r, peut-éte
mais on ne retrouvera plus jamais li Coene di Gat.
Album Vilmorin. — Cette splendide publication s’est enrichie, en
1865, de trois superbes planches. Ce sont comme des tableaux de fleurs
à l’aquarelle. Les modèles sont peints par madame Elisa Champin. Les
fleurs sont disposées en bouquet, d’une rare élégance. La planche de
floriculture (la 15° de cette série) représente les plus jolies nouveautés de
Phlox de Drummond, de Campanule, de Mimulus cupreus et de Dianthus.
Celle des plantes bulbeuses est occupée par des Iris, des Lis et des Tubé-
reuses. La troisième représente les améliorations les plus récentes de la
culture maraichère. L'Album Vilmorin est une publication utile qui for-
mera un jour un ouvrage de luxe et de science.
Les plantes à feuillage ornemental (l), par M. L. Anpré.
M. André se trouve dans la position la plus autorisée pour écrire un
manuel sur les plantes à feuillage ornemental. Jardinier principal de la
ville de Paris, attaché au grand établissement de la Muette à Passy et
directeur d’une partie des squares, il a vu, étudié, manié toutes ces
plantes qui ont aujourd’hui la vogue et qui la méritent à bien des titres.
Son petit livre est écrit ex professo : il sera à chaque instant utile au
praticien et le savant même le consultera souvent avec avantage, ne fût-
ce que pour s’épargner le long travail de nomenclature et de déter-
mination que M. André s’est imposé. L'ouvrage est écrit avec verve,
dans un style simple et nerveux. Ceux qui le liront à notre recom-
mandation ne nous reprocheront certainement pas le temps qu'ils
auront passé à cette lecture.
L'Horticulteur moderne, journal mensuel illustré des
végétaux les plus estimés, par M. J. Uiricu, à Paris (1). Sous ce
titre, M. J. Uiricx et C°, horticulteurs, marchands-grainiers à Paris,
viennent de fonder une nouvelle publication d’horticulture. Les deux
premières planches, que nous avons sous les yeux sont d’une grande
(1) Un élégant volume in-18, de 250 pages ; prix 1-50.
(1) A Paris, Boulevard de Strasbourg, 77. L’Horticulteur est divisé en trois parties
bien distinctes : 1e les planches; 2 le texte explicatif de même format que les
planches; % enfin une feuille ou deux consacrées aux travaux pratiques et pouvant
se plier de façon à former un volume in-8. Conditions d'abonnement : Paris, 40 francs .
par an; pour l'étranger le port en sus; il paraîtra 24 planches par an.
CAP + EN
richesse de composition et de coloris. L’une cst consacrée aux roses
nouvelles, l’autre à des fruits. Cet ouvrage sera sans doute spécialement
destiné à faire connaître les nouveautés offertes aux amateurs par la
maison Ulrich. Nous souhaitons la bienvenue à ce nouveau confrère
dans la presse horticole.
Nous signalerons encore l'apparition du premier Bulletin du Cercle
professoral d’arboriculture ; le Tijdschrift door het Antwerpsch Kruid-
kundig Genootschap ; un manuel flamand d’arboriculture fruitière,
de Fruitboomkweekerijen, par M. Pynaert; et l’annonce d'une Flore
du centre de la Belgique, par MM. Piré et Muller.
UNE EXCURSION BOTANIQUE DANS LA CAMPINE
LIMBOURGEOISE.
\
D’aucuns diront en lisant ce titre : Encore une herborisation ! Mais
en quoi cela avance-t-il la science, ces longs et diffus verbiages sur les
allées et venues d’un chercheur de plantes? Importe-t-il que le monde
sache que vous ayez logé dans un tel lieu, que vous en soyez parti le
lendemain pour aller prendre gite ailleurs, que chemin faisant il se soit
présenté l’un ou l’autre prosaïque incident, qu'ici vous ayez admiré un
ravissant paysage, un site enchanteur, que là vous ayez longé un frais
ruisseau aux méandres capricieux, aux rives ourlées de délicieuses fleuret-
tes, et patati patata? Pour Dieu, faites donc abstraction de votre per-
sonne, laissez de côté les tableaux, taisez vos impressions; nous sommes
rassasiés, dégoûtés de ces charmants récits dont les phrases stéréoty-
pées sont aujourd'hui dans l’écritoire de l’écolier comme dans celle des
grands maitres en beau parler. Donnez-nous du substantiel; eitez-nous
des noms de plantes ; composez-nous des listes sèches qui en disent bien
plus que ces longs caquets.
En vérité, je reconnais la justesse de ces réflexions. Avec de simples
listes accompagnées de brefs renseignements sur la rareté ou l’abondance
des espèces, on profite infiniment plus qu'avec ces narrations filan-
dreuses au milieu desquelles sont comme noyées les indications utiles,
on saisit mieux l’aspect et la composition du tapis végétal. Mais comme je
n’écris point ici pour des botanistes uniquement amateurs du sec et du
solide et qu’un squelette pourrait plaire fort peu aux lecteurs de cette
revue, je vais encore procéder à l’ancienne mode au risque d’encourir
anathème. Je ferai cependant en sorte d’être le moins nuageux possible,
de dire beaucoup en peu de mots, et, à propos de chaque plante, j’éviterai
comme une peste ces kyrielles d’interminables qualificatifs tellement
SN IE QE
usés par les écrivailleurs et rimailleurs qu’ils soulèvent le cœur de
dégoût. Peut-être trouvera-t-on à fin de compte que je n’aurai pas été
un bien grand coupable en suivant le caprice plutôt que la raison.
Après ce préambule, dont on se serait certes bien passé, je dirai tout
d’abord que j'ai en vue de jaser un peu à mon aise sur ce que j'ai observé
pendant l’herborisation que la Société royale de Botanique a faite cette
année dans la Campine. Un rapport officiel de cette excursion doit être
publié, mais comme un rapporteur ne peut pas voir tout et que d’ailleurs
nous ne portons pas tous les mêmes lunettes pour observer, j'ose espérer
que mon récit ne fera pas double emploi et ne sera pas tout à fait dépourvu
d'intérêt.
Le 29 juillet dernier était la date fixée pour la réunion de la Société
botanique à Hasselt, d’où celle-ci devait en quelque sorte rayonner
pour explorer la Campine. Les confrères arrivés les premiers visitè-
rent déjà ce jour-là les alentours si éminemment riches de Diepen-
beek; mais n'étant arrivé que le lendemain pour assister à la séance
publique, je ne puis rien rapporter des découvertes et des remarques
faites pendant cette première herborisation. Comme les journaux de la
localité avaient annoncé l’arrivée de la Société botanique et que d'autre
part le chef-lieu de la province ne compte pas ses habitants par dixaines
de mille, il va sans dire que notre bande aux allures un peu hétéroclites
excitait une certaine curiosité,curiosité cependant discrète et même bien-
veillante. Il était facile de voir que nous étions les bienvenus et que
l’objet de nos recherches et de nos études était apprécié. Ce qui du reste
le prouve, c’est le public choisi et nombreux qui s'était rendu au local
de notre séance. Ce local, siége d’un cercle artistique, avait été admirable-
ment disposé et on s’apercevait immédiatement que la main d’un archi-
tecte avait passé par là. Au fond de la salle, se dressait une longue estrade
adossée à un hémicycle d’arbustes en fleurs qui était dominé par le buste
du Roi entouré de banderoles aux couleurs nationales. Cela était symbo-
lique et disait beaucoup à l'esprit de ceux qui aiment le pays dans son
gouvernement et ses productions naturelles. Pas n’est besoin, je pense,
de dire avec détail ce qui fut fait à cette séance. C’est toujours la même
ritournelle : petit discours d’ouverture suivi de chaleureux applaudisse-
ments, lecture et dépôt de graves et profonds mémoires, petit discours de
clôture, réponse à ce discours, applaudissements finals et . . . . et
puis c’est tout, au grand contentement des acteurs et spectateurs. En
m'exprimant de la sorte, j'en dis peut-être trop, car on pourrait s’imaginer
que notre auditoire s'était fatigué à entendre discourir science et
qu'il s’était impatienté après les mots sacramentels qui terminent toute
assemblée. Loin de là : toutes les personnes qui assistaient à la séance
ont écouté ce qui s’est dit avec une grande attention et dans le plus pro-
fond silence et rien ne témoignait d’ennui ou d’indifférence. Il est bien
possible qu’au fond ce n'était pas très-amusant, mais rien n’y paraissait;
Sage
J'aime d'appuyer sur cela, parce qu’à certaines de nos séances antérieures
nous n’avons pas eu à nous louer autant du public sous ce rapport. Au
surplus, il faut bien confesser qu’une séance scientifique est un véritable
traquenard, un piége où le pauvre monde se laisse prendre trop faci-
lement de nos jours et cela à cause de la mode. Si parfois il grimace, ne
lui en voulons pas, car beaucoup de gens de science, s’ils osaient être
francs, avoueraient qu’aller voir arlequin jouant de la batte et de la
langue sur ses tréteaux est infiniment plus récréatif que d'assister pen-
dant de longues heures à des lectures ou des discussions savantes. La
science se lit et se médite dans le cabinet, mais rarement elle réussit
à amuser par des parades. Mais, puisque c’est le goût du jour, supportons
done sans trop nous plaindre ces séances, ces conférences et ces congrès
scientifiques qui, après tout, ont leur bon côté. Si la foule n’y trouve pas
son compte, il est quelques hommes qui à cette occasion sentent se ral-
lumer le feu sacré, il en est d’autres qui n’attendaient que ce moment
pour se choisir un objet d'étude et d’activité. Ne l’avons-nous pas vu à
Hasselt, où nous comptons maintenant plusieurs nouveaux confrères qui,
sans notre séance, auraient peu à peu abandonné la science où ne l’au-
raient peut-être jamais embrassée ? Mais venons-en au sujet que j'ai
promis de traiter et auquel je n’arrive qu'après bien des détours sans
doute fort ennuyeux pour ceux qui auront le courage de me suivre dans
ces contes futiles.
Un léger repas fait après la séance publique et nous partions pour
Stockroye. Le ciel était couvert et peu sûr, aussi l’un de nous, homme
habitué aux longs voyages et prudent comme un touriste anglais, s'était
muni d’un riflard capable d’abriter un berger et son troupeau. Ce para-
pluie, devenu sur le champ un objet de bruyante hilarité, était accom-
pagné d’une boïte d’herborisation qui exeita beaucoup notre attention
à cause du curieux aménagement de l’intérieur et de l'originalité de la
forme. Une pluie fine ne tarda pas à tomber, mais elle fut heureuse-
ment de courte durée. Au sortir de la ville, quelques-uns d’entre nous
poursuivaient en droite ligne en suivant la grande route pour passer à
Curange et à Kermpt; les autres, et j'étais du nombre, gagnaient à
travers champs les bords du canal, afin de longer celui-ci à gauche.
Avant de l’atteindre, nous trouvions :
Melandryum album. Bryonia dioeca.
— diurnum. Aristolochia Clematitis (un pied
Nasturtium palustre. dans une haie).
Contournant la tête du canal, nous prenons la rive gauche que nous
suivons pendant quelques centaines de mètres en nous arrétant de temps
en temps pour récolter dans les eaux, à notre gauche, les espèces suivantes :
Potamogeton gramineus. C. Potamogeton pectinatus var. scopa-
— obtusifolius. AC. rius. C. |
— acutifolius. C. Caulinia minor. C. 2
Ds rlar 1 aus
Dans les prairies marécageuses et les fossés à droite, nous constatons
la présence de :
Cerastium aquaticum. AC. Juncus sylvaticus. C.
Carex panicea. C. Hottonia palustris. C.
Mentha sativa. R. Utricularia vulgaris. C.
Comarum palustre. AC. Alisma natans. C.
Galium uliginosum. AC. Scirpus fluitans. C.
Au bord d’un champ au delà de ces prairies, nous observons quelques
pieds d’Aeracleum Sphondylium, espèce devenant généralement rare
dans les sables purs de la Campine.
Revenus sur le chemin de halage, nous y trouvons, en poursuivant
notre route, toutes ces espèces silicicoles qui abondent partout dans cette
zone et qui seront maintes fois citées ci-après. De nombreuses variétés
d’Aieracium umbellatum attirèrent notre attention. C’est en vérité un
type bien multiforme, mais, quoique variable à l’excès,on ne peut jamais
le confondre avec ses congénères. Le Jasione montana nous offrait une
monstruosité fort curieuse. Arrivés vis-à-vis d’un bas-fond en face de
Curange, nous quittons les berges du canal pour nous jeter à droite où se
rencontrent ces associations d’espèces qu'on retrouve en Campine partout
où il y a un peu d'humidité et une légère couche de tourbe.
Drosera rotundifolia. Salix repens.
— intermedia. Hydrocotyle vulgaris.
Rhynchospora alba. Juneus squarrosus.
— fusca. Seirpus caespitosus.
Myrica Gale. Viola palustris.
De nouveau, nous regagnons le chemin sur lequel nous précédaient
deux jeunes gens qu’à leur démarche nous reconnümes immédiatement
pour des amateurs de botanique. C’étaient deux étudiants de l’Athénée
de Hasselt qui, ayant assisté à notre séance et sachant quelle route
nous devions suivre, s'étaient donné le mot pour se trouver sur notre
passage afin de pouvoir nous accompagner. Nous comprimes la chose
et nous les engageâmes à se joindre à nous. Cette herborisation comptera
dans leurs souvenirs, et longtemps, j’en suis sûr, ils se rappelleront tout
ces jalons que nous leur avons plantés dans cette route si tortueuse qui
conduit aux déterminations. Plusieurs d’entre nous, quand ils débu-
taient dans l’étude de la botanique sans maître, auraient été enchantés
d’une aubaine telle que celle arrivée à ces jéunes gens que, tôt ou tard,
nous complerons parmi les membres de notre compagnie. Tout en nom-
mant foule d'espèces à nos futurs confrères, nous parvenions aux mares
situées en avant de Stockroye, c’est-à-dire au but de notre petite course.
Une des premières bonnes choses qui nous frappaient en sondant de
l'œil les bords herbeux d’un des étangs était le rare Juncus filiformis
ANATE PEER
(quelques touffes), espèce tout à fait nouvelle pour la plupart de nous.
Après cela, se rencontrèrent successivement :
Alisma ranuneuloides AC. Litorella lacustris. C.
Ranunculus hololeucos. AC. | Sium inundatum. AC.
Narthecium ossifragum. C. Myriophyllum alterniflorum. AC.
Scirpus caespitosus. C. | Pilularia globulifera. C.
Aera discolor. C. Myrica Gale. C.
Lycopodium inundatum. C. | Gentiana Pneumonanthe. C.
Drosera rotundifolia. C. | Peucedanum palustre. AR.
— intermedia. C. Salix repens. C.
Ces lieux explorés, nous poursuivons au Nord-Est dans les champs
sablonneux.
En traversant un de ceux-ci qui autrefois avait été cultivé, l’un de
nous, M. Gilbert, découvre un brin de plante presque microscopique
qui fut aussitôt reconnu pour une précieuse nouveauté non-seulement
pour la florule de la zone campinienne, mais pour la flore du pays.
C'était le Potentilla supina L., espèce que nous n’espérions même pas
devoir rencontrer en Belgique. Il eut fallu nous voir accabler l’heureux
inventeur de félicitations sur sa chance heureuse et sur son bon coup-
d'œil; mais, ne perdant pas de temps, nous nous mettons à chercher
la rare Potentille. Après avoir, pendant quelque temps littéralement
rampé sur le sol, nez contre terre, on finit par saisir quelques
spécimens toujours très-petits et dont la douzaine se cachait dans le
creux de la main. Nous continuons notre chasse qui devient plus abon-
dante et après une heure et demie de persévérante recherche nous
étions parvenus à colliger chacun au moins une 50° de spécimens, parmi
lesquels ils s'en trouvaient de vigoureux et de bien fournis. Étions-nous
fiers de notre prise et comme nous hélâmes à nous égosiller les amis
qui nous avaient quittés et qui commencaient à se montrer au loin.
On ne trouvera pas mauvais que je me sois appesanti sur cette
trouvaille. La découverte d’une espèce nouvelle pour notre flore est chose
si rare, elle cause un tel plaisir qu’il n’est pas hors de propos d’en
fixer le souvenir par quelques circonstances. Par celle-ci, le succès de
notre herborisation générale était assuré et elle seule pouvait satisfaire
les plus difficiles. Dans le même champ, on trouvait :
Lolium temulentum (3 pieds). | Gnaphalium luteo-album. AC.
Corrigiola litoralis. AC. | Galium saxatile. C.
Il devenait temps de penser au retour. Tous rassemblés, nous nous
mettons en marche pour Hasselt. Comme il avait fait chaud et qu’on
s’était en outre passablement fatigué, tout le monde sentait le besoin
de se désaltérer. Par bonheur, le pignon d’un cabaret était en vue sur
le bord du canal. Bientôt on s’installait avec plaisir, qui pour prendre
Le EE ro
une chopine de bière, qui pour préparer une fraiche limonade. Parmi
les amateurs de limonade, il en fut un bien intrigué par la nature
de l’eau des sources du pays. Croyant affaiblir un mélange dans lequel
entrait de l’eau et du genièvre, il verse à plusieurs reprises d’un flacon
rempli d’un liquide d’une admirable limpidité, mais à chaque addition
il se trouve que le breuvage devient de plus en plus fort, de plus en
plus capiteux! Cela se conçoit : il prenait pour eau l’alcool le plus pur!
N'ayant plus rien de neuf à observer, on se forma en petits groupes et
l’on revint au logis en s'entretenant de mille et une choses botaniques.
Pour suivre l'itinéraire tracé par le programme, le lundi nous devions
partir pour Genck et de là nous diriger sur Maestricht. Afin de ne pas
perdre un temps précieux en faisant une longue course sur la grande
route, une voiture,était prête dés sept heures du matin pour nous trans-
porter à Genck et au besoin jusque Munster-Bilsen.
Les deux jours précédents, on n'avait fait qu’entamer la lisière
méridionale de la zone campinienne, mais ce jour-là nous pénétrions
au cœur de cette étrange contrée. Rien n’y rappelle les beautés
variées de l’Entre-Sambre-et-Meuse et du Bas-Luxembourg que nous
avions parcourus les années précédentes ; nous n’avions pas à y admirer
les lignes heurtées des masses rocheuses inelinées sous tous les angles
de la vallée de la Sambre, rochers tantôt nus et blanchis comme des
carcasses rongées par le soleil, tantôt recouverts de boisements aux
profils si accidentés et si pittoresques; on n’y est pas témoin de cette
vie, de cette activité qui règne partout dans les zones méridionales
du pays. Toutefois, si ces choses manquent à la Campine, celle-ei
offre d’autres scènes auxquelles l’œil du vrai naturaliste ne peut de-
meurer indifférent. En abordant cette vaste plaine aux horizons bas
et fuyants, on se croit en face d’une sorte de Sahara. Sur des espaces
à perte de vue, on n’apercoit que la bruyère à la teinte uniforme
et fatigante, ou bien de maigres pâturages souvent inondés et humides
où croit un herbage court et pauvre. Parfois encore ce sont de vastes
aires sablonneuses, où le sable complétement à nu et sans cesse balayé
comme une poussière par le vent persistant d'Ouest permet à peine
à quelques tenaces Saules rampants d'y maintenir leur forte racine.
Le botaniste n’a que faire dans ce sol mobile où ses pas s’effacent à
mesure qu’il avance; nulle part la moindre apparence de culture et
n’était quelques rares oiseaux de proie péchant dans des mares
à moitié comblées par les sables, on pourrait croire ces tristes soli-
tudes frappées d’une mort complète. Ce qui surprend aussi dans la
Campine, ce sont ces crêtes de dunes mouvantes qui couronnent son
relèvement central. Lorsqu'on approche de ces collines aux flancs
AO. TO
creusés et remaniés chaque jour, on s’imagine aisément que l’on touche
à une côte maritime et l'illusion est augmentée par la présence d’une
grande Graminée halophile (Ammophila) propre aux bords de la mer.
La contrée ne présente cependant pas toujours ce caractère dénudé et
désertique, cette pauvreté désespérante pour le botaniste. Çà et là
se rencontrent des bas-fonds marécageux, de magnifiques suites d’étangs
où se presse une plantureuse végétation. L’amateur peut négliger la
lande sèche et aride, mais qu’il soit tout yeux pour les eaux et les
tourbières. C’est par les eaux que la Campine se distingue sous le
rapport floral. Les espèces aquatiques les plus rares de notre flore s’y
rencontrent un peu partout et tous les ans d’habiles chercheurs y dé-
couvrent des nouveautés.
Serions-nous cette fois assez heureux pour ajouter quelques plantes
rares à la florule lacusitre de cette zone? On verra ci-après que nous
n’eûmes point cette chance et que nous n'avons rien pu glaner de
neuf après notre heureux confrère l’abbé Vandenborn pour qui les
environs de Genck sont connus à fond. Mais si nous ne constations rien
d’inédit, du moins relrouvions-nous toutes les bonnes espèces qui y
sont indiquées (1). :
Dans la bruyère humide, les prés, les champs, les petits boisements
et les mares qui se trouvent à une demi-lieue en decà de Genck vers la
grande route, nous notions les espèces suivantes :
Triglochin palustre. AC. | Andromeda polifolia. R.
Angelica sylvestris. AC. | Hydrocotyle vulgaris. C.
Achillea Ptarmica. C. Rhynchospora fusca. C.
Peucedanum palustre. AC. — alba. C. |
Epilobium palustre. AR. Scirpus caespilosus. C.
Leersia oryzoides. AC. Narthecium ossifragum. C.
Ilex aquifolium. C. Osmunda regalis. R.
Cicuta virosa. AR. Potentilla procumbens. C.
Montia minor. AR. Drosera intermedia. C.
Hypericum tetrapterum. AR. | — rotundifolia. C.
Helodes palustris. C. | Oplismenus Crus-galli. AC.
Lobelia Dortmanna. C. | Litorella lacustris. C.
Ranunculus hololeucos. AR. Cicendia filiformis. AR.
Verbaseum nigrum. R. | Aera discolor. C.
Gentiana Pneumonanthe. C.
La plante qui nous intéressait au plus haut point était /soetes echino-
(1) Qu'il me soit permis, en passant, d'adresser quelques mots d’éloge au confrère
que Je viens de citer et qui est le vrai Christophe Colomb de la Campine limbourgeoise,
contrée qu’il explore depuis plusieurs années avec un si rare bonheur C’est grâce
à ses nombreuses recherches que sa flore, à peu près inconnue auparavant, se trouve
aujourd'hui dignement représentée dans nos ouvrages généraux. Du reste, on peut
juger du brillant résultat de ses investigations en parcourant un récent travail qu’il
a publié dans les Bulletins de la Société royale de Botanique de Belgique.
— 98 —
spora DR. dont la station nous avait été exactement indiquée. Mais, parmi
cette multitude d’étangs, il n’est pas facile de se diriger. Après avoir
sondé à fond plusieurs mares inutilement, on finissait cependant par
découvrir celle qui nourrissait cette patricienne de notre flore. Elle était
tellement abondante que chacun püût s’en approvisionner largement
sans dévaster la station. Cette espèce végète aussi dans un étang voisin,
en sorte qu’elle est aujourd’hui connue dans trois étangs différents. Tout
en herborisant, nous étions, sans nous en apercevoir, ramenés vers la
route où notre voiture stationnait. Vers midi, on était à Genck où un
excellent déjeuner nous fut bientôt préparé.
Afin de ne pas manquer le train du soir que nous devons prendre à
Munster-Bilsen pour nous rendre à Maestricht, la voiture dut nous char-
rier jusqu’à cette station. En sortant de Genck, nous observons en abon-
dance dans un terrain caillouteux le long du chemin et en assez grande
abondance le Sedum album, espèce qu’on est très-surpris de rencontrer
au cœur de la Campine. S’est-elle échappée d’un jardin? C’est ce qu'il
est difficile de dire. Parvenus dans une grande plaine dénudée où sont
éparpillés quelques grands étangs, nous quittons un instant notre véhi-
cule pour parcourir en hâte ces lieux qui nous offrent toujours la même
florule.
Subularia aquatica. AR. Sparganium simplex. AR.
Scutellaria minor. AR. Helodes palustris. C.
Triglochin palustre AC. Pedicularis palustris. AC.
Juncus Tenageia. AC. Cicendia filiformis. AR.
— supinus. C. Aera discolor. C.
Enfin, nous descendons du plateau vers Munster-Bilsen et de la voiture
nous nous apercevons peu à peu, par l’apparition de quelques espèces
nouvelles le long du chemin, que nous abandonnons les sables purs de la
zone campinienne pour entrer dans le terrain argileux de la zone argilo-
sablonneuse. Ces espèces, plus ou moins caractéristiques, sont les sui-
vantes :
Pulicaria dysenterica. Campanula Rapunculus.
Pimpinella magna. Melilotus macrorrhizus.
Comme nous avons encore une demi-heure avant le passage du train,
trois d’entre nous veulent profiter de ce temps pour jeter un coup d’æil
aux alentours. Nous nous dirigeons vers Bilsen. Là, on se trouve complé-
tement dans la zone argilo-sablonneuse, ce qu’on reconnaît non-seule-
ment aux cultures, à l’apparence des terres, aux accidents du sol, mais
aussi au changement notable qu’on observe dans le fond de la végétation
indigène. Entre Munster-Bilsen et Bilsen ainsi qu'aux alentours de ce
dernier village, nous rencontrons :
Gnaphalium luteo-album, Angelica sylvestris.
Stachys sylvatica. *Cirsium oleraceuin.
Ononis spinosa. Lolium italicum.
Verbascum Thapsus. | Trifolium fragiferum.
Erythraea Centaurium. *Galium Cruciatum.
*Asplenium Trichomanes, Cerastium aquaticum.
*Cystopteris fragilis. Antirrhinum Orontium.
*Viola odorata. Avena strigosa.
*Origanum vulgare. Malva sylvestris.
Marrubium vulgare. *Sedum album.
“Agrimonia Eupatoria. Nosturtium palustre.
* Verbena officinalis. *Poa compressa.
Serophularia aquatica.
Absorbés dans nos recherches et désireux de faire quelques trouvailles
importantes aux environs de Bilsen, nous perdons de vue l’heure du
départ et en remontant vers Munster-Bilsen nous voyons le train partir
pour Maestricht. Ce n’était pas grand malheur ; nous risquions de diner
de réchauffé, mais par contre nous avions devant nous deux heures avant
le passage d’un autre train, deux heures que nous pouvions employer à
explorer les environs. Nous remontons au Nord et après avoir tra-
versé la voie ferrée nous arrivons à de grandes prairies, encore
assises sur le limon hesbayen, où nous constatons les espèces suivantes,
qui y sont assez communes :
*Epilobium hirsutum. | Sedum purpurascens.
Heracleum Sphondylium. *Plantago media.
Helosciadium nodiflorum. *Linum catharticum.
Epilobium roseum. Sparganium ramosum.
Glyceria plicata. Parnassia palustris.
*Melilotus macrorrhizus. Sagina nodosa.
Sium angustifolium.
En continuant dans la même direction, nous retombons dans la zone
campinienne, où de nouveau, nous remarquons le brusque changement
qui s'opère entre ces deux zones. Aux bords des étangs, dans les bruyères
humides et dans les bois, nous observons les espèces communes de la
zone campinienne, plus les types suivants :
Polygonum minus. Plantago Coronopus.
Mayanthemum bifolium.
Calamagrostis Epigeios. | lex aquifolium.
|
Dans la haie du jardinet d’une maison isolée à la lisière d’un bois,
nous remarquons un pied de Rosa pomifera.
Ce que nous avons constaté aux alentours de ces deux villages ne
consiste, à la vérité, qu’en espèces communes ou assez communes dans
la zone argilo-sablonneuse et n’ajoute rien ou presque rien à sa florule,
mais il permet d'appuyer sur la différence sensible qui existe entre
M | en
la végétation de cette zone et celle de la zone campinienne. Toutes les
espèces marquées d’un astérisque manquent où sont extrêmement rares
dans cette dernière zone, tandis qu'elles sont répandues partout dans
l’autre. Ce n’est pas le cas de rechercher ici la cause efficiente du pro-
fond changement qu’on observe en passant de l’argile, soit pure soit
mélangée d'éléments siliceux, dans les sables purs. Il suffit que j'aie
attiré l’attention sur ce point afin de provoquer de nouvelles recherches.
Dirai-je que nous sommes arrivés à la soirée à Maestricht, que nous
y avons été hébergés dans un grand hôtel, qu’une demi-journée là nous
a coûté ce qui nous aurait fait passer huit jours à Genck ? Ces détails ne
peuvent intéresser personne. Seulement, à ce propos, je ferai remarquer
que nos commissaires auraient bien pu nous faire éviter Maestricht, où
rien d’intéressant ne nous attirait, et üous loger en Belgique.
Le lendemain matin, notre troupe se partageait en deux bandes, dont
l’une devait poursuivre jusque Maeseyck et Brée, et l’autre se borner aux .
environs de Lanaeken. Souhaitant heureux voyage et bonne chance à nos
amis qui partaient pour l'extrémité du Limbourg, nous quittons la ville
par la porte St-Martin; nous suivons la rive droite de la Meuse pendant
vingt-cinq minutes, puis nous nous faisons passer sur la rive gauche.
Arrivés à Smeermaes, nous sommes de nouveau sur le territoire belge.
Quoique à cette hauteur on soit déjà dans la zone campinienne, les bords
immédiats de la Meuse nous offrent communément bien des espèces qui
font défaut à la Campine ou qui s’y trouvent très-disséminées. Cela du
reste s’explique. La Meuse a été et est encore une cause de dispersion
sporadique; elle entraine de la zone calcareuse des espèces propres à
celle-ci ; en outre, les alluvions de sa vallée sont différentes du sol de la
Campine et peuvent ainsi nourrir des espèces qui ne pourraient persister
dans les sables purs.
Quand on s'occupe de la florule d’une région, on doit toujours se
mettre en garde contre certaines plantes croissant le long d’un cours
d’eau descendant d’une autre zone, ou existant dans le voisinage des
grandes routes, plantes qui peuvent être étrangères à la région dont on
étudie la flore.
Aux bords de la Meuse, nous constations la présence de :
Festuca arundinacea. Senecio viscosus.
Euphorbia Esula. Chenopodium polyspermum.
Melilotus macrorrhizus. Onopordon Acanthium.
Pimpinella magna. Mentha rotundifolia.
Tanacetum vulgare. Malva sylvestris.
Erysimum cheiranthoides. Ballota foetida.
Palicaria vulgaris. Pyrethrum parthenium,
Bryonia dioeca. Verbascum thapsiforme.
à
mn ee
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Nous suivons la route jusque vers Neer-Haeren et près d’arriver
au village nous trouvons en abondance, dans une culture de chanvre,
le Phelipaea ramosa. Avant de nous engager dans la vaste plaine de
bruyère à gauche, on décide de s’arrêter un instant dans un petit cabaret
pour yÿ prendre une chopine de bière et y manger un morceau.
La maisonnette reluisait d’une propreté toute hollandaise ; la maitresse
du logis était une bonne vieille qui nous prépara une grasse et solide ome-
lette à laquelle on mit la dent avec appétit, Le plaisir de la conversation
nous retint là pendant une heure. Quand gens du même métier ne se
rencontrent qu'a de longs intervalles ils ont mille choses à se com-
muniquer. Et puis nous avions avec nous notre Président, dont la
causerie est toujours si pleine de charme et si riche de faits. On était
heureux de l’entendre dans l'intimité. Botaniste depuis plus d’un demi-
siècle, il avait foule de particularités à nous dire sur les hommes de
science qu’il avait longuement pratiaués. Il nous raconta comment
Smith, qu’il avait bien connu, s'y était pris pour enlever à la Suède
l’herbier de Linné. — Si les Anglais possèdent cette colleetion inestima-
ble, ils la doivent certainement à l’énergie toute britannique que déploya
leur compatriote pour sa conquête, car ce fut une véritable conquête. —
Nous avions à continuer notre herborisation, autrement nous serions
restés là une grande partie de la journée, tant nous étions curieux
d'écouter un homme qui reliait ainsi notre jeune génération avec celle
qui nous avait précédés et que nous n’avons pas connue. Grâce à lui,
les traditions ne seront pas perdues et nous saurons ainsi certaines
choses que nous aurions ignorées à tout jamais. Si ceux de nos confrères
qui se tiennent à l’écart savaient combien sont profitables ces intimités
qu’amènent l’herborisation de chaque année, ils ne tarderaient pas à
faire partie des excursions. On y apprend des choses qu’on ne trouve
pas dans les livres; on s’y comprend mieux ; on met tout en commun;
on diseute, on s’éclaire ; les vieux du métier fraternisent avec les jeunes,
et les uns et les autres se promettent aide et assistance.
Vers midi, nous étions de nouveau en pleine Campine. À gauche de
Neer-Haeren, recommence la bruyère avec le même caractère qu'aux
environs de Genck : des boisements découpés par la lande, et la lande
interrompue par des étangs. Toujours ceux-ci attirent en premier lieu
l'attention, car, je l’ai dit, c'est par les espèces aquatiques que la flore
campinienne est remarquable. Malheureusement, cette année avait été
très-mauvaise pour la florule lacustre. Pendant les mois de mai, juin et
le commencement de juillet, une sécheresse excessive avait presque as-
séché toutes les mares qui, avant notre arrivée, avaient débordé à la
suite de grosses pluies continues. Cela fut cause que nous ne pûmes
examiner leurs rives naturelles, où d'ordinaire se tiennent les espèces
intéressantes. |
2 pe ra
Dans la grande plaine vis-à-vis de Boven-Wezelt, nous observions les
plantes ci-après :
Aera discolor. C. Helodes palustris. C.
Pilularia globulifera. C. Juncus supinus. C.
Alisma natans. AR. Comarum palustre. C, h
Peucedanum palustre. AR. Polygonum minus. AR.
Cicuta virosa. R.
Comme on le voit, ce sont toujours les mêmes types. Nous gagnons
les bois de Pitersheim, où nous trouvons sous la futaie, aux bords des
ruisseaux et de mares :
Trifolium fragifcrum. AR. Epilobium spicatum (un pied).
Carex filiformis. C. — palustire. AR.
Mayanthemum bifolium. €. Narthecium ossifragam. C.
Osmunda regalis.R. Scutellaria minor. AC.
Peucedanum palustre. AR. Rhynchospora fusca. C.
Potamogetum oblongus. C. Heleocharis multicaulis. C.
Myrica Gale. C, Erica cinerea. AR.
Blechnum Spicant. C.
En se rapprochant de Pitersheim, la carte nous indique plusieurs
grands étangs que nous cherchons en vain. Nous tenions beaucoup à les
voir, parce qu'aux environs de Pitersheim sont signalées certaines espé-
ces très-rares que nous n'avions point encore rencontrées jusque-là.
Hélas! après avoir fureté dans toutes les directions, après nous être
orientés vingt fois en étudiant la carte, nous reconnaissons à fin de
compte que nous sommes au beau milieu de ces étangs! Ceux-ci avaient
été desséchés et le fond transformé en un mauvais pâturage et en
champs arables. Chose triste à dire, notre Campine finira par dispa-
raître et dans un avenir qui n’est pas bien éloigné nous chercherons
inutilement toutes ces belles stations à rares espèces hygrophiles.
Elles auront fait place à des prairies, et notre sauvage lande sera
couverte de sapinières ou de cultures. Comme dans le Brabant et les
Flandres, nous devrons plus tard nous y borner à longer les champs
cultivés et nous en tenir au petit nombre de plantes ubiquistes qui
auront échappé à la charrue.
En revenant vers Lanaeken, nous trouvons dans les champs :
— glauca. C. Oplismenus Crus-galli. C.
Setaria viridis. C. | Antirrhinum Orontium. AC.
Sherardia arvensis. AC.
Vers le village, on reconnait qu’on avoisine la zone argilo-sablon-
neuse en constatant :
Carlina vulgaris. R. | Sedum acre. C.
Plantago media. AR. Marrubium vulgare. AR.
DNA UHR
Nos dernières annotations concernaient :
Stellaria aquatica. Verbascum thapsiforme.
Epilobium obscurum. Lappa minor.
Nasturtium fontanum. Onopordon Acanthium.
Mentha rotundifolia. Campanula rapunculoides.
Leonurus Cardiaca. Hyoscyamus niger.
À Lanaeken, finissait l’herborisation officielle qui fut l’objet de nos
causeries pendant les deux heures que nous restàmes encore en-
semble. En consultant nos calepins, nous reconnümes que si nous
n'avions pas eu le succès de l’année précédente, que si nous n’avions
pas fait de nombreuses découvertes, nous avions cependant enrichi
la florule de la Campine limbourgeoise d’une très-rare espèce, Poten-
hlla supina, et d’une nouvelle station pour J'uncus filiformis et Carex
filiformis.
Nous aurions pu faire plus si la date de notre excursion n'avait pas été
aussi tardive, et si l’itinéraire avait été mieux combiné. Mais, si nous
avions à nous plaindre sous le rapport des trouvailles, nous avions à nous
louer cependant du résultat scientifique obtenu. Plusieurs d’entre nous
en herborisant dans les sables purs de la Campine, en remarquant cette
flore essentiellement silicicole, en observant la grande différence qui
existe entre la zone campinienne et la zone argilo-sablonneuse, ont été
amenés à réfléchir sérieusement sur ces problèmes de géographie bota-
nique qui occupent aujourd’hui le monde scientifique, et cela les enga-
gera dans une voie nouvelle et fructueuse. À l’avenir, nos courses
annuelles auront plus d'intérêt pour eux ; ils n’auront plus seulement en
vue la recherche exclusive des plantes rares et qu'ils ne possèdent pas
encore en herbier, mais ils auront à cœur d’étudier les rapports du sol
avec la végétation.
En rassemblant nos souvenirs et tenant note de ce qui est connu, nous
composions, avant de nous séparer, la liste des espèces généralement
plus ou moins rares pour notre flore générale et que la Campine offre
plus ou moins abondamment un peu partout.
Ranunculus hololeucos. Cicuta virosa.
Spergula vernalis. Litorella lacustris.
Polygala depressa. Gentiana Pneumonanthe.
Helodes palustris. Lobelia Dortmanna.
Drosera rotundifolia. Myrica Gale.
— intermedia. Alisma natans.
Viola palustris. — ranunculoides.
Genista pilosa. Narthecium ossifragum.
Illecebrum verticillatum. Potamogeton polygonifolius.
Hydrocotyle vulgaris. Juncus squarrosus.
Helosciadium inundatum. Carex pilulifera.
Peucedanum palustre. — Oederi.
à
ae ga Es
Rhynchospora alba. Aera discolor.
— fusca. Blechnum Spicant.
Heleocharis uniglumis. Pilularia globulifera.
— multicaulis. Lycopodium inundatum.
Scirpus caespitosus. Nitella flexilis.
Corynephorus canescens.
Parmi les grandes rarctés de notre flore, la Campine limbourgeoise
nous présente : "Subularia aquatica, Carum verticillatum, Erica cinerea,
Juncus filiformis, Heleocharis ovatu, Cyperus flavescens, *Esoetes echi-
nospora, “Chara Braunii. Les trois espèces précédées d’un astérisque
n'ont même encore été rencontrées que là en Belgique.
Les deux Campines sont loin d’être connues à fond; beaucoup de
points n’ont pas été visités, en sorte qu’il serait à désirer que la Société
y fit encore une excursion. Pour celle-ci, on pourrait choisir Turnhout
comme centre de rayonnement.
Un membre de la Société royale de Botanique.
PLANTATION DES BOULEVARDS, DES SQUARES ET
| DES PARCS.
Lettre adressée à M. le Secrétaire-général de la Société d’horti-
culture du Bas-Rhin,
PAR M. MarTiN MULLER.
Vous avez traduit de l’allemand un article très-intéressant (1) sur la
plantation des arbres sur le bord des routes et sur les promenades des
villes.
Aux espèces d’arbres proposées vous pouvez ajouter comme devenant
aussi bien beaux les suivants: Gymnocladus canadensis, arbre du
Canada de la famille des Légumineuses, qui est d’une croissance très-
rapide et d’un feuillage magnifique.
Deux de ces arbres se trouvent au jardin botanique de la faculté de
médecine de Strasbourg, l’un, à fleur mâle, se trouve près de la rue de
l’Académie, et l’autre d’une taille colossale, à fleur femelle, se trouve
au fond du jardin, et, par la fécondation faite par le vent qui chasse le
pollen, ou par les insectes qui le transportent, se couvre tous les ans de
grandes gousses contenant 2 ou 5 graines d’une couleur brun foncé, de
la grosseur d’une grosse noisette un peu aplatie.
(1) Voyez la Belgique horticole, 1865, p. 277.
HN)
Cet arbre fut un des premiers de cette espèce à donner des fruits en
Europe.
Je citerai aussi le Bignonia Catalpa, arbre d’un port moins majestueux,
mais qui, par ses grandes feuilles un peu cordiformes et ses belles fleurs
en panicules blanches tachetées de rouge, fait un effet charmant.
Une allée de cette espèce se trouvait au fond du Contades. Elle a été,
par une idée malheureuse d’un des administrateurs de cette époque,
livrée à la hâche du bucheron.
Le Tulipier que vous indiquez forme le plus bel arbre que l’on puisse
voir ; il est seulement par trop difficile à la reprise : de là la difficulté
d'obtenir une allée régulière. Pour les terrains secs et arides, comme par
exemple ceux de Bischwiller et Haguenau, je recommande particulière-
ment le Robinia Bessoniana.
C’est une espèce très-vigoureuse et qui a deux avantages : celui de se
traiter comme le Robinia inermis (Acacia boule), et celui de se développer
comme un arbre d'agrément.
Dans le premier cas, on le taillera tous les ans très-court, et on ob-
tiendra une boule magnifique.
Dans le second cas, le tailler: la première année, les branches de 8 à
10 centimètres de long, la seconde année, allonger les branches princi-
pales encore de 10 à 15 centimètres, en supprimant celles qui sont de
trop ; les années suivantes, les laisser aller, comme à tous autres arbres
sans les tailler, en élaguant les branches superflues de l’intérieur, et on
obtient des arbres superbes en peu de temps et dans un terrain où la
majeure partie des autres espèces aurait de la peine à prospérer.
* Permettez-moi d’ajouter à ces arbres d’alignement un choix d’arbres
d'ornement, propres à être plantés isolément dans les parcs et jardins
anglais, et qui sont les uns magnifiques par leur feuillage et leur port
majestueux, et les autres très-recherchés par leurs belles fleurs.
Acer atropurpureum japonicum. ! Broussonetia papyrifera.
— colchicum. Castanea asplenifolia.
— eriocarpum, | Cerasus avium flore pleno,
— macrophyllum. — vulgaris flore pleno.
— Negundo foliis variegatis. — pendula.
— platanoides laciniatum. Cercis Siliquastrum.
— rubrum. Chionanthus virginica.
— saccharinum. Corylus purpurea.
Æseulus laciniata. Cratægus acerifolia.
Alnus imperialis. — coccinea.
— laciniata. — crus galli.
— quercifolia. — linearis.
Betula alba laciniata. — pirifolia.
— alba pendula. — olivæformis.
— lenta. — splendens.
— populifolia, — Oxyacantha flore albo pleno.
Cratægus Aria latifolia.
— — veslita.
Cytisus quercifolius.
— elongatus!
Les quatre derniers sont charmants lorsqu'ils sont greffés
Cytisus Laburnum.
Diospyros Lotus.
— virginiana.
Elœagnus angustifolia.
— hortensis.
Fagus sylvatica asplenifolia.
— — heterophylla
AT re
Cytisus sessilifolius.
purpureus.
nigricans.
haut sur
Quercus filicifolia.
heterophylla.
laciniata.
Quercus purpurea.
robur pendula.
americana alba.
— — purpurea. — Banisteri.
ES pendula. — Catesbæi.
— — quercifolia. — castaneæfolia.
Fraxinus aurea. My ÉECIREes
—- imbricata.
— — pendula. — macrocarpa.
— atrovirens. — palustris.
ete pendula. — ARE
Û Ÿ — rubra.
Gleditschia macrantha. Are
— pendula Bujotti. Robinia erispa.
Juglans regia héterophylla. — pyramidalis.
— pendula. EE pen:
ob _ a.
— Jaciniata. vi Le
Liquidambar styraciflua. — hispida.
Malus baccata et ses variétés. — — arborea.
— Decaisneana.
— spectabilis flore pleno.
Paulownia imperialis.
Pterocarya caucasica.
Quereus cerris.
— Fennesii.
Cette dernière variété a été obtenue de graines, par M. Villevielle
jeune, horticulteur à Manosque (Basses-Alpes).
Je donne ici le rapport sur cette remarquable variété, fait par M. Car-
rière, chef des pépinières du jardin des plantes à Paris, et inséré dans
la Revue horticole.
Robinia pseudo-Acacia Decaisniana. « L’une des plus remarquables
et des plus jolies variétés du genre, le Robinia pseudo-Acacia Decais-
niana, a été obtenu par M. Villevielle, jeune pépiniériste à Manosque
(Basses-Alpes). Elle a fleuri pour la première fois dans ses pépinières
en mai 1862, il n’est pas nécessaire d’en faire éloge; le beau dessin
colorié ci-contre suffit, pour faire apprécier l’avantage qu’on peut retirer
de cette plante au point de vue de l’ornementation. En effet, très flo-
ribond, le Robinia pseudo-Acacia Decaisniana, mélangé avec le Robi-
nia pseudo-Acacia, à fleurs blanches, produira le plus charmant con-
traste.
C’est une variété appelée à jouer un rôle très-important pour l’orne-
mentation des jardins et probablement aussi des promenades publiques,
et sous ce double rapport on ne saurait trop le recommander, d’autant
plus que l’arbre est aussi vigoureux que le type et tout aussi peu diffi-
cile sur la nature du terrain.
L'apparition du À. Decaisniana dans nos cultures va probablement
ouvrir un nouveau champ à l’obtention des variétés intéressantes, et
constituer une série de plantes remarquables par les fleurs rosées, qui
viendra faire diversion parmi les nombreuses variétés qu’a déjà pro-
duites le type, variétés singulières et très-distinctes par leur facies,
mais semblables ou à peu près par leurs fleurs. Quelle est la cause qui a
déterminé l'apparition de cette variété? Comme tout ce qui tient à
l'origine des choses, c’est un mystère, c’est un secret que nous igno-
rerons probablement toujours, et dont, au surplus, nous pouvons nous
passer. Ce qu’on sait, c’est que l’arbre planté en plein carré avec des
milliers d’autres ne présentait aucune différence par son faces, et que,
si ce n’eût été l'éclat et la couleur de ses fleurs, il est probable qu’on
ne l'aurait pas remarqué. Mais, à part son origine, ce n’en est pas moins
une précieuse découverte, qui, nous n’en doutons pas, sera recherché
avec empressement des horticulteurs et des amateurs ; ceux-ci, pour en
jouir; de ceux-là pour l’exploiter.
Sont d’un effet magnifique lorsqu'ils sont greffés sur des tiges du
Salix caprea.
Salix annularis. Tamarix gallica.
— argentea myriifolia. — tetrandra.
— Caprea pendula. Tilia americana argentea.
— rosmarinifolia. — Missisipiensis.
— Ssibirica pendula. — Jaciniata.
Sophora japonica pendula. — macrophylla.
Sorbus americana. — pendula.
— aucuparia pendula. Ulmus pendula.
— saccharifolia. — pyramidalis.
Tamarix africana. — — Dampierii.
— indica.
Le Virgilia lutea est un de nos plus beaux arbres pour isoler sur une
pelouse. Son feuillage est magnifique ; ses fleurs, en grappes blanches et
pendantes, ont jusqu’à 60 centimètres de long et 25 centimètres de
diamètre, d’une odeur des plus suaves.
Cet arbre, quoique connu depuis bien longtemps, est peu répandu
dans nos jardins.
Dans le Bas-Rhin je n’en connais que trois qui sont forts et qui
fleurissent. L’un est à l’orangerie de la ville ; il a été acheté, il y a quel-
ques années, dans l’établissement de feu M. Hodel. Le second est au jar-
din botanique de la faculté de médecine, et le troisième, dans mon
48 —
établissement. Il vient de l’ancienne campagne de M. Saglio, de Holtzheim,
où je l’ai acheté avec tous les autres arbres rares qui se trouvaient dans
cette belle propriété, de laquelle il n’existe plus rien aujourd’hui. Citons
encore le Gingko biloba ou Salisburya adiantifolia, arbre de la Chine,
de la famille des Conifères, mais qui, par son feuillage, diffère complète-
ment de tous les autres.
C’est un arbre magnifique, résistant parfaitement à nos hivers les plus
rigoureux, et, une fois bien enraciné, d’une croissance assez forte;
mais il esi toujours rare à cause de la difficulté de se procurer de la
semence. é
Cet arbre, comme le Gymnocladus canadensis, ne porte que des fleurs
mâles sur un sujet, et des fleurs femelles sur un autre.
Un bien bel exemplaire à fleurs mâles se trouve au Jardin botanique.
Il se couvre de fleurs tous les ans, et un autre sujet, mais bien plus petit,
à fleurs femelles, se trouve à 10 mètres du premier sujet, mais ce dernier
je ne l’ai jamais vu en fleurs.
J'ai coupé en 1847 deux fortes branches à celui à fleurs mâles, et j'ai
posé à leur place des greffes de celui à fleurs femelles, qui réussissent
parfaitement. En 1860, époque où j'ai quitté le Jardin jdn elles
avaient une circonférence de 20 centimètres.
Tous les ans j'ai soigneusement visité mes branches, et je n’y ai joie
remarqué aucune fleur, ce qui me fit croire que le sujet duquel j'avais
détaché les greffes n’était pas non plus à fleurs femelles, et je ne pensais
plus à lui voir porter des fruits. Aussi ne fus-je pas peu surpris, lorsqu'en
1865 M. Joseph Müller, jardinier en chef du Jardin botanique, m’apporta
quelques graines qu’il avait cucillies sur les deux branches que j'avais
greffées.
La graine est grosse comme une noisette et aussi dure que celle de ce
fruit. Les Chinois tirent une excellente huile du fruit du Gingko bilobu.
CALENDRIER DU MARAICHER.
Résumé des opérations mensuelles du potager.
Par M. Eu. Ropiçasil).
JANVIER.
Semis et plantations. — Le plus souvent, la gelée s'oppose aux
plantations et aux semailles en général, et il est rare de voir réussir ces
opérations en ce mois. Cependant, à exposition chaude, au pied d’un
mur et au midi, on sème des fèves de marais à repiquer en place au mois
(1) Extrait du Manuel du cullure maraichère.
LE Eu
de mars. On doit les garantir du froid et s'assurer que les souris (mulots)
n’y fassent point de dégâts sous la couverture. On sème aussi des pots,
des panais et, si le temps est doux, quelques oignons. On sème du persil
et du cerfeuil sur côtière. On fait le premier semis de céléri. — Si la
température le permet, on peut repiquer en terre légère, à exposition
privilégiée, la romaine verte du semis d'octobre; entre les lignes, on peut
semer des caroltes hâtives et du poireau. On repique les plants de choux,
pour en arrêter la végétation, si elle devenait active.
Eravaux divers. — Les gelées de ce mois nécessitent d’ordinaire
une augmentation de la couverture de feuilles ou de litière dont plusieurs
plantes ont hesoin. À mesure que le froid redouble, on donne plus d’é-
paisseur à la couverture du crambé soumis à l’étiolement. Il est bon d’a-
briter l’aspergerie de feuilles ou de litière pour activer la végétation des
pousses ; de mettre du terreau entre les fraisiers etautour du collet des
plantes; de couvrir la clayionie de chässis ou de paillassons, — Il faut
avoir grand soin, quand le temps est doux, de donner de l’air aux arti-
chauts, au céléri, aux plantes abritées. — On continue les travaux de
décembre, les fumures et les labours, à moins que l'humidité du sol ne
soit trop grande.
On arrange les composts, le terreau, les engrais. On ouvre Îles tran-
chées pour établir la jeune aspergerie. C’est le moment de nettoyer les
graines diverses et de songer à se procurer les productions nouvelles du
monde horticole, afin qu’on puisse au moins en faire l’essai avant d’aban-
donner ce qu’on possède. Il est nécessaire aussi de visiter la serre aux
légumes pour s'assurer de l’état de conservation des produits qui s’y
trouvent et pour livrer immédiatement à la consommation ou à la vente
les plus avancés d’entre eux. On doit arracher les jets aux pommes de
terre hâtives et soigner dès maintenant la mise en état des outils de
Jardinage.
Produits. — Outre les provisions conservées dans la serre aux
légumes, en cave ou ailleurs, telles que artichauts, cardons, carottes,
navets, betteraves à salade, courges, choux pommés, ognons, salsifis,
scorzonères, chervis, ciboule, etc., on récolte encore du cerfeuil, du
persil, de la mâche, de la claytonie, du céléri, du crambé, des choux de
Bruxelles, des choux verts, etc. Tous ces produits, joints à ceux des for-
ceries, témoignent assez des progrès que n’a cessé de faire, depuis une
trentaine d’années surtout, l’horticulture maraïchère. Espérons qu’elle
ne s'arrêtera pas de sitôt dans cette voie.
ST ee
FÉVRIER.
Semis et plantations. — Fréquemment, sous notre climat, ce
mois présente une recrudescence de froidure, mais souvent il nous
donne un certain nombre de beaux jours dont il faut profiter pour
semer et planter. Aux premiers jours faire le semis des pois dits de
chandeleur, semer l’asperge à demeure, du cerfeuil déjà au commence-
ment, une deuxième fois à la fin du mois, la claytonie pour salade,
les premières laitues pommées et, à exposition chaude, la laitue à
couper. Vers le 25, on peut semer l’oigaon en terre légère ; on fait le
premier semis de poireau, de carottes, d’arroche. On sème des panais,
des épinards, des fèves de marais, des choux, du persil, du céléri,
du cresson alénois, de la chicorée sauvage. A la fin du mois, on sème
le cerfeuil tubéreux et celui de Prescott. On peut semer le cardon
sur couche. Au commencement du mois, on sème des choux-fleurs,
des tomates, des endives, du phytolacca et du fenouil d’lialie, égale-
ment sur couche. On fait un premier semis de radis, de salsifis. —
Les épinards servent fort bien d’entre-semis aux choux-hâtifs, la laitue
aux pois, ainsi que les carottes et les panuis qu’on peut utiliser assez
petits. — Il faut repiquer à demeure les fèves et les pois du semis de
novembre ou décembre et même de janvier, mettre en place sur côtière
la romaine verle semée au commencement d'octobre et contre-planter
à celle-ci des choux-fleurs semés en septembre; parmi le tout, on peut
entre-semer des carotles hâtives et du poireau. Ces choux-fleurs sont
les premiers des plantations de pleine terre. On plante à demeure des
choux cabus rouges et blancs, des choux de Milan et des pommes de
terre hätives, si le temps le permet.
- On plante à fleur de terre les bulbes des échalottes pour avoir du
produit en mai-juin. On met en place les porte-graines d’ognon, de
poireau, de choux, de panais, de céléri, en ayant soin de les garantir
contre les fortes gelées.
Travaux divers. — Une fois le milieu du mois passé, les gelées
deviennent moins fortes; néanmoins, il faudra user des mêmes soins
que précédemment pour préserver les plantes la nuit contre le froid
et dans le jour contre les brusques changements de température, qui
souvent sont très-nuisibles aux végétaux. — Il est temps de donner un
labours à tous les terrains où l’on veut semer ou planter en mars.
Le retard dans les bêchages engendre un surcroît de besogne pour
la suite et souvent un retard dans les cultures. Pour le jardinier-mar-
chand, c’est la décourageante perspective d’une perte, puisqu'il sera
devancé par les autres. En labourant ou béchant les terrains, il faut les
fumer et ce en raison des plantes qu’on se propose d’y cultiver. Voilà
pourquoi il est essentiel que le chef d'exploitation étudie et connaisse
à fond l’assolement de son jardin et sache longtemps d’avance comment
les plantes se succèderont sur un même terrain. Au chapitre des assole-
ments maraichers, nous insistons sur celte matière importante. —- Il
faut soigner en temps opportun pour l'écoulement des eaux et établir
des drains ou des fossés partout où l'humidité se manifeste avec le
moindre excès. C’est le moment du premier échenillage, comme aussi
de nettoyer les allées et les sentiers du jardin pour lui donner sa tenue
de printemps. On continue l’étiolement du chou-marin d’après la
méthode de Bath que nous avons décrite. On met les tubercules des
pommes de terre hâtives dans de la vieille tannée pour les traiter, suivant
la méthode malinoise. On bine les rhubarbes, on découvre les épinards,
dès que le temps le permet, et on donne plus d’air encore qu'auparavant
au céleri et aux autres plantes abritées; mais on le fera toujours avec
prudence. Les rames des petits pois doivent être prêtes.
Produits. — Ce sont généralement les mêmes que ceux du mois de
janvier : des choux-fleurs conservés, des choux de Savoie, de Bruxelles,
des choux verts frisés, qui ont l’avantage de s’améliorer par la gelée, du
céleri-rave et du céleri-commun, gardés en tranchée ou jauge, etc. On
a aussi des épinards, de la mache, de la claytonie.
ee ee
LA CULTURE USUELLE DE L’ASPERGE.
J'ai quelque peu voyagé et par conséquent diné en pas mal d’endroits
et avec pas mal de gens. Eh bien ! je n’ai jamais rencontré personne qui
m'ai dit : je n’aime pas les asperges.
Du nord au midi, de l’est à l’ouest, partout où la civilisation a pu dres-
ser une table, on a vu ce précieux légume prendre une place triomphante
au milieu des mets qui devaient charmer les palais de tous les convives.
Apéritif excellent, il est en outre hygiénique, il tonifie. Les médecins
l’ordonnent, la sagesse des dineurs le prescrit. On ne fait pas plus de
bons diners sans asperge qu’on ne fait de bon civet sans lard. L’asperge
est à la table ce que l’épigramme est aux discours.
Aussi ne va-t-on pas s'étonner qu’au moment où l’heure est venue de
planter les griffes d’asperges, je vienne parler de cette culture qui inté-
resse tout le monde. Sans doute, beaucoup de personnes savent cultiver
ce précieux légume, mais à part le Bus repetita placent des anciens que
je pourrais appliquer en cette circonstance, il existe encore pas mal de
contrées où l’on n’ignore pas l’asperge, mais où l’on ne la cultive pas.
Et c’est là un de ces torts graves que l’on doit s’efforcer de réparer.
Ce légume de premier ordre est destiné à se présenter aussi commu-
nément sur la table du pauvre que sur celle du riche. Hâtons done, s'il
est possible, son entière vulgarisation.
On nomme griffes d’asperge ou pattes les racines de cette plante, parce
qu'elles présentent un chevelu nombreux qui fait ressembler à des
griffes.
C’est avec des griffes que l’on fait les plantations d’asperges. On peut
les obtenir soi-même en semant au printemps, en pépinière, des graines
de ce légume, mais il est toujours préférable de les acheter toutes venues.
Leur culture, en effet, demande des soins particuliers, nombreux, qu’il est
seulement commode à un jardinier de profession, de donner, parce que
son état l’appelle constamment dans un petit carré de terrain, où tiennent
toutes ses cultures.
Le terrain qui convient le mieux aux asperges est un composé de terre
calcaire ou marneuse, de sable, de terre franche et de terreau. Il leur
faut une exposition saine et du soleil.
Le plant d’un an est celui qui donne le meilleur résultat.
On plante habituellement dans les fosses séparées par des ados, dont
la terre reste en réserve pour la culture ultérieure des asperges. Le fond
des fosses est profondément défoncé, garni de broussailles sèches, pour
assurer l'écoulement de l'humidité superflue, et largement engraissé par
une forte dose d'engrais à demi consommé.
Sur le sol ainsi préparé, on étend un bon lit de terreau d’un décimètre
d'épaisseur : c’est dans ce terreau qu’on plante les griffes. 11 est néces-
saire de bien en étendre les ramifications et de placer sous leur centre
une poignée de terreau faisant monticule, sans quoi la griffe se soulève,
un vide se forme par-dessous, et la moisissure s’en empare.
Dans une fosse de 4 mètre de large, on plante deux rangées de griffes
parallèles, en laissant de chaque côté un bord libre de 25 centimètres de
largeur environ. On les recouvre avec un décimètre de terre à peu près
prise sur les ados qui séparent les fosses.
Chaque année les tiges, desséchées naturellement, sont coupées au
niveau du sol, une légère couverture de fumier est étendue par dessus.
Au printemps et de très-bonne heure, ce fumier est incorporé à la terre
par une légère facon à la fourche. Si l’on y ajoute un peu de gros sel, la
qualité des asperges en est sensiblement améliorée. De plus on rejette par
dessus une petite partie de la terre des ados.
Un des points principaux dans tout ceci, c’est qu'il ne faut pas com-
mencer à récolter les asperges avant leur quatrième année, sous peine
d’épuiser la plante. On doit encore faire la récolte avec précaution afin de
ne pas blesser sous terre le collet de la griffe. Une plantation d’asperges
bien gouvernée dure de 15 à 18 ans.
Quoique le système de culture dont je viens de parler soit le plus
répandu, on fait encore des plantations à plat dans des planches séparées
on ae Le
par d’autres de même largeur, mais livrées à des cultures différentes.
Dans ce système, le mode de plantation et de culture reste tel que je
viens de l'expliquer, seulement, les rechargements annuels, c’est-à-dire
la terre dont on recouvre tous les ans les asperges, sont pris dans les
planches voisines.
L’une et l’autre manière de procéder sont bonnes.
À l’inverse de ce qu’on fait généralement en France, on donne en Bel-
gique et en Hollande beaucoup d'épaisseur aux rechargements annuels,
parce que, dès que le bout de l’asperge se montre, on coupe, entre deux
terres, la pousse entièrement blanche, sans la laisser croître assez pour
qu'elle se colore à l'air libre.
À propos d’asperges, il me vient une anecdote. — Voulez-vous que nous
terminions par là ? -
Fontenelle, cet académicien du dix-huitième siècle, qui avec sa com-
plexion toute délicate, trouva le moyen de vivre cent ans, aimait beaucoup
les asperges, mais au beurre.
Un jour, un de ses amis qui, par contre, n’aimait que les asperges, à
l'huile, vint lui demander à diner. Aussitôt Fontenelle s’empressa, quoi-
que grimacant, de faire préparer la moitié de ses asperges à l’huile.
Tout allait bien, le diner commençait à s’égayer, lorsque l’ami est saisi
d’une indisposition subite. On s’empresse, on le prend, on va l’emporter
dans une chambre, mais Fontenelle, sans se troubler:
— Puisqu'il en est ainsi, qu'on me prépare toutes les asperges au
beurre. |
JEAN TAPIÉ.
QUELQUES MOTS SUR LE DÉVELOPPEMENT DES
BOUTURES COURTES DE LA VIGNE,
Par M. P. DucnarTre,
adresses à la Société Botanique de France, dans sa séance du
10 février 1865.
Je demande à la Société la permission de lui dire quelques mots rela-
tivement à un procédé de multiplication de la vigne dont on s’occupe
beaucoup en ce moment, et qui offre un intérêt réel non-seulement au
point de vue de Ja culture, mais encore à celui de la physiologie végétale;
or, c'est uniquement à ce dernier point de vue que je me placerai pour
en dire quelques mots.
Tout le monde sait que, dans la grande culture, on multiplie habi-
DANS
tuellement la vigne au moyen de boutures ordinaires, c’est-à-dire en
plantant des sarments de l’année à l’extrémité inférieure desquels on
laisse souvent tenir un fragment de bois plus âgé; dans ce cas, ces bou-
tures, qui ont, en moyenne, 0®40 de longueur, constituent ce que les
cultivateurs nomment des croisseites. Lorsqu'on les plante en plein
champ, elles s’enracinent dans l’année, pour la plupart, et elles donnent
des pieds dont le développement est d’ordinaire assez lent pendant la
première et souvent même la seconde année. |
Récemment, un vigneron du Doubs, M. Hudelot, a eu l’idée ingé-
nieuse de raccourcir beaucoup les boutures destinées à multiplier la
vigne, en réduisant chacune d’elles à un petit fragment de sarment long
seulement de 2 ou 5 centimètres, qui porte, vers le milieu de sa longueur»
un bourgeon destiné à se développer en pousse. Son procédé, dont la
mise en pratique exige diverses précautions que je n'ai pas à rappeler
ici, a été nommé Procédé Hudelot, et aussi par une assimilation médio-
crement heureuse de ces boutures avec des graines, semis d’yeux ou
bourgeons. |
On n’a pas tardé à faire observer que la multiplication de la vigne, au
moyen de petits morceaux de sarment ne portant chacun qu’un bour-
seon, est un procédé connu depuis longtemps, et que c’est même le seul
qui soit employé en Angleterre, pour la production des pieds de vigne
que l’on cultive ensuite dans des serres afin d’en obtenir une récolte au
bout de quinze ou seize mois; seulement les cultivateurs anglais donnent
généralement à leurs petites boutures la forme, soit d’un demi-eylindre
obtenu en fendant en deux le morceau de sarment qui porte le bourgeon,
soit, et plus ordinairement, celle d’une navette enlevée au moyen de
deux entailles qui viennent se rencontrer en angle très-obtus sous le
bourgeon, point où se trouve, par conséquent, la plus grande épaisseur
du bois ainsi enlevé.
Diverses personnes ont fait des expériences en vue de reconnaitre
les avantages que peuvent offrir, les unes par rapport aux autres, les
différentes sortes de boutures de vigne, dont il vient d’être question.
Entre autres, M. Aug. Rivière, jardinier-chef au palais de Luxembourg,
horticulteur aussi habile qu’instruit, a fait à cet égard des essais variés
dont il a montré les résultats à la Société impériale et centrale d’horti-
culture, dans la séance qui a eu lieu hier, 9 février. Il a bien voulu me
remettre quelques-uns des échantillons qui meitent en évidence ces
résultats, et je demande à la Société la permission d’en faire le sujet
d'une courte communication.
Le premier fait qui ressort de l’examen comparatif des diverses bou-
tures de vigne, que j'ai l’honneur de mettre sous les yeux de la Société,
c’est que celles qui ont été réduites à un petit morceau de bois chargé
d’un bourgeon, ont émis des racines en bien moins de temps que
celles qui consistent en plusieurs entre-nœuds de sarments, et qui,
AO
par conséquent, portent plusieurs bourgeons. Ainsi, toutes ayant été
plantées également en serre, le 5 janvier dernier, les boutures longues
n’ont pas encore, comme on le voit, le moindre indice de racines, au
moment présent, tandis que les boutures courtes en portent toutes un
nombre plus ou moins considérable dont la longueur atteint déjà jus-
qu’à 2 centimètres. Cependant les bourgeons ont commencé de se déve-
lopper de part et d’autre; mais il me semble permis de penser que,
dans les premières, leur développement a pu se faire, sans racines,
grâce à l'humidité absorbée par imbibition dans le sol et aux matières
putritives qui existaient en dépôt dans le sarment lui-même. Au con-
traire, dans les boutures courtes, le dépôt de matières nutritives étant
fort peu considérable en raison des faibles dimensions du morceau de
bois qui portait le bourgeon, il a fallu une absorption plus énergique
dans le sol, analogue à celle qu'effectuent les végétaux vivants, fournit
à la nouvelle pousse les matériaux nécessaires pour son accroissement ;
aussi des racines se sont-elles formées pour opérer cette absorption. Je
croirais done que la faible végétation des bourgeons portés sur les bou-
tures longues a été alimentée par la simple humidité d’imbibition qui a
dissout les matières nutritives du bois, tandis que le développement
plus énergique du bourgeon unique de chaque bouture courte, est dü à
l'absorption plus active par les jeunes racines de l’humidité de la terre,
qui a fourni immédiatement à ce bourgeon toute la sève qu’exigeait son
développement.
Un autre fait digne de remarque qu'offrent toutes les boutures courtes
sans exception, c'est que le développement de racines a eu lieu sur elles
uniquement du côté où se trouve le bourgeon (le côté qui était resté en
dessus, dans la plantation), sur le bois même du sarment et sur une bande
étroite longitudinale allant directement de la base du bourgeon à la sec-
tion inférieure de la bouture. Aucune racine n’est sortie ni sur les côtés
ni en dessous du morceau de bois, ni au-delà du point où se trouve le
bourgeon. Ce résultat contredit de la manière la plus formelle les asser-
tions de diverses personnes qui ont fait sortir les racines nouvelles de la
jeune pousse elle-même, et qui ont affirmé que le bois de la bouture
n'intervenait en rien dans l’enracinement. Une autre circonstance qui ne
doit pas être passée sous silence, c’est que, sur les boutures courtes, soit
en demi-cylindre, soit en écusson ou navette, les racines sont nées sur ce
petit morceau de bois à une distance notable du bourgeon lui-même,
généralement à 1 1/2 centimètre ou 2 centimètres; tandis que sur une
dans laquelle on avait conservé entier le petit cylindre ligneux, ces racines
se sont montrées en grand nombre, en deux séries rectilignes, symé-
triques ct adjacentes, commençant au pied même de la petite éminence
qui surmonte la petite pousse. -
Est-il possible d'expliquer ce développement constant des racines sur
le côté supérieur des boutures courtes et sur la ligne que j'appellerais
PS EE NL
volontiers, pour me faire mieux comprendre, la décurrence du bour-
geon ? Que la Société me permette de lui soumettre, à ce sujet, une
hypothèse. Il me semble que le bourgeon, qui est le point essentiellement
actif de chaque petite bouture, agissant énergiquement comme un foyer
d'appel, a dù déterminer la formation d’un courant de sève dirigé, par
la voie la plus courte, de la section inférieure de cette bouture jusqu’à
lui. Ce courant de sève a dû, par une conséquence naturelle, concentrer
la vie sur la ligne qu’il parcourait, et dès lors il n’y a rien de surprenant
à ce que les productions nouvelles, c’est-à-dire les racines, se soient
montrées sur cette même ligne. Quoi qu’il en soit de son interprétation
ct de la cause qui a pu l’amener, Île fait n’en est pas moins curieux et
digne d’être signalé.
DE LA PLANTATION DES ARBRES FRUITIERS.
Les fruits ne sont pas l’une des parties essentielles de l’alimentation
de l’homme, ecpendant ils y jouent un rôle qui n’est pas sans impor-
tance. Dans une juste mesure ils sont utiles à tout le monde et, de nos
jours, ils sont devenus l’objet d’un commerce lueratif et qui prendra
plus d'extension à mesure que les bonnes variétés se répandront davan-
tage. La culture des arbres fruitiers ne mérite donc pas le dédain à
peu près général que lui ont voué les habitants des campagnes, et c’est
ce qui m'engage, dans le simple but de leur être utile, à publier ces
lignes pour leur faire connaitre les soins les plus indispensables que
réclame la plantation; puissent-elles trouver auprès de mes lecteurs
un accueil favorable. Je me croirai amplement récompensé si ces
simples indications servent à propager de bonnes et utiles mesures
pratiques et à populariser de plus en plus la culture des arbres frui-
tiers.
Époque de la plantation.
On peut planter depuis la chute des feuilles jusqu’au moment où la
sève va se remettre en mouvement, mais l’époque la plus favorable pour
les plantations est l’automne, surtout si elles sont faites de bonne heure.
Les arbres mis en place à cette époque poussent avec plus de vigueur
que ceux plantés après l’hiver. Ils travaillent immédiatement à réparer
les blessures faites à leurs racines, il se forme sur les bords des plaies,
des bourrelets de tissu cellulaire, d’où sortira un peu plus tard le nou-
veau chevelu, et ils auront déjà pris la terre au réveil de la végétation,
et quand viendront les premières chaleurs du printemps les nouvelles
HAS 2 A
spongioles seront déjà en état de remplacer les liquides enlevés par
l'évaporation. La plantation au printemps n’est préférable que pour
les terrains très-argileux, froids et humides et ceux sujets à être sub-
mergés pendant l'hiver, les racines blessées, exposées pendant plusieurs
mois à l’action d’une humidité surabondante, pourraient fort bien se
pourrir et communiquer la pourriture aux parties saines. Ainsi donc
vous planterez à l’arrière-saison dans les terrains sains; dans le cas
contraire, vous mettrez vos arbres en jauge pendant l'hiver et ne plan-
terez qu'au printemps.
Choix ef préparation du ierrain.
Si l’on a à sa disposition le choix du terrain, on s’établira de préfé-
rence sur un sol fertile, de moyenne consistance, ni trop sec ni trop
humide. En général les arbres à fruits à pépins sont plus difficiles sur la
qualité du sol que les arbres à fruits à noyau. Ils veulent une terre
plus profonde et plus riche; parmi les derniers, le pêcher fait peut-être
exception à cette règle, quoiqu'il puisse encore venir dans les terres
légères et peu profondes. Il convient de sonder le terrain en place,
afin d’en connaitre la composition, ainsi que l'épaisseur de la couche
végétale et l’état du sous-sol. Cette épaisseur sera suffisante pour la
prospérité si elle a de 0,60 à 0,70, pourvu que le sous-sol soit perméa-
ble : dans le cas contraire elle devra avoir de 0,80 à 1 mètre. Quelle
que soit la nature du sol, il est convenable de faire de bonnes fosses,
afin que les jeunes racines puissent s'étendre à volonté soit un mètre
cube dans les sols riches et deux mètres de largeur sur 0,60 de pro-
fondeur dans les sols pauvres et humides.
Vous commencerez par mettre la terre la meilleure de la fosse sur
l’un des bords, puis vous placerez la terre vierge à part sur les
autres bords, vous amënerez une brouette de bon compost ou du
terreau près de chaque fosse. Ce compost sera excellent s’il contient du
fumier, des gazons pourris, un peu de chaux ou mieux de vieux ciments
provenant de vicilles démolitions, des boues de villes, des curures de
mares ou de fossés, etc., bien consommés et mélés ensemble, et vous
abandonnerez le tout aux influences atmosphériques jusqu’au moment
de la plantation.
Choix des arbres.
Les poiriers greffés sur coignassier conviennent mieux aux terrains
humides et frais qu'aux terrains secs et donnent des fruits plus volu-
mineux et plus colorés, mais comme on sait que plusieurs variétés
ne réussissent bien qu’à la condition qu'elles seront greffées sur franc,
si vous n'avez aucune connaissance en fait d’arboriculture fruitière,
DR
tant pour le choix des variétés que pour le placement aux diverses
expositions, renseignez-vous auprès d’un pépiniériste ayant des con-
naissances en pomologie, ce sera un grand pas de fait.
Plantez des arbres sains, bien portants, ne présentant aucun signe de
faiblesse. Plus ils seront jeunes, plus leur transplantation sera facile et
leur reprise assurée. Prenez des greffes d’une bonne vigueur normale et
dont les yeux soient bien constitués, à racines bien chevelues, et surtout
rejetez impitoyablement ces jeunes arbres tout chargés de boutons à
fruits, signes évidents d’une décrépitude anticipée et qui ne vaudront
jamais rien, Certains amateurs vous diront qu’un arbre, sortant d’une
pépinière où le terrain de première qualité et fortement fumé, lui
aura fait prendre un grand accroissement, résistera moins bien, trans-
porté dans un terrain inférieur, que s’il avait été élevé dans un sol à
peu près de même nature.
D’autres seront d’avis qu’un jeune arbre sortant d'un sol riche,
luttera plus avantageusement contre la mauvaise qualité d'un terrain
auquel on le destine, attendu que les arbres bien venants ont des
racines beaucoup plus absorbantes, des canaux séveux plus dilatés, un
système ligneux mieux constitué que ceux qui sont faibles, quoique
bien portants, et que, par conséquent, ils peuvent mieux résister.
En attendant que l’expérience me confirme encore davantage sur ce
point, je planterai de préférence des arbres dans un terrain qui tiendra
le milieu entre le bon et le mauvais.
Déplantation.
Cette opération délicate qui consiste à enlever les jeunes arbres des-
tinés à la plantation de la place qu'ils occupent, ne doit être confiée qu’a
des mains exercées ; la plupart du temps, elle est fort mal conduite : le
pied est à peine dégagé d’une petite partie de terre, que l’arbre est tiré
en tous sens et que les racines qui résistent sont coupées à coups de béche
ou brisées, ni plus ni moins que si c’étaient des organes tout à fait inu-
tiles. Cette manière de procéder s’appelle, à proprement parler, arracher ;
ce mot ne s'applique qu'aux arbres que l’on veut jeter au feu, quant aux
autres, nous estimons qu'il faut les déplanter. Pour bien déplanter un
jeune arbre, il faut d’abord ôter avec précaution, autant de terre qu'il est
nécessaire pour dégager et conserver la plus grande quantité de racines
possible, car c’est principalement par les extrémités radiculaires ou che-
velu, que les plantes puisent dans le sein de la terre les éléments néces-
saires à leur subsistance ; or, plus vous briserez de ces racines, plus vous
diminuerez les ‘organes qui les nourrissent, et comme le développement
des branches est proportionné à celui des racines, il s’ensuit que chez les
arbres ainsi mutilés, les parties aériennes ne sont plus qu’incomplétement
alimentées. De là, suivant le caractère et le nombre de lésions, un état
.
SU. PET Lt
de malaise, de souffrance, qui persiste plus ou moins longtemps et qui
entraine souvent une mauvaise reprise et même la mort des arbres.
Lorsque l’arbre sera déplanté, vous supprimerez les parties des racines
déchirées ou meurtries et substitueréz par là, aux plaies de la béche, des
coupes bien nettes et faciles à se cicatriser, — quant aux radicelles, elles
seront soigneusement conservées : cette suppression se fera à la serpette,
vous taillerez ces racines en-dessous de manière que la plaie repose direc-
tement sur la terre, dont Ie contact favorise la cicatrisation, vous ferez
vos tailles en biseau allongé, vous obtiendrez par là un plus grand nom-
bre de nouvelles radicelles.
Nous venons de dire que le développement des parties aériennes est
proportionné à celui des racines, qu’il existe par conséquent, entre les
parties, un équilibre qui ne peut Jamais être rompu sans préjudice pour
la santé du végétal ; il devient donc nécessaire, lors de la déplantation, de
retrancher aussi une quantité de bois proportionnée au nombre des raci-
nes cassées; ce retranchement ne doit jamais, dans tous les cas, porter
que sur une partie du bois de l’année, comme par exemple, deux ou trois
rameaux inutiles à la charpente ou tout simplement cinq ou six centimètres
du bois à l’extrémité de trois ou quatre rameaux. De cette manière l’équi-
libre sera rétabli entre les branches et les racines.
On doit apporter le plus grand soin dans cette opération qui constitue
l'habillage, surtout pour les racines, car il arrive souvent que des parties
meurtries, au lieu de se cicatriser, se chancrent, l’arbre devient languis-
sant et finit par périr.
La mise en place.
Lorsque vous serez prêt pour planter, vous commencerez par placer
au fond des fosses un bon lit de plâtras, mélés de petits débris de bri-
ques ou de pierrailles si vous avez à faire à des sols humides; dans les
terres saines, eette mesure n’est pas d'urgence, puis vous mettrez par-
dessus une bonne épaisseur de terre que vous ferez en mélangeant le
compost, la terre de la couche arable et un peu de terre vierge ensemble.
Vous en mettrez assez pour qu’elle s'élève à cinq ou six centimètres au-
dessus du niveau que doivent définitivement occuper les racines, le tas-
sement devant plus tard les ramener à ce niveau.
Je dois dire, en passant, que la température du sol exerce une très-
grande influence sur la végétation en général et particulièrement sur les
arbres fruitiers, qui ne deviennent fertiles et ne donnent des fruits savou-
Feux que quand leurs racines peuvent jouir d’une suffisante quantité de
chaleur, et la preuve à l'appui de cette assertion, c’est que les fruits de
certains arbres, plantés dans des sols froids et humides, se gercent, de-
viennent pierreux et sont de très-mauvaise qualité; nous savons égale-
ment que les couches supérieures de la terre s’échauffant plus fortement
M) Us
que les couches inférieures, done cela nous indique que les arbres frui-
tiers ne doivent être que très-peu enterrés et qu'il est nécessaire que
leurs principales racines se trouvent immédiatement au-dessous de la
surface du sol. La profondeur à laquelle les racines doivent être enter-
rées dépend d’ailleurs de la nature du terrain; ainsi, dans les terres froi-
des et humides, il est bon de placer les racines au niveau du sol et de
les recouvrir d’une espèce de butte en terre, que l’on entretient pendant
quelques années; dans les terres franches, on place les racines à six
ou sept centimètres au-dessous de la surface du sol; enfin dans les terres
légères, on les met à environ dix centimètres; cette profondeur est né-
cessaire pour les préserver des atteintes de la sécheresse.
Vous placez enfin votre arbre juste au milieu de la fosse, vous le tenez
d’une main et, de l’autre, vous étendez les racines qui doivent vous passer
toutes par la main pour leur faire prendre leur direction naturelle sans
les contraindre ni les forcer, et vous faites entrer la terre mélangée de
compost entre elles. On se donnera bien garde de secouer, comme on le
fait si fréquemment, dans le but, prétendent certains planteurs, de faire
descendre la terre entre les racines; cette habitude de secouer l'arbre a
le grand inconvénient de déranger ces dernières, de les amonceler lors-
qu’elles devraient être écartées et souvent même d’en rompre quelques-
unes.
Quand la bonne terre sera usée, vous achèverez de remplir la fosse avec
le reste de la terre vierge en réserve sur les bords, — elle se bonifiera
sous l’action des agents atmosphériques, — et vous aurez soin de ne pas
enfouir la greffe, ce qui est un inconvénient. En effet, lorsqu'on enterre
la base des greffes, certaines variétés émettent du bourrelet des racines
qui donnent une grande vigueur, le rendent difficile à gouverner et retar-
dent beaucoup la production des fruits.
IL ne faut pas marcher au pied d’un arbre lorsqu'il vient d’être planté ;
cette pratique est vicieuse en ce sens qu’en plombant le terrain on s'expose
à casser les racines ou tout au moins à les meurtrir, il suffit d’appuyer légè-
rement avec le pied pour le maintenir un peu, les pluies suffisent pour
tasser la terre. Dans une plantation très-tardive, il est avantageux de
mouiller les racines pour que la terre s'y attache immédiatement, et de
verser doucement un arrosoir d’eau autour du pied pour aider au tasse-
ment.
Les jeunes arbres une fois plantés ne doivent pas être complétement
abandonnés à eux-mêmes : il faut d’abord les défendre contre les vents
qui pourraient les déraciner ou même les rompre; il faut également les
défendre contre les sécheresses de l’été. Le binage, les païllis sont très-
efficaces et mieux encore les arrosements quand c’est possible, sont les
principaux moyens employés. N'oubliez pas que ce serait une excellente
opération que d’administrer aux jeunes arbres, dans le courant de l'été
et surtout au moment où la végétation est plus active, quelques arrose-
ments d'engrais liquide.
NE
Tous ces petits soins que réclame la plantation des arbres fruitiers vous
paraîtront peut-être minutieux, mais permettez-moi de vous dire qu’étant
nécessaires pour assurer un succès complet, si l’on en tenait toujours
compte on n'aurait qu’à s’en applaudir par la suite.
F. B. FOUILLIEN, Firs.
PROGRAMME DES QUESTIONS MISES AU CONCOURS
POUR 1866 ET 1867
par la Fédération des Sociétés d'Horticulture de Belgique.
Première question. — Ecrire l’histoire de l’horticulture en
Belgique, faire connaître les rapports qu’elle a eus avec l'étude et les
progrès de la botanique; la date des principales introductions dans
notre pays; les explorations faites par des Belges ; la fondation et l’his-
toire des principaux établissements d’horticulture; et terminer par un
aperçu général de l’état actuel de l’horticulture dans le royaume.
Deuxième question. — La composition et l’analyse des sols ara-
bles, particulièrement des terres employées en jardinage telles que terre
de bruyère, Boschgrond, terreau, humus, compost, etc.
Troisième question. — On demande un travail sur la construc-
tion des serres, l’exposé des principes généraux de cette matière, com-
prenant toutes les indications sur l’exposition, la nature des matériaux,
la forme générale, l'architecture, les systèmes de chauffage, ete., des dif-
férentes catégories de serres.
Quatrième question. — La culture maraîchère, la production
des primeurs et celle des champignons sont susceptibles de s'étendre et
de s'améliorer en Belgique, non-seulement en vue de la consommation
intérieure du pays, mais encore en vue de l’exportation. On demande
d'indiquer les moyens et les connaissances spéciales nécessaires pour
arriver à ce double but.
Cinquième question. — La théorie des engrais et celle des assole-
men's méritent une étude des plus approfondies ; ces deux sciences, si
nécessaires en agriculture, sont d’une utilité non moins contestée en
culture maraichère. On demande d’indiquer les moyens de réparer les
pertes du sol épuisé par des récoltes successives, en y suppléant par la
combinaison des nouveaux principes de fécondité que la science met à la
disposition du maraicher, et d'indiquer en même temps un ordre de
succession de légumes qui permette de fatiguer le sol le moins possible
et de pouvoir faire un grand nombre de récoltes sur le même terrain.
DT, UE
Sixième question. — Écrire l’histoire et la monographie bota-
nique et horticole d’un groupe naturel (genre ou famille) de plantes assez
généralement cultivées en Belgique. Le choix du groupe est laissé aux
concurrents à l’exclusion de ceux qui ont déjà été traités dans les Bulle-
tins de la Fédération.
Septième question. — De l'influence réciproque du sujet et de
la greffe.
Huitième question. — Donner l’histoire naturelle et horticole des
animaux nuisibles que l’on rencontre dans les serres, tels que les four-
mis, pucerons, acares, etc., et discuter les moyens proposés pour les
détruire ou pour remédier à leurs ravages.
Neuvième question. — Décrire les maladies auxquelles le Sapin
est exposé en Belgique, spécialement celles qui sont provoquées par les
insectes ou par des cryptogames, et faire connaître les meilleurs moyens
pour les combattre.
Dixième question. — Déterminer, par un bon exposé et une dis-
cussion sommaire des faits connus, l’état actuel de nos connaissances
sur les rapports de lazote à l’état simple ou de combinaison avec la
végétation.
Onzième question. — On demande un manuel pratique de la
culture forcée des plantes d'agrément, accompagné d’une dissertation sur
l’état actuel de nos connaissances en physiologie végétale concernant les
floraisons anticipées.
Douzième question. — Écrire la monographie botanique et hor-
ticole des Fougères cultivées en Belgique.
Treizième question. — Écrire la monographie botanique et hor-
ticole des Conifères susceptibles de constituer en Belgique des essences
forestières.
Quatorzième question. — On demande un traité de l’emploi des
engrais dans la culture des plantes d'agrément.
Quinzième question. — On demande une discussion théorique et
pratique des meilleurs renseignements connus sur le chauffage des serres
et subsidiairement sur leur aérage et leur ventilation.
Seizième question. — Apprécier l’œuvre pomologique de Van
Mons et donner un résumé de ses travaux et de ses opinions avec les
indications bibliographiques nécessaires pour la connaissance exacte et
complète des écrits et des fruits qu’il a produits.
RNA
Dix-septième question. — On demande un traité des maladies du
poirier en Belgique.
Vingtième question. — On demande un travail sur l’ascension
de la sève, la cause, la nature, la force, la vitesse de ee mouvement.
Dispositions réglementaires.
Art. XXVIII. Des prix d’une valeur de 100 à 500 francs, consistant en
médailles ou une somme d’argent, sont affectés à chacune des questions
du concours.
Art. XXX. Les réponses aux questions seront jugées par une commis-
sion de trois membres nommés par le comité directeur de la Fédération.
Art. XXXI. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les
planches manuserits.
Art. XXXII. Les auteurs des réponses aux questions des concours ne
mettent pas leur nom à ces ouvrages, mais seulement une devise, qu’ils
répètent dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Ceux
qui se font connaître, de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux
dont les mémoires sont remis après le terme prescrit, sont exclus du con-
cours ; les réponses doivent être écrites lisiblement en français ou en fla-
mand ; elles deviennent, par le fait de leur envoi, la propriété de la Fédé-
ration et restent déposées dans les archives; toutefois, les auteurs ont
droit gratuitement à cent exemplaires de leur travail, quand l'impression
en a été votée par l’assemblée générale.
Les auteurs des mémoires couronnés conservent le droit de publier une
édition particulière de leur ouvrage.
Les mémoires en réponse aux questions doivent être adressés, franes
de port, avant le 15 octobre 1866, à M. A. Royer, président de la Fédéra-
tion, à Namur, ou à M. Ed. Morren, secrétaire, à Liége.
L’accusé de réception paraîtra au Moniteur belge.
Læ Fédération a décidé que toutes les questions auxquelles il n’aura
pas été répondu au 15 octobre 1866, sont maintenues au concours
pour 1867.
Fait à Bruxelles, le 44 mai 1865.
Le secrétaire, Le vice-président,
Enouarp MoRREN. F. DE CANNART D'HAMALE.
Concours extraordinaire
La Fédération a décidé que les questions portées au programme du
Congrès horticole de Bruxelles, en 1864, formeraient un concours extraor-
dinaire. Toutes les conditions générales relatives aux concours ordi-
naires de la Fédération sont également applicables à celui-ci. Cependant
les questions étant ici peu définies, la plus grande latitude est laissée aux
concurrents. La Fédération, au lieu d'ouvrir un concours proprement dit,
adresse plutôt un appel à tous les savants et à tous les horticulteurs pour
les engager à lui faire des communications relatives aux questions déjà
soumises au Congrès.
Les mémoires peuvent être envoyés en tout temps au secrétariat de la
Fédération, à Liége. Ils peuvent être signés. Voici le programme de ce
CONCOUrS.
I. Acclimatation, naturalisation, domestication des végétaux.
Il. Hybridation, croisements et fécondations artificielles en général ;
caractères des hybrides; leur stérilité ; leur polymorphisme, conservation
du pollen, ete. :
HI. Théorie de la variation des espèces ou de l’origine des variétés et
des races. — Théorie de Van Mons, de Vilmorin et autres. — Réforme
dans la nomenclature des variétés.
IV. De la dynamique des végétaux et des phénomènes périodiques de
la végétation. — Influence de la température sur la germination, la
feuillaison, la floraison et la fructification des végétaux. Des floraisons
anticipées (forcées) et intempestives (remontantes et autres).
V. Alimentation végétale. Rôle de l’atmosphère : influence des azo-
tates, de l’ammoniaque, des phosphates. Théorie des engrais, des com-
posts, etc.
VI. Esthétique florale : du beau dans les fleurs simples et doubles. —
Harmonie des couleurs.
VII. Coloration des plantes. — De la panachure (variegatio) et du
dimorphisme qui en est la conséquence. La panachure est-elle hérédi-
taire par le semis et contagieuse par la greffe?
VIII. Histoire de l’horticulture. — Documents historiques ; nn à
phies; explorations; voyages; introductions; rectifications.
IX. L’humidité, l’eau, sont-elles absorbées directement par le feuillage?
X. Pathologie végétale; maladie des plantes; remèdes.
XI. Insectes et autres animaux nuisibles; leur destruction.
XII. Architecture des jardins; caractères du style actuel.
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HORTICULTURE.
NOTE SUR LE BIGARREAU DE LA CASERNE,
(MarTIN JaAcoBs-LOMBAERTS.)
SOUS-VARIÈTÉ DU BIGARREAU A FEUILLES DE TABAC,
PAR M. Epouarp Morren.
Syx : Cerisier macrophylla. Catal. de Mart. Jacobs-Lombaerts.
(Voyez Planche V-VE.)
e cerisier porte, outre des fruits bigarreaux fort
appétissants, des feuilles énormes, colossales, de
celles que les botanistes nomment re
L'arbre est vigoureux, fertile; les scions sont
gros et robustes. Les feuilles sont ovales, den-
tées, longues de 25 à 35 centimètres, sur 15 à
20 centimètres de large. Les fruits sont des bigarreaux
27 jaune clair, rouges du côté du soleil, à noyau bien pro-
ES portionné. La chair est d’un goût excellent,
CA Cette variété, feuilles et fruits, nous fut communiquée,
î le 25 juillet 1865, par M. Martin Jacobs-Lombaerts, pépi-
niériste à Malines, qui nous transmit, en même temps, les
renseignements que nous allons faire connaître : l’arbre est un semis qui
a produit pour la première fois en 1864. Cette année-là les fruits étaient
énormes, d’un goût excellent et mürs seulement au milieu du mois d’août.
En 1865 ils étaient plus nombreux, mais aussi plus petits et les fortes
chaleurs de l’été avaient avancé de 15 jours ou trois semaines l’époque
de la maturité.
Comme nous émettions,ià quelques jours de là, des doutes sur l’origine
et la nouveauté de ce produit extraordinaire, on nous rapporta, pour
nous convaincre, l’histoire de sa découverte telle que l’auteur lui-même
l'avait racontée. Nous éprouvons bien quelques scrupules à écrire cette
légende, mais nous croyons pouvoir passer outre : Honm soit qui mal
y pense. Les pépinières de M. Jacobs sont à quelque distance de la
ville de Malines : au moins, pour s’y rendre, le propriétaire doit-il tra-
verser une rue écartée occupée par une caserne. Il remarquait chaque
année, au mois d'août, au pied du mur désert de cette caserne, toute une
levée de jeunes cerisiers alignés comme s'ils étaient tirés au cordeau.
M. Jacobs choisissait de préférence l’autre côté de la chaussée. Mais
un jour il fut frappé de l’aspect plantureux et extraordinaire d’un de
ces jeunes cerisicrs de corps de garde. Ce n’étaient plus les conserits
ù
6e
ordinaires ; c’était un grenadier pour le moins, sinon un tambour-
major. M. Jacobs l’extirpe délicatement, le plante chez lui, le soigne;
l’arbre s'élève seul, toujours fort et vigoureux et vient enfin de se
mettre à fruit. Ainsi est venu au monde le Cerisier de la caserne.
Nous donnons la tradition pour ce qu’elle vaut et sans rien garantir.
Les doutes que nous éprouvions venaicnt de la ressemblance du Ceri-
sier de M. Jacobs avec un ancien cerisier, connu sous le nom de Ceri-
sier à feuilles de tabac (Cerasus nicotianæfolia). Les feuilles ont absolu-
ment les mêmes dimensions, et, comme l'indique son nom, ressemblent
à celles du tabac. Un pied de cet arbuste que nous cultivons au jardin
botanique de l’Université de Liége, est un fort bel ornement pour le
jardin. Il fleurit tous les ans, mais nous ne lui avons jamais vu de fruits.
Cet arbre est à peu près oublié. Les pomologistes actuels l’ont passé sous
silence. Cependant il mérite l'intérêt à plusieurs égards. Nous croyons
utile de faire connaitre ce que nous avons appris sur son compte.
Du Mont DE Courser (1) : à
Cerisier à feuilles de nicotiane, C. nicohanæfolia, PaLras,
Cerisier à quatre à la livre, Parras.
Cette espèce, bien distinguée des autres par ses feuilles, a une tige
droite, branchue, d’un rouge brun dans sa jeunesse et sur les jeunes ra-
meaux. Ses feuilles alternes, portées sur de longs pétioles canaliculés, et
chargés de 3 à 5 glandes, d’un beau rouge, ont environ un pied de lon-
sueur et 5 à 6 pouces de largeur. Elles sont un peu échancrées à leur
base, ovales-lancéolées, se terminant en une longue pointe, bordées de
larges dents, à nervures parallèles, très-glabres, d’un vert foncé en dessus,
pâles et un peu velues en dessous et sur leurs nervures. Fleurs blanches,
sortant plusieurs ensemble d’un même bouton, portées sur de longs pé-
doncules. Fruits rouges, d’une grosseur très-ordinaire, ovales avec une
petite pointe, d’une médiocre qualité. Chair ferme et sucrée.
Lieu. L'Ukraine. Arbre. Fleurit en mars et avril. Il faut supposer que
les cerises de cette espèce sont en Ukraine, bien plus grosses qu’elles ne
sont en France, pour l’avoir nommée cerisier à 4 à la livre, ou qu’on a
au moins oublié un zéro.
L. Noserre, en 1821, dans Le jardin fruitier (2) :
Bigarreau à grandes feuilles. Vers l’an 1804, j'appris d’un
baron polonais en voyage à Paris, qu'il existait chez un de ses amis un
cerisier dont les fruits prenaient le volume d’une prune de Dame Aubert.
Un pareil fait excitait ma curiosité, je ne donnai point de relâche au
baron que je n’aie obtenu la possession d’un arbre qui portait un fruit si
(1) Du Mowr pe Courser, le Botaniste cultivateur, t. Y. 590.
(2) 1. c. tome I. p. 17.
— 67 —-
merveilleux : en effet, j’en recus deux pieds par ses soins, et ce sont ces
deux pieds, multipliés par la greffe, que j’ai répandus dans le commerce,
sous les noms de cerisier à feuilles de tabac, et de cerise des quatre à la
livre, autorisé, pour le premier de ces noms, par un catalogue anglais, et
pour le second par un catalogue hollandais, dans lesquels j’ai cru recon-
naître cette espèce de cerisier.
Tel que nous l’avons actuellement, c’est un arbre extraordinairement
vigoureux, qui se tient plus mal que nos autres bigarreautiers, dont les
feuilles nombreuses et étoffées sont remarquables surtout par leur
grandeur, car elles ont jusqu’à dix pouces de longueur ; on en a vu même
qui avaient jusqu’à dix-huit pouces sur neuf.
Mais il s’en faut de beaucoup que les fruits répondent aux espérances
qu’on pouvait concevoir de la dimension des feuilles; on voit au con-
traire que cet arbre, quoiqu'il fleurisse abondamment chaque année,
laisse tomber ses fruits dès que le noyau veut se former, au point qu’on
n’en a obtenu jusqu'ici que quelques-uns qui ont müri tard, sont restés
fort petits, peu colorés et remarquables en ce qu’ils étaient terminés par
une petite pointe mousse, oblique et courbée en hamecon. Cependant
je pense que, quand il sera plus vieux, mieux cultivé chez nous, qu’il
poussera moins vigoureusement, et que conséquemment ses feuilles pren-
dront moins d’étendue, je pense, dis-je, que cet arbre sera plus fertile
et donnera des fruits plus gros : en attendant, je le place parmi les
bigarreautiers, parce que les fruits qu’on en a obtenus jusqu'ici, et qui
sont mürs à la mi-août, ont la chair ferme et croquante.
En 1825, dans le Manuel complet du Jardinier(1), Noiïserre paraît
être encore moins bien disposé pour cet arbre :
Bigarreautier tardif à feuilles de tabac, cerisier des quatre
à la livre; en août ; fruit le plus gros de tous, quoique bien loin de
mériter son nom. Pulpe très-ferme, d’une qualité médiocre. Cet arbre est
remarquable par l’ampleur de ses feuilles ; ses fruits nous ont toujours
paru avortés, parce qu’on le greffe sur des sujets qui ne peuvent pas lui
fournir assez de sève; peut-être aussi que notre climat est trop chaud,
car nous l’avons reçu de Russie,
Enfin, rapportons encore ce que dit Couvercnez (2) dans le Traité
des Fruits :
Bigarreau à grandes feuilles, cerise de quatre à la livre. Ce bigarreau
a encore une autre dénomination qu'il doit à l’aspect qu'offrent les
feuilles de l’arbre qui le produit et qui rappellent celles de tabac; quant
à celle de quatre à la livre, nous ne voyons pas d’où elle peut dériver, à
(1) L. Noserte, Manuel complet du Jardinier (1825), tome IT, p. 504.
(2) Couvencaez. Traité des Fruits, p. 354 (1859).
cm DE
moins que cette variété n'ait pas tenu ce qu’elle promettait, ou qu’elle
ne soit singulièrement dégénérée, car son volume n’est pas extraordi-
naire; son diamètre dépasse, en effet, rarement dix à douze lignes, et
sa hauteur est presque égale ; sa peau est bigarrée de rouge sur un fond
blanc jaunâtre : sa chair offre aussi cette dernière nuance, elle est ferme
ct demi transparente; le noyau est petit, eu égard au volume du fruit.
Cette variété cst assez estimée, tant à cause de sa saveur que parce
qu’elle se montre à une époque où il ne reste plus de cerises ; sa maturité
s’effectue vers la fin d’août ; elle mérite d’être propagée, l'arbre qui la
produit est surtout remarquable par sa vigoureuse végétation et la
richesse de son feuillage.
En présence de ces textes formels en comprendra nos hésitations à
l'égard du Cerisier de la caserne. Nous étions disposé à admettre leur
identité. Cette opinion ne paraît pas être fondée. M. Galopin,pépiniériste
fort habile à Liége, qui a vu l’arbre de M. Jacobs, nous assure qu’il
est bien différent de celui qu’il cultive sous le nom de Cerisier 4 à la
livre. M. de Cannart d’Hamale, président de la Société Royale d’horticul-
ture de Malines, nous a écrit pour nous faire remarquer que le Cerisier
de la caserne porte de beaux fruits, blancs et ronds, tandis que le nico-
tianæfolia ne donne que de petits fruits rouges et allongés. L’une est
excellente, l’autre est détestable. Enfin l’auteur lui-même proteste de
toute l'énergie de sa conscience en faveur de la légitimité de son produit.
Et en effet. Le cerisier à feuilles de tabac a toujours été un arbuste
intéressant au point de vue de l’ornementation des jardins, mais comme
arbre fruitier ilest sans valeur. Les pomologistes lui ont fait, en somme;
peu d’éloges et l’ont considéré comme une curiosité, une bizarrerie.
Sa fructification est pénible et maigre. Au contraire, l’arbre de M. Lom-
baerts a, depuis qu’il est adulte, donné chaque année une abondante
récolte et ses fruits sont vraiment de bonne qualité.
D'ailleurs rien d’impossible à ce qu'un nouveau cerisier soit orné
de feuilles grandes comme celles du Cerasus nicotianæfolia des jardins.
Cet arbre, en effet, n’est pas une espèce mais une simple variété.
Les avis sont partagés sur la question de savoir s’il faut considérer
les principales catégories de cerises comme des variétés ou comme des
espèces. Ainsi De Candolle (F1. fr., IV, 85), a fait pour les bigarreaux
le Cerasus duracina du Prunus avium 6 duracina de Linné. Mais tous
les auteurs sont d’accord pour rattacher le Cerasus ou Prunus nicotianæ-
folia des jardiniers aux bigarreaux. Cette forme, avec les grandes feuilles,
est dans tous les cas une simple variété de bigarreau. Dès lors il n’est
pas impossible que cette variation se soit produite spontanément à
Malines et par conséquent que l’histoire de la caserne soit véridique.
Quoi qu’il en soit, voici la diagnose et la synonymie du cerisier à
feuilles de tabac, :
LOO
Prunus avium L.f duracina var. nicotianaefolia : foliis amplissimis, grosse
dentatis, fructu rotundo lutco-puniceo, carne pallido, dulei.
Prunus macrophylla Pour. Enc. meth. Suppl. V, 584.
Cerasus nicolianaefolia Loisz. et hortul.
C. decumana DELAux.
C. juliana decumana Risso.
Les Anglais et les Allemands le désignent comme nous sous le nom de Four to
the pound; Tabak-blattrige späte Herzkirsche, Pfundkirsche.
Pour caractériser le Cerisier de la caserne il nous suffirait d’ajouter
deux mots à la diagnose qui précède : arbor fructuosus.
FRUCTIFICATION D'UN AGAVE AUERICANA
A LOUVAIN.
Nous avons annoncé naguère (1865, p. 245) la floraison d’un Agave
d'Amérique au jardin botanique de Louvain. Jamais, pensons-nous,
cette floraison ne s’est présentée avec autant de vigueur et de beauté
dans notre pays. Dés que la hampe a commencé à se dégager, M. Sterk-
mans, jardinier en chef de l'établissement, a mis la plante en pleine terre
et en plein air. Le phénomène s’est dès lors développé avec une puissance
considérable. De plus les fleurs ont laissé après elles des capsules parfai-
tement formées; il est vrai que les graines qu'elles renfermaient sont
restées stériles et n’ont pas été fécondées. Mais encore, dans ces limites,
la fructification d’un Agave Americana est un fait qui nous a paru
devoir être cité.
NOTE SUR LA CULTURE DES PHAJUS ou BLETIA.
Par M. Rivière,
Du Luxembourg à Paris.
Les Phajus sont de magnifiques orchidées qui forment à cette époque
de l’année, un brillant ornement pour les serres. Environ trois semaines
après la floraison de ces belles plantes, on y voit pousser les bourgeons
de la base. C’est le moment favorable pour les multiplier. On les retire
de terre et on en sépare chaque touffe, avec la serpette, en deux ou trois,
selon le nombre des pseudobulbes qu’on trouve formés. On plante alors
dans un mélange de terre de bruyère et de sphagnum. En en mettant
dans un grand pot trois ou quatre pieds ainsi obtenus, on obtient des
touffes énormes, qui donnent, chaque année, leurs grappes de belles
fleurs. M. Rivière exprime son étonnement de ce que des végétaux si
éminemment ornementaux et d’une culture facile ne se trouvent pas
dans toutes les serres.
car ff
FRANCOIS DE CRAEN.
Fr. De Craen, un des meilleurs jardiniers de Bruxelles, est décédé le
8 Mars 1866. Il était né à s’Princenhage (Hollande), le 25 Jan-
vier 1798. |
/
SEMIS DES GRAINES DES FLEURS DE PLEINE
TERRE. ;
EXTRAIT DU LIVRE : Les fleurs de pleine terre,
Par MM. VisuoriN-ANDRIEUX.
|. — Plantes annuelles.
Les plantes annuelles peuvent être semées, selon les espèces et selon
que l’on veut en avancer ou en retarder la floraison, de trois manié-
res : — {1° en pépinière sur couche; — 2° en pépinière en pleine terre,
à l’air libre ; — 5° sur place.
$ 1. —- SEMIS SUR COUCHE.
On élève, dès les premiers jours de Mars, à une exposition chaude,
une couche pourvue de réchauds que l’on recouvre de coffres avec leurs
châssis, et au fond des coffres on met de 15 à 20 centimètres de terreau
ou de terre légère. Lorsque la couche a jeté son premier feu et qu'un
thermomètre enfoncé dans le terreau, ne marque plus que 25° à 50° cen-
tigrades, on tasse la terre de manière qu’elle ne soit pas creuse, pour
qu’elle ne cède pas trop sous l’eau des arrosements, qui déplaceraient
les graines fines; on l’arrose si elle est sèche, et l’on procède au
semis. Outre la recommandation que nous venons de faire sur l’état
de la terre au moment du semis, nous ne saurions trop insister sur
celle de n’enterrer les graines que proportionnellement à leur volume.
Les graines fines ne doivent être que légèrement recouvertes, soit de
terre légère sableuse (celle de bruyère, par exemple), soit de terreau
pur bien consommé ou mélangé de terre sableuse que l’on passe au crible
fin, ou bien elles sont tout simplement appuyées sur la terre avec la
main ou avec une planche disposée à cet usage. Le semis fait, il est
nécessaire d’arroser légèrement la terre avec un arrosoir à long goulot,
à l’extrémité duquel on adapte une pomme finement percée et l’on renou-
velle cette opération toutes les fois que le besoin s’en fait sentir. Cepen-
ee
dant il n’est pas toujours nécessaire d’arroser les semis faits sur couche
chaude; car il arrive fréquemment que, par suite de la fermentation,
il ya plutôt, dans la couche et sous le vitrage, surabondance que man-
que d'humidité, en sorte que des arrosements donnés inconsidérément
pourraient quelquefois devenir nuisibles.
Afin d'apporter tout l’ordre désirable dans l’opération des semis, on
devra, aussitôt les graines semées, placer une étiquette portant le nom
de la plante ou un numéro correspondant, son origine, s’il y a lieu, et
surtout la date du semis. Le mode d’étiquetage le plus simple et le moins
dispendieux consiste à prendre un morceau de sapin ou autre bois blanc
et tendre, que l’on aplanit au moins d’un côté ou des deux côtés, en ne
lui laissant qu’une épaisseur de 4 à 6 millimètres, et qu’on aiguise d’un
bout ; on choisit le côté le plus uni, et l’on y passe, soit avec une brosse,
soit de préférence avec le doigt, une légère couche de blanc de céruse,
et le crayon peut fonctionner aussitôt. Il est préférable de ne blanchir
les étiquettes qu'au moment de s’en servir.
Pendant la nuit on couvre le chässis avec des paillassons et on le
découvre le jour par le beau temps. Quelquefois il est d’usage de main-
tenir les paillassons jusqu’à ce que les graines commencent à germer, et
de ne les enlever que lorsque la germination s’est effectuée, il est bien
entendu que cet enlèvement ne doit avoir lieu que par un temps couvert,
On maintient, autant que possible, sous le châssis, une température de
49° à 15° pendant la nuit, et de 18° à 20° pendant le jour; pour cela, il
est souvent nécessaire de remonter ou de renouveler les réchauds de
fumier. Dès que les graines sont germées, on doit donner de l’air toutes
les fois que le temps le permet, afin que les plantes ne s’étiolent pas, et
surtout quand le soleil donne, afin d’éviter sous le châssis une trop
grande intensité de chaleur. À cet effet, on se sert d’un pot, où mieux
d’une petite planche appelée crémaillère qui peut maintenir le panneau
au-dessus du coffre à des hauteurs déterminées, en outre, on répand de
la litière sur le verre du panneau, on y étend une toile à larges mailles,
des clayons à jour, ou bien on blanchit le vitrage avec du blanc d’Es-
pagne ou un peu de vert délayé dans de l’eau, pour abriter les plantes
encore tendres contre les rayons directs du soleil. Quelques personnes
emploient aussi, pour couvrir leurs semis, au lieu des panneaux vitrés
ordinaires, des panneaux où le verre est remplacé par du papier huilé.
Dès que les plants se sont suffisamment développés, c’est-à-dire dès qu'ils
ont quelques feuilles, on doit, suivant les espèces et les soins particuliers
qu’elles exigent, ou les éclaircir ou les repiquer sur couche.
L’éclaircissage doit avoir lieu lorsque les plants sont trop serrés, qu’on
en a trop, ou qu’il s’agit d’espèces pivotantes dont le repiquage n'aurait
aucune chance de succès, et qui doivent pour cette raison rester à la
même place. .
Le repiquage est au contraire de la plus haute importance pour la
SANT an
grande majorité des plantes : on peut le faire, soit sur la couche même,
soit en pots qu'on laisse sur couche jusqu’à la plantation à demeure. Le
repiquage sur la couche même devra être adopté de préférence pour
toutes les espèces à racines fibreuses qui, trop tendres encore par suite
du mode de culture qu’elles ont subi, ne pourraient supporter alors la
plantation à demeure. Le repiquage en pots n’est guère usité que pour
les espèces à racines pivotantes, ou pour celles qui, plus tard, souffri-
raient beaucoup de la transplantation. On peut repiquer plusieurs pieds
dans un même pot, et lorsqu'ils ont acquis un certain développement qui
leur permet de supporter la mise en place, on renverse simplement le
vase et l’on divise la potée en autant de parties qu’il y a de pieds, en
leur conservant une bonne motte.
Si l’on opère sur des plantes dont la reprise est très-difficile, on en
repique une seule par pot, ou bien on sème clair en pots sur couche; on
éclaireit au besoin, on supprime les plants qui sont de trop, et l’on
plante plus tard à demeure en dépotant sans diviser la motte. Lorsque
les semis sont faits en pots, on emploie généralement des pots de 4 pou-
ces; on les enterre jusqu’au niveau du sol, lorsqu'on est certain qu’ils
ont été posés d’aplomb, ce dont il est facile de s’assurer, en plaçant une
règle sur toute sa rangée, on met un tesson au fond de chacun d’eux;
on les emplit ensuite de terreau ou de terre légère mélangée, analogue
à celle qu’on aurait employée dans le cas précédent. — On foule et
l’on nivelle (égalise) la terre avec un battoir de même forme que
l’ouverture des pots, mais cependant un peu moins large, et l’on pro-
cède ensuite au semis; on recouvre les graines comme il a été dit plus
haut; en un mof, on renouvelle les mêmes opérations. Il est cependant
plus facile et plus convenable d’emplir de terre les pots et d'y semer
les graines avant de les enterrer dans la couche : on est ainsi moins
exposé à faire des mélanges; on sème et l’on couvre plus également
les graines, et le travail se fait plus facilement et plus régulièrement.
Les graines très-fines, comme celles de Clintonia, de Lobelia, de
Calcéolaires, etce., qui demandent à être à peine couvertes, et qu’il
suffit même de répandre et d'appliquer sur la terre, peuvent avec avan-
tage être semées en pots; pour éviter que les arrosements déplacent
les graines, on arrose la terre avant le semis, et l’on recouvre ensuite
le pot avec un verre. D'une part, l’évaporation étant plus lente, la
terre sèche moins vite, et, d’une autre part, la condensation qui s’éta-
blit sur les parois du verre entretient une humidité suffisante. On peut
aussi, pour éviter d’arroser, plonger pendant quelques minutes la base
du pot dans un bassin ou vase rempli d’eau, que la force de capillarité
appelle jusqu’à la surface de la terre.
Les couches du commencement de Mars sont destinées à certaines
plantes délicates ou à celles qu’on veut avancer ; mais, dans la grande
majorité des cas, les semis faits à la fin de Mars ou dans le courant
PS
d’Avril suffisent. La conduite des couches et des semis faits à cette der-
nière époque est la même que pour les semis du commencement de Mars,
dont il vient d’être question, les plantes reçoivent les mêmes traitements ;
on les repique de même sur la couche ou en pots ou bien on effectue le
semis en pots ; seulement la température devenant plus douce à cette épo-
que, des cloches peuvent alors parfaitement suppléer les châssis. Il est
également indispensable d’aérer les semis faits sous cloche toutes les fois
que le besoin s’en fait sentir, principalement lorsque le soleil donne, et
de répandre alors sur le verre de la cloche, soit de la paille ou de petits
clayons, soit une toile à ombrer, etc., pour atténuer les effets d’une
insolation trop considérable; quelques personnes se contentent, pour
ombrer, de barbouiller le verre. L’aération peut se faire pour les cloches
comme pour les châssis, en les soulevant, soit au moyen d’un pot ou
d’une pierre, soit, de préférence, au moyen d’une crémaillère taillée en
pointe à la base, ce qui permet de l’enfoncer facilement en terre.
Du reste, aussi, les couches destinées à la culture des primeurs, telles
que Melons, Pois, etc., peuvent parfois servir simultanément ou succes-
sivement aux primeurs et aux semis ou aux repiquages des fleurs, et
remplacer sans inconvénient pour beaucoup d’espèces celles que l’on
construit dans le but spécial d’y élever des fleurs.
Les graines semées d’après les divers procédés que nous venons d’énu-
mérer, germent d'ordinaire assez promptement, et généralement d’une
manière plus régulière que les semis faits à l'air libre; en outre, la
chaleur des couches excitant la végétation, il en résulte que les jeunes
plants ne tardent pas à devenir trop épais et à se gêner : aussi ne sau-
rions-nous assez recommander d'éviter de semer trop dru. On ne devra
pas négliger en outre d’aérer toutes les fois que le temps le permettra,
et d’éclaircir les jeunes plants une et même deux fois, si cela est néces-
saire, en conservant et en repiquant les plants provenant de ces éclair-
cissages, si l’on en avait besoin. Avec les précautions que nous avons
indiquées, on obtiendra des plants qui, au lieu d’être étiolés, trop ten-
dres et exposés à périr lors du repiquage, seront trapus, vigoureux, et
supporteront sans danger la transplantation en plein air.
$ 2. — SEMIS EN PLEINE TERRE.
4° Semis en pépinière.
Lorsqu'on veut établir une pépinière dans le but spécial d’y semer
des fleurs annuelles, on doit choisir préalablement une terre légère,
meuble, à une exposition chaude; et de préférence une plate-bande
inclinée au midi, que l’on recouvre de terreau ou de terre légère. Après
avoir dessiné des compartiments avec le battoir, ou des rayons avec une
ce A
simple baguette, ou bien des petits bassins ronds faits à la main, on
sème avec les soins indiqués pour les semis sur couche; si la terre
était par trop sèche, il conviendrait, avant de semer, d’arroser
comme nous l'avons déjà indiqué pour les semis faits en pots sur
couche. Cependant, comme ici les semis sont souvent considérables
et qu'on est davantage exposé aux courants d’air, on pourra, pour
semer plus régulièrement, mêler les graines fines avec du sable ou
de la cendre lessivée, et les graines aigrettées que le vent enlève
facilement, avec de la terre. Si le temps est sec et aride, on pourra
couvrir les semis avec de la mousse bien hachée, répandue en couche
légère sur la terre. Nous ne saurions trop recommander ce sysième,
qui a le double avantage d'empêcher le sol d’être battu par l’eau des
arrosements et des averses, tout en y maintenant la fraicheur, et de
garantir les jeunes plantes contre les rayons trop vifs du soleil. Toutefois
il est bon de signaler que la mousse employée en plein air se dessèche
facilement, en sorte que le vent l’entraine, la roule et la rassemble par-
fois en petits tas qui peuvent occasionner la perte de jeunes germina-
tions : c’est pourquoi quelques personnes ne l’emploient que pour les
semis faits sous verre ou pour ceux que l’on peut abriter. — On peut
encore dessiner en cercle les compartiments à ensemencer, et les couvrir
pendant la nuit avec des cloches ou des pots renversés qui protégeront
les semis contre le froid et l’invasion des insectes ; il sera même plus
avantageux de laisser les cloches ou les pots sur les semis jour et nuit,
jusqu’au moment de la levée des graines. S’il est nécessaire ensuite de
laisser ses cloches ou ses pots sur les semis durant le jour, on pourra
au besoin donner de l’air en les soulevant d’un côté et comme il est
indiqué. Lorsque les plants se sont suffisamment développés, on les
repique sur une plate-bande voisine, ou bien on les éclaircit sur place ;
enfin on les plante à demeure quand ils sont de force à se défendre.
2° Semis sur place.
Les plantes annuelles qu’on sème sur place sont : — 1° celles qui
n’exigent que peu de soins pendant leur premier âge; — 2° celles qui
ne supportent pas la transplantation (1); 3° celles dont on veut faire des
semis considérables pour en former, soit des massifs, soit des bordures.
Les plantes comme les Lupins, les Ricins, qui demandent à être isolées
pour acquérir tout leur développement, doivent être semées comme s’il
s'agissait de Pois ou de Haricots ; c’est-à-dire dans de petites fosses, où
l’on place plusieurs graines; plus tard on ne laisse que le plant le plus
(1) Presque toutes les plantes peuvent être repiquées ; mais quelques-unes exigeant,
pour réussir, des soins trop minutieux et qui sont le plus souvent d’une pratique :
difficile, on préfère d'ordinaire les semer en place.
LME
vigoureux. On pourrait aussi semer sur place des plantes plus délicates,
que l’on est dans l’habitude de semer en pépinière; mais il faudrait
alors se rapprocher des soins indiqués pour les semis en pépinière
(pages 10 à 12), en ayant soin de garantir les semis par de la mousse,
de la litière, des paillassons, etc.; si, par la suite, les plantes étaient trop
rapprochées, on les éclaircirait. Si la terre dans laquelle on opère est
lourde et compacte, il est indispensable de l’ameublir, de la drainer
si elle est trop humide, et de recouvrir les graines avec du terreau ou
de la terre légère.
30 Semis d'automne,
La plupart des plantes annuelles répandent leurs graines à l’automne.
Ces graines (suivant les espèces), passent l’hiver dans la terre sans ger-
mer, ou bien elles se développent peu de temps après, et les plantes
encore jeunes, surprises par les froids, attendent que le printemps vienne
ranimer leur végétation. On fera bien d’imiter la nature pour les
espèces de nos climats qui ne souffrent pas de l’hiver, et pour celles
qui, n’étant pas indigènes, peuvent aussi le supporter. Ces plantes seront
plus vigoureuses, plus belles, leurs fleurs plus grandes et de couleurs
plus vives. Les Clarkia, les Collinsiu, les Gilia, les Pensées, les Silene
pendula, la Julienne de Mahon, et beaucoup d’autres (que l’on trouvera
mentionnés dans une liste spéciale placée dans la seconde partie de cet
ouvrage), sont dans ce cas. C’est, de plus, un moyen d'obtenir de bonne
heure la floraison des plantes qui peuvent se soumettre à cette culture,
et par des semis répétés au printemps, de se procurer une succession
presque non interrompue, et souvent très-désirable, de ces fleurs. Ces
semis ne doivent pas être faits trop tôt, car si les plantes étaient déjà
fortes quand l'hiver survient, elles seraient beaucoup plus exposées à
périr : ils se font pour le mieux, suivant les espèces, de la fin d’Août
au commencement d'Octobre, mais plus généralement dans le courant
de Septembre, sur place, et se pratiquent du reste comme ceux du
printemps. On peut semer les mêmes plantes en pépinière à la même
époque, et les repiquer à environ 10 centimètres en pépinière en plein
air où elles passent l'hiver. Au mois de Mars, on les repique de nouveau
en les espaçant suivant les espèces, de 15 à 20 centimètres en tout sens;
en Avril, on les lève en motte au moyen d’une houlette, et on les plante
à demeure.
Quelques plantes plus délicates, qu’on sème également en automne,
demandent à être repiquées en pépinière près d’un abri. Il est nécessaire
de les recouvrir d’un peu de litière, de grande fougère, de paillassons ou
de panneaux, par les gelées continues de 5° à 4e,
On peut aussi semer en pépinière en automne (septembre), et hiverner
en pépinière sous châssis, un certain nombre de plantes qui ne sup-
DNA
porteraient pas, sans cet abri, les rigueurs de l’hiver. À cet effet, on
choisit encore de préférence une place abritée et au midi ; on pose sur
le sol un ou plusieurs coffres qu’on emplit de terre douce jusqu’à environ
12 à 15 centimètres du bord, en ayant soin que cette terre soit assez
foulée pour n’être pas creuse; on y repique les jeunes plants dans le cou-
rant d'octobre, à 8 ou 10 centimètres les uns des autres, et s’il survient
des froids, de la neige ou des pluies abondantes, on les couvre avec des
panneaux vitrés. Il est indispensable que la gelée ne pénètre pas dans
le châssis, et l’on y pourvoit en amoncelant autour des coffres, soit
de la terre, soit de la litière ou bien des feuilles, et en couvrant les
panneaux avec des paillassons. L’humidité est aussi en hiver un ennemi
dont on doit combattre les fâcheux effets; on obtient ce résultat en
modérant les arrosements, en donnant de l’air le plus possible et toutes
les fois que le temps le permet. Vers les mois d'avril ou de mai, on
lève les plantes en motte et on les met en place.
La conduite d’un châssis de repiquage demande une surveillance
active, continuelle et des soins entendus. L’excès d'humidité produi-
sant toujours sur les plants de la majorité des espèces des effets per-
nicieux, on devra le combattre par tous les moyens possibles; les
arrosements surtout devront être faits avec beaucoup de discernement
et de prudence, et s’il s'agissait de plantes à feuilles un peu épaisses
et charnues, mieux vaudrait même s'abstenir de tout arrosement, alors
que le temps est couvert ou par les gelées continues. L’étiolement est
aussi pour les plantes cultivées sous châssis un mal fréquent, que l’on
atténuera en donnant le plus d’air et de lumière que les circonstances
le permettront, et en pinçant, s’il a lieu, l’extrémité des rameaux qui
auraient une trop grande tendance à s’allonger. Il conviendra en outre
d'éviter soigneusement que les plantes ne soient brülées par le soleil;
on y parviendra en ombrant, en ouvrant les châssis chaque fois que
cela sera nécessaire. Enfin on ne saurait faire une chasse trop suivie
aux vers, aux limacons, aux courtilières, aux cloportes et autres in-
sectes nuisibles, qui occasionnent parfois tant de dégâts dans les cul-
tures, et surtout sous les châssis et dans les jeunes semis. C’est pour
cette raison que beaucoup de personnes préfèrent encore faire tous
leurs semis en pots, en terrines, ou bien en caisses, étant ainsi plus
assurées du résultat que lorsque les semis sont faits en pleine terre
ou même à la couche, où ils sont exposés à une foule de dangers.
II. — Plantes bisannuelles.
SEMIS ET CULTURE.
La plupart de ces plantes peuvent être semées de mai-juin en juillet,
en pépinière et à l'ombre : les plus délicates en pots, pour être plantées
en Septembre à demeure ou dans la pépinière d'attente; en les semant
NE
plus tôt, on serait exposé à leur voir prendre un trop grand dévelop-
pement ou donner tardivement des fleurs médiocres, qui fatigueraient
le pied et l’exposeraient à périr pendant l'hiver.
Quelques autres, d’une végétation plus lente, ne fleuriraient pas la
seconde année sous notre climat, si on ne les avait semées dés avril-mai
de l’année précédente. Les soins qu’exigent les semis des plantes bisan-
nuelles sont les mêmes que pour les plantes annuelles; cependant la
conservation pendant l'hiver des plantes qui seraient vivaces en serre
exige quelques soins particuliers. On les repique et on les plante en pots
pour les hiverner sous verre.
Un coffre pourvu de châssis plus élevés que d'ordinaire, placé à bonne
exposition à la surface du sol, et entouré de litière pour empécher le
froid d’y pénétrer, ou pour le mieux, enterré dans le sol (ce qui dispense
avec avantage du soin d’avoir des réchauds), sera un abri très-convenable
pour ces plantes. Des paillassons, ou à défaut de paillassons, de la litière,
des feuilles sèches ou de la mousse, seront placés sur les panneaux pen-
dant la nuit et par les temps rigoureux. Pendant l’hiver on veillera
assidüment à ce que l'humidité, fort à craindre alors, n’amène la pour-
riture, et par cela même la perte des plantes. Des arrosements modérés
et une aération parfaitement comprise sont les conditions essentielles
pour assurer la conservation de ces végétaux. Avant de disposer les pots
sous le châssis, il est nécessaire d’établir une couche de 6 à 8 centimètres
de gros gravier, ou plutôt d'escarbilles, sur laquelle les pots seront
placés : ce procédé a l’immense avantage d’éviter une humidité sura-
bondante et d’empécher les vers ou lombries de pénétrer à l’intérieur
des pots; cependant, quoique excellent dans quelques circonstances, ce
procédé n’est pas indispensable, et le plus souvent les semis réussissent
sans cette précaution, parfois assez dispendieuse. Au printemps, les
plantes seront dépotées et placées en motte à leur destination. Une serre
tempérée, une chambre au midi, un hangar, etc., pourront souvent rem-
placer les châssis; mais en règle générale, une des conditions les plus
importantes à observer, si l’on veut que des plantes conservées l’hiver
(soit sous châssis ou autrement) ne s’étiolent pas, mais restent au con-
traire bien vertes, trapues et vigoureuses, c’est, outre les soins déjà in-
diqués et une aération fréquente, de ne les point entasser en trop grand
nombre dans un petit espace, et de les tenir aussi rapprochées de la
lumière ct du verre que possible, en évitant qu’elles ne touchent ce der-
nier ct ne soient froissées par les panneaux.
IIT. -- Pépinière d'attente.
C'est une plate-bande dans un endroit écarté du jardin, destinée à
recevoir : 1° les plantes annuelles dont les racines sont abondantes et
vomposées de fibres déliées, comme dans les Reines-Marguerites, les
Au
Balsamines, les OEïillets d’Indes, ete., qui supportent la transplantation
jusqu’au moment où elles vont fleurir. Au lieu de les planter à demeure
au sortir de la couche ou de la pépinière sur des plates-bandes qu’elles
occuperaient longtemps sans les orner, elles sont élevées dans la pépi-
nière d'attente, et plus tard transplantées en motte avec soin de la place
qu’elles doivent définitivement occuper et décorer. — 2° Les plantes
bisannuelles, qui souvent ne pourraient être plantées en automne dans
les plates-bandes, qu’elles trouveraient encore occupées; elles sont alors
placées dans la pépinière d’attente, et transplantées à demeure au prin-
temps. — 5° Les plantes vivaces, qui se trouveraient dans le même cas
que les bisannuelles, et enfin celles qui font attendre longtemps leur
floraison. Dans cette dernière catégorie, il s’en trouve qui, arrivées à
l’âge de fleurir, ne pourraient plus supporter la transplantation ; l'usage
est, pour ces espèces, de repiquer leurs plants très-jeunes dans des pots,
que l’on change plus tard, s’il y a lieu, et que l’on enterre dans la pépi-
nière d'attente, d’où ils séront facilement enlevés lors de la plantation
à demeure.
IV. — Plantes vivaces.
$ 4. — SEMIS ET CULTURE.
La plupart se sèment de juin en juillet, mais plutôt en juin, à l’ombre,
en pépinière, en planche ou en pots, ou bien en terrines ou en caisses,
pour être mises en place à l’automne ou dans la pépinière d’attente.
On sème en outre d’avril en mai, en pépinière ou en planche, celles
dont le développement est lent, ou celles qui, semées dès cette époque,
peuvent fleurir dans la même année comme de véritables plantes an-
nuelles; en vue de ce dernier résultat, on sème même quelques espèces
sur couche en mars-avril; e’est le cas pour la Cupidone, le Pied d’alouette
vivace hybride, ete. D’autres espèces exigent, pour bien fleurir l’année
même du semis, d’être semées sur couche dès février; elles sont alors
repiquées sur couche ou élevées en pots sur couche, jusqu’à ce que la
température permette leur plantation à l’air libre.
D’autres, semées en été ou en automne, ne lèvent qu’au printemps
suivant et ne fleurissent qu’à la troisième ou quatrième année : telles sont
les Pivoines, les Fraxinelles, ete. Celles-là surtout doivent être semées
dès que les graines sont mûres, cn pots ou en terrines, et transplantées
dans la pépinière d'attente, où elles resteront jusqu’à ce que leur force
fasse présentir une floraison prochaine et permette de les utiliser à la
décoration des parterres.
Les soins qu’exigent les semis des plantes vivaces sont les mêmes que
ceux indiqués pour les espèces annuelles ou hisannuelles.
de VE
Après complet développement des plantes, et dans l’intérèt de leur
conservation, on a soin de couper les tiges florales dès que les fleurs
sont fanées, et de diviser les touffes quand elles deviennent trop fortes,
ou qu’elles commencent à se dégarnir au centre. Cette opération doit
s’effectuer à des époques qui varient beaucoup et que l’on-trouvera indi-
quées aprés la description de chaque espèce ; cependant, en général, c’est
au printemps, avant la reprise de la végétation, ou bien après la floraison,
au moment où les plantes entrent dans la période de repos, c’est-à-dire
à la fin de l’été et au commencement de l’automne, que se fait cette divi-
sion des touffes. |
La multiplication des plantes vivaces par la division des touffes n’est
pas avec le semis le seul autre mode employé pour leur propagation. Un
grand nombre de variétés, et particulièrement celles à fleurs doubles,
qui ne donnent pas de graines, ou celles qui ne se reproduisent pas fran-
chement par la voie du semis, peuvent aussi se multiplier par boutures,
ou bien encore par couchage ou marcottes. Il en est d’autres, comme
les Dahlias, les Balisiers, etc., dont les racines, arrachéces à l’au-
tomne, se conservent pendant l'hiver dans une cave ou dans un endroit
sain, à l’abri de la gelée, pour être replantées au printemps suivants
après les avoir traitées ainsi qu'il est indiqué à leur article spécial.
$ 2. — BourTurAGE.
Pour faire une bouture, on prend d'ordinaire un jeune rameau, que
l’on peut, suivant le cas, conserver entier, ou diviser en un ou plusieurs
morceaux ; on en rafraichit la base par un coup bien net et fait im-
médiatement au-dessus de la naissance d’une feuille ou d’un bourgeon ;
on supprime les feuilles du bas sans endommager l’œil ou les yeux qui
se trouvent à leur aisselle, et si celles du haut sont trop grandes, on les
raccourcit d'environ moitié à un tiers. Le plus souvent la bouture est un
rameau ou une jeune pousse que l’on coupe juste au ras de la tige qui
lui a donné naissance, et à laquelle on conserve autant que possible l’em-
patement au talon qui se trouve à sa base c’est-à-dire à son point
d'insertion. On procède ensuite à la plantation, en ayant soin de laisser
hors de terre l'extrémité de la bouture, et de bien fouler la terre autour
de sa base, afin qu’elle soit en contact avec la terre et ne vacille pas. La
longueur des boutures peut varier selon l’espacement des feuilles ou des
yeux (ce qui est la même chose, puisqu'il est convenu qu’à l’aisselle de
chaque feuille il se trouve un bourgeon, qu'il soit ou non visible). En
général, on ne conserve que quelques yeux. La profondeur à laquelle
les boutures doivent être enterrées est variable et subordonnée à la
longueur des mérithalles ou entre-nœuds (distance comprise entré deux
feuilles), lorsque ces mérithalles sont courts et rapprochés, on peut
UE
enterrer plusieurs yeux; lorsqu’au contraire ils sont plus longs et plus
espacés, il suffit quelquefois de n’en enterrer qu’un seul.
Suivant la consistance des rameaux ou la rusticité des plantes, les
boutures devront être faites, tantôt en pleine terre, à l’air libre ou
sous cloche; tantôt en pots ou en terrines, sur couche, sous cloche
ou sous châssis, et dans tous les cas toujours ombrées. C’est ordi-
nairement au printemps que se font la plupart des boutures, surtout
celles de plantes herbacées, et dans ce cas, un abri et la chaleur d’une
couche ou d’une serre sont parfois nécessaires. Les plantes annuelles
qui seraient vivaces si on les conservait en serre, telles que les Pent-
siemon, les Petunias, les Verveines, les Maurandia, les Lobelia Erinus,
les Capucines hybrides de Lobb, les Cuphea platycentra, etc., et en géné-
ral toutes les plantes à tiges un peu ligneuses, doivent être bouturées de
juillet en septembre, en choisissant les jeunes et les rameaux les plus
tendres; on peut aussi parfaitement les bouturer au printemps, au
moyen de jeunes rameaux herbacés pris sur de vieux pieds conservés
l'hiver sous châssis ou en serre. Comme règle générale, nous ajouterons
qu’on doit toujours préférer les rameaux qui n’ont pas de boutons à
fleurs ; cependant, s’ils en avaient, il conviendrait de les supprimer.
Les boutures seront plantées, soit isolément, soit en pépinière, plusieurs
dans le même vase; la terre employée devra être légère, bien tamisée et
riche en humus. Dès que les boutures sont faites, il faut les arroser et
maintenir ensuite la terre dans un état constant de fraicheur. A la base
de la bouture, il se forme souvent un bourrelet d’où naissent les ra-
cines; alors la bouture est reprise.
Les soins à donner aux boutures consistent à les replanter avec leur
motte, soit en pots, soit en pleine terre, en procédant de la même facon
qu'il a été dit pour les plantes de semis. On devra en outre observer que
toute plante repiquée pendant sa végétation doit être arrosée immédia-
tement, et préservée, durant les premiers jours qui suivent l’opération,
de l’action directe du soleil et quelquefois du grand air. On fera même
bien, pour procéder aux transplantations, de choisir un temps couvert
ou pluvieux, ou bien d’attendre le déclin du soleil.
Pour les boutures à conserver l’hiver et qui doivent être préservées du
froid, il conviendra de les placer sous châssis et le plus près possible du
verre; on les rempotera, on les séparera et on les pincera si le besoin
s’en fait sentir, c’est-à-dire si les plantes se gênent ou si elles ont des
rameaux trop longs, étiolés, ou si l’on veut obtenir qu’elles se ramifient;
enfin, au printemps et dès que le temps le permettra, on les livrera à la
pleine terre ou au plein air.
Nous n’avons parlé ici que de la manière la plus pratique et la plus
usitée de faire les boutures pour les plantes qui nous occupent; il existe
un grand nombre d’autres procédés, mais on les trouvera décrits dans les
ouvrages spéciaux.
Era
$ 3. — MaRCOTTAGE.
Le marcottage diffère du bouturage en ce que la partie de la plante
à laquelle on veut faire prendre racine, n’est pas séparée du sujet mére.
Le plus souvent le marcottage consiste à abaisser et à courber un
rameau ou une tige, de façon à pouvoir en enterrer une certaine partie
que l’on fixe à quelques centimètres sous terre et dont l'extrémité est
redressée et reste libre au-dehors. La partie enterrée est maintenue dans
cette position jusqu’à ce que des racines s’y soient développées; on
détache alors la partic marcottée du pied principal, en la coupant du
côté qui est resté adhérent à la mère (ce qui s'appelle sevrer une mar-
cote), et on la transplante comme il a été dit pour les boutures.
Pour certaines plantes, il est indispensable, afin de hâter ou de pro-
voquer sur les marcottes le développement des racines, d'opérer, sur la
partie qui doit être enterrée, une légère torsion ou bien un étrangle-
ment au moyen d'une ligature serrée; d’autres fois on pratique une
incision partielle en dessous de la marcotte, ou bien une incision
en anneau ou circulaire, pénétrant jusque sous l’écorce; ces incisions
doivent toujours être faites immédiatement en dessous de la naissance
d’une feuille ou d’un bourgeon. Enfin , comme cela a lieu pour les
OEillets, le marcottage s'effectue en pratiquant dans le milieu d’un des
nœuds du rameau une incision qui pénètre verticalement jusque vers
la moitié de son épaisseur et que l’on prolonge ensuite horizontalement
au centre de la tige, en la partageant en deux sur une étendue de
1-2 ou 5 centimètres. Il conviendra de tenir autour de la marcotte
un peu de terre constamment humectée et couverte d’un léger paillis
pendant toute la durée du marcottage.
LES PLANTES A FEUILLAGE ORNEMENTAL,
Par M. E. Annré,
Jardinier til de la ville de Paris ().
L’horticulture comme toutes choses, doit se courber sous le joug de
la loi universelle, la mode, et subir à son tour les révolutions que cette
despote entraine à sa suite. La mode est toute-puissante ; elle brise, en
(1) Considérations générales extraites de l’excellent manuel que notre confrère et
ami de Paris vient de faire paraître sous ce titre,
OO NES
se jouant, le brin d’herbe et le bronze; elle se rit de la vaine résis-
tance des choses et des hommes. Comme une perle et comme un ruban,
la plante aussi prend place dans cette course effrénée de la mode et la
suit, obéissante, en toutes ses fantaisies. |
Non-sculement les espèces et les variétés passagères, mais les genres
tout entiers subissent cette influence irrésistible. L'histoire du jardinage
moderne surtout offre de nombreux exemples de ces fluctuations.
Ainsi l’Oranger, royal ornement des jardins réguliers et des terrasses,
— un emprunt que faisait Lenôtre aux jardins d'Italie, — eut son
époque de gloire et de faveur spéciale jusqu'aux premiers jours de notre
siècle... Il est maintenant compté parmi les splendeurs évanouies du
grand règne. A peine entouré d’un dernier respect pour ses vieux souve-
nirs de splendeur, ce bel arbre, qui portait à Versailles les noms des plus
grands rois, reste à peine l’ornement rigoureux des palais et des ter-
rasses, brouté chaque année par le ciseau du jardinier. Un autre arbre
superbe, objet naguère de toutes les faveurs, le Camellia, s’efface, après
avoir brillé du plus vif éclat. On lui a tout prodigué : les traités particu-
liers, les dissertations, les romans; on lui a spécialement bâti des palais.
Pour lui fut inventé ce palais des fleurs appelé le jardin d'Hiver. Eh
bien ! c’est à peine aujourd’hui si quelques rares amateurs restent fidèles
à toutes ses perfections.
Que disons-nous! la Tulipe, « orgueil des nations », la fortune de la
Hollande et l'héroïne de tant de récits fantastiques, jusques et y compris
la Tulipe noire de M. Alexandre Dumas, la Tulipe est au penchant de sa
gloire.
Une autre plante charmante, digne émule de celle-ci, en vain oppose
à sa défaveur croissante une résistance désespérée. Le Dahlia, apporté
du Mexique il y a si peu de temps, avec sa corolle toute simple, per-
fectionné avec une rapidité sans exemple, orné des plus douces et des
plus brillantes couleurs, s’en va, lui aussi, à la dérive.
Voilà l’éternelle accusation portée aux malheureuses fleurs qui ont
trop brillé; elles embellissent rapidement, mais elles vieillissent plus
vite encore. Rien n’échappe à ce naufrage insensé : l’OEillet n’a plus
qu’un parfum vulgaire et une tenue négligée ; le Myrte une roideur sans
grâce ; le Laurier-Rose est trop facile à vivre et le Jasmin ne dure qu’un
instant.
A chacun son procès! un procès bien court, dont l’arrêt est prononcé
d'avance.
Seule éternelle et toujours jeune, la Rose devrait échapper à ces pros-
criptions; elle est la fleur par excellence, de tous les âges, de tous les
goûts, depuis Sapho jusqu’à Chateaubriand, d’Anacréon aux empereurs
de Rome. « Fille de la beauté, plus belle que ta mère, » disait le poëte.
Partout enfin, la Rose doit se tenir, d’un pied léger, sur le sommet de la
roue de fortune, défiant les siècles et les tribulations.
OT AP
Eh bien; la Rose elle-même est modifiée chaque jour dans ses formes,
ses couleurs, sa culture. A tout prix, il faut du nouveau, et puisqu'il est
impossible de se passer de Roses, on a fait au moins qu'elles n’en aient
que le nom... Telle est la raison de certains nouvellistes exagérés. Aussi
vous ne connaitriez plus chez eux la Rose d’autrefois, dont la Rose cent- ,
feuilles était le modèle inimitable.
La Rose prolifère, la Rose verte, la Rose noire, la Rose sans épines,
la Rose lilliputienne, voilà nos aimables conquêtes ct l’idéal des perfec-
tions qu'il nous faut. Si bien que la pauvre Rose cent-feuilles est partie,
ou peu s’en faut. Avant peu, les Spaendonck, les Redouté qui naïtront
la chercheront en vain dans nos parterres ingrats.
Nous avions l’intention, dans cette course à travers la pléiade de ces
ruines délaissées, d'établir la souveraineté de la mode même dans le
règne végétal et de prouver que son caprice perpétuel ôte à nos jardins
un grand nombre de leurs‘plus belles parures. Heureusement chacune
de ces splendeurs éclipsées revient briller à son tour; elle est alors
trouvée cent fois plus belle, et les nouvelles vieilleries ont plus de succès
que les meilleures nouveautés : « Il vaut mieux reverdir que d’être
toujours vert » disait M° de Sévigné.
Toutefois, parmi ces caprices inconstants, il se glisse parfois des pas-
sions durables, inspirées par des causes plus élevées que ce besoin con-
tinuel de changement inhérent à l’humanité.
Les véritables belles choses n’ont pas d'âge ni de fluctuations. Elles
sont et restent toujours en faveur, au moins dans l'esprit des hommes
de goût.
C’est dans cette inspiration que les plantes à beau feuillage ont trouvé
le motif de l'adoption universelle dont elles sont l’objet depuis plusieurs
années. On a vu que les fleurs n'avaient pas seules la royauté de nos
jardins, et que la décoration végétale pouvait puiser des éléments puis-
sants dans la forme, l’élégance et les coloris si divers du feuillage.
Aussi, l’art de les cultiver et de les grouper a pris un développement
et une perfection qui ont dépassé toutes les espérances.
Donc, suivons le mouvement qui nous entraîne vers les plantes à feuil-
lage ornemental,
Cet engouement actuel pour une aussi belle tribu trouve en principe
sa justification dans le goût qui préside de nos jours à l’arrangement des
grands jardins.
Dépouillé de l’exagération qui finit par s'emparer de toutes les bonnes
choses, ce mode nouveau peut être d’une très-grande ressource à qui
rêve les grands effets dans les parcs. Non-seulement les plantes exotiques
arrachées aux contrées tempérées ou brülantes des deux hémisphères, et
asservies par une culture intelligente à nos goûts et à nos plaisirs, peu-
vent ajouter au paysage un ornement inconnu, mais nos plantes indi-
gènes elles-mêmes, les produits trop négligés de notre riche flore
française, n’ont presque rien à céder à ces nouvelles splendeurs.
Det GUN
Vous qui vous éprenez d’un bel amour pour les grands Palmiers et les
Bananiers des Tropiques, qui portez cette ardeur à admirer tous les
feuillages de là-bas, et qui dédaignez les véritables ornements de nos
champs et de nos bois, vous n’aurez pas assez de louanges, amis des
plantes à feuillage, si l’on vous apportait demain, pour la première fois,
du Brésil ou des Indes, le Bouillon blanc (Verbascum thapsus) de nos
campagnes, son voisin le grand Chardon (Onopordon acanthium), le
Chardon Marie (Sylibum Marianum), la Digitale, les Heracleum de nos
marais, et Dieu sait combien d’autres! Avec les perfectionnements consi-
dérables de l’art moderne des jardins, les grands espaces découverts,
les vastes pelouses, les vallonnements habilement ménagés, les vues qui
font entrer dans une même propriété le paysage d’alentour, le rôle des
fleurs est insuffisant, et c’est un précieux secours que les plantes à grand
feuillage pour jeter la diversité, la vie, dans les grands parcs.
Le mélange ou l’isolement des espèces, l’harmonie ou l’opposition de
leurs nuances et de leurs formes sont autant de secrets dont l’homme de
gout seul sait trouver la clef et se servir avec bonheur.
Il n’est pas jusqu'aux jardins de ville qui ne puissent revêtir un grand
charme au moyen des plantes à beau feuillage, et si riche est depuis peu
la collection des espèces de ce genre, que toutes les fantaisies y trouveront
facilement leur compte.
En effet, qui n’a reconnu la difficulté d’entretenir des plantes fleuries
sans les renouveler souvent, dans les petits jardins des grandes villes,
où l’air et l’espace manquent, où les plus jolies plantes s’étiolent sans
développer autre chose que de rares fleurettes décolorées et souffreteuses ?
Avec les plantes à feuillage, cet inconvénient disparait. Un choix
intelligent permet de remplacer les bordures et les corbeilles destinées
aux fleurs par des espèces à feuillages colorés, remplissant le même but,
et n’ayant pas besoin de renouvellement.
C’est ainsi que nous avons composé, l'été dernier, un jardinet de
Paris. Les corbeilles étaient formées de Coleus Verschaffelti et d’Iresine
bordés de Centaurea cineraria et de Gnaphalium lanatum. Les massifs,
bordés d’Ageratum panachés et de Senecio cineraria, se détachant sur
un fond de Perilla et d’Amarantes tricolores, produisaient le plus brillant
effet. Sur les pelouses, groupés ou isolés, se dressaient dans leur élégant
et noble feuillage, des Caladium, Solanum, Wigandia, Hibiscus, Datura,
Yucca, Eucalyptus, Canna, Azalea, aux grandes feuilles variées de teintes
et de formes. Du printemps aux gelées, ces belles plantes, en dépit de
toutes les influences délétères qu’elles avaient à subir, se sont dévelop-
pées avec une rare vigueur et ont attiré l’admiration de tous les visiteurs.
À un point de vue plus élevé, que dire des merveilleux résultats
qu’on obtient des plantes tropicales à grand feuillage en les soumettant
à la culture géothermique, préconisée par M. Naudin dans ces dernières
années !
Dog nt
Cette méthode, qui consiste à échauffer artificiellement le sol par des
tuyaux de calorifère, ou bien encore par des briques placées peu profon-
dément, et qui conservent longtemps la chaleur des rayons solaires, pro-
duit des résultats vraiment surprenants. Cette année, à Boulogne-sur-
Seine, dans le beau parc de M. le baron J. de Rothschild, dirigé avec
tant de goût par M. Lesueur, une immense corbeille, composée de la
plupart des plantes tropicales à grand feuillage de nos serres chaudes,
avait été chauffée artificiellement. |
La végétation a été merveilleuse. Les Palmiers, les Aroïdées, les Fou-
sères, et toutes les plus belles plantes de la flore équatoriale se pressaient
dans une gigantesque et admirable confusion qui dépassait tout éloge.
On aurait pu se croire transporté dans la patrie de ces splendeurs végé-
tales, qui sont pour les forêts de l’Inde et de l’Amérique du Sud des
ornements dont nous n’avons guère d'idée dans nos froids climats. Il eut
fallu voir auprès de ce luxueux assemblage, un des vaillants voyageurs
qui ont pu contempler dans leurs contrées natales toutes ces belles
plantes, pour lesquelles on avait remplacé ici un soleil absent par le
plus habile et le plus attrayant des stratagêmes. Ils auraient revu en
esprit ces splendeurs évanouies et véeu de nouveau leur vie périlleuse.
M. Porte, l’un de ces hardis aventuriers, nous racontait naguère les
péripéties qui avaient accompagné la découverte de quelques-unes de ces
magnifiques plantes ornementales dont nous écrivons les mérites :
« Un jour, dit-il, dans un des grands bois de l’ile de Luçon où je ré-
« coltais des Aroïdées, je fus entouré tout à coup par une bande de
« naturels qui menacaicnt de me faire un mauvais parti. J’étais armé,
« résolu, et j’eus l’air très-disposé à me défendre en cas d’attaque. Ma
« fierté leur en imposa, et je crus voir les chefs décider qu’on agirait
« par ruse.
« On me fit de nombreuses démonstrations d'amitié; leur repas com-
« mençail, je fus invité à m'’asseoir et à le partager avec eux. Je jugeai
« prudent d'accepter, mais sans perdre de vue aucun de mes sauvages
« convives et la main droite serrée contre ma bonne carabine. Tout
« allait pour le mieux, quand par hasard, tournant la tête, j'aperçus le
« visage velu de l’un d’eux qui me tenait en joue avec la pointe d’une
« flèche. Armer ma carabine et lui casser la tête fut l’affaire d’un instant.
« Toute la bande se rua sur moi. D’un coup de pistolet, j'abatis
« le chef placé à ma gauche. Mon couteau de chasse me défendit de
« mon voisin de droite; mais jugeant plus sûr de préndre la fuite
« que de résister au trop grand nombre, je courus, à toutes jambes
« vers le fleuve voisin, où je me cachai dans les hautes herbes. Tremblant
« d’être découvert, je dus attendre l’occasion d’assurer ma fuite. J'en
« trouvais bientôt le moyen : un tronc d’arbre flottait au milieu du
« fleuve; j’abandonnai mes vêtements et nageai droit à ma planche
« de salut, sur laquelle je me hisse de mon mieux. Au bout de deux
SON ES
« jours, — deux siècles, — d’une navigation étrange autant que péril.
« leuse, j'abordai enfin un comptoir français, d’où je pus prendre
« passage pour l’Europe en attendant d’autres aventures. »
L'histoire de nos plantes d'ornement a donc aussi ses aventures,
ses drames, ses douleurs. C’est pour nous une joie et un intérêt de
plus de nous rappeler à quel prix nous les possédons et ce qu’elles
ont coûté de peines et de dangers à leurs courageux importateurs.
Donc à tous les points de vue, ornement, nouveauté, économie,
intérêt historique, les plantes à feuillage ornemental ont droit à nos
sympathies; l’entrainement dont elles sont aujourd’hui l’objet de Ja
part de tous les amis des jardins, est pleinement justifié par tout l'intérêt
qui s'attache à leur histoire et à leur culture.
LES EXPOSITIONS DE FLEURS.
A propos de la douzième exposition qui a eu lieu à Liége les
11 et 12 Mars 1866.
On n’a pas tous les jours la même humeur, et l’on n’est pas toujours
disposé à une égale activité. Cela est vrai de la vic individuelle et cela
est également vrai de la vie sociale. Nous ne dissimulerons donc pas que
notre exposition du 11 mars 1866 a été médiocre. Il y a des excuses à
invoquer, il est vrai : l’hiver a été maussade, le soleil a été constamment
enrhumé, il n’a pas fait assez froid pour forcer la plupart des horticul-
teurs à chauffer leurs serres, et, dès lors, beaucoup de plantes n’ont pas
été forcées de fleurir. De plus, on réserve ses forces et ses efforts pour
la joyeuse entrée de notre jeune et nouveau souverain, annoncée pour le
mois de juillet prochain, et auquel la Flore liégeoise réserve ses plus
belles palmes et ses plus précieuses couronnes.
Mais, pour tout dire, des considérations plus importantes et plus
sérieuses dominent la situation. Les Sociétés d’horticulturesuivent depuis
trop longtemps la même routine. Les expositions, telles qu’elles fonction-
nent, sont trop nombreuses. On énerve, parce qu’on l’excite trop sou-
vent, le dévouement des cultivateurs de fleurs. Les grandes expositions
et les expositions universelles effacent et oppriment les petites exposi-
tions locales. Les programmes sont trop vastes. Les ressources des Sociétés
sont trop éparpillées. Les prix qu’on offre aux concours sont dérisoires
en ne compensant en aucune facon les sacrifices réels, incessants, conti-
nuels, qu’on attend des amateurs. Qu'est-ce donc qu’une médaille en
vermeil pour une collection d’Orchidées, de plantes nouvelles, de Pal-
miers, de beaux feuillages, de Camellias, d’Azaléas, de Roses, etc., etc.
— 87 —
On met beaucoup d’argent à se former une collection et à la tenir au
courant ; elle coûte de vrais sacrifices et d’incessants labeurs pour être
bien cultivée ; et puis, on vous demande de mettre votre serre sens
dessus dessous, de dégarnir votre demeurc, d’éreinter votre personnel,
de compromettre la vie de vos plantes, de sacrifier votre jouissance
personnelle au plaisir des curieux qui visitent le Salon, et tout cela
pour obtenir une médaille plus ou moins précieuse. Nous avons tous
assez de zèle pour cela quelquefois en notre vie, surtout au début de
notre passion, mais la lune de miel ne dure pas toujours, dit-on, et
bien rares sont ceux dont l’abnégation robuste résiste fort longtemps.
La situation horticole de la plupart de nos villes de province en est
la preuve. Presque partout on éprouve de grandes difficultés pour réunir
un salon de fleurs. Bien plus, nous soutenons avec une conviction pro-
fonde que le système actuel des programmes d’exposition est fatal au
développement de l’horticulture. Notre expérience attentive de ce qui
se passe nous a montré que les amateurs d’horticulture, au lieu de se
multiplier autour des Sociétés, diminuent. Si, de temps en temps, il
surgit de nouveaux adeptes, ce n’est pas aux Sociétés à se glorifier de les
avoir provoqués. Beaucoup ont commencé en donnant de belles espé-
rances et animés du véritable feu sacré, et ces espérances se sont éva-
nouies et ce feu sacré s’est éteint. Nous pourrions citer des exemples.
C’est que, dans les concours horticoles, il manque l’excitant, il n’y a
pas de véritable émulation. Les médailles sont devenues non des prix,
mais des jetons de présence. Les premiers prix foisonnent. On en donne
à chaque catégorie de plantes, et encore pour chacune d’elles sépare-t-on
souvent le concours des amateurs et le concours des horticulteurs.
Il convient de faire rentrer l’horticulture dans le droit commun.
Aujourd’hui tout est aux concours : concours de chevaux, concours de
canotage, concours de chant, concours d'harmonie, concours de cara-
bine, concours de pigeons, concours de pinsons, etc., etc. Or, dans tous
ces concours et dans beaucoup d’autres, les vainqueurs sont récom-
pensés, l'obtention du premier prix a une valeur honorifique et réelle.
On est récompensé de son habileté; on a vraiment concouru et l’on
gagne quelque chose. Dans les concours d’horticulture, c’est tout autre-
ment : c’est un sacrifice et pour la Société et pour les exposants. Celui
qui triomphe, loin de gagner quelque chose, y a perdu son temps et
souvent ses plantes. Il n’en retire rien du tout, sinon de voir son nom
dans une feuille éphémère et son médailler se grossir d’un élégant gros
sou plus ou moins doré. Il semble, en vérité, que les concours horti-
coles veulent être assimilés aux concours académiques. Ceux-ci trou-
vent leur sanction et leur récompense dans le sentiment du devoir
accompli, du service rendu à l’humanité, du labeur scientifique et de la
gloire qui en rejaillit sur l’auteur. Mais peut-on raisonnablement mettre
sur la même ligne la culture de quelques plantes avec les œuvres seienti-
fiques ou artistiques ?
— 88 —
Il ne faut pas compter sur les riches et les généreux ; ce sont d’heu-
reuses exceptions; et l’on ne peut et l’on ne doit pas compter sur les
exceptions. On doit se régler sur les faits ordinaires, sur les dévouements
modérés et sur un zèle qui demande à être excité.
Les expositions, cela est incontestable, sont, dans les conditions
actuelles, difficiles à organiser. Il faut prier ses amis ct les horticulteurs
d'y prendre part. On devrait faire en sorte que les uns et les autres y
vinssent spontanément.
A Liége nous avons déjà employé deux moyens pour remédier au mal,
et ils sont excellents. Par l'institution d’une tombola dont les lots sont
acquis dans le Salon même, nous pouvons dédommager jusqu’à un cer-
tain point les horticulteurs des sacrifices qu’ils se sont imposés en vue
de l’exposition. D'un autre côté, les lots, disséminés par le sort dans le
public, font souvent de nouveaux prosélytes et de nouveaux adeptes.
Par l'institution des Dames patronesses — et la société liégeoise est si
gracieuse que le nombre de ces dames est déjà d’une centaine environ —
nous sommes assurés de voir à chaque exposition notre Salon étre le
rendez-vous de la société la plus élégante et la plus distinguée. Et ces
dames entrainent à leur suite tout le cortège de leur cour habituelle.
Mais il convient d’employer un troisième moyen plus énergique et
tout à fait radical, selon nous. Il consiste à instituer quelques grands
prix : en d’autres termes, d'élargir le cadre des concours en diminuant
leur nombre. Prendre sans doute en égale considération toutes les bran-
ches de l’art horticole ; comprendre dans une égale sollicitude la serre
chaude, la serre froide, le jardin, le fruitier et le légumier : offrir à
chacune de ces catégories un prix ou deux de plusieurs centaines de
francs et honorer le reste de mentions honorables quand il y a lieu.
Pourquoi n’affecterait-on pas 300 fr. par exemple à la végétation arbo-
rescente de serre chaude; 5 ou 600 fr. aux nouveautés, à la flore her-
bacée des tropiques ; 400 ou 200 fr. à la belle culture; 2 ou 500 fr. à la
végétation ligneuse de régions tempérées ; 100 ou 200 fr. aux fleurs ct
plantes délicates de ces mêmes contrées; quelques centaines de francs
encore à la pleine terre et au reste.
Mais j'entends l’objection. C’est au mieux, dit-on, et l’on ne pourrait
rien désirer davantage ; mais vous n'êtes pas pratique : où chercher
les ressources pour réaliser tout cela? Les ressources existent, 1l suffit
de ne pas les gaspiller et de les mettre en œuvre. La cotisation sociale
doit nécessairement en fournir le fonds : on peut instituer un prix ou
deux par souscription : les Dames patronesses permettent d'en ouvrir
encore d’autres. On peut offrir en prime une part de la recette au
guichet. Enfin pourquoi les plus fervents et les plus riches des amateurs
n’institueraient-ils pas quelques prix en leur nom personnel, en faveur
des spécialités auxquelles ils s'intéressent le plus? Les ressources ne
manqueront pas. Au contraire, l’horticulture est si vivace chez nous,
Lans
elle est si répandue dans toutes les classes de la société, que son essor
dépend seulement de ceux qui sont à même de le diriger.
Lorsque cette réforme sera introduite dans les programmes d’exposi-
tion, le jury aura une mission plus sérieuse, plus honorable à remplir.
Des intérêts réels et de diverse nature dépendront de son verdict; les
prix qu’il décernera ne seront plus aussi multipliés, mais ils seront
beaucoup plus recherchés. Il aura à comparer des éléments divers, à
peser des considérations de plusicurs ordres, et ses jugements acquer-
ront d'autant plus de valeur.
Le système que nous préconisons dnde, pour acquérir tout son
développement, une sorte de solidarité entre toutes les Sociétés de la
Belgique. Il conviendrait qu’il ne füt pas inauguré par une seulement,
mais qu’il füt admis en même temps par toutes à la fois. Dela sorte on
pourrait satisfaire toutes les spécialités horticoles. Les concours, ouverts
dans telle localité, seraient remplacés par d’autres ailleurs, et de plus,
d'année en année, les concours changeraient. Aujourd’hui que les dis-
tances sont à peu près effacées et que les transports de plantes sont par-
ticulièrement favorisés par le gouvernement et par les compagnies, on
peut sans inconvénient se répartir les principaux concours entre Gand,
Bruxelles, Anvers, Liége, Malines, Namur, Mons, Louvain, Bruges,
Tournai, etc.
Dans les premiers temps il y aura sans doute un peu d’hésitation.
Comme toute réforme, celle-ci jettera une certaine perturbation dans les
habitudes acquises. Des prix seront peut-être remportés trop aisément.
C’est au jury d’ailleurs à apprécier l’importance de sa mission. Mais il
ne faudra pas longtemps pour que les bienfaits se fassent sentir, pour
que l’émulation naisse et grandisse. Avant peu les concours seront vive-
ment et sérieusement disputés.
Lorsque les concours auront acquis l'importance à laquelle nous vou-
lons les élever, non-seulement les cultivateurs de la localité seront
disposés à y prendre part, mais des concurrents viendront des villes
voisines. Ces concours seront vivement disputés. Le public, de son côté,
instruit de la valeur de la lutte et de l’importance de contingents exposés,
viendra en plus grand nombre visiter l’arène des concours.
L'amateur qui aura remporté la palme d’un concours, recevant un
prix d’une valeur qui n’est pas à dédaigner, sera encouragé à continuer
et à mieux faire. Le plus souvent, sinon toujours, il consacrera la
somme qui lui sera échue à augmenter son fonds, à améliorer ses col-
lections, et tout ne sera plus sacrifice comme par le temps qui court.
Que l’on ne se récrie pas que nous devenons trop prosaïque et que nous
exagérons la valeur de l’argent. Tout se résume en argent, nous apprend
l’économie politique. Nous avons des amis passionnés pour le sport
hippique, pour le sport nautique, pour des concours d’autre sorte encore,
nous connaissons maints artistes à l’imagination vive et ardente. Tous,
— 90 —
quand leur arrive un programme de concours, prennent en considéra-
tion, avec tout le reste, ce qu’il y a à gagner, à y vaincre. Et s’il n’y a que
l'honneur, les uns n’en ont pas soif et les autres en sont abreuvés.
A l’origine de nos Sociétés belges, comme à Gand en 1808, les ama-
teurs d’horticulture, en se réunissant, convinrent d’exposer de temps en.
temps leurs plus beaux produits, et se cotisèrent non-seulement pour
payer les frais généraux de cette exposition, mais de plus, pour insti-
tuer deux ou trois prix mis au concours. Une médaille en vermeil avait
alors une valeur absolue et relative beaucoup plus considérable que de
nos jours. C’est de la même façon que les choses ont commencé à Liége
en 1829. Mais successivement les prix se sont multipliés à l'infini; ils
se sont éparpillés sur tous les groupes de culture. Chacun voulait avoir
un premier prix. Seulement en augmentant le nombre, les prix n’ont
pas augmenté de valeur. Il en est résulté qu’ils ont diminué en impor-
tance morale et qu’ils ne sont plus un excitant pour le grand nombre
des amateurs. Les deux éléments associés dans nos joûtes florales, l’ex-
position et le concours, se sont confondus. L'exposition est devenue la
chose principale, le concours est effacé. Nous voulons rétablir ce dernier
élément dans toute sa puissance. Cela n’empêchera pas de donner des
expositions, dans un but purement désintéressé, lorsque les circonstances
paraîtront favorables. Les expositions rivalisent avec les marchés de
fleurs : elles mettent sous les yeux du public les plus beaux produits
de la flore exotique. Pour stimuler l’horticulture proprement dite,
nous pensons qu'il convient d’instituer de véritables concours qui nous
paraissent faire défaut dans les conditions actuelles.
Enfin nos projets sont démocratiques : ils égalisent les chances entre
les petits et les grands, entre les urbicoles et les étrangers. Ils récom-
pensent le vrai mérite. En effet, dans le système actuel d’une foule de
petits concours, le riche amateur, le puissant horticultceur, vient, à force
de contingents variés qu'il recrute sans peine dans tous les coins de
ses serres nombreuses, battre partout et toujours le cultivateur plus
modeste. Et puis, après toutes ces victoires d’escarmouches, il va sans
dire qu’il remporte encore la grande victoire du prix d'honneur. Mais
si les concours sont ainsi présentés, que ce ne soit plus la masse qui
l'emporte, mais plutôt la qualité, si l’amateur aux ressources modiques
peut espérer rentrer dans ses avances et gagner, pour tout dire, quelque
chose pour augmenter les jouissances que lui donne l’horticulture, ne
croit-on pas qu'il entrera en lice? Celui auquel la distance impose de
grands frais de transport pourra venir lutter contre un concurrent dont
les cultures sont aux portes de l’exposition.
Et la grande masse des indifférents, qui aujourd’hui restent chez eux,
conservent leurs plantes sous leurs yeux, ne convient-il pas de secouer
leur torpeur ? Le public horticole qui prend part aux expositions est peu
nombreux, il se renouvelle à peine, il se recrute lentement. Le nombre
re 1)
NON
des amateurs est infiniment plus grand que celui des lauréats de nos con-
cours. Pendant que notre petite exposition liégeoise étalait sa modeste
toilette, une profusion de belles fleurs embellissait les serres de plus de
dix amateurs liégeois que nous n’étions pas parvenu à exciter dans notre
système actuel.
Essayons donc un autre moyen.
E. M.
EXPOSITION UNIVERSELLE ET CONGRES INTERNA-
TIONAL A LONDRES.
Les préparatifs de cette imposante manifestation acquièrent des pro-
portions grandioses. La commission organisatrice travaille avec une
ardeur incessante. Les adhésions lui affluent de toutes parts. Les deux
plus grands éléments de succès, le travail et le capital ne font d’ailleurs
jamais défaut en Angleterre. Ceux qui verront la grande exposition
de Londres, n’oublieront jamais de leur vie ces heureuses journées.
Nous engagcons vivement nos compatriotes à faire ce voyage. Le temps
nécessaire n’est pas bien long, 4 à 5 jours. D’un autre côté l’abaisse-
ment général du tarif des chemins de fer et les faveurs extraordinaires
que notre gouvernement accordera sans doute pour le passage par la
malle d’Ostende allègeront considérablement les frais de ce voyage.
La commission organisatrice vient de faire paraitre une nouvelle cir-
culaire. Voici la composition du bureau pour le Congrès qui aura lieu
du 22 au 25 mai.
Président.
À. DE CANDOLLE, à Genéve.
Comité.
BaBinGTon, F. R. S., Professeur de botanique à l’Université de Cambridge,
Vice-Président.
JAMES Barewan, F. R. S., Biddulph Grange, Congleton. Vice-Président.
W. H. Baxter, Curator, Botanic Garden, Oxford.
J. J. Benverr, F. R. S., Kéeper of the botanical Department, British
Museum. Vice-Président.
BenrLey, F. L. S., King’s College prof. Vice-Président.
Rev. M. J. Berxezey, M. A., F. L. S., Examiner in Botany in the
University of London. Vice-Président.
H. Carruruers, F. L. S., British Museum.
Jose | |
B. Crarke, F. L. S., Mount Vernon, Hampstead.
D" ALexanDRe Dickson, Edinburgh.
CHaRLes Darwin, F. R. S., Down, Bromley, Vice-Président.
Dauseny, F. R. S., professor of Botany in the University of Oxford,
Vice-Président.
D'J. E. Gray, E. R. S., British Museum. Vice-Président.
D' Hocc, F. L. S., 99, St.-George’s Road, Pimlico.
M" Alderman Masters, Canterbury.
Gizes Mongy, Lawn Villas, Wood Green, N.
JAMES Mc. Nas, Curator, Royal Botanic Garden, Edinburg.
Joux Murs, F. R. S., 84, Addison Road, Kensington. Vice-Président.
À. G. More, F. L. S., Glasnevin, Dublin. |
D' D. Moore, F. L. S., Director of the Botanic Garden, Glasnevin.
Vice-Président. |
Taowas Moore, F. L. S., Curator of the Botanic Garden, Chelsea.
W.Mup», F. L. S., Curator of the Botanic Garden, Cambridge.
Colonel Muwnro, F. L. S., Farnhoro’ Road. Vice-Président.
ANDREW Murray, F. L. S., Bedford Gardens, Kensington, W.
W. Pauz, F. R. H.S., Waltham Cross.
D'R. C. A. Prior, F. L. S., Halse House, Taunton. Vice-Président.
Taomas Rivers, F. R. H. S., Sawbridgeworth.
J. G. Veircu, F. R. S., Chelsea.
Dr Wezwirscs, F. L.S., 17, Russell Place, Fitzroy Square. Vice-Président.
D' Wicur, F.R.S., Grazely Lodge, Réading. Vice-Président.
JAMES YATES, M. À., F. R. S., Landerdale House Highgate.
Secrétaire honoraire.
MaxweLL T. Masters, M. D., F. L. S.,1, William street, Lowndes Square,
London, S. W.
Ce comité a le pouvoir de s’adjoindre de nouveaux membres. Déjà il a
institué dans une foule de localités des Trois-Royaumes des comités
locaux et des correspondants chargés de recueillir toutes les adhésions
et communications concernant l’entreprise.
La circulaire anglaise déclare en termes formels et RRAPION que /’ ie
qui a présidé à l’organisation de l’exposition et du congrès a été une
pensée de reconnaissance pour le bon accueil et l’hospitalité que les
délégués de l’Angleterre ont recus à Bruxelles et à Amsterdam.
Ce congrès tiendra deux séances. La première le 23 mai à 11 du matin.
M. Alphonse De Candolle prononcera le discours inaugural. Les commu-
nications et les discussions scientifiques commenceront immédiatement.
La seconde séance ou meeting du congrès aura lieu le 24 mai, à
41 heures,
Xe
Par une autorisation spéciale des Lords membres du comité du conseil
d'éducation, le congrès se tiendra dans la Salle Raphaël au Musée de
South Kensington.
Des communications ont déjà été annoncées par MM. J. E. Howard,
D: F. Mueller, Ed. Morren, H. Lecoqg, W. G. Smith, D' Masters, Van
Hulle, Tuffen West, D' Moore, À. G. More, D' Schultz-Bipontinus,
D: Schultz-Schultzenstein, B. Clarke, James Anderson, ctc., etc.
Un grand banquet sera offert le 22 mai, dans les salons du Guildhall
ou Hôtel de Ville de Londres, aux botanistes et aux horticulteurs les plus
considérables. Il y aura cent invitations. Il sera donné deux soirées ou
conversaziont, les 25 et 25 mai.
Les personnes qui désirent prendre part au congrès sont invitées à se
mettre de suite en rapport avec le secrétaire et à lui communiquer un
sommaire de leur travail avant le 28 avril. On sait que ces fonctions de
secrétaire avaient été à l’origine confiées à M. le D' Seemann. Mais il en a
été bientôt distrait par les préparatifs d’une exploration de l’Amérique
centrale pour laquelle le D'Seemann vient de partir. Il a été remplacé,
pour le congrès, par notre savant et intrépide ami M. le D' Maxwell
Masters, professeur de botanique et rédacteur du Gardeners” Chronicle.
Ce changement de personnes a eu pour conséquence de retarder un peu
l’envoi des invitations. Le comité de Londres les croyait distribuées
depuis longtemps quand son secrétaire a reconnu qu’elles n'étaient pas
parvenucs à destination. Ce retard a été aussitôt réparé. Le comité a fait
des invitations personnelles. Il a prié les gouvernements de se faire
représenter par des délégués. Le nôtre a déjà nommé en cectte qualité,
MM. de Cannart, Linden et Morren. Il a adressé à la Fédération belge
qui à organisé le congrès de 1864, l'invitation d’envoyer deux délégués.
Mais il n’a pu faire la même demande à toutes les sociétés particulières
du continent.
Des réductions de tarif seront demandées aux principaux chemins de
fer. Cependant le comité de Londres, par expérience, n’attache pas
grande importance à cette demande. En effet, les Anglais qui sont venus
à Bruxelles et à Amsterdam et auxquels on avait annoncé toutes sortes de
réductions, bien loin de pouvoir en profiter ont, au contraire, été forcés
de payer plus que de coutume. Nous pouvons affirmer nous-même que ces
réductions, généreusement accordées par les chefs d'administration, ne
parviennent en général à la connaissance des guichetiers, le deus ex
machina de la circonstance, qu’au moment même où elle n’est plus
réclamée. Nous avons rappelé tantôt que le tarif belge a subi une réduc-
tion générale considérable et que sans doute des mesures extraordinaires
seront encore prises. On ne doit pas oublier d’ailleurs que tous les rail-
Ways et toutes les compagnies de paquebots, par Anvers, par Ostende,
par Calais, accordent en tout temps une très-notable diminution sur le
prix du billet aller-et-retour. Maïs le comité de Londres a veillé avec une
Lt 'ORaME
sollicitude particulière pour obtenir des réductions en faveur des excur-
sions qui seront faites vers les principaux centres et les plus beaux
domaines de l’Angleterre.
MM. Thomas Moore et Robert Hogg sont particulièrement chargés de
tout ce qui concerne l'exposition. Ces Messieurs donneront même les
renseignements particuliers qu’on voudrait leur demander.
Malgré les difficultés du transport, malgré la distance et passant sur
quelques critiques que l’on peut adresser peut-être au programme anglais,
nous espérons vivement que l’horticulture belge sera dignement repré-
sentée à Londres et remportera quelques hautes distinctions. Nous savons
les sacrifices et les difficultés d’une semblable détermination, mais on
peut les surmonter quand l’honneur national est en cause.
E. M.
Ministère de l'Intérieur.
Exposition internationale d’horticulture de Londres.
Afin de faciliter l'expédition des plantes et des autres objets que les
horticulteurs belges se proposent de faire figurer à l’exposition univer-
selle d’horticulture qui s’ouvrira.à Londres, le 22 mai prochain, M. le
Ministre des travaux publics a décidé qu’une remise de 50 p. c. sur le
prix des tarifs ordinaires des chemins de fer de l'Etat, sera accordée aux
expéditeurs. Les Sociétés concessionnaires de chemins de fer ont été
invitées à faire la même réduction en faveur des objets qui seront expé-
diés par leurs lignes. De son côté, M. le Ministre des affaires étrangères
a autorisé le transport gratuit des colis destinés à l’exposition univer-
selle de Londres qui seront expédiés par les paquebots de l’Etat qui font
la traversée d’Ostende à Douvres. Il accordera, en outre, une réduction
de 50 °/, du prix de la traversée sur les dits paquebots, aux personnes
qui assisteront au congrès international de botanistes et qui seront munis
de leur carte constatant leur qualité de membre de ce congrès. (Moniteur
belge, 11 avril 1866 n° 101.)
EXPOSITIONS A VIENNE LES 90 AVRIL ET 15 MAI 1866.
La Société Impériale et Royale d’horticulture de Vienne ouvrira, dans
son nouveau palais, deux expositions au printemps 1866. Elles sont des-
tinées, tout particulièrement, à mettre en lumière les progrès accomplis
par le jardinage dans les pays autrichiens. La première aura lieu du 20
au 26 Avril. Le programme des concours porte notamment quelques
prix institués par S. M. l'Empereur. Ce doit être une exposition géné-
rale pour toute l’Autriche. La seconde est fixée au 15 Mai et restera
ouverte jusqu’au 25. Elle coïncidera avec une grande exposition agricole
VS 2
et forestière organisée par la Société Impériale et Royale d’agriculture
de Vienne, sous les auspices de S. A. I. l’archiduc Charles-Louis. Il y sera
distribué plusieurs prix d'état. Les jurys se réuniront les 19 Avril et
14 Mai. Nous renvoyons aux programmes pour de plus amples rensei-
gnements.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE ST. PÉTERSBOURG.
Le projet, que nous avons déjà annoncé, de Hour une exposition
universelle d’horticulture à St. Pétersbourg, commence à entrer dans la
période d'organisation. Déjà nous avons recu la lettre suivante à ce sujet :
Monsieur,
La Société Russe d’horticulture de St. Pétersbourg se propose d’arranger sous le
patronage de Son Altesse Impériale, Monseigneur le Grand-Duc Nicolas, à la Pentecôte
de l’année 1868, une grande exposition internationale de produits d’horticulture, ainsi
que d’objets d’art et d'industrie, qui s’y rattachent, et de convoquer en même temps
un congrès de botanistes, d’horticulteurs praticiens et d'amateurs d’horticulture en
général.
La réussite de cette entreprise dépendant avant tout de la coopération que voudront
bien y prendre les personnes vouées à l’étude de l’horticulture, le soussigné se fait un
devoir de vous faire part de ces intentions et de s’adresser à vos lumières et à votre
expérience pour savoir :
1. Quelles sont, à votre avis, les meilleures mesures que la Société devrait prendre
pour faciliter le transport des envois et le voyage des exposants et des membres du
jury. 2. Quels sont les objets qui devraient de préférence figurer dans le programme
de l’exposition.
Attachant une haute importance à votre opinion ct à vos conseils sur l’entreprise,
le soussigné se flatte de l’espoir que vous voudrez bien, Monsieur, lui faire savoir si
vous êtes disposé à concourir à l’œuvre soit en envoyant des produits à l'exposition,
soit en honorañt le congrès de votre présence, et vous prie de lui ITAREE
aussitôt que possible vos intentions et votre opinion.
E. ReceL:
Vice-président de la Société Russe
d’horticulture de St. Pétersbuurg.
St.-Pétersbourg, le 24 Janvier 1866.
Il est possible que l’exposition de Pétersbourg soit remise à 1869 pour
éviter la coïncidence avec.celle de Gand.
EXPOSITION ET CONGRES A GAND EN 1868.
L'exposition universelle et le congrès international que nous avons
annoncés (p. 22) comme devant avoir lieu à Gand en 1867 sont remis à
4863. Ce retard provient de l'impossibilité devant laquelle s’est trouvé la
Société de terminer pour l’année FA les préparatifs qu'elle a entre-
pris pour cette solennité.
do
NEERLAND’S PLANTENTUIN
onder redactie van D' C. A. J. A. Oupemans.
L'exposition universelle d'Amsterdam au printemps 1865 a été le
signal de l’apparition d’une nouvelle publication périodique et iconogra-
phique en Hollande. Plusieurs publications fondées auparavant, telles que
le Tuinbouw Flora et la Flore des jardins et des serres des Pays-Bas de
M. de Vriese, avaient cessé de paraitre. Cependant l’horticulture est
répandue et riche en Hollande. Sa spécialité des plantes bulbeuses est
proverbiale. Ses riches colonies de Java et de l'archipel indien lui four-
nissent une mine inépuisable. Ses jardins botaniques et ses établissements
scientifiques sont établis sur un pied fort convenable. Il aurait été déplo-
rable que tous ces précieux matériaux ne fussent pas mis en œuvre.
Grâce au patronage particulier de Sa Majesté la Reine, une nouvelle
revue d’horticulture a pu s'établir. Elle est dirigée par M. le D' Oude-
mans, professeur de botanique à l’Athénée illustre d'Amsterdam, avec la
collaboration de MM. Glijm, horticulteur à Utrecht, J.-B. Groenevegen,
horticulteur à Amsterdam, J. H. Krelage, horticulteur à Haarlem, et
Witte, jardinier-chef à Leyde.
Le Neerland’s plantentuin parait par livraisons mensuel format
grand in-8. Le papier, l'impression et les planches sont dignes de Ia
protection royale qui lui est octroyée. La rédaction n’est pas moins
soignée. Pendant l’année 1865, il a publié les iconographies des Begonia
Lapeyrousi V. HourTe, Prunus japonica Tauns. var. flore albo-pleno,
Cyclamen vernum Los., Galanthus nivalis L., flor. pleno, Azalea indica,
var., Dieudonné Spae, Ardisia crispa A. DC., Wigandia caracasana
H. B. K., Jris Kæmpferi V. Sies., var. le souvenir, Eranthis hyemalis
Sauss., Pelargonium multiflorum Horr., Convallaria mayalis L., var.,
fol. aureo-striatis, Rhododendron ferrugineum L., Pavetta incarnata Br...
var. alba., Sarcopodium uniflorum Hassk., Yucca gloriosa L., Delphi-
nium var. hortenses., Roella ciliata L., Abies Nordmanniana Sracu.
Le Neerland”s plantentuin a donné, en outre, plusieurs articles fort
intéressants sur lesquels nous nous proposons* de revenir. Nous avons
voulu nous borner quant au présent à signaler aux amateurs cette belle
et utile publication et à souhaiter la bienvenue à ce nouveau et savant
confrère.
om —
LES FLEURS DE PLEINE TERRE.
Comprenant la description et la culture des fleurs annuelles, vivaces
et bulbeuses de pleine terre,
PAR MM. VicmoriN-Anprieux ET Ci.
Deuxieme édition (1).
La première édition de cet excellent livre a été rapidement épuisée.
C’est, en effet, un manuel indispensable dans les mains de toute personne
qui s’occupe de son jardin. Il n’est pas moins utile aux botanistes pour la
détermination des plantes qu’il rencontre dans les jardins. L'ouvrage est
au courant de toutes les nouveautés, dont le commerce offre les graines
aux amateurs. Il a été formé par la réunion des traditions pratiques con-
servées et accumulées par l'excellente maison Vilmorin de Paris, avec
les connaissances scientifiques de M. Verlot, jardinier en chef de l’école
de botanique du muséum d'histoire naturelle à Paris. Le nom de MM. Vil-
morin est d’ailleurs lui-même avantageusement connu dans la science.
L'ouvrage débute par les renseignements sur le semis et la culture d’un
grand nombre de plantes. Puis vient la description des fleurs de pleine
terre, qui est la partie la plus considérable du livre. Dans la deuxième
partie, on trouve toutes sortes de renseignements : choix des graines qui
peuvent être semées en septembre; choix des plantes pour bordures; de
plantes grimpantes, de fleurs odorantes, fougeraie et choix de fougères,
choix de plantes pour rochers et rocailles, etc., ete. Calendrier des flo-
raisons ; plans de jardins ; projets pour l’ornementation des corbeilles,
de plates-bandes, rosaces, massifs, etc. Avec tout cela on n’a qu'à se
laisser conduire pour bien faire. :
Le livre de MM. Vilmorin est un de ceux qui doivent trouver place
dans la bibliothèque de tout amateur d’horticulture.
CULTURE DES FLEURS EN APPARTEMENT.
Causerie.
Dans la salle de l’Emulation, à Liége, le 12 Mars 1866.
L'amour des fleurs est un sentiment humain. Tous les cœurs délicats
le ressentent. C’est la poésie de notre vie et pour beaucoup c’est le seul
(1) Un fort volume in-12 de 1296 pages, avec des planches. A Paris, 1866, chez
MM. Vilmorin-Andrieux et Ce, quai de la Mégisserie. Prix, 7 francs.
7
OR EE
délassement , la seule illusion qu’ils peuvent encore se permettre. Les
fleurs, c'est le printemps, l'été; c’est la campagne, l’air pur, l’expansion
de l’âme, le souvenir ou l’espérance.
Nous trouvons aisément à la satisfaire cette passion de fleurs. Elles
sont partout; dans les prés, dans les champs, dans les bois, Mais on se
lasse des amours faciles, uniformes ou monotones. C’est l’enfant espiègle
ou l’enfant malade qu'on chérit davantage ct des moralistes prétendent
qu’un cœur qui se dérobe et glisse est celui dont on poursuit, on le dit
au moins des femmes, de préférence la conquête et la soumission.
L'homme préfère la robuste fidélité du chien, mais les châteries parais-
sent maintes fois plus séduisantes à la femme. C’est ainsi qu'il est des
fleurs étrangères, délicates, frileuses, suaves. C’est elles que l’on veut.
L’herbe des prés et des bois, l'herbe du bon Dieu est trop paysanne. Il
nous faut, dans les raffinements de notre civilisation, la fleur de la femme
du monde.
Et d’ailleurs nous ne sommes pas éveillés que pendant le jour : nous
étendons notre vie dans la nuit. Il nous faut des fleurs aussi, quand la
bise et le froid glacent la nature boréale ; des fleurs dans nos apparte-
ments,pendant l'hiver, c’est le printemps et la fraicheur autour de nous.
Elles font souvenir à la belle saison dernière, elles font rêver au prin-
temps qui reviendra.
Nous voulons des fleurs partout et des fleurs toujours.
Ces créations éphémères, capricieuses, parées, suaves sont faites pour
les femmes et à l’image des femmes. Aux hommes le règne animal, la
chasse, la pêche, le bétail, les courses. Aux femmes les fleurs. Cette
répartition des deux règnes de la nature entre l’homme et la femme est
d'institution divine. C’est une vérité biblique. Dieu avait fait deux parts
dans le paradis terrestre. À l’homme le règne des bêtes; à la femme la
possession des plantes : une seule exceptée, l’arbre maudit ou de la ten-
tation. Mais notre mère Eve s’est mal conduite au paradis terrestre : elle a
laissé les fleurs pour un vilain animal. Depuis ce moment le paradis
terrestre n’est plus de ce monde. Toutes les fleurs ne sont plus à la fois
pour la femme. Il faut qu’elle se donne la peine de choisir et qu’elle
travaille pour les faire vivre.
L’embarras est grand pour la fille d'Eve qui peut choisir dans l’écrin de
Flore. Les fleurs se pressent nombreuses, chaque jour plus nombreuses,
etlesnouvelles venues paraissent toujours mieux parées que les anciennes;
au moins, sont-elles plus à la mode. L’horticulture a refait le paradis
terrestre. Elle est bien près d’avoir réuni sur un seul point du globe,
toutes les familles végétales dispersées depuis la malédiction divine.
À Kew, par exemple. Et il est vraiment étrange que la femme soit pré-
cisément un des principaux mobiles de ce vaste travail de reconstruc-
tion. À mesure que le christianisme et la civilisation étendent sur elle
les bienfaits de la rédemption, son empire sur le royaume des fleurs
LL Vogre
s’étend davantage. Les fleurs se pressent comme des enfants abandon-
nées, autour d’une mère, pour rentrer dans un petit coin du paradis. Et
en effet, les fleurs exotiques que le commerce nous offre sont bien des
orphelines. On les a ravics à leur mère naturelle, à la nature généreuse et
vigilante, à leur patrie aimée, pour les porter sur les pavés boueux de
nos villes enfumées et froides. Ces belles exotiques sont des fleurs
esclaves déportées : elles languissent et meurent à la peine si nous ne leur
donnons des soins amoureux.
Que les jardiniers me pardonnent, mais je ne puis m'empêcher de dire
qu’ils me font l'effet de marchands d’esclaves : leurs serres sont comme
des négriers. Les plantes y sont alignées sur des tréteaux, enchaïnées,
les pieds dans un pot de grès étroit et disgracieux, le corps solidement
attaché à ce que l’on nomme un tuteur sans doute à cause de son solide
attachement pour sa pupille, les membres rapprochés du corps et con-
stamment meurtris, pincés, abatus, quand ils s'étendent un peu; la
nourriture, l’air, la lumière, la chaleur leur sont parcimonieusement
comptées ; pauvres filles, offertes au plus offrant et dernier enchérisseur.
Combien leur âme doit souffrir quand elles songent aux forêts du Brésil,
aux barancas du Mexique et aux montagnes de l’Asie. Elles étouffent
entassées dans une serre que nous voulons faire passer à leurs yeux pour
un palais de cristal. C’est bien pis encore quand on les porte au marché.
On en remplit toute une échoppe, et sans trève ni merci, elles sont
fouettées par le vent, battues par la pluie, salies par la poussière, flétries
par le soleil. Elles entendent, en rougissant, des voix eriardes qui inter-
pellent les passants : Fleurissez-vous, Mesdames; fleurissez-vous! Vous
ne voulez pas, Madame, un beau pot de fleurs!
Ces pauvres fleurs, elles parlent un autre langage que les âmes douces
et compatissantes entendent mieux que les criailleries de la mégère
ou de la fleuriste.
Écoutons-les; allons ensemble dans un de ces marchés de chair
végétale; écoutons ce que nous disent ces jolies filles de flore; laissons-
nous séduire ; sauvons quelques petites chinoises et aussi des japonaises,
des indiennes, des africaines, des brésiliennes. Nous n’entendrons que
les plus séduisantes, les meilleures. Nous ferons taire celles qui sont
trop communes, bonnes pour la pleine terre, et celles qui sont trop
coquettes, trop difficiles, bonnes pour des roués en horticulture. Nous
ne voulons admettre dans notre intimité que de bonnes filles.
Liste des plantes pour la culture en appartement ().
Réséda. Sous-arbrisseau. Égypte.
oEïillet (Dianthus caryophyllus), et ses nombreuses races et variétés. Europ. mérid.
(1) Cette liste est dans l’ordre des familles naturelles. Les plantes y sont sim-
plement et sèchément nommées parce qu’il y aurait trop à dire si l’on s’arrête à
jaser avec chacune et de chacune. C’est néanmoins un catalogue qui pourra servir de
guide aux personnes de bonne volonté.
— 100 —
Cotonnier (Gossypium herbaceum et arboreum). Intéressant et instructif, Pas assez
répandu. Indes orient. |
Camellia japonica. Variétés innombrables. Bonne terre. Ombre.
Thea sinensis el bohea, Les Théiers prospèrent parfaitement dans nos salons.
Jolis arbustes.
Oranger (Citrus aurantium) et Citronnier (Citrus media Riss.). Ont fait faire
des orangeries et sont depuis longtemps les hôtes des palais et des châteaux. Fort
suaves et fort utiles en petits pieds.
Geranium anemonæflorum L’Her. Superbe pour la culture en vase.
Pelargonium hortulanorum ou Géraniums à grandes fleurs, à cinq macules,
diadematum, fantaisies, tous bien connus, brillants et se plaisant partout.
Pelargonium inquinans, zonale, et autres semblables d’une robusticité popu-
laire, et aiment à prendre leurs ébats dans le jardin pendant l'été.
Pelargonium lateripes L’Herir. ou Lierre de salon pour la culture en corbeille
ou en jalousie.
Pelargonium radula, dont les feuilles renferment de l'essence de rose.
Capucines, Mastouches ou Tropæolum. Fleurs de l'ouvrière et de beaucoup
d’autres. Garnit les fenêtres d’un rideau de feuillage.
Violettes., ordinaires, en arbre, de Parme.
Pensées.
Thé du Paraguay ou Jlex paraguayensis. Arbuste intéressant et joli dont on peut
faire usage dans l’économie domestique.
Fraisiers des Indes (Fragaria indica) pour les corbeilles suspendues.
Roses. La Reine des fleurs, la fleur des poëtes, la poésie de la jeunesse, la jeunesse
du cœur, Roses Thés, Ile Bourbon, Noisette, Bengale, Remontantes, moussues, cent-
feuilles, de Dame.
Pois de senteur.
Fuchsia (coccinea, globosa, corymbiflora, splendens) et une foule d’autres. Délicieux
arbustes du Chili, du Mexique.
Sonerilla margaritifera. Un bijou pour les serres de salon, mais nature délicate.
Elle est indienne ou créole.
Deutzia gracilis du Japon. Charmant arbuste qui se laisse forcer à ravir et se
couvre de fleurs blanches comme la neige.
Metrosideros buxifolia, florida et autres de la Nouvelle-Zélande. Robustes et
brillants.
Myrtus communis; le Myrte.
Eugenia Ugni, arbuste du Chili dont les baies sont exquises, goütent comme la
pomme et l’ananas, et qui peut servir en même temps à l’ornement et à l'alimentation
des tables à diner.
Grenadier (Punica granatum). L'âge et le temps ne lui ont rien ôté de ses mérites,
ni de son utilité.
Begonia. Nombreuse famille indienne. Brillante, sauvage, populaire.
Passiflores. Lianes brésiliennes ; les kermesina, quadrangularis, incarnata, edulis.
Cette dernière fournit des œufs exquis.
Disemma coccinea DC. Passiflore nouvelle-hollandaise. Entre serre et jardin.
Plantes grasses (mais non gracieuses). Rochea falcata, Echeveria, Sempervivum.
Cactées. Mexicaines monstrueuses, accomodantes, fort belles en parure de noces,
mais d’une beauté de sorcière ou de quasimodo : Mamillaria, Melocactus, Echinocactus,
Cereus, Phyllocactus, Epiphyllum, Opuntia.
Cephalotus follicularis. Nouvelle-Hollande. Facile et extraordinaire.
Saxifrages. Beaucoup d'espèces : La mère de famille (Saxifraga sarmentosa) du
Japon ; le désespoir des peintres (Sax. umbrosa).
Hortensia, Hydrangea japonica, Il devient bleu quand on le met aux fers.
— 101 —
Adamia versicolor et cyanea, du Nepaul, ils passent au bleu sans cause appa-
rente.
Lierre. (Æedera helix). Le protée et le caméléon de notre Flore. Son usage pour les
- persiennes.
Benthamia fragifera du Nepaul.
Aucuba du Japon. Longtemps célibataire, vient de se marier : combien sa femme
est jolie avec ses coliers de corail.
Aralia papyrifera, dont la moelle, trempée d’amidon de Riz, sert à préparer le
papier de riz des Chinois. Aralia japonica et Sieboldi.
Chèvrefeuilles. Fleurs poétiques et attachantes.
Linnea horealis que tout botaniste salue en passant et qui est l’incarnation
vivante de l’âme du grand philosophe de la nature.
Laurier-Tin (Viburnum laurus-tinus), de la Méditerranée. Viburnum lantana et
Viburnum opulus qui a donné la Boule de neige ou Rose de Gueldre.
Jasmin du Cap ou Gardenia florida au parfum le plus exquis.
Rogiera gratissima. Fleur politique et reconnaissante.
Catréier ou Coffeu arabica. Sans couleur politique est du goût de tous les esprits
éveillés. Se plait particulièrement bien dans les appartements chauffés.
Heheclinium et Conoclinium du Mexique.
Le Lierre de salon, Senecio scandens DC., ou Delairea odorata Leu. des botanistes
est fort estimé pour les corbeilles et Les treillis.
Marguerite en arbre ou Chrysanthemum frutescens Wirio. Robuste et populaire.
Cinéraires, aux rosetles de toutes couleurs.
Lobelia erinus, ramosa, cardinalis,
Campanula pyramidale. Obélisque de fleurs.
Erica et Epacris. Diffciles; grand air, terre de bruyère; fleurs superbes.
Azalea de la Chine, dite de l’Inde. La rivale du Camellia ; la fleur des expositions.
Rhododendron arboreum et autres. Superbes arbustes.
Auricule ou Oreille d'ours (Primula auricula). La fleur des chanoines de
St. Lambert; les Auricules liégeoises.
Primula farinosa, la Primevère des Anglais.
Primevère de la Chine (Primula sinensis), et ses délicieuses variétés nouvelles.
Cyclamen europæum, neapolitanum, persicum. Jolies fleurs printanières.
Ardisia crenulata. Arbuste dur et d’un charmant effet.
Jasmin d’Espagne ou Jasminiunm grandiflorum et Jasmin odorant ou
J. odoratissimum.
Lilas, qui se laisse assez aisément forcer.
Olivier (Olea europæa).
Pervenche de Madagascar ou (Vinca rosea).
Laurier-rose ou (Verium Oleander).
Gobe-Mouche ou Apocynum Androsæmifoliun, le meilleur moyen de se débar-
rasser des mouches.
Hoya carnosa, aux fleurs de cire, pour lee corbeilles et les treillis.
Stapelia pour ls collectionneurs de plantes grasses.
Gesnéracées. Gesnera, SA Achimenes, Mitraria, toutes jolies et brillantes
fleurs qui ne se montrent qu’en grande toilette et dorment le reste du temps.
Streptocarpus polyanthus et autres ; fort joli sur l'appui des fenêtres.
Cobæa scandens, liane mexicaine, fort bien acclimatée chez nous et qui garnit et
festonne tout un appartement ; sucre le thé et le café.
Liserons, Ipomæas, Volubilis et Convolvulus toutes attachantes fleurettes.
Héliotrope du Pérou ct toutes ses variétés.
Myosotis palustris des botanistes ou Vergiss mich nicht des allemandes.
Les Tabacs (Nicotiana tabacum) et autres.
= 102 =
Datura (Brugmansia arborea), qui donne les trompettes du jugement dernier.
Solanum capsicastrum, arbuste aux baies orangées qui figure devant beaucoup
de fenêtres. Le Solanum antropophagorum ou la Tomate pour la chair humaine.
Cestrum aurantiacum.
Habrothamnus fasciculatus.
Calcéolaires herbacées et en arbre (herbacea et integrifolia).
Maurandia Barclayana. Charmant mais délicat.
Lophospermum scandens. À tous les mérites pour former un rideau végétal :
fond vert, brodé de pourpre. Ruisselant de fleurs.
Mimulus cardinalis, luteus et moschatus, l'herbe au musc.
Veroniques de Lindley, d'Anderson et speciosa.
Acanthacées, la plupart brillantes : Justicia, Thyrsacauthus, Beloperone, Eran-
themum, Libonia, mais leur culture n’est pas sans raffinements et par conséquent sans
mérites.
Lantana Camara, arbuste très-florifère et polychrome.
Coleus Blumei et Verschaffelti, jolies labiées ; la seconde surtout est d’un
puissant effet ornemental.
Pogostemon Patchouli, Lavandula spica, Rosmarinus officinalis, etc..
pour les amateurs d'épices et de parfums.
Salvia. Plusieurs espèces ont les fleurs brillantes.
Statice. Sont robustes et florifères.
Lauriers. Nobles et beaux arbustes : le Laurier d’Apollon (£aurus nobilis), le
Laurier sassafras, le Laurier Benjoïn ; le cannelier de Ceylan ou Laurus Cinnamomum ;
le Camphrier ou Laurus Camphora; l’Avocatier (Poires d’Awacate) ou Laurus Persea.
Ppimelea, par exemple le P. decussata.
Aristoloches. Lianes sarmenteuses aux fleurs extraordinairement bizarres.
Nepenthes. Leurs feuilles ressemblent aux fleurs des Aristoloches. Culture ue
Il est plus aisé de conserver les Sarracenia.
Protéacées. Les Protea, Banksia,Grevillea de la Nouvelle-Hollande sont des arbustes
d’un entretien commode. Ils peuvent trouver place dans l’orangerie.
Figuiers. Figuier comestible ou Ficus carica; Figuier élastique ou Ficus elastica
et Ficus scandens qui peut couvrir les murailles ou les treillis.
Arbre à pain ou Jacquier ; l’Artocarpus incisa des botanistes.
Chène-Liège. Très-facile et assez intéressant.
Conifères; particulièrement les Araucaria.
Cycadées. Tous végétaux d’une physionomie étrange et distinguée.
L
MONOCOTYLEDONES.
Orchidées. Il leur faut la serre de salon ; peut-être les Cypripedium peuvent-ils
s’en passer. Les Anectochiles sont les plus séduisants mais aussi les plus capricieux.
Hedychium Gardnerianum. Plante admirable, riche, suave, facile; à recom-
mander tout spécialement.
Canna ; les Balisiers peuvent aussi rendre des services dans les jardinières.
Maranta : le zebrina entre tous est riche et de bonne humeur. Il aime l’ombre,
l'humidité, une bonne terre, et une douce chaleur.
Bananiers. Les Musa Ensete, paradisiaca, sapientum, sinensis, rosacea, prospèrent
en appartement. Mais ce sont des végétaux de haute taille et qui sont assez exigeants
sous tous les rapports.
Arbre aux voyageurs, le Ravenala de Madagascar rivalise avec les Bananiers :
il en de même des
Strelitzia, dont une sorte, Le Str. reginæ, est d’un fort joli effet
— 103 —
Broméliacées, Plusieurs Billbergia, Aechmeact Ananas peuvent se maintenir dans
les appartements.
Iridées. Cette famille est, comme son nom l'indique, en possession de toutes les
couleurs de l'iris. Les Trigridia, Gladiolus, Ixia, Sparaxis, Crocus et [ris sont d’une
grande ressource et d’un brillant effet au premier printemps.
Amaryllis, Hippeastrum, Crinum ou Lis du Cap, Hamanthus, Imantho-
phyllum., Narcissus, Alstroemeria, tous ces noms révèlent des idées de splendeur,
de beauté, de parfum, et de fraicheur.
Les Agave, Cureuligo et Yucca fournissent des feuillages élégants, ornementaux;
robustes. |
Lis. Les Lilium candidum, speciosum, giganteum et maints autres encore sont au
nombre des plus séduisantes fleurs de la nature.
Tulipes. On apprécie depuis longtemps les ressources que fournissent les Tulipa
gesneriana, suaveolens, oculus solis et autres.
Phormium tenax. Le lin de la Nouvelle-Zélande est un feuillage robuste, élégant,
souple et ondulé.
Agapanthus umbellatus., Avec ses nombreux capitules de fleurs bleues, élevées
au-dessus d’un feuillage élégant, cette plante, dont on fait souvent la tubéreuse bleue,
est aimée de tous ceux qui la connaissent.
Tubéreuse ou Polyanthes tuberosa. Trop peu connue et répandue dans nos
contrées, cet excellent parfum nous arrive quelquefois de Nice.
Aloès. Les Aloë d'Afrique sont des Liliacées plus ou moins charnues el qui ne sont
pas dépourvues de grâces.
Jacinthes. L’AJyacinthus orientalis, l'oignon de Harlem, se prête avec une complai-
sance infinie aux cultures les plus bizarres.
Lachenalia tricolor. aux fleurs vives et printanières.
Aspidistra elatior. Ce sombre feuillage, aux contours élégants, se plait partout.
Il prospère dans les corbeilles.
Muguet. Notre jolie messagère du printemps aime à devancer le moment ordinaire
où elle revêt sa parure printanière.
Dragonniers. Les Dracæna indivisa, australis, congesta, terminalis, sont des hôtes
ordinaires de nos demeures où ils comptent beaucoup de connaissances et d’amis. Leur
tenue est sévère et irréprochable.
Tradescantia ou Ephémères. Les Trad. discolor, zebrina, et autres aux feuillages
colorés garnissent bien les corbeilles.
Palmiers. Un grand nombre de rejetons de ces rois des forêts tropicales se conten-
tent de notre modeste hospitalité et vivent sans trop d’ennui dans nos étroites demeures.
On peut recommander, Chamærops humilis, Ch. excelsa, Rhapis flabelliformis, Livistona
australis, Latania borbonica, Phœnix dactylifera, Jubæa spectabilis, Ceroxylon andicola.
Carludovica palmata, l'herbe aux chapeaux de Panama ressemble à un palmier
nain.
Aroidées. Les compagnes fidèles des palmiers qu’elles ont accompagnés dans leur
émigration chez nous. Nous pouvons accueillir avec prédilection : Caladium violaceum,
bicolor (et varietates) ete. Richardia (Calla) aethiopica, plusieurs Anthurium, Scindap-
sus, Philodendrons. Ces plantes au feuillage élégant, aux fleurs en général modestes,
aiment l'humidité.
Cyperus alternifolius et Papyrus. Ce sont des roseaux étrangers que nous
pouvons introduire dans nos appartements.
Isolepis pigmea. C’est un gazon modeste et plantureux à la fois.
Graminées ; les plébéens du règne végétal, utiles entre tous. 1L est permis de dis-
tinguer dans le nombre : Gynerium argenteum, ou l'herbe des Pampas ; la canne à sucre
ou Saccharum officinarum, et les Bambous, tels que les Bambusa nigra, metake et
arundinacea.
— 104 — ;
CRYPTOGAMES.
Fougères. La modestie unie à l'élégance. Donnez la préférence aux Adiantum, au
Polypodium aureum, au Platycerium alcicorne, à quelques Pteris, Blechnum, Aspidium
et autres du même acabit. \
Sélaginelles. Ces jolis gazons ont la délicatesse des mousses les plus tendres.
Dans cette troupe nombreuse nous pouvons choisir, chacun suivant
notre goût : il s’en trouve pour tous les genres de vie de quoi satis-
faire les plus exigeants. Mais je veux rester dans le vague; de gustibus
et coloribus non est disputandum. Je ne m’enquerrai pas de vos pré-
férences. Qu’en faut-il faire ? Vous allez installer vos élus dans quelque
situation bien favorable : sur l’appui des fenêtres, dans une corbeille
suspendue, une jardinière, un vase ou peut être une serre de salon;
les plantes sont filles de la lumière, ne la leur ravissez point:
Les plantes doivent être soignées comme les enfants de la maison :
les mêmes précautions, la même sollicitude; rien de plus et rien de
moins. Elles demandent la nourriture, la propreté, l’air et le repos.
Savoir cultiver c’est savoir élever et aimer les enfants. Les plantes
n’ont besoin de rien autre chose qu’une hygiène commune à tous les êtres
vivants. Puisque nous les avons réduites en domesticité c’est à nous à la
leur donner.
Il faut nourrir les plantes, c’est leur donner à manger et à boire. Pas
plus que nous elles ne vivent de l'air du temps. Leur nourriture c’est la
terre nourricière, le sol. Elle doit être d'autant plus substantielle que
nous la mesurons plus parcimonieusement. 1l est déraisonnable de vou-
loir qu’une plante ayant poussé, fleuri et fructifié dans la terre que
contient son pot, recommence l'année suivante à prospérer dans le même
sol. Chaque nouvelle période de végétation doit être alimentée et soute-
nue par un surcroit de forces, en d’autres termes elle doit être préparée
par un rempotage. La terre horticole doit être un riche compost bien
préparé, que la plupart d’entre nous feront bien de se procurer chez
un jardinier consciencieux. Sa fertilité peut être souvent avivée par des
substances fertilisantes. Dans tous les cas le sol doit être meuble, bien
préparé, frais, aéré. L'air doit y avoir accès et même y circuler large-
ment. Aussi les pots de grès, avec une ouverture dans le fond sont-ils
en tous points les meilleurs. Encore convient-il d'augmenter le drainage
par une forte couche de cailloux ou de tessons. Ces plantes, comme nous,
craignent le froid et l’humidité aux pieds. Les pieds chauds et la tête libre
est un adage aussi bien applicable au règne végétal qu’à nous-mêmes.
Il vaut mieux chauffer modérément les pots ou ce qui est la même
chose, le sol où croissent les plantes que ces plantes elles-mêmes. La sève
entraine et fait circuler avec elle cette chaleur bienfaisante.
Il est rare que telle ou telle espèce réclame un sol particulier. Tout au
plus quelques-unes, en petit nombre, veulent-elles de la terre de bruyère.
— 105 —
Les plantes doivent être désaltérées et rafraîchies. Elles ne supportent
qu’une seule boisson, l’eau. Mais il la leur faut pure, aérée, fraîche, par
portions convenables à la fois et bien régulières. C’est en regardant un
jardinier arroser ses plantes qu’on juge ses capacités, comme c’est en
faisant cuire des pommes de terre qu’on juge un cuisinier. Ne jetez pas
aux plantes une eau lourde et glacée. Ne vous bornez pas non plus
à leur mouiller les lèvres en humectant la couche superficielle du pot.
Gardez-vous encore de vouloir les faire boire plus qu’elles ne veulent et
hors de saison. Elles en perdraient la tête. Mais avec régularité et discer-
nement, distribuez-leur leur ration.
Les plantes veulent des soins de propreté. Voyez comme la nature,
leur mère, prend soin de les laver. La pluie, la rosée, le brouillard : cc
sont des ablutions continuelles. Le vent, la tempête accompagnent ces
bains de mouvements et de secousses. L’horticulture rationnelle imite
autant qu'elle peut ces indications de la nature. Dans les serres, Îles
plantes recoivent de fréquents bassinages : la seringue et l’aspersoir
jouent un grand rôle. Dans nos appartements, il faut absolument sinon
agir de même du moins arriver au même résultat. Laver et baigner ses
plantes aussi souvent que possible. Profiter de chaque bonne ondée, pour
la leur laisser tomber sur le dos. Pour le moins éponger de temps en
temps les feuilles. Nous les débarrasserons ainsi de le poussière qui les
recouvre et les ternit.Cette poussière leur est nuisible. Comme pour nous-
mêmes elle est malpropre. Mais on s’exagère cependant les mauvais effets
de cette poussière épaisse et grossière qui se dépose sur le feuillage. Ce
dont il faut plutôt débarrasser les plantes, c’est cette poussière ou cette
matière invisible qui imprègne leur feuillage à la suite de l’évaporation
continuelle dont celui-ci est le siège. Les plantes, comme nous-mêmes,
rendent une grande partie de l’eau qui les a nourries par leur transpira-
tion et par l’émanation de leurs organes respiratoires. Cette eau évaporée
laisse après elle des matières grasses et siliceuses qui à la longue devien-
nent tout à fait fatales. Cette couche de substance obstrue littéralement
les pores de la plante. On ne doit pas craindre d'employer même un peu
de savon pour la dissoudre. Ce sont de véritables bains de propreté qu’il
faut aux plantes et d'autant plus nombreux que l’atmosphère sèche et
chaude de nos appartements exagère encore leur transpiration naturelle.
Les plantes veulent prendre l’air. Comme nous elles respirent les
éléments de l’atmosphère. Un air impur ou vicié leur est aussi fatal qu’à
nous-mêmes et elles y sont encore plus sensibles. Les émanations de nos
foyers peuvent leur être particulièrement préjudiciables. Cependant l’air
proprement dit fait rarement dommage aux plantes et ne leur manque
guère. Les changements de température trop brusques, et les courants
d’air de température différente ne leur sont pas plus agréables qu’à nous-
mêmes. Mais quand nous disons qu’il faut de l’air aux plantes, que l'air
leur manque dans nos appartements, nous entendons parler de la lumière,
— 106 —
ou du jour comme on dit. La lumière est le grand levier de la vie végé-
tale : l’âme des plantes semble demeurer dans le soleil et descendre du
grand astre de la nature en effluves lumineuses jusque dans leurs tissus
qu’elles viennent animer. Les plantes languissent en l’absence de lumière.
Mais chacune en veut autant qu’en comporte sa nature. Aux unes un
soleil ardent; aux autres une ombre discrète. Gardez-vous surtout de
transitions trop brusques sous ce rapport. C’est aussi dangereux que de
donner trop à manger à un affamé. Toutes les plantes, leurs feuilles et
mêmes les fleurs s’inclinent vers le vitrage : elles semblent vouloir aller
au devant de la lumière : elles paraissent vouloir s'échapper aux lambris
dorés où nous les retenons captives pour recouvrer leur liberté. Ne con-
trarions pas trop les effets de ces tendances et ne forçons pas les plantes
à nous regarder toujours, les yeux tournés vers l’intérieur de l’apparte-
ment. Laissons-leur leurs illusions, sûrs que nous sommes qu’elles ne nous
échapperont point. C’est en les maltraitant que nous les ferions périr et
qu’elles nous échapperaient.
Les plantes aiment la chaleur, les unes plus, les autres moins. Chacune
a sous ce rapport des habitudes particulières qu’elle a contractées dans sa
patrie et dont il paraît impossible de la faire se départir. La chaleur de
nos appartements est d’ailleurs convenable pour toutes celles que nous
avons citées. Toute plante aime, en général, à être chauffée davantage à
mesure qu’elle approche du moment de sa floraison, puis à vivre dans
une température plus modérée quand elle se repose. On doit se con-
former aux lois de la nature qui partout, chez nous sous forme du froid
de l'hiver, sous les tropiques sous forme de la chaleur sèche d’un été
brülant, laisse aux plantes, chaque année, une longue période de repos.
Le printemps et les pluies bienfaisantes viennent doucement les tirer de
cet engourdissement. Et puis elles entrent en vie et successivement gran-
dissent et s’embellissent jusqu’à revêtir la parure des noces.
Outre ce grand repos annuel, il convient encore de laisser aux plantes
un sommeil nocturne. On ne doit pas craindre de laisser pour elles
descendre la température pendant la nuit. Cet abaissement nocturne de
la température est de règle dans la nature entière. Pas plus que nous
les plantes ne peuvent travailler toujours.
Enfin , un certain exercice, dans le sens littéral du mot, est du plus
salutaire effet sur la santé des plantes. Le zéphir, la brise, le vent, qui
sans cesse, dans la nature, agitent le feuillage, fléchissent les rameaux
et courbent les branches, impriment aux tissus une activité favorable et
mettent tous les sucs en mouvement. Ne craignons pas d’agiter nos
plantes et ne leur refusons pas à l’occasion les caresses du zéphir.
Ne sont-ce pas là les soins qu'il faut donner aux enfants et n’avions-
nous pas raison de dire que l'hygiène est la seule règle de la culture.
Mais ces soins-là, il les leur faut. Si la plante souffre de la faim, elle
reste chétive, les grâces de la floraison sont perdues pour elle; si elle
4
— 107 —
souffre de la soif, elle fléchit et se flétrit; si le froid la saisit elle se
recoquille sur elle-même et ses membres se dessèchent : si la chaleur est
insupportable, elle s’alanguit.
Est-il rien de plus touchant et de plus éloquent que les plaintes d’une
fleur. Pas un mouvement d’impatience, pas un reproche. La plainte est
silencieuse et la douleur est contenue. Aveugle est l’äme de qui ne la
voit pas, et qui n’est pas profondément touché.
Mais aussi quelle reconnaissance pour les soins qu’on leur donne:
jeunesse, fraicheur, grâces, parures, parfums, rien de ce qui peut plaire
et séduire n’est épargné. La floraison d’une plante est le sourire d’un
ange. |
Quelques esprits maussades repoussent loin d’eux ces pauvres fleurs comme
perfides et malsaines. On vous dit d’éloigner les fleurs de vos apparte-
ments, parce qu’elles dégagent de mauvais gaz; que la nuit,par une insigne
perfidie, elles répandent dans l’air des émanations asphyxiantes. Nous
avons entendu faire à ce propos de longues dissertations affublées des
apparences scientifiques. Rien n’est moins scientifique, c’est à dire moins
. vrai. Les plantes sont hygiéniques et salutaires dans les appartements.
Mais il y a toujours quelque chose de vrai au fond de tout préjugé. C’est
ainsi qu’il est exact que les parfums de certaines fleurs, comme les par-
fums en général, peuvent impressionner les -tempéraments nerveux,
provoquer des céphalalgies, des étourdissements même. Les effluves de
la Jacinthe, de la Tubéreuse et d’autres sont des spasmodiques dont il
convient de ne pas abuser, Mais dans les salons, dans les appartements
où la famille se tient réunie, rien de semblable n’est à craindre. Aimons
les fleurs, elles ne trahissent jamais l’affection qu’on leur porte.
E. M.
CLOCHE DE MUNTER ().
Nous avons publié récemment un dessin de l’appareil imaginé par
M. Munter, à Greifswald, pour la culture en appartement des Fougères
délicates, des Sélaginelles et d’autres plantes. Ce meuble, simple et
élégant à la fois, permet à ces plantes de prospérer dans l’atmosphère
chaude et sèche des habitations, sans que l’on ait guère à se donner
d'autre peine que de veiller à ce que l’action directe du soleil ne se
fasse pas trop sentir. Nous sommes à même, grâce à la bonté de
notre collègue de Greifswald, M. le professeur Munter, de communiquer
à nos lecteurs de nouveaux éclaircissements sur la confection de cet
appareil.
La forme primitive, que nous avons reproduite par le dessin (1865,
p. 298) pour l'avoir remarquée à l'exposition d’Erfurt, doit être modifiée
sous un double rapport pour répondre à toutes les exigences.
(1) Second article; voir la Belgique horticole, 1865, p. 298.
— 108 —
Dans notre premier dessin la cloche vient se poser à l’extérieur et en
dehors du socle rempli de terre humide. Le contraire est. beaucoup pré-
UT
b
LL.
==
TZ
1/2
Fig. 1. — Cloche de Munter{1).
férable, c’est à dire que la cloche doit plutôt s’introduire dans le col du
socle, comme il est indiqué sur notre nouveau dessin en b’ b'. De plus
l’étranglement de la cloche doit être courbé de telle sorte (en b”, b”)
que toute l'humidité qui vient souvent se condenser sur les parois inté-
rieures (en b””, b’”, b”’) ruisselle directement jusque dans la terre, sans
séjourner sur une surface horizontale. En d’autres termes le col de la
cloche doit avoir une pente douce et ininterrompue afin que l'humidité
enlevée à la terre y retourne après avoir été condensée sur les parois.
Des cloches établies sur ce système n’ont dû être arrosées qu’une seule
fois depuis le commencement du mois d’août 1865 jusqu’en février 1866
et les plantes ont conservé une végétation saine et vigoureuse.
Il semble inutile de percer une ouverture dans l’appareil. On pourrait
en ménager une sur quelques points de l’enchassement de la choche sur
le socle, en vue de permettre le renouvellement de l'air, mais les deux
parties de l'appareil s’ajustant par des surfaces usées à l’émeri, il est préfé-
de les séparer de temps en temps. Encore cette opération est-elle rare-
ment nécessaire.
Ces indications pratiques et détaillées permettront à tout amateur de
faire faire un appareil de Munter à la verrerie voisine.
À Liége nous avons vu dans plusieurs maisons une culture qui n’est
pas sans analogie avec celle dont nous venons de parler, établie dans des
bassins à poissons rouges, dont l’ouverture est recouverte d’un verre à
vitre. Dans ces petits globes verdissent à merveille des Sélaginelles, des
Fougères et d’autres jolies plantes. |
(1) Légende : a, a, a’, a’, socle en verre; b, b’, b”’, b’”, cloche; c, c, terre humide;
d fougère.
— 109 —
CALENDRIER DU MARAICHER.
Résumé des opérations mensuelles du potager.
par M. Em. Ropicas.
MARS.
Semis et plantations. — Les semis continuent d'attirer toute
l'attention du maraïcher. 11 faut semer l’arroche, la ciboule, le cresson
alénois, la poirée, le cerfeuil, la chicorée, les choux de Savoie tardifs,
les épinards, le persil, le pissenlit, le poireau, le Phytolacca esculenta,
la betterave à salade, la rave, l’oseille, les scorzonères, l’anis, le cresson
vivace, la bourrache, dont la fleur est un ornement de salade, de perce-
pierre, la blète, la picridie, la sarriette vivace et quelques graines d’hy-
sope, car une fois qu'on est en possession de la plante, on la multiplie
facilement de boutures ou d’éclats enracinés. A la fin du mois, on sème
le chou de Bruxelles. On continue le semis de pois, de carottes. On sème
les asperges en pépinière. On peut semer l’angélique, le cerfeuil de
Prescott et le cerfeuil tubéreux. On sème le crambé, à moins qu’on ne
préfère le multiplier de boutures, des laitues pommées et à couper, leur
donnant une bonne exposition, le chervis, si l’on n'a pas du plant du
semis de septembre à repiquer, des navels pour l’usage des pétioles et
des côtes, les derniers panais, les choux d’automne à exposition couverte
pour les préserver de l’altise ou puce-de-terre, le salsifis vers le milieu
du mois pour récolter ses racines dès l’hiver. Vers la fin du mois, on
sème les graines des bonnes sortes de pommes de terre, afin d’en obtenir
de meilleures. Généralement, les semis faits en ce mois sont les plus
avantageux pour notre climat. On sème sur couche sourde le basilic et
la tétragone. Vers le milieu du mois, on fait la multiplication des
arlichauts par œiïlletons. On procède à la plantation des asperges. On
plante le houblon, le chou-cabus du semis d'août, le chou de Winning-
Stadt, le chou blanc d’Yorck, pommant bien à l’automne, les choux de
Savoie repiqués en pépinière. La plantation des choux-fleurs continue ;
ceux du semis de février peuvent être mis en place à la fin de mars. On
plante à demeure les fèves de marais semées sur couche en janvier, si
déjà on n’a pu le faire plus tôt. On peut repiquer l’ognon blanc du semis
de la fin d’août ; transplanter les rhubarbes et repiquer leurs semis ;
planter les pommes de terre, les tubercules de tarnotes ou marrons de
terre, de souchet, de topinambour ; planter les caïeux d’ognon-batate,
les bulbes de l’ail à la fin du mois, les échalottes. On multiplie d’éelats
ou par division des touffes l’armoise citronelle, le thym, l’estragon, la
lavande, la menthe, et l’origan. On met en place les porte-graines de
— 110 —
poireau, de betteraves, de raves, et en général tous ceux qu’on n’a pu
planter le mois précédent. Ici, nous devrions rappeler les recommanda-
tions déjà faites quant au choix des porte-graines dans le paragraphe
spécial que nous consacrons à cette importante matière. Nous enga-
geons le lecteur à y revenir. Il ne suffit pas de chercher seulement
à éviter la dégénérescence des végétaux cultivés, mais encore il importe de
mettre tout en œuvre pour Îles améliorer. Il faudra donc apporter une
attention scrupuleuse dans le choix des types qu’on veut reproduire et,
lors de la plantation, éloigner les unes des autres, autant que possible,
les espèces et variétés d’un même genre, afin d'éviter l’altération réci-
proque de leur pureté. Ce n’est pas sans raison que nous insistons plus
d’une fois, dans le cours de ce livre, sur ce point, qui est d’une impor-
tance réelle.
Travaux divers. — Maintenant, le jardinier doit mettre en œuvre
toute son activité. Donner un labour aux asperges, bêcher le terrain
aux cardons, préparer le terrain pour la culture du melon en plein air;
vers le milieu du mois donner un labour aux artichauts et enlever les
buttes, mais graduellement, pour ne pas exposer d’un coup les plantes
à l'air et à la lumière, et lui donner un second labour à la fin du
mois. Il est bon d'achever tous les béchages et en général toutes les
fumures du printemps, de biner les choux de Savoie, de serfouir et
biner les pois, de butter et de ramer ceux du semis de novembre-
décembre ou de février. : les rames garantissent du froid. Couvrir les
petits radis durant les nuits froides. Dans les fraisières, il est utile
d’enfouir l’engrais du paillage d'automne pour en donner un nouveau,
de verser de l’engrais liquide sur les planches, dans de légers sillons
tracés au moyen de la houe ou de la binette, après avoir, au préalable,
rehaussé les plantes avec de la terre nouvelle ou mieux encore avec du
terreau.
On fait blanchir les dernières pousses de chicorée. Dès que la tempéra-
ture le permet, on ôte les couvertures des plantes et on enlève à ces
dernières les parties malades. Souvent, il est prudent de garantir les
jeunes semis au moyen d’un léger paillage : les gelées blanches surtout
doivent porter à la prévoyance sous ce rapport. C’est le moment de
refaire toutes les bordures et de donner au jardin une tenue irrépro-
chable; on ne doit pas tolérer la mauvaise herbe: la propreté est la
marque distinctive de nos potagers que les étrangers admirent toujours.
Produits. — Les premiers légumes de pleine terre s’ajoutent aux
produits encore conservés. Le crambé et la chicorée sauvage, de la
poirée, du cerfeuil, quelques laitues et les pousses ou jets de choux
divers. On a encore du poireau, de la raiponce, de la claytonie et de
la mâche.
— 111 —
AVRIL.
Semis et plantations. — La plupart des semis du mois précédent
sont répétés. On sème encore des choux-cabus blancs et rouges, des choux
d’Yorck, de Savoie, de Milan, de Bruxelles, et des choux-fleurs. On con-
tinue le semis des pois pour en avoir une succession non interrompue.
Il est temps de semer les cardons, les lentilles, la chicorée, les endives,
les scaroles, les radis. On sème l’arroche et la tétragone, celle-ci sur ter-
reau : elles remplacent bien l’épinard. Il faut semer la baselle, la poirée,
la bléte, la picridre, si l’on n’a pu le faire en mars ; l’oseille, le persil, la
pimprenelle, le cresson alénois et, depuis cette époque jusqu’en juillet, le
quinoa blanc. À la fin du mois, on sème, à bonne exposition, les premiers
haricots, des citrouilles, des tomates et du piment. On fait aussi un semis
d’artichaut, si l’on prévoit de ne pouvoir se procurer de bons œilletons.
On sème l’aneth, la citronelle, la sauge, l’anis, la capucine, à bonne
exposition ou en pots, et quelques graines de chenillette au midi. On fait
pour l’automne un troisième semis de céleri, le cinquième et le sixième
semis de cerfeuil. Quelque temps après les choux cités plus haut, on sème
les choux verts non pommés, les choux-raves, le turnep et, vers le milieu
du mois, les premiers brocolis. On sème encore le crambé, l’ognon blanc,
les fèves de marais à demeure. Vers la fin du mois, on sème les premières
laitues d’été, le pourpier, le maïs. Le semis de betterave à salade se fait
vers le milieu du mois, à moins qu’on n’en ait risqué quelques graines
sur couche pour en jouir plus tôt. Nous disons risqué, attendu que les
plantations trop hâtives restent souvent stériles par suite de la tendance
du plant à monter plus vite en graines : ceci a lieu pour beaucoup de
plantes.
On fait la plantation du premier céleri, des choux cabus du semis de
couche, des derniers choux-fleurs du semis d'automne, du jeune plant du
semis de mars. On peut repiquer les laitues du semis de février et
mars, planter les œilletons d’artichaut en pépinière ou en place; vers
la fin du mois, remettre en pleine terre les artichauts hivernés en
orangerie ; repiquer en place le phytolacca ; planter des pommes de
terre hâtives, les tubercules du souchet, de l’oxalide crénélée, les caïeux
de l'ail, de la rocambole. C’est l’époque de la plantation la plus
importante des échalottes. On sépare les touffes de ciboule vivace, si
elles sont fortes; on multiplie encore d’éclat plusieurs plantes qui
auraicnt pu subir celte opération en mars. Si l’on a soin de la recouvrir
de cloches, on peut planter en pleine terre la capucine tubéreuse. On
plante pour graines des endives et scaroles, des radis de couche, des
choux-raves de choix qu’on a eu la précaution de bien conserver, et qu’il
faut tenir maintenant loin des autres porte-graines du même genre,
enfin les betteraves et les plantes indiquées au mois précédent, si le
mauvais temps a mis obstacle à leur plantation.
— 112 —
Travaux divers. — Il faut poursuivre activement les travaux com-
mencés en mars. Déchausser, tailler, nettoyer les artichauts, et regarnir
les pieds de nouvelle terre; couvrir de tannée décomposée les planches
d’asperges, afin de livrer un passage facile aux pousses, dont la récolte
commence bientôt, surtout si l’aspergerie se trouve dans un sol léger et
à une exposition chaude ; arranger par planches et ados le terrain destiné
au premier céleri et fumer les tranchées, immédiatement si l’on veut,
avec un mélange de fumier flamand, de purin et d’eau, mais alors il
faut avoir soin de laisser passer quelques jours avant de planter. Aux
fèves de marais, on donne un premier buttage suivi d’un serfouissage.
On butte les choux cabus si l'on n’a pu le faire plus tôt. En ce mois, il
faut serfouir et biner fréquemment les jeunes semis et toutes les plantes
telles que choux-fleurs, pois, fèves, carottes, qui ne donnent leur produit
qu'après un temps assez long.
Le sarclage et l’éclaircissage des jeunes semis doivent être sans cesse
observés. Tous les soirs, on lève les pots qui recouvrent les œiïlletons
d’artichaut. S'il survient des gelées tardives, il est prudent de garantir
les jeunes semis au moyen de paillassons supportés par des baguettes ou
de tout autre manière. Ce soin sera le plus utile vers le lever du soleil,
car, en dépit des expériences récentes qui voudraient démentir ce fait
bien établi, nous soutenons que la première chaleur solaire, venant trop
brusquement frapper les plantes, cause autant de dommages que le froid
lui-même dû au rayonnement nocturne vers l’espace planétaire. Il faut
veiller à ce que, dans les terres légères surtout, chaque plante trouve
l'humidité qui lui convient. Comme c’est l’époque des semis les plus
nombreux, il ne sera pas hors de propos de rappeler de ne jamais
perdre de vue qu'il faut au sol un certain degré de moiteur pour que la
germination des graines n’éprouve point d'obstacles ; quand donc règne
la bise, vent glacial et continu du nord ou de l’est qui dessèche outre
mesure, on fait bien d’arroser avec discernement et régularité. Souvent,
cette opération est indispensable même quand on a eu soin de recouvrir
les graines semées d’un paillis, de terreau ou d’une mince couche de
mousse. Une quinzaine de jours avant le semis de haricots, on prépare
le terrain par une bonne fumure. Pour avoir le pissenlit tendre et blanc,
il faut le recouvrir de sable. Il est temps de pailler et terreauter toutes les
plantes qui demandent ces soins; de donner des rames aux pois qui n’en
auraient pas déjà; de pourvoir de tuteurs les porte-graines fragiles ou
d’une taille élevée. On ôte soigneusement les stolons aux fraisiers; on
conseille aussi d’écimer ou pincer aux extrémités les tiges des pois et des
fèves pour en hâter la fructification. Il est indispensable de songer au
second échenillage; il n’est pas moins nécessaire de veiller aux oiseaux
et plus encore aux insectes nuisibles qui attaquent souvent le plant dès
l'apparition des cotylédons ou des premières feuilles.
— 1135 —
Produits. — On récolte les tout premiers petits pois et les gousses
encore peu développées des fèves de marais, si l’on a eu soin de bien les
abriter. Les fournitures de salade, le persil, l’oseille, le cerfeuil, l’ognon
blanc parvenu au tiers de sa croissance, sont déjà abondants, à moins
que les nuits n’aient été trop froides. On a aussi des jets de choux divers,
des choux de Savoie, des choux d’Yorck, du crambé, des côtes de
navets, de la laitue précoce, de petits radis, etc. Les asperges commen-
cent à fournir leurs premiers turions à la fin du mois.
NOTE SUR LES MAÏS NOUVEAUX.
Extrait d'une lettre de MM. ViLmMoRIN-ANDRIEUX.
Le Maïs Cuzco est à très-gros grains excessivement farineux; il
atteint une hauteur prodigieuse et il est d’une richesse de végétation
extraordinaire. Mais il ne mürit pas son grain, sous notre climat, ni en
Italie, ni même en Algérie. On serait donc réduit pour le cultiver
régulièrement à le faire venir chaque année du Pérou d’où il est
originaire, ce qui occasionnerait beaucoup de frais et rendrait son
emploi dans la grande culture impossible.
Le Maïs Dent de Cheval diffère beaucoup de celui-ci. Il est d’une
végétation vigoureuse et très-productif comme fourrage vert : il ne
mürit pas son grain dans le nord de la France et l’on est obligé de le
faire cultiver dans le midi pour en avoir des semences.
Il en est de même du Maïs Géant Caragua qui ressemble beau-
coup au précédent. Il lui est cependant un peu supérieur comme fourrage.
C'est de ces deux variétés qu’il a été beaucoup question depuis
quelques années, dans les journaux agricoles.
Le Maïs Géant de la Chine est une variété également très-
fourragère. Cependant elle fournit des tiges moins élevées que les deux
précédentes.
F. CRÉPIN. Notes sur quelques plantes rares ou critiques de Bel-
gîique (1), Le plus infatigable et le plus savant investigateur de notre
flore belge a fait paraître ce volume à la fin de l’année 1865. Il a été
publié par l’Académie royale de Belgique. Ce recueil d'observations
(1) 4 vol. in-8 de 274 p. à Bruxelles chez M. G. Mayolez.
— 114 —
critiques sur les plantes rares ou nouvelles découvertes sur notre sol est
le cinquième que fait paraître M. Crépin. Nous devons nous borner à
le signaler à nos floristes qui, par hasard, ne le connaïîtraient pas encore.
L'INSTITUT POMOLOGIQUE DE REUTLINGEN
M. E. Lucas est le fondateur de l'institut pomologique de Reutlingen,
établissement privé, qui ne reçoit ni subvention de l’État, ni aucun
secours d’une administration quelconque. Ouverte en 1860, son école
ne tarda pas à voir arriver des élèves de toutes les parties de l’Alle-
magne : le Wurtemburg, le duché de Bade et de Hesse, la Prusse, la
Saxe, la Suisse, la Suède et la Norwege y envoyèrent leurs pomologues
et leurs jardiniers, et leur nombre s’éleva rapidement, à 525. La plupart
d’entre eux sont sortis de l’école pour remplir des emplois avantageux
ou rapporter dans leur pays le fruit de leurs études.
Les conditions d'admission à cette école, que nous trouvons dans la
Wochenschrift für Gürtnerei, nous donneront en résumé une idée de sa
tenue. On paie pour le cours supérieur 225 francs par an, pour le cours
d’horticulteurs 150 francs, pour le cours d’été d’arboriculture 75 francs,
pour le cours de taille des arbres fr. 37 50. La nourriture (déjeuner,
diner et souper) coûte environ 25 francs par mois, mais par contre
les élèves qui prennent une part régulière au travail reçoivent une
rétribution quotidienne de 45 centimes en été, 35 centimes en hiver.
Ceux qui désirent prolonger leur séjour à l’école reçoivent, soit des hono-
raires proportionnés à leur travail, soit la nourriture gratuite, et enfin ils
peuvent être nommés aides-jardiniers. Tous ceux qui sont sortis Jusqu'ici
de l’institut ont trouvé, par l'intermédiaire de celui-ci, des postes fort
enviables.
(Journ. de la Soc. d’hort. du Bas-Rhin, 1866, p. 145.)
COMMERSON ET JEANNE BARET.
Nous cueillons l’anecdote suivante dans le Petit Journal qui l’a détachée
lui-même dans les Illustres voyagenses par M. Richard Cortambert.
Le voyageur naturaliste Commerson, qui naquit à Châtillon-lez-Dombes
(Ain), en 1727, fut un des savants les plus intrépides de son siècle.
Il commenca par des excursions hardies dans les Alpes et dans les
Pyrénées. Le plus souvent, il partait seul, presque sans argent et sans
— 115 —
provisions. Il revenait, malade, blessé, meurtri de ses chutes, exténué
par la violence de ses exercices. |
Un jour, comme Absalon, il resta suspendu par la chevelure au
dessus d’un torrent. Il ne parvint à se tirer d'affaire qu’en s’arrachant les
cheveux, et en tombant dans la rivière, au risque de se noyer.
Ce n’était là que le prélude de ses aventures. Il accompagna Bougain-
ville dans ses grands voyages et rendit des services signalés à l’histoire
naturelle.
Lorsqu'il fut sur le point de partir, le domestique Baret qu'il avait
depuis deux ans, le supplia de l'emmener. Le pauvre garcon demandait
comme une grâce de s’exposer aux mêmes dangers que son maître, — il
désirait ardemment s’embarquer au plus vite pour les lointains parages.
Comme il connaissait déjà un peu de botanique et qu'il s'était toujours
montré serviteur intelligent et dévoué, ses sollicitations furent favorable-
ment accueillies.
Ce domestique n'était autre qu'une femme.
Jeanne Baret, tel était son nom, pouvait alors avoir vingt-six ans. Elle
portait toujours les habits d'homme et parvenait ainsi à dissimuler son
sexe. Elle n’était ni jolie ni laide ; sa physionomie n’avait même pas une
expression en harmonie avec son caractère résolu et romanesque. Son
intelligence assez remarquable se façonna très rapidement aux sciences
naturelles ; elle devint même assez forte en botanique !
Personne, pas même Commerson, n’avait soupconné son sexe.
Cest elle qui ferma les yeux de Commerson à l’Ile-de-France, où,
après sa mort, elle épousa un soldat. Rentrée en Europe, elle vint finir
ses jours à Châtillon, et, par souvenir et vénération pour son ancien
maitre, elle laissa tout ce qu’elle possédait aux héritiers du célèbre
botaniste.
CALEMBOUR HORTICOLE.
— Où peut conduire l’abus du calembour! Il y a des gens qui, à
force d’en faire, se rendent insupportables en société. Mais je n’aurais
jamais pensé qu'un calembour, et un très-bon calembour püt conduire
un auteur. en police correctionnelle.
L'autre jour un marchand d'arbres fruitiers offrait une partie de mar-
Chandises. Notre débitant de pommiers et de poiriers déploya une rare
éloquence pour vanter ses espèces.
L'acheteur hésitait, mais le marchand l’emporta par un dernier
trait: Mes arbres sont aussitôt repris que plantés, dit-il, en forme de
péroraison.
— 116 —
C’est le grand point en fait d’arboriculture et de transplantation. Le
propriétaire prit deux douzaines de chaque espèce et les planta dans un
verger. Il comptait les examiner après quelques jours pour voir si le
vendeur ne lui en avait pas exagéré les qualités,
Mais en retournant le lendemain dans son enclos, il vit que l’éloquent
marchand était resté beaucoup au-dessous de la vérité. Les arbres étaient
déjà repris en grande partie; repris par la main d’un voleur audacieux
que ce jeu de mots désignait assez clairement.
Le propriétaire porta plainte et le marchand facétieux est en ce mo-
ment dans les prisons de Lille, où il a le loisir de réfléchir sur le danger
de mêler la culture des calembours à celle des arbres fruitiers.
LE SUJET ET LA GREFFE.
Pendant la séance que la Société d’horticulture de Paris a tenu le
8 février 1866, M. Duchartre a donné, à l’occasion de la présentation
d’un petit Oranger, par MM. Thibaut et Keteleer, quelques détails sur
le procédé très-curieux au point de vue physiologique par lequel cet
Oranger a été obtenu.
On sait que l’Oranger peut être multiplié par boutures de feuilles.
Dans son ouvrage publié en 1714 et 1717, dont une traduction française
a été donnée, en 1720, sous ce titre: l’Agriculture parfaite. Agricola
(Geor. André) rapportait les succès qu’il avait obtenus en essayant de
multiplier cet arbre de cette manière. M. Auber a donc bouturé une
feuille ; ensuite, à la face inférieure, ilen a entaillé longitudinalement
la côte médiane de manière à y poser une greffe en placage, et il a
maintenu la greffe en place au moyen de quelques ligatures faites
avec du fil qui formait anneau autour des deux. Le pétiole de la
feuille s’est enraciné; la greffe a reprit, et son bourgeon se dévelop-
pant, il s’est produit une tige dont la base parait être formée à
moitié par le pétiole et le bas de la côte devenus ainsi ligneux et
persistants, à moitié par le ramule greffé en placage. Deux saillies laté-
rales indiquent encore aujourd'hui les deux bords du pétiole et de la
côte. C’est un fait des plus remarquables que cette influence de la greffe
sur le sujet qui, dans ce cas, peu durable de sa nature, puisque ce n’était
qu'une feuille, en est devenu ligneux et vivace comme toute tige ligneuse.
M. Duchartre ajoute qu’il lui revient en mémoire un fait du même ordre
qui lui a été signalé, il y a plusieurs années, par le regrettable L. Vilmo-
rin. Cet habile horticulteur-physiologiste a fait greffer par Me E. Vil-
morin, un Liseron vivace sur le Convolvulus tricolor L., espèce annuelle.
Le résultat de l’opératiou a été de rendre cette dernière espèce vivace.
Malheureusement le sujet de cette intéressante expérience n’a pas été
conservé.
— 117 —
QUELQUES RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
CONCERNANT LES ENGRAIS.
Les personnes étrangères à l'observation des faits agricoles pourraient
croire que les engrais employés à la surface du sol autour des plantes en
végétation s'évaporent en partie, et qu'il en résulte une forte perte de
sucs nutritifs. Mais une telle idée est complétement fausse. Souvent,
pour notre compte, nous avons constaté que de deux fumures, l’une
enterrée avant la semaille, l’autre mise en couverture pendant la végé-
tation à partir du mois d'avril, cette dernière était sensiblement la plus
efficace. Non-seulement le champs couvert de terreau ou de fumier
pourri conserve particulièrement la fraicheur à cause de la puissance
extrême avec laquelle ces substances poreuses absorbent les rosées; mais
d’un autre côté, ce même champs ne se rabat pas à la surface par l'effet
des fortes pluies, et l’air qui dès lors le pénètre librement ne cesse un
instant de le féconder. Qui ne sait que l’air joue un rôle capital dans la
fertilisation de la terre.
Dans les marais de Paris si admirablement administrés, il ne s’em-
ploie jamais un atome de fumier qui n’ait d’abord servi aux couches.
L’engrais qu’on en tire se divise en deux sortes, savoir :
1° Les couches chaudes faites au cœur de l’hiver avec du fumier de
cheval, procurent, lorsqu'on les démolit l’année suivante, un terreau fria-
ble qu’on pulvérise en le brassant. Ce terreau sert à recouvrir les couches
neuves, puis tous les semis de graines fines. Aïnsi les planches d'oignons,
de carottes, de salade, en consomment beaucoup. Suivant la quantité
qu’on en à, on en met en outre, jusque vers le milieu d'avril, autour de
toute plante repiquée, chou-d’York, chou-fleur, brocoli, etc.
2° Les couches tièdes et froides faites à la fin de l’hiver et au prin-
temps avec un mélange de feuilles, de fumier de cheval et de divers
débris, donnent un engrais à moitié pourri qui, à partir du 15 avril,
se met sur terre, dans le potager, autour des choux, des choux-fleurs,
des artichauts, des salades repiquées; couverture qu’on appelle paillis,
en même temps que les sucs nutritifs se trouvent absorbés et par la terre
et par les plantes. |
Si ce genre de paillis était appliqué en hiver ou au premier prin-
temps, il retiendrait l'humidité à un degré excessif, et la terre en serait
refroidie; tel est le motif pour lequel on préfère, pour cet instant de
année, des terreaux plus décomposés. Quelles énormes masse de
primeurs on obtiendrait ainsi! Puis les fumiers à moitié pourris et
décomposés, voire même réduits en terreau, seraient repris et appliqués
à la surface des terrains ensemencés.
(Agronome, No 11, 1866.)
— 118 —.
MONOGRAPHIE DES POIRES DÉLICES D'HARDEN-
PONT BELGE ET D’ANGERS.
Figurées PI. VIT et VIHI.
Le congrès pomologique de Namur, en 1862, a longuement discuté sur
la synonymie de deux poires, parfaitement distinctes et cependant nom-
mées toutes deux Délices d’Hardenpont.L’une est la Délice d’Hardenpont,
vraie, ou des Belges ; l’autre est la Délice d’Hardenpont d'Angers. La
première est une variété ancienne, dont l’origine remonte au moins à
1759 ; l’autre est plus moderne, et probablement un semis de Van Mons.
Bien que toutes deux recommandables,la première est cependant beaucoup
supérieure à la seconde.
M. Galopin, pépiniériste à Liége, nous a remis, l’année dernière des
fruits de ces deux variétés récoltées dans ses belles cultures. Nous les
avons fait peindre pour les mettre en même temps sous les yeux de nos
lecteurs. La comparaison de ces deux planches permettra à chacun de
reconnaitre la différence. Elle ressortira encore davantage de la con-
frontation des deux descriptions et des renseignements qui suivent.
Poire Délices d’'Hardenpont des Belges (HARDENPONT).
Van Mons a décrit cet excellent fruit, en 1830, dans la Revue des
Revues. On assure qu’il a été gagné en 1759, par l’abbé Hardenpont,
dans son jardin, situé à Mors, à la porte d’Havré, au pied du mont Pani-
sel. La Délices serait de plus la sœur du Beurré d’Hardenpont, c’est à
dire que ces deux poires scraient issues du même semis et auraient été
élevées ensemble. Ces faits sont admis par Poiteau, dans sa Pomologie
française (1846), par M. AI. Bivort, dans son Album de pomologie (t. IE,
p.129), par M. A. Royer dans les Annales de pomologie, 1855 (p. 7), et
par la plupart des pomologistes praticiens qui s’accordent à reconnaître
dans la Délices d’Hardenpont une variété distincte et caractérisée. Ce-
pendant M. Decaisne affirme (Jard. fruit. du Muséum, liv. 23) que notre
Délices d’Hardenpont n’est autre que la poire Marquise de Merlet (1667)
La Quintinye, Duhamel, Poiteau et autres pomologistes français. Son
origine se perdrait ainsi dans la nuit des temps. Nous n'avons garde de
prendre parti dans la querelle. Voici même une troisième opinion qui a
été produite et contredite au Congrès de Namur, au dire de laquelle la
poire Délices d’Hardenpont serait la même que la poire Archiduc Charles.
Nous affirmerons seulement qu’elles se ressemblent. Le plus important,
x
Delices d'Hardenpont. (Abbe d'Hardenpont)
lollenaëre 3d,nat. del.
”
;
"
F. De
— 119 —
et sur ce point là il n’y a nul conteste, est de savoir que notre fruit est
au nombre des meilleurs. Il nous suffira pour le faire connaître de re-
produire la description que M. Bivort en a donnée d’après Van Mons.
Élancée, d’une stature haute et svelte, la Délices porte son bois parallèlement à la
tige ; ce bois est de force moyenne; son écorce gris de perle, Ses rameaux à fruits sont
généralement courts, grêles et gris; mais il produit aussi sur de vraies brindilles longues
de 15 à 22 centimètres. Les supports sont courts, gris et fortement ridés à leur base ;
renflés, lisses et brun-jaunâtre à leur sommet. Le bourgeon à fruit est moyen, très-
allongé, pointu, brun clair nuancé de brun marron et faiblement nuancé de gris. La
fleur est ample, d’une blancheur éblouissante, très-sujette à couler. Les rameaux à
bois sont droits et ronds, de force plus que moyenne; l'écorce en est lisse, luisante,
de couleur bronzée, ponctuée de mouchetures nombreuses, grises, distribuées par
groupes très-rapprochés ; la pousse récente, surtout celle de fin d'été, est très-coton-
neuse. Les gemmes ovales-aigus, brun-marron, apprimés à leur base, écartés à leur
sommet, reposent sur des supports peu apparents. Mérithalles moyens et réguhers.
Les feuilles sont d’ampleur moyenne, aiguës vers les deux extrémités, mais plus
larges à leur base qu’à leur sommet, à bords légèrement relevés en gouttière, irré-
gulièrement et assez superficiellement incisés; leur couleur est le vert-jaunâtre,
excepté sur lambourdes où elles sont d’un vert plus gai. Le pétiole est de longueur
et de grosseur moyenne, cannelé, vert clair.
Tels sont les caractères de la greffe qu’on a élevée en quenouille ou en pyra-
mide; sur espalier, conduit en palmette, ces caractères se modifient assez pour
devoir en faire mention.
Le bois y est généralement grêle, jaune fauve et parsemé de lenticelles confluen-
tes; les gemmes sont pointus et apprimés contre les branches; sur bois de deux ans,
ils se dressent et s’avancent, portés par un support court, ligneux et dépourvu de
rides. Les feuilles sont planes ; larges, minces; leurs dentelures ont disparu; le
pétiole est très-long et très-grêle. Le support se fait avec les yeux terminaux des
pousses de l’année qui prolongent les branches-mères, ce qui n’a jamais lieu sur
pyramide.
Le fruit de la Délices est assez gros, bosselé; il a la forme d’une pyramide tronquée
et figure assez bien un Colmar venu au mur; s’il est le produit d’un espalier il
est plus gros, moins bosselé, pyriforme turbiné, très-régulier ; sa peau est épaisse,
lisse, vert clair passant au jaune citron à la maturité, ponctuée de tiquetures nom-
breuses, brunes, qui sont uniformément répandues sur toute sa surface ; en espalier
le côté exposé au soleil se colore parfois légèrement. Le pédoncule long de 50 à
35 millimètres, est grêle pour le volume du fruit; il est logé dans une cavité peu pro-
fonde, cutanée de petites gibbosités. Le calice large, bordé de plis, est placé presqu’à
fleur du fruit; ses divisions sont ordinairement caduques. La chair, d’un blanc par-
fait et d’une délicatesse sans égale, se fond, à la maturité, en une eau abondante
et douce, qui, pour n’avoir ni parfum ni aigrelet, n’en est pas moins très-sapide.
Le fruit mürit ordinairement vers le fin d'octobre et en novembre...
Quoique l'arbre de la Délices se comporte parfaitement bien en pyramide sur frane,
comme son fruit s’y gerce et s’y tache parfois, surtout dans les terres fortes, quand
elle est placée à une exposition peu abritée, nous conseillons de le placer en espalier
au levant ou au couchant, ou tout au moins en contre-espalier, au midi ; en agissant
de cette manière on évitera aussi en grande partie la coulure des fleurs (Bivorr,
Alb. de pomol. t. III, p. 29).
“
Notre dessin, fidèlement exécuté d’après nature, représente le fruit
dans les dimensions et les formes qu’il acquiert en espalier. Il est plus
— 1920 —
allongé et plus volumineux que les spécimens représentés par M. Bivort
dans son album et par M. Decaisne dans son jardin fruitier. Sa hauteur
est de douze centimètres; diamètre 9 centim.; circonférence 26 cent.
Pyriforme, allongé, irrégulier, bosselé. Pédoncule court, inséré laté-
ralement. Vert plus ou moins pâle et jaunâtre, ponctué de brun et sou-
vent chargé de taches brunes et irrégulières.
Poires Bélices d'Hardenpont d'Angers.
L'origine de cette poire, ou tout au moins de son nom, est une erreur
ou une méprise. Elle a été élucidée en 1862, au congrès de Namur,
M. A. Leroy d'Angers, a raconté dans cette assemblée, qu’il l’avait reçue
en 1852, de Van Mons, avec une étiquette portant : Délices d’Harden-
pont. Il la cultiva, la multiplia et la propagea sous ce nom. C’est ainsi
qu’en 1844 ou 45, il en envoya à M. de Bavay à Vilvorde, lequel
reconnut qu’il n’avait pas à faire au véritable Délices d’Hardenpont.
Cependant le fruit ne pouvant être rapporté à aucune variété connue,
etse trouvant d’ailleurs déjà répandu sous ce nom, il était tout naturel
de le lui conserver avec cette mention d'Angers. Van Mons s’est exposé
à ce danger-là en laissant emballer négligemment ses arbres.
Cela dit faisons connaître le fruit d’après les meilleures descriptions.
Fruit irrégulièrement ovale, fortement bosselé, jaune pâle au moment de la maturité,
irrégulièrement marbré de gris, souvent entièrement gris autour de l'œil, parfois lavé
et marbré rouge pâle d'un côté. Pédoncule gros et très-court, entouré à sa base de
bosses transversales ou bourrelets charnus. Chair demi-fine, fondante ; eau très-abon-
dante et très-sucrée, parfumée. Ce bon fruit mürit en octobre et novembre. (Prévosr,
Pomol. Seine-Infér., p. 25 [18391).
Arbre fertile, d’une vigueur moyenne sur Cognassier, se formant bien en pyramide
sur ce dernier sujet et sur pied franc, sur lequel il se montre plus vigoureux... Fruit
moyen, ovale arrondi, légèrement bosselé, ayant de l’analogie avec le Beurré d’Arden-
berg; peau épaisse, verte, passant au Jaune doré à la maturité, fortement ombrée de
roux fauve du côté du soleil, autour du pédoncule et du calice, ponctuée de même
couleur ; pédoncule gros, charnu, surtout à sa base, brun clair ; parfois placé à fleur du
fruit au sommet d’une légère gibbosité ; d’autres fois logé dans une cavité peu profonde.
Calice petit, placé dans une cavité assez profonde évasée et devenue irrégulière par
l'effet de quelques bosses; divisions caduques. Chair blanc jaunètre, demi-fine, demi-
fondante ; eau abondante, très-sucrée et d’un parfum agréable mais peu prononcée;
pépins gros, ovales-aigus, noirs, convexes sur les deux joues. C’est un bon fruit que
j'ai dégusté cette année (1849) vers la mi-octobre (Bivorr, Album de Pomol. IL, p. 32).
Fruit moyen, ovale, aussi large que haut, uu peu aplati du côté de l’œil, légère-
ment bosselé du côté du pédoncule, celui-ci est gros, charnu, fauve clair, brillant,
obliquement implanté dans une cavité peu profonde, irrégulière, environnée de plis
roux. La peau est épaisse, jaune d’or à sa maturité, fortement relevée de taches rousses-
La chair, jaunâtre, demi-fine, erépitante, renferme une eau abondante, sucrée et relevée
d'un aigre-fin très-agréable. Le calice moyen, enfoncé dans une cavité peu profonde,
Délices dHardenpont d'Angers)
FE Délollenaere 24 nat ddl.
— 1921 —
irrégulière, entouré de bosses. Cette poire mürit de novembre à décembre. L’arbre est
moyen, mais fertile (Wizcerm., Poir. p. 99 (1849).
P. Délices d'Angers. Fruit d'automne. gros ou moyen, oblong, déprimé; à queue
assez courte, charnue, souvent accompagnée de gros plis à son insertion sur le fruit;
à peau épaisse, jaune indien, parsemée de très-petits points et de nombreuses mar-
brures fauves, teintée de rouge obscur du côté du soleil, à chair ferme, sucréc, parfumée.
Arbre pyramidal ; à scions moyens, flexueux, fauves, pubescents au sommet, parse-
més de lenticelles ovales, à coussinets peu prononcés; yeux coniques, noirâtres.
Feuilles florales ovales ou ovales cordiformes, denticulées, mucronées, glabres sur
les deux faces, à l’exception de la nervure médiane; les adultes à peu près de
même forme; celles des rosettes ovales arrondies ou légèrement cordiformes, dentées,
étalées ; celles des scions ovales, acuminées, à bords crénelés, peu relevés ; à stipules
persistantes, insérés vers les deux tiers inférieurs du pétiole. Fleurs petites, étalées,
portées sur des pédoncules très-courts, presque glabres; calice à divisions étroites,
étalées, ferrugineuses en dessus; pétales petits, oblongs-ellipsoïdes, Ses graduel-
lement atténués en onglet, laissant un intervalle entre eux.
Fruit mürissant à la fin d'octobre et en novembre gros ou moyen, obtus, en forme
de Poire de Doyenné, ou arrondi, déprimé; pédoncule gros, charnu, lisse, fauve,
quelquefois renflé aux deux extrémités et surtout à son insertion sur le fruit, où il est
accompagné de plis; peau épaisse, à fond jaune indien plus ou moins recouvert de
marbrures olivâtres, bronzées ou d’un brun ferrugineux, presque dépourvue de point,
le côté exposé au soleil coloré en rouge brun; œil placé au milieu d’une dépression assez
régulière, peu profonde, à divisions blanchâtres, canaliculées, entières, dressées ou plus
ou moins tronquées, cœur dessinant une sorte d’ovale sur la coupe longitudinale du
fruit, entouré de granulations, à loges larges ; pépins noir-acajou ; lacune centrale peu
prononcée. Chair ferme ou demi-fondante; eau abondante, sucrée, très-faiblement
musquée ; d’un parfum très-agréable. (Decaisne, Jard. fruit. du Muséum, livr. 29).
Notre planche représente le fruit plus vert et un peu plus petit que
celui du Jardin fruitier du Muséum qui est plus fauve et nuancé de rouge,
c’est à dire dans un état de maturité plus avancé. Le fruit est trapu, sub-
globuleux ; il mesure 23 centimètres de circonférence transversale, sur
7-8 centimètres de hauteur. Pédoncule court, inséré latéralement dans
une petite dépression. Peau vert pâle mat, lavée de rouge du côté du so-
leil, pointillée de brun. Chair croquante et que nous n’avons pas trouvée
de notre gout.
E. M.
— 122 —
DE LA CULTURE DU FRAMBOISIER REMONTANT,
PAR M. Joun BELLEROCHE A ANVERS.
La framboise est un fruit si délicieux et si parfumé, qu’on doit
s'étonner de ne pas le rencontrer dans tous les petits jardins d’ama-
teurs où l’on peut disposer de quelques mètres de terrain.
Peut-être faut-il l’attribuer moins à la dépréciation, qu’au manque de
renseignements suffisants sur le mode de culture. En effet, tout ce qui a
été dit à ce sujet jusqu’à présent dans les divers traités d’horticulture
pratique me semble laisser à désirer. On se borne à conseiller de donner
une couche de fumier avant l’hiver, de supprimer en février les tiges
mortes ou qui ont porté fruit, et de réduire à trois ou quatre, voire
même à deux ou trois, les tiges vertes, écourtées à la hauteur d’envyiron
70 centimètres.
Tout cela peut être parfaitement exact pour ce qui concerne le fram-
boisier sauvage, et celui dit d'Anvers, mais ces deux sortes doivent en
partie faire place aujourd’hui à des espèces plus productives et à fruit
beaucoup plus gros. Parmi celles-ci on distingue surtout le Framboisier
remontant ou des quatre saisons. Or, ce qu’on a dit de sa culture diffère
tellement de ce qu’une expérience de plusieurs années m’a démontré,
que je crois utile d’entrer à cet égard, dans quelques détails.
Le terrain dont je peux disposer pour mes framboisiers n’est que d’une
superficie de 24 mètres carrés, et cependant j'obtiens chaque année une
abondante récolte, suffisant tant et plus à mon dessert depuis juin TUE
dans la première qu d'octobre, ou pour mieux dire jusqu'aux
premières gelées.
Mes framboises sont riches de couleur et de goût, et grosses comme la
prune Petite mirabelle.
Il est vrai que le nom de Framboises des quatre saisons n’est nulle-
ment justifié puisqu'il n’est guère possible d'obtenir en pleine terre ou
en plein air, plus de deux récoltes de la même tige, ou du même plant.
Cependant, c’est déjà beaucoup, et je crois que les personnes qui se lais-
sent guider par le Bon jardinier, ne se vanteront pas toujours d’en
avoir eu autant, attendu qu’il est fort probable que, prenant les instruc-
tions à la lettre, pour le framboisier en général, on supprime les tiges
qui ont déjà porté, sans se préoccuper de la question de savoir si elles
peuvent porter une seconde fois ou non.
En novembre je couvre le pied de mes framboisiers d’une épaisse
couche de fumier de vache, le plus gras possible, et sur ce fumier je
dépose quelques centimètres de terre de jardin, sur laquelle j'étends des
— 123 —
feuilles mortes dès que la gelée prend une certaine intensité. Mais déjà,
en novembre, avant d'étendre ce manteau, je supprime par un labour à
environ 40 centimètres de distance du plant, les racines vagabondes et
les jets inutiles ; je taille contre terre les tiges mortes c’est-à-dire celles
qui viennent de porter la 2e année, j'enlève l’extrémité de celles qui
ont porté la première fois, et cette taille suffit, il est inutile de recommen-
cer en février, ce serait d’ailleurs dangereux, car j'ai remarqué que le
framboisier dit remontant, qui est plus précoce à verdir que les
autres espèces, est sujet à une assez forte coulure quand on le taille à Ja
même époque que celui d'Anvers.
Au printemps je réunis les tiges de chaque plant autour d’un fort
support, sans m'inquiéter de leur nombre, pourvu qu’elles soient toutes
droites et d’une belle venue; car au fait, les plants étant assez distancés,
et dans un sol réunissant toutes les bonnes qualités possibles, pourquoi
sacrifier la meilleure partie de sa récolte ?
Cette disposition n'offre pas le moindre inconvénient, car les nou-
velles tiges, au fur et à mesure qu’elles montent, s’écartent d’elles-mêmes
des tiges centrales, qu’elles semblent fuir, en s’inclinant au dehors,
tout autour, à un angle de 45 à 55 degrés avec la terre.
C’est dans cette position que les jeunes tiges portent leur fruit (en
grappes terminales) de la 1'° année, qui est peu abondant il est vrai,
mais magnifique, et cette fructification, suit de près celle des tiges de
l’année précédente, qui en sont à leur 2° portée, non plus vers l’ex-
trémité, mais dans toute la hauteur et jusqu’à terre; — pas un bourgeon
ne refuse.
Il est néanmoins un fait dont je n’ai pas encore pu me rendre compte,
c’est que, chez le framboisier dit remontant on trouve vers la fin d’au-
tomne, çà et là, une forte tige morte, et dont l’écorce est devenue
blanche, sans que cette tige ait porté fruit. La chose est sans impor-
tance eu égard au nombre qui reste, mais je suis curieux de savoir
à quoi l’on doit attribuer cette mortalité partielle.
— 124 —
ÉNUMÉRATION DES POIRES,
décriles et fiqurées dans le Jardin fruitier du Muséum (1),
par M. DEcaisne (2).
255 BP. sucré jaune. Fruit de fin d'été, maliforme moyen; à queue de longueur.
variable enfoncée dans le fruit; à peau lisse, unicolore, jaune, pâle, parsemée
de petits points; à chair fine fondante, très-sucrée, juteuse, avec un léger
parfum de muse.
Arbre propre à former des plein-vent, vigoureux ; à rameaux redressés;
fruit arrondi ou maliforme, moyen, déprimé, mürissant en septembre;
chair blanche, fine, à peine granuleuse, fondante; eau abondante,
très-sucrée, parfumée et légèrement musquée.
Cette bonne poire qui est commune dans le département des Basses-
Alpes, ressemble beaucoup à la P. Goubault, mais elle en diffère par
son époque de matürité et par sa saveur.
296. Poire de Fossé. Fruit d'été, arrondi ou turbiné; à peau vert jaunâtre, quel-
quefois teintéc de roux au soleil, marquée d’une tache fauve autour du
pédoncule et de l'œil; à queue droite ou oblique; à chair cassante, juteuse,
franchement musquée.
Arbre de plein-vent, très-fertile; à rameaux divariqués, grisâtres,
parsemés de grosses lenticelles arrondies; fruit mürissant à la fin
d'août, ventru, arrondi ou turbiné, quelquefois irrégulier, et un peu
déjeté au sommet; chair blanche, cassante, un peu mucilagineuse,
juteuse; eau sucrée, très-musquée. Le poirier de Fossés est très-répandu
en France et particulièrement dans la Perche, la Brie et la Champagne.
L'arbre atteint de fortes proportions, et il n’est pas rare d’en rencontrer
dont le tronc mesure plus de deux mètres de circonférence. Sa fertilité
est des plus grandes.
On cultive encore, aux environs de Meaux, un poirier dont les
fruits verts et musqués ressemblent à ceux du Poirier de Fossés, mais
qui mürissent régulièrement au moins quinze jours plus tôt. On le
désigne sous le nom de Poirier Rigault. Ces deux poiriers approvision-
nent abondamment les marchés de Paris au commencement de l’automne.
257. P. d’Ahondance. Fruit de fin d'été, petit, pyriforme, à peau mi-partie jaune
et rouge vif au soleil; à queue longue, droite ou arquée, accompagnée de plis
(1) Livraisons 80 à 85 inclus.
(2) Voir la Belgique horticole 1865, p. 283.
— 125 —
à son insertion sur le fruit; à chair très blanche, cassante juteuse, sucrée-
aciduiée.
Arbre atteignant de fortes dimensions, remarquablement fertile ;
fruit commencant à mürir en septembre, petit ou moyen, pyriforme,
régulier; chair très-blanche, cassante, assez juteuse; eau sucrée, aci-
dulée, peu parfumée. Fruit médiocre , laissant du marc dans la bouche.
Le Poirier d’Abondance se rencontre partout en France avec des
dimensions considérables. Il n’est pas rare d’en voir dans plusieurs com-
munes des environs de Paris, qui mesurent plus de 50 à 60 centimètres
de diamètre, et qui sont âgés au moins de cent à cent cinquante ans.
La prodigieuse fertilité de ces vieux arbres justifie et explique trés-
bien leur culture aux environs des grands centres de population.
La Poire d’Abondance ou de mon Dieu, abonde sur les marchés de
Paris; elle succède à d’autres variétés plus précoces, avec lesquelles on
peut facilement la confondre, telles que les P. bonne Jeanne, Car-
rière, etc., petits fruits, qui se vendent ordinairement à raison de 8 fr.
le cent.
La Quintynie classe avec raison, selon moi, la P. d’Abondance au
nombre des mauvaises poires.
258. P. Esperine. Fruit d’automne, moyen, oblong, turbiné, conique ou en cale-
basse, à peau fine, lisse, parsemée de petits points, lavée de rouge au soleil,
à queue dressée, oblique ou arquée, charnue, insérée dans l’axe du fruit, à
chair très-fine, fondante, sucrée, acidulée, parfumée.
Arbre très-fertile. Fruit mürissant en octobre, moyen, oblong-obtus,
conique, pyriforme ou turbiné, chair très-fine, demi-beurrée; eau
abondante, sucrée, à peine acidulée, parfumée, légèrement fenouillie.
Fruit de première qualité. J’ai eu l’occasion de voir une variation de
cette poire dont la peau offrait la couleur blafarde d’un Blanquet, carac-
tère exceptionnel qui a déterminé quelques pépiniéristes à faire de cette
anomalie une variété distincte qu’ils ont désignée sous le nom de Rose
Louise du Nord.
259, æ. Coloma (li). Fruit de fin d'été, moyen, oblong, à queue droite, insérée dans
J’axe du fruit ou un peu en dehors, à peau verte, pointillée de brun, quelque-
fois lavée de roux du côté du soleil, à chair demi-fine, sucrée-acidulée, légère-
ment parfumée.
Arbre très-fertile. Fruit assez semblable à celui du Poirier St.-Germain
commencant à mürir en septembre, moyen, oblong, quelquefois légère-
(1) Messire Henri-Pierre.Philippe, comte de Coloma, baron de Mallens, West-
Acker, Oost-Hove, elc., né à Malines le 28 Juin 1746, mort dans la même ville le
24 Juillet 1819, était grand amateur d’horticulture et propriétaire du Lerrain jadis
occupé par le couvent des Urbanistes de Malines, (Voir Jard fruit. Mus., article
P. des Urbanistes.)
— 126 —
ment bosselé. Chair blanchâtre, demi-fine, eau abondante, sucrée-aci-
dulée, légèrement parfumée. Fruit de deuxième ordre. Il ne faut pas
confondre la P. Coloma avec la P. Beurrée Coloma d’automne, ni avec le
Colmar Bonnet, comme l’a fait le congrès pomologique dans la session
qu'il a tenue à Nantes le 26 septembre 1864.
Notre fruit se trouve très-exactement décrit et figuré par Prévost
dans la Pomologie de la Seine inférieure sous le nom de Beurrée de
Coloma.
260. P. Faux-Rousselet, Fruit de fin d'été, pyriforme, ventru, obtus aux deux
extrémités ; à queue longue, un peu grêle, renflée à son insertion sur le
fruit, avec lequel elle se continue quelquefois insensiblement, peau jaune
indien, un peu roussâtre au soleil, parsemée de gros points bruns entremélés
de quelques tâches brunes; chair fondante, très-jnteuse, fine, aromatisée.
Arbre pyramidal, propre à former des plein-vent ; fruit mürissant en
septembre, pyriforme, ventru ou turbiné, petit ou de grosseur moyenne ;
chair blanche, fine, fondante ou demi-fondante, juteuse; eau sucrée,
acidulée parfumée, non musquée, ne rappelant en rien la saveur, parti-
culière des Rousselets.
C’est malgré moi, que je me suis vu obligé de changer les noms de
Double-Rousselet et Rousselet Esperen donnés à cette variétés, par les
pépiniéristes belges, puisqu'elle ne présente aucun des caractères des
Rousselet proprement dits. Je n’ignore pas que l’impropreté d’un nom
spécifique ne suffit pas pour autoriser son changement, à moins que
celui-ci n’implique une idée absolument fausse, comme c’est ici le cas,
puisque, de l’aveu même de M. Bivort, son Double-Rousselet ne rappelle
ni le port de l’arbre, ni la forme, ni la couleur, ni la saveur des fruits
du type si caractérisé des Rousselets.
261. P. de Tongres. Fruit d'automne, moyen ou gros, turbiné ou oblong, ordinai-
rement bosselé; à queuc droite ou oblique, renflée à son insertion; à peau
de couleur ferrugineuse ou brune orangée; à chair très-fondante, sucrée-
acidulée.
Arbre de vigueur moyenne; fruit mürissant vers la fin d'octobre,
turbiné ou oblong, moyen ou gros, ordinairement bosselé, irrégulier;
chair très-blanche, à peine granuleuse, très-fondante, remarquablement
juteuse ; eau sucrée acidulée, un peu astringente, parfumée, non
musquée. —- Excellent fruit.
Ce beau fruit doit être pris à point pour présenter toutes ses qualités;
gardé au fruitier, il s’y colore, ainsi que les P. Williams et Clairgeau,
et y acquiert tout son parfum. Les pomologistes belges ne sont point
d’accord sur le nom que doit porter cette intéressante variété. Quant à
moi, je n’ai pas hésité à adopter celui sous lequel elle a été pour la pre-
mière fois figurée et très-bien décrite par M. Bivort dans son Album
— 197 —
pomologique, ainsi que dans les Annales de pomologie belge. I est évi-
dent qu’une description accompagnée d’une figure doit l’emporter sur
une tradition orale toujours très-contestable quand il s’agit du choix et
de l'adoption d’un nom. Voici, au surplus, la lettre que m’écrivait, à la
date du 10 août 18624, l’un des chefs de culture de M. Van Houtte, M. Ed.
Pynaert :
« …… La P. Durondeau, et non pas Durandeau, est très-communé-
ment cultivée sous ce nom et sous celui de Beurré-Durandeau dans nos
provinces wallonnes. Je ne comprends donc pas ce qui a pu déterminer
M. Bivort, et après lui, le Congrès pomologique de Namur, à adopter de
préférence le nom de P. de Tongres, d'autant plus que cette dernière
dénomination implique une erreur. En effet notre variété n’est nulle-
ment originaire de la ville de Tongres, l’antique capitale des Aduatiques,
comme on serait disposé à le croire, mais elle a pris naissance à Tongres-
Notre-Dame petite commune aux environs d’Ath, et qu’il ne faut pas
confondre avec Tongres-St.-Martin, qui n’est pas fort éloignée. Je pense
donc, qu’il serait plus juste de restituer à cette variété le nom de son
obtenteur, M. Durondeau, qu’elle porte à Tournay, à Ath, ete... Il y a
dans l’ancienne propriété de M. Durondeau, qui est devenue celle de
M. Monfort, un exemplaire du Poirier qui nous occupe et que quelques
personnes disent être le pied-mère. Sa tige, haute de 2 mètres environ,
a environ la grosseur de la jambe, mais je me suis assuré qu’elle avait
été greffée. »
M. Pynaert a reproduit ce que je viens de citer dans le petit opuscule
flamand qu’il a publié sous le titre de Fruitboomkweek en Fruitkunde p.
17 (1864).
262. P. Zéphirin-Grégoire. Fruit d’automne, arrondi ou turbiné; à peau lisse,
jaune citron, unicolore ou teintée de rouge au soleil, ordinairement dépourvue
de marbrures ; à queue assez charnue, droite, insérée dans l’axe du fruit ou
a
placée obliquement et accompagnée de bourrelets; à chair très-fondante, par-
fumée, sucrée, acidulée ou légèrement astringente.
Arbre pyramidal; fruit commençant à mürir en septembre et se con-
servant jusqu’à la fin d'octobre, arrondi, turbiné ou en forme de
Doyenné, présentant souvent un léger sillon, chair blanchâtre, très-fine
et fondante; eau abondante, un peu acidulée, astringente, légèrement
aromatisée ou quelquefois douée d’une très-faible odeur de muse. —
Très-bon fruit.
— 128 —
LES TAUPES.
Faut-il détruire les taupes, ou faut-il, au contraire, leur laisser la pai-
sible jouissance de leur domaine, et même les introduire dans les jardins
clos de murs où elles n’existent pas ?
Je ne sache pas que cette question ait été définitivement résolue.
J’ai souvent entendu maudire les dégâts faits par ces animaux dans les
carrés d'oignons à fleurs et dans les semailles, où ils font un ravage
irréparable. Par contre, leurs droits sont chaleureusement défendus par
les maraïîchers qui ont tant à redouter du ver-blanc et du grillon-taupe.
Jei se posent deux faits, pour et contre : le fait certain d’un véritable
fléau dans certaines circonstances ; le fait d’une destruction de vers et de
larves n’offrant, peut-être, pas une compensation pour le mal résultant
des galeries autour des racines des plantes herbacées et des arbres frui-
tiers pendant les longues sécheresses.
Je crois qu’à certains moments le plus sincère ami des taupes ne lais-
serait pas d’écraser sous le pied celle qu’il surprendrait en flagrant délit
dans une plate -bande de fleurs favorites; mais la taupe est rusée, et loin
de se laisser écraser dans nos moments de mauvaise AU elle se joue
même quelque fois pendant longtemps de tous nos pièges.
J'ai trouvé le moyen de tout concilier, c’est-à-dire, d’éloigner la taupe
de telle partie de mon jardin, sans cependant la détruire ou la chasser
totalement.
Quand elle a fait sa galerie vers la surface de la terre, qui se soulève
alors d’une manière peu perceptible, ou bien quand elle trahit ses allures
plus profondes par une taupinière, je creuse un trou perpendiculaire,
large d’une trentaine de centimètres, pour mettre à découvert les deux
orifices correspondants de la galerie, et je fourre dans chaque orifice
un petit paquet de tronçons de tiges de Rosier, ou ce qui vaut encore
mieux, de l’Eglantier (Rubus rubiginosa) dont les épines sont excessive-
ment aiguës, je remets la terre en place, et jamais il ne m'est arrivé de
voir reparaitre la taupe dans ces environs pendant plusieurs mois.
Cela fait l’éloge de sa mémoire, car il me parait indubitable que notre
bestiole, dont les allures sont tantôt très-cauteleuses, tantôt brusques
et même assez brutales (témoin leurs fréquents combats), n’étant dans ces
conditions inquiètée par aucune odeur suspecte, donne en plein avec le
nez sur les épines, en admettant d’ailleurs qu’elle pousse devant elle,
comme cela lui arrive fréquemment, une petite masse de terre.
Au mois de novembre dernier, une taupe passa sous le mur de mon
jardin, et trahit immédiatement sa présence par une forte taupinée ;
c'était une première visite depuis le commencement de l'été, je pouvais
donc être certain que la retraite avait déjà eu lieu avant le coucher du
soleil; j'employai le moyen dont je viens de parler, et jusqu’aujourd’hui
(4 mars) l’animal n’est plus jamais revenu.
JoxN BELLEROCHE, Prof.
Anvers, 1 mars 1866.
2
ata Hort Makovy.
Varieo
©
LV
Var.
Selaginella Martensi Spr
— 129 —
HORTICULTURE.
NOTICE SUR LA SELAGINELLE DE MARTENS
PANACHÉE.
SELAGINELLA MARTENSI SPR. VAR. VARIEGATA.
Figurée Planche IX (vol. XVI t. IX).
S. Martens: Spr. Monogr. Il, p. 129; Merr. Fil. h. Lips., p. 124. — Lycopodium
[labellatum Martens et Gazeorrt (non L.); L. stoloniferum Link. H. Ber. Il (18, 55),
p. 162 (non Sw.); Sel. stellata Link. mir. A. Ber., p. 159 (non Sprinc.); Sel. sulcata
Knze., Ind. Fil. p. 85; S. decomposita Spr., Monogr., IN, p. 196. — A. Braun, /nd.
sem. Hort. Ber., anno 1857, collect. append. p. 15, no 13.
a Sélaginelle de Martens est commune dans la
. plupart des serres : elle forme un tapis de ver-
dure, un gazon dans les endroits sombres et
humides, plus épais et plus rude que celui du
Selaginella denticulata. Nous ne connaissions aucune
variété panachée dans ce genre de Cryptogames, quand
l’année dernière, nous avons rencontré celle dont
nous donnons aujourd’hui le portrait, dans le vaste
établissement de MM. Jacob-Makoy et C° à Liége. Cette
variété est tout à fait nouvelle et d’un fort bel aspect.
L’extrémité des ramifications est jaune d’abord, et puis
blanche art elle est mieux développée. Cette JR etinte est très-
constante. Nous avons retrouvé la plante ce printemps à l’exposition
de Londres où elle figurait parmi les meilleures nouveautés de la saison.
TRANSPORT DES PLANTES POUR LES EXPOSITIONS.
La Fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique avait prié
Monsieur le Ministre des travaux publics d’autoriser le transport des
colis-plantes destinés aux expositions, au prix du tarif n° 2, par les
trains des voyageurs. Ce haut fonctionnaire vient de faire connaitre
qu’il regrettait de ne pouvoir accéder à cette demande, à cause des
retards que ces colis encombrants occasionnent dans les trains de voya-
geurs. Il fait, d’ailleurs, remarquer que les trains de nuit qui permet-
tent actuellement de faire arriver le lendemain de grand matin, d'une
extrémité à l’autre du pays, une expédition remise la veille au soir,
constituent un mode de transport qui doit parfaitement convenir pour
les envois des plantes vivantes.
9
— 130 —
NOTE SUR L’ECHINOPSIS ZUCCARINII Orr. var.
ROLANDI.
FAMILLE DES CACTÉES. — ICOSANDRIE-MONOGYNIE.
Figuré planche X (vol. XVI, t. X).
Cette plante fleurit chaque année au jardin botanique de l’université
de Liége. Bien que peu sensible aux charmes des Cactées, nous avons
déjà fait à nos lecteurs la confidence de nos préférences et de nos antipa-
thies, nous n’avons pu nous défendre d’une certaine émotion en présence
de ces belles fleurs d’un rose tendre, qui répandent un parfum aussi
doux que celui du jasmin. Ces fleurs sont nombreuses, se succèdent
pendant une grande partie de l'été, en plein air, et viennent à peu près
sans soin.
La plante forme une masse globuleuse. Celle que nous avons sous les
yeux mesure 9 centimètres de largeur, sur 75 centimètres environ de
hauteur. sv
Elle est marquée de 13 côtes saillantes, aiguës, droites, régulières,
convergentes vers le sommet. D’autres en possèdent 11. Ces côtes portent
de petits amas d’épines et de poils. Dans chacun de ces groupes nous
avons compté 10 à 50 épines, coloriées en fauve, en noir et dont la taille
varie de 5 à 10 millim. Les poils forment une sorte de bourre jaunâtre
pâle. Les fleurs naissent à leur aisselle ; elles ont plus de 20 centimètres
de long.
Ces fleurs montrent en dehors des bractées nombreuses, imbriquées,
lancéolées, acuminées, d’une nuance vert-rouge-brunâtre et terminées
par une pointe plus ou moins charnue, verte, portant un bouquet de
longs poils laineux, blanes ou bruns. Les pétales sont imbriqués, lan-
céolés, acuminés, d’un rose carmin plus prononcé vers le milieu que sur
les bords. Les étamines fort nombreuses sont insérées en majeure partie
sur le tiers inférieur du tube floral et tous leurs filets réunis se confon-
dent en une membrane qui tapisse l’intérieur de ce tube jusque près de
la gorge. Les étamines deviennent libres de toute cohérence et de toute
adhérence avant de porter leurs anthères. Le style mesure 13 centimé-
tres ; son stigmale est comme une étoile de 11-15 rayons blancs, papilleux
et mesurant chacun 12 millimètres. Il se termine au sommet d’une cavité
ovarienne dans laquelle on remarque entremélés à une foule de pro-.
ductions vermiculaires, quelques ovules rudimentaires.
A ces caractères nous avons cru reconnaître une variété de l’Echinopsis
Zuccarinii, connue sous le nom de Rolandi.
Les Echinopsis sont des Cactées séparées par Zuccarini des Cereuset des .
Echinocactus en un genre nouveau, dont le nom est tiré de leur ressem-
ÉChinopsis
UCCAPINIANA, A OÙ var Rolandi.
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— 151 —
blance avec un hérisson. M. Lemaire en avait fait son genre Echinonyc-
tanthus, mais il ne l’a pas maintenu, pensons-nous.
Le véritable Echinopsis Zuccarinii a les fleurs blanches. Nous le
voyons fleurir tous les ans. Il ressemble beaucoup à l’£Echinopsis mulli-
plex. On dit notre variété originaire d’un croisement avec l’Ech. oxigona.
Quoi qu’il en soit elle se rapproche d’une autre variété que M. Herincq
a fait connaître en 1853, dans l’Horticulteur français sous le nom
d’Echinopsis Tougardii. D'un autre côté l’'Echinopsis cristaia da prince
de Salm-Dyck, a donné une variété purpurea (Len. Jard. fleur. t. 1,
pl. 75-74) qui rappelle au moins notre plante. Toutefois elle en est
spécifiquement distincte, l’£ch. Rolandi ayant les épines plus courtes et
les pétales entiers et continus sur les bords.
Nous pouvons, par expérience, recommander cette plante comme
étant d’une culture facile et d’une floraison élégante. Nous terminerons
au surplus cette notice par quelques extraits pratiques et scientifiques,
empruntés aux auteurs les mieux autorisés et qui renseigneront les
lecteurs les plus exigeants.
Un préjugé, dit M. Labouret dans sa Monographie des Cactées (p. 300),
assez généralement répandu parmi les personnes qui s’occupent de la
culture des Cactées, c’est que nos Echinopsis exigent d’assez fortes
dimensions pour fleurir. Depuis plusieurs années, je cultive plusieurs
Echinopsis auxquels je n’accorde pas même la faveur d’une serre : pen-
dant l’hiver, c’est-à-dire au milieu de novembre, ils sont rangés sur des
tablettes devant la croisée d’une chambre exposée au midi, dans laquelle
on ne fait pas de feu; dès que la végétation commence à s’annoncer, je
les tiens pendant un ou deux mois en dehors sous un coffre dans lequel
j'entretiens une chaleur de 10-15 degrés pendant le jour seulement et
où je bassine très-abondamment mes plantes. Plus tard, c’est-à-dire vers
le milieu de juin, je place mes pots en dchors sans aucun abri; j’ai con-
stamment réussi, par ce moyen, à faire fleurir, même abondamment,
de jeunes sujets de 2-3 ans, de la grosseur d’une petite pomme. Ce
mode de culture réussit parfaitement à presque toutes les Cactées et sur-
tout aux £chinopsis de notre section.
M. Ch. Lemaire, qui s’est toujours occupé avec une grande prédilection,
du groupe des Cactées, expose ainsi la culture des Echinopsis(1).
Placer en hiver, sur une tablette bien éclairée et surtout bien acrée,
de la serre tempérée. Très-peu, ou plutôt point d’arrosement pendant
cette saison. Terre légère, sablonneuse, mais cependant enrichie par un
peu d’engrais et entremélée de petits fragments bien concassés de briques
et de tuiles. Drainage au fond du pot épais et composé de pierrailles et
(1) Jard. fleuriste 1851, &. À, pl. 73-74.
132 —
de plâtras, laissant aux eaux par leurs interstices, un FEES et facile
écoulement.
En été, planter dans une situation bien abritée. au pied d’un mur au
midi, en pleine terre, en plein soleil, et donner alors des arrosements
abondants. Relever en automne, en rafraichissant légèrement les racines.
Multiplication de graines et quelquefois de rameaux latéraux. Des ama-
teurs jaloux de posséder de belles plantes et surtout de les voir fleurir
splendidement, préparent dès mars, sous une suite de châssis, une couche
chaude sur laquelle ils plantent leurs Cactées, dès qu’elle a jeté son
premier feu. Quand le beau temps est assuré, on dépannéaute et on
abandonne les plantes à toutes les influences climatériques.
Par une telle culture on ne saurait croire l’énorme différence en
volume, en vigueur et en floraison que présentent ces Cactées, avec celles
qu’on tient en pot et en serre. On peut, il est vrai, se dispenser de con-
struire une couche, et planter simplement en pleine terre; cela vaut
encore mieux que de tenir les plantes en serre ; mais alors elles sont bien
moins luxuriantes que dans le premier cas.
Echinopsis Zuccariniana Pre.
Synonymie : Echinopsis Zuccariniana Prr. — Echinopsis tubiflora Zucc. — Echinoc.
tubiflorus Bor. Mac. t. 5627. —- Cereus tubiflorus Prr. Enum. diagn. p. 71. — Echi-
nopsis Zuccarini Forsr. Hanps. dr. cact. p. 367.
Patrie ?
Diagnostic. Tige globuleuse, vert foncé luisant; 10 angles à peine atténués à la base;
sommet enfoncé; sillons aigus; côtes comprimées ; aréoles subdistancées saillantes,
munies de tomentum blane velutineux; aiguillons droits, tenus, subrigides, 1-3 au
centre, jaunâtres, noirs à la base et à la pointe, 7-9 extérieurs plus courts, plus
grêles, très-ouverts.
Tige de 20-30 cent. de hauteur sur 15-18 de diamètre, drageonnant abondamment
à la partie inférieure; aréoles éloignées de 20-25 millimètres les unes des autres ; aiguil-
lons extérieurs de 13-20 millim. long, aiguillon intérieur atteignant jusqu’à 30 muillim.
Floraison. Pendant l’été et même jusqu’à la fin de Septembre, il n’est pas rare de
voir des sujets adultes chargés de 20-50 fleurs. Fleurs de 25-30 cent. de long, présen-
tant un limbe de 8-10 cent., s’ouvrant pendant deux jours et exhalant une légère odeur
de jasmin; ovaire allongé, vert pâle; sépales étroits, linéaires, courbés en dehors,
vert pâle; pétales rangés sur deux séries, d’un beau blanc de neige, les plus extérieurs
marqués d’une teinte brun verdâtre qui se dégrade sur les bords; étamines nom-
breuses, blanches; anthères jaune soufre; pistil un peu plus long que les étamines,
terminé par 10-12 divisions stigmatiques jaunes. Cette plante est d’une floraison assez
précoce; les sujets de 4-5 cent. de hauteur sont de force à fleurir.
Variétés. Echinopsis Zuccariniana f nigrispina LEem. — Echinopsis melanacantha
Duerr.
Cette variété se distingue de la précédente par ses aiguillons extérieurs noirâtres
sur toute la longueur, et les intérieurs tout à fait noirs.
Echinopsis Zuccariniana X Rolandi Forsr. — Ech. Zuccariniana rosea Mrrrs.
Hybride à fleurs roses, provenant du croisement de l'Echinopsis oxigona avec
notre Zuccariniana; elle fleurit plus promptement que les autres, dit-on. Elle a tout à
fait l’aspect et la forme de notre Zuccariniana et la fleur de l’oxigona.
Les sujets connus ont 7 cent. de hauteur avec autant de diamètre; ils sont d’un
— 1335 —
vert moins foncé que notre plante; ils ont 10-14 côtes; les aréoles sont distantes
les unes des autres de 13 millim.; elles portent de 11-12 aiguillons d’un blanc
sale ; les extérieurs. au nombre de 8-15 ont 9-13 millimètres de long, et 1-4 intérieurs»
dont l’un plus long atteint 18 millimètres de longueur, les autres comme les aiguillons
extérieurs; ils sont un peu colorés de brun à la base et à la pointe. Cette plante
est aussi prolifère que ses congénères.
Floraison. Pendant l'été; très-précoce et très-abondamment florifère. La fleur
diffère peu de celle de l’Echinopsis oxigona.
Labouret Monogr. des Cactées, p. 299.
Echinopsis. Floribus cereorum! Tubus infundibuliformi-elongatus carnosus cum
ovario exserlo continuus squamoso-pilosus, squamis apicalibus dilatato-petaloïdeis
spiraliter pluriseriatis patentibus. Stamina numerosissima biserialia, serie unæ de
basi ad medium cum tubo circulatim connata deinde libera, altera in torum inserta
inæqualiter fasciculata libera resupinato-ascendente. Stylus robustior æqualis v.
superans fistulosus, stigmatibus multis linearibus papillosis stellatim patentibus.
Bacca ovata squamato-pilosa, pulpa parca; semina numerosissimæ, cotyledonibus
(cereorum) subconnatis subphylloïdeis.
Caule crassissimo plus minus rotundato v. oblongo apice depresso-umbilicato
nudo, costis rotundatis v. angulatis, repandis v. continuis, pulvillis aculeiferis,
floribus lateralibus maximis speciosissimis sœpe fragrantibus ad vesperem expansis
subdiuturnis.
Cu. Leu. Jard. fleur. 1851. I. 75.
Echinopsis Zucc. Abhandli. der Munch. Akad. 11, 675. War. Rep. bot. II, 523.
Prerr. et Orr. Abbild. blüb. cact. I. 4. Sarm-Dyex, Cact. in Hort. Dyck. cult.
ed. 2. 25. (1825), ed. 3. 37 (1850). Expc. Gem. pl. 5156. Mio. in Bull. Neerl. 109.
Gen. cact. (1839). — Echinonyctanthus Cu. Leu. Cact. Gen. nov. spec. et nov. 10
(1839). — \ Cerei globosi SALM.-Dyc. Preirr. et Actor. Echinocacti spec. auct. divers.
E. Zuccarinii Prerr et Orro, Abbild. bluttend, cact. — Globosa obscure viridis
nitens 10-angularis, basi vix attenuata ; vertice impresso ; sinubus acutis in inferiore
plantæ parte obsoletis; costis compressis; areolis subremotis proementibus; aculeis
e tomento velutino albo rectis, tenuibus, subrigidis, centralibus 1-3 flavescentibus,
basi et apice nigris, exterioribus 7-9 brevioribus gracilioribus patentissimis. — Cereus
tubifiorus Preirr. Enum. diagnost. Cact. 71 no 4. — ÆEchinocaetus (Echinonyctan-
thus Lem. Nov. cact. gen. et spec. 85) tubiflorus Hortor. — Crescit.. ?
Walpers Rerert. 1843. t. I, p. 324.
10 Ech. Zuccarinii Prr Allgem. Garteng. XIV. 306. +. — Ovalis obscure viridis;
vertice impresso, costis subduodenis crassis acutatis, sinubus profondis acutis, areolis
pulvinatis, intermediis repandis; aculeis subduodenis albidis, basi nigricantibus;
petalis lanceolatis cuspidato-acuminatis integerrimis; stigmatibus abreviatis. — Æch.
tubiflora Prr. Echinonyctanthus tubiflorus Leu. Cereus tubiflorus Prr. — Crescrit...?
2 C. melanacantha, Ars. Dierric, Allg. Garteng. XIV, p. 306. — Globosa palide
viridis; vertice impresso, costis subduodenis crassis acutatis, sinubus profundis acutis,
areolis pulvinatis, internodiis rectis ; aculeis subduodenis, junioribus fulvo-nigricanti-
bus, adultioribus aterrimis demum decoloribus; petalis oblongo ovatis. — Ech. Zuc-
carinii var. G nigrispina Sasm. — Echinonyctanthus nigrispinus Lem. — Crescit.….?
Wazpers. Annales (1848-49), t. I, p.355.
FA
NOTE SUR LE BILLBERGIA GLYMIANA pe Vr. OU
BILLBERGIA DE M. GLYW.
Figuré PI. XI (vol. XVI, tab. XI).
Billb. Gilymiana (sic ) DE Vriese Jaarb. d. kon. Nederl. Maatsch. van Tuinb. 1855.
in horto botanico culta nondum floruit, sed. B. Wetherelli proxima et vix diversa
mihi videtur. — Koch. in append. Ind. sem. HB. Beroliensis, anno 1856, p, 4.
B. Wetherelli Hook. Bot. Mag. t. 4835 et Kocn, loco cit. p. 4 n° 4
Nous avons recu cette plante, en 1865, de M. Bouché le savant jardi--
nier chef du jardin botanique de Berlin. Elle fleurit peu de temps après
et comme nous savions que le Billbergia Glymiana n'avait jamais été
figuré et que d’autre part la plante est jolie, nous en avons immédiate-
ment fait le portrait dont nous publions aujourd’hui la copie. Le Büll-
bergia Glymiana avait été décrit et figuré en 1853 par M. de Vriese dans
un ouvrage cité plus haut et que malheureusement nous ne possédons
pas. C’est en 1855 que S. W. Hooker décrivit et figura dans le Botanical
Magazine sous le nom de Bullbergia Wetherelli une plante qui a paru à
M. Koch et qui nous a paru à nous même identique à celle de M. de
Vriese. Le nom anglais a prévalu : cependant il nous parait que les
droits d’antériorité sont en faveur du botaniste hollandais et que le nom
de B. Glymiana doit être conservé.
Quoi qu'il en soit la plante est originaire de Bahia.Elle croît facilement
dans toutes nos serres chaudes où sa floraison se fait remarquer parmi
les plus gracieuses. ;
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR LE Dr SCHOTT.
PAR LE D" FENZL, DE Vienne (1).
Henri W. Schott, né à Brunn, en Moravie, le 7 janvier 1794, accom-
pagna, à l’âge de sept ans, son père, excellent horticulteur, qui avait
été appelé à Vienne en qualité de conservateur du jardin de l’Univer-
sité. Les deux Jacquin se trouvaient alors à la tête de la science bota-
nique dans la capitale de l'Autriche et purent bientôt apprécier ce que
(1; Extrait du Gardener’s Chronicle, n° 11, 1866.
a ET R
— 135 —
promettait son jeune fils. Cependant son état maladif, amené par les
fatigues physiques et intellectuelles, semblait apporter un obstacle à la
carrière du jeune homme, lorsque le célèbre Humboldt, qui revenait de
ses voyages, s’approcha de son lit de douleur et lui parla en termes si
affables et si encourageants que depuis lors il commença à renaitre,
comme il l’a dit lui-même quelques années après dans la dédicace de son
ouvrage « Genera Aroidearum. » Après avoir recu une instruction solide,
il fit son apprentissage de jardinier sous la direction sévère de son père.
Les relations incessantes que Schott entretint toujours avec la plupart
des botanistes et des horticulteurs les plus instruits et le meilleur profit
qu’il tira des leçons des deux barons de Jacquin, lui firent bientôt ac-
quérir assez de connaissances pour mériter un avancement rapide.
Aussi fut-il bientôt appelé à diriger le charmant Jardin du Belvédère.
C’est alors qu’il commença une monographie remplie de difficultés, du
genre Silene, que malheureusement il ne put achever.
Depuis longtemps il désirait explorer quelques régions de l’Amérique
tropicale; son vœu se réalisa bientôt d’une manière inattendue. Lors
du mariage de la grande duchesse Léopoldine d’Autriche avec le Prince
de la Couronne de Portugal, on proposa et on approuva une expédition
scientifique vers l’Empire du Brésil. Schott, grâce à la recommandation
de ses amis influents, fut attaché, à titre de collecteur, à la mission, com-
posée du D" Mikan, botaniste; John Natterer, zoologiste ; et D' Pohl,
minéralogiste. En outre, deux artistes accompagnaient ces savants dans
leur mission, qui comprenait encore le D' Martius et le D' Von Spex,
envoyés par le gouvernement Bavarois, et le D' Raddi, naturaliste de la
Toscane. Ils eurent une traversée assez orageuse, qui fut favorable, sous
certains rapports, au D’ Schott; car ils furent obligés de relâcher à Gi-
braltar et à Punchal, dont il eut l’occasion d'étudier ainsi les flores encore
peu connues.
Ils arrivèrent enfin à bon port et on jeta l’ancre devant Rio-Janeiro,
le 5 novembre 1817. Ils se partagèrent ici en plusieurs groupes et Schott
se mit, avec le professeur Mikan et l'artiste Buchberger, à explorer les
environs de Rio et à créer un jardin d’acclimatation pour préparer les
plantes et les animaux à pouvoir être transportés à Vienne. Malgré divers
obstacles, les collections devinrent bientôt très-nombreuses et notre jeune
voyageur réussit également bien à fournir un grand nombre de notes
importantes sur des plantes médicinales et industrielles, de même que
sur l’agriculture du Brésil.
Après le retour de Mikan en Europe, la haute direction de l’expé-
dition échut à Schott, qui parvint néanmoins à faire deux voyages dans
l’intérieur , enrichissant ainsi ses diverses collections et ses manuscrits.
Quatre années s'étaient écoulées, lorsque approcha le jour de son retour
en Europe; il traversa le Portugal, la France et l’Angleterre, puis
arriva en Autriche où il recut un accueil cordial. En récompense de
— 155 —
ses nombreux services, il fut peu de temps après nommé aïde-directeur
des jardins impériaux, position dans laquelle il se rendit si utile qu’il fut
promu, en 1845, à l’emploi de directeur-général de tous les jardins
et ménageries impériaux. De nouvelles serres furent construites d’après
ses plans; et comme il s'était toujours montré amateur de plantes
alpines, il parvint à en rassembler une collection splendide, qui main-
tenant encore est la plus riche et la mieux cultivée du continent.
Cependant il ne s’adonna pas seulement à l’horticulture pratique, comme
le prouvent ses nombreux ouvrages et, en effet, on peut le ranger
parmi les premiers botanistes de l’Autriche. Il publia, en 1832, en
collaboration avec le D' Endlicher, le « Meletemata botanica » une rareté
botanique en librairie, puisqu'on n'en tira que 50 exemplaires pour
la distribution privée. Ses idées et sa classification des Balanophorées,
famille alors imparfaitement connue, furent publiées dans cet ouvrage,
et exposées avec tant d’exactitude et de fidélité qu’elles recurent la
plus haute approbation. Deux ans après apparurent les « Fragmenta
botanica » et le « Genera Filicum. » Quoique l’auteur en retira
beaucoup de crédit, ce dernier ouvrage, composé de quatre fascicules,
ne fut jamais achevé, parce que Schott se montra trop sensible à une
critique sévère et à cause de l’apparition de la « Pterodographie » de
Presl. À dater de cette époque, il consacra tout son temps à l’étude des
Aroïdées, dont il avait examiné avec beaucoup de soin la plus grande
partie à l’état vivant pendant ses voyages au Brésil. Ses relations
étendues le mirent à même de collectionner, après 40 années de travail,
de si riches matériaux qu’il n’existait que peu d’espèces décrites qui
n’eussent fait l’objet de son examen. II dépensa 16,000 florins de sa
fortune privée pour acquérir une série de dessins faits par des artistes
expérimentés, sous sa direction, et renfermant 5,282 planches in-folio,
de premier mérite.
Pourvu de ces matériaux et possédant en outre plusieurs serres
remplies de plantes vivantes, croissant presque avec autant d’exubé-
rance que dans leurs contrées, les publications de Schott se succédè-
rent très-rapidement. D’abord son « Aroïdeæ » en deux parties avec
20 planches, puis, en 1858, son « Genera Aroïdearum » un volume
in-8°, sans mentionner les diverses communications qu'il fit paraitre
sur ce sujet dans plusieurs revues périodiques.
Mais le « Prodromus systematis aroïdearum, Vindob., 1860, »
fut son chef-d'œuvre et forma ainsi une remarquable gradation de ses
études étendues sur cette famille. Toutefois les Aroïdées n’absor-
bèrent pas tout son temps; il a fait également connaitre ses obser-
vations intéressantes sur les genres Aquilegia, Sempervivum et Primula
et un an seulement avant sa mort il publia, de concert avec Nymann
et Kotschy, les « Analecta botanica. »
Schott reçut des honneurs bien mérités : il fut nommé membre de
— 137 —
plusieurs sociétés scientifiques ; il reçut le grade de docteur de l’Univer-
sité de Jéna et fut nommé chevalier de l’ordre de François Joseph et de
l’ordre de la Guadaloupe du Mexique. Ce ne fut que peu de temps avant
sa mort, qui arriva le 5 mars 4865, après avoir souffert beaucoup, qu'il
compléta, à sa grande satisfaction, la description et la détermination des
Aroidées recueillies par le D' Welwitsch dans la basse Guinée.Le« Journal
of Botany » de Seemann, en a publié une liste.
L'empire d'Autriche perd en lui un de ses plus fervents citoyens, et la
science un disciple ardent et bien doué. Dans leur double intérêt, il est
à espérer que son successeur soit à même d'entretenir et de faire pro-
gresser les belles recherches de Schott en botanique et en horticulture.
On nous annonce la mort du célèbre collecteur Porte qui a succombé
à Manille vers le 15 janvier dernier.
CULTURE DE L'OEILLET EN GÉNÉRAL ET DE L’OEIL-
LET REMONTANT EN PARTICULIER,
PAR M. JouN SisLey.
Depuis que je m'occupe d’horticulture en amateur passionné, je
m'aperçois que la plupart des publications horticoles sortent du même
moule et se répètent sans cesse, quoiqu'il y ait, et je suis aise de le
constater, de nombreuses exceptions, telles que les publications spéciales
de MM. E. André, Carrière, le comte Léonce de Éamperse E. Chaté
fils, etc.
Mais, comme en beaucoup d’autres choses, il y a en horticulture des
doctrines qui étant constamment répétées sont acceptées par le vulgaire
comme articles de foi. |
Toutes les publications qui ont traité de la culture des OEïillets et de
leur propagation disent invariablement :
« Le bouturage, vu le peu de chances de réussite qu’il offre, est le plus
rarement employé. »
D'où vient cette grave assertion, qui n’est qu’une grave erreur. ? Je ne
sais ! Serait-ce parce que la routine est une puissance despotique ?
Ce qui est vrai et certain, c’est que le bouturage est le meilleur mode
de multiplication des plantes et le marcottage Have pour les
OEillets) l’enfance de l’art. ;
La critique est aisée, mais l’art est difficile, a dit Boileau. Ce qui n’est
— 158
pas exact. Car, pour critiquer, il faut pouvoir démontrer que ceux que
l’on déclare fautifs le sont, et pouvoir enseigner à mieux faire. Après la
critique, il me faut donc démontrer que ce que les livres avancent est une
erreur. — Les OEïillets, quoi qu’ils en disent, reprennent généralement
très-facilement de boutures, et font certainement, incontestablement, de
meilleures plantes que les marcottes, et, en outre (ce qui n’est pas à
dédaigner pour l’horticulture marchande), on tire plus de boutures d’une
plante que l’on ne peut en faire de marcottes ; car les boutures coupées, la
plante cherche à remplacer les amputations, à réparer les pertes qu’on
lui a fait éprouver et reproduit de nouveaux rameaux; tandis que la
plante que l’on soumet au marcottage, nourrit ses membres à moitié
amputés, sans songer encore à les remplacer. ñ
Les boutures d’œillets peuvent se faire en toute saison ; mais, pour
ceux qui ont des serres ou veulent multiplier grandement, la meilleure
époque est l'hiver ; c’est-à-dire janvier et février, en serre à boutures, et
ils obtiendront des plantes qui pourront être livrées à la pleine terre
en avril ou en mai et qui seront vigoureuses dans le courant de l’été.
Depuis quinze ans que mon voisin Alégatière, le dianthologiste lyon-
nais, s’occupe du perfectionnement de l’œillet remontant, il n’a pas
employé d’autres moyens de multiplication que le bouturage, et en
Janvier dernier, j'ai vu chez lui plus de vingt-cinq mille boutures, dans
une serre hollandaise, en partie sous cloche ou petits châssis vitrés et
partie à l’air libre de la serre, selon les variétés. Sous ce rapport, il y a
une étude à faire (dont les routiniers marcotteurs sont dispensés), car
il y a des variétés qui reprennent plus promptement à l’air libre que sous
cloche.
Pas n’est besoin d’entrer dans des détails sur la manière de préparer
et faire les boutures d’œillets, tout le monde la connait. Le point essen-
tiel pour la réussite est d’enlever, tous les jours, les feuilles qui jaunis-
sent et, pour le faire, il ne faut pas craindre d’enlever les boutu-
res; au contraire, la reprise n’en est que plus assurée; les changer de
place, de terre, de temps en temps, hâte souvent la reprise. Pourquoi?
Qui sait ?
De fréquents bassinages sont indispensables. Mieux vaut pour l’œillet
l’excès d'humidité que la sécheresse. Les boutures faites en hiver repren-
nent généralement en trois à cinq semaines, car il y a une grande irré-
gularité dans la reprise, selon les variétés. Aussitôt que les boutures
sont enracinées on les pique séparément dans de petits pots et on les
habitue peu à peu au grand air, ceci est l’A, B, C du métier. Les boutures
bien reprises, il convient de les mettre en pleine terre, courant avril ou
commencement de mai, suivant la saison, dans un endroit bien aéré;
car l’œillet aime le grand air, n’aime pas à être confiné entre les murs ou
les arbres. |
L’œillet n’est pas difficile sur la nature du sol, quoiqu'il préfère une
— 139 —
terre franche, pourvu qu’elle soit bien drainée; car l'humidité stagnante
lui est très-nuisible.
Des arrosages copieux, mais peu répétés lui conviennent ainsi que des
arrosages d'engrais liquides, de matières fécales surtout. Arrosements
soit dit en passant, trop peu usités, car ils conviennent à toutes les
plantes, sans doute à cause de la mauvaise odeur ; mais que l'on peut
obvier en désinfectant le liquide avec du sulfate de fer.
Pour conserver les OEillets remontants nains, il convient de rabattre
chaque tige florale, immédiatement après son entière floraison, à 005
ou 0%06 au-dessus de sa base, la plante se ramifie davantage et émet de
nouvelles tiges florales.
Si l’on ne tient pas à voir fleurir les OEillets remontants en hiver,
on les laissera en pleine terre, où ils résisteront parfaitement aux plus
grands froids de notre pays, s’il n’y a point d'humidité stagnante. Une
bonne précaution à prendre, après une forte gelée, est d’abriter les
plantes contre les rayons solaires, par une couverture quelconque.
Si l’on veut jouir de la floraison en hiver, on empotera en octobre
les plantes que l’on y destine et on les rentrera le plus tard possible
(seulement à temps pour que les boutons ne gèlent pas) en orangerie,
serre, bâche, ou tout autre abri tempéré, où l’on puisse donner de l'air
chaque fois que le temps le permet, et c’est là un point capital.
Il est bien entendu que les plantes que l’on veut rentrer pour jouir
de leur floraison l'hiver, doivent montrer des boutons en octobre; car
il serait inutile de rentrer des plantes qui n’en montreraient point; elles
s’étioleraient et fleuriraient mal le printemps suivant.
L’amateur qui n’a ni serre, ni châssis, à sa disposition pour la multi-
plication, doit opérer le bouturage des OEillets en septembre, contre un
mur au nord, en pleine terre. La reprise est alors assurée.
Cette culture est done à la portée de tout le monde. Tous ceux qui se
sont occupés d’horticulture savent qu’il n’y a point de théorie absolue
du bouturage; car telle plante veut être bouturée à froid, telle autre à
chaud, l’une sous cloche et l’autre à l’air libre, quelques-unes et c’est
le plus grand nombre réclament l’humidité et d’autres le sec.
Nous ignorons la cause de ces différences ; nous ne les saurons proba-
blement jamais (malgré le concours ouvert par la Société impériale
d’horticulture), car l'intelligence de l’homme actuel est limitée. Mais par
le travail et l'observation, nous acquérons de l’expérience, nous consta-
tons les résultats acquis, les consignons et les transmettons à nos succes-
seurs. C’est ce qui constitue le progrès.
Toutes les plantes reprennent facilement de boutures, quand on sait
comment il faut procéder. |
Cependant chacun de nous a pu lire dans les livres horticoles : telle
plante reprend difficilement de bouture.
Pourquoi, difficilement ? Parce que nous ne savons pas.
— 140 —
C'est donc pour dissimuler notre ignorance que nous disons qu’une
chose est difficile.
Pourquoi ne pas dire que l’on ne sait pas; que l’on ne connait pas
les moyens convenables pour réussir ?
Ceci s’applique à tout ce que l'intelligence de l’homme veut appro-
fondir. |
Ce qu'il ne sait pas faire, il le déclare difficile; ce qu’il n’a pas pu
comprendre, ce qui était hors de la portée de son intelligence il :
l’a déclaré incompréhensible et, dans son orgueil, il l’a attribué à
une cause surnaturelle.
Je tiens tous les détails de culture qui précèdent de M. Alégatière,
qui est passé maitre par des observations et des expériences intelligentes
de quinze années.
(Revue horticole.)
EPOQUE FAVORABLE POUR LE BOUTURAGE DE
QUELQUES PLANTES DE SERRE.
par M. F. BoncENNE.
Ces simples observations ne s’adressent point à nos horticulteurs
expérimentés qui, dans leurs serres, continuellement chauffées, spéciale-
ment disposées, peuvent bouturer en toute saison et multiplier ainsi par
milliers les sujets qu’ils livrent ensuite au commerce. J'écris pour l’ama-
teur modeste qui ne possède point ces appareils puissants, ce matériel
embarrassant et coûteux des grands établissements de jardinage. La
banquette d’une serre tempérée, d’une petite bâche, ou l’abri d’un châssis
et quelques cloches, tels sont les ustensiles que l’on trouve le plus ordi-
nairement chez les personnes qui s’occupent d’horticulture et qui tiennent
à multiplier elles-mêmes les plantes qu’elles achètent chez les jardiniers.
Je me place donc à ce ve de vue et j’entre immédiatement en
matière.
La bouture est, sans éntréiit, le moyen le plus commode et le plus
répandu pour la multiplication des arbustes et des plantes de serres.
Les anciens, les Romains notamment, connaissaient et pratiquaient
déjà ce mode de multiplication, lorsque Virgile, enhardi par Mécène,
quittait les jardins de Mantoue pour venir composer à Rome son immortel
poëme des Géorgiques. Au livre II, en effet, on trouve le passage suivant
si bien rendu par les vers que voici :
Ici des souches d’arbres, ou des rameaux fendus,
Ou des pieux aiguisés à nos champs sont rendus ;
Celui-ci courbe en arc la branche obéissante,
Et dans le sol natal l’ensevelit vivante ;
— 141 —
Cet autre émonde un arbre et plante les rameaux,
Qui dans son champ surpris deviennent arbrisseaux ;
Un aride olivier surpassant ces prodiges,
Des éclats d’un vieux tronc pousse de jeunes tiges.
De ces temps reculés à notre époque les progrès sont immenses sans
doute, et nous avons laissé fort loin le pieu aiguisé du saule ainsi que les
éclats de l’aride olivier. Ne croyez pas toutefois qu’il soit aujourd’hui
parfaitement établi que tous les végétaux se multiplient par la bouture ;
nous trouvons au contraire, chez quelques-uns des résistances qu’on ne
peut expliquer et qui déjouent tous les raisonnements, toutes les théories ;
la pratique sera donc, s sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, le
guide le plus sûr.
Voulez-vous cependant quelques données générales : on admet que
les plantes les plus riches en sève et en suc propre sont celles dont les
boutures s’enracinent le plus vite ; que les arbrisseaux à feuilles opposées
reprennent mieux par le bouturage que ceux qui les ont alternées; que
les rameaux tendres de certains arbrisseaux prennent plus facilement
que le bois dur des grands arbres; que les plantes à tiges succulentes
ou herbacées s’enracinent plus promptement que celles dont les bran-
ches sont ligneuses; que les végétaux qui ont beaucoup de tissu cellulaire
sont d’un bouturage plus facile que les espèces résineuses ou laiteuses ;
enfin que les boutures herbacées, prises sur des sujets tenus en serre de-
puis quelque temps ont beaucoup plus de chances de réussite que celles
prises sur des sujets qui sont en plein air.
Dirai-je un mot maintenant de l’opération pratique du bouturage en
pots.
Lorsqu'un amateur veut faire des boutures, il réunit d’abord des vases
de 0%,0% à 0,06 d'ouverture, il choisit les plus minces, les plus évasés,
les mieux percés. Il prépare ensuite sa terre de bruyère ou son terreau,
qu’il passe au crible fin. Il y méle un peu de sable, puis il rassemble
quelques tessons et des graviers destinés à drainer le fond des pots. Il
met dans chaque vase, d’abord un petit tesson avec une pincée de gra-
viers, il remplit ensuite avec la terre qu’il tasse assez fortement, ayant
soin d’unir la surface avec les doigts ou la paume de la main.
Ces premières opérations terminées, il coupe des rameaux sur les
plantes qu’il veut bouturer ; les plus tendres et les plus vigoureux sont
les meilleurs. Il s’assoie devant une tablette où sont déjà rangés les pots
préparés pour recevoir les boutures; il prend un canif ou un greffoir
bien affilé et repasse un à un tous les rameaux qu’il a cueillis, pour les
réduire à la longueur convenable, pour rafraichir la coupe de ceux qui
ne sont pas trop longs, et pour ôter les feuilles qui se trouvent à la par-
tie inférieure.
Le rameau destiné à faire une bouture doit être réduit à une longueur
de 0®,05 à 0,10 selon la position des yeux, par une coupe franche et
$ — 142 — :
nette, pratiquée immédiatement au-dessous d’un nœud. II faut en outre,
comme je viens de le dire, enlever les feuilles avec beaucoup de précau-
tions sur toute la partie du rameau qui sera mise en terre, éviter surtout
les déchirures ou la mutilation des yeux; car l’existence de ces plaies
compromettrait certainement le résultat de l’opération. |
Ceci fait, l’opérateur plante ses boutures. Il en met une seule dans les
pots de 0"04 ayant soin de la placer au centre et de ne l’enfoncer
qu'après avoir fait un trou avec un petit piquet, pour ne pas en émousser
la base ; il peut en mettre trois ou quatre dans les vases de 0,06 ; mais,
au lieu de les placer au centre, il les enfoncera sur le pourtour, à un
demi centimètre du bord.
Enfin il scellera fortement la terre avec le doigt ou le gros bout de
son piquet.
Quand tous les pots sont ainsi garnis, on les réunit à l’ombre, sur une
banquette de la serre, on leur donne un arrosement en forme de pluie;
on attend quelques heures pour qu’ils puissent se ressuyer, puis on les
place selon leur nature et leurs exigences, soit dans la serre tempérée;
soit sur couche tiède et sous châssis, soit enfin sur couche chaude et sous
cloche ; dans tous les cas, il faut enfoncer les pots dans un lit de sable
fin, de son de bois ou de débris de forge passés au crible.
Les soins à donner pendant la reprise sont fort importants, surtout
pour les boutures qu’on a mises sous cloche. On doit éviter l’excès de
l'humidité dans l'atmosphère de la cloche; il faut y regarder souvent,
essuyer au moins une fois par jour, avec un linge, les parois inférieures,
enlever les feuilles pourries, les boutures qui périssent ; enfin, dès qu’on
aperçoit un mouvement dans la végétation, on donne de l’air par degrés,
en soulevant l’un des côtés de la cloche.
Quant aux arrosements, ils doivent être très-rares, le plus ordinai-
rement, les boutures, après le premier mouillage, se maintiennent et
font racine sans qu’il soit besoin de leur donner une seule goutte d’eau.
Ces principes généraux étant posés, nous aborderons plus particuliè-
rement notre sujet.
A quelle époque doit-on bouturer les arbustes et les plantes de serre
ou d’orangerie? |
Je l’ai dit en commencant, et je le répéte ici : lorsqu'on possède une
serre à multiplication munie de son appareil de chauffage et des usten-
siles nécessaires, on peut faire des boutures en toute saison; il est
constant néanmoins que la présence de la sève est indispensable pour
leur réussite et que les premiers moments de son cours sensible sont
préférables à ceux de son milieu ou de sa fin. Le printemps sera donc,
pour la plupart des végétaux de serre ou de châssis, le moment le plus
favorable. Je dis : pour la plupart, car il en est quelques-uns qui seront
bouturés avec plus de succès au commencement de l’automne, d’autres
qui reprendront plus facilement si vous opérez le bouturage à la fin
— 1435 —
de novembre ou dans le courant de décembre. Notez bien aussi que
les boutures des plantes sous-ligneuses, faites au printemps avec des
rameaux herbacés cueillis sur des sujets qui ont passé l’hiver en serre,
reprennent plus vite et poussent plus vigoureusement que des multipli-
cations faites à l’aufomne avec des branches munies de leur talon.
Poursuivons maintenant, en nous plaçant au point de vue de la
petite culture.
Supposons d’abord un amateur qui n’a, pour faire ses multiplications,
que la banquette d’une bonne serre tempérée et quelques cloches en
verre plein.
Il pourra, dès le commencement de février jusqu’à la mi-mars, bou-
turer les rameaux tendres et herbacés des Fuchsias, des Verveines,
des Cupheas, des Chrysanthèmes, des Pentstemons, des Ageratum, des
Pétunias, des Véroniques, etc.; de quelques plantes à feuillage orne-
mental dont il aura mis pousser les pieds-mères sur une couche chaude,
comme les Ferdinandas, les Schistocarpus, les Uhdias, les Coleus, les
Achyranthes et autres.
Il placera toutes ces boutures sur la banquette de sa serre, les
couvrira d’une cloche, qu’il aura le soin de barbouiller, ou d’ombrager
avec un linge pour intercepter la lumière.
Celui qui possède une bâche, ou seulement un châssis, opérera de
même sur la couche tiède de cette bâche ou sous son chàssis. Dans
ce dernier cas, le coffre sera assez élevé pour qu’une cloche puisse être
placée sous la feuille du châssis.
Plus tard et vers la fin de mars, il multipliera, par les mêmes
moyens, des Capucines doubles, des Héliotropes, des Pivoines sous-
ligneuses, des Justicias, des Dahlias, qu’il aura forcés sur la couche
chaude, et toutes les plantes à feuillage ornemental qu’il n’aurait pu
faire dans le mois de février.
Au mois d'Avril, les Bégonias prennent facilement de rejetons, d’éclats
ou même de feuilles; mais la couche chaude d’une bâche ou d’un
châssis est nécessaire pour réussir complètement ce genre de multi-
plication.
À partir des premiers jours de Mai, on doit cesser le bouturage de
printemps, pour s'occuper de la séparation et du rempotage des boutures
qui ont déjà fait racines. Les jeunes plantes seront placées sous des
châssis; on leur donnera de l’air progressivement et l’on exécutera le
pincement pour les faire ramifier. Les feux de l’été cessent enfin d’em-
braser l’atmosphère; les rosées de la nuit rendent à l’air sa fraicheur
et son élasticité; notre amateur peut commencer, passez-moi le mot,
la seconde campagne du bouturage, la campagne d’automne; c’est, en
effet, vers le mois de septembre qu’on multiplie les Pelargonium et les
Zonalc ; on n’a besoin pour cela ni de cloches ni de couches ni de serre
chaude ; il suffit de placer les boutures sur des tablettes, dans une serre
convenablement ombragée.
— 144 —
Un peu plus tard, dans le courant d’octobre, on doit bouturer sous
cloche les Sauges et quelques-unes des plantes à feuillage ornemental
dont nous avons déjà parlé, comme les Coleus et les Achyranthes par
exemple. Ces jeunes pieds passeront plus facilement l’hiver et fourni-
ront de bonnes boutures au printemps. |
Il en est de même des Verveines ; si vous bouturez votre collection à
l'automne ; si, dès que vous aurez séparé et rempoté le jeune plant, vous
le placez dans une bâche ou sur couche et sous verre; si, en outre, vous
pincez à propos pendant l'hiver, vous aurez, dès les premiers jours du
printemps une abondante récolte de rameaux tendres et bien disposés
pour les bouturages.
Nous arrivons à la troisième campagne, que j’appellerai la campagne
d'hiver; déjà le froid et les brouillards ont remplacé les jours radieux;
le soleil ne chauffe plus le verre qui couvre vos serres ou vos châssis ;
vous ne pourrez donc plus bouturer avec quelque chance de suecès si
vous n’avez à votre disposition une bâche ou tout au moins la banquette
d’une serre, sous laquelle passera le tuyau d’un appareil de chauffage;
en un mot, pour faire des boutures en hiver, il faut leur donner ce
qu’on appelle, en horticulture, de la chaleur de fond, et surtout les
préserver de l’humidité qu’engendrent si facilement dans nos serres
les longues pluies de décembre et de janvier. Si donc vous pouviez
remplir toutes ces conditions, commencez dès la fin de novembre la
multiplication des arbustes à bois dur comme les Azalées, les Bruyè-
res, les Philiques, les Epacris, les Diosma, les Pimelées, les Polygalas,
les Pittosporum, le Correa, et beaucoup d’autres du même genre.
C’est aussi le moment de bouturer les Abutilons, les Bignonias, le
Tecoma jasminoides, les Mimosas, Kennedya, Mélaleucas, Céanotus
etc. ; à ces derniers vous devez ajouter les Abelias, les Escalonias,
quelques Fusains et quelques Troënes qui se vendent comme arbustes de
pleine terre ; mais qui, de fait, ne supportent pas la rigueur de nos hi-
vers. Ayez grand soin, en opérant, de ne pas employer des terreaux trop
humides, servez-vous, autant que possible, de terre de bruyère pure à la-
quelle vous ajouterez un cinquième de sable fin ; prenez de petits pots
de 0%,05 à 0®,04 d'ouverture, et ne placez qu’une bouture au centre. Si
vous n’avez que des vases plus grands, mettez un bon drainage, ajoutez-y
même une pincée de charbon de bois concassé, placez vos petits rameaux
immédiatement au bord du pot en laissant entre eux un espace de 0",02,
scellez fortement la terre et ne donnez qu’un très-faible arrosement.
Lorsque tous vos pots se seront suffisamment ressuyés, vous les enfonce-
rez dans la tannée de votre bâche ou dans le sable de votre banquette,
puis vous couvrirez d’une cloche et vous tâcherez d’entretenir une douce
chaleur de fond ; n’oubliez pas aussi d’essuyer souvent l’intérieur de la
cloche, d'enlever les feuilles et les boutures qui pourrissent, parce
qu’elles ne manqueraient pas de nuire à celles qui se portent bien.
— 145 —
C’est encore vers le commencement de l’hiver qu’on fait les boutures
des Conifères et des arbres résineux. Il faut les étouffer sur couche chaude
et sous cloche. Le choix des rameaux que l’on veut bouturer n’est pas
indifférent. Si vous prenez des petites branches latérales, la plante pous-
sera mal et se fera difficilement une tête. On a spécialement signalé cet
inconvénient pour les Abies, les Thuyas et les Araucarias ; si, au contraire,
vous détachez la partie terminale des grandes branches, vous obtiendrez
un sujet presque aussi beau que s’il proyenait d’un semis.
La multiplication des Conifères par le bouturage est fort en usage de
nos jours, il a fallu employer ce moyen pour reproduire les espèces rares
dont on ne peut encore se procurer facilement les graines.
En terminant je dirai: Tout le monde fait des boutures ; bien des gens,
sans se douter des précautions si nombreuses, des moyens si puissants
employés par l’horticulteur moderne, plantent le rameau du Myrte, de
l’OEillet, du Géranium, et voient prospérer leur culture. Courage done,
vous qui n’avez ni cloches, ni serres, ni châssis; bouturez dans vos jar-
dins, sur vos balcons, sur vos fenêtres; n’avez-vous pas vu maintes fois
sur l’appui de la mansarde ces petites caisses et ces pots où sont plantées
quelques branches d’arbustes que recouvrent un verre à bière renversé,
ce simple et primitif moyen réussit presque toujours, et, croyez-le bien,
l’obtenteur sera plus fier, plus heureux de son succès que le plus riche
amateur entouré de ces plantes rares et précieuses.
(Revue horticole, 1866).
EXPOSITION ET CONGRÈS DE LONDRES, 22 MAI 1866.
L'exposition.
Jamais et nulle part une exposition de l’importance de celle-ci n’a
été mise sous les yeux du public. L'effet général surpasse tout ce qui a
été produit jusqu'ici, et par un heureux concours de circonstances les
plantes nouvelles exposées pour la première fois sont au nombre des
plus remarquables que nous possédions dans les cultures.
L’arrangement pittoresque est parfaitement réussi : les plantes sont
bien exposées et disposées à leur avantage. Le public circule facilement
dans de larges allées. Des élévations de terrain donnent de différents
points, des vues d’ensemble d’un grand effet. Peut-être la grande vallée
centrale aurait-elle pu être plus dégagée. Les plantes vertes et à feuillage
sont disposées par groupes entre les plantes fleuries. Les couleurs et
la lumière jouent ainsi, comme les perspectives et les élévations, et, de
ces contrastes, résultent une heureuse harmonie et un paysage de la plus
grande richesse.
Quand on considère ainsi l’ensemble de l’exposition et l’impression la
10
L'Hies
plus générale du public on doit reconnaitre d’abord que la Rose, malgré
toutes ses rivales, est restée la plus belle des fleurs. Elle règnait sans
conteste. Les Azalées, les Pélargonium, en grandes masses, avaient
peine à produire leur effect. Les plantes à fleurs étaient en grande toilette
de cérémonie ; toutes leurs tiges et leurs fleurs ficelées à des baguettes
et à des cerceaux : c’est un pêu comme une crinoline. Nous sommes
persuadé que cette mode de torturer les plantes par des artifices dis-
paraîtra un jour et qu'on préfércra exposer les plantes au naturel. Si l’on
a fait cette critique, d’un autre côté tous les étrangers s’accordaient à
reconnaître que les plantes en Angleterre ont une verdure dont la nuance
et la fraicheur ne peuvent pas être obtenues sur le continent.
Nous ne pouvons pas entrer dans le détail des spécialités : toutefois, en
dehors, il y avait plusieurs plantes curieuses ou bizarres : les Nepenthes
et Sarracenia, le Lace plant (Ouvirandra), un lusus du Pandanus utilis,
les Marattiées, Trichomanes, Leptopteris, Hymenophyllum ; l'invasion
des Maranta qui semblent avoir chassé les Begonia; le grand nombre de
Lilium auratum ; les perfectionnements extraordinaires du Pelargonium
zonale ; le bon effet de l’Anthurium Scherzianum ; parmi les Orchidées,
les Cypripedium, Uropedium et Selenipedium ; les nouveaux Aucuba; des
fruits de Vanilla planifolia, tels sont les objets qui nous ont particu-
lièrement frappé en dehors des nouveautés. Parmi ces dernières, plus
nombreuses que jamais, le Maranta Veitchi, le Primula cortusoïdes
amæna et le Coleus Gibsoni de M. Veitch, l’'Eranthemum argyroneurum
de M. Bull et surtout le Dichorisandru musaïca, le Tradescantia undata
et le Maranta Lindeni de M. Linden, nous ont paru être les plantes à
sensation.
L'exposition a présenté un caractère vraiment international. Outre
l'amélioration de l’arrangement, le système du jury a été perfectionné
par l'admission, bien naturelle, de quelques juges étrangers les plus com-
pétents, en général un dans chaque section. Les botanistes prenaient
à l’exposition un intérêt au moins aussi grand que les horticulteurs.
Le programme avait été fort bien fait sous l’un et l’autre rapport. La pré-
sence de l’illustre de Candolle avec tout un état-major de botanistes
européens réunis pour le congrès, est encore un des points capitaux de
la circonstance. Jamais tant de personnes et autant d’étrangers n’ont
visité une exposition de fleurs. L’élite de l’horticulture belge, française,
hollandaise et allemande était présente.
L'exposition de Londres a été inspirée par un sentiment de réciprocité
envers Bruxelles et Amsterdam ; elle a eu lieu par l'initiative et la
volonté inébranlable de quelques hommes dévoués et intrépides qui ont
eu à lutter contre un peu d’incrédulité et de routine. Jamais succès n’a
micux récompensé de généreux efforts. Pour le nombre, l'étendue,
l’arrangement, la qualité horticole et la valeur botanique, l’exposition de
Londres surpasse les autres expositions internationales qui l’ont précédée.
C'est maintenant au tour d’un autre.
— 147 —
Discours prononcé à l'ouverture du Congrès interna-
tional de botanique, Londres, Mai 22-25, 1866,
par M. A. DE CANDOLLE, président.
MESSIEURS,
Une réunion aussi nombreuse d’amis des sciences, d’horticulteurs et de
botanistes accourus de toutes les parties de l’Europe, a besoin pour se
constituer utilement de comprendre en vertu de quelle idée commune
tant de personnes différentes se sont tout à coup rapprochées. C’est à
celui qu’on a appelé à l’honneur de vous présider, et qui s’en trouve si
peu digne, de faire ressortir le lien qui vous unit, ce lien dont vous
n'avez peut-être encore qu’une notion trop vague et pour ainsi dire
instinctive.
À mon avis nous ne sommes pas venus à Londres dans le but de satisfaire
une pure curiosité d'amateurs.
La preuve en est que nous écoutons ici des discours, au lieu d’errer
dans le jardin féérique de l’exposition. Evidemment nous cherchons
autre chose qu’un spectacle, et cette autre chose est, si je ne me trompe,
de l'instruction. Il ne suffit pas aux horticulteurs de voir, il leur faut
aussi étudier et réfléchir. Il ne suffit pas aux botanistes d’observer
minutieusement des détails, il leur faut aussi voir des plantes en grand
et par masses. Les rapports de la pratique avec la théorie, de l’art avec la
science, sont reconnus indispensables, et conformément à cette idée qui
triomphe à notre époque, nous affirmons par notre présence dans cette
salle, l’union nécessaire de la botanique et de l’horticulture. Rappeler
comment elles s’aident l’une l’autre, indiquer comment elles pourraient
s’aider davantage, tel sera l’objet de mes courtes réflexions. Si je ne
m’abuse, il résultera des faits auxquels j'aurai à faire allusion, le senti-
ment que nos efforts communs, scientifiques ou pratiques, malgré leur
apparence très-modeste, contribuent à augmenter le bien-être des hommes
dans toutes les conditions et dans tous les pays.
I, Utilité de l’Horticulture pour la Botanique.
Parlons d’abord des services que l’horticulture rend ou peut rendre à
la botanique. Sans être horticulteur moi-même, je les constate ou les
prévois volontiers, la marche de la science rendant nécessaire de recourir
a n 4
à toutes les branches collatérales.
Nous ne sommes plus dans ces temps d'illusions où les botanistes ne
s’occupaient guère que des plantes d'Europe, un peu de celles d'Orient,
L'mate
et où par timidité d’esprit, plutôt que par ignorance, ils se figuraient les
pays lointains comme ayant tous à peu près le même fond de végétaux,
avec un petit nombre d’espèces extraordinaires et exceptionnelles. Un
siècle de découvertes a montré l’extrême diversité des flores, la grande
localisation de beaucoup d’espèces et l’enchevétrement compliqué de leurs
limites géographiques. Pour voir soi-même toutes les végétations du
globe il faudrait réaliser en quelque sorte, la légende du Juif Errant ; et
d’ailleurs, dans des voyages continuels, où seraient les moments de
réflexion et d’études qui créent la science proprement dite ? Le voyageur
est trop fatigué dans les pays chauds, trop agité dans les régions tempérées
favorables à la vie active, trop enveloppé ou engourdi dans les régions
froides pour pouvoir se livrer à des recherches attentives sous la loupe et
le microscope, et même pour dessiner ou décrire convenablement ce qu'il
récolte. Il voit en passant une foule de choses et ne peut presque jamais
s'arrêter aux détails, surtout à ceux qui se succèdent. Rarement il peut
voir le fruit en même temps que la fleur d’une espèce, et il lui est bien
impossible d’étudier le développement complet dans toute l’année. Les
notes recueillies par les plus intelligents d’entre eux se ressentent telle-
ment de ces fatales nécessités, que le plus souvent elles n’ajoutent rien à
ce qu’un échantillon d’herbier peut apprendre au botaniste sédentaire.
C’est donc l’horticulture qui met à notre portée une foule de plantes
exotiques, dans les conditions qui permettent le mieux de les étudier.
Grâce aux espèces variées qu’elle sait réunir et faire prospérer, le
botaniste peut seruter les questions les plus difficiles, et ecla dans des
familles ou des genres de plantes qui n'existent point en Europe. Les
herbiers permettent des travaux d’analyse plus délicats qu’on ne le
pense dans le public, cependant il faut absolument la plante vivante
pour certaines recherches, en particulier sur là disposition relative
des organes, sur leur origine et leur développement. De même pour
l'étude des phénomènes si curieux de la fécondation, ainsi que des
mouvements et des directions de la tige, des feuilles et des parties de
la fleur.
L’horticulture a beaucoup fait pour le progrès de la physiologie bota-
nique, mais elle a encore une grande carrière à parcourir dans ce sens.
Les plus remarquables expériences des physiologistes, celles par exemple
de Hales, de Duhamel, de Knight, ont été faites dans les jardins. Il
en est de même des longues séries d’expériences de Gaertner fils, et plus
récemment de M. Naudin, sur l’hybridation, expériences qui ont trait à
la question toujours capitale de l’espèce. On peut en dire autant de la
multitude des essais qui se font dans les établissements horticoles pour
obtenir de nouvelles races ou variétés. Elles ont une grande portée
scientifique, et ce sont assurément les horticulteurs qui en apprennent
à cet égard aux botanistes.
On pourrait cependant, ce me semble, augmenter l'utilité des jardins
‘
— 149 —
sous le point de vue des expériences de physiologie. Par exemple il y
a encore de grandes lacunes à combler au sujet du mode d’action de la
chaleur, de la lumière et de l’électricité sur les végétaux. J’ai signalé
plusieurs de ces lacunes, en 1855, dans ma Géographie botanique rai-
sonnée (1). Dix ans plus tard, M. Julius Sachs, dans le volume important
qu’il vient de publier sur la physiologie botanique ‘2), remarque à peu
près les mêmes déficits, malgré certains progrès incontestables des con-
naissances. Le mal est toujours celui-ei : quand on veut étudier l’action.
d’une température soit constante, soit variable, soit moyenne, soit
extrême, ou l'effet de la lumière, il est très-difficile et quelquefois im-
possible, si l’on observe dans le cours ordinaire des choses, de se dégager
des variations incessantes de la chaleur et de la lumière. Dans les labo-
ratoires on peut opérer sous des influences nettement déterminées mais
il est rare qu’elles soient assez durables, et l’on tombe aussi dans l’incon-
vénient de mettre les plantes trop à l’étroit dans des tubes ou sous
des cloches. Cette dernière objection est évidente lorsqu'il s’agit de
constater l'influence des gaz répandus dans l’air autour des végétaux
ou celle des végétaux eux-mêmes sur l’atmosphère. Mettez les plantes
sous un récipient, elles ne sont plus dans une condition naturelle;
laissez-les à l’air libre, les vents et les courants déterminés à chaque
instant de la journée par la température, dispersent les corps gazeux
dans l’atmosphère. Personne n'’ignore combien de débats se sont élevés
sur l'influence plus ou moins nuisible des vapeurs que les fabriques
répandent autour d’elles. La ruine tantôt d’un fabricant, tantôt d’un
horticulteur peut venir de la déclaration d’un expert sur ces sortes
d’influences, d’où il résulte pour les savants une impérieuse nécessité
de ne rien avancer sur ces questions délicates, à moins d'expériences
véritablement probantes.
C’est en vue de ces recherches, dont j'indique seulement la nature,
mais qui sont immensement variées quant aux détails, que j'avais posé
naguére (5) la question : « Ne pourrait-on pas construire des serres expé-
rimentales, dans lesquelles on serait maïître d'obtenir, pour un temps
prolongé, des températures déterminées, ou constantes, ou variables, et
variables à volonté? » Ma question a passé comme inapercue dans un
ouvrage volumineux, où elle n’était à vrai dire qu’un accessoire. Je la
renouvelle aujourd’hui, en présence d’un public admirablement qualifié
pour la résoudre. J'aimerais que dans un grand établissement d’horticul-
ture ou dans un jardin botanique, on put mettre à la disposition de quel-
que physiologiste ingénieux et exact, une serre appropriée aux expé-
(1) Pages 46, 49, 57, 1346.
(2) Handbuch der experimental-physiologie der Pflanzen ; un vol. in-8e. Leipsig,
1865.
(3) Géographie botanique (1855), p. 49 et 1346.
— 150 —
riences de physiologie végétale, et voici à peu prés comment je concevrais
ce genre de construction.
Le bâtiment devrait être à l’abri des variations extérieures de tempé-
rature. Pour cela j'imagine qu’il serait en grande partie au-dessous du
niveau du terrain. Je voudrais une construction en maçonnerie épaisse
et en forme de voüte. La convexité supérieure qui s’éléverait au-dessus
du sol, aurait deux ouvertures, l’une au midi, l’autre au nord, afin de.
recevoir ou la lumière directe du soleil ou la lumière diffuse. Ces ouver-
tures seraient fermées chacune par deux glaces bien transparentes, fixées
hermétiquement. Il y aurait en outre des moyens extérieurs de clôture
pour pouvoir obtenir uue obscurité complète, et pour diminuer l’influence
des variations de température, quand on n’aurait pas besoin de lumière.
Par l’immersion dans le sol, par l’épaisseur des murs et en recouvrant
les surfaces extérieures avec de la paille, des nattes, etc., on obtiendrait
la même fixité de température que dans une cave. La construction voütée
aurait une communication souterraine avec une chambre, dans laquelle
se trouveraient la source de chaleur et des appareils d'électricité. On
arriverait dans la serre expérimentale par un couloir fermé de portes
successives. La température serait donnée par des conducteurs métalli-
ques échauffés ou refroidis à distance. Les mécaniciens ont déjà inventé
des procédés pour que la température d’une salle, agissant sur une sou-
pape, détermine la sortie ou la rentrée d’une certaine quantité d’air, de
façon que la chaleur soit réglée par elle-même (1). On pourrait s’en servir
lorsque cette complication serait nécessaire.
Evidemment au moyen d’une serre ainsi construite on suivrait des
plantes depuis leur germination jusqu’à la maturité de leurs graines,
sous des degrés de température et des quantités de lumière parfaitement
déterminés. On pourrait alors préciser comment la chaleur agit dans les
phases successives, du semis à la germination, de la germination à la
floraison, de celle-ci à la maturité des graines. On construirait pour
diverses espèces des courbes qui exprimeraient l'influence de la chaleur
sur chaque fonction, courbes dont on possède déjà quelques exemples
pour les phénomènes les plus simples, comme la germination (2), l’alon-
gement des tiges et le mouvement des sucs dans l’intérieur de certaines
cellules (5). On constatcrait un grand nombre des minima et maxima de
(1) Voir le système électrique de M. Carbonnier, exposé à Chiswick, en 1857, figuré
dans la Flore des Serres et des Jardins, vol. XII, miscell., p. 184.
(2) De la germination sous des degrés divers de température constante, par Alph. de
Candolle, dans la Bibliothèque Universelle de Genève (Archives des Sciences), Novem-
bre, 1865.
(8)Siles courbes n’ont pas été construites, les données numériques pour les construire
existent au moins, dispersées dans les ouvrages. Je citerai, par exemple, la croissance
d’un scape de Dasylirion, d'après Ed. Morren (Belgique hortic., 1865, p. 922). Les
chiffres, par parenthèse, n’y sont pas favorables à l’idée admise que la croissance des
tissus est plus active la nuit que le jour.
— 151 —
température qui existent partout en physiologie, comme limite des phé-
nomènes. On scruterait enfin une question plus compliquée, où la science
a déjà fait des progrès, celle de l’action des températures variables, et
l’on verrait si, comme cela paraît démontré, ces températures sont tantôt
avantageuses et tantôt nuisibles, suivant l’espèce, la fonction envisagée
et la partie de l'échelle thermométrique parcourue.
L'action de la lumière sur les végétaux a donné lieu aux expériences
les plus ingénieuses. Quelquefois malheureusement ces expériences n’ont
abouti qu’à des résultats opposés ou incertains. Les faits le mieux con-
statés sont l’importance de la lumière du soleil pour la coloration en vert,
la décomposition du gaz acide carbonique par les organes foliacés, et
certains phénomènes de direction ou de position des tiges et des feuilles.
Il reste encore beaucoup à apprendre sur les effets de la lumière diffuse,
sur la combinaison du temps et de la lumière, et sur l'importance relative
de la lumière et de la chaleur. Une lumière prolongée pendant plusieurs
jours ou plusieurs semaines, comme dans les régions polaires, produit-
elle, en dégagement d'oxygène et fixation de matière verte, autant d'effet
que la lumière distribuée de 12 en 12 heures comme sous l’équateur ?
C’est ce qu’on ignore. Il y aurait là, comme pour la température, des
courbes à construire, exprimant l’action croissante ou décroissante de la
lumière dans chaque fonction, et puisque la lumière électrique est sem-
blable à celle du soleil, on pourrait dans notre serre expérimentale sou-
mettre des végétaux à une lumière continue (1).
La construction supposée permettrait de faire passer la lumière par
des verres colorés ou au travers de solutions colorées, pour vérifier l'effet
des divers rayons visibles ou invisibles qui entrent dans la composition
de la lumière du soleil. Comme exactitude rien ne remplace la décom-
position du faisceau lumineux par un prisme, avec fixation des rayons au
moyen de l’héliostat. Cependant un bon choix de matières colorantes et
une marche logique dans le mode d’expérimentation conduisent aussi à
de bons résultats. J’en donnerai pour preuve que les expériences récentes
les plus rigoureuses, en ce qui concerne l’action des divers rayons sur la
production d’oxygène par les feuilles et sur la coloration en vert, n’ont
fait que confirmer les découvertes faites en 1836, sans prisme ni héliostat,
(1) L'appareil qui produit le plus de fixité et d’éclai, en fait de lumière électrique,
est la machine maguéto-électrique, fondée sur le développement de linduction par le
mognétisme découvert par lillustre Faraday, La pile y est remplacée par une ma-
chine à vapeur de faible puissance, qui met en mouvement une roue garnie de forts
aimants. (Voyez Biblioth. Univ. de Genève, Archives Scientifiques, 1861, v. 10. p. 160.)
L’entretien en est peu coûteux, mais malheureusement l’achat des aimants est une forte
dépense. Un a appliqué déjà ce système à deux phares, celui du South Forcland-
(Voy. Plul. Mag., April, 1860; Biblioth. Univ. de Genève. v. 8, 1860), et celui de la
Société l’Alliance, au Havre, à la suite d'expériences de MM. E. Becquerel et Tresca.
— 152 —
par M. le professeur Daubeny (1), expériences d’après lesquelles ce sont
les rayons les plus clairs qui agissent le plus, après eux les plus calori-
fiques, et enfin les rayons dits chimiques. Le D'. Gardner en 1843,
M. Draper immédiatement après, et le D'. C. M. Guillemin en 1857 (2),
avaient déjà vérifié au moyen du prisme et de l’héliostat la découverte de
_M. Daubeny, qui renversait les idées répandues depuis Senebier et Tes-
sier, à la suite d’expériences fautives(3). On avait cependant de la peine à
croire que les rayons les plus réfrangibles, le violet par exemple, qui
agissent le plus sur les matières métalliques dans les opérations de la
photométrie, soient précisément ceux qui décomposent le moins le gaz
acide carbonique dans les plantes et qui influent le moins sur la matière
verte des feuilles. Malgré la concordance des résultats obtenus, à la
suite de M. Daubeny, par des procédés plus rigoureux et par plusieurs
expérimentateurs, les anciennes opinions, plus vraisemblables en elles-
mêmes, influaient encore sur les esprits (#), lorsque M. Julius Sachs
dans une série importante d'expériences a constaté une fois de plus la
vérité (). Ce sont bien les rayons jaunes et oranges qui influent le plus,
et les rayons bleus et violets qui influent le moins dans les phénomènes
de la chimie végétale, contrairement à ce qui se passe dans la chimie
minérale, du moins pour le chlorure d’argent. Les rayons peu réfran-
gibles, comme l'orange et le jaune, ont aussi la double et contraire
propriété qui s’observe pour la lumière blanche, de colorer la matière
verte des feuilles et de la décolorer, sous un degré supérieur d’intensité.
Ce sont eux aussi qui altèrent la matière colorante des fleurs, lorsqu'elle
a été dissoute dans de l’eau ou de l’alcool (6). Les rayons dits chimiques,
=——— — © —_——————
(1) Daubeny, Philos. Trans., 1836, part. 1.
(2) Dr. Gardner, Edinb. Phil. Mag., 1844, extrait en français dans la Bibl, Univ.
de Genève, Février, 1844 ; Draper, Edinb. Phil. Mag , Septembre, 1844, extrait,
1844, vol. 54 ; Guillemin (C. M.), Ann. Sc. Nat , 1857, ser. 4, vol. 7, p. 154.
(5) Senebier, Mém. Phys. et Chim. 2, p. 69; Tessier; Mém. Acad. Sc., 1783; Gilby,
Ann. de Chimie, 1821, v."17 ; Succow, Commentatio de lucis effeclibus chemicis, in 4o.,
Jena, 1828, p. 61; Zantedeschi, d’après Dutrochet, Compt. Rend. Acad. Sc., 1844,
sem. 1, p. 855.
(4) Comme preuve de cette persistance de l’ancienne opinion je citerai une phrase
du Professeur Tyndall, dans son opuscule très-clair et très-intéressant On Radiation,
(London, 1865), p. 6 : « In consequence of their chimical energy these ultra violet
rays are of the utmost importance to the organic world. » J’ignore si l’auteur avait
en vue quelque propriété des rayons chimiques sur le règne animal, mais d’après
certains passages de M. Sachs, je doute qu'ils aient plus d'importance dans ce règne
que sur le règne végétal. Du reste, M. Tyndall n’avait pas à s'occuper de ces ques-
tions, il s’est contenté d'élucider admirablement la nature physique des divers
rayons.
(5) Les travaux de M. Sachs ont paru d’abord dans la Botanische Zeitung; ils sont
réunis et condensés dans le remarquable volume intitulé Handbuch der Physiologis-
chen Botanik, vol. 4, Leinsig, 1865, p 1 à 46.
(6) Sir John Herschell, Edinb. Philos. Journ., January, 1843.
— 153 —
tels que le violet, les rayons invisibles au delà du violet, d’après les expé-
riences récentes, confirmatives de celles des anciens auteurs, puis de
Sebastien Poggioli en 1817 (1) et de C. M. Guillemin, n’ont qu'une
seule propriété bien constatée, celle de favoriser la flexion des tiges de
leur côté avec plus d'intensité que d’autres rayons, et cela même serait
un effet peut-être plus négatif que positif, si la flexion provient, comme
beaucoup le croient encore, de ce qui se passe dans le côté le plus mal
éclairé 12). L’extrême opposé du prisme, celui des rayons calorifiques non
visibles à l’œil, a été peu étudié dans ses effets sur les végétaux. D'après
les expériences connues il aurait une action assez faible sur toutes les
fonctions, mais il vaudrait la peine d’explorer mieux cette région calori-
fique du prisme, en employant le procédé de M. Tyndall, c’est-à-dire
au moyen de l’iode dissous dans du bisulfure de carbone, qui ne laisse
passer aucune trace de lumière visible.
Combien toutes ces expériences de laboratoire seraient curieuses à
faire en grand ! Au lieu de regarder dans de petites cases, ou de petits
appareils qu’on tient à la main et où les plantes se voient mal de dehors,
on serait soi-même dans l'appareil. On disposerait les plantes à volonté.
On observerait plusieurs espèces à la fois et des plantes de toute nature,
grimpantes, mobiles, à feuillages colorés, etc. come des plantes ordinai-
res. On prolongerait l’expérience aussi longtemps qu’on le voudrait, et
on aurait probablement des effets inattendus sur la forme ou la colora-
tion des organes, particulièrement des feuilles.
Sur ce point qu’il me soit permis de rappeler une expérience faite
en 1853 par M. de Martius(5). Elle intéressera les horticulteurs aujour-
d’hui que les plantes à feuillage coloré sont de plus en plus à la mode.
M. de Martius avait placé des Amaranthus tricolor, pendant deux
mois, sous des vitraux de diverses couleurs. Avec du verre jaune la
coloration multiple s’était conservée. Les verres rouges avaient géné un
peu le développement des feuilles, et produit à la base du limbe du
jaune au lieu de vert, au milieu de la surface supérieure du jaune au lieu
de brun rouge, au-dessous une tache rose au lieu de rouge pourpre.
Avec des verres bleus, qui laissaient passer un peu de vert et de jaune,
ce qui était rouge ou jaune dans la feuille s’était étendu et il n’était
resté qu’un bord vert. Sous des vitraux violets, presque purs, la feuille
était devenue à peu près uniformément verte, Ainsi au moyen de verres
(1) S. Poggioli, Opuscoli Scientifici, cité par Dutrochet, Compt. Rend. Acad. Sc.,
1844, sem, 1, p. 850.
(2) Les explications, assez confuses et contestables, fondées sur les idées de Dutro-
chet, d’une influence désoxydante du côté le plus éclairé, viennent se heurter contre
le fait que les rayons bleus, indigos, et violets, les moins actifs pour désoxyder les
tissus, sont les plus énergiques pour les courber. :
(3) Gelehrte Anzeige. München, 2 Déc. 1853.
= Vo
colorés, pourvu qu'ils ne soient pas jaunes, les horticulteurs peuvent
se flatier d'obtenir des effets, au moins temporaires, sur la coloration des
feuilles multicolores.
L'action de l'électricité sur les végétaux est si douteuse, si difficile à
expérimenter que j'ose à peine la mentionner, mais on comprend à quel
point les expériences seraient facilitées par la construction supposée.
Quant à l'effet des plantes sur l'air qui les environne et à l’influence
d’une certaine composition de l’atmosphère sur les végétaux, on aurait
de grandes ressources d’expérimentation par le moyen indiqué. Rien
ne serait plus facile que de créer dans la serre expérimentale une
atmosphère chargée d’un gaz nuisible, pour savoir comment il agit,
dans chaque proportion, de jour et de nuit. On pourrait aussi créer des
atmosphères chargées de gaz acide carbonique, telles qu’on suppose en
avoir existé à l’époque de la houille. On verrait jusqu’à quel point nos
végétaux actuels prendraient plus le carbone à l’air et si leur vie générale
s’en accommoderait. On saurait quelles familles de plantes peuvent sup-
porter cette condition, et quelles autres familles n’ont pas pu exister en
supposant que l’air aurait eu jadis une très-forte proportion de gaz acide
carbonique.
En attendant que l’horticulture fournisse à la physiologie des moyens
d’expérimentation aussi commodes, elle avance la botanique descriptive
par les grandes publications qu’elle favorise. La plupart des anciens ou-
vrages à planches, tels que Hortus Eystettensis, Hortus Elthamensis, etc. ;
ensuite ceux de Ventenat, Cels, Redouté etc., puis les Salictum, Pine-
tum, du duc de Bedford, et plus récemment les Rhododendron de l’Hima-
laya par Hooker fils, les ouvrages de Bateman, Pescatore, Reichenbach
fils sur les orchidées, et bien d’autres que je pourrais citer, n'auraient
pas vu le jour s’il n’y avait eu de riches amateurs de jardins pour les
éditer ou les acheter. C’est l’horticulture qui nous a donné les plus
longues séries de journaux à planches qui aient été publiées, et iei je
dois rendre hommage d’une manière toute spéciale aux horticulteurs
anglais. Sans doute les figures des Botanical Magazine, Botanical Regis-
ter, Andrews’ Repository, Loddiges’ Botanical Cabinet, Sweet’s British
Flower Garden, Paxton’s Magazine et Flower Garden, et autres jour-
naux anglais, ne contiennent pas un assez grand nombre des détails
d'analyse demandés par la science de notre époque, mais quelle abon-
dance de formes fixées ainsi par la gravure dans les livres, et quelles
sources précieuses de documents à consulter! Il faut admirer ce Bota-
nical Magazine, commencé en 1795, continué de mois en mois avec une
ponctualité exemplaire, et qui en est aujourd’hui à la planche 5580. Non
seulement il a toujours donné des espèces rares ou nouvelles, mais encore
il a été maintenu sur un plan simple et uniforme, qui le rend commode
à consulter. La série des planches est unique depuis l’origine, chaque
planche porte son numéro, chaque article du texte se rapporte seulement
— 155 —
à une planche, de manière que les citations de l’ouvrage peuvent être
brèves et claires. Beaucoup d’éditeurs n’ont pas compris les avantages
de cette grande simplicité. Ils ont varié les titres, les séries, les pagina-
tions; ils ont fait mettre sur les planches des numéros, puis des lettres,
ou rien du tout, mais en définitive, et ceci devrait leur servir de lecon
pour lavenir, plus ils ont varié et compliqué, moins leurs journaux
ont duré.
Pourquoi faut-il que ces détails purement bibliographiques évoquent
en nous des souvenirs douloureux? De ces quelques hommes dont je
viens de parler, qui ont rendu de si éminents services à l’horticulture
botanique, l’Angleterre en a perdu trois dans l’année 1865 : Sir Joseph
Paxton, le D' Lindley, et Sir William Jackson Hooker(!). Assurément je
manquerais à ce que vous attendez de moi, si je n’exprimais au nom des
étrangers qui assistent à cette séance notre vif regret de pertes aussi
sérieuses. Nous connaissons tous par leurs écrits, et plusieurs d’entre
nous avaient connu personnellement, les trois hommes d'élite dont je
viens de parler. Leurs noms nous poursuivent à chaque pas sur ce théâtre
de leurs travaux. Si nous admirons la hardiesse des coupoles en fer qui
caractérisent les constructions modernes, nous pensons au Crystal Palace,
à Chatsworth, et à l’humble jardinier qui était devenu un grand archi-
tecte, Si nous yvisitons le bel établissement de Kew, nous y voyons
partout la preuve de l’activité infatigable de Sir William Hooker. Enfin
si nous demandons l’origine du jardin de la Société Royale d’Horticul-
ture à Kensington, on nous dit qu’il a été un développement de celui de
Chiswick, où Lindley, naguère, brillait par la science et par l’esprit, de
cette Société où les botanistes de mon âge ont trouvé dans leur jeunesse
des encouragements si précieux pour leurs études.
Les noms de Sir William Hooker et du D' Lindley resteront dans la
science, grâce à des ouvrages tout à fait spéciaux. Ces deux botanistes
ont été cependant les directeurs de journaux horticoles et de grands
établissements d’horticulture, et puisque leur influence avait été si bien
acceptée par les hommes pratiques, j'aurai peu de peine à démontrer, ce
qui est l’objet de la seconde partie de mon discours, que la science est
utile aux horticulteurs, comme l’horticulture aux botanistes.
IT. Utilité de la botanique pour l’horticulture.
Les principes de la physiologie végétale sont ce que les horticulteurs
et agriculteurs recherchent ordinairement le plus dans les ouvrages de
botanique. Ils n’y trouvent pas toujours des réponses directes à leurs
(1) Nous apprenons à l'instant la mort d’un botaniste Irlandais bien distingué,
M. le Dr W. H. Harvey, si connu par ses ouvrages sur les Algues et sur les plantes
du Cap de Bonne Espérance. Il est impossible de ne pas constater ici, ne fut-ce que
par ces quelques lignes, le regret que nous éprouvons d’une perte aussi sensible.
_— 156 —
questions, mais ils peuvent y puiser certaines règles, certaines manières
d’expérimenter et de raisonner, qui leur évitent bien des erreurs. Qu'une
idée bizarre soit lancée dans le public par un ignorant ou un charlatan,
c’est par des notions générales de physiologie que l’homme pratique peut
les rejeter d'emblée, ou au moins s’en défier. Inversement, les nou-
veautés conformes aux principes peuvent être, je dirai même doivent
être accueillies facilement. Ne croyons pas trop aux bons résultats
d'essais faits absolument au hasard. Il en est de ces essais comme des
rêves et des pressentiments : s’ils se vérifient une fois sur mille on en
parle, sans cela on les cache et on les oublie. Au surplus, il faut le dire,
les hommes se dirigent presque tous par des théories, seulement les
théories des ignorants cont souvent sans base et absurdes, tandis que
celles des hommes instruits reposent sur des indices ou sur un ensemble
de faits.
À côté de la physiologie, la géographie botanique enseigne la distri-
bution des végétaux sur le globe, leur lutte contre les éléments, leurs
migrations, et elle soulève déjà quelques lambeaux du voile qui recouvre
la connaissance obscure de leurs origines. Tout cela doit présenter aux
horticulteurs un véritable intérêt. Nous approchons de pouvoir con-
stater par des chiffres l’influence de chaque climat sur les végétaux, par
conséquent la possibilité pour une espèce de supporter les conditions
moyennes et extrêmes de tel pays où l’on voudrait l’introduire. Déjà
nous pouvons montrer de la manière la plus claire l’analogie de végé-
tation et de climat de certaines régions éloignées les unes des autres,
et indiquer dans quels cas on peut essayer ou l’on doit repousser des
tentatives nouvelles de cultures. Un illustre géologue a pu dire d’avance :
il ya de l’or dans telle partie de la Nouvelle Hollande, et l'or y a été
trouvé. Nous pouvons dire aussi : l’Olivier et le Chéne-liège réussiront en
Australie; la région orientale el tempérée des États-Unis est favorable
aux cultures de la Chine, en particulier à celle du thé, et la partie de
l'Amérique comprise entre San Francisco et l’Orégon, donnera un jour
des vins aussi variés et aussi distingués que ceux de notre Europe, entre
le Portugal et le Rhin. Chose singulière ! les deux boissons principales de
l’homme civilisé, qui produisent quelques effets semblables comme exci-
tants, mais qui s’excluent aussi l’une l’autre, jusqu’à un certain point,
dans les habitudes, le vin et le thé, présentent aussi dans la culture qui
les produit des ressemblances et des dissemblances marquées. La vigne
et le thé réussissent sur des coteaux pierreux, primitivement inutiles et
dont ils centuplent quelquefois la valeur. Selon l’exposition, le sol, la
culture et la manière de préparer les produits, on obtient çà et là des
crus de vin ou des qualités de thé d’une supériorité incontestable, les
récoltes voisines, à quelque pas de distance, étant plus ou moins ordi-
naires. Les deux arbustes demandent un climat tempéré, mais la vigne
exige de la chaleur et pas de pluie en été, au contraire le thé demande
— 157 —
peu de chaleur pendant l'été et de la pluie, d’où il résulte entre ces
deux espèces une incompatibilité géographique presque complète. Les
pays de vignobles ne seront point des pays produisant du thé, et vice
versé.
Mais, dira-t-on, ces exemples tirés de la grande culture, ne concernent
ni la botanique ni les jardins. Je prétends le contraire. C’est, à notre
époque du moins, la science qui indique les plantes à cultiver et les pays
où il faut les introduire. L’horticulture en fait l’essai avec une infinité
de précautions. Enfin, lorsqu'elle a réussi, elle livre les jeunes plantes
aux procédés nécessairement plus grossiers de l’agriculture. Avant l’in-
troduction si heureuse des Quinquinas dans les Indes Anglaises et Hol-
landaises, il a fallu des botanistes pour recueillir, distinguer et décrire
soigneusement les diverses espèces de Cinchonas d'Amérique ; il a fallu
ensuite des horticulteurs pour en faire des boutures, en recueillir les
graines, élever les jeunes plantes, les transporter et les établir dans une
autre partie du monde, et là, enfin, la grande culture s’en est emparée.
Le caféier ne s’est pas répandu de proche en proche d'Arabie dans l’Inde
et de l’Inde à Java. Ce ne sont pas les colons Américains qui l’ont fait
venir du pays d’origine dans leurs fazendas ou haciendas. L’arbuste a
été d’abord décrit par les botanistes; ensuite les Hollandais l’ont intro-
duit dans un jardin à Batavia, de là dans le jardin botanique d’Amster-
dam, d’où un pied fut envoyé au roi de France, en 1714. L'officier de
marine de Clicu transporta l’espéce du jardin de Paris dans les colonies
françaises d'Amérique. 11 serait facile de multiplier ces exemples. Aujour-
d’hui la science a fait des progrès, les hommes pratiques s’en servent,
les gouvernements et les peuples ont abandonné ces stupides idées d’a-
près lesquelles une culture avantageuse à un pays était supposée nuire
aux autres. On peut donc espérer de voir, assez promptement, les espèces
utiles implantées dans toutes les régions où elles peuvent prospérer, au
grand avantage de l’humanité considérée dans son ensemble.
Parmi les effets de la science au milieu du public horticole un des plus
évidents a été de susciter le goût de formes variées et peu connues. On
vivait autrefois, dans les jardins, sur un certain fonds de plantes qui
remontaient au temps des croisades, ou même des Romains. La décou-
verte du nouveau monde n’avait pas produit un changement propor-
tionné à son importance, peut-être parce que les horticulteurs ne voya-
gaient pas assez, où ne s’adressaient pas aux pays dont les espèces
pouvaient le mieux convenir à l’Europe. Les botanistes heureusement
furent plus ambitieux. Leurs voyageurs au-delà des mers furent nom-
breux et intrépides. Ils enrichirent les herbiers d’une infinité de formes
nouvelles, et l’on publia des ouvrages tels que ceux de Hermandez,
Rumphius, Sloane, ete., sur les plantes exotiques. On comprit dès-lors
l’immense diversité des végétaux, et en fait de goût, l’élégante simplicité
des fleurs primitives put lutter contre l’excessive parure des fleurs
— 158 —
doubles. Le règne de la tulipe et des pivoines cessa dans les parterres.
La curiosité, ce principe moteur de toutes les sciences, ayant pénétré en
horticulture, le changement des jardins fut rapide. Au lieu de quelques
centaines d'espèces qu’on cultivait au commencement du siècle dernier,
ce sont 20 ou 50,000 qui figurent dans l’ensemble des catalogues actuels.
La seule famille des Orchidées a probablement plus d’espèces différentes
dans nos serres qu’il n’en existait de toutes les familles de plantes il y
a cent ans. La mode, unie à la curiosité moderne des amateurs, fait
abandonner de temps en temps les vieilles plantes pour de nouvelles
et ainsi le règne végétal tout entier finira par passer sous les regards de
l’homme civilisé.
Comment les horticulteurs se reconnaitraient-ils au milieu de ces
invasions d'espèces par milliers, si les botanistes n’avaient imaginé des
procédés commodes de classification et de nomenclature? Les familles,
genres et espèces ont été disposés dans les livres comme les quartiers,
les rues, les numéros de maisons dans nos grandes capitales, avec
cette supériorité de méthode que la forme des objets indique leur place,
comme si en regardant une maison dans une ville on découvrait par
cela même à quelle rue et à quel quartier elle appartient. L’usage de
donner un seul nom à chaque espèce, outre son nom de genre, combiné
avec l’interdiction de changer les noms sans de justes motifs et de donner
le même nom à deux espèces ou à deux genres, dépasse de beaucoup
en régularité nos procédés de désignation des individus. Quelle ne
serait pas la simplification des relations entre les hommes et la facilité
de les trouver un à un, si dans le monde entier, il ne pouvait y avoir
qu’une seule famille s’appelant d’une certaine manière, et si chaque
individu ne pouvait avoir qu’un seul nom de baptême, différent de
ceux des autres personnes de sa famille? Tel est pourtant l’admirable
système de nomenclature que la science a mis à la disposition des horti-
culteurs et qu’ils ne sauraient trop apprécier et respecter (1).
(1) J’ai adressé il y a deux ans à la Fédération des Sociétés d’Horticulture Belges,
une demande, qui paraît avoir été bien accueillie, et qu’il n’est peut-être pas inutile
de reproduire ici. Elle consiste à prier les horticulteurs qui obtiennent de nouvelles
variélés, de ne pas leur donner des noms de forme botanique, avec la désinence
latine, mais plutôt des noms arbitraires, d’une forme toute différente, afin d’éviter
des confusions et des recherches inutiles dans les livres. Par exemple, si lon a
appelé un Calceolaria Sébastopol ou Triomphe de Gand, tout le monde comprendra
qu'il s’agit d’une variété de jardins, mais si on l’a nommée Lindleyi ou mirabilis, on
pourra croire que c’est une espèce botanique. On ira alors la chercher dans les
ouvrages scientifiques ou dans les flores du Chili, et les botanistes venant peut-
être à s’y tromper, la mettront à la suite du genre dans leurs livres, comme une
espèce mal connue. Plus les noms horticoles tranchent sur les noms latins, mieux
cela vaut, à moins toutefois qu’on ne puisse les rattacher clairement à la nomencla-
ture botanique, en indiquant l'espèce, comme lorsqu'on dit Brassica campestris
oleifera. au lieu de dire brièvement Colsa.
III. Effets avantageux du rapprochement de la Botanique et de
l’Horticulture.
En horticulture on a besoin de livres et d’herbiers, comme dans la
botanique scientifique on a besoin de plantes vivantes cultivées. De là
cette nécessité de plus en plus reconnue que les matériaux à comparer
soient rapprochés les uns des autres dans les mêmes villes, dans les
mêmes établissements, et même sous une seule administration propre
à en faciliter l'emploi. Combien d'institutions en Europe, soit particu-
lières, soit officielles, ont à gagner sous ce rapport! Combien de villes
et de pays sont restés en arrière, tantôt en fait de bibliothèques ou
d’herbiers, tantôt en fait d’horticulture. Les hommes spéciaux récla-
ment; espérons que l'opinion publique finira par les écouter ({).
Le rapprochement des moyens matériels d'étude, ai-je dit, est désirable.
Celui des idées et des tendances propres, soit aux botanistes, soit aux
horticulteurs, ne l’est pas moins. Chacune de ces catégories de personnes
doit avoir évidemment des traits distinctifs, mais l'influence de l’une
doit se faire sentir sur l’autre. C’est le moyen par lequel certaines dis-
positions trop exclusives se trouvent combattues et certaines facultés
latentes peuvent se développer. L’horticulture, par exemple, a un côté
mercantile qui entraine quelquefois trop loin. Le charlatanisme peut se
glisser parmi les fleurs. La botanique, au contraire, est une science ; par
conséquent elle repose sur la recherche de la vérité pure et simple. En
se pénétrant de l’esprit scientifique l’horticulteur s’éloigne nécessaire-
ment de tendances trop intéressées. De son côté, l’histoire naturelle,
à cause de la perfection même de ses méthodes, de ses nomenclatures
et de ses observations minutieuses, a quelque chose de technique et
d’aride qui contraste avec la grandeur de la nature et avec le sentiment
de l’art. C’est à l’horticulture, en y comprenant le tracé et le décor des
jardins, de développer le sens esthétique des savants, comme de tout le
monde. Une belle fleur, de beaux arbres, une splendide exposition florale,
font naître une sorte d’admiration et même d’enthousiasme, comparable
aux effets de la musique ou de la peinture. On vante avec raison la
puissance des compositeurs Allemands de l’époque moderne et celle
des peintres Italiens du XVI: siècle, ne peut-on pas dire aussi que les
beaux parcs de la vieille Angleterre, sont dans leur genre à une hauteur
égale, au point de vue de l’art? Le sentiment de l'harmonie dans les
(1) Le jardin botanique de Kew est un bel exemple de ce qui devrait être fait, soit
en grand, soit sur une échelle modeste, dans plusieurs villes où les moyens d'étude
sont encore incomplets ou incommodes.
— 160 —
teintes et dans les formes n’y est-il pas étudié aussi? L’effet des con-
trastes n’y est-il pas habilement calculé? Le passage insensible de
l'architecture aux beautés naturelles n’y est-il pas ménagé d’une manière
admirable? Oui, assurément, les jardiniers paysagistes Anglais ont été
poëtes. Ils ont puisé du moins à la même source d'inspiration que les
écrivains les plus nationaux de leur pays, et cette source est le senti-
ment, si général en Angleterre, du beau dans une nature élégante et
attrayante quoique sérieuse.
Ainsi Messieurs, pour le développement de nos facultés, comme pour
nos intérêts positifs, l’art et la science marchent bien ensemble. Félici-
tons-nous de leur union, rendue visible aujourd’hui par ce Congrès de
botanistes annexé à une grande Exposition d’horticulture, et après ces
réflexions générales, un peu trop prolongées peut-être, abordons les
questions plus véritablement scientifiques auxquelles plusieurs d’entre
vous se disposent sans doute à prendre part.
COMPOSITION DU BUREAU DU CONGRÈS DE BOTANIQUE.
Président.
Professor A. De Canpozce, Professor of Botany, Geneva; Foreign Member of the
Institute of France, etc., etc.
Comité,
Professor Bamincron, F. R. S$., Professor of Botany in the University of compose
Vice-Président.
James BarTemax, F. R. S., Biddulph Grange, Congleton, Vice-Président.
W. H. Baxrer, F.R.H. S., Curator, Botany Garden, Oxford.
J. J. Benwer, F. R. S., Keeper of the Botanical Departement, British Museum,
Vice-Pres ident.
Professor BenrLey, F. L. S., Kings College, Vice-Président.
Rev. M.J. BerxeLey, M. A. F. L. S., Examiner in Botauy iu the University AT
Vice Président.
W. Carroruers, F. L.S., British Museum.
Professor Casrary, Kœnigsberg.
B. CLarkEe, F.L.S., Mount Vernon, Hampstead.
Dr. ALExanper Dickson, Edimburgh.
Cuarces Darwin, F. R. S., Down, Bromley, Vice-Président.
Professor Dausenv, F. R. S., Professor of Botany in the University of Oxford,
Vice-Président.
Dr. J. E. Gray, F. R.S., British Museum, Vice-Président. -
Dr. Hocc, F. L. S., 99, St. Georges Road, Pimlico.
Professor Karz Koca, Berlin. -
Professor Kickx, Ghent.
Mr. Ainenmanx Masrers, F. R. H.S , Canterbury.
— 161 —
Professor Mornen, Liège.
Gizes Nuwey, Lawn Villas, Wood Green, N.
James Me Nas, Curalor, Royal Botanic Garden, Edinburgh.
Joux Miers, F. R.S., 84, Addison Road, Kensington, Vice-Président.
À. G. More, F. L.S., Glasnevin, Dublin.
Dr. D. Moore, F. L.S., Director of the Royal Dublin Society’s Botanic Garden,
Glasnevin, Vice-Président.
Taomas Moore, F. L. S., Curator of the Botanic Garden, Chelsea.
W. Muop, F, L.S., Curator of the Botanie Garden, Cambridge.
Colonel Muwxo F. L.S., Farnboro’ Road, Vice-Président.
AnDprew Murray, F. L.S., Bedford Gardens, Kensington, W.
W. Pau, F.R. H.S., Waltham Cross.
Dr. R.C. A. Prior, F. L.S., Halse House, Taunton, Vice-Président.
Professor ReicHeNBaca, Hamburg.
Taomas Rivers, F. R. H. S. Sawbridgeworth.
Dr. Scauzz Biponrinus, Deidesheim.
Signor Triana, Kew.
J. G. Verrcu, Chelsea.
M. WeppEeLc, Poitiers.
Dr. Wezwirscu, F.L.S., 17, Russell Place, Fitzroy Square, Vice-Président.
M. Wenpzano, Hanover,
Dr. Wiçur, F.R.S., Grazely Lodge, Reading, Vice-Président.
James Yates, M. À., F.R.S., Lauderdale Housse, Highgate.
MaxweLz T. Masters, M. D.,F. L.S., Spring Grove. W.
Hon. Sec.
PREMIÈRE LISTE DE PRÉSENCE.
FRANCE.
MM. Anpré, Paris, Delegate from the French Gouvernement, — Bariccer, Paris. —
Bacrer, Troyes. — Berri, Versailles. — BcLeu, Paris. — Bossin, Paris — BarraL,
Paris. — Camizze Bernarnin, Brie Comte Robert. — BEerGmann, Ferrière en Brie. —
CuarPenTiER, Paris. — Roucier CHauviëre, Paris. — A. Cacuer, Angers. — Cocxer,
Melun. — Duran», Bourg la Reine. — Decare, Orléans. — A. Ducuer, Lieusaint. —
Durré, Paris. — Durcor, Paris. — FonrTane, Paris. — F. GLoëpe, Fontainebleau. —
Courtois GerarD, Paris. — Henniquiv, Angers. — Aupusson-Hiron, Angers. — JAMIN,
Bourg la Reine. — V. Lemoine, Nancy. — Le Sueur, Boulogne (Seine). — Leroy,
Angers. — Luppemann, Paris. — Le Pror. Lecoo, Clermont Ferrand, correspondent of
the « Institut » — Vice-Président. — Asez Lescanc, Fils, Coulommiers. — Le Comte
L pe Lamgerrye, Chaltrait. — Loise, Paris. — Moncer, Fontainebleau. -- Marës,
Montpellier, correspondent of the « Institut. » — Mas, Bourg. — Mazer, Marseilles. —
A. Parvarp, Trianon. — P. Parvann, Trianon. — PeriN, Paris. — Pixez, Rouen. —
Prersporrr, Paris. — Remi-RarouIN, Laval. — Presry-Remonr, Versailles. — Rivière,
Paris. — Simon-Louis, Metz. — Le Sueur, Boulogne (Seine). — ScnzumserGer, Guebville.
— Tuisaur, Paris. — Taouvenez, Orléans. — H. Vicmorin, Paris. — Cu. Vernier, Paris.
— E. Vernier, Paris. — P. Vernier, Paris, — J, Woop, Rouen. — Weppezz, Poitiers.
il
— 162 —
BELGIUM.
MM Bauwens, Brussels. — Baumann, Ghent. — Braucarne, Eename. — Bommer,
Brussels. — Dayeneux, Liége. — Decarce, Liége. — Decarce, Ghent. — Decouirce,
Liége. — Dozn, Liége. — Doucer, Brussels. — Fuxck, Brussels. — Guczy, Brussels. —
Gazorin, Liège. — GaLorin, Liège. — Cu. Van Geerr, Antwerp. — A. Van Geerr, Ghent.
— Van Heure, Antwerp. — Van Hourte, Ghent. — Van Huzce, Ghent. — CannarT
D'Hamare, Brussels, Sénateur, delegate from the Belgian Government. — Proressor
Kickx, Ghent, Vice-President. — KeGeLsAN, Namur. — Kinarp, Antwerp. — Lien,
Brussels, delegate from the Belgian Government. — Proressor Lemaire, Ghent. —
Dr. Lonewycrx, Ghent. — Van pen Hecxe DE Lemsecxe, Ghent. — Ar. ne Mgesren,
Antwerp. — Proressor Morren, Liège, Vice-Président. — Morren, Brussels. — Jacog
Makoy, Liège. — Oruvier, Verviers. — Baron Osy, Antwerp — Pynarrr. Ghent. —
Sreczxer, Ghent. — Tiecens, Brussels, delegate from the Belgian Government. —
AzrreD Van Vorxem, Brussels. — J. van Vorxem, Vilvorde. — J. Verscxarrecr, Ghent,
Auger. VERSCHArFELT, Ghent. — Vermeucenx, Malines. — Léon Warocqué, Brussels. —
Arraur WarocQuÉ, Brussels. -- Sicart Carouizzer, Mons. — LE BARON LE CANDELE,
Antwerp.
HOLLAND.
MM. Bogrrwer, Greussen. — Jar. M. W. M. de Brauw, The Hague. -— VAN DER
Brink, Utrecht. — Tu. Van Der Bom, Oudenbosch. — Cankrien, Rotterdam. — GROENE-
vVEGEN, Amsterdam. — Gzym, Utrecht. — Jar. M. Hozurrr van Vecsen, Amsterdam —
Vice-President of the Amsterdam Exhibition, 1865. — S. Knurrez, Amsterdam. —
D. Knurrez, Amsterdam. — Arte Kosrer, Boskoop. — KreLace, Haarlem. — Born,
Boskoop. — Wizzix, Jun., Amsterdam. — Le Cuevazier Oscar De Warynurr, Boort,
Meerbeuck.
GERMANY.
MM. E. Benary, Erfurt. — L. Booïx, Hamburgh. — Proressor Conn, Breslau. —
M. Ersuicn, Herrenhausen. — Proressor Casparv, Konigsberg, Vice-Président. —
Proressor Karz Kocx, Berlin, Vice-Président. — Dr. NeuserT, Stultgart. — PROFEssOR
Reicmensacu, Hamburgh. — Scaupr, Stuttgart, delegate from the Government of
Wurtemburg. — E. Secco, Potsdam. — Srreicuenserc, Berlin. — Da. F. W. Scxurz,
Weissenberg. — Dr. Scuuzz BiponriNus, Deidesheim. — Wenpcanp, Herrenhausen,
Vice-Président.
SWITZERLAND.
MM. Proressor À. pe Canvozce, President. — Proressor Meissner, Bâle, — Ones,
Zürich. — Kussmaaz, Berne.
ITALY,
M. Max Nisson, Naples.
PORTUGAL.
Sienor José po Canro.
AMERICA.
M. Parmi, New Orleans. — 8iexor Triana, New Grenada, Vice-President.
_T0@
— 163 —
Le Congrès.
Le Congrès a tenu deux grandes séances. Il a présenté surtout un
caractère scientifique. Des communications sérieuses et nouvelles ont
été faites. I1 a été dirigé avec la plus haute sagacité par M. De Candolle,
qui a reçu dans les diverses réunions auxquelles il a assisté, les témoi-
gnages les plus sincères de la haute estime dont son nom et sa personne
sont entourés. Un public nombreux assistait aux séances. Cependant
les discussions n’ont pas été nombreuses, et, en général, chaque orateur
s’est borné à présenter un résumé de la communication qu'il adressait
au Congrès. Ces communications doivent être réunies en un volume,
pour faire suite à ceux de Bruxelles et d'Amsterdam.
Toute la botanique anglaise a pris part directement ou indirectement
à l’organisation du Congrès, comme toute l’horticulture de la Grande
Bretagne a participé au succès de l’exposition. Les remerciments et les
éloges sont donc généraux et il est difficile de citer des noms. Cependant
nous ne saurions taire ceux des trois secrétaires MM. Masters, Hogg et
Moore sur lesquels le travail effectif a pesé de tout son poids. Leur
abnégation, leur modestie, leur inébranlable assiduité au travail ont
tout préparé et tout conduit à bon port, c’est-à-dire au succès. Puissent
les étrangers être contents, avons-nous entendu dire, et nous serons heu-
reux. Les étrangers n’ont Jamais assisté à une plus imposante manifesta-
tion de l’horticulture scientifique.
Il aurait été difficile de réunir une société plus nombreuse et mieux
choisie de personnes s’occupant de botanique et d’horticulture ; il en est
venu de presque tous les états de l’Europe et l’Allemagne même, malgré
les craintes et les préparatifs de la guerre qui avaient retenu beaucoup de
monde, était largement représentée.
Nous ne pouvons citer des noms de crainte de remplir plusieurs pages.
Les réunions et les fêtes ont été nombreuses ; les unes publiques, les
autres d’un caractère privé. C’est dans ces occasions que les amitiés se
fondent ou se resserrent. Le déjeuner du jury a été plein d’entrain.
Puis, au soir, le grand banquet du Guildhall, sous la présidence du Lord
Maire ; banquet de six cents couverts, avec tout le cérémonial habituel,
dont nous, étrangers, n’avions aucune idée et dont le souvenir ne s’effa-
cera jamais de notre mémoire. La soirée du Musée Kensington a présenté
un caractère particulier de distinction. La Société Linnéenne, les hor-
ticulteurs à St. Martin Hall, M. Veitch, M. Maxwell Masters, M. R. Hogg,
et d’autres ont donné des fêtes charmantes. Pendant toute une semaine
on a vécu loin des choses de ce monde, dans le règne serein des fleurs,
de la science et de l’amitié. Ce sont d’heureuses journées, heureuses
surtout pour ceux qui savent en jouir sans arrière pensée.
— 164 —
La Société royale d’horticulture, le jardin zoologique, le jardin de
Kew, le Jardin botanique, avaient largement ouvert leurs portes au
étrangers. |
Une circulaire claire et concise a été envoyée à toutes les personnes
qui avaient manifesté leur adhésion, pour leur fournir les renseigne-
ments pratiques et les indications nécessaires pour leur séjour à Londres.
Les étrangers étaient particulièrement invités à se présenter, aussitôt
leur arrivée, au bureau de la commission organisatrice et on leur remet-
tait aussitôt des cartes et des invitations à leur adresse. Beaucoup ont
négligé cette démarche et n’ont ainsi pas connu toutes les politesses qui
leur étaient faites.
Le jury a été divisé en sections de quatre personnes chacune, trois
anglais et un étranger. Cette proportion était de la plus sincère équité.
Chaque section avait seulement cinq ou six concours à examiner. Cepen-
dant le travail a été de plusieurs heures pour la plupart d’entre elles.
Partout a régné le plus grand ordre.
L'horticulture belge à l'exposition de Londres.
Nous extrayons du résultat des concours les distinctions qui ont été
obtenues par des belges.
Aer Concours. — 6 Wouvelles plantes introduites en Europe par
lexposant.
Ar prix (6 liv. st.) : M. J. Linden.
3° » (4 liv. st.) : M. J. Linden.
3° Concours. — Une plante nouvelle, en fleurs, introduite en Europe par
l’exposant.
4° prix (3 liv. st.) : M. J. Linden.
4° Concours. — Une plante nouvelle, introduite en Europe par l'exposant.
Ar prix (3 liv. st.) : M. J. Linden.
2 » (2 liv. st.) : M. J. Linden.
5e Concours. — 12 plantes nouvelles.
2e prix (5 liv. st.) : M. J. Linden.
17e Concours. — 12 plantes herbacées à feuillage panaché.
4e prix (3 liv. st.) : M®e C. Legrelle-d’'Hanis.
18e Concours. — 920 plantes utiles ou médicinales.
Ar prix (5 liv. st) : M. J. Linden.
53e Concours. — Une Orchidée nouvelle, présentée en fleurs pour la
première fois.
4" prix (3 liv. st.) : M. J. Linden.
— 165 —
36° Concours. — 6 Palmiers.
3° prix (3 liv. st.) : M. Amb. Verschaffelt.
39° Concours. — 3 Cycadées.
A7 prix (5 Liv. st.) : M. Amb. Verschaffelt.
85° Concours. — 10 Yuccas etc., de serre froide.
2e prix (7 liv. st.) : M. J. Verschaffelt.
89° Concours. — 24 Agaves.
47 prix (10 liv. st.) : M. J. Verschafïelt.
90° Concours. — 10 Agaves.
2% prix (3 liv. st.) : M. J. Verschaffelt.
191 Concours. — Une paire de Lauriers en boule.
Ar prix (3 liv. st.) : M. J. Verschaffelt.
Plantes nouvelles exposées par M. X. Linden.
Anthurium regale, Lin. — Pérou oriental, 1866.
Bignonia ornata, Linn. — Rio-Negro, 1866.
Cyanophyllum spectandrum, Lip. — Maynas, 1866.
Dichorisandra Musaica, Lin. — Maynas, 1866.
Marantha (Calathea) Lindeni, WazLis. — Pérou 1866.
Philodendron Lindeni, Wazr. — Ecuador, 1866.
/
Echites rubro-venosa, Lin. — Rio-Negro, 1866.
Eranthemum igneum, Lin — Maynas, 1866
Marantha Illustris, Liv. — Amazone-supérieure, Pérou, 1866.
Marantha roseo-picta, Lixn. — Amazone supérieure, 1866.
Psychotria nivosa, Lip. — Campos del Parana, 1866
Tradescantia undata, Lin. — Pérou, 1866.
Apocynea sp. — Pérou oriental, 1866.
Gesneriacea sp. — Pérou, 1866.
Marantha princeps. Liv. — Amazone supérieure, 1866.
Marantha virginalis, Lin, — Pérou oriental, 1866.
Marantha velutina, Liv. — Amazone supérieure, 1866.
Smilax marmorea Lin. — Rio-Negro, 1866.
Anecdotes et faits divers.
À l'exposition de Londres, un horticulteur, nous ne savons lequel,
mais ce doit être un penseur, avait exposé les plus admirables Pe-
largoniums à grandes fleurs qu’on puisse imaginer. En regard,
il avait étalé, sèchés sur du papier, les Pelargonium di y «a
soixante ans. Quel contraste, quelle différence! quels progrès. On se
— 166 —
surprenait à rêver en regardant cela. Qu'est-ce donc cette modification
profonde que subissent les végétaux sous l'influence intensive du climat
artificiel de nos cultures. Qu'on l'appelle domestication, acclimatation,
variation ou de quelqu’autre nom, il importe peu. Le fait est que la
modification est profonde et que si le fond reste, si l’espèce est inébran-
lable, la forme varie dans de merveilleuses proportions. Considérée à ce
point de vue, l’horticulture est un art dans l’acception la plus sincère de
ce mot. On écrira, quelque jour, une belle histoire en racontant la
généalogie des plantes des jardins.
On sait que le musée de Kensington (South Kensington Museum)
est une des merveilles de Londres. Il a quelque anologie avec le Musée
de Cluny à Paris. Cependant il est plus encyclopédique et plus moderne.
Il est largement ouvert au public et les travailleurs de toute sorte y trou-
vent des modèles et des indications. Une soirée, sous le nom Converza-
sione, a été donnée au congrès dans ces vastes et riches galeries, bril-
lamment illuminées. Une harmonie jouait les meilleurs morceaux de
son répertoire. Pendant notre promenade nous nous sommes trouvé
en face d’une Fougeraie (fernery en Anglais; filicetum en langage scien-
tifique) d’un effet magique. C’est une serre, ou plutôt une vaste cage de
verre accolée en dehors du bâtiment à cinq fenêtres fermées par une
glace. Chaque fenêtre laisse voir un paysage rocailleux, avec des eaux,
des fougères, des sélaginelles, des mousses. On ne peut pénétrer dans
l’enclos bien qu'il soit assez vaste, mais il est destiné simplement à
montrer des effets de lumière et de verdure à exciter l'imagination
des artistes. La science n’exelut pas le culte des arts et beaucoup d’entre
nous ont été vivement impressionnés par ces scènes du monde végétal.
Voici une petite industrie de nos voisins d’outre manche que nous
recommandons aux pauvres diables du continent. Séjournant à la cam-
pagne, près de Londres, fin de mai, au moment de faire les jardins nous
voyions passer tous les matins de petites charrettes à bras, chargées de
plantes fleuries, Geranium, Verveines, Calcéolaires, Pétunias et autres.
Ceux qui les trainaient criaient aux vieux habits et vantaient leurs belles
plantes. Ils vont ainsi de porte en porte, de cottage en cottage ou de
Lodge en Lodge offrant d'échanger leurs plantes contre quelque défro-
que. Ce pelargonium pour un vieux chapeau. De quoi fournir une cor-
beiile pour un paletot ou une robe hors de mise. Les ménagères qui ne
consentiraient pas à recevoir de l'argent pour les déchets de leur
garde-robe ne dédaignent pas de débattre un échange. Le jardin se
garnit ainsi sans frais et la petite industrie du colporteur n’est pas sans
profit.
Nous étions étonné de la profusion de Calcéolaires ligneuses à fleur
jaune qu'on voit à Londres. Il en vient, avec d’autres plantes, par char-
— 167 —
rettes tous les matins au marché de Covent-Garden. Dans la journée, les
revendeurs parcourent les rues avec elle. Elle abonde chez tous les
fleuristes. Nous exprimions notre étonnement à l’un d’eux, simple étala-
giste, et nous lui demandions pourquoi cette fleur est si répandue. How
should you produce yellow, comment done produiriez vous du jaune,
répondit-il.
C’est vrai. Dans le gout actuel des jardins les feuilles et les fleurs sont
disposées comme une mosaïque ou une tapisserie. Il faut des couleurs
vives, tranchées, pures. La calcéolaire ligneuse donne le jaune.
LE FLEURISTE DE PARIS.
Nous avons fait, à l’automne dernier,une visite à ce merveilleux éta-
blissement, placé sous la direction de M. Barillet-Deschamps et situé
avenue d'Eylau n° 157, près du bois de Boulogne. Nous engageons tous
les amateurs d’horticulture qui sont à Paris à aller voir ce jardin. Ils y
apprendront beaucoup et y verront une foule de bonnes choses. Ce
fleuriste est en quelque sorte le centre de tous les squares qui embellissent,
assainissent et égaient Paris. Son importance est considérable et il
possède actuellement une collection de 6,000 espèces environ, quelques
unes assez bien représentées, par exemple les Hæmanthus par 18,000
individus ; les Erythrines, par 20,000 spécimens, les Cannas, par
300,000 souches; les Hibiscus, les Musa, les Ficus, le Caladium, à
l’avenant. : :
Il est quelquefois désigné sous le nom de jardin de la Muette. Son but
est de cultiver une partie des plantes destinées aux squares. En outre on
y essaie toutes les espèces ou variétés nouvelles qui peuvent rendre des
services à l’horticulture publique.
Le vaste service du jardinage de Paris est placé sous la haute direction
de M. Alphand, ingénieur en chef. M. Barillet-Deschamps est directeur
général. M. Troupeau est jardinier principal des squares de la ville,
M. André, jardinier principal des squares d’annexion (Mont-Rouge,
Vaugirard, Grenelle, Batignolles, etc.)
Le service comporte, outre l'établissement de Passy, plusieurs autres
jardins considérables. Ainsi le fleuriste pour les plantes annuelles et
vivaces de pleine terre est au bois de Vincennes et d’une étendue de
dix hectares. Il est placé sous la direction de M. Jarlot, chef de culture.
La pépinière pour les Conifères, au bois de Boulogne; celle des arbustes
à feuilles caduques, celle des arbres d’alignement, à Petit-Bris, au-dessus
de St. Maur, sont cultivées par M. Laforcade, jardinier principal.
4
Nous nous bornons à transcrire quelques notes prises à la hâte.
| — 168 —
À l’entrée est un jardin d'expérience. Nous y remarquons un Sola-
num Sieglingi : il a trois ans et six mètres de hauteur : un véritable
tronc supporte une ample cyme. Autour sont des Solanum cornutum,
Phytolacca dioïca, Nicotiana Wigandioïdes, Montagnea Heracleifolia
qui rivalisent de puissance et de développement. La collection de Ba-
naniers est au complet. Tout un massif en est formé en plein air. Cer-
taines plates-bandes sont chauffées au gaz : cette géothermie produit des
effets merveilleux.
Nous avons oublié de dire tantôt, que M. Barillet-Deschamps est
secondé dans son habile direction, par M. Gérard Ermens, jardinier
principal du fleuriste. Dans le personnel nous avons rencontré plusieurs
belges, MM. Delchevalerie, Lambotte et d’autres.
Nous remarquons l’Ofacanthus cæruleus qui convient particulière-
ment pour les plates-bandes d’automne. Dans le voisinage est un
Gynereum panaché très-fort et une autre Graminée, le Cinna arundi-
nacea, qui produit un fort bel effet. Une touffe de Saccharum perennis
rivalise d'élégance.
Puis encore de ces plantes majestueuses, ornementales comme on les
appelle et qui donnent à nos jardins modernes un caractère tout
nouveau. Ce sont des plantes à placer isolément, dans les meilleurs con-
ditions possibles de développement sous les rapports du sol, de la
chaleur, des arrosements, etc. Tels sont : un Senecio Ghiesbrechti qui
était en fleurs; le Montanoa mollissima. Composée très-florifère; le
Solanum belaceum aux fruits rouges: le Ferdinanda eminens qui en
trois ans atteint des dimensions prodigieuses; le Bocconia frutescens,
l’Uhdea bipinnata, etc.
Nous notons encore ici le Parkinsonia aculeata qui abonde au Sénégal ;
le gracieux /pomœu Horsfalliæ aux fleurs rouges, l’Andropogon hale-
pense, et l’Eryanthus Ravennæ deux superbes graminées; le Psidium
Cattleyanum en fruits et le Sinclairea violacea aux feuilles argentées
par dessous.
Nous nous trouvons en face de grands massifs. D'abord une corbeille de
Ficus, ressemblant à l’elastica, mais d'espèce nouvelle et plus complai-
sante pour la culture en pleine terre. Le jardin possède une collection
de 112 espèces de Ficus. Puis un massif d’Aralia et un autre de Cannas.
Ce sont des masses à grands effets.
Nous arrivons aux serres. Voici celle pour la multiplication, une autre
dite de sévrage; deux serres à Pelargonium, une pour les Aroïdées;
une autre pour les Solanées; la serre des Begonia; celle des feuillages
ornementaux. Chacune a 28 mètres de long sur 8,20 de large.
On nous donne, à ce moment, la recette pour le mattage des vitres au
printemps. La préparation consiste en + de vert en poudre; 5 de blanc
d’Espagne; 100 litres de colle de pot; pas d’eau.
Plus loin nous assistons à la rentrée des Hibiseus, des Ficus et des
— 169 —
Bananiers ; ils arrivaient par tombereaux et on leur faisait la toilette de
repos : les déchets des Bananicrs étaient assez abondants pour être
recueillis, transportés à une usine et utilisés pour la préparation de
fibres textiles.
Dans une autre serre sont les Camellias en caisse. Ils servent princi-
palement aux fêtes de l’hôtel-de-ville. Lorsqu'ils sont groupés dans les
salons, le matin même du bal, on coupe dans une autre serre où les
Camellias sont en pleine terre, autant de fleurs que de besoin et on va
les attacher au feuillage des premiers. La floraison est ainsi plus fraîche
et l’on obtient aisément tous les effets qu’on veut produire. On nous
fait remarquer dans cette vaste orangerie, trois Camellias que l’on
considère avec prédilection comme des souvenirs de l’Impératrice José-
phine. Elle les avait achetés chez M. Tamponet et les avait transportés
elle-même dans sa voiture, au palais où elle les avait cultivés. Ce sont
les Camellia pomponia rosea, pomponia mutabilis et Alba plena varie-
gata. Ils sont aujourd’hui de grands arbustes.
= Nous parcourons une serre tempérée, remplie de grands végétaux,
longue de 33 mètres, sur 15 de large et 6 de haut.
Puis une serre à Fougères, construite sur un modèle nouveau, de
M. Basset, constructeur Boulevard Montparnasse et qui se recommande
notamment par l’absence de toute buée sur le vitrage. Nous passons une
longue revuc des Solanum dont nous n’avions jamais vu une aussi belle
réunion. Nous arrivons au carré des chassis : il y en a trois mille.
Plus loin enfin sont les services de ménage; les hangars, la remise
d’été, etc., etc.
Ce sont des notes légères et même superficielles que nous venons de
transcrire. Nous ne saurions faire connaître en quelques pages un
établissement de premier ordre et d’une nature particulière et nouvelle.
Le jardin de la Muette, création de M. Barillet-Deschamps, est au nombre
des établissements qui intéresseront le plus l’étranger, amateur d’horti-
culture qui visite Paris.
Nous venons de recevoir un extrait du Catalogue général. Ce titre est
trop modeste et le livre est rempli de documents utiles pour ceux qui
s'intéressent à la culture de leur jardin. Nous voulons en faire juge nos
lecteurs, d'autant plus volontiers que ce document est peu répandu.
VÉGÉTAUX EXOTIQUES A GRAND FEUILLAGE ET A TRÉS-GRANDE VÉGÉ-
TATION, POUR ÊTRE EMPLOYÉS ISOLÉES OU EN GROUPES A LA DÉCORA-
TION DES PARCS ET JARDINS PENDANT LA BELLE SAISON.
Aralia papyrifera. — Plante ornementale, d’une végétation très-
vigoureuse; à planter isolément ou en groupe sur les pelouses, où elle
produira le meilleur effet.
— 170 —
Aralia leptophylla. — Splendide espèce, différente de ses congé-
nères par ses feuilles palmées du plus bel effet.
À planter isolément en terre de bruyère.
Artocarpus imperialis. — Plante d’un très-bel effet, réclamant
pendant l’été un compost de terre de bruyère et de terreau.
Artocarpus integrifolius. — Placé en pleine terre, l’été, à une
exposition chaude, dans un compost de terre de bruyère ct de terre
franche, et arrosé avec de l’engrais liquide, il deviendra l’un des plus
beaux végétaux d'ornement des jardins.
Arundo donax. — Plante employée pour décorer le bord des
rivières et pièces d’eau.
Arundo donax fol. varieg. — Très-ornemental, mais d’une végé-
tation lente dans nos régions. Il préfère un compost de terre de bruyère
et de terre franche.
Arundo mauritanica. -- Espèce très-vigoureuse et rustique.
Astrapæa Wallichii. — Planter dans un compost riche en humus
et arroser copieusement avec de l’engrais liquide pendant la végétation.
Balantium antarticum. — Fougère arborescente; plantée à mi-
ombre en terre de bruyère, elle atteindra promptement une grande
végétation.
En employant cette Ju pour la décoration des jardins, on ae
des effets inconnus jusqu'ici.
Bocconia frutescens. — À planter isolément sur les pelouses où
son feuillage SIauque et sa végétation luxuriante en feront une décora-
tion du printemps à l’automne.
Bœhmeria argentea. — Gigantesque Urticée à planter à mi-
ombre ; grand feuillage maculé de blanc d’un bel effet.
Bombax ceiba. — Superbe arbre exotique. Planter isolément sur
les pelouses, en terre de bruyère, et arroser avec l’engrais liquide.
Brachyglottis repanda (Cineraria repanda). — Plante à large
feuillage argenté en dessous ; placée isolément dans un compost de terre
franche et de terre de bruyère, elle produira en pleine terre le meilleur
effet pendant toute la belle saison.
Canna musæfolia giganten. — Cette variété donne les plus
grandes feuilles du genre, elles atteignent quelquefois 1 m. de longueur.
Canna nigricans. — Grand feuillage pourpre foncé; ses fleurs
ressemblent à celles des Gladiolus.
Avec un compost de terreau et de terre franche, et arrosée avec de
l’engrais liquide, cette plante atteindra facilement 3 m. de hauteur.
Cyathea ausiralis. — Fougère arborescente à grande végétation,
qui a parfaitement réussi en pleine terre pendant l'été.
Coccoleba excoriata. — Planter isolément en pleine terre pen-
dant la belle saison, dans un compost riche en humus.
Colocasia albo-violacea. — Belle et curieuse espèce à pétioles
LITE
panachés de blanc et de vert ; ornementale et d’une belle végétation en
pleine terre. |
Colocasia bataviensis. — Le plus beau et le plus gigantesque
de tous les Colocasia ; ses feuilles à pétioles violacés atteignent 1 m. 50 c.
de longueur. D’un beau port.
Colocasia metallica (Caladium metallicum). — Trés-belle espèce
à grandes feuilles couleur métallique ; très-ornementale.
Colocasia odorum. — Grande espèce arborescente d’un très-bel
effet. A placer en pleine terre isolément ou par groupes dans les endroits
un peu abrités.
Crescentia macrophylila. — Placé isolément en terre de bruyère
pure dont le sous-sol sera drainé, et arrosée pendant sa végétation avec
des engrais liquides, cette superbe plante ne tardera pas à développer
son riche feuillage. |
Cyanophylilum magnificum. — Plante à grand feuillage moiré
en dessus, violet en dessous. Pour obtenir une belle végétation en pleine
terre l'été, il sera bon, au mois de juin, de la placer en terre de bruyère,
sur une couche chaude, à mi-ombre et abritée des vents.
Cyperus papyrus. — À placer dans un sol riche, isolément ou en
groupes, soit sur les pelouses, soit au bord des rivières ou pièces d’eau ;
arroser avec des engrais liquides pendant sa végétation.
Dillenia speciosa. — Planter dans un mélange de terre de
bruyère et de terre franche, assainir le sous-sol au moyen du drainage
et arroser avec de l’engrais liquide pendant la végétation.
Dracæna draco. — Un des plus beaux et des plus rustiques Dra-
cæna, pour la pleine terre pendant l'été. Au bout de quelques années,
le tronc atteint facilement 1 m. 50 c. à 2 m. de hauteur, couronnée par
une tête formée de nombreuses feuilles de 1 m. 50 c. de longueur.
Planter en terre de bruyère additionnée d’un peu de terre franche.
Dracæna indivisa. — L'une des espèces les plus ornementales
comme plante isolée. La placer en terre de bruyère et l’arroser avec des
engrais liquides pendant sa végétation.
Entelea arborescens. — À grande végétation; la placer isolément
dans un sol très-riche et arroser copieusement avec de l’engrais liquide.
Eucalyptus Globulus. — Plante de l'Australie, acquérant de
grandes dimensions sous notre climat (5 m. de hauteur dans une année).
Son feuillage d’un vert glauque blanchâtre, et quelquefois teinté de
rose, produit un bel effet dans les jardins paysagers.
Ferdinanda Eminens (Cosmophyllum Cacaliæfolium). — Com-
posée exotique, atteignant de très-grandes dimensions dans notre pays;
ses pousses dépassent quelquefois 5 m. de hauteur pendant le cours de la
végétation ; ses feuilles atteignent jusqu’à 50 c. de longueur. Pour obtenir
un grand effet, planter isolément sur les pelouses dans un compost riche,
et arroser fréquemment avec de l’engrais liquide.
— 172 —
L'établissement possède un cxemplaire âgé de 2 ans, qui mesure dé m.
de hauteur et dont la tête a 5 mètres de largeur.
Fourcroya gigantea. — Placée isolément sur les pentes, dans les
jardins paysagers, cette plante y produira l'effet d’un Agave d'Amérique.
Gastonia digitata. — Splendide Araliacée à grand feuillage palmé,
porté par de longs pétioles.
Planter isolément dans un compost de terre de bruyère et de terreau.
Gomphia theophrasta. — Planté isolément en terre de bruyère
à l’exposition chaude, ses jeunes pousses de couleur rose produiront un
bel effet.
Grevillea robusta. — Espèce vigoureuse et d’un très-bel effet
ornemental ; à placer près des bordures des pelouses dans un compost
de terre ie et de terre de bruyère. Arroser fréquemment avec de
l’engrais liquide pendant la belle saison.
Guarea brachystachia. — Splendide Méliacée dont les feuilles
pennées atteignent jusqu’à 1 m. de longueur.
Hernandia sonora. — Plante dont le feuillage à centre rouge
vif tranche sur les autres végétaux.
Elle se cultive en pleine terre, pendant la belle saison dans un
mélange de terre de bruyère et de terreau. Arroser légèrement avec de
l’engrais liquide, et l’on obtiendra un bel effet ornemental de cette
superbe Hernandiacée.
Hibiscus ferox. — Pour obtenir, l’été, en pleine terre, tout l’effet
ornemental dont cette plante est susceptible il est urgent de la mettre
sur couche à mi-ombre et de la garantir artificiellement du soleil. Planté
dans un mélange de terre de bruyère et de terre franche, ses feuilles
atteindront 40 c. de diamètre.
Jambosa magnifica. — Planter isolément en terre de bruyère,
arroser avec de l’engrais liquide et pincer la plante pour la faire ramifier.
Laportea crenulata. — La plus belle des Urticées; placée isolé-
ment à une exposition chaude et à mi-ombre, dans un compost riche en
humus, et arrosée fréquemment avec de l’engrais liquide, ses feuilles
atteindront 1 m. et plus de longueur.
Laportea gigantea. — Ne diffère du précédent que par son feuil-
Jage rond et pulvérulent.
Mappa fastuosa (Jomalanthus). — L'une des plus splendides et
riches plantes introduites récemment dans les cultures. Plantée isolément
dans un mélange de terre de bruyère et de terre franche, elle acquiert en
peu de temps un grand développement. Les larges taches rouges de ses
tiges et de ses pétioles la feront placer au premier rang parmi les plantes
ornementales.
Melanoselinum decipiens. - Ombellifère à très-grande végé-
tation, dont les feuilles atteignent 1 m. de longueur. Planter isolément
dans un sol léger.
— 175 —
Melianthus major. — Plante d’orangerie de la famille des Zygo-
phyllées, abandonnée depuis longtemps ; cultivée en pleine terre, elle
est aujourd’hui une plante très-ornementale. Son feuillage glauque se
détache agréablement sur les pelouses, dans les jardins paysagers.
Montagnea heracleifolia. — Son port majestueux ct son grand
feuillage en font une plante indispensable dans les jardins et parcs
d'agrément. Elle atteint jusqu'à 5 m. de hauteur.
Montanoa mollissima. — Composée à fleur blanche, formant
de très-belles touffes sur les pelouses pendant la belle saison.
Nicotiana Wigandioïdes. — L'un des végétaux les plus orne-
mentals; atteignant de 4 à 5 m. de hauteur. Planter dans un sol très-
riche et arroser copieusement avec des engrais liquides.
Perymenium discolor. — Plantée dans un sol très-riche (terreau
de fumier), cette plante formera à l’automne des touffes qui auront 3 m.
de diamètre sur autant de hauteur.
Phytolacca dioïea (Bella sombra du sud de l'Italie). — L’un des
végétaux les plus remarquables par sa rapide végétation et par la grande
dimension qu’atteint le tronc; il n’est pas rare de voir des sujets ayant
30 c. de circonférence, dès la fin de la première année. Cet arbre est
très-facile à conserver en orangerie.
Polymnia maculata. — Plantée isolément dans un sol très-riche
en humus, elle ne tardera pas à développer des touffes qui atteindront
à l’automne 2 ou 3 m. de diamètre et se couvriront pendant deux mois
de nombreuses fleurs jaunes.
Recommandée pour l’ornementation des grands parcs.
Pterospermum acerifolium. — Placée isolément en terre de
bruyère, dans l’endroit le plus chaud du pare, elle produira des touftes
de plus de 2 m. de hauteur. Ses larges feuilles, blanches en dessous,
la feront placer au premier rang des plantes d'ornement.
Rhopala corcovadensis. — Superbe plante à grand feuillage vert
en dessus et rouge ferrugineux en dessous. À planter en terre de bruyère
pure avec drainage. Elle préfère une exposition à mi-ombre.
Rhopala glaucophylla. — Diffère du précédent par sa rusticité
et son feuillage pubescent et blanchâtre.
Sinclairea violacea (discolor). — Plante à feuillage blanc argenté
en dessous. Placée en terre de bruyère par groupes de 5 ou 6 sujets,
elle sera très-décorative.
Sanrauja assamica. — Semi-ligneuse, à grande végétation, feuil-
lage argenté en dessous ; très-ornementale, demande à être plantée dans
un compost de terre de bruyère et de terre franche et arrosée pendant
le cours de la végétation avec l’engrais liquide.
Saurauja mollis. — Semi-ligneuse, à feuillage très-grand et d’un
beau vert.
Cette plante peut atteindre 2 in. 50 c. dans une seule végétation.
— 174 —
Saurauja sarapiquensis. — Espèce nouvelle, à grand feuillage
plissé, teinté violet. Planter isolément, sur couche si c’est possible.
Sciadophyilum pulchrum (Aralia pulchra). — Une des plus
belles et des plus rustiques Araliacées, pour la pleine terre pendant la
belle saison. Placée soit en groupes, soit en massifs, en terre de bruyère,
elle réusira assurément.
Un massif de cette plante, fait en 1865 au parc Monceaux, a été
très-admiré.
Solanum auriculatuim. — Très-grande espèce sans épines, tiges
sous-frutescentes, grandes feuilles ovales-oblongues, laineuses, d’un vert
gai, plus blanches en dessus; à l’aisselle des feuilles : fleurs en corymbe,
petites, violacées; baies globuleuses, jaunâtres. Plante ornementale,
remarquable par sa belle végétation.
Solanum betaceum. — Superbe espèce, atteignant 5 m. de
hauteur; tiges frutescentes, droites, vertes, maculées de gris et her-
bacées au sommet; feuilles cordiformes d’un pied et plus de longueur,
épaisses, luisantes en dessus; fleurs blanches rosées, baies grosses,
d’abord vertes-jaunâtres et ensuite rouges.
Espèce très-ornementale, d’un très-bel effet, en forts pieds isolés ou
groupés.
Solanum betaceum purpureum, — Variété du précédent, à
feuilles pourpres.
Solanum calycarpum. — Très-belle espèce épineuse, à tiges,
pétioles et feuilles revêtus d’un duvet violacé, surtout aux extrémités ;
feuilles très-grandes, cordiformes, aiguës, à larges dents, presque
gaufrées et plus épineuses en dessous qu’en dessus; calice violet non
épineux, fleurs violettes.
Belle plante ornementale atteignant 1 m. et plus de hauteur.
Solanum crinitum. Superbe plante de la Guyane, à tiges
frutescentes, velues et épineuses, épines violettes à la base et blondes au
sommet; feuilles très-grandes, épaisses, ridées, d’un vert plus foncé en
dessus qu’en dessous, et à nervures violacées en dessus ; les jeunes feuilles,
très-velues, sont d’un vert pâle; fleurs grandes, blanches et à cinq
divisions.
Solanum encodontum. — Grande espèce à tiges vertes, duve-
teuses, purpurines dans quelques parties, et revêtues de grosses épines
éparses; feuilles grandes, laciniées-dentées-sinueuses (9 dents), molles,
pubescentes, plus foncées en dessus ; sommité revêtue d’un duvet fauve.
Planter isolément dans un compost riche en humus, et arroser fréquem-
ment d'engrais liquide. |
Sparmannia africana. — Très-ancienne plante cultivée jusqu’à
ce jour en pots ou en caisses, où elle ne produit que peu d'effet. Placée
l'été en pleine terre, dans un compost de terreau et de terre franche, avec
arrosages abondants d’engrais liquides, elle sera une plante très-orne-
mentale pendant toute la belle saison.
— 175 —
Spathodea gigantea. — Plante vigoureuse à grand feuillage
léger. Planter en terre de bruyère, par groupes de trois, à À mètre de
distance.
Stadmannia australis. — À très-grande végétation et à feuillage
ornemental. Méritant de prendre rang parmi les plus beaux végétaux
pour l’ornement des jardins pendant l’été.
A planter en terre de bruyère pure.
Sterculia acuminata. — Très-bel arbre de l'Afrique septen-
trionale. Planté en terre de bruyère, il végète très-vigoureusement ; son
port et son feuillage en feront une belle plante ornementale pour les
jardins pendant l'été.
Terminalia mollis. - À très-grande végétation et à grand feuil-
lage vert clair, rameaux horizontaux. Planter dans un mélange de terre
de bruvère et de terre franche.
Theophrasta imperialis (Curatella). — L'un des plus beaux
végétaux à cultiver l’été en pleine terre. Planté dans un mélange de terre
de bruyère et de terre franche, il développera, pendant la belle saison,
des feuilles de 75 cent. à 80 cent. de longueur.
Udhea bipinnata (Montagnea elegans Kocn). — Plante rustique
produisant beaucoup d’effet en pleine terre. Placé dans un sol riche,
un exemplaire a atteint, pendant l’année 1865, 3 m. de hauteur sur
autant de largeur.
Urtica arborea. — À planter en groupes ou en massifs à mi-
ombre, pour produire un bon effet.
Verbesina alata. — Placée isolément dans un sol riche, cette
plante formera de très-fortes touffes qui fleuriront à l’automne.
Verbesina gigantea. — À très-grande végétation et à grand feuil-
lage; placée isolément, cette plante atteindra, pendant le cours de la
belle saison, 1 m. 50 c. à 2 m. de hauteur et produira le meilleur effet.
Verbesina Sartorii (pinnalifida). — Espèce formant de très-forts
buissons, s’élevant à 2 m. de hauteur; la placer dans un mélange de
terreau et de terre de curures de rivière ou pièce d’eau; arroser en
abondance pendant la belle saison. Recommandable.
Wigandia caracasana. — À planter isolément ou par groupe de
trois dans un sol très-riche, pour produire un bel effet.
Wigandia urens. — À feuillage plus arrondi que le précédent.
Wigandia Vigierii. — Gigantesque espèce, acquise par l’Établis-
sement à M. le baron Vigier, amateur distingué de Nice.
Belle plante d'ornement, remarquable par un noble port et une forte
végétation. À isoler ou à grouper sur les pelouses.
Solanum giganteum. —- Espèce sous-frutescente, épineuse,
tomenteuse et blanchâtre ; feuilles lancéolées, grandes, accompagnées de
plus petites naissant à leur aisselle; fleurs en corymbe, nombreuses,
petites, pourpre-violet.
— 176 —
De forts sujets de cette plante produisent un bel effet pour la décoration
des jardins paysagers.
Solanum laciniatum. — Grande espèce non épineuse, à tiges
succulentes, sous-frutescentes à la base, sillonnées ; feuilles pinnatifides,
à lobes linéaires-lancéolés, le terminal allongé ; quelques feuilles entières,
linéaires-lancéolées; fleurs bleues, grandes, à cinq divisions ; baies sub-
globuleuses, déprimées, jaunâtres.
Très-belle plante ornementale, remarquable par sa végétation luxu-
riante ; à placer isolément en terre substantielle.
Solanum macranthum. — Très-grande espèce pouvant produire
dans l’année des pousses de 4 m. de hauteur. Son grand feuillage à
larges divisions en fera l’une des plantes les plus ornementales et des
plus recherchées pour les jardins.
Planter isolément en. compost riche en humus et arroser souvent avec
de l’engrais liquide.
Solanum marginatum. — Arbrisseau de plus de 2 m. de hauteur,
épineux, rameaux supérieurs tomenteux et recouverts d’une pulvérulence
blanche; feuilles épineuses, presque cordiformes,sinueuses-lobées-obtuses,
tomenteuses, blanches dans le jeune âge, puis verdâtres avec une bordure
blanchâtre en dessus. Pétioles, pédoncules, pédicelles, calices blancs,
tomenteux ; fleurs grandes, blanches, avec une petite étoile pourprée au
centre; baies globuleuses, jaunes, pendantes.
Ses tiges et son grand feuillage argentés produisent un effet admirable
dans les jardins paysagers.
Solanum robustum. — Très-belle espèce épineuse, s’élevant à
2 m. de hauteur. Tige revêtue d’un duvet blanchâtre et fauve, ailée, ainsi
que les pétioles, par la décurrence des feuilles, qui sont très-grandes,
veloutées et revêtues, surtout dans leur jeunesse, d’un duvet roux
éclatant. Inflorescences scorpioïdes. Fleurs petites, d’un blanc jaunûtre.
C’est une plante très-ornementale et recommandable par sa rusticité.
Solanum Siegiingii. — Grande espèce sous-frutescente, atteignant
3 m. de hauteur. Tiges vertes, sillonnées, revêtues d’un duvet rude et
munies d’épines à large base, brunes au sommet. Feuilles très-grandes,
cordiformes, lobées, molles, tomenteuses, un peu HSE et armées
d’épines vertes.
Ce Solanum est remarquable par sa belle végétation et par le magnifique
effet qu’il produit, placé soit en groupes, soit isolément sur les pelouses.
Solanum Warscewiczioïdes. — Espèce nouvelle à très-grand
feuillage ; plante extra-ornementale. |
Cette belle plante est très-distincte des autres espèces par sa grande
dimension ; ses belles feuilles, argentées en dessous, atteignent de 90 c.
à 1 m. de longueur sur 60 c. de largeur.
Mérite d’être placée au premier rang parmi les plantes ornementales
pour la pleine terre d’été.
— 177 —
Xylophylila latifolia. — Très-belle Euphorbiacée, beau feuillage.
Plante ornementale; la placer isolément en terre de bruyère, et avoir
soin de pincer souvent l’extrémité des rameaux pour les faire ramifier.
Xylophylla montana. — Plus gracieuse que la précédente, à
feuilles plus fines. Employée pour la pleine terre en été et pour les
appartements en hiver.
PRÉCIS HISTORIQUE DU CONGRÈS POMOLOGIQUE
DE FRANCE.
Depuis longtemps les Sociétés d’horticulture de France, notamment celle du Rhône,
avaient remarqué que les questions se rattachant à la culture fruitière, agitées dans
leur sein n’aboutissaient qu’à une controverse sans résultat. Après avoir multiplié les
efforts pour arrêter les progrès d’un mal qui minait la pomologie et qui jetait la con-
fusion dans les discussions et dans les rapports, on pense que le seul moyen, pour
terminer les luttes et de fixer le nom et la synonymie des fruits, était d’appeler à un
Congrès les Sociétés d’horticulture et les pomologues expérimentés.
La Société impériale d’horticulture pratique du Rhône fut invitée à prendre l’initia-
tive, et elle institua le Congrès pomologique, composé : 10 de délégués représentant
les associations horticoles et agricoles de France ; 2° de membres titulaires; 3° de mem-
bres participant aux travaux de la session pour laquelle ils se sont fait inscrire.
Le Congrès tint sa première session, à Lyon, en septembre 1856. Son programme
portait notamment : art. {r. Tous les fruits qui portent plusieurs noms, cause de tant
d'erreurs et de déceptions, n’en porteront à l’avenir plus qu’un seul; ce nom sera
celui qui aura été imposé par l’obtenteur ; si celui-ci est inconnu, c’est le nom le plus
généralement connu qui prévaudra, ou bien encore celui admis dans la localité où le
fruit a été découvert. Art 4. Le Congrès in’admettra pas ou écartera tous les fruits
aujourd’hui répandus qu'il connaîtra inférieurs ou de mauvaise qualité, attendu que le
nombre de bons fruits est déjà considérable.
Fidèle à son programme, le Congrès établit des listes de fruits adoptés et définitive-
ment dénommés dans les diverses sessions annuelles qui eurent lieu jusqu’à ce jour.
La 2e session eut encore lieu à Lyon, en 1857; mais, à partir de cette époque, le
Congrès alla s'inspirer dans les diverses régions de la France; c’est ainsi que succes-
sivement les sessions eurent lieu : en 1858 à Paris, en 1859 à Bordeaux, en 1860 à
Lyon, en 1861 à Orléans, en 1862 à Montpellier, en 1865 à Rouen, en 1864 à Nantes,
en 1865 à Dijon; la session prochaine, en 1866, aura lieu à Melun. Partout accueilli
avec faveur, dirigé par des hommes de savoir et d'influence, le Congrès pomologique
de Lyon accomplit sa mission.
Ce fut en 1862, à Montpellier, qu'il fut décidé que le Congrès pomologique de Lyon
prendrait le titre de Congrès pomologique de France; ce fut à partir de cette même
époque que, pour mettre le sceau à son œuvre, le Congrès commença à publier un
travail important ayant pour titre : la Pomologie de la France ou histoire et
description de tous les fruits cultivés en France et admis par le Congrès pomologique.
Ouvrage publié avec le concours de toutes les Sociétés d'agriculture et d’horticulture
francaises.
Un volume (en deux éditions, l'une avec figures noires, l’autre avec figures colo-
riées) est publié chaque année et livré moyennant le prix de 10 francs pour l'édition
à figures noires et de 25 francs pour l'édition à figures coloriées. Trois volumes ont
12
— 178 —
paru; ils comprennent 159 descriptions (151 poires et 8 pommes). La 4e volume, que
le Congrès prépare, comprendra ce qui reste à décrire dans les genres Poires et Pommes.
Encouragé par la bienveillante protection de Son Excellence le Ministre de l’Agricul-
ture, du Commerce et des Travaux publics qui a honoré l’œuvre et la soutient par une
souscription importante, le Congrès Pomologique de France, dirigé dans l'intervalle
des sessions par un conseil administratif siégeant à Lyon, poursuivra consciencieuse-
ment sa tâche.
BIBLIOGRAPHIE.
Les plantes à feuilles ornementales en pleine terre,
par M. le comte Léonce De Lambertye(). — L'avant-propos de cet
ouvrage nous a paru si vrai et exposer d’une manière si lucide la pensée
de l’auteur, que nous croyons bien faire de le reproduire pour faire
connaître cet utile manuel.
« J’ai toujours aimé, dit M. le Comte de Lambertye, à reconnaître la
valeur des hommes qui se rendent utiles; or, personne, selon moi, n’a
fait plus pour l’art moderne des jardins que M. Barillet-Deschamps. Il a
créé par l'introduction des plantes tropicales en pleine terre, pendant
l’été, un genre d’embellissement grandiose qui frappe et qu’on admire.
« En 1855, il était nommé jardinier en chef de la ville de Paris, sous
la direction de M. Alphand ; en 1856, il traçait les corbeilles des îles du
bois de Boulogne et le plantait en Canna, Caladium et autres espèces des
régions chaudes ; en 1857, il dessinait et meublait le square de la tour
Saint-Jacques; en 1857, celui du Temple; 1858 et 1859 furent consacrés
au vallonnement et à la décoration des Champs-Elysées; son œuvre en
1862, enfin, est le pare Monceaux, parc modèle par le parti qu’il a su
en tirer, par sa tenue, par la profusion des végétaux précieux qu'il ren-
ferme.
« L'esprit, étonné de ces formes inusitées, de ces effets prodigieux de
sève, de ces richesses et diversités de feuillage, se reporte un moment à
la végétation luxuriante du Nouveau-Monde dont Alexandre de Humboldt
a décrit poétiquement les splendeurs dans ses Tableaux de la Nature.
« Je ne restai pas insensible à ce nouveau spectacle. Ma pensée domi-
nante fut dès lors de chercher les moyens de faire passer dans mes cul-
tures les plantes qui fixèrent le plus mon attention lorsque je visitai
chaque année, et à des époques différentes, les jardins de la ville de
Paris. Grâce aux échanges que la ville autorise et à nos relations avec les
notabilités de la botanique et du jardinage, je parvins vite à me composer
une collection assez étendue pour me permettre des essais et des études.
« Le travail que je présente aujourd’hui en est le résumé. Il renferme
(1) A Paris, chez M. A. Goin, 1 vol. in-12 de 554 pages, avec des gravures. 2 fr.
— 179 —
les descriptions seulement des plantes à feuilles ornementales que je
possède et le mode de culture que j'ai suivi. Ce travail laissera donc à
désirer. J'aurais pu me donner la vaine satisfaction de le grossir en y
introduisant toutes les espèces qu’on rencontre dans les parcs et squares
de Paris, mais il eut fallu parler de ce que je ne savais pas assez, et Je
ne l'ai pas voulu. D'ailleurs rien de plus mobile que cette population
végétale, la liste n’en sera jamais close; car, tandis que l’empressement
qu’on apporte aux choses nouvelles fait apparaître chaque année des
végétaux inconnus jusqu'alors, d’autres végétaux parfois d'un grand
mérite disparaissent pour faire place à ceux qui arrivent.
« Ce petit livre est à l’adresse des propriétaires, des jardiniers en
maison qui manquent de renseignements sur le choix, la culture et le
parti à tirer de ces plantes à feuillages, comme ils les nomment. Je
l'ai divisé en trois parties: la première comprend les principales
espèces de Solanum ; la deuxième, les principales espèces et variétés de
Canna; la troisième un mélange d'espèces appartenant à d’autres genres.
« Cte LÉONCE DE LAMBERTYE. »
Il n’est dans tout cela qu’une seule phrase contre laquelle nous nous
inserivons en faux. Nous l’avons soulignée. Ce sont les bons livres qui
se font ainsi par l’observation et l’expérience ; les livres consciencieux.
Celui de M. le comte de Lambertye réunit les mérites de la science et
A e
de la pratique. Il sera fort utile à quiconque veut avoir un beau jardin.
Manuel de l'amateur de fruits. PREMIÈRE PARTIE. L’arboricul-
ture fruitière en dix lecons, par M. En Pynaerr, professeur à l’École
d’horticulture de l’État à Gendbrugge lez-Gand(). — Ce livre ap-
prendra la culture et la taille des arbres fruitiers à toute personne qui
se donnera la peine de le lire. La peine ne sera pas bien grande. Le
style est clair et correct, simple et attrayant. La distribution des ma-
tières est judicieuse. Une lecon préliminaire de physiologie végétale.
Puis la création et la distribution du jardin fruitier, la plantation,
le choix des variétés, etc. Ensuite le semis, la multiplication et la taille.
L'auteur aborde alors en particulier la conduite du pêcher, de l’abrico-
tier, du prunier, du cerisier, du poirier, du pommier, de la vigne et des
arbustes fructifères. Il discute tout ce qui concerne la taille d’été, et son
livre est terminé par une série de renseignements pratiques. Il sera
suivi d’une seconde partie, pour paraître à la fin de cette année et con-
cernant la description abrégée, la culture et la taille des meilleurs fruits
à cultiver en Belgique.
(1) Gand, chez M. H. Hoste, 1866. 1 vol. in-12° de 400 pages avec 89 figures in-
tercalées dans le texte.
— 180 —
Nous n’avons que des éloges à décerner à M. Ed. Pynaert : ils sont
sincères et nul de ceux auxquels nous conseillons la lecture de ce manuel
ne nous contredira. (Nous reviendrons sur cet ouvrage.)
Le Bulletin du Congrès international de botanique et
d'horticulture réuni à Amsterdam en 1865, vient de paraître. Ce
volume est fort bien fait et présente un intérêt réel. 11 réflète d’une
manière complète et exacte les délibérations de cette assemblée ; sa
rédaction a dû demander beaucoup de peines à M. Rauwenhoff secrétaire-
général du Congrès. Le volume est distribué gracieusement à toutes les
personnes présentes au Congrès.
Flore cryptogamique des flandres, œuvre postume de
Jean Kickx. Publiée par Jean-Jacques Kicrx, chargé du cours de
botanique à l’Université de Gand, directeur du jardin botanique. —
Ceux qui s'occupent des végétaux inférieurs, connaissent les nom-
breuses publications du professeur J. Kickx, notamment sa Flore Cryp-
togamique des environs de Louvain, qui date de 1855, et ses savantes
Recherches pour servir à la Flore cryptogamique des Flandres insérées
de 1840 à 1855 dans les mémoires de l’Académie royale de Belgique. —
Ces écrits lui ont valu une place distinguée parmi les botanistes célèbres,
La Flore, que nous annoncons aujourd’hui, est le fruit du travail de
l’éminent professeur pendant les huit dernières années de sa laborieuse
existence. Cette œuvre, conçue d’après un plan nouveau, est entièrement
au niveau de la science, telle que l’ont reconstruite les cryptogamistes les
plus renommés de notre époque, avec la plupart desquels l’auteur était en
relation : elle ne doit pas être uniquement considérée comme la Flore
locale d’une grande partie de la Belgique, mais plutôt comme un traité
général de cryptogamie; et, surtout à ce dernier titre, elle recevra à
l'étranger un accueil aussi favorable que dans notre pays.
Les familles, au nombre de 21, y sont groupées dans un tableau
synoptique, d’après leurs affinités naturelles; elles sont reprises, en
suivant le même ordre, dans le corps de l’ouvrage, et précédées d’un
exposé organographique détaillé et complet. Les genres, pour lesquels
d’autres tableaux indiquent la distribution dans chaque famille, sont
décrits d’une manière comparative ct divisés en sections, chaque fois
qu'ils renferment un nombre assez considérable d’espèces. La descrip-
tion de ces dernières est plus étendue que dans aucune Flore publiée
jusqu’à ce jour; leur nombre dépasse 2000, sans compter celles qui
sont considérées, par la science moderne, comme états préformatifs ou
transitoires d’autres types spécifiques. À chaque espèce ou variété sont
jointes une synonymie très-soignée et une indication d’exsiccata ou de
figures qui permettra au lecteur de contrôler l'exactitude des détermi-
nations. Une foule d’observations critiques sont en outre intercalées
dans le texte.
— 181 —
La partie matérielle fera l’objet de soins tout particuliers : la Flore
cryptogamique des Flandres, qui paraitra dans le courant de l’année
1866, formera deux beaux volumes très-grand in-8, sur papier fort et
satiné, comprenant ensemble 900 à 950 pages environ, en texte exces-
sivement compacte.
Le prix est fixé à 15 francs pour les souscripteurs ; il sera porté à
20 francs dès la mise en vente.
Les demandes de souscription sont reçues chez M. Annoot-Braeckman,
imprimeur, Marché aux Grains, à Gand.
Les Renonculacées du littoral belge. — Ce travail posthume
de J. Kickx vient d’être publié par son fils M. J.-J. Kickx actuellement
chargé de l’enseignement de la botanique à l’Université de Gand. C'est
une monographie critique rédigée d’après des notes que J. Kickx avait
laissées à la suite de nombreuses explorations sur les côtes de notre
pays.
La belgique horticole. — Notre œuvre vient d’être appréciée
avec bienveillance et sympathie dans le Moniteur universel (n° 91, 1866).
Nous croyons pouvoir recueillir ces éloges, non pour en tirer vanité,
mais comme un encouragement à faire de notre mieux et à cause de ce
qui en rejaillit sur d’autres. Sans doute notre confrère et ami, M. André,
a été trop indulgent, mais il a tenu compte de notre bonne volonté et
de notre désir de bien faire.
Les publications spéciales, où tout concourt au même but et qui
approfondissent le sujet qu’elles se sont choisi, prennent de plus en
plus faveur. C’est ainsi que nous avons en France plusieurs organes
de l’horticulture qui rendent de signalés services. Ils embrassent toutes
les innovations qui paraissent dans notre pays et tiennent compte du
mouvement progressif de l’étranger. On sait combien, tout orgucil
national à part, nous sommes redevables, sous ce rapport, à nos voisins
d’outre-Manche et de Belgique. Les résumés de leurs publications ne
peuvent être qu’incomplets, quelque soin qu’on mette à les reproduire
fidèlement dans nos revues, et il faut se résoudre, surtout pour ce qui
nous vient de l’Angleterre, à des traductions écourtées.
Il n’en est pas de même pour la Belgique. Les journaux horticoles
de cette contrée « chérie de Flore, » comme disaient les poëtes de
la Régence, sont rédigés dans notre langue, et le mouvement de l’horti-
culture, grâce aux introductions perpétuelles de nouveautés, y est
assez important pour les défrayer d'articles originaux. Or, il vaut
toujours mieux recourir aux sources, et, même en matière de culture,
les originaux sont préférables aux copies. Les véritables amateurs
feront donc bien de consulter les revues belges, soit la Flore des serres
de Van Houtte, soit la Belgique horticole dirigée avec autant de science
LL 460 ne
que de soin par M. Edouard Morren, professeur de botanique à l’uni-
versité de Liége.
Fondé depuis longues années par son savant et regretté père, M. Charles
Morren, un des meilleurs botanistes dont s’honore la Belgique, la Bel-
gique horticole a conservé et augmenté même son importance première :
c’est une publication qui réunit, chose rare! le contrôle de la science
aux indications de la pratique, et qui peut à la fois passer pour une
revue botanique et une revue horticole. Dans notre temps, où il est si
difficile de se faire ou de conserver une couleur locale, une manière à
soi, le journal d'Edouard Morren garde, avec une physionomie tran-
chée, un parfum bien à lui.
Ainsi, sous le titre Panthéon de l’horticulture, il a publié une série
de notices sur les sommités de la science des jardins, que l’on ne trouve-
rait si complètes dans aucun autre journal. Des chapitres spéciaux à
lui également, comme l’Architecture horticole, la Floriculture des salons,
la Zoologie horticole et la Pathologie végétale, les Plantes utiles, la
Géographie botanique, sont traités d’une manière que nous voudrions
voir imiter par les Revues analogues. La littérature horticole même
y prend place à l’occasion, et nous ne trouvons pas que cela soit un
hors-d’œuvre désagréable de voir les questions techniques parfois entre-
mélées d’un intermède de beau langage.
Ce sont là de bonnes traditions et des innovations heureuses. Certes
il manque bien à lu Belgique horticole, — puisque rien ne peut être
parfait ici-bas, — de présenter un intérêt spécial à la France. Malgré
soi, un recueil est toujours de son pays. Mais nous ne sayons si ce
ne serait pas plutôt une qualité. Notre climat est plus doux que celui
de la Belgique, par conséquent la besogne plus facile; et puisque avec
ces conditions les Belges sont encore nos maitres sur plusieurs points,
nous croyons qu'il est utile de nous pénétrer mieux de leurs procédés
de culture.
NOTE SUR LA VIGNE FRÉDÉRICTON (R. &r M.)
Voyez Planche XI.
Le raisin Frédéricton est un gain de MM. Robert et Moreau d'Angers.
Il nous a été communiqué, en 1865, le 20 septembre, par M. L. J. Galopin,
notre excellent pépiniériste liégeois, qui. dans son catalogue, le recom-
mande comme un fruit de première qualité, à grappe très-grosse, à
grains noirs gros et très-bons. Nous pouvons confirmer en tout point
cette recommandation. Le grain avait une saveur vineuse et sucrée, Nous
avons du réduire la grappe pour l’approprier à notre format.
— 183 —
CALENDRIER DU MARAICHER.
Résumé des opérations mensuelles du potager,
par M. Eu. Ropias.
MAI.
Semis et plantations. — Nous ne pouvons énumérer ici toutes
les variétés dont nous recommandons le semis, ou la plantation : nous
avons eu soin d'indiquer les meilleures à chaque culture spéciale. C’est
le moment du semis principal des haricots à rames et des haricots prin-
cesse destinés à la provision sèche pour l’hiver ; dans les terres légères,
on fait le semis au commencement du mois, et vers la fin, dans les terres
fortes. Le semis d’arroche se continue toujours. Il faut semer aussi :
l’artichaut, la bette, le cardon, le pissenlit, les tomates à bonne exposition
aux premiers jours du mois, le chou de Savoie, le chou de Poméranie,
le rutabaga, les choux non pommés ; dès sa première quinzaine, les
choux raves, les choux-fleurs, la chicorée qui fournit la salade blanche
d'hiver, le persil, le pourpier, la claytonie, le quinoa, la tétragone, sur
terreau, les dernières betteraves à salade, encore des radis, des salsifis,
des scorzonères, le scolyme d’Espagne. Vers le milieu du mois, il faut
semer les potirons, les concombres, les choux de Chine en bon terreau,
pour repiquer le plant fort jeune, les laitues d'été; faire le deuxième
semis de brocoli à la fin du mois ; semer enfin le maïs pour confire, à
l'instar des cornichons, ses épis à demi formés, ou pour utiliser la plante
comme fourrage. Cette culture est assez avantageuse, si l’on ne peut
autrement employer un terrain déjà vide, car jamais, à cette époque de
l’année surtout, un sol fertile ne peut demeurer sans produire : la jachère
d'été n’est admissible que dans un terrain trop pauvre ou épuisé ; et s’il
peut être amélioré ou amendé par un autre moyen, il est inutile d’y
recourir. Le cas d’épuisement du sol ne saurait, du reste, s’offrir que
dans un maraicher fort mal soigné où l’on n'observe point la rotation des
cultures (voir ASSOLEMENTS).
On procède à la plantation des Cucurbitacées de toute sortes, courges,
concombres et même melons. On repique à l’exposition chaude le jeune
plant de baselle provenant de couche. On plante la betterave à salade du
semis d'avril et le céléri du deuxième semis. On plante les choux de
Bruxelles en carrés et comme contre-plants aux romaines déjà en place.
On plante les choux de Savoie, les cabus, ceux d’Yorck. Le repiquage
des luitues se succède de quinze en quinze jours : on en contre-plante
aux cardons. On plante des tomates entre les laitues, du céléri-rave entre
les endives, des laitues et des endives sur les ados du céléri commun.
— 184 —
On plante les tubercules d’olluco, les fragments de rhizome de l’ig-
name de Chine, si l’on veut encore tenter cette culture. On peut mettre
en place sur terrain bien fumé les potirons semés en petits pots au mois
de mars; le giraumon choufleur ou à moelle peut-être traité de la même
manière : il faudrait couvrir de cloches, si on plantait plus tôt. Vers
le 15, on plante avec leur motte les tomates semées sur couche en février;
on met en place le basilic venu sur couche, en ayant soin de lui conserver
la motte : on tient quelques pieds en pots pour les rentrer en automne.
Multiplier de boutures la sauge et le romarin, à l’ombre, en petits pots
ou en pleine terre. Planter les aubergines tenues en pots sous châssis, et
le piment à exposition chaude.
Il faut que les plantations, en général, soient combinées de telle sorte
qu’elles produisent successivement, à mesure que les précédentes s’épui-
sent. Ceci concerne le jardinier-marchand au même titre que l’amateur :
ce dernier, toutefois, n’obéit qu'à ses goûts, tandis que l’autre doit con-
cilier à la fois ses intérêts et l’entrain souvent bizarre des consommateurs,
qui exigent à telle époque fixe un produit qu’ils dédaignent peu de Jours
après. Il importe donc que le jardinier, pour régler les semis suivant les
besoins de l'exploitation et de façon à trouver sous la main du plant
assez fort pour être repiqué en temps utile, connaisse bien le temps que
les graines mettent à germer et sache activer ou retarder la pousse des
jeunes plantes d'après les circonstances.
Travaux divers. — Les sarclages, binages, serfouissages et éclair-
cissages se poursuivent et se répétent. Aux premiers jours du mois, il
faut retrancher aux artichauts les rameaux superflus et mettre du fumier
consommé autour de leurs pieds; biner et ratisser les asperges avec
prudence pour ne pas blesser les pousses qui arrivent à fleur de terre.
Le céléri doit-être bien sarclé. On procède à l’écimage ordinaire des féves
de marais. On met des cendres de bois autour des haricots fraichement
semés et on a soin de briser les croûtes que les pluies forment souvent
au-dessus des graines. Le mais demande un buttage; il faut aussi le
débarrasser des jets superflus. Butter l’oxalide crénelée en couchant les
tiges pour les couvrir de terre ; butter la capucine tubéreuse, les pommes
de terre hâtives; lier les endives plantées à bonne exposition au com-
mencement du mois; garantir du soleil le jour et du froid des nuits les
jeunes potirons, les tenir découverts s’il fait doux et pluvieux, afin
d’assurer leur reprise. Donner des rames aux pois du semis d'avril, et
aux haricots parvenus à leur troisième feuille. Quelques praticiens
mettent les rames en même temps qu’ils font le semis. Il faut couper les
stolons aux fraisiers à mesure qu’ils se produisent, à moins qu’on n'ait
besoin de multiplier, et enlever les tiges florales des variétés remontantes,
destinées à donner leurs fruits seulement vers l’automne.
En ce mois, les arrosements deviennent plus multipliés, surtout si
|
did
— 185 —
le temps est chaud et sec, comme cela arrive quelquefois ; néanmoins,
on n’arrosera encore, que le matin et non le soir, car, si les journées
sont déjà chaudes, le rayonnement nocturne produit souvent une dimi-
nution brusque de température et occasionne, sous notre climat, de ces
gelées blanches si funestes à la végétation. Les arrosements du soir ne
feraient que rendre l’effet plus fâcheux. Quant aux fumiers concentrés et
aux engrais liquides, on évitera de les donner par un temps sec et chaud;
il faudra nécessairement attendre un moment de pluie, afin de ne pas
exposer les plantes à être brülées.
Produits. — Les radis succèdent à ceux de couche. Toutes sortes
de légumes verts sont en rapport. Les pois de la Ste. Cathérine et de
la Chandeleur donnent leurs quelques gousses. On cueille les premières
fèves de marais proprement dites à peu près à la moitié de leur dévelop-
pement. On a des oignons blancs, de l’arroche, de la poirée, du cerfeuil,
de la ciboule, de l’estragon, de l’oseille, du persil, de la pimprenelle.
Les asperges sont en pleine coupe. Il faut qu’un praticien habile se
charge seul de cette besogne, qui, chez nous, se répète trois et même
quatre fois par jour; on ne veut que les turions bien blancs et on
dédaigne généralement les asperges vertes, si estimées en France. Il
faut veiller à ce que le couteau n’endommage pas la couronne des griffes :
la négligence en ce point peu causer la ruine de l’aspergerie.
JUIN.
Semis et plantations. — On sème des radis d'automne et de
Madras, du poireau, les derniers choux-raves au commencement du
mois, le cerfeuil au nord et à l’ombre, des fournitures de salade, du
pourpier, de la raïponce, du persil, de la claytonie, du quinou,
des carottes, du raifort, des salsifis, des scorzonères, du scolyme
d’Espagne, des choux de Savoie, enfin du rutabaga à demeure ou pour
repiquer : il est destiné à la provision d’hiver. Vers le milieu du mois,
on fait le dernier semis de choux-fleurs pour en avoir le produit en
automne ou même en hiver. Les endives du semis de juin ont le plus
de valeur; le semis d’épinard doit se faire à l'ombre; cclui d’arroche
réussit parfaitement en tout lieu et ne redoute pas le soleil. On sème
des fèves de marais, les haricots à utiliser verts et les derniers pois en
variétés hâtives. Les graines de fraïsier peuvent être semées en terrines
ou petites caisses qu’on place à l’ombre ou, si l’on veut, sous châssis,
mais toujours à un endroit bien aéré.
La plantation des différentes espèces et variétés de choux est continuée
comme à la fin de mai. On repique en place des scaroles pour leur
donner des choux-raves en contre-plants. Aux premiers jours du mois,
on transplante du melon en pleine terre à exposition chaude. On plante
— 186 —
des brocolis ; on empote ceux du deuxième semis pour les tenir à l’ombre;
on repique l’endive du semis de mai. Vers le milieu du mois, on plante
du poireau, on repique les betteruves en place, comme entre-plants
aux haricots ou ailleurs. On plante encore des pommes de terre pour
en avoir de nouvelles le plus tard possible. On transplante à demeure
le semis de fenouil.
Travaux divers. — Les travaux de ce mois sont la continuation
de ceux du mois précédent. Les sarclages devront être fréquents surtout
aux plantes porte-graines; les binages et les serfouissages ne seront
guère moins nombreux. Après la première cueillette des artichauts, il
faut œilletonner et rabattre les plantes pour en obtenir un second pro-
duit en automne. C’est le moment de répandre une mince couche de
fiente de poule ou de pigeon parmi les semis d’oignon. On butte le céléri
à trois reprises, de huit en huit jours, si sa végétation est assez avancée,
le fenouil dès qu’il a 0®,15 de haut pour l'utiliser en guise de céléri, et
les pommes de terre.On marcotte les potirons et on supprime les jets super-
flus. Il faut continuer l’écimage des fèves de marais et, pour obtenir une
arrière-récolte à l’automne, couper près du sol les tiges dont on a
recueilli les gousses encore petites. La récolte des asperges cesse à la
fin du mois; il est nécessaire de continuer à sarcler proprement et à
biner les planches : ces soins faciles sont trop de fois négligés. Il faut
couper les coulants aux fraisiers en réservant les plus beaux pour faire
de nouvelles plantations : une fraisière ne produisant bien que pendant
trois années. Ramer les haricots si on n’a pu le faire plus tôt, les biner
et les butter, et, dans le principe, aider les tiges volubiles à se maintenir
aux rames. Il faut donner des rames aux tarnotes, des tuteurs aux
tomates, aux oignons porte-graines et à plusieurs autres plantes. Autour
des échalottes, on dégage un peu la terre pour les faire mieux grossir.
La récolte des graines commence par celle de la mâche, du cerfeuil, de
l’arroche, de l’épinard, du cresson alénois ; il a donc été nécessaire de
réserver et de soigner plus spécialement les sujets destinés à la produc-
tion des semences. Une des grandes et des plus importantes occupations
de l’été consiste dans les arrosages : c’est l’élément essentiel, en quelque
sorte vital, de la culture des plantes potagères, surtout si la saison est
sèche et si le sol est assez perméable pour prêter à l’écoulement trop
rapide des eaux pluviales. Pour ce point, nous ne pouvons que renvoyer
à ce que nous en avons dit au premier chapitre de ce traité, en parlant
de l’humidité. À cette époque de l’année, on n’arrose plus que le soir.
Nous avons eu soin d’indiquer antérieurement les plantes qu'on peut
excepter de cette règle.
Un objet qu’il importe de ne point négliger, c’est la destruction des
insectes nuisibles. Il ne suffit pas de semer, transplanter, sarcler,
arroser, fumer, abriter les végétaux, souvent tous ces soins demeurent
stériles à cause des insectes qui attaquent les plantes et les détruisent.
— 187 —
La chasse aux lombrics, aux limaces, aux vers blancs, à la taupe-grillon,
aux pucerons, aux fourmis jaunes, aux perce-oreilles, aux teignes, aux
noctuelles, au ver gris, aux tipules, aux chenilles, doit donc attirer la
sérieuse attention du maraicher.
Nous avons insisté ailleurs sur les dégâts que peuvent occasionner les
bruches, les teignes, la tipule potagère, la larve blanche du poireau,
l’altise, cet ennemi acharné de toutes les Crucifères, etc. Nous réunis-
sons ici quelques observations sur les autres insectes nuisibles aux
plantes potagères en général.
Le ver blanc, larve du hanneton, est souvent nombreux et très-
préjudiciable dans les terres légères, sablonneuses et bien labourées.
Après que le hanneton a, durant deux mois, mai et juin, entamé les
feuilles des arbres et des arbustes, la femelle rentre en terre et y dépose
de 15 à 50 œufs au fond d’une galerie presque verticale qu’elle s’est
creusée. Les jeunes éclosent six semaines plus tard et commencent immé-
diatement à ronger le chevelu des racines des plantes qui se trouvent à
leur portée. Ils se développent lentement et restent ensemble jusqu’au
printemps suivant. Au premier automne qui suit leur naïssance, ils
s’enfoncent plus profondément en terre pour rester en repos hors de
l'atteinte des gelées jusqu’à ce que la chaleur du printemps les rappelle
à la surface. Alors, ils se dispersent dans toutes les directions en creu-
sant leurs galeries et cherchant les menues racines, leur nourriture. Et
ce travail de destruction dure trois années entières ! A l’automne de la
troisième année, ils descendent plus bas dans le sol que les hivers anté-
rieurs. Ils sont blancs, arquées, cylindriques, plissés sur le dos, ont la
tête dure et jaune, deux fortes mandibules et deux antennes. Enfin, en
avril, ils deviennent des hannetons. Quoiqu’entourés d’ennemis naturels,
néanmoins, il en reste chaque année des quantités innombrables, et il
est nécessaire d’user de tous les moyens pour détruire ces vers blancs.
Durant les labours et les béchages, on doit les rechercher attentivement.
Il arrive parfois qu’ils sont très-nombreux, alors il faut recourir à un
bêchage d’un demi mètre de profondeur. Au fond de chaque tranchée,
on étend une couche de feuilles de platane ou de châtaignier sur laquelle
on remet la terre. On enlève soigneusement tous les vers de cette terre
supérieure; ceux qui sont restés en-dessous, quand ils veulent remonter
à la surface rencontrent la couche de feuilles qu’ils ne peuvent traverser
et y meurent de faim(!). Les vers blancs se logent volontiers dans les
fraisières : l’état de dépérissement dont les plantes sont affligées les a
bientôt trahis. Si l’on ne croit pas devoir recourir à la mesure extrême
que nous venons d'indiquer, on peut, pour préserver certaines plantes
(1) Maison rustique du XLX° siècle, t. V, Horticulture.
— 188 —
de leur atteinte, repiquer à proximité quelques pieds de laitue ou d’en-
dive dont les larves aiment à dévorer le chevelu : tant qu’elles trouvent
cette nourriture, elles n’attaquent pas d’autres plantes.
La courtilière commune ou taupe-Grillon cause parfois des
dégâts tellement considérables que, dans un terrain léger, sablonneux
et à la fois humide, où elle se propage en grand nombre, elle rend
la culture des plantes potagères impossible. Cet insecte vit dans la
terre, où, pour chercher les vers et les larves dont il se nourrit, il
creuse de nombreuses galeries, sciant au moyen de ses pieds de devant
toutes les racines des plantes qu’il rencontre. Son travail dure de mars
en octobre : c’est assez dire combien il peut être désastreux. Il trahit
sa présence non-seulement par l’état de langueur ou la mort presque
soudaine des végétaux qu’il entame, mais aussi par la trace élevée
des galeries qu’il vient établir à la surface du sol, galeries qui s’étendent
dans toutes les directions et souvent à plusieurs mètres de son refuge
habituel. Ce dernier est indiqué par une ouverture circulaire, orifice
d’une véritable cheminée d’aérage, recourbée vers le bas et aboutissant
à une loge assez grande, où il dépose ses œufs, dont le nombre varie
de 300 à 500. Dans un seul nid, nous avons vu compter près de
quatre cents jeunes; de sorte qu'il est de toute nécessité de défoncer
ces loges, et ceci en juillet-août. La mère dévore elle-même une quantité
de ses petits; mais il en reste toujours assez pour qu'il faille essayer
de tous les moyens de destruction.
On tâche de surprendre l’insecte pendant son travail souterrain;
alors on verse sur les galeries et spécialement sur les plus récentes de
l'eau savonnée ou chargée d’un peu d'huile; cette eau coule dans les
galeries et fait sortir l’insecte, qui vient nourrir au dehors ou se laisser
prendre. Encore peut-on, à l’instar des trappes qu’on met pour les
taupes, placer des pots immédiatement au-dessous des galeries et
recouvrir les vides d’une tuile ou d’une ardoise et de terre pour les
garantir contre toute lumière : la courtillière viendra tomber dans le
piége, sans pouvoir remonter les longs des parois. Le moyen suivant
est recommandable là surtout où les insectes sont nombreux. En automne,
on creuse de petits puits à une quarantaine de centimètres de profon-
deur, pour les remplir de fumier d’écurie.
Ce fumier a le privilège d'attirer la courtillière plus que tout autre,
et à l’arrivée du froid, elle se hâte d’y chercher un abri et s’y loge
souvent en grand nombre: dès lors, il est facile de s’en emparer.
Quelques-uns déposent simplement ces tas à la surface du sol et Îles
enlèvent six semaines après, quand le froid est survenu. L'insecte
y cherche un abri, mais se loge le plus souvent à fleur de terre. Il est
facile d’inonder leur retraite : le sol étant percé de nombreuses ouver-
tures. Bien peu échappent à ces moyens.
PAGE
— 189 —
C’est aussi en juin-juillet que le perce-oreille occasionne le plus de
dégâts au maraïicher. Les œufs, déposés par la femelle sous l'écorce des
arbres, au nombre de 20 à 50, éclosent en mai. Tout le monde connaît
cet insecte, qui inspire à plusieurs même une crainte mal fondée. Il est
jaune brunâtre, à six pattes et deux antennes ; une sorte de pincettes ou
tenailles termine la partie inférieure du corps. C’est la ressemblance de
cet organe avec l'instrument dont l’orfèvre faisait usage pour percer les
oreilles qui a fait donner à l’insecte le nom de perce-oreille. En été, les
perce-oreilles entrent sous les pots dont on recouvre les végétaux trans-
plantés; ils se cachent par masses dans des coins obscurs, sous l’écorce
ou la pierre et sortent la nuit pour ronger ou dévorer non-seulement les
fruits de nos espaliers ou du verger, mais les parties les plus tendres, les
plus délicates des plantes potagères. Ils attaquent aussi d’autres insectes
et souvent s’entretuent eux-mêmes. Puisque cet insecte évite la lumière,
on met à proximité des plantes attaquées des morceaux de jonc ou de tige
de topinambour, des pots renversés contre le fond desquels on a serré un
peu de mousse ; ou bien, on roule de petits morceaux d’étoffe de laine
ou, cc qui vaut le mieux, on y jette des sabots de veau ou de mouton. Les
perce-oreilles cherchent dans ces engins un abri contre le jour : on les
secoue le matin pour les écraser ou les brüler.
Pucerons.— Ainsi que les animaux ont leurs parasites, il est probable
que chaque végétal a aussi le puceron qui lui est propre : Quelques espèces
en ont deux, parfois trois. On les trouve agglomérés comme de petits
œufs sur les racines, sur les tiges, sur les feuilles. Sur une petite feuille
de rosier, nous avons compté jusqu’à 327 d’une même espèce. Une seule
fécondation produit jusqu’à huit ou neuf générations successives toutes
fécondes et vivipares sans qu’un nouvel accouplement ait lieu : la der-
nière génération seule pond des œufs qui passent l'hiver et perpétuent
l’espèce. Deux sortes sont spécialement nuisibles aux plantes potagères :
le puceron de la feuille et celui de la racine. Ce dernier ne se montre
point quand la fourmi jaune fait défaut. On conseille de verser de l’eau
empoisonnée avec de la strychnine, par exemple, autour du pied des
plantes; mais ce moyen est inefficace tant que la fourmi elle-même
n’est point détruite. Quand au puceron qui attaque les feuilles, de l’eau
de savon ou de chaux, une infusion de tabac, ou de poudre de pyréthre
sont les meilleurs remèdes. On les applique au moyen d’une brosse ou
d’une éponge. Mais il arrive bien souvent que les pucerons ne sont
que la conséquence d’une mauvaise culture. Une bonne fumure, des
arrosements réitérés, des moyens activant la végétation préviennent
aisément le mal et le font fréquemment disparaître.
La Imace et le limacon sont les types d’un même genre, auquel
appartiennent encore la limace brune, la grise et la noire. Tous sont
— 190 —
également funestes et souvent ils défient le jardinier. Pendant la nuit,
ils quittent leur retraite pour aller ronger avec leur dent, en forme de
croissant, les parties les plus délicates des plantes. La tête est munie
de quatre antennes contractiles, dont les deux plus longues portent un
œil à leur extrémité. Plusieurs parties du corps, même les veux et Ja
bouche, quand on les a coupées, se reforment facilement.
Les moyens préventifs, tels que la chaux, le tabac, le guano, sont
insuffisants ou d’un effet trop peu durable. La sciure de bois répandue
en une bande assez épaisse à proximité et autour des plantes à préserver
est encore ce qu’il y à de mieux. Le journal du Dr Lindley, le Gardeners’
chronicle, a indiqué, comme préservatif, un cercle galvanique à placer
tout simplement autour de chaque plante : les limaces ne franchiraient
point ce rempart. Nous avons voulu constater la chose par nos propres
essais et nous avons dû en conclure que les limaces. en Belgique,
sont sans doute autrement organisées que celles d'Angleterre! Non-
seulement elles franchissent ce cordon sanitaire, mais elles le passent
et repassent sans la moindre peine. Le meilleur moyen, déjà indiqué,
consiste à les allécher. Dans ce but, on place, à proximité des endroits
où elles trahissent leur présence, quelques poignées de son de froment,
qui est pour elles un excellent appât. On les y trouve le matin et alors
un peu de chaux vive suffit pour les tuer.
Le Iombric ou ver de terre, que tout le monde connaît, dilate et
contracte à volonté les anneaux charnus qui composent son corps :
c’est pourquoi il s’introduit aisément par des ouvertures extrêmement
étroites. Quoiqu'il n’est point d’yeux, il fuit toujours la lumière. Il se
nourrit de substances végétales ainsi que de terre, qu’il rend après en
avoir absorbé ce qui lui convient. Cette terre rendue est compacte et
nuit aux plantes. Il tire aussi les jeunes semis sous le sol. Les acides,
de l’eau avec de la chaux, une infusion de tabac, le font apparaitre au
jour ; on obtient le même effet, quand ces remèdes ne peuvent être
appliqués, en remuant légèrement le sol au moyen d’une fourche à
lequelle on imprime une sorte de tremblement. Le lombric, craignant
la venue de la taupe, sort de terre et cela pour être pris.
En pratiquant l’écimage des fèves de marais, il est bon d’enfouir et
mieux encore de brüler les parties attaquées déjà par le puceron noir de
la fève : on évitera ainsi que l’insecte ne remonte aux autres branches
tendres de la plante. Quant à la destruction des chenilies en général, le
meilleur moyen et le moins onéreux est de rechercher avec soin les
œufs et de les écraser avant l’éclosion : car, une fois ces œufs éclos,
tout remède devient difficile et demeure souvent sans succès.
Produits. — On récolte les premières pommes de terre hâtives de
plein air ; les asperges sont coupées jusque vers la fin du mois; on a du
— 191 —
céléri de semis de couche. Les artichauts de deuxième année produisent
abondamment. Pour le nord de la France, la Belgique et la Hollande,
l’époque générale de la cueillette des pois commence au milieu de juin ;
celle-ci doit être faite de manière que les tiges ne soient pas trop tour-
mentés et que les gousses, encore trop peu remplies, soient ménagées
aussi bien que les fleurs. Les pois offrent un des produits les plus consi-
dérables; viennent ensuite les carottes, les ognons, les choux : tels que
choux d’Yorck, choux-fleurs. On a aussi quelques haricots et, comme
précédemment, de l’oseille, du pourpier, du cresson, des endives et des
laitues. On a les premiers cardons blanchis, diverses fournitures de
salade, des cornichons et concombres, du cerfeuil et du persil, de l’ail,
de la ciboule, de l’échalotte. Parmi les produits, n'oublions pas de men-
tionner les graines. Elles peuvent constituer une spécialité importante
pour le jardinier-marchand ; bien traitée, leur culture donne un béné-
fice souvent notable. Nous n’avons point négligé cette partie dans le
cours de cet ouvrage.
NOTES PRATIQUES CONCERNANT QUELQUES PLANTES POTAGÈRES
OU AGRICOLES, NOUVELLES OU RECOMMANDÉES.
Betterave champêtre, disette blanche à collet vert. —
Racine très-volumineuse, sortant de terre de moitié de sa longueur,
chair blanche, très-estimée. Se sème fin avril.
Carotte blanche des Vosges. — Cette variété se conserve très-
bien et convient particulièrement pour les sols compactes et peu pro-
fonds; elle est d’un bon produit.
Céléri court, hâtif. — Côtes très-pleines, et qu'il n’est pas
nécessaire de lier pour le faire blanchir; très-hâtif.
Chou de Milan des vertus. — Pomme très-grosse et très-serrée.
Se sème, en mars-avril en pleine terre et se repique à très-grande
distance.
Chou-fleur Stadholder. Cette variété forme une tête volumi-
neuse à grain fin et très-blanc. Se sème en avril pour obtenir la pomme
en septembre-octobre.
Chou Moellier, blanc. — Tige de 1",50 remplie d’une moelle
succulente, que les bestiaux mangent avec avidité. Se sème en mars-
avril.
Chou Moellier rouge. — Tige violette de 1,50 cent., plus grosse
que le Chou Mollier blanc. Se sème en mars-avril.
Chou Rutabaga Skirving’s Liverpool. — Racine oblongue très-
nette et belle, à collet rouge, très-estimé en Angleterre. Se sème en
mai-juin.
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Endive scarolle, verte. — Cette variété n’acquiert toute sa qua-
lité qu'après avoir été blanchie par étiolement ce que l’on obtient en
relevant les feuilles de la circonférence et les retenant par un lien. Se
sème du 45 mai au 15 juin.
Laïtue chou de Naples. — Pomme trés-grosse et très-ferme ayant
l'aspect d’un chou. Se sème en mars-avril.
Moha de Hongrie. — Plante cultivée pour fourrage en vert et en
sec, pour la nourriture des chevaux et des vaches, ayant l’avantage de
résister à la sécheresse. Se sème en avril.
Navet jaunc d’Aberdeem. — Cette variété est très-recomman-
dable pour la grande culture à cause de son volume et de sa précocité.
Navet jaune d'Écosse Bullock’s. — Bonne variété agricole. À
chair jaune pâle, maturité hâtive.
Oignom rouge de Brunswick. — Bulbe petite, à collet fin,
rouge violacé presque noir. Se sème en mars-avril.
Panais long de Jersey. — Bclle race de panais long, fournissant
une ressource des plus précieuses pour la nourriture du bétail; cette
racine exige un labour profond.
Poireau jaune du Poitou. — Cette espèce pen connue est re-
marquable par sa dimension et par sa couleur. Se sème en mars-avril.
Pois anglais, Beck’s Gem ou Tom Thumbhb. — Variété naine
de très-bonne qualité et productive, peu délicate sur le nature de la terre.
Se plante en mars-avril.
Pois Veitch’s perfection. — Cette variété est supérieure au
pois ridé à rames; son grain vert est très-sucré, il se distingue par la
beauté de sa cosse et par sa qualité et en outre peu difficile sur le terrain.
POIRES DÉLICES D'HARDENPONT.
Notre excellent confrère, M. Charles Baltet, de Troyes, a eu la bonté
de nous apprendre, à propos de notre récent article sur les Poires Délices
d’Hardenpont que la Délices d’Hardenpont d'Angers avait été reconnue
par le Congrès pomologique de France sous le nom de Fondante de Pa-
nisel. En effet, elle est acceptée sous cette dénomination dans la Culture
du Poirier de M. Baltet. Il ajoute, avec raison, que ce fruit serait con-
venablement appelé Doyenné d’Hardenpont, puisqu'il appartient mani-
festement à la race des Doyennés.
Passiflora fulgens, Wallis
(Hort. Linden)
— 193 —
HORTICULTURE.
NOTE SUR LE PASSIFLORA FULGENS Wazcis.
Figuré Planche XIII (vol. XVI, t. XIN).
) & Ia été introduit, en 1864, par M. J. Linden et
| po . mis dans le commerce en 1865, avec la note sui-
ES vante : « Cette espèce est indubitablement une
= des plus belles du genre, tant par la beauté des
feuilles qui rappellent celles du chêne, que par
l'éclat éblouissant de ses grandes fleurs écarlates. Sa
découverte est due à M. Wallis, qui nous l’envoya
de l’Amazone. » |
La figure qui accompagne cette notice a été peinte
d'après nature sur un spécimen fleuri dans les serres de
M. Linden en 1865. Elle suffit pour établir la beauté de
cette nouvelle acquisition de nos serres.
D'un autre côté nous pouvons donner de cette espèce la diagnose
suivante :
Fruticosa, glaberrima, ramis teretibus flexuosis, cirrhifera; cirrhis simplicibus ;
foliis penninerviis, basi-cordatis, ovatis, grosse dentatis, lobatis, petiolis 2-3 glandu-
losis; pedunculis axillaribus, simplicibus, unifloris; involucro tribracteato, foliolis
ovato-lanceolatis, integerrimis, flori approximatis, accressentibus, viridibus ; calyeis
segmentis uniformibus lineari-oblongis, acutis, demum reflexis, coccineis; coronae
filamentis dimidio brevioribus, apice reflexis, croceis albo-striatis; columna elongata ;
fructu magno, oviforme. — Crescit in Brasilia.
Quant à la culture elle est aussi simple que celle de toutes les Passi-
florées et elle croit comme une liane dans les sérres chaude ou
tempérée.
— 194 —
NOTICE SUR LA PRIMEVÈRE DE LA CHINE,
(PRIMULA SINENSIS Linoz. — PR. PRAENITENS Pot. Reg)
ET SES VARIÉTÉS NOUVELLES. .
Figurées PI. XIV (vol. XVI, t. 14).
Nous avons déjà, à plusieurs reprises, parlé de cette jolie petite plante qui em- .
bellit si facilement la serre froide et les appartements. Nous avons de temps à autre
figuré les perfectionnements qu’elle éprouve sous l'influence de l’horticulture. Depuis
quelque temps ces améliorations deviennent plus variées et plus nombreuses. La
Primevère de la Chine a donné une foule de variétés nouvelles, nouvelles pour le
coloris, la panachure, la forme, la grandeur, la duplicature, ete. Nous en avons
vu, l'année dernière, une riche collection dans les serres de notre excellent ami,
M. F. de Cannart d'Hamale, président de la Société royale d’horticulture de Malines.
I a bien voulu nous en laisser prendre les dessins et nous avons peint les fleurs
de 25 variétés différentes. Ne pouvant les reproduire toutes ici, nous avons chargé
notre coloriste de composer une planche en choisissant quelques types variés. Il a:
dû se borner à six qu'il a pris, nous paraît-il, à peu près au hasard. Puissent-ils
suflire pour donner au moins une idée de la variété et de la douce beauté de cette
charmante plante que tout le monde doit cultiver.
Les graines dont M. F. de Cannart a obtenu sa collection. provenaient de M. Vil-
morin-Andrieux à Paris. Aussi pour nous renseigner au sujet de ces nouveautés,
avons-nous eu recours au livre que ces Messieurs ont publié sous le titre : Les
[leurs de pleine terre, et dont ils ont donné une deuxième édition en 1866. Nous y
avons trouvé, à la page 796, une notice si complète sur cette plante qui intéresse
tout le monde, que nous avons cru ne pouvoir mieux faire que de la reproduire ici.
Annuelle, bisannuelle et vivace en serre. — Tige nulle ou peu déve-
loppée. Feuilles très-élégantes, toutes radicales, en rosette dressée,
longuement pétiolées, poilues et visqueuses, ordinairement à pétioles
teintés de rougeâtre, surtout à la base et sur les nervures principales;
limbe ovale en cœur, à bords ondulés et festonnés d’une découpure
inégale et très-gracieuse, qui se traduit en 6 à 12 lobes principaux,
inégaux et irrégulièérement dentés ; les nervures principales sont à peu
près palmées, et la couleur de ces feuilles est d’un vert frais et très-gai,
parfois un peu rougeâtre en dessous. Du milieu de ces feuilles et de leur
aisselle s’élèvent avec grâce des hampes longues de 20 à 30 centimètres,
rarement plus, portant, suivant la vigueur des plantes, de 1 à 3 verticil-
les, quelquefois plus, de grandes et jolies fleurs roses à gorge ou œil
jaunâtre, légèrement odorantes, dont l’ensemble forme une belle pani-
cule pyramidale et interrompue, simulant des candelabres superposés.
Ces fleurs sont nombreuses, assez longuement pédicellées, sur des pédi-
celles uniflores, étalés, rayonnants, entourés à leur base d’une collerette
de bractées foliacées, découpées dans les verticilles inférieurs, entières
ariétés nouvelles Mie
de Primevère de la Chine
— 195 —
et linéaires dans les verticilles supérieurs. Leur calice est renflé, vésicu-
leux et bosselé à la base, poilu, visqueux, couronné par 5 petites dents
dressées. La corolle présente un tube très-gréle qui dépasse un peu le
calice; son limbe, large d’environ 25 à 50 millimètres, étalé en patère,
est partagé en 5 lobes arrondis et échancrés en cœur au sommet. La
gorge est légèrement plissée, et offre un œil circulaire occupant au plus
le quart ou le cinquième du limbe, d’un jaune clair nuancé de jaune
d’ocre; 5 élamines et un pistil sont inelus dans le tube de la corolle; ca-
lice persistant, acerescent, et contenant au fond une petite capsule vési-
culeuse, membraneuse, remplie de graines. — Suivant la culture, la
floraison peut être obtenue toute l’année; mais la saison principale est de
février en avril, et d'octobre à janvier-février pour les vieux pieds con-
servés et convenablement soignés.
Cette superbe espèce a donné naissance à plusieurs variétés intéres-
santes que l’on est parvenu à fixer en partie, et qui se reproduisent,
dans une certaine proportion, par le semis. Parmi les plus tranchées,
nous citerons les suivantes :
Var. à fleurs blanches. — P. Sinensis alba, Horr.
Jolie variété ne différant du type que par la couleur blanc pur de ses
fleurs ; l’œil peut être ou jaune, ou jaune verdätre et brundtre. Les pétio-
les, le feuillage et les hampes sont d’un vert blond, qui permet souvent
de distinguer la variété avant la floraison.
Var. à fleurs panachées. — P. Sinensis striata, Horr.
Diffère de la précédente par des fleurs lignées et striées de rose carminé
sur le fond blanc, et par la coloration rougeâtre des tiges, des pétioles
et des pédicelles. Le semis reproduit toujours une forte proportion de
plantes à fleurs blanc pur, mais les tiges et les pétioles conservent leur
teinte rougeâtre caractéristique. D’un autre côté, ces stries roses sont peu
apparentes, et leur beauté dépend un peu de la culture. La panachure
peut se rencontrer aussi bien sur des pieds à corolle frangée que sur des
pieds à fleurs blanches non frangées.
Var. à fleurs cuivrées. — P. Sinensis cupreata, Horr.
Cette variété ne diffère de l’espèce que par la coloration des fleurs, qui
est d’un rose rougeûtre, à reflets un peu métalliques. On retrouve quel-
quefois cette coloration chez des pieds à fleurs frangées.
Var. à fleurs roses frangées ou à grandes fleurs, — P. Sinensis fimbriata
vel grandiflora, Horr.
Plante plus vigoureuse dans toutes ses parties, à feuillage présentant
une découpure distincte et assez caractéristique. Calice plus renflé, plus
— 196 —
bosselé, à dents nombreuses; corolle notablement plus grande, à lobes
plus larges, plus nombreux, parfois vaguement délimités et se recou-
vrant par leurs côtés, à bords supérieurs roncinés, frangés ou denti-
culés, et souvent un peu ondulés. L’œil est aussi plus grand, un peu
étoilé, et d’un jaune nuancé de jaune foncé verdätre. Cette variété pro-
duit beaucoup moins de graines que les précédentes, et le semis rend
toujours une assez forte proportion de plantes revenant au type. On
rencontre quelquefois dans cette variété des fleurs qui sont vaguement
sablées et lignées de jaune d’or, parfois nuancées de rose plus foncé ou
de rose trés-clair, ou d’autres dont l’œil jaune s'agrandit beaucoup, oc-
cupe près de la moitié ou des deux tiers du limbe, et prend une teinte
verdâtre ou brunâtre ; mais ces variétés ne sont point encore bien fixées,
et comme elles ne se reproduisent qu’en partie par le semis, et que
d’ailleurs elles donnent fort peu de graines, elles doivent être multipliées
comme celles à fleurs doubles.
Var. à fleurs blanches frangées, — P. Sinensis fimbriata alba vel grandiflora
alba, Horr.
Ne diffère de la précédente que par la couleur blanche des fleurs à œil
jaune verdätre, et par la teinte vert blond de la plante, ce qui permet de
distinguer cette variété au plant. Il arrive quelquefois que lesfleurs pren-
nent en vieillissant une teinte carnée et rosée. Le semis reproduit aussi
toujours une forte proportion de plantes à fleurs blanches non frangées
et ordinaires.
Var. à fleurs roses à cœur brun,
Var. à fleurs blanches à cœur brun.
Ces deux variétés sont curieuses par le développement exceptionnel
que prend la tache de couleur jaune brunâtre de la gorge, qui envahit le
tiers ou près de la moitié du limbe de la corolle.
Var. erecta. P. Sinensis erecta superba, Horr.
Très-belle race à fleurs grandes, d’un beau rose foncé vif, avec reflets
cuivrés, parfois violacés et métalliques; les lobes de la corolle ont leurs
bords tantôt entiers, tantôt dentelés ou frangés. Les feuilles, en touffe
serrée, ont les pétioles beaucoup plus dressés que dans les autres races et
leur limbe étalé presque horizontalement et un peu en cuiller, ce qui
donne aux plantes de cette race un aspect tout particulier.
== 407) 2
Var. à fleurs semi-doubles roses. — P. Sinensis rosea semi-plena, Horr.
Var. à fleurs semi-doubles blanches. P. Sinensis alba semi-plena, Horr.
Ces deux variétés peuvent être à pétales frangés ou entiers. Leurs
fleurs présentent à la gorge un petit bouquet de pétales plus ou moins
développés, mais n’occupant ordinairement pas toute la largeur du limbe.
Outre que ces deux variétés donnent fort peu de graines, le semis ne
les reproduit pas, ou seulement dans une très-minime proportion ; lors
aussi qu’on en aura obtenu quelques pieds, devra-t-on, pour les conser-
ver, les multiplier comme il est dit plus loin pour les variétés doubles.
Var. à fleurs doubles roses. — P. Sinensis rosea plena, Horr.
Var. à fleurs doubles blanches. — P. Sinensis alba plena, Horr.
Dans ces variétés, les fleurs sont moins nombreuses que dans les
variétés simples, mais ici elles sont tout à fait doubles ou pleines, et alors
un peu moins larges. Elles ne donnent point de graines, et se rencontrent
parfois accidentellement dans les semis. Ces variétés sont assez délicates ;
elles se conservent difficilement et ne se multiplient que par la division
des pieds, comme il est dit à la fin de cet article.
Si nous nous sommes décidé à comprendre la Primevère de Chine
dans le cadre de cet ouvrage, bien que cette plante ne soit pas de pleine
terre, c’est qu'elle est d’une culture facile, générale, et qu’il est peu de
personnes s’occupant de semis de fleurs annuelles, qui n’aient au moins
un châssis inoccupé, pouvant être consacré à élever quelques pieds de
Primevère de Chine, en attendant la saison des semis printaniers d’autres
fleurs.
Cette plante est si généralement connue, que nous croyons devoir
nous abstenir d’en faire l'éloge; c’est une des fleurs qu’on aime le plus à
voir dans les serres, dans les jardins d’hiver et sous châssis, depuis la fin
de l'hiver jusqu’à l’arrivée de la belle saison, et il n’est personne qui ne
désire en décorer une suspension, une jardinière, quelque meuble ou
quelque vase d'appartement. Elle est surtout gracieuse et fraiche lorsque
les pieds sont jeunes et qu’ils ont été élevés sous châssis.
La culture des Primevères de Chine est assez simple. Le plus souvent
on les multiplie par semis, qui se font : —- 1° De mai en juillet, en pépi-
nière en planche, ou bien dans des pots, des terrines ou des caisses, en
terre légère et saine et à mi-ombre, en recouvrant très-peu la graine. —
2° En juin-juillet, en pots, en caisses ou en terrines tenus soit en plein
air, soit en serre ou sous châssis ; dès que les plants ont pris quelques
feuilles, on les repique séparément dans de petits godets, et on les rem-
pote dès que le besoin s’en fait sentir. À l’approche des froids et des
— 198 —
pluies d'automne, qui leur sont nuisibles, il conviendra de les placer à
l'abri sur les tablettes d’une serre près du jour, ou ce qui vaut mieux,
sous châssis, que l’on entourera de réchauds durant les grands froids:
les plantes obtenues dans ce dernier cas sont généralement plus belles.
Les semis faits passé le mois de juillet, donnent rarement de bons résul-
tats sous notre climat. Il est préférable que les Primevéres de Chine
soient cultivées dans des pots de petites dimensions : outre que ces plan-
tes sont alors plus gracicuses, elles aiment assez à voir les racines génées
pour bien fleurir; de plus, ces racines forment dans les pots un drainage
qui, en y favorisant la circulation de l’air, y facilite l’écoulement des
eaux d’arrosement, lesquels devront être modérés, mais entretenus avec
soin. On devra éviter le plus possible de mouiller les feuilles, enlever
celles qui seront jaunies et mortes, afin d’éviter la pourriture, et aérer le
plus qu’on le pourra sans danger.
La terre qui convient le mieux pour ces Primevères est une composi-
tion de moitié de terre franche sableuse, d’un quart de terre de bruyère,
et d’un quart de terreau de feuilles on de fumier bien consommé.
Quelques personnes se trouvent également bien d’un mélange formé de
trois quarts de terre de bruyère et un quart de terreau de feuilles ou de
bien vieux terreau de fumier, soit de cheval, ou mieux de vache.
Il est important de drainer le fond des pots, soit au moyen de tessons
ou d’écailles d’huitre, d’un peu de gravier ou de sable de rivière. Quel-
ques personnes recommandent particulièrement l'addition dans le
mélange d’un peu de terre franche sableuse, et surtout d’un peu de char-
bon de bois bien calciné et finement concassé, non pulvérisé; d’autres
disent se bien trouver d’arrosements faits par intervalles éloignés avec
une addition d’engrais liquide fortement étendu d’eau.
Ainsi que nous l’avons dit plus haut, cette plante fleurit pour ainsi
dire toute l’année, ce qui permet d’en orner les gradins d’été, et aussi
d’en pouvoir décorer les appartements, les serres, les orangeries, dès les
approches de l’hiver (fin octobre et commencement de novembre), alors
que les autres fleurs y sont encore rares. Il suffira, pour obtenir ce résul-
tat, de couper sur les vieux pieds les hampes au fur et à mesure qu’elles
défleuriront, de laisser ces vieux pieds se reposer en été jusqu’en août-
septembre ; on fera subir ensuite, suivant les besoins, aux pieds que l’on
voudra conserver, un ou deux rempotages suivis d’arrosements : ces
plantes végèteront alors vigoureusement, fleuriront abondamment, et
pourront, ainsi traitées, durer deux ans et plus. Les fleurs des vieux pieds
sont d'ordinaire moins grandes et de coloris moins frais que celles des
jeunes pieds, mais elles ne sont pas sans mérite.
Les variétés semi-doubles, doubles, et les autres qu’on tiendra à con-
server, devront être multipliées par la séparation des vieux pieds, d’éclats
ou de boutures des tiges feuillées faits avec soin en pots après la floraison
de printemps, c'est-à-dire fin de l’été ou au commencement de l’automne,
— 199 —
toutefois il sera bon, avant cette opération, de laisser souffrir les pieds
de soif pendant quelques jours. On devra tenir les multiplieations à l’abri
en serre, sous cloches ou sous châssis à mi-ombre, jusqu’à ce que leur
reprise soit assurée.
NOUVELLE NOTE AU SUJET DE L'ECHINOPSIS
ZUCCARINIANA Orr. VAR. ROLANDI.
Figuré Planche X, p. 130,
PAR M. CH. LEMAIRE.
Notre savant confrère M. Ch. Lemaire a bien voulu nous écrire,
à la suite de la publication de notre numéro précédent, pour nous
dire que la plante que nous avions décrite et figurée comme étant
une variété de l'Echinopsts Zuccariniana n'avait, selon lui, rien de
commun avec cette espèce, mais serait PE. OxURUE Zuccar. et PFEIFF.
Abbild. 11, t. IV etc. etc.
Nous avons, en effet fait connaître (page 152, ad finem), d’après
M. Labouret, que l’Ech. Zuccar. var. Rolandi esi une hybride du
Zuccariniana avec l’Oxygona, c’est-à-dire que notre plänte participe des
caractères de ces deux espèces.
Mais tandis que nous n'avons guère étudié les Cactées, notre confrère
de Gand a fait, au contraire, de ces plantes une longue et spéciale étude
et il doit être plus compétent que personne pour leur détermination.
Nous le remercions donc de sa bienveillante rectification. Cependant
quand M. Lemaire ajoute dans sa lettre : « De plus, l'individu que vous
figurez est défectueux en ce qu’il n’est que le sommet coupé et bouturé
d’un plus vigoureux : la fleur de même n’est qu’au tiers de sa grandeur
naturelle, » nous ne saurions être de son avis. Comme nous l’avons dit,
la plante fleurit depuis plusieurs années au Jardin botanique de luni-
versité de Liége, où il s’en trouve plusieurs individus. Tous, les uns un
peu plus forts, les autres un peu plus jeunes, fleurissent chaque année
exactement comme nous l’avons représenté.
— 200 —-
PLANTES NOUVELLES RÉCEMMENT INTRODUITES PAR
M. J. LINDEN, AU JARDIN ROYAL DE ZOOLOGIE
ET D'HORTICULTURE A BRUXELLES.
Anthurium regale, LiNDex. — Tout le monde a pu apprécier le
mérite de l’Anthurium magnificum que nous mimes dans le commerce
au printemps de 1865, et qui a été introduit simultanément en Angleterre
sous le nom impropre de À. cordifolium, cette dénomination spécifique
appartenant depuis un demi-siècle à une ancienne espèce décrite par
Kunth. Nous ne pouvons payer un plus grand tribut d’éloges à l’espèce
dont il est question ici qu’en lui accordant des titres égaux, sinon supé-
rieurs, à ceux de son prédécesseur. Ses feuilles, longuement pétiolées,
cordiformes, très-acuminées, acquièrent soixante-dix centimètres de lon-
gueur sur une largeur proportionnelle; elles passent par diverses nuances
avant d’atteindre leur entier développement; primitivement d’un rouge
de sang, elles passent ensuite au marron, puis au jaune olive et finalement
au vert émeraude; la surface en est satinée, chatoyante, à nervation
blanche et saillante. La découverte de cette brillante Aroïdée est due à
notre éminent collecteur M. G. Wallis, qui la recueillit dans les gorges
profondes et obscures sillonnant le versant oriental de la Cordillière
péruvienne, vers les rives du haut Maranon. Livrable après le 1° juin,
dé ER NES ONAOR ESRI RSRR
Aphelandra ormata, ANDERSON. — Cette belle espèce existe dans
nos serres depuis 1858, époque à laquelle elle nous fut envoyée de la
Jacobina (province de Bahia) au Brésil, par M. Porte. Elle a été décrite
récemment par M. Anderson, le savant directeur du Jardin botanique de
Calcutta et figuré dans le Journal of Botany ainsi que dans la Belgique
horticole. Elle est particulièrement remarquable par ses feuilles d’un vert
brillant, blanc argenté dans la partie centrale. La hampe de quinze à
vingt centimètres de hauteur, de couleur pourprée ainsi que les bractées,
se couvre d’un épi de grandes fleurs d’un jaune vif. Livrable dès le 4°"
JuÈR, À. eus Ta nb believe al ts tete ANRT MISES
Calathea (Maranta) Lindeniana, Wallis. — Qui ne se rap-
pelle l’admiration éprouvée à l'Exposition universelle de Bruxelles et plus
tard à celle d'Amsterdam, à la première apparition de ce Calathea, exposé
sous le nom de Maranta Veitchi? 11 n’y eut qu’une voix pour le classer
parmi les plus brillantes découvertes de notre temps. Nous ne nous
doutions guère alors, que nous étions en extase devant cette merveilleuse
plante que M. Wallis découvrait, dans le même moment peut-être, sur
les bords inférieurs du tributaire péruvien de l’Amazone, patrie occulte
— 9201 —
du C. Vettchiana, une espèce qui ne le cédait en rien à celui-ci, et qui a
même sur lui l’avantage d’une plus grande transparence des dessins. Nous
extrayons d’une lettre de notre collecteur le passage suivant qui témoi-
gne en même temps du mérite extraordinaire de la plante et du feu sacré
dont cet infatigable voyageur est animé : « J’ai donc atteint enfin l’objet
de mes rêves, ce Maranta à feuilles transparentes dont les formes précé-
demment découvertes m’avaient graduellement annoncé l’approche et
dont je vous avais déjà prédit l’existence. Encore sous l’impression des
découvertes remarquables que je venais de faire, je me réjouissais inté-
rieurement, lorsque cette perle du jour resplendit tout à coup devant
moi, dans l’épaisseur de la forêt. Ses feuilles fièrement dressées produi-
sirent sur moi l'effet d’un vitrage colorié à travers lequel mon regard
devait pénétrer dans un sanctuaire inconnu. La joie que je ressentis fut
des plus saisissantes, et mon attendrissement alla jusqu'aux larmes. La
fantaisie la plus exaliée n'eut rien pu imaginer de plus splendide ! Ce
joyau des forêts est le non plus ultra de ce genre, qui m’a cependant
livré tant de beaux représentants. Je ne puis plus rien attendre de supé-
rieur. Il y aurait en effet trop d’exigence à prétendre davantage de la
nature qui a dù s’épuiser dans la création de ce chef-d'œuvre. Le port de
la plante esi d’une suprême noblesse ; ses feuilles s’étalent dressées sur
un pétiole de deux pieds et demi et présentent, au regard émerveillé, un
disque blanc transparent sur fond pourpre, éclairé comme par une
lumière magique. Elles semblent dire: « Voyez et admirez ! »
Voilà en quels termes s’exprimait le voyageur, dont l’enthousiasme ne
pouvait cependant être surpris facilement après les brillantes découvertes
qu’il venait de faire peu de temps auparavant, et parmi lesquelles nous
ne mentionnerons que les Maranta roseo picta et illustris, deux merveil-
les végétales. Livrable dès le 4°" juin en jolis exemplaires, à . fr. 60.»
Dimorphanthus Mandshuricus, Rurrecar. -—- Noble et puis-
sante Araliacce originaire, comme l'indique son nom spécifique, de la
Mandshurie et appartenant, par suite, franchement à la pleine terre. Les
feuilles multifides acquièrent un mètre cinquante centimètres de longueur
sur autant de largeur, elles sont d’un vert gai à la surface et glauques à
la partie inférieure. Le tronc et le dessous des feuilles sont garnis d’épi-
nes. On peut aisément se figurer le grand effet que cette plante fastueuse
doit produire et combien elle est destinée à contribuer à l’ornementation
de nos parcs et Jardins. Livrable dès à présent, à. . . . . fr. 25.»
Gustavia Brasiliensis, — Plante ornementale à grandes feuilles
ovales lancéolées, et à grandes et belles fleurs d’un blanc rosé ayant de
dix à douze centimètres de diamètre. Elle est originaire du Rio-Negro,
d’où elle nous a été envoyée par M. Wallis. Livrable dès à présent,
1 CR nan Lin TE 22
— 202 —
Maranta (Phrynium ?) roseo-Picta, Lip. — Ce joyau, tant
admiré aux expositions internationales d'Amsterdam (où il contribua
plus que toute autre plante à nous assurer la victoire) et d’Erfurt, pro-
vient du haut Amazone et a été découvert par M. Wallis sur la rive
équatorienne entre Iquitos et Lorcto. L’admirable et la très-correcte
figure qu’en donne la Flore des Serres servira plus que les meilleures
descriptions à faire connaître la beauté hors ligne de ce merveilleux
Maranta, dont les délicieuses feuilles, de moyenne grandeur, ovales
arrondies, d’un vert obscur à reflets métalliques, sont ornées d’une bande
centrale et d’un disque du plus beau carmin. La partie inférieure des
feuilles est d’un rouge intense. Livrable dès le 1°’ juin en jolis exemplai-
PES, a EUR ON EP NE SE
Passiflora Helleborifolia, Wall. — Charmante espèce, origi-
naire du Rio-Negro, d’où elle nous a été envoyée de graine par M. Wallis,
qui en exécuta, sur les lieux, le dessin ci-joint. D’après sa description,
les fleurs en seraient d’un rose pâle avec centre violet. Livrable dès à
présent.àit "0 ORNE ARE Let A
Passiflora macrocarpa, Waluis. — Grande et forte espèce à tige
quadrangulaire, à feuilles ovales obluses très-grandes ct à fleurs blanches
et pourpres. Les fruits, d’un goût trés-délicat, acquièrent, d’après
M. Wallis, le poids de huit livres. Cette remarquable Passiflore est égale-
ment originaire de la province de Rio-Negro. Livrable dés à présent,
L]
À ac ad À ele ane een londtie tn Lorie et nl dada EP nn ET RER
Rhopala aurea, Livp. — Espèce très-élégante, découverte par
M. Libon dans les parties australes de la province de S'-Catherine. Son
nom spécifique lui vient du pelage doré qui couvre les parties supérieures
de la tige et des pétioles. Prix :,..:.44.4240r NS EE
Rhopala serratifolia, Livp. — Plante très-distincte et à port
élégant, de même provenance que le précédent. Prix . . . fr. 25 »
Fhilodendron Lindeni, WaLLis. — Depuis que la mode cst aux
plantes à feuilles ornées ou colorées, bien des espèces, antérieurement
inconnues, sont venues satisfaire ce caprice de l’époque, absolument
comme si elles venaient d’être créées exprès dans ce but. Des familles et
des genres de plantes, jusqu'alors étrangers à cette mode, ont fini par
céder à l’entraîinement et nous ont envoyé successivement leurs repré-
sentants les plus remarquables. Les fougères mêmes se sont laissé
entrainer et après elles les sérieux Anthurium. Voici maintenant le
genre Philodendron qui, jaloux de son plus proche voisin, a voulu du
premier coup détrôner l’Anthurium magnificum et le regale, et nous
devons à la vérité de déclarer qu’il y a parfaitement réussi. En effet, le
HAFCRQ ET
— 205 —
P. Lindeni est une de ces plantes merveilleuses destinées à faire époque
dans les Annales de l’horticulture et à laquelle une place d'honneur doit
être réservée dans toutes les collections. Ses feuilles cordiformes
atteignent un diamètre de cinquante centimètres; leur partie supérieure
présente, sur un fond d’un vert tendre et satiné, des bandes d’un vert
obseur et métallique. Chez les jeunes feuilles, le fond est chamois pâle,
tandis que les bandes rouges qui recouvrent la partie inférieure se colo-
rent en marron à la partie supérieure. L'ensemble de la plante est
éblouissant et indescriptible. C’est encore aux recherches infatigables de
M. Wallis que nous devons cette incomparable Aroïdée, originaire de la
République de l’Équateur.
L'époque de l'émission sera annoncée ultérieurement.
EXPOSITIONS.
L'HORTICULTURE BELGE A L'EXPOSITION DE LONDRES.
(Second Article ; voyez p. 164.)
On nous a fait remarquer de divers côtés, que la liste publiée
par nous, à la page 164, des récompenses obtenues par des Belges à
l'exposition universelle de Londres est incomplète. Vérification faite,
nous avons reconnu que ces réclamations étaient parfaitement fondées,
et nous nous empressons de réparer nos omissions bien involontaires.
En effet, nous avions extrait notre liste d’un exemplaire de la troisième
édition du catalogue de l'exposition, la dernière parue au moment de
notre retour. Or, cette troisième édition était incomplète. On nous a
de Londres envoyé un exemplaire de la septième édition et nous y avons
trouvé les distinctions qui suivent, omises dans notre premiére liste.
55e Concours. — 10 Araliacées.
2 prix (5 liv. st.) : Mc Legrelle-d’'Hanis (F. Vervoort, jardinier).
58° Concours. — 12 Maranta.
2° prix (3 liv. st.) : Me Legrelle d’'Hanis (F. Vervoort, jardinier.)
— 204 —
238° Concours. — Miscellanées (hors concours).
Prix de 4 liv. st. à M. J. Linden, pour une collection de 25 nou-
velles espèces de Maranta.
Prix de 1 Liv. st. à M. J. Linden, pour une collection de fruits des
tropiques.
D'un autre côté un de nos amis, excellent appréciateur de plantes,
nous a manifesté son étonnement que nous ayons mentionné parmi
les plantes à sensation le Coleus Gibsoni et le Primula cortusoïdes,
tandis que nous passions sous silence les plantes capitales de MM. Veitch,
telles que son Aphelandra sp. nov. Pérou et son Aralia sp. nov. Nou-
velle Calédonie, ainsi que les Maranta illustris, et Roseo picta, et le
Philodendron Lindeni qui valent tous les Coleus et Primula du monde,
au demeurant des herbes à lapin, comme dit notre spirituel ami.
Nous sommes parfaitement de son avis. Mais dans la courte analyse
que nous avons donnée de l’exposition de Londres, nous nous sommes
bornés à citer, non les plantes les plus belles, les plus remarquables,
mais au contraire celles qui deviendront le plus populaires et se répan-
dront bien vite dans la généralité des cultures. Notre liste n'en men-
tionne pas d’autres : ce sont toutes plantes for the million.
C’est ainsi encore que dans les quelques lignes que nous avons écrites
sur l’exposition de Londres, nous n'avons pas assez fait ressortir la
beauté des plantes exposées par M. Linden et la profonde impression
qu’elles ont produite sur tous les amateurs. Nous nous sommes borné
à en donner la liste. Mais toutes les revues et tous les journaux d’Angle-
terre, y compris le Times et les journaux politiques, ont consacré aux
introductions de notre éminent horticulteur les éloges les plus mérités.
Nous regrettons de ne pouvoir recueillir ici, faute de place, ces cloges
qui s'étendent en réalité sur toute l’horticulture belge.
Celle-ci a d’ailleurs été dignement représentée à Londres : Gand,
Bruxelles et Anvers ont dans ce grand concours vaillamment soutenu
l'honneur de notre vieille horticulture flamande, grâce aux efforts de
M. Linden, MM. Verschaffelt, et à Mad. Legrelle-d’Hanis, qui ont rem-
porté les plus flatteuses FR
Photographies. — Il a paru 15 photographies de vues prises à
l'exposition de Londres : elles ont 9 pouces sur 7 et 7 pouces sur ÿ et
coûtent respectivement 5 sch. 6 den., et 2 sch. 6 den. la pièce. La
collection complète reliée en album, coûte 2 liv. 2 sch. S’adresser à
Londres, chez MM. Cundall et Fleming, 168, New Bond Street.
— 9205 —
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867, A PARIS.
Commission consultative pour l'exposition internationale d’horticulture (1),
Programme de l’exposition.
Art. 1°, Une exposition internationale et permanente de l’horticul-
ture sera ouverte pendant la durée de l'exposition universelle de 1867,
du 4° avril au 51 octobre.
Un jardin de 50,000 mètres carrés compris dans l’enceinte de l’ex-
position universelle, au Champ de Mars, est spécialement affecté à cette
destination.
Les produits y seront placés, suivant leur nature, dans des serres
chaudes ou tempérées, sous des tentes, dans des galeries ou en plein air.
Art. 2. Il sera ouvert successivement, du {°° avril au 51 octobre, qua-
torze concours horticoles internationaux.
Tout exposant que la commission consultative, nommée par la com-
mission impériale, aura admis à un de ces concours, sera tenu de laisser
ses produits exposés pendant toute la durée du concours, qui ne pourra
excéder quinze jours, et de pourvoir à l'entretien de ces produits pendant
leur séjour à l’exposition. Les frais de transport de ces produits sont
à la charge des exposants ; une réduction de 50 p. c. sur les tarifs en
vigueur sera consentie par les compagnies de chemins de fer de l’empire
francais.
Art. 5. Les demandes des horticulteurs français devront être adressées
au conseiller d'Etat, commissaire général de l’exposition universelle
de 1867, au palais de l'Industrie, Champs-Elysées, porte n° IV, deux
mois au moins avant l’ouverture de chaque concours. Les exposants
seront informés de leur admission un mois au moins avant l’ouverture
dudit concours.
Chaque demande indiquera, outre le nom et le domicile du deman-
deur, l’espèce et la variété de produits qu’il désire exposer, le mode
d'exposition que ces produits réclament, l’espace qu’ils occuperont, le
nombre de corbeilles, de groupes ou de massifs que le demandeur pro-
pose de remplir. Une première déclaration, faite avant le 28 février
1867, indiquera les divers concours auxquels le candidat exposant a l’in-
tention de prendre part pendant la durée de l’exposition.
(1) Cette commission est composée de MM. Brongniart (Adolphe), membre de l’In-
stitut, président ; Alphand, vice-président ; Barillet-Deschamps, secrétaire ; Decaisne,
membre de l’Institut : Bouchard-Huzard ; Hardy ; Rivière (Auguste) ; Vilmorin (Henri).
— 206 —
Les demandes des horticulteurs étrangers devront être adressées aux
commissions respectives instituées pour l'exposition par chaque gouver-
nement. La liste des exposants admis scra remise, par chaque commis-
saire étranger, un mois avant l'ouverture du concours, au conseiller
d'Etat, commissaire général. |
Elle devra, comme il a été dit pour les demandes des horticulteurs
français, indiquer, outre le nom de chaque exposant, les produits qu’il
désire exposer, les conditions où ceux-ci doivent être placés, l’espace
qu’ils occuperont, le nombre des corbeilles, de groupes ou de massifs
que le demandeur propose de remplir.
Art. 4. Les quatorze concours annoncés à l’article 2 sont réglés comme
suit :
Premier concours, ouvert le 1°" avril 1867 : Camellias, conifères, vé-
gétaux ligneux et de pleine terre, éricacées, fruits et légumes forcés.
Deuxième concours, ouvert le 15 avril: Rhododendron arboreum,
fruits forcés, jacinthes et plantes de serre tempérée.
Troisième concours, ouvert le 1°" mai: Orchidées, Azalea indica, tu-
lipes, plantes orientales et de serre tempérée.
Quatrième concours, ouvert le 15 mai: Azalea indica et ponticum,
rhododendron, orchidées et plantes ornementales de pleine terre.
Cinquième concours, ouvert le 1° juin : Orchidées, Rosiers, Pelargo-
nium, plantes ornementales et potagères.
Sixième concours, ouvert le 15 juin : Pelargonium, Rosiers, Orchi-
dées, fruits de saison.
Septième concours, ouvert le 1°" juillet : Palmiers, plantes de serre
chaude et plantes annuelles, des fruits de saison.
Huitième concours, ouvert le 15 juillet ; Aroïdées, plantes nouvelles et
annuelles, fruits de saison.
Neuvième concours, ouvert le 1° août : plantes à feuillage coloré,
gladiolus, fuchsia, fruits de saison.
Dixième concours, ouvert le 15 août : plantes ornementales et annuel-
les, fougères et fruits de saison.
Onzième concours, ouvert le 4°" septembre : Plantes potagères, plan-
tes ornementales, Dahlias, fruits de saison.
Douzième concours, ouvert le 45 septembre : Dahlias, plantes diverses
et fruits de saison.
Treizième concours, ouvert le 1°" octobre : Fruits (concours général)
et plantes diverses.
Quatorzième concours, ouvert le 15 octobre : Arbres fruitiers formés
(concours général.) ‘
Un programme général et détaillé de ces quatorze concours sera pu-
blié avant la fin du mois de juillet 1866.
Art. 5. Les plantes exotiques, pendant les deux premiers jours de cha-
que concours, seront placées dans l’enceinte du palais de cristal élevé au
SONT QE
centre du jardin de l’exposition internationale d’horticulture ; elles seront
replacées ensuite dans les serres spéciales qui leur auront été affectées.
Art. 6. Une section spéciale du jury international des récompenses,
composée de 24 membres dont 12 français, est instituée par la commis-
sion impériale, sous le titre de Jury du groupe des produits vivants et
spécimens d'établissements de l’horticulture.
Sur les propositions présentées par ce jury de groupe, la commission
impériale nommera, cinq jours avant l’ouverture de chaque concours,
un comité international de jurés-associés choisis parmi les notabilités
horticoles de la France et de l’étranger.
Ces jurés auront pour mission de juger les produits présentés au pre-
mier concours ouvert après leur nomination, de classer ces produits
selon leur mérite, en quatre catégories, sous les titres: premiers,
deuxièmes, troisièmes prix de concours et mentions honorables.
Les opérations des jurés commenceront le jour même de l’ouverture
du concours et seront terminées en deux jours. Les prix et mentions de
concours accordés par les jurés seront immédiatement rendus publics et
affichés sur les produits qui en auront été jugés dignes. Ces prix et men-
tions ne seront pas décernés après chaque concours, mais seront portés
au dossier de l’exposant, comme des titres pour l’obtention de quelqu’une
des grandes récompenses qui seront décernées et distribuées à la fin de
l'exposition universelle, sur l'avis du jury international.
Art. 7. Les récompenses à décerner par le jury international des ré-
compenses pour les produits de l’agriculture, de l’horticulture et de
l’industrie, sont instituées ainsi qu’il suit par le règlement de la com-
mission impériale sur les récompenses, du 7 juin 1866, approuvé par
décret de l’empereur en date du 9 juin 1866 :
Grands prix et allocations en argent, d’une valeur totale de deux cent
cinquante mille francs ;
Cent médailles d’or, d’une valeur de mille francs chacune ;
Mille médailles d’argent ;
Trois mille médailles de bronze ;
Cinq mille mentions honorables au plus ;
Toutes les médailles ont le même module.
Un conseil supérieur, de vingt-sept membres, institué par le même
réglement et où siégent le président et le vice-président du jury dun
groupe de l’horticulture, est chargé de répartir les récompenses ci-des-
sus énumérées, entre les divers groupes de produits vivants et spécimens
de l’horticulture.
Art. 8. Le jury du groupe de l’horticulture fera, le 20 octobre 1867,
un relevé général des prix de concours de divers ordres et des mentions
accordés à la suite de chacun des quatorze concours. D’après ce relevé,
en tenant compte du nombre et de l’ordre des prix ainsi que des mentions
obtenus par un même exposant, le jury de groupe décernera les grands
— 208 —
prix, allocations en argent, médailles d’or, d’argent ou de bronze mis à
sa disposition par le conseil supérieur.
Les diplômes porteront un rappel des prix et mentions de concours
remportés par le lauréat pendant la durée de l'exposition.
Le président de la commission consultative.
BRONGNIART.
Le Secrétaire,
BARILLET-DESCHAMPS.
EXPOSITION PROVINCIALE A ARLON LE 12 SEPTEMBRE
A L'OCCASION DE LA VISITE DE LL. MM. LE ROI ET
LA REINE.
La Société agricole du Luxembourg a publié le programme le plus
large pour l'exposition que nous annoncçons. Il comprend les animaux
domestiques, les produits agricoles, pomologiques et maraïchers, la flo-
riculture, les meubles et instruments de jardinage, les produits forestiers
et la mécanique agricole. Des mesures bien libérales ont été prises par-
ticulièrement en ce qui concerne l’horticulture et en vue d'attirer à
Arlon des exposants de tout le pays. Ainsi les frais de transport, aller
et retour, seront supportés par la Société, de même que ceux de débal-
lage et de réemballage, si les exposants ne font pas procéder eux-mêmes
à ces opérations. La commission directrice de l’exposition achètera des
plantes pour organiser une tombola.
Le Luxembourg est une province en quelque sorte neuve pour l’hor-
ticulture perfectionnée : elle était jusqu'ici un peu à l'écart, mais les
voies ferrées y pénètrent de toutes parts et dejà un mouvement horticole
très-prononcé s’y est manifesté. Bientôt cette province sera pour nos
hortieulteurs un débouché nouveau et important. Une Société horticole
a été fondée il y a quelques années à Arlon. M. Simon qui en est le pré-
sident et M. Montlibert secrétaire, consacrent une grande activité au
développement de cette branche de la culture et nous aimons à croire
qu’à l’occasion de la prochaine visite à Arlon de LL. MM. le Roi et la
Reine un grand nombre d’horticulteurs du pays feront acte de bonne
confraternité envers leurs nouveaux confrères du Luxembourg.
— 209 —
EXPOSITION EXTRAORDINAIRE A MONS,
LE 16 SEPTEMBRE,
Organisée par les deux Sociétés réunies sous le patronage de l’admi-
nistralion communale.
La visite du ROI à Mons ayant été avancée de plus d’un mois, il a paru
impossible à la Commission organisatrice de l'Exposition de la faire
coincider avec la visite royale.
En conséquence, l'Exposition des produits de l’Horticulture et de
l'Agriculture reste fixée au mois de septembre et l’ouverture en aura lieu,
le Dimanche 16.
Les plantes, les fruits, les légumes, les animaux et les instruments
seront reçus au local de l'Exposition (MANÈGE DE CAVALERIE), à partir du
Mercredi jusqu’au Vendredi soir.
Les produits destinés aux concours 45° jusqu’au 49% seront recus
jusqu’au Dimanche à neuf heures du matin. Ces concours seront jugés
par la Commission organisatrice de l'Exposition.
BIBLIOGRAPHIE.
Éléments de botanique, comprenant l’anatomie, l’organogra-
phie, la physiologie des plantes, les familles naturelles et la géographie
botanique, par M. F. DucuarrRe(l). — Nous avons salué avec une véri-
table satisfaction l'apparition de ces nouveaux Elements de botanique,
que nous nous empressons de signaler à tous ceux qui s'intéressent à la
science que nous cultivons. Depuis longtemps un bon manuel élémen-
taire de botanique manquait à la littérature française. Le livre de
M. Duchartre deviendra immédiatement classique. Nous le recomman-
dons à nos élèves et nous le conseillons à tous ceux qui font de l’horti-
culture raisonnée. |
Un manuel de botanique est toujours une œuvre de grande impor-
tance qui marque dans la vie de l’auteur et dans la marche de la science.
Ces sortes d'ouvrages indiquent les étapes du progrès et doivent résumer
l’état des connaissances au moment de leur publication. Mieux celui qui
l'écrit connaît-il l’ensemble des travaux de ses confrères et plus est-il
(1) Paris. chez J. B. Baillière et fils, { vol. in-8 avec 500 figures dessinées par
M. À. Riocreux, 1866. Prix : 15 fr.
14
| MOe
disposé, dans sa modestie, à qualifier son manuel d’élémentaire. Il est
élémentaire, en effet, en ce qu’il apprend à ceux qui commencent les
principes acquis à la science et l’état des esprits, en ce qu’il aborde
rarement les longues controverses et les discussions, surtout en ce qu'il
n'entre pas dans les détails réservés aux monographies. Mais c’est en
même temps une œuvre de haute valeur scientifique en ce qu’il résume
les travaux vraiment utiles qui demeurent acquis à la science. Il faut
un esprit éminemment judicieux pour écrire des éléments de botanique,
une grande connaissance de la littérature scientifique et une autorité
supérieure dans la science.
Ces diverses qualités sont réunies chez M. Duchartre, membre de
l’Institut, professeur de botanique à la faculté des sciences de Paris,
secrétaire-rédacteur de la Société impériale et centrale d’horticulture.
Son livre est éminemment consciencieux. Sa rédaction a dû imposer à
l’auteur des recherches immenses. Il a tenu compte, non-seulement des
travaux de la littérature scientifique francaise, mais de tous ceux qui ont
paru en langue étrangère. Les manuels ou éléments de botanique publiés
par De Candolle, Richard et Jussieu ont été successivement dans les
mains des élèves. Ces ouvrages mémorables avaient vieilli. Le livre de
M. Duchartre les remplace avec le plus grand avantage. Tout à fait au
courant de la science il est écrit dans un style clair, attrayant et plein
d’attachement, dépourvu de sécheresse et de pédantisme. Il suffit de le lire
avec l'attention que comporte toute œuvre scientifique pour connaître la
botanique. Nous comparons volontiers les manuels élémentaires aux fon-
dements d’un édifice scientifique; ils servent de base ou, si l’on veut, de
seuil aux nouveaux adeptes qui pénètrent dans le temple de la science;
ils sont l’origine et souvent le promoteur des travaux qu’ils entrepren-
dront eux-mêmes. M. Duchartre a le mérite de ne pas présenter la
science comme toute faite et assise ; il y a dans son livre un levain
de fermentation qui entretiendra le feu sacré. Un point qui a
bien son importance et que nous avons reconnu avec plaisir, c’est que
les détails ardus et techniques de l’enseignement didactique de l’ana-
tomie végétale par exemple, sont entremélés, à titre d'exemple, de
renseignements sur les plantes utiles. Ce sont comme des épisodes dans
l'épopée scientifique qui se développe d’un bout à l’autre de l’ouvrage.
L'esprit de l'étudiant se repose et s’éclaire ainsi, en même temps
qu'il s'attache à la science.
Nous croyons inutile d'écrire l’analyse détaillée de louvrage de
M. Duchartre; elle serait superflue pour les botanistes auxquels il ne
saurait rester étranger. Nous ne parlerons pas non plus de l’ordre
que l’auteur a suivi. Il est en réalité le plus scientifique. Si nous nous
en départissons dans notre enseignement personnel, c’est en vertu de
certaines considérations secondaires et pratiques. Nous abordons directe-
ment l’étude de l’organographie des organes de nutrition, que nous
VE
Mi
ï
— 211 —
faisons suivre de l’anatomie générale et de l’anatomie spéciale, puis
de la physiologie. Nous suivons cette marche pour ne pas rebuter les
jeunes étudiants et pour approprier pendant toute l’année l’enseignement
aux produits de la saison, faisant de l’organographie en automne, de
l'anatomie en hiver, de l’anthographie (nous écrivons le mot comme
il nous vient) pendant l’été. Mais dans un livre, ces sortes de consi-
dérations sont sans valeur.
Ajoutons encore, pour terminer, que M. Duchartre est le botaniste
placé le mieux et le plus haut pour écrire un livre de botanique, con-
venable pour les horticulteurs éclairés. Il dit dans son introduction :
« À notre époque, et je ne pense pas qu'il y ait lieu de s’en plaindre, à
côté des données de la science pure, on aime à trouver exposées ou
au moins indiquées les applications utiles ou pratiques qui peuvent en
être faites. Aussi aurai-je soin de joindre à l’examen de chaque organe
et à l’histoire de chaque acte physiologique l'indication des principaux
faits d'application qui s’y rattachent, surtout celle des opérations de
la culture qui en reçoivent ou leur explication naturelle, ou leur
direction sûre et mieux raisonnée. » L'ouvrage tient toutes ces pro-
messes et au-delà, aussi est-il de ceux qui doivent faire partie de cette
collection que nous avons cru pouvoir nommer la Bibliothèque de lu
Belgique horticole.
Manuel de la Flore de Belgique, par FR. CRErIN , deuxième
édition, considérablement augmentée (1). — L'apparition de ce livre,
impatiemment attendu, a été un véritable événement pour les bota-
nistes phytographes de Belgique ; ils se sont empressés de le lire; tous
sans doute possèdent et connaissent déjà ce nouveau Manuel. Cepen-
dant nous croyons devoir le signaler ici à maintes personnes qui, sans
être botanistes de profession, désirent quelquefois s’occuper de bota-
nique rurale et pouvoir déterminer sûrement les plantes spontanées
qu'elles rencontrent. Notre publicité le signalera peut-être encore à
quelques botanistes étrangers.
Vers 1830, un peu avant et un peu après, l’étude de la Flore
belge avait acquis une grande activité par l’élan que lui donnèrent
les travaux de Kickx, Lejeune, Courtois et M. Dumortier. C’est une
époque sérieuse pour notre botanographie nationale. D’excellentes flores
et de bons herbiers virent le jour. Plus tard, les études botaniques
changèrent de direction. La cryptogamie, l’anatomie et la physiologie
végétale, jusque là fort arrièrées en Belgique, attirèrent plus spéciale-
ment l'attention. Morren, Kickx et Martens, professeurs de botanique
dans nos principales universités, n'étaient pas phytographes. Notre
(1) Bruxelles, chez Gustave Mayolez, éditeur. 1 vol. in-12 de 384 pages. Prix G fr.
— 212 —
Flore était un peu délaissée. Cependant d’utiles travaux virent le jour.
L'un des meilleurs est la Flore de la province de Namur, par M. l’abbé
Bellynck, professeur au Collége de la Paix à Namur. M. Fr. Crepin,
de Rochefort, est un disciple de cet excellent botaniste, et il pHblis
en 1860 un Manuel de la Flore de Belgique.
Ce fut le signal d’une véritable rénovation. Le feu sacré couvait
sous la cendre et se ralluma au contact de cet aliment nouveau.
La Flore de M. Crepin devint le manuel classique de tous les étu-
diants et de tous les investigateurs de la végétation naturelle de notre
sol. Les herborisations prirent un essor nouveau. Les botanistes devin-
rent plus nombreux et bientôt, comme une conséquence immédiate de
cette ardeur au travail, se fonda la Société royale de botanique. Cette
Société presque toute composée de jeunes gens fut néanmoins assez
heureuse pour pouvoir mettre à sa tête le nestor des botanistes
belges , M. Barthélemy Dumortier, que les débats du patriote et les
entrainements de la politique n’avaient jamais distrait des études scien-
tifiques. Aussi jeune que tous les autres par le cœur et par l’activité,
M. B. Dumortier a su comme président de la Société de botanique
inculquer à ceile-ei les bonnes et saines traditions de l’ancienne école.
Il est beau, il est touchant de le voir chaque année conduire la troupe
des floristes belges, réunie pour une grande exploration en commun,
à travers une partie du pays pour fouiller, sous l’ardeur du soleil de
juillet, les rochers et les ravins, les bois et les marécages, à la recherche
des herbes rares ou nouvelles; parcourir de longues étapes, ne reculer
devant aucune fatigue, et toujours M. Dumortier est à la tête des plus
infatigables.
Par l'influence de ces deux savants, M. Dumortier et M. Crepin, la
Société belge de botanique est devenue un centre d’activité pour la con-
naissance de la Flore belge. Les autres parties de la science y sont un
peu négligées. La bibliographie particulièrement pourrait y être mieux
remplie. Quoi qu’il en soit notre Flore est étudiée comme elle ne l’a été
à aucune époque. Les espèces litigieuses sont recherchées, les formes
douteuses sont observées. Depuis 1860, M. Fr. Crepin, nommé professeur
de botanique à l’École d’horticulture de l’État à Gendbrugge près de
Gand, n’a cessé de perfectionner son premier essai et c’est le fruit de
ces six années d’un travail incessant de révision qu’il vient de publier
sous la forme d’une seconde édition de sa Flore. Ce livre a un double
but ; permettre la détermination des formes végétales dont se compose
le tapis floral de notre sol, et faire connaître la distribution géogra-
phique de ces formes. Cette seconde partie constitue le principal mérite
de l’auteur et donne à son livre sa plus grande valeur originale. Il a
divisé la Belgique en un certain nombre de régions botaniques et pour
chaque espèce il fait connaître sa répartition dans ces zones. Il expose
sous une forine très-concise le résultat de la comparaison d’un grand
— 215 —
nombre d'observations particulières. Peut-être cette forme serait-elle un
peu trop brève, nous dirions volontiers trop théorique, s’il ne s'agissait
pas d’un simple manuel, vade mecum des hcrborisations. Nous enga-
geons M. Crepin, lorsqu'il publiera la Revue qu’il a annoncée de la Flore
de Belgique, de donner en détail la nomenclature des localités où les
espèces ont été signalées avec autorité.
En attendant, son livre est le manuel elassique de la Flore belge et il va
donner une nouvelle impulsion aux recherches des investigateurs. Ils ne
sont pas tous bien savants et bien préparés à étudier l’œuvre de la nature.
A côté des botanistes il y a les botanomaniaques ; ils collectionnent des
plantes, comme d’autres collectionnent des timbres-poste, des cailloux
ou des coquilles ; tout cela est ramassé, préparé, arrangé et étiqueté avec
les meilleures apparences scientifiques. La botanomanie donne à quel-
ques-uns une allure scientifique qui sied à merveille. Ils tranchent du
latin et découpent des espèces avec une autorité magistrale. Mais ceux
qui savent que l’habit ne fait pas le moine, savent aussi que l’herbier et
le livre ne font pas le botaniste.
Flore analytique du centre de la Belgique, par MM. Louis
Piré et Feux Muczer(l). — Cet ouvrage, utile pour les herborisations
aux environs de Bruxelles, a le mérite de renseigner beaucoup de lo-
calités où l’on peut trouver les plantes du centre de la Belgique.
Cours complet de botanique en tableaux, publié par
M. Louis Piré et Mme ADÈLE PIRÉ, née DAUTZENBERG (2). — Sous ce titre
M. L. Piré, secrétaire de la Société royale de botanique, annonce un
cours complet d’organographie et d'anatomie végétale qui pourra con-
venir, dit le prospectus, non seulement à l’enseignement publie, mais
encore à l’enseignement privé. Une planche spécimen a paru.
Catalogue raisonné des arbres, etc., par M. A. WESMAEL. —
On lit dans les Annales de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne
(tome XIIL, 1866, p. 55) : « Il a été publié, dans le Bulletin du Congrès
international d’horticulture, tenu à Bruxelles en avril 1864, un catalogue
raisonné des arbres forestiers et d'ornement de pleine terre en Belgique,
rédigé par M. Alfred Wesmael, directeur de la Société d’horticulture et
de zoologie de Mons. M. Astié croit qu'il serait d’une grande utilité
pour les pépiniéristes et les horticulteurs qui s’occupent particulière-
ment de la culture en plein air, de consulter ce document. On y re-
— a —— — ——_———
(1) Bruxelles, chez V. Devaux et Cie, éditeur; 1 vol. in-12, 1866. Prix 4 francs.
(2) Cent tableaux in-fol. coloriés, accompagnés d’un texte explicatif, pour paraitre
en livraisons trimestrielles de dix planches. Prix de la livraison, fr. 6-50. A Bruxelles,
chez l’auteur, rue d'Orléans, 15.
— 214 —
marque, en effet, des espèces et des variétés qui n'existent pas dans nos
collections, ou d’autres qui, si elles y figurent, n’ont pas encore été
livrées chez nous à la pleine terre ou du moins y ont été élevées sur une
trop petite échelle et avec quelque hésitation. Cependant notre climat
est beaucoup moins rigoureux que celui de la Belgique; notre sol en
moyenne est aussi fertile que celui de ce pays. Par quelques citations
empruntées à la famille des conifères, M. Astié indique quelles ressour-
ces nouvelles nos plantations forestières ou d'agrément pourraient puiser
dans certaines espèces ou variétés précieuses.
Journal de l’agriculture, par M.J. A. Barrau(l), — « Pendant
dix-sept ans, dit M. J. A. Barral en tête de cette nouvelle publication,
J'ai dirigé et signé le Journal d'agriculture pratique. Je croyais ne m’en
séparer jamais. Mais, de la manière la plus inopinée, tout-à-coup, les
nouveaux propriétaires de ce recueil sont venus me déclarer qu'ils
avaient résolu de changer la ligne suivie par sa rédaction, et qu’en
conséquence ils étaient dans la nécessité de recourir à un autre rédac-
teur en chef. On m’a demandé ma démission, en m'offrant d’ailleurs les
compensations auxquelles je croirais pouvoir avoir droit, et une liberté
d'action égale à celle dont on usait à mon égard. J’ai tout fait pour em-
pêcher la scission qui s’est produite; mais en l’absence d’un contrat
écrit, j'ai dû céder. Dès lors je n'avais que deux partis à prendre : ou
cesser de parler, ou bien élever une nouvelle tribune à côté de celle
d’où j'étais subitement évincé.
« J'ai été convaincu que les REUDUES me ticndraient nn de
dix-sept années d’un travail opiniâtre, car j’ai foi que lorsqu'on a le bon
droit pour soi, on rencontre aussi le succès, pourvu qu’on y mette de la
persévérance. D'ailleurs la sympathie des agriculteurs n’est la propriété
de personne : elle est à qui sait la mériter. »
M. Barral a également cessé de diriger la Revue horticole qui paraît
désormais sous la direction de M. Carrière et il a annoncé le projet de
fonder la Revue de l’horticulture.
M. Barral est un publiciste courageux et il a rendu de véritables ser-
vices à l’horticulture. Nous sommes heureux que son différent avec ses
éditeurs n’a pas abattu son courage et provoque, au contraire, l’appari-
tion d’un nouvel organe de publicité horticole.
Les espèces de cotonnier par M. Pa. PARLATORE. — Le specie
dei Cotoni descritte da Firippo ParLarToRe. — Florence. Imprimerie
royale, 1866. — Les événements d'Amérique ont donné naguère une
importance particulière à la culture du coton. Elle a été introduite et
(1) À Paris chez M. Ch. Delagrave et Ce, éditeurs, 78, rue des Ecoles. Fe in-8,
2 vol. par an Prix : 20 fr.
— 215 —
tentée aux Indes, en Egypte, en Algérie et sur différents autres points de
l'Afrique. L'Italie a voulu aussi profiter de son beau climat pour doter
l'Europe de cette culture. Une commission spéciale a été nommée sous
la présidence du commandeur G. Devincenzi. Pour marcher sûrement
vers le but qui lui était assigné la commission a voulu s’éclairer des
lumières de la science. Telle est l’origine de la superbe monographie
des cotonniers que vient de publier M. le professeur Parlatore, de Flo-
rence. Ce travail est aussi concis que complet ; c’est une œuvre d’'éru-
dition et de sagacité. Après une histoire du coton, le savant professeur
aborde la monographie des espèces. Il les réduit à sept. Au contraire,
dans un autre travail sur les mêmes plantes publié l’année dernière par
le savant directeur du jardin botanique de Palerme, M. Todaro, on compte
environ 50 espèces différentes. Quoi qu’il en soit, chaque espèce est étu-
diée avec une grande autorité et M. Parlatore nous donne son histoire
depuis sa découverte jusqu’au moment où il l’a cultivée lui-même dans
le jardin botanique de Florence.
L'ouvrage est sorti des presses de l’imprimerie royale, les planches,
grand in-folio, sont chromolithographiées de la facon la plus remar-
quable.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
A PROPOS DES PLANTES GRIMPANTES,
par M. Naunn.
Deux opinions se partagent aujourd’hui les savants ; pour les uns, le
monde est encore tel que le jour où il est sorti tout fait des mains du
Créateur; pour les autres, il n’a cessé d’évoluer et de changer de
figure avec les âges. Cette dernière hypothèse, que quelques-uns regar-
dent comme favorable à l’athéisme, et qui n’est, en réalité, pas plus
athée que la première, n’est autre chose que l’application, à l’ensemble
des êtres organisés, des lois qui régissent chacun d’eux en particulier.
S'il faut l'intervention divine pour faire sortir l’univers du néant, cette
intervention n’est pas moins nécessaire pour déterminer ses évolutions
successives. Au fond, c’est le même fait : tout phénomène, tout chan-
gement de rapports dans les choses est une création en petit, rigoureu-
sement équivalente quant à sa cause, sinon quant à ses effets, à la
création du tout, et qui suppose, aussi bien que cette dernière, une
puissance douée de spontanéité et intelligente. Qu'il s'agisse d’un fétu
ou d’un monde, Dieu est l’initiateur des faits; c’est lui qui donne
— ONGLES
le branle et qui met le concert dans les éléments sans nombre, dont
les activités empruntées, mais variées à l'infini, constituent la vie
universelle. En somme, les brillants athées de notre temps se sont trop
pressés d'étayer sur la théorie de l’évolution, si admirablement exposée
par M. Darwin, leur thèse favorite, dont, soit dit en passant, nous
n’apercevons l’utilité ni pour les progrès de l’esprit humain, ni pour
la pratique de la vie.
Voilà un préambule qui ne ferait guère supposer ce que je voulais
dire en commençant cet article ; cependant il s’y rattache assez étroite-
ment, ainsi qu'on va le voir. Les plantes actuellement grimpantes
ont-elles grimpé dès l’origine, ou bien leur clématisme (1) n’est-il qu’une
faculté acquise, un expédient, si je puis m’exprimer ainsi, pour faire
face à des nécessités qui auparavant n’existaient pas? Les partisans de
l’immobilité ne manqueront pas de répondre que, de tout temps, les
plantes ont grimpé; que le Haricot et le Houblon, par exemple, ont
été créés tout enroulés sur les tiges d’autres plantes, sur des tuteurs
quelconques créés en même temps qu’eux et exprès pour eux. Il en
serait de même relativement à la question du parasitisme : dans la
théorie de l’immobilité et de l’invariabilité , la logique veut qu’on
admette que les animaux et les végétaux ont été créés avec leurs para-
sites; que le premier pied de Luzerne était déjà infesté par la cuscute,
et que le premier homme logeait des poux dans ses cheveux. Pour
nous autres révolutionnistes, il n’en est point ainsi : le parasitisme
n’est pas de première création, non plus que le clématisme; ce sont
seulement des adaptations d’êtres déjà existants à des conditions nou-
velles. La même puissance créatrice qui les a fait naître, les a, à un
moment donné, modifiés conformément à des finalités qui, jusque là,
n'avaient pas eu de raison d’être. En ce qui concerne le clématisme,
une très-belle étude de M. Darwin ne laisse pour ainsi dire aucun doute
sur ce point. Pour lui, le clématisme est né de la nécessité. Étouffée
sous l'ombre épaisse des forêts, la plante était condamnée à mourir
ou à aller jusqu’au faite des arbres chercher de l’air et un rayon de
soleil. Un grand nombre, sans doute, ont péri dans le combat ; quelques-
unes en sont sorties victorieuses , et se faisant un point d'appui du
tronc de leurs oppresseurs, elles ont fini par dominer leurs cimes. C’est
ainsi qu’on à vu plus d’une fois un peuple conquis conquérir à son
tour son vainqueur, l’absorber et en quelque sorte l’annihiler par l’in-
fluence irrésistible de ses idées et de ses mœurs.
M. Darwin divise les plantes grimpantes en trois groupes (2) : les
(1) Je nomme ainsi la faculté de grimper. Aucun mot n’existant en français pour
exprimer celte idée, je n’ai pas hésité à en fabriquer un, qui est, je crois, conforme à
la règle
(2) En traitant des plantes grimpantes dans notre second volume du Manuel de
— 217 —
plantes enroulantes ou volubiles , celles qui s’aident de leurs feuilles ou
de leurs pétioles pour en escalader d’autres, et celles enfin qui s’accro-
chent, à l’aide de vrilles, à tout ce qu’elles peuvent saisir. Ces trois
groupes ont été, de sa part, l’objet d'expériences et d'observations
très-altentives et très-suivies. On peut présumer, dit-il, que les plantes
ne sont devenues grimpantes que par le besoin qu’elles ont eu d'aller
chercher au loin l'air et la lumière que leur interceptaient d’autres
végétaux, et ce but a été atteint par un moyen si simple et une si
faible dépense de matière organique, qu’on a lieu d’en être surpris
si l’on compare le volume des arbres avec celui des plantes grimpantes
de même hauteur auxquelles ils servent de soutiens. Les plantes volu-
biles ne sont telles que parce que leurs entre-nœuds ont une tendance
à se tordre en spirale, et la même propriété a dù exister et même
existe encore, plus ou moins prononcée, chez celles dont les pétioles
ou les extrémités des feuilles, doués d’une certaine sensibilité, sont
devenus des organes de préhension. Il est bien visible, en effet, que
sans cette tendance des tiges à la torsion, les feuilles et leurs pétioles
n'auraient pu que rarement et comme par hasard, se trouver en contact
avec les objets qu’elles devaient saisir. À moins donc de supposer que
les plantes qui s’aident de leurs feuilles pour grimper, aient acquis
simultanément les deux propriétés dont il vient d’être question, il
semble probable qu’elles ont été, dans le principe, simplement volubiles,
et que c’est postérieurement que s’est développée la préhensibilité de
leurs organes appendiculaires. Pour des raisons semblables, on est
autorisé à croire que les plantes munies de vrilles ont été primor-
dialement volubiles ou, plus exactement, qu’elles descendent d’espèces
ayant eu cette propriété, qui s’est graduellement affaiblie ou entière-
ment perdue dans leur descendance. Il est de fait que, dans la majorité
des plantes cirrhifères (pourvues de vrilles\, les entre-nœuds se tordent
à quelque degré, comme chez les plantes volubiles; il y en a même dont
les tiges peuvent encore s’enrouler autour de tuteurs verticaux, mais
il y en a aussi chez lesquelles cette faculté a complètement disparu
des tiges pour se réfugier à l’extrémité des vrilles, et ce sont celles-là
qu'on doit considérer comme ayant subi les modifications les plus
profondes et les plus nombreuses. Les trois grandes familles grim-
pantes qui ont perdu le plus complétement la faculté de s’enrouler,
sont les Cucurbitacées, les Passiflorées, et les Ampélidées. Les faits
l’amateur de jardins, actuellement sous presse et devant paraitre prochainement,
nous avons distingué quatre modes de clématisme, c’est-à-dire le clématisme par
enroulement, par préhension, par enchevélrement et par juxtaposition, qui nous parais-
sent comprendre tous les cas possibles de la faculté de grimper. Cette distinction était
nécessaire au point de vue de la culture des plantes grimpantes, dont les emplois, dans
la pratique, sont très-différents suivant leur manière de grimper.
— 218 —-
abondent pour prouver que chez les plantes qui grimpent à l’aide
de leurs feuilles, un organe foliacé peut, tout en conservant sa fonction
propre, devenir sensitif au contact d’un corps étranger et se modifier
en vrille pour le saisir. Ainsi, de vraies feuilles acquièrent dans cer-
tains cas, toutes les propriétés des vrilles, la sensibilité, le mouvement
spontané et la faculté de s’endurcir pour constituer une attache solide.
Si leur limbe venait à disparaitre, elles se trouveraient transformées
en véritables vrilles et on pourrait citer des exemples de cette trans-
formation à tous les degrés. D’après cette manière de voir, les plantes
qui grimpent au moyen de leurs feuilles ont été primordialement des
plantes enroulantes, et celles qui portent des vrilles ont grimpé avec
leurs feuilles avant d’être pourvues de vrilles parfaites On aperçoit
du premier coup d’œil la relation de ces trois modes de clématisme
et la succession de leur apparition dans la nature.
La manière dont ces différents clématismes se distribuent dans les
familles et autres groupes naturels, est une preuve presque indéniable
de leur affinité. C’est ainsi, par exemple, que les nombreuses espèces
qui grimpent à l’aide de leurs feuilles dans les Antirrhinées, les Sola-
num, les Cocculus, les Méthoniques, etc., sont proches parentes d’autres
espèces de mêmes familles ou de mêmes genres qui sont décidément
volubiles. D'un autre côté, les Clématites, qui s’aident de leurs pétioles
pour grimper, sont pareillement très-voisines du ÂVavarilia, genre
pourvu de vrilles. Le groupe si homogène des Fumariacées renferme de
même des espèces cirrhifères et des espèces grimpantes par leurs feuilles.
Enfin, il y a une espèce de Bignonia qui réunit ces deux caractères à la
fois, tandis que d’autres, parmi ses congénères, sont strictement volu-
biles. Les vrilles, qui résultent de pédoncules floraux modifiés, nous
montrent de même tous les passages entre leur état primitif et celui de
vrille; c’est ce qu’on voit dans la vigne, où les vrilles se rencontrent
tantôt sous leur forme normale, tantôt sous celle de grappes plus ou
moins fournies. Il y a donc des vrilles qu’on peut appeler foliaires ou
appendiculaires, et des vrilles d’origine axile, c’est-à-dire de même
nature que les tiges, les branches et les rameaux, mais, quelque soit
leur point de départ organique, leurs fonctions sont toujours identique-
ment les mêmes.
Un point bien intéressant dans l’histoire naturelle des plantes grim-
pantes, intéressant pour les hommes qui aiment à réfléchir, c’est leur
motilité, lente sans doute, mais très-visible, dont le but est de chercher
l'objet qui doit leur servir de soutien. Les organes les plus différents
par leur nature, la tige, les pédoncules floraux, les pétioles, les nervures
des feuilles prolongées au-delà du limbe, les folioles, et jusqu’à un cer-
tain point les racines aériennes, toutes ces parties jouissent de la faculté
de se mouvoir. Les plantes grimpantes, continue M. Darwin, sont si
nombreuses, qu’elles deviennent un des traits saillants du règne végétal.
— 219 —
Elles appartiennent aux familles les plus variées d'organisation, et, dans
la plupart de ces familles, elles offrent tous les degrés et tous les genres
de clématisme. Sur les cinquante-neuf alliances ou groupes de familles
admises par Lindley dans son Règne végétal, il y en a trente-six (plus de
la moitié) qui contiennent des plantes grimpantes, et il s’en trouve
jusque dans l’embranchement des Cryptogames. Si, d’une part, nous
réfléchissons à ce fait, et que, d’autre part, nous remarquions que,
dans certaines familles à la fois très-étendues et nettement définies,
comme les Composées, les Rubiacées, les Scrophularinées, les Lilia-
cées, etc., il n’y a communément que deux ou trois genres dont les
espèces soient douées de la faculté de grimper, nous arrivons presque
invinciblement à conclure que cette faculté est en puissance, quoique
non réalisée, dans presque toutes les espèces du règne. L'observation
des plantes grimpantes, continue M. Darwin, nous force à reconnaitre,
dans la structure des végétaux un degré de perfection que peut-être on
n’y soupconnait pas jusqu'ici. Pour nous en faire une idée, examinons
ce qui se passe dans les espèces cirrhifères que nous avons dit être les
plus complètes parmi celles qui jouissent de la propriété de grimper.
Nous les verrons tendre leurs vrilles, toutes prêtes à agir, de la même
manière qu’un polype tend ses tentacules ; si ces vrilles sont dérangées
par un accident, elles reviennent d’elles-mêmes à leur direction pre-
mière ou rencontrent ailleurs le corps qu’elles ont besoin de saisir.
Tantôt elles sont sensibles à l’action de la lumière, se dirigeant de son
côté ou s’en écartant, tantôt elles y sont indifférentes, suivant qu’elle
peut être utile à la plante. Pendant des jours entiers on voit la vrille,
ou tout entre-nœud auquel elle tient, exécuter des révolutions de droite
à gauche ou de gauche à droite, en quête de l’objet à saisir. A peine cet
objet est-il en contact avec son extrémité, qu’elle s’enveloppe de ses
replis et le retient énergiquement ; bientôt même elle se contracte en
se roulant en spirale et rapproche la plante de son soutien. Tout mou-
vement cesse alors, mais le travail se continue dans l’intérieur de la
vrille, qui s'endurcit et acquiert une merveilleuse ténacité(1).
Au nombre des principes absolus sur lesquels repose la philosophie,
(1) Il y a des cas où l’adhérence de la vrille aux corps avec lesquels elle se
met en contact, se fait d’une autre manière. Au lieu de saisir le corps en s’en-
roulant autour de lui, l'extrémité de la vrille s’épate par un développement parti-
culier de son tissu, et forme une ventouse très-adhésive, après quoi elle se con-
tracte en se roulant en spirale, comme :l a été dit ci-dessus. Ce fait s’observe dans
quelques Cueurbitacées américaines, qui peuvent, au moyen de ces vrilles-ventouses,
adhérer solidement aux corps les plus lisses. Nous les avons vues, au Muséum,
appliquer les digitations de leurs vrilles sur les vitres des chassis et s’y coller avec
une telle force, qu’il était plus facile de les rompre que de les en détacher. C’est
là un nouveau perfectionnement du clématisme à ajouter à ceux dont il a été question
ci-dessus,
— 220 —
il en est un qu’il est bon de rappeler; c’est celui-ci : le soi n’agit pas
sur le soi. Cependant, voilà des plantes qui modifient leurs habitudes
et leur structure, qui, pour ne pas périr étouffées, s’allongent déme-
surément, et qui, devenues débiles par cet allongement même, cherchent
un appui sur des végétaux plus robustes et s’y cramponnent par les
moyens les plus ingénieux et les plus variés. C’est tout une méca-
nique, et des plus savantes, qui ferait attribuer aux plantes le senti-
ment, l'intelligence et la spontanéité. Mais qui oserait soutenir que la
plante a conscience de ses besoins, qu’elle raisonne et agit comme si
elle voyait ce qui est en dehors d’elle? Le soi n’agissant pas sur le
soi, il n’est pas davantage possible de soutenir qu’elle se modifie elle-
même pour s’accommoder aux circonstances. Il est donc de toute évi-
dence que dans ses évolutions elle obéit à une puissance supérieure, et
comme cette puissance doit être intelligente sous peine de laisser périr
les choses, il n’y a qu’une seule explication possible du fait : c’est que
Dieu est partout présent et sans cesse agissant dans la nature; qu'en
un mot, il crée encore aujourd’hui tout aussi effectivement que dans le
principe, et qu’il est la cause unique et déterminante des phénomènes.
Quand je considère combien la doctrine de l’évolution agrandit le rôle
de Dieu dans nos conceptions de l’univers, je suis surpris que des
hommes qui se disent libres-penseurs se soient avisés d’y chercher
des arguments pour leur théorie ; mais ce qui me surprend bien davan-
tage, c’est que leurs adversaires, encore plus aveugles, les aient laissés
exploiter à leur profit des aperçus, qui précisément établissent le mieux
l'action providentielle dans le monde.
(Revue horticole, 1866, p. 65.)
EXPÉRIENCES RELATIVES A L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE
SUR L'ENROULEMENT DES TIGES,
PAR M. P. DucaarTRE,
et communiquées par l’auteur à la Société impériale et centrale d’hort-
culture à Paris, dans sa séance du 1% décembre 1865.
Il existe un assez grand nombre de plantes dont la tige, trop longue
et trop gréle pour se soutenir, est obligée de chercher dans les objets
voisins un appui nécessaire à sa faiblesse ; pour cela, elle s’entortille en
spirale autour d’eux, et ainsi appuyée, elle finit généralement par s'élever
à une hauteur considérable. Les tiges douées à cette étrange faculté de
s’enrouler autour d’un appui ont été qualifiées de volubles par les bota-
nistes; elles se dirigent, pour la plupart, en s’enroulant en sens inverse
de celui que suit le soleil dans sa marche diurne ou selon lequel se meu-
— 221 —
vent les aiguilles sur le cadran d’une horloge; en d’autres termes, elles
tournent, pour la plupart, de gauche à droite; dans un nombre d’espèces
moins considérable, elles suivent une direction inverse, et s’élèvent par
conséquent de droite à gauche. Dans tous les cas, le sens de leur enrou-
lement est fixe et déterminé pour chaque espèce végétal, à tel point que
c’est seulement dans ces dernières années qu’on a reconnu l'existence de
trois exceptions à cette loi générale, l’une obscure dans la Douce-amère
(Solanum Dulcamara L.) dont la tige est à peine voluble, et ne tend à
s’enrouler que si le hasard a placé à côté d’elle un support grèle qu’elle
puisse saisir ; les deux autres plus nettes dans le Muehlinbeckia que
M. Al. Braun a, pour ce motif, appelé varians, et dans certains Loasa,
tels que l’aurantiaca, dont M. Darwin a vu, sur dix-sept pieds obtenus
de semis, huit s’enrouler de gauche à droite, cinq se diriger de droite
à gauche et les quatre derniers tourner successivement dans les deux
sens Opposés.
Cet enroulement constant autour des corps étrangers est un phéno-
mène assez curieux en lui-même pour mériter de fixer l’attention, et la
première question qu’il devait faire naître était de savoir à quelle cause
il peut être dü. Aussi les tiges volubles sont-elles devenues depuis long-
temps l’objet d'observations suivies, même d'expériences instructives, et
les hypothèses destinées à expliquer leur marche en spirale ont-elles été
nombreuses et variées. Je ne me propose pas d’exposer ici ces différentes
théories plus ou moins explicatives et, dans cette note, je crois devoir
me borner à résumer les idées qui ont été successivement émises au
sujet du rôle que la lumière peut jouer dans la production du phéno-
mène; les expériences que j'ai faites cette année pour reconnaître quel
est ec rôle me permettront, j'ose l’espèrer, d'apprécier la valeur de ces
idées.
Par une coïncidence remarquable dont la science n'offre que de rares
exemples, deux des travaux qui ont le plus contribué à éclairer l’histoire
des plantes à tige voluble ont été publiés presque en même temps, pen-
dant l’année 1827. La faculté de médecine de l’université de Tubingue
avait proposé l’étude de ces plantes, en 1826, pour sujet de prix; elle
couronna à la fois un mémoire qui lui fut présenté par L. H. Palm, et
un travail considérable dû à M. Hugo Mohl, qui fesait alors ses premiers
pas dans la carrière où il a marché avec gloire depuis cette époque. Le
mémoire de Palm fut publié en 1827(1) et quelques mois après parut
celui de M. H. Mohl, augmenté d’un appendice qu'avait motivé la
première de ces publications'2). Il est à peine besoin de dire que l’un et
(1) Ucber das Winden der Pflanzen, par Luvwic-Heinricn Paru ; in-8 de vi et 101 p.
et 5 planch. Stuttgart, 1827.
(2) Ueber den Bau und das Winden der Ranken und Schlingpflanzen, par M. Hvco
Mouc ; in-£ de vin et 452 p. avec 18 planch. Tübingen, 1827.
— 222 —
l’autre de ces auteurs avaient traité avec soin la question de l’influence
que la lumiere peut exercer sur l’enroulement des tiges volubles; seule-
ment leurs expériences les avaient conduits, sur ce sujet, à deux manières
de voir entièrement opposées.
« Les expériences faites jusqu’à ce jour mettent en évidence, dit
Palm (loc. cit., p. 67 et suiv.), l’influence que la lumière exerce sur les
plantes en général. De ce que tant de végétaux décrivent un cercle
diurne d’après la situation du soleil, on peut déjà conclure que la
lumière solaire influe puissamment sur les plantes volubles, qui s’y
montrent plus sensibles que les autres. Les divers degrés d'intensité
de la lumière modifient les mouvements de ces plantes; mais on recon-
nait bien plus nettement encore cette influence de la lumière sur la
marche des plantes volubles en la leur supprimant. Sans doute (loc.
cit. p. 71), si cette suppression est subite, l’enroulement de la tige
ne cesse pas immédiatement, il se continue pendant quelques jours
si la température reste la même; mais si celle-ci baisse, les mouve-
ments deviennent, au total, beaucoup plus lents et cessent entièrement
au bout d’un ou deux jours. Lorsque les plantes volubles n’ont jamais
été soumises à l’influence lumineuse, elles n’ont pas montré le moindre
signe d’enroulement; j’ai fait cette expérience avec toutes celles que
J'avais à ma disposition, à des degrés très-divers de chaleur et d’humi-
dité : dans ces cas, les plantes se sont comportées comme toutes celles
qui ne reçoivent pas de lumière; elles ont cr fortement en hauteur,
sans montrer jamais la moindre tendance à s’enrouler autour des sup-
ports. Lorsque j'ai ensuite habitué graduellement ces mêmes plantes
à la lumière, elles ont pris la couleur verte qui leur est naturelle,
et en même temps elles ont commencé de s’enrouler... De ces expé-
riences (loc. cit. p. 72), et des observations sur l'influence de la lumière,
il résulte que sans celle-ci l’enroulement n’a pas lieu... »
Il est impossible d’être plus précis et plus catégorique : sans lumière
pas d’enroulement et cette conclusion est appuyée à la fois par Palm
sur l’observation et sur l’expérience. Voyons maintenant comment
s'exprime M. H. Mohl sur le même sujet. La contradiction est for-
melle sur presque tous les points.
« Les plantes volubles, dit ce botaniste (loc. cit., p. 119), se distin-
guent des autres, parce qu’elles tendent moins à se porter vers le
côté par lequel la lumière les frappe. Si elles sont (p. 120), jusqu’à
un certain degré, indépendantes de la lumière, cela me paraît tenir
surtout à la direction oblique de leurs fibres. Par l’effet de ces mou-
vements circulaires, la tige expose alternativement à la lumière tous
les côtés de sa portion la plus jeune, et par suite ce fluide ne peut
exercer sur elle aucune influence... En l’absence de la lumière (loc.
cit., p. 422), les plantes volubles exécutent leurs mouvements circu-
laires et s’enroulent autour de leurs supports; je l'avais déjà reconnu
— 225 —
lorsque, dans mes expériences, j'avais vu souvent ces plantes s’ap-
pliquer à leurs supports pendant la nuit et les embrasser. Aussi j'ai
été fort étonné de lire dans Sénebier, que les Haricots ne se tortil-
lent jamais à l'obscurité, quoiqu’ils y deviennent trés-longs (Physiol.
végél., I, p. 379). Pour reconnaitre si cette assertion est fondée ou
non, j'ai placé dans une caisse bien fermée plusieurs pieds d’Ipomæa
et de Phaseolus vulgaris sur lesquels la portion de tige destinée à
s’enrouler, ne s'était pas encore développée. Ces plantes se sont allon-
gées rapidement et se sont étiolées; elles ont néanmoins exécuté leur
enroulement et ont tourné autour des tuteurs que je leur avais donnés.
J'ai encore essayé d’obtenir de graines, dans des caisses obscures, des
Haricots et des Zpomœu purpurea. Les jeunes plantes se sont forte-
ment allongées en peu de temps; mais elles ont péri avant d’avoir
développé la portion de leur tige qui a la facuité de s’enrouler. Sénebier
peut bien avoir fait une expérience analogue : il peut n’avoir eu sous
les yeux que la portion inférieure des tiges qui ne s’enroule jamais.
Dans mes expériences, cette portion a plusieurs fois atteint une aune
de longueur ; or, si l’on ignore que cette portion inférieure de la tige
ne s’enroule jamais, on peut en venir à croire que les plantes volubles
en général ne s’enroulent pas à l’obscurité. »
Plus loin, dans l’appendice qu’il a joint à son mémoire (p. 150),
M. H. v. Mohl discute, pour les combattre, les assertions de Palm que
j'ai rapportées. « L'influence que la lumière exerce sur les plantes
volubles a été, dit-il, selon moi, exagérée par Palm... Lorsqu'il dit
qu’en l'absence de toute lumière, les plantes volubles ne se sont pas du
tout enroulées, je ne puis attribuer ce défaut d’enroulement à la priva-
tion de lumière, puisque mes expériences montrent le contraire. » S’ap-
puyant sur les termes employés par l’auteur qu’il contredit, il explique
le défant d’enroulement dans l’obscurité, tel que l’indique cet auteur,
par un état d’affaiblissement extrême dans les sujets des expériences
qui préludaient à la mort dont ils ont été promptement frappés.
Aussi M. H. v. Mohl admet sans hésiter que la privation de lumière
n'empêche pas la tige des plantes volubles de s’enrouler autour de leurs
soutiens, et il regarde même cette tige comme n'étant que très-faible-
ment sensible à l’action lumineuse qui agit avec énergie chez tous les
végétaux verts en général.
Il serait difficile de voir une contradiction plus tranchée entre deux
opinions ; or, celle de M. H. v. Mohl, que je viens de rapporter en der-
nier lieu, a fait loi jusqu’à ce jour dans la science, et l’on professe encore
aujourd’hui que la lumière ne contribue pas, d’une manière tant soit
peu essentielle,à l’enroulement des tiges dont je m'occupe dans ce travail.
Je dois ajouter que M. Jul. Sachs est venu tout récemment confirmer
les énoncés de M. H. v. Mohl, à la suite de quelques expériences faites
sur les deux plantes qui avaient déjà servi de sujets au célèbre profes-
ee
— 224 —
seur de Tübingen, c’est-à-dire sur. un Haricot et l’Ipomæa purpurea.
En en faisant entrer la partie nee dans un récipient opaque. Il
a vu l’une et l’autre de ces espèces continuer d’enrouler sa tige, dans
l'obscurité, autour des supports qui leur étaient offerts.
Dans cet état de la science relativement à la question de savoir
si la lumière influe on non sur l’enroulement des tiges volubles, une
circonstance particulière, que je crois inutile de rapporter, m'a déter-
miné à tenter des expériences en vue de m'éclairer à ce sujet. Diverses
considérations me faisaient penser que l’opinion de M. H. v. Mohl,
bien que devenue celle de tous les botanisies, pouvait être trop abso-
lue; on verra, j'ose le croire, par les faits que j'ai maintenant à
rapporter, que Je n'avais pas tort de penser ainsi.
Depuis longtemps j'avais été frappé de ce fait qu'aucune plante
voluble ne développe, dans l’intérieur du sol, des branches qui mani-
festent en quoi que ce soit, une tendance ni à s’enrouler régulière-
ment, ni même à se contourner autour des corps qu’elles rencontrent.
Une plante bien connue, l’Apios tuberosa, m'avait semblé surtout pré-
senter de la manière la plus nette le contraste entre la tige avec ses
branches extérieures, dont le volubilisme est parfaitement caractérisé,
et les branches souterraines qui peuvent dépasser deux mètres de
longueur sans dévier jamais sensiblement de la direction rectiligne.
Or, il me semble que la principale des différences qui existent entre
les situations de ces deux sortes de branches, c’est que les unes
végètent à la lumière, tandis que les autres se développent à l’obscu-
rité. Il est vrai que si l’on veut faire intervenir ici les causes finales,
on peut dire que les longues branches souterraines de l’Apios n’ont
pas besoin de s’enrouler, puisque cet enroulement n’est, pour une
tige, qu’un moyen de se soutenir, et qu’elles sont parfaitement soute-
nues par le sol.
Une circonstance de l’enroulement, bien observée d’abord par Du-
trochet et tout récemment par M. Darwin(l), montre encore que la
lumière est loin de rester inactive dans l’accomplissement de ce phé-
nomène. Lorsqu'on place des plantes volubles dans une chambre, près
d’une fenêtre, l'extrémité jeune de leur tige, dans son mouvement révo-
lutif qui la fait tourner autour de son support, met beaucoup plus de
temps pour décrire la demi-révolution, pendant laquelle elle se trouve
vers le fond peu éclairé de la chambre que pour accomplir celle qui la
maintient vers la lumière. Ainsi, d’après les observations de M. Darwin,
un /pomæa jucunda, ayant mis 5 h. 20 m. pour faire une révolution
entière, le demi-cercle du côté de la fenêtre, n’a pas exigé tout à fait
une heure, tandis que celui du côté de la chambre n’a été parcouru que
(1) On the movement and habits of climbing plants, par M. Ch. Darwin. (Journal of
the Linnean Society, IX, 1865, nos 55 et 54 )
. +
2 99% >
dans l’espace de 4 ‘2 heures. Le savant anglais tire de là cette conclu-
sion bien légitime que, si la lumière’ accélère le mouvement révolutif,
l'obscurité le ralentit; seulement comme il partage les idées générales
de M. H. von Mohl et ne paraît pas avoir fait lui-même des expé-
riences, en vue de reconnaitre si une obscurité continue ne porterait
pas à son maximum le ralentissement du mouvement révolutif, il
ajoute que l’action de la lumière sur les plantes volubles se borne à
produire l'effet observé et mesuré par lui.
Les deux particularités que je viens de rapporter, paraissent mon-
trer que l'influence de la lumière sur l’enroulement des tiges volubles,
peut bien n'être pas nulle ou du moins aussi faible qu'on l’admet
généralement, sur l'autorité du savant botaniste de Tubingue. Voyons
maintenant si l'expérience directe viendra confirmer ces premières
indications.
Pour des expériences dans lesquelles des plantes doivent vivre en entier
ou au moins partiellement à l’obscurité, le choix des sujets a une grande
importance. Il faut, en effet, qu'ils puissent continuer assez longtemps
l’élongation de leur tige et par conséquent leur végétation, sous l’em-
pire des circonstances très-défavorables qu’amènent pour elle l’obscurité
et l’étiolement qui en est la conséquence; or, cette persistance de la
vie sans l'intervention de feuilles vertes, n’est possible que si le végé-
tal possède un amas préalable de matières nutritives qu'il puisse uti-
liser pendant que son séjour à l’obscurité supprime pour lui la respi-
ration diurne. Cette condition est parfaitement réalisée dans les espèces
volubles pourvues d’un tubercule, telles, surtout que l’Igname de Chine
(Dioscorea Batatas Dene.). Aussi ai-je pris cette plante pour prinei-
_pal sujet de mes expériences ; j'ai pu la conserver vivante et en vé-
gétation pendant plusieurs mois de suite, dans une complète obscurité.
40 Expériences sur l’Igname de Chine (Bioscorea Balatas DCNE.).
J’ai varié autant que je l’ai pu les conditions expérimentales en opé-
rant sur cette plante; aussi parlerai-je séparément des différents pieds
que j'ai observés.
A. Pendant l'hiver de 1863-1864, j'avais enfermé des tubercules
d’Igname, produits peu volumineux de la végétation de pieds venus de
petits troncons, dans une cave voütée, sans soupirail, à laquelle on
arrive par un long couloir sans jour et coudé à angle droit, par consé-
quent complètement obscure. C’est cette cave, située à Meudon (Seine-et-
Oise), qui m’a servi pour la plupart de mes expériences. L’un de ces
tubercules long seulement de 0,12 à 0",14 y fut oublié, sur une
tablette, au printemps, au moment où les autres furent plantés. À l’au-
tomne de 1864, il avait donné naissance à une tige blanche par ctiole-
ment, longue de 0,90, mais roide, ferme et parfaitement droite, qui
15
— 226 —
comprenait plusieurs entre-nœuds terminés les uns par une, les autres
par deux feuilles (opposées) très-petites et rougeâtres sur fond pâle. Cette
tige n'avait manifesté en aucun point la moindre tendance à s’enrouler.
Elle s'était étendue horizontalement sur la tablette. Il est vrai qu'elle
n'avait trouvé à côté d’elle aucun support auquel elle pût s’accrocher.
Elle s’est conservée fraiche, mais sans continuer de s’allonger pendant
tout l’hiver de 1864-1865, et n’a séché qu’à la fin de mai 1865. — Je ne
dois pas négliger de dire que la production de cette tige, hors de terre
et sur une planche, n’a pas empêché la plante de développer en même
temps un nouveau tubercule dont la longueur n’était pas tout à fait la
moitié de celle du tubercule-mère.
B. J'ai planté, à la fin de mai 1865, deux tubercules d’Igname, longs
d'environ 0,20. Lorsque l’un d’eux a commencé de sortir et de montrer
hors de terre l’extrémité d’une tige, vers le milieu de juin, j'ai descendu
le pot dans la cave obscure, et Je l’y ai laissé jusqu’au 2 août suivant.
Pendant sept semaines de végétation dans une obscurité profonde, le
plant (B) a développé une tige haute de 1,50, qui comprenait plusieurs
entre-nœuds diminuant de longueur du bas vers le haut, dont les six
premiers faisant un total, de. 1,375 (le 1° 07,50: 24= 10427
3° —= 0,255 ; 4° — 0,24; 5° — 0,19; 6° — 0,12), et dont plusieurs
autres, de plus en plus courts, étaient resserrés dans la longueur restante
de 0®,125. Dans toute cette étendue, cette tige étiolée était, comme
celle de A, parfaitement reeliligne, et sans le moindre indice de ten-
dance à l’enroulement. Elle s'était élevée toute droite le long de la
longue baguette que je lui avait donnée pour tuteur, sans faire le moin-
dre effort pour l’embrasser, et bien que je l’y eusse fixée par des liga-
tures.
D'où l’on voit : 1° qu’à l’obscurité, cette tige de Dioscorea avait perdu
toute tendance à l’enroulement ; 2 que néanmoins elle avait développé
beaucoup plus que cette portion inférieure, limitée à 3 ou au plus 4 entre-
nœuds, dans laquelle la faculté de s’enrouler n’existe pas encore; 5° que
le contact d’un tuteur grêle ne l’a pas déterminée à s’enrouler, bien que
M. H. von Mohl et la plupart des physiologistes à son exemple admettent
que c’est surtout à l’irritation déterminée en elles par le contact d’un
corps étranger que les tiges volubles doivent la curieuse faculté qui les
distingue.
€. Une autre Igname, que je désignerai par €, avait été plantée un
peu plus tard que la précédente ; elle fut également descendue à la cave
au moment où elle montrait au-dessous du sol l’extrémité naissante de sa
tige. Là celle-ci cessa de croître à 0,03 au-dessus de sa feuille la plus
basse; mais bientôt de l’aisselle de cette feuille sortit une branche qui
remplaca la tige et qui, le 2 août, s’était élevée le long du tuteur placé à
côté d’elle, sans dévier de la direction rectiligne, jusqu’à 1",15 de hauteur.
Voici quelle était la longueur de ses entre-nœuds à partir de l’aisselle
jw L
{ Ü À A ;
dt. x
— 227 —
d’où elle sortait : le 4° 0",185, le 2° 0,260 ; le 5° 0,230 ; le 4° 0",210 ;
le 5° 0,19; le 6° 0,095; le 7° 0,01 ; le 8° 0,008. Plus haut l’extrémité
même réunissait quelques entre-nœuds très-rapprochés et trop courts
pour qu'il y eût intérêt à les mesurer. Quant aux feuilles, comme sur la
plante B, elles étaient en partie purpurines sur un fond blanc et ne
dépassaient guère 1,01 de longueur. Ainsi cette branche, qui remplaçait
une tige atrophiée, s'était comportée dans l'obscurité absolument comme
la vraie tige du pied B. Une observation que j'ai faite non-seulement sur
ces deux plantes, mais encore sur toutes les tiges d’Ignames qui se dévelop-
paient à l'obscurité, c’est que leur extrémité était constamment coudée,
sur une longueur de 1 à 2 centim., à angle droit ou même aigu sur la
direction rectiligne et verticale de la tige, reproduisant ainsi dans l’air,
mais à l'obscurité, le fait qu’on remarque généralement sur les branches
souterraines de diverses plantes, notamment de l’Apios. J’ajouterai que,
sur toutes mes Ignames tenues plus ou moins longtemps à l’obscurité et
que j'ai placées ensuite au jour, le premier changement que la lumière
ait déterminé a consisté dans le redressement de cette extrémité coudée
de la tige.
Pour compléter l'expérience sur ces deux Ignames, le 2 août j'ai
retiré de la cave les pots où elles étaient plantées, et je les ai trans-
portés dans mon jardin, par conséquent à une vive lumière, mais en
un endroit où le feuillage d’une tonnelle de vigne les garantissait du
soleil ardent, dans le milieu de la journée. Dans ce transport la longue
tige de B a été brisée par accident; la branche-tige de € restée intacte
n’a pas tardé à se colorer, à s’enrouler autour de son tuteur, et à
partir de ce moment, elle s’est comportée comme toutes les tiges
volubles, dans les circonstances normales. On voit que pour amener
l’enroulement de cette tige, il n’a pas été nécessaire de l’habituer peu à
peu à la lumière comme Palm disait l’avoir fait dans ses expériences.
D. Le 25 mai 1865, je plantai deux autres Ignames dans un même
pot que je plaçai dans le jardin, à découvert. Vers le 15 juin, une tige
sortit de terre. Après avoir mis à côté d’elle une longue baguette, je la
laissai au même endroit jusqu'à ce quelle eût décrit autour de ce
tuteur deux tours entiers. Je descendis alors le pot dans la cave obscure.
La tige, obéissant encore quelque peu à sa tendance naturelle, décrivit
autour du tuteur un tour presque entier, mais lâche et dans le trajet
duquel elle se montrait de moins en moins inclinée ; après quoi elle
s’éleva droite et roide le long de son support, auquel j’eus le soin
de l’attacher par une ligature, mais duquel son extrémité semblait
tendre à s’écarter plutôt qu’à s’en rapprocher. Le 7 juillet, la tige
entière avait 1",20 de hauteur, ses 0",70 supérieurs, s'étant développés
après que la plante s'était en quelque sorte déshabituée de l’enrou-
lement, sous l'influence de l’obscurité, étaient parfaitement rectilignes.
Il est presque inutile de dire que les feuilles de cette portion de tige
— 228 —
étaient dans l’état que j'ai signalé pour celles des pieds B et €, et
qu’elles devenaient de plus en plus grandes en descendant de ce point
aux feuilles normales, qui s'étaient développées au jour. Cette tige
entière comprenait, à cette date, entre le niveau du solet la base du
crochet terminal, 20 entre-nœuds parmi lesquels ceux qui s'étaient
formés à la lumière étaient courts, tandis que ceux dont la production
avait eu lieu dans l'obscurité mesuraient jusqu’à 0,15 de longueur.
Le 7 juillet, je remis le pot dans le jardin, à la même place que celui
qui renfermait les deux pieds B et €. Dès le 16 du même mois, la
plante dont il s’agit maintenant s'était élevée de 0,35, et, sur cette
longueur du tuteur, elle avait décrit 5 tours de spire serrés, dans
l'étendue desquels les entre-nœuds n'avaient, en moyenne, que 0®,05 à
0®,06 de longueur. Je reportai alors le pot dans la cave, où la tige ne
tarda pas à s’allonger de nouveau, droite et roide, sans s’enrouler
autour de son tuteur.
Ainsi la tige de cette Igname BB, en raison de sa situation alternative
à la lumière et à l’obscurité, offrait successivement : 1° une portion
enroulée; 2° une portion rectiligne; 5° une deuxième portion enroulée;
4° une deuxième portion rectiligne; 5° et finalement une troisième
portion enroulée qui se produisit lorsque, l’expérience me paraissant
concluante, j’abandonnaiï le pot dans un coin du jardin.
E. Planté en même temps que D, mais dans un autre pot, ce pied
d’Igname de Chine fut plus long à pousser; sa tige sortait à peine
de terre, lorsque j'enfermai le pot dans la cave, le 24 juin. À partir
de ce moment jusqu’au 7 juillet, sa tige s’éleva, dans l’obscurité, droite
et roide, dure même comme d’habitude dans ces conditions, jusqu’à
0",78 de hauteur. Sur cette longueur, qui comprenait plusieurs entre-
nœuds, elle n’avait pas dévié de sa direction rectiligne jusqu’à son
crochet terminal. Le 7 juillet, le pot fut transporté dans le jardin;
huit jours après, la tige avait déjà formé cinq tours de spire autour
de son tuteur, et le transport à la cave obscure détermina de nouveau
son développement en ligne droite. Ainsi ce pied a offert successi-
vement, après avoir subi les influences alternatives de l’obscurité de
la lumière solaire : 1° une portion rectiligne; 2° une portion enroulée;
5° une deuxième portion rectiligne; 4° et finalement, après que l’expé-
rience, étant considérée comme terminée, le pot eut été remis dans
le jardin, une deuxième portion enroulée. À
F et G. Ces deux pieds d’Igname de Chine qui se trouvaient le
premier dans le même pot que E, le second dans celui où croissait
le pied D, se sont comportés absolument comme ceux dont j'ai décrit
les manières d’être alternatives à la lumière et à l’obseurité. Je ne
donnerai dès lors aucun détail à leur sujet; je me bornerai à dire
que le pied @& placé dans l’obseurité de la cave, le 16 juillet, lorsque
sa tige, haute de 0,89, décrivait plusieurs tours de spire autour
_— 929 —
d’une longue baguette, a eu son extémité brisée alors accidentellement.
Il est bientôt sorti, de l’aisselle des deux feuilles les plus rappro-
chées de l’extrémité tronquée, deux branches qui, le 9 septembre sui-
vant, lorsque j'ai rapporté le pot au jardin, avaient atteint une longueur
de près de deux mètres sans avoir montré la moindre tendance à
l’enroulement, tandis que le transport au jour n’a pas tardé à réveiller
leur disposition naturelle à se tortiller autour des corps adjacents. Je :
dois ajouter que les six pieds de Dioscorea batatas qui ont été les sujets
des expériences précédentes, n’avaient nullement souffert de leur pas-
sage alternatif par la lumière diurne et l’obscurité, et qu’abandonnés,
à partir du mois de septembre, dans un coin de jardin, ils y étaient
encore frais et en bon état au commencement du mois de novembre.
En résumé, je crois être autorisé à conclure de tous les faits précé-
dents que, du moins relativement à l’Igname de Chine (Dioscorea
batatas Dexe.), l'influence de la lumière solaire sur l’enroulement de la
tige autour de ses supports est évidente, puisque cette tige a perdu
invariablement la faculté de s’enrouler lorsqu'elle a été soustraite à
l'influence lumineuse pour la reprendre lorsqu'elle était reportée au jour.
J'ai dit plus haut en parlant de la plante B que, transportée de la
lumière à l’obscurité, elle avait montré d’abord un reste de volubilisme
qui lui avait fait décrire presque un tour de spire autour de son tuteur.
Un fait analogue s’est présenté dans tous les cas où l’une des plantes
mises en expérience a été soustraite à l’influence de la lumière. Sa tige
a décrit encore la moitié ou les 3/4 d’un tour, quelquefois un tour pres-
que entier, tout en devenant de moins en moins inclinée jusqu’à ce
qu’elle se soit élancée verticalement. Une particularité analogue s’est
montrée lorsque les plantes ont passé de l'obscurité à la lumière. Etio-
lées, leurs tiges étaient incapables de se tortiller autour d’un support,
et il a fallu deux, quelquefois même trois jours pour que, leur pâleur
ayant fait place à la coloration qui leur est naturelle, elles commencas-
sent à incliner leur sommité pour s’enrouler autour de la baguette qui
leur servait de tuteur.
2° Expériences sur le Æandevillea suaveolens LiNDL. (Echites sua-
veolens ALP. DC.)
Ayant à ma disposition un jeune pied bien portant de cette plante,
cultivé en pot, et dont la tige s’élevait à 1",00 en décrivant de nom-
breux tours de spire autour d’un tuteur, je l’ai descendu dans la cave
obscure, à la fin du mois de juillet. Dans ces conditions nouvelles, sa
végétation s’est arrêtée ; ses feuilles sont tombées; sa tige n’a pas pris
d’accroissement appréciable, et la plante n’a pas tardé à périr.
J’ai songé alors à disposer autrement l’expérience. Sur un autre pied,
dont la tige bien portante s'élevait à 1",25 autour d’une baguette, le
25 août 1865, j'ai placé un tuyau de zine, de telle façon que la partie
— 250 —
supérieure de cette tige y était enfermée avec son support, sur une lon-
gueur d'environ 0,50. Les deux extrémités du tuyau ont été fermées,
l’une avec un bouchon et l’autre avec un épais tampon de mousse sèche,
de sorte que l'intérieur en fût parfaitement obscur. La plante est restée
dans le jardin à un endroit ombragé. Dans cet état, sa végétation à con-
tinué sans difficulté dans toute sa portion restée À découvert. Le 9 sep-
tembre, c’est-à-dire au bout de 15 jours, j'ai enlevé le tuyau de zinc et
j'ai reconnu que la portion de la plante qui avait été enfermée avait
perdu la plupart des feuilles qu’elle avait au commencement de l’expé-
rience. Là se trouvaient la tige elle-même et une longue branche égale-
ment enroulée à tours serrés avant d’être soustraites au jour. Dans
l’obscurité, la tige s’était allongée d’environ 0,10, en s’enroulant si
faiblement qu'à peine décrivait-elle un tour de spirale sur toute cette
hauteur. Son extrémité ayant péri, elle avait bientôt cessé de croitre.
Quant à la branche, elle était restée en bon état, quoique étiolée , et elle
s'était élevée de 0",14 à côté du tuteur, dans une direction rectiligne et
verticale, présentant, sur celte longueur, trois entre-nœuds bien formés,
et plusieurs autres fort courts rapprochés en manière de bourgeon ter-
minal. L’inférieur de ces entre-nœuds avait ses deux premiers cin-
quièmes colorés en vert clair et un peu tortillés de manière à décrire
autour du tuteur environ !/3 de tour ; ses 5/5 supérieurs étaient beaucoup
plus pâles et verticaux, de même que le deuxième et le troisième entre-
nœuds. Dans la portion de tige qui était formée avant l’expérience,
à 0,14 de longueur du support, correspondaient trois tours de spire.
Laissée à découvert, à partir du 9 septembre, la branche du Mande-
villea n’a pas tardé à reprendre, en s’allongeant, le volubilisme que
l'obseurité lui avait fait perdre momentanément, et au bout de 8 jours
elle s’était élevée d'environ 0",06, en décrivant un tour et 1/4 autour de
son support, par conséquent en manifestant de nouveau sa tendance à
s’enrouler aussi nettement que jamais. Inutile de dire que la portion qui
s'était produite en ligne droite dans l’obscurité est restée rectiligne, de
sorte qu’on voyait successivement une portion enroulée, une portion
droite et une nouvelle portion enroulée.
On voit donc que l'obscurité fait disparaître dans le Mandevillea
suaveolens, comme chez le Droscorea Batatas, la tendance naturelle de
la tige à s’enrouler, et cette tendance s’y rencontre dès qu’elle est soumise
de nouveau à l'influence de la lumière solaire. Si, ce qui ne me semble pas
admissible, on voulait attribuer à la diminution de température subie
dans la cave, une partie des effets observés sur le Dioscorea, il est évident
que l'expérience faite sur le Mandevillea ne donnerait aucune prise à
une semblable objection, puisque la portion de sa tige qui était enfermée
dans le tube de zinc était soumise à une température au moins égale à
celle de l’air extérieur.
En résumé, contrairement à l’opinion introduite dans la science par
LAURE
A —
/
M. H. v. Mohl et universellement adoptée aujourd’hui, l'obscurité peut
faire perdre à des tiges volubles leur faculté caractéristique ; d’où résulte
la conséquence nécessaire que la lumière est indispensable pour la mani-
festation de cette faculté.
3° Expériences sur l’Ipomæa purpuren LE. (Pharbilis hispida Cnoisx.)
Une question se présente naturellement : toutes les tiges volubles per-
dent-elles dans l’obscurité la faculté de s’enrouler ? Les faits observés par
M, H. v. Mohl et par M. Jul. Sachs obligent à répondre négativement à
cette question. Toutefois, bien que l’autorité de ces deux botanistes soit
plus que suffisante pour faire admettre sans examen la parfaite exactitude
d’une assertion émise par eux, j'ai voulu voir par moi-même comment se
comportent les plantes qu’ils ont mises en expérience. Pour les haricots,
des circonstances particulières ne m'ont pas permis de mener à bonne
fin les expériences que j'avais instituées. Pour l’/pomæa purpurea, ou le
Volubilis ordinaire de nos jardins, quand je l’ai fait germer à l'obscurité,
je n’ai obtenu que de petites plantes éliolées qui n’ont pas même
développé le 2° entre nœud de leur tige presque capillaire. J’ai pris alors
le parti de laisser végéter les sujets destinés à mes expériences, en plein
jardin, jusqu’à ce que leur tige eût décrit 2 ou 5 tours de spire autour
d’un tuteur. J’ai opéré ensuite sur eux de deux manières différentes.
1° Le 9 août 1865, j'ai descendu dans la cave obscure un pot dans
lequel se trouvaient deux pieds, l’un (4) ayant déjà décrit 3 tours
complets et serrés autour d’un tuteur; l’autre (BB) beaucoup plus court,
sorti de terre depuis peu de temps et n’ayant pas encore commencé de
s’enrouler. Le 25 du même mois, le pied A, quoique étiolé et dépéris-
sant visiblement, avait allongé sa tige qui avait continué de s’enrouler
et qui avait même décrit déjà 4 tours complets. Pour lui par conséquent,
la température plus fraiche de la cave n’avait diminué en rien le volubi-
lisme, circonstance qui semble prouver qu’il en avait du être de même
pour les Dioscorea. Quant au pied B, il avait élevé verticalement à
partir du niveau des cotylédons, trois entre nœuds, dont le supérieur
avait formé dans le haut une boucle qui indiquait que la plante commen-
çait à saisir son support. Ni l’une ni l’autre de ces plantes n’ont pu
résister plus longtemps à l'influence de l'obscurité, et la mort de ces
deux sujets a mis fin à l’expérience.
2° Le 11 août 1865, j'ai enfermé dans un gros tuyau de zinc deux
autres pieds de la même espèce qui se trouvaient dans un grand pote
Les deux extrémités du tuyau ont été ensuite bouchées comme je l’avais
fait pour le Mandevillea. À celte date, l’une de ces deux plantes (€);
avait déjà fait trois révolutions autour de son tuteur; l’autre (D) n’en
avait fait qu’une seule. Le 25 du même mois, la tige de la première
avait décrit encore quatre et demi nouveaux tours, la dernière n’en
— 252 —
avait que deux; mais ni l’une ni l’autre ne manifestaient le moindre
affaiblissement dans leur volubilisme. Le 9 septembre suivant, les deux
plantes étaient mortes par suite de leur complet étiolement, après avoir
fait autour de leur support et dans une complète obscurité, l’une (€)
sept tours de spire, l’autre quatre, aussi serrés pour l’une et l’autre que
si, pendant qu’elles les formaient, elles avaient été placées au grand jour.
I1 devient évident par ces expériences que comme l'avaient déjà re-
connu MM. H. v. Mohl et Jul. Sachs, l’Ipomæa purpurea conserve, avec
toute son énergie, dans une complète obseurité, la tendance à s’enrouler
qu’elle manifeste à la iumière solaire.
Il existe donc, parmi les plantes volubles, deux catégories bien
distinctes relativement à l'influence que la lumière solaire exerce sur
l’enroulement de leur tige, puisque les unes, comme le Dioscorea
Batatas et le Mandevillea suaveolens ne conservent la faculté de s’en-
rouler autour des corps étrangers que tant qu’elles sont soumises à
cette influence, tandis que les autres, comme l’/Zpomæa purpurea et,
d’après MM. H. v. Mohl et Sachs, les Phaseolus, s’enroulent également
à la lumière et à l'obscurité. Il y aurait intérêt à soumettre à l'expérience
le plus grand nombre possible de plantes volubles, afin de reconnaitre
qu’elles sont, parmi elles, celles qui appartiennent à l'une ou à l’autre
de ces deux catégories; mais il n’appartient guère qu'aux directeurs de
jardins botaniques de mener loin des éludes dans cette voie dans laquelle,
pour ma part, je m’estime heureux d’avoir pu faire quelques pas.
JOHN LINDLEY.
NOTICE BIOGRAPHIQUE,
pAR M. En Ropicas.
Vers l’automne de 1815, un tout jeune homme, fils d’un horticul-
teur du Yorkshire, parcourait les principales villes des Flandres et
du Brabant et répandait chez les amateurs de plantes, peu nombreux
alors, des semences de végétaux nouveaux ou rares. De même qu'il y
a des hommes qui restent enfants toute leur vie, dont une éducation
incomplète n’a fait qu'ébaucher le caractère et qui, à cinquante ans,
sont encore incapables de concevoir dans leur esprit inculte une idée
sérieusement philosophique, de même aussi, il est des enfants dont les
premiers pas dans la vie active annoncent qu’ils sont déjà des hommes,
chez qui le caractère est formé de bonne heure, dont l'intelligence se
développe sans secousses violentes, qui sont philosophes à vingt ans
et qui, malgré leur jeune âge, marchent résolument sans s’en écarter
jamais dans une voie qu’ils se frayent à eux-mêmes. Le jeune voyageur,
— 233 —
auquel nous faisons allusion, était un de ces enfants privilégiés. Doué
d’une énergie incroyable, possédant une force de volonté rare, met-
tant en œuvre une persévérance sans bornes, il sut accomplir la mis-
sion qu’il rêvait à seize ans, qu’il commença alors et qui fut le but
de toute sa carrière; étendre et faciliter la connaissance du règne
végétal. Aussi devint-il bientôt pour l'Angleterre ce que De Candolle
et Richard furent pour la France et pour nous, le promoteur de la
botanique, ce que Ch. Morren fut pour la Belgique, le zélé propaga-
teur de l’horticulture.
John Lindley naquit à Catton, près de Norwich, le 2 février 1799.
Il fit ses humanités dans cette dernière localité, sur les mêmes bancs
où s'était assis William Hooker quelques années auparavant. Encore
enfant, il se distingua par la vivacité de son entendement et par son
application sérieuse, trahissant sans cesse son goût naturel pour l'étude
des plantes et pour les antiquités surtout, à tel point que ses con-
disciples lui donnèrent le sobriquet significatif d’antiquaille. Ayant
quitté l’école à seize ans, à l’âge où d’autres commencent quelquefois
à comprendre, et de retour de son voyage en Belgique, il demeura
quelque temps auprès de ses parents, se livrant à l’étude de la bota-
nique, de l’horticulture et de l’entomologie, ses branches de prédi-
lection. William Hooker habitait alors Norwich et s’occupait, comme
lui, d'insectes et de plantes. C’est à cette conformité de goûts que
Lindley dût le bonheur, de rencontrer dans une excursion, son futur
protecteur et ami, son aîné de quatorze ans. « Entre naturalistes,
connaissance est bientôt faite » ; depuis ce moment, Hooker et Lindley
se firent de fréquentes visites. Le changement de position du premier
et son départ pour Halesworth n’interrompirent nullement leurs bonnes
relations. C’est même à Hallesworth que Lindley débuta dans la car-
rière de publiciste. Un jour il trouva chez son ami l'Analyse du fruit,
par Richard, et fut tellement charmé de ce travail, qu’il résolut de
le traduire. Aussitôt il se mit à l’œuvre; la traduction fut achevée en
une seule séance qui dura trois jours et deux nuits; elle parut en
1819. Une activité aussi grande chez un homme de vingt ans, était
faite pour permettre de bien augurer de l’aveair. Vingt-cinq ouvrages
publiés successivement, dont aucun médiocre et quelques-uns d’un
ordre tout à fait supérieur, ayant pour objet la botanique et l’horti-
culture, sont là pour attester la fécondité de son intelligence et les
puissantes ressources de son génie.
A cette époque, des revers de fortune vinrent frapper son père et
tourmenter sa Jeunesse. Il dut quitter sa famille qu’il adorait et les
champs qui lui étaient si chers; mais, en abandonnant le bonheur, il
conserva l’espérance et ce qu’il considéra comme un immense malheur,
fut, au contraire, ce qui lui procura la satisfaction d’être à la fois utile
à sa famille dont il devint le soutien, à sa patrie dont il pouvait attendre
— 254 —
la reconnaissance, et à la science qui lui réservait une moisson de gloire.
Gœthe, heureux, n'eut jamais écrit son Faust; M de Staël ne dut
qu’à son exil d’avoir tressé ces belles couronnes qu’on appelle l'Italie et
l’Allemagne; Lindley, si le bonheur fut resté à son tranquille foyer,
n'aurait peut-être jamais songé à donner à l'Angleterre son Vegetable
Kingdom, ce monument scientifique qui seul suffirait aujourd’hui à
rendre son nom impérissable. D'ailleurs, la noble amitié qui était venue
à lui dans sa modeste retraite, à Catton, lui tendit une main secourable
dans son infortune. William Hooker, dont le nom vénéré se présente
si souvent à côté du sien, lui offre d’abord une généreuse hospitalité et
l’introduit bientôt auprès de Sir Joseph Banks, à Londres, dont il devient
l’aide. C'était toujours en 1819.
Pour bien apprécier ce que devint Lindley à partir de ce moment,
pour avoir une idée nette de l’influence qu’il exercça sur son époque, il
faudrait pouvoir examiner sa carrière à un triple point de vue et recher-
cher ce qu’il fut comme écrivain, comme professeur et comme adminis-
trateur d’une Société à qui son autorité donna le droit de régir l’horti-
culture britannique. On n'attend pas de nous un semblable travail devant
lequel ceux mêmes qui se croiraient ses émules auraient raison de reculer.
Notre prétention n'ira pas au-delà des faits; toutefois, pour ceux-ci nous
suivrons la marche que nous venons d'indiquer.
Les œuvres de Liudley peuvent être classées en deux grands groupes :
ses ouvrages de botanique proprement dits, et ceux qui s’occupent plus
spécialement d’horticulture. Parmi les premiers, les uns ont pour objet
la botanique systématique, les autres la botanique descriptive; parmi
les seconds, il en est qui ont en vue la pratique des procédés culturaux,
et d’autres qui traitent de la théorie de l’art que ses efforts élèvent en
réalité à la hauteur d’une science. Tous sont écrits avec la même clarté,
la même simplicité, la même vérité.
En 18920, il était à Londres depuis une année à peine, quand il parut
de lui quatre publications : Rosarum monographia; un volume in-folio
de dessins chinois de plantes d’Asie avec quelques descriptions et une
préface dans laquelle l’auteur signale plusieurs espèces nouvelles de
Bauhinia, de Rosacées et autres; une monographie du genre Digitalis,
et dans les Transactions de la Société Linnéenne, un magnifique mé-
moire sur les Pomacées. Il dédia le premier de ces ouvrages à Ch. Lyell,
le père du savant paléontologiste actuel. Cette dédicace fut noblement
accueillie par Lyell(!) et eut pour résultat de permettre à Lindley d’ac-
quérir un bon microscope. Son mémoire sur les Pomacées lui valut fe
titre de membre de la Société Linnéenne. Désormais son nom est connu
même à l'étranger ; en effet, l’académie des naturalistes de Bonn s’em-
(1) Lyell fut charmé de l’ouvrage et pour prouver au jeune auteur qu’il en appré-
ciait le mérite, il lui envoya un bon de 100 liv. st. (2,500 fr.)
— 235 —
presse d'inscrire le jeune savant au nombre de ses correspondants.
L'année suivante, parut le Collectanea botanica ; un grand nombre des
belles plantes alors cultivées par Cattley y sont figurées et décriles avec
le plus grand soin. En même temps qu’il s'occupait de végétaux exoti-
ques, il réunissait les matériaux d’une flore de la Grande-Bretagne ; et
son Synopsis fut publié en 1829. Ses Outlines of botany suivirent peu
de mois après, et il se disposait à faire paraitre une sorte de Systema
vegetabilium d’après Jussieu, quand survint le Genera plantarum d'End-
licher, ce qui le fit renoncer à l’œuvre qu'il méditait depuis huit ans.
Dès 1850, il en fit connaître le fond dans son Zntroduction to the natural
system of botany, et, plus tard, dans le Vixus plantarum et, en 1856,
dans le Natural system of botany, l'œuvre la mieux soignée de Lindley,
et dans laquelle il consigna ce qui était déja prêt quand larrêta le
Genera d'Endlicher. Il ne lui suffit pas de faire bien connaitre la flore
actuelle de son pays, il voulut aussi en étudier la paléontologie, et il
commença en 1851, la publication d’une flore fossile de la Graande-
Bretagne. Cet ouvrage très-estimé, 3 vol. avec de nombreuses figures,
pour lequel il eut la collaboration de William Hutton,fut achevé en 1857.
À cette même époque, il écrivit le neuvième volume en entier et presque
tout le huitième du Flora graeca de Sibthorp, et il donna lédition
somptueuse, tirée seulement à vingt-cinq exemplaires, de sa mono-
graphie du Victoria regia, cette Nyÿmpheacée d’un genre nouveau dont
il fut le créateur. Lindley chercha par tous les moyens à répandre par-
tout le goût de la botanique : aussi publia-t-il en 1857-1838, le Ladies
botany, une Flore médicale et son Sertum Orchidaceum. L'année sui-
vante, il écrivit un traité de botanique à l’usage des écoles, qui eut
plusieurs éditions, et, en 1840, parut sa Théorie de l’horticulture, mo-
nument scientifique que l'avenir respectera, que les botanistes eux-
mêmes consultent avec fruit et qui fut traduit dans presque toutes les
langues de l’Europe. Le nombre de plantes que Lindley a décrites est
réellement formidable; son nom surgit partout à l’égal de celui de
Linné : l’œuvre magnifique qu'il publia de 1830 à 1840, sur les
Orchidées, Genera and Species of Orchidaceous Plants, suffirait à le
prouver, si nous n'avions encore le Lindley and Paxton's Flower
Garden, qui est presque entièrement de lui, l'Encyclopaedia of Plants,
de Loudon, dont la plupart des descriptions sont de sa plume, et le
Vegetable kingdom, que nous avons déjà cité, et qui constitue le
plus grand titre de Lindley à la reconnaissance de la postérité. Il était
fier de cet ouvrage dont l’idée lui vint en 1841, lors de l'apparition
de l’'Enchiridion botanicum d’Endlicher, idée qu’il réalisa cinq ans
plus tard : « Si je n’avais écrit ce livre, disait-il, je voudrais l’écrire
encore; la théorie d’horticulture et lui sont ce que j'ai fait de meilleur.»
Les travaux que nous venons d’énumérer forment déjà une longue
liste, et cependant ce n’est pas tout. De 1822 à 1848 il écrivit de
— 236 —
nombreux articles dans les Transactions of the Horticultural Society,
ne négligeant aucun objet en connexion avec les branches de l’histoire
naturelle dont il s’occupait. 11 y traita de main de maître bien des
questions de morphologie et de physiologie végétale, les lois de la
croissance à des moments donnés, l’action des basses températures,
la formation des fleurs doubles, etc.; il y décrivit les plantes nouvelles
introduites dans le jardin de la Société et y donna des preuves d’une
connaissance parfaite de l'esthétique florale. C’est lui qui dirigea seul,
sauf les toutes premières années, et qui écrivit le Botanical Register,
cette revue universelle des Flores du monde. Le Treatise of Botany,
que publia la Société anglaise pour la propagation des connaissances
utiles, est de Lindley. Tout le commencement de cette autre publication
populaire si utile, le Penny Cyclopedia jusqu’à la lettre E, est son œuvre.
Son Medicai and Economic Botany mérite aussi d’être cité. Enfin,
c'est lui qui fut le principal fondateur et l’éditeur d’un journal hor-
ticole, dont l’importance n’a fait que grandir sous sa puissante impul-
sion, et qui a rendu et qui rend encore à la botanique et à l'hor-
ticulture des services incontestables. C’est dans le Gardeners’ Chronicle,
le meilleur des journaux d’horticulture que nous connaissions, et dont
Lindley dirigea pendant vingt-ans la partie florale, c’est dans ses articles
de chaque semaine qu'on pourrait juger l’homme et l'écrivain, mieux
peut-être que dans les œuvres purement scientifiques. Lorsque, en 1857,
le président de la Société royale des sciences, de Londres, remit
à Lindley la médaille royale qui lui fut votée pour le mérite de ses
travaux variés de botanique et d’horticulture, il fit l'éloge de l'écrivain.
Il fit ressortir « l'originalité et la vigueur de son intelligence(1), sa
promptitude à observer les affinités, la lucidité de son style. » Il
signala les efforts constants de Lindley pour répandre en Angleterre la
connaissance du système naturel. Il ajouta que « c’est à lui que l’hor-
ticulture est redevable d’être sortie de la condition infime d’un art
empirique pour s'élever au rang d’une science réelle. »
Ce qu’il faut dire encore à la louange de Lindley, c’est que jamais
aucun but mercantile ne guida sa plume et que malgré sa puissance
qu’il savait être souveraine, il ne la trempa jamais dans le fiel, parce que
son cœur en était exempt et qu’il croyait les autres aussi bons que lui.
Dans ces pages rapides, d’un style élégant et facile, également admirées
par ses amis et ses ennemis, il ne chercha pas seulement à élever l’hor-
ticulture, mais, guidé par une pensée morale digne de lui, il mit touten
œuvre pour élever aussi la condition des horticulteurs et pour améliorer
le sort des jardiniers. En toute circonstance, il précha l’éducation de
ceux-ci parce qu’il y voyait le moyen le plus efficace d'augmenter leur
bien-être.
(1) Gardeners’ Chronicle, ne du 18 novembre 1865.
— 237 —
Avons-nous eu raison de dire que Lindley accomplit ce qu’il rêva dans
son jeune âge?
Cette prodigieuse activité qui distingua l'écrivain marqua au même
titre la part qu’il prit sans interruption, durant quarante années, à
la gestion des affaires de la Société d’horticulture de Londres. Dès 1822,
il est nommé secrétaire-adjoint pour les jardins de cette Société. On
était en train de les établir alors à Chiswick; c’est Lindley qui les
acheva. C’est lui qui en planta le verger. S’étant mis en rapport avec
le professeur Van Mons, il y introduisit des variétés fruitières nouvelles
dont on reconnait encore aujourd’hui le mérite (1), et qui se répandirent
de là dans toute l’Angleterre. Quatre ans plus tard, il cumula avec ses
anciennes fonctions celles plus importantes de secrétaire pour la ville. A
partir de ce moment, son influence ne fait que grandir avec son dévoü-
ment aux affaires de la Société, et bientôt il en est et la tête et le bras. Il
y consacre chaque jour des heures entières, au local de Regent-street,
et passe une journée sur sept à Chiswick, sans compter les courses
matinales qu’il y fait pour les travaux extraordinaires.
Lindley fut en Angleterre le fondateur des floralies. En 1850, quand
l’ancien secrétaire honoraire fit place à Bentham, il réussit à substituer
aux fêtes splendides qu’on donnait alors et qui ruinaient la Société, des
expositions générales de plantes et de fruits, à l'instar de ce qui se
faisait déjà en Belgique, expositions qui devinrent par la suite les assises
annuelles de l’horticulture nationale : le jugement qu'on y prononçait
sur les cultures et leurs produits était sans appel. Grâce à elles, la
Société put promptement rétablir son crédit. Elles servirent de modèle
à toutes les floralies qui se succédèrent en Angleterre; on conçoit quelle
a dû être leur influence sur les progrès de l’horticulture. À l’époque des
expositions, Lindley passait tout son temps au jardin : on l’y trouvait,
le matin, avant 6 heures; il ne le quittait jamais avant 6 heures du
soir, veillant lui-même à tout, dirigeant tout, ordonnant tout.
Lorsque, en 1841, Bentham se retira, on laissa à Lindley les fonctions
du secrétariat honoraire avec celles qu’il remplissait déjà et on lui
conféra le titre de vice-secrétaire. En 1858, il devint secrétaire de la
Société et membre du conseil. Il continua à remplir avec une exactitude
ponctuelle toutes ses fonctions jusqu’au jour où l’excès des travaux aux-
quels il se livra, lors de l’exposition universelle de 1862, trahit ses
forces et l’obligea à renoncer désormais à l’administration de la Société
qui lui doit la considération et la prospérité dont elle jouit aujourd’hui.
Tous les membres de la Société se souviennent de son urbanité et de sa
franchise, tous se rappellent les soins attentifs qu’il apportait aux réu-
nions dans Regent-street, auxquelles son habileté et sa profonde connais-
(1) Bulletin du Cercle professoral d’arboriculture. 1, page 49.
— 938 —
sance des plantes, de leur nature, de leurs besoins, donnaient un intérêt
spécial. Aussi n’ont-ils pas attendu sa mort, comme il arrive souvent,
pour lui témoigner leur vive reconnaissance : ils lui offrirent une coupe
en argent rappelant ses travaux botaniques et placèrent son portrait
dans la salle des séances.
En dehors de ses instructives conférences à la Société, Lindley avait
ses leçons à donner à l’Université de Londres et au Jardin botanique de
la Société de pharmacie de Chelsea, jardin dont il était en même temps
directeur. C’est en 1829 qu’il débuta à l’Université, sa thèse inaugurale
ne fut pas sans étonner ceux qui avaient jusque-là entendu préconiser
le système de Linné; le nouveau professeur le relégua hardiment à
l'arrière-plan et fit sentir de prime abord toute la supériorité du
système naturel. Il professa sans interruption jusqu’en 1861, aimé et
vénéré de ses élèves, estimé de tous ses collègues. Ses longs services lui
valurent l’éméritat et l'honneur de siéger, de 1861 à 1863, à l’Université
de Londres comme examinateur en sciences botaniques. Il donnait à ses
cours les soins les plus minutieux ; il ne se bornait pas à les lire, mais
préparait chaque fois ses notes, faisait de nombreux croquis pour les
explications et donnait la plus grande attention à l’arrangement des
matières. Ses leçons se distinguaient par leur ordre méthodique, leur
concision, leur clarté, leur simplicité, il se mettait volontiers à la dispo-
sition de ses élèves et leur servait de guide en dehors de l’école. Ses
cours de Chelsea étaient éminemment pratiques, et les conférences scien-
tifiques qu’il donnait parfois à l’Institut royal de Londres et ailleurs
étaient aussi variées que bien appropriées à chaque auditoire. Il forma
de nombreux élèves et eut la suprême satisfaction de voir quelques-uns
d’entre eux déjà devenus des hommes marquants. Un professeur ne doit
pas s’attendre à une autre récompense.
À l’étranger, Lindley jouissait d’une considération méritée. En 1832,
l’université de Munich lui conféra ex cathedra le titre de docteur en
philosophie qu’il fut digne et fier de porter toujours. En 1834, l’Aca-
démie des sciences de Berlin le nomma membre honoraire; en 1855,
il fut élu membre correspondant de l’Institut de France; un des pre-
miers actes de la Société royale de botanique de Belgique fut de se
l’associer. Ainsi lui vinrent de toutes parts les distinctions les plus
flatteuses; plus de soixante Sociétés, toutes les Sociétés de botanique
el d’horticulture de l’Europe et de l’Amérique de quelque importance,
l'inserivirent parmi leurs membres, voulant rendre de la sorte un
juste hommage à ses talents distingués.
Lindley ne fut pas moins apprécié par ceux qui étaient à la tête
du gouvernement de son pays : souvent il fut consulté par eux, et
ses avis recevaient le meilleur accueil. C’est à la suite d’un rapport
émané de Lindley, Wilson et Paxton que les jardins de Kew, bien
peu de chose en 1858, devinrent propriété nationale et, comme ils
— 259 —
l'avaient demandé, « le quartier-général de la science botanique pour
l'Angleterre et ses colonies. » Ce fut toujours un bonheur pour lui
d’avoir contribué à la nomination de William Hooker à la direction
de cet établissement. C’est à ces deux savants, consultés naguère par
l’amirauté, c’est à leurs judicieux avis, que l’île aride de l’Ascension
doit son état florissant d'aujourd'hui.
Il fit partie de la commission irlandaise instituée par Robert Peel
lors du manque des pommes de terre, et le rapport de cette commission
ne contribua pas peu à décider le ministre à faire rapporter les lois
sur les blés. C’est lui qui, dans le Gardeners’ Chronicle (1), posa la
question du prix du verre, et c’est à la baisse qu’il provoqua qu’on doit
en Augleterre l'érection de nombreuses serres.
Avant 1851 il ne connut jamais ni fatigue de l'esprit, ni lassitude
du corps. Membre du jury de l’exposition universelle de cette année,
pour la section des substances alimentaires , il tomba sérieusement
malade sous le surcroît de ses travaux Quelque temps de repos lui
permit de les reprendre. Mais, en 1862, malgré sa famille, il se charge
à la grande exposition, du département des colonies, et des douleurs
de tête continuelles ne l’empêchèrent pas de demeurer à son poste
jusqu’au bout : mais cet effort l’épuisa. Désormais il avait le droit
de se reposer. Malheureusement la mort est venu l'enlever brusque-
ment, le 4°" novembre dernier, à sa famille, à ses amis.
Lindley montra, durant toute sa vie, ce que peut un homme actif,
doué d’une grande force de volonté. « Avec de la méthode, du zèle,
de la persévérance, disait-il, rien n’est impossible. » Résolu et éner-
gique, d’une puissance de travail qui étonnait, il accomplissait tout
ce qu'il voulait entreprendre.
Au milieu d’une vie aussi occupée que la sienne, publiciste, secré-
taire, professeur, Lindley ne négligea jamais les devoirs de l'amitié,
encore moins ceux de la famille. Souvent ses deux filles passaient avec
lui de longues journées, dessinant les planches de ses publications,
et sa femme était le principal conservateur de son riche herbier, au
milieu duquel il se délassait dans ses moments de loisir. Son herbier,
admirablement tenu, renferme la collection d’Orchidées la plus com-
plète qui existe; il a été acquis par le gouvernement et se trouve déposé
à Kew. Lindley était d’une taille assez élevée, d'une figure régulière
et agréable; il avait la démarche ferme, un peu fière même; son
caractère très-vif était impatient devant l’opposition, ce qui ne l’em-
péchait pas d’avoir un cœur des plus chauds et des plus généreux.
L’affection sincère qu'il voua à Hooker, la reconnaissance profonde
(1) Plusieurs données de cette notice ont été puisées dans les artieles que ce recueil
a publié sur Lindley.
— 240 —
qu’il conserva toujours à l’égard de Jos. Banks, de Lyell, de Cattley,
de tous ses bienfaiteurs, prouvent assez que l'élévation scientifique et
les travaux sérieux n'étouffent pas toujours les nobles sentiments.
N'oublions pas de mentionner un trait d'amour filial qui honore le
savant, c’est que, à vingt ans, ayant sa plume pour toute richesse, il
s'engagea à payer les dettes de son père. Il aima ses parents; ses
enfants l’adoraient. L'amour vaut mieux que la crainte, il en fit l’heu-
reuse expérience. Une preuve de sa bonté, c’est qu’il aimait les enfants
et qu’il leur sacrifiait volontiers ses précieux moments.
Le savant laisse des monuments impérissables, l’homme une mémoire
sans tache. Lindley est regretté de tous ceux qui l’ont connu.
SEMIS ET CULTURE DU PIN DE RIGA.
Note communiquée à la Société impériale d’acclimatation de Paris, pen-
dant la séance du 20 avril 1866,
PAR M. Ducesne-TnourEau,
CAE Je me reprocherais de ne pas faire part à mes honorables collè-
gues des moyens très-simples, mais peut-être un peu minutieux, grâce
auxquels tout semis de conifères peut et doit être conduit à bonne fin, à
la condition toutefois : 1° de posséder des graines dont la faculté germina-
tive ne soit pas compromise ; 2° de disposer d’un sol convenable, à proxi-
mité d’un cours d’eau ou d’un réservoir permettant, au besoin, de
fréquents arrosages; 5° d’opérer en temps utile et avec connaissance de
cause.
J'ai dit un terrain convenable, car il faut bien se garder de croire que
les semis d'arbres résineux puissent prospérer dans toutes les conditions.
En effet, bien que la germination soit facilement obtenuc dans un sol
calcaire, il est rare que le résultat final soit même passable, à moins de
précautions excessives ; car, le plus souvent, sous l’action de la chaleur,
le terrain calcaire se fendille, gerce profondément, et durcit tellement,
que les semis s’atrophient. Vienne ensuite la saison d’hiver, qui entraine
des effets bien plus désastreux encore, les jeunes plants, subissant les
alternatives incessamment répétées du gel et du dégel, soulevés et
déchaussés, gisent épars sur le sol, sans cause apparente de ce méfait,
comme si un génie malfaisant eût pris à tâche de les détruire.
Les terrains siliceux et granitiques, moins impressionnables et conser-
vant une humidité plus persistante, sont moins susceptibles de dureir, et
restent par ce fait à l'abri d’un desséchement trop profond et du soulève-
ment hibernal.
— 241 —
Aussi, eu égard à ces garanties, sont-ils l’objet de préférences bien
légitimes de la part des horticulteurs, et ce sont ceux-là que je conseille
de préférence.
Toutefois je dois ajouter que les personnes qui n’auront pas à leur
disposition un sol siliceux et granitique peuvent parfaitement constituer
un terrain factice avec des terres de bruyère, neuve ou ayant déjà servi,
des terres de dépotage; un compost enfin, d’une épaisseur de 15 à 20
centimètres, remplirait les conditions voulues pour opérer convenable-
ment. Et ce sol factice, ne devant jamais occuper que des surfaces infini-
ment restreintes, il est plus commode qu’on ne le pense de le constituer,
d’autant mieux que chaque mètre superficiel suffisant à porter et à ali-
menter un minimum de 10,000 plants ; 100,000 Pins, semés dans des
conditions très-normales, occuperaient à peine 10 mètres superficiels.
N’allez pas croire, je vous prie, qu’en conseillant un rapprochement
aussi exagéré (en apparence) des semis, je me laisse aller à une fantaisie,
à un pur caprice; car, au contraire, de ce contact immédiat des sujets,
découlent de nombreux avantages.
D'abord, chacun acceptera avec moi, qu’une opération est d’autant
plus utile, qu’elle est résumée sur une surface moindre, partant plus
facile à embrasser d’un coup d'œil.
En second lieu, qu’il est bien plus commode de soigner 10,000 Pins
groupés sur l’espace d’un mètre superficiel que de traiter cette même
quantité disséminée sur une étendue dix fois plus grande. Mais il est
des motifs bien autrement déterminants encore, car l’insuccés dans les
semis d'arbres résineux est presque toujours occasionné par le trop
grand espacement laissé entre les jeunes arbres.
D'où il résulte que chaque plant isolé, obligé de se développer avec
ses propres moyens d'action, condamné, par le fait de son isolément,
à essuyer sans protection aucune toutes les intempéries, disparait dévoré
par un rayon de soleil; ou si, par hasard, il parvient à traverser les
premières phases de sa croissance, c’est pour rester chétif et dépassant
à peine le niveau du sol auquel il est fixé.
Qu’arrive-t-il au contraire, avec un tassement complet? Le développe-
ment vertical est d'autant plus activé, que les sujets sont plus étroitement
groupés ; l’espace horizontal faisant défaut, chacun d’eux dépensant sa
puissance végétative dans le sens vertical, tous s’élancent à l’envi pour
s'emparer de l’espace resté libre : il n’est pas rare que les tiges
atteignent une projection de 10 à 15 centimètres en une seule saison.
Et l’effet obtenu pour la partie aérienne du végétal se produit iden-
tiquement pour la partie souterraine; car la racine, s’échappant en un
long pivot, fouille au loin tes profondeurs du sol préalablement ameubli.
Ce développement précoce ayant un mérite bien incontestable, il n°y
a donc rien à négliger pour l’obtenir. Mais la chose n’est pas si facile
que l’on pourrait supposer; car, en admettant même que la semence
16
— 242 —
ait été répartie sur le sol de la facon la plus régulière et par une main
expérimentée, si la graine est défectueuse, une partie restant inerte,
le but ne sera pas atteint, le semis restera incomplet et insuffisant.
Il importe done de connaitre à l'avance la juste mesure de la qualité
des graines à employer, et cette expérimentation préliminaire, que je
recommande de la facon la plus positive, est très-simple.
Elle consiste à prendre au hasard, dans le groupe, une quantité quel-
conque, une poignée ou une pincée de graines, qui, étant étalées dans un
vase très-découvert et maintenues constamment humides, devront ger-
mer dans un délai d'autant plus bref, que sa température ambiante sera
plus élevée. Si, après quelques jours, la graine se gonfle et émet un
germe, cet indice prouve qu’elle est de bonne qualité. La graine sera
jugée mauvaise ou médiocre, selon le nombre proportionnel de germes
qui se développeront, et devra d’après se résultat, être rapprochée ou
espacée plus largement sur le sol de la pépinière, afin d’arriver au tasse-
ment désiré. |
Cette connaissance étant obtenue, le terrain doit être cultivé à la pro-
fondeur d’un fer de bêche, et parfaitement ameubli, dans le but, non-
seulement de le diviser et d’extirper les racines envahissantes, mais
encore de le purger d’une foule d’insectes nuisibles, larves de hanne-
ton, etc. De plus, il est utile, indispensable même de rendre au sol
ainsi défoncé un peu de consistance afin de prévenir son dessèchement
trop rapide en été, et de se prémunir, autant que possible, contre le sou-
lèvement et l’arrachage des plants, sous l’effet de la gelée en hiver.
D'ailleurs, ce travail de consolidation, facile à réaliser par le jardinier
muni de chaussures dépourvues d’aspérités à leur surface inférieure,
conduit tout naturellement à l’aplanissement du terrain, qui, offrant à
l’horticulteur une surface parfaitement égale, rectifiée au besoin à l’aide
d’un râteau, permet d'arriver à une répartition régulière de la semence.
Ces précautions étant prises, le sol étant ainsi préparé, et surtout pré-
paré sans addition d’engrais(l\, rien ne s’oppose à l’épanchement de la
graine, vers la fin d'avril, et même plus tôt, si la température est douce
et le sol échauffé par les rayons du soleil. Mais, dans le cas où la saison
serait froide encore ou humide à l'excès, mieux vaudrait attendre une
condition meilleure; car une humidité persistante, compliquée de froid,
expose les graines à pourrir au lieu de germer, et trop souvent le même
sort attend les germes déjà longuement développés. D'ailleurs l’abaisse-
ment de la température n’eut-il pour effet que d’occasionner simplement
un retard de la germination, ce retard comporte un danger immense;
car on ne saurait se figurer combien d’ennemis surgissent de toutes
(1) Les Pins ne s’accommodent d'engrais à aucun âge et encore moins de culture,
qui porte le trouble dans leur système radiculaire.
— 9245 —
parts, attirés par l’odeur balsamique se dégageant des graines de Pin, au
moment où se produit la fermentation qui précède et accompagne
l'émission du germe.
Et ce ne sont pas seulement les rats, les turbulents passereaux qui
brülent de prendre part au pillage; les oiseaux à grandes dimensions
et même les hôtes de la basse-cour ne sont pas les moins ardents à
la curée ni les moins dangereux, eu égard à leurs tendances à fouiller
le sol. Mais, parmi tous, le Pinson se distingue par une äâpreté, une
impudence que rien ne saurait égaler, à tel point que les épouvantails
les plus bizarres, les cris et les menaces, souvent même les coups de
fusil restent sans effets contre ces hordes ravageuses, auxquelles il
est urgent d'échapper à tout prix. Parmi les moyens les plus efficaces,
je conseillerai donc d’abord de continuer à protester de la facon la
plus énergique; ensuite de ne jamais procéder à ciel ouvert. C’est-à-
dire que pour l'établissement d’une pépinière et pour obtenir une
réussite complète, après avoir étendu la semence, il faut, à l’aide d’un
tamis, la recouvrir aussi régulièrement que possible d’une couche de
terre siliceuse et légère, d’une épaisseur moyenne de 10 à 15 millimètres,
suffisante, enfin, pour qu'aucune des graines ne soit apparente, mais
trop peu épaisse pour compromettre le semis; puis répandre sur cette
terre un lit de paille hâchée, dont l'épaisseur peut sans inconvénient
varier de 2 à 5 centimètres, de telle façon que la pépinière disparaisse
en entier sous cette couverture.
Ce procédé offre bien quelques garanties à l’horticulteur contre les
passereaux, mais non contre les volatiles familiers et encore moins
contre les souris, qui ne travaillent que plus à laise sous cet abri.
Aussi est-il urgent, indépendamment de toutes ces précautions, de ne
jamais semer ces graines avant que le soleil soit déjà fort élevé sur
l'horizon, vers la fin d'avril, afin que la terre, étant suffisamment
réchauffée, la germination s’accomplisse d’une façon rapide, et même
qu'elle soit brusquée, s’il est possible. Dès que les germes sont déve-
loppés, dès que la capsule, contenant l’amande (objet de tant de con-
voitise) est vide, les pillards, comprenant qu'il n’y a plus rien à faire
pour eux, disparaissent comme par enchantement.
Mais alors commence pour l’horticulteur une série de préoccupations
nombreuses, qui consistent dans une extrême prévoyance, et surtout
à ne pas compromettre par un zèle malentendu les fragiles embryons,
confiés à sa sollicitude, et dont l'existence repose tout entière sur le
tact avec lequel il saura les gouverner.
Ce n’est pas peu de chose, en effet, que de savoir interpréter les
besoins incessants d’une multitude de petits êtres si frêles, qu’un arro-
sage donné mal à propos, qu'un temps d'arrêt de la sève, un rayon
de soleil, moins encore, un soufle, une caresse trop empressée de la
brise peut anéantir à tout jamais.
— 244% —
Et ce tact, cette sensibilité exquise, qui sembleraient n’appartenir
qu’à certaines natures privilégiées, se rencontrent facilement, commu-
nément même, chez les hommes souvent bien peu lettrés, il est vrai,
mais qui, s'ils ne possèdent pas en théorie de bien profondes notions
de physiologie végétale, sont forts d’une expérience acquise, ou, instru-
ments dociles, se plient sans hésiter à des exigences sans fin (dont le
détail n’est pas même soupconné par les gens du monde), exigences qui,
loin d’être rebutantes, comme on pourrait le croire, comportent un
charme inexprimable, comme tout ce qui se rattache aux questions
physiologiques.
Mais revenons à notre semis : réalisé en temps opportun et mis à l'abri
du pillage, que devient-il?
Après un petit nombre de jours, le paillis compact dont nous
avons parlé, est soulevé dans son ensemble, quelques centimètres le
séparent du sol. Quelle puissance a done pu accomplir un pareil miracle
de relever cette masse alourdie par l'humidité? Soulevez avec précaution
un coin du voile, et, à votre grand ébahissement, vous constaterez qu’une
végétation active, puissante même, qu’une forêt mystérieuse, non moins
qu'éphémère, a spontanément surgi du sol.
Ce sont les graines semées il y a quelques jours, qui, grâce aux condi-
tions favorables (chaleur et humidité) auxquelles nous les avons exposées,
sortant fout-à-coup de leur inertie, signalent par un gigantesque effort
leur entrée dans la vie : nées sous un couvert compacte, qui protégea,
il est vrai, leur enfance, mais qui les opprime aujourd’hui et sous lequel
un étiolement infaillible les menace, toutes, comme soupconnant des
horizons meilleurs et unies par une commune volonté se dressent spon-
tanément et s’élancent à la conquête de la lumière et de la liberté.
Gardez-vous bien alors, déployant un zèle inopportun, de leur venir
en aide, en les dégageant, même partiellement, du couvert qui les
comprime : ce serait prononcer leur arrêt de mort. Voyez en effet,
examinez dans quelles conditions d’extrème fragilité se trouvent ces
tigelles développées dans l'ombre; combien elles sont loin de létat
ligneux, elles que compose à peine la trace d’une gaîne fibreuse, trans-
parente, incolore, entourant un peu d’eau, et surmontées d’un rudiment
de feuilles étroitement encapuchonnées dans la capsule vide qui sur-
monte la graine, et semble persister à les coiffer.
Tous les soins à donner à ces embryons, pour le moment, consistent
à s'assurer que l’humidité ne leur fait pas défaut et encore ne faut-il
la leur distribuer que dans une mesure parfaitement raisonnée, car
l'excès d'humidité aurait pour effet inévitable de les compromettre par
la pourriture.
Ce n’est qu'après plusieurs semaines qu'il est possible de diminuer
l'épaisseur de la couverture de paille, et encore cette opération ne doit
avoir lieu que graduellement, et toujours en tenant compte de ce fait,
— 245 —
que les jeunes plants ayant été créés à l’ombre, ne peuvent être impuné-
ment exposés à l’action trop subite du soleil.
Il est donc urgent de rester le plus longtemps possible dans une expec-
tative bien moins compromettante qu’un concours trop empressé.
Après quelques mois cependant, le paillis peut-être enlevé compléte-
ment, lorsque les tiges, solidifiées, sont devenues ligneuses. Mais le
danger de cette ablation est facilement démontré par ce fait, que si par
hasard un vide se produit dans la pépinière, ce vide s'agrandit chaque
jour, et le plus souvent tout le semis disparait, anéanti, sous l’action
dévorante du soleil d'été, qui attaque en flanc les jeunes tiges trop peu
solides pour lui résister, par le fait qu'ayant été élevées en massifs com-
pactes, elles sont latéralement dépourvues de feuillage.
Tandis que si le semis, bien réussi, reste complet, le terrain semble
garni d'un riche tapis de velours vert, sans solution de continuité. Le
feuillage seul, et non les tiges, subit les influences extérieures, qu’il sup-
porte parfaitement. Dans ce cas, les seules précautions que comporte le
semis se résument dans les arrosages et l'enlèvement des herbes parasites ;
mais encore cette dernière opération ne doit être faite qu'après un arrosage
très-abondant ou en temps de grande humidité, car à la suite de l’arra-
chage des mauvaises herbes, opéré en temps de sécheresse, souvent les
plants sont brülés par le soleil.
Peut-être j'ai été conduit à traiter un peu longuement ces questions ;
mais, par le motif qu’on ne les trouve nulle part aussi détaillées, je me
suis cru obligé à délayer la matière. Et la seule justification que j’invoque
réside dans mon extrême désir de contribuer par les faibles moyens en
mon pouvoir à propager des notions utiles, consacrées par l'expérience,
que je produits avec une confiance d’autant plus entière, que leur appré-
ciation ne m'a Jamais laissé en défaut, et qu’elles sont dictées tout au long
dans ce livre admirable ouvert à tous, le livre de la nature, dont je ne
suis ici que l'interprète bien indigne.
(Bull. de la Soc. imp. d’Acclim.)
CALENDRIER DU MARAICHER,
Résumé des opérations mensuelles du potager,
par M. Eu. Ronicas.
JUILLET.
Semis ef plantations. — Les semis deviennent moins nombreux,
puisqu'il ne faut faire que ceux des plantes dont il est possible de récol-
ter encore les produits avant l’hiver : c’est donc au jardinier de calculer,
d’après les conditions de son jardin, l’époque probable du rapport de ce
— 246 —
qu'il veut semer. Il peut semer encore des choux de Savoie à l'ombre, de
la bette, les derniers haricots pour en jouir trés-tard, du persil, du
raifort, le dernier quinoa, la campanule raiïponce pour utiliser ses ra-
cines en salade l’hiver ou le printemps suivant, le cresson alénois à
l'ombre et la ciboule pour en jouir au premier printemps. Il peut tenter
encore un dernier semis de pois, en se servant de variétés hâtives : il
arrive que le produit est insignifiant; cependant, plus d’une fois, nous
avons obtenu une très-belle récolte à la fin de septembre et au commen-
cement d'octobre. En ce mois, on fait le semis des scorzonères, dont on
veut récolter les racines l’année suivante; presque partout ici, elles sont
préférées aux salsifis, qui sont d'ordinaire plus durs et qui se conservent
moins bien. On sème aussi des navets, du pourpier, du cerfeuil, des
endives, les dernières carottes et l’ognon blanc, si l'on veut pouvoir en
repiquer en octobre, pour le couvrir en hiver.
Quant aux plantations, le jardinier devra les régler d’après les
besoins et les soigner d’une manière toute spéciale, afin de rendre la
reprise des plantes aussi prompte que possible et dans le but d’en
assurer le produit en temps utile. Il mettra en place le chou Milan des
vertus, les fraisiers de semis repiqués en mai; il continuera la planta-
tion du poireau et des derniers choux-fleurs pour l'hiver; il plantera
encore du céléri et des concombres.
Eravaux divers. — Nous l'avons déjà dit, la jachère d'été doit
être inconnue au maraicher; tous les terrains doivent être occupés et
ceux dont les produits sont enlevés et qui n'auraient recu ni entre-plants
ni contre-plants, devront avoir immédiatement un léger béchage, parfois
même une fumure selon l'espèce que ce sol a dû nourrir, puis être
replanté aussitôt que le temps le permet. Dans les terres très-légères,
on peut faire usage de la batte ou du rouleau, pour unir quelque peu
le terrain jusqu'au moment de la plantation.
On continue à faire blanchir le cardon, à butter le second céléri,
l'olluco, l’'oxalide, la pomme de terre. On donne des binages et des
serfouissages à toutes les planches; c’est le meilleur moyen de détruire
les mauvaises herbes, d’ameublir le sol et de lui conserver sa fraicheur,
quoiqu'il semble se dessécher plus promptement. Les sentiers aussi doi-
vent être tenus très-propres; le râtissage des allées est bien plus une
nécessité qu'un luxe. Il ne faut pas oublier de replier une feuille sur
le chou-fleur, dont la pomme est à demi formée. On rabat, à quelques
centimètres du sol, les fèves de marais qui commencent à fleurir,
afin de les faire remonter, pour avoir du produit en automne. Enlever
les tiges de chervis, si l’on ne veut pas le laisser fructifier; lier les
endives et les scaroles pour les faire blanchir au cœur; pincer les
pousses superflues aux fomates, dont le fruit est déjà formé. La récolte
— 247 —
des graines réclame une attention de tous les jours. À mesure qu’elles
mürissent, on récolte celles des épinards, des raiponces, des lailues, des
choux, des caroltes, des fèves, des pois, etc., et on les traite suivant les in-
dications spéciales que nous avons données à cet égard. Il importe de les
munir de bonnes étiquettes portant le nom de la variété et l’année de la
récolte : on évite ainsi toute confusion ultérieure. Les graines de frai-
sier, si l’on veut essayer d'obtenir d’autres variétés, peuvent être séchées
pour plus tard. Les semences de scorzonères doivent être recueillies
chaque jour à mesure que les involucres s’ouvrent ; sans cela, elles sont
enlevées par les oiseaux ou emportées par le vent.
Les choux divers, les choux-fleurs surtout, les fournitures de salade en
général, les citrouilles et les courges, dont on veut faire grossir les fruits,
doivent être arrosés largement, les fraisiers avec modération, pour ne
pas augmenter le volume aux dépens de la saveur. Les arrosements du
soir peuvent être de plus en plus copieux à mesure que la chaleur
augmente : une végétation plus brillante et plus rapide, suivie d’un
produit considérable, récompense toujours ce soin, qui ne coûte souvent
que les frais de main-d'œuvre.
Heureux le jardinier qui dispose d’un terrain dont la situation prête
à une irrigation temporaire : nul ne pourra lutter contre lui, ear il aura
l'immense avantage de pouvoir à son gré distribuer l’eau selon le besoin
des plantes, et, imitant le poète latin({), il pourra dire au manœuvre :
ferme l’écluse, ami, les choux ont assez bu!
Produits. — Ce mois est l’un des plus riches, c’est la moisson qui com-
mence pour le maraicher. Il cueille les fraises des quatre-saisons et d’autres
en quantités; il est bien fourni d’artichauts, de choux pommés, de choux-
fleurs, de haricots verts, de pois, de fèves. Il a aussi des endives et des
scaroles, à mesure qu’elies sont blanchies, des concombres, des laitues,
des carottes, des panais, du poireau, du céleri commun et du céleri-
rave, des tomates et, indépendamment des graines, la plupart des pro-
duits du mois précédent. On utilise aussi les pétioles des rhubarbes pour
en faire de très-bonnes confitures. On confit les câpres et les premiers
cornichons de pleine terre. Le cerfeuil devient assez rare; pourtant il
produit encore à l’ombre, si l’on a soin de bien l’arroser.
(!) Claudite jam rivos, pueri, sat prata librunt, Vire, £log, LI, V. 111.
pe
JARDIN FRUITIER.
PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA TAILLE,
par M. En. Pynarrr.
Architecte de jardins, Professeur à l'École d'horticulture de F'État à Gentbrugge-lez-Gand.
Nous avons (page 179) signalé aux pomologistes la publication de l'excellent Manuel
de l’amateur de fruits par M. Ed. Pynaert, et nous avons, à cette occasion, pris l’enga-
gement de revenir sur cet ouvrage. Nous sommes heureux de pouvoir aujourd’hui
en reproduire un chapitre, l’un des meilleurs, sur les principes généraux de la taille.
Branches de charpente et branches à fruits.
Dans tout arbre soumis à une taille raisonnée, on distingue deux sor-
tes de branches : les branches de charpente et les productions fruitières
ou branches à fruits. Les premières servent de support aux secondes
et leur distribuent d’une manière plus ou moins égale la sève venant des
racines. Sur toute leur longueur, elles ne doivent être garnies que de ces
productions fruitières ; leur extrémité seule doit être terminée par un ra-
meau à bois et s’il se montre ailleurs des productions qui ne donnent que
du bois, la taille doit pouvoir les transformer, les modifier de telle sorte
que dans la suite elles se mettent à fruit. Quant aux productions frui-
tières, la taille a pour but de les répartir régulièrement sur les grosses
branches qui constituent la charpente et de les maintenir dans un état
continuel de fructification. Ce sont là deux points que nous étudierons
lors du mode de la taille propre à chaque essence d’arbre à fruits.
Pour ce qui concerne la formation de la charpente, on doit bien se pé-
nétrer de ce fait que de sa régularité et de l’égale répartition de la sève
dans toutes ses parties dépendent non-seulement la durée de l’arbre mais
sa fertilité abondante et soutenue. En effet, dans un arbre où la sève ne
se distribue pas partout également, tous les membres sont inégalement
nourris, les uns sont affamés au profit de quelques autres qui se déve-
loppent en gourmands et absorbent en pure perte une grande quantité
de sève. Il est donc indispensable de connaitre avant tout les moyens à
l’aide desquels il devient aisé de répartir également la sève dans un arbre
et de maintenir, comme on dit, l’équilibre entre tous ses membres, entre
ces diverses branches. Un mot d’abord sur les formes à donner aux arbres.
— 249 —
Formes à donner aux arbres.
L'arbre soumis par la taille à l’une ou l’autre des formes adoptées dans
nos jardins fruitiers s’y montre d’autant plus revèche, d’autant moins
docile que cette forme s'éloigne davantage de celle que la nature lui eût
fait prendre si le sort l’avait abandonné à lui-même. Si ses racines sont
solidement établies, s’il cest greffé sur franc, par exemple, il montrera
une plus forte tendance à s'élever, à s’élancer que s’il est d’une consti-
tution débile ou s’il est greffé sur sujet peu vigoureux, tel que le coignas-
sier et le paradis. D’une autre part, chez les arbres non taillés, nous
remarquons en général une certaine prédilection à prendre une forme
plutôt qu’une autre ; une tendance analogue existe chez les arbres soumis
à la taille. De plus chaque variété a une manière de croître qui lui est
propre. C’est ainsi que telle variété de poirier prend presque naturelle-
ment la forme pyramidale, tandis que d’autres s’y montrent rebelles : il
en est de même de toutes les autres formes. Certaines variétés conviennent
parfaitement au fuseau, d’autres au cordon horizontal. Il est des pêchers
qui ne produisent que lorsqu'on leur applique les grandes formes,
comme il en est d’autres qui affectionnent des dimensions plus modestes.
Ceci démontre qu’il n’est nullement indifférent d'adopter pour les
arbres une forme plutôt qu'une autre. Le choix en doit être déterminé
par la variété qu’on désire cultiver, ainsi que par la composition et la
fertilité du terrain qui doit correspondre à la nature du sujet. En trai-
tant de la culture de chaque essence en particulier, nous ferons connai-
tre les formes les plus avantageuses et leur meilleur mode de formation.
Pour le moment, contentons-nous de dire qu’en règle générale pour
qu’une forme soit réellement avantageuse, les branches charpentières
doivent recouvrir autant que possible toutes les parties du mur et que
leur écartement ne doit être ni trop grand, ni trop restreint, afin de ne
laisser aux productions fruitières que la place strictement nécessaire; il
faut surtout que l’extension donnée à la charpente soit en rapport avec
la vigueur du sujet, c’est-à-dire qu’elle soit suffisante pour permettre à la
sève de se transformer en membres utiles à la production. Lorsque la
dimension accordée à la charpente d’un espalier est trop restreinte, ce
n’est qu’à force de soins et après qu'il aura été à moitié épuisé par des
mutilations continuelles que l’arbre se mettra à fruits. Nous reviendrons
sur ce pointen parlant de la relation qui doit exister entre les forces nu-
tritives et les forces productives d’un arbre.
Æaïlle et formation de Ia charpente.
De ce qu’un arbre est soumis à une forme artificielle et naine, il résulte
pour lui une tendance perpétuelle à développer de préférence les yeux
qui se trouvent dans les parties supérieures. Ainsi la sève nourrit davan-
— 250 —
tage les branches dressées, elle donne également plus de force aux yeux
rapprochés des extrémités des rameaux, de même qu’elle tend continuel-
lement, dans les arbres conduits en espaliers,à se jeter dans les branches
qui s’éloignent du mur pour peu qu’on néglige le palissage. De là d’abord
unepremière règle très-importante,à savoir qu’il fautretenir constamment
les parties qui ont une position avantagée, dressée, les tailler plus court
et les affaiblir continuellement durant leur végétation par diversmoyens,
tels que pincements etautres qui seront expliqués à la taille d'été. En di-
sant qu’il faut tailler court nous parlons des rameaux de prolongement et
non des productions fruitières qui se trouvent dans un cas tout différent.
Ainsi donc plus une branche de charpente est dressée, plusil faut la tailler
sévèrement; au contraire, plus elle se trouve dans une direction qui se
rapproche de l'horizontale, plus il faut lui laisser de longueur à la taille,
Celle-ci ne peut pas cependant dépasser une certaine limite, parce qu’alors
les yeux éloignés de l’extrémité du rameau ne se développeraient pas et
qu’il en résulterait des vides. On ne doit pas perdre de vue que les yeux
qui ne végêètent pas l’année qui suit leur formation s’éteignent ordinai-
rement ou du moins ne se développent dans la suite que sous l'influence
de circonstances exceptionnelles, d’une taille très-courte par exemple.
Par la taille, il faut donc faire développer tous les yeux de la partie con-
servée du rameau. On concoit qu'il est impossible de donner des indica-
Lions précises sur la longueur qu’on peut laisser:cela dépend de la vigueur
de la végétation et de l’âge de la branche. Plus celle-ci est vigoureuse, plus
on allonge le prolongement. Chez un jeune pêcher, on lui laisse jusqu’à
70 à 80 centimètres et même 1 mètre. Dans la suite on raccoureit de plus
en plus la taille et lorsque la branche a atteint toute l’extension qu’elle
doit prendre on la rapproche chaque année sur un œil à bois, de façon à
ce qu’elle soit toujours terminée autant que possible par une pousse vi-
youreuse. C’est la condition essentielle de sa longévité.
Si l’on peut dire que pour le commencant, pour l’amateur peu expéri-
menté il y a moins de danger à tailler trop court que trop long, en règle
générale cependant il est préférable de tailler long.
Équilibre des membres de la charpente.
Nous venons de raisonner dans la supposition que les branches sont
d’un développement proportionné les unes par rapport aux autres. Ad-
mettons que cet équilibre n’existe pas, comment allons-nous le rétablir ?
Les procédés ne font pas défaut ; il s’agit seulement d’appliquer celui ou
ceux qui offrent le plus d'avantages.
Le premier de tous consiste à laisser par la taille plus de longueur aux
prolongements de la partie faible qu’à ceux de la partie forte. C’est le
plus simple et le plus généralement employé. On peut aussi rapprocher
de la direction verticale les membres faibles et incliner au contraire Îles
© 4 IRON à
— 251 —
autres vers l'horizontale, laisser les premiers libres, les éloigner du mur,
ou ne les palisser que tardivement, attacher de suite et serrer les liens des
derniers, lorsqu'il s’agit d’espaliers. Chez les arbres à fruits à pepins, ïl
est bon de faire une entaille en dessous de la branche forte, et au-dessus de
la branche faible, ainsi que quelques incisions longitudinales dans l’écorce
en dessous de celle-ci. Ces incisions se pratiquent également avec succès
sur les essences à fruits à noyau, elles ne produiront pas d'écoulement
de gomme ; au contraire, parfois elles préviennent ceux-ci. Les opérations
de la taille d’été peuvent aussi contribuer puissamment à atteindre le
méme but en pratiquant sévèrement et de bonne heuresur la partie qu'il
s’agit d’affaiblir. En dernier lieu, on éclaircira soigneusement les fruits
sur la partie faible, qui du reste est toujours disposée à trop se charger et
on laissera tous les fruits sur les branches trop fortes ; au besoin, on y
greffera des boutons à fruits enlevés sur les branches qui en sont trop
pourvues. Ce dernier moyen est beaucoup plis érergique qu'on ne pense ;
car, ainsi que nous l’avons dit à plusieurs reprises, la fructification est
une grande cause d’épuisement, en ce sens que les fruits se nourrissent
au détriment de la sève élaborée, diminuant ainsi l’accroissement de la
branche qui les porte et par conséquent sa vigueur.
C’est ici le lieu de parler de la relation qui doit exister dans tout arbre
entre ses productions fruitières et ses organes nourriciers, racine et
feuilles.
Équilibre des forces nutritives et des forces productives.
La vie de Parbre, dans la nature, a deux périodes bien distinctes :
d’abord une période d’accroissement, puis, après qu’il s’est constitué, une
période de fructification pendant laquelle son aceroissement diminue de
plus en plus. Si ces deux périodes ne sont pas toujours nettement tran-
chées, leur existence ne forme néanmoins pas de doute pour l’observateur.
Quant à l’époque où la seconde commence à se manifester, elle peut va-
rier considérablement dans la même espèce, entre variétés différentes,
entre deux sortes de poiriers par exemple. Ainsi certaines variétés fruc-
tifient de bonne heure, mais en général cette précocité naturelle ne pré-
sage Jamais une grande vigueur et partant une grande longévité.
Pour celles qui ne sont pas dans ce cas, nous pouvons à volonté raccourcir
artificiellement la première période et hâter ainsi la mise à fruit à l’aide
de certains procédés, lesquels malheureusement ont pour conséquence
_d’abréger, dans une proportion équivalente ou même plus grande, la
période de la fructification et par conséquent aussi la durée de la vie de
l’arbre. Si, en règle générale, on ne doit pas approuver l'usage de ces
procédés, puisqu'ils diminuent la longévité des arbres, on doit cependant
reconnaitre que dans certains cas ils peuvent être d’une grande utilité.
Nous ne parlons pas ici des opérations de la taille d’été, pincement,
— 252 —
torsion, cassement, qui ont toutes pour but de transformer en produc-
tions fruitières les bourgeons à bois et les petites branches qui garnissent
les branches de charpente. Nous supposons avoir affaire à des arbres qui
tardent trop longtemps à se mettre à fruit, nonobstant l’emploi des pro-
cédés ordinaires. Leur stérilité aura pour cause ou bien une trop grande
vigueur, et c’est là le cas ordinaire, oubien un état languissant, maladif.
Dans cette dernière circonstance, il faudra uniquement chercher à réta-
blir la santé des arbres, et à leur rendre la vigueur qui leur manque.
Nous n’avons done à nous occuper que du premier cas. Un moyen très-
énergique de mater l’excès de vigueur d’un arbre, c’est d’incliner, de re-
courber toutes ses branches en dessous de l’horizontale. En peu de temps,
celles-ci se mettent à fruits, mais il ne faut pas les maintenir trop long-
temps dans cette position, sous peine de les voir promptement s’épuiser.
Ce moyen ne peut s’appliquer convenablement qu'aux pyramides. Pour
les espaliers et pour les fuseaux, il vaut mieux de faire quelques suppres-
sions aux racines soit en déplantant les sujets, soit en coupant une ou
plusieurs des ramifications principales qui montreraient des allures
pivotantes, soit enfin par l’emploi du procédé décrit plus loin.
La grande majorité des arboriculteurs modernes semble se proposer
actuellement, dans la conduite des arbres, un problème qui consiste jus-
qu’à un certain point à confondre les deux périodes de la vie des arbres,
c’est-à-dire à les faire fructifier pendant leur formation et longtemps avant
qu'ils aient acquis le développement qu'ils sont destinés à prendre. La
solution de ce problème qui parait de prime-abord incompatible avec les
saines théories, ils l’obtiennent par l'emploi intelligent de la taille d’été ;
mais quelle dépense de travail, de soin, d’entretien et nous dirons même
de talent pour arriver à ce résultat. Ne serait-il pas plus profitable de
provoquer une fructification naturelle et de la maintenir dans des bornes
raisonnables ? Tâchons de nous faire comprendre en peu de mots.
La sève brute est absorbée par les racines : une partie sert au déve-
loppement de la partie herbacée, l’autre se modifie dans les feuilles et s’y
enrichit de principes nutritifs contenus dans l’air ; alors seulement elle
est devenue apte à concourir à l'accroissement de l’arbre en diamètre et
à la formation de racines nouvelles. Mais cette sève élaborée est aussi ab-
sorbée par les fruits. C’est elle qui les nourrit, qui leur donne du volume,
du poids, aussi lorsque les fruits sont trop nombreux, ils accaparent toute
cette sève et par suite l’accroissement de l’arbres’arrête, le système radi-
culaire ne se renouvelle qu’imparfaitement et la vigueur tend à diminuer.
Cette langueur que le vulgaire ne voit pas — pour lui un arbre pousse
bien lorsqu'il rapporte du fruit — peut se prolonger quelques années ;
mais elle doit se terminer inévitablement par une mort prématurée.
C’est qu’il ne suffit pas à un arbre de produire du fruit, il doit être en
même temps garni de feuilles en quantité suffisante pour élaborer la sève
destinée à entretenir la production de nouveau bois et de nouvelles raci-
— 253 --
nes. Les feuilles, comme organes nourriciers, sont donc indispensables au
maintien de l’équilibre dans les fonctions vitales. Une branche de char-
pente bien garnie de productions fruitières, mais dépourvue d’un pro-
longement vigoureux ne tarde pas à s’affaiblir, si on ne lui laisse par ci
par là quelques bourgeons capables de fournir la sève élaborée nécessaire
à l'entretien de la vie de celte branche.
L’arboriculteur intelligent doit saisir ici un juste milieu entre ces deux
forces exactement opposées dont l’une produit une stérilité relative tout
le temps que l'arbre n’est pas arrivé à son développement complet et dont
l’autre l’épuiserait promptement par une fécondité trop abondante.
Une diminution dans l’absorption de la sève par les racines, soit qu’elle
ait pour cause une trop grande sécheresse du sol, soit que cette cause
réside exclusivement dans l'état maladif de ces organes, a également pour
conséquence une diminution de vigueur végétative et souvent une plus
grande disposition à la fructification. Celle-ci toutefois n’est en réalité
provoquée par la cause que nous venons d’indiquer que lorsqu'une végé-
tation vigoureuse a précédé l’affaiblissement du pouvoir absorbant du
système radiculaire, car dans ce cas seulement les tissus sont gorgés de
sève élaborée pouvant se transformer en bouton à fleurs. C’est là une
preuve de la relation intime qui existe entre le système aérien et le
système souterrain d’un arbre. Nous posons en fait qu’en maintenant un
juste équilibre entre ces deux systèmes, tantôt en stimulant la vigueur des
racines à l’aide d’arrosements et d’engrais convenables, tantôt en y prati-
quant certaines suppressions pour modérer leur puissance absorbante et
la proportionner au développement que doit prendre la couronne, on
arriverait plus facilement et avec infiniment moins de main-d'œuvre et de
soins minutieux à obtenir une fructification régulière sans épuiser, pour
Pavenir, les ressources productives de l’arbre. En d’autres termes, l’ap-
plication judicieuse de la taille des racines, au lieu de ne constituer qu’une
opération exceptionnelle à laquelle les arboriculteurs semblent d’habi-
tude ne se résoudre qu'avec une certaine répugnance, devrait entrer
dans la pratique ordinaire et dès lors elle réduirait la taille à sa plus sim-
ple expression.
De la taille des racines.
La taille des racines ne peut donner tous les résultats que l’on doit en
attendre que lorsquelle est pratiquée sur les arbres dès leur première
jeunesse et régulièrement dans la suite au moins tous les deux ans.
Chacun sait que les plants repiqués, transplantés plusieurs fois dans
les pépinières, sont d’une reprise beaucoup plus certaine que ceux qui
n'ont pas subi cette opération. Cela tient uniquement à ce que leurs ra-
cines se sonitrès-ramifiées par ces transplantations successives. Eh bien !
— 2054 —
les arbres soumis à la taille régulière des racines se trouvent dans le
même cas que les plants repiqués dont il vient d’être question. Ils souf-
frent peu d’avoir leurs racines mises à nu et raccourcies jusqu’à un
certain point, tandis que pour ceux dont les racines sont restées intactes,
ce simple procédé pourra être parfois chanceux. En Angleterre on a
adopté depuis quelques années et cela surtout dans les petits jardins
(où il faut empêcher les arbres de prendre trop de développement) un
mode d’opérer qui offre tousles avantages de la taille annuelle ou bisan-
nuelle des racines et peut même la remplacer complètement ; c’est ce
qu’on y appelle soulèvement (lifting). Il consiste à détacher les racines
du sol et à soulever la motte sans toutefois changer l’arbre de place. Il en
résulte que toutes les extrémités des racines se trouvent ainsi plus ou
moins raccourcies et ne pouvant plus s’allonger donnent naissance à plu-
sieurs ramifications nouvelles. Il se forme ainsi une motte très-enchevé-
trée de racines extrêmement nombreuses par lesquelles il est facile de
maitriser la végétation, füt-ce même en plein été, au moyen d’un simple
coup de bêche donné autour de la motte à distance convenable.
Nous pensons que ce procédé simple et suffisamment efficace peut tenir
lieu de la taille des racines proprement dite, mais il faut avoir soin de
le pratiquer périodiquement afin d'empêcher les racines pivotantes de se
former. C’est, à notre avis, le seul moyen d’équilibrer les forces végéta-
tives du système radiculaire et du système aérien, équilibre si indispen-
sable à la fructification régulière des arbres. Voici ce que nous écrivions
sur ce sujet, il y a déjà plus de quatre ans, dans la Flore des Serres, le
superbe ouvrage iconographique édité par M. L. Van Houtte.
« Dans toute plante, le système aérien doit être dans un certain équi-
libre avec le système radiculaire, en d’autres termes le développement des
branches doit être pro portionné à celui des racines. Cet équilibre existe
complétement dans les arbres fruitiers adultes, abandonnés à cux-mé-
mes, tandis que dans les jeunes individus le système radiculaire tend
toujours à prédominer, c’est là l’ordre établi par la nature, en vertu du-
quel les plantes prennent de l’accroissement avant de fructifier. Dans les
arbres soumis annuellement à la taille et à des pincements réguliers, cette
harmonie entre les branches et les racines n’est jamais possible; elle l’est
d’autant moins que la taille est faite avec plus de sévérité, car les racines se
trouvant toujours en majorité envoient aux parties aériennes un excès de
nourriture. Cela explique parfaitement pourquoi , dans ces circonstances,
les arbres sur lesquels la taille est trop raccourcie,fructifient si rarement:
tous les bourgeons s’y transforment en gourmands, en rameaux à bois.
« Nous savons cependant qu’au bout d’un laps de temps, parfois bien
long, à force de mutilations, la vigueur de ces arbres diminue et qu’ils se
mettent à fruit. C’est que le traitement par sa sévérité même a réagi sur
le système radiculaire en provoquant un affaiblissement dans les fonctions
de ces organes, et a rétabli jusqu’à un certain point l'équilibre entre
— 255 —
ceux-ci et les branches. Le résultat désiré a été obtenu; mais nous le de-
mandons, peut-on dire qu’il l’a été d’une manière rationnelle, de la ma-
nière la plus utile la plus rapide? Incontestablement non. Pourquoi les
arbres jeunes, jouissant d’une grande vitalité, ne produisent-ils pas de
fruits en raison de cette vigueur ? Par la très-simple raison que cette har-
monie entre les organes aériens et les organes souterrains n'existe pas
encore chez eux ; parce que les racines sont disproportionnées aux bran-
ches, qu’elles absorbent dans le sol plus que celles-ci ne demandent.
« Voilà aussi pourquoi le‘poirier greffé sur franc se met à fruit beau-
coup plus tardivement que lorsqu'il est greffé sur coignassier. En
effet les racines du premier de ces sujets s'étendent, s’enfoncent
davantage dans le sol et possèdent une vigueur plus grande que
celles du second. Cela n’explique-t-il pas encore pourquoi le pommier
greffé sur paradis atteint son maximum de fertilité au bout de 4 à 5 ans ?
Nous posons donc en principe que la production des fruits ne peut avoir
lieu normalement, aussi longtemps que la disproportion entre le système
aérien et le système souterrain est trop sensible ; et que la fructification
commence, dès que l’équilibre se sera établi, quels que soit l’âge des indi-
vidus et le mode de taille adopté pour les branches et les rameaux à fruits
(pourvu que cette taille n’ait pas pour résultat de détruire les yeux des-
tinés à fleurir l’année suivante ou de provoquer leur développement anti-
cipé). Ce principe admis, on conçoit dès lors l'importance de la taille
annuelle des racines dans la culture des arbres fruitiers. »
LA TAILLE DES ARBRES EN UNE LECON (),
par M. E. Anpré A Paris D'après M. Lausouzer pe TouLouse.
Nous avons signalé récemment l’ardeur des curieux auprès des profes-
seurs d’arboriculture en renom. Mais tous ne peuvent profiter de ces
salutaires lecons. L’éloignement, le manque de temps, et mille autres
causes en privent bien des gens.
Pour rappeler aux cultivateurs privés de l’enseignement oral ou d’un
choix de bons livres, les préceptes des maîtres, nous commencions à
(1) Ces quelques pages sont empruntées à un petit livre que vient de publier à
Paris M. E. André. Sous le titre le Mouvement horticole en 1864-1865, notre excellent
confrère a condensé les meilleurs articles communiqués par lui au Moniteur uni-
versel, dont il est le rédacteur horticole. Il en est résulté tout naturellement un
annuaire, où l’on trouve exposés et discutés les principaux faits de l’année horticole.
Nous espérons que M. André continuera chaque année à nous donner d'aussi élé-
gantes et utiles étrennes. Ce petit volume coûte 1 franc.
rédiger quelques notions simplifiées sur la taille des arbres fruitiers,
lorsqu’il nous est tombé entre les mains un de ces ouvrages dignes de foi,
qui sont une véritable bonne fortune dans notre temps d'imprimerie à
outrance.
Il est signé de M. Laujoulet, de Toulouse. Quarante ans de pratique,
d'expériences, de labeur sans trêve, de comparaisons, de luttes contre
les préjugés ; « un homme de bien, habile, au beau langage, » comme
disait Cicéron ; la grande autorité d’un talent incontestable; une forme
nouvelle dans la présentation des faits, de saisissantes déductions, et ce
grand air de véracité auquel on ne se trompe pas, tels sont les titres de
noblesse de ce nouveau traité de taille et culture des arbres fruitiers.
Le meilleur éloge que nous en puissions faire, est de lui emprunter
quelques-uns des passages où l’auteur a clairement et simplement résumé
ses théories.
Ces passages constituent tout un cours de taille en abrégé, suffisant
pour la plupart des jardins fruitiers non dirigés par les maitres ès arbo-
riculture, lesquels nous renvoyons au livre lui-même pour de plus am-
ples détails.
Passons sans nous arrêter sur la première étude, qui comprend la
description de l’arbre en général et de ses parties constitutives, il faut
s'entendre avant tout sur la valeur des termes qui vont à chaque instant
se représenter dans l'ouvrage, et bien savoir de quoi l’on parle. La
description et les fonctions de la racine, de la tige, des fleurs, des
feuilles, des fruits, la circulation de la sève, sont autant de principes
qui seront avant tout examinés.
Nous poursuivons, ayant grande hâte d'arriver à la taille.
La deuxième étude s'attaque aux lois générales de la végétation. L’au-
teur les érige en aphorismes saisissants qui contiennent tout le secret
de la taille et président à toutes ses opérations.
Il divise d’abord les branches de l'arbre en deux grandes sections, pour
couper court à toute espèce d’ambiguités dans la détermination.
io Les grosses branches, appelées aussi branches de charpente ou
branches à bois;
% Les petites branches, appelées aussi branches à fruits.
Une fois ces deux productions nettement obtenues sur l'arbre, le culti-
vateur a pour mission de conserver l’équilibre de végétation et le support
des forces qui assurent la prédominance des branches à bois sur Îles
branches à fruits,
(La suile à la prochaine livraison).
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Epiphyllum truncatüm ,
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— 257 —
HORTICULTURE.
NOTE SUR L’EPIPHYLLUM TRUNCATUM Haw.
ET SES VARIÉTÉS NOUVELLES 1 et 4 spectabile; ® cruentum ;
3° violaceum.
Représenté PI. XV-XVI.
Cereus truncatus DC. Prodr. III. p. 470. — Cactus truncatus Livk, Enum. 2. p. 24.
Bot. reg. t. 696 ; Bot. Mag. t. 2596 ; Hook. Exot. fl. t. 20; Lopn. Bot. Cab. t. 1207
Epiphyllum truncatum Haw. suppl. 85.
Cereus truncatus Nees. et Sinine Samlung t. 57. Cactus truncatus Sertum botanicum.
< tte plante, telle qu’on la cultive aujourd’hui
# © est d’une suprême élégance. On la greffe sur
Opuntia, Cereus ou Pereskia où elle se déve-
loppe en produisant une infinité de rameaux.
C’est comme un tronc en miniature supportant
une ample cime de feuillage. L’£Epiphyllum
fléchit gracieusement ses rameaux et se couvre pendant
tout l’hiver d'une profusion de fleurs aux formes gracieu-
Nous l’avons vu sous cet état, l’année dernière, chez
MM. Jacob-Makoy et Ce qui en cultivent un grand nombre
de variétés. Chaque plante forme une touffe élégante. Pour
faire connaître cette culture à nos lecteurs et leur inspirer le désir de s’y
adonner, nous avons emporté trois de ces variétés désignées sous les
noms de spectabile, cruentum et violaceum, et nous en avons fait une
reproduction en aquarelle. Puis, pour composer la planche ci-jointe, nous
avons dit à notre peintre de réunir sur un même support des fleurs de
ces trois variétés. Notre planche ne représente donc pas une plante natu-
relle, mais elle réunit dans son cadre trois coloris distincts.
Les coloris des variétés nouvelles jouent entre l’orangé et le carmin :
ils se nuancent, en outre, de plus ou moins de blanc.
C’est une plante délicieuse qui fait l’ornement des serres, des cor-
beilles et des appartements pendant l'hiver, surtout à partir de la nouvelle
année,
Elle est originaire du Brésil, et parait avoir été introduite, en 1818, en
Angleterre d’abord, puis sur le continent. La forme et l’amplitude des
fleurs ne sont pas sensiblement modifiées depuis cette époque, les pre-
— 9258 — ”
miers portraits qui en ont été publiés la représentent, sauf les variations
du coloris, telle qu’elle fleurit encore aujourd’hui. |
Son nom français est Cactée ou Epiphylle tronqué; ses articles, qui
simulent des feuilles, étant brusquement terminés à leur extrémité.
Elle aime la serre tempérée et se plait en serre chaude. La terre qu’on
lui donne doit être légère.
Il en a été récemment question dans le Bulletin de la Société d’'Horti-
eulture du Bas-Rhin à Strasbourg, l’un des mieux rédigés parmi ceux qui
paraissent en France, et voiei ce que nous y avons lu :
« Cette espèce est peut-être de toutes les Cactées celle qui convient le
mieux aux appartements ; elle exige même un peu plus de chaleur que
celle de la fenêtre. Je l’ai déjà rencontrée en été chez des amateurs dans
un état de vigueur et de beauté que j'ai vu rarement dans une serre de
Cactées. Cette espèce d’Epiphyllum se fait remarquer avant tout par la
précocité de sa floraison, qui a lieu depuis le 1°° Janvier jusqu’au prin-
temps. La floraison passée, on pourra donner à la plante la situation la
plus exposée au soleil pour activer la végétation, puis, en Juillet, on
pourra la mettre en plein air, au grand soleil ; on ne l’arrosera que le
strict nécessaire pour ne pas laisser flétrir les jeunes bourgeons. On la
tiendra passablement sèche pendant l’hiver, jusqu’au moment où les
boutons à fleurs commenceront à se montrer. On les bassinera alors
avec de l’eau tiède. Il faut donner aux Epiphyllum la même terre qu’aux
autres plantes grasses. L’£piphyllum truncatum se greffe très-bien sur le
Cereus speciosissimus, dont on fera bien de ne le détacher que quandil
aura une hauteur de un à deux pieds. A cet effet, on coupe la pointe du
Cereus et on opère comme pour une greffe ordinaire. On introduit dans
la fente un bourgeon d’E. truncalum, taillé en biseau ; on fixe la greffe
au moyen d’une petite cheville de bois très-mince et de laine à greffer
et on enveloppe le tout légèrement de mousse humide. On abrite sa
plante d’un morceau de papier roulé en cornet, et la reprise est achevée
au bout de quelques jours. »
D'un autre côté, cette greffe des Epiphyllum a donné lieu à d’intéres-
santes observations de la part de M. Jaeger, dans le Gartenflora, et de
M.Duchartre, dans le Journal de la Société Impériale de Paris(1865, t.IX,
p. 51) auquel nous les empruntons pour en faire part à nos lecteurs :
« Depuis quelques années, on pratique journellement la greffe de cer-
taines Cactées, en vue, soit d'obtenir des pieds plus hauts et plus déve-
loppés qu’on ne les aurait sans cela, soit de varier ou de rehausser l'effet
de diverses espèces. C’est particulièrement l’Epiphyllum truncatum, avec
ses variétés, qu’on greffe, tantôt sur des Opuntia, notamment sur
l'O. brasiliensis, tantôt sur des Pereskia, ou même sur le Cereus spino-
sissimus. Un habile horticulteur versaillais, dont on regrette la mort
récente, Aimé Turlure, avait obtenu, au moyen de cette greffe d’Epiphyl-
lum sur Pereskia, des plantes d’un développement extraordinaire et qui
MA LT
produisaient un effet admirable lorsque, au moment de la floraison,
elles se montraient chargées de fleurs qu’on aurait pu compter par
milliers. On greffe aussi d’une manière analogue différentes Cactées qui
sont naturellement de faibles proportions, mais qui produisent de grandes
et belles fleurs ; on les exhausse par ce moyen sur une sorte de piédestal.
C’est ainsi que, dans la magnifique collection de Cactées que M. Pfers-
dorff a fait figurer à la dernière exposition de la Société Impériale et
Centrale d’Horticulture , on voyait différentes espèces greffées au
sommet d’une tige des Cereus qui leur formait un véritable piédestal.
« Ces greffes de Cactées soulèvent une question intéressante : se produi-
sent-elles à la manière des greffes ordinaires; en d’autres termes, la
végétation du fragment ou de la plante greffée est-elle entretenue grâce
à une soudurc des tissus de la greffe avec ceux du sujet,de telle sorte que
les sues nourriciers passent directement de l’un à l’autre, en raison de la
continuité de tissu qui se serait ainsi établie? L’article de M. Jaeger a
pour objet de signaler une observation qui montre que, du moins dans
certains cas, les choses se passent d’une manière entièrement différente.
Il rapporte, en effet, que, l'hiver dernier, il a eu l’occasion d’observer
une greffe d'Epiphyllum truncatum, qui, ayant été posée sur un Opuntia
brasiliensis, paraissait y avoir bien repris, puisqu'elle végétait vigoureu-
sement. On sait que ces greffes de Cactées se pratiquent généralement
d’après le système de la greffe en fente ordinaire, ou bien d’après celui
de la greffe en fente de côté; or, dans le cas rapporté par M. Jaeger, il
ne s’était pas opéré la moindre soudure entre l’Epiphyllum et l'Opuntia,
mais le premier avait développé de nombreuses petites racines qui
avaient rempli la fente dans laquelle il avait été inséré. Il est donc
évident que son développement était entièrement dû à l'absorption que
ces racines opéraient de la sève de l’Opuntia, absorption tout à fait
analogue à celle qu’elles auraient opérée dans le sol lui-même. Il n’y
avait donc pas eu greffe dans le sens qu’a ce mot habituellement, mais
simple plantation d’une greffe sur un végétal vivant qui jouait, par
rapport à elle, le rôle de sol nourricier. On sait que les Epiphyllum
croissent sur des arbres; mais il faudrait savoir s'ils s’y attachent
superficiellement comme de simples épiphytes, ou s'ils s’y implantent
en pénétrant à travers l’écorce, comme le font le gui et les vrais parasi-
tes en général. — De cette observation, dans laquelle les choses se sont
passées à peu près comme dans ce qu’on nomme la greffe des charlatans,
M. Jaeger tire cette conclusion que probablement les Cactées épiphytes
pourraient être implantées sur des végétaux à bois mou de familles
diverses, absolument comme elles le sont journellement sur des espèces de
leur propre famille. Il serait intéressant de reconnaître expérimentale-
ment ce qu'il peut y avoir de fondé dans cette conjecture.
Il nous reste à donner un mot de description pour les trois variétés
que nous avons fait représenter.
4° Spectabile : rouge orangé; tube blanc ainsi que le milieu des
sépales.
20 Cruentum : rouge pourpre, avec le tube et le milieu des sépales plus
violacé.
3° Violaceum : rouge carmin avec le tube blanc ; fleurs amples.
Posr-Scriprum. Depuis que ces lignes ont été écrites, nous avons eu
l’occasion d’examiner les Epiphyllum cultivés à l’établissement Jacob-
Makoy et de nous entretenir avec son directeur M. Fr. Wiot de la ques-
tion soulevée, ainsi que nous l’avons rapporté plus haut par MM. Jaeger
et Duchartre. Il résulte de cet examen que le fait cité par M. Jaeger
peut être exact mais qu’il n’est pas général. Lorsqu'un Epiphyllum est
enté sur un Pereskia ou un Cereus, il lui arrive souvent d'émettre des
racines adventives tant à l’intérieur du sujet qu’au dehors. Si la serre
est chaude et l’atmosphère humide, ses racines suffisent à l’alimentation de
l'Epiphyllum qui se contente alors de vivre en épiphyte. Ou bien la
greffe est mal faite, les tissus ne sont pas disposés de manière à pouvoir
se souder et l’Epiphyllum n’a pas d’autres moyen de vivre que celui de
ses racines adventives. En toutes autres circonstances, c’est-à-dire quand
la greffe est bien placée et l’atmosphère de la serre pas assez chaude
et humide pour provoquer la formation et favoriser le développement des
racines aériennes, la soudure s'établit parfaitement et d’une manière si
complète qu’on ne parvient pas à provoquer le décollement. La soudure
ne cède pas et si l’on tire assez fort ce sont les Lissus du sujet qui finis-
sent par céder. C’est dans ces conditions que nous avons trouvé tous les
Epiphyllum qui ont passé cet été à l’air libre.
NOTE SUR LE DICHORISANDRA MUSAICA DE
M. LINDEN,
PAR M. Epouarp ANDRéÉ.
Le Dichorisandre Mosaïque (Dichorisandra Musaica) faisait partie de
la remarquable collection de nouveautés, apportées à la dernière grande
exposition de Londres par M. Linden. C’est, jusqu’à présent, une des
plus belles plantes du genre. On avait bien quelques espèces à feuillage
teinté de pourpre, soit en dessous, soit plus rarement en dessus des
feuilles, mais aucune ne présentait ces macules transversales, blanches,
alignées comme une mosaïque satinée, et rappelant la disposition du ré-
seau qui parcourt les fleurs de la Fritillaire damier (Fritillaria meleagris).
— 261 —
M. Linden a recu cette plante de son collecteur, M. Wallis, succes-
seur de Libon, dans les explorations botanico-horticoles de l'Amérique
équatoriale. Elle croit au Pérou, aux pieds de la grande Cordilière, sur
le versant de l’Amazone, dans la région même où vivent d’autres nom-
breuses espèces de Commélynacées, famille à laquelle appartient le
Dichorisandra musaica.
Ses tiges sont dressées, cylindriques, charnues (la plante-mère exposée
à Londres avait deux tiges et environ 0®,50 de hauteur). Les feuilles,
dont la surface du limbe est inclinée presque verticalement par rapport
au sol, sont sessiles, ovales oblongues, acuminées, glabres, embrassantes,
alternes, distiques, épaisses, ondulées, longues de 20 à 27 centimètres,
larges de 12 à 15, sur la plante que nous avons vue. Leur couleur est un
beau vert brillant en dessus, marbré de macules transversales oblongues,
presque rectangulaires, en forme de damier ou de mosaïque, d’un rouge
violacé en dessous. Elles sont accompagnées à leur base par des gaines
entières, membranacées, amplexicaules.
L'inflorescence terminale forme un thyrse serré, bractéolé. Les fleurs
offrent un périanthe à six divisions, dont les trois intérieures sont plus
grandes, d’un beau bleu d’azur à centre blanc. Les étamines, au nombre
de six, ont des anthères jaunes, agglomérées et divisées en deux, carac-
tère qui a motivé la dénomination du genre : à, deux ; yopu, divisions;
avñp, a«vèpos, homme, organe mâle).
Cette description, que nous avons prise sur nature, aurait besoin, pour
être complète, de porter les caractères des fruits, mais rarement les
Dichorisandra fructifient dans nos serres, et il nous faudra attendre,
sans beaucoup d’espoir, à moins que M. Wallis ne les ait observés sur la
plante spontanée.
La seule inflorescence qui se soit encore montrée sur le pied mère de
M. Linden, a été coupée pour l'étude par le professeur Koch, à son
passage à Bruxelles (retour de Londres). Les savants ne respectent rien!
La plante n’est pas encore au commerce, bien que les amateurs l’atten-
dent avec impatience. Il faut espérer qu'ils n’attendront pas longtemps,
et, qu’au printemps prochain, elle comptera dans nos cultures comme un
ornement de plus. Ainsi que toutes les plantes des parties basses de ces
régions chaudes et comme toutes ses congénères, le Dichorisandra musaica
sera une plante de serre chaude, facile à vivre et réclamant des soins
analogues à ceux qu’exigent les autres espèces du genre.
Compost de deux tiers de bonne terre de bruyère et d’un tiers de terre
franche ; des arrosements copieux pendant la végétation et modérés pen-
dant l’hiver, des rempotages fréquents (car la plante est vigoureuse), sont
les soins qu’il convient d'accorder à cette plante. Multiplication, par
boutures sous cloche et sur couche chaude.
(Rev. hort. 1866, p. 529.)
— 262 —
NOTE SUR LE RUDGEA NIVOSA (PSYCHOTRIA NIVOSA).
Introduction brésilienne de M. J. Linden,
pAR M. Ep. ANDré.
La jolie Rubiacée choisie pour le sujet de cet article, faisait partie du
lot remarquable de plantes nouvelles qui ont valu à M. Linden une
série de premiers prix à la dernière exposition de Londres. C’est une
plante brésilienne que ce pauvre Libon, peu de temps avant sa mort,
avait rencontrée sur les bords et dans la province du Parana (Brésil
extra-tropical). À première vue, elle lui avait paru rentrer dans le genre
Psychotria si fécond en espèces dans ces contrées, et il l'avait envoyée
à son correspondant sous le nom de Psychotria nivosa. C’est sous cette
appellation que M. Linden l’a provisoirement conservée jusqu'ici, qu’il
l’a vue fleurir et qu’il Pa exposée pour la première fois à Kensington au
mois de mai dernier.
Cependant il doutait lui-même de l’exactitude de ce nom. Un examen
attentif, fait sur de nouvelles fleurs qu’il nous a envoyées, nous a dé-
montré que la plante était un Rudgea, genre voisin des Psychotria. La
section des Rubiacées, dans laquelle rentrent ces deux genres, est, du
reste, fort mal définie ; le nombre des espèces qu’elle renferme est con-
sidérable (le seul genre Psychotria renferme seul 227 espèces décrites
dans De Candolle et Walpers), que M. Weddel lui-même, le botaniste le
plus exercé dans cette spécialité, s’y est trouvé souvent embarrassé. C’est
ainsi que, tout en n’hésitant pas à faire rentrer l’espèce qui nous occupe |
dans les Rudgea, dont elle a tous les caractères, nous devons en ajouter
quelques-uns, inconnus de Salisbury lorsqu'il créa le genre. Nous croyons
que ce moyen est préférable à l'établissement d’un genre nouveau qui
ne différerait de celui-ei que par deux ou trois détails insignifiants.
Voici, d’ailleurs, les caractères distinctifs des Psychotria et des Rudgea.
Un parallèle immédiat nous paraît le seul moyen de saisir d’un regard
les différences qui leur sont propres.
Genre Psychotria Linn., gen. pl n° 225. | Genre Rudgea Sauiss. trans. soc. lin.
lobes où à cinq dents ou presque entier.
Corolle en entonnoir, courte, à cinq divi-
sionsrégulières, à limbe étalé ou recourbé, |
à gorge’ velue ou glabre. Cinq étamines, à
Tube du calice ovale, limbe court à cinq
anthères saillantes en dehors, ou insérées
sur la gorge; stigmate bifide. Feuilles pé-
tiolees. .
Tube du calice ovale globuleux, limbe
à cinq lobes aigus. Corolle à tube long,
grèle, arrondi, à cinq lobes étalés, recour-
bés, pourvus d’un onglet sur le dos, aigus,
à gorge nue. Anthères incluses, sessiles ,
insérées au-dessous de la gorge; stigmate
bilamellé. Ramules et pétiole, glabrius-
cules cendrés. Feuilles opposées, gran-
des, un peu glabres. Panicule terminale,
épaisse, bractéolée, à ramules opposés ;
fleurs noircissant par la dessication.
— 2635 —
On le voit, les caractères italiques dans ces descriptions, présentent
entre eux des différences fort sensibles. Les seules modifications à intro-
duire dans la diagnose du genre porteraient sur le nombre des pétales,
des sépales et des étamines, qui est parfois de quatre et parfois de cing,
et sur les étamines qui sont pourvues de filets et non sessiles dans notre
plante. Ce sont là des détails qui se traduisent par un mot, sans attaquer
en quoi que ce soit la validité des autres caractères. Encore une fois,
cela vaut mieux que d'augmenter la confusion en fabriquant un genre
nouveau. Ce n’est pas, d’ailleurs, le premier exemple d’une Rubiacée
portant à la fois des fleurs à quatre et à cinq divisions, et, deux espèces
de Rudgea étant jusqu'ici seules connues (R. lancæfolia et R. ovalifolia),
il n’est pas étonnant que les caractères d’un genre si peu connu soient
modifiés par des espèces nouvelles.
Le Rudgea nivosa, que nous appellerons en français, si vous le
voulez bien, RUDGEA AUX FLEURS DE NEIGE, est un arbuste rameux, à
tiges cylindriques et vertes dans leur jeunesse. Il porte des feuilles
opposées, sessiles, ovales-oblongues, un peu acuminées à l’extrémité,
parfaitement entières, glabres et d’un beau vert brillant en dessus,
plus päles et pubescentes en dessous dans leur jeune âge, à bords un
peu révolutés. Une nervure médiane, saillante en dessous, partage régu-
lièrement le limbe. Ces feuilles sont accompagnées à leur insertion de
stipules ovales, bifides, embrassantes, pourvues de longs poils roux.
Les fleurs sont charmantes. Elles naissent au sommet des rameaux
et forment des corymbes d’un beau blanc et d’un aspect neigeux. Le
corymbe, irrégulier, se compose de fleurs à pédoncules et pédicelles
fermes, dressés, blancs, hérissés d’une laine blanche, longue et épaisse,
qui les enveloppe, ainsi que toute la partie extérieure des fleurs, comme
d’un manteau de neige. La corolle, longue de quatre centimètres, est
tubuleuse, en forme d'entonnoir; elle se subdivise au sommet en quatre
ou cinq lobes étalés, retombants, mucronés et pourvus en dessous d’un
éperon long, aigu.
Le pistil, filiforme, sort de la corolie et se termine par un stigmate
bifide.
Les étamines, au nombre de 4 ou 5, sont insérées à l’intérieur du
tube, au-dessous de la gorge, et les anthères oblongues à deux loges
déhiscentes, longitudinalement, sont fixées par leur milieu sur des filets
courts, dressés.
Les fruits ne se sont pas encore montrés en Belgique, et c’est à peine,
je crois, si l’on en trouve en voie de maturation (1).
(1) Frutex ramosus, ramis teretibus primüm viridibus ornatus, foliisque oppositis,
sessilibus, ovato-oblongis apice acuminatis, integerrimis, supra glabris viridi-nitenti-
bus, subtüs pallidioribus primâque ætati pubescentibus, margine vixrevoluto. Stipulæ
ovales, bifidæ, amplexantes, pilis rufis intermixtæ. Corymbi ad apicem ramorum
— 264 —
Nous avons insisté pour donner cette description, longue et entière,
parce que nous avons remarqué de combien d’erreurs on se rendait eou-
pable d'ordinaire en laissant répandre dans le commerce des plantes
parues sous de faux noms, sans description et sans histoire.
Nous sommes convaincus que le Rudgea nivosa sera, par son joli
feuillage luisant et ses boules de neige aux corolles si singulièrement
éperonnées, une de nos plus jolies plantes de serre chaude et peut-être de
serre tempérée. La culture des Gardenia lui conviendra de tous points.
Notre plante a des affinités de port, de famille et de tempérament avec ce
genre. Une serre bien éclairée, un peu humide, les pots enfoncés dans la
tannée, beaucoup d’air pendant la période de repos qui suivra la florai-
son, terre de bruyère légère, peu sableuse, très-douce, poreuse et rousse,
sont les conditions d’une bonne culture.Multiplication de boutures herba-
cées en serre chaude, sous cloche.
Elle est de toute nouveauté pour l’horticulture puisqu'elle n’est pas
encore au commerce. M. Linden attend qu’il en ait multiplié un assez
grand nombre pour la répandre, et tout fait espérer qu’elle sera en vente
à l’automne ou au printemps prochain.
(Revue hort. p. 308.)
NOTE SUR LA PERVENCHE DE MADAGASCAR
(VINCA ROSEA L.).
PAR M. E. A. CARRIÈRE.
Bien qu'on dise que le mérite ne vieillit pas, ce qui est vrai, il faut
pourtant convenir qu'il est très-souvent délaissé. On y revient, mais
après un temps plus ou moins long, car il est dans la nature humaine
de revenir au beau comme il l’est également de revenir à la vérité
lorsqu'on s’en est écarté. C’est ce motif qui fait que nous allons appeler
l'attention sur une plante que tous les Parisiens connaissent, mais que
peu pourtant, même parmi les horticulieurs, ont équitablement ju-
gée. Il s’agit du Vinca rosea L. (Lochnera rosea, Reicuens., vulgaire-
ment Pervenche de Madagascar). Ainsi qu’on le sait, il en existe deux
formes, l’une rose : c’est le type, dit-on; l’autre est blanche avec un
œil rose au centre.
Cette espèce est excessivement floribonde, ou plutôt elle est tou-
congesti ; peduneuli pedicellique erecti. Calyces 4-5 fidi, corollæ, rachides et pedicelli
albâ crassèque lanä extüs vestiti. Corolla plus quam pollice longa, infundibuliformis,
apice 4-5 lobis patenti nutantibus, mucronatis galeatisque partita. Pistillum filiforme,
exsertum, stigmati bifido coronatum. Stamina 4-5, infra faucem inserta; antheræ
oblongæ longitrorsüm biloculares dehiscentes filamentis brevibus erectis medio affixæ.
Fructus haud vidi.…
— 265 —
jours couverte de fleurs ; elle est sous-ligneuse, mais frileuse. Plantée en
pleine terre le long du mur d’une serre chaude, elle le recouvre promp-
tement, et ne forme plus alors toute l’année qu’un véritable tapis de
fleurs. Elle présente cette particularité que, plus on la coupe, plus elle
fleurit, et que ses rameaux, coupés et mis dans l’eau, continuent à
fleurir comme ils l’auraient fait sur le pied.
On peut en voir un mur bien garni dans une des serres chaudes de
Me Furtado, à Rocquencourt. Depuis bien longtemps que nous con-
naissons cet exemple et bien que nous l’ayons vu à toutes les époques
de l’année, nous avons toujours trouvé cette plante en fleurs, ce qui
n’a toutefois rien d'étonnant, puisque c’est son état normal.
(Rev. hort. 1866, p. 557.)
CULTURE ET MULTIPLICATION DES BAMBOUS,
par M. RouILLARD.
(Extrait de la Revue de la Floriculture et des plantes d'ornement, publiée
par le Journal de la Soc. Imp. et centr. d’horticulture de Paris.)
Bambusa edulis. — Grande plante élégante, pittoresque, originaire de
l’Asie orientale, à rhizomes et tiges vivaces, la plus élevée de sa famille
parmi les espèces connues et introduites qui puissent se cultiver à l’air
libre dans nos climats. Elle a résisté, dans les cultures du jardin fleuriste
de la ville de Paris, à la Muette, à un froid de 153 degrés sous zéro sans
en souffrir aucunement. L'année dernière, la plante, qui avait deux ans
de plantation seulement, a donné des jets de 2",80.
Bambusa aurea. — Plante paraissant pouvoir s'élever, dans nos eul-
tures, presque autant que le Bambusa edulis.
Cette espèce, qui est originaire des mêmes contrées, est non moins
belle que le 2. edulis; elle forme une touffe compacte et légère tout
à la fois, d’une verdure dorée et brillante, de l'effet le plus agréable.
Bambusa Metake. — Plante moins élevée que les précédentes, formant
des touffes considérables en largeur; ses feuilles d’un beau vert lustré,
sont plus amples que celles des deux premières espèces. L'année dernière
a donné lieu de reconnaitre que le Bambusa Metake fleurit avec une
abondance extrême dans les années chaudes et sèches, et qu’alors toutes
ses forces végétatives étant employées à accomplir cette phase de son
évolution annuelle, il cesse de donner des tiges et des feuilles et parait
à peu près complètement dénudé. Cet inconvénient réel n'empêche pas
qu’il ne demeure une très-belle plante ornementale. Il est originaire de
Chine. Ces deux espèces ont, comme la première, leurs rhizomes et leurs
tiges vivaces, et, comme elle, ne paraissent pas craindre nos hivers
— 266 — |
ordinaires. Il est encore d’autres Bambous qui peuvent être cultivés
en plein air sous la latitude de Paris ; ils sont tous élégants et GrAtIEns
mais ils n’égalent pas les trois que je viens de nommer.
La multiplication des Bambous est assez peu pratiquée et passe pour
difficile. Je partageais cette opinion, car jusqu’à présent j'avais moi-
même éprouvé des difficultés sérieuses à l’opérer, j'y mettais un temps
très-long et encore ne réussisais-je pas toujours ; lorsque j'ai vu, dans
de récentes visites au Jardin fleuriste de la ville de Paris, qu'ils y étaient
multipliés sûrement, promptement et en quelque sorte indéfiniment. Je
crois done faire une chose utile en donnant les deux procédés qui sont
employés concurremment dans cet immense établissement, l’un a pour
but de constituer immédiatement un nombre assez restreint de belles
et fortes plantes ; l’autre permet de fabriquer un nombre indéfini de
petites plantes, qu’une culture intelligente fait grandir et taller assez
promptement. Ces deux modes de multiplication des Bambous sont mis en
pratique par M. Erment, chef du fleuriste, qui, ayant passé 3 ans au
Sénégal comme chef des plantations et 6 ans en Algérie, a ob-
servé particulièrement le mode de végétation des Bambous et d’une
foule d’autres végétaux intertropicaux, et qui a été conduit, par cette
partie de ses études, à imaginer l’ingénieux appareil de chauffage, par
la combustion du gaz, de la terre dans laquelle sont placées en plein
air certaines belles plantes intertropicales. Cet appareil qu’il nous a
présenté et qui a déjà fonctionné depuis deux ans à la Muette et
l’année dernière dans le parc de Monceaux, permet, moyennant une
dépense relativement modérée, de faire pousser ces végétaux vigou-
reusement et comme ils le feraient en serre ou dans les chaudes contrées
qu'ils habitent, en élevant la température du sol où plongent leurs raci-
nes au même degré qu’il acquiert dans les pays dont ils sont originaires.
4° Multiplication par division : séparer les fortes touffes; placer ces
divisions dans des pots proportionnés à leur volume et bien drainés;
employer, pour les empoter, un mélange de terre de bruyère et de ter-
reau de feuilles avec un peu de terre franche; puis les placer sous
une bâche, dans une couche maintenue à une température oscillant
entre 25 et 50 degrés centigrades, les étouffer et les ombrer.
Donner aux plantes un mouillage complet, en les empotant, ensuite
se contenter de les seringuer soir et matin en évitant autant que possible
de mouiller le pied jusqu’à ce que les nouvelles racines se soient formées,
ce qui a lieu dans un mois environ et ce qui se connait quand les plantes
entrent en végétation ; commencer alors à arroser et les accoutumer avec
précaution à l’air extérieur.
2 Multiplication par tronçconnement. Couper les tiges souterraines
ou rhizomes par morceaux ayant chacun deux articulations ou nœuds; les
placer sur une couche tiède faite de feuilles et de vieux fumier, afin
d'obtenir constamment la température qui sera indiquée, après l’avoir
— 267 —
chargée d’un mélange de terre de bruyère et de terre franche de 3 à
4 cent. d'épaisseur et composé de 5/6 de la première et de 1/6 de la
seconde. Recouvrir les fragments de rhizomes de 0",02 cent. du même
mélange, de telle facon que, lorsqu'ils seront recouverts de terre,
cette terre ne soit distante du verre des chassis que 0,05 à 0,07
et les étouffer. Ou bien faire un petit encaissement de la terre indiquée le
long des conduites inférieures d’un thermosiphon chauffant une serre à
température élevée, en préservant les rhizomes et les petites plantes à
en provenir d’un coup de feu par des tuiles ou ardoises placées le long des
conduits et s’élevant un peu plus haut qu’elles.
Cette disposition, qui est bonne en ce qu’elle permet d'utiliser sans
frais particuliers une partie de la chaleur produite pour les serres, est
moins favorable que la précédente pour la prompte mise en végétation des
rhizomes et la bonne santé des jeunes plantes qu'ils produisent, parce
que la lumière manque et qu’elles sont très-éloignées du verre.
Néanmoins le résultat est certain. Sous les châssis, comme dans la
serre, une condition essentielle de réussite est de maintenir une tempé-
rature variant de 18 à 25 deBrés centigrades, mais ne dépassant pas ce
dernier chiffre.
Sous l'influence de cette température et de bassinages modérés, les
nodosités enterrées ne tardent pas à émettre des tiges à la base desquelles
se forment ensuite des racines. Dès que les racines se sont développées,
on peut, si l’on veut pousser à la multiplication, détacher les tiges avec
portion du rhizome et remettre à pousser les parties restantes, si elles
ont encore des nodosités.
Puis les jeunes plantes enracinées et séparées sont mises dans des pots,
et placées, pour assurer leur reprise, sur une couche tiède recouverte de
châssis, et on les habitue graduellement à l’air et à la température ordi-
naire.
Le courant de mars et celui d'avril est l’époque la plus favorable pour
faire ces opérations, et un mois suffit pour que les nodosités donnent
des tiges enracinées. La multiplication est aussi prompte que sûre.
Les Bambous sont de très-belles plantes ornementales qui jettent dans
les jardins une agréable diversité; les yeux s’arrêtent avec plaisir sur
leurs longs chaumes élancés aux articulations nombreuses et qui s’incli-
nent avec grâce sous les moindres mouvements atmosphériques, sur leurs
feuilles légères, menues, minces et délicates, quoique leur contexture
soit très-résistante.
Ils végétent avec une grande vigueur au Fleuriste de la ville de Paris,
dans un compost composé de deux parties de terre de bruyère et d’une
partie de terre franche. Le bon terreau de feuilles leur serait non moins
favorable, mélangé en bonne proportion avec une terre substantielle.
Dès que le sol s’échauffe et pendant toute la belle saison, il est nécessaire
de leur donner de l’eau chaque jour et de leur en donner beaucoup.
— 268 —
MOYEN DE DÉTRUIRE L'ACARUS DES ORCHIDÉES.
PAR M. Tu. Denis,
chef des cultures au jardin botanique de Lyon.
L’insecte le plus redoutable dans la culture des Orchidées exotiques,
est l’Acarus, — Tetranichus orchideanus. — 11 se multiplie extraor-
dinairement en peu de jours, entre les bulbes, les squames, et dessous
les feuilles. II cause de grands ravages sur des plantes d’un prix élevé
et dont l’inflorescence est si belle, si distinguée.
Pendant le jour, l’insecte court de plante en plante, cherchant les
jeunes pousses et les feuilles à épiderme tendre, dont il suce le suc. Il
laisse des taches noires ou rougeâtres sur les plantes qui, l’organisme
étant attaqué, dépérissent peu à peu. Il importe donc de détruire l’insecte
aussitôt qu’il parait dans les serres spéciales à Orchidées.
Après avoir essayé de tous les moyens frônés pour cette destruction,
Je me suis vu obligé d’en chercher un autre plus efficace. Or, voici
celui dont je me sers avec succès depuis deux ans, sur les Aerides,
Catlleya, Angræcum, Epidendrum, Sobralia, Stanhopea, Vanilla,
Vanda. Voici comment je procède :
Je prends quelques tiges et quelques feuilles fraiches de Belladone,
Jusquiame, Pyrêtre, Tabac; je les fais bouillir dans un vase clos pendant
quatre ou cinq minutes. Je laisse ensuite refroidir le liquide sans décou-
vrir le vase, et le lendemain, vers 9 heures du matin, je m’en sers pour
bassiner avec soin les Orchidées en dessus et cn dessous des feuilles.
J'évite de laisser tomber trop d’eau sur les jeunes pousses, ce qui leur
serait nuisible. Lorsque cela arrive, je renverse la plante pour faire
tomber l’eau.
Comme l’acarus est très-petit et se renferme dans les moindres cavi-
tés, entre les bulbes, les racines, le sphagnum et les rugosités des
paniers renfermant les plantes, il faut répéter l’opération pendant
trois ou quatre jours consécutifs. L’insecte déposant ses œufs dans les
cavités, ces œufs y éclosent plus tard. Alors il faut renouveler l'opération.
Lorsqu'on a des Orchidées d’un aspect jaunâtre, souffreteux, on fait
dissoudre dans un litre d’eau, un demi-gramme de sulfate de fer et on
s’en sert pour les bassiner pendant quelques jours. — Cette opération
leur donne bientôt une teinte d’un vert luxuriant.
— 269 —
REVUE DES CATALOGUES.
Plantes nouvelles annoncées par MM. L. JACOB-MAKOY et Ci,
horticulteurs à Liëge (Catalogue n° 109).
Parmi les nouveautés, annoncées dans ce nouveau catalogue et dont
nous n’avons pas encore parlé, nous mentionnerons les suivantes :
Achyranthes aureo-reticulata. Variété panachée de l'Achyran-
thes Verschaffelti : les feuilles sont diversement nuancées de vert, de
jaune et de rouge.
Camellia apucæformis. Feuillage très-curieux et sortant de tout
ce qui est connu. La nervure médiane se bifurquant à la partie supé-
rieure, la feuille affecte la forme d’une queue de poisson.
Coleus Gibsoni. Encore une plante d'avenir, appelée à la vogue
des différents Achyranthes, Alternanthera et Coleus parus jusqu’à ce
jour et si utilisés dans les jardins. Le C. Gibsoni provient de la
Nouvelle-Calédonie ; son port est nain et touffu, la feuille très-large,
atteignant même jusqu’à cinq pouces de longueur, est d’un beau vert
clair sur les bords avec le milieu d’un brun-rouge foncé.
Difenbachia gigantea. Robuste et vigoureuse, cette plante est
très-ornementale ; feuilles très-grandes, maculées de gros points blanc
pur, tiges d’un vert pâle, pétioles ornés de points blanchâtres qui
tranchent parfaitement sur le vert sombre du fond.
Auglans macrophylla (Noyer). Nouveauté chinoise d’une impor-
tance réelle pour nos jardins. De jeunes plantes de 2 ans, en pot, ont
des feuilles qui ne mesurent pas moins de 80 centimètres de longueur.
Maranta splendida. Introduction du Para, donnant de belles et
grandes feuilles lustrées, d’un beau vert olive, sur lequel se disposent
de très-nombreuses macules allongées et d’un beau vert jaunâtre clair.
Peperomia argyræa. Admirable introduction du Brésil à feuilles
arrondies et épaisses, d’un beau vert luisant, recouvert de nombreuses
et larges zones argentées, parallèles suivant les nervures. La feuille est
ainsi formée de bandes alternatives vertes et argentées.
Peperomia marmorata. Joyau de serre chaude, n’est pas trop
dire en parlant de cette charmante plante, son port est trapu et ramassé,
ses feuilles, d’un vert clair, sont largement marbrées de blanc et simu-
lent assez bien celles d’un Anectochilus.
Podocarpus flagelliformis. Conifère de provenance japonaise
donnant des feuilles de 40 centimètres de longueur sur 1 !}2 de largeur.
— 270 —
Les jeunes feuilles d’abord et longtemps d’un beau rouge cuivré, pro-
duisent un bon effet. Plein d’avenir.
Xylosteum phylomælae (Lonicera). Nouvelle espèce du Japon
introduite par Siebold, végétation très-précoce, port trapu; très-gran-
des fleurs rouge foncé fort abondantes; ces fleurs très-éclatantes pro-
duisent le plus bel effet.
Le catalogue contient encore un fort grand nombre de plantes nou-
velles ou recommandables.
Note concernant la culture des Gesméracées par M. LOUIS VAN
HOUTTE.
Le catalogue n° 115 de M. Louis Van Houtte vient de paraitre.
Il concerne la serre chaude, les Orchidées, les Palmiers, les Fougères
et cœtera. Les catalogues du célèbre horticulteur gantois se distinguent,
comme on sait, par un inimitable assemblage d'humour, de trait et de
bons enseignements. Parmi ces derniers nous choisissons ceux qui
concernent la culture estivale des Gesnériacées.
Au moment où nous écrivons ces lignes (15 septembre) nos serres
froides sont encore remplies de toutes espèces de Gesnériacées fleuries.
Ceux d’entre nos lecteurs qui connaissent notre Établissement se
rappelleront, entr’autres, la longueur de notre grande serre à Camel-
lias, celle dans laquelle nos jeunes Camellias passent l’hiver et le prin-
temps. Cette serre, qui n’est pas élevée, a près de cent mètres de lon-
gueur. En ce moment, elle est remplie, d’un bout à l’autre, de Gesné-
riacées en fleurs. Les Gloxinias et tout ce qui appartient à la cohorte des
Achimenes, des Gesnérias, des Dircæas, des Nægelias, etc., etc., y entre-
mêlent leurs vives couleurs. L’on peut dire qu’il n’existe pas une seule
nuance de l’arc-en-ciel qui n’y ait son représentant. Si nous énumérions
tous ces coloris nous arriverions bien vite à ces teintes que jamais pin-
ceau ne saura reproduire.
Pourquoi donc l’amateur laisserait-il sa serre froide toute vide pendant
les cinq mois qui séparent la sortie de la rentrée des plantes, pour
laquelle cette serre froide a été construite ? Et qu'est-ce qu’une SERRE
FROIDE que l’on tient fermée pendant l'été, sinon UNE VÉRITABLE SERRE
CHAUDE qui serait si belle parée de Gesnériacées ? — Toutes se reposent
sans verdure, à l’état sec pendant l'hiver ; leurs tubercules que l’on tient
à nu, près à près dans des caisses pleines de n'importe quelle terre,
toute sèche, y restent à l’état de torpeur ; et au printemps, on empote
tous ces tubercules, que l’on place sous châssis sur couche tiède pour les
mettre en végétation et les disposer de telle sorte qu’à la sortie de ses hôtes
de la serre froide, on a là de quoi garnir toute cette serre froide d’une
admirable collection de plantes variées à l'infini, et dont la vue, on en
conviendra, sera préférable à celle des tablettes nues d’une serre vide.
— 9271 —
Catalogue LAURENTIUS.
Nous venons de recevoir le récent Catalogue (n° 35) de M. Laurentius,
horticulteur, à Leipzig. On sait que cet établissement est un des plus
importants et des plus complets de l’Allemagne, Si on l’ignorait, ce
nouveau Catalogue suffirait pour le démontrer. Il est rédigé avec un
soin que nous voudrions voir généralement imité. Les plantes y sont
énumérées et classées d’après des principes à la fois horticoles et bota-
niques. Nous citerons, entre autres la manière dont sont cataloguées
les Amaryllidées, les Aroïdées et les Liliacées.
Amarvilidées. -
Amarylilis L. (Serre chaude). Repos d’octobre en mars.
Josephinæ Red. (A. gigantea van Marum. Brunswigia Josephinæ Ker.).
procera (Hippeastrum procerum).
reticulata L’Hér. (Coburgia striatifolia Herb.).
rutila Ker. (A. rutilans Lodd }).
robusta Sw. (A. Tettani Hort.). .
Clivia Lindl. (Serre chaude) (Imantophyllum Hook.).
cyrthantiflorum Lindl.
Gardeni Hook.
miniata Backh.
nobilis Lindl.
Crinum L. (Serre chaude). (Repos d'octobre en avril).
amabile Don.
giganteum Andr.
Eucharis Planch. et Lind. (Serre chaude). Repos d’octobre en mars.
amazonica Lind. (E. grandiflora Veitch.).
Gastronema Herb. Sims. (Serre chaude). Mai-novembre.
.sanguinea.
Griffinia Ker. Herb. serre chaude. Octobre-avril
hyacinthina Herb. (A. hyacinthina Ker.).
Hippeastrum Herb. — Serre chaude. — Octobre-mars
Heusserianum.
procerum (Amar. procera).
Imantophyllum Hook. — Serre chaude. Voy. Clivia.
Aroïdées.
Alocasia Schott. Serre chaude. Octobre-avril.
argyroneura C Koch. (Caladium Schoelleri Chant.).
cuprea C. Koch. (Alocasia metallica Hook., Caladium eupreum.)
edulis fol. var. Voyez Colocasia macrorhizon fol. var.
erythræa C. Koch. (Calad. Schmitzii Hort. Caladium cordatum Versch.)
tigrina.
Arisæma Marti. Schott. Serre froide. — Octobre-mars.
præcox Hort.
serotina.
Sieboldi de Vr.
— 272 —
Caladium Vent. Serre chaude. — Octobre-avril.
argyrites Chant et Lem. (C. Humboldti Sch.).
Brongnarti Chant. et Lem.
bicolor splendens Hort.
cupreum Chant. voy. C. porphyroneuron C. Koch.
Enkeanum Lanche.
Haageanum Lanche.
hastatum Lem.
Houlleti Chant et Lem.
Neumanni Chant. et Lem.
pallidinervium C. Koch.
pictum DC.
poecile.
porphyroneuron C. Koch. (Cal. cupreum Chant.).
regale A. V.
Schmitzii viride.
Telemannii A. V.
trichlorum.
Verschaffelti Chant. et Lem.
Wallisii (Schiller).
Wightii Hort. Angl.
Colocasia Schott. Endl. Serre chaude.
euchlora C. Koch. et Sell.
macrorhizon fol. var. (Aloc. indica fol. var.).
Liliacées.
Lilium L. Pleine terre. — Septembre-Novembre.
auratum (L. speciosum var. imperialis Sieb.).
Browni Hort.
candidum L. fl. pl.
— fol. albis marginatis.
colchicum Hort. (L. Szovitzianum Fisch. et Lallem.).
eximium (Verum) Court.
fulgens (atrosanguineum) var. umbellatum incomparabile Krel.
giganteum Wall. — Couvert. en hiver.
japonicum Takesimæ Sieb.
Isabellinum Kunze (L. testaceum Lindl.)
longiflorum Thunb. Couv. en hiver.
— sp. de Liukiu.
philadelphieum L.
speciosum Sieb. (lancifolium Hort.).
— album.
— album præcox.
— compacitum.
— corymbiflorum monstros. album.
— — — rubrum.
— macranthum.
— roseum verum.
— rubrum.
spectabile Lk
tenuifolium Fischer.
Thompsonianum S.
— 275 —
Thunbergianum atrosanguineum grandiflorum (L. fulgens var.).
— aurantiacum multiflorum.
— aureum.
— flore pleno (L fulgens var. staminosum).
— roseum.
tigrinum latifolium (A. japonicum).
Ces listes pourront servir à remettre en mémoire les meilleures espèces
de ces trois familles qui se trouvent actuellement dans les cultures. Elles
sont bien coordonnées.
Le Catalogue comprend les plantes de presque toutes les catégories
cultivées.
Il annonce, enoutre,parmises nouveautés l’Amarvyilis Alberti à fleurs
tout à fait pleines, tandis que l’A. fulgida fl. pl., que l’on connaît n’a que
deux rangées de pétales. Ses fleurs sont d’une brillante couleur d’orange
rouge nuancée d’un carmin frais et glacé. La base de chacun des pétales
est d’une couleur jaune-blanchâtre. Chacune des fleurs à six pouces de
diamètre. Les étamines sont remplacées par 30-40 pétales qui, sans être
atrophiés, font une fleur parfaitement bien formée. Aux mois de Février
et de Mars se montre le scape, qui atteint une élévation d’un peu plus
d’un pied et qui développe toujours deux fleurs. Celle qui s’est déployée
la première se tient complètement dressée, tandis que la seconde s'incline
un peu. Cette perle des Amaryllis fut trouvée à Cuba, près de Matanjas,
à 50 lieues de la Havane, par M. Albert Wagner, de Leipzig, dans un
jardin ou elle était cultivée en bordure. Le bulbe donne beaucoup de
cayeux.
Fleurs à semer en automne. L’un des récents catalogues de
MM. Vilmorin, à Paris, donne la liste des graines de fleurs qu’on peut
semer en Septembre et Octobre. Ce sont surtout des annuelles. Comme
le disent ces praticiens, on obtient par cette culture des plantes plus
vigoureuses, plus belles, à fleurs plus grandes et de coloris plus vifs.
La floraison a lieu de bonne heure l’année suivante et, par des semis
répétés au printemps, on peut se procurer une succession presque con-
tinuelle et souvent très-désirable de ces mêmes fleurs. Les unes se sèment
en plein air, les autres sous un châssis.
Culture des Glaïeuls. Depuis qu'on a obtenu par voie de semis de
belles variétés de Glaïeuls à grandes fleurs de presque toutes les nuances
de rose,de rouge,de blanc,de violet et de jaune, surtout parmi les hybri-
des de Gandavensis, on peut en tirer un grand avantage pour la décora-
tion des parterres et des massifs. Pour obtenir une floraison qui se
prolonge de juillet en septembre, on peut planter à la fin de mars ou
dans les premiers jours d’avril une partie des ognons en choisissant les
plus petits, une seconde partie vers la fin d'avril, une troisième vers le
15 mai, et la dernière à la fin de mai, en gardant les plus gros ognons
18
— 274 —
pour les dernières plantations. Ces indications d’époques de plantations
s'appliquent particulièrement aux Glaïeuls Gandavensis et hybrides de
Gandavensis, aux Ramosus et aux Floribundus ; toutefois ces derniers
pourront avec avantage être plantés un mois plus tôt, au printemps, et
garantis du froid avec des feuilles ou de la paille jusqu’à la fin des gelées
printanières.
La culture de ces plantes est des plus faciles; il suffit de les planter
dans une terre ordinaire de potager ; ils ne redoutent que les terres trop
argileuses et prospèrent dans une bonne terre fumée de préférence une
année à l’avance avec du fumier de bœuf ou de vache, qui, s’il est employé
au moment de la plantation, devra être très-consommé. Si, à défaut de
fumier d'animaux de la race bovine, on employait du fumier de cheval,
il faudrait qu’il füt également bien consommé et réduit pour ainsi dire à
l’état de terreau. Plantés par rangs distancés de 50 à 55 centimètres, les
ognons devront être espacés de 15 à 25 centimètres sur la longueur des
rangs, selon la grosseur des ognons, et placés à une profondeur de 5 à 7
centimètres au moins. Après la plantation, on se trouvera bien d’éten-
dre en couverture une légère couche de fumier, de feuilles sèches ou de
mousse, pour entretenir le sol propre, meuble, et y conserver la frai-
cheur. Si la terre était trop légère ou trop creuse, comme on dit quelque-
fois, on devrait, après la plantation, la plomber ou la tasser un peu, et
surtout dans ce cas, employer de préférence pour paillis et pour engrais
du fumier de bêtes bovines.
Pendant la végétation, il faut arroser copieusement si le temps est sec.
A l’automne, lorsque les tiges sont bien fanées, on relève les ognons et
les caïeux ou bulbilles et on les place dans un lieu sec, de préférence sur
des tablettes, à l'abri des gelées, où ils se conservent très-bien jusqu’au
moment de la plantation.
Les rameaux coupés de Glaïeuls fleurissent très-bien dans l’eau : les
boutons un peu développés s’y épanouissent facilement, et, en se succé-
dant, prolongent la floraison: on peut donc en faire de jolis bouquets
d'appartements en leur associant des branchages légers tels que ceux de
Tamarix, des tiges d’Asperges, des feuilles de petits Roseaux, etc.
{° GLAIEULS A PLANTER EN AUTOMNE.
Commun, petite fleur violette.
De Constantinople (G. byzantinus), violet et rouge lie de vin, maculé blanc.
Ces deux espèces sont tout à fait rustiques et ne craignent nullement le froid.
Colvillii, violet saumonné et gris de lin, ligné laque carminé, maculé jaune.
Cette espèce devra être plantée de préférence à l'automne, abritée contre le
froid et cultivée sous bâche, serre ou châssis ; on pourrait encore la planter
au printemps, mais il est très-difficile de conserver jusque-là les ognons en
bon état en magasin.
de En
9° GLAIEULS A PLANTER AU PRINTEMPS
ET LIVRABLES A PARTIR DE NOVEMBRE.
Floribundus ou Blandus, en mélange de blanc carné, de rose et de pourpre violacé,
variable.
Perroquet, G. psittacinus, jaune, marqué de taches mordorées.
HRamosus (vrai), beau rose maculé blanc et carmin.
Formosissimus, cinabre clair, macules blanches lavées de laque et bordées
cramoisi.
Insignis, vermillon maeulé de carmin.
Magnificus, rose carminé et rouge vermillon maculé blanc.
Queen Victoria, rouge vif velouté, macules étroites, blanches lavées de laque
et bordées de carmin.
Trimaeulatus, rose clair maculé laque carminé et blanc.
Gandavensis (type), vermill., brill., maculé jre, rayé amarante.
Gandavensis, variétés hybrides de semis en très-beau mélange.
ViLMoRIN.
Plantation des Eraïsiers. Lorsque les terres ne sont pas trop hu-
mides et froides en hiver, il est plus avantageux de planter les Fraisiers à
l’automne qu’au printemps, parce que les plants peuvent donner une
récolte satisfaisante l’année suivante,
Les personnes qui recevraient des Fraisiers un peu fanés, ce qu’il est
quelquefois difficile d'éviter, feront bien de les plonger dans l’eau pen-
dant quelques heures avant de les planter, afin de leur rendre de la.
fraicheur. Il est, en outre, nécessaire d’arroser les Fraisiers aussitôt
après la plantation, quelque temps qu’il fasse, et ensuite de les ombrer
durant une huitaine de jours, surtout si le temps est sec et chaud,
afin de faciliter leur reprise. Dans le cas où les Fraisiers arriveraient
très-fatigués, par suite d’un long trajet, il serait préférable de les repi-
quer sous un châssis à froid qu’on aurait soin d’ombrer pendant le
jour et d’aérer successivement. Lorsque les plantes seraient bien re-
prises, on les lèverait en mottes pour les planter à demeure, ou bien
l’on attendrait jusqu’au printemps pour les mettre en place, la réussite
n’en serait que plus assurée. Du reste, ce dernier mode de culture est
le plus convenable pour toutes les plantations de Fraisiers faites un
peu tard à l’automne, et particulièrement dans les terres froides et
humides en hiver. Les personnes qui n’auraient pas de châssis à leur
disposition pourraient faire repiquer les plants en pleine terre, dans
un endroit aussi bien abrité que possible des vents du nord et à 20 cen-
timètres environ les uns des autres; il serait alors facile de les couvrir
pendant les grands froids et surtout pendant les neiges, avec des
paillassons ou de la paille. Dans les terres légères, les gelées alterna-
tives du premier printemps font bien souvent soulever les plants et
mettent les racines à l’air; on peut en partie éviter cet inconvénient,
276 —
en marchant sur la terre ou en la roulant pour la bien plomber avant
la plantation, et aussi toutes les fois qu’une ou plusieurs gelées l’au-
raient soulevée et que les racines des Fraisiers commenceraient à s’en
détacher; mais il faut attendre que la terre soit bien ressuyée, de ma-
nière qu’elle ne s’attache pas aux pieds. VILMORIN.
Fraise Ananas perpéduel. Le catalogue que vient de publier
M. Ferd. Gloede est presque une monographie pratique du Fraisier.
Il contient tout ce qui a paru de remarquable et de nouveau chez
les semeurs les plus habiles et les plus renommés. M. Gloede annonce,
en outre, une fraise nouvelle : Ananas perpétuel dont il donne la notice
suivante :
Jusqu'ici l’obtention d’une grosse fraise remontante de la race des
Ananas, vulgairement appelée « anglaise » est restée un vain désir,
bien que souvent nous ayons vu paraître dans le commerce des variétés
dites plus ou moins remontantes, mais qui en définitive n’étaient autre
chose que des fraisiers donnant accidentellement une petite seconde
récolte sur des pieds soumis au forcage et remis ensuite en pleine terre,
ou bien qui après une longue sécheresse de l’été donnaient par-ci par-là
quelques fruits à l’automne. Telle n’est pas la fraise que je recom-
mande aujourd’hui à l’attention des amateurs. Elle fructifie très-abon-
damment à la première saison, et continue à fleurir et à fructifier
jusqu’en automne, de sorte qu’elle remplit une lacune considérable dans
les nombreuses variétés existantes. La plante est trapue, très-vigoureuse
et très-rustique. Elle se multiplie facilement et rapidement. Le fruit de
bonne grosseur est de forme ronde ou ovale, quelquefois lobée, d’un rouge
vermillon vif, graines saillantes, à chair blanche ou blanc rosé, juteuse,
sucrée et très-parfumée.Sa qualité égale celle des meilleures fraises connues.
REVUE DES EXPOSITIONS.
Exposition universelle de Paris en 1867. — La commission
impériale de l'Exposition universelle de Paris a décidé l'établissement,
dans le parc du Champ-de-Mars, d’un diorama où seraient représentés
les sites et les végétaux les plus remarquables du globe.
Pour créer ce spectacle intéressant, la commission impériale doit cher-
cher toutes les garanties possibles d’exactitude scientifique et artistique.
Parmi les visiteurs venus de toutes les parties du monde, chacun voudra:
reconnaitre l’image vraie des plantes de son pays, et chaque tableau
subira ainsi, à toute heure, un contrôle sévère qui en garantira la
— 277 —
fidélité. Le public considérera avec intérêt cet abrégé du monde végétal,
ce véritable cours de géographie botanique embrassé d’un coup d’œil. *
Pour répondre complétement à ce but, il est nécessaire de montrer les
spécimens de végétaux, selon leurs conditions naturelles, tantôt isolément,
tantôt par groupe, et de choisir, pour la reproduction des sites remar-
quables, le point de vue, ainsi que les effets d’optique sous lesquels la
perspective et le détail des objets se détachent avec plus de netteté.
La photographie, qui semble saisir la nature sur le fait, offre seule les
garanties d’exactitude et de sincérité voulues. Les épreuves photogra-
phiques sont donc des matériaux précieux que la commission impériale
recevra avec reconnaissance de toutes les personnes ou de tous les éta-
blissements scientifiques qui voudront bien concourir à cette partie de
son œuvre.
Une mention spéciale sera accordée aux donateurs dont la libéralité
aura contribué particulièrement au succès du diorama.
Les envois devront être faits franco à titre de don gratuit, au con-
sciller d'État, commissaire général, Palais de l'Industrie, Champs-Elysées,
porte n° IV, avant le 11 novembre 1866.
En ce qui concerne Ja Belgique, la commission belge servira bien
volontiers d’intermédiaire entre les personnes ou les établissements
‘scientifiques intéressés et la commission impériale. (Moniteur.)
La Société royale d'horticuliure ct d'agriculiure de Ver-
wviers vient de prendre l'initiative d’une heureuse innovation. Nous
remarquons dans le programme de sa 121° exposition qui a eu lieu le
7 octobre prochain que les prix des concours ne consistent pas seulement
en médailles mais aussi en ouvrages concernant l’horticulture. Le
. Bulletin de la Fédération, les Champs et les Prés par M. Joigneaux, la
Flore des jardins et des champs par MM. Lemaout et Decaisne, ete., etc.,
seront distribués en prix aux lauréats des concours. Il suffit de signaler
cette mesure pour que tout le monde en apprécie les avantages. On lit
trop peu par le temps qui court et il faut souvent, comme vient de le faire
la Société de Verviers, mettre les livres dans les mains de ceux pour les-
quels ils sont écrits. Nous espérons que l’exemple de la société vervié-
toise sera suivi.
LES ALGUES, LES FIÈVRES ET CHARLES MORREN.
Nous avions lu dans le Gardener’s Chronicle (numéro 55, 18 août 1866)
un article, traduit du français, dans lequel notre excellent collègue de
Université de Bruxelles, M. le D' Hannon, raconte qu'il avait été
lui-même victime des rapports qui existent, selon une ancienne obser-
— 278 —
vation de Charles Morren, entre les algues et les fièvres intermittentes.
D'autre part on nous parla de divers côtés du même fait. N'ayant pas
lu les publications françaises où il était rapporté, nous nous adres-
sàmes directement à notre collègue pour le prier de nous communiquer
son écrit. Nous ne croyons pas déplacé d'insérer ici et sa réponse et
sa notice qui intéresseront sans nul doute maints de nos lecteurs.
Bruxelles, 25 septembre 1866.
CHER COLLÈGUE,
L'Union médicale de Paris reproduisit, en avril dernier, un article du
professeur Salisbury sur la découverte de l’agent producteur des fièvres
intermittentes. L'article se terminait par cette phrase : « cette découverte
« serait évidemment une des plus importantes conquêtes du siècle et
« mériterait d’être classée avec les découvertes de la vaccine et celle de
« l’anesthésie. »
Il me vint aussitôt à l'esprit de revendiquer pour votre père la prio-
rité de cette découverte et j’adressai au journal de médecine qui avait re-
produit l’article de l’Union, la lettre ci-jointe.
A M. le Rédacteur principal du Journal de médecine, de chirurgie et
de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et natu-
relles de Bruxelles.
Bruxelles, 12 Mai 1866.
TRÈS-CHER ET TRÈS-HONORÉ COLLÈGUE,
Votre estimable journal rapporte dans son dernier numéro une dé-
couverte de M. le D" Salisbury, relative à l'influence qu’exercent les
algues dans la génèse des fièvres intermittentes. Permettez-moi, je vous
prie, à l'appui de son assertion et de la vôtre, de citer un fait qui me
concerne personnellement et qui vous prouvera que depuis longtemps
le fait annoncé par M. Salisbury était connu en Belgique.
En 1845, j'étudiais à l’Université de Liége : le savant professeur
Charles Morren m'avait enthousiasmé à tel point à l’étude physiologique
des algues d’eau douce que j'avais encombré les fenêtres et la cheminée
de ma chambre à coucher d’assiettes remplies de vauchéries, de conferves,
de zygnêmes, d’oscillaires, etc. J’entretenais avec bonheur mon profes-
seur de mes observations sur ces algues, et à chaque fois il me disait :
« Prenez garde à l’époque de leur fructification, les spores des algues
donnent la fièvre intermittente, — je l’ai éprouvé chaque fois que je les
ai étudiées de trop près. »
Nr E.
Comme je cultivais mes algues dans de l’eau pure, — et non dans l’eau
des marais où je les avais recueillies, je n’attachais aucune importance à
ces observations.
Mal m'en prit. — Un mois plus tard, à l’époque de Ja fructification,
— je fus pris d’un frisson, mes dents claquèrent, — j'avais la fièvre, —
elle dura six semaines, — ce fut le docteur Alphonse Leclerq qui m’en
débarrassa à Bruxelles, car j'avais alors quitté Liége.
Quand je revis le professeur de botanique, Charles Morren, je lui
racontai ce qui m'était arrivé. « Vous voyez, me dit-il, je vous l’avais
bien dit, vous n’êtes pas le seul que j’aie vu devenir fiévreux de la sorte. »
Tous les alguologues doivent avoir observé ce phénomène et vous-
même, cher collègue, vous avez éprouvé des symptômes semblables quand
vous étudiez les algues.
Ces faits, sans avoir pour but d’enlever à M. Salisbury la priorité de
ses observations, semblent, me parait-il, devoir les corroborer et encou-
rager les savants à poursuivre de semblables observations.
Agréez, cher collègue, l’assurance de ma considération la plus
distinguée,
D' J. Hannon.
La lettre n’est pas longue, mais elle rend compte d’un fait vrai qui
prouve si bien que votre père connaissait l'influence des algues sur la
production des fièvres que le fait a été admis dans la science et que le
nom de Charles Morren est cité seul, sans celui de Salisbury.
Je ne m'explique pas, si ce n’est par l'importance du fond, que ces
quelques lignes, placées au bout d’un gros cahier de médecine aient pu
avoir un tel retentissement. Les journaux littéraires mêmes se sont
mélés aux journaux scientifiques. C’est ainsi que j'ai trouvé par hazard
dans l'Univers illustré, 15 août 1866, un article de S. Berthoud où il
revendique la priorité de la découverte à feu votre père.
Tout à vous,
D' Hanxon.
Nous exprimons à notre savant collègue les sentiments de gratitude
que nous a fait éprouver l’hommage qu’il n’a pas hésité de rendre à
la mémoire de notre père et nous avons cru bien faire de publier iei un
fait qui intéresse les sciences belges.
— 280 —
CHRONIQUE.
L'Erinose de la Vigne. — On remarque souvent à la face infé-
rieure des feuilles de Vigne des productions de nature assez singulière,
émanant du tissu même de la feuille, sous la forme de poils courts, que
divers botanistes avaient regardées comme de très-petits Champignons
hyphomycètes, pour lesquels Link avait créé le genre £rineum. D’après
les observations attentives de M. E. Prillieux, ce sont non pas des
cryptogames parasites, mais simplement des productions anomales des
cellules de l’épiderme, auxquelles paraissent donner lieu des piqüres
d'insectes. Dunal avait pensé que ces productions, très-fréquentes,
surtout dans certaines années, à la face inférieure des feuilles de la
vigne, étaient alors l’indice d’une maladie pour laquelle il avait proposé
le nom d’Erinose; mais les observations les plus attentives n’ont pu
faire découvrir la moindre altération dans la santé de cet arbuste, même
quand il présente la plus grande quantité possible d’Erineum.
Composition d’un petit jardin toujours veré. — On peut
désirer quand on n’a qu’un petit jardin, en ville, de le planter de végé-
taux toujours verts. La composition suivante réalise ce désir.
Bordures de pervenches, de lierres et de petits buis. On peut Îles
émailler de Crocus.
En contre bordure des Acanthes et divers Yucca.
Les massifs d’arbustes se composeront d’Aucubas, notamment de
quelques variétés nouvelles et au moins de quelques pieds mâles pour
provoquer sur les pieds femelles le développement de beaux fruits couleur
de corail. Les Mahonia s'élèvent à un mètre environ. Le Buisson
ardent (Cratequs pyracantha) devient un peu plus haut. On les entre-
mèle de diverses variétés de Houx (Zlex). Le J'asminium nudiflorum et
l'Evonymus Japonicus ou Fusain du Japon, peuvent atteindre la taille
de deux mètres. Plus haut encore s'élèvent les 1fs, le Ligustrum sem-
pervirens, l’Elœagnus reflexus au feuillage argenté, le Rhamnus semper-
virens, etc.
On peut ajouter un massif de Rhododendrons et d’Azaleas en terre de
bruyère.
Parmi les conifères le choix est considérable, aussi mentionnerons-
nous seulement les Cedrus deodora, Libant et Atlantica, le Cryptomeria
japonica, qui ornent presque toutes les pelouses des cottages anglais.
Enfin contre les murailles des Lierres et du Periploca græca.
Dans un tel jardin l’hiver est sans frimats et la verdure éternelle,
M DE
Encre pour écrire sur le zinc.
Vent-démnis. Ut alu eee eu AN NA 2 Dares,
Sel ammoniac en poudre . . . . . . . . 2 »
Noiride toméer 2 AMEN ART ERP RARE EE TNA »
Eau ô . . . 5 ; , ° . C . ‘ Ë . 10 »
On délaie le noir de fumée dans un petit verre d’esprit de vin, puis
on mèle le tout ensemble de manière à ce que toutes les substances
soient bien écrasées et incorporées. On tiendra la bouteille bien
bouchée.
On l’agitera avant de s’en servir.
Les numéros sont faits avec la même composition, mais dans laquelle
entre beaucoup moins d’eau. Les matières sont broyées et employées
avec une petite brosse et des chiffres découpés.
L’encre doit surtout être employée avec des plumes d’oie, car elle atta-
que fortement les plumes en fer. Pourtant on peut encore se servir de
ces dernières, à la condition de les renouveler souvent. Si on pouvait
obtenir des plumes en cuivre, cette composition ne laisserait réellement
rien à désirer.
Quand les numéros ou les inscriptions deviennent peu lisibles par
l’oxidation superficielle du zine ou par la mince couche de terre qui y
adhère, on les frotte avec un morceau de pierre-ponce et un peu d’eau,
puis on les essuie et on y passe un linge pur pour donner un peu de
transparence à la légère couche de matière pulvérulente qui peut y res-
ter. Il arrive quelquefois que l'inscription ne résiste pas parce qu'elle
n’a pas été bien faite : la seule ressource alors est de l’effacer entière-
ment et de la refaire.
C. St Quenrin (Rev. Hortic.)
Auguste Bonckier. — Le 9 Août 1866 est mort à Goë-Limbourg
Aug.-Henri,-Emile Donckier, ingénieur civil, docteur en sciences natu-
relles.
Nous perdons en lui un ami de notre enfance et de notre jeunesse; un
compagnon de travail et d’excursions. Il unissait à toutes les qualités du
cœur les connaissances les plus variées dans les sciences naturelles aux-
quelles il a consacré sa trop courte existence.
Aug. Donckier est né à Liége, le 24 Mai 1851 ; il a fait ses humanités
au collége communal de 1842 à 1848 et s’y est distingué particulièrement
dans les sciences exactes. De 1848 à 1855 il a suivi les cours de l'Ecole
des mines, se livrant avec une prédilection marquée à l’étude de la
minéralogie et de la géologie. Son illustre maitre André Dumont le prit
en affection particulière, mais Donckier perdit prématurément celui qui
aurait dû continuer à le guider dans la carrière géologique. Par une
touchante coïncidence, sa dernière visite à Liége, eut pour objet d’assis-
— 282 —
ter à l'inauguration de la statue de Dumont, le 17 Juillet dernier, et
rendre ainsi un suprême témoignage d’estime et de reconnaissance à
celui qu’il avait tant regretté et qu’il allait si tôt rejoindre. |
De 1855 à 1860 il fut attaché en qualité d'ingénieur des mines et
minières à la Société des Hauts-fournaux de Dolhain. Il vint habiter aux
confins de la forêt d'Hertogenwald, après avoir eu le bonheur d’associer
à sa vie (le 11 sept. 1856) une femme de cœur et d'intelligence, M'e Hen-
riette Collette. Vivant au sein d’une nature sauvage et accidentée, son
penchant vers les sciences naturelles reprit le dessus. De 1860 à 1862 il
reprenait le cours de ses études et obtint le 11 septembre 1862, à
Bruxelles, le diplôme de docteur en sciences naturelles avec distinction.
À partir de ce moment il commença à s’adonner à la botanique.
L'ensemble de ses études le portait à s’occuper, avec autorité, des pro-
blèmes difficiles qui concernent les rapports qui existent entre la nature
du sol et la végétation qui le recouvre. I prit une part spéciale en 1862,
à la formation de la Société royale de botanique de Belgique, à laquelle il
communiqua bientôt une Vofice sur les stations géologiques de quelques
plantes rares ou peu communes desenvirons de Limbourg(tome I, p. 219).
IL avait rédigé et commencé plusieurs autres communications dont
sa mort prématurée empêchera peut-être la publication. Il herborisait
constamment et il a formé un bel herbier des plantes de ses environs où
il fit notamment la découverte de l’Aspidium lonchitis, fougère nouvelle
pour la Flore belge.
Ses dernières années furent occupées par les études considérables que
nécessite la construction d’un gigantesque travail d'utilité publique. Il
fut chargé par la ville de Verviers et par l’administration des travaux
publics de reprendre et de mener à bonne fin le projet du barrage d’un
cours d’eau, la Gileppe, pour en former un vaste lac, destiné à alimenter
d’eau la ville de Verviers. La mort est venu l’enlever juste au moment
où toutes les études relatives à ce projet venaient d’être terminées. S'il
ne lui est pas donné de recueillir les avantages de son travail, au moins
ses amis ont-ils la consolation de savoir que son nom restera attaché à
ce vaste barrage auquel le gouvernement va bientôt mettre la main.
Nous ne saurions retracer ici toute la carrière d’Auguste Donckier et nous
devons nous borner à renvoyer ceux que de plus amples détails pourraient
intéresser au Journal de Liége des 13, 14 et 15 août 1866, à la Meuse
des 11, 12 et 15 août et au numéro de l’Indépendance belge du 20 Juillet
1866 où l’on raconte combien S. M. Léopold II prit intérêt, pendant sa
visite à Verviers, au plan de barrage de la Gileppe et à celui qui en est
l’auteur.
Ce fut le dernier beau jour de notre ami. En sortant de cette entrevue
royale la maladie qui déjà le possédait, devint implacable et puis tout à
coup l’enleva le 9 août dernier.
— 283 —-
Beaufays. — Nous avons recu en même temps la nouvelle de la mort
de Mathieu-Olivier Beaufays, horticulteur, ancien jardinier en chef du
jardin botanique de Liége, de l’école de médecine vétérinaire de la même
ville et de l'école d’agriculture de Verviers, décoré de l’ordre des tra-
vailleurs agricoles, décédé à Verviers le 2 septembre 1866 à l’âge de
65 ans, et celle de la mort de son fils Charles-Fréderie Beaufays, horticul-
teur à Schaerbeeck, décédé à Bruxelles le 6 septembre, à l’âge de 31 ans.
BIBLIOGRAPHIE.
Les planies de serre. 7ruité théorique et pratique de la culture
de loutes les plantes qui demandent un abri sous le climat de la
Belgique, par M. E. ne Puypr (!). On nous dit souvent: je ferais bien
volontiers de l’horticulture, j'aime les plantes et le jardin; mais je n’y
connais rien; ne sauriez-vous m'indiquer un livre où l’on trouve les
enseignements élémentaires et indispensables; où, sous une forme claire
et concise, on apprenne les éléments de la eulture, la manière de cons-
truire une couche, de bâtir une petite serre et en quelques mots les soins
qu'il faut donner aux plantes les plus répandues.
Jusqu’à cette heure nous ne savions que répondre. Il ne se présen-
tait à notre mémoire que des livres écrits en langue étrangère, ou
bien vieillis et surannés, ou ne répondant qu’à une partie de la ques-
tion, ou trop volumineux, ou bien légers comme de la crème fouettée.
Désormais nous pourrons répondre prenez le livre de M. De Puydt.
Il satisfait, et au delà, à toutes les exigences légitimes.
M. De Puydt est à la fois savant, littérateur et horticulteur; il est
président de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut,
il est secrétaire de la Société royale d’horticulture de Mons et il a qua-
rante années de pratique horticole.
Son livre est une œuvre consciencieuse, écrite avec discernement et il
a pour but d'initier les amateurs aux principes et aux connaissances
les plus indispensables. 11 suffit de quelques heures pour le lire et de
quelques jours pour l’étudier, après quoi on en saura autant et plus
que si l’on avait éprouvé soi-même les conséquences plus ou moins
fâächeuses d’une longue expérience.
La préface expose dans quelles vues ce nouveau traité est écrit et en
(1) Mons, chez H. Manceaux 1866, 1 vol. in-12. Première partie.
— 284 —
quoi il diffère du Traité théorique et pratique de la culture des plantes
de serre froide que M. De Puydt a fait paraître en 1860. On trouve
dans l'ouvrage des vues nouvelles et quelques applications de la science
jusqu'ici peu ou point aperçues; nous citerons, avec prédilection, les
chapitres concernant la construction des serres et ceux relatifs à la
théorie des dépotements. Il serait long et fastidieux de reproduire ici,
sous prétexte d’analÿser l’ouvrage, la longue table des matières qui
comprend 48 chapitres. Qu'il nous suffise d’assurer que celui qui veut
s’instruire en horticulture y trouvera réponse à toutes ses questions
et de conseiller, par conséquent, à tous nos lecteurs de lui ouvrir une
place privilégiée dans leur bibliothèque horticole. Le premier volume
seul a paru. Le second qui comprendra la description de près de deux
mille genres de plantes, avec des indications sur les meilleures espèces,
paraitra bientôt.
Anmales de l'horticulture en Belgique (:‘). Nous avons reçu
le prospectus de cette publication dont l’apparition est annoncée pour le
4er Octobre de cette année. Elle sera rédigée par MM. L. Gillekens,
H. Spruyt et A. Driesen, professeurs à l'Ecole d’horticulture de l’État à
Vilvorde. Elle sera spécialement consacrée à la culture maraïchère et à
l’arboriculture. En outre, elle comprendra les sciences naturelles dans
leurs rapports avec l’horticulture et un compte-rendu bibliographique.
Nous saluons avec la plus grande sympathie l’apparition de ce nouveau
confrère dans la presse périodique de Belgique. S’il tient ses promesses,
il comblera une lacune réelle et répondra à un désir souvent exprimé.
Archives cosmologiques. — Sous ce titre, M. Alph. Dubois,
docteur en sciences naturelles à Bruxelles (9, Montagne de la cour),
annonce l'apparition, pour le mois de décembre prochain, d’une publi-
cation mensuelle consacrée à l’histoire naturelle (18 frs. par an).
Kickxin belgica ou Herbier des plantes les plus rares de la
Belgique, par MM. Aru. Tuiecens er A. Devos (2). Les herbiers, c’est-à-
dire les collections de plantes sèches, sont le meilleur auxiliaire des
livres pour la connaissance des flores générales ou spéciales. La plupart
des botanistes forment un herbier particulier où ils conservent les plan-
tes qu'ils ont récoltées et étudiées. Quelques uns se donnent la peine de
(1) Par livraisons mensuelles de 16 pages in-8c. Prix de l’abonnement 5 frs. par an.
Chez M. Arn. Driesen, professeur à l'Ecole d’horticulture de Vilvorde (Brabant).
(2) Grand in-folio, 25:.frs.la centurie. On souscrit chez les auteurs.
— 9285 —
publier de semblables collections, c’est-à-dire de mettre à la disposition
de leurs confrères et des personnes désireuses de s’instruire des plantes
bien préparées et scientifiquement étiquetées.
Notre littérature botanique de Belgique est riche en travaux de ce
genre et n’a rien à envier aux autres contrées de l’Europe. La plus an-
cienne que nous connaissions est le rare Herbier portatif des plantes
qui se trouvent dans les environs de Liége publié en 1791 par le médecin
A. Rozin. Les exemplaires renfermant des échantillons authentiques sont
une rareté bibliographique. On y remarque l’Adoxa leodicea de Rozin
qu’il sépare du HMoscatellina de Linné à cause de son calice triangulaire et
non bifide et de la différence dans la forme des feuilles. Ces caractères
en valent bien d’autres! Le premier cahier de cet herbier a seul paru.
Nous n’en parlons d’ailleurs que pour mémoire, sa valeur étant bien plus
bibliographique que scientifique.
Il n’en est pas de même des collections que nous allons citer.
Vers 1850 parurent : les Cryplogames des Ardennes par Me Libert
(4 centuries in-4°); l’Agrostographie de Belgique par Michel, de Nesson-
vaux, qui profita amplement de la collaboration de Courtois. Cet infor-
tuné botaniste publia lui-même un Choix des plantes rares de la Bel-
gique, collection mémorable et d’une valeur réelle.
Nous rencontrons ensuite deux herbiers eryptogamiques importants :
l’Herbier cryptogamique belge par M. le D' Westendorp et les Cryptoga-
mes de Namur, par M. l’abbé Bellynck. Cette dernière collection n’a pas
été à proprement parler publiée, mais plutôt généreusement distribuée
par son savant auteur à quelques amis privilégiés.
Depuis quelques temps, l'étude de la Flore nationale ayant pris un
nouvel essor,la publication des herbiers a suivi et secondé ce mouvement.
Le botaniste est généreux de sa nature. Quand il trouve des plantes in-
téressantes ou rares, la première pensée qui suit l’émotion de la
découverte est celle de la communiquer aux confrères. Les amis
la recoivent tous et le plus généreusement du monde. Pour les autres, les
inconnus, il faut bien demander le remboursement des dépenses faites.
Le prix de ces herbiers est relativement infime et bien modéré en
considération des labeurs que réclame leur confection.
Parmi ceux qui sont en cours de publication, nous citerons : les plantes
officinales de Belgique par M. le D' Van Haesendonck et l’Herbier des
plantes rares ou critiques de la Belgique par MM. H. Van Heurck et
Martinis, dont quatre fascicules ont vu le jour. Mentionnons aussi, pour
mémoire, la savante monographie des Cladonia (Lichens) de Belgique
par M. l’abbé Coemans. R
Nous avons cru bien faire de rappeler ces précédents avant de parler
du Xickxia belgica dont nous avons la première centurie sous les yeux et
sur lequel nous allons nous arrêter un instant. C’est une belle publica-
tion, entreprise par deux jeunes botanistes, au nombre des plus zélés de
Las
la Société royale de Botanique,M.Arm.Thielens,de Tirlemont,et M. Devos,
de Namur. Ces confrères sont d’ardents explorateurs de la Flore de
Belgique : ils fouillent le tapis végétal de notre pays dans ses replis les
plus obscurs.
Le Kickxia belgica est un hommage à la mémoire de notre regretté
collègue Jean Kickx en son vivant professeur de botanique à l’Université
de Gand et Président honoraire de la Société royale de Botanique de
Belgique. Nous ne doutons pas que l’œuvre, quand elle sera achevée,
constituera un monument digne du nom qu’il porte. Il serait touchant
de voir chaque botaniste de Belgique y contribuer par la récolte au moins
d’une espèce.
Cet herbier est d’un grand format, sur beau papier et publié même
avec un certain luxe. Les échantillons sont soigneusemeut préparés et de
belle apparence.
Les espèces qu’il renferme sont des plantes rares, critiques ou nou-
velles. Nous citerons parmi les cent qui ont paru les Sparganium mini-
mum Fries, Braya supina Koch, Phleum Boehmeri Wib., Allium
Deseglisei Bor., Allosurus crispus Bernh., Aspidium lonchitis Sw.,
Asplenium Halleri DC., Zostera nana Rott., Festuca bromoïdes Linn.,
Liparis Loiseli Rich., Welica Nebrodensis Presl., Draba Aizoïdes Linn.,
Fumaria micrantha Lag., Saponaria Vaccaria Lin., ÆEpilobium Lamyi
F. Sch. etc., etc. On peut reconnaitre d’après cette énumération, que
nous aurions pu allonger, que le véritable intérêt de cette publication
est pour les botanistes proprement dits. Ce n’est pas un herbier vulgaire
ou populaire que MM. Thielens et Devos ont entrepris, mais c’est une
œuvre de critique et de controverse. Les échantillons sont accompagnés
d'étiquettes détaillées, un peu trop surchargées peut-être, au moins à
notre goût. Un certain discernement dans les choix des citations et des
synonymes ajoute à la valeur de ces sortes de publications. Il peut être
utile aussi dans quelques circonstances de donner sur l'étiquette un mot
d’éclaircissement sur le genre d’intérèt que présente l’espèce, mais fort
brièvement et en renvoyant à une source plus abondante. On a reproché
aux auteurs d’avoir admis dans leur cadre quelques spécimens étrangers
de plantes d’ailleurs indigènes. Ce reproche est de mince valeur quand
le fait est consciencieusement avoué. De plus il est tout à fait excep-
tionnel.
En somme le Xickxia belgica honorera ses auteurs, auxquels nous
conseillons de le faire aussi complet que possible et sans se hâter. Il inté-
ressera non-seulement les botanistes régnicoles mais un grand nombre
de savants étrangers pour lesquels la flore belge est peu connue. |
La publication de bons herbiers spéciaux serait une œuvre utile et
populaire : herbier des plantes médicinales et vénéneuses ; herbier des
plantes fourragères ; herbier des plantes communes de la Belgique, ete.
Tout cela est désiré par maintes personnes pour elles-mêmes ou pour
NAT
l'instruction de leurs enfants. Les plantes devraient être accompagnées
d'étiquettes concises mais instructives. Les établissements d'instruction
el d'éducation ne pourraient s’abstenir de souscrire.
Herbier des plantes rares où critiques de Belgique,
par MM. H. Van Heurcr et ArTa. Marninis(l). — Nous nous plaisons à
signaler et à recommander cette publication de deux jeunes botanistes
belges, tous deux infatigables investigateurs de la Flore belge. Cet
herbier en esi arrivé aujourd’hui à son quatrième fascicule. Les espèces
qui le composent sont bien choisies, préparées avec le plus grand soin
et représentées par des spécimens nombreux. Les auteurs annoncent
pour paraître prochainement divers herbiers spéciaux, notamment les
Glumacées, les Rosa et les Rubus de la Flore belge.
Le Verger, publication périodique d’arboriculture el de pomologie,
par M. Mas, président de la Société d’Horticulture de l'Ain (2). Nous
avons signalé (5) ce recueil pomologique à son apparition, l’année der-
nière. Il a tenu toutes ses promesses et nous le considérons comme le
meilleur ouvrage d’arboriculture fruitière paraissant actuellement et
s'adressant à la majorité des amateurs. Son format, son prix, sa rédac-
tion, son cadre, tout l’ouvrage, en un mot, nous parait conçu sur un plan
pratique et de nature à intéresser tous les amateurs de fruits qui ont
quelque souei de la littérature. Chaque catégorie de fruits formera un
volume spécial et constituera ainsi une monographie. Nous regrettons
que le défaut de place nous empêche de donner une analyse détaillée
de ceite utile publication.
EXPOSITION INTERNATIONALE DE LONDRES.
ANALYSE DÉTAILLÉE (4).
Plantes nouvelles. — Il y avait cinq lots de six plantes nouvel-
les introduites en Europe par l’exposant. M. Linden, de Bruxelles,
obtint le 4°" et le 3%° prix, et MM. Veitch et fils le 2 et le 4°. Les six
(1) Dix francs le fascicule de 50 plantes. Il parait un fascicule par an.
(2) Paris, chez Victor Masson, gr. in-8 avec planches ; 25 fr. par an. La seconde
année est en cours de publication.
(3) La Belgique Horticole, 1865, p. 307.
(4) Gardener’s chronicle, nos 21 et 22, 1866.
— 288 —
plantes du premier concurrent étaient l’Anthurium regale, aux belles
feuilles cordées acuminées, d’un vert émeraude et avec des côtes et des
veines saillantes ; le Cyanophyllum spectandum, quelque peu analogue
au magnificum, mais avec les feuilles plus oblongues et à peine d’une
croissance aussi gigantesque ; le Philodendron Lindeni, semblable aux
Begonias, avec de magnifiques feuilles cordiformes et des tiges munies de
poils bruns; le Maranta Lindeni, plante admirable à feuillage gracieuse-
ment ombré, dont la partie inférieure surtout présente des lignes très-
accentuées; le Bignonia ornata, magnifique plante grimpante très-feuillue
avec des raies blanches se détachant irrégulièrement de la mervure mé-
diane sur le vert luisant de la feuille ; le Dichorisandra musaica, la plus
remarquable et la plus belle du groupe; avec de larges feuilles de forme
ovale, présentant un grand nombre de stries blanches se croisant en tous
sens en rainures profondes que l’on croirait forées par un insecte.
M. Veitch avait un Aralia de la nouvelle Calédonie avec de belles feuilles
digitées et les folioles filiformes, régulièrement ondulées sur les bords;
le Rhododendron Brookianum avec un bouquet de fleurs colorées d’une
teinte solférino; le Maranta Veitchit; l’Acalypha tricolor, à feuilles ovées-
acuminées d’une nuance vert-brunâtre, dont quelques portions parais-
saient avoir été tachelées avec du rouge; c’est une acquisition très-intéres-
sante ; un superbe Aphelandra du Pérou, du genre du ZLeopoldi, mais
plus remarquable, la nervure médiane et les principales veinules étant dis-
tinctement rayées de jaune ; le Dracæna albo-marginata, ayant le feuillage
d’un vert pâle au centre et les bords dorés. La même maison avait encore
exposé le Phyllanthus variegatus avec un superbe feuillage ornemental
blanc et vert; un magnifique Croton à feuilles sagittées, avec ce vert
et or qui rend ces plantes si belles ; un gracieux Aralia, les feuilles ayant
des tiges ornementales teintées par-ci par-là de jaune et de cramoisi ; un
nouveau Dieffenbachia et un Coleus, d’après le type du Verschaffeltir,
mais avec des feuilles de forme plus gracieuse. M. Linden avait aussi un
Eranihemum de couleur brune, appelé igneum, avec une nervure mé-
diane fortement colorée et les veinules en partie colorées ; un Marania
illustris, se rapprochant du Lindeni; un intéressant Psychotria en fleurs,
appelé nivosa ; et un très-joli Tradescantia, à feuillage plissé, qui por-
tait le nom de undatu. Pour le concours de trois plantes nouvelles en
fleurs, M. Veitch eut beaucoup de succès avec le Begonia Pearcii, char-
mante variété à feuilles veloutées ; le Palava flexuosa et un Aphelandra
du Pérou. M. Bull avait apporté son superbe Bertolonia margaritacea,
un Malva de l'Australie, et le Siphocampylus fulgens. Pour une plante
nouvelle en fleur : M. Linden était venu avec un bel exemplaire du
remarquable Psychotria nivosa, avec des fleurs d’un aspect laineux.
M. Standish arrive second avec la Clematis Fortunei à fleurs pourpres
et MM. Veitch et fils, troisième, avec le Darwinia fimbriata de l’Austra-
lie. Vingt concurrents prirent part au concours pour une plante nouvelle
— 289 —
non fleurie. M. Linden remporta la palme avec le Dichorisandra mu-
saica et le Maranta Lindeni, et MM. Veitch partagèrent le 2° et le 3° prix
avec le nouvel Aphelandra et le Maranta Veitchi, tandis que M. Standish
arrive 5°, ex œquo, avec un superbe Afhyrium du Japon, se rapprochant
quelque peu du coloris du Pteris tricolor. 1 y eut plusieurs choses inté-
ressantes exposées sous ce titre, entre autres par M. Stark, d’Edimbourg,
une Fougère du Canada,d’un parfum délicat et portant le nom de Lastrea
fragrans. M. Bull eut une mention spéciale pour un Phajus grandiflorus,
à feuilles panachées, de même que M. Ambroise Verschaffelt, pour une
Cycadée, le Zamia villosa, d’un gracieux effet; enfin un Thuja garni
d'espèces de glands, de l'établissement exotique de Chelsea, mérite d’être
mentionné.
Au concours 5 : 12 plantes nouvelles quelconques, fleuries ou non,
MM. Veitch se présentérent avec un apport des plus intéressants et renfer-
mant, outre les plantes déjà citées, le Bertolonia guitata, marqué de
taches éparses d’un blanc rosé sur un fond d’un vert terne et une autre
espèce d’un vert tacheté de blanc; le nouveau Coleus Gibsoni à feuillage
épais, pouvant peut-être passer dans certaines localités à l’air libre; une
espèce d’Aralia, et le gracieux Primula cortusoïdes amæna chargé de
charmants bouquets de fleurs d’un rose éclatant. M. Linden possédait le
Scindapsus pictum des îles Philippines ; le Dichorisandra vittata; le
Maranta virginalis et le gracieux et petit A. roseo-picta ; un Manettia
metallica, à feuilles elliptiques au reflet bronzé. Le concours des six
plantes nouvelles de n’importe quelles espèces était rempli par plusieurs
collections, parmi lesquelles celles de M. Bull, qui comptait le Diefjen-
bachia eburnea ; le magnifique Eranthemum argyroneurum, et diverses
variétés remarquables d’Urospatha. M. Williams venait avec un Cala-
mus à tige munie de piquants, le Telianthera ficoidea versicolor, riche-
ment: coloré, et quelques autres. Il y avait un lot choisi de plantes
délicates à feuillage coloré sous la tente des Orchidées et MM.Veitch furent
les premiers. Les plantes les plus remarquables de M. Williams étaient
le splendide Phormium tenax variegatum, V Yucca Stokesir, etc. Madame
Legrelle d'Hanis, d'Anvers, et MM. Arthur Henderson et C° exposèrent
aussi dans cette classe quelques plantes distinguées. Les plantes indus-
trielles et médicinales se groupaient aussi en un beau contingent.
Plantes de serre chaude et d’orangerie. — Mr. Baines, jar-
dinier chez M. H. Micholls, Esq., à Bowdon, près de Manchester, a acquis
noblement la place d'honneur avec une collection de 16 plantes, parmi
lesquelles on remarquait de magnifiques exemplaires de Franciscea
confertiflora, Aphelexis macrantha purpurea, Boronia pinnata, Acro-
phyllum venosum, Dipladenia crassinoda et Genetyllis tulipifera, por-
tant des fleurs bien colorées et d’une grandeur inaccoutumée ; il avait,
en outre, annexé à ce groupe le superbe Epacris Eclipse, l’Erica Ca-
49
ed
vendishiana, E. tricolor Eppsii et le charmant Æ. ventricosa coccinea
minor; les Azalea Extiani, Iveryana et Criterion ; l’Eriostemon
buxifolium, l’Ixora aurantiaca, et l’I. coccinea, ce dernier d’une
santé robuste et d’une floraison admirable. M Pced, jardinier chez
MM. Tredwell, à Norwood, avait présenté un contingent qui, par son
mérite, se placait à côté du premier.
Il se composait d’un joli Zxora blane, un ou deux Chorozema, dont
l'un, le C. Henchmanni, est rare aujourd’hui; d’un bel exemplaire
. d’Acrophyllum venosun, qui, dans son état parfait, présente à l'extrémité
de chaque jet de jeunes feuilles finement bronzées qui donnent surtout
à la plante un cachet de beauté. Le même lot contenait, en outre, des
Immortelles, des Eriostemon, le Dracophyllum gracile, le Pimelea Hen-
dersoni à fleurs roses et les Azalea lateritia et Gladstonesii, l'un et
l’autre arrangés sur la même souche, union qui réussit bien et produit
un contraste de couleur frappant mais agréable. Le groupe de 12 plantes
de MM. Lee, de Hammersmith, qui obtinrent le 1°" prix, renfermait le
Medinilla magnifica, dans un parfait état, ainsi que VA denandra fra-
grans, une ou deux Jmmortelles et d’autres plantes. M. Rhodes, de
Sydenham, avait envoyé à l'exposition, le meilleur Dracophyllum gra-
cile, plante qui, par une culture ordinaire, attire peu l'attention, mais
amenée au plus haut degré de perfection, comme celle-ci, excite l’admi-
ration de tous les visiteurs. M. Carson, jardinier chez M. W. R. G. Far-
mer, Esq., de Cheam, recut un premier prix pour un excellent groupe de
six plantes, concours qui fut bien disputé et dont nous mentionnerons
des individus bien conduits de Rhynchospermum jasmixoides, le Rhodo-
dendron formosum à odeur suave, des Azalea, le Pleroma elegans,
l’Imantophyllum miniatum avec ses éclatantes fleurs orangées et l’Oxy-
lobium arboreum aux fleurs d’un brillant jaune d’or. MM. Cole et fils, de
Manchester, avaient exposé le Phoenicoma proliferum, des Immoftelles
admirablement bien venues, et d’autres plantes bien cultivées. Un
grand nombre de plantes de belle culture figuraient, en outre, comme
spécimens d'exposition.
Plantes à feuillage ornemental de serre chaude ou
d’orangerie. — Elles s’y trouvaient en grande profusion. De MM. Lee
venait un groupe magnifique qui comptait d’amirables exemplaires de
l’Alocasia Lowit et metallica, les Rhopala Jonghi et corcovadense, le
Pandanus elegantissimus, l’Oreopanax dactyliferum aux feuilles palmées .
profondément découpées, le Latania rubra, superbe Palmier; le Theo-
phrasta imperialis, avec ses belles grandes feuilles brillant d’un vert
foncé, et deux beaux spécimens de Fougères. MM. Veitch présentaient
des Croton, les Pandanus reflexus et Veitchi, ce dernier offrait la forme
d’un grand éventail; des Rhopala ; un beau pied de Cycas revoluta, les
Dracæna indivisa lineata, Theophrasta et des Palmiers, parmi lesquels
— 291 —
l’on remarquait le Seaforthia elegans, le Latania borbonica, le Sabal
umbraculifera, ete. Le Cycas circinalis, plante s’épanouissant gracieuse-
ment, avait été présenté par M. Williams, de Holloway, de même que le
Pandanus javanicus variegatus, des Croton, Palmiers, le Dioon edule,
Theophrasta, un beau Yucca panaché, des Alocasia, Dracænu, Cordyline
et Fougères. MM. A. Henderson et Ci° se présentèrent avec le Pandanus
ornatus , superbe espèce, les P. utilis et elegantissimus, le Jaca-
randa filicifolia, aux feuilles filiciformes couvertes d’un léger duvet ;
l’Hispomane longifolia, l'un des nouveaux Erables du Japon, à feuil-
les d’un rouge bronzé, enfin une ou deux autres plantes. M. Bai-
nes,.jardinier de M. H. Micholls, Esq., avait apporté une belle collection
qui contenait de superbes plantes de Gleichenia speluncæ, Croton varie-
gatum angustifoliumn et pictum, Anthurium grande, à belles et grandes
feuilles ; l'Aralia leptophylla, le Dasylirium acrotrichum, le Cordyline
indivisa, des Theophrasta, Alocasia, Rhopala et des Fougères en arbres.
M. Taylor, jardinier de J. Yates, Esq., à Highgate, avait exposé des
exemplaires extraordinaires de Cycadées, dans la culture et les soins
desquelles il excelle au plus haut degré. M. Fairbairn, jardinier du
Duc de Northumberland, présenta un Maranta zebrina, V'Alocasia macro-
rhiza, à beau feuillage blanc et vert ; l’Anthurium acaule, à feuilles d’un
vert foncé, d'environ 3 pieds de long sur un de large; l’Alocasia
Lowii, avec son riche feuillage luisant sagitté et veiné de blane ; et le
Thamnopteris Nidus, sur lequel le regard, rassasié de couleurs gaies, se
repose et se rafraichit. La collection de M. Cross, jardinier de Lady
Ashburton, renfermait le Sphaerogyne latifolia, des Dracæna, Alocasia,
un Cyperus alternifolius variegatus, gracieusement panaché, et le Ha-
ranta fasciata, plante à effet par ses feuilles ornées sur ses bords de
stries ou de bandes d'un vert pâle. Quant aux autres concours, M. Ste-
venson, de Lark Hill, Timperley, près de Manchester; M. Hutt, jardi-
nier de Miss Burdett, Coutts, à Highgate ; M. Young, jardinier chez
W.II. Stone, Esq., M. P., Leigh Park, à Havant; et M. Brown, jardinier
de MM. Alston, à Elmdon, près de Birmingham, y avaient contribué par
d'excellents apports. Parmi ceux-ci, nous ferons mention des Fougères,
principalement du Cibotium princeps et Schieder, et le Gymnogramma
aurea, l’Alocasia metallica, aux feuilles concaves, d’un pourpre bronzé
et mesurant 18 pouces de long sur 15 de largeur; le Cyanophyllum
magnificum, le Dracæna ferrea, au feuillage rougeâtre et le Dr. termi-
nalis, le Laurus Cassia, muni de jeunes feuilles rouges; le Musa vittata
variegata, le Sanseviera japonica, à feuilles en forme d'épée, etc., etc.
Arbustes rusfiques à feuilles caduques en fleurs. —
C’étaient des contingents envoyés par M. Turner et M. W. Paul. Ils con-
sistaient en Deutzia, Weigelia; en variétés panachées de l’Æydrangea
japonica, en Genets blancs et jaunes, Pivoines en arbre, Roses de
[= 0p9
Gueldre (V. plicatum et opulus), en Cratægus à fleurs doubles, Lilas,
Philadelphus mexicanus et grandiflorus, en Groseilliers en fleurs, Geri-
siers à fleurs doubles, en Cytisus de différentes variétés, Robinia hispida;
Spiræa, Berberis, Coronilla Emerus, Elaeagnus argentea et Staphylea
pinnala.
Arbres rustiques à feuilles caduques, exposés pour
leur beau feuillage. — M. W. Paul en avait exposé un groupe où
se trouvaient l'Acer Vequndo variegatum et platanoides, l'Aralia spi-
nosa, le Frêne à feuilles d’Aucuba, la variété pleureur de l’Ulmus
microphylla, V’Hippophaë rhamnoïdes, l’Alnus imperialis asplenifolia,
Magnolia tripetala et acuminata, le Peuplier argenté, l’Ailantus glan-
dulosa, une variété panachée du Quercus Cerris, un Maronnier d'Inde à
feuilles découpées, une variété panachée d’or du Sambucus nigra, un
Noisetier à feuilles pourpres, une variété panachée d’or du Castanea
vesca, un étre pourpre, un Paulownia imperialis et un Symphori-
carpus variegalus.
Piantes grimpanies rustiques. — Sous ce titre, M. W. Paul
exposa un lot intéressant de Clématites, Chèvrefeuilles, Aristoloches,
Lierres, Vignes, et des Rosiers grimpants (La Marque). M. Turner cn
avait aussi présenté une collection qui comptait l’Ampelopsis hirsuta
et hederacea, le Bignonia grandiflora, le Passiflora cœrulea, les Cléma-
tites (parmi lesquelles le Standishii et Jackmanni), des Lierres et des
Chèvrefeuilles.
Arbres et arbustes rustiques à feuilles persistantes.
— Le meilleur contingent était celui de MM. Jackman, de Woking, qui
avait, entre autres, des spécimens remarquables de Laurus nobilis, Ilex
scotica et dipyrena, de Phillyrea angustifolia et ilicifolia, Arbutus
Unedo et Rollissoni, Quercus glabra, Buxus sempervirens, B. argentea
nova et Laurustinus. M. Standish et MM. Lee présentèrent également de
beaux groupes.
Arbres et arbustes rustiques nouveaux à feuilles
persistantes. — MM. Veitch avaient envoyé un Jlex Fortunii, l’'Os-
manthus ilicifolius et sa variété naine panachée, un Elæagnus panaché
d’or, le Rhaphiolepis ovata, deux espèces panachées d’Evonymus, deux
nouvelles espèces d’Aucuba, une variété panachée du Ligustrum gla-
brum, une espèce de Ternstræœmia et le Skimmia oblata. À M. Standish
appartenaient quatre espèces d’Aucuba, le Ligusirum coriaceum, un
Evonymus, trois espèces d’Osmanthus, le Skimmia fragrans et d’autres
que nous venons de citer.
— 295 —
Orchidées. — Les Orchidées exposées comprenaient un grand
nombre d’excellents spécimens couvrant un espace de 400 pieds envi-
ron et excitaient, comme de coutume, vivement l’admiration des visi-
teurs. On pouvait raisonnablement s'attendre à ce qu’en une entreprise
aussi gigantesque, quelques unes des grandes collections de l’Angleterre
contribuassent, à côté des contingents présentés, à la splendeur de lExpo-
sition, ne fut-ce que pour offrir une riche exhibition à nos amis du
continent. Les plus grands honneurs donc aux amateurs qui sont venus si
généreusement montrer des spécimens d’un mérite incontestable. Robert
Warner, Esq., de Broomfield, était le seul qui présentät 50 Orchidées de
toutes sortes en fleurs. Les plus remarquables de ce groupe étaient plu-
sieurs Vanda, bien cultivés et fleuris, portant chacun des épis de 8 à
12 fleurs et l’une d'elles, le suavis, d’une inflorescence si prolifique
qu’un des racèmes s’élançait d’une manière anomale, du centre du spéci-
men, en un fort épi chargé de fleurs nombreuses. Le joyau de ce groupe
était le rare et splendide Phalaenopsis Porter, muni de 10 feuilles, dont
quelques unes d’un pied de long et d’une santé vigoureuse, orné de 4
panicules couverts de fleurs. Le Catileya Mossiae figurait en variétés
nombreuses, dont quelques unes étaient singulières quant au port et à la
forme du labelle, et variant de coloris depuis le blanc en passant par les
diverses nuances de couleur chair jusqu'au cramoisi le plus riche.
Les Cattleya de M. Warner ont, en vérité, été si souvent mentionnés dans
ce Journal que ce serait une redite fastidieuse que d’essayer d’exalter
encore leur mérite; fort peu d’entre elles avaient moins d’une douzaine
de fleurs et plusieurs en portaient jusqu’à 30. Le Trichopilia crispa
était une plante majestueuse avec une quantité innombrable de fleurs et
près de deux pieds de diamètre ; les Phaiaenopsis amabilis, grandiflora
et Schlleriana formaient des plantes bien cultivées, mais la qualité de la
fleur laissait à désirer, quoique les panicules et les fleurs fussent nom-
breuses. Au nombre des Laelia se trouvaient le cinnabarina, avec 5 épis;
le purpurata et sa variété le Schilleriana, plantes délicates sans être re-
marquables. Le Chysis lœvis avec ses fleurs jaunes fait un charmant
effet, de même que le C. Limmingher. Parmi les Cypripedium il y avait
deux bons barbatum; une jolie plante par son gracieux feuillage mais dont
les fleurs font peu d’effet, le C. Hookerae; puis un beau villosum et un
hirsutissimum avec an pédoncule biflore. Un ou deux charmants Aerides,
plusieurs Dendrobium, renfermant le rare et magnifique crepidatum,
possédant six pseudobulbes munis de fleurs, un densiflorum pourvu de
20 petits épis; l’Odontoglossum Karwinskii, ou d’après le Prof. Rei-
chenbach le Reichenheimii qu'il considère comme tout à fait distinet;
un médiocre citrosmum, qu'on a évidemment trop forcé à fleurir ; et
enfin quelques autres de moindre valeur.
Au concours qui demandait 20 Orchidées, M. Bullen, jardinier de
À. Turner, Esq., de Leicester, remporta le 1° prix, avec de belles
one
plantes, telles que le Dendrobium Paxtoni, portant 19 épis, très-bonne
plante quand elle est bien conduite, le D. formosum giganteum, muni
d’une demi douzaine d’épis ; le densiflorum album montrant cinq grands
épis d'une tenue irréprochable. Le Lælia purpurata, orné de huit épis
de fleurs petites, mais d’un riche coloris; l’'Oncidium ampliatum majus,
portant 10 panicules ramifiés et couverts de fleurs; le Catileya Skinneri,
avec 14 épis, de nuances diverses ; l’Aclandiæ, avec ses six fleurs riche-
ment colorées; un grand bouquet de l'étrange Brassia verrucosum, foncé
en couleur ei semblable à un insecte; un majestueux Cypripedium barba-
lum, chargé de 50 fleurs bien arrangées ; un immense pot de Phalænop-
sis grandiflora; l’Odontoglossum cordatum, muni d’un panicule ramifié
et de beaucoup le plus beau spécimen qu’on ait vu dans le pays; le
nœvium majus formant une belle et grande touffe, portant des inflores-
cences courtes, dont la fleur ne fait pas assez d’effet pour une exposition ;
le Saccolabium guttatum, avec de très-petits épis, ete., etc.
M. Page, jardinier chez M. Leaf, Esq., à Streatham, possédait des spé-
cimens beaucoup plus petits, mais conduits avec recherche, et renfer-
mani un bon pot du vieil Oncidium flexuosum et un robuste panicule de
l’'ampliatum majus, accompagné d’une espèce distincte qu’on appelle
communément Vanda insignis, une autre remarquable ct richement
colorée, le suavis; une variété de l’Aerides crispum, portant le nom de
Brookei ; une bonne plante du Phalænopsis amabilis, mais comme toutes
celles qui y étaient exposées, n’offrant pas les conditions d’une bonne
inflorescence, un superbe Dendrobium anosmum, couvert de six longs
épis; un spécimen gracieusement fleuri du Vanda teres, avec quatre
fleurs ; le Saccolabium curvifolium et un beau Lycaste Skinneri.
M. Peed, jardinier de MM. Tredwell, à Norwood, avait également ex-
posé un bel assortiment qui se composait de deux sortes de Lælia purpu-
rala, dont l’un portait huit fleurs somptueuses; un Vania insignis, d’un
riche coloris tout exceptionnel; un grand exemplaire de l'Oncidium
sessile, avec ses fleurs foncées semblables aux primevères et d’un cachet
distinet. Parmi les suivantes l’on remarquait l’Aerides Fieldingii, por-
tant deux épis ramifiés, etc., etc.
M. Cullen, jardinier chez M. Buller, Esq., à Exeter, avait quelques
types plus beaux que ceux mentionnés jusqu'ici, mais les plantes étaient
beaucoup plus petites. Les plus remarquables du groupe étaient le Seleni-
pedium caudatum et l'Uropedium Lindeni gracieusement fleuri; l’Epr-
dendrum odoratum, au parfum délicat, un bon Cypripedium Lowur,
l'Aerides Warneri et le Phalænopsis Luddemanniana. M. Robson,
jardinier de G. Cooper, Esq., de l’Old Kent Road, présenta aussi un
groupe admirable, dans lequel se trouvait un racème bien ramifié de
l’Oncidium bifolium, un gentil crispum et un pied très-bien venu du
Caltleya intermedia.
Au: concours de12 Orchidées différentes entre horticulteurs, MM. Veitch
9
et fils et M. B. S. Williams, d’Holloway, furent placés dans l’ordre
où nous venons de les nommer. Le premier avait dans sa collection le
Caltleya elegans de deux pieds de diamètre, orné de 9 fleurs parfaite-
ment épanouies; le meilleur Lælia purpurata de toute l'exposition,
muni de quatre beaux épis; un superbe pied de Vanda tricolor avec
deux épis; un magnifique Cypripedium villosum, décoré d’environ
trente de ses charmantes fleurs vernissées ; un barbatum superbum, d’un
mérite égal, garni de plus de cinquante pédoncules; l’'Odontoglossum Pes-
catorei, avec vingt fleurs sur un seul panicule; une belle plante du
nœvium, munie d’au moins vingt racèmes; l’Epidendrum vitellinui
d’un coloris assez pâle; le Dendrobium densiflorum, admirablement
fleuri ; un gigantesque Saccolabium guttatum, portant quatre épis, cha-
eun de 18 pouces de longueur ; le Phalaenopsis grandiflora et un bon
Aerides à queue de renard (Aerides Foxbrush).
M. Williams avait exposé un beau pied du Vanda tleres, richement
fleuri; une plante splendide de l’insignis, munie de trois épis par-
faits; un remarquable spécimen de Dendrobium clavatum pourvu de
neuf racèmes, mais nou tout à fait épanouis; une variété superbe du
Cattleya lobata, qui, sans aucun doute, fleurit le plus aisément de toute
l'espèce; elle portait dix-sept fleurs sur quatre racèmes; le Mossiae
couvert de fleurs nombreuses; le Cypripedium Stunei, le plus élé-
gant du genre avec ses quatre pantoufles gracieuses; un très-beau
barbatum superbum ; les Phalaenopsis grandiflora et Luddemanniana,
l'Aerides Fieldingii et enfin une ou deux autres encore. M. Bull obtint
le 4° prix, à cause de la grande différence de mérite entre sa collection
et les précédentes. Son lot montrait d’intéressant l’Anguloa Clowesi, le
Selentpedium caudatum, le délicat Lycaste Depper, ete., etc.
La rivalité la plus vive exista au concours de 10 Orchidées, pour lequel
M. Penny, jardinier de H. Gibbs, Esq., Regents’ Park, et M. Wilson,
jardinier de W. Marshali, Esq., Clay Hill, d'Enfield, se rapprochaient
tellement, qu'il exigea de la part du jury le discernement le plus
judicieux pour les classer d’après leur mérite. Les deux collections fai-
saient le plus grand honneur aux exposants : elles étaient admirable-
ment cultivées, venues avec élégance et artistement arrangées. M. Penny
présenta le Dendrobium anosmum, muni de dix épis; le Laelia purpu-
rala, orné de 24 fleurs; deux beaux épis ramifiés de l’Aerides à queue
de renard; un pied d’une belle croissance de l’Odontoglossum nœvium,
avec dix épis floraux évidemment forcés; une plante bien cultivée du
Phalænopsis grandiflora ; un magnifique spécimen, couvert de fleurs
orange et cramoisi, de l’Oncidium sarcodes ; le Trichopilia crispa, avec
ses vingt fleurs amplement épanouies; le Cypripedium laevigatum,
avec quatre fleurs sur chaque racème, au nombre de sept pour toute
la plante; très-bonne acquisition du groupe du Stonei, mais plus
sombre dans son ensemble, et non tout à fait aussi grandiose; puis
— 296 —
le Saccolabium relusum, orné de deux bons épis florifères. La collec-
tion de M. Wilson était un peu trop prodigue de Dendrobium. Le
D. Dalhousianum portait douze épis de fleurs richement colorées ,
noble, remarquablement beau et couvert de fleurs, mais non pas une
plante marquante dans une collection choisie, quoique elle était ici
aussi chargée de fleurs qu’un Azalea; lOncidium Phillipsianum, avec
onze bons panicules; un pied extra-beau du Dendrobium densiflorum
album, avec sept épis; le Cypripedium villosum, orné de douze fleurs
des plus coquettes; un excellent Cattleyu Mossiæ ; le plus charmant
Selenipedium caudatum, offrant neuf fleurs — et quelles fleurs pour
la forme et le coloris? -— ayant des pétales d'environ 29 pouces de
long; le D. tortile roseum légèrement avarié; et un superbe racème
de l’Eriopsis rulidobulbon, jaune et cramoisi brunâtre. M. Stevenson,
Lark Hill, Timperley, à Manchester, arriva 5° avec son Laelia elegans
Turneri, riche variété, à laquelle la planche du « Select orchidaceous
Plants » de Warner, ne rend nullement justice; l’Anguloa Clowesit,
muni de sept fleurs; un excellent Cypripediuin laevigatum, orné de
trois fleurs; un Dendrobium densiflorum album, parfaitement soigné
et chargé de quatre épis floraux; puis un superbe Odontoglossum
naevium, dont il existait le meilleur étalage qu'il y eut jamais dans
aucune autre exposition. M. Wheeler tint aussi une place honorable
dans cette catégorie.
Pour les six Orchidées exotiques, M. Howard, jardinier de J. Brand,
Esq., présenta le Caltleya mossiæ, orné d'environ trois douzaines de
fleurs; une bonne plante de Phalenopsis grandiflora, munie de cinq
panicules; le Cattleya Aclandiæ, avec huit fleurs, le plus richement
colorées de l’exposition; le Burlingtonia fragrans, avec vingt épis
environ, et un bon Saccolabium curvifolium. M. Fairbairn, jardinier
de Son Altesse le Duc de Northumberland, à Syon-House, arrivait le
deuxième avec l’Oncidium amplialum majus, le mieux venu de tous
ceux exposés; le Vanda tricolor, portant trois épis; le Catlleya mos-
siæ, elc. M. Young, jardinier chez M. H. Stone, Esq., M. P., à Leigh
Park, avait entre autres choses un superbe spécimen de Vanda suavis,
qui semble être une variété perfectionnée des V. Veitchii et Pescatorei.
M. Ingram, jardinier de J, J. Blandy, Esq., High Grove, Reading,
possédait aussi une collection choisie. Parmi les horticulteurs, il n’y avait
pas de concurrence sérieuse. MM. J. et C. Lee avaient exposé le meilleur
contingent, où l’on remarquait le Lœliu purpurata, avec neuf belles
fleurs, et le magnifique Odontoglossum citrosmum orné de 5 beaux épis.
MM. Rhodes, de Sydenham, et MM. Jackson et fils, de Kingston, avaient
également pris part à ce concours.
Neuf concurrents entrèrent en lice pour le concours des orchidées
nouvelles exposées pour la première fois en fleurs. Il n’y en eut néan-
moins que deux qui méritassent réellement un prix, les autres ayant déjà
Dogg”
paru plus ou moins dans d’autres occasions. C’étaient l’Aerides japoni-
cum de M. Linden, de Bruxelles, plante non complètement nouvelle,
mais presque inconnue dans le pays, possédant des feuilles coriaces
et présentant un racème couvert de neuf fleurs, dont les sépales et les
pétales étaient blancs, nuancés de vert pâle à leur base, couverte, de
plus, de stries roses peu serrées, le labelle court et gracieusement
tacheté de rose; c’était réellement une bonne acquisition. L’Angrœæcum
citratum de MM. Veitch et fils est une espèce trapue, produisant de
longs racèmes de fleurs blanches fortement serrces les unes contre les
autres; elle recut à juste titre la seconde distinction. D’autres telles
que le Vanda cristata de M. Williams, l’'Oncidium concolor de J. Back-
house et fils, d’York ; le Cypripedium lœvigatum, de MM. Veitch, etc.,
avaient déjà été exposés antérieurement. M. Warner avait apporté
son Cattleya Mossiæ Marianæ, une variété d’un blanc virginal; et
J. Bateman, Esq., de Biddulph Grange, avait un beau type de Miltonia
spectabilis, dont la base de la lèvre ressemblait au HMorelliana et
la partie inférieure nuancée de blanc. Le même exposant avait en
outre le Dendrobium Taurinum, couvert de onze fleurs, dont les pétales
étroits semblables à des vis étaient d’une riche couleur citron, et le label-
lum bordé de la même couleur ; le restant de la fleur était couleur paille
et les deux sépales inférieurs étaient connés. En outre, un Dendrobium
Falconer:, suspendu, sortait des serres de M. Bateman; il était riche-
ment orné de ses fleurs charmantes et recut une marque de distinction
du jury. ;
Pour l’Orchidée exotique en fleur, il y avait un très-beau Phalae-
nopsis Luddemanniana de M. Charles, jardinier chez M. Barnett, Esq.,
Blackheath Park, orné de cinq racèmes, dont le plus fort dépassait le
feuillage. M. Cullen arrivait second avec un Phalaenopsis amabilis,
un spécimen vigoureux, qui présentait, à côté du pied principal, deux
pousses épiphytes sur la tige de l’ancienne fleur. M. Bullen était troisième
avec un énorme nobile, et M. Webb, jardinier de J. Mile, Esq., de
Bristol, possédait un Ansellia africana bien fleuri. M. Warner avait
envoyé le rare Dendrobium Wardianum, muni de deux fleurs. Les
autres exposants avaient des apports moins méritants.
Deux exposants prirent seuls part au concours pour les Orchidées à
feuillage coloré et remportèrent respectivement le 1° et le 4° prix.
M. Williams avait une collection splendide d’Anaectochilus Lowit, in-
termedius, setaceus, Petola, Turneri, argenteus, pictus, xanthophyllus
et querceticola; Phalaenopsis Schilleriana et Goodyera pubescens. Le
lot de MM.S. Glendinning et fils contenait des plantes beaucoup plus
petites.
Parmi les Orchidées qui figuraient aux classes des miscellanées, on
peut citer, de W. Marshall, Esq., une belle forme de Trichopilia tortilis,
dont l’extrémité du labellum ressemblait à un grand coquillage gracieuse-
20
— 298 —
ment tacheté à la base et les pétales semblables à une vis, plus larges
et plus vivement colorés que dans le type; l’Aspasia lunata, une plante
ressemblant au Miltonia, un peu plus verte qu’on ne le voit d'ordinaire
dans cette famille; le Saccolabium quttatum splendens, au large feuillage:
et aux fleurs des plus ornementales; le Phulaenopsis Luddeman-
niana etc. M. Parker, de Tooting, avait de son côté exposé quelques
espèces, dont la meilleure était le Saccolabium ampullaceum et un
superbe Aerides virens.
Sarraäcenia. — M. Baines y contribuait, selon son habitude, par
de bons spécimens comprenant le Prummundi alba et rubra, flava,
variolaris, purpurea, rubro-nervia, et d’autres innommées. M. Williams
occupe le deuxième rang avec quelques sortes choisies, mais non d’aussi
grands spécimens que ceux de M. Baines, J. Veitch et fils méritérent
un certificat de première classe pour le Vepenthes hybrida maculata,
une belle forme naine.
Palmiers. — M. Fairbairn, jardinier du Duc de Northumberland,
et MM. Veitch en présentèrent deux bonnes collections. Nous ferons
mention du Cocos nucifera, Latania borbonica et Jenkinsiana, du Phœnix
farinifera, du Seaforthia robusta, du Ceroxylon andicola, Corypha
australis, Thrinax eleqans, Chamærops humilis et excelsa, et Steven-
sonia grandiflora. MM. Williams, Jackson et Bull, exposèrent aussi des
groupes intéressants de ces plantes à feuillage magnifique, de même que
M. Young, jardinier chez R. Barclay, Esq., qui exhiba un superbe
spécimen de Phœnix dactylifera.
Cycadées. — Il y en avait des collections riches et intéressantes,
dont la meilleure venait de M. Amb. Verschaffelt, de Gand, et ren-
fermait le Zamia Verschaffeltii, Z. cycadæ/olia, de Port Natal, et
Z. Caffra, offrant un charmant stype de 15 pouces de diamètre et
4 pieds environ de hauteur. À M. Yates appartenaient les Zamia mu-
ricata, Z. Caffra et Cycas revolula. M. Willians avait le Dion edule,
Zamia pungens et Cycas revoluta. M. Bull, le Cycas plumosa d’Aus-
tralie et le C. Riuminiana, nouvelle espèce des Philippines.
Pandanées. — MM. Veitch montrèrent des exemplaires superbes
du P. javanicus variegatus, P. elegantissimus et P. ornatus. MM. Wil-
liams fournirent P. utilis, P. reflexus et Freycinetia imbricata. De
MM. Jackson et M. Bull venaient les P. furcatus, P. glaucescens, P. ele-
gantissimus, P. imbricatus, P. javanicus variegatus et P. Candelabra.
Un individu admirable du P. elegantissimus fut envoyé par M. Young,
jardinier de R. Barclay, Esq. Highgate ; un autre du P. juvanicus varie-
gatus de M. Donald, jardinier de J. G. Barclay, Esq., Leyton; et un
troisième du P. utilis de MM. Veitch. M. Linden, directeur du jardin
— 299 —
royal de zoologie et d’horticulture de Bruxelles, y avait envoyé ce qui
est réellement le véritable P. elegantissimus, espèce tout à fait différente
de celle qu’on désigne ordinairement sous ce nom.
Fougères. — Les plus remarquables d’entre elles étaient de magni-
fiques spécimens de Dicksonia antarctica et Cyathea dealbata et medul-
laris, de M. Williams, superintendant des jardins de Crystal-Palace ; ils
mesuraient 25 pieds de hauteur et offraient des cimes largement déployées,
qui faisaient l'admiration des visiteurs. M. Williams, d'Holloway, avait
exposé une collection de 12 espèces, pour laquelle un premier prix lui
fut, à bon droit, octroyé. Elle se composait d’un Platycerium grande,
Dicksonia antarctica, Cibolium Schiedei et princeps, Gleichenia semi-
veslita, microphylla et flabellata; du Woodwardia radicans, Cyaihea
dealbata, du superbe £omaria gibba et Todea africana. À M. Bull
appartenaient les Todea pellucida, Dicksonia antarctica et squarrosu,
Cibotiuin princeps, Cyathea dealbata, Gleichenta semivestita, Marattia
elegans etc., ete. M. Baines, jardinier de IH. Micholls, Esq., avait comme
apport le Dicksonia antarctica, Alsophila excelsa, Cyathea medullaris,
Cibotium princeps, Gleichenia flabellata, Davallia bullata et tenurfoliu,
Pteris scaberula, Platycerium grande, Cheilanthes elegans, Asplenium
fœniculaceum et Davallia pyxidata, tous en parfait état. Il nous reste
à mentionner des collections des autres amateurs qui prirent part à ce
concours, le Cyathea Cooperi et boconensis, le Todea africana, le
Blechnum corcovadense et australe, le Thamnopteris australasicu,
l’Alsophila Miquel, l’Asplenium bulbiferum et Veitchianui, V'Adian-
tum cuneatum, le Polypodium aureum, le Pteris cretica albo-lineaia,
le Platycerium alcicorne, le Drynaria morbillosa, le Marattia cicutæ-
fofra, le charmant Leptopteris superba et d’autres. Au nombre des variétés
nouvelles MM. Backhouse, d’York, avaient placé l’Asplenium anisophyl-
lum de Natal; l'A. ressectum, de l’ile Maurice ; le Gleichenia cryplocarpa
du Chili, le Trichomanes foeniculaceum de Java, ete. MM. Veitch pré-
sentérent le Davallia alpina de Bornéo, le Lomaria ciliata et P’Asple-
nium novæ caledoniæ, tous les deux de la Nouvelle Calédonie, et un Cheï-
lanthes du Pérou. M. Williams apporta pour son tribut le Polystichum
ordinalum, le Lomaria rigida, un Gleichenia, Alsophila, Cyathea et
Adiantum. Dans la catégorie des Fougères rustiques, MM. {very venaient
avec une vaste collection, dont une partie était placée dans les crevasses
et anfractuosités des Rockworks qu’elles décoraient admirablement.
De ce nombre il y avait deux douzaines des meilleures sortes et les
mieux choisies d’Athyrium, une demi douzaine de Lastrea, environ
une douzaine de variétés de Polystichum, Blechnum Spicant crispum,
Strulhiopteris germanica et deux charmantes variétés de Scolopendrium.
M. Salter, d’Hammersmith, M. Wilson, jardinier de W. Marshall, Esq.,
et d’autres s'étaient aussi présentés avec des collections intéressantes.
— 900 —
Comme Fougères rustiques nouvelles, MM. Ivery offraient le Lastrea Fi-
hix-mas Ingram, admirable et robuste ; le Polystichum angulare atte-
nualo-cristalum, variété délicate et gracieuse ornée d’une crête légère ;
l'Asplenium Trichomanes Maulei, petite, mais très-jolie; PAthyrium
Filix-fœmina lanceolatum, variété à feuilles coniques parfaitement dé-
coupées ; l’A. f. f. formosum cristatum terminée en crête superbe; et
l'A. f. f. pterophorum variété également méritante. Nous citerons enfin
une corbeille gracieuse de l'A. f. f. A pplebyanum. Au concours de 6 fou-
géres nouvelles de serres, MM. Backhouse furent le premier avec l’Asple-
nium anisophyllum, le Gleichenia cryptocarpa, l'Asplenium resec-
tum, le Trichomanes fœniculaceum, l'Asplenium alternans : et le
Lindsæa sp.
Les meilleures des douze Lycopodiacées des différents contingents
étaient les Selaginella Danielsiana, erythropus, denticulata, umbrosa,
cæsia, stolonifera, Willdenowi, variabilis, apoda, Martensii, cuspidata,
inaequalifolia, caulescens, umbrosa, dichrous et Galeottiana. Parmi les
horticulteurs, MM. Veitch avaient un lot unique comprenant le Lyco-
podium formosum, nouvelle espèce de l'ile Salomon, complètement
distincte des spécimens existants, empruntant plutôt le caractère d’un
Conifère nain et à feuillage retombant gracieusement; les S. rubricaule,
japonica variegata, très-jolie variété; le Martensii variegata et le
superbe japonica. D’autres furent cncore exposées, mais Ctaient beau-
coup plus communes.
Quant aux Aroïdées, MM. James Veitch et fils remportérent de nou-
veaux succès avec les Dieffenbachia Baraquiniana, Alocasia Veitchü,
zebrina, macrorhiza variegata et longiloba, et l’Aglaonema commuta-
tum variegatum. M. Williams avait également un assortiment recherché.
Les premiers avaient un lot splendide de Maramtacées comprenant le
Veitchit, zebrina, vitlata, splendida, Vanden Heckei, fasciat a, Jageriana
et tubispathu. M®° Legrelle d’'Hanis avait également exposé un charmant
lot, qui comptait entre autres le Phrynium maculatum, Vanden Hecker,
et quelques autres. Les Araliacées de Mr. Veitch étaient trés-belles
et représentaient le Sieboldii, papyrifera, V'Oreopanax dactylhiferum,
le peltatum et le platanifolium, ainsi qu’une nouvelle espèce de Scrado-
phyllum. M. Williams possédait également un lot remarquable. M. Cullen,
jardinier de Wentworth Buller, Esq., avait dans son contingent, quelques
Orchidées et un bel Amaryllis, qui n’était pas dénommé. Quelques
Nepenthes bien cultivés de MM. Veitch étaient groupés près des Ara-
liacées et consistaient en Rafflesiana, Hookeri, très-belle sorte forte-
ment colorée; Dominiana ; le beau laevis et une autre innommée mais
caractéristique, ressemblant plus parfaitement à une amphore que la
plupart des autres. MM. J. et C. Lee avaient une belle collection d’A ucuba.
couverts de beaux fruits, dont le cachet décoratif montrait ce qu’ils pour-
raient être par une culture étendue.
UT 2e
Cactées mammilliformes. — M. Charles Pfersdorff en envoya
des caisses pleines et une autre petite collection. De ce nombre étaient
l’Echinopsis Eyresti, portant de nombreuses fleurs assez grandes d’un
rose pâle ; l’Echinocactus Cumminghii, orné de petites fleurs orange;
l’'Echinocereus inulticostatus, avec de belles fleurs doubles; des Mam-
millaria de différentes sortes prêts à s'ouvrir; un petit spécimen de
Cactus senilis (Old men Cactus) et d’autres encore.
Taxacées rustiques. — MM. Veitch en possédaient un contingent
superbe qui remporta à bon droit le premier prix. MM. Waterer et
Godfrey et M. Wm. Paul participèrent également à ce concours. On
remarquait dans ces collections le Taxus japonica, charmante plante d’un
vert foncé; le Cephalotaxus drupacea et le C. Fortuner, tous les deux
touffus et remarquables ; le Taxus fastigiata, en forme de pyramide;
lArthrotaxus selaginoides de Tasmanie, le Taxus adpressa d’un vert
foncé; le Podocarpus andina, le petit Taxus ericoides et d’autres.
MM. Paul Lee et fils, et Standish avaient également concouru dans cette
classe.
Conifères rustiques (les Taxacées exceptées). — La meilleure
collection appartenait à MM. Veitch et la seconde sous le rapport du
mérite avait été envoyée par MM. Waterer et Godfrey. Ces groupes con-
tenaient toutes les plus belles espèces de Picea et Abies, y compris l'A.
Kœmpferi et la variété glauque du P. nobilis, appelée magnifica cæru-
lea ; le magnifique P. lasiocurpa, différentes espèces de Pin, des Deodora,
le superbe Cupressus Lamwsoniuna, le Wellinglonia gigantea, des Juni-
perus, Thuja, et de charmants exemplaires de Retinospora obtusa,
pisifera, lycopodioides et filiformis ; de plus le Thujopsis dolabrata et
borealis. MM. Lee et Jackman avaient exposé de petits groupes de Coni-
féres. Le groupe de ces derniers formait un fond approprié à la masse
des rocailles artificielles disposés avec goût près de l’entrée principale.
Il se composait de Picea Nordmanniana ct Pinsapo, de 4h 6 pieds de
hauteur, et autant à peu près en diamètre; du Wellingtonia gigantea, de
forme parfaite, huit pieds de hauteur, et une plante extraordinairement
compacte de Thuja gigantea, haute de huit pieds, s’élevant majestueuse-
ment au-dessus du rocher; en outre le gracieux arbre de la Californic,
Cupressus Lawsoniana; V’Abies orientalis, le Juniperus sphærica,
le Deodora et le Thujopsis borealis. M. W. Paul, MM. Paul et fils,
Standish et Turner avaient aussi exposé des Conifères rustiques. Quant
aux Conifères d’Orangerie, M. Bull fournit l’Araucaria Bidwilli,
excelsa, Cunninghami et sa variété glauque Cookü, brasiliensis et le
Libocedrus Doniana.
— 502 —
Caladium. — Ils étaient bien représentés: Troubetskoi, picturatum,
Belleymii, argyriles, bicolor magnificum et splendens et l’ancien
Chantini; et comme nouvelles sortes, le D° Lindley, Napoléon ILE et
Reine Victoria étaient les meilleures.
Anthuriue. — Nous retrouvons encore ici MM. Veitch et fils et
M. Williams, occupant l’ordre dans lequel nous venons de les nommer
et possédant tous de bons Anthurium Scherzerianum ; le magnificum
était aussi intéressant, de même que l’acaule de M. Williams, avec son
inflorescence ressemblant à un concombre.
Les Begonia formaient un groupe choisi, quoique une grande uni-
formité caractérisait les contingents. Les plus importants étaient Helène
Uhder, Victor Lemoine, Président vanden Hecke ct Cloth of silver.
Les Begonias cn fleurs n’offraicnt pas une exhibition remarquable et
ne peuvent être tolérés que comme plantes de fenêtre dans les rues
populeuses d’une cité; sous la même tente M. Watson avait exposé
douze frêles Fougères sous un abri en verre; et de l’autre côté, M. Bull
montrait son étrange Radis, d’une croissance aussi vigoureuse que le
Radis commun, puis le Pitcairnea tabulæformis, dont le feuillage
ressemble à un Sedum, avec une inflorescence sessile d’un orange
écarlate. A côté venaient le Brownea grandiceps avec son étrange tige
pendante et son feuillage superbe, le remarquable Cycas plumosa,
le Bignonia argyræa violascens admirablement marbré et d’une belle
croissance, dans son jeune âge; le curieux Dioscoreu Anœæctochilus, à
feuilles cordées-acuminées.
Rhododendron. — M. Standish, d’Ascot, et M. Noble de Bagschot,
avaient exposé de belles collections. La dernière, qui renfermait quel-
ques semis d'avenir, n’entrait pas en concurrence. MM. Lane et fils
avaient un groupe nombreux de petites plantes en fleurs remarquables,
qui donnaient de la vie et du charme à un joli banc incliné adossé à l’un
des côtés d’un rockwork, tandis que l’autre côté était occupé par un lot
de plantes semblables provenant de M. Jackman, de Woking. Nous ne
devons pas passer sous silence quelques Rhododendrons en arbres.
Ericas du Cap. — Il y en avait quelques belles collections, qui
toutes prouvaient la perfection non-seulement au point de vue des
variétés mais encore sous le rapport de la culture. Parmi les hybrides,
comme celles de l’aristata, il y avait de charmantes choses, et le Spence-
riana, quoique peu nouveau, est encore une belle addition à ce groupe
ligneux. Quant à la culture, la collection qui remporta le 1°° prix, était
ce que l’on pouvait désirer de mieux; et d’autres encore étaient extré-
mement satisfaisantes.
NEA NE
Yucca, Beaucarnean et Basylirion. — Les meilleures collections
appartenaient à MM. Williams, J. Verschaffelt, W. B. Kellock, Esq., de
Stamford Hill, et Bull. Les plus beaux des Yucca étaient le quadricolor,
l'espèce commune panachée à feuilles d’Aloes et le Stokesti ; les Beaucar-
nea glauca et recurvata sont de belles espèces, et au nombre des Dasy-
lirion nous citerons l’acrotrichum et sa variété à feuilles courtes,
Hartwegii, les serratum, latifolium et longifolium.
Dracœna et Cordyline. - MM. Veitch, Williams et Jackson en
avaient fourni de beaux contingents, au nombre desquels il y avait quel-
ques riches spécimens du Dracœæna Draco, dont le port et la hauteur
semblent merveilleux aux personnes peu accoutumées à ce type de végé-
tation; en outre de beaux exemplaires de Dracæna indivisa, nigricans,
Cooperi et d’autres espèces à feuillage rouge. Les Cordyline les plus
remarquables étaient l’indivisa, australis et heliconifolia, celui-ci à
feuille vert foncé.
Le Lilécmm auraéum de M. Turner, de Slough, était remarquable
par sa floraison. MM. Veitch obtinrent, pour leur lot, le 2% prix et
MR Parker, le 3°: M. Turner avait, en outre, 6 Lilium différents,
entre autres l’auratum, fulgidum, Brownit, etc. Les Bougainvillea
étaient également bien cultivés dans de petits pots.
Agaves. — Ils étaient en nombre considérable et quoique leurs for-
mes raides et bizarres ne s’associassent pas bien avec les plantes fleuries
et gracieuses qui les entouraient, ils n'étaient pas toutefois sans produire
de l’effet au voisinage da rockwork et attiraient beaucoup d’admirateurs.
Au concours de 24 variétés, M. J. Verschaffelt remporta le 4° prix.
Les pius remarquables se trouvaient être les variétés Verschaffelti,
à feuilles vertes de forme parfaite ; le Jacobiana, au large feuillage vert;
l’Ousselghemiana, belle sorte également; le fiifera et Noacki, espèce
à feuillage panaché. M. Williams, d’Holloway, venait avec les schidigera,
filifera et sa variété à longues feuilles ; Ia variété panachée de
l'Amérique; le medio-picta, à feuilles striées de jaune dans leur milieu,
au lieu d’être bordées de cette couleur comme dans l’Aloe americana;
l’excelsa, à feuilles épineuses ; le picta-longifolia, à longues feuilles
bordées de jaune; et le dealbata, à long feuillage étroit, d’un vert
glauque pâle. M. Charles Pfersdorff, de Paris, avait aussi exposé une
collection et de plus petits groupes appartenaient à M. Kellock, A. Ver-
schaffelt, Young, jardinier de A. Barclay, Esq.
Il y avait un riche assemblage d’Amarvyllis, et M. Veitch en montrait
un splendide assortiment de 12 variétés, renfermant les Fair Helen,
Stephenson, Belladonna, Anderson ((dans le genre de l’Ackermanni),
Madame Rachel, Souvenir d’un ami (forme délicate), Prince héréditaire,
Queen of the Netherlands (magnifique variété au brillant coloris), l'£n-
— 504 —
fant chéri, Goliath (dans le genre de Cléopatra), Goldsmith et Pan-
théon, très-belles formes. M. Williams était 2°, avec grandis (un beau
brun), exquisita, robustum , Cleopatra, Quartermaster (bon rouge et
blanc), Williamsii (irès-beau rouge), Halfordii, Favourite (pas tout à
fait aussi belle), Ackermanni pulcherrima, Evening Star, et Princess
Helena (d’un beau cramoisi foncé). M. Parker obtint le 3° prix. Les
plantes qui différaient des précédentes étaient delicata, Johnsont ,
psittacina, vittata amabilis, Mathilda splendens, vittata et Sultan. ! Cet
exposant avait aussi une plante admirablement fleurie du Clerodendron
Balfourii.
Azaléa. — Ce concours excita une grande rivalité entre M. Turner,
de Slough, et MM. Veitch, de Chelsea, qui exposèrent l’un et l’autre
de magnifiques plantes, véritables montagnes de fleurs; ces pieds
mesuraient sept à huit pieds de hauteur et à peu près autant en
diamètre à la base. Le 1" prix fut décerné à M. Turner, pour des
individus de variegata, illustris nova, Iveryana, Perryana, sir Charles
Napier, criterion, Barclyana et Chelsoni. MM. Veitch avaient dans leur
lot Criterion, Chelsoni, Trotteriana, Cedo nulli, magnificens, Extrani,
Carnea superba et Juliana. M. Turner exposa un riche spécimen de
Etoile de Gand; MM. Veitch avaient de leur côté une superbe espèce
rouge, le Président; et M. Carson l’ancienne variété jaune de la Chine,
dont les belles plantes sont rares pour le moment. Il y avait encore
dans d’autres collections des variétés excellentes dont les noms nous
sont familiers. Enfin M. Lane avait exposé un fort et beau contingent
de petites plantes pyramidales bien fleuries.
Roses. — M. Turner et M. W. Paul en avaient envoyé de char-
mantes collections, pour lesquelles ils remportèrent les prix dans
l’ordre que nous venons de les citer. Dans les deux lots, mais surtout
dans le premier, l'éclat et la beauté des plantes captivaient aussitôt
les regards. On y remarquait Madame de St. Joseph, Victor Verdier,
Souvenir de Malmaison, Vicomte Vigier, Souvenir d’un ami, Général
Jacqueminot, Madame Bull, Madame Damazin, Anna Alexieff, Baronne
Prévost, Charles Lawson, Paul Ricaut, et d’autres bien connues.
MM. Francis, Lane et Paul et fils exposèrent aussi de beaux contin-
gents, de même que M. Terry, jardinier de A. G. Puller, Esq.;
M. Chalmers, jardinier de E. J. Coleman, Esq.; et M. Young, de
Highgate. Quant aux Roses nouvelles, M. W. Paul et MM. Paul et fils,
MM. Lane et Turner en avaient de petites collections. M. Turner possé-
dait la Comtesse de Chabrillant, spécimen tout particulier et d’une cul-
ture excellente; M. W. Paul, Président; M. Lane, Chenedolé, MM. Paul
et fils, Laelia, et M. Francis, Souvenir d’un ami. Il y avait en outre
plusieurs collections intéressantes de Rosiers, cultivés dans des pots
305 —-
de huit pouces, de même que des corbeilles de fleurs coupées. Parmi
ces dernières, on remarquait de brillantes productions de la Rose Thé
jaune, le Maréchal Niel, qui excitaient à bon droit l'admiration de tous
les visiteurs. Elles appartenaient à M. Mitchell, de Piltdown, Maresfield,
Sussex. Une ou deux collections seulement de Rosiers en tête figuraient
à l'exposition. |
Hlex. — De nombreuses collections ont été envoyées par MM. Veitch,
Waterer et Godfrey, Lee, Osborn, W. Paul et d’autres. Nous citerons
de ce nombre l’Ilex cornuta, au feuillage singulièrement composé;
I. aquifolium Hodginsii, une des meilleures variétés à feuilles d’un
vert sombre ; Shepherdi, belle espèce foncée ; et des variétés panachées
de toute sorte, parmi lesquelles celles appelées Milkmaid (striées
d’or et d'argent) ne sont pas les moins attrayantes. Il y avait aussi
de bons individus des variétés d’ Hedgehog.
(La suite à la prochaine livraison.)
ARBORICULTURE.
UNE VISITE AUX ARBRES GÉANTS (1).
(Sequoia gigantea).
Nous étions à San-Francisco, la ville d’or de la Californie, le paradis
des Américains du Nord, et nous avions là bien des choses curieuses à voir :
les mines d’or et d'argent, d’où l’on extrait journellement des centaines
de tonnes de quartz et des millions de dollars ; les mines de cinabre de
New-Almadin, qui fournissent du mercure au monde entier; Yo-Semite,
la charmante vallée située dans les montagnes de la Sierra-Nevada et
arrosée par une rivière qui, tombant d’une hauteur de 2,700 pieds,
forme le Voile de la mariée, la plus haute cascade du monde.
Il y avait des geysers et des grottes merveilleuses, les îles des lions de
mers et les arbres Mammouth; dans le port, une flotte russe ; au muséum
le squelette vivant ; au théâtre, je ne sais plus quelle exhibition. Cette
abondance de curiosités ne nous laissait que l’embarras du choix. Après
müre délibération, nous nous décidâmes à visiter le bois des arbres
(1) Ces renseignements racontés par un témoin oculaire seront lus avec intérêt.
Nous les avons empruntés à la Revue britannique qui les avait traduits du Blackwood’s
Edinburg Magazine.
21
— 306 —
géants, dans le comté de Calaveras, à 150 milles environ de San-Fran-
cisco, sur le versant occidental de la Sierra-Nevada. En conséquence,
nous primes passage, un beau soir, à bord de la Cornélie, pour re-
monter le San-Joaquin, — un étroit et bourbeux tributaire du Sacra-
mento, — qui coule en serpentant au milieu d’un vaste delta semé de
marécages.
Les grands roseaux qui bordent cet insensible courant étaient en
feu sur une étendue de plusieurs milles, de sorte que nous voguâmes
toute la nuit au milieu d’une immense mer de flamme et. de fumée.
Arrivés à Stockton à huit heures du matin, nous primes la diligence
pour Colombie, distante encore de 90 milles, d’où il devait nous rester
15 milles à parcourir pour arriver à la vallée des grands arbres. La
première partie de la route traverse une large et riche vallée presque
entièrement cultivée, dont les chaumes restés debout accusent une
fertilité inconnue à l’ancien monde. Le sol est si généreux, que, une
fois ensemencé, il produit deux années de suite sans nouveau travail
d'homme; le grain tombé pendant la moisson suffirait à donner une
seconde récolte aussi abondante que la première. Quoique nous fussions
en plein hiver, le temps était splendide et doux comme au mois de
mai. Les Lauriers-roses et les Héliotropes fleurissaient dans les jardins,
et l’on cueillait des fraises müres sur des coteaux chauffés par le soleil.
Vers le soir, nous commencämes à gravir Îles premiers échelons de
la Sierra-Nevada, contrée non moins fertile que la vallée de Stockton.
On rencontre là des traces encore fraiches des travaux exécutés dans
l’ancien placer : d’immenses excavations, des aqueducs de bois con-
struits pour faire écouler l’eau. Çà et là, des amas de granit et de
quartz extraits par les mineurs rappellent les courants d’eau qui rem-
plissaient ces lits aujourd’hui mis à sec, entraînant avec eux le gra-
vier d’or, objet de tant de convoitise. A l’entrée de la nuit, nous traver-
sämes la ville de Sonora; puis un trajet de six milles nous rendit
à Colombie, où nous passiämes la nuit dans un méchant hôtel tenu
par un Gallois, nommé Morgan.
Comme la diligence n’allait pas plus loin, nous louâmes une voiture
qui nous conduisit à Murphy, à travers une contrée pittoresque et
boisée, où croissent les pins de diverses espèces, les arbousiers, les
jasmins blancs et les chênes verts aux branches chargées de gui. La
route montait en tournant sur les pentes de la Sierra. Nous arrivämes
bientôt à la vallée des grands arbres, située à 4,000 pieds au-dessus de
la mer. Le temps était toujours magnifique et le ciel sans nuage; mais,
à cette hauteur, l’air du soir était très-vif, et un léger tapis de neige
couvrait la terre. Après avoir roulé quelque temps dans une forêt de
pins d’une superbe venue, nous arrivämes près de l’hôtel. Nous aper-
cûmes alors, à 100 toises environ en avant de sa facade, deux des
arbres géants.
— 307 —
Ces deux arbres, appelés les Sentinelles, quoiqu’ils ne soient certai-
nement pas les plus beaux, sont d’une grandeur et d’une magnificence
qui frappent de stupeur l'étranger appelé pour la première fois à les
contempler. Leur taille dépasse 300 pieds, et leur diamètre est de
20 pieds environ.
À Murphy, où nous avions diné, nous apprimes que l’hôtel situé au
bois des arbres géants était fermé pour l'hiver; mais, comme cet éta-
blissement appartient au propriétaire de lhôtel à Murphy, celui-ci
consentit gracieusement à nous accompagner, et nous l’amenämes dans
notre voiture. Le soleil se couchait au moment de notre arrivée. Pendant
qu'on préparait notre souper, nous fûmes voir les sentinelles et le
Gros-Arbre, qu’on appelle ainsi je ne sais pourquoi; car il y en a encore
de plus gigantesques. Celui-ci n'est plus debout; son immense tronc
oit mutilé sur le sol. E fut abattu il y a quelques années, nous a-t-on dit,
pour fabriquer des cannes, que s’arrachaient les amateurs de curiosités.
Cette exécution ne fut pas une petite affaire, cinq hommes y travaillèérent
vingt-cinq jours. Il ne fallait pas songer à le couper avec des cognées.
On commenca pas faire des trous dans le bois avec des tarières, puis on
scia les interstices ; mais le tronc quoique entièrement détaché, restait
toujours ferme sur sa base. On fut obligé de le soulever avec des coins
de fer et de le battre avec un bélier pour le renverser. Le troncon resté
en terre mesure 90 pieds à sa base. La surface, soigneusement polie, a
25 pieds de diamètre, sans compter l'écorce, qui a 3 pieds d’épaisseur
à elle seule. Sur le sommet de ce troncon on a construit une maison de
bois, qu’on appelle la Salle de bal, et ce n’est certes pas une petite salle
de bal qu’une pièce circulaire de 90 pieds en circonférence. On y forme
aisément quatre quadrilles à la fois; on y joue même quelquefois la
comédie. Près de là se trouve une section du tronc. Si l’on veut avoir
une idée de sa grosseur, nous dirons que l’auteur de cette description,
un homme de cinq picds six pouces, pouvait à peine en toucher le centre
en se dressant sur la pointe des pieds; ceci du côté de l'extrémité la plus
petite ; car, du côté de l’autre, il n’arrivait pas au tiers du diamètre. Le
reste du tronc abattu, trois cents pieds de long à peu près, a été façonné
de maniëre à ressembler à une grande terrasse entre deux allées de
verdure. Tout le bois de cet arbre phénoménal est estimé à 500,000
pieds cubes ; quant à son âge, on calcule, d’après les anneaux concentri-
ques de la tige, qu’il n’avait pas moins de trois mille ans.
La nuit vint interrompre notre admiration. Nous rentrâmes à l’hôtel,
et, après le souper, notre hôte nous fit l'historique des arbres géants.
Les arbres géants étaient encore inconnus en 1850, lorsqu'un
M. Dowel, en poursuivant un troupeau de daims, fut amené par les
hasards de la chasse dans la vallée qui fait aujourd’hui l’admiration des
voyageurs des deux mondes. Le chasseur s'arrêta pétrifié: ainsi que
Gulliver, perdu dans le champ d'orge de Brobdignag, il regarda, avec
— 9508 —
une surprise voisine de leffroi, cette végétation monstrueuse. Au retour
de son excursion, il raconta ce qu’il avait vu ; mais personne ne voulut y
croire, et ce fut à grand peine qu’il parvint à amener sur les lieux les
moins incrédules, qui constatèrent la vérité de ses assertions.
La découverte de ces arbres, nommés Washingtonia giganteu par les
Américains, par les Anglais Wellingtonia gigantea, a singulièrement
embarrassé les botanistes. D’aucuns ont cru y voir une variété du Cèdre,
avec lequel ils ont réellement beaucoup de rapport; quelques autres
les classent dans la famille des Taxodiées.
La semence en a été exportée en divers pays, notamment en Angle-
terre, où plus d’une pelouse est ornée de jeunes Wellingtonias. Partout
où ils ont été plantés, les nouveaux arbres viennent admirablement. Il
parait donc étrange que leur production ait été limitée par la nature à
deux étroites vallées, qui n’ont chacune qu’une cinquantaine de milles
d’étendue. C’est pourtant un fait certain : à part les sujets nouvellement
plantés, aucun arbre de cette espèce n'existe en dehors des vallées de
Calaveras et de Maripos. Ils sont restés cachés dans ce petit coin de terre
pendant des centaines, peut-être des milliers d'années, jusqu’au jour où
ils ont été découvert comme nous l'avons rapporté.
Le lendemain matin, par une belle gelée, nous revinmes à notre
contemplation, et, après le déjeuner, nous passâmes plusieurs heures
au milieu de ces merveilles, qui nous auraient paru un conte de fées
si nous ne les avions vues de nos propres yeux. Il y a là une centaine
de Wellingtonias de tout âge et de toute grandeur, entremèêlés de pins,
d’ifs et d’arbustes de toute espèce, le tout couvrant une surface de
50 acres environ. Les jeunes arbres sont remarquablement beaux et
gracieux, mais les plus âgés se dessèchent un peu à leur sommet : leurs
énormes troncs sont unis et sans branches jusqu’à une hauteur de
100 ou 150 pieds.
Rien ne peut exprimer l'effet de ces puissantes colonnes élevant vers
les cieux leur superbe couronnement ; quelques-unes, creusées par le
temps et dans les cavités desquelles une compagnie pourrait presque
s’abriter, la plupart massives, inébranlables ; monuments de cet âge
titanique où le globe était peuplé de géants. Les grands pins de 300 pieds
de haut et de 10 ou 12 pieds de diamètre, rois des forêts partout
ailleurs, ressemblent ici à des nains. Pour nous, humbles pygmées,
nous nous attendions à chaque instant à voir sortir de ces étranges
futaies le mammouth et le mastodonte faisant trembler le sol sous leurs
pas, ou le ptérodactyle fendant l’air de ses ailes colossales. Nous vimes
là, tristement desséchée, la Mère de la forêt, 327 pieds de haut, 76 de
circonférence sans l'écorce, car cette gigantesque enveloppe a été enlevée
et transportée au Palais de Cristal de Sydenham. L’échafaudage qui a
servi à cette opération est encore debout autour du tronc dénudé.
Ainsi, les deux plus beaux arbres de cette forêt, unique au monde, ont
4
À
— 509 —
été sacrifiés à une curiosité mal entendue. Il y en a un troisième,
encore plus beau, qui n’existe plus, formidable ruine à moitié enfouie
dans la terre. Il est probable qu’il fut détruit par un incendie qui pa-
rait avoir ravagé le bois à une époque indéterminée, car plusieurs arbres
portent l'empreinte du feu. Celui-ci s’est brülé à l’intérieur de manière
à former un tunnel de 200 pieds de long, dans lequel nous nous som-
mes promenés avec nos chapeaux sur la tête. Terrible et meurtrière
dut être la chute du Père de la forêt; que de victimes n’aura-t-il pas
faites autour de lui! Lorsqu'il était debout, il se divisait, à 200 pieds
de sa base, en une immense fourche. Il ne reste plus rien de cette
partie supérieure; mais on suppose, d’après les proportions des autres
arbres, qu’il n’avait pas moins de 455 pieds, plus de deux fois la hau-
teur du monument, 95 pieds de plus que la grande cheminée de
Saltaire, et 30 pieds de plus que la croix qui couronne le dôme de
Saint-Paul.
Le sol était jonché de cônes tombés des Wellingtonias. Nous en ra-
massämes une grande quantité; puis, lassés d’admiration, nous reparti-
mes pour San Franseisco.
NOTICE SUR LA POIRE FONDANTE DU COMICE.
Représentée planche XVI.
Le spécimen que nous avons sous les yeux mesure 0",09 en hau-
teur, sur 0,07 à 0®,08 de diamètre. Sa forme est ovoïde, pyramidale.
Le pédoncule, long de 0,02 à 0",05, est inséré quelque peu latérale-
ment. La peau est jaune-verdâtre, pointillée de vert-brun; une nuance
orangée colore le fruit du côté du soleil. L’ombilie est situé dans une
dépression régulière et peu profonde. La chair est cassante, sans sable ;
l’eau abondante est sucrée; la saveur n’a rien du beurré.
Les fruits que nous avons à notre disposition proviennent des pé-
piniéres de M. Galopin. Leur maturité s’est accomplie, en 1865, à la
fin de septembre.
La figure que nous en donnons est peinte d’après nature ; elle accuse
des proportions plus considérables que celles qui lui sont attribuées
par les Annales de pomologie (t. VII, p. 25) et surtout par Le Verger
de M. Mas (t. III, p. 9). Cependant la forme générale est la même.
Le pointillé de la peau est sur notre échantillon plus fin et plus ré-
gulier.
M. Bivort (loc. cit.) nous apprend que cette variété décrite en 1853
dans la Pomologie de Maine-et-Loire, a fructifié pour la première fois
— 910 —
en 1849 dans le jardin du Comice horticole d'Angers, par suite de
semis surveillés par M. Millet, son président. Les fruits, récoltés dans
le jardin de M. Royer, à Namur, ayant été soumis en 1857 à l’appré-
ciation de la Commission royale de pomologie, celle-ci a pu s'assurer
que la qualité de la Fondante du Comice ne s'était pas amoindrie en
Belgique, et partant en recommander la culture. Il ajoute, enfin , que
c’est un fruit de première qualité qui mürit de la fin d'octobre à la
mi-noyvembre.
Suivant M. Mas, l'arbre est de végétation moyenne sur Cognassier ;
il reste sain sur ce sujet, mais sa croissance est assez lente pour ne pas
exiger de grandes formes. La disposition en pyramide lui convient.
Taille courte et pincements modérés. Variété à propager, ajoute M. Mas;
sa fertilité est soutenue et son fruit de première qualité. Le carac-
tère saillant de l'arbre est la teinte vert intense du feuillage et les
feuilles souvent ondulées. La chair est blanche, fine, bien fondante,
très-abondante en eau doucement sucrée, suffisamment relevée, très-
agréable.
LA TAILLE DES ARBRES EN UNE LECON,
par M. E. AnDRé À Paris p’apRÈSs M. LANJOULET DE TOULOUSE.
(Suite à la page 255.)
Arbres non soumis à la taille,
4er loi. —— L'arbre jeune, bien constitué et livré à lui-même, ne donne
d’abord que du bois. Après cette première période de végétation, l’ex-
tension de la charpente se ralentit graduellement, et la mise à fruit
s'établit d'elle-même.
9e Joi. — L'abondance de la sève favorise la production du bois au
préjudice du fruit. Le défaut d’abondance de la sève favorise, au
contraire, la production du fruit au préjudice de la production
du bois.
5e loi. — Dans les arbres bien constitués, qui n'ont pas atteint
l'âge de décrépitude, la séve se porte avec beaucoup plus d’affluence
vers les extrémités de la tige et des branches que vers les parties
inférieures.
4e loi. — Les branches qui ont une direction verticale poussent avec
plus de force que les branches inclinées, et plus linclinaison est
— 511 —
grande, plus la pousse, c’est-à-dire le prolongement annuel des bran-
ches, est faible.
5e loi. — Les branches, en général peu vigoureuses dans une di-
rection rapprochée de la ligne horizontale, reprennent un peu de force
quand leur extrémité se redresse dans la direction verticale.
6° loi. -- Les branches également inclinées poussent avec plus de
force quand elles décrivent une ligne droite que quand elles décri-
vent des lignes sinueuses.
7° loi. — Les branches placées dans des conditions égales de vé-
gétation poussent avec d'autant plus de force qu’elles ont plus de
feuilles.
8° loi. -- Les branches poussent avee d’autant plus de rapidité et
de force qu’elles sont plus exposées à l'air et à la lumière.
9e loi. — La grosseur de l’empatement de la branche, c’est-à-dire de
son point d'attache, indique son degré d’aptitude à grossir et décèle
ainsi d'avance son futur degré de force.
Arbres soumis à la taille.
En examinant avec la même attention les arbres fruitiers soumis à la
taille, on est conduit à constater les faits suivants :
10° loi. — L’œil au-dessus duquel on taille une branche de charpente
donne un bourgeon de prolongement d’autant plus fort que cet œil de
taille est plus gros, mieux constitué, mieux aoûté.
11° foi. — La taille, c’est-à-dire la suppression de l'extrémité des
branches de charpente renforce ces branches. Abandonnées sans taille à
leur libre prolongement, elles sont exposées à s’amaigrir et à devenir
languissantes.
19e loi. — Les tailles annuelles trop courtes de ia branche de char-
pente nuisent à son développement par Îes nodosités qu’elles occasionnent
et les obstacles qu’elles créent ainsi à la circulation de la sève.
15° loi. — La taille longue renforce les branches de charpente, mais
trop longue elle les affaiblit.
44° loi. — La branche pousse avec d'autant moins de force qu’elle
porte plus de fruits.
15° loi. — Le pincement et la taille en vert restreignent considérable-
ment la vigueur des branches.
16° loi. — La taille trop longue du rameau de prolongement de la
branche de charpente rend impossible, ou du moins fort difficile, l’évolu-
tion des yeux placés à la base de ce rameau.
17° loi. — Dans les branches verticales ou peu inclinées, les veux de
l'extrémité tendent à s’emporter à bois, tandis que les yeux les plus
éloignés de l’extrémité tendent à rester endormis.
18° loi. — Dans les branches de charpente très-inclinées, les bour-
— 912 —
geons de la base, c’est-à-dire les bourgeons rapprochés du point d’inser-
tion de la branche, tendent à s’emporter à bois, tandis que les bour-
geons éloignés de la base tendent à rester faibles ou latents.
19° loi. — Dans les branches qu’on ne raccourcit pas par la tailles et
qu’on dirige alternativement dans la direction verticale et dans le
direction horizontale en leur faisant décrire des lignes sinueuses,
tous les yeux se réveillent avec une facilité et une force à peu près
égales.
20° loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, le cassement ou la
taille sur rides favorise la mise à fruit des petites branches.
21° loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, les mêmes petites
branches produisent presque indéfiniment du fruit, tandis que, dans
les arbres à fruits à noyau, les petites branches à fruits deviennent vite
improductives et demandent à être remplacées.
Ces lois régissent et résument tout l’art de la taille.
Direction générale de l’arbre.
La vie de tous les arbres fruitiers se divise en deux périodes distinctes.
Une période d’infertilité et de croissance, une période de production
et de décadence.
Il y a entre la vigueur et la production une sorte d’antagonisme qui
est comme le drame de lexistence de l'arbre fruitier. La mission du
tailleur d’arbres est d’intervenir dans cette lutte et de maintenir entre
ces deux forces un équilibre favorable à la durée de l’arbre fruitier.
Beaucoup de sève donne du bois, peu de sève donne du fruit, est le
corollaire de la proposition précédente.
Traitement des grosses branches,
jre loi. — Tant que l’arbre est jeune et vigoureux, la sève se porte de
préférence à l’extrémité de la tige.
9e loi. — La sève afflue dans les branches De nes et cette influence
diminue à mesure qu’on les incline.
5e loi. — Le redressement en ligne verticale de l'extrémité d’une
branche, active la végétation de cette branche.
e loi. — La sève circule plus facilement dans une branche droite
que dans une. branche sinueuse.
Be loi. — Les branches placées dans des conditions égales de végéta-
tion poussent avec d’autant plus de force qu’elles ont plus de feuilles.
6° loi. — La sève se porte de préférence vers les branches qui sont les
plus exposées à l’air et à la lumière.
7° loi. — La quantité de sève qui passe à une branche est propor-
tionnée à la grosseur de son empâtement.
— 913 —
8° loi. — Le prolongement annuel de la branche est proportionné
à la bonne constitution de l’œil au-dessus duquel on pratique la taille.
9° loi. — Le raccourcissement annuel de la branche de charpente la
renforce, en établissant entre son diamètre et sa longueur une propor-
tion nécessaire.
10° loi. — La sève circule plus facilement dans une branche qui
recoit des tailles convenablement espacées que très-rapprochées l’une de
l'autre.
A ces principes se rattachent des moyens d’action suivants:
1° Pour renforcer les branches trop faibles :
L’avance d’âge, où pousse sans laisser de fruits:
Le redressement de la branche entière dans la direction verticale;
le redressement de l’extrémité de la branche dans la verticale ;
Le palissage ;
La conservation des feuilles par le non-pincement;
L'exposition à l’air et à la lumière.
Les incisions longitudinales de l’écorce de chaque côté de l’empâte-
ment ;
La taille au-dessus d’un œil bien constitué;
Le dédurgement ou suppression des fruits ;
La taille longue, mais modérée ;
L’entaille ou cran au-dessus de la branche.
2° Pour affaiblir les branches trop fortes :
L’inclinaison ;
Les sinuosités ;
Le pincement des bourgeons de la branche ;
La privation provisoire de lumière et d’air ;
La taille au-dessus d’un œil peu développé;
La taille courte;
Le chargement ou la greffe de boutons à fleurs ;
Le pincement du bourgeon de prolongement;
La taille en vert;
L’entaille transversale ou cran au-dessus de la branche.
Traitement des petites branches.
1° loi. — Le raccourcissement annuel de la branche de charpente
doit être calculé de manière à rendre possible l’évolution de tous les
yeux de la partie conservée.
2° loi. — L'emploi alternatif de la direction verticale et de la direc-
tion horizontale suffit pour propager l’évolution de tous les yeux que
porte une branche de charpente, sans recourir à la taille.
5° loi. — La sève affluant à l’extrémité des branches de charpente
— 914 —
peu inclinées tend à faire emporter à bois les yeux de l’extrémité et à
délaisser ceux de la base.
4° loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, le cassement ou la taille
sur rides favorise la mise à fruits des petites branches.
5e loi. — Dans les arbres à fruits à pépins, les productions frui-
tières sont stables, et peu durables dans les fruits à noyau. Conserver
les unes et remplacer les autres.
6e loi. — Le résultat de l’évolution d’un œil étant toujours ou un
rameau à bois ou un rameau à fruits, peut subir en bien des cas une
utile transformation. Suivant les conséquences naturelles de ces lois
il faudra donc :
1° Obtenir chaque année des branches à fruits sur tonte la longueur
du rameau de prolongement en provoquant l’évolution de tous les
YEUX ;
2° Transformer en productions fruitières les bourgeons trop vigou-
reUX ;
5° Conserver les productions fruitières qui se forment d’elles-mêmes
sur les branches de charpente.
On obtient ces résultats au moyen des opérations suivantes :
Raccourcissement annuel de la moitié ou des deux tiers du rameau
de prolongement des branches de charpentes ;
Emploi alternatif des directions à effets contraires ;
Eborgnage des yeux de l’extrémité;
Taille sur yeux faibles et sur couronne;
Epointement ;
Pincement à six feuilles sur trois yeux formés ;
Taille sur rides;
Cassement ;
Raccourcissement des productions fruitières ;
Ajournement de la production ;
Les détails de l’application de ces procédés aux différentes essences
d’arbres et aux différents âges comportent des développements que nous
ne pouvons citer ici en entier.
Nous avons voulu montrer seulement sous quelle ingénieuse mé-
thode l’auteur a groupé les lois de végétation qui pour lui président à
tout l’art de la taille. Avec des aphorismes conçus et rédigés avec un
pareil talent de condensation, la taille, nous l'avons dit, peut tenir
tout entière en une seule lecon.
Que de progrès a faits l’enseignement écrit de l’arboriculture, depuis
le pathos inintelligible des arbres fruitiers de Van Mons jusqu'aux inter-
minables pages de ce bon d’Albert, qui pourtant fut le père de l’enseigne-
ment oral. Cette aimable science se dégage enfin, sous l’interprétation de
pareils maitres, des obscurités où elle est restée longtemps plongée. Elle
obéit maintenant à des règles certaines, qui ne laissent plus prise aux
— 315 —
doutes et aux théories en l'air. Elle repose enfin sur deux grandes puis-
sances : l’expérience et le savoir.
La concision, la sobriété du langage sont remarquables dans ce traïté
didactique et sérieux. « L’intempérance d'esprit est la source des mau-
vais livres, » disait M. de Mirbel. L’éloquence habile en bons conseils
(copiose loquentem sapientium) de M. Laujoulet a dû souvent songer à
cet avis salutaire. On sent par moment que cet esprit ardent, contenu
dans la limite étroite du livre enseignant, bouillonne et voudrait s’échap-
per si une ferme volonté ne lui mettait un frein.
La sève abondante de son sujet lui passe dans les veines!
À ceux qui seraient tentés de reprendre, en passant, quelques passages
discutables dans l’exposé des parties constitutives de l’arbre, dans la
détermination botanique de certains organes, dans le jugement un peu
téméraire porté sur la physiologie végétale, dans la dénomination
nouvelle de certaines parties de l’arbre et sur quelques autres points
peu importants, nous répondrons que des ombres légères au tableau
ne font que ressortir plus vigoureusement les vives clartés qui l’illu-
minent.
L'auteur, du reste, convaincu de la faillibilité humaine, appelle brave-
ment la critique à son aide. « Elle n’éveillera en moi, dit-il, qu’un seul
sentiment, la reconnaissance. » Cette déclaration loyale et courtoise ne
lui attirera que des éloges, il faut l’espérer. Ils auront été rarement aussi
bien mérités.
CALENDRIER DU MARAICHER.
Résumé des opérations mensuelles du potager,
par M. Eu. Ropicas.
AOÛT.
Semis et plantations. — C’ést le moment du semis principal
des épinards. L’oignon blanc à repiquer en novembre, doit être semé
aux premiers jours du mois; celui qu'on veut repiquer au printemps
ne sera semé qu’à la fin. Vers le 15, on sème du persil, du cerfeuil,
des rhubarbes, les navets, dont on veut utiliser les pétioles pour la pro-
vision d'hiver : ils doivent être semés dru. On peut risquer quelques
graines de céleri et faire usage de vieille semence. On sème de la
laïtue pour laisser pommer en place et de la gotte pour repiquer bientôt
— 516 —
sur couche usée. Du 18 au 25, on fait le troisième semis de brocolis.
Dans la seconde quinzaine aussi, on sème des choux-cabus, les choux-
fleurs pour le printemps. Semer aussi l’angélique, la bourrache, la mâche
et l’oseille. |
Cette époque est favorable au bouturage du cresson de fontaine; pourvu
qu'on les tienne bien mouillées, ces boutures s’enracinent presque
immédiatement. On met en place, pour l’année suivante, l’artichaut
provenant de pépinière. On repique le jeune plant de coulants de fraisiers
pour nouvelle plantation; on peut même déjà en planter à demeure. On
plante des choux de Savoie du semis de juillet, des endives fines ou
frisées, du poireau.
Travaux divers. On enlève la terre des sentiers entre les planches
de poireau pour la répandre parmi les plantes, qui se trouveront ainsi
légèrement buttées et qui, par suite, blanchiront mieux. On continue
aussi à couper les tiges des artichauts dont les produits sont cueillis. Afin
de hâter autant que possible la végétation des derniers choux-fleurs, on
fait bien, une vingtaine de jours après leur reprise, de les déchausser
de la terre qui garnit leur pied, et de disposer tout autour une poignée
d'engrais concentré, tel que le noir animal ou un peu de guano,
dont on accélère l’activité par quelques mouillures. On continue à
envelopper les cardons de leur chemise de paille à mesure de leur
emploi présumé. On butte le céleri de trois en trois semaines. Dès
que les endives sont parvenues à leur entier développement, on les
lie pour les faire blanchir. Il faut préparer le terrain du semis de
choux-fleurs; mettre en terre les brocolis tenus en pots pour les traiter,
suivant la méthode anglaise que nous avons indiquée; enlever la
mince couche de mousse, qui couvre le persil semé pour l'hiver dès
le mois passé; pratiquer l’écimage du quinoa; préparer le terrain
destiné aux fraisiers de nouvelle plantation; enfouir dans la fraisière
en rapport le paillis ou fumier réduit en terreau, ou bien donner
une fumure spéciale. Il est bon de pincer quelques feuilles aux {omates
du plant de mai afin de hâter la maturation des fruits. C’est le moment
de la cueillette des graines de betterave, carotte, céleri, cerfeuil, ciboule,
laitue, ognon, persil, poireau, radis, rave, ete. Cette occupation est très-
importante et mérite de fixer l'attention du maraicher. Il doit pencher
à temps les têtes d’artichauts, s’il veut préserver les graines du contact
de l’humidité. I1 doit relever les bulbes de l’ail, s’il n’a pu le faire
déjà le mois précédent et, après les avoir fait sécher à lair, les
suspendre par bottillons dans un endroit sec; couper les tiges d'amis
pour. les rentrer sèches et conserver les graines en magasin; avoir
soin. de tailler les courges, citrouilles et giraumons, les arroser large-
ment ainsi que les concombres. Les arrosements du soir se poursuivent
tous lesijours; il en est de même des sarclages et des travaux de binette,
— 517 —
de serfouette et de râteau. Le jardinier n’a pas un moment de repos
en ce mois : qu'il sache bien qu’une fois en retard, à cette époque de
l’année, il lui en coüùterait des peines nombreuses pour se remettre
convenablement à même de faire face à tous les besoins.
Pour lui surtout est plein de vérité ce proverbe de la plus industrieuse
des nations : Tome is money, le temps est de l’argent; car une seule
journée de retard est une perte irréparable en horticulture : souvent
c’est la non-réussite d’une récolte.
Produits. — Les haricots sont les plus abondants ; la provision
qu’on conserve verie pour l'hiver est prise de préférence sur les der-
niers semis : la conservation en est évidemment plus facile, puisqu’un
temps moins long s'écoule alors entre l’époque de la récolte et celle
de la consommation. Toutes les salades d’été sont en plein rapport,
et, malgré leur multiplicité, elles sont toujours recherchées. Les cor-
nichons abondent. On a encore des courges, des artichauts, des pois,
des choux-fleurs, des choux pommés, des endives, des carottes, des
ognons, des tomates, en général toutes les fournitures de salade, du
céleri, de l’oscille, du pourpier, de la claytonie, quelques épinards et
de la tétragone.
SEPTEMBRE.
Semis et plantations. — La mûche ou valérianelle, dont le
froid n’arrête pas la végétation, et qui, dans toutes nos provinces, sert à
préparer une bonne salade d’hiver, mêlée avec des choux rouges et blancs
finement coupés, ou bien avec de la chicorée, peut être semée à plusieurs
reprises. Aux premiers jours du mois, on sème des choux d’ York, des
choux de Savoie, hatifs, des choux-fleurs pour le printemps, des laitues
pour l’hiver et des laitues hâtives à bonne exposition. On sème encore
des navets pour l’usage des côtes; on sème le chervis, l’excellent radis rose
de Chine pour produit d'octobre, des salsifis et les dernières scorzonères.
On continue le semis de choux cabus et d’épinards, et on peut repren-
dre, à bonne exposition, le semis du radis ordinaire, que les chaleurs
sont venues interrompre.
Dans la première quinzaine, on plante à demeure les fraisiers de se-
mis, d’éclats ou de coulants enracinés. On multiplie encore de boutures
le cresson de fontaine et on divise les touffes de lavande, de menthe, de
pimprenelle, de sarriette vivace. On plante le houblon, le poireau, les
tarnotes, le topinambour. On repique en pépinière les choux de Savoie et
les choux cabus des semis antérieurs. On plante les porte-graines du
cerfeuil tubéreux.
— 318 —
Eravaux divers. — On continue à empailler les cardons. On
butte le céleri de troisième ou de quatrième plantation; ce buttage se ré-
pête souvent jusqu’à cinq fois, tellement la plante croît bien en cette
saison, surtout si elle se trouve dans un sol humide. Lier encore les
endives ; nouer une feuille de poireau autour des plantes; hâter la ma-
turation des tomates; donner un paillis aux fraisiers avant ou après la
plantation : ce paillis se remplace très avantageusement par une couche
de tannée un peu décomposée. Tous les terrains doivent être labourés
et fumés au besoin à mesure qu’ils se vident. Les arrosements deviennent
plus modérés suivant que la température est moins chaude et que les
plantes atteignent leur entier développement. La récolte des graines
est encore en pleine activité. On cueille celles de crambé, d’arroche,
d’asperge, de betterave, de cardon, de céleri, de chicorée, de chervis,
de pimprenelle, de poirée, de laitues diverses, de carotte, de choux-
fleurs, etc.
Nous ne saurions trop insister sur l’importance du choix des porte-
graines et du choix des graines elles-mêmes. Celui qui cultive sait bien
qu'il n’en coûte pas plus de soigner une excellente qu’une mauvaise
variété et que la première seule donne un bénéfice assuré. Cueillir de
mauvaises graines, choisir des sujets malingres, rabougris, dégénérés,
c’est vouloir d'avance reproduire des plantes imparfaites ou impropres
à donner ce qu’on doit en attendre. Il importe donc de faire avec soin
le choix des porte-graines et de veiller de près à la récolte des
semences.
Produits. — Tous les légumes désignés pour le mois d’août sont
nombreux encore, et quelquefois même plus abondants, étant moins
tourmentés par la chaleur et moins prompts à monter en graines : cela
a lieu surtout pour les laitues et endives et diverses fournitures de salade.
On récolte donc : haricots, pois, épinards, endives de Meaux et autres,
choux-fleurs, choux pommés, choux de Savoie, carottes, panais, pourpier,
clavtonie, oseille, navets, cornichons, piment, aubergines, tomates,
betteraves à salade, les dernières laitues de pleine terre, de l’ail, des
échalottes, des ognons, dont le rapport principal est fourni en ce
moment. Plusieurs de ces produits ne pouvant être consommés ou vendus
sur le champ, il faut préparer la terre aux légumes, les caves ou autres
lieux qui servent d’abri aux produits qu’on veut hiverner. Toutes les
Cucurbitacées comestibles sont recueillies en ce mois pour être conser-
vées plus ou moins de temps en un lieu sec, bien aéré et d’une tempéra-
ture modérée. Les jardiniers utilisent, comme boîtes à graines, les fruits
évidés de petite taille.
— 3519 —
OCTOBRE.
Semis et plamétatioms. — On sème encore des épinards, des
radis, du cerfeuil, de la mäche, des choux-fleurs, de la rhubarbe et, si
l'on veut, la bourrache, qui se reproduit aussi spontanément. Ces semis
ne se font plus à l'exposition du Nord, mais à des endroits couverts ou
abrités. 11 en est de même de la plupart des plantations. On repique en
pépinière les choux cabus, les choux-fleurs, les choux de Savoie: ces der-
niers peuvent aussi être mis en place. On plante le cresson de fontaine
près de l’eau ou dans les rigoles de la eressonnière. On multiplie d’éclats
l’oseille, les rhubarbes, la citronelle, et la snélisse à grandes fleurs; on
refait, en général, toutes les bordures. On plante encore le topinambour
et on repique le chou d’York, ainsi que l’ognon blanc. À la fin du mois,
on plante les pommes de terre de culture hivernale : elles auront d’abord
reverdi à la lumière solaire.
Travaux divers. — Le jardinier prévoyant doit être déjà pourvu
de la quantité d’engrais divers dont il va avoir besoin en commençant
les labours, bêchages et défoncements d’un grand nombre de terrains.
S’il a projeté des modifications au plan du jardin, ou des mouvements
de terre, il fera bien de s’en occuper, car, trop de fois sous notre climat,
l'excès d'humidité ou les gelées entravent ces sortes de travaux. Il n°y
a pas à lutter contre un excès d'humidité, si l’on ne peut établir un
système d'écoulement complet ou de drainage, et tout le monde sait
que les terres remuées à l’état de mouillure sont gâtées pour longtemps.
Si l’on était contrarié par la gelée, on pourrait répandre sur le sol un lit
de fumier plus ou moins épais, afin d’être à même de continuer ; mais
il est évident que ce moyen n’est plus applicable quand il s’agit d'opérer
sur un terrain de quelque étendue. On met du terreau autour des frai-
siers, si l’on n’a pu le faire plus tôt et on les rechausse, afin que la
gelée ne leur nuise que le moins possible.
On butte les pieds des cardons et on les empaille en donnant à ia
chemise une épaisseur variée suivant l’époque plus ou moins rapprochée
de leur emploi. On couvre de fumier le carré aux choux-fleurs et on
met le terrain en billons pour l’hiver. On établit des cressonnières. On
couche les fanes des ognons, si cela est nécessaire. On éclaireit les jeunes
épinards et on leur donne un binage. On coupe les tiges des artichauts,
on les nettoie, on les rechausse encore; mais on supprime les pieds
usés. Pour la plantation nouvelle, il faut réserver les meilleurs œille-
tons, surtout ceux dont le talon est bien sain et vigoureux. On lie
encore les endives successivement ct par un temps sec. L’aspergerie
réclame maintenant des soins généraux. On coupe les tiges d’asperges
jusqu’au sol : les fanes peuvent être gardées pour servir de couvertures
— 820 —
en hiver. On nettoie les planches; à la fin du mois, on peut y étendre
le fumier et creuser ensuite les rigoles dans les sentiers et déposer sur
les planches la terre qui en provient. Ce rechargement est de toute
nécessité après la famure. Le jardinier ne doit pas négliger de biner
les terres béchées depuis quelque temps : cette facile besogne lui
épargnera de plus grandes peines pour plus tard; car les beaux jours
font souvent éclore, sur ces nouvelles terres, des milliers de mau-
vaises herbes qu’un binage fait disparaitre et que l’hiver ne détruirait
qu'à demi, si même la neige ne vient les couvrir d’un manteau
protecteur.
Produits. — Le chou de Bruxelles commence à donner ses excel-
lentes rosettes; les choux-fleurs d’automne sont en plein rapport; les
choux-cabus sont déjà abondants et les premiers cardons blanchis. Les
endives parvenues à un degré d’étiolement assez avancé doivent être
cueillies ou couvertes de tuiles, pots ou paillis, si les nuits sont froides :
sans cela, elles pourrissent. On a aussi des laitues tardives, de la mâche,
du persil et du cerfeuil, de la claytonie et du pourpier, des épinards,
du raifort, des raves et des radis, du poireau, du céleri, des navets,
des carottes et des panais. On récolte tous les bulbes en général. On
Ôte les tubercules du souchet pour les ranger dans du sable. On rentre
les tomates en orangerie : elles y achèvent leur maturation, et les der-
niers fruits sont gardés sur dressoirs pour l’hiver. On cueille les der-
niers artichauts; on attend le plus tard possible pour enlever ceux
qui n’ont pas atteint leur entier développement; à l’approche des gelées,
on les coupe avec toute leur tige pour la fixer dans du sable à une
dizaine de centimètres de profondeur. En cet état, on les conserve assez
bien dans la terre aux légumes ou dans un lieu abrité, tel que celui
que nous avons décrit en parlant de la conservation des choux pommés.
Souvent même, leur volume s’y accroît encore, sans parvenir tou-
tefois à perfection. La serre aux légumes doit être approvisionnée
de sable sec. On y dépose des produits divers, spécialement les racines
comestibles.
L.
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— 321 —
HORTICULTURE.
UN PEU DE PHILOSOPHIE HORTICOLE
A PROPOS DU
PELARGONIUM ZONALE var. GLOIRE DE NANCY.
Figuré PI. XVIII,
PAR M. Epouarp MoRREn.
À, Ac OUs écrivions naguère dans le compte rendu que
}#S4s nous avons donné de l’exposition organisée au mois
de Septembre 1866 par la Société royale d’hor-
ticulture, quelques réflexions dont nous croyons
pouvoir nous permettre ici la reproduction.
Les Pelargonium zonale au feuillage multicolore, c’est-
à-dire diversement nuancé de vert, de blanc ou de jaune
et de rouge ou d’orangé, sont une des nouvautés les plus
intéressantes de la saison. Les plus connus du groupe
sont désignés sous les noms de Mistriss Pollock et de
Sunset, mais il en existe plusieurs autres et à chaque in-
stant on en signale encore de nouveaux. À l'exposition
de Londres, nous en avons vu d’admirables, coquettement arrangés dans
un coffre tapissé de bleu foncé. D’un autre côté, ce même Pelargonium
zonale, qui d’une part est en train de donner toutes ces variétés de
feuillage, fournit d'autre part des variétés à fleurs doubles.
La mieux appréciée est celle que l’on appelle la Gloire de Nancy.
Ces faits, intéressants en eux-mêmes pour l'amateur de jardins, ont
une importance particulière pour le botaniste. Ainsi, d’abord, il est re-
marquable que ces deux séries de variations se développent isolément
et s’exeluent l’une l’autre. Toutes les formes au feuillage panaché ont les
fleurs simples et, réciproquement, dans les variétés à fleurs doubles, le
feuillage est unicolore. Non-seulement, il n’est pas panaché, ce qui
s'explique, mais, de plus, la zone rouge-brun en forme de fer à cheval
qui appartient normalement aux feuilles de ce Pelargonium, appelé
pour cette raison zonale, a elle-même disparu. Si l’on voulait expliquer
29
— 922 —
cette disparition, on pourrait l’attribuer à la multiplication des pétales de
la corolle, comme si la matière rouge nécessaire pour les teindre passait
des feuilles dans ces pétales, ou plus exactement, comme si l’élaboration
de ces pigments rouges se concentrait désormais tout entière dans les
fleurs.
Cette explication se justifie par un phénomène analogue observé et
signalé, il y a quarante ans, par Charles Morren, dans les Orchis macu-
lata et autres du même groupe. On sait que ces plantes ont les feuilles
mouchetées de rouge-brun et les fleurs pourpres. Le pigment de ces
deux couleurs est en réalité le même. Or, à mesure que les fleurs se co-
lorient, les feuilles se décolorent ; souvent quand l'Orchis est en florai-
son, les feuilles sont monochromes.
Une autre réflexion, d’un ordre plus important, nous est suggérée
par ces variations récentes du Pelargonium zonale, et elle a le mérite de
l'actualité en présence de la discussion ouverte depuis quelque temps
dans les journaux anglais d’horticulture, relativement à l’origine des va-
riétés Mistriss Pollock et autres de la même catégorie. Il s’agit de savoir
si ces variétés sont provenues de croisement, de simples semis ou par
dimorphisme et dichromisme, comme dit M. Carrière, c’est-à-dire par
un rameau latéral en termes ordinaires de jardinage. Les assertions les
plus contradictoires sont en présence. Nous croyons que la vérité est
répartie dans toutes ces opinions, c’est-à-dire que l’origine de ces va-
riétés est multiple et variée. Nous en avons nous-même vu en apparaître
une sous nos yeux, dans notre jardin, sur un pied ordinaire de Pelar-
gontum zonale de la variété Amélie Griseau. Deux ou trois rameaux de
ce sujet se sont développés avec des feuilles marbrées et flambées de vert,
de jaune et de rouge : détachés et bouturés, ils ont fourni une variété
désormais fixée. D’autres variétés du même groupe ont pu se montrer
parmi des semis; mais nous avons peine à croire qu’elles aient pu être
le résultat des fécondations artificielles, opération toujours délicate et
chanceuse même chez les Pelargonium et surtout de la part des horticul-
teurs praticiens.
Outre la diversité d’origine, on doit admettre l’apparition simultanée
de ces variétés, à la fois chez divers horticulteurs d’Angleterre, de
France, de Belgique et sans doute d’autres contrées encore. Ce ne sont
pas MM. Henderson, Standish, ete., qui les ont toutes gagnées, comme
on dit en langage ordinaire. Outre l’exemple qui nous est personnel et
que nous avons rapporté plus haut, nous pouvons encore citer à notre
connaissance les cultures de MM. Mawet, horticulteurs, à Liége, où il en
est apparu une autre, mise dans le commerce, pensons-nous, sous le nom
de Comte d’Argenteau. Le fait que nous signalons est d’ailleurs établi
dans le monde horticole. Il en résulte pour nous que ces variations
ne sont pas des résultats plus ou moins volontaires et directs de l’in-
fluence de l’homme sur l’espèce, ni la conséquence de telle ou telle opé-
— 325 —
ration ou fécondation plus ou moins artificielle, ni une suite du pouvoir
que le jardinier exerce sur la plante. Ce n’est pas une dépression : c’est
une évolution; ce n’est pas a posleriori, c’est a priori, si nous pouvons
ainsi parler. Ces variétés, croisements, semis ou accidents, sont la consé-
quence indirecte mais fatale, naturelle et spontanée du développement
propre à l’espèce sous l’influence du climat artificiel des jardins.
Nous voyons dans ce fait une preuve nouvelle de la vérité des opinions
émises par M. Darwin.
Nous dirions volontiers, pour bien faire comprendre notre pensée,
sans nous préoccuper de l’expression rigoureuse à lui donner, que tou-
tes ces variétés étaient et sont dans l’air et qu’elles se montrent parceque
leur jour est venu. Plus exactement, elles sont la conséquence forcée de
l’état dans lequel se trouvent les Pelargonium dans les jardins, en 1864
ou 1865, en comprenant dans cette donnée, les croisements, les hybri-
des et les races, c’est-à-dire le sang de nos Pelargonium domestiques.
Semis ou dimorphisme, l’origine de ces variétés est une sorte de disjonc-
tion accompagnée d'évolution propre.
Dans cette manière de voir, l’art du jardinier, au point de vue de son
influence directe sur l’apparition des variétés, est quelque peu amoindri.
Son rôle reste le même et il grandit quand on le considère comme provo-
quant et secondant l’évolution propre des espèces qu’il soumet au climat
artificiel du jardinage.
Les Pelargonium à fleurs doubles sont une seconde confirmation de
l'opinion que nous venons de hasarder. En effet, ces Pelargonium se
sont en même temps doublés dans plusieurs jardins à la fois. Il en est
venu à Clermont, à Naney, chez M. Lemoine, chez M. Chaté et
sans doute chez d’autres. Cette apparition a été précédée depuis quel-
ques années de plusieurs cas accidentels et éphémères. Les premières
fleurs doubles l’étaient peu. Les dernières sont meilleures et il en
viendra d’autres qui leur seront supérieures. C’est incontestable. Cet
exemple de Pelargonium à fleurs doubles vaut même mieux que le pré-
cédent, Personne ne peut soutenir que ces variétés sont des consé-
quences directes de croisements ou de fécondations artificielles. On ne
connaît pas le moyen de provoquer à volonté la duplicature des fleurs.
Cette apparition est toute spontanée. Rare dans la flore rurale, elle
est, au contraire, fréquente dans la flore horticole. Les motifs de cette
différence sont faciles à déterminer. Il n’en est pas moins vrai, que dans
le sein de la flore horticole, sous l’influence de ce milieu qu’on appelle
un jardin, l'apparition d’une fleur double est spontanée. Une fois cette
fleur obtenue et fixée, quelqu'imparfaite qu’elle soit, on peut s’en servir
par des fécondations croisées ou par des sélections pour en obtenir
d’autres meilleures. Mais on aurait tort de croire que toutes les fleurs
doubles de cette espèce ainsi traitées vont descendre de ce seul parent.
En général, nous parlons des plantes de la floriculture, il se manifeste
Le TR
plusieurs souches ou plusieurs foyers et cette manifestation est synchro-
nique.
Nous en pouvons citer pour preuve le Chryseis (Escholizia) califor-
nica. Il est habituellement simple. Cependant, il en existe depuis peu de
temps une race double assez bien fixée. Déjà avant que cette race ne füt
dans le commerce, on pouvait voir çà et là dans les corbeilles un Chryseis
double, mais cette duplicature disparaissait avec lui. Après maintes
et maintes apparitions semblables, la duplicature est devenue plus
fréquente et enfin elle s’est fixée. Il en est de même pour le Portulacca
grandiflora, dont on possède aujourd’hui des races à fleurs doubles assez
constantes. Mais avant la fixation définitive de cette race, on avait
déjà à plusieurs reprises signalé des Portulacca doubles qui se sont
éteints. Même remarque pour le Chryseis californica à fleurs blan-
ehes.
D'ailleurs, les exemples de cette évolution spontanée et naturelle des
plantes horticoles abondent. Nous nous bornerons à citer le Primula
praenilens (sinensis), le Gloxinia speciosa, le Dahlia.
C’est un phénomène différent, mais analogue que celui de la floraison
synchronique et manifestement spontanée, c’est-à-dire plus ou moins
indépendante des soins spéciaux, que présentent souvent certaines
plantes et que remarquent ceux qui voient beaucoup de jardins et lisent
beaucoup de revues horticoles. Nous cn avons naguère cité un exemple
présenté par le Gœthia cauliflora. Cette année, il s’en est présenté un
second par des Dasylirion cultivés sous les noms plus ou moins exacts de
gracile, glaucum, longifolium. La floraison de ces plantes a été remar-
quée sur plusieurs points d'Europe à la fois.
Et voilà pourquoi l’horticulture n’est pas et ne sera jamais stationnaire.
Les formes spécifiques ne montrent pas à l’extérieur tout ce qu’elles ont
en elles. Elles demeurent assez constantes dans la flore rurale, parce que
les conditions du climat restent elles-mêmes uniformes ; mais changez et
variez ces conditions, ainsi qu’il arrive dans la flore horticole, et ces
germes se développent, et l’état statique passe à l’état dynamique, et la
pâte plastique dont sont formés les êtres vivants trouve à exprimer des
nouveaux caractères jusqu'alors à l’état latent. La plante domestique est
plus indépendante, plus libre de faire ce qu’elle veut, que la plante
sauvage. Celle-ci est contenue par un climat uniforme depuis six mille
ans. Elle ne saurait perdre aisément d’aussi vieilles habitudes. Les varia-
tions sont insignifiantes. Mais dans ce monde que l’homme a fait avec
ses terres ameublies, amendées et engraissées, avec ses serres et ses sai-
sons artificielles, avec ses croisements et métissages, là, la plante voit se
briser ses lourdes et vieilles chaînes; un peu coutumière d’abord, elle
s’ébranle à un moment donné et manifeste une évolution dont nous
n’avions pas d'idée et qui désespère les botanistes systématiciens.
C’est là ce que nous pourrions appeler la philosophie de l’horticulture.
Pen 2
À l’appui de nos assertions précédentes relativement à l’origine des
Pelargonium à fleurs doubles nous pouvons citer une communication
faite au commencement de cette année par notre savant confrère et ami
M. Henri Lecoq, de Clermont-Ferrand à la Revue horticole (1866, p. 26).
Depuis plus de dix ans, dit M. Lecoq, j'avais dans mon jardin un
Pelargonium zonale semi-double auquel je ne faisais ancune attention.
Ce Pelargonium était répandu dans la plupart des jardins de Clermont,
et, J'avoue toute mon ignorance, je croyais cette plante commune et
connue partout. Elle était semi-double, assez vigoureuse et peu flori-
fère. Ce Pelargonium est le Triomphe de Gergovia; il est fertile et
donne assez souvent des graines. En 1863 une exposition eut lieu à
Clermont, et M. Amblard, horticulteur, présenta plusieurs pieds de
Pelargonium à fleurs doubles, dont un seul, entièrement plein et très-
beau, fut conservé. Il provenait des graines du Triomphe de Gergovia.
Je l’ai décrit, ajoute M. Lecoq, dans la Revue horticole (1864, p. 303)
sous le nom de Gloire de Clermont. M. Van Houtte acheta l’édition de
cette nouveauté. À peine cette acquisition fut-elle connue que M. Domas,
horticulteur à Riom présenta un autre Pelargonium double, mais moins
parfait que celui de M. Amblard. Vers cette même époque, M. Ferrier
recut d’un horticulteur de Clermont, M. Antoine Pabot, un autre
Pelargonium zonale à fleurs doubles, différant des deux précédents et
moins beau. Ce dernier figure maintenant sur les catalogues sous le nom
de Martial Champflour, amateur chez lequel M. Pabot était jardinier.
En résumé ces quatre Pelargonium doubles sont : Gloire de Nancy
(Ranunculiflora plenissima du catalogue de M. Van Houtte); Ferrier ;
Martial Champflour et Triomphe de Gergovia. Tous quatre sont d’ori-
gine auvergnate.
Ils sont surpassés par la Gloire de Nancy, mise dans le commerce par
M. Lemoine, horticulteur de cette capitale de l’ancienne Lorraine.
Ilest d’une végétation vigoureuse, trop gourmande même et qui de-
mande à être constamment modérée pour en obtenir une belle floraison.
Cet excès de végétation provient, nous parait-il, de la verdure uniforme
du feuillage : les feuilles, en effet, sont larges et d’un vert intense. Les
fleurs sont grandes, nombreuses et bien doubles. Leur pédoncule com-
mun est plus ou moins allongé suivant la culture. C’est la plus parfaite
des variétés doubles que nous connaissions jusqu'ici. Il est infiniment
probable qu’elle se prêtera à la culture en corbeilles dans les jardins et
nous la supposons même plus rustique que maintes autres variétés à
feuilles panachées.
Pour terminer nous ferons connaître d'excellents renseignements pu-
bliés par M. Rouillard (1) sur la multiplication des Pelargoniums.
(1) Journ. de la Soc. Imp. et centr. de Paris, 1865, p. 555
— 926 —.
« Je crois être particulièrement utile à tous ceux, et ils sont fort
nombreux, qui s'occupent des Pelargonium zonale-inquinans pour leur
avantage ou leur agrément, en leur indiquant le mode de multiplication
employé par un de nos plus intelligents horticulteurs, M. Lierval; il
me parait le plus rationnel, le plus rapide et le plus sûr.
« Au mois de février, ces Pelargonium sont mis en végétation. Il
est préparé sur la tablette de devant de la serre, qui est maintenue à
une température moyenne de dix degrés centigrades, une couche de
mousse de cinq ou six centimètres d'épaisseur après qu’elle a été bien
appuyée ou tassée et recouverte d’un centimètre de terre légère ; le tout
est tenu modérément humide. Dans le courant du mois, on commence à
couper les boutures qui se font au fur ct à mesure que les yeux ou bour-
geons se développent avec des rudiments de rameaux ayant à peine un
demi-centimètre de longueur. Ces très-petites boutures sont posées ou
appuyées sur la terre qui recouvre la mousse; en cinq ou six jours, les
racines sont formées, et il s’en développe une telle quantité que la section
de la bouture ou talon a l’aspect d’une brosse très-fournie.
On cmpote les boutures dans des vases de grandeur appropriée que
l’on place sur couche sous chassis, aussi près du verre que possible. En
huit jours les plantes tapissent leurs pots de racines et elles se forment
touffues, trapues, ramassées, leur rameaux partant tous de la surface de
la terre. Je n’en ai vu jusqu’à présent aucune, si soignée que soit leur
culture, qui offre aussi complètement cette apparence buissonnante
si désirable à obtenir.
« La méthode de M. Lierval présente, ainsi qu’il est possible d’en
juger par ce qui précède, plusieurs avantages très-importants.
« D'abord il n’est nécessaire de rentrer et de conserver pour la mul-
tiplication qu'un beaucoup moins grand nombre de pieds-mères que par
le procédé généralement employé qui consiste à laisser s’allonger les
rameaux avant de les bouturer.
En effet, une seule plante donne au moins dix boutures pour une;
il n’est donc nécessaire de rentrer que le dixième ou le quinzième des
plantes-mères qu’il fallait conserver, et quand on doit faire une grande
quantité de multiplications, 40,000 à 50,000 par exemple, il est aisé de
se rendre compte de l’économie de place qui en résulte, place coûteuse
dans les serres, et qui reste à la disposition de l’horticulteur pour d’au-
tres plantes.
« Ensuite la multiplication est plus prompte et plus facile.
« Enfin les plantes se forment mieux et plus rapidement, elles sont
d’une apparence plus agréable et de meilleur usage ou défaite, suivant
qu’elles sont faites, pour être employées ou vendues. »
La plante qui a servi de modèle à notre planche provient des serres
de M. Gaspard Dozin, excellent horticulteur liégeois qui excelle parti-
culièrement dans la culture des Pelargonium.
Le
EXPOSITION INTERNATIONALE DE LONDRES.
Suite à la page 305.
Arbres en boule à feuilles persistantes. — Il s’en trouvait
de beaux spécimens. MM. Jackman avaient un couple de Houx qu'ils
possèdent depuis environ 40 ans. Ils ont de vigoureuses tiges droites
d’à peu près 5 ou 6 pieds de hauteur et des têtes compactes symétriques
qui ne mesurent pas moins de 6 pieds de diamètre. Le jury leur décerna
à juste titre le 1% prix. MM. Veitch et Waterer et Godfrey exposèrent
également des Ilex en tête. À M. Bull appartenait un beau couple de
Laurier-tin en arbre. Le meilleur lot de Lauriers en boule venait de
chez M. J. Verschaffelt de Gand ; MM. Veitch en avaient aussi deux beaux.
MM. Lee y contribuaient pour le meilleur couple de Lauriers de Portugal
en boule et MM. Veitch, pour les meilleurs Buis en boule. M. Bull y
avait apporté deux charmants Myrtes communs en boules. De superbes
Lauriers pyramidaux formaient encore les apports de MM. Veitch, Bull
et Lee. Des Ifs en arbre, en forme de table, de coupe etc., avaient égale-
ment leurs admirateurs.
Plantes de Ia floriculture.— Les Pelargonium zonales donnaient
à l’exposition un cachet intéressant et ceux du groupe de M.Fraser étaient
bien venus fleuries. De ce lot Emile Licau et Malakoff étaient beaux et
Princess Mathilde et Emanuel du contingent de M. Turner, étaient égale-
ment bons. Les plantes de M. Lermitte étaient très-belles, mais non
suffisamment fleuries. La collection de Geranium-Nosegay de M. Paul
contenaient Scarlet Dwarf, Duchess, Crimson Queen, richement colorés ;
et l’Orange-Nosegay, qui possédait une nuance d’un beau jaune foncé.
Il y avait en grande abondance des Pelsrgoniums panachés en zones
tricolores, et de ce nombre Sophia Cusack, avec des macules brillantes et
distinctes, occupait le premier rang des zonales ; Lady Cullum,également
belle, s’en rapprochait beaucoup. Le lot de M. Saltmarsh comptait Bird
of Paradise, qui a de plus petites feuilles que Sunset, et d’un port com-
pacte avec de brillantes taches; et puis Electra, belle sorte de l’envoi de
M. Milford. Plusieurs groupes de semis de Pelargonium panachés avaient
été exposés. MM. Saltmarsh et fils avaient Queen of the Fairies, qui était
pourvue de feuilles petites, marquées de blanc, avec des faisceaux de fleurs
bien épanouies, blanches avec le centre écarlate; un certificat de 1"e classe
lui fut octroyé. Luna, semis de l’année dernière, est une bonne sorte
recommandable. MM. Smith, de Dulwich, en envoyèrent plusieurs et Jetty
Lacy, qui obtint un certificat de 1"° classe, possède une zone richement
— 528 —
colorée. Souvenir de sir Joseph Paxton est un autre hybride au brillant
coloris. L'Empereur, aurore et refulgens sont tous bien beaux. MM. Carter
ct Cie avaient exposé une multitude de plantes zonales dn genre de Mrs. Pol-
lock, dont quelques unes étaient très-belles et marquantes : Titania, Ruby
Ring, et Obéron, étaient parmi les meilleures. MM. Garaway, Mayes et Cie
avaient dans leur collection, Queen of tricolors, Princess Leiningen,
hybrides aux feuilles très-petites, munies d’une zone éclatante; on lui
décerna un certificat de 2° classe ; Ada Mayes possède des feuilles d’un
jaune pâle avec une zone brillante, mais moins vertes que dans toute
autre espèce; L’Africaine ressemble au type Luna, avec une zone for-
tement marquée. M. Jabez Chater possédait dans son apport, Senior
Wrangler, espèce à feuilles moins fortement marquées, à laquelle on
donna un certificat de 1'° classe. M. Hally, de Blackheath, envoya Sirius
et Mirth, variétés gracieusement maculées du type Ztalia unita ; et Fire
king, variété d'avenir du genre de rs. Pollock, ornée de bouquets bien
formés, mais la plante n’était pas en bon état.
Au nombre des semis de Geranium zonales, Rebecca et Prince of
Orange obtinrent des certificats de 1" classe; et Waliham zephyr est
une variété hors-ligne de la section Nosegay. Lititle-Gem est une petite
hybride à feuilles de chène, pourvu en abondance de petites fleurs
roses. Elles appartenaient toutes à M. W. Paul. Wilishire Lass, de
MM. Downie et Laird, présentait un beau cachet. Silver Queen, de
M. Bull, charmante variété à feuille de Lierre, avec une panachure d’un
blanc clair, est une parfaite acquisition, tant sous le rapport des feuilles
que de la fleur.
Les semis de Pelargonium n'étaient pas très-nombreux; maïs ceux de
M. Hoyle : Alfred, à fleurs brillantes, et Favourite, à fleurs d’un coloris
sombre, recurent des certificats de 1"° classe. Vabob, Charles Turner et
Sunny Memory sont de bonnes variétés pour le commerce. À côté de
celles-là se trouvaient des fleurs desséchées de Pelargonium cultivés
depuis 60 ans. M. Turner avait exposé un groupe de Pelargoniums fan-
taisies, dont deux, Duchess of Buccleuch ct Sylvia, recurent des certificats
de 1r° classe. Miss Watson deviendra également une plante favorite et
Madame Vilda est une jolie variété brillamment colorée.
Les Pelargonium de M. Bailey étaient si beaux qu’il semble impossible
de les obtenir mieux; et les plantes de M. Turner sc remarquaient aussi
par leur bonne qualité. Les fantaisies de M. Fraser étaient tout aussi
beaux. Le remarquable spécimen de M. Bailey, Rose celestial, est en tous
points une plante distinguée.
En outre il y avait à l'exposition quelques Calcéolaires herbacées supé-
rieures, surtout celles de M. Watson, qui étaient des modèles de bonne
culture. Le Réséda en arbre n’était pas remarquable et était bien infe-
rieur à ce que nous avions vu à Liverpool et ailleurs. Les trois Fuchsia
en boule, à tiges courtes, ornées de têtes symétriques et admirablement
— 3929 —
fleuries, appartenant au Rev. À. H. Brydges, étaient beaucoup admirés.
Quelques jolies caisses de Roses avaient été envoyées et regarnies de
jour en jour, elles respiraient un air frais et attrayant.
Au concours de Pensées en pots, les fantaisies étaient le mieux venues;
et les Pensées coupées de MM. Downie et Laird étaient très-belles. Quel-
ques semis de Pensées, tels que Sunrise, Sorceress, Sweet Lucy et Lady
Clare, étaient tous très-beaux. Une variété de couche appelée {mypérial
Blue promet d’être la plus utile et la plus remarquable. Une quantité de
semis de Petunia de M. Bull reçut un certificat et un gentil Hyosots,
Impératrice Elisabeth, de M. Bull, obtint un certificat de 2 classe. Tout
proche l’on voyait un Azaléa de semis, Madame de Cannart d’Hamale,
superbe et grande fleur d’un blanc jaunâtre, coloré de faibles raies roses.
L'envoi de Tulipes de M. Turner était très-marquant et contenait
Mary Headly, Sarah Headly et piusieurs autres fleurs choisies d’un
beau caractère.
Miscellanées. — Trois ou quatre magnifiques spécimens du bel Eu-
charis amazonica avaient été exposés dans des caisses par M. Howard,
jardinier de E. Brand, Esq., de Balham. Ils ne mesuraient pas moins de
D pieds de diamètre et presque autant en hauteur, et chaque jet était
orné de trois ou quatre grandes fleurs, qui conviennent particulièrement
pour bouquets et qui se conservent parfaitement dans l’eau pendant 10 à 14
jours. Il ÿ a moins de deux ans, disait-on, que les plantes se trouvaient
encore dans des pots de 3 pouces; on les transpotait dans des pots plus
grands à mesure du besoin et on les nourrissait avec de l’engrais liquide,
en les conservant à la chaleur du fond de la serre chaude. Le résultat
fut le spécimen intéressant qui a fleuri trois fois depuis la Noël.
Lady Dorothy Nevill avait trois plantes d’Ailantus, sur les feuilles
desquelles vivaient des vers-à-soie; à côté se trouvait une boite con-
tenant les cocons et le papillon parfait du mâle et de la femelle,
puis différents spécimens de soie, filés et teints pour divers usages.
M. Knight, du château de Pontchartrain, avait un hybride d’Amaranthus,
d’un cachet extrêmement décoratif, qui le rendra très-utile comme
plante de plein air ou d’appartement. M. J. W. Taylor, Esq., Stoke
Newington, avait exposé une série de plantes aquatiques et un panier
de plantes d’orangerie. M. Linden avait un groupe choisi de plantes
diverses, surtout quelques unes exposées dans la catégorie des plantes
nouvelles. Ajoutez à cela que MM. Lee avaient envoyé un groupe de
miscellanées et W. Marshall, Esq., d’Enfield, une terrine de l’Ouvi-
randra fenestralis, entouré de quelques Fougères filiformes qui fai-
saient un charmant effet. MM. E. J. Henderson et fils avaient aussi des
plantes mélangées où s’intercalaient quelques plantes d’une graminée
panach ée le Chiendent MM.Veitch et fils envoyèrent un bon assortiment
de jolies choses, parmi lesquelles celles qui n'étaient pas les moins
— 350 —
intéressantes étaient le nouvel Azalea stella, plusieurs Aucuba et d’au-
tres plantes du Japon. Dans ce nombre se trouvait aussi une collec-
tion remarquable de plantes alpines de MM. Backhouse, d’York, qui
paraissaient exciter autant d'intérêt que beaucoup d’autres objets expo-
sés. Parmi les plantes alpines panachées, rustiques et herbacées, M. Salter
avait placé un superbe groupe; et MM. E. G. Henderson possédaient
quelques charmants exemplaires de plantes délicates à feuillage orne-
mental. M. Stark, de Trinity, d'Edimbourg, exposa un petit lot, mais
intéressant, de plantes du Canada. Il nous reste à mentionner que le
grand compartiment approprié pour les Orchidées et autres plantes
délicates, a été gratuitement chauffé par M. Ormson. Il l’a effectué
au moyen d'une de ses chaudières multitubulaires et de 3200 pieds
de conduits de 4 pouces.
Fruits. — Après le magnifique assembiage de fleurs, les fruits ne
venaient pas en aussi grande quantité. La composition en était non
moins bonne pour la saison et sous plusieurs rapports la qualité en était
très-marquante. Nous regrettons l’abstention de quelques-uns de nos
grands exposants habituels, qui ont remporté les plus grands honneurs
dans d’autres occasions; c’est peut-être parce qu'ils ont rentré leurs
fruits d'avance et qu’ils ne les ont pas trouvés suffisamment mürs pour
l’époque de l’exposition. Des fruits forcés remplissant 10 assiettes furent
exposés par M. Turner, de Slough. De ce nombre il y avait deux très-
bons Ananas, des Raisins Muscat et Frankenthal d'une qualité supé-
rieure et un bon plat de Pêches Grosses mignonnes, de Brugnons Hunts
Tawny, de Figues, de Fraises et de Melons.
Ananas. — Il y en avait de très-beaux fruits. Un spécimen très-bien
venu de la Queen venait du due de Richmond et remporta le premier
prix ; le second fut décerné au Rév. T. Micklethwaite ; et le troisième à
M. Barchard. Des fruits du Smooth Cayennes furent envoyés par
M. Barnes, jardinier de Lady Rolle et par le duc de Richmond, ayant
tous les deux de très-bons spécimens; mais on décerna le premier prix
à ceux de Lady Rolle, de Bicton. Il n’y eut pour le concours de l’Ananas
de Providence qu’un seul fruit qu’envoya M. Meredith, de Garston.
Pour le concours général d’Ananas de toute autre variété, le premier
prix fut décerné à M. Page, jardinier de M. Leaf, Esq., pour un grand
Prickly Cayenne ; le second pour un superbe spécimen de Black
Prince, à J. Dixon, Esq.; le troisième, à Mr° Cubitt, pour un Black-
Jamaïca, bien choisi.
_ Raïsins. — Il s’en trouvait une abondance considérable et beaucoup
étaient de bonne qualité. Dans le concours des cinq variétés, le premier
prix fut remporté par Lord Bagot pour un contingent arrivé à bonne
maturité, consistant en Black Ténériffe, Golden Hamburgh, Black
— 331 —
Hamburgh, Chasselas musqué et Black Prince; le second prix échut à
H. Akroyd, Esq., pour une très-bonne collection de raisins noirs ; et le
troisième à M. Osborn pour un lot remarquable par la grosseur et la
qualité. Le concours de six grappes était bien représenté. Le jury décerna
le premier prix à M. Hill, jardinier de R. Sneyd, Esq., de Keele Hall;
pour six grappes très-belles du Black Prince, bien colorées et bien
venues ; et le second, pour six Black Hamburgh, à grappes compactes et
d’une belle croissance, à M. Osborn; le troisième échut à Lord Bagot
pour les mêmes, mieux colorées que les dernières, mais à grains plus
petits. J. Dixon, Esq., M. D. Clements et Sir Beaumont, Bart, exposèrent
aussi de bonnes collections.
L’émulation pour trois grappes de Black Hamburgh était très-vive
entre 17 concurrents qui fournirent quelques-uns des meilleurs raisins
de l’exposition. Le 4°° prix échut à H. Akroyd, Esq.; le 2° à M. Turner
et le 5°, à Sir Beaumont. Tous ces raisins étaient bien venus et colorés ;
en outre le capitaine Glegg, Lord Bagot, J. Dixon, Esq., M. Clément,
J. H. Lermitte, Esq., et M. Osborn exposèrent de très-bons fruits.
Au concours 169°, qui demandait des raisins noirs possédant la saveur
du museat, le {°° prix fut déccrné à H. Akroyd, Esq., pour le Frontignan
noir; le 2° à Lord Foley, pour le même raisin; et le 5° au comte De
Stair, pour le Muscat Hamburgh. Pour les trois grappes de raisins noirs
ne possédant pas la saveur du muscat, le meilleur venait de M. Hill, de
Keele-Hill, c'était le Black Prince; puis le 2°, le West’s St. Peter’s, de
Akroyd, Esq., et le 5° appartenant à W. Jones Loyd, Esq., le Black
Prince, tous spécimens bien venus.
Le concours de trois grappes du Muscat d'Alexandrie ne compta que
trois concurrents, dont les meilleures grappes étaient de M. Turner, qui
obtint le 1% prix; M. Fowler, le 2. M. Standish fut le 4° pour les rai-
sins blancs ayant la saveur du muscat. C’étaient d’excellentes grappes
du Muscat Trovéren; le comte de Stair fut 2°; la vicomtesse Palmer-
ston, 5°, avec le Chasselas musqué. Les raisins blancs n’ayant pas la
saveur du muscat, attirèrent une lutte assez vive; les meilleures étaient
trois très-belles grappes du Buckland Sweetwater de M. Osborn ; le 2° prix
échut au Comte de Stair pour le Golden Hamburgh, assez bon ; le 5° au
Lord Bagot, pour le même raisin, petit, mais bien muüri. M. Turner
répondit au même concours par quelques bons Sweetwater et la Vi-
comtesse Palmerston avec le Duich Sweetwater. Pour le concours d’une
seule grappe noire, H. Akroyd, Esq., remporta encore les honneurs
du 4° prix avec une énorme grappe du Black Hamburgh bien coloré ;
M. Osborn obtint le 2° prix. Quant aux grappes blanches, 1° M. Tur-
ner, 2° M. Osborn, qui montrèrent tous deux des spécimens énormes
et bien venus. M. Lane exposa quatre grandes vignes en pots, lesquelles
étaient bien cultivées et couvertes de fruits : elles méritèrent dignement
le 4% prix. Le Colonel Lloyd envoya également deux vignes en pots et
— 832 —
dont les ceps couraient sur un grand cercle en fer de deux pieds de
diamètre, dont les fruits pendaient gracieusement tout autour.
Melons. — La concurrence pour les melons avait produit quelques
bons fruits eu égard à la saveur; car leur beauté ne leur faisait pas
mériter le prix. Le 1°° prix pour le melon à chair verte fut octroyé à
H. Littledale, Esq., pour le Weredith’s Hybrid Cashmere; le 2 à G. Fol-
Jambe, Esq., pour un nouveau melon nommé Excelsior; et le 3° à
M. Hope, de Deepdene. Les variétés à chair rouge étaient 1° Scarlet Gem,
de J. Miles, Esq.; 2° J. Gott, Esq.; et 5° MM. Gadd, de Worthing,
pour un beau fruit du Cantaloup rouge.
Pêches et Brugnons. — Ils ne brillaient pas par la quantité,
mais bien par la qualité. Le 1°" prix des pêches échut à Sir G. Phillips
et le 24 à M. Turner, pour la Grosse mignonne; le duc de Newcastle
et le comte de Shaftesbury envoyérent aussi de bons fruits. Quant aux
brugnons, le 1°" prix des trois variétés fut décerné à un très-bon
fruit de C. N. Neudegate, Esq. et le 1e' pour six spécimens à M. Turner;
le 24 au duc de Newcastle, possédant tous deux d’excellents fruits bien
venus.
Figues. — Les meilleures étaient de bons spécimens du Brown
Turkey du duc de Northumberland, à Syon House; deuxième le due de
Newcastle, avec la même variété, et le troisième la comtesse Cowper
pour les Lee’s perpetual.
Fraises. — Le 1" prix pour six variétés de fraises fut décerné
à une très-bonne collection de J. H. Barnes, Esq., dont les meilleures
étaient Président, Sir Harry, et Sir Charles Napier. Quant à la classe
de trois variétés, les meilleures appartenaient à R. P. King, Esq , de
Bristol, tous fruits propres et bien venus. Pour des assiettes de fraises
de toutes varictés, M' Cubitt, de Denbies, obtint le 1° prix; R. P. King,
Esq., le 2°, et le duc d’Hamilton le 5°. Pour les Fraisiers en pots,
une bonne collection de plants de semis de Keen, bien cultivés, venait
des jardins du duc de Northumberland, à Syon House.
Cerises. — Les cerises ne méritent pas une mention particulière;
les meilleures étaient l’Impératrice Eugénie, de la vicomtesse de Pal-
merston, et Black Circassian du capitaine Glegg. M. Turner, de
Slough, avait exposé un beau spécimen en pot du nouveau Cerisier
forcé de Frogmore, chargé de fruits, auquel le comité décerna un cer-
tificat de 1"° classe.
Framboises. — Deux assiettes de framboises avaient été envoyées
par E. F. Hopwood, Esq., qui obtint un 2° prix.
Bananes. — On en exposa deux beaux régimes. Le 4" prix échut
— 333 —
à P. L. Hinds, Esq. de Byfleet; c'était un régime très-grand et superbe
qui excita l’admiration des connaisseurs. Le 2° prix fut décerné aux
bananes des jardins de J. Gott, Esq. de Leeds.
Miscellanées. — Dans les concours des fruits mélangés, nous pou-
vons citer quatre très-beaux Ananas des jardins du duc de Richmond, à
Goodwood, tous d’une belle croissance et d’une bonne culture. Une grande
caisse de Brugnons venait de C. N. Newdegate, Esq.; en outre un bon plat
de fruits du Vanilla planifolia provenait du jardin de G. J. Foljambe,
Esq., à Osberton. M. W. Hazlewood envoya de bons citrons et des oran-
ges. Quelques collections de poires et de pommes, excessivement bien
choisies, entraient aussi dans ce concours; parmi les plus remarquables
se trouvait une bonne collection de lady Hamilton; de M. Earley, de
Digswell, et un excellent contingent de la comtesse Cowper, de Wrest
Park, qui apporta également un superbe plat de la grosse poire de
Garde (the Warden Pear). Un autre bon lot de poires et de pommes
venait des jardins de W. E. Hubbard, Esq., d'Horsham; près duquel
on voyait de très-beaux fruits de la nouvelle figue Castle Kennedy,
accompagné de feuilles et de branches portant quelques jeunes fruits,
montrant ainsi que c'était une grande figue de première qualité et
très-prolifique. Un autre envoi intéressant, c'était le fruit du Dioon
edule, exposé par J. Yates, Esq., de Highgate; de même qu’un beau
boca! de pickles envoyé par M: Earley, de Digswell.
Légumes. — L’exhibition de légumes, prise dans son ensemble,
était trés-belle, tant au point de vue de la quantité que de la qualité. Dans
la classe des légumes forcés, la 4° place revient au Rev. F. W. Mick-
lethwaite, de Norwich, qui possédait dans son lot des pois, des hari-
cots, des navets, carottes, champignons, et pommes de terre, puis
venait 2 le comte de Darnley, dont l’apport était dressé avec goût
dans des paniers garnis de mousse verte et consistait en champignons,
carottes, pommes de terre, haricots et tomates. La concurrence pour le
concours des légumes non forcés était ardente et serrée et amena de
très-bons contingents. Le 1° prix échut à T. T. Drake, Esq., de Shar-
deloes, dont le lot renfermait de plus remarquables de très-beaux poi-
reaux, des chouxfleurs et des asperges ; le 2° prix à M. Hope, de Deepdene,
qui possédait de bons chouxfleurs, des Yams de la Chine et d’assez belles
asperges ; et le 3°, au comte de Darnley, pour une très-belle et bonne
collection de six sortes. Parmi les autres contingents dignes d’être cités
dans cette classe, se trouve un bon lot de M. John Cattell, de Wesretham,
et un autre de J. J. Blandy, Esq., de Reading.
Salades. — À ce concours prirent part cinq concurrents; et les
obtenteurs des prix se suivirent de très-près. Le 1°" échut à M. Mason,
— 994 —
de Deptford; le 2°, au jardinier du comte de Darnley, M. Budd; et le
3° à Lady Hamilton, de Bloxham Hall ; tous avaient de bons contingents
qui consistaient généralement en 14 variétés.
Asperges, 50 jets. — Ce concours excita une grande émulation; le
4er prix fut décerné à George Tippett Hasell, Esq., de Bristol, pour de
très-beaux jets ; le 2° à la comtesse Cowper pour 50 jets pesant
7 !}4 livres; et le 5° à J. Cockle, Esq. Pour les 12 jets les plus forts, le
jury accorda le 1° prix à G. Tippett Hasell, Esq.
Champignons. — Premier prix au comte de Darnley pour une
corbeille de champignons de bonne venue et en parfait état; le 2e à
G. J. Hopwood, Esq., pour une grande corbeille bien remplie; un
excellent lot provenait également de F. Pryor, Esq., de Welwyn.
Pommes de terre. — [La concurrence fut également ici ardente
et serrée. Dans la catégorie des variétés allongées (Kidney kind), le
Aer prix échut à l'Irlande, au comte Fitzwilliam, de Coollatin Park,
Wicklow, pour le Prince of Wales; le 2° à Lady Hamilton, pour le
Mona’s Pride; le 3° à M. Hope, à Deepdene. Dans la classe des pommes
de terre rondes, le jury décerna le 1% prix à M. T. Westbroo,
d’Abingdon, pour un très-beau plat de Royal Albert ; le 2° à une sorte
nommée Early Betty.
Haricots. — Quatorze concurrents se disputérent les honneurs
dans cette catégorie. — Le 1° prix fut octroyé à T. S. Oates, Esq.,
Hanwell ; le 2° à E. Oates, Esq., de Hanwell; le 3° à J. Gott, Esq., de
Leeds. Quant aux Pois, un très-beau plat de Little Gem, Marrow nain,
fut servi par M. Turner.
Carottes hâtives. — Les meilleures venaient de chez la comtesse
Cowper, et après venait Me Hope, de Deepdene.
Concombres. — Il y eut dans cette classe une très-vive émulation
qui semblait exciter autant d’intérêt que, quoi que ce soit dans la tente;
il est à regretter qu’un grand nombre de spécimens restât sans récom-
pense. Le A+ prix fut donné à un superbe couple d’Hamilion’s Invin-
cible qui provenait des jardins de Lord St. John; le 2° prix échut à
M. Smith, pour un petit, mais charmant couple d'Hybrid Kenyon. Où
tout était si beau, il serait oiseux de tout mentionner. Pour le plus beau
et le plus long, la concurrence n’était pas aussi grande, mais les fruits
récompensés étaient de bonne qualité et d’un bel aspect.
Rhubarbe. — Toutes étaient très-bonnes, et quelques côtes étaient
admirablement grandes. Mwe Hope obtint le 4° prix; il s’y trouvait
— 9335 —
quelques côtes qui avaient 3 pieds de long sur 6 pouces de circonférence
près de la base; le 2° prix fut octroyé à M. Cattell, de Westerham; et
le 5° à R. Barclay, Esq.
Chou. — Il y en avait en quantité; les meilleurs appartenaient à
la comtesse Cowper ; puis venaient ceux de M. Early, de Digswell.
Choufleuxr. — Il y avait lutte entre M. Cattell et M. Snow, qui
suivait de près le premier, lequel remporta le 4°" prix.
Broccoli. — Ici encore M. Cattell arriva premier, suivi de près
par M. Whiting, de Deepdene. M. Squibbs, de Rook’s Nest, envoya
également de très-belles têtes.
Miscellanées. — Dans cette catégorie, un certificat de 1"e classe fut
décerné à M. Morin, d’Auvere, 58, rue St. Merry, Fontainebleau, pour
des Ignames de la Chine; la même distinetion échut aussi à Jones Lloyd
et Ivery et fils, de Dorking, pour de très-beaux exemplaires; mais
l’exposant français remporta la palme vu la grosseur d’un seul spécimen.
Des pommes de terre bien conservées avaient été envoyées par
M. Whiting, de Deepdene, et par le Rév. G. W. St. John, recteur à
. Woodstock. Ces deux collections se trouvaient en très-bonne condition.
M. Irving, jardinier du duc d’Hamilton, envoya des poireaux gigan-
tesques. MM. Gadd, de Worthing, avaient présenté une très-bonne
betterave, appelée non pareil, d’un beau coloris et d’une bonne saveur.
MM. Ivery, de Dorking, exposèrent un spécimen d’une nouvelle
laitue nommée l’{nternational, variété à feuilles découpées, que nous
désirons encore voir avant de nous prononcer sur son mérite.
Plans de jardin. — Nous avouons notre désappointement à la
vue des plans et des peintures qui figuraient à l'exposition. Nous
espérions un grand succès, mais nous n’avions nourri qu’une illusion.
Les sujets étaient peut-être mal choisis. Leur composition était trop
définic et leur détermination propre trop vague. Combien y a-t-il de
jardiniers qui aient le loisir et l’habileté nécessaires pour présenter
un plan d’un nouveau jardin d’horticulture, d’une campagne ou même
d’une villa avec des terrains de cinq acres d’étendue, ou de petites
pièces de terre propres à bâtir avec les accessoires de chemins car-
rossables, de jardin potager et floral et de pépinières, c’est, avouons-le,
très-difficile. On ne devait pas s’attendre à ce qu’un artiste vienne
concourir pour 10 livres, et alors la concurrence ne peut s'établir
qu'entre un nombre très-limité de compétiteurs. A l'avenir on ferait
bien de supprimer de tels sujets et ne proposer des prix que pour
la meilleure disposition des serres et des bordures pour les jardins
potager et floral, soit comme dessins spéciaux, soit comme complément
— 996 —
d’une maison que l’on aurait désignée. On pourrait également y joindre
des plans et des dessins de quelque jardin public, et dans ce cas,
l'habileté du dessinateur pourrait être jugée par rapport au plan que
l’on aurait fait avec soins dans ce but, ce qui exigerait des connais-
sances pratiques hautement appréciées et des plus nécessaires au jar-
dinier.
Personne ne s’étonnera done que les plans d’un jardin public de
la forme et de la situation de celui de la Société royale d’horticul-
ture à South Kensington, étaient fort mal réussis. Deux seulement y
figuraient : l’un, sans plantation au centre, était insignifiant, c’est-à-
dire composé sans aucune idée et entouré d’une ceinture d’arbustes;
l’autre, tout aussi peu méritant, était sillonné d’allées bordées de
plantations. Le jury ne leur accorda pas un seul prix.
Quant aux plans d’un jardin particulier et de terrains de 20 acres
d’étendue, sept concurrents se présentèrent. Le 2 prix seul put être
décerné, à M. Chapman, pour un dessin très-méritoire, malgré quelques
défauts. Son principal mérite consistait dans la disposition du jardin
floral autour de la maison et dans les points de vue illimités que l’on
avait des appartements. La situation de la maison était bien choisie pour
commander le terrain et celle du légumier et du jardin floral prouvait
les bonnes idées et le bon sens de l’auteur. Au concours suivant pour
un plan d’une villa et de ses dépendances d’une étendue de 5 acres,
il y eut quatre plans exposés. M. T. J. Caparn remporta le 2° prix pour
un dessin coloré pris à vol d'oiseau. Les points faibles consistaient en
une éclaircie mal disposée par suite de la plantation d’un Cèdre du Liban
et d’un Deodora qui masquaient l'horizon de la vue, et en une pièce
d’eau qui aurait pu donner à penser à M. Chapman. A cette occasion
nous suggéreront l’idée que, n’élant pas accompagnées d’un plan, ces
vues isométriques ne présentaient pas une étendue déterminée et que
50 acres au lieu de 5 auraient été nécessaires pour réaliser le projet
de plan.
M. J. Newton, 50, Eastborne terrace, Hyde Park, avait exposé, hors
concours,un paysage dont les œuvres d’art architecturales et pittoresques
avaient été exécutées par lui-même; en outre il avait formé une inté-
ressante collection de vues prises des propriétés de lord Chief, baron
Pollock, l'archevêque de Londres, de celles de la Saltburn improvement
Company, à Yorkshire, etc.
Dessins. — Les aquarelles de plantes indigènes ou exotiques for-
maient un ensemble plus agréable. La planche du Rhododendron Nuit-
talii de M. Slocombe était la meilleure. Le coloris était doux et harmo-
nieux, quoique un peu crayeux et un ton plus riche aurait été préférable.
M. Hill recut le 2 prix pour des dessins de l’Oncidium Papilio et du
Vanda suavis ; tandis que le 3° échut à un bouquet de Pieds d’Allouette
— 9317 —
gracieux et plein de goût, présenté par M°le Agnes Boyd. La concur-
rence entre elle et Melle S, Menab, d’Edimbourg, a dû être trés-vive et
nous sommes assuré que le jury a regretté de n’avoir pas à sa disposition
un des prix destinés aux autres concours. M. W. G. Smith avait apporté
quelques charmantes petites exquisses, entre autres une Primevère,
dont les feuilles étaient crispées et disposées avec recherche. M. Chand-
ler montrait un dessin d’un riche coloris, mais où le relief faisait
défaut. Il nous reste à mentionner quelques belles aquarelles, au
nombre de 52, exposées au Congrès par M. J. Platzmann, de Leipzig,
et qui représentaient des plantes tropicales d’un véritable mérite artisti-
que. Au point de vue botanique elles n'étaient pas aussi utiles qu’on
eut pu le désirer, vu le manque d’une échelle de proportion; mais
sous le rapport de la représentation de la texture, elles étaient d’une
vérité admirable.
Bouquets, etc. — La huitième section embrassait des objets d’or-
nement eu fleurs naturelles pour surtouts-de-table, étagères de salon,
bouquets de noce et de bal, couronnes, y compris des plantes dispo-
sées dans des petites serres, dans des caisses de fenêtres, des jardi-
nières, et dans des suspensions. Il est à regretter que ce concours n’at-
tira pas plus l’attention de ceux qui sont si bien à même d'offrir de bons
spécimens d'ouvrages artistiques, entre autres les vingt exposants de fleurs
coupées, dont il n’y eut que trois qui prouvérent beaucoup de goût dans
l’arrangement des fleurs. Mile Lermitte était sans aucun doute le plus
artiste. Ses surtouts-de-table, qui lui valurent le 1° prix, consistaient en
trois cercles de glaces, dont le plus grand occupait le milieu et bordés
l’un de Fougères et de Lycopodiacées, entremêlés de quelques fleurs et
par-ci par-là de feuilles de Cyperus variegatus, retombant, en s’y réflé-
chissant, sur la glace inférieure. Du corail blanc formait une arcade au-
dessus de la glace centrale, à laquelle s’attachaient d’un côté quelques
frondes de Fougères dorées, et de l’autre quelques feuilles d’A dianthum
trapeziforme, tandis que des brins de la Fougère Cheveux de Vénus
disséminés cachaient quelques parties du corail. Ces groupes étaient
remarquables par la légèreté, la grâce et l’élégance avec lesquelles quel-
ques fleurs et beaucoup de feuillage avaient été disposés et non arran-
gées avec étude, et nous étions fortement impressionné par l’idée qu'ils
avaient dû être l’œuvre d’une dame et que fleurs et feuilles glissaient
de ses mains dans leurs places et ne demandaient après aucun autre
soin. À côté de Mile Lermitte vient se ranger M. March, de St. James’s
Palace, un ancien exposant très-expérimenté dans l’arrangement des
fleurs. Il remporta le 4° prix pour des étagères de table de salon,
lesquelles se composaient de trois vases circulaires en cristal, sup-
portés par une tige centrale d'environ un pied de haut, du sommet
de laquelle trois chaines en anneau de verredescendaient jusqu'aux bords
25
— 938 —
du vase. Au pied de la tige centrale s’étalait un bouquet de fleurs
disposées avec bon goût. Maintenant que les chaînes de toute sorte
sont si fort en vogue dans la toilette des dames, M. March pense
sans doute qu'il a fait fureur en introduisant des chaînes diverses
dans l’arrangement des fleurs; en concourant en effet pour décorations
de tables de banquet, il a appliqué la même idée sur une plus vaste
échelle, à tel point que peu de tables semblables pourraient supporter
trois ornements aussi massifs que ceux qu'il a exposés. Les fleurs
étaient grandes et convenables, telles que des Rhododendron de chaque
côté, et des Iris pourpres au milieu; mais l’ensemble était si lourd,
nonobstant le relief qu’apportaient les anneaux des chaines de verre,
que nous ne sommes pas surpris de ne lui voir remporter qu'un
3° prix.
Le dernier concurrent que nous devons mentionner est M. Yates,
de Sale, près de Manchester, qui a montré qu’on peut s’illustrer par
de beaux bouquets qui n’affectent pas la forme de Champignon, dont
le marché de Covent-Garden a pendant longtemps eu le monopole.
Les trois bouquets de bal qui lui valurent le 1° prix, étaient de
forme pyramidale dans leur ensemble et contrastaient singulièrement
avec les autres en ce que les fleurs étaient peu nombreuses, bien
choisies et non serrées. Nous espérons survivre à la mode qui prévaut
à présent de grouper des fleurs de couleurs si différentes et de leur
mettre pour bordures des plumes ou des dentelles. Un tel arrangement
convient sans nul doute aux marchands de fleurs et trouve un en-
couragement chez ceux qui ont de la fortune, mais pas de goût, qui
se plaisent à dire combien de guinées ils ont payé une certaine masse
de fleurs, montées sur des fils de fer; mais nous sommes assuré
qu'il suffira de montrer au public le contraste frappant entre les bou-
quets groupés d’une manière légèrement compacte, pour donner la
préférence aux premiers, à l’exclusion complète des seconds, aux yeux
de ceux qui font preuve de goût. Il nous faut encore attirer l’atten-
tion sur les beaux vases et autres objets propres à être garnis de
plantes; et les plus précieux, tant pour les tables dressées que pour
les guéridons de salon, étaient ceux de MM. James Powell et fils, de
a verrerie de Whitefriars. Mais à cause de l’arrangement disgracieux
des fleurs, le jury n’a pu accorder de prix, en regrettant que les
fabricants n’aient pas employé des personnes compétentes pour l’orne-
mentation de leurs vases, tout en rendant un verdict approbatif pour
leur composition et leur dessin.
Un autre fabricant de glaces, M. James Green, de Upper Thames-
street, avait exposé trois étagères élégantes qui auraient obtenu des
prix, si les fleurs avaient été mieux disposées et s’il les avaient présen-
tées comme ornements de tables de salon, au lieu de servir à la déco-
ration des tables dressées, dont ils enlèveraient trop le coup d’æil.
— 339 —
Trois personnes prirent part au concours pour plateaux de table;
aucun de ceux-ci n’était strictement un plateau. Celui de Miss Wint,
de Brighton, était le meilleur. Le seul plateau véritable était celui
qui portait le nom de Lady Rokeby, lequel était inscrit dans une autre
elasse et manquait de grâce dans son arrangement.
Au désappointement général, un seul exposant répondit au concours
qui demandait trois spécimens de couronnes et de guirlandes; c’était
M. Yates, qui n’obtint que le 2 prix. Les bouquets de noce étaient
en grand nombre, mais ne présentaient rien de remarquable, sinon
leur aspect un peu lourd.
Nous en sommes arrivé à parler des meubles garnis de plantes vivan-
tes. 11 n’y en eut que deux, appelés jardinets et destinés à trouver place
dans un salon ; mais ils étaient si mal arrangés qu’ils ne purent obtenir
de prix. Des caisses pour les appuis de fenêtre, une seule méritait une
récompense qui fut décernée à MM. Cutbush et fils, de Highgate; on
admirait beaucoup le contraste entre le bleu riche des tiges tombantes
du Zobelia, et la couleur chocolat foncé de la caisse. Les autres caisses
étaient médiocres, quoique celle en pierre de MM. F. et G. Rosher,
de Chelsea, füt garnie des meilleures plantes. Ceux qui exposèrent des
suspensions et corbeilles ne prirent pas la peine de les orner comme
ils l’auraient dü; on n’accorda encore iei que le 2° prix à trois suspen-
sions qui, si elles avaient été suspendues, n’auraient probablement pas
recu de prix du tout; car rien ne dissimulait la mousse brune qui en-
veloppait les pots. La lutte la plus vive de cette section eut bien lieu
pour les prix offerts aux serres de salon : le 1° prix fut remporté par
M. Macintosh, de Hammersmith; sa serre, cependant, était trop lourde,
à notre avis, pour un salon. Celles qui valurent le 2° prix à MM. Claudet,
Houghton et fils, étaient beaucoup trop claires pour étaler les plantes avec
avantage ; elles n’étaient que tout or et blanc; toutefois les plantes étaient
chez tous les deux, disposées gracieusement. Le 5° prix échut à MM. Barr
et Steden, King street, à Covent Garden, qui, par leur envoi de vingt
serres, semblaient décider à ne pas perdre la chance de gagner un prix,
mais leur erreur venait d’avoir rempli leurs meubles plutôt avec des
plantes intéressantes sous le rapport botanique, qu'avec quelques plantes
à effet ornemental.
Insirumenés. — L'exposition en renfermait un grand nombre
mais à peu d’exceptions près, il n’y avait rien de nouveau ni de remar-
quable. Un fer-à-cheval, recouvert de bois, destiné à être appliqué
pendant les travaux de roulage et de fauchage des pelouses, était exposé
par M. Henderson, jardinier de M. G. H. Beaumont, Bart, Coleorton-Hall,
Ashby-de-la-Zouch. Ce perfectionnement apporté aux sabots tient les
pieds du cheval trop chauds. Il y avait à profusion des machines à
faucher, ainsi que des seringues, pompes et des ustensiles de jardinage,
— 940 —
et en outre des chaudières et autres appareils de chauffage. Parmi ces
derniers, M. Gray recut un certificat de 1° classe pour une chaudière
tubulaire ovale. Plusieurs exposants présentèrent des modèles de serres,
d’abris etc., etc.
M. Earley, jardinier de F. Pryor, Esq., avait exposé un appareil
très-utile et à bon marché pour protéger les jeunes arbres dans les
parcs. Il est fait en fer solide avec des pieds fichés en terre et à deux
pieds de haut tressé en fil de fer; il se compose de deux pièces semi-
circulaires que l’on réunit autour de l'arbre au moyen de vis et
d’écrous. M. Ch. Lee exposa une puissante machine à deux roues pour
transplanter les arbres. Le jury décerna un prix à une machine con-
struite par M. Mc-[ndoe, jardinier de Coles Child, Esq. Aux deux
fortes roues de derrière est attaché un timon puissant au moyen de
bandes de fer qui dépassent considérablement les roues. Aux côtés de
ce timon s’attachent de forts cordages ou des chaines qui passent sous
le pied de l’arbre, lequel s'enlève alors par la puissance du levier.
Entre les deux roues en fer, dans le même axe, se trouve une roue
étroite, munie d’un manche que l’opérateur peut faire mouvoir facile-
ment pour avancer ou reculer la machine. |
Quant au meilleur mode de ventilation des constructions horticoles,
le prix échut à MM. Sanders, Frewen et C*, de Bury St. Edmunds.
M. Newton, 50, Eastbourne terrace, Hyde Park, fournit quelques mo-
dèles ingénieux et illustrés de différents systèmes de ventilation.
Au nombre des vases, MM. Hunt et Pickering, de Leicester, en avaient
mis un en fil de fer dont le fond était en terre. C’est un perfectionne-
ment apporté aux vases en fonte, en ce qu’il permet un bon drainage et
la circulation continuelle de l'air à travers chacune de ses parties.
M. Bull, de Chelsea, avait exposé des corbeilles en paille d’Italie. Un
certificat fut accordé aux vases, fontaines etc., et rochers artificiels
envoyés par MM. Rosher, de Chelsea. M. Thomas, Newcastle Place,
et Paddington en recurent également un pour des voûtes en fil d’archal,
des bancs, ete., ete., et surtout pour la grande variété et la beauté artis-
tique des diverses corbeilles en fil de fer. «
Plusieurs exposants avaient exhibé des chaises et des bancs de jardin,
ainsi que des caisses pour orangers ou autres arbustes analogues; mais il
n’y avait rien de particulier à mentionner. M. Puig, Grove Terrace,
Grove Road, St. John's Wood, remporta un prix pour deux beaux pro-
jets de rockwork ou ruines, destinés à contenir des Fougères.
Nous terminons ici notre compte-rendu, non sans répéter que les
thermosiphons de M. Ormson chauffaient parfaitement la partie de la
tente réservée aux Orchidées, et nous avons été heureux d'apprendre
par les exposants de cette catégorie de plantes, que célles-ei n'ont pas
éprouvé le moindre préjudice.
Traduction de M. G. Barzer.
— 941 —
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Le Bulletin de la Fédération des Socictés d'horticul-
ture de Belgique poux 4865 a paru cette année plus tard que
de coutume par suite de diverses circonstances accidentelles. Nous
aimons à croire que ce nouveau volume sera accueilli avec la même
sympathie que ceux qui l'ont précédé, lesquels ont toujours été appréciés
de la manière la plus flatteuse par nos confrères de la presse horticole en
Europe. C’est, en réalité, un annuaire de l’horticulture belge où l'on
trouve la situation et les travaux de presque toutes nos Sociétés. Le
bulletin de 1865 forme un fort volume grand in-octavo de 500 pages.
On remarque en tête les nouveaux statuts de la Fédération dont le cadre
s’est élargi en s'étendant à toutes les institutions de Belgique dont le but
se rattache à l’horticalture et en admettant des Sociétés étrangères cor-
respondantes et des membres honoraires. La liste des Sociétés fédérées
montre que la Fédération est de plus en plus prospère, plusieurs adhésions
nouvelles et importantes ont eu lieu. Le programme des concours est
vaste et bien fait pour exciter l’émulation des travailleurs. On remarque
ensuite des documents statistiques concernant les conférences publiques
et gratuites qui sont données dans une foule de localités du pays sous
la généreuse impulsion du gouvernement, et ce vaste mouvement
de propagande horticole s'étend de plus en plus en produisant déjà les
plus heureux résultats. Parmi les rapports des Sociétés on remarque
surtout ceux de Gand, de Bruxelles, d'Anvers, de Mons, de Liége, de
Huy, de Namur et beaucoup d’autres. Après un rapport, trop court mais
qui sera complétée cette année, sur l’état et les progrès de l’horticulture
belge, on trouve, dans le volume, une Flore forestière de Belgique par
M. Alf. Wesmael et qui a été couronnée par la Fédération. Cette flore
forestière constitue à elle seule un ouvrage important ; elle manquait à
notre littérature botanique et sera utilement consultée dans maintes
circonstances. Depuis le Manuel de l’arboriste de Poederlé, la Belgique
n'avait plus produit d'ouvrage aussi considérable touchant à l’arbori-
culture ornementale et forestière. On voit combien est varié l’intérêt
que présente le nouveau et septième volume publié par la Fédération.
{alendrier du jardinier bourgeois par M. Lasausse(1). —
Encore un bon livre qui a sa place marquée dans toute bibliothèque horti-
cole. Il contient, comme il est dit sur le titre et en dépit du proverbe
que rien n’est menteur comme une enseigne : l'indication mois par
(1) Gand, chez Hoste, 1 vol. in 12° de 285 pages, 1867. Prix 5 fr.
— 342 —
mois de tous les travaux des jardins potagers, fruitiers et d'agrément, de
l’orangerie ct de la serre tempérée, ainsi que la manière très-détaillée
d'exécuter ces travaux. Nous ne connaissons pas M. Lasausse, qui est
horticulteur à Tournai et, d’après ce qu’il nous apprend, un vieux pra-
ticien, tenant la bêche et la serpette depuis 1814. Son livre nous prouve
qu’il manie la plume sinon depuis aussi longtemps, au moins avec au-
tant de convenance. On y trouve dans l’ordre chronologique l'indication
raisonnée des principaux travaux exécutés dans les jardins... tous ceux
qui cultivent un jardin grand ou petit, n'auront pas la crainte de dé-
passer l’époque d’un semis, d’une plantation, d’un bouturage, d’un
greffage, d’une taille, ete.; de plus, ils trouveront la manière de faire
ces divers travaux. Bref, et sans entrer dans des détails d'analyse, c’est
un ouvrage utile et par conséquent un bon livre. Nous regrettons cepen-
dant de ne pas y trouver une table des matières un peu plus détaillée et
qui, croyons-nous, aurait rendu ce Calendrier encore plus usuel.
L'herborisation de Ia Société de botanique qui a eu lieu
cette année dans les Ardennes a été racontée dans le dernier bulletin de
la Société phytologique d’une manière exacte, savante et humouristique.
La revue d’horticulture EH Gäardimi a momentanément cessé de pa-
raitre : elle reprendra sa publication à partir de janvier 1867. Ce recueil
est le seul organe de publicité horticole qui paraisse en Italie. Il était di-
rigé avec beaucoup de talent et de sagacité, par un homme aussi modeste
que savant qui cache tous les services qu’il rend à l’horticulture de son
pays sous le simple pseudonyme d’un antofilo. Nous n’oserions nous
permettre de divulguer ce pseudonyme.
Exposition de Londres. Photographie. M. Richard Dean,
secrétaire-adjoint du comité exécutif de l’exposition internationale de
Londres au printemps dernier, annonce que M. Vernon Heath a publié
une excellente photographie représentant le groupe de tous les membres
de ce comité. Le tableau se compose donc de MM. Wintworth Dilke,
Daniel Cooper, Bentley, W. Bull, Edw. Easton, Charles Edmonds, Ro-
bert Fortune, J. Gibson, R. Hogg, J. Lee, Charles Lee, Masters,
Th. Moore, Th. Osborn, W. Paul, J. Standish, Charles Turner,
J. Veitch, Harry Veitch, S. Williams et Richard Dean. C’est un des plus
agréables souvenirs que l’on puisse conserver de cette mémorable réu-
nion. La protographie coûte seulement 6 shillings. S’adresser à M. Ri-
chard Dean, 8, Denmark Villas, Ealing, London, W.
M. Vernon Heath a publié aussi quatre grandes photographies de
l'intérieur de l'exposition. Elles coûtent ensemble une guinée (21 shil-
lings) emballage compris.
— 9435 —
REVUE DES CATALOGUES.
M. LOUIS VAN HOUTTE. — N° 116. Ce catalogue est consacré aux
plantes de serre froide et de plein air. Parmi toutes sortes de renseigne-
ments nous recueillons quelques notes qui nous ont paru intéressantes et
bien écrites :
Les Erythrines. Qui ne connait les Erythrines et l'aspect impo-
sant de leurs thyrses majestueux, soit répandus cà et là dans le paysage,
soit réunis en larges groupes dans la partie la plus voisine de l’habita-
tion ? ils se montrent de bonne heure, et dans toute leur beauté; et puis
enfin quand arrivent les gelées, que leur hivernage est facile! On en ar-
rache les souches comme on le fait pour les Dahlias et côte à côte ils pas-
sent l'hiver avec eux jusqu’au retour du mois de mai. Toutefois con-
trairement aux Dahlias, dont les racines aqueuses sont sujettes à périr,
les souches des Erythrines, au contraire, prennent d’année en année
plus d’accroissement. Cet accroissement, qui n’a pas de borne, finit par
faire ressembler ces grosses souches à des têtards de saules, émettant un
grand nombre de tiges formant toutes de magnifiques grappes d’un rouge
éblouissant et dont le coloris varie dans toutes ces variétés croisées ayant
pour type l'Erythrina Crista-galli et E. laurifolia. Elles n’ont rien de
commun avec les types auxquels la serre chaude est nécessaire pendant
l'hiver, tels que les £. Corallodendron, caffra, picta, etc. Du reste, Ô
Européens, qui ne vous êtes jamais souciés de quitter le plancher des va-
ches; qui n’avez jamais songé, peut-être, pendant votre sémillante jeu-
nesse, à quitter votre sweet home pour cingler à travers l’océan vers la
patrie où trône l’Erythrina Crista-galli, en rival de nos chênes ; s’il ne
vous a pas été donné d’en apercevoir les hautes cimes, gigantesques glo-
bes d’un écarlate éblouissant, vous pourrez à votre aise vous donner,
avec le temps et sans peine, de très-grosses souches dont la valeur en
espèces monnayées ne sera pas mince plus tard, et qui chaque année
constitueront le plus éclatant ornement de vos jardins.
Xanthorrhœa arborea. Liliacée arborescente de l'Australie dont
le tronc a de l’analogie avec celui des Bonapartea, la disposition orne-
mentale de son feuillage érigé a des rapports avec celui du Dracœnopsis
(Dracena), indivisa; sa tige florale est une rivale de celle du Zitiæa
(Bonapartea) juncea. — Les Xanthorrhæa sont originaires des contrées
les plus froides de l’Australie continentale; ils passent ici l'hiver en
orangerie, en serre froide et l’été en plein air.
— 344 —
Culture des Alstroæmeria. L'expérience a prouvé qu'en plan-
tant les racines des Alstræmères du Chili à un pied de profondeur, elles
sont tout à fait rustiques. Elles ont même mieux fleuri là, dans une
planche sans aucun préservatif contre le froid, qu’elles ne l'ont fait dans
nos bâches couvertes de panneaux pendant l'hiver. C’est une bonne for-
tune pour nos jardins, où ces belles plantes sont destinées à jouer un
grand rôle. Les Alstræmeria aurantiaca, psiltacina, brasiliensis, ete.,
sont dans le même cas. L’Alstræmeria aurantiaca est tout à fait rustique
et très-beau, planté en groupes ; fleurs très-nombreuses, orange mou-
cheté de carmin. L’Afstræmeria brasiliensis a les fleurs bien plus belles
encore ; elles se présentent en gros bouquets et sont quadricolores : fond
rouge amarante, strié acajou, à bouts verts et tout tigré de noir. Cette
espèce est très-vigoureuse et très-rustique; elle s’élève à trois pieds de
haut. On retrouve toutes les couleurs possibles dans les fleurs de l’Al-
strœæmeria chilensis qui commencent à se montrer en juin et durent jus-
qu'en septembre. Les Alstræmères du Chili s’élèvent à 2 pied et demi.
Les Calistegia pubescens et sepianm à fleurs doubles sont les
meilleures plantes que l’on puisse employer pour garnir le bas des ton-
nelles, les berceaux, les gloriettes, des pans de mur, des rochers, etc.
Elles sont d’une rusticité à toute épreuve. La premiére des deux est
double comme une rose ; la fleur de la dernière est d’un beau rose foncé.
Le Myosotis azorica est un charmant « Souvenez-vous-de-moi »
à fleurs plus foncées que l’espèce croissant dans nos marécages. Se
cultivant avec facilité, buissonnant bien et fleurissant abondamment, il
est d’un grand effet, surtout planté en groupes.
BULLETIN NÉCROLOGIQUE.
Le professeur Metétenius. — Georgc-llenri Mettenius est né le
24 novembre 1825, à Francfort s/M. où son père était négociant. Il alla
à l’école modèle, et plus tard à l’école du directeur Stellway, toutes
deux à Francfort ; ensuite il devint élève du gymnase communal dont il
suivit les cours jusqu’en 1841. Au printemps de 1841, il partit pour
l’université de Heidelberg, où il étudia la médecine. Il prit au mois de
juillet 1845, le grade de Docteur en Médecine ; sa dissertation inaugu-
rale eut pour sujet De Salvinid (Francofurti ad/M. 1845, in-4.). Au prin-
temps 1846 il devint médecin, mais il n’exerçait pas cet état. En automne
1846 il s'établit à Héligoland, pour étudier les algues marines. L’hiver
— 945 —
de 1846-47 fut passé à Berlin, l’été de 1849 à Vienne, où il fréquentait
quelques cours de médecine et les cliniques des hôpitaux, tout en s’ap-
pliquant spécialement aux études botaniques. En automne de 1847 il
voyagea en Dalmatic, ct il étudia particulièrement les algues marines à
Fiume. Au printemps de 1848 il s'établit comme professeur agrégé
(Privatdocent) de Rotanique à l’université de Heidelberg, où ses lecons
publiques furent très-fréquentées. Au printemps de 1851 il fut appelé à
Freiberg comme professeur extraordinaire, pour remplacer le professeur
Alexandre Braun, qui était allé à Giessen. Mais il n’y resta qu'un an et
demi. En automne de 1852 il fut nommé professeur ordinaire et direc-
teur du jardin botaniqne de Leipzig, où la chaire de botanique était
devenue vacante par la mort du professeur Kunze. Il épousa le 14 juin
1859, Cécile, seconde fille du professeur Alexandre Braun.
Le professeur Caspary a épousé en même temps la fille ainée de cet
excellent botaniste.
Mettenius travailla et étudia jusqu’au dernier jour de sa vie, brusque-
ment terminée par un accés de choléra, le 18 août 1866. Les premiers
accès le prirent à 10 heurcs du matin. Etant médecin, il sentit bientôt
que sa guérison serait impossible, en dépit des efforts de deux des plus
éminents docteurs de Leipzig. Il conserva ccpendant assez de présence
d'esprit pour pouvoir communiquer à sa femme ses volontés les plus
importantes. Il expirait à 6 heures du soir ie même jour.
Mettenius était un homme fort et robuste, sa vie était très-régulière. A
5 heures il commençait à travailler pour ne finir qu’à 10 heures du soir.
Il ne songeait qu’à l'étude des plantes, et surtout des Fougères, dont il
trouva une très-belle collection au jardin botanique de Leipzig, réunie
par Kunze ; il ne cessa de l’augmenter au point de la rendre la meil-
leure connue. Peu de directeurs de jardins botaniques ont consacré
tant de temps et de peine pour arranger un jardin que Mettenius, car
l'inspecteur du jardin, M. Bernhardi, est d’une faible santé, de sorte que
c'était d'habitude Mettenius lui-même qui s’occupait de la direction du
jardin, s’y trouvant à 6 heures du matin, pour surveiller les travaux des
ouvriers. Il avait une connaissance approfondie de la littérature bota-
nique, et possédait une excellente bibliothèque. Il vivait modestement,
dévoué à sa femme et fidèlement attaché à ses amis. Il fut un de ces
hommes rares sur la parole et les actions desquels on peut se fier. Sa
manière de penser, combiné avec son jugement clairvoyant et péné-
trant, l’ont quelquefois fait regarder comme austère, et même comme
irop sévère, de ceux dont il avait des raisons de ne pas avoir une si
bonne opinion que des autres. Il est très-regrettable que l’ouvrage qui
devait être le résultat de tous ses travaux, un « Species Filicum » tra-
vail qu’il avait rédigé dans presque tous les principaux herbiers, tant à
Paris qu’à Kew, est resté inachevé. Il était le meilleur ptéridologue de
notre temps. Il est très désirable que son excellente collection de Fou-
— 3946 —
géres séchées soit ajoutée à celle de Kunze, pour l'usage de l’université
de Leipzig.
Mettenius laisse le jardin botanique de Leipzig dans un état si parfait
qu’il peut être regardé comme jardin modèle.
PR. CASPARY,
de Kæœnigsberg.
Le D' Schlechtemdal, professeur de botanique et directeur du
jardin botanique à Halle, vient de mourir. Ce savant dirigeait la Linnæa
et le Botanische Zeitung.
On annonce également le mort du D' Von Siebold.
EXPOSITION UNIVERSELLE D'HORTICULTURE A
PARIS EN 1867.
S'il est une entreprise qui ait jamais réuni toutes les sympathies,
c'est évidemment celle de l'exposition universelle de 1867.
En effet, cette œuvre de paix, cette grande lutte de l'intelligence et du
travail, fut presque la seule qui trouva grâce devant les préoccupations
de ces derniers temps. Et lorsqu'une partie de l’Europe était en feu, que
la France pouvait être appelée à prendre part à cette lutte fratricide,
nous avons vu presque tous les organes de l’opinion publique s'inquiéter
de l’avenir et déplorer que la guerre puisse faire reculer l’époque fixée
pour ce grand congrès où les œuvres de l’esprit comme le travail manuel
doivent recevoir leur récompense.
Toutes ces craintes ont heureusement disparu; la paix, et comme con-
séquence, les travaux vont se continuer. A la guerre où la force brutale
est si souvent celle qui décide du sort des peuples, succèdera l’ère des
conquêtes de l'intelligence qui doit amener le bien-être de tous.
Parler de l’exposition universelle, fournir des détails sur son ensemble
ou sur une partie des merveilles qui vont s’y trouver réunies, c’est don-
ner satisfaction aux intérêts du moment et entrer dans l’esprit de tous.
C’est ce qui nous engage à écrire ces lignes.
La commission impériale de l'exposition, comprenant l'importance
que prend chaque jour l’horticulture, et reconnaissant combien elle
augmente le bien-être et les jouissances de toutes les classes de la société,
a décidé de consacrer un quart du parc qui doit entourer l’exposition
universelle, pour être affecté aux produits horticoles. |
Cette partie, qui sera entourée de grilles, communiquera par quatre
portes avec l’exposition générale ; son entrée principale d'honneur sera à
— 547 —
l'angle de l’avenue de Lamotte-Piquet et de l’avenue de la Bourdonnais.
Le plan de ce terrain a été remis à MM. Alphand, ingénieur en chef
des ponts-et-chaussées et des plantations de la ville de Paris, et Barillet,
jardinier en chef, avec la mission de créer un chef-d'œuvre.
La chose était facile à des hommes dont la devise est : Passé oblige ;
aussi cette partie de l'exposition sera-t-elle d’une beauté remarquable.
Ce terrain sera transformé en un jardin où se trouveront représentés
les plus jolis sites, soit de France, soit des pays étrangers, où les végétaux
les plus variés viendront se grouper.
Deux rivières, serpentant à travers les gazons, seront alimentées par
des sources artificielles d’où elles s’échapperont ici avec l’impétuosité du
torrent, là en cascade, pour se réunir ensuite dans une immense pièce
d’eau qui sera peuplée de poissons aussi remarquables par leur grosseur
que par leur origine. On y verra, entre autres, bon nombre des fameuses
carpes que Francois [°° fit mettre dans les réservoirs du palais de Fontai-
nebleau. Des milliers de plantes aquatiques de tous genres orneront ce
bassin ainsi que les rivières, et le jonc si connu se mélera aux fleurs des
variétés des Velumbium, de Thalia, d’Aponogeton, etc., ainsi qu’à celles
de la Victoria regia, cette gigantesque nymphéacée, originaire de la
rivière des Amazones ou de ses affluents, plantes déjà offertes par un
horticulteur spécialiste renommé pour la culture de ces végétaux.
Les roches d’où sortiront les sources formeront l’entrée de deux vastes
grottes dont le plafond, fait en verre de glace, supportera des aquarium,
où se trouveront réunis : dans l’un, des végétaux et des poissons d’eau
douce ; dans l’autre, ceux qui vivent dans la mer. Les piliers soutenant
ces aquarium, ainsi que toute la charpente et le pourtour des grottes,
seront des roches et des stalactites artificielles.
Autour du jardin, dans les massifs d’arbres et d’arbustes divers,
seront construites dix-huit serres de différents modèles, qui, en même
temps qu'elles serviront d'exposition pour les constructeurs, serviront
aussi à placer les végétaux à l’abri et à les maintenir dans une atmos-
phère appropriée à leur nature et où ils pourront rester, tout le temps
du concours, exposés à la vue du public.
D’élégantes et coquettes tentes, fermées au besoin par des rideaux,
abriteront contre la pluie, les grands vents ou l’ardeur du soleil, les
végétaux qui, pour vivre, ont besoin d’être placés à Pair libre.
Rien de plus gracieux que ces tentes dont on peut voir en ce moment
les modèles construits au magnifique établissement horticole de la ville
de Paris (157, avenue d’Eylau), et qui, dressées çà et là sur des corbeilles
à côté de charmants kiosques et d’élégants chalets, feront du jardin de
l'exposition d’horticulture un Eden où cette fois la main de l’homme ne
gâtera pas l’œuvre du Créateur.
Au milieu du jardin s’élèvera une serre aux proportions monumen-
tales, à laquelle dès à présent on donne le nom de Palais de Cristal.
— 548 —
Dans cette construction magnifique, qui n’aura pas moins de 50 mètres
de long sur 37 mètres de large et 20 mètres de haut, seront rassemblés,
à l'ouverture de chaque série des concours, les végétaux que le jury sera
appelé à juger, et qui, aussitôt l’opération ‘terminée, seront placés dans
les serres ou dans les corbeiiles dont il est parlé ci-dessus. Le Palais de
Cristal est, en outre, destiné aux grandes réunions des jurés et à celle
des membres du congrès botanique qui doivent se rassembler autant de
fois que cela sera nécessaire pendant toute la durée de l’exposition.
Autour de ce palais, dans une vaste galerie, seront exposés les petits
instruments, les dessins, les plans spécialement horticoles etc.
Dans un des angles du jardin, un bâtiment demi-circulaire sera affecté
à un Diorama botanique, où les visiteurs verront passer devant eux les :
sites les plus variés de l’ancien et du nouveau continent où croissent les
végétaux qui seront également vus tels que la nature les produit.
Le long de l’avenue de la Bourdonnais, une autre galerie servira d’ex-
position pour les produits maraichers et les fruits.
Après avoir tracé à grands traits cette esquisse du jardin et des prin-
cipales constructions qui y seront élevées, nous allons passer aux concours
qui seront établis de manière à les échelonner tous en les faisant con-
corder avec l’époque où les plantes révèlent leur plus grand intérêt.
Les végétaux, en effet, ont des époques à peu près fixes pour fleurir, et
ceux dont l’ornement réside principalement dans la forme ou la couleur
de leur feuillage, ont également un moment où ils brillent de toute leur
beauté; il était donc presque impossible de faire une seule exposition.
La commission impériale a pensé à diviser le concours en 14 séries se
subdivisant selon la nécessité. Dans ce but, après avoir élaboré un projet,
et afin de donner autant que possible pleine satisfaction à tous les inté-
ressés, elle a réuni les principaux horticulteurs des environs pour les
entendre et recevoir leurs observations sur le travail de la commission
d’horticulture. Toutes satisfactions ont été données, et aujourd’hui, bien
qu'il puisse s’y trouver encore des omissions, le programme déposé à
l'imprimerie doit être considéré comme remplissant toutes les conditions
pour produire un libre concours dans toutes les sections et aux horticul-
teurs de tous les pays. Nous allons très-succinctement en faire connaître
la teneur.
Progrimme.
La re série de concours ouvrira le 4°" avril 1867; elle comprendra :
41 concours pour Camellia fleuris. + HTEEURS
n — pour plantes de serre chaude de nouvelle introduction.
2 — pour plantes de serre chaude obtenues de semis sur le
continent.
UT
sa
‘Er ee
— 349 —
concours pour plantes de serre tempérée de nouvelle introduction.
— pour plantes de serre tempérée obtenues de semis sur le
continent.
— pour Orchidées de serre chaude.
— pour Broméliacées id.
-- pour Fougères herbacées id.
— pour Erica fleuris de serre tempérée et froide.
— pour Acacia et Mimosa id.
— pour Fougères herbacées id.
— pour Amaryllis fleuries id.
— pour Cinéraires fleuris id.
— pour Primula sinensis fleuris id.
— pour Daphné fleuris id.
— pour Cyclamen fleuris id.
— pour Giroflées fleuries id.
— pour plantes diverses id.
— pour Houx de pleine terre.
— pour Magnolia grandifi. id.
— pour Yucca id.
— pour Lierres de
pour plantes lign. div. ïd.
— pour Tulipes hâtives fleuries de culture forcée.
— pour Crocus fleuris id.
— pour Lilas fleuris id.
— pour Rosiers fleuris id.
— pour arbustes divers fleuris : id.
— pour plantes nouvelles diverses.
— pour Ananas de culture forcée.
— pour arbres fruit. et fruits id.
— pour Melons id.
— pour Fraises id.
— pour Concombres id.
— pour légumesdivers id.
— pour fruits conservés.
— pour Poiriers arbres formés.
— pour Pommiers id.
—- pour Pêchers arbres formés.
—— pour Cerisiers id.
— pour Vignes id.
— pour Pruniers id.
— pour Abricotiers id.
— pour div. arbr. ou arb. fruit. id.
— arbres fruitiers élevés à tiges.
> > NO KO > N NO NO NO à = > D > Re NO RO OÙ ee en en ù D QI OI À OU me OÙ KO & NN RUN ER È& QI
La 9me série de concours ouvrira le 45 avril 1867; elle comprendra :
42 concours pour Conifères d'ornement.
2 — pour Conifères d’essence forestière.
4 — pour plantes à feuillage ornemental de serre chaude.
4 — pour Orchidées id.
10 — pour Cactées id.
3 — pour Sélaginelles et Lycopodes id.
€
4
2
2
1
2
2
2
1
2
2
2
1
3
2
2
2
2
1
1
|
1
2
— 950 —
concours pour Agaves de serre tempérée et froide.
œ—
pour Aloës id.
pour Dasylirion et Bonaparte id.
pour Yucea id.
pour Rhododendrons fleuris id.
pour Epacris fleuries id.
pour Erica fleuris id.
pour Cinéraria fleuris id.
pour plantes vivaces de pleine terre.
pour Jacinthes id.
pour Pensées id.
pour Primula veris. id.
pour Giroflées jaunes id.
pour Magnolia à feuilles caduques de pleine terre.
pour Rosiers tiges fleuris id.
pour Rosiers nains fleuris id.
pour plantes nouvelles diverses.
pour Melons culture forcée.
pour Fraisiers id.
pour Asperges id.
pour Concombres id.
pour légumes divers id.
La 5e série de concours ouvrira le 1° mai 1867; elle comprendra:
©
8
8
4
D
2
2
2
4
2
2
2
2
1
3
1
|
1
1
1
2
1
1
|
|
2
4
5
concours pour Azalea indica fleuris.
—
pour Rhododendrons arboreum, fleuris.
pour plantes nouvelles de tous genres.
pour plantes fleuries de tous genres.
pour Orchidées fleuries de serre chaude.
pour plantes spécialement affectées à la décoration des ap-
partements.
pour Ixia et Sparaxis fleuris.
pour Pivoines arborées fleuries.
pour Pivoines herbacées fleuries.
pour Rosiers tiges fleuris.
pour Rosiers nains fleuris.
pour Clématites fleuries.
pour suspensions garnies de plantes à rameaux pendants.
pour Tulipes fleuries.
pour Pensées fleuries.
pour Auricules fleuries.
pour Giroflées quarantaines fleuries.
pour Réséda fleuris.
pour Gladiolus nains fleuris.
pour plantes nouvelles diverses.
pour Asperges.
pour Champignons.
pour légumes divers.
pour melons culture forcée.
pour légumes divers id.
pour arbres fruitiers el fruits id,
pour Ananas id.
A 0) OU
La 4m série de concours ouvrira le 15 mal 1867; elle comprendra :
Al concours pour Palmiers.
) — pour Cycadées.
— pour Orchidées fleuries.
— pour Ixora.
— pour Azalea indica fleuris.
— pour Calcéolaires fleuris.
— pour plantes destinées à l’approvisionnement des marchés.
— pour Rhododendrons de l'Himalaya fleuris.
— pour Auricules fleuries.
— pour Rhododendrons de pleine terre fleuris.
— pour Azalées de pleine terre fleuries.
— pour Kalmia fleuris.
— pour Clématites fleuries.
— pour Rosiers tiges fleuris.
pour Rosiers thés à tige fieuris.
— pour Rosiers nains fleuris.
— pour végétaux ligneux divers de pleine terre.
©
— pour plantes vivaces fleuries id.
— pour plantes annuelles fleuries id.
— pour Pivoines herbacées fleuries id.
— pour Pivoines arborées fleuries id.
— pour Renoncules fleuries.
— pour Anémones fleuries.
— pour Bellis perennis fleuries.
— pour plantes nouvelles diverses.
— pour fruits forcés.
— pour Raisins de table forcés.
— pour légumes divers.
OI NO © NN pe > = 2 OU NO O1 ee NO > © NO NOT I © => 2 À Le NO NO
La 5e série de concours ouvrira le 1° juin 1867; elle comprendra :
9 concours pour Orchidées fleuries.
— pour Pelargonium à grandes fleurs fleuris
— pour Pelargonium fantaisies fleuris.
— pour plantes diverses de serre chaude.
— pour plantes à feuillage ornemental.
— pour Caladium bulbeux.
— pour plantes diverses de serre tempérée.
— pour Calcéolaires fleuris.
— pour Verveines fleuries.
— pour plantes annuelles fleuries.
pour plantes vivaces fleuries.
— pour Pivoines de Chine fleuries.
— pour OEillets fleuris
— pour végétaux ligneux de pleine terre.
— pour végétaux divers de terre de bruyère id.
— pour Rhododendrons id.
— pour Azalées fleuries id.
— pour Kalmia fleuris id.
— pour Rosiers tiges fleuris id.
— pour Rosiers nains fleuris id.
æ Le NO 2 À OÙ me NO > O1 NO NO À OÙ = Où 7 À Cr 00
— pour Rosiers sarmenteux et grimpants fleuris id.
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2
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3
D NO => O1 => O1 NO RO => RO RO NO > > 2 Re NO ON OÙ OÙ O7 ON
— 552 —
concours pour Roses en fleurs coupées.
—
—
pour plantes nouvelles diverses.
pour Melons.
pour légumes divers.
pour fruits forcés.
La 6° série de concours ouvrira le 15 juin 1867; elle comprendra ;
?
concours pour Rosiers tiges fleuris.
re
—
us
pour Rosiers nains fleuris.
pour Rosiers grimpants ou sarmenteux fleuris.
pour Roses en fleurs coupées.
pour Pandanées.
pour Pelargonium à grandes fleurs fleuris.
pour Pelargonium fantaisies fleuris.
pour Pelargonium zonale-inquinans fleuris.
pour Orchidées de serre chaude fleuries.
pour Théophrasta et Clavija.
pour Maranta, Calathea et Phrynium.
pour Musa.
pour Bégonia (types).
pour Bégonia variétés.
pour Orangers, Citronniers, etc.
pour Verveines fleuries
pour Calcéolaires fleuris.
pour plantes vivaces fleuries.
pour plantes annuelles fleuries.
pour Delphinium fleuris.
pour Iris fleuris.
pour Giroflées Quarantaines fleuries.
pour Orchidées indigènes.
pour plantes alpines et alpestres.
pour plantes nouvelles diverses.
pour Pivoines herbacées fleuries.
pour Pivoines arborées fleuries.
pour Légumes divers.
pour Bananes.
pour Cerises.
pour Fraises,
La 7e série de concours ouvrira le 4° juillet 1867; elle comprendra:
1!
4
2
D
2
2
2
4
2
L
1
concours pour Pelargonium zonale-inquinans fleuris
—
—
—
ee
pour Pelargonium zonale à feuilles panachées.
pour Pelargonium (types).
pour Fougères arborescentes.
pour plantes utiles, officinales des Tropiques.
pour Orchidées fleuries de serre chaude.
pour Nepenthes.
pour Gloxinia fleuris.
pour Caladium bulbeux.
pour Petunia fleuris.
pour Rochea fleuris,
Le Pie
1 concours pour Crassula fleuris.
1 — pour Sarracenia.
1 — pour Amaryllisfleuries.
1 — pour Lilium auratum fleuris.
1 — pour plantes vivaces fleuries de pleine terre.
1 — pour plantes annuelles fleuries id.
1 — pour plantes vivaces à feuilles panachées id.
…
k — pour Fougères herbacées id.
2 — pour Delphinium fleuris id.
1 — pour Réséda fleuris, id.
2 — pour Roses trémières fleuries id.
4 — pour Roses en fleurs coupées.
2 — pour plantes nouvelles diverses.
3 — pour légumes divers.
1 — pour Champignons.
9 — pour Cerises.
5) —- pour Fraises.
La 8° série de concours ouvrira le 15 juillet 1867; elle comprendra :
4 concours pour OEillets flamands, fantaisies, etc., fleuris.
2 — pour OEïillets remontants, fleuris.
6 — pour végétaux de serre chaude.
2 — pour arbres à fruits exotiques.
3 — pour Gloxinia fleuris.
4 — pour Lantana fleuris.
4 — pour Petunia fleuris.
1 — pour plantes vivaces fleuries de pleine terre.
2 — pour plantes annuelles fleuries id.
2 — pour Phlox fleuris.
5 — pour Pentstemon fleuris.
3 — pour Canna.
3 — pour Roses trémières fleuries.
5 — pour Gladiolus fleuris.
2 — pour Delphinium fleuris.
3
1
3
L
3
5
€
— pour Phlox Drummundi fleuris.
— pour Alstrœæmières.
— pour Hydrangea et Hortensia fleuris.
2 -—— pour plantes nouvelles diverses.
— pour arbres à fruits à noyau.
— pour arbres et arbustes à fruits en baies.
— pour Melons.
5 — pour légumes divers.
nn
La 9" série de concours ouvrira le 1°" août 1867; elle comprendra :
6 concours pour Fuchsia fleuris.
— pour Gladiolus fleuris.
— pour végétaux grimpants, sarmenteux, ete., exotiques.
— pour Passiflores fleuries.
— pour Heliotropes fleuries.
— pour Phylica ericoides, vulgairement bruyère du Cap.
— pour Dahlia fleuris.
ou => & NN OÙ Re
26
— 904 —
À concours pour plantes vivaces fleuries.
— pour plantes annuelles fleuries.
— pour OEillets divers fleuris.
— pour Roses trémières fleuries.
— pour Phlox decussata fleuris.
— pour Lilium fleuris.
— pour Zinnia flore pleno fleuris.
— pour Lobelia fleuris.
pour Tropæolum fleuris.
— pour Hydrangea et Hortensia fleuris.
—- pour plantes nouvelles diverses.
— pour fruits à pepins.
— pour fruits à noyau.
— pour fruits en baies.
— pour Raisins hâtifs.
— pour Pêches.
— pour légumes divers.
ON æ NO OI Rù OÙ HO OI NO NO NO NO OÙ QE ON RO
La 10° série de concours ouvrira le 15 aout 1857; elle comprendra :
12 concours pour Aroïdées diverses.
— pour Orchidées de serre chaude.
— pour Gesneria fleuris.
— pour Achimènes fleuris.
— pour Nœgelia, etc., fleuris.
— pour Fuchsia fleuris.
— pour Erythrina fleuris.
— pour Pelargonium Zonale-inquinans fleuris.
— pour plantes pour suspensions.
— pour plantes vivaces fleuries.
— pour Dahlia fleuris.
— pour Roses trémières fleuries.
— pour Pentstemon fleuris.
— pour Phlox fleuris.
— pour OEillets remontants fleuris.
— pour Reines-Marguerites fleuries.
— pour Balsamines fleuries.
— pour Zinnia flore pleno fleuris.
— pour plantes annuelles diverses fleuries.
— pour Lilium fleuris.
— pour Gladiolus fleuris.
— pour Bruyères indigènes fleuries.
-- pour plantes aquatiques exotiques.
— pour plantes aquatiques indigènes.
— pour plantes nouvelles diverses.
— pour légumes divers.
— pour Melons.
— pour fruits à pepins.
— pour fruits à noyau.
— pour Pêches.
— pour Raisins de table.
— pour Figues.
Æ N O1 OT OI = O1 NO À NO > & > NO OÙ OI À RO == O1 KO RO KO RO NO OI & > OI OI
— 9959 —
La 11"°sériedeconcours ouvrira le 1°" septembre 1867; elle comprendra :
concours pour Dahlia fleuris.
— pour Dracæna et Cordyline.
— pour Croton.
— pour Allamanda.
— pour Fuchsia fleuris.
— pour Véroniques fleuries.
— pour Pelargonium Zonalc-inquinans fleuris.
— pour plantes vivaces de pleine terre fleuries.
— pour Dianthus sinensis, hedewigii, etc., fleuris.
— pour plantes annuelles fleuries.
— pour Reines-Marguerites fleuries.
— pour Balsamines fleuries.
pour Roses en fleurs coupées.
— pour Rosiers thés fleuris.
— pour Gladiolus fleuris.
— pour plantes nouvelles diverses.
— pour légumes divers.
— pour fruits à pepins.
— pour fruils à noyau.
— pour Pêches.
— pour Raisins de table.
— pour Figues.
— pour Ananas.
— pour arbres à feuilles caduques propres au repeuplement
des forêts.
— pour arbustes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux propres à
garnir les pentes abruptes ou les terrains dénudés.
CN OI OI NO OI = QI CN OI NO © => ]O > NO NO = > NO OI NO NO OÙ ne I
La 12° série de concours ouvrira le 15 septembre 1867; elle comprendra:
4 concours pour Araliacées diverses.
— pour végétaux de serre chaude à grands feuillages.
— pour Canna.
— pour Solanum.
—- pour Figuiers et Artocarpées.
— pour Hibiscus sinensis fleuris.
— pour Musa.
— pour Fucbsia fleuris.
-— pour Pelargonium Zonale-inquinans fleuris.
— pour Plantes vivaces fleuries.
— pour Graminées ornementales.
pour Dablia en fleurs coupées.
— pour Chrysanthèmes hâtives fleuries.
— pour Aster fleuris.
— pour Gladiolus fleuris.
— pour Roses en fleurs coupées.
— pour Bambusa divers.
— pour plantes annuelles fleuries.
— pour plantes nouvelles diverses.
— pour légumes divers.
— pour Raisins de table,
— pour fruits à pepins.
NO "I ON NO = 19 > OI > mù OÙ > > > RO NO NO #& NO
RAFARIN.
— 996 —
L'ORME DORÉ DE M. ROSSEELS.
ÜLuus campesTRIS L. VAR. AUREA.
Figuré PI XIX.
L’Orme doré dont nous avons représenté un rameau sur la planche
ei-jointe, est une nouveauté d’un grand effet. 11 a été gagné par
M. Egide Rosseels, pépiniériste, architecte de jardins, président de
la Société d’horticulture de Louvain et Chevalier de l’ordre de Léopold.
Les vastes pépinières de M. Rosseels sont au nombre des plus remar-
quables de notre pays. Son bon goût et son extrême habileté dans
Part de tracer les jardins sont appréciés de beaucoup de personnes :
et il en a donné récemment une preuve nouvelle, par la création,
conjointement avec M. l’architecte Raymond, du jardin d’acclimatation
de la Société royale d’horticulture de Liège.
L’Orme doré que M. Rosseels nous a communiqué porte dieu cnen
son nom; ses feuilles d’un beau jaune d’or, jouent parfois vers le
bronze, le fauve. « Plus il est exposé en plein soleil, nous écrit
M. Rosseels, et plus il est beau; jamais il n’a .ses feuilles brülées. »
Et ailleurs : « C’est un arbre d’une belle venue, très-constant. »
Ses feuilles sont dentées et assez rudes. Elles présentent souvent,
comme chez beaucoup d’autres ormes, une ou plusieurs petites folioles,
pétiolulées , dentées et insérées près du pétiole sur les côtés du limbe
principal.
M. Rosseels cullivait cet Orme sous le nom d’Ulmus Antarctita, qui
ne nous parait pas exact ni admis dans les ouvrages scientifiques. Nous
croyons que l’Ulmus aurea doit être rapporté à l’Ulmus campestris, type
éminemment variable et qui a donné les variétés les plus dissemblables.
On peut citer : l’Orme à petites feuilles (Ulmus microphylla), l'orme rouge
(Ulm. rubra); l’Orme à feuilles de Coudrier (Ulmus corylifolia Hort.),
l’Orme glabre (Ulm. nitens Mœnch)}, l'Orme à feuille de Charme (U. car-
pinifolia Ehrh.), l'Orme tortillard (Ulm. minor Mill., ou Ulm. tortuosa
Host.), et encore les Ulmus stricta, glabra, latifolia, cucullata, modio-
lina, crispa, pyramidalis, pendula, fastigiata, virens, variegata,ete.,etc.,
Ti tous sont des variétés de l’Orme champêtre. L’Orme subéreux lui-
même (Ulmus suberosa Ehrh.) est rapporté au même type par plusieurs
autorilés.
Les Ulmus montana L. et Ulm. effusa Willd. constituent deux autres
types également introduits dans nos cultures et dont sont issues deux
autres séries de variations.
Ulmus campestris, var- aurea, (Rosseels)
Poire Souvenir Favre.
— 391 —
Toutes ces espèces et ces variétés ont déjà donné des formes panachées,
mais nous n’en connaissons pas de plus brillante que l’Aurea de
M. Rosseels.
NOTE SUR LA POIRE SOUVENIR FAVRE.
(Figurée Planche XX.)
D’après les échantillons que nous avons sous les yeux, cette poire est
de forme ovoïde, épaisse; elle mesure 9 à 10 centimètres de hauteur,
sur 7-8 centimètres d'épaisseur. Le pédonceule, long de deux centimètres
environ est inséré tout à fait obliquement. La peau est mate, jaune, à
peu près uniformément pointillée de petits points bruns. L’ombilic
est situé au fond d’une dépression très-peu sensible et régulière. Coupé
transversalement le fruit nous montre une étoile à quatre rayons seule-
ment, mais nous n’affirmons pas que ce caractère soit constant.
La description que nous venons de donner et notre planche accusent
des dimensions plus volumineuses que celles qui lui sont attribuées dans
les Annales de Pomologie belge et étrangère (tome VITE, p. 65).
La maturité s’est faite en 1865 à la fin de septembre et au commen-
cement d’octobre.
Le fruit répandait alors un parfum pénétrant et aromatique. La
saveur est fort sucrée, nullement beurrée, mais comme franchipanée :
l’eau est abondante.
M. Jules de Liron d’Airoles, qui l’a décrit dans les Annales de
Pomologie, nous apprend qu'il est un gain de M. Favre, président de
la section d’horticulture de la Société d’agriculture de Châlons-sur-
Saône (Saône-et-Loire) ; il provient d’un pepin du Beurré d’Harden-
pont semé en mars 1850 et dont la première production a eu lieu
en 1857. Couronnée à Dijon par la Société d’horticulture de la Côte-
d’or en 1860, cette excellente poire, présentée en 1861 à la Société
impériale et centrale d’horticulture a été jugée digne d’une médaille de
deuxième classe en argent.
L’arbre mère, ajoute M. de Liron d’Airolles, est vigoureux et très-
fertile; il est également bien greffé sur franc et sur coignassier.
Les spécimens dont nous nous sommes servis, nous ont été com-
muniqués avec leur obligeance habituelle par MM. G. Galopin et fils,
nos habiles et excellents pépiniéristes liégeois.
— 9398 —
CALENDRIER DU MARAICHER.
Résumé des opérations mensuelles du potager.
PAR M. Em. Ropicas.
NOVEMBRE.
Semis et plamtationms. — Si l’hiver est précoce et qu’il menace
d’être quelque peu rigoureux, les semis sont nuls ou peu importants. On
se borne d'ordinaire à faire le premier semis de panais, celui des pois
dits de S'e-Cathérine, fin du mois, celui des dernières mâches, celui enfin
des carottes toupie de Hollande, sur cotière bien exposée. Les plantations
se réduisent à repiquer les petits choux cabus en pépinière ou en place,
suivant la nature du sol, à planter des choux de Savoie, à repiquer
les laitues d'hiver, qu'il faut couvrir au besoin, à repiquer en place
l'ognon blanc, au commencement du mois, et à planter les carottes porte-
graines.
Ærnavaux divers. — En revanche, les autres travaux de ce
mois sont considérables, il faut préparer les planches pour le semis des
pois de fin novembre; défoncer le sol pour établir une nouvelle aspergerie,
s’il y alieu; couper rez-terre les tiges des asperges, leur donner la fumure
annuelle et recharger les planches de terre, si déjà on ne l’a fait en
octobre; donner un bon bêchage et une fumure au terrain destiné
à la chicorée et aux artichauts; bêcher et fumer avec de lengrais
à demi-consommé le terrain pour l’ognon ; préparer par une fumure,
s’il est nécessaire, et surtout par un béchage très-soigné, le terrain
aux scorzonères et aux salsifis, en observant que, dans les terres fortes,
il faudra plus d’engrais ; bêcher les carrés destinés aux haricots ; enfin,
mettre à profit tous les beaux jours du mois pour bêcher et fumer
successivement, selon le besoin, tous les terrains, à mesure que les
derniers produits en sont retirés. Il faut done que le jardinier con-
naisse à fond la succession des cultures et suive un assolement nor-
mal. Il met en billons les carrés de choux de Bruxelles, si ces
derniers restent en place l’hiver; il couvre de fumier les ados de
crambé, traité d’après la méthode de Bath; il lie les dernières endives
du semis de septembre pour les rentrer dans la serre aux légumes
à l’approche des gelées, en plaçant les racines dans le sable; on
peut aussi les mettre sur couche usée et les couvrir de châssis. Les
artichauts peuvent encore être buttés et enveloppés de feuilles ou
de paille suivant la température. On prépare la chicorée pour l’étiole-
ment des pousses; on ouvre des tranchées en pleine terre pour y
— 999 —
mettre les racines en jauge, ou bien on dispose dans un lieu abrité
et couvert des couches, des cercles ou des tonneaux. Nous avons
expliqué les divers procédés d’étiolement à la culture de la chicorée. La
récolte des graines se termine par celle des asperges, de l’artichaut, du
poireau et de quelques autres plantes retardataires.Si l’on tient à obtenir
soi-même des graines de choux, il est bon de choisir maintenant les plus
beaux pieds parmi les plus francs et de les munir d’une marque ou éti-
quette pour qu'on n’en fasse point la cueillette. La conservation des
légumes divers attire en ce moment toute l'attention ; la rentrée doit
en être réglée pour en prolonger l'usage autant que possible. Aux uns,
on donne la cave, aux autres, la serre aux légumes, à d’autres, des
jauges pratiquées en pleine terre. Les artichauts seront déposés dans
un lieu sec et bien aéré; le céleri, en cave ou en jauge, si l’on n’aime
mieux le couvrir sur place. Les choux veris non pommés sont simple-
ment inclinés : le froid ne les endommage guère. Les choux-fleurs
presque venus sont coupés et mis sur dressoirs dans la serre aux légu-
mes, ou transportés avec motte sous châssis. Les choux de Savoie sont
posés par lignes dans des tranchées, de facon que l’eau des pluies ou la
neige ne s’introduise pas entre leurs feuilles. Les choux cabus sont
disposés en meules. Les bulbes d’ognon sont nettoyés et étendus en lieu
sec et abrité ou suspendus en botillons; les bulbes choisis pour porte-
graines sont soignés plus spécialement. Les poireaux sont mis en
jauges par un temps sec. Les carottes sont mises dans du sable en lieu
sec. Les plantes peu rustiques, comme le romarin, sont rentrées en
orangerie. Il est temps de songer à faire provision de feuilles ou de litière
pour couvrir les plantes durant les gelées. C’est le moment aussi de
tondre les haies du jardin et d’en planter de nouvelles, s’il le faut.
Produits. — Indépendamment des produits variés, rentrés dans la
serre aux légumes ou ailleurs, on récolte les derniers artichauts, des
choux de Bruxelles, les derniers choux-fleurs, de jeunes épinards, du
céléri, des radis de Chine, des endives et scaroles, de la mâche, du
poireau, des choux pommés, des scorzonères, etc.
DÉCEMBRE.
Semis. — Tout au plus sème-t-on les panais, les premières fêves à
exposition du sud et les pois de sainte Cathérine, si la température le
permet et si l’on n’a pu le faire à la fin de novembre.
Xravaux divers. — En continuant, si possible, les travaux en-
tamés en novembre, on veillera à augmenter la couverture des plantes
d'après l'intensité du froid ; puis on s’occupera surtout de la préparation
des composts, du terreau, de la terre de feuilles, qu’on nomme impro-
prement et à tort terre de bruyère, et du remaniement des tas de
— 960 —
fumier. On fait bien de combler avec des feuilles les tranchées entre
les plantes d’asperges. On couvre de paillassons les cardons déposés en
tranchées, en soignant surtout les pieds conservés pour porte-graines.
On couvre le céléri. Si la bise souffle du nord ou de l’est, il faut en
préserver les choux de Bruxelles ; on peut les placer dès novembre avec
leurs mottes dans les sillons, où on les met un peu obliquement pour
les abriter au besoin. On augmente la couverture des artichauts si le
froid redouble. On couvre de feuilles ou de litière les ciboules du semis
tardif. Mais, qu’on ne l’oublie pas, il est de la plus grande importance
de découvrir toutes ces plantes et de leur dégel certain. On blanchit
le crambé de troisième année, soit au moyen de fumier chaud, soit au
moyen de pots, de feuilles et de buttages. On jette des feuilles sur les
épinards et le persil, pour en avoir en hiver.
Si la rigueur de la saison met un terme aux travaux de plein air, le
jardinier trouvera quand même à employer utilement tout son temps. Il
a à confectionner et à réparer les paillassons d’hiver et d’été, à préparer
des étiquettes et des tuteurs, des perches et des rames; il devra pourvoir
à l'entretien de l’outillage, que la rouille use autant que le travail : un bon
ouvrier n'a jamais d'outil rouillé ou mal tenu. Outre ces soins, il a celui
des graines. Si, comme nous l’exposons aux paragraphes qui traitent de la
Conservation des graines et de la durée de leur faculté germinative, cette
durée dépend des circonstances naturelles qui entourent leur formation,
nature du sol, vents, chaleur, humidité atmosphérique, etc., il n’en est
pas moins vrai que de bonnes graines, ayant müri dans les conditions
normales, peuvent être détériorées promptement par les faits de l’incurie
du jardinier. Il fera done bien de se conformer aux principes énoncés au
commencement de ce Trairé (p. 115), et s’il doit en faire venir d’ailleurs,
il pourra les soumettre à l'essai, avant de les employer. Durant les lon-
gues soirées, il pourra consacrer une heure ou deux à feuilleter les livres
traitant d’horticulturc : s’il aime à s’instruire et à voir progresser ses
cultures, il trouvera toujours quelque chose à y glaner.
Produits. — Si le temps reste assez doux, la pleine terre continue
à donner des choux de Bruxelles, des choux verts, des salsifis, des
ciboules, de la mâche, des épinards, du cerfeuil et du persil, des scorzo-
nères de deuxième année, ou de celles de l’année même, si l’on a pu
semer très-tôt au printemps. Mais toutes ces récoltes sont suspendues si
les gelées sont quelque peu intenses. Alors, on a les produits remisés dans
la serre aux légumes et ailleurs : ce sont de la chicorée blanche : du
céléri, des endives, des choux-fleurs et ce que nous mentionnons au para-
graphe des Travaux divers. Le jardinier doit visiter parfois la serre aux
légumes et les divers abris, afin d’enlever d’abord les produits les plus
avancés, et de donner de l’air lorsque le temps est doux sans être trop
humide.
INDEX DES PLANTES CITÉES DANS LE VOLUME.
Pages
Abronia fragrans NuTr . + . . 4
Acer erythrocarpon . . . . . 7
Acer negundo var. . + + . : 9
Acer pseudo-platanus var. . . . 10
Achyranthes aureo-reticulata . . 269
Actinidia polygamae . . . . 7
Beave americana, . . . |. 69
ES A LR or LT NOT
Amaryllidées + 1061038, 971
Amygdalus persica var. . . . 10
Anemone japonica Var.. . + : 8
Anthurium regale Lin. . . . 200
Aphelandra ornata SUR 14: 7 900
Apocynum androsæmifolium . . 9
Aralia leptophylla . . . . . 170
— papyrifera . . 169
Arbres fruitiers … 56, 248, 255, 310
Arbres d’ornement . . . . .926,44
PAMBHESIUET ISA NRA PEN te O0
LENS TS OR OO M RE à |
Arundo conspieua . . . . . 9
= ADTAX Set. msn) NE ES ET O
MAUTITANICA !. 4. 1.1. 1000 170
Artocarpus imperialis . . . . 170
—integrifolius . . . . . 170
Asperge . . Cet a ls |
Astrapœa Wallichi AN Eu a MN RAS 170)
Aubrietia purpurea Var. . . . 7
Aucuba hymalaïca . . . . . 10
— japonica. . . AE NTI
Azalea vittata var. Beali POP 1
Balantium antarctioum . . . 170
Bambou. «. +. :, -, Fiott m11965
Bambusa metake . . . . . 9
Begonia Comte de Limminghe +. . 21
Begonia Pearcii Hoox .
Bégonias . . .
Belonites succulenta E. Mi
Beloperone pulchella Lin. .
Billbergia Glymiana .
Bletia . LU EE ù
Bocconia frutescens .
Boehmeria argentea
Bombax ceiba . =
Brachyglottis repanda .
Calathea Lindeniana
-— tubispatha Hook. .
Calystegia . . .
Camellia apucæformis .
Campylobotrys discolor
Canna musæfolia +.
— nigricans +
Cardiandra alternifolia.
Castanea vesca var.
Cerastium Biebersteini.
Cerasus : . = . :.: .
Charleswodia . .
Chamæranthemum Berri :
| — marmoratum .
| — verbenaceum .
Chrysanthèmes à petites fleurs
Clematis fulgens.
= patens . .
Clerodendron Bungei .
Coccoloba excoriata.
Coelogyne biflora Par. .
Coleus Gibsoni . .
Colocasia albo-violacea.
— bataviensis. .
— metallica
UQ QD OS
QI © © © D
Colocasia odorum À
Convallaria majalis. + . . .
Cotoneaster affinis .« . . .
— Simondsi, , . . . . .
Cordyline DL
Cratægus Drrscautila var..
Crescentia macrophylla
Curculigo :
Cyanophyllum ant ut
Cyathea australis . . . . .
Cyperus Papyrus
Cytisus purpureus var..
— elatum . .
Delphinium formosum.
Dianthus semperflorens
Dichorisandra Musaica.
Dielytra spectabilis var. alba .
Dieffenbachia gigantea
Dillenia speciosa +. .
Dimorphanthus M die ë
Dracœna. . . . :.
=: Draco: + : 400
— indivisa. +. . ÿ
— 5602 —
269
171
201
23
171
171
Echinopsis etre Var. « 130, 199
Echites argyrela. . . .
— succulenta Tauns., .
Entelea arborescens. . . . .
Epiphyllum truncatum var. .
Erythrines . . SHARE EN 0
Eucalyptus Globiins AE TNT STE
Ferdinanda eminens
Festuca allissima .
— glauca . . .
Fourcroya gigantea. À
Framboisier surprise Homer ;
Gaillardia grandiflora var. .
Gastoma digitata . +
Gesnéracées + . + + .
Glaieuls . .
Gomphia eh a :
Grémil frutescent.
Grevillea robusta . . . .
Gromoria pulchella Re. . . .
Gustavia Brasiliensis . . . .
Guarea brachystachia . . .
Gymnocladus . . . . .
Helianthus californicus. . . .
Hernandia sonora . . . . .
Hibiscus ferox . . . . .
Ionopsis paniculata Linpz. . . .
Jambosa magnifica . + + + :
6
4
171
257
943
171
171
9
6
172
8
9
172
270
275
172
Juglans macrophylla
Laportea crenulata . . . . . 172
— gigantea . :. ONE
Liliacées. . . 1 2 DONS
Lilium avenaceum Fien 2 SR b)
Lithospermum fruticosum L., . 2
Lobelia speciosa PAxTONI . . . 6
Lochnera rosea. . . . . . 264
Lonicera phylomalæ . . ,. ,. 270
Maïs 10.22 0 NN
Mappa fastuosa . . . . . . 172
Maranta .. . . . . 06200
— Foseo-picla .- Een
— splendida . 7. 2 ENS
Melanoselinum decipiens. . , 172
Melianthus major . . . . . 173
Monstera. ! . .... 411,0’
Montagnea heracleifolia . ,. . 175
Montanoa mollissima . . ,. +. 175
Muguets 41 SSSR
Musa . : .. : 4 0 Ni Nr
Myosotis azorica. +. . . . . 344
Nicotiana Wigandioïdes , . +. 475
OEillets "ANNE
Ofillet Flon . "3 "204000 2
Orme doré. 356
Pachypodium it A. DC, 4
Passiflora fulgens Wazz. . . . 195
— Helleborifolia . . . . . 202
— MaCrocarpa. … . 1 4 0202
Pelargonium zonale var. . . . 321
Peperomia argyreia . , + 269
— marmorata. . . . . . 269
Pervenche de Madagascar . ,. . 264
Perymenium discolor . . . . 175
Phajus, . . . :... en
Philodendron . . +. . . . 5
— Lindeni. :. . . . memes
Phlox Drummondi . . ,. . . 7
Phylotacca dioïca . . . . . 175
Pinide Riga nee 240
Plantes d’appartement. . . . .23,97
— grimpantes . . . + + 215,220
— indigènes 2 "V0
— ornementales + . + . 81,169
— deserre. . . 1. NON
Podocarpus flagelliformis . . . 269
Polygonum filiforme var. . e 8
Polymnia maculata. . . + . 175
Primula prænitens var. + + + 194
Psychotria nivosa . + + + + 262
Pterospermum acerifolium
— 363 —
Rhododendron Duchesse de Nassau 8
— Salmono-roseum
Rhopala aurea .
— corcovadensis . ,
— glaucophylla
— seratifolia
Robinia . ,
Rubus leucodermis .
Rudgea nivosa .
Salvia splendens.
Saurauja assamica .
— mollis
— sarapiquensis .
Sciadophyllum pulchrum .
Sedum oppositifolium
Selaginélla Martensi var. .
Sequoia gigantea
Sinclairea violacea .
Solanum .
Sorbus nana .
Sparmannia africana
Spathodea gigantea.
Spiræa callosa alba .
Brugnon Galopin .
Cerisier de la Caserne.
Fraisiers.
Framboisier. a
Pêche Charles Rongé
Poires . . .
124
Pages. Pages,
173 Stadmannia australis , . , ,. 175
Sterculia acuminata . , . ,. 175
8 | Syr. vulg. var. Dr Linpzey . . . 10
202 — — — Lancns. . . . . 10
173 T'erminalia mollis . . . . . 175
473 | Theophrasta imperialis . . , 175
202 rioyrtis EAU US AMEN OU 8
470 ÜUdhea bipinnata. + , . ., 4175
10 | Ulmus campestris var. aurea , . 357
262 — microphylla punctata. , . 8
Fil Urücaarborea 0 ete M OMATS
125 Vigne M, ne EE ALES US
175 Vinca:rosed 44/12 Li, nu 0/96
174 Virgilea lutea . . . 14-020 047
174 | Verbesina alata, . . . . . 175
9 riSiBanten à ne 20e el 240000 (475
129 2 Sartoniis) ul et 7047
505 | Wellingtonia gigantea. : … ... 905
DD rés Weigelia amab. var. Isoline . . 10
. 174,175 — arborescens var. . . . . 8
10 Wisandia) 4040000475
174 | Xanthorea arborea,. . . . . 545
170) Hixviophylla: (5 UE "177
10 | Xylosteum phylomalæ . . . . 270
FRUITS.
Pages. Pages.
11 | Poires Délices d'Hardenpont 118,192
PI 00 Poire Fondante du comice . . 3509
. 275,276 — souvenir Favre . . . . 957
1224} Vienne st rt TN 00
11 — Frédéricton . . . . . 182
TABLE DES MATIÈRES.
DE LA BELGIQUE HORTICOLE. — 1866.
4. — Horticulture.
Pages
1. L’'Azalea vittata var. Beali. . . . . ‘. . Note MATE 1
2. Note sur les OEillets Flon et en particulier sur la variété Émile Paré . . 2
3. Note sur le Lithospermum fruticosum L. où Gremil frutescent. : 2
4. Le Begonia comte Alfred dé Limminghe “N,. 1) 00:
5. Les muguets, manière de les forcer . . dE LE 2
6. Note sur la culture des Phajus ou Bletia, “Et M. Rire 00) NON
7. Semis des graines des fleurs de pleine terre, par MM. Vilmorin . . . . 70
8. Les plantes à feuillage ornemental, par M. Ed. André . . . . . . . 8
9. Notice sur la Sélaginelle de Martens panachée . . . . . . . . . 129
10. Note sur l’Echinopsis Zuccarini Ott. var. Rolandi . . . . . . . . 130
11. Note sur le Billbergia Glymiana de Vr. . . . Me nn 5
12. Culture de l’OEillet en général et de l’œillet remontant en pétÉeutes -\ 00
15. Epoque favorable pour le bouturage de quelques plantes de serre par M. Bon-
cenne . . PEAR CE RU RC ES
14. Le fleuriste de Par Soie RE
15. Note sur le Passiflora fulgens Wallis . RE QE.
16. Notice sur la Primeuère de la Chine, 14 24e 20 0 0 NME Ent
17. Nouvelle note au sujet de l’Echinopsis zuccariniana. . . . . . . . 199
18. Plantes nouvelles de M. J:Linden à à 4.0, 0 0 0 On
19. Note sur l’Epiphyllum truncatum Haw. . . . AE 7
20. Note sur le Dichorisandra Musaïca de M. Linden, Le M. ‘André: sn MS AD
21. Note sur le Rudgea nivosa (Psychotria nivosa) . . . . . . . . . 262
22. Note sur la Pervenche de Madagascar (Vinca rosea LL). . . . . . . 264
23. Culture et multiplication des Bambous, a M: Rouillard. . rs
24. Culture des Glaïeuls. . : . ST NL OR 7
25. Composition d’un petit jardin Loujours ni RE MEL 280
26. Un peu de philosophie horticole, à propos du Pgo nue) var. ‘Gide
de Nancy, par M. Ed: Morren .. . 520" 000 DEN
27. Les Erythrines . . . D PMR Un OO
28. Le Xanthorea arborea . . . sd eme 0 DONNE
29. Revue des plantes nouvelles ou ee ttes LR EN 3
30. Revue desscatalogues. … 4 4 1 |. NN PETER 269, 343
2. — Botanique et physiologie végétale.
1. Une excursion botanique dans la Campine limbourgeoise . . . : 5)
2. Quelques mots sur le Na à des boutures courtes de la Fe dr
MP Duchartre 20:10. RER
3. Fructification d’un Agave reel à non M 0 Li
4. Le sujet et la greffe. . . A PU
5. A propos des plantes tes . M. Naudin. » à a 04 VENTRE
TO 1
© O NI © À OI NO —=
QU
— 365 —
tiges, par M. P. Duchartre .
. Les algues, les fièvres et Charles Morren . . .
s'Erimose de la Vigne Ni nee PEN
8. — Expositions, Congrès et Fédération.
Les expositions de fleurs, par M. Ed. Morren
. Exposition universelle et congrès international de Lait
. Expositions à Vienne les 20 avril et 15 mai 1866.
. Exposition universelle de St. Petersbourg
. Transport des plantes pour les expositions .
. Exposition et congrès de Londres, 22 mai 1866 .
. Précis historique du congrès pomologique de France
. L’horticulture belge à l'exposition de Londres x j
. Exposition nd de 1867, à Paris. Programme de TO 3
. Exposition provinciale à Arlon, le 12 septembre
. Exposition extraordinaire à Mons, le 16 septembre .
. Exposition universelle de Paris en 1867 . Ë
. Société royale d’horticulture et d’agriculture de Norte ;
. Exposition internationale de Londres. Analyse détaillée
. Photographies de l'exposition de Londres :
. Exposition universelle d’horticulture à Paris en 1867
4. — KEloriculture d'appartement.
. Notes et renseignements publiés par la Société de Strasbourg .
. Culture des fleurs en appartement. Causerie.
. Cloche de Munter . ,
5. — Technologie horticole.
. Encre pour écrire sur le zine .
6. — Littérature.
. Commerson et Jeanne Baret
2
. Une visite aux arbres géants
Calembourg horticole
4. — Agrologie.
. Quelques renseignements pratiques concernant les engrais
S. — Zootechnie horticole.
. Les Taupes .
. Moyen de détruire D us des DE par M. Th. Denis.
. Expériences relatives à l’influence de la lumière sur l’asolement des
Pages.
220
10277
280
. Programme des prix de l’exposition internationale de Londres, 22 mai 1866. 12
- Exposition et congrès à Gand en 1868.
. Programme des questions mises au concours par la Réderaiioh ne
99, 95
6l
86
91
94
93
129
145
177
203
905
208
209
976
277
. 287,527
342
946
25
97
107
281
114
115
905
117
128
268
à O1 N
à QI N
— 366 —
9. — Arboriculture.
. Les nouveaux boulevards de la ville de Mons
. Plantation des boulevards, des squares et des parcs
. Semis et culture du Pin de Riga .
. L'Orme doré de M. Rosseels .
10. — Pomologie.
. De la plantation des arbres fruitiers, par M. Fouillien
. Note sur le Bigarreau de la Caserne, par M. Ed. Mérret
L'institut pomologique de Reutlingen
. Monographie des poires délices d'Hardenpont Dose et ue è
. De la culture du Framboisier remontant, par M. Belleroche.
. Énumération des Poires décrites et figurées dans le jardin fruitier du Muséum,
par M. Decaisne (suite) .
. Note sur la Vigne Fredericton .
. Poires délices d'Hardenpont
. Principes généraux de la taille, par M. Ed. Py nage è
. La taille des arbres en une lecon +. . 2, 9 NN in
. Plantation des fraisiers :
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. Azalea vittata var. Beali . * . CR MAUR RE ARR Or te 1 °
.- Begonia comte Alfred de nel D ANR EP ES ANE en Sec
MA NDére a Giymianarde VPN Tr SR ANA UM. | ere
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Eehinopsis zuccarinn Oft.-var, Rolandi 2.0 41,441 EN 1010. 4505
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. Passiflora fulgens Wallis . . . CORNE AAUCE EPA D NAS EN CSN
. Pelargonium zonale var. Gloire de No CAN PAR CNRS, LS EC 07 se
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16. — Planches coloriées d'arbres.
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2. Poire Délices d’Hardenpont (des Babes). :
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18. — Gravures noires.
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